m 1 ïtbrai'D of tbe Muséum OF COMPARATIVE ZOÔLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAJIBRIDGE, MASS. Tliu bifl uf No. \5'=\^ MEMOIRES COURONNES MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS, PUBLtES PAR L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTKES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. MÉMOIRES COUHOrsNÉS ET MÉMOIRES DES SAWNTS ÉTRANiiERS, l'UIll.lES l'Ail L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. DES EETTKES ET UES BEAUX-AKI^ OE BEL(;igUE. TOME XXVI. — 18o4-18o5. BRUXELLES. M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADEMIE ROYALE. 1855. TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LE TOME XXVI. CLASSE DES SCIENCES. MÉMOIRES COURONNÉS. Évolution des Grégaiines, par M. Nathanaèl Lieberkuhn. Histoire naturelle du Tubifex des ruisseaux, par Jules d'Udekem. MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS. Méirioire sur les foyers, par M. Ern. Quetelet. Essai sur des effets de réfraction et de dispersion produits par l'air atmosphérique; par Ch. Mon tigny. Corrélation des hauteurs du baromètre, et de la pression du vent, par le même. Mémoire sur les calendriers judaïque et musulman, \" partie; par M. Mahmoud. CLASSE DES LETTRES. MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS. Mémoire sur les anciens noms de lieux dans la Belgique orientale , par Ch. Grandgagnage. EVOLUTION DES GRÉGARINES Nathanael lieberklhin, DOCTBDII KIV MEDKCmii (Mi-iuoirc couronne le 15 (leceiubrp 1SS4.) yvap'tXeiV àva/yiccCiov ' xat ycip aiïT&jja/; CUTW TQ X-X^ÔXC-J IfJLTrCtSi. (Aristotk.) Tome XXVI ÉVOLUTION DES GREGARINES. Les recherches suivantes traitent de l'histoire du développement des Grégarines et sont, pour la plupart, faites sur les Grégarines du Lombric. Elles commencent par l'acte de la propagation : la transformation de l'animal dans un kyste immobile. Il est prouvé qu'une seule Grégarine peut s'enkyster aussi bien que plusieurs; la supposition d'une multiplication de Grégarines par la conjugaison, comme elle a lieu dans les plantes infé- rieures, n'est pas admise. La transformation du contenu du kyste dans des psorospermies est décrite plus en détail; une manière particulière avait été omise par les observateurs antérieurs. Le changement du contenu des navi- cules était tout à fait inconnu jusqu'à présent; l'hypothèse que les Gréga- rines se développent dans l'intérieur des navicules est réfutée par des faits; par contre , il est établi , par l'accord des formes, que les amibes innombra- bles que l'on rencontre dans le Lombric sont le produit final du contenu des navicules. Voilà la première histoire du développement des amibes. De plus, il y a dans le Lombric tous les passages possibles des amibes aux Grégarines; il n'y a pas de doute que les amibes ne se transforment en Grégarines, et l'histoire de leur développement est terminée. On a admis la possibilité que les Grégarines soient des nématodes en étal de quies- 4 EVOLUTION DES GREGARINES. cence, ou que les grégarines deviennent des nématodes. Cette opinion n'est pas en accord avec le développement des Grégarines elles-mêmes et avec celui des nématodes du Lombric que je donne plus loin. Jusqu'ici on était partagé sur les psorospermies des lapins : les uns les prenaient pour des psorospermies, d'autres pour des œufs d'entozoaires; je déduis, par analogie, qu'elles naissent de Grégarines. J'en fais de même pour les psorospermies des Poissons. A cause de la concordance de toutes ces formes, les noms denavicules, pseudonavicides, Spindelzellen, ont été rejetés pour les Lombrics, et remplacés par celui de psorospermies, La simplicité des formes et le peu d'étendue de la littérature permet- tent la plus grande concision du texte. Les dessins sont exécutés à l'aide de la chambre claire. Je me suis servi généralement d'un microscope d'Oberhaeuser, rarement de celui de Schieck. L'explication de chaque figure porte pour cette raison Obh. ou un S., selon le microscope que j'ai employé et le grossissement. Les figures sont rangées dans l'ordre histo- rique des recherches qui, pour cette raison, ne coïncide pas avec l'ordre du mémoire. Les faits connus au sujet du développement des Grégarines de Léon Dufour sont contenus dans les recherches de Stein et dans celles de Kôl- liker. ftLiis les théories de ces deux auteurs se trouvent en contradiction. L'un d'eux prétend que les Grégarines se multiplient per conjiigaiionem , et que des spores qui en résultent (des corps ressemblant aux psorosper- mies) s'échappent les Grégarines développées, sans avoir jamais observé cet acte. L'autre , au contraire, soutient qu'elles se multiplient per divisio- nem, et qu'on ignore ce que deviennent les psorospermies. De tout ceci il résulte clairement que l'histoire de l'évolution des Grégarines n'est pas encore complétée. Les recherches qui suivent sont destinées à expliquer les contradictions et à compléter la théorie par de nouveaux faits. Les Grégarines étaient depuis longtemps découvertes et décrites par ÉVOLUTION DES GREGARINES. 5 Lëon Dufour {Annales des sciences nat., l. XIII, p. 566; 1828), lorsque Henle {Milliers Archiv, 1845, p. 575) eut l'idée de leur rapporter les kystes des psorospermies qui les accompagnent fréquemment. Von Siebold {Beitrdge zur Geschiclite ivirbelloser Tliiere, 1859, p. 69) avait jadis observé dans la larve de Sciara nilidicollis , qui logeait de nombreux individus de sa Gregarina caudata, une foule de vésicules sphériques avec des psorospermies et des vésicules de même dimension avec une masse granu- leuse fine; enfin des vésicules qui, au lieu de la masse granuleuse, conte- naient des psorospermies. Cet auteur émit l'opinion que les psorospermies sont analogues aux formations que Henle {Mïdlers Archiv, 1855, p. 574; Vber die Galtung Branchiobdella) avait découvertes dans le Lombric. Plus tard, Henle {Mïdlers Archiv, 18-45, p. 575) publia la découverte des Gré- garines du Lombric , et présuma que les diverses vésicules sont en rap- port avec les Grégarines. Puis von Frantzius {Observationes quœdam de Gre- garinis; Berolini, 1846) fit connaître ce résultat que, dans huit diverses espèces d'insectes, il avait trouvé les Grégarines, en même temps, avec les vésicules à contenu granuleux, et qu'une seule fois une vésicule contenait des psorospermies. De même, von Frantzius réfuta l'opinion antérieure de Kolliker (Scbleiden undNâgele, Zeitschrifl fur wissenschaflliche Botanik, 1845, vol. H, p. 97) qui avait admis qu'une propagation a lieu, per divisionem , sans établir de rapport avec les vésicules à psorospermies. H. Meckel {Mûller's Archiv, 1844, p. 482) a vu diverses formes de ces vésicules, mais il les regarde pour les œufs des Lombrics. Il n'est démontré que par les recherches de Stein {Mûller's Archiv, 1848, p. 204, etc.) et de Kolliker (Siebold et Kolliker, Zeitschrifl fur ivissen- schafll. Zoologie, t. I, p. 1), que les kystes naissent de Grégarines. Nous avons déjà dit que l'opinion des auteurs diffère pour le détail. Stein prétend que deux Grégarines s'enkystent toujours et subissent les changements suivants : les deux Grégarines enkystées se confondent en un seul corps; le contenu du kyste paraît alors uniformément granuleux ; puis il se forme dans l'intérieur du kyste des vésicules qui se trouvent dispersées çà et là et s'entourent à la fin d'une enveloppe membra- neuse pour former des psorospermies qui sortent après avoir rompu la 6 EVOLUTION DES GREGARINES. membrane du kyste. Le reste du contenu du kyste, qui n'a pas été changé en psorospermies , se dissout et sert à faire crever la membrane du kyste et à chasser les psorospermies arrivées à l'état de maturité. Ce dernier fait a été observé par Stein , dans des recherches récentes (Siebold et KôUiker, Zeilsclirift fur wissenschaftl. Zoologie, t. III, p. 484). Tout ce phénomène est nommé par lui une conjugaison, et il le croit identique avec celui qui est connu dans les plantes. Kôlliker [Zeitschrift fur uissenscliaftl. Zoologie, t. I, p. 211) déclare que cette théorie de conjugaison est erronée, surtout parce que l'essentiel de la conjugaison consiste en ce que le contenu de deux individus se mêle et se transforme en spores. Ce que Stein envisage pour deux Grégarines, il le regarde comme une seule qui s'est divisée, et il est d'avis qu'en général c'est parla division que commence l'acte delà propagation des Grégarines. Bruch est l'adversaire décidé de Stein (Siebold et Kôlliker, Zeitschrift fur wissenscliaftliche Zoologie, t. II, p. 110). Suivant lui, les Grégarines se raccourcissent et se roidissent en même temps que la membrane devient, par la contraction, plus épaisse et plus grosse ; de cette manière il se pro- duit diverses formes irrégulières avec des saillies et des enfoncements, et les nucléus des Grégarines, selon lui, disparaissent totalement. Tout ce phénomène a, d'après Bruch, la plus grande ressemblance avec un œuf fructifié, et le développement commence même par une espèce de sillonne- ment qui ne peut pas être distingué du sillonnement de l'œuf de V Ascaris nigrovenosa. Bien souvent on voit deux masses granuleuses hémisphériques, et la Grégarine offre alors l'aspect de deux vésicules aplaties pressées l'une contre l'autre; mais il est bien prouvé que ces deux hémisphères ne sont pas séparées par une cloison, car, par la pression, on peut réunir les deux masses en une seule, comme cela arrive aussi dans des œufs sillonnés. Bien- tôt après, le nombre des masses granuleuses augmente, elles prennent la forme globulaire, mais elles ne sont pas toutes de la même grandeur; car, l'une d'elles peut avoir le double de l'autre. Si ces globules ont une cer- taine petitesse, leur ensemble paraît assez homogène et commence alors à s'éclaircir par les bords. Bruch appelle cette exposition de ses observations l'énumération des ÉVOLUTION DES GREGARINES. 7 faits nus. Mais il y a là bien des choses qui ne sont pas des faits, comme, par exemple, quand il dit que la Grégarine se raccourcit, se roidit, que la membrane devient plus épaisse et plus grosse par la contraction, qu'il y a commencement de sillonnement. Ce qui est incontestable, c'est qu'il y a des vésicules qui ont des parois plus épaisses que ne les ont ordinai- rement les Grégarines et un contenu granuleux, mais point de nucléus; qu'il y a encore des vésicules dont le contenu n'est plus homogène, mais qui s'est déjà divisé dans plusieurs masses. Est-ce que maintenant ces vésicules sont produites par la transformation d'une seule Grégarine sui- vant le mode énoncé, ou n'est-ce pas plutôt, comme Stein le prétend, que deux Grégarines se joignent, forment autour d'elles une enveloppe commune et perdent en même temps leur membrane et leur nucléus, de manière à former une vésicule à contenu homogène et sans nucléus? Le résultat final est, dans les deux cas, le même, tandis que l'acte de la for- mation est tout à fait différent. Les questions à résoudre sont les suivantes : 1° Est-ce qu'une seule Grégarine, sans s'enkyster, peut parvenir à la formation de psorospermies? 2» Est-ce qu'une seule Grégarine peut s'enkyster? 3» Est-ce que deux ou plusieurs grégarines se réunissent dans un kyste? 4» Est-ce que la division continuée du contenu a toujours lieu avant la formation des psorospermies? Dans la cavité abdominale du lombric, entre l'intestin et les muscles de la peau , se trouvent aussi bien des Grégarines que des kystes sous toutes les formes décrites plus haut, et aussi quelques autres formes que nous n'avons pas encore énoncées. Des Grégarines ont déjà été trouvées par Dujardin dans les Lombrics ( Sur tes organismes inférieurs , Annales des SCIENCES NAT., vol. IV, p. 364, déc. 1835); mais il les a décrites et représen- tées sous le nom de Proteus tenax. Meckel y a vu plusieurs formes de kystes et les croit être des œufs du Lombric à différents degrés de développe- ment. C'est dans la partie postérieure du Lombric qu'on les trouve le plus abondamment. Les recherches suivantes sont faites sur des objets trouvés dans ces conditions. 8 EVOLUTION DES GREGARIINES. C'est ici que l'on rencontre parfois des vésicules de la grandeur des Gré- garines ordinaires, qui, dans leur intérieur, contiennent une seconde vésicule avec le contenu granuleux des Grégarines; on voit cela surtout bien clairement, lorsque la vésicule intérieure ne remplit pas exactement l'extérieure (pi. VI, fig. 5), et si, par hasard, on la presse tellement que l'intérieure verse son contenu dans la vésicule enveloppante. La figure cor- respondante représente les kystes achevés, c'est-à-dire une vésicule qui renferme distinctement une seconde remplie de psorospermies. On s'en con- vainc facilement si , par une pression légère, on fait crevasser l'intérieure, tandis que l'extérieure reste intacte; alors les psorospermies se dégorgent dans l'interstice entre les deux vésicules. On peut s'imaginer en ce cas qu'une seule Grégarine se soit enkystée et ait alors transformé son con- tenu granuleux en psorospermies. Et, en vérité, il y a des faits qui parlent en faveur de cette manière d'envisager les choses, car dans les vésicules séminales du Lombric on voit parfois des vésicules d'une grandeur considéi-able qui ont un con- tenu granuleux, un nucléus et un nucléolus, et qui, par conséquent, res- semblent tout à fait, quant à la forme, aux Grégarines. Ces vésicules, on les voit entourées d'une enveloppe propice, transparente, sans structure apparente (pi. VIII, fig. 6); on pourrait envisager cela aussi comme une seule Grégarine enkystée, puisqu'il y a des Grégarines de la même forme et de la même grandeur qui montrent un mouvement. Von Franzius pré- tend de même, et avec raison {Wiegmann's Arcliiv., p. 192, 1848), que, dans des cas rares, il ne se trouve réellement qu'un seul nucléus dans un kyste d'une monokystide du Lombric, mais il ne fait pas connaître les détails sur lesquels il se fonde. Mais puisqu'on ne peut pas établir de différence formelle entre un œuf et une Grégarine complètement développée, on ne peut juger avec certitude de la nature d'un tel corps que lorsqu'on le voit en mouvement, et cela est exigé pour les formes que nous nommons, d'après Stein , les mono- kijstidcs , et surtout lorsque , dans les parties qu'on examine , il y a des œufs entre les Grégarines, et nommément des œufs inconnus. Ces circon- stances se rencontrent précisément dans le Lombric, car il contient ses EVOLUTION DES GREGARINES. 9 propres œufs, que nous ne connaissons pas assez ^, et encore des œufs de nématodes. En examinant les vésicules séminales, je trouvais, à différentes reprises, aux mois de juillet et d'août, des corpuscules qui offraient les caractères principaux des œufs et qui se trouvaient souvent en grande quantité pres- sés étroitement les uns contre les autres; quelquefois j'en comptais plus de trente. Ils sont composés d'une membrane sans structure qui entoure un contenu finement granuleux et à bords subtils, dans lequel on distingue une vésicule à membrane extrêmement fine et avec un nucléolus. Je n'ai vu aucun mouvement à ces corps, contrairement à ce que j'ai pu observer pour toutes les formes des Grégarines du Lombric. Souvent aussi le con- tenu finement granuleux est étroitement serré par la membrane extérieure, et alors l'interstice indiqué a disparu. Le plus grand diamètre de ces corps est à peu près de 0,14"; celui du nucléus de 0,02'" et celui du nucléolus de 0,007"'. Quant aux œufs des nématodes, j'en donnerai les détails plus bas. Ce sont les Grégarines de la Sepia o/Jîcinalis qui jettent le plus de jour sur cette question. Une personne de ma connaissance me céda quelques dessins de corps qu'il avait trouvés dans le ventricule (partie de l'estomac compa- rable au feuillet) de Sepia offîcinalis, et les accompagna d'un morceau de ce ventricule qu'il avait conservé dans de l'esprit-de-vin. En ramollissant ce dernier avec de la glycérine, étendue de beaucoup d'eau, j'étais en état de vérifier les dessins. Les Grégarines de cette Sepia étaient de différentes grandeurs, justement comme chez le Lombric; leur forme approchait d'un globule, d'un ellipsoïde, de différents autres corps de révolution. Je ne trouvais jamais des appendices. Le contenu était partout finement granu- leux, ce dont on pouvait se persuader en faisant crever la membrane. Lo nucléus était distinct. Les psorospermies diffèrent, par la forme, de celles du Lombric, en ce qu'elles possèdent une figure à peu près elliptique. ,ïe ne pouvais m'apercevoir de différences établies par le développement. Elles étaient contenues dans des kystes semblables à ceux du Lombric et * La découverte en a été faite depuis par M. d'Udckem. Tome XXVI. 10 ÉVOLUTION DES GREGARINES. des poissons. Or, parmi les kystes, on en trouve qui démontrent qu'une seule Grégarine peut s'enkyster. De la formation des psorospei'mies ou navicules. Les auteurs sont en contradiction sur la manière dont se forment les psorospermies , puisque chacun établit abusivement comme une généra- lité ce qu'il croit avoir observé. Stein rapporte (p. 204) que les vésicules qui se sont formées dans les kystes granuleux changent leur forme globulaire en ovalaire sans aug- menter leur volume d'une manière appréciable, s'entourent alors d'un halo transparent et incolore, qui est le plus visible aux pôles de l'ovale au delà desquels il s'avance en pointe. Ce halo provient, d'après Stein, d'une sub- stance gélatineuse entourant la vésicule ovale et qui se prolonge peu à peu dans le diamètre de la longueur, mais s'endurcit enfin pour former l'écale ferme, fuselée, au travers de laquelle on distingue la vésicule finement granuleuse de l'intérieur. La psorospermie est achevée. Suivant les observations de Bruch {Einige Berner kungetiûber die Gregarinen, Siebold en KôUiker, Zeilsclir., 1. 1", p. 111), il se forme d'abord aussi des vésicules rondes, mais leur transformation en psorospermies se fait sim- plement par croissance dans le sens de la longueur; de là on voit des kystes avec des psorospermies rondes ou elliptiques et pointues; aussi ces der- nières croissent-elles encore, car on les rencontre dans divers kystes de différentes grandeurs. Les psorospermies, à l'époque de leur développe- ment complet, perdent l'aspect granuleux, deviennent lisses et transparentes et ne possèdent ni nucléus ni quelque autre forme déterminée. Les observations de Stein sont indubitablement exactes, car il y a dans un même kyste des vésicules et des psorospermies avec des contours extrêmement fins et contenant les mêmes vésicules; de plus, on y rencon- tre encore les psorospermies ordinaii^es; de sorte qu'on ne peut rien objecter à cette façon d'envisager l'engendrement des psorospermies. Mais, on aperçoit avec la même certitude des kystes dans lesquels se trouvent ÉVOLUTION DES GRÉGARINES. U les formes observées par Bruch. Un tel kyste se trouve, par exemple, représenté pi. V, fig. 14; on y distingue des globes gélatineux à contenu finement granuleux (pi. V, fig. 15), puis des corpuscules d'à peu près la même grandeur et qualité, qui possèdent déjà la forme des psorospermies (pi. V, fig. 10), et enfin des corpuscules qui, d'après leur forme, tiennent le milieu (pi. V, fig. 15). Si l'on compare la substance de ces différents corps avec celle des grands globes et des autres corps irréguliers qui résultent de l'acte de sillonnement, on se persuade facilement qu'il n'y a aucune différence apercevable. Il y a aussi des Grégarines qui contiennent la même substance; ainsi il n'y a rien à dire contre l'opinion que, par la division continue, des Grégarines se forment finalement les psorosper- mies. 11 y a aussi des Grégarines dont le contenu subit sans aucun doute un grand changement avant de se transformer en psorospermies. On voit cela clairement, puisque les psorospermies nouvelles sont composées d'une matière tout à fait autre que les Grégarines qui y appartiennent. Tandis que les Grégarines contiennent des grains presque globuliformes d'une grandeur extraordinaire, leurs psorospermies n'en possèdent pas la moindre trace, mais renferment pourtant une masse visqueuse et exempte de grains. Il y a des kystes qui montrent clairement les passages intermé- diaires. On voit, par exemple, beaucoup d'amas de grains dont la plupart sont foi-més des gros grains de Grégarines; quelques-uns d'entre eux n'en contiennent que très-peu ; tandis que d'autres renferment une masse géla- tineuse avec un contenu granuleux extrêmement fin ( pi- 1 , fig- 1 1 et 20) ; dans d'autres, les gros grains manquent tout à fait; et enfin, on voit des fragments gélatineux dans lesquels les psorospermies sont distinctement reconnaissables (pi. V, fig. 7). Les psorospermies changent maintenant leur contour, qui devient de plus en plus distinct (pi. V, fig. 8). De tels faits ne se prêtent que fort rarement à l'observation. Les psorospermies développées se trouvent dans ces kystes presque toujours rangées en ligne, en se touchant par leur pointe, comme Ilenle l'a représenté le premier (Milliers Archiv, 1845, p. 573, pi. XII, fig. 7). Il arrive aussi que, dans ces kystes, on ne trouve que des psorospermies nettement développées mêlées 12 ÉVOLUTION DES GREGARINES. avec des masses granuleuses globulaires, lesquelles ne montrent pas encore la plus légère transformation en psorospermies {voir pi. Ill, fig. 12). Une troisième manière de se former est la suivante : on rencontre dans le testicule du Lombric, comme dans la cavité péritonéale, des vésicules renfermant deux masses hémisphériques très-serrées l'une contre l'autre, mais qui ne sont pas jointes entre elles. II n'existe qu'une enveloppe com- mune, du moins je ne pus en découvrir d'autre. Au bord exactement limité de ces masses, on aperçoit des saillies extrêmement petites et limpides (pi. VII, fig. 7), tantôt en petit, tantôt en grand nombre, tantôt sur les deux masses (pi. VII, fig. 2), tantôt seulement sur l'une (pi. III, fig. M). sans qu'on puisse y apercevoir d'autre changement ; puis on trouve des vésicules à deux masses, dont l'une est en outre entourée de vésicules limpides très-distinctes, tandis que l'autre n'offre que les saillies que je viens de mentionner. Des observations plus étendues montrent des kystes dans lesquels le nombre des vésicules a augmenté dans la même propor- tion que la grandeur des masses a diminué, et d'autres qui ne contiennent que des vésicules. Ce que ces vésicules deviennent nous est connu par d'autres kystes, dans lesquels se montrent, en dehors des vésicules, encore des corps allongés d'un ou de deux côtés, dont les dernières pos- sèdent la forme complète des psorospermies. Cette observation ne permet pas la généralisation que Stein s'est per- mise dans sa doctrine de la formation des psorospermies. Suivant lui, les deux masses doivent toujours se confondre en une seule avant que la formation des psorospermies commence. Mais il y aurait aussi la même difficulté d'appliquer ici la théorie de la conjugaison. Kôlliker {Zeitclir. f. wissench. ZooL, t. I, p. 211) a déjà fait observer que la transformation des Grégarines en psorospermies, in specie leur jonction , ne peut pas être com- parée à une conjugaison , puisque, dans cette jonction, le contenu de deux Grégarines ne se confond pas , comme cela a toujours lieu pour le con- tenu des algues. KoUiker avait déjà énoncé cela avant d'avoir connu les observations mentionnées, qui contrarient les idées de Stein, et nommé- ment celles où l'une des masses a déjà commencé à former des psoro- spermies, tandis qu'on n'en voit encore rien dans l'autre; l'observation ÉVOLUTION DES GREGARINES. 43 de la formation de psorosperraies se faisant sur une seule Grégarine isolée dans un kyste, est du reste également contraire à celle théorie. Il est vrai, on ne peut le nier, que l'idée de Slein est d'une grande valeur pour le cas qu'il décrit en détail, néanmoins, on peut envisager ce phénomène sous un autre point de vue, et assurément, il n'est pas général pour les Grégarines. Transformation des psorospermies. Ce que deviennent les psorospermies plus tard, Kolliker (p. 50) ne l'a que légèrement soupçonné. D'après lui, elles pourraient, par un dévelop- pement continu, passer en Grégarines par la transformation de leur mem- brane en membrane enveloppante et par la transformation de leur contenu en grains et nucléus, puisqu'il n'y a qu'un pas des psorospermies aux jeunes Grégarines et que certaines Grégarines, principalement les plus petites, sont liées entre elles comme certaines psorospermies. Or, il n'est pas du tout vraisemblable qu'ils se métamorphosent en un animal différent des Grégarines et plus compliqué. Bruch dit (p. 111) qu'il ignore ce que deviennent les psorospermies et que, dans le Lombric, elles ne se développent pas davantage. Stein (p. 219) a trouvé dans les spores de la Gregarina blallarum, des individus tout à fait jeunes qui excédaient à peine la longueur des spores, n'ayant que -g^'" de longueur. Il croit qu'ils venaient d'éclore, mais en attendant, il avoue qu'il n'a pas observé directement l'acte de l'éclosion. De même, il n'y a, dans ses recherches, pas la moindre indication qu'il ail reconnu de jeunes Grégarines complètes dans l'intérieur des psorosper- mies mêmes. Dans le testicule du Lombric, les kystes remplis de spores mûrs ne s'ouvrent jamais, dit-il (p. 220), et les psorospermies libres qui y paraissent ne proviennent que de kystes écrasés. Ainsi on ignore ce que deviennent les psorospermies. C'est en obser- vant le liquide de la cavilé péritonéale du Lombric qu'on peut étudier d'une manière suivie le développement des Grégarines. 14 ÉVOLUTION DES GREGARINES. Parmi un grand nombre de Lombrics, on en trouve toujours qui se listinguent, par des taches blanches sur la peau, de la grandeur des kystes de Grégarines; ce sont des Grégarines ou des kystes de Grégarines qui sont nichés entre la peau et l'intestin et qui reluisent à travers cette der- nière. De tels Lombrics doivent être préférés pour des recherches, puis- qu'on est sûr d'y trouver les parasites en grande quantité. Dans la cavité ventrale, von Frantzius (Wiegmann, Arcliiv fur JSaturg., 18-48, pp. 108-196) U'ouva des Grégarines libres dans la Blalta. D'après les observations d'Hammerschmidt {Hclmintliologisclie Beitrdge von D" Hammersclimidt , Isis de Oken, 1858, p. 351), qui furent faites également à l'état libre dans la > avité péritonéale, elles ressemblent fortement à des Bidlinia tipulae. Si l'on ouvre le Lombric par une coupe longitudinale sans léser l'in- iestin, les kystes se répandent souvent par les seules contractions du Lombric. Dans ces kystes se trouvent réunis le contenu des Grégarines et celui des psorospermies ; je les étudiais dans le but de trouver la manière dont se transforme le contenu des psorospermies, afin de savoir si les Grégarines en naissent directement, comme Stein le prétend, ou si elles proviennent d'une forme d'animal transitoire. Je choisis de préférence, pour l'observation, les formes les plus grandes des psorospermies, parce qu'elles prêtent le plus de facileté à l'observation des changements de leur contenu. Néanmoins, on a besoin d'employer toujours les forts grossis- sements. La forme ordinaire des psorospermies dans laquelle elles paraissent persévérer le plus longtemps est représentée pi. II, fig. 17 et 18; elle con- tient une masse unie, exempte de grains et coupée longitudinalement par le milieu. On a quelquefois l'occasion d'observer les différents change- ments de cette dernière dans un même kyste. On trouve alors des psoro- spermies dont le contenu s'est partagé en quatre, huit ou plusieurs amas, {voir pi. I, fig. 10); à côté, on en voit d'autres dans lesquelles toute la masse granuleuse s'est contractée en masse globuliforme dans le milieu de la psorospermie. [Voir pi. II, fig. 19 et 21; pi. V, fig. 25.) Les deux dernières figures représentent une variété de psorospermies assez com- mune , que l'on peut considérer comme la concrétion de deux exemplaires EVOLUTION DES GREGARINES. i5 ordinaires; on les trouve dans toutes les phases d'évolution possibles et de grandeur bien différente [voir pi. II, fig. 7; pi. V, fig. 2 et 12), et même trois peuvent former une pareille concrétion. C'est principalement dans ces psorospermies anomales que le contenu est souvent facile à reconnaître. Outre les psorospermies que je viens de décrire , il en est encore qui ont un nucléus distinct , mais avec une membrane extrêmement fine {voi7' pi. IV, fig. 2, 1, 4); des psorosper- mies dont la membrane a presque disparu (même pi., fig. 10), et enfin, des nucléus de psorospermies qui ne sont entourés que d'une enveloppe fort délicate et des nucléus libres qui, par leur grandeur et par leur forme , répondent exactement à ceux qui se trouvent dans l'intérieur des psorospermies. {Voir pi. II, fig. 20 et 22.) D'autres de ces nucléus sur- passent en grandeur ceux qui sont encore enfermés. {Voir pi. IV, fig. 3 et 9.) Dans quelques-uns d'entre eux, une partie de la substance de l'intérieur est arrangée de manière qu'on croit voir un nucléolus, mais cela, on le trouve aussi encore dans l'intérieur de la membrane (pi. IV, fig. 5); ce nucléolus n'est toutefois qu'apparent. On finit même par voir des membranes vides de psorospermies ou le reste d'une psorospermie détruite. Reste à traiter la question si la rupture provient de l'eau, comme Stein le prétend. J'ai gardé des kystes et des psorospermies pendant quinze jours dans un vase rempli d'eau, et je les ai retrouvés après dans un état tel que j'étais incapable de les distinguer de près. De même, je n'ai pu remarquer qu'ils se développassent davantage dans l'eau. Il s'ensuit que les enveloppes vides n'ont pas la signification que Stein leur attribue. Dans quelques kystes, on trouve encore, outre les nucléus libres et les psorospermies, d'autres psorospermies fragmentaires et évacuées où une partie de l'une des moitiés n'est plus visible. {Voir pi. V, fig. 25.) Si des écales vides étaient échappées de jeunes Grégarines , il faudrait que ces dernières se trouvassent encore dans le kyste ; mais on n'en peut rien voir, quoique la membrane enveloppante soit bien translucide; on n'y aperçoit que les objets que je viens de mentionner. Si l'on entame la peau du Lombric avec le scalpel, il n'est pas rare 16 EVOLUTIOIS DES GREGARINES. de voir s'écouler une liqueur particulière et trouble dans laquelle des kystes de psorospermies sont suspendus. Sans les mettre en contact avec l'eau, je les examinai à l'aide du microscope, et j'y trouvai aussi des nucléus sans membrane et des membranes de psorospermies libres. D'où il suit que ce n'est pas l'eau qui est la cause de la rupture des psoro- spermies. Que deviennent ces nucléus par la suite? Pendant mes recherches jour- nalières sur le contenu du corps des Lombrics, depuis le mois d'avril jus- qu'en septembre, je n'ai vu que deux fois des kystes qui paraissaient contenir exclusivement des nucléus sans membrane (pi. VIII, fig. 8); du moins leur forme s'accordait parfaitement avec ceux qui étaient reconnus indubitablement être tels. Après un intervalle d'à peu près une heure, ils avaient subi sous le verre un petit changement. Aucun des nucléus ne montra de mouvement. Du développement des nucléus des psorospermies. Une forme de corps tout à fait semblable aux nucléus des psorosper- mies décrits se trouve en grande quantité libre dans la cavité ventrale, surtout vers la partie postérieure de beaucoup de Lombrics. Ces corps apparaissent pour la plupart avec la forme globulaire, et les plus petits ont un diamètre de 0,007'", les plus grands, au contraire, 0,05'"; ceux de grandeur moyenne abondent. M. Morren s'est, le premier, aperçu de ces corps (De Structura Lumbrici terrestris, Acta Academiae Gandavensis, 1825 ; Gandavi, 1829, p. 170), dans ses Recherches sur le sang des Lombrics. Il dit qu'ils lui paraissaient différer tellement des corpuscules de sang des autres animaux, qu'il ne croyait pas pouvoir les regarder pour tels. Plus tard, Rodolphe Wagner [Zur vergleiclienden Physiologie des Bhttes, p. 25) fait mention de petits grains ronds dans le sang des Lombrics, mais dont la nature lui paraissait fort douteuse. Dans un écrit postérieur. il émet l'avis que ce sont des corpuscules de sang, et rapporte leur gran- deur de ■— à Yoô'" {Uber Dlutkôrperclien bei Regemvùrmern , Blutegeln und EVOLUTION DES GREGARINES. 17 Diplerentarven , Mûlleivs' Ancnv, 1855, p. 313). Carus avait émis la même opinion [Lelirbuch der vertjleichcnden AmUomie, t. II, p. 682). liùuefelJ {Chemismus in der lltiensciten Organisation , 1840, p. 98) n'adopte pas l'existence des corpuscules de sang dans ces vers. Je ne connais pas d'autres observations sur ce sujet. Si l'on étudie avec attention ce corps, qui paraît d'abord globulaire, on trouve qu'il pousse des élongations et qu'il les retire pour en pousser d'autres ailleurs. Ces élongations sont parfois aiguës, parfois obtuses, d'autres fois, toute une partie du corps se protracte en forme d'une masse limpide et gélatineuse pour se contracter bientôt après. Quelques-uns de ces corps ne contiennent qu'un peu de matière granuleuse extrêmement fine (pi. IV, flg. 17); d'autres en contiennent davantage. Cette matière gra- nuleuse prend part à ces déplacements et même à tel point qu'elle forme un noyau rayonnant dans tous les sens et offre beaucoup de ressemblance avec un faisceau de (ils spermatiques. (PI. V, fig. 2i.) La substance fine- ment granuleuse se retire également dans l'intérieur et est bordée d'une gélatine limpide; le tout offre alors l'aspect d'un œuf. Aussi, émane-t-il du corps globulaire des rayons si fins qu'il paraît poilu, mais ces poils disparaissent ensuite. (PI. VI, fig. 15 et 16.) Parfois ce corps semble vouloir se fendre en deux, mais il reprend bientôt sa forme première. Tous ces cbangements sont quelquefois apercevables dans un même indi- vidu. Dans l'intérieur, il se forme souvent des cavernes (des vacuoles, Dujardin) (pl. VII, fig. 1), ou des cavernes et des élongations en même temps. (Pl. IV, fig. 14.) Ces élongations sont de la même longueur que le corps entier ou bien plus longues ou plus courtes. Les cavernes peuvent disparaître lentement et être remplacées par de nouvelles. En général, les mouvements s'opèrent si lentement qu'il est en quelque sorte impossible de les distinguer, et ce n'est que par leurs changements successifs qu'on peut s'en apercevoir. Ces corps sont sans contredit des amibes, comme le prouve Dujardin dans cette description : « Amibes. Animaux formés d'une substance gluti- » neuse, sans tégument, sans organisation appréciable; changeant de >> forme à chaque instant par la protension ou la rétraction d'une partie Tome XXVI. 3 18 ÉVOLUTION DES GREGARINES. » de leur corps, d'où résultent des expansions variables. Mouvement » lent. » [Histoire naturelle des Zoopliyles : Infusoires, par Félix Du jardin , 1841, p. 226). Si l'on doit comparer cette amibe à une espèce connue, ce serait à VAmœba difjluens; mais elle diffère cependant autant des autres espèces que de la nôtre. Je n'ai pas réussi à les conserver vivantes dans l'eau pendant quelque temps, et voilà déjà une différence qui les sépare de ÏAmœba diffluens. Je propose pour elle le nom d'Amœba lumbrici, tout en rappelant la sentence de Dujardin (p. 252) ; « Dans l'énumération que » je vais donner, il est donc bien essentiel de ne pas voir une distinction » d'espèces. » Ce n'est pas la première fois que des amibes sont observées dans lor- ganisme; déjà Valenlin en avait découvert dans le sang de SaLmo fario {Uber ein Enlozoon im Blute von Salmo fario, dans Milliers Archiv , 1841, p. 45o, etc.); d'après lui, elles ont été trouvées aussi une fois dans le quatrième ventricule du cerveau. Elles avaient la grandeur de 0,005 à 0,005'". De plus, A.-F.-J. Mayer [Specilegium observationum anatomicarum de organo electrico in raiis anelectricis et de llaematozois ; Bonnae, 1845, p. 18) vit, pendant ses recherches sur le sang de la grenouille, nager deux animal- cules, dont l'un apparaissait planum et fjelutinosim , et l'autre venlricidosum et leviler loricatum ; ils étaient un peu plus grands que les corpuscules de sang; il trouva environ huit individus dans une même goutte de sang. Il n'entre point dans d'autres détails et néglige même de les comparer avec d'autres espèces connues. On ne pourrait cependant que les joindre aux amibes. Je n'ai pas réussi jusqu'à présent à voir ces animaux dans le sang des poissons ou des grenouilles. Pour étudier les amibes des êtres organisés, on ne peut trouver de meil- leure ressource que dans le Lombric. Lorsque celui-ci en contient, il en existe ordinairement dans toutes ses parties, et parfois même, en ouvrant la cavité ventrale, il en sort un liquide, semblable à du pus, qui ne con- siste presque qu'en amibes. J'ai trouvé aussi un grand nombre d'amibes fort petites dans le sang du Lombric; elles sont rondes, ou déchiquetées, ou d'une forme irrégu- lière, lorsqu'on les prend dans l'organisme et qu'on les observe tout de EVOLUTION DES GREGARINES. <9 suiie avec le microscope. Il m'est arrivé de n'en pouvoir trouver la moindre trace dans le sang, et jamais je n'en ai vu qui se distinguassent des amibes. Ainsi je ne puis me ranger à l'opinion de liûnefeld, qui ne vit pas de corpuscules dans le sang de Lombrics, et je dois laisser à des recherches ultérieures le soin de décider si Carus et Wagner en ont vu et si c'étaient des amibes. Il reste donc à démontrer que les amibes se trouvent originairement dans le sang. Perty a le premier décrit déjeunes amibes, qu'il trouva dans le mucus d'un Limnœus ovahis; elles étaient grandes de ~^ à -^"'- Ce savant pense cependant que ce pourraient être des fragments d'une mem- brane muqueuse contractile {Zur Kenntniss kleinster Lebensformen nacli Bau , Funktion , Sijstematik mil Specialverzeichniss der in der Schweiz Beobacliteten ; Bern, 1852) semblable au tissu contractile qu'Ecker décrit dans la Hijdrn viridis (Von Siebold et Kolliker, Zeilschrift fur tvissenschaft. Zoologie, 1, p. 218-248, ziir Lelire vom Bau imd Leben der contractilen Sitbstanz der nie- derslen Tltiere). Cette objection ne pourrait être faite au sujet des amibes du Lombric , puisque celui-ci en est quelquefois dépourvu et que beau- coup d'amibes ont une telle grandeur et se rapprochent à ce point des Gré- garines, qu'il n'y a point d'exemple pareil entre les formations épithéliales du règne animal, à moins qu'on ne veuille établir que toutes les amibes soient des fragments d'animaux inférieurs qui errent dans les eaux. Je rapporterai ici encore d'autres formations qui , outre celles que je viens de décrire, se trouvent aussi dans la cavité abdominale du Lombric et se rapprochent plus ou moins des dernières par leur forme. Ce sont d'abord des corpuscules gélatineux oblongs, pointus ou tron- qués des deux bouts, dépourvus de grains {voir pi. V, fig. 17 et 18), dans lesquels on ne reconnaît aucune structure. Ils offrent une espèce particu- lière de mouvement; ils remuent d'abord l'un des bouts ou tous les deux avec vitesse, ou se courbent et se redressent pour reprendre la forme pres- que elliptique ou sphérique qu'ils conservent définitivement; leur grandeur varie. La plupart sont longs de 0,0-i'" et larges de 0,002'"; quelquefois il faut attendre bien longtemps pour les voir en mouvement. Souvent on peut disséquer bien des Lombrics sans en rencontrer, d'autres fois ils se 20 ÉVOLUTIO^J DES GREGARIiNES. irouvenl en grande quantité dans la cavité abdominale, après avoir ôté les intestins. Malgré des tentatives réitérées, je n'ai pu découvrir que ce fussent des fragments de quelque tissu du Lombric. J'ignore, du reste, ce qu'ils signifient. Puis on trouve dans le même lieu des nématodes et leurs œufs dans leurs différents états d'évolution. C'est principalement vers l'extrémité posté- rieure de l'animal qu'on découvre des amas gris, ovalaires, qui sont com- posés de kystes de Grégarines, de nématodes emboîtés en quantité énorme et d'autres débris, comme, par exemple, des cellules de l'organe glandu- laire de l'intestin. Ces nématodes enkystés, je les ai trouvés tous sans organes sexuels , souvent aussi ils étaient à l'état libre et avaient la queue particulièrement pointue (pi. XI, fig. 12) ou un peu tronquée (pi. XI, lio. 15). Il est bien rare qu'on puisse voir un œuf avec l'embryon (pi. VI, fig. I), mais j'ai réussi plusieurs fois à voir l'éclosion (pi. VII, fig. 6); les individus éclos font pour la plupart, pendant quelque temps, des mouvements violents, et traînent la conque avec eux; il est impossible de découvrir en eux quelque trace de structure : ils sont transparents, ne con- tiennent pas de substance granuleuse, mais la queue est distinctement visible. Ce n'est que dans des individus plus développés qu'on reconnaît, dans l'intérieur, des signes de cette masse granuleuse qui, plus tard, devient si claire, et des stries longitudinales extrêmement fines, qui déno- tent l'œsopbage et le canal intestinal, lesquels paraissent si distinctement dans la suite. Je n'ai pu saisir la moindre trace du phénomène de sillonne- ment, mais j'ai reconnu qu'ils contiennent une vésicule distincte (pi. Mil. fig. 1), qu'on peut, du reste, expulser par la pression. S'il est facile de reconnaître les formes mentionnées plus haut pour des amibes, il n'en est pas de même pour la forme suivante, bien qu'elle possède les grains des Grégarines. Les grains des Grégarines se laissent sans contredit diviser en plusieurs espèces, qui jamais ne se trouvent en- semble dans une même Grégarine. 11 y en a d'abord de forme elliptique où le diamètre longitudinal est le double de celui de la largeur; puis il y en a qui s'approchent de la forme globulaire, où les deux diamètres ne diffèrent que très-peu; et enfin des grains si petits que, même à l'aide des ÉVOLUTION DES GREGARINES. 21 plus forts grossissemenls de nos microscopes, l'on ne peut en distinguer exactement la forme. Stein a établi que les niasses finement granuleuses conviennent aux jeunes Grégarines et celles de grains plus grossiers aux vieilles, sans qu'il fasse mention de la différence de forme et sans avoir démontré son asser- tion. La grandeur des Grégarines n'est d'aucune valeur, car il y en a de fort petites, à grains grossiers, et de très-grandes, à grains petits. Dans les formes mentionnées, les grains sont, comme dans les Gréga- rines développées , retenus ensemble par une substance glutineuse. ( Voir pi. V, fig. 1 1 ; pi. V, fig. 20.) Il leur manque toujours l'enveloppe par- ticulière et dépourvue de toute structure des Grégarines et leur nucléus. L'absence d'une membrane enveloppante fait que les mouvements qui en dérivent deviennent impossibles, et ces corps ne font que se glisser avec une extrême lenteur, comme font les amibes; leur mouvement ne se fait pas avec l'uniformité que l'on remarque chez les espèces connues des amibes, mais comme par boutades. Aussi ces corps diffèrent-ils des amibes en ce que je ne les ai jamais vus former d'appendices aigus. Par leur gran- deur, ils s'approchent des plus petites Grégarines et de celles de faille moyenne. Chez certains individus du Lombric, on les rencontre en grande quantité dans le testicule; ils manquent tout à fait chez d'autres. Puisque ces corps possèdent les trois espèces de grains des Grégarines et la substance gélatineuse qui retient ces grains, puisqu'ils se rapprochent de ces dernières par leur mouvement, il faut indubitablement les mettre en relation avec elles. Mais si on veut les ranger dans un genre d'après les caractères établis jadis par les zoologistes, on doit les placer près des amibes, car ils en ont tous les caractères essentiels. Il suit de là qu'il faut les regarder comme une forme transitoire des amibes aux Grégarines. Quand ces animaux sont immobiles, on les voit souvent prendre une forme presque globulaire, et les contours sont si distincts qu'ils ressem- blent à des kystes de grains avec une membrane enveloppante extrêmement fine; dans l'arrangement de la masse granulaire, ils peuvent montrer la plus grande variété de formes. Il n'est pas encore démontré si, dans la série des développements, ils 22 EVOLUTION DES GREGARINES. naissent d'abord des amibes avant de devenir des Grégarines. On pourrait du moins supposer que quelques-unes des plus petites formes des Gréga- rines perdent leur enveloppe et leur nucléus avant de s'enkyster de cette manière réunies à deux ou à plusieurs; on aurait alors un mode d'expli- cation de l'engendrement de ces kystes dans lesquels se trouvent deux masses granuleuses séparées sans membrane et sans nucléus. A cette manière d'envisager s'oppose ce qui suit : d'abord il est sûr que les Grégarines avec nucléus et membrane se trouvent comme telles dans les kystes; puis il n'y a pas de doute, comme le prouvent les observations de Stein, que, dans les kystes remplis de masses granuleuses sans mem- brane, il y a aussi des nucléus; et finalement ces amibes sont en général très-petites, et parmi ceux que j'ai vus, il n'y en a pas qui ressemblent au contenu des kystes plus grands. Cependant, pour mettre cette question tout à fait hors de doute, il serait nécessaire d'observer le développement dans un même exemplaire, chose qui ne m'a pas réussi jusqu'à présent. Ce qui est important et hors de tout doute, c'est qu'il faut les envisager, pour la forme, comme un état transitoire des amibes aux Grégarines. Il faut y ajouter encore une forme très-semblable, sinon identique, prise également du testicule des Lombrics, dans laquelle je ne pouvais trouver de nucléus, quoique l'animal fût tout à fait aplati par la pres- sion jusqu'à faire sortir finalement le contenu; de même je ne pouvais me persuader, par le même procédé, qu'il y eût une membrane envelop- pante, car la substance gélatineuse environnante paraissait plus limpide que celle qui se trouve immédiatement entre les grains, et semblait avoir un autre pouvoir réfringent. {Voir pi. VIII, fig. 5.) Ces animaux ont la faculté d'étendre des appendices et de les retirer jusqu'à se rapprocher d'un globule. En général, si dans des recherches sur les Grégarines, on veut s'assurer de la présence d'une membrane enveloppante, il est in- dispensable de recourir à l'expulsion du contenu, car les simples qua- lités de l'animal observé sous le microscope ne suffisent pas, comme Stein l'a déjà dit. La Grégarine que je viens de décrire a, par exemple, la faculté, après avoir retiré les appendices, de s'arranger de manière à former un contour double qui disparaît complètement dès que les appen- ÉVOLUTION DES GREGARINES. 2a dices sont avancés, et alors certaines régions offrent l'aspect singulier comme si la peau se dissolvait dans une masse gélatineuse; bientôt après, le contour double de l'enveloppe reparaît. Le même phénomène n'est pas rare dans les amibes de la cavité abdominale du Lombiùc, qui se trouvent représentées pi. IV, fig. 18, et pi. V, fig. 10. Les Grégarines développées. Stein, dans son mémoire que nous avons cité plusieurs fois, a décrit une forme de Grégarines qui se distingue essentiellement des autres, en ce qu'elle possède sur toute la surface du corps des appendices poilus. Il ne les a trouvées que très-rarement, tandis que j'ai eu le bonheur d'en rencontrer en grande quantité, et je crois avoir enrichi les observations de Stein de quelques faits nouveaux. 11 y a des individus (pi. I, fig. 7) qui ont de ces appendices dont la base est d'une plus grande circonférence que le milieu ou la pointe; c'est pour cela que ces poils paraissent cunéiformes, et que l'animal a l'apparence d'être revêtu d'un épithélium. D'ailleurs, ces Grégarines possèdent tout ce qui en fait l'essence : la contraclilité de la membrane enveloppant, un con- tenu granuleux et un nucléus. Dans d'autres individus, les poils sont plus minces et se rapprochent quelquefois de l'apparence des cils. (PI. VII, fig. 10 et 15.) Je reconnus avec évidence qu'il y avait aussi des poils sur une Grégarine oblongue dont le contenu pouvait à peine être nommé gra- nuleux, mais qui fut néanmoins poussé en haut et en bas, et dont le nu- cléus n'était pas reconnaissable. (PI. V, fig. 2.) Ces Grégarines velues sont sujettes à la mue. On voit les Grégarines, pourvues de nucléus et d'une membrane enveloppante d'apparence fine détachée de la peau pileuse, se trouver au milieu d'elle. (PI. VIII, fig. 7.) Au lieu de poils cunéiformes, il y a aussi des appendices grossiers sans pointe. (PI. VI, fig. 17.) La Grégarine, enfermée parfois, ne possède pas de nucléus. Des Grégarines de la même configuration et de la même gran- deur se trouvent aussi à l'état libre. (PI. III , fig. 1 4.) Parfois on trouve aussi 24 ÉVOLUTION DES GREGARINES. des enveloppes vides à appendices épineux qui paraissent appartenir à une Grégariue échappée. Les Grégarines poilues ne se distinguent pas des autres par la manière de leurs mouvements. Jamais je n'ai trouvé deux ou plusieurs Grégarines attachées l'une à l'autre, toutes étaient isolées. Quelques Lombrics en contenaient en grande quantité, dont un petit nombre appartenaient à d'autres formes. Ces observations permettent de croire à une mue. 11 est impossible tou- tefois de prouver que toutes les Grégarines y sont sujettes ; mais il est sûr que toutes les formes des monokystides observées par moi dans le Lombric trouvent leurs représentants parmi les formes poilues. Je n'ai vu que fort rarement des Grégarines pourvues d'une trompe dans le Lombric, si l'on veut nommer trompe l'appendice d'une Gréga- gariue oblongue qui, dans les entortillements véhéments de l'animal, ne se remplit jamais de la masse granuleuse, tandis qu'autrement cette masse pénètre avec le nucléus jusque dans les extrémités des replis et des sinuo- sités de l'animal avec un mouvement de va-et-vient. Dans une Grégarine globulaire, j'ai trouvé quelque chose en forme d'une couronne (pi. I, fig. 2), qui, pendant les mouvements, resta tou- jours au même endroit et ne fut jamais retiré. Comme dans les formes oblongues (pi. 1, fîg. 1), j'ai rencontré aussi dans ceux qui vivent à deux {Zygocijstis comela, Stein) des stries longitudi- nales apparentes sur la partie inférieure de l'animal (pi. VII, fig. i 1); cepen- dant je ne puis affirmer si c'est une structure particulière ou seulement le résultat de la contraction. Si nous poursuivons le cours du développement d'une Grégarine, nous trouvons en résumé ce qui suit : La Grégarine se change en psorosperraies par la division ou par la division et la tranformation simultanée de son contenu. Dans le premier cas, que nous voulons seul prendre en consi- dération, nous découvrons dans la psorospermie encore les grains de la Grégarine dont elle naquit. La psorospermie ne montre pas encore de ÉVOLUTION DES GRÉGARINES. 2S nucléus ni de membrane; ce n'est qu'une pièce fusiforme d'une masse gélatineuse transparente avec des grains éparpillés. Les grains disparais- sent peu à peu, et une membrane enveloppante devient de plus en plus apparente. Le contenu limpide s'étend à travers toute la psorospermie : c'est le degré de développement où elles se trouvent ordinairement et où , selon toute apparence, elles restent bien longtemps. Après, le contenu uniforme subit une division continue, jusqu'à ce qu'il soit transformé en de petits grains; alors il se comprime vers le milieu de la psoro- spermie et apparaît sous la forme d'une agglomération sphérique. Enfin la membrane enveloppante subit un changement : elle commence à s'atro- phier, et les lambeaux se détachent du contenu pour ne plus trouver d'autre emploi. Nous voyons les nucléus libres dans le kyste. Jusqu'ici on peut poursuivre directement le phénomène; mais, par une série de faits, il nous est permis de déduire l'avenir prochain des nucléus libres. Nous pourrions nous en dispenser, s'il était possible de procéder par leur déve- loppement artificiel. Nous trouvons maintenant dans la cavité abdominale des Lombrics, à ce qu'il paraît en quantité égale avec les psorospermies, des amibes, dont la grandeur variable répond complètement à celle des nucléus libres. Leur substance finement granuleuse et gélatineuse pourrait les faire confondre aisément avec les nucléus eux-mêmes, si elles ne s'en distinguaient par un caractère spécial : leur mobilité. Pour prouver leur identité, on peut encore alléguer ce qui suit : en ouvrant la cavité abdo- minale des Lombrics, on rencontre souvent des agglomérations blanches, que de prime abord on croirait être des kystes à psorospermies, puisque leur grandeur est la même. (PI. VII , fig. 4.) ; mais en examinant de plus près, on découvre que ce sont des amas d'amibes innombrables de la plus petite espèce; car on voit que les contours de ces agglomérations ne restent pas les mêmes, mais changent continuellement de forme. (PI. VII, fig. 5.) Les amibes se rencontrent le plus souvent dans la partie posté- rieure du Lombric, justement là où les kystes à psorospermies se trouvent en grande quantité. Les amibes montrent dans leur forme tous les pas- sages aux Grégarines, de manière que, pour quelques-unes d'entre elles, il est douteux si on doit les considérer comme des amibes ou comme des Gré- ToME XXVI. 4 26 ÉVOLUTIOrS DES GREGARINES. garines. H y a des amibes qui possèdent les trois espèces de grains des Grégarines : les unes contiennent des grains sphériques, d'autres des grains elliptiques au diamètre longitudinal double de celui de la largeur, d'autres, enfin, des grains d'une petitesse extrême. 11 y a aussi des Gréga- rines qui , comme les amibes, n'ont pas de membrane enveloppante appré- ciable, mais un nuclcus distinct (pi. VII, fig. 13 et 14) et qui font glisser leur substance, forment des appendices et les retirent de nouveau à l'instar des amibes. Parmi ces corps, quelques-uns possèdent la masse granuleuse particulière et le mode de se mouvoir des Grégarines, et se rapprochent des amibes par le manque de nucléus et d'une membrane distincte. Pour pouvoir donner un nom à ces formes transitoires douteuses, on a reconnu, comme signes nécessaires d'une Grégarine, l'existence d'un nucléus, qu'il y ait une membrane enveloppante ou non, et on nomme amibes tous ces corps qui ne possèdent pas de nucléus, quelles que soient la masse granu- leuse et leur manière de se mouvoir. Mais la preuve de l'identité , ici comme ailleurs, ne peut être fournie qu'au moyen de recherches morphologi- ques. Avec l'histoire du développement des Grégarines l'engendrement des amibes se trouve expliqué pour la première fois. Ce n'est qu'en passant que je fais ici mention d'une assertion de Slein au sujet de l'absence du nucléus chez quelques jeunes Grégarines. Il pré- tend que cette absence ne dépend que de ce que l'eau , pénétrée dans la cavité du corps, dissout le nucléus qui se trouve encore dans un état de mollesse. Je répondrai à cette objection que les formes de ces animaux chez lesquels j'ai reconnu l'absence du nucléus comme caractéristique, je ne les ai jamais étudiées dans l'eau, mais bien dans le liquide du Lombric oîi elles vivent. De cette manière il ne reste plus de doute. Mais il me faut pourtant constater ici que l'assertion de Stein n'est pas fondée sur des expériences; il envisage les choses de cette manière, parce que cela convient justement. J'ai examiné les nucléus d'un grand nombre de Gré- garines récentes et anciennes, je les ai broyées d'abord dans la liqueur où elles vivent, j'ai traité les nucléus isolés de cette manière par de l'eau de puits et par l'eau distillée, sans être jamais parvenu à en dissoudre un seul. EVOLUTION DES GREGARINES. 27 Cependant je suis bien loin de prétendre que toutes les amibes naissent de psorospermies ou que toutes les Grégarines se développent d'amibes. En attendant que des recherches ultérieures tranchent ces questions, on peut admettre que les amibes des eaux naissent des psorospermies des poissons et que ces phénomènes doivent leur origine aux amibes trans- formées en Grégarines. Les psorospermies des lapins. L'histoire du développement des psorospermies du Lepus cuniculus n'est pas encore faite. Elle se trouve même dans un état moins avancée que celui qui a été signalé par Stein à l'occasion des psorospermies du Lombric, « que les matériaux nécessaires se trouvaient prêts en majeure partie et n'exigeaient que le discernement et l'explication. » Les formations en question ont été découvertes par Hake ( A treatise on varicose capillaries, as consiituting tlie structure of carcinoma of tlie liepatic dticts. Witk on account of a new form of tlie pus globides. London, 1859). Nasse cite ce passage en y ajoutant quelques remarques dans Mïdler's Archives, 1845 , p. 210. Hake donne une description exacte des psorospermies, et il a vu , en outre, des membranes enveloppantes sans uucléus et des nucléus sans enveloppes. Il lui paraît vraisemblable qu'elles prennent leur origine dans des veines capillaires variqueuses. Il les a retrouvées dans l'estomac et dans le duodénum, malgré la petite altération de forme amenée par l'effet de la digestion. Il les considère comme des globules de pus. Nasse les ayant le premier mesurées exactement, réfute l'opinion de Hake, et conclut de leur forme et de quelques réactions chimiques qu'elles ressemblent plutôt à des cellules de cartilage. De plus, il fait mention de leur manière de se décomposer : « On peut, » dit-il, « la déduire facilement des com- posants microscopiques des vieilles dépositions, les grains du nucléus se ré- partissent dans la substance enveloppante, qui se rétrécit en même temps pour disparaître tout à fait. » Mais il ne fait aucune mention de leur origine. Remak les trouva dans des groupes qui paraissaient entourés d'une 28 EVOLUTION DES GREGARINES. membrane, et offraient tantôt la forme d'un pivot, tantôt se bifurquaient. (Diagnoslisclie uncl patliogenelische Unlersiichungen. Berlin, 18-45, p. 239.) Il les remarqua dans les capsules de Peyer, de l'appendice vermiforme et des parois du jéjunum, et les trouva exactement conformes au volume et à la forme des glandes de Lieberkiihn avec lesquelles elles étaient im- mergées dans la muqueuse. Remak les considère comme une espèce par- ticulière d'organisme parasi tique semblable aux psorospermies de Miiller, et incline, par suite de ses observations, à faire naître ces vésicules dans l'intérieur des cylindres épilhéliales qui tapissent les glandes de Lieber- kiibn et les conduits bilifères. Les connaissances que l'on possédait déjà sur la nature des psorosper- mies ont été enricbies par une découverte due à Kauffmann [Analecla ad tuberculorum et entozoorum cognilionem auctore Guilelmo Kauffmann. Derolini, 18i7. Dissert, inang.). Il observa un développement particulier de leur nucléus, après les avoir gardées dans de l'eau pendant quinze jours. Le nucléus se divisa insensiblement en trois ou quatre corpuscules , qui de nouveau se transformèrent en psorospermies, et grandirent dans leur enveloppe commune. Il réussit à faire sortir par la pression ces psoro- spermies nouvelles de cette enveloppe (p. 20). Il croit que ces cellules sont engendrées par l'organisme lui-même et qu'elles font une maladie pareille à la tuberculose. Jam antea professus sum, illas formatïones in liepate eadem tubercula , quae pluhisis tuberculosae principium indicant , me non liabere , tamen illiim morbum processu ad modiim simili produci, maxime esse verisimile, negare non possum. Il définit la division spontanée des psorospermies comme un produit d'une activité vitale anomale, et ne l'a jamais pu retrouver dans l'intérieur des lapins. Certains auteurs ont cru que les psorospermies sont des œufs de quelque helminthe. Kùchenmeister (Vircliow, Arcliiv fur patltol. Anatomie , tome IV, p. 91) a énuméré les diverses opinions émises sur ce sujet et a tâché de les réfuter. Il prouve par leur dimension que ce ne sont pas des œufs de distomes; les œufs de distonies mesurent 0,020 à 0,022", tandis que les psorospermies n'oflVent qu'un diamètre de 0,015 à 0,016'". .l'en ni observé moi-même qui avaient 0,02"' de diamètre de longueur. Kiichen- ÉVOLUTION DES GRÉGARINES. 29 meister ajoute que ce ne sauraient être des globules de pus; il les compare au pus des lapins produit par un onguent irritant. Il finit par les envisager provisoirement comme des œufs de nématodes. Virchow, dans une lettre adressée à Kùchenmeister {loc. cit., p. 84), laisse dans le doute si ce sont des œufs de nématodes ou des organisations propres et de l'espèce des psoi'ospermies. Voilà , en somme, ce que nous possédons jusqu'à nos jours sur ces for- mations spécifiques dans l'organisme des lapins. Déplus , on a observé par- fois, en compagnie avec ces formations , des enveloppes vides et des corps globuliformes qui avaient une certaine ressemblance avec les nucléus. La diversité des opinions émises par les auteurs qui les regardent tantôt comme des globules de pus, tantôt comme des œufs entozoaires, nous fournit la preuve qu'on ignore d'où elles naissent et ce qu'elles deviennent. Suivent maintenant les observations qui éclaircissent leur nature. Dans les parois du gros intestin de certains lapins, on découvre à l'œil nu, sur la surface extérieure, des amas de grains jaunâtres et extrême- ment fins, associés souvent en groupe de cinq à dix; parfois ils sont étendus sur un petit espace, d'autres fois sur tout le gros intestin. Ces amas deviennent plus distincts, si l'on ôte la partie du péritoine qui les recouvre. Au moyen du microscope, on les reconnaît pour des kystes qui, pour la plupart, possèdent une enveloppe extrêmement fine et un contenu varié. Les uns renferment des corps granuleux extrêmement petits, plongés dans une substance glaireuse, et repartis sans distinction dans tout l'inté- rieur du kyste. {Voir pi. X, fig. 3.) La grandeur diamétrale de ces kystes globuliformes est à peu près la même que celle des glandes du gros intes- tin. Ils se trouvent dans les glandes du gros intestin aussi bien que les formes suivantes. D'autres kystes montrent les corps granuleux arrangés dans des amas plus ou moins nombreux et de grandeur variée. (Même planche, fig. 9.) Dans d'autres, on aperçoit les mêmes corps déjà répartis en amas approximativement égaux, de sorte qu'ils égalent à peu près les psorospermies par leurs diamètres de longueur et de largeur. Si l'on fait crever une telle agglomération par une faible pression, on voit une grande quantité de corps qui possèdent parfaitement la configuration des psoro- 30 EVOLUTION DES GREGARlfSES. spermies, seulement ils n'ont ni enveloppe extérieure, ni aucune trace d'une formation de nucléus. (PI. IX, flg. 10.) Quelques-uns d'entre eux offrent une enveloppe gélatineuse, transparente, mais dont les contours ne sont pas aussi distincts ni si précis que dans les psorospermies parfaites. Ces psorospermies incomplètes se trouvent quelquefois dans le même kyste avec des psorospermies achevées. Parfois aussi on rencontre quelque kyste qui contient les corps que je viens de décrire et d'autres extrêmement semblables qui montrent une membrane enveloppante aussi distincte que les psorospermies. {Voir pi. X, ûg. 6.) Parmi eux il y en a qu'on pren- drait pour des psorospermies, si le nucléus n'avait pas une forme plutôt elliptique que globulaire; il est toutefois produit de cette masse granu- leuse mentionnée. Enlin, il en paraît encore d'autres oîi cette masse gra- nuleuse forme distinctement le nucléus des psorospermies. (PI. IX, lig. 22.) 11 n'est pas rare de trouver dans le cœcum des agglomérations de psorospermies libres, sans adhérence aux parois de l'intestin; d'autres agglomérations sont encore recouvertes de la couche épithéliale de l'in- testin, mais l'ont déjà soulevée au-dessus du plan environnant, de manière à former une petite élévation ; d'autres , eulln , se sont déjà levées telle- ment qu'elles paraissent être sur le point de se détacher. Quelquefois aussi on observe bien clairement ces phénomènes dans l'intérieur de la vésicule du fiel, où les agglomérations des psorospermies, retenues en- semble par une substance gélatineuse, flottent dans la bile sous forme d'amas blancs. Si l'on étend sur un porte-objet la vésicule ouverte dans le sens de sa longueur, de manière que la paroi intérieure se trouve en haut, l'on découvre souvent sur la muqueuse des élévations qui se dis- tinguent par une couleur jaunâtre, et offrent un contour précis; on les voit même reluire déjà à travers la vésicule avant de l'avoir ouverte. Sous le microscope, on reconnaît des vésicules à membrane fine et de gran- deur bien différente, qui ont le même contenu que celles qui se rencon- trent dans les parois de l'intestin. Les unes contiennent une substance légèrement jaunâtre et uniforme, pourvue de petits grains; d'autres offrent la même substance partagée dans des amas de différente grandeur; dans d'autres encore on trouve des corps globulaires ou elliptiques, delà graii- ÉVOLUTION DES GRÉGARINES. 31 deur et de la forme des psorospermies, mais encore sans membrane et sans nucléus ; dans d'autres enfin , on voit les corps elliptiques entourés en partie d'une substance transparente gélatineuse, en partie d'une mem- brane parfaite, accompagnés en même temps de psorospermies complètes; il y en a aussi dans lesquels on ne trouve que des psorospermies. La même chose se présente dans les conduits bilifères, dont on voit les parois fortement épaissies lorsqu'on les ouvre soigneusement dans la longueur; il arrive que, par ce procédé, quelques kystes sont détruits, et alors on trouve à la fois tous ces éléments énoncés. Le plus souvent on trouve des kystes à psorospermies parfaites. Quelques-unes de ces der- nières offrent une forme particulière. Les nucléus perdent en partie leur aspect granuleux et s'éclaircissent dans un ou plusieurs endroits. [Voir planche IX, fig. 7.) Or, on trouve de ces nucléus tout à fait solitaires et en même temps des conques fendues vides. On ne saurait méconnaître que ce sont des nucléus détachés; ils peu- vent être distingués très-bien de ces corps qui ont une forme ou bien globulaire ou elliptique et la même masse granuleuse que les kystes entiers, qui n'ont pas encore éprouvé de changement. Outre ces nucléus libres, on trouve encore des vésicules qui ont à peu près le diamètre double, même un peu plus grand, mais dont le contenu est le même pour la forme, et encore une foule de vésicules qui tiennent le milieu entre ces deux corps, de manière que les nucléus semblent croître peu à peu et se changer en ces vésicules. Les dernières n'ont pas toujours la forme sphérique , mais aussi des formes tout à fait irrégu- lières, qui, lorsqu'elles sont mises dans l'eau, reprennent la première, et crèvent plus tard presque toutes en versant une partie du contenu et paraissent déchiquetées au bord. Voilà le seul mouvement que j'aie pu remarquer. Il se fait bien lentement, et il faut faire grande attention pour l'apercevoir. Si , au lieu de mettre les vésicules en question dans de l'eau , on les met dans le fiel, on ne s'aperçoit pas d'un tel mouvement, supposé qu'on ait puisé les vésicules dans les conduits bilifères. Dans les parois du canal intestinal , elles paraissent quelquefois en société avec des psorospermies 32 EVOLUTION DES GREGARINES. mûres. D'après cela, le mouvement et la rupture des vésicules paraît donc, dans les cas en question, dépendre de l'endosmose. Parfois j'ai trouvé dans les conduits bilifères et dans la sécrétion du jéjunum des vésicules de la même grandeur, mais qui se distinguaient de celles que nous venons de décrire, en ce que leur superficie entière était munie de cils au moyen desquels elles étaient capables de faire des mou- vements comme font les embryons des distomes. Je n'ai aucune raison de mettre ces corpuscules en rapport avec ceux dont il s'agit ici, d'autant plus que les embryons des distomes qui logent, d'après Bremser, dans les lapins sont encore inconnus. Les œufs de Passalurus ambkjuus peuvent faci- lement être distingués de ces vésicules, et certainement ils ne paraissent que fort rarement dans les conduits bilifères. Sans doute, les psorospermies ne périssent habituellement dans les conduits bilifères. Une preuve de ce fait est fournie par ces agglomérations tuberculeuses qui sont composées de masses dépourvues de structure , mélangées avec des restes des enveloppes des psorospermies et des pso- rospermies délabrées. La substance de ces masses peut souvent encore être distinguée , et l'on reconnaît leur origine des psorospermies ou des kystes, qui ne contenaient que de la substance gélatineuse avec un contenu finement granuleux. Il y a quelquefois aussi des cristaux parsemés dont la forme n'est pas bien reconnaissable , à cause de leur petitesse. Les psorospei'mies concomitantes contiennent des globules ou des corpuscules irréguliers qui, par leur extérieur, ressemblent à des globules d'huile. [Voir planche IX, fig. 5 et 6; planche X, fig. 8.) Elles manquent de nucléus, et la substance qui les remplit ressemble à la masse environ- nante sans structure et diffère beaucoup de la substance de celles qui ont le pouvoir de se développer, pendant que les psorospermies récentes s'écoulent pour la plupart comme une masse semblable à du pus; lors- qu'on ouvre les canaux, le conglomérat des autres au contraire est solide et pas du tout liquide. J'ai trouvé aussi quelquefois dans les conduits bilifères des enveloppes vides d'une telle grandeur qu'on ne peut l'attendre d'une seule psorosper- mie; elles n'avaient pas de structure; leurs parois étaient fort minces et ÉVOLUTION DES GREGARINES 53 plus ou moins pliées; parfois il y avait en outre une psorospermie déve- loppée. {Voir planche IX, fig. 8.) Dans le jéjunum, comme dans le côlon, il y avait encore des psorosper- mies qui, outre leur membrane connue, paraissaient en avoir une seconde immédiatement en dessous de la première et qui possédaient souvent des prolongements plus ou moins longs également sans aucune structure. Aussi des psorospermies non complètement développées, et ne possédant pas encore leur membrane enveloppante sont souvent enduites d'une telle membrane, soit en entier, soit en partie; quelquefois aussi cette mem- brane se détache lorsqu'on fait agir une pression à travers le verre cou- vrant. Il n'est pas rare de voir trois ou plusieurs psorospermies, en- duites chacune d'une telle membrane, réunies ensemble. En examinant attentivement les kystes de l'intestin, on en rencontre quelquefois qui donnent l'explication de ce qui précède : ce sont des trabécules d'une membrane gélatineuse plus ou moins compacte qui forment une réunion de cellules semblables à un rayon de miel; ces cellules ont à peu près la grandeur des psorospermies et en contiennent encore qui sont en partie enfei'mées. Dans la sécrétion du canal intestinal, et notamment dans le jéjunum, non loin du côlon, je trouvai à plusieurs reprises des corpuscules qui étaient entourés d'une membrane et contenaient en dedans une masse gra- nuleuse et albuminoïde avec un nucléus distinct, nucléus qui ressemblait beaucoup à celui des Grégarines. Ils étaient de forme différente, mais ap- prochaient pour la plupart d'un globule ou d'un ellipsoïde. Je n'y vis point de mouvement. On ne les observe , du reste , que rarement. Je terminerai en disant que j'ai été à même de constater la justesse des observations de Kauffmann; en répétant ses expériences je suis arrivé aux mêmes i-ésultats. Cependant, il me semble que cet auteur se trouve dans l'erreur en supposant que le procédé qu'il a observé le premier est ano- mal et n'arrive jamais dans l'organisme. J'ai abandonné une grande quantité de psorospermies dans de l'eau de puits ordinaire pendant quinze jours, au mois d'août; elles avaient changé Tome XXVI. S 34 EVOLUTION DES GREGARINES. pour la plupart. A côté de beaucoup d'infusoires, nommément des amibes de la plus petite espèce, des paramécies, etc., se trouvèrent les formes suivantes : quelques psorospermies avaient le nucléus trois ou quatre fois entaillé {voir planche IX, fig. 18, 19, 20); d'autres avaient, en place du nucléus, de trois jusqu'cà cinq corpuscules globulaires; dans d'autres, ces corpuscules étaient elliptiques et un ou plusieurs étaient complètement développés sous forme d'une petite psorospermie dont le nucléus était évident. {Voir planche IX, tig. 21.) Si l'on envisage ces formes comme une série de développements, on voit d'abord le nucléus se changer, se fendre et subir un phénomène analogue à celui du sillonnement des œufs. Les globules prennent peu à peu la forme elliptique et s'entourent d'une membrane sans structure, au centre de laquelle le nucléus se forme successivement, et la psoro- spermie est achevée. Le tout grandit après, et les psorospermies sont flna- lement répandues par la rupture de la membrane commune. Les faits énoncés ne permettent plus de supposer que les psorosper- mies des lapins soient des œufs d'entozoaires. On ne voit pas d'œufs se multiplier par la division. Si Kûchenmeister avait eu connaissance des recherches de Kaufl'mann, il aurait certainement établi une autre hvpo- thèse. De même la supposition de Remak, que les psorospermies naissent d'un produit morbide de quelque formation épithéliale n'est plus sou- tenable. Aussi ne peut-on pas faire passer la destruction des enveloppes des psorospermies comme l'effet des liquides de l'estomac et de l'intestin . parce que les mêmes altérations de forme se rencontrent dans la vésicule du fiel et dans le foie. L'explication la plus simple et qui résulte de l'en- semble des faits, c'est de regarder les psorospermies des lapins comme les produits des Grégarines, et leurs différentes formes comme de diffé- rents degi'és de développement. Rien ne s'oppose à cette interprétation. Les vésicules uniformément remplies d'un contenu finement granuleux répondent aux kystes des Grégarines dans lesquels la formation de psoro- ÉVOLUTION DES GRÉGARirSES. 53 spermies veut prendre place; celles au contenu sillonné sont analogues à celles du Lombric, dans lesquelles le phénomène de sillonnement est déjà introduit; les vésicules aux masses granuleuses sans enveloppes et de forme globulaire et ovalaire correspondent à celles du Lombric où le sil- lonnement est fini et où, pour rachèvement des psorospermies, il ne faut plus qu'un léger changement de forme et la formation d'une enveloppe. Les psorospermies qui ont déjà leur enveloppe, mais manquent encore de nucléus, répondent aux psorospermies ordinaires et limpides; celles qui ont le nucléus parfait répondent aux psorospermies parfaites dans lesquelles le changement du contenu est tellement avancé qu'elles sont sur le point de sortir. Les nucléus libres de la plus grande variété de forme ont leur analogie dans les nucléus libres des psorospermies des Lombrics. Les nucléus libres grandissent, mais ne prennent pas la nature des amibes, et voilà une déviation qui peut-être se trouve aussi chez les Gré- garines des insectes, mais qui ne peut pas être démontrée, puisque, d'après les recherches de Stein , ces psorospermies ne se développent pas davantage dans l'organisme des insectes. Les vésicules au contenu fine- ment granuleux et avec un nucléus qui ne se rencontre que rarement dans les lapins et dont nous avons parlé plus haut, sont les Grégarines qui, jusqu'à présent, il est vrai, sont sans mouvement et ont peu de grandeur. Il est possible que les psorospermies ne se développent que rarement dans les lapins jusqu'à la forme des Grégarines, et c'est ce qui fait qu'on les trouve si rarement; mais il s'ensuivrait aussi que les Grégarines dé- veloppées en dehors des lapins s'introduiraient d'une manière quelconque dans ces animaux et subiraient tout de suite le changement en psoro- spermies. L'on voit que la conclusion per analogiam n'offre pas d'obstacles ; les phénomènes observés permettent de regarder aussi les psorospermies des lapins comme le produit de Grégarines. 36 EVOLUTION DES GREGARINES. Les psorospermies des poissons. Ce n'est que depuis peu que l'on est fixé sur l'engendrement des pso- rospermies des poissons, que Jean MûUer avait découvertes le premier dans l'orbite d'un jeune brochet, quoique Miïller lui-même eût déjà trouvé des kystes {Uber eine ciyentlnimliclie parasitisclie Bildung mit specifisch organisirlen Samenhôrperchen. Muller's Ar.cmv, 1841, p. 477) qui indiquent le mode de développement, c'est-à-dire des kystes qui, outre les psoro- spermies, contenaient aussi beaucoup de grains globulaires {Muller's Arcliiv, 1842, p. 19ô). Depuis on a observé encore des psorospermies dans beaucoup de poissons de mer et d'eau douce (voir la compilation exacte dans l'ouvrage de Charles Robin : Histoire ncdurcHe des végétaux para- sites, Paris, 1853, p. 291-521), sans qu'on ait trouvé des faits concer- nant leur développement, jusqu'à ce que Dr. Franz Leydig {Vber Psopo- spermien und Gregarinen dans Muller's Arcliiv, 1851, p. 221, etc.) publiât ses découvertes. Leydig dit avoir fait les observations suivantes dans la bile de Squatina angélus : 1° Des vésicules rondes avec une liqueur de quelque consistance et des grains fins, grands de 0,0155-0,054'"; 2" Les mêmes vésicules, qui contenaient dans leur intérieur plusieurs autres vésicules complètement limpides; 5» Les mêmes vésicules, dont les vésicules intérieui'es contenaient une psorospermie; 4° Les mêmes vésicules, dont le contenu granuleux avait presque dis- paru et dont les vésicules intérieures avec leurs vésicules intérieures les remplissaient presque totalement. De plus, Leydig trouva de pareilles vésicules dans le Spinax vulgaris, dont le contenu était réparti inégalement; dans le Torpédo narke encore avec d'autres vésicules contenant une psorospermie; dans le Raja bâtis les mêmes corps et avec des psorospermies d'autre forme; dans le Scgllium canicida les mêmes vésicules avec beaucoup de psorospermies enveloppées dans d'autres vésicules. ÉVOLUTION DES GREGARINES. 37 Je n'ai pu remarquer les faits énoncés par Leydig dans les poissons d'eau douce, quoique j'aie examiné beaucoup d'espèces. C'est le brochet {Esox lucius) qui a servi surtout à ces recherches. J'ai trouvé sur les branchies de ce poisson des vésicules qui avaient 0,31" de long et 0,17" de large et dont le contenu variait. Les unes ne contenaient que des psorospermies en partie sans queue, en partie avec une queue (souvent ces deux espèces se trouvaient pêle-mêle dans un kyste); les autres ne contenaient pas de trace de psorospermies, mais plutôt les grains que J. Millier avait observés à côté des psorospermies; enfin, il y avait des vésicules qui renfermaient en même temps des grains et des pso- rospermies en proportion variée : on trouvait peu de psorospermies avec une grande masse granuleuse ou beaucoup de psorospermies avec une petite masse granuleuse. Aux psorospermies, je ne trouvais d'autre diffé- rence que celle qui a été signalée déjà par J. Millier, c'est-à-dire qu'il y avait aussi des psorospermies sphériques ayant ordinairement le même contenu. Dans la vessie fellique du brochet, je vis, à différentes reprises, des corpuscules globulaires diaphanes qui avaient la faculté de déplacer leur substance et de former des prolongements fort obtus; ils ne semblaient avoir ni structure, ni nucléus, ni membrane enveloppante. Ce sont sans doute des amibes; j'en trouvai deux ou trois dans une goutte de bile, mais ce n'était que dans des individus rares. Je puis assurer que ces corps provenaient de la bile, ayant pris la plus grande précaution pour pré- venir tout mélange. Je citerai encore une observation de Dujardin [Histoire naturelle des Hel- minthes ou vers intestinaux; Paris, 18i5, p. 041), au sujet des psorospermies du Cyprinus erylhrophtlialmus : « Au lieu d'être contenues dans de petits » kystes, elles sont disséminées dans une substance glutineuse presque » diaphane, décomposable par l'eau, analogue à celles des amibes, et >) formant des végétations ramifiées longues de l'"'°,25 à 1"'"',50 sur les » lamelles des branchies. Je n'ai pas vu de membrane enveloppante, non » plus que sur les amibes, et il m'a semblé que cette végétation, avec les » psorospermies contenues, constitue une production animale distincte. 38 EVOLUTION DES GREGARINES. j> Peul-étre faut-il ranger parmi ces productions celles qu'on observe fié- » quemment dans les testicules des Lombrics. » J'ampliflerai les conjectures de Dujardin en me servant des observa- lions de Millier, de Leydig et des miennes. Les corpuscules décrits par Leydig répondent à ceux des kystes de Grégarines, des Lombrics dans lesquels la formation de psorospermies n'a pas encore commencé. Ce ne sont pas les Grégarines elles-mêmes, comme Leydig l'a cru, car il n'indique pas le nucléus ni le mouvement. Les vésicules trouvées par moi ne renfermant qu'un contenu granuleux sont de même analogues aux kystes sans nucléus, mais avec un contenu granuleux, dans lequel la transformation en psorospermies doit avoir lieu. Les kystes décrits par Jean Millier, qui contenaient simultanément des psorospennies et de la masse granuleuse, ainsi que ceux que Leydig trouva, répondent à ces kystes du Lombric où la formation des psoro- spermies a déjà commencé. Le développement des psorospermies des poissons correspondant au développement des psorospermies des Lombrics est encore inconnu. Mais il y a des amibes aussi bien dans les poissons que dans les Lombrics. Des formes transitoires entre les amibes et les Grégarines des poissons n'ont pas encore été observées jusqu'à présent. Gomme on le voit, l'analogie est frappante et assurément, en suivant Leydig, on peut comparer les parasites des poissons dont il vient d'être question avec ceux des Lombrics. ÉVOLUTION DES GREGARINES. 39 POST-SCRIPTUM. J'ai eu l'honneur, il y a quelque temps, de présenter à l'Académie une notice dans laquelle je disais avoir vu éclore des Grégarines de psoro- spermies, de grenouilles et de poissons; je n'ai pu vérifier jusqu'à pré- sent ce fait sur les psorospermies des Lombrics. 11 est possible que dans une psorospermie de Lombric naissent ou bien plusieurs Grégarines ou seulement une seule; cependant nos connaissances actuelles ne permet- tent pas d'établir une conclusion précise. Parmi les corpuscules mobiles que l'on rancontre dans la cavité péritonéale des Lombrics et que , dans mon Mémoire, j'ai nommés amibes, il y en a peut-ètr€ qui sont de jeunes Grégarines et les autres peuvent avoir encore une autre significa- tion. Il est certain qu'il y a déjeunes Grégarines qui ont cette forme et ce mouvement, ce dont on s'assure facilement par l'observation des Gréga- rines de la vessie urinaire du brochet. Il est aisé en effet de trouver des Grégarines depuis la grandeur de celles qui éclosent des psorospermies, jusqu'à une grandeur telle qu'on peut les reconnaître à l'œil nu ; on pour- rait confondre les plus petites avec des cellules des tissus de la vessie uri- naire, dans lesquelles des phénomènes de diffusion produisent ce mouve- ment. Pour se détromper, il suffit de voir si l'on peut distinguer dans leur contenu des cristaux rougeàtres de la forme de l'hématoïdine, que Funke représente dans son Atalas zur pliysiotogischen Cliemie (planche VI, fig. 5); les cristaux se trouvent dans les Grégarines les plus petites comme dans les plus grandes, et ne paraissent jamais dans aucune cellule de la ve.ssie du brochet, pas plus que dans les corpuscules du sang. Les cristaux du sang des poissons que KôUiker a observés dans l'intérieur des corpus- cules du sang et que P\inke annonçait plus tard être des cristaux d'héma- globuline, ont une tout autre forme {voir planche X, fig. o,) : or, les 40 ÉVOLUTION DES GRÉGARINES. petites Grégarines de la vessie urinaire offrent les mêmes mouvements que les corpuscules en question des Lombrics. Une autre partie de ces corpus- cules est peut-être analogue à ces formations globulaires qu'on trouve libres dans la cavité péritonéale des naïdes, qui n'offrent cependant aucun mouvement et dont la signification est restée tout à fait inconnue jusqu'à présent. Si l'on se rapporte à la définition que G. Ehrenberg donne des amibes, les jeunes Grégarines en diffèrent évidemment, mais il n'en est pas de même de la définition de Dujardin. Selon Ehrenberg, les amibes avalent des corps étrangers comme corps alimentaires, et il a vu entrer des parti- l'ules d'indigo dans toutes ces espèces d'amibes. Pour les Grégarines, j'ai vainement tenté cette épreuve, et je n'ai pu trouver des amibes, telles que les décrit d'Elirenberg, ni dans les Lombrics, ni dans les vessies uri- naire et biliaire des poissons. D'après Ehrenberg, les amibes ont de plus un organe glandulaire que d'autres naturalistes nomment nucléus. J'ai vu cet organe dans plusieurs formes d'amibes, et même j'y ai pu distinguer parfois un nucléoliis. De toiles formes offrent complètement l'image d'une cellule, comme le font aussi plusieurs formes de Grégarines; mais elles possèdent la faculté d'in- corporer de l'indigo, et voilà la seule différence qu'il m'a été possible de constater jusqu'à présent entre certaines formes d'amibes des infusions et certaines formes de Grégarines *. Je prie les lecteurs de modifier d'après ceci tout ce qui, dans le cours de mon Mémoire, ne coïncide pas avec des recherches plus récentes. N. LiEBERKUHN. ' Voj. les détails dans les Bulletin de l'Académie, l. XXI, f" partie, p. i68, Milliers Archiv., ISoi, pp. 1-24-549-368. FliN. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE !. Fig. 1. Grégurine du testicule de Lombric. (Gross. 530 Obh.; ^e/^ Berlin.) ■2. — du même lieu avec un renflement en forme de couronne. (40 Oldi.; ^",4 Berlin.) 5 et 6. — velue avec le nucléolus évident. [Fig. 3, 200. — Fig. 6, 220 Obli.) 4. Forme semblable sans poil. (ôOO.) 5. Grégarine très-longue avec un nucléus et des grains elliptiques. ( 160 Berlin.) 7. Grégarine avec des poils coniques et pointues. (200 Obh.) 8. L'appendice membraneux de celle Grégarine esl une continuation de la membrane enveloppante d'où la masse granuleuse est sortie. (160 Obh.; '^/s.ss iJerlin.) 9. Grégarine avec des stries longitudinales, dans laquelle aucun nucléus n'a élé trouvé (220 Obh.; 'S/5.53 Berlin.) 10. Psorospermie dont le contenu est sur le point de se partager. (220 Obh.) Il , 20 et 2L Globules sans membrane d'un même kyste dont le contenu esl sillionné et préparé à la formation de psorospermies. (430 Obh.) 12-16. Différents degrés de développement de psorospermies nouvellement formées. (450 Obh.) 17. Contenu d'une psorospermie. (430 Obh.) 18, 19. Forme rare de psorospermie. (450 Obh.) PLANCHE H. Du testkulc du I.iimbric. Fig. 1-7. Différentes formes de psorospermies. 8. Grégarine enkystée. (300 Obh.) 0. Kyste avec des psorospermies et des globules de sillonnement pas encore changées. (300 Obh.) 10. Kyste à psorospermies achevées. (300 Obh.) Tome XXVI. fi 42 EXPLICATION DES PLANCHES. Fi(j. \ I et 15. Grégarine globuleuse observée en mouvement. 12. Kyste avec des globules de sillonnement très-réguliers. (40 Obh.) 14. Leurs grains. (450 Obli.) •la. Les psorospermies isolées. (450 Obb.) 1G. Trois Grégarincs avec nucléus e( membrane pas encore enkystées (15 S.) 17, 18 et 19. Psorospermies à différents degrés de développement. 19 montre déjà le nucléns complet. (450 Obh.) 20, 22. Nucléus libre. (450 Obb.) 2L Forme extraordinaire de psorospermie avec nucléus complètement développé. (450 Obh.) 23. Forme lare de kyste. (IGO Obb.) PLANCHE IH. ¥ig. \ et 2. Globules qui se transforment en psorospermies. (4o0 Obh.) ô, 4, o. Jeunes mais irès-grandes psorospermies. (430 Obh.) G, 7. Amas de grains d'un kyste qui contenait aussi de psorospermies. (4S0 Obh.) 8. Les grains isolés du kyste, fig. H. (160 Obh.) 9. Les globules limpides du kyste, fig. 1 1. (160 Obh.) 10. Transformation avancée et globules. (160 Obh.) 1 1. Kyste avec deux masses granuleuses séparées, sur la périphérie desquelles se sont rangés des globules limpides d'où naissent des psorospermies. (100 Obh.) 12. Kyste avec des psorospermies et des globules de sillonnement pas encore transformées. (280 Obh.) 13. 16, 17 et 18. Psorospermies dans lesquelles les grains de Grégarine sont encore visibles. (450 Obh.) 14. Petite Grégarine du testicule de Lombric. (450 Obh.) 13. Grégarine enkystée. (300 Obb.) 19. Contenu d'un très-grand kyste, composé de beaucoup de grains et de deux kystes com- plets à psorospermies et avec un globule de sillonnement. ( 160 Obh.; ^5.35 Berlin.) PLANCHE IV. Fig. 1 , 2, 4, 10 et 7. Psorospermies dont l'enveloppe s'évanouit progressivement. (430 Obb.; %.35 Berlin.) 3, 9. Contenu libre. (430 Obh.; »/5.;i5 Berlin.) 3. Grégarine petite qui montrait clairement le changement de place du contenu de la con- traction de la membrane. (430 Obh.; s/s. 33 Berlin.) 8. Nucléus d'une grande Grégarine globulaire (430 Obh.; Ws.sî Berlin.) H, 13, 14, 16, 17 et 18. Différentes formes d'amibes. (Fig. 10-16, 430 Obh.; fuj. 17, 430 Obh.;/((/. :8, 300 Sch.) 12, 13. Des kystes dans lesquels se trouvent un contenu granuleux et des globules gélati- neux. [Fig. 12, 200 Obh., 2%.53; ^jr. 15, 160 Obh., 2S/5.55 Berlin.) EXPLICATION DES PLANCHES. 43 Fig. 19. Forme particulière des psorosperniies. (530 Obli.) 20. Grégarine avec les nucléus distincts, qui montre un nucléolus. (430 Obli. ; "^^/s-sj.) PLANCHE V. Pris dans la cavité abdominale. Fig. I . Grégarine qui s'est contractée au milieu , de manière qu'elle semble former deux portions , mais pouvait déplacer son contenu avec le nucléus d'un bout à l'autre. (330 Obh.; 20/5.33.) 2. Grégarine velue sans nucléus appréciable. (430 Obh.) 3. La même forme sans poils. (430 Obh. ; -''/s. 55.) 4. Kyste dans l'acte du sillonnement. (200 Obh.; ^%.S3.) 3. Amibe. 6, 8. Psorosperniies achevées. 7. Psorosperniies qui commencent à se former. dO, 12. Des psorospermies. {Fig. 5-9, 430 Obh., *%.; fig. iO, 12, 450 Obh.; ^3. 15, 280 Ohb.) H. Amibe sans membrane et sans nucléus, mais avec les grains de Grégarine. (450 Obh.) 15, Formation intermédiaire de l'acte de la formation des psorospermies. (280 Obh.) 14. Kyste avec des globules de sillonnement {fi.g. 9), des globules petits qui se changent eu psorospermies (/(Q'. 13), et des corps qui possèdent déjà la forme des psorospermies cl contiennent des grains de Grégarines. (Fig. 14, 280 Obh.) 16, 24. Amibes delà cavité abdominale du Lombric, vues en mouvement. (Figf. 16,450 Obh., 2*;5.35;^3. 24, 4o0.) 17, 18. Corpuscules gélatineux mobiles avec des stries fines longitudinales. (450 Obh.. "/3.35.) 19. Amibes contenant un corps étranger. (430 Obh., ^''./s.53.) 20. Grégarine avec nucléus sans contenu granuleux, vue en mouvement. (430 Obh.; 24/5..,-,.) 21 , 22. Contenu de psorospermie libre d'un même kyste. (580 Obh., ^^Is.sz.) 25. Enveloppe de psorospermie sans contenu. (380 Obh.) 23. Variété rare d'une psorospermie développée. (450 Obh.) 26. Amibe avec des grains de Grégarines oblongs. (450 Obh.) PLANCHE VL Fig. 1. OEuf de nématode avec l'embryon dévelojipé. (450 Obh., ^o/s.ss,] 2. Amibe avec des grains petits. (430 Obh.) 5 , 4. Amibes sans grains. (450 Obh.) 44 EXPLICATION DES PLANCHES. Fi(j. ii. Kysle de psorospemiies doublement enveloppé. (4o0 Obh.) 6-15. Différentes formes de la mémo amibe en mouvement; prolongements variés, même jns(iu'?i la finesse de poils. (480 Obli.) M>. Amibe à contenu finement granuleux, qui protend de la masse gélatineuse sans nucléus. (-430 Ohli.) 1 7. Grégarine entourée de l'enveloppe velue. (450 Obh.) 18, 19. Grégarine avec des grains extrêmement fins. {Fig. i8, 290, Obh.;^Sf. 19, 450 Obh.) PLANCHE VII. Fi(j. 1. .Vmibe avec des vacuoles. (330 Obh.) 2. Kysle de Grégarines. A l'un des globules la formation de psorospemiies a déjà commencé, " (450 Obh.) 3. Amibe avec des grains fins. (330 Obh.) 4. 5. Amas d'amibes. (Fig. 4, 172 Obh.) 6. iNémalode sortant de la conque. (430.) 7. Kyste de Grégarine. L'un des globules montre la première trace de la formation de pso- rosperraies. 8. Amibe limpide avec des vacules. (450 Obh.) 9. 10, 13. Grégarines finement chevelues. (Fig. 15, 280 S.) 11. J2. Zygocyslis cometa. (Fig. 12, 450 Obh.) 13, 14. Grégarine sans grains et sans peau appréciable, formant des prolongements, comme des amibes. (580 Obh.) PLANCHE VIIF. Fig. I. OEuf de la petite espèce de nématode de Lombric, avec la vésicule germinative qu'on peut faire sortir par la pression. (430 Obh.) 2. Apparemment l'œuf de la plus grande espèce de nématode de Lombric. 3. Amibe avec des grains de Grégarine formant lentement ses prolongements. 4. Grégarine. (450 Obh.) 3. L'œuf du nématode aplati par le verre couvrant. 6. Apparemment une Grégarine enkystée. 7. Grégarine velue se détachant de l'enveloppe velue. 8. Kvste avec des nucléus de psorospemiies encore inaltérés. (430 Obh.) 9. Psorospermie de sépia. (300 S.) 10. Kysle de Grégarines avec formation de Grégarine évidente. Le nucléus se marque à tra- vers ses enfours. (2G0 S ) M. Kyste à psorospemiies parfaites. (260 S.) 12. Grégarine enkystée de sépia (130 S.) 13. Des psorospemiies délabrantes du foie de lapin. EXPLICATIOÏS DES PLANCHES 45 Fig. 14. La même, nucléus plus développé. 15. Masse granuleuse dont se forme la psorospermie. 16. L;i même, mais traînée en longueur. PLANCHE IX. Fig. 1. Masse granuleuse entourée d'une enveloppe. 2. La mémo. Le contenu granuleux se rend dans le milieu pour former le nucléus. (450 Obli. ) 3. Psorospermie parfaite avec nucléus. 4. Forme rare de sporospermie. 3^ 6. — Je psorospermies délabrées du foie de lapin. 7. Psorospermie plus développée. 8. Psorospermie enfermée dans une enveloppe particulière. 9. Écale de psorospermie. 10 , 11. Psorospermie. Nucléus plus développé. [Fig. 10, 430 Obh.) 12. Masses granuleuses dont se forment des psorospermies du jéjunum. 13. — — — plus développées du même lieu. 14. Kyste avec des psorospermies parfaites des parois du côlon. 15. 