Scorpii ....
4.0
239 26 37.04
- 18 48 7.76
16 5 17.15
- 19 5 54.1
+ 0.060
+ 0.03
2094
ç Ophiucbi . . .
4.5
244 17 15.74
- 16 5 25.12
16 22 35.65
- 16 16 50.6
+ 0.060
- 0.03
201(7
X Ophiucbi . . .
4.0
244 38 56.97
+ 2 52 22.59
16 25 21.34
+ 2 18 59.8
+ 0.090
- 0.06
2118
A Draconis . .
4.5
247 9
+ 69 17 50.65
10 28 18.07
+ 69 5 32.2
+ 0.075
+ 0.02
2115
a Herculis . . .
4.0
246 33 16.15
+ 42 57 20.22
16 29 16.15
+ 42 44 56.5
+ 0.050
+ 0.04
2150
x Ophiucbi . . .
4.0
250 56 27.94
+ 10 55 17.45
16 46 54.83
+ 10 24 58.8
- 0.015
- 0.04
2175
p. Draconis . . .
4.0
253 4 15.99
t 54 48 7.04
17 2 13.87
+ 54 40 6.9
- 0.120
+ 0.03
2184
Ophiucbi ....
4.5
256 0 44.34
-08 52.48
17 8 55.17
- 0 10 16.5
+ 0.075
- 0.06
2194
r/ Herculis . . .
4.0
237 4 21 .29
+ 53 22 44.52
17 11 47.24
+ 55 15 51.9
- 0.015
+ 0.02
DU SYSTEME SOLAIRE DANS L'ESPACE.
21
•3
3
175S
1850
MOUVEMENT
PROPRE
ÉTOILES.
en
en
0?
XI
a
Ascension droite.
Déclinaison.
Ascension droite.
Déclinaison.
ascension
déclinai-
S
o
2:
»
droite.
son.
2190
v Serpentis.
4.5
256°46' 0".75
-
12°34'30".56
17h12°23".66
- 12»41'20".4
+ 0".090
+ 0".03
2207
p Herculis .
4.0
258 48 37.93
+
37 23 8.12
17 18 30 68
+ 57 17 14.3
+■ 0.060
+ 0.02
2206
a Ophiuchi .
4.5
258 35 34.36
*
4 22 26.10
17 19 4.47
+ 4 16 29.9
+ 0.075
+ 0.02
2213
X Herculis .
4.5
260 12 41.91
+
26 18 42.89
17 24 40.60
+ 26 13 41.1
+ 0.015
+ 0.07
2225
8 Serpentis .
4.5
261 54 53.00
-
12 43 15.33
17 32 59.25
- 12 47 22.1
- 0.045
- 0.02
2256
6 Herculis .
4.0
266 57 54.84
+
37 17 49.22
17 51 6.67
+ 37 16 26.5
+■ 0.015
+ 0.05
2259
Ophiuchi . .
4.0
267 5 39.84
+
2 57 52.82
17 53 8.35
+ 2 56 55.5
+ 0.120
- 0.05
2281
o Herculis .
4.0
269 29 53.86
+
28 44 44.09
18 1 41.67
+ 28 44 44.1
+ 0.060
+ 0.02
2305
y. Lynœ .
4.5
272 49 14.11
+
35 58 9.27
18 14 56.45
+ 36 0 0.5
+ 0.030
+ 0.03
2376
8 Serpenlis .
4.5
281 0 38.28
ï
3 54 14.20
18 48 45.78
+ 4 0 47.1
+ 0.045
+ 0.10
2393
o Sagiltarii .
4.5
282 29 52.65
-
22 2 31.85
18 55 41.47
- 21 57 19.8
t 0.090
- 0.03
2447
x Cygni . .
4.0
287 51 30.39
+
52 55 53.17
19 13 37.99
+53 5 34.5
+ 0.105
+ 0.09
2167
Vulpeculae .
4.0
289 37 44.91
+
24 11 5.93
19 22 27.88
+ 24 21 55.0
- 0.155
- 0.09
2482
x Aquilae. .
4.0
290 55 51.42
-
7 33 5.13
19 28 49.24
- 7 21 25.0
+ 0.045
+ 0.02
2495
a Sagiltarii .
4.0
292 17 13.48
i
17 28 2.06
19 55 23.61
+ 17 40 23.4
+ 0.075
+ 0.03
2497
852
(d'où e =0,0454195)
i = â°25'38"
Log. « = 9.8G37724
(d'où «=0,750756)
Log. rév. sid. = 2,5582505
(d'où r = 228 j., 1 (39)
Les éléments ne représentent pas les ohservalions; ainsi, par exemple,
comme la révolution sidérale de Vénus est plus petite de 3j.,468, le relard de
la planète sur Vénus pendant 8 'j., ans (1759-4768) aurait pour effet de
produire une différence de 78° dans la longilude héliocenlrique de deux
astres. De même, de 4 740 à 1768, Vénus décrirait un arc de 273° plus
grand que celui de la planète dont Haase supposait l'existence pour expliquer
le satellite de Vénus.
Sixième hypothèse. — Webb2 dit qu'il n'est pas impossihle que l'astre vu
près de Vénus soit le résultat d'une réflexion atmosphérique ou mirage.
L'auteur croit se rappeler que Brewsler a vu une fois le croissant de la
lune dédouhlé. Cette hypothèse a élé reprise et développée par M. Thirion3.
D'après l'auteur, le satellite de Vénus proviendrait d'un dédouhlemenl de
l'image semhlahle à celui qui se produit dans les ohservalions de soleils
i Zeitschrift fur popùlare Mittheilungen, Bd. III, Heft. 1.
a Nature, XIV, 1870, p. 193.
3 Revues îles questions scientifiques, janvier 1885.
ÉNIGMATIQUE DE VÉNUS. 15
doubles rapportées par Bravais '. Dans ces observations, les deux images du
Soleil sont de la même grandeur, tandis que dans celle de Vénus le satellite
est beaucoup plus petit que la planète. Pour tourner celte difficulté, Fauteur
suppose que les extrémités de l'image sont réduites par une irisation. A cette
supposition, on peut répondre, avec M. Houzeau -, que celte irisation ne se
produisant que dans le sens vertical, on obtiendrait une image qui ne sérail
nullement une miniature de la planète. Ensuite, celte irisation diminuant le
diamètre de 12", l'image ne serait pas constamment réduite au quart de celle
de Vénus; dans l'observation de Montaigne, le 3 mai 1761, par exemple, le
diamètre de Vénus élail de 40", celui du satellite aurait été, d'après
l'hypothèse de M. Tliirion, de 28", tandis que l'observateur l'estimait à 10"
seulement.
Enfin, les deux images, la vraie et la fausse, doivent se trouver sur le
même vertical, or, contrairement à ce que croit M. Tliirion, celle condition
ne se réalise presque jamais dans les observations du satellite de Vénus. On
voit que celle hypothèse, pas plus que les précédentes, ne rend compte de ce
qui a été vu par les observateurs; aussi doit-elle être rejelée.
Septième hypothèse. — En 1878, iM. Houzeau5 s'était demandé si les
apparitions du satellite ne pourraient pas être attribuées à quelque planète
inlra-mercurielle, qui serait venue se placer accidentellement dans le champ
de la lunette avec Vénus. Quelques années plus lard, M. Houzeau a reconnu
que l'élongalion au Soleil de celte dernière planète, au moment des observa-
lions, élait trop grande pour qu'un pelit astre circulant à l'intérieur de
l'orbite de Mercure, ail pu venir se placer dans la direction de Vénus:
« l'explication, à laquelle j'avais cru un moment qu'il sérail possible de
recourir, dit l'auteur, est donc absolument inadmissible. »
Huitième hypothèse. — L'examen des observations a montré à M. Hou-
1 Mémoire sur les halos.
2 Ciel et Terre, 6e annéee, p. 48.
:1 Bulletin de l'A endémie royale de Belgique, t. XLVI, (1878), p. 9S1.
16 ETUDE SUR LE SATELLITE
zeau1 une singulière coïncidence : L'observation de Fontana du 15 novembre
1645, les deux observations de Cassini (25 janvier 1672 et 28 août 1686),
celle de Short (1740), celles de Montaigne (3 au 11 mai 1761), et enfin
celles de 1764 (astronomes de Copenhague et Montbarron), sont toutes
séparées par un intervalle de temps, multiple d'une période de trois ans
environ (en moyenne 2an!,96). L'auteur conclut à l'existence d'une petite
planète circulant dans une orbite un peu extérieure à celle de Vénus, et dont
la distance moyenne au Soleil serait 0,844, le demi-grand axe de l'orbite
terrestre étant pris pour unité. Malheureusement, cette hypothèse très ingé-
nieuse, soulève des difficultés telles que l'on est obligé de la rejeler comme
les précédentes.
Tout d'abord, l'observation de Short, (pie M. Houzeau conserve dans l'an-
cien style, encore en usage en Angleterre en 1740, doit être prise dans le
nouveau; la date, ainsi corrigée, se trouve être le 3 novembre, ce qui modi-
fie un peu la durée de la troisième et de la quatrième période. Ensuite, il
existe plusieurs observations (celles de 1759, 1761, [février, juillet el aoùl]
el celle de 1768) dont l'auteur n'avait pas connaissance quand il a écrit son
article; ces observations ne répondent plus à la période de trois ans. Puis,
comme la dislance moyenne de l'astre au Soleil diffère assez bien de celle
de Vénus, la vitesse angulaire diffère notablement aussi, de telle façon qu'il
aurait été impossible aux observateurs de voir les deux astres l'un près de
l'autre pendant sept mois, comme en 1761. Enfin l'hypothèse de M. Houzeau
se fonde sur ce que l'instant des conjonctions héliocenlriques des deux
astres diffère peu de celui des conjonctions géocenlriques; mais comme pour
une partie des observations Vénus élail en élongalion orientale el pour l'autre
partie en élongalion occidentale, cette différence est doublée, el l'on arrive au
nombre considérable de cent cinquante et un jours.
Pour résoudre la question, il aurait fallu supposer un petit astre circulant
dans une orbite dont le demi-grand axe aurait été égal à celui de Vénus,
1 Ciel et Terre, 5e année, p. 121.
ÉNIGMATIQUE DE VÉNUS. 17
mais dont l'excentricité, la longitude du nœud, l'inclinaison sur le plan de
l'écliptique et la longitude moyenne, s'écarteraient peu des éléments corres-
pondants de cette dernière planète; la longitude du périhélie, au contraire,
différant de 180° environ. Les calculs que nous avions entrepris pour déter-
miner une orbite satisfaisant à ces conditions, m'ont donné un résultat néga-
tif; ils reposaient sur les observations du 28 juin, du 19 juillet et du 5 août
1761. En examinant de plus près cette dernière, nous avons été conduit à
rechercher quelle était l'étoile dont parlaient les observateurs; celte recherche
nous a fourni des résultats tout à fait inattendus et que nous allons rapporter;
mais auparavant nous estimons qu'il serait indispensable d'indiquer la posi-
tion de Vénus à l'instant des observations.
Le premier tableau construit dans ce but renferme :
1° La date, l;
2° La longitude héliocentrique réduite à l'écliptique, t>, ;
5" La latitude héliocentrique, s;
4° Le rayon vecteur, r;
5° Le rayon vecteur projeté sur l'écliptique, r,;
6° La longitude du Soleil, O;
7° Le rayon vecteur de la Terre, R;
et 8* La différence v, — ©.
Les coordonnées héliocentriques de Vénus et les coordonnées géocentriques
du Soleil ont été calculées au moyen des Tables de Leverrier '.
Le rayon projeté se déduit de
r, = r cos s.
Le deuxième tableau contient :
i • La date, / ;
2* L'élongation de Vénus, _|° — ©;
ô* La longitude géocenlrique de Vénus, P;
4" La latitude géocenlrique, A;
5° La distance de Vénus à la Terre, A;
6" Cette distance projetée sur le plan de l'écliptique, A,;
7* Une colonne indiquant si Vénus était étoile du soir ou du matin;
et 8° Le diamètre apparent de Vénus, d.
l Annales de l'Observatoire de Paris, Mémoires, t. IV et VI.
Tome XLIX. 3
18 ETUDE SUR LU SATELLITE
Les coordonnées géocenlriques se déduisent du premier lableau à l'aide du
système
A, sin ( JJ — G )=r, sin (>•, — ©)
A, cos ( ..
c
o
>^
m
ci
Rayon vecteur
accourci
Longitude
du Soleil
O
Rayon vecteur
de la Terre
R.
«•.-o
1
1615 novembre II. 61' . .
507°24'
-2" 45'
0,7285
0,7275
229» 45'
0,9884
77-39'
j
1645 novembre
15. 01'. .
314 31
-2 58
0,7282
0,7272
255 48
0,9875
80 43
5
104.) décembre
23. 5' . .
17 59
-2 47
0,7249
0,7240
274 27
0,9851
103 32
4
1010 janvier 22
. . 6'' . .
62 55
-0 56
0,7212
0,7212
502 58
0,9848
119 57
5
1072 janvier 24
. . 19''. .
162 19
+3 23
0,7193
0,7180
305 13
0,9851
217 0
li
1080 août 27
. . 10''. .
58 53
-0 53
0,7211
0,7213
155 0
1 ,0091
205 50
7
1740 novembre
2 . 19''. .
86 13
+0 42
0,7196
0,7196
221 15
0,9907
225 0
8
1759 mai 20.
• • «"V
137 39
+3 2
0,7184
0,7174
59 27
1,0129
78 12
il
1701 février 10
. . 71'. .
69 21
-0 18
0,7207
0,7207
322 21
0,9877
107 0
III
1701 lévrier 1 1
. 7'' r .
70 57
-0 12
0,7200
0,7206
323 22
0,9879
107 33 !
11
1701 lévrier 12
7'1 . .
72 54
-0 7
0,7205
0,7205
324 22
0,9881
108 12
li
1701 mai 3.
■ >>"■/.■
202 22
+2 41
0,7219
0,7211
43 32
. 1,0094
158 50 ,
15
1701 mai 1.
. 9*7,-
203 58
+2 37
0,7221
0,7213
44 30
1,0090
159 28
14
1701 mai 7.
. 9-",.
208 46
+2 25
0,7225
0,7219
47 24
1,0103
161 22 ;
15
1761 mai 11.
. 9h . .
215 11
+2 9
0,7250
0,7223
51 16
1,0112
163 55 !
16
1761 juin 6.
. 01' . .
256 0
-0 5
0,7264
0,7264
75 50
1,0135
180 10
17
1761 juin 27.
. 15». .
290 14
-1 59
0,7281
0,7277
96 29
1,0168
193 45 '
18
1761 juin 28.
. i:;1'. .
291 49
-2 5
0,7281
0,7270
97 26
1,0108
194 23
19
1761 juin 29.
. 13''. .
293 24
-2 8
0,7282
0,7277
98 23
1,0168
195 1
20
1761 juillet 18
. 13'' . .
523 19
-3 10
0,7281
0,7270
116 25
1,0160
206 54
"21
1761 août 4
• 13"7.-
230 18
-5 22
0,7271
0,7258
132 42
1,0159
217 56
22
1761 août 7
. 14» . .
555 7
-5 19
0,7260
0,7254
135 57
1,0134
219 30
23
1761 août 11
. 13". .
1 24
-3 14
0,7263
0,7231
139 25
1,0126
221 59
21
1761 août 12
. 13h. .
3 0
-3 12
0,7262
0,7250
140 22
1,0124
222 58 .
25
1764 mars 5
. 01'. .
38 49
-0 55
0,7215
0,7214
345 40
0,9926
75 9
26
1764 mars 4 .
01' . .
60 26
-0 50
0,7214
0,7215
344 40
0,9929
75 46 :
27
1764 mars 9 .
• O" '/,.
68 50
-0 22
0,7207
0,7207
349 41
0,9942
78 49 .
28
1704 mars 10
■ 6»'/,-
70 7
-0 16
0,7206
0,7206
550 41
0,9945
79 26
29
1764 mars 11 .
■ 6".1/..
71 44
-0 10
0,7205
0,7205
351 42
0,9948
80 2
30
1764 mars 15
7'' . .
78 15
+0 15
0,7201
0,7201
335 42
0,9959
82 33
31
1764 mars 28 .
• 7"7v
99 18
+1 25
0,7190
0,7187
8 36
0,9998
90 42
32
1764 mars 29 .
• "'"/s-
100 55
+1 50
0,7189
0,7186
9 35
0,9999
91 20
33
1768 janvier 3
. 18h. .
145 12
+3 12
0,7186
0,7174
285 30
0,9835
221 42
20
ETUDE SUR LE SATELLITE
TABLEAU III.
U
■a
u
DATE.
1 O
es
ai i
c '
° Q-s
If ■
5b c ^y
c . .
51*51'
261» 36'
-1"29'
1 ,3472
1,5467
s.
i3';s
2
1645 novembre
15. 6b . .
55 0
266 48
-1 59
1,3180
1,3175
s.
13,7
5
1645 décembre
25. 5h . .
40 52
315 18
-1 53
1,0765
1,0760
s.
16,6
■4
1646 janvier 22
01' . .
44 59
347 57
-0 29
0,8840
0,8839
s.
19,9
5
1672 janvier 24
. I!lh . .
46 24
258 49
+4 4
0,5996
0,5980
M.
28,8
6
1686 août 27.
. 16* . .
37 5b
117 50
-0 33
1,1757
1,1757
M.
13,3
7
17-40 novembre
2 . Kl1'. .
46 55
174 39
+0 43
0,7008
0,7007
M.
24,8
8
1759 mai 20. .
• «h3/,-
31 12
90 59
+1 36
1 ,3361
1,5556
S.
13,4
9
1761 février 10
. 7h . .
41 34
3 56
-0 13
1 ,0386
1,0386
S.
17,1
10
1761 février 11
. 71' . .
41 44
5 6
-0 9
1,0319
1,0319
S.
17,2
II
1761 février 12
. 7h . .
41 54
6 16
-0 5
1,0251
1,0251
s.
17,3
12
1761 mai 5 .
• 9h'/,-
37 42
81 14
-4 52
0,4272
0,4258
s.
39,9
15
1761 mai 4 .
• 9hl/.-
37 8
81 58
-4 30
0,4204
0,4191
s.
40,6
14
1761 mai 7 .
■ 9h'/,-
35 15
82 59
+4 22
0,4007
0,5995
s.
42,5
15
1761 mai 1 1 .
. 9h . .
52 15
83 31
+4 8
0,5760
0,3750
s.
45,2
16
1761 juin 6 .
. O1' . .
0 25
75 27
-0 13
0,2580
0,2380
D
58,4
17
1761 juin 27.
. 15'' . .
29 10
67 19
-4 3
0,5559
0,3550
M.
47,7
18
1761 juin 28.
. 15h . .
50 5
67 21
-i 8
0,5615
0,5606
M.
47,0
19
1761 juin 29.
. 15». .
50 59
67 24
-4 14
0,3672
0,5662
• M.
46,5
20
1761 juillet 18
. 13h . .
41 48
74 57
-4 39
0,4948
0,4931
M.
34,6
21
1761 août 4.
. 15"'/4.
45 19
87 27
-5 56
0,6248
0,6235
M.
27,4
22
1761 août 7 .
. 14'' . .
45 29
90 9
-3 45
0,6485
0,6472
M.
26,7
25
1761 août 11.
. 15h . .
45 41
93 44
-3 28
0,6793
0,6780
M.
25,6
24
1761 août 12.
. 15'' . .
45 45
94 39
-3 24
0,6871
0,6859
M.
25,3
25
1704 mars 5.
. . 6''. .
50 58
14 18
-0 29
1,3687
1,5686
S.
13,1
26
1764 mars 4.
. 6'' . .
30 51
15 32
-0 26
1,3634
1 ,5653
S.
13,2
27
1764 mars 9.
• 6""/,.
31 58
21 38
-0 12
1,3563
1,3563
S.
13,6
28
1764 mars 10.
. . 6"'/,.
32 9
22 51
-0 9
1 ,5309
1,3309
s.
13,6
29
1764 mars 11.
. 6"'/,.
32 23
24 3
-0 5
1,3253
1,3255
s.
15,7
50
1764 mars 15.
. 7'' . .
33 15
28 57
+0 9
1,3025
1,3025
s.
15,9
51
1764 mars 28.
• Th7,-
35 57
44 33
+0 50
1,2242
1,2241
s.
14,7
52
1764 mars 29.
■ • 7"'/,.
36 9
45 44
+0 53
1,2179
1,2177
s.
14,8
55
1768 janvier 5
. . 18'' . .
46 50
256 40
+3 30
0,6425
0,6543
M.
26,4
knk;matiquk de venus.
TABLEAU IV.
24
DATE.
ASCENSION DROITE
en temps.
DECLINAISON.
5
b
7
8
9
11)
11
1"2
13
14
15
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
1672 janvier 24.
1686 août 27. .
1740 novembre 2
1759 mai 20. .
1761 février 10.
1761 février 1 1 .
1761 février 12.
1761 mai 3 . .
1761 mai 4 . .
1761 mai 7 . .
1761 mai 11 . .
1761 juin 27. .
1761 juin 28. .
1761 juin 29. .
1761 juillet 18 .
1761 août 4 . .
1761 août 7 . .
1761 août 11. .
1761 août 12. .
1764 mars 3. .
1764 mars 4. .
1764 mars 9. .
1764 mars 10 .
1764 mars 11 .
1764 mars 15 .
1764 mars 28 .
1764 mars 29 .
1768 janvier 3.
.19*. .
16* . .
19* . .
8*'/,.
9"'/,.
9"'/,
9". .
9h. .
15* .
15''. .
15*. .
131'. .
13"'/,.
14''. .
13'' . .
13" . .
6". .
6". .
6"'/,.
6"'/,.
6"'/,.
7>'. .
'"'/,•
7"'/,.
18*. .
258" 12'
119 28
175 21
90 43
3 41
4 44
5 47
80 7
80 26
81 25
82 43
66 12
66 16
66 20
73 52
87 18
90 11
93 57
94 54
13 21
14 28
20 4
21 12
22 18
26 51
41 49
42 59
235 12
I7*12">48'
7 57 52
11 41 24
6 2 52
0 14 45
0 18 56
0 23 8
5 20 28
5 21 46
5 23 40
5 30 52
4 24 47
4 25 4
4 25 20
4 55 28
5 49 13
6 0 44
6 15 50
6 19 36
0 53 24
0 57 53
1 20 15
1 24 48
1 29 12
1 47 25
2 47 17
2 51 59
15 40 49
-18» 57'
+20 H
+ 2 48
+25 4
+ 1 22
+ 1 53
+ 2 25
+27 42
+27 40
+27 34
+27 27
+17 34
+17 29
+17 24
+17 57
+19 30
+19 44
+19 57
+20 0
+ 5 13
+ 5 44
+ 8 20
+ 8 51
+ 9 22
+11 15
+17 1
+17 25
-16 1
22 ETUDE SUR LE SATELLITE
EXAMEN DÉTAILLÉ DES OBSERVATIONS.
A août 1761. Observation de Roedkioer et Boserup. — D'après le
tableau IV, nous avons pour le & août 1761, à 13'' 15"' :
1761 /« = SHO-lô' o = -+- 19»50'
ce qui nous donne pour l'équinoxe de 1855,0
.41 = 5''54ra47' S= -+- 19°51'.
On en déduit, pour la position de l'étoile dont parlent les observateurs,
comme A/K = + 5S et Ad = -f- 8'
1855,0 /R = 5''54™52- 8 == -i- I9"Ô9'.
Or, nous trouvons dans le Catalogue de la Bonner Durchmusterung une
étoile de 5e V, grandeur (&, Orionis), dont la position est
1855,0 /fi = 5''54m52s B = -t- 19°41'.
La petite différence de 2' dans la déclinaison est assez faible pour que
nous puissions reconnaître dans cette étoile, celle qui est renseignée par les
astronomes de Copenhague.
Comme pour le satellite A.* = -f 24s et A3 = -f- 0°33' nous avons
d 855,0 /fi = 5h55™Hs S = -*- 20°4'.
Tout près de cette position, nous trouvons une étoile de 5e grandeur
(x4 Orionis) que les observateurs auront certainement prise pour le satellite ;
les coordonnées équaloriales de cette étoile sont :
1855,0 A\. = Su55°,i9s o = -+- 20°8'.
En jetant un coup d'oeil sur la figure 1, on se rendra compte de celte
coïncidence très remarquable.
EMGMAT1QUE DE VÉINUS. 23
Celte carie est construite à l'échelle de l,nm environ pour 1'. Vénus y est
représentée avec sa phase, mais son diamètre est quadruplé. L'étoile dans la
position où elle a été observée est marquée par le signe o, et le satellite
est désigné par ©. Cette carte est construite d'après le Catalogue de la
Bonne?' Durchmunsterung,
On remarquera (pie les différences entre les déclinaisons calculées et les
déclinaisons observées sont toutes de même signe, et d'autant plus grandes
(pie les distances mesurées sont elles-mêmes plus grandes, ce qui semble
incliquer une connaissance imparfaite de la valeur d'un lourde vis du micro-
mètre. La même remarque s'applique à l'observation du 7 août 1761.
Comme le lecteur pourrait douter de la possibilité de voir de faibles étoiles
dans le voisinage de Vénus, avant de pousser plus loin cette analyse, nous
allons rapporter quelques observations que nous avons faites dans le courant
du printemps dernier, de Péquatorial de l'est de l'Observatoire de Bruxelles
(ouv. = 0m,15) muni d'un grossissement de 80.
Le 12 mars 1887, à 7h10"' du soir, nous avons vu l'étoile DM. -+■ 5°120
de 8e grandeur à 30' environ de Vénus; cette planète était alors à 6° environ
au-dessus de l'horizon.
Le 14 mars, à 7I,15"', nous avons vu l'étoile DM. + (i°185 de 8"',2 à
50' environ de Vénus.
Le 22 mars, à 7h20'", nous avons aperçu l'étoile DM. -f 10°242 de
9e grandeur à la distance de 40' environ de Vénus.
L'étoile DM. + 10° 255 de 8e grandeur était bien visible à 35' de la
planète.
Le 23 mars, nous voyons à 5' ou 6' de Vénus une étoile de 8e grandeur
(DM. -J- 10°257). Le crépuscule était encore très fort.
24 ÉTUDE SUR LE SATELLITE
Le .9 avril, deux étoiles de 9e grandeur élaienl visibles près de Vénus.
Celaient DM. + 18°439 et DM. -f 17u523; la première était à 6' ou 7' de
la planèle.
2 novembre il 40. Observation de Short. — Les coordonnées équato-
riales de Vénus sont pour le 2 novembre 1740, 19h:
1740 Ai = HH*mn- S = -+- 2048'.
et
1855,0 Ai = HW-W 8 = -h 2*10'.
L'étoile DM. -f- 2°2493 (8e Vs grandeur) pour le même équinoxe se trou-
vait dans la position
A\ = -Hh47m38' o = -i- 2°7'.
La distance de Vénus à celte étoile était donc de 7', et l'angle de position
par rapport à l'équateur — 26°.
Short dit (pie la distance du satellite à Vénus était de 10' environ, mais
remarquons qu'il y a une certaine incertitude sur l'heure ', et comme le mou-
vement horaire de la planète était de 2*4', la différence de 3' pourrait s'ex-
pliquer2.
Remarquons cependant que le texte français, où se trouve rapportée l'ob-
servation, place le satellite au nord-ouest de Vénus, tandis que l'étoile se
trouve au sud-est dans une position diamétralement opposée. Cette objection
aurait été grave, si le texte anglais avait donné la même position que le texte
français; mais il n'en donne aucune, et comme l'auteur du deuxième ne reçut
ces renseignements que de seconde main, il est très possible qu'une erreur s'y
soit glissée : ou l'on n'aura pas tenu compte du renversement des images dans
le télescope, ou il en aura été tenu compte deux fois.
* Schorr, loc. cit., pp. 66 et 68, place l'observation de 5 à 6 heures du matin.
2 Quant à la petite différence entre l'angle de position estimé par l'observateur et celui
que donne le calcul, elle diminue encore en réduisant l'ascension droite de Vénus de 3'.
ÉNIGMATIQUE DE VÉNUS. 25
L'observateur donne un diamètre sensible et une forme allongée' au satel-
lite, ei cette remarque pourrait faire douter de la possibilité d'expliquer celle
apparition par la présence d'une étoile. Mais remarquons qu'il suffit que la
lunette ne soil pas mise exactement au point, qu'un peu de huée soit déposée
sur l'oculaire pour donner une grandeur sensible el une forme un peu ovale
à l'éioile. L'imagination aidant, l'observateur aura attribué à l'astre qu'il
voyait la même phase (pie celle de Vénus.
Sur la figure 2.
V est la position de Venus à 18h;
V est la position de Vénus à I !lh :
S, est la position du satellite à I81';
S, est la position du satellite à Ht1';
S' est la position du satellite à I!)1' d'après le texte français:
et ic la position de l'étoile DM -+- 2°2493.
10, 1 1 ri 12 frimer 1761 . Observations de La Ghange. — Il est regret-
table que nous ne connaissions pas la position du satellite par rapport à
Vénus, car pour chacune de ces trois dates nous trouvons une étoile dans le
voisinage de celte planète. Voici pour l'équinoxe de 1855,0 la position de
Vénus et de chacune des étoiles :
10
février .
•II,
AR = 0" 1 9mdi>
ar = oMirSo''
3 = -+- 1»Sô'
3 = -+- 2° 0'
II
février .
■•■il.
A\ = 0l|-.'3m45'
.41 = 0ll23m 5!
5 = -t- 2°2V
B = -+- 2"27'
[ °
A\ = {)h27-h7'
o = -t- 2°o6'
1-.'
février .
*, = DM.
*, = DM.
A\ = 0h26m59'
h- 2°5V 7m,7
-+- 2°o8 8"',3
3 = -t- ."" 0'
*, = DM. + 3"6S 8m,7
La figure 3 représente la région du ciel que Vénus traversait au moment
des observations.
1 Voir flans V Encyclopédie (Ven-Z, p. 840) le fac-similé d'un eachel dont se servait Short
et sur lequel était "rave l'aspeet du satellite.
Tome ALIX. i
26 ÉTUDE SUR LE SATELLITE
5, 4, 7 et II mai 1761. Observations de Montaigne. — La tigure 4
nous montre qu'ici encore l'observateur a pris des étoiles pour le satellite de
Vénus. Pour la première observation seulement, il y a un écart notable
entre la position donnée par Montaigne et celle de l'étoile; mais, la distance
et l'angle de position étaient simplement estimés par l'observateur, et l'on sait
combien ces déterminations à simple vue sont sujettes à erreur, surtout en ce
qui concerne l'angle de position.
Il peut paraître étrange, à première vue, que .Montaigne ne parle pas des
étoiles qui étaient très voisines de Vénus le 4 et le 7 mai, mais il est pro-
bable (pie c'est précisément celle proximité qui aura empêché l'observateur
de les apercevoir.
Nous donnons ci-dessous les positions de Vénus et don étoiles, réduites à
l'équinoxe de 18'55,0
i 0 .« = D,,2 mai \
\ •, A\ = hWlity o == + 27-5V
O Ai = ol,27n,58' 3 = -+- 27°4j>'
•, .-15 = &'i6mW 3 = -+- 27-54'
A\ = h]'ô\m5-2' o = -h 27°59'
• _. .« = .'ill.)-Jm;i(i- o = ♦- 27°4i'
© /« = o"'56ra44' o = + 27-32'
• -, /fi = d'^'j-Id' l =-- i- 27°40'
• , = DM. -+- 27"80.j,0 Ai = 4"a8™53' S=-t-18°27',
L'observateur dit i|ue le satellite était à 40 rayons de Vénus, à partir de
cette planète, comme son diamètre était 35" environ, celte dislance se trouve
êlre à peu près de 12'. Or la distance o — • ~ 37' environ, soit à peu près
le triple de ce qui a été observé.
Remarquons d'abord combien il est difficile d'estimer une dislance avec une
unité aussi petite et de plus, le moyen d'évaluation employé par Rœdkiaer
est extrêmement défectueux, comme le prouvent ces deux observations :
Le 23 mars 1887, en observant Vénus à l'aide de l'équatorial de l'Est de
l'Observatoire de Rruxelles, nous avons vu près de celte planète une étoile de
8e grandeur. Sa distance était d'environ 9 diamètres de Vénus, soit l'40".
Mais celle même distance, eslimée en fraction du champ, a été trouvée de
5' ou 6'. D'après la position de Vénus sur la sphère céleste, c'est cette
dernière évaluation qui était la vraie.
Le 9 avril de cette année, en observant dans les mêmes conditions, nous
avons vu une petite étoile que nous trouvions être à la distance de 12 à
15 diamètres de Vénus, soit — - comme ce diamètre était de 12" — à 2', 5
de la planète; or, la distance vraie était de 7'.
i Philosophkal Transactions for theyear 1764, p. 283.
- Ces observations sont citées par Haase, toc. cit.
ÉNIGMATIQUE DE VÉNUS. 29
.Nous voyons donc qu'on estimant l'éloignemenl en fonction de la gran-
deur de la planète, nous arrivons à un résullat à peu près trois fois trop
faible, et eu mulliplant par 3 la dislance donnée par Rœdkiajr, nous retrou-
vons précisément celle qu'indique le calcul.
Il est donc parfaitement admissible que c'est l'étoile m Tauri que l'obser-
vateur danois a pris pour le satellite de Vénus. Voir ligure o.
7 août 1764 . Observation de Roedki^r. — Nous avons pour les coor-
données équatoriales de Vénus
1701 M = tiMT'*4' o=-HllJ"i4\
ce qui donne
1853,0 & = 6l'6'°l7• S = -h I9°44'
la position du satellite par rapport à Vénus étant
li/& = — 9' et AS = — 0°30',
nous aurons pour le satellite :
1855,0 .* = C^-S- S = -t- 19*44'.
Pour cet équinoxe, les coordonnées de l'étoile 71 Orionis (6e grandeur)
sont
1855,0 ,0' S = -+- 19*12'.
La différence de 12s sur l'ascension droite provient, d'après nous, de
l'incertitude qui existe sur l'heure de l'observation, le mouvement horaire
de Vénus étant de -J- 10s. Quant à la différence de 2' sur la déclinaison,
nous avons montré plus haut à quoi on peut l'attribuer (fig. 6).
// août 1761 . Observation de Roedki^r. — L'observateur ne donne
pas la différence entre les coordonnées de Vénus et celles du satellite. Il est
30 ETUDE SUR LE SATELLITE
très probable que c'est l'étoile v Geminorum (4e '/s grand.) que lîœdkiaîr
aura prise pour le satellite ' (fig. 7).
12 août Il 64 . Observation de Roedki/er. — La même remarque s'ap-
plique à celle observation; c'est sans aucun doute DM. -f- 19°1391 (7egrand.)
qui aura été observée a (même figure).
15, 28 et 29 mars 4764. Observations de Montbarron. — Le 15 mars,
dans la direction qu'indique l'observateur (il ne donne pas la dislance), nous
trouvons une étoile : DM. + H°262 (8e1/, grand.) dont la position est
1835,0 A = l"52m32' el B = -t- 1 1 "4 1 ;
la position de Vénus était
1855,0 ,R = l "32-15' S = -+- I l°42.
Voir figure 8.
Le 28 mars nous trouvons également une éloile (DM. -f 4 7 "4 71) de
7e grandeur et dont les coordonnées sont pour 1855,0
yfi = 2"52-25' 8 = -+- 17-25'
celles de Vénus étant pour le même équinoxe
.41 = 2h25"22' 8 = -+- 17°23'.
Le 29 mars, dans la direction qu'indique l'observateur il n'y a pas d'étoile,
i On a :
O /fl = (i'^l-'-id- S = h- 19055'
1855,0
- Pour le 12 août :
l O .-R = tibi>'ll' S = + 19»57'
( * /A = e'^e^li' 8 = -t- 19"32'.
ÉNIGMATIQUE DE VENUS. 51
cependant on en trouve une (DM. + 170°493) de 6P ' ;, grandeur dans le
voisinage de Vénus (fig. 9).
Pour nous il n'y a pas de douie que, dans les (rois observations, Mont-
barron aussi ait pris des étoiles pour le satellite de Vénus. L'observateur ne
pensait pas être en présence d'une étoile, parce (pie l'astre qu'il voyait ne scin-
tillait pas, mais c'est un fait fréquent (pie de ne pas voir les étoiles scintiller
dans les télescopes ou les lunettes.
3 janvier 1768. Observation de Horrebow. — Les coordonnées équalo-
riales de Vénus étaient le 3 janvier 18h (T. Ri. de Paris) 17ï.
ENIGMATIQUE DK VENUS. r>3
sur le satellite de Vénus par Horrebow et Rœdkiser à la Société des sciences
de Danemark.
5° Mars I S(rl . Observations de Roedki.ck, etc. -- Ces apparitions sont
les plus difficiles à expliquer. On a cherché si Uranus ne se trouvait pas près
de Vénus lors des observations.
Le 4 mars les coordonnées d'Uranus étaient
I ; 64 ^ = I5"I8' A = — 0»37',
celles de Vénus
1764 JJ = lou5ii' 1 = — 0"2G',
ce qui l'ail une dislance de 16' tandis que celle qu'indique l'observateur est
tout au plus de 0',5. H nous parait impossible que l'observateur ait commis
une erreur aussi grande; il faut cependant remarquer que l'angle de
position correspond bien à celui que donne Rredkiaer. Le 4 0 et le 11 mars
on trouve une étoile de 9e '/, grandeur près de Vénus, mais il est peu vrai-
semblable qu'un astre aussi faible soit visible très près de Vénus.
Tome XLIX.
APPENDICE.
TEXTES ORIGINAUX RELATANT LES OBSERVATIONS
DU SATELLITE DE VÉNUS.
I«45-1«4«.
OBSERVATIONS DE FONTANA.
Ces observations nm éié décrites dans les Novœ cœlestium terrestriumque rerum
observationes de Fontana, Traclatùs qutntùs, capnt II. Cet ouvrage, qui est très rare, ne
se trouve pas en IV Igique et je dois ces textes à l'obligeance de M. Weiss, directeur de
l'Observatoire de Vienne.
Observatio secundo Veneris.
Die 1 I. Novembris anno !64o. hnra ab occasu solis prima.
Veneris (igùra variala respeclu antecedentis deprebensionis observabelùr. Item in
medio eorpore ejusdim, pilula quœdam punicei adumbrali coloris apparebat, et est nova
deprehensio, ùsque adeo ignota (fig. II).
Observatio III. Veneris.
Die 13. ïNovemb. anno 1645. Hora ab occasù Solis prima in circa.
Conspiciebatur Venus, cujùs convexa superficies ad parabolicarn Ggù.ram accedebat; ;ii
per superficiem concavam ab ipsa parabolica figura secernebalur, l'indique radios emi tiens.
Singùlœ singulis Veneris cornibùs due stelle ejusdem punicei adùmbra i coloris, quasi
conlermmœ intuebanlur.
Et quanqiiamboc Veneris phenomenon ex opiica, si Venus spherica sit liïmenquc a Sole
recipiat, non videatùr posse substistère : adbùc tamen apparentia vera est. Quare sicut
Lunam, positis apparentiis non perfectam spbericam dicimùs, atque in se ipsam converti;
iia dicendùm est, aùt Venerem, non esse spbericam, ut supra insinuatùm est, aut illos glo-
bùlos, seu s(ellas,quœ Venerem comitantùr, cum se ante Veneris eornua collocant, efficere,
36 ETUDE SUR LE SATELLITE
ut Venus non acuminatis, sed oblusis, et veluti trùncatis cornibùs affùlgeat, aut, et melius,
radiorum multitudinem impedite perfectam cornùùm terminalionenrconspici posse(lig. 12).
Obscrvatio IV. Veneris.
Die 2o. Deccmb. anno 1645, hora ab occasu Solis prima in circa.
Non duo, ut in prœcedenli deprehensionc, sed unicùs lanlùm globulns, seù Stella in
parte superiore convexa Veneris collocalur, observalur (fig. 13).
Obsercalio V. Veneris.
Die 22. Janùarii 1646 a Solis occasù sesquihora.
Venus paucis radiis septa, sed acùminatioribus cornibùs, ad avern formant accedentibus
deprehendebatùr; globùlùs \cl pilùla, versus Veneris cou avani superiieiem inlùebalùr »
(lig.H).
I«î*.
OBSERVATION DE CASS1N1.
Celle observation se trouve mentionnée dans les Mémoires de l'Académie royale des
sciences, t. VIII, 1730, p. 245.
Cassini la rapporte dans son mémoire sur la Découverte de ta lumière céleste qui paroist
dans le Zodiaque.
« ... J'avois veù une apparence semblable qui imitoit la phase de Vénus le 25. janvier de
l'an 1672. depuis 6. heures 52. minutes jusqu'à 7. heures 2. minutes, quand la clarté du
crépuscule la fit évanouir. Vénus estoil alors en croissant, et ce phénomène qui estoit
égal à peu près à la quatrième partie du diamètre de Vénus, estoil aussi eh forme de
croissant. Il esloit éloigné de la corne australe du diamètre de Vénus, du eosté de
l'Occident.
» Dans ces deux observations j'ay douté si ce ne serait pas un salellile de Vénus qui scroit
d'une consistance moins propre à réfléchir sa lumière du Soleil et qui auroità peu près la
même proportion à Vénus que la Lune à la Terre, estant à la même distance du Soleil et
de la Terre, que Vénus dont il imiteroit les phases Mais quelque recherche que j'ave faite
après ces deux observations, et en divers autres temps, pour achever une découverte de si
grande importance, je ne l'ay jamais pu voir que ces deux fois. C'est pourquoi je suspends
mon jugement sur ce phénomène. S'il revient plus souvent on aura ces deux époques, qui
comparées aux autres observations pourront servir à trouver les règles de son retour, s'il
se peut réduire à quelque règle. »
ÉNKiMATlQUE DE VENUS. 37
• «*«.
OBSERVATION DE CASSIINI.
Cette observation est rapportée dans le même ouvrage que la précédente el à la même
page.
« ... Le 28. Aoust à 5. heures 4o. minutes du matin je ne vis rien dans la lumière diffé-
rent de ce que j'avois veù le jour précédent. A 4. heures 15. minutes en regardant Vénus
par la lunette de 34 pieds, je vis à trois cinquièmes de son diamètre vers l'Orient une
lumière informe, qui sembloit imiter la phase de Vénus, dont la rondeur estoit diminuée
du costé de l'Occident. Le diamètre de ce phénomène estoit à peu près égal a la quatrième
partie du diamètre de Vénus. Je l'observa) attentivement pendant un quart d'heure et
après avoir interrompu l'observation l'espace de quatre ou cinq minutes, je ne la vis plu- :
mais le jour estoit grand. »
On trouve quelques lignes plus loin .
« Le 5. septembre à 5. heures du matin le ciel estant serein, j'emplnyav tout ce qui res-
toil de la nuit à chercher par la lunette tout autour de Vénus le phénomène observé le
18 mais je ne vis rien de semblable. Les nuits suivantes les nuages m'empesehèrent d'ob-
server la lumière, et de voir une Comète qui passa prés de son terme septentrional... »
On trouve identiquement les mêmes textes dans le Recueil d'observations faites en plu-
sieurs voyages... par MM. de l'Académie des Sciences, Paris, in-fol.
• 74©.
OBSERVATION DE SHORT.
Cette observation est mentionnée dans :
Philosophical transactions, vol. XL1. Part. 11. For ihe Years 1740, 1741. London,
1744, p. 646.
An observation of the Planet Vénus, (with regard to fier having a Satellite) made by
Mr. James Short, F. R. S. at Sunrise, October 25 '. 1740.
' Vieux style.
38 ÉTUDE SUR LE SATELLITE
« Directing a reflecting télescope of 16.5 inchcs focus, (with an apparatu? to follow
ihr diurnal motion) towards Vénus, I pcrceived a small Star pretty nigh lier; upon which
1 took another télescope of the same focal distance, which magnifeied about 30 or
(10 limes, and which was fitted with a micrometer, in order to measure ils distance from
Venus ; and found ils distance to be about 10°.2'.0' . '. Finding Vénus very distinct, and
consequenily the air very clear, I put on a magnifying power of 240 times, and, to my
great surprize, found this star on the same phasis with Vénus. I tried another magui-
fying power of 140 times, and even the found the star under the same phasis. Ils
iliameter seemed about a third, or somewhat Icss, of the diameler of Vénus; its lighl was
not so bright or vivid, but exceeding sharp and wcll dch'ned. A line, passing through the
centre of Vénus and il, made an angle with the equator of about 18 or 20 degrees.
» I saw il for the space of an hour several limes that morning; but the light of the Sun
increasing, I lost il allhogelher about a quarter of an hour afler eight. I hâve looked for
it every clear morning since, but never had the good fortune to see it again.
» Cassini, in lus Astronomy, mentions much such another Observation.
» 1 likewise observed two darkish spots upon ihe body of Vénus; for the air was excee-
ding clear and serene. •
On trouve quelques détails complémentaires sur cette observation dans :
Histoire de l'Académie royale des Sciences, 1741, p. 124. [Sur un satellite aperçu
auprès de la planète de Vénus.]
« ... Voilà où l'on en éloit sur le satellite vrai ou apparent de Vénus, lorsque M. Shorl,
écossais, également habile à construire des télescopes et à s'en servir pour les observations
astronomiques, revit enfin l'année dernière ce satellite, si c'en est un, dans les mêmes cir-
constances et avec les mêmes phases que M. Cassini a décrites. C'est ce que j'ai appris au
commencement du mois de janvier de cette année par M. Coste, auteur de la traduction
du livre de l'Entendement Humain de Locke, et de plusieurs autres ouvrages; j'en lis
part à l'Académie, et cette Compagnie me chargea de m'informer plus particulièrement
de celle observation et de ses suites et de lui en rendre comple. Mais par malheur la
nouvelle apparition du satellite de Vénus, trop semblable en cela aux deux premières, n'a
pas élé plus constante. M. Short n'avoit pu encore le revoir au mois de juin dernier. Son
observation fut faite à Londres le ô novembre 1740 au malin, avec un télescope par
rédexion de 16 '/2 pouces anglois et qui augnientoit 50 à G0 fois le diamètre de l'objet :
M. Shorl aperçut d'abord comme une petite étoile fort proche de Vénus, sur quoi ayant
adapté à son télescope un plus fort oculaire et un micromètre il trouva la distance de la
petite étoile à Vénus de 10 minutes 20 secondes. Vénus paroissant alors très disiincte-
' C'est une faute d'impression, la dislance étail I0'20".
KNIGMATIQUE DE VENUS. 39
ment et le ciel étant fort serein, il prit des oculaires trois on quatre fois plus forts, et
il vit avec une agréable surprise que la petite étoile avait une phase et la même phase
que Vénus; son diamètre était un peu moins que le tiers de celui de Vénus, sa lumière
moins vive mais bien terminée; le grand cercle qui passoit par le centre de Vénus et de
ce satellite, qu'il seroit difficile de qualifier autrement, faisoit un angle d'environ 18 à
"20 degrés avec 1 equateur, le satellite était un peu vers le nord et précédant Vénus en
ascension droite. M. Short le considéra à dilïérentes reprises et avec différais télescopes,
pendant l'espace d'une heure de temps jusqu'à ce que la lumière du jour ou du crépuscule
le lui ravit entièrement. Ces circonstances sont tirées d'une lettre de M. Turner, écrite de
Londres le 8 juin à M. Coste... »
De Mairan dit dans son Mémoire sur le satellite vu un présumé autour de la planète de
Vénus que l'observation du Short dura depuis 7 heures jusque 8 '/* heures.
fï59.
OBSERVATIOlN de mayer.
Cette observation est rapportée dans :
Berliner aslronomisches Janrbuch. (Zweyter Theil) 1778, p. 186. [Auszug aus deru
Tagebuche der Sternwarte zu Greifswald von Herrn Prof. Mayer.]
« 1759. Den 20 May im wahren Minage Z'-igte die Pendelhur 23"55'52",5 Abeuds,
uni 8 Uhr 45'50" sali ich ùber der Venus ein Kugelchen von viel geringerem Glanze,
ungefahr 1 ij-, Diameter der Venus von derselben entfernt.
KunftigeBeobachtungen werden lehren oh dièses Kugelchen ein optischer Schein oder
derTrabant der Venus gewesen. Die Beobachtungen geschach, durch ein gregorianisches
Femrohr von 30 Zoll Brennweite. Ich setzte sieeine halbe Stundc lang fort, und die Lage
des Kugelchen gegen die Venus blieb eben dieselbe, wenn gleich die Richtung des
Fernrohres geàndert wurde. »
40 ÉTUDE SUR LE SATELLITE
I7GI.
OBSERVATIONS DE LA GRANGE.
(les observations sont mentionnées dans :
Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, vie, I70.N>, l. XVII (Ven. — Z), dans
les articles omis, p. 858.
« Parmi les apparitions... une des plus remarquables est sans contredit celle du p. la
Grange, jésuite. Ce savant cultivoit à Marseille l'astronomie depuis nombre d'années;
muni d'excellens instruments et entr'aulres du télescope de G pies de foyer du p. Pezenas,
construit par M. Short en 1756, dont l'effet est de grossir 800 l'ois, cl égale celui d'une
lunette qui auroit 1000 pies. Son expérience reconnue et son exactitude dans les observa-
tions, rendent précieuses celles que nous allons rapporter.
» 11 n'y \it point de phase comme l'avoient apperçues tous les autres observateurs; et ce
qui n'est pas moins surprenant, c'est qu'il lui paru! que ce petit astre suivoit une route
perpendiculaire à l'écliptique. Cette direction qui par ce qui précède se concluoit des
observations de Limoges, parut si étrange au p. la Grange, qu'il ne fit point difficulté
d'abandonner toutes les conséquences qu'il avoil déduites de ses observations. Elles furent
faites des 10 au 12 février 1761, à trois jours différais. »
19G1.
OBSERVATIONS DE MONTAIGNE.
Baudouin engagea Montaigne de Limoges à s'appliquer à la recherche du satellite de
Vénus lors du passage de cette planète sur le Soleil, phénomène qui devait avoir lieu le
G juin 1761. Les observations sont rapportées au même endroit que les précédentes.
« II apperçut donc le 5 mai sur les 9 heures '/a d" soir, à environ 20 de distance de
Venus, un petit croissant assez foible et situé de la même manière que Vénus. Le dia-
mètre de ce petit croissant étoil à peu près le quart de celui de la planète, et la ligne
menée du centre de Vénus à celui de ce satellite faisoil avec le vertical de celte planète et
au-dessous d'elle vers le midi un angle d'environ 20°.
» Le lendemain 4 mai à la même heure notre observateur apperçutencore le même phé-
nomène, mais un peu plus éloigné d'environ 00" ou I ', et dans la partie septentrionale à
l'égard du vertical de Vénus avec lequel il faisoit un angle d'environ 10°.
ÉNIGMATIQUE DE VÉNUS. M
» Léo et le 6 on ne put faire aucune observation à cause d'un brouillard épais qui tenoit
l'atmosphère jusqu'à la bailleur de Vénus, dont on pouvait à peine observer le disque.
On fut plus heureux le 7, et l'on vit encorde satellite toujours à la dislance de 25 à 2(V du
centre de Vénus mais au-dessus d'elle vers le nord dans un plan qui passait par la pla-
nète, le satellite faisoit un angle de 45" avec le vertical de Vénus.
» Les jours suivants le satellite ne fut apperçu jusqu'au 11 du même mois, qu'il parut
encore vers 9 heures, toujours à-peu-près à même distance de Vénus et faisant un angle
de 45" avec le vertical mais dans bipartie meridionale.il est très- remarquable que le satel-
lite paraissoit également, soit que Vénus se trouvât dans le champ de la lunette avec. le
satellite, soit qu'elle ne s'y trouvât point ; mais qu'il l'appercevoit avec beaucoup plus de
facilité lorsque tenant Vénus hors de la lunette il y conservait le satellite. La faiblesse de
sa lumière était presque toujours absorbée en présence de Vénus
La lunette de M. Montaigne étoit dépourvue de micromètre, et toutes ses dis-
tances n'étaient fixées que par estime. »
La lunette de Montaigne avait. 2m,74 de longueur et grossissait 40 à 50 fois. (Arago,
Astronomie pop-, t. II, p. 559.)
1961.
OBSERVATION DE SCHEUTEN.
Cette observation a été publiée dans : Bcrliner aslronontisches Jahrbuch, 1778, zwcyter
Tbeil, p. 187.
« Auszug cines Scbreibens ans Crefeld, vom 14 Nov. 1775. Aus dem astronomisehen
Jahrbuche von 1777 sehc icli, dass die Astronomen nocb ungewiss sind : ob Venus einen
Trabanten babeoder nicht. Da ieh nun fur mich davon vôllig ùberzeugt bin,so theile hier
die Beweise meiner Ueberzeugung mit, weil sie mir wichtig genug zu seyn scheinen. Icb
luibe mit meinen Freunden den Trabanten durch ein gemeines Fernrobr binnen ôStunden
<"> tiers sehr deullich vor der Sonne sehen vorbeygehen.
» In meinem Mémorial finde icb davon folgendes :
» Im Jahre 1761 den 6 Jun. Vormittags um 5'/2 Uhr habe Venus in der Sonne geseben.
Von 8 bis 12 Ubr konnte man hier wegen der Wolken keine Beobachtungen anstellen.
» Um 12 Uhre sah ieh Venus ihr Môndgen in der Mitte der Sonnenscheibe. Uni o Uhr
war es beynahe auf dem Rande.
» Was wir binnen dieser 5 Stunden in der Sonne saben, konnte nicbts anders als der
Tome XLIX. 6
42 ÉTUDE SUR LE SATELLITE
Trabanl seyn. Er kam mir so schwarz, rund und distinct vor als Venus, aber viel kleiner,
ungefahr '/4 so gross.
» Er salie auch don Sonnenflecken, welche ieh \ ielmal gesehen, i:ar nichl àhnlich. Aucli
kam sein Lauf mitdem Laufe der Venus iiberein : er war aber eiwas gescliwinder.
» Daraus vermuthe ich, dass er an der Scile seines Weges, welche unserer Erde am
nâchsten war, und also nichl weit von seiner unlern Conjunction mit Venus gewesen
ist, welehes aueli verurfachte, dass der Trabanl schwàrzer sehien. Aus Mangel der Instru-
mente war ein grôsserc Genauigkeii nichl môglich, aber genug inicli von dem Daseyn
des Trabanten zu ûberzeugen. Ich halte es eher bekanni gemacht, vermuthete aber, es
wûrden ihn vicie gesclien haben.
» Zweytes Schreiben aus Crefeld vom 28 Dec. 1777.
» Es thut mir leid, dass ich aul' die an mich gerichteie Fragen keine ganz genugthuende
Anlwort geben kann. Halte ich bey meiner Beobachtung diesen Erfolg nur vermuihel, so
wùrde sie, so viel sich bey dem Mangel von Inslrumenten thuu liesse, genauer und
umslàndlicher aufgezeichnet worden seyn. Noch lebende Zeugen der Erscheinung sind
da. Ohne ctwas von der Astronomie zu verstehcn, sahen sie den Mond der Venus, nach
ihrem Ausdrueke, wie eine schwarze Erbsc in der Sonne. Dieser tlrnsland ist an und fur
sich unerheblich. Folgendes ist ailes, was mir môglich ist, von meiner Beobachtung noch
anzugebcn. Die ersle Beobachtung war un) 12 Uhr oder ein paar Minuien spâter, und
das Môndgen nach dem Augenmaasse gerade vor dem Miltelpunckte der Sonne. Wie
viel es um 5 Uhr von dem Rande stund, weiss ich nicht genau, aber es war noch eben
sichtbar; ich bin also nichl mcbr im Slande, eine Figur davon zu geben. Die geschwin-
digkeit scbloss ich also : Ich tbeilte den Diameter der Sonne in 100 Theile. Davon gicng
Venus in ungefahr 6 St. 20 Min. 80 Theile, isi in einer Slunde I2,2/I9 Theile. Das
Môndgen lief in 5 Stunden 50 Theile, damit I Slunde 162/-Theile. und demnach scbneller
als Venus. »
Abraham Scheuten. \dams Sohn,
1961.
OBSERVATION FAITE A SVNEOST. (HLNTINGDONSHIB.E.)
Celle observation a élé rapportée dans1 : The Londun Chronicle or Vniversal Evening
PosL, vol. IX, nr 000; from Tuesday June 16 lo Thursday June 18 1761. Extraei of a
Icttcr from St-iNeosl in Hunlingdonshirc June C^.
1 D'après IIaask. Zeilschrift fur populârc Mittheitungcn, lîd. III, II. I.
EMGJVIAT1QIE DE VÉNUS. 43
« This morning aslwas observing ihe transit, I perceived a phenomcnon, which b) ils
motion appeared to move in a curve différent from any spots 1 bad ever before discovered
in die sun. An idea occured 10 me, that il was secondary planet to Venus : for it plainly
appeared to attend ils primary as Ibe centre of ils motion; and be lielp of my télescope
I could perceive it to make near the same transit as tlic planet Venus but nearcr the
ecliptic. End of tlic transit of Venus 51 minutes past eighl, and ibe end of tbe secondary
V) minutes past nine in the morning, apparent time? »
J s«si.
OBSERVATIONS DE ROEDKI/ER.
Ces obsi rvations ont été publiées en 1882 par M. Scbjellerup, dans le Copernicus
(vol. II, p. 164), d'après les registres de l'Observatoire de Copenhague. Au texte même
des obsenations nous joignons les principales notes données par M. Schjellerup.
« 1761. d. 28 Junii. In quadrante Venerem observans ' Rœdkiaer vidit albedinem
quandam, quae Venerem sequebatur. Distantiam inter banc et limbum Veneris superio-
rem invenit 0.66 -, et observavit 11" transitum inter banc et Venerem. Poetea tubo 17
eandem inlerum vidit, atque ex facie ejus, quae non adeo falcata erat ac Veneris, sed fere
dimidia faeie splendens, suspicatur Observator, se salellitem Veneris vidisse. Coeteri nos
eandem albedinem videre non potuimus, licet Venerem saepe observaverimus quadrante,
rota meridiana et tubo 17 pedum.
» 1761. d. 30 Junii, A. M. Venerem observans Rœdkiaer eandem videbat albedinem,
quam antea diebus 28,u et 29"° Junii viderai. Distantiam ejus a Venere delerminabat 'L
circiler diametri Veneris. Erat islo die prope cornu superius Veneris in quadrante. Sed
isia albedo nondum cœteris nobis apparuit.
■ 1761. d. 2 Julii. A. M. Per totam hanc nociem, et eliam per plurimas antécédentes
Boserup et Rœdkiaer Venerem expectarunt orientem spe Satellitem ejus detegendi, sed,
ctsi tubis 17 et 22 pedum usi fuerint, nibil tamen viderunt.
-• 1761. d. 19 Julii. Statim post ortum Veneris, Rœdkiaer observabat lumen aliquod
débile figurée confusae et indistincts una cum Venere in tubo 17 pedum exislens, elsi
optime viderelur, etiam Venere in tubo non existente. Distantia hujus luminis a Venere
1 No time givcn, altitude = 51"î)2'it".
' As l1' = lôO'.U, the distance was Hli".
U ÉTUDE SUR LE SATELLITE
erai, ut aestimabat, 40 1ère semidiam. Veneris. Venus supra illam in tubo ad sinistram
sita erat. Lumen valde débile erat, sed tamen salis magnum, ut persvasus sit se stellam
non observasse.
» 1761. d. 20 Julii. Rœdkiaer Venerem orieniem quidem observnbat, sed nubes Vene-
rem quovis momenlo tegebant.
» 1761. d. 23 Julii. Rœdkiœr bac nocte Venerem plus intégra bora observabat tubo
17 pcdum et interdum tubo machinae parallacticae, sed ne minimum quidem signum
Satellitis videbat.
» 1761. d. 2o Julii. Rœdkiœr Venerem per longum salis tempus observavit, sed Satel-
litem detegere non potuit.
» 1761. d. 5 Augusti. Statim post banc observationem ' stellam quandam machina
parallactica observabat Rœdkiœr. Hanc stellam pro Satellite Veneris babebal
Venus h. 22 40 41
Stella » 22 40 46
» Distantiamstellae a limbo Veneris superiore observabat circumv. 7.I82. Postea Bose-
rup stellam invenit eandem, atque admonuit, Satellitem Veneris esse inl'ra hanc stellam.
Hinc Rœdkiœr machina parallactica sequentem fecit observationem
Stella supra observata h. 22 58 11
Satelles » 22 58 30
» Dislanlia Satellitis micromelro machinœ parallacticœdeterminata21.66, quod facit in
minutis3. Postea a Rœdkiœr determinala distantia Satell. a Venere
in rectasc. 24" temp.
in déclin. 28.84 4
» 1761. d. 8 Augusii. Rœdkiœr hora 2 malul. iterum vidit Satellitem Veneris, et
machina parallactica observavit
Satelles h. 23 23 31
Ven. limb. sequ. » 23 23 40
1 Transit of « Pegasi Collum. »
8 ... I find lp = 69".23 and aecordingly the observcd distance = 497".0.
3 Full stop in MS., and a new line. The distance is 25'0".
4 Equal to 33'17".
ÉINIGMATIQUE DE VÉNUS. 45
Distantiam a Veneris limbo inferiore deierminavii
12.92
15.50
26.42 (
» 1761. d. 12 Augusii. Hora 1 mat. Rœdkiaer Venerem orientem observnvil et Satel-
lileni ejus item m invenit infra Venerem ad dexiram situm fere eodem in loco, ubi prima
vice eum observabat. Situm ejus accuralius determinare nubes impediebant.
» 1761. d. 13 Augusti. Hora 1 matulina Rœdkiœr observavit Venerem, et invenit in
parle inferiori tubi lumen quoddam débile ad dextram Veneris, sed nubes Venerem
subinde occultantes observationes ulteriores impedivere.
» 1761. d. 29 Augusti, A. M. Per liane noctem Venerem observavit Rœdkiaer, sed
Satellitem deiegere non potuit.
» 1761. d. 24 Novembris. A. M. Rœdkiaer Venerem observabat tubo 17' et 7', sed
Satellitem non inveniebat.
» 1761. d. 1 Decembris. Venerem observabat sed Satellitem non invenit [Rœdkiaer], »
1764.
OBSERVATIONS DES ASTRONOMES DE COPENHAGUE.
« 1764. d. 5 Marlii. Hora 6 pomeridiana Rœdkiaer Venerem observans ejus detegebat
Satellitem. Vitro ulebatur objectivo utrinque convexo 9 '/2 pedum, oculari 3 pollicum.
Pliasis ejus prorsus eral similis Ven. scilicet globosa, ita ut diameter maxima esset verti-
calis in ambobus. Distabat in tubo ad sinistram Veneris 3/4 diametri Veneris. Centrum
Satellitis in eodem cum centro Veneris erat parallelo, magnitudinu fere */4 diametri
Veneris.
» 1764. d. 4 Martii. Iterum bac vespera liorà ilidem 6 ta Rœdkiaer videbat Satellitem
Veneris. Dislantia ejus ad sinistram erat [/2 diametri Veneris. Centrum ejus cum centro
Veneris angulum l'aciebat semirectum plus minus : altius in tubo apparebatquam Veneris
centrum. Pbasis ejus etiam optime distinguere potuit Veneri conformem : usus est pariim
1 Equal to 50'9".
46 ÉTUDE SUR LE SATELLITE
eodem vitro objectivo quo beri, parlim objectivo menisco 14 ped uni cum oculari 3 polli-
cum. Configurationes d. 3 et 4 Martii taies eranl
Confîguratio d.'ô Martii Configuratio d. 4 Martii
Satell.O Ov'enus- Satell.O
w Venus
■> iV. B. lia Satelles et Venus in lubo apparuere. Satellitem fuisse prsesertim exinde
patet, tain Veneris quam Satellitis diametrum notabiliter (tubo usus 14pedum prœ tubo
9 ^2 peduin) amplificari, quod de nulla (ixa valet.
» 1764. d. 9 Marlii. Horà 6 '/a vespertina Satelles Veneris visus est a P. H. ', Boserup
and Rœdkiser. Ob del'eetum necessariorum apparatuum situm Satellitis atque dislantiam
cjus a Venere observationibus delerminare non polui. In tubis videbalur supra Venerem
ad dexlram, ila ut ineo judieio faceret cum vcrtieali Veneris circa 50". Distantia a Venere
erat 1 '/4 ve' ^ V2 diam. Veneris. Satelles Veneris erat perquam parvus it;i ut vix '/e diam.
Veneris excederet "-.
» 1 764. 10 Martii. Horà 0 vespertina videbamus tubo 9 '/2 ped. ad dextrani Veneris
lumen quoddam, an vero Satelles Veneris esset, nec ne? C. et P. Horrebow afhïmare non
audent. Lumen istud faeiebat cum verlicali Veneris 45°. Rœdkiœr auiem credebat, se
Satellitem Veneris vidisse eodem tubo 9 '/2 ped., in quo applicuerat duo filamenta sese
ad angulum rectum secantia, et observabat sequenlem transitum Veneris et Satelllitis.
15 Satelles ad horizontale,
14 Limb. superior Ven. ad idem,
18 Limb. inferior Ven. ad idem,
31 Limbus anteced. Ven. ad verticale,
55 Limbus sequens Ven. ad idem,
36 Satelles ad idem filam.
» Horà 7 '/a vespertina lumen istud plane disparebat.
« 1704. d. 11 Martii. Hac vesperà ab hora b 3/4 ac' boram 7 videbamus omnes tubo
9 '/g ped. lumen quoddam débile ad dexlram Veneris circa 50 grad. supra borizonlalem
Veneris. Hoc lumen colore Veneri (non sicllulis fixis qua? simul in lubo apparebant)
simile erat, quamobrem omncs crcdidimus, quod Satelles Veneris esset. Mollis modis
' Pelei Horrebow, Jr., son of Prof. Pt'tcr Horrebow, Rômer's disciple, and brother of Clir. Horrebow.
He v as for some } cars first assistant at the Observatory, until his brolher's death in 1776. Hedied in 1812.
a The evening ihc » Satellite » was observed llirongh two télescopes, on of 9 '/, feel and one of 6 feet
focal lengtli. P. Horrebow also tliouglit lie saw it with the quadrant, whicli had a tube of 3 feet only, but
lie was nol certain. (Trans. R. Dan. Soc., IX, p. 400.)
h.
5
56
»
5
56
»
5
56
»
5
56
»
5
56
»
5
56
ÉNIGMATIQUE DE VÉNUS. il
tentatum est, an lumen lictitium esset, quod in tubo apparuil, sed conirarium deprehen-
sum est. Coloresimile eral illi illumini, quod P. H d. 9 Martii apparuil, sed multo minus
erat. Distabat fere a Venere 1 vel 03/4diam. Veneris. Hora 7 disparebal.
» 1764. d. 12 Martii. Hac vesperâ Satclles Veneris non visus est, licet iisdem tubis usi
simus ac antea. Aër tamen serenns erat; ila ut minima stellas in tubo cum Venere vide-
remus. »
1764.
OBSERVATIONS DE MONTBARRON.
Ces observations ont été publiées dans : Ephemerides astronomicœ ad meridianum
Vindobonensem, 1766. De Satellite Veneris, par Hell, p. 26.
« Observationes ejusdem Satellilis l'actœ Altifiodori [Auxere] (sic) a D. Montbarron.
Anno 1764.
» Altifiodori ut refert cel. D. Messier in suis litteris die 16 junii 1764. Parisiis ad me
datis, D. Montbarron 1764. Die 15 Martii telescopio gregoriano 32. Pollicum coniem-
plando Venerem vespere hora 7. conspexit quoddam astrum minus, ex parte Veneris
obscura, quod cum Verticali ex parle orientis faciebat angulum circiter 60 graduum.
Die 28 ejusdem Mensis hora 7 [/2. Vespertina vidit D. Montbarron idem parvum astrum
ad Venerem simile priori, faciens cum Verticali ex parte oecidentis angulum 15. graduum;
Die sequente, id est, 29. Martii, etsi Venus nubeculis rarioribus obducta fuerit, idem lamen
astrum conspexit faciens cum Verticali ex parte oecidentis angulum 44. graduum circiter;
posl banc ultimam observationem licet saepius hoc astrum ope ejusdem tubi quœsiverit,
illud tamen nunquam deinceps videre potuii; omnes observationes probant, astrum hoc
non fuisse fixam aliquam, utpote, quaemagis scintillantes surit et minus terminatœ, Phasim
tamen in hoc aslro nullam dislinguere se potuisse asseruit D. Montbarron. »
48 ÉTUDE SUR LE SATELLITE, etc.
I70S.
OBSERVATION DE HORREBOW.
Elle est rapportée au même endroit que les autres observations des astronomes danois.
» 1768. d. 4 Januarii. Venus ohservabalur h. circiter V, 3/4 A. M. tuba Dolloniano 10
pedum, apparalu lerrestri instructo, atque ejus faciès talis erat :
Scilicet infra Venerem paulo ad dexiram à linea vertical! conspiciebat
parvum lumen, quod minime Stella erat, (étant enim etiam stellac in lubit, U
quse longe aliam habebant apparentiam), quodque à Venere circiter
magniludine diamctri Veneris distabat.
» Mox postea in tubo Islaeano Astronomico 12 pedum observabatur Venus, hibique ejus
h;»c erat faciès : I
» Scilicet idem lumen, quod infra ad dextram in tubo terreslri conspi-
ciebat, supra ad sinistram in tubo Astronomico apparebat, atque in
distantia diametri Veneris '.
» PraMerlapsa horà, vel horae tribus quartis, magis ad dextram in Dolloniano, et magis
ad sinistram
I cl
o o
le
tubo Dollon tubo coelesti.
ni tubo Astronomico apparebat hoc Veneri adhaerens lumen. Hoc \ero idem pha?nomenon
in Venere observabant lies Obseivatores, C. H., O. B. ei J. 2; omnes certo videbant, boc
lumen s tel la m non esse, tendando omnibus certum videbat, boc lumen non esse illusionem
iipticam, unde suspicabant, illud forsan esse Veneris Satelliiem. »
' Il will be noticod that the crescent is not reversed in tlie ligure. In thn description llien is nothing
about tlie u satellite « being crescent shaped.
' C.hr. Horrebow, Ole Biilzou and Ejolvor Johnsen. Tlie last-named became second assistant in
August 1767, two months after Rœdkia'r's death.
Mèm Cour. et des Sav.étrang.,tome XLIX
PU.
.»"
Si -
— \3Û'
S'
1
(
V
.f?
/•'
•
*
Ljth 0 Severtfyn^, Bruxelles.
obant .do]
Mèin Cour. et des Sav.étrang.,tome XLLX.
F"
36r
:, + '■
3 y."
30'"
2f
■'"
2t
•
IV
•
.
■
•
•
©.
•
J
•
•
J
30!
J
•
•
•
w:
e
©
•
'
•
.
•
•
•
■
• .
27"
1S
*
27"
36
"'
3£"'
32'"
30m
28m
26
Fy.lf.
1
G"'
i
,„
.
m
4
."
•
*
30!
30'
•
'
m
•
•
,
•
19?
8
»
•
/.'/<■
6m
«"
Fui 6.
•tftn
. S2 '"
5
12?
. #
■
30'
m
■
SO'
//°
//"
J!*.'"
32"'
,ro>"
Fia S
rereyns, Bruxelles
P Stroobant , del
Mein Cour. et des Savr étrang ,lome XLIX.
PI III
c
m
.r,V"
st
■m ffçm
.L
18?
■
•
.•
'
■
X >.'
30'
•
*
•
*
•
•
.
17"
0
•
17°
.AS""
Jl
■m ~y<
.>.
F,(/ .').
Hg.11.
.ireyns. Bruxelles
P.Strool
MASSE
DE LA
PLANÈTE SATURNE
DÉDUITE
des observations des satellites japet et tlt an, faites en 1888 et en 1886
a l'Institut astronomique de Liège,
PAR
L. de BALL,
DOCTEUR EN PHILOSOPHIE,
PRÉPARATEUR DES COURS D'ASTRONOMIE ET DE GÉODÉSIE
A l'université DE LIÈGE.
( Présenté à la Classe des sciences dans la séance du 6 août 1887.)
Tome XMX.
MASSE DE LA PLANÈTE SATURNE
DÉDUITE
DES OBSERVATIONS DES SATELLITES JaPET ET TlTAN, FAITES EN 1885 ET EN 1886,
a l'Institut astronomique de Liège.
La valeur de la masse de Saturne, donnée par Bessel dans ses recherches
classiques sur l'orbite du satellite Titan, est encore aujourd'hui généralement
adoptée. Dans les derniers temps quelques astronomes ont déterminé de
nouveau celte quantité par les élonga lions moyennes de quelques satellites,
et ces recherches portent à croire que la masse de Saturne serait plus
grande que celle résultant des observations de Titan, faites par Bessel.
Parmi les recherches modernes ' il faut citer avant tout celles qu'a publiées
iM. A. Hall. En se servant de toutes les observations de Japet, faites de
1874 jusqu'en 1884 à l'Observatoire de Washington, M. Hall trouve la
Masse de Saturne =
3481.3 ± 0.54
(The Orbil of Japetus, p. 70; Washington Observations for 1882,
Appendix I.)
M. Hall a encore déterminé la masse de Saturne par les élongations
1 Malheureusement les résultats définitifs des observations, faites par M. Meyer, ne sont
pas encore connus (Astronomische Nachrichten, n° 2641).
4 MASSE DE LA PLANETE SATURNE.
moyennes de Titan, Rhéa, Dione et Télhys. Il a trouvé (The six inner
satellites of Saturn, Washington Observations for 1885, Appendix 1) par
les élongalions de
Titan. . . . Masse de Saturne =
Rhéa. ... »
Dione ... »
Téthys ... »
et la moyenne de ces quatre valeurs
3480.07 ±1.14
1
3450.43 ± 6.20
1
3463.68 ± 8.38
1
3463.41 ± 10.63
Masse de Saturne
3478.7 ±1.10
La masse de Saturne serait donc considérablement plus grande qu'elle
n'a été déterminée par Bessel. Dans les Aslronomische Nachrichten, M. Hill
a déjà fait remarquer que, d'après ses recherches sur les perturbations
mutuelles de Jupiter et de Saturne, une erreur de la détermination de la
masse de Saturne, faite par Bessel, telle qu'elle résulte des observations de
Japet, faites principalement par M. Hall, est peu probable. D'un autre côté,
M. Hall reconnaît lui-même que ses observations peuvent encore bien être
affectées d'erreurs systématiques. Du reste, vu qu'il n'est pas possible de
combiner directement le satellite avec le centre du disque de la planète et
qu'en outre la présence des anneaux augmente encore considérablement les
difficultés, il n'y a pas lieu de s'étonner de l'existence de telles erreurs dans
les observations. Maintenant, au lieu de comparer entre elles les positions
de Saturne et d'un de ses satellites, on peut observer les positions relatives
de deux satellites. Nul doute que de telles observations ne permettent
d'atteindre un haut degré d'exactitude. 11 est vrai que là aussi des erreurs
systématiques peuvent se présenter et cela à cause de la grande variabilité
d'éclat de quelques-uns des satellites aux diverses parties de leurs orbites,
MASSE DE LA PLANÈTE SATURNE. 3
mais ces erreurs se présentent également pour les combinaisons directes de
ces mêmes satellites avec le disque de la planète. La proposition d'observer
les positions relatives de deux satellites, faite déjà par Bessel et plus lard
par M. 0. Slruve, a été suivie naguère par M. IL Siruve. En 1884,
M. IL Slruve a observé les positions relatives de Japet et Titan, et en outre
celles de Titan et Rhéa. Il a donné dans les Aslronowische Nachrichlen,
nus 2641-2G42, les résultats de ses observations en désignant toutefois
celles-ci comme préparatoires pour des séries plus étendues, commencées en
automne 1884. Les calculs des positions relatives de Japet et Titan lui a
donné pour la
l
Masse de Saturne = „,^_ , ■— (Japet)
3497.4 ±3.3 K
(Titan)
34G0.8 ± 0.9
l'erreur probable d'une équation étant ± 0".382. M. II. Slruve explique
la différence de ces deux valeurs, assez grande par rapport aux erreurs
probables : 1) par le petit nombre des équations de condition, 46 en tout,
tandis qu'il y a 12 inconnues; 2) par ces circonstances, qu'il n'a pu observer
Japet pendant une révolution entière et que la plupart des observations de
Japet ont été faites lorsque ce satellite se trouvait à l'est de Saturne, et par
cela même était d'un éclat très faible. Enfin les conditions atmosphériques
ont été très désavantageuses.
En se servant des observations de Titan et de Rhéa M. IL Slruve a
déterminé la
Masse de Saturne = 3493 o ± 3 g (Titan)
(Rhéa).
3490.8 ± 0.9
Ces dernières observations, se composant uniquement de mesures des
angles de position et des distances, sont naturellement beaucoup plus
exactes que les observations des différences en ascension droite et en décli-
naison; l'erreur probable d'une équation de condition n'est que de ± 0".174.
6 MASSE DE LA PLANÈTE SATURNE.
L'élude des beaux Mémoires de M. H. Slruve m'a inspiré l'idée de conlri-
buer pour ma pari à la détermination de la masse de Saturne, en observant
également les positions relatives des satellites de celle planète. Mes observa-
valions ont commencé le 2 novembre 1885 et elles ont été finies le 2 avril
d886. Pendant ce temps j'ai fait
43 observations des positions relatives de Japet et Titan ;
36 » » » Titan et Rhéa ;
27 » » » Rhéa et Téthys ;
29 » » » Rhéa et Dione ;
22 » » » Dione et Téthys.
Ces observations sont en partie des observations des différences en ascen-
sion droite et en déclinaison, en partie des observations des angles de
position et des distances. Aujourd'hui j'ai l'honneur d'en soumettre à l'Aca-
démie les résultats en ce qui concerne les positions relatives de Japet et
Titan.
MASSE DE LA PLANÈTE SATURNE.
Observations des satellites Japet et Titan, faites en isss et en isse
a l'Institut astronomique de Liège.
Les observations ont été faites à l'aide de notre réfracteur de 10 pouces
anglais d'ouverture. Lors des publications antérieures j'ai déjà fait connaître
les dispositions générales de cet instrument ainsi que celles du micromètre;
il n'y a donc pas lieu d'y revenir. Le plus faible grossissement que j'ai
employé était de 200 fois, le plus fort de 430.
Quant aux observations, peu de remarques suffisent. Et d'abord j'ai pris
soin de déterminer très souvent le foyer et le point zéro du cercle de posi-
tion; d'ailleurs ce point zéro s'est montré d'une grande constance. Pour les
observations des différences en ascension droite je me suis servi, sauf une
seule fois, d'un cbronograpbe combiné d'abord avec une borloge électrique
de Hipp, plus tard avec une pendule de Dent. Lorsque Japet se trouvait
près de sa plus grande élongation à l'est de Saturne, je n'ai pu l'observer
en ascension droite que quand Saturne était en même temps près de l'oppo-
sition; plus tard ce satellite était tellement faible qu'il m'a été impossible
d'observer les passages par le fil. Je me suis alors borné à l'observation des
différences en déclinaison et encore ai-je été obligé d'éclairer les fils par
intermittence.
Quand j'observais les différences en ascension droite et en déclinaison,
j'ai toujours commencé par les premières, puis je faisais quelques pointages
pour trouver la différence en déclinaison et à la fin j'observais encore une
fois la différence en ascension droite. Les différences des temps de passage
furent corrigées de la marche de l'borloge, du mouvement du système de
Saturne et encore du mouvement de Japet, en adoptant toujours comme
temps auquel se rapporte la différence en ascension droite, le temps de
passage de Titan. Du reste, ces observations des différences en ascension
droite sont les premières pour lesquelles je me suis servi d'un chronographe;
l'idée assez exagérée que j'avais eue de l'exactitude de telles observations a
été la cause qu'aux premières soirées les comparaisons n'ont pas été plus
nombreuses. Quand j'observais les angles de position et les distances ce
8
MASSE DE LA PLANETE SATURNE.
furent les angles de position qui ont été observés les premiers, puis j'obser-
vais la distance et à la fin encore une fois l'angle de position, mais après
avoir tourné le micromètre de 180°. A chaque observation des différences
en déclinaison et des distances, le tambour de la vis était dirigé vers le haut.
Afin de déduire soit les différences en ascension droite et en déclinaison,
soit les angles de position et les distances au même temps, je me suis servi
des éphémérides publiées par M. À. Marlh.
Voici maintenant les observations. Dans la colonne « Ligne des yeux »
j'ai indiqué par p que cette ligne était parallèle à la ligne de jonction des
deux satellites, par v que ces deux lignes formaient un angle droit entre
elles.
Japet- Titan.
DATE.
Temps
moy.
do Liège.
Aa
Réfr.
AS
Réfr.
Nombre
des
observ.
1885. Nov.
2.
12h32">8
-51» 281
0»000
-0'
39"99
-0"02
10.8
5. .
12 12.5
-53.984
n
-1
23.13
-0.04
10.6
10. .
11 54.9
-24.794
»
-1
12.90
-0.05
10.9
17. .
10 57.5
-26.994
+0.001
-1
30.19
-0.05
11.8
19. .
Il 23.8
-27.072
+0.001
-2
27.06
-0.07
11.7
20. .
Il 25.1
-23.P64
0.000
-2
55.94
-0.07
15.8
Dec.
7. .
11 2.6
+27.213
»
-0
32.05
-0.01
17.11
11. .
10 8.7
+32.923
»
+0
26.65
+0.01
21.9
24. .
10 0.1
+22.270
»
+1
28.57
+0.03
21.9
27. .
8 55.4
+30.747
»
+1
56.18
+0.05
22.9
29. .
8 49.1
+29.813
-0.001
+2
59.35
+0.08
19.9
1880. Janv
7. .
7 5.5
-30.445
0.000
+0
47.95
+0.03
20.10
8. .
8 17.6
-31 .023
»
+0
3.97
0.00
10.10
10. .
7 48.9
-26.466
))
-0
44.79
-0.02
7.7
H. .
7 24.9
-25.576
))
-0
47.05
-0.02
11.8
16. .
13 20.5
+0
37.14
+0.02
0.7
Angles
de
position.
Distances.
Ligne
des
yeux.
1886. Janv
30. .
6M6m8
254° 68
-0°0i
4
26"63
+0"07
6.2
P
Fév.
1. .
7 6.6
244.47
0.00
3
43.84
+0.06
6.2
)>
3. .
10 54.7
233.51
«
4 38.53
+0.09
6.2
»
7 . .
