LR AAA € te _ = \ 4 ( Llale a cs mA ele À Aix «Cet Æ € Anû AAA A À A À on he + A NAS NAN L ; A ARR AA vAs BAA AN EN AAA 2h . AAA \ ARE ae! | A F MPUETE USE" 4e MT LA | FUN JS PAM Sue v 1j * a TE V Et 4, S “ Ÿ . A RAA Ÿ : ” YÉY VÉVUYV jd .) ; MM EME YVUVV Le eu éd MCE ŒCC HAE © ref ÿ El uv ELA TEE hd el rh das DT ENRAS AM PORN > WEST CU oh HUUTY FE Evuve | AMV VV VER NN EM EMEA EVER EE EN JYSSEUUE ILES ELESVELSÈVE ee ANNE EEE - w f É NU: SENTE MARAIS ve { et TN ë + EAU MA PRE RTE | £ LUSTS ESS EU VE Ad dau" Sy our L% A ET CAPTER NP NN PNES TEA das Sa A + 1 ed p js Aie A JV y y M MOACEEELCES a SAM PP LEE nat LL Meur A4 JE PAPA LE NL ) Vu LATE “4 Se OST RUN ME M ue > vw 4 ul LAINE Y TENTE VAT È “Na Ans SAME A VUYYR dé VAS ER NW WE WW”. 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Ce troisième volume de nos Mémoires dont quelques circonstances imprévues ont retardé l'impression, n’offrira pas, nous l'espérons , une lecture moins variée ni moins instructive que ceux qui l'ont pré- cédé , et que le Public éclairé a favorable- ment accueillis, Nous signalerons particu- lièrement à son attention , dans le présent Recueil, deux mémoires qui par leur importance et leur étendue nous paraissent mériter d'être distingués. L’Explication d’une inscription romaine mutilée, qui se trouve dans le cabinet de M. Sallier ; et le Mémoire sur la connaissance des terres par rapport à l'Agriculture , figureraient honorablement dans les Recueils des Sociétés les plus célèbres. D’autres pièces moins étendues renfermées dans ce volume sont dignes aussi de l'examen du lecteur éclairé, | La Société encouragée par le suffrage du Public, s'est déterminée à fixer l'époque de la publication de ses travaux ; désormais ‘un volume de ses mémoires paraîtra de trois en trois ans ; chaque volume, d'après la forme adoptée par un grand nombre de Sociétés savantes, contiendra d’abord l’histoire des travaux de. l'Académie pen- dant cet intervalle, et l’analise des ou- vrages qui ne pourront pas être insérés en entier dans ce recueil. Une activité nouvelle dans nos relations avec les mem- bres associés - correspondans que cette Sociélé a choisis parmi les hommes les plus distingués qui cultivent les Lettres en France et même en Europe , pourra con- tribuer à répandre plus d'intérêts encore sur nos recueils , et à fixer l’attention des savants. | Isiporr DE MONTMEYAN , Secrétaire perpétuel-adjoïnt de la Société. Nota. Le Lecteur est prié de corriger , dans ce volume, avant de le lire, les fautes qui sont indiquées dans l'errata , et de suppléer à celles qui peuvent s'être dérobées à notre vigilancel MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ Des Amis Des Scrences , DES LETTRES, DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS, ÉTABLIE A Arx ( Boucues-pu-RHÔNE ). NOTICE S'z7 l’origine de l’Imprimerie en Provence, Par M. Axvorse Henricy , vocal, AIX. A est la première ville de Provence qui ait attiré dans son sein l’art de l’Imprimerie. Fixer l’époque de son établissement , faire connaître les Imprimeurs qui le formèrent, c'est mettre au jour un point d'histoire litté- raire inconnu ; c’est rendre hommage aux lumières , au zèle des Magistrats qui procu- rèrent à notre cité l’art précieux dont auparavant elle empruntait les secours à d’autres villes. (2) R Le Parlement, l'Administration de la Pro- vince et celle de la Ville, faisaient imprimer alors leurs actes soit à Lyon, soit à Avignon. Ces ouvrages paraissaient sous les noms des Libraires d'Aix, qui les vendaient, et qui quelquefois y faisaient apposer les ar- moiries de la ville, à l'effet de donner un caractère officiel à des: arrêtés que l’on n'avait pu faire imprimer dans le pays. . Ces Libraires sont : Dominique de Portu- naire, que l'on voit en 1539; Vas Cavallis, en 1540 ; Pierre et Uguet Alberts, frères, et Jacques Marcaurelle , en 1554 ; Thomas Maillou , et Marie d'Herbes, veuve de Vas Cavallis, en 1559; le même Maillou , qui fit imprimer le règlement publié par les Consuls d'Aix, en 1569, sur la police de la ville. Des priviléges furent accordés à quelques- uns d’entre eux , en 1539 et 1545, par François I, qui avait donné, en 1536, à Antoine Vincens, imprimeur à Lyon, la permission, pour trois ans, d'imprimer les ordonnances du pays de Provence. Les particuliers livraient également leurs ouvrages aux presses d'Avignon. Pierre Roux, imprima dans cette ville, en 1557, les Statutz et Covstumes de Prouence, par Masse. D’autres villes de la Province employaient (3) _ celles’ de Lyon, pour ce qui était nécessaire au service public. En 1547 et le 18 juillet , l’Archevèque d'Arles et le Chanoiïine Cazaphilete, au nom du Chapitre, autorisent, par acte devant Antoine Surian , notaire à Saint-Chamas, Vas Cavallis, libraire d'Aix, à publier une nouvelle édition du Bréviaire de leur Église. Ce libraire fait imprimer ce livre à Lyon, par Thibault Payen , Lugduni excudebat Theobaldus Paganus. 1549. Venvndantvr Aquis, in Palatio regali, per as Cavallis , bibliopolam. Le frontispice porte la marque de Vas Cavallis , représentant un vase au milieu de deux chevaux dressés sur leurs pieds, avec cette devise prise dans le livre des proverbes: vas preliosum , labia scientiæ. Les Consuls de la ville de Manosque font imprimer à Lyon, en 1559, suivant l’ordon- nance du 20 août: Tenor priuilegiorum , franquesiarum , et libertatum ville Ma- nuascæ in Comitatu Prouinciæ, et Forcal- queric existentis. Venundantur Manuascæ, per magistrum Saluatorem Jurami, biblio- polam. 1550. Les armoiries de la ville de Manosque sont au frontispice de ce livre. | Le Roi René et Charles d'Anjou, son A 2 C4) successeur (1), dont les riches bibliothèques renfermaient les premières productions de l'imprimerie et les œuvres des plus célèbres poëtes provençaux , avaient fait naître à Aix le goût des livres. Les Chanoines de l'Église métropolitaine répandirent ceux à l’usage du service divin ; car ils firent imprimer à Lyon, en 1499 et en 1526 , leur Bréviaire (2); leur Missel, en 1527 ; leur Diurnal, en 1533. . Les écrits dont je fais mention, et des- quels je pourrais citer un plus grand nombre, (:) Ce dernier Comte de Provence légua, par son testament du 10 décembre 1481, sa bibliothèque au Couvent de Saiut - Maximin , ad honorem gloriosæ Sanctæ Mariæ Magdalenæ. (2) Une délibération capitulaire du 9 octobre 1499, porte : fuerunt recepta per capitulum 487 breviariw et veriundata singulis canonicis el beneficiatis pretio érium florenorum. Le missel se vendait 4 forins et 4 gros. On lit dans une autre délibération : die 26 mart. 1550, probus vir Joan. Mirabelli habuit unum missale , pretio florenor. 4 et grossor. 4. Ledit jour il en fut vendu plusieurs au même prix : lou trés de may ay prés un missalh religat. Les Eglises cathédrales des autres siéges de la Pro- vince, faisaient également imprimer leurs bréviaires à Lyon. L'Eglise de Marséille, en 1526—celle d'Arles, en 1501, 1549—c-lle de Grasse, en 1528—celle de Fréjus, en 1530—celle d'Apt, en 3552. Lo | imprimés dans des villes étrangères , prou- vent avec certitude qu'il n’y avait encore point d'imprimerie à Aix en 1560. L'Administration de cette ville , désirant depuis long-temps y établir cer'art, fit, en 1572 ; avec Louis Barrier , imprimeur d'Avignon, l'accord suivant (1): (x) «& L'an: 1572 et le 12 février, Loys Barrier, » am, imprimeur. de, la cité d’Advignon ,. promét à » nobles personnes Durand, Hupay, Consuls de la » cité d'Aix, de venir résider audit Aix, durant le » temps de cinq ans, avec sa famille et serviteurs ‘aptes et propres pourillec travailher continuellement » à l'estat de imprimeur.....et pour donner moyen » audit Barrier, de s’entretenir et mieulx négotier » à sondit estat, lesdits sieurs Consuls . .-. avec. la » présence et aduis des Consuls de l'année passée , » promettent audit Barrier de luy payer chascune 2 année cinquante livres....,outre ce lesdits Consuls » baïlhent audit imprimeur l’usaige et habitation d'une » maison acquise par la communaulé. .<..-au devant » l'Eglise S.t-Sanlueur confrontant..…..avec les études » publiques. .... et moyennant ce ledit imprimeur » promet de imprimer chascune année gratis et sans » rien prendre les ordres que se liront tant aux lorx, » médacine et saintes écritures , que en lettres hu- » iaynes, à la condiction que ladite communauté » fornira le papier à ce nécessaire à ses despens , et » pour donner occasion audit imprimeur de mieulx » faire son devoir audit estat de imprimerie, lesdits » sieurs Consuls exemptent Baïrier, ses compaignons » et domestiques de toutes gardes des portes et lc gCImÇN » de gendarmerie, » dcte, Degoa, notaire, (6) Le Conseil de ville, en leratifiant, décida que Barrier habiterait la maison de l’'Uni- versité (1). C’est ainsi que la Sorbonne reçut dans son enceinte les premiers imprimeurs qui vin- rent à Paris. Par cet acte, les Éénne de la Typogra- phie étaient d’abord consacrés à l'instruction publique, et à l'égard d’une Université dis- tinguée par ses études , par les professeurs qui les enseignaient (2), et qui avait pour chancelier , un Julien de Médicis, alors Archevêque d’Aix (3). à Barrier n'exécuta point, cet 2e ne sais par quel motif.; mais Pierre vs que nous avons vu publier , en 1557, à Avignon, les Statuts de Masse, s'engage , en 1574, envers les Consuls , à transporter (x) « Le Conseil de ville, nul discrepant, approuve » ledit acte, et neantmoings qu’il sera communiqué » à Messieurs de l'Université, pour ratiflier le pache » consernant l'habitation dudit imprimeur. » Délibé- ration du 26 février 1572. (2) Namque in civitate Aquensi ad id (sézdium ) locus propitius et quietus, incolarum grata commu- nio et benigna, salubris aër, victüs abundantia, ac doctorum divini et humani juris péritorum , aliarum- que scientiarum copia. Fundatio regiæ Universitatis Æquensis à Ludovico IL ann. r418. | (3) Il était de l’illustre famille des Médicis. Gallia christiana , etc. 1715, tom. 1, pag. 333. Cr) son imprimerie à Aix , aux mêmes condi- tions qui avaient été arrêtées avec Barrier(1). Pierre Roux publia en 1575, et c’est pro- bablement le premier livre imprimé à Aix, le Traicté de l'Eglise de Dieu. contre les calyinistes...... par Jehan Pellicot, con- seiller au siége d'Aix. Pellicot dit dans la dédicace de ce petit écrit, datée du 1.° juillet 1574 : « depuis » quelques années le traité suivant de l'Eglise » de Dieu avait esté par moi recueilli, » et ayant à présent la commodité de l’im- » primerie en ceste ville... ». il imprima en 1577, le Livre du Consv- frise et le Portvlan..… Guillaume Giraud, et François Mayssoni, traducteur du Consvlat, avaient formé so- ciété pour l'impression de cet ouvrage, dont ils chargèrent Pierre Roux . (2). (1) Acte du 12 janvier 1574. Joseph Borrilli, notaire, (2) .