16. Masses granuleuses dont se forment les psorospermies du jéjunum. 17, 18, 19, 20, 21. Psorospermies gardées pendant quinze jours dans de l'eau. Diftérents étal> de division du nucléus et formation de nouvelles psorospermies du nucléus. 22. Psorospermie avec un nucléus. [Fig. 25.) PLANCHE X. Fig. \. Kyste de psorospermies du jéjunum. (160 Obh.) 2. 7. Grégarine du jéjunum de lapin (430 Obh.) 3. Kyste de Grégarine du gros intestin. (160 Obh.) 4. Corps particuliers avec des cils du jéjunum et des conduits bilifères de lapin; simulta- nément avec psorospermies. (330 Obh.) 3 , 9. La môme plus tard. ( 1 60 Obh.) 6. Psorospermies qui est sur le point de former son enveloppe. (330 Obh.) 8. Psorospermies délébrantes des conduits bilifères. (330 Obh.) 10. Kyste de Grégarines des branchies de brochet. 1 1 . Les psorospermies libres de ce kyste. (430 Obh.) 12. Kyste de Grégarines, dans lequel se sont développées des psorospermies des branchies de brochet. (330 Obh.) PLANCHE XL Fig. 1. Kyste de psorospermies des branchies de brochet. (220 Obh.; '/s.ss.) 2, 3, 4. Différentes formes do psorospermies de brochet. 4r> EXPLICATION DES PLANCHES. Fif). 3. Amibe de la vessie fellique de brochel. 6, 7. Les nucléus des psorospermies développés à des vésicules. 8. La grande espèce de nématode de Lombric ; jeunesse. (4.50 Obli.) 9, 10, 11. Amibes d'eau douce. (450 Obb.) i2. La petite espèce île némathode de Lombric. (430 Obb.) iô. La grande espère de nématode de Lombric. (430 Obb.) .Mciii c-dur cl -Mom.dos k:vv. eliwuri. l'oiii.\\\ I. Mc.n.dr \1!" l.icluTkal.n. (' .vif' 1)1 .roiir.ot ^Icni .fies sav. étraiid,.Toiii XXA 1 . .Mom.do .\in,iel. Ce genre diffère du genre Lombric par l'absence du ventricule stomacal musculeux et par les soies qui sont d'inégale longueur; et du genre Encliy- treus par la couleur du sang et par les anneaux qui sont séparés distincte- ment les uns des autres. Les caractères spécifiques du Sœnurus variegatus sont, d'après le même auteur, les suivants : « Labro superiore dilatato , antice acuminato, corpore postice atteninito. pedicellis ordinis externi duplo lonxfioribus quam interni; ovario iO-14 annii- lum, papiUae cum orifcio oviductus in undecimo, diaphragmata arcta, hepur dissecantia intestinum constringentia. Longit. pocillum trium, plerumque minor. » Les détails anatomiques que le docteur Hoffmeister donne sur le Tidii- fex rivulorum sont incomplets et souvent très-inexacts; c'est ce que nous aurons soin de démontrer dans le cours de ce mémoire. ' De vcriuibus fjuibusdam ad (junus lumbricorum pcrtineutibus. 6 HISTOIRE NATURELLE Le même auteur a commis l'erreur de considérer comme identiques le Sœnurus variegatus et le Lmnbricus variegatus de Mûller. Le professeur Grube, dans un article publié dans les archives de Wieg- man, 1845 ^, démontre parfaitement bien celte non-identité et établit que le Sœnurus variegatus du docteur Hoffmeister n'est autre que le Lumbricus Tuhifcx de Millier. A la fin du même article le professeur Grube fait ressortir la grande analogie qui existe entre le Sœnurus variegatus et les Naides; il croit qu'il forme un type intermédiaire entre cette dernière famille et les Lombricins. Le même auteur, dans un ouvrage récemment publié -, classe les Tubifex parmi la famille des Naides sous le nom donné par Hoffmeister, et dans un tableau des genres il leur assigne les caractères suivants. Oline h'einen, borsieii hundekhen zweizelich, obère borsteu hacir nnd haken- formig . selten obère und untere hakenforminq , bliit lebhafl rolh oder Roth- rjelb. ■ Le professeur Budge , de Bonn '^, s'est occupé du Tubifex rivulorum sous le point de vue anatomique ; il a donné la description des organes respira- toires et des organes génitaux. Ces descriptions, quoique plus exactes que celles du docteur Ilotïmeister, laissent encore beaucoup à désirer; nous en parlerons quand nous traiterons de ces organes en particulier. Dans ce mémoire, nous nous proposons de donner d'abord la descrip- tion anatomique de chaque organe du Tubifex riimlorum; nous traiterons ensuite de son développement, et en dernier lieu nous donnerons quel- ques détails zoologiques. Nous avons conservé le nom de Tubifex à l'animal qui va nous occuper, parce que c'est sous ce nom que Lamarck le rangea le premier dans un «^enre particulier. Le nom de Sœnurus créé plus tard était inutile; le premier doit être conservé par droit de priorité. ' P. 211, 1. 1". - Die Familim des Amirliden mil aiigabe ihrer Galluiigeii und Arte)i , p. 1 40. ■' Archives de Wiegniann , Jahr. XVI , 1"^ Band. PREMIERE PARTIE. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. TÉGUMENTS EXTERNES ET ORGANES DE LA LOCOMOTION. Les téguments des Tubifex rivulorum blancs et transparents ne présen- tent pas de reflets irisés comme cela a lieu chez les Euaxes et les Lom- brics. Ils sont composés, comme chez presque tous les Annélides, d'un épiderme très-mince et d'un chorion intimement uni à la couche mus- culaire sous-cutanée. L'Ëpiderme. — L'épiderrae ^ peut être vu quand on place l'animal sous le microscope, avec un grossissement assez fort, et en pressant légèrement l'animal entre deux verres. Mais pour l'apercevoir plus nettement il faut l'isoler soit par la macération dans l'eau, soit par l'action d'une solution alcaline. L'épiderme se présente alors sous l'apparence d'une membrane mince, hyaline, parfaitement transparente, enveloppant tout l'animal, n'ayant des ouvertures qu'à la bouche et à l'anus ainsi qu'au-devant des faisceaux de soies ; ces dernières ouvertures sont allongées transversale- ment et de tout leur pourtour naissent des prolongements qui étendent l'épiderme jusqu'à l'intérieur des cavités où se trouvent les soies. L'épiderme présente au segment céphalique et au dernier anneau du corps près de l'anus, surtout chez les jeunes individus, de petits spi- * Voyez pi. I, fig. 6, a. 8 HISTOIRE NATURELLE cules ^ très-difficiles à apercevoir; ces organes sont très-aigus et parfaite- ment transparents. Des spicules entièrement analogues existent chez toutes les Naïdes que nous avons observées et nous nous étonnons beaucoup qu'aucun auteur n'en ait encore parlé; chez le Chœlogaster limnei, Baer., entre autres, tout l'épidernie en est couvert; il est probable que ces organes servent à rendre le toucher plus délicat. Le Chorion. — Le chorion - présente une épaisseur d'environ 0,02 de mill.; sous le microscope on le distingue parfaitement bien de la couche musculaire sous-cutanée par la couleur plus foncée de ses bords; il est du reste très-transparent, et paraît être formé par l'entre-croisement de fibres irrégulières le plus souvent fusiformes. La couche musculaire sous-cutanée ^ enveloppe le corps entier, elle est formée de deux plans de fibres , dont les unes sont circulaires et les au- tres longitudinales. Les premières occupent la partie supérieure et sont assez difficiles à apercevoir avec le secours du microscope; il faut les sou- mettre à l'action de l'acide acétique pour bien constater leur existence. Ces fibres paraissent plus minces que les suivantes. Les fibres longitudinales se voient très-bien au moyen du microscope avec un grossissement de 200 à 500 diamètres ; elles sont assez volumi- neuses, sans stries transversales; mais quand l'animal se contracte forte- ment elles forment des ondulations. On ne rencontre pas chez le Tuhifex rivulorum la couche moyenne de fibre musculaire entre-croisée qu'on trouve chez plusieurs annélides. Les muscles sous-cutanés produisent les mouvements vermiculaires du corps. Les Tubifex rivulorum présentent dans l'intérieur du corps des cloisons musculaires transversales * qui séparent les anneaux les uns des autres; ces cloisons manquent seulement entre les 9""^ et lO-^^ et les 10'"= et H""' ' Voyez pi. I, fig. 7. ■•' PI. I, fii;.6 6. ■ PI. I , fig. 6 c et d. ' PI 11, %.5/t. DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. 9 anneaux. Quand les organes de la génération ont acquis leur parfait déve- loppement, partout ailleurs elles existent; elles sont minces, transpa- rentes, contractiles; elles naissent de tout le pourtour de la réunion de deux anneaux, et se dirigent transversalement vers l'intérieur du corps pour entourer le tube digestif, à la manière d'un sphincter. Ces cloisons auxquelles je donne le nom de muscles diaphragmatiques, sont formées de deux plans de fibres, l'un antérieur et l'autre postérieur. Il n'est pas possible de suivre la direction des fibres qui entrent dans leur composition : il est probable qu'il y a des Obres circulaires et des fibres qui se dirigent des téguments vers le tube digestif. Les muscles diaphragmatiques sont traversés par le tube digestif, ainsi que, par les vaisseaux dorsaux et ventraux et par l'extrémité interne des organes sécréteurs ^. Les muscles diaphragmatiques ont pour principale fonction de main- tenir le tube digestif et les autres organes internes à leurs places respec- tives. Ils facilitent aussi les mouvements vermiculaires, et établissent une séparation complète entre les différents segments du corps. Quand ils se contractent très-fortement, le corps devient nioniliforme. Leur action est quelquefois assez énergique pour briser les vaisseaux. Outre les muscles diaphragmatiques , il y a encore quelques fibres musculaires qui se di- rigent transversalement de l'intérieur des téguments au tube digestif. Il existe encore deux autres espèces de muscles , dont les uns servent aux mouvements des faisceaux des soies, et les autres s'attachent au pharynx. Nous parlerons des premiers après avoir donné la description des fais- ceaux des soies; et des seconds quand nous parlerons du tube digestif. Des soies. — Les soies ^ sont réunies en faisceaux dans des petits sacs qui font saillie dans l'intérieur du corps, comme cela a lieu chez tous les Chétopodes. Les faisceaux de soies sont situés sur deux rangées longitudinales de chaque côté du corps; on les distingue en faisceaux dorsaux et en fais- ceaux ventraux, suivant qu'ils occupent les parties supérieures ou infé- ' PI. Il, fuj. 3. 2 P\.[\,pfj.6, 7, 8. Tome XXVI. 2 10 HISTOIRE NATURELLE rieures du corps. Les derniers se composent uniquement de soies à double crochet ou aiguillons, et les premiers d'aiguillons et de soies capillaires ou soies proprement dites. Cela n'a lieu que pour environ les 50 à GO premiers anneaux du corps. Postérieurement les faisceaux ventraux et dorsaux sont uniquement formés d'aiguillons. Quelquefois les soies proprement dites manquent entièrement, est-ce une variété de l'espèce, ou bien ces soies sont-elles simplement tombées? La longueur des soies à double crochet ou aiguillons est d'environ 0,4 de mill. Il n'y a pas de différence de longueur entre les aigullons des fais- ceaux dorsaux et ceux des faisceaux ventraux. Le nombre des aiguillons varie dans chaque faisceau. Le plus souvent on en compte de trois à sept, plus rarement de deux à huit. Les soies capillaires sont ordinairement au nombre de deux dans chaque faisceau, quelquefois cependant on en trouve trois, plus rarement quatre. La forme des aiguillons, comme l'indique la figure, est en S, très- légèrement courbé. L'extrémité externe, plus volumineuse que l'interne, est terminée par un double crochet. Vers la réunion du tiers externe avec le tiers moyen se trouve un léger renflement. La forme des aiguillons, dans chaque espèce de Chétopode, mérite d'être examinée avec soin; car presque partout elles présentent des différences notables, quoique se ressemblant beaucoup à la première vue. Ces différences peuvent devenir très-utiles pour distinguer les espèces. Oersted, dans son conspectus generum ISdidonim, a déjà parfaitement démontré ce que nous avançons en indiquant avec plus d'exactitude qu'on ne l'avait fait avant lui, la forme des aiguillons chez la plupart des Nais. Les soies capillaires, dont le nom indique la forme, ne dépassent jamais en longueur la largeur du corps. C'est aux anneaux antérieurs qu'elles atteignent le maximum de longueur, surtout aux 4"'' et 5™" anneaux; de là leur longueur va en diminuant jusqu'à ne plus dépasser celle des soies à double crochet. Les deux espèces de soies sont sécrétées par des glandes ou phanères qui sont une dépendance du chorion. Chaque faisceau de soies est ren- DU ÏUBIFEX DES RUISSEAUX. H fermé dans une poche * qui fait saillie dans l'intérieur du corps et qui est un prolongement du chorion. Les parois de ces poclies sont couvertes d'un épidémie, mais le fond en est dépourvu. Du côté externe du fond de la poche-, on voit un amas de petites cellules au milieu desquelles se forme une soie qui grandit par sa base. Quand elle a atteint sa longueur, une autre se développe à son côté interne. Chaque soie reste adhérente au fond de la poche. Dans les faisceaux antérieurs et supérieurs, on voit se former de la même manière et les soies proprement dites et les aiguillons. Il est à remarquer que l'on trouve alternativement une soie capillaire et un aiguillon. Quant à la structure de ces organes, elle est peu appréciable; il faudrait des grossissements beaucoup plus forts que ceux dont on a coutume de se servir, pour en avoir une idée exacte. Nous dirons seulement que les aiguillons paraissent creux dans une partie de leur longueur, et que les soies capillaires sont formées par une certaine quantité de fdîres très-minces, intimement unies entre elles. Chez quelques individus, nous avons rencontré ces fibres à l'état de désagréga- tion, de manière que les soies ressemblent à de petits plumets ^. Cette disposition est très-rare ; à peine l'avons-nous trouvée deux fois. Muscles des soies *. — Nous avons vu que les sacs -prolongements du chorion, qui renferment les faisceaux de soies, forment une saillie coni- que dans l'intérieur du corps. Du sommet de ces cônes se dirigent en rayonnant vers les téguments, de petites bandes musculeuses qui se réu- nissent à la couche musculaire sous-cutanée. Parmi ces petits muscles, ceux qui se dirigent directement, soit en avant, soit en arrière, sont plus longs que ceux qui se dirigent dans les autres sens. Les fonctions de ces muscles sont d'abord de faire saillir les faisceaux de soies hors des téguments, quand ils se contractent ensemble, ensuite d'imprimer aux faisceaux divers mouvements suivant que les fibres anté- rieures, postérieures ou latérales se contractent séparément. D'autres iiius- ' Planche II, ftg. G, a. ^ Même fir/ure, b. ' PI. II , fuj. 8. '• PI. Il , fiy. ô. ]2 HISTOIRE NATURELLE des s'altaclient, d'une pari, à la base des cônes formés par les petits sacs et, de l'autre, aux téguments internes près de la ligne médiane. Ils ont pour fonctions de retirer les soies dans l'intérieur du corps et de rétrécir l'ouverture des petits sacs qui les contiennent. SYSTÈME NERVEUX. Le système nerveux se dislingue assez difficilement; il faut des recher- ches très-minutieuses pour parvenir à connaître sa disposition. Il se com- pose d'une partie centrale et d'une partie périphérique. La partie centrale comprend la moelle abdominale et le cerveau réunis par l'anneau œsophagien. La moelle abdominale * s'étend dans toute la longueur de l'animal. Elle est située au-dessous du tube digestif et du vaisseau ventral, entre ce dernier et les téguments du corps. Elle présente à peu près la même largeur dans toute son étendue. Elle est formée par deux cordons nei'veux intimement accolés qui se bifurquent à la partie antérieure pour former l'anneau œsophagien. Sur le trajet de ces cordons et au milieu de chaque segment du corps , un certain nombre de ganglions s'y ajoutent pour former des renflements. Le premier de ces renflements se trouve à l'endroit de la bifurcation des deux cordons. Le cerveau - est très-difficile à apercevoir à cause de l'opacité du pharynx et des mouvements continuels de la bouche au-dessus de laquelle il est placé, et dont il est séparé par le vaisseau dorsal. Quand on examine l'animal de profil, le cerveau s'observe plus facilement. La forme de la masse encéphalique est globulaire, légèrement échancrée en arrière, se réunissant des deux côtés aux bifurcations de la moelle abdominale pour compléter l'anneau œsophagien. Malgré tous nos efforts, nous n'avons pu apercevoir que très-indistinc- tement la structure du cerveau; nous avons seulement vu qu'il était formé de plusieurs ganglions et de fibres provenant de la moelle abdominale. ' ï'l.\,fig. 8. ■2 9\.\,fig.9 eifig. 10,/. DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. lô La partie périphérique du système nerveux se compose des nerfs qui se rendent aux différents organes du corps. De la partie antérieure du cerveau naissent deux gros nerfs ' qui se perdent dans les muscles et les téguments du segment céphalique. Sur quelques indi- vidus, il nous a semblé voir deux nerfs placés en dehors de ceux dont nous venons de parler, qui s'avançaient en s'élargissant vers les téguments où ils se terminaient en entourant un petit corps transparent. Ne serait-ce pas là les nerfs de l'audition? Nous émettons cette hypothèse très-timidement, car les chances d'erreur sont très-faciles, et il faut une grande certitude pour admettre un organe dont l'existence n'a pas encore été constatée chez les vers de la famille de celui dont nous nous occupons. Du bord postérieur du cerveau naissent deux nerfs - qui se terminent dans les muscles du pharynx: ce sont les nerfs pharyngiens supérieurs. Vers la réunion des branches de l'anneau œsophagien, on voit de cha- que côté sortir deux troncs nerveux qui ne tardent pas à se bifurquer et à se perdre dans les téguments. Les autres nerfs proviennent des ganglions de la moelle abdominale ''. Généralement on ne distingue que trois troncs nerveux qui prennent nais- sance de chaque côté des ganglions abdominaux. Ces troncs nerveux se dirigent, en se divisant, vers les téguments externes, dans lesquels ils se perdent. Nous n'avons jamais vu des branches nerveuses naître directement des cordons nerveux de la moelle abdominale intermédiaire aux ganglions. Tout le système nerveux du Tubifex rivulorum est entouré d'une névri- lème peu épais et fort transparent. Malgré nos efforts nous n'avons pu trouver aucune trace du nerf grand sympathique. ORGANES DES SENS. Les Tnbifex rivulorum possèdent le sens du toucher développé à un très- haut degré. C'est à la partie antérieure du segment céphalique qu'il est le ' PI. I, fig. 9, e, f. î PI. I,/;r/. 9,r/. H HISTOIRE NATURELLE plus délicat. Les spicules dont nous avons parlé lors de la description de répiderme, favorisent cette fonction. Tous les segments du corps sont extrê- mement sensibles; ce qui le prouve, c'est qu'à la moindre agitation de l'eau dans laquelle se trouvent des Tubifex, on les voit se retirer entiè- rement dans les tubes où se cache la partie antérieure de leur corps. Quant aux autres sens, les Tubifex en paraissent privés. Dans la descrip- tion du système nerveux, nous avons parlé d'un nerf partant du cerveau et se terminant aux téguments, après avoir entouré un petit corpuscule trans- parent. Ce corpuscule est-il un cristallin ou un otolithe? Ce nerf existe-t-il bien réellement? A ces questions, nous répondrons que de nouvelles obser- vations sont encore nécessaires pour les résoudre d'une manière certaine. ORGANES DE LA DIGESTION. Le tube digestif se voit facilement à cause de la transparence des téguments. 11 est incolore dans les quatre premiers anneaux, brun jaunâtre dans les deux tiers antérieurs du corps, et dans le tiers postérieur beau- coup moins coloré. Ce sont les glandes hépatiques qui sont la cause de la couleur du tube digestif. Le canal intestinal se compose de la bouche, du pharynx, de l'œso- phage, qui est très-court, et de l'intestin, qui, après avoir parcouru toute la longueur du corps , se termine par l'anus à la partie postérieure du dernier anneau. La bouche^, située à la face inférieure du segment céphalique, se présente sous la forme d'une ligne transversale quand elle est fermée, et d'une ouverture arrondie quand elle est ouverte. La bouche s'ouvre dans un pharynx musculeux qui occupe les S""" et 5me segments du corps; il est plus ou moins globuleux, incolore ou légèrement jaunâtre. Le pharynx, dont les parois sont très-épaisses, est mis en mouvement ' PI. \,fUj. ô, 10, 11, 12, 13. Pi. U,fig. -2, 5, elc. ^ PI. l,/*3. lO.g. DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. 15 par plusieurs muscles , que l'on peut distinguer en intrinsèques et en extrinsèques. Les muscles ' intrinsèques forment en grande partie les parois du pha- rynx; ils sont placés sur deux plans. Le plan supérieur est formé de fibres circulaires, et le plan inférieur de fibres longitudinales. Ces couches mus- culaires produisent les mouvements péristaltiques du pharynx. Les muscles extrinsèques du pharynx sont ceux qui le projettent en avant et ceux qui le retirent en arrière. Les premiers peuvent encore se diviser en supérieurs et en inférieurs. Les muscles intrinsèques supérieurs naissent de la partie supérieure du pharynx et se terminent à l'extrémité du segment céphalique. Nous avons compté jusqu'à huit faisceaux musculaires. Les muscles intrinsèques inférieurs s'attachent à la partie inférieure du pharynx et se terminent autour de la bouche. Les deux séries de muscles dont je viens de parler projettent quel- quefois le pharynx au dehors de la bouche; il est alors retiré dans l'intérieur du corps par un autre ordre de muscles qui s'attachent anté- rieurement à la partie latérale du pharynx et postérieurement aux tégu- ments externes des 2™^ et o"'" anneaux. Ces derniers muscles sont courts et assez gros. L'œsophage suit le pharynx ; il se distingue de ce dernier par son étroitesse, et de l'intestin par sa couleur. Il occupe les 5"'= et A""' an- neaux. Sa structure est semblable à celle du pharynx. Le canal intestinal ne présente pas de dilatation stomacale immédiate- ment après l'œsophage, c'est-à-dire qu'au S"* anneau commence l'intestin, qui se dirige en ligne droite ou très-légèrement ondulée jusqu'à l'extrémité du corps. L'intestin diffère de l'œsophage par sa largeur plus grande et par sa couleur, qui est, comme nous l'avons déjà dit, brun jaunâtre. Il est re- couvert dans toute sa longueur par le vaisseau dorsal, qui y adhère assez fortement. Il recouvre lui-même le vaisseau ventral et la moelle abdomi- ' PI. I, ft(). 10. (I. ■■' PI. T., 'firj-. 16 HISTOIRE NATURELLE nale. Dans toute sa longueur, l'intestin est maintenu en place par les muscles diaphragmatiques, qui l'étranglent légèrement. En procédant de l'intérieur vers l'extérieur, la structure de l'intestin est la suivante * : 1° Une membrane muqueuse très-mince recouverte d'un épitliélium vibratil à cils très-longs , qui ne sont bien apparents qu'à la partie anté- rieure de l'intestin ou vers sa terminaison. Avec un peu d'attention et avec un grossissement assez fort, on peut constater son existence sur toute l'étendue de la muqueuse; 2" Une couche musculeuse également très-mince. 11 faut recourir à l'action de l'acide acétique pour reconnaître sa nature. C'est elle qui fait exécuter à l'intestin les mouvements périslaltiques ; 5" Une couche glanduleuse composée de deux espèces de glandules"-. Les premièi'es sont des utricules dont on peut parfaitement bien suivre le développement; on voit d'abord un nucléole qui s'entoure d'une mem- brane transparente, laquelle grandit et s'éloigne du nucléole. Dans l'es- pace intra-cellulaire ainsi formé se trouve un liquide jaunâtre dans lequel naissent des granules. Quand ces cellules ont acquis leur entier déve- loppement, elles s'ouvrent dans l'intestin et y restent adhérentes comme autant de petits cœcums. Les glandules de la deuxième espèce présentent un développement semblable à celui des glandes de la première espèce. Mais leur contenu diffère : au lieu d'un liquide jaunâtre, on y trouve un liquide transparent dans lequel nagent une grande quantité de gouttelettes de graisse. Les glandules de la seconde espèce manquent presque entière- ment au tiers postérieur de l'intestin, ainsi qu'aux endroits des deux autres tiers qui sont en rapport avec le vaisseau dorsal. On doit considérer les deux espèces de glandules dont nous venons de parler comme représentant le foie des animaux supérieurs; il est du moins très-probable que leur rôle physiologique est de sécréter un liquide ser- vant à la digestion. ' PI. I,/?^. M,d2. 2 PI. !,,%. 13, i4. DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. 17 ORGANES SÉCRÉTEURS. Nous considérons comme organes sécréteurs ' les appareils qui jusqu'ici ont été regardés, par les naturalistes, comme remplissant les fonctions respiratoires. Commençons d'abord par donner la description de ces organes, et nous tâcherons ensuite de prouver qu'ils ont bien réellement pour fonction celle que nous venons de leur attribuer. Les organes sécréteurs sont au nombre de deux dans chaque anneau du corps, l'un à droite et l'autre à gauche de l'intestin. Ils se composent chacun d'un long canal - vibratile fortement entortillé sur lui-même, d'un orifice externe et d'un orifice interne. L'orifice externe ^ est placé sur le côté ventral du corps, un peu au devant des aiguillons ventraux; il est très-petit, en forme de ligne trans- versale quand il est fermé , et arrondi quand il est ouvert. Le canal vibratile, d'abord légèrement dilaté près de son orifice externe présente ensuite partout la même largeur. Il est fortement entortillé sur lui-même et Intimement uni au vaisseau ventral, auquel il paraît être fixé par une membrane très-mince, qui l'attache en même temps au tube di- gestif. Le canal sécréteur présente quelquefois à sa surface externe des espèces d'ampoules transparentes *. Dans l'intérieur du canal ou voit des cils vibra- tilesdont le mouvement est très-rapide, mais qui n'est pas constant, et peut même manquer totalement; dans ce dernier cas, au lieu d'un liquide qui remplit la cavité du canal, on y trouve des granules qui, par leur accu- mulation, le difforment. Tout près de sa terminaison, le canal vibiatile traverse le muscle dia- phragmalique ^ pour s'ouvrir dans l'anneau qui précède celui où se trouve ' PI. lI,/(\. U,fig. \,h,g, i. DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. 21 Les vaisseaux du lO""" anneau s'étendent sur le testicule en faisant plu- sieurs circonvolutions. Ceux du 11"<^ anneau accompagnent les cœcums capsulogènes. Enfin, ceux du 12™° anneau s'étendent sur toute la longueur des organes génitaux, c'est-à-dire jusqu'aux 16""= et 11"" anneaux. Dans les autres segments du corps les vaisseaux latéraux n'éprouvent plus de modillcations. Ce sont ceux du dernier anneau caudal qui établissent la communication postérieure entre le vaisseau ventral et le vaisseau dorsal. Les cœurs ' au nombre de deux, placés de chaque côté du vaisseau dor- sal, au milieu du septième anneau, sont pyriformes, assez volumineux, émi- nemment contractiles, contournant le tube digestif de l'un et de l'autre côté pour s'ouvrir dans le vaisseau ventral; en définitive, les cœurs ne sont que des vaisseaux latéraux fortement dilatés , plus courts et plus contractiles. Le sang est d'un beau rouge et ne contient pas de globules. Il a la même couleur partout; seulement il paraît plus pâle dans les vaisseaux les plus minces. La marche du sang a une direction d'arrière en avant dans le vaisseau dorsal, et d'avant en arrière dans le vaisseau ventral. En parlant du sang nous devons nous arrêter un instant sur le liquide qui baigne tous les organes internes et qui occupe les intervalles qui se trouvent entre ces organes et les téguments externes. Ce liquide est incolore; il contient des globules '^ dont le nombre varie beaucoup : c'est chez les jeunes individus qu'on les trouve en grande quantité. Ces globules paraissent avoir une structure cellulaire et con- tiennent des granules. Leur grandeur varie beaucoup; en moyenne elle est de 0,026 mill. La forme de ces cellules est ordinairement sphérique, d'autres fois leurs contours sont irréguliers. La description des organes de la circulation telle que nous venons de la donner, s'éloigne beaucoup de celle du docteur Hoffmeister 5, que les autres auteurs ont copié. Il ne fait mention ni des cœurs, ni des vaisseaux con- tractiles des organes de la génération , et il n'a fait qu'entrevoir la dis- position des vaisseaux latéraux. ' PI. \\,fig. i,d. 2 PI. l\,fuj.9. ^ Voyez plus haut ouv. cités. * 22 HISTOIRE NATURELLE ORGANES GÉNITAUX. Les organes génitaux sont extrêmement compliqués. Les deux sexes sont réunis sur le même individu , et les organes génitaux mâles sont si intimement unis aux organes génitaux femelles, qu'il est presque impos- sible de séparer leurs descriptions. L'appareil de la génération se compose : 1" d'un testicule; '2° de deux canaux déférents; 5" d'une vésicule sperraatique; 4° de deux ovaires; 5" d'une matrice; 6° de deux organes particuliers dans lesquels s'ouvrent les canaux déférents, la vésicule spermatique et la matrice; 7° de deux cœcums ou glandes capsulogènes, et enfin 8" d'une ceinture de glandules qui couvre les 10" et 11"" anneaux. 1" Testicule. — Le testicule ^ est unique; on le trouve dans le huitième anneau, en dessous du tube digestif, sous la forme d'une glande volumi- lobulée, de couleur grisâtre, parsemée de taches d'un pigment jaunâtre. Le testicule est formé par une membrane en forme de sac renfermant une grande quantité de cellules volumineuses dans lesquelles se foi'ment les spermatozoaires. Le testicule n'a pas de canal excréteur. Quand il a acquis son entier dé- veloppement, sa membrane externe se déchire à son extrémité postérieure, et les spermatozoaires tombent dans la cavité du corps, dans laquelle ils flottent librement jusqu'à ce qu'ils soient repris par le canal déférent, comme nous le verrons plus tard. Les spermatozoaires ont la forme de petits (ilaments atténués à leur extrémité postérieure, et renflés légèrement à l'autre extrémité, qui est, en outre, recourbée en anneau. Leur longueur est d'environ 0,071 mill. Les spermatozoaires ^ se développent dans des cellules de la manière suivante : D'abord se forment, dans les testicules, des noyaux renfermant un nucléole très-apparent. Ce noyau ne tarde pas de s'entourer d'une membrane cellulaire transparente, qui s'étend de plus en plus. Dans la ' IM. m, fig. 1, 2, 5. 6. "- PI. lU. fîg.±a-(j. DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. 25 cellule ainsi formée se dépose au sein d'un liquide des granules qui deviennent si nombreux qu'ils cachent complètement le noyau. Au milieu de ce contenu granuleux naissent les spermatozoaires. La membrane cellu- laire, quand elle a atteint la grandeur d'environ 0,073 mill. , se brise et disparaît. Alors on voit les spermatozoaires encore tous réunis par leur extrémité antérieure, mais ayant la queue libre, dirigée en dehors et se mouvant très-vivement. Bientôt après, ils se désagrègent. Le canal déférent. — Le canal déférent ' est très-long, plusieurs fois entortillé sur lui-même ; il présente une ouverture interne et une ouver- ture externe. L'ouverture interne s'évase fortement et forme un calice ou entonnoir, qui est placé dans le dixième anneau derrière la glande capsulogène, par laquelle il est séparé du testicule. Ce calice du canal déférent est muni à son bord, ainsi qu'à sa surface interne, de longs cils vibratiles, dont le mouvement continuel force les spermatozoaires, qui flottent librement dans la cavité du corps, d'entrer dans le canal déférent. Quand les spermatozoaires sont en grand nombre, le calice ressemble à un plumet formé de longs fils. Le canal déférent lui-même est extrême- ment long; sa largeur est partout à peu près égale, depuis le calice jus- qu'à sa terminaison. Du dixième anneau dans lequel le canal déférent commence, il passe au-dessus des ovaires, et va dans le onzième anneau s'entortiller plusieurs fois sur lui-même; il se termine finalement à un organe dont nous donne- rons plus loin la description. Le canal déférent présente un mouvement vermiculaire ou péristaltique qui facilite la marche des spermatozoaires. A la surface interne du canal on aperçoit des cils vibratiles allongés dans un mouvement continuel. Structure-. — Le canal déférent est formé : d'une membrane muqueuse interne munie d'un épithélium vibratile; d'une membrane externe, mince, transparente et sans structure apparente. Entre ces deux membranes on trouve une couche musculaire formée de fibres transversales allant d'une '- PI. III , (îg- 6. 24 HISTOIRE NATURELLE membrane à l'autre. Il existe probablement des fibres longitudinales : il m aété impossible de constater leur présence. L'organe dans lequel s'ouvre le canal déférent présente également les orifices de la matrice et de la vésicule spermatique ; nous lui donnerons le nom de cloaque , et nous reviendrons sur sa description après avoir dé- crit les organes que nous venons de citer. Vésiatle séminale. — La vésicule séminale* est unique, placée au milieu du corps, au-dessous du tube digestif et entièrement invaginée dans la ma- trice. Quand elle a acquis tout son développement et qu'elle est entière- ment remplie de spermatozoaires, elle s'étend jusqu'au quinzième ou seizième anneau, en traversant les muscles diaphragmatiques qui l'étran- glent légèrement à chaque intervalle d'anneaux. La vésicule séminale s'ouvre à droite et à gauche dans les cloaques par des orifices invaginés dans les orifices de la matrice. Elle présente des mou- vements vermiculaires très-prononcés et toujours dirigés d'arrière en avant. La vésicule séminale est formée par une membrane mince, transparente, couverte de taches pigmentaires jaunes ; elle contient probablement des fibres musculaires transversales et longitudinales. Les fonctions de l'organe que je viens de décrire sont de servir de réservoir au sperme. Ovaires. — Les ovaires - , au nombre de deux , sont placés de chaque côté du tube intestinal dans le dixième anneau. Leur forme est allongée. Dans leur intérieur, on aperçoit des œufs de toutes les grandeurs. Ils sont entièrement entourés d'une membrane qui se continue directement avec la matrice. Matrice. - — La matrice ^ est unique; elle s'étend, quand les organes géni- taux ont acquis leur plus grand développement, depuis le onzième anneau jusqu'au quinzième et même au seizième anneau du corps, en dessous du tube digestif; elle contient la vésicule séminale entièrement invaginée. La forme générale est celle d'un sac allongé, arrondi, présentant des ■' P\.U\,fig.5,k. '' l'I. m, jlg. 5, i; fig. 5, /(. DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. 2o rétrécissements à chaque intervalle d'anneaux; son extrémité antérieure est bifurquée pour se continuer avec les deux ovaires. En dessous des deux branches de bifurcation se trouvent, de chaque côté, les orifices externes de la matrice qui s'ouvrent dans les cloaques. Cloaques '. — Les organes auxquels nous avons donné le nom de cloaque, faute d'un meilleur, sont au nombre de deux, placés de chaque côté du corps et formés par l'invagination de deux canaux, dont l'interne naît de la réunion du canal déférent et de l'orifice de la vésicule séminale, et dont l'externe fait suite à la matrice. Ce dernier est beaucoup plus long que l'autre, et très- souvent la membrane qui le forme est plusieurs fois repliée sur elle-même. Ces deux canaux ainsi invaginés s'ouvrent, à l'extérieur, à la face ventrale du douzième anneau, quelquefois ils produisent une saillie en forme de pénis, à l'extrémité de laquelle on voit alors les deux ouvertures concentriques. Quand le canal interne n'est pas replié sur lui-même, il est très-allongé : une partie de ses parois paraît résistante. Les deux canaux invaginés sont renflés à leur extrémité interne. A cette même extrémité s'ouvre le canal déférent, dont la membrane interne se continue directement avec le sac interne. Sur l'un des côtés des cloaques existent les ouvertures de la ma- trice et de la vésicule séminale. Les parois de la matrice se continuent avec le canal externe, et les parois de la vésicule séminale avec le canal interne. Structure. — Les canaux externes des cloaques sont formés par une membrane transparente sans structure apparente, qui paraît plus résistante à son extrémité externe. Les canaux internes sont chacun formés de trois tuniques, l'une interne, muqueuse, pourvue de cils vibratiles, l'autre intermédiaire, composée d'une couche de grandes cellules arrondies, qui sont probablement glanduleuses, enfin, d'une troisième externe sans structure. L'extrême complication des organes génitaux rend leur description très- difficile; aussi n'ignorons-nous pas que celle que nous venons d'en donner présente beaucoup d'obscurité; mais nous espérons que les figures qui accompagnent le texte éclairciront ce qui ne serait pas compris par le lecteur. ' PI. \l\,fig. 5,c. d. Tome XXVL ^ 26 HISTOIRE NATURELLE Glandes capsulogcnes K — J'appelle ainsi deux glandes en forme de cœ- cum, qui ont pour fonction de sécréter les matériaux qui serviront à former les capsules des œufs. Le professeur Budge leur donne le nom de vésicule py7'ifo7-rne. Ces glandes sont au nombre de deux, placées dans le neuvième anneau du corps, l'une à droite et l'autre à gauche, immédia- tement derrière le testicule ; elles s'ouvrent à l'extérieur par des orifices arrondis, situés de chaque côté de la ligne médiane sur le milieu de la face ventrale du neuvième anneau. Ces organes sont en forme de cœcum, assez longs, présentant des mou- vements péristaltiques très-prononcés. Leur volume varie dans le même rapport que l'état de développement des organes génitaux. Ces cœcums contiennent des cellules pressées les unes contre les autres, qui, à cause de cela, sont polyédriques. Le contenu de ces cellules se compose d'un liquide albumineux et de granules. De plus, on trouve dans les glandes capsulogènes des corps particuliers dans lesquels se développent des fibres très-allongées. Ces corps, en forme de tubes, transparents, plus ou moins longs, font quelquefois plusieurs circonvolutions. L'une de leurs extrémités est atténuée, l'autre est renflée. Ils sont formés d'une paroi transparente dont l'intérieur est garni de longues fibres plus ou moins tournées en spirale. Voici les opinions que les auteurs ont professées sur les fonctions des organes auxquels nous avons donné le nom de glandes capsulogènes. Le professeur Grube - les considère comme des testicules. Le professeur Budge, qui a reconnu en partie le véritable testicule, ignore les fonctions de ces vésicules pyriformes, comme il les appelle; mais il n'est pas éloigné de les considérer comme des réservoirs de sperme , quoique jamais il n'ait observé des spermatozoaires dans leur intérieur. Le professeur Siebold, dans son Analomie comparée ^ dit en note : J'ai « toujours été frappé, chez les Sœnin-tts, Enaxes et Nais de ce fait, qu'à » l'époque du rut, les deux ouvertures génitales antérieures conduisent ' PI. ni, fig. 4, de a. jusqu'à /. '■^ Loc. cil. ^ Loc. cil. DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. 27 » dans deux cœcums contenant du liquide séminal et des faisceaux de sper- » matozoïdes allongés. » Effectivement, chez la Nais proboscidea, on observe des fibres allongées dans ces cœcums, mais ce ne sont pas des spermato- zoaires; car d'abord ils n'ont pas de mouvements propres, et puis on peut parfaitement suivre, dans les cœcums eux-mêmes, tout leur développement, qui est entièrement différent de celui des spermatozoaires , que l'on peut également observer avec facilité. Chez les Tiibifex, M. Siebold a pris pour des spermatozoaires les fibres dont nous avons parlé tout à l'heure. M. Menge n'hésite pas à donner le nom de testicule à des cœcums analo- gues qu'il a observés chez les Euaxes. Quant à nous, nous pouvons affirmer que ces organes ne sont pas des testicules; parce que le véritable testicule est placé plus en avant et n'a aucun rapport avec eux, nous avons observé chez Y Enclujtrecus albidus, chez la Nais proboscidea , chez le Chœtogaster diaplianus , des cœcums sem- blables entièrement distincts des testicules. Ce ne sont pas non plus des réservoirs de sperme, car jamais nous n'avons trouvé dans leur intérieur des spermatozoaires. Nous considérons donc ces organes comme destinés à produire les maté- riaux de la capsule qui entoure les œufs. En effet, cette dernière est for- mée d'un feutrage de fibres unies par une substance transparente amorphe. Ces fibres sont semblables à celles contenues dans les cœcums, et la sub- stance amorphe provient probablement de la solidification du liquide trans- parent des cellules qui remplissent ces derniers. Nous croyons donc que le nom le plus convenable que l'on puisse donner à ces organes est celui de (jlandes capsulogcnes. Ceinture glanduleuse '. — Avant de terminer la description des organes génitaux , nous devons encore parler d'une série de glandules qui entourent les dixième et onzième anneaux, et leur forme une véritable cemture. J'ignore entièrement la fonction de ces glandules; elle se rattache probable- ment, soit à l'accouplement, soit à la confection de la capsule. Si, dans le courant de cet article, nous n'avons pas fait mention des auteurs qui ont parlé des organes génitaux du Tubifex rivuloruin, c'est ' PI. III, fig. 8. 28 HISTOIRE NATURELLE parce que leurs descriptions sont tellement incomplètes, surtout celles du docteur Hoffnieister qu'elles ne méritent pas d'être mentionnées. Il n'y a que les observations du professeur Budge qui soient un peu moins inexactes. Ainsi, il a reconnu l'existence du canal déférent, auquel il donne le nom de canal vibi-atite. Il décrit très-bien le calice. II a égale- ment observé le testicule , ainsi que les spermatozoaires dont il donne le développement. Mais la vésicule spermatique et la matrice lui ont entiè- rement échappé. DEUXIEME PARTIE. DÉVELOPPEMENT. {PL IV, depuis I jusqu'à 13.) Malgré toutes les peines que nous nous sommes données, nous n'avons jamais été assez heureux pour observer l'accouplement des Tubifex rivulo- rum; nous ignorons donc complètement de quelle manière il a lieu. On peut suivre le développement des œufs du Tubifex rividorum avant leur fécondation dans l'ovaire. D'abord, on aperçoit des cellules très-trans- parentes munies d'un noyau obscur. Ce sont des vésicules germinatives avec la tache germinative. Plus tard, elles s'entourent d'une membrane vitelline. Entre cette der- nière et la vésicule germinative se forme un vitellus granuleux, auquel s'ajoutent de petites gouttelettes de graisse. L'œuf est alors entièrement formé. Vu directement, il est blanchâtre, mais observé au microscope quand la lumière le traverse, il paraît noirâtre, à cause du contour foncé des gouttelettes de graisse du vitellus. Quand les œufs ont acquis leur entier développement ils se détachent DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. 29 de l'ovaire et pénètrent dans la matrice au fond de laquelle ils s'accumu- lent. Le nombre des œufs qui sont contenus dans la matrice varie beau- coup; si ce nombre est grand, elle s'étend jusqu'au seizième et même jusqu'au dix-septième anneau du corps. Nous ne sommes pas parvenu à observer comment se faisait la sortie des œufs du corps de l'animal; nous croyons qu'ils sortent par une déchi- rure spontanée des téguments externes. Cette hypothèse a pour elle l'ana- logie; en effet, ce mode de ponte n'est pas inconnu dans le règne animal : il a été observé chez plusieurs vers, et entre autres , chez les rotifères , qui , sous beaucoup de rapports, se rapprochent des Annélides. Nous l'avons observé également chez le Cliœtocjasler diaplianus. Les œufs pondus plusieurs ensemble sont, à leur sortie du corps, en- tourés d'une capsule commune. La capsule' produite par les cœcums capsulogènes dont nous avons donné la description plus haut , est transparente, jaunâtre , d'environ 2 mill. de longueur ; sa forme est ellipsoïdale ; elle présente à chacun de ses pôles une saillie correspondante et a un prolongement unique dirigé vers l'inté- rieur de la capsule. Les parois de la capsule sont formées de plusieurs couches de fibres entre-croisées , transparentes, réunies par une substance amorphe également transparente. Le nombre de ces couches varie; nous en avons compté jus- qu'à quatre, d'autres fois il n'y en a qu'une seule. Les œufs contenus dans les capsules sont plus ou moins nombreux ; le plus souvent on en compte de quatre à neuf; nous en avons observé treize dans une seule. Maintenant nous devons suivre le développement de l'œuf jusqu'à l'ap- parition de l'embryon, ainsi que le développement de ce dernier jusqu'à sa sortie de l'œuf. Ce développement est simple, c'est-à-dire que l'embryon prend immédia- tement, sans métamorphose aucune, la forme qu'il conservera plus tard quand il deviendra animal adulte. ' P\.i\, (i(j. 13, 16, 17 et 18. 30 HISTOIRE NATURELLE Aussitôt après la sortie des corps, les œufs perdent la vésicule germinative. Le premier travail qui s'opère dans le vitellus est une concentration des parties solides qui le forment; après cela commence le sillonnement, qui est très -difficile à observer, parce qu'il est irrégulier. Ainsi, l'on ne voit pas, comme dans l'œuf de beaucoup d'animaux, le vitellus se diviser net- tement, d'abord en deux parties, puis en quatre, etc. Ici l'on ne peut presque pas suivre les intermédiaires; on voit bien qu'il y a division des parties solides du vitellus, sans qu'on puisse dire quelle est la marche de cette division. Quand le sillonnement du vitellus est parvenu jusqu'à lui donner la forme d'une mûre, on le voit s'entourer d'une zone transparente, qui est le blastoderme. Le blastoderme enveloppe donc immédiatement tout le vitellus; pour s'en assurer et le rendre bien apparent, il faut traiter les œufs par l'acide acétique, qui dissout les globules de graisse de la masse vitelline. Le blastoderme est entièrement formé de grandes cellules, qui sont plus nombreuses et plus petites, à la place où plus tard se montrera l'extré- mité céphalique. Ces cellules, à mesure qu'elles se développent, devien- nent de plus en plus nombreuses et de plus en plus .petites. Il nous a paru qu'elles naissent d'une manière endogène , c'est-à-dire que les jeunes cellules naissent dans l'intérieur de cellules mères. Au commencement, elles sont pourvues de noyaux, qui plus tard disparaissent. A cette époque du développement, on voit le blastoderme se diviser en deux couches : l'une externe, qui formera dans la suite l'enveloppe externe de l'animal, et l'autre interne, d'où naîtront les parois du tube digestif. Entre ces deux couches se trouvent de petites cellules. L'embryon commence alors à se mouvoir et à grandir jusqu'à distendre la membrane vitelline. Bientôt après, le corps de l'embryon se divise en plusieurs anneaux par la formation de muscles diaphragmatiques. Cette division procède de l'extrémité antérieure de l'embryon vers son extrémité postérieure, ce qui fait que ce sont les anneaux céphaliques qui sont les premiers formés. Les téguments externes se séparent alors plus distinc- tement des parois de l'intestin; la bouche et l'anus s'ouvrent, les vaisseaux, les organes excrétoires et les soies se forment. DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. oi L'embryon, à celle époque, s'est forlement allongé et fait plusieurs cir- convolutions dans l'œuf. Il est rare que tous les œufs d'une même capsule se développent: il y en a ordinairement plusieurs qui disparaissent par la pression que leur fait éprouver le développement des autres. L'embryon est maintenant un animal complet, c'est-à-dire présentant tous les organes que, plus tard, on observera chez l'animal adulte. Ainsi, on peut voir le système nerveux composé du cerveau et de la moelle adomi- nale. Ces deux derniers sont, comparativement à ces mêmes organes chez l'adulte, beaucoup plus gros et plus apparents; la moelle abdominale sur- tout, qui paraît être formée par une suite de ganglions. On ne voit pas encore les cordons intermédiaires. Le tube digestif est entièrement rempli de gouttelettes de graisse et de granules vitellines, et comme il est très-large, il donne à tout l'embryon une couleur blanche. Tout autour du canal intestinal se voient les cellules hépatiques. Ce que l'on peut voir du système sanguin , c'est le vaisseau dorsal et le vaisseau ventral. Quant aux cœurs et aux vaisseaux latéraux, nous ne sommes pas parvenu à les observer; il se peut cependant qu'ils existent: mais leur extrême ténuité fait qu'ils échappent à la vue. Quand l'embryon possède une trentaine d'anneaux, et qu'il a la lon- gueur d'environ un centimètre, il est replié plusieurs fois sur lui-même dans la membrane vitelline forlement distendue, qui bientôt se brise, et le jeune sort de la capsule par un de ses pôles. Les prolongements que nous avons décrits aux pôles des capsules con- liennent un tissu plus mou que ces dernières, ce qui fait que les jeunes Tubifex parviennent facilement à le percer. Les seules différences que l'on observe maintenant entre les jeunes Tubifex rhmloriim, qui viennent de sortir de l'œuf, et ces mêmes animaux adultes sont: la longueur du corps et le nombre des anneaux, l'absence des organes génitaux, le plus de largeur de l'intestin, le nombre plus grand de globules que nous avons appelés iijmpliatiques. Les jeunes, nou- vellement sortis de l'œuf, prennent un rapide accroissement: nous avons observé dans l'espace de vingt-quatre heures un accroissement de cinq 32 HISTOIRE NATURELLE anneaux. Cet allongement ne se fait pas par l'adjonction de nouveaux anneaux à la suite des anciens, mais par la division du dernier anneau en plusieurs, qui, tous, grandissent. Une semaine suffit au développement complet des œufs; il est possible qu'en été ils se développent plus rapidement; mais nos observations ayant été faites à la fin de l'automne et au commencement de l'hiver, nous n'avons pu le constater. On n'observe pas chez les Tuhifex rivulorum de reproductions par bour- geons. La reproduction par scission naturelle ou artificielle n'a pas lieu non plus, du moins d'une manière complète, c'est-à-dire que les deux parties d'un animal divisé ne redeviennent plus chacune un animal complet. Il n'y a que la partie qui porte la tète qui continue à vivre; et à la place de la partie divisée, il en reçoit une autre. La partie privée de la tête continue à vivre pendant assez longtemps après la scission, mais sans former de nouveaux segments céphaliques. Sous ce rapport , les Tubifex s'éloignent beaucoup des LumhiiciUns , que l'on peut diviser à l'infini, et toujours les différentes parties redeviennent des animaux complets. TROISIEME PARTIE. DESCRIPTION ZOOLOGIQUE. Avant de donner les caractères du genre TtUnfex, nous devons faire remarquer qu'ils ne pourront être établis d'une manière définitive que quand des études plus approfondies auront éclairci l'anatomie des ani- maux qui composent les familles des Lombricins et des Naïdes. DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. 33 Dans l'état actuel de la science nous croyons que les caractères suivants suffiront : Genre TUBIFEX, Lamarck. Corps vermiforme, cylindrique, transparent, distinctement annelé, terminé antérieurement par un prolongement conique, atténué postérieu- rement. Quatre séries longitudinales de faisceaux de soies. Toutes les soies sont en forme d'aiguillon à double crochet, ou bien, dans la série supé- rieure des faisceaux, il y a des soies capillaires entremêlés aux précé- dentes. Sang de couleur foncée. Organes génitaux s'ouvrant au dehors par deux orifices placés transversalement à la face inférieure du dixième an- neau; deux glandes capsulogènes; capsule cornée contenant plusieurs œufs volumineux. TUBIFEX DES RUISSEAUX. — Tt/B/FO' RIVULORUMK Lamaick. Synonymie. — Lumbricus tubifex. 0. MûUer. SoENURus vARiEGATUS. Hoffnieister et Griibe. Caractères spécifiques. — Le corps vermiforme est très-transparent, cyhn- drique; le premier anneau céphalique est terminé par un prolongement en forme de cône aigu ; l'extrémité postérieure du corps est atténuée. Le nombre des anneaux est très-variable ; très-rarement il arrive à cent. Chaque anneau du corps possède quatre faisceaux de soies, excepté le premier anneau céphalique, qui en est entièrement dépourvu, ainsi que les dixième et onzième anneaux, quand les organes génitaux sont dans leur entier développement. Les faisceaux supérieurs ou dorsaux sont composés en partie de soies en forme d'aiguillon à double crochet, et en partie de soies capillaires, ordinairement au quart inférieur du corps; elles sont toutes en forme d'ai- guillon à double crochet. i P\.\,Pg.ô,ri;i.l. Tome XXVI. » 34 HISTOIRE NATURELLE Les soies des faisceaux inférieurs ou ventraux sont toutes en forme d'aiguillon à double crochet. Le tube digestif est droit; il s'étend depuis le premier anneau jusqu'au dernier. La bouche est placée à la partie inférieure du premier anneau. Le pharynx est musculeux; il occupe les deux premiers anneaux; l'œso- phage qui le suit est plus étroit. L'intestin commence au cinquième anneau, s'étend en ligne droite jusqu'à la partie postérieure du dernier anneau, oîi se trouve l'anus. Il n'y a pas de dilatation stomacale; tout l'intestin est couvert de glandes hépatiques jaunâtres. Des muscles diaphragmatiques maintiennent le tube intestinal en place et séparent les anneaux les uns des autres. La respiration s'opère par les téguments externes, surtout par ceux de la partie postérieure du corps. Dans chaque anneau, on trouve deux organes sécréteurs qui s'ouvrent à l'intérieur et qui représentent les reins des animaux supérieurs. Le système sanguin se compose d'un vaisseau dorsal contractile , d'un vaisseau ventral, de deux cœurs contractiles, situés dans le septième anneau, et de vaisseaux latéraux, qui, à chaque anneau, établissent des anastomoses entre le vaisseau dorsal et le vaisseau ventral. Les organes génitaux sont blanchâtres; ils commencent au huitième anneau et s'étendent jusqu'au seizième et même jusqu'au dix-septième. Le corps est légèrement renflé dans cet espace. Les organes génitaux des deux sexes sont réunis sur le même indi- vidu et entrelacés d'une xnanière intime. Les orifices internes des organes mâles et des organes femelles sont au nombre de deux, placés de chaque côté de la ligne médiane au milieu de la face inférieure du dixième anneau. Les orifices des glandes capsulogènes, également au nombre de deux, sont placés de chaque côté de la ligne médiane, au milieu de la face infé- rieure du neuvième anneau. Les œufs réunis à plusieurs sont, après la ponte, entourés d'une capsule de forme ellipsoïdale et à parois cornés solides et transparentes. A chacun des pôles de la capsule se trouve un petit prolongement. Le développement de l'œuf est simple; l'embryon ne DU TUBIFEX DES RUISSEAUX. 35 subit aucune métamorphose. Le blastoderme entoure immédiatement tout le vitellus après le sillonnement de ce dernier. Les Tubifcx rivuloriim se trouvent en grande abondance aux environs de Bruxelles et de Louvain , seuls lieux où j'aie eu l'occasion de les observer. Ils habitent le fond des ruisseaux, et semblent préférer ceux dont l'eau est courante et le fond sablonneux. Dans la vase, sous des eaux stagnantes, ils nous ont toujours paru acquérir un moins grand développement. Les Tubifcx rivulorum se construisent, dans le sable ou dans la vase, des tubes ' dans lesquels ils peuvent se cacher entièrement ; cependant le plus souvent le tiers postérieur du corps flotte librement dans l'eau, et exécute des mouvements vibratoires que l'on a comparés aux mouvements du pendule, tandis que les deux tiers antérieurs restent cachés dans le tube. Pour peu qu'on les trouble, ils se cachent entièrement et avec grande rapidité. Quand on les retire de leurs tubes et qu'on les touche, ils se roulent en spirale-. Les Tubifcx rivulorum se nourrissent de terre, de la même manière que les Lombrics. AFFIMTÉS ZOOLOGIQUES. Les Tubifcx rivulorum, comme l'a déjà fait remarquer le professeur Grube, ont la plus grande analogie, d'une part, avec les Nais et de l'autre avec les Lombrics. Par la forme des soies , la transparence du corps , la disposition des organes génitaux, ils se rapprochent des Nais; tandis que par la forme générale du corps, la couleur du sang, la disposition du système circulatoire, ils se rapprochent des Lombrics. Nous ne pousserons pas cette comparaison plus loin, car, nous le répé- tons encore, il faudrait des observations nouvelles, faites avec soin sur les Nais et les Lombrics, beaucoup de points de leur histoire demandant à être rectifiés et éclairés, notamment en ce qui concerne les organes génitaux et le développement. •■^ PI. I, (ig. 2. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. Fif). 1. J((6//ex- nwttorum, grandeur naturelle. î>. Le même animal roulé en spirale. ô. Le même animal vu au microscope. 4. Le même animal. La figure indique (laquelle manière il sellent dans les tubes qu'il se forme au fond des ruisseaux. 5. Coupe transversale et idéale : a téguments externes; b cordon nerveux; c orifices internes des organes sécréteurs; d tube digestif G. Té"-uments externes : a épidémie; b chorion; c couche musculaire à fibres transversales; d, couche musculaire à fibres longitudinales. 7. Montre les spicules de l'épiderme et les muscles qui meuvent le pharynx. 8. Système nerveux. 9. Portion céphalique du système nerveux ; a cerveau ; 6 branches de l'anneau œsophagien; c ganglion inférieur, le premier de la moelle abdominale; f, e, g, branches nerveuses naissant du cerveau. 10. Coupe longitudinale: a moelle abdominale; /'cerveau; e vaisseau dorsal; h vaisseau ven- tral; d canal intestinal; g bouche. 1 1. Coupe du canal intestinal: a muqueuse; 6 couche glandulaire inférieure ; c couche glandu- laire supérieure. 12. Portion du canal intestinal. \ù. a, b, c, d, e, /', glandules de la couche inférieure du canal intestinal dans ses différents degrés de développement. U. a. b.c. d, e, f, g, glandules de la couche supérieure du canal intestinal dans ses différents degrés de développement. PLANCHE II. Fig. i. Appareil circulatoire du Tubifex rivtdorum : a vaisseau dorsal; 6 vaisseau ventral; c bifurcations des vaisseaux dorsaux qui se réunissent pour former le vaisseau ventral; rfcœur; e vaisseaux latéraux des 2-"% ô'"' et i"'" anneaux ; /"vaisseaux latéraux des autres anneaux; (/vaisseau contractile du testicule; li vaisseau contractile de la glande EXPLICATION DES PLANCHES. 37 capsiilogène ; i vaisseau centractile du restant des organes génitaux ; j glande capsulo- gène; k testicule; / organes génitaux mâles et femelles entrelacés. Fig. 2. Deux anneaux du corps fortement grossis et vus de protll. 5. Deux anneaux du corps fortement grossis, vus de face. Dans ces deux figures, les mêmes lettres indiquent les mêmes organes : a épiderme; 6 chorion; h couche musculaire sous- cutanée; c vaisseau dorsal; /"vaisseau ventral; rf vaisseaux latéraux; / organe sécréteur; i' orifice interne; t^ orifice externe; j aiguillons et muscles des aiguillons; l muscles diapliragmatiques. 4. Organe sécréteur fortement grossi et isolé : a orifice interne; 6 endroit où l'organe sécréteur traverse le muscle diaphragmatique; c ampoules le long de son trajet; d dilatation ter- minale; e orifice externe. 5. Portion du canal vihratile fortement grossi : c muqueuse ; b couche intermédiaire; a couche externe. 6. .aiguillons en forme de double crochet: a parois du sac; 6 développement d'un aiguillon; c endroit où adhèrent les aiguillons au fond du sac. 7. Soies en forme de double crochet et soies capillaires. 8. Structure des soie» capillaires. 9. Globules lymphatiques. PLANCHE m. 1. Testicule. 2. Développement des spermatozoaires. 3. Organes génitaux: a tube digestif; b testicule; c glande capsulogène; e orifice externe de la glande capsulogène; 3 conduit déférent; /» entonnoir du conduit déférent; /"cloaque et son ouverture externe; i vésicule séminale; j matrice; k œuf. 4. Glande capsulogène: a glande capsulogène isolée et son orifice externe; 6 le même orifice vu de face; c, d, e, f, cellules qui remi>lissent la glande capsulogène; g, h, i, j , k, l, difl'érenls degrés de développement des corps qui produisent les fibres de la capsule. 5. Organes génitaux isolés: a entonnoir du canal déférent rempli d'un coté de spermato- zoaires; b canal déférent; c cloaque; d sa membrane externe; e sa membrane intermé- diaire; e ouverture des organes génitaux femelles; /"ouverture des organes génitaux mâles; g vésicule séminale; k ovaires; /». matrice; i œuf; m et / téguments externes du corps. 6. Portion du canal déférent fortement grossi : a membrane externe; b membrane moyenne musculcuse; c membrane muqueuse à épithélium vihratile. 7. Montre la terminaison du cloaque, quand il est fortement retiré en dedans : a ouverture externe; b canal communiquant avec les organes mâles ;c canal communiquant avec les organes femelles. 8. Portion de la ceinture qui entoure les 10""' et 1 1""" anneaux du corps, quand les organes génitaux ont acquis leur parfait développement. 38 EXPLICATION DES PLANCHES. PLAMCHE IV. Fig. I.j ^. [ OEiifs, contenus dans l'ovaire, à difltTents degrés Je développement. •>• 1 •4. OEuf parfaitement développé. ■'*■'. Grandeur naturelle. 3. OEuf un peu après la ponte. _' } Phénomènes du .sillonnement de Treiif. '• I 8 1 ' j Formation du blastoderme. 10. j 11. Embryon et ses différents degrés de développement. 12. j 15. La partie céphalique d'un embryon au moment de sortir de l'œuf, fortement grossi. 14. Jeunes Tuhifex rivulorum après la sortie de l'œuf, grandeur naturelle. 15. Capsule remplie d'œufs. 16. Grandeur naturelle de la capsule. 17. L'un des pôles de la capsule, fortement grossi. 18. Jeunes sortant de la capsule. FIN. MiMii.cour.cl Mnii-dcs s;i\.olr;ind.'r()in.\\\ L ,M(Mii..lc.\l.il'rackem.l'l.l \ k ■•( -l î ,../• lO _:j gc ara-ni par ir. Sezftrvyrti, /u^. àt l'AcaS' Mémi'our cl Mi'indcs sav. t'iraiio. lom.XWl. MémileMM ('(leki'iu.Pl.ll. sj et çra.vÀ. par ^-Sm^er-e^ns. làrk. d^ ljïoJiZ.Ju>^. Mrni .l'diir i-l Mnii.ilcs s;\\ cli-ausi. Toin . \\\ Mn.Kil.-.M.dl (Irkrn, l'I.lll II 6 '■ # .■J ./■ 4 ? ■ '''■ ^dihiLLÂiU^ 1 ■ "-is^êK^' -iu -- " 8 *. s ./ „ "lî'&i ., iv; /"^ 4 <■ «f ^,: ) /- MémcourA-l Mcni.ili's .s:u.i'l\-an<; loiu.XWI. tâi & .-'«■ "Sf.. 0 D '7 Mom.de.M ,l'|-,l,.k(Mn.l'l l\ ^■y*^. ^^ 4'V: /J MÉMOIRE SUR LES FOYERS, PAR M. Erk. QUETELET, OFFICIEH DU GENIE. fPrêsonléàlasêancc P, et il y a deux foyers. Dans l'hyperboloïde de révolution à une nappe , P' et H sont de même signe et P de signe contraire; donc x' est imaginaire, et il n'y a aucun foyer. Dans l'hyperboloïde de révolution à deux nappes, P et II sont de même signe et P' de signe contraire; donc A et x' sont réels, et il y a deux foyers. Le plan directeur est o = Aa? + D ou x = p, ^ ^ • Il y en a un pour chaque foyer; il est perpendiculaire à l'axe de révolution et réel ou ima- ginaire avec son foyer. MÉMOIRE SUR LES FOYERS. 17 Identifions maintenant les équations des surfaces dénuées de centre : 1 - - A"- = 1 = 0, aP', — <2x' — 2AD = 2/' = z' = a;'2 = — 2aQ, 0. 0, D2. = 0, a 1 — Y' A = 1, x' _ Q 2P On en tire : Il n'y a donc qu'un foyer toujours réel, situé sur l'axe de révolution. La surface en question est le paraboloïde elliptique. Le plan directeur correspondant est 0 ^ A:r -+- D, ou a^ = — x'. Quand on fait tourner une section conique autour d'un axe quelconque , la surface engendrée est généralement du quatrième ordre ; mais quand l'axe de révolution se trouve situé dans un des deux plans principaux de la conique, cette surface n'est que du second ordre et les points où cet axe perce la focale située dans ce plan sont les foyers de la surface de révolution. Quant aux plans directeurs de la surface, on les obtient en menant, par les droites directrices de la conique relatives à ces foyers, des plans perpendiculaires à l'axe de révolution. VIII. FOYERS DE l'iNTERSECTION DE DEUX SURFACES DU SECOND ORDRE. Nous allons maintenant aborder un autre ordre de questions. // s agit de déterminer les foyers de premier genre et à directrice plane de la courbe d'inter- section de deux surfaces du second ordre. On sait déjà que par la courbe il faut alors pouvoir mener une sur- face du second ordre de révolution. On doit donc pouvoir déduire des équations de la courbe une autre équation qui représente cette surface de ÏOME XXVI. 3 18 MÉMOIRE SUR LES FOYERS. révolution. Dans ce cas, la courbe possède les foyers relatifs à cette sur- face. Si elle en a d'autres , c'est que par la courbe on peut mener une seconde surface de révolution. Laissant de côté le cas où la courbe n'a aucun foyer et celui où elle n'a que les foyers relatifs à une surface , examinons si une courbe par laquelle on peut faire passer deux surfaces de révolution, peut encore appartenir à une troisième. Or, la courbe pouvant être déterminée par deux surfaces quelconques, prenons pour déterminantes tes deux surfaces de révolution. Choisissant alors l'axe des ce parallèle à l'axe de révolution de la première, celle-ci aura pour équation : ax% -t- a'y"^ -t- o'z- -f- car + c'y + c"z -^ d =^ o. Pour la seconde surface, il nous faudra distinguer trois cas, celui où les deux axes de révolution sont obliques, celui où ils sont perpendicu- laires, enfin celui où ils sont parallèles. S'ils sont obliques, conservons l'axe des x parallèle au premier et menons les plans xij, xz de façon que ni l'un ni l'autre ne soit parallèle au second axe; la deuxième surface aura pour équation : Aa;2 -t- k'y"- -+- A"z^ -i- B»/s -^ ^'xz -\- B"x»/ -t- Cx -t- C'y -t- C"z -i- D = o, où B, B', B" ne sont point nuls, mais où l'on a les relations : B'B" , BB" _ „ BB^ ^ ~~ 2B~ ^ ^ 2B^ "" ~ 2B"' Dans ce cas il ne passe par la courbe aucune autre surface de révolution du second ordre. En effet, toute surface de cet ordre menée par la courbe est comprise dans l'équation : 0 := JtA -t- cr.'a - ak' -a'a' y'- -f- aA" I z" -t- aBî/î -+- ah'xz -h o^B"xy -\- aC 1 X -t- aC -t- a'a' -I- a'c -*- y<:' y -+- xC" I : -1- lïD a c lï'd. Or, les rectangles n'étant point nuls, celle-ci ne peut être de révolution MÉMOIRE SUR LES FOYERS. ^9 qu'autour d'un axe oblique aux axes coordonnés. On aura donc les rela- tions : aB'B" , «BB" „ , , ^BB' a\ -+- a a = aA' ■^- ad — —rr— = «A + a « -— - , 2B 2B' 2B" qui, par les conditions précédentes, se réduisent à : oîa^ ix'a'=aa'. Il faut donc que a' = o ou que « = a'. La première condition fait retomber sur la surface connue, la seconde suppose la première surface sphérique; celle-ci a donc alors un axe de révolution parallèle à l'axe de la seconde, et on rentre dans le troisième cas. Ainsi par la courbe d'intersection de deux sur- faces de révolution à axes obliques, on ne peut mener aucune autre surface de révo- lution. Supposons les deux axes de révolution perpendiculaires entre eux et prenons les axes des a; et des tj parallèles à ceux-ci, La seconde surface aura pour équation : \x^ -+- A'if -t- As^ -H C.V -t- C'y -t- C"z -4- I) = o. Alors toute surface de second ordre menée par la courbe sera comprise dans l'équation : -+- xD = 0. -1- j-'d et l'on voit que cette surface ne peut être de révolution qu'autour d'axes parallèles aux axes coordonnés. Rejetant donc l'bypothèse que l'une des surfaces déterminantes soit sphérique, ce qui rentrerait dans le troisième cas , nous n'avons qu'une nouvelle solution : «A x^ -+- «A' y' -+- aA z°- + o'-C X -t- lïC y -4- aC" ■x'a H- a'a' -1- a'a' -h ct,'c -l- a'c' -H lï'c" «A. = aA' a. a , d'où l'on tire A — A' Ce rapport n'est pas nul, il n'est pas infini non plus, tant que les courbes ne sont pas sphériques. On a donc toujours une troisième solution. 20 MEMOIRE SUR LES FOYERS. Aind la courbe d'interseclion de deux surfaces de révolution à axes perpendicu- laires appartient encore à une troisième surface de révolution, dont l'axe est per- pendicïdaire à ceux des deux premières. Supposons enfin que les deux surfaces données soient de révolution autour d'axes parallèles. Leurs équations sont alors : o = ax'^ -+- a'y^ -»- a'z'^ -t- ex -+- c'y -\- c"z -\- d, 0 = Kx- -+- K'rf- -t- Mz'^ -t- Cx -t- C'y -i- C'z -t- U. Quand aucune des deux n'est une sphère, on ne peut avoir ni a^a', ni A = A'. Toute autre surface de second ordre menée par la courbe a dans son équalion même coefficient pour if et pour z^, et si l'on veut que le coefficient de ^^ soit égal à chacun des deux autres, il faut poser : «A -j- a'a = a.\' -4- a'a', d'où a a — a' a.' A — A'' C'est donc un rapport fini et parfaitement déterminé. Ainsi par la courbe d'intersection de deux surfaces de révolution à axes parallèles , on peut toujours mener une sphère. Il y a ici deux cas à observer particulièrement. Le premier a lieu, quand A = o, a=o; alors 4 = — tt correspond à une équation linéaire, et on en conclut que deux paraboldides de révolution à axes parallèles se coupent toujours selon une courbe plane. Le second cas se présente quand A' = o, a' = o, d'oîi l'on tire ^, = — -• On a encore une équalion linéaire, et chacune des surfaces est un cylindre parabolique. Ainsi : Ayant dans im plan deux paraboles dont les axes sont paral- lèles , si par chacune on mène im cylindre quelconque dont la génératrice soit per- pendiculaire à l'axe, leur intersection sera pkme. Revenons au cas général. En prenant pour axe des x, l'axe de révolu- tion de la première surface et faisant passer le plan xy par l'axe de révo- lution de la seconde, les deux équations sont : 0 = ax'^ ■+■ a y- -+- a'z"^ -»- ex -t- d , o = Aa^ + K'if -»- K'z"- + Cx + C'y + l); MEMOIRE SUR LES FOYERS. 21 et alors o = zk -+- x'a ak' a! a' y^ -H «A' -+- x'u «C'y aD c'd est l'équation générale de toutes les surfaces du second ordre qu'on peut mener par la courbe. On voit donc qu'elles sont toutes de révolution autour d'axes parallèles, et que tous ces axes sont situés dans un même plan; par conséquent, le lieu des foyers est une courbe plane. Pour avoir l'équation de ce lieu, il faut chercher les foyers de la sur- face générale ci-dessus, puis éliminer le rapport -,. Or, pour cela, iden- tifions l'équation de cette surface avec la formule connue : {X — j;')2 -f- (y — y'f + (s — ^'f = (M:r .4- % -H Ps + Q)2. La première ne renferme aucun rectangle , et le coefficient de y^ égale celui de 2'^. On a donc : N =0, P = o, et il reste simplement six équations de condition : «A + a'a ^ 1 — W, aV -»- a a' = 1 , aC ^ a'c = — "Ix' — 2MQ, 1° 2° 3° 40 5» o = — 23', 6° aD -t- ad = f"- -t- y'* -1- z"- — Q2 On a d'abord z' =0, ce qui est l'équation du plan qui contient tous les foyers. Restent alors cinq équations entre les inconnues a, a', M, Q,x',y'. Si donc nous pouvons éliminer les quatre premières, nous aurons le lieu cherché; or, rien n'est plus facile. (2) et (4) donnent « et «', et entre (1), (3), (6), on élimine de suite M et Q. On a donc : 2y; C 2 A'?/' a'C et 4{«U + ad — x"^ ■ [A ^ *'a - 1) == (aC + a'c -i- 2j;'j*, 22 MÉMOIRE SUR LES FOYERS. ou par substitution : 2Dh' d '2\'di/ \ / 2\y' a 2A'uî/' ' ' r"i ■""' — y'' r:: — ' — ; -•- — 7~r' C a aC I \ L a at '2Cy' c Ik'ctj' \2 2.r' G' a' a'C En posant pour abréger : 2C 2\'c c 2A 2A'a o 2D 2A'd _ d _ cette équation peut s'écrire : (.r' H- my' -+- )«)'- = (P!/' + de 180": m et n changent de signe, et l'on a pour somme des deux - ; — Cim — C'tn ■+- C" R M-ni'^ H- \'t-n'- -+- A" — Btn — M'iin h- B'T-nut S Nommant donc Q. la constante, on a : — !" — 5 = li, ou PS + QU + P.QS = 0. Posons : Clm H- Cm = T, Mhn- ^ A't-n"- -t- A" -4- ?,"ihim = U, B(»i -+- li'tm = V, et alors cette égalité devient : 0 = î;QS -1- iC'U — îîVÏ, avec la condilion m- ■+■ n- — I. En développant cette équation et réduisant partout les exposants de n au moyen de la condilion /;- =1 — j/j-, il demeure cinq espèces de ternies relativement à l'angle o, les termes ?«'*, mhi, m^, mn et ceux qui sont indépendants de y. Ces termes n'étant plus réductibles, et l'équation devant élre satisfaite, quel que soit ip, on a cinq équations de condition : 1° o = 2(.VC"r^ + A"C"— BC'<2) + n[(AY2 + a")2 - B2«2], 2" 0 = 2/2(AC" - A'C" + BC- B'C) -+- .Q[2 (A — A') (A'r^ -4- A")ri + B"2(' + B^r^— B"-'«2], 5° 0 = 2i2(B"C" — BC— B'C) -t- ni'^ [2A'B"<'^ -+- ^VB" — 2BB'], 4" o = u(»[(A — A')2— B"'2], 5° 0= n('[(2AB"— -2A'B"]. Les deux dernières sont satisfaites par il = o. Il reste alors deux con- ditions : 0 = AC" — A'C" -^ BC — B'C, o = B"C" — BC — B'C, et l'on a : ' ~ BC — A'C"' MEMOIRE SUR LES FOYERS. 27 Quand on change l'origine , les deux conditions deviennent : O =r (A— A') 0 = B" ilzJ f/S dz \dyl -MÊ)' [dS\ B — - \dxl -■(1)- Pour que ces conditions soient satisfaites, l'origine doit donc parcourir une droite, et cette droite passe par le centre de la surface. Ainsi, étant donnée une surface du second ordre, on peut généralement par tout point de l'espace, pris conime sommet, mener un cône de révolution {il peut aussi être imaginaire) tel que la somme des quatre segments compris dans un même plan mené par l'axe soit nulle. Ceux d'entre ces cônes, dont les sommets se trouvent sur un môme diamètre de la surface, sont de révolution autour d'axes parallèles. Supposant ensuite que Q n'est pas nul, comme t ne l'est pas non plus, les deux dernières conditions sont : (A— A')3— B"-2 = 0, (A — Â')B" = o, et on en déduit : A = A', B" = 0. C'est le caractère analytique nécessaire et suffisant pour que la section faite dans la surface du second ordre, normalement à l'axe du cône, soit un cercle. Les trois autres conditions deviennent alors : 0 = 2(AC"«2 + A"C" — BC'(2) + a[{\fi + A")'- — B^t^], 0 = 2 ( BC — B'C) «2 -H a fi [ B^ — B'^ ] , o = 2r^ ( - BC - B'C) — 2aBB'(2; t disparaissant des deux dernières, on a par l'élimination de Q. une relation entre les coefficients, 2(BC' — B'C) BC -f- B'C B'^ — B'2 ^ BB^ ' 28 MEMOIRE SUR LES FOYERS. qui devient : (B2 H- B'-') (B'C— BC) = 0, et qui peut se résoudre de deux façons : 1° B = 0, B' = 0, et 2° B'C = BC. Le premier cas , donnant une surface de révolution dont l'axe est paral- lèle à celui du cône, a déjà été examiné. Dans le second cas, en posant: ce P = — = — , on a n = — Sa. '^ B' B ^ La condition BC = B'C exprime qu'un des cercles doit avoir son centre sur l'axe du cône; nous le nommerons cercle principal. Mais comme il peut être imaginaire, nous dirons que la droite, lieu des centres des cercles, doit rencontrer l'axe du cône. La surface est : 0 = A (.r* -+- 1/2) + (Bî/ + B'j) [z -t- p) + A"s2 -+- C"^ + D, et le cercle principal est : Z = — p. La somme des quatre i des points de la courbe, situés dans un plan quelconque par l'axe, vaut donc deux fois le z du cercle principal. L'équation (1) devient : 0 = (Af- + A") [2C" -^ n [kf- -+- A")], et se sépare en deux. Il y a donc deux cônes réels ou imaginaires, ayant leur sommet à l'origine et jouissant de la propriété demandée. Aimi, la surface de second ordre est assujetlie à la condition d'être coupée sui- vant un cercle par tout plan perpendicidaire à l'axe du cône; et d faut que la droite, lieu des centres de ces cercles, rencontre l'axe de révolution. Alors, il y a MÉMOIRE SUR LES FOYERS. 29 géiiéralemenl deux cônes ayant leur sommet en un point donne et répondant à la question. Si l'on veut connaître les points de l'espace qui peuvent être les sommets de ces cônes, on remarquera que les lieux des centres des deux séries de cercles forment deux droites; par conséquent, en menant par chacune un plan perpendiculaire aux cercles correspondants, le lieu se composera de ces deux plans. Si le sommet est un point d'une de ces deux droites mêmes, il se trouve dans le plan du cercle principal, donc p est nul, et il en est de même de la somme des quatre segments , comme on devait le prévoir. Nous chercherons encore, relativement à la courbe qui nous occupe, suivant quelle loi doit se mouvoir un plan passant constamment par le sommet du cône, pour que la somme des quatre segments inverses demeure une constante : La courbe est : 0 = \z"t^m- -+- X'sn^n'^ H- \"z^ -+- Bz"-ln + WzHm h- }i"zH''-mn + Cztm + Cztn -+- C"2 + D. ( I > Un plan quelconque par l'origine est : ax ->r hy + cz =^ 0 , OU en nouvelles coordonnées atm -t- blH -^- c = 0 (2) 1 est connu; par l'équation (2) et par la relation constante m^ + ?«- = 1 , on aura m et n. Alors l'équation (1) donnera les quatre 2 des points de la courbe situés dans le plan (2). Or, nommant m,, m^ les deux valeurs de m, et n„ n^ les deux valeurs cor- respondantes de n, la somme des quatre z inverses est : Ctm, -1- C'(n, H- C" Cto, -4- C'(n, -1- C" Mais il est facile de voir que "iac Im, -f- X tga y = x' sin f -4- z cos P tgû y cos ? — X ■ sin o tg' éliminant ^' : Restent les lignes trigonométriques. On a : B cos y = sin 5 A Notre équation devient alors : kz A.X -*- By H- sin ? tg 8 Or, on démontre aisément que sin y tg e == -. Le lieu est donc : Xx -h By -\- Cz = 0. Ainsi, le plan qui, passant par l'origine, jouit de ta propriété énoncée plus haut, s'obtient pour une surface quelconque , en égalant à zéro l'ensemble des termes du premier degré. Nommons S la somme des segments inverses pour la transversale nor- male au plan; il est clair que, pour une autre transversale faisant l'angle a avec la première, la somme des segments inverses sera S cos a. Pour les transversales situées dans le plan même, a = UO". Donc, la somme des segments inverses est nulle, comme il a déjà été démonlré dans un autre travail. Tome XXVL 5 34 MEMOIRE SUR LES FOYERS. m étant le degré de la surface, si, sur chaque transversale, on porte, à partir de l'origine, sa moyenne harmonique g ^^^ ^ , on aura un plan parallèle au plan déterminé ci-dessus, et l'on voit que la propriété en question est, sous une forme un peu différente, un théorème que M. Pon- celet a donné dans son Mémoire sur le centre des moyennes harmoniques. (Voir la note page 45.) Passons maintenant au second cas particulier que nous avons signalé, celui où c = 0. Alors, la somme des quatre z invei'ses des points situés dans un plan quelconque, mené par l'axe, est égale à — ^, ou constante. Ainsi, quand un cône de révolution coupe une surface du second ordre, la somme des quatre segments inverses situés dans un plan quelconque, mené par l'axe, est une constante. Cette propriété est générale : Quand un cône de révolution et une surface quelconque se coupent, la somme des segments inverses, intei'ceptés à partir du sommet du cône sur deux génératrices dans im plan quelconque, mené par l'axe, estune constante. La même analyse le démontre, sans qu'il soit nécessaire d'y rien changer. On peut encore l'énoncer autrement : Êlant donnés ime sin-face quelconque et un plan, soit un rayon incident en un point déterminé de ce plan et le rarjon réfléchi par celui-ci. La surface étant d'ordre m , ce rayon brisé la rencontrera généralement en 2m points tels, que la somme des ordonnées inverses, pour le plan, de ces 2m points est une constante, quel que soit le rayon brisé par le plan en ce point fixe. Conservant le même point d'incidence , faisons varier le plan, en le faisant toujours passer parce même point. Le plan est déterminé quand on connaît N = A2' P D2 — X '2 _ ;'2 A- Éliminons A, D, et il reste entre x' et z' la relation : w 2P ,, 2M (x'- H- xr'2 -t- — x' 1 ( 1 -+- x' w ^ N ' N C'est une équation du troisième degré. La courbe a donc une infinité de foyers tous situés dans un plan et dont la suite constitue une ligne du troisième ordre, qui appartient à la classe des hyperboles défectives. Cette courbe remarquable, la seule du quatrième ordre qui possède plus d'un foyer de premier genre, n'est auti'e que la célèbre ovale de Descartes. Nous nous arrêterons quelques moments à l'étudier, et, d'abord, il est aisé de démontrer qu'elle n'a pas d'autres foyers de premier ni de second genre que ceux qui déjà ont été reconnus. Il est inutile de développer ce calcul. A chaque foyer correspond un cercle directeur unique ; mais, quel que soit le foyer, tous les cercles ont la propriété d'être concentriques. Prenons toutes les médianes premières parallèles des axes x et y : rfsS dx-dy rf5S dxdy'^ = 4.5.2A2,r, = 2.2.2A22/, = 2.2.2A2a;, = -4.Ô.2A2|/. Toutes les quatre passant par l'origine, on en conclut que ce poiiil, qui MÉMOIRE SUR LES FOYERS. 39 est déjà le centre commun de tous les cercles directeurs, est de plus un médian pre- mier de ta courbe, c'est-à-dire quil est le centre des moijennes distances des points où une droite quelconque par ce point rencontre la courbe. Prenons les médianes deuxièmes parallèles : — = iiX^x^ H- 4A2m2 -h iAD — -2, dx^ d^S dxdtj — = iA%2 ^_ i2A2(/2 -t- 4 AD — -2. Ainsi toutes les médianes deuxièmes parallèles sont des courbes du second ordre, qui ont ce médian pour centre. Quant aux médianes troisièmes parallèles suivant les deux axes, elles sont : _ = 4Ax {Ax2 + Ay"- + D) — r> (x — x'), dx — = iky (Ax^ -4- Aj/2 -t- D) — '2y. dy Toutes les médianes troisièmes parallèles coupent en conséquence l'axe des X aux mêmes points. // y a donc toujours sur l'axe de l'ovale un point et quelquefois trois, tels que si l'on tire par un de ces points une suite de transversales , la somme des segments inverses sur chacune , comptés à partir de ce point , est toujours mdle ; ces points sont par conséquent des médians troisièmes de la courbe. Nous prendrons, pour éléments de l'ovale, les coordonnées x'. z' de son foyer, le rayon du cercle directeur correspondant R''^ = — j-> enfin le rapport du produit des segments au rayon vecteur N' = -• Alors l'équa- tion de l'ovale s'écrit : (x2 -f- »/ - R-J)-2 = N'ï [{X - x')^ + y'i -H z'"-]. Pour un autre foyer, elle s'écrit : (i-ï + 2/2 _ U"V- = K"= [(X — x"f' + y'- + ^"-], 40 MEMOIRE SUR LES FOYERS. et l'on a les condilions : (,.) ) N'V = N"V, Telles sont les trois relations qui lient deux foyers quelconques. L'équation de l'ovale peut s'écrire autrement, en prenant pour variables les rayons vecteurs tirés des deux foyers à un même point de la courbe. Alors les deux équations précédentes deviennent : j2 + j/2 _ R'2 = NV, a-2 -+- y- — R'"^= N'V", ou bien : N'/ + R'2 = N'V" -t- R"^. C'est sous cette forme que l'équation de l'ovale a été généralement étudiée. Il faut seulement remarquer, ici, que les rayons vecteurs se rap- portent à deux foyers quelconques. Ainsi les rayons vecteurs tirés d'un point quelconque de l'ovale à deux de ses foyers, choisis arbitrairement , sont liés entre eux par une relation linéaire. En reprenant l'équation : {x^ -y- y- — R'-f = N'^ [ (x — x')-^ + 2/2-+- z'^], on voit que la distance d'un point de l'ovale à un foyer est dans un rap- port constant avec le carré de la tangente menée de ce point au cercle directeur correspondant. Si R''^ est négatif, en portant sur l'axe des 2 à partir de l'origine une longueur numériquement égale à R', la distance d'un point de l'ovale à un de ses foyers est constamment proportionnelle au carré de la distance de ce point au point déterminé sur l'axe des z. On modifierait semblablement sans peine l'énoncé, si z'- était négatif. La seconde relation montre encore que x' et x" doivent avoir le même siqne. Ainsi tous les foxjers se projettent sur le plan de la courbe d'un même côté du médian; et , pour deux foyers donnés, le rapport des réfractions est préci- MEMOIRE SUR LES FOYERS. 41 sèment mesuré par la racine carrée du lapport des distances au médian de la projection des deux foyers. Quand, dans les relations (a), on suppose que les foyers sont dans le plan de la courbe , on a 2' = o, 2" = o. Alors entre les trois foyers on a les six relations : jVl'2 ^ 2R'2 = N"2 -+- 2R"2 = N"''i + 2Il"'2, N'^x' = N"V = ]N"'2j;"', Pi' — N"^*'--= = R"-» — N"-W--' = R"'-4 — N"'-^x'"^ qu'on peut réduire à : R'2 + R"'2 = 2a;' a;"', IN"^ = ix' x'", R"-2 ^ ji"'2 = 2x"a;"', N'"* = 4^.' a;" . Quand on se donne les foyers, un des trois cercles directeurs peut être imaginaire. Mais, quand on se donne les trois cercles directeurs, les foyers sont toujours réels. XI. DES FOYERS DU SECOND GENRE. Nous examinerons encore un cas particulier des foyers du second genre, celui oii la courbe plane du quatrième ordre a un foyer dont les deux directrices sont rectilignes. En prenant la seconde directrice pour axe des x et faisant passer l'axe des y par le foyer, l'équation de la courbe est : (ax -4- 6(/ -+- c)-^ = J/^ [x- -+- (y — yV -+- -'"]• Cette courbe peut, dans certains cas, avoir d'autres foyers ou des cer- cles dont les tangentes jouent le rôle des rayons vecteurs menés au foyer; mais le nouveau foyer ou le centre du cercle se projette sur le plan de la courbe au même point x = o, y = y' , Par exemple, quand 2' = o, b = o, Tome XXVI. 6 42 MEMOIRE SUR LES FOYERS. f = o, ou a un second foyer distant du plan de la courbe de ^ cfi — y- et dont les directrices sont le cercle x^ _j- y- — y'y=o et la droite a; ^ o. Cette équation peut aussi quelquefois se décomposer en deux facteurs du premier et du troisième degré. Cela ari'ive chaque fois qu'elle a la forme : {ux -i- bij -i- ab)- = y- [x- + (y — y')- — (y' -t- a)-]. Les deux facteurs sont alors : o = y -^ a. o = x'-{y — a) — '2.abx -h y^ — y- {iy' -+- «) — b-y — ub-. mais il n'y a de foyer réel que si y' ^ — a. Dans ce cas, son équation est : ,7- (y — a) — ^abx ■+- { »/ -4- o ) ( y^ — 6- ) ^ o. Cette courbe est une hyperbole défective ; elle a reçu le nom de focale. Pour la construire (voir la planché), soit OF = a et OB = />, F est le foyer, BF est la première directrice et OB est la seconde. La droite AA' paral- lèle à OB et distante de celle-ci de la quantité a est l'asymptote. Si, par le point B, on tire BS perpendiculaire à BF, et qu'on suppose que AA' décrive autour de BS un cône de révolution, dont le sommet sera en S, on a précisément le cône dans lequel la courbe a été étudiée d'abord comme lieu des foyers de toutes les sections coniques dont le plan passe par le point F et est normal au plan de la courbe. Le point N est tel que ON=OB, et quant au point M pour lequel l'angle BFM est droit, on a MP =BF. De même, le prolongement de FM donne M'P' = MP et les points M, M' sont précisément ceux dont les tan- gentes sont parallèles à l'asymptote. La propriété caractéristique des foyers est que, pour un point quel- conque m, on a : mp "" "OB ' ' * Si y' -]- 0 n'est pas nul , on n'a pas de véritable foyer. Le point F pour (*) Voyez Disserlatio inaiiguralis de cnrva focctli, etc.; A. Quetelet; in-4'\ Garni, 1819. MÉMOIRE SUR LES FOYERS. 45 lequel y = y' devient le centre du cercle. L'intersection N des deux direc- trices est toujours un point double, et la courbe est tangente au cercle au point P, où la directrice NM coupe ce cercle. Dans ce cas on a : mq mt mp ~ ON De même qu'une courbe de quatrième ordre à foyer peut quelquefois se décomposer en une droite et en une courbe du troisième ordre, elle peut aussi se décomposer en deux coniques; mais alors, ou le foyer est ima- ginaire, ou il est précisément un des foyers déjà connus de la section conique. NOTE. On parvient plus élégamment au résultat précédent par le procédé qui a été indiqué dans les Recherches sur les médianes. On a vu que les polaires réduites m-i, m-2, etc., qui ont leur pôle à l'origine, sont (en écrivant par abréviation entre crochets les divers degrés de l'équation de la surface S^o) : [m— 1]+ 2[m-2]-+- 5 [m— 3] -i- + (m-l)[l]-+- m [o] = o 1.2[m-2]-+- 2.ô[m-3]-+- -¥■ (m— 2)(m— 1) [1] -l- (m-l)m[o] = (f I.2.ô[m-3]-i- -4-(m-3)(m-2){TO-l)[l] + (m-2)(m-l)m[o] = <. 1.2 (m-1)[l]+2.5 m[o] = 44 MEMOIRE SUR LES FOYERS. La polaire réduite première, s'écrit donc : [I] -+- m[o] = o. Et, comme on l'a vu dans le travail cité, la somme des segments inverses de S pour une transversale par l'origine vaut m fois le segment inverse de la polaire réduite première. Cette polaire réduite est précisément le plan déterminé dans le texte. FL\. Jtaii •.rljréjii.rics San. <•//■. T. XKVI. .Ilr'„„;,-r ,/r M. J.m . {hictdef. ESSAI SDR DES EFFETS DE RÉFRACTION ET DE DISPERSION PRODUITS PAR L'AIR ATMOSPHÉRIQUE; Ch. montigny, PROFESSEUR DE PHYSIQUE A l'aTHÉ>ÉE DE NAMUR. fPrésenif pu la séance du 'j no>emliie 1855.) Tome XXVI ESSAI DES EFFETS DE RÉFRACTION ET DE DISPERSION PRODUITS PAR L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. Il est peu de phénomènes qui soient plus souvent remarqués que les mouvements ondulatoires des objets éloignés que l'on voit, par un jour de forte chaleur, au travers des couches d'air fortement échauffées au contact du sol. Par leur étendue et leur succession rapide, ces vacillations de- viennent très-nuisibles à la netteté de perception des objets terrestres au télescope, aussi bien qu'à l'œil nu; elles sont le résultat des déviations qu'un rayon lumineux éprouve en traversant des ondes aériennes mobiles et de puissance réfractive différente. L'inégale répartition de la chaleur en tous les points de la couche d'air où passe le rayon de lumière est la cause première de ces effets : la diversité de densité de ces parties gazeuses étant la conséquence de leur inégalité de température, la puissance réfractive de ces parties est modifiée et leur équilibre troublé par rapport à l'air ambiant. Au premier abord, des recherches relatives à un phénomène qui n'échappe à personne et dont l'explication se résume aussi simplement, ne paraissent offrir que peu d'intérêt, même au point de vue de la science. En effet, d'une part, les astronomes évitent le plus possible de recourir à des observations effectuées près de l'horizon , là où les effets ondula- 4 REFRACTION ET DISPERSION toires sont le plus marqués; et de l'autre, il est peu probable que ces recherches conduisent à un procédé à l'aide duquel le pointé des objets terrestres puisse s'effectuei^, à l'abri des erreurs que ces vacillations intro- duisent dans les opérations géodésiques. Cependant, pénétré de l'idée que, par suite de la connexion des phé- nomènes naturels, l'observation suivie d'un fait, le plus simple en appa- rence, peut renfermer en elle le germe de conséquences applicables à d'autres phénomènes plus importants comme l'histoire des sciences d'ob- servation nous en offre des exemples, j'ai cru devoir entreprendre des recherches sur les effets en question. J'y étais d'autaut plus porté que les diverses explications du phénomène de la scintillation se rattachent à des effets particuliers, qui trouveraient leur cause dans l'interposition de par- ties d'air, inégalement réfringentes , sur les trajectoires des rayons lumi- neux émanés des étoiles. Malgré les rapports que la cause même des ondulations des objets terrestres semble établir entre ce phénomène et la réfraction astrono- mique, aucune partie de ce travail n'a trait aux données sur lesquelles la solution de cette importante question scientifique repose. Voici quels seront les principaux points examinés dans ce travail. J'entrerai d'abord dans quelques considérations sur la production des ondes aériennes, causes des vacillations des images d'objets terrestres , et sur les déviations que doivent subir, dans des conditions données, les rayons lumineux lors de leur passage au travers de ces parties diversement réfringentes. Puis , après avoir exposé les principaux résultats d'observations à l'appui de ces prévisions théoriques, je citerai quelques particularités que la vision des objets nous offre par suite de l'interposition d'ondes mobiles. Enfin, je m'attacherai à des effets de coloration prismatique que les astres présentent fréquemment quand ils sont vus au travers de couches voisines de l'horizon, phénomènes dont plusieurs ont été l'objet de quel- ques observations régulières de la part d'astronomes, et qui m'aideront à déterminer des éléments du pouvoir dispersif de l'air. Les différences de température de l'atmosphère aux divers points de la trajectoire d'un rayon lumineux, ont leur principale source dans l'échauf- DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 5 fement de la couche d'air en contact avec le sol; il ne sera donc pas inop- portun de donner d'abord quelques indications sur les lieux d'observation et sur les accidents du terrain qui les sépare. L'habitation d'oîi les phénomènes furent observés, est située sur une des sommités nord qui entourent Namur, à 65 mètres environ au-dessus de la plaine où la ville est assise. La fenêtre où ces observations furent particulièrement effectuées s'ouvre à l'étage, à 5 mètres environ au-dessus du niveau d'une cour. De ce point, la vue s'étend, vers la partie de l'hori- zon N.-O., sur un vaste plateau cultivé, qui s'élève insensiblement jusqu'au château de Saint-Marc, point distant d'une demi-lieue environ, et vers lequel les observations ont été le plus fréquemment dirigées. Entre ce site et l'ha- bitation, le plateau est coupé par deux vallées peu profondes, dont l'une n'est pas éloignée du dernier point. La distance exacte du château de Saint-Marc à mon habitation serait de 2,430 mètres, d'après la carte détaillée de la Belgique, publiée récem- ment par M. Vandermaelen. La façade, récemment reconstruite d'après les dessins de M. Balat, présente une riche ornementation architecturale, dont les détails nombreux, en pierre de taille, offraient des points de repère d'autant plus précieux pour les observations , que leurs dimensions me sont exactement connues. Celte façade orientée vers le S.