8 47,2
240.75
»
5 36.05
+0.10
2.2
—
8. .
6 50.1
251.70
»
5
5.70
+0.09
4.2
—
9. .
6 39.4
216.66
-0.01
4
19.89
+0.08
6.2
/'
10. .
7 49.7
190.36
0.00
5
39.22
+0.08
4.2
r
MASSE DE LA PLANETE SATURNE
DATES.
Temps
moy.
de Liège.
Aa
Réfr.
AS
Réfr.
Nombre
des
observ.
1886. Fév. 14. . . 7h35°>5
+29» 226
0=000
-l'41"46
-0"04
25.11
15. . . 7 57. G
-0 52.85
-0.02
0.10
1G. . . 6 52.8
+54.815
0.000
-0 10.22
0.00
22.8
18. . . 10 32.0
+0 56.38
+0.02
0.10
25. . . 7 48.9
-0 14.17
0.00
0.8
28. . . 7 35.4
+0 20.86
+0.01
0.7
Mars 7. . . 11 16.6
+4 0.61
+0.14
0.8
8. . . 10 5.3
+30.017
+0.001
+5 53.21
+0.11
28.5
9. . . 8 30.4
Angles
de
position.
+3 53. 56
Distances.
+0.08
0.7
Ligne
des
yeux.
1886. Mars 10. . .
SMl-M
55» 89
0»00
5' 31 "74
+0"12
4.2
P. 1>
11
8 43.6
56.51
»
4 37.41
+0.11
4.2
V
12.
8 5.7
60 11
»
4 9.64
+0.09
4.2
V, V
13
7 50.8
65.92
»
4 7.61
+0.08
4.2
P
17
10 49.6
70.56
»
6 12.78
+0.31
5.2
V
18
7 36.9
67.11
»
6 18.65
+0.13
5.2
P
19
7 45.0
61.08
»
6 3.09
+0.13
4.5
—
24
8 19 4
319.11
+0.01
4 1.99
+0 07
4.2
P
26
8 17.6
287.91
0.00
5 55.02
+0.10
4.2
»
Avril 1
8 12.5
260.84
))
4 55.14
+0.12
4.3
»
2
8 20.5
262.36
»
4 22.65
+0.11
5.2
)>
Rcmarffiics aux observations : Nov. 2. Japet souvent faible. | Nov. 16. Vent
assez fort, qui fait vibrer un peu les fils servant à mesurer la différence en déclinaison. |
Nov. 17. Vent fort, images diffuses; surtout Japet est difficile à observer. | Nov. 20.
Japet excessivement faible, diffus. | Dec. 7. Fils éclairés, Japet très faible. | Dec. 11.
Éclairage intermittent des fils, Japet excessivement faible, observation très difficile.
Dec. 27. Air mauvais. | Janv. 8. Japet ordinairement très faible, nuages. | Janv. 10.
Japet très faible, diffus, nuages. | Janv. 11. Fils éclairés, air très mauvais, nuages. |
Janv. 30. Observation difficile. | Févr. 7. Air mauvais, Japet se présente sous la forme
d'une tache, nuages. | Févr. 8. Japet très faible, tout diffus. Observation très difficile. |
Févr. 10. Japet excessivement faible. | Févr. 14. Fils éclairés, Japet excessivement
faible, air mauvais. | Févr. 15. Eclairage intermittent des fils, Japet excessivement faible.
| Févr. 16. Fils éclairés. | Févr. 18 et 25. Mêmes remarques que pour Févr. 15.
Air bon. La ligne de division de l'anneau, découverte par Enke, est difficile à voir. |
Févr. 28, mars 8, 10, 11, 12, 13. Mêmes remarques que pour Févr. 15. | Mars 17. Japet
est souvent invisible ; observation très incertaine. | Mars 18. Japet faible, observation
difficile. | Mars 24. Fils éclairés, images agitées. | Avril 1 et 2. Images agitées.
Soienl x, et y, les coordonnées rectangulaires de Japet, x* et y.2 celles de
Titan, rapportées à des axes qui passent par le centre du disque de Saturne,
Tome XL1X. 2
10
MASSE DE LA PLANETE SATURNE.
nous avons, en adoptant comme axe des x celle qui est perpendiculaire au
cercle de déclinaison de Saturne
Aa cos - (8, -+- Ss) J {
«i— «1= " ( — âfoi— !/i) (xi + Œ«)
n
= ± 0".06
n = 141°5677
»
= ± l'.S
n = 168°16'.8
»
= ± 3'.3
i = 18»30'.0
»
= ± 0'.5
i = 27"47'.7
»
= ± 177
A l'aide des élongations moyennes, on trouve :
(Japet) Masse de Saturne
(Titan) »
I
3491.0 ±2.6 ±1.8'
1
3501.6 ±o.7 ±3.8'
J'ai indiqué en premier lieu l'erreur moyenne, en second l'erreur probable
du dénominateur. En réunissant ces deux valeurs dans une moyenne,
on trouve
liasse de Saturne
= 3493. 8 erreur moyenne = ± 8.4
» probable = ± 1.6
ÉTUDES
SI II
L'ASPECT PHYSip Dl LA PLANÈTE JUPITER
DEUXIEME PARTIE:
OBSERVATIONS FAITES A LOUVAIN A LA LUNETTE DE SECRETAN
DE 1882 A 1885;
PAR
F.TERBY,
Docteur en sciences, membre de la Société royale astronomique de Londres,
associé de la Société astronomique de Liverpool,
correspondant des sociétés scientifiques Flammarion de France et d'Espagne,
membre d'honneur de la Société scientifique Flammarion de Marseille.
AVEC 5 PLANCHES
(Présentées à la Classe des sciences dans la séance du 5 novembre 1887.
Tome XLIX.
NTRODUCTION.
The persistance of ihe red spol for so manv years lcads me to infcr
» tliat the formerlj accepted iheory, that Ihe pheuomena seen on the
« surface of Jupiter are atmospheric, is no longer tenable. » Hough,
Report of ihe Dearborn observatory for t8S5 and 1886, p. 10.
1 idhuc sub Judlce lis esl ».
Ce travail fait suite à celui que .'Académie a bien voulu insérer dans ses
mémoires in-4° et contenant mes observations de Jupiter en 1881-1882 '.
Les observations de 1882 à 1885 ont encore été exécutées à l'aide de la
lunette de Secketan, de 9 centimètres d'ouverture utile, qui avait servi
jusqu'ici, exclusivement, à toutes mes recherches astronomiques. La Troi-
sième partie de ces études, que j'ai en préparation en ce moment, contiendra
les observations faites en 1887 à l'aide de mon équalorial de 8 pouces de
Gtu'BB, nouvellement installé, et leur discussion.
En 1881-1882 j'avais cherché à déterminer approximativement la longi-
tude jovigraphique des principaux détails de la surface, en mesurant sur les
dessins, au moyen de diagrammes transparents, la dislance de ces points, en
degrés, au méridien central calculé à l'aide des Ephémérides de M. Marth;
j'ai, depuis lors, substitué à ce procédé approché, un système plus rigoureux,
consistant à noter l'instant du passage au méridien central des détails visibles
1 Mérn. cour. etMém. des. savants étrangers, publiés par l'Académie royale de Belgique,
t. XLVU, in-i°, 188o.
4 INTRODUCTION.
chaque jour, et à calculer ensuite, au moyen de ces instants, les longitudes
d'après les mêmes Ephémérides. Telle est, à quelques exceptions près, dans
lesquelles on a suivi le système indiqué dans le mémoire de 1881-1882,
exceptions toujours signalées ici du reste, l'origine des nombreuses longi-
tudes que l'on trouvera dans le présent travail.
Le dessin, bien exécuté, contenant en lui-même sa description, j'ai cru
devoir abréger considérablement le texte descriptif et ne signaler dans celui-ci
que les points essentiels : les détails importants se présentent d'ailleurs tout
naturellement à l'examen parles comparaisons qui accompagnent ces figures.
Comme en 4881-1882, les dessins ont été rangés par ordre de longi-
tudes; mais les descriptions, contrairement à ce que j'avais fait dans la
Première partie, se suivent aussi dans ce même ordre ; afin de permettre au
lecteur de s'orienter dans ce grand nombre d'observations, un tableau général
les réunit aussi dans l'ordre des dates, avec les longitudes en regard.
Ce Mémoire est plus fécond en résultats que la première partie; les dessins
s'enchaînent les uns aux autres d'une façon plus remarquable ; aussi celte
seconde partie est-elle un acheminement heureux vers la troisième, à laquelle
j'ai fait allusion en commençant, et qui promet dès aujourd'hui de conduire
à des conclusions intéressantes.
J'ai déjà dit que je me suis servi des excellentes Éphemérides de M. Marth 'j
mais une difficulté se présentait en ce que, pour 1884-1885, M. Marth a
adopté exclusivement les longitudes dérivant du mouvement de la tache
blanche équatoriale, prise elle-même pour origine, tandis qu'aux autres
époques il a choisi le mouvement de la tache rouge et adopté un système
assez uniforme. Or, les dessins de 1885, calculés dans le système adopté cette
fois par M. Marth, ne sont nullement reliables entre eux; leur examen prouve
immédiatement que ce système de rotation n'est pas celui de Vensemble de la
* Monthly Notices.
INTRODUCTION. 5
surface, s'il s'applique, comme exception, à des lâches blanches mobiles dans
les régions équatoriales. Aussi me suis-je adressé à M. Mardi pour le
prier de bien vouloir me dire quelle formule sérail, d'après lui, le mieux
en état de réduire les longitudes données dans ce système en longitudes
dérivant du système précédemment adopté, basé sur le mouvement de la
tache rouge. M. Marth a eu l'extrême obligeance de me répondre en m'en-
voyant des Éphémérides nouvelles récemment calculées par lui pour 1885,
et basées, comme les précédentes, sur le mouvement de la tache rouge, mais
en adoptant pour valeur diurne de la rotation 870° 27, comme en 1887,
année dont les Éphémérides ont été publiées dans les Monthly notices, et en
1888, année dont M. Marth compte publier bientôt les éphémérides.
M. Marth a bien voulu me donner également les corrections à appliquer aux
longitudes, pour les réduire à un système parfaitement uniforme. Les obser-
vations de 1887 paraissant devoir jeter plus de jour sur la question, je me
propose de faire usage de ces corrections seulement dans la troisième partie
de ces études, pour en comparer les résultats avec ceux de toutes les oppo-
sitions précédentes depuis 1881.
Les longitudes données dans le présent mémoire pour 1882-1884 sont
donc dérivées du système adopté précédemment par M. Marth, et basé sur la
valeur diurne de rotation 870° 42, tandis que celles de 1885 sont basées sur
une valeur diurne de 870°27; ces longitudes ne sont donc pas comparables
entre elles ; j'ai préféré les laisser subsister comme telles provisoirement.
Les observations faites aux diverses oppositions dont il s'agit dans cette
deuxième partie ne sont pas également nombreuses, par suite de circonstances
bien indépendantes de ma volonté; je regrette particulièrement d'avoir si peu
de données pour 1883; les soins nécessités par l'installation de mon nouvel
équalorial de Grubb ont absorbé ensuite mon attention et l'ont détournée en
partie de mes éludes habituelles.
6 INTRODUCTION.
Fixant de préférence mon attention sur les passages par le méridien cen-
tral, j'ai, moins régulièrement qu'en 1881-1882, noté l'éclat relatif des
bandes; je m'en rapportais, pour cet objet, au dessin lui-même; cependant
les indications de ce genre qui ont subsisté ont été reproduites dans les
dessins, et le mémoire de 1881-1882 les explique suffisamment. On trou-
vera aussi plusieurs dessins incomplets, plusieurs esquisses partielles, destinés
à mieux faire connaître certaines régions; j'ai adopté ce système, soit lorsque
l'abondance des détails m'exposait à des inexactitudes en divisant trop mon
attention, soit lorsque des conditions défavorables empêchaient un dessin
complet, sans cacher pourtant des circonstances importantes.
La tentative d'identification des détails de Jupiter, risquée dans ce mémoire,
est une lâche fort ingrate, vu l'état actuel de nos connaissances sur cette
planète ; aussi ne puis-je que réclamer l'indulgence pour des imperfections
que l'on rencontrera en lisant un des premiers essais tentés dans celte voie :
« ADHL'C SUB JUD1CE LIS EST. »
. -rryfcr^ ^-*
ÉTUDES
SUR
L'ASPECT PHYSIQUE DE LA PLANÈTE JUPITER.
1882-1883.
4882,27 novembre, 8b20'" (t. m. Bruxelles); L (longitude du méridien
central) = 0°4.
Observation interrompue par les nuages; image imparfaite. Le bord supé-
rieur ou sud de 31 est occupé par une région très noire qui s'étend du méri-
dien central au bord oriental; cette bordure très sombre a été revue le
h, décembre {fig. 44, ri).
9 décembre, de 8h10m à 8h26m; L = 5°9 ; fig. /.
Image mauvaise, dessin incomplet. L'ombre du satellite II est sur le disque,
très petite, mais très visible par moments; la tache rouge est excessivement
faible; 3I est d'un rouge très faible; à la longitude de 358°, mesurée sur le
dessin, se trouve une tache brillante B, suivant une dentelure du bord nord
de 31 ; les régions 311 et 311 1 semblent parsemées d'espaces clairs et sombres
entremêlés, trop difficiles à bien voir. La calotte nord a son bord courbé. La
tache brillante 6 a été revue le k décembre [fig. 14, 6).
8 ÉTUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
2 décembre, de 8h4Sm à 8h30"'; L = 34°7 ; fig. 2.
Dessin incomplet, surlout clans les régions 311 et 3 III, à cause de la mau-
vaise qualité de l'image; lâche rouge excessivement faible.
Passage du premier bout de la tache rouge au méridien central, à 8l,13mil»; L = 29°4.
milieu — 8"31m26s; L = 40°l.
9 décembre, de 9h23m à 9h38m ; L = 49°7 ; fig. 3.
Tache rouge à peine visible ; image mauvaise.
.9 décembre, de 40h9m à 10h3Sm; L = 80°8; fig. 4.
Dessin incomplet à cause de la mauvaise qualité de l'image; au bord nord
de 3I se voient deux petites taches blanches dont l'une est probablement la
tache de Denning.
30 novembre, de 8h3Sm à 8h40™ ; L = 102°6 ; fig. S.
Les nuages ayant interrompu les observations, on n'a pu faire qu'une
esquisse destinée à montrer la position d'une région brillante, située dans 31;
cette même région brillante a été vue aussi le 2 décembre (fig. 6) et se retrouve
d'ailleurs dans \es fig. 2, 3, 4.
2 décembre, de /i9hf2m à 10h53m; L = 107°2 ; fig. 6.
Observation très difficile ; on voit la même région brillante dans 31 que
le 30 novembre (fig. S); sa longitude mesurée ici est de 67°; la bande
légère y., située au-dessus de 31, a aussi été vue le 12 décembre (fig. 7).
12 décembre, de 8h34m à 8h42m; L=109 7; fig. 7.
L'observation a été poursuivie jusqu'à 8h53m; mais le ciel devenait de plus
en plus brumeux. Bande * vue en partie comme le 2 décembre (v. fig. 6). Il
y a une tache blanche entre les deux dentelures très petites de 31. La tache
blanche de Denning devait passer au méridien central vers 7h41m, d'après
les Êphémérides données dans YObservatorg, décembre 1882, p. 385.
28 novembre, de 8h22'" à 8u33m: L = 155°5; fig. 8.
Observation continuée jusqu'à 8h43'"; nuages ensuite.
DE LA PLANÈTE JUPITER. 9
Dans la zone 311, taches )., faibles, difficiles à définir, vues aussi les
17 décembre 1882 et 25 janvier 1883 (fig. 9 et 10); voir aussi fig. 11.
il décembre, de 8hS6m à 9h7m; L=156"6; fig. 9.
Nébuleux; en A se voient les taches faibles dont il vient d'être question;
la tache blanche a pour longitude mesurée sur le dessin 170°.
1883, 2S janvier, de 6h à 6h8m ; L — 158°7 ; fig. 10.
Le dessin est assez complet seulement dans la limite poiutillée; le reste
est trop difficile à voir nettement; la même lettre A désigne encore des
lâches faibles dont il est question un peu plus haut. La bande 3I est double
surtout à droite, grâce à la présence d'une fine bande noire ;j., qui a été vue
aussi le 23 janvier (fig. 11).
23 janvier, de 3]l6m à Sh16m; L=185°8; fig. 11.
Observation continuée jusqu'à S''23m. La bande 4 *, au-dessus de la
calotte nord, semble aussi rougeâlre; pour p, voyez aussi fig. 10.
1882, 18 décembre, de 8h7m à 8h12'"; L-275°8; fig. 12.
Observation continuée jusqu'à Sh20m; bande 31 plus noire à droite.
1883, 14 janvier, de Sb39m à Sh46">; L = 290°8; fig. 13.
Le dessin a été complété et confirmé jusqu'à Gh3"\ La bande longeant la
calotte sud semble entremêlée d'espaces brillants en chapelet.
1882, 4 décembre, de 8h45m à 8hS1m; L - 351°2; fig. 14.
Les nuages interrompent vite l'observation; dessin incomplet.
La région noire >j de la bande 3I vue aussi le 27 novembre. La lâche bril-
lante 6 observée dans 31 doit être la même que le 9 décembre (fig. 1). Pas-
sage delà tache brillante au méridien central à 8h53m46s ; L = 3o4°7.
* Ce chiffre se rapporte à la notation de Lord Rosse, rappelée dans la première partie de
ces études; on est prié de ne pas confondre les indications de cette espèce, ne figurant
qu'au texte, avec les chiffres placés sur les planches, et représentant les divers degrés
d'obscurité relative des bandes. La notation de Lord Rosse n'est ligurée sur nos planches
que pour les croquis partiels 64«, 66, 62, 73, 84, 96, 98 et 99.
Tome XLLX. 2
10 ETUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
En 1882-1883, la bande 31 élaii la région la plus visible; généralement
celle bande avait une teinte rouge ou brune très prononcée; le k décembre
1882, c'est à peine si la teinte rouge s'y remarquait. Les régions 311 et 3111
oui paru roses, notamment le 2 décembre, comme je l'ai figuré dans les deux
dessins de ce jour,/?//. 2cl 6. Une fois, le 23 janvier 1883, à 3''6m, la bande 4
a paru rougeàtre. Quant à la tache rouge, elle était à peine perceptible.
1883-1884.
4884, 16 février, de 5h43m àS'aS4m; L==6°8; fig. 45.
L'observation a été continuée jusqu'à 6hlm; image mauvaise.
La bande 31 parait double par moments; en r, on voit une tache blanche,
la même (pie celle du 4 3 février à 8h; elle est désignée par la même lettre
dans les deux dessins (fig. 59). La tache a, qui est représentée comme une
dentelure de 31, a été vue également le 11 février à 6''om ' (fig. 56) et à
6h51m (fig. 16). Le 4 G, le passage de la dentelure en question au méridien
central a été observé à 5ho3m26s, ce qui donne L = 4 0°7.
Le cahier d'observations mentionne que, le 4 6 février, aucun autre détail
n'était assez précis, assez visible pour être noté; celte circonstance explique
pourquoi les dessins de ce jour sont moins riches que ceux des 4 l et 13 février.
// février, de 6h54m à 6K55m ; L = 4 4°3 ; fig. 16.
Ce dessin est incomplet parce qu'on a voulu donner tous ses soins aux
détails de 31 exclusivement. Les mêmes détails sont désignés par les mêmes
lettres dans les dessins suivants :
9 février 5hS2m, fig. 18, b.
1 1 _. 6h3m et 8''6"\ fui. :;\ b.
13 _ G''ol"\ fig. S4, c.
16 — 5"43m, G''î)2"\ fig. 1S, I!), a. r, b.
28 — 6h34°, /'.
1 &'om est l'heure du commencement du dessin; sur In planche on trouve 6,110m30s, heure
moyenne entre le commencement et la fin du dessin.
DE LA PLANETE JUPITER. 11
/ janvier, de 8h26m à 8h35m ; L = 21 °2 ; fig. 47.
Les bandes 3 1 1 1 et 4 présentent des granulations noires, confirmées aussi
à 8h52m, à comparer à celles qui ont été observées le 11 février, à 6h5'n
{fig. 56) et le 13 février, à 5h49m {fig. 54).
On a ligure les ombres des satellites I, grise, et III, noire. L'ombre de 1 a
semblé avoir la moitié de la largeur de celle de III. A 8H7m, ces deux
ombres avaient progressé jusqu'à l'extrémité de la flèche qui les accompagne.
En 1 a eu lieu l'entrée du satellite III; la bisseclion a été notée à 8h36m4.0s;
le satellite brillait comme un petit disque blanc sur le bord de Jupiter; à ce
moment son ombre était au méridien central.
De 8h52m à 8h55m on voit la dépression correspondant à la tache rouge
au bord oriental. Je ne réussis pas à voir encore le satellite I sur le disque.
A 9hlm je soupçonne la présence du satellite III sur la bande 31, près du
bord oriental; il y a là un très petit point noir. A 94 lm je crois voir de
nouveau ce petit point.
A 9h50m le satellite I sort entre les deux bandes équatoriales, au lieu
indiqué sur la ligure par une pclile flèche, en IL Je vois le satellite III sous
forme d'un très petit point noir sur le bord de la bande 51, près de la
dépression sous la tache rouge (v. fig. 24).
Voir pour d'autres détails concernant le passage du satellite III, les
observations de 10h4m {fig. 24).
9 février, de 5h52m à 6h5m; L=39°8; fig. 48.
On voit, au bord oriental, la dépression sous la tache rouge; on a figuré
l'ombre du satellite I ; le point b du disque a été observé aussi le 11 et le 16
février [fig. 46, 21 , 49), aussi le 28 février.
28 février, 6h54m; L = 40°5.
La dentelure b est près du méridien central, puis nuages.
46 février, de 6hS2<" à 6],56"'; L=47°3; fig. 19.
La dépression de 31 est au bord oriental ; l'image est si mauvaise qu'un
12 ÉTUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
dessin complet est impossible; une seule fois on remarque la configuration
de 31; cette configuration est certaine, mais la position des détails n'est
qu'approchée. J'ai observé aussi l'entrée du satellite I suivant la petite
flèche, mais dans de mauvaises conditions. La bisseclion a eu lieu à6h48m50s.
J'ai continué à voir le satellite comme un disque brillant sur le bord
jusqu'à T'; deux minutes plus tard, il ne se voyait plus.
28janvier, de 6b40m à 6H7m ; L = 61°4 ; fig. 20.
Détails excessivement difficiles. La calotte sud plus visible à gauche; je ne
réussis pas à voir la tache rouge ni la lâche blanche qui, d'après M. Denning,
devait passer au méridien central une heure avant la rouge (Observatory,
janvier 1 884, p. 24). Des nuages surviennent ensuite.
// février, de 8h6m à 8h16m; L = 61°5 ; fig. 21.
On soupçonne la tache rouge.
Le dessin est vérifié de 84 8m à 8h20m et à 8h30ra; l'image devient admi-
rable; on entrevoit alors la tache rouge, par moments, apparaissant comme
un filet rose très pâle. On reconnaît le point b dont il a élé déjà question
plus haut.
Passage de la dépression, correspondant à la tache rouge, au méridien central, à 8''5im49s;
L = 87"9.
U février, de SH7m à ShS6m; L = 68°6; fig. 22.
Ce dessin est complété et vérifié jusqu'à 6h25m.
Les bandes 3III et 4 sont formées de taches juxtaposées, difficiles à bien
définir, en chapelet; ces taches sont séparées par des solutions de continuité
1res difficiles à fixer; en X se trouve une de ces solutions de continuité; à
droite de ce point, la bande 4 est plus sombre qu'à gauche. Ces granulations
de 3111 et de 4 ont élé vues aussi le 23 décembre 1883, à 9h4m (fig. 29);
on en a vu encore le 1er janvier 1884, à 8h26m {fig. 17); voyez aussi 11 et
13 février^. 36 et 54). L'ombre f, dans 3II, a été vue encore le 1er janvier
1884, à 10h4m (///y. 24).
DE LA PLANETE JUPITER. 13
La région plus sombre de 4, commençant en X, doit se terminer un peu
plus à droite, carie même jour, à 6H4m, on a vu une solution de continuité d,
dans 4, située à droite de X {fig. 28); celle solution de continuité a aussi
été remarquée le 26 février , à 6b25m [fig. 27).
Passage, au méridien central, du point X obS4m 0s;L = 70°l.
— de la dépression de 31. . . . 6h25ra 0S; L = 88°8.
— du milieu de la tache rouge. . 6b27",32!; L = 90°3.
Le milieu de la dépression précède donc un peu celui de la tache rouge;
la lâche se voit positivement, mais est d'une faiblesse extrême; ce n'est plus
qu'un petit filet rosé, blanchâtre, visible par moments.
9 février, de 6hS8m à 7hom ; L = 77°9; fig. 25.
Les nuages interrompent l'observation; on voit l'ombre du satellite I.
/janvier, de 40b4m à 10b47m; L = 84 °6; fig. 24.
Observation continuée jusqu'à 10h43m.
Il faut rapprocher ce dessin de la fig. 22, du 14 février, à Sh47m; j'y
renvoie pour les comparaisons faites; celle observation fait suite à celle du
même jour, à 8fi26m : voyez plus haut fig. 17 . Nous y retrouvons l'ombre du
satellite III prête à sortir du disque, el un petit point noir sur 31, suivant la
dépression, point qui n'est aulre, sans doute, que le satellite III lui-même.
Ce point est au méridien central à 10h26m; à 10h43m on le voit encore, mais
dans les moments de grande netteté seulement.
La tache rouge se voit positivement, mais elle échapperait à un œil non
prévenu de sa présence; elle est à peine rosée.
9 mars, 6b6m ; L = 87°G ; fig. 25.
Les nuages empêchent de faire un dessin complet; je ne puis faire qu'une
simple esquisse de la bande 31. Dans de petites éclairaes, je constate que la
dépression est au méridien central, à peu près, à 6h6m, ce qui donne une
longitude de 87°6. Mais ces résultats ne sont qu'approchés à cause des
conditions atmosphériques trop défavorables.
H ETUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
16 février, de 8*1 3m à 8u2/m: L = 97°5 ; fig. 26.
On a continué le dessin jusqu'à 8h29m; il est resté incomplet à cause de la
difficulté des observations, le vent étant trop violent.
Circonstance remarquable, l'ombre du satellite I se projetait sur la tache
blanche e et n'en perdait rien de so)t obscurité, ce qui prouverait que celte
tache n'est pas lumineuse par elle-même.
La tache blanche e est-elle la même que celle qui a été observée le
12 février à 5h58m(/fy. 30) et le U février à 6h44m et à "''oo"1 (fig. 28 et 31)?
On a de grandes raisons de le croire. Nous renvoyons à ces dates pour les
comparaisons; on y verra que le 12 février le passage de la tache au méri-
dien central a donné pour L : 152' 9 et le 14 : 139°6; tandis que sa longitude
mesurée le 16 est 114°; celte tache diminuerait donc de longitude, accusant
un mouvement atmosphérique dans le sens indiqué par M. Denning pour les
taches blanches équaloriales.
A la date du 16, mon journal porte : « Cette tache blanche est-elle la
» même que celle du 14 février? Je le crois, car je n'en vois aucune autre
>> positivement; celle-ci est bien certaine. » Un doute subsiste donc; ne
peut-on admettre, en effet, qu'une autre tache blanche est apparue dans celte
situation, celle du 14 s'élant affaiblie au point de devenir presque invisible,
ou se trouvant trop près du bord oriental? Le 16, d'ailleurs, la lunette était
trop agitée par le vent pour pouvoir trancher un point aussi délicat. Toujours
est-il que, pendant le cours de ces observations qui se sont prolongées encore,
on n'a pas vu assez positivement d'autre tache blanche.
Passage, au méridien central, de la dépression do 31. . . . 8''3n'39s; L = 89"i.
La tache rouge est passée peu après.
Passage du point (3 8"27'"9-; L = 103"li.
Comparez avec le 26 et le 14, à 6h44m.
La tache rouge était rosée, très fine, trop difficile à observer à cause du
vent surtout.
DE LA PLANETE JUPITER. 15
26 février, de 6b2Sm à 6h45<" ; L= 99°7 : fig. 27.
Image mauvaise, dessin incomplet.
On aperçoit, dans 311, une bande fine très visible ; par moments on
constate qu'elle est inclinée et qu'elle est formée de nombreux tronçons
séparés par des intervalles plus pâles.
La bande 4 parait plus sombre à gauche, mais il est impossible de fixer
exactement le point d où elle s'éclaircit. Ce point d correspond ici à L = 99°,
environ; il est à comparer à la même région figurée le 14 février, à 6h44'n
(fig. 28), vers la longitude de 108°. Le 14 février, à 5h47m, on a vu, de
plus, la limite occidentale X de celle région plus sombre (fig. 22).
Passage du point p au méridien central G''4.°>mls; L = 10o°l.
(Comparez avec le 16 à 8h13"' et le 14 à 6l,44m).
Les satellites I et II étaient à l'orient, excessivement rapprochés l'un de
l'autre, presque au contact; j'ai noté que leur plus grand rapprochement a
eu lieu un peu avant 6h43ml\
U février, de 6h44m à 71'; L - 105°2; fig. 28.
Une tache blanche e arrive du bord oriental ; c'est celle dont il est question
également à propos de l'observation du 16 février, 8ll13n' (fig. 26); elle
figure aussi le 14 février, à 7hS5m (fig. 51).
Passage du point [i par le méridien central 6h5om ls; L = 107°.
— d — (tôt) 6hS6ra42s; L = 108".
Comparez avec le 26 février (fig. 27) et avec le 1 4 février 5I|47"' (fig. 22).
1885, 23 décembre, de 9Hm à 9h15m ; L = 129°7; fig. 29.
Observations continuées jusqu'à 9''22™.
Les bandes 3 II I et 4 présentent des granulations noires nombreuses; la
région noire X(/, vue dans 4 à diverses reprises (fig. 22, etc.), se rattache
évidemment à cet aspect granulé.
1884, 12 février, de 5h5S." à 6hHm; L = 13o°5;/ty. 50.
Observation continuée jusqu'à 6h38m. La séparation entre la bande 4 et la
16 ÉTUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
calotte nord, invisible d'abord, est devenue visible, quoique très fine, à la fin
des observations. On voit deux bandes légères dans la calotte supérieure,
comme le 29 février, à 5h50m (fig. 55).
Il a été question plus baut de la tacbe blanche e (fig. 26).
Passage, au méridien central, de la tache blanche e. . . . 6''33m:20s; L = 152-9.
— de la dentelure g &ti%a4S>; L = 488-6.
Nous comparerons celte dentelure g à celle qui a été vue le 14 février,
à 7h55"', suivant également la tacbe blanche (fig. 51).
J'ai observé aussi, le 12, l'entrée du satellite II sur le disque. La Dissection
a été notée à 6h48m338; le satellite suivait le bord nord de 31 comme une
petite tacbe brillante; je pus le suivre jusqu'à T1^'".
14 février, de 7h58m à 8h7m; L = U6°9; fig. 51.
Les images devenant trop mauvaises, le dessin reste incomplet.
Passage, au méridien central, de la tache e 7l'48mo6s; L = 139°6.
— - de la dent g 7"o5'" 65; L = 143-3.
En comparant ces longitudes à celles qui accompagnent la fig. 30 pour les
objets désignés par les mêmes lettres, on trouve que ces longitudes auraient
diminué, pour la tache blanche et la dentelure, et à peu près dans la même
proportion?
17 février, de ShS4m à 6h1m ; L = 163»6; fig. 52.
La dentelure noire// a pour longitude mesurée ici 154°6; il est à présumer
que c'est le même détail que les 12 et \A (fig. 50 el 51).
29 février, de Sh50m à 6h4m; L = 168°6; fig. 55.
Observation continuée jusqu'à 6h43m.
Nous retrouvons ici deux bandes dans la calotte 1, comme le 12 février
(fig. 50). Si on ne les voit pas le 14 (fig. 51), c'est probablement parce que
DE LA PLANETE JUPITER. 17
le dessin est resté incomplet, ni le 17 {fig. 52), c'est parce que l'image
était trop troublée.
En h, L = 183°, dans 31, tache brillante allongée, indice plus évident
de la séparation de 31 en deux zones, souvent remarquées plus ou moins
nettement. Le 17 février, à 6h25m(/fy. 34) et à 8h12m {fig. 43), on a vu
également cette tache h; aussi le 5 mars, à 5h57m {fig. 56). Le 15 février,
à 5h52m {fig. 4-1), on a vu une tache h', semblable.
Quand z et /' furent arrivées au méridien central, elles apparurent comme
deux taches tellement noires qu'on les eût prises pour les ombres de deux
satellites. Les deux taches blanches étaient brillantes, la première très petite,
la seconde plus grande et inclinée visiblement.
La dentelure/ se trouve aussi dans la fig. 42 du 27 février, à 5h50m et
dans la fig. 41, du 15 février à 5h52n'.
La longitude de /', mesurée, est 208°.
Passage au méridien central, de a 6L 7mo5s; L = 17o"2.
— z 6"41m3Ss; L — 198-8.
_ _ e 6b22">2Ss; L = 183°9.
— — 8 6b57">45s; L = 20S°3.
Une tache blanche, â, a été soupçonnée le 19 janvier, à 8h28m, vers
L = 202° (fig. 39).
47 février, de 6b25m à 6h29m ; L = 181°5; fig. 34.
On a observé aussi à 6h43m.
L'esquisse que je reproduis ici représente un espace /*, plus clair, dans la
bande 31, celui que j'ai vu aussi le 29 février {fig. 53). Vers 7 heures, la
bande 31 se présente comme je la figure dans le dessin 35; un point noirz(?)
passe par le méridien central à 6h58m4s, donnant L = 200°2; ce point est
assez voisin des dentelures des dessins des 27, 29 et 15 février {fig. 42,
35 et 44). M. Weinek, à Prague, l'a observé aussi au même moment
CAstron. Nachr., 2631 et 2637). Les dentelures des bandes apparaissent
souvent comme des points noirs rappelant les ombres de satellites ; le
Tome XLIX. 3
18 ÉTUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
29 lévrier (fig. 55), précisément, la dentelure z paraissait fort noire et avait
pourL: 195°5.
S mars, de ShS7m à 6h6m; L = 203 3; fig. 36.
L'observation a été continuée jusqu'à 6h25ni et à 6h39ra.
On voit la région brillante h dans 31 ; on ne revoit pas les taches blanches
brillantes du 29 (fig. 35). Deux dentelures « et z de 31, également du 29,
et la dentelure /' de 3111 sont encore visibles. On a également dessiné la
planète à 6h25ra (voyez fig. 40).
3 février, de Sh4Sm à &53"i L = 211°7 ; fig. 57.
Observation continuée jusqu'à 6h2"'.
On reconnaît les deux bandes dans la calotte 1, comme les 29 et 12 février
(fig. 55 et 58). La tache blanche i a été vue également le 5 mars à 6h25ul
(voyez fig. 40). La même tache blanche semble aussi figurer dans le dessin
suivant, 38, du 12 février, à 8h7m; voyez aussi le 3 février, à 6,,22'" (fig. 44).
12 février, de 8b7m à 8h46m; L = 212°2; fig. 58.
La calotte 1 renferme deux bandes parallèles.
La bande 31 renferme une petite tache i, brillante, que j'avais attribuée
au satellite II, en ce moment sur le disque ; celte interprétation peut être la
vraie; mais il est curieux de constater que ce point brillant aurait pour
L : 220°5, longitude très voisine, par conséquent, de celle des taches blanches
observées les 3 février (fig. 57, 44) et 5 mars (fig. 40), respectivement
228°8 et 222°3.
Passage du point i par le méridien central 8h25m18s; L = 220°5.
L'aspect de ce point brillant a encore été vérifié à S'^G"1. On voit l'ombre
du satellite 11 sur le disque.
49 janvier, de 8b28m à 8h57m; L = 212°4; fig. 59.
Observation continuée jusqu'à 8Hln'.
DE LA PLANETE JUPITER. 19
On soupçonne une tache blanche $ à la longitude mesurée de 202".
Serait-ce la tache i du 29 février 1884, à ol,50m, à la longitude de 205°3?
(v. fig. 55).
S mars, à 6h23'" ; L = 21 7°5 ; fig. 40.
Passage de la petite tache blanche i au méridien central . . . 6''33m; L = 222"3.
(Voyez fig. 57, 58 et 44).
1$ février, de SbST à 5hS8"' ; L = 221°2; fig. 41.
Passage de la dentelure j au méridien central 6ll6ln05; L = 227"8.
Le 27 février, à 5hoOm (fig. 42) une dentelure j figure à la longitude
de 229"6.
La région brillante h1, dans 31, est probablement une dilatation de la
séparation de la bande en deux, comme j'en ai observé dans des régions peu
différentes, notamment h (voyez plus haut), h' est aussi très voisine de la
tache brillante i; se confondraient-elles?
27 février, de 5hS0m à §bS7m; L = 225u6 ; fig. 42.
Observation continuée jusqu'à 6h33m. Image bonne d'abord, puis, en
général, très mauvaise.
Passage, au méridien central, de la dent ,/' 61' 0"iOs; L = 229°6.
— — y 6h30m O; L = 247°6.
La bande 31 parait double comme le 24 janvier [fig. 45).
La dentelure / a été observée le 45, à 5h52m (fig. 41).
La solution de continuité l' a été vue aussi le 29, à 5hoOm (fig. 55)
et le 5 mars, à 5hK7" (fig. 56).
24 janvier, de 7hS9m à 8h9m ; L = 228° ; fig. 45.
Observation continuée jusqu'à 8h14m.
La bande 31 parait double, surtout à droite.
Passage de l'ombre du satellite 1 au méridien central 8h23m12s.
20 ÉTUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
3 février, de 6h2T' à 6h33m-, L = 233°; fig. 44.
Passage de la tache t, blanche et brillante, au méridien central : 6h17mlos ; L = 228°8.
C'est la tache des 5 mars et 42 lévrier (fig. 38 et 40).
17 février, de 8h1T à 8*1 8m; L = 246°7 ;fig. 45.
On retrouve ici la région brillante h, dans 31, observée le même jour,
à Gh2om (fig. 34) (voir 29 février, fig. 33).
La tache blanche K suit ici cette région h, comme la tache K suit, le 45,
une région tout à fait semblable (v. fig. 41 et 46). La tache K est la tache
blanche Denning, dont on verra le passage au méridien central à l'observa-
tion de 8h27m (fig. 47).
15 février, de 6h39m à 6h43m ; L= 249°4 ; fig. 46.
On voit, en R, la tache Denning; elle passe au méridien central à 7h4om4s;
L = 269°5.
On a continué à observer jusqu'à 7h36m; on voyait très bien la petite tache
blanche et ronde Denning qui s'avançait vers le bord occidental.
17 février, 8h27m; L = 254° ; fig. 47.
Passage de la tache K (Denning) au méridien central . . . 8ll25m30s ; L = 253°1 .
La longitude de celte tache a donc diminué, du 4 5 au 4 7 , de 269°5 à 2o3°4 .
On voit aussi, dans le dessin actuel, l'interruption / de OUI, dont la longi-
tude mesurée est 289°. Le 20, à 6''24m, on a observé également une région /"
(fig. 50), mais le dessin a donné pour longitude 244°; il est probable,
comme je l'ai déjà dit, que ces solutions de continuité sont assez nombreuses,
à cause de l'état de désagrégation en fragments constaté plusieurs fois en 3 III.
1883, 19 décembre, de 10b18m à 10h28m ; L = 255°7; fig. 48.
Observation continuée jusqu'à 40h37m.
La calotte nord a un bord convexe n et se sépare plus de la bande 4 à
DE LA PLANÈTE JLP1TER. 21
l'orient qu'à l'occident, comme le 12 janvier 1884, à 9h7m {fig 49). La
bande 3111 est plus sombre à droite, à partir de L = 230°; c'est un indice
d'une solution de continuité l" à comparer à celles (pie nous avons désignées
par /, l" dans les figures 47 et 50 respectivement, et par/' dans les figures
33, 36 et 42.
Les dessins 47 et 48 ont la même longitude à peu près pour le méridien
central; la solution de continuité de la figure 48 précède donc / de la
figure 47.
1884, 12 janvier, de 9h7n' à 9h17m; L = 262°4;/t; L = 277°6; fig. 51.
Observation continuée jusqu'à 6hl lm.
Remarquons d'abord l'état granulé de 3III. Le point noir sur 31 est le satel-
lite III lui-même, très net, devançant la tache blanche R' (Denning?) près de
laquelle il est placé. En VV on voit une région plus sombre de la calotte polaire
sud, ressemblant, comme position et grandeur, à la tache rouge.
Passage, au méridien central, du point noir (satellite lit). . 6h 6m25s.
— de la tache blanche K' . . . 6b 9m50s ; L = 289°1 .
— de la bande W 6h19m20; L = 294°9.
Remarquons que la longitude 287°1 correspondrait au passage du point
22 ÉTUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
noir; elle est identique avec celle que nous trouvons pour la dentelure y
le 20 février, à 6h50m (fig. 52) ; cette dentelure est suivie d'une tache blanche /,
comme le point noir serait suivi ici d'une seconde tache blanche soupçonnée
en / (observation du 13 février, à 6''51m, fig. 54).
Voir la suite des observations de ce jour, fig. 54.
20 février, de 6h50m à 6h59m; L = 289"4; fig. 32.
Dessin complet seulement pour les régions équatoriales. Cette observation
fait suite à la fig. 50.
Nous trouvons /" et ni ; la région m retrouve son aspect du 42 janvier
(fig. 49); la dentelure S est celle des fig. 53 et 55 ; elle est suivie par
une tache blanche, brillante, t, à la longitude de 321° (mesurée), t a
probablement été vue le 13 février (fig. 54).
Passage de la dent y au méridien central 6h50"'0s ; L = 286°7.
Voir la suite des observations de ce jour, fig. 55, et aussi l'entrée du sal. III.
3 février, de 8h28m à 8b39M; L== 311°i ; fig. 53.
La dentelure S (311°) est la même que celle dont il vient d'être question
(fig. 52).
13 février, de 6b51m à 7h; L = 316°8; fig. 54.
Cette observation fait suite à la fig. 51. Le dessin est resté incomplet pour
les régions autres que les bandes 31, 311, 3III. On voit encore le satellite III
sous forme d'un point noir dans la moitié occidenlale du disque; également
la tache blanche Denning K.'? On en soupçonne une seconde qui suit et
serait la tache / (fig. 52 et 55). La tache K.' a peut-être une avance sur ce
point noir par rapport aux observations de la fig. 51. L'ombre du satellite III
vient d'entrer sur le disque; 31 est double; 3 III est plus sombre jusque q
(318°9), point observé aussi le 11 février (fig. 56) et le / février? (fig. 57).
Au bord oriental on voit la dentelure c du 11 février (fig. 16 et 56).
Passage de q au méridien central 6b59m4!; L = 318°9.
DE LA PLANETE JUPITER. 23
20 février, de 7hS4m à 8],9m; L = 330°; fig. 55.
Observation faisant suite à la fig. 52. J'observe l'entrée du satellite III ;
le 2e contact a lieu vers 7''o3'". Le satellite se projette ensuite sur 31 comme
un petit disque brillant (fig. 55); à 8h il est encore visible; puis il disparaît;
à 8h14m je constate encore qu'il n'est plus visible et, à 8''29m, je ne vois rien
qui accuse sa présence.
On a vu p le 11 février (fig. 56); on revoit l de la fig. 52, et la pointe S.
C'est dans la partie orientale de ce dessin que se placent les détails désignés
par c, a, r, etc., dans les fig. 16 et 56.
Le 11 février, de 6],5m à 6h16m; L= 348°6; fiy. 56.
Nous retrouvons ici la région p (fig. 55), les granulations de 3III et de 4
(fig. 51 et 17), et une interruption q de 3III, comme les 1er et 13 février
(fig. 57 et 54). On verra la suite de ces observations du 11 dans les fig. 16
et 21, où les mêmes points sont désignés parles mêmes lettres. Pour le moment
constatons encore que les points c, o et r ont été vus le 13 février (fig. 54
et 59); de même la dentelure a et la région r le 16 février (fig. 45).
Passage de c au méridien central 6l'21'"54s; L = 3S5°5.
o 6h28'"54s; L = 3S9°7.
1™ février, de 7h56m à 8h3m; L = 349°5; fig. 57.
Le vent empêche l'observation des détails.
Je ne signalerai que le point q? (337°) à partir duquel la bande 3HI est
beaucoup plus sombre.
/er mars, à 6h54m ; L = 353°S ; fig. 58.
Image mauvaise; détails invisibles; les bandes 31 et 3 1 II non parallèles;
bande 4 très large.
13 février, de 8h à 8h5m; L = 3o7°3; fig. 59.
Observation continuée jusqu'à 8h37'".
24
ÉTUDES SUR L ASPECT PHYSIQUE
Deux taches blanches occupent les points c' elr, la seconde plus brillante.
Celte seconde tache blanche r est la région la plus brillante dans l'espace
situé entre la deuxième (o') et la troisième dentelure. L'ombre du satellite III
est sur le disque.
Passage, au méridien central, de la première tache blanche c'. 7''o8m548 ; L = 355°1.
deuxième dentelure o'. . 8h 7m59s ; L = 0°6.
— de l'ombre du satellite III . . 8b25B,i^.
— — de la seconde tache blanche r . 8h37m 4" ; L = 18°2.
Les points c et o du 11 février ont ici les longitudes respectives de 344°
(mesurée) et 355°1 (d'après le passage de c'). Le 11 février, à 6hSm, c avait
pour longitude 355°5 et o avait 3o987. Les points c' et o' ayant ici pour
longitudes respectives : 355 1 et 0°6, la tache blanche & semble avoir pris la
place de la dent c du 1 1 février, et la dentelure o' la place de la région o du
11 février. En d'autres termes, les pointsceto du 11 février semblent avoir
diminué de longitude par un mouvement de rotation plus rapide, rappelant
celui qu'adopte M. Denning.
TABLEAU DES LONGITUDES JOVIGRAPHIQUES DES POINTS OBSERVÉS.
POINT.
DATE.
FIGIRES.
HEl;l!E
du passage
au
LONGITUDE
JOV1GRAPH1QUE
Remarques.
calculée
mesurée
mérid.centr.
d après
le passage.
sur
le dessin.
1882-1883.
Tache
rouge
extrémité I.
1
décembre 188"J . .
2
s1' 1 .>UI 8
29o4
»
Id. milieu.
"2
- — . .
Id.
H 31 26
40° 1
»
Tache
brillante 6.
4
— - • •
14
8 :;.". 4(>
3S4»7
»
DE LA PLANETE JUPITER.
25
POINT.
haï
HEURE
iln passage
au
mérid.centr
LONGITUDE
JOA [GRAPHIQUE
calculée
d'après
e passage.
mesurée
sur
le dessin.
Remarques.
1883-1884.
I. — Régions 1, , '2, b, tache rouge, dépression de 31 ef régions voisines.
13 février 1884
Il — —
20 —
\\
V
Dépression )
de 31, ' Il
milieu. )
14 -
1G —
'.I mars
Tache ,
rouge, li février —
milieu. ^
ie -
26 —
14 —
:;i
56
55
22
-26
26
27
2H
KM gia^O'
8 54 49
6 25 0
8 ô 50
(i 6 0
6 27 52
S 27 9
fi 45 1
(i 55 1
294"9
»
»
52r,"
»
320°
87°9
»
88"8
»
89°4
»
87°6
»
90°5
"
1 0ô»6
»
1 O.i'l
»
1U7°0
»
II. — Régions 31 et 311.
C
1 1 février
1884 .. .
S6
0h2lm54»
555°5
»
—
-
— . . .
lu
»
»
352»
-
13 -
— . . .
51
»
»
6°
—
—
- . . .
59
1)
»
344"
c'
—
— . . .
59
7 58 54
55501
»
0
Il -
- . . .
56
6 28 54
359»7
))
—
-
- . . .
16
»
»
ôû
Cl'
13 —
— . . .
59
8 7 59
0°6
»
II
II
— ...
16
»
1
C°
approché.
approché,
Tome XLIX
4
26
ETUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
HEIRE
du passage
au
LONGITUDE
JOVIGRAPHIQIE
POINT.
DATE.
FIGURE.
calculée
mesurée
Remarques.
mérid. centr.
d'après
le passage.
sur
le dessin.
»
16 février 1884 . . .
15
5''53m20s
111-7
—
H — - . . .
S6
»
»
28»
au bord.
/■
13 — — . . .
59
8 57 i
18°2
)>
b
16 - — . . .
9 — — . . .
15
18
•
"
21°
30°
—
Il — ...
16
»
•>
44°
—
— — - . . .
21
»
56"
—
Kl — ...
l!l
»
»
47°3
approché.
—
28 — — . . .
»
6 34 II
40°3
"
approché.
/
li - — . . .
22
»
"
80°
—
1 janvier — ...
24
«
»
101°
e
12 février — ...
30
6 53 20
152°9
»
—
li - - . . .
51
7 48 36
139°6
»
un peu tard.
—
16 - — . . .
26
»
»
114°
9
12 - - . . .
50
6 42 45
158<>6
)t
—
li - . . .
51
7 55 6
1 4305
))
—
17 — — . . .
32
»
»
154"6
a
29 ...
35
6 7 55
1 75°2
>'
—
5 mars — ...
36
»
»
167°
î
29 février — ...
35
6 22 25
183°9
»
5
S mars — ...
56
»
))
190°
—
29 février — ...
35
6 41 35
195°5
»
i?
17 — — . . .
35
6 58 4
200«2
»
Il
09 _ ...
33
6 22 25
183»9
))
—
17 - - . . .
45
»
»
196°
—
— — — - . . .
34
n
204°
—
5 mars — ...
56
»
»
181°
h'
15 février — ...
41
«
»
214°
DE LA PLANETE JUPITER.
27
POINT.
DATE.
FIGl RE.
HElliE
fin passage
au
LONGITUDE
JOVIGRAPHIQUE
calculée mesurée
Remarques.
raérid. eentr.
d'après
le passage.
sur
le dessin.
•3
19 janvier 1884 . . .
59
20-2"
i
29 février — ...
53
.77 |
M
(ill37n,45»
6 17 15
205"3
228"8
»
i?
12 — . . .
58
8 "2.3 18
2-20' 5
»
i
5 mars — ...
40
6 33 (1
222°3
><
approché.
i
15 février — ...
41
6 0 0
227°8
»
—
"27 — — . . .
4-2
6 0 10
22£°6
»
approché.
-
-20 — — . . .
.33
»
»
"233''
au bord.
Y
■27 — — . . .
1-2
6 30 0
"24"o6
»
approché.
y
"20 - - . . .
52
6 30 0
"286»7
»
approché.
il'-'
13 - — . . .
.31
(i (i -25
"287° 1
»
m
12 janvier — ...
il!
»
"
287"
—
20 février — ...
50
»
»
298"
—
— — . . .
5-2
•
>'
•340"?
approché.
k'
Denning?
13 — . . .
51
H !l 311
2811"!
»
K
Denning
; 15 - - . . .
■
40
45
7 15 4
-20fl"5
»
—
17 - — . . .
47
8 "25 50
-2.33"!
"
.S
20 — — . . .
5-2
»
a
509»
—
— — . . .
53
»
»
.304"
—
12 janvier — ...
49
»
»
507"
(
3 février —■....
"211 — - . . .
.3.3
3.3
-
:
511"
522"
32
521"
28
ÉTUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
POINT.
D A T E .
F1GLTIE.
HElllE
du passage
au
LONGITUDE
IOVIGB U'HIQIE
calculée mesurée
Remarques.
tnérid. centr.
d'après
le passage.
sui-
le dessin.
III. — 1
îégion 3III.
/'
S mars 1884 .
56
..
..
191»
—
27 février —
42
»
»
-215°
1"
29 — — .
l'.i décembre 1883
33
48
11
))
208°
230°
—
20 février 1884 .
50
"
»
-241°
1
17 — - .
17
-
»
280°
'!■'
1 — — .
37
•
»
337°
'/
Il - — .
56
»
»
3-23°
—
13 - - .
:>i
6>'59m i'
3I8°0
»
IV. —
Kégion 4.
\
M février 1884 . . .
22
S 54 ii
70" 1
»
d
2(5 — — . . .
"27
»
»
99°
—
14 — - . . .
28
(i 36 42
108°
»
approche.
1885.
19 février, de &.43T à 8u2lm; L = 9"5: fig. 60.
Observation continuée jusqu'à 9hlm.
La dépression correspondant à la lâche rouge est peu profonde, moins
marquée qu'en 1884; je ne vois pas la lâche rouge; au commencement de
l'observation, la bande la plus élevée du disque est rosée; 31 est rosée plutôt
à la fin. On n'a vu aucune trace de la tache blanche Denning qui devait
passer au méridien central vers 9 heures (Observatory, février 1885, p. 63).
DE LA PLANETE JUPITER. 29
A 9hlm la bande 31 avait l'aspect figuré dans le croquis 60« : le satellite IV
se voyait très près du bord oriental; il venait de sortir de l'ombre.
Passage, au méridien central, de la dépression de 31 . . . 8"23'"3.'r; I. = I3°8.
de F, tache très brillante . . 8h27ra35s; L = 16»2.
On retrouve les points R, I), F le 22 mars (fig. 97, 98), ARDE le
15 avril, à 8h43"; (fig. 61), AEF le 20 avril, à 8h10m (fig. 62).
1S avril, de 8H3m à 8h32'n; L = 15°8; fig. 61.
Observation poursuivie jusqu'à 9h4-m.
Les régions entourées de pointillé sont celles où règne un plus vif éclat;
calottes polaires à peine marquées ; la calotte 5 est largement séparée de 3III;
à 9h2m, au contraire, ces deux régions ne sont séparées que par une strie
brillante ; la calotte inférieure parait alors s'étendre jusqu'à la ligne poin-
tillée 5. 31 est plus sombre dans sa partie orientale.
Passage de A', tache brillante, au méridien central (tard) . . 8h48mfô"; L = 16°o.
— D au méridien central 9h 0m17*; L = 23°o.
Pour l'identification, voyez l'observation précédente (ARDE).
20 avril, de 8h10m à 8h18m; L =26°6 ; fig. 62.
Observation continuée jusqu'à 8h24™.
Passage de A au méridien central 8h19mo0"; L = 30°1.
H (milieu de la petite bande partielle) .... 8h21m3o'; L = 31°2.
On retrouve A et E le lo avril (fig. 61) et le 19 février (fig. 60); F le
19 février (fig. 60); A le 18 avril (fig. 64); G les 1er et 18 avril (fig. 65,
64 et 70); une proéminence de 3111, en H, le 1er avril (fig. 63). Les deux
lâchés brillantes F et F' ont été vues aussi le 10 avril, à 9h10m (fig. 96).
Voyez la suite de celte observation du 20, fig. 6§.
50 ÉTUDES SUK L'ASPECT PHYSIQUE
/" avril, à 7U5S'" ; L = 30°3 ; fig. 63.
Dessin complété ensuite de 7,'53'" à 8h2n', autant que possible.
Les nuages rendent le dessin incomplet. 31 esl rougeâlre; la pointe G est
très faible, entrevue par moments seulement, mais certaine. La zone entre 3111
et la calotte S est très brillante.
\ au méridien central à 7h38m43' (un peu tard); L = 30°8.
H l^Si"^' (± à cause des nuages); I. = 40°4.
L de G mesurée sur le dessin : 60"3.
Pour l'identification de ces trois points, voyez le 20 avril, fig. 62.
18 avril, de 7h8m à 7h22"> ; L= S0°5; fig. 64.
Observation continuée jusqu'à 7h47m. A 7h31"' on l'ail le croquis fig. 64a.
La tache brillante, blanche, G', visible seulement près du méridien central
(fig. 65). Sous 3111 règne une zone étroite, très brillante. La calotte 5 est
divisée en deux régions, l'inférieure plus sombre, la supérieure perceptible
seulement par son contraste avec la strie brillante qui est au-dessous de 3111;
celle circonstance esl à rapprocher de l'observation du 15 avril 1885,
à 8h43m, dans laquelle la bande 3111 et la calotte 5 ont paru d'abord large-
ment séparées, tandis que plus lard il n'existait plus pour séparation que le
trait brillant longeanl 3111.
Passage de G dentelure) par le méridien central T'ilm4is; L = 70°3.
PHÉNOMÈNES DES SATELLITES III KT IV.
Passage de l'ombre du satellite III, y :
L'ombre vient de passer au méridien central 7h9m4.8s.
Entrée du satellite IV sur le disque de Jupiter.
Premier contact, au boni inférieur de 3 III (v. la fig.) 7h9n,48s; observa-
lion trop difficile. Biseclion à 7h14I"8s.
DE LA PLANETE JUPITER. 31
74 7"'48s, je ne vois plus le satellite IV ; un momenl il a brille comme un
petit disque sur le bord de Jupiter.
7h29m38s, je commence à voir le satellite IV, sous forme d'un 1res petit
point noir \p.
7h44m33s, le satellite IV apparaît sur 3111 comme un point très noir,
aussi noir que l'ombre du satellite III, mais plus petit; il est très visible.
Voyez la suite de ces observations au 18 avril, à 7h53m (fig. 70).
m avril, de 8h52m à 9h ; L = 52"; fig. 65.
G' au méridien central S'^o1" 81 ; L = 51"5.
% — 9h12°"15s; L = 54«.
La fig. 66 représente mieux les détails de 31, 311 et 3111.
On a vu G et G' le 18 avril (fig. 64), voyez aussi fig. 64a; / également
le 18 avril (fig. 64, 64a, 70) et peut-être le 7 février (fig. 68). On trouve
encore le point / le 23 mars (fig. 72).
Le 13 mars, de 7hëSm à 8h7'" ; L = 68°4 ; fig. 67.
L'observation a été continuée jusqu'à 9h32m environ.
A l'heure du dessin (8'T" en moyenne) les points noirs figurés sur 3111 ne
se voyaient pas encore; ils recevront un peu plus loin leur explication. La
bande 31, tigurée simple ici, a paru se dédoubler par un Irait brillant d'une
grande finesse à 9h2m. Une tache noire, L, est très distincte dans 31. Les deux
taches .M et N sont brillantes, surtout N. La séparation entre la calotte S et la
bande très étroite qui la surmontait était excessivement fine.
Le satellite III était sur le disque et, à 84 lm, je commençai à constater la
présence d'un petit point noir sur 3111, dans la région marquée jS" sur le
dessin. Les nuages interrompent l'observation. A 9h2"' le point /3" est très
visible; je note son passage au méridien central, un peu tard, à 9h9m58s; il
est très noir. Si ce point, au lieu d'être le satellite III, était une tache de
Jupiter, ce passage donnerait pour L : 110". La moyenne des instants d'entrée
et de sortie du satellite III, d'après le Naul. Al»)., est pour ce jour 9h7m29s
t. m. Bruxelles, chiffre qui s'accorde avec notre passage par le méridien central.
32 ÉTUDES SUR L ASPECT PHYSIQUE
A 9h32'"18a l'ombre du satellite III est entrée déjà en s', tache très noire,
très visible, elliptique, à grand axe perpendiculaire à l'équateurde la planète,
beaucoup plus grande que /3". Le point noir /3" est en ce moment arrivé en /32.
Passages par le méridien central :
L 8"Um13»; L = 74°3.
MetN 8h18m38s; L = 79".
Région plus sombre de 3111, non figurée dans le dessin et précédant
pu . 8h28m53s; L = 85°2. (3111 parait formée de plusieurs granulations plus
sombres.)
P" (satellite 111) 9h9m58s (tard).
Pour l'identification des points L, M, N, voyez les figures et l'observation
suivantes.
7 février, de /0h6m à /0h/4m; L=73°2; /? à 8]55m; L=244°2; fig. 85.
Observation prolongée jusqu'à 8h,j6n'.
DE LA PLANETE JUPITER. 37
La région TT' a l'aspect d'une tache isolée; les dentelures de 31 sont très
petites. A 8h44m on voit la tache blanche U.
Passage, au méridien central, de 11" 8h26m16'; L = 243°8.
— 2 8h29°"lls; L = 245*6.
I 8ho3'"46<; L = 260°4.
19 mars, de 8U à 8hJ2m; L = 253°4; fig. 86.
Observation continuée jusciu'à 8h33m.
31 a une teinte rosée; la calotte 1 est marbrée, contenant fies espaces
pins clairs.
Passage, au méridien central, de S 8h 7"'47\ L = 254°5.
— — -i' 8h12m50s; L = 257°5.
2' 8h33"' 9S; L = 269°8.
12 avril, de8h24m à 8h29<"; L = 271°5 ; fig. 87.
Observation continuée jusqu'à 8h49D1. Détails trop dilïiciles à observer.
La bande 4 est pins marquée à l'occident, jusqu'à T, vers le méridien
central. La région Z'", tache peu marquée, peu brillante, mais blanche,
précède la région U.
Première dentelure 2 au méridien central 8h26m12s; L = 272°2.
L' 8h44m17s; L = 283°2.
17 avril, de 7hS7m à 8Hm ; L = 287°8; fig. 88.
Les détails sont excessivement difficiles; l'observation est imparfaite; on
la poursuit jusqu'à 9h18m.
La bande 3111 est rougeâlre à 9h18'"; à celte heure, également, on voit
l'ombre du satellite II sur le disque, très petite, très difficile, grisâtre; la
position figurée pour celle ombre correspond donc à 9h18m, au lieu de
correspondre à l'heure moyenne du dessin. La tache U est blanche et bril-
lante, mais petite. La dentelure B est ceriaine, mais si difficile que sa forme
est un peu douteuse. U' est une petite bande partielle dans 311.
U au méridien central, un peu tard 7h58n'35s; L = 28C7.
R — 8h 4m22'; L = 290*2.
58 ÉTUDES SUK L'ASPECT PHYSIQUE
12 mars, de 8h21m à 8b39m; L = 295°5; fig. 89.
Les détails sont trop dilïieiles pour faire un dessin complet. On voit deux
taches blanches brillantes dans 3ll : a", celle qui entame 3111, est très ronde,
frappante dans les moments de netteté.
a." au méridien central 8u36m17< ; L = 299°3.
L'autre tache brillante doit cire la tache U.
19 mars, à 9h34m; L = SOe^G ; fig. 90.
Dessin approché et incomplet.
3111 est rosée; ôl est noire; on retrouve li et U' pour lesquels nous ren-
voyons aux fig. 88, 91, 93 et 97.
11 mars, de 7ho9m à 8h6m; L = 310°6 ; fig. 91.
Observation continuée jusqu'à 8'"15m.
3111 et la calotte sud sont rosées; les régions U et a' sont plus brillantes.
Passage rie B par le méridien central 8h12m48s; L = 31t3°8.
4 février, de 9h22m à 9h51m; L = 31 5' 6: fig. 92.
Observation continuée jusqu'à 10h2'".
31 et 3111 légèrement roses dans la partie nord, qui est aussi leur région
la plus sombre.
29 mars, de 8u8m à 8h(9m; L = 321°; fig. 93.
L'image est trop mauvaise pour qu'un dessin complet soit possible. B est
très visible : deux tacbes blanches et brillantes sont remarquées : U et ?'.
B au méridien central 8M4moos; L = 321-8.
30 janvier, à 10h33m; L = 525°.
Image trop mauvaise pour dessiner; les bandes 31 et 3III sont grises.
10 avril, de 8h29m à 8h39m ; L = 33(i"o ; fig. 94.
On voit l'ombre du satellite II.
U' (extrémité de la petite bande partielle) au méridien central, 8h35ni12s;
L = 337u2.
DE LA PLANETE JUPITER. 59
8bo1"', fig. 9-5, la calotte 5, plus marquée, s'étend maintenant presque
jusqu'à la bande 3III, dont elle n1esl séparée que par un trait brillant très
fin. En F, on voit une région plus brillante entamant 3III; 31 est plus large
en se dédoublant au bord oriental; nous retrouvons ici la trace de la dépres-
sion de 31 et le point A. 3111 est rougeâtre à 9h.
9h10m, fig. 96, la tache F semble double (F, F').
Passage de F au méridien central 9"28°'435 ; L = 9°5.
— de la dépression de 31 (tôt) 9h28'"43' ; L = 9°5.
Le point A se trouve aussi dans les fia;. 60, 61, 62, 63, 64, 98.
Quant à F, on le trouve également et même accompagné de F' dans la
fig. 62 ; F figure encore dans les fig. 60 et 98.
22 mars, de 8h à 8h4m; L = 341 °9; fig. 97.
Observation continuée jusqu'à 8''32m.
La dentelure D se voit depuis 8h13m; depuis 8h28"' on voit 31 s'élargir el
se dédoubler au bord oriental. L'ombre du satellite 1 est sur le disque; elle
est au méridien central à 8I'4"'!1\ On observe le satellite 1 sur le bord occi-
dental de Jupiter, au bord sud de 3111, à 8''26m.
De 8h44m à 8h48m, je fais le croquis de la fig. 98. Un instant la tache
rouge a été soupçonnée sous forme d'une simple ligne au-dessus de D.
La région plus brillante A a été vue à 8h58m. On finit les observations
à 9''4'"; 3111 est rougeâtre; 31 a, par moments, un aspect figuré en 1882 et
1879, comme le montre le croquis ci-joint (fig. 99) '.
Passage de D au méridien central 9h2m21'; L = 18°4.
Pour l'identification, consultez les fig. 60, 61 , 62, 95, 96, etc
16 mai, de 8hSSm à 8hS9m ; L=356°7 ; fig. 100.
Détails trop difficiles, puis nuages. Bande marquée dans la partie supé-
rieure, ne s'étendant que jusqu'au méridien central, depuis le bord occidental ;
calottes polaires invisibles.
i Mém. cité, 11 février 1882, 6h20m, fig. 30, p. 47, et 14 mars 1882, G"34"\ fig. 27, p. ol ;
et obs. de Jupiter en 1879, Bull, de l'Acad., 2e série, XLIX, n° 3, fig. 26.
40
ETUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
TABLEAl DES LONGITUDES JOMGRAPlilUl ES DES POINTS OBSERVES EN 1883.
DATE.
HEl'llE
du passage au
mér. central.
LONGITUDE
jovigraphique
calculée
d'après le
passage.
Remarques.
1. — Régions 1, a, H, b.
Dépression de 31 [tache rouge) et régions raisinés.
Dépression
de 31 ! 10 avril
milieu )
19 février
20 avril .
1 — .
A'
n
G'
G
15 avril .
22 mars .
15 avril .
20 — .
1 — .
18 - .
7 février
13 mars .
13 — .
7 février
23 mars .
16 — .
16 avril .
21 - .
21 mars .
26 — .
(M
W>2$«>43'
00
8 23 38
02
8 1!) 50
(i5
7 58 15
II. — Régions :J,I et 311.
01
07
01
Gb
03
64
68
67
67
63
7-2
76
77
78
80
82
8>>48"'lbt
!» 2 21
9 0 17
8 5b 8
7 47 41
10 12 11
8 11 13
8 18 58
10 38 31
7 50 17
8 50 33
9 12 57
8 27 44
8 U 36
8 10 0
9<>S
15°8
50°1
3U°8
16»o
I8°4
25°5
bl°b
70°3
74°b
74°b
79°
90°4
12b°2
177<>2
I8I04
18b°l
199°2
228»
observé tôt.
observé tard.
observé tard.
60°5 (mesuré).
observé tard.
obsen é tan
±
DE LA PLANETE JUPITEK.
il
POINT.
DATE.
FIGURE.
HEURE
du passage au
mer. central.
LONGITUDE
jovigrapbique
calculée
d'après le
passage.
Remarques.
Q"
8(1
8>'ô0'" 6«
208°6
Vl'l
7 il 3
211"!»
V<
20 -
82
8 28 0
258-8
observé tôt.
—
31 -
83
8 II 10
255-t
—
19 —
86
8 33 !i
269°8
—
12 avril
87
8 20 12
272-2
u
19 —
83
8 33 -40
200-4
-
12 -
87
8 44 17
283-2
—
17 -
88
7 58 33
280-7
tard.
—
83
293-5 (mesuré).
B
88
8 4 22
2110-2
—
91
8 12 48
510-8
-
29 —
93
8 14 33
321-8
1'
1U avril
91
II. - 1
8 33 12
légion 3III.
537-2
F
9>'28"' 13s
•J-3
—
19 février
60
8 27 33
16-2
7.
20 avril
63
9 12 13
54»
—
18 —
70
7 38 50
70-9
Il
20 -
62
8 21 35
51-2
—
1 —
03
7 54 58
40-4
±
\
13 mars
67
H 1» 58
79-
—
08
Kl 45 21
93-5
Région
s o m b r e
de 5III.
13 mars
67
8 28 55
83-2
P"
ou sut. III.
! « -
i
07
y y 58
(110»)
observé tard.
Tome XLIX.
42
ÉTUDES SUK L'ASPECT PHYSIQUE
HEURE
LONGITUDE
POINT.
HATE.
FIGURE.
du passage au
mér. central.
jovigraphique
calculée
d'après le
passage.
Remarqite.s.
a"
16 avril
74
gh Tin.i:;»
1 12°
pp.
23 mars
72
8 52 12
i(i2°9
R?
14
81
8 S 14
221 "3
V
l'.l avril
83
8 20 11
2 l.'l-O
—
31 mars
83
7 30 13
2i7"3
—
19 —
8(i
8 7 -17
234°3
P'
lit -
80
8 12 30
2373
0
31 -
83
8 8 13
238-3
a"
12 —
8*1
IV. —
8 36 17
Région 4.
299°3
r?
80
8 19 0
2o i »y
TT'
19 avril
83
8 20 10
243 8
T
31 mars
83
7 32 40
248-9
TABLEAU GENERAL DES OBSERVATIONS DANS L'ORDRE DE DATE.
ANNÉE.
i
.1 (H II .
1IEIRE
MOYENNE.
LONGITUDE
.lu
niriditn (fnlr.il.
FIGURE.
Remarques.
1882
28
30 -
8^20"" 0«
8 27 50
8 37 30
8 22 30
10 22 30
0«1
1 33-3
102-0
34"7
107°2
8
5
0
DE LA PLANETE JUPITER.
45
ANNÉE.
JOUR.
1IEIRE
MOYENNE.
LONGITUDE
du
amiiliou rentrai.
FIGURE.
Remarques.
1882
4 décembre
iMt.»> II»
351 "2
1 i
—
9 —
8 18 II
5"9
1
-
12 —
8 38 1)
109-7
7
—
17 -
9 1 ,"i0
136°6
9
-
18 -
8 !l 50
273"8
12
1883
li janvier
5 42 30
290°8
13
-
23 -
3 11 0
185-8
11
—
25 . -
6 4 0
138°7
10
—
10 décembre
in 23 0
253°7
18
—
23 -
9 9 30
129-7
29
1881
1 janvier
8 30 30
21 "2
17
-
1 —
III II) 30
81 "G
21
—
12 —
9 12 0
262-4
49
—
10 —
8 32 30
212-4
39
-
24
8 1 0
228»0
45
-
28 —
6 13 30
61 "4
20
—
1 février
7 59 30
519-5
57
—
5 —
3 49 0
2I1"7
57
—
5 - —
6 27 30
233»
44
—
5 —
8 35 30
-j 1 1 ° 1
33
-
0 —
5 57 50
59°8
18
-
0 —
7 0 50
77°9
25
—
Il -
l» lu 30
548"6
56
—
Il —
li 33 0
14-5
16
—
Il —
8 110
61-5
21
-
12 -
(ï i 50
1 3o°5
50
—
1-2 —
8 11 30
212-2
38
—
13 -
3 50 15
277-6
31
44
ÉTUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE
ANNÉE.
J 0 l" R .
1884
1885
15 février
15 -
14
14 —
14 —
13 -
13 —
16 —
16 —
16 —
17 —
17 —
17 —
20 —
ill —
26 -
27 —
28 -
29 —
1 mars
3 —
9 —
30 janvier
3 lévrier
13 —
HEIRE
MOYENNE.
I.ONGITIDE
llu
nuTÎtlirn ce Dirai.
FUHRE.
Remarques.
6>>33m30s
8 2 50
3 51 30
6 52 (I
8 1 II
5 55 0
6 il 15
5 47 (»
Il 51 II
8 17 II
3 57 30
6 27 II
H 13 0
6 27 50
H I 50
Il 54 0
5 53 30
« 31 II
5 57 0
6 54 II
I) 1 30
li (i 0
10 35 0
9 26 50
9 26 30
10 III 0
10 43 0
9 Il 0 zt
316°8
5o7°3
68» 6
105-2
I i6°9
22 1 °2
249°1
6°8
47°3
97"5
163°6
181 »5
246°7
273" 1
350°0
99-7
223°6
40"5
1 68«6
553°3
203«5
87°6
323°
165-2
513°6
73°2
»
213»3
51
59
22
28
51
il
16
15
19
26
52
54
45
50
42
38
36
73
92
68
69
DE LA PLANETE JUPITER.
45
ANNEE.
JOUR.
HEURE
MOYENNE.
I.OSGITUDE
(lu
mcriilieo rmlrjl.
FIGl'KE.
Remarques.
18X5
10 février
19
12 mars
13 —
14 -
16 -
17 —
10 -
10 -
"21 -
22
22
22
23 -
23 —
26 —
28 -
20 -
31 —
31 —
1 avril
10 -
10 -
(0 —
12 -
10 —
16 -
le —
Mile,"
30»
9 1
l)
8 50
i)
X 1
0
x i
3(1
X 23
0
X -2
30
X 6
0
0
X 15
0
X 2
0
X 16
0
9 l
0
7 36
30
X 17
0
X 10
0
8 36
0
X 13
30
7 41
30
8 35
0
7 38
0
8 34
0
8 31
0
9 10
0
8 -23
0
8 47
50
8 3
0
9 3
50
293»5
68»4
220°8
I 72°7
5I0°6
233°4
306°6
I99<>5
541"9
I28°9
»
228°0
184°3
321°0
242°2
274»5
30"3
536n5
271 "5
15°8
ISO'l
1 7G»n
6(1
60a
8!»
67
XI
76
ni
86
90
80
97
98
9i\
72
73
82
79
93
83
8-1
63
9-i
95
96
87
61
46
ÉTUDES SUR L'ASPECT PHYSIQUE, etc.
ANNEE.
.1 0 V R .
HEURE
MOYENNE.
LONGITUDE
du
méridien central.
FIGl RE.
Remarques.
1885
18 -
IX
18 —
10 —
20 —
-20
il -
81' 0>"Ô0*
7 15 0
7 31 0
7 55 0
0 6 30
8 27 0
8 H 0
8 36 0
8 26 0
8 37 0
287"8
50°5
7i"7
117"!)
24402
20-6
52°0
184-0
356n7
88
61
Gin
70
71
85
62
65
78
100
Mein . de l'Académie
PL I
20
61»
ÎJ
'"■V
77
78
184-c
J6 ''-
79
■- ■ - a a_
Miin.de l'Académie
PL.V
82
228°
8T,
■
>*A
89
ff *
86
i
1
91
92
315°6
9*
,
95
A
» -■;■>
9 Ci
i
w/
£/"'
.-I J ,.
98
-
8 46
99
, te,
XitA G everet/n u a
11. H' ■>('■'■
ETUDE
BIOGRAPHIQUE, LITTERAIRE & BIBLIOGRAPHIQUE
SUR
OLIVIER DE LA MARCHE
par
Henri STEIN.
( Présenté à l.i Classe des lelties dans sa séance du 2 aoùl 1886.]
Tome XLIX.
ï ,.-
vL.*V:^«^j^»*/Vi*V^rt^'*r^j^^«^i>'
Olivier de la Marche.
(Dessin conservé à la Bibliothèque d'Arras.)
AVANT -PROPOS.
« L'Histoire est un temple dont l'historiographie
est le vestibule ». »
Le développement des éludes hisloriographiques amène chaque jour la
rectification ou la confirmation d'un fait historique important. On est arrivé,
un peu lard, il est vrai, à reconnaître que l'élude des sources devait élre le
point de départ de loule élude impartiale el sérieuse. De là à rechercher
scientifiquement le hut qu'a voulu poursuivre et qu'a pu atteindre tel
écrivain, à réunir sur sa vie intime et sur sa vie publique les documents
les plus variés et les plus précis, il n'y a qu'un pas. Ce qu'on a déjà fait,
à l'étranger comme en France, dans ce sens, est considérable; mais si pour
quelques historiens, chroniqueurs ou poètes il n'y a plus qu'à glaner, pour
d'autres, au contraire, la moisson est tout entière encore sur pied : on
cherche le faucheur qui fera la récolte.
Olivier de la Marche doit être compté au nombre de ceux qui attendent
un biographe. Il est connu — de nom — ; on le cite comme un bon chro-
niqueur du XVe siècle, sans connaître bien au juste sa valeur; de ses actes,
on ne sait guère que ceux qu'il mentionne dans ses ouvrages; on accepte
* Leçon d'ouverture du cours d'étude critique des sources de l'histoire de France, par
M. S. Luce, Bibliothèque de l'École des Chartes, 1882, p. 664.
4 AVANT- PROPOS.
sans contrôle ses affirmations, et l'on se garde de rechercher les sentiments
qui font guidé dans ses appréciations. A peine lit-on sa prose; et l'on lient
communément sa poésie pour ennuyeuse ou futile.
Olivier de la Marche joua un rôle considérahle dans toutes les affaires de
son temps. Il semhle donc intéressant de connaître ce rôle, et de savoir
comment il s'en acquitta. Ses contemporains ne parlent que rarement de lui;
du moins n'avons-nous que des témoignages de partisans ou d'amis, naturel-
lement portés à l'admirer et à le combler de louanges. Rechercher ce qu'il
peut y avoir de vrai dans ces témoignages ne paraît pas non plus absolument
dénué d'intérêt.
Au XVIe siècle la personne d'Olivier de la Marche est oubliée; ses écrits
restent et sont lus, puisqu'on les réimprime à différentes reprises. Mais plus
lard, comme de beaucoup d'autres, il ne reste de lui qu'un vague souvenir;
à part quelques savants et encyclopédistes qui en l'ont mention, nul n'a souci
de commenter, ni même de consulter ses ouvrages tombés dans l'oubli. Les
efforts des Foppens ', des Goujet2, des Papillon3, des Lelong 4 et des
Paquot 5 sont impuissants à soulever le voile épais qui couvre sa mémoire;
et l'écho que répète Michaud 6 dans le lointain n'est pas écouté davantage. H
est vrai de dire que ce dernier n'est pas très encourageant lorsqu'il écrit :
« D'autres manuscrits de lui reposent dans la poudre des bibliothèques, et
» nous croyons que personne n'aura la fantaisie de les tirer de la nuit 7 » .
Vallel de Viriville, pour qui le XVe siècle n'avait guère de secrets, est-il
plus près de la vérité lorsqu'il dit : « Olivier de la Marche attend encore de
i Bibliotheca belgica, t. II, p. 932, Bruxelles, 1739.
2 Bibliothèque françoise, t. IX, pp. 372-390 et t. X, p. 421, Paris, 1745.
3 Bibliothèque des auteurs de Bourgogne, t. II, pp. 18-21, Dijon, 1745.
* Bibliothèque historique de la France, t. II, 254S9-71, Paris, 1769.
s Histoire littéraire des Pays-Bas, t. XV, pp. 305-318, Bruxelles, 1769.
6 Nouvelle collection pour servir à l'histoire de France, t. III, pp. 303-306, Paris, 1837.
" Idem, p. 306.
AVANT- PROPOS. 5
» notre siècle historique une véritable édition critique et complète de ses
» ouvrages ' » ?
El adhac sub judice lis est. Nous n'aurons pas été le premier à encourir
le blâme que Michaud prononçait en d 837; mais nous serons jusqu'ici le seul
qui ait tenté d'esquisser une biographie du poète chroniqueur, accompagnée
de documents inédits et de pièces justificatives. Nous ne croyons pas que l'on
s'occupe actuellement d'une édition complète des œuvres d'Olivier de la
Marche : la publication entreprise 2 sous les auspices de la Société de l'Histoire
de France, par MM. Beaune et d'Arbaumonl, paraît ne devoir comprendre
que les Mémoires et YEslat de la maison du duc Charles, qui y est annexé
dans la plupart des éditions antérieures 3. Il est très regrettable de laisser
dans l'ombre le Parement des dames, par exemple, qui a fourni et fournira
toujours d'amples données à l'archéologue et à l'artiste.
La vie d'Olivier de la Marche n'a jamais été suffisamment esquissée. Au
milieu du XVIIIe siècle, l'abbé Boullemier 4, de Dijon, avait réuni des notes
critiques et recherché des pièces originales propres à éclaircir ou à expliquer
les épisodes de celte vie longue et agitée. Boullemier est mort avant d'avoir
terminé son œuvre : nul ne sait ce que sont devenues ses notes manuscrites.
Plus près de nous, MM. de Beifïenberg et J. Blaes se seraient longtemps
occupés d'Olivier de la Marche, chroniqueur et diplomate; mais du premier,
il n'existe à notre connaissance qu'une très petite plaquette sur ce sujet3; du
second, auquel on doit plusieurs bons travaux sur le XVIe siècle, rien n'a été
publié sur cette question. Vers 4865-1866, M. Guillemin, de Chàlon-sur-
• Nouvelle biographie générale du 1)' Hoefer, 1859, t. XXIX, p. 51, Paris, Didot.
2 Les tomes I à III ont paru. Ils comprennent les Mémoires, seuls, du chroniqueur,
Paris, Loones, 1883-1886.
3 M. B. Prost ne songe plus à donner suite à son projet qui date de 1870.
* Nouvelle collection de Mémoires pour servir à l'histoire de France (loc. cit., p. 305).
s Paléographie, histoire littéraire, poésies de Chastelain, de Pierre Michault et d'Olivier
de la Marche (broch. in-8° de 12 pages, s. 1. n. d.), extrait des Bulletins de l'Académie de
Bruxelles, lre série, t. X, 1™ partie, p. 156.
t> AVANT -PROPOS.
Saône, depuis retiré à Varsovie où il est décédé ', avait fait à Paris et à
Dijon de très longues recherches en vue d'écrire la biographie d'Olivier de
la Marche : son travail n'a jamais vu le jour. On nous a même assuré "2 que
M. Guillemin avait pris copie à la Bibliothèque du Louvre, incendiée
complètement en 1871, de la partie relative à Olivier de la Marche dans les
Vies des poètes françois de Guillaume Collelet. Nous eussions été heureux
de connaître et de faire connaître à nos lecteurs l'appréciation de Colletel.