< Mayssoni fournira deux balles papier blanc ».de dix-huit sols la rame, si mieux n'aime fournir » argent audit Roux, jusques à la valeur de dix écus: .» Il traduir# le livre du Consulat, pour raison,de » quoi jil lui sera baillé par Jedit Giraud, trois écus » de quatre Horins. .... x » Ledit Roux faira six cent livres de Pr de » l’ouvrage , moyennant, le prix de, cinquante sols » tournois pour rame, et sera tenu de fournir le C8 Celui-ci prit le même engagement avec Giraud, pour le Portvlan (1). Cet imprimeur continuait cependant d’exer- cer sa profession à Avignon, en même temps qu'il l’exerçait à Aïx. Il mit au jour, en 1576 , le livre suivant : De rimedi contra l'amore ridotti in ottava rima, da M. Angelo Ingegneri, g% dve libri di Ovidio, stampato in Auignone, per M. Pietro Rosso, Panno 1576. | Je donne une autre preuve de l'existence de son imprimerie à Avignon. Il promet à Giraud de ne réimprimer, sans son consen- ® papier et impression. » Acte du 6 janvier 1575. Jean Descalis, zotaire à Marseille. M. le Comte de Villeneuve, Préfet du département, ayant bien voulu agréer ces recherches sur l'imprimerie : et se proposant d’en faire usage dans la Statistique qu'il publie, m'a procuré, par les soins de M. Toulouzan, rédacteur de cet important ouvrage , la commu-, nication que je désirais de cet acte , ainsi que de celui du 29 juin 1614, aux écritures de Bernard Mitre, notaire à Marseille, dont il sera fait mention ci-après, » - ge (x) » Pierre Roux mettra en imprimerie le ‘livre » appelé Le Portylan......., traduit du langaige » ytallien en françois, et ledit Giraud prornêt balher » audit Roux pour ses peynes et trauaulx de six » cent volumes à raison de vingt ‘cinq sols Pour » feulhe appellant la feulhe de vingt quatre mains (9) tement , dans cette ville, durant dix ans, le Consulat et le Portulan (1). Roux ne reçut, suivant les comptes tré- soraires de la ville , que quatre années de gages , fixés à 5oliv., depuis 1575 jusqu'en 1577, l’année consulaire commençant alors au premier novembre. Ces gages furent attribués pour l'année 1577 à: 1578, qui était la dernière de l'er- gagement de Roux , à Thomas Maillou , en qualité de cessronnatre. Roux avait donc quitté , en 1577, son imprimerie d'Aix , et sans doute pour se fixer de nouveau à Avignon. Thomas Maillou et Guillaume son fils, reçoivent , dans les deux années suivantes, lès mêmes gages. | Guillaume obtint des lettres royaux de Henri IT, du 28 janvier 1580, qui l’établis- saient imprimeur juré et ordinaire du Roi(2). » parfaictes et ceque ce trouvera d'ung autre main, » le tout bien .et deuement faict -icelle imprimer » comme y apposer et ranger les lettres grosses ainsi » que S’apartient , pour raison de quoy ledit Giraud » luy prouvoira tout le papier que luy sera neces- » Saire. » Acte du 15 septembre 1576, Delphin Upays, zofaire à Aix. (1) Acte du 2 mars 1577. Degoæ, notaire. (2) « En considération dés grands fraix qu’il a faits (20 ) On voit sortir de sa presse , en 1580, le Panégyrique de l'Hénoticon ou édit de Henry AL sur la réunion de ses sujets, à 2 Ép olise catholique. ,; par Honoré de Laurens, a général en la Court du Parlement de Provence , et ensuite Archevèque, d'Em- brun, ouvrage qui fut accrédité par la Ligue. Guillaume eut seul les gages, depuis 1580 jusqu’en 1587. Mais Thomas Maillou ne fut jamais im- primeur. Il était, en 1559, associé de Marie d'Herbes , veuve du libraire Vas Cavallis. En 1568 , il ne prenait que la qualité de libraire , sur le tableau du Conseil ‘de ville dont il était membre. | Le Traité de l'Église de Dieu, de Jean Pellicot, imprimé en 1575, porte au fron- tispice : On le vend en la bouctique de Thomas Maillou, libraire. dns Ages Le privilége du Roi pour l'impression des ordonnancés de Henri IIE, exécutée en 1580; par Thomas et Guillaume Maillou, est seu- lement en faveur de Guillaume. J’insiste sur ces observations ; parce que j'ai lu dans un manuscrit de la bibliothèque Méjanes ,, que l'imprimerie de la famille » à lever son imprimerie en nostre ville d'Aix, de » laquelle nos subjects du pays de Provence retirent » plusieurs commodités. » Cu) Maïllou était réputée la première établie à Aix, et que l’on y fait remonter son origine jus- qu’en 1540, erreur auparavant commise par Nicolas Catherinot, d’une manière encore moins vraisemblable , puisque. cet écrivain porte à l’année 1482, l’origine de l’imprume- rie à Aix (1). Guillaume Maillou étant décédé, la ville se trouva dépourvue d'imprimeur depuis 1587, jusqu’en 1594. Car, durant cet inter- valle , l’article de ses gages n’est plus dans les comptes trésoraires. L'acte que je vais citer sur Courraud, fournit la preuve de cette interruption. Les Consuls saisirent avec empressement l'occasion qui s'offrit à eux, et qu'ils cher- chaient, de rétablir l'imprimerie. Ils conti- nuèrent à la soutenir par des libéralités, maloré les obstacles qu'opposaient à leurs vuesles roubles civils etlarnisère du Lemps(2). Jean. Courraud se présenta , et les Consuis le nommèrent imprimeur de la Ville (3). Il à (x) Typographiæ celebriores sunt Amstelodamensis, Antuerpiensis, Aquæsextiensis in provincià gallicà , abann. 1482. Wolfii monumenta typographica. 1740. Pars secunda, pag. 044—96 0. À (2) Actes des 29 mai ; G—22—23 novembre 1595. Jacgñes Isoard, notaire, (3) « MM, les Consuls de cette ville d'Aix, qu'es- C1) eut son habitation dans le collége de Ville- neuve, et reçut les gages depuis 1504 à 1505, jusques en 1600 , terme de son engagement. » toient en charge en l’année 1577, comme soi- » gneux ct curieux de accommoder et orner la ville » de tous arts et mestiers et mesmement d’une im- UV Ÿ primerie , auroient habité en icelle un imprimeur et » dressé une imprimerie, qui eust'été depuis tenue » etéxercée par feu M. Guillaume Malhou auquel la= » dite ville: baïlloit quelque estat pour son entrete- » nement, ayant essard audit art que pendant six » où sept ans auroit été en chaumage à cause des » troubles, que aussi par le décés dedit feu Malhou, » estant toutes les presses, caracteres et autres choses » a ce necessaires, rompues, brisées, distipées et » brolhassées , lesquels la veuve ‘dudit feu: Malhou « les auroit vendus à un imprimeur, qui les vouloit » porter et dresser a Marseille, ce que venu a la » notice de MM. de la Cour de Parlement, comme » curieux de la commodité et ornement de ladite » ville , mesmes d’y avoir un imprimeur, auroient » empêché que ladite presse et caracteres, ne soient » transportés hors ladite ville, et trouvé bon de la » faire redresser , et seroit advenu que M. Jehan Corraud dudit Aix, qui auroit acheté ladite impri- » merie, se seroit Pr la redresser et faire travailher lui donnant quelques moyens et commodité de la » pouvoir entretenir, ayant essard a la nisere du » temps, et ala grande dépense que lui convient faire, » au moyen de quoi...ledit Corraud sera tenu habiter » en cette ville, y redresser ladite imprimerie et faire Ÿ Ÿ LA (15) Mais n'ayant pu remplir le service des établissemens publics, soit à cause de son incapacité , signalée par le Conseil de ville (x), soit à cause de l'insuffisance de son atte- lier, on appela de Lyon, en 1597, pour le remplacer, Jean Tholosan , établi dans cette ville depuis plusieurs années. Courraud continua de diriger son impri- » » travailher bien et duemert comme s’appartient. » La ville lui baïllera une maison d'habitation, soit au college de Villeneuve ou autre lieu commode, pour y dresser ladite imprimerie aux despens de la ville. » Et pour aider ledit m.°imprimeur a supporter les fraix et despens que lui conviendra faire pour redresser ladite imprimerie et y travailher, il lui > sera donné durant cinq années, savoir : 100 liv. pour la présente année , et pour les années suivantes , bo liv. chacune année. » Outre ce sera ledit imprimeur immun et exempf de toute garde de nuit et de jour de la ville, logement de gens de guerre, franc de reve comme est de coutume. » Lequel m.° imprimeur sera tenu la et quand la ville. seroit en commodité de faire imprimer les privileges d’icelle, soit en latin ou françois, que ledit Corraud les faira imprimer a ses despens, fors que la ville fornira le papier. » Acte du 3x _ juillet 1595 , Jacques Isoard, zorarre. (1) Délibération du 28 octobre, 1598 C1) | merie , avec Philippe Coixnat , son gendre, qui lui succéda (1). Il publia, entre autres écrits, en 1596, /& Gvisiade Prouensale , de Meirier, pièce remarquable contre la ligue. La veuve Coignat vendit ensuite son im- primerie, au prix de 195 liv. à Jean Rorze, libraire d'Aix (2). Celui-ci mit au jour, en 1629, le Ponti- ficium Arelatense, et en 1655, l'Histoire des Cotes de Provence, par Ruff. L'établissement de Roize a existé succes- sivement jusqu'à la fin du 17.me siècle. François Duperier, homme de lettres dis- tingué , père de Scipion Duperier , avait désigné Tholosan aux Consuls , sous des rapports honorables. Il le logea dans sa maison (3), le qualifiant dans ses lettres, (1) Contrat de mariage de Coïgnat avec la fille de Courraud, du 27 août 1600. Gilles, notaire. (2) Acte du 2 septembre 1624. Gilles, notaire. (5) Buyer et les Maximis, amis des lettres, l’un à Lyon, les autres à Rome, attirèrent et logèrent dans leurs maisons les premiers imprimeurs Le s’établirent dans ces villes. Pie IV appela et plaça dans le Capitole Paul Manuce, qui marquait ainsi le lieu de sa demeure et le siège de son imprimerie : J7 ædibus populi romani. (15) son crès - affectionné et parfaict amy, et lui adressant des vers familiers (1). Jacques Fontaine , célèbre Médecin de ce temps , à Aix, dit à Duperier en lui dédiant son discours de la petite vérole : vous ne vous estes contanté d’auoir attiré vn bon et suffisant imprimeur en vostre ville. Mais & sa grande commodité, vous l’auez logé dans vostre maison (2). Le Parlement autorisa Tholosan à exercer sa profession, en. attendant les lettres pa- tentes du Roi (3). Il fut nommé imprimeur de la ville, aux gages de 100 L. , portés dans la suite à 150 liv. On lui donna pour son habitation, et pour (x) Ces pièces se trouvent dans les « Memoires et » instryctions pour l’establissement des meuriers et art » de faire la soye en France, réimprimés par ordre » du Roi, en 1603, à Aix, chez Jean Tholosan. » (2) Duperier fut loué et recherché par les écrivains de son temps. Jacques Fontaine lui disait, dans le même discours : je suis résolu de luy faire voir Le jour SOUS VOSirTe faueur qui Sur ÉOUS «ayez exXiTe- mement et l'antiquité et l'auancement du proffit public. Vostre plus qu'admirable cabinet est la marque fidelle de la première affection. Les États de Provence de 1608, firent don au Roi de ce cabinet. (3) Arrèt du 81 janvier 1598, (16) y exercer son art, la maison de l'Université (+), Il reçut des lettres patentes du Roi, du 14 octobre 1599 , qui furent confirmées par celles :du 16 novembre 1616. L'ouvrage suivant imprimé en 1598, pour l'administration de la province, doit être con- sidéré comme le premier livre sorti des. presses de cet imprimeur : $£atvra Provinciæ Forcalqveriique Comitatum , cum commen- Lariis L. Mussæ. Le frontispice de ce livre porte son nom avec (:) Tholosan dressa son imprimerie en 1597. I reçut des indemnités des Consuls , « en considération » de plusieurs grands fraicts et despens qu'il avoit », faicts et soufferts a la conduite des caracteres et » autres engins nessesseres a son art de la ville de » Lyon en ceste ville d'Aix, pour estre luy un homme » savant et bien entendu a son mestier, ayant grand » quantité de beaux caracteres, et pour le profit et » décoration de la ville , on le doibt entretenir et « y accorder des gaïiges, a Îa charge par lui de » fournir sans rien prendre, tout ce que sera de besoing » soyt privileses, lettres, bolletins, passeports , etc. » fors que la ville luy fornira le papier a ce nessessere. » Il jouyra