-E., reçoit en été les rayons du soleil, depuis son lever jusque vers une heure de l'après- midi. L'instrument dont j'ai fait usage est un télescope grégorien de O-sOS d'ouverture, jouissant d'un pouvoir grossissant de trente-sept fois. Lors des premières observations, un cheveu tendu au foyer de l'oculaire permit d'évaluer par estime l'étendue des ondulations des objets observés, en rapportant l'amplitude de ces déplacements à leurs dimensions. Par la suite, le cheveu a été remplacé par un réticule à fil curseur, placé également au foyer de l'oculaire; il fut alors aisé de mesurer exactement les déplacements qu'éprouvaient les images lélescopiques des objets, cojîime je vais l'indiquer brièvement. Le fil curseur est fixé à un petit châssis glissant, à frottement doux, dans le cadre du réticule également en cuivre; ce fil s'éloigne ou se rapproche à volonté d'un second fil parai- 6 REFRACTION) ET DISPERSION lèle au premier, mais fixe de position. Ce mouvement s'effectue, dans un plan perpendiculaire à l'axe du télescope, par la rotation d'une vis à pas très-lin, dont l'extrémité extérieure porte un disque gradué en cent parties égales, destiné à évaluer le déplacement du fil curseur par rapport au second fil, qui est invariablement fixé près de l'axe de l'instrument. Le pas de la vis étant égal à 0""",54G, le déplacement du fil équivaut évidem- ment à 0""", 00546 pour un mouvement d'une division du disque. Les deux fils ont été tirés d'un cocon de vers à soie. Le tube portant le réti- cule reçoit avec facilité un mouvement révolutif autour de Taxe de l'in- strument, de sorte que les fils peuvent prendre toute inclinaison voulue. L'adjonction du réticule permet de déterminer avec précision le pou- voir grossissant du télescope de la manière suivante. Quand on regarde au moyen du télescope un objet de bauteur réelle h, placé à une distance D, la grandeur e de l'image qui se forme au foyer de l'oculaire, se mesure facilement par le déplacement qu'a dû éprouver le fil curseur, lorsque, après être parti de la graduation 0° du disque, correspondant au contact des deux fils, le fil curseur est amené à l'une des extrémités de l'image e, tandis que le fil fixe reste invariablement en contact avec l'autre extré- mité où il a été placé dès le principe. Si nous désignons par d la dis- tance de la vision distincte normale, le rapport -j—j exprimera le grossis- sement de la première image formée au foyer de la lentille oculaire. La distance focale de celle-ci étant f, le pouvoir grossissant de cette seule lentille a pour expression -7 ; conséquemment la grandeur e de la pre- mière image et l'écart égal des fils se trouvent accrus dans le rapport -j.; de sorte que le pouvoir amplifiant du télescope a pour valeur finale le produit jj des deux expiessions données. La hauteur réelle d'un pi- lastre de la façade du château de Saint-Marc étant 2™, 60, la grandeur e de sa première image au réticule a mesuré 1"'"',949 : la puissance focale f de l'oculaire étant d'ailleurs 54 millimètres, et le pilastre se trouvant à une distance de 2450 mètres, on obtient, à l'aide de ces données, le chiffre 57,16 pour le pouvoir grossissant du télescope. La détermination de ce nombre n'était pas indispensable à la mesure précise des déplacements DE L'AIR ATMOSPHERIQUE 7 angulaires qu'éprouvaient les objets par les ondulations de l'air; le prin- cipal élément à déterminer, c'est l'étendue de la déviation angulaire pour un écartement donné des fils, mesuré par le mouvement d'une ou de plu- sieurs divisions du disque de la vis réticulaire. Voici comment je procé- dai : le télescope étant dirigé vers le pilastre de Saint-Marc, de 2'", GO de hauteur, par un jour où les objets n'éprouvaient aucune ondulation , les fils furent écartés au point que chacun coïncida avec l'une des extrémités de l'image du pilastre au réticule; l'écart des fils était alors de 5 tours ^/lo ou 390 divisions du cercle gradué. Or, comme à une dislance de 2450 mètres une ligne verticale de 2"',60 est la tangente d'un arc de 220", 7, il en résulte qu'une division du disque correspond à un déplacement angu- laire des fils égal à la ôOO™' partie de la division précédente ou 0",565. Quoique ce procédé soit, comme je l'ai dit, indépendant du pouvoir amplifiant du télescope, je crois devoir insister sur son exactitude, afin de légitimer l'emploi de la valeur trouvée pour mesurer les déviations angulaires des images ondulantes. Supposons que, lors de la vision télesco- pique, une ligne horizontale quelconque de la façade de Saint-Marc éprouve des ondulations qui nécessitent un écart des fils mesuré par 10 divisions du cercle, quand ceux-ci sont amenés en coïncidence avec les limites ex- trêmes de déplacement de la ligne. Faisons momentanément abstraction du grossissement produit par l'oculaire, que nous supposerons enlevé, et désignons par z la valeur angulaire du déplacement de la ligne dans ses ondulations. Quel que soit le pouvoir grossissant du télescope dégarni de son oculaire, on aura entre la quantité z et l'arc 220", 7, dont la tangente est la hauteur du pilastre, le même rapport que celui des divisions du cercle 10 et 390 qui, dans l'un et l'autre cas, mesurent les écarts respec- tifs des fils ; on peut donc poser la proportion : z : 220",7 :: 10 : 390 d'où 220",7 Concluons de là que, pour traduire en écart angulaire un nombre de 8 REFR/\CT10i>i ET DISPERSION divisions du cercle parcouru, il suffit de multiplier ce nombre par 0",565, valeur de l'écart des fds qui correspond à une division du cercle. La lentille oculaire n'a donc pour effet, dans les conditions ordinaires, que d'amener avec plus de précision les fils du réticule aux limites ex- trêmes du déplacement de la première image, sans que le pouvoir ampli- liant de cette lentille puisse altérer l'égalité entre cet écart et l'étendue des vacillations, amplifiés l'un et l'autre par la lentille oculaire. Nous reviendrons sur l'application du nombre O'',o65 à la mesure de l'amplitude des ondulations des images, lors de l'exposition des phéno- mènes observés. De la production des ondes el de leurs effets de réfraction. L'inégale répartition de la chaleur dans les couches d'air voisines du sol étant la cause première des différences de puissance réfractive des par- ties d'air très-peu étendues que nous appellerons ondes aériennes , je citerai ici quelques résultats de l'observation sur la distribution de la tempéra- ture dans ces circonstances. Après avoir traversé les couches atmosphériques supérieures, la cha- leur solaire vient échauffer la surface du sol : vers les instants du jour où, en été, cette action est le plus intense, la température de la surface est de beaucoup supérieure à celle des couches d'air qui lui sont superposées. Aussi , malgré l'emprunt incessant de calorique fait à la surface par ces couches, la différence de leurs températures atteint une valeur considéra- ble, ainsi qu'on le reconnaîtra par les exemples suivants, qui sont em- pruntés à des observations dans des pays chauds. « Entre les tropiques, la » température du sol monte quelquefois à 52",5. M. de Humboldt, près » des cataractes de l'Orénoque, a trouvé un sable granitique blanc à gros » grains, couvert d'une belle végétation de graminées, qui avait une tem- » pérature de 65",2, tandis que celle de l'air n'était que 29%6. On a vu » en Egypte la température du sol monter à 67°,5. » [Éléments de météo- rologie de Becquerel, p. 111.) DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. Dans un voyage en Abyssinie , M. d'Abbadie a trouvé : Pour la température de la surface d'un sable quartzenx, au soleil .... 60°1 Pour celle indiquée par un thermomètre à l'air et à l'ombre 42,7 Différence d7,4 Dans nos contrées , l'excès de température de la surface du sol sur celle des couches d'air voisines est aussi parfois très-élevé en été. Comme il ne m'a point été possible de faire des recherches sur ce point pendant la période où les ondulations de l'air furent observées, je citerai les résultats recueillis à l'Observatoire de Bruxelles, en 1857, et qui sont extraits d'un travail de M. Quetelet concernant la température de l'air et du sol, inséré au tome IV des Annales de l'Observatoire. Trois thermomètres servirent à ces observations : l'un, placé au sud du bâtiment, reposait sur la surface d'un sol marneux blanchâtre où l'on avait laissé croître de l'herbe; il rece- vait l'action directe du soleil. Le second thermomètre, placé au-dessus du premier à O™,?? d'élévation, était tourné vers le nord, et ainsi à l'abri des rayons solaires pendant une partie du jour; le troisième est suspendu au nord de l'Observatoire et à l'ombre, à la hauteur de 3'",d0. J'ai réuni, pour l'année 1837, les températures maximu absolues obser- vées chaque mois au thermomètre, et celles indiquées à l'heure de midi, le jour des maxima, par les thermomètres placés l'un à 0"',77 et l'autre au nord. M. Quetelet fait observer que la température à midi, à la surface du sol et sous l'action solaire, doit différer peu de la température maxi- mum de la journée pour cette surface. Afin de montrer l'influence de l'état du sol sur l'élévation de la température à sa surface, j'ai rapproché des maxima de 1837 ceux observés en 1856, également pour la surface du sol, au même lieu; mais il y eut cette différence que, pendant cette der- nière année, la surface étant restée entièrement nue, le thermomètre n'était pas abrité par de l'herbe, comme il le fut en 1837. Tome XXVI. 2 10 RÉFRACTION ET DISPERSION = ^^ " baïdudii ISSÏ. MOIS. DAXiaDH TEBPÉRATtIRE DE l'aIR A MIDI DIFFÉREHCE des températures absolu ^^^^ .^ LA SUnPACB A LA SURFACB àO",77 au-dessus à 3^^,30 au-dessus de la 2' et de la 4* du sol. du sol. du sol. du sol. coloDoe. Janvier , li;25 s 11'3 -o;05 Février . i2;oo 12,50 7,6 4,90 Mars . . 51,50 23,00 « 3,6 19,40 Avril . . 28,80 33,50 18;33 13,5 20,00 Mai . . 38,70 35,50 21,67 16,3 18,70 Juin . . 4C,00 31,50 31,61 17,5 14,00 Juillet. . 46,00 34,50 32,06 23,7 10,80 Août . . 43,10 36,50 33,66 28,7 7,80 Septembre 39,00 27,50 23,33 • 20,8 6,70 Octobre . 00,40 23,05 20,11 20,3 2,35 Novembre 15,15 9,90 11,39 15,6 -5,70 Décembre . . 1 11,25 11,80 p 2,0 9,80 Ainsi, dans nos contrées, la différence des températures de l'air, à ô^jôO de hauteur et à la surface du sol, peut s'élever à 18 et 20°. Il n'y a pas de doute qu'elle puisse même dépasser ces limites, relatives à 1857, et cela selon la nature et l'état de cette surface. Ainsi, en 1856, année où celle-ci resta entièrement nue aux mêmes lieux, les maxima absolus du thermomètre du sol furent généralement plus élevés que l'année suivante, quand celui-ci fut abrité par de l'herbe; ces maxima dépassèrent même 46°, limite extrême de l'échelle, en juin et juillet 1856. La température de la couche d'air à 0"',77 se tient généralement inter- médiaire entre celles de la surface du sol et de la couche à 5°',50 et à l'ombre, sauf au mois d'octobre où elle aurait été supérieure à la pre- mière. Les différences des températures moyennes mensuelles, observées à l'heure de midi, en 1857, dans les mômes conditions, sont généralement dans le même sens. Mais il n'en est pas ainsi à toutes les heures de la journée : on conçoit qu'il arrive un moment où, pour chaque jour, la température de la surface du sol descende au-dessous de celle de l'air, et que cet instant varie selon les saisons; il arrive même, pendant des jours DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. H d'hiver, que la première reste constamment inférieure à celle de couches d'air élevées au-dessus du sol. Il serait inutile, pour l'objet que nous avons en vue, de chercher à apprécier les influences particulières des circonstances, si variées, qui interviennent dans réchauffement ou le refroidissement des couches d'air voisines du sol. En ce qui concerne réchauffement d'un point d'une de ces couches, il suffit de dire qu'il dépend tout à la fois de la portion de cha- leur empruntée aux rayons solaires directs, et de celle que ce point a reçue au contact du sol ou des corps qui y sont exposés à l'action plus ou moins intense du soleil. Le rayonnement de ces mêmes points de concen- tration de chaleur vers l'atmosphère, doit aussi contribuer à maintenir à une certaine température les couches d'air non trop éloignées. Quant au refroidissement d'une partie de couche d'air, il résulte tout à la fois de son contact avec des corps à une température inférieure, du mélange des ondes avec des portions d'air froid, et enfin du rayonnement calorifique de la couche considérée vers l'espace. Ainsi, c'est réchauffement au contact du sol et dans les couches voisines qui est la source principale des ondes d'air échauffé dont nous examine- rons plus particulièrement les effets. Remarquons qu'il se forme aussi dans l'atmosphère des ondes froides, c'est-à-dire des portions d'air peu éten- dues dont la température, inférieure à celle de l'air ambiant, est la cause d'une variation de réfringence pour ces ondes. Non-seulement celles-ci se produisent au contact de corps plus froids, ou quand la surface du sol possède une température inférieure à celle de couches plus élevées, mais il arrive que, pendant la formation d'ondes aériennes échauffées, les cou- rants d'air partiels dont la température est moins élevée et qui doivent affluer vers les points d'où les ondes se sont élevées, ne jouissent pas d'une température homogène; ce fait nous oblige à reconnaître l'existence de parties d'air ou d'ondes moins échauffées que la masse. Les variations de densité résultant de ces différences de température déterminent un mouvement des ondes, qui serait ascendant pour les ondes échauffées, et de sens inverse pour un courant d'air froid, si l'in- fluence d'un vent même léger et les effets de corps saillants à la surface 12 REFRACTION ET DISPERSION du sol ne tendaient le plus souvent à faire varier excessivement la direc- tion naturelle d'un courant d'air. On doit reconnaître aussi que le mé- lange des ondes, résultant ainsi de leur excessive mobilité, contribue à établir l'égalité de température des différentes parties d'une couche d'air. Si nous voulions apprécier rigoureusement les effets de déviation pro- duits par une onde sur un rayon lumineux, il faudrait connaître sa forme dans les parties que traverse celui-ci, et être certain que ses limites de séparation avec l'air ambiant sont nettement tranchées. Or, l'analogie avec ce qui a lieu entre des liquides susceptibles de se mêler, doit nous faire envisager cet état de séparation comme très-probable. On sait, en effet, que, si l'on verse dans de l'eau une petite quantité d'alcool ou d'acide sulfurique, le mélange ne se fait pas immédiatement, et que la surface de contact des deux liquides demeure, même pendant longtemps, nette- ment accusée. Ajoutons encoi'e que les nuages flottants dans l'atmosphère nous offrent des masses qui se rapprochent de l'état gazeux, et dont géné- ralement les surfaces ne se confondent nullement avec l'air ambiant. Si, sur la direction d'un rayon de lumière solaire, on interpose une barre de fer fortement chauffée, on voit s'élever de son ombre, projetée sur une feuille de papier, des sinuosités d'éclats différents qui accusent le mouvement ascendant de l'air échauffé. Les sinuosités les plus écla- tantes le sont à cause de la concentration de la lumière sur ces points mêmes, tandis que des sinuosités, intermédiaires aux premières, prennent une teinte moins brillante par suite de la privation de la portion de lumière qui augmente l'éclat des autres sinuosités. On doit conclure de ces effets, produits par des ondes artificielles, que les surfaces des ondes naturelles qui s'élèvent d'un sol échauffé, présentent, en général, des courbures telles, que leurs traces sur un plan mené par le rayon incident, forme- raient deux lignes sinueuses accusant des renflements et des étranglements du milieu aérien, suivant l'épaisseur traversée par le rayon lumineux. Pour nous, une onde sera limitée entre deux étranglements ou deux ren- flements consécutifs, formés de cette manière. Avant de chercher à déterminer la déviation produite sur un rayon lumineux par la courbure des surfaces des ondes, il convient d'établir DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 15 par le calcul les élémenls de réfrangibilité du rayon par l'air intérieur de l'onde relativement à l'air ambiant, réfrangibilité qui est la cause première de l'inHexion du rayon. L'indice de réfraction de l'air dépend de la température propre de l'onde et de celle de l'air environnant. Rap- pelons , d'abord , que la puissance réfractive de l'air au vide est exactement proportionnelle à sa densité; si donc on désigne par n^ — 1 cette puissance à 0» et sous la pression 0"',76, et par x^ — 1 la puissance réfractive de l'air au vide à la température ( et sous la tension h, on aura : X2— 1 ={,f-— 1) \ +al) 0™,76 Dans cette expression, n et x représentent les indices de l'air au vide, l'un à la température 0" et sous la pression 0"',76, et l'autre à t et sous la ten- sion II. On déduit de cette expression : Pour une température l' et sous la tension W, on aurait également -'=\/ 1 +{n'^—i' 0",76(1 +al') De ces valeurs, qui conviennent au passage du rayon lumineux de l'air au vide et inversement, on déduit l'expression de l'indice m, propre au cas où le rayon lumineux passe de la tranche d'air extérieure (/(, t) dans la tranche {h',t') de l'onde, en recourant au principe que l'indice de réfraction, propre au passage du rayon lumineux d'un milieu dans un autre, est égal au rapport des indices de réfraction de ces deux milieux relatifs au vide. On a donc : m ^ — . X Si, avant de substituer les expressions de x et a;' dans celles de m, on 14 RÉFRACTIOi> ET DISPERSION remarque que, pour le cas en question , on peut poser h = li' , puisque la force élastique d'une onde est égale à celle de l'air ambiant; si, de plus, ou remplace?!^ — 1 par 0,00058877, et le coefficient de dilatation de l'air a par 0,00566, on obtient, après tout calcul : V/ h{t — t' 1 -»- 0,0000284 i -H 0,00366 {t-\-t') On voit, par cette expression, que l'indice de réfraction m, propre au passage du rayon de l'air dans l'onde, est supérieur à l'unité quand la tem- pérature t du milieu est plus élevée que celle i' de l'onde; au contraire, m est moindre que 1, quand t est inférieur à t'. Figure 1. Dans la recherche de la déviation d'un rayon traversant une onde, je considérerai, comme cas le plus simple, celui où le rayon incident et le rayon émergent sont dirigés dans un même plan. Soient BC et B'C' les lignes d'intersection de celui-ci et des surfaces de séparation de l'onde d'avec l'air ambiant. Quand l'œil placé en 0 reçoit le rayon émané du point A après sa déviation suivant knn'O, l'angle AOh' est le déplace- ment éprouvé par le rayon, à l'instant considéré de sa transmission à tra- vers l'onde suivant la direction indiquée. Imaginons deux plans chacun tangent à une des surfaces de l'onde, l'un au point d'incidence n [fuj. 2) et l'autre au point d'émergence n' : ces deux plans sont perpendiculaires à celui des rayons k'n et On'; les tan- gentes nD et n'D aux deux lignes d'intersection courbes sont les traces de ces plans sur celui knn'O. Il est évident que la déviation du rayon lumi- neux s'effectuera comme s'il traversait le milieu prismatique n\)n' moins dense, et dont l'angle au sommet D sera désigné par 0. DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. 15 Figure 2. C : Supposons d'abord le point A à l'infini : le rayon incident A'h sera de direction parallèle au rayon direct AO ; soient y son inclinaison sur la normale à la face d'incidence et « celle du rayon émergent n'O, mesurée de la même manière par rapport à l'autre surface. Si nous désignons par x la déviation kOn' , on aura les relations suivantes entre les angles qui se trouvent désignés par une seule lettre dans la dernière figure : 90° 90° « + .j,= 180° y == 9 -t- ». De ces deux équations, on déduit : (2) .1- = 9 — y — j:. . La grandeur de l'angle d'émergence a se déduit de la formule suivante, qui convient à un milieu réfringent prismatique quelconque que deux rayons traversent sans cesser d'être dans un même plan : sin a = sin â »' m^ — si sin-'y — sin y cos Dans cette formule m représente l'indice de réfraction de la substance du prisme. Si les angles 6 et y et l'indice m étaient connus, on calculerait aisément la grandeur de x. C'est à l'aide de cette dernière valeur que nous déterminerons très-sim- plement la déviation lorsque le point est situé à une distance finie. i6 REFRACTION ET DISPERSION Figure 3. A' En effet, soit A {fig. 5) le point lumineux; Ah n'O sera la marche du rayon entre celui-ci et l'œil, de sorte que la déviation éprouvée aura pour valeur angulaire AOn', que nous désignerons par y. Du point O menons une droite OA' parallèle au rayon incident A«; l'angle A'Oh' est égal à la dévia- tion x qu'éprouverait le rayon A?! s'il venait de l'infini dans la même direction, conséquemment sous la même obliquité 7, par rapport à la face nD. Soit y' l'accroissement A'OA de la déviation y si le rayon émanait du point situé à l'infini; on aura évidemment : ^ = 2/ -+- !/'■ Les inflexions en n et en n' dues à la réfraction étant très-faibles, les lignes Ah et Ah', que nous désignerons par d et rf', étant d'ailleurs très- grandes, nous considérons OAh comme formant un triangle pour lequel on a la proportion : sin «/ : sin i/' : : rf : rf'. Fjes déviations dont il sera question sont généralement très-petites, les plus fortes ne dépassant guère 25", on peut substituer le rapport ~. des angles à celui de leurs sinus; et on déduit de la proportion, combinée avec l'équation première, l'expression suivante : (3). 2/ = X d -)- d' La déviation pour un rayon émané d'un point situé à une distance finie DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. i7 est donc une fonction de la déviation qu'éprouverait le même rayon, si, sous la même incidence, il venait de l'infini. Cette dernière est supérieure à la première. De l'expression (5) nous déduisons les conséquences suivantes , pour les cas d'invariabilité de y : l" L'onde étant supposée rester à une distance constante d' de l'œil, la déviation angulaire y variera avec la distance d du point lumineux à l'onde; cette déviation d'abord nulle lorsqu'il sera près de l'onde, croî- tra ensuite pour atteindre son maximum x quand le point sera à l'infini ; 2" Si la distance d' de l'œil à l'onde varie, d restant constant, la dévia- tion y, d'abord égale au maximum x lors du contact de l'œil et de l'onde , diminuera de grandeur à mesure que l'œil s'éloignera de l'onde; 5° La distance rf+(/' de l'œil au point lumineux restant invariable, quand on supposera l'onde se déplacer entre ces deux points la déviation croîtra proportionnellement à la distance d de l'onde réfringente à l'objet. Ces conséquences se vérifient pour un prisme ordinaire : ainsi, par exemple, lorsque après avoir placé l'œil de manière à voir dans la même direction un point éloigné et l'arête d'un montant de fenêtre, on interpose en avant de l'œil un prisme réfringent tourné convenablement, on aper- çoit simultanément par réfraction les deux objets déviés de leur direction commune, mais cette déviation est plus forte pour l'objet éloigné; elle est à son maximum si celui-ci est une étoile. Dans ces recherches, il n'a pas été tenu compte de l'épaisseur nn' de la partie de l'onde traversée par le rayon, en présence des grandeurs d et d'. La formule (5), très-simple dans ces conditions, se dérobe en cas de 9 = 0% qui est celui du parallélisme des plans tangents à l'onde. En effet, dans ce cas, on obtient pour a; et a : a- == — 9 — a et sin a = — sin y, d'où résulte, ■y= — ^;, et par suite, x = o. La déviation serait donc toujours nulle dans le cas du parallélisme des faces d'incidence et d'émergence d'un milieu réfringent. Tome XXVI. ^ ^8 REFRACTION ET DISPERSION Figure 4. Cependant on a pu remarquer que, si Ton regarde au travers d'une glace non étamée d'une certaine épaisseur, à faces parallèles BC, B'C, l'œil placé en O constate une déviation A0«' que subit un rayon lumineux émané du point A, en traversant le milieu; déviation dont l'amplitude, d'abord nulle lorsque le rayon An est normal à BC, augmente avec l'incli- naison de ce rayon sur la face. Il est aisé de reconnaître que, malgré le parallélisme constant de 0«' et A» pour toute inclinaison de la glace, la déviation AOh' est un effet de son épaisseur; elle serait donc nulle pour un rayon oblique quelconque si la distance des faces parallèles était infi- niment petite. La formule suivante, qu'il est inutile de démontrer ici, donne la valeur exacte de la déviation angulaire y subie par un rayon lumineux, émané d'un point situé à une distance D de l'œil, en traversant, sous une inci- dence y, un milieu à faces parallèles distantes entre elles de e, dont l'indice de réfraction de la substance est m : ... . — e . / cos y \ (4) sin V = sin r / — — — I y*^ m —Sin r Il résulte de cette formule que : 1° Le sinus de la déviation est proportionnel à l'épaisseur de la lame: 2° Il est en raison inverse de la distance D de l'œil au point lumineux : la déviation est donc nulle pour tout point situé à l'infini; ô" La distance D étant invariable, la déviation est indépendante de la position du milieu réfringent sur cette ligne, pourvu que l'obliquité y du rayon incident reste la même. DE LAIR ATMOSPHERIQUE. 19 En superposant l'un sur l'autre des fragments de glace du commerce de 5'",Q d'épaisseur, mais dont les faces n'étaient pas parfaitement parallèles, j'ai constaté que, pour une même inclinaison, la déviation de l'image d'un même point croissait proportionnellement au nombre de glaces super- posées, et que cette déviation était d'autant plus forte que le point lumi- neux se trouvait à une distance moindre, toutes choses égales d'ailleurs. Si on rapproche les conséquences précédentes de celles relatives à la déviation produite par un milieu prismatique, on reconnaît que les effets des variations de distance des points A et O entre eux ou de l'un d'eux au milieu réfringent, sont différents selon que la partie du milieu, traversée par le rayon, est limitée par des surfaces inclinées ou par des surfaces parallèles. Il résulte également de ce qui précède, que la déviation pro- duite par une tranche d'air à faces parallèles est très-faible, eu égard à celle que subirait le même rayon sous une inclinaison donnée des plans tangents aux surfaces courbes de la tranche, dans les mêmes conditions de température. Si la déviation résultant de la transmission du rayon au travers d'une onde, considérée isolément au milieu de l'air, peut être soumise au calcul, dans des conditions données de température et de forme, on com- prend qu'au point de vue des applications, il n'y ait aucun intérêt à cher- cher la déviation produite par plusieurs ondes, puisque celles-ci se trou- vent dans des conditions de réfringence dont nous ne pouvons apprécier les éléments. Il suffira donc d'indiquer, ici, d'une manière générale, les effets ondulatoires résultant du passage d'un système d'ondes aériennes. Considérons d'abord une suite d'ondes à une température supérieure à celle de l'air, s'élevant verticalement entre le point lumineux et l'œil et ne formant qu'une seule tranche ; il se produira nécessairement un mou- vement ondulatoire plus ou moins rapide pour un rayon lumineux subissant les interpositions successives de ces ondes mobiles. Les effets de réfraction seront excessivement modifiés, tant à cause des différences de température que par les changements d'inclinaison des plans d'inci- dence et d'émergence, et les variations d'obliquité du rayon incident par suite de la courbure de la face d'incidence de l'onde. Si, cependant, les 20 RÉFRACTION ET DISPERSION ondes constiLuant un lel système, sont engendrées dans des conditions de température qui varient peu pendant un court intervalle de temps, il doit s'ensuivre une certaine régularité pour la grandeur et le sens des ondu- lations du point; de sorte que, si celles-ci ne sont pas très-rapides, on obtiendra des mesures d'amplitude d'ondulations peu différentes, pendant la succession des ondes jouissant des mêmes caractères. Quoique ces effets se produisent dans l'atmosphère, le plus souvent le rayon traverse en épaisseur une multitude d'ondes avant d'atteindre l'ob- servateur. Si les effets de déviation partiels de toutes ces ondes, si divers en sens et en grandeur sur un même rayon, sont de même phase, ils s'a- joutent l'un à l'autre; dans le cas contraire, ils se détruisent plus ou moins complètement. Si ces déviations ne se détruisent pas en totalité, il en résulte pour l'œil un déplacement final et des effets de perception des objets en dépendance avec la rapidité des vacillations de l'image, qui seront exa- minés plus loin. Avant d'exposer les phénomènes observés, j'ajouterai que les considé- rations précédentes s'appliquent tout autant au cas où la trajectoire d'un rayon, émané d'un point li^ès-éloigné, est courbe, que si elle est rectiligne; attendu que la déviation produite par une seule onde en un point de la trajectoire courbe, ferait sentir ses effets pour tous les éléments compris entre ce point et l'œil ; et que, vu la faible courbure de cette trajectoire sous toutes les inclinaisons possibles dans l'atmosphère, la variation d'inffexion, d'ailleurs très-faible, doit se transmettre en conservant sensiblement les mêmes caractères sur la partie restante de la trajectoire. Varialions et mesure de l'amplitude des ondulations. De premières observations eurent lieu en mars 1855; mais elles ont été effectuées avec plus de régularité depuis le mois de mai jusque fin d'octobre. Cette période me paraît suffisamment étendue pour mon but, surtout que, pendant la période estivale, les ondulations sont le plus inté- ressantes à observer à cause des variations d'amplitude diurnes qu'elles DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. 21 éprouvent par suite des plus grandes dilïérences de température de 1 air et du sol. Des observations faites en décembre et janvier, indiquent que, pendant la période hivernale, les ondulations n'atteignent point les mêmes limites de grandeur, quoiqu'elles se produisent fréquemment aussi lors de variations de température de l'air. C'est donc à la première période que se rapporteront les résultats des phénomènes observés, à l'appui desquels je ne citei-ai que les observations les plus importantes parmi celles qui ont trait à une même particularité. J'ai déjà eu occasion de dire qu'en premier lieu, l'étendue des mouve- ments ondulatoires ne fut appréciée que par estime , c'est-à-dire d'après la grandeur des ondulations qu'éprouvait l'image télescopique d'une plate- bande en pierre de taille, horizontale, de la façade de Saint-Marc par rapport au cheveu très-fin tendu au foyer de l'oculaire, et eu égard aux dimensions de cet objet; sa hauteur réelle, 0™,ôO, est la tangente d'un arc de 25",4 à la distance de 2450 mètres. Lorsque le réticule micrométrique fut adapté an télescope, je mesurai d'abord l'épaisseur de cette même plate-bande par l'écartement des fils jusqu'au contact de chacun avec l'une des arêtes de la pierre, dans un instant de la journée où il ne se produisait pas d'ondulation; l'écart des fds étant de 45 divisions du cercle de la vis, il équivalait à une déviation angulaire de 25",4. Lorsque cette même plate-bande éprouvait des dévia- tions plus ou moins amples par l'effet ondulatoire qu'il s'agissait de mesurer, j'augmentais l'écart des fils jusqu'à ce que chacun coïncidât avec une des limites du déplacement des arêtes horizontales de la plate- bande; l'excès de cet écart sur les 45 divisions obtenues par un air calme, mesurait l'étendue du mouvement vertical de la plate-bande. Nous devons remarquer que la déviation angulaire déduite de cet excès, est égale à la somme des écarts que l'image de la pierre efiectuait des deux côtés de sa position vraie ; l'amplitude du déplacement mesuré équivaudrait sensible- ment au double de la déviation dans un seul sens, susceptible d'être calculée à l'aide des valeurs de x et de y (pages 15 et 16). Quand des ondes plus faibles, incapables de déplacer l'ensemble de l'image, faisaient onduler avec plus ou moins d'amplitude les arêtes de la 22 REFRACTION ET DISPERSION pierre, les déviations produites se mesuraient de la même manière. Enfin, dans le cas d'ondulations tellement faibles que leur mesure échappa à l'instrument, je me formai une appréciation de leurs caractères par le plus ou moins de confusion qu'elles apportèrent dans la perception de petits détails de la façade du château. Il résulte d'observations très-fréquenles, faites entre cinq et neuf heures du matin, que, pendant l'été, les ondulations deviennent généralement sensibles longtemps après le lever du soleil, même par un ciel serein. Ainsi : / Pas d'ondulaliuns; elles com- Le26niai, à 6° mat., par un ciel serein, lempér. de lair = 15°0 | mencent seulement > ers T'. Le 28 juin, à gl" 45"' id. id. =16,8 Aucune ondulation. / Pas d'ondulation; brouillard Le 9 sept, à 9'' cirrho-CUmili, id. =16,3 \ pendant la nuit , mais dis- f paru depuis longtemps. Je ne citerai que ces trois observations, faites à des époques différentes, à l'appui d'un fait observé fréquemment et qui est une conséquence de la nécessité de réchauffement de la surface du sol et des couches d'air voisines, pour la production des ondes aériennes échauffées. Pendant les nuits d'hiver ou des saisons voisines, les effets d'ondes froides persistent plus longtemps que pendant l'été; aussi ai-je observé à ces époques des effets ondulatoires avant le lever du soleil, qui ne peuvent être attribués qu'à des ondes de cette nature. L'amplitude des déplacements augmente généralement jusque vers une certaine heure de la matinée; mais il est à remarquer que, le plus souvent, ils atteignent leur maximum plusieurs heures avant l'instant ordinaire de la température la plus élevée du jour. Deux exemples, choisis parmi un plus grand nombre, suffiront pour montrer la différence de marche pro- gressive des deux phénomènes. DE L AIR ATMOSPHERIQUE. 20 j DATE. lEMPÊnATURE de rair ÉTiT du ciel. CARACTKBBS AMPLITUliB DES OWDULàTlONS. DATE. TEMPÉRATCHE àc l'air ÉTAT du Ciel. CAR.tCTÈRES et AMPLITUDE DES 0>DULAT10HS. à l'orabrc. au soleil. a l'ombre. 1 au soleil. 29 juin. 6 II. m. 8 30"> 1852 21,2 x> Serein. Id. Pas d'ondulation. Déplacements amples, sans confusion. 29 juin. 12 h. 12 SO" 22°2 ■> Cumulo- strati. Id. Déplacements moins amples, plus rapides, images con- fuses. Id., images Ires-confuses. 13 sept. 6h.m. - 45"" 8 15 8 30 9 9 30 10 10 30 ii;3 13,8 14,0 15,7 10,2 1T,4 18,0 19,6 22;o 23,0 24,5 2i,7 .Serein. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Aucun déplacement. Ondes petites, multipliées; déplacement angulaire 3" Id. id. 9" Id. id. 10" Id. id. 13" Id. id. 15" Id. id. 13" Id. id. 11" 13 sept. 11 h. 11 30"" 12 12 30 1 1 30 2 13 5 20;4 21,4 22,1 22,0 23,5 24,4 23,8 23,0 23^3 23,5 27,5 27,0 27,0 27,0 27,0 27,0 Quelques cumuii. Id. Cumuii. Id. Id. Id. Id. Ciirlii. Ondulatns nombreuses; vent S.E. léger, déplacem^ 11" Déplacement .... 9" Ondulai. nombr.Déplac. 11" Déplacement .... 7" Id. . . .- . C" Id 9" Id 2" Façade de S'-Marc dans l'om- bre ; les ondulations , quoi- que encore perceptibles, ne peuvent piusctremesurees. Lors des observations du 13 septembre, j'observai, aux mêmes in- stants, la température de Tair au moyen d'un thermomètre placé à l'ombre en dehors de la fenêtre d'observation, et la température qu'indiquait un autre thermomètre, qui était suspendu isolément au-dessus du sol de la campagne contiguë à l'habitation, à l'extrémité d'une perche de l'°,50 ; ce thermomètre fut constamment dirigé vers le soleil. Le 15 septembre, l'amplitude des vacillations atteignit son maximum vers 9'' 50", lorsque la différence des températures des deux thermomètres fut plus grande qu'aux heures suivantes. Les diminutions d'amplitude semblent suivre celles des différences des températures, malgré l'accroissement de la température de l'air à l'ombre qui atteignit son maximum vers l*" 50" de l'après-midi. On a pu remarquer que, le 29 juin, les ondulations avaient aussi perdu beaucoup de leur amplitude vers midi, quoique la température à l'ombre fût supérieure à celle observée après 8 heures du matin. Lorsque les ondulations diminuent d'amplitude sans que la tempéra- ture cesse de croître, les vacillations des images deviennent plus nom- 24 REFRACTION ET DISPERSION bieuses, et alors la rapidité de leur succession nuit à la netteté des images, comme je l'ai indiqué du reste. Un fait observé plusieurs fois, c'est l'accroissement elle décroissement d'amplitude que les ondes subissent, lorsque, par un ciel non complète- ment serein, l'action directe des rayons du soleil sur la partie du sol com- prise entre les deux points d'observation se trouve interceptée, pendant un temps plus ou moins prolongé, par l'interposition de nuages dont l'om- bre se projette sur cette partie du sol. Aûn de faciliter l'appréciation de la variété des effets qui se manifestèrent dans des circonstances sembla- bles, je citerai les longueurs des parties de la ligne dirigée de mon habi- tation vers le château de Saint-Marc, qui correspondent chacune à l'une «les trois portions du plateau divisé par les deux vallons (p. 5) : Longueur de la partie du plateau contiguë à l'habitation 160"'. Id. id. de Berlaconiines 1060 Id. id. en avant de Saint-Marc 240 Le tableau suivant renferme les résultats d'observations du 1" et du 15 juin. TEMPÉRATURE ÉTAT ni] CIEL VARIATIONS DATE. de l'ail- à r ombre. et PARTIES CL SOL LCLAlIVÉtS OU DANS L'UMBUE. ET CAaACTJîEES DES ONDULATIONS. Le U"'" juin. Nombreux cumuli ; pas de vent. 8 h. 45"' mat. ■20-;t S'-Marc clans l'ombre; les autres pla- teaux éclairés. Ondulations amples se succédant lentement , sans interruption. 9 iO,3 Soleil caché Ondulations d'amplitude moindre. ;i 10 . S'-Marc seul éclairé — vives, mais de peu d'amplitude. 10 IS I!),0 Soleil caché depuis 9 li. 30'^ .... — excessivement faibles. Il ÔO 2I,S Les trois plateaux bien éclaires. . . — croissant en amplitude, mais non ert rapidité. là ■20,7 A deux reprises différentes, l'ombre de vastes nuages s'étend sur le premier plateau. Les ondulations ne tardent pas chaque fois à di- minuer notablement d'anipIiUule; mais elles redeviennent plus étendues dès que le plateau est éclairé. 1-2 10 Le premier plateau est éclairé; S'-Marc et Bcrl.acomines sont dans l'ombre. Les ondulations prennent plus d'amplitude; les traverses verticales des fenclres de S'-Marc sont trcs-déformces; les vacillalionsqu^éprouvent les traverses étroites sont telles qu'elles cessent d'être perceptibles. Ces effets persistent aussi longtemps que le soleil éclaire le premier pla- teau. 12 -20 Premier plateau dans l'ombre . Ondulations de peu d'étendue. DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. 25 TEMPERATURE de l'air à ronibrc. ETAT DU ClEt PAi;TIES DU SOL CkLAIIlLLS OU DA^S L OMCRE. VARIATIOK.S ET CARACTÈRES DES ONDIj'LATIOKS Le 13 juin. Oli.raat. 9 13"' 9 3.1 9 40 20;8 20,4 21,8 21,0 9 50 21,9 10 G 22,0 10 20 21,1 12 40 2',,G Cuniuli, pas de vent. Premier plateau seul dans l'ombre . . Premier plateau éclairé, S'-3Iarc par intervalles. Les trois plateaux hicn éclairés. . S'-Marc dans Tombre, les autres points éclairés. S'-Marc éclairé cjialement Plateaux de l'hahitalion el de Berlaco- mines dans l'ombre, S'-Marc seul éclairé. Le i^remier plateau el une partie de Berlacomines éclairés. Le premier plateau dans l'ombre, les autres points éclairés. S* Marc seul éclairé Cumul i entasses, sans percée de soleil pour aucun point . Ondulations trës-faibles. -— larges el lentes. — élcndues, particulièrement dans le sens vertical. L'amplitude des ondulations e>l telle que la plate- bande de la façade se déplace de toute son épais- seur; cp qui équivaut à un niou\ement de 2."»". Les petites traverses des fenêtres cessent d'être perceptibles. Les ondulations conser*ent la même amplitude; mais les peliles traveises des fenêtres sont de- venues perceptibles. Les ondulations ont diminué d'amplitude. ont repris plus d'amplitude, sont faibles. sonl Ircs-faibles. excessivement faibles , à peine perceptibles. Concluons de ces résultais : 1» Généralement, les ondulations ont peu d'amplitude quand le soleil n'échauffe pas le premier plateau, c'est-à-dire celui contigu à l'habitation (le 1" juin à 10'' 15-, à 12'', à 12'' 20"'; le 15, à 9'', à 0'' 55"' et à 10'' 6'"). Les passages successifs et prolongés des ombres de deux nuages sur ce pla- teau furent accompagnés d'une diminution d'amplitude des ondulations très-prononcée, quoique les deux autres plateaux fussent éclairés; 2" Quand les ondulations ont le plus d'amplitude, le premier plateau reçoit l'action des rayons solaires. (Observations fréquentes à l'appui de ce fait); 5" La présence de ces rayons sur Berlacomines ne donne pas naissance à des ondulations étendues (le 15, à 9^ et à 10'' 6™); il se produisit des ondulations très-amples , quoique ce plateau restât dans l'ombre, dès que celui de l'habitation fut éclairé (le 15 à 9'' 16'"); 4° Lorsque le soleil éclaira Saint-Marc, et non la campagne voisine du Tome XXVI. ^ 26 RÉFRACTION ET DISPERSION premier sile, les ondulations restèrent très-faibles (le 15, à 10'' 20"'); au contraire, elles prirent beaucoup d'ampli lude, malgré l'ombre portée sur Saint-Marc, dès l'instant où le premier plateau se trouva éclairé (le 1", à 8'' /i-S-, à U^ 10">;le 15, à 9'' 10'"). Il résulte de ces faits que les déviations les plus fortes ont été produites par les ondes qui s'élevaient de la campagne contiguë au lieu d'observation , et qu'en accordant la même puissance réfringente aux ondes formées en des lieux plus éloignés, à Berlacomines et à Saint-Marc, elles produisaient des ondulations beaucoup plus faibles, qui devinrent même très-petites, quoique ce dernier point, le plus éloigné, fût seul éclairé. Cette consé- quence des faits observés est en accord avec ce qui a été prévu précédem- ment (p. 17, 5") concernant les variations de déviation produite par une onde, selon son rapprocbement de l'observateur : les déviations devant être d'autant plus fortes que l'onde en est plus rapprochée, toutes choses égales d'ailleurs. L'accord entre les résultats observés et les prévisions théo- riques s'est ainsi montré, malgré les effets résultant du mélange des ondes en un même lieu. Dans les circonstances ordinaires, l'amplitude des déviations décroît assez rapidement, comme nous avons pu le remarquer, malgré l'action continue des rayons solaires par un ciel serein; déjà beaucoup diminuées de midi à une heure, les vacillations échappent généralement aux mesures à partir de trois heures , aussi bien pour des ornements supérieurs de la façade de Saint-Marc que pour les parties qui sont plongées dans l'ombre à cette heure de la journée. L'impossibilité de mesurer fut la même à cette heure pour d'autres points éclatants de l'horizon opposé à celui de Saint- Marc, et qui reçoivent en plein l'action du soleil dans l'après-midi. Leurs vacillations très-petites, rendues plus sensibles encore par la blancheur naturelle de ces points, se succédaient assez rapidement. Les ondulations des objets terrestres persistent après le coucher du soleil, même en toute saison, par suite de l'abaissement de tempéi'ature qu'é- prouvent la surface du sol et les couches inférieures de l'atmosphère, après le déclin du jour, surtout quand la sérénité du ciel favorise le rayonne- ment calorifique vers l'espace. DE L AIR ATMOSPHÉRIQUE. 27 Le vent modifie les caractères des ondes qui se manifesteraient par un air calme au milieu des mêmes conditions, attendu que, par le mélange des ondes, le vent tend à répandre plus d'homogénéité de température aux différents points des couches d'air, et à annihiler ainsi plus ou moins complètement des causes de déviation en un grand nombre de ces points. Les ondulations qui se succèdent rapidement en donnant lieu à la confusion des objets, doivent être beaucoup plus rares par un vent assez fort; mais la même cause n'empêche pas la production de déviations étendues, attendu que si le soleil échauffe la surface du sol, il y aura toujours des parties de courants d'air dont les températures propres, en excès sur celle de la masse ambiante, donneront lieu à des déviations d'autant plus sensibles, que les effets de petites ondes, situées h une plus grande distance de l'observateur, ne s'interposeront pas sur la trajectoire du rayon lumineux. C'est ainsi, par exemple, que, le 29 juin à 9 heures du matin, par un vent d'ouest assez fort, chassant, dans les régions supérieures, des cumuli qui laissaient entre eux de larges intervalles pour le passage des rayons solaires, la température de l'air à l'ombre étant d'ailleurs 21°,6, les ondulations des détails de la façade de Saint-Marc se produisaient par intervalles avec assez d'amplitude, et simultanément pour l'ensemble de certaines parties de la façade. Ces ondulations ne nuisaient aucunement à la netteté de percep- tion des moindres détails. Le même jour, j'observai de nouveau, vers midi, le vent étant sensiblement diminué et le thermomètre accusant SS^â, les ondulations avaient perdu beaucoup de leur amplitude; elles étaient plus rapides et les objets moins distincts. A midi et demi , la vision télescopique devient pi'esque aussi trouble qu'elle ait jamais pu l'être; le vent était alors très-faible. La grandeur des vacillations est un des caractères les plus importants des ondes; 25" seraient la limite extrême qui ait été observée, lorsque, le 13 juin, la plate-bande en pierre de taille, de 0°',50 de hauteur, parut osciller verticalement de toute cette dimension. Les mesures prises le 13 septembre (citées à la p. 23), s'élèvent à 15 et à 15"; le 9 et le 1 1 du même mois, les ondulations avaient dépassé celte étendue, comme le montrent les résultats suivants : 28 REFRACTIOiN ET DISPERSION à 9 h., cinhi ciimili et vent de SE. très-faible, T= 1G°Ô, onjulations 0" Le 9 septembre, le 1 •' 10 li., cumuli, pas de veut T=I8;0, . 13" matin, biouillanl. ) à 10 h. 30"' id. . . 10" Vers 11 h., les déplac"sonlrtcluitsà 5", mais à 12 li. T = 20'3, 19" à 9h, traces du biouillard, vent d'E. faible T=13;8, ondulations 0" Le 11 sept, brouil- ) à 11 h ÔO", cumuli , vent nu! T=19;2, .. 17" lardjus(juev.9h. ) à la/LlS"-, id. T = 19;9, » 20" à 411. seulement lesobserv. purent être reprises, T = 20°5, o (?)!"■ Le retard qu'éprouvent les ondulations à se produire et à atteindre leur valeur maxima, le 9 et le 11 , est un résultat de la présence du brouil- lard, qui retarda les eiïets directs de la chaleur solaire sur la surface du sol et dans les couches inférieures de l'air. Après la disparition complète du brouillard, réchauffement devint plus sensible, attendu que le soleil avait atteint une certaine élévation. 11 n'a été question jusque maintenant que des mouvements dans le sens vertical, quoique les images éprouvent simultanément des déviations dans tout autre sens; mais les déviations verticales sont généralement supérieures en étendue. Ce fait résulte de ce que le mouvement ascen- sionnel des ondes est le plus souvent vertical; il s'ensuit que les dévia- tions du rayon lumineux, résultats du passage successif des différentes parties d'une même onde et de la succession d'ondes différentes, doivent être plus prononcées dans le plan vertical. Mais si , pour l'effet d'un cou- vant d'air même très-faible, les ondes s'élèvent obliquement, les dévia- tions dans le sens horizontal acquérant de l'amplitude, deviennent suscep- tibles d'être évaluées , ainsi que le prouvent les résultats suivants dont j'ai rapproché les mesures de déviations verticales, prises au même instant : Le 25 mai, à 12 h. ôO", T z= 23;1, vent d'E. faible (par estime) Le 13 juin, à 9 h. 40'", T = 2i;8, pas de vent sensible au point d'observation (par estime) Le 9 septembre, à 12 h. 13"', T = 20^5, pas de vent sensible au point d'observation (mesure micrométrique) Le 1 1 septembre, à 1 2 h., T = 1 9;2, pas de vent sensible au point d'observation (me- sure micrométrique) Étendue de l'ondulaCion. Verticale. Uoriiontalc 15" 9" 25" 10" 19" 14" 17" 4" ; DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. 29 Quoique le mouvement horizontal ait atteint 14", le 9 septembre, on doit considérer cette étendue comme exceptionnelle, puisque les vacilla- tions des objets dans ce sens qui accompagnent les ondulations verticales, sont généralement si faibles, que le plus souvent il est difficile de les mesurer. Si les ondulations dans les deux sens ont lieu simultanément avec une certaine amplitude , et si les déviations horizontales conservent lenr grandeur pendant un certain intervalle de temps, il est admissible de considérer les déplacements dans les deux sens comme étant les coordon- nées d'une vacillation oblique, supérieure en grandeur aux premiers. En effet, dans cette supposition le déplacement serait représenté par l'hypoté- nuse o" d'un triangle rectangle ayant pour côtés les longueurs respectives v et h des déviations, rapportées aux directions verticale et horizontale; on aurait alors : En appliquant cette formule aux déviations qui furent mesurées simul- tanément au micromètre le 9 septembre, on trouverait 2i" pour l'ampli- tude du mouvement absolu. Il est un point sur lequel il me semble opportun d'insister, c'est qu'on doit considérer les ondulations de grande amplitude comme résultant généralement de déviations produites par une seule onde et non, pour le cas actuel, des effets partiels de même sens résultant de diverses ondes, qui, en s'ajoutant, donneraient lieu aux déviations de 15 à 25" observées. Voici les raisons à citer à l'appui : 1° D'après les conclusions exposées (page 25), les forts déplacements observés le 15 juin, doivent être attribués à des ondes peu éloignées du spectateur; au contraire, lorsque les ondulations eurent peu d'ampli- tude, tout fait croire qu'elle résultèrent de déviations moins étendues que produisirent des ondes plus éloignées; le nombre de celles qui s'interpo- sèrent entre le point vacillant et l'observateur dut, par cette raison même, être plus considérable. 2° Les ondulations Irès-ampIes se succèdent avec uniformité et entre 30 REFRACTION ET DISPERSIOIN des limites conslanles, aussi longtemps que les causes productrices des ondes restent sensiblement les mêmes. Les grandes ondulations n'ont donc pas le caractère de variabilité en étendue qu'elles devraient accuser , si ces déviations étaient simplement accidentelles, dénomination qu'on pourrait leur donner si chacune était la somme d'effets partiels très-variables. ô" Les ondes qui se succèdent rapidement ne donnent point lieu à des ondulations étendues; les déplacements sont généralement très-petits, au point d'échapper aux mesures. Phénomènes de perception des images ondulantes. J'examinerai actuellement les circonstances qui rendent plus ou moins confuse la perception télescopique des objets vus au travers des ondes mobiles diversement réfringentes. Signalons d'abord ce fait, que l'interposition d'une onde de peu d'éten- due et s'élevant lentement, altérerait plus ou moins la netteté de l'image d'un point lumineux, selon la position de la section de pénétration de l'onde dans le faisceau conique des rayons émanant de ce point, faisceau qui a pour base l'objectif de la lunette ou le miroir du télescope. Quand l'onde pénètre non loin du sommet de ce cône, la déviation des rayons est sensiblement la même pour tous; alors leurs incidences par rapport au miroir ou à l'objectif varient de la même quantité, et ces rayons se réu- nissent sensiblement en un même foyer, qui, à la vérité, se trouve dévié de sa position normale par l'effet de l'onde. L'image du point lumineux est perçue par l'œil avec le même degré d'intensité que si elle n'eût pas éprouvé de déviation, sauf toutefois la diminution d'éclat qui peut résul- ter du plus ou moins de rapidité du déplacement, circonstance dont nous aurons à nous occuper plus loin. Mais, si la position de l'onde dans le faisceau conique, ou si son peu d'étendue relativement à la section de pénétration sont telles, que tous les rayons n'éprouvent pas une déviation de même grandeur ou de même sens, il est évident que l'image intérieure ne possédera plus la même netteté que primitivement. DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. 31 La confusion qui résulte d'cffels semblables dépend de l'ouverture du miroir ou de l'objectif de l'instrument; toutes choses égales d'ailleurs, le trouble apporté dans la perception des images doit être d'autant moin- dre que cette ouverture est plus étroite. Afin de reconnaître la vérité de cette prévision, je dirigeai une lunette achromatique, de O-^jOS d'ouver- ture, vers la tour du beffroi de la ville; je plaçai en avant de l'objectif et sous l'axe prolongé de la lunette, une lampe dite modérateur, dont le verre donnait issue au courant de gaz échauffé provenant de la combustion. Les rayons lumineux émanés de l'objet observé traversant ce courant, éprouvèrent des déviations telles, qu'il en résulta une image extrêmement confuse, dont les déplacements tumultueux ne permettaient la perception distincte d'aucune de ses parties. Un diaphragme en bois, percé d'une ouverture centrale de C millimètres de diamètre, fut placé sur l'objectif; l'image de la tour devint alors parfaitement distincte, quoique son éclat se trouvât beaucoup moindre que dans les conditions ordinaires. Toutefois, elle éprouva des déplacements qui se réitérèrent par saccades, et simultané- ment pour toutes les parties de la tour; de sorte qu'il n'enrésulta aucune déformation ni de l'ensemble ni des détails. Si, le soir, on regarde à l'aide de la lunette, une étoile où une lumière éloignée à travers le courant d'air échauffé, l'image du point lumineux n'est plus nettement limitée lorsque l'objectif est à découvert; ainsi, il s'élance de l'étoile des rayons plus ou moins allongés selon la proximité du courant d'air chaud. Lorsqu'il est en face de l'objectif, l'image de l'étoile offre l'apparence d'un disque à contours diffus; évidemment, cet espace lumineux se compose des divers lieux où se produisent les impres- sions de l'image sur la rétine, dans ses déplacements rapides et de tout sens. Mais, dès que l'on recouvre l'objectif du diaphragme, le disque se réduit à un point nettement limité, malgré des trépidations rapides et sac- cadées. Il est à remarquer que, lors de ses déplacements, l'image, moins brillante que l'étoile vue dans les conditions ordinaires, ne laisse pas de traces sinueuses résultant de la persistance des impressions sur la rétine. Le rétrécissement de l'objectif peut rendre perceptible une image qui, à objectif découvert, n'estnullement distincte, à cause des ondulations tumul- 32 RÉFRACTIOÎN ET DiSPERSION lueuses produites par un couianl d'air chaud artificiel. Ainsi la flèche effilée du petit clocher de ïaravisée, village situé sur le plateau supérieur d'une des côtes de la vallée de la Sambre, à une distance de 15,250 mètres environ du lieu d'observation, devenait visible, malgré des déplacements fréquents, lorsque l'objectif en face duquel le courant d'air chaud s'éle- vait, était muni du diaphragme, tandis que cette perception cessait aussitôt que celui-ci était enlevé. D'après ces faits, nous devons nous demander si les caractères des ondulations produites par des ondes naturelles, se modifient lorsque les objets sont vus à l'aide de la lunette munie du diaphragme. Les observa- lions faites dans cette vue, m'ont convaincu que, pour plusieurs, les ondulations de points divers de la façade de Saint-Marc, produites par des ondes naturelles, ont paru plus saccadées quand l'objectif était couvert du diapluagme. Dans la matinée du 15 juin, par exemple, des déplacements évalués à 18" environ, semblèrent conserver plus de netteté et s'cfTec- luei' avec plus de vivacité lors de ce recouvrement. L'effet du rétrécissement de l'objectif par l'apposition d'un diaphragme à ouverture étroite, confirme l'explication, sans doute déjà connue, d'un fait qui, au premier abord, doit paraître assez singulier à quiconque l'observe. Lorsque de l'intérieur d'un appartement on dirige une lunette vers des objets extérieurs, vus au travers d'une vitre, leurs images sont extrêmement confuses au point que l'ensemble même de chaque objet est peu distinct. Cette confusion provient des déviations anomales et très- différentes que les rayons émanés d'un même point subissent, en traver- sant un milieu oîi les irrégularités de réfraction sont aussi prononcées que dans les vitres du commerce. La confusion des images doit être d'autant plus sensible que le nombre de rayons déviés inégalement est plus grand; aussi les objets sont-ils plus mal définis pour une lunette à large objectif que pour une lunette d'ouverture moindre. Mais quand, dans les mêmes circonstances, l'objectif d'une lunette quelconque est muni du diaphragme à ouverture étroite, les contours des images sont aussi nets, quoique moins éclairés, que quand on regarde sans interposition de la vitre. ]^a confusion résultant des inégalités de celle-ci n'est pas sensible à l'œil DE L AIR ATMOSPHÉRIQUE. 35 nu, à cause du rétiécissement de la pupille, qui , pour l'œil, remplit alors le même office que le diaphragme à l'égard de l'objectif. Ce fait n'est pas étranger à notre sujet, puisqu'il démontrerait, au besoin, que la perception télescopique serait moins nette par l'interposi- tion d'uu système d'ondes de peu d'étendue chacune, et dont le déplace- ment serait nul ou extrêmement lent. Cette cause de confusion des images est essentiellement distincte de la cause même du trouble apporté dans leur perception lorsque le déplacement s'effectue rapidement par suite de la mobilité des ondes, et dans des circonstances qu'il me reste à faire con- naître. 11 résulte des expériences de M. Plateau, qu'il faut un temps très- sensible pour qu'une impression se forme sur la rétine d'une manière complète; par ce seul fait, l'image, en mouvement rapide au foyer du télescope , sera généralement perçue avec moins d'intensité que si elle était immobile. Mais ce qui tend encore à accroître la confusion, c'est la super- position au même lieu de la rétine des impressions de différents points de l'image, par suite du mouvement ondulatoire rapide. Il en résulte que, si les déplacements de cette espèce s'effectuaient même avec régularité, la perception de l'image pourrait ne pas être plus nelle aux limites extrêmes de chacun de ses déplacements, là où sa vitesse décroît, attendu que ces mêmes points deviendraient successivement et dans un temps très-court, les lieux des impressions de points voisins, dont le mélange rendrait toutes ces impressions très-confuses dès l'instant où leur succession attein- drait une certaine limite de rapidité. Il n'était pas sans intérêt de déterminer approximativement quelle doit être, dans des cas semblables, la limite extrême de petitesse de l'inter- valle de temps qui s'écoule entre les retours de l'impression d'une image au même lieu de la rétine, au moment où elle cesse d'être perçue avec netteté. Voici l'expérience que je tentai dans ce but : Le moyen d'imprimer artificiellement un mouvement vacillaloire aux images consista à placer en avant du télescope un appareil composé de trois petites glaces non étamées, assez épaisses, implantées verticalement sur un disque en bois horizontal; celui-ci recevait un mouvement de Tome XXVI. 5 34 RÉFRACTION ET DISPERSION rotation autour de son axe vertical, communiqué par un mécanisme d'horlogerie dont on pouvait faire varier la vitesse à volonté. Les trois glaces, de 50 millimètres de côté et de 3'""", G d'épaisseur, étaient disposées sur le disque, de manière que la trace du plan de chacune sur celui de ce dernier formât un côté du triangle équilatéral résultant des intersec- tions de ces traces; chacune de celles-ci étant éloignée de 43 millimètres du centre de rotation du disque. Chaque glace interceptant les rayons lumineux avant leur pénétration dans le télescope, sous un angle succes- sivement variable par suite de la rotation du système, il en résultait nécessairement un déplacement ondulatoire, horizontal, pour l'image téles- copique du point d'émanation des rayons. Ce déplacement était sensible à cause de l'épaisseur des glaces; circonstance qui accroît les déviations produites par le passage des rayons au travers d'un milieu réfringent à faces parallèles, comme cela a été prouvé antérieurement. L'objet pris pour point de mire se composait de l'entête d'un journal, à caractères un peu seri'és, de 13 millimètres de hauteur sur 10 de large chacun. Cet entête était collé sur la plaque noircie d'un jalon, planté dans la campagne, à une distance horizontale de 69 mètres environ du télescope dirigé vers la mire. Quoique les caractères imprimés ne fussent éclairés que par la lumière diffuse d'un ciel qui resta presque constamment voilé pendant la matinée oîi je fis les expériences, on les distinguait parfaitement au moyeu du télescope dans les conditions ordinaires de perception. L'appareil à glaces étant placé en avant de cet instrument, sa vitesse de rotation fut incessamment accéléi'ée jusqu'à la limite où l'inscription de la mire cessa d'être distincte au point de ne pouvoir la lire; à cet instant, la durée de l'intervalle de temps qui s'écoulait entre les passages consécutifs de deux glaces à une même position par rapport à l'axe prolongé du télescope, était sensi- blement égal au minimum de temps qui devrait séparer les retours de l'image d'un point de finscriplion à une même limite de chacun de ses déplacements , pour que cette image restât distincte. La valeur de cet intervalle de temps se déduisit facilement de la vitesse de rotation du disque. Il était à préjuger que cette durée dût varier en sens inverse de l'éclat de l'image; afin de pouvoir l'augmenter ou la diminuer à volonté, je fermai DE L AIR AT3I0SPHÉR1QUE. 3S l'ouverture du télescope par un diaphragme percé d'une ouverture de 4 centimètres de hauteur, mais dont la largeur était réglée à volonté par l'écart de deux petites portes glissant à frottement doux en avant de l'ouverture. Le tableau suivant renferme les résultats obtenus : de l'ouverture du duphbagme. TEMPS ÉCOIJI.É cotre deux retours consécutirs de l'image ii une iiiétDe limite de ses ondulations, lorsque l'In- stription cessa d'iitre lisible. 10 millimùtres. 5 - 5 — o",n 0",14 0",17 Concluons de ces faits que la rapidité des ondulations d'une image doit être d'autant plus grande pour qu'elle cesse d'être distincte, que l'objet a plus d'éclat. Une observation fréquente et qui a été signalée parmi les résultats obtenus le 15 juin (p. 25), se rattache à ce fait : les traverses horizontales et très-minces des fenêtres de la façade Saint-Marc restèrent généralement perceptibles, malgré de fortes ondulations, aussi longtemps qu'elles furent éclairées par le soleil ; mais aussitôt que l'ombre d'un nuage se projeta sur la façade, ces traverses cessèrent momentané- ment d'être visibles, quoique les déviations attribuées à des ondes pro- duites près de l'observateur, eussent conservé la même amplitude pendant l'obscurcissement de la façade. On conçoit, du reste, que l'œil cesse de percevoir distinctement une image vacillante dont l'éclat s'affaiblit. On infère des nombres de la dernière colonne qu'au moment oii, par l'effet d'ondes naturelles, l'image télescopique d'un objet éclairé par le soleil cesse d'être vue avec netteté dans ses détails, les mêmes phases de déplacement de l'image se représentent après un intervalle de temps moindre que ^^ de seconde ^. ' J'ai profité de la disposition expérimentale indiquée pour déterminer, dans les mêmes condi- tions d'éclat que précédemment, l'intervalle de lemps qui s'écoulait entre les retours consécutifs 36 REFRACTION ET DISPERSION C'est ici le lieu de citer un fait qui dépend de l'éclat des objets. Lors- que l'on compare des ondulations de peu d'amplitude, mais très-rapides, d'objets fortement éclairés à celles de points voisins moins éclatants, on est tenté de considérer les premières comme étant plus étendues. Parmi les exemples de cette apparence, je citerai un fait observé plus particu- lièrement, le 25 mai, vers 4 heures du soir, instant où j'examinai au télescope la façade de Saint-Marc, qui n'était plus éclairée par la lumière directe du soleil. D'abord, les déplacements peu étendus des barreaux de fenêtres se détachant sur le fond sombre de l'appartement, étaient plus sensibles que ceux de points voisins d'une teinte foncée et placés égale- ment dans l'ombre. Mais une moulure en saillie du fronton supérieur qui, à l'heure indiquée, recevait encore les rayons du soleil, éprouvait également des ondulations de plus d'étendue en apparence que celles de parties de moulure peu éloignées, mais non éclairées. Pendant cette observation, l'ombre d'un nuage passant sur la moulure en saillie, lui fit éprouver une d'une imwje à une même phase d'ondulation, au moment où, par ses impressions sur la rétine, elle laissa une trace sensiblement continue entre les limites de déplacement. Dans ce but, je substituai à l'insci'iption collée sur la plaque du jalou deux petites bandes de papier blanc, verticales, de 83""" de hauteur chacune, mais de largeur différente, l'une ayant IS™" et l'autre 3. Ces bandes, séparées l'une de l'autre, se détachaient par leur éclat du fond noir de la mire , laquelle resta plantée au même lieu que précédemment. Je dois dire que la bande étroite s'était légèrement imbibée de la couleur noire à la colle qui recouvrait la mire, et que celte différence d'éclat avec la bande large s'appréciait très-aisément à la vue simple. Le télescope étant muni du diaphragme à ouverture variable et l'appareil à glaces tournantes se trouvant en Cace de celui-ci, la vitesse de révolution fut accélérée jusqu'à ce que la bande observée laissât une trace sensiblement continue entre les limites de déplacement de l'image. A la vérité, cette trace ne présenta point une teinte grisAlre uniforme sur toute son étendue dans aucune des expériences citées ci-dessous : ■.AROEVR Je L'oUVEItTURE DU CIAPHBAGMB. 1 IKfTERVAI.I.e j de temps écoulé entre deux retours consécutifs a la miîmc ptiosc 1 d'onjulalion de l'image de la Liindc de papier i DE 13"'" DE LARGEUIÏ. DE 5"^'" DE LARGElilt. 10 millimètres. 3 — 0",07d 0",090 0",098 0",097 0",IOO û",127 DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 57 diminution d'éclat notable; aussitôt, ses ondulations perdirent leur carac- tère distinctif. Je dus supposer d'abord, que l'apparence d'une plus grande étendue des ondulations avait pour cause l'extension de l'impression produite sur la rétine par l'image d'un point au delà des limites réelles de son dépla- cement, lorsque le point possédait un éclat plus vif; d'après cette expli- cation, le fait observé se serait rattaché à un phénomène d'irradiation. Pour m'en assurer, je cherchai à mesurer l'étendue des déplacements de la moulure en saillie, afin de la comparer aux ondulations d'autres points moins éclatants. Mais ces mesures furent sans résultat, non-seulement pour le point en question, mais aussi lors d'observations de même genre, tentées pour d'autres objets situés dans des conditions semblables : dans l'un et l'autre cas, les déplacements excessivement faibles d'objets plus éclatants, mesurés au micromètre, ne surpassèrent point en étendue ceux de points placés dans l'ombre, lors même qu'il fut possible de mesurer approximativement des mouvements ondulatoires de I'' environ. On doit conclure de là que l'accroissement d'amplitude, observé dans les circon- stances indiquées, n'est qu'une illusion. 11 reste une dernière circonstance à signaler. Quelquefois certaines parties de l'image d'un objet, plus ou moins déformée par les ondula- tions, font défaut : cette cessation d'impression ne peut être attribuée aux causes qui viennent d'être examinées, attendu qu'elle se présente aussi quand les mouvements se produisent lentement et sans confusion. Ce fait, important par les conséquences auxquelles il peut conduire relati- vement à d'autres phénomènes, provient de ce qu'une onde ne se laisse pas traverser par un rayon si l'angle d'incidence dépasse une certaine limite de grandeur. En effet, supposons d'abord une onde moins réfrin- gente que le milieu ambiant, à cause d'un excès de température intérieure : il y aura nécessairement une incidence au delà de laquelle le rayon lumi- neux ne pourra plus pénétrer dans l'onde; de sorte que tout rayon se présentant sous une incidence supérieure à celle de cet aiujle limite, sera réfléchi à la première surface de l'onde. 11 ne parviendra donc pas à l'œil, et il y aura pour celui-ci défaut de l'image du point d'émanation, pourvu 38 RÉFRACTION ET DISPERSION loulefois que cet eflet et l'impression qui en est la suite, persistent pen- dant un temps sensible. Quand la température de l'onde est moins élevée que celle du milieu ambiant, la réflexion du rayon lumineux se produit intérieurement, si celui-ci se présente à la face d'émergence sous une inclinaison égale ou supérieure à l'angle limite. Il est facile de calculer la grandeur de cet angle pour des conditions de température et de force élastique données; en effet, si l'on désigne par y sa grandeur et par m l'indice de réfraction, on a : sin y = m. En admet- tant O^jTG comme tension à l'intérieur et à l'extérieur de l'onde, et 10" pour l'excès (t' — i) de température de l'air à l'intérieur, on calcule à l'aide de l'expression (1, p. 14), m = 0,99999, et par suite y = 89° 4i' 50". Ainsi, tout rayon qui, dans les conditions de température indiquées, se présenterait à la surface de l'onde, en formant avec le plan tangent au point d'incidence, un angle moindre que 15' 50", ne pénétrerait pas dans l'onde. Si l'on suppose 5" pour l'excès (t' — Oi on trouve 89" 48' 50" pour la valeur de l'angle limite. 11 faut nécessairement admettre qu'au milieu de la variété de position des faces des ondes naturelles, si diverses de forme, ces eflets doivent en réalité se produire. Remarquons, du reste, que l'extinction peut avoir lieu sans être précédée d'une forte déviation de l'image : car, si la partie de l'onde, que le rayon traversait avant sa réflexion à l'extérieur ou à l'intérieur, était limitée par des plans parallèles ou tout au moins peu inclinés, la déviation qu'il éprouvait alors eût été extrêmement faible (voy. p. 18); la disparition de l'objet aura donc pu n'être précédée que d'un écart de l'image insensible. E^ets de réfraciion sur la vision des astres. Les ondes aériennes, en s'interposant sur le passage des rayons lumi- neux émanés des astres , les dévient sensiblement des trajectoires que ces rayons décriraient conformément aux lois de la réfraction astronomique. Telle est la cause de la multitude d'ondulations très-mobiles qui écban- DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 59 crent les bords du soleil quand on observe cet astre, soit à son lever ou à son coucher, à travers une lunette dont l'oculaire est muni d'un verre coloré, destiné à affaiblir son éclat. Ces ondulations, d'amplitude très- restreinte, qu'il faut distinguer des déformations que le disque solaire éprouve parfois près de l'horizon au point de le rendre méconnaissable *, doivent être attribuées à des effets de réfraction. Cependant , M. Arago était disposé à voir dans les ondulations que les planètes présentent sur leur contour, des phénomènes dépendants, en partie, des interférences bien plus que des inégalités de réfraction, auxquels on a l'habitude, disait-il, d'attribuer exclusivement ces ondulations 2. Il se réservait de publier un mémoire spécial sur ces phénomènes. Malgré l'autorité si puissante du nom de M. Arago, je ne vois pas qu'il y ait nécessité de recourir à des phénomènes d'interférence pour se rendre compte des particularités que présentent les ondulations dont il est ques- tion. Il est de toute évidence que les ondes en mouvement dans l'atmos- phère, doivent imprimer aux rayons émanés des astres des déviations semblables à celles que subissent les rayons émis par les objets terrestres, en traversant ces mêmes ondes. Or, au coucher du soleil, alors que son contour est le plus dentelé, les objets terrestres éprouvent encore, comme il a été dit, des ondula- lions appréciables, quoique généralement elles ne soient plus susceptibles d'être mesurées. J'ai eu recours à des effets d'angle limite pour expliquer la suspension momentanée et alternative de la perception de certaines parties d'objets terrestres, examinés au télescope au travers d'ondes multipliées; ces effets doivent se produire également , et même à plus forte raison , vu le grand nombre de couches d'air traversées, à l'égard des rayons émis par les astres. Ces effets peuvent, au besoin, être invoqués pour expliquer l'apparition d'échançrures plus fortes et de peu de durée, qui, parfois, se produisent au contour du disque solaire quand il atteint l'horizon. ' M. Biot a cité plusieurs exemples remarquables de déformation du soleil à son coucher, dans un mémoire qu'il adressa à l'Institut en 1809, mémoire que je regrette vivement de n'avoir pu consulter. * Annuaire du Bureau des longitudes pour 1832, p. 435. 40 REFRACTIOiN ET DISPERSION Nous avons vu précédemment que la déviation subie par un rayon en traversant une onde, dépend, entre autres, des dislances relatives de l'onde à l'œil et au point lumineux, placé à une distance finie. Mais, quand celui-ci est un astre, sa distance à l'onde peut évidemment être considérée comme infinie par rapport à celle de l'onde à l'œil du specta- teur. Il résulte des formules données pour calculer la déviation que, dans le cas de distance infinie, la déviation produite par l'onde est, toutes choses égales d'ailleurs, indépendante du lieu de la Irajecloire lumineuse où l'onde s'interpose. L'amplitude de la déviation ne dépend donc que de la puissance réfringente de l'onde par rapport à l'air ambiant, de l'inclinaison des faces de celle-ci, et de l'obliquité du rayon à la face d'incidence. Ces derniers éléments exercent sur les rayons sidéraux les mêmes influences respectives que sur les rayons émanés d'objets terres- tres; aussi ne nous arrêterons-nous plus à des particularités, telles que les variations d'amplitudes des ondulations selon la température des ondes, l'étendue des ondulations plus grande dans le sens vertical que dans le sens horizontal, etc. Les taches qui apparaissent fréquemment à la surface du soleil parti- cipent aux efl'els des ondes, quand le soleil est encore élevé de plusieurs degrés au-dessus de l'horizon. Il m'a paru que les déplacements des taches, qui sont plus notables d'ailleurs dans le sens vertical, ont, en apparence, plus d'amplitude pour les petites taches que pour les grandes. Ainsi, lors d'une observation du soleil a une hauteur de 6% de petites taches se dé- plaçaient notablement, tout en éprouvant un affaiblissement de leur teinte obscure très-prononcée, tandis que de grandes taches voisines ne subissaient que des déplacements très-reslreints en apparence. Afin de nous rendre compte de cette particularité, suivons une onde dans son mouvement ascendant, lorsqu'elle s'interpose entre la lunette et une petite tache de 1" de diamètre, par exemple. Admettons que le déplacement vertical de l'image télescopique soit de 2" successivement dans un sens puis dans l'autre , par le passage des parties supérieure et inférieure de l'onde. L'image de la tache aura accompli ainsi une excursion totale d'am- plitude double, qui sera d'autant plus sensible pour la vision télesco- DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 41 pique , que l'intervalle compris entre les positions extrêmes du sommet du diamètre vertical de la tache aux limites d'une excursion , aura été de 4". Ce déplacement s'effectuant généralement avec rapidité, la teinte sombre de la tache en est notablement affaiblie, au point même qu'il pourra survenir une cessation de perception pendant son excursion. Quand la partie supérieure de la même onde ascendante passera en face d'une tache de 10" de diamètre, par exemple, l'extrémité inférieure de la tache éprouvera d'abord un abaissement de 2". Cette même partie, revenue à sa position vraie lors du passage du milieu de l'onde, subira ensuite un exhaussement de 2" environ quand la partie inférieure de l'onde sera à la hauteur de cette portion de la tache. Mais , vers le même instant, la partie supérieure de celle-ci se déprimera de 2" environ, à cause de l'interposition de la partie supérieure de l'onde. De ces mouve- ments, sensiblement simultanés, résulteront nécessairement un rétrécis- sement de la tache de 4" en hauteur et une ondulation partielle, qui n'échapperont pas à l'œil ; mais ces mouvements ne produiront point une impression aussi vive que les déplacements de petites taches, lesquels supérieurs en étendue au diamètre de celles-ci, sont accompagnés d'une extinction de leur teinte propre presque totale. Les disparitions momen- tanées de petites taches ont lieu quand les déplacements s'effectuent brus- quement ou par soubresauts, soit dans l'état ordinaire de l'atmosphère, soit le plus souvent quand elle est agitée par le vent. Les sommets des montagnes lunaires, si distincts vers les moments des quadratures, alors que ces points éclairés obliquement se détachent avec netteté de leurs ombres portées, éprouvent aussi des vacillations très-appré- ciables par les effets d'ondes aériennes. C'est ici le lieu de parler d'un fait, assez singulier au premier abord, que j'ai observé relativement à ces images agitées. Quand on examine les détails de conOguration de la lune, il peut arriver, si certaines conditions se trouvent réunies, qu'au milieu de trépidations rapides qui rendent généralement leur perception trou- ble et confuse, ces détails deviennent visibles avec toute la netteté dési- rable, comme si les trépidations étaient suspendues subitement par inter- valles de temps très-courts, qui alterneraient avec ceux de confusion des Tome XXVI. 6 42 REFRACTION ET DISPERSION images. La manière dont ces cessations et ces reprises de perception ont lieu ne pourrait se concilier avec la présomption de la suspension du pas- sage des ondes aériennes, aux instants où les images sont visibles. Avant de montrer comment le phénomène peut s'expliquer, je mentionnerai cette circonstance importante, qu'en ce moment la lune, très-élevée d'ailleurs sur l'horizon , était observée à travers la fenêtre d'un appartement où l'action d'un soleil d'été s'était prolongée jusqu'à son coucher. Quand la fenêtre fut ouverte, la différence de température de l'air intérieur échauffé et de l'air extérieur refi^oidi par le frais de la soirée, donna lieu à un double courant, l'un sortant de l'appartement et l'autre entrant dans celui-ci; les rayons de la lune traversaient nécessairement ce courant avant de pénétrer dans le téles- cope. Je dois rappeler que, dans un mémoire précédent ', j'ai cité divers exemples de perception distincte, par intervalles de temps, d'un objet dont la rotation rapide eût rendu confuse la perception de ses diverses parties dans les circonstances ordinaires; mais, dans les cas cités, cette perception eut lieu quand, par des moyens indiqués, on fit éprouver à l'image de l'objet sur la rétine des vacillations plus ou moins rapides et indépendantes du mouvement général de l'objet. Or, la perception distincte et momentanée des sommités de la lune dans les circonstances indiquées, résultait du double mouvement de leurs images. En effet, en traversant l'un des cou- rants, les rayons lumineux éprouvaient des vacillations qui, si elles avaient été seules , auraient rendu confuses les images télescopiques des points d'émanation des rayons. Mais le second courant, celui voisin de l'ouver- ture du télescope, imprimait, de son côté, aux mêmes rayons de petites variations de vitesse de déviation brusques et irrégulières ; celles-ci , en se combinant avec la première, devaient par moments satisfaire aux conditions de production d'images plus complètes sur la rétine, images que l'œil percevait alors distinctement pendant les intervalles de temps, excessivement courts , où ces conditions de perception se trouvaient réunies. Un fait qui tend à corroborer cette explication, c'est qu'après le transport du télescope au milieu d'une vaste cour, la vision des diffé- ' Mémoires de l'Académie de Belgique, tome XXIV. DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. 43 rents points de la lune eut lieu constamment avec netteté, quoique leurs images éprouvassent encore des ondulations nettement accusées et qui avaient pour cause des ondes ordinaires, dont le mélange ne pouvait plus exciter les alternatives, si caractérisées, de netteté et de confusion des images télescopiques. Je ne me serais pas autant étendu sur cette particularité, s'il n'était présumable que des personnes, témoins de faits semblables lors d'obser- vations télescopiques, ne fussent portées, de prime abord, à voir des effets d'interférence des rayons lumineux résultant du mélange des ondes, dans ces reprises et ces cessations de perception des points éclairés. D'au- tre part, M. Arago, dans la partie de sa notice sur les travaux de W. Hers- chel ^ où il est question des circonstances favorables ou défavorables aux observations astronomiques, dit textuellement que les circonstances qui rendent les images diffuses, mal terminées, ondulantes, ne sont pas encore complètement connues, ni surtout exactement définies. 11 n'était donc pas inutile de nous arrêter à l'une d'elles. Les disques des planètes Jupiter et Saturne se déforment et se déplacent sensiblement par rapport aux fils du réticule, lorsque les ondes aériennes s'interposent sur le passage des rayons lumineux émanés de ces astres. Dans certains cas, les déplacements du disque de Saturne, par rapport à son anneau, sont facilement appréciables sans le secours de lignes de repère, puisque, si le mouvement des ondes n'est pas très-rapide, on voit le globe planétaire éprouver des ondulations qui, successivement, le rap- prochent et l'éloignent des segments visibles de son satellite annulaire, auquel, du reste, de semblables ondulations sont également imprimées. Les satellites de Jupiter, observés également près de l'horizon, subissent par rapport au réticule des déplacements sensibles qui sont accompagnés de variations d'éclat très-appréciables, à tel point que, parfois, ces satel- lites parurent s'éteindre complètement lors de vacillations de très-courte durée. Les perturbations locales de la réfraction de l'air ont lieu tout aussi ' Annu. du Biir. des long., 1842. 44 RÉFRACTION ET DISPERSION bien dans les parties élevées que dans les couches inférieures de l'atmo- sphère. Ainsi, quand on observe, dans les lunettes astronomiques, les étoiles voisines du pôle, elles paraissent presque toujours agitées de petits mouvements vibratoires qui, tour à tour, les rapprochent et les éloignent des fils réticulaires au point de les cacher quelquefois derrière leur épais- seur, puis de les faire reparaître en quelques instants '. Concluons de ce qui précède, que les phénomènes, dont il vient d'être question, s'expliquent aussi facilement par les effets de réfraction ordinaires que produit l'interposition des ondes aériennes sur les rayons lumineux émanés des astres, que sur les rayons des objets terrestres. En ce qui concerne la vision des étoiles , je laisse ici en dehors les phénomènes de la scintillation, qui doivent être l'objet d'un travail spécial. Effets de dispersion. L'air jouit d'une puissance dispersive excessivement faible, il est vrai, mais qui, cependant, devient manifeste pour les rayons lumineux réfi'ac- tés dans les couches inférieures de l'atmosphère en donnant lieu à des effets de coloration, dont nous avons à nous occuper. Afin de nous former une idée précise de la marche des rayons de cou- leurs différentes, séparés par dispersion dans l'atmosphère, suivons celle des rayons extrêmes rouge et violet, provenant de la décomposition du rayon incolore me, émané d'un point lumi- neux situé en dehors de l'atmosphère, d'une étoile, par exemple, peu élevée sur l'horizon. Le rayon rouge étant moins réfrangible que le violet , la concavité de sa trajectoire, tour- née également vers le sol, est sensiblement moins prononcée que celle du rayon violet; ces deux trajectoires seront donc séparées lors de la pénétration du rayon incolore dans l'at- ' Astr. phys., t. 1". p. 246. DE L'AIR ATMOSPHÉRIQLE. 45 mosphère. Celle du rayon violet suivra la courbure mv et celle du rayon rouge, la courbe mr. Ce dernier sera donc le seul des rayons appartenant au rayon incolore me, qui aboutisse au point v de la surface de la terre où nous supposons placé l'œil de l'observateur. Mais ce point est aussi le lieu où parvient la trajectoire m'r que suit le rayon violet provenant de la décomposition d'un autre rayon incolore m'e', émané de la même étoile que me et parallèlement à celui-ci. 11 est évident que la trajectoire du rayon violet m'r est identique de forme et de position à mv, vu le peu de distance des points m et m' de la coucbe limite CD de l'atmosphère, et le parallélisme des rayons incolores. Du point r, commun aux trajectoires rm' et rm, traçons les tangentes r'r et v'r à ces courbes : l'angle v'rr' com- pris entre ces tangentes, représentera l'étendue angulaire du spectre entre le rouge et le violet; car les autres couleurs seront visibles entre r' et v', disposées dans l'ordre ordinaire, puisque les trajectoires des divers rayons qui aboutissent en r seront dirigées dans l'espace m'rm limité par les tra- jectoires des rayons rouge et violet, de manière à couper celles-ci en r. Si m'r est un rayon autre que le violet, le bleu, par exemple, l'angle v'rr' sera l'étendue angulaire de la partie du spectre stellaire comprise entre le rouge et le bleu. Il est évident que la grandeur de l'angle v'rr' croîtra avec la puissance dispersive de Calmosphère en masse. Je me sers de cette expression, attendu que la différence de marche des deux rayons mr et mv ou m'r dépend non-seulement du pouvoir dispersif propre de l'air, mais aussi de la con- stitution et de la disposition relative des portions des couches d'air que ces rayons traversent. Une conséquence de ce fait, c'est que la détermina- tion de la puissance dispersive de l'air, à l'aide de la mesure des spectres stellaires, doit reposer, comme nous le verrons, sur l'emploi de formules représentant la réfraction astronomique. On a dû remarquer que, dans ce phénomène de décomposition de la lumière par l'atmosphère, la disposition des couleurs des spectres ob- servés par l'œil, est la même que celle dont se revêt un objet blanc de peu d'étendue, qui est regardé à travers un prisme réfringent dont l'angle est placé en haut : l'image prismatique de l'objet se recouvre des teintes violette 46 REFRACTION ET DISPEPSION et bleue à sa partie supérieure, et des teintes orangée et rouge à sa base. On sait sans doute , que , si l'on examine au télescope le soleil près de l'horizon , une partie des arcs inférieur et supérieur de son disque sont colorés, le premier en rouge et orangé, et le second en bleu. Cette dernière couleur se distingue nettement du bleu céleste quand le soleil atteint l'horizon. Si son éclat est aiïaibli par de légers cirrhi, la coloia- tion peut être observée sans interposition de verre coloré en avant de l'oculaire du télescope. Mais le plus souvent, l'éclat du soleil affecte trop vivement l'œil; aussi, en vue de l'atténuer, ai-je interposé un verre ordi- naire, coloré en bleu, de l"'"',o d'épaisseur. Le verre donnait aux objets terrestres une teinte bleuâtre, mais le disque solaire conservait sa teinte blanchâtre , et la couleur du verre ne nuisait nullement à la perception distincte des parties de son disque colorées en rouge, en orangé et en bleu. Du reste, dans la crainte que l'on ne soit tenté d'attribuer à l'interposition d'un verre coloré les effets de couleur dont il sera question, je dirai que plusieurs fois ils furent observés sans le secours de celui-ci. Les arcs rouge et orangé qui bordent la partie inférieure du disque solaire en s'amincissant à leurs extrémités, près du diamètre horizontal, sont très-distincts; le jaune l'est parfois aussi. Le 27 septembre, le matin, alors que le bord inférieur s'élevait sur l'horizon, l'épaisseur des trois teintes était de 19''. Quand le ciel est pur, on distingue aisément la teinte violette indigo au- dessus de l'arc bleu supérieur; elle est parfois très-prononcée. Le vert se voit aussi au-dessous du bleu, mais il se distingue moins fréquemment. L'épaisseur de chacun de arcs colorés diminue à mesure que le soleil s'élève; à une certaine hauteur ces arcs cessent d'être distincts. Le point où cela arrive varie, sans aucun doute, avec le pouvoir grossissant de la lunette. Lors d'une observation du soleil à son lever, faite avec mon téles- cope grossissant 57 fois, l'arc bleu ne fut plus perceptible lorsqu'il attei- gnit une hauteur de 1" 12'; l'arc rouge était encore visible à 7" 50'. On conçoit que, toutes choses égales d'ailleurs, la similitude de couleur entre l'arc supérieur et le fond bleu du ciel rende sa perception plus difficile quand cet arc devient très-mince. Je ferai également remarquer que si , DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 47 au même instant, l'œil compare entre elles les épaisseurs des arcs supé- rieur et inférieur colorés, celle de ce dernier paraît plus forte; cette diffé- rence provient, en partie, de ce que l'extrémité inférieure du diamètre vertical du soleil où se montre le rouge, se trouve abaissé de 50' environ dans les couches inférieures atmosphériques, là où les effets de disper- sion deviennent plus sensibles. Les deux arcs, dont les extrémités effilées ne se touchent pas, présentent, dans leur position, une particularité qui doit être signalée. Si l'on imagine un diamètre du limbe solaire passant aux points milieux de ces arcs, ce diamètre n'est pas vertical; il affecte une inclinaison prononcée. Lors de nombreuses observations du coucher du soleil que je fis, l'extrémité supérieure du diamètre était inclinée vers le nord; mais au lever, cette même extrémité m'a paru incliner au sud; les observations à cet instant ont été moins fréquentes. J'ai cru l'emarquer également que la grandeur de l'inclinaison, au moment du coucher, était variable : elle serait moindre vers le mois de novembre qu'en été. Gomme j'appréhendais que cette inclinaison ne fût une illusion person- nelle, malgré la fréquence des observations faites depuis deux années, je fis examiner le soleil à son coucher par une autre personne, sans la pré- venir de l'inclinaison des arcs; or, elle constata également cette position particulière. Le sens opposé de l'inclinaison de la partie supérieure du diamètre qui se fait vers le nord ou vers le sud, selon que l'observation a lieu au coucher ou au lever du soleil, me fit soupçonner, comme cause de cette différence d'obliquité des arcs irisés, une inégalité d'aberration de réfrangibilité particulière cà l'oculaire du télescope employé, car, dans les deux positions du soleil opposées, l'inclinaison se faisait du même côté par rapport à l'instrument. Sans entrer dans les détails des diverses épreuves que je fis subir au télescope pour lever tout doute à cet égard, je dirai que, lors d'une même observation, au coucher par exemple, l'in- clinaison des arcs conserva le même sens , quoique j'imprimasse succes- sivement un quart et une demi-révolution autour de son axe, soit à l'ocu- laire, qui est adapté à vis au corps du télescope, soit à tout l'instrument lui-même, placé sur un support qui rendît possible sa révolution autour de l'axe optique. 48 REFRACTION ET DISPERSION Quoique ces essais ne m'aient laissé aucun doute sur la réalité du phé- nomène, je manifesterai cependant le désir que des observations précises, effectuées à l'aide d'instruments puissants, viennent confirmer la présence du phénomène dans des localités situées aussi avantageusement que celle où j'ai observé, tant par l'éloignement (10 à 12 kilom.) des sommités derrière lesquelles le soleil se couchait, que par l'élévation des points d'ob- servation au niveau de ces sommités, et leur supériorité au-dessus des parties du sol intermédiaires. L'inclinaison des arcs colorés étant bien constatée en divers lieux, il faudrait leur reconnaître pour cause une inégalité de distribution de la puissance dispersive des couches inférieures de l'atmosphère, à des hau- teurs égales au-dessus de l'horizon et des deux côtés du vertical mené par le centre du soleil. La cause originaire de cette différence se trouve- rait-elle dans la forme elliptique des couches de l'atmosphère? Expli- quons-nous à cet égard. La figure de ces couches est à peu près la même que celle de la terre, qui est un ellipsoïde très-peu différent d'une sphère. Concevons, au point occupé par l'observateur, un cercle osculateur à la surface de la terre et dont le plan passe au centre du soleil, voisin de l'ho- rizon; des cercles concentriques au cercle dont il s'agit, imaginés dans son plan, seront également osculateurs des couches atmosphériques. Or, ces cercles n'étant pas les mêmes de tous les côtés de l'horizon, les réfrac- tions doivent être affectées d'une manière sensible par cette différence dans les divers azimuts ; mais cela est-il au point qu'il y ait inégalité des effets de dispersion des deux côtés du soleil , et à des distances de son diamètre vertical moindres que le rayon solaire? L'inégalité de distribution de la chaleur dans l'atmosphère au moment du lever ou du coucher du soleil, dérangerait-elle le parallélisme des couches inférieures dans la direction du soleil, au point de le rendre ma- nifeste par les inégalités de dispersion signalées? Me bornant à ces con- jectures, je ferai toutefois remarquer que de semblables inégalités de dis- persion, et par suite de réfraction, en des points de l'atmosphère peu élevés et d'azimuts peu différents, devraient nécessairement donner lieu à une obliquité du grand axe de la courbure elliptique que prend le contour DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. 