Malgré notre vif désir, il ne nous a pas été possible d'obtenir communication
des papiers historiques laissés par feu M. Guillemin.
La biographie, que prépare M. d'Arbaumont pour être jointe à l'édition
qu'il donne des Mémoires d'Olivier de la Marche, ne doit paraître qu'avec
le dernier volume publié par ses soins. Nous n'aurons pas eu l'avantage de
profiter de son travail pour corriger les erreurs et compléter les lacunes du
nôtre.
On a, pour la présente publication, visité les principaux dépôts publics
de France et de Belgique, et l'on n'a négligé ni les bibliothèques ni les
archives des autres pays (Hollande, Italie, etc., ....) lorsqu'on avait des
renseignements précis sur l'utilité de la recherche.
L'auteur n'oublie pas l'accueil empressé qui lui a été fait partout où il a
passé, et prie toutes les personnes auxquelles il s'est adressé d'agréer
l'expression de sa sincère gratitude.
i Communication de M. Marcel Canat de Chizy, de Chalon-sur-Saône.
^ Communication de M. Philippe Tamizey de Larroque.
ETUDE
BIOGRAPHIQUE, LITTÉRAIRE & BIRLIOGRAPHIQUE
SUR
OLIVIER DE LA MARCHE.
CHAPITRE PREMIER.
BIOGRAPHIE.
§ 1. — Sa famille.
La famille d'Olivier de la Marche était originaire de la Rresse.
MM. Reaune et d'Arbaumont ont indiqué ' quelques personnages ayant
porté le nom de La Marche à partir de 4174; mais ils n'ont nulle part
exposé la filiation de chacun d'eux, et ils n'ont pas mentionné davantage la
source où ils ont puisé leurs indications. Il n'y a donc pas possibilité de les
contrôler 2, et s'il est permis de supposer que tous les noms cités se rappor-
tent bien à des ancêtres d'Olivier de la Marche, on ne peut, pour les trois
premiers du moins, l'affirmer péremptoirement. Au contraire, par des docu-
ments positifs qu'ils n'ont pas eus entre les mains, il m'est possible d'infirmer
ou de préciser leurs assertions :
Renaud de la Marche est témoin, en 11 74, dans le traité de paix conclu
entre le duc de Rourgogne et le comte de Nevers 3.
i La noblesse aux États de Bourdonne, in-4°, p. 231, Dijon, 1864.
2 Une généalogie à pen près complète de la famille de la Marche, mais non exempte
d'erreurs, se trouve à la Bibliothèque nationale imss. Collection Bourgogne, vol. 101, f° 323).
Elle ne commence qu'avec l'année 1304.
3 La noblesse aux États de Bourgogne, p. 231.
8 ETUDE
Guillaume de la Marche, en 1222, signe la charle dn duc de Bourgogne
pour le droit de vendange à Dijon 1.
Simon de la Marche est cité en 1279 2 et affranchit les habitants de sa
commune en 1286 3.
Bertrand de la Marche, chevalier, transige en 130-4 4 avec Jean, abbé de
Saint-Pierre de Chalon-sur-Saône, au sujet de la justice des moulins de
Saint-Martin-en-Bresse 5.
Guillaume de la Marche, son fds, chevalier, est bailli et maître des foires
de Chalon-sur-Saône 6. Il épouse Bienvenue Bonamy, et a un fils, nommé
Girard 7.
Guillaume de la Marche, sans doute fils de Girard, est nommé bailli des
foires de Châlon le 7 septembre 1384- 8, et fait quelques voyages à la suite
du duc de Bourgogne 9. Il se marie trois fois; mais le nom de sa première
femme n'a pu être retrouvé; en secondes noces il épouse la fille de Jean de
Sercey (", enfin Marie d'Ayne, cousine bâtarde " du duc de Bourgogne12; il
fonde, en 1399 l3, une chapelle voisine de l'église paroissiale de Ville-
gaudin ''*, d'après une lettre de l'évêque de Chalon-sur-Saône, Olivier
i Courtépée, Description du duché de Bourgogne, t. III, p. 282, Dijon, 1778.
- La noblesse aux États de Bourgogne, p. 231, Dijon, 1864.
3 Courtépée, idem, p. 282.
* Bibliothèque nationale, Collection Bourgogne, vol. 101, f" 323.
■"> Chef-lieu de canton, arrondissement de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
»» Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 11130. La généalogie manuscrite, Collec-
tion Bourgogne, 101, f" 323, lui attribue ce qui est le fait de son fils.
7 Pièce justificative, n° I.
8 Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 347.
9 « A Guillaume de la Marche, chevalier, bailli de Châlon, pour gages de n francs par
jour pendant le voyage de Flandre (3 février au 6 mars 1385) ». Archives départementales
de la Côte-d'Or, B. 1462, f» 48 v°.
10 Elle s'appelait Flore de Sercey, Pièce justificative, n° IX.
11 Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 339.
'2 Bibliothèque nationale, Collection Bourgogne, vol. 29, f" 295.
*3 Pièce justificative, n° IX.
li Commune du canton de Saint-Martin, arrondissement de Chalon-sur-Saône.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 9
(10 juin 1400), qui approuve celle fondation '. Guillaume meurt le
17 mai 1404 "2, laissant au moins, de ses trois mariages5, Irois fils el trois
filles, dont deux en bas âge, sur lesquelles nous avons les plus minutieux
détails par une lettre de la duchesse de Bourgogne, Marguerite de Flandre 4.
Marie d'Ayne, veuve, reçut en 141 5 5, puis encore en 1427, des faveurs
et des dons en argent de la duchesse de Bourgogne 6. Elle mourut celte
année, 1427 7.
Un des fils de Guillaume, Philippe de la Marche, nous occupera tout à
l'heure. Un autre, Vautier de la Marche 8, est signalé par MM. Beaune et
d'Arbaumont comme ayant pris part en 1424 à la défense de Mâcon par les
Armagnacs9. Le troisième fils de Guillaume élait Antoine de la Marche,
seigneur de Chàleaurenaud, de Chassey el de la Marche, chambellan du duc
Jean sans Peur, né en 1395 et tenu sur les fonts baptismaux, à Chàlon, par
le duc en personne "', le 24 mars 1396. Le duc de Bourgogne, reconnaissant
i Les premières pièces justificatives concernent ce Guillaume.
- D'après son épitaphe, que l'on voyait encore au XVIIe siècle, et qui nous a été con-
servée (Bibliothèque nationale, mss. Collection Villevieille, vol. 55, Cab. des Titres, 136ljis,
f° 136 v°). Elle est ainsi conçue : « Ci gisent messire Guillaume sire de la Marche en Bresse,
chevalier, bailly et maistre des foires de Chalon, et dame Marie d'Ayne sa femme, lequel
chevalier trespassa le 17e may 1404, et lade dame trespassale jour de l'an 14 ....
Dieux ail les âmes d'eulx. Amen. »
3 Bibliothèque nationale, Collection Bourgogne, vol. 23, f° 84 v°, et Collection Villevieille,
vol. 55, f°137 r°.
■'<■ Pièce justificative, n° VI.
3 « Marie d'Ayne, à présent veuve de Guillaume de la Marche, abandonna tous ses biens
» à ses enfans auxquels ledit Guillaume n'avoit rien laissé, et ce pour les monter et armer,
» mais le duc, ayant égard à sa situation et aux grands services dudit Guillaume, donna à
» Marie d'Ayne son logement, sa vie durant, en son hostel de Braigny près de Verdun
» [sur Doubs], appelle le Chaffault, avec 60 livres tournois de rente, le 10 octobre 1415 ».
(Bibliothèque nationale, Collection Villevieille, vol. 55, f"137r°).
0 Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 339 et 365. — Marie d'Ayne avait été dame
d'honneur de Catherine de Bourgogne, duchesse d'Autriche, jusqu'à la mort de ladite
dame, qui lui légua par testament la somme de 200 francs d'or. Cette somme lui fut payée
par le receveur général de Bourgogne sur l'ordre de Philippe le Bon.
7 Pièce justificative, n° XIII.
8 Pièce justificative, n° VIII.
9 La noblesse aux États de Bourgogne, p. 231, Dijon, 1864.
|IJ Bibliothèque nationale, mss. Collection Bourgogne, vol. 23, f° 84 v°.
Tome XLIX. 2
10 ETUDE
ses services et ceux de son père, lanl en Bourgogne qu'à Liège el au
Languedoc, lui accorde de nombreuses gratifications 1. On le trouve succes-
sivement à Beauvais -, sous le commandement du maréchal Jean de Vergy,
en juillet 1417, à Mâcon en septembre 1417 5, en Savoie où il est envoyé
par le duc 4 pour faire alliance avec la comtesse de Savoie en 14-18, puis à
Paris au mois de juillet de la même année 3; il reçoit à maintes reprises un
cheval de monture el des dons en argent du ducG dont il est écuyer et
chambellan (14-18-1419) et de la duchesse Marguerite7; il assiste au siège
de Marcigny-les-Nonnains, à celui de Melun (novembre 1420) et en 1423
à la bataille de Cravanl-sur- Yonne8. Antoine avait fait dans toutes ces
campagnes des dépenses réitérées au service de son maître, avait été fait
prisonnier à Montereau9 et n'avait recouvré sa liberté qu'au prix d'une très
forte rançon; malgré l'héritage qu'il avait recueilli après la mort de sa mère10
en 1427, il se voit contraint de vendre, à Troyes, ses bagues, ses robes et
ses joyaux "; el il a encore recours en 1437 à la générosité de son maitre ,2
qui le récompense largement. Il prend enfin part à une expédition contre
les écorcheurs aux environs de Beaune et de Pontailler-sur-Saône 15, et dépose
comme témoin dans une enquête14 qui fut faite à ce sujet, à Auxonne, en
i Bibliothèque nationale, mss. Collection Villevieille, vol. o5, f° 137 v".
2 Compte de Jean Fraignot, aux Archives départementales de la COte-d'Or, inventaire
Peincedé, vol. 22, f°529.
3 Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 11939.
■ ■'<■ Compte de Jean de Noilant, aux Archives départementales de la Côte-d'Or, inventaire
Peincedé, vol. 22, 1'" i63.
:i Archives départementales de la Côte-d'Or, inventaire Peincedé, vol. 24, f° 707, Pièces
JUSTIFICATIVES, ll"s IX et X.
6 Bibliothèque nationale, mss. Collection Bourgogne, vol. 23, f"86 v°.
" Pièce justificative, n° XI.
s Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 339; Bibliothèque nationale, Collection
Bourgogne, 29, P» 64.
a Bibliothèque nationale, mss. Collection Villevieille, vol. Uo, f" 137 v°.
10 Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 1G43, f° 41 v°.
il Bibliothèque nationale, mss. Collection Bourgogne, vol. 29, f" 295. Il a été impossible
de retrouver l'acte de vente dans les archives du département de l'Aube.
!- Archives départementales île la Côte-il'Or, B. 339.
13 A. Tuetey, Les écorcheurs sans Charles VII, t. I, pp. 31-32, Montbéliard, 1874.
14 Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 11881.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. H
1438. Il mourut à Dijon le 23 décembre 1438 ' et fut inhumé2 en l'église
de Châteaurenaud 3.
Philippe de la Marche, frère * des précédents, a fait beaucoup moins
parler de lui. Les quelques détails que donne sur lui son fils Olivier3 sont
à peu près les seuls renseignements que nous possédions. Il fut gouverneur
du château de Joux 6 en Franche-Comté, gruver de Bourgogne7, et épousa
Jeanne Boulon8, dont il eut une fille, Jeanne9, et un fils, Olivier. Il mourut
encore jeune, vers 1437 ,0.
Olivier de la Marche, né en 142511, mort en 1 502 12, épousa en premières
noces Odolle de Janley, dont le nom nous est révélé par un seul document13,
1 Un des héritiers d'Antoine de la Marche fut Jean Mairet, écuycr, sieur de Châteaure-
naud, gruyer de Châlon, Autun, Mnntecnis et Charolais, à partir du 9 juillet 1440. (Biblio-
thèque nationale, Collection Bourgogne, vol. 29, I" 61).
2 L'épitaphe nous a été conservée (Bibliothèque nationale, mss. Collection Villevieille,
vol. 55, f° 138 r°) : « Cy gist noble homme messire Antoine de la Marche, en son vivant seigneur
de Chastelregnault, conseillier et chambellan de Monseigneur le duc de Bourgogne, lequel
trespassa à Dijon le 25e jour de décembre 1458. Priez Dieupour l'âme de lut/. » Elle n'existe
plus aujourd'hui.
3 Commune du canton et de l'arrondissement de Louhans (Saôiie-et- Loire).
i Et non fils (Bibliothèque nationale, Collection Bourgogne, vol. 101, f" 323).
3 Mémoires d'Olivier de la Marche, livre I, chap. 1.
6 Commune de La Cluse-et-Mijoux, canton et arrondissement de Pontarlier (Doubs).
t Bibliothèque nationale. Collection Bourgogne, vol. 23, f"86v°. Cf. Archives départemen-
tales de la Côte-d'Or, B. 11411, f° 33 v°.
s « Philippe de la Marche, écuyer, seigneur dudit lieu, épousa Jeanne de Corberon, fille
» de Jean Bouton, chevalier, seigneur du Fay, et de Jeanne de Villers, à laquelle fut consti-
o tuée une dot de f>00 livres et le village de Grammont près de Pierre (Saône-et-Loire),
» moyennant quoi elle renonça à la succession de ses père et mère en faveur de Jacques
» de Corberon, son frère, par contrat du 15 mars 1521. » (Archives du Château de Pierre,
apud Bibliothèque nationale, Collection Villevieille, vol. 55, f° 137 v°). Cf. Lefèvre de
La Barre, Mémoires pour servir à l'histoire de France et de Bourgogne, 2e partie, p. 236,
Paris, 1729; Palliot, Généalogie de la maison de Bouton, p. 98, Dijon, 1671; et E. Beauvois,
Le Bourguignon Claude Bouton, seigneur de Corberon, in-18, Paris, Leroux, 1882.
9 Pièce justificative, n" XLV.
io Mémoires d'Olivier de la Marche, livre I, chap. 1.
ti Voir la discussion au début du chapitre suivant.
12 Date certaine : voir au paragraphe o, in fine.
13 M. Marcel Canat de Chizy a bien voulu nous faire savoir qu'il possédait dans son cabinet
le testament de Jeanne de Molain, dame d'Yelley, veuve de Jean de Janley et mère d'Odotte,
12 ETUDE
el en secondes noces 1 Ysabeau Machefoing2. Il eul trois enfants, Philippole,
Louise, el un iils, Charles3.
Charles de la Marche* ne parait pas avoir laissé de postérité mâle; il
donna le 12 septembre 1517 la seigneurie de la Marche5 à Olivier de
Lenoncourt, son neveu.
Ici s'éteint la descendante directe des La Marche. Philippole, fille
d'Olivier, épousa en première noces Thierry de la Charme, en secondes
Philippe de Lenoncourt, par qui elle eut six enfants6. Dès le 15 janvier 1488,
elle avait épousé Philippe de Lenoncourt, bailli de Bar-sur-Seine, seigneur
de Loches, Chauffour et Marolles-lès-Bailly, toutes localités situées actuelle-
ment dans le département de l'Aube 7. Elle devint veuve pour la deuxième
fois entre juillet 1507 et mars 1519. Car le 5 mars 1519, elle donne
procuration devant notaires en la chàlellenie de Gyé, avec ses fils Jean,
seigneur de Loches (qui devint aussi bailli de Bar comme son père),
Olivier8, Pierre et Philippe, ce dernier protonotaire-archidiacre de Beims,
pour la représenter dans un procès pendant au bailliage de Troyes à rencontre
des religieux de Larrivour. Le 15 mars suivant, une sentence est rendue
contre eux, qui maintient les religieux de Larrivour dans la possession de
moitié des grosses dîmes de Marolles. Philippole apparaît pour la dernière
première femme d'Olivier de la Marche. Ce testament est du 13 février 1476 (n. style). —
Cf. Archives départementales de Saône-et- Loire, E. 1142, n" 3, fn 13o (Pièce justificative,
îr XV).
t Voir au paragraphe 3, in fine.
- La famille Machefoing était honorablement connue en Bourgogne. Nous avons trouvé,
entre autres, un Guillaume Machefoing en 1381 (Bibliothèque nationale, mss. français 26283,
pièce 22) et un maire de Dijon en 1440, Philippe Machefoing, qui pourrait être le beau-
père d'Olivier (Marcel Canat, Documents inédits pour servir à l'histoire de Bourgogne, 1863,
p. 402).
3 Bibliothèque nationale, Collection Bourgogne, 101, f° 323. Cf. Pièces justificativks,
n°» LUI et LIV.
4 MM. Beaune et d'Arbaumont (op. cit., p. 231) prennent Charles pour un neveu d'Olivier,
s Bibliothèque nationale, Collection Bourgogne, vol. 101, f°323.
6 Bibliothèque nationale, Collection Bourgogne, vol. 101, f" 323.
i Archives départementales de F Aube, E. 41.
8 Olivier de Lenoncourt, sieur de la Marche, est bailli de Langres en 1526, Archives
communales de Langres, liasse 94o.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 15
fois, à noire connaissance, le 15 mars 4320, dans un acte relatif à la même
affaire1.
Nous avons dressé un tableau généalogique - où Ton verra les alliances
successives de la famille. Cette généalogie, que nous croyons bonne, sans en
garantir l'exactitude absolue, est empruntée, pour les descendants de Philip-
pote, au document manuscrit de la Bibliothèque nationale que nous avons
déjà cité', et s'arrête au milieu du XVIIe siècle. En 1 780, Courtépée * affirme
(pie celte famille était éteinte.
Les La Marche avaient fait alliance avec les familles d'Ayne, Boulon,
Dommarlin, Mairel, de Saulx, de Moroges, de Lenoncourt, et iMachefoing \
Ils portaient de sable bandé d'or de trois pièces 6.
Ils n'étaient pas possesseurs d'une bien grande fortune et avaient souvent
besoin de recourir à la libéralité des ducs, leurs bienfaiteurs. Nous n'avons
trouvé nulle part d'évaluation exacte de leurs biens, de leurs immeubles
tout au moins 7, et nous avons dû nous contenter des bien mesquines indi-
1 Archives départementales de l'Aube, fonds Larrivour, 4 H. 8 (pièces sur Marolles).
- Voir ce tableau aux Pièces justificatives.
3 Bibliothèque nationale, Collection Bourgogne, vol. 101, fn 323.
* Description du duché de Bourgogne, t. V, p. 302, Dijon, 1780.
3 Nous avons trouvé la mention de plusieurs personnages qui peuvent avoir appartenu
à la même famille qu'Olivier de la Marche, mais nous n'avons pu suffisamment établir
leur filiation, et nous avons préféré, dans le doute, les écarter de la généalogie. Citons :
Alix de la Marche en 1376, dame de Château-Renaud (Courtépée, op. cit., t. V, p. 302);
Nicolas de la Marche en 1401, mesureur du grenier à sel de Marcigny-Ies-Nonnains,
Archives départementales île la Côle-d'Or, inventaire Peineedé, vol. 18, f° 40; Jean de la
Marche en 1403, avocat, Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 11624; Olivier delà
Marche en 142S, étudiant à l'Université de Dôle (Bibliothèque nationale, Collection Bour-
gogne, vol. 23, f° 84 vn); Henri de la Marche en 1432, abbé de Saint-Pierre de Châlon,
Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 11624; Marie de la Marche en 1431, veuve de
Guiot Guillon, écuyer, Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 376. Enfin Olivier de la
Marche nous parle (Mémoires, livre I, chap. 21) des exploits d'un « sien cousin germain, »
Antoine de la Marche, seigneur deSandon, qui nous est inconnu.
6 Ce sont les armes données aux La Marche par MM. Beaune et d'Arbaumont (op. cit.,
p. 231); nous en avons trouvé la confirmation dans un sceau d'Antoine de la Marche, assez
bien conservé, qui est appendu à une quittance de lui, du 22 novembre 1419, Pièce justi-
ficative, n° XIII. Nous avons pu même les vérifier à notre aise sur un moulage dudit sceau
que M. Joseph Garnier a bien voulu faire à notre intention.
7 Cf. Pièces justificatives, nos XXXV, XLVI et LUI.
il ETUDE
calions contenues dans la déclaration ' de Guillaume Verdel, receveur de
La Marche en Bresse, en 1473. On voudra bien rapprocher de ce texte,
qui a évidemment son intérêt, les nombreuses pièces justificatives inédites
(|ue nous publions à la fin du présent travail, ainsi Le duc de Bourgogne venait de recevoir à Lille un ambassadeur du pape Nicolas, dans
le même but, Mémoires, livre I, p. 28.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. Ti
événement jeta clans toule l'Europe '. L'empereur d'Allemagne convia les
princes occidentaux à une diète, à Ralisbonne, à l'effet de convenir des
mesures à prendre pour arrêter les progrès des Musulmans. Philippe de
Bourgogne y fut invité, mais la guerre intestine qui désolait les Pays-Bas
ne lui permit pas d'y assister. Dès que la révolte des Gantois fut apaisée, il
reprit son dessein 2.
L'appel fut entendu, et l'on vint à Lille de fort loin. Les fêles furent
magnifiques, à en juger par la description que donne Olivier de la Marche 3.
Le festin qui suivit dépasse toutes les bornes permises du luxe et de la pro-
digalité. Au milieu du repas, des spectacles divers i en augmentèrent encore
l'intérêt et la solennité. Il fallait (pie la salle fût immense pour contenir une
table aussi spacieuse, avec tout le terrain nécessaire à faire mouvoir tant de
machines et de personnages, sans compter la multitude des convives et l'af-
fluence des spectateurs s. A la fin, le duc de Bourgogne, après avoir écoulé
la requête du roi d'armes Toison d'or, prononça le voeu de partir en croisade
contre les Musulmans 6. L'exemple de Philippe fui un signal auquel tous les
i Cf. un article de M. H. Vast, Revue historique, Paris, mai-juin 1880, et le tirage à part
de 40 pages in-8°.
- Mémoires et documents inédits pour servir à l'histoire de la Franche-Comté, publiés par
l'Académie de Besançon, t. III, p. 442, Besançon, 1844.
3 Mémoires, livre I, chap. 29-30. Cf. Lacurne de S,e Balaye, Mémoire de t 'ancienne cheva-
lerie, t. I, pp. 187-189.
t Dans l'un de ces spectacles, Olivier de la Marche joua un rôle important : « et voulut
» le duc que je fisse le personnage de Saincte Église, dont il se voulut aider à cette
» assemblée; et ce fut une solennelle chose, et qui vaut le ramentevoir, et sert a nostre
» propos. » (Mémoires, livre I, chap. 28). — Je croirais volontiers qu'Olivier eût mieux
aimé être spectateur qu'acteur, mais, à la demande de son maître, il devait obéir, et il
obéit. — M. de Beaucourt n'avait pas pris la peine de lire le texte d'Olivier de la Marche,
lorsqu'il a écrit ceci : «Je ne sais sur quel fondement Michelet (Histoire de France,
» t. V, pp. 365-366), affirme qu'Olivier de la Marche fut un des principaux acteurs de la
» fête, fit les vers et que notre chroniqueur Olivier, alors jeune et joyeux
» compère, s'était chargé du personnage de l'Église. On retrouve la même assertion dans
» Vallet de Viriville. » Édition Matthieu d'Escouchy, t. II, p. 153, n° 4.
S Commines et d'Escouchy décrivent les mêmes fêtes de Lille. M. de Beaucourt a soigneu-
sement relevé, en note, dans son édition, tout ce que d'Escouchy donnait en plus.
c Mémoires, livre I, chap. 30. Un manuscrit de la Bibliothèque royale de Bruxelles inti-
tulé : Ordonnances du bancquel que fit en la ville de Lille très hault et très puissant prince
Philippe par la grâce de Dieu duc de Bourgogne, l'an 1435 (v. st.), le 17 février, peut être
-28 ET! IDE
seigneurs répondirent par d'aulres vœux diversifiés à l'infini '. On remarqua
surtout ceux d'Antoine et de Charles de Rocheforl, de Claude de Toulongedn,
de Pierre de Hagembach et du chancelier Nicolas Rolin. D'aulres seigneurs,
parmi lesquels Gérard de Roussillon, Guiot d'Usie, Thibaud de Rougemonl
el Olivier de la .Marche - s'engagèrent à suivre le duc de Bourgogne dans
l'expédition qu'il méditait, mais sans se soumettre aux privations et aux
abstinences que leurs compatriotes venaient de jurer dans un mouvement
d'enthousiasme et dont ils ne larderaient pas à se repentir :;.
Après les fêtes du vœu du faisan 4, et la promesse de tous ces futurs
croisés, une guerre que Philippe le Bon eut à soutenir contre Utrechl pour
y imposer son fils bâtard David comme prince-évèque 5, et ensuite l'arrivée
inopinée du dauphin Louis de France fuyant la colère de son père Charles VII
et venant chercher asile aux Pays-Bas, empêchèrent le duc de donner suite
à un projet de croisade 6.
selon toute vraisemblance attribué à La Marche. Il développe le récit déjà passablement
long de ses Mémoires, el au lieu de 2o seigneurs présents au banquet, il en signale 97, qui
jurèrent successivement; les noms de ces 97 seigneurs a été publiée par L. Gollut,
Mémoires historiques sur la république séquanoise, col. 1173; et par Kervyn de Lettenhove,
Notes à l'édition de Barante, t. II, p. 121. Ce manuscrit de Bruxelles, in 4° de 200 fi', sur
vélin, illustré, provient de la Bibliothèque des ducs de Bourgogne (Barrois, Bibliothèque
protypographique, iv 2242), et paraît avoir été spécialement fait pour l'un des princes de
cette maison.
1 Mémoires et documents inédits pour servir à l'histoire de la Franche-Comté, publiés par
l'Académie de Besançon, p. 448. Cf. Matthieu d'Escouchy, t. Il, pp. 213-221, Besançon, 1844;
el Duclercq, beaucoup plus concis (édition de Beitfenberg, t. II, pp. 195-199).
- Le détail relatif à Olivier de la Marche ne se trouve pas dans ses Mémoires, mais dans
Matthieu d'Escouchy [édition de Beaucourt, t. II, p. 221), et dans le récit si détaillé que
contient le ms. cité de la Bibliothèque royale de Bruxelles, dont une copie fragmentaire
se trouve à la Bibliothèque nationale de Paris, mss. français, 10319, f° 172-226.
:; Mémoires cl documents inédits de Franche-Comté, p. 446, Besançon, 1844.
i Cf. V. Derode, Histoire de Lille , t. I, pp. 361-363, 1848, et Nik. Arenst : Programm
der Realschule erster Ordnung zu Trier fur das Schuljahr 1867-1868; Beschreibung der
Festfeier die Herzog Philipp derGûte van Buryund im lahre 14S4 zu Lille veranstallete, um
tien Adel seines Landes zur Theilnamc am eincm Kreuzzùge zu bewegen, in-4", 1868 (Trier,
F. Linlz .
■'■ Mémoires, livre. 1, chap. 33.
ti Quand, après avoir étudié les mille détails du luxe, des richesses et de la générosité
fastueuse des ducs de Bourgogne, on se demande quelle en fut la portée civilisatrice, on
s'aperçoit que le plus souvent aucun sentiment vraiment (''levé ne les guida dans leurs
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 29
H se rendit bien à Nevers ', dans le courant de Tannée 1454, où il eut
une entrevue à cet effet avec le duc d'Orléans; niais son voyage avait une
raison d'être plus sérieuse à nos yeux, puisqu'il s'agissait en même temps du
mariage du comte de Charolais -. George Cbastellain et Olivier de la Marche
furent du voyage, et ce furent eux qui organisèrent la représentation des
mystères que l'on joua devant les princes 3.
C'est principalement à Lille et à Valenciennes 4 qu"Olivier de la Marche
passa l'année 1455; el c'est au commencement de Tannée suivante qu'il fut
envoyé par plusieurs fois à Bruxelles 5, auprès du chancelier Nicolas
Rolin 6, par le comte de Charolais, pour missions diplomatiques importantes.
C'était la première lâche de ce genre qui lui était dévolue, mais il la com-
prit à merveille. Dès lors le futur Téméraire s'attacha de plus en plus
Técuyer de son père, parce qu'il vil en lui un politique d'avenir el un
homme de confiance.
D'ailleurs Olivier de la Marche avait déjà donné de nombreuses preuves
de savoir-faire el d'habilelé, et son mailre s'était jusque-là contenté de lui
témoigner oralement sa satisfaction. On le retrouve en août 1457 achetant
prodigalités (P. Frédérieq, Le rôle des ducs de Bourgogne aux Pays-lias, p. 71, Gand, 187o).
Cf. L. de Laborde, Les dues de Bourgogne, Preuves, t. I, introd., p. xlviii ; et G. Kurth,
Sur le rôle politique, de la maison de Bourgogne, Revue de l'instruction publique en Belgique,
2e série, t. XV, p. 38».
1 On trouve bien aux archives de Nevers la mention du passage du duc de Bourgogne ,
Archives municipales , comptes de 1454-145o, reg. CC.oO, t'° 14. Mais Olivier de la Marche
n'y est pas cité.
2 De Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, t. 11, p. 126.
3 A. Finchart, Messager des sciences historiques de Belgique , pp. 311-312, Gand, 1862.
Pinchàrt donne là toute une série de pièces relatives à Chastellain, payements, gratifica-
tions, etc., pour services rendus; nous n'avons, concernant Olivier de la Marche, qu'une
seule pièce déjà publiée par L. de Laborde (op. cit., Preuves, t. I, n" 1302, pp. 417-418) et
ainsi conçue : « A Olivier de la Marche, escuier, pour don à lui fait par mondict seigneur
» en considéracion de certains jeux de mistère qu'il a aidié à jouer devant luy, monsei-
» gneur le duc d'Orléans, Madame son espouse et Madame de Bourbon estans devers
» monseigneur en la ville de Nevers.... xn escus d'or. » Archives départementales du Nord,
Chambre des comptes; Compte de Guillaume Poupet pour l'année liai.
* Mémoires, livre I, chap. 32.
'■> Mémoires, livre I, chap. 33. Cf. L. Gollut, Mémoires historiques sur la république
séquanoise nouvelle édition Duvernoy, col. 1183).
i; Cf. l'étude déjà citée de M. Ch. Bigame sur le chancelier Bolin, in-8", Beaune, 1860.
30 ETUDE
un cheval à Béthune ' et sur le point de partir pour la Bourgogne; en 1459
panetier du comte de Charolais à Dordrecht -; il reçut enfin en 1461 le
titre de maistre d'hoslel de la maison de Bourgogne 3. C'est comme tel qu'il
assista, très probablement, au sacre du roi Louis XI à Reims 4, à son entrée
à Paris 5 et aux brillantes fêtes qui furent données peu de temps après par
son maître dans l'hôtel d'Artois et au palais des Tournelles 6.
Le comte de Charolais repartit pour la Flandre, mais une rupture parais-
sait imminente entre son père et lui. Il se plaignait fort, disait-il, de l'in-
fluence des sires de Croy et de leur politique; en réalité, il était impatient
de gouverner. Retiré à Gorcum 7, pour mieux accentuer encore son opposi-
tion aux idées de son père 8, il s'était formé autour de lui une petite cour
composée d'amis et de flatteurs, dans l'attente d'un événement prochain.
Tandis que, par un concours étrange de circonstances, le roi de France et
Philippe le Bon se réconciliaient ', d'abord à Hesdin "J, puis à Abbeville
(1463-1464), le comte de Charolais faisait tous ses efforts pour se faire
1 « A Olivier de la Marche, escuier pannetier faisant la despence de monseigneur que
» icellui seigneur lui a semblablement fait donner pour avoir ung cheval quant il est parti
» de devers lui audit lieu de Béthune pour retourner en Bourgogne, xxxvi livres ». Archives
départementales du Nord, Compte de la recette générale des finances, F. 151, f° 59 v°. —
En 1458 il vend un cheval, et quelques mois après il reçoit 24 livres pour en acheter un
autre. Idem, F. 153, P> 361 r" et F. 156, f" 185 v°.
- Archives départementales du Nord, orig. parchemin (L. de Laborde, Les ducs de
Bourgogne, Preuves, t. II, p. 219, n° 4024).
a L. Gollut, dans ses Mémoires historiques sur la république séquanoise (nouvelle édition
Duvernoy, col. 1190) publie une liste complète des officiers de la maison du duc de Bour-
gogne pour Tannée 1461. Les deux maîtres d'hôtel que comprend cette liste sont : Le sieur
Olyvyer de la Marche et Le sieur (»'. de Villiers, seigneur d'igomay.
'<■ Mémoires, livre I, chap. 34.
s Le 31 août 1461. Cf. la relation publiée par La Fons-Mélicocq, Messager des sciences
historiques de Belgique, pp. 168-172, Gand, 1861, d'après le ras. n" 26 de la Bibliothèque
de Lille; et Gaehard, La Bibliothèque nationale de Paris, notices et extraits, t. I, pp. 90-91,
Bruxelles. Cf. Bibliothèque nationale de Paris, mss. français 10319, f"s 247-258.
G Mémoires, livre 1, chap. 34.
"i Gorcum, chef-lieu de canton, Hollande méridionale (Pays-Bas).
8 U. Legeay, Histoire de Louis XI, t. I, pp. 260-262 et 338, Paris, Firmin-Didot, 1874.
'J Forster Kirk, Histoire de Charles le Téméraire (traduction française Flor O' Squarr),
t. 1, pp. 200-203, Paris, Lacroix, 1865.
io Chef-lieu de canton, arrondissement de Montreuil-sur-Mer < Pas-de-Calais).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 31
bienvenir du duc de Bretagne et de l'Angleterre. Louis XI se méfiait surtout
des démarches, des allées et venues du duc de Bretagne. Il envoya en
secrète mission le bâtard de Rubempré aux Pays-Bas pour être mieux ren-
seigné, mais le délégué s'y prit fort mal sans doute, et fut assez maladroit
pour se laisser surprendre avec deux de ses compagnons; ce qui devint la
cause de nouvelles complications politiques '.
Avis de ces faits et gestes fut immédiatement transmis à Charles, et en
toute hâte celui-ci dépêcha Olivier de la Marche à Hesdin, vers Philippe le
Bon 2. Rubempré, interrogé, fit des réponses contradictoires. On ne put lui
arracher l'aveu d'un projet hostile, mais déjà des conjectures effrovables
s'étaient fait jour, et l'opinion publique, active messagère, suppléa facilement
à l'absence de révélations précises \ La vie du prince était en danger;
Rubempré agissait par ordre du comte de Nevers, son rival ; le peuple s'in-
dignait et l'émotion, avec l'exagération des hypothèses, s'accroissait chaque
jour. Le vieux duc Philippe intervint pour calmer l'étal des esprits, et reçut
en audience solennelle une ambassade spécialement venue de France à Lille
(5 novembre 14-64) pour faire des représentations au sujet de l'arrestation
arbitraire d'un sujet du roi i. La harangue du chancelier de Morvilliers,
orateur de l'ambassade, est un chef-d'œuvre d'astuce et de fourberie : il l'ait
comprendre — ou essaie tout au moins de faire comprendre à Philippe le Bon,
que son fils et le duc de Bretagne ont fomenté contre lui un vaste complot, et
qu'il s'est laissé abuser par de faux et malicieux rapports; il termine en deman-
dant que Rubempré soit immédiatement remis en liberté, et qu'Olivier de la
Marche, secrétaire du comte de Charolais, accusé d'avoir mis le premier en
circulation la scandaleuse rumeur, en Flandre et surtout à Bruges s, soit
' Legeay, op. cit., t. I, p. 37o, et Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 31iS.
2 Mémoires, livre 1, chap. 35. Cf. Chastellain, livre VI, chap. 107.
;1 Forster Kirk, Histoire de Charles le Téméraire (traduction française, t. 1, p. 207 1
suppose, d'après Le Glay, que l'on trouva sur le prisonnier des papiers promettant une
récompense dans le cas d'une capture du comte de Charolais. Rien n'est moins prouvé.
* Toute cette affaire d'Hesdin et du bâtard de Rubempré est très amplement décrite par
G. Chastellain (édition des OEuvres par Kervyn de Lettenhove, t. V, pp. 86-135, passim).
8 Commines (édition Dupont), t. 1, p. 7. « Que le comte de Charolais avoit fait prendre
» un navire de guerre parti de Dieppe où estoit le bastard de Rubempré et Pavoit fait
» emprisonner, et que Pavoit fait publier partout et particulièrement à Bruges, par un
» chevalier de Bourgogne, Olivier de la Marche ».
32 ÉTUDE
envoyé en France pour y recevoir le châtiment mérité par cette grave atteinte
à l'honneur du roi '.
Le moment venu de prendre à son tour la parole, Philippe le lion expose
aux ambassadeurs qu'il refuse de mettre le bâtard de liubempré en liberté;
l'arrestation a été faite aux Pays-Bas, sur un territoire qui n'est point fief du
royaume de France, et le duc ne doit rendre aucun compte au roi Louis de
son administration dans ce pays. Il se refuse également à livrer Olivier de la
.Marche, déclarant qu'il se réserve de juger sans partialité cet écuyer de la
maison de son lils, s'il est constaté qu'il a mal agi en celle occurrence 2.
Ce dut être avec une vive satisfaction que le chroniqueur-écuyer entendit
celte bonne nouvelle, et c'est avec parcimonie qu'il donne, dans ses Mémoires,
des détails sur loule celle affaire. Ses contemporains, ne sachant cependant
le fait que par ouï-dire (à l'exception du moins de Commines), sont plus
explicites que lui. Quoi qu'il en soit, le duc de Bourgogne et le comte de
Charolais étaient réconciliés; mais Olivier de la Marche, agent trop zélé
peut-être, avait encouru la haine inassouvie du roi de France.
Peu de mois se passèrent; une conspiration organisée sur un vaste plan
contre le roi de France embrassa la plupart des nobles du royaume et étendit
ses nombreuses ramifications à l'étranger. Le comte de Charolais lança un
manifeste (42 mars 1465) qui n'était pas autre chose qu'une déclaration de
guerre, et mil sur pied une forte armée 3.
Après de longs préludes d'hostilités 4, les confédérés rencontrèrent le roi
' Mémoires, livre 1, chap. 35; Commines (édition Dupont), 1. I, pp. 7-9; Idem (édition
Lenglet-Dufresnoy), Preuves, t. II, p. 417 et sqq; Chastellain, t. VI, chap. 117 (édition
Kervyn de Lettenhove), t. V, pp. 115-118; M. Kervyn renvoie en outre au ras. n" 1278 de la
Bibliothèque nationale de Paris.
- Mémoires, livre I, chap. 3o; Commines édition Dupont), pp. 1(1-11; Th. Basin (édition
Quicherat), t. II, pp. 87-93; Chastellain (édition Kervyn), t. V, p. 118. Le récit de Chastellain
est particulièrement intéressant. Quant à Commines, âgé de 19 ans, il venait d'être admis au
nombre des pages de l'héritier de Bourgogne, et son œuvre commence par le récit de ces
événements. Cf. aussi la relation de l'ambassadeur anglais Robert Newill (Preuves de
Commines, édition Dupont, t. 111, p. 200); U. Legeay, Histoire de Louis XI, t. 1, p. 380, et
de Barante, Histoire îles ducs de Bourgogne, t. V, pp. 275-276.
:i Lenglet-Dufresnoy (édition de Commines, in-i'i, t. Il, p. 438 et sqq; et Documents
inédits sur l'histoire de France, par Champollion-Figeac, Mélanges, t. II, p. 297 et sq<|.
* Voir les détails dans Forster Kirk, Histoire de Charles le Téméraire (traduction française ,
t. 1, pp. 227-248, et U. Legeay, Histoire de Louis XI, t. 1, pp. 412-427.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 33
de France à Montlhéry (17 juillet 1465) el la bataille s'engagea '. Olivier
fui créé chevalier le malin - de celle mémorable journée, el s'y comporta
vaillamment ;1. Il avait quarante ans, el possédait toute la vigueur de
l*âge mûr.
Ajoutons qu'il était déjà marié depuis au moins dix ans, et qu'il avail des
enfants; nous ignorons les noms de sa femme 4 el de ses enfants; nous savons
seulement, par un extrait de comptes 5, qu'une de ses filles fut tenue sur les
fonts baptismaux vers le 27 octobre 1456, el que le duc de Bourgogne,
parrain de cet enfant, se dispensa d'assister à la cérémonie, mais envoya un
cadeau à l'écuyer, son père.
1 Lies récits de la bataille de Montlhéry, émanant pour la plupart de témoins oculaires,
peuvent être trouvés dans Olivier de la Marche, t. I, chap. 35; Haynin (édition Châlon),
t. II, pp. 28-42, Mons, 1812 ; Commines édition Dupont), t. I, pp. 33-50; Th. Basin (édition
Quicherat), t. II, pp. 49-120, et la Chronique scandaleuse dltedeJean de Troues, pp. 27-29. A
rapprocher le rapport officiel (ait au duc de Bourgogne, Lenglet-Dufresnoy, op. cit..
Relation de la bataille, t. II, pp. 481-480, assez bien d'accord avec les autres récits. Les
chroniqueurs ne diffèrent guère que par la couleur donnée au récit et par l'esprit qui a
inspiré l'écrivain. Haynin donne une version littérale de l'affaire, et résume sa narration en
disant que « l'honneur et la victoire de la journée revinrent aux Bourguignons, bien que les
» François aient gagné davantage ». Dans ses Mémoires, Commines prend sa revanche de
l'enthousiasme juvénile qui l'avait l'ait rester toute la journée immédiatement derrière son
maître. Olivier de la Marche, très précis dans ses détails, considère son parti comme
vainqueur « ne déplaise à .Messieurs les historiographes françois qui ont mis la bataille
» gaignée pour le roy de France, car il n'en est pas ainsi ».
- Et non après la bataille, comme le dit Dunod de Chantage, Mémoires pour servir à
l'histoire du comté de Bourgogne, p. 270, Besancon, 1740.
3 L. Gollut, op. cit. (nouvelle édition), col. 1215, d'après Commines.
4 Ce n'est pas Ysabeau Machefoing, sa seconde femme, qu'il n'épousa qu'après la
mort du duc Charles « le Travailleur ».
s « Olivier de la Marche, écuyer panetier du duc de Bourgogne, reçoit le 27 octobre 1456
» quatre-vingt-dix livres tournois pour six tasses pesant dix marcs d'argent, données par
» mondit seigneur au baptême d'une de ses filles que mondit seigneur a depuis peu fait
» tenir sur les fonts en son nom ». Bibliothèque nationale, mss., Collection Bourgogne,
vol. 38, f° 232.
Tome XLIX
54 ÉTUDE
§ 4, — Olivier de la Marche chambellan du duc de Bourgogne
( 1465- 1477).
Le nombre des renseignements que nous avons pu réunir sur la vie
d'Olivier de la Marche croit en raison directe de l'importance de ses fonctions.
Nous Talions pouvoir suivre dans les nombreuses ambassades et missions
(pie lui confie son maître et seigneur ', le comte de Cbarolais. Ce n'est plus
le page fidèle que nous avons connu il y a vingt ans : c'est le fonctionnaire
diplomatique qui agit, parle et écrit avec autorité, qui donne des ordres
pour le duc, et qui au besoin assume une lourde responsabilité en son nom.
Dès la fin de seplembre 1465, honoré de la confiance particulière de
Charles, il est envoyé à Bruxelles pour demander de l'argent au duc
Philippe, son père -. Le fait est consigné dans ses Mémoires :i; ce n'était
pas moins de cent mille écus qu'il fallait pour payer l'armée. Olivier pari,
muni d'un sauf-conduit du roi de France4, se trouve à Bruxelles le
7 octobre s, et revient promptement aux environs de Paris, entre la Bastille
S'-Antoine et S'-Maur, où campait le comte, apportant avec lui « du trésor
» du duc, trois sommiers chargés d'or où il pouvait avoir quatre-vingts
» mille escus 6 ».
Lorsque le comte Charles s'en alla par Villiers-le-Bel, Compiègne et
Notre-Dame de Liesse7, Olivier le suivit-il? Il est permis de le supposer.
Dans tous les cas, on le retrouve à ses côtés au pays de Liège dès le com-
mencement de l'année 1466. Le récit du chevalier de Haynin 8, si précieux
1 II partageait cet honneur avec Jean Carondelet, son ami, plus tard chancelier de
Bourgogne (Cf. Dreux du Radier, V Europe illustre, t. II, Paris, 1754, avec portrait).
2 Champollion-Figeac a tort de l'appeler à cette occasion panetier puisqu'il ne l'était
plus, Mélanges historiques, t. Il, p. 39o, n. 2.
3 Mémoires, livre I, chap. 35.
i Idem.
3 Nous possédons une des rares lettres d'Olivier de la Marche, datée de Bruxelles,
7 octobre. Pièce justificative, n° XVIII.
(i Mémoires, livre I, chap. 3o.
7 « Auquel lieu il lit ses offrandes dévotement. »
» Publié par R. Chalon, Bibliophiles de Mons, 2 vol. in-8n, Mons, 1842.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 35
pour sa clarté et sa précision, nous le montre occupé à faire admirer par
les ambassadeurs liégeois la « magnifique ordonnance et bataille de tous
» les gens » qui formaient son camp '. Le comte de Charolais avait profilé
de quelques moments de loisir pour diriger sur ses bons amis les Liégeois
une nouvelle expédition, et les avait tellement épouvantés (pie ceux-ci
« vindrent à genoux crier mercy au comte et promirent de non plus venir
» à armée contre luy '2 ». C'est le 25 janvier 1 460.
Au même moment, les désordres qui se produisirent en Normandie à la
suite de la séparation de celle province du royaume de France 8, séparation
pour ainsi dire forcée et faite sans l'assentiment des États Généraux i,
appelèrent l'attention du duc de Bourgogne de ce côté. Philippe le Bon,
très affaibli, n'agissait plus, et son fils se chargeait désormais de diriger la
politique. D'ailleurs le comte de Cbarolais avait toujours l'œil au guet, prêt
à tirer parti de la moindre occasion favorable. Le duc de Berry ne reste pas
longtemps en possession de la Normandie s : Louis XI la reprend (21 jan-
vier 1466), le duc de Bretagne intrigue, et Charles de France dépouillé se
plaint : c'est Thomas Basin et la Trémouille 6 qui vont chercher protection
pour ce dernier à la cour de Bourgogne.
Le comte de Charolais dépêche successivement à Rouen Philippe de
1 « Du premier voyage que le comte de Charolais lit au pays de Liège après son retour
» de France, l'an mcccclxv. Haynin, l. I, pp. 61-62. Et là fit mettre en ordonnance et
» bataille toutes ses gens qu'il f'aisoit beau veoir, car il avoit assés plus de gens qu'il n'avoit
» heu en France. Et cependant les ambassadeurs des Liégeois estoient devers ledit comte
» en nombre d'environ cent chevaux, dont .Monsieur de la Bouverie estoit un des prinei-
» paux, que Monsieur Olivier de la Marche, Bourguignon, menoit et conduisoit tout a
» l'entour du camp pour le veoir, et ce par ordonnance du comte. Et estoit ledict de
» La Marche, cousin germain audit del Bouverie ». — Jean de la Bouverie, chevalier, était
bourgmestre de Liège en 1455, St. Bormans, Liégeois et Bourguignons en liOS, in-8°,
Liège, 1881.
2 Mémoires, livre I, chap. 35.
3 Par le traité de Contlans, la Normandie avait été donnée à Charles, frère du roi, duc
de Berry, reconnu généralement comme incapable, Chroniques de Jean de Wawrin (édition
Dupont), t. 111, pp. 268-271.
* V. Legeay, Histoire de Louis XI, t. I, pp. 159-466.
s Les lettres-patentes par lesquelles Louis XI reprend la Normandie ont été publiées par
Lenglet-Dufresnoy, Mémoires de Commines, t. II, p. 567.
0 Basin est la principale autorité en cette affaire (édition Quicherat), t. III, pp. 272-274.
36 ÉTUDE
Crèvecœur, son chambellan, et maître Hugonel, spécialement désignés pour
aller trouver le roi de France; puis il envoie Olivier de la Marche en mission
auprès des ducs de Bretagne et de Berry. Venant de Bruxelles, Olivier
arrive à Rouen alors que Louis XI venait d'y faire son entrée au milieu de
l'allégresse générale (7 février 1466). Le roi, apprenant son arrivée, le fait
appeler, l'interroge sur sa destination ', lui demande pour quel motif il est
en Normandie. Le diplomate lui répond qu'il est envoyé par son maître vers
le duc de Bretagne « pour scavoir son estai el aussi pour soy affranchir et
» aquiter du serment qui estoil entre eux deux- ». Le chroniqueur ne
rapporte pas l'impression que fit cette réponse sur l'esprit du roi : Louis XI
n'élail certainement pas dupe, et il dut se souvenir, alors, de l'affaire du
bâtard de Kuhempré qui lui avait tenu si fort au cœur. Il ne savait s'il avait
affaire, ou non, à un espion. Toutefois il ne crut pas le moment bien choisi
pour entraver les projets du comte de Charolais, et laissa l'ambassadeur
continuer son voyage. Olivier se sentait néanmoins peu rassuré à Bouen :
il se hâte de quitter celte ville, et gagne promptement Bennes, puis Vannes;
il arrive au château de l'Hermine où « le duc le irailla honnorablemenl >• .
Il ne s'agissait rien moins que de renouer les liens étroits formés par les
seigneurs ligués contre Louis l'année précédente, et de reconstituer la liyue
du bien public*. L'accueil fait au chargé d'affaires bourguignon était signi-
ficatif. Plusieurs mois se passèrent « en bonne chère », et au mois de juin,
à son retour de Bretagne, par la Touraine, Olivier fut mandé par Louis XI
à Jargeau K « Ce que je fey », dit-il, « et si les bonnes paroles dont le roy
» me donna charge pour les dire à mon maislre de par luy eussent esté
» vraies, nous n'eussions jamais eu guerre en France » .
Ces compliments et ces flatteries ne pouvaient en effet avoir aucun
fondement. Deux hommes comme Louis XI et Charles le Téméraire n'avaient
(pie de trop faciles occasions de ruptures el d'inimitiés; de plus, en l'occur-
i Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 343; et Documents inédits, Mélanges
historiques, par Champollion-Figeac, t. II, pp. 424-429.
2 Mémoires, livre I, chap. 3o.
3 Idem.
4 Idem.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 37
rence présente1, Louis XI, qui avait sans cesse présente à l'esprit celle
grande maxime des princes « Divide et impera », et voulait à tout prix
détacher le duc de Bretagne de l'alliance bourguignonne, afin de les réduire
tous deux plus facilement, n'avait pu voir d'un œil tranquille et serein ce
voyage d'Olivier de la Marche et son long séjour à la cour de Bretagne.
Mais telle est la politique de ces princes du XVe siècle, que celui-là est le
plus heureux qui sait tromper avec le plus d'adresse. En diplomatie, dans
tous les temps, il en a été ainsi; mais la remarque est encore plus frappante
à celte époque « où les idées d'argent et d'égoïsme remplacent la loi vive du
moyen âge, où la politique mesquine et sourde se substitue au dévouement
chevaleresque, où les serments, les écrits, les traités, ne donnent plus même
à l'une et à l'autre partie de suffisantes garanties ».
En quittanl Jargeau -, où Olivier de la Marche avait revu le roi de
France, il retourna auprès de son maître par Paris et le nord du royaume3.
Il le retrouva fort mécontent des procédés de Louis XI, et animé de disposi-
tions extrêmement hostiles à son égard. Le vieux Philippe le Bon, qui
voulait terminer sa longue carrière par un acte de cruauté, s'attaqua à une
ville alliée de la France, Dinant 4, fille insoumise dont les crimes étaient
1 Cf. Em. Varenbergb, dans le Messager des sciences historiques de Belgique, p. 255,
Gand, 1862.
2 Chef-lieu de canton, arrondissement d'Orléans, Loiret.
:! C'est vraisemblablement à cette époque qu'il faut placer le voyage d'Olivier vers le duc
de Berry [plus tard duc de Guyenne] de la part de son maître. Il est chargé de lui promettre
un secours efficace pour l'aider à rentrer en possession de son duché de Normandie.
« Dit plus que certain temps après qu'il fut retourné dudit voyage, vindrent devers ledit
» seigneur de Guyenne, audit lieu de Baune, Messire Olivier de la Marche et autres que le
» duc de Bourgogne y envoyoit, et tantost après ledit seigneur de Guyenne dist à luy qui
» parle que ledit Messire Olivier de la Marche luy avoit asseuré que ledit seigneur de
» Bourgogne le secourrait et aiderait a mettre en sa duché de Normandye, voire et beau-
» coup plus avant, et pour luy aider icelluy de Bourgogne avoit vingt mil archers et seize
» cents lances tous prests, et qu'il estoit vicaire de l'empereur qui croissoit sa force et
» puissance, et oultre plus avait scellé et promesse du comte Palatin de le servir à dix mil
» hommes en la querelle du duc de Guyenne, et faisoit en oultre scavoir audit de Guyenne
» qu'il se tensist prest et feist apprester ses amys pour luy ayder en sa querelle, car il estoit
» temps. » Interrogatoire du jeudi 10 octobre 1176, à la Bastille, dans le procès du duc
de Nemours. — Bibliothèque nationale, mss. français, nouvelles acquisitions, n" 2387,
f° 434 r".
* Sur la Meuse, province de Namur, Belgique.
38 ETUDE
restés jusqu'alors impunis1. Le comte tle Charolais prit le commandement
de l'armée2. Le 17 août le siège fut mis devant celle forteresse réputée
imprenable 3, et grâce à une artillerie formidable qui fit l'admiration
d'Olivier de la Marche, témoin oculaire4, Dinanl fui pris, et mis à feu et à
sac sans pitié, le 27 août el jours suivants. Le chroniqueur-chevalier bour-
guignon semble trouver le fait assez naturel, puisqu'il ne profère à ce propos
aucune parole de blâme, pas même délonnemenl ".
Après ce massacre inouï, les Pays-Bas rentrèrent dans le calme. Le comte
de Charolais revint auprès de son père à Bruxelles6. Alors que les ruines
de Dinanl fumaient encore, le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, mourut
le 15 juin 1467, et ses obsèques se firent à Bruges avec grande solennité7.
Olivier de la Marche aurait laissé de très curieux et particuliers détails
sur les obsèques de ce prince auquel il devait sa fortune el dont il l'ail le
plus pompeux éloge. Mais il n'en a parlé que par ouï-dire. H se trouvait
alors en Angleterre, à la suite du bâtard Antoine de Bourgogne. .Nous savons
en effet qu'il partit le 1er janvier 14-G7 pour Londres8; qu'on lui alloua,
pendant son voyage, des appointements fixes de 48 sous de deux gros
chacun par jour jusqu'au mois d'avril suivant9; qu'il y reçut des ordres
1 Forster Kirk, Histoire de Charles le Téméraire (traduction française), L II, pp. 80-94.
- Mémoires, livre I, chap. 36; Haynin (édition Chalon), t. Il, pp. 66-G9; Duclercq édition
Michaud), t. IV, pp. 266-276; et Gachard, Documents inédits sur Charles le Téméraire, t. II,
pp. 330 et 395, Bruxelles.
'■'• Henricus de Merica (édition de Ram), in-4", p. 159, Bruxelles; Adrianus de Veteriboscp
édition Martène , Amplissima Collectio, t. IV, pp. 1294-1596. Cf. Adolphe Borgnet, Le sac
île Dinanl par Charles te Téméraire, 9*2 pages, Namur, 1853 ; extrait des A anales de la Société
Archéologique de Namur.
'<• Mémoires, livre I, chap. 36.
3 Moins partiaux sont Commines (édition Dupont), t. I, p. 117; Haynin, t. I, pp. 71-72 ;
et Duclercq, t. IV, p. 279. Cf. Forster Kivk, [Histoire de Charles le Téméraire (traduction
FI or 0' Squarr), t. II, p. 98, note 1.
,; Mémoires, livre I, chap. 36.
7 Mémoires, livre 1, chap. 37. Cf. Ern. Lory, Ces obsèques de Philippe le Htm, in-4" de
36 pages, Dijon, 1869, extrait des Mémoires de la Commission des antiquités de la Côle-d'Or,
et Revue des Sociétés savantes, 5" série, t. II, pp. 22-24, Paris, 1870.
» Bulletin de la Société de l'histoire tle France, p. 297, 1858, d'après les Archives départe-
mentales du Nord.
9 « A Messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel de mondit
» seigneur, la somme de ir \vi livres [210 et non 21 comme on lit dans le Bulletin de la
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 39
secrets par un messager de Bruges, Pierre de Couloigne ': qu'il assista aux
fêles, carrousels et festins donnés par le roi Edouard en l'honneur dudit
bâlard de Bourgogne-, et qu'il s'embarqua à Pleume3, au mois de mai,
avec messire Thomas Loreille, bailli de Caen, pour aller en Bretagne i
« fournir son ambassade » . Il était accompagné dans ce voyage par Antoine
de Lameth", écuyer bourguignon.
En chemin il apprit la fatale nouvelle de la mort de Philippe le Bon 6,
dont on « se monstroit moult troublé » à la cour de Bretagne 7. Il assista là
(à Rennes sans doute) au magnifique service qui fut fait en l'honneur du
noble défunt par ordre du duc de Bretagne, qui porta le deuil. Olivier de
la Marche, après avoir remercié son hôte de l'honneur qu'il faisait à la
maison de Bourgogne, et après s'êlre acquitté auprès de lui de la mission
qui lui avait été confiée, repassa la mer et revint8 « devers son maislre »
aux Pays-Bas, à Gand. Il reçut là un complément de solde qui devait l'aider
à payer les frais de ses derniers voyages 9.
Mais Olivier de la Marche n'était pas encore revenu en octobre 1467, car
» Société de l'histoire île France, lue. cit.] que mondit seigneur lui a l'ait bailler et délivrer
» comptant sur certain voyage qu'il a fait présentement par son commandement et ordon-
» nance et pour ses besoignes et affaires par devers le Roy d'Angleterre dont il ne veult
» icy autre déclaration estre faicte; pour ce par sa quittance faicte le premier jour de
» janvier mcccclxvi. » Archives départementales du Nord; Comptes de la Recette générale des
finances, F. lS8,f»91 r.
1 Bulletin de ta Société de l'histoire de France, p. 296, 4858, ibid.
- Mémoires, livre 1, chap. 37.
3 Serait-ce Plymouth, étrangement défiguré? Sans doute. Cf. de Laborde, Ducs de Bour-
gogne, Preuves, t. I, p. xxxi.
'* Mémoires, livre I, chap. 37.
3 Bulletin île la Société d'histoire de France, p. 297, 1858.
6 A cette nouvelle, le bâtard de Bourgogne, qui était encore en Angleterre, revint préci-
pitamment en Flandre avec Simon de Lalaing, Girard de Boussillon, Claude de Toulon-
geon, Jean de Montferrant, Jean de Chaffaut et Philippe Bouton. Cf. Annales Rerum
/landricarum, de Meyer.
7 Mémoires, livre II, chap. 1.
8 Mémoires, ibid. Cf. Bulletin de la Société de l'histoire de France, p. 297, Paris, 1858,
d'après les Archives départementales du Nord.
■ 9 Archives départementales du Nord; Comptes de la recette générale des finances i Chambre
des Comptes), F. 158, f"s 117-118 r.
40 ÉTUDE
nous savons, par un document authentique ', qu'il envoya de Bretagne à
Bruxelles messire Matthieu Losengier2 en message vers le duc de Bourgogne,
le lendemain de la Madeleine (23 août 1467), et qu'il le dépêcha encore
une seconde fois dans le même but, de Bochester en Angleterre, au mois
d'octobre !. C'est dans le courant de ce mois qu'il rentra lui-même en
Flandre4. Il alla saluer à Louvain le comte de Ghàrolais, devenu duc de
Bourgogne. Cet avènement du nouveau duc, qui avait changé la situai ion
des villes flamandes, ne modifiait en rien celle d'Olivier, puisque depuis
plusieurs années déjà il avait été spécialement attaché à la personne du
Téméraire. Celui-ci, satisfait de l'habileté avec laquelle son chambellan avait
conduit les négociations difficiles dont il avait été chargé, lui renouvela son
mandat, et lui fit délivrer aussitôt un acompte s en vue d'un prochain
départ.
Mais Olivier de la Marche ne perd pas de temps; et , tandis qu'il est
encore près de son maître, il veut assister au nouveau châtiment infligé
par Charles le Téméraire aux Liégeois, et se fait comprendre au nombre
des vingt gentilshommes-chevaliers chargés de veiller sur sa personne pen-
dant la bataille de Saint-Trond 6, le 27 octobre. Il suit son maître à Liège
et part de là, muni de pleins pouvoirs, pour l'Angleterre, le 18 novembre
1467 '. L'ambassadeur est accompagné de Jean Carondelel 8, conseiller et
1 Archives générales du royaume de Belgique (Chambre des Comptes), n" 1923, f" 327 v°.
Pièce justificative, n° XIX.
- Archives départementales du Nord (Comptes), F. 158, f" 246 v". Bulletin de la Société de
l'histoire de France, p. 298, 1858.
3 Pièce justificative, n° XIX.
* Idem.
s Archives départementales du Nord, Chambre des Comptes, F. 158, f° 394 v".
6 Mémoires, livre II, chap. 1. Cf. L. Gollut, Mémoires historiques sur la république
séquanoise (nouvelle édition), col. 1220, 1843.
f Archives générales du royaume de Belgique (Chambre des Comptes), compte de 146S,
vol. 1923, f°66v°. Pièce justificative, n* XX.
8 Jean Carondelet, de Dôle, et issu d'une des principales familles bourguignonnes, fui
constamment au service des ducs. Aussi peut-on très bien suivre sa trace dans les nombreux
registres de la Chambre des Comptes de Bourgogne; et il ne serait pas dépourvu d'intérêt
de connaître le rôle qu'il a joué et les services qu'il a rendus jusqu'à sa mort (1501).
Cf. L. Gollut, passim, et voir ci-dessus, page 34.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 41
maîlre des requêtes de l'hôtel de Bourgogne, et par Nicolas Bouesseau, sou
secrétaire; il est porteur d'un message secret.
En effet, Charles le Téméraire avait tout intérêt à se faire des Anglais des
alliés, et il ne négligeait rien pour arriver à ce résultat. De graves événe-
ments se passaient alors en Angleterre. Warwick, le faiseur de rois , s'était
séparé d'Edouard IV, et une conspiration générale et dangereuse se formait
insensiblement contre le souverain, qui cherchait à se fortifier à l'intérieur
et à l'extérieur par de puissantes alliances. L'opposition d'intérêts en même
temps que l'antipathie des caractères, qui existaient entre Louis XI et Charles
le Téméraire, engendraient entre eux une haine implacable; aussi Edouard
était-il sûr d'avance de rattachement politique de celui des deux pour lequel
il se déclarerait '. L'alliance de la Bourgogne était plus agréable aux Anglais
que celle de la France ; les intérêts du commerce entre eux et la Flandre
invitaient l'un et l'autre souverain à s'unir étroitement : leur commune
jalousie contre Louis servait encore à mieux cimenter leur union.
C'était en vue d'une étroite alliance que le bâtard de Bourgogne se
trouvait en Angleterre, en 1467, lorsqu'il fut soudainement rappelé par la
mort de Philippe le Bon. C'est pour le même motif qu'Olivier de la Marche
passa de nouveau la mer à la fin de ladite année. Il arriva à Londres en
décembre, revint en Normandie par Honfleur2, se rendit probablement
même en Bretagne, retourna encore en Angleterre'' et regagna la Flandre,
où il était arrivé le 22 mars 14G8 ''. En récompense de ce nouveau service,
< David Hume, llistory of Enyland, Lancasterhouse, n° 1408, chap. XI, passim, d'après
Hutdington et Hall.
2 C'est ce que nous apprend l'ambassadeur W. Meny-Peny,dans sa lettre du 16 janvier 1468
imprimée en appendice aux chroniques de J. de Wawrin (édition Dupont), t. III, pp. 186-196 :
« M. de Venloc et M. Thomas Quent [du parti de Warwick] me demandèrent si vraiment
» l'ambassade de Bourgogne était allée devers vous, votre frère et le duc : je leur dis que ouy,
» quant j'avoye veu à Honnetleu Messire Olivier de la Marche et d'autres du conseil dudit duc
» de Bourgogne ». Cf. Bibliothèque nationale, mss. français, n° 20486, f°-90, et encore un
rapport de W. Meny-Peny, envoyé secret de Louis XI en Angleterre (Bibliothèque nationale,
mss. français, n" 15537, f» 252).
3 Ces allées et venues sont assez bien exprimées par ces termes : « en quoy il ala, vaquant,
» besoingnant et retournant ». Pièce justificative, n°XXI.
* Pièce justificative, n° XXI, Archives générales du royaume de Belgique Chambre des
Tome XLIX. 6"
42 ETUDE
oulre ses honoraires ordinaires ', le duc lui octroya une gratification de
470 livres huit sous quatre deniers, vaisselle d'argent -.
Le résultat des négociations entamées avec l'Angleterre fui le mariage du
duc Charles avec Marguerite d'York, sœur germaine du roi Edouard. Charles
décida que ce mariage, qu'il considérait, au point de vue politique, comme
un triomphe remporté sur les rusées machinations du roi de France 3, serait
célébré avec une splendeur inaccoutumée, dès que la période du deuil officiel
serait écoulée. Durant tout le printemps la cour de Bourgogne présente un
aspect extraordinairement animé 4. Olivier de la Marche passe le mois d'avril
à Bruges; il assiste à une scène de la Toison d'or 5 ; puis il est chargé par
son maître d'organiser 6 les fêles et spectacles qui auront lieu en juillet. Les
métiers travaillent sans relâche, les ouvriers de toutes professions sont appelés
pour embellir la cité, et de fort loin viennent des artistes et des décorateurs
habiles chargés de la transformer7 en un immense palais féerique. Nous
possédons les comptes des ouvrages faits à Bruges « par l'ordonnance d'Olivier
» de la Marche et sur l'avis de Jean Flennekaert et Pierre Couslain, peintres
» de la cour 8 » pour les noces du duc Charles 9, et nous savons ce que celte
Comptes), vol. 1923, f° GG v". Les Archives départementales du Nord, fonds Boussemard, n"8,
renferment copie du reçu d'Olivier, daté du 26 avril.
1 Pendant son séjour à l'étranger, Olivier recevait 53 sous par jour; à la cour, il n'avait
que 27 sous. Archives générales du royaume de Belgique (Chambre des Comptes, compte
de 1468), vol. 1923, f" 327"™ r".
2 Deuxième compte d'André Briçonnet pour l'année finissant le 30 septembre 1468,
Bibliothèque nationale, mss. français, n° 20685, p. 439.
3 Voir un projet de traité, Bibliothèque nationale, mss. français, n" 20488, f° 22, renfer-
mant entre autres clauses celles du mariage de Marguerite d'York (1466) avec le duc de
Milan, le comte du Perche Bené d'Alençon, ou Philippe de Savoie.
i Louis XI feignit de n'être pas contrarié. Cf. une lettre sur les négociations de Guyot
Pot, à Bruges, Bibliothèque nationale, mss. français, n" 20489, f" 68.
» Reiffenberg, Histoire de l'ordre de la Toison d'or, p. 116; Kervyn de Lettenhove, Histoire
de Flandre, l. V, pp. 289-292, d'après le ms. n° 13169 de la Bibliothèque royale de Belgique.
6 Pièce justificative, n° XXII.
7 Forster Kirk, Histoire de Charles le Téméraire, traduction française, t. II, pp. 195-198.
8 Inventaire des archives de la ville de Bruges, par M. Gilliodts-Van Severen, t. V, p. 566.
'■> L. de Laborde, Les ducs de Bourgogne; Preuves, t. II, pp. 293-381 ; voir à la Biblio-
thèque royale de Bruxelles, ms. n° 17321, une relation anonyme des fêtes. Cf. Annales de
la Société d'émulation de la Flandre, t. III; les Mémoires du sire de Haynin (édition Chalon),
chap. 10G, Mons, 1842; et Alf. Michiels, Histoire de la peinture flamande et hollandaise, t. II.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 45
journée coula au trésor bourguignon. Il fallait au duc, qui avait pour ainsi
dire pris à tâche d'exalter dans ses nouveaux domaines le lustre de la
chevalerie, une cérémonie plus éclatante et plus somptueuse que toutes celles
qui avaient eu lieu sous le gouvernement de son prédécesseur et père.
Aucune fête bourguignonne ne fut assurément plus imprégnée que celle du
mariage de Marguerite d'York de l'esprit de contrefaçon chevaleresque; à
coté d'elles, le tournoi d'Ypres en 1423 ', le pas de la pèlerine à Saint-Omer
en 1447 2, le vœu du faisan même à Lille en 1454 3, auraient fait pâle
figure i.
C'est Olivier de la Marche, témoin oculaire et actif d'ailleurs, qui nous a
conservé la plus intéressante relation de ces fêtes de Bruges 5 (juillet 1468).
Non seulement il fut chargé d'en diriger les préparatifs, non seulement il
eut à payer une partie des dépenses 6, mais il assiste au tournoi donné à
celle occasion 7 et y prend personnellement part8.
i Merkwaerdige gebeurtenùsen van iô77 lot 1445, par 01. de Dixmude, publié par
.1. J. Lambin, p. 101, Mons, 1835.
2 Voir ci-dessus, page 24. Cf. de Barante, t. II, p. 70.
•! Voir ci-dessus, pages 26-28.
4 Cf. Henrard, Appréciation sur le règne de Charles le Téméraire, p. 42, Bruxelles, 1867.
5 Mémoires, livre II, ebap. 4. Sa description ne comprend pas moins de 56 colonnes
(édition Michaud et Poujoulat, pp. 521-550). C'est une reproduction (il nous rapprend lui-
même) de la lettre qu'il écrivit à l'époque de ce mariage à son confrère le maître d'hôtel du
duc de Bretagne, Gilles du Mas. [La lettre est intégralement publiée au commencement
dudit chapitre 4.] 11 faut en rapprocher une description plus complète et plus précise sur
quelques points que l'on doit attribuer à Olivier de la Marche. Ce serait aussi une copie
de la relation contemporaine qu'il aurait envoyée à la cour de Savoie. Elle est contenue
dans le manuscrit G1 21 de la Bibliothèque de l'Université de Turin If. 131-1S8) et a été
publiée par MM. A. Dufour et Fr. Babut dans les Mémoires de lu Commission des antiquités
de la Côte-d'Or, et tirée à part, in-l° de 44 pages, Dijon, 1877. Cf. encore sur ces mêmes
fêtes un autre récit anglais contemporain, publié dans les Excerpta historica, pp. 227-248,
Londres, 1831.
6 Pièce justificative, n° XXIII. Cf. L. de Laborde, Les ducs de Bourgogne, Preuves, t. II,
n*5 4033, 4419 et 4442.
i L. Gollut, Mémoires historiques sur la république séquanoise ^nouvelle édition), col. 1228,
1843; et Jacques Meyer, Commentarii seu annales rerum Flandricarum, in-f", f"s 344-345,
Anvers, 1561.
8 Mémoires du sire de Haynin (édition B. Chalon), t. I, p. 117, Mons, 1842. Le sire de
Haynin fait un récit sommaire de ce pas d'armes et du banquet qui suivit. Il n'y était pas;
U ETUDE
Les fêtes se prolongèrent pendant plus d'une semaine, du 3 au 12 juillet,
avec la même animation. C'étaient tous les jours de nouveaux divertisse-
ments, basés sur un même spectacle modifié à l'infini pour entretenir l'intérêt
des nobles spectateurs. On a pu dire que ceux-ci avaient devant eux la
réalisation vivante des merveilles qu'on racontait du roi Arthur et de la table
ronde '. On lisait beaucoup, en effet, à la cour de Bourgogne, les romans
de chevalerie, d'Amadis el de Charlemagne; les chevaliers s'ingéniaient avec
délices à imiter ce qu'ils voyaient dans ces livres el à donner comme une
représentation des mœurs et des gestes des preux de la légende. Ils croyaient,
par ces tournois et ces carrousels continuels, relever le prestige de la
noblesse !
Détournons nos regards et nos pensées de ces somptueux tableaux,
et considérons un instant, avec l'historien de Charles le Téméraire2, la
situation réciproque des deux souverains de France el de Bourgogne à la
fin de celte année 1468. Louis XI est inquiet et sa situation critique empire
chaque jour. Soutenu par la nation dont il est le chef, il a la force que lui
inspire celle confiance, mais son caractère prudent jusqu'à l'hésitation lui
fait perdre bien des occasions de montrer cette force à ceux qui feignent de
l'ignorer. Tout autre est Charles : aveuglé par un naturel emporté el par de
trop faciles triomphes, il n'écoute aucun conseil, ne maîtrise aucune passion,
et comme! ainsi des fautes graves qui font pressentir déjà Moral et Nancy.
A l'un il faut un astucieux et sage Commines, qui pèse ses actes comme il
mesure ses paroles; à l'autre il faut un fougueux et brutal Hagembach, qui
ne connaît pas de limites à l'impossible.
Une soudaine el sanglante collision était imminente. Mais comme toute
chose trop bien préparée à l'avance, elle avorta. Malgré des rumeurs sinistres,
Louis XI, trop confiant, accepta l'entrevue qui lui fut proposée par Charles
il le dit bien : « Je me remetz à ceux qui y furent, car je n'y fus point » (op. cit., p. 113) ;
mais il est utile néanmoins d'enregistrer ici la mention particulière qu'il donne du rôle
d'Olivier en cette occasion.
1 Lettre écrite par un invité anglais, John Paston (Bruges, lo juillet [1468), citée par
J. Forster Kirk (traduction française), t. II, pp. 203-204.
2 Forster Kirk (traduction française par Flor O'Squarr), t. II, p. 206.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 4S
le Téméraire lui-même '. Un accommodement devait avoir lieu. On choisit
Péronne, en Picardie, pour lieu de rendez-vous2. Le roi de France et le
duc de Rourgogne s'y rencontrèrent le 9 novembre 1468; la réception fut
cordiale et les gentilshommes des deux Étals assistaient en grand nombre à
l'entrevue5. Olivier de la Marche et Commines faisaient partie de l'entourage
de Charles le Téméraire4; noire chroniqueur fut même plus spécialement
attaché à sa personne 3.
On connaît la suite des événements. Une révolte a lieu en même temps à
Liège; on répand partout la nouvelle en l'exagérant; Charles ne modère pas
son indignation et éclate en malédictions sur son ennemi, instigateur supposé
de ce nouveau méfait 6. Et cet ennemi était en sa présence , l'abusant par
de fausses démonstrations de sympathie! Tout cela n'était que trop vrai7.
Louis XI, pour se disculper, exprima de son plein gré le désir d'aider à
punir les rebelles. On le prit au mot, On partit par Le Quesnoy et Namur.
On arriva devant la cité de Liège qui fut prise d'assaut et ruinée de fond en
comble (30 octobre 1468).
Il y a lieu de supposer qu'Olivier de la Marche fit cette campagne et fut
témoin de ce désastre 8 ; rien ne le prouve péremptoirement.
1 Lenglet-Dufresnoy, Mémoires de Commines, t. III, pp. 18-20.
2 Mémoires, livre II, chap. 2; Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 369; et la
lettre de Balue à Louis XI (Bibliothèque nationale, mss. français, 20189, f" 901.
3 Commines (édition Dupont', t. I, pp. 154-155; Gachard, Documents inédits, t. I, p. 196.
4 Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 369.
s « Et ne retint mondict seigneur aveques luy que moy seulement. » {Mémoires,
livre II, chap. 2).
6 Mémoires, t. II, chap. 2. Cf. Commines, t. I, pp. 172-174.
i Cf. pour le récit complet des faits Forster Kirk, t. II, pp. 210-257, et Ur. Legeay,
Histoire de Louis XI, qui a le tort de ne pas croire à l'instigation du roi de France dans la
révolte (t. I, pp. 536-541).
8 Les récits de la ruine de Liège les plus dignes de foi sont ceux du sire de Haynin
(Mémoires, édition Chaton, 1. 1, p. 142, Mons, 1842) ; crAdrianus(Martène, Amplissima Collectio,
t. IV, p. 1343); d'Henricus de Paula (édition de Ram, Chroniques belges, Bruxelles, in-4°,
p. 179); et de Theodoricus Paulus (idem, pp. 223-224) .Cf. Lenglet-Dufresnoy, Mémoires de
Commines, t. III, p. 83, et J. Forster Kirk, Histoire de Charles le Téméraire, t. II, pp. 264-272.
— Commines et la Marche semblent avoir voulu à dessein omettre dans leur récit tous ces
funèbres détails; Olivier dans tous les cas ne paraît nullement ému et raconte cette formi-
46 ETUDE
Désormais les noms de Louis de France el de Charles de Bourgogne par-
lagèrenl la malédiction d'un peuple abattu, d'une nation humiliée, de sujets
mécontents. Mais l'autorité du duc s'était fortifiée au dedans, et sa puissance
était respectée au dehors à tel point que son alliance était de tous vivement
recherchée. Charles le Téméraire eut le tort de n'en concevoir que de
l'orgueil, et fil tout pour mécontenter ses bonnes villes de Flandre.
Un jour, — c'était le 15 janvier 1469, — au milieu de superbes tapis-
series el sous un magnifique dais, ayant à ses côtés des princes, des cheva-
liers de la Toison d'or et des représentants des cours étrangères, Charles
siégeait ' ; il tenait son assemblée de notables. Sur la place « appelée Caude-
bcrghe », étaient assemblés de riches bourgeois, délégués par la ville de
Gand pour venir implorer le pardon du duc el erier miséricorde -; après qu'ils
eurent attendu une heure et demie dans la neige, le prince daigna prêter
l'oreille à leurs excuses, et ce fut Olivier de la Marche et Pierre Bladelin qui
furent chargés d'introduire les députés gantois en séance solennelle. Le duc
promit à Gand ses faveurs et sa protection, en échange de quoi il lui relira ses
plus anciens privilèges 5 à cause de son abominable conduite à son égard.
« Tant d'humiliations ne s'effacent pas aisément de la mémoire des
» peuples, et tôt ou tard ils s'en vengeront cruellement à leur tour. » iMais
Charles le Téméraire, gonflé d'orgueil, se croit le maître du monde. Il
s'assure de l'amitié de ses anciens alliés, du duc de Bretagne, par exemple,
vers lequel il envoie de nouveau son homme de confiance, Olivier de la
Marche*. Celui-ci quille Lille le 8 février 1469 et va remplir sa mission
dable extermination sans qu'une seule épithète puisse nous dévoiler le secret intime de sa
pensée. Étrange silence en vérité! « La conduite du vainqueur semble pour eux être la
» conclusion naturelle et nécessaire d'une série d'événements dont le duc n'était aucu-
» nement responsable. »
i Gachard, Documents inédits sur Charles le Téméraire, t. I, p. 204, Bruxelles, 1863.
2 Relation de l'assemblée tenue à Bruxelles, réimprimée par Mlle Dupont, Preuves de
Commines, t. III, p. 256.
3 Lenglet-Dufrcsnoy, édition de Commines, t. I, pp. 87-93; et Forster-Kirk, Histoire de
Charles le Téméraire (traduction française), t. II, pp. 284-285.
* Archives générales du royaume de Belgique (Chambre des Comptes), vol. 1924, fos 112 v°,
125 v°, 191 v°. Pièces justificatives, nos XXIV, XXV et XXVI.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 47
secrète en Bretagne « et ailleurs » jusqu'au mois de mai '. Tranquille tle ce
côté, le duc de Bourgogne se tourne vers l'Angleterre.
Là, il voit le pays toujours en proie aux plus vives agitations, deux partis
se disputant chaudement le pouvoir, l'inimitié de Warwick et de son souve-
rain atteignant son paroxysme, l'un voulant entrer dans une voie nouvelle,
l'autre préférant suivre paisiblement les traditions du passé. Charles de
Bourgogne, pour des raisons tant de parenté (pie de politique et de com-
merce, soutient fermement le roi et dépèche vers lui, au mois de mai 1469,
Olivier de la Marche-, sans doute à peine revenu de sa dernière mission
en Bretagne. Nous ne savons combien de temps dura celle nouvelle ambas-
sade; nous le retrouvons toutefois en Flandre, en juillet; il existe aux
Archives du royaume de Belgique "', en original , une déclaration d'Olivier
constatant le payement fait par le bailli de Gand de soixante-dix palards au
geôlier du château de celle ville pour la garde de deux prisonniers (13 juil-
let 1469).
.Mais la révolulion anglaise ne semblait pas près de s'apaiser. Une révolte
de seigneurs, intrigués par Warwick, suivie d'un commencement de guerre
civile, amena en peu de temps l'emprisonnement du roi Edouard i , puis son
élargissement, suivi bientôt d'une véritable déposition (1469-1470). Charles
de Bourgogne ne savait pas bien au juste quel parli prendre. Fallait -il
secourir son beau-frère Edouard IV qui réclamait avec instance son appui?
Mais dans ce cas, il encourait la haine du parti yorkiste en ce moment au
pouvoir, et s'aliénait pour toujours Warwick, déjà animé à son égard de
sentiments très hostiles! Fallait-il rester sourd aux supplications de son
parent détrôné et chercher à corrompre, par des promesses ou par de
1 PlECE JUSTIFICATIVE, II" XXV.
2 Archives générales du royaume de Belgique (Chambre des Comptes., vol. 1924, l'° 278 v°.
Pièce justificative, n" XXVI.
3 Cette pièce est publiée avec fac-similé dans le Compte rendu des séances de la Commis-
sion royale d'histoire, 2e série, t. Vil, p. 45. Bruxelles, Hayez, 1855.
* Voir pour tous ces détails de l'affaire les historiens anglais : David Hume, Lancaster-
house, t. XI, anno 1469-1470, qui les résume; et Kymer, t. XI, pp. G52-lJ5i. Cf. un récit
contemporain (la meilleure source a consulter), imprimé dans le tome 1 des Mélanges de
la Camden Society.
48 ETUDE
l'argenl, le fougueux chef de parli qui tenait pour quelque temps en sa main
les destinées de l'Angleterre ? Dans cette alternative délicate, Charles le
Téméraire usa d'artifices qui ne pouvaient assurément aveugler le comte
Warwick, mais qui fournissaient à ce dernier un prétexte décent de conti-
nuer à vivre en bonne intelligence avec la cour de Bourgogne, s'il y était
disposé. Il ne craignit pas d'avancer publiquement que son alliance était
contractée non avec le roi, mais avec le royaume d'Angleterre, et qu'il lui
était indifférent de traiter avec un parti ou avec l'autre 1 , pourvu qu'on ne
violât point la foi des traités préalablement conclus.