des mesmes honneurs, franchises et » libertés que jouissoit Corraud, par son contrat du » 51 juillet 1595, et soulloyent jouir les autres » imprimeurs de ceste ville, ses devanciers ». Dél- bérations des 10 septembre 1597—28 octobre 1598— S septembre 1600. Conventions des 15 mars 1998, et o octobre 1600. Jacques Isoard, zotarre. Gay. ) avec celui de Nicolas Pillehotte, libraire originaire de Lyon, venu probablement à Aix avec Tholosan, pour y établir un commerce de librairie qui fut de courte durée. Tholosan imprima , dans la même année, La Favconnerie de Charles d’Arcvssia , seigneur d'Esparron. C’est la première édition, devenue très-rare, de ce livre , dont le P. le Long cite six autres éditions. Il réunissait à la profession d'imprimeur celle de libraire. Il est qualifié imprimeur- libraire, dans le privilége du 10 juillet 1612, qui lui fut accordé pour la publication d’un livre d'Église, p e - p ° L2 Étienne David , après avoir fait son apprentissage d’imprimeur chez Tholosan, épousa l’une de ses filles (:). Il reçut des lettres patentes , du 14 novembre 1616, pour exercer sa profession, conjointement avec son beaupèreet après Lur. Tholosan ne pouvant plus, à cause de son âge, continuer le service de la ville, obtint qu'Étienne David fut nommé L à sa place(2). (1) Actes des 30 nr. novembre 1616. Durand, notaire. (2) Délibération du 27 avril 1625—acte du 6 juin suivant, Jacques Isoard, notaire. B (18 ) 11 lui légua ensuite sou imprimerie (1), et celui-ci la transmit à ses descendans, qui en ont joui successivement , sayec des lettres patentes de nos Rois. Cette imprimerie subsiste encore aujourd’hui. Je borne mes recherches sur l’origine de l'art typographique à Aix , aux premiers imprimeurs que l’on y voit jusqu'au com- mencement du dix-septième siècle. Mais je dois à la mémoire d’Étienne David, de citer ici la lettre honorable que notre célèbre Peiresc écrivait ( le 7 mars 1630), au savant antiquaire Borrilly, à Aix. « Vous sçavez que toutes les fois qu'il a » été question d'imprimer de bons ouvrages » en françois, Étienne David s’y est prêté » à ma considération: que plusieurs de nos » auteurs et jurisconsultes qui , dans notre » province , eussent mieux aimé écrire en » latin qu’en francois , sçachant mieux la » première langue que l’autre, ayant, d’après » mes sollicitations , composé et écrit en (1) « En eonsidération des bons offices qu'il en à » reçus et espere recevoir d'icelui, eten rémunération » des peines, travail qu'il a fait depuis douze ans » en son état et vacation, en toute probité et fidé- » lité requise , à l'augmentation de sa maison, » Testament du 25 août 1627. Gilles, zolagre, ( 19.) » françois , David m'a souvent fort aidé à » corriger tant le fond que le style desdits 4 » ouvrages , tant avant l'impression qu’en » corrigeant les épreuves. Il a donc acquis » des droits à la gratitude des gens lettrés » comme vous » (1). Une autre lettre de Peiresc au même Borrilly (8 septembre 1630 }, à l'égard de David , s'exprime en ces termes : «..... après » tant de services de son père ( Tholosan ) » et de luy. Vous:sçauez les raisons que j'ai » de m'intéresser en sa fortune. C’est pour- - > quoy je vous supplie de croire que la faueur » que vous lui ferez ou procurerez pour » l'amour de moy me sera beaucoup plus » sensible que si c’estoit en ma propre > personne. » L’affection de Peiresc pour David, fut, ainsi que l’avait été celle de Duperier pour Tholosan, inspirée par le mérite de ces deux artistes. Des goûts réciproques formèrent entre les uns et les autres, ce lien plein de charmes quiunit les lettres et les sciences À l'art qui concourt à leur immortalité. Les sentimens de Peiresc ne sont pas le RO PE NERO EN (x) Lettres inédites de Peiresc, publiées en 1706, dans le Magasin encyclopédique, et en 1815, par M. le Président de Saint-Vincens. B 2 (20) seul exemple de la considération dont les gens de lettres environnaient les imprimeurs qui réunissaient à un habile exercice de l’art, l'étude approfondie des langues anciennes, et de leurs admirables écrits. . Notre Province et notre Cité, appréciant les avantages si importans que procurent aux connaissances de l’esprit humain les lettres et l’art qui leur donne la vie, favo- risèrent , par des encouragemens multipliés, - la publication d'ouvrages utiles au pays, que la présente notice se plait à rappeler. Les États de Provence de 1603 , donnèrent à César Nostradamus, une gratification de 5000 liv., pour son Histoire de Provence. L'Histoire des Comtes de Provence, par Ruffi,publiéeen 1655--l'HistoiredeProvence, par Bouche, en 1664—la même , par Papon, en 1777—celle des plantes , par Garidel, en 1715—les Consultations de de Cormis, en 1731—les Statuts de Provence, par Julien, en 1776—le Traité de l'olivier, par Harores en 1786 : : ces ouvrages , imprimés aux frais de la Province, et l'Histoire d’Aix, par PF: tton, publiée en 1666, à ceux de la ville, attes- tent les vues éclairées, les actes bienfaisans d’administrateurs jaloux de répandre les lumières et de conserver la mémoire de nos aïeux, (m2) Nous voyons au nombre de ces adminis- trateurs , et avec un sentiment de reconmais- sance que la postérité partagera , le généreux citoyen qui a ouvert toutes les sources des sciences, dans la riche collection de livres dont il nous a fait un legs si précieux. Méjanes employa sa vie, ses affections , sa fortune , à l'exécution du noble dessein qu’il avait conçu de fonder la bibliothèque , dont la composition montre les vastes recherches , le savoir universel de cet ardent ami des lettres. met En- donnant en lé Proyiice qui l'avait appelé à la tête de son administration, cette magnifique bibliothèque , Méjanes voulut que la garde en : fût: confiée à la Capitale, qui l'avait élu son premier Consul. Combien elle se glorifie de voir dans ses annales , parmitant: d’honorables souvenirs, le nom de ce vertueux Consul, qui lui apporta ; avec un choix si éclairé ; les pro- ductions du génie de tous les siècles , de toutes les nations. (22) MARSEILLE. Marseille ne possédant point les établis- semens publics qui étaient fixés à Aix, n'éprouva pas d’abord le besoin de l’art de l’imprimerie ,.qui , plusieurs annécs aupa- ravant, avait été appelé dans cette cité, pour l'exécution des ouvrages du Parlement, des Administrations et. de l’Université. . Mais la colonie phocéenne accueillit cet art merveilleux avec le même empressement et les mêmes distinctions que la ville romaine sa voisine , manifesta lorsqu’elle voulut, en jouir. | L'imprimerie: fut établie à Marseille ; en 1994 (1), suivant l'accord passé entre les (1) « Comme soit que MM. les Consuls gouverneurs » de cette ville de Marseille ; comme cupides et .» desireux de l’ornement et décoration d’icelle depuis » quelques années ayant taché par plusieurs moyens » d'établir dans ladite ville l'imprimerie tant nécessaire » et importante à une telle ville qu'est celle-ci; » attendu que enfin se seroit présenté M. Pierre » Mascaron marchant libraire, habitant audit Marseille, » qui sachant le desir desdits sieurs Consuls, se seroit » offert leur faire avoir en cette ville ladite impri- » merie....à la charge que ladite ville lui faira quelque » honnete parti, ce qui auroit été accepté par lesdits » Consuls, » Au moyen de quoi ledit Pierre Mascaron promet SD Consuls et Pierre Mascaron, libraire (1). On voit, par cet acte, que l'administration de cette ville cherchait depuis quelques années à se procurer l’art de la typographie , et qu’elle s’en assura l'existence par des encou- ragemens. Les poésies de La Bellaudiere et celles de Pierre Paul, paraissent être le premier ou- vrage sorti des presses de Mascaron. La Bellaudiere ayant le projet de faire imprimer son recueil, l'avait dédié, en 1583, à François Duperier. Mais il n'exécuta point » à honnorables personnes noble Charles de Casaulx, etc. » Consuls ét gouverneurs de ladite ville, de dresser » et.exercer en cette ville ladite imprimerie dans un » mois prochain, pour la décoration et bénéfice de » ladite ville, ses manans et habitans; ledit Mascaron » sera tenu d'imprimer autant de patentes, ‘bulletins » et passeports... qui seront nécessaires au secrétaire » de la ville, sans rien payer, et lesdits sieurs Consuls » promettent de payer annuellement audit Mascaron » 300 ‘escus d'or, de lui procurer aux despens de » la ville ; une maison propre et commode pour son 3 habitation et pour exercer son état, et qu'il sera » exempt de gardes. » ete du 5 novembre 1594. , zotaire à Marseille — archives de l'hôtel-de-ville | regist. 1594. (x) Pierre Mascaron , père d'Antoine Mascaron. , célèbre avocat au parlement d'Aix, er aiïeul de Jules Mascaron, évêque de Tulles, j André Boyer C24) ce dessein ;: il mourut en 1588 , et légua son manuscrit à Pierre Paul. Les Consuls de Marseille en ordonnèrent la publication , ainsi que le rapporte Pierre Paul, dans l’épître qu'il leur adresse : vous autres messieurs me commandastes de mettre en lumiere tant les œuvres dudit Bellaud que les miennes. Mascaron imprima, en 159, ce recueil, qui se compose de quatre parties réunies sous les titres suivans : Oëros , et rimos provvenssalos, de Lovys de La Bellavdiero , gentilhomme prouvens- sau, reviovdados per Pierre Pavl, escvyer de Marseillo. Dedicados as vertvovzes et generovzes sers nours, Lo eysd’'Aix;etCharles de Casavlx, viguier, et premier conssow, capitanis de duos galeros , et gouuernadours de l’antiqua cioutatde Marseïllo. À Marseille, par Pierre Mascaron. Avec permission des- dits seigneurs. 1595, in-4.° Le don-don infernal, ov sont descrites en ‘langage provençal, les miseres, et calamitez d'vne prison. Par Lovys de La Bellavdiere, gentilhomme provençal. À Marseille. 1595. Lovs passatens de Lovysde La Bellavdiero, gentilhomme prouuenssau, mes.en sa luzovr, par Pierre Paul, escuyer de Marseille, À Marseille, 1505. s 3 (25) Barbovillado , et phantazies jovrnalieros, de Pierre Pav,, escvyer de Marseillo. À. Marseille, par Pierre Mascaron. 19595. Mascaron réimprima , la même année, et ensuite en 1597 , je ne sais pourquoi, le frontispice de obros et rimos prorvenssalos.…. ayec Quels changemens. Mais j'ai vu dans le cabinet de M. Pontier, libraire, un exemplaire des œuvres. de La Bellaudiere:, portant le titre suivant : fè7nes ain de Lovys de La Bellavdiere , gentilhomme provensal; mises en lumiere par le sieur Pierre Pavl escuyer de Mar- seille. À Marseille, 1596, avec les armes de france. | | Il est évident que ce. titre fut ré nDEiné après, la chute de Casaulx , et .le renverse- ment de la. ligue à Marseille. l On voit avec surprise , que Mascaron >. CT retranchant- de, ce Fontispiee Ja dédicace aux chefs de la ligue. ,-n'eùt pas fait dispa- raître en même temps quelques pièces écrites à leur louange , qui sont dans l'ouvrage, et qu'il en eût supprimé son nom. | Pierre Paul ne, fit point imprimer dans.ce recueil de poésies , lépître dédicatoire que La Bellaudiere avait adressée à Duperier, ni le sonnet que celui-ci composa pour La Bellaudiere, HE 2 Il substitua à cette épître' une autre dédi- cace pour les Consuls de Marseille, La cause de cette suppression ne peut venir que de la nécessité où se trouva lédi- teur de dédier l'ouvrage à ceux qui en avaient ordonné la publication. j Mais Jean Tholosan réimprima à Aix, en 1602, le don-don, sans doûüte, pour “avoir l’occasion d’y insérer l’épitre et le sonnet qui n'avaient pas été compris dans là pre- mière édition, témoignage bien délicat de sa gratitude envers Duperier , : pOur rant de J'aueurs qu'il en avait receues. - PR En lisant ce don-don que La Bellaudiere écrivit dans sa détention, on désire connaître le'sujet de sa disgrâce, | Mic ali: “Il doit être attribué ‘à la licence de ses premiers écrits, car il se livra de nouveau à ses goûts favoris ; puisque la pefmission d'imprimer le don-don ne lui fut accordée, qu’à la Charge dé raÿer certaines expressions ef de changer les paroles qui se crouvent un peu trop piquantes (1). Sa déterition donna lieu au sonnet que son ami Duperier lui adressa. 