49 du disque solaire près de l'horizon. Or, j'ignore si semblable obliquité a été révélée par l'observation. Les bords des arcs colorés ne sont pas nettement limités tant sur le disque solaire que sur le bleu du ciel : des ondulations nombreuses et irrégulières festonnent leurs limites. Mais un fait particulier, c'est que parmi les ondulations de l'arc bleu , il en est assez souvent qui , un peu avant le coucher du soleil, se montrent colorées en rose; ces ondulations paraissent défiler le long du bord en formant une espèce de chapelet rosé mobile. Les ondes colorées ont été observées plusieurs fois à l'œil nu, sans que la suppression du verre coloré en avant de l'oculaire modifiât la couleur des ondes. Cette apparition , qui se produit généralement à une très-faible hauteur du soleil et dans certaines circonstances, serait plus rare au lever de cet astre. Chose singulière, malgré toute mon attention, je n'ai point remarqué d'ondulations bleues dans l'arc rouge de la partie inférieure du disque. Pourrait-on admettre que les ondulations colorées en rose soient des effets de dispersion produits par des ondes aériennes, qui donnassent lieu à des images prismatiques de points du disque solaire voisins de son bord; alors les teintes bleuâtres de ces images, placées à leur sommet, se con- fondraient avec le bleu de l'arc supérieur, tandis que le rouge de cha- cune de ces images restei'ait seul distinct? S'il était possible d'accorder aux ondes aériennes une puissance dispersive telle que la décomposition des rayons incolores s'effectuât de cette manière , il resterait encore à expliquer comment les images produites par les mêmes ondes près du bord inférieur, ne donnent pas lieu à l'apparition d'ondulations bleuâtres au-dessus de cet arc rouge, arc avec lequel les teintes rosées des mêmes images se confondraient. L'absence des ondulations bleues au-dessus de l'arc rouge doit faire rejeter cette explication, qui nécessiterait d'ailleurs une puissance dispersive des ondes supérieure à celle qu'elles possè- dent. Les phénomènes d'interférence ne peuvent également être invoqués, puisqu'ils devraient donner lieu à des ondulations bleues près de l'arc inférieur dans le cas où ils seraient la cause des ondes rosées de l'arc supérieur. Tome XXVL 7 SO RÉFRACTION ET DISPERSION Si la production des ondulations rosées au milieu de l'arc bleu a son origine dans l'iiilerposition de l'atmosphère terrestre, voici l'explication qui, me paraît-il, serait la plus satisfaisante. Nous avons vu précédem- ment que, dans certains cas de perception d'objets terrestres au travers des ondes aériennes nombreuses et diversement agitées, il y a apparitions et disparitions successives de certaines parties des objets. Ce phénomène a été rapporté à des effets d'angle limite, c'est-à-dire à la réflexion de rayons lumineux émanés de ces points vers l'œil, soit à la première, soit à la seconde surface d'une onde. Si nous appliquons le même fait physique à un rayon émis par un point très-brillant, sa disparition complète doit être précédée d'un phénomène de coloration plus ou moins perceptible. En effet, quelle que soit la puissance réfringente propre de l'onde, qui est le lieu du phénomène de réflexion par effet d'angle limite, cette réflexion doit se produire pour les rayons violet et bleu avant celle des rayons orangé et rouge, voisins des premiers, et qui sont moins réfrangibles. Les rayons rouges sont ainsi les derniers à disparaître; leur sensation sur l'organe de la vue se prolonge donc après celle des rayons bleus. Cette sensation deviendra distincte dès l'instant où la disparition des rayons rouges ne succédera pas trop rapidement à l'évanouissement des rayons bleus '. Il est évident que ces ondulations colorées en rouge ne peuvent être perceptibles que près de l'arc bleu, là où l'éclat du soleil est moindre et où la différence de teintes les rend parfaitement distinctes. Les grandes et les petites taches, qui apparaissent souvent sur la surface du disque solaire, se montrent irisées à leurs bords supérieur et inférieur quand le soleil descend dans les couches peu élevées de l'atmosphère. Mais la disposition de ces teintes est de sens inverse à celle des arcs colorés du soleil dont nous venons de nous occuper; car l'extrémité supérieure de chaque tache est colorée en rouge orangé et l'extrémité opposée, en bleu. Cette disposition des couleurs est la même que celle des teintes qui irisent les bords supérieur et inférieur d'une tache noire, faite sur une feuille ' J'ai reconnu par expérience que la sensation de la lumière blanche se produit en un point de la rétine, par la superposition des couleurs prismatiques, quand la durée du passage de celles-ci en ce point est inférieure à 0",04 environ. DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 51 de papier blanc, quand on regarde cette tache au travers d'un prisme réfringent dont l'angle est au-dessus de l'œil , position du prisme à laquelle nous avons assimilé l'atmosphère terrestre pour son mode de dis- persion. Le passage des ondes aériennes en face des taches irisées donnent lieu à des allongements et à des rétrécissements alternatifs, comme nous l'avons vu. Lorsque le ciel est serein au lever ou au coucher de la lune, son disque nous présente des arcs colorés des mêmes teintes que le limbe solaire à sa partie supérieure et inférieure; toutefois, ces arcs sont limités à la portion obscure de sa surface, lorsque la lune n'est pas dans son plein. Des observations différentes m'ont rendu témoin d'effets de couleurs pris- matiques, variables, en des points de la surface de la lune; ils doivent être cités ici, quoique je me i^éserve d'en donner l'explication définitive dans un autre travail. Le 21 juin 1853, entre autres, vers 9 | heures du soir, la lune, en plein depuis un demi-jour, se trouvait à une hauteur de 2" environ sur l'horizon: des ondulations de couleurs successivement différentes se produisirent en des points brillants et peu étendus de la partie supérieure de son disque, examiné au télescope. Chacun de ces points, qui se détachait des parties voisines plus sombres, se revêtit d'une teinte rouge, puis passa au bleu violet. Ainsi, par exemple, un sommet de montagne lunaire, faisant saillie sur la partie du disque qui était faiblement entamée par l'approche du second quartier, se colora d'abord en rouge pourpre bien prononcé, puis en bleu violet; mais au moment où il se revêtit de cette dernière teinte, il éprouva un exhaussement appréciable qui le rendit plus saillant sur le bord du disque. Ces effets se succédèrent lentement et de telle sorte, que les couleurs différentes du point brillant persistèrent chacune pendant un certain temps. Une autre fois, des teintes successivement rouges et bleues, également combinées avec des mouvements ondulatoires bien caractérisés, se montrèrent sur les arêtes du contour de cratères lunaires, qui, éclairés obliquement, étaient placés près de la partie supérieure du disque entamée par l'approche d'un quartier. Les changements de couleur de points fortement éclairés seraient-ils 52 REFRACTION ET DISPERSION des effets de dispersion dus à l'interposition d'ondes aériennes sur les tra- jectoires des rayons lumineux vers l'instrument? Dans cette hypothèse, il faudrait accorder que les couleurs prismatiques les plus apparentes, le louge et le hleu, successivement concentrées au foyer du télescope , dirigé vers notre satellite, fussent devenues tour à tour sensibles à l'œil; de sorte que l'image du point aurait été alternativement rouge et bleue. Avant d'admettre cette explication, évaluons approximativement la longueur minimum que devrait avoir le spectre pour qu'il satisfit aux conditions de vision télescopique supposées. 11 arriverait nécessairement qu'à l'in- slant où la teinte rouge serait perçue, les rayons rouges, projetés par l'onde, seraient les seuls qui pénétrassent dans le télescope; tandis que celui-ci ne recevrait que les rayons bleus du spectre quand l'image du point brillant offrirait la teinte bleue. Le diamètre du miroir du télescope étant 0"',08, il faudrait admettre une longueur au moins quadruple, ou de 0°',52 pour la partie du spectre comprise entre le rouge et le bleu extrêmes. Or, si l'on suppose que l'angle compris entre ces rayons fût de 1" à leur point d'émergence de l'onde, on trouve par le calcul que pour produire un spectre de 0™,o2, l'onde eût dû se trouver à une distance de 60 kilomètres environ du télescope. Cette distance se réduirait à la moitié, si on portait à 2" la divergence des rayons extrêmes dispersés par l'onde. Mais l'accroissement de cette divergence est limité par la faiblesse du pouvoir dispersif de l'air; et notre circonspection à cet égard doit être d'autant plus grande, qu'une onde aérienne ne jouit d'une puissance dispersive que par le fait de sa différence de température avec l'air am- biant, de sorte que la dispersion à laquelle elle peut donner lieu, est excessivement faible. Ces conséquences, jointes aux résultats de l'évaluation du pouvoir dis- persif de l'air que nous allons entreprendre, me forcent à rejeter l'expli- cation supposée du phénomène indiqué. La succession des couleurs diffé- rentes que pi'ésente celui-ci, aux points du disque lunaire plus éclatants que les parties environnantes, me paraît établir une connexité entre ce phénomène et celui de la scintillation des étoiles, qui a pour caractère le plus remarquable l'apparition successive de diverses couleurs aux points DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. o3 que les images des étoiles occupent. Je me réserve de donner l'explication de ce phénomène dans un travail sur la scintillation, dont celui-ci était, pour moi, le préliminaire nécessaii'e. Les images des étoiles brillantes se revêtent également des couleurs prismatiques quand elles atteignent la partie inférieure de l'atmosphère. Ce phénomène de dispersion est bien connu des astronomes, car il devient pour eux une difficulté de plus dans la détermination des positions des étoiles , lors des mesures de grandes distances zénithales. Bessel a communiqué à l'Institut de France * une note sur la réfraction astronomique, dans laquelle se trouvent indiquées, à propos des effets de dispersion par l'atmosphère, les mesures de longueur de spectres que pré- senta la belle étoile Fomalhaut (« d'Orion) à diverses distances zénithales. Dans le tableau suivant, j'ai réuni les résultats obtenus par ce savant et celui d'une observation de M. Struve concernant la même étoile, qui est consignée dans le Traité d'astronomie physique de M. Biot (t. I, p. 242) : DATE. Septembre 20 _ 28 — 30 0=) ■ n DISTANCE ZENITHALE. Apparente. 86°11'33",6 80 35 39, 1 86 39 2,0 87 13 33, 6 83 30 Vraie. 86» 23' 43" 86 49 13 86 33 0 87 28 30 86 1 33 88 53 REFBACTIOR calculée. ETEfiDUE du spectre. 11'31",4 13 15,6 13 38,0 14 .34,4 11 53 22 49 8",23 10,32 11,03 11,26 3,13 22,0 Observateur. Bessel. Struve. {') Bessel ne fait pas coniiailre la distance zénithale pour celle observation, mais seulement la refraction calculée ; la distance zénithale apparenlo figurant dans le tableau, est celle qui correspond à 11' 35" de réfraction dans les tables ordinaires. (■*) M. Biot indique la distance zénithale apparente sans la réfraction pour l'observation de Struve; celle du tableau correspond, dans les taljles de réfraction, à 88° 33', à 0" de température et sous la pression 0n>,7(i. Voici comment Bessel s'exprime relativement aux observations du 20 ' Comptes rendus de l'Institut, t. XV, p. 183. U REFRACTION ET DISPERSION au 50 septembre, qui ont élé faites dans des circonstances extraordinaire- Rient favorables, où l'on vit très-bien les spectres : « En comparant le spectre visible dans la lunette de l'héliomètre à la •> figure donnée par feu Fraunhofer , il me semblait que la partie mesurée » était celle comprise entre les lignes B et G de cette figure. J'ai vu encore » une fois l'étoile bien tranquille; mais, quoique l'air parût être parfai- > tement clair, le rouge et le bleu du spectre étaient seuls visibles, de ) manière que l'étoile ressemblait en quelque sorte à une étoile double, » composée d'une étoile rouge et d'une bleue. La distance des limbes » extérieurs des deux espaces colorés était égale à 5",15, la réfraction » étant de 11' 35", 4 Il paraît que l'espace visible du spectre a été » celui compris entre les lignes B et F de Fraunhofer. » Voici le passage du Trailé d'astronomie physique qui a rapport à l'obser- vation de M. Struve : « La force dispersive de l'atmosphère est toujours très-manifeste, sur- -> tout dans les grandes distances zénithales. La belle étoile Fomalhaut, » observée par 31. Struve à 88*' 35' du zénith, lui a présenté une image » oblongue, dont le diamètre vertical soustendait un angle de 22", et .> l'horizontal, un angle de 8". Le même astronome assure que cet effet » est perceptible jusque vers 60° de distance zénithale, quand on se sert » d'instruments dont le pouvoir amplifiant est considérable. » Les résultats numériques obtenus dans les observations de Bessel, se prêtent à la détermination des indices de réfraction de divers rayons colorés, du vide à l'air. D'abord Bessel, après avoir comparé, dans la note citée, les longueurs des spectres aux réfractions correspondantes, déduites de ses propres observations, estima à ^le rapport de la disper- sion à la réfraction par l'air. Dans une note faisant suite à celle de Bessel, 31. Arago rappela qu'il avait fait des observations sur cette question en 1812. Il la termine en émettant le projet de transmettre à l'Académie une note historique dans laquelle ses propres recherches, celles de Bessel et d'autres observateurs seraient analysées et appréciées ^ Je ne pense pas ' Comptes rendus , l. XV, p. 23G. DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. 55 que JM. Arago ait donné suite à ce projet; du moins, il n'est question d'aucun travail sur la dispersion par l'air autre que les deux notes des Comptes rendus, mentionnées ci-dessus, dans la liste alphabétique des nom- breux travaux de ce célèbre savant, publiée récemment dans le Cosmos ^ MM. Arago et Biot ont flxé à l,00029i58i la valeur de l'indice de réfraction de l'air, à 0° et sous la pression 0"',76. Ce coefficient, déduit d'expériences directes, est sensiblement le même que celui qui avait été calculé par Delambre, à l'aide des éléments fournis par de nombreuses observations astronomiques. On doit d'abord se demander à quel point ou à quel l'ayon des spectres stellaires produits par l'air atmosphérique, il convient de rapporter cet indice. Dans les expériences de MM. Arago et Biot, où les rayons avaient à traverser un prisme d'air très-raréfié qui donna lieu à des déviations de 5 à 6' d'amplitude, il ne se produisit aucun phénomène de dispersion perceptible ; ces expériences ne peuvent donc rien nous apprendre à cet égard. Remarquons toutefois, que si la disper- sion ne s'est point manifestée, c'est qu'elle échappa à l'œil à cause de la valeur excessivement faible du pouvoir dispersif de l'air ; et malgré l'ab- sence de tout phénomène de coloration dans ces expériences, la propriété dispersive de l'air n'en est pas moins réelle, car nous ne connaissons aucune substance homogène qui réfracte la lumière sans la disperser. Si, cependant, il existait une semblable substance, on doit concevoir que tous les rayons colorés dont se compose un rayon blanc, qui ne seraient point séparés en traversant la substance réfringente supposée, suivraient tous la direction de l'un des rayons, intermédiaire aux autres, et que j'appellerai rayon moyen. Ce rayon diffère peu du jaune; en effet, pour déterminer exactement l'indice du rayon moyeu, il faudrait prendre, non la moyenne des indices h, ji', n".... de tous les rayons colorés, mais bien la moyenne des puissances réfractives n^ — l,n'^ — 1, n"^ — 1,.... de tous ces rayons, et déduire de cette moyenne l'indice du rayon cherché. Si on calcule de cette manière Vindice moyen de substances plus dispersives que l'air, telles que l'eau , une ' Journal le Cosmos, t. II. 56 REFRACTION ET DISPERSION dissolution de potasse, le crown et le flintglass, substances dont Fraun- hofer a mesuré exactement les indices propres aux sept rayons pi-incipaux, on trouve, à l'aide de ces derniers résultats, que l'indice moyen relatif à chacun des milieux cités est un peu supérieur à celui de la raie E, qui, dans l'image du spectre de Fraunhofer, se trouve en avant de la limite du jaune et du vert. Cette limite, située sensiblement à égale distance des raies B et G, serait donc le lieu du rayon moyen pour les substances réfrin- gentes nommées. C'est en me basant sur ces faits que j'ai considéré l'indice 1,000294584, déduit des expériences de MM. Arago et Biot pour le passage du vide à l'air d'un rayon lumineux, comme représentant, dans les calculs suivants, l'indice moyen de spectres produits par l'atmosphère , c'est-à-dire l'indice du rayon jaune. 11 est reconnu que les expressions dont je ferai usage pour déduire la valeur des indices de rayons colorés, ne sont plus suffisamment exactes pour calculer les réfractions quand les étoiles sont observées près de l'ho- rizon; or, c'est le cas des observations de Bessel. On pourrait donc appré- hender que celte inexactitude ne jetât de l'incertitude sur les valeurs des indices obtenues. Mais, comme nous le verrons, non-seulement celles de l'indice du même rayon, déduites de diverses observations et au moyen de deux expressions analytiques de la réfraction, diffèrent peu entre elles; mais les valeurs finales, adoptées pour les indices des rayons extrêmes, conduisent à des longueurs de spectres stellaires sensiblement égales aux longueurs réellement observées par Bessel. Dans un mémoire sur les réfractions inséré dans la Connaissance des temps de 1859, M. Biot arrive à deux formules destinées à concourir au calcul des réfractions; on en fait usage en prenant la moyenne des résultats obte- nus à l'aide de ces formules, l'un étant un peu trop fort et l'autre irop faible. Les réfractions calculées ainsi s'accordent très-bien avec les réfrac- tions observées jusque 80° de distance zénithale. Si, dans la première de ces formules, celle qui se prête le plus aisé- ment au calcul, on remplace l'expression 1 -\- Alip de la puissance réfrac- tive de l'air par celle n"^ — 1, ou plus simplement par 2 [n — 1), vu la DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 57 faible valeur de l'indice de réfraction n; si de plus, on y désigne respec- tivement par Z et par R la distance zénithale et la réfraction correspon- dante, on a pour l'expression de tang R : (4) . . . lansR=tangZ(»-t)h-n-)- lang'Z(n-l)^^;^-^^^5 - et - sont deux fractions qui , a 0° et sous la pression 0"',76, ont respec- a r ^ tivement pour valeur 0,00124896 et yq^- Dans le cas actuel, considérons n comme étant l'indice d'un rayon déterminé d'un spectre stellaire, du jaune, par exemple, pour lequel n= 1,00029458; R sera la réfraction qu'éprouvera ce rayon, et Z, la distance zénithale du point du spectre où cette couleur apparut au moment de l'observation. Soient pareillement R' la réfraction qu'éprouve un autre rayon, le rouge, par exemple; n' son indice de réfraction, et Z' la distance zénithale de l'extrémité rouge du spectre. On aura évidemment une expression de tang R' en fonction de n\ de z' , de a, l et r, de forme semblable à celle (4) de tang R. Si on prend la différence de ces deux expressions, on obtient : (n — 1)1 n — q tang^ Z tang Z — lang R -t- tang R' (S). . . n' - 1 = ^ 1 - - n' — q tang' Z' 1 tang Z' q et q' sont deux coefficients ayant respectivement pour valeur numérique, 0,001104 et 0,001106. Citons actuellement, comme exemple, la fixation de valeur des éléments qui servirent à calculer l'indice du rayon rouge correspondant à la raie B, d'après l'observation du oO septembre. Dans la note citée, Bessel ne précise pas à quel point du spectre stellaire il a rapporté chaque distance zénithale apparente; cependant, il y a lieu d'admettre que ce point est le milieu de la partie visible du spectre ou de l'espace compris entre les raies B et G de Fraunhofer. Conformément à cette condition, consentie pour toutes les observations, nous poserons les équations suivantes pour les valeurs respectives de la distance zénithale Z, de la réfraction R , de l'indice Tome XXVI. 8 58 REFRACTION ET DISPERSION diminué d'une unité {n — 1), et enOn de la longueur s du spectre, tous élé- ments relatifs au rayon moyen (raie F) , qui dépendent de l'observation du 50 septembre rapportée au tableau (page 53) : Z = 86°Ô9'2", R=13o8" S=ll",05 « — 1=0,000 294384. Le rayon rouge étant moins réfrangible que le jaune, la teinte rouge se tiouvait à la partie inférieure du spectre, à une distance de 5", 52 ou 5 de son milieu. La distance zénithale Z' de cette teinte se trouvait donc aug- mentée de 5", 5 par rapport à Z, tandis que R' était diminué de la même quantité relativement à R. Gonséquemment, nous devons poser : Z' = 86° 39' 7",5 , et R' = 1 5' 52",5. Tels sont les éléments qui servirent à trouver, à l'aide de l'équation (2), la valeurs' = 1,00029256 de l'indice du rayon rouge, d'après l'observa- tion citée. La marche suivie pour calculer l'indice du rayon bleu extrême repose sur le même mode de fixation des éléments; sauf que l'indice du rayon bleu étant supérieur à celui du jaune, il a fallu désigner celui-ci par n' en l'affectant de la valeur 1,000294584, et poser Z' = 86" 59' 2", R' = 13' 58"; tandis que n représentant l'indice cherché, on dut poser les équations Z = 80° 58' 56", 5, et R= 14' 5'', 5 pour exprimer la distance zénithale et la réfraction du point du spectre où le rayon bleu se montra. C'est de cette manière qu'ont été obtenus les résultats suivants , relatifs aux observations de Bessel du 20 au 50 septembre : DATE de l'obsebvition. INDICE DE RÉFRACTION DIFFÉRENCE ou DISPERSIOn. DU ROUGE MOYEN, Dtl BLEU EXTEËME. 20 septembre . . . 28 — ... 30 - ... 22 — ... Moyenne. . . 1 ,00029282 1,00029250 1 ,00020236 1,00029253 1,00029600 1,00029633 1,00029693 1,00029648 0,00000318 0,00000383 0,00000457 0,00000393 1,00029250 1,00029043 0,00000388 DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 59 Les observations du 22 et du 28 conduisent à des résultats particu- liers qui diffèrent très-peu des moyennes respectives de la dispersion et des indices des rayons rouge et bleu. L'indice du premier de ces rayons, déduit de l'observation du 20, est supérieur à la moyenne pour le même rayon, taudis que celui du bleu appartenant à la même observation, est inférieur à l'indice moyen du bleu. Il résulte de ce double écart que la dispersion relative à l'observation du 20 (4""= colonne), est inférieure à la dispersion moyenne. Nous sommes en droit de conclure de cette diffé- rence que le spectre observé le 20 septembre, était plus rétréci que ne le comportait l'élévation de l'étoile, soit que l'une de ces extrémités ou toutes deux ensemble aient eu moins d'étendue relativement à la longueur totale du spectre. On comprend, du reste, que l'identité de teinte de l'extré- mité bleue du spectre avec la couleur de la voûte céleste, ait pu nuire à l'exactitude des mesures , quand il y eut rétrécissement ou affaiblissement de cette couleur dans le spectre. Nous trouvons une confirmation de cette présupposition dans le tableau suivant, où figurent, pour chaque observation, les longueurs des spectres observées à côté des longueurs calculées. Ce calcul a été effectué à l'aide de la formule (5) dans laquelle, après avoir donné à n et à n' les valeurs respectives 1,00029645 et 1,00029256 des indices des rayons bleu et rouge, on a considéré tang R — tang R' comme représentant la tangente de la longueur angulaire s du spectre; il a été facile de calculer celle-ci , dès que Z et Z' ont été affectées des distances zénithales propres aux extrémités bleue et rouge du spectre, lors de chaque observation : DATB de l'observation. LONeCEUR DU SPECTRE niFFÉnEKCB. UBSERVÉK. CALCULÉE. 20 septembre . . . 28 — ... 30 — ... 22 8",25 10,32 11,05 11,26 9",38 9,72 10,00 10,58 -t-l",t3 - 0,60 - 1,05 - 0,68 GO RÉFRACTION ET DISPERSION La présomption émise plus haut se trouve confirmée par la diffé- rence + 1",15 des longueurs observée et calculée pour l'observation du 20, qui est la seule positive. La différence entre les résultats de l'observa- tion et du calcul pour le 50, négative comme celles propres aux deux autres jours , s'élève à 1" ou -^ de l'étendue réelle du spectre. Ce résultat concorde avec cet autre que nous pouvions signaler à l'inspection du tableau de la page 58 , oii la dispersion déduite de l'observation du 50 surpasse la dispersion moyenne. Si nous remontons aux éléments des observations de Bessel, renfermés dans le tableau de la page 55, et si nous comparons les longueurs des spectres mesurées le 50 et le 22, nous remarquerons que leur différence 0",21 est bien faible pour la différence 54' 5-i" des dislances zénithales apparentes et celle 56" des réfractions correspondantes; tandis que la même comparaison entre les longueurs des spectres du 50 et du 28 nous donne une différence de 0",7, alors que les distances zénithales diffèrent de 5' 5" seulement et les réfractions de 21". N'est-il pas présumable que la mesure du spectre observé le 50 ait été un peu trop forte, et que telle fût la cause de la dispersion, trop élevée relativement, qui corres- pond à cette date dans la quatrième colonne du tableau de la page 58? Il est évident que, par son introduction dans les calculs de chaque indice, la longueur du spectre du 50, considérée comme étant trop forte, a dû faire sentir ses effets dans les valeurs qui ont été affectées aux distances Z', Z, et aux réfractions R et R'. Les longueurs de spectres observées et calculées pour le 28 et le 22 s'écartent respectivement peu l'une de l'autre; mais les différences sont toutes deux affectées du signe négatif. L'infériorité des longueurs calculées prouverait que l'indice du rayon bleu est trop faible et celui du rayon rouge trop fort, ou , en d'autres termes, que la dispersion moyenne 0,00000588 du tableau de la page 58 est trop faible. Afin de nous as- surer de cette présomption, j'ai calculé les indices des mêmes rayons au moyen d'une formule autre que celle (5) déduite de l'expression de la réfraction trouvée par M. Biot, formule qui se prête facilement au calcul. DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. 61 Le célèbre Bradley employa, le premier, pour calculer les réfractions, la formule suivante, à laquelle son nom est resté attaché : P. = 60",666 tang (Z — 3,:25 R). Les coefficients numériques sont déduits d'un grand nombre d'observa- tions; celui 60", 666 est une fonction de la puissance réfringente de l'air, comme nous allons le voir. Mah auparavant, nous devons remarquer que, si cette formule a été employée jusqu'à ces derniers temps, dans des observatoires du premier ordre, pour calculer les réfractions jusqu'à l'horizon, sans que les résultats obtenus de cette manière s'écartassent beaucoup des réfractions vraies S •! est reconnu aujourd'hui qu'à de petites hauteurs cette formule n'est plus suffisamment exacte. 11 faut alors recourir aux séries que Laplace a données dans sa Mécanique céleste. En présence de ces faits, on devrait, paraîtrait-il au premier abord, préférer l'emploi de ces séries à celui de la formule de Bradley et même de l'expression (5). déduite de la formule de M. Biot, pour résoudre le problème de la dis- persion par l'atmosphère. Mais l'avantage que ces séries présenteraient, sous le rapport de l'exac- titude, ne serait qu'apparent; car, si l'on a égard à ce que, pour la facilité des calculs, il faudrait négliger certains termes, très-petits et peu impor- tants il est vrai , il devient évident que leur disparition enlèverait le carac- tère d'exactitude plus rigoureuse dont on désirerait que les résultats obte- nus eussent tout le cachet. D'autre part, en opérant par différence avec ces séries, comme nous l'avons fait pour obtenir l'expression (5), les termes très-petits, et presque égaux en valeur absolue, mais affectés de signes contraires après la soustraction, se neutraliseraient quasi complètement, et le l'ésultat ne dépendrait guère que des termes importants. On doit admettre aussi que les termes qui, dans l'expression (i), font défaut et l'empêchent de représenter les réfractions à des distances zénithales supé- rieures à 80° tout aussi exactement qu'à des distances moindres, se neu- traliseraient sensiblement dans la soustraction qui conduit à l'expression (5). ' Biot, Traité iTastronomie physique, t. I", p. 232, et t. Il, p. 430. 62 REFRACTIOIN ET DISPERSION D'après cela, les inexactitudes auxquelles entraînerait la formule (4) ou luème celle de Bradley, qui peut-être offre encore moins de certitude pour de grandes distances zénithales, seraient moindres dans le calcul de différences de réfractions que dans celui de ces réfractions elles-mêmes. Or, notre manière de traiter le problème de la dispersion repose précisé- ment sur des différences de réfractions. Afin de justifier plus particuliè- rement l'emploi à faire de la formule de Bradley, il me reste à dire que, si , après avoir calculé à l'aide de cette foi^mule les réfractions coi-respon- dant aux distances zénithales 8(3° et 86° 10', on prend leur différence, on obtient 24", 5. Dans les tables de réfraction ordinaires, on trouve 25" pour la différence des réfractions à ces mêmes distances zénithales. Con- cluons de là que les différences eussent été plus rapprochées encore, si l'excès de la plus grande distance zénithale eût été 1' seulement, quantité bien supérieure aux longueurs de spectres observées par Bessel. Pour approprier la formule de Bradley à la solution de notre problème, je ferai remarquer que le coefficient 60", 666, est égal à l'arc dont la tangente a pour valeur ^^^^ ou à fort peu près et plus simplement pour le cas actuel, » — 1; n étant l'indice de réfraction de l'air ou 1,000294584. D'après cela , la formule de Bradley peut prendre la forme générale : tang R = (»j — 1) tang (Z — 3,25 R). Admettons que cette expression représente la réfraction du milieu d'un spectre stellaire. Si nous formons de la même manière tang R', R' étant la réfraction du rayon de l'une des extrémités du spectre, du rouge par exemple, dont n' désigne l'indice de réfraction et Z' la distance zénithale, et si nous soustrayons cette expression de tang R, nous obtiendrons en dernier lieu : (n — 1 ) lang (Z — 5,25 R) — tang R -+- tang R' ~ tang (Z' — 3,25R') Pour chaque observation, on doit affecter Z, Z', R et R' de valeurs fixées comme il a été indiqué pour l'observation du 50 septembre, par exemple (page 57). Voici les résultats obtenus pour les quatre jours d'observation ; DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 63 DATE de l'ubservation. INDICE DE I lÉFRACTION DU BLEC EXTREME. DIFFÉRE!fCB ou DISPERSION. OU ROCGE MOYEN. 20 septembre . . . 28 — 30 — ... 22 — ... MOYENBE . . . 1 ,00029260 1 ,00029226 1,00029204 1,00029226 1,00029637 1,00029670 1,00029685 1,00029671 0,00000377 0,00000444 0,00000481 0,00000443 1,00029229 1,00029666 0,00000437 Quoique la formule de Bradley soit moins développée que celle (i) do M. Biot, elle conduit à des résultats qui présentent les mêmes rapports entre eux que ceux déduits à l'aide de la formule (4). Ainsi, pour les observations du 28 et du 22, les indices du rayon rouge et ceux du rayon bleu sont i-espectivement égaux entre eux. Cette égalité entraîne néces- sairement celle des dispersions. Notons aussi que chacun de ces indices s'écarte extrêmement peu de la valeur moyenne de l'indice de la même couleur. La dispersion la plus faible se présente le 20, et la plus forte le 50, comme pour les résultats obtenus en premier lieu. Cette identité confirme donc les déductions émises à ce sujet. Si nous introduisons les valeurs 1,00029229 et 1,00029666 dans la formule (5), et cela dans le but de calculer les longueurs des spectres stel- laires, la comparaison de celles-ci aux étendues observées conduit aux résultats suivants : i DITE lie l'obsebvation. . LONGUEDR I lO 8PECTBB CALCULÉE. DirrùREXCE. OBSERVÉE. 20 septembre . . . 28 - ... 30 - ... 22 — ... 8",23 10,32 11,05 11,26 10",40 11,40 11,10 11,60 -(- 2",15 -1- 1,08 -t- 0,03 -y. 0,54 J 64 REFRACTIOrS ET DISPERSION L'observation du 20 nous oiïre la plus forte différence; celle du 50 est presque nulle. Le premier résultat étant le même et le second dérivant de la même cause que ceux qui leur correspondent respectivement au tableau de la page 59, nous n'avons plus à revenir sur les faits qui viennent à l'appui des causes premières auxquelles ceux-ci ont été attribués. Mais il est à noter que toutes ces différences sont positives; conséquemment, nous devons considérer le pouvoir dispersif moyen comme étant trop fort, ou, en d'autres termes, que la valeur moyenne de l'indice du rayon rouge est trop faible et celle de l'indice du rayon bleu trop élevée. D'après cela, nous prendrons les moyennes respectives de ces résultats et de ceux déduits à l'aide de la formule de M. Biot, et nous obtiendrons finalement pour les valeurs cherchées : Indice du rayon rouge moyen 1,00029242 Id. bleu extrême 1,00029654. A l'aide de ces derniers nombres on trouve par le calcul les longueurs des spectres : Au 20 septembre 9",7.5; au 30 septembre 10",48 » 28 )> 10, 31; » 22 « H, 22. Les résultats sont peu différents des longueurs réellement observées, particulièrement le 22 et le 28, où il y a sensiblement égalité entre les quantités observées et calculées. Parmi les observations de Bcssel, il en est une dont nous n'avons point encore fait usage : c'est celle où la partie du spectre mesurée lui parut comprise entre les raies F», et F du spectre de Fraunhofer, c'est-à-dire entre le rouge et le vert bleu. Si l'on admet que, pour le spectre produit par l'air, la distance des raies E et F soit les -^^ de la distance des raies B et C, comme cela résulte des expériences de Fraunhofer dans la dispersion, soit par l'eau , par la dissolution de potasse, par le crown ou le flint-glass; si, après avoir donné à Z et Z' les valeurs convenables, on effectue un calcul semblable à ceux exposés précédemment, on trouve 1,00029550 pour l'indice du rayon vert bleu. DE L'AER ATMOSPHÉRIQUE. 65 J'ai réuni, dans le tableau suivant, les indices que nous venons d'obtenir et celui déterminé par MM. Arago et Biot pour la lumière blanche, qui a été considéré comme représentant l'indice du rayon jaune. DÉ\OMINAT10N DES COULEIIKS. VALEl'n DE I.'lKDICE. 1,00029242 1,00029438 1,00029330 1,00029054 Toutes ces valeurs sont réduites à la température de la glace fondante et à la pression 0'",76. Je n'ai point fait concourir l'observation de M. Struve à la détermination des indices des rayons rouge et bleu, attendu que les éléments du calcul cités par M. Biot sont insuffisants. Toutefois, en prenant la réfraction indi- quée au tableau page 53, qui est en correspondance avec la distance zéni- thale 88° 55', et si on fait usage de la formule (5), on trouve 1,00029214 pour l'indice du rayon rouge et 1,00029059 pour celui du bleu, nombres peu différents de ceux admis, surtout le dernier, quoique la distance zéni- thale ait été supérieure de 2° dans l'observation de M. Struve. Fraunhofer a constaté que les positions des raies du spectre solaire sont indépendantes de la nature de la substance réfringente et de l'angle réfringent du prisme, mais que ces positions varient avec la nature de la source lumineuse. Nous devons conclure du premier fait que, si les raies étaient visibles dans un spectre stellaire produit par la masse de l'atmo- sphère, leurs positions relatives seraient, pour une même étoile, indé- pendantes de l'état du milieu atmosphérique et de la hauteur de l'étoile sur l'horizon. Mais le second fait constaté par Fraunhofer met en doute si le spectre produit par l'étoile Fomalhaut offrirait la même disposition de raies que le spectre solaire; c'est un point qui ne peut être éclairci, car je n'ai trouvé dans aucun ouvrage des renseignements sur la disposition des Tome XXVI. 9 66 REFRACTION ET DISPERSIOÎN raies loi's de la dispersion des rayons de cette étoile par un prisme ordi- naire. Si l'influence de la nature de la source lumineuse est très-sensible sur les raies du spectre produit par l'étoile Sirius à l'aide d'un prisme, spectre dans lequel se présentent des difl'érences notables avec celui pro- duit par la lumière solaire sous le rapport des raies, il y a des étoiles dont les raies du spectre sont peu différentes de celles du spectre solaire : Belte- geus {a Orion) a les raies D (orangé) et B (vert) de son spectre précisé- ment aux mêmes endroits que le spectre solaire *. Quoi qu'il en soil de cette incertitude relativement aux raies de l'étoile Fomalhaut, elle ne peut infirmer la valeur dos résultats obtenus précédemment, puisque j'ai eu en vue de déterminer les indices des rayons colorés sans avoir égard à des raies qui ne pourront être distinguées dans les spectres dus au pouvoir dispersif de l'air. Ce n'est qu'à cause du rapprochement fait par Bessel à ce sujet, et aussi par suite des inductions qui ont été tirées du spectre de Fraunhofer pour fixer certaines données nécessaires au calcul , que je me suis arrêté à ce point. 11 serait préférable de faire servir à une détermination semblable les mesures déduites de spectres dus à Sirius, étoile très-brillante, qui, actuel- lement, est plus blanche que Fomalhaut. L'éclat que Sirius conserve, même dans les régions inférieures de l'atmosphèi'e , permettrait peut-être d'employer une méthode de détermination autre que la mesure des lon- gueurs des spectres produits par cette étoile. Cette méthode consisterait à achromaliser l'atmosphère, c'est-à-dire à faire disparaître les couleurs du spectre stellaire produit par l'air, en l'examinant à travers un prisme réfringent à angle variable. On conçoit que, si l'on place ce prisme l'angle réfringent en bas, ce qui tendrait à disposer les couleurs du spectre pro- duit par le prisme en sens inverse de celles du spectre atmosphérique, il devienne possible de donner à l'angle du prisme une ouverture telle que l'image de l'étoile soit acliromatisée. L'interposition d'un prisme semblable à travers les rayons lumineux, près de l'oculaire d'un télescope, permet- trait d'apporter toute la précision désirable dans ces observations. Le pou- ' Manuel d'optique de Brewster. DE L'AIR ATMOSPHERIQUE. 67 voir dispersif de l'almosphère se calculerait facilement à l'aide de la dis- persion de la substance du prisme, connue à l'avance, et de l'amplitude de l'angle réfringent à l'instant où l'image du spectre stellaire serait acliro- matisée. La détermination exacte du pouvoir dispersif de l'atmosphère n'est pas sans importance dans les calculs astronomiques de la position précise d'étoiles de couleurs différentes. En effet, à cause de la variabilité de réfrangibilité des divers rayons lumineux, une étoile rouge doit paraître plus près de l'horizon qu'une étoile parfaitement blanche, et surtout qu'une étoile bleue , quoique toutes les trois aient la même distance zénithale vraie. Toutefois, ces différences sont excessivement faibles, vu la petitesse de la dispersion par l'air. On peut aisément calculer cette inégalité de réfraction à l'aide de la formule de Bradley ^ On a vu précédemment que le coefficient de réfraction de cette formule 60", 666, dans le cas des rayons incolores, est égal à un arc dont la tangente a pour grandeur ^^- En adoptant les indices obtenus précédemment, on forme aisément la valeur du coefficient de la formule de Bradley appropriée au calcul de la réfraction r d'un rayon de couleur donnée. C'est ainsi que cette formule prend l'une des formes suivantes , selon la nature du rayon réfracté : Hayon rouge r = C0",26ô lang (Z — 3,23 r) 1(1. jaune ou incolore . . . r = 60",666 tanfi;(Z — 3,25 c) Id. vert r = 60",835 lang (Z — 3,23 r) 1(1. bleu r = 61",101 lang (Z — 5,25 r). Dans l'emploi de ces formules , il faudra faire subir les corrections indi- quées dans les tables, si la température et la pression de l'air diffèrent res- pectivement de 0" et de 0'",76. Ces formules pourraient être utilisées, par exemple, lors de la mesure de la distance de deux étoiles qui composent ' Les résultats obtenus ne sont appliqués à la formule de Bradley que pour donner des exemples faciles de leur application , sans qu'il faille en inférer que les formules appropriées soient considé- rées comme représentant les réfractions des rayons diversement colorés d'une manière aussi satis- faisante que les différences des réfractions de ces rayons, dans les régions inférieures de l'air, là où la détermination précise de la réfraction est encore l'objet d'une question scienlifique si délicale. 68 RÉFRACTION ET DISPERSION certaines étoiles doubles, lorsqu'elles sont de couleurs différentes. On sait que, parmi ces étoiles, plusieurs présentent les couleurs complémentaires : l'une des étoiles, étant rouge ou jaune , l'autre est verte ou bleue. M. Ârago a constaté que, pour plusieurs étoiles doubles offrant cette particularité, la coloration complémentaire ne peut être attribuée à un effet de con- traste, puisque l'occultation de l'une des étoiles par le fd de la lunette laisse intacte la teinte complémentaire de l'autre étoile, sa compagne. Les formules précédentes s'appliqueraient également à calculer, à priori, l'étendue des spectres stellaires à diverses hauteurs dans l'atmosphère, spectres qui, d'après M. Struve, seraient perceptibles jusque 60° de dis- tance zénithale, quand on se sert d'instruments d'un pouvoir amplifiant considérable. Pour effectuer le calcul de l'étendue de la partie d'un spectre stellaire comprise entre le rouge et le bleu , nous prendrons la différence des formules de Bradley dont les coefficients sont appropriés à ces cou- leurs et où z et z' seront les distances zénithales; après avoir accentué : et r dans la formule relative au rayon bleu, et substitué s au lieu de /' — r, nous aurons : (A) s =61",101 tang(s' — 3,2or') — 60",263 tang(r — 3,23 r). Désignons actuellement par Z la distance zénithale du milieu du spectre ou du rayon jaune, et par R la réfraction du même rayon : celle-ci est évi- demment la réfraction de l'étoile incolore ou de la lumière blanche; sa grandeur est indiquée dans les tables de réfraction en face de Z. Si l'on a égard aux quatre équations suivantes : s 2 ' ,.= B-|. « s 2 ' r' = R -t- - ; l'équation (A) devient, après substitution des valeurs précédentes : s = 61",i01 tang(Z — 3,23 R — 2,12s) — 60",263 lang(Z -3,23 R +2,t2s). Nous pouvons négliger le terme 2,12s, compris dans chacune des DE L AIR ATMOSPHERIQUE. (59 parenthèses , sans commettre grande erreur dans l'estimation de la valeur très-petite de s '; nous aurons ainsi la formule : s == 0",8-48 tang (Z — 3,25 R). C'est à l'aide de cette formule que j'ai calculé les longueurs de spectres aux diverses distances zénithales ci-dessous : DISTAHCE ZÉNITHALE lONGDEDR apparente. du spectre. 00' 28" ,9 80 -î,? 70 2,3 GO 1,4 50 1,0 40 0,7 Ces résultats conviennent à la température 0° et à la pression de l'air 0™,76. Dans d'autres conditions, les valeurs doivent être corrigées à l'aide des coefficients indiqués dans les tables de réfraction pour la température et la pression observées. Ainsi, par exemple, à 10° et sous la pression 0'",73, la longueur calculée du spectre à une distance apparente de 70° étant multipliée par 0,96 X 1,0, produit des coefficients de correction propres à la pression et à la température indiquées, se réduit à 26",8. Supposons actuellement un tube, dont les extrémités taillées en biseau très-obliquement sur son axe, soient bouchées par deux plans de glaces à faces parallèles, dont l'angle des plans comprendrait 145% de manière à constituer un prisme semblable à celui dont MM. Arago et Biot flrent usage dans la détermination de la puissance réfringente de l'air; on trouve, par le calcul qu'il faudrait élever la compression de l'air, dans l'intérieur du tube, à trois atmosphères environ au-dessus de la pression de l'air exté- * Le terme négligé a pour expression : 0",848 tans (Z - 5,25 R) ( I - tang' 2,12 s) - 131",57j tanç 2,1 2 î [1 + tan;;' ( Z - 5,25 s)] 1 — tang' (Z - 5,25 R) tang' 2,12 s 70 RÉFRACTION ET DISPERSION DE LAIR ATMOSP rieur, pour qu'un rayon de lumière traversant le prisme, fût dispersé de manière à produire un spectre de 1 centimètre de longueur, entre les teintes rouge et bleue, à une distance de 1,000 mètres. D'après ces résultais cal- culés, on voit combien il est difficile d'admettre que les ondes aériennes puissent produire dans l'atmosphère des effets colorés par dispersion , autrement que par les phénomènes d'angle limite dont il a été question. FIN. CORRÉLVTION HAUTEURS DU BAROMÈTRE DE LA PRESSION DU VENT, M. MONTIGNY. (Lu ;i la séance du 5 février 185.Ï.) Tome XXVI. CORRELATION HAUTEURS DU BAROMÈTRE DE LA PRESSION DU VENT. Dans un travail précédent, j'ai établi les comparaisons entre ces deux éléments, à l'aide des résultats recueillis à l'Observatoire royal de Bruxelles, pendant la période des six années 1842-1847; les conclusions de cet examen se montrèrent, pour la plupart des cas, favorables à la présupposition d'une corrélation entre la pression atmosphérique et l'in- tensité du vent. En effet, dans les différents cas de comparaison embrassés, généralement les moyennes et les valeurs absolues du premier de ces éléments furent d'autant plus faibles que les valeurs correspondantes de l'intensité du vent étaient plus fortes; et inversement, la pression atmo- sphérique augmenta le plus souvent, quand il y eut diminution d'intensité du vent. Il m'a paru qu'en présence de ce résultat, il serait intéressant pour la science de reprendre la partie comparative de ce travail, et d'étendre la comparaison des mêmes éléments à la période des dix années d'observa- tion, 1842-1851. Les résultats de cette série plus étendue serviront à établir le rapprochement des hauteurs barométriques et de la force ou de 4 CORRELATION 4 la vitesse du vent sur les mêmes bases de comparaison que dans la pre- mière série. Ces indications sur la nature de ce rapprochement suffisent, dès main- tenant, pour ne laisser aucun doute sur la base de ce travail et pour le rendre distinct des nombreuses recherches qui ont montré , d'une manière positive, la connexion entre les hauteurs barométriques et la direction du vent. Les éléments de ce travail sont extraits des Annales de l'Observatoire de Binixelles, dont je dois la communication à l'extrême obligeance de M. Quetelet. Dans cette publication, les observations de la pression atmo- sphéi'ique, dont les premières remontent à 1855, ne sont accompagnées des observations de l'intensité du vent que depuis 1842, année où l'ané- momètre d'Osier commença de fonctionner à l'Observatoire. Les résultats des observations barométriques jusqu'en 1849 ont été exposés et discutés récemment par M. Quetelet, dans un travail sur la pression atmosphérique en Belgique, qui est inséré au tome VIII des Annales. Précédemment, les caractères particuliers des vents avaient été, de sa part, l'objet de recherches étendues aux cinq années d'observation, 1842-1846; elles sont consignées au tome VI des Annales. J'ai puisé dans ces deux mémoires, et dans les tableaux relatifs à chaque année, les éléments nécessaires au travail com- paratif pour les neuf années, 1842-1850. Quant aux éléments pour 1851, qui ne sont pas encore publiés dans les Annales, M. Quelelel a bien voulu me les transmettre. Avant d'entreprendre la partie principale de ce travail, je crois indis- pensable d'entrer dans quelques considérations sur la nature et la valeur des indications de l'anémomètre d'Osier, servant à enregistrer les effets de la force du vent. Les intensités recueillies à l'aide de cet instrument expriment les pres- sions que le vent exerce contre une plaque en tôle, d'un pied carré anglais de superficie, qui est maintenue perpendiculairement à la direction du vent par le mouvement azimutal de la girouette supportant la plaque. Les intensités sont enregistrées par l'instrument lui-même, au moyen d'une disposition indiquée succinctement au tome III des Annales. Les DES HAUTEURS DU BAROxMEÏRE. 5 nombres relatifs aux intensités figurant dans les tableaux particuliers de chaque année, jusqu'en 1849, n'expriment pas des valeurs absolues; l'uniié devrait représenter la pression exercée par le poids d'une livre anglaise sur la plaque. Mais la difficulté de faire marcher l'instrument avec précision ne permettait de regarder ces évaluations que comme approxi- matives [Annales, t. YI, p. 17). Des expériences faites et disculées avec beaucoup de soin, en 1850, par M. Beaufort, alors attaché à l'Observa- toire, ont permis, à partir de cette année, d'estimer en kilogrammes les intensités du vent enregistrées par l'anémomètre. J'exposerai ici les résultats numériques de ce travail dont il m'a été donné communication. Dans ses recherches, M. Beaufort s'était proposé de déterminera quelle pression en kilogrammes correspond chacun des nom- bres 1, 2, 5, 4, 5, 6...., consignés aux tableaux particuliers des inten- sités. A cet efl'et, il fit usage d'un mode de traction directe des poids sur l'appareil. Mais il chercha d'abord, par des expériences nombreuses et variées, à se rapprocher du mode d'action ordinaire du vent sur l'appa- reil , tout en ayant égard aux conditions dans lesquelles celui-ci fonctionne ordinairement. Ayant atteint à ce résultat, il détermina ensuite par la traction directe de poids, les pressions en kilogrammes correspondant aux nombres 4, 5, 6...., des tableaux particuliers des intensités du vent. Quant aux intensités 1 , 2, 5, elles correspondent à des vents très-faibles sous l'action desquels la plaque de l'anémomètre ne bouge pas ordinairement; les pressions en kilogrammes auxquelles ces intensités équivalent, ne pu- rent donc être déterminées directement. Dans les relevés des indications de l'anémomètre que l'on efTectue chaque jour à l'Observatoire, les faibles intensités 0, 1 , 2, o, se déduisent des amplitudes des petites oscillations de la girouette sous l'action de ces vents faibles, comparées à celles que la girouette décrit incessamment sous l'action des vents forts qui mettent la plaque en mouvement. Pour convertir ces intensités en kilogrammes, M. Beaufort ne put donc, comme il le dit dans son travail, que se laisser guider par l'idée comparative qu'il s'était faite des intensités de ces vents très-faibles, dans les relevés des indications anémométriques qu'il avait effectués fréquemment. CORRELATION Voici les résultais iminériques des recherches de M. Beauforl. Intensité Pression Intensité Pression rclaliye consignée par pied car. ang!. relative consignée Iiar piej car. angl. dans ciprirtiée dans exprimée k's tableaux. en kilogrJinmos. les tahleaux. en kikigrammes. 1 0,10 Il 5,08 2 0,22 12 3,42 3 0,ô5 15 ô,83 4 0,79 14 4,30 5 1,28 13 4,77 0 1,53 10 3,17 7 1,80 17 5,SG 8 2,07 18 6,07 9 2,38 l'J G,GO 10 2,70 20 7,43 On voit que les pressions en kilogrammes sur la plaque mobile de Tané- momètre croissent plus rapidement que proportionnellement aux intensités 1 , 2, 5, 4, 5.... Ainsi, par exemple, les pressions 5'',42 et 6^07 qui correspondent respectivement aux intensités 12 et 18, sont supérieures, l'une au double, et l'autre au triple de la pression 1^55 correspondant à l'intensité relative 6. Cette non-proportionnalité nous conduit à faire la remarque suivante : si l'on voulait obtenir exactement en kilogrammes les moyennes annuelles de la pression du vent pour les années antérieures à 1850, il faudrait, dans chacun des tableaux particuliers renfermant les observations de chaque jour, remplacer le nombre exprimant l'intensité relative à chacune des heures d'observation, par la pression en kilogrammes qui, dans le tableau précédent . se trouve en regard de cette même intensité relative. Une substitution telle, étendue aux huit années 1842-1849, conduirait à des moyennes de la pression du vent aussi rigoureusement exactes que les moyennes semblables déduites, pour 1850 et 1851, des tableaux particuliers où l'intensité du vent figure en kilogrammes pour ces deux années. Il m'a semblé qu'il n'était pas indispensable d'entreprendre le travail DES HAUTEURS DU BAROMETRE. 7 étendu qu'eût exigé un nombre de substitutions aussi considérable que celui qui était à effectuer pour les huit années 1842-1849; d'autant plus que, dans les tableaux particuliers, figurent fréquemment les intensités 1,2, ô et 4, dont les pressions respectives en kilogrammes ne purent être dé- terminées que par estime. Si, d'autre part, il eût été précieux de posséder des moyennes exactes de la pression du vent en kilogrammes, afin d'en déduire des valeurs précises de la vitesse du vent, on doit reconnaître que la science n'est pas encore en possession d'une loi qui permette de calculer rigoureusement la vitesse d'un courant d'air, à l'aide de la pression qu'il exerce contre une plaque de dimensions données. Le travail étendu de ces substitutions ne pourrait donc , dans l'état actuel de nos connaissances, racheter, par son utilité, le temps qu'eût exigé cette conversion des inten- sités relatives en kilogrammes. Afin d'obtenir des moyennes plus précises de la pression du vent, les moyennes annuelles furent déduites des moyennes mensuelles, calculées de la manière suivante. Dans chacun des tableaux des intensités du vent, compris dans le résumé des observations météorologiques de chaque année, figurent séparément les totaux des intensités relatives pour les différents mois de l'année; dans la colonne suivante, en regard de chacun de ces totaux, est indiqué le nombre de jours d'observation du mois. Si, pour l'un des mois, on effectue d'abord le produit de ce nombre de jours multiplié par celui des heures où les intensités sont indiquées dans le tableau, et qu'ensuite on divise le total des intensités du mois par ce produit, le quo- tient peut être considéré comme représentant l'intensité moyenne relative du mois. Supposons ce quotient entier et figurant parmi les intensités relatives du tableau contenant les résultats obtenus par M. Beaufort, la pression en regard de cette intensité relative dut être considérée comme exprimant la moyenne mensuelle de la pression en kilogrammes. J'ajou- terai aux raisons exposées précédemment pour faire accepter ce mode de détermination, que ces moyennes de la pression diffèrent des moyennes qui eussent été déterminées rigoureusement après conversion des inten- sités en kilogrammes , par leurs valeurs absolues seulement et non par leurs valeurs relatives; c'est-à-dire que deux pressions moyennes obtenues 8 CORRELATION par le calcul indiqué, sont dans le même ordre de grandeur relative que le seraient ces moyennes, si elles eussent été déduites après la substitu- tion des pressions en kilogrammes dans les tableaux particuliers. Or, un point important pour la comparaison que nous avons en vue, c'est l'ordre des grandeurs relatives des moyennes annuelles et mensuelles de la pres- sion du vent. Il est évident que, quand le quotient obtenu par le calcul indiqué était fractionnaire, ce qui est le cas le plus général, la pression a été cal- culée eu égard à cette partie fractionnaire et à la valeur de la pression correspondant à la partie entière du quotient. Je transmettrai ici le tableau des moyennes de la pression du vent en kilogrammes pour la période de 1842-18-49, en y joignant celles pour 1850 et 1851, qui sont exprimées en kilogrammes, l'une dans le tome IX des Annales, et l'autre dans les résultats qui m'ont été communiqués. IIOIN. 1842. 1813. 18S4. ISiS. 1846. 1847. 1848. 1849. ISaO. 18âl. UOTENHE mi'nsufllp. Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre .... Octobre Novembre .... Décembre .... Moï. ANNUELLE . 0,092 0,086 0,168 0,108 0,093 0,077 0,082 0,062 0,119 0,225 0,311 0,232 0,359 0,159 0,163 0,229 0,148 0,120 0,145 0,118 0,091 0,233 0,155 0,081 0,172 0,219 0,272 0,074 0,127 0,111 0,108 0,172 0,127 0,220 0,210 0,113 o','l54 0,100 0,204 0,170 0,348 0,288 0,250 0,288 0,173 0,118 0,285 0,294 k. 0,289 0,259 0,266 0,148 0,183 0,128 0,195 0,116 0,082 0,178 0,088 0,175 0,125 0,245 0,160 0,224 0,158 0,181 0,084 0,100 0,180 0,091 0,121 0,145 0,102 0,345 0.182 0,124 0,072 0,157 0,184 0,157 0,052 0,134 0,235 0,227 k. 0,287 0,210 0,127 0,073 0,071 0,044 0,147 0,056 0,062 0,205 0,214 0,233 0,1 7^^ 0,484 0,090 0,194 0,090 0,091 0,101 0,319 0,143 0,150 0,481 0,284 o'',317 0,174 0,513 0,132 0,211 0,240 0,131 0,083 0,005 0,116 0,077 0,049 k. 0,211 0,228 0,214 0,148 0,151 0,144 0,149 0,147 0,110 0,108 0,218 0,183 0,138 0,167 0,101 0,221 0,176 0,151 0,169 0,144 0,222 0,175 0,172 SOT. CÉ:(ÉRAlF. Il conviendrait d'établir directement la comparaison entre la vitesse du vent et la pression atmosphérique; car, s'il existe une corrélation entre DES HAUTEURS DU BAROMETRE. 9 ce dernier élément et la pression du vent, à plus forte raison doit-elle se montrer entre le même élément et la vitesse du vent, puisque la pression qu'un courant d'air exerce contre une plaque est une fonction de sa vitesse et de la densité de l'air. Examinons donc comment ces vitesses devraient être déterminées, et quelle importance on pourrait attacher à leurs valeurs. On admet généralement que, dans le cas de vitesse qui ne dépasse pas 10 mètres, la pression d'un courant d'air contre une plaque est propor- tionnelle au carré V- de sa vitesse. Si on désigne par 1 cette pression, par S l'aire de la plaque, on a, d'après les expériences de Hulton et de Borda, pour l'expression de I : k I = 0,H.S''".V-. i^TOg I H- 0,004. < Le coefficient 0, 11 et l'exposant 1,1 de S résultent des expériences de ces observateurs; h et l représentent, l'un la tension du courant et l'autre sa température, à l'instant de l'observation. De cette expression on déduit : v^V' [ (I -kO.OOj.Q 0,1IS''H''7097Â' ■ C'est à l'aide de cette formule que j'ai calculé les vitesses du vent corres- pondant aux pressions en kilogrammes du tableau page 6, après substi- tution des valeurs numériques de celles-ci. La longueur du pied anglais étant 0,'"30479, la plaque de l'anémomètre de 1 P. carré, a pour super- ficie O^^OO^SOT. J'ai pris pourvaleur de t, 10% température peu différente de la moyenne annuelle de Bruxelles, et pour h, 755,"""89 , moyenne de la pression atmosphérique au même lieu. Les résultats de ces calculs conviennent à ces valeurs, de t et de h seulement. Tome XXVI. 10 CORRELATIOIN IntonKitù Pression Vitesse Intensitu Pression Titcsse rclalivc. sur 1 P. C. A. du vent. relative. sur 1 P. C. A. (lu veot. 1 0,10 2,31 8 2,07 lî,43 2 0,22 3,72 9 2,38 12,11 ô 0,33 4,83 10 2,70 13,05 4 0,75 fi,S7 11 3,08 13,93 5 1,28 .s,98 12 3,42 14,68 6 1,53 9,82 13 3,83 13,54 7 1,80 10,65 14 4,30 10,47 Le calcul est limité aux vitesses de 15 à 16 mètres^, attendu que, d'après les expériences de Borda et de Hutton, la loi de proportionnalité de la pression au carré de la vitesse n'est applicable au choc de l'air contre une plaque, que pour des vitesses qui ne dépassent pas beaucoup 10 mètres. Les expériences de Hutton sur les projectiles ont montré que, dans le cas de grande vitesse , la résistance qu'ils éprouvent dans l'air est exprimée assez exactement par une formule composée de trois termes, l'un proportionnel au carré de la vitesse, le second proportionnel à la vitesse et le troisième constant ^. Ce n'était pas le cas d'appliquer une formule semblable à celle que Hutton proposa pour l'expression de la résistance des projectiles dans l'air, lorsqu'il fut question de calculer des vitesses supérieures à 15 mètres, afln de compléter le dernier tableau. Cependant il eût été intéressant de pousser plus loin le calcul des vitesses, attendu que, lors de forts oura- gans, la vitesse du vent atteint quelquefois 25 et 50 mètres et même ' On trouve dans des ouvrages de mécanique des tableaux de pressions et de vitesses du vent correspondantes, dans lesquels ces dernières sont plus grandes que ne l'indiquent les résultats pré- cédents; je suis porté à attribuer ces excès à ce que, dans ces calculs, il n'aurait pas été tenu compte de l'exposant 1 , 1 qui affecte l'expression S de l'aire de la plaque, fractionnaire du mètre carré; de sorte qu'on aurait considéré la pression comme étant proportionnelle à la première puis- sance de cette aire, ainsi qu'on le l'ait souvent dans la pratique. 2 La loi de proportionnalité de la pression au carré de la vitesse pour un fluide élastique en mou- vement, ne conduit (pi'à des solutions approximatives, mais sufTisanles pour la plupartdes cas. Cette loi , établie d'abord par Newton , s'est trouvée assez en accord avec les résultats des expériences de Borda et de Hutton. Mais je ferai remarquer que, dans leurs expériences, ils déduisirent la pression de l'air de la résistance qu'éprouvèrent des plaques en mouvement de révolution dans l'air ambiant. DES HAUTEURS DU BAROMETRE. H des valeurs supérieures, ainsi que nous en avons un exempledans le terrible ouragan qui passa sur Londres, le 26 novembre 1856, à 10 heures du matin. D'après Kaemtz, la vitesse du vent atteignit 56 mètres par seconde. (Cours de Météorologie, p. 55.) Il résulte de ce qui précède que, si l'on eût voulu établir la comparaison directe entre la vitesse du vent et la pression atmosphérique, il eût fallu introduire dans le travail des valeurs numériques sur l'exactitude desquelles des doutes fondés pouvaient s'élever. C'est pour ce motif et pour d'autres, qu'il est inutile d'exposer, que je n'ai fait figurer dans les tableaux que la pression du vent exprimée en kilogrammes. Nous chercherons actuellement à établir la corrélation entre les hauteurs barométriques et la pression du vent pour la période décennale 18i!2- 1851, par la comparaison : 1* Des rnoijennes annuelles de la hauteur barométrique et de la presmn du vent; 2° Des moijennes mensuelles de ces mêmes éléments; 5" Des hauteurs barométriques maxima et minima de chaque année, avec les pressions du vent observées aux instants critiques de ces extrêmes; A° Des maxima et minima mensuels du baromètre et de la pression du vent lors de ces extrêmes; 5° Des variations de la force du vent avec les hauteurs du baromètre aux dif- férentes phases de ses excursions pendant les tempéles. Avant d'aborder ces différents points de comparaison, je dois émettre ici quelques considérations générales sur la part d'inlluence de divers élé- Ce mode d'expérimen talion n'est pas à l'abri de toute objection , (jiiand bien même la pression qu'un fluide élastique en mouvement exerce contre une plaque perpendiculaire immobile pourrait être assimilée en tout point à la résistance qu'un corps éprouve de la part de l'air dans lequel il se meut. Du reste. Poisson, dans son Traité du tir des projectiles, considère la théorie de la résis- tance des fluides comme étant encore à l'état d'ébauche très-imparfaite. En ce T. Pression Somme des vents. Happort DHS PBEHIfiRS barouiclrique. en kilogrammes. Exhaussants. Déprimants. aux scdinils. 1842. mm. 750,82 o'iôs 3189 5057 0,63 1850. 36,50 0,222 1280 2840 0,43 1849. 56,10 0,144 1193 3187 0,37 1847. 55,96 0,131 2365 6087 0,42 1843. 35,18 0,168 2233 0074 0,56 1844. 55,04 0,101 5680 5012 0,73 1851. 34,89 0,175 1128 3327 0,52 1 i84e. 54,76 0,176 2662 5624 0,47 1843. 54,60 0,221 2569 5039 0,45 1848. 34,28 0,169 1266 3042 0,41 MOYEMSE. . 755,42 0,178 2176 4608 0,40 Voii' les courbes relatives aux trois premières colonnes, pi. I, fig. 1. Ce tableau nous montre que, généralement, les hauteurs barométriques les plus élevées coïncident avec les moyennes de la pression du vent les plus faibles; et que, réciproquement, aux années où cette pression est plus forte, la hauteur barométrique décroît. Deux exceptions marquantes à cet antagonisme se présentent : ce sont, d'une part, les résultats pour 1850, où une forte pression coïncide avec une moyenne élevée du baro- mètre, et de l'autre, ceux de 1848, dont la hauteur barométrique, qui est le minima des moyennes, correspond à une pression du vent , 0'',169 , beaucoup inférieure à la pression 0\221, relative à 1845. C'est par suite de ces deux écarts que la coïncidence entre le maxima de la pression du vent et le minima barométrique ne se présente pas, comme cela avait eu lieu pour la période 1842-1847, embrassée dans mon premier travail. Mais nous remarquerons que, pour la période décennale aussi bien que pour cette dernière, le minima de la pression du vent est en regard de la hauteur barométrique maxima. Notons d'ailleurs, que l'inversité des courbes barométrique et anémométrique, pi. 1, fig. 1 , cesse d'être aussi régulière pour les années 1850-1851. 16 CORRELATIOÎS Je dois, dès maintenant, prévenir une objection qui pourrait être sou- levée contre ce premier indice de la corrélation entre la hauteur baromé- trique et la vitesse du vent, et qui tendrait à attribuer l'apparence de cette liaison à l'influence de la direction du vent sur les hauteurs moyennes annuelles du baromètre. On sait, en eiïet, par des observations nom- breuses, que le baromèti'e se tient généralement plus élevé par les vents d'E. , NE., N. et NO., et qu'au contraire, la colonne mercurielle se dé- prime au-dessous de la moyenne par les vents de la région SE., S., SO. et O. On serait porté peut-être à induire de cette conséquence de la rose des vents barométriques, que les années qui présentent les moyennes barométriques les plus élevées, sont celles où les vents de la région E., N., NO. prédominent plus fréquemment que pendant les années dont la moyenne barométrique est moins élevée. Dans le but d'apprécier la valeur de cette objection, examinons les fréquences relatives des diflerents vents aux années de la période dé- cennale. Dans son travail sur la pression atmosphérique {Anual., t. VIII), M. Quetelet résume de la manière suivante les caractères auxquels on reconnaît l'influence de la direction du vent sur les hauteurs du baromètre en Belgique : « Si l'on suppose l'horizon partagé en deux parties égales allant de l'ESE. à l'ONO., on aura deux régions bien distinctes : quand le vent vient de la région située vers le Nord, les Hifm7>ia barométriques sont plus fréquents que lorsqu'il souffle de la région opposée. » Nous don- nerons la qualification de vents exhaussants a ceux compris dans la région NO., N., E., et celle de vents déprimants à ceux de la région opposée E., SE., S. Au tableau de la p. 13, j'ai indiqué dans la quatrième colonne, le nombre absolu de huit vents exhaussants observés chaque année, et dans la cinquième, celui de huit vents déprimants correspondants. Le rapport des deux sommes pour une même année exprime, dans la sixième colonne, la fréquence relative des vents exhaussants aux vents déprimants. Si l'influence de la direction du vent sur la pression atmosphérique prédominait, les rapports devraient former une série décroissante, attendu que les hauteurs barométriques sont rangées suivant un ordre de gran- deur décroissante. Les pressions barométriques les plus élevées corres- DES HAUTEURS DU BAROMETRE. 17 pondraient ainsi aux années où les vents exhaussants prédominèrent , tandis que les pressions faibles coïncideraient avec des vents déprimants plus fréquents. La série des rapports de la sixième colonne n'accusant point de corrélation de cette espèce, il n'y aurait pas lieu d'invoquer l'in- lluence de la direction du vent, comme intervenant directement dans la liaison des hauteurs barométriques avec la vitesse du vent. Il resterait, d'ailleurs, à rapprocher les pressions moyennes des vents de directions différentes, des hauteurs barométriques correspondantes; 2" Moyennes mensuelles de la liauleur barométrique et de la pression du vent. Les moyennes barométriques sont déduites des moyennes des heures paires de chaque mois des dix années d'observations. Les pressions du vent sont les moyennes indiquées dans la dernière colonne du tableau p. 8. HOIfS. HOTENNE 1 de baromclrique. de 1.A PnESSlOK du vent. Décembre Septembre Juin Juillet Août Janvier Mai mni. 758,49 57,23 56,32 50,01 55,87 55,64 55,40 55,08 55,07 54,94 53,99 52,94 o'',183 0,110 0,144 0,149 0,147 0,211 6,151 0,214 0,228 0,218 0,168 0,148 Février Novembre Octobre Avril MOTEKNE .... 755,42 0,172 Voir les courbes, pi. I, fig. 2. Les irrégularités les plus saillantes que présente la série des pressions du vent sont les moyennes de décembre et de janvier, trop élevées relative- ment, et celles trop faibles d'octobre et d'avril. Je ferai remarquer d'abord Tome XXVI. ^ 48 CORRELATION que les températures moyennes de décembre et de janvier sont généralement très-basses, particulièrement celle de janvier. Or, comme on ne peut se refuser de reconnaître une inlluence à la température de l'atmosphère sur la pression barométrique; que même des physiciens, Kaemtz entre autres, attribuent à la température de l'atmosphère une influence prononcée sur les variations du baromètre {Cours de météorologie, pp. 26-4 et suiv.), on s'ex- })liquerait, jusqu'à un certain point, par l'elTet de la température de l'air, les places qu'occupent respectivement les pressions barométriques en dé- cembre et en janvier dans le tableau précédent; places qui sont plus éle- vées que ne le comporterait la liaison de ces hauteurs avec les pressions du vent, considérées isolément. Toutefois, l'influence de la température ne peut être encore la seule cause explicative des irrégularités signalées, car la température moyenne de décembre est ordinairement plus élevée que celle de janvier, et même que celle de février dont la hauteur baromé- trique moyenne occupe ici un rang assez bas dans la série. J'ajouterai que, pour Bruxelles , la hauteur barométrique de décembre atteint fréquem- ment le maximum des hauteurs mensuelles ; il en est ainsi , par exemple , dans la série des moyennes mensuelles observées pendant les 15 années 1853-1847 {Annales, t. YII, p. 15), et dans celle de la période des six années 1842-1847 {Annales, t. VII, p. 50). Quant aux valeurs trop faibles de l'intensité moyenne aux mois d'octobre et d'avril, je signalerai ce fait que, pour la période décennale, les moyennes barométriques de ces mois ont fait descendre, au bas de la série, les élé- ments relatifs à ceux-ci; tandis que les hauteurs moyennes barométriques de ces mêmes mois occupent respectivement une place plus élevée dans les séries barométriques de la période des 15 années d'observations (1835- 1847), et de celle des six années 1842-1847. Ainsi, dans la première, les moyennes des mois d'avril et d'octobre occupent respectivement le neuvième et le dixième rang. Dans la série relative aux six années , com- prises dans mon premier travail , la moyenne du mois d'avril avait pour valeur 755""°,66; elle occupait alors le septième rang. IMais, en 1848 et 1 849, les moyennes d'avril descendent respectivement aux valeurs 749""°,80 et 748"'"",92 : on reconnaît facilement, à l'inspection des moyennes du DES HAUTEURS DU BAROMETRE. i9 mois d'avril dans la période des dix années, que ce sont les fluctuations de ce même mois en 1848 et 1849, qui entraînent l'abaissement de la moyenne générale du mois d'avril pour la période 1842-1851. Les moyennes de la pression du vent en avril 1848 et 1849 ne pouvant ainsi rendre compte des abaissements du baromètre correspondant à ces deux mois, il faut évidemment y reconnaître l'influence d'une autre cause. Or, si on consulte le tableau des quantités d'eau de pluie recueillies aux difi"érents mois des années 1833 à 1850, tableau qui figure au t. IX des Annales, p. 89 [Recherches sur les pluies, les grêles et les neiges en Belgique, par M. Quetelet), on trouve, pour les quantités recueillies aux mois d'avril 1848 et 1849, les nombres lOS^-'jSS et 68""",11, qui sont supé- rieurs à 55""", 4G , moyenne de la quantité de pluie en avril pour la pé- riode 1841-1850. Au tableau suivant (t. IX, p. 90), on voit également que les nombres de jours de pluie en avril 1848 et 1849, sont respectivement 23 et 19 jours, quantités supérieures au nombre moyen 16,1 de jours de pluie en avril pendant la période 1842-1850. L'efi"et des pluies étant de diminuer la pression atmosphérique (t. IX, p. 49), c'est, d'après toute probabilité, à l'influence de cette cause, pi'édominant en avril 1848 et 1849, qu'il faut attribuer l'abaissement particulier de la hauteur baromé- trique au même mois de ces deux années, et par suite, le recul de la moyenne générale d'avril à l'extrémité de la série barométrique du tableau précédent. Je ferai ici une observation qui s'applique aux difl'érents cas de compa- raison établis : c'est que, si les moyennes mensuelles barométriques sont rangées dans l'ordre de leurs grandeurs respectives, une différence entre deux hauteurs, égale à quelques dixièmes de millimètre, peut éloigner de plusieurs rangs des moyennes mensuelles auxquelles correspondent des pressions du vent peu différentes. C'est ainsi, par exemple, que les hauteurs barométriques en juin et en mai se trouvent écartées de plusieurs rangs, quoique leur différence n'atteigne pas l"", ou y^ de ces hau- teurs, tandis que la différence entre les pressions du vent correspondantes est 0\007, ou —^ environ de leurs valeurs. Dans un semblable classement, il peut s'intercaler une moyenne barométrique à laquelle corresponde une 20 CORRELATIOIN pression du vent qui soit supérieure à une des pressions suivantes, comme il arrive au mois de janvier, par exemple, par rapport au mois de mai. On conçoit que cette moyenne de la pression du vent puisse afïecter d'une manière sensible la régularité de l'ordre de succession des autres moyennes de même espèce. Nous en trouvons un exemple en janvier : si la hauteur barométrique de ce mois était moindre de 0°"",25, elle pren- drait rang après celle du mois de mai; alors la pression du vent 0'',!211 en janvier n'interromprait plus l'accroissement assez régulier de la série des pressions du vent correspondant aux mois de septembre, juin, juillet, aoilt , mai, mars, février et môme de novembre, car les mêmes considé- rations peuvent également s'appliquer aux éléments de ce dernier mois. La série mensuelle, rangée suivant un ordre décroissant des hauteurs barométriques, présente le même fait que la série annuelle, c'est-à-dire que c'est aux extrémités des séries comparées que les écarts à la corréla- tion d'inversité se sont le plus manifestés, tandis que le milieu de chaque série n'offre qu'une seule exception. En outre, il faut remarquer que les écarts de la pression du vent sont plus nombreux dans la série mensuelle que dans celle des moyennes annuelles. Ce dernier fait ne pourrait-il pas être attribué en partie à ce que les moyennes mensuelles conservent, plus que les moyennes annuelles, les traces d'influence des autres causes d'où dépend également la pression atmosphérique? Ainsi, par exemple, sans rien spécifier sur la nature de la liaison de cette pression avec la tempé- rature de l'air, je ferai observer que la part d'intervention moyenne de cette dernière cause doit varier beaucoup plus d'un mois à l'autre que d'une année à l'autre ; attendu que, dans la série des températures moyennes mensuelles rangées suivant l'ordre naturel, ces températures varient ré- gulièrement et entre des limites très-étendues; au contraire, dans la série des moyennes annuelles de la température les variations sont, compara- tivement, excessivement faibles et Irès-restreinles. {Voir l'observation de la page 13.) J'ai envisagé sous un point de vue différent la liaison de la hauteur du baromètre avec la vitesse du vent, à l'aide d'une autre méthode de com- paraison , indiquée par M. Quetelet, et dont il a fait usage dans plusieurs DES HAUTEURS DU BAROMETRE. 21 de ses recherches. Pour le cas actuel , cette méthode consiste à rechercher combien de fois, pendant chaque mois des dix années, la pression barométrique fui supérietire à la moyenne générale, aux différentes heures d'observation indi- quées dans les tableatix particuliers des Annales. J'ai entrepris cette supputation d'une part, pour les hauteurs barométriques, et de l'autre, pour les in- tensités du vent, en recherchant, à l'égard de ces dernières, combien surpassèrent la moyenne générale de ces intensités. J'ai dû borner ces recherches aux neuf années 1842-1850, les tableaux particuliers de 18S1 n'étant pas encore publiés. La moyenne générale des hauteurs barométriques à choisir pour point de comparaison est évidemment celle, 755""°,48, de la période 1842-1850, déduite des heures paires d'observation. Quant à la moyenne de l'intensité du vent, voici les considérations qui m'ont conduit à sa détermination. Si , après avoir converti en intensité relative la pression moyenne du vent pour 1850, qui est exprimée en kilog'., on prend la moyenne des intensi- tés relatives pour les neuf années, on obtient le nombre 1,45 comme moyenne généi-ale exprimée de la même manière que les intensités 1,2, 3 . . . . figurant dans les tableaux particuliers. D'après le tableau de la p. 6, cette intensité équivaudrait à une pression de vent de 0'',151. D'autre part, si l'on déduit la moyenne générale des pressions du vent des neuf premières années qui figurent au tableau de la p. 8, on obtient 0'',172. La différence des deux pressions 0\151 et 0\171, obtenues par des pro- cédés qui, au premier abord, sembleraient devoir conduire à des résul- tats identiques, s'explique par les considérations qui ont été exposées précédemment (p. 6 et 7). Quoi qu'il en soit de cette différence, ce n'est pas sortir du vrai que de considérer comme étant supérieure à la moyenne générale, toute valeur de l'intensité du vent qui, dans les tableaux parti- culiers, est exprimée par un nombre égal ou supérieur à 2 (0'',22). Le tableau suivant renferme les résultats des recherches pour chaque année : il indique, d'une part, le nombre de baisses du baromètre qui, sur mille hauteurs observées, furent inférieures à la moyenne générale, et de l'autre, le nombre de fois, sur mille observations, où la pression du vent s'éleva au-dessus de la moyenne générale. 22 CORRELATION nauteor du baromètre. Pression du -veDt. NOMDEE NOMBRE ANNÉE. MOTERSE. baisses ioférieurcs a la moyenoe générale sur 1000 observations, MOYENNE. (les supériorités à la mojr. générale O^ISI, pour 1000 observations. 1842. mm. 736,82 384 0,1 58 313 1830. 56,56 403 0,222 260 1849. 56,10 438 0,144 351 1847. 55,96 414 0,151 332 1843. 53,18 488 0,168 379 1844. 53,04 477 0,161 383 1846. 34,76 518 0,175 381 1845. 54,60 495 0,221 554 1848. Moyenne. . . 54,28 511 0,169 333 753,48 459 0,172 366 Le second tableau renferme les mêmes éléments que le précédent, mais relativement aux variations mensuelles. Hauteur du baromètre. Pression du veot. «OIS. MOYENNE. NOMBRE des baisses inférieures à la moyenne générale 755""».48, sur 1000 obscrvaiions. MOYENNE. NOMBRE des supériorités à la moy. générale 0'' 151 , pour 1000 observations. Décembre Septembre Juin . . . Juillet. . Janvier . Aoi'it. . . Mars. . . Mai . . . Novembre Février . Octobre . Avril. . . Moyen m; mm. 757,79 56,79 56,03 53,81 35,68 55,65 55,58 55,21 55,11 54,78 33,48 52,91 317 381 449 408 390 436 494 308 480 439 358 613 0,193 0,113 0,123 0,151 0,210 0,154 0,179 0,144 0,232 0,234 0,171 0,150 401 243 336 3."3 491 331 375 308 451 443 403 310 753,48 459 0,172 365 DES HAUTEURS DU BAROMETRE. 23 Ces tableaux conduisent à quelques conséquences qu'il convient de signaler : 1" Pendant les neuf années, les hauteurs du baromètre supérieures à la moyenne générale sont plus fréquentes que les hauteurs inférieures. Le nombre des premières serait à celui des hauteurs inférieures dans le rapport de 54 à 46 ; 2° Les années et les mois dont les moyennes ont les valeurs les moins élevées, sont aussi ceux où les baisses du baromèti'e au-dessous de la moyenne générale se montrent le plus fréquemment. A ce résultat général, vrai pour la presque totalité des indications du premier tableau, ajoutons que, pour toutes les années où la colonne mercurielle se tint moyennement à une hauteur moindre que 755"°, 48, les baisses se présentèrent plus de 459 fois sur mille observations; 3° Les exceptions à ce dernier fait sont plus fréquentes pour les varia- tions mensuelles que pour les variations annuelles : la troisième colonne présente des irrégularités relatives plus fréquentes que celle de la même série du premier tableau ; 4° Dans les deux tableaux, les nombres de fois que la pression du vent surpassa la pression moyenne générale croissent, le plus souvent, avec les moyennes de la pression du vent annuelles ou mensuelles correspondantes. Une exception assez marquée à ce résultat général se présente, cependant, en 1845 et en 1850 : à ces deux années correspondent les moyennes de la pression du vent 0'',221 et 0'',222 qui sont sensiblement égales; tandis que les nombres de supériorités de la pression sur la moyenne générale sont respectivement 554 et 260, quantités dont la première est plus du double de l'autre. Si , pour revenir au but principal de cette comparaison , nous rappro- chons, dans les deux tableaux, les nombres de la troisième colonne des pressions du vent figurant en regard dans la quatrième colonne, nous recon- naissons que, souvent, les baisses fréquentes du baromètre au-dessous de la moyenne générale coïncident avec de fortes pressions du vent, tant au tableau des moyennes mensuelles qu'à celui des moyennes annuelles ; et que, inversement, les baisses sont généralement moins fréquentes aux 24 CORRELATION mois et aux années où la moyenne de la pression du venl est peu élevée. F^es exceptions à ce l'ésultat sont plus nombreuses dans le second tableau que dans le premier. On reconnaît aussi par ce dernier, que les nombres des supériorités de la pression du vent sur la moyenne générale paraissent suivre, assez généralement, les variations des nombres des baisses du baromètre; mais les exceptions sont beaucoup plus fréquentes dans le second tableau. 5° Pression du vent aux instants des maxima et des minima annuels du liuromètre. Dans le tableau suivant figurent, d'une part, les hauteurs maxima et minima annuelles des dix années d'observations, et de l'autre, la pression du vent absolue, observée à chacun de ces instants. Pour les neuf premières années, les intensités relatives ont été converties en pressions en kilogr. AMUrÉE. Hauteur du baromètre* PressioD du vent. Maxima. Minima.  l'instant du A l'instant au maxima. minima. 1842. mm. 77->,42 mm. 730,09 0,10 2,07 1843. 72,48 24,14 0,10 0,75 1844. 70,95 23,18 0,00 0,35 1845. 75,95 27,30 0,10 0,10 1846. 74,01 24,34 0,00 1 1847. 69,98 24,73 0,10 1,80 1848. 70,00 27,30 0,10 1,80 1849. 78,70 33,80 0,00 0,33 1850. 73,33 27,78 0,00 0,03 18.51. 72,23 36,10 0,05 2,43 Moyenne. . 772,82 728,14 0,055 0,972 * Il n'y a pas eu d'observation de l'intensité ( barométrique de 184G. !u vent à l'instant du minima Ce tableau montre que la pression du vent a été nulle ou très-faible à l'instant de chaque maxima barométrique annuel, et que, par contre, cette DES HAUTEURS DU BAROMETRE. 25 pression est généralement très-forte quand il y a dépression maxima de la colonne mercurielle. 4° Pression du vent aux instants des maxima et des minima barométriques mensuels. Dans le but de simplifier cette comparaison, j'ai formé pour chaque mois deux moyennes : l'une, des pressions du vent observées aux instants des maxima barométriques du même mois des dix années, et l'autre, des pressions du vent aux instants des minima barométriques, également aux mêmes mois. de )<■ pressioD ilo vent oui instants de la Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre .... Octobre Novembre Décembre MOTENKE. 0,080 0,076 0,042 0,060 0,065 0,053 0,100 0,030 0,096 0,045 0,047 0,070 0,479 1,106 0,993 0,971 0,816 0,793 0,311 0,996 1,147 0,701 0,413 1,068 0,078 0,981 La pression du vent aux extrêmes barométriques nous montre d'une manière caractérisée, qu'aux extrêmes mensuels cette pression est moyen- nement moins forte à l'instant du maxima qu'à celui du minima. Ce résul- tat général est également vrai, comme je l'ai constaté, pour presque tous les mois des dix années considérés chacun en particulier, sauf quelques exceptions. Ainsi, parmi les 120 comparaisons i-elatives au maxima que comprennent les dix années, il se présente 17 cas oîi la pression du vent ToM XXVI. 4 26 CORRELATION à l'instant de ces maxima est égale en valeur à celle du minima correspon- dant, soit qu'elles aient toutes deux une valeur réelle ou une valeur nulle. Pour neuf comparaisons seulement, la pression à l'instant du maxima est faiblement supérieure à celle de l'instant où, au même mois, la colonne mercurielle atteignit son minimum ; parmi ces dernières exceptions la plus forte pression du vent à l'instant d'un maximum barométrique, est égale à 0\35. Le résultat moyen pour les maxima et les minima indiquerait donc que l'intluence de la pression du vent sur le baromètre est très-sensible lors de ces extrêmes. Un fait acquis à la science par de nombreuses observations , c'est que les différences des maxima et des minima barométriques sont moindres en été qu'en hiver, au point que ces différences forment une série dont les nombres diminuent de grandeur de l'hiver à l'été, pour croître ensuite de cette dernière saison à la première. Ces différences, pour les 15 années d'observation, 1855 à 18i7, à Bruxelles, sont indiquées au t. VIII des Annales, p. 17. Dans ce travail, M. Quetelet fait d'abord remarquer qu'aucun maximum annuel n'est tombé pendant les mois d'avril, de juin, de juillet, d'août ni de septembre, et qu'aucun minimum ne se présente en avril, mai, juin, juillet ni août. Après avoir ensuite rapproché les extrêmes annuels , d'une part, de la température du jour de ces extrêmes, et de l'autre, de la tem- pérature moyenne de la décade à laquelle appartient le jour de l'observa- lion, il déduit celte conséquence : « Les plus grandes variations barométriques ont lieu pendant les mois » les plus froids, et ont dépendu moins de la tempéi-ature relative des » jours d'observation que de la température absolue de l'année. En » d'autres termes, il résulterait de ce premier examen que, quand le mer- » cure atteint ses limites extrêmes , ce n'est point sous l'inHuence d'une » température anomale dans l'endroit où l'on observe, mais par d'autres )) causes et probablement par des ruptures d'équilibre dans la tempéra- » ture des pays avoisinants. » Quoique l'influence de la température ne se soit pas montrée prédomi- DES HAUTEURS DU BAROMETRE. 27 nante sur les extrêmes barométriques annuels, il convient, cependant, de dire que cette influence sur le baromètre devient appréciable, si, comme l'a fait M. Quetelet, on étudie l'état de ce dernier instrument aux époques des maxima et des mmima de température de chaque mois. On reconnaît, comme il a déjà été dit : l" qu'à toutes les époques de l'année, le baromètre se tient moyennement plus haut pendant les minima et plus bas pendant les températures maxima; 2° que c'est surtout pendant les mois de l'automne et de l'hiver que les différences de température font le plus sentir leurs effets sur la hauteur du mercure (t. VIII, p. 18). La non-prépondérance de l'influence de la température quand le baro- mètre atteint ses extrêmes, surtout pendant la période d'été, m'a engagé à examiner s'il ne se manifesterait aucune corrélation entre la série des dif- férences des maxima et des minima mensuels, et celles des pressions du vent correspondantes. Je dois avouer que j'aborde cette question avec circonspec- tion et en me bornant à tirer les déductions les plus évidentes de l'examen des résultats comparés. C'est dans ce but que j'ai rapproché des moyennes de la pression du vent les extrêmes mensuels du baromètre et leurs diffé- rences pendant le période 1842-1851. HOIK. de la hauteur liaramélriquc. Difrércnce de tes BACTEUBS. IWofeone de la pressiuD du vont aux ÎDStants des Maxima. Minima. Maxima. j Minima. Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre Moyenne. . . . mm 769,95 67,97 70,68 64,13 65,93 64,63 64,78 65,13 67,35 67,80 68,43 70,37 mm 736,10 36,58 37,48 38,39 43,90 44,38 45,69 43,89 42,69 37,53 37,88 37,23 33,93 31,39 33,20 2,1,74 22,03 20,25 19,09 21,24 24,66 30,27 30,55 33,14 0,080 0,076 0,042 0,060 0,065 0,055 0,100 0,050 0,090 0,045 0,047 0,070 0^479 1,106 0,995 0,971 0,816 0,793 0,311 0,996 1,147 0,701 0,413 1,068 767,27 740,14 27,13 0,078 0,981 28 CORRELATION La diminution des différences des extrêmes barométriques jusque vers le milieu de l'année provient du rapprochement de ces extrêmes de l'hiver à l'été, rapprochement qui est dû tant à la diminution des hauteurs maxima qu'à l'accroissement des hauteurs minima, depuis les extrémités de l'année jusqu'au milieu. L'accroissement des hauteurs minima en été est, cepen- dant, plus rapide que la diminution des maxima (voir fig. 3); en effet, la différence du minimum le plus élevé et du plus faible est 9""",59, tandis que l'excès du maximum le plus grand sur le plus petit n'est que 6"'",55. A l'inspection comparative de la cinquième et de la sixième colonne , on reconnaît qu'il n'y a aucune régularité de succession entre les différences correspondantes des pressions du vent aux instants des extrêmes. Cepen- dant, malgré des irrégularités quelquefois prononcées, les nombres de la sixième colonne paraîtraient accuser une diminution de la pression du vent aux minima barométriques de l'été. Or, comme le décroissement estival qu'éprouvent les différences des maxima et des minima barométriques, résulte principalement des chutes moins prononcées du baromètre aux minima de l'été, et comme, d'ailleurs, il serait difficile d'expliquer cette dernière particularité par l'intervention de la chaleur, quand bien même son influence sur les extrêmes serait visible; on peut, me semble-t-il, sans trop se hasarder, voir dans cet accroissement des minima barométriques en été, un effet de la corrélation entre ces hau- teurs et la diminution de la pression du vent, aux minima estivaux. Cette conséquence paraît recevoir une nouvelle confirmation par le rap- prochement des moyennes des minima barométriques et des moyennes de la pression du vent eu égard aux saisons seulement. 8AISO:«S. Moy DES HlnlITA baroraélrifiues. enne DtS PRESS. DD TEHT aux minima baromc'lriques. Hiver : décembre, janvier, février Printemns • mars, avril, mai mm 73#,30 39,92 46,30 59,36 0^885 0,927 0,700 0,7S4 Eté;\\\\ny juillet, août automne ; septembre, octobre, novembre .... DES HAIJÏEURS DU BAROMÈTRE. 29 Sauf l'exception au printemps, les variations en sens inverse des minima barométriques et des pressions correspondantes se prononceraient assez régulièrement aux autres saisons de l'année. o" Hmdeiir du baromètre et pression du vent aux différentes phases des tempêtes. L'antagonisme entre ces éléments se révèle particulièrement pendant les tempêtes et les ouragans, qui, dans nos contrées, bouleversent sou- vent l'atmosphère aux limites de l'hiver. Après avoir recherché dans les Annales les époques de grands abaisse- ments du baromètre sous l'influence de vents violents, pendant les neuf années 1842-1850, j'ai inscrit dans le tableau suivant, les hauteurs baro- métriques observées d'abord à minuit, puis de quatre heures en quatre heures, à chaque tempête; au-dessous de ces hauteurs figurent les pressions du vent, chacune étant déduite de l'intensité indiquée à la même heure dans les tableaux particuliers. 30 CORRELATION Hauteur du baromètre et pression du vent pendant les tempêtes. DATES. Hinnlt. i b. m. 8 b. m. Midi. 4 b. s. 8 b. s. Observations (extraites des Annales.) 1848. 10 mars. . . . 11 .>.... 743"93 o'',73 mm- 733,10 1^53 Bill). 731,99 1,80 mm. 742,21 1,35 750^85 0,22 733"80 o'io Le 9 et le )0 , ouragan en Belgique; il se calme le 10 vers 4 h. : 758,78 0,00 760,70 0,00 762,37 0,00 762,11 0,22 759,36 0,35 737,68 0,75 1843. 12 janvier . . 727,38 0,73 723,02 0,33 724,13 0,75 723,77 0,73 728,90 0,22 733,77 0,35 Du 12 au 16, bouleverse- ment atmosphfjrique , abaissement extraordi- naire du baromètre en divers pays de l'Eu- rope. 13 14 » 15 » . . 737,16 0,33 737,24 0,35 731,99 2,38 726,08 3,83 724,66 3,42 726,36 3,08 729,39 2,38 731,34 2,38 733,20 2,07 736,36 1,28 733,58 1,53 724,61 2,70 1,53 2,07 733,74 0,75 731,21 0,22 726,92 0,73 0,35 1844. 11 mars. . . . 12 <,.... 1 737,70 0,10 756,90 0,22 733,91 1,80 748,20 3,08 743,40 3,08 741,49 2,07 Violente tempête à An- vers. 742,97 1,28 742,80 1,28 742,27 1,80 743,40 1,33 741,61 2,07 743,38 0,35 1845. 11 décembre . 1 764,17 0,00 762,44 0,10 757,09 1,28 751,74 1,33 749,26 1,80 748,37 3,42 Ouragan sur les côtes de Belgique. • 749,90 3,08 752,30 1,53 756,39 0,35 739,68 0,75 761,96 0,22 763,01 0,00 DES HAUTEURS DU BAROMETRE. M DtTES. Minuit. i h. m. s h. m. nidi. i h. s. 8 b. s. Observations (eilrailes des Anoales j. 4845. ."1 décembre . mm. 0,75 mm. 0,22 mm. 0 o'',io mm. 761,99 o'io mm. 759,49 0^22 mm. 754,24 l'','53 Tempête à Bruxelles. 4846. 1 janvier . . 746,98 3,08 742,65 2,70 746,81 2,07 750,19 1,80 752,94 1,28 754,82 0,73 4843. G décembre . 746,41 0,10 744,89 0,10 738,53 1,53 732,15 2,38 728,07 1,53 729,23 1,33 Vents impétueux dans la mer du Nord. 7 728,41 2,07 727,02 1,80 724,75 1,80 725,41 1,53 726,29 1,28 729,91 1,28 4848. 26 février. . . 27 .. ... 28 " ... 29 » ... 739,0 0,35 733,5 0,75 731,6 2,58 728,73 4,77 728,9 6,07 733,2 1,80 Bourrasques très-violen- tes. 740,6 1,28 740,7 0,22 737,3 0,10 734,41 1,80 734,0 4,30 737,6 2,38 740,3 1,80 741,2 1,28 742,7 1,53 743,17 1,28 743,4 0,35 744,7 0,35 745,7 0,22 746,1 0,22 746,8 0,35 746,74 0,75 744,5 0,35 739,4 2,07 484». 28 février. . . 760,0 0,10 758,8 0,35 756,6 0,75 754,46 2,07 731,1 2,70 746,3 4,77 Tempête violente et neige. 1 mars. . . . 739,6 5,17 742,1 0,22 742,5 0,75 744,3 1,80 749,4 2,38 736,2 0,35 4 SSO. 5 février. . . 