C'est dans ces circonstances difficiles que le discret et habile chambellan
du duc de Bourgogne partit derechef pour l'Angleterre -. Olivier venait
d'assister, à Gand, en janvier 14.70, au tournoi tenu par Claude de Vauldray,
seigneur de l'Aigle 3, tournoi dont il nous a laissé une description intéres-
sante, indépendante de ses Mémoires. Celle relation, sous forme de lettre
adressée à Philippe, comte de Bresse, a été imprimée pour la première fois,
d'après les deux seuls manuscrits connus *, par M. Bernard Prosl 5.
Olivier de la Marche quitta Bruges le 25 février, porteur de messages
secrets sans doute destinés à Warwick tout-puissant G. Sa mission fut ter-
minée le 8 juin suivant.
Mais à peine élait-il rentré en Flandre que les affaires d'Angleterre prirent
un nouvel aspect et se compliquèrent étrangement. Quoique le duc de
Bourgogne, en négligeant Edouard IV et en « faisant sa cour » au gouver-
nement actuel, eût lâché de se concilier tous les parlis et de demeurer
i Commines, t. III, p. 6; confirmé par les historiens anglais Hall et Grafton.
- Archives gàiérales du royaume de Belgique (Chambre des Comptes), vol. 1925, f» 254 v°.
Pièce justificative, n° XXVIII.
3 Conseiller et chambellan de Bourgogne, bailli de la Montagne (1474), mort en 1505.
Cf. Gollut, passim ; Dunod de Charnage, Histoire du comté de Bourgogne, t. II, pp. 373-375,
et Molinet (édition Buchon), t. I, p. 108.
* Bibliothèque municipale de Valenciennes (Nord), mss. nos 581 et 601.
3 Traités du duel judiciaire, relations de pas d'armes et tournois, par 0. de la Marche, etc.,
pp. 55-95. Paris, Wilhem, 1872.
<> Archives générales du royaume de Belgique (Chambre des Comptes), vol. 1925, f° 254 v°.
Pièce justificative, n° XXIX.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 49
constamment sur un terrain neutre, il s'aperçut que ses plans ne réussis-
saient pas à sa guise; la liaison intime et déjà vieille de Louis XI avec
Warwick le laissait inquiet et incertain. Il fit une nouvelle tentative auprès
de Henri VI régnant à Londres et lui dépêcha Olivier de la Marche !, qui
quitta Sainl-Omer en Artois le 8 juillet 1470. Il était certainement de retour
avant le mois d'octobre suivant. Nous n'avons malheureusement aucun détail
sur toutes ces négociations, jusqu'ici inconnues, d'Olivier en Angleterre, el
cette lacune nous empêche d'éclaircir plus d'un point dans l'histoire des
rapports anglo-bourguignons pendant cette période; nous ne les connaissons
que vaguement, par de simples extraits des comptes de Bourgogne, que nous
publions plus loin en pièces justificatives -, puisqu'il n'en est fait absolument
aucune mention dans les mémoires et chroniqueurs du temps 3.
Ce silence d'Olivier de la Marche ne doit-il pas nous étonner ? Ne
devrait-il pas être heureux et fier de raconter lui-même les péripéties de
ces ambassades où, en vérité, il jouait un rôle noble, où il accomplissait des
fonctions délicates, où il représentait un maître aimé auprès d'un puissant
souverain ? Quel intérêt a-t-il donc eu à vouloir cacher ses faits el gestes
à la postérité, qui les recherche avant tant d'intérêt el si peu de succès ?
Ne faudrait-il pas en conclure que le duc de Bourgogne lui a fermé la
bouche, ou lui a tout au moins signifié de taire ces actes diplomatiques?
El alors, quelle en serait la raison ? Quoi qu'il en soil, el en dépit de ce
mutisme auquel — de gré ou de force — le chroniqueur parait s'être
astreint, les registres de la Chambre des Comptes parlent ; ils parlent peu
sans doute, assez cependant pour nous permettre de suivre notre ambassa-
deur dans ses différents voyages de l'année 1470.
Il est impossible, à l'encontre de notre supposition, d'alléguer qu'Olivier
s'est mal acquitté des fonctions auxquelles il a été appelé, et qu'il a encouru
au moins les reproches du duc de Bourgogne. Tout tend à prouver le
i Archives du royaume de Belgique Chambre des Comptes), vol. 1925, f° 280 v°. Pièce
JUSTIFICATIVE, n° XXX.
2 Voir encore les Pièces justificatives, nos XXXI et XXXII.
:1 II est douteux que des recherches dans les Archives d'Angleterre puissent nous fournir
de plus amples renseignements.
Tome XLIX. 7
30 ÉTUDE
contraire. Car non seulement Charles le Téméraire le conserva à son service
jusqu'à sa mort, mais encore il le combla de ses faveurs. Il le nomma, le
30 septembre 14G9, gouverneur, capitaine cl prévôt de Bouillon *, à la place
de Pierre de Hagembach, seigneur de Belmonl2. El Tannée 1471 surtout fut
extrêmement fructueuse pour Olivier de la Marche5. Son maître lui donne
en récompense de ses services 500 livres « à prendre sur les deniers de la
» confiscation des habitants de Tournay et du Tournesis et du connétable
» de France 4 », et le 22 janvier il le commet, par une charte spéciale dont
nous possédons la teneur s, il le commet, ordonne et « établit capitaine et
» bailli des chaslel, ville, terre et seignourie de Lusseu 6, Orville 7 et de
» toutes les autres terres quelconques qui en dcppendent appartenais au
» conte de Saint-Pol », et lui donne tout pouvoir et autorité en ces pays. La
confiscation qui venait d'être opérée sur les biens du connétable de France
fut donc très profitable au chevalier et maître d'hôtel bourguignon.
Il faut croire que Charles le Téméraire n'agissait pas de même avec tous
ceux qui le servaient et qui paraissaient lui être dévoués. La noblesse était
* Compte de Guy de Piekois, receveur de la duchié de Buillon pour l'année LXX-LXXI,
Archives générales du royaume de Belgique (Chambre des Comptes), n° 24406, f° 1. Pièce
justificative, ii° XXXIII. — Cf. Mêmes Archives, Collection des Acquits, carton 8.
- Pierre de Hacquembach s'était emparé du château de Bouillon le 15 décembre 1467,
à la tête de trente compagnons. Cf. Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 3e série,
t. XII, p. 594, 1886.
3 Sa présence est signalée à Mons le 17 février 1471, d'après un extrait du compte du
massard de cette ville qu'a bien voulu m'indiquer M. L. Devillers : « A monseigneur
» Olivier de la Marche, maistre d'ostel de mondit seigneur le duc qui, le dix-septyesme
» jour d'iceluy mois de febvrier vint audit Mons, fu présenté xn lots de vin, lxxvi sols. »
Archives municipales de Mons.)
* Extrait d'une petite liasse de comptes aux Archives départementales du Nord, Chambre
des Comptes, domaine de S'-Pol (Bibliothèque nationale, mss. Collection Yillevieille, 55 -
Cabinet des titres, 136"ls, f» 138 V).
:> En vidimus aux Archives nationales de Paris, K. 74, n° 3 (Musée n° 487). Pièce justi-
ficative, n° XXXIV.
6 Lucheux, canton et arrondissement de Doullens (Somme). Dans la copie de M. Bousse-
mard [Archives départementales du Nord, fonds Boussemard, Correspondance diplomatique,
1585) on lit l'identification sans valeur de Lucca.
' Orville, canton de Pas-en-Artois, arrondissement d'Arras (Pas-de-Calais).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 51
malheureuse et perdait ses privilèges '; la bourgeoisie était misérablement
attristée par des dépenses exagérées 2; les infimes subissaient difficilement
le joug d'un homme fougueux et emporté, qui voulait, en dépit de tout, com-
mander, agir et parler en maître, ne connaissant nulle entrave à la satisfaction
d'une ambition imprévoyante et désordonnée \
Telle était au contraire la politique de Louis XI, qu'il savait à merveille
profiler des fautes accumulées de son rival. Il n'eut pas de peine à détacher
de lui, peu à peu, tous les hommes habiles et considérables de la cour de
Bourgogne, travaillant à les séduire successivement par des promesses, et
flattant ceux que le duc outrageait en récompense de leurs travaux et de leurs
conseils 4.
C'est l'époque de la trahison de Commines (août 1472). La raison qui le
détermina à changer de maître est restée inconnue jusqu'ici, et le nombre
considérable de conjectures que l'on a faites à ce propos n'a point fait avancer
la question d'un pas s. Ccmmines n'en dit absolument rien dans ses
Mémoires. Il n'a eu probablement en vue que l'intérêt personnel, mobile
ordinaire des passions des hommes. On a même élé jusqu'à le comparer au
passager qui, prévoyant une catastrophe, quitte à force de rames le navire,
avant qu'il coule à fond u. Je ne nie pas les hautes et perspicaces vues de
Commines sur la politique contemporaine. Mais ce qui est vrai pour lui ne
l's t pas pour d'autres. Par exemple, messire Guillaume Rolin, propre fils du
chancelier de Philippe le Bon, ayant appelé d'un procès au Parlement de Paris
et s'élanl vu pour cela enlever ses charges et confisquer ses terres par
Charles le Téméraire, « s'en ala en France où autres après le siévirent 7 ».
Beaucoup d'autres, en effet, imitèrent ces exemples. Olivier de la Marche
i Edm. Poullet, Messire Louis Pynnock, ou la vie d'un patricien, màieur de Louvain au
XV siècle, p. 117, Louvain, 1865.
2 Paul Frédéricq, Le rôle des ducs de Bourgogne aux Pays-Bas, p. 50, Gand, 1875.
3 Paul Frédéricq, Rôle des ducs de Bourgogne aux Pays-Bas, p. 20, Gand, 1875.
* Henrard, Appréciation sur ie règne de Charles le Téméraire, p. 49, Bruxelles, 1867.
S Em. Varenbergh, Philippe de Commines et sa carrière politique (extrait du Messager des
sciences historiques de Belgique), p. 24, Gand, 1862.
fi Idem, p. 23.
' OEuvres de F. Chastellain, Chronique, livre VII, 2e partie, chap. 10.
52 ÉTUDE
resla fidèle. Nous avons bien trouvé une lettre ' qui pourrait faire soup-
çonner le chroniqueur d'avoir voulu, lui aussi, être parjure à sa parole, et
abandonner un maître qui l'avait élevé, pour ainsi dire, qui l'avait choyé,
comblé d'honneurs cl de largesses. Olivier « s'en voudrait venir » à
Louis XI ? Il quitterait celte cour bourguignonne qu'il avait tant aimée et
dont il parlera avec tant de sympathie et de respect dans ses ouvrages? Nous
avons peine à le croire, et nous repoussons formellement ce soupçon d'ingra-
titude que d'autres pourraient lui imputer. El qu'on ne nous accuse
pas d'indulgence outrée pour celui dont nous essayons de retracer la vie,
puisque rien ne vient prouver qu'il ail eu même un seul instant cette misé-
rable intention ! Louis XI aurait accueilli avec empressement les services
d'Olivier, aussi fin diplomate que vaillant capitaine (il le prouvera au siège
de Neuss); mais il n'eut pas à les accueillir, parce qu'ils ne lui furent pas
proposés. Ou il courut de faux bruits sur son compte, qui parvinrent aux
oreilles toujours avidement tendues du roi de France; — ou bien Louis XI
aurait voulu ta 1er le terrain, et parler d'un fait qu'il eût bien voulu voir se
réaliser comme s'il était déjà accompli. Il n'y a pas, selon nous, d'autre
acception raisonnable à donner à la lettre du roi au sire du Bouchage, que
nous publions en pièce justificative, bien qu'elle ne justifie rien. Mettre en
suspicion la bonne foi d'Olivier de la Marche nous semble impossible.
Olivier vient en effet de se signaler par de nouveaux et brillants exploits
au service du duc de Bourgogne. Celui-ci, qui n'a plus rien à craindre de
l'Angleterre, où NYarwïck est renversé, reprend ses plans contre Louis XI,
rentre en campagne et recouvre les villes de la Somme. « En ce temps le
» duc mit sus douze cens lances, et fusmes envoyés, messire Jaques de
» Montmarlin, le bastard de Viéville, capitaine des archers, et moy, pour
» passer les reveùes des hommes d'armes et me fit le duc cest
» honneur de la première compagnie d'icelles ordonnances -. » Olivier qui
se remet en scène, fut spécialement chargé, dans les premiers jours de janvier
1 Lettre missive de Louis XI au sire de Bouchage i Bibliothèque nationale, mss. français,
n*1 2905, f° 3). Pièce justificative, n° XXXV.
2 Mémoires, livre II, chap. 1.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 53
14-72, d'aller avec Philippe de Crèvecœur, sieur d'Esquerdes, tenir garnison
en la ville d'Abbeville, nouvellement reprise sur les Français, et la défendre
en cas d'attaque ' ; il y était le 4 5 janvier sans aucun doute, puisqu'il assista
ce jour là à une exécution capitale 2. D'un autre côté, Louis XI, plus effrayé
que jamais, fait sans plus tarder des ouvertures à son rival; il demande une
prolongation de trêve, et propose au duc de Bourgogne 3, par ses chargés
d'affaires le sire de Craon, messire d'Oriole et Olivier Le Roux, de s'en remettre
à des arbitres nommés par égale portion. Charles accepte une entrevue.
Olivier de la Marche, qui commandait à Abheville en l'absence du sire de
Querdes (22 mars 1472), reçoit l'ordre, avec Simon de Quingey, d'amener
à Lille, en toute sûreté *, les trois délégués français ci-dessus nommés. Ce
qu'il fit 5. Mais les choses ne s'arrangèrent point. A peine s'entendit-on pour
prolonger la trêve jusqu'au 15 juin de la même année 6.
Sur ces entrefaites, l'éphémère possesseur de la Normandie, le duc de
Guyenne mourut (28 mai 14-72). Le roi de France fut aussitôt accusé d'avoir
i Archives générales du royaume de Belgique (Chambre des Comptes), n° 2oo42, fn 5, r°.
Pièce justificative, n° XXXVI.
- « Item la somme de ix sous pour pain, vin et mouton desjuné au petit eschevinage
» par messire Philippe de Crèvecœur, messire Olivier de la Marche et plusieurs autres le
» jour que l'on exécuta Jehan Levasseur sur le marché d'icelle ville. » (Compte des argen-
tiers, du 15 janvier 1472, aux Archives municipales d'Abbeville). Cf. Ch. Louandre, Histoire
d'Abbeville (nouvelle édition), t. I, pp. 333-334, Abbeville, 1883. — M. Ern. Prarond, dans
son mémoire intitulé Abbeville à table, pp. 80-81, Amiens, 1878, rappelle ce fait en le faisant
suivre de quelques considérations : c< Que l'on se souvienne que Jehan Le Vasseur n'était
pas un criminel ordinaire ou vulgaire, mais un patriote plus authentique que Ringois.
L'inscription de la somme payée par la ville pour le régal des officiers du duc de Bourgogne
est une tache dans nos registres. »
3 Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t, IV, Preuves, p. cccvm-cccxi ; Forster-Kirk,
Histoire de Charles le Téméraire, t. II , pp. 393-397, et U. Legeay, Histoire de Louis XI
t. II, pp. 63-70, 1874.
* U. Legeay, Histoire de Louis XI, t. II, p. 70.
s La présence à Lille est confirmée par un extrait des comptes municipaux de cette cité.
La ville fait offrir îx los de vin à messire Olivier de la Marche (Bulletin de la Société de
l'histoire de France, p. 297, Paris, 1858).
6 Voici la série des faits : Trêve à Amiens le 4 avril 1471, prolongée jusqu'au 5 juillet;
le 4 juillet on la prolonge au 1er mai 1472, et le 7 avril 1472 on se réunit pour la continuer
jusqu'au 15 juin suivant.
54 ÉTUDE
conspiré contre la vie de son frère, et l'accusation, paraît-il, frappa juste '.
Le duc de Bourgogne prit précipitamment les armes et se disposa à
marcher sur la France, à « livrer une guerre d'extermination et à exercer
» telle vengeance qu'il plairait au Dieu créateur sur le roi et sur tous ceux
» qui avaient cherché à le favoriser ou à le protéger dans sa cruelle et détes-
» table conduite -. »
Nesle en Vermandois 3 fut la première victime de l'exaspération outrée
du duc de Bourgogne; la ville fut entièrement livrée au pillage i, au massacre
et à l'incendie (10-12 juin); et le facile vainqueur fit mettre le siège devant
Beauvais : son armée était commandée par Philippe de Crèvecœur.
Pendant ce temps, Olivier de la Marche avait regagné son poste à
Abbeville et repris le cours de ses succès militaires. « En ce temps », dit-il,
« nous courusmes le pais de Vimeu 5, et ïamenasmes grand butin en la vile,
» et mesmement nous courusmes Gamaches et Loupy 6, et prismes le seigneur
» de Loupy et ses enfans prisonniers 7» . Airaines 8, Oisemont 9, Rambures '"
et Saint- Valery-sur-Somme " retombèrent successivement au pouvoir des
Bourguignons; toutes ces localités furent ravagées, brûlées même sans pitié '\
ainsi que le bourg de Gamaches13, qu'Olivier emporta d'assaut, et laissa
i Th. Basin (édition Quicherat), t. Il, pp. 287-298; Communes (édition Dupont), t. III,
pp. 273-292.
a Mémoires du sire de Haynin (édition Chalon), t. II. pp. 202-205, Mons, 1842.
3 Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Péronne (Somme).
1 Bibliothèque nationale de Paris, mss. français, n" 3887, p. 128.
:' La prévôté de Vimeu fut cédée au comte de Charolais le 13 octobre \iiio par un article
additionnel au traité de Conflans.
(1 II y a certainement là une erreur de copiste : Il n'existe aucun Loupy dans la région, et
il faut très probablement lire Hvppy (canton de Hallencourt, arrondissement d'Abbeville,
Somme). M. E. Prarond, Histoire de cinq villes el de trois cents villages, verbo Huppy,
Abbeville, 1858-1862, ne mentionne pas ce fait.
7 Mémoires, livre, II, chap. 1.
K Canton de Molliens-Vidame, arrondissement d'Amiens (Somme).
9 Chef-lieu de canton, arrondissement d'Abbeville (Somme).
i" Hambures, canton de Camaches, arrondissement d'Abbeville (Somme).
11 S'-Valery-sur-Somme, chef-lieu de canton, arrondissement d'Abbeville (Somme).
i"-! F.-C. Louandre, Histoire d'Abbeville (nouvelle édition), 1. 1, pp. 336-337, Abbeville, 1883.
13 Chef-lieu de canton, sur la Bresle, arrondissement d'Abbeville (Somme).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 55
piller '. C'étail une vengeance exercée contré le maréchal français Joachim
Rouaull "2, seigneur de Gamaches, qui « s'esloil bouté à Beauvais contre
monsieur de Bourgogne'' ». Ces faits se rapportent à juillet-août 14-72.
Après son échec de Beauvais (22 juillet), Charles le Téméraire parcourut
la Normandie à la tête d'une forte armée et marcha jusqu'à Rouen *; il resta
douze jours devant celle ville sans oser rien entreprendre, et revint sur ses
pas jusqu'à Amiens, où une petite escarmouche eut lieu entre Français et
Bourguignons. Les quelques détails qu'Olivier de la Marche nous donne sur
la fin de celle campagne 5 permettent de supposer qu'il avait reçu l'ordre de
rejoindre son maître après sa campagne bien menée dans le Vimeu. Il fut
pendant quelque temps posléà Boye u et à Monldidier \ où il avait charge de
cinquante hommes d'armes s.
Laissons s'écouler une année presque entière. Nous n'avons retrouvé, poul-
ies premiers mois de 1473, qu'un seul document qui fasse mention d'Olivier,
avec le litre de « maître d'oslel de mondit seigneur le duc et capitaine de sa
grant garde". » Les attributions de capitaine de la garde étaient fort impor-
tantes, à en juger par une longue ordonnance de Charles le Téméraire
i Chroniques de Jean de Wawrin édition Dupont), t. III, p. 294. — Un mandement du
23 juillet 1472, conservé aux Archives municipales d'Abbeville, établit que « Monsieur de
la Marche » commandait les gens de guerre « qui ont prins ladicte ville et chastel de
Gamaces. » Cf. Une occupation militaire d'Abbeville au XVe siècle, par Ern. Prarond, p. 8,
Paris, 1885.
- Bibliothèque de l'Arsenal, à Paris; mss. n° G341, f° 38.
3 Mémoires d'Olivier, livre II, chap. 2.
* Bibliothèque nationale, mss. français, n° 20489, f° 14.
:i Mémoires, livre II, chap. 2.
G Chef-lieu de canton, arrondissement de Montdidier (Somme).
7 Chef-lieu d'arrondissement (Somme).
8 Mémoires, t. II, chap. 2.
9 « Je, Gérard de la Koiche, maistre de la chambre aux deniers de monseigneur le duc
de Bourgoingne, certiffie à tous qu'il appartiendra que messire Olivier, seigneur de la
Marche, chevalier, aussi conseillier et maistre d'ostel de mondit seigneur et capitaine de sa
grant garde, n'a receu aucuns gaiges par mes mains à la charge de mondit seigneur durant
le mois de février derrain passé; tesmoing mon saing manuel cy mis le huitiesme jour de
juillet l'an mil quatre cens soixante-treize. Gérard de la Roiche. » (Original, aux Archives
départementales du Nord, B. 2095, n" 3).
56 ÉTUDE
conservée aux Archives municipales d'Audenarde; cette fonction donnait
au titulaire le pas sur tous « cliiez d'escadres et de chambres, gentilz-
hommes et archiers ' » .
Après ce temps, nous retrouvons notre chevalier en Gueidre. Le duc de
Bourgogne profila d'une occasion favorable et des loisirs que lui laissèrent un
instant les affaires de France pour agrandir son territoire, sans verser de
sang et sans être accusé d'usurpation a. Il obtint d'Arnold d'Lgmoni, prince
uni par son mariage aussi bien que par une longue alliance intime avec
Philippe le Bon et qui venait d'être détrôné, une renonciation à sa souve-
raineté en sa faveur; il espérait faire accepter sa domination par Adolphe,
fils d'Lgmoni, et par ses nombreux partisans. Il entra en Gueidre avec une
armée, et s'ouvrit un chemin sans résistance. Les révoltés s'humilièrent devant
le maître, et avec un simple mais imposant déploiement de forces, une vaste
étendue de territoire fut incorporée au domaine bourguignon. Par décret
spécial du duc de Bourgogne, Olivier de la Marche avait été nommé, le
8 août 1473, maître de la monnaie de Gueidre5. A peine installé dans ses
nouvelles fonctions, dont il ne souffle mot dans ses Mémoires, il avait pris
une part active au siège de Venloo 4, et s'était trouvé porté, après la prise
de celle ville, sur la liste des gentilshommes récompensés pour leur belle
conduite (40 septembre 14-73). Une somme importante, 240 livres, lui fut
octroyée en celle circonstance s. Huit jours après, a lieu l'entrée solennelle à
i Cette ordonnance a été publiée dans les Audenaerdsche mengelingen, t. II, pp. 82 et
suivantes. Il suffira d'en donner ici le court extrait suivant : « Veult et ordonne mondit
seigneur que lesdis chiefz d'escadres et de chambres, gentilzhommes et archiers de sadite
garde révèrent et obéissent doresenavant ù messire Olivier de la Marche, chevalier, son
conseillier, maistre d'ostel et capitaine d'icelle garde, en tout ce que par lui leur sera com-
mandé et ordonné de par mondit seigneur concernant leur estât. » (Communication de
M. le baron Jean Béthune).
2 Cf. Millier : Reichstagsthealrum miter Keyser Friedrichs V Regierung, pp. 69-131,
lena, 1713. Voir Commines, t. I, pp. 307 et suivantes. Olivier de la Marche (Mémoires,
livre II, chap. 5) ne donne pas de détails sur cette affaire.
3 Archives générales dit royaume de Belgique (Chambre des Comptes), Inventaire, t. III,
n° 18100 (compte d'Adrien de Lokere).
4 Olivier de la Marche (Mémoires, livre II, chap. 5), raconte en quelques mots le siège,
sans faire comprendre qu'il y assistait.
3 Compte rendu des séances de la Commission royale de Belgique, 2° série, t. VII, p. 55,
Bruxelles, Hayez, 1855.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 57
Trêves de l'empereur Frédéric III et de Charles le Téméraire '. Olivier est
convié à venir faire partie du cortège de son maître 2, et y prend place après
Louis de Bourbon, évêque de Liège, après David de Bourgogne, évêque
d'Utrecht, et à côté d'une foulede nobles et de chevaliers (18 septembre 1473).
. Mais la résidence du pays de Gueldre ne sourit sans doute guère au cham-
bellan. Il ne conserve (pie le titre de « général maistre des monnoies de
» mondit seigneur en ses pays et duchié de Gheldres et conté de Zuytphen 3 >> ,
et se fait nommer bailli d'Amont4 du comté de Bourgogne 5 en 1474. Nous
possédons un acte du 5 juillet 1474 où il est désigné comme bailli
d'Amont G. Ce document intéressant nous apprend qu'Olivier liquide sa
situation pécuniaire avec son oncle, Jacques Bouton, qui avait été chargé 7 de
l'administration de ses biens après le décès de son père.
La charge de bailli d'Amont n'était pas une sinécure. Indépendamment des
devoirs administratifs qui lui étaient dévolus, le titulaire était dans le pays
' On a des détails précis sur le cérémonial déployé à cette entrevue par les deux princes
dans Gerung : De magnificentia ducis Burgundiœ in Treverisvisa (Knebel, p. 194); Gachard :
Documents inédits sur Charles le Téméraire, t. I, pp. 234-236. Les fêtes et divertissements
de tous genres durèrent plus de huit semaines (Cf. Th. Basin, édition Quicherat, t. II,
pp. 323-324). '
^ Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t. IV, pp. 416-447. — Un document des
Archives départementales du Nord (B. 2098) relatif à l'assemblée de Trêves nous fait con-
naître le costume de chacun des principaux assistants; voici l'extrait relatif à notre per-
sonnage : « Robes longues de velours cramoisy chascun xvi aulnes et pourpoins de satin
cramoisy chascun ni aulnes : messire Olivier sieur de la Marche. »
3 Un extrait de compte que nous publions plus loin (Pièce justificative n° XXXIX) lui
donne encore ce titre en 1476. Nous ignorons jusqu'à quelle époque il demeura investi de
ces fonctions.
4 Gollut ne l'a pas connu; il n'a été introduit que dans la liste publiée col. 1753,
deuxième édition par Duvernoy, 1843. Cf. aussi Archives de l'abbaye de la Charité (Biblio-
thèque nationale, mss. Vittevieille, p. 55, Cabinet des titres, 136bi\ f°138v°).
8 C'est depuis Philippe le Hardi qu'il y a eu deux baillis en Bourgogne; l'un d'amont
qui étendait sa juridiction sur Gray, Vesoul et Baume-les-Dames; l'autre à'aval, qui rési-
dait à Besançon. Un troisième bailliage fut au XVe siècle créé à Dôle.
6 Archives du château de Corberon, apud Bibliothèque nationale, mss., Collection Ville-
vieille, p. 55, f° 138, r°. Pièce justificative, n° XXX VIII.
7 Voir ci-dessus, p. 16, note 4.
Tome ALIX. 8
58 ETUDE
le représentant politique du duc, transmettait les ordres, recevait les plaintes,
et au besoin prenait les armes pour faire respecter la loi et l'autorité.
L'occasion ne se fit pas longtemps attendre.
Charles le Téméraire, depuis peu maître de l'Alsace, y avait nommé
landvogl ou bailli le fameux Pierre de Hagembach, qui sut y faire délester
la domination nouvelle '. Les Suisses commerçants en Alsace perdirent leurs
avantages et furent traités avec la plus grande cruauté. Ces faits et beaucoup
d'autres qu'il serait trop long d'analyser ici 2 contribuèrent fortement à
troubler les relations amicales qui existaient depuis longtemps entre la
Bourgogne et les Suisses. Et là où il fallait de la prudence, Charles y mil de
l'arrogance; et son impopularité croissant extraordinairement, un orage
amoncelé à l'horizon ne devait pas tarder à éclater, terrible et gros de con-
séquences. Les négociations traînèrent en longueur; et le jeu de la diplomatie
ne fut jamais peut-être plus compliqué au XVe siècle qu'il ne le fut dans
les années 1473 et suivantes. Le roi de France cherchait à faire sortir les
Suisses de leur neutralité, et après une longue suite d'efforts et de luttes 3, que
1 M. le général Henrard a bien voulu me faire remarquer que ce furent moins les
cruautés de Hagembach que les intrigues et l'or de Louis XI qui provoquèrent la rébellion
(Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 3e série, t. XII, p. 594, 1886). C'est du reste ce
qui paraît ressortir des récentes études du Dr Heinrich ' Witte sur la question, particuliè-
rement de son travail intitulé : Zur Geschichte der Entstehung der Burgunder Kriege, 4°,
52 pp. Hagenau, F. Ruckstuhl, 1885.
2 Cf. Schœpflin, Alsatia diplomatica, passim; Ludwigs von Diesbach Selbstbiographie
(Schweiz Geschichtsforscher, t. VIII, pp. 167 et sq.); Zellweger, Versuch die wahren Griuule des
burijuntlischen Krieges aus den Quellen darzustellen (Archiv fur Schweizerische Geschichte),
t. V, passim; SchweizerisChes Muséum, t. II, pp. 301-325; Rodt, die Feldzùge Karl's des
Kùhnen, t. I, pp. 160 et sq., Schaffausen, 1843; Valerius Anshelm's Berner Chronik, l. I,
pp. 85 et sq., Bern,1825; et le bon résumé de J. Forster Kirk, Histoire de Charles le Témé-
raire (traduction française Flor O'Squarr), t. III, chap. 2.
'■' « Devenu roi, Louis XI s'appliqua à entretenir des relations partout où il pouvait
» trouver quelque profit, et on le voit se plaindre à un envoyé vénitien, nouvellement venu
» à sa cour, de ce que la République lui adressait si rarement des ambassadeurs, tandis
» qu'elle en avait presque toujours à la cour de Bourgogne. » Ern. Nys : Les origines delà
diplomatie française et le droit d'ambassade jusqu'à Grotius, p. 16, Bruxelles, 1884.
Cf. A. Baschet, Les archives de Venise, p. 293, Paris, 1866. — On verra plus loin le parti
que nous avons pu tirer des dépêches écrites pendant le séjour des ambassadeurs italiens
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. :i9
Commines considère comme son plus puissant coup de politique ', il y
parvint. Il opéra même un tel revirement sur l'esprit de Sigismond d'Autriche,
qu'après une lutte inouïe de sentiments, et malgré un conflit permanent
d'intérêts, l'archiduc fut gagné à la cause de Louis XL Le traité d'alliance
contre Charles le Téméraire fut signé le 30 mars 1474. La comhinaison
politique comprenait en première ligne le renversement du gouvernement
hourguignon en Alsace. « Tandis que les Suisses étonnés considéraient avec
» défiance ces engagements qui houleversaient toutes leurs idées préconçues
» et toutes leurs traditions politiques; tandis qu'ils se demandaient, inquiets,
» où tout cela allait les conduire, et si ce n'était point encore là un piège de
» leur ennemi héréditaire, on annonçait publiquement que le peuple de
» l'Alsace déjà en révolte ouverte allait être délivré de l'infernale tyrannie
» qu'il avait eu à suhir, pour être replacé sous la douce et bienveillante
» autorité de son souverain légitime 2. » La mort violente de Pierre de Hagem-
hach, fonctionnaire public et représentant du duc de Bourgogne 3, qui eut
lieu a Brisach le 9 mai 1474, détermina l'explosion depuis longtemps prévue.
Hagemhach avait prononcé sur l'échafaud ces paroles aussi ténébreuses
qu'elles devaient être vraies : « Mon noble maître ne souffrira pas que
» ma mort reste non vengée. Quand la tempête éclatera, je serai à l'abri
» de sa rage. » Le cri de vengeance retentit de toutes parts, et la colère
du duc de Bourgogne fut irréfléchie. Il est vrai de dire que le meurtre était
bien une provocation directe du peuple à son souverain. Charles prit les
armes, et, pour emprunter une expression remise récemment à la mode,
entra dans un « état de représailles. » Il avait à agir et à porter un grand
coup.
auprès de Charles le Téméraire. De tels documents valent mieux que les chroniques les
plus dignes de foi et les plus complètes.
i Commines, t. II, p. 4 (édition Dupont).
â Forster Kirk, Histoire de Charles le Téméraire, t. III, p. 273.
3 Le fait est raconté de même par tous les historiens, Knebel, Schreiber, Rodt, Schilling.
Tous sont d'accord aussi sur le châtiment bien mérité de cet homme. Cf., outre les sources
déjà mentionnées, Fr. Mone, Quellensammlung badisch. Landesgesch., t. III, pp. 183-256,
1863; et Alsatia, p. 9, Mûlhausen, 1850.
60 ETUDE
Il eut recours, comme il faisait presque toujours dans les circonstances
difficiles, à l'expérience consommée de celui qui était devenu, peu à peu,
son conseiller le plus intime ', je dirais presque son ami le plus dévoué,
Olivier de la Marche. En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, Henri
de Montbéliard, comte de Wurtemberg ~, un des seigneurs qui avaient pris
une part active aux négociations récentes de Louis XI avec Sigismond d'Au-
triche, qui voyageait sans défiance et sans défense5 dans le Luxembourg,
aux environs de Thionville4, fut arrêté et ses biens confisqués5. Peu de
jours après, Olivier de la Marche, bailli d'Amont, et Claude de Neufchâtel6,
commissaires spéciaux du duc de Bourgogne, arrivent à Granges7, et font
sommer Marc de Stein, bailli de Montbéliard, de leur ouvrir les portes de
celte 'place. En vain ils lui transmettent les ordres qu'ils avaient indûment
extorqués au comte Henri, leur prisonnier. Sur le refus réitéré du gouver-
neur, Olivier prit le parti de faire conduire le comte enchaîné devant les
i Depuis que nous avons perdu de vue Olivier de la Marche, il avait probablement assisté
à l'entrée triomphale du duc à Dijon (Mémoires, livre II, chap. 5), le 23 janvier 1474, et pris
sa part du banquet qui y fut donné, le 26, aux prélats, nobles et députés de Bourgogne
(J. Forster Kirk, traduction française, t. III, p. 169); il avait sans doute suivi son maître à
Lons-le-Saulnier, et l'avait quitté au moment où il repartait pour la Flandre (Mémoires,
livre II, chap. 5). Mais les renseignements qu'il nous donne sont si vagues que nous ne pou-
vons rien affirmer à ce sujet.
- Henri, fils du comte Ulric, avait obtenu, le 12 juillet 1473, sur la renonciation
d'Eberard le Barbu, son cousin, le comté de Montbéliard avec les seigneuries situées en
Alsace et en Franche-Comté pour une somme de 40,000 llorins. Le 27 décembre il avait fait
son entrée à Montbéliard avec une escorte de 600 chevaux pour prendre le gouvernement
du comté. Cf. Duvernoy, Ëphémérides du comté de Montbéliard, p. 231, 1832.
3 11 était accompagné seulement de son maître d'hôtel, Conrad de Sachsenheim, et de
huit « chevaulchiers ».
* Duvernoy (nouvelle édition de Gollut, 1843, col. 1242, note 1) dit qu'Henri allait vers
Charles le Téméraire «e plaindre à lui des atteintes récemment portées à ses droits par le
Parlement de Franche-Comté. Bien n'est moins prouvé. Ce que dit Olivier de la Marche
(Mémoires, livre II, chap. 5) n'autorise pas cette affirmation.
3 Mémoires, livre II, chap. 5.
6 Claude de Neufchâtel, seigneur de Fay, fils de Thibaud IX, était alors gouverneur de
Luxembourg. Il fut chargé plus tard par Maximilien (juin 1492] de remettre les insignes
de la Toison d'or à Eberard l'aîné, comte de Wurtemberg. Son frère Henri fut fait prison-
nier à Nancy. (Bichard, Recherches sur la maison de Neufchâtel, p. 210, 1840J
7 Granges, canton de Corcieux, arrondissement de Saint-Dié (Vosges).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 61
murs de sa ville, faisant annoncer aux habitants qu'il serait mis à mort si
leurs portes restaient fermées. La sommation resta sans réponse. On déploya
alors, sur une colline qui faisait face au château, un lapis de velours noir; le
prince dut s'agenouiller et Ton put voir un bourreau lever son épée nue sur
lui. La sommation fut renouvelée, et le refus du gouverneur fut plus éner-
gique encore1. Les chevaliers bourguignons s'en tinrent à cette menace"2, el
ramenèrent leur prisonnier, qui fui conduit en Flandre3, puis à Boulogne-
sur-Mer, où il demeura en captivité jusqu'à la mort de Charles le Téméraire4.
Le 22 juin le duc de Bourgogne avait en effet donné ordre au gouverneur
de Luxembourg de « laisser en la comté de Monlbéliard quelques compa-
ti gnies, pour exploiter la guerre à l'enconlre de ses ennemis, et de venir le
» trouver conjointement avec Olivier de la .Marche, Jacques de Monlmarlin
» el ceux de sa garde, et d'amener sûrement ledit comte de Montbéliard
» prisonnier '. »
Durant tout Télé de 1474, l'Alsace redevint la proie des fléaux de la
guerre qui l'avaient si souvent désolée. Mais l'état de représailles où se
complaisait Charles le Téméraire ne pouvait durer bien longtemps. 11 répé-
tait sans cesse : « Dès que nous aurons fini de ce côté, nous serons prêts à
» marcher contre les Allemands fi. » Les préparatifs ne furent pas longs. En
juillet 1474, « se meut dissension et débat entre l'archevesque de Coulongne
» el le chapitre de la grand'église7. » Robert de Bavière, archevêque de
Cologne, était proche parent du duc de Bourgogne et réclama son appui.
Charles trouva le moment opportun d'entrer en campagne, car « il ne
1 Mémoires, livre II, chap. S. « Car la coustume de Montbeliart est telle que plustot
» verroyent les soudoyers couper la teste à leur signeur que de rendre une telle place. »
% « Et ainsi nous en revinsmes sans rien faire. » (Mémoires, livre II, chap. 5.)
3 A Maëstricht (Gollut, col. 1243, note 1) ou à Luxembourg /Duvernoy, Éphémérides du
comté de Montbéliard, p. 171)?
* Les angoisses de ce supplice et les rigueurs de sa longue captivité lui amenèrent, dit-on,
une aliénation de l'esprit (Duvernoy, idem, p. 143).
3 Duvernoy, Éphémérides, loc. cit., p. 231, 1832. Cf. encore l'Annuaire du Doubs,
pp. 3S3-354, Besançon, 1840.
6 Foisset, Mémoires de l'Académie de Dijon, pp. 127 et suivantes, 1851.
i Mémoires d'Olivier, livre II, chap. 3.
62 ETUDE
i) demandoil que d'entretenir et employer ses gens d'armes1. » Profilant
habilement de l'occasion, il va mettre sans larder (30 juillet) le siège devant
Neuss8, ville forte et place commerçante sur la rivière d'Erlï près du Rhin.
Nombreuse et formidable était l'armée bourguignonne, où se trouvaient réu-
nis le comle palatin, les ducs de Clèves et de Juliers, le sire de la Gruthuise,
Jean d'Egmont, les comtes de Chimay, de la Marck, de Nassau, et quelques
capitaines italiens. Olivier de la Marche élait là aussi3. Il nous donne des
détails très circonstanciés4 sur les différentes péripéties du siège, sur la
valeur des chevaliers, en particulier sur la hardiesse des Italiens. « El fut
» le plus beau siège el le mieux élofé que Ton veit piéçà. » Plusieurs mois
se passèrent ainsi; la ville de Neuss, défendue par le landgrave de Hesse,
résista 1res courageusement3. Mais Olivier de la Marche quitta le camp de
Neuss, lorsque, au mois de février 1473, son maître le chargea d'aller ravi-
tailler la ville de Linzc, située sur la rive droite du Rhin, entre Coblentz et
Cologne7 : la place élait occupée par les Rourguignons, et assiégée par les
princes de l'empire. Le chroniqueur chef d'armée nous raconte en lermes
clairs" comment il partit avec le vicomte de Soissons, qui conduisait les
1 Mémoires, livre II, cliap. 3.
2 Neuss, cercle de Dùsseldorf, province Rhénane (Allemagne).
;i Dans les comptes des gages des officiers du duc de Bourgogne au siège de Neuss, qui
nous ont été conservés en presque totalité (Bibliothèque nationale, mss. nouvelles acquisi-
tions françaises, n° 5904, fos 49-60), du 20 août 1474 au 26 mai 147S, Olivier de la Marche
figure en tète des listes, avec son titre de « maistre d'ostel et capitaine de la garde ». II
reçoit chaque jour trente sous pour ses gages, et treize sous quatre deniers pour sa pension.
Je donne un extrait de ces comptes aux Pièces justificatives.
'l Mémoires, livre II, chap. 3.
a Mémoires de Haynin, livre II, p. 249; et Molinet (édition Buchon), livre I, pp. 59-77.
i; Linz, cercle de Neuwied, province de Coblentz (Allemagne).
" Gingins la Sarra (baron), Dépêches des ambassadeurs milanais pendant les campagnes de
Charles le Téméraire, tome I, pp. 43-45, Paris-Genève, 1858. Dépèche de Jean Irmy, citoyen
et négociant bâlois, du 20 février 1475.
8 Mémoires, livre II, chap. 3. Le récit d'Olivier est confirmé par les textes étrangers ; mais
les faits qui y sont contenus ont besoin d'être datés. Il est facile de combler cette lacune en
ayant recours aux très précieuses dépèches — toutes datées, elles — des ambassadeurs mila-
nais, qui nous ont été conservées, et qui sont publiées (voir la précédente note). L'ambas-
sadeur auquel on doit la plus grande partie de cette correspondance est Panigarola
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 63
archers à pied, messire Philippe de Bergues, qui dirigeait cent lances, et
environ cent hommes d'armes italiens; comment il lui fallut se faire conduire
en ce pays « qui esloit hors de notre congnoissance », et comment il arriva,
avec une escorte, par une froide matinée, en face de Linz, de l'autre côté du
Rhin '. L'affaire fut promptement et habilement conduite2. Tandis que d'une
part on amusait par des escarmouches successives les assiégeants, une poi-
gnée d'hommes passa le fleuve avec les vivres, et, après un seul assaut
manqué, put entrer dans la ville; « et y eut chevaliers faits et une très belle
» besogne3. »
Les ordres de Charles le Téméraire avaient été ponctuellement exécutés;
il en éprouva une grande satisfaction. L'affaire terminée, Olivier revint le
trouver à Neuss, dont le siège dura en tout onze mois sans profit *. Après des
efforts énormes et des dépenses considérables, sur lesquelles le duc n'avait
pas compté au début d'une entreprise inconsidérément commencée, il fallut
renoncer à la lutte, et avouer son impuissance. Un dernier et suprême effort
fut tenté le 24. mai 5.
(Gingins la Sarra, I, lntrod., p. xi); il arriva auprès du duc de Bourgogne le 12 mars 1475 et
pendant dix-huit mois consécutifs (jusqu'au 19 octobre 1476) ne cessa de suivre pas à pas le
duc de Bourgogne et de noter journellement tous ses actes.
1 Cf. encore sur le ravitaillement de Linz la Correspondance de la mairie de Dijon, extraite
des archives de cette ville, par M. Joseph Garnier, tome I, p. 156, Dijon, 1868.
* S'appuyant sur le texte précis d'Olivier de la Marche, le capitaine [depuis général]
Guillaume a pu donner une relation bien détaillée du combat du 24 mai 1475 (Mémoires
couronnés par l' Acad. royale de Belgique, vol. XXII, pp. 188-190, 1846). Les manœuvres du
corps commandé par Olivier y sont exposées avec une grande netteté au point de vue
théorique et militaire.
3 Mémoires d'Olivier, livre II, chap. 3.
* A rapprocher du récit d'Olivier de la Marche celui de Molinet (édition Buchon, I,
pp. 79-118), qui avait obtenu de Charles le Téméraire la permission de suivre l'armée en
qualité d'historiographe. Pour compléter, on doit consulter le récit authentique du secrétaire
de la ville de Neuss pendant le siège, publié par le Dr E. von Groote (Des Stadt-Secretarius
Christ. Wierstaat reimchronick der Stadt Neuss zur Zeit der Belagerutig, nach dem Original-
druckvon 1497, 8°, Kœln, 1855. Cf. encore Herzog's Elsàesser Kronick, f° 125, cité par Bodt
(op. cit., II, p. 253), et Guillaume, Histoire de l'organisation militaire sous les ducs de Bour-
gogne, dans les Mémoires couronnés par l'Académie royale de Belgique, XXII, p. 144,
Bruxelles, 1846.
s Les comptes des gages des officiers du duc de Bourgogne au siège de Neuss (parmi
64 ETUDE
Don Salvador de Clarici raconte ' que le duc Charles envoya en avant le
capitaine Jacques Galcoto et ses gens, et Olivier de la Marche avec sa garde,
qui se portèrent sur le centre des impériaux, pendant que le duc se rendait
lui-même sur leur liane avec tout le reste de ses forces. Le margrave de
Brandebourg s'étanl avancé contre le corps de Galeoto, messire Olivier le prit
à revers, rompit ses colonnes, l'obligea à fuir du côté de Cologne, et lui tua
assez de monde, en faisant en outre un grand nombre de prisonniers.
Le témoignage d'un Italien n'est pas suspect de partialité envers Olivier
de la Marche, qui dans cette journée mit le sceau à sa réputation de vaillant
capitaine.
Une entente s'établit aussitôt avec l'empereur Frédéric III, qui à juste litre
paraissait fatigué de la lutte et pressé d'en finir. On s'en remit au légal du
pape pour arranger l'affaire toujours pendante de l'archevêque de Cologne,
et on convint que « se retireroit chacun en ses pais2». Charles quitta le
camp de Neuss le 13 juin, mais l'armée demeura aux environs jusqu'au 27 ~°.
Neuss restait à la Bourgogne par suite de l'entente conclue *, mais la con-
vention ne fut réellement convertie en traité définitif que le 17 novembre
suivant 5.
Après le départ du duc, qu'advint-il à Neuss? Les chroniqueurs arrêtent
leurs récits au 13 juin. Molinel dit seulement ° que « ceux de la ville
lesquels Olivier de la Marche), que nous avons mentionnés plus haut, vont jusqu'au 26.
[Bibliothèque nationale, mss. nouvelles acquisitions françaises, n° 5904, f° 58).
1 « La battaglia che monsegnor lo duca intendendo che lo imperatore era su li campi fe
» armare sua gente e mando Jacobo Galioto con la sua gente, et monsegnor de la Marchia
» con la gente de la guardia de Monsegnor, li quali se presentarno vicino alo imperatore et
» monsignor lo duca subito li fo aie spale con lo resto de tutte la gente. Lo marchese di
» Brandeburgo se catzo con le sue genti per apizare con Jacomo Galioto; unde lo dicto
» Jacomo e monsignor de la Marchia li caricarno adosso e ropperolo et catzarolo fino in
> Colonia che ne amazarno... » Dépêche [du 24 juin 1475], dans Gingins, I, pp. 169-170.
Gf. Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, IV, p. 439.
- Mémoires d'Olivier, livre II, chap. 3.
3 Lenglet-Dufresnoy, Mémoires de Commines, II, pp. 216-217.
* Gingins la Sarra, Dépêches, I, p. 169, Paris, 1858.
'■> Chmel, Monumenta habsburgensia, I, p. 125, Wien, 1836.
fi Chap. XXI [Molinet, édition Buchon, I, p. 135i.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 65
» vindrent dans le camp bourguignon pour acheter ce qui leur plaisait »,
et que « pareillement ceux de l'ost du duc Charles entrèrent à Neuss el
» s'étonnaient que la place eût pu résister aussi longtemps». Les autres
documents ne disent rien d'une entrée collective et solennelle de l'empereur
et du duc de Bourgogne dans Neuss, dont parle Antoine d'Appiano, évèque de
Genève, dans plusieurs de ses dépèches '. Il est probable (pie cet Appiano
se laissa abuser par de faux rapports. Ce qui est vrai, c'est que les commis-
saires du duc Charles, Adolphe de Clèves, le sire d'IIumbercourl et Olivier
de la Marche, assistèrent au nom de leur maître à la remise de la place au
légal du pape s. »
Le 10 juillet 14-75 Charles le Téméraire était à Malines, se dirigeant-sur
Garni el sur Calais, où il devait rejoindre le roi d'Angleterre el s'entendre
avec lui sur la possibilité d'envahir la France, de concert avec le duc de
Bretagne. Celui-ci entrerail en Normandie, Edouard IV en Champagne, et
Charles en Lorraine. Mais l'on sait que la paix signée à Picquigny r' le
29 août el la (rèvc conclue à Soleuvre 4 le 13 septembre mirent obstacle à
ces beaux projets.
Pendant ce temps, Olivier de la Marche quille Neuss, et vienl avec trois
cents lances d'ordonnance en Bourgogne". Il doit attendre jusqu'en septembre
le retour de son maître pour l'accompagner ensuite en Lorraine. (:.
Il faul désespérer de connaître les faits el gestes d'Olivier depuis le mois
d'août 1475 jusqu'au commencement de l'année suivante. Le chroniqueur
• Gingins la Sarra, I, p. 165, Dépêche d'Appiano au duc de Milan, datée de Moncalieri,
24 juin 1475.
a Gingins la Sarra, 1, p. 169. Dépêche datée de Vesoul, 23 juin 1475 : « Era monsignor
» de Clèves, monsignor de Ilunihereourt, monsignore de la Marchia dentro de Nussia per
» parte de Monsignor. »
3 Chef-lieu de canton, arrondissement d'Amiens (Somme).
■* Soleuvre, canton de Esch (Luxembourg).
o Gingins la Sarra, I, p. 165. Dépêche d'Appiano, du 24 juin 1475 : « Etdiceche messer
•> Giosse da Lalen et misser Oliver de la Marchia sonno venuti da Nus in Borgogna cum
» 300 lanze, videlicet erano in camino. Ma non erano giuncti anchora in Borgogna. »
6 Gingins la Sarra, I, p. 194. Dépêche du 30 juillet 1475 : « Parker ha lassato D. Olivier
» de la Marcha con laguardade sua Excell" per fargli compagnia, al suo ritorno de Châles
» in Lorena. »
Tome XLIX. 9
66 ETUDE
nous apprend ' que, pour des raisons de santé, il n'assistait pas à la campagne
dirigée par son mai Ire contre les Suisses (janvier-mars 4476), et à la bataille
de Granson % ce dont il ne fut sans doute pas fâché. Lui, habitué comme le
duc Charles à ne connaître que les charmes de la victoire, dut se réjouir de
n'avoir pas eu à partager avec lui le déshonneur de la défaite.
Il rejoignit seulement l'armée au camp de Lausanne (5 mai 1476) d'où
le duc Charles proclama une nouvelle ordonnance militaire 3, et où il fit
publier un ordre du jour portant que toutes les troupes eussent à se tenir prêtes
pour passer la revue le 8 du même mois *. Dans le tableau qu'a pu tracer
des corps d'armée le baron Gingins la Sarra, à l'aide de la nouvelle ordon-
nance, on trouve qu'Olivier commandait les quatre escadrons de la garde
noble compris dans la deuxième ligne de bataille du premier corps d'armée 5,
avec le duc d'Alry pour chef de corps 6.
Aussitôt après, Olivier de la Marche, accompagné de plusieurs escouades
de gens d'armes et d'archers, est envoyé par le duc de Bourgogne du côté
de Genève ; il est chargé de ramener au camp les nombreux soldats que l'on
savait dispersés aux environs, et aussi de faire pendre sans rémission tous les
maraudeurs et gens sans aveu qui assassinaient les voyageurs sur la roule de
Genève 7. Puis, sa tâche terminée sans ambages, le chambellan rentra au
camp.
1 Mémoires, livre II, chap. 6.
2 Voir la chronique des chanoines de Neufchâtel (1476), publiée pp. 385-400 du tome V
de Y Australie, revue du nord-est de la France, Metz, 1839. Une nouvelle édition vient d'être
donnée de cette précieuse chronique par la Société d'histoire du canton de Neufchâtel (1884).
«s Publiée pour la première fois par Gingins la Sarra, Dépêches (op. cit., tome II,
pp. 153-174, Paris et Genève, 1858).
4- Guillaume, Histoire de l'organisation militaire sous les ducs de Bourgogne (Mémoires cou-
ronnés par l'Académie royale de Belgique, t. XXII, pp. 144-147, 1846).
« Gingins la Sarra, II, p. 160 : « Oliviero délia Marchia con le quatro squadre di la guarda,
» farano et teguirano la seconda bataglia; et caminando teguirano l'ordine de la fila sopra-
» scritto, et restringendosi in bataglia arestanaro le quadro squadre de li quatro stati... »
6 11 y avait trois corps d'armée, et en outre un de réserve.
i Gingins la Sarra, II, pp. 115-116 ; dépêche du 5 mai 1476 : « Monsignore de la Marchia
» e andato verso Zinevra con quatro squadre et molti archieri per far ritornare ogni uno
» sara lozato per quello cantine e... quelli che assassinaro la brigata e fanno tanto maie per
» quella strata et chi non ritornara subito, a commissione di farli impicare. »
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 67
Sur ces entrefaites, la trêve de Soleuvre, conclue pour neuf ans, est
rompue par les Français qui occupent Avignon et prennent Vaudémont ' en
Lorraine. Le duc de Milan, Galéas Marie Sforza, s'en émeut. Il propose une
entente au duc de Bourgogne qui l'accepte. Il lui demande, par son ambas-
sadeur, de vouloir bien lui envoyer à cet effet un gentilhomme de toute con-
fiance et bien informé des vues et des sentiments intimes de la cour de Bour-
gogne \ Le choix n'est pas difficile à faire : Charles- le Téméraire a sous la
main son amé et féal Olivier, qui s'acquittera mieux que tout autre de cette
nouvelle mission diplomatique. C'est un homme d'une grande expérience et
d'une fidélité à toute épreuve, ajoute Panigarola dans une nouvelle dépêche
du 9 mai. L'ambassadeur milanais fera tout ce qui sera en son pouvoir pour
hâter le départ de cet envoyé confidentiel 3; le 9 mai il ne fallait pas songer
à en parler au duc de Bourgogne, occupé à passer — toujours à Lausanne —
une revue de ses troupes *.
Quelques jours plus tard — 25 mai 1476 — le duc de Bourgogne est
encore à Lausanne. Toutefois il va quitter ce camp le surlendemain s pour se
transporter à Morrens 6. Il annonce à Panigarola que son aller ego, Olivier
de la Marche, va incontinent partir pour la cour de Milan et fera connaître à
Galéas-Marie Sforza son sentiment : il faut agir contre la France sans délai;
la campagne de Suisse n'empêchera pas une autre expédition. Le duc de
Bourgogne prie en conséquence le duc de Milan de tenir à la disposition de
son représentant Olivier de la Marche un certain contingent de troupes
i Vaudémont, canton de Vézelise, arrondissement de Nancy (Meurthe et Moselle).
2 Gingins la Sarra, II, p. 123. Dépêche de Panigarola, datée de Lausanne, 4 mai 1476 :
« ... et dicendo essere necessario farli provisione, o altramente voy e luy vi ne pentireste,
» e di mandarli uno suo gentilhomo ben instructo, ecc...; dice essere contento, lo tara
» mottegio di Monsignore de la Marchia : dissi ogniuno che paresse ad la Sria soa essere
» bono, pure che fosse fidato et intendesse l'animo et li disegni di soa Sria . »
3 Gingins la Sarra, II, p. 135. Dépêche de Panigarola, datée de Lausanne, 9 mai 1470 :
« ... e sta fino in proposito di Monsignore di la Marchia per essere persona da bene di longa
» esperientia et fidatissima a soa Excellentia. »
4 Sur cette revue, où Olivier commandait les troupes de la maison du duc proprement
o dites, voir les dépêches du 10 mai (Gingins, II, pp. 138-145).
;; Lenglet-Dufresnoy, Mémoires de Commines, II, p. 219.
6 Morrens, district d'Echallens, au pays de Vaud (Suisse), et non en Savoie.
68 ETUDE
milanaises; il faut que cette petite armée soit prèle à partir dès le mois de
juin, au premier signal. Toutes choses devront être disposées d'avance pour
qu'Olivier revienne annoncer promptement à son maître l'expédition d'un
corps d'armée milanais spécial sur les points convenus '. Olivier de la
.Marche donnera à Galéas-Marie Sforza de plus amples explications, et ira à
Milan en passant par Gex 2, où il prendra des lettres de la duchesse de Savoie
pour la cour de Milan.
Un médecin lomhard, Matheo, attaché à la cour de Bourgogne, informe en
outre l'ambassadeur Panigarola qu'il a entendu, la veille, le duc tenir à Olivier
de la Marche ce propos : « Vous resterez douze ou quinze jours chez le duc de
» Milan, pour attendre l'effet de la demande que vous avez à lui faire; si sa
» réponse est évasive ou si vous voyez que l'on traîne l'affaire en longueur,
» vous (initierez immédiatement la cour et vous reviendrez sur-le-champ3. »
Charles le Téméraire avait-il des raisons de croire que la réponse du duc
de Milan serait évasive? Nous ne savons, mais, avant même le départ de
son ambassadeur, qu'il prorogeait toujours, il apprit de source certaine * que
Sforza ne lui donnerait qu'une coopération indirecte, à peine un contingent
en argent qu'il ne lui livrerait même que sous un prèle-nom, mais qu'il n'y
avait pas à compter sur un contingent de troupes milanaises. Ainsi le duc de
Milan, après avoir été le premier à offrir ses services, désirait à présent la
1 Ce paragraphe n'est que la traduction à peu près littérale de la dépêche adressée par
Panigarola à son maître Galéas Sforza, et datée de Lausanne, 28 mai 1476 (Gingins la Sarra,
Dépêches, II, pp. 190-197). Un voit par là combien est précieuse cette source d'informations,
dont l'exactitude ne peut être niée. Grâce à cet ambassadeur, nous pouvons nous rendre
compte au jour le jour des idées de Charles le Téméraire et des agissements d'Olivier de la
Marche. Mais comment ici encore expliquer le silence complet de ses Mémoires sur toute
cette affaire? Faut-il encore supposer et admettre un mutisme officiel?
- Yolande, duchesse de Savoie, allait se rendre a Gex, pour se mettre en sûreté, n'ayant
plus qu'un pas à franchir dans les montagnes pour se trouver en Bourgogne.
3 Gingins la Sarra, 11, p. 197. — Il ne. faut pas perdre de vue qu'alors déjà il s'agissait
moins pour le ministre public accrédité à l'étranger de faciliter les relations internatio-
nales, que de suivre dans leurs moindres détails les faits et gestes du souverain et d'épier
avec soin les allées et venues des conseillers, des chambellans, et en général de tous les
personnages officiellement ou officieusement attachés à la cour.
i Gingins la Sarra, Dépêches, II, p. 199 (Dépêche du 27 mai 1476).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 69
neutralité, ne voulant mécontenter ni les Suisses, ni l'archiduc Sigismond
d'Autriche '. Croyait-il, en agissant ainsi, conserver les bonnes grâces du
farouche duc de Bourgogne? Pensait-il calmer sa colère en rengageant à se
soigner 2 et à bien réfléchira l'utilité de cette guerre avant de courir au-devant
du péril? Pouvait-il espérer l'empêcher d'exposer ainsi aux hasards péril-
leux de la fortune ses états et. ceux de ses alliés? On sait quel cas Charles le
Téméraire faisait de semblables conseils 5. Aussi feignit-il adroitement de
ne pas les entendre. Il se montra, devant Panigarola, satisfait d'apprendre que
le duc de Milan se proposait de lui renvoyer promptement son ambassadeur
avec une réponse favorable 4.
Toutefois, le 4 juin 1476, Olivier n'est pas encore parti. Le 8, le camp
bourguignon est transporté à Monlet 5. Une bataille est imminente ; l'ambas-
sadeur est prêt à partir pour Milan, muni de ses dernières instructions 6.
Mais il est encore du 10 au 17 juin avec l'armée bourguignonne, qui campe
devant Morat 7. Les projets du duc Charles ne se sont pas modifiés. Olivier
passera d'abord à Orbe s où il trouvera quelques gentilshommes qu'il doit
emmener avec lui en Piémont ; il passera à Gex prendre les lettres de la
i N'est-ce pas le cas de rappeler ici les justes réflexions de M. Ern. Nys : « Un phénomène
» naturel se produit au XVe siècle. Les entités nationales, parvenues à leur complet
» développement, prétendent exercer au dehors une influence prépondérante, et cette
» tendance d'expansion produit dans le monde une activité et un mouvement autrefois
» inconnus... Le but de la politique est, plus qu'on ne serait tenté de le croire à première
» vue, la consolidation de l'unité nationale. L'isolement était la loi de l'antiquité et du
» moyen âge; le rapprochement des peuples sera la marque caractéristique de la période
» moderne. Les relations internationales deviennent incessantes, et, somme toute, elles
» seront fructueuses. » (Les origines de la diplomatie et le droit d'ambassade jusqu'à Grolius,
pp. 7-8, Bruxelles, 1884.)
UJ Cingins la Sarra, Dépêches, II, p. 202 (Dépêche du 30 mai 1476).
a Gingins, t. II, p. 291. Dépêche d'Appiano, datée de Gex, 22 juin 1476 (soir).
0 Voir sur la bataille de Morat les Mémoires de Commines (édition Dupont, t. II, pp. 24-33);
Molinet (édition Buchon), t. I, pp. 198-204; la Chronique îles dominicains de Guebwiller,
publiée par M. X. Mossmann, Strasbourg, 1844, a0 1476; Dom Calmet, Chronique de Lor-
raine, t. III, preuves, pp. Lxxietsuiv.; de Rodt, DieKriege Karls des Kùhnen (Schaffausen,
pp. 288-302, 1844); colonel Perrier, Lesguerres de Granson ci de 'Moral (Fribourg, 1876, in-8°);
SUR 0LIV1EH DE LA MARCHE 71
s'en rapporter aux bruits qui se répandent à Genève, le duc a pu se sauver,
el va trouver asile à Gex, auprès de la duchesse de Savoie; la défaite a élé
complète, et de nature à changer totalement la face des affaires '.
L'attitude de Charles le Téméraire, après Moral, fut loin d'être aussi décou-
ragée que l'a dit Commines2 et que l'a répété après lui Dom Plancher3. Nous
avons d'assez nombreuses preuves du contraire 4, et les faits sont là pour le
témoigner. Il est cordialement reçu à Gex par la duchesse Yolande, sœur du
roi de France, mais désireux de poursuivre à tout prix sa vengeance. Il fait
appeler auprès de lui le capitaine de ses gardes, Olivier de la Marche, et le
seigneur de Givry, avec lesquels il s'entretient longuement 5. Puis Olivier
regagne Genève ; son départ pour la cour de Milan est différé de quelques
jours, car il faut savoir auparavant quelle sera la conséquence de la fatale
journée.
Le court séjour du duc Charles à Gex avait pour but principal d'accaparer
la tutelle du jeune duc de Savoie, Philibert Ier, dont la régence avait élé
confiée, le 3 juillet 1475, à sa mère Yolande, et par conséquent d'étendre
une domination fictive, en attendant qu'elle fût réelle, sur la Savoie. Ses
projets échouèrent. Mais il ne manquait pas de moyens pour parvenir quand
même à ses fins ". Après avoir employé auprès d'elle la douceur, la ruse
P. Ristelhùber, L'Alsace à Moral fin-8° de 50 pp., Paris, 1876); et Ch. Aubertin, L'ossuaire
des Bourguignons à Moral (in-8° de 16 pp., Beaune, 1882).
i GinginslaSarra, t. II, p. 307. Dépèche du 26 juin 1476.
- Mémoires (édition Dupont), t. II, p. 35.
3 Hisloire de Bourgogne, t. IV, p. 487.
* Cf. de Rodt (op. cit.), t. II, p. 296 et une dépêche dePanigarola, du 3 juillet 1476, dans
Gingins la Sarra, t. II, pp. 340-343. — i. de Mûller, Histoire de Suisse (traduction Monnart),
t. VIII, p. 95, fait, lui aussi, un tableau absolument faux de la disposition d'esprit du duc,
après la journée du 22 juin 1476. Toutes les correspondances témoignent bien que ce prince
déploya une fermeté d'âme et une activité peu communes pour se relever (Gingins la Sarra,
Épisodes de la guerre de Bourgogne dans Mém. de la Suisse romande, t. IX, p. 351, 1849).
s Gingins la Sarra, t. II, p. 298. Dépêche d'Appiano, datée de Gex, 23 juin 1476 (soir).
Appiano offrit ses services au duc de Bourgogne pour correspondre avec Milan en l'absence
de Panigarola.
6 U. Legeay (Hist. de Louis XI, t. II, p. 219), nous parait avoir mal compris ou du moins
mal exposé les sentiments qui poussèrent Charles le Téméraire à cet acte d'audace.
72 ETUDE
peul-êlre ', il comprit que la violence aurait seule raison de la sœur de son
ennemi le roi de France. Il se relira à l'abbaye de Saint-Claude 2 et fit savoir
à son chambellan Olivier de la Marcbe, — car c'est encore lui qu'il
choisit pour accomplir ce funeste dessein, — ce qu'il aurait à faire 3.
Pour un motif connu d'avance, la duchesse Yolande quitta Gex pour
Genève le jeudi 27 juin. Elle partit à la nuit tombante, accompagnée de
deux de ses fils, Charles et Philibert, et de quelques serviteurs 4. Lorsque le
cortège fut arrivé à trois quarts de lieue de la ville b, au village du Grand-
Sacconex, il rencontra Olivier de la Marche avec des capitaines italiens et
une troupe d'hommes d'armes, qui l'obligèrent à rebrousser chemin et à
reprendre la route de Bourgogne 6.
Olivier, agent trop fidèle d'un maître |>eu délicat, s'était chargé « contre
son cœur » de cette indigne mission '. Il fil lui-même escorte à la duchesse
et à son fils Charles; il mit Yolande en croupe sur son cheval, confia l'aîné
de ses fils, Philibert, alors âgé de dix ans, au capitaine Lodovico Tagliani,
principal officier de la maison de Bourgogne, dont il se croyait sûr, bien que
i Cauleleusement, selon l'expression d'Olivier (Mémoires, livre II, chap. 8).
- Chef-lieu d'arrondissement (Jura).
:! Mémoires, livre II, chap. 8. « Et moy estant à Genève, il me manda, sur ma teste, que
» je prisse Madame de Savoye et ses enfans, et que je les lui amenasse : car ce jour madicte
» dame de Savoye revenoit à Genève. »
* Peut-être, pense M. Gingins la Sarra (Épisodes de la guerre de Bourgogne, dans Mém. de
[a Soc. de la Suisse romande, t. IX, p. 349), se proposait-elle de retourner à Gex, où étaient
restés son troisième fils Jacques-Louis et sa tille cadette Louise, ainsi que toutes les dames
de sa suite (Dépêche d'Appiano, datée de Genève, 29 juin).
3 Le jour (27 juin), l'heure (10 heures du soir) et le lieu (le Grand-Sacconex, canton de
Genève (Suisse) de l'enlèvement de la duchesse de Savoie sont indiqués d'une manière fort
précise dans une note latine, placée en marge d'un manuscrit contemporain (1480-1485),
et publiée dans les Recherches historiques sur le département de l'Ain, par M. de la Teysson-
nière, t. V, p. 29, Bourg, 1844.
6 S. Guichenon (Histoire générale de la Savoie, t. 1, p. 567) suppose mal à propos qu'une
lutte s'engagea entre les deux partis; la lutte n'était pas possible, et d'ailleurs le récit très
précis d'Olivier ne contient rien de pareil.
i Mémoires, livre II, chap. 8. Et il ajoute quelques lignes plus loin : « Et ce que j'en li,
» je le fi pour sauver ma vie. » On comprend que d'autres, plus scrupuleux ou moins
fidèles, eussent, en pareille occurrence, tourné le dos au duc de Bourgogne « qui vouloit
» que l'on fist ce qu'il commandoit sur peine de perdre la teste. »
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 73
cet étranger fût né sujet de la maison de Savoie 1. Ce dernier, trahissant son
maître et bienfaiteur, profita de la confusion et de l'obscurité de la nuit pour
relâcher son prisonnier et le livrer aux sires de La Forêt • et Bernard de
Menlhon, qui l'amenèrent le lendemain matin à Genève 3.
Yolande fut menée par Olivier de la Marche à Saint-Claude, où se tenait
Charles le Téméraire ; celui-ci entra dans une grande fureur quand il apprit
que le jeune duc Philibert était parvenu à s'échapper. Le chambellan, malgré
son zèle, fut très mal reçu, à tel point que, suivant ses propres expressions,
« il craignit qu'il ne lui en coûtât la vie 4. » La régente de Savoie fut con-
duite au château de Rouvre 5. Cet acte 6, qui ne devait rapporter au duc de
1 Délia Chiesa, Chron. Real. diSavoia, t. II, p. 207.
2 Aultres parties livrées par le commandement exprès de ma très redoubtée dame
» Yolant de France par moy dessusdit Anthoine de la Forest son escuyer pour les chevaul-
» chées des afferes secrets de Madame, durant le temps qu'elle a demourée en Bourgoigne,
» et depuis qu'elle fut prise entre Gays et Genefve par messire Olivier de la Marche et Troyles
» lombard, et leurs gens capiteynes et chefs de guerre et des gens d'armée de l'arivée
» [lisez armée] du duc de Bourgoigne et emmesnée en Bourgoigne pour [lisez par] force
» avecques mes deux damoiselles Marye et Loyse, et Charles monseigneur leur frère,
» enfans de ladite dame. » Chroniques de Yolande de Savoie, sœur de Louis XI, publiées par
M. Léon Ménabréa, pp. 149-150, Chambéry, 1859; Extraits des comptes des trésoriers géné-
raux de Savoie, § 144.
3 Mémoires d'Olivier, t. II, chap. 8, dont le récit ne s'accorde pas avec celui des Monu-
menta hisloriœ pathœ [Italiœ], t. I, p. 787, contenant la Chronica Sabaudiœ manuscripla que
cite Guichenon, et que Legeay (t. II, p. 219) a servilement copiée. S. Guichenon (Hist. de
Dresse et de Bugey, lrc partie, p. 87, Lyon, 1650) considère comme plus digne de foi
qu'aucun autre, Olivier de la Marche, puisqu'il « estoit le chef de cette entreprise ».
* Mémoires, livre II, chap. 8; Commines (édition Dupont), t. II, p. 34; Schilling, Chro-
nique de la guerre de Bourgogne, p. 315, et Chroniques de Yolande de Savoie (Documents
inédits, publiés par l'Académie royale de Savoie, t. I, p. 23, Chambéry, 1859).
3 Rouvre, canton de Genlis, arrondissement de Dijon (Côte-d'Or). — Parmi les seigneurs
qui, peu de temps après, lui facilitèrent son évasion, il faut citer Louis d'Avanchôres, qu'elle
récompensa (28 mars 1478) par un don de deux cents florins (Archives départementales de
la Côte-d'Or, B. 7007, f" 58).
0 « Par l'advis du Boy de France, en attendant le retour de la duchesse, la tutelle du
» jeune Philibert fut conférée à Antoine de Miolans, à Philibert d'Illins en Dauphiné, et
» ordonné que Jean Louys de Savoye, évèque de Genève, seroit gouverneur de Savoye, et
» de tout le pays deçà les monts, et Philippes de Savoye de tout le Piémont; la détention
» d'Yolande ne fut pas longue. Le roi, son frère, la fit sortir (?). Bevenue en Savoie, elle
» reprit le même pouvoir qu'auparavant, mais elle n'en jouit pas longtemps, car elle
Tome XLIX. 10
74 ÉTUDE
Bourgogne que des soucis et des désagrémenls de toutes sortes, et qui
augmentait encore, si c'était possible, la haine de Louis XI contre lui, causa
à l'ambassadeur milanais Antoine d'Appiano l'indignation la plus véhémente ';
il le qualifie d'inique et d'inouï dans le monde 2.
Dès que la sinistre nouvelle se fut répandue (28-29 juin) à Genève et
ailleurs, ce fut une indignation générale. Les États de la maison de Savoie
se montrèrent disposés à tout entreprendre contre l'ennemi de Bourgogne;
le roi de France entendit tirer une légitime vengeance de cette violence faite
à sa sœur; le duc de Milan ne put tolérer l'injure reçue par sa belle-sœur3.
Suivant la chronique de Savoie, Louis, évêque de Genève *, à cette nouvelle,
aurait pris les armes et poursuivi les ravisseurs auxquels il aurait fait éprouver
de grandes pertes : mais ici la chronique est entrée dans le pur domaine
de la fantaisie. Olivier de la Marche est muet à ce sujet, et les événements
prouvés sont loin de venir confirmer celte assertion gratuite. La vérité est
qu'une petite révolte eut lieu à Genève. On dépouilla le vieux capitaine
François Troylo 5, les fils de Pierre de Lignara 6 et leurs gens, qui étaient
tous venus là en même temps qu'Olivier de la Marche et sous ses ordres.
Ils se sauvèrent à la faveur de la nuit '. Ce ne fut toutefois qu'une simple
échauffouréc d'un jour.
» mourut dans un château du Vercellois, le 27 août 1478, de tous regrettée. » (Guichenon,
Histoire de Bresse et de Buijey, lre partie, pp. 87-88, Lyon, 1650.)
1 Gingins la Sarra, t. Il, p. 326 : « Questa arrcstatione delà \\\"" Madama cusi villana-
» mente facta, de la quale tuttol mondo dice che giamay non se oldito dire la piu iniqua,
» ne la piu vilana cosa doppo cliel mondo e creato. »
2 G'est naturellement l'avis de la plupart des historiens. Nous croyons que le baron
Gingins la Sarra (Épisodes de la guerre de Bourgogne, dans Mémoires de la Soc. de la Suisse
romande, t. IX, p. 351) a exagéré la note en sens contraire lorsqu'il écrit : « L'enlèvement de
» la régente et du jeune duc de Savoye, son fils aîné, était devenu en quelque sorte une
« nécessité politique pour Charles. Cette mesure violente attira sur ce prince un blâme sévère
» et universel, et aurait été probablement appréciée différemment par ses contemporains, si,
» au lieu d'un échec, il avait obtenu un plein succès. »
3 Gingins la Sarra (Mémoires de la Soc. de la Suisse romande, t. IX, p. 346, 1849).
* Historiœ patriœ [llaliie] monumenta, 1. 1, p. 65o.
5 Son fils, Jean-François, fut tué à Morat.
6 Leur père avait perdu la-vie à la bataille de Granson.
" Gingins la Sarra, t. II, p. 327. Dépêche d'Appiano, 29 juin 1476.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 75
Mais l'enlèvement d'Yolande de Savoie donna lieu aux bruits d'un vaste
complot imaginaire, tramé parle duc de Bourgogne contre l'État de Piémont;
les dépèches des ambassadeurs milanais, échos des rumeurs populaires ou
des rivalités personnelles, en font foi '. « Olivier de la Marche, qui devait
» venir en Piémont sous apparence de pourvoir à la sûreté du pays, amenait
» avec lui deux cents lances qui devaient être bientôt renforcées de 200 autres
» lances bourguignonnes -. » De là à supposer au duc de Bourgogne d'am-
ples projets de conquête, il n'y avait pas loin, et la dépèche ajoute avec
solennité : « Mais la Providence a prévenu l'exécution de ce projet. » Il
suffira de relire les dépèches de Panigarola, des 7 mai, 9 mai, "28 mai et
17 juin, pour se convaincre que tout cela était de pure invention.
Toutes ces circonstances avaient modifié considérablement les alliances
bourguignonnes, et coupé court, entre autres, à l'ambassade d'Olivier de la
Marche, qui n'alla jamais à Milan 5.
Le chambellan n'avait pas réussi à mener à bien la dernière mission con-
fidentielle qui lui avait été confiée; aussi ne reçut-il aucune récompense du
genre de celles dont son maître l'avait gratifié en 1471 et 1473. Néanmoins,
au milieu de la défection générale des gentilshommes de la maison du duc,
que celui-ci accusait de l'avoir trahi à Moral *, Olivier demeura fidèle à son
poste et à son bienfaiteur.
1 Gingins la Sarra, t. II, pp. 321-322. Dépêche du 29 juin 1476.
2 Gingins la Sarra, t. II, pp. 366-367. Dépèche de Turin, 14 juillet 1476.
3 La dernière dépèche de Panigarola est du 19 octobre 1476. Son rappel s'explique par
un revirement de la politique de la cour de Milan (Gingins la Sarra, op. cit., t. II, p. 382,
note 5).
4 La conduite hautaine et disgracieuse du duc de Bourgogne amena de nouvelles
trahisons (Gingins, t. II, p. 349). Jacques de Luxembourg, frère du connétable de Saint-
Pol, et le prince d'Orange se laissèrent gagner par les offres de Louis XI et abandonnèrent
la cause de leur maître (Barante, Les ducs de Bourgogne, t. IV, p. 469). Guillaume de
Rochefort, seigneur de Pluvost, conseiller du duc de Bourgogne et son ambassadeur ordi-
naire près de la duchesse de Savoie, passa au service du roi de France qui le créa son
chancelier (Lefèvre de la Barre, Mémoires pour servir à l'histoire de France et de Bourgogne,
t. II, p. 264, note 6). La défaite de Nancy allait accentuer encore cette défection, et Marie
de Bourgogne n'allait voir autour d'elle, pour tenir tête à Louis XI, que les débris épars
de cette brillante noblesse des Pays-Bas, jadis si compacte et si dévouée à la dynastie
76 ETUDE
Il fallait réunir les débris de l'armée vaincue, fortifier le courage et relever
le moral des soldats, puisque Charles le Téméraire voulait à tout prix conti-
nuer la guerre jusqu'au jour fatal. Par crainte ou par dévouement, quelques
villes importantes vinrent prêter leur appui au duc et lui offrirent, en même
temps qu'un abri pour lui-même, des munitions de guerre et de l'argent.
Besançon était du nombre. Le duc de Bourgogne y arriva dans l'automne
de 1476; il y amenait avec lui Olivier de la iMarche qui, en véritable inten-
dant militaire, fut chargé de recueillir et de réquisitionner dans la ville les
chariots et tout le matériel qu'il put trouver en remplacement de ce qui avait
été perdu à Moral '.
Tous ces beaux préparatifs allaient aboutir à la malheureuse journée de
Nancy (6 janvier 1477) qui coûta la vie à Charles le Téméraire 2. Le corps
du duc entièrement défiguré fut reconnu par un de ses pages, Baptiste de la
Colonne, par son médecin, par le grand bâtard de Bourgogne et Olivier de la
iMarche 3. Le chambellan fut fait prisonnier i par un nommé Jehannol le
Basque s, avec Josse de Lalaing, le comte de Chimay, le comte de Nassau, le
bourguignonne (P. Fredericq, Le rôle des ducs de Bourgogne aux Pays-Bas, p. 118,
Gand, 1875). Quand l'heure de l'infortune sonna pour elle, la fidélité fut l'exception (Henné
etWauters, Histoire de Bruxelles, t. I, p. 266).
1 Déposition de Guillaume d'Epenoy, seigneur de Naisey, âgé de 46 ans, dans l'enquête
de 1477 (Besançon pendant les guerres de Louis XI, par le président Ed. Clerc, Académie des
sciences, belles-lettres et arts de Besançon, séance du 30 janvier 1873, p. 33, Besançon, 1873) :
« J'ay veù messire de la Marche, bailly d'Amont, faire poursuite au vivant de M. le Duc, et
» aller en l'ostel de ville de Besançon, pour avoir des charriots pour la conduite de ses
» harnois et de ses bagues, lesquels charriots furent baillés à mondit seigneur et depuis
» rués jus devant Nancy, comme j'ay oï dire communément. »
- « Et fut rateint, tué et occis à coups de masse » (Mémoires, livre II, chap. 8).
'■*' Paradin, Annales de Bourgogne, pp. 987-988 ; et Richard de Wassembourg, Antiquités
delà Gaule belgique, f° 524, Paris, 1549. Cf. Éphémérides historiques, f° 2 v°, in-f°, 1581, et
Chronique ou dialogue entre J. Lud et Chrétien, secrétaires de René II de Lorraine, par
Jean Cayon, in-4°, Nancy, 1844.
* Mémoires, livre II, chap. 8. Cf. L. Gollut, col. 1312-1313 (nouvelle édition), 1843.
s « Parmi les capitaines qui se signalèrent dans cette mémorable journée, il faut citer un
gentilhomme béarnais, Johannot d'Abidos, qui s'empara d'Antoine de Bourgogne et de
Philippe de Neufchàtel, et un compatriote des d'Aguerre, Jehannot le Basque, qui s'empara
de la personne d'Olivier de la Marche. » J.-B. de Jaurgain, Profils basques (Bévue de Béarn,
p. 21, n°du Ie' juin 1886).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 77
comte de Rothelin, le fils du comte de Contay ', le bâtard Antoine, Jean de
Montfort, Antoine d'Oiselet et beaucoup d'autres 2. Ils furent conduits à Foug
en Rarrois 5.
« Si fismes aveques noz ennemis pour noz rançons le mieux que nous
» peusmesjet je demouray pleige pour lous les autres : lesquels s'en aièrent
» au païs faire leur finance. » Pourquoi Olivier de la Marche demeura-t-il
seul otage? Est-il à supposer qu'il manquait de ressources, et qu'à cause de
cela il ne put pas payer sa rançon? Quoi qu'il en soit, il demeura captif
pendant tout le carême, et ce fut seulement aux environs de Pâques 14.77
qu'il put payer la somme, extraordinairemenl forte d'ailleurs, « de quatre
» mille escus 4. » Si l'on admet que le prix du rachat de la rançon était
proporlionnel à la valeur du personnage, il faudra bien convenir qu'Olivier
de la Marche était un vaillant capitaine et un habile conseiller.