2 On lit dans diverses pièces réunies aux poésies de La Bellaudiere , des éloges sur RE NN RMS T ON PA ORMOB "T9 (1) Arrêt du parlement d’Aix , du 31 août 1504. Er l'établissement de l'imprimerie à Marseille (1). Mais on voit dans les vers de P. Paul, que l'impression de ces poésies réclamait les secours de l'administration (2). PE (x) Aux Consuls de Marseille : vous auez moyenné d'y faire venir vn imprimeur pour l'embellissement que vous desirez d'apporter a ceste ville. Vivo, vivo à jamais aqueou couble parye, Que son cause qu'auen eyssi l'imprimarie. (2) À monsur Lovys d'Aix , viguier de Marseillo : Aro és lou cop, ou jamais non, Que fés bruzir vostre renom, Æn reuioudant La Bellaudiero. Fés donc ( monseignour ) lou viguier ; Que m'y sié dounat de papier, Per boutar lou tout en lumiero. » A monsur de Casavix, premier Conssov... ue. Auitouillas done sus la presso, Bellau qu'és pressat de la presso, Que n’a recours qu'à vouostre don. A monsieur Cauuet, Baron de Montribou. M'avez jurat Sant Juan Batisto, Qu'auriou cent ramos de papier : Souuenez vous ley mettre en lsto, Au conte dau Conssou premiers Au seruitour dudit Cauuer. Ha ! compaire Agoustin , despacho De faire vemir de papie : | Autrament quitaray la tracho, D'anar plus à l'imprimarie, (28 ) (Antoine Arnoux était imprimeur a Mar- seille , en 1600—1602. Henri Carret, imprimeur à Aix, et dont je n'ai point fait mention , parce que je n'ai rien connu de lui, propose, en 1617, à-la ville de Marseille, d'y établir son imprimerie, attendu qu'elle n’en possède aucune (1).- J'ignore la suite que les Consuls donnèrent à cette proposition. # Les imprimeries de Mascaron et d'Arnoux n'auraient donc existé que durant, quelques années. On peut même croire que Marseille fut dépourvue d’imprimeurs , avant'et après 1617, sans toutefois que je puisse citer sur cela des époques certaines. Jean Tholosan imprima en 1611, un petit écrit , intitulé : l’ef/royable tempeste de mer, par Daniel Brone, chirurgien à Marseille. (x) « Sur la requête présentée au conseil par » Henry Carref, imprimeur résidant en la ville d'Aix, » aux fins qu'attendu qu’ez cetté ville n'y & aucun » imprimeur, desireroit se retirer et faire son habi- » tation en cette ville pour faire la fonction de son » metier d'imprimeur , pourvu. que la ville lui donne » vne maison pour habiter et y faire quelque honnete » condition, être remis par le conseil à Mrs les consuls » pour y ordonner ainsi qu'ils verront bon gré. » Registres de l'hôtel-de-ville , 28 décembre 1617. (29) Cet ouvrage est dédié aux Consuls de cette ville, et se trouve décoré de ses armoiries. L'usage de cette marque eût appartenu, comme privilége, à limprimeur en titre de la ville de Marseille , si, en 1611 , il en eût existé aucun. Philippe Coignat imprima , en 1614, un livre d'église pour une association religieuse de la même ville (1). Jean Courraud et Philippe Coignat se (x) Offices de Notre-Dame, office de Passion, des morts et de la semaine sainte , pour la fraternité de Notre-Dame d’Ajude, dite la Trinité vieille de la ville de Marseille, Acte du 29 juin 1614. Bernard Mitre, notaire à Marseille. Cet acte se rapporte à la note 2, pag. 8. Je cite, à cause de leur particularité, quelques- unes des conditions imposées à Coignat, dans cet acte : « Coignat faira lesdits livres de fa longueur » chacung d’ung pan et demi -car de long et ung pan » moings demi car de large. » En cas qu'il fasse quelque faulte en imprimant » lesdits livres et que ne fussent conforme à la mémoire » susmentionnée , ledit Coignat sera tenu iceux » refaire a ses propres cousts et despens sans redit, » eten cas qu'il n'aye fait tous lesdits livres au terme » susdit ou qu'il en vandist advant le temps susdit , » sera tenu comme se condamne payer la somme de » cent livres applicables aux pauvres. » Autre acte du 37 juillet 1614. Gilles, rotarre & AIX, (30) qualifiaient, en 1616 et 1620, imprimeurs : d'Aix et de Marseille (1). Je rapporte encore un ouvrage , dont l'impression peut donner lieu à des recherches bibliographiques qui sont étrangères à cette notice. Hector de Solier publie les Antiquitez de la ville de Marseille, par N. Jules Raymond de Solier ( son père ), translatées de latin en françois par Charles Annibal Fabrot. À Cologny , par Alexandre Pernet. 1019. Le conseil de ville de Marseille avait voté des fonds pour l'impression de cet ouvrage, par sa délibération du 11 novembre 1612. Hector de Solier le dédie aux Consuls de Marseille (2). Si, en 1615 , il eût existé une imprimerie dans cette ville, son administration eüût-elle \() Traité de la paix faite avec les Marseïllois et Le Grand Turc en Barbarie, par Courraud et Coïgnat, imprimeurs d’Aix et de Marseille. 1616. Francisci Braqueti Brignoniensis medici, . Medicina universalis…. Aquis-Sextiis, apud Philippum Coignatum, typographum ejusdem civitatis et Mas- siæ ordinarium. 1620. (2) Le même conseil, par sa délibération du 28 décembre 1608, avait destiné des fonds pour l'impression d'un antre ouvrage du même écrivain. (31) souffert qu'un livre sur l'histoire du pays, dont elle avait agréé la dédicace, et dont surtout elle favorisait la publication par .un don de 1000 liv., fàt imprimé ailleurs qu’à Marseille , ou qu’il le fût sous des noms supposés d’imprimeur et de ville, et dans une forme clandestine prohibée par les lois? Car , il n’est point vraisemblable que ce livre ait été, imprimé à Cologny , ou Coligny , ainsi que Pont répété le P. le Long, Lenglet Dufresnoy et de Haitze. Je n'ai pu connaître jusqu'à présent qu'il ait jamais existé d’imprimerie dans aucun de ces petits bourgs ou villages, J'ai lieu de croire que cet ouvrage a été imprimé à Aix, comme ceux que je viens de citer. Car Hector de Solier écrit sa dédicace : &4 Aix, le 7 de Juin 1613. Le savant jurisconsulte et profes- seur Fabrot, fixé dans cette ville, n'aurait pusuivreailleurs l'impression de sa traduction. On voit Pierre Penot, en ‘1630. Mais Étienne David , imprima à Aix, en 1638, avec les armoiries de la ville de Marseille, les priviléses des marchands, juges consuls de cette ville. Claude Garcin vint en 1641, rétablir l'imprimerie, en recevant 100 liv. de gages. Ce fait conste par la délibération du conseil (32) du 18 mars 1666, relative à Charles Brebion, qui le remplaça (1). Il publia en 1642, are de la ville ‘de Marseille, par Ruffi (2). L'établissement de Charles Brebion date de 1666 , suivant la délibération précitée. Il subsiste encore dans la même famille. Henri Martel donna , en 1696, la seconde édition de l’Histoire de Marseille, par Ruffr. Je n’ai pu faire des recherches plus étendues sur les anciennes imprimeries de cette ville. Les hommes de lettres qu’elle possède en produiront de plus intéressantes , dont s’en- richira son histoire littéraire. Cependant je ne dois point passer sous silence l'établissement d’une imprimerie armé- nienne, qui fut formé à Marseille en 1670, et qui exista jusqu'en 1684. | Imprimerie Li (1) « A le sieur Pierre de Solle, premier Echevin, » représenté, que depuis l’année 1641, auquel temps » il n’y avoit aucuné imprimerie dans la ville, fut > passé contrat à Claude Garcin imprimeur , pour » venir exercer l'imprimerie. Il lui fut promis 100 liv. « de gages toutes les années ; et parce qu’à présent » Charles Brebion a dressé imprimerie...» (2) I fut délibéré par le conseil de ville, du 10 novembre 1641, de faire imprimer cette histoire. aux frais de la Communauté. (33) Imprimerie _Arménienne. Le Patriarche des Arméniens envoya en Europe, en 1662, d’après la décision d’un concile, l'évêque Uscan, pour faire imprimer en langue de la nation, la bible et d’autres livres à l'usage de son culte. La cherté des bibles manuscrites, qui se vendaient au delà de 500 écus, et les variantes qui se trouvaient dans leurs diverses copies, donnèrent lieu à cette entreprise littéraire. Uscan vint à Amsterdam, où, aidé de son diacre Salomon de Léon, il fit imprimer en 1666, une bible arménienne (1). 11 se rendit ensuite à Paris, et il obtint du Roi, en 1669 , par la médiation du chevalier d’Arvieux , savant distingué dans les langues orientales , un privilége pour (1) Uscan en donna un exemplaire à la bibliothèque du Roi, accompagné de la lettre suivante, adressée à Louis XIV, laquelle désigne cette édition comme la première d’une bible en langue arménienne : « Sistunt. sese., serenissime Rex , aspectui tuæ » majestatis splendidissimo sacra hæc biblia armenica, » à natione nostrà dit multümque desiderata ac expe- » tita, nunc ver primum ïn orbe christianissimo » novis elegantibus typis excusa, magnisque sumptibus » et summo labore ét industrià publicata ,; etc. » Amstelod, 21 maï 1669. Jacobi le Long Bibliotheca sacra. Paris, 1725, tom, 1. pag. 158. C ou | (34) imprimer à Marseille, en langue arménienne, les livres nécessaires à la religion de son pays. Uscan établit, en 1670, son imprimerie dans cette ville, où il avait apporté une grande quantité de caractères gravés et fon‘lus à Amsterdam. 11 avait amené ayec lui Thadée > Prètre arménien, avec qui il forma, en 1673, une société pour l'impression d’un bréviaire, sous l'engagement de fournir chacun d’eux 1000 piastres pour les frais de cette édition, qui devait être faite au nombre de 3000 exem- plaires. " Le soin de l’impression et de la correction fut réservé à Uscan , qui reçut 350 exem- plaires du bréviaire, en dédommagement de ce travail. | Matthieu Joannis en était le compositeur , et il avait trois piastres par feuille et som entretien. L'Évêque de Marseille exerça sa surveil- lance sur cette imprimerie , et on appela de Rome un prêtre arménien , du rit latin, nommé Agolp , pour suivre la correction des livres qui sortiraient de ces presses. Des différens survenus entre les associés, ayant donné lieu à des procès, le travail fut suspendu et repris ensuite. (35) - Uscan étant mort à Marseille en 1674, Salomon de Léon, et Matthieu de Vanante, l'un de ses disciples, continuèrent de diriger cetteimprimerie, et Salomon fit avec Thadée une autre société, pour la suite du bréyiaire. Agolp retourné à Rome, après le déces de l'évèque Uscan, fut remplacé à Marseille par Thomas Hérabied , autre prêtre de la même communion, que la congrégation de la Propagande envoya avec le caractère de missionnaire apostolique. Hérabied mit des entraves à la publication ‘des livres arméniens , prétendant qu'ils étaient remplis d'hérésies , et les déféra à l’évêque de Marseille et à son vicaire général. Thadée présenta requête au Lieutenant de cette ville, en demande de la correction et réimpression de huit feuilles du bréviaire , que l’on supposait renfermer des- dogmes contraires à la foi orthodoxe. Le Lieutenant renvoya, par sentence du 22 août 1075 , au vicaire général , la correc- tion du livre. Le Parlement d'Aix confirma cette sen- tence, par arrêt du 28 septembre suivant , et permit à Thadée d’assurer la représen- tation de l’ouvrage, par saisie sur les facultés de Nascip de Grégoire, procureur de Salomon C 2 (36) de Léon, que son procès avait attiré à Paris. = Thadée fit saisie des meubles de Grégoire, et le fit traduire en prison. La Cour confirma la saisie, cassa l’empri- sonnement, et ordonna encore que le bré- viaire serait examiné par le vicaire général (x). Ce vicaire décida qu'il en serait réimprimé seize feuilles , et l’évêque prescrivit aux arméniens de lui donner deux: épreuves de toutes les feuilles , afin de corriger les erreurs qui s'y seraient glissées (2). L'affaire ayant été portée au conseil d'état, l’Tntendant, de Provence recut ordre du Roi, par des lettres des 3 janvier et 15 février 1683, de maintenir les arméniens. dans le privilége qu'il leur avait accordé. L’Intendant à qui Thomas Hérabied avait présenté le tableau des hérésies qu'il disait avoir réformées, fit défense à cet inspecteur étranger , dont la mission n’était point re- connue par le, gouvernement , de prendre part à l'impression des livres arméniens. Les discussions qui s'étaient élevées sur leur doctrine , la censure ecclésiastique qui ——————_—_—_—_—_—_—_—_——_—_—_—_]_———_—_—————————.