755,3 0,00 753,1 0,10 751,3 0,15 750,22 0,15 746,9 0,35 742,1 1,65 Pluie et tempête le soir. 6 .. ... 733,8 3,25 730,3 1,28 728,4 2,70 729,65 3,20 732,2 3,20 734,7 1,90 32 CORRELATION De l'inspection de ces tableaux et mieux encore des courbes compara- tives de la hauteur du baromètre et de la pression du vent, exprimant leurs variations de deux heures en deux heures, pi. 2, 5, 4 et 5, nous déduisons les conséquences suivantes : 1° L'abaissement de la colonne mercurielle devient manifeste générale- ment soit vers l'instant où le venl s'élève soit quand son intensité augmente : les différentes phases de cette chute progressive coïncident avec l'accroisse- ment successif de la pression du vent jusque vers le moment où elle atteint son maximum d'amplitude ; 2" Lors de plusieurs tempêtes, la vitesse du vent atteint sa plus grande valeur près de la limite extrême de l'abaissement du baromètre ; ainsi , il y a coïncidence entre ces deux instants critiques, lors des tempêtes suivantes : Le 11 mars 1844, entre 6 et 8 heures du soir; Le 11 décembre 1845, vers 8 heures du soir; Le 7 décembre 1847, vers 8 heures du matin. Le maximum de la pression du vent précède d'une heure ou deux la plus grande chute du baromètre, lors des ouragans : Du l'^'^ janvier 1846; Du 28 février 1849. Au contraire, le moment où le vent atteignit sa plus grande force, est en retard d'une heure ou deux sur l'abaissement maximum du baromètre : Le 10 février 1842; Le 26 février 1848. La tempête du 12 au 15 janvier 1845 présente deux abaissements notables du baromètre entre lesquels se trouve intercalée une hausse sen- sible : le premier qui a lieu le 15, vers 4 heures, précède de 1 heure environ un maximum dépression du vent; le second se manifeste le 14, vers 10 heures du soir, après avoir été précédé une heure auparavant, d'un nouvel accroissement de la pression du vent qui succédait à une diminu- tion, qu'il avait éprouvée en coïncidence avec une hausse du baromètre, depuis 4 heures du matin jusqu'à 8 heures du soir. Lors de la tempête du 28 février 1849, la pression du vent subit un décroissement assez prononcé plusieurs heures avant l'instant du plus DES HALTELIRS DU BAROMETRE. 53 grand abaissement du baromètre; mais le vent souffla de nouveau avec violence lors de sa coïncidence avec celui-ci, et il diminua ensuite quand l'exhaussement de la colonne mercurielle se prononça. En 1850, la pres- sion du vent éprouva une diminution semblable, mais moins étendue avant le minimum du baromètre. Il convient de remarquer que, relativement à ces coïncidences et aux écarts entre les instants critiques du baromètre et de la force du vent , l'in- tensité relative de celui-ci, indiquée à une heure quelconque des tableaux, est l'intensité observée pendant la tempête, entre l'heure marquée en tête de chaque colonne et celle qui la suit [Annal., t. III, p. 400); tandis que la hauteur du baromètre est celle qui a été observée à l'instant même indiqué. 5° Pendant la hausse du baromètre qui succède à sa plus forte chute, il se présente, à la fin de quelques tempêtes, un point d'arrêt .à l'instant duquel la colonne mercurielle tend à descendre de nouveau : il est à remar- quer, que plusieurs fois cette nouvelle baisse fut accompagnée d'une reprise dans la violence du vent, qui était notablement diminuée depuis le mouvement ascendant du mercure. Nous trouvons des exemples de cette coïncidence lors de la tempête du 11 mars 1842, de 8 heures du soir cà minuit; et de celle du 15 janvier 1845, vers 4 heures du soir. Ce dernier mouvement se produit, le 14, après un second abaissement du baromètre, déjà signalé, pendant cette tempête prolongée. La même particularité se présente encore le 27 février 1848, entre midi et 4 heures du soir; puis le 29 du même mois, de 4 heures du soir à minuit; et enfin, mais d'une manière moins sensible , le 12 mars 1844, vers 4 heures du soir. On observe également que, du midi du 28 février à celui du 29 février 1848 , le baromètre se maintint entre 745 et 747 millimètres sans éprouver de fluctuation étendue, et que, pendant le même laps de temps, la pression du vent, peu élevée du reste, ne subit que de faibles variations d'intensité. 4» La fin d'une tempête, comme on le sait, est annoncée généralement par une hausse bien décidée du baromètre. Or, l'inversité des courbes barométrique et anémométrique se dessine régulièrement à la fin de chaque Tome XXVI. •"> 34 CORRELATION tempête, de manière que la hausse du baromètre se prononce presque en même temps que la chute du vent, ou avant une diminution sensible de son intensité. Ainsi, l'inversité des fluctuations du baromètre et des variations de l'in- tensité du vent est nettement caractérisée pendant les ouragans. Quoique l'on pût induire cet antagonisme du phénomène, si connu, des chutes très-fortes de la colonne mercurielle au plus fort des tempêtes, il impor- tait, cependant, de constater que ces fluctuations sont presque constam- ment en rapport avec la pression du vent. En outre, c'est au milieu des tempêtes que la corrélation des deux éléments doit le mieux se dessiner; puisque, d'après toute probabilité, c'est alors que l'influence d'un vent violent doit prédominer sur d'autres éléments de la pression atmos- phérique concomitants. Il ne m'a pas paru nécessaire, dans le but de compléter ces dernières recherches, d'examiner la marche du baromètre pendant des phases de calme atmosphérique assez prolongées ; car ce point de la question est suffisamment éclairci par ce résultat général , que les maxima baromé- triques mensuels ont lieu le plus souvent au milieu d'un calme atmosphé- rique, ou qui, tout au moins, n'est troublé que par un vent faible (p. 25). Sans rappeler de nouveau des considérations déjà émises, sur les causes probables des irrégularités qui se sont présentées dans ce travail compa- ratif, il me paraît que, si l'on a surtout égard à l'inversité bien prononcée que présentent respectivement les hauteurs barométriques et les pressions du vent aux extrêmes annuels et mensuels et pendant les tempêtes, on doit reconnaître que, dans les difi'érents points de comparaison de la période des dix années embrassées, il se manifeste une corrélation entre la hau- teur barométrique et la vitesse du vent, et qu'elle peut être formulée ainsi : souvent, les variations de (a pression atmosphérique sont accompagnées de variations en sens opposé de la pression ou de la vitesse du vent. Mon but n'est pas de remonter à la cause même de la dépendance de ces deux phénomènes. Je serai satisfait si le résultat des discussions pré- cédentes peut être considéré comme étant généralement vrai; puisque, la proposition générale étant admise, elle aiderait, me paraît-il, à la recherche DES HAUTEURS DU BAROMETRE. 35 des causes qui influent sur la pression atmosphérique. En effet, si dans la discussion générale des influences de celles-ci , on peut apprécier les cir- constances favorables à l'effet de l'une d'elles, de la cause corrélative de la pression du vent, par exemple, on pourra tenir compte de cette influence, si les circonstances indiquent qu'elle a pu prédominer. Au contraire, on n'en tiendrait aucun compte et on attribuerait les variations du baromètre à d'autres causes, dans les cas où l'on aurait lieu de préjuger que la cor- rélation entre le vent et la pression atmosphérique n'a pu intervenir dans les variations de celle-ci. C'est ainsi que j'ai essayé, en quelques points de ce travail, de remonter aux effets de causes étrangères, qui, dans plusieurs circonstances, durent masquer plus ou moins les indices de l'influence de la force du vent sur les fluctuations baiomélriques. FIN. Mimaircs cour, et des sav. éfn, Tome XXF/. -Mémoire de M.JLonlir/ny, f) la. s, S" es 1 — 1 -a P ^ ITi-rnotres loa/'.ct tics ,sau .clr., 7'o//ic' S.XVJ. ^lemoù'c de JI. J/o/UfV/ztJ/ , n/^ Courbes roinpai/alivt's de hi hauleiir du haroiuctre cl de la pression du vent pendant les tempêtes. JBriuti-. ih. 8h mùii. 4I1. /i/t. Jliiiuif. ^ li . 8/1. niiji i/,. 8/1. Mimai. MniUt tiii/iiii/ . JUrmoircs rour.et des sau. c^r.^Tornc XXVI. Mcmoù'e cie Jl. Mxndùfnt// pi .> Courbes comparatives de la liaiilcur du l)aroiiieti'p et (Midaiil les iempèles Jfiriirtt :ifi,/,- 8 Miniiil -Jlintiif Mcntoi'res coiu-. vJ (litâ ,?{n>. éfr,^ .Tom-t^ jCXa J . Memoù'e de 3LMonfiffm/, pi . ^. Courbes coiiiparativos de la haulcur du i)aiM>iiièiro el de la peession da veut pendant tes tempêtes. Mhuù V ^ '^fi'^i 4 ^ Miinn'f ^ 8 Jh'di 4 S Minui'l ^FiiiuiY / JLinuit 3lénitHrfS cour, et cù^s saz>. eli'.,Tome K^VJ. Mc/noirc f/f 3/. J/tin/itf/ll/ . l'i .,J. Courbes c'oiii|);ir;iri\c.s de l;i li;iii I ciii- liai'oiiM''ln(|iK' fl de la pi'cssiou du vcul pciidaiil les l('ni|)t''l('.s. Miniiif ,V Jlùwit ',„U 8 jriniiil -So""'^ ,X- ^SCS^nèfr-e_ ___28 Kévrier 18 49 i Mars ~^ __^ -^ /^ \ j 1 \ /\ 1 A / ' ^ / ^ \ /^ ' _.^^ l-tre y^ L ^^ / -^S£^ f^ 5 réviùer 18 50 6 Février ■-\ \ ■ ^___^^ / -^ ^\ / / \ Jnêrrwrfif'O ■e y ^ Minuit 4. S irtii/i S Ifinuif Lif-Ji.ôùrienau. éC Tcov^. MÉMOIRE SUR LES CALENDRIERS JUDAÏQUE ET MUSULMAN, M. MAHMOUD, »STR0>0J1E nr. I.'llBSERT4T0IP.F. DU CAini-;. PREMIERE PARTIE— Calendrier judaïque. if rêscnté à la sè.infc Ju S mai |H5S i Tome XXVI. MÉMOIRE LES CALENDRIERS JT DAÏQUE ET MUSULMAN. Les auteurs français qui ont écrit sur les calendriers ne parlent de celui des juifs que d'une manière très-inconiplètc : le mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie est destiné à remplir cette lacune. Quoique l'objet principal de ce travail fût de dévoiler le mystère du calendrier judaïque et de le faire connaître avec tout le développement désirable, j'y ai cependant ajouté, pour le rendre plus utile, le calendrier des musulmans, celui des cophtes (l'ère de Dioclétien) et celui d'Alexandre le Grand (l'ère des Séleucides), qui sont en usage en Orient. Le calendrier des musulmans mérite surtout de fixer l'attention; il renferme beaucoup de points très-intéressants, j'oserai dire très-essentiels, qu'on ne trouve, du moins à ma connaissance, dans aucun auteur euro- péen, et qui seront donnés ici dans tous leurs détails. Je diviserai donc ce travail en deux parties bien distinctes : dans la première, je traiterai du calendrier judaïque, dans la seconde de celui des musulmans. Les deux autres ères formeront l'objet d'un chapitre supplémentaire. 4 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. PREMIERE PARTIE. DU CALENDRIER JUDAÏQUE. I. C'est dans la première moitié du IV"" siècle après J.-C. que le rabbin Hillel Hanassi, appartenant à l'école pharisienne , a eu l'idée de prendre la création, ou, pour mieux dire, la création d'Adam, comme point de départ ou époque pour dater les phénomènes et compter les années; et c'est avec le concours d'un synode dont il était le président, qu'il a donné au calendrier juif sa forme actuelle. Le Passait (la Pâque juive) et la Pâque chrétienne ont donc été soumis à des règles invariables et arrêtés presque à la même époque; car on sait que la dernière a été fixée par le concile de Nicée , l'an 525, au premier dimanche après la pleine lune qui suit le 20 mars. Le calendrier judaïque n'a pris tout son cours qu'à la fin du VI""= siècle après J.-C, époque de l'achèvement de la rédaction du Talmud, qui en renferme les éléments. Antérieurement, les juifs, comme beaucoup d'autres nations, se ser- vaient de l'ère des Séleucides. Avant cette ère, ils n'avaient aucun point fixe de départ : leurs historiens dataient, l'un de la sortie d'Egypte, un autre, de l'avènement de tel ou tel roi, etc., etc. IL Les juifs ne sont pas les seuls qui aient pris la création comme point de départ. Les Grecs de Conslanlinople se servaient, avant le milieu du VII"" siècle, de l'ère byzantine qui commence à la création du monde reportée à l'an 5508 avant J.-C. L'Église grecque, encore même aujour- d'hui , ne connaît pas d'autre ère. L'Église catholique fait remonter la création à l'année 4004 avant J.-C. : c'est l'ère adoptée par les chronolo- gistes pour les grands événements. Le commencement de l'ère de la création chez les juifs est fixé par les SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. 5 rabbins, au lundi 7 octobre (vieux style) de l'année 3761 avant J.-C: c'est la base de leur calendrier. Jours, semaines, mois et années judaïques. ilL Le jour, chez les juifs, iom, commence à 6 heures après midi et finit le lendemain à la même heure. On le divise en 2i parties égales nommées sclianlh ou heures qu'on compte sans interruption depuis 1 jus- qu'à 24. On divise l'heure en 1080 parties appelées chelakim ou parties. Chaque clielak ou partie vaut 3 | de nos secondes. Le clielak se divise aussi en 76 parties égales, dont chacune prend le nom de rega ou instant. Le rega vaut 2 -[| de nos tierces. IV. La semaine ou schboiiàh, qui veut dire une septaine, commence le samedi à 6 heures de l'après-midi et finit le samedi suivant à la même heure. Les jours de la semaine n'ont pas de noms particuliers; leurs quantièmes dans cette petite période sont les seutes désignations qu'ils portent. Ainsi le dimanche est 1, le lundi 2, le mardi 3, le mercredi 4, le jeudi 5, le vendredi 6 et le samedi 7. Cependant, le samedi porte aussi le nom de saballi (repos); ces sept chiffres ne sont, en hébreu , que les 7 pre- mières lettres de l'alphabet. V. Le mois judaïque, c/torfcsc/j, qui veut dire renouvellement, commence le jour où on peut voir le croissant pour la première fois après la con- jonction. L'instant où cette visibilité devient possible à l'œil nu est, selon Ideler, ce que les juifs entendent par moled , qui signifie naissance de la lune ou nouvelle lune. Moled est synonyme du mot grec vouy:rivei, néoménie (de néos, nouveau , et mené, lune). Selon le Talmud, le moled est l'instant de la con- jonction moyenne, La durée moyenne du mois est fixée par le Talmud et par Maimonides ù 29'- i2''- 793"'"' ou 29J- 12''- 44'" 3'- ^. C'est exactement la valeur assignée par Hipparque au mois synodique et qu'il avait trouvée par la compa- raison de ses propres observations d'éclipsés avec celles des Chaldéens. () SLR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. L'excédant du mois synodique sur quatre semaines s'appelle la marque du mois ou le résidu mensuel : ainsi 29J- 12'' 795^'''- — 28^ = 1^ 12'' 795^''' est le résidu mensuel. Quand on connaît le moled d'un mois, il suffit d'y ajouter ou d'en retrancher le résidu mensuel pour avoir le moled du mois suivant ou celui du mois précédent. Le temps de la lunaison étant de 29 jours et demi environ, et la durée du mois civil devant être, nécessairement, un nombre entier de jours, le mois a dû être fixé à 29 ou 50 jours. Dans le premier cas, il est cave; dans le second, plein. VL L'année juive, chanuh, qui signifie répétition, est une année luni- solaire. Le Penlateuque lui assigne, pour commencement, la maturité du froment ou le printemps, et pour fin la récolte des fruits. Le Talmud la fait commencer avec l'automne. L'année se compose de 12 mois lunaires, et, de temps en temps, on y ajoute un treizième mois de 50 jours, pour réparer l'écart qu'elle aurait fait et pour la rendre d'accord avec l'année solaiie; on l'appelle alors meôberetli, pleine ou embolismique. Dans le premier cas, elle est appelée pschoutali, simple. Voici les noms de ces 12 mois et le nombre de jours qu'on leur donne : 1. Tischri 30 2. Marscliescliwun . 29 ou 30 3. Kisleiv 30 ou 29 4. Tebeth 29 5. Schcballi 50 6. Adar 29 7. Nissan 50 8. Yar 29 9. Siwan 30 10. Thamouz 29 11. .46 30 12. Eloul 29 La place du mois intercalé dans les années embolismiques est fixée immédiatement après sc/je6at/t. Ce mois prend le nom à'adar et il a 50 jours, comme nous avons dit précédemment. Quant à \adar primitif, il prend le nom de véadar ou de second adar et il devient le septième, tandis que Vadar intercalaire est le sixième. On voit que les mois embrassent des nombres invariables de jours, excepté marschcscliwan (le 2"'") et tdslew (le 5"'«), qui prennent, chacun, tantôt 29, tantôt 50 jours. Lorsque chacun d'eux n'a que 29 jours, l'année est dite cliesserah, défectueuse; elle comporte 555 jours ou 50 semaines et SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. 7 3 jours, si elle est simple; si elle était pleine, elle comporterait alors 585 jours ou 54 semaines et 5 jours. Quand hmrsclieschwan a 29 jours et kislew 30 jours, l'année est kesidron ou régulière ; elle compte alors 354 jours ou 50 semaines et 4 jours dans le cas simple, et 384 jours ou 54 semaines et 6 jours dans le cas embolismique. Si marsclieschwan avait 50 jours, aussi bien que kislew, l'année serait appelée schetemali ou complète; elle aurait 355 jours ou 50 semaines et 5 jours, si elle était simple, et 385 jours ou 55 semaines dans l'autre cas. On voit par là qu'il se forme six espèces d'années chez les juifs, savoir: trois espèces d'années simples: défectueuse 1, régulière 2, complète 3, et trois espèces d'années embolismiques: défectueuse-pleine 4, régulière- pleine 5 et complète-pleine 6. VII. La longueur du mois synodique ou la durée d'une lunaison étant 29J- 12''' 793''''- (V), douze lunaisons font 554'- S*"- 876^''' ; l'excédant de ce nombre sur 50 semaines ou 350 jours est A'- S*"- 876''''-. C'est ce qu'on appelle le résidu ou la marque d'une année simple. Treize lunaisons font 383^- 21''- 589"'''-, d'où, en ôtant 378 jours, qui font 54 semaines, reste 5'- 21''- 589"'''- : ce reste prend le nom de résidu d'une année pleine. Le molecl de tiscliri, premier mois de l'année, est en même temps le înoled de cette année. Quand on connaît le moled d'une année quelconque, on trouve facilement celui de l'année suivante, en y ajoutant le résidu de l'année proposée, Â'- 8''- 876^'''-, si elle est simple et 5J 21''- 589^'''-, si elle est pleine. Exemple. — L'année 5610 est simple et a pour moled 2J- 15''- 746''''- (le lundi 15''- 746''''). Comme on le verra plus lard, le moled de l'année sui- vante, 5G11, sera 2^- 15'^- 746"'''- + 4J- 8'>- 876'^'''- = 7^- 0''- 542'^^''-, ou le samedi à O'' et 542^'''- Autre exemple. — Le moled de l'année 5613 est 3J- 6''- 927''''. Cette année étant pleine, comme on le verra (IX), le moled de l'année suivante, 5614, sera : 5J- 6''- 927^'''- + 5^- 21''- 589^'''- = 9^- 4" 436^'''-, ou bien 2J- A^- 436'*'', en observant que le nombre de jours d'un moled ne doit jamais dépasser celui de la période hebdomadaire. 8 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. Si l'on déduit du moled d'une année le résidu de l'année précédente, on aura le moled de celte année. Cycle. Judaïque. VIII. On sait que Melon, l'Athénien, a introduit, l'an 452 avant le Christ, le cycle lunaire, qui porte encore son nom et qu'on appelle aussi le cycle d'or, parce que les Grecs le gravaient en caractères d'or sur les murs de leurs temples. llillel, après lui avoir fait subir quelques modifications, l'a pris pour base de son calendrier judaïque. LeTalmud lui donne le nom de machsour lutiun , qui veut dire petit cycle, pour le distinguer du cycle solaire, qu'il appelle le grand cycle et dont il faisait le même usage que les chré- tiens. 255 lunaisons forment le cycle d'or, que nous appelons le cycle ju- daïque. Cette période vaut, à très-peu de chose près, 19 années solaires. En effet : j. h. chl. j. b, m. s. I,a durée dune lunaison ou du mois synodique étant (V). . 29 12 793 = 29 12 44 Sj, j. h. chl, j. h. m. ', j, 255 lunaisons font 6959 16 595 = 6959 16 55 5^ = 6939,68962 1 année solaire julienne . 363 6 19 années solaires juliennes . . 6939 18 000 = 6959 18 =6939,75 L\ DIFFÉRENCE EST. . . 1 485 = 1 26 56 1 = 0,06058 S'il s'agissait de la véritable année tropique, 363,242264, on aurait : 19 années tropiques 6959,60502 235 lunaisons 6959,68962 La différence est. . . 0,08660 = 24 42,24. (^ela nous montre que le temps de 255 mois synodiques, ou le cycle lunaire, est plus petit de !''• 485''''- ou !''• 26'"- 56'- f que 19 années SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. 9 juliennes, et plus grand de 2'" 4" 42'-,24 que la véritable année tro- pique répétée 19 fois. IX. Le cycle lunaire vaut exactement 19 années judaïques; mais 255 lunaisons font 19 années lunaires de 12 mois chacune, et il reste 7 mois qu'il faut répartir entre 7 de ces 19 années. Par ce moyen, le cycle lu- naire se trouve composé de 12 années simples (de 12 mois chacune) et de 7 années embolismiques (de 15 mois chacune); les 5'°% 6™% 8™% 11"-% I4,me^ 17""= et 19""^ années dans chaque cycle sont les années pleines ou embolismiques ^ On sait déjà (VI) que le mois intercalaire se place après scJiebatIt. Le Talmud a fait de la première année de la création la pre- mière d'un cycle : aussi pour savoir si une année judaïque est embolis- mique, suffit-il de diviser par 19 le millésime de cette année; si le reste de la division est un des sept chiffres indiqués plus haut, l'année est embolismique; sinon, elle est simple. Le quotient indique le nombre des cycles écoulés depuis la création; le reste, le quantième ^ de l'année donnée dans le cycle courant. Prenons pour exemple l'année 5615 : on divise 5615 par 19; on trouve un reste 8 et un quotient 295. Donc, l'année proposée est la 8""= du 296™' cycle de la création, et par conséquent elle est pleine. X. Nous avons vu (VU!) que 255 lunaisons ou un cycle contiennent 6959' lÔ"" 595''''. Si l'on divise ce nombre par 7, pour en extraire le nombre entier des semaines, on trouve qu'il y a 991 semaines et 2J 16'' 595''''-. Cet excédant, savoir 2^- 16''- 595''''-, est ce qu'on appelle le résidu cyclique ou la marque du cycle. Quand on connaît le moled-lisclm pour le commencement d'un cycle, il faut y ajouter le résidu cyclique pour avoir le moled-liscliri qui commence le cycle suivant. Exemple. — Le moled-liscliri de la première année du 296""= cycle (l'an 5606) étant 4J- !5''- 769''''- (voir XII), le moled-iischri de la première année du 297"'' cycle (l'an 5625) serait V- S^- 284=''' ; car on a 4^ 15"- 769'='''- -f 2J- le"-- 595'="'- = V- 8''- 284='''- * 1.,'intercalalion de Méton suivait cet ordre : 3, 5, 8, 1 1 , lô, 16 et 19. 5 11 est à remarquer que le cycle lunaire judaïque ne s'accorde pas avec celui des chrétiens : les juifs ont recommencé leur cycle en 1845; les chrétiens ont recommencé le leur en 1843. Tome XXVI. 2 10 SUR LK CALENDRIER JUDAÏQUE. On voit facilement que 4^ 15" TGO'"'- — 2^- 16"- 596'"' ou 1^ 25"- 174'"' doit marquerlemo/c(/ du commencement du cycle précédent, le 295""' cycle. Détermination du moled de la création. XI. Pour obtenir cet élément principal, il faut partir d'un certain moled bien déterminé. Les auteurs du calendrier juif choisirent celui de lisckri de l'an 4105, qui correspond à l'an 544 après J.-C. L'an 4105 commence un cycle judaïque; son moled fut mis au 23 gorpidiis ou septembre, à 10"- 11"" 20'- du soir; c'était, selon le calcul juif , le lundi 24 septembre, à 4"- 204'"'-, temps de Jérusalem. La conjonction moyenne s'accordait avec ce moled à très-peu près. En partant alors du moled de l'an 4105 de la création, celui de l'an 1 du monde s'obtient de la manière suivante : le moled de la création précède celui de l'an 4105, de 4104 ans ou 21G cycles. Or, le paragraphe X nous fait voir qu'il faut, pour trouver le moled d'un cycle passé, multiplier le résidu cyclique par le nombre des cycles précédents, et déduire le ré- sultat du moled donné. Multiplions donc le résidu cyclique, 2^ 16"- 595'""' par 216, nous aurons 580^ 25"- ou 6^- 25''- seulement, en ôtant les se- maines entières qui se trouvent dans 680 jours. Déduisons ce résultat du moled connu , 2^ 4" 204'"'-; le reste, 2^ 4"' 204'"'- — &■ 25"- = gi ^h. 204'"' & 25"- = 2^- 5" 204'"'-, est le moled de la création qu'on cherche. Ainsi le moled de la création a eu lieu un lundi, à 6" 204'"', temps de Jérusalem. En ôtant 344 de 4105, le reste 3761 indique l'année julienne, avant le Christ, où ce moled arriva; mais dans quel mois et à quel quantième ce phénomène a-t-il eu lieu? c'est ce que nous allons chercher. 19 années judaïques étant plus petites de 1" 26'"- 56'- 1 ou 1"- 485''*' que 19 années juliennes (voir VIII), 4104 ans ou 216 cycles font une différence de 1"- 485''"' x 216= 15^ 1"'; donc le moled-tischri de la création a dû arriver lôJ- I" après le 24 septembre à partir de 4" 204'''"-, ce qui le fait tomber le 7 octobre, à 5 heures et 204 cltelakim. On en conclut que le moled de la création a dû arriver le lundi 7 octobre à 6" 204'"'- de l'année SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. H julienne 3761 , en considérant que le jour commence à 6 heures après midi , et que c'est du méridien de Jérusalem qu'il s'agit. Ce nioled est appelé par les juifs le moled beliard, mot qui n'a pas de sens, mais qui se compose des quatre lettres b, h, r, d, qui ne sont autre chose chez eux que les nombres 2, 5, 200 et 4, ou bien 2^ S"-- 204^''' La création d'Adam est fixée par le Talmud au vendredi, à 2 heures du matin, temps civil. Les juifs ne sont pas d'accord entre eux sur le moled de la création d'Adam : les uns veulent que ce soit 6^ 14'' ou le vendredi, à 8 heures, temps civil, et que behard soit celui de l'année précédente *, qui renferme la semaine de six jours de la création; les autres disent que behard est le moled de l'année de la création d'Adam, et que l'année précédente n'est pas comptée pour l'âge du monde. Ils diffèrent aussi sur le mois de la création : les uns opinent pour le mois denissa», les autres pour tmhri; cette dernière conjecture a prévalu. Détermination du moled d'une année quelconque. XII. Les éléments que nous avons donnés jusqu'à présent, nous con- duisent à cette règle générale : pour calculer le moled-tisctiri d'une année quelconque de la création, divisez le millésime de cette année par 19, le quotient vous donnera le nombre des cycles écoulés; le reste, le quantième de l'année dans le cycle courant ; multipliez 1° le quotient par le résidu cyclique 2J- 16''- 595'^'''-; 2° le reste moins un (qui est le nombre des années écoulées dans le cycle courant) par le résidu d'une année simple, 4J S^- 876"'''-; 5° et, enfin, le nombre des années embolismiques, entière- ment écoulées dans votre cycle, par IJ 12'' 795'=''' , qui est la différence entre le résidu d'une année pleine et celui d'une année simple; ajoutez la somme de ces trois produits au nioled de la création , 2^ S*"' 204' -, vous aurez le moled-tisctiri de l'année donnée. ' Dans celte année régnait encore le lohii-bohu. D'où vient qu'on appelle aussi le moled behard, celui (le lohu-bohu. 12 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. Prenons pour exemple l'année 5617 de la création: en divisant ce nombre par 19, on aura 295 pour quotient et 12 pour reste; cela veut dire que l'année proposée est la 12""^ dans le 296""= cycle, et qu'il y a déjà 295 cycles et 11 ans d'écoulés. Dans ces 11 années, on en compte 4 embolismiques (les 5°'% ô""", 8""' et 11""=); faisons donc les produits : j. h. chl. j- h. chl. 2 16 595 X 295 = 793 10 563 4 8 876 X 11 = 48 0 996 1 12 795 X 4 = 6 2 1012 nwkd de la ciéalion = 25 204 Somme = 849 19 617 En extrayant de la somme les multiples de 7, il restera 2 19 617 Le molecl-tiscliri de l'année 5617 de la création est donc 2^ 19'' 617"''' c'est-à-dire qu'il arrive un lundi, à 19 heures et 617 chelakim. XIII. Cette méthode étant très-longue, essayons d'en trouver une autre plus commode, en nous servant du calendrier perpétuel, s'il est possible. Mais il faut d'abord chercher la période d'années ou de cycles au bout desquels le moled beliard ou tout autre moled reparaîtra. Réduisons pour cela le résidu cyclique en nombre fractionnaire de jours, nous aurons 2J 16''' 595'^''' = ^^irrrr- iours. Les deux termes de cette fraction sont irré- ductibles ; le nombre cherché , devant être entier , faisant avec \.^,V/ «n produit également entier et divisible par 7, on voit facilement que le plus petit nombre qui remplit ces trois conditions est 5184 X 7 ou 36288; donc, le moled beliard ne reparaîtra qu'après 56288 cycles, ce qui fait 689-472 années. Il en résulte qu'on ne peut point établir un calendrier perpétuel, rigoureusement parlant. Cependant, on peut trouver d'autres périodes qui, moyennant quelques petites modifications, pourront servir comme tel, pour donner le molcd- tiscliri d'une année quelconque. En effet, le résidu cyclique pris 15 fois, donne 54^ 25'' 175"'*' ou 5 semaines moins 905 clielahim; de là résulte que les moled reparaîtront, à 905 chelakim près, après une période de 15 cycles ou 247 ans. Il suffit donc de retrancher 905 chelakim du ^noled SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. 13 d'une année quelconque pour avoir le moled de l'année qui arrive 15 cycles ou 247 ans plus tard; il faut en ôter 905 X 2; 905 X ô; 905 X 4; 905 X q c/te/rt/cim, pour obtenir le moled de l'année arrivant au bout de 13 X 2; 15 X 3; 13 X 4 ; .... lô X 7 cycles; de sorte que l'expres- sion 905 X q clidakim est, en général, ce qu'il faut retrancher d'un moled connu d'une année quelconque pour avoir celui de l'année qui arrivera 13 X . nschl.). ' j. h. .1.1. j. h. chl. I 247 î 25 173 51 7657 2 22 25 ~> 404 T 22 530 32 7904 2 21 200 ô 741 T 21 325 33 8131 2 20 575 4 'JAS T 20 700 34 8398 2 19 330 5 12Ô5 T 19 875 33 8643 2 18 725 6 1482 T 18 1030 36 8892 2 17 900 7 1720 T 18 143 37 9139 2 16 1073 8 107G T 17 320 58 9386 2 16 170 9 2223 T 10 493 39 9635 2 15 543 10 2470 T 13 670 40 9880 2 14 520 II 2717 T 14 843 41 10127 2 15 695 12 2964 T lô 1020 42 10574 2 12 870 15 Ô211 T 13 113 43 10621 2 11 1045 H Ô438 T 12 290 44 10868 2 11 140 13 3705 TU 463 45 11115 2 10 315 16 5952 T 10 640 46 11362 2 9 490 17 4199 T 9 813 47 11609 2 8 665 18 444G T 8 990 48 11836 2 7 840 10 4695 T 8 85 40 12103 2 6 1015 20 4040 T 7 260 30 12350 2 6 110 21 5187 T 6 435 31 12597 2 5 285 22 3454 T 3 610 32 12844 3 4 460 25 3681 T 4 785 33 13091 2 3 635 24 5928 T 3 960 34 1.3338 3 2 810 25 6173 T 3 55 33 15385 2 I 983 26 0422 T 2 230 56 15852 2 1 80 27 6069 T 1 403 57 14079 2 0 233 28 0916 T 0 380 58 14326 5 25 430 29 7105 3 23 755 39 14575 3 22 605 30 7410 2 22 930 60 14890 3 21 780 16 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. a a es ô 00 o Cl -M O 10 1^ IO IO Cl Cl o •. m IO B m c; Ci o o G"! CI ce 4r ce Cl 00 30 O ce t>» IO o Cl X 00 Ci CI vr Ci o es o vr CI - ™ ■^T CI o Ci V- - O In. ^ - to c» '- ce ^ Cl W lO z .-; lo ^ io ^ — o m Cl — IO 10 •^ o to CI ce ^'T to »^ ; 0 o »o to K CI IO Cl ci CI vr CI IO CI o ce es IO vr Ci IO 00 Ci 1^ ÏO 1^ 10 ce Ci o ce t^ -= CI :: o Cl \2. CI r Ci h* ic o Ci ce î?î O CI ce !0 CI - ■^ — :o CI ^ O lo CI ce m IO 1^ ce 10 — ce vr — I-- •^ a ^ ïr. P5 GO o lO CI o CI lO te o ri - X Ci vr 1^ 10 ce Ci 5 X X vr ce o O Ci ce 10 IC ï- _£ o oc 10 ^ o M ce ^ Cl r>. ce vr CM !>. IO to (M o CI lO ■A iO CI I-* ce ÏO t^ <» vr CI w vr IO t* so vr — iO vr Cl Q S ^■5 _: -«T - *îr o o lO CI Cl 00 ce o Cl o QO 10 o IO ÛO Ci Cl Ci vr I7t vr X to 5 Ci o vr !0 30 00 o se ce -■ ^'^ CI " X 1-» Cl IO Cl X « in to Cl c^ - lO CI CI ce to Cl A '^' !>• *!T ICI t^ lO »o — t» vr r- h^ IO Cl — îO IO CJ ce S S 11 "S ^ Cl ci o CI o Cl CI o Ci vr O CI ce es 00 00 to 1^ 1^ Ci 10 Ci ce lO ■X IO Ci o IO Ci )0 Cl an lO ^ - Ci 00 o - Ci »- ce IO l^ vr to Cl CI f, vr IO r o CI .^ \^ vr ^ I> IC CI ^ m vr ^ ce lO CI ce iO IO r^ ce to S o lO o CI lO sh 1^ o 10 ce Ci 00 Cl Ci ce o CI O IO h* 00 CI 00 to 00 vr IO ce Ci io lO Vî< vr o vr m «î" ^ » t^ G-I 00 h- *T IO CI CI >n vr Cl CI )0 to CI ci 00 IO .^ Vf « o *ïr CI O ïO CI ^ o IO CI ce »«î* IO w vr to ^ g oc o o o CI o o »o Ci o «■1 00 Si IO o 00 vr o vr vr 00 o vr ce Ci vr vo 2 Ci ^ Ift o o !>. >o o Cl CI r>. •T lO o vr 10 o Ci vr CI o .-^ ^ co lO Cl o •«r Cl 1^ to 10 w o vr — 1^ vr CI •- iO S ^5! o CI Cl o O Ci ce 00 CI 00 IO s !5 C3 1^ X) ce es to Ci vr CI îO vr to ce IO vr s 00 w •^ lO CI ce m •^ S-l S IO 10 Cl o 3-1 00 10 Cl Ci X ■^ OT w Ï-. O to ^ r-. *^ IO iN. lO *^ r- IO vr CI ce lO G-1 i ■ Ci 2 o o o O o oo oo CI oo Ci ce o o !0 Cl 00 ce lO JO iO es IO XI 10 Ci vr to o IO IO S- ÎO S ■= o 1^ o CI Cl o sn to CI O vr to o Ci ^ - o Ci r» - .A 1^ t^ in to .^ m »ïr ^ t- lO CI ^ ïO IO Cl o IO CI t>. i o es Ci Ci CI 00 o i>- C4 o lO to IO ce S-l o oo to O vr lO =0 to vr IO Ci to IO o vr Cl iO «o es 10 .= '-T' 10 Cl t>. ÎO ^T IO Cl § m ITl ^ o CI CO Cl ^ Ci 00 CI o e: A «^ vr (?I ^ io Cl ^ ce IO CI ce »o IO 1^ O IO *- t^ *^ ; Ci i O- 00 C5 CI 00 lO Ci ■-T CI 00 )0 o IO vr vr Cl X CI 00 s o o Cl vr Ci O o JO o 00 a Ci ~ CI o lO CI CI o vr Cl O Cl vr - o Ci ^ - o t>. ^ -.^ *T (N o ÎO CI t^ o to o\ ce •«r IO tN. vr to >- ÎO vr ^ à 2 o O o o o «3 )0 00 lO 00 o ce ce 1C3 CI ce IO § vr IO vr X) CI Ci vr Cl to to Cl C-1 Ci vr o 5< s ^ la *!r CI CI o CI in to ^ o CI »>. Cl ^ es t^ Cl o o t^ lO o -i iï< o Kl Cl t>. *^ IO t^ ce VT — t>. vr Cl •^ m Cl ■^ o -- CI 10 *^ lO o t>. 00 Ci O - (?J to vr IO o r>. 00 es SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. 17 Fixation du jour de l'an. XVI. La partie diurne du moled d'une année quelconque indiquerait toujours le quantième du jour de l'an dans la semaine, si d'anciens usages israélites n'avaient pas obligé l'auteur du Calendrier de s'imposer les cinq modifications ou exceptions suivantes : Première exception. Jacli , ou 18. Cela veut dire que quand la partie horaire du moled de l'an est 18 heures ou plus grande que 18 heures, on doit ajouter 1 jour à la partie diurne pour indiquer le quantième du jour de l'an dans la semaine. Exemple. Le moled de l'an 5617 est 2^- 19''- 617^'''-. Cette année doit commencer par 5 ou un mardi. Voici le motif de cette exception : d'après les juifs, la lune ne devient visible à l'œil nu que 20''- 20"" au moins après la conjonction vraie; la con- jonction calculée ou moyenne arrive, au commencement de l'automne, 15''- /iS"- après la conjonction réelle; il en résulte que le croissant du jour de l'an ne serait visible que 6''- o5"'- après le moled calculé; ce serait donc le lendemain du jour indiqué par la partie diurne (si la partie horaire est de 18 heures ou au-dessus) que les premiers linéaments de la nouvelle lune seront visibles à l'œil nu. Deuxième exception. Adou, ou 1, 4,6. Cette exception s'explique ainsi : les dimanche, mercredi et vendredi sont exclus pour le jour de l'an; de sorte que chaque fois que la partie diurne du moled d'une année est 1 , 4 ou 6, le jour de l'an doit être rerais au 2, 5 ou 7, c'est-à-dire au lendemain du jour exclu. Exemple. Le moled de l'année 5619 est A^- 15'' 209'=''''. Cette année doit commencer par 5 ou un jeudi, le 4 étant exclu. Mairaonides dit que cette exception est motivée sur la nécessité de rapprocher le mouvement moyen du mouvement propre. D'autres la mo- tivent sur la nécessité de ne pas avoir deux jours consécutifs d'interrup- tion dans les travaux; en effet, si on célébrait la fête du jour de l'an le dimanche ou le vendredi, on aurait deux jours de suite d'interruption de Tome XXVI. 3 18 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. travaux, le sabbat et le dimancbe ou le vendredi et le sabbat. Si on en faisait le mercredi, le 10""= jour, le kippour ou la fête d'expiation tombe- rait sur un vendredi, jour suivi par un sabbat. Troisième exception. Jacli, adoii , ou 18 et 1, 4,6. Cette exception n'est que la réunion des deux premières exceptions. Dans ce cas, il faut ajouter 2 jours à la partie diurne du moled pour avoir le quantième du jour de l'an dans la semaine. Exemple. Le moled de l'année 5621 étant 7J lO*"' 594''''-, le jour de l'an devait être indiqué par 8 ou 1 (exception JacA); or 1 est exclu (par l'excep- tion adou); il faut donc remettre le jour de l'an au 2, c'est-à-dire au lundi. Quatrième exception. Gatlirad , ce qui veut dire o^- 9^- 204''''-. En voici l'explication : quand la partie diurne du moled d'une année simple est 5 et que les deux autres parties sont de 9'' 204'''' ou au-dessus, le jour de l'an doit être porté au 5, c'est-à-dire au jeudi. Exemple. L'année 5620 est simple (IX); de plus, son moled étant ô' 10'' 798'=''', le jour de l'an doit être remis au 5, c'est-à-dire au jeudi. Mais si nous prenons l'année 5809, par exemple; cette année est pleine (IX) et quoiqu'elle ait pour moled ô'- 10'' 759'''', elle doit com- mencer le 5 ou le mardi, parce que l'exception n'a pas lieu. Le motif de cette exception est la nécessité de ne point dépasser les nombres assignés aux années dans l'article (Yl). En efl'et, si le moled d'une année simple est 3J- 9''' 204''''-, celui de l'année suivante sera 7^- 18''- (VII). Or, d'après la ô"'" exception, celte dernière année doit commencer le lundi; donc, l'année précédente finit le dimancbe; et si elle avait com- mencé le mardi , elle compterait 356 jours ; mais une année simple ne peut jamais avoir plus de 355 jours (voy. VI et XVII). Il faut donc re- mettre au jeudi (4 étant exclu) le commencement de l'année simple qui aurait pour moled ô>- 9''- 204'''' . Cinquième exception. Bthou-Tnkpalh , ou 2J 15'' 589''''-, c'est-à-dire que lorsque la partie diurne d'un moled d'une année simple précédée d'une pleine est 2, et que les deux autres parties sont de 15''- 589'''' ou au- dessus, le jour de l'an doit être porté au 5, ou au mardi. Exemple. L'année 5688, qui est une année simple , précédée d'une SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. 19 année pleine (voir IX) et qui a pour moled 2^- 16''- 271'''' , doit commencer par un 5, ou un mardi. La raison est la suivante : si l'année qui a pour moled 2^- 15'" 589'"'' commençait le lundi , l'année précédente finirait le dimanche ; or, le moled de cette dernière (qui est pleine) est, d'après (VII), 2J IS""- 589''"' — DJ- 21''- 589'^''' = ôJ- 18''-. D'après l'exception 5, cette année doit commencer le jeudi; mais pour qu'une année pleine commence un jeudi et finisse un dimanche, il faut qu'elle n'ait que 382 jours, et comme cela est impossible (VI), on doit donc remettre le commencement de l'année en question au mardi, quand la condition s'y trouve remplie. XVII. Nous avons vu (VI) qu'il y a six espèces d'années juives, savoir : trois espèces d'années simples et trois espèces d'années pleines, dont voici le tableau : Espèces. Annces, Jours. Semaines. Jours. 1 Défectueuse \ l 353 50 3 2 Régulière ; simple ^ 354 50 4 3 Complète ) ( 355 50 5 4 Défectueuse \ / 383 54 5 5 Régulière / pleine | 384 54 G 6 Complète ) ( 385 55 0 Pour connaître quelle est l'espèce d'une année donnée , il faut com- mencer par calculer le moled-tiscliri de cette année, ainsi que celui de l'année suivante; de là on conclut facilement le quantième du jour de l'an dans la semaine pour l'une et l'autre année. Retranchez le premier du second; si le reste est 5, l'année est de première espèce (défectueuse); elle sera de 2"^ espèce (régulière), si le reste était 4 ; quand le reste est 5 et que l'année est simple, cette année doit être de 3""^ espèce (complète); mais si elle est pleine, le reste étant toujours 5, elle serait de 4""' espèce; enfin, selon que le reste est 6 ou 0, l'année est de 5""^ ou de G"-" espèce. Prenons pour premier exemple l'année 5617. Le moled de cette année est 2J- Id^ 617^''' , celui de l'année suivante 5618 est !>■ i*"' 413^''' ; l'année 5617 commence donc par un 3 (exception jacA); celle de 5618, par un 7 ; or 7 — 3=4, donc, l'année donnée 5617 est une année d<.' 20 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. 2""= espèce (régulière), et elle doit compter 354 jours ou 50 semaines et 4 jours. 2™^ exemple. L'année 5615. Le moled de cette année est 5^- 6''- 927'''' , celui de 5614 est 2^' 4''' 456''''''. La première commence par 5, la seconde par 2. La différence est 2 — 5 ou bien (7 -|- 2) — 5 = 6. Donc, l'année 5615 est de 5"'« espèce et elle doit avoir 584 jours ou 54 semaines et 6 jours. 5'"'' exemple. Soit l'année 561 5 ; le moled de cette année est 6^- 1 5''- 252'''''-, celui de 5616 est 5^- 22''- 28''''' ; ces deux années commencent par 7 et 5, la différence est 5 — 7 ou (7 +5) — 7 = 5, et comme l'année proposée est une année simple (IX), elle est par conséquent de troisième espèce et elle doit avoir 555 jours ou 50 semaines et 5 jours; mais si nous pre- nons l'année 5616 pour exemple, nous trouverons que cette année com- mence par un 5; l'année suivante commencera par un 5. La différence ."5 — 5 ou (7-1-5) — 5 = 5: cette différence étant 5, et l'année étant embolismique , l'espèce est la quatrième. XVIII. La connaissance de l'espèce d'une année détermine les lon- gueurs des deux mois variables, marscliesclnvan et làslew (VI); or, on recon- naît que l'année a un ou deux adar, selon qu'elle est simple ou pleine (VI); donc, la connaissance du jour de l'an et la longueur de l'année suffisent pour dresser tout le calendrier de cette année : car toutes les fêtes judaïques sont immobiles, comme on le verra bientôt. Les juifs choisissent pour construire leur calendrier les trois données suivantes : 1" le quantième du jour de la semaine auquel correspond le jour de l'an; 2° l'espèce ou la longueur de l'année; 5° le quantième du joui' de la semaine auquel correspond le 15 nissan , premier jour de la fête de Pcàque. On appelle ces trois données kbiotli (détermination). XIX. Je vais donner maintenant les principes d'après lesquels j'ai con- struit la table qui va suivre et qui sert à déterminer les jours initiaux des mois hébreux, quand on connaît l'espèce de l'année et son jour initial. Les es- pèces d'années étant au nombre de 6, le jour de l'an, restreint dans quatre jours de la semaine (lundi , mardi , jeudi et samedi ), on a en tout 24 com- binaisons dont on peut en exclure 10. En effet, on voit sans peine que : 1° Si le jour de l'an est le 2 ou le 7 , l'année ne peut être ni de deuxième SUR LE CALEISDRIER JUDAÏQUE. 21 ni de cinquième espèce; il y a donc quatre combinaisons à excluie (2 pour chacun) ; 2" Si le jour de l'an est un 5, l'année est de deuxième ou de cin- quième espèce; il y a donc encore quatre combinaisons à exclure; 5" Lorsque l'année commence par un 5, elle n'est ni de première ni de cinquième espèce; il y a par conséquent deux combinaisons à exclure. On voit par là que les 24- combinaisons se réduisent à 14 combinai- sons possibles et dont voici le tableau : Jours d<- l'an F.spiJces d'années possibles. 2 1, 3, 4, 6. I 5, 4, 6. o 3, o. 5 2, ô, 4, 6. 11 suffit donc de 14 calendriers pour avoir un calendrier perpétuel, quant aux fêles et jours initiaux des mois. XX. C'est d'après ces principes que j'ai construit la table suivante dont j'ai parlé dans le paragraphe précédent. Elle se compose de deux parties : l'une est pour les années simples, l'autre pour les années pleines. Ainsi, quand on connaît le jour de l'an, l'espèce de cet an et qu'on entre en tète de la table par le premier, et en dessous par le second (l'espèce d'année) sur une même colonne, on trouvera immédiatement l'initial de chaque mois, dans la case commune, entre la colonne verticale et la colonne horizontale qui passe par le mois dont il s'agit. Premier exemple. L'initial de l'année 5017 étant 5, de plus, cette année étant de 2""" espèce, les initiaux de 12 mois qui font l'année donnée se trouvent sans peine, en cherchant dans la première partie de la table lli (l'année étant simple) la colonne verticale qui porte en tête 5 et 2 en dessous. Celte colonne est la quatrième. Elle nous fait voir que liscliri commence le 5 (mardi), marscliescliivan le 5 (jeudi), kisleiv le 6 (vendredi), tebetli le 1 (dimanche), etc., etc. 2"'' exempte. L'année 3616 commence par un o; elle est de 4"'"= espèce 9-1 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. (pleine et défectueuse). On cherche, dans hi 2""^ partie de la table, la colonne verticale en tête de laquelle se trouve 5 et en dessous de laquelle est 4. Cette colonne est la cinquième; on y lit 5 vis-à-vis de tisclwi , 7 vis-à-vis de marscheschwan , 1 devant Idslew , 2 dans le parallèle de tebetli, etc., etc. TABLE m. itnnées simples. 1 Années pleines. 1 MOIS. 2 2 5 o g 7 7 Jiors. 2 2 3 5 5 7 7 Tischri ÔO 2 2 3 5 3 7 7 Tischri 30 . 2 2 3 5 3 7 7 Marscheschwan 29, 30. 4 4 5 7 7 2 2 Marscheschwan 29, 30. 4 4 3 7 7 2 2 KislewôO, 29 .... 5 6 C 1 2 3 4 Kisiew 30, 29 5 6 G 1 2 '3 4 Tebelh 29 6 ] 1 3 4 4 G Tebeth 29 6 1 1 2 4 4 6 Scliebath ôO 7 2 2 4 5 3 7 Schebath 30 7 2 2 3 5 5 7 AJar 29 2 4 4 6 7 7 2 Adar30 2 4 4 3 7 7 2 ! Nissan 30 [ 3 5 5 7 1 1 3 Veadar29 4 fi 6 7 2 2 4 ! Yar 29 '5 7 7 2 3 3 5 Nissan 30 5 7 7 1 3 3 3 1 Siwan 30 6 1 1 3 4 4 6 Yar 29 7 2 2 3 5 5 7 Tliamouz 29 I 5 3 3 0 6 1 Siwan 30 1 3 ô 4 6 6 1 Ab 30 2 4 4 6 4 6 C 1 7 2 7 2 2 4 Thaniouz 29 3 5 6 1 5 fi I 6 7 2 1 2 4 1 2 4 ô 4 C Eloul 29 1 Ab 30 4 6 Eloul 29 Espèces d'années . . . 1 3 2 2 3 1 Ô Espèces d'années ... 4 0 3 4 G 4 C Tekotiphalli. XXL Ce mot peut s'expliquer par : commencement des saisons. II y a quatre tekouphalk, savoir : 1° Tekouphalli-lischri, ou commencement de l'automne; 2" — tebeth, — de l'hiver; ô° — nissan — du printemps; 4° — tliamouz — de l'été. Ces tekoiipliatli se trouvent insérés dans les louah des juifs. SLR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. '■25 Le teliouplutlli-liscliri de la création a eu lieu , selon les juifs, 12^- 20" 204''"' avant le moleci -lise lui de la création. Le Talmud assigne pour la durée de chaque teknuphalh 91J- 7| heures : c'est exactement le quart de l'année julienne. On se rappelle qu'on a vu (Vlll) que la durée de 19 de ces années est plus grande de !''• 485''''- que celle de 19 années judaïques. L'ensemble de ces notions nous mène à une règle très-facile pour trouver le jour judaïque où tombe le tekoupliatli-tiscliri d'une année quelconque. Celte règle est la suivante : divisez le millésime de l'année moins un par 19, le quotient sera le nombre des cycles écoulés; le reste, les années écoulées dans le cycle courant. Multipliez le quotient par l""- 486''''-; ajoutez le résultat à l'avance que vous trouverez dans la table IV (article XXIV), vis-à-vis de votre reste; déduisez de la somme 12^ 20''- 204''''-; la partie diurne plus 1 vous donnera le quantième du jour dans lequel tombe le tekouplialh-liscliri, en comptant du jour où le moted-tischri a eu lieu. Exemple. On demande le tekouplialh-liscliri de l'année 5615 du monde; la division de 5614 par 19 donne 295 pour quotient et 9 pour reste, donc : j. h. chJ. 295 X (1" iSo'"') 17 19 SI5 La lable IV donne vis-à-vis de 9 9 8 837 Somme 27 4 272 Helranchez dp ceue somme la constante . . . 12 20 204 14 8 68 il reste 14J- 8'' 68'''' , donc, le 15"'^ jour après le moled-liscfiri de l'année 5615 est le tekouplialli-liscliri de cette année; or, le moted-tiscliri de 5615 tombe un vendredi (XV), le l" liscliri, le samedi (exception «(/ow). Donc le 15""= jour après le inoled est le 14"' lischri; le lekoiiplialli-tiscliri arrive, par conséquent, le 14""= jour du mois de même nom. On pourra trouver sans difficulté les autres tekoiiphalli en ajoutant à celui de liscliri 91^ 7''^, 182J- IS"- et 275J- 22" |. Je n'insisterai pas davantage sur ce point peu important, vu qu'il est basé sur deux principes fautifs, l'égalité des durées des quatre saisons et la supposition que l'année tropique est de 565^ 6'' . 24 SUR LE CALE? 2 21 18 408 12 12 11 330 3 P. 3 2 899 13 23 8 seo 4 14 0 25 14 P. 4 l(i 1031 5 24 21 227 15 15 14 173 G P. 6 5 718 16 26 1 1 379 7 17 2 922 17 P. 7 19 870 8 P. — 1 12 747 18 18 16 1074 9 9 8 837 19 P. 0 1 485 10 20 5 741 1 1 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. 29 L'année marquée P dans la table est une année pleine; le nombre — jj i<2}'- y^y-îi'' placé vis-à-vis de la huitième année, est un retard; il signifle que le moled-lischri de cette année arrive plus tard dans le style julien; tous les autres sont des avances. XXV. Quand on veut maintenant savoir la date julienne du moled-tiscliri d'une année juive, il faut d'abord chercher l'année julienne dans laquelle tombe lischri de l'année proposée : il suffît pour cela de déduire 5761 du millésime de cette année; ensuite, on calcule de combien de jours, d'heures et de parties d'heure, le moled a avancé sur son temps primitif dans l'an- née julienne. En déduisant cette avance de 280^- 5'' 20 i'''', on aura la date cherchée. Exemple. — Pour connaître la date julienne du moled-lischri de l'année juive 5617, on cherche l'année julienne courante en déduisant 5761 de 5617, et on trouve 1856. Ensuite, on divise 5617 moins un par 19, on aura pour quotient 295 et pour reste 11; cela veut dire qu'il y a 295 cycles et 11 années d'écoulés depuis l'époque de celte ère; mais l'avance de chaque cycle est l*" 485''''-, l'avance correspondante à 11 années, dans la table IV, est 1^ U'' 152'^'''-, donc la somme 295 (!"• 485^''') + 1^- 14"- 152^'''- ou 17J 19''- 515^''' + 1^- 14''- 152'^'''- = 19^- 9'^- 667"=''' sera le nom- bre de jours, d'heures et de parties d'heure, desquels le moled-lischri de l'année 5617 arrive plus tôt dans l'année julienne que celui de l'an 1 de la création; or, le temps du moled de l'année 1 est, d'après le para- graphe XXIV, 280J- 5"- 204'='''-, donc 280^- 5''- 204'"' — 19J- 9"- 667'''' = 260J- 19''- on'""' est la date cherchée; c'est-à-dire que le moled-lischri de l'an 5617 tombe le 261""^ jour ou le 17 septembre de l'année 1856 julienne, à 19''' 617''''- du jour judaïque; ce jour est, d'après les calculs des moled, un lundi; le 1" tiscliri 5617 sera (exception yach) le lendemain mardi 18 septembre 1856, vieux style, ou le 50 septembre, nouveau style. XXVL L'année 5761 avant J.-C, dans laquelle le moled de la création a eu lieu étant une année bissextile dans le style julien, le calcul que nous venons de développer ne doit subir aucune modification quand l'année julienne dans laquelle tombe le mois de lischri de l'année juive donnée, est 30 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. une année bissextile; l'an 185G étant bissextil , l'exemple précédent tombe dans ce cas. Mais quand cette année est ordinaire, il faut déduire du résultat précé- dent 18, 12 ou 6 heures, selon que l'année est la 1'''=, la 2""^ ou la 5'"" après une bissextile; la raison en est très -simple; la voici : l'année bissextile julienne étant de 18 heures plus longue, et l'année commune de 6 heures plus courte que la véritable année julienne, qui sert de base à tout le cal- cul, il en résulte que le commencement de la première année après une bissextile avance de 18 heures, celui de la deuxième, de 12, et celui de la troisième, de 6 heures. Exemple. — Cherchons la date julienne du moled-lischri de l'année 5G22; 5022 — 5761, ou 1861 est l'année julienne dans laquelle tombe le moled cherché : cette année est la première après une bissextile. La division de 5622 — 1 par 19 donne pour quotient 295 et pour reste 16. j. h. chl. L'avance en 293 cycles est 295 (l"- 483"") =17 19 515 — en 16 ans, table IV 26 11 579 L'année julienne étant la I" après une bissextile, on a encore . 18 Somme 45 0 894 Le temps du moled de l'an 1 est 280 5 204 En déduisant ih> 0" gGi"-''' de 280>- 3"- 204'^'" , on a. . . . 235 4 390 donc le moled cherché arrive à A^- 390''''' du 256™*= jour, ou le 24 août 1861 de l'année julienne (5 septembre, n. st.). Le calcul du moled, d'après le paragraphe XV, nous montre que ce jour est un jeudi, et comme au- cune exception n'a lieu ici, ce jour sera en même temps le 1" tiscliri. XXVII. Quant à la question inverse qui consiste à trouver la date juive correspondante à une date julienne donnée, on cherche d'abord l'année juive dans laquelle tombe le mois de janvier de l'année proposée. Pour cela, on ajoute 5760 au millésime de l'année julienne; l'année du monde étant connue par ce moyen, on en calcule le jour de l'an et l'espèce (XVI, XVII) pour déterminer la longueur des deux mois, marschesciman et kklew. Ensuite on calcule (XXVl) la date julienne qui correspond au premier SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. 31 tiscliri de l'année juive qu'on vient de trouver. L'on obtient ainsi sans peine la date juive correspondante à la date julienne donnée. Exemple. — A quelle date judaïque correspond le 15 février I8o5, vieux style (27 février, nouveau style)'^ On ajoute 5760 à 1855, et la somme 5615 est l'année juive dans laquelle tombe le mois de janvier 1855. La date qui correspond au I" tiscliri 561o est, d'après le paragraphe XXVI. le samedi 11 septembre 1854, vieux style, ou le 25 septembre 1854, nou- veau style. Or, l'année 5615 est de troisième espèce (XVII), ou complète; donc marscliescliwan et kisleiv ont chacun 50 jours ; de là résulte le tableau suivant : Samedi. Lundi . Mercredi Vendredi Samedi. Lundi . Mardi . Jeudi. . Vendredi Dimanche Lundi . . Mercredi . i tiscliri 56\5. . . correspond à 23 septembre 1854, n. st. 1 marscheschwan . — 1 kisleiv — 1 tebelh — i cheballi — 1 adar — 1 nissan — \ yar — 1 siwan t lamouz — { ab — 1 eloul • — 23 octobre. 22 novembre. 22 décembre. 20 janvier 1835, ii. si. 19 février. 20 mars. 19 avril. 18 mai. 17 juin. 16 juillet. 15 août. Ce tableau ne fiiit pas seulement connaître que le 27 février 1855, nouveau style, est le 9 adar 5G15, mais il nous présente, de plus, le calen- drier complet de l'année 5615 du monde, vu que les fêtes judaïques sont immobiles et qu'il ne faut que consulter le paragraphe XXIII pour se rap- peler de leur place dans ce tableau. Celui qui recule devant ces petits calculs trouvera toute faite, dans la table suivante, la concordance des deux ères (l'ère judaïque et l'ère gré- gorienne) pour deux siècles et demi, de 1845 à 2100. 52 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. TJBLE de la concordance de 1ère judaïque avec l'ère grégorienne. judaïques. 5600 5607 5608 5603 5610 5611 5612 5615 5614 5615 5616 5617 5618 5619 5020 5621 5622 562Ô 5624 5625 5626 5627 5028 5629 56Ô0 5631 5632 5633 5634 5635 d'années. (•) MOLED-TISCHRI. 4 15 2 0 6 9 769 565 36! 5 6 950 2 15 746 7 0 542 5 22 51 ô 6 927 2 4 436 6 13 232 3 22 28 2 19 617 7 4 413 4 13 209 3 10 798 7 19 594 5 4 390 4 1 979 1 10 773 7 8 284 4 17 80 2 1 956 7 23 465 5 8 261 2 17 57 1 14 646 5 23 442 4 20 1031 2 5 827 6 14 623 du jour del'an dans la semaiDe. (") Le 1 TISCnRl cor- respond a 2 octob. 21 sept. 11 « 28 ^ 17 n 7 sept. 27 .' 14 n 3 oc(ol). 23 sept. 1 3 sept. 30 « 19 .. 9 » 29 n 17 sept. 5 .. 25 « 14 « 1 octob 21 sept 10 .' 30 « 17 .. 6 „ 26 sept. 16 » 3 octob. 22 sept. 12 . gre goriennes. 1843 1846 1847 184»b. 1849 1850 1851 !852b. 185Ô 1854 18.35 1850 b. 1857 1858 1859 1860b. 1861 1862 1863 1864 b. 1865 1866 1867 1868 b. 1809 1870 1871 1872 b, 1873 1874 judaïques. 5036 5637 5658 5639 5640 5641 5642 5643 5644 5645 3046 5047 5048 5049 5650 5651 5652 5633 5634 5635 3050 5657 5038 5659 5060 3661 5662 5603 5604 5063 espèces d'années. MOLED-TISCBBI. 5 12 132 2 20 1008 7 3 804 6 3 313 3 12 109 7 20 985 6 18 494 4 3 290 3 0 879 7 9 675 4 18 471 3 15 1060 1 0 830 3 9 652 4 7 161 du jour de l'an dans la semaine. 1 15 1037 2 7 13 540 7 4 22 542 3 2 7 138 2 1 4 727 2 5 13 523 2 22 319 1 19 908 0 4 704 3 13 500 2 11 9 6 19 883 5 17 394 3 2 1 90 7 10 1066 Le 1 xiscnni cor- respond à 30 sept. 19 » 8 .. 28 .. 18 .. 6 sept. 24 .. 14 « 2 oelob. 20 sept. 1 0 sept. 30 « 19 „ 6 » 26 » 15 sept. 3 octob. 22 sept. 11 « 1 octob. 1 9 sept. 17 .. 5 ., 24 sept. 14 .. 2 octob 22 sept. 10 ., années gré- goriennes. 1875 1876 b. 1877 1878 1879 1880 b. 1881 1882 1883 1884 b. 1885 1886 1887 1888b. 1889 1890 1891 1892 b. 1893 1894 1895 1896 b. 1897 1898 1899 1900 1901 1902 1903 1904 b. C) Seiun que l'espèce est 4 , S ou 6 , l'année juda'i'que est défectueuse-pleine , régulicre-pleine ou complèle-pleine. {") 1 est le dimanche , 2 le lundi , 3 le mardi . etc. SUR LE CALE^JDRIER JUDAÏQUE. 35 judaïques. MOLBD-TISCHRI. ÇUANTlEUe du jour de l'an dans la semaine. 5666 5667 5608 5669 5670 5671 5072 5673 5674 5675 5676 5677 5678 5679 5680 5681 5682 5683 5084 5685 5686 5687 5688 5689 5090 5691 5692 5693 5094 5695 5696 5697 5698 5099 5700 i- n- 6 8 chl. 575 3 17 371 1 2 167 6 23 756 4 8 552 3 6 61 7 14 937 4 23 733 3 21 242 1 6 38 5 14 914 4 12 423 1 21 219 6 6 15 5 3 004 2 12 400 2 1 9 989 2 5 18 785 7 5 3 581 3 2 1 90 2 6 9 966 3 18 702 2 10 271 7 1 67 5 22 050 3 7 452 7 16 248 6 13 837 3 22 035 1 7 429 7 4 1018 7 4 15 814 5 1 22 610 2 7 20 119 2 5 4 995 5 Le cor- respond â gré- gorieoDes. 30 sept. 20 " 9 .. 26 .. 16 .. 4 octob. 23 sept. 12 .. 2 octob. 21 sept. 9 sept. 28 « 17 .. 7 « 25 .. 13 sept. 3 octob. 23 sept. 11 . 29 » 19 sept. 9 .- 27 .. 15 " 5 octob. 23 sept. 12 « 1 octob. 21 sept. 10 « judaïiues. 1905 1900 1907 1908 b, 1909 1910 1911 1912b. 1913 1914 1915 1916b. 1917 1918 1919 1920 b. 1921 Î922 1923 1924 b. 1925 1926 1927 1928 b. 1929 1930 1931 1932 b. 1933 1934 28 sept. 1935 17 » 1936 b 6 » 1937 26 .. 1938 14 » 1939 espèces MOLED-TISCBKI. QOAHTUIE du jour de l'an dans la semaine- Le 1" Tisons cor- respond à 5701 5702 5703 5704 5705 5706 5707 5708 5709 5710 5711 5712 5713 5714 5715 5710 5717 5718 5719 5720 5721 5722 5723 5724 5725 5726 5727 5728 5729 5730 5731 5732 5733 5734 5735 4 2 1 11 5 20 4 17 2 2 chl. 504 300 96 685 481 6 11 277 5 8 800 2 17 062 1 15 171 5 23 1047 3 8 843 2 6 352 6 15 148 3 23 1024 2 21 333 7 G 329 4 15 125 3 12 714 7 21 510 6 19 19 4 3 895 1 12 691 7 10 200 4 18 1070 2 3 872 1 1 381 5 10 177 4 7 706 1 16 562 6 1 358 4 22 947 2 7 743 6 10 539 5 14 48 2 22 924 5 5 7 5 5 2 7 5 2 7 5 2 2 5 5 années gré- goriennes. 3 octob. 22 sept. 12 n 30 .. 18 .' 8 sept. 26 .. 15 « 4 octob. 24 sept. 12 sept. I octob. 20 sept. 10 » 28 » 17 sept. 6 » 26 » 15 » 3 octob. 22 sept. II " 29 » 19 « 7 » 27 sept. 15 ■-■ 5 octob. 23 sept. 13 . 1 octob. 20 sept. 9 " 27 ■> 17 .. 1940 b. 1941 1942 1943 1944 b. 1945 1946 1947 1948b. 1949 1950 1951 1952 b. 1955 1934 1955 1936b. 1957 1958 1959 1960 b. 1961 1962 1963 1964 b. 1965 1906 1967 1968 b. 1969 1970 1971 1972 b. 1973 1974 Tome XXVI. 34 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. judaïques. MOLeD-TiaCHRI. QUAnTUMB du jour de l'ao daps la semaine. Le TISCHBI cor- . : coriennes. rcspoDd a , "^ judaï()ues. espèces UOLED-TISCUKI. Quantième du jour de l'ao dans la semaine. Le 1°' Tiscani cor- respond a 5736 5737 5738 5739 5740 5741 5742 5743 5744 5745 5746 5747 5748 5749 5750 5751 5752 5753 5754 5755 5756 5757 5758 5759 5760 5761 5762 5763 5764 5765 5766 5767 5768 5760 5770 j. h. chl. 7 7 720 6 5 229 3 14 25 2 11 614 6 20 410 4 5 206 3 2 795 7 11 591 4 20 Ô87 3 17 976 5 1 2 772 2 7 0 281 7 4 9 77 5 1 17 953 2 7 15 462 7 5 0 258 5 2 9 54 2 1 6 643 2 5 15 439 5 3 0 235 3 1 21 824 2 6 6 620 7 5 4 129 5 2 12 1005 2 6 21 801 7 5 19 310 7 3 4 lOG 3 7 12 982 7 6 10 491 7 3 19 287 5 2 16 876 3 7 1 672 7 4 10 468 5 3 8 1057 3 7 16 853 7 7 6 sept. 7 25 .. 3 13 .. 2 2 octob 7 22 sept. 5 11 sept. 3 29 .. 7 18 .- 5 8 » 5 27 .. 16 sept. 4 octob. 24 sept. 12 0 30 » 20 sept. 9 .. 28 .. 16 . 6 .. 25 sept. 14 " 2 octob. 21 sept. 11 » 30 sept. 18 « 7 . 27 . 16 . 4 octob. 23 sept. 13 « 30 " 19 » 1975 1976 b. 1977 1978 1979 1980 b. 1981 1982 1983 1984 b. 1985 1986 1987 1988 b 1989 1990 1991 1992 b. 1995 1994 1995 1996 b. 1997 1998 1999 2000 b. 2001 2002 2003 2004 b. 2005 2006 2007 2008 b. 2009 5771 5772 5773 5774 5775 5776 5777 5778 5779 5780 5781 5782 5783 5784 5785 5786 5787 5788 5789 5790 5791 5792 5793 5794 5795 5801 5802 5803 5804 5805 6 2 1 6 2 6 1 2 6 3 1 5 3 4 3 Clll. 649 5796 9 5797 { 1 5798 I 6 5799 5800 3 23 158 1 7 1034 5 16 830 4 14 339 1 23 135 7 20 724 5 5 520 2 14 316 1 11 905 5 20 701 3 5 497 2 3 6 6 11 882 5 9 391 2 18 187 7 3 1063 6 0 572 3 9 368 7 18 164 6 15 753 4 0 549 1 9 345 7 6 934 4 15 730 5 13 239 7 22 35 5 fi 911 4 4 420 1 13 216 5 22 12 4 19 601 2 4 397 1 1 986 5 10 782 9 sept. 29 .. 17 " 5 " 25 . 14 sept. 3 octob. 21 sept. 10 .1 30 .. 19 sept. 7 .. 26 .. 16 n 3 octob. 23 sept. 12 « 2 octob. 21 sept. 10 .. 28 sept. 18 » 6 . 24 .- 14 . 4 octob. 22 sept. 10 .- 30 .. 19 . 8 sept. 26 .. 15 0 5 oct. 22 sept. SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE. 55 années judaïques. espèces (rnniiécs. MOLED-TISCHRI. au jour (le l'an dans la semaine. Le l"" TISCIIRI cor- respond à années gré- goriennes. années judaïques. espèces d'années. MOLED-TISCSBI. OCAnTIÉHE du jour de l'an dans la semaine. Le 1" Tiscnni cor- respond à années gré- goriennes. s8oe 5 h. j. 2 19 chl. 578 3 1 2 sept. 2043 5841 6 h. j. 7 13 chl. 307 7 14 sept. 2080 5807 3 1 17 87 2 1 oct. 2046 5842 3 6 11 16 7 4 octob. 2081 b. 380S 1 6 1 903 7 21 sept. 2047 5843 2 3 19 892 3 24 sept. 2082 3809 3 3 10 759 3 8 " 2048 b. 5844 4 1 4 688 2 13 .. 2085 5810 3 2 8 268 2 27 .. 2049 5845 3 7 2 197 7 30 . 2084 b. 5811 3 C 17 04 7 17 sept. 2050 5846 2 4 10 1073 5 20 sept. 2085 3812 4 4 1 940 5 7 ■■ 2031 3847 4 1 19 869 2 9 . 2086 3815 2 2 23 449 3 24 .. 2052b. 5848 3 7 17 378 7 27 .' 2087 3814 6 7 8 245 7 13 ■■ 2053 5849 2 5 2 174 5 16 . 2088 b. 3813 3 6 5 834 7 3 octob. 2034 3830 6 2 10 1050 2 5 . 2089 3816 2 3 14 030 5 23 sept. 2035 5831 1 1 8 559 2 25 sept. 2090 5817 4 7 23 426 2 11 " 2056 b. 3852 6 5 17 355 5 13 - 2091 5818 3 6 20 1015 7 29 " 2037 3833 2 4 14 944 5 2 oct. 2092 b. 3819 2 4 3 811 5 19 .. 2058 5854 3 1 23 740 2 21 sept. 2093 3820 4 1 14 607 2 8 .. 2059 5855 4 6 8 536 7 11 ■■ 2094 5821 3 7 12 116 7 25 sept. 2060 b. 5856 2 5 6 43 5 29 sept. 2095 5822 6 4 20 992 5 15 » 2061 5857 3 2 13 921 2 17 « 2096 b. 5823 2 3 18 501 5 5 octob. 2062 5838 6 6 25 717 7 7 0 2097 5824 1 1 3 297 2 24 sept. 2063 5859 1 5 21 226 7 27 » 2098 5825 6 5 12 93 5 11 o 2064 b. 3860 5 3 6 22 3 15 .. 2099 5826 2 4 9 682 5 1 octob. 2065 5861 3 2 3 611 2 4 octob. 2100 5827 3 1 18 478 2 20 sept. 2066 5862 3 6 12 407 7 24 sept. 2101 5828 4 6 3 274 7 10 " 2067 5829 2 5 0 863 5 27 « 2068 b. 5830 3 2 9 659 2 16 " 2069 3831 6 6 18 453 7 6 sept. 2070 3832 1 5 15 1044 5 26 .. 2071 5833 3 3 0 840 3 15 .. 2072 b. 5834 3 1 22 349 2 2 octob. 2073 5835 1 6 7 143 7 22 sept. 2074 3836 5 3 15 1021 3 10 sept. 2073 3837 3 2 13 330 2 28 n 2076 b. 3838 3 6 22 326 7 18 . 2077 3839 4 4 7 122 5 8 « 2078 3840 2 3 4 711 3 26 » 2079 ■ 56 SUR LE CALENDRIER JUDAÏQUE REMARQUE. jour» _ La durée du mois synodique judaïque étant de '29,5505941558 Celle du véritable mois synodique moyen de 29,550588572 1 lien résulte, par lunaison, une différence de 0,0000053057 et 0^001507 par 235 lunaisons ou 19 années judaïques; donc, les nou- velles lunes restent d'accord avec le ciel dans le calendrier israélite, et elles ne s'en écartent que d'un seul jour en 15000 ans. C'est tout ce qu'on peut exiger d'exactitude dans un calendrier bien fait. Mais cette exactitude n'a pas lieu relativement au soleil. En effet, la différence entre 19 années judaïques et 19 années tropiques étant de OJ5O86G [voii- VIII), il en résulte un écart de plus de 4 jours, par 1000 ans. La conséquence de ceci est que les mois et les fêtes judaïques se dépla- ceront dans l'année solaire et que la Pâque juive (qui est le 15 nissan) sera, dans quelques milliers d'années, célébrée dans le mois de mai et plus lard dans le mois d'avril, etc., etc. FIN MÉMOIRE SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX LA BELGIQUE ORIENTALE, Ch. GRANDGAGNâGE. (Prèseoté iï l'Académie royale de Belgique, le j juillet 1«M ) Tome XXVL TABLEAU DES PRI^CIPAUX AUTEUnS ET DOCUMENTS CITÉS DANS CE MÉMOIRE ET DES ABRÉVIATIONS PAR LESQUELLES ILS SONT DÉSIGNÉS. Alphabet des «erm.— Alphabet des terres, seigneuries, iiefs et dépendances de l'ab- baye de Slaveiot. (Extrait d'un MS. de 1670). Dans l'ouvrage de de Noue cité plus bas, p. 492 sq. Ampliss. coH. — Veterum scriptorum.... amplissiraa collectio , studio Edm. Martene et Urs. Durand , t. II (contenant le Cartulaire des abbayes de Stavelot et de Malmédy). Parisiis, -1724, in-fol. Annales de la Société archéol. d'Arlon. — Annales de la Société pour la conservation des monuments historiques, etc., dans la province de Luxembourg. Arlon. Annales de la Société archéol. de A'amur.— Annales de la Société archéologique de Namur. Namur. Ant. eccl. /!«(/.— Antiquitas ecclesiae AndaginensisSancti Pétri. Dans les Monuments pour servir à l'histoire des provinces de Namur, etc. (voy. plus loin) , t. VIII. Bertholet, Histoire ecclésiastique et civile du duché de Luxembourg et comté de Chiny. Luxembourg, 1741-1745, 8 vol. in-4°. BôcKiNG, Not. dign. — Notitia dignitatum, etc., éd. Ed. Bocking. Bonn, 1859-1853, 2 vol. Caries anciennes. — Cartes publiées aux XVIP et XVIIP siècles, par différents auteurs (Friex, Visscher, de Witt, d'Anville, Kindts, etc.). Voyez plus loin Ferraris et Vander- maelcn. 4 MEMOIRE Catalogue des vicariats. — Calalogus vicarialium quos confert ecclesia Stabulensis. (Extrait du même MS. que l'Alphabet des terres). Dans l'ouvrage de de Noue, p. 493, sqq. Chapeauville ou Chap. — Qui gesta pontifîcum Tungrensium, Trajectensium, et Leo- diensium scripserunl auclores praecipui studio.... R. D. Joh. Chapeavilli typis e.xcusi. Liège, 1G12-IG1G, 5 vol. in-4°. Cod. Loss. — Codex diplomaticus Lossensis. Voy. plus loin au mot Wolters. Compte rendu de la Commission d'Iiistoire. — Compte rendu des séances de la com- mission royale d'histoire, etc. Deux séries de IG et 3 vol. Bru.velles. De NoiiE.^ — Études historiques sur l'ancien pays de Stavelot et Mahnédy, par Arsène de Noiie. Liège, 1848. De Smet. — Essai sur les noms des villes et communes de la Flandre orientale, de la Flandre occidentale et de la Flandre zélandaise. Dans les Mémoires de l'Académie royale de Belgique, tomes XXIV et XXVI (1850, 1851). Dewez. — Géographie ancienne du département de Sambre-et-Meuse, par Dewez, sous- préfet de l'arrondissement de S'-Hubert. Namur, 1812. D'Hemricourt ou d'Heîir. — .Miroir des nobles de Hasbaye , composé... par Jacques de Hemricourt, chevalier de S'-Jean de Jérusalem, l'an 1335 (terminé en 1598) , publié avec une traduction en regard, par le sieur de Salbray. Bruxelles, 1G73; un vol. in-l'ol. Je cite également pour les noies et les variantes, l'édition de Jalheau (Liège, 1791 ) et celle que publie en ce moment, à Bruxelles, iVI. Vasse. Dictionnaires. — 1° Dictionnaires géographiques des provinces de la Belgique, pu- bliés par M. Vanderniaelen. Bruxelles, 1831 et suiv. (le dictionnaire de la province du Brabaut n'a pas encore paru); 2° Diclionnaire géographique de la province de Liège, par Del vaux, de Fouron. Liège, 1841-1852, 2 vol. et un supplément; 3° Nomenclature alphabétique des villes, bourgs et maisons isolées de la province de Liège, par Despa , chef de division au gouvernement provincial. Liège, 1833. Documents publiés par M. de Ram. — Documents relatifs aux troubles du pays de Liège sous les princes-èvèques Louis de Bourbon et Jean de Horne, 1455-1305, publiés sous la direction de la Commission royale d'histoire, par De Ram. Bru.xelles, 1844. In-4°. Ernst. — Histoire du Limbourg (lisez : du duché de Limbourg), suivie de celledes comtés de Daelhem, etc., par Ernst, curé d'Afden, etc.; publiée par M. Lavalleye. Liège, 1857- 1852, 7 vol. Le G' est consacré aux Codd. diplom. Falcoburgensis et Limburgensis; le 7" aux Annales Rôdeuses. Ferr.aris. — Carte chorégraphique des Pays-Bas autrichiens, par le comte de Ferraris. Gravée en 1777 (en 23 feuilles). Index topogr. ex Boll. opère. — Index topographicus Belgii quem ex Bollandiano opère collegit Thysius. Dans le Compte-rendu de la Commission d'histoire, t. VI, p. 200 sqq. Kreglinger. — Mémoire historique et étymologique sur les noms des communes de la province d'Anvers, par A. Kreglinger. Dans les Bulletins de la Commission centrale de statistique, tome III, p. 209 sqq. Bruxelles, 1847; in-4°. Lacomblet ou Lac. — Urkundenbuch fiir die Geschichte der Niederrheins... ans den SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 5 Quellen... herausgegeben von Th. J. Lacomblel, kônigl. preuss. Archivrathe. Dûsseidorf. 1840; 2 vol. in-4°. L'ÉvÊQUE DE LA Basse-Moîjturie, Itinéraire du Luxembourg germanique. Luxembourg, 1844. (J'ai consulté pour les noms des localités du Grand-Duché de Luxembourg, la Table alphabétique des villes, bourgs et maisons isolées, publiée avec l'autorisation du conseil du Gouvernement. Luxembourg, 1847; iu-4°). Liste chronologique des édils el ordonnances de la ■principauté de Slavelot et de Mal- mëdy, de 6S0 à 1795. Bruxelles, 1832. Liste du XV' siècle. — Liste des dépendances de l'abbaye de Slavelot, au XV"' siècle, rapportée en extrait par M. de Noiie, p. .519 sqq. MiRAEUs ou MiR. — AuBERTi MiRAEi Opcra diplomatica, etc., éd. secunda. Bruxelles, 1725-1748; 4vol.iu-fol. Mon. Germ. — Monumenla Germaniae historica , éd. Pertz. Hannovre, 1826 et suiv. (En cours de publication ; jusqu'à présent 12 vol. et une livraison). In-fol. L'ouvrage est divisé en deux séries, celle des écrivains et celle des lois : je cite les volumes, sauf dési- gnation contraire, d'après l'ordre qu'ils occupent dans la série des écrivains. Mon. A'am. — Monuments pour servir à l'histoire des provinces de Namur, de Hainaut et de Luxembourg, publiés par la Commission royale d'histoire. Bruxelles; 8 vol. in-4°. MS.n° 188. — Manuscrit de la bibliothèque de l'université de Liège, contenant, entre autres pièces, une quantité de chartes copiées par le chanoine Van den Berch vers le milieu du XVH"" siècle. M. Gachet en a publié des extraits étendus dans le t. IX du Compte rendu de la Commission royale d'histoire. Partage de 870. — Acte du partage du royaume de Lothaire entre Louis le Germanique et Charles le Chauve, en 870. Dans les Mon. Germ. 1 , 488 sqq., Leg. , I, 517. Qurx, Geschichte der Stadt Aachen, mit einem Codex diplomaticus Aquensis. Aix-la- Chapelle, ISiO sq.; 2 vol. in-4°. RiTz. — Urkunden . . . zur Geschichte des Niederrheins und derNiedermaas, herausg. von W. Ritz. Aix-la-Chapelle, 1824. La première livraison de cet ouvrage, qui a seule paru, contient la plupart des diplômes du cartulaire de Stavelot et de Malmédy qui sont omis dans ÏAmplissima collectio. Vandermaelen. — 1° Dictionnaires géographiques, cités plus haut; 2° Carte de la Bel- gique, sur l'échelle de 1 à 80,000, en 25 feuilles. (En cours de publication). — J'ai aussi consulté pour certaines localités la grande carte en 250 feuilles publiée par le même. Wastelain ou Wast. — Wastelain, Description de la Gaule belgique, etc. Bruxelles, 1788; 1 vol. en deux parties. WiLLEMS. — Mémoire sur les noms des communes de la Flandre orientale. Dans les Bulletins de la Commission centrale de statistique, t. H, p. 287 sqq. Bruxelles, 1845; in-4°. WiLTHEMius. — Luciliburgensia sive Luxemburgum romanum. OEuvre posthume, publiée par Neyen. Luxembourg, 1842; in-4°. WoLTERS. — Cet auteur a publié, jusqu'à présent, 15 ouvrages historiques, accom- 6 MÉMOIRE SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. |);igiiés (le documents, sur différentes localités de la province du Limbourg (à Gand , chez (iyseiynck, et à partir de 18iG). La plupart étant dénommés : Kotice historique , nous avons adopté cette désignation pour tous (abrégée de la sorte: Not. sur ), excepté pour le Codex diplomaticus Lossensis, que nous avons indiqué par l'abréviation : Cod. Loss. Zel'ss, Graramatica celtica. Leipsig, 1855; "2 vol. d'une seule pagination. Les titres des autres ouvrages cités sont, ou suffisamment connus de tous, ou men- tionnés en toutes lettres. Nous n'avons d'autre particularité typographique à signaler que l'emploi des petites capitales pour les noms supposés. MÉMOIRE LES ANCIENS NOMS DE LIEUX LA BELGIQUE ORIENTALE. On peut aborder par quatre côtés différents la question si controversée de l'origine des Wallons : l'examen anatoniique et physiologique de la race, l'étude et la recherche des débris que l'antiquité a laissés après elle sur ou sous le sol, la discussion des monuments écrits de l'histoire, enfin l'analyse des mots, et surtout des noms de lieux. Je n'ai pas besoin de signaler la valeur des trois premières sources d'information ; pour l'aire apprécier celle de la dernière, qui est moins généralement reconnue, il me suffira de constater que les mots portent nécessairement l'empreinte du peuple qui les a créés. Les mots sont donc de vraies médailles, souvent plus ou moins frustes, sans doute, mais par contre d'une provenance moins suspecte que ne l'est celle de bien des médailles métalliques. Après avoir interrogé les documents historiques [Bulletin de ClnslUid archéologique tic(jeois, t. I""") et recherché l'origine des noms communs {Dic- lionnaire étijmolocjique de la langue wallonne), je vais aborder la question pres- que toute neuve des noms de lieux. L'état des choses nous oblige de sub- diviser cette étude en deux parties : il faut nécessairement commencer par les noms anciens pour retrouver les formes primitives, qui seules nous 8 MEMOIRE intéressent, mais comme on n'en peut obtenir que des listes très-incom- plètes, quelque peine que l'on se donne pour les recueillir, c'est seule- ment sur les noms modernes qu'il est possible d'entreprendre un travail systématique. Ce premier mémoire a donc exclusivement pour objet l'étude des noms anciens de lieux. Si, d'un côté, il dépasse les limites territoriales oîi il pour- rait se renfermer, sous tous les autres rapports il est loin de vouloir épui- ser la matière. Nous ne dirons pas que c'est par la raison qu'elle est inépuisable, car nous ne prétendons nullement atteindre aux limites du pos- sible. Les difficultés se présentent ici, en effet, dès les premiers pas. Il ne suffit plus, comme pour les noms modernes, de parcourir des vocabulaires et des cartes, il faut d'abord se créer l'un et l'autre en lisant les anciennes chartes et en recherchant, à l'aide d'indications très-diverses et souvent très- insuffisantes, la position des endroits qui y sont mentionnés : travail con- sidérable, compliqué encore par cette difficulté que les noms sont parfois étrangement corrompus, soit par la faute des rédacteurs mêmes de la charte, soit parce que leur écriture, souvent très-difficile, a été mal lue par les copistes, soit enOn par le fait des imprimeurs. Il n'est pas surprenant en présence des deux premiers obstacles, que les éditeurs des documents anciens laissent sans explication le plus grand nombre des noms, et que leurs essais d'explication sont aussi , je ne crains pas de le dire, en grande partie eiTonés. En supposant, pourtant, que nous eussions terminé ce travail quasi interminable, nous ne serions encore qu'à mi-chemin de notre but, puisque, pour tirer des noms de lieux des conclusions relatives à l'origine des peuples, il faut avoir reconnu d'abord la provenance de ces noms, c'est-à-dire s'ils sont celtiques, latins, allemands, néerlandais, etc. Or, une science beaucoup plus vaste que la nôtre ne suffirait pas encore à cette analyse, par la raison même qui donne aux noms propres anciens leur importance, c'est-à-dire parce qu'ils appartiennent à des langues, des dialectes, ou des époques, dont ils sont presque les seuls témoins. Une cause secondaire est que les rédacteurs de chartes, etc., ont trop souvent reproduit les noms d'après le génie de leur propre langue, soit en modi- fiant la forme, ou même en traduisant le nom entier ou une partie du SUR LES ANCIENS NOxMS DE LIEUX. 9 nom. C'est, d'ailleurs, ce qui a lieu généralement sur les frontières, où la plupart des endroits ont une forme différente dans chacune des deux lan- gues. Pour ne pas entreprendre un ti^avail auquel nous n'eussions pu prévoir un terme, nous avons donc dû nous borner à un simple aperçu. Voici ce que nous avons fait pour atteindre notre but, tout en nous renfermant dans de certaines limites. En premier lieu, nous avons extrait de recueils, tels que ceux de Chapeauville et de Miraeus , les noms relatifs à notre objet , pour les interroger au besoin : nous n'avons pas fait servir cette collection de base à notre travail, parce que ces sources sont trop peu sûres, et parce qu'on ne peut fournir, tout en restant fragmentaire, une base positive aux inductions, qu'cà la condition d'être du moins relativement complet, en épuisant tous les noms compris soit dans une certaine circonscription ter- ritoriale ou dans une certaine série de documents {') : on obtient ainsi des matériaux homogènes et l'on exclut autant que possible le hasard et l'ar- bitraire. Nous avons donc choisi certaines contrées comme but, et certaines sources comme moyen d'exploration. La partie la plus intéressante à explo- rer était évidemment celle au milieu de laquelle nous avait placé un heu- reux hasard. Ici se rencontrent les quatre nationalités qui ont influé sur la nôtre : au sud la France romane, au sud-est la race haut-allemande, au nord-est les bas Allemands , au nord les Flamands du Brabant méridional etduLimbourg: en comparant les noms anciens des lieux situés immédia- tement en deçà et au dehà de la limite actuelle des langues, on peut recon- naître si les premiers dérivent des seconds et si le tracé des limites était à l'origine le même qu'aujourd'hui. Quant à la détermination des points à explorer spécialement dans ce périmètre , le choix dépendait des sources existantes ou à notre disposition. Ne pouvant penser de recourir aux docu- ments originaux ou inédits, nous nous sommes arrêté aux publications suivantes : 1" pour l'Ardenne, le Condroz et les pays limitrophes, le car- tulaire des antiques abbayes de Stavelot et de Malmédy, en tant qu'il est (') Tous — pour aillant cependant qu'ils offrent quelque intéiùt; car il serait souvent fastidieux de tout recueillir. Tome XXVI. 2 10 MEMOIRE contenu clans le t. II de YAjnpIissima collectio et dans l'ouvrage de M. Rilz ('); plus quatre diplômes parallèles faisant donation d'une cinquantaine de villac à l'église de S'^-Marie, à Aix-la-Chapelle (dans Y Urkundcnbitcli de Lacomblet, t. I, n"" 75, 89, 108; t. II, n" lo5), et la majeure partie des noms mentionnés dans la chronique de S'-IIubert en Ardenne, connue sous le nom de Cunlatoniim (d'après l'édition des Monumenta Germaniae liistorica, t. VIII). Un diplôme se rapportant à l'ancien pcujus Luviensis et quelques extraits de différentes pièces complètent ce groupe, qui forme la 1" série. 2° Pour la Hesbaie wallonne et flamande, les Gcsia abbalum Tru- donensium {Mon. Gcrm., t. X), joints aux diverses publications de M. Wolters , nous ont paru une base convenable. Ces documents, en nous plaçant prin- cipalement dans la partie flamande, nous faisaient atteindre un double but. Selon quelques auteurs, les Flamands seraient les descendants des pre- mières populations germaniques qui ont habité la Belgique, et ils auraient été réduits à leurs limites actuelles par la formation postérieure et non expliquée de la race wallonne : en étudiant les anciens noms de lieux, nous pourrons juger s'ils indiquent effectivement chez ce peuple l'existence d'un unique, homogène et primitif élément thiois, ou s'ils ne révèlent pas des éléments multiples, d'origines diverses, en grande partie de dates rela- tivement récentes, ce qui ferait conclure que la fixation des limites a été opérée en sens invei'se. De même, en trouvant des noms de localités wal- lonnes écrits à une époque aussi reculée par des Flamands, il sera facile de voir si leur origine est flamande ou non, puisqu'il est à présumer que les Flamands n'auraient pas oublié dès les premiers temps de la langue romane la véritable forme de noms créés par eux. Nous avons fait une sec- lion particulière de ce travail. La section suivante ne comprend qu'un seul diplôme indiquant les limites de l'ancien comté de Brunengeruz, qui était situé dans le Brabant, des deux côtés de la limite des langues. Enfin la dernière section de la 2° série se compose essentiellement des noms inscrits (') Nous avons analysé séparément les diplômes provenants de ces deux sources, en partie parce que nous n'avons eu connaissance delà seconde qu'après avoir aclievé notre travail sur la première, en partie, parce que l'absence de date précise dans plusieurs diplômes rendait leur classement difficile. SUR LES ANCIENS N03IS DE LIEUX. 11 dans les Gesta abbatum Gemblacensium {Mon. Germ., t. VIII), lesquels appar- tiennent en majeure partie aux provinces de Namiir et de Brabant. Si, sur cette portion du sol wallon, encore, le flamand n'apparaît pas comme l'élément fondamental, il faudra en conchire que la population belge romane n'est point d'origine néerlandaise, ou, du moins, qu'elle a été bien promptement transformée. Nous achevons nos études par les noms anciens et modernes des endroits principaux situés sur les bords de la Meuse, depuis Givet jusqu'à Slaestricht. Le cours du fleuve formant en quelque sorte par lui-même une région géographique, nous avons fait de ces noms une série particulière, qui est la troisième et dernière. Nous avons signalé l'avantage qu'il y avait, au point de vue scientifique, de rassembler les noms d'après les documents oîi ils sont contenus : cette manière de procéder a l'inconvénient, au point de vue pratique, d'énumérer les lieux dans un ordre qui n'est ni celui où ils sont placés dans la réalité, ni celui que leurs noms occupent dans l'alphabet. Pour annuler cet incon- vénient, nous avons dressé trois tables alphabétiques, d'après les trois divisions ci-dessus, en reportant dans chaque liste les noms qui y ressor- tissent et qui se trouvent dans l'une des deux autres séries, et en indiquant, par des signes et des caractères typographiques, si les lieux sont situés en pays wallon, flamand ou étranger. Il ne suffisait pas de fournir les matériaux bruts. Sans vouloir tirer nous-mème toutes les conclusions en vue desquelles nous les avons ras- semblés, il fallait faciliter ces conclusions, et même les indiquer dans les points essentiels. L'investigation qui nous incombait en premier lieu est celle des endroits désignés par les noms anciens. Il y a deux moyens de retrouver le nom moderne. Le premier est de consulter l'histoire locale, de suivre la série des documents relatifs à un endroit : c'est le plus sûr sans doute, mais on conçoit qu'il est à peu près impraticable lorsqu'on embrasse dans ses recherches une certaine étendue de pays. Le second moyen, plus expéditif et mieux approprié à nos éludes, est de prendre pour guide la linguistique , c'est-à-dire les lois qui régissent le mot lui- même et d'après lesquelles il se transforme en passant d'âge en âge, ou d'une langue dans une autre langue déterminée : moins infaillible , assu- 12 MÉ3I0IRE SUR LES AINCIENS r^03IS DE LIEUX. rément que le premier, ce moyen donne cependant une certitude suffisante dans beaucoup de cas, surtout quand on le combine autant que possible avec des données d'un autre genre; ainsi, lorsque le diplôme, ap. Lac, I, n" 75, énumère de suite les noms : Palisiolo, Urio, Casapetrsea, Cah inciaco, Gammunias, Longolare (je corrige ici tacitement les formes), il n'est pas douteux que cette série doit être rendue par : Paliseul, Orgeo, Chasse- pierre, Chauvency, Jamogne, Longlier, toutes formes correspondantes, tous endroits situés dans la même région de l'Ardenne. D'ailleurs, il ne faut pas perdre de vue, là où ces moyens échouent, qu'il suffit pour notre but de connaître la région ethnographique où les lieux sont situés. Nous espérons que cet ensemble de données suffira pour jeter au moins quelque lumière sur la question des origines. Par contre, et pour alléger notre tâche, nous n'avons pas cherché à donner à notre travail une forme régulière et parfaite. Les remarques, les résultats, ne sont pas rassemblés en un corps, mais placés à la suite des faits qui les ont suggérés; dans beaucoup de détails, nous n'avons pas recherché l'exactitude minutieuse, nous l'avons même fuie parfois, sachant que pour vouloir atteindre une perfection qui n'est point essentielle, nous risquions de n'arriver jamais au but. Ces études ne sont pas un livre, mais plutôt un recueil de notes et de dissertations : si l'Académie les accueille favorablement, nous espérons pouvoir lui présenter prochainement un second mémoire, qui traitera des noms modernes et conclura par quelques résultais généraux. PREMIÈRE SÉRIE. 1. — EXTRAITS DES DIPLÔMES CONCERNANT LES ABBAYES DE STAVELOT ET DE MALMÉDY, QUI SONT PUBLIÉS DANS LE TOME II DE l'AmPLISSIMA COLLECTIO. Page 6 (vers 648). In terra nostra silva Àrduennense in loco qui dicitur Casegongindinus quem Sesomires fliwius cingere videtur. — Casegongindirms, pour lequel on trouve aussi Casecongidunus (Hérigère, dans les Mon. Germ., VII, 184, 1. 10), et, d'après Wastelain, Casae-Congidimum, est Cougnon ou Cugnon. La première partie du composé est évidemment le mot casae; il parait probable que la seconde n'est autre que le nom d'homme Cogidunus . qui appartenait, selon Tacite, Jgricola, 14, à un roi breton: l'emploi du nominatif au lieu du génitif, dans cette seconde partie du composé, ou, en autres termes, la formation d'un composé par apposition, était peut-être dans le génie de la langue celtique. La rivière Sesomires, ailleurs Smnara, Sesmarus (à l'endroit cité, 1. S et 10) est la Semoy ; en allemand elle se nomme Sas (la source : Sasbur , la rivière : Sasbacli) , d'après Wilthemuis, Lux. rom., page 70, d'où il semble résulter que mires, etc., est un suffixe. Leuvas très de nostra silva Uriacinse. - Forêt d'Orgeo, anciennement Urio, comme nous le verrons plus loin. Necnon et aliam venellam in jluvio nuncupante Alisna. — Probablement le ruisseau des Rudes-Aleines qui se jette dans la Semoy au-dessous de Cougnon. „ , , j, -n Ibid., sq. (vers 6S1). Stabelaco; 15 (693) Stabulacho, Stefte/asco; d ailleurs Stabulaus. — Stavelot. Malmiindarium. — Malmédy. . Col. 9 (vers 660). nilam Germiniacum nomine in pago Remensi sitam; col. 31 (877) Gemmer — Germigny. Ce nom, qui dérive probablement du 14 MEMOIRE nom d homme Germanus, est fréquent en pays roman et souvent confondu avec Geminiacum [de fjeminiis, ou de Gemini) : nous le consignons, quoique étranger à la Belgique, à cause de ce dernier que nous rencontrerons plus loin (â" séi'ie) : comparez aussi, dans la présente série, Geminis, Giminiacum. 10 sqq. (666). La pièce qui va suivre est la plus importante du Cartulaire; c'est le pracceptum du roi Cliildéric dans lequel il fixe les limites du territoire accordé aux Abbayes. Les variantes insérées entre parenthèses sont celles des diplômes confirniatifs délivrés par Louis le Pieux (col. 23 sq. , an. 814) et Othon I*"- (col. 43 sq., an. 9S0). Ea tamen conditione sic petienait ipsi sei'vi Dei, ut versus curtes nosfras^ id est Amblavam , Charanclio, Lethenutcho , de ipsis mensuris AU miUihus dextrorsum saltibus sex millia subtrahere deberemiis ^ pro stabilitate operis, quodadinodum per nostram ordinalionem sic facltim est. Unde jiissimus pro hac re domno et patri nostro Theodardo episcopo vel iUustri viro Ilodoni domestico, cum forestariis nostris et aeternale ciim paribus suis ipsa locu mensurare et designare per loca denominata, quorum vocabula sunt : de monasterio Mahnundario usque Sicco-campo (dipl. L. Siccum-catnpum) , de Sicco- campa per viam Mansueriscam (dipl. L. Ansuariscam, dipl. Ot. Man- suvariscam) usque ubi JFarchinna (dipl. L. ff^arfjinna, dipl. Ot. Jf'archina) transversat, de ipsa fFarchinna (dipl. L. Jrarginna, dipl. Ot. Jf'archina), usque ubi Stagnebachus (dipl. L. Steimbach, dipl. Ot. Stembach) consurgii. deinde per ipsum StagnebacJium (les deux diplômes, comme ci-dessus) usque in Amblavam, deinde per Amblavam versus aquam per illam foreslem de f^ulfeberto (cod. Malm. Fulfehergo , dipl. L. et Ot. Fulfberg) usque Raro- bacco (dipl. L. et Ot. Saurbach), ubi ipse consurgit, deinde Diddiloni-rivus consurrjit (dipl. L. deinde ubi rivulus Dedilones consurgit; dans le dipl. d'Ot. le nom du ruisseau est Didolones) ., deinde per ipsum riiyum usque in Restant (dipl. Ot. Retham) et de Resta (dipl. Ot. Retha) per illam forestem quae séparât Helmini (cod. Malm. Helmin, dipl. Ot. Chelmino), Rovoritum (cod. Malm. Roboretum, dipl. L. Roboritum) et Audaste-villare (sic dipl. Ot.: dipl. L. Andastvillare) , per ipsam mediani forestem usque Jocunda-fania (dipl. L. Jo- conda-fania), de Jocunda-fania per illam Alsenam quae propinqua est Monas- terio, deinde per illam Alsenam usque ubiinGlanem (dipl. L. etOt. in Glanuni rivulum) ingredilur, deinde transversa Glane (dipl. L. et Ot. îiltra Glanum)^ usque ad Albam-fontanam (dipl. L. Album-fontem, dipl. Ot. fontem Albam)., de ipsa Alba-fontana (dipl. L. de Albo- fonte, dipl. Ot. de Alba-fonte) « in Alblavam summa Siggino Aviaco ubi Garelaicus vennam habuit » (dipl. L. usque ad Amblavam juxta locum quem dicunt Sicgiinno Aviaco, ubi Gerlacus SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 15 vennam habuitj dipl. Ot. tisqtie ad Amhlavam juxta locum Silgino Aniao . ubi Gerelaciis vennam hahuit). Inde per ipsam AmJAavam uhi Dulnosus in ipsa inxjredilur, deinde per Dulnosum usque in Fanias (dipl. Ot. Saiiias), deinde per mediain forestem de ipsas Fanias (dipl. Ot. Saniis) usqxte viatn Transveriscam (cod. Malm. Mansueriscani, dipl. L. Mansuariscam, dipl. Ot. Mansuvariscam) , deinde per ipsam viam usque Sicco-campo (dipl. L. Siccum- canipum). Le Dulnosus est encore mentionné dans le passage suivant (col. 2o, an. 827) . qui achève de déterminer sa position : Dicens quandani contentiotiem inter se et Albricum actorem fisci nosiri, qui Tectis nuncupatur, exortam esse, de quadam scilicet silva quae in loco nuncupante Aslanetum, inter duos rivulos Tailernion et Dulnosum esse videtur. Nous rapporterons aussi à cette place un diplôme de Charles le Simple, par lequel il fait donation à leglise de Liège, en 915, d'une forêt contiguë à celle dont le précédent document trace les limites. Le texte de ce diplôme, repro- duit très-imparfaitement par Chapeauville (I, 169) et par Miraeus (I, 254), m'a été communiqué par M. Ferd. Hénaux d'après le cartulaire original de S'-Lambert : in jrroprium traderemus forestem, quae olim pertinuerat ad Tectis villam quamque constat in paqo Luviensi atque in comitatu Sichardi sitam, atque istis finibus circumciuaque conchcsam. Terminatur a Vulfingi fago et a fFarica usque in fluviolum Amblevam, inde ad monasterium Sta- bolaus, sicque radit ad Merigis Fraiiplum et inde ad Salceias usque ad Nor- drees fontem et ad Havernai usque ad Fesere et inde ad rivum de Sobnania usque ad Solergeias et Hukelebac usque ad Fesereni et Geislam piam usque ad Hospitale et sic revertitur ad Fulfingi fagum. Je n'ai pu retrouver à beaucoup près toutes les localités dont on vient de lire les noms : heureusement la connaissance des noms modernes est ici moins importante qu'ailleurs, puisque Ion en sait assez pour déterminer approxi- mativement la position des lieux ('). Les trois villae, citées d'abord, sont : Amblève, en allemand Amel, Chcrain, au sud de Viel-Salm, et Lierneux : nous reviendrons plus tard sur ces trois noms. Siccus-canipîis est peut-être (') Si je comprends bien , le don consiste en un cercle d'un rayon de 6,000 dièses ou 30,000 pieds (voy. mon Dictionnaire, I, p. 5S6; II, p. xxxviii), ce qui fait environ 10 kilomètres. La donation primitive (col. 7) porte : Concessimus... ut gijriim gyrando in utrorumque partibus monasteriorum duodecim nmisiira- rentur spatia dextrorsum sallibus non plus duodecim milUarihus. Elle est reproduite en ces termes dans notre pièce (col. 10) : Undc et ipsius priacipis regimiiiis taie praeccptum nobis osicndil rclegendum de eorum majori spatio, de ipsa foreste dominica in utrisque partibus de ipsis monastcriis , tamin loiigum quant m transversum , duodecim millia dextrorsum sallibus, quod et adiiiic pro totius firmilate, etc. K) MEMOIRE Champagne, au nord de Weisme : cette position est en tous cas à peu près celle que l'endroit devait occuper. La voie Mansiierlsca ou Mansuarisca parait tirer son nom du canton Mansuarinsis dont nous parlerons dans la â""* série : étant situé dans les parages de Diest, le chemin qui y conduisait devait vrai- semblablement passer par Liège et Tongres. Cependant, vu 1 eloignement de ce canton et l'importance des lieux intermédiaires, d'après lesquels il était plus naturel de dénommer le chemin, nous croyons plutôt que les deux noms dérivent isolément du même radical mansuarius (colon , censitaire. Voy. Du- cange, IV, 445, etc.) : ils seraient donc les indices de deux de ces établisse- ments de colons, si communs au temps de l'empire romain. La fïarchinna est la W'archenne, petite rivière prenant sa source un peu à l'est de Weisme et se dirigeant vers Malmédy. Quant au mot, il est évidemment un dérivé diminutif de fFarka : la Warge, rivière qui reçoit la Warchcnne à Malmédy : sa vraie orthographe serait donc JFar'cina{c guttural). Le Stagnebacliiis porte toujours le nom de Stembach que lui donnent les deux diplômes confirmatifs. Ce dernier nom est, quant au radical, la traduction du premier (l'allemand stemmen signifie stacjnare. Cf. si lib. Graff VI, G79); hach, que nous retrou- vons dans Rarobacco et dans Hukelebac, est le correspondant haut ail. du flam. heke, beek (ruisseau) : il est permis de voir dans ce mot le commence- ment de la traduction du nom primitif Stagnans-rivus , qui s'est accomplie dans Stembach : remarquez que nous sommes ici en pays actuellement alle- mand. Amblava ; l'Amblève. Le nom allemand du village : Amel, semblerait être le radical de ce mot, b s'intercalant aisément entre m et /; cependant nous n'avons rencontré dans les documents anciens que la forme Amblava, et nous verrons de même, dans la suite, que Gemblacus, Gemblaus, est his- toriquement antérieur à Gemmelaus: ava est sans doute le goth. ahva (eau, rivière) : comparez plus loin le mot Brunafa. La forêt de Fidfbenj est proba- blement celle qu'on nomme aujourd'hui Wolfsbusch, au sud de Weisme et de l'Amblève, qui la borne au nord. Dans ses Etudes historiques sur V ancien pays de Stavelot et de Malmédij , p. 31 S, M. de Noue rend Rarobaccus par Rohrbach, nom qui manque dans mes cartes : cette traduction, si elle est exacte, mettrait hors de doute la forme Rarobacco, à laquelle d'ailleurs Saur- bach, que portent les deux diplômes de Louis et d'Othon, paraîtrait préfé- rable (Ferraris indique un Rohrbusch, mais ce bois est au N. de l'Amblève et au N.