Olivier se loue de la « bonne compagnie de ses gentils compaignons de
» guerre » qui tinrent d'ailleurs scrupuleusement la promesse qu'ils lui
avaient faite. Et il nous apprend qu'on le reconduisit jusqu'à Igney s où
l'attendaient cent cavaliers de la garde noble du duc, dont il était le capi-
taine 6. De là il regagna la Flandre au plus vite, et alla présenter, à
Malines 7, ses humbles services en même temps que l'hommage de son
sincère dévouement à sa nouvelle princesse, Marie de Rourgogne, fille du
défunt duc, qui « le receut humainement 8. »
Olivier de la Marche avait perdu en Charles le Téméraire, comme il le dit
lui-même, « honneur, chevance et espérance de ressourse ». « Toutefois »,
ajoule-t-il, «il faut faire du mieux que l'on peut quand on est en nécessité !). »
i Pontus Heuterus, Rerum burgundicarum libri sex, in-f°, p. 186, Antverpiœ, 1584.
Cf. U. Legeay, Histoire de Louis XI, t. II, p. 242.
2 Mémoires d'Olivier, livre II, chap. 8.
3 Foug, canton et arrondissement de Tout (Meurthe et Moselle).
* Mémoires, livre II, chap. 8.
5 Igney, canton de Châtel-sur-Moselle, arrondissement d'Épinal (Vosges).
6 Mémoires, livre II, chap. 8.
7 Mémoires, livre II, chap. 9.
8 Mémoires, livre II, chap. 8.
9 Bulletin de la Commission royale d'histoire de Belgique, 2e série, t. VIII, p. C3.
78 ETUDE
Que s'était-il passé en Flandre depuis le 5 janvier 1477? Marie de
Bourgogne y avait notifié à toutes les bonnes villes la mort de son père '.
Mais le monarque fiançais, qui avait converti la politique en Part de
tromper, avait des vues perfides sur la Flandre '. Pour les atteindre il fallait
jouer de ruse. Dès le 9 janvier, Louis XI réclame le retour du duché de
Bourgogne 2 comme fief masculin à la couronne de France. Par lettres
patentes il déclare que le duc Charles est mort criminel de lèse-majesté et
qu'il confisque tous ses biens '. La duchesse Marie écrit sa lettre de protec-
tion, et fait rédiger le célèbre Mémoire de justification par Jean d'Auffay,
maitre des requêtes '*. Attaqué par ses propres armes, celles des légistes,
Louis XI réplique par un mémoire touchant son droit au comté de Flandre,
et par un autre de la souveraineté du roi sur les comtés de Hainaut et
d'Ostrevent, fiefs de la couronne de France 5.
En présence de ces faits, Olivier de la Marche n'avait pas à hésiter; il
devait mettre son bras — - et sa plume — au service de sa duchesse, et l'aider
à répondre par les armes ou autrement aux astucieux et perfides desseins de
Louis XL II n'eut pas à se repentir de cette décision.
§ o. — Olivier de la Marche, maître d'hôtel de Maximilien et précepteur
de Philippe le Beau (i 477-1 soa).
Le mariage de Marie de Bourgogne était prochain. Sa main avait été
vivement recherchée de toutes parts, surtout par le roi d'Angleterre pour
son beau-frère, par le roi de France pour son fils le dauphin 6. C'était, en
1 La Flandre, XVe vol., p. 37, Bruges, 1884; article de M. Gilliodts.
"•! Lenglet-Dufresnoy (édition de Commines), Preuves, t. III, p. 496.
3 Bibliothèque nationale, mss., Collection Drienne, n° 14.
i Bibliothèque nationale, mss., Collection Dupuy, vol. 106. Cf. Butkens, Trophées de
Brabant, t. lit, p. 46; Bulletin de la Commission royale d'histoire de Belgique, 2e série, t. IV,
p. 295, et Messager des se. hist., p. 122, Gand, 1853.
8 Bibliothèque nationale, mss., Collection Decamps, n° 55.
G Mémoires, livre II, chap. 9.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 79
effet, une magnifique dot que l'apport de la Flandre et de la Bourgogne!
Elle fut définitivement accordée à Maximilien, archiduc d'Autriche, et Ton
décida que l'union serait célébrée dans le courant de Tannée 1477.
Maximilien, âgé de dix-huit ans seulement, accompagné de plusieurs
princes et seigneurs, partit aussitôt pour la Flandre. La duchesse dépêcha
à sa rencontre Claude du Fav, Guillaume d'Illens, et Olivier de la Marche,
qui allèrent jusqu'à Cologne '. Olivier fut aussitôt élevé au rang de « grand
» et premier maislre d'hostel. » Les trois gentilshommes firent escorte à
Maximilien jusqu'à Gand, où il fut présenté à la duchesse. Le mariage eut
lieu, sans grande pompe ni solennité, à Gand, le 19 août 1477. Le
30 octobre suivant, le duc d'Autriche fil son entrée joyeuse à Mons en Hai-
naut 2; quoiqu'il n'en parle pas dans ses Mémoires, Olivier devait y assister,
car nous savons qu'il était dans celte ville deux jours après. Le dimanche
2 novembre, Maximilien prêta, sur un théâtre établi au centre du marché,
serment aux états de Ilainaul 3 puis à la ville de Mons *, en présence de
Pévêque de Metz 5, de messire Jean, fils aîné du duc de Clèves, des abbés
de Saint-Ghislain, de Liessies, de Cambron, de Bonne-Espérance, du prieur
des Ecoliers de Mons, du comte de Chimay, du comte de Joigny, de Jean
de la Bouverie, chef du grand conseil, de Louis de la Grulhuyse, de messire
Olivier de la Marche, du seigneur d'Aymeries, grand-bailli de Hainaul, du
seigneur de Boussu, etc. u.
Olivier de la Marche, en qualité de grand maître d'hôtel de Maximilien,
1 Mémoires; Commines (édition Dupont), II, 180; et Gollut, col. 1373.
- Lacroix, Faits et particularités concernant Marie de Bourgogne, dans les Mémoires de la
Société des sciences du Hainaut, I, p. 17.
3 Les lettres originales sur parchemin contenant le serment prêté aux Etats de Hainaut
par le duc Maximilien d'Autriche sont conservées aux archives de l'Etat, à Mons.
i L'acte du serment prêté à la ville a été publié par Lacroix (Faits et particularités
concernant Marie de Bourgogne, p. 196), d'après l'original, avec sceau, qui repose aux
Archives communales de Mons.
s II avait pris une part active aux préparatifs de l'union ; oserais-je dire qu'il avait servi
d'intermédiaire matrimonial?
« Léopold Devillers, Les séjours des ducs de Bourgogne en Hainaut (1427-1482), pp. 56
et 140. Bruxelles, Hayez, 1879.
80 ETUDE
est envoyé successivement dans toutes les villes de Flandre pour contrôler
des dépenses, pour examiner des comptes, ou pour étudier des affaires par-
ticulières sur lesquelles nous n'avons pu recueillir aucun renseignement. Nous
trouvons mention de son séjour à Lille en décembre 14-77 ', à Bruxelles en
janvier 1478 2; puis nous savons qu'il vint à Bruges préparer la grande
solennité de la Toison d'or, qui eut lieu dans cette ville le 30 avril,
et sur laquelle il nous donne3 des détails complets. Le 14 mai il se rend
à Alost mais ne paraît pas y séjourner 4; les échevins lui offrent du vin
du Rhin.
Mais les succès réitérés de Louis XI, tant en Bourgogne que dans le
nord de la France, firent réfléchir l'archiduc, battu lui-même s au Quesnoy
(6 juin 1478). Sans différer, il se décide à entamer des négociations avec
le roi de France et envoie vers lui des ambassadeurs, porteurs de proposi-
tions pacifiques. Ces ambassadeurs furent Philippe de Croy, Olivier de la
Marche, et le comte de Chimay. Ils partirent pour Cambrai 6, et signèrent
le 20 un traité par lequel le roi abandonnait ses dernières conquêtes dans
le Hainaut et dans la Franche-Comté. Il ne restait plus qu'à s'entendre sur
la délimitation des territoires et à examiner certaines prétentions rivales.
i Bulletin de la Soc. de l'histoire de France, p. 297, Paris, 1858 : « La ville lui fait offrir
<> xn los de vin. »
2 Pièce justificative n" XL.
3 Mémoires, II, ch. 9. Cf. U. Legeay, Histoire de Louis XI, tome II, p. 308.
i « Den xiij- ten van meye quam t'Aelst messire Olivier de la Marche, riddere, hem
» ghescinct mi kannen rynsch wyns, te vi s. vi d. den stoep, es : xlv s. vi den. » [Compte
de la ville d' Alost, de la veille de la Chandeleur [1er février] 1477 [1478 n. st.] à pareil jour
de Tannée suivante. Archives générales du royaume île Belgique, Chambre des Comptes,
reg. non folioté, 31472).
•"> Cet échec, qu'Olivier passe sous silence, est mentionné par la plupart des chroniqueurs,
par Molinet (édition Buchon, II, 150-151) entre autres, qui le considère comme moins
sérieux qu'il ne le fut réellement.
6 U. Legeay, Histoire de Louis XI, II, p. 311, Paris, 1874. — Il est impossible de consi-
dérer ce livre comme une autorité; nous n'hésitons cependant pas à le citer parce que cet
auteur a fait une très grande étude des manuscrits Legrand, conservés à la Bibliothèque
nationale, et auxquels il a emprunté le meilleur de son œuvre. II les cite d'ailleurs rarement
et avec un vague désolant; à la page qui nous occupe, il n'appuie son affirmation sur
aucun document. Voir p. 81, note 2.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 81
Des arbitres furent nommés de part et d'autre, qui se donnèrent rendez-vous
pour le 1er septembre suivant.
Quelque temps après la naissance de Philippe le Beau à Bruges (22 juillet),
et son baptême, auquel Olivier a peut-être assisté ', on reprit les conférences;
mais l'entrevue des arbitres, d'abord annoncée pour le 1er septembre, à
Cambrai, fut remise au 22, à Boulogne-sur-Mer.
Au jour dit, les commissaires du roi s'y trouvèrent seuls. Ne recevant
aucune nouvelle des arbitres de Flandre, Louis d'Amboise, évoque d'Alby,
chef de l'ambassade française, se vil obligé d'écrire à Olivier de la Marche 2,
chambellan du duc :
« Dès le 20 de ce mois, jour où je vous écrivis de S'-Quenlin, nous
» sommes partis de cette ville, et dès le lundi au soir 21 sommes arrivés
» à Boulogne, attendant les députés qu'il plairait à Monseigneur d'Autriche
» d'envoyer. Toutefois, Monsieur, nous n'avons aucune nouvelle de l'envoyé
» Clerevoie qui se devait rendre à nous dès le mardi 22 de ce mois, ni aussi
» des députés de mondit seigneur d'Autriche. J'en suis étonné, et à celte
» cause je vous envoie ce porteur pour savoir l'intention de mondit seigneur,
» et si c'est son plaisir de tenir la journée; et jusqu'à ce que j'aye de vos
» nouvelles, nous ne bougerons d'ici. Écrit à Boulogne, le 2G septembre. »
Olivier de la Marche et les autres délégués reçurent du sire de Querdes,
lieutenant général de Picardie, toute garantie et sûreté pour venir « es pays
» de France » ; ce qui semblait superflu d'après la trêve. Or ce n'est que le
7 octobre (pie Maximilien donne pouvoir à ses députés 5.
Olivier ne fit-il pas partie de la députalion et s'y fit-il remplacer? Ou
bien quitta-t-il ses confrères dès leur arrivée au lieu de destination? Nous
l'ignorons. Mais à coup sûr il ne demeura pas avec eux pendant les trois mois
que durèrent les discussions — discussions stériles d'ailleurs, puisqu'on se sépara
1 Mémoires, livre II, chap. IX.
2 U. Legeay, Histoire de Louis XI, t. II, p. 322. L'auteur semble appuyer son dire sur les
pièces justificatives recueillies par Legrand et conservées aujourd'hui à la Bibliothèque
Nationale (mss. français, nos 6963-fi990). Nous avons vainement recherché dans cette
collection la lettre publiée par Legeay; nous ne l'y avons pas trouvée, du moins à sa date.
3 Voir Legeay (op. cit.), t. II, p. 323.
Tome XLIX. H
82 ETUDE
sans rien résoudre — ; car nous avons des mentions authentiques et indis-
cutables de son passage à Grammont ] le 11 septembre -, et à Nieuport ;i le
11 octobre i. Dans chacune de ces deux villes, on le gratifie de deux pots
de vin de Beaune ou du Rhin. Y était-il envoyé par l'archiduc pour sur-
veiller les affaires municipales, pour organiser des recrutements de gens
d'armes, ou pour y apporter des ordres spéciaux?
Sera-il jamais possible de compléter ces quelques rares indications, pui-
sées au dépôt des archives générales de Bruxelles, par des mentions relatives
à Olivier de la Marche, tant dans d'autres comptes des deniers communaux
que dans les registres des délibérations des cités ? Il n'y a pas lieu de
l'espérer.
Et malheureusement les ressources commencent à nous faire singulière-
ment défaut. En même temps que les Mémoires d'Olivier perdent de leur
netteté et de leur précision, et qu'on y relève des omissions aussi graves,
par exemple, que le récit de la bataille de Guinegate (août 14-79), les docu-
ments deviennent d'une excessive rareté, et nous laissent dans la plus grande
incertitude sur les faits et gestes du premier maître d'hôtel de l'archiduc. Il
veut bien nous apprendre seulement qu'il fil aux côtés de Maximilien 5 la
campagne de Lille et de Ponl-à-Vendin e, où l'armée flamande était nom-
breuse et superbe, et que pendant cette campagne il fut chargé d'aller
trouver le roi de France pour ménager une entrevue des deux princes :
ce dont Louis XI ne voulut entendre parler. En attendant une décision
' Grammont, arrondissement d'Audenarde (Flandre orientale).
- « Ghepresenteert mynen heere Olivier de la Marche den xien dach van septembri n can-
» nen wyns, d'eene Beanen van x s. den stoep, ende d'ander Rynsch van vin s. den stoep;
» heft xxvn s. » Compte de la ville de Grammont, du 1er mai 1478 à pareil jour de l'année
suivante. Archives générales du royaume de Belgique, Chambre des Comptes, reg. non
folioté, n» 35295.
3 Nieuport, arrondissement de Furnes (Flandre occidentale).
4 « Den xien in octobri minen hère Olivier Van der Marche, n kannen wyns : xl s. »
Compte de la ville de Nieuport du 27 janvier 1477 [1478, n st.] à pareil jour de l'année
suivante. Archives générales du royaume de Belgique, Chambre des Comptes, reg. n° 36781,
f° 13 r\
■> Mémoires, livre II, chap. 9.
,; I'ont-a-Vendin, canton de Lens, arrondissement de Béthune (Pas de Calais).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 83
(fin 1478), el profitant du calme qui régnait à peu près partout, l'archiduc
« donna congé à toutes manières de gens d'armes et s'ala festoyer à Lille, à
» son privé estât '. »
Et puis une année entière s'écoule sans qu'Olivier de la Marche fasse
parler de lui. Et non seulement on ne le rencontre nulle part — chose
étrange pour un grand maître d'hôtel dont les fonctions si diverses l'obli-
geaient à des déplacements perpétuels — mais même tous les faits qui se
rapportent à cette année 1479 paraissent être pour lui lettre morte 2. Pour-
quoi ce bizarre oubli? Pourquoi cette interruption imprévue? Pourquoi ce
désintéressement inaccoutumé ?
Qu'on me permette de hasarder une explication. On la considérera pour
ce qu'elle vaut, mais tout au moins on voudra bien reconnaître qu'elle n'est
nullement en désaccord avec la réalité des faits.
Olivier de la Marche, avons-nous dit 5, avait dû se marier vers 1455,
et avoir de son union avec Odotle de Janley au moins deux enfants.
Un jour arriva — nous ignorons lequel, car le chroniqueur nous donne
aussi peu de détails que possible sur les membres de sa famille —
où Olivier devint veuf. Plus tard, parvenu aux hautes dignités de cette
cour de Bourgogne à la défense de laquelle sa vie entière avait été con-
sacrée, il songea à reprendre femme. Il était déjà vieux, « presque
« moisy »,et à ce propos un picard de ses amis chercha vainement à le
dissuader de ce projet 4. Son second mariage fut contracté avec Ysabeau
1 Mémoires, livre II, chap. 9.
- Le chapitre 9 du livre II finit par cette affaire de Pont-à-Vendin et le chapitre 10
reprend à la naissance de Marguerite, fille de Maximilien (10 janvier 1480).
3 Voir ci-dessus, p. 11.
* « Quand feu missire Ollivier de la Marche, chevalier jadis tant renommé en armes et
» en allégance, comme un autre César, et desjà tant âgé, se voulut remarier à une ancienne
>> demoiselle de la maison de Bourgogne, laquelle demoiselle estoit haute et montée sur
» eschas, maigre et pleine d'arrestes, avec un long con thisic et contagieux : il veid un sien
» amy bon compaignon de Picardie, lequel taschant lui dissuader ce mariage, en se gau-
» dissant lui envoya le rondeau ci-après : » Nous négligeons ce rondeau. On ne nous
pardonnerait pas de citer des vers qui détonneraient trop ouvertement avec le ton ordinai-
rement sévère que nous nous sommes imposé en écrivant cette biographie. Nous renvoyons
84 ETUDE
Machefoing ' avant l'année 1180 - el probablement peu de temps aupara-
vant2. Nous sommes donc porté à croire que ce mariage eut lieu en 1479;
el c'est ce qui serait la cause déterminante de cette interruption dans son
récit. Et s'il n'en était pas ainsi, son désintéressement des affaires de la
Bourgogne pendant un si long espace de temps serait bien peu naturel et
bien peu compréhensible.
Ysabeau Machefoing appartenait à une vieille et bonne famille de Bour-
gogne 3. Elle convolait, elle, pour la troisième fois. Elle avait, en effet, épousé
en premières noces Jean Coustain, un cupide et orgueilleux parvenu 4, dont
elle était veuve avant le 1er octobre 1462 3; en secondes noces Jean de
Monlferrant G, chambellan du duc Charles le Téméraire, qui vivait encore
le 10 mars 1473 7; quel âge avait Ysabeau Machefoing en 1479? C'est
ce que nous ignorons. Du moins nous sommes certain qu'elle donna à
Olivier une fille et un fils, Charles 8.
En 1480, Olivier se hâte de faire rentrer ses fonds. G. Chaslellain nous
dit qu'Ysabeau Machefoing était riche de 50,000 écus. Mais elle n'avait pas
toute celle somme entre les mains. Son mari lui fait rembourser « cent livres
» de gros par an de rente perpétuelle achetés par feu Jean de Montferrant
» sur la ville de Bruges en 1464, à rembourser au denier quinze » : ce qui
les curieux à La source et l'origine des cous sauvages (à Lyon, par Jean de la Montagne, 1610,
pet. in-8", chap. 1).
1 Cf. Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, V, p. 61, et Gachard, Rapport sur les
archives de Lille, p. 76. Bruxelles, Hayez, 1841.
- Pièces justificatives, n"sXLI et XLII.
:i Aux renseignements précédemment donnés, nous pouvons ajouter qu'en 1444 Philippe
Machefoing fut envoyé comme ambassadeur par le duc de Bourgogne (Archives départemen-
tales de la Côte-d'Or, B. 3707, f" 8 v°).
* M. Kervyn de Lettenhove pourra supprimer son point d'interrogation (Chroniques de
G. Chastellain, IV, p. 235, note, Bruxelles, 1866) et se dispenser de douter que Jean Coustain
était de la même famille que le peintre Pierre Coustain (idem). Cf. Alph. Wauters,
Recherches sur l'histoire de l'école flamande de peinture avant et pendant la première moitié du
XVe siècle, 2e fascicule, pp. 25-29. Bruxelles, Hayez, 1882.
s Pièce justificative n° XLI.
<■> Gollut (nouvelle édition, 1846), col. 1191.
1 Pièce justificative n" LIV.
x Pièce justificative n" XIII.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 83
faisait quinze cens livres '. La môme année, le 6 juillet, il réclame « deux
» cens couronnes de renie héritable sur toute la terre, haulteur et seigneurie
» de Boussul en Haynaut 2, sy avant qu'elle est tenue en fief de par mondit
» seigneur, à luy appartenant pour cause de sadite femme par vertu de
» certains traictiés, accords et appointemens par ci-devant fais entre Glande
» de Monferant, frère et héritier dudit messire Jehan de Monferant, et ladite
» dame Ysabel [Machefoing] 7\ »
A la même époque Olivier de la Marche réclame encore une assez forte
somme à laquelle il avait droit, « tant en vertu de l'ordonnance sur ce faicte
» et publiée en et par tout le pays de Flandres » que par mandement spé-
cial, comme étant un de ceux qui avaient « connu et dénoncé aucuns biens
» des tenans parti contraire. » Il s'agissait d'une succession ouverte à Ber-
gues-S'-Vinnoc 4 et devant échoir aux héritiers de feu Liénart des Anvois 5,
considérés comme ennemis de la cour de Bourgogne. La confiscation fut
opérée et Olivier, en sa qualité de dénonciateur, eut pour sa part un tiers de
ces biens.
Olivier de la Marche remplit les fonctions de commissaire spécial de
l'archiduc à l'assemblée des étals de Hainaut, tenue à Mons le 10 février
1481. A sa demande, les états volèrent une aide pour le paiement de Irois
cents archers pendant deux mois (i. On le trouve quelques mois après comme
1 Archives yen. du royaume de Belyique, Compte de la ville de Bruyes de l'an 1479 (la
S'-Jean) à 1 480 ; reg. Chambre des Comptes, nn 32533, f° 184 v°. Pièce justificative n° XLI1I.
- Boussut-Iez-Walcourt, canton de Beaumonl, arrondissement de Thuin (Hainaut).
:1 Archives de l'État à Namur (Belgique). Actes du souverain bailliage, registre aux trans-
ports et refiefs (1477-1485), n° 47, f" 73. Pièce justificative n° XLIII.
'' Bergues, chef-lieu de canton, arrondissement de Dunkerque (nord).
:' Archives yénérales du royaume de Belgique, Comptes des confiscations opérées sur les
Français en Flandre et à Matines (du 22 juillet 1479 à la Noël 1480). Chambre des Comptes,
reg. n° 19720, f"51 r° et 77 v°. Pièce justificative n° XLIV.
6 Léop. Devillers, Inventaire des archives des États du Hainaut, I, p. xcvm. A comparer
le compte du massard de la ville de Mons pour 1480-1481, où se lit textuellement ce qui
suit : « Le xvie jour du mois de febvrier furent les Estas du pays de Haynnau rassamblez
en la ville de Mons où messire Olivier de la Marche exposa ausdits Estas la cherge qu'il
avoit de nostre très redoubté signeur et prince, qui estoit pour avoir payement de vc [sic)
archiers payez pour ni [sic) mois aux despens dudit pays, pour acompaigner c lanches que
86 ÉTUDE
commissaire à Valenciennes (2 mai \ 4.81) : il s'était rendu de par Waximi-
licn vers le conseil de cette ville pour lui proposer de contribuer à l'aide
votée par les élats de Hainaut afin de pourvoira la défense du pays '. Enfin,
le 12 septembre suivant, il assiste aux réjouissances données par la ville de
Wons à l'occasion de l'accouchement de la duchesse d'Autriche et de la nais-
sance d'un fils qui devait être Philippe le Beau -.
La fortune souriait toujours à notre premier maître d'hôtel. Waximilien et
Marie de Bourgogne, le 30 septembre, ordonnent à leurs officiers des salines
de Salins de lui livrer cinq cents charges de sel qu'ils lui ont octroyées en
paiement d'un coursier d'Espagne, poil bai, à longue queue et crins noirs,
qu'il leur a vendu pour leur usage et qu'ils ont mis dans leurs écuries 3.
Il hérita de Bricelte Du Val, sa nièce 4, de dix boisseaux de froment, mesure
de Dinan 5; mais Olivier, que nous trouvons qualifié ici pour la première et
unique fois 6 de « seigneur de la Gouarderie, de la paroisse de S'-Juval7»,
nostredit très redoubté signeur promettait de mettre subz, fu fait présent de vi cannes de
vin lxx s. »
i Idem. Le fait n'est pas mentionné par Henri d'Oullreman dans son Histoire de la ville
et du comté de Valenciennes (Douai, 1739).
2 « Le merquedy 12e jour de septembre audit an, sur les nouvelles venues à mesdis
signeurs eschevins, de par madame la grande, de l'accouchement nostre très redoubtée
dame Madame la ducesse d'Ostrice en la ville de Bruxelles, le lundy 10e dudit mois, d'un
filz, pour lesquelles nouvelles fu moult resjoys le peuple de toute laditte ville, après plui-
seurs esbatemens, soupèrent mesdis signeurs eschevins en la maison de le paix, avec eux
aucuns du conseil, massart, clercs et sergens à icelle, et après ledit souper vinrent en
laditte maison de le paix Monseigneur le comte de Chimay, Monsigneur le bailly de
Haynnau, Monsigneur d'Irchonwelz, Messire Olivier de la Marche, Monsigneur l'abbé
d'Anchin, Monsigneur de Trélon, le filz demondit signeur le bailly de Viau, le fils messire
Pinekart, et pluiseurs aultres seigneurs et aussi dames et demoiselles, pour veyr les esba-
temens et julz sur car qui se faisoient au devant de laditte maison de le paix; se bancque-
tèrent illecq ensemble des biens de laditte ville, où fu frayet, y comprins 50 sols donnés
ausdis jueurs sur car, la somme de 29 livres 18 sols. » [Archives municipales de Mous.)
:i Copie papier, Collection Joursanvault, n° 2346, auj. conservée à la Bibliothèque Natio-
nale de Paris. Pièce justificative n° XL1I.
i Elle était fille de Jeanne, sœur d'Olivier. Pièce justificative n° XLVI.
5 Dinan, chef-lieu de canton, arrondissement de Saint-Malo illle-et- Vilaine).
6 Bibliothèque Nationale, mss., Collection VillevieiUe, vol. oo (Cabinet des Titres 136"'),
f° 138 v°.
ï Saint-Juvat, canton d'Evran, arrondissement de Dinan :'Côtes-du-Nord).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 87
ne sachant en vérité que faire d'une telle rente sise en Bretagne, passa
un accord (25 octobre 14-82) avec Me Jean Goussarl qui lui constitua en
échange de ces revenus cinquante sous de rente pendant sa vie '.
Ce n'était pas tout : le 24- juin 1482, Maximilien donna « à rachat de
» 2,000 livres 2 » à Olivier de la Marche et à sa femme Ysabeau les terres
et seigneuries de Rieux 3 et de Vieux-Condé4 qu'il venait de confisquer sur
Jean de Humières qui avait comploté contre lui °.
On ne pouvait mieux reconnaître les éclatants services d'un fidèle servi-
teur et dévoué conseiller qui, après quarante années d'un labeur incessant,
avait bien mérité le repos nécessaire à la conservation de sa santé.
i Archives de M. le comte de Bruc, au château de Bruc (arrondissement de Bedon, 111e
et Vilaine), apud Bibliothèque nationale, Collection Villevieille, vol. 55, f° 138 rn. Pièce
JUSTIFICATIVE, 11° XLV.
2 Enregistrons ici une « promesse d'Olivier et de sa femme de rendre les terres et
seigneuries de Bieu et de Vieux-Condé toutes les fois qu'il plaira a Maximilien de les
racheter pour 2000 livres. » (Archives départementales du Nord, t. VIII de l'inventaire des
Chartes, à la date du 7 novembre 1489.) — On nous saura gré de donner au sujet de cette
possession des terres de Bieux et de Vieux-Condé le document suivant : « A messire Olivier
« de la Marche, auquel a esté acordé par mondit seigneur de prendre et recepvoir chascun
» an les deniers de ceste présente recepte durant la vie de lui, sa femme, hoirs et succes-
» seurs, le somme de trois cens livres tournois de xx groz la livre de rente et ce jusques à
» certain rachat de le somme de unm 1. t. dudit pris qui se polra faire par mondit seigneur
» ou ses successeurs; et moyennant ce, ledit seigneur de la Marche et ses hoirs se départent
» de toute pareille action qu'ilz avoient et avoir pooient es terres de Bieu et Viescondet,
» en les remettant es mains de mondit seigneur pour des prounis desdites terres en joyr
» depuis le ne jour d'octobre a0 MCCCC IIII" quinze en avant, à estre payé d'icelle rente
» chacun an et commenchant au jour Sl-fiemi a" IIII" quinze, comme le tout plus aplain
» appert par lesdites lettres patentes rendues sur le compte précédent de ce dit receveur,
» f°C, donné en la ville de Brouxelles le xxvie jour de décembre a" quattre vins quinze.
» Pour ce icy pour une année entière, l'an de ce compte, comme par sa quittance cy
» rendue, appert lesdits... nic livres tournois. » (Compte 7me de Jehan d'Assonleville, receveur
général du Iluinaut, du 1er octobre 1496 au 30 septembre 1497, f° 87 r°). Extrait d'un registre
communiqué le 7 mai 1884 par M. Eugène Charavay, de Paris.
3 Bieux, canton de Carnières, arrondissement de Cambrai (Nord).
* Vieux-Condé, canton de Condé, arrondissement de Valenciennes (Nord).
5 Archives départementales du Nord, Chambre des Comptes, reg. des Chartes, n° 16,
f" 114 v°, apud Bibliothèque nationale, Collection Villevieille, vol. 55, f° 138 v°. Pièce justi-
ficative, n° XLV1I.
88 ÉTUDE
Parfois encore, l'archiduc avait recours à ses bons et loyaux offices; Maxi-
milien savait toujours le trouver de bonne grâce lorsqu'une délicate affaire
était à régler. C'est ainsi qu'en septembre 14.83 il lui donne des instructions
spéciales et l'envoie en ambassade auprès de Charles VIII, pour compli-
menter le roi de France au sujet de son avènement au trône '. Olivier était,
en outre, porteur d'instructions - contenant des plaintes à l'endroit de
Charles VIII 3 contre les Gantois qui dirigeaient la résistance flamande A.
Olivier partit et arriva à Baugency 5; il y trouva la cour et reçut audience
de Charles VIII; il remit ses instructions au roi, qui ne devait d'ailleurs en
tenir aucun compte, et qui néanmoins le chargea en retour de bonnes paroles
pour son maître; et revenant par Orléans, où il assista à la « belle et hon-
» nesle entrée de monsieur d'Orléans, » Olivier ne tarda pas à s'en retourner
vers Maximilien, qu'il rejoignit à Malines6.
Ce ne fut pas, à proprement parler, comme on l'a dit 7, le dernier acte de
lavie politique d'Olivier de la Marche. Toutefois il commence à vivre dans
la retraite; en avril 4 483, il écrit en vers, à la louange du défunt duc de
1 Mémoires, livre II, chap. 10. Cf. Gilliodts Van Severen, Inventaire des Archives de la
ville de Bruges,, t. VI, p. 232 ; et Lenglet-Dufresnoy, OEuvres île Commues, preuves, t. IV,
pp. 131-133.
2 Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, pp. 3S9-360, 1850.
y Le 5 décembre 1483 Charles VIII accordera des privilèges aux villes de Flandre, et une
véritable alliance sera conclue, grâce à l'influence du seigneur de la Gruthuyse, le 2o décem-
bre 1484, entre les communes flamandes et le roi de France.
* Les instructions portaient : « Le dit Olivier advertira lesdits seigneurs du tort que
» ceux de Gand tiennent à mondit seigneur que en ce que ils lui détiennent mondit
» seigneur son fils, que en ce qu'ils prétendent et usurpent le gouvernement du comté de
» Flandre, contre Dieu, tous droits et bonnes souvenances, et contre l'ordonnance de feue
» madicte très redoubtée dame, et contre ce que font tous les autres pays qui se tiennent
» en bonne obéissance envers mondit seigneur, et pour ce requerra à iceux seigueurs que
» ils ne veullent bailler aucun ascout, faveur ou assistance auxdits de Gand, pleins de
■> mensonge et de mauvaise, perverse et infidèle volonté envers mondit seigneur, et n'est
» chose nouvelle ce que les dits de Gand font, car de tout temps et grande ancienneté ils
» ont accoustumé de traiter ainsi leur prince » (Lenglet-Dufresnoy, Preuves, t. IV, p. 136).
Cf. Edw. Leglay, Maximilien l" et Marguerite d'Autriche (Paris, Renouard, 1839), p. 7.
3 Baugency, chef-lieu de canton, arrondissement d'Orléans (Loiret).
r' Mémoires, livre II, chap. 10.
7 Introduction de Michaud et Poujoulat (édition de 1837», p. 304.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 89
Bourgogne, Charles le Téméraire, le chevalier délibéré, et l'année suivante,
il est chargé, à la demande de l'archiduc, de veiller à l'instruction de Phi-
lippe le Beau, pour lequel il devait écrire plus tard spécialement l'introduction
de ses Mémoires et d'autres œuvres *. Dès lors son rôle actif s'efface, et ce
n'est que dans quelques rares circonstances qu'il réapparaît, tantôt pour
défendre ses droits attaqués devant les juridictions successives 2, tantôt aux
côtés de son noble maître Maximilien, ou allant porter ses ordres sur les
différents points du territoire. C'est ainsi qu'il va en Hainaut 3 « pratiquer
» les habitants pour service de l'archiduc », qu'il assiste à l'entrée solen-
nelle de Maximilien à Gand (4485) où il remplit le rôle de grand maître des
cérémonies 4, et qu'après avoir reconduit le jeune Philippe à Termonde 5, il
suit son maître et l'accompagne, avec le comte de Nassau, le sire de Tinte-
ville et Jean de Monlforl, à son arrivée à Bruges, le 26 juin 1485. il est
chargé d'assurer les « exécutions de justice » qui furent failes alors sur
quelques séditieux G. Puis l'archiduc donne à son premier maître d'hôtel
l'ordre d'accompagner à Malines, où la duchesse douairière tenait sa cour 7,
un noble criminel, le seigneur de la Gruthuyse 8, chevalier de la Toison
d'or, et de le surveiller jusqu'à ce que son procès soit jugé 9. Nous savons, en
* Voir, pour plus amples détails, la deuxième partie de notre travail, spécialement pour
ce qui concerne le manuscrit de la Bibliothèque Sainte-Geneviève.
- Nous voulons parler d'un procès qu'il eut en 1478 avec un sieur Jean de Houpplines, à
Gand, procès dont appel fut interjeté au Parlement de Paris en 1484. Le 4 juin Olivier gagna
sa cause. (Archives nationales de Paris, Arrêts et jugements du Parlement de Paris, X,A 118,
f° 297 v° et 298 r°. Pièce justificative, n° LVIII.)
:! Mémoires, livre II, chap. 11.
* Mémoires, livre II, chap. 12. Cf. Edw. Leglay, Maximilien et Marguerite d'Autriche, p. 8.
Paris, 1829.
s Mémoires, livre II, chap. 12.
6 Gollut, Mémoires hist. sur la république séquanoise (nouvelle édition), col. 1412,
Besançon, 1843.
i Gilliodts, Inventaire des archives de la ville de Bruges, t. VI, p. 264.
8 Voir ci-dessous, p. 116, note 3.
9 Mémoires, livre. II, chap. 12. Les causes de l'arrestation du seigneur de la Gruthuyse sont
rapportées par Nicolas Despars à l'année 148o dans son ouvrage : Cronycke van den lande
ende graefseepe van Vlaenderen, van dejaeren 405 tôt 1492 (2e édition, t. IV, pp. 257-268).
D'après une lettre originale des députés d'Ypres aux magistrats de la même ville, datée de
Tome XLLX. 12
90 ETUDE
outre, que le 8 septembre suivant les échevins de Malines présentèrent à
Olivier le vin d'honneur 1.
Les opérations militaires des premières années du règne de l'archiduc
Maximilien sont racontées avec quelques détails par notre chroniqueur, qui
toutefois ne semble pas s'être suffisamment rendu compte de la marche des
événements ~. Il lui arrive trop fréquemment de mêler ensemble deux faits
d'un caractère absolument opposé, et de modifier la nature de certains autres
faits. Il s'est tenu, de gré ou de force, — son âge ne lui permettant plus de
montrer en toute occasion son agilité d'autrefois, — à l'écart de ces opéra-
tions, cl il n'écrit plus de visu, selon son propre aveu 5. La pauvreté des
documents que nous avons pu recueillir sur celte période n'est pas de nature
à nous permettre de fixer ses différents séjours. Nous savons seulement *
qu'après l'élection de Maximilieu comme roi des Romains (16 février i486),
on le commit spécialement à la garde du jeune Philippe le Beau '", et qu'il
n'alla pas au couronnement, le 9 avril, à Aix-la-Chapelle.
Les documents de l'année 1487 qui le concernent ne nous apprennent rien
sur ses actes c. Olivier jouit paisiblement du repos qu'il a mérité 7; il s'occupe
Gand (24 mai 1488), la dame de la Gruthuyse s'est présentée devant les États qui lui ont
promis d'intercéder pour obtenir la mise en liberté de son mari (Annales de la Société
d'Émulation de Bruges, 2e série, t. X, p. 321. On lit dans le compte de la ville de Malines
pour l'année 1486-1487, f° 153 v" : « Idem vi stopen wyns ghepst den heere van den Gruy-
» thuise, etc.. » (Archives municipales de Malines).
> « Idem vi stopen wyns ghepst mynen heere Olivier de la Marche, ghelevert inde Drake
vin septembris xn B. uni d. » (Comptes de la ville de Malines, année 1485-1486, f° 154 v° aux
Archives municipales de Malines).
- Mémoires, livre II, chap. 11-15.
3 Mémoires, livre II, chap. 14. « Toutesfois à cause de ma vieillesse, je n'ay pas peu estre
» partout. Au moins ay-je dit la vérité et récité ce qui en est venu à ma congnoissance. »
Il le répète encore (chap. 15) : « II est donc temps que j'escrive de ces hauts faits ce que je
» n'ay pas veu à cause de mon ancienneté. »
4 Gollut (nouvelle édition, 1843), col. 1413.
s II fut nommé alors « premier maistre d'ostel de monseigneur l'archiduc Philippe. »
Pièce justificative n° L. — ■ Ses gages s'élevaient alors a trente-six sous par jour (Biblio-
thèque Nationale de Paris, mss. nouvelles acquisitions françaises, n" 5906, f° 147).
G Pièces justificatives n05 XLVII et XLVIII.
" Il réside le plus souvent à Bruxelles, où on le trouve le 3 février et encore le 8 mai 1487
(Bibliothèque Nationale, mss. nouvelles acquisitions françaises, n° 5906, f° 149-151).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 91
bien encore, lorsqu'on l'en vient prier, de faire une démarche auprès de son
souverain; mais, sans les négliger complètement, il ne se mêle plus aussi
directement aux affaires de l'État, dont il laisse la direction à de plus jeunes
et à de plus vaillants que lui. Son rôle se borne à représenter son maître, à
inviter « aux disners et souppers en son bostel les gcntilz hommes cscuiers
» et autres gens de bien sievyans la court » , ce qui lui occasionne de nom-
breux « frais, missions et despens qu'il souslenoit à cause d'icelluy estât et
» encoires devers mondil seigneur l'archiduc son filz » '. Aussi avait-il reçu
à cet effet de Maximilien une pension annuelle de 360 livres, qui lui fut
continuée par Philippe le Reau.
Le 31 octobre 1488, Olivier de la Marche et sa femme Ysabeau Mache-
foing achetèrent à Malines une maison appelée den Os -, avec cour et porte,
ayant appartenu à feu Arnold van Diesl, et située Marché au Bétail, entre la
chapelle Saint-Éloi et la maison dite t'Gulden Hool, moyennant la somme de
64 florins d'or du Rhin 5. Le contrat fut passé devant les échevins Corneille
Yngelram et George Cousaert *.
Tout en gérant sa fortune, et en gémissant sur ses fautes passées", Olivier
1 Archives générales du royaume de Belgique, Chambre des Comptes, reg. n° 1926, f° 4 v°.
Pièce justificative n° XLIX.
2 Archives municipales de Malines, Registre aux adhéritances (1487-1489), f° 78 r°. Pièce
justificative n° L. — Il y résida quelquefois et on l'y trouve le 29 décembre 1491 (Biblio-
thèque Nationale de Paris, mss. nouvelles acquisitions françaises, n° 590G, f° 155).
3 C'est évidemment la même maison dont il sera question dans son testament du
8 octobre 1501. Pièce justificative n° LIV.
* C'était, bien entendu, une source de revenus importants et non pas une résidence que
les hôtels de Flandre à Paris et à Contlans-Saint-Maur (Seine), dont la garde avait été confiée
par Maximilien d'Autriche à Olivier de la Marche, comme nous l'apprend l'extrait suivant,
daté du 4 juin 1489, qu'a bien voulu nous communiquer M. B. Prost : « Enregistrement
à la Chambre des Comptes des lettres patentes du Roy données à Montilz les Tours le
8 may dernièrement passé, par lesquelles, en ensuivant le traicté de paix dernièrement
faict entre le feu roy Loys et le duc Maximilien d'Autriche et les gens des trois membres
des Flandres, il confirme le don faict par ledit duc comme ayant l'administration du duc
Philippe son fils, à messire Olivier de la Marche, chevalier, de la conciergerie des hostelz
de Flandres en ceste ville de Paris et de Conllans près Charenton, et, en tant que mestier
est, donne à Charles de la Marche, filz dudit Olivier, ladite conciergerie. » (Recueil Menant,
tome VII, f° 155 v°, à la Bibliothèque publique de Rouen, mss. n° 5870.)
!> Voir un huitain inédit (Bibl. Nationale, mss. français, n° 1G06, f° 80) que nous publions
en appendice à la fin du présent travail.
92 ETUDE
songe à la postérité, instruit son jeune et royal disciple Philippe ' et lui
enseigne, par des exemples tirés de l'histoire et surtout de l'histoire bour-
guignonne, à devenir un prince vertueux, sage et aimé de ses sujets. Il écrit
pour lui 2 une Sommaire description de la taille, complexion, piété, exercises
et faits mémorables des deux derniers ducs de Bourgogne, puis un Formu-
laire des gaiges de bataille''; il l'aide de ses conseils, et lui montre la vraie
voie qu'il faut suivre dans le gouvernement des peuples. En même temps, l'œil
inquïètement braqué sur les résultats de la politique de Maximilien, il adresse,
en termes humbles mais solennels, au roi des Romains, un Advis touchant
la manière qu'on se doibt comporter à l'occasion de rupture avec la France 3.
Cet écrit est daté de 1491. Désireux de mettre au service de son maître et
empereur son expérience, aidée du résultat de ses nombreuses lectures, il lui
adresse des conseils de prudence et d'amitié qui dénotent de sa part à la fois
une grande science diplomatique, un très juste sens politique, et une par-
faite connaissance de son temps. Olivier conserva donc toute sa vie l'entière
jouissance de ses hautes facultés intellectuelles. La lecture de cet opuscule*
nous donne même une idée très haute de la profondeur de ses vues, beau-
coup plus que ne le pourrait faire la lecture de ses Mémoires. Olivier de la
Marche avait beaucoup vu, et plus que beaucoup d'autres, il avait observé;
il avait minutieusement remarqué, dans le cours de sa longue carrière,
maints détails dont il voulait que son maître profitât.
Les dernières années d'Olivier de la Marche s'écoulent paisibles et heu-
reuses.De nouvelles pensions lui sont accordées annuellement (1492-1496);
il reçoit en conséquence ou de l'argent5, ou le droit de percevoir les revenus
i Archives départementales du Nord, B. 2143 (à la date du 1er mars 1492).
2 Oskar Richter, Die franziisische Literatur am Hofe der Ilerzoye von Burgund, p. 44.
Halle, 1882.
■i Voir plus loin le second chapitre et l'appendice n° 2.
* 11 n'en existe, à notre connaissance, que trois exemplaires imprimés. C'est grâce à la
bienveillante amitié de M. B. Prost que nous pouvons le donner plus loin en appendice.
S Archives départementales du Nord, Chambre des Comptes, registre n° 2144, f° 79 à 80.
Pièce justificative, n* LU. — Le document suivant est encore à signaler : « Ou dit conseil
» [lundi 26 mars 149o n. st.] ont esté veues les lettres patentes du Roy et nostredit seigneur
» souverain, par lesquelles ils vueillent et mandent au trésorier et aultres officiers de
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 93
de seigneuries importantes, comme celles de Fillievie en Artois ' et de Con-
chy-sur-Canche, aussi en Artois -, par lettres spéciales du 29 septembre
14943.
Exceptionnellement on fait encore appel à ses services et on le voit rem-
plir la charge de commissaire du prince à rassemblée des États du Hainaut,
qui se tient à iMons les 26-34 octobre 1495*; il les requiert, par la bouche
de maître Jean Rousseau, procureur général, d'accorder à Maximilien une
aide de quinze mille écus s. En 1496 il dut être envoyé en mission en Alle-
magne °, et reçut à cet effet de nouvelles gratifications 7. Les comptes nous
révèlent des dons en argent faits par ordre de l'archiduc d'Autriche à Olivier
et à sa femme; c'est, le 23 mars 1496, une somme de deux cent vingt
livres dix sous, monnaie de Flandre, qui est octroyée à Ysabeau Machefoing s;
et l'année suivante, c'est une pension de douze cents livres accordée au cham-
bellan sur les recettes particulières du prince9.
Lorsque, pour affaires d'intérêt, Olivier, « noble et puissant seigneur »,
est convié à se rendre en Bourgogne (juillet 1497), il ne se déplace plus 10,
» ladite saulneric [de Salins] bailler et délivrer à messire Olivier de la Marche ou à son
» certain commandement le nombre et quantité de Ve charges de sel pour une fois, pour
» les causes à plus aplain déclarées èsdites lettres; a esté conclu et délibéré en acomplis-
» sant le contenu èsdites lettres bailler et délivrer audit seigneur de la Marche à la charge
» desdits sieurs les dites Ve charges dessusdites, dont IIe L charges devers Pasques charnelles
prochainement venant, et les IIe L charges devers ung an ensuivant. » (Archives départemen-
tales du Doubs, B. 188, f° 233.)
1 Fillièvre, canton du Parcq, arrondissement de Saint-Pol (Pas-de-Calais).
2 Conchy, canton d'Auxy, arrondissement de Saint-Pol (Pas-de-Calais).
3 Archives départementales du Nord, Chambre des Comptes, domaine d'Hesdin; Biblio-
thèque Nationale de Paris, mss., Collection Villevieille, 55, f° 138 v°.
* L. Devillers, Inventaire des archives des états de Hainaut, t. I, p. CVItl.
8 L. Devillers, Idem.
" Archives départementales du Nord, Compte de la recette générale des finances, F. 183,
f» 183, v°.
7 Archives départementales du Nord, Chambre des Comptes, B. 2155 et 2157.
8 Idem, Chambre des Comptes, B. 2157, n° 5. Pièce justificative, n° LIV.
9 Idem, Chambre des Comptes, Domaine de Béthune (Compte de Jean de la Chapelle, à
partir de la Saint-Jean 1497). Bibliothèque Nationale, Collection Villevieille, 55, f° 138, vn.
10uOn le trouve constamment en résidence à Bruxelles, et notamment le 17 août 1495 et
le 12 novembre 1497 (Bibliothèque Nationale de Paris, mss. nouvelles acquisitions françaises,
M ÉTUDE
et donne sa procuration à Julien Chambar par-devant Jean Laurent, lieute-
nant général de M. le bailli de Dôle1. Il s'agissait pour lui de défendre ses
droits 2 sur les terres, seigneuries et appartenances de Liesle 3, Buffard 4 et
Chassey5 au comté de Bourgogne. Avant le 20 juin 1498, Olivier, n'étant
pas parvenu à s'entendre avec les propriétaires de ces terres, les fit vendre
par autorité de justice lj.
Cependant la santé du chroniqueur allait s'allérant chaque jour davantage.
Sentant venir sa fin prochaine, il testa solennellement, à Bruxelles, en
présence de nombreux témoins, le 8 octobre 1501. Son testament, précieux
document 7 dont nous donnons plus loin la transcription, ne peut être que
l'œuvre d'un esprit encore sain et parfaitement équilibré. Il avantage parti-
culièrement Ysabeau Machefoing, sa femme, dans le cas où elle lui survivra.
Quelques jours après avoir témoigné — pour la dernière fois sans doute —
sa profonde reconnaissance aux religieux de Sainl-Jacques-de-Caudenberg 8,
n° 5906, fos 157-158). A partir de Tannée 1500 [idem, f° 160), Olivier de la Marche ne
figure plus sur la liste des officiers attachés à la cour de Maximilien. Il était sans doute
tout à fait à l'écart.
i D'après une charte appartenant a la famille de Vauldrey, originale (23 juillet 1497).
Communication de M. B. Prost.
2 II réclamait cent livres de rente sur ces seigneuries.
3 Liesle, canton de Quingey, arrondissement de Besançon (Doubs).
* Buffard, canton de Quingey, arrondissement de Besançon (Doubs).
s Chassey, canton de Chagny, arrondissement de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
o D'après une charte de la Collection de Vauldrey (20 juin 1498).
" Il n'existe, à notre connaissance, qu'à l'état de copie, mais en double exemplaire :
1° Bibliothèque Nationale, mss. français, 4332, f" 42, sq.; 2° BibliothèqueNationale, Collection
Bourgogne, 99, f° 830, sq. Ces deux copies, souvent défectueuses, diffèrent fort peu l'une de
l'autre, mais nous avons çà et là pu rectifier l'une par l'autre. Pièce justificative, n° LIV.
8 « Item une obligation du prévost et couvent de Couberghe, en date du XXe de janvier
» de l'an de grâce mil cinq cens et ung, par laquelle appert qu'ils confessent avoir receu
» de messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et premier maistre d'hostel de
» monseigneur l'archiduc d'Austriche, et de madame Ysabeau Machefoins, sa compaigne,
» par prest, une très belle monstrance faicte d'or et d'argent à eulx appartenant, pour y
» mettre le sainct sacrement, laquelle ilz promettent garder sain et enthier, et la leur
» rendre toutes et quantesfois que requis en seront. » (Archives générales du royaume de
Belgique, fonds ecclésiastiques, carton 139; Archives du couvent de Caudenberg , non inven-
toriées; extrait d'un ancien inventaire des titres de l'abbaye de Saint-Jacques-de-Caudenberg,
à Bruxelles. — Communiqué par Alex. Pinchart.)
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 95
qui lui avaient promis une sépulture dans leur église ', Olivier de la
Marche expira à Bruxelles2, le 1er février lo023, à Page de 77 ans. Il fut
inhumé, selon le désir qu'il avait exprimé, dans l'église de Saint-Jacques-sur-
Caudenberg *, devant l'autel de Sainte-Croix s.
i Voir son testament publié plus loin, aux pièces justificatives.
2 Sans doute dans l'hôtel qui lui appartenait, et qu'il avait acheté le 24 juin 1482; il y
avait joint, le 28 avril 1497, une maison contigué située près de la mare dite de Jœdenpuel
(la mare aux Juifs), et tenant par derrière au jardin. L'hôtel était situé en face de l'Arque,
c'est-à-dire de l'hospice des vieilles femmes, dit Arca ou l'Arche (en flamand Ter-arken),
aujourd'hui école communale. Il devait donc se trouver non loin des escaliers dit des Juifs,
conduisant de la rue Terarken à la Montagne de la Cour, et près de l'emplacement actuel du
Musée de peinture (communication de M. Alphonse Wauters).
3 Nombre d'auteurs ont étourdiment dit et redit, parce qu'ils se sont copiés les uns les
autres, que sa mort était survenue le 1er février 1501 ; ils n'ont pas fait la remarque bien
simple que l'année commençait alors, en Flandre comme en France, à la date de Pâques, et
que, d'ailleurs, Olivier de la Marche ne pouvait être mort lorsqu'il dicta ses dernières volontés,
datées du 8 octobre 1501. On comprend difficilement que, tout récemment encore,
MM. Beaune et d'Arbaumont (La noblesse aux Èlats de Bourgogne, p. 231, Dijon, 1864) se
soient fait l'écho d'une semblable erreur.
* L'église de Saint-Jacques-sur-Caudenberg était contiguë aux dépendances du palais des
ducs de Bourgogne, à Bruxelles. La plupart des fonctionnaires habitaient ce quartier; on
ne doit donc pas s'étonner de les trouver en majorité parmi les huit cents membres de la
confrérie de Sainte-Croix-de-Caudenberg. Toutefois on ne trouve pas le nom d'Olivier de la
Marche sur le registre de cette confrérie. Faut-il supposer, avec assez de vraisemblance du
reste, que ce registre présente des lacunes? Ou bien faut-il admettre que le chambellan et
premier maître d'hôtel de l'archiduc n'en faisait point partie? Ce qui serait assez étrange,
puisqu'il fonda une messe à l'autel de Sainte-Croix et que son tombeau était placé au pied
du même autel. (Alex. Pinchart, dans le Messager des sciences historiques de Belgique,
pp. 357-359. Gand, 1860.)
s « Februarius 1. — Obiit Oliverus de la Marse et est sepultus in choro beatœ Maria;
» Virginis, sub tumba, ante altare Sancte Crucis. » (Archives générales du royaume de Bel-
gique, fonds Cartulaires et manuscrits 733 l provisoire; Obituaire de l'abbaye de Caudcnberg
f" 5 v°.) Plus loin (f° 91 r°) on lit dans le même registre : « Dese sielrolle was gemaict
» anno XVe XXX, média augusti h[eere] Olivier de la Marche, vrou Ysabelle sijn huys
» vroubre. » En présence d'aussi indiscutables témoignages, comment M. Ch. Campan, de
la Société d'histoire de Belgique, a-t-il pu écrire : « Ses biographes disent qu'il fut enterré
» dans l'église des chanoines réguliers de Currenberg. Il y a probablement confusion; il
» s'agit de l'église collégiale d'Anderlecht, où il y avait un chapitre de chanoines et dont
» dépendait le hameau de Cureghem, aujourd'hui enclavé dans un des faubourgs de
» Bruxelles. » (L'Intermédiaire des chercheurs et des curieux, p. 297. Paris, lre année, 1864.)
M. Campan n'avait qu'à se reporter d'ailleurs à l'excellente Histoire de la ville de Bruxelles,
96 ETUDE
On inscrivit sur sa tombe ces simples mots : « Cy gist messire Olivier de
la Marche qui trespassa l'an 1501, le premier jour de février, et dame
isabeau machefoin son espouse qui trespassa l'an 1510, le iie jour de
novembre '. »
Mais vis-à-vis, scellée dans la muraille, était une plaque de marbre 2 sur
laquelle furent gravés postérieurement ces vers :
CY GIST OLIVIER DE LA MARCHE, SEIG[NEU]R
ET GRAND MAISTRE D'HOSTEL , REMPLI DE TOUT HONNEUR ,
QUI FUT SAIGE ET DISCRET, LÉAL ET MAGNIFIQUE,
ET QUI FIT MAINTS BEAUX DICTS EN BELLE RHÉTORIQUE;
L'AN QUINZE CENS ET UNG, LE PREMIER FÉVRIER,
MOURUT PLEIN DE VERTUS. VEUILLEZ POUR LUI PRIER.
DAME ISAREAU MACHEFOIN MOURUT NEUF ANS APRÈS,
SA COMPAIGNE ET ESPEUSE, ET GIST ICY EMPRÈS.
PRIEZ QUE PARADIS A ELLE SOIT OUVERT,
ET AU RON CHEVALIER LEQUEL A TANT SOUFFERT 3.
Sa veuve mourut donc le 11 novembre 1510. Il convient d'ajouter ici
quelques renseignements à ceux que nous avons déjà donnés précédem-
ment \ Par son testament, Olivier de la Marche l'avait avantagée et lui avait,
entre autres cboses, donné l'usufruit et jouissance, sa vie durant, de la maison
qu'il possédait « en la ville de Malines pour en disposer à son bon plaisir »
et « tous ses biens meubles qui seront trouvés es marches de par deçà à lui
» appartenants » s. De plus, Ysabeau Machefoing, veuve, reçut maintes fois
du souverain des marques indubitables de sympathie et de reconnaissance.
de MM. Henné et Wauters, tome III, p. 357, où la vérité est clairement exposée, mais sans
preuves à l'appui.
1 Cette épitaphe a disparu; elle ne se voyait déjà plus à l'époque de Foppens [Bibl.
Delgica, tome II, p. 932). L'église de Caudenberg fut d'ailleurs rebâtie de fond en comble
et n'existe plus.
"' Cette inscription et la précédente nous ont été conservées par le mss. n° 1344 de la
Biblioth. royale de La Haye (Pays-Ras), fonds Gérard, A. 130.
3 Allusion a la devise préférée du chambellan : Tant a souffert La Marche.
* Voir ci-dessus, pp. 83-84.
» Pièce justificative, n° LIV.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 97
Une ordonnance de Philippe le Beau, datée de Bruxelles, 6 décembre 4503 '
et une quittance du 11 décembre suivant, revêtue de la signature de
ladite Ysabeau 2, enfin l'octroi qui lui fut fait en 1506, d'une nouvelle
pension de dix-huit sous de deux gros monnaie de Flandre, par jour ",
en font suffisamment foi. On conserve aux archives des hospices civils de
Bruxelles * quatre actes datés des 5 el 6 novembre 1505, du 16 août 1507,
et du 12 mai 1508, relatifs à la fondation à perpétuité d'une messe
annuelle par la veuve d'Olivier de la Marche; et il a existé une lettre
scellée d'Evrard, prévôt de Sainl- Jacques -sur- Caudenberg, datée du
16 août 1507, de laquelle il ressortait 3 que le susdit prévôt, en qualité
de mainbour, et les proviseurs des pauvres de Caudenberg reconnaissaient
avoir reçu de dame veuve Ysabeau Machefoing une rente de dix florins
du Rhin.
Après avoir ainsi répandu en largesses le superflu de son bien et trouvé
dans la charité la consolation suprême de ses dernières années, la veuve
d'Olivier alla rejoindre son mari dans la tombe. Ses enfants lui survi-
vaient.
i Archives départementales du Nord, Correspondance diplomatique (fonds Boussemard,
158g).
2 Idem. Pièce justificative, n" LVI.
3 « A dame Ysabeau de Machefoing, vefve de feu messire Olivier de la Marche, chevalier,
» en son vivant conseilliez chambellan et premier maistre d'ostel du feu roy nostre sire, à
» cause de xvm s. deii gros, monnoye de Flandres, que icellui seigneur roy luy a octroie
» et accordé prendre et avoir de lui de pencion par jour, à en estre paie de quatre mois en
» quatre mois; icy pour son remboursement de la moictié d'ieelle pencion qui l'année pré-
» cédente pour les grans et urgens affaires dudit feu roy lui fut octroyée de la moictié, et
» pour huit mois entiers de ladicte pencion commenchant le premier jour de janvier mil Ve
» et cineq. » [Archives générales du royaume de Belgique, Chambre des Comptes, Compte de
la recette générale de Flandre es parties île Bruges el du Franc, du 1er janvier 1503 [1506,
n. st.] au 31 décembre suivant; reg. n" 2711, f° 165 v°).
* Archives hospitalières de Bruxelles, carton 1106, n° 18 (collection des tables des
pauvres).
s Archives générales du royaume de Belgique, fonds de l'abbaye de Caudenberg, carton 139;
Inventaire des titres de l'abbaye de 1581, f°39 V. Pièce justificative n" LV1I. — La pièce ne
se retrouve plus aujourd'hui.
Tome XLIX. 15
98 ETUDE
*
* *
« Oliver de la Marche, 1res pieux el hardi chevalier de Bourgogne, était
» homme de petite stature, mais de très grande prudence, cler en vertu,
» riche en éloquence et de vif et pénétrant entendement. » Ce portrait du
chroniqueur, fait par un autre chroniqueur, Molinet ', qui vécut assez près
de lui pour le bien connaître, peut être considéré comme empreint d'un
indéniable caractère d'authenticité.
Au physique, nous nous représentons un petit homme à la tête intelligente,
au front large, aux sourcils très épais, à l'œil observateur et tranquille, à l'as-
pect sévère el quelque peu rébarbatif même : tel du moins on se le doit figurer
d'après les portraits qui nous ont été conservés de lui, et faits lorsqu'il avait
atteint I âge mur.
On est malheureusement privé aujourd'hui de la représentation la plus
exacte d'Olivier de la Marche, du portrait conservé dans sa famille 2. Le
château de la Marche 3, où il se trouvait, a été détruit par les flammes
en 1 861 et les œuvres d'art qu'il renfermait ont disparu dans l'incendie *.
1 Molinet (édition Buchon), t. I, p. 55.
- « Villegaudin (Bresse Chalonnoise). Près de l'église, sur le cimetière, est la chapelle de
» la Marche, ou des quatre seigneurs, fondée en 1399. On y voit le tombeau de Guillaume
» de la Marche, maître des foires de Châlon. Le château à la moderne, bien décoré, possède
» un beau salon peint à fresque par Nanini, où est représenté le Festin des Dieux. On y
» voit des tableaux d'Olivier de la Marche, de Jean Fyot, de la Continence de Scipion, de
» Y Embarquement de Charles II à Anvers. Ce château, dont le donjon est un franc-alleu
» noble, a donné le nom à une ancienne maison éteinte, dont étoit Olivier de la Marche. »
Description historique et topographique du duché de Bourgogne, par Courtépée, t. V, pp. 300-
302. Dijon, 1780.
3 « Il se conserve, dit-on, ou se conservait encore il y a quelques années, au château de
» la Marche en Bourgogne, un portrait d'Olivier de la Marche, peint d'après nature; il est
» représenté en miniature, peint vers 1495. » Bulletin de la Société des Antiquaires de France.
t. XXIX, p. 170. Paris, 1866.
* ce Le château de la Marche (Sadne-et-Loire) vient d'être détruit par les flammes. De cet
» édifice, construit en 1082 par Claude Fyot, comte de Bosjean, abbé de S'-Étienne de
» Dijon, il ne reste plus que les murs! Le dommage est évalué à £00,000 francs; malheu-
» reusement il est irréparable Ce que regrette le propriétaire du château, M. de
OLIVIER HE LA MARCHE. 99
L'iconographie d'Olivier de la Marche se compose actuellement, à noire
connaissance, de quatre portraits, dont deux publiés et deux inédits.
1° Le premier feuillet du manuscrit français 2868 de la Bibliothèque
nationale, qui contient les Mémoires, offre au 5e feuillet une belle miniature:
Olivier de la Marche y est représenté à genoux, offrant son livre à son maître
au milieu d'une cour somptueuse et d'une brillante cérémonie. Celte miniature
est postérieure, naturellement, à la rédaction des Mémoires (1490), et cer-
tainement antérieure à la mort de l'auteur. Le manuscrit est, du reste, contem-
porain, sans être l'original.
2° Le manuscrit n° 266 de la Bibliothèque municipale d'Arras, sur lequel
Vallet de Viriville ', Dinaux - et Bouchot 7' ont appelé successivement l'atten-
tion, contient une série de dessins ou crayons, exécutés les uns en noir, les
autres à la sanguine, au XVIe siècle, dans l'abbaye de Sainl-Vaasl. Ces
crayons ne sont pas tous de la même main ni de la même valeur; mais la
plupart ont été pris sur des portraits contemporains '. Le portrait d'Olivier
de la Marche se trouve au folio 281 avec la mention : « Messire Olivier de
la Marche, grant maislre d'oslel de Philippe, archiduc d'Autriche, histo-
rien, -\- 1502 ». Il est d'une indiscutable authenticité, et ressemble fort
au premier que nous avons indiqué : on le trouvera reproduit en tête de
notre travail.
3° La Bibliutheca Belgica de Foppens, et après lui I. Bullarl dans son
» Beaurepaire, marquis de la Marche, ce n'est pas, dit le Courrier de Saône-et-Loire, la
» perte matérielle, c'est la disparition des objets d'art et souvenirs historiques, amassés
» avec le temps et transmis de génération en génération. » Moniteur des Arts, t. IV, n" du
mercredi 18 décembre 1861 . — On a bien voulu s'assurer pour nous que le portrait d'Olivier
de la Marche, conservé à Villegaudin jusqu'en 1861, n'avait fait l'objet d'aucune repro-
duction.
i Bulletin île la Sociétédes Antiquaires de France, t. XXIX, pp. 1(59-177.
2 Archives du Nord, 3e série, t. 111, p. H9.
3 Les portraits aux crayons des XVIe et XVIIe siècles, Paris, 1884, pp. 281-309.
i M. II. Bouchot (p. 108) émet l'avis que ces portraits sont la copie d'anciennes verrières.
Le fait peut être vrai pour la plupart d'entre eux, mais non pour celui de notre chroniqueur.
iOO
ETUDE
Académie des sciences et des arts l, ont donné une bonne gravure sur cuivre
faite très certainement d'après le crayon du manuscrit d'Arras.
&° L'Europe illustre de Dreux du Radier ~ contient un portrait en
médaillon (Basan sculpsit) qui n'est autre que la reproduction de la précé-
dente gravure, modifiée seulement dans la forme. Il fait partie de la suite
d'Odieuvre.
Il n'y a donc aucune fantaisie dans ces différentes représentations
physiques d'Olivier de la Marche, mais le dessin inédit à la sanguine
de la Bibliothèque d'Arras offre plus d'intérêt par son origine et par son
ancienneté.
1 Bruxelles, 1682, 2 vol. in-folio. Les planches sont signées du monogramme N. 1). L.,
entrelacé, qui est celui du graveur Nicolas de Larmessin, le père [Manuel de l'Amateur
d'Estampes, par Ch. Le Blanc, t. II, p. 493).
2 Paris, 17o4, t. IL
Armoiries d'olivier de La Marche
d'après le ms. français 2868 de la Bibliotli. nationale de Paris
et d'après un sceau (Archives de la Côte d'Or, B. 365).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 101
CHAPITRE II.
{ËUVRES DOL1TII1R DU I. V MARCHE.
§ I. — L'écrivain.
Après l'homme, éludions l'écrivain.
Olivier de la Marche fui historien et poêle.
L'histoire est un besoin de toutes les époques. Sœur de la poésie, elle est
née avec elle, dans les temps les plus reculés. A travers les âges, elles n'ont
cessé de se donner la main.
Beaucoup d'auteurs, la plupart même, se sont exercés à la fois dans les
deux genres, et la forme poétique a eu longtemps le don de plaire aux
annalistes les plus sérieux et les mieux informés. Au XVe siècle, celle mode
élait encore dans tout son éclat, mais le progrès de la prose semblait vou-
loir exagérer et hâter la décadence de la poésie. Dans celte trilogie que
formaient, à la cour de Bourgogne, Chaslelain, Olivier de la Marche et
Jean Molinet, il y avait trois historiens passables, et trois mauvais poètes,
je devrais dire trois mauvais rimeurs. Pour instruire el captiver, il fallait
emprunter à la langue poétique les expressions nécessaires à redire les
exploits chevaleresques de l'époque; il fallait se plier aux exigences
du plus grand nombre, si l'on voulait élre écoulé. Comme les deux
historiographes des ducs de Bourgogne, Olivier de la Marche se sentait
inspiré par Calliope autant que par Clio : son inspiration le trompa
quelquefois.
Néanmoins ce fut un auteur très fécond, à en juger par la longue liste
i02 ETUDE
de ses ouvrages, que nous croyons à peu près complète; nous Pavons
dressée d'après les indications données par plusieurs bibliographes ' et d'après
nos recherches personnelles.
1° Mémoires.
2° État de la maison de Charles le Hardi.
3° Traité des noces de Charles le Hardi.
4° Le chevalier délibéré.
5° Le parement et triumphe des daines.
6* Vie de Philippe le Hardi.
1° Traité d'un tournoi tenu à Gand par Claude de Vauldrcy, seigneur
de l'Aigle, l'an 1469*.
8° Êpîlre pour tenir et célébrer la noble fêle de la Toison d'or.
(,)° Ordonnances du banquet de Lille.
4 0° Avis au roi des Romains Maximilien Ier, louchant la manière qu'on
se doit comporter à l'occasion de rupture avec la France, donné l'an 4 491 .
4 4° Description de la solennité faite par les chevaliers de la Toison d'or,
à Bois-le-Duc, le 8 mars -/46S.
4 2° Prière à la Vierge et poésies pieuses.
43° Rondeaux et ballades.
44° Nouvelles prophéties.
4 5° Poésies politiques.
4 6° Traité des gages de bataille.
4 7° Poème des sept douleurs de la Vierge.
4 8° Le débat de Cuidier et de Fortune.
Tel est l'ensemble des œuvres dont nous revendiquons la paternité en
faveur d'Olivier de la Marche.
i Paquot, loc. cit.,; Moréri; Bibliothèque royale de la Haye, mss. 1344, pp. 22-23; et
Ch. Muteau et Garnier, Galerie Bourguignonne, t. II, pp. 17-20, Dijon, 1858.
- Ce tournoi eut lieu à Gand en 1470, au printemps. Il faut donc ramener au calendrier
actuel et considérer l'année 1409 comme étant de l'ancien style.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 103
D'autres ouvrages qu'on lui attribue quelquefois n'ont pu jusqu'ici être
retrouvés. Nous citerons :
1° De la puissance de nature et comment les corps célesliaux gouvernent
naturellement le monde ' ; rns. vélin in-40 (en vers de 8 syllabes) qui était
dans la bibliothèque de M. Foucault.
2° Traité de l'amour des daines, auquel traité sont discourues plusieurs
raisons qu'il faut plustost aimer les dames à cause de leurs vertus r/uc pour
leurs sensualitez et concupiscence charnelle2; ms. vélin in-4° avec minia-
tures, dans la même bibliothèque.
3° Le livre des conseils des usages de la cour.
i" Le livre des conseils économiques.
5° Le livre des conseils polémiques.
6" Du chevalier déterminé.
7" De l'art de faire diverses machines de guerre5.
8° De arte heraldicâ '' .
Ces différents ouvrages ne paraissent pas être des travaux de premier
ordre; il y aurait peut-être toutefois quelque intérêt à les connaître, et nous
serions heureux que l'on voulût bien nous en indiquer quelque copie, con-
servée dans un dépôt public ou privé.
El comme si l'aride nomenclature ci-dessus publiée n'était pas suffisante
pour faire passer le nom d'Olivier de la Marche à la postérité, on a voulu
encore mettre à son actif d'autres ouvrages dont il n'est certainement pas
l'auteur. C'est ce que nous allons brièvement examiner.
i Galland, Discours sur quelques anciens poètes et sur quelques romans gaulois peu connus
(Mémoires de littérature tirés dos registres de l'Académie royale des Inscriptions et Belles-
Lettres, tome II, Paris, 1736), p. 086.
2 Idem, p. G87. Cf. Oscar Richter, Die franzôsische Litteratur uni Hofe (1er Herzôge von
Burgund, p. 44, Halle, 1882.
3 Cet ouvrage et les quatre précédents sont indiqués au XVIIIe siècle (par le père Lelong,
entre autres), comme faisant partie de la bibliothèque du conseiller Lampinet à Besançon.
Nous ignorons où a passé cette collection.
* Gachard, les Bibliothèques de Madrid et fie l'Escurial [Collection des Chroniques belges),
in-4°, p. o7, Bruxelles, 187o.
101 ÉTUDE
§ 2. — Fausses attributions.
I. — Enseignements pour officiers et clercs poursuivants le noble
OFFICE D'ARMES.
Toi est le litre d'un manuscrit récemment acquis (à la vente de 31. de
Busscher, à Gand, en 1882) par la Bibliothèque royale de Bruxelles, et
classé maintenant dans ce dépôt sous la cote série II, 521 '. C'est un in-4"
de 6 feuillets, écriture très serrée, du XVIe siècle. Il commence : « Le très
» noble et très puissant Boy Alexandre pour exaulcher le nom et vaillance
» de ses chiefs de guerre... » Il comprend plusieurs chapitres : « La manière
» pour faire un lournoy tournoiant — cri de lournoys — ce qui s'en doibt
» suivre le blasonnement des armes, etc.. »
Une note, écrite postérieurement en marge de ce manuscrit, dit : « Ce sont
» quelques fragments ou extraits d'une composition de messire Olivier de la
» Marche, comme il appert par le texte, page 5. » Or, il est dit page 5 :
« Item avés molettes, roses, croissans et chevrons, et tout armés de com-
» mun, ce dicton est au livre de M'e Olivier de la Marche qu'il fist en
» l'an M. CCCC. LXXIIII au siège de Nus en Alemaigne 2. » Un paragraphe
plus loin finit ainsi : « Sy comme dict le dict Hongrie, Monljoie, roy d'armes
» toison d'or, et moy La Marche, tant a souffert. »
De ces passages peut-on conclure que nous avons sous les yeux un
travail d'Olivier? MM. Alvin et Buelens en doutent, et nous n'avons pas de
peine à nous ranger humblement à leur avis. Ce sont simplement là des
extraits de documents et traités concernant la noblesse et la chevalerie, sans
grand intérêt d'ailleurs.
i L. Alvin, Exposé île lu situation de la Bibliothèque royale durant l'année 18S2, in-8",
p. 17, Bruxelles, 1884.
2 Le livre écrit par Olivier de la Marche en 1474, au siège de Neuss, est : L'état de la
maison du duc Charles, lequel ne contient pas une ligne de notre opuscule (communication
de M. Ch. Ruelens).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 105
Un fragment semblable, identique nous pourrions dire, et également
attribué à Olivier de la Marche, se trouve au folio 26 d'un manuscrit
vendu à Lisbonne en 1883 ' et portant exactement le même titre :« N° 279.
» Olivier de la Marche. Enseignements pour officiers et clercs poursuivant
» le noble office d'armes; » ms. in-4°, du XVIe siècle, papier, de 228 feuil-
lets. Ce manuscrit, vendu 100 francs, a été acheté 200 francs par la Biblio-
thèque nationale de Paris, où il figure à présent sous le n° 4-381 des
manuscrits, nouvelles acquisitions françaises. Le doute formulé à propos
du manuscrit de la Bibliothèque royale de Bruxelles pourrait être répété ici :
il n'y a donc pas lieu d'insister.
IL — Vie de Philippe le Bon, duc de Bourgogne.
Barrois 2 indique sous ce litre une œuvre d'Olivier de la Marche qui ne
lui appartient pas, et qui serait, d'après lui, déposée aux archives du
Ministère des Affaires Étrangères. On trouve bien dans ce dépôt (fonds
France, n"s 24 et 25), un fragment de George Chaslelain intitulé : « Vie de
» Charle, dernier duc de Bourgogne3, » copie sans valeur. Il est vraisem-
blable que c'est ce manuscrit que Barrois a confondu avec celui d'Olivier
de la Marche. Nous nous sommes assuré, et l'on nous a affirmé qu'il n'était
rien aux archives des Affaires Étrangères qui pût être attribué à Olivier
de la Marche.
III. — LOZ, LOENGES ET PLAINCTES DU BON DUC CHARLES DE BoUUGOINGNE.
Celle pièce de vers a été quelquefois attribuée à Olivier de la Marche : elle
est contenue dans le ms. n° 3391 (Histoire profane 576) de la Bibliothèque
de Vienne en Autriche, sans nom d'auteur, d'après lequel M. Ruelens l'a
1 Catalogue d'une collection de livres rares et de manuscrits précieux dont la vente aura lieu à
Lisbonne, sous la direction de Casimiro Candido da Cunha, 2me partie, p. 20, in-8° de 58 pp.,
Lisbonne, typ. de Veuve Sousa Neves, 1883.
- Bibliothèque protypographique, in-8°, p. vin, note, Paris, 1830.
3 Inventaire sommaire des archives des Affaires Étrangères, Paris, 1882.
Tome XLIX. 14
106 ÉTUDE
publiée ' (f° 13-16); mais elle se Irouve également clans le ms. 726 de ia
Bibliothèque de Douai, où la dernière slrophe, en variante du précédent,
donne le nom de l'auteur ~, le seigneur de Trazegnies. M. Ruelens a d'ail-
leurs signalé déjà cette fausse attribution aux érudils3.
IV. — La co.ntroversie de noblesse, tenson uhétorical, d'après Surse
DE PlSTOYE.
Ce fragment se trouve dans un manuscrit de la Bibliolbècpie du Musée
Planlin, à Anvers 4, du XVIe siècle, qui renferme aussi des poésies d'Olivier
de la Marche, destinées à renseignement de Philippe le Beau. .M. Eug. Van
der Ilaeghen 5 semble attribuer le contenu dudit manuscrit tout entier à
Olivier de la Marche, mais il est certain du moins que la Conlroversie de
noblesse d'après Surse de Pistoye est l'œuvre de Jean Miélot, publiée en
1475, à Bruges, par Colard Mansion ".
Le même manuscrit du Musée Planlin contient encore, et en outre
d'oeuvres bien authentiques sur lesquelles nous voulons revenir dans notre
troisième chapitre, un fragment en prose intitulé : Platon XIIe philozoplte.
V. — Excellent et trks proufitable livre pour toute créature humaine
APPELÉ LE MIROER DE MORT.
Brunet 7 attribue ce livre à Olivier de la Marche sans aucune raison
plausible; il n'y a rien qui puisse le faire supposer. Il a été imprimé (s.l.n.d.)
à la fin du XVe siècle, in-folio de 16 ff., avec les mêmes caractères (pie la
i Recueil de chansons, poèmes et pièces en vers français relatifs aux Pays-Bas, publiés par
le Société des Bibliophiles de Belgique, t. lit, pp. 1-6, Bruxelles, Olivier, 1878.
*i A. Dinaux, Les trouvères brabançons, hainuyers, etc., p. 678, Bruxelles, 1863; et l'abbé
C. Dehaisnes, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de Douai, in-4", p. 466, Paris, 1878.
3 Recueil depièces en tws français, etc., p. 61, Bruxelles, 1878.
*■ Exposé sous le n" 50. Cf. Catalogue du Musée Plantin-Moretus, par Max Rooses,
2me édition, p. 39, Anvers, Buschmann, 1883.
s Notice sur la Bibliothèque planliniennc, p. 10, Gand, Vyt, 1875.
6 Van Praet, Notice sur Colard Mansion, p. 117, Paris, 1829.
i Manuel du libraire, t. III, col. 783, Paris, nouvelle édition, 1862.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 107
Consolation des pauvres pescheurs, sortie des presses de Mathieu Husz, à
Lyon, en 1484, et n'a pas passé en vente publique depuis la venle de la
Vallière où il fut vendu 19 livres (n° 2861) '. C'est donc un livre de la
plus grande rareté, mais dont la description n'a rien à l'aire ici.
Toutefois il importait de signaler celte attribution non fondée, parce
qu'elle a été la cause de plusieurs erreurs bibliographiques. M. Deschamps,
dans son Supplément au manuel du libraire 2, ne craint pas de signaler,
parmi les rarissimes productions de l'imprimerie de Morlaix au XVIe siècle,
le volume suivant : Le miroer de la mort, d'Olivier de la Marche, poème
en 4 parties, réimprimé par les soins de Christophe de Che/fontaine, général
de l'ordre des Cordeliers, en son couvent de Sl-François Cuburien, au bas
de la rivière de Morlaix, au diocèse de Sl-Pol de Léon {Finistère), JS73*.
Il ajoute qu'un exemplaire en est conservé dans la bibliothèque de M. de
Rerdanet, à Lesneven (Finistère). Or, M. Deschamps n'a certainement pas
vu ce livre*, ou il s'est fié à une description inexacte que lui avait envoyée
le possesseur, peu familiarisé avec la bibliographie 5. Tout récemment M. de
la Villemarqué a pu visiter la bibliothèque de feu M. de Kerdanet, et y a
retrouvé le volume en question; il en a envoyé la description très complète
et très exacte à M. Arthur de la Borderie, qui vient de la publier 6. Nous y
renvoyons les curieux, en nous contentant de dire que rien n'autorise à attri-
buer à Olivier de la Marche un ouvrage « composé en l'an 1519 par maître
» Jean l'Archer l'ancien de la paroisse de Plougonven. »
i G. Brunet, La France littéraire au XVe siècle, p. 104, Paris, 186o.
2 Dictionnaire de géographie ancienne et moderne, col. 381, Paris, Didot, 1870.
3 Cf. Catalogue du libraire Chossonery, n° 41 (1882), n° 1267.
* Cf. de Kerdanet, Notices sur les écrivains de la Bretagne, p. 107.
s Lettre de M. de Kerdanet.
6 Bulletin du bibliophile breton, pp. 5-7, Rennes, Plihon, 4° trim. 1884. Voici le litre
exact de ce volume :
LE MIROVER DE LA MORT, EN RRETON,
au quel doctement et deuotement est trecté
des quatre fins de l'home.
C'est a savoyr de la Mort , du dernier
Iugement, du très sacre Paradis : et de
l'horrible Prison de L'enfer et
ses infinis Tourments.
108 ETUDE
VI. — Les adevineaux amoureux.
On a toujours rangé cet ouvrage parmi les œuvres d'Olivier de la Marche.
A-l-on eu tort ou raison? Pourquoi maintenant, nous demandcra-t-on, le
vouloir classer au nombre des œuvres qui lui ont été faussement attribuées?
Nous allons expliquer nos raisons.
Le titre Les adevineaux amoureux est moderne; le vrai litre de l'opus-
cule est Demandes d'amour. Il a été imprimé en 1477, à Bruges, par Colard
Mansion ', et réimprimé en 1831, à Paris, parTechener, dans la 6e livraison
île Les joyeusetéz, facéties, et folastres imaginacions de Car esrne- Prenant.
Il en existe, à notre connaissance, deux manuscrits; l'un appartient au duc
d'Aumale, à Chantilly. Nous n'avons pu nous procurer des renseignements
assez précis sur cet exemplaire, mais nous supposons que c'est le même qui
a passé à la vente Crozet (Paris, 1841, in-8°) sous le n° 1000. Il était du
XVe siècle. L'autre manuscrit fait partie d'un recueil conservé au British
Muséum sous la cote 11. F16 et amplement décrit par Vallet de Viriville2.
Il existait de cet ouvrage un exemplaire dans la librairie de Charles V,
cote 177 3; les Demandes d'amour sont donc antérieures à 1373. On les
trouve même antérieurement, sous une forme très peu différente, dans un
recueil de poésies 4 dont M. A. Boucherie a donné des extraits sous le titre
de Fragments d'une anthologie picarde'6. Elles ne sont pas d'Alain Chartier,
comme le veut Brunet; mais elles ne sont pas, à plus forte raison, d'Olivier
de la Marche.
Et cependant, dans l'édition de Colard Mansion, voici ce qu'on lit : « On
» me soit doncques pardonné, car ceste hardiesse m'a mis en corrage le
» noble et gentil chevalier, seigneur de la Marche, que Dieu gard. El ain-
i II en existe un exemplaire à la Bibliothèque royale de Bruxelles.