——…—"…" —…——— (1) Arrêts des 9 juin 1676, et 1. avril 1678: (2) Ordonnance du 7 juin 1678 , ‘dans laquelle ‘évêque prend la qualité de prélat demestique 6k assistant du Pape. (3%) les .soumit à son examen, durent mettre des obstacles à leur croyance en Arménie , où ils étaient envoyés pour le service de sa religion, et nuire aux intérêts de l’entreprise. Le E. le Long ajoute à la citation qu'il fait de la bible arménienne publiée à Amsterdam, en 1666 , par l'évêque Uscan : 2œc editio Armenis non fuit accepta (1). Mais la typographie arménienne de Mar- seille cessa ses travaux en 1684 Salomon de Léon et Matthieu de Vanante, transportèrent de nouveau leur imprimerie à Amsterdam (2). (1) La supplique adressée, le 6 décembre 1675, par le pasteur des arméniens , les prêtres et le peuple de cette nation, résidant à Smyrne, rapporte les dénonciations de Thadée contre l'imprimerie armé- nienne, et fait connaître une des causes de sa chute: ee... Quapropter 710$ OJT171ES petimus. .... est-il dit dans cette supplique , z//0o sacerdoti arriano nor fidem dare, quia si illi creditis.10SET 11 éypographiamn destruetis et scientiæ nostræ lumen extinguetlis....e: Arrêts de Boniface. Lyon, 1689, tom. 3 pag. 410—412. (2) Le livre suivant fut sans doute imprimé à Amsterdam par les arméniens de Marseille, et en entier dans leur langue, comme ceux qu'ils avaient publiés dans cette dernière ville. a Livre des Hymnes-de l'Église. + ju La musique des chantsspirituels, composée par les saints docteurs de l’église d'Arménie, imprimée à (38) Ainsi, Marseille perdit un établissement avantageux à son commerce, utile en même temps à la connaissance des diverses langues orientales qui , tous les jours , viennent A rappeler à cette cité les premiers accens de son berceau , avec les glorieux souvenirs de ses illustres aïeux. La rareté des livres imprimés en langue arménienne à Marseille , et dont je n'ai vu. aucun catalogue, m'engage à publier celui que je dois à M. Cirbied, arménien, professeur royal de cette langue, à Paris. Les Psaumes de David et-l’Eucologe arménien ; avec l’ordre ou le régulateur de l'office divin, selon le rit de l’église d'Arménie. Marseille. 1673, in-.4.° Les Psaumes de David avec un abrégé du calendrier arménien , et la liste des noms de tous les patriarches d'Arménie, par ordre chronologique. Marserlle. 1673, in-12. Entretiens avec Dieu, ou livre de prières, composé par St Grégoire de Nareg, savant docteur de l’église d'Arménie dans le ro."° siècle. Marseille. 1674, in-12. Calendrier arménien en tablettes pour l'usage du peuple de ce pays. Marseille, 1675, in-12. Abécédaire arménien, avec un abrégé de grammaire de la langue italienne, expliqué en arménien. Marseille, 1675, in-8.0 ere CORES Amsterdam, dans l'année du Seigneur 1702, 21-8.0 . La bibliothèque Méjanes possède ce livre; ainsi que la bible imprimée à Amsterdam, en 1666, par les soins de l'évêque Uscan, ( 39 ) Des Préservatifs de la santé, Marserlle. 1675, in-12. L’Abrésé géographique de Moïse de Khoren, avec un recueil de fables, connu chez les arméniens sous le titre de Zvre du renard, Marseille. 1676, in-12. Le Rituel de l’église d'Arménie. Marseïlle. 1678, in-8.° Le Jardin spirituel, ou Evre de prières pour tous les jours de l’année. Marseille. 1683, in-18. On lit au frontispisce de tous ces livres : publié sous le patriarcat d'Arménie du Sergneur Jacques IN , ec sous le règne du pieux et du très-chrétien Louis XIV Ro: de France. M. J. Saint-Martin, membre de l'Institut, a bien voulu aussi me donner connaissance de l'ouvrage suivant, cité dans ses mémorres historiques et géographiques sur l'A rménie. La Géographie de Moyse de Khoren, etc. Marseille, 2683 , in-18. J'ajoute à ce catalogue le Bréviaire qui, en 1675, donna lieu au procès. Le P. le Long ne cite que le Psalterium armenum, Massiliæ. 1073. Les écrits de Richard Simon et les arrêts de Boniface, sont les principales sources où j'ai puisé les renseignemens que je donne sur l'imprimerie arménienne de Marseille. QUE ARLES. L'Imprimerie a été établie à Arles en 1647. L’impression exécutée au paravant à Lyon et à Aïx, d'ouvrages intéréssans pour cette ville et son église, paraît fournir la preuve qu'il n’y avait point encore d'imprimerie avant 1647 (1). Robert Reinaud , libraire d'Arles , fait imprimer sous son nom, en 1617, à Lyon: Deux conventions entre Charles 1 et Loys IT, et les citoyens de la ville d'Arles. | Réglemens de la police de la ville d'Arles. Le Pontificium Arelatense est imprimé à Aix en 1629, par Jean Roize. Contrat des Consuls de la ville d'Arles, etc. avec Jean V’anens, en 1642. À Aix, par Estienne David. 1647. Ces divers ouvrages portent les armoiries de la ville ou de l'archevêque d'Arles. François Mesnier, imprimeur à Marseille, vint le premier exercer son art à Arles. La ville lui accorda, par délibération du 25 juillet 1 647, un traitement annuel de 1501. Les descendans de Mesnier continuent de diriger la même imprimerie. (1) Voyez ci-devant, pag. &, (4) TOULON. IL fut établi, par arrêt du conseil d'état, du 21 juillet 1704, une seule imprimerie dans la ville de Toulon. Je ne connais aucun acte de son adminis- tration qui ait concouru à y fixer l’art typo- graphique, ainsi que l'avaient fait les villes d'Aix , de Marseille et d'Arles. Pierre Louis Mallard a été le premier imprimeur à Toulon. Ses descendans y ont joui de son établissement jusques vers la fin du siècle dernier. Les recherches que j’ai faites sur l’origine de l'imprimerie dans notre ancienne Province, présenteront-elles quelque intérêt sur cette partie de son histoire littéraire ? Ses annales ne m'ont fourni aucuns docu- mens. Je les ai trouvés dans les Archives publiques, dans les écritures des Notaires, dont la communication m'a été donnée avec beaucoup d’obligeance. La fidèle représentation des actes que j'ai extraits de ces dépôts, pouvait seule établir, (42 ) mais par des détails arides et minutieux, la vérité de faits épars , éloïgnés de nos jours, et qu'aucun mémoire du temps n'avait recueillis. J'ai suivi dans cet examen , quoique sur un sujet bien moins important, et avec des moyens bieninférieurs, l'exemple des hommes de letires occupés à découvrir l’époque de l'invention de l'imprimerie, le lieu qui la vit naître, le nom de celui à qui nous la devons, et ses premiers travaux. Si chaque département publiait des docu- mens positifs sur l'origine et la suite des établissemens d'imprimerie qu'il a formés, l'histoire de la typographie pourrait acquérir la connaissance de faits intéressans et ignorés jusqu'aujourd’hui, dont profiterait l’histoire des lettres inséparable de celle de la typo- graphie. | Les imprimeurs seraient animés d’une louable émulation à la vue de ces hommes qui illustrèrent, par leur savoir, par leurs travaux, un art si précieux ; qui l’élevèrent presque à sa perfection, dès les premiers temps de ‘sa découverte , et dont la vie conservée jusqu'à nous , attira sur leurs personnes, sur l'exercice deleurs presses, cette considération attachée à la science, aux soins (43) d'en propager les lumières et les bienfaits, considération manifestée par le Souverain, à qui “fut donné le glorieux titre de Père des Lettres (1). a ———— () François I se plaisait beaucoup à voir travailler à l'imprimerie. Étant venu à celle de Robert Étienne, qu'il affectionnait particulièrement , et ayant trouvé cet imprimeur occupé à corriger une épreuve ; il ne voulut pas l'interrompre, et attendit que cette correction fut achevée, Henri Étienne, fils de Robert, a écrit: Franciscus I peculiari quodam amore . patrem meurt complecte- batur. Stephanorum Historia, etc. ( par Mazktaire) Londini. 1709. (4) NOTICE Sur l'église de Notre- Dame de la Seds,. ancienne Métropole d'Aix. Par M. Casrezzan , Chanoine , Professeur d'Histoire ecclésiastique à l’Académie royale d'Aix. P LUSIEURS É glises, et surtout ces Basiliques antiques , où s’assemblaient les premiers chrétiens , ont leurs histoires particulières , fruits du zèle et de l'amour de la patrie des auteurs qui les ont publiées. Que de monumens en effet dignes de mémoire , tant dans le sacré que dans le profane , qui s’y trouvaient déposés, seraient tombés pour toujours dans l'oubli, à la suite des révolutions , sans la sollicitude de quelques curieux et laborieux écrivains, qui ont cru devoir les recueillir , avec des peines inoulies. | C’est là, comme dans une source abon- dante , que le chronologiste, l'amateur des beaux arts, l'antiquaire et le critique, viennent encore bien souvent puiser des Connaissances qu'ils me trouveraient pas ailleurs. (45) Que de lumières , par exemple, n'ont pas répandu sur les annales agiologiques ro- maines , les travaux de Bosius et d’Aringhi, en décrivant les catacombes où cimetières, ainsi que les chapelles de cette capitale de l'empire , qui servaient de DR dux fidèles primitifs. Le savant M. d’Agincourt a fait plus encore. En étudiant avec un soin scrapuleux les murs , les pavés, les voûtes de tous les monumens sacrés de Rome en général ; il a éclairé depuis peu le peintre:, le sculpteur et l'architecte, sur la décadence et les nou- veaux progrès de leur art. ) Mais, sans recourir à des régions loin- taines , le laborieux M. Bonnement, et le Père Dumont, ont découvert des richesses immenses , en ce genre, dans l’élysée où se trouvait la plus ancienne église d’Arles. Le président Fauris de S.t Vincens , que cette Société s’honorera toujours d’avoir compté parmi ses membres ;-a mis au jour tout ce que notre nouvelle basilique métro- politaine renferme d’important ; il n’y a qu'à lire les mémoires qu'il en a publiés, sur ses portes, sur la tapisserie du chœur, les inscrip- tions , tant antiques que modernes , ‘et en général, sur les monumens propres à figurer dans l’histoire, C46) Quoique le champ sur lequel nous allons nous-même travailler