-E. du Wolfsbusch, tandis que, pour correspondre au Rarobacco, il devrait être à 10. de ce dernier et au S. de l'Amblève). Le Diddiloni-rimis , ou Deddoiies, ou Didolones, est le ruisseau qui passe par Redit (« deinde per ipsum rivum usque in Restam »); mais mes cartes ne disent pas son nom SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 17 moderne : remarquez qu'ici le suffixe (rivus) est latin. Resta, puis Retlut, est sans doute Redit, comme nous venons de rinterpréter : le passage de l'une des deux combinaisons th, ch, dans l'autre, est chose frc(iucnte Q). Faute, peut-être, de cartes assez détaillées, je n'aurais que des conjectures à offrir pour les trois noms suivants {Ileliaini : Emmcls?)^ mais je remarque que Roborefum (littéralement Chênaie) et le suffixe villare sont latins. Joctinda- fania (que M. de Noue rend par Joyeusc-fagne — : est-ce un nom, ou bien une traduction?) est aussi latin dans sa première moitié; la seconde est le goth. fani (dat. sing., nom. et ace. plur. faiija), qui signifie : boue, fange : c'est par ce mot (en wallon facjne) que l'on désigne encore aujourd'hui les marais en Ardenne. Selon M. de Noue, VAlsena est l'Enalle (entend-il par ce nom le ruisseau appelé dans la carte de Monllesoie, et qui passe par Ennal avant de se jeter dans le Glain?), et le Glanis ou Glanus, l'Albe; mais il est évident que ce dernier est le Glain, qui se jette dans l'Amblève à Trois-Ponts (-). Alba- foiitana est sans doute Arbrefontaine, écrit encore dans les anciennes cartes Albefontaine, et mentionné sous ce nom dans le Catalogue des vicariats (ap. de Noue, p. 494 inf.) , bien que cet endroit soit situé un peu plus au sud qu'on ne s'y attendrait. (Comparez l'ancien wallon arfte-cspine, ap. d'llemr.299 sup.. = français aubépine, d(ialba-spinix).Si(jfjino-Jviaco est probablement l'endroit nommé à présent La Vennc, un peu au-dessous de Coo, et presque vis-à-vis de l'embouchure du Roannai, qui est le Didnosus de notre diplôme. Tectis, dans le passage suivant, est ïheux, comme chacun le sait, Jstanetum est Staneux, et le Tailernion se nomme maintenant Targnon : ce ruisseau coule proche de Theux, au sud-est. Hérigère, à l'endroit déjà cité, mentionne un autre ruisseau du nom de Calla, qui formait la limite des diocèses de Cologne et de Liège : c'est la Challe, nommée Eau-Rouge dans la partie supérieure de son cours (de Noue, p. 472). Le lecteur aura remarqué combien l'élément latin prédomine dans le tracé de cette circonférence, qui comprend une partie du pays allemand limi- trophe. Pour le rendre plus évident, nous allons répéter tous les noms, en (') La pcrmutution de ces signes provient sans doute aussi d'une faute matérielle de lecture ou d'écriture. Les exemples des deux genres qui se rencontrent dans ce mémoire sont : Ochey et Othey, Corbcch et Corbetli, Grosniec et Grusniithis, Ilasnoch et Ilasnoth, tous dans la 2"" série. (^) D'ordinaire on donne maintenant le nom d'Eau-de-Salra à ce ruisseau, à partir de Salm-Château jusqu'à son confluent dans l'Amblève; cependant M. de Noiie lui-même (p. 472) lui conserve jusque-là son nom de Glain. Je remarque, quant à l'AIsena, que la détermination : pcr illam A Iseiiam quae propinqua est Monasfcrio, est sans doute motivée par l'existence dans ces parages d'une autre Alsena : je crois retrouver celle-ci dans EUenhorn (littéralement ; source de l'Elsen) , nom d'un endroit à l'est de Malmédy, non loin des bords de la Warge. Tome XXVL 3 18 MEMOIRE mettant en italique ceux d'entre eux qui paraissent appartenir à celte langue en totalité ou en partie : Malmundon'inn , Siccns-campiis, Mansuariscai. Warcina, Stcujnans-rivus , Aniblava, Vulfeberg, Rarobaccus (peut-être alté- ration et demi-traduction de Rarus-rivus , comme Stagnebaclius parait l'être de STAGNANS-Rivus), Diddiloui-îTCMS^ Resta, Helmini, Rohorclvm , Audaste- villare, Jocunda-ïi\n'\ù , Alsena, Glunis . Alba-fonlana, Siggino-Avioco, Dul- nosus. Sur 34 radicaux ou suffixes, IS ou 17 appartiennent donc au latin (latin vulgaire, ou celto-latin). Dans l'autre moitié, nous ne pouvons désigner avec vraisemblance comme allemands que : Amblaro. Vulfeberg, Rarobac [?), Resta, 3ocund&- fania, donc S ou 7. Les i2 vocables restants nous paraissent les uns obscurs, les autres sujets à discussion. On peut donc dire que l'élément latin prédominait dans le territoire de Malmédy en l'an 666. Or, le monastère ayant été fondé seulement dix-huit ans plus tôt, on voit que l'introduction de cet idiome ne peut être attribuée à l'influence des moines , comme le pensent certains auteurs , et qu'elle doit dater de l'époque romaine. Mais l'existence de la langue latine, à cette épo- que, suppose l'existence d'une population romaine ou romanisée. Dès lors c'est au culte de cette race qu'il faut rapporter les monuments religieux trouvés par saint Rcmacle, lorsqu'il vint à Malmédy : Repperit ibi inditia, loca illa idolatriae quondam mancipata, lapides Dianae et porfentuosis nomi- nibus efpyiatos, fontes hominum qiddem usibiis aptos, sed gentilmm errore pollutos (Hérigère, 1. sup. I.). Cette indication corrobore en même temps la précédente, et prouve que ces lieux vaslae solitudinis , comme s'exprime le diplôme de Sigebert (col. 6 , circa an. 651), ne laissaient pas que dèlre colo- nisés en partie. Avant de quitter ce document, il nous faut toucher à une question impor- tante : peut-on reconnaître si les noms allemands que nous avons vus sont antérieurs ou postérieurs aux Romains? INous croyons qu'il est assez facile de répondre, quant aux composés hybrides. Des deux éléments qui entrent dans le mot ou l'expression, il faut, en effet, tenir pour le plus ancien, en gé- néral, celui qui doit par sa nature opposer le plus de résistance au change- ment : ainsi le radical relativement au suffixe, la dénomination particulière relativement au terme d'un usage général; subsidiairement, s il y a lieu , celui dont la forme est corrompue contrairement au génie de la langue à laquelle il appartient. Ainsi, dans Stagnebachus , stagne est évidemment l'élément pri- mitif que les Allemands conservèrent, du moins provisoirement, comme pur nom propre, désormais dépourvu de signification; dans Jocunda-fania, au contraire, yocmic/o^ dont la forme est intacte, a évidemment conservé toute sa SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 19 valeur comme adjectif, et c'est fania qui paraît être l'élément traditionnel adopté par les Romains, faute probablement d'avoir en leur langue une expression propre pour le genre de terrain qui est ici désigné (voyez mon Dic- tionnaire I, 201, II, xxni sq). Bach serait donc postérieur aux Romains, et fania, au contraire, serait un reste de l'antique langue du pays, qui était par conséquent germanique. Passons au diplôme de Charles le Simple. Le hêtre de Vulfing (nom d'homme, probablement), par où commence la délimitation, devait être situé non loin des bords de la Warge, vers la partie du cours de cette rivière intermédiaire entre Malmédy et son confluent dans l'Amblève. Je note, en passant, que les anciennes limites du duché de Limbourg avaient aussi leur point de départ à un hêtre : « [les échevins] recordent que, premièrement, le pays commenche à ung fawe, qu'on appelle claw-fawe » (Record de 1467, ap. Ernst,//«s^. du Limbourg, I, p. 10, note 2). JFarica, Amhkva et Staho- laus nous sont connus. J'ignore ce que peut être le Merigis Frauplum comme, d'après ce qui suit, nous devons être dans le voisinage de Remou- champs, je conjecture seulement que Remou pourrait bien être une inversion de Merix (si toutefois Merigis est un génitif régi par Frauplum), à peu près comme on dit aujourd'hui Remicourt pour Hemricourt {Uehnericicurtis). Salceiae est Sacé, maison. isolée dans la commune de La lleid; Nordrees est Noidré, dans les anciennes cartes Nordray, commune de Sprimont; Havernai. Haveigné, commune de Louvegnez; Fesere : la Vesdre (rivière); Solmania . Soumagne; Solergeiae est peut-être Saurée, commune de Dison (notez que le g, dans ces anciens documents, ne représente souvent que lej ail. ou i consonne), ou, si on lisait Solerceiae, Serezé, commune de Thimister. Iluke- lebac, qui est maintenant Huckelbach ou Hockelbach (près de Henri-Cha- pelle), nous amène sur la frontière allemande. Geislapiaest très-probablement la Gileppe, petite rivière qui prend sa source dans le Hertogenwald et se jette dans la Vesdre près de Goé (anciennement, et en thiois, Goleke, Gtiglke Ernst, I, 5S — : remarquez que la dernière forme étant la même que le nom flamand de Juliers [Guylche, GuyUje, dans une charte flamande de 1350 : Cod. Loss., p. 323 sq.], il y aurait apparence que le primitif de notre mol serait aussi Juliacum); enfin, Hospitale est encore indiqué, dans les cartes du siècle dernier, à une petite distance au nord de 3Ialmédy, sous la forme Hospital. — J'ai peu d'observations à faire sur ces noms. La désinence eiae est de provenance latine ou celto-latine; le suflixe mania doit être noté, sans que je veuille discuter ici son origine: enfin la désinence de Geishipia serait celtique d'après Zeuss {Grammatica celtica, p. 7S7) : le fait me paraît dou- 20 MEMOIRE loux, et d'ailleurs je pense qu'il faut lire Gcislapa, ce suffixe apa étant com- mun clans les noms anciens du pays rhénan. Je ne mentionne pas Ilospitale comme nom significatif, attendu qu'il peut n'être qu'un nom commun. Par contre, il se peut que Salceiae vienne d'une forme qui signifie : saussaie. Nous reprenons maintenant nos extraits du cartulaire de Stavelot et de .Malmédy. 14 sq. (693). Le loceUum, cui nomen Athelasis , est donné au roi contre le locellum, cui nomen Maipa : 3Iaibe, près de Schaltin, province de Namur, sans doute. Le diplôme est daté de Namur : Namucho recoyuovi, ce qui est. selon Wastelain, la mention la plus ancienne qui soit faite de cette ville. la sq. (vers 720). Les viltcœ Tofino ou Tophino et SilvestriviUa sont res- tituées aux Monastères. La dernière serait-elle Ville-du-Bois, près de Viel- Salm? — mais il est rare que le peuple traduise les noms de lieux, et, quant à voir, à l'inverse, une traduction du nom populaire dans SilvestriviUa, la date du document s'y oppose. 19 (746). ï'illaaliqiia quae vocatur Lethernau , una cmn appenditiis et ad- jacentiis suis quorum vocabula sunt : ' Brastis , ^ Feronio, ' Unalia et ^ Alda- nias. — Lethernau, qui désigne Lierneux, est déjà une transformation romane de Lelhernaclio (= Lelliernacum); l'auteur du Triomphe de saint Remucle, qui vivait vers l'an 1100, écrit Ladernacum (Chap.11,548). Les noms modernes des autres endroits sont : ' Bras, ' Fairon, ' Odeigne. Unalia est peut-être une faute de lecture pour JFalia, comme, dans le document qui suit, Una- delino pour Wadelino : je ne verrais toutefois à comparer pour cette forme que Weaux , commune de Sart , au N. de Stavelot. 20 (même date, selon Villers et Pardessus). Hoc sunt villas ciijiis vocabula sunt: ' Lenione cum omnibus appenditiis suis in pago Condiistrinse, ' Cal- dina, ^ Mosania, ' JFarsipio et ' Barsina, nec non et 'Radis, 'Pronote, ' Halma, et ' Haist in '" Gnoldo-manso, " Solania, similiter et villam qiiae vocatur '^ JFadaUno cum omnibus appenditiis suis, ''' Rtidis, " Olisna, " Se- rario, " Palatiolo et " Brabanle Factum est in villa " Uvasidio.—' Lei- gnon, près de Ciney; ' Schaltin ou Haltinne, qui appartenaient tous les deux aux Abbayes — ? l'une et l'autre attribution me paraissent douteuses . sous le double rapport de la forme du mot et de la position des lieux. Peut- être faut-il lire Calnido = Colnido: Conneux, proche de Leignon. ' Massogne, probablement; * Ychippe, proche de Leignon : cette transformation singu- lière sera expliquée plus loin; ' Barsinne ou Barcenne; " Reux-Famenne (au S. de Leignon)? ' Purnode, ' Halma, ' Heid (S.-E. de Leignon)? '" Pour Gnoldo-manso, une copie de notre document dans le MS n° IS8 de la Biblio- SUR LES ANCIEi^S NOMS DE LIEUX. 2i thcque de l'université de Liège, fol. 520 bis, lit « Guoldo manso » (et non « Gualdo manso » , comme porte l'extrait de ce diplôme inséré au tome IX du Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire, p. i9) : cette leçon permettrait peut-être de comparer Mont-Gauthier (dans le voisinage duquel se trouvent Heid etEnhet), surtout que mont nous parait être, dans beaucoup de noms de lieux, une forme fautive pour mon (mansionem) : voy. mon Dictionnaire au mot 5. :]Ion. " Solania est sans doute le même endroit que celui désigné, col. 34 (an. 890), par les mots : simnl etiani in Lomacensi campo in villa Sollanna (Solannc, près de Purnode). Un ancien archiviste de Stavelot « soupçonnait que Sollanna pouvait être Solière, parce que la dimo de ce lieu a toujours été tenue en fief des abbés de Stavelot » (de Noue, p. 52i . note, d'après de Marne, Hist. de Naniur, ad cal., p. 91) : cette conjecture inad- missible à l'égard de Sollanna, puisque Solière est en Condroz et non dans le pays de Lomme, pourrait être reportée sur Solania, qu'il faudrait alors corriger en Solaria, si l'on voulait disjoindre (fût-ce par hypothèse) ce nom de celui de Sollanna. '- Wellin, probablement; " Reux-Léau, non loin de Braibant, dont le nom termine cette énumération — ? ou Redu, entre Wellin et Paliseul, qui est cité avant Braibant — ? (Je vois que Redu est nomme Réduit dans une charte de Ho9, ap. Mir., IV, 171 , i^" col.). " Le MS. cité tout à Iheure lit Ferario: serait-ce Ferière, village détruit qui était situé entre Forrière et Harsin {Ann. de la Soc. archc'ol. d'Àrlon, p. 18S med.)? " Paliseul; " Braibant, au N.-O. de Ciney. " D'après la copie déjà alléguée, Unasidio. Je remarque que les n^^ 3, S et 12 reparaissent dans la suite du diplôme. Ils sonî écrits cette fois Mosali, Barsena, Unadelino (bis), d'après YAmpl. coll. : le MS. n" ISSlit beaucoup mieux, quant au dernier nom, Mosali, Barsinia, Wadclino (bis). iVota. Le n° 3 a été mal lu dans le MS., par l'auteur de l'extrait : Mosavia : il y est écrit Mosania, comme dans notre texte. 21 (vers 810) Trado mansum iimim, qui vocatur ' JFandekdcus-man- sus in pacjo Ardenna., interjacens de uno lafere fisci ipsitis qui vocatur 'Palatiolus atque ^ Beveris , iinde est abstractus, et de altero latere' Aldemecja, « muldionibus meis ex villa ' Gimda sub tributo annali » Hii sunt termini atque confines ipsius mansi : ' Bezfonlana ., inde venit ad summum ' Medo- lum^ inde " Rotandum Hasi. Inde ad summum illud " Bethushardau, '" Bul- (jercias diias sorores, inde ad illam crucem ad summum " Timonem, '■ Frus- ciaco, " Caberliaco, " Anseriellas, " Ilulserolas, " Pronisiacas usque in " Cransmam. Inde venit ad fontanam '■' Cancaronis et per ipsani usque in '' Liciam. — A part Palatiohis, que nous avons vu à l'instant, je ne recon- nais avec certitude dans ce texte fort corrompu que ' Bièvrc, ' Graide, nomme 22 MEMOIRE ailleurs Graisda et Grades, et " la Lesse. JVandelakus-mansus désigne peut- être Anioy , du moins la suppression du w initial ne parait pas faire obstacle (comparez Ychippe, de JVisippe; Aivacjne, probablement de IFavania). — Remarquez que la désinence aicus, aicmn, qui se rencontre fort souvent dans les documents anciens, provient presque toujours d'une inversion volontaire ou non de iacus; parfois aussi de acus, par un brisement de Va : ainsi, dans la charte suivante, Andernaico, pour Andernaco. Aldemega ne paraît plus exister : je soupçonne que cet endroit était voisin de Naomé, lequel est proche de Graide, au S. — : Aldo-nieqa , nao-mega : vieux-méga, nouveau-méga. Pour ce vocable inega, comparez le celtique ma(j , magen (lieu: champ : Zeuss, p. S , note**) — : inutile de dire que le préfixe, qui est germanique , serait une adjonction nouvelle. ' Comparez Reth, au N. dePaliseul. '^ Comparez Frouche, nom d'un ruisseau dans la commune de fiièvre — : le nom de l'endroit : Frusciaco, dériverait du nom du ruisseau Fruscis, comme Glaniaco dérive de Glanis, Ortao, = Ortaco, de Urta, etc. " Comparez Proigy, commune de Bièvre. " Le ruisseau de Rancenne, qui prend naissance auprès de Proigy? La forme répondrait très-exactement, si on lisait Cransenam, car le c est sujet à se perdre, comme à s'ajouter, au commencement des mots. 24 (814). Deprecati sunt etiam nos de decimis et capellis ah antecessoribus nostris sibi concessis, et qidbusdain fiscis nostris, id est de ^ Duiira, * Clo- dena, '" Bonna, * Sintiaco , ' Andernaico, " Dodobrio, ' ÏFasilko, et ' Au- nanno, ' Astanido. De *" Tumbis vero " Glaniaco, '^ Caranco, " Tectis et " fViria capellas simul cuni decimis, etc. Le diplôme parallèle, col. 43 sq. (an. 950), écrit ainsi ces noms : ' Duira, ' Clodonna. '" Barnia , ' Sinciaco, ' Andernaico, " Bodobrio, ' ÏFasitico, et * Avinianno , " Astanmo, de '" Tum- bias vero " Glaniaco, '^ Carango, '^ Tectis et '* IFiria capellis. — Les cinq premiers noms désignent ' Dùren , ^ Clotten, ' Ronn, ^ Sinzig, '-^ Andernach , tous endroits situés dans le pays rhénan (Andernach est appelé Aitorenacum, dans le n" 38 de Ritz, an. 1042, Anternacita, par l'anonyme de Ravenne. Le nom ancien était A ntïtnnacum : voy. Bôcking, Not. dign.. Il, 980). " Esneux (en ancien wallon : Asteneur, Asteneuz, p. e. ap. d'Hemricourt, p. 55 sup. : « Asteneur sor Ourte ») plutôt que Astenet , attendu qu'Esneux figure seul dans ï Alphabet des terres (ap. de INoiie, p. 492). Du reste, Astenet se rencon- trera plus loin, à son tour, et sous le même nom , dans la liste des villae dont l'église d'Aix avait la none (indication qui n'est point contradictoire, pour le dire en passant, avec l'attribution de ce lieu à l'abbaye de Stavelot, car on voit souvent les mêmes lieux concédés à plusieurs églises , mais, naturelle- ment, sous différents rapports: ainsi de Tnmbae, de Glaniaco et de Caranco, SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 23 par exemple, dont les noms suivent immédiatement). '" Thommen. " Glains. village actuellement détruit qui était situé entre Viel-Salm et Bovigny (voy. plus loin). " Cherain : Keren, dans la liste de 1140, et Cheren, dans l'Al- phabet des terres ('). " Theux. Les autres noms me sont inconnus. Je remar- que quant à Bodohrio, dont le nom ne reparaît plus dans les annales des Abbayes et ne se trouve ni dans Lacomblet, ni dans les autres recueils que j'ai consultés, que brium paraît être le mot celtique (cymrique et comique) bre, bryn, (gaél.) bri : éminence, montagne (Diefenbach, Celtica 267 c, comp. 33S, pp. 215 sq., 242 sq.) : comparez Celobrnim (carte de Peutinger; ap. Ber- tholet, IV, Lxn, an. 1233 : Zelobrium, Coelobrium; ailleurs Solubrium) : Mont-Soleuvre, en ail. Zolwer, dans le grand-duché de Luxembourg, qui est un endroit situé sur une montagne escarpée (2). Cette étymologic nous engage à rapprocher ce nom de celui de Bûdberg, maintenant Bodberg, ap. Lac, I, 140 (an. 1005). JFasUko est-il le même endroit que la villa Uvasidio ou fp a- sidio (d'après la leçon de ÏAmpl. coll., qui doit être sans doute préférée), où fut signé le second diplôme de 746? 26 sq. (862). In pacjo Condriiscio villam ' Fervkjium, cum suis appendi- tiis, id est ^Bainam et '^ JFalthinam; in ipso parjo villam ' Sleinon et villam ' Silveslrem-curtem ; in comitatu Laumensi villam quae dicitur ' Calco; in pago Hasbanio villam ' Ilurionem,; item in pago Condriiscio villam ' Osoniam et locum qui appellatur ' Filla; in Falminne pago villam '° Hunnin; riirsum in comitatu Arduennense villam " Graisdam cum pertinentiis suis; item in Falminne locum qui dicitur '^ Lomna , et in ^■'Slrata mansumunum, et in '* Bractis mansum dimidium Sedilia insuper in portu '■' Iloio et "^ Deo- nanto. Nihilominus etiam confirmamus praefatis monachis villas has, quae in praestariis habentur per loca diversa, villam videlicet " Carbool, villam " Bragbanto, seu et in aliis locis mansos A AI. Statuentes praeterea robora- mus, ut villa vocabulo '"^ fFatlinio ad dominium eoruni sub integro rever- (') M. de Noue veut que Charancho soit Chevron (p. 318). Il n'a donc pas fait attention que dans la liste de \ 130 (col. 89 sq.) figurent à la fois Keren et Chevrons , de même , dans V Alphabet des terres, Chcreu et Chevron; or Keren , Cheren (autant dire Cherain) , qui ne sont donc pas Chevron , ne peuvent être rap- portés à aucun nom avec autant de vraisemblance qu'à Caranco, qui est une forme parfaitement adéquate, tandis que Chevron diffère de ce dernier par la lettre v et par la terminaison. Les aulrcs conjectures de cet auteur relatives aux noms ci-dessus sont tout aussi malheureuses. Ainsi il rend Dodobrio par Bodeux (p. 516), tandis que le nom ancien de cet endroit est, sans aucun doute, Daldacum. Ne s'étant pas douté de cette synonymie évidente, il lui reste à disposer de ce dernier nom, dont il fait (pp. l-iS, 518, 519) Belle- vaux (!) : il est vrai que cette fois il ajoute un signe d'interrogation. [') D'après L'Évêque de la basse Moùturie , Itinéraire du Luxembourg germanique , p. 107. 24 MEaiOlRE tatm: Un diplôme, en partie parallèle, de 874 (col. 28 sq.), contient plusieurs variantes importantes que nous insérerons entre parenthèses sous les numéros respectifs. ' Fervighim paraît être Vervoz (pour Fervoiz?), comme le dit M. de Noue; "Bende, près de Vervoz, à l'est; ' {fk alliimm) Valtibiemont? * [Lcnion] Leignon; '^ ÇSylvesfri-curtem) : je nai pas trouvé de Silvestrecourt, en Con- droz (Seviscourt, au S. de S'-Hubert, que l'on pourrait d'ailleurs comparer, est fort en dehors de ce canton), mais ce nom existe dans \ Alphabet des terres; ' Chaud (Catalogue des vicariats Choz, dans les anciennes cartes Choiix)^ près de Givet; ' Horion; ^ Ossogne, près de Pailhe; ' Vyle. près de 3Iodave, ou Ville, près de My; ^'^(Hiimniit) Humain, près de Marche; " Graide; '^ Strée; '' (Brutis) Bras, près de S'-Hubcrt, qu'il ne faut pas confondre avec Bras, non loin de Stavelot, lequel figure dans notre document sous les formes Bras- tis, Bratiis, etc. '^ {Houo) Hui; ^^ [Dionanto) Dinant; ^'^ (Carbal) Charbeaux, près d'Yvoi : dans la liste de Wibald Kerhoti, et, plus tard, Charboti; '** {Bra- chanta — : faut-il lire Bracbanta ou Bracbanto; ou bien est-ce un nom diffé- rent, qui désignerait Brachaux , commune d'Assesse?) Braibant; ^'■' [JFalUnia) Wellines? Voy. au surplus pour ce nom au n» 17 de Rilz. Lomna, le seul de ces dix-neuf endroits que je n ai pu retrouver, tirait probablement son nom de celui de la rivière Lomme (qu'aucuns écrivent fort mal à propos L'homme), anciennement Lumna. Je n'ai pas traduit les noms de contrées Condruschts (ailleurs Condustren- sis)pagus, Hasbanms parjus , Laumensis comilatus, Falminne pacjus, parce qu'ils sont suffisamment connus ; mais j'ai quelques observations à présenter sur ces derniers : 1" On a fait dériver le nom du Laumensis , Lomensis ou Laumacensis comitatits , de celui de la rivière Lomme : à l'encontre de cette opinion, M. Dewez a déjà fait observer, p. 78, que la Lomme ne coule même pas sur le territoire du comté de ce nom : j'ajoute que la forme ancienne du nom de la rivière s'oppose déjà à ce rapprochement. 2° Wastclain s'est con- sidérablement trompé lorsqu'il a écrit (p. 208) que « l'acte de partage du royaume de Lothaire de 870 est le plus ancien document où il soit fait men- tion du pays de Lomme » ; car, sans parler du nôtre, qui est antérieur de peu d'années, celte mention est déjà faite dans des documents de 779 el 844, ap. Mir. , 1 , 49G , 537 (Lac, 1,1, 59). 5» Pour Falminne on trouve ailleurs Falmenna (p. e. ap. Mir., 1, 259, an. 946) : ces formes sont bien plus loin encore du mot Paemani, dont on fait communément dériver le nom de la Famenne, que Laumensis ne l'est de Lumna. Pour ce mot Falminne (que Zeuss, p. 93 mcd., dérive, sous la forme Falminna, du cymrique faim ou fjulm, qui est le nom d'une sorte de vent [(jwijnt {faim : a strong violent SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 25 wind, the ivest wiml]) , comparez Falemannia (Falmagne, près de Dinant). Mir., III, 345, et Fahnia (Velm, près de S'-Trond : voy. la 2" série). 11 peul elre utile d'ajouter que la Famcnne est située entre le Condroz et l'Ardenne. La forme de celte contrée est allongée et irrégulière ; la ville de Marche en occupe à peu près le centre. 28 sq. (874). Ce diplôme, que nous venons d'extraire en partie, contient en outre plusieurs noms dont la plupart sont fort corrompus. Après les mots : in Falmine payo villam Ilutniiin, il ajoute : « et locum qui dicilur Lobunbi erant Hulisbach Geneclricio médis ». Le premier vocable doit être sans doute décomposé en Lobnin ubi, mais je ne trouve pas alors même d'attribution j)0ur la forme Lobiiin; si on lisait Lodum, on pourrait comparer le lieu dit : fontaine de Lode, au nord de Gènes et de Halleux., dont il va être question. La forme Genedricio est garantie, au moins dans son ensemble, par Gene- ticio, qui se lit dans le n" 20 de Ritz : on peut comparer soit Jeneret, ancien- nement Gênerez, dont le nom cadre parfaitement avec le mot Genedricio , mais qui est un peu en dehors des limites actuelles de la Famenne, soit Gènes, entre Lignière, dont le nom figure plus loin, et Halleux. Une des formes anciennes de ce dernier nom, qui est fréquent dans le pays wallon, est Haies ou Halles; d'autre part Hulisbach est probablement fautif, au moins dans sa seconde partie, attendu que le suflîxe allemand bach est inouï dans l'Ardenne wallonne : on pourrait donc séparer //m/^ ibald et sans doute dans celle de II 30, sous la forme (I. ou 2.) JFeUin; mais je nai pu découvrir quel est l'endroit désigné : je renvoie, pour les conjectures que jai à offrir, à la pre- mière de ces listes. 2° Brune fa, près de Nova-villa (128). La conjonction des noms (126) : apiid Novam-villam et St"'"-rituni, montre que le premier désigne Neuville, entre Viel-Salm et S*-Vith, lequel appartenait effectivement aux Abbayes, d'après le Catalogue des vicariats (p. 495 med.); or le seul nom de ces parages qui réponde à peu près à Brunefa est Braunlauf : voy. au n° 12 de Ritz. o-Dufum, (127) Dulfum; 4° (128) Refasse, (127) Che fosse; 5° (128) Richolfi-rilla : tous endroits situés intra hanmnn Mahmindaricnsis oppidi .- Diflot, Chefosse, La-Vaulx-Richard? 6« Lonfait : Longfaye, nu N. de Mal- médy. Nota. Il vaut la peine de remarquer la transformation de la désinence uni en ot dans Dufluni ■■ Diflot. Ce fait est complexe : 1° iim s'est solidifié en on, au lieu de se perdre en un e muet; peut-être parce que cet mn n'est point la terminaison de la seconde déclinaison latine (comp. Bornom .• Burnot : SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 3d voy. la 3" série); 2° la nouvelle désinence on s'est contractée en ô, lequel est exprimé par la combinaison ot (comp., ci plus haut, FieloH : Filot, etc.). La correspondance de Wibald mentionne en outre : 26i. Daverdeus. Daverdice. 293. Hanzines; Ilanzineles. Hanzinne; Hansinelle (près de Florenne). 562. Namaka, Namecha. Namèche : voy. la 3« série. 460 (IIol). Cornes Nainiircensis.... Cinei, nostmm dominicalem villam (scil. episcopi Leodiensis) ...penitiis succendit. Ciney (voy. plus loin, p. 4a sq.). 463. Harizeis. Harzé. 568. La villa de Paktenmet, appartenant aux Abbayes, est envahie par le comte de Sabnes (Salm). Ibid. BeriiKjerivaUis. Bergivalle. S88. Jiuncurt. Incourt : voy. la 2^ série. Nous transcrirons la liste des biens sous l'abbé Poppo, ainsi que celle dres- sée par ordre de Wibald, après les extraits qui vont suivre : II. DOCU.MENTS PUBLIÉS PAR M. RITZ. N" 1 (748) (•). Hoc est in loco mrncupafe Linarias quae est sita in terra fundiim Ardenne. N° 4 (entre 770 et 779). In villa quae vocatur Lineras sitam in pacjo Condustrense svper fluviuin Chandrerjia. — Lignières, sur la Hedrée. Des deux différentes désignations de contrées, la première est celle qui a cours aujourd'hui : il faut donc en conclure qu'il y a simplement erreur topographique dans le second document. N» 2 (7y3). f'inea in Castro liions 40 MEMOIRE déjà idcnlifié plus liaiil le^ noms Warsipio, Wasipia, Wisippen et Ycluppe (ad col. 20)i -Faulx, dépendance de Mozet; ' Oliey; ' et*. Arx est très-proba- blement soit la foret d'Arche , qui s'étend entre Faulx et Ohey (ne pas con- fondre avec le bois d'Arche, auprès de la 3Icuse); — en ce cas, il faudrait cor- riger Suvam en silvam, — soit un village détruit qui aurait donné son nom à la forêt. ^ Mosenc; dans des pièces romanes de 1184 et 1204 (Mon. Nani., 1. pp. 128, 131) Mosain, dans d'autres pièces manuscrites du XI V" siècle: Mosen, Moseng, Moisaing, etc., est positivement, parait-il, d'après la suite des docu- ments , Mozet (d'ailleurs on pourrait comparer Mozain- ou Mazain-fosse, dans la forêt d'Arche; dénomination, du reste, qui provient peut-être précisément du nom de Mozet, sous cette ancienne forme, = fosse de Mozet). 'Premières lettres, probablement, du nom de 3Iaizeroule — : je ne connais pas la forme ancienne de ce nom, mais il est un diminutif de celui de Maizeret, qui est appelé Maizerees, Maiserey, dans les derniers documents cités. Nota. Je re- marque que le parallélisme des formes Mosain, ou Mosaing, et Mozet, n est nullement suspect; la même transformation de la désinence existe, par exem- ple, dans Botheit, Wartet, Artet, Boquet, qui s'appelaient en roman : Bothaing, Warthaing, Artaing, Bokaing. IN" 23 (956). Un certain Evrard fait don de six mansos , etc., dans la villa de Resteigne qiui propler e conira in recompensatione tradidit ahhas Odilo de terra S'' Pétri et S" Remacli.... in villa Hillei mansos AU, etc. Le Catalogue des vicariats, p. 493 inf., indique comme chapelle dépendante de l'église de Comblain et Fairon : Chantremelle alias Heledas : cet Helcdas est-il notre Hillei, ou bien Halleux, dépendance de Comblain-au-Ponl? IS" 24 (même date , environ). Idcirco Odilardus et vxor mea Judith pariter tradimus res nostras proprias, videlicet mansos III I, id est ad ' Rouz man- sos II et cambra una , ad "^ Rolnim autem mansos II, silva ad porcos sagi- nandos. JFaida hona et ampla inter duos confines ' Paiilegia et ' Isna Quapropter accepinms ex ipsis monasterii rébus in precaria.... scilicet man- sos f III qui in his locis conjacent : in villa videlicet ^ Caventonia mansiis I , ad " Faid mansus I , ad ' Colnidum mansiis I, ad * Carbium niansi F. In comitatu Hoio, de potestate Lenion, familia AIL — ' et \ Rouz est peut-être l'un des deux Rudis, par suite l'un des deux Reux. S'il n'était naturel de sup- poser que l'autre Rudis et l'autre Reux se répondent également, on pourrait rapporter Rohus ou Rohum à l'un de ceux-ci. % "et'. Chevetogne (au S. de Leignon), Foy (entre Dinant et Conneux) et Conneux, comme l'a bien vu M. Ritz, mais ' Carbium ne peut être Corbion (ci-dessus Curbionem), à moins que la forme ne soit altérée. SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 41 N» 23 (même date , environ). Tradklil itaque prefatus Engo de terra sua propria.... villam que vocalur Taiiton.... inter confines aquarum JFenhria et Cenelia^ in comitatuHoio.^.. E contra accepit.... villam que nuncupatur Ceneils, in qua consistunt tria mansa, et quartum in loco qui dicilur Joherina, cum silva prata que conjacent inter confines supradictos et in ipso comitatu. — Tanton (dépendance de Vonnèclie) , entre la Wimbe et la Senoye : le comté n'est pas celui de Huy, mais un autre moins connu qui tire son nom de la Houille {lluia) , petite rivière qui coule au S.-O. des endroits cités. Ceneils est Senaye ou Sinaye, dépendance de Wanccnne. N" 27 (972). Ifjilur dédit ipse Rambertus ad allure S'' Pétri et S'' Remacli.... in payo Condustrio duo mansa super aquuin ' Swminara et inter confines * Busiu et ' Barevel. Itaque contra hanc donationem accepit.... in precariam.... abahhate loci ipsius.... mansa llll in eisdem confinïbus supranominatis in comi- tatu Hoio. — 'La Somme; ^probablement Buzin; peut-être Bonsin; 'Barvaux- Condroz, ou Barveaux, près du village de Somme. Nota 1. Sur les bords de la Somme sont situés les villages de Somme et de Leuze. Je crois reconnaître leurs noms anciens dans les signatures : Guntrannus de Sume ou Summe (ci- dessus ad 72 sq.), Bovo de Lotauso (col. S9, vers 105S). Comparez pour ce dernier: Leuze, dans le Hainaut — : Lutosa, dans le Partage de 870; Lothusa, ap. Lac, I, 26 (i'):, Leuse, département de Seine-et-Oise — : Lodosa, dans le Polyptique dlrminon (I, 879 sq. , II, 241). Nota 2. Nous remarquerons: 1" que le nom de la rivière paraît se décomposer en Sume, nom du village, in, suffixe de dérivation, ara, nom-suffixe signifiant probablement : eau, ou cours d'eau; 2" que cette forme Suminara, Sumara, répond mieux au mot Somme que Samara, qui, à conclure de Samarobriva, était le nom de la Somme, rivière de Picardie. Samara, à son tour, cadre mieux avec le mot Samhre que ne le fait Sahis. Pour ma part, je ne doute pas que le nom de la première rivière, s'il n'était Sumara, avait au moins cette forme, et, de même, que la seconde rivière, outre le nom de Sabis, dont je ne conteste pas l'authenticité, portait aussi celui de Samara : comparez l'art. Sambra, dans la série suivante. N° 28 (966). Dedimus itaque.... ad monasterium Stabulau.... hocestcurtem nostram indominicatam « ad demekema et cominam » ^we que protenditur ab ima arbore qxte vuUjo diciiur « Pekervol» usque ad terram S'"' Mariae. N« 29 (968). Dédit itaque idem predictus Norbertus ad altare ejusdem eccle- sie.... locum qui dicitur ' Dottimja quod erat de alloda - Perroith.... E contra dédit ei prescriptus abba.... Af I bonuarios super fluvium ^ Alsoncia in loco qui dicitur * Ilosinqa in comitatu '' Bastinije sicut ut superius. — - Parret ou Parette (au N. d'Arlon, près de la frontière du grand-duché de Luxembourg); Tome XXVI. 6 42 MEMOIRE ' l'AIzette; * Essingen ; '* comté de Bastogne. Nota. Que V/lHsontia d'Au- sone (Moselle, vers 571) soit ou non notre Alsoncia, c'est en tous cas le même mot sous une forme plus ancienne. Le radical se retrouve aussi , à ce qu'il semble, dans les noms Alsena, Alisna, que nous avons vus plus haut: com- parez aussi Aliso ou 'EKinm, rivière de Westphalie, maintenant l'Aime (Tac, Ann., II; Dion Cassius , LI, 35), Eisa ou Aha, rivière d'où l'Alsace a tiré son nom, etc. (Le rapport entre ces formes peut être exprimé par le tableau sui- vant : 1" Alis-on-tia, Al's-on-cia: 2" Alis-on-a , Alis-en-a : a. Al's-en-a, b. Alis-'n-a; 5» Alis-a, Al's-a). N" 30 (966). E contra accepit {Ilarclvicus).... IIII mansa m loco qui dicitur Fractura.... in comitatu Hotjensi. — Fraiture, près de Tinlot (voy. la pièce suivante). N" 31 (956). Dédit itaque predicttis Robertus.... idest in pago Condîistrio in villa • Strafella mansa IIII.... et in villa - Tilnou mansa FI.... Deniqne in com- mutatione earundem reriim accepit a predicto abbafe.... id est in pago Ilasban- nio villam ' Grimides super fluvium * Galia. — ' Probablement une dépen- dance de Sfrée (ci-dessus, ad col. 26 sq. : Strata), qui est à l'O. de l'endroit dont le nom suit; * sans doute Tinlot, entre Strée et Fraiture; ' Grimde, près de Tirlemont; * la Geete. i\° 52 (^9o9). Tradimus... ad altare S'' Pétri in Stabtihms... in pago videlicet Condustrio in villa ' Aterino niansmu indominicatum... que terra jacet...juxta terram S'' Remacii de ^ Okeries... in comitatu Hoyensi. — ' Atrin, au IN. du suivant; " Ocquier. N" 53 (970 . Quicquid habere videmur super Mosellam in villa publica que dicitur Crovia. — Crôv. N° 55 ;1004). Tradimus (scil. Gerardus cum conjuge)... quod in Glamacho tenemus. — Lisez Glaniacho (Glains)? N° 40 (vers 1040). Ego Iladeundis ingenua... tradidi S'" Petro elS^" Remaclo... pro salifte anime mee et filii mei Iladc^ndi « Ilennereit de Brucherothes » cum omnibus que visa sumpossidere.... addidi etiam « Sparfir de Erarmunz » cum suo mansu. IN" 41 (1095). Estnobis (scil. monachis Stab.) possessio antiquitus in loco qui dicitur * Ad-Fractam-pontem , pertinens ad possessioneni eque nostram que appellatur ^ Lovineias, quam videlicet possessionem rustici juxta manenfes in vico ^Alno, qui sunt S" Alherti Aquensis, etc. — ' Fraipont ; ° Louvegnez ; ' Olne. N" 42 (la date manque). Allodium quod erat ad * Roleuz juxta curtem nos- tram H... (sic : leg. Ilurionem).... (sic) et ad ^ Florzeias.... Très solidi Colo- nienses qui exeunt in festo S^'Johannis Bapl. de '' IVakendor.... Coloni insuper SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 45 nostri de ' Retnaja.... Non omisimiis autem C ova... que de ' BHzirhes.... sol- vuntur. ' Ce nom, qu'il faut lire Ruiluz ou Roluez, désigne Roloux, en Hes- baie, près de Horion; ■ Florzée, commune de Sprimont; ' Wachendorf , dans le cercle de Lechenich (Ritz); ' Remagen (sur le Rhin). N» 47 (IIOS). Mormont. — Un des endroits de ce nom situes dans le Luxembourg. — In villa super Jaircun sila Bacevfjes — : Basscnge , sur le Geer (Hesbaie). AlM'mni nostrum Holomje — : Hollogne, dépendance de Waha, ou un des Hollogne situés en Hesbaie. N» 48 (même date). Ego f rater Fulmarus..., Stephano de • Alha-fonlana homine nostro sine heredibus defiincto, benefcium qiiod a nohis habebat, idem molendina II, unum ad ■ Kanlui super fliwimnLetia...., alitai sub ' Okerias in loco qui' Urzula dicitur.... fralrilnis meis Slalml. tradidi.... Redemi praeterea a Roberto caslellano nostro de Lonrjia.... Ilcatnbas, unam ad ' Feroin etalteram, ad ° Fieligncl....quas simili modo fratribus meis.... contradidi. et ipsi eas Hillino villico de ' Reuurun hereditario jure possidendas reddiderunt. — ' Arbre- fontaine, ou Blanche-fontaine, Tan et l'aulre près de Viel-Salm; 'Chanly; Ocquier; ' Fairon; ' Filot (ci-dessus Filionio)? ' Lisez Kevurun : Chevron. Pour compléter notre travail sur le cartulaire de Stavelot et de Malmédy, nous transcrirons m extenso deux listes des possessions de ces monastères, encore que ces listes répèlent beaucoup de noms connus et qu'elles soient généralement très-fautives. La première, écrite vers 1150, donne Tétat des biens du temps de labbé Poppo, mort en 1048. (Dans l'Ampl. coll., 89 sq.). La seconde, de 1155, ou environ, a été dressée par ordre de Tabbé Wibald, qui la fit graver sur une plaque de vermeil. Elle nous a été conservée par Mirseus, l, 686, mais, comme nous lavons dit, d'une manière très-incorrecte, proba- blement par la faute du transcripteur, qui manquait des connaissances paléo- graphiques nécessaires et du zèle qui aurait pu y suppléer. (Notons à l'avance . afin que le lecteur puisse juger plus aisément des corrections à opérer , que la corruption parait avoir atteint surtout les formes commençant par con et par o). Néanmoins, les principaux endroits devant être nécessairement mention- nés dans l'une et l'autre de ces listes, ainsi que dans les extraits précédents, on peut essayer avec quelque espoir de succès de rétablir les formes au moyen de cette triple comparaison. Pour éviter les longueurs, nous avons fait suivre chaque nom de la première liste de celui qui paraît lui correspondre dans la seconde. — P. S. Cette partie de mon travail était achevée, lorsque j'ai trouvé, à la page 52 d'une Notice historique et descriptive des archives de l'abbaye et principauté de Stavelot, publiée par M. Gachard dans le tome XXI des Mé- 44 MEMOIRE moires de l'Académie royale de Belgique, une transcription de la liste de Wibald, faite au XVl" siècle et beaucoup plus exacte que celle de Mirseus. Je ne pouvais négliger d'en tenir compte, quoiqu il fut trop tard pour substituer les nouvelles données aux anciennes dans le corps de l'ouvrage. Je donne donc cette transcription en supplément, avec celle de Miraeus en regard, et je note en même temps les observations qu'elle suggère : j ose dire qu'elles con- firment généralement mes conjectures : le résultat de mon travail subsiste, mon labeur seul est perdu. Que si le lecteur me reproche à ce sujet de ne pas lui fournir une œuvre plus achevée, je répondrai qu'explorer toutes les sources est chose matériellement impossible 5 qu'on est donc forcément exposé à devoir reprendre en sous-œuvre telle ou telle partie de son travail, voulùt-on épuiser la matière; que pour moi, loin d'avoir cette prétention, je voulais et devais me borner à un simple essai : s'il est suffisamment complet pour être utile, mon but est atteint. Oyseis (col. H8, an. H43, Oiseis). Oizy, au S. de Graide. Graisde. Graide. Olfait — Consfait? Haut-fays, au N. de Graide? Ou comparez ci-dessus Lonfait (Longfaye) ? ou « HoufTen [?], dont la fortereste tient en fief de Stavelot. salve une Ihour mouvante de Luxemburgh » (Liste du X\ ""^ siècle, p. 520)? Osisines — Cousines? Hosne (entre Amel et Manderfeld)? Comparez ci- dessus Olisna? Fineval — Fieneval. Finnevaux , près Beauraing. Spontin. Même nom moderne. Haletin (col. 79, an 1104, Halenlina). Hallinne. Jupille. Même nom moderne (près La-Roche). Izers (col. 85 inf. Iziers). Izier. Longia. Logne. Hoseumont (lisez Hosenmonl : col. diS, an. 1145 : Hosammotit . qu'il faut peut-être lire Hosainmont, d'après la leçon suivante; Mon. Nani., l. p. 508, an. H85, Hosainmonl [deux fois], ibid., p. 150 sq. , an. 1209, Hoseumont}. Hosémont, en Hesbaie. Rochelevenges. i° Rochelinval, près de Fosse et de Bodeux, au S. de Sta- velot? Cette supposition parait la plus vraisemblable; car il suflit d'un tilde sur le second e de Rochelevenges (= Rochelenvègne), pour produire le son de Rochelinval, sauf la terminaison, dont l'origine est facile à comprendre. 2° = RocHE-et-VENGEs : Rock et Vien, deux villages au N. de Fairon? 5» Ro- clenge, en Hesbaie, anciennement Rokelenges, en flam. Ruckeliiic/en ? Awogne. Sans doute Awagne , mais alors il faut très-probablement lire le SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 43 nom ancien Awagne, comme le nom moderne: comparez ci-dessus, p. 35 sq.. Navania ou Wavania. Lovigneis — Louveigneis. Louvegnez. Ferviers. Même nom moderne. Keren. Cherain. Buiteback. Butgembach. Bolenges. Bùllingen. l. JVellin {:in curte Wellin A FI lihras). Plus loin, le même nom revient avec la mention : in Wellin XL arieies. L'un de ces endroits est le Wellin moderne, appelé de ce même nom dans la Liste de Wibald; l'autre est celui qui est designé plus haut (ad col. 126 sqq.), et dans cette dernière liste, sous la forme Wellines. 1. Nova-villa. Un des Neuville : voy. 2. Nova-villa. Walendor. Walsdorf : voy. ci-dessus ad col. 56. Bacinga — Bacenga (ci-dessus — Ritz, n" 47 — Bacenges). Bassenge, en Hesbaie; en flam. Betsingen. Leignon. Même nom moderne. Comblenz — Combien. Comblain-au-Pont. Seignaces — Scheniaces. Sous ces formes, les deux noms ne correspondent pas , mais il est probable que le premier doit être lu Seignaces : on ne pour- rait, en effet, étayer Seignaces que par la seule forme Seniaces que nous avons reconnue être fautive; de plus, le seul nom actuel à comparer serait Ciney, qui était une manse dominicale de l'évêque de Liège (voy. plus haut, p. 3S) et qui porte des noms différents dans les anciens documents (voy. la remarque). Seignaces., Scheniaces, au contraire, répondent parfaitement au Àhignies, Ahineis, Xhignes, du Catalogue des vicariats, qui désigne Xhi- gnesse, église-mère de Lorcé, My et Xhoris, d'après ce même document, p. 494 inf. Nota i. Il est bon de noter que la désinence aces ne vient point d'un singulier ax , comme on pourrait le penser, mais que le e y est simple- ment, de même que dans la plupart des terminaisons en es, l'atténuation d'un a primitif : comparez pour la forme acas : Pronisiacas et Angelgiagas; pour la forme atténuée aces ; Semaces. Nota % Je n'ai découvert pour le nom ancien de Ciney que les formes suivantes, qui sont nécessairement secon- daires, si elles se rapportent toutes à cet endroit, ce que je ne puis garantir, spécialement pour la première : Ceumacum, Cennacunï, Cegnacuni, Kine, Cunei (Chap. I, 212, cf. 56, 58; II, 106, 109, 508, 310; Mir., H, 825. 2 med., 827. 1, III, 11, note 9, 617. 2 sup., etc.). L'instabilité de la voyelle du radical et la confusion constante entre la lettre m et les lettres ni ou nn, sont cause 46 MEMOIRE que, par renonciation seule du mot clans un document, on ne peut jamais reconnaître si l'endroit désigné est Ciney, Chiny, ou Chimay. Dans le Hai- naut, ou dans ces contrées, se trouvait un endroit dont le nom moderne m'est inconnu, mais qui est appelé dans les dernières pièces où il figure. Ciney et Cliivenis : la forme la plus ancienne est Chuinegas (laquelle repré- sente vraisemblablement un primitif Cumacas), d'où successivement Kui- neias, Kkinei, Chunei, Ciney, et, d'autre part, venant de la forme Kiuneias. que la combinaison des deux premières, que nous venons de citer, permet de poser comme réelle, Chiweneis, Chivenis (voy., pour ce nom, Lac, 1 , 1, 59, 296, 449). Si, tenant pour bonnes toutes les formes attribuées ci-dessus à notre Ciney, il me fallait conjecturer quel primitif en résulte probablement, j'opinerais pour Ceumacum qui aurait été lu par erreur Ceumacmn ■■ cette forme est la plus ancienne (1006) et, moyennant cette correction, rendrait compte de toutes les autres. Oseis. Nous avons déjà comparé Osois et Ausegias. A iflois. Okeriis (ici à l'ablatif, mais cette même forme est employée à l'accusatif, col. 461 : villam nostram Okeriis devastavit). Ocquier. Bra. Bras. Lernau — Ledernmi. Lierneux. Baldau — Buldoxi. Bodeux. Rahieres — Rahir. Rallier. Chevrons — Kevuruns. Chevron. (m) S'" Fito. S'-Vilh. [in) Tumbis — Doma? Thommen. [in] Waimis — Waymes. Weisme. Amhlavia. Amblève. Lorenceis — • Lorenzeis. Lorcé. 2. Nova-villa. L'Alphabet a : « Nouville-en-fond Famenne », et : « Nou- ville-à-S'-Vith » , maintenant Neuville. 2. TFe//m. Voy. l.Wellin. Lencjun. Une lettre adressée à Wibald, en 1148 (col. 280), porte : De eo autem quod mihi injmixistis, ut Godinum de Barsiez villicationi in Lemgum imponerem, etc. Barsiez paraît être Barsy, près de Schaltin : c'est peut-être un indice pour retrouver Lenyun ou Lemgum. (Inutile de faire observer que ce n'est point Leignon, puisque ce nom figure déjà plus haut sous cette forme). Olzieres. Gênerez — Genuerez (lisez Gennerez). Jeneret. SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 47 Le document mentionne ensuite de nouveau, mais sous d'autres rapports, les noms de Lovengeis, Lernau, Chenruus (lisez Chevruns) et Rahieres. La liste de Wibald contient en plus : Stabulaiis. Stavelot. Rona. Roanne (près de Stavelot) , probablement. (Alors le nom moderne serait ainsi écrit pour Roine). Consines. Josses. Lisez Fosses : Fosse, près Bodeux. Consdaignes. Comparez Condeine, dépendance deBaelen, dans une pièce del912,ap. Ernst,VI,p. 178. Horrion. Horion. Tourinnes. Tourinne. Mudrescheidt. Lisez Mâdrescheidt : Manderscheidt, au S. de Bùllingen. Rhorices. Lisez Xhorkcs : Xhoris — ? c'est en tous cas l'endroit désigné, mais je doute fort que le signe wallon xh, pour h aspiré venant de se, soit aussi ancien. Causeis. Lisez Causes : Chanxhe — ? L'Alphabet mentionne un Chaudié, qui répond au moins aussi bien; mais ce vocable paraît corrompu, et il faut probablement lire Clumehé, = Chauveheid (dépendance de Chevron], qui est une forme tout à fait adéquate. Fielon. Filot. Ferieres. Ferrières. Sprimont. Même nom moderne. Conson. Fieziennes. Fizenne, près de Soy. Herpha. Hervé, ou le Ilarfia, en Condroz, mentionné dans le n" 18 de Ritz? Conkieres. Sccdtin. Schaltin. Feraùjes. Ferage, près de Finnevaux. Silveslrecourt. Voy. ci-dessus p. 24 sup. Doroit. La liste du XV"" siècle mentionne Donrot comme « cour venant à Wellin » , puis elle cite Douroit, immédiatement avant Alhoumont (près de Houffalise). L'Alphabet et le Catalogue des vicariats portent Doreux; mal- heureusement (car je ne puis retrouver cet endroit) une faute d'impression empêche de reconnaître à quel concile il appartenait. Palisul. Paliseul. Consfail. Calcum. Chaud. 48 MEMOIRE Bovingeis. Bovigny, ou Bouvigny. Germineiz. Germigny (en Champagne). Kerbou. Charbcaiix (près d'Yvoi ou Carignan). Donia. Probablement Thommen. Wakendorph. Wackendorf. Lukesemjes. On voit, coll. 64, 6S, que cet endroit ressortissait auparavant à l'évéché de Bamberg, mais qu'il était assez rapproché des Abbayes. Malmundarkmi. Malmédy. FrancorchcDiips. Même nom moderne. Francorchamps vient sans doute de Francorum-campus , mais je n'ai pas rencontré ce nom dans un document ancien. Hoscenlaer. Basenheim. Sans doute le même nom que Basen-villare . d'où est daté le diplôme d'Olhon, de 950 (col. 44). Daleltein. Dalheim^ lequel? Fairon. Même nom moderne. Pressoir. Presseux. fFakvia. Waleffe (en Hesbaie). Sclacin. Sclessin. Linsceis. Lincé, ou Linchet? — : l'Alphabet a l'un et l'autre (« Lincé ». « Linché »). Landermemjes. Lantremange (en Hesbaie), probablement. Comparez Lu- tremange, près de Bastogne. Doccholtz. Bockoltz :, en français, d'après Ferraris, Behaull (à l'E. de Bovigny). Wellines. Nous avons vu plus haut (ad col. 126 sqq.) qu'un seigneur de La-Roche avait un bénéfice en cet endroit. Ici il est associé à des lieux situés en pays allemand (à l'exception peut-être de Travant, qui est douteux). La première donnée empêche de comparer Willinne, dépendance de Berloz, non loin de Lantremange, qui vient detre cité; la seconde rend improbable que ce soit Wellenne , proche de Namur. Travant. C'est le même mot que Trahanam, que nous mentionnerons plus loin (d'après Lacomblet, II, 155) et qui désigne Traben. Cependant, d'après l'état de corruption où les formes nous sont données, on peut aussi comparer F'allis deXhavant (Vaux-Chavanne, probablement), dans le Catalogue des vicariats, p. 495. Grimesburg. Ludenestorph. Dans un document à peu près de même date (col. 92) Lode- nesdorp. SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. Liste des biens dressée par l'abbé JVibald. 1 TRANSCRIPTION TUANSCRIPTION DU us. DCI Ils. DE .lIIRiUS. DE MIRÏCS. EXTRAIT PAK 11. GACHAED. EXTRAIT PAR a. GACHARD. Stabulaus. It. Palisul. It. Rona. It. Cunsfait. Olfait. Consines. Osncs. Calcum. It. Josses. Fosses. Bovingeis. It. Lcdernau. It. Germinciz. Gcrraineis. Baldou. It. Kcrbou. It. Rahir. Rahieres. Doma. It. Kevuruns. It. (écrit par erreur Wakendorph. Wakenedorff. Kewruns.) Lukescnges. It. Consdaigncs. Oldanges. Malmundarium. It. Louvcigncis. Lovingeis. Waymes. Waimes. Horrion. Horion. Francorehamps. Francorcamp. Tourinnes. Turnines. Nova-Villa. It. Mudrescheidt. Muderscheit. Amblavia. It. Rhorices. Scorices. Ilosccnlaer. Ilascenlar. Causcis. It. Bascnheim. It. Ficlon. It. Dalcheni. It. Ferieres. It. Baccnga. It. Casldlum Longia. Castellum Longie. Lorenzeis. It. Spriniont. It. Sclieniaces. Scuniaces. Conson. Oson. Fairon. It. Fieziennes. Fiezma. Combien. It. Gcnucrez. Gênerez. Pressoir. Pressoer. Hcrpha. It. Walevia. Walavia. Conkieres. Okcres. Sclacin. It. Scaltin. Scalentin. It. Liiisccis. Leignon. Lengion. Landermenges. It. Feraiges. Ferarga. Boceholtz. Bocholt. Fieneval. Fiiieval. Wcllines. It. Wellin. It. Travant. II. Silvestrecourt. Silvestricourt. Grimesburg. Grimesbura. Doroit. It. Ludenestorph. Ludenestorf. Tome XXVL 7 50 MEMOIRE La comparaison de ces listes donne lieu aux observations suivantes. Dans la première, les vocables Consines, Consdaignes, Conson, Conkieres, Cons- fait, sont, en effet, corrompus. Il faut les remplacer par Osnes, ou mieux OsiNES, = Osisines (liste de Poppo), Oldanges (Odeigne), Oson (Ozo), Okeres, ou mieux OKiERES, = Okeriis (liste de Poppo), OIfait = OIfait (ibid.). De même, pour Josses, Rliorices et Genuerez, il faut lire Fosses, Scoriccs et Gennerez. comme je l'avais proposé. En revanche, la correction Mudresclicidt, en Man- drescheidt, devient douteuse, quoique je la regarde toujours comme pro- bable; Travant et Causeis sont certifiés conformes à l'original. A Tourinnes, Scaltin, Leignon, formes modernes arbitrairement introduites par le copiste de Miraîus, il faut substituer Turnines, Scalentin, Lengion. La leçon Ferarga semble également préférable à Feraiges. Il est plus douteux que Hascenlar, Scuniaces et Grimesbura vaillent mieux que Hoscenlaer, Scheniaces, Gri- mesburg. Fiezma est sans doute mal lu pour Fiezina. m. EXTRAITS DE LA CHRONIQUE DE S'^-HUBERT , EN ARDENNE, DITE CaNTATORIUM. rédigée dans le premier quart du xii""' siècle. Limites du territoire concédé par Pépin d'Herstal, d'après un faux diplôme auquel on a donné la date de 687. — Voici d'abord les termes du document lui-même (ap. Mir., II, il2§ sq.) : Qunm supremus coeli terraeque Dominus... castrum Amhra, Amherlacensis fisci caput... in servorum suoriim patri- monivni dujnatus sii elkjere, E(jo Pipinns... noimn facio omnibus... quod praedictum dilionis meae castrum ah Jrdennae principatu ainilsiim, cum. limifibus et confmiis infra designatis, ita... trado, etc. Noverint universi hac donationis karta contineri totum terrae tractum constrictum inter lapides , metas et fossas , in praesentia filiorum etprocerum vieomm desicjnafas : inter Divisiones, ad Meridiem : ad Orientem, inter Mollem Campellum , Campilo- nem et Haletum, ferreum montem : ad Aqniloneni, inter Nasaniam et Aicati- nam, Tabidae fontanam : ad Occidentem, Fluvium Lumnam et Rupem Sul- moniensem; sdlicet cum hanno, etc. — L'auteur de la Chronique rend ainsi le texte ci-dessus (p. 568 sq.) : Inpago Ardaennensi quoddam. castrum Ambra dice.batiir, eo quod Amherlacensis fisci capud haberetur Locum perpetun habendum Berecjiso donavit (scil. Pipinns) , et perlustratis finibus ejusdem donationis, certas metas per subnotata confinia disterminavit : ad meridianam plagam inter Divisiones, ad orientalem plagani Mollem campellum, ad aqui- lonem inter Campilonem et Haletum, Ferreummontem, inter Nasaniam et SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. SJ Àwanam, Tabulae fontanam, ad occidentem ritpetn Sulmoniensem et fluviiim Lumnam. Ambra, nommé ensuite par Bérégise Andacjinum. (626, 1. 48 sq.), serait S*-Hubert, mais il y a apparence que ce nom a été controuvé, précisément pour que S*-Hubert parût avoir été dans l'origine le chef-lieu d'Amber- loux, tandis qu'en réalité il en dépendait, sans doute. Il est certain, en effet, que ce dernier village existait à l'époque romaine ('), et, d'autre part, on ne voit pas pourquoi, étant assez éloigné d'Ambra, il aurait tiré son nom de celui-ci, et ensuite pourquoi, cela même admis, c'est de lui et non d'Ambra, le prétendu chef-lieu, que le nom du fisc serait dérivé [Amberlaceiisis-^ et non Ambrensis- ou Ambracevsis-fscus) -, de plus, au point de vue linguistique, la ne paraît nulle part comme suffixe de dérivation. Quoi qu'il en soit d'Ambra, le nom ancien d'Amberloux était ^m6er/acMS ou Amberlacum, comme on le voit déjà par l'adjectif ci-dessus , et comme il est appelé effectivement par l'auteur de la vie de Bérégise (Cantatorium. p. S68, 1. 29 sq. : teniporibus antem Pipini ... uxor ejus Plectriidis Amberlacum, suae dktioni.s fiscmn, parabat adiré), d'où ensuite Amberlaus ou Amberlau. Les autres noms sont ainsi rendus par M. de Robaulx, un des éditeurs du Cantatorinm (-) : le mot Diiiisioiies indiquerait les limites du district de Neuf- château, marquées jadis par des bornes en pierres; Mollem-campelhun Mochamp [le bois de Mochamps, au droit sud de S*-Hubert, ou le hameau du même nom, au nord de ce lieu? P. S. L'Ant. eccl. And. indique ce der- nier endroit, mais en doutant de l'attribution. Elle conjecture à tort Mier- champs (p. 10 sup.), qui est probablement le lieu appelé, p. 56 med., Mericam- pus]. Campilonem : Champion; Haletiim : Halleux; Ferreummontem : une ligne d'amas de minerai de fer entre Champion et Halleux [?] ; Nasaniam Nassogne [dans le code Théodosien — voy. pp. 540, 748, etc., de l'édition de Haenel — : Nasonacum ou Nassonacum] ; Aivanam ou Awannam : Awenne; Tabnlae-fontanam : la Masblette, ruisseau qui traverse la vallée de Font-à- Bulat [voy. note 2] ; rupem Sulmoniensem : la roche Sulmont [voy. note 5] : {') Au-dessus de la porte de l'cglise se trouve une pierre portant rinscription CURIA ARDUENNAE, et au-dessous du maître-autel on a découvert, en 18i23, un autel romain dont les quatre faces représentent en relief les effigies de Mercure, d'Hercule, de Minerve et de Diane, du moins selon lintcrprétalion qu'en donne L'Évcque de la Basse-Moùturie, p. S sq. Cet autel est conservé au musée de Luxembourg. (=) J'avais achevé de rédiger mon travail sur le Cantatorium lorsque j'ai eu connaissance d'un opuscule intitulé : Anliquitas ecclesiae Andaginensû S'' Pétri, que M. de Reiffenberg a publié dans le t. VIII des Mon. Nam., p. 5 sqq. : j'ai inséré en post-scripla, et en les indiquant par l'abréviation Ant. eccl. And., les renseignements, du reste peu nombreux, que j'y ai puisés. ;i9 MEMOIRE 4)2 Lumna : la Lomme. Nota i. Le hameau de Mochamps est situé proche de la JFamme : si sa position ne semblait l'assigner presque inévitablement à l'abbaye de S'- Hubert, j'aurais interprété par ces deux noms, ceux de Machanto super fluviolo démena, du n" 3 de Ritz : alors ce serait l'autre Mochamps qui serait désigné par le nom de Mollis-campdlus , si toutefois cette dénomination n'est pas fabriquée. Nota 2. Je suspecte follement l'exis- tence d'une vallée de Font-à-Bulat , mot qui parait formé d'après le nom latin du document : fons Tahulae. Ce qui existe positivement, si mes souve- nirs et mes renseignements ne me trompent point, c'est une vallée étroite et profonde, dite fond de Boukide, où prend naissance un ruisseau nommé ruisseau de Roulade (lisez ainsi, dans la carte de Vandermaelen, au lieu de Roulaide) , et dans laquelle coule la Masblette à partir de sa jonction avec ce ruisseau. D'après cela, la Tahulae-fontana de notre document serait le plus probablement ce dernier cours d'eau , dont le nom est reproduit littéralement par cette expression; Boulade venant d'ailleurs de Tabula (par inversion), ou, au contraire, ce qui me parait pour le moins aussi probable, Tabula ayant été choisi comme primitif convenable du mot Boulade. (Voir simple- ment Fond de Roulade, dans Fontnna Tabulae, serait aller trop loin?). P. S. Voici le passage de i'Ant. eccl. And., qui est relatif îi cette partie de la délimitation : Quae sit illa Tabulae-fontana, sife Tabulae-fons, obscurum est : de fluviolo illo , quem accolae Masblette vocant, inteUkjendum arbitror, forte Tabulae-fons olim dictus qnod ex horrida illa valle silvestri, quae Fond à Rulat mincupatur, effluat, etc. On voit donc que, pour cet auteur aussi, l'expression Tabulae-fontana s'explique uniquement par Fond-de-Boulade qu'elle désigne d'ailleurs la Masblette, est pure conjecture. Cette même auto- rité paraît, il est vrai, justifier d'un autre coté la dénomination font- ou fond-à-Bulat, au moins pour cette époque (XVII™" siècle). R se pourrait que la vallée s'appehit primitivement Rulat, puis, par abus, jPo«f/-à-Rulat, d'après le nom du ruisseau : font — c'est-à-dire fontaine — à Rulat. Nota 5. Existe-t-il une roche Sulmont? Dans la négative, il faudrait traduire la roche de Smuid — endroit situé sur la Lomme, à l'ouest de S'-Hubert et au sud d'Awenne, et nommé plus bas Sulmodium — , ce qui entraînerait la correction Sulmodie)isis. Les noms suivants, jusqu'à Ernau, inclusivement, sont tirés d'un diplôme délivré entre 8 1 4 et 8 1 G. Je continue à donner l'interprétation de M. de Robaulx, en exprimant le plus brièvement possible mes doutes et mes observations. Aprovilla. Arville. Lotvilla. Louvillc. [Village maintenant détruit. U était situé près de Rech- rival, commune de Tillet]. SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 53 Neliiia. Naomé. [?? Comparez plus bas, p. 06, Nevies]. Palatiolum. Paliseul. Gamedella. Gemelle. Telins. Telin. Lesternivis. Lesterny. [Dans le texte de la Chronique (395. 4i) Lesterneias]. Rîivonia. Rcvogne. FrandiUonis. Frandeux. [ « Froylieu » (Froidlieu, commune de Sohier?), selon l'Ant. eccl. And., p. 13 inf.]. Gabelium. Givet. Anseromia. Anseremme. Rumendinis. Romedenne. Melsun. Maissin. MartiUmjes. Martelenges. [Martelange]. Bullaidas. Boulaide. Tervotna. ïerwagne. Teidedum [plus loin Tîeledim]. Tilleur [près de Liège; en wallon Tîleù]. Marlida. Marloye. Aldaimim. Aye. [Aye est cité, en effet, immédiatement après « Marlidée » , dans le diplôme de l'an H39 (ap. Mir., IV, 170 sq.), par lequel le pape Inno- cent II confirme les diverses possessions de l'abbaye de S'-Hubert]. Alventiiim. Avent. JSentina. Nettine. Florias. Florzée. [Non ! mais Florée , dans le Condroz namurois. Florzée se disait Florzeias , comme nous l'avons vu plus haut]. ïFowonitim. Wanlin [??]. Arduaniiim. Ardenne [ou Hardenne]. Bractis, quae alio nomine nuncupatur Episcopi-villa. Braz, Vesque-ville. [Cet endroit, considéré comme unité par notre diplôme, forme maintenant trois localités distinctes : Bras-bas, Bras-haut, Vesqueville]. Lisura. Lizere. [Lizere ne se trouve pas dans les dictionnaires. — Lisura désigne sans doute le même endroit que le Liceuria mentionné dans le diplôme d'Innocent II, entre Haverenne (au N. de Rochefort) et Masbourg (au S. du même lieu) , et comme appartenant au décanat de Béhogne (voy. plus loin Bohania) : or, je ne vois d'autre lieu répondant à ces diverses indications que Lissoir, sur la Lesse, proche de Hardenne. — P. S. Cette attribution ne con- vient qu'à Liceuria. D'après l'Ant. eccl. And., p. 28 med., Lisura désigne Lieser, au confluent de la rivière de ce nom {Lesura, dans Ausone, Mos., vers 36u), dans la Moselle]. M MEMOIRE Evernicorteti [ailleurs Eberneicurlis]. Evernicourt [près de Neufchâtel , sur l'Aisne, comme on le voit p. o7î), 1. 12]. Sulpiacum. Souipy. [Dans les environs de Mézières? Comp. Sulpium , (;28. 3]. Nogarias. Noyers. [Près do Sedan]. Biithesaim. [Sans explication. C'est peut-être le même que le Duthcheim d'un diplôme de 96S, ap. Ernst. VI, p. 93 med. — P. S. D'après l'Ant. eccl. And., où il est écrit par erreur Duthesami, ce nom désignerait Buzin (proche de Havelange)]. Fineam. unain mm manso ad se pertinente in territorio Leodiensi nimcu- pato Finrjitis. [Finxjitis, prononcez Fi(jnitis, est sans doute le primitif de l'ancien liégeois vignis : vignoble. A peu de distance au N. de Liège se trouve le village de Fivegnis, c'est-à-dire vieux-vignoble : vi-vègnis. — Comp. Fineias, cité, p. S93, 1. 45, comme une antique possession, perdue par l'Ab- baye. P. S. L'Ant. eccl. And., p. 14 sup., en rapportant notre passage, écrit effectivement Fivegnis, au lieu de Fingitis : c'est, du reste, au fond, plutôt une explication qu'une correction du texte]. Tavernas. Taviers. [Probablement Tavier, en Condroz. Plus loin il est question de Tavier, en Hesbaie. — Inutile de remarquer que Tavernae est le lat. tahernae]. Ernau. Ernau. [Ce nom, en tant que moderne, m'est inconnu; en tant que nom ancien, il désigne Yernawe, en Hesbaie — : MS. n" 188, p. 41 med. (Mir., III, 298, 2 sup.), an. 1016; ibid., p. 37 med. (Compte rendu de la Comm. d'iiist., IX, p. 24 ult.), an. 1101 (ici : Ernaiis). Cet endroit est situé aux sources de l'Yerne , nommée anciennement Erna (3IS. cité, p. 31, 1. 2, an. 1084: .... ad flunien Ernam ■■ l'extrait donné dans le Compte rendu, p. 25 med., lit à tort Ernaw; — ajoutons que le praediiim Domini Cyrici, auquel se rapporte cette désignation, est, d'après une note marginale, « Doncheel » maintenant Donceel, qui est, en effet, sur l'Yerne). Il est donc évident que Ernaus, pour Ernacns, ou Ernati, pour Ernacum, dérive de ce nom de rivière. Voy. plus loin l'art. Ortao]. Blirvold, Mirvolt, Mervold; adjectif Miroivaldensis (591. 14). Mirwart. Dans un document de 1127, ap. Cliap., II, 101, ce nom est écrit Mireivalt, ce qui s'accorde avec l'adjectif ci-dessus. Calviciacum, Calviciacus fiscus; ailleurs (voy. p. 571, note 38) Calventia- cum. Chauvency, près de Montmédy. Cunis (dans notre texte , seulement sous la forme adjective Cunensis). Cons. SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 55 LUteris autem perditis in Leuga quae dicilur Mala inter Hoium et Leodium. La Mallieue : voy. la '5" série. Cliiniacum, Chisuiacum. (Ne se trouve également dans notre texte que comme aid']ecliï [Chiniacensis , etc.]. La seconde forme, qui est sans doute la plus ancienne, se rencontre, p. e., ap. Bertholet, 111, xxxiii, an. i07i). Chiny. Addens et qukquid inter Marbais et Fanium (Fainon) snijnris evat. Le diplôme original (Bertholet, III, xxxii sq., Mir., IV, 504, an. 1068) porte : m ipsa villa Pyronim (Priez) do totian allodium quodjacet super Marhaiz ex utraque parte , etc. Ces lieux sont en France, près de Mézières , ce qui montre que, ni le suffixe bais, en général, ni le nom de Marbais , en particulier, ne sont d'origine spécialement flamande. Dederunt ecclesiae quicquid habebant apud Linaium et Carnetum, et quar- tam partem pontis quae erat eorum apud Gabelium. — Catvietum est sans doute Charnoy, près de Givet, au S.; pour Linaium, je ne vois à comparer que Linay , près de Carignan. Huia. La Houille. Fiscalium, Fescals. Feschaux. rirvia. Vierves. Ce village est situé sur le Wirwin, que l'on écrit d'ordi- naire Viroin. En combinant ces deux formes avec Firvia, on voit que le nom ancien de la rivière devait être Firvinus. Houhaia. Selon de Robaulx : « Hontheye ». Ce nom, ainsi écrit, ne se trouve pas dans mes dictionnaires : il est probable qu'il ftuit lire Onhaye, et, d'autre part, que le nom ancien doit être corrigé en Honhaia. Comparez ci-dessus Onhaia, Hunhaia, qui désignent sans doute aussi ce même endroit. Bohania. Béhogne (dépendance de Rochefort) : c'était le chef-lieu d'un décanat. Abbas...., sepulto Gozilone [comité Bohaniae], Summeium allodium cum. maire ecdesia et familia ab Ermentrude uxore illius... legaliter ecclesiae donu- tum acquisicit. Dans le diplôme original, ap. Bertholet, III , xxix (an. 1064), on lit Stimeij. — Je vois dans les Chron. de l'Ardenne et des Woepvres, de M. Jeantin, t. II, p. 504, que, auprès de Brouenne (village au N.-E. de Ste- nai), se trouvait un village, actuellement disparu, nommé en lat. Sumeiacum (cf. 485 sup., 496 sup.), et en rom. Ximey, Simey, Stimeij, Cimay, Chimay (la carte de Ferraris porte encore à cet endroit un ermitage dit S*-Pierre de Chimay) : c'est sans doute notre Summeium ou Stimeij, et peut-être un des Cimay ou Chimay que nous avons vus plus haut. De fisco Anslaro. Aniier. (580. 26 sqq.) Noslris autem temporibus Godiscalcus abbas Hasteriensis d6 MEMOIRE Palatienses cruces (') fraudulenter temptaverat imminuere, et mimeribus pres- bileros vUlarum scducetis, ' Ilarneas, '^Gahelium, ^ ïFilerceias, ' utrasqite Bur- sivas et ^utrasque Lettres, ^Nevies, '' Gedinam, 'Granthes delrahens noslrae, suae attraxerat ecclesiae. 'Hargnies; ^Givct; 'Willeizics. 'Selon Romuald Hancar, moine de S*-Hubert, qui annota noire chronique vers l'an iG50 : < Borsine la viele et neuve », c'est-à-dire, d'après l'ortliographe actuelle, Bourseignc-la vieille et Bourseigne-la neuve, villages situés entre Givet et Willerzies. Cette explication me paraît la plus vraisemblable, seulement elle exige la correction de Bursivas en Bursinas (on aura lu Bursiiias, d'où on a tiré Bursivas), surtout que dans le diplôme d'Innocent II , c'est sous la forme Borsines que Bourseigne est désigné : « Loytrcs, item Loytres-Borsincs » — : lisez plutôt : Loytres, item Loytres [les deux Louette : voy. le nom suivant], Borsines. — P. S. Bourseigne-la-Neuve est appelée (à l'ablatif) Novis-Bursinis dans un diplôme de 1076, ap. Mir., IV, 504 inf.; d'autre part, l'Ant. eccl. And., mentionne, p. 56 inf., un don d'immeubles « n\md Bursinas ». D'après cet ensemble de preuves, on ne peut douter de l'exactitude de l'attribution et de la correction. — 'Les deux Loytres du diplôme d'Innocent; aujoui- d'hui Louette-S*-Pierre et Louette-S'-Denis : remarquez que cette orthographe moderne est tout à fait vicieuse, et qu'il faudrait écrire Loitle, comme le fait encore Hancar. "Sans doute le Nirves du diplôme d'Innocent (p. 171, col. 1 med.). Selon Hancar : Naomé , interprétation tout aussi invraisemblable de notre mot que plus haut de Nelina. J'avais cru d'abord que Nevies, INirves, désignait Nives, au N.-E. de Neuf-château, mais cet endroit paraît être trop écarté de ceux qui sont ici mentionnés. 'Gedinne, proche des deux Louette. ' Selon Hancar : « Grandhez » , lieu qui m'est inconnu. Grades, dans le diplôme d'Innocent Graides, dans les documents précé- dents Graisda. Graide. Astinetum. Assenois (proche de Paliseul, à l'E. ). Caviniacum, Cavi)tiacus fiscus. Chévigny, maintenant S^-^-Marie, entre S'-Hubert et Ncuf-chàteau. Duo allodia, scilicet ^ Suhnodium satis conticfimm monasterio, et^Tavers in Hashania, legali donatione ecclesiae Beati Iluherti in perpetmim collala optinere mereretur. 'Le diplôme original porte, selon Mir., IV, 185 (an. 1071), 5i;rt/ (966). Stenai. — Plus anciennement Satanacum (p. e. , ap. Hinc- mar, Mon. Germ., I, 501 , note 83). Dura, Duira (930). Dùren. Fillare. Weiler. Aschivilra, Ascwîlra {9'50). Eschweiler. — Dans Eginliard, cité par Ritz. p. IQl ., Jscvilarem (ace). Flatthna. Vlatten. Heiin (930). iMoff'endurp. Muffendorf. Burz (930), Amhlavuhurz (1226). Le Durs du Cantatorium (Bure)? Lenspalisiola ; Lens, Linsan, Basiolo (930), Lenspalisiolo (966), Lenspasi- siolo (1226). Il faut évidemment disjoindre Lens (Lentzweiler, dans le grand- duché de Luxembourg?) et Palisiolo (Paliseul) : c'est à la réunion fortuite de ces deux noms en un qu'est dû le chiffre de 43 villae , au lieu de 44. Linsan (930). Urio. Orgeo, proche de ISeuf-château (en Ardenne). — L'adj. Vriacinsis , que nous avons vu plus haut (p. 13), montre que la forme ancienne était Ûriacus ou Uriacum, d'où Uriao (comparez Amherlao, de Amherlacum) ef . par élision de \a, Urio. Casapetrea. Chassepierre , sur la Semois. Calvincioco , Calvintiaco (930). Chauvency, proche de Montmédy. Nous avons vu dans le document précédent les formes Calventiacum, Calviciacum. Gamnuinias. Jamogncs ou Jamoigne , sur la Semois. LomjoJare. Probablement Longlier, près de Neuf-château; d'ailleurs, on peut comparer les noms identiques Langlir, près Bihain,et Lengeler, entre Thommen et Bellain. Je ne sais ce qu'entend Wastelain (p. 237) par « Glare. proche de S*-Hubert ». Voy. pour l'étymologie du suffixe, l'article Laer dans la série suivante. Caviidaco. Chévigny. Maslario, Marslario (930), Maslapio (966 et 1226). La première forme , qui paraît déjà préférable par sa confrontation avec les deux autres, est garantie par la souscription d'un diplôme de 764, ap. Bertholet, II, xlui sq. : AcUnn Maslario , palalio publico. — Mellier, au S.-E. de Neuf-château? — : les difl'érentes circonstances relatives à Mellier rendent cette attribution 62 MEMOIRE très-probable : la position du lieu, son ancienneté, qui résulte, entre autres preuves, de ce qu'il renferme les ruines d'un château et de ce qu'il est men- tionné dans une charte de 1199 (y\nn. de la Soc. d'Arlon, p. 161) , enfin la l'orme ancienne du nom roman, qui est, dans la charte susdite, Mailler. Cloduna. Clotten, selon Lacomblet (II, p. 73, note 4; comp. n» H4). Amharlao. Amberloux. Remarquez que celte forme se rapproche de Amai>- LAus (ci-dessus, p. 27). Baslonio. Bastogne. Dans la suite du diplôme : villain Dastonicam ; de même dans le n° 74 de Lacomblet (an. 887). Une charte de 634 rapportée en extrait dans le Compte-rendu des séances de la Commission d'histoire, II, p. 204, dit Basloneco. Ortao. Ourth. — Il n'est pas douteux que la désinence de notre mot repré- sente, comme celle de Ambarlao, un nominatif en au ou aî(S, lequel vient, ])ar syncope, de aciim ou acus, ainsi que nous l'ont montré plusieurs exem- ples. Oktacum, = Urtacum, situé proche de l'une des sources de l'Ourflie, Urta, tire son nom de celui de cette rivière, comme Glaniacum de Glanis, Frusciacum de Fruscis, Ernacum, Ernau, de Erna, Lethernacum deLETnER>A (la Lienne), etc. Le diplôme de 1226 contient quelques noms en plus; je citerai : Gimenich. Gemenich. Dans les chartes de 1041, 1042, ap. Lac, I, n"' 174, 178 : Chiminiaco, Giminiaco. Mortirs. L'attribution de ce lieu offre une sorte d'énigme. Un diplôme pri- mitif de 910 (Lac, I, 86) donne à l'abbaye de Chèvremont (dont les biens furent transférés 62 ans plus taid à l'église de S'<=-Marie d'Aix-la-Chapelle : voy. Lac, I, 113) : prescriptas t'es in comitatu Leitchia sitas Mortariumque locuni vocatum cum omnibus suis appendiciis », etc. : Lacomblet rend ce nom par /l/oH«er (village au N.-E. de Liège), et il semble, en effet, que cette inter- prétation ne peut faire doute. Pourtant le tableau des revenus de l'église de S'f'-Marie, dressé au XII'"« siècle et conservé par Ernst, VI, 83 sqq., distingue formellement, à ce qu'il semble. Mortier et Mortarium ou plutôt Mortarius : In Rikela (Richelle) sunt fl dominicales mansi Curtilia solviint A Fil de- narios et de Mortier similiter. In Harmala (Hcrmalle) est dimidius domini- calis mansus. Aspicinnt ibi duo mansi Est ibi ecclesia.... In Mortai-io sunt duo dominicales mansi et dimidius, etc.; et voilà que, confirmant en quelque sorte cette distinction, Ernst (I, 317) attribue le Mortarius du premier diplôme au village de Mortroux, lequel est situé à peu de distance au N. de Mortier. Nous croyons toutefois que cette attribution est inexacte et que la distinction établie par le tableau des revenus entre Mortier et Mortarius, n'est SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 63 qu'apparente, c'est-à-dire que ce nom, écrit par hasard une fois sous sa forme romane, et l'autre fois sous sa forme latine, est répété, comme il arrive souvent dans les pièces anciennes, par la négligence du rédacteur qui sV prend à deux fois pour énumérer les divers revenus émanant d'un même lieu. Nos motifs sont 1" que la forme Mortroiix ne peut venir immédiatement de Mortarlus, mais bien d'un diminutif Mortariols; 2" que cette forme, par cela même qu'elle est diminutive implique que l'endroit par elle désigné est d'origine plus récente que Mortier, = Mortarius, dont le nom constitue son primitif: or, l'existence plus ancienne de ce dernier lieu rendrait déjà présu- mable, si même les formes des noms ne le disaient pas, que c'est de lui qu'il est question dans une pièce d'une date aussi reculée que le commencement du X™" siècle. Erclenciam. Erkelenz. En 906 (Lac, 1, 107) Ihrdinze. IFalharne. Wailiorn. Voy. plus haut, p. 59 sup. Mesche. 3Iesch, en wallon Mexhawe. Luncin. Lontzcn, d'après Lacomblet. En 1076 et 1098 (Lac, 1 , 227, 254) LoHcins. Nota. Près de Liège se trouve aussi un village nommé Loncin. Seffunt. Seffent. Le nom ancien était Septem fontes {Lac.., I, 78; Ernst, VI, p. 88). Senzeke. Sinzig. Nous avons vu plus haut la forme primitive Sintiacum. Trabanam. ïraben. Hariva. Transposition probablement involontaire pour Harvia (Hervé), comme le portent l'acte de donation de 1042 (Lac, 1, 178) et l'acte confîr- matif de 1059 (ibid., 193). Selon Ernst, I, 318 sq. , ce Harvia serait Walhorn : erreur surprenante, puisqu'il dit lui-même, p. 521, que Walhorn se nommait Harne. II est vrai que, dans deux diplômes de 1076 et 1098 (Lac, 1, 227,254), certaines éditions lisent par erreur Harve au lieu de Harne; mais ce fait ne peut naturellement influer en rien sur l'attribution de Harvia, là où il est authentique, comme dans les deux diplômes cités en premier lieu. Je termine ces extraits, formant la l'^'' série, par la mention de quelques noms anciens tirés de sources diverses : Dans le Partage de 870 (Mon. Germ., I, 489) on lit : sicnt fltimen Urta surgit inter Bislanc et Tinnbas. Cette détermination indique clairement que Bislanc est Bellain, en ail. Bcsslingen. Le Belsonancum situé, d'après Grégoire de Tours (VIII, 21), in medio Arduennensis silvae, et le Belslango d'un diplôme de Carloman de 770 : cenlena Belslango infra vasta Ardennae (Mon. Germ., I. 1., note 2), semblent être le même nom; du moins les mois (iî MEMOIRE lie diffèrent pas : le premier n de la forme la plus ancienne Bdsonaticiini s est changé en l , par suite probablement de la syncope du o; d'où la iornje subséquente Delshmgo: puis l'assimilation du premier l dans celle-ci a pro- duit la forme tertiaire Bislanc. Aqnalla (Mir., I, 558, an. 1088). Aywaille, sur l'Amblève. Meduanto (carte de Peutinger). Moyen (sur la Semois)? C'est la position indiquée dans la carte de Spruner (n" 9j, et le mot répond mieux à Meduan- tum (comp. le fr. moyen, de niedianus)^ que ne le fait Mande (S'-Etienne), qui est l'interprétation ordinaire. Altafalesia. — Après avoir fait longtemps de vaines recherches pour véri- fier s'il était vrai, comme on l'avait avancé, que Ilouffalise signifiait : haute- roche, j ai enfin trouvé un passage qui confirme effectivement celte conjecture. Une pièce de 1147 (Cod. Loss., n" 90) est signée par Winandus, domimis de Altafalesia, miles; or, ce personnage paraît être le même que le Winandus de Hulfalisia, c'est-à-dire de Houffalise, qui épousa Béatrice, fille de Mathilde et petite-fille de Henri [«', comte de La-Roche, mort avant le S juin 1158 (Ernst, Des comtes de Durhuy et de La-Roche, p. 15 sq.). Les formes que j'ai il'ailleurs rencontrées sont : Jh/falis, Hutzfalie , Hufulize , Iloffalis (Ernst, VI , 161 , 164, 199, 210, ann. 1 190, H92, 1222, 1228), IIii(falize, Huifalizia (Bertholet, V, xxni, xxv, an. 1245), etc. En allemand, selon le dictionnaire de Vandermaelen , on dit Huiifjlescht. Toutes ces formes ne suffisent certaine- ment pas à rendre la première suspecte, mais elles prouvent que le tudesque avait de bonne heure disparu complètement du pays. Amjehjiacjas. Un diplôme de 779 (Lac, I, 1) confirme la donation faite par Pépin à l'abbaye de Chèvremont, nommée aloi's Eglise de S*^-Marie in Novo Castello, de.... et aliquos mansos in Angehjiacjas in pagella Leuchio; ce qu'un second acte de 844 (ibid., S9) réitère en ces termes : et in pago Lenhjo, in villaAngelgiagas, mansos dvos cum omnibiis appendiciis. L'église de S'''-Marie à Aix-la-Chapelle ayant hérité, comme nous venons de le dire, de tous les biens de l'abbaye de Chèvremont, il n'est pas douteux que Angelgiagas ne soit l'endroit dont le tableau des revenus de la première église, déjà cité plus haut, fait la mention suivante (Ernst, VI, p. 84 ult., sq.) : /// Engelzeies est I dominicalis mansns. Aspiciunt ihi duo mansi, etc. Je n'ai pu suivre plus loin ce nom, mais sa forme est par elle-même digne de remarque, en ce qu'elle révèle une des sources de l'une des désinences romanes les plus fré- quentes {eias, eies)^ savoir acas, dont agas n'est, en effet, que l'expression barbare: comparez la forme Walderiego , ap. Lac, I, 1, dont le primitif ff aldriaco apparaît par hasard dans un diplôme subséquent (ibid., 59). SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 6S Il faut que le g précédent ait aussi exprimé un c encore guttural et qui s'est conservé clans le pays même, en devenant sifflant, car le (j comme tel ou comme équivalent de y n'aurait pu produire le z roman. Novum-castelhim , Capraernons, etc. Ainsi que nous venons de le dire (d'après Lac, 1,1, note 1), l'abbaye de Chèvremont se nommait d'abord Église de S'^-Marie in Novo-castello. Je trouve, pour la première fois, la dénomination Capraemons, d'où le nom moderne Chèvremont, dans un dij)16me de 897 (Lac, I, 79); mais on ne peut guère douter qu'elle ne soit plus ancienne que l'autre, étant le nom de la montagne même, tandis que celle-ci désigne proprement le château construit sur cette montagne. Ce nom de Capraemons s'est changé dans la bouche des Allemands en Kevermont . kivermimt (Lac, I, 98, 113, ann. 947, 972). Au moyen âge, on imagina une transformation plus ingénieuse, qui fut donnée comme étant l'appellation primitive : Enim vero Caput Mundi nobile castrtmi, sic nominatum eo quod unie Carolum Magnum sedes regni, quant ille Aquis transtulit, ibi esset, dit Rupert (mort en llôoj, dans sa chronique de l'abbaye de S'-Laurent (Mon. Germ., VIII,264, 41 sq.). DEUXIEME SERIE. PREMIÈRE SECTION. Noms contenus dans les Gesta abbatum Trudonensium. La majeure partie de ces noms ont été consignés soit par Rodulphe, abbé de S'-Trond, mort en 1138, soit de son vivant, et, sans doute, sous sa direc- tion ('. Rodulphe était né à Moutiers-sur-Sambre, par conséquent en pays wal- lon (voy. p. 272 et la préface deKoepke, p. 213 sq.), mais, selon Trithemius (') Par Hiidulphe mcine, jusqu'à Cuns; par son continuateur contemporain, jusqu'à Hesbines, inclu- sivement. Tome XXVI. 9 66 MEMOIRE (à cette dernière page, note), de parents tliiois (natioite Teutonicus): sa pre- mière éducation, jusqu'à l'âge de dix-huit ans, se fit à Liège, puis il liabita Borcette (en alleni. liurtsclieid), près d'Aix-la-Cliapelle, et ensuite d'autres monastères allemands; en 1108, il fut élu abbé du monastère de S'-Trond . où il résidait déjà, sauf quelques intervalles, depuis 1099. Il résulte de cette biographie que les formes romanes et tudesques devaient élre également familières à Rodulphe, bien qu'il ne connût pas encore le flamand lorsqu'il vint pour la première fois à S'-Trond (*); mais il est à présumer que, écrivant sa chronique en qualité d'abbé de S'-Trond, il a employé de préférence les secondes, du moins lorsqu'il avait à mentionner des endroits appartenant au monastère, ou qui étaient en relation avec lui, et dont les noms figuraient déjà dans ses archives. Une particularité de son orthographe qu'il nous faut signaler dès à présent, est de rendre généralement le w et même le v par gu, p. e. Gualonica pour Jlalonica, Giiisez pour lisez: il en est d'autres que nous mentionnerons aux articles respectifs. Pour éviter les répétitions, nous avons fait suivre chaque nom des formes employées par les continuateurs. Nous commencerons par extraire un diplôme du 7 avril 742, qui est rap- porté p. 571.... Notum facio.... qiiod ego Robertus [cornes]... dedi... quiddam de allodio nieo ad basilicain S'' Trudonis , que est construc(a in villa nomiiie '5ar- cinio... Tradidi ergo supradicto \abhati\ inpago Ilasbaniensiloquiim qtiendam qui dicitur ^Dungo..., tam ipsiim locum qiiam reliqiius villas vel loca ad snpradictum locum de mea possessione pretifulata, scilicet ^ Ilalon, ^Scaffnis, ' Felepa et ^Marholt. Ista loca siipradicfa sunt inpago '' Hasbaniensi et ^Masita- rinsi.... 'La ville appelée depuis S'-ïrond, du nom du monastère. On ren- contre postérieurement à la nôtre, les formes Sarchiiiium, Sarchinia, Sarchin. Les noms suivants sont reproduits par le chroniqueur, qui les écrit : Dung. Halen, ScafTen (ailleurs : Scafae), Velpem, Merhout: les formes modernes sont : - Donck, 'Haelcn, ^SchafTen, ''Velpen, ''Meerhout — : nous retrouverons dans la suite de cette série la plupart de ces noms. 'La Hesbaie; mais ce n'est pas la plus ancienne mention de cette contrée, comme l'avance Wastelain (p. 192). car un diplôme d'environ 673, ap. Mir., 1, 126, désigne déjà certains endroits comme étant situés in pago Ilasbanio et Ribuario. Cette forme Ilasbanium est aussi employée dans le Partage de 870 (d'ailleurs, et par exemple dans notre document, Ilasbania); mais les Flamands disaient Haspinqou- (charte (') Gravissimuni uutcm suslinuil ^Rodalphusl^ laborem... cum ipsc loqiii ris [scil. piteris\ Tlirutonicam nesciret, et quidam puerorum parvitatc adiiiic scientiae et natioa illis lingua Thcutonica neqitc Latine neipie , ul ila dicaii), Gimlonice passent eum inleUigere , p. 275, 1. 31, sqq. SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 67 de 1040, ap. Mir., I, 264), Ilcspencjow : je remarque que la pièce citée à l'instant mentionne un comté de Haspinf/a, situé en Hcsbaie : comitatum Jrmldi comifis, nomme Ilaspiufja, in pago Haspingotv silum. Cette déno- mination Hasbanium, Haupin-gow.mc paraît tirée du nom de l'endroit appelé au temps de Rodulphe Hesbines (voy. plus loin) et aujourd'hui Hespen, lequel est situé près de Tirlemont, à l'E.; du moins le parallélisme des formes ; Hesbines = Hesbaie, qui vient de Hasbanium; Hespen =Hespcn-gow, qui vient de Haspin-gow, montre que la seule différence existant entre les voca- bles, qui est celle de la voyelle du radical , vient uniquement de ce qu'ils nous sont donnés dans des documents de dates très-distantes. "Les formes de ce nom que nous avons vues au commencement de la série précédente, indi- quent qu'il faut probablement le lire (avec Mir., I, 493) Mansuarinsis. De cela seul on pourrait conclure que le pagus Mansuarinsis n'avait rien de commun avec le Mase-gau (Masau, dans le Partage de 870; ailleurs Masaugo, p. e. Mir., 1 , 48, an. 968, etc.), si ce foit n'était démontré déjà par la position des lieux, qui sont tous à l'O. de Herck-la-Ville (ajoutez que celui qui occupe la position la plus orientale, Donck, est expressément placé par le diplôme in pago Hasbaniensî). Si le primitif de la dénomination ne peut être cherché dans le mot Mosa, en flam. Maes, nous croyons, par contre, comme nous l'avons déjà dit. le découvrir évidemment dans mansuarius, synonyme de laetus : le pagus Mansuarinsis serait donc un canton peuplé primitivement par des lètes : comparez le laetus postliminio restitutus d'Eumène, qui culti- vait les Nerviorum arva jacentia — ? Un autre diplôme, de l'an 858 (p. 573), porte : Ego Hofbertus.... dono rem proprietatis inee in loco mincupante Hasnoch,, super fluvio Merbate, in pago Hasbaniensi sive Dijostensi, curteni cum casa, clc totum.... tradidi, et ... confirmavi perpetualifer possidendum a inter confines S" Trudonis et casaleti et ntancipia%i ». Actumin Sarcinii monasterio S'' Trudonis, etc. — Hasnoch est écrit par le chroniqueur Hasnoth. Le lieu et la rivière sur laquelle il était situé sont également inconnus. On a conjecturé, sans motif, je pense, que lendroit désigné est Halen ; pour ma part, je ne vois à comparer que Assent, village qui appartenait à l'abbaye dès le temps de Rodulphe (327. 5), et qui est situé au S. de Diest et proche d'un ruisseau nommé actuellement Meule- ou Beggyne-beek , mais qui portait peut-être jadis le même nom que le vil- lage de Meerbeek l corruption de Merbate? — : plutôt Merbale pour Merbace), qui est sur la rive opposée et presque vis-à-vis d'Assent. Maintenant je viens au texte de la chronique (à partir de la page 233). Huic successit Adelardus secundus, liberis ortus parentibus de Brabantia, (J8 MEMOIRE de vico qui dicitur Lovhnuni juxta Lovaniuni) atqiie inde dhninutivato. — Anselme, chroniqueur liégeois, qui écrivait à peu près un siècle avant Ro- dulphe (de 1052 à 10o6 : voy. Mon. Germ., VII, p. 150 inf.), fait mention du même endroit en exprimant la même remarque étymologique (I. !.. p. 196 sup.) : Possessiuncula qiiaedam est Iwjks ecclesiae [Leodiensis9] nimis contigua oppido , qnod Lovanium nomine, diminutivum ex stio nomme eidem villulae indic.U vocahulum ; coqnominattir enim Loviniol. Cette dernière forme est conservée dans le nom moderne, qui est Lovenjoul : il y aurait donc lieu de suspecter l'exactitude de celle de notre texte. Nota. Les Annales Fedastini ad ann. 884, 88S, 891 (Mon. Germ., 1, S22, 527) nomment Lou- vain : Luvanium : je pense qu'on peut tenir ce nom pour la forme primitive. Fillarium (235. 11). C'est l'appellation et la forme ordinaires. On lit une fois (316. 12) Filleyr, et, dans un autre passage (382, 47), villa sua, quae vuhjariter l'illarium Popliir nuncupatur — : puisqu'il veut rapporter le nom vulgaire^ le cliioniqueur aurait dû dire : Villeyr-li-Popliir, comme l'endroit est effectivement appelé dans un diplôme de 1207, ap. Mir. , IV, 717, col. 1 (« Vileir-le-poplir »). Il se nomme aujourd'hui Villcrs-le-Peuplier (proche de Hannut), ce qui est une dénomination inexacte, car l'ancien mot popliir ne veut pas dire : peuplier, l&Vm popiilns , wnWon plop , mais bien : plantation de peupliers. Si donc l'on voulait franciser le roman popliir ou poplir, il fallait dire ; Villers-le-Plopier. Moscha. Mohain, près de VVaremme? Les biens qui étaient situés en cet endroit avaient été acquis dans la seconde moitié du XI""^ siècle, du comte de Hengebac. Comparez plus loin Moijsc. Stades, Staden, Sladem. Stayen, proche de S'-ïrond. Marches. Un des Herck. P. 327, 1. 41, il s'agit de Herck-la-Ville. La rivière la Herck est appelée Arc/ta par Notger (mort en l'an 1008), dans sa biographie de Landoald (Chap., I, 109). Le h initial est-il omis dans cette leçon, ou est-il de date postérieure? Musai. Moha, près de Huy , ancien chef-lieu de comté. Cette forme est la seule qui soit employée dans tout le cours des Gesta et elle figure encore dans la dernière continuation (442. 23), écrite vers l'an 1367, quoique l'on ren- contre ailleurs un siècle et demi plus tôt les formes intermédiaires Musau. Muhalet Muha (celle-ci déjà dans une pièce de 1201 , ap. Chap., II, 202). Jlburg, Alhurch {in Teslrebant, 315. 9; dans le Veluwe, selon Foppens. Mir., IV, 364, chap. xxvi). Guimala, IFimales. Wychmael, Wichmael ou Vechmael, à 10. de Peer : comparez l'article suivant. Nota. Vechmael, à 10. de Tongres, est appelé SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. Gll par (lllemricourt (p. 272 nied. 314, etc.) et s'appelle encore en wallon : Fijinale; il est probable qu'il faut aussi lui allribuer l'ancien nom flamand f'echtmah, dans une charte de 1237, Not. sur Kummen, p. 279 pr. : bien que semblable à l'une des formes de notre mot, celui-ci est donc un vocable différent. PS. Je lis, en effet, dans Joh. de Los (Documents publiés par M. de Ram), p. 31 inf. : ipse.... stetit prope Heis (Hex), in villa quae dicifnr rochtmael. —Immédiatement après Guimala, est mentionné : Pirae. Peer. —Nota. Je rends par ae le signe e, ou e avec cédille, du texte. — Ce nom est sans doute identique avec Pirges qui ligure plus loin : d'autant que ce Pirges est également mis en rapport avec Wichmael , qui est voisin de Pccr : in villa Guimala cum eccksia de Pirges ea quae ihi habere videmur, etc. (31 o. 10 sq.). D'après le système orthographique de notre auteur, le vocable Pirqes ne représente d'ailleurs, ce semble, rien autre que Piries, c'est-à-dire Pirias (comp. les articles MerwjueUjes, Meldreges). Pirae est donc simplement une forme syncopée de Pinjes et qui constitue la transi- tion entre celte dernière et le nom actuel. Guebechejjm, Guebechem, ff'ebccheim, ffibekem. Webbecom, près de Diesl : cette transformation du heim primitif en om ou uni est en quelque sorte normale dans la partie orientale du pays flamand. Selon un continua- teur de Rodulphe (364 inf.), le nom qui nous occupe viendrait de celui de Wicboldus, père de saint Trudon et ancien propriétaire de l'endroit — (?). Mère. Les analogues modernes ne manquent pas, mais je ne puis recon- naitre lequel d'entre eux est ici désigné. Bevinqes. Bcvinghen , au S. de S'-Trond. Horei. Orel. Orele. Oreye. Les continuateurs de Rodulphe écrivent //or/e. Moerle; dans les chartes on trouve souvent llrle {p. e., Not. sur Rummen. p. 308 med., an. 1290), forme qui semblerait être la plus ancienne de celles que nous connaissons, si, dans un document de 965, il faut lire Urlis, d'après la version donnée dans leComple rendu de la Commission d'histoire, IX, p. 22. et non Fêlez, comme le fait Ernst dans son édition de ce document, VI, p. 95 med. — : remarquez que, d'après cette leçon, on pourrait corriger Urlis en Urles, c'est-à-dire Urlas; — toutefois l'attribution de cet Urlis à Oreye n'est en tout cas qu'hypothétique; dHemricourt écrit Oreilhe. Ces différentes formes obscurcissent le primitif du mot; pourtant le plus probable nous parait être encore orellu , d'où aussi l'italien orlo, espagnol orla. anc. franc. orle, et, par suite, le verbe franc, ourler, c'est-à-dire border (cf. Diez, Lex. etym.., p. 245). Nota. Nous citerons comme termes de comparaison : 1° Heure- le-Roniain. en ancien wallon Oire-le-Romans, en latin traditionnel Ora- 70 MEMOIRE romana; Heure-Ic-Tiexhe, c'est-à-dire le Tliiois. en ancien wallon Oire-le- Tiexlte. 2» Heer (sur la Meuse, entre Givet et Dinant), en lat. . à I ablatif , Ore (Mon. JNam., p. G sup. , an. 1200), en roman Oire-sour-Miieze (ibid., 18 inf., an. 1280, etc.), puis Hoir. 3" L'Heure, rivière qui se jette dans la Sambre, se nommait aussi Dire, en roman : il est probable que le village d'Heure, au JN. de Marche-en-Famenne, portait également ce nom. i° Horne ou Heurne, près de Vechniael , anciennement (à partir de 15GG) , Horne , Hoorne, Hoerne (Not. sur Hornes, p. 173 sq.), est appelé par d'Hemricourt, p. 314, Heurs deleis Fynial. Jemapia, Gemmapia. L'éditeur doit s'être trompé en interprétant : Ge- nappe, en Brabant : Genappe se disnil Genapiiim (voy. noire texte, 412. 28), Genapia (Mir., 1, 77, an. 109G, etc.), tandis que Jetnapia était bien le nom ancien de Jemeppe (village proche de Liège), comme on le voit d'autre part. Or, la circonstance qu'un ministériel de l'évéque de Liège avait envahi un pré situé dans la villa susdite (284. 41 sq.l semble démontrer que c'est effec- tivement de Jemeppe qu'il est question. Voy. pour le nom à la 5« série. Salechem. Probablement Zeelhem, près de Diest, à 10. Sesninc, Sesnin. Sény, en Condroz. Page oGG, 1. 16, on trouve la forme Sent, et l'on voit que cette villa fut donnée à saint Trudon vers l'an 656. — Nota. On peut comparer pour la désinence de la première forme, Mosenc, que nous avons vu dans la série précédente. Il parait que le c dans cette dési- nence est parfois arbitraire; ainsi, dans une liste manuscrite de noms anciens, rassemblée par M. Schayes et qu'il a bien voulu me communiquer, je vois que Jandrain est appelé Jandrenc, en lan 1178: or le i\\m\n\\i\ï J andrinul . qui est antérieur de plus d'un siècle (voir la a" section de cette série), exclut dans le primitif une terminaison de cette forme. Los. Looz. L)n document antérieur au nôtre, que nous avons extrait dans la l'^*' série (p. 52), écrit ce nom Loz, Lotz. La forme flamande est Lon, Loen, mais je ne vois pas que Rodulphe en fasse usage, si ce n'est dans l'ad- jectif Lonensis (299. 43); du reste, en la qualifiant de flamande, nous vou- lons seulement dire qu'elle est employée en celte langue, et non qu'elle lui appartient en propre . car ce même nom Loen figure dans le Cartulaire de l'abbaye de S*-Père de Chartres (éd. Guérard, p. 512, etc.) : voy. une con- jecture étymologique sur ce nom à l'art. Berle. MeriKjuelges. Cette forme développée ne se rencontre qu'une fois; ailleurs : Mergveles; plus tard : Mericel, Meruile. Mervile (cette dernière, p. 401, 1. 