2 Bulletin du Bibliophile, pp. 839-853, Paris, Techener, 1846.
3 Van Praet, Catalogue de la librairie de Charles V, dressé eu 1 575 par son bibliothécaire
Gilles Malet, in-8», Paris, 1836.
* Conservées dans le manuscrit 236 de la Bibliothèque de la Faculté de médecine de
Montpellier. Ce sont des poésies françaises du XIIIe siècle, recopiées au XVe.
s Revue des Langues romanes, t. III, pp. 311-336, Montpellier, Coulet, 1872-1873.
Cf. Romania, t. II, p. 138, Paris, 1873.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 109
» coires, pour augmenter cedict traictié, m'a de sa grâce donné aucunes
» demandes et responses moult honnesles, dont je Peu remercie '. »
Il y a donc eu, à la fin du XVe siècle, un remaniement d'une œuvre
antérieure par un poète bourguignon, peut-être P. Michault, qu'Olivier de
la Marche aura aidé de ses conseils. Mais il n'y a certainement là de la part
d'Olivier qu'une faible collaboration : rien de plus 2.
Ces réflexions nous ont déterminé à retirer les Âdevineaux amoureux de
la liste de ses œuvres.
§ 3. — Le chroniqueur.
Les Mémoires d'Olivier de la Marche embrassent une période de cinquanle-
trois années comprises entre 1435 et 1488. Ils sont généralement publiés
(et c'est ainsi que nous avons établi nos citations) sous forme de deux livres. Le
premier livre, allant de 1435 à la mort de Philippe le Bon (1467), fut com-
mencé par l'auteur à l'âge de 45 ans, en 1470. Le deuxième livre, à partir
de l'avènement de Charles le Téméraire, est la réunion presque informe de
notes écrites par Olivier â mesure que les événements se passaient sous ses
yeux ou parvenaient à sa connaissance. Il n'y a dans ce deuxième livre ni
plan ni rédaction. En outre une introduction, écrite après coup, et spéciale-
ment composée par Olivier de la Marche pour l'instruction du jeune prince
Philippe le Beau, peut dater de 1490 environ. Il est impossible, je crois, de
préciser davantage. L'auteur dit simplement qu'il était alors âgé de 6G ans.
« Un écrivain du siècle dernier, jugeant avec une sévérité un peu outrée
» certaines productions scientifiques, a dit de l'histoire que c'était une fable
» convenue. Pour nous, qui sommes habitués à consulter les monuments du
» passé avec respect, ce sarcasme paraîtrait un blasphème si nous ne nous
i Bulletin du bibliophile Teehener, p. 847, Paris, 1846.
2 Les Adevineaux se trouvent encore dans le ms. de Turin, G' 21, fos 63-95.
HO ETUDE
» rendions un compte exact de la pensée de Fontenelle. Ce qui détournait
» ses contemporains de la lecture des vieilles chroniques, c'étaient les graves
» défauts qu'un esprit observateur pouvait et peut y remarque/ : longueur
» démesurée des récils, manque d'élévation ou d'indépendance dans les idées,
» indifférence pour tout fait autre que les batailles, les négociations diplo-
» maliques et les cérémonies d'apparal, enfin absence presque complète d'art
» dans la composition '. »
Olivier de la Marche échappe moins q. l'aucun autre à ces graves défauts.
Son introduction (c'est le nom même qu'il lui donne) est adressée à Phi-
lippe le Beau; elle est destinée à retracer à son noble élève l'origine de la
maison de Bourgogne, et à lui apprendre en détail de quel sang il était
sorti. Il donne à ses protecteurs l'antiquité la plus reculée, puisqu'il remonte
à Priam comme souche généalogique de la maison de Bourgogne. Inutile de
nous arrêter plus longtemps à toute celle série d'inventions fabuleuses qui
s'appuient, sous un faux prétexte d'érudilion, sur des iradilions soi-disant
historiques.
Dans ses Mémoires proprement dits, Olivier de la Marche est témoin
oculaire; il le déclare à maintes reprises; lorsqu'il n'a pas vu un fait qu'il
raconte il a soin de nous en prévenir; donc il est impossible de ne pas le
croire sur parole. Il a été mêlé, pendant près de cinquante années de vie
active, à trop d'événements saillants, il a été témoin de trop d'actes impor-
tants pour n'y avoir pas quelque peu contribué, et notre premier chapitre
suffît amplement à satisfaire la légitime curiosité du lecteur sur ce point.
Gardons-nous bien toutefois déjuger la manière des anciens chroniqueurs
d'après celle des historiens modernes. Aujourd'hui un écrivain se représente
à notre imagination enfermé dans le silence du cabinet, entouré d'une mul-
titude de livres, appliqué à dépouiller des notes, embarrassé de difficultés
chronologiques, arrêté par un nom propre inconnu, guettant un détail
inédit à travers l'immense labyrinthe de ses matériaux. Mais ce n'est pas
ainsi que travaillaient Molinet, par exemple 2, et Olivier de la Marche.
i Alph. Wauters, Les travaux historiques de jadis et ceux d'aujourd'hui ; discours à l'Aca-
démie de Belgique, p. 3, Bruxelles, 1877.
2 De Reiffenberg, Notice sur Jean Molinet, p. 18, Cambrai, 1835.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. HI
Qu'on se les représente notant au jour le jour, sur un carnet de poche, les
événements qu'ils voient, les explications qu'ils entendent, les particularités
qu'ils apprennent, et allant eux-mêmes aux informations auprès des ambas-
sadeurs et des seigneurs de la cour. Qu'on se les représente chevauchant,
suivant l'armée, accompagnant partout leur maître, ou bien envoyés en
mission auprès d'un souverain étranger; visitant sur leur passage les cours
des monarques, les nobles manoirs, les hôtels princiers; devisant de prouesses
avec les écuyers, de galanterie avec les dames, de l'église et du gouverne-
ment avec les clercs et les hommes d'Etat, habiles à donner même au besoin
un coup de lance suivi d'un conseil politique. De la sorte, l'impression des
événements arrivait immédiatement jusqu'à eux sans être affaiblie par des
relations mensongères, ou exagérée par des témoignages inexacts, infidèles
à force d'art ou de convention.
Plus tard, Olivier recueillit ses cahiers, plus ou moins bien tenus, et en
fil une traduction des faits et gestes des Bourguignons pendant un demi-
siècle. Mais ce qui manquait dans les notes manquera dans la chronique;
ce qui est mal daté dans l'un sera mal daté dans l'autre. Olivier n'a pas à
ce point le souci de l'exactitude historique, et ne fit assurément aucune
recherche, aucune démarche pour compléter, modifier ou rectifier des notes
prises un peu à l'aventure, souvent même à la hâte.
Quelle valeur faut-il attribuer à ce récit? Faut-il admettre 1 avec un his-
torien prévenu que « tout le monde scayt qu'il n'y a rien de plus suspect
» que les Mémoires d'Olivier de la Marche contre la France? » Non assu-
rément; il y a là une exagération notoire. Son intention bien définie d'écrire
pour l'honneur et la gloire de la maison de Bourgogne se laisse très facile-
ment entrevoir : tout chez lui tend donc à accentuer les mérites des princes
de cette famille. En prenant la plume, Olivier n'a pas d'autre but. S'il rap-
porte « plusieurs poincts qui seront à la hauteur de vostre signeurie exem-
» plaire, miroir et doctrine, utiles et profitables pour le temps advenir, » il
le fait par désir de servir loyalement et par-dessus tout son souverain prince
1 Histoire de Charles VII, par Fontanieu, apud Bibliothèque nationale de Paris, mss.
français 10449, p. 6.
H 2 ETUDE
el seigneur, et de lui rendre grâce pour ses constantes libéralités. Celte
préoccupai ion bien naturelle pourrait nous faire craindre une partialité plus
ou moins grande dans son œuvre, mais celle partialité ne peut nous tromper
autant que la réserve de tel ou tel autre, parce que sa passion est aussi
franche que naïve. D'ailleurs il nous en prévient, et il ne peut y avoir
d'erreur pour personne.
Il y a dans ses Mémoires plus qu'un reflet de la chevalerie, car, ce qu'il
a le mieux écrit et le mieux décrit, ce sont les pas d'armes, des tournois
el des « emprinses, » auxquels il se complaît et auxquels il semble attribuer
plus d'importance qu'aux batailles; il ne laisse échapper aucune occasion de
témoigner son admiration pour ces fêles chevaleresques, mais là encore c'est
pour louer principalement la vaillance des ducs et des seigneurs de Bour-
gogne. Il a le culte des grands noms el des belles actions, mais sous sa plume
tous ces grands noms, loules ces belles actions semblent être l'apanage exclusif
de la cour de Bourgogne. Nous ajouterons cependant à sa décharge que,
nalurellemenl appelé par ses fonctions à admirer les faits d'armes de ses
compatrioles, il est plus enclin par là même à leur donner la préférence. Quel
chroniqueur agirait autrement? Enfin Olivier est infiniment sensible à toutes
les marques d'estime et de sympathie que l'on témoigne devant lui pour le
duc de Bourgogne, à moins qu'elles ne sortent de la bouche du roi de
France : il les considère alors, et avec raison, comme de l'hypocrisie.
Mais peut-on dire d'Olivier de la Marche qu'il est un historien officiel de la
cour de Bourgogne? Nous ne le croyons pas. D'abord son œuvre n'est pas,
comme beaucoup d'autres ', un travail de commande. Il a écrit, à quelques
réserves près, ce qu'il a voulu, comme il a voulu, et parce qu'il a voulu.
Quelquefois peut-être (c'est une supposition (pie nous avons l'aile à propos
de ses importantes ambassades en Angleterre et en Milanais) Charles le
Téméraire a voulu lui fermer la bouche; mais il ne lui a certainement pas
dicté ses parohs. Plutôt que de dire le contraire de la vérité, Olivier négli-
gera volontiers les détails qu'il croit devoir passer sous silence, pour ne pas
i Chastellain surtout (Cf. Pinchart, Messager des sciences historiques de Belgique, p. 281,
1862) et son élève Jean Molinet.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. H3
rendre suspectes aux yeux de ses lecteurs l'honorabilité, la vaillance et la
droiture de ceux qui l'ont protégé. Il se tait : ce silence est d'or. Une ou
deux fois seulement, il ose critiquer, avec l'unanimité de ses contemporains
d'ailleurs, les actes de Charles le Téméraire ' ; un des rares blâmes qu'il lui
adresse est relatif à cette manie qu'avait son maître de vouloir, sans réflexion,
tout entreprendre et tout diriger, et qui fut pour la Bourgogne la cause de
plus d'un échec.
Évidemment ce caractère semi-officiel, cet intérêt prévu, ce ménagement
avec le pouvoir dont il dépend, lors même qu'il ne s'en fait pas le courtisan,
est quelque peu défavorable à son œuvre. Cependant, si l'on compare son
récit à ceux de ses contemporains les mieux autorisés, à Commines, à
Th. Basin, à Chastelain, à Molinet, au sire de Haynin, à Lefebvre de Sainl-
Remy, qui sont souvent plus précis, mais parfois moins complets, on est forcé
de reconnaître en lui une indépendance d'esprit relative, qui tourne entière-
ment à son honneur.
On peut reprocher à Olivier de la Marche de n'avoir pas de théories; seul
son dessein est bien arrêté. Son affection sincère et dont il donna maintes
fois d'éclatants témoignages ne lui fait pas dénaturer la vérité; il ne dissi-
mule pas cette obstination de Charles bien surnommé le Téméraire, qu'il
appelle, lui, le Travailleur 2; et s'il n'a point pour lui d'expressions amères,
si, au contraire, il épuise en l'honneur des ducs toutes les exagérations du
panégyrique, à Philippe le Bon peut-être encore plus qu'à son fils, ces
exagérations laissent intacts les défauts du dernier duc de Bourgogne, et na
servent même qu'à les mettre plus en relief.
Il détestait Louis XI, qui d'ailleurs le lui rendait bien; mais il n'en parle
jamais qu'avec respect, et, selon nous, Reiffenberg 3 a tort de croire que la
poésie intitulée le Mauvais Prince, publiée par M. Kervyn de Lettenhove 4,
i Cf. Commines, Molinet; et dans Gingins la Sarra, la dépêche de l'ambassadeur milanais
Panigarola, du 10 mai 1476.
'-* Mémoires, livre II, chap. 16.
s Paléographie et histoire littéraire (extraits des Bulletins de l'Académie royale de Bruxelles),
t. X, n° 2; tirage a part de 12 pp., p. 8.
4 OEuvres de G. Chastellain, t. VII, pp. 457-481. C'est bien Chastellain qui en est l'auteur.
Tome XLIX. 15
il 4 ÉTUDE
est un portrait du roi de France par Olivier de la Marche. Celte attribution
ne saurait être admise un instant. Mais on peut dire qu'Olivier n'aime pas
les Français et qu'il connaît bien leurs défauts et leurs qualités1; il n'est
guère mieux disposé à l'égard des Anglais, qu'il traite quelquefois assez
durement 2. Ailleurs il ne prend pas de décision, parce qu'il est prudent et
qu'il ne veut s'aliéner les bonnes grâces de personne : « De ceste mort [du
» connéslable de Saincl-Pol] je ne quier guères parler, car je ne l'approuve
» ne conlredy, et en laisse faire aux nobles princes dessusdicts qui en ordon-
» nèrenl à leur plaisir 3. » Il est impossible d'être plus explicite pour faire
remarquer qu'on ne veut pas l'être.
Olivier de la Marche tenant au fur et à mesure un journal, souvent
incomplètement daté, des faits qui arrivent à sa connaissance, il lui est
impossible de deviner un fait à peine ébauché, et de comprendre le dernier
mot d'un personnage qui entre en scène. Dans sa rédaction postérieure il a
utilisé ses carnets sans critique, et il n'a même pas cherché ingénieusement
à grouper, à rapprocher des faits connexes : travail bien naturel et bien
simple cependant. 11 raconte et ne commente pas, il n'a pas souci de lier les
différentes parties d'un ensemble, il ignore en un mot l'art d'écrire; c'est un
de ces hommes du Nord qui, selon la juste expression de M. Taine \ « ne
» savent pas oublier les choses sensibles et les intérêts positifs pour s'adonner
» à la spéculation pure, suivre les audaces de la logique, raffiner les délica-
» tesses de l'analyse, s'enfoncer dans les profondeurs de l'abstraction; ils
» ignorent ces agitations de l'âme, ces violences des sentiments comprimés,
» qui impriment au style un accent pratique, et celte fantaisie vagabonde,
» ces songes délicieux ou sublimes qui, par delà les vulgarités de la vie,
» ouvrent aux regards un nouvel univers. »
Ph. de Commines seul fait une illustre exception.
Olivier de la Marche commet des erreurs de dates fréquentes, pour lui-
1 Voir Yadvis au roi Maximilien Ier réimprimé plus loin (voir l'appendice).
- Mémoires, livre II, chap. 1.
3 Mémoires, livre II, chap. 5.
'< Philosophie de l'art aux Pays-Bas, p. 34, Paris, 1872.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 113
même d'abord ', à plus forte raison pour les autres; il omet des faits impor-
tants lorsqu'il n'est pas présent; il apprécie parfois les faits autrement qu'ils
se sont passés -. Par suite du décousu qui règne dans son œuvre, il est impos-
sible de suivre les péripéties de l'histoire de France et de Bourgogne, même
pendant l'espace de temps qu'embrasse son travail : c'est plutôt une chro-
nique des princes bourguignons à la personne desquels il fut presque con-
stamment attaché.
Dans son 2e livre, les erreurs se multiplient et sont telles qu'il est impos-
sible de se fier à lui pour suivre la marche des événements accomplis. Ainsi
en un endroit 5, la confusion dans son esprit, ou dans ses notes, est telle
qu'il place le siège de Beauvais (1472) avant l'entrevue de Péronne (1468),
et que la soumission des Liégeois (1468) est immédiatement suivie du récit
du siège de Neuss (1474) et de celui des noces de Charles le Téméraire
(1468). Cette chronologie est absolument fantaisiste. Un peu plus loin les
batailles de Granson et de Moral, de l'année 1476, sont racontées * avant la
paix de Péronne du 13 septembre 1475. Un contrôle sérieux est donc con-
stamment nécessaire. Olivier avait omis de prendre des dates précises, et sa
mémoire lui a fait défaut.
S'il s'agit de faits plus particuliers encore, que de détails erronés à relever
i Voir ce que nous avons dit au début de notre travail.
2 Je citerai ce fait que je crois inconnu : « Charles de Lalaing, grant père à Philipes
» dernièrement mort, trouvant que es Mémoires d'Olivier de la Marche y avoit noté contre
» Josse de Lalaing, son père, quy fut tué devant Utrec en l'an XIIIP 1III" III, si comme
» d'avoir favorisé aux Gantois, il en fit complaincte par devant le roy Philippe, tellement
» que ii l'ordonnance de Charles de Croy, prince de Chimay, Pierre de Lannoy, seigneur
» de Frasnoy, Claude de Bessart, premier escuyer, fut pronuncié le contraire, et résolu de
» tranchier hors vieille note : faict le XXII0 janvier 1503 (1504 n. st.) ». Je le tire des
Mémoires sur Valenciennes, de Cocqueau (Archives de l'État, à Mons), t. II, f° 501. — Cf. un
manuscrit ayant appartenu à Daniel Papebroeck et qui a récemment passé en vente : Rolle
vanden Quœden Tijt = Volumen calamitosi temporis ab anno U76 usque ad 4552 (Catalogue
des collections Van der Straelen-Moons-Van Lerius, ms. histoire, n° 67), où l'on trouve,
entre autres documents, « la rédargution que fit Monsieur Charles de Lalaing contre le
livre des Mémoires de messire Olivier de la Marche ». Ce manuscrit a été acheté pour les
Archives de la ville d'Anvers, et nous en donnons l'extrait à l'appendice.
3 Mémoires, livre II, chap. 2-4.
* Idem, livre II, chap. 6-7.
H6 ÉTUDE
dans celle chronique! On n'en finirait plus si Ton voulait la suivre pas à pas,
et il faudrait s'être chargé de la publication même des Mémoires pour se
livrer à ce travail fastidieux d'épluchage, dont la nécessité toutefois s'im-
pose. MM. Canat de Chizy ' et Beaunc-d'Arbaumont 2 ont ouvert la voie, et
l'on pourrait multiplier les citations où des reproches d'inexactitude seraient
à faire à noire chroniqueur. Quelques indications brèves suffiront ici.
Tous les faits qu'Olivier de la Marche 3 rapporte à 1438 sont de
l'année 1441 : grave anticipation qui dure jusqu'au départ du roi des
Romains de Besançon i. La chronologie n'est pas exacte non plus pour
l'arrivée de l'empereur dans celte ville s; Olivier, quoique témoin oculaire,
le fait entrer le 1er novembre et partir le 10 novembre 1442, tandis que
nous savons par les comptes de l'hôtel des ducs de Bourgogne que son
séjour dura du 3 au 13 6. Ces vétilles n'enlèvent rien au mérite du chro-
niqueur, car tous peuvent se tromper; mais il y a des négligences plus
fortes, des omissions plus graves. Les années 1479 et 1486 manquent au
récit.
Les noms de lieux sont parfois étrangement indiqués. Il est vrai que ce
genre d'erreurs peut être aisément mis sur le compte des copistes, rarement
instruits, plus souvent encore maladroits. Par contre je crois devoir donner
raison à Olivier de la Marche contre le sire de Haynin 7, lorsqu'il est
question des représentants des nations étrangères venus en Flandre pour
assister aux noces de Marguerite d'York et de Charles le Téméraire. Haynin
cite l'évèque de Vertus en Bretagne : je ne vois pas bien à quoi il veut faire
allusion. Olivier parle, lui, de l'évèque de Verdun, ce qui à tout le moins
paraît plus vraisemblable.
Les noms propres sont sujets à de bien plus fréquentes erreurs. Mais
i Documents inédits pour l'histoire de Bourgogne, t. I, Chalon-sur-Saône, 1863, passim.
- Mémoires d'Olivier de la Marche, t. I à III, nouvelle édition, 1883-1885, passim.
:! Mémoires, livre I, chap. 4.
! Relevé par Canat, op. cit., p. 491.
;j Mémoires, livre I, chap. 7.
fi Rectifié par Canat, op. cit., p. 492.
' Edition des bibliophiles de Mons, t. I, p. 111, Mons, 1842.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 117
celles-ci ne peuvent être mises au compte des copistes, car elles sont bien
le fait d'Olivier de la Marche. 11 confond Isabelle de Bourbon avec Marie
de Bourgogne '; il parle de Marie au lieu de Marguerite de Bourgogne
quand il s'occupe de la femme d'Amédée VIII, duc de Savoie 2; il appelle la
duchesse de Luxembourg Jeanne, au lieu d'Elisabeth 3; il donne à (ort à
Jacques de Romonl le prénom d'Ame qu'il n'a jamais porté *; il parle de Jean de
Brézé qui n'est autre que Pierre de Brézé, sénéchal du Poitou et conseiller de
Charles VII5; enfin il estropie les nomsélrangers, elOudeville chez lui désigne
Antoine de Wideville, baron d'Escales, frère de la reine d'Angleterre 6.
Mais, à côté de ces négligences et de ces erreurs, à côté de cet amour
inconsidéré pour les joules et les tournois qu'il se croit toujours forcé de
raconter et qui occupent la meilleure partie de sa chronique, il y a vraiment
dans les Mémoires d'Olivier de la Marche des parties intéressantes, des vues
originales, des renseignements précieux. Ce qu'il dit, par exemple, des Écor-
cheurs a servi de point de départ à M. Tueley 7 dans son excellente étude.
Le portrait qu'il a tracé de Philippe le Bon est fait de main de maître et
n'a son pareil clans aucune chronique 8. Les détails qu'il donne de l'organi-
sation militaire des ducs de Bourgogne sont pour ainsi dire uniques, et ont
grandement servi à MM. Guillaume 9 et de la Chauvelays 10. On sait qu'Olivier
de la Marche avait toujours accompagné le duc dans ses expéditions, à Liège,
à Neuss, à Lausanne, qu'il commanda d'abord une compagnie d'ordonnance,
puis une compagnie de la garde ducale. Aussi n'est-il pas étonnant qu'il
connût parfaitement toutes les parties de l'organisation de l'armée, et lors-
qu'on rapproche ce qu'il dit de l'artillerie des comptes qui nous en restent,
i Mémoires, Introduction, p. 26.
2 Mémoires, livre I, chap. 6.
3 Mémoires, livre I, chap. 8.
* Mémoires, livre II, chap. 6.
s Mémoires, Introduction, p. 16.
6 Cf. les Mémoires du sire de Haynin, t. I, p. 125.
i Les Écorcheurs en Franche-Comté (l. I, p. 3), d'après le chap. 4.
8 Mémoires, livre I, chap. 37.
9 Mémoires couronnés par l'Académie de Bruxelles, t. XXII, pp. 1-446, Bruxelles, 1849.
h» Mémoires de l'Académie de Dijon, pp. 1-189, Paris, 1880.
118 ETUDE
on esl frappé de l'exactitude de ses indications. C'est une époque de trans-
formations pour l'armée, et il esl fort utile de connaître les changements
qui s'opérèrent à la suite des grandes ordonnances de 1474 et de 1476. A ce
point de vue, on peut rectifier les autres chroniqueurs, et Commines même,
par Olivier de la Marche '.
Les sources des Mémoires sont toutes orales et oculaires. Olivier a connu
intimement George Chastelain, dont il a fait l'éloge que l'on sait 2, et son
élève Jean Molinel, qui, à son tour, l'a généreusement et flalleusement
encensé. Il regrette avec un sentiment de modestie, dans son introduction
écrite en 4 490, que son intelligence soit étroite et faible. Il regrette d'être
lai et non clerc'0, de ne point posséder le stile et le subtil parler de Chaste-
lain, ['influence de rhétorique si prompte et tant experte de Jean Molinel.
Le chroniqueur cherche-l-il à se faire valoir davantage en parlant de son
intelligence étroite et faible? Ou bien n'a-l-il pas conscience de la valeur
de son œuvre? Celte dernière hypothèse nous parait absolument invraisem-
blable. Au contraire, lorsque l'observateur veut montrer le bout de l'oreille,
on reconnaît une étonnante profondeur de vues. Il y a aussi çà et là quelques
réflexions intéressantes à signaler : « Liégeois ne sont pas bien couslumiers
» de tenir ce qu'ils promettent 4. » « Et les gougeas de l'ostel du duc
» aloyent toujours voir les dames à Devanlel [Deventer] qui sont femmes
» moult gracieuses et qui prennent plaisir à « festeyer les estrangers s. »
Olivier a publié tout au long dans ses Mémoires, et en assez bon texte,
deux précieuses pièces diplomaliques, savoir le traité d'Arras de 1435 ", el
la trêve de neuf ans signée le 13 septembre 1475 7. Il ne parait pas avoir
i Guillaume, op. cit., p. 408, Bruxelles, 1849.
i a Ce très vertueux escuyer G. Chastelain, mon père en doctrine, mon maistre en
» science et mon singulier amy, lequel seul je puis à ce jour nommer et escrire la perle
» et l'estoille de tous les historiographes qui de mon temps ny de piéçà ayent mis plume,
» encre ne papier en labeur ou en œuvre. » {Mémoires, livre I, chap. 27.)
3 Mémoires, livre I, chap. 4.
* Mémoires, livre I, chap. 35.
s Mémoires, livre II, chap. S.
^Mémoires, livre I, chap. 3.
" Mémoires, livre II, chap. 7.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 119
utilisé les chroniques des deux historiographes de Bourgogne, qu'il a pu
connaître en partie; il a encore moins tiré parti du récit des chroniqueurs à
lui inconnus. Son œuvre reste donc entière, induhitahlement personnelle; et
c'est un document de première source, en général trop peu connu et trop
peu apprécié.
Brantôme, qui appelle Olivier de la Marche « grand seigneur et historio-
» graphe vray, fort accomply pour les armes et pour la plume », s'est
plusieurs fois servi de ses récils, notamment quand il raconte la réception
de l'Empereur à Besançon, et quand il parle du duel de Mahuot et de Jacolin
Plouvier, à Valenciennes '.
Nous trouvons dans une œuvre inédile du XVIIe siècle2 mention de ses
Mémoires s, mais c'est surtout Gollut qui l'a fréquemment consulté pour écrire
ses Mémoires historiques de la République séquanoise. A une époque plus
rapprochée de nous, on a eu maintes fois recours à lui pour compléter les
données des autres chroniqueurs du XVe siècle sur les ducs de Bourgogne,
et particulièrement sur Charles le Téméraire.
Une table des chapitres, placée en tète du manuscrit 2868 de la Biblio-
thèque Nationale de Paris, et publiée pour la première fois par MM. Beaune
et d'Arbaumont 4, fait supposer qu'Olivier a eu l'intention d'écrire un 3e livre,
comprenant la suite des événements à partir de 1488. Son âge avancé et
' Édition Lalanne pour la Société de l'Histoire de France, tome VI, pp. 240-243, et VIII,
pp. 183-193, Paris, Loones, 1875-1880.
- « Discours d'aucuns duelz, camp clos, combatz, appelz, estoquades, et de plusieurs
» cas qui en sont arrivez. » (Bibliothèque nationale de Paris, mss. français, 11363, p. 10.)
3 On trouvait les Mémoires dans la plupart des grandes bibliothèques. Je ne citerai que
trois exemples. La reine Elisabeth d'Angleterre possédait un exemplaire (édition de Gand,
G. de Salenson, 1567), qui se trouve aujourd'hui à la bibliothèque de l'Université de Gand,
par suite de la vente faite en 1787 des doubles du British Muséum ; on le reconnaît aux
armes de la reine plaquées sur la reliure. — Il y en avait un volume chez le cardinal
Granvelle, comme en témoigne le catalogue de ses manuscrits (Bibliothèque de l'Ecole de
médecine de Montpellier, mss. H., 179, pièce III, fu 2 v°, et copie à la Bibliothèque natio-
nale, mss. français, Moreau, 849, f° 180, v°). — L'inventaire dressé en 1650 par ordre de
l'imprimeur Balthazar Moretus de ses richesses littéraires et artistiques, mentionne un
exemplaire des Mémoires, sous le n" 154 (Les manuscrits du Musée Plantin-Moretus, par
Henri Stein, Gand, 1886, p. 22, extr. du Messager des sciences historiques).
+ Édition des Mémoires pour la Société de l'histoire de France, t. I, p. 6, Paris, 1883.
*20 ÉTUDE
son état maladif ne lui permirent sans doute pas de le composer. Du moins
n'en exisle-t-il, à notre connaissance, aucune trace.
Ses Mémoires iront été imprimés qu'après sa mort, par les soins de
Charles de Poupet, seigneur de la Chaux, son compatriote *.
Si l'on veut en trois lignes résumer leur valeur, on pourra dire :
L'introduction est une fantaisie généalogique à négliger;
Le premier livre est la meilleure cl la plus solide partie du travail;
Le second livre renferme beaucoup d'omissions et d'erreurs;
Le troisième livre ne paraît jamais avoir été commencé.
Telles sont les conclusions auxquelles nous croyons devoir nous arrêter
après un examen mûrement approfondi.
VAcIvis au roy Maximilian premier touchant la manière dont on se doibl
comporter à l'occasion de rupture avec la France est une série de conseils
adressés à l'archiduc par Olivier de la Marche, en 1491. Il s'y montre plus
profond politique que dans ses Mémoires, où il n'ose jamais émettre une
opinion. Avec l'âge, le chroniqueur s'est enhardi : il peut d'ailleurs avoir
plus d'autorité sur Maximilien qu'il n'en avait sur le despote Téméraire;
aussi donne-t-il son avis sur les gestes politiques, militaires et diplomatiques
des Français; il se montre là encore flatteur, mais à bon escient; flatteur
utile et convaincu, qui parle dans le but de nuire à tout ennemi de la poli-
tique bourguignonne. Nous ne nierons pas que ses conseils soient excellents.
En terminant, l'auteur demande pardon à son maître, dont la bonté sup-
pléera à son ignorance.
Nous avons eu entre les mains (on en trouvera plus loin la copie, à
l'appendice) un des rares exemplaires connus de cet opuscule, qui nous a
élé obligeamment communiqué par M. Bernard Prost. Imprimé à Bruxelles
en 1635, cet opuscule n'a jamais été signalé par aucun bibliographe; il
existe cependant a la Bibliothèque royale de Bruxelles.
i Dunod de Charnage, Mémoire pour servir à l'histoire du comté de Bourgogne, p. 271,
Besançon, 1740.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 121
*
L'Etat de la maison du duc Charles de Bourgongne , généralement publié
à la suite des Mémoires, mais incomplètement et incorrectement, est daté
du siège de Neuss (et non d'Aix, faute de lecture souvent réimprimée),
en novembre 1474. Il est signé de la devise bien connue d'Olivier de la
Marche.
On a cru que le Discours à l'avitailleur de Calais et Y Et al de la maison
du duc étaient deux ouvrages distincts. Il n'en est rien. L'erreur provient
sans doute de l'omission de la première et de la dernière phrase dans
la plupart des éditions; il est facile de se convaincre de ce fait, puisque
dans la plupart des manuscrits de cet ouvrage, VÊlat de la maison débute
ainsi : « En acomplissant à vostre requesle, monsieur l'avilailleur de
» Calais, j'ay mis en brief ce que j'ay peu comprendre de Testât de la
» maison du duc... »
Le môme ouvrage porte encore un litre latin : Rationarium aulae et
imperii Caroli audacis ducis Burgundiœ, principis Befgii, comilis Flan-
drîoBj Hollandiœ, Zclandiœ, etc.... » C'est toujours le même livre, qui con-
tient, comme l'indique son litre, un aperçu de l'étal de la cour bourguignonne '.
Il y a, dans ce précieux travail, des aperçus fort intéressants sur l'exercice
de la justice, les finances et les personnes attachées à Charles le Téméraire.
Plus d'un historien en a tiré profit.
Viennent encore s'annexer aux Mémoires d'Olivier de la Marche deux
petites œuvres historiques, qui renferment des renseignements complé-
mentaires, sous le litre de Traité des noces de Charles de Bourgogne
et de Ordonnances du banquet de Lille. Ces deux opuscules ont certaine-
ment été écrits au moment même où les événements se passaient; par
conséquent celui-ci en 4453, celui-là en 1468. Nous n'avons rien de plus
à en dire.
f Cf. A. Pinchart, Messager des sciences historiques de Belgique, p. 156, Gand, 1861.
Tome XLIX. 16
122 ÉTUDE
* *
Le Livre de l'advis du gaige de bataille, écril vers 1494, a élé également
composé pour l'inslruclion de Philippe le Beau. Il nous apprend la tenue,
réliquelle, le luxe de celte maison de Bourgogne, qui surpassait en richesse
et en splendeur toutes les maisons royales d'alors. C'est un morceau intéres-
sant, qui avait été étrangement défiguré par tous les éditeurs. M. Bernard
Prost, le premier, en 1872, quoiqu'il n'ait pas connu tous les manuscrits, a
rétabli le véritable texte. C'est dans cet ouvrage qu'Olivier a affiché le plus
grand luxe d'érudition; il cite tour à tour la Bible, le jurisconsulte Bartole,
la grande glose de Fr. Accurse, l'Arbre des batailles d'Honoré Bonet, Nicolas
de Lire, la Somme rurale de Jean Bouleillcr, qu'il discute, enfin et surtout
le Traité des gages de bataille de Villiers de l'isle Adam, qu'il a suivi de
point en point et qu'il a même intercalé tout au long dans son œuvre. C'est
un traité spécial qui eut beaucoup de vogue à l'époque où il parut.
Je terminerai celle revue des œuvres en prose (jusqu'ici connues) d'Olivier
de la Marche en signalant encore le Traité du tournoi tenu à Gand par
Claude de Vauldray en H69, écril probablement en 1470, et adressé au
comte de Bresse ' ; et Vépitre pour tenir et célébrer la noble fesle de la Toison
d'or, écrite par Olivier de la Marche, âgé de 76 ans2, c'est-à-dire à la fin
de l'année 1500, dale confirmée d'ailleurs par ces mots du début : « Je ne
pourroye eslre es lieux » où vous tiendrez la sollemnilé de la noble feste
de la Toison d'or. » Et celte solennité à laquelle le vieux chroniqueur,
« un pied déjà dans la fosse » craint de ne pouvoir assister, est le treizième
chapitre 3 général de la Toison d'or, tenu à Bruxelles au mois de jan-
vier 1501.
* II s'agit de Philippe, comte de Bresse (1438-1496).
2 II serait plus exact de dire clans sa soixante-seizième année; et c'est encore là une preuve
nouvelle qui permet de conjecturer avec assez de raison (voir plus haut, p. 14) qu'Olivier
de la Marche est né en 1425.
3 Voir le ms. n° 599 de la Bibliothèque de Valenciennes, in-4° du XVIe siècle, fos 40-44.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 123
Le chroniqueur allait s'éteindre, laissant après lui le souvenir d'un écrivain
sincère et loyal, et emportant avec lui dans la tombe les regrets unanimes de
tous ceux qui l'avaient pu apprécier à sa juste valeur.
§4. — Le poète.
Le poète est loin de valoir le chroniqueur. Que ce soit à la poésie politique,
à la poésie épique ou à la poésie lyrique qu'il s'adonne pour charmer ses
loisirs ou pour remplir une mission, l'inspiration lui est trop souvent inconnue,
la verve manque. Les idées morales y peuvent être heureusement exprimées;
mais le contact de toutes les subtilités métaphysiques alors en vogue gâte
absolument ce mérite particulier, et il faut avouer que c'est pur hasard de
trouver à celte époque des vers comme ceux qui furent adressés à Louis XI
au nom de la Bourgogne, après la mort de Charles le Téméraire :
Prenez pitié du sang humain,
Noble Roy Loys de Valois,
Nous tourmentez soir et malin
Par guerres et piteux exploits.
Souvenez-vous que, povre et nu,
Bourgogne vous a soustenu
Et souéï nourri mainte année...
Mettez jus débats et querelles,
Car .vous n'aurez mie rien demain ;
Si la mort frappe vos merclles,
Prenez pitié de sang humain.
Qu'on nous pardonne cette citation, nous n'en ferons point d'autre.
Nous nous contenterons d'examiner brièvement les œuvres poétiques que
nous connaissons d'Olivier de la Marche, et qu'il est à peu près impossible de
classer sous une même rubrique. Et d'abord :
Un petit poème improprement appelé Vie de Philippe le Hardy, jusqu'à
124 ETUDE
ce jour inédit, et que nous publions d'après le manuscrit de la Bibliothèque
de l'Université de Turin, G1 21, renferme une généalogie et le récit des hauts
fails des ducs de Bourgogne, cl en outre une très intéressante description, à
peine esquissée dans ses Mémoires1 , de la translation des restes de Philippe
le Bon et de sa femme de Bruges à Dijon. On suit avec lui l'itinéraire détaillé
qu'il donne, et c'est là le principal intérêt de ce morceau, absolument dépourvu
d'ailleurs de verve poétique.
Le chevalier délibéré est un poème allégorique achevé en 1483, comme
l'apprend Olivier de la Marche lui-même; il est composé de 248 octaves en
vers de 8 syllabes:. Le héros en est le duc Charles de Bourgogne. Ce livre
eut un immense succès au XVe cl surtout au XVIe siècle; il se trouvait dans
la bibliothèque du roi François 1er 2; il a eu une foule d'éditions et de
traductions en diverses langues; on en conserve encore un certain nombre
d'exemplaires manuscrits. Le livre du chevalier délibéré, dont l'attribution à
Olivier de la Marche n'est pas douteuse, bien que l'on ail voulu en faire une
œuvre de Georges Chaslelain, peut être considéré à bon droit comme offrant,
sous la forme allégorique, des préceptes d'une sage morale ainsi que des
notions particulièrement intéressantes sur les combats chevaleresques et les
emprinses des principaux seigneurs bourguignons du XVe siècle. On sait
combien Olivier excelle dans ces sortes de descriptions; aussi son style s'en
ressent; il esl beaucoup plus vif, et rend beaucoup plus énergiquemenl la
pensée de l'auteur. La fin tragique de Charles le Téméraire, que le chambellan
vit périr à ses côlés à la fatale journée de Nancy, inspire au poète plusieurs
magnifiques stances empreintes d'une douce et suave mélancolie.
Tout autre est le Parement el triumphe des dames, exemple frappant de
ces subtilités allégoriques si bien dans le goût du temps. Le poète examine quel
présent il peut faire à sa dame, qui soit digne des qualités dont elle esl ornée,
1 Mémoires, livre I, chap. 37.
2 Arm. Baschet, La diplomatie vénitienne, les princes de l'Europe au XVIe siècle, p. 424,
note. Paris, 1862.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 125
et il se décide à lui offrir un « habit lout vertueux pour la parer devant Dieu
» et devant le monde. » La description de cet habit, curieux sous le rapport
littéraire, Test encore bien davantage pour la connaissance très précise qu'elle
nous donne des pièces composant le costume d'une dame de qualité à la fin
du XVe siècle '. Le poète donne à sa maîtresse les pantoufles d'humilité, les
souliers de bonne diligence, les chausses de persévérance, la jarretière de
ferme propos, la chemise d'honnêteté, le corset de chasteté, la pièce de bonne
pensée, le lacet de loyauté, le demi-ceingt de magnanimité, l'épinglier de
patience, la bourse de libérable, le couteau de justice, la gorgerclte de sobriété,
la bague de foi, la robe de beau maintien, la ceinture de dévote mémoire, le
gant de charité, le peigne de remords de conscience, le ruban de crainte
de Dieu, les patenôtres de dévotion, la coiffe de honte de méfaire, les tem-
plelles de prudence, le chaperon de bonne espérance, les paillettes des
richesses de cœur, le signet cl les anneaux de noblesse, enfin le miroir
d'entendement.
M. Victor Gay'2 suppose que cet ouvrage est de l'année 1492; pour nous,
nous admettrions volontiers qu'il a été composé quelques années plus lard,
vers 1493 ou 1494. C'est en effet, par le style, un des derniers travaux de
l'auteur.
Il n'est pas douteux qu'il ne faille attribuer ce petit et intéressant poème à
Olivier de la Marche; l'avant-dernière strophe en fait foi, et l'auteur lui-même,
au début de son Livre de l'advis du gaige de bataille, déclare avoir achevé
un livre du « parempnt des dames » . Mais ici vient se poser un petit problème
bibliographique.
Que signifie cette phrase3 du prologue (p. 5) : « Lequel volume et plaisant
» Iraiclc sans jactance de moy ou estre venleur des œuvres d'aulruy trouvay
» par son inlilulacion que aullrefois avoil été descript et composé par noble
1 Jules Quicherat avait depuis longtemps utilisé cet ouvrage d'Olivier de la Marche (Ma-
gasin pittoresque, pp. 3o6-3j8, Paris, 1838i, qui lui a fourni d'amples documents pour son
Histoire du costume, pp. 323-337. Paris, Hachette, 1877.
2 Glossaire archéologique du moyen âge et de la renaissance, tome Ier, pp. 332-333.
Paris, 1887.
3 Réimpression de la Bibliothèque gothique Baillieu, in-16. Paris, 1870.
126 ETUDE
» de chevaleureux seigneur messire Olivier de la Marche, en son vivant
» chevalier et grant maislre d'hostel du roy de Caslille » ?
Il s'agit donc ici d'un remaniement complet du texte original d'Olivier de
la Marche, remaniement dû à l'imagination d'un certain Pierre Desrey '
dans les premières années du XVIe siècle; ailleurs il nous apprend qu'il s'est
« seullernenl occupé à veoir se aulcune corruption seroit ou auroit esté
» faicte par eulx qui depuis l'ont par coppie rédigé comme souvenles fois
» est advenu; et aussi pour commenter le texte »
II suit de là que l'œuvre d'Olivier de la Marche était en vers; Pierre Desrey
a jugé à propos, quelques années après, d'ajouter de la prose en forme
d'exemple et de modifier absolument l'œuvre originale. Il nous déclare n'y
avoir rien changé-; cela est si vrai que voici la transformation subie par la
première strophe. Le lecteur jugera : Ab una disce omncs.
1 Ce Pierre Desrey était coutumier du fait; il était Troyen et mourut après lb[o(Biogra-
phie des personnages de Troyes et du département de F Aube, par Emile Socard, p. 136, Troyes,
1882). C'est à peu près tout ce que l'on sait de sa vie. Mais il a laissé un grand nombre
d'ouvrages où il se distingue comme commentateur, comme arrangeur de textes; on peut
signaler spécialement, outre le Parement des Dames qui nous occupe ici, un remaniement
d'une histoire générale des croisades (l'Eracles) publié pour la première fois en 1499, sous
le titre de La Généalogie et nobles faitz d'armes du très pieux et renommé prince Godeffroy de
Bouillon (cf. Inventaire sommaire des manuscrits de l'Eracles, par le cle Riant, p. 11, Gênes,
1881 ; extr. du tome I des Archives de l'Orient latin) ; on peut citer encore sa traduction
assez fantaisiste de la Mer des Croniques et miroiter historial de France, publiée à Paris en
ISIS (cf. Les Quinze- Vingts, par Léon Le Grand, dans Mémoires de la Société de l'Histoire
de Paris, t. XIII, pp. 116-117. Paris, 1886).
2 Voici, en effet, ce qu'on lit dans le prologue de l'édition de Paris : « dont moy
» hors de ce beau pourpris et plaisant verger regarday bien diligemment ce traicté et pré-
» sent volume intitulé Le Parement et triumphe des Daines, auquel sont contenus tous les
» habitz, paremens et nobles vestures qu'ilz appartiennent à toutes bonnes dames et femmes
» d'honneur. Lequel volume et plaisant traicté, sans jactance de moy ou estre venteur des
» œuvres d'aultruy trouvay par son intitulation que aultresfoys avoit esté descript et com-
» posé par noble de [sic) chevaleureux seigneur messire Olivier de la Marche en son vivant
» chevalier et grant maistre d'hostel du roy de Caslille. Lequel prudent et vertueux cheva-
» lier tant en prose qu'en vers huitains a si bien et fructueusement labouré pour le bien et
» honneur des dames, desquelles j'ay tousjours désiré estre humble et loyal serviteur.
» Parquoy ma fantasie du tout arrière rejettée me suis seullement occupé à veoir et visiter
» ce noble opuscule des dames non pas pour y riens corriger, mais pour scavoir seullement
o se aulcune corruption seroit ou auroit esté faicte par ceulx qui depuis l'ont par copie
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 127
4°. TEXTE PRIMITIF D'OLIVIER DE LA MARCHE.
« Laultr' icr passant une nuyt en décembre
» Après dormir que l'esperit médite,
» Amours me vint assaillir et surprendre
» Des grans vertuz qui ne sont à comprendre
» D'une dame, mon choix et mon eslitc.
» Mon cucur l'a ma destinée et produite
» Par ces vcrluz qui la font tant clamer;
» Or fault scavoir si je la doy aymer. »
2°. REMANIEMENT POSTÉRIEUR DE PIERRE DESREY.
« L'aullrc hyer, lisant une nuyt pour apprendre,
» Après dormir que l'espcrit médite,
» Amour me vint assaillir et surprendre
» Par tel assault qui n'est pas à comprendre
» D'aulcune dame qui mon sens suppcditle ;
» Mon cueur l'a ma destinée et prédicle ;
» Si fault scavoir si je la dois aymer,
» D'amour amere ou d'amour sans amer. »
El ainsi de suite jusqu'à la fin du poème.
Ce qui est l'œuvre de Jean Desrey a donc toujours passé pour être celle
d'Olivier de la Marche. Il serait temps de donner une véritable édition de
la partie vraiment altribuable à Olivier, d'après le manuscrit français
n° 25431 de la Bibliothèque Nationale qui contient la véritable leçon.
Signalons encore le très court Début de Cuidier cl de Fortune, qu'Olivier
de la Marche composa en 1477 pendant les loisirs forcés de sa captivité;
une série de poésies pieuses et de prières qui datent certainement des
dernières années de sa vie, comme la Prière à la Vierge Marie; enfin
» rédigé comme souventeffoys est advenu. Et aussi pour commenter le texte affin de mons-
» trer le prénommé seigneur y avoir songneusement labouré et par sens de lettre et
» estude ». Quoi qu'il en dise, Pierre Desrey doit être seul soupçonné d'avoir modifié
le texte primitif d'Olivier de la Marche : il a d'ailleurs agi de même dans la plupart des
ouvrages sortis de sa plume.
128 ÉTUDE
quelques morceaux, tous bien datés, qui sont intitulés : Complainte sur la
mort de Madame Marie de Bourgongne (1482); — Vers et petit traictié
fait à la rcqucste de Madame Marguerite d'Auslricc, princesse de Caslille,
et donnez par La Marche à 31onseigncur l'Archiduc en l'eage de XX ans
(1498); — Vers donnez par La Marche à Monseigneur l'Archiduc pour sa
nouvelle cscole (1188); — Vers dorez que donna La Marche à son maistre
en l'eage de XV ans (14-93); — Vers faiz à la requeste de Monseigneur
de Ravcstain et donnez par La Marche à son maistre l'Archiduc en l'eage
de XVIII ans (1 490); — enfin la Prédestination des sept fées et leurs dons
à l'empereur Charles ', sorle d'horoscope poétique du futur Charles-Quint,
qui fut sans doute le chant du cygne du vieillard Olivier (1501).
Ajoutons encore les Nouvelles prophéties que nous publions en appendice
et le poème intitulé 2 Doctrine et loz pour Madame Aliénor, fille de Philippe
le Beau. Éléonore était, même en 1501, fort jeune, et il semblerait étonnant
que ces vers lui aient été dédiés si nous n'en avions la preuve dans le frag-
ment lui-même, qui se termine ainsi :
... « Prenez en gré ces molz et ce cliclier,
Fait par La Marche, votre vieux chevalier.
Tant a souffert
La Marche. »
Tel est le bilan poétique de notre personnage.
Nous n'avons retrouvé, sans doute, qu'une partie de son œuvre; nous
nous consolons en pensant que les découvertes futures ne modifieront pas
sensiblement l'opinion que l'on se fait de sa valeur littéraire après la lecture
des « Nouvelles prophéties » ou même du « Chevalier délibéré. »
1 Olivier ne pouvait pas, en 1501, parler de l'empereur Charles. M. Gachard (Comptes
rendus des séances de la Commission royale d'histoire de Belgique, 3e série, t. V, p. 2GG, 18G3)
a déjà fait remarquer que le titre émanait d'une écriture postérieure, sur le manuscrit de
Vienne.
2 On le trouvera également à l'appendice, d'après la copie par nous prise sur le manuscrit
du Musée Plantin, où il a pour titre : Les cinq Sens. Mais c'est là l'unique différence avec
le manuscrit de Vienne.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 129
CHAPITRE III.
BIBLIOUHAPHIE.
A. — Mémoires.
Manuscrits. — On connaît six manuscrits complets des Mémoires.
1° Bibliothèque Nationale de Paris, français, 2869 ; papier, XVIe siècle,
495 ff. — Copie assez bonne, un peu endommagée au commencement; on
lit sur le 1er feuillet : « Ce manuscrit est le même que Denis Sauvage, qui a
fait imprimer cet auteur, appelle le ms. du seigneur de la Chaux, au comté
de Bourgogne, car il est sorty du château de Pérès, appartenant à Monsieur
le comte de S'-Amour. » Il a appartenu à l'historien S. Guichenon et à de la
Mare (n° 332).
2° Bibliothèque Nationale de Paris, français, 23232, provenant de la
bibliothèque Bouhier (n°94); papier, XVIe siècle, 383 ff. écrits. — Copie
pure et simple du précédent ou de tout autre de la même famille.
3° Bibliothèque de Lille, n° 329, provenant du couvent « Béate Marie de
Laude 1 » ; papier, XVIe siècle, non folioté. — Copie assez bonne, avec une
interversion seulement à la fin du volume. Les rubriques et les commence-
ments de chaque chapitre diffèrent un peu de ceux des manuscrits précé-
dents. Ce manuscrit peut avoir eu pour origine le ms. n° 2808, que nous
examinerons plus loin.
4° Bibliothèque royale de Bruxelles, n° 10999, provenant du collège des
jésuites d'Anvers; papier, XVIe siècle, 418 ff. Copie très médiocre, bien que
de la même famille que le n° 2869 de la Bibliothèque Nationale de Paris.
* C'est Notre-Dame de Looz, jadis abbaye bénédictine, con de Haubourdin, arr' de Lille
(Nord).
Tome XLIX. 17
130 ETUDE
5° Bibliothèque du Musée Planlin, à Anvers, n°141; papier, XVIe siècle.
Bonne copie.
6° Bibliothèque de sir Thomas Philipps, n° 4291. Nous n'avons aucun
renseignement sur ce manuscrit.
En outre, nous connaissons trois manuscrits incomplets des mêmes
Mémoires. Ce sont :
1° Bibliothèque de la ville de Valenciennes, n° 581 ; papier, XVe siècle,
fol. 1-43. Cette copie, d'ailleurs très bonne, ne commence malheureusement
qu'au chapitre IV du livre II; elle se rattache à la famille du manuscrit de
Lille cilé plus haut, et devrait être utilisée pour une édition des Mémoires
d'Olivier de la Marche.
2° Bibliothèque de Bruxelles, n° 5760, intitulé: « Chronyk van Brabanl
en Vlaend (603-1497) », en flamand; papier, XVIe siècle. A la fin, sur les
trois derniers feuillets, notes en français du XVIIe siècle, intitulées: « Extraict
» hors les mémoires d'Olivier de la Marche, touchant la généalogie et
» descente de Philippe d'Austrice roy d'Espagne. » Fragment sans intérêt
que l'on a quelquefois pris à tort pour une œuvre spéciale d'Olivier ; ce n'est
qu'une page détachée de ses Mémoires.
3° Bibliothèque Nationale de Paris, français, n° 2868, parchemin, fin
XVe siècle, 70 If. à 2 colonnes. Ce manuscrit est le plus beau et le plus
intéressant des Mémoires ; mais il ne renferme que l'introduction écrite après
coup pour Philippe le Beau. Cette partie paraît seule avoir été faite. Nous
sommes donc en présence ici d'une version originale, à laquelle se rattachent
les manuscrits de Lille et de Valenciennes. Celui de Paris seul comprend la
table des chapitres au début. Il est en outre orné d'un grand nombre de
miniatures en pleine page, mais il présente ce fait assez curieux que les trois
premières miniatures seules sont authentiques; les autres ont été faites au
milieu du XVIIe siècle, sur la demande de Petau, qui était possesseur du
manuscrit ', pour remplir les vides laissés à maints endroits pour des minia-
1 Sur les manuscrits de la collection de Petau, consulter M. Delisle, Le cabinet des
manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. I, pp. 287-289, Paris, 1869. M. Delisle ne parle
pas du ms. n° 2868, qui est cependant bien intéressant, et qui porte sur le dos la devise
de Petau : « Non est mortale quod opto. »
SUR OLIVIER DE LA MARCHE 131
Uires et des encadremenls. En effet, outre le style du dessin qui diffère abso-
lument, Petau a l'ait mettre ses armes 1 au bas desdites miniatures; tandis
que sur les trois premières pages on voit à la même place les armes d'Olivier
de la Marche -. En outre, la première miniature en pleine page représente
Olivier de la Marche remettant son ouvrage (l'introduction) à l'archiduc
Philippe le Beau, [en 1-190]. Nous avons dit plus haut ce que nous pensions
de l'authenticité du portrait. Dans tous les cas, ce manuscrit a dû être exécuté
pour l'archiduc en personne, et s'il ne contient pas le texte original, il peut
être considéré comme contemporain.
Selon nous, une bonne édition des Mémoires devrait être faite d'après le
ms. n° 2868 de la Bibliothèque Nationale (pour l'introduction), et d'après le
ms. de la Bibliothèque de Valenciennes (pour la fin du livre II). Pour combler
la lacune, on se servirait conjointement du ms. n° 329 de la Bibliothèque
de Lille, de la copie du Musée Planlin, et du ms. n° 2869 de la Bibliothèque
Nationale de Paris 5.
Éditions. — 1° La première édition des Mémoires a été donnée par
Denis Sauvage, à Lyon, en 1562. Elle porte comme litre : Les jj Mémoires
de jj Mcssire Olivier de jj La Marche, Premier jj Maislre-d Hostel de
\\ l'Archiduc Philippe jj d'Autriche, comte jj de Flandres, jj nouvellement
mise en lumière, par Denis Saunage, j; de Fontenailles en Brie, Historio-
graphe du Treschreslien jj Roy Henry, second de ce nom. jj A Lyon, par
Guillaume Boville, // à Tescv de Venise. // M. D. LXIL // Avec privilège du
Roy. In-folio de [x]- 435 -[4] pp. avec les armes de Flandre sur le litre 4.
i Écartelé : au 1 et 4 d'azur à trois roses d'argent, au chef d'or chargé d'une aigle issante
et éployée de sable; au 2 et 3 d'argent à la croix pattée de gueules.
2 De sable bandé d'or de trois pièces (voir ci-dessus, p. 100).
3 MM. Beaune et d'Arbaumont ont pris pour point de départ les manuscrits 2868 et
2869 seulement de la Bibliothèque Nationale.
* Cette édition n'est qu'un tiré à part [comme on dirait aujourd'hui), sans aucune modifi-
cation, de la : Cronique jj de Flandres // anciennement composée // par avtevr incertain, et //
Nouvellement mise en // lumière // Par Denys Sauuaye, jj de Fontenailles en Brie, Historio-
graphe du Très chrestien // Fwy Henry, second de ce nom. jj A Lyon, par Guillaume Roville, //
à l'escv de Venise. // M. D. LXII. // Auec privilège du Roy (avec les armes de Flandre sur
i52 ETUDE
Les feuillets préliminaires contiennent l'avis « Aux lecteurs » (où l'éditeur
explique comment il a eu communication du manuscrit des Mémoires que
possédait le seigneur de La Chaux), des errata, et la table des chapitres; à
la fin quatre pages sont consacrées aux annotations.
2° La seconde édition est de Gand : Les \\ Mémoires \\ de Messire Olivier
Il de la Marche jj auec les annotations et corrections \\ de 1. L. D. G. jj Ce
qui est dauantage, en ccste seconde édition jj l'Epistre aux Lecteurs le
déchirera. // A Gand, // chez Gérard de Salenson, // à l'enseigne de la Bible//
annOj 1566. // Avec Privilège Royal. \\\-k° de [xvi] - 645 pp. et la vignette
de G. van Salenson in fine. Les feuillets préliminaires renferment le privilège
du i septembre 1565, l'épilre au lecteur du 31 juillet 1566, le sommaire
des chapitres, la table des matières et Yerrala. On lit au verso du dernier
feuillet : Tgpis Manilii. Jean Laulens, de Gand \ a augmenté l'édition de
notes marginales, de « collations d'années, et corrections de molz, et dictions
corrompues -. » La plupart des exemplaires de cette édition qui passent en
vente portent la date de 1567 : ce n'est pas une réimpression de celle de
1566. L'éditeur, comme l'a conjecturé iM. Vander Haeghen a fait composer
simplement un titre nouveau pour joindre à l'ancien tirage, et pour faciliter
le placement des exemplaires invendus par suite des troubles de 1566. Aussi
les exemplaires portant la date de 1566 sont-ils beaucoup plus rares.
3° La troisième édition est de Bruxelles : Les jj Mémoires jj de Messire
Olivier de La Marche, jj troisiesme édition, // reueiie, et augmenté d'un
Estât particulier jj de la maison du Duc Charles le Hardy, // composé du
mesme Auteur, et jj non imprimé cij-deuant. jj A Bruxelles, // chez Hubert
Antoine, Imprimeur de la Court, // à l'Aigle d'or, près du Palais, 1616. //
Auec Privilège, jj Petit in-8° de [xxvm]-713 pp. avec une table des
le titre). Ce volume contient trois parties : La chronique de Flandres (xn-250-vi pp.);
la continuation de la chronique (xn-367 pp.); et les Mémoires d'Olivier de la Marche
(x-435-4 pp.).
1 Les quatre majuscules du titre désignent cet annotateur.
2 M. Ph. Vander Haeghen, qui décrit cette édition dans la Bibliographie gantoise, t. I,
pp. 187-188, Gand, 1858, d'après le catalogue Van Hulthem (n° 26076), la classe parmi les
productions de l'imprimerie Gislain Manilius, et non de G. de Salenson.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 133
matières contenue clans les feuillets préliminaires. L'achevé d'imprimer est
du 27 août 1615.
6° La quatrième édition est de Louvaiu; elle a été publiée par Everaerdl
de Wille, en 1645, in-4° de 714. pp. C'est une réimpression pure et simple
de la précédente, avec les annotations et la table des matières.
5° Réimpression de l'édition de Garni dans la Collection universelle des
Mémoires particuliers relui ifs à l'histoire de F raine, tome VI II (xiv-422 pp.)
et tome IX (les 359 premières pages), Londres et Paris, 1785. Le prologue
fait nettement connaître la pensée des éditeurs : « Nous avons supprimé du
texte les réflexions oiseuses et les déclamations triviales; nous avons ou
retranché ou inséré par extrait, selon leur importance, les descriptions de
tournois, de pas d'armes, ou d'autres fêtes de cette nature; on a substitué
au chapitre 29 du premier livre l'analyse qu'un moderne en a faite. » En
outre la fin des Mémoires a été rejelée de l'édition comme inutile.
6° Réimpression sans valeur dans la Collection complète des Mémoires
relatifs à l'Histoire de France, par Pelitot, tomes IX (478 pp.) et X (566 pp.).
Paris, Foucault, 1820.
7° Autre réimpression sans valeur dans la Nouvelle collection des Mémoires
pour servir à l'Histoire de France, par Miehaud et Poujoulal, l,e série
tome III, pp. 301-577, Paris, 1837 '.
8" Enfin la dernière édition a été donnée sous les auspices de la Société
de l'Histoire de France, par MM. Henri Beaune et J. d'Arbaumont, avec le
titre de : Mémoires \\ d'Olivier jj de la Marche jj maître d'hôtel jj et capitaine
des gardes de Charles le Téméraire, 3 vol. in-8° de 340, 431 et 322 pp.;
Paris, Loones, 1883-1885. Un quatrième volume reste à paraître, qui
contiendra l'introduction, « l'Étal de la maison du duc Charles, » quelques
documents, et les tables 2. Ces derniers éditeurs ont eu le tort de n'utiliser que
les deux manuscrits de la Bibliothèque Nationale de Paris, sans s'inquiéter de
savoir s'ils n'en trouveraient pas ailleurs qui fussent dignes d'être consultés-
i Potthast, Bibliotheca historien medii œvi, p. 432, Berlin, 1862, indique une réimpression
dans la Collection Guizot, qui n'a jamais existé.
2 Voir ci-dessus, p. 6.
m ETUDE
en outre ils ont reproduit dans leurs noies les variantes apportées par Denis
Sauvage dans son édition défectueuse de 1562 : travail fort inutile à mon
sens, et peu digne d'une œuvre d'érudition. Il eût été bien préférable d'in-
diquer les variantes des manuscrits, et de laisser totalement de côté des
impressions très postérieures à la composition des Mémoires, et ne pouvant
offrir un texte établi avec critique. Un autre reproche peut être adressé à
M AI . Beaune et d'Arbaumonl : pourquoi, au chapitre III du livre premier,
ont-ils substitué à la prose d'Olivier de la Marche, qui contient le traité
d'Àrras en entier, les lettres originales de Charles VII conservées aux
Archives départementales de la Côte-d'Or? Les éditeurs avouent eux-mêmes
que les variantes (sic) de la copie du chroniqueur sont peu nombreuses et
peu importantes : c'était une excellente raison de conserver le texte d'Olivier
de la Marche, puisque, si je ne m'abuse, c'est ce texte que MM. Beaune et
d'Arbaumont ont voulu publier, et non tel ou tel document d'archives. Que
les notes renferment le véritable texte du traité d'Arras, soit; mais que ce
texte vienne remplacer la prose d'Olivier de la Marche dans une édition de
ses Mémoires, cela me paraît inadmissible. Une observation semblable peut
être faite pour le chapitre VII du livre second, qui contient la trêve du
13 septembre 14.75. Malgré ces graves défauts clans une édition savante et
qui ne sera sans doute pas refaite de longtemps, la publication des Mémoires
dans la collection de la Société de l'Histoire de France devra être consultée
désormais à l'exclusion de toute autre.
B. — Advisad Boy // des Romains Maximilien premier, donné l'an H91
// PAR MESSIRE OLIVIER DE LA MARCHE, // CHEVALIER, CONSEILLER ET PREMIER
MAISTRE d'hOSTEL DE MONSEIGNEUR L'ARCHIDUC // PHILIPPE. TOUCHANT LA MANIÈRE
QU'ON SE DOIBT COMPORTER // A L'OCCASION DE RUPTURE AVEC LA FRANCE. // Tiré
du cabinet d'un curieux à l'occurrence présente. \\ A Bruxelles, chez la vefve
d'Hubert Antoine Velpius, // imprimeur juré de la Cour, à l'Aigle d'or, près
// du palais. // COI. IOC. XXXV. // Avec permission.
Manuscrits. — Aucun manuscrit n'a été signalé jusqu'à ce jour.
Éditions. — La seule édition connue (non citée) que je puisse indiquer est
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 135
celle dont le litre est transcrit ci-dessus. Comme les exemplaires en sont fort
rares et que la plaquette est peu considérable, j'ai cru devoir en donner une
réimpression à l'Appendice.
C. — Etat de là maison du duc Charles.
Manuscrits. — On connaît dix manuscrits de YÉlat de la maison du duc
Charles; et on peut les classer en deux familles. Le texte est dans tous à peu
près le même, mais les uns renferment le préambule (En acomplissani à
votre requête, Monsieur l'avilaitleur de Calais), et la fin avec la devise
d'Olivier de la Marche; dans les autres ces deux extrémités manquent.
(Manuscrits de la lre classe, complets) : 1° Bibliothèque Nationale de
Paris, manuscrits français, n° 5365; copie médiocre du XVIe siècle, papier,
52 feuillets. — 2° Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits français,
nu 18089; copie du XVIe siècle, papier, ff. 1-75. — 3° Bibliothèque munici-
pale de Douai, n° 903, bon texte du XVe siècle, qui devra être utilisé pour
une prochaine édition, papier, 90 feuillets. — 4° Bibliothèque royale de
Bruxelles, manuscrits de Bourgogne, n° 10443; copie passable du XVIe siècle,
papier, 91 feuillets. — 5" Bibliothèque d'Oxford, Botlléienne, manuscrit Douce
n° 181, provenant de Lalaing; copie du XVIe siècle, sur parchemin; in-folio
de 58 ff. — 6° Bibliothèque de l'Université de Groningue (Pays-Bas), coté LB|,
section de l'histoire de France; [\n XVe siècle, in-4°, papier, comprenant
onze cahiers de 8 ff. non paginés. Le premier feuillet est précédé d'une
feuille de garde sur laquelle on lit au verso, en écriture relativement
moderne : Liber academicus ex donalione v. cl. Joachimi Allingii cons.
anno 1619, mardi l. C'est une traduction flamande anonyme de l'ouvrage
français. — 7° Bibliothèque royale de Madrid, ms. E. 35 ; copie du XVIIe siècle,
in-folio, papier, ff. 1-46. Traduction anonyme en espagnol du texte d'Olivier
de la Marche sous le litre de Etiquetas de la casa del emperador Carlos.
(Manuscrits de la 2e classe, incomplets) : 1° Bibliothèque Nationale de
1 J. Alting était bourgmestre de Groningue en 1619. On lit sa signature autographe au
dernier feuillet, recto, de ce manuscrit.
136 ÉTUDE
Paris, manuscrits français, n°5413; copie du XVIesiècle, papier, non folioté.
— 2° Bibliothèque royale de la Haye, ms. n° 1373; copie très médiocre du
XVIe siècle, papier, non folioté. — 3° Bibliothèque royale de Madrid, ms. Dds;
copie du XVIe siècle, in-folio, papier, 1T. 7-57. Traduction espagnole sous
le litre de Estado de la casa del duque Carlos de Borgona y orden de la
guerra, traducido del francès. D'après une note écrite en tête de ce manu-
scrit, l'auteur de la traduction serait le jésuite André-Marc Burriel, qui la
dédia à Don Fernandez Alvarez de Toledo, duc d'Albe, chevalier de la
Toison d'or.
Éditions. — 4° L'Etat de la maison du duc Charles a été publié pour la
première fois à la suite des Mémoires dans l'édition de Bruxelles, 1616, où
il occupe les pages 676-715; depuis il a élé réimprimé dans presque toutes les
éditions successives, et l'on sail que MM. Beaune et d'Arbaumont, à leur tour,
doivent la joindre à la publication l'aile par eux sous les auspices de la Société
de l'Histoire de France. — 2° On trouve encore YÉtat de la maison du duc
Charles, imprimé dans Veleris œvi analecta, etc., de Anlonius Mallhseus,
édition de Leyde, Fr. Haaring, 1698, pp. 359 et suiv., et édition de la Haye,
G. Bloch, 1738, t. I, pp. 231 et suivantes 1. Dans Anlonius Matlhaeus, le
litre est en lalin : Rationarium aulne et imperii Caroli audacis cluci Bur-
gundiœ, et le texte en flamand, publié textuellement d'après le manuscrit de
la Bibliothèque de Groningue précédemment cité.
D. — Traité des noces de Charles de Bourgogne.
Manuscrits. — Un seul manuscrit connu jusqu'à présent. C'est celui que
possède la Bibliothèque de l'Université de Turin, G'21; texte peu fautif de
la fin du XVe siècle; papier, tï. 131-158. Il a pour litre : Hisloriu nup-
tiarum Caroli ducis Burgundiœ, aulore Olivier de la Marche 2. »
i Antonius Matthœus fait précéder son édition d'une petite préface en latin qui ne
contient rien d'intéressant à signaler. Il paraît avoir ignoré le nom du traducteur.
2 Ce manuscrit, qui renferme plusieurs œuvres d'Olivier de la Marche, a été déjà signalé
maintes fois. Cf. Y. Lacroix, Mélanges historiques (Collection des Documents inédits), t. III,
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 137
Éditions. — Le document a été publié pour la première fois dans les
Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côle-d'Or, t. IX, pp. 31 1 -
353, par MM. Aug. Dufour et Fr. Rabut, et tiré à part sous le titre de
Description inédile des fêles célébrées à Bruges en 1468 à l'occasion du
mariage du duc Charles le Téméraire avec Marguerite d'York, par Olivier
de la Marche, in-4", de hh pages, Dijon, Jobard, 1877. L'introduction des
éditeurs est en partie erronée, et le texte qu'ils ont imprimé ne mérite pas
toute confiance '.
E. — Ordonnances du Ranquet de Lille.
D'après M. Rervyn de Leltenbove, il existerait un manuscrit de cet ouvrage
à la Bibliothèque royale de Bruxelles; il a été impossible de le retrouver.
F. — Description de la solennité faite par les chevaliers de la Toison
d'or a Bois-le-Duc
Manuscrits. — Une copie de cette description se trouve dans le manuscrit
G'21 déjà cité de la Bibliothèque de l'Université de Turin, ff. 170-172. On
n'en connaît point d'autre manuscrit 2.
Éditions. — Ce court mémoire est encore inédit.
suppl. p. 322; Ch. Morbio, Manuscrits relatifs à l'histoire de France découverts en Italie
(Milan, 1839) ; et Edm. Stengel, Mittheilungen ausder Bibliothek von Turin (Halle, Niemeyer,
1873, in-4° de 46 pp.). Voir aussi le catalogue de la Bibliothèque de Turin publié par Pasini
en 1749, t. II, p. 4(J.j.
* La comparaison attentive que j'ai faite du manuscrit et de l'édition m'ont fait remarquer
un grand nombre de fautes de lecture, dont je signalerai seulement ici les principales :
Ponchien pour Ponthieu; Delst pour Uelft; Valentheim pour Valenchennes; Nori folle pour
Nortfolk; lige pour lyé; acout pour à tout; crespiennes pour crestiennes; Ilerchoubliez pour
Herchouwez; brandè pour broudé; Siennes pour Fiennes; marties pour martres; branlant
pour broudée; castas pour taftas; pitorie pour pierrie; Dunttrertre pour Duntkerke : ce qui
rend, on le suppose bien, plus d'un passage incompréhensible.
'•! D'après le manuscrit n° 1344 de la Bibliothèque royale de la Haye, f° 23, celte solennité
serait du 8 mars 1465; mais cette date doit être fort probablement erronée, car voici le
titre exact du fragment que j'emprunte au manuscrit de Turin : « S'ensuit ung petit mémorial
compris sur la feste de la Tlwison d'Or solempnisée au Bois-le-Duc le VIIIe de may [I4]S1. »
On se rappelle que ce manuscrit date de la fin du XVe siècle.
Tome XL1X. 18
138 ÉTUDE
G. — Livre de l'advis du gaige de bataille.
Manuscrits. — H y a de ce traité neuf manuscrits qui ne présentent pas
entre eux de sensibles différences. Ce sont : 1° Bibliothèque de la ville
d'Angers, ms. n° 972; texte très correct de la fin du XVe siècle, in-4°,
papier, 36 feuillets. — 2U Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits fran-
çais, n° 5518; bon texte du commencement du XVIe siècle, in-4°, papier,
ff. 1-28. — 3° Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits français, n° 1436;
copie médiocre du XVIe siècle, in-4°, papier, ff. 140-168. — 4° Bibliothèque
Nationale de Paris, ms. collection Duchesne, n° 49; copie du XVIIe siècle,
in-folio, papier, ff. 220-233 v°. — 5° Bibliothèque Nationale de Paris,
manuscrits français, n° 16752; copie du XVIIe siècle, in-folio, papier,
ff. 1-32 et 113-145. — 6° Bibliothèque Nationale de Paris, ms. collection
Brienne, n° 272; copie du XVIIe siècle, in-folio, papier, ff. 4-15 et
46-58 v°. — 7" Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits français, n° 194;
copie du XVIIe siècle, in-folio, papier, ff. 3-20 et 62 v°-80. - 8° Biblio-
thèque de la ville de Rouen, ms. n° 1152; assez bon texte de la fin du
XVe siècle (anc. E. 102, provenant du couvent des Capucins de Mor-
tagne); in-4°, parchemin, ff. 1-14. — 9° British Muséum, ms. n° 5217;
copie du XVIe siècle, in-4°, parchemin, 35 ff. (Bibl. Harleianse Cal.
libror. ms. vol. III, p. 252).
Editions. — 1° Livre des duels, autrement intitulé l'advis de gage de
bataille, jadis composé par messire Olivier de la Marche et dédié à Philippes,
archiduc d'Austriche. Auquel se traicle de la façon dont usoient les anciens
François à démcslcr leurs querelles en champ clos. Livre fort utile pour ce
temps, et non encores imprimé. Paris, Jean Richer, 1586. Petit in-8°. —
2° Réimprimé dans le recueil suivant : Traitez et advis de quelques gentils-
hommes français sur les duels et gages de bataille. Assçavoir de messire
Olivier de la Marche, de messire Jehan de Villiers, ST de Lisleadam, de
messire Hardouin de la Jaille : et autres escrils sur le mesme sujet, non
encor emprimez l, (ff. 1-33). Paris, Jean Richer, 1586, pet. in-8°. —
1 Dans cette édition, qui contient le texte de Jean de Villiers intercalé dans celui d'Olivier
de la Marche, le Livre de l'advis duyaige de bataille a été singulièrement défiguré.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 159
3° Réimprimé par M. R. Prost (pp. 45-54) dans son livre : Traités jj du jj duel
judiciaire jj relations jj de jj Pas d'armes et tournois jj par jj Olivier de
la Marche, jj Jean de Villiers seigneur de l'Isle-Adam, jj Hardouin de la
Jaille, jj Antoine de la Sale, etc. jj publics par // Bernard Prost, // archiviste
du Jura, jj Paris // Léon Villem, libraire-éditeur, 7, rue Perronet // 1872.
In-8° de xx-259 pp. et errata '.
H. — Traité du tournoy tenu a Gand par Claude de Vauldray,
seigneur de l'Aigle, en 1469 (v. style).
Manuscrits. — On en peut citer trois copies, également médiocres, qui
ont toutes trois pour origine un même manuscrit, aujourd'hui perdu. Deux
se trouvent à la Bibliothèque de la ville de Valenciennes, manuscrit n° 581,
fin XVe siècle, papier, in-folio, ff. 44-01 v°, et manuscrit n° 601, milieu du
XVIe siècle, papier, in-folio, ff. 168-175 v°. — La troisième se trouve aux
ff. 58-88 d'un manuscrit du XVIe siècle, sur papier, qui n'a jamais fait partie
d'une collection publique et qui appartenait il y a quelques années à
M. J. Renard, bibliophile lyonnais : je l'appellerai pour celte raison le
manuscrit Renard 2.
Éditions. — 31. R. Prost a édité ce traité, d'après les manuscrits de Valen-
i On peut lire dans le Catalogue de la librairie Leleu, de Lille (juin 1881), n° 1555, le
titre suivant : « Trakté de la forme et devis comme on faict les tournois, par Olivier de la
Marche, de la Jaille, etc. ... enrichi de 16 planches, dont 9 doubles, coloriées au pinceau
avec le plus grand soin et rehaussées d'or, in-8'\ jésus, pap. vergé. Paris, 1878. » J'ignore
s'il s'agit d'une édition spéciale (qui manque à la Bibliothèque Nationale) ou s'il s'agit d'un
exemplaire unique de l'édition Prost, illustré six ans après sa publication.
2 M. Renard avait acquis à la vente H. D. M. (Paris, Potier, 1867) ce manuscrit qui
figurait au catalogue sous le n° 945, avec une notice de Le Roux de Lincy assez peu exacte.
Après la mort de ce bibliophile éclairé, le manuscrit a été porté, au Catalogue des livres
rares et précieux, imprimés et manuscrits de la bibliothèque J. Renard (Paris, Labitte, mars
1881), avec le n° 14 i 7. C'est un recueil de pièces en prose et en vers composées à la cour
ou en l'honneur des ducs de Bourgogne, la plupart anonymes. Acheté par un Anglais à la
vente Renard, ce manuscrit est actuellement entre les mains de M. Van Trigt, libraire à
Bruxelles, qui en a proposé l'acquisition à la Bibliothèque royale de Bruxelles. Les admi-
nistrateurs de cet établissement ont refusé ses otfres.
140 ETUDE
demies, dans son livre déjà cité : Traités du duel judiciaire, relations de
pas d'armes et tournois, pp. 55-95.
J. — Entre pour tenir et célébrer la noble feste de la Toison d'or.
Manuscrits. — 11 n'y a, à ma connaissance, que deux texles assez
médiocres de ce traité. L'un est à la Bibliothèque, Nationale de Paris,
manuscrits français, n° 5046 (anc. Colbert, 3083); copie du XVIe siècle,
in-4°, papier, ff. 77-94; l'autre est dans le manuscrit Renard déjà signalé,
de la même époque, ff. 90-106.
Editions. — M. B. Prost a édité ce traité, d'après le manuscrit de Paris,
dans son ouvrage : Traités du duel judiciaire, relations de pas d'armes
et tournois, pp. 97-133.
R. — Vie de Philippe le Hardy.
Manuscrits. — - Un seul manuscrit connu de ce fragment poétique est
conservé à la Bibliothèque de l'Université de Turin, ms. G'-21 ; texte assez
bon de la fin du XVe siècle, papier, ff. 125-130 v°.
Éditions. — La première édition est celle que l'on trouvera plus loin à
l'appendice.
L. — Le Chevalier délibéré.
Manuscrits. — On connaît douze manuscrits de cet ouvrage, le plus
répandu assurément de tous ceux qu'ail composés Olivier de la Marche.
Tous sont semblables quant au fonds; les variantes du texte ne portent que
sur des mots et émanent des nombreux copistes qui l'ont eu à transcrire.
1° Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits français, n° 1606; texte
assez bon, mais incomplet, de la fin du XVe siècle; papier, 80 feuillets. —
2° Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits français, n° 2361 ; bonne
copie de la fin du XVe siècle, papier, 65 feuillets. — 3° Bibliothèque Natio-
nale de Paris, manuscrits français, n° 15099; texte exactement semblable au
précédent, fin XVe siècle, parchemin, 63 feuillets. — 4° Bibliothèque Nationale
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 141
de Paris, manuscrits français, n° 24373; texte médiocre du XVIe siècle,
papier, 74 feuillets. — 5° Bibliothèque de l'Arsenal, à Paris, manuscrit
n° 5117; copie du XVe siècle, parchemin, 63 feuillets, orné de 10 miniatures
dont Tune (f° 53) doit représenter l'auteur couché; malheureusement ce manus-
crit est en fort mauvais état et le texte est très incomplet; un certain nombre
de strophes ont été ajoutées postérieurement à leurs places respectives, d'après
l'édition gothique de Michel Le Noir. — 6° Bibliothèque royale de Vienne,
manuscrit français n° 2654; copie du XVIe siècle, in-4°, papier, 75 feuillets.
— 7° Bibliothèque de l'Université de Turin, Cod. I. e. III'"; copie médiocre
de la fin du XVe siècle, in-folio, papier, 62 feuillets. — 8° Bibliothèque de
l'Université de Turin, manuscrit G1 2 1 ; bon texte de la fin du XVe siècle,
papier, ff. 1-61 v°. — 9° Bibliothèque d'Ashburnham Place, coll. T. Barrois,
n° 478, foS 17-78; manuscrit du XV0 siècle, sur papier. — 10° Bibliothèque
d'Oxford, Bodléienne, manuscrit Douce, n° 168; copie du XVIIe siècle sur
papier, in-folio, 79 feuillets. — 11° Bibliothèque d'Edimbourg (Ecosse),
A avocates library, ms. n° 19.1.8; texte de la fin du XVe siècle sur par-
chemin '. — 12° Bibliothèque de la ville de Chalons-sur-Saône, manuscrit
n° 123; copie sans valeur faite en 1873.
Éditions. — Les éditions de cet ouvrage ont été très nombreuses au
XVe et au XVIe siècle. Il n'est pas nécessaire de reproduire ici les longs
détails bibliographiques qu'a donnés, sur les réimpressions successives du
Chevalier délibéré, Ch. Brunetdans son Manuel du libraire (5e éd., tome III,
col. 779-782, Paris, Didot, 1862). Il suffira de mentionner aussi succinc-
ment que possible les lieux et dates d'impression : 1° Paris, Ant. Vérard,
1488; in-4° de 77 feuillets avec 13 gravures sur bois. — 2° Paris, Michel
Le Noir, 1489 (citée par plusieurs bibliographes mais non décrite de visu, car
on n'en connaît pas d'exemplaire). — 3° Paris, Jean Lambert, 1493; in-4°
de 49 feuillets avec figures (il a été tiré des exemplaires sur vélin) 2. —
1 Je ne connais pas ce manuscrit, qu'a signalé M. Paul Meyer {Archives des Missions
scientifiques et littéraires, 2e série, t. IV, p. 139, Paris, 1867).
2 Dans son Catalogue des livres imprimés sur vélin (Bibliothèques particulières), t. II,
p. 135, Van Praët a décrit ce volume sur un exemplaire qui a appartenu successivement
142 ÉTUDE
4° Schiedam, s. cl. (avant 14.98), petit in-folio, gothique, de 31 feuillets, avec
gravures sur bois1. — 5° 5. /. n. cl. (Gouda, vers 1300), petit in-folio,
gothique, de 34 feuillets, dont le dernier blanc, avec 16 gravures sur bois -;
l'exemplaire unique de celle édition célèbre a appartenu successivement à
Colbert, à Du Fay, au comte d'Hoym, et en dernier lieu au marquis de
Ganay 3. — 6° Lyon, Martin Havard, s. d.j petit in-4°, gothique, de 49 feuil-
lets. — 7° Lyon, Martin Havard, s. d.; petit in-4°, gothique, non paginé. —
8° Paris, Jean Trepperel, 1500; in-4°, gothique, de 42 feuillets, avec gra-
vures sur bois. — 9° Paris, Michel Le Noir, s. d. ; in-4°, gothique, de 20 feuil-
lets. — 10° Paris, Silvestre, [1842], réimpression gothique de l'édition de
Schiedam après revision sur les manuscrits de la Bibliothèque Nationale de
Paris, par A. V[einant]; in- 12, non paginé, avec signature allant de A.l à
P.l, suivie d'une notice explicative de 4 pages.