paraisse bien stérile, éu égard à tant d’autres , il nous offrira cependant quelques objets dignes de remar- que. Notre-Dame de la Seds tire l’étymologie de son nom, du mot sedes, siége, c’est-à- dire:, lieu où l’évèque siégeait. Il est encore employé dans plusieurs diocèses , pour dési- gner , comme chez nous , l’ancienne cathé- drale, cathedralis, terme dérivé de cathedra, synonyme de sedes. : Nous pouvons citer en preuye ceux. de Glandèves , de Riez et de Toulon, en Pro- vence , ainsi que de Bagnorea en Italie. Quel- ques chartes de Marseille qualifient aussi l’église majeure, du titre de Sanctæ Mariæ Sedis. Ce mot se prend quelquefois pour le trône matériel. du prélat, originairement portatif, couvert d’une simple toile blanche , de la forme des antiques chaises curules, assez semblables aux stalles de nos chœurs. On voit, encore à Rome , la chaire de S.t Pierre, au fond de l’abside de la basi- lique vaticane. Le célèbre historien Eusèbe Pamphile , qui florissait au commencement du quatrième siècle , assure que celle de (47) VApôtre S.tJacques-le-Mineur se conservait, de son temps, avec respect, dans l’église de Jérusalem. Euseb. hist., lib. 7,cap. 19. Pour revenir à Notre - Dame de la Seds, dont nous avons à traiter , les tronçons de ‘grosses colonnes de granit gris, qu’on a tirés de ses ruines , celles en entier qui y sont encore enfouies et qu’on a aperçues en creusant le terrain , comme aussi des bases et des morceaux d’entablement, annoncent qu'elle était bâtie en galerie et dans le goût des basiliques romaines. Leur diamètre de vingt-un pouces, don- nerait, selon l’ordre cofinthien, dix-huit pieds six pouces d’élévation au fust. En y ajoutant la base , le chapiteau , la frise , la corniche, l’attique , etc. , on pourrait se former , d’après les règles de l’ärchitec- ture , une idée assez exacte de la hauteur de ’édifice. Elle se trouvait autrefois renfermée dans l'enceinte de la ville ( Zquæ-Sextiæ ). On en juge par les fragmens de marbre de toute couleur , les mosaïques, les vieilles bâtisses, les gros quartiers de pierre, les colonnes et les bas-reliefs. La position des antiques remparts, dont on aperçoit quelques vestiges en faisant des fouilles, et des tombeaux découverts non loin (48) | de là , dénotent clairement que l’église était .située vers l'extrémité occidentale de la cité. . Tel fut l’usage des premiers chrétiens, même depuis la paix de léglise. Ils plaçaient leurs cathédrales ou temples principaux, dans les lieux écartés et les moins populeux. S.t-Jean-de-Latran à Rome, St-Pierre à Antioche , S.te-Marie-du-Mont-Sion à Jéru- salem , et une infinité d’autres ailleurs , occu- paient un site pareil. Nous ne savons pas à quelle époque on y déposa le corps de S.t Mitre. , Ce ne püt être immédiatement après son martyre , quand même on le reculeraïit jusques sous la préfecture d’Arvandus , du temps de l’em- pereur Anthémius. Les lois des douze tables d'Athènes adoptées par les Romains , s’op- posaient formellement à la sépulture dans les villes. On peut lire Æusropius , lib. 8, et Julius Capitolinus in Antonino Pio. . On sait d’ailleurs que les chrétiens s’y étaient toujours conformés. Grand nombre de monumens historiques prouvent que les dépouilles mortelles , même des saints, étaient déposées hors des murs, dans les cryptes ou autres édifices sacrés, qui devenaient lieux d’assemblée , et où l’on célébrait les divins mystères, mais non dans les cathédrales. he - Telle (49) Télle fut l’origine de tant de temples vé- nérables , par exemple, de St-Pierre , de St-Paul , de St-Laurent , de St-Sébastien , de Ste-Agnès, etc., à Rome ; de St-Jean l’évangéliste à Ephèse ; de St-Cyprien à Carthage, sur le chemin de Mapalla; de St- Ignace d'Antioche , hors la porte de Daphné ; de St- Victor à Marseille; de St-Trophime aux champs élysées à Arles; de St-Martin à Tours ; de St-Denis à Paris , et d’une infinité d’autres. Quoique nous ne connaissions pas l’époque de la translation de St. Mitre dans la basi- lique de la Seds , il n’est pas moins certain qu'il y reposa durant plusieurs siècles. On le tira probablement du cimetière ou chapelle de St-Laurent extrà muros , sépulture de nos anciens prélats , tels que les bienheureux Basile, Armentaire et Menéphale, dont il nous reste des inscriptions qui répandent un grand jour sur l’histoire. Le tombeau de St. Mitre, en marbre blanc statuaire , orné de bas-reliefs chrétiens , du goût du cinquième siècle , se trouvait placé dans l’abside , sur deux -colonnes antiques... Grégoire 'de Tours parle, au chap. 71 de Glori& Confessorum , de ce précieux . dépôt, et du culte qu’on lui rendait dans . l’ancienne cathédrale , sous l’évêque Franco, D Ç 50 ) vers l'an 566. Les détails qu'il en donné “sont très-curieux , et nous font connaître les usages ainsi que les mœurs “pie de ce temps. Ce temple fut dévasté , au plutard ; dans Je huitième siècle, par les Sarrasins, fléaux d’une partie du globe, et particulièrement de la Provence. Pitton rapporte, dans son “histoire d'Aix , liv. 1.97, pag. ‘74, d’après “ün ancien manuscrit , qu'ils ravagèrent la ville, y mirent le feu , écorchèrent vifs plu- ‘‘sieuts de ses habitans , pour cause de religion, et en réduisirent grand nombre en esclavage. La chronique de Sigebert , moine de Gem- “blour, parle aussi de la dévastation de cette ville par les mêmes barbares , sous l’année 745. Aquensi urbe à Saracenis desolati. Le local resta ainsi abandonné au milieu d’un monceau de décombres. LE L'Archevèque Pierre II, dit Gaufridi , fait encore mention, dans une charte de l’an 1092, de la destruction de l’église de Notre- Dame de la Seds, ainsi que de la cité, par les: musulmans. Les laborieux auteurs du Gallia christiana, Vont donnée au Ér ; inter instrument , Tom. 1. Cette église suivit le sort de la sie , et à son Sea blÉ den fOnt, elle continua d’en être ‘ la cathédrale. Ce dut être avant l'an 794; en puisque l'évêque qui y siégeait, demanda à cette même époque au concile de Francfort ; d’être rétabli dans ses droits de métropolitain, sur la seconde narbonnaiïse. Sous Pierre Le, vers le onzième siècle, un nommé Elbolui donna , pour l'entretien de ses chanoines, des possessions considé- rables dans le territoire de Moissac. Æccle- siæ Sanctæ lariæ Sedis Aquensis , ad sti- pendium canonicorium , etc: Mais ce quartier de la cité se trouva peu à peu éloigné du centre de la population, bien qu'il fût défendu par plusieurs tours; qui lui valurent le surnom de Filla turrium. Deux autres quartiers distincts se formè- tent aux environs » et à son préjudice. Le premier , dit Ville comtale , auprès du mau- solée et du palais antique romain, depuis: que les Comtes de Provence de la maison d'Aragon y eurent établi leur domicile. Le second ; nommé Boure-St-André, aw voisinage de l’église de St-Sauveur , qui Vemporta enfin sur l’ancienne , et devint la cathédrale avant l’année 1060. Benoit, prévôt du chapitre, contribua plus que tout autre à sa construction , comme il paraît par les chartes. Eile n’était pas bien: grande , mais de style grec en décadence, et assez belle pour ce temps-là. C'est ce qui D 2 (82) forme aujourd’hui la majeure partie dé Îa nef de Corpus Domini. Un document de la même époque , inséré inter instrumenta galliæ christianæ ,tom1, fait mention d’un acte qui y fut signé dans l'enceinte de son cloître , sous l’archevèque Rostagnus L Il conste cependant que l'église de la Seds continua à être desservie par une partie du chapitre , au moins jusqu'en 1103, ce que donne à entendre une charte de l’archevèque Pierre IE, où on lit ce qui suit: Æocclesias et honores canonicis beatæ Mariæ et glo- riost Salyvatoris, etc. | Le même prélat y assembla un concile provincial en 1112; nous en avons les ca- nons, tous de discipline. Quand les chanoines eurent cessé d’y faire journellement l'office , elle resta simple pa- roisse , sous un vicaire perpétuel , à charge d’âmes ; et les archevêques ne quittèrent leur palais qui y était contigu , que plusieurs siècles après. On en découvrit, en 1816, quelques fondemens bâtis avec solidité , et un grand quartier de pierre sculpté de chaque côté , où l’on voit des trophées d’armes en partie frustes , ce qui annoncerait la frise de quelque arc de triomphe. L'église exigeant de grandes réparations, (53) l'archevêque Robert IL accorda , par une bulle du :28 août 1317, des indulgences à ceux qui contribueraient à la rétablir. Il y dit , qu’elle est dédiée sous les vocables de Ste-Marie de Sede, et de St. Mitre, dont le “ qui à disparu. S à - On: yvoyait aussi, celle d’un autre génér, se Tue Duranti, surnommé le Chrysostome de,son temps. Il appartenait À à la famille, de Guillaume, Duranti, si connu dans le trei- zième. siècle, par:.le iSpeculum juris SE le : Bationale divinorum officior LI. Jé érôme de- vint, pee d'Henri IE, et mérita Jes Ébire. 29; M Les écrivains de. cet -Ordre savant , en par- lent avec distinction. Il mourut en 1626, (56) En citant les personnes illustres de ce: corps , dont les cendres reposent dans l’église de la Seds, nous ne devons pas oublier Jean- François Niceron, le prodige de son siècle, et l’ami intime de Descartes. Né à Paris , il termina sa carrière à Aix , le 22 septembre 1646 ; âgé seulement de trente-trois ans. Génie sublime , autant que vertueux cé- nobite , ses- Traités de Optique curieuse, celui des Chiffres , et l’'Opticus thaiuma- turgus qui nous restent de lui, sont autant de trophécs toujours subsistans . à sa mémoire. Iqno On voyait autrefois dans cette église, les tombeaux d’un fils du poëte Malherbe ; du président Gauffridi , et _ Lois du Se , évêque de Senez. DES EMPIRE Le premier , demeurait à Aix avec son père, attaché à la cour du duc d’ Angouléme : gouverneur de Provence. 