1); Hocsem (ap. Chap., II, 315 inf.) écrit Mervilh, d'Hemricourt, p. 270 : Marvele deleis Saintron; dans les anciennes cartes Merwelen, et maintenant : Mel- SLR LES AINCIENS NOMS DE LIEUX. 71 verem (proche de S'-Trond , au N.) : des corruptions de ce genre empêchent trop souvent de déchiffrer les noms anciens. — Nota. Nous ne savons s il faut étendre laccusalion de corruption aux formes en vile, ville. Elles sont . il est vrai, sensiblement postérieures à celle qui est en tête de cet article, mais le suffixe de celle-ci, guehjes, ne représente sans aucun doute rien autre que ive-lies — : cela résulte i" de ce qu'en thèse générale le S PnOiMS DE LIEUX. 77 suffîvo est trop récente pour qu'on puisse lui attribuer cette origine. — P. 340, I. 7, est mentionné un moulin du nom de Gorsine : est-ce encore Gorssum, comme le pense Téditeur? Comparez, soit pour le nom, soit pour le mot, Gors-Opleeuw, au N.-O. de ïongres. Bruderholt. ÎSom d'une forêt. Didicli. Donck. Nous avons déjà vu ce nom, dans le diplôme qui ouvre cette série, sous la forme Duihjo; d'ailleurs on rencontre dans le texte fd'après l'Index): Dune, Donc, Dungli, Dung. Ce mot, qui est un des suffixes employés le plus fréquemment dans les noms de lieux des pays flamand et rhénan (Lac, I, 428, an. 1 168 : Crandunck, Milendunck, etc.), signifie une éminencc entourée d'eau, comme le disent Gramaye et Heylen (ap. Krcglinger, Mé- moire, etc., p. 212 sq.), et comme le confirme une ancienne traduction du nom de lieu Kraandonck : locus eminentior ad aquam ubi cjrus sive moles adtractoriu (I. 1., p. 213). Une éminence entourée d'eau ou de marécages {locus e palustribus einerrjens, Gramaye 5 ligt verheeven phiets tusscheii laef/e en waterugtiye gronde n , Heylen) formant nécessairement un lieu de refuge convenable, ou un fort, on pourrait peut-être dériver le mot français donjon de notre duncjo, dong (forme citée par Heylen), aussi bien ou mieux que de l'irlandais dùn, d'après Diez, ou de lirlandais daingean, d'après Zcuss, qui signifient aussi lieu fortifié. La preuve, du reste, que notre mot avait pris une acception voisine de celle que nous lui avons attribuée par induction, est dans l'explication que donne im ancien biographe de saint Ghislain du nom primitif de l'endroit appelé depuis d'après celui du saint : Ursidougus, ideo sic dictas, quod ibi solilu erat ursa catnlos fovere (ap. Schayes, les Pays-Bas, etc., II, p. 143, note 5), c'est-à-dire donc : tanière de l'ourse. Bruches, in latere Aquisgrani. Broich, entre Aix-la-Chapelle et Eschweiler. Meldreges, non longe a villa Lencliolt. Meldert, au N. de Linckhout. Ce que nous avons dit à l'occasion des mots Pirges et Meruguelges fait déjà voir que Meldreges rci>résente une forme Meldreias : la comparaison d'un autre Mel- dert, situé dans le Brabant, qui se nommait, selon Wastelain, p. 197. Maldaria, confirme cette induction et donne en même temps la forme primi- tive du moi [Maldarias : Melderias, par inversion : Meldreias). Je remarque que la forme actuelle doit provenir d'une altération récente, car des cartes dressées vers la fin du XVI1"'« ou le commencement du XYIII™^ siècle, écrivent encore Meldre. P. S. Je vois que le Meldert, proche de Tirlemont. est nommé Meldrada dans une pièce d'environ 1030, ap. Mir., I, 350, l"^" col., sup. Ce nom, pour lequel on peut supposer une forme Maldarda, rend assurément mieux compte, soit de Meldert, soit du nom franc. Maillard 78 MEMOIRE (d'après la carte de Vandermaelen), que Maldaria . Wastclain a-l-il pris une forme postérieure et latinisée pour le nom piimitif, ou les deux formes sont- elles parallèles, ou, encore, la forme Meldrada serait-elle déjà {déjà, si elle est authentique) le nom flamand dérivé, avec une terminaison latine? Daccumjuez ; dans un diplôme de 1096, ap. Cliap., II, 52 sqq., Dacunwetz . et, dans la suite de notre document, /?ecAenn-e/c. Sans doute Beckevoort ou Becquevoort, au S.-O. de Diest et non loin d'Assent, « qui fut brûlé par un seigneur de Baccunguez » (527. 5). Si l'on ne trouve pas la forme flamande du nom antérieurement à l'an i09(), il faudra donc conclure que le suffixe primitif était roman dans ce mot encore, aussi bien que dans IS'odewez. Assehrnc, Asschnich. Asbroek, à l'O. de S'-Trond, près de Halmael (manque dans la carte de Vandermaelen). Steinvert. Très-probablement Stevoort, près de Herkenrode, encore que cet endroit soit nommé StinvurI en 1147 (Cod. Loss., n» 90) et Steijnvorde en 1264 (Not. sur Herkenrode, p. 82 sq.), car les mots vert, iceert (insula amnica, Kilian) , et vori, voort ( vadum) ont été souvent pris l'un pour l'autre ; ainsi, dans la première pièce citée, le fief de Weert est appelé feodum JFur- lense, et Fert, que nous verrons plus bas, désigne probablement Voort. Eiiijerammis vir nohilis de Ilorpale.... pro anima sua in villa qiiae dicifiir Herehac, tantum allodii nobis reliquerat, etc. (J292. 5 sq(|.); plus haut (285. 18 sq.) l'auteur, en mentionnant le même fait, écrit le dernier nom Here- bach. Horpale ni Herebac ne se rencontrent plu^ sous ces formes, mais nous croyons que l'on peut reconnaître les endroits désignés au moyen des don- nées suivantes : 1" dans une pièce de 1256 (Not. sur Milen, p. 62) on lit : ... quiiique bonnaria et diinidium.... terre arahilis , de quibus tria bonnaria sita sunt in territorio de Horpale...., hornm et dimidium in territorio de Bertâiere descendeniia a Roberlo filio domini Ecberli, mililis deBertshere, etc.; S'd'Hem- ricourt parle, p. 214 med., d'un Daneal de Hcx, dit de Horpale. Hcx étant voisin de llorpmael (situé à la source d'un ruisseau nommé Jlorp-beek), il devient déjà probable que Horpale n'est autre que ce dernier endioit. L'ex- plication des noms Herebac, Berlshere doit confirmer on infirmer cette conjecture : or, le vocable Hère, isolément, répond à //«'r.s' (voy. plus bas) qui est le nom de cinq endroits voisins entre eux et proches de Horpmael : Heers, Middel-Heers, Op-Heers, Bas-Heers, Vry-Heers. Cela posé, on ne peut douter, croyons-nous, que Herebac, ou Ilerebach, et Bertshere ne soient un des Heers et, le plus probablement, Bas-Heers (du moins les trois pre- miers ont des dénominations certaines dans les documents anciens : Hairs, Hers . ou Hère, Heere : Medianum-IIairs : Cod. Loss., n" 56, an. 1054: Obhere : SUR LES ANClEiNS M)MS DE LIEUX. 79 ci plus loin). Disons cependant qu'il n'est pas facile de découvrir la filiation de ces diverses formes, car on ne peut suspecter l'adjectif bas, puisqu'il est parfaitement motivé par la dénomination du lieu voisin O^J-IIeers, et qu'en flamand, d'ailleurs, d'après le dictionnaire, on dit Neer-Heers: tandis que, d'un autre côté, le suffixe bac et le préfixe berls seraient certainement des altérations singulières de cet adjectif. De même, il y a lieu de s'élonncr que le suffixe inala, mael, qui est d'un emploi si fréquent en Ilesbaie, ne se trouve dans Horpmael que par suite d'une corruption moderne. Que penser de la forme Horfale employée plus haut pour désigner le même endroit (24o. 23 sq. : virum génère nobilem.... nomine Engeramnum , citjus inter caetera dicitur fuisse villa de Horfale, et fuit) ? — .• le plus probable, ce me semble , est que la lettre f y est mal lue pour p. P. S. Je m'aperçois que d'Hemricourt mentionne plusieurs fois Bertshere, sous la forme Bertinhers (p. e. 190 med., 240 med.). Ceci ferait croire que le préfixe est le nom d'homme Bertin. Alors Herebac devient un autre nom, et il ïixwi sans doute disjoindre aussi Bas-Heers, dont la dérivation de Bertinhers n'est guère vrai- semblable. Il s'ensuivrait donc qu'il y avait probablement une sixième, petit- être même une septième localité dénommée d'après Heers; ce qui ne chan- gerait rien, naturellement, quant à la probabilité que Horpale était dans le voisinaoe de cet endroit. Manedac. Ce nom, qui n'apparait qu'une fois, est peut-être une forme corrompue de Montenaken. Lare. Laer, au JN.-O. de Landen. Le mot tudesque /aer signifie incontesta- blement : terre non occupée; par suite : terre où chacun peut mener paitre ses bestiaux ; de l'anc. haut-ail. et bas-saxon lâri : vide. Le même vocable existe aussi en d'autres langues, par exemple en gaélique et en dialecte de Man {lar, laare .• Léo, Ferienschriften, I, p. 53 sq. ), où il signifie sol, ter- rain : il est évident que ce sens est trop général pour servir de désignation à un endroit déterminé. Grosmec : « molendinum de Grosmec ». Dans un diplôme de 1064 (Lac. 1 201 , Cod. Loss., n» 43), cet endroit est appelé Grusmithis : Dédit item ipse episcopus allodium simm Grusmithis nomine, in Ilasbanio, juxta monas- lerium S'' Trudonis. Le c final de Grosmec est sans doute pour ch, et nous avons déjà fait remarquer plus haut (p. 17, note 1 ) que ce signe permutait souvent avec th. — La seconde partie de notre mot se retrouve dans Brismike, Brismeco, Brismecho (ablatif), nom d'un endroit dans le canton de Mùhl et de Juliers, ap. Lac, I, 81 (an. 898), 2o7 (Xl'"'= siècle), et les deux composés ont, en outre, certaine analogie. Le nôtre, si on l'écrit Grusmicke ou même 80 MEMOIRE Grusmec, en combinant les deux formes ci-dessus, pourrait s'interpréler par le flam. fjruysmicke (pain de son), désignation ironique applicable à un moubn (comparez pour le suflîxe, mon dictionnaire au mot mkhot). Ham, in Texandrla. Sans doute Oost-Ham, entre Meerhout et Beverloo. Selon l'éditeur: Hamme, proche de Louvain, mais cet endroit est bien en dehors de l'ancienne Toxandrie, qui était bornée au S. par le Demer (voy. Wastelain, p. 214). Clarus-tnons. Clermont, entre Liège et Hiiy. Mons-acutus. Montaigu, en flam. Scherpenheuvel, à l'O. de Diest. Falcomons. Fauqucniont, en flam. Valkenberg, en ancien flam. Falchen- herch et Fahhenhurch (Lac, 1 , 175, 220, ann. 1041 , 1073), entre Maestricht et Aix-la-Chapelle. Eyselo castellnm. C'est évidemment Elsloo, au-dessous de Maestricht, et non Eysden, au-dessus de cette même ville, comme le veut l'éditeur, puisque le texte dit : a Trajecto auteni descendens Eyselo castellnm. On comprend d'autant moins cette interprétation qu'elle est aussi contraire aux mots qu'aux choses: les formes anciennes Asdoha, Jschlo (voy. la i-^" série), Ahslov (Reginonis Chron. ad ann. 88d, 884), Eslo (Cod. Loss., p. 70 sup., an. 1204), Ehlo (Not. sur Herkenrodc, pp. 58, 60, an. 1215), etc., sont en effet aussi rapprochées de Eyselo que les noms modernes Elsen (voy. à la fin de cet article), Elsloo, Eesloo (dictionnaire de Vandermaelen), tandis que les noms anciens d'Eysden : Haspere. Aspre, Asple (Ernst, VI , 181 , 196, etc.), en dif- fèrent plus encore que celui-ci. M. Koepke croit, il est vrai, qu'Elsloo e.'t désigné plus loin par le mot Ellae; mais cette interprétation est aussi malheu- reuse que la précédente, caria forme Elsen sur laquelle il s'appuie évidem- ment (» Elsen vel Elsloo »), et que je ne connais d'ailleurs que par la seule carte de Ferraris, paraît n'être qu'une variante locale. LeiK/ues, Lewes. Leeuw ou Zout-Leeuw, en français Léau. ISofa. Au IN.-E. de Looz se trouve un autre endroit du nom de Leeuw ou d'Opleeuw. formant avec le village de Gors, la commune de Gors-op-Leeuw, ou Gors- Oplceuw. D'Hemricourt le nomme Opiiewes, Opliews (157) : comparez Liews, cri du seigneur de Heers, d'après le même (303 inf.), et l'on dit encore en français Oplieu. Dcnderleeuw , en Flandre, s'appelait aussi, en 1145 et 1148, Letoes (super Teneram) : voy. le mémoire de M. Willems , p. 512. Selon ce savant, ce mot serait « la prononciation allongée de lee , autrement lede, qui signifie : duclus aqnae » : cette étymologie me parait complètement erro- née, car ce n'est pas au XII'"« siècle que le mot lede, leyde (du verbe leden , leijden : conduire) aurait été contracté en lee, puis allongé en lewes. — Je SUR LES ANCIElNS NOMS DE LIEUX. 81 lomarque que le Cartulaire de S'-Père de Chartres mentionne à plusieurs loprises, mais seulement à l'ablalif, un lieu du nom de Leugis, une fois, entre autres, dans le même document que Loen (p. 512 — : voy. ci-dessus l'art. Lo'i) : y a-t-il un rapprochement à établir entre ce mot et notre Leugiies. Leives ? Cotteym. Sans doute Gothem , en 1217 (Not. sur Milen, p. 44) Gotheym, entre Looz et S'-Trond. Mons-publiciis. Publémont, montagne sur lequelle est assise une partie de la ville de Liège. Le nom le plus ancien de Liège : Leodicus vicus, signifiait, comme nous le verrons dans la 3™<= série : viens publicus . on peut donc pré- sumer que la dénomination de Mons-publicus ne vient pas de ce que la montagne était du domaine public seulement par rapport à la ville, mais qu'elle est un reste et un monument de l'antique nom de la cité. Masesele. Mazenzeele, à l'E. d'Alost. Boviiujcs. Buvinghen, au S. de S*-ïrond. Bruslemia , Brtistemium, Bruslhem. On lit, de même, Brustem, Mir., IV, 388, lf« col., an. 1203, Brostam, Cod. Loss. , n" 147, an. 1207, etc., d'où il suit que le sulïîxe hem serait attribué abusivement à notre mot. Eiufelmuntliove , E)i()helmi()ishoven. Engelmanshoven (au S.-E. de S'- ïrond), comme ce lieu est nommé à la fin de la Chronique; dans certaines cartes anciennes il s'appelle, par une autre corruption, Egmonshoven. Bredal (sur la Moselle). Pmjus Rin non longe ah Andeguerp (Anvers). C'est le Riensis pagiis, sur lequel on peut voir Wastelain, p. 216. Eltae. On lit p. 51o, 1. 28 sqq. : Didicimus (luoque a nosfris antiquioribus . cum pace et opulentia et relùjione aecclesia nostra floreret, quod Eltae villa magna et aecclesia ejus nostra fnisset, quae non longe a Trajecfo snpra Mosam posita est. Je n'ai retrouvé dans aucun autre document ce nom, qui n apparaît ici que cette seule fois, et je ne vois point à quel nom moderne cette forme Eltae pourrait être attribuée. En admettant qu'elle soit altérée, on pourrait comparer : Elve ou Elven, nom flamand de Navagne, village entre Visé et Maestricht; Eelen, entre Stockeim et Maeseyck: Echt {Echta, en 1128 : Not. sur Montfort, p. 48), vis-à-vis de cette dernière ville. Quant à EIsloo, il nous parait, comme nous l'avons dit tout à l'heure, que l'on ne peut y penser. P. S. Voici l'explication la plus vraisemblable : Eltae est le même nom que Edla , lequel désigne Maeseyck dans un di|dôme de 1006. selon Foppcns (Mir., 111, 11 sq., note 10). La dilTèrence totale du nom mo- derne, loin de rendre suspecte cette attribution, donne lieu de croire, au Tome XX VL H 82 MEMOIRE contraire, que Foppens ne l'a pu poser en fait que d'après des témoignages formels. Du reste, cette ressemblance des noms qu'il ne soupçonnait pas, pourrait cependant exister. 11 semble, en effet, qu'il a écrit Maes-Eyck. par erreur pour Alden-Eyck, nom d'un endroit voisin ( » Edia, alias Eifka. vulgo Maseyck » — : Eyka, c'est-à-dire Eyck, est toujours pris pour Alden- Eyck : voy., p. e.,Wast., p. 203 sq.); or, cela étant, il serait possible que Jlden, au lieu d'être l'adjectif qui signifie vieux, fût cet antique EcUa ou Elfae. La dualité des noms, car Eyck remonte plus haut encore que EdIa {Echa, dans le Partage de 870, Ekhe , Mir., 1, 2d8, an. 944), s'expliquerait peut-cire par ceci, que Eyck, = haut ail. ccke (coin), était proprement le nom de la contrée comprise dans le coude que décrit la Meuse en cet endroit. Wilre. D'après la forme du mot, on pourrait croire, comme l'éditeur, qu'il s'agit de Wylre près de Maestricht, mais, d'après le contexte, je crois que c'est plutôt Wildre ou Wildere, proche de Stayen , Halmael et Kerkom . dont les noms suivent immédiatement. Or, Wilre n'étant rien autre qu'une trans- formation thioise du lat. viUaris (comparez dans la série précédente Asc- wilra= Ascvilaris) ^ il s'ensuit que le mot , d'apparence si flamande, Wildere, serait d'origine romaine. Salembrucca. Saarbrûck (Allemagne). Durmale. Dormael, au S.-O. de S'-Trond. ffacchedor. Haekendover, à lE. de Tirlemont. Un diplôme de 1243 (Cod. Loss. , p. 118 inf.) écrit Hackendeur ; mais dans la première continuation postérieure à Rodulphe, on trouve déjà la forme actuelle. Nota. Le suffixe dor admet plusieurs explications. Nous mentionnerons ici le celtique dohur, dubr, rfii'/i- ( prononcez diifr), dour, dwr (prononcez diir): eau — Zeuss, pp. lo6, 11 19 — , qui rendrait compte de la double forme dor, dover. Bevere. Beverloo? Beverst? Lamjerodech (dépendance de Webbecom). Nous avons déjà remarqué (à l'art. Godeledaleth) que le c/t est probablement paragogique, le suffixe étant le mot rode [en bas ail. aussi rade, rath, en haut ail. riuti, reut) qui signifie : lieu défriché, sart, comme nous disons en pays wallon. Assent. Même nom moderne. Nous avons conjecturé plus haut que ce lieu était peut-être celui que le diplôme de 742 désignait sous le nom de IIusiiocli. Selechè. Zelk (entre Diest et Haelen)? Hers. Heers, au N. de Waremme. Dans trois pièces de 1034 (Cod. Loss., p. 27, Mir., III, 300, 1™ col. inf., 301, l^'' col. med.) : Hoirs; d'Hemricourt : Ileers, Hers. Yoy. plus bas l'art. Hcre ou Heere. Ilepene. Heppen dépendance de Beverloo}? ■ :a SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 85 Woremia. Waremme. Voici les formes anciennes de ce nom que j'ai pu lecueillir : an. 96S (Ernst, VI, 9o med.) Woromia, an. 1078 (Mir., IV, 505. i) Worommes, an. 1155 (Cliap. , II, 106, 108) Wonimme, Woroime. Plus tard apparaissent les formes syncopées ou autrement altérées : en 1 180 (Ber- Iholet, IV, xxvu; Mir., II, 831 sq. ; Cod. Loss., n° 116), le nom flamand actuel Borch-Worin (Waremme-le-Chàteau), et déjà la première partie de notre texte emploie cette forme (526. 25) en conservant la désinence latine ( Wormia). Les continuateurs écrivent d'ordinaire Waremia; l'un d'eux dit : villa Warum aliter dicta Warennia. Comparez, ann. 1035, 1089 (voy. la 1'"'' série) : Corworomo , Coru'orommo, Corworoimo, Corworoimon; an. 1177 (3Iir., II, 1183. 2 sup.) Corsiverom ; en 1 180, déjà, (dans la pièce de cette date (jui vient d'être citée) Corswarem, qui est la forme française actuelle (^): Cruysivorm , en flamand, du moins selon plusieurs cartes anciennes; — nom d'un village avoisinant Waremme et appelé, sans doute, d'après celui-ci. Nota. La diversité des terminaisons permet peut-être de regarder le radical iroru)n ou u-orom comme la forme primitive du mot. Ce vocable pourrait être le datif pluriel d'un des deux mots tudesques tvor, qui signifient, l'un : « dansa »; « dausura » ; stagnum (Schmeller, Bayerisches Wort., IV, 137; Ettmùller, Lexicon aiiglos. , p. 81), l'autre : bruyère (signification qui ne se retrouve plus que dans les composés : anglo-saxon vùrhana, anc. flam. ivoer- haen : coq de bruyère; isolément, ces mots vÔ7', woer signifient : algue marine). Sur l'emploi du datif singulier ou pluriel dans les noms de lieux, on peut comparer Grimm, Graniinatik, III, 420, 423; la dissertation de M. Weigand : Oberhessische Ortsuamen, dans le 7""' vol. des Ardiiv fiir ffessisdie Gesdiidiie, p. 252 sqq. ; Pott, Die Personnennamen , p. 478. Curtenaken. Cortenaeken, au S. de Diest. Nous verrons plus loin que naken est la reproduction flamande de la désinence cclto-latinc niacum. Le radical de notre mot paraissant être latin (curtis), il est très-vraisemblable que sa forme primitive était Curtiniacuhi, vocable d'ailleurs connu, par exemple comme nom ancien de Courtenay , village du Gàtinais (France). Alesla. Aeist, près de S^-Trond, au S.-E. Miles. Mielen, au N. de S*-Trond {Nonnen-Mielen) , ou l'endroit du même nom, au S. de cette ville {Miehn-hoven-Adst). Nid. Même nom moderne (au S. de S'-Trond). (') La même pièce donne aussi le nom flamand moderne de Looz, savoir Borch-Loé'n : ceci me fait douter de l'authenticité de toutes ces formes, bien que la copie de Berlholct soit » authentiquée par le notaire Barthélémy «. 84 MEMOIRE ff^eslipjjni. W c'ssem, sur la Mouso. au S. de Ruromonde. Ilosduies. Jl faut assurément lire Hosdiiies : comparez ci-dessous //oesf/e« . et, INof.sur Milen, pp. 84. 90 (ann. 1293, 1557\ Hosdinne, Hoesdine; d'ail- leurs une faute de lecture toute semblable se relrouve dans les mots Awaus. Creslengueies, qui doivent être lus Awans, Crestengneies: comparez aussi I art. Gengleheym. — Il est probable que les quatre formes qu'on vient de voir sont identiques et qu'elles désignent Heusden, près de Reeringen, à TE. On pourraitaussi penser à Hosden, dépendance deLalinne, maisia formeancienne de ce nom paraît être Hosdaiurj (Mon. PSam., I, p. 138, an. 1229), dont la dési- nence diffère. Je remarque que ce vocable Hosden figure aussi dans le Car- tulaire de S*-Père de Chartres, comme nom ancien de Houdan. Mosmale. Moniale, dans la Hesbaie wallonne. Gemjlelieijiu. Gingelom, au S. de S'-Trond. Dans un diplôme de 966, ap. Mir., 1, 6oi. Gitujolonliaim. car c'est ainsi sans doute qu'il faut lire ce mol, au lieu de Gulyolonliian. Hesbines, Hesbin. Hespen, près de Tirlemont, à l'E. JNous avons déjà dit plus haut que le Ifasbaniensis pagus paraissait élre dénommé d'après ce lieu. Ahjm, Aleym (cette dernière forme aussi dans le Cod. Loss., n" 93). Alem. dans le Maasiand ;R)abanl septentrional), selon une note de Mirœus, 1. p. 408, chap. Lxxxvui. Berle. Rerioz, près de Waremme. La forme Rerle se lit aussi Not. sur Milen, pp. 45 inf. , 5"S inf. , 36 sup. • mais dans la JNot. sur Averboden, n" 1, an. 1131 , on trouve Herloz, et dans la pièce de 1180, mentionnée à l'art. Woremia : Bierlos. Rerlo figure de nouveau dans le Cariulaire de S*-Père : 'i Berlo fluviohis : le ravin dcRellou ». îl s'ensuit donc déjà que ce nom n'est pas spécifiquement flamand; mais nous croyons de plus que, dans les noms des pays qui furent soumis à la domination romaine, le suffixe lo vient aussi souvent du la(. loctis que du tudesque h, loo, loh. loch, loch, qui signifie : bois ou bocage (selon Pott, Die Persotuieiiuanieu , p. 310 : Itfcii.s, nemus,\Vald- wiese. Folcuin, mort en 990, traduit Lobacli par : obnvtbraciili rivus » lo. quideni) vocant\Teutones\ obiimbrationem nemoriini » , Mon. Germ., I\ , 36. 7 sq.). INous citerons en preuves : IJullou , dans ce même Cariulaire de S*-Père. qui se disait Bush et, plus anciennement, Buslus-loais : Castiulocus (Mons — : le nom de cette ville vient de ce que, au centre du Castrilocus, se trou- vait un mons ab antiqno firmatus, Chron. Gisleberti , ap. Schayes , 11 , p. 1 45 , jiolc 1. De là on a dit : itlons-CosIrilocus , Mon. Germ., VI, 373 pr., puis, par abréviation : Mons); Bccjae-locus , qui répond très-probablement au Beyelot de d'Hemricourt (voy. à la fin de celte série); Tessenderloo, qui est Irès-pro- SUR LES ANCIEi^S NOMS DE LIEUX. 85 bablenient aussi le Taxiandria-locus d'Aniniien Marcciliii (XVII, 8), comme l'ont déjà vu plusieurs savants et entre autres Schiller, qui mentionne aussi un Drusilo (?) = Drusi-locus (n'ayant pas dans ce moment l'ouvrage de Schilter sous la main, je cite d'après Kreglinger . Les diiïerentes formes anciennes du suiïixe de Tessenderloo que j'ai rencontrées , sont : lo, loe, loij; Ion, loen (Not. sur Averboden . pp. 80 sup., 1 10 nied., 109 inf., 90 sup., 98j : ces dernières formes permettraient de comparer, par exemple, Thierlon, Dierloch, maintenant Dirlau (Lac, I, 299, 341, ann. 1124, 1140) et même peut-être, en supposant une ellipse, Los, en flam. Lan, Loen. Du reste, il faut encore tenir compte pour le iNederland d'un iroisième sulTixe de même forme, savoir l'ancien frison loch (dat. sing. loçje, dat. plur. logum). anglo- sax. loh, etc., qui signifie : lieu, endroit >'oy. Riclithofen, Jllfriesisches Wôr- terhuch). Comparez aussi anc. et moy. haut-ail. luoc, hiocj : caverne; lieu où l'on se met à l'affût. Fuich. Labbé Wiric étant allé chez « Franco de Dumella », donc proba- blement dans le voisinage de Peer (voy. plus loin l'art. Dumella) , y fut assailli et blessé , inde a fidelihus suis ad oppidum Fuich evectus, et non multo post ad monasterium exinde relalus. Fuich étant une ville et sa position , par surcroit, étant assez bien déterminée (ajoutez qu'un certain u Franco de Fuich » était citoyen de S'-ïrond), il semblerait qu'il doit être fort facile de reconnaître quel est l'endroi! désigné:, néanmoins, je ne trouve rien à comparer, si ce n'est peut-être le faubourg de Wyck, en lat. ricus (Eginhard, cité par Was- telain, p. 203), à Maestricht. Lambertus de Palude. Traduction du nom flam. Puel, Pide, que Ion ren- contre plus loin (en flam. moderne poel). Ce mot était aussi rendu en lat. par lacus, comme on le voit à la p. 400, I. 22 : Jordanus de Puel , alias dictus de Lacu. Nova-domus (faubourg de S'-Trond). Curterse (345. 33). Cortessem, au IN. de Looz. Le nom ancien était Curle- racum. Cette synonymie importante est établie par les passages suivants : Cod.Loss., n" 142 (an. 1206), liasse de Curfheraco; ibid.,n'' 147 ull.(an. 1207), Razun de Curiray; Not. sur Herkenrode, n° 1 (an. 1213), /?«.w de Corteseim; ibid., n" 6 (an. 1218), Pmso de Curlereseim; n" 9 ult. (même date), Raso de Cortessem. Jl est probable que le Memcry de Curtereceis qui figure dans une pièce de 1143, ap. Ernst, VI , p. 137 , était aussi dénommé d'après ce même endroit. On voit par ce tableau que quatre formes très-différentes étaient employées à la même époque 'celle de notre texte date de la seconde moitié du X!I« siècle) : je dis employées et non usitées, car la forme celto-romaine 86 MEMOIRE nexislait sans (loule plus que dans la langue des diplômes, et Cuitray est une Iransforniation isolée. Ue Curleracum (comparez Covloriacum : Courlrai), il parait que l'on a fait d'abord Curlereces, puis, par deux syncopes différentes, Curterce ou Curterse, et Courlrece, Courtreche, qui sont les noms usités par (FHemricourt (50 med., 348, xxxi); d'autre part, l'addition du suffixe thiois heiin a produit Curtereseim, d'où enfin, par abréviation, Cortcssem. Bertretjs. Berlrée, près de Hannut. Ailleurs (p. e. Cod. Loss., n" 61) Ber- trees. Dumella. Le « Franco de Dumella », dont nous avons déjà parlé, possédait la dîme d'Excl (548 inf.) : ceci indique que la villa appelée Dumella tirait son nom du Dommel (au VIII™" siècle Dulhmala ; Mir., I, p. 12, note 6j, petite rivière qui coule entre Peer et Exel. Bilmtmi, Bilisia. Bilsen. Dans des pièces de 1040 et 1096, Belisia, Belesia (ces deux pièces se trouvent dans la Not. sur Munsterbilsen, pp. 45, 4d, mais la seconde doit être corrigée d'après Ernst, YI , 115 sqq., qui l'a copiée sur l'original); en anc. wallon Blixhe (Documents publiés par M. de Ram, pp. 558, 567). — La première forme (Bilisium) est identique avec le nom donné dans les Annales de Prudence (Mon. Gcrm., 1, 452. 7) à Belley, ville de France (département de 1 Ain). CalmuHt, Kaetmont. Colmont, au N.-O. deTongres, et non Chaumont (?), comme le dit l'éditeur. Ce nom se rencontre fréquemment sous des formes semblables : Not. sur Munsterbilsen, p. 46 ult., Ernst, VI, p. 114 (an. 1096), Kalmont; dans le dernier ouvrage cité, p. 137 (an. 1145;, Calnioiith; Renerus S'' Jacobi. ap. Chap.. H , 224 sq. (milieu du XIII"'« siècle), ChuUnont; d'Hem- ricourt : Chamoid, et son traducteur : Chaumont (si c'est là le Chaumont de M. Koepke, il n'y aurait donc erreur que dans l'emploi d'une forme surannée). L'endroit qu'il désignait est aussi clairement indiqué; ainsi dans notre texte, on lit (560. 25) : a Calmunt nsque Tuncjris ; dans d'Hemricourt, plus expli- citement encore (540, xvni pr.) : Herke (Herck ou Riddcrs-Herck, dépen- dance dOverrepen) ddeis Chamonf al desos de Tuiujres; néanmoins, je crois m'apcrcevoir que la plupart des antiquaires, même limbourgeois, n'ont pas reconnu que ce nom, sous ces différentes formes, devait être attribué au célèbre château de Colmont. Je ne veux pas rechercher ici si le Caliiionfis du Partage de 870 désigne aussi notre endroit , ou bien , comme le dit \\ astelain, p. 197 : « un lieu peu éloigné de ïirlemont, où saint Bavon avait fondé un mo- nastère d'hommes, qui ne subsiste plus » (sans doute le Cahnuud menlionné en même temps que Meldmda, c'est-à-dire Meldert, dans la pièce d'environ 1050, ap. Mir., I, 550, et proche de cette localité : in vicino monte, qui SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 87 teutonice Calsiiiont dicihir, dit Molanus cité par Foppens), ou encore (si cet endroit diffère de celui que Wastelain avait en vue) le Kalmont, maintenant Chaumont, à quelques lieues au S.-O de Tirlemont, que nous verrons figurer dans la section suivante de cette série. Je n'examinerai pas non plus si le castnua Calvum-montem, mentionné dans un diplôme de ii55, ap. Mir.. U, 826, 2™« col. med., doit être attribué à notre Colmont; mais cette attribution ne paraît pas douteuse quant au Wenricus ou Werricus de Calvo-Monte, qui figure comme témoin dans deux diplômes de H2o (Ernst, VI, 124 sq.. I2S sqq.), à côté de Otto, films Gileberti de Duraco. En tous cas, les vocables coïncident complètement, sans qu'on puisse toutefois afinmer que le mot Calmont ou Chaumont vienne de Calvus-tnoits, car plusieurs des endroits (jui portent ce nom s'appelaient en latin Calidus-mons. L'acte le plus ancien où j'ai rencontré la forme Colmont, que l'on peut regarder comme une cor- ruption flamande, date de 1219 (Mir., II, 847) : par une nouvelle altération, le peuple dit aujourd'hui Colmot, selon M. Driesen, Recherches historiques sur ToiKjres et ses environs, p. 49. Montenuken. Village portant encore le même nom, au S. de S*-Trond. Il s'appelait en latin Montiniacum (Aegidius Aureae-vallis et Johannes Pres- byter, ap. Cliap., II , 198, 457) , et en roman Monteicjni (Mir., IV, 588, 1^" col., sup., an. 1205; Cod. Loss., n° 29S , an. 1284), Montegnys , Mmitenç/nies. MoH^e(/««(d'Hemricourt), etc. Ce nom est donc le même que celui de Monti- gnies, Montigny, qui est si fréquent en France et en Belgique (un Dictionnaire géographique, soi-disant universel, énumère 6a endroits sous cette dernière lettrine seulement, pour les deux pays!. La forme des mots prouve, du reste, que Montiniacum est bien le primitif de Montenaken et non une latinisation de ce nom , car de Montenaken on n'eût pas tiré Montiniacum, Monlcçjni, mais bien Monlenacum, MonteH«/ . ajoutez que Montiniacum est latin par son radical, tandis que Montenaken n'est point flamand. Une autre remarque, qui s'applique à tous les noms de cette désinence, est que le sulfixe acuni ou iacum est précédé dans la majeure partie des cas de la lettre /). Je nai ici qu'à constater le fait, sans rechercher d'où il provient : or je vois que sur 51 noms en acum, ou qui semblent dérivés de ce suffixe, (pie j'ai rapportés dans la i'" série, il y en a 18 de cette catégorie (') ; d'autre part, en parcourant les Tables alphabétiques de Wastelain et de Lacoinblet, je trouve en quantité (') Ladernacum, Nasonacum, Satanacum, Ccnnacum, Linacum, Boviniacum , Germiniacum , Chtsma- ctim, Blamacum, Caviniacum, Tudiniacum castrum, Coviniacum castrtim , Glaniacum, Schemaces, Taoernou , Tilnou, Baslonccu, Chiimcgas. SS MEMOIRE (les iionis (le celle même désinence, tels que .hiUiuinicuin ( Andernach), Arenacum , Avenucum. Calnacimi, Carhonacum, Sparnacum, Tmnacuni , CrucinincAtm (Kreuznacli), Crasciniacum (Gressenich), Henniacmn . Her- niniiiaciim . 0)-inificvni , Pinffuiniaciini, Slcrpiniactim, etc. On peut donc en conclure qtie bon nombre des noms flamands et rhénans terminés en iiahen, iKirh. nick, nicit . viennent de primitifs celto-latins en nacmn ou niacum ( niacum produit naken ou nick. selon que le / ou le a est élidé), et cette sup- position acquiert un haut degré de vraisemblance, lorsque le radical des noms est lalin ou celtique, ou lorsque les lieux ont une origine reculée, ou, enfin, lorscjue à côté du nom tudesque, ils ont un nom roman qui ne peut venir de celui-ci : comme exemples de ces dilTérents cas, je citerai : C«/7enaken , que nous avons vu tout à l'heure, Carbach, dans le pays rhénan, qui se nommait autrefois, d'après saint Qtiiiifinus. patron de la localité, QuiiiHnaclt , ce qui suppose presque nécessairement un primitif Quiiitinacinn . enfin, le village nommé en flamand Roose^rtAen et en français liui^sicjnies (Mémoire de Wil- lems, p. 524). Campinia. La Campine, en flam. Kempen. C'est la contrée qu'on nommait au moyen âge Taxandria . conmie le dit notre auteur lui-même. p. 567, 1. 57 sq. Je croirais volontiers que ce dernier nom provient de celui du peuple (jui a occupé ce pays plat et sablonneux, et que le nôtre, le même que Campania , est l'ancienne dénomination romaine. Cisindria, Cijsindria. La Cicindria, ruisseau qui passe par S'-Trond . et fpi'on nomme plus conmiunément aujourd'hui : Melterbeek. Dongei. Dugnj , près de Verdun (France). Okinsala ; ap. ïheodericum Ekinsala. Steen-Ockerzcele, au nord-est de Hruxelles? Tijlia. La Dyle. Dans une pièce de 1008, ap. Chap., I, 225", Thila. f elpe. La Fleppe, en flam. \ elp. Cette livière prend sa source au village de Haute-Fleppe, en flam. Op-Velp, entre Tirlemont et Louvain. Sur la partie inférieure de son cours, près de Haelen , est situé le village de Velpen , qui est probablement celui que le diplôme de 742 nomme Felepa. Il n est pas douteux que cette dernière foinie ne soit le primitif de tous ces noms. Jacia, Jacea. Jauclie (comparez Hocsem, liv. Il, ch. xvn : et iisqtie ad Gel- doniam [Jodoigne] , citra Jaeeam, villas plurimas incenderuni). La forme Janche, en roman Jauce (p. e. Mon. Nam., p. 196 ult., an. 1284), ne vient pas de la nôtre, mais bien de Jalce , que nous verrons dans la 5" section de celle série. Il sendjie, qu au contraire, Jacia ou Jacea n'est qu une latinisa- lion de la forme romane. SLR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 89 Aquiria (nom. sing.). Awir, village sur la rive gauche de la Meuse, entre Liège et Hui. (On dit oïdinairement au pluriel . Les Awirs, parce que la commune comprend les deux villages de la Haute- et de la Basse-Awir). Walevia. Waleffe. ffalavia dans la liste de Wibald (voy. p. 49, 4« col.). Steps. Steppes, près de Montenaken. Dans Mir., I, 264, an. 1036 : Sceppes. mais il faut sans doute corriger Steppes, comme il est écrit dans le texte parallèle, III, 17, an. 1079. Cet endroit, jadis chef-lieu d'un comte et célèbre par une bataille dans laquelle les Liégeois vainquirent les Brabançons (en 1213), ne figure plus sur les cartes modernes. On l'appelait communément (ainsi fait notre auteur même) : custodia-, en roman tvarde- de Steps ou Steppes. Que signifie cette dénomination? Maidieres. Village près de Pont-à-Mousson , département de la Meurthc. La forme antérieure du mot (ap. Chap., II , 14) était Macjidera. Pariveis. Perwez, qui est nommé de même dans des pièces de 1242 et 1266 (Not. sur Milen , pp. W) , 63). Plusieurs villages du pays flamand portent aussi le nom ou le surnom de Parwys, mais il leur a été donné, selon Kreg- linger (Mémoire, p. 291), pour indiquer qu'ils avaient fait partie du domaine des anciens seigneurs de Perwez, origine qui leur valait certains droits par- ticuliers (ainsi Zoerle- Parwys , nommé dans le dénombrement de 1S26 Zoerle-onder-Perwys). Sans contester cette assertion, je comparerai Pervyse, commune de la Flandre occidentale, dont le nom, qui d'ailleurs n'est pas nécessairement identique, doit avoir une autre origine (M. De Smet, 2" mé- moire, p. 50, ne donne pas la forme ancienne de ce nom: il conjecture qu'il est formé de l'anc. haut-ail. ivisa : prairie), et, pour le suffixe, Durwis, près d'EscliAveiler, et Werwis, près de Clotten (Lac, I, 186). — Perwez est-il, comme on le croit généralement, le Perniciacutn ou Pernacum de l'itiné- raire d'Antonin et de la carte de Peutinger? Sans repousser cette synony- mie, je ferai observer qu'elle présente trois difficultés : le n, qu'il faudrait changer dans le premier mot en v et dans le second en ri; la transformation de la désinence, qui serait irrégulière (comparez cependant Wadriacum : Gaudrez [Cart. de St-Père]; Fodcjoriacuin, ou plutôt Fogodonjiamm : Wau- drez); enfin le désaccord dans les distances (voy. Wastelain , p. 183 inf.). Follonia. Pologne, en anc. flam. Foeliie (Cod. Loss., 175, an. 1219). Foelen; maintenant, dans la même langue, Veulen. Heylesem, daitstritm Heykcinense, etc. Hcylissem. Voyez dans la section suivante l'art. Hercines. Boneef. Orthographe flamande de ^oneZ/é (province de Namur). f'olhem. Vottem, près de Liège. Nota. Page 412, I. 12, ce nom est écrit Tome XXVI. 12 90 MEMOIRE Voethim; mais le passage est extrait de Hocseni (Chap., H, 549), lequel em- ploie la forme ordinaire Volliem. Rope. Ropeii, près de Tongres. Repes se lit dans Mir. , II, 827, an. 1155; mais une pièce antérieure de 60 ans (Ernst, VI, p. H4 med.) emploie la forme moderne ou flamande . doit-on regarder la première comme primitive ou con)nie une latinisation de colle-ci? Pratum fJ'iUonis, alias dkti /nibanid{ô\^9. 12). 425 ult. : Sliisa de prato Il iUonis, alias tvilbanl. Le premier texte, pris à la lettre, signifierait que VVillon s'appelait aussi Wilbanid, mais il est manifeste qu'il finit tout à la fois changer dicti en dichim et, pour Jfilbanid, lire U ilhamd . bamd, en effet, (pour cette forme comparez, 4.39. 11. Engelbamd), maintenant beemd, si- gnifie : pré, et IFil est évidemment une abréviation de Jf illo. Tvenne. aJohannes dux Brabancie... iisque opidum Lewis proifressus, snper vadum vulgariler Tvetuie nuncupatnm tentoria fxit^> (403. 42 sqq.). Sans doute l'endroit nommé Het Venue (c'est-à-dire La Fange), à l'E. de Léau et au r*j. de Duras : on sait que la langue flamande abrège l'article het en 7. Temera. Le Demer. Dans une pièce de 910, ap.Mir., II, 806, l'^'' col. sup., Tamera. Ghulpen. Galoppe. Cette forme Ghulpen est flamande et déjà moderne. Le nom ancien (p. e. ap. Quix, Codex diplomalims Aquensis , p. 30, n" 43) elait Golopia. JVuronc. Woringen, au IN. de Cologne. Dans Lac, I, 376, an. 1153, IFo- runch : cette forme et la nôtre sont encore très-proches du nom ancien Ruruncus, qui figure dans l'itinéraire d'Antonin. Herke, llerka. Herck (village et rivière )5 antérieurement, comme nous l'avons vu : H arches , Harcha [Archa). Rumiens, Rumniiens. Rummen, au N. de S'-Trond. Le ie équivalant, dans l'orthographe de notre auteur, à i et même à «(comparez Latiens = La- tins, etc.), la forme ci-dessus ne diffère pas de Rumines, qui se lit dans une pièce de 1078, ap. Mir., IV, 505, l-^" col. inf. (dans son édition de ce diplôme, tirée de je ne sais quelle source, M. Wolters [Not. sur Rummen. p. 376 sq.] lit : de Rummenis), ou du Romynes de d'Hemricourt (pp. 223. 356, etc.). « D'après la tradition » , dit M. Wolters, Notice citée, p. 1, cf. 409 sqq., « le nom de Rummen proviendrait d'un ancien camp ou établissement romain. On y trouve, en effet, une vaste et belle campagne, nommée /îoomen- veld, qui offrirait encore aujourd'hui toutes les convenances désirables pour l'assiette d'un camp; elle est traversée par un gros ruisseau, jadis nomme la Cicindria, aujourd'hui Mellerbeek , et par un autre cours d'eau, nommé le SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 9i ruisseau romain : Roomenbeek », etc. Rumina ou plutôt Rinninis (dat. plur.) serait donc une aUéralion de Romanis, scil. castris : comparez ci-dessus Campmia, qui serait, selon notre conjecture , =Campania. Au N. de Looz se trouve le village de Rommershoven : ce nom paraît signifier aussi : métairies ou fermes des Romains. Awaiis. Awans. La forme Awaus n'est autre chose qu'une mauvaise pro- nonciation ou, plus probablement, une faute de lecture (comparez Hosduies, Creslengueies, pour Hosdines, Crestengneies). En 841 (MS. n» 188 de la biblio- thèque de l'Université de Liège : comparez le Compte rendu de la Commis- sion d'histoire^ tome IX, p. 19 inf.) on disait Hawans. IFarois. Waroux. Dans d'Ilemricourt : ff^aroiis. Warois est une forme pro- pre à notre auteur : comparez l'article suivant. Felrois. Velroux. Hocsem (Chap., II, 399 ult.) : Filrouz; d'Hemricourt : Fel- lerous. La bonne forme romane, qui se trouve implicitement contenue dans celles que nous venons de rapporter, était sans doute Fillerous, du lat. VlLLARIOLUS. Erdenburfjh. Page 409, 1. 19 sq. : « Quœ [scil. Bniya] consiirgens contra régis [scil. Franciœ] nuncios , omnes occidit, et elecio nno capitaneo... per illum omnes communes populi contra regem conspirant,.... in tantum ut in opido Erdenburgh IF milia hominum occiderent ». L'endroit désigné doit être Ardenburg, en Zélande, à 4 lieues au N.-E. de Bruges, et non Erembo- deghem, sur la Dendre, comme le dit l'éditeur. (Ce fait est rapporté sous la date de 1 301 : je ne vois pas que d'Oudegherst, ou M. Kervyn de Lettenhove, en fassent mention). Thenismons. Tirlemont, en flam. Thienen. L'adjectif est tantôt Tenensis (421. SI), tantôt Montistenensis (430. 22). Le substantif est écrit: Mons Tienes, dans un diplôme de 1175, ap. Mir., I, 189. Il n'est pas douteux que le radical est le même mot que ïhyne ou Thynes (province de Namur), qui est proba- blement désigné par cette même forme Tienes dans une pièce de 1153, ap. Chap., 11,108; Thisnes (province de Liège), nommée, à ce qu'il semble, Thenœ, dans une pièce de 1229 (Mon. Nam., I, p. 138); enfin Thines ou Thinnes, en Brabant. Fert, Féerie. Probablement Voort, à l'O. de Looz : d'après le contexte, l'endroit désigné doit se trouver non loin de la ligne idéale qui s'étend de Waremme à Colmont; quant à la confusion des mots vort et vert, voyez ce (jue nous avons dit plus haut, à l'art. Steinvert. Nota. DHemricourt. qui raconte aussi l'événement où notre nom figure (p. 340), ne désigne pas l'eai- droit où il a eu lieu. 92 MEMOIRE Ferme. Fainie, au S. de Waremme. Les cartes du siècle dernier emploient encore cette forme Ferme. Latiens. Latinne. Dans un diplôme de 1143 (Mir.,IV, 14. 2inf.) Latins; dans Hocsem (Cliap., 11, 581) Lfl Crestemjueie.s. Lisez Cresleinjneies : il s'agit du village nommé par Hocsem (Chap., H, 381 j Crestemjnes, par dHemricourt Crescengneez, par Salbray Cris(fnée, et aujourd hui Crisnée. Fehe. L'un des deux Fexhe. — Fehe est une forme mutilée. Fexhe, qui est usité dans tous les anciens documents romans, suppose un primitif tel que fi.scus. Ascendit montem Arhone {Va montagne — en langue du pays : le tliier — dArbonne, Arbon ou Nierbonnel, vukjarifer oppellatum De Raie te Hoie. — Fulgariter appellatum, c'est à savoir en flamand; en français on disait : La roche à Huy , comme portent d'anciennes cartes. ArkenleU. Argenteau , sur la Meuse. Voyez à la 3« série. /îo«;e«(//s<«e>-.Bovenistier. Une pièce de 1186, ap. Mir., III, 555, porte Bovin- gestir; en 1315 (Paix de Fexhe , ap. Louvrex, II, 142 sqq.): Bovingnistier; dans d'Hemricourt: Borengnislier, Bovengnulir, BovengnisUers, Bovengni.s- tirs. Le mot doit probablement se décomposer en Bovingc-stir (et non en Bovinges-tir), stir ou slier étant un nom de lieu fréquent, comme nous le verrons dans la 5'= section de cette série, au mot Steria-monticula : notez que. près de Bovenistier même, il se trouve un endroit de ce nom (Stier, Stiers, Stir,Stirs, dans d'Hemricourt). D'après ce que nous avons remarqué plus hauf. la désinence du premier vocable pourrait s'expliquer, soit par le tudesquc iiuj, qui est patronymique, soit par le latin iniiis, etc. : la prononciation de la désinence ing comme ign (Bovingnistier, Bovenistier) indique cette dernière origine, car si le g eût été guttural, on eût dit en wallon Bovingistier. connue en thiois (sauf la prononciation du g en / ). Bovingcslir étant donc = Bovinie-stir, parait devoir se rapporter à une forme telle que Bovinii-Sterium SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 95 ou Sleria. Nota. La combinaison primitive ui a été reprotluite successivement par ng, ngn, (ju : la seconde forme, qui est celle de Tépoque de d'Hemricourl (Wyhongne, Holongne, Holengnoul, Vivengnys,Souwengneez [Sougné], etc.". vient uniquement de ce que la valeur du premier signe orthographique n'étant plus comprise, quoiqu'on le conservât par tradition, on a dû ajouter un n au (/ pour l'exprimer à nouveau. Il s'ensuit donc que le premier n dans cette condjinaison ne se prononçait pas. Jecliora. Le Jaer ou Geer, ou, sous une forme plus archaïque, Jecker. Le nom ancien est aussi écrit, sans aspiration, Jecora, par exemple Cod. Loss.. n" 36, an. 1054. Ileere, Hère. Ce mot désigne Heers, de même que ci-dessus Hers , Hairs . et non Héron, comme le dit l'éditeur, et c'est même la forme la plus com- mune (c'est probablement à Héron qu'il faut attribuer le nom ancien Heraii, (jue nous avons vu dans la l'^<= série, et qui se rencontre maintes fois, par exemple chez d'Hemricourt, 258 sup.,2ii med.). Dans notre document même Obhere (440. 45) est Opheers; dans Mir., IV, 557, an. 1242, Cotio de Hère, advocatus de S'" Trudone : de même très-souvent; un acte de 1273 (Not. sur Milen, p. 81 med.) fait don de la moitié d'une dime à Pologne (( juxfa Heere castri », ce qui ne peut s'appliquer qu'au château de Heers: comparez aussi ci-dessus Herebach. Bertshere; enfin Jalheau, p. 161, note /, dit : « Heers ou Heere ». Du reste, il se peut que Hère fût en même temps le nom d'un autre endroit, car on lit dans une énumération des biens de l'église S*-Jean, à Liège (Mir., III, 535, 2""^ col. med., an. 1186 : allodium in Halembaie, et in Hère, Rokelenges, Hers et Formula. Hardwemonl. Harduemont (commune de Verlaine), dont il est si souvent question dans d Hemricourt. Où l'éditeur a-t-il pris que c'était Hargimont? Nota. Dans les dix ou douze passages que j'ai vérifiés, d'Hemricourt écrit constamment Harduemont (jamais Hardumont) : il faut donc sans doute pro- noncer Harduemont, d'où l'orthographe de notre auteur. Oborne. Dépendance de Glons. L'éditeur conjecture, encore cette fois à tort : Obour". Hanutum, Hanuet. Hannul. Le ne, pour u, de la seconde forme, est fla- mand. Geldonia. Jodoigne, en flamand Geldenaken. La désinence de la forme flamande rend très-probable que le primitif se terminait en acuin : Geldoma- cuM, par abréviation : Geldonia : comparez, dans la I'"<= série, ISasania de iV«.soHacr«n (c'est-à-dire Naso.ma de Nasomacum?); mais la combinaison et n'ayant pu produire le o du nom français , il est vraisemblable que cette 94 MEMOIRE forme primitive élail (en resliluanl en même temps à la première consonne son degré antérieur) Galedomacum. Dola. Dool? HaDiale. Hamal, près de Tongres. Le diplôme n" 100. ap. Lac, I, de ranl)47, mais qui est la reproduction dune pièce beaucoup plus ancienne (vers 700), mentionne un Lifleiiiala subterior (i. e. inferior), Irès-énigma- tique, pour lequel l'éditeur compare à la fois Lude, c'est-à-dire Lowaige (voy. plus loin), et Hamal. il paraît probable, à la vérité, que cet endroit se trouvait effectivement dans le voisinage de Russon, mais je n'ai rien trouvé qui confirmât l'une ou l'autre attribution : voyez pourtant l'article cité, à la fin. Miremorf. Millemorte. Hocsem (Chap., il, 491 med.) écrit Miremoort. Tourins. ïourinncs. Encore une forme flamande. Le nom primitif, que nous avons vu dans la l"^" série, était Tiiviunas. Bodettltoven. Boyenhove, près de Léau. Le d a été syncopé comme dans Slaye = Stades. Liidike (dans une pièce flamande). Liège. Sentrûde. (même observation). S'-Trond. Locn (même observation). Looz. Hoesden. Probablement Heusden, près de Beeringen : voy. ci-dessus l'art. Hosdiiies (Hosdines). Halchtere, Hakhtre, Halchter. Helchteren, au N. de Hasselt. de Lummene. Lummen, au N. de Herck. Un document de 1 18G (Cod. Loss., p. 62 sup.) écrit (à l'ablatif) Lumia , mais il est probable qu'il y avait un sigle dans l'original et qu'il faut lire Luminis; en roman on disait Luinay (ibid.. p. 65, an 1205), en anc. franc. Lumaimj (Not. sur Rummen, p. 396 inf.). Des pièces latines et flamandes de 1459, 1460 et 1462 (Not. sur Steyn, p. 43 sqq.) écrivent Lumpnis , Lumpenen, Lumpmene, si toutefois il s'agit de Lummen. Trudonica . ^ Joliannes de Trudonica , nepos Roberti obbafis ». Ce Robert était lui-même de Craenetcic (432. 45), c'est-à-dire de Creenwick (dans d'Hemricourt : Crenewy), village entre Waremme et Hannut et joignant ïro- gnée, dans d'Hemricourt (290 med.) Trmiieiupieez , qui est probablement notre Trudonica. D'autre part, on lit dans 3Iir. , I, 276 inf., an. 1124 : fFalte- rus de Trudeneris , liber homo, praediiim quod liabebaf in )nino)'i Avernus, in comitatii de Steps, tradidil... ad altare D" Laurentii. Il n'est pas douteux que ce Walter est le même personnage que le ff al férus de Trudicjnies ou /f alterins de Trudignei, qui, par un diplôme de la même année (Mir.. III, SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 95 32o sq. , en entier, I, 574 inf., en extrait), tradkUt S'" Petro et fratribns Clu- niacensis Monasterii ecclesiam de Bertreis (ai. Berfrees) cutn... appenditiis suis in Hanud et in Puceis et in Trndenei (plus loin Trudineis) et in Evrenais. Trudeneris est donc une mauvaise leçon et doit être corrigé en Trudeneiis , ou Trudenicis, vu l'identité probable de ce mot avec Trudonica. S'il y a iléjà apparence, en effet, que Trudonica , considéré indépendamment des der- nières formes , désigne Trognée, cette attribution peut être regardée comme certaine pour celles-ci, à raison de la proximité des endroits mentionnés dans le contexte : Minor-Avernas est Cras-Avernas , puisque , d'après Fop- pens, Evrenais (autre forme pour Avernas) est Avernas-lc-Bauduin ; Bertreis. Bertrees ou Bertreijs, Hanud ou Hanutum, désignent, comme nous Tavons déjà dit, Bertrée et Hannut; enfin Puceis, np. d'Hemr., 127 nied., Pucheij deteis Hamit, désigne Poucet : comparez dans la 3'"" section Puceius , Puceu. Dès lors il ne reste pour clore le cercle de la démonstration relative- ment à Trudonica , qu'à établir le rapport de cette forme avec toutes les autres : nous croyons qu'il se trouve dans la série suivante : Trudonicas , Trudenicas ; Trudineis, Trudirjnies, ou Trudeneis, Trudexjnies; Truicengneez = Truwcgneez = Tru-egneez (le iv n'est intercalé que pour prévenir l'hiatus produit par la syncope du (/), Trugnée (ap. Salbray), Trognée. Trudonicas dérive évidemment du nom d'homme Trudo, gén. Trudonis, et signifie : possessions de ïrudon. Ici (à l'an 1364) se terminent nos extraits des Gesta abbatum Trudonen- sium. Avant de passer aux sections suivantes, qui ont plus particulièrement rapport aux provinces de Namur et du Brabant méridional, nous donnerons, pour compléter nos études sur la Hesbaie wallonne et flamande, une petite liste supplémentaire de noms tirés de sources diverses. Je commence par quatre noms dont les formes se ressemblent en un point : Baldeneis, Baldineis (Wir., IV, 577, 1 et 2 sup., an. H46), Badengeies (id. II, 1185. 2 med., an. 1178). Sans doute Bodcgnée. Jltei (Not. sur Ilerkenrode, n°« 4, S, ann. 1217, 1218) : Othée, en flam. EIch (pour l'attribution de ce nom, que portent généralement les anciennes cartes, voy. Lac, II, 10.5). Une pièce de 1270 (Not. citée, n» 21) désigne le même endroit sous le nom d'Ocheg. Cette forme se prête à deux inter- prétations : ou Ochey est mal lu pour Othcy, erreur dont nous avons cité plusieurs exemples, ou, ce qui dans ce cas-ci paraît plus vraisemblable à cause du nom flamand, Ochey est une forme dérivée parallèlement du radical commun. On pourrait représenter ce radical par un vocable Altecata, 96 MEMOIRE d'où, d'une part. Altei, Otei, Olliée, et de l'autre: Alciii:i, Ocliei ( foniK' romane), EIch (forme flamande apocopée). Odoir-le-Romuns (dHemricourt, i07 inf.) : Odeur, en flam. Elderen (INot. sur Reckeim, p. 29 ult.). Odoir-le-Tiexhe (dHemricourt) : S'Heeren-Elderen (Jalheau, p. 522, note a). L'origine commune du o roman et du el thiois étant la combinaison al , on peut supposer un primitif Aldoiuî m. Galiiiina (Lac, L n" 107, an. 900) : Gelmen, en franc. Jamine. Ici, par exception, la forme romane nous donne un « au lieu d'un o [Badencjeies , que nous venons de voir, est une forme isolée et peut-être fautive) : cet a est- il abrégé de au, ou y a-t-il eu syncope de la syllabe médiale dans la forme primitive, qui serait, par exemple, Galomina? Nota. La transformation de al en 0 , pour le roman , est assez justifiée par les exemples ci-dessus et par ceux ), ce qui est sans aucun doute la vraie forme ancienne et non une latinisation arbitraire, car on ne se fût certes pas douté au XIII™» siècle que Templus pouvait venir de Tem- piiacus, par élision de \i, d'abord, puis syncope du c, et enfin élision de l'a (comparez Montenaken, de Montiniacum; Stabulaus, de Stabulacus; Gem- blus, de Gemblaus). De templtim?? Comparez Templeuve, en 1291 : Tem- plueve (Mon. Nam., I, 253), nom d'un endroit proche de Lille. Silva obtima... super fluvium Dions vuUjo nuncupalum (Diplôme de la fin du X™" siècle). Ce doit être le ruisseau qui passe par Dion-le-Val et qu'on nomme actuellement le Pisselet. Ce village même, ou bien Dion-le-Mont, qui en est voisin , est mentionné dans le texte de la Chronique , sous cette forme Dion. Le diplôme d'Innocent écrit Diona . « villam de Diona, citni ecclesia, terris », etc. : il semblerait donc que Dions est pour Dionus ■" Dionus fluvius, Diona villa. Qu'est-ce que Vallodium de Dium de Waleheiti (sic), qui figure plus haut dans le diplôme d'Innocent? Ledernu, in confmio Sambrensis par/i. Leernes, près de Fonlaine-l'Évéque. La même forme se trouve dans une pièce de 1101, ap. Mir. , I, ()75 : cttnt ecclesiis in Tudin io {Thiùn) et Lederna positis. Comparez pour l'ensemble du mot : Lethernacum ou Ledernacum (Lierneux) ; pour la désinence : Beverna , cité plus haut, et les noms appellatifs : caverna, lucerna, etc. Bavenchin. Beauvechain, en flam. Bevecom. Chin, pour chini (comparez, dans la section précédente: Chisechim, Bechechim), est sans doute une forme franque de lœiin (pour la correspondance du ch franc avec le h haut allemand, voy. J. Grimm, Geschichte derdeiitschen sprache, Siô sq.). H(nn (par exem- ple dans Ham, Bcrnscham, Brunsham, Holtham, Walaham), qui joue le même rôle, s'il n'est point dans tous les cas le même mot (outre la remaïque au dernier nom cité, comparez Polt, Die Personennamen , 47S, note) , appar- tient manifestement à un dialecte très-différent. La présence simultanée des trois suffixes heim ou haiin, chim ou cliin, et hain , indique donc que trois races thioises différentes ont occupé le sol flamand. i\ota 1. Je citerai ici, sans m'y arrêter, les passages du diplôme d'Innocent qui ont ou paraissent avoir SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 117 rapport à notre mol : Ecdesiam de Bossuth, ecclcsiaia de Baverechin , cum terris... rigesiiiiam partem totiiis allodii de Becechin.... Ecdesias quoqiie de Bossuth et de Bavenchien, cum omni jure... Decimmn sartorum tolius silvae episcopi Leodiensis apud Bauvenchein. — I\ota 2. Nous n'avons rencontré , je pense, dans le cours de ce Mémoire, d'aulre exemple de la forme ou plutôt de lorlhographe haim , qui est gothique {haims), que Gingolonhaim. qui n'est encore qu'une correction, à la vérité très-probable, de Guigolonhian. Elle n'est cependant pas rare dans les diplômes: ainsi je vois dans celui même où se trouve le dernier nom cité (Mir., I, 654, an. 966) : Adelardus [tra- didit] nutnsam unmn in Ferechaim super fluvio Samhra , in villa quae dici- tiir Culiaco, mansas duas (il faut probablement une virgule après le mot Verechaim, la détermination : super fJuvio Sunihra, devant se rapporter [aussi?] à Culiaco, si ce nom désigne Couillet, comme il y a apparence) : — le c qui précède haini appartient-il au radical ou au suffixe? Dans ce dernier cas, ce serait donc une forme mixte. — In pugo Brahantinse super fluvio Ippinfjhohaim mansas quinque, silvas adporcos cenlum (le suflîxe hai^n né- tant pas convenable pour un nom de rivière, on peut supposer que le texte portait : super fluvio [le nom en blanc], in villa Ippinghohaim, etc.). Heis. Autre nom pour Mellery, comme on le voit à la page 546, I. IS, où on lit : in villa Melenriu, quae eliam Heis dicitur a conligua silva quae ita norni- natur. Le nom actuel de cette forêt est Bois-de-Hez (à l'O. de Mellery) : elle s'étendait probablement jusqu'à Sombrcffe, qui est au S. de cet endroit: du moins un interpolateur a intercalé (à la page 338, I. 30) entre les mots in silva Heis ; « Sombresiae et » {in silva Sonihresiae et Heis). Sombresia a été également intercalé dans un passage auquel nous amène la suite de nos extraits. Après les mots et novellam aecclesiolam in Heis, le texte original ajoulait : decimani quoque in Bernunfait Gernmelacensi tradidit aec- clesiae . une main du XU""^ siècle fait suivre » Bernunfait » des mots : seu in Sombresia. Ce nom serait donc synonyme de Bernunfait (lequel ne semble pas avoir laissé de trace) et, comme il n'apparait dans notre texte que sous forme de glose, il daterait d'une époque postérieure à celle de Sigebert? Que penser, d'aulre part, de la forme Sombresia? Nous doutons, à la vérité, qu elle soit correcte, car déjà le diplôme d'Innocent écrit Sombreflia, et une pièce de 1209 (Mon. Nam., p. 152) porte, de même, Sombreffe. Néanmoins, dans cet état de choses , il faut provisoirement renoncer à Tétymologie , d'ailleurs si séduisante, de fauteur du Désert de Marlagne : Pont-sur-Son (tel est le nom du ruisseau qui passe par Sombreffe). Du reste, pour ne rien celer, cette éty- mologie présente d'autres motifs de doute : où rencontre-t-on encore dans le H8 MEMOIRE reste de la Belgique le suffixe briva? nulle part , que je sache : il serait donc bien étonnant qu'il se fût conservé justement dans un endroit situé sur un ruisseau de si peu d'importance que l'on ne peut croire que nos ancêtres, les Celtes, eussent besoin d'un pont pour le traverser. Ensuite, est-ce que briva serait devenu breffiaJ Je croirais plutôt, d'après l'analogie de Samara, Sum- hra, SiDninaru, que le nom ancien du ruisseau était Sumara (ou même Suminara) : d'une part en viendrait par apocope le nom moderne Som (com- parez Somme de Suminara : voy. p. 41 ); de l'autre, par adjonction du suf- fixe esia ou effia, le nom du village bâti sur ses bords : Suni'r eflîa, puis Sombreffia, par I intercalafion presque nécessaire du b entre les lettres m et r. Ce dernier suffixe e/pa (effe), que j'ai attribué de préférence au mot, est très-fréquent en pays wallon et surtout au nord de la Sambre et de la Meuse, ce qui ajoute beaucoup à la vraisemblance de notre conjecture. Florinis (ablatif). Florennes. Au cas direct : Florinas : « in loco qui dicitur Florinas » (diplômes de JOaO et 1120, ap. Mir., IV, 4). Nous avons déjà fait remarquer que la terminaison as s'employait en ancien roman pour le nomi- natif singulier de la première déclinaison latine (voy. Wilh. Grimm, Glossae Cassellanae, ad D 16) : Florinis, cependant, est au pluriel : sans doute parce que les rédacteurs des chartes confondaient la terminaison romane as avec la terminaison latine de même forme. Funduni proprietatis suae quod Tortosa vocatur, in parochia Basciu, tra- didit Gemmelacensi loco. Et quia... contes infra parochiam Gemmelacensem habebat aliquol mansos... in viculo Eijneis dicto, facto iteruni jitstae commti- tationis ratiocinio, Tortosam ipse recepit... Eijneis vero proprietati aecclesiae Gemmelacensis transcribi fecit. — Basciu, qui figure immédiatement après sous cette même forme dans un diplôme de 1018, est Baizy, au sud de Ge- nappe. Il ne parait plus exister dans son voisinage de Tortosa (pour tortuosa: ou est-ce le même nom que Tortose, en Espagne?). Eijneis, écrit aussi Einexjs et Eneis, désigne Enée, proche de Gembloux. Le diplôme dont nous venons de parler fait mention de Vaecclesia ISivigel- lensis, c'est-à-dire de INivelles. Cette forme, ou le substantif jY/r/rye//», se rencontre fréquemment (p. e. Mon. Germ., VI, 448. 50, 5S8. 59), mais on trouve aussi souvent Niviala (Mir., I, 503, an. 897, sous la forme adjective Nivialensis), JSivalis (Mon. Germ., VI, 154. 54), Nivella (Mir., I, 502, an. 877). Une variété de forme, plus singulière encore, vu l'époque à laquelle elle appa- raît, est ISiella, dans le Partage de 870 (Mon. Germ., Script., I, 489, note 14, Leg., 1, 517, 1. 30). Zeuss, qui rapporte d'après les Bollandistes les formes Nivella, Nivialla, Nivigella (Gramm. celt., p. 68), cite aussi d'après les mêmes SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 119 (Sept., S , 601) : Nuella. Comparez ci-plus bas le mot Aïe/. P. S. Sur les mon- naies mérovingiennes (Guillemot, Catalogue des légendes des monnaies mé- rovingiennes) : Nivialcha. Pîtcew; diplôme d'Innocent : PMCCîMm (accusatif). Poucet, près de Hannut (dans la section précédente Piiceis, Puchey)^ ou Pousset, près de Waremme? Dans la première alternative, et les formes étant à peu près contemporaines, il faudrait changer celle du diplôme d'Innocent en Puceium, nom. Puceius. Ferait, Pheroth. Feroz, au S. de Gembloux. Mainil, Mannil, Manilz, Masniz, etc. Grand-Manil, à l'O., ou Petit-Manil, au N.-N.-E. du même lieu. Ici commence le texte de Godescalc. Il est bien entendu que nous avons déjà inscrit aux articles qu'elles concernent les formes des noms employées par cet auteur. Niel. Nil-S'-Vincent (ou l'un des trois autres endroits du même nom qui sont voisins de celui-ci), au N. de Walhain. Si ce nom de Niel n'était aussi commun en pays flamand et rhénan (un, non loin de Trêves, à l'O. de Bittburg, un autre près de Cologne , celui-ci nommé Niele en 927, Lac, 1 , 88, etc.), on pourrait croire, d'après l'exemple que nous avons vu à l'instant, qu'il vient de Nivella (Nivigella) ou de Niqella (un lieu de ce nom figure dans le Cartulaire de S^-Père de Chartres). P. S. J'apprends de M. Franquinet, archiviste à Maestricht, que le vrai nom flamand du village de Nivelle sur la Meuse (voy. ci-dessus, p. 102, et à la 3" série) est Niel. Il devient donc vrai- semblable que cette forme est effectivement une altération thioise de Nirella. In villa etiam qiiae Castris dicitur (o42. 46). In cilla quae dicitur Castra (d46. d). Chastre, à l'O. de Walhain. Lirul. Liroux, hameau proche de Gembloux. Genitinis (ablatif). Gentinnes, près de Mellery. Waresch. Waret. La même forme existe dans une pièce de 1209 (Mon. Nani., I, 152 med.);dans le diplôme d'Innocent : JVares ; dans un document de 1276 (Mon. Nam., p. M sq.) : ÏVareis. Il n'est pas douteux que ce nom porté par plusieurs villages voisins ne fût primitivement celui de la con- trée où ils se trouvent et qui s'étend depuis Waret-l'Evèque , à l'E., jusqu'à Warisoux (= Petit-Wareis), à 10. : c'est ce que montre la dénomination de y'ûXe-en-Waret donnée à un village proche de Franc-Waret. Notre texte, cependant, entend déjà un des villages par ce nom, mais je ne puis dire lequel. Comparez pour le mot les noms de peuples ïfurasci. Waresci (ap. Graff, V, 740) et le pagus Warasch (en Franche-Comté) mentionné dans le Partage de 870 (489. 1). 1-iO MEMOIRE Unrenton ; diplôme d'Innocent : Harentun. Harton. à l'E. de (îembloux cl près d'Argenlon , comme le dit une charte de ^229, ap. Mir. , 1, 502 : fncum qui dicitur Argenton prope Harenton. Falle (ablatif). Sans doute Alvaux (= à 1' Vaux), au S. de Genibloux. Belrin; dans un diplôme de i 123 (552 inf.): Belrius; dans celui d'Innocent : liellorivo {ablatif), forme employée aussi par notre auteur (548. 27). Beau- rieux, près de Mont-S'-Guibert. Melenriu. Mellery. Dans le diplôme d'Innocent on lisait sans doute : \'illam de Meîenrivo; mais le copiste ou l'imprimeur en a fait Meleurnio. Suvrei . Sorrpï. Souvret. entre Gosselies et Fontaine-l'Evêque. Corcellis (ablatif). Courcelles, proche de Souvret. Marehaco (ablatif), Marehais. Marbaix, entre Gembloux et JNivelles. Une pièce de 1099, ap. Mir., I, 670 sq. , porte la forme actuelle; dans une autre, de I lOI (ibid., 672 sq). on lit (au génitif) : Marhasiae: dans une troisième de 1155 (Chap., If, 108) : Marembais. Lupun, Lopun. Loupoigne, près de Genappe. En 966 (Mir., I, 654) : Lupo- nio (\iOiir Luponium). d'où la forme actuelle. 11 est probable que les nôtres doivent être lues Lupting . Lopmig , comme il est écrit dans une pièce de H97,ap. Mir., IV, 715. Warnerus cornes Iradtdit ununi mansitm in Dion, et iixor ejus duos in Morceshem , et unum in Malbrovias , qnod dicitur in Ruoz. Ille mansus in Dion solviti solidos et 8 gallinatios. Illi duo in Morceshem solvimt 10 solidos Lnimniensis monetae et i gcdlinatios. Ille in Malbrovias 5 solidos Nivigellensis inonetae, et ita ut inimunes essent nb omni servitio , nisi Gemblensis aecclesiae. \ l'exception de Dion, dont j'ai parlé plus haut, je n'ai pu découvrir aucun de ces endroits. Morceshem doit se trouver en pays flamand , d'après la forme du mot, et non loin de Louvain, puisque la redevance s'y payait en mon- naie de cette ville. Malbrovias. par cette même raison , doit être cherché dans le voisinage de ÎNivelles. Je remarque que, d'après la ponctuation de l'éditeur, Ruoz serait le nom vulgaire de Malbrovias. Je croirais plutôt que les mots quod dicitur doivent être placés entre deux virgules, la phrase signifiant alors que Malbrovias était une localité dépendante de Ruoz — : au lieu dit Malbro- vias, à Ruoz — -. le fait de la dépendance est, en effet, aussi fréquent que celui d un surnom l'est peu. Halleq. Hallet, proche de Hannut. comme nous l'avons déjà vu dans la I'^'' section de cette série (p. 71). f^illa S"' Gaugerici. S'-Géry. à 10. de Gembloux. Jalce (ablatif). Jauche. Il a déjà été question de ce nom (p. 88 inf.). SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 121 In villa quae nunc Mons-S''-Guiberli dicitur. Mont-S*-Guibcrt. {de) f'ilei/r. Un des Villers qui sont dans le voisinage de Gcmbloux. Cette forme Fileijr, au lieu de nters, comme porte le diplôme de 946, vient-elle du cas ablatil"? Cortem Gemmelacensem quae Capella dicitur. Je ne puis désigner l'en- droit d'une manière certaine; peut-être est-ce Chapelle-S'-Lambert, près de Lasne (anciennement Lanehe : pièce de 1244, ap. Mir., III, 110). Culluras agrorum in villis et nmnicipiis, hoc est Sterias, Jandricjiil (lisez Jandring ul = isxndi'imu\), Sotheiam, Bavenchin, Dion, ' Genehen, ^Sovrei, Niel, ' Pictam-villam, Eyneis, Capellam.prout valuit bene et oportiine dispo- stiit. ' Je soupçonne une altération dans ce vocable, qui ne se rencontre pas ailleurs et auquel je ne puis trouver d'attribution. Les noms commençant par Gen sont d'ailleurs fréquents dans les parages où nous sommes; ainsi Jenvaux, près de Gembloux, à l'E.; Genval, au N. de Lasne; Genleau, dans cette dernière commune même; Gentinnes {Genitinis) ., cité plus haut: Geninne, nom, du reste, également inconnu, qui est mentionné dans une charte de 1214 (Mir., I, 299) immédiatement après Warisoul, etc. ' Dans le diplôme d'Innocent : Sofrey. Sans doute, forme de S»vre« (Souvret). ' Même forme dans le diplôme d'Innocent. L'endroit est proche de Gembloux , à l'O. : il est appelé Pondeville dans la carte de Vandermaelen, Pandeville, Pain- ville, etc., dans les cartes anciennes. Les autres noms nous sont déjà connus. In villa quae Rosiris dicitur. Dans le diplôme d'Innocent : Roseriis. Rosière, près de Perwez, ou Rosières, près de Wavre. Le radical du mot est-il le latin rosa, ou le gothique raus{(ïoù roseau)? Wastin. Wastines, au nord de Perwez. Engrannus de ' Balastra... dédit nobis in Leodio unde annualim persolvun- tur 30 denarii, et vineam in 'Juniaco, et in Genitinis très solidos, et in ' Tillir et in * Hufen Ires solidos, et in ' Gondulpmit partem molendini. ' Balâtre , à l'E. de Fleurus. 'On lit dans le diplôme d'Innocent : Apud Leodium duos mansos... et vineam unam apud Finiacum. Il est évident que les deux textes ont en vue la même localité et que le second donne son véritable nom : Finiacum doit, en effet, désigner Fivegnis, nommé dans le Cantatorium, comme nous l'avons vu (p. S4): Fineias et Fingitis. 'Tillier, près de Waret-la-Chaussée; dans une charte de 1197, ap. Mir., IV, 71 S : Tilhir, Tilhier. 'Houtain, près de Nivelles. Htiten est absolument la forme actuelle, n se prononçant comme le ou français. La pièce que nous venons de citer écrit Holtain, ce qui se rap- proche de la forme primitive Holtham ou HoUheim {voy. plus haut, p. 105). "Gaudempont, dans les anciennes cartes; Godeuxpont, dans celle de Van- ToME XXVI. 16 122 MEMOIRE dermaelcn, proche de Blanmont, au N. de Gembloux. Gondul est sans doute le nom d'homme Gundulphus. Campus quidam miinicipio Eineys erat contigmis. Hic a priscis temporibus a nostri loci abbate ruricolis fuerat contradifus, eo pacto ut, terra exculta, quarlam fjarbam. in ferrent horreis aecclesiae. Tempore aiitem procedente , oh sterilitatem ab açjricolis negleclus, vacabat nrticis, rubis et senlibus. Hune itaque vacantem domnus abbas Lietliardus vestiario addidit... Feslierarius ita~ que terram maria et fimo inpinfjuatani aratro excoluit..., omni yenere lahoris fFinerililio {sic enim arjer vocabatur) curam impendit. — fFineri-iHium est un composé tudesque dont les deux portions sont latinisées : winner, dérivé du verbe anc. sax., anglo-sax., etc., winnan, signifie en anc. flam. : cultivateur, colon (je ne trouve pas le substantif dans les autres dialectes bas-allemands); le radical de tilitim est le verbe anc. sax., anglo-sax., etc., tilian (cultiver la terre), mais je ne puis dire si ce substantif latin en a été formé directement, ou s'il est tiré d'un primitif tudesque : dans le premier cas, cest-à-dire s'il n'existe point dans les dialectes allemands de substantif auquel on puisse rapporter le mot tilium, il résulterait que ce vocable Wineri-tilium est factice et n'ap- partenait pas à la langue populaire. Dudinsart. La charte de donation porte dans la copie de Miraeus (car celle de notre auteur ne contient pas ce passage) : tradidisse Deo et S" Petro qitod- dam praedium Dudinsart dictmn, in Eremo juxta metas parochiales de Bra- n«a(I, 383). Cet Eremus, ou désert, était probablement aux environs de l'endroit nommé l'Hermitage, au S. de Braine-le-Chàteau. Les caries indi- quent tout auprès une chapelle de Notrc-Damc-au-Bois. Toutes ces circon- stances montrent qu'il faut lire dans le diplôme d'Innocent : Heremum S""-Mariae apud Brenam, cum ecclesia, au lieu de Herenium , etc. Filforlh. Vilvorde, entre Bruxelles et Malines. Birbais. Probablement Bierbais, près de Mont-S'-Guibert. Une charte de 1187 (Mir., IV, 21a) est signée par Michael et Theodoricus fratres de Birbacis; dans deux autres de 1260 et 1265 (Mon. Nam., I, Table onomastique, v. Bir- bais) figure un Theodoricus de Birbaco : je remarque que dans ces noms, qui peuvent désigner également Bierbeek au S.-O. de Louvain, le suffixe est haut- allemand. Orbais. Orbais, près de Perwez. Felliu. Féluy, au S. de Nivelles. Sivirei. Nom d'une villa où Henri de Loupoigne et Gérard de Marbais avaient des possessions qu'ils cédèrent à l'abbaye de Gembloux. Sans qu'il en dise la raison , l'éditeur tient ce nom pour une variante de Suvrei. Pour moi , SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. i25 en l'absence d'autre indication que la forme même du mot, j'aurais plutôt conjecturé Sivry, dans le Hainaut (au S. de Beaumont); mais comme le diplôme d'Innocent mentionne, outre Sofrey, qui est évidemment = Sovrei ou Suvrei, decimam quoque in villa Sarrei xl bonariorum terrae et amplius, je crois plus probable que Sivirei et Sarrei sont le même nom et qu'ils désignent Serrée , dépendance de Bothey (d'après le Dictionnaire; les cartes ne le portent point). Une de ces formes étant dans cette supposition nécessairement corrompue, on pourrait, à la vérité, s'en tenir à la première et par suite à l'attribution que nous avons d'abord proposée; mais Sivry est fort loin de Gembloux, tandis que Serrée en est très-rapprochée. — Ce nom clôt le dernier document que nous nous sommes proposé de compulser. Nous ajouterons pour complé- ter cette série quelques noms choisis dans nos listes parmi ceux qui parais- sent offrir le plus d'intérêt. rendracum. Védrin, proche de Namur, au N. (Mon. Nam., I, p. 158, an. 1229), dans une pièce manuscrite de 1313 Fendrinfj : cette transfor- mation de la désinence, qui est anormale, semble provenir de ce qu'on aura donné un son nasal au dérivé régulier Vendrai. Bègue-, ou Beggae-locus : « Willebnus miles, dominus de Alfa-ripa et de Begae-loco ^^ . " Tarn ex praedicta terra quam de terra Beggae-loci ». (Mon. Nam., I, 137, 139, an. 1229). AUa-ripa est Atrive sur la Méhagne, entre Avin et Moxhe. Je ne trouve d'autre trace de Begae - ou Beggae-locus que Begelos, nom de famille, dans d'Hemricourt, p. 243 inf. Indensis aecclesia (pièce citée, p. 158). Probablement Inès (Ines-Ies-Dames ou Ines-Sauvages), nommée Yennes, Ynnes, dans un MS. de 1313. Le primi- tif est sans doute Inda, qui était aussi le nom ancien de Cornelimûnsier, et qui prenait comme tel la même forme adjective Indensis (Lac, 1 , 72, an. 878). Les noms suivants sont un peu en dehors du cadre que nous nous sommes (racé : leur importance nous a paru suffisante pour motiver une exception. Ils sont cités dans trois diplômes parallèles, ap. Mir., I, 502 (an. 877), 503 (an. 897), 510 (an. 1059); comparez 676 (an. 1112), 384 (an. 1156) : Rosbacem, Rosebache , Rosbecca • Rebecq, en flam. Rebeek. Tobacem, Tobacio lit Thobace. Tubecca, Tubeca : Tub'isc , en flam. Tubeck. Gaugiaco, Gaugiaca (scil. villa\ Goiaca, Goij : Ghoyck. Liniacum, Liniaca (scil. villa)., Lennecha : Lennick. ff'ambacem, IFambach, Wambecca, Wambecka : Wambcek. Remarquons d'abord que les trois derniers endroits sont situés sur une ancienne chaussée attribuée aux Romains. Le suffixe de Rosbacem, Rosebache et de Wambacem, Wambach, est le 124 MEMOIRE mot haut-allemand bah, pah , bach, = Scandinave beckr, anglo-sax. becv, flam. beke, beek (ruisseau). Au premier aspect, il semble en être de même de Tobacem, Tobacio, Tliobace, Tubecca; mais Tobach eût produit Tiibais et non Tublse. Pour expliquer cette dernière forme, il faut admettre que le nom ancien était Tobiaciim (comparez Totbiacum : Zulpich), ce qu indique déjà la leçon Tobacio qui paraît duc à une inversion volontaire ou à une faute de copiste: la présence de la lettre b avant cette désinence iaciim a dû néanmoins faire croire à la population thioise que le suffixe était bach, ce qui explique les formes Tubecca, Tubeca, Tubeek. 11 s'ensuivrait donc que de ces cinq noms d'apparence flamande, sous leurs formes actuelles, trois seraient d'ori- gine celto-romaine et deux d'origine haut-allemande. TROISIEME SERIE. Noms modernes et anciens des principaux endroits situés sur les bords de la Meuse, depuis G ivet jusqu'à Maestricht. Givet. — Gahelium, Givelium (voy. à la !''« série, pp. 29, S3, etc.). Heer. Sans doute l'endroit nommé Oire-sour-Mueze dans une pièce romane de 1280 (3Ion. Nam., 1, p. 18) et, à l'ablatif, Ore . dans une pièce latine de l'an 1200 {Arnulpho de Ore, ibid., p. G). M. de Reiffenberg rend ces deux noms par « Oret, commune du canton et à une lieue -/j de Florennes ». Il a omis d'ajouter : à 4 lieues, environ , de la Meuse. Hermeton-sur-3Ieuse. Le ruisseau portant le même nom d'Hermeton est appelé Ermenfon dans une pièce de 1280 (Mon. Nam., I, p. 86 inf.) : il faut donc probablement corriger le « Hermeatones » d'un diplôme de 6S4 (Mir., III, 2, d'après Gramaye) en Hermentones. Hastière. — Hasteria, « quae sita est in comitatu Coivense », dit un diplôme de 910 (Mir., Il, 80S) : lisez Coviniense? — : le comté de Couvin? Waulsort. — Walciodorus (Mir., I. I.). En roman : Walchierre, Wachere, Wauchuerre (lisez ainsi, au lieu de Watichuerre) , Chap., Il, 247 sq., Wa- 'SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. I2S chuere, Mon. Nam., I, p. 29d, an. 1297 (M. de Reiffenberg, qui, soit dit en passant, ignore aussi l'attribution de ce nom , indique par erreur à la Table onomastique la p. 215), Wusseres, dans plusieurs cartes anciennes. Ces formes proviennent d'une prononciation négligée de Walchioire, qui serait la vraie forme romane (en français on dirait Vaussieuue : comparez Soleiire de Salodorum [Partage de 870]). D'après le biographe de saint Forannan (Boll., tome III d'avril, p. 816) cité par M. Schayes, Les Pays-Bas, II, S68, ce nom, qu'il écrit Walsiodurus, signifierait : vallis décora. Je ne puis dire si cette étymologie doit être prise au sérieux ni en quelle langue le mot aurait ce sens. Freyr. Entre S'-Hubert et Amberloux se trouve une forêt du même nom. Anseremme. — Anseromia (Cantatorium, 570. 45). Dinant. — Deonani , sur les monnaies mérovingiennes (Guillemot, Caia- loijue des légendes des monnaies mérotrlngiennes , La Rochelle, 1845); in vico Deonanti (Charte de 824, ap. Ritz, n" 5); Deo niant {Pârt-Age de 870. Le m pour n est sans doute dû à une erreur de l'écrivain ou du copiste); Dinanfis (Anonyme de Ravenne). On voit, d'après ces noms authentiques, que la forme ancienne vulgairement admise: Deonantum , est fautive quant à la termi- naison. Le suffixe parait être le mot celtique bien connu nans, nant, qui signifie : vallée, et : ruisseau, torrent (comparez Zeuss, 1119. La seconde signification s'est conservée en Savoie jusqu'à ce jour) ; je ne me hasarderai pas à interpréter la première moitié du mot. Nota. Entre autres noms de même terminaison , je citerai celui de IFarnant, qui appartient à deux villa- ges fort éloignés l'un de l'autre : 1 un d'eux est à peu de distance de Dinant, au N.-O.; l'autre est situé en Hesbaie. ( TFar = bas bret. war : sur, dessus, au-dessus, ou cymr. çiwdr : doux, paisible — ?). Lejle. — Lefjia (iMir., III, 616, an. 1152). L'adjectif étant Lefflensis (Ber- tholet, IV', xlij , an. 1200) et la forme romane Leffle (Ms. de 1350), on peut douter de l'authenticité de Lef/ia. (Lifola — : voy. plus bas l'art. Live., — ?). Bouvignes. — Boviniacum , selon Dewez (Géog. anc. du dép. de Sambre- et-Meuse) et Schayes (Les Pays-Bas, II, 491). Anhée. — Anheia (Mir., IV, 502. 1 inf., ancienne pièce sans date). Houx. — Hei'ux (Annales de la Société archéol. de Namur, II, 87 inf.)? Poihache. Le nom véritable de ce chàteau-fort était Esmeraude ou Me- raude , Mais la gent envioiise et baude, Cil de litii et cil de Oinant , 1^26 MEMOIRE • Si l'apieloient, par corine, Poilevaque, et par grant haine, Por çoii que devant leurs eslaces Prendoient lor pois et lor vaces, dit Phil. Mouskés (mort probablement en 1242, année où finit sa Clironique), vv. 297G2 — 29770. Poilevache, dans une pièce de 1245 (Ernst, \1, 227, II" lG5j: ailleurs Poilvaiclie. — Po//er est un verbe ancien-français bien connu, qui signifie : arracher les poils, et : peler; ainsi on lit dans le même Phi- lippe Mouskés, v. 18393: La vile poilent com escorce. De là h piller, la transition est toute naturelle (ce que montre déjà le vers cité); mais poiler peut être ce dernier mot lui-même, puisque l'une des deux étymologies qu'on propose pour celui-ci (Diez, Lexkon etijmohxjicum, p. 263 sq. ) est précisément le \ erhe pitare (verbe que plusieurs auteurs, du reste, ne distinguent pas de pilare — selon Diez j*(7are = expilare — : piller). De toutes façons , par métaphore ou au sens propre , Poilevache signifie donc : Pille-vaches. {Castrum, quod Smaragdus vel Pilans-vacca — lisez vaccas — ab incolis terrae illius vocatur, dit Gilles d'Orval, ap. Chap. , II, 262 inf.). Y voir. Godinne. — Godines (Mon. Nam., I, p. 18, an. 1280). Rouillon. Rivière. Burnot. Le Burnot ou Burnooz, qui se jette ici dans la Meuse, est nommé Bornon, Boi'iiom, dans des pièces de 914 et 918, ap. Mir., II, 806; I, 542 : Bronium monasferium (Brogne, maintenant S*-Gérard)... super rivum Bor- non sifum. Il est évident que ce nom doit être attribué aussi au village, mais il a probablement ici la forme de l'accusatif, car ce dernier est appelé Bornais dans une pièce manuscrite de 1350. Profondeville. — Parfunde-ville, en 1240 (pièce manuscrite). Folz ou Fooz. Dave. — Daveles (voy. plus haut, p. 32, ad an. 1067: d'Hemr., pp. IS, 17, etc.) — d'où ensuite Davles, Dave — ; d'autre part: Daules (Mon. Nam., I, passim) , qui est la forme romane commune , tandis que celle en v est spécia- lement wallonne (voy. la remarque). Pour Modave , en Condroz , on trouve de même Mandaules et Mandaveles (Mir., IV, S22. 2, an. 1185; d'Hemr.), ensuite Modaules, Modaveles (d'Hemr.); pour Slave, entre Sambre et Meuse: Staules (Mon. Nam., I, 152, an. 1209); de même pour Elalle, province de Luxem- SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 127 bourg, et, déplus: Estables (Jeantin, Chronique d'Orval, pp. 423, 427). Cette dernière forme donne 1 etymologic de la désinence , qui doit être le lat. abuhiin, ou plutôt abvlis (dat. ou abl. plur.), et, en effet, je vois que Etaile est nommé Stabnlum dans une charte de 1097 (Jeantin, Chroniques de l'Ar- denne , I, p. 156 inf.) : comparez le roman eslaule, le wallon stâve, slauve (en dialecte liégeois std)^ qui dérivent du nom appellatif stabulum. Ceci explique donc les deux derniers noms, mais quant aux deux premiers , je ne vois pas ce qu'ils peuvent signifier. Nota. Les monuments les plus anciens de la langue romane présentent cette transformation de la combinaison latine ab'l en mil : ainsi estaule, = stabulum, se trouve dans les Sermons de saint Bernard (ap. Roquefort, s. v.) et diaule , = diabolus , deux siècles et demi plus tôt, dans le Chant de sainte Eulalie (v. 4). Le wallon a changé indifféremment le b en H (Diez, Grammatik, i, 185) ou en v (ainsi tâve = tabula, diâl, c'est-à-dire diaul, = diabolus). Si j'ai dit que les désinences aveles, aules , viennent plutôt du datif ou de l'ablatif pluriels que du nominatif singulier, c'est non-seulement à cause du s final, mais aussi parce qu'aucune de ces désinences n'a subi la contraction en « que présente le mot liégeois stà. IVêpion. — Wépilloti (pièce manuscrite de 1409). Jambe. — Jamneda, Jameda (Mir., IV, 372, an. 1141; H, 818, an. 1134). Enhaive. — Anheve. Namur. La forme la plus ancienne et qui est restée longtemps la plus usuelle est Namuco (Namucum ou Namucus?) : c'est celle que l'on trouve nommément sur les monnaies mérovingiennes (Guillemot, Cataloçjue, etc.), au bas d'un diplôme délivré en 693 par Clovis 111 (ci-dessus, p. 20), d'un autre, de l'an 824 (Ritz, n" S), etc. Les Chroniques de Flodoard (mort en 966) ont déjà, cependant, la forme Namuuruni (Mon. Germ., 111, 40o. 16), et la forme mixte Namurcum se lit déjà, aussi , dans quelques documents anciens (on cite la Vie de saint Bertuin, Jeta SS. Bekjii, V, 180). Enfin l'Anonyme de Ravenne (IX« siècle?) dit IS'amon, ce qui est le nom flamand actuel {Namen). Ces différents suffixes sont-ils elTectivement des dérivations différentes du même radical, ou bien sont-ils réductibles en un seul suffixe primitif? Je me bornerai à rapporter ici un cas analogue, celui de Remich (dans le grand-duché de Luxembourg), anciennement Remacum ou plutôt Remiacum, qui se dit en français /{«»»«• (Itinéraire du Lux. germ., p. 157 sq.). Pour le suffixe uco comparez Aduatucl, Aduatuca; pour le mot Namuco. ■ Nameka (voy. plus bas). Nota. Le mot a incontestablement une apparence celtique : nain figure comme radical dans Namnetes, nom d'un peuple gau- lois : comparez aussi nem : ciel; nemet .- 1° temple; 2" forêt — Zeuss, pp. il 128 MEMOIRE inf.. 102 nietl., 1(S6 sup. — ? Pour le siiflixe uc. voyez cet auteur, p. 772 sup. Ikez. Live. Selon Eus. Salverte, Essai... sur les noms d'hommes, etc., I, p. 32 : « au-dessus de iNogent-sur-Seine, dans une digue destinée à soutenir la rivière au niveau nécessaire pour le mouvement d'une grande usine, le pas- sage ouvert au débordement des eaux surperflues s appelle le Livon », mot qu'il dérive du celt. lif, lie : « débordement» (cymr. Ilif, fém., bas-bret. livaden, fém. : déluge, inondation: du verbe bas-bret. lira ou Hnva : débor- der, inonder). Brinnagne. Marche-les- Dames (le surnom vient de ce qu'il s'y trouvait une abbaye de dames nobles). — Marka (Mir., III, 617, an. HS2). Namèche. — Nameka (ci-dessus, p. 5.5 sup.). Sclaijn. — Scladinium (Quix, Codex dipl. Aquensis, p. S4, n° 80. an. II36). Andenne. — Andana (Partage de 870). Seilles. — Seyllis, Seillis (ablatif), dans la pièce citée à l'art. Sclayn. On ne peut douter que seille ait été un nom appellatif pour : forêt. L'abbaye de Hauteseille, en Lorraine, s'appelait en latin Alta-Silva (Bertholet, IV, xxiv, an. 1174), et beaucoup de bois en Ardenne et en Condroz portent les noms de Baseille et de Haseille, c'est-à-dire : Basse- et Haute-forét. Comparez aussi Forseille, nom d'un village situé au sommet de la cote qui s'élève derrière Seilles et, sans doute, hors de la forêt dont cette côte est encore couverte en partie. Mais d'où vient ce mot? Il ne semble pas que ce puisse être de .•iilva, qui, d'après la théorie, doit prendre en roman la forme selve et qui la j)rise en effet (voy. le Glossaire de Roquefort, et, Mon. ISam., I, p. 20. dans une pièce de I28I : bos del cjrant selve). Je crois donc qu'il faut recourir pour l'étymon à l'ancien comique kelli, gaél. caill (Zeuss, 1118, 821), qui a la même signification. Ce primitif expliquerait en même temps plusieurs formes ou noms dont il serait d'ailleurs fort difficile de rendre compte. Ainsi, le village de Celles, en Hesbaie, est appelé par d'Hemricourt (p. 246 sq.) Chayles , (jhaijlhes : cette forme, qui est incompatible à la fois avec les mots silva et cella, pourrait s'expliquer par la forme gaélique caill. ie remarque, pour prévenir l'objection que les deux dialectes ne peuvent avoir coexisté dans le même pays, qu'il ne s'agit même pas ici de ces dialectes comme tels, mais d'un ancien idiome celtique où pouvait exister sous une forme unique, ou sous deux formes rapprochées (p. e. keil, kail?}, le primitif qui s'est dédoublé en kelli . caill. Ih'ppc. Anciennement, sans doute, Repes, de même que Repen, près de SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 129 Tongres. Il y a deux autres Reppe clans la province de Namur, l'un près du bois de Haute-Arche, l'autre près d'Andenne (selon la carte; d'après le Dic- tionnaire : Sur-la-Reppe). Nous avons vu dans la 2« série que Ofreppe, comme s'appelle entre autres un village peu distant de Reppe, au N.-O. (près de Bierwart), parait signifier : vieux-Reppe. De l'identification de ce nom avec celui de Oltrep, en Frise, et de ce dernier avec AIdgrepeshem, il ne résul- terait pas nécessairement que le primitif est Grepes, car la gutturale est sujette à se préposer, comme à se perdre, devant la lettre r. Nota. Bierw^art, que nous venons de mentionner, est une de ces formes altérées sous lesquelles se déguise complètement l'étymologie. Il suffît, cependant, ici d'un bien léger changement pour la rétablir : Biertvart, en effet , dans les anciens documents (p. e. dans un MS. de 1330) Beareivart, est pour Bia-r'wart = franc, beau- regard. Dans deux pièces romanes de 1274 et 1276 (Mon. Nam., I, p. H sq.), cet endroit est désigné par le vocable Bialrtiaii : il faut lire Bialruait, qui est une orthographe vicieuse pour Bialrwait : r'wait est = regard, du namurois rhvaiti : regarder. Gives. Ben. — Beiis. Oha. Statte. Faubourg de Hui, sur la rive gauche de la Meuse, et au pied du mont Arbonne ou Nierbonne, dont il a été question dans la 2" série (p. 92). Je connais en tout six endi-oits de ce nom : deux d'entre eux s'appellent La State ou La Statte; un autre, le seul que j'aie rencontré dans un document ancien (Mon. Nam., I, p. 295 med., an. 1297), était nommé Le Stalc. Cet emploi de l'article montre que le nom a été appellatif , mais en cette qualité il m'est inconnu. D'ailleurs les primitifs possibles ne manquent point : je me bornerai à renvoyer au Dictionnaire gothique de Diefenbach, au mot Sfaths, en signalant seulement: l» anc. haut-ail. stat, stad, masc, anc. flam. slaede (« vêtus. Germ. Sax. Sic. ») : rivage, port, (mais cette explication ne pourrait convenir, je pense, à tous les lieux du nom de Statte; toutefois le fait devrait être vérifié, les cartes en omettant plusieurs); 2" anc. haut-ail. sfata, fém., moy. haut-ail. stat, masc, state, fém. : lieu, place, (mais cette signification paraît trop vague); o» anc. fris, statha, stata : bien-fonds, propriété foncière — Richthofen : grundstïtck , landgut; Diefenbach: bauerstelle, landgtit —, (aussi trop peu déterminé); etc. Inutile de faire remarquer que stadt : ville, est de tous les etyina le moins plausible, puisque la plupart des localités nommées Statte n'ont aucune importance et que l'acception est d'ailleurs nouvelle (Grimm, Grammatik, III, 418). Tome XXVI. 17 130 MEMOIRE Hui. — Hoio {Moins ou Hoium?). La rivière qui passe par celle ville se nommait aussi primitivement Hoius (Mir., II, 935, an. 885 : hoc est in vico Hoio, stiper fluvium ejusdem nominis Hoio) ^ mais on a préféré ensuite la forme diminutive Hoiolus, d'où le nom actuel : Hoyoux. Tihmuje. — Tiefantia (Hérigère, dans les Mon. Germ., Vil, 177. 46), Tylantia (Hocsem, ap. Chap., II, 508); en roman Tisamje (Compte rendu de la Commission d'histoire, IX, 48 ult., an 1263). Les modernes qui ont écrit en latin, par exemple Chapeauville, ont fabriqué la forme barbare Tyho- nium. Je remarque, du reste, que pour faire coïncider le nom latin avec les formes romanes, il faut le changer en Tieliantica : Tietantia aurait produit : Titanse, Titanhe. Nota. Tietiaistica serait-il dérivé ou composé du tudesque thiot: gens, populus? Comparez pour cette étymologie, et, en même temps, pour l'adjonction au radical de la voyelle i (comme suffixe de dérivation ?) : Leodicus vicus, Leodium, qui dérive du synonyme leod. La seconde partie du mot pourrait s'expliquer par le nom d'Anlheit, anciennement Antey [Anteyum, Hocsem, ap. Chap., II, 288), village situé vis-à-vis de Tihange. Je remarque que dans ce composé le préQxe thiot aurait peut-être la valeur d'un augmentatif, qu'il prend souvent en ancien saxon et en anglo-saxon, ce qui donnerait le sens : le grand Antheit. La Neuville. Ampsin. — Je n'ai point trouvé le nom ancien de ce lieu , mais celui d'Embressin : Ambesinum (Mon. Nam., I, p. 138, an. 1229), s'adapte parfai- tement à notre mot. Amay. — Amanium (p. e. Auctarium Gembl., ad an. 711 : Mon. Germ., VI, 391 [ici: Ammanium]; Mir., III, 309, an. 1092; IV, 371 , an. 1140, etc. — On rencontre isolément la forme, sans doute corrompue, Almanium, p. e. ap. Chap., II, 108, an. H5o); en roman Amaimj , Amain; en wallon Amà. Une route romaine traversait ce village. Elle aboutissait à un endroit nommé Ponthière, anciennement Pontyres (Mir., IV, 545, an. 1232), où existent un gué « que beaucoup de personnes nomment Gué-César ou Gué des Romains » (Delvaux, Dict. géogr. de la province de Liège), et les vestiges d'un pont dont l'autre extrémité était à Ombret : en roman Lmhray (Mir., I. I.), dans une pièce latine (ibid., 546. 2) Umbracium, forme que l'on peut, je crois, corriger sans scrupule en Umbracum, puisque Umbracium aurait fait : Um- braisse. Flône. — Flona (Mir., III, 309, an. 1092, etc.); en roman Floynes.— Nota. J'ai rencontré une fois la forme Flodne, l'attribution n'étant d'ailleurs pas certaine : « Theodorico abbate de Flodne », Mir., Il , 1181. 2, an. 1175. SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 131 Hermalle -sous-Hm. Deux pièces de H82 et H8S, ap. Mir., IV, 520, 522, ont la forme Harmala : le nom intégral était sans aucun doute le même que celui de Hermalle -sous-Argenteau, savoir Hurimala (Lac, I, I, an. 779; 59, an. 844 [ici Harimalla]:, 98, an. 947). Voyez pour l'étymologie à ce der- nier article (p. 134 sq.). La Mallieux, MailUeux ou MalUeu. Il semble vraiment qu'en écrivant le mot de ces diverses manières on ait voulu s'écarter exprès de la seule ortho- graphe raisonnable, car il est sensible par le genre de l'article que le suffixe est ici le mot lieue • la mâle lieue, c'est-à-dire : la mauvaise lieue. Cette étymologie est du reste confirmée par le passage du Cantatorium déjà cité, p. 55 sup. : litteris autem penlitis. in Leuga qiiae dicitur mala, inter Hoium et Leodium, etc. Un diplôme de 1232 (Mir., IV, 545) écrit : Maleue (lisez ainsi au lieu de Maleve) : cette forme est correcte quant au suffixe , car le mot leuga est devenu en wallon, où il est d'ailleurs peu usité (on compte par heures) : leue; mais il est évident qu'il faut restituer au préfixe les deux lettres le que le scribe aura sans doute omises croyant que cette combinaison était répétée par erreur dans le texte original : la forme véritable était donc Maleletie. Clermont. — Clarus-tnons (Mir., 1. 1.). Engis. — Engeih. Engihoul, vis-à-vis d'Engis, dont le nom actuel est un diminutif de ce dernier, s'appelait aussi Engeih : c'est ce que montre le diplôme de 1232, déjà plusieurs fois allégué, et dont nous allons extraire ici tout le passage relatif aux lieux susmentionnés : Totam decimam quant teneo, pertinenfem ad dominium casfri de Claromonte, jacentem inter Engeih villani , quae villa sita est supra littus Mosae versus castrmn dictum, usque mon- tem de Umbray versus Pontyres, et eam quant habeo ultra Mosam et Maleve usque ad aliam villam quae vocatur Engeih. — Le primitif immédiat du nom, qu'il faut même, je pense, rétablir ici, est assurément Engeisc. Aivir. — Aquiria .• voy. ci-dessus, p. 89 sup. P. S. Une charte de 1086 (MS. n° 188, fol. 32) mentionne en même temps que Fleimala (Flémalle : voy. plus bas) et Caschariae (voy. l'art, suivant) un Auguria qu'il faut pres- que nécessairement rapporter à Awir. Chokier. Je n'ai pas rencontré le nom latin (dansd'Hemr., p. 62 : Chokiers, Chokirs), mais il est très-probable que le primitif du mot est calcarius, c'est-à-dire four-à-chaux. Il y a encore plusieurs établissements de ce genre dans cet endroit, qui est situé au pied d'un rocher calcaire, et les deux mots correspondent très-exactement. P. S. C'est sans doute Chokier qui est désigné par le Caschariae que nous venons de citer; mais le o moderne venant régu- lièrement d'un al primitif, comme nous l'avons exposé plus haut (p. 96), 132 MEMOIRE tandis qu'au conlrairo la combinaison as n'aurait pu produire ce son, il n'est pas douteux, non plus, cette attribution étant admise, que le texte original portait Calchariae. Ramet. Orthographe toute moderne pour Rameij. Proche de là : Ramioulle; dans d'Hemr. : Ramelhouz (3J) med., 177 pass., etc.). Cette forme du dimi- nutif montre que Ramey vient de Ramel : comparez Ramelot, nom d'un village du Condroz, qui est un autre diminutif du même radical Ramel (== franc, rameau?). Yvoz. Flémalle-grande et FlémaUe-hante. — Fleimala , en 1086 : voy. l'art. Awir. Seraing. — Seranus (Cantatorium, 594. 