Le XVIe siècle a vu éclore un certain nombre de traductions du Chevalier
à Pont-de-Vesle, au baron d'Heiss, à M. Chardin, et qui a été vendu à Londres en 1817,
pour 11 livres sterling 11 schellings. Cet exemplaire est orné de douze miniatures. — Un
autre exemplaire que possède depuis longtemps le British Muséum (puisqu'il provient de
la bibliothèque du roi Henri VII) contient 50 feuillets et 13 miniatures, plus la marque de
l'imprimeur. Il a été décrit avec un soin minutieux dans le Bibliophile français (février 1878)
par M. Ph. Berjeau.
* C'est en prenant cette édition pour base que quelques bibliographes ont voulu faire
remonter l'introduction de l'imprimerie à Schiedam (Pays-Bas) a l'année 1483. L'erreur
venait de ce que l'on avait pris pour date d'impression la date de la composition du Chevalier
délibéré. Cf. Recherches sur la vie et les travaux des imprimeurs belges et néerlandais établis
à l'étranger, par P. C. Van der Meersch, pp. 181-182, Gand et Paris, 1856.
2 La notice de ce volume donnée par le Manuel du Libraire (5e édit., t. III, col. 781) est
à supprimer et à remplacer par l'article beaucoup plus long et plus détaillé que lui ont
consacré P. Deschamps et G. Brunet : Manuel du Libraire, supplément, t. I, col. 763-765,
Paris, Didot, 1878. — Cf. aussi les Monuments typographiques d'Holtrop, planches 12 et 128,
Amsterdam, 1874. La marque de l'imprimeur (inconnu) gravée à la fin de l'ouvrage
renferme les armes d'une ville que l'on avait cru primitivement être Anvers, et qui est
certainement Gouda en Hollande (Bibliophile français, février 1878). Il faut donc considérer
comme non avenue la supposition de Brunet qui, dans La France littéraire au XVe siècle,
p. 104, Paris, Franck, 1865, semble considérer ce. livre comme sorti des presses anversoises
de Gérard Leeu.
3 Vendue 5 francs à la vente Du Fay et 33 francs à la vente d'Hoym, cette plaquette a
atteint à la vente Ganay (n° 98 du catalogue), en 1881, la somme de 16,200 francs. Cf. La
bibliomanie en 1881, par Philomneste junior (G. Brunet), p. 16, Bruxelles, Gay et Douce, 1882.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 143
délibéré, en espagnol ; elles ont été publiées tant en Flandre (Anvers) qu'en
Espagne (Barcelone, Madrid, Médina, Salamanque). Les éditions espagnoles,
dont on trouvera la nomenclature dans Antonio ' et dans Brunet 2, sont très
rares; mais la première en date a été donnée par don Hernando de Acuiïa
(Anvers, J. Sleelsius, 1553), puis réimprimée en 1591 sans modifications à
l'imprimerie plantinienne 3.
M. — Le parement des dames.
Manuscrits. — Il y a lieu de distinguer ici deux classes bien différentes
de manuscrits, et de séparer soigneusement ceux qui contiennent la version
postérieure et originale due à Pierre Desrey de l'unique texte qui fournit
la véritable leçon d'Olivier de la Marche. Le seul bon manuscrit est à la
Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits français, n° 25431 (anc. La
Vallière n° 128 et Ponlchartrain); XVIe siècle, parchemin, 34 feuillets non
numérotés, avec miniatures. — Les autres copies, qui renferment le texte
original (fréquemment défiguré) avec ou sans le commentaire de Desrey,
sont au nombre de six : 1° Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits
français, n° 1705 (anc. Cangé), XVIe siècle, parchemin, 56 feuillets. —
2° Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits français, n° 1706 (anc.
Cangé), XVIe siècle, parchemin, 48 feuillets. — 3° Bibliothèque Nationale
de Paris, manuscrits français, n° 2333, XVIe siècle, parchemin, 40 feuillets.
— 4° Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits français, n° 2376,
XVIe siècle, papier, 37 ff. écrits4. — 5° Bibliothèque royale de Bruxelles,
manuscrits, n° 10970, fin XVIe siècle, papier, ff. 173-226. — 6° Biblio-
* Bibliotheca nova, t. 1, p. 609.
2 Maimel du Libraire, 5e édit., t. III, col. 782. — Cf. Bibliothèque mazarine, à Paris,
n°s 10835 A et B.
^ Cette dernière édition est décrite par M. Ph. Van der Haeghen (Bibliotheca belgica,
1" livraison, Gand, 1880). Elle contient 19 planches gravées, que M. Max. Rooses croit
pouvoir attribuer à Pierre van der Brocht.
4 Au f° 1 v° on lit : Ce livre est à madame la duchesse connestable de France et lui fut
baillé par le libraire du Boy.
144 ETUDE
Ihèque du Musée Planlin à Anvers, ms. n° 150, du XVIe siècle, papier, non
foliole; sur le feuillet de garde on lit cette mention du possesseur écrite au
XVIe siècle : « le behoere toe Gilles van Wissen kerke », et sur le dos de
la couverture celte indication « Copyen die niet gedruckten syn. x »
Éditions. — On ne connaît que quatre éditions de ce poème2; trois sont
du XVIe siècle. La première a été donnée par Jehan Petit et Michel Le Noir,
Paris, [1510], in-8°, gothique, de 77 feuillets non chiffrés; la seconde par
Olivier Arnoullel, Lyon, s. d.; in-16, golhique, de 80 feuillets; la troisième
par la veuve Jehan Trepperel et Jehan Jehannol, Paris, s. d. ; in-8°, gothique,
de 70 feuillets non chiffrés, avec deux gravures sur bois 5. Celte dernière
édition est la seule qui ne donne pas au traité d'Olivier de la Marche un titre
de pure fantaisie, mais bien exactement le titre que Ton trouve dans le
manuscrit français n° 25431 de la Bibliothèque Nationale de Paris :
— le parement & triûphe des dames
Est appelle ce plaisant nouueau liure.
Prenez le en gre ainsi que ie le liure
pour recepuoir salut de corps & dames.
Une réimpression de ce poème a été faite par Horemans, à Lille, pour
Baillieu, libraire à Paris, en 1870, sans introduction ni notice4, et forme
le tome IV de la Bibliothèque gothique fondée par cet éditeur.
i Plantin a-t-il eu l'intention de publier le Parement des Dames? Sans doute. Mais ni
lui ni ses successeurs n'ont produit cette édition. Cf. Les manuscrits du Musée Planlin-
Moretus, par Henri Stein, p. 4, Gand, 1886.
2 Comme nous l'avons exposé ci-dessus (p. 126), ces trois impressions donnent la version
Desrey, et nous ne possédons pas encore d'édition donnant le texte original d'Olivier de la
Marche dépourvu de tout commentaire ultérieur.
3 Le Parement fut réimprimé au XVIe siècle, avec quelques modifications, sous le titre
de La source d'honneur, etc. Malgré l'assertion de Brunet, t. V, p. 465, et d'autres biblio-
graphes, le fond du livre est le même, si la forme est un peu différente.
4 In-12, non paginé; les cahiers signés de A.l à M. 3. Au titre se voit un bois représen-
tant la Dame ; au verso de l'avant-dernier feuillet, un autre représentant l'auteur écrivant.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. Uo
N. — Le débat de cuidier et de fortune.
Manuscrits. — Deux manuscrits de ce petit traité nous sont connus :
1° Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits français, n° 2232; copie du
XVIe siècle, papier, ff. 56-60. — 2° Bibliothèque Nationale de Paris, ma-
nuscrits français, n° 18689; copie du XVIe siècle, papier, ff. 76-89.
Éditions. — 1° Cet ouvrage d'Olivier de la Marche a eu, vers l'année 1500,
les honneurs de l'impression. Le litre est : Le débat de Cuidier et de Fortune
// compose par Messirc Olivier de la jj Marche lui estant prisonnier de la
journée de Nansi. Au verso du dernier feuillet on lit : Imprimes a Vallen-
chiennes par Jehan de liège demorant devant le contient de saint pol. Petit
in-4° gothique, de 10 feuillets 1. — 2° Réimprimé par les soins de M. A. de
Troyes dans la Revue Franc-Comtoise , 2e série, pp. 244-259. Besançon,
1843, 2e semestre. Il y a un tirage à part à 25 exemplaires (Besançon,
Ch. Deis, 1843, in-8°).
0. — Prière a la Vierge Marie.
Manuscrits. — Bibliothèque Nationale de Paris, manuscrits français,
n° 1606, f° 78.
Editions. — Cette prière a été publiée pour la première fois par A. Vei-
nant, d'après ce manuscrit, à la suite de la réimpression gothique du
Chevalier délibéré (Paris, Silvestre, 1842); elle a pour titre : Humble sup-
plique faicte et composée par Olivier de la Marche à l'honneur de la très-
sacrée intémérée et inviolée mère de Dieu.
P. — Complainte sur la mort de Madame Marie de Bourgogne.
Manuscrits. — 1° Bibliothèque royale de Bruxelles, ms. série II, n° 140,
fo 7_12. — 2° Bibliothèque royale de Vienne, ms. n° 3391, f° 561-567.
Éditions. — On trouve celte complainte imprimée dans le Recueil de
1 Ce volume est très rare et n'a, à ma connaissance, jamais passé en vente; la Biblio-
thèque Nationale de Paris en possède un exemplaire, à la réserve.
Tome XLIX. 19
146 ÉTUDE
chansons, poèmes et pièces en vers français relatifs aux Pays-Bas, publié
par les soins de la Sociélé des Bibliophiles de Belgique [par Cb. Buelens],
tome 111, pp. 25-38, Bruxelles, .1. Olivier, 1878.
Q. — Vers donnés a Monseigneur l'Archiduc.
Manuscrits. — 1° Bibliothèque royale de Vienne, ms. n° 3391, f° 200.
— 2° Bibliothèque du Musée Plantin, à Anvers, ms. n° 50, f° 1 . — 3° Biblio-
thèque Ashburnham, collection Th. Barrois, n° 478.
Éditions. -- Cette pièce a été publiée dans le même Recueil de chansons,
poèmes et pièces en vers français relatifs aux Pays-Bas, tome III, pp. 7-8,
sous son véritable titre : « Ces vers furent donnez par La Marche à Mgr l'Ar-
chiduc pour sa nouvelle escolle. » L'éditeur n'a connu que le manuscrit de
Vienne, mais les autres textes ne lui auraient fourni aucune modification,
bien que celui de la Bibliothèque Ashburnham soit le plus ancien (fin
XVe siècle, provenant de la famille de Lalaing).
R. — Vers dorés.
Manuscrits. — 1° Bibliothèque de la ville de Douai, ms. n° 767, fos 30
v°-34. — 2° Bibliothèque royale de Vienne, ms. n° 3391, fos 201-204.
— 3° Bibliothèque du Musée Plantin, à Anvers, ms. n° 50, fos 1 v°-3. —
4° Bibliothèque royale de Madrid, ms. E. 35, fos 48-50.
La copie du manuscrit de Douai est incomplète et offre des variantes qui
indiquent une origine différente des autres versions.
Editions. — Celle pièce a été publiée dans le même Recueil de chansons,
poèmes et pièces envers français relatifs aux Pays-Bas, tome III, pp. 9-15
(d'après le manuscrit de Vienne).
S. — Doctrine et loz pour Madame Aliénor.
Manuscrits. — 1° Bibliothèque royale de Vienne, ms. n° 3391, fos 5-13.
— 2° Bibliothèque du Musée Plantin à Anvers, ms. n° 146, in fine.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. U7
Éditions. — Il n'y en a pas eu d'édition jusqu'ici. On trouvera ce poème
publié intégralement à l'appendice.
T. — Nouvelles prophéties.
Manuscrits. — 1° Bibliothèque royale de Bruxelles, ms. n" 11029,
fos 152-153. — 2° Bibliothèque royale de la Haye, ms. n° 13 44., pp. 44-46.
Editions. — Aucune édition n'a encore été donnée de cette poésie. On la
trouvera à l'appendice.
U. — Vers faits a la requête de Monsieur de Ravestain.
Manuscrits. — 1° Bibliothèque royale de Vienne, ms. n" 3391, fos 205-
206. — 2° Bibliothèque du Musée Plantin à Anvers, ms. n" 50, 1° (> v°.
Éditions. — Ces vers ont été publiés dans le Recueil de chansons, poèmes
et pièces en vers français relatifs aux Pays-Bas, tome III, pp. 16-19 (d'après
le manuscrit de Vienne).
V. — Vers faits a la requête de Marguerite d'Autriche.
Manuscrits. — 1° Bibliothèque royale de Vienne, ms. n" 3391, fos 207-
2(39. — 2° Bibliothèque du Musée Plantin, ms. n° 50, fos 8-9.
Éditions. — Cette poésie a été publiée avec son vrai titre : « Ces vers et
petit traiclié fu fait à la requcslede Madame Marguerite d'Austriche, princesse
de Castille, et donnez par La Marche à Mgr l'Archiduc en l'eage de XX ans »
par M. Ch. Ruelens dans son Recueil de chansons, poèmes et pièces en vers
français relatifs aux Pays-Bas, tome III, pp. 20-24 (d'après le manuscrit
deViennc); et quatre ans après, M. le marquis de Granges de Surgères l'a
réimprimée à nouveau (d'après le manuscrit d'Anvers), dans le Bulletin des
Bibliophiles Bretons ', tome V, pp. 49-62.
i II y a eu un tirage à part à 30 exemplaires, in-8° de 20 pp., sous ce titre : Strophes
148 ÉTUDE SUR OLIVIER DE LA MARCHE.
X. — Prédestination des sept fées et leurs dons a l'empereur Chaules.
Manuscrits. — 1° Bibliothèque royale de Vienne, ms. n° 3391, fos 507-
578. — 2° Bibliothèque du Musée Plantin, à Anvers, rus. n° 50, fos 13-23.
Éditions. — Cette pièce a été également imprimée dans le Recueil de
chansons, poèmes, etc., relatifs aux Pays-Bas, publié par les soins de la
Société des Bibliophiles de Belgique, tome III, pp. 39-60, Bruxelles, 4 878.
Ici s'arrête la bibliographie des manuscrits et des imprimés d'Olivier de la
Marche, telle que nous avons pu l'établir à la fin de l'année 1887. Qu'on
veuille bien en excuser les défauts et en relever les erreurs; l'auteur fait
appel au lecteur bienveillant.
sur la Noël, composées par Olivier de la Marche d'après un sermon d'Olivier Maillard, et
publiées sur le manuscrit original (?) inédit avec introduction et notes (Nantes, Forest
et Grimaud, 1882'.
-.--s-Sfera^ ■-
PIECES JUSTIFICATIVES.
Thibaut de Granges, écuyer, reconnaît devoir à l'abbaye de Saint-Marcel lez Chalon-sur-
Saône cent dix sols viennois, équivalent à une rente léguée à cette abbaye par feu Guil-
laume de la Marche, chevalier.
(31 octobre 1382.)
En nom de Nostre Seigneur, Amen.
L'an de l'incarnacion d'icellui courrant mil trois cens quatre vins et deux, le pénultième
jour du mois d'octobre, je, Thiébault de Granges, escuier, faiz seavoir à tous ceulx qui
verront et ouront ces présentes lettres que je, saichans moy estre teneur entier et posses-
seur des assignalx de cent el dix sols viennois ou de monnoye à la valeur de quinze deniers
à tournois, denz chascun an à la feste de saint Berthelemy apostre, ou au moins à la
prouchainne feste de saint Jehan Baptiste, aux religieux, prieur [et] couvent de Saint-
iMarceal prez de Chalon, de annuelle et perpétuelle rente, lesquelx assignalx sont situez à
Chalon en la rue par laquelle l'on va de la Tour nueve vers Chastelet, entre la rue dicte
de Curvillon d'une part et la maison qui fut de Jaquin le Chapuix d'autre part, congnois
et confesse moy devoir pour moy et mes hoirs et successeurs anxdiz religieux, prieur et
couvent, à cause de leurdit prieurté, lesdiz cent, et dix solz de viennois de rente de la
monnoye que dessus pour les causes contenues et exprimées ez anciennes lettres de ladicle
rente passées et ouctroyé[es] auxdiz religieux par feu bonne mémoire messire Guillaume,
jadiz sire de la Marche, chevalier, Bienvenue, sa femme, femme feu monseigneur Guil-
laume Bonamy, chevalier, et Girard, filz de la dicte Bienvenue et dudit monseigneur
Guillaume. Et pour ce je promet/, pour moy et pour mes hoirs et successeurs et lez
aians cause de moy, par mon serment pour ce corporellement donné sur sains evvangiles
de Dieu et soubz l'obligacion de tous mes biens, meubles et non meubles, présens el
advenir, quelconques et où qu'ilz soient, paier et rendre auxdiz religieux, à cause de
leurdit prieurlcy, lesdits cent et dix solz chascun an perpétuelment au terme que dessus,
sur la painne contenue es lettres dessusdictes, senz ce que par ces présentes aucune
innovacion soit faille d'icelles lettres aucunnes, lesquelles je veul estre et demeurer en leur
450 ETUDE
force et vigcur perpéluelment ou sur ce faire leur gré, ensemble tous dommaiges et
interest qu'ilz pourroient soustenir en encontre par deffault diulit paiement, toutes et
singulières excepeions, actions, raisons, allégations, barres, subterfuges, cautclles et
cavillations de droit et de l'ait qui contre la forme et teneur de ces présentes letlres pour-
roient estre obiciez, dictes ou opposées, et par lesquelles l'effait d'icelles pourrait estre
empeschiez e( le paiement de la rente dessusdicic aucunement retardez, tout ainsin
comme ce en ses présentes elles estoient toutes de mot à mot inscriptes et répétées ;
lesquelles je veul pour (elles estre tentiez, esquelles et à chascune d'icelles je renunce
pour moy et pour nies hoirs et les aians cause de moy, et au droit disant la général renun-
eiation non valoir se l'espécial ne précède et est avant escripte. Et quant aux chouses
dessusdictes et chascune d'icelles fermement tenir, observer entièrement et accomplir, je
veul moy et mes hoirs et successeurs et les aians cause de moy estre contrains, comme
de chouse adjugée, notoire et manifeste, par la court de Monseigneur le duc de Bour-
gongne, par prise, détenue, saisine, vendue et exploit de niez biens et par toutes autres
voyes et manières débitez, à la juridiction et cohercition de laquelle court je submés, quant
ad ce, moy, mes hoirs et tous mes biens.
En tesmoing de laquelle chose j'ay requis et obtenu le scel de ladicte court estre mis
à ces présentes. Ce fut fait en la présence de Ponçot Damote, coadjuteur de Jehan Mathey,
tabellion à Chalon pour ledit monseigneur le duc; de Jaquemot de Velotel ; de Humbert
de Poloingncy, sire de Malerée; de Estienne Le Maire, de Savigney en Revermont, escuiers,
et de discrète personne et saige maistre Jaques de Latrecey, saige en droiz, tesmoings ad
ce requis et appelez, l'an et jour que dessus.
Expcdita est per me : Ponçot Damote.
Collection particulière; copie communiquée par
M. Edouard André, de Nuits-sous-Beaune (Côte-
d'Or), archiviste paléographe.
II
Quittance de Guillaume de la Marche pour ses gac/es de bailli des foires de Chalon-sur-Saône.
(1« avril 1385.)
Saichent tuit que nous Guillaume, sire de la Marche en Braisse, chevalier, bailli et
maistre des foires de Chalon, confessons avoir eu et reçeu de Andri Pustot, receveur de
Monseigneur le duc en noz bailliage et maistrise des dites foires, la somme de dix frans
d'or, qui nous étaient deuz par noz gaiges ordinaires de la foire froide dudit Chalon der-
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. m
renenient passé. Desquelx x frans nous nous tenons pour contens et en quittons ledit
receveur et touz autres à qui il puet appartenir. En tesmoin de ce, nous avons fait mettre
nosire seel à ceste quittance faite et donnée le samadi saint avant le saint service, premier
jour d'avril, l'an mil CCCII11XX et quatre.
Brenot.
(Archives de la Côte-d'Or, B. 347.)
III -IV
Mandements de Guillaume de la Marche.
(1387-1397.)
1° Mandement de Guillaume, sire de la Marche en Bresse, bailli et maistre des foires
de Clialon (28 juin 1590), enjoignant à tous officiers de faire respecter les exemptions de
péage dès longtemps accordées aux Clialonnais, et de contraindre les péagers de Chagny et
Demigny à restituer des sommes à gages indûment exigées par eux de certains habitans
de Chalon.
(Archives communales de Chalon-sur-Saône, AA. 13.)
2° Mandemenl du même confirmant l'exemption du péage à Sl-Germain du Plain
(1597).
(Archives communales de Chalon-sur-Saône, AA. 14.)
5° Mandement de Guillaume, sire de la Marche en Bresse, bailli de Chalon (lo no-
vembre 1387), pour assurer l'exécution de lettres patentes y insérées, par lesquelles
Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, octroie à la commune de Chalon, pour o ans, le droit
d'exiger de tous étrangers possédant des immeubles en cette ville le cinquième des loyers
qu'ils en retirent et aussi le quart de leurs cens de rentes perpétuelles audit lieu.
(Archives communales de Chalon-sur-Saône, CC. 27.)
ÉTUDE
Quittance de Guillaume de la Marche pour ses gages de bailli des foires de Chalon-sur-Saône .
(23 mars 1393.)
Saichenl luit que je, Guillaume, sire de la Marche en Braisse, chevalier, bailli et maistre
des foires de Chalon, confesse avoir eu et receu de Andry Pustol, receveur de monsei-
gneur le duc de Bourgongne au dit bailliage ei des dictes foires, dix livres tournois pour
mes gaiges ordinaires de la foire froide île Chalon darrenier passé. Desquels x I. tournois
je me tien pour content et en quiète ledit receveur et tous autres à qui quictance en doit
appartenir. En tesmoing de ce j'ay fait mettre mon propre seel avec le seing manuel de
Symon Lebret, clerc, notaire publique, à ceste présente quictance faite et donnée le xxtue
jour de mars l'an mil CCCIII1XX et douze.
Lebdet.
(Archives de la Côtc-d'Or, B. 347.)
M
Lettre de Marguerite de Flandre, duchesse de Bourgogne, à Guillaume de la Marche,
bailli de Chalon-sur-Saône.
[1399-1400.]
De par la duchesse de Bourgogne, comtesse de Flandres, d'Artois et de Bourgogne.
Cher et bien amé, pour ce que nous scavons que tousjours désirés oyr le bien de noslre
estât, nous vous signifions que nous sommes en bon point de cœur, la mercy noslre Sei-
gneur, qui ce vous veuille octroyer, et vous prions que de voslre eslat et des nouvelles de
par delà nous veuilliés escrire, car nous y prenons grand plaisir. Cher et bien amé,
Catherine voslre fille est en sa chanoinie, comme escrit vous avons, et combien que nous
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. L53
l'ayons envoyée en icelle devant la mi aoust en espérance qu'elle gaignast ses fruits, toule-
voye lacoustume de l'église est telle que ladicte Katherine ne prenra rien cette année com-
menceant à la Toussaint MCCCXCIX, et l'autre année commenceant à la Toussaint
MCCCC ; elle ne prenra que la moitié et le chapitre de ladicte église l'autre, et toutes les
années ensuivants elle prenra entièrement les fruits de ladicte prébende et chanoinie,
excepté que les deux damoiselles chanoinesses qui la gouvernent, prenront la moitié pour
le vivre et gouvernement d'icelle Katherine jusques à ce qu'elle soit grande, et elle
saiche son service, et lors elle prenra tout franchement, et vallent les prébendes et
chanoinies de cent à six vincq francs avec les distributions de l'Eglise qui vallent bien
trente francs, et quand elle sera grande et sçaura bien son service, et qu'elle aura fait rési-
dence en l'Eglise un an, elle pourra aller devers vous, et aura chascun an du gros de sa
prébende de cent à six vincq francs portés, mais elle n'aura rien des distributions, et se
pourra marier, si elle veult, en perdant sa dilte prébende, car les chanoinesses de ladite
église sont aussy séculières que sont les chanoines d'une église cathédrale; et ont nom les
damoiselles qui gouvernent les damoiselles de Ilones, et sont suers démoulants en un lios-
lel, et est l'ainsnée appelée dainoiselle Gellrude de Hones, et l'autre damoiselle Marie de
Ilones, et sont bien gentils femmes, car nulles autres n'y peut-on recevoir; et a en ladite
église un receveur appelle Jean Vivien qui dit qu'il vous cognoist bien et lui feistes une
fois une grant courtoisie et va aucunes fois aux foires de Chalon ; et saichiés que nostre
fille d'Ostrevant fut accompagner ladite Kalherine quand elle alla à Mons en Haynaulten
ladicte église de la dame de Gommcgines et d'un chevalier et autres gens jusques au
nombre de xx chevaux, et paya nostre dilte lillc le disner le jour que ladicte Katherine fut
rcceùe, ainsy que par Lucot nostre fruitier, qui fut présent, le pouvés plus à plain scavoir,
et depuis noslre dilte fille d'Osircvani nous a escril que les damoiselles qui gouvernent
ladicte Kalherine se louent bien d'elle. Et quand à Marguerite voslre fille, elle est en
bonne sanlé, et ne fut onc puis malade qu'elle fut pardeçà. Et vous signifions que c'est
la mieux mangeant de nostre hostel deux fois le jour. Nostre seigneur en soit garde de
vous. Escril au bois de Mofllaines lez noslre ville d'Arras, le 2e jour de septembre.
Signé J. de Maiue et sellé.
A nostre cher et bien amé le sire de la Marche en Bresse, bailli et maistre des foires
de Chalon.
[Tiré des archives de M. le Président Fyol, seigneur de la Marche. Copie de la fin du
17° siècle].
(Bibliothèque nationale de Paris. — MS. latin 9869, pp. 216-217.)
Tome XLIX 20
\U ETUDE
VII
Attestation donnée par Guillaume de la Marche du départ d'un écuyer vers
le Chancelier de Bourgogne.
(3 février 1400.)
Nous, Guillaume de la Marche en Breisse, chevalier, bailli et maisire des foires de
Chalon, savoir Taisons à louz que, par notre ordonnance l'aile par la délibération du con-
seil de monseigneur le duc de Bourgogne estant à Chalon, Leonart Merchy, escuier, partit
de Chalon le ni" de février darrain passé, pour aler devers monditseigneur el monsieur
son chancellier pourter certaines lettres, cerliflîcacions et autres choses touchans le l'ail
de monditseigneur contre le seigneur de Beaujeul; et lui avons ordonné attendre sur ces
choses l'ordonnance de monditseigneur. Donné le m" jour de février Tan mil CCCllIl"
dix el neuf.
(Archives de la COte-d'Or, B. 347.)
VIII
Mainlevée donnée par le duc de Bourgogne de la terre de Villargeot, acquise
par feu Guillaume de la Marche.
(28 août 1406.)
Jehan, duc de Bourgoingne, conte de Flandres, d'Artois et de Bourgoingne, palatin,
seigneur de Salins et de Malines, à nostre chastellain de Verdun, salut. Oye humble sup-
plieacion de noz bien améz Vaultier, Anthoine, Marguerite et Catherine, pupielles et
maindres d'aaige, enfans de feuz Guillaume de la Marche et Flour de Sercey, jadis leur
père el mère, contenant que comme par le traitlié du mariaige d'iceulx Guillame et
Floure, messire Jehan de Sercey, chevalier, ait bailliez, donnez et transportez à ladite
Floure, sa fille, pour son dm et mariaige, sa terre de Villargeau comme de franc aleu, et
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. I»5
après ce, feu messire Guillame île la Marche, jacliz chevalier, père dudit Guillame, à
son vivant ait acquis de feu Guillaume de Sercey, escuier, tout le droit et porcion qu'il
avoit en ladite terre de Villargeau, lesquelx droit et porcion ledit feu Guillaume vendi
audit messire Guillaume de la Marche tomme de franc aleu pour pajait chacun an aux
héritiers ou ayans cause de feu messire Ode de Verdun, duquel nous avons cause et à
nous appartient, trente Crans, et l'abbaye de Saint Pierre près Chalon seize solz ; et depuis,
pour ce que ledit messire Guillame de la Marche avoit fait ledit aequest des deniers du
mariaige de ladite Flour, ycelui messire Guillame bailla et transporta auxdiz Guillaume,
son fi Iz et à ladite Flour, au proffit de la dite Flour, ledit aequest ; et ces choses ainsi faites,
lesdiz Guillame et Flour père et mère desdiz pupielles supplians, soient alez de vie à tres-
passement; c'est assavoir ledit Guillame piccà et ladite Flour depuis ung an ença,
délaissiez survivans leurs diz povres enfants et héritiers pupielles, orphenins et maindres
d'aige, desquelx le plus aigié ne puet avoir oulire xn ou xm ans, et il soit ainsi que par la
mort de leur dite mère leur soit advenue et escheue ladite terre de Villargeau et n'ayant
gaires autres biens dont ils puissent vivre; néantmoins depuis trois mois circa, par deffault
de fyé non congneu, comme vous dites, vous avez mis en nostre main la dite terre de Villar-
geau, ensemble les proufiiz et soing d'icelle, et pour ce, se feussent traiz lesdis povres sup-
pliants par devers nous, il a environ trois sepmaines, en nous requérant à eulx estre faite
main levée de leur dite terre ou à tout le moins joyssement, lequel joissement nous leur
octroyasmes jusques au xixe jour de ce présent mois d'aoust; et nous ayent derechief hum-
blement supplié que de nostre dite main voulsessions lever et les faire et souffrir joir de leur
dite (erre, et sur ce ont exhibez aucunes lettres et tiltres qui par aucuns des gens de nostre
conseil ont esté veuz et rapportez à nostre amé et féal chancellier, le seigneur de Courty-
vron, qui sur ce a eue délibéracion avec noz autres conseillers; nous, ces choses considé-
rées, mesmement oye ladite délibéracion, avons nostre dite main-mise en ladite terre en
tant qu'il louche le droit, part et porcion que y ont lesdiz suppliants levée et ostée, et par
ces présentes levons et osions au proflit d'iceulx suppliants, et voulons et vous mandons
que iceulx vous en faites et laissiez joir et user par la manière que eulx et leurs prédé-
cesseurs en joissoyent avant nostre dite mainmise en vous payant toutevoyes chacun an
desdiz xxx francs qui demeurent en nostre main par deffault de fyé non fait et des autres
choses non acomplies, requises par certain don que l'en dit qui en fut fait par feu nostre
très redoublé seigneur et père dont Dieu ait l'âme, à dame Marie d'Ayne, femme de feu
messire Guillame, sire de la Marche, qui, se bon lui semble, en fera poursuite à l'encontre
de nostre procureur par devant nostre hailly de Chalon ou autres noz juges ordinaires
qui, appelez et diz nostre dit procureur et autres qui seront à appeler et oyr, y feront
raison et justice par la manière qu'il appartiendra. Si voulons et vous mandons que lesdiz
supplians vous faites et sou ffrez joir et user paisiblement de noslre dite main-levée et de
leur dite porcion et appartenances d'icelle terre par la manière que dessus, sanz le y
empeschier aucunement au contraire, jusques autrement en soit par nous ordonné, car
ainsi nous plaist il estre fait. Et ausdiz suppliants l'avons octroyé el octroyons de grâce
espécial, se mestier est, par ces présentes, par lesquelles ou copie d'icelles eollaiionnées
156 ÉTUDE
en la cliambre de noz comptes à Dijon ou par l'un de noz secrétaires, rapportant nous
voulons vous en estre deschargié par noz amez et féaulx les gens de nos diz comptes par
tout là où, et par la manière qu'il appartiendra. Ausquelx nous le mandons par ces
mêmes présentes ainsi faire nonobstant quelconques ordonnances, mandemens ou def-
fences ad ce contraires. Donné en nostre ville de Dijon le xxviu" jour d'aoust, l'an de
grâce mil 1111e et six. Ainsi signé par nostre seigneur le duc, à la rclacion du conseil ou
quel vous les gens des comptes et autres estiez. Bonost.
[Collacion est faite avec l'original de cette copie le 111e jour de septembre l'an mil CCCC
et six, par moy : De Sauls.]
(Archives de la Côte-d'Or, B. 11130.)
IX
Quittance d'Antoine de la Marche.
(31 juillet 1418.)
Je, Anthoine de la Marche, chevalier, confesse avoir receu de Jehan de Naidant, con-
seiller et receveur général de toutes les finances de monseigneur le duc de Bourgongne, la
somme de quarante frans, monnoie royal, laquelle mondit seigneur m'a ordonné estre bail-
lié et délivré ce jour d'uy pour aler par son ordonnance et commandement dès la ville de
Paris en certains lieux secrez tonchans le bien du Roy et de son Royaume, que autrement
ne veult estre déclaré, avec et en la compaignie de messire Guy Turpin, seigneur de Laval,
comme par les lettres patentes de mondit seigneur sur ce faites, données le xxvni' jour
d'aoust derrain passé, puet plus à plain apparoir. De laquelle somme de xl IV. je me tieng
pour content et en quitte mondit seigneur, son dit receveur général et tous autres. Tes-
moing mes seel et seing manuel cy mis le derranier jour de juillet, l'an mil CCCC et dix-
huit.
A. de la Marche.
(Archives de la Côte-d'Or, B. 11939.)
SLR OLIVIER DE LA MARCHE. 1S7
Paiement par le duc de Bourgogne à Guy Tvrpin et à Antoine de la Marche d'une somme
de deux cents francs pour certaines négociations secrètes faites par son ordre.
(28 août 1418.)
Jehan, iluc de Bourgongne, conte de Flandres et d'Artois et de Bourgongne, palatin,
seigneur de Salins et de Malines, à nos amez et féaulx les gens de nos comptes à Dijon,
salut et dillection. Nous voulons et vous mandons que vous alouez es comptes de nostre
amé et féal conseiller et receveur général de nos finances, Jehan de Noident, et lui rabalez
de sa recepte sans aucun contredit ou difficulté, la somme de deux cens frans, monnoie
royal, laquelle de notre ordonnance et commandement il a paie, haillié et délivrée comptant
à nos amez et féaulx chevaliers et chambellans, messire Guy Turpin et messire Anthoine de
la Marche; c'est assavoir audit messire Guy viuxx frans et audit messire Anthoine xl fr.,
pouraler par nostre ordonnance et commandement, le derranier jour de juillet derniè-
rement passé, dès ceste ville en certains lieux secrez touchans le bien de monseigneur le
Roy et de tout son royaume, que autre ne voulons estre déclarrez en ces présentes. Par
rapportant avec ces présentes sur ce quittance des dessusdicts, chaucun de sa porcion
seulement; Nonobstant quelconques ordonnances, mandemens ou deffences à ce con-
traires. Donné à Paris, le xxvui" jour d'aoust l'an de grâce mil CCCC et dix huit.
Par mons. le Duc : Lezsumat.
(Archives de la Côle-d'Or, B. 11939.)
XI
Paiement par la duchesse de Bourgogne à Antoine de la Marche d'une somme
de huit francs pour un voyage qu'il a fait vers la duchesse de Savoie.
(30 novembre 1419.)
Marguerite, duchesse de Bourgoigne, contesse de Flandres, d'Artois, et de Bourgoigne,
palatine, dame de Salins, de Malines, à noz chers et bien amez les gens des comptes à Dijon,
de nostre très cher et très amé filz Philippe duc, conte et seigneur des pays et lieux des-
1S8 ETUDK
susdiz, salul et dilection. Nous faisans forte en cette partie de nostre dit filz, vous mandons
allouer es comptes et rabatre de la recepie de nostre bien amé Jehan Fraignot, receveur
général de Bourgoigne, la somme de huit frans, laquelle par nostre ordonnance et par
l'avis de Jehan Cliousac, Jean de Noident et autres, il a payé, baillé et délivré eomptans
à Anthoine de la Marche, escuier, pour son voyaige devers nostre très chier et très amée
suer la duchesse de Savoye, où nous l'avons naguère envoyé pour lui exposer certaine
chouse que nous lui faisons savoir touchant nous et nostre dit filz que nous ne voulons
aucunement estre déclaré en eeste cause. Par rapportant avec ces présentes quittance sili-
ce dudit Anthoine, tant seulement nonobstans quelconques ordonnances, mandemens ou
defïenses à ce contraires.
Donné à Dijon, le derrain jour de novembre 1419.
Par Madame la duchesse de Bourgoigne : G. Lebouiidin.
(Catalogue Charavay, vente d'autographes du 31 mai 1884, n° 147. j
XII
Délivrance à Antoine de la Marche d'une somme de deux cents francs légués à sa mère
par Catherine de Bourgogne.
(S. d. [1429].)
A messire Anthoine de la Marche, seigneur de Chastel Begnault, chevalier, conseiller et
chambellan de mondit seigneur le duc, filz et héritier en ceste partie seul et pour le tout
de feue madame Marie d'Ayne, jadiz dame de la Marche en Bresse, la somme de deux cens
frans monnoie à présent courant, que feue ma dicte dame d'Austerriche a donnez et
octroyez à la dicte dame pour considéracion et en rémunéracion des bons services qu'elle
lui a faiz en son vivant, pour ce paie par vertu des lettres patentes de mon dit seigneur
données à Chalon le un" jour de décembre mil CCCC et XXVII. Cy rendu avec la clause
dudit testament faicte en la chambre des comptes à Dijon et quittance dudit chevalier héri-
tier que dessus à ce servans.
(Archives de la Cûle-d'Or, B. 1643, f° 41 v°.)
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. J59
XIII
Quittance d'A titoine de la Marche.
(22 novembre 1429.)
Je, Anthoine de la Marche, seigneur de Chastel-Regnault, chevalier, conseiller et
chambellan de Monseigneur le duc de Bourgogne, filz ei héritier en ceste partie seul et
pour le tout de feue madame Marie d'Ayne, jadiz dame de la Marche en Breisse, confesse
avoir eu et receu de Mahieu Regnault, conseiller d'icellui seigneur et son receveur général
de Bourgogne, la somme de deux cens frans, monnoie à présent courant, que mon dit
seigneur par ses lettres patentes données à Chalon le 1111e jour de décembre mil CCCC
XXVII a ordonné à feue la dite dame Marie d Ayne prendre et avoir de lui pour et en lieu
de la somme de deux cens frans d'or que feue madame Kalherine de Bourgogne, jadiz
duchesse d'Austerriche, cui Dieu pardonne, donna et laissa par son testament et darrenière
volonté à icelle dame Marie, pour et en rémunération des bons services qu'elle lui list au
temps de son vivant, et pour les causes plus à plain contenues es dictes lettres patentes
de mon dit seigneur et en la clause extraicte dudit testament en la Chambre des Comptes
d'icellui seigneur à Dijon, le xui" jour de janvier ensuivant ou dit an. De laquelle somme
de 11e frans dite monnoie courant, je me tien pour content et bien paie, et en quicte mon
dit seigneur, son dit receveur général et tous autres, et avec ce promez acquicter
d'icelle somme mon dit seigneur, ses hoirs ou ayant cause, envers tous et contre tous,
soubs l'obligation de tous mes biens, sans ce que jamais on lui en puisse aucune chose
demander, ores ne ou temps à venir. En lesmoing de ce, j'ay signé ces présenles de ma
main et y ai mis mon seel, le xxii" jour de novembre l'an mil CCCC vint et neuf.
A. de la Marche.
(Archives de La Côte-d'Or, B. 36.1.)
160
ETUDE
o
8 ? -
Q
a ^ g
s Pu
Q
ca Si
CD
ifi
CD
I
CD
00
CM
-a — oj
I— I
O
o
<
o
SUR OLIVIER DE LA MARCHE.
161
a. C
J3
a -5
05
O
-3
SB
O
SB
ta
J
M
sd
Ci
O
t£
al
SB
^r
o
z
o
ta
CD
-3
S
p
S
O
ta
—
a
"
en S "3
M ~ S
-ë S .2
P ^ C CD CD
Z rt ca :z: ss
^ CD ^
C O ,J
J ta « S
g 135.)
164 ÉTUDE
XVII
Philippe le lion mande à son bailli de Dole d'envoyer Jeanne Boulon en possession d'une
rente quelle a récemment acquise sur des fiefs mouvant du château de Roche for t.
(31 janvier li.'i'i.i
Philippe, par la grâce de Dieu, duc de Bourgoingne, de Lothier, de Brabant et de
Lembourg, contede Flandres, d'Artois, de Bourgoingne, palatin de Haynnau, de Hollande,
de Zeliande et de Namur, marquis du Saint Empire, seigneur de Frise, de Salins et de
Malims. A tous ceulx qui ces patentes verront, salut. Savoir faisons nous avoir receu
humble supplication de nostre bien amée damoiselle Jehanne Bouton, vefve de feu Phi-
lippe de la Marche, jadis escuier, en son vivant seigneur dudit lieu; contenant que jasoit
ce que icelle suppliante ait nagaires acquis de mess'" Hugues, sire de Vaudrey et de la
Chassaigne, et Guiot de Vaudrey, escuier, son filz, la somme de deux cens livres tournois
de renie qu'ilz ont assise et assignée à ladite damoiselle, pour elle, ses hoirs, successeurs
et ayans cause, perpétuelment en et sur les villaiges dudit lieu de la Chassaigne et de
Sergeval en la chaslellenie de la Colonne en nostre baillaige de Dôle, sur les rentes, reve-
nues, causes, tailles, mainmorte, grains, bois, eslangs, eaues de cours d'eaues, fours,
molins bannaulx, cire, couinées, gelines et autres reddevances et émolumens quel-
conques en toute justice, haulte, moyenne et basse. Toulevoies obstant ce que les terres,
seigneuries, et choses dessus déclairées sur lesquelles lesdites deux cens livres de rente
sont assises comme dit est, sont et meuvent de nostre fief à cause de nostre chastel de
Rochefort, qui est fief de dangier, la dite damoiselle suppliant n'a encores osé ne oseroit
d'icelles deux cens livres de rente prendre la possession sans sur ce avoir noz congié,
licence et consentement, si comme elle dit, dont elle nous a très humblement supplié.
Incliuans à sa supplicacion avons octroyé, consenti et accordé, octroyons, consentons et
accordons et de grâce espécial, donnons congié et licence par ces présentes que desdites
deux cens livres de renie par elle acquises et à elle assignées comme dessus est dit, elle
puisse prendre et appréhender, toutes fois que bon lui semblera, la vraye réelle et actuelle
possession et saisine pour en jouir et user dés lors en avant comme de sa propre chose,
sauf nosire droit et l'autruy, et mesmement sans préjudice du droit de nostre commise, se
par avant la date de cestes en avoit esté prinse possession sans notre consentement. Et
pourvuu que lesdils vendeurs soient et demeurent noz hommes féodaulx d'autre fief ou
chose soullisant. Si donnons en mandement à nostre bailli de Dole et à tous nos autres
justiciers et officiers présens et avenir en ce, peut et pourra louchier et regarder leurs
lieuxtenans et à chascun d'eulx en droit soy et si comme à luy appartendra que de nostre
présente grâce, congié, licence, et consentement selon et par la manière que dessus est dit,
facent, souffrent, et laissent ladite damoiselle supplian naisiblemcnt et pleinement jouir
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 163
et user, sans lui faire ou donner, ne souffrir estre fait ou donné quelconque destourbier ou
empeschement au contraire. En tesmoing de ce, nous avons fait mectre noslre scel à ces
présentes. Donné en noslre ville de Chalon, le derrenier jour de janvier l'an de grâce
mil quatre cens cinquante et ung.
(Archives générales du royaume île Belgique,
Chartes de l'Audience, 37.)
XVIII
Déclaration par Antoine Rotin de la foi et de l'hommage qu'il a reçus, an nom du duc
de Bourgogne, d'Olivier de la Marche, selon la coutume de Hainaut.
(8 mai 14GS).
A tous ceux qui ces présentes lettres veront ou oront, Anthoine Ilolin, chevalier,
seigneur d'Aymeries, d'Anlhuinc et de Lens, mareschal et veneur hiretable de Haynnaut,
conseiller et chambelan de très-haux et très-puissans princes et mes très-redoublez
seigneurs messeigneurs les duc de Bourgoingne et comte de Cliaroloix, salut et congnois-
sance de vérité. Savoir faisons que pour les bons et agréables services et plaisirs que Olivier
de la Marche, escuyer et premier pannetier de mondit seigneur te comte de Cliaroloix,
nous a fait en temps passé et que encores espérons que il fera à nous et à nos hoirs, nous
lui avons donné et donnons à tenir en foj alté et hommaige de nous et de nos hoirs la somme
de mil livres tournois, monnoie dudit pays de Haynnaui,de rente chacun an, pourenjoyr
et possesser tout le cours de la vie de Marie d'Ally nostre très-chière et très-amée com-
paigne et expeuse tant seullement; escheant chacun an à deux termes et paiements, c'est
assavoir la moitiet au jour du Noël et l'autre moitiet au jour Saint Jehan Baptiste, et
dont nous lui en devons et prommetons à faire le premier paiement pour la première
demie année au jour du Noël prochainement venant en l'an du datte de ces présentes lettres,
et l'autre moitiet pour la première année enthière au jour Saint Jehan Baptiste enssuivant
après, qui sera en l'an mil quattre cens soissante six, etainsi de là en avantd'an en an et de
terme en terme, tout le cours de la vie de nostre très-chière et très-amée compaigne et
expeuse. Duquel don de mil livres tournois de rente susdictes nous avons fait et faisons
audit Olivier de la Marche, pour luy et ses hoirs, certain propre et especial assenne sur
toute nostre dessusdicte terre, fief, justice et seigneurie de Lens, en queleoneques mem-
bres et parties qu'elle se comprenne, gise et estende. Et si congnoissons que d'icellui don
des mil livres tournois de rente dessusdictes, nous avons ledit Olivier de la Marche receu
166 ÉTUDE
en la foyalté et liommaige de nous, comme de fief ample, ainsi et par la manière qu'il
appartient seloncq la loy et coustume dudit pays et comté de Haynnaut par le tesmoing
de ces lettres scellées de nostre propre seel et signées de nostre saing manuel. Et si
prions et requérons à nos ohiers et bien amez Robert de Martcgny, secrétaire de mondit
signeur le comte de Charoloix, Adenet Le Blon, Jorget Lengherant, Jehan de Froimonl,
clerc de la cour de Mons,etPierot Bricquet, lesquelz, comme hommes de fief à mondit très-
redoublé seigneur et prince monseigneur le duc de Bourgoingne et de Brabant, comte de
Haynnaut et de Hollande, nous avons cspéciallement requis et appeliez là où nous feysmes
le don des mil livres tournois de rente par an susdictes audit Olivier de la Marche, et
aussi comment à cesly cause nous l'en rechuysmes en la foyalté et hommaige de nous et de
nosdis hoirs, seigneurs de Lens, que ils voeillent à ces présentes lettres mettre et appendre
leurs seaux avoecques le nostre en certification de vérité. Et nous, Robert de Marlegny,
Adenet Le Blon, Jorget Lengherant, Jehan de Froimont et Pierot Bricquet pour ce que à
toutes les choses dessusdites et chacune d'elles ainsi faire congnoislre et passer bien et à
loy, avons estéptésens et especiallemenl requis et appeliez comme hommes de fief à nostre
dessusdict très redoublé seigneur et prince monseigneur le duc de Bourgoingne et de
Brabant, comte de Haynnaut et de Hollande; en avons à cesdites présentes lettres mis et
appendus nos seaux à la requeste de hault et puissant et nostre très-honnouré seigneur
monseigneur Anthoine Rolin, chevalier, seigneur d'Aymeries, d'Anthuinc et de Lens,
mareschal et veneur hiretable de Haynnaut, auvecques le sien et son saing manuel en
aprobation de plus granl vérité. Ce fu fait en la ville de Valenchiennes, le huilysme jour
du moix de may en l'an mil qualtre cens soissante chineq. (Signé) : Anthoine Rolin.
[Original parchemin, sceaux perdus.]
{Archives de lu famille il,- Luynes, au château de
Lucheux en Picardie).
XIX
Déclaration des (erres appartenant à Olivier de la Marclie dans le bailliage de Bresse.
(14 juin 1473.)
Je Guillaume Verdet, chaslelain et receveur de la Marche en Bresse, pour noble
seigneur messire Olivier de la Marche, chevalier, seigneur dudit lieu, conseiller et
inaistre d'ostel de mon très redoublé et souverain seigneur monseigneur le duc de Bour-
gongne, en absence dudit chevalier, scavoir qu'il est au service de mondit seigneur le duc,
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 167
congnois et confesse je, seigneur de la Marche, avoir, lenir,pourter et posséder en fief et
rièrefief de mondit seigneur le duc les choses cy après déclarées :
Premièrement :
Le chasteaul et maison for de ladite Marche, ensemble de la mote et foussés, sont du
fief de mondit seigneur le duc, à cause de son chaste] et ville de Rochefort, comme je l'ay
ouy dire communément et notoirement par les anciens officiers et hommes de ladite terre
de la Marche.
Item, tout le demourant de ladite terre de la Marche et D'Enay, tant es villages et
paroisses de Saint Martin de Bresse, Dicone et de Villegaudin, tant en mex, hommes,
rentes, censives, courvées, gélines, estangs, bois, messeries, péage, justice et seigneurerie
haulte, moienne et basse, sont du fief de la ville de Mervans, près de ladite Marche,
réservé le mex de la chapelle dudit Villegaudin et de la court dudit lieu, lesquelz on dit
et maintient iceulx estre de franc alleu et du ressort de Sainct Laurens lez Chalon.
Item ledit chevalier a et doit avoir d'ancienneté le fief de Dyombe, qu'il tient en rièrefief
dudit Mervans.
Item tient et porte ledil chevalier au lieu de Chaissey et de Valote ung mex, lequel
pourie à présent de luy Huguet Mey demeurant au petit Chaissey.
Item trois pièces de vignes contenant environ quarante ouvrées et plusieurs menues
censés à lui deues ou parrochiage dudit Chaissey et es lieux circonvoisins lesquelz il tient
en fief du seigneur de Lestrabonne à cause de sa terre de Nantoz, et peuvent valoir
chascun an lesdites terres et seigneuries tant en rentes, censés, courvées, gelines, messe-
ries, péage, justice, revenues et bois, estangs, molins que terres, appartenances, trois cens
livres tournois monnoie courant. Et proteste je ledit Guillaume Verdet se j'ay mis et posé
aucune chose en ceste présente déclaration que ne soit mis en son droit ordinaire ou
obmis, à y mettre aucune chose appartenant à ladite déclaration que je ne l'ay point fait
saichamment, ne pour grever ou nuyre auxeliz fiefs ou rièrefiefs, ains l'auvoir fait par
inadvertance et que toutesfois que aultre chose y sera trouvée, y uevra estre mis, et l'en en
fera apparoir à la vérité de le faire, et le tout sans le préjudice dudit chevalier de Mey et
d'Arretouy; tesmoing mon seing manuel y mis le lundi avant la feste de nostre Seigneur
Jhesus-Christ, l'an mil III1CLXXIII.
Par soîissigné : G. Verdet.
(Archives de la C6te-d'0r, B. 11723, fol. 21).
168 ÉTUDE
xx
Lettre d'Olivier de la Marche au Comte de Nevers.
(7 octobre 1474.)
Hault et puissant prince et mon très redoublé seigneur, le plus humblement que je
puiz, je me recommande à voslre noble grâce. Et vous plaise savoir, mon très redoublé
seigneur, que les matères dont nous parlâmes, vous et moy, sont à ce menées par desà que,
s'a vous ne tient, la matère prendre bonne ysue. Vous estes fort amé et désiré par desà,
comme vous dira monseigneur de Vilarnoul, porteur de cestes, quy à son povoir ce
monstre voslre cervittur. Et me sarnble, monseigneur, et à ceux quy bien vous veullet,
que vous ne devez prandre aultre chemin que cely qu'y vous dira, pour le bien de ladite
matère. Hault et puissant prince et mon très redoublé seigneur, je ne vous escris aultre
chose fors que je prie à nostre Seigneur qu'y vous doint bone vie et longue et voz haulxet
nobles désirs acomplir.
Escrit à Bruselle, le vne d'octobre, de la main Voslre très-humble serviteur,
Olivier de la Marche.
(Sur l'adresse) A hault et puissant prince et mon très redoublé, monseigneur le conte
de Nevers et de Rethel.
(Original autographe, Bibl. Nat., Coll. Béthune,
n» 8440, f» 17).
[Publiée par Champollion-Figeae, Mélanges historiques (Collection, des doc. inéd.), II, p. 393].
XXI
Extrait de comptes relatif aux voyages d'Olivier de la Marche.
(1468.)
Et avec ce a ledit messire Olivier affermé en sa conscience avoir payé durant
ledit voyaigc les parties qui s'ensuivent, assavoir à messire Mathieu Losengier, lequel il
envoya de Bouloingne en Bretaigne pour aucuns affaires touchant ladite ambassade, et
pour lequel voyaige icellui messire Mathy se partit le lendemain de la feste-Dieu ou dit
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 169
an LXVII, x I. Item qu'il a payé encore audit messire Mathy le lendemain jour de la
Magdalaine ensuivant ou dit an LXVII, qu'il le envoya de Bretaigne à Bruxelle devers
mondit seigneur, lui signiffiant aucunes choses de sa charge, xn 1. x s. Item qu'il a payé à
ung homme de pié par lui envoyé à tout certaines ses lettres closes de Bretaigne devers
mondit seigneur pour la cause que dessus, ou mois d'aoust ensuivant, vu 1. x s. Et qu'il a
payé audit messire Mathy au mois d'octohre prouehain ensuivant quant il le renvoya de
Bcchestre en Angleterre devers mondit seigneur pour ladite matière, etc. Montent
ensemble toutes lesdites parties à ladite somme de iiclxxiiii 1. vin s. Pour ce par sa quit-
tance contenant assertion en conscience d'avoir fait lesdites vaccations et payé les sommes
de deniers comme dessus, et par cerlifficalion dudit maistre de la chambre aux deniers,
par quoy appert que pendant ledit temps ledit messire Olivier n'a esté compté ne prins
gaiges par lesdits escroes cy rendues, icelle somme de ii°lxxuii 1. vm s.
(Archives générales du royaume de Belgique, Compte
de 1468, n° 1923, f° 327bi»).
XXII
Don spécial de 207 livres 14 sotis à Olivier de la Marche pour ses frais de voyages
et ses négociations auprès des ducs de Normandie et de Bretagne.
(1468.)
A messire Olivier de la Marche, aussi ' chevalier, conseiller et maistre d'ostel de
mondit seigneur, la somme de deux cens sept livres quatorze solz dudit pris pour, du eom-
mendement de mondit seigneur, le xvni0 jour de novembre LXVII, estrepartyde la cité de
Liège, où mondit seigneur se tint lors, et estre aie en ambassade avec maistre Jehan
Carondelel, maistre des requestes, et Nicolas Bouesseau, secrétaire de mondit seigneur par
devers messeigneurs les ducs de Normandie et de Bretaigne, et de là par devers le Boy
nostre sire pour affaires secrez dont mondit seigneur ne veult plus ample déclaration ici
estre faicte. En quoy il vaqua alant besoingnanl et retournant jusques au xxii" jour de
mars prouehain aprèz ensuivant oudit an LXVII, où tous imcluz parmi le jour bisexlil
sont comprins six vins six jours, pour chacun desquelz, pour considération des fraiz et
despens que ledit messire Olivier dist avoir euz oudit voyage pour guides, convoyemens de
gens d'armes qu'il luy a convenu avoir en icelluy voyage pour la seurté de son corps et
1 Le précédent compte est relatif à Jehan de Rochcfay, dit Rosquin.
Tome XLIX. 22
170 ETUDE
autrement, [mondil seigneur] luy a tauxé cinquante quatre solz dudit pris de deux gros le
sol ' ; montent lesdites vaccalions à ce pris à la somme de 111e xl 1. un s. Surquoi ledit
messire Olivier receuten prest à son parlement dudit voyage la somme de vn"x 1. dudit
pris. Ainsi luy reste la somme de îx" x I. nu s. Et pour quatorze escus d'or de cinquante
gros pièce que ledit messire Olivier dist avoir payez, assavoir à messire Jehan de la Haye
la somme de six escuz semblables pour, ou mois de décembre, durant ledit voyage, avoir
porté lettres closes de luy et desdits autres ambassadeurs à mondil seigneur et les huit escuz
d'or semblables que dist aussi avoir payé à ung marchant de Renne pour, ou mois de
janvier ensuivant, avoir porié autres lettres closes desdils ambassadeurs à mondit seigneur
contenant le fait de ieurdile ambassade, font icelles deux parties xvn I. x s. Montent en
tout lesdites parties à ladite somme de n'vn 1. xiiii s. Ce pour sa quiliance contenant
affirmation en conscience d'avoir vaqué oudit voyage par les jours et en la manière que
dessus et aussi d'avoir payé lesdites deux parties montant xvn 1. x s. 2. El par certifications
dudit maistre de la chambre aux deniers parquoy il appert que pendant ladite ambassade
ledit messire Olivier n'a esté compté à gages ne prins livres par lesdites escroes cy ren-
dues icclle somme de . . . ncvn 1. xnu s.
(Archives du royaume de Belgique, Compte de 1468,
vol. 1923, f° 66 v°).
XXIII
Don à Olivier de la Marche d'une somme de 15 livres 6 sous pour les soins qu'il a donnes
aux préparatifs des fêtes de Bruges, à l'occasion des noces du duc de Bourgogne.
(1468.)
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel de mondil
seigneur, la somme de treize livres dix sols dudit pris, pour du commandement d'icellui
seigneur avoir vaqué en sadite ville de Bruges pour le fait des ouvraiges de la fesle de ses
nopees depuis le xxr jusques au xxvi" jours d'avril derrain passé, où tous incluz sont
comprins six jours entiers pour chacun desquelx mondit seigneur luy a tauxé quarante cinq
solz de deux gros de Flandre le sol. Pour ce par sa quictance et certiffication dudit
* En marge : Soil corrige nu l'on prendra en despence ledit prest de vu" x I.
2 En marge '• Soicn.1 veues les escrocs.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 171
maistre de la Chambre aux deniers de mondit seigneur contenant que pendant Iesdits six
jours ledit messire Olivier n'a esté compté ne prins gages ou livres par les escroes de la
despence ordinaire de I'ostel d'icellui seigneur cy rendues, la dite somme de xiii 1. x s.
(Archives générales du royaume de Belgique, Compte
de 1468, vol. 1923, f° 88).
XXIV
Extrait du compte de Gile de Rupple, argentier du duc de Bourgogne,
relatif à Olivier de la Marche.
(1468).
A messire Olivier de la Marche, chevalier, aussi conseiller et maistre d'ostel de mondit
seigneur, la somme de vingt-huit livres quatorze solz dudit pris qui lui fut donnée pour
plusieurs parties par lui payées du commandement d'icellui seigneur. Assavoir dix florins
de Rin d'or que mondit seigneur fist donner à ung harpeur de Monseigneur de Normandie,
luy estant derrenierement en sa ville de Mons en Haynnaut, valent x 1. x s. Item six autres
florins de Rin d'or semblablement par lui données à trompettes estrangères, font vi I. vi s.
Item à certains joueurs d'instruments lxx s. Item à ung joueur de divers instrumens qui
joua devant mondit seigneur le lendemain du jour de ses nopces, lxviii s. Item à Aigre de
Wyt, aide de porteur, pour don à luy lait par mondit seigneur à Bruges, xlii s. Et aux
menestrelz d'Alosl pour semblable don que icellui seigneur leur fist nagaires en passant,
illec lxiii s. Font en tout ladite somme de xxviii 1. xiui s. Pour ce par quittance dudit
messire Olivier cy rendue la somme de xxvui 1. xim s.
(Archives générales du royaume de Belgique, Chambre
des Comptes, vol. 1923, f» 197).
172 ÉTUDE
xxv
Don à Olivier de fa Marche de 500 Hures pour ses frais de voyage
et de séjour en Bretagne.
(1469).
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel de mondil
seigneur, la somme de trois cens livres dudit pris, en prest aussi à lui fait sur les journées
et vacacions que dudit commandement il fait présentement par devers le duc de Bretaigne
et ailleurs pour affaires secretz dont mondil seigneur ne veull plus ample déclaracion icy
eslre faicte ; pour ce par sa quittance la dicte somme de in" livres '.
(Archives générales du royaume de Belgique, Chambre
des Comptes, année 1469 (n. s.), n° 1924, f° 112).
XXVI
Don à Olivier de la Marche d'une somme de 122 livres 7 sous qui lui était due
pour ses frais d'ambassade en Bretagne.
(1469.)
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel de mondil sei-
gneur, la somme de six vingts deux livres sept solz six deniers dudit pris, qui deueluy estoit
de reste pour certainnes vacations par luy faictes du commandement et ordonnance de
mondit seigneur en la manière qui s'ensuit, assavoir premièrement pour lxix jours com-
menehant le premier jour de décembre l'an mil IIirLXVllI, et finis le vu" jour de février
prochain aprèz, ensuit qu'il a vacquié devers mondit seigneur, d'avoir attendu son expé-
dition pour aie en ambassade de par luy pardevers le duc de Bretaigne pour affaires
secretz, dont mondit seigneur ne veull plus ample déclaration icy estre faicte; sans ce
temps pendant avoir esté compté par les escroes de la despence ordinaire de son hostel
qui au prix de xxx sous de u gros dicte monnoie le sol, que icellui seigneur luy a accordé
1 En marge, Corr. cy après f° vi"v où il est parpayé.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 173
et ordonné prenre et avoir de luy pour chascun desdits jours, font cm I. x s. Et pour le
vin" jour de février LXVIII estre parti dudit commandement de la dicte ville de Lille pour
aler audit pays de Bretaigne pour la dicte cause. En quoy il vacqua, alant, besoignant et
retournant par cix jours entiers finis le xxvne jour de may prochain ensuivant, qui au
pris de L'un s. dicte monnoie que mondit seigneur luy a tauxé et ordonné prenre et avoir
de luy pour chascun desdits cix jours; font n°im"xiiii 1. vu s. Et avec ce a ledit messire
Olivier affirmé avoir payé pour le fait de ladite ambassade les parties qui s'ensuivent; assa-
voir à Pierre de Tertre pour de la ville de Nantes en Bretagne le xx" jour dudit mois de
mars LXVIII estre aie devers mondit seigneur luy advertir par lettres closes dudit messire
Olivier d'aucunes choses touchant le fait de sadite charge, coniprins son retour, xu I. Item
à Jehan de Persin pour le xxe jour de mars estre aie par l'ordonnance dudit messire
Olivier par devers les ambassadeurs de mondit seigneur lors estans devers le roy notre
sire à Amboise pour leur advertir de ce que ledit de la Marche avait besoingné devers
mondit seigneur de Bretaigne, comprins son retour, l s. Item le xxix0 jour dudit mois de
mars baillié à ung des gens de monseigneur du Lau que ledit do la Marche envoya à tout
ses lettres closes devers mondit seigneur touchant le semblable, pour son vin, lxiii s. Item
à ung compaignon pour son vin d'avoir porté le xxix" jour d'avril lxix autres lettres closes
dudit messire Olivier à mondit seigneur touchant la venue de messire Jehan de Damas,
seigneur de Clecy, et maistre Ferry de Clugny oudit pays de Bretaigne, xni s. vi d. Et audit
Pierre du Tertre pour du lieu de Samur en Anjou porter lettres closes desdits seigneurs
de Clecy, messire Ferry de Clugny, et dudit de la Marche à mondit seigneur touchans
leur expédicion de par delà, comprins son retour, vi I. v s. Montent ensemble toutes les
dites parties à la somme de iuicxxii 1. vi d., ' surquoy il receuten preste sondict parlement
la somme de m0 1. Ainsy lui est demouré deu de reste ladite somme de vi"u 1. vu s. vi d.
Pour ce par sa quictance contenant affermacion en conscience d'avoir vacquié en ce que
dit est par les jours et pour les causes, et aussi d'avoir payé toutes les parties cy dessus
escriptes avec certiffication dudit maistre de la Chambre aux deniers, par quoy appert
que ledit messire Olivier de la Marche n'a esté compté par lesdiz escroes durant ledit
temps, icelle somme de vi"u 1. vu s. vi d.
A la suite on lit :
A messire Ferry de Clugny, docteur en loix et en décret prothonotaire du Saint-Siège
apostolique, conseiller et maistre des requestes de l'ostel de mondit seigneur
(Archives générales du royaume de Belgique, n° 1924.
f» 125 v°).
1 En marge : Corr. cy-devant, f" cxn.
174 ÉTUDE
XXVII
Don à Olivier de la Marche de 40 livres en récompense des services qu'il a rendus
au duc de Bourgogne.
(1469.)
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel de mondit
seigneur, la somme de quarante livres dudit pris pour don à lui fait par mondit seigneur
en considération d'aucuns aggréables services qu'il lui a faiz nagaires, dont il ne veult
autre déclaration icy estre l'aide; pour ce par sa quittance, ladite somme de xl livres.
{Archives générales du royaume de Belgique, Chambre
des Comptes, n» 1924, f° 191 v°.)
XX» III
Don à Olivier de la Marche de 80 livres pour ses frais de voyage en Angleterre.
(1469.)
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maislre d'ostel de mondit
seigneur, la somme de quatre-vingts livres dudit pris de quarante gros la livre, que mondit
seigneur a ordonné luy estre délivré comptant pour son hattelaige et droit de passaige
par mer en l'ambassade qu'il fist derrenièrement de par mondit seigneur, pour laquelle
il se party au mois de may mil CCCCLXIX par devers le roy d'Angleterre et de là devers
le duc de Bretaigne pour affaires secretz, et pour semblable batlelaige et repassaige à son
relourde devers lesdits roy et duc par devers mondit seigneur. Et ce oultre et pardessus
ses vacations et autres parties à luy naigaires tauxées par icellui seigneur, pour cause de
ladite ambassade, pour ce par sa quittance, la dite somme de nu" 1. '
(Archives générales du royaume de Belgique, Chambre
des Comptes, n° 1924, f° 278).
1 En marge : Il est parpayé cy devant f", où riens n'est prins à cause du contenu du texte.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 175
XXIX
Don à Olivier de la Marche pour le même objet.
(1469.)
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel de mondit
seigneur, la somme de deux cens huit livres dudit pris, en presl aussi à luy fait sur le
voyage que mondil seigneur luy ordonna faire le xxv" jour dudit mois de febvrier par
devers le Roy d'Angleterre pour affaires secretz, dont mondit seigneur ne veult plus
ample déclaration icy estre faicte; pour ce par sa quittance, lâcheté somme de iicvui I. '
(Archives générales du royaume de Belgique, n° 1925,
Chambre des Comptes, f° 254 v°.)
XXX
Don à Olivier de la Marche pour le même objet.
(1469.)
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel de mondit
seigneur, la somme de cent cinq livres quatre sol/ dudit pris, pour cent seize jours com-
menchant le xxme jour de février oudit an LXIX et finissans le xviu0 jour de juing ensui-
vant, qu'il a vacquiez continuellement du commandement de mondit seigneur à eslre aie
de sa ville de Bruges par devers le roy d'Angleterre pour affaires secretz, dont icelluy
seigneur ne veult autre déclaration icy estre faicte, sans ce temps pendant avoir esté compté
ne prins gaiges ou livres par lesdictes escroes, pour chascun desquelz jours mondit
seigneur luy a tauxé et ordonné prenre et avoir de luy luii s. telz que diz sont, qui à ce taux
font la somme de mcxm 1. un s., surquoy il récent en prest à sondit parlement la somme
de iicvim 1. Ainsy lui est demouré deu de reste ladite somme de ex I. un s. Pour ce par sa
quittance contenant affermacion en conscience d'avoir vaquié oudit voyage par les jours et
pour les causes ci-dessus déclairées avec eertiffication dudit maistre de la Chambre aux
deniers, parquoy appert que pendant ledit temps icelluy messire Olivier n'a esié compté
ne prins gaiges ou livres par lesdiles escroes, icclle somme de cv I. nu s.
(Archives générales du royaume de Belgique, n° 1925,
f° 278 v°).
1 En marge : Il en est parpayêcy après iiclxxix.
ne étude
XXXI
Don à Olivier de la Marche pour le même objet.
(1470).
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel de mondil
seigneur, la somme de six vingt livres dudit pris, en prest à luy fait sur le voyage que
mondit seigneur luy ordonna faire de sadite ville de Saint Orner le vin" jour dudit mois
de juillet par devers le roy d'Engleterre pour affaires secretz dont icellui seigneur ne
veult plus ample déclaration ici estre faicte; pour ce par sa quiltance, ladite somme de
vi" I.
{Archives générales du royaume de Belgique, n° 1925,
Chambre des Comptes, i'° 280 v°).
XXXII
Remboursement par le duc de Bourgogne à Olivier de la Marche du prix d'un cheval.
(1470.)
Audit messire Olivier de la Marche, la somme de soixante livres dudit pris, qui deue
luy esloit pour une haquenée de poil blanc que mondit seigneur a fait prenre et acheller
de lui, et icelle donnée au seigneur de Happlancourt, pour aucuns aggréables services
qu'il luy a faiz ; pour ce par sa quiltance, avec eertifïication de Jehan de Roiehefay dit
Rosquin, conseiller cl premier escuier d'escuierie de mondil seigneur, contenant le pris et
délivrance de ladite haquenée, ladite somme de lx 1.
(Archives générales du royaume de Belgique, n° 1925,
Chambre des Comptes, f° 345).
SUR 0LIV1EK DE LA MARCHE. 177
XXXIIi"»
Remboursement à Olivier de la Marche de plusieurs dépenses faites pour le compte
du duc de Bourgogne.
(1470.)
En octobre LXX.
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'oslel de mondit
seigneur, la somme de sept livres onze solz dudit pris que dudit commandement il a
payée et délivrée comptant, assavoir à six joueurs de personnage, quant ils jouèrent devant
luy au premier dudit mois d'octobre, en don de mondit seigneur leur a fait, vi l.vis.; et à
ung compaignonqui nagaires porta lettres à mondit seigneur de Jehan de la Porte escuier,
xxv s.; font ensemble cesdites deux parties ladite somme de vu 1. xi s. Pour ce par certiffi-
cation contenant quittance desdites parties, i ce 1 le somme de vu 1. xi s.
(Archives générales du royaume de Belgique, Chambre
des comptes, n° 1925, f° 387 v°).
Extrait du 5° compte de Guy Pickoix, receveur de la ducliié de Duillon,
relatif à Olivier de la Marche.
(147-1.)
IIIe compte qui fait et rendt à mon très redoubté signor monsignor le duc de Bour-
goingne et de Braibant, Guyot Pickoix, receveur de Buillon, de par honnouré seigneur
messire Ollivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel de mondit très
redoubté seigneur monsignor le duc et gouverneur, capitaine et prevost de Bouillon, de
tout ce qu'il le dit Guyot a levet et reçeu et ossi payet et rendut, des biens, cens et rentes
tant d'argent que d'autres, depuis le premier jour d'octobre incluys mil NIPLXIX jusques
à ote il jour mil IIIPLXX
[Archives générales du royaume de Belgique, Chambre
des Comptes, n° "24406, f° 1).
Tome XLIX. 23
178 ETUDE
XXXIV
Lettres vidimées de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, nommant Olivier de la Marche
capitaine et bailli de Lncheux et Orville en Picardie.
(22 janvier 1471.)
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Garin Courtois, escuier, àdec présent
garde du scel de la baillie d'Amiens establi es prévostez foraine de Beauquesnc et dedens
la ville, pour sceller et confermer les contrat/, et obligacions qui y sont faites et recevoir
enlre parties, salut. Saichcnt tous que par Jehan Grignard et Jehan Pollel, auditeurs en
Indicte prévosté, mis et eslablis par Monsieur le bailly d'Amiens, ont esté veus, tenu, et
leuz et dilligamment regardé, mot apprez aultre, unes lectres patientes données de noslre
très redoublé seigneur et prince monseigneur le duc de Bourgoigne, scellées en chire
vermel, sainnes et entières, en scel saing, et escriptes comme par l'inspection d'icelle est
apparu ausdicts auditeurs, desquelles la teneur s'ensuit : « Charles, par la grâce de Dieu
» duc de Bourgoingne, de Lothringe, de Brabant, de Lembourg et de Lucembourg,
» conte de Flandre et d'Artois, de Bourgoingne, palatin de Haynnau, de Hollande, de
» Zellande et de Namur, marquis du saint Empire, seigneur de Frise, de Salins et de
» Malines, à tous ceulx qui ces présentes lettres verront, salut. Comme pour certaines
» causes ad ce nous mouvans nous ayons puis nagaires fait mettre en nostre main chaste],
» ville, terre et seignourie de Lusseu, Orville, et touttes les autres terres quelconques
» qui en deppendent, appartenans au conte de saint Pol, et pour ce et aussy pour obvier
» auxvoyes de fait et entreprises que aucunznoz ennemis et malveillans faire pourraient sur
» noz pays etsubgetz, et meismes sur ceulx qui sont voisins à ladicte terre et seignourie
» de Lusseu, nous soit besoing et très expédient de pourveoir à la garde et seureté
» d'icelle; savoir faisons que, nous confians en la loyaulté et vaillance de nostre amé et
» féal chevalier conseiller et maistre d'ostel messire Olivier de la Marche, et de ses sens
>■ et bonne diligence, icellui avons commis, ordonné et estably, commetlons, ordonnons
» et establissons par ces présentes capitaine et bailli des dits chastel, ville, terre et
» seignourie de Lusseu, Orville et autres appartenances dessusdites, aussy avant que la
» recepte dudit Luceu se comprent en lui donnant plain pooir, auctorilé et mandement
» espécial de garder bien diligemment et loyalment lesdits chastel, ville et terre et les
» habitans d'icelle en et soubz nostre subgection et obéyssance, de y faire et faire faire
» de jour et de nuit guet et garde, toutes et quantesfois qu'il appartendra de constraindre
« par toutes voyes deues et raisonnables les hommes féaulx, vassaulx, bourgois et subgez
» y demourant, lelz et en tel nombre qu'il advisera estre expédient à venir eulx tenir et
» demourer es dites villes et chastel, armés habillez et en point pour y faire ledit guet et
» garde, quant mestier sera, sans eulx en départir que ce soit par l'exprez congié et
» licence de nostre dit capitaine, de faire et administrer raison et justice à ceulx étés cas
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 179
» qu'il appartendra. Et en outre avons donné et donnons pooir, auctorité et mandement
>. cspéeial audit messire Olivier de commettre par provision de par nous en ladicte terre
» et seignourie de Lusseu, d'Orville et autres appartenances dessusdictes tous officiers
» tant de justice que de recepte, et de recevoir le serment d'eulx tel qu'il appartient, et
» généralement de faire toutes singulières choses que bon et léal capitaine et bailli peult
» et doit faire et qui audit office compétent et appartiennent aux gaiges, drois, prouffis et
» emolumens telz et semblables qui ont acoustumé d'avoir parcydevant les autres
» capitaines et baillis de ladite terre et seignourie; dont il a fait le serment es mains de
» nostre très chier et féal ehief de nostre conseil, le sieur de Saillant. Sy donnons en
» mandement à tous les dits vassaulx et subgetz d'icclle terre et seignourie que audit
» messire Olivier ou à son commis en ceste partie ilz et chascun d'eulx en droit soy
>. obéissent et entendent dilligemment en toutes choses touchans et concernans ledit
» office. Et [vous] prestent et donnent conseil, confort, ayde et assistence, se meslier en a,
» et requis en sont, car aussy nous plaist il estre fait; en tesmoing de ee, nous avons fait
» mettre à ces présentes nostre sccl de secret en l'absence du grant. Donné en nostre
» ville de Dourlens le xxne jour de janvier, l'an de grâce mil quatre cens et soixante dix.
» Ainssy signé par monseigneur le duc : de Longueville. Tout ce dessus dit nous ont
» les dits auditeurs [affermé] estre vray par leurs seaulx. Et nous à leur tesmoing avons
» mis à ces lettres ledit sccl. »
Ce fu fait, passé et recongnut le quinziesme jour d'octobre l'an mil quatre cens et
soixante onze. N. Becqie.
(Archives nationales de Paris. — Musée, 487 = K 71, n° 3.)
XXXV
Lettre missive de Louis XL à du Bouchage, relative aux dispositions d'Olivier de la Marche.
(16 octobre [147-2.])
Monseigneur de Bouchage, Guillaume de Thouars m'a fait savoir que monseigneur
deCimay et messire Olivier de la Marche s'en vouldroient bien venir à moy, etj'ay grant
paour que ce soit quelque tromperie; loutesfoiz il n'est riens que plus je désirasse que
d'avoir ledit sieur de Cimay comme vous savez, et pour ce je vous prye que sachez que
c'est, et si vous voyez que ce soit à bon escient, que vous y besongnez à toute diligence,
et ce que vous prometrez pour leur appoinctement, je le tiendray et incontinent me
adverlissez de tout.
Escript à Clery, le xvi" jour d'octobre [1472 ?].
LOYS. P- LE Mareschal.
A notre amé et féal conseiller et chambellan le sire du Bouchage.
(Bibliothèque nationale, mss. français, 2905, f° 3).
180 ETUDE
XXXVI
Extrait du compte du trésorier des guerres du duc de Bourgogne, relatif
à Olivier de la Marche.
(1471)
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel de monseigneur,
et conduicteur de cent lances de son ordonnance, la somme de ïxmcunxxii livres xiui solz,
de xl gros, qui deue lui esleoil, pour le payement de lui conduicteur, comprins son estai,
ix diseniers, x lieutenants, lxxix autres hommes d'armes, ii0iiiixxxiii archiers à cheval
iiiixvxiui picquenaires, xxxiiii couleuvriniers, x arbalestriers et xxu archiers à pie, qu'il
a eu souhz lui et en sa compaignie ou service de monseigneur en garnison en sa ville
d'Ahheville, au pris assavoir : ledit messire Olivier, conduielcur à xv pieters de xxxvi
gros tle Flandres pièce, pour sa lance, par mois ; à lui, pour son estât de conduicteur
qui esl c frans de xxxn gros semblables le franc par mois; chascun disinier à xvi s. de gros
paraulx, le soit, par jour; ung lieutenant ou chief de chambre à xv pieters, (elz que diz
soûls, par mois; Tomme d'armes à xv francs dudit pris de xxxn gros le franc par mois;
chascun archier à cheval à v francs semblables, ci l'archier à pié à un frans par mois,
le couleuvrinier et arbalestrier ou picquenaire à pié à u solz telz que diz sont, par jour.
Et ce pour trois mois entiers commencans ledit premier jour de février LXXI et finiz
ledit derrenier jour d'avril LXXI1 après enssuivant.
{Archives générales du royaumede Belgique, Chambre
des Comptes, n" 25542, f° 5).
XXXVII
Lettres patentes de Charles le Téméraire, duc de Bourr/or/ne, nommant Olivier de la Marche
maistre de la monnaie du pays de Gueldre.
(18 août 1473.)
Charles, par la grâce de Dieu duc de Bourgoingne, de Lothier, de Brabant, de Lem-
bourgetde Luxembourg, conte de Flandres, d'Artois, de Bourgongne, palatin de Maynnau,
de Hollande, de Zellande et de Namur, marquis du Saint-Empire, seigneur de Frize, de
Salins et de Malines, à tous ceux qui ces présentes verront, salut. Comme par le trespas
de feu messire Arnoul, en son vivant duc de Gheldres, iceulx pays et duchié nous soient
SUR OLIVIER DE LA MARCHE 181
présentement avenuz, et à ce moyen soient aussi les offices d'iceulx pays escheuz à nostre
disposition et entre les autres l'office de maistre et pardessus des monnoyes d'iceulx pays,
auquel n'avons encores pourveu, comme entendu avons et avoir faisons que nous, usant
des droictz, prééminences et seignouries à nous avenuz et escheuz comme dici est, et pour
considération des bons et aggréables services que nous a faict par cy devant en continuant
encores journellement nostre amé et féal chevalier, conseiller et chambellan et maistre
d'ostel, messire Olivier de la Marche, icellui confians à plain de ses sens, loiaulté,
preudhomie et bonne diligence, avons pour ces causes et aultres à ce nous mouvans
retenu, commis, ordonné et institué, retenons, commettons, ordonnons et instituons par
ces présentes nudit office de maistre et pardessus des monnoyes d'icellui nostre pays de
Gheldres,en lui donnant povoir et auctoriié dudit office exercer et desservir doresenavant
ou par personne à ce souffisant et ydoine faire exercer et desservir, de faire forgier toutes
monnoyes d'or et d'argent qui par nous ou noz commis seront ordonnées avoir cours en
nostredit pays, de donner tous offices nécessaires pour le forgement de ladicle inonnoye
estans soubz le dit office de maistre des monnoyes, d'y commectre et desmectre quant bon
luy semblera tous offices, assçavoir l'officier d'assaicur et aultres officiels dessusdicts, de
eslire lieu en nostredict duchié le plus ydoine et souffisant audit office pour faire lesdictes
monnoyes, à faire au surplus toutes et singulières les choses que bon et léal officier
dessusdit peut et doit faire et que audit office compétent et appartiennent aux paiges lelz
que luy ordonnerons cy après et aux aultres droictz, honneurs, libériez, franchises, prouffis
et émolumens accoustumez et y appartenais tant qu'il nous plaira. Sur quoy il sera tenu
de faire le serment à ce pertinent es mains de noz ou de nostre très cher et féal chevalier
et cbancellier le seigneur de Saillant et du Liz que commettons à ce. Si donnons en mande-
ment à nostre chancellier que, receu dudit messire Olivier le dessusdict serment, il le mette
et institue ou face mettre et instituer de par nous en possession et saisine dudit office de
maistre et pardessus des monnoies de nostredit pais de Gheldres et d'iceluy selon par la
manière que dict est, ensemble des paiges, droitx, honneurs, prouffis et émolumens dessus-
dicts, il et tous autres noz justiciers et officiers cui ce regardera le facent soufflent et
laissent doresnavant piaillement et paisiblement joir et user. Car ainsi nous plaist il estre
fait. En tesmoing de ce, nous avons faict mettre notre scel à ces présentes. Donné en
nostre ville de INymèghe, le xvin0 jour d'aoust, l'an de grâce mil 1111e soixante-treize.
Ainsi signé par monseigneur le duc, J. Goulon.
Et sur le dos desdites lettres esloit escript ce qui s'ensuicl: aujourd'hui iuc jour de
novembre 1475, messire Olivier de la Marche, dénommé aublancq de cestes, a faict le
serment de l'office de maistre et pardessus des monnoies du pays et duchié de Gheldres,
dont audit blancq est faite mencion es mains de monseigneur de Saillant et du Liz, cheva-
lier, chancellier de mon très redoublé seigneur monseigneur duc de Bourgogne. Fait l'an
et jour comme dessus. Ainsi signé : J. Baradot.