1) Le second, dévoué à: ‘sa patrie , y avait joué un grand rôle, sous les ministèrés ora- geux des cardinaux Richelieu ét Mazarin. Le dernier, né à Brignoles d’ une ‘famille ancienne, décéda : à AR le rer mars 1671 s âgé de quatre-vingt-trois ans. Peu d’hornés - ont mieux mérité que lui les éloges dé la postérité. Aussi, croyons:nous devoir jeter quelques fleurs sur sa toibe, Il était savant (57) jurisconsulte, prédicateur éloquent, bon ma- thématicien, et très-versé dans la musique. . Ces différens talens , qui pour l'ordinaire ne marchent pas ensemble, se trouvaient encore rehaussés par une charité, héroïque. Le diocèse de Senez dut à sa généreuse mu- nificence grand nombre de fondations aussi importantes qu'utiles. La ville d'Aix ne fut pas étrangère à ses bienfaits. Il conste par son testament , qu'il laissa des legs à tous les hôpitaux , aux maisons religieuses et aux pieuses associa- tions. | Nous terminerons enfin la série des mo- numens de l'église de Notre-Dame de la Seds , détruite durant la révolution, par le somptueux cénotaphe en marbre, que Fré- déric IT, roi de Prusse , fit élever au marquis d’Argens, son chambellan. Il se trouvait dans la première chapelle à gauche , près du portail. Un cype soute- nait une grande statue ailée avec lépitaphe et le buste du défunt , en médaillon. Le tout était appuyé à une pyramide qui s’elevait jusqu’à la voûte. Ts Quatre inscriptions sépulcrales ; dont deux romaines, et deux gothiques, déterrées aux environs , se trouvaient plaquées exté- rieurement sur les murs de l’église ; les der- (58) nières étant de peu de valeur ; nous les pas- sons sous silence. On peut les voir cependant derrière la nef du midi. La première, à Fangle , entre ‘le couvent et la facade de rase , désigne un champ sacré ou cime- tière payen. On lit ce A suit : ; EN nl dr re c'est-à-dire ;,qu' ET yavait, en avant , douze pas destinés. à la sépulture, et qu “il n'était pas permis de cultiver. La plus grande, en beaux caractères , appartenait. au tombeau de Veratius , fils d’un Chevalier romain , fla- mine, augustal, ou chef. des prêtres desser- vans le ane d'Auguste. DT obablement à Aix; car, nous savons par.Gruter (Reoneil d'inscriptions antiques ),que nos pères. s’ é- taient ravalés dans cette ville ; COmInE tant d’autres ailleurs, jusqu’à élever des autels et prodiguer des. victimes, à une divinité si bi zarre, enfantée par la servitude et pour la dégradation de l'espèce humaine (a): Son culte se trouvait réuni à celui de la trer ‘4 6) On! peut, voir “frs de Vergtius. à ile à Fhôrel-de-ville , sur le. grand escalier qui « conduit à à la bibliothèque Méjanes, où ES a été tr ansportée depuis ee (59 ) capitale de l'empire, à laquelle par une suite du même délire on offrait des sacrifices. Les restes magnifiques du temple de Rome et d’Auguste, qu’on voit à la maison basse, au-dessous du village du Vernègues, près de Lambesc , nous donnent une idée de ce genre d’édifices. Tels sont les détails directs ou indirects que nous fournit l'antique église de la Seds. Elle a été reconstruite dans un nouveau goût, . par les Dames du St-Sacrement , sous la règle de St- Augustin, qui s’y sont établies depuis quelques années , et l'ont divisée en trois nefs séparées par des colonnes. “On pourrait; par le moyen des fouilles , déterrer ces grossès colonnes de granit gris, Qu'on ya aperçues en creusant des tombeaux , et autres dans l'antique aqueduc romain, qui , traversant la place , vient aboutir au grand chemin public. Ce local étant une terre classique, on y metirait probablement à jour d’autres mo- numens échappés à la barbarie des siècles d'ignorance. ne RECHERCHES Sur une Fnscription romaine, mutilée , qui se trouve dans le cabinet de M Sallier, ä Aix, rétablie per M. Marcellin pe FoxscoLOoMeE. ea époque. où de brillantes découvertes occupent tous lesesprits , où les hiéroglyphes même ne sont plus une énigme ; lorsqu'une foule de monumens découyerts en Egypte,ont donné des résultais importans et inattendus : oserons-nous appeler l'attention des lecteurs de ce recueil, sur une inscription dont les caractères et le style appartiennent à un siècle où les ténèbres de la barbarie commençaient à tout obscurcir. Ce monument avait cepen- dant excité: la curiosité du savant Marini, qui en donna le premier une leçon ; M. de St-Vincens, dont la mémoire nous sera tou- jours chère , si zélé pour entretenir dans la patrie de Peiresc, le goût des études archéo- logiques , y attachait beaucoup d'importance: depuis près de vingt ans, les voyageurs et les curieux qui visitent le riche cabinet où | = DS AULL IL) Bl | AE Le ! tn ] sn JW \ il ds nid TP ( 61 ) il est placé en demandent vainement l'ez- d'ailleurs ; un monument échapp® uelque époque J'intérët des qu'il plication ; ages du temps; 14 excite tou jotifs nous décident hes- aux r'aV. appartienne o jours Tous ces n antiquaires: résultat de 108 recherc à faire éonnaître le Cette inscription ; apportée d'Egypte 2% ée sur un marbre (1) de quatre e est en dix-sept trois mille 1807, est grav pieds sur dix-sept pouces » ell Jignes , et contient & peu prés Les deux extrémités sont bri rompu au COM lettres. s, eE le sens se trouve ainsi inter mencement et à la fin de chaque ligne- Voici le texte tel qu'on Je lit sur la pierre: j.re ligne. - nt max. Germ. max: VI: Sarm. max DIV PerSIC AE; xx. Britt max. Carpic. max: Armen. INax- Medic: max. Adiabenic. max- Trib. P: xvr. Goss. vir- Imp: xVIX- P.P. Procoss. (Espace vide) Et Imp. Cæsar. M. Aurel- Val. Masxi- mianus p. f inv. Aug. Pont max. Cerm. max. v. Sarm.-: S al = : ee Ou mere calcaire d'un grain très-fin , et d’un s 5 grisätre : cette pierre parait être de la même qualité que celle di ï 4 es bas-r ë je è anne eliefs égyptiens que possède (61) il est placé, en demandent vainement l'ex- plication ; d’ailleurs , un monument échappé aux ravages du temps, à quelque époque qu'il appartienne , excite toujours l'intérêt des antiquaires. Tous ces motifs nous décident à faire connaître le résultat de nos recherches. Cette inscription , apportée d'Egypte en 1807, est gravée sur un marbre (1) de quatre pieds sur dix-sept pouces , elle est en dix-sept lignes, et ‘contient à peu près trois mille lettres. Les deux extrémités sont brisées, et le sens se trouve ainsi interrompu au com- mencement et à la fin de chaque ligne. Voict le texte tel qu’on le lit sur la pierre: 1.re Jione... .nt. max. Germ. max, vr Sarm. max. 1v. Persic. max. 1 Britt max. Carpic. max. Armen. max. Medic. max. Adiabenic. max. Trib. P. xvrxr. Coss. vrr. Tmp. xvur. P.P. Procoss. ( Espace vide) Et Imp. Cæsar. M. Aurel. Val. Maxi- mianus p. f inv. Aug. Pont. max. Germi max. iv... Sarm.:. LR GMEO.- (x) Ou pierre calcaire d’un grain très-fin , et d’un blanc grisâtre : cette pierre parait être de la même qualité que celle des bas-reliefs égyptiens que possède M, Sallier, LEA NE LS ( 62) à, ligne. ..b. P::xvir. Coss. vr. Emp. xvir. P.P. Procoss. Et Fla. Val. Constantius. Germ. max. 1r. Sarm. max. 11. Persic. max. H+, Britt. max. Sarm. max. Armenic. max. Medic. max. Adiaben. max. : Trib. P. vrrxr. Coss. zur. Nobil. Cæs. Et F. Val Maximianus. Germ: max. 1x $.e ligne. ...b. max. Trib. P. vrur. Coss. xxx. Nobil Cæs. (Fr) Dicunt. Fortunam Reipublicæ nostræ cui juxta immortales deo bellorum memori quæ feliciter gessimus gratulari lice :...... 4° ligne... .Obterquam sudore largo lava- ratum est (2) disponi fideliter adque ornari decenter honestum publicum et Romana dignatas (3) majestas quæ desi- . derant ut nos qui benigno favore numi- num æstuantes de præterito rapinas gentium barbararum ipsarum nationum chade (44e mm mo me ie \ (1) Grand espace vide, dans lequel le mot Dicune est placé. — (2) Lavaratum , pour /aboratum, voyez la note A—(5) Disnatas, pour, dignitas—\4) N oyez pl. I1,n.° 4, (63 ) 5.8 lisne....am si ea quibus nullo sivi (1) fine proposito. ardet avaritia des&æviens quæ sine respectu generis humani non annis modo vel mensibus aut diebus sed pæne horis ipsisque momentis ad incre- menta sui et augmenta festinat aliquæ continentiæ ratio frenaret vel si fortunæ communis æqu'::: (2) nimo ‘::°" ere... Ü,° honte... .antur dissimulamdi (3) forsi- tam adque reticendi relitus locus wide- retur cum detestandam immanitatem condicionemque miserandam communis animorum patientia temperaret (4). 2° paragraphe. :Sed quia vera est (5) cu- pido furoris indomiti nullum communis necessitudinis habere dilectum etgliscen. tis abaritiæ (6) acra (7)....... 7.e ligne....stimatur in lacerandis fortunis omnium necesitate potius quam volun- tate destitui adque ultra:::re (8) non possunt quos ad sensum miserrimæ con- &) Sivi, pour, sibi.—(2) Voyez pl.r, n°2— - (5) Dissimulamdi forsitam , pour, dissimulandi .forsitan. (4) Espace vide qui sépare chaque para- . graphe. —(5) Voyez pl. x, n.0 3.— (6) Abaritiæ, pour , avaritiæ, — (7) Voyez pl. 1, n.° 4.—(8) Voyez pli, ne 5. (64) | dicionis ægestatis extrematri::.:erunt(1) convenit prospicientibus nobis qui pa- _rentes summus (2) generis humani arvi- trarni(é) TEDUS IL: 7. 6.° ligne . ... ad commune omnium tempe- ramentum remediis provisionis nostræ comferatur (4). 3.2 paragraphe. Et hujus quidem causæ quanium communis omnium conscien- cia (5) recognoscit ipsarum rerum fides clamat pœne (6) sera prospectio est dum hac spe concilia molimur aut : ...... 9.° ligne...‘ issimis deïpraehensa (7) delictis ipsa se emendaret humanitas longe me- lius exhistimantes (8) non ferende (9) direptioni notas a communibus judiciis ipsorum sensu adque arvitrio (10) sum- moyeri quos cottidie (11) in pejora præ- cipites et in publicum nefas quædam... 1.® Zione. = __ @) Voyez pl. 1, n° 6.—(2) Summus, pour; sumus.—(3) Arvitram, pour, arbitram.—(4) Voyez plu ner (5) Cônsciencia, pour , conscientia— (6) Voyez pl 1,n. 8.—(7) Deiprachensæ, pour , deprehensa.—(8) Exhistimantes, pour, existimantes.— _ (9) Ferende, ‘pour , ferendæ.—(10) Ærvitrio ; Poure arbitrio.—(11) Cottidie, pour, quotidie, (65) 10.° Agne... .cissimæ inhumanitatis gravis - noxa dediderat. 4.° paragraphe. Ad remedia igitur jamdiu verum (r) necessitate desiderata pro- rumprimus (2) et securi quidem que- rellarum ne ut intespettivo (3) aut su- perfluo medellæ nostræ interventus vel apud inprobos (4) levior auto...... 1.€. ligne . : : .estiæ sentientes sequi tamen noluerunt. 5.* paragraphe. Quis enim adeo obtu nisi pectore sit à sensu humanitatis excorris est qui ignorare possit immo non senserit in venalibus rebus quæ vel in mercimoniis aguntnr vel diurna ur- vium (5) conversatione tractantur int. .. .< ligne....rum copia nec annorum uber- line mitigaretur ut plane ejusmodi homines quos hæc officia exsercitos (6) habent dubium non sit sempen per- (1) Voyez pl. 1, n° 0. — (2) Prorumprimus, pour, pProrumpimus. — (3 ) ntespettivo , pour, zrldempes- tivo.— (4) Inprobos, pour , improbos.—(5) Urvium, pour , wrbjum.—(6) Voyez pl. 1, n.° 10. E (66) dere:.:.:. (1) nimis etiam de siderum motibus auras ipsas tempestatesque cap- tare neque iniquitate.....: 13€ ligne... .ros arva felicia ut qui detri- mentum sui existiment cœli ipsius tem- peramentis abundantiam rebus prove- nire et quibus semper studium est in questum trahere etiam veneficia (2) di- vina ac publicæ felicitatis affluentiam stringere rursusque....... 14.0 ligne... .dinari qui singuli maximis di- vitüs diffluentes quæ etiam populos ad saciam (3) explere potuissent consec- tentur peculia et laceratrices centesimas persequantur eorum avaritiæ modum statui provinciales nostri communis hu- manitatis patie ..... és 15. ligne. ...diu prolatam patientiam com- pulit explicare debemus ut quamvis dif- ficiale (4) sit toto orbe avaritiam sæ- vientem speciali argumento vel. facto potius revelari justior tamen intellega- tur (5) remediis constitutio cum intem- pers)... (G) Voyez pl 1, n.° 11. — (2) J’eneficia , pour, beneficia.—(3) Saciam , pour, saliam, où satieta- term. —(4) Difficrale, pour , difficile. —(5) Tatelle- galur, Pour, irlelligatur. (67) 16.€ ligne. :. «entur agnosceré: 6.e paragraphe. ,Quis ergo nesciat utilitati bus publicis incidiatricem audaciam qua- cunque exercitos (1) nostros dirigi com- munis Omnium salus postulat non per vicos modo aut oppida sed in SE omni itinere animo sectionis Occurrere. iÿ,e ligne... .onis et facti explicare humanæ linguæ (3) ratio non possit demque (4) interdum distractione vitiosa (5) dona- tivo militem stipendioqué ‘privari et omnem tutius (6) orbis ad sustinendos exercitus conlatio:::.:. (7) gestantis quæs- tibus diripientium cedere vi... La multiplicité des titres, l’épithète maxi- mus ; répétée avec le nombre des victoires remportées sur les peupies dont les Empe- reurs et les Césars prennent les surnoms, n'avaient encore été vues sur aucune ins- cription; ce luxe de titres précédait au siècle de Dioclétien, les édits que publiaient les Empereurs ; on les a retranchés dans les (1) Exercitos , pour, exercitus. —(2) Voyez pL1; n.