4). Comparez le /;flfihur{\od, 197,243). Sclessin. — Sclacyns (voy. plus haut, p. 33); d'Hemricourt : Sdachins. Plusieurs autres endroits se nomment aussi Sclessin et Sclassin. Liège. Dans les documents les plus anciens, on trouve simultanément ces diverses dénominations : Leodicus vicus piiblicus (Ann. Laurissenses , ad an. 779 : Mon. Germ., 1 , 148. 6 sq.) , Leodium ( Godeschal , ap. Chap., 1 , 336, — vers l'an 770), aput Leodium vicum puhlicnm (Anselmi Gesta episcopo- riim Leod. .■ Mon. Germ., VII, 191. 31 — an. 1056), Ledgia, Leggia, Legia (p. e. dans les Ann. Laub. et Leod., ad an. 774 : Mon. Germ., IV, 13. 4 sq. : c'était, je crois, la forme la plus usitée par les anciens écrivains indigènes), Limjas (Partage de 870). On ne peut douter que le primitif de Leodicus et Leodium est le tudcsque leod : popuhis (voyez sur ce motGrimm. Detitschc SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 135 lîechlsalterthifmer, p. 652, Gmmmaiik, II, 21 , Diefenbach, Goth. Wôrlarb., Il, p. i27, n" 14, etc.), d'où le sens : publicus {= populicus), puisque les annalistes prennent soin d'ajouter l'explication ou la traduction : vicus publi- cus. Le nom même que les Thiois avaient tiré de ce radical ne nous est pas connu : nonobstant la forme Leodium, qui est produite par l'adjonction d'un simple suffixe, il est probable que ce nom était une expression formée de l'adjectif /eodJc, plus un mot-suffixe répondant au latin vicus, et peut-être ce mot lui-même , qui fut adopté de bonne heure par les Thiois (goth. veihs, anc. haut-ail. wihs, ivih, anc. sax. tvik : Grimm, Gramm., III, 418): quoi qu'il en soit de ce dernier détail, Leodîc, du moins, s'est, en effet, conservé dans l'anc. haut-ail. Luiicha (Graff, II, 203), nouv. haut-ail. Lxdtich, (qui vient de la forme anc. haut-ail. liut, leut, = leod, d'où aussi dans les Ann. Prud., ad an. 8o4 : vicus Leuticus — Mon. Germ., 1 , 448), anc. flam. Ludike (ci-dessus , p. 94 med.). Est-ce également à ce nom tudesque Leodic qu'il faut rapporter les noms romans Ledcjia, Legia, Limjas, wallon Luje ( la forme française Liège vient de ce que l'on a pris abusivement le signe ie = i, pour la diph- thongue ié)? Leodica, Liutica aurait produit: Liedgia, Liutgia (comparez Asnatgia, de Asnatica), ou, en supprimant le signe inutile d (puisque le g roman se prononce dg): Liegia, Liugia : c'est donc la voyelle du radical des premières formes, et, au contraire, la terminaison de la troisième, qui font obstacle; néanmoins ces légères difficultés ne sauraient empêcher une réponse affirmative, si l'une de ces formes n'admettait une tout autre explication : Legia, en effet, pourrait être proprement le nom du ruisseau la Légie, qui passe par Liège, comme il était celui de la Lys, à Gand (Mon. Germ., 11, 185. 4, 188. 16, etc.), et de la Lay, près de Siegburg, vis-à-vis de Bonn (Lac, I, 271 , an. 1109). Quant à la forme Liugas, que ceci ne concerne pas, il suffit pour en rendre compte d'attribuer au g le son j {as est le nom sing. ancien roman dont nous avons déjà parlé plusieurs fois). Il est plus difficile d'expli- quer les noms du pagus Leuchius, Leukius (Lac, 1, 1, 59, ann. 779, 844) ou Leuvensis, LMwews«s (diplômes de 882 et 915, l"^" série, pp. 15, 26) : la con- traction que suppose la première forme apparaît, il est vrai, dans le nom hollandais de la ville : Luik, mais il ne paraît pas présumable qu'elle ait été déjà effectuée au V1II'"« siècle. Leuvensis, Luviensis pourrait être tiré à la rigueur de Liuga : cette dérivation ne serait guère douteuse si on lisait Limiensis, = Liuvensis, comme le fait Chap., I, 168, dans son édition d'un diplôme de 908. Ernst, I , p. 315, donne aussi cette forme Liuvensis. Jupille, en wallon Joupèie. — Jopila (Ann. Mett., ad an. 714, etEinhardi, ad 759, Mon. Germ., I, 322. 13, 142 sq. , etc.) , Jopilla (ci-dessus, p. 59). Je 134 MEMOIRE connais deux autres endroits de ce nom, dont l'un dans l'Ardenne française (Jeantin, Chron. de l'Ardenne, etc. ,1, 310). Comparez le diminutif J?/pe/e//a (Mir., 111, 3d3, an. 1186), maintenant Juprelle, et le dérivé (?) Juplois : le premier, en Hesbaie, le second, dans la province de Namur. ISota. De quelle source est tiré le prétendu nom ancien Johii-villa? Ilerstal. — HariskdUuni (Lac.» I, 75, an. 888, etc.). Ce nom, qui se ren- contre comme appellatif en anc. haut-ail., est composé des mots hari,hen: armée; stal : emplacement; on peut donc le rendre par camp. Graff, VI, 67S sq., cite ce passage d'un ancien chroniqueur: {Carolus rex) positis castris apiid fFisaram fliwium, locum castrorum HeristelU vocarijussit (cf. IV, 985). fVmidre. — Ji^andria (Lac, I, 82, an. 902).^ Chératle. Argenteau. — Argentel, en 1070 (Chap., II, 14; comp. Ernsl, Notice hisl. sur les seigneurs d' Argenteau, p. vi). De ce nom prononcé avec le g guttural, à la manière des Espagnols et des Flamands, ces étrangers ont fait Arkenteil (2* série, p. 92; Ernst, xix, note 2, xxv sq.), Erckentel, etc. Hermalle -sons- Argenteau. — Harimala (v. g. ap. Lac, 1,1, an. 779 : Harimala, in pago Hasbaniense ; 98, an. 947), parfois Harimalla (v. g. ap. eund. 59 , an 844). La première partie de ce composé est le mot hari, que nous venons de voir dans Haristallium; mais que signifie ce suffixe mala, que nous avons si souvent rencontré sur les bords et au nord de la Meuse ( une fois aussi au S.-E. , dans Wactarmala)? [Nos recherches ne nous ont appris guère autre chose que ce qu'il ne peut pas être. Ainsi, ce ne peut être le mol franc mallum, parfois mallus (Grimm, Deutsche Rechtsalterthûmer, 746), anc. haut-ail. mahal {=maal), mal, anglo-sax. (Ettm., 225 ult.) mal , niael, etc. : sermo, causa, judicium, curia, concio, car ce mot est neutre et il a conservé les deux / dans les noms de lieux Mallum (ci-dessus, p. 106 sq.), Thiotmalli, Theotmelli, Dietmelle (Detmold : Grimm, 1. 1.). Les autres mots, qu'on pourrait d'ailleurs comparer, s'éloignent également du nôtre, soit par le genre ou par la forme, par exemple l'anglo-sax. maal, mal (neutre) : macula (Ettm., 223 inf.), en goth. mail, en anc. haut-ail. meili , meila; l'anglo-sax. mae/ (neutre) : signum, crux (Ettm., 205), etc. Un seul vocable ne donne pas lieu à ces difficultés : le mot-suffixe anc. haut-ail. mali (dans anamuli : cica- trix; itmali: festivitas; fristmali : induciae; blalunali : plumariuni; tous féminins); mais il ne parait pas qu'on ait pu reconnaître son origine ni sa vraie signification. Du reste, je pense que celle de mala était aussi assez générale, et je conjecturerais volontiers (si les conjectures avaient quelque SUR LES ANCIENS NOMS DE LIEUX. 13o valeur en cette matière ) que notre mot est radicalement identique avec l'anglo-sax. maal, mal, que nous venons de citer: c'est ainsi que le corres- pondant logique de ce dernier en langue allemande : fleck, prend (d'ordi- naire sous la forme flecken) le sens : endroit, bourg. Comparez aussi le mot, sans doute de même famille, Scandinave, anc. haut-ail. mo7(Diefenbach. II, p. 16, b) : stadium, meta, scopus. Haristal serait le lieu où séjournait l'ar- mée, Harimala, celui quelle occupait momentanément dans un but parti- culier. Nota. Remarquez la présence de notre suffixe dans le nom de rivière Duthmala (vo)'. plus haut, p. 86). Le seul nom étranger où je l'ai rencontré est Furlmula (Lac, I, 81 . an. 898). Richelle. — Rikela (pièce du XII™« siècle, ap. Ernst, VI, 84 med.). f^isé; en flani. Wezel. — Feosatum (accusatif. — Partage de 870). Lixhe. Nivelle; en flam. Nyvels, Niel (voy. ci-dessus, p. 102). — Nivella (Gode- schal, ap. Chap., I, 348 med., etc.). Eysden. — Haspere, Aspre, .^sjo/e (Ernst, VI, 181 , an. 1215; 196, an. 1221. La dernière forme s'est propagée jusque vers les temps modernes). Je pense que ce nom vient du lat. aspera (scil. ripa?) et qu'il est proprement le nom wallon (Eysden est situé sur la limite des langues, mais du côté flamand) : comparez dans le Cartulaire de S'-Père de Chartres Aspera, Asprae, main- tenant Apres (près Laigle) : le h de la première forme serait dû aux Flamands. Dans la Flandre orientale, au N. d'Audenarde et proche de l'Escaut, se trouve aussi un Aspcr, nommé anciennement Haspra, Haspera . si l'antériorité de l'aspiration et la position du lieu en pays flamand combattent notre étymo- logie, en revanche elle me paraît confirmée par les conjectures auxquelles a recours M. De Smet : dans son ler Mémoire (p. IS inf.) il déclare « ne trouver aucune étymologie qu'on puisse regarder comme probable » ; dans ses Cor- rections (2"«= Mémoire, p. 40), il suppose que « Asper jadis Haspera, est peut-être demeure [?J de Gaspard », ou « que ce nom dérive peut-être du mot aspe, qui désignait autrefois un lieu de pâturage pour les moutons » ; cependant il préfère la première interprétation « parce que l'on trouve un lieu nommé de même Haspres, au pays roman, à mi-chemin entre Cambrai et Valenciennes ». Lanaye, en wallon Linaïe, L'naïe; en flam. Naye (c'est ainsi qu'écrit Fer- raris), Ter-Nayen. — ZeHOî'e (Chap., II, 108: Mir., II, 827, an. llSSj. Voyez plus haut, p. 101 sq. Oost. — Aurjslchirche , dans le Partage de 870 (p. 488 : abbatiam de Aquis, Hoenchirche [Hochkirchen ? — : cet endroit , du moins , est appelé Hoinkirchin 136 MEMOIRE SUR LES ANCIEÎS'S NOMS DE LIEUX. dans un diplôme de 1064, ap. Lac. I, 202; comparez p. 132, notes i et 2], Jugstchirche)? — : Âuc/st= Aucjusta, pourrait être en tous cas l'étymologie du nom. Canne. — Cannes (Ernst, VI, 9o, an. 96d). Maestricht. — Trajectum ou Trajectum-ad-Mosam ; en flamand vulgaire Trecht, en rom. Treict. Le faubourg de Wyck est nommé f^icus par Egin- hard , d'après Wastelain. Nota. Que Trajectus ou Trajectum signifie : ville , en langue gauloise, comme Sigebert, Chron. ad. an. 697, le dit expressément d'après ces paroles moins explicites de Beda, Hist. eccL, V, 12 : Pipinus... castello suo illnstri, quod antiquo gentium illarmn vocahulo JFiltahunj , i. e. oppidum fViltorum, lingua gallica Trajectus vocatur.. , me paraît reposer sur une double erreur : comparez Diefenbach, Celtica , I, n° 227, Zeuss, p. 179 sq. TABLES ALPHABÉTIQUES. AVERTISSEMENT. Ainsi que je l'ai dit dans l'avant-propos, les listes suivantes reproduisent dans un ordre formellement et matériellement méthodique tous les noms qui sont mentionnés dans le cours du mémoire. J'ai ajouté quelques noms nouveaux : les uns, connus de tout le monde, comme, par exemple, ceux des peuples germains cis-rhénans, pour les rappeler en temps opportun au souvenir et faciliter la comparaison; les autres, recueillis après l'achèvement du mémoire, à cause de l'intérêt qu'ils offraient par eux-mêmes, ou parce qu'ils servaient à éclairer certaines difficultés, à rectifier certaines assertions. Ces derniers m'ont été fournis par différents ouvrages imprimés et par quelques diplômes originaux, cartulaires et anciens registres (je citerai un registre des possessions et revenus de l'abbaye de S'-Trond — MS. n° IGO de la Bibliothèque de l'université de Liège —, un registre sem- blable de la cathédrale S'-Lambert — aux Archives provinciales —, tous deux du XIIP siècle), mais surtout par le manuscrit n" 188 de la Bibliothèque de l'université de Liège déjà cité. En l'examinant attentivement, en me familiarisant avec son écriture, j'ai reconnu que quelques-unes des formes que j'avais d'abord admises sur la foi des extraits publiés dans le tome IX des Comptes rendus de la Commission royale d'Idstoire, étaient entachées d'inexactitude; j'ai profité avec empressement de cette occasion de les rétablir, lorsqu'il était trop tard pour réparer l'erreur dans le corps même de l'ouvrage. Ces rectifications réitérées ne doivent pas surprendre: en nulle matière, je pense, il n'est aussi nécessaire d'appliquer le précepte saepe stylum vertas que dans les recherches sur les anciens noms de lieux , où , d'ici à bien longtemps encore, chaque jour peut amener une découverte. L'examen de l'exemplaire de VAmplissima colleclio qui appartenait à l'abbaye de Sla- velot, lequel porte à ses marges la traduction de plusieurs noms anciens (je dois — au moment de livrer ces listes à l'impression — la communication de cet exemplaire à l'obligeance de M. M.-L. Polain, membre de l'Académie) , ne m'a pas fourni malheureu- ToME XXVI. 18 138 TABLES ALPHABETIQUES. sèment matière à de semblables rectiliealions. La plu|jarl des noms difficiles y sont passés sous silence, ce que l'explication des autres ne l'ait pas regretter, car on s'aperçoit de suite que l'annotateur procède par conjecture et très-légèremenl. Ainsi y'ervigium, selon lui, désignerait Verviers; or, d'une part, Verviers n'a jamais lait partie du Condroz (« in pago Condruscio viliam Vervigium », coll. 2G, 29), et, d'autre part, le même anno- tateur rend également par Verviers le nom tout différent Mm (coll. 24, 44); selon lui, aussi (serait-ce Dom Dollar, — voy. plus haut, p. 26 — ?), Blandonium et Baldau signilieraient l'un et l'autre Bodeux, et Feronio serait Forière (!). Ce peu de noms, que je viens de citer comme exemples, épuise du même coup presque entièrement la liste des noms douteux qui sont annotés. Je ne vois guère à mentionner ensuite, soit comme confirmation de mes conjectures, soit à titre de simple renseignement, que VVadalino (« Wellin »), Bovenneias (« Bovigne »), Biisanch (« Biclien n : de là le Biclien de la Liste citron, des ëdils?), Anglariam (« Anglire »), Rovoreiz («^ Rovreux »), Nodorcit (« Noidres »), Walendor et Walendorp (« Waldorf »), Tavernon (« Taverneux »). A Condodono, on lit : « videtur Conde ». Pour ne pas quitter cependant ce document sans en avoir tiré aucun prolit, je citerai deux noms que j'avais omis dans mes extraits : Bullardes (col. 74, an. 1088) : « Bulaide » (Boulaide, en ail. Bauscbleiden, dans le grand-duché de Luxembourg, au S.-S.-E. de Baslogne), Bavines (ibid.) : « Bavinne » (Bavigne, en ail. Bôwen , auN. du précédent). I. LISTE Des lieux, mentionnés dans les trois séries, qui sont situés soit vers la partie supérieure du cours de la Meuse, jusqu'à Niimur, soit au sud et à l'est de ce fleuve, à partir de Namur jusque vers Visé, c'est-à-dire jusqu'il la l'imite flamande, exclusivement. Les endroits qui n'apparliennent pas aux provinces de Liège, de Namur ou de Luxembourg, mais qui sont en pays roman, sont indiqués par un astérisque placé avant le nom. L'abréviation " (Ail.) >> indique que l'endroit est situé en pays de langue allemande. Le signe d'interrogation signifie, lorsqu'il suit immédiatement le nom, que sa forme est dou- teuse; lorsqu'il est entre parenthèses, que la position du lieu est inconnue. Nous répétons que les noms en petites capitales sont des formes rétablies par conjecture. A. Jdvenientes-Franci. Ave, très prob. 39. Ji/lois (?) 40. 1. ^/6a-/"onfana. Arbre-fontaine, prob. 14,17,18. i. ^Iba-fontanu. Arbre-fontaine, ou Blanche-fontaine. 4.3. yélblivi? riv. 30. Jldamum. Aye. 33. Aldanins, Oldanges. Odeigne. 20, 49. 1, 50. Jldemega. Endroit disparu qui était proche de Naomé ? 21 22. Alisnn j riv. Le ruisseau des Rudes-Aleines, prob. 13, 42 sup. Alisonlia, /tisoncia. riv. L'Alzette. 41 sq. Alneto.h, Alnilh. Oneux. 26. Alno (abl.) Olne. 42 inf. 1 . Alsena , riv. Ruisseau d'Ennal ou de Montlesoie, prob. 14, 17, 42 sup. 2. Ahena, riv. L'Elsen (Ail.) ? 17, note 2, 42 sup. Altafahsia, //ulfalhia. etc. Houffalise. 04. * Ail :-iilva. Hauteseille. 128 mcd. AIccntium. Avent. 33. Amnrlans. Lisez Amarlaus=:Anibarlacus, Amberlacus? 27 sq, cf. 02 sup. Jmarlar (Ant. eccl. And., p. 58 ult. : » Anselnius, miles de Isier, dédit nobis allodium suumde Amarlar i',elc.). Lambré, château près d'Izier, au nord — ? Jmarne (prob. pour Ad-Marne : voy. ce dernier mot). Amas? Houmart? Hémane?37 inf. P. S. ^Jmarlar? ou, indépendamment de cette comparaison, désigna- lion de Lambré? Amberlacus fiscus, Jmberlaus, Ambarlao. Amber- loux. 30, 50, 51, 02 sup. 1. Amblava, Ambleva, riv. L'Amblève. 14, 16, 28, etc. 2. Amblava, Amblavia, viU. Amblève, en ail. Amel. (.411). 14,13,28,46,00. Jmbliz, Ampliz, Ambliiz (Y\scz A mbliez ou A mblyz?) Ambly. 37 inf., 38 sup., 75. /imbra (nom controuvé?). S'-Huberl. 30, 31. Andaginum. S'-Hubert. 51 sup. Andnna. Andenne. 128 med. Andaslvillare, Audastevillan: 14, 17, 18. AsGF.tciACiS. Angetijiagas, Engclzeies. 04 sq. Anglaria. -< Anglire .. : voy. l'Avertissement qui précède ces listes. Anheia. Anhée. Î23 inf. Anheve. Enhaive. 127 med. 140 TABLES ALPHABETIQUES. Anseriellas. 21. Jnseromia. Anseremme 53, 125. Jnsiaro (abl ). Anlier. 55 iiif. ^ntunnacuin, .^nlernaclia, J iiilernako , Jitorena- cum. Andernacli (AIL). 22. Jpravilla Arvillc. 52 inf. ytqiialia. Aywaille. Gî sup. Jrduanium. Hardenne. 5-3. Arduenna silva (Caesar), silva Àrduennensis. 13, Gù in[.; pagus A rdenna. 21; comilatiis àrduennen- sis. 23, 38. Forêt, canton, comlù d'Ardenne. Jrgentel, Arkenleil, Erckcn(el. Argenteau. 92, 13'i. Arx, forêt. .Arche. 39 sq. Asc-vilaris, Ascwilra, ^scliwilra. Eschweiler (AH.). Gl. Jsko. Esch (sur la Sure). (Ail.). 38. Astanelum. Staneux. 15, 17, cf. 59. Astanid, ^stancit, Jstenhert. Astenel (Ail.). 59. Jstanido, Astcne.ur, Asteneuz. Esncux. 22, cf. 59. P. S. Au XIII" siècle, en roman; Astenoir, Astenoit (Reg. de S'-Lambert, fol. 5G v.). Asteneburno, Astencbriino, Astelebrunna Esselborn (AU.). 31, cf. 59. Astinetum .Assenoy. 56 inf., cf 59. Aslnide. Essen (Ail). 59. Atérino (abl.). Atrin. 42. Athelasis (?). 20. ^udaste-v illare. Voy. Amlaslvillare. Aunanno ? Avinianno ? (?). 22. Ausegias. Aucy (village dispaiu)? Comp. Oseis, Osois. •30 sq. Aviaco, Voy. Sicginno-Aviaco. Awanna. Awenne. 50, 51. Awans Awans. 28. Awogne ? Lisez Awfigne : .^wagne ~ ? 44 sq. B. Bailus. Baelen, en wallon liailous. 34, 59 sup. Saina. Bende. 23, 24. Baldacum , Baldau , Soldait, Baldou. Bodeux. 2G, 30, 4G. Barevel. Barvaux-Condroz, ou Barreaux, près du village de Somme. 4 1 . Barnia. Prob. mauvaise leçon pour Bonna. Barris? Lisez Buries? 26 sq. Barsiez. Barsy, prob. 46 inf. Barsina. Barsinne ou Barcenne. 20. Barz. Barse. 32. Basenheim. Même nom, sans doute, que le suivant. 48, etc. Basenvillare (?). 48. Comp. Part, précédent. Bastoneco , Bastonio, villa Bastonica , Bastonia. Bastogue. 02. Baslionensis-, Basllnije-comitatus. 28 ult., 41 sq. Bavines. Bavigne,en ail. Bôwen (Ail.). Voy. l'Avertis- sement, à la fin. Belslungo Voy. l'art, suivant. Bilsonancum, Belslango, Bislane. Bellain, en ail. Besslingen. 03 sq. Bens. Ben. 129 med. Beringerivallis. Bergivalle. 35. Bermeriacas , Bermerees. Biesmerée. 115 inf. Bethushardau. Beth? 21 , 22. Beveras. Bivers (Ail.). 5S. Beveris. Bièvre. 21. Brzfontiiita. 21. Bisanch. Biliain. 27. Bislane. Voy. Belsonancum. Blandonium. Bodeux?? 26. Blaniaco. Blagny (France)? Blegny?? 00. Blendufia. Blendeff. 26, 60. Blizirlies (?). 43 pr. BochoU? Bocciwitz?? Bockoliz, en franc. Beliaull (AH). 48,49. 2. Bodohrio. Bodberg (Ali,)? 22, 23. Bohania. Béliogne. 55. Bolenges, Buiinge. Biillingen (AU.). 45, 60 inf. Bonna? Barnia?? Prob. Bonn (Ail.). 22. 1. Bornon, Bornoni (ace), riv. Le Burnot ou Burnooz. 126. 2. BoRNOs, BoRNO.li (ace). Bornais Burnot (vill.). 126. Bovennc-ias, Bouveignest. Bovigny. 25 sq., cf. 3ô. Bovingeis. Prob. forme du précédent. 48 pr., 49. 2 sup. 1 . Boviniacum. Bouvigny. 33 sq. 2. Boiiniacum? Bouvignes. 125 inf. Brabante. Voy. Bragbaiito. Brachanla? Prob. pour Bracbanla; sinon comp. Bra- cliaux. 24. Braciis. Bras, près de .S'-Hubert. 23 , 24 , 33. Bragbanlo, Brabante, Bn*cBisT*. Braibant ou Brabant (village). 20,21,23,24. Brastis, Bratis, Brallis. Bras, proche Lierneux. 20, 26. Bredal. 81. Prob. Briedel, entre Trarbacb et Zell (Ail.). Bronium. Broguc ou S" Gérard. 120. Briicherothcs (?). 42. Comp. Hennereit. Brunafa, riv. Le Braunlauf (Ali.). 36 sq. TABLES ALPHABETIQUES. 141 Brunefa Braunhiuf (village). (Ali.)- 34. Buety-nebura? (Ail.). 30 sq. Builaidas. «■ Boulaide ». 33. Comp. BuUardes. BuUeback. Butgembach (Ail.). 45. Bulgercias duas sorores .' 21 . Bulinge. Voy. Bokitges. BuUardes. Boulaide, en ail. Bauschleiden (AU.). Voy. l'Averlisseinent , à la fin. Bullo, BuHon, Bulonium. Bouillon. 57. Burcido, Burcit. Bourcy. 20 sq , 20 sup. Burdist, riv. (?) 35. BcRRKs (pour j Barris «)? Buiel ou Burret? 27. Burs. Bure. 57. Btirsinas, Borsines. Bourseiyne. 50. Bursivas? (il faut sans doute lire Barsinas). 50 sup. Burz. — Burs? 01. Busiu. Buzin, prob., peut-être Bonsin. 41. Comp. Pari. Buthesaim. Bulheheim. Même nom que le suivant ? 54 sup. Buthesaim. « Buzin » [?]. 54 sup. Comp. les deux an. précédents. C, K. Caberliaco. 21. Caeraesi (Caesar). Un des peuples germains qui habi- taient TArdenne. •Calcum. Chaud. 23, 24, 29 sq., 47 ult., etc. Caldina. Lisez Caluido = Colnido, ou comp. Schallin, ou Haltinne — ? 20. Calla, riv. La Challe ou Eau-rouge. 17. Calviciacum , CaUintiacum, etc. Chauvency. 12, 54 inf., 61. Campilonem. Champion. 50 , 31. (Fonlana) Cancaronis.^\. Canses. Clianxhe. 31 inf. Cansleum (ace ), Kanlui (il faut prob. liie Kanliu). Chanly. 38, 4". Caprae-mons, Kevermont , A'ivcrmunt. Chèvremonl. 63 sup. Voy. le suivant. Caput-mundi. Prétendu nom ancien de Cbèvremont. 03. Carbium (ace). 40 inf. ' C'arbool, Carbal, Vhiirbou, A'erbou , Carbocli? Kar- bau. Charbeaux. 23, 24,38, 48 sup., etc. ' Carnetum. Charnoy. 53. Casae-Conijidunus , Casegongindinus, etc. Cougnon ou Cugnon. 15. Casapetrea. Chassepierre. 12 , 61. Causeis Peut-être pour Canjes; plus prob. = j67ia«c/ie". 47. Caventonia. Chevetogne. 40 inf. Caviniacum Chévigny ou S'^-Marie. 30 inf. , 01 inf. Kefosse. Chefosse. 34. Celeias (?). 28. Cella. Salle. 58. Celobrium, Coelobrium, Zelobrium, Solubriuni Mont- Soleuvre, en ail. Zohver (AIL). Ceneils. Senaye. 4 1 sup. Prob. de Cenelios ; comp. le suiv. Cenelia, riv. La Senoye. 41 sup. Cennacum Voy. Ceuniacdm. Ceumacum. Voy. CEUNUciia. Ceo.macuîi (pour « Ceumacum »), Cennacum, Ceyiia- cum. Aine, Cunei, Cinei. Ciney. 37, 45 sq. P. S. La forme (relativement) primitive était plutôt Ceunacum que Ceuniacum ; du moins le diplôme de 1084 men- tionné plus haut, p. 54, à l'art. Ernau , que j'ai vu en original aux Archives provinciales de Liège, est signé par un Godescalcus de Ceunaco. Kevuruns, Chevruns, Chevrons. Chevron. 43,40 med., 47 sup., 49. 1. Ceynacum. Voy. Ceusucdm. Chandregia, riv. La Hedrée. 33. Char, riv. Le Chiersou la Chierre, en ail. Chor, Kor. 30. Charancho, Caranco , Charango , Keren. Cherain. 14, 13, 22, 23, 43,00 sup. Chauché? Lisez Chauebé ; Cbauveheid — ? 47 med. Chaunsindis (?). 30. Chayslris (?). 30. Peut-être un des nombreux endroits nommés Haistreux ou Hcstreux , ce qui signifie : lieu où se trouvent des hêtres. Chevruns. Voy. Kevuruns. Chiminiaco, Giminiaco, Gimenich. Gemmenich (Ail.) 1 4 , 02. Cf. Geminis. Chisniacvm, Chisnei, Chiniacum. Chiny. 55 sup. * Chuinegas, Kuineias, Kiunei, Chunei, Ciney; Chi- weneis, Chivenis. (Hainaul). 40 sup. * Cimacum, Cymacum, Cinacum .' etc. Chimai (Hai- naut). Voy. Scimacum. * Cimay. Cliimai, dans le Hainaut, ou un endroit de ce même nom, qui se trouvait proche de Stenai? 32 med. et note, cf. 55 inf. * Cinacum ? Chimai. Voy. Scimacum. Kine. Ciney ? Chimai.'? 45 inf. Cf. Ceesucum. Clarus-mons. Clermont. 57, 80, 131 med. Clodonna, Cloduna, Clodena, Clottona Clollen (Ail). 22, 62 sup. 142 TABLES ALPHABETIQUES. Coivensis comitatus. Lisez Coviensis, pour Coviniensis; le comté de Coiivin {voy. plus bas Cubinium)? 124 iuf. Colnidum (ace.). ( Il faut peut-être lire Calniiliim : comp. Caldina). Conneux. 40 inf. Comblent. Conililain. 43. Comiiia ? Voy. Dentekema. 1. Compendio, Cumpzc. Contzen (AU.). 61 pr. •2. Compendium. S'il s'agit d'un endroit diDërent du pré- cédent, peut-être Compogne. Cl sup. Condeduno , Cundendon , Condudono. Cond (Ail.). 29. Conrieine (dépendance de Baelen). 47. Candrusi (Caesar).Les habitants du Condroz, en wallon : les Condruzîs. — Condruscius- , Condruscus- ,Con- dustrensis-p^gus, etc. Le Condroz. 20, 2-3, 24, 20, etc. [(^onkieres]. 47. Lisez Okieres (voy. Okerias). 49. 1 , 50. \^Consdaignes\. 47. Lisez Oldanges (voy. Aldaniiis). 49. 1, 50. [Consfaii]. 47. Lisez Olfail. 4'J. 2, 50. [Consines]. 47. Lisez Osines (voy. Osisines). 49. 1 , .lO. [Conson], 47. Lisez Oio« (voy. Ozon). 49. 1, 50. Corvia? Coriva?? (?). fiO. Cranseni (pour « Cransma •■ ) , riv. La Rancenne — ? 21 inf., 22. Cransma ? riv. Voy. l'art, précédent. Crovia. Criiv. (All.).42. Cubinium, Cuvinium, Coviniactim-caxtnim. Couvin, 57. Comp. l'art. Coivensis. ' Cunis , Cuns , ad|. Ciinensis. Cons, 54 ult., 75 inf. Curbionem. Corbion. 23 inf. D. Dakhem. Dalheim (?). 48, etc. Daveles, Daules. Dave. 32, 126 sq. Dnverdeus. Daverdice. 3S. Demckema et Cominam (ace.) ? (;'). 41 inf. Dmnanl, Deonanti (shl), Dcunanto, Dionanto{ahl3- tifs. — Ces formes sont sans doute des adjectifs se rap- portant à pnrtu), Dinantis. Dinant. 23, 24, 35 sq., 125. Didditoni, Dediloncs, Didolones, riv. (Ail.). 14, 16 sq., 18. " Divum. Dun. 57 sup. Dolhem. Daulliem. 58 sup. Doma = Tumba ?? 46, 48 sup., etc. * Dongei. Dugny. 88. — En 843 ; Dunghcih : i In loco nuncupante Dungheih quod est juxta civitate Viri- duna !• , dit un diplôme de cette date cité par M. K. Schwartz, Der Bruderkrieg der Sohne Ludwig's des Frommen, p. 90, note 3. Le diplôme ajoute <|ue c'est en ce même lieu (dont SI. Schwartz a vainement ehei - elle le nom moderne) que fut conclu le pacte (dit de Verdun), entre les fds de Louis. Doraisdas (?). 28. Doroit, Douroit. 28, 47 inf. Doltinga (Ail.). 41 inf. Dourot. 47 inf. Duflum, Dulfum ? Diflot. 34. Duira, Duiira, Dura. Diiren (Ail.). 22,01. Dulnosus, riv. Le Roannai. 15, 17. Durboium. Durbui. 57 sq. E. ' Eberneicurlis, Evernicortis. Evernicourt. 54 pr. Embrick. Emnierieh (Ail.). 28. Enceisc, Engeih. Engihoul. 1-51. Episcopi-villa. Vesqueville. 55. 'Epoisso (2'^décl.), EiiosioÇit), Evodium.Y\o\ ou Ca- rignan. 38. (J'ai supposé sans motif dans le texte que les deux premiers noms étaient du genre masculin;. Erarmunz (?). 42. Comp. Sparfir. Erkenlel. Voy. yirgentel. Esmeraude, 5i;iarag(/H.s (par traduction ?). Nom véri- table du cLàteau-fort surnommé Poilevacbe. 125 sq. E stables, Staules. Étalle. Voy. 1 . Stabulis. Evodium. Voy. Epoisso. F. laid. Foy. 40 inf. Fnlcomons. Fauquemont, en flani. Valkenberg (AU.). 80. Falemannia. Falmagne. 25. Falminne-pagtis, Falmenna. La Famenne. 23, 24 sq Fats. Faulx. 32 , 39 sq. TABLES ALPHABÉTIQUES. 143 (Jocunda) Fanki. Voy. Jocunda-fania. Faniae (nom d'une région;. Les Fanges, en wallon Fa- unes. 15. * Fanium. Faiuoii. ."ÏS sup. Felc. Le bois de Ferre ? 37 inf. Felscherolns. Fècliereux. 28. Ferarga ? Feraiges ? Ferage. 47, 49. 1, 50. Ferariu ? Serario ? Pour la première leçon , comp. Fc- rière, village actuellement détruit, au N. de Forriére. 21. Ferieres. Ferrièrcs. ôl inf., 47, etc. Feronio, Feroin , Fairon. Fairon. 20,43, 48, etc. Fielignel. 43. Ficnevat, Fineval. Finnevaux. 44, 4!). 1 inf. fiezina ? Fiezienncs ? Fisenne. 47, 40. 1, 50. Pilionio, Fielon. Filot. 28, 33, 36, 47, 49. 1. Firmina. Ferrainc. 36. Fiscalium, Fescals. Feschaux. 53. Flaitima. Vlalten (Ail.). 61. Florias. Florée. 55. Florieias. Florzée. 42 sq. Fosses. Fosse. 47, 49. 1 . ' Fostias. Foiche, prob. 30 sup. Fracta-pons. Fraipont. 4l' Fractura. Fraiture. 42 inf. Francoru.ii-c.vmpos, Francorcamp ou FrancorcUamps ? Francorchamps. 48, 49. 2. Frandiiionis. Frandeux, selon de Rob.; » Froylieu » (Froidlieu, commune de Soliier — ?), selon l'Ant. eccl. And. 53. (Marigis) Frauplum. 15 nied., 19 med. Fredegorium. Freux. 57. Frusciaco. Prob. un endroit situé sur la Frouche. 21 , 22, cf. 62 med. Fundisneias} m. 27. G. ' Gabelium, Givelium. Givet. 29 sq,, 33, 35, 36 sup. Gamedella. Gcmellc. 53 sup. Communias. .lamognes. 12, 61. Gedina. Gedinne. 36. Geislapu ( pour » Geislam piam » , ace.) ; riv. ? — : en ce cas, la Gileppe. 15, 19 sq. Geminis (?). 38. Genedricin. Sans doute forme intégrale de l'un des deu noms suivants. 23. Gênera. Jeneret. 46 ult. Genelicio. Pour Genericio= Gencrci; ou Gènes — ? 39. Comp. Genedricio. ' Germiniucum , Germineiz. Germigny. 13 sq , 48 sup., 49.2. Giminiacum. Voy. Chiminiaco. Glamacho? Lisez Glaniaclio (Glaniaco)? 42. Glaniaco. Glains (village détruit). 22, 23, 37, 59 sq., cf. 62 med. Glanis, riv. Le Glain. 14, 17, cf. 59 sq. G noldo-manso ? Guoldu-monso? Mont-Gauthier (si la seconde leçon est la bonne)? 20, 21. Godines. Godinne. 126 med. Goleke, Giiylke. Goé. 19. Cf. 2. Jtjiucu.ii. Graisda, Graida, Grades. Graide. 21 sq., 23, 44, 56. Granthes. u Grandhez ». 56. Grimesburg ? Grimesbura ? (AU., prob.). 48, 49. 2 inf, 50. Gruispons. Grupont. 37 sup. Guisez. Visé. 72 inf. Voy. Feosaluni. Guylche, Guylge. iuWers (Ail.). 19. Voy. 1 Juiiacum. H. J/aist. Heid?29. Halenlina, Haletin. Haltinne. 44. Haies ; Halleux? — : Voy. Hulisbach. ffaletum. Ualleux. 50, 51. Halina. Ilalnia. 20. Halmarchia. llalmaiche. 38. Cp. Holmarch. ffamor. Hanioir. .36. Hanzineles. Hanzinelle 35. Hanzmes. Hanziune. 35. Harfia. Cp. ffi'rplta, sauf dans le cas où ce nom dési- gnerait Hervé. 39. tfari'ma/o. Hermalle-sous-Hui. 131 pr. Uarizeis. Harzé. 33. ffarna. Walhorn (Ail.). 58 sq. ffarneas. Hargnies. 56 sup. Harnebach , riv. (Ail.). 36 ult. ffarvia. Hervé (une fois .ffarjua, sans doute par erreur). 63. Cp. Hcrpha. llarz? Lisez Barz? 26 sq. Hascenlar? Hoscenlaer? (?). 48, 49. 2,30. Hasflangia. Havelange, 73 inf. Uasflangia est prob. une altération flamande de Hasveiancia. 144 TABLES ALPHABETIQUES. Hasi. Voy. Rolandum Hasi. ffasteria , ai\]. ffasleriensis. Haslièie 55ult., 124 inf. ffavcrnai. Havcigné. 15, lOmed. Haya. 52. Heiflensis pagus. L'Eifel (Ail.). .50. //Cim. (All.prob). Cl. //eis. Hcid. 38. //(■/dun. Helden? — : en ce cas flamand. 60 inf. ^e/edas.'Halleux?40. Ilelmini , Chelmino. Emmels (AU.) ? 1 4 , 1 7. ffennereit de Brucherothes ? (?) 42. Heran, Herran. Voy. à la 2' série. //erclinxe, Erctencia. Erkelenz (Ali.). Gô. Hermentones (pour » Hermealones «), Ermenton. Her- meton. 1 24 inf. Ihrpha. Hervé? 47, 49. 1. Cp. flarfia, Harvia. Herux. Houx? 123 inf. Hillei. 40 med. Cp. ffeledas. \ . floius, f/oiolus, riv. Le Hoyoux. 130 pr. Boius vicus. Hui. 2.J, 24, 1.50 pr. Hoius rnmilnhts. Le comlé de Hui. 39 inf. (bis). 2. /Joins cnmilalus. Comlé qui tirait prob son nom de la Houille (//uîal. 41 sup. Holmarch ? = ffalmarcliia. ffoloni/e. Uollo(;ne (dépendance de Waha?). 4-5 sup. HosBAiA (pour ■ Ilnuhaia »), Hunhnia.^ Onhaia? 53. P. S. 0 Honliaie juxta Dyonanlum ",Reg. S' Lamb. Bosinga. Essingcn (Ail.). 41 sq. ffospitale. Ilospital. 13, 19, 20. ffouffen?{?).4i. ffuia, riv. La Houille. 29, cf. 41 sup , 53. ffukelehac. Hokelbach (frontière Ail.). 13 , 19. ffulgrehes. Ougrée? 132. ffiilisbach? Lisez Haies ambae? 23. ffulserolas. 21. Hulsinas (forêt). 26. Humnin, Hunnin? Humain. 23, 24. ffutzfalie. Voy. Jlta-falesia. I. hnn (?). 40. I hers, fziers. Izicr. 44. J. Jocunda-fania. 14, 17, 18 sup, inf. et sq. Joherina. 41 . Jopila, Jopilla. Jupille (sur la Meuse). 39, 133 sq. 1. Jutiacum , en anc. flam. Guylche , Guyige. Juliers (AIL). 19. 2. JuLUCim. Primitif de Gokie, Guyikc? 19 inf. Jupilla. Jupille (en Ardenne). 30, 44. L. /.adernacum? Voy. Lethernacho. ' l.andricus-campus. Landrichamps. 29. Laumensis-, Lotninsis-, Laumacensis - pagus vel co- mitalus. Pays ou comté de Lomme. 23, 24, 26, etc. Leffla, adj. Lefflensis, etc. Voy. Lifola. Lemlmrch , Lemburg. Limbourg (pays wallon, mais proche de la frontière allemande). 34, 72. Lemgun , Lcngun. (?). 4G inf. Lenione, Lengion. Leignon. 20, 24, 40 inf. Z,.™s(?). 61. Leochensis pagus (\bl souscription, omise dans mon mé- moire, du diploige de Tan 862 rapporté p. 25 sq., est : ■■ Actum Novo-castro in pago Leochensi - ). Canton nommé aussi Leucliius et Liuvensis (voy. ces mots, et comp. dans la 3' série, p. 132 sq.. Part Liège). Il s'étendait à l'est de l'Ourthe et de la Meuse, depuis les rives de l'Amblève jusque vers Visé , au nord , et Eupen (ou Néau], à l'est. Lesternivis , Lesterneins. Leslerny. 53 sup. 1. Lesura, riv. La Lieser fAll.). 53 inf. 2. Lnsi'KA, Lisura. Lieser (village situé au confluent de la Lieser dans la Moselle). (AU.). 53 inf. Letherna, etc., riv. La Lienne. 62 med. Voy. l'art, sui- vant. Lethernacho , Lethenmu , Ledenmu , Lndernacuui ? Lernou. Lierneux (endroit situé proche des sources de la Lienne). 14, 15, 20, 27, 46, 49. 1, cf. 62 med Lclires, Loytres. Louette, 50. TABLES ALPHABÉTIQUES. 145 Leuchius-, ou Leukies (pour o Lenkyus t)-payus. 64, 153 inf. Voj. Leocliensis pagtis. Liceuria. Lissoir, prob. 55 inf. Licia, Letia , riv. La Lesse. 21 , 22, 38. LiFoiA? Leffl*, ailj. Lefflemis, Leffli", Le/Jîa'LeSe. 125. • Linacum. Linay. Linai. Prob. = Linacum, ou comp. Lenaie (2= série)? 60. Linaium. Prob. =: Linacum. 55. Linarias, Lineras. Lignières. 35. Linsan (?). Cl. Linsceis. Lincé, ou Linchet? 48, etc. Lisura. ^'oy. 2. Lesura. Liuvensis- , Luviensis-, Leuvensis-pagus. 15, 26, 133 inf. Voy. Leochensis pagus. Lizau (?). 60 ult. Lobunbi ? Lisez Lodum ubi ? 25. LoDua : Lode — ? Voy. l'arl. précédent. Lomna. 23, 24. Lonfait. Longfaye. 34. Longia. Logne 53 sup., 44, elc. Longolare. Longlier, très-prob.; comp. cependant Len- geler, Langlir. 12, Cl. Lorenceis , Lorenzeis. Lorcé. 46. Lotauso (abl.). Leuze (commune de .Somme-Leuze), prob. 41. Lotvilla. Louville. 52 ult. Lovineias, Lovineis, Lovingeis. Louveignez. 33, 42 inf, 45 sup., 47 sup., 49. 1. Ludeneslorp'i ? Lodenesdorp ? (.Ml., prob). 48 ult,, 49. 2 ult. Lukesenges. (K\\., très-prob ). 48. Lumna, riv. La Lomme. 24, 50, 51 sup., 52 pr. Luncin, Loncins. Lontzen (AIL). C3. Luviensis pagus. Voy. Liuvensis. M. Machanto. Mochamps? ? 35 , 52 sup. * Magidera. Maidières. 89. Maginisius- , Meginensis-pagus . Le Meyenfeld (AU). 29. illaipa. Maibe , prob. 20. Mairla. Merl (AU.). 29. Maizerees, Maiserey. Maizeret. 40. Malmundarium. Malmédy. 13, 14, 18. J)fandaules , iVandaveles , Modaules, lUodaveles. Mo- dave. 126 inf P. S. Mandale, dans un diplôme de 1111 (MS. n" 188, p. 96 sup.), Mondale , dans un di- plôme original de 1233 et dans un registre de S'-Denis, an. 1324 (l'un et l'autre aux Archives provinciales). Manderwelt , Mandervelt. Manderfeld (Ail.). CO inf. Mansuerisca-, Dlansuarisca-via. 14, 15, 16. ' Marbais, Jllarbaiz. 53 sup. Marcha (Ritz, n° 43). Marche-en-Famenne. Marlida. Marloyc. 53. Marne, riv. 57 inf — Le ruisseau de Lambré? Voy. Amarlar, Jmarne. Marlilinyes. Marlelange (Ail.). 55. Maslania, Marlania (forêt). La Marlagne. 73 pr. Maslario, Marslario??, Maslapio? ? Prob. Mellier,en rom. Mailler (comp. Marlier, kul. eccl. And. 59 sup.). 61 sq. Médis ?i5. {Summum) Medolum. 21 inf. Meduanto. Moyen (sur la Semois), plutôt que Mande- S'-Élienne. 64 sup. Melsun. Maissin. 53. Mericampus. Mierchamps. 51. Merigis-Frauplum. 13 med., 19 med. Mesche. Mesch, en wallon Mexhawe (Qam ). 63. Milinam. 25. Mirvold, Mirvolt, Mirewalt, ad']. Mirowaldensis. Mir- wart. 54 inf. Mo/fendurp. Muffendorf (Ail ). Cl. Mollis-campellus. Mochamps. 50, 51. Mons-acutus. Monlaigu. 52 inf , 57 inf. Mons-Pincionis. Piusamont. 57. Monz. Mont. 58. Morcelas. Moircy. 36. Mormont. Mormont. 45 sup. Moroldiheis. Morhet. 57. MoRTAnioLS. Mortroux. 63 sup. MonTARins, Mortirs, Mortarium? Mortier. 62 sq. Mosali. Sans doute leçon fautive pour le suivant. 21 . Mosania. Massogne, prob. 20 inf Mosenc, Mosain, Mosen, Moscng, Moisaing. Mozet (comp. Mozain-, ou Mazain-fosse). 59 sq. Mudrescheidt ? Muderscheit? Mot prob. mal lu pour Manderscheit ; Manderscheid (AU.). 47, 49. 1 , 50. Tome XXVL 49 U6 TABLES ALPHABÉTIQUES. N. Namucho (abl), Namuurum, Namurcum , Namon. Namur, en flam. Namcn. 20,127sq. Nasonacum (pour Nasoniacum?), Nasania (pour Na- sonia?). Nassogne. 50, SI , 57 inf. , cf. 93 inf. Naiania? Lisez fVavania? 35 sq. (Buety) Nebura ? (AU.). ÔG sq. Nelina. 53 pr. JVenlina. Nettine. 53. JVevies. Nives? 56. Comp. l'art, suivanl. Nirves. = Nevies? — Nives? 56. Nodorcit. Lisez Nodoreit = NonDonETCji? 28. P. S. La glosse u Noidres >' (voy. rAvertissement) paraît con- firmer celte conjecture , du moins quant à l'attribution du nom à Noidré. ' Nogarias. Noyers. 54 sup. Nohas. (AU.). 50. NoKDOBETCJi. Forme première de Nodoreit et de Nor- dree? 28 inf. P. S. Voy. le P. S. à Part. Nodoreit et comparez pour le radical : JYorilebach : Norbeek, en wallon Nordebaïe; Norderenges : Noderange (voy. la table suivante). Nordrees fons. La fontaine ou source de Noidré, an- ciennement Nordray. 15, 19, 28. (Je remarque, cepen- dant, que les cartes n'indiquent point de source à Noidré). 1. iVoua-i'i7/a. Neuville. 34. 2. Nova-villa. Neuville, Noville ou Nouville. 45, 46, 60. Novum-castelluni. Nom du cbâteau qui était construit sur la montagne de Cbèvremont. 64 , 63. Novum-castrum (voy. l'art. Leochensis pagus). Même endroit que le précédent? ou Neufcbâtcau, près de Dalhem? ou le cbâteau détruit, de ce même nom, qui était au bord de l'Amblève? Nuimaga. Neumagen (Ail). 58 inf. o. 1. Oire, riv. L'Heure. 70 sup. ( Ham sur le rivière de Oire, c'est-à-dire Ham-sur-Heure, dans le Répertoire des fiefs du pays de Namur, écrit vers l'an 1409). 2. Oire-sour-.Vueze , Hoir. Heer. 70 sup., 124. Voy. Ore. Oiseis, Oijseis. Oizy. 37, 44. Okerias, Okeriis, Okieres. Ocquier. 42, 43, 46, 50. Olfait. Haut-fays? 44, 49. 2. Olhais. Ohey. 39 sq. Olisria. 20. Ohieres (?). 46 inf. Onhaia. Onbaye. 32. Comp. Honhaia. Ore (abl), en rom. Oire : voy. 2. Oire. Orolauno-vicus (Itinéraire d'Ant.), Arlunum, Etions ( Ernst, II , 45), etc. Arlon. Ortao. Voy. Urtaco. Oseis. = Àuscgias? = Osois? 37, 46. Osïi>ES. Nom résultant avec toute vraisemblance des deux formes Osisines et Osnes. Hosne (Ail )? 30, Comp les deux art. suiv. Osisines? 44, cf. 50. Voy. Osines. Osnes? 49. 1 , cf. 50. Voy. Osines. Osois. = .^usegias? =: Oseis ? 33, 37. Osonia. Ossogne. 23 , 24. Olhemedensis comitatus. (Ail.). 31. Ozon, Oson. Ozo. 53, 49. 1 , 50. P. Paemani (Caesar). Un des peuples germains qui babi- taient les Ardennes ou les contrées voisines. Palatiensis , adj. Sans doute du nom suivant. 56 pr. et note. Palatiolo, Paiisiolo, Palisul. Paliscul. 12, 20, 21, 53 sup., 61. Comp. l'art précédent. Palelenmel. 35. Pandarias (?). 28. Parfundeville. Profondeville. 126 inf. Pauhgia (?). 40. Pekérvol (?). Nom d'un arbre. 41 inf. Perroith. Parret (en ail.) ou Parette (en franc.). (Ail). 41 inf. Perveis (MS. n» 188, p. 99, an. 1263). Perwez (au S de Solières). Pbiluppam ? 25. Poilevaque, Poilevaiche. Poilvacbe. 126 sup. * PoBABius, Pumirs , Pomerium. Poraerieux. "G. TABLES ALPHABETIQUES. 147 Ponlyres. Pontliière. P. S. Ponthiére , où la roule romaine atteint la Meuse en venant du Condioz, est sur la rive droile de ce fleuve , un peu au dessus d'Ombret. Porcarilias. Porcheresse. 28. Pressoir, Pressoer. Presseux. 48, 49. 2. Preux? (montagne). 27. Pronisiacas. Proigy ? 21 , 22. Pronote. Purnode. 20. * Pyrorum-villa. Priez. 55 sup. R. Rahieres. Rallier. 46, 47 sup. RiisEL, Ramey. Ramet. 132 sup. Ramelhouz. Ramioulle. 132 sup. Ramdou (diplôme original de 1 100, aux Archives pro- vinciales), Ramilo (MS. n» 188, p. 99, an. 1263). Ra melot. Voy. à l'art, indiqué aux deux noms prcccdonts. Rarohacco? Saurbach?, riv. « Le Rohrbach » [?] (Ail.). 14, 16. 18. Voy. Saurbach. Rares RIVDS. Forme primitive du nom précédent? 18. Rebach, riv. =r Reddebach (comme le conjecture Ritz)? 36 inf. Reddebachj riv. (Ail). .30 sq. Réduit. Redu. 21 med. Comp. 2. Rudis. Remaja. Remagcn (Ail.). 43 sup. Remiacum (pour » Remacum •). Remicli, en franc. Ramur. 127 inf. Resta, Retha. Reclit (Ail.). 14, 17, 18. Rcstannia, Restania , Reslennia. Resteigne. 58. [Revurun]. Lisez Kevurun. 43 med. Richeim. Recliain. 59. Richol/i-villa. La Vaulx-Ricliard ? 34. Riijomo-castro (?). 35. Rikela. Richelle Cf. 59, 62 inf, 135. Roborelum, Roboritum, Rovoritum. 14, 17, 18. Roche ? Rock ? Voy. le suivant. Rochelevenges. Rochelinval? ou lisez Roche ET.Vc^•G^:s: Rock et Vien ? 44 inf. Rohum (ace). Reux-Famenne ? Reux-Léau ? 40 inf. Comp. Rouz, 2. Rudis. Romonia. Rcmagne. 36. Rona. Roanne. 47 sup. Rotandum Hasi? 21. jRouz. Sans doute = soit Ronus (nom. de Rohum), soit 1 . ou 2. Rudis. 40 inf. Rovoreiz. Rouvreux. 28. P. S. Comp. Roverai, ou, sous la forme francisée, Rouveroi, commune de Limerlé. 1. Rudis. Reux-Famenne (comp. Rouz)? ou = Réduit? 20. 2. Rudis. Reux-Léau? 20, 21. Si Rohcs désigne un des Reux, alors un des Rudis doit avoir une autre attribu- tion , à moins que le h de Ronns ne soit épenthélique : Rudis, — RoHDs^ Rouz, — Reux. Rumendinis. Romedenne. 53. Rupes. La-Roche. 34 med. Rupes-Seremanni (?). 57. Ruvonia. Revogne. 53. S. Salceias. Sacé. 15, 19, 20. Salemhrucca. Saarbriick (Ail ). 82. Salines. Salni. 35. P. S. Un diplôme de 1084, conservé aux Archives provinciales de Liège, est signé par un comte Conradus de Salma. Saltiacus-rivus, Salsenrivus , Sansarieux. Sensen- ruth. 57. 'Satanacum, i'afanaî. Steuai. 61 sup. Saurbach, riv. Leçon (correcte ou incorrecte) pour Raro- bacco, ou forme postérieure de ce mot? (AU ). 14, 16. Scalentin. Schallin. 31.49. 1. 'Scimacum? Simacum, Ci/niacuin. Chimai (province de Hainant). 52. SciNCACEs (pour « Seignaces ■> : voy. cet art.)? Sche- niaces? Scuniaees? Xliineis, Xliignies.'Kh'iQDCsse. 45, 49. 2, 50. Scladinium. Sclayn. 128 med. Scurcieias? Xhoris. 28. Voy. le suiv. Scuritias, ScuniciAS (pour «Scurcieias- ), Scnrices. Xhoris. 28, 35, -39, 49. 1, cf. 47. Segni (Caesar). Un des peuples germains qui habitaient entre les Éburons et les Trévires. Seignaces? Il faut sans doute corriger i'eî'njnees et prob. lire Scingaces (voy. cet art). 45. Semaces. 32 inf. Senel? Sériel? 58 sup. Seniaces? II faut prob. lire Semaces. 32 inf. Septem-fonles , Seffunl. Seffent (AH.). 63. Seranius-, ou Serranus -campus. Serinchamps. 29 med., 1.32. Seranus. Seraing (sur Meuse). 57 sup., 132. Serario? Ferario? Voy. ce dernier nom. 20, 21. 148 TABLES ALPHABETIQUES. Seremanni. Voy. Rupes-Seremanni. Sériel? Senel? 58 sup. Sesninc, Sesnin. Sény. 70. P. S. Le MS. n" 160 (voy. l'Avertissement) écrit constamment Senni ou Seni. Sesomires, Sismara, Sesmarus, riv. La Semoy ou Se- mois, en alL Sas. 13. Siccus-campus. Champagne? 14, 13 sq. Sicginno-, Siggino-, Sitç/ino-Àviaco. La Venne? 14 sq , 18. Sigudis (?). 2G. Silvestris-curtis , Silveslricourl. 23, 24, 47, 49. 1 inf. Silvestrivilla. Ville-du-bois? 20. Sintiaco, Sinciaco , Senzeke. Sinzig (Ail.). 22, Gô. Sleinon? II faut prob. lire Lenion. 2ô, 24. Smaragdus. Voy. Esmeraude. Solania. Piob. = Sollanna, ou lisez Solarus (voy. Part. suivant)? 20, 21. SoLARiAs, Soliers, Satires (MS. n' 188, pp. 310, an. 1243; 99, an. 1263). Solières. SoLEKCEiAS (pour « Solcrgcias »)? (acc.) : Serezé? 19 med. Solergeias (ace). Saurée ? ou lisez Solerceias? 13, 19 raed. Solanna. Solanne. 26 sq. Solmania. Soumagne. 15, 19. Solubrium. Voy. Celobrititn. Souwengneez. Sougnez, dépendance de Sprimont. 93 sup. Sparfir de Erarmunz ? (?) 42. Spirismons , Sprismont. Sprimont. 31 inf., 52, 47, 59. Spontin. Spontin. 44. Stabelaco, Slabulaclio , Stabelasco, Stabulacis (scil. vicus), Stabulaus. Slavelot. 13, 30. 1. SïABniis (pour » Stabulum >•), j'fau/es, Estable!. Étalle. 126 sq. 2. Stabulis, Slaules Stave. 126 sq. Stagkans-rivds, Stagnebachus , Steimbach , Siembnch, riv. Le Stembach (Ail.). 14, 16, 18 sup. et inf. Strata. Strée. 23, 24. Stratella. Dépendance de Slrée? 42. Sulmodium. Smuid. 52, 56 sq. Comp. le suivant. Sulmoniensis-rupes? « La roche Sulmont « [?] 11 faut plutôt lire Sulinodiensis-rupes , et traduire : la roche de Smuid. 50 , 51 sup. et inf, 52. ' Sulpiacutn. Soulpy. 54 sup. Sulpium. Même nom que le précédent? 54 sup. S urne , Sunime. Somme. 32, 41. * Sumeiacum , Summeium, Simey , Ximey , Slimey , Cimay, Chimay. Cliimai (village détruit), proche de Stenai. 32, note, 55. Suminara. riv. La Somme. 41. Summoulum. Forme sans doute incorrecte de Siilmo- dium, 36 inf Sura, riv. La Sure, en ail. die Sauer. 38 med. Suvam? Il faut prob. lire silvam (c'est-à-dire forêt). 59 sq. Nota. La forme étrange donnée au mot Suvam, à la ligne dernière de la page 39, est due à un acci- dent d'imprimerie; rétablissez Suvd. T. TABERNACtiM, Tavernou (leçon préférable à Tavernon). Taverneux. 33. Taberxas, Tavernas. Taviers. 54. Tabulae-fontana ? riv. Le ruisseau de Boulaile. 50, 51 , 52. Tailernion , riv. Le Targnon. 15 , 17. ranJo/i. Tanton. 41 sup. Tavernas. Voy. Tabernas. Tavernon? Tavernou? Voy. Tabersacdm. Tectis, T'ois. Theux. 13, 17, 53,59. Telins. Telin. 53 sup. Tervonia. Terwagne. 53. TiETiANTiCA, Tietantia , Tglanlia, T'i'sonje Tihange. 150. P. S. Je crois voir dans le MS allégué Tihange et non Tisange. TiioNACDM? Tilnou. Tinlot , prob. 42. {Summum)Tiinonem. 21. Tofino, Tophino(?).^20. Tolbiacum, Tulpiacum. Ziilpich (Ail.). 30. Trabanam. Traben(AII.). 05. Travant.= Traftawam.' 48, 49.2, 50. ' Tudinium, Tudiniacum casirum. Thuin (province de Hainaut). 57,116. Tumbae, Tumba. Thommen (Ail.). 22, 23, 46, 60. Comp. Duma. u. Uubri.acuh ou U.«BRACDn ( pour bray. Ombret. 150 inf Umbracium ), Vm- Unalia ? Lisez UUalia, c'est-à-dire (ralia {\oy. cet I article) ? 20. TABLES ALPHABÉTIQUES. 149 Unasidio ? ? Uvasidio ? Celle dernière leçon , qui semble préférable, équivaut prob. à IVasidio (voy. cet ar- ticle). 21. URiACo,adj. Uriacinsis, Urmo, Urio. Orgeo. 12, 13, 61. Dnofontana. Comp. Crspelt (Ail.) ? 36 sq. Urta , riv. L'Ourllie. C3 iuf. , etc. Urtaco, Ortao. Ourth. 22 , 62. Urva, riv. L'Our (Ail.). 36 sq. Urzula. (Dépendance d'Ocquier). 43. Uvasidio. Cette leçon étant admise comme plus digne de foi que Unasidio, il faut prob. lire JFasidio. 20 inf. , 21 med , 23 med. V. * p'abrensis-, lï'averemis-pagus. La Voivre. 38, FaUis-de-Xhavant. Vaux-Chavanne, prob. 48 inf. P'emena, riv. La Wamme?? 55, 52 sup. Venges : Vien? Voy. Rochelevenges. f-'eosalum (ace), Guisez. Visé, en anc. wallon Viseit, en flam. Weset ou Wezet. 72, 135. Ferviers. Verviers. 45. rervigium. Vervoz , prob. 23, 24. Fesere , riv. La Vesdre. 15, 19. Fienna, fianne. Vianden,en franc. Vienne (Ail.). 74 sq. Vilippa, Filippe, fFilippe, ÏVileppe, (Ail.). 33. 1. Filla(in pago Com/rîfSCi'o). Ville, ou Vyle. 23, 24, 30. 2. Filla {in comitatu Laumacensi). 38 sup. TiZ/are. Weiler (AI1.).6I. Firvia. Vierve. 55. ViRvisus , riv. Le Wirwin ou Viroin. 55. (Sanctus) Fitus. S'-Vilh (Ail.). 46. Fiva, riv. (AIL). Peut-être pour Urva, comme le con- jecture aussi Rit2. 36 inf. (Forestis de) Fulfebergo ou Futfeierto. Le Wolfsbuscli, prob. (Ail). 14, 16. Fulfingi fagus. 15 med. (bis), 19 sup. •w. IFactarmala. Walermal (frontière ail.). 60, cf. 134 sq. JFadalino, IFadelino, IFatlino, JFallinio, JFeUin. Wellin. 20, 21, 33, 33, 38 (bis), 39. JFadeninnas, JFactennias ? (lisez Wadennias, ou Wal- dennias), tFaldenminas , H^aldeminas. {?). 60. TFahart. Waha. 39, 57 inf. JVaimis(ah\.), IFaimes. Weisme. 46. JFakendor. Même nom, sans doute, que le suivant. 42 sq. JFakendorph ? TFakenedor/f? Wickcndott {A\\.). 31, 48 sup , 49. 2. JFalciodorus , fFalchierre, JFachere, etc. Waulsorl. 124 sq. fFalendor, IFalendorp. Walsdorf, prob.; cependant comp. Walender (l'un et l'autre ail.). 31 , 43. fFalharne. Walhorn (Ail.). Cf.58 sq.,63. Comp. f/arna. W*Ln(pour " Unalia ")? Weaux? 20. fFallinio. Voy. TFatlinio. IFallhinn. Valtibiemonl? 23, 24. fFambais, JFabaise (lisez JFambaise?). Wampach (Ail.). 28sq.,ô6 sq. fFandelaicus-manstis (il faut prob. lire JFandelacus- ou IFandeliacus-mansHS). Anioy? 21 , 22, cf. 36 sup. ^anrfria. Wandrc. 134. Wansina. Wancenne. 33. JFarachte (?). 38 inf. JFarchinna. Voy. Wahicinsa. JFarica, riv. La Warge. 13 med., 16. Waricixna, JFarchinna , JFarginna , IFarckina, riv. La Warclienne. 14 med., 16. IFarsipio , JFasipia , IFisippen. Ycliippe. 20, 25, cf. 36 sup., 39 sq. TFasiiio? Manière de lire le mot ■ Uvasidio » : voy. cet art. et Unasidio. Comp. le suiv. TFasitico.— IFasidio ? (AU. ? ). 22 , 23. P. S. Wasilicum est aussi mentionné dans l'histoire de Nithard : Mou. Germ., II, 663. 46 : Charles-le-Chauve se dirigeant do S'-Quentin vers Maestriciit, s'arrêta, dit cet auteur, l' in Wasiticum >. M. K. Scliwartz dans l'ouvrage cité à l'art. Dongei, p. 56, note 5, suppose une corruption et croit que Wasiticum est pour Veosatum » entre Macs tricht et Liège, maintenant Wessem ». Nous avons vu que Veosatum s'appelle maintenant Visé ou Weset et que Wessem est un autre endroit, situé aussi sur la Meuse, entre Maeseyek et Ruremonde, et nommé au- trefois Wesheym (voy. p. 84 pr.) ; comme, d'autre part, la forme Wasiticum est mise hors de doute par notre texte, on ne peut donc s'arrêter à aucune de ces deux attributions. Si l'on pouvait croire que Wasili- cum était en Hesbaie, il serait plus naturel de sup- 150 TABLES ALPHABETIQUES, poser que ce nom désigne Wasseiges, dont la forme j est adéquate, mais les autres lieux cités dans notre diplôme sont tous à l'est de la Meuse, pour autant qu'ils sont connus. Watlinio, TVatlinia, Tf'aUinio. Prob. = JFellines 23, 24. Wavania? Navania?? ^wogno? Awagne, prob. 3G sup. • Waverensis pagus. Voy. Fabrensis. 1. W^eWm. Weilin. Voy. IFadalino. 4o. 2. Wellin. Sans doute = JFellines. 40. Wellines. Willinne, commune de Berioz (Hesbaie) ?? Wellenne (près de Namur)??34, 48, etc. Wenbria, riv. La Wimbe. 41 sup. IFépillon. Wépion. 127. JFersle. Ancien nom flam. de Warsage (Ernst, V, 316, an.l213. Une pièce contemporaine ; an. 1 225 , — ibid. 519 — donne le nom roman moderne ; Warsage). Comp. p. 99 inf. JFileppe. Voy. Filippa. JFilerceias. Willerzics. 56 sup. JFiria (?) 22. Voy. l'Avertissement qui précède ces Tables, p. 138 sup. JFisippen. Voy. IFarsipio. JFisonbronna. Viesenbach (Ail.)? 56 sq. fVowonium. 53. Xhavant. Voy. Vallis-de-Xhavant. II. LISTE Des lieux, mentionnés dans les trois séries , qui sont situés au nord et à l'ouest de la Meuse , à partir de Naniur. {Accessoi)-ement, cette liste comprend aussi les autres noms qui sont cités dans la seconde série, lorsqu'ils ne relèvent pas de la liste précédente). Les caractères italiques désignent dans cette liste les lieux situés en pays wallon; les noms en lettres grasses sont ceux des endroits situés en pays flamand (nous employons aussi ces lettres comme caractères courants pour les noms inconnus ou indéterminés, mais ce cas est signalé par un « (?) », lorsqu'il ne ressort pas de l'article même) ; enfin, le caractère romain indique les lieux placés sur la limite même des langues. (Lorsque le nom formant tête d'article a dû être imprimé en petites capitales, comme mot supposé, nous avons reporté l'indication sur le nom moderne). Les lieux formant frontière, mais où se parie exclusivement l'un des deux idiomes, sont désignés par l'abréviation « (F) ». Le lecteur comprendra au surplus qu'il était diflicile de se préserver de toute erreur dans la distinction de ces deux dernières catégories. A. Agionis-curta , Aijoncourt, Aiuncurl, Aiuncort. In- court. .53, 114sq. Alburg, Alburcli. (Hollande). GSinf. Aldcvort. Anlevoor. lOfi, 109 sup. ALDOniDM. Primilir probable de (1 et 2) Odoir, en Dam. Eldeien. 9G sup. Alesta. Aelst. 8.3 inf. Mta-ripa. Aliive ou Haute-rive. 123 med. Altecata, Altei, Ochey, Elch. Othée (F). 93 sq. yiltei. Voy. l'art, précédent. Aliéna, en rom. Otiienay. Aliéna (Holl.). 90. Alt-Repe? Olrepe. Otreppe. 96 inf., 129 sup. Alym, Aleym. Alem. (Holl.). 84 Àmanium. Amai. 130. 1. Jmbesinum. Embressin. 130 med. 2. Ambesikcm ? Ampsin. 130 med. Andeguerp. Anvers. 81. ADgledura(?). 10.3 inf. Anteyum(3cc.). Aniheil. 1.30 med. Aquiria, Auguria. Awir. 89 sup,, 131 inf. La charte originale , conservée aux Archives provinciales de Liège, porte bien Auguria, comme il est écrit dans la copie mentionnée au dernier passage allégué. Si ce nom désigne Awir, ainsi qu'il y a toute apparence, il faut le tenir pour la forme primitive du mot. Arbone (montagne). Mont (en franc.) , thier (en wall.) d'Arbonne ou de Nierbonne. 92. Arclia. Voy. Harcha. Argentan. Même nom moderne. 120 sup. Arnua ? riv. L'Orneau. 1 1 1 sup. AscloUa, Asclilo, Alislon,Eyselo,Eslo. EIslooou Eesloo. 59 sup., 80. Asnalica, Asnatgia. Ernage. 1 1 1 med. AsPERA ? llaspere , Aspre, Asple. Nom (roman?) ancien de Eysden (F). 80 med., 133. Assebruc, Assebrucli. Asbroek 78 iS2 TABLES ALPHABÉTIQUES. Assent. Asscnt. 82. Cf. Hasnoch. Augslcliirclie. Oost? 133 sq. Cf. Augusta. Auguria. Voy. l'art. Aquiria. Augusta, Augst. Oo&l? lôG sup. 1. Avcrna$, Evrenais. Avemas le-Bauduin. 95. 2. ( Minor) Jvernas ou Evrenais. Cras-Avernas. 95. Awanlial?). 102. B. Ilaccunguez, Bacunwelz, Ueclienweiz. Becke- voorl ou Becquevoort. 78 sup. Bacinija, Bacenya, Bacenghes. Bassenge, en dam. Bet- .singcn. (F). 45 sup., 45. Balastra. Balâlre. 121. Baldineis, Baldeneîs, Badengeies. Très-prob. Bode- gnée. 93 inf. Baitersiikim, Ballerseœ, en rom. Badresen- Bauler- sem. 9C. BarduwicU. Baardwyk (HoU.). 76. Basent . Baizy. 118. Bavenchin, Bavechin. Beauvechain, en llam. Bevecom. 116 sq. Bavonis-quercus. 106. Beureivarl. Voy. Bialr'wait. Becbechim. Binckom. 100, 109 pr.,cf. 110 inf. Beferolus? 111 med. Begae-, Beggae-locus, en rom. Begelot. (Prob. wallon). 84pen., 123 med. Belisiu, Bilisia, Bilisium, en anc. wallon Blixlic. Bilsen. 80. Bellus-rivus, Belriu. he3m'wu\. 120 sup. Berle, Berloz, Bierlos. Berloz (F). 84. 1. Bermcriacas-villam Biercée? Bomerée? 113 sq. -î. Bermeriacas, Bermerecs. Biesmerée. ilSinf. Bernscliam. Bernissem. 101. Bernunfait A ce qu'il semble , nom ancien ou , du moins, .synonyme de Sombreffo (voy. Sombresia). 1 17. Bertreis. Bertrée. 80 sup., 93 sup. Bei-tsiiere, Bertinliers. Bas-Ileers (F)? 78 sq. P. S. J'apprends que le village de Bas-Heers se nomme en flam. vulgaire Bats-Heer (et non : Neer-Heers) : il y a donc lieu de croire que le nom est identique avec celui de Bertshere , comme je l'avais d'abord supposé. Betasi ou Betasii. Peuple ancien qui a peut-être donné son nom aux deux endroits suivants. 1. Betasica? Betsica. Geelz-Betz, prob. 105 med. 2. Betasica? Betsica (-Gallicorum — ?). Wals-Betz. 103 med. Bevere. 82. 1. Beverna, Bievene. Biesme. 112 inf. 2. Beverna? Bevrene. Bievène. 112. Bevinges. Bevinghen. 09. Biair'wait (pour o Biairnait >< , qu'il faut sans doute lire : Biairuait), Bearewart. Bierwart. 129. Bieltiue. (Dans le Masau). 112. Birbacuin. Bierbais, ou Bierbeek? 122 inf. Voy. le suiv. Birbais. Bierbais, ou Bierbeek? 122 inf. Blixlie. Voy. Belisia. Bodenhovcn. Boyenhove. 94, cf. 99 med. BosEFFiA ? Boneef {(orme llamanile). Bonetfe. 89 inf. Bovinges. Buvinghcn. 81. Bovingi'stir, Bovengislier, Bovingnistier, etc.Bovenis- tier (F). 92 sq. Voy. l'art, suivant. BoïiMisTERiA ou -STERiOM. Primitif probable du nom précédent. 92 sq. (Pagus) Bracbanticus, Braimbant, Brabant, Breibant, etc. Le Brabant. 112 med., 115 inf. (bis), 114, etc. Brania. Braine. 109 inf. Bruches Broicli (AU.). 77. Bniderholt (forêt). 77 sup. Brunengeruz , Brunengerunz, Brunengurt. (F). Comp. Boua; Miroir. 100, 107. Brunsliam, Brunshaniine , BrunsUaim. Brunn- sum. 101. Brustemia, Brustemiiini. Brustem. 81. Bubais. Bombaie, en wall Boubaïe, en flam. Bolsbeek, Bolbeek. (F). 99 inf. Bufiols. Bouffioulx. 111. Eturlo, Burlos, Borlou , Burloii. Borloo. 71. Buruneu.s, Wurouc, Woruncli. Woringen (Ail.). 90. TABLES ALPHABETIQUES. 153 C, CH, K, QU. Chailes, Chayles, Chaillies. Celles. 128 inf. Yoy. Part. Silva CiLCARius, Calcliariae (c'est eneclivemcnt ainsi que le nom est écrit dans le diplôme original). Chokier. 151 sq. CiLEDio ou Caledion, GcMiorie. 1° vill. Jodion; 2' riv. Le Mignat. 1 15 med. Caledosucuhi, Geldoniacciï, Geldonia. Jodoigne, en flam. Geldenaken. 93 sq. P. S. Ce nom et le précédent rappellent le Calidona ou Calydona mentionné par Amm. Marcellin, XXVII, I : « Adscito in societatem laboris Severiano ilidem comité... qui apud Calidona Divitensibus praesidebat et Tungricanis « , pour lequel , faute de trouver une attribution, on a voulu lire ('a- bilona. 1. Kalmonl. Chaumont. Cf. 87 sup. , 106, 108 sup. Comp. Calvus-raons. 2. Calmonlis. L'un des endroits mentionnés sous les n"' 1, -j et 4. 80 sq. Comp. Calvus-mons. ô. Calmunil (endroit proche de Tirlemont). 86 sq. Comp. Calvus-mons. 4. Calmunt, liaelmont, Clianiont , etc. Colmont 86 sq. Comp. Calvus-mons. Calvus-mons. Ce nom désigne prob. Colmont (voy. l'art, précédent) dans l'un des passages où il figure. Dans l'autre il peut désigner aussi le même endroit, ou l'un de ceux qui sont mentionnés sous les n"' 1 et 3. 87 sup. Cahàpia, Gamapia, Jamapia , etc. Jemeppe. Cf 70, 152. Comp. Gemmapia. Campiuia (contrée). La Campine, en flam. Kempen. 88. Canuius-puns, Kinpont. 106,107. Cannes. Canne (F). 136. Capella. Chapelle S'-Lambcrt ? 121 sup. Capelli-villa , Chapialvile. Chapeauveau. 102. Cliasircs. Voy. 2. Castris. Castritocus. Mons (Hainaul). Comp. Mons-Castrilocus. 84. inf. 1. Castris, Caslia. Chastre. ll'J. 2. Castris. 100 (MS. n' 188, p. 74, an. 1126), Viî- Castra (ibid., p. 69, an. 1150). Casier (près de Canne) : » Conccssi de monte qui ilicitur Castris ■, dit le premier diplôme, 1. 17. Je ne comprends pas pourquoi le second porte, I. 5 sq : • Supra fluvium Mosam in iiisula in loco qui appellatur ad Castra in prospcclu Trajectcnsis oppidi ". Caster se disait en roman : Cha.slres (MS. cité, p. 72, an. IIG'J), En- chastre (ibid. p. 75 sq,, an. 1424) ; traduction, prob., des deux formes latines Castris, Ad-Castra. Qucrenlodora, Querculodora, Querkelodora , , et plus bas, d'une écriture beau- coup plus récente ; .. Donseel «). Comp. les noms de lieux Dompierre {Dompiere, en 1230), Dommartin (Reg. de S'-Lamb. : Dont Martin, Dommartin), dont le préfixe est aussi, soit donum, soit plutôt domus. Donum Cyrici, Doncere (cette dernière forme d.ins le Reg. de S'-Lamb.). Donceel. Voy. le P. S. de Part précédent. Doreppe, Doerpe, 1. Dorpe. Peut-être = Tomepia ^ en anc. Ilam. Dorpe. 1 14 inf. 2. Dorp. Sans doute = Turb, Turp. 1 15 sq. 3. Dorpe , Dorp. Ancien nom ûani. de Tourneppe, en dam. moderne D'Worp. 115 inf. Comp. les 2 art pré- cédents et Tornepia. Dudinsarl. 122 med. Dumella. Endroit situé sans doute sur le Dommel. 80. Comp. Duthmala. Dungo. Donck. 66, 77. Duracum , Dui-acliiuni , Duraz. Duras. 72. Durmalc. Dormael. 82. Duthmala , riv. Le Dommel. 86. Dyosta, Diosta, Distae, etc. Diest. 71 inf Dyostensis pagus. 67. E. Ccba, Eiclie. Aldeu-Eyck. 82 sup. Voy. Edla. EcUta Echt. 81 inf Edla. Autre nom pour Alden-Eyck (voy. Echa); ou Maeseyck? 81 sq. Comp. Eltae. Elcli. Nom thiois de Othée. (F). Voy. Altecata. 1 . Elderen. Nom thiois de Odeur (F) , en rom. Odoir- le-Romans. 96 sup. 2. Elderen. Nom d'un village appelé en rom. Odoir-le- Tiexhe, en franc. Odeur. 96 sup. Pour cet article et le précédent, comp. Aldorium. Eltae. Très-prob. = Edla. 81 sq. Encliastre. Voy. 2. Castris. EsGiiisc, Engeih. Engis. 131. Engelmuntliove, Englielmuiislioven . Engelmans- hoven. 81. Erdenburgii Ardenbourg (Flandre). 91. Eremus-S""-Mariae. Voy. Heremum-S""'-Mariae. Erna, riv. L'Yerne. 54. P. S. La charte originale porte bien, comme la copie: ad flumen Ernam. Ern.4Cds,ou Eknacum? Ernaus, Ernau. Yernawc. 54. Cf 62 med. Evrenais. Voy. Avernas. Eyneis , Eineys. Enée. 118. Eyselo . Voy. Ascloha . F. Falcomons. Fauquemont, en thiois Falchenberch, Valchenburch. 80. Falniia. Velm. 25,74. Fehe. Fexhe. 92 med. Comp. Fiscus. 1. Felepa, Velpe, riv. La Fleppe, en flam. Velp. 88 2. Felepa. Ilaute-Fleppe, Basse-Fleppe ; en flam. Op-, et Neer-Velp. 88. 3. Felepa Velpen. 66, cf 88. Felliu. Féluv. 122 inf. Feinale. = FiemalaP ou Fumai (comp. Formala)? 34. Fermia (MS. n» 188, fol. 39, an. 1242), Ferme. Faimc 92 pr. Ferait, Pherolh. Feroz. 119. Fiemala (MS. n" 188, p. 59, an. 1112), en rom. Fy- male. Vcchmael, en anc. flam. Vechtmale. 09 sup. Filforlli.Vilvorde. 122. Fiscïïs. Primitif présumable de Fexhe. 92 med. Fleimala. Flémalle. 131, 132. TABLES ALPHABÉTIQUES. 155 Ftodne? Flona. Flôiie. 130 ult. Florirtas. Floreunes. 118. Foilonia. Pologne, en flaai. Veulen, plus ancienne- ment Voelen. 89 inl'. Fontanas-villam. Fontaine- Walmont. 115 inf. Forcileia ( «. Ebolus de Fofcileia -, MS. n» 188, p. 68, an. 1101), Forcelh, Fourcell (les deux dernières lettres de chacun de ces noms barrées au-dessus — Reliefs de la cour féodale de Liège, Reg. contenant les années 1313-1343, fol. 43, 32 v.). Forseilles (l'attri- bution de la première forme n'est que probable). Comp. l'art. Seilles , p. 1 28. Formala. Fumai, en wallon /"oumdte — ? 102. Comp. Female. Fraxino, Fruxina. Frasnes. 109 inf. Fuicb. Wyck, en lat. Vicus — ? 85. Fynial, F} maie. Voy. Fiemala G. Galheim? G\ons (f)'^ Voy. Glauns. GiLOMiNA? Galmina. Gelmen, en franc. Jamine. 96. Gandrinul, Jandrinul , Jandringcl (pour » Jandri- gnul «). Jandrenouille. 116 sup., 121 sup. Voy. l'art. suivant. Gasdeinus ou Gandbinbm, etc., Jandrenc. Jandrain. 70 med., 116 sup. P. S. Jandren, dans le Reg. de S'-Lamb. Le même MS. mentionne aussi un u Jandren le Herut f , nommé dans d'autres documents : » Jan- drin le Helut >■ . Gatia, riv. La Gelte , en flam. Geete. 42. Gaugiacum, Gaugiaca (scil. villa), Goiaca, Goy. Goyck. 123 inf Geldione. 1" vil!. Jodion; 2" riv. Le IMiguat. 115. Voy. Caledio ou Caledion. Geldonia. Jodoigne, en flam. Geldenaken. (F). 88 inf, 93 inf. Voy. Caledoniacum. Gemblacus, Gemblaus , Gembius, Gemmelaus. Gem- bloux. 110. Comp. le suivant. Geminiaciim, Geminicus-vicus, Ge-hellcs (d'où les formes de l'art, précédent?)? Gembloux? 110 inf Gemmapia , Jemapia. Très-prob. Jemeppe. 70. Voy. Camapia. Gemmelaus. Voy. Gemblacus Genape[?],Genapia, Genapium Genappe. 52. GeneUeii?(?). 121. Geninne (?). 121 med. Genitiiiis. Gentinnes. 119. Gias? La grande Gette? 107 med. P. S. Un diplôme de 11 32 inséré dans les Bulletins de l'Académie, XVI. I, fait mention, p. 226, 1" ligne, d'un Heinricus de Geas. Serait-ce un des Geest, plus anciennement Geist , qui paraissent tirer leur nom de celui de la Gelte ; par suite , le primitif cherché de l'adj. Jusana — ? GiKGOioNiiAiM (pour « Guigolonhian 0 ) , Genglelieyin. Gingelom. 84, cf. 117 sup. Glabeclie. Glabbeek. 106, 109 pr. Gladehac. Gladbach (AIL). 74. Glauns, Glaons. Glons(F). 100 inf Comp. Gallieim. Gocileis. Gosselies. 109. Godcledaletli (forêt). 76 sup. Golopia. Galoppe,eu llam. Gulpen. 90 Gowdu(;)un(. Godeuxpont. 121 inf. Gorsine. Gorssum? Gors-op-Leeuw? 77 sup. Grenvilhe, Grennevilhe. Grandville. 73. Comp. Crenval. Grimenc, Griinides. Grimde. 42, 106, 109 sup. Groseas. Grasen ? 72 med. Grosmec , Grusmlthis. 79 sq. Guebeclieim, Webecheim , Wibekein. Webbe- com. 09. Guimala, Wlmales. Wichmael ou Vechmael. 08 ult. Gursuuidrul, GursemdruI, Gorscmbruel, Gors- seineroeL Dépendance de Gorssum , très prob. 76 sq. P.S. Le MS. n° 160 écrit GursemdruI (p. e., fol. 122 r., p. 228) et Gursendrul (p. e., fol. 1 r., p. 2 med.; fol 7 r., p. 14 sup.). H. Uaccliedor, Hackendeur. Hackendover. 82. H.«iicwAUAL (pour « Uachewadat "), vallée. Comp. 11a- queileau, nom d'un eudioit situé à peu de distance, prob , de cette vallée. 106 , 108 sup. 156 TABLES ALPHABETIQUES. Hairs. Ucrs. Heers. 82 iiif. Voy. Hère. Halclilere. Ualclitre. Ilelchleren. Cf. 72 sup., 94. Ualcs. Voy. Halon. 72 sup. Halelrae. Ilaelteit (voy. le suivant)? 71 sq. Uaietriil. Ilaeltert. 72 sup. Comp. le précédent. Ualla=Uales?72. ffallei , ffnlley. Hallet. 71, 120 inf. Halles Halle. 72 sup. Halmala Halmael. 72 me(l.,7;). Halon, Haïes. Haelen. G6. Ham. Oost-Ham, prob. 80 sup. Uamale. Hamal (F). 94 sup. Comp. Cuisnon. Hanapa, Uanapha, Hanafa (pour >. Hanalo ■').!. Hen- nef (Ail.). 2. Prob. nom ancien de Haneffo (voy. l'art. suiv.). 29 med. Nota 1. Comp. aussi Aineffe, non loin de Haneffe. Nota 2. Un diplôme de 1 102 (Lac. I, 200) est signé par un Udo de Hanelc. Hanavia (pour » Honavi »)■ Haneffe, prob. Comp. le nom précédent, qui serait la forme primitive. 29. Hanutum. Haunut. 93, 95. Harcra (pour V. Archa •>), Herka, riv. La Herck. 08, 90. Comp. le suiv. Hai-clies, Ucrke. Herck. 08, 00. Harducmonl, Hardwemont (orthographe flamande). Harduemout. 93. Harenlon. Harton. 120 pr. Harimala, Hannala Hermalle-sousArgenteau. 02 inf, 1Ô4 sq. Harislallium Herstal. 59,134. Haristaplels (pour » Hastaples .), fferstaplia. Her- slappe, en llam. Herstappel. (F). 100 sq. P. S. ffarsta- ples dans le Reg. de .S'-Lamb. et autres documents de la même époque. Hasbanium, ou Hasbanius (scil. pagus), Hasbaniensis pagus, Hasbania. (Contrée). La Hesbaie, en anc. llam. Haspingow , Hespengow. 23 , 99 , 60 sq. Comp. Has- pinga. Hasclie, IJasque. Nom wallon de Hasselt. Hasnocli, Hasnoth. Assent? 07, cf. 82. 1. Haspcra. Asper (Flandre orientale). 135. 2. Uaspere, Aspre, etc. Eysden (F). 80 med., 155. Voy. Aspera. Hasplnga-coinitatus. Un des quatre comtés entre les- quels était divisée la Hesbaie (voy. le Partage de 870). 67 sup. Haspingow , Hespengow. (Contrée). Nom thiois de la Hes- baie . voy. Hasbanium. 00 sq. Huwaiis, Awans. Awans. 91, cf. 102 inf. 1 . HoAs. 1° Forêt près de Mellery . le bois de Hez ? 2° Mel- lery. 117. 2. Hcis. Nom roman de Hex (F). 09 sup. Helecines. Voy. Herecines. HelmericicuHis. Remicourt. 19 med. Hepene. Heppen. 82 ult. Ueran, Ucrran. Héron? Hern-S'-HuberlPi' 54, 111 inf P. S. Heran ou Herans , et non Herran, désigne effectivement Héron , comme nous l'avons conjecturé au dernier pa,ssage allégué. Les Reliefs de la cour féodale (voy. plus haut l'art. Forcileia) font mention de terres sises « inter Lavoir et Herans « (fol. 67 r.), et » inter Marzines et Herans " (fol 74 v.) ; or Lavoir et Marsienne sont voisins de Héron. ffercliacum. Erquelinnes. 115. Hcrclinzc, ErcJencia. Erkelenz (AU). 63, cf. 115. 1. Hère, Heere. Heers. 93. Comp. Hairs, Obhere, Bertshere, Herebac. P. S. J'apprends que i{ere, Hier sont les formes flamandes, et Hairs, l/eers, les formes wallonnes. 2. Hère (.'). 95 med. Herebac, H erebacli. Bas-Heers (F)? 78 sq. Comp. Bertshere. P. S. Le MS. n» 100 de la bibliothèque de l'université de Liège mentionne au fol. 23 r., p. 44, un Hurbach dont l'église dépendait de l'abbaye de S'-Trond. Herecines, Hercines, Helecines, Helencines. Heyiissem. Cf. 89 inf., 100, ibid. et sq. HeremumS"'-!>Iari(B (accusatif. — Correction certaine pour » Herenium », etc.). Contrée aux environs de l'Hermilage de S"-Marie, près de Brainc-le-Château. Cf. 111 inf., 122 med. Herina. Prob. = Herne. 111 inf Herlnes. Zènnjics.'' ou = Herina? ou = Herne(si ce nom diffère du précédent)? ou faut-il lire Hermez = Hermeis ? 1 1 1 . Herke. Voy. Harches. Hermeis. Hermée. 111 inf. Herne. Hern-S' Hubert. 111 inf. Comp. Herina, He- rines. Hesbines. Hesbin. Hespen. Cf. 67 sup., 84. Heurs? Hornc ou Heurne, dépendance de Vechmael. 70 sup. Hoesilen. Heusden, prob. 94. Holonia (MS. n° 138, p. 40, an. 1280), ffolonge Hollogne. Cf. 43 sup. 1. HoLTHAM, Holtam Houtain-l'-Évéque, en flam. VVaeis Houthem. 103. 2. HoLTHAM, HoLTAii, HiiUaiii , Huten. Houtain (près de Nivelles). 121 iuf. Honavi? Lisez Hanavia? Voy. cet art. et Hanapa. Horel, etc. Oreye. Voy. Urlis Horfale. Variante, ou, plus prob., mauvaise leçon pour Ilorpale (voy. l'art, suivant). 71 inf. Horpala (MS n" 188, p. 59, an. 1 112), Horpalc. Horpmael , très-prob. 78 sq. TABLES ALPHABETIQUES. 157 Hosdaing. Prob. Hosden. 84. UosJimîs, Ilosdinne, Uoesdine. Formes prob. idenCiques et = Hoesden (Heusden). 84sup. P. S. Dans le MS. n' ICO, p. 78 sup. ; Uosedinne(ter). ffosenmont, ffosainmont. Hozémont. 44. Hreotio, niufi, Rutthis. Rutten, en franc. Russon,en rom. Riwechon. (F). 99 sq. Hulsela (?). 74 inf. Dans le MS. n- IGO ; Holsele. Hurionem (ace.). Horion. 23, 24, cf. 42 iaf., 47, 40. 1. Buten. Voy.2. Uoltham. Iiuburcio (?). 102. 1. IsD» OU iNDiE, adj. Indensis. Prob. = Yennes, Ynnes (Inès). i23. 2. luda , adj. Indensis. Cornelimûnster (Ail.). 123. Ippinghohaim (?) 117. J. Jalce, Jacea, Jacia. Jauche. 88 inf., 120 ult. Jamapia , Jemapia, etc. .lemeppe. 132. Voy. Oem- mapia et Camapia. Jamneda, Jameda. Jambe. 127 med. Jandrenc , etc. Jandrain. Voy. Gandrinus. Jechora, Jecora, Jaira, riv. Le Jecker, Geer ou Jaer. 45 sup. , 93. Juniaco? Il faut sans doute lire Finiaco. 121. Jupelella. Juprelle. 134 sup. Jusana (scil. villa). 1" en général, adjectif signifiant : sur la Gette, où : près de la Cette : Jusana villa Kaul- curt ; Raucourt, près de la Gette; 2° absolument : S"- Marie-Geest? Genville? 101 , 106, 107 med. L. Lacus. Latinisation de Poel. Cf. Palus. 85. Lagensis , adj. (?). [Laglum. Lowaige]. Nom et attribution inventés sur la base de l'adj. précédent. 97. Landernwrujes. Lantremange (F). 48, etc. P. S. Dans le Reg. de S" Lamb. Lantremenges. Landris, Landriis. (?). Voy. Langhedriscb. Lanehe. Lasne. 121 sup. LaugerodecU. Dépendance de Webbecom. 82. LangUedriscli, Langendriescli, Langdris, Lan- dris, Landriis. (?). 92. P. S. Il y a uu lieu dit Lan- gendries dans la commune de Corswarem , mais ce nom doit se rencontrer souvent en pays flamand. Lare. Laer. 79. Latines , Latins. Latinne. 92 sup. Lederna. Leernes. 116. Ledgia, Leggia, 1. Legia. 1. Proprement la Légie, riv. — ? 2. Liège. 132 sq. Comp. Leodicus-vicus, Liugas, Leodium. 2. Legia, riv. La Lys (Flandre). 133 med. 3. Legia. La Lay (Ail). 135 med. Lenaie. Voy. Linacum. Lencliolt. Lincbout. 77. Leodicus-vicus , Leuticus-vicus. Liège, en anc. flam. Ludike (94 med.), en haut ail. Luticba, Lùltich, en hoU. Luyk. 132 sq. Comp. Ledgia, Liugas, Leodium. Leodium. Liège. Voy. l'art, précèdent. Le State. 129. Leuga-mala. Voy. Mala-leuga. Langues , Lewes. Zout-Leeuw, en franc. Léau. 80 sq. Lietiinis (abl.). Lessines. 112. LiMACUH ou 1. LmiACOffl? LiNAinM? Lenaie. Lanaye, en wallon Linaïe, ou Li-Naïe? en flam. Nay, Ter-Nayen. (F). 101 .sq., 135 inf. Linai. Même nom que le précédent? 60 med. 2. Liniacum. Ligney, prob., ou = 1. Liniacum (s. nacum)? 102 sup. 3. Liniacum, Liniaca (scil. villa), Lenneclia nick. 123 inf. Linnilia. Linnicb (AIL). 58. Linsmeal. Linsmeau. 107. P. S. Le Reg. deS'-Lamb. écrit aussi (aussi, quant à la terminaison) Linsemeal. Lirul. Liroux. 1 19. Littemala (?). 94 sup , 99 sup., cf. 100 sup. v. Li- Len- 188 TABLES ALPHABETIQUES Zivgas. Liège. 152 sq. Coinp. Ledgia, Leodiciis-vicus, Leodium. Li Wege ou Li Wegge. Lowaige, anciennement Lewaige, en (lam Lauw ( Alwege, = à l'Wege, serait plutôt la forme wallonne, au moins par son origine). (F. : peut-être un peu mélangé de wallon). Voy. Lude, Warsege. P. S. J'ai eu tort de dire, p. 98 inf., qu'il était contraire aux lois grammaticales de dériver /.o waige de Li TVege; d'autant plus tort, que cette déri- vation est fort aisée. Il suffit, en effet, d'une simple progression de la demi-voyelle w en la voyelle u pour que L' Wège (le i de l'article est presque toujours élidé en wallon) ait produit LuicE, d'où Luaige, Louaige, Lmcaige. Lon, Loen. Loon ou Borg-Loon, en franc. Looz. Voy. Los. Longa-villa. Longueville 100, 107. Longus-campus. Longcliamps. 101. Los, Loz, Lotz. Looz, en tlam. anc. et moderne Lon , Loen, Loon. 52, 70, 94 med. Lotliusa. = Z«(osfj .> ou Zèle? 114. Lovlnium, Loviiiiol, Lovvil. Lovenjoul. G8 sup., 106, 108 inf Comp. Luvanium. Lude, Leude, Ludeu, Luideii , Luye. Ancien nom llani. de Lowaige, actuellement, dans le même dialecte, Lauw ou Low, en rom. Li Wege. (F). 97 sq<|. Ludike , Lutioha. Noms tliiois de Liège. Voy. Leodicus- vicus. Lumay, Lumaing. Forme romane du suivant (voy. cet art.), ou Zelrud-Lumay? Lumis (abl.)? — : lisez Luminis? Luinmene Lum- men. 94. Luponio , Lvpun, Ltipung. Loupoigne. 120 med. Lutosa. Leiize. 41,114. Luvanium, Lovanium. Louvain, en flam. Loven ou Leuven. G8 sup. Luye. Voy. Lude. L'Wege , etc. Voy. Li Wege. m. Maalinas, Masiines, Marlines, Mallines. Ancien nom rom. de Malines, en flam. Mechelen. 72 sq. Voy. l'art suivant. Macliele, Mecbele, MacUlinia, etc. Ancien nom tlam. (le dernier latinisé) de Meclielen, en franc. Ma- lines. 72 sq. Mahania, Mahange, riv. La Méliagne. 73. Mainil, Maunii. Grand-, ou Petit- Manil. 119. Mala-Leuga, JUleleue (pour » Maleve t.). La Mallieue. 35 pr., 151. Malbrovias (?). 120 med. Voy. 2 Ruoz. P. S.Malbrovias est assez probablement l'endroit nommé dans les cartes anciennes ^n/ehroec/t (flam. arg : mauvais, méchant, broeck : marais), tout proche de Roux-Miroir, au N.; lequel paraît être le même que celui appelé Jllebroux dans les cartes modernes. Maidabd.i, Meldrada. Meldert, en franc Maillard (Brabanl). 77 sq. Comp. les 2 art suivants. 1. Maldaria Meldert, en franc Maillard (Brabant). 77 sq. 2. Maldakias? Meidrege.s. Meldert, anciennement Meldre (Limbourg). 77 inl. .Wallum. Melin ou Mellaiu. 100, 107, cf. 134 inf. Biauedac. Forme corrompue de Montenaken (voy. Montiniacum)? 79. Mansiiarinsis ( pour « ]>Iasuai-iusi$ ») pagus. Canton de la Taxandrie. 60, 67. Marebaco, Marebais, etc. Marbais. 120. Marliiiit Meerhout. 66. Mnrha. ."tlarche-les-Dames. 128. Warlanes? Morlmes? Il faut prob. lire (2) Marlines. 73. 1. Marlines. Ancien nom wallon de Malines : voy. Maalinas. 72 inf. 2. Marlines. Itlarlinne, en flam. Meclielen (Lim- bourg). 72 inf., 73. P. S. On lit en effet dans le Reg. de S'-Lamb., fol. 48 v. : Marlines juxta Lantremenges. Marsana. Marina. Meersen. 58, 112. ])Iasau, Masaugo, Maison? Canton situé aux bords de la Meuse, au dessous de Maeslrirht. 67, 103 inf , 112. Masesele. Mazcnzeele. 81. Masuai-insis pagus. Voy. Mansuarinsis pagus. Masuic. Lisez Masvic. Mecswyck. 112. Meceics, Mecerin, Meelieren , Meetseren. Mci- zeren. 75 sq. Medianuin-llairs. Middel-Heers. 78 inf. Meidreges. Voy. 2. Maldarias. 77. Meienrivus, Melenriu. Mellery. 120. Cf. 1. Heis. y!/e/in.= .Malluin? Plus prob. Meslin-rÉvê(pie. 112 med. Merbace (pour o Merbate n),riv. Le Meehbeck? 67. Merbate , riv. Voy. l'art, précéilent. Mere. 69. Mersbergh. Sans doute nom appellatif = romersbergli (tombe romaine). 104 sup. Meriiguclgps , Mergueles, Mcruel, Menvilc TABLES ALPHABETIQUES. 159 Mervile, Merville, Merwelen. Melverem. 70 sq. Mervile. Voy. Part, précédent. Ailles. Milen. S.ï inl'. Miremort. Millemoi-le 94. (Pagus) Molla. 107 snp. J'ai piobaMemcut eu tort de suivre Wastelain, qui attribue ce canton à ia Belgique (p. 196), par l'unique raison, sans doute, qu'il s'y trouvait un Helissem. Ayant reconnu que cette dernière forme ne pouvait être authentique si elle se rapportait à notre Heylissem, c'était un motif de plus pour véri- fier, ce qu'on ne peut se dispenser de faire qu'avec un bien petit nombre d'auteurs. Il est vraisemblable, en effet, que ce canton ne diffère pas, soit du comitatus Moilla, qui était situé dans le pays des Ripuaires {per fines Ribuariorum : Ann. Berlin, et Hist. Nithardi ad an. 8.57: Mon. Germ., 1, 431, II, 633 ult.), soit— si, contre l'apparence, ce nom n'est pas identique avec le précédent — du pagus Muolla ou Muola, voisin sans doute du canton de Juliers, qui est cité dans deux di- plômes de 898 et de 1 139, ap. Lac, I, 81 , 33S. Moisseron, lHoixeron. Moxheron. 71. Hïonasterium. Moutiers-sur-Sambre. 74. Mons-aculiis. Scherpenheuvel , en franc. Montaigu. 80. Mons-Caslrilocus. Mons (Hainaut). 84 inf. Mons-pubiicus. Publémont (dans la commune de Liège). 81. Mons-S''-Guiberti. Mont-S'-Guibert. 121 pr. Moiis-Tienes , ou Tbcnismons. Voy. sous ce der- nier nom. Montiniacum, Monteigni , Moulegnys, Montingny (Paix de Fexhe — an. lôlô — ap. Louv. Il, 143). Mon tenaken. 87 sq., cf. 103 inf. Blorcesliein (?). 120 med. Morealmes. Morialmé. 110 sup. Morluies? .Marlanes? Voy. ce dernier article. MoscUa.Mohain(F)?68. Mosmak. Momale. 84. P. S. Dans le Reg. de S' Lamb., Index el fol. 21 v. : Mumale, Mumalia. Mosum. Muysen ? 72. Comp. Musin. J)Joysc , Mois, Moix. Moxhe. 71. Musai, Musau, Muhal, Muhau. Moba. 68 inf. niusio, iMusen. Muysen. 72. Comp. Mosum et le sui- vant. niusinium. = Musin? 72. N. Nameka. Namèche. 35, 128. 1. Nlel. Niel. 83inf. 2. Niel. m\. 119. Niella. Voy. Nivigella. NiGELLA (de Nivigella?). Primitif du vocable Niel? 119. Comp. 3. Nivella. IVissen. Nyssem. 76 sup. 1. Nivella. Voy. Nivigella. 2. Nivella . Nivelle, en flam. Nyvels [?] , Niel. (F). 1 02, 135. 3. Nivella. Primitif probable du vocable Niel. 119 med. Comp. Kigella. Nivigella, Nirialcha, Niviala ou Nivialla , Nivalis , Nivella, Niella, Nuella? Nivelles. 118 sq. Nodewel , Nodevort. Noduwez (F). 71. Norderenges (Reg. de S'-Lamb., fol. 36). Noderange (à l'O. d'Orp). INova-domus. Faubourg de S'-Trond. 85. o. Obliere. Opheers. Cf 78 inf , 95 med. Oborne. Oborne. 95. Ochey. Nom roman d'Othée (F). Voy. Altecata et Elcb. 1. Odoir-le-Romans. Odeur, en flam. Elderen. 96 sup. 2. Odoir-le-Tiexhe. S'IIeeren-Elderen. 96 sup. Pour cet article et le précédent, comp. Aldorium. P. S. Un troisième Elderen : Genoels-Elderen, s'appelait aussi en roman Odoir, car il est désigné par le nom de Genoul-Odeur, dans une ancienne liste des » Courts ressortissantes az Eschevins de Liège « publiée par M. Warnkonig {Beilrdge zur Geschiehte... des Liit- ticher Geivotmheitsrechts , p. 101 sqq.), sous le n» 392. Oilla, riv. ou étang. (Prob. wallon). L'Oie? 114 med. 1. Oire-le- Romans. Heure-le-Romain. 69 ult. Comp. Ora-Romana. 2. Oire-le-Tiexhe. Heure-le-Tiexhe (en wallon moderne, par corruption ; Heurc-le-Trihe). 70 pr. Comp. Ora- Theotisca. Okinsala. Ockerzeele? 88. 1. Ora-Romana? Nom latin traditionnel de 1. Oire. C9 sq. Voy. le P. S. de l'art, suivant. 160 TABLES ALPHABETIQUES. 2. Or\-Tiif.otiscv. Nom probable de 2. Oire, si 1. Oirc s'appelait efleclivement Ora Romana. P. S. Les recher- ches que j"ai faites dans les Archives pour découvrir la forme primitive de Oire ou Heure n'ont servi qu'à rendre ce primitif plus énigmatique. Dans un diplôme original de 1220 ; ecclcsiam de ffore; dans un autre de 1255 : Oere, qui est la forme romane; le titre au dos de cette charte porte : Ora Gtillica. Des pièces de 1220 et 1250 rapportées dans le carlulaire de l'église collégiale de S'-Denis (laquelle avait la collation de la cure), disent : ecclesia de ffore; une autre de 1295, en roman : Oere le Tiexhe; une quatrième, de 1592 : Orn Gallica. Comme on le voit, la plus ancienne de ces formes : ffore, n'indique nullement que le primitif serait Ora, mais elle n'indique pas non plus le con- traire, car la terminaison latine a était souvent rem- placée, dès avant cette époque, par un c, et l'aspiration était souvent aussi préposée arbitrairement : comp. Hawans, Horel, etc. Comp. Ore (abl.), dans la pre- mière liste, et le vocable oir, qui est fréquent dans les noms de lieux du pays flamand oriental : Oirscliot, Oerle (au N. 0. d'Eindhoven), Oirlo, anciennement Oirle, Urie (au N. 0. de Venloo), Oirsbeek (au N. E. de Maestricht), etc. Orbais. Orbais. 122 inf. Orklla, Orele Voy. Uriis. Ollienay. Nom roman de Aliéna (Holl.). 9fi med. Olrepe. Voy. Alt-Repe. OHoncnrt (Reg. de S'-Lamb , fol. 41). Très prob. At- lenhoven, proche de Landen (qui est constamment nommé Landrcs dans ce MS). P. l'altae. Pelt ou Peelt. 71 inf. Palus. Traduction latine du flam. Poel. 83. Parweis. Perwez. 89. Comp. Perviciacum, et, dans la !"■ liste, Perveis. Pellonias? Lisez Pellanias? Pellaines. 110 pr. P. S. Le Reg. de S'-Lamb. mentionne un Pellenges, qui est sans doute notre Pellaines. PERïiciACD.'n(pour i. Perniciacum»)?/'er«>e2.> 89. Comp. Parweis. Pi'cïa-ui'rta. Pondeville. 121. Pipiui-vadum. Pipens-fort. 106, 109 sup. Pirae, Pirges. Peer. 69. Pollo-mortis. Pour PoUus-morlis, nom latinisé de Meeren-poel — ? 106 ibis). Porcetusti. Burtscheid,en franc. Borcelle. (Ail.). 7i. Puceis, Puchey. Poucet 95. Comp. le suivant. Pdccius (pour 0 Puccius >), Puceu. Prob. = Puceis; ou Pousset? 119 sup. Putiau. Ponchaux ou Poncheaux? Panceau? 1 12. R. Uadckcim, Raydekcm, Redckem. Reckeim. 59. Raetsiioven Nom flam. de Raccourt , en rom. Raulcurl. (F). Ramelies, RameUjeis. Ramillies. 71. 1. Baulcurl. Nom roman de Raccourt, en flam. Raets- hoven. (F). 101. 2. RiULcrRT? Rocourt. Rocour. 101 med. Renlirode. Reynrode. 71. 1. Repes, Repe Repen. 90 sup., 102 med. 2. RtPES, Repe. Reppe. 128 sq. P. S. Il est douteux que Reppe se soit appelé R,'pes ou Repe, attendu qu'un diplôme original, relalif à l'église S'-.lean à Hui , men- tionne un Râpa, qui est écrit dans d'anciennes copies Rappa, Râpas, pour lequel je ne vois d'autre attri- bution que ce Reppe Riensi.s pagiis, pagus Rin Canton situé dans le pays d'Anvers. 81. Riilti Voy. Hreotio. RiwecbOD, Reiveclion. Voy. Hreotio. Roberti-vadum. 106, 108 inf. Rode. Rhnde. 76. 1 . Rokelenges . Ruckelingen , en franc. Roclenge (Ouest de Tongres). (F). 44 inf. 2. Rokelenges. Roclenge, en flam. Ruckelingen (Est de Tongres). (F). 44 inf. Rolluz (MS. n" 188, p. 68, an. 1101), Rolluos (ibid., p. G9,an. 1107), Roleuz (dans ce Mémoire, p. 42 sq. .' Roloux. RojuNis (scil. caslris), Rdminis, Rumines, Rnuiiciis (orthographe flamande), Roniyn:;s (forme romane). Rummen. 90 sq. Rosbactm, Rosebuchc , Rnsbecca Rebecq, en flam Re- beek. (F). 125 sq. Roseriis . Rosiris. Rosières, ou Rosière. 121 med. Rumines. Voy. Romanis. TABLES ALPHABÉTIQUES. 161 RnucAniDs, Runcliirs, IVunekeren. Runckelen. 76. 1. ftuoi. RoDX, prob. 111 med. Voy. le suiv. qui peut être le même nom. 2. Ruuz (?) Nom vulgaire ou bien clieflieu de « Malbro- vias n. 120. P. .S Prob. Roux-Miroir, chef-lieu d'AUe- broux, comme il résulte de ce que nous avons dit à l'art. Malbrovias. S. Sabis, riv. La Sambre. 41. Comp. Samara. Salecliem. Zeelliem. 70. Salvenerias. Sauvenières. 1 1 1 racd. S lîiABi , Sambra , riv. La Sambre. 4 1 , 73 sq. Comp. Sabis. Sarclnium, Sarcliinium, Sareliiiiia, Sarchin. Nom de la ville appelée ensuite, d'après le monastère, S'-Trond. 06, 07. Sarrei. Serrée, prob. 123 sup. ScaU'nis. Schaffen. 66. ScanZjScaus Très-prob. Sussen,en wallon Hans ou Hons (selon l'ancienne orthographe Xhans, Xhons). (F). 102. Scitrud. Zetrud-Lumay. 106, 107. Sdacyns, Sclacins. Sciessin. ôô, AS, 1.52. Scureliove. Schuerhoven. 76 sup. SeillisiM.). Seilles. 128. Seleche. Zelk, prob 82 inf. Senlrude. Nom flamand de S'-Trond. 91 mud. Septem-burias. Zepperen. 74. Septem-fontes, Seffunl. Seffcnt (Ail.). 0.5 med. Seramjin. Seraing-le-Chàleau. 29. Sève. Saivo ; voj. l'art, suivant, à la fin. Silva (MS. n> 188, p. 40 sq., an. 1010 — pièce repro- duite par Mir. , III , 297 sq. — ,p.ô7, 1. 19, an. 1101), Selw (Jalheau, p. 61 med., etc.), Sdma (BIS. cité, p. 44 med., an. 122-5, etc. — : cette forme est une lati- nisation du nom roman qui précède). Saive. — Baidric, évéque de Liège, de qui émane le premier diplôme, prend soin de nous faire connaître l'origine et la date de ce nom ; « in praedicto fundo, quod Silvam ex pulcritudine circumstantiura silvarum nominavimus » (MS., p. 41 sup., Mir., p, 298, 1'" col.). Saive étant une dépendance de Celles, anciennement Chailes, il s'ensuit que l'étymologie que nous avons proposée pour ce dernier nom (p. 128 inf.), savoir celtique kelli, caiU : forêt , reçoit un grand degré de vraisemblance. P. S. Un diplôme de 1242, dans le MS. n- 188, p. 39, mentionne à la fois » Selvia » et o Sève ■>, et je ren- contre de même dans la liste citée plus haut, au mot 2. Odoir, » Saive » et « Sclve « (n" 444, 44ij). Silva, Selve, Selvia, ne désignerait-il donc pas Saive, malgré la coïncidence des noms et l'assertion formelle de .lal- heau? Il m'est d'autant plus difficile d'admettre ce résultat négatif que l'endroit désigné sous le nom de Silva , etc. , devait être en tous cas dans le très-proche voisinage de Saive où je ne trouve rien de semblable. — Ayant revu dans le MS. la pièce de 1101 citée plus haut, dans laquelle il est question de Silva et A'Er- naus, je m'aperçois qu'en marge est écrit ; « Selle in Hasb. et Ernaus «, et non Sève, comme j'avais cru d'abord devoir lire d'après l'extrait de cette pièce donnée dans les Comptes-rendus de la Commission d'histoire. Il résulterait donc de toutes ces indications réunies que Silva désignait Celles, et non Saive, qui était appelé Sève. Comme, d'autre part, l'attribution du vocable Chailes, etc., ne peut être, ce semble, con- testée, il résulterait de plus que ce vocable reprodui- sait l'ancien nom vulgaire, perpétué jusqu'à nos jours, et que Silva était de fait une, traduction et non pas une dénomination nouvelle. Simplex-via, en anc. flam. Simplevei, en rom. Saint Plovoir. Simpelveld. 104. Sivirei? Mot prob. mal lu pour Sarrei; ou Sivry? 122 sq. Skendermala. Xhendremael. 101. Somhresia? Sombre/lia. Sombreffe. 117 sq. Comp. Su- mara. Sonegias. Soignies. 115. Voy. Sunniacas. Sotaelfouarge? Lisez Sotealfoirge (forge du solai)'! 106 , 107 sq. Sotheia, Sodeia. Soye. 113, 121. Stade.s , Staden. Stayen. 68 , cf. 99 med. Slate. Voy. Le State. SIeinvert. Stevoort, prob. 78. Steppes, Steps. Step (selon Ferraris). 89, cf. 103. Stci'ia-mouticula (traduction de Stir-ly-to.iibe ?) , Sterias, Stirs. Stiers ou Stlei-s? 114 sq., 121. SoMARA, Sonm.iRA. Ancien nom du Som, ruisseau qui passe à Sombreffe — ? 118 sup. Sunniacas (pour « Sunniacum ",si ce nom désigne Soi- gnies), SuNiEGAS, Sonegias. .Snignies. 113 med. Sunniacum. Voy. l'art, précédent. Suvrei, Sovrci. Souvret. 120, 121. Tome XXVI. 21 162 TABLES ALPHABETIQUES. T. Tamera , Tcmera , liv. Le Demer. 90. Tawrs, Thaviers Taviers 3G sq. Comp. l'art. Tabern.is lie la série précédente. Tompliacus, Templus. Tem\>Um\. 110. Tlionay. Forme de Ollienay. 1. Tlienae. Thisnes. 91 inf. 2. Thenis-mons, Mons-Tienes, adj. Tenensis , Montistcnensis (gén.). Thienen, en franc. Tirle- raonl. 91. ô. Tienes. Tliynes 'province de Namur) , prob. 91 . TieUlum, Teuledum. Tilleur, en wallon Tileû. 53, 152. Tier.' riv. La Djie. 108. Comp. Tjlia, Tliila. Til, riv. LaDyle? 108. Comp. Tylia, Tliila. Tillir, Tilhir. Tillier. 121 inf. ToBiACCu? Tobar.io, Tobacem, Thohace, Tubecca. Tu- bise, en flam. Tubeek. (F). 123 sq. Tornepia. Tourneppe, en dam. D'Worp, plus ancien- nement Dorpe, Dorp. 31 sup., 1 14 sup. Tnrtosa. 118. Tosiandria-locu.s. Tessenderloo, prob. (formes an- ciennes du suffixe : lo, loe, loj, Ion, locn). 84 sq. Trajectum ou Trajectum-ad-ÎIosam. Maeslricht , en llam. vulg. Treclil , en rom. Treict. 130. Trudomcas (pour 7'ru(/onico),TRnDKsic\s(pour Trude- ncris, abi.), Trudineis, Trudignies, Truwengneez, Trugniie. Tioguée. 94 sq. Turb, Turp. Tourpes, prob. Comp. Dorp, qui est sans doute une forme flamande de ce mot. 1 13 S(|. Turnacum. Tournai, en flam. Doornik. 30. Turne, Durne. Prob. Touriune-Beauvecliain, en flam. Doerne. 50 inf. Turninas , Turnines, etc. Tourinne-la Chaussée. 50 sq., 49. 1,S0, 94. Tnrnine Deurnc. 30 sq., 103. Tyenne. Sans doute pour Het Venue (c'est-à-dire la fange, le marais). 90. Tyele. Thieit? 74 inf. Tylia, Thila, riv. La Dyle. 88, 108. Tylus? Lisez Tylimis'Lc Trin. 100, 108. u. Ui-lis (forme et attribution seulement probables), Urle; ffoerle, Horle; Horel, Orel, Orele, en rom. Orelhe. Oreye, en flam. Oei'le [?]. (F). 69. Ursidongus. S'-Ghislain. 77. V. Faite (abl.). Alvaux (c'est-à-dire : A-I'-Vaux), prob. 120 sup. VecUtmale. Vechmael, en rom. Fiemala, Fymalc. 69 sup. Velpe, riv. La Fleppe. Voy. 1. Felepa. yendraovm, Vendring. Védrin. 1 23. Verechaim (?). 117. Verlises (pour f'ersines)! Verlaine. 29. P. S. Ferhines, dans un diplôme original de 1184 (aux /Vrchives pro- vinciales); mais est-ce notre Verlaine? Fermia (MS. n' 188, p. 39, an. 1242), forme prob. lati- nisée de Verjie (comme, dans cette même pièce, Selvia de Selvc, Fermia de Ferme). Viemme (village voisin de Celles et de Saive). — Fierme, dans le Reg. de S'-Lanib. Fersines? 11 faut prob. lire Verlines. Vert , Vecrio. Voort, prob. Cf. 78 med., 91 inf. Vicus. Wyck (faubourg de Maestricht). 85 med. 1. ViiAnis,\^^iIre. Wildre. 82. 2. ViLARis, /^«'/eri.Villers (la-Ville?). 111 med. 3. ViLAEis ou ViLARE? Fileyr. Le même Villers que le précédent, ou Villers-Perwin? 121 sup. ViLiARioLcs, ViLiERus, FeHerus{MS. n" 188, p. 46, an. 1280), Filrouz, Fellerotts, f^e/rois (forme inexacte). Veiroux. 91. nUarium ou A'i7/ar('um-P0PDLARiBM, Filleyr ou Fi- leir-k-poplir. ^iller-s-le Peuplier. 68. Filla-S"-Gaugerici. S'-Géry. 120 inf. Fineias. Prob. =: Vingitis. 34. Cf. Viniacum. Fingitis. Vivegnis (c'est-à-dire : Vî-Vingitis). 54. Comp. l'art, précédent et le suivant, ^«njacum. Prob. = Vineias, Vingitis. 121 inf. Fogodorgiacum ou Fodgoriacum. Waudrez. 89 inf Fotliem. Vottem. 89 sp. TABLES ALPHABÉTIQUES. 165 -w. Walakam. Walhaia. 112 si]. (Falavia, IFalnia. WalelTe. 48, 49. 2, 89 sup. Wambacem , Wamhacli , '\'*'ambpcca. W ambeek. 123 sq. Wanga. Wanghe. 110 sup. Waresch, Jf'ares, JVareis. Waret : nom de plusieurs villages voisins et, primilivcment, de la contrée où ils se trouvent. 119 inf. P. S. Le village de Ville-en-Waret est mentionné, sous la forme fille en JFarex ou ff'areix, dans une pièce de 1508 (Annales de la So- ciélé archéol de lYamtir, 11, 209 sq ). Warlcge? Lisez Warsege? Warsece (pour « Warlcge »)? Warscggia. Prob. Lo- waige (F). Comp. Li Wege et Wascgga. 97 sq. Wariis, JFaroits, 7? aro/s (forme incxacte).Waroux.9I. ■VVasegga.=WARSECE, Warscggia?Ou IFasseiges? 97 sq. P. S. Comp. l'article suivant. Wasiticum. IFasseiges? Voy. dans la î" liste l'art. Wasitico et comp. l'art, précédent. Wasmont. Wamont, en flam. Waesmont. 104 sup., 113. JFastenacus comitatus. Le Câlinais (France). 112 sup. JFastin. Wastines. 121. A^^Cge. \oy. Li Wege. Wellines. ffi/h'nne (commune de Berloz)?? (la carte de Vanderraaelen en 25 feuilles écrit par erreur : Willinnc). 54, 48, etc. 1. Wcsere-Gallicorum , Wi.sserin. Wezeren (dans la liste citée au mot 2. Odoir ; " Walsweseren «). 102 si|. 2. Wcscrc (-Teutonicorua!?).Melck-Wezi'r 10-j pr. ■Wcslicjin. Wesscm. 84 pr. IFihonia. Wihogne, en wallon Oubogne, en flam. Neu- dorp. (F). 99. AVilbamil, V» ilbant , en lat. Praluoi Willonis. 90. P. S. Ce pré, qui s'appelle encore Willebamp (jiour Willebampt) est proche de S'-Trond , au bord de la Cicindria. Wilre. Voy. 1. Vilaris. IFineritilio (dat.). Kom d'un champ proche d'Ënée. 122 sup. Wisserin. Voj. 1. Wesere. Wolmereis. Wulmcrsum. 109 sup. JForomia, IForemia; JForommes , fForumme, IFo- roime; JFormia; TFaremia; Warum. Waremme, en flam. IJorch-Worm. (F). 83. Wuronc. Voy. Buruncus. (Feodum) Wurtense. Le fief de WecrI. 78. Y. Yennes, Ynncs. Inès. Vov. 1. Inda. m. LISTE Des lieux situés aux bords de la Meuse. (Les noms de ces endroits ayant été déjà tous reportés dans les listes précédentes, nous nous bornons ici à les énumérer, en indiquant dans quelle table ils se trouvent). Amanium. 2. Ambesisum. 2. Andana. 1. Anbeia. 1. Anheve. 1. Anseromia. 1 . Aquiria. Voy. Auguria . Argenlel, Arkenteil, Erkentel. 1. ASPERA, Haspere, Aspre, Asple. 2. Auguria, Aquiiia. 2. AoGnsTA? Oost. 2. Bornon , Bornom, riv. 1. BonsoN, Bon>oM, Bornois. ï. Boviniacum. 1. Calcarics, Calchariae. 2. Camapia, Gaihpia, Jamapia. 2. Cannes. 2. Clarus-moDs. I . Daveles, Daules. 1. Deonaut. 1 . Engeih. 1 et 2. Esmeraude, Smaragdus. 1. Fleimala. 2, Flodne? Flona. 2. Gabelium, Givelium. 1. Godines. 1. 1. Harimala. I. 2. Harimala. 2. Haristallium. 2. Haspere, etc. Voy. Aspera. Hasteria. 1. HEKMtnTONES, Ermenton. 1. Herux? 1. 1. Hoius, Hoiolus, riv. 1. 2. Hoius. 1. Hulgiehes (?). 1 . Jamapia. Voy. Camapia. Jamneda, Jameda. 2. Jopila, Jopilla. I. Ledgia, Leggia , Legia. 3. Leodious-vicus, Leuticus vicus. 2. LiFOiA, Leffle, Leffia? 1. LiîfAiDM? Lenaie. 2. Liugas. 2. Mala-Ieuga. 2. Marka. 2. ISameka. 2. Namuco. 1 . Nivella. 2. Ore (abl.), Oire,Hoir. 1. Parfunde-vilie. 1 . Poilevaque. 1. 466 TABLES ALPHABETIQUES. Ponljres. 1. RiMEL, Ramey. 1. Raoïelhouz. 1. R,ip>i , Râpas, ou Repes, Repe? 2 (souâ ce dernier nom) Rikela. I. Sclacjns, Sclacins. 2. Scladinium. 1. Seillis (abl.). 2. Seranus. 1. Smaragdus. Voy. Esmeraude. Tieletuin , Teuledum. 2. TiETiASTicA , Tielantia, Tytanlia. 1. Trajectum. 2. Ujidriacdm? Umbracudi ? Umbracium, Umbray. 1. Veosato. 1 . Vicus. 2. Vineias, Vingitis, Viniacum. 2. Walciodorus ou Walciodorum? Walcliierre, Wachere. 1 . Wandria. 1 . Wepillon. 1. ERRATA. J'ai omis de dire, dans le Tableau des principaux auteurs et documeîits cites j que les pièces manuscrites relatives au pays de Naraur, auxquelles je me réfère souvent, m'ont été communiquées en extraits par M. Jules Borgnet, archiviste de la province de Namur. Page 59, ligne dernière. Lisez Arx Suvâ. 43 » 17. Avant le mot Oequier rétablissez le chiffre 3. 72 med. Au lieu de : Corhecçej lisez : Corbeccae. » 83 med. Au lieu de : « clausiira w; slagnum , lisez : >t clausura ; stagnuni u. V 97, ligne 7 en remontant. Au lieu de : donnée, lisez ; donné. 3> 100 )' 13. Supprimez le point et virgule qui suit le mot Eiuti. »i 102 B 9. Au lieu de Godeschalc, lisez : Godeschal. V 103 med. Au lieu de : mais le Belz qui est ici désigné est sans doute Geetz-Betz, c'est-à-dire Geel's-Betz, ou Betz- sur-ia-Gctte , lisez : mais le Betz qui est ici désigné doit être Geest-, ou Geet-, ou Geetz-Betz, c'est-à- dire, sans doute, Betz-sur-la-Gette. >' 1 19, ligne 5. Au lieu de : dans la section précédente , lisez : dans la première section de cette série. )■ 128 » 6. Au lieu de : surperflues, lisez : superflues. )' 130, art. Amay. Ponlhière n'est point vis-à-vis d'Ombret , comme nous l'avions cru d';iprèsla manière dont s'exprime M. Delvaux , mais sur la même rive et un peu plus haut. L'endroit n'est pas indiqué sur la carte de Van dermaelen en 25 feuilles ; dans celle de Ferraris le nom est écrit Reidmer : !) ■..^ TABLE DES MATIERES. Pages. Tableau des principaux auteurs et documents cités 5 Avant-propos ' Prehièrf, série. — I. Extraits des diplômes concernant les abbayes de Stavelot et de Mal- médy, qui sont publiés dans le tome II de r-.4m/)/iss«ma coZfeciiO 13 2. Extraits des diplômes concernant les mômes abbayes, qui sont publiés dans l'ouvrage de M. Rilz 33 Liste des biens sous l'ahbé Poppo et liste des biens dressée par ordre de l'abbé Wibald . . 45 3. Exlrails du Cantalorium ^0 4. Diplôme du roi Arnulphe et pièces parallèles 58 Noms divers C3 Deuxième série. — Première section. Noms contenus dans les Gesta abbatum Trudonensium. 6o Noms divers ^^ Z)eMx/ème sectio». Limites du comté de Brunengeruz 106 Troisième section. Exlrails des Gcsla abbatum Gemblacensium 109 Noms divers '25 Troisième série. — Noms modernes et anciens des principaux endroits situés au bord de la Meuse, depuis Givel jusqu'à Maestricbl 124 IjIstes ALrnABÉTiQUES. — Avertisscmenl ^ 37 Liste des lieux, cités dans ce mémoire, qui sont situés au sud et à l'est de la Meuse jusqu'à Visé 139 Liste des lieux, cités dans ce mémoire, qui sont situés au nord et à l'ouest de la Meuse. . 151 Liste des lieux situés aux bords de la Meuse, de Givet jusqu'à Maestricbt 163 Errata 166 FIK. 3 2044 093 257 830