Collation a esté faicte à l'original par moy : M. Timart. [Copie papier.]
{Archives départementales du Nord, B. 2096, n" 1).
182 ETUDE
XXXVIII
Olivier de la Marche donne quittance à son oncle Jacr/nes [loulou des sommes qu'il avait
en son nom, comme administrateur de ses biens.
(5 juillet 1474.)
Noble seigneur Olivier, seigneur de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'hostel du
duc de Bourgongne, bailli d'Amoni, gouverneur du duché de Bouillon et conducteur de
cent lances des ordonnances du duc de Bourgongne, donne quiltance à son oncle, noble
seigneur, messire Jacques Bouton, chevalier, seigneur du Fay et Corberon, conseiller,
chambellan dudit duc, de la somme de 500 livres qu'il lui devoit à cause de l'administra-
tion de ses biens pendant sa minorité, après le décès de dame Jeanne Bouton, sa mère,
sœur dudit messire Jacques, laquelle somme estoit entre les mains de nobles hommes
Philibert et Philippe de Levarre, écuyers, frères, seigneurs de Janly et de Montmain,
le cinquiesme de juillet 1474.
(Bibliothèque nationale de Paris, Collection Villevicillc,
5S, f° 138).
XXXXIII"!-
Exlrails des comptes des (jacjes payes aux officiers du duc de Bourgogne.
(20 août 1474.)
Samedi vingtiesme aoust 1474, au siège devant la ville de Nuysse [Escu xx sous à la
valeur de xl gros, monnoie de Flandres].
Le sire de la Marche, maistre d'ostel de mondil seigneur et capitaine de ladicte garde,
pour ses gaiges de ce jour xxx s.
A luy pour sa pension xiu s. nu deniers.
Rcnauldin de Melun xvi s.
Anthoine de la Howardrie xvi s.
Nicolo Maria Lapolilain (sic) xm s.
Messire Thomas le Mathon un s.
Licnard la Trompette vin s.
Charles la Trompette v s.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 183
Anthoine de Cervolles xx s.
Pierre de Crepieul xvi s.
Amille de Mailli xv s.
Nicolas de Sainct Moris xnis.,elc.
Somme desdils gaiges pour ce jour : vi"vm I. vi s. iv deniers.
(Bibliothèque nationale, nouvelles acquisitions fran-
çaises, n° S903, n° 50).
\\\IX
Extrait de compte relatif aux gages d'Olivier de la Marche comme maître
de la monnaie de (Jiteldre.
(1475.)
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et maistre d'ostel et général
maistre des monnoies de mondit seigneur en ses pays et ducliié de Gheldres et conté de
Zuytphem, auquel mondit seigneur par ses lettres patentes, données en sa ville de Naneey,
le vuie jour de janvier l'an mil JIIICLXXV, a ordonné prendre et avoir annuellement par
les mains du maistre particulier de sadicte monnoie de Gheldres, durant tant et si longue-
ment que l'on ouvrera en icelle monnoie, la somme de deux cens frans de xxxu gros
flandrois le franc, à commencer au jour de la date de certaines autres lettres de retenue
qu'il avoil de mondit seigneur données l'an mil II1ICLXXH1. Néantmoins pour ce que
l'en n'a point ouvré en ladicte monnoie que depuis le xxv° de décembre l'an mil
lIIIcLXXIin jusques au 111e jour de février l'an mil 1III°LXXV, ne lui ont esté payé
aucuns gaiges dudit office, fors d'icellui temps que l'on y a ouvré. Et pour ce icy par vertu
desesdites lettres de tauxacion de gaiges dont copie est icy rendue, avecques quilance sur
ce, servant ses gaiges dudit office de général maistre de ladicte monnoie, montant à dudit
temps que l'on y a ouvré en monnoie de ce présent compte, etc.
(Archives générales du rmjaumede Belgique, Chambre
des Comptes du comté de Gueldre, reg. 18100, f° 5 v°).
184 ÉTUDE
xi,
Lettre d'Olivier de la Marche aux gens de la Chambre des comptes au sujet du contrôle
de la dépense de l'hôtel du feu duc de Bourgogne.
(8 janvier 1478.)
Très cliiers et espéciaulx seigneurs, nous nous recommandons à vous, et vous plaise
savoir que nous vous envoyons présentement par ce porteur nostre contrerolle de la
dépense e( gaiges de l'ostel de feu monseigneur le duc Charles que Dieu absoille, pour
l'année commençant le premier jour de janvier LXXV et jusques au ve jour de janvier mil
I1I1°LXXVJ après ensuivant, pour au surplus besoingnier à la reddicion du compte du
maislrc de la Chambre aux deniers de feu mondit seigneur, du temps que dit est. Ouquel
nostre dit contrerolle reste à mettre les sommes de la despense et gaiges ordinaires et de
la garde de mars LXXV, elles sommes des despenses et gaiges ordinaires seulement des
mois d'avril, may, juing et juillet en suivant oudit an LXXVI, dont les eserouz sont
démolirez en Bourgoingne, et nostre contrerolle que avions dudil temps avec le demourant
de l'année, fut e( démolira perdu en la chambre de nostre estai à la très piteuse journée
de Nancy. Très chiers et espéciaulx sires, nostre Seigneur soil garde de vous. Escript à
Bruxelles, le vinc jour de janvier l'an mil VCLXXV1I.
(Archives départementales du Nord, B. 2117.)
\LI
Quittance d'isabeau Machefoing, veuve de Jean Coustain.
(1« octobre 1462.)
Je, Ysabel Machefoing, vefve de feu Jehan Coustain, confesse avoir receu de Pierre
Bladelin, conseiller et maistre d'ostel, et maistre Jehan Schareel, secrétaire et garde de
l'espargne de monseigneur le duc de Bourgoigne et de Brabant, une pièce de lycorne
plaie et ronde qui a esté trouvée entre les biens délaissés par ledit feu Jehan Coustain
mon mari, cui Dieu pardoini, et laquelle pièce de licorne mondit seigneur de sa grâce m'a
donné. Si m'en liens pour conlenie et en quille mondit seigneur le duc, ledit Pierre
Bladelin et maistre Jehan Schareel et lous autres. Tcsmoing le saing manuel de maistre
Guillaume Baulain, secrétaire de mondit seigneur, ey mis à ma requeste avec le mien, le
premier jour d'octobre l'an mil qualre cens soixante-deux.
(Orig. signé :) Bautain. Y. Machefoing.
(Archives départementales du Nord, n° 1588, Corresp.
diplomatique).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE.
485
xxii
Extrait du compte de la ville de Bruges relatif à Olivier de la Marche.
(1479-1480.)
Es te welene das betaelt es messire Olivier
de la Marche, riddere, als glietrauwe heb-
bende t' eenre weltelyke gbeselnede mer-
vrauwe de weduwe mer Jan de Montferrant,
ter causcn van der zuverynghe ende oflos-
singhe van hondert ponden groolen eeuwe-
like renten sjaers wylen, ghecocht by den
voorschreven Jan de Montferrant, up de
voorschreven stede in't jaerLXlIlI,telossen
den penninck xv ; compl xvc liv. grooten.
(Transcription.}
Est à savoir qu'il a été payé à messire
Olivier de la Marche, chevalier, comme
ayant épousé légitimement dame madame
la veuve de messire Jean de Montferrant,
pour cause de remboursement de cent livres
de gros de rente perpétuelle, l'an, achetées
par le susdit feu Jean de Montferrant sur la
ville en 1464, à rembourser au denier quinze:
fait quinze cents livres de gros.
(Traduction )
(Archives tjéncrales du royaume de Belgique, Chambre
des Comptes, n° 32S33, f° 184 v°.)
XXIII
Olivier de la Marche est mis en possession d'une rente qui appartenait à sa femme
sur la seigneurie de Boussu, fief dépendant du château de Namur.
(6 juillet 1480.)
A tous ceulx, etc., Anceau de Hun, chevalier, lieutenant, salut : savoir faisons que
aujourd'hui pardevant nous les pères et hommes de fiefx du chasteau de Namur, cy
debsoubz nommez et escripts, est venu et comparu en sa personne messyre Olivier de la
Marche, chevalier, conseiller, et premier maistre d'ostel de mon très redoublé seigneur,
monseigneur le duc d'Ostrice, de Bourgongne, etc., conte de Namur, lequel comme mary
et manbour de dame Ysabel de Macefoing, sa l'eme, par avant femme de feu messyr Jehan
de Montferant, nous requist et demanda à avoir don, ban et vesture de la somme den0
couronnes de rente héritable sur toute la terre, haulteur et seigneurie de Boussut en
Haynaut, sy avant qu'elle est tenue en fief de parie de mondit seigneur à lui appartenant
sy comme il disoit, pour cause de sadite femme par vertu de certains traictiés, accords et
appointemens par cidevant fais entre Glaude de Montferant, frère et héritier dudit feu
Tome XLIX. 24
186 ÉTUDE
mcssire Jehan de Monferant, et ladite dame Ysabel. Et par vertu de certain mandement
patent donné de mondit seigneur le duc, et sellé de son seau à nous présenté et exhibé de
par ledit messire Olivier de la Marche auquel la teneur s'ensuit: laquelle demande et
requesle nous tournesmes en droit et en jugement sus révérend père en Dieu frère
Deyck, abbé de Floreffe, per dudit chasteau de Namur, illecque présent et ce que au
sourplus à faire en esloit, lequel lui sur ce conseilliés ausdis per et hommes, nous dist et
rapporta par droict, par loy, par jugement, et par pleine science l'un de l'autre qu'il ne
savoit chose que nous n'eussions bien à donner audit messire Olivier de la Marche, comme
mari et mambour de dame Ysabiel Masefoing, sa femme, don, ban et vcslurc desdis nn
couronnes de rente sur ladite terre et seigneurie de Boussul, sy avant qu'elle est tenue en
fief de parie de mondit seigneur le duc à cause de son chasteau de Namur, sy avant que
icelles 11e couronnes lui pevent et doivent compéter et appartenir par vertu des dessusdis
(raidie, accords et appointemens par cidevant fais entre lesdis Glaude de Monferant et
ladite dame Ysabel, et en ensuivant ledit terme du mandement de mondit seigneur le
duc, illecque présenté et exhibé comme dist est, sauf tous drois. En ensuivant lequel
jugement et tout par le jugement et enseignement desdis pers et hommes, nous recor-
dismes et donnasmes audit messire Olivier de la Marche, comme mari et manbour de la
dite dame Ysabel Macefoing, de toutes lesdites n° couronnes de rente sur laditte terre
et seigneurie de Boussul, comme dit est, don, ban et veslure ; sy avant que lui pooient et
deuement et appartenir en ensuivant les dessusdis appointemens, et par vertu du mande-
ment de nostredit seigneur le duc; et d'iceldites 11° couronnes, l'advestimes et adhéritames
bon droit et à loy pour lui, ses hoirs et remanans, sy avant qu'elles sont tenues en fief de
nostre dit seigneur le duc à cause de son chasteau de Namur; et sy l'en rechupmesà
homme de fief en nos baisant en foyeten hommage au lieu de mondit seigneur le duc, et
par tel serment solempnel faisant, qu'il y appartenoit. En ce wardées et adjoustées toutes
les solempnités de droit et de loy à ce afférantes et aecoustumées aux us et couslumes
de ladite court, et sauf tous drois à tout ce que dit est faire bon à droit et à loy, furent
présens et par nous espéciallement appeliez, comme hommes pers du chasteau de Namur,
le dessusdit révérend père en Dieu frère Deyck, qui le jugement porta, et Henri d'Outre-
mont, receveur général de ladite conté, et comme hommes du (iefz dudit chasteau, Jehan
seigneur de Marbais, messire Englebert Doulay, bailli de Bouvignes, messire Jehan
d'Emmeries, bailli de Waseiges, chevaliers, Henri de Hun, escuier et Donea de Hodeghe,
en qui warde et retenance nos metismes tout ce que dit est; et afin que ce soit plus ferme
chose et estaple, nous ledit lieutenant et les pers et hommes devandis nommez avons à
ces présentes lettres et par jugement mis et appendus nos propres seaux en signe et
tesmoing de vérité.
Faites et données à Namur, le jeudi vie jour de juillet, l'an mil 1111° et I1IIX*
(Archives de l'État, à Namur. — Souverain bailliage,
Extrait du registre aux transports et reliefs, n° 47,
fol. 73.)
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 187
XXIV
Extrait du registre des confiscations opérées sur (es Français en Flandre,
relatif à Olivier de la Marche.
(1480.)
A messire Olivier, seigneur de la Marche, etc., de par qui a esté premièrement donné
à congnoistre ce que les hoirs et ayant cause de feu Robert Coolman, demourant à
Berglies Saint Wiennoc, dévoient aux hoirs de feu Liénart des Anvois, eulx tenant en
parti contraire, n'a encoires rien esté payé, en vertu de certaines lettres closes par lui
obtenues de monseigneur à celle lin, parce que de la somme recette par ce commis de
Michiel de Larderer, comme ayant le droit, ocense et action d'icelle formorture et succes-
sion, est question et procès formel pendant devant la justice et en la vierscliare du Hault-
pont à Saint-Omer. « [C'est là l'article de la dépense; au fol. li r° est la recette] ( de la
Marche était le dénonciateur et avait droit à l/3). » Parce que en la ville de Berghes-Saint-
Winnoc est allé de vie à trespas ung nommé Robert Coolman, lequel estoit redevable
aux hoirs et héritiers de feu Liénart des Anvoys, eux tenant en parti contraire, de
certaine somme de deniers à cause de certaine vente et délivrance de moutons, faicte par
ledit feu Liénart audit feu Robert ; et ung nommé Michel de Larderer, demourant audit
Berglies, s'est borné en la formorture des biens dudit feu Robert Coolman, par cession
et transport que les dits héritiers du dit feu Robert lui en ont fait par convencion et
condicion de payer les debles et charges d'icelle formorture ; à ceste cause a esté receu
par ce commis dudit Michiel de Larderer au prouftit de monseigneur la somme de lxix
livres v. s. i d. gros valant mrxL livres xv sous de xl gros, à laquelle somme messire
Olivier de la Marche, chevalier, etc., et aussi Charles Delebecque, huissier d'armes de
l'ostel d'ieellui seigneur, tant en son privé que comme ou nom dudit messire Olivier,
requiert et prétendt avoir le tiers, tant en vertu de l'ordonnance sur ce faicte et publiée en
et par tout le pays de Flandres pour le droit de ceulx qui premièrement donroient à
congnoistre et accuseraient aucuns biens des lenans parti contraire, comme aussi par
certaines lettres closes signées de la main demondit seigneur à celle fin, obtenues par ledit
messire Olivier, etc
{Archives générales du royaume de Belgique, Chambre
des Comptes, reg., n° 19720, f° 77 v.)
488 ÉTUDE
XLV
Maximilien et Marie de Bourgogne ordonnent à leurs officiers des salines de Salins de
livrer à Olivier de la Marche cinq cents charges de sel rosier en paiement d'un
coursier d'Espagne, qu'il leur a vendu pour leur usage et qu'ils ont mis dans leurs
écuries.
(30 septembre 1481.)
Maximilien et Marie, par la grâce de Dieu ducz d'Ostrice, de Bourgongne, de Lotliifer],
de Brabanl, de Lembourg, de Lucembfourg] et de Gbeldres, contes de Flandres, d'Artois,
de Bourgongne, palatins de Haynnau, de Hollande, de Zeelande,de Namur et de Zulphen,
marquis du sainct Empire, seigneurs de Frize, de Salins et de Malines, à noz amez et
féaulx les commis sur le fait de noz demainne et finen[ces], salut et dilection. Nous
voulons et nous mandons que, incontinant après que nostre ville de Salins sera en noz
mains et obéissance, vous faictes par nostre trésorier et aultres officiers de nostre saul-
nerie illec cui ce regarde baillier et délivrer à nostre amé et féal chevalier, conseiller et
premier maistrc d'ostel de nous duc, messire Olivier, sieur de la Marche, ou à son certain
mandement pour luy, la quantité de cinq cens charges de sel rosier, laquelle quantité luy
avons accordé prendre et avoir de nous pour une fois, pour et en récompense d'un cour-
sier d'Espaigne, de poil bay, à longe queue et crigne noir, qu'il nous a baillié et délivrée
pour nostre usaige, et lequel avons faict mectre en nostre escuirie; ausquelx nostre tréso-
rier et autres noz officiers de nostredite saulnerie, nous mandons parcesdites présentes
que ainsi le facent;et par rapportant avec cesdites présentes certifficacion de nostre amé
et féal premier escuier d'escuirie, Josse de Prant, de la délivrance dudit cheval, ensemble
recongnoissance dudit sieur de la Marche, nostre premier maistre d'ostel, d'avoir eu et
receu ladite quantité de cinq cens charges de sel rosier, nous voulons, etc., noz trésorier
et aultres noz officiers cui ce regarde en estre tenuz quicles et deschargez en leurs
comptes par noz améz et féaulx les gens de la chambre de noz comptes à Dijon et aultres
qu'il appartiendra; auxquels nous mandons par cesdictes présentes que ainsi le facenl,
sans aucune difficulté; car tel est nostre plaisir, nonobstant quelconques ordonnances,
restrinctions, mandemens ou deffences à ce contraires. Donné en nostre ville d'Anvers,
le derrnin jour de septembre l'an de grâce mil CCCC quatre vings et ung. Ainsi signé :
Par monsieur le duc, vous, le conte de Chimay, le seigneur d'Yrlaim, Nicolas de Gon-
deval, maistre d'ostel et autres présens.
(Et au doz) :
Les commis sur le fait des demainne et finances de monsieur le duc et madame la
duchesse d'Ostrice, de Bourgongne, etc., trésorier de la saulnerie de Salins et aultres
officiers de ladicte saulnerie cui ce regardera, accomplissez le contenu au blanc de ces
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 189
présentes, tout ainsi et par la forme et manière que mesdits seigneur et dame le
veullent et mandent estre fait par icelles. Escript soubz le seing manuel de l'un de nous,
le premier jour de octobre l'an mil IIII0 IIIIXX et ung. Ainsi signé : Gondeval.
Je, Josse de Prant, conseillier et premier escuier d'escuierie de monsieur le duc d'Aus-
irice, de Bourgongne, de Brabant, conte de Flandres, etc., cerliffie à lous qu'il appar-
tiendra que messire Olivier, seigneur de la Marche, chevalier, aussi conseillier et premier
maistre d'ostel de mondit seigneur, a présentement délivré et lait amener en ladite
escuierie le coursier d'Espaigne, de poil bay, à large queue et crigne noir; et dont est
faicte mencion au mandement cy attaiché et selon la datte dudit jour : tesmoing mon
saing manuel cy mis le derrier jour de septembre l'an mil IIII0 IH1XX et ung. Ainsi
signé : Josse de Prant.
Maximilien, par la grâce de Dieu roy des Romains, tousjours auguste, de Hongrie, de
Dalmacie, de Croacie, etc..., et Philippe, par la mesme grâce, archiduc d'Austicc, duez de
Bourgongne, de Lothier, de Brabant, de Lembourg, de Luxemhourg et de Gheldres,
contes de Flandres, de Tyrol, d'Artois, de Bourgongne, palatins de Haynnau, de Hollande,
de Zellande, de Namur et de Zuytphen, marquis du Sainct Empire, seigneurs de Frize,
de Salins et de Malines, à noz améz et féaulx les commis sur le l'ait de noz demaine et
finances, salut et dilection. De la part de nostre amé et féal chevalier, conseillier, grantet
premier maistre d'ostel de nous, archiduc, messire Olivier, seigneur de la Marche, nous
a esté exposé, comme nous Roy et feue nostre très chière et très amée compaigne dame,
et mère de nous archiduc, la duchesse dont Dieu ait l'âme, par lettres patentes en datte
du derrain jour de septembre l'an mil 1111e IH1XX et ung, et pour les causes y contenues
luy ayons donné et accordé avoir et prendre pour une fois en nostre saulnerie de Salins
si tost que nostre viile dudict Salins seroit en noz mains et obéissance, la quantité de cinq
cens charges de sel rosier, comme il appert par lesdites lettres de nous Roy et de ladicte
feue, desquelles la teneur s'ensuit :
(Comme ci-dessus, au début.)
Et combien que, au moyen de la réduction de nostre dicte ville de Salins en nostre
obéissance, lesdites cinq cens charges de sel soient deues audit exposant et luy devroient
estre délivrées selon le contenu desdites aultres lettres dessus transcriptes, loutesfoiz
obstant l'anchienneté de la date d'icelles lettres, il doubte que noz officiers de nostredicle
saulnerie vouldront faire difficulté et reffuz de les luy délivrer, qui luy tourneroit à grant
interest et dommaige, et plus pourra faire se par nous ne luy est sur ce pourveu de
nostre grâce, si comme il dit; dont, attendu ce que dit est, il nous a très humblement
supplier et requis. Pour ce est-il que nous, ces choses considérées et sur icelles en vostre
advis voulons et vous mandons par ces présentes que par nostredit trésorier et aultres
officiers de nostredicte saulnerie de Salins qu'il appartiendra, vous faictes baillier et déli-
vrer audict sieur de la Marche exposant ou à son commandant] pour luy ladicte quantité
de cinq cens charges de sel rosier que nosdites aultres lettres dessus insérées et pour les
causes y contenues, luy avons donné et ouctroyé, donnons et ouctroyons de rechief par
190 ETUDE
cesdites présentes; auxquelz noz trésorier et aultres officiers de nostredicte saulnerie de
Salins qu'il appartiendra, mandons par cesdites présentes que ainsi le facent, et par repor-
tant avec lesdites présentes lesdites autres lettres cy dessus mencionnez et tout ce que par
icclles fait etraporté; seulement, nous voulons lesdites cinq cens charges de sel ou la
valeur d'icelles estre passées et allouées es comptes et rabatues de la recepte de nostre-
dict trésorier et aultres officiers de nostredicte saulnerie de Salins qu'il appartiendra par
nos amez et féaulx les gens de noz comptes qu'il appartiendra, desquelx nous mandons
par cesdites présentes ainsi le faire, sans aucune difficulté. Car ainsi nous plaisl-il, nonob-
stant quelconques ordonnances, restrinctions, mandemens ou deffences à ce contraires.
Donné en nostre ville de Malines, le xu6 jour de novembre l'an de grâce mil IIIICIIIIXX et
treze, et des règnes de nous, Roy, assavoir de ecly des Romains le vin0, et desdits de
Hongrie, etc..., le troisiesme. Ainsi signé par le Roy, maistre Thiébaull Barradot, Hues
du Mont et aultres présens : Numan.
Les commis sur le fait des demainne et finances du Roy nostre Sire et de monseigneur
l'Archiduc son filz, trésorier ou aultres officiers de la saulnerie de Salins, acomplissez
le contenu au blanc de ces présentes selon la forme et teneur et tout ainsi et par la
manière que iceulx seigneurs le veullent et mandent estre fait par icelles. Escript soubz
les saings manuelz de deux desdits commis le xvc jour de novembre l'an mil 1111e Illlxx et
treize. Ainsi signé : Barradot et Du Mo.nt.
[Copie papier.]
{Arch. Joursanvault, nn "2346, auj. à la Biblioth. nat.
de Paris).
\LVI
Vente par Olivier de la Marche de ce qu'il possède en la paroisse
de Saint-Camé en Bretagne.
(18 mai 1481.)
Noble homme Olivier de la Marche, seigneur de la Gouarderie, de la paroisse de
St. Juvat, vendit et transporta à noble homme Charles du Breill, seigneur de Plumagal,
un trait de dixme en la paroisse de St- Carné, appelée la dixme de la Marche, à la
charge de lui en payer chacun an dix boisseaux de froment à la mesure de Dinan et
moyennant la somme de xl livres, les vins et une robbe, par lettres passées le 18 may 1481.
(Arch. de M. le comte de Bruc, au château de Bruc.
Bibl. nation. Coll. VillevieiUe, 55, f° 138 v»).
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 191
Accord entre Olivier de la Marche et Jean Goussart au sujet de ses droits
dans la même paroisse.
(25 octobre 1482.)
Olivier de la Marche, comme héritier principal et noble de feue Bricette Duval, fille ei
héritière de feue Jeanne de la Marche, sœur dudit Olivier, fit un accord avec maître
Jean Goussart, par lequel il lui constitua l solz de rente pendant sa vie au lieu de dix
boisseaux de froment, mesure de Dinan, que ladicte deffunete lui avoit légués chacun an
pendant sa vie, pour une messe par semaine pour le salut de son âme; ladicte renie
assise sur la dixme de la Marche, en la paroisse de St-Carné; laquelle dixme ledit
Olivier avait depuis peu vendue à noble homme Charles de Breill, seigneur du Pin, par
lettres passées le 25 octobre 1482.
(Arch. de M. le comte de Bruc, au château de Bruc.
Bibl. mil., Coll. Villevieille, SS, f° 138 v).
XI/VII
Don par Maximilien à Olivier de la Marche des seigneuries de Vieux-Condé et, de Rieux.
(24 juin 1482.)
Messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller et premier maislre d'ostel du duc
Maximilien, et madame Ysabeau Machefoing, sa femme, firent enregistrer au conseil
dudit duc trois lettres : l'une du 31 décembre 1441, par laquelle Philippe, duc de Bour-
gogne, donne à rachat de u mille livres à messire Andrieu, seigneur de Humières et de Buzin-
court, les terres et seigneuries de Vieux-Condé et de Bieu en Haynault, à luy échues par
le décès sans hoirs de feue dame Jeanne de Wargnies ; idem autres lettres du 17 décembre
1458 par lesquelles ledit duc Philippe transmit aux mêmes conditions les dittes terres et
seigneuries à maislre Jean de Humières, fils aine du susdit seigneur de Humières actuelle-
ment doyen de Liège; idem autres lettres données à Bruxelles, le 24 juin 1482, par
lesquelles le duc Maximilien donne les dittes terres à pareilles conditions, aux susdits
seigneur et dame de la Marche, les ayant confisquées sur ledit Jean de Humières, qui
tenoit le parti de messire Guillaume de la Marck et d'Arenberg contre luy.
(Arch. départementales du Nord, Chambre des Comptes,
reg. des Chartes, n» 16, f° 1 14 v°).
192 ÉTUDE
XXVIII
Certificat donné par Olivier de la Marche de plusieurs paiements qu'il a faits
pour l'archiduc Maximilien.
(4 janvier 1487.)
Nous les maislres d'ostel de monseigneur l'archiduc de Bourgoingne, etc. Certifiions ;'i
tous qu'il appartiendra que Ypolite de Berthoz, conseiller, maistre de la Chambré aux
deniers et receveur tenant le compte de la despence extraordinaire de mondit seigneur,
de par le commandement et exprez ordonnance du seigneur de Uhalhain, premier cham-
bellan de mondit seigneur et de nostre sceau parées, et desboursées toutes les parties de
dons qui s'ensuivent durant les mois d'octobre, novembre et décembre III1™VI. lit
premièrement aux joueurs de Valenciennes qui ont par quatre ou cinq l'ois joué farses et
moralitez devant mondit seigneur, tant en la ville d'Anvers, Malines, comme à Bruxelles,
xu I. Item aux trompettes du Roy qui ont joué par plusieurs foys au diner de mondit
seigneur, vi 1. Item à ceulx qui ont chassé ung grisart devant mondit seigneur, xxxiii s.
Item à ung homme pour trois petiz counnis blans et ung grisart vifz pour mondit seigneur,
xxxn s. Item aux josnes enfans de sainte Goule de Bruxelles, qui ont chanté devant mondit
seigneur, xl s. Item à mondit seigneur en ses mains pour faire son bon plaisir à plusieurs
fois, xviii 1. vin s. Item aux veneurs qui ont chassé ung sengler devant mondit seigneur
xl s. Ilem aux josnes enfants de nostre dame du Sablon à Bruxelles, le jour saint
Nicolas, xxxm s. Et à deux joueurs jouant de la cornemuse, qui ont joué et chanté devant
mondit seigneur, xxm s. Toutes lesquelles parties reviennent ensemble à la somme de
quarante six livres unze solz du pris de xl gros monnoie de Flandres la livre; lesquelles
nous certifiions les dessus dites estre vrayes. Tesmoing le seing manuel de nous cy mis
le ime jour de janvier oudit an mil 1111e 1III" et six.
[Parchemin original]. 0. de la Marche.
(Archives départementales du Nord, B. 2135, n° 3).
\ll\
Autre certificat donné par Olivier de la Marche de dépenses extraordinaires faites
pour le compte de l'archiduc Maximilien.
(4 juillet 1487.)
Nous les maistres d'ostel de Monseigneur l'archiduc d'Autriche, duc de Bour-
goingne, etc., certifiions à tous qu'il apartiendra que Ypolite de Bergoz, conseillier, maistre
de la Chambre aux deniers et receveur tenant le compte de la despence extraordinaire
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 193
de mondit seigneur, de par le commandement et exprez ordonnance du seigneur de
Waellan, aussi conseillier et premier chambellan de mondit seigneur et de nostre sceau,
paiées et desboursées durant le terme et espace de six mois entiers, commençons le
premier jour de janvier l'an mil IUI° IIII" et six, et finissans tous ensuivans, toutes les
parties des dons cy après déclairées à eulx et en la manière ijui s'ensuit. Et premièrement
aux deux tambourins de nostre sieur Philippe de Ravestein, qui ont le premier jour de l'an
joué devant mondit seigneur, lx s. Item un viel tamburin de monseigneur de Ravestin,
pour le semblable ledit jour, xx s. Item aux deux tamburins de nostre messire Martin de
Ywaert pour le semblable ledit jour, xl s. Item à cinq Alemans d'ont l'ung jouoit d'ung
cornet, l'autre de la flûte et les autres cbascun qui ont chanté et joué devant mondit le dit
jour, vi 1. Item aux veneurs qui ont chassé le xxe de janvier IIII" VI ung grisait devant
noslredict seigneur, xxiiii s. Item à ung homme qui a joué ledit jour veloquettes devant
mondit seigneur, xx s. Item aux brasseurs de la ville de Bruxelles, le jour de leur (este,
xx s. Item aux veneurs et braconniers de Rochefort qui oni par plusieurs fois chassé par
devant mondit seigneur, xu s. Item à quatre hommes messagiers de la ville de Bruges qui
ont aporté en présent à mondit seigneur le xme d'avril de par ceulx de ladite ville
plusieurs drogueries et confitures, vt I. Item à ceulx de la conl'rarie et serment de l'épée de
la ville de Bruxelles, le premier jour de may, yi 1. Item aux personnaiges des quatre fils
Aymont à la procession dudit Bruxelles, xn s. Item à ung compaignon qui aporta ung vert
chapeau à mondit seigneur, vin s. Item à ung homme qui joua d'apuse devant mondit
seigneur, x s. Et à ung homme qui aporta lettres de mondit seigneur de Ravestein à
mondit seigneur, xl s. Lesquelles parties reviennent ensemble à la somme de quarante
trois livres quatorze solz du pris de xl gros monnoie de Flandres le soit, et sont vrayes.
Tesmoing le seing manuel délivré de nous, cy mis le 1111" jour de juillet l'an mil CCCC
quatre vingt et sept.
[Original parchemin]. Ol. de la Marche.
(Archives départementales du Nord, B. 213S, n» 3).
Don par Maximilien à Olivier de la Marche de sept cents livres qui lui étaient dues pour
ses frais, missions et dépenses diverses.
(1488.)
A messire Olivier seigneur de la Marche, chevalier, conseillier, chambellan du Roy et
premier maisire d'ostel de monseigneur l'archiduc son filz, la somme de sept cens vint
livres dudit pris que, par ledit commandement et ordonnance du Roy, ledit argentier lui a
baillée et délivrée à cause de trois cens soixante livres semblables que par ses lettres
Tome XLIX. 25
194 ÉTUDE
patentes données en sa ville de Bruxelles, le xxix0 jour d'octobre l'an mil CCCC quatre
vins et six, lui a de sa grâce espécial octroyée et accordée prendre et avoir de lui par
chascun an comme il faisoit quand il estoit en Testât aussi de son premier maistre d'ostel,
considérant les frais, missions et despens qu'il soustenoit à cause d'icelluy estai et souste-
noil encores devers mondit seigneur l'archiduc son filz, en invitant avec luy aux disners
et souppers en son hostel les gentilz hommes, escuiers, et antres gens de bien sievyans la
court, pour garder son honneur et dont à ceste cause ses prédicesseurs oudit estât avoient,
du vivanl de l'eu monseigneur le duc Charles que Dieu absoille, ung plat furny des suites
y appartenans \ délivré en la cuisine d'icellui feu Et pour autres causes et considéracions
plus aplain déclairées ésdites lettres patentes, tant et jusques à ce que le plat dessusdict
lui sera délivré en la cuisine de mondit seigneur l'archiduc, et non plus avant 2. Et ce
pour deux ans entiers commcnchantz le premier jour de février l'an mil CCCC quatre
vins et cinq, qu'il fut mis en la possession el joyssance dudil estai du premier maistre
d'oslel de mondit seigneur l'archiduc, et finissant le darrenier jour de janvier ensuivant
l'an mil IIlNIll" sepl, lesdils jours incluz pour ce icy par sa quitance en date du xiue jour
de juillet l'an mil MIcIIIl"el huit, conlenans affirmation en sa conscience que aucune
chose ne lui a esté délivrée en la cuisine de mondit seigneur l'archiduc durant ledit temps
à ceux desondict plat; ey revienl à la somme de virxx I.
tArch. générales du royaume de Belgique, Chambre des
Comptes, ri» 1926, f° 4.)
M
Achat par Olivier de la Marche el Ysabeau Machefoing d'une maison sise à Malines.
(Octobre 1488.)
« Yngelram Cousaert, Thomaes van Huddegheem, hooft vercocht Ilecren Olivier de
la Marche, ridder, hoofmeestcr ons gened Heeren, Heeren Philips, herthogen van
Ocslryck, van Bourgoignen, van Brabant, etc., ende vrouwen Ysabeelen Machefain,
1 En marge : Vue le un compte de cesle argentier f" vi où ledit tnessire Olivier est payé de ceste p"nsion
pour ni ans et ung mois entiers fini pour le dernier jour de janvier an IIII"V en une partie de xicxl
comme il appert par lettres patentes et quittances et/ rendues.
* En marge : Soit prins garde que ledit plat ailé est rendu et délivre ccsle provision de iii'lx I. par an.
8 En marge : Par certiffications de maistre Ypolite de Berthelin comme maistre de la Chambre aux deniers
de monseigneur l'archiduc d'Austrice en datte du xx'' jour de novembre IIII"XII depuis rendu sur le
premier compte de Simon Longin de la recette générale des finances de monseigneur l'archiduc f° lxxix sur
une partie à cause dudit plat ; cy dessus ces IIIe escus par an dont il avait esté assigné en Dourgoigne prendre,
que ledit messire Olivier de la Marche depuis ledit premier jour de février llll" cincq qu'il fut mis en
possession dudit office de premier maistre l'hostel jusques à Pasques an llll"' VI, etc , etc.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 195
synder gesellynnen, een huys den Os geheeten, métier eendere plaetsen en de poerten
voer, en de oie nietten gronde ende allen anderen sinen toebehoerten, dat Aerde van
Dyest toe plach te hoeren, gclegen opte Veemerct van Mechelen, lusschen der Capellen
van sinte Loy aen deen zyde, ende ihuys t' Gulden Hoot geheeten, toebelioerende
Jacopen van den Leene aen dander zyde. A Domino Jolianne de Poertere presbytère waer
op twee capuynen, ende op een en twintich penninge Loevens, ende eenen lialven gront
chys, ende op twaelff Ryns guldenen, elken van dien tôt veertich groeten vlaems gelts
gerekent, die tôt twee malen te quiten staen, ende elken van dien met sestien gelyker
guldenen ende met vollen chyse, daer jaerlix uutgaende. » Ultima Octobris.
« Item. De voerg. Heere Olivier ende vrouwe Ysabeele sine gesellynne debent den
voerg. Tbomaes vier en tzestich gouden Ryns guldenen, elken van dien tôt veertich
groeten vlaems gelts gerekent, te belalen tôt Onser Liever Vrouwen daghe purificacio nu
naesttoeeomende, ende daer voer hebben sy hem verbonden ende te pande geset aile
haere haetfelike goeden, waer die bevonden zelen worden, die sy nu 1er tyt hebben, ende
hier namaels oie hebben ende vercrigen zelen. » Ut supra.
{Archives municipales de Maintes. Registre aux adhé-
ritanees, f° 78.)
III
Nouveaux dons faits par l'archiduc Maxi milieu à Olivier de lu Marche.
(1492.)
A messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller, grant et premier maistre d'ostel
de mondit seigneur l'archiduc, la somme de deux mil six cens soixante livres dudit pris,
que par le commandement et ordonnance dessusdictes et en vertu de leurs lettres patentes
données en leur dicte ville de Malines le xxii" jour d'octobre oudit an IIII" douze, ledit
receveur général lui a bailliée et délivrée en assignacion sur le receveur général de
Bourgoingne pour semblable somme qui deue lui estoit, assavoir les ii'"clx 1. dudit priz à
cause de deux cens escus de xlviii gros dicte monnoie pièce que par autres leurs lettres
patentes, et pour les causes y contenues, ilz lui avoient ordonné et octroyé prenre et avoir
d'eulx de pencion pour et ou lieu de certain plat furny des suytes et appartenances, qui lui
estoit auparavant délivré en la cuisine et du vivant de feu monseigneur le duc Charles
que Dieu absoille, à estre paie d'icelle pencion de nc escus par les mains de leur receveur
général de Bourgoingne et des deniers de sa recepte venant du demenne du conte de
Bourgoingne incontinent que leursdicts pays seraient réduiz en leur obéissance ;
196 ETUDE
A messire Olivier, seigneur de la Marche, chevalier, conseiller, grant et premier maistre
d'ostel de monseigneur l'archiduc d'Austrice, la somme de dix huit cens livres dudit pris
que par le commandement et ordonnance de mesdiis seigneurs ledit receveur général de
Bourgoingne, pour semblante somme qui deue lui estoit de reste à cause de cinq cens
cscus de xlviii gros dicte monnoie de Flandres, les escus que iceulx seigneurs par leurs
lettres patentes données à Malines, le xu" jour d'octobre III1" huit (vérifiées comme il
appartient), lui ont de leur grâce espéciale octroiée et accordée prendre et avoir d'eulx de
pension par chascun an pour les causes contenues en leurs lettres, mesmement pour et ou
lieu de certain plat furny de suytes, comme il est accoustumé et appartenant audit estât et
office de premier d'ostel, lequel plat, pour les grans et somptueidx affaires que mesdits
seigneurs ont eu à supporter et encores ont, lui a esté payé dès le jour de Pasques l'an
1111" huit jusques audit jour de Pasques l'an I1IPWII où sont comprins quatre ans
entiers à en estre paie d'icelle pension par les mains de Hues du Mont, procureur, et
naguères argentier d'iceulx seigneurs ou autre argentier advenir, et jusques à ce que le
plat dessusdit lui seroit remis et délivré et non plus avant, ouquel cas ladite pension lui
sera abolye; pendant lequel temps il a certiffié et affermi en sa conférence que aucune
chose ne lui a esté délivré à cause dudit plat accoustumé et appartenant oudit estât de
premier maistre d'ostel; qui audit pris de cinq cens desdits cscus par an font pour lesdits
quatre ans commansans et finissans comme dessus est dit, la somme de iiii,iiii0l; de ce
mémoire est à desduire qu'il a receu le vu" jour de may l'an IIII" neuf par les mains
dudit Hues du Mont (pour lors argentier du Roy et de mondit seigneur), pour ung an
finissant au jour de Pasques audit an II H" neuf, comme par sa quictance rendue sur le
vne et derrenier compte dudit Hues du Mont de l'office d'argentier fol. vm peult apparoir
la somme de six cens livres dudit pris. Ainsi lui resloit deu pour sadite pension jusques
audit jour de Pasques MI" douze la somme de xvmc I., pour ce icy par sa quictance
certiffié de Hues du Mont et coppie desdictes lettres, avec certiffication de M6 Ypolite de
Bertoz, maistre de la Chambre aux deniers de mondit seigneur, le tout icy rendue ladite
somme de xvin° livres.
(Archives départementales du Sont, B. 2144, £> 79).
LUI
.Refît donné par Ysubeau Machefoïng des sommes qui lui étaient dues depuis la mort
de Jean de Mont ferrant , son premier mari.
(23 mars 1496.)
Je, Ysabeau Machefoing, femme de messire Olivier de la Marche, chevalier, conseiller,
grant et premier maistre d'ostel de monseigneur l'archiduc d'Austrice, duc de Bour-
goingne, et auparavant vefve de feu messire Jehan de Montferant, confesse avoir receu de
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 197
Simon Longin, aussi conseiller et receveur général de (mîtes les finances de mondit sei-
gneur, la somme de deux cent vingt livres dix solz du prix de quarante gros monnoie de
Flandres la livre, que par le commandement et ordonnance de mondit seigneur il m'a
bailliée et délivrée à cause de semblable somme qui deue m'estoit à cause de dix huit
solz deux gros dicte monnoye le soit que icelluy seigneur, par ses lettres patentes données en
sa ville de Bruxelles, le xxn" jour de septembre derrcnièrement passée, me a de sa grâce
espécial ordonné, octroyé et accordé prendre et avoir de luy de pension par jour, ma vie
durant, à cause de semblable somme que feu monseigneur le duc Charles de Bourgoignc,
que Dieu absoille, par ses lettres paternes données en sadile ville de Bruxelles, le xvi" jour
de mars l'an LXXII, el pour les causes et considérations au long contenues en icelles, avoit
ordonné, octroyé et accordé prendre et avoir de luy par chascun jour à mondit feu mary et
à moy, à en estre payé par les mains de son receveur général de Flandres es parties de
Bruges, lors présent et advenir, et des deniers de sa recepte le cours de noz vies durant
et du survivant de nous deux; moyennant laquelle pension mondit feu mary se départy
des gaiges qu'il prenoit de luy, par les escroes de sa despense ordinaire de son hostel, et
aussy de ce que luy et moy nous départismes avec prouflit d'iccllui feu duc Cbarles de la
tnoictié de deux cent soixante livres de rente ou environ que j'avoye droit de prenre et
lever ebascun an sur certaines parties au longdéclairées èsdites lettres patentes. De laquelle
pension de xvm s. par jour mondit feu mary jusques à son dît trespas et depuis moy avons
joy jusques au viu°jonr de may, aussi derrenièrement passé en cest an Ml" quinze que
lui mondit seigneur par certaines ordonnances, lors par luy faictes sur la reintégracion de
son demaine, madile provision me a esté Ioyée comme lesdictes lettres patentes contenaient
le tout plus aplain. Et ce pour madile pension depuis ledit vin6 jour de may derrier jus-
qu'au vu" jour de janvier ensuivant et aussi derrcnièrement passé où sont corn prins lesdits
jours includz, deux cens quarante cinq jours, qui audit pris de xvm sous par jour valent
ladite somme de ucxx I. x s. de ladicte monnoie, de laquelle et pour la cause que dessus
je suis contente et bien paiée. Et en quicte mondit seigneur, sondit receveur général, et
tous autres. Et quant à ladite ordonnance faicte sur ladite reintégracion de sondit demaine
et les seremens en vertu (Ficelle fais par messires des comptes à Lille, mondit seigneur les
en a pour le cas présent receu de grâce espéciale par sesdites lettres patentes. Tesmoing le
seing manuel de M" Jean Luilier, secrétaire de mondit seigneur, ey mis à ma requeste, le
xxiii" jour de mars l'an mil CCCC1I1I" el quinze. Luilier.
(Archives départementales du Nord, B. 2157, n° 5.)
198 ETUDE
LIY
Testa mai l d'Olivier de la Marche.
(8 octobre 1501.)
Ou nom de la saincte et inséparable Trinité le Père, le Fils et le St-Espril, amen. Par
la teneur de cestuy présent publie instrument soil notoire et évident à tous présents et à
venir que le 8° jour d'octobre Pan de la Nativité noslre Seigneur 1501, indiction 4e, en la
première {sic) année du pontificat de nostre St-Père le pape Alexandre, par la divine provi-
dence 6° du nom, comparu en sa personne par devant nous, notaires publics, et les tesmoings
cy dessoubs escripts, noble, vertueux, sage et puissant chevalier, messire Olivier seigneur
de la Marche, conseiller et premier maistre d'hostel de très hault, très excellent et très
puissant prince, mon très rcdoubté seigneur, monseigneur l'archiduc d'Austriche, duc
de Bourgongne, lequel comparant, ayant regard, comme il disoit, à la fragilité de nature
humaine et qu'il n'est rien de plus certain que la mort, ne moins certain que l'heure
d'icelle, et pour ceste cause et autres à ce le mouvants de sa propre, pure et franche volonté
et lui estant en son bon sens et vray entendement, fait, ordonne et constitue son testament
et dernière volonté pour le profit et salut de son âme en la manière qui s'ensuit.
Et premièrement iceluy testateur a recommandé et donné son âme à Dieu nostre Créateur,
à la glorieuse Vierge Marie, et à tous les saincls et sainctes du Paradis, quant elle partira de
son corps, supliant nostre dit Créateur qu'il luy plaise de sa bénigne grâce luy pardonner
ses mesfaits, et implorant la plénitude de ses miséricordes; et au regard de son corps il le
livre et présente combien que indigne à la terre et sépulture de nostre mère Saincte Église,
pour y prendre pourriture et attendre le grand et épouvantable jour du jugement, et la
résurrection générale, espérant audit jour en la clémence et miséricorde de nostre dit
Créateur, et eslit sa sépulture en l'église de St-Jacques de Letidcbenberghe ', en la bonne
ville de Bruxelles, lez la Cour du Prince, pour y estre mis sous une tombe de pierre, et est
d'entention de en laditte église ériger et ordoner quelque fondation pour l'aire dire messes,
obils, et prières pour le remède de son âme, selon et ainsi qu'il advisera ey après, et que
ses biens le pourront supporter, et combien qu'il veuille estre enterré audit lieu de
St-Jacques; touttes voyes pour ce qu'il a chappelle en Bourgongne où ses prédécesseurs,
seigneurs de la Marche en Bresse, sont enterrés, il a ordonné et ordonne pour leur faire
complaisance que luy trespassé, son cœur soit mis en un coffret de plomb et porté en
Bourgongne en sa dite chapelle qui est située auprès de la Marche en un lieu appelle
Villersgaudin, et veut son dit cœur estre mis devant le grant autel de la ditte chapelle
en façon que il puisse faire marchepied au prostré qui dira la messe, et que ses héritiers
fassent faire une pierre sur laquelle le prestre aura les pieds en célébrant la messe, et à
1 Corr. Caudenberg.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE 199
l'entour 125-130.)
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 219
m
LES CINQ SENS
Si ma plume fust d'or fin arabicque
Et mon papier de perles d'Orient,
L'encre moulut par art et par praticque
De diamans de couleur séraphique,
Pour eslre riche et durer longuement
La main divine et parfaict entendement,
Si me congnois se indigne de parfaire
Les vers suivans que je désire à faire.
Qui hault emprent, il fault guider l'ouvrage
Si saigement que l'œuvre soit durable;
Qui veult escripre ou adrechier langage
A quelque grant ou noble personnaige,
Il doit peser que ce ne soit pas fable;
Qui veult conduire escripture louable,
11 doit premier ce bon Dieu appeller
Qui le conduise à escripre et parler.
Donc de ma part à Dieu humblement prie
Qu'il me doint grâce de dicter et escripre
Chose qui soit agréant et amie,
Qui me deffende de quelque vice dire,
Et que les yeulx qui cestes vonldront lire
Tournent les cœurs à vertuz ensuyvir.
A ce je tens et tel est mon désir.
1 Tel est le titre qu'on lit dans le manuscrit d'Anvers, sur lequel j'ai pris copie de la présente pièce. Il
m'a paru préférable à l'autre titre: Doctrine et loz pour madame A liénor (voir ci-dessus, pp. 128 et 1-46);
aussi l'ai-je conservé.
220 ÉTUDE
Et à ce point je déclaire mon cœur
Non pas digne de leur dont ne suis riche.
Suis ordonnez pour estre gouverneur
D'une fille de Rois et d'Empereur,
C'est madame Aliénore d'Austrice :
A elle suis et ne voeul estre siche
De semer fruiz de loz et de vertus
Devant la dame que j'aime encor le plus.
Ainsi, ma dame et ma noble maistresse,
Jà conteray mes diz et mes doctrines
En motz ligiers, selon vostre jeunesse,
Continuant de moien à vieillesse.
Où est le sens, là sont les parolles dignes.
Ainsi premier planteray mes rachines
Par le jardin de vostre entendement,
Pour cueillir fruit à ce commeochement.
A bien ouvrer pour doctrine première,
Il fault guider voz cincq sens de nature
Si saigement et de telle manière
Que vous soiéz de bon loz parchonnière,
Comme celle qui n'a de vices cure,
Et qui n'avés aultre désir ne cure
Que de songier que l'âme soit saulvée
Et d'avoir part à bonne renommée.
Le premier sens par qui Dieu nous fait grâce,
C'est par les yeulx dont véons par clarté
Le ciel, la mer et la terre en sa niasse,
Soleil et lune, diamans et topasse,
Arbres et fleurs que la terre a porté,
De ce grant monde le laid et la beaulté,
Bestes, oyseaux, poissons, femmes et hommes,
Par les beaux yeulx dont enluminés sommes.
Puisque les yeulx nous sont donc ordonnez
Pour nous conduire et guider par la voie,
Soyons si saiges, droictz et endoctrinez
Que les regards soient assaisonnez
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 221
Si saigement que tout le monde voye
Que nous voulions par nos yeulx avoir joye;
C'est d'acquérir le paradis pour l'àme.
Sur ce point doit regarder noble dame.
Ne menons pas nos yeulx et noz regards
Par soudain trait, mais en sage prudence;
Ne faisons pas de nos yeulx picquans dars
Pour navrer cœurs de gens par touttes pars;
Les archiers sont périlleux d'accointance.
Souvent advient par tel acoustummance
Que celle est prise qui désire aultrui prendre,
Dont la folie fait beaucop à reprendre.
Ne servons pas de venin basilicque
Qui touttes gens empoisonne et assolle;
Noz regards soient plaisans et magnificque,
Tous atemprés de doulceur angélicque ;
L'œil est mauvais qui par trop ligier vole,
L'œil fait jugier la femme sage ou foie.
Or vous gardés, ma très noble maistresse,
Que par voslre œil vostre nom ne se blesse.
Pucelle doit songer, aux champs ou en rue,
Souvent les yeulx baissiés contre la terre ;
Et soions seur, sans que plus on argue,
De terre vinsmes et sera nostre issue
Quant partirons de la mondaine guerre.
Ce seul penser est puissant'pour acquerre
Ce que plus fort par nous doit estre quiz,
C'est le royaume de ce beau paradis.
Cuide, metz par escript et apprent
Que, comme l'œil a sa veue menée,
Cil qui le voit a ferme jugement
Et adevine, et se treuve souvent
Que par regards on congnoit la pensée.
L'œil trop mouvant n'est pas chose louée
Pour ce qu'il monstre la dame peu estable,
Qui son regard a ligier et muable.
ifl ÉTUDE
Et, par contraire, par l'œil amodëré,
Par les regardz menez à la raison,
Doux et benings, non pas estre égaré,
Communs à tous, de douceur atempré,
Sans séparer nulz de comparaison,
Telle manière donnera ochoison
De vous louer et donner renommée
D'estre une dame bien condicionée.
Le premier sens qu'on appelle les yeulx
Font à l'âme moult de bien ou de maulx ;
Grands biens à lame font regards vertueulx
Et par contraire regards malicieulx
Mettent les cœurs en vicieux travaulx.
Surtout, .Madame, gardés vous des assaulx
De l'ennemi qui quiert de vous lumber
En ses filez par vostre regarder.
Louer debvons ce digne Créateur
Qui nous a fait le regard et lumière
Par qui véons le ciel en sa haulteur
Et tout le monde du long et en rondeur,
Feulles et fruitz en diverse manière.
Celle grâce nous debvons tenir chière,
Car les aveugles ont grant regret et paine
De nous avoir la veue claire et saine.
Louons ce Dieu qui nous a yeulx donnez,
Dont nous véons toutes choses terrestre;
Louons la Vierge qui les nous a gardez.
N'en péchons point, et nous ferons assés
Pour veoir Dieu en son glorieux estre;
Faisons les œuvres pour seoir à la dexlre
De la benoite et saincle Trinité
Et de Marie que Ihésus a porté.
Du sens des yeulx dont véons les merveilles
Prenés en gré ce que j'en ay sceu dire.
Retenés bien, mettes essoin et veilles
Du second sens, que l'on dit les oreilles,
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 223
Dont il nous fault à ceste fois escripre.
Par cellui sens fault sagement eslire
D'escouterceulx qui sont de parler clignes,
Laissier le mal et prendre les doctrines.
Le Créateur forma la créature
Et deux oreilles pour ung sens lui donna,
Pour tout ouyr, le faulx ou la droicture,
Cœullir vertuz, vices, est chose obscure :
Pour prouffîter ce sens nous ordonna.
Louez cellui qui fait ce beau don a;
Faictes trésor quant vous orez le bien;
Mauvais conseil ne vous doit estre rien.
Aucuns notables ont glosé et escript
Que deux oreilles qui sont au chief posées,
Par l'une entre tout ce qu'on ot et dit,
Mais à tel fin que l'home n'assourdit
Par trop ouyr des choses devisées,
Par l'autre oreille sont parolles vuidées,
Et doit doctrine tenir en souvenance
Et le surplus soit mis en oubliance.
Es sains sermons par grant sens entendez,
A l'escouter mettez l'entendement.
D'ouyr dateur ne vous entremettez :
De tromper liâmes il sont tous affectez.
Qui les escoutte, il en est pris souvent,
Mais escouttez cellui qui vous reprend.
Car vray amy est cellui qui chastie,
Et le flatteur vous est chose ennemie.
Le bien oïr atraict bonne labeur.
Qui le mal ot en grand péril se boute !
Qui bien escoutte, il est de bien asseur;
Qui mal retient, il doit avoir grant peur :
De mal sentir il n'en doit faire double.
Le mal est doulx et plaisant qui le gouste,
Mais il picque et est mordant, madame,
Pour périllier le corps, l'honneur et l'âme.
224 ÉTUDE
Donc, ma maîtresse, je dis et vous conseille,
Se vous voilez demourer vertueuse,
Tenés close et l'ouye et l'oreille
Contre parolles qui les vices resveille,
Car c'est dangier et œuvre périlleuse ;
Gardez vcrtuz et en soies songneuse,
Vous suppliant que vous soies contente
Du second sens, lequel je vous présente.
A ce tiers sens que on appelle la bouche
Nous fault entrer pour amplier mon œuvre.
C'est l'un des sens qui mieulx sert et plus touche
Or me doint Dieu grâce que je le couche
A mon salut et à vostre recœuvre ;
Par la bouche le secret se descœuvre
Des pensées dont le cœur a labeur,!
Car le parler, c'est messagierdu cœur.
Comme ainsi soit que de sacq ne de bouche
Ne peut saillir que ce qui la repose ;
Par la bouche se descœuvre l'embûche
A toutes gens, et ne fault que on le huche ;
C'est à quel fin personne se dispose,
S'il parle en bien, en lui a bonne chose,
S'il parle en mal, le mal est descouvert
Et le venin dont son cœur est couvert.
Ainsi, madame, semez bonne parolle.
Monslrez que en vous n'a venin ne amer :
Si jugera Renommée qui voile
Que vous estes nourrie en bonne cscolle
Et qu'en vous vice ne pourroit demourer;
C'est le moyen pour vous faire louer
Et à chascun donner en congnoissance
Que vous estes princesse d'exellence.
La bouche n'est pas faicte pour jurer
Ne pour donner baiser luxurieux,
Pour gloutement boire ne gourmander,
Pour dire mal d'aultrui ne diffamer.
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 225
Tout ce deffend le grand Dieu glorieux.
En oraisons qui pénètrent les cieulx,
En bon conseil se doit bouche emploier,
Se nous voulions avoir digne loyer.
En ce tiers sens est la langue posée
Pour exposer ce que bouche veult dire,
Aussi|les dens qui est chose ordonnée
Pour la langue tenir emprisonnée
Et la garder du péchié de mesdire.
Caton nous dit, et si le volt escripre,
Que la première des vertus que nous point,
C'est compasser la langue bien à point.
Retenons bien, comme Caton l'entend ;
Ce cas, Madame, à tout le monde touche;
Le trop parler corrompt l'entendement,
Trouble le sens et dont on_se repent :
Pour ce clouons et les dens et la bouche,
Tenant la langue enfermée en sa couche,
Et de parler de légier sans penser,
Car par ce point l'on se feroit blasmer.
De ces trois sens prenés en gré les vers
Telz que j'ay sceu les acoustrer et faire.
Or me convient fabricquier au travers
Du sens quatriesme, et n'en veul eslre avers
Pour mon emprinse achever et parfaire.
Ma princesse, soyés sy débonnayre
Qu'en gré prenés la teneur de mon libvre,
Fait de bon cœur du sens que Dieu me libvre.
Ce sens quatriesme est en deux sens compris
Pour l'àme et corps ensamble gouverner;
L'un dont les pieds, qui d'aller sont apris,
L'autre sont les mains, qui moult valent en pris
Pour touttes œuvres povoir exécuter.
Usons-en bien se nous voulons régner,
De semer fruit dont l'àme se nourice,
Hors de péchié, sans meffait et sans vice.
Tome XLIX. 29
226 ETUDE
Dieu a donné les pieds pour ambuler
Et soustenir la créature humaine,
Pour conduire, pour venir, pour aller,
Pour diligence povoir exécuter,
Comme le cas le requiert et le maine,
Qui bien en use, il fait labeur très saine
Et par contraire cas celluy se niellait
Qui tout ce bien nous a donné et fait.
Pas ne sont faiz les pieds pour convertir
En aultre sens que raison ne l'ordonne,
Comme danser, sauller et tost courir,
Perdre le tamps que nous debvons fuir,
Quérir oysense qui n'est pas chose bonne;
Les pieds sont faiz, pour ce Dieu les nous donne,
Qu'ils visitent par soing et par travaulx
Le bien publicque, moustiers et hospitaulx.
Et puis des mains où tant a de value
Nous fault parler et de leur portion :
Pas ne sont faictes affin que se l'on s'argue
Battre et férir; c'est chose deffendue
Et sambleroit mal condition.
Le tatiner qui meut temptacion
N'est pas licitteà princesse notable;
Gardés vous-en, si en serés louable.
Les mains sont faictes pour aux povres donner
Et en tous cas la personne servir,
Pour mesnagier, tailler, coudre, filler,
Pour louer Dieu mains joinctes et prier.
En labeur bonne les volt Dieu asservir;
Qui bien en œuvre, il fait à Dieu plaisir.
Complaire à Dieu est œuvre méritoire
Pour acquérir perpétuelle gloire.
De ces deux sens qui ensamble sont mis,
Les pieds et mains dont vous estes servie,
C'est pour cause qu'ils n'ont sens ne advis,
Mais sont de Dieu ordonnez et commis
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 227
Pour estre mieulx la personne asservie ;
Usons-en bien ou nous ferons folie;
Ne consentons à péchié ne à blasme
Pour le prouffit du corps et de l'àme.
En la prison de nostre corps fait giste
Le sens cinquiesmc que Dieu nous donne et baille,
C'est nostre cœur, et selon qu'il cogite
Ou bien ou mal, lame perd ou prouffite,
Plaint ou fait joye, selon qu'il vient à taille,
Lame et le corps ont terrible battaille;
L'àme veult jeûnes et le corps gourmandise,
Et sur les deux le cœur a sa maistrise.
Quoy que le cœur soit un estre petit,
Car c'est du corps une moindre parlie,
Il est le roy, le maistre et seignourie ;
La personne maine à son appétit;
Les mouvemens, il les lie et deslie;
Volcnté vient qui tout au cœur salie,
Et la raison nous dit qu'il y doit estre :
Ayez advis de quel part voulés estre.
La voulenté est souvent sensuele,
Tendant à mal pour la fresle nature,
Mais la raison est lousjours de bon zèle,
Et des désirs de voulenté appelle,
Pour ce que lame met trop à l'aventure;
Prenez raison qui en prouffitant dure,
Et retenez les motz de cesle espitre
En bien usant de vostre franc arbitre.
Parez le cœur de dévotes pensées :
Repaissons-le de vertus fructifieuses ;
Ouvrons le cœur d'oroysons ordonnées ;
Donnons lui boire de larmes esplourées
En regrettant noz faultes périlleuses.
Le cœur soit riche d'aulmosnes généreuses,
Charité soit en cestui sens trouvée,
Et vous serés princesse renommée.
28 ÉTUDE
Le cœur doncques de telz vertuz nourri
Resjouit l'âme pour ce qu'il y prouffitte
Et rend le corps de vices apuri
Et de meffaiz tout saulvé et guéri,
Net de péchié dont il est franc et quitte.
Ma maislresse, j'avertis et m'en acquitte,
Tenés le cœur en bonne discipline
Et âme et corps feront œuvre divine.
Se j'ay du cœur prins et que j'ay sceu escripre,
Prcnés le en gré, princesse redoublée,
Et voz cincq sens gardez sans contredire,
Ainsy ou mieulx que je ne le scay dire,
Et par vertu soit vostre œuvre menée.
Ceste épistle j'ay fait et composée
Pour acquitter devoir et léaulté
Et vous parfaire princesse de bonté.
Et s'aucun dit que beaucop je m'avance
De vous donner doctrines et labeurs,
Qui n'allés point et n'avés d'éloquence
Mais soubz ung an labeur vostre enfance,
Que Dieu parfache en touttes bonnes meurs,
A ce respons que je'sens les doleurs
De vieillesse et ay peur de morir
Sans vous povoir de bon conseil servir.
Si prie à ceulx qui lors vous serviront
Qu'ilz vous présentent ma lechon abrégée.
Lire vertus, vice se pert et rompt;
Gouster le vice, vertu se corrompt;
Prenés le mieulx, si serés bonnourée.
A tant fay fin à l'œuvre pourpensée;
Prenez en gré ces motz et ce dictier
Faict par la Marcbe, vostre vieux chevalier.
Tant a souffert
la Marche.
(Bibliothèque du Musée Planlin, à Anvers, ms. n° 146,
in fine.)
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 229
HUITAIN.
Tant a souffert mon Dieu de mon ordure
Que je ne sçay s'il ne m'a confondu,
Tant a souffert l'ange qui m'a en cure
De mes péchez, de ma maie adventure,
Que c'est merveilles que ne suis perdu,
Tant a souffert, supplié et attendu
Ta grant bonté, mon faillir et desmarche,
Que tout confus se rend à toy LA MARCHE.
Explicit.
(Bibliothèque Nationale, mss. français 1606, f» 80.)
Y
RONDEAU.
Pour amours des dames de France
Je suis entré en l'observance
Du très renommé saint François,
Pour cuider trouver une fois
La doulce voye d'alégance.
Saint suis de corde de souffrance,
Soubz haire d'aigre désirance
Plus qu'en mon Dieu ne me congnois.
Pour amours, etc.
Je suis entré, etc.
Soubrement vis de ma plaisance
Et june ce que désir pense,
Mandiant partout où je vois,
Je veille à conter par mes dois
Les maulx que m'a fait espérance.
Pour amours, etc.
Je suis entré, etc.
(Bibliothèque Nationale, mss. français 1104, f" 91.)
230 ÉTUDE
VI
LA RÉDARGUTION QUE FIT MONSIEUR CHARLES DE LALAING CONTRE LE
LIVRE DES MÉMOIRES DE MESS1RE OLIVIER DE LA MARCHE.
Messire Olivier de la Marche, chevalier, grand historien, jadis page du bon DucPhilippes
de Bourgoigne, depuis capitaine de la garde du duc Charles et maistre d'hostel du Roy des
Romains et de monsieur Philippes, archiduc d'Austrice, composa ung livre qu'aucuns
appellent les Mémoires de messire Olivier de la Marche, où il sambloit avoir charge de
son honneur. Messire Josse de Lalaing, père de monsieur Charles seigneur de Lalaing, en
tant qu'en son vivant il avoit, durant les mutineries de Gandt, plus favorisé aux Ganthois
que à monsieur Maximilien, lors archiduc d'Austrice, en la détention de monsieur Phi-
lippes d'Austrice, fils dudict seigneur Maximilien et de madame Marguerite sa sœur,
icelluy messire Charles, homme d'esprit, bien entendu, fort actif et de grande poursuite,
sy furent plusieurs nobles hommes congnoissant la maison de Lalaing avoir esté tousiours
fidelle et léalle à son Prince, ferme, entière, non violée, sans reproche, et que les nobles
suppos d'icelle avoient exposé corps et biens, jusques à 1 ame rendre, au service de leur
Prince et seigneur ou maistre, comme chascun sçait, et à ceste cause ledit messire Charles
à toute diligence, comme bon fils doibt soubvenir à l'honneur de son père, print ceste
matière à cœur, sy que par l'ordonnance du Roy Philippes de Castille, de Léon et de
Grenate, etc., il contraindit la dame de la Marche, vefve de messire Olivier, monstrer
lesdictes mémoires, lesquelles sur ce pas furent meurement visitées et examinées par
illustres et très puissants personnages et gens du grand Conseil, fort discrets et bien
entenduz, lesquelz ordonnèrent et décrétèrent ce que s'ensuit :
Nous, Charles de Croy, prince de Chimay, etc., Pierre de Lannoy, seigneur du Frennoy,
chevalier de l'Ordre de la Toison d'Or, Claude de Bonart, grant et premier escuier du
Roy, certifions que par l'ordonnance dudict Roy, avons communiqué avecq la dame de la
Marche, vefve de messire Olivier de la Marche, touchant ung livre par Iuy faict par
forme de mémoires ou chronicques nommées les « Mémoires de messire Olivier de la
Marche », ouquel livre il donne aucunes charges à messire Josse de Lalaing, de en son
temps avoir esté du party ou aucunement favorisé à ceux de Gand durant leurs mutine-
ries et rébellions contre l'Archiduc d'Austrice, qui depuis fut Roy des Romains, père
dudict Roy nostre maistre, de quoy messire Charles, seigneur de Lalaing, son fils, s'est
grandement douleu et complainet, considéré qu'il n'est mémoire que jamais homme por-
tant ce fisist faute à son prince ne chose de reproche, ne mesme ledict messire Josse, ce
SUR OLIVIER DE LA MARCHE. 231
de quoy aussy par l'ordonnance dessusdite nous sommes deuement informés, tant par les
appaisemens que ledict messire Charles nous en at baillé par tesmoings, par escript
comme aultrement ; trouvons que ledit messire Josse s'est tout son temps vertueusement
et bien conduict et mort au service de son Prince devant la cité d'Utrecht, le 5e jour
d'aoust 1485, estant pour lors chevalier de son ordre, gouverneur de Hollande et lieute-
nant général de son armée : pourquoy avons fait tracer et mettre hors de son livre ce qui
peut estre mis à sa charge, ordonnons et commandons de par le Roy, nostre sire, à tous
ceux qui de présent ou du temps advenir povoient avoir l'originel ou minute du livre des-
susdict, le facent semblablement trancher et mettre hors, comme raison est; et ainsy cer-
tifions tesmoings, nos signés cy mis le 22e jour de janvier 1S04 '.
Guilliaume évesque de ïournay *, au secund volume de la Thoison d'Or, imprimé à
Troyes, 1530, fol. 220, in fine, dict comme s'ensuit : Je me recorde du noble chevalier,
messire Jacques de Lalaing, que Dieu pardoint, duquel je ne parleroy point s'il vevoit,
ne à point d'éviter flaterie, mais j'en puis parler sans repréhension, car il est escript que
nous pouvons louer un homme après sa mort et le magnéfier après qu'il est consumé en
terre et en poudre converty. II ne sera pas trouvé que oneques homme de vaillance l'ouist
vanter, et toutesfois chascun sçait comment il se y est conduyt, et quans vaillans hommes
il a combattu en lices, et si sera trouvé qu'il en est tousiours party à son honneur, et si en
a plusieurs mis en confusion, mais quand on luy demandoit et des moyens qui tenoit, ou
comment la chose estoit allée, il ne faisoit point de difficulté d'en dire la vérité, non point
pour gloire qu'il en désirast avoir, mais seullement pour respondre au vray ce que on luy
demandoit. Tel homme ne excédoit en trop, car il ne se vantoit de riens, tel homme ne
céloit la vérité, ainsi ne falloit en peu, mais tenoit le moyen entre vanterie et non dire
vérité, et disoit simplement la vérité comme elle alloyt, par quoy vérité estoit en luy, etc..
(Extrait du manuscrit, Histoire, n° 70, de la Collection
Moons-Vander Straelen-Van Lerius, aujourd'hui aux
Archives de la ville d'Anvers).
1 Nouveau style : 1508.
' Guillaume Fillastre.
232 ETUDK
VI!
Advis au Roy
des Romains MAXIM ILIEN premier, donné l'an 1491
par messire Olivier de la Marche,
chevalier, conseiller et premier raaistre d'hostel de monseigneur l'archiduc
Philippe. Touchant la manière qu'on se doibt comporter
à l'occasion de rupture avec la France.
Tiré du cabinet d'un curieux à l'occurrence présente.
A Bruxelles, chez la vefve d'Hubert Anthoine Velpius,
imprimeur juré de la Cour, à l'aigle d'or près
du palais.
CID . DC . XXXV.
Avec permission.
Sacrée maiesté, monseigneur et mon prince, je me recommande à vous si humblement
que faire puis. Et pour ce que vieillesse mon labeur personnel fait rebouter el pourtant
mon debvoir n'est point acquilé en la redevance que je dois à votre service, touchant
les grands affaires ou vous entrez de présent pour la poursuitte du droit de vous et de
monseigneur et bon maistre monseigneur votre fils ; toutefois, mes esprits sont tenus en
leur loyal acquit de travailler et labourer de mettre par escript l'advis que je puis conce-
voir pour la conduite de vos dictes affaires, dont vous pouvez prendre et tirer le grain, et
laisser la paille comme chose perdue et vaine.
SIRE, j'ay bien tant leu et expérimenté, que vous n'estes point le premier Prince estran-
gier qui a emprins conqueste et vengeance sur autre pais que le sien, et mesmes sur le
royaume de France; mais je n'ay pas sçeu par escript ne autrement, que oncques Prince
fist emprinse plus juste, plus raisonnable, et meilleure querelle, que la vostre de présent,
causée en forfait contre vous, monseigneur votre fils, et madame vostre fille, par oppres-
sion et violence de celle qui debvoit estre vostre femme, reboutement de vostre noble fille
sans cause de droit, détention de si noble personne que de fille de Roy, et deshéiïtement
par force de vos seigneuries, et des biens de monseigneur votre fils. Et si viel que je suis
ayant l'un des pieds en la fosse, si ose maintenir que si telz meffaicts ne sont mis a la,
SUR OLIVIER DE L\ MARCHE. 233
raison, il semble que vous, vos parents etsubjects, dissimuleriés celte vengeance plus par
crainte que par droict, mais Dieu mercy je me vois hors de ccsle double et coguois que
vertu domine et que lascbeté n'a point de lieu.
Puis donques que je vois vos enseignes au vent, vos puissances délibérées, et que
j'entens vos trompettes sonner, et vos tambourins redonder, mes esprits se réveillent et
prennent nouvel entendement : si me constraint loyal debvoir de vous cseriie mon advis
de la conduite de si grande armée tant selon ce que j'en ay leù par anciennes croniques,
comme par expérience de ce que en ay peu voir et retenir de mon temps.
Premiers, vous mènerez gens de foy, gardans et lenans vérité et promesse, et qui veuil-
lent conquerre en ceste guerre honneur et renommée par vaillance et vertueux exercice de
leurs personnes.
Vous avez affaire à gens subtils, et dont vous avés expérimenté plus de cautelles que de
loyauléz : et sont de ce propos que le proufïit de la guerre est l'honneur, et que vaincre
par quelque bout que ce soit, loyaumcnl ou faulcement, est la vaillance; et de tels arts de
la guerre se faut garder, et ne se doibt on point endormir.
François sont diligens en armes, et vous devez garder d'eux quand ils sont loing de
vous, quand plus fort pleut, vente et faictdur temps; car à celle heure sont ils en aguets
et font leur diligence pour surprendre leurs ennemis. Et pour ce fault bonnes eseoules et
guets de jour et de nuict, cl en ce ne devez rien espargner, vous devez choisir deux
grands personnages, l'un Allemand et l'autre Walon, les associer ensemble et leur bailler
gens de bien des deux langues ; si les iraiclez si bien que partie d'iceux soil tousiours à
cheval de jour et de nuit, et qu'ils n'ayent cause de refuser le commandemenl d'iceux
deux chiefs sur leurs vies, car de là pourroit venir et sourdre grand dommage el incon-
vénient.
Vous trouverez entre vos nécessitez deux singulières choses, c'est de mouldre el faire
farine, et cuire pain, pour si grand est nourrir, si est besoing que les moulins et les fours
qui se trouveront selon vos logis, soyent gardez et mis en œuvre par bonne ordonnance,
et que à chacun d'iceux soit ordonné un ehief homme d'auclorité avec leurs gens eux
cnlcndans pour faire mouldre et cuire, el que à ehascune compaignie ou chiefs de gens
d'armes soit baillée certaine heure pour mouldre et cuire selon le nombre de gens de
ehascune bande; et que édict y soit mis et tenu, ou autrement merveilleuse confusion en
pourroit advenir, comme ay veu plusieurs fois, jusques provision y fut mise : el se deb-
vront porter en l'artillerie plusieurs fers de moulins, marteaux à chapelier mcullcs el
autres choses nécessaires, car communément les ennemis ostent les oulils nécessaires et
servans aux moulins, pour deslourhcr que l'on ne s'en ayde, et si doit on mener fourniers
et meusniers pour s'en ayder si besoing est.
Si suis d'advis que l'on deffende de brusler les maisons populaires el non fortes, car
tous-jours s'y trcuvenl commodiiez cl aisances pour gens d'armes, et dont eslrangiers ont
plus de besoing que les privez.
El si ay esté en conseil qu'il me semble bon, pour ce que le Royaume de France est
rmull travaillé de gabelles, exactions et autres travaux, que celui qui voudroit faire
Tome XUX. 30
234 ÉTUDE
conquesle du Royaume, debvroit faire crier franchise et quictance d'icelles gabelles pour
lous ceux qui se voudroienl rendre à luy, et que entre les autres causes de sa venue, l'une
et principale est, qu'il veut alléger le peuple de leur pauvreté el servitude.
Sire, il vous est assez commun de faire Prévost des Marcschaux, ayans regard sur les
marchands et vivandiers, et plus avez de gens, plus de commis y faut pour tenir la justice
rade sans aucune dissimulation, et les marchands en seureté : car si les vivres faillent, et
que marchands n'osent suivre, l'armée seroit en très grand danger, que l'on ne vous
sçauroit assez ramentevoir.
Faicies bien départir les quartiers cl logis, s'y ordonnez gens sçavans pour ce faire : cl
que les quartiers et logis soient lenuz sans entreprendre les uns sur les autres, car de là
viennent les grands débals assez pour rompre une armée.
La manière de marcher à si grande armée est fort à conduire, pour le grand nombre
de chai roy d'artillerie, de vivres, el de menues gens qui suivent l'armée : en ce j'ay veu
grande confusion jusque remède y fut trouvé et mis, qui fut tel que après la première
compagnie mise en chemin et en train, marcheront tous les chariots, artillerie, et autres
gens apparlenans à icellc compagnie ; el pareillement après la seconde compagnie, sa
suyte : cl incontinent de compagnie en compagnie; el à la queue de lous les chariots une
binne et puissante arrière-garde ordonnée par le Prince, pour tout conduire et mener au
logis :'ei de chascune compagnie doibl avoir gens de bien, ordonnez pour faire passer et
conduire le charroy pour abréger le chemin.
Et ne soit oublié que telle armée ne marche sans bons chcvaucheiirs et descouvreurs
de toutes parts, et mesmement de arrière-coureurs pour l'arrière-garde, car là font souvent
les ennemis poursuite; et bonnes guides ne faut oublier, et les bien traicler, car autre-
ment vous^conduirez à grand peine si grande armée.
De pionniers et d'ouvriers pour faire chemins, ceux commis au dict charroy et artillerie
doibvcnt prendre la charge d'en avoir, car il les convient nécessairement avoir, et le faict
leur touche.
Les Romains et lous les chefs de guerre avoienl regard et pratique de mener et
conduire leur ost, et les loger pour reposer à l'aise des personnes et chevaux; et volontiers
s'il estoit possible les logeoient près des bois et des rivières pour la commodité et
l'aisance qui s'y peuvent trouver; et me semble que ainsi devez vous faire.
Sire, je congnois les François, ils vous combattront par guerre guerroiable; et combien
que je sçay que querez la bataille, il ne vous la livreront s'ils ne vous treuvent en
désordre, où il faut avoir bon advis, et que si noble et puissante armée ne soit point sans
grand ordre et union. Vous trouverez les François gaillards hommes d'armes, bon
chevaucheurs et addextres, prests à cheval, et vous assailleront bravement pour sçavoir
s'il loche : si vous monslrez visage, ils se retireront; mais si vous branlez et desmarchez,
vous ne trouverez jamais si aspres assailleurs. Pour ce je concluz que tenez ordre comme
dict esl : en ordonnant vos batailles mettez au devant des François qui sont à cheval le
plus que vous pouvez de vos gens de pied, car les François les doublent merveilleusemenl,
SUR OLIVIER DK LA MARCHE. 235
pour ce qu'ils aymeni leurs chevaulx, et vos gens de pied en feront plus grand meurdre
<|ue vos chevaucheurs.
Et quand aux batailles à cheval, les François sont à doubler, et ils ont longues lances et
bonnes selles. Si est le devant et le Iront de leurs batailles fort à craindre, mais je prise
fort le fust et suite des lances d'Allemagne: et le premier choc soustenu, et que l'on met
la main à l'espée, je trouve que les Allemans ont l'avantage, car il sont puissamment
montez : par ce ne peuvent les chevaulx légers des François soustenir la foulle des
puissans chevaulx d'Allemagne. Et pour ce alin d'éviter tous dangers ne soit point oublié
que la bataille des Allemans ne soit fort redoublée de bonne suite et fort espesse, que les
François de leur première entrée ne puissent rompre la bataille.
Gardez-vous des cautelles des François et de leurs subtilitez! Tout leur espoir est de
vousdesioindre de vos alliances, mesme d'Espagne et d'Angleterre, si seront à chascun de
vous grandes offres à pari, tant pour vous mettre en suspicion, comme pour vous tirer l'un
de l'autre s'ils peuvent. Je ne diz point qu'il faille faire guerre perpétuelle, ne qu'il soit
convenable de tout deslruire, et si sçay bien que Dieu ayme paix et hayt la guerre : mais il
me semble pour le mieux et pour la seurelé et prouffit de vos alliances que vous ne devez
rien escouter ne entendre en ces matières que tous ensemble, et faire l'appointement et
traiclé de tous à une fois ; par ce moyen vous entretenez vos dictes alliances et asseurés la
eonqueste de chascun de vous. Vous ne pouvez plus estonner votre ennemy que quand il
cognoistra que n'estes nullement à séparer ne desioindre.
Sire, je demande pardon d'avoir mis mon advis devant vostre Noble personne par si
simple homme que je suis : et me semble comme vostre bonté et clémence suppléra mon
ignorance. Je prie Dieu, Sacrée Majesté et mon Souverain Seigneur, qu'il vous doint vos
haulls et nobles désirs accomplir.
la Marche.
FIN.
236 ÉTUDE SUR OLIVIER DE LA MARCHE.
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
P. 8, ligne 13. -- Bienvenue Bonamy était la femme non du second, mais du premier Guillaume delà
Marche; et Girard semble être un fils plutôt de Guillaume Bonamy que de Guillaume
de la Marche.
P. 33, ligne G. — La première femme d'Olivier de la .Marche s'appelait Odotte de Janley, et l'une de ses
filles Louise, comme d'autres documents viennent le prouver.
l'âge 107. — M. Julien Loth a publié dans les Annales de Bretagne, tome II, n° 2 (janvier 1887),
pp. 255-258, un court extrait du « Miroir de la mort » imprimé à Cuburien, qui ne
renferme pas moins de 3,360 vers. Mais il a tort de dire que l'existence de ce volume
n'a été signalée nulle part; comme nous l'avons dit, il est connu depuis très long-
temps.
— 108. — Ce qui a été dit des Demandes d'Amour ou Àdevineaux amoureux se trouve confirmé
par les indications bibliographiques données dans le « Catalogue des livres com-
posant la bibliothèque de feu M. le Baron James de Rothschild » [par Em. Picot],
tome II, pp. 330-1, Paris, Morgand, 1887.
125. — Olivier de la Marche emprunta le Parement des Dames à une source espagnole, vrai-
semblablement à Rodriguez de la Chambre (La Serna-Santander, Mémoires sur La
bibliothèque de Bourgogne, p. 17), dont le poème fut traduit par Fernand de Lucena
aussi bien que par Olivier de la Marche. Cf. Die franzôsische Litteratur am Hofe
iler Herzôge von Burgund, par le Dr 0. Richter, p. 44, Halle, 1882.
P. 230-231. — Ce document est inséré en entier dans les Mémoires de Molinet. Cf. Chroniques de Jean
Molinet, tomeVféd0" Buchon), pp. 240-243.
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
. . 3
ÀVASTrPKOPOS
CHAPITRE PREMIER.
Biographie d'Olivier de la Marche. — §1- Sa famille •
§ 2. Jeunesse (l'Olivier
§ 3. Premiers exploits d'Olivier
§4. Olivier chambellan du duc de Bourgogne ^
§ S. Olivier maître d'hôtel de Maximilien et précepteur de Philippe le Beau. 78
CHAPITRE II.
OEuvres d'Olivier de la Marche. — § i. L'écrivain 1()1
104
a 2. Fausses attributions
109
(5 3. Le chroniqueur • • . ■ •
. 123
§ 4. Le poète ...
CHAPITRE 111.
129
Bibliographie des manuscrits et des éditions
149
Pièces justificatives ....
v .... 207
Appendices ... ....
- . 236
A Mitions et corrections
Portrait d'Olivier de la Marche (dessin de la Bibliothèque d'Arras) Frontispice.
Armoiries d'Olivier de la Marche (manuscrit de la Bibliothèque Nationale) .... 100
td ,'.
Date Due
3 SÏ4 093 258 101