° 12.— (3) Voyez pl 1, n° 15.—(4) Demqué ; Fe , denique, ou , idemque. —(5} Voyez pl 1, .° 14.—(6) Voyez pl, 1, n,° 180) Co Tatio DE TO Nr E 2 (68 ) recueils de lois où l’on n’en trouve plus que quelques traces : Eusèbe , dans son histoire ecclésiastique, rapporte deux édits avec un préambule absolument pareil (1). _ Les surnoms des Empereurs et des Césars, qui remplissaient les deux premières lignes, sont interrompus par la fracture de la pierre, mais il est facile de suppléer ce qui manque à ces titres , en les restituant d’après le marbre même , ét d’après d’autres inscriptions et des médailles des mêmes princes; cette res- titution, en nous faisant connaître quelle était la longueur de la pierre avant qu’elle fût brisée, et le nombre de lettres qui rem- plissaient à-peu-près chaque lacune, nous ser- vira en même temps de base pour rétablir * les autres lignes. Le principal motif qui nous porte à tenter cette restitution , est de rendre moins hasardé le sens que nous avons donné à chaque période , en continuant dans la partie brisée , et en complétant la construc- tion grammaticale des phrases interrompues dans les lacunes : ces phrases ainsi restituées, présentent un sens plus précis et plus ré- gulier. (2). L'inscription étant divisée en (1) Euseb., histor. eccles. lib. 4, cap. 13, édit. de (Valois. — Id. , Zb. 8, cap, 17.— (2) Le nombre de lettres qui remplissent les lacunes des lignes où sont (69) grandes périodes ou paragraphes , séparés par un espace vide, on peut, en étudiant quel devait être le sens général de chaque paragraphe , le continuer dans les lacunes qui l'interrompent plusieurs fois, sans cepen- dant en faire perdre entièrement la suite ; et, comme ce décret est surchargé d'épi- thètes et de longues déclamations , il a été plus facile de rétablir les phrases tronquées, que s’il avait été rédigé avec plus de con- cision. Sans prétendre retrouver les termes qui existaient sur le marbre, nous essayerons d’imiter le plus possible , le style de l’ins- senfermés les titres, est de 53 à 63 : en comparant la longueur de l’espace qu'occupe une quantité pa- reille de lettres dans les lignes du texte, nous avons trouvé que cet espace est de 17 pouces; et qu'il est rempli par 62 à 7o lettres ; les lettres plus ou moins resserrées donnent cette différence: d’après cette re- marque , nous n'avons jamais employé plus de 70 lettres, ni moins de 52 dans les restitutions de cha- que ligne , et ordinairement nous avons pris un terme moyen entre ces deux nombres. Ce calcul’ nous donne aussi d’une manière sûre, la longueur de la totalité de l'inscription lorsqu'elle était entière ; elle a actuel- lement 4 pieds, elle avait alors 5 pieds 6 ou 7 pouces. Le fac-simile de quelques mots pris dans les premières et dans les dernières lignes, fera connaître la formé des lettres et la manière dont les mots sont placés. ANT + ’ (70) cription , ét de n’employer que des mots ou des phréees empruntées aux auteurs de cette : époque. Texte de l'Inscription restiluée. (x). Zmp. Cæs. C Val. Aurel. Diocle- tianus, p.. f. inv. aug. Pont. max. Germ. max. vi. Sarm. max. 1y. Persic. max, 11. Britt, max. Carpic. max. Armen.. max, Medic. max. Adiabenic max. Trib. P. xyzrr. Coss. var. imp. xvur. P. P. Procoss. . Etimp. Cæsar. M. Aurel. Val. Maximianus, p: £ inv. Aug. Pont. max. Germ. max. v. Sarm. max. III Persic. max. 11. Brit. max..Carpic. max. Armen. max. medic. max. Adiabenic. max. Trib. P. XVI. Coss vi. Imp. xvir. P. P. Procoss. ; Et F:, Val. Constantius Germ. max, 11. Sarm.: max. 11. Persic. max.-zr. Britt. max. Sarm. max. Armenic. max. Medic. max. Adiaben, max. Trib. P. vin Coss ztx. Nobil, Ces. Et F. Val. Maximianus. Germ. max. 11. Sarwm. mac. 11, Persié. mac. I1..Britt. max. Sarm. max. Armenic. max. Medic. max: Adiab. max, Trib. P. vi, Cos. tir. Nobil, Cæs. Dicunt G) Tout ce qui est suppléé est souligné. (71) I. Paragraphe. Fortunam Reipublicæ nos- tré, cui, juxta immortales, Deo bellorum (1) memort , que féliciter gessimus gratulari licer, gudd tanéis calamitatibus liberata, ad hanc pérVenerit securitatem jropterquam sudore largo laboräthin est, disponi fideliter atque ornari decenter honestum publicum ét :Ro- mana dignitas majestasque désiderants ut nos qui beuigno favore-numinüm'æstuantes dé’pr&terité rapinas‘gentium Bbarbararum ip- sarum nationum cladé r'epressimus , dé: fu- luro execrandé ubaritié furorescohiïbea- mus et vindicemus (2) nam si éa quibus rec {1} Tâcite emploie lesimêmes expressions pour dé- signer, les divinités: dont les images étaient placées . avec les enseignes militaires dans le Prézcipium , lieu dans le camp où l’on rendait la justice, et où les chefs s'assemblaient pour délibéter et pour haranguer les soldats. «Mox conversus ad signa ét “Bellorumr Deos, hostium potius “exercitibus ilum furorem , illam dis- cordiam injicerent . orabat, donec fatisceret seditio et extremo jam die sua quisque in tentoria dilaberentur. » Tacit. histor. lib, 3, cap. 10. Sans doute que les em- pereurs auront do exprimer par les mots Deos Bel- Lorum , les divinités et les génies auxquels les romains rendaient un culte plus particulier dans les Camps, et qui ‘ils regardaient comme les divinités tutélaires de leurs armes.—(2) Æxecr and®, est pris ‘d' une loi de Dioclétien, Exécranide donstehiditst Cd : grégor. L lb, 18. tit, f b GDS J4: (72) nullo sibi fine proposito ardet avaritia desæ- viens (1), quæ sine respectu generis humani, non annis modo vel mensibus , aut diebus , sed pænè horis ipsisque momentis ad in- crementa sui et augmenta. festinat , aliquæ continentiæ ratio frenaret vel si fortunæ com- munis æquanimo /fereztes detrimentum in questibus non erumperent qui tantis'crucias tibus lacerantur , dissimulandi forsitan atque reticendi relictus. locus. videretur cm de- testandam immanitatem conditionemque mi- serandam communis animorum patientia temperaret. 2.€ Paragraphe. Sed quia vera est cupido furoris indomiti nullum communis necessi- tudinis habere dilectum.et glicentis avaritiæ acra (2) flagitia meditari ac per fas atque L 1.3; in, jurisprud. vet. ant. Justinian. ex recens. et cum not, Ant, Schultingu. Lipsiæ 1737.—Cohibea- mus et vindicemus , d'une autre loi de Dioclétien et de Maximien. « Cum vel cohibendæ sunt vel etiam vindicandæ...» d, Zib. x. tit, 1.loi 1.—(r1) Il faut né- cessairement, pour la construction de la phrase, que le pronom ea se rapporte à un mot sous-entendu , tel que regotia, ou, lucra.« Nam si ea Zuera, quibus ardet avaritia aliquæ continentiæ ratio frenaret ». — (2), Le mot acra a été employé au pluriel neutre, comme adjectif de mala, dans ce vers de Plaute : « Perü, multa mala mihi nunc in pectore, Acra atque acerba eveniunt. » (73) nefas semper grassari , propriumt est, œsti matur in lacerandis fortunis omnium ne- cessitate potiis quam voluntate destitui , atque ultra conjici re non possunt quos ad sensum miserrimæ conditionis ægestatis ex- trema triverunt. Convenit prospicientibus nobis, qui parentes sumus generis humani , arbitram rebus interponere auctoritatem n0s- tram (1) præceptaque specialiæ mayestatis augustæ ut ad commune omnium tempera- mentum remediis provisionis nostræ confe- ratur. 3.e Paragraphe. Et Lis quidem causæ quantüm communis omnium conscientia re- these Mais cette manière inusitée d'employer ce mot ne se retrouve dans aucun autre auteur. Voyez Thes. Rob Steph.ad h.verb. M. Fuchs, qui s'était occupé de cette inscription , et qui a été depuis professeur à Ham- bourg , proposait de prendre ce mot dans le sens de culmen, culnen Lonoris, pour , summus honor : ainsi, acra malorum, pour, summa, ou, extrema mala, ce mot serait emprunté du grec æcros, 4; Om On le trouve employé à-peu-près dans le même sens dans une vie d'Alcuin, citée par du Cange, Glossaire.— QG) Interponere autoritatem. On trouve dans une loi d'Alexandre Sévère : « Præses provinciæ autoritatem suam interponet. » Cod. Just. liv. 4. tit. 44. L. x. et dans une loi de Dioclétien , « nisi aliud speciali præcepto augusta majestas decreverit, » Cod, Just. liv. 10. EE I. UF 74) cognoscit ipsarum rerum fides clamat pænè sera prospectio est, dum hac-spe concilia molimur aut frenata cupidine, conseientia communis miseriæ , aut fortund (1) imperii consideratà , ut gravissimis: deprehensa de- lictis ipsa se emendaret humanitas, longè melius existimanties non ferendæ direptionis notas à Commünibus:judiciis ipsorum. sensu atque arbitrio submoveri: quos quotidie in pejora præcipites et in publieum nefas ,\, quæ- dam ‘rimis obstinata obdurataque avaritia et semper in quæstibus @stuantis a trocissimæe inhumanitatis) grayis noxa dediderat. 4. Paragraphe. : Ad: remedia igitur jam -djiu verum necessitate desiderata prorumpi- mus et securi quidem querellarum (2) 5 ne CAE \ CN DELLE ‘ D gevrne 2 sn x e Tr à .) Fortuna ;est pris ici pour le sort ou la. des- tinée de RE Mamertin l’a employé dans le: même sens. « Neque enim specie ac nomine fortuna imperii consideranda est. » CZ. Mam, Maximiano. Aug. dict Paneg. ch.5.—(2) Nous ayons, adopté l'interprétation de M, Fuchs;.zous ne CraÏgnons porné.les plaintes. ré a du 4: :paraor., suprà, pag. 83, elle nous parait. conforme.au sens général de, la période. S'eCUr:. qguerellarum , “pourrait aussi signifier a assurés de la réalité des maux..en le prenant dans le même sens que dans !les, actes du martyre .de St. Cyprien, « medelas adhibemus guerelis que. Lhodie, forsitan 07 erunt, » C'est ce que S.t Cyprien,répond. à un (75) ut intempestivo aut superfluo (1) medellæ nostræ interventus vel apud improbos levior autoritas nostra ‘existimetur ; homines , qui rationern Lemperantic etmodestiæ sentientes sequi tamen noluerunt. 5. Paragraphe. Quis enim adco obtu nisi pectore sit a sénsu humanitatis excorris est (2), qui ignorare possit immo non sen- serit in venalibus rebus quæ vel in mer Ci- moniis. aguntur vel diurna urbium conver- satione tractantur , introduckum fuisse ul immensé caritate factä (3), enorme pre- Lit ; etiam in exiguis, nec rerum copià } soldat qui ie offrait de changer de vêtement pour se reposer $ lorsqu' il était conduit à Carthage ‘pour être martyrisé. Querelz , signifie dans ce passage , souffrance et rhalheur , et non pas plainte. Acta mart. Ruynart.—(1 j De superfluo Lemyore; pour, superfluë auË intempestive ,adv.—(2), pour, excors. (Forsan } Lactance, de TEE religione , lb. 1.ch., 11. 22 znit. « qui est igitur tam excors qui hunc in cœlo regnare putet, qui ne in terra quidem debuit.»—(5) Immensé caritate factä,....elian im exiguis, ces expressions sont prises dans Lactance , de Mort. Persecutor. ch. 7. « Idem cum, varis iniquitatibus immensam. faceret caritatem... .., tunc ob exigua.et vilia multus sanguis eFfusus , _nec venale quicquam apparebat ......» — (4) me prelium , ces mots sont employés par Mamertin, Grar. Act. Juliano , ch. 9.» Ipso enim iempore Et equorum preliis enormibus Dalmatæ, Epirotæ, ad incitas intolerandi tribmi mole depressi. » (7e) mec annorum ubertatibus , mitigaretur :: ut planè hujusmodi homines quos hæc officia exercitos habent (1), dubium non sit semper pendere (2) nimis etiam (3) de siderum mo- tibus auras ipsas , tempestatesque captare neque iniquitate cœli solliciti sunt ipsi ; sed œgre tolerare videntur lætos ubere frugunr (Gi) Le mot officiæ, signifie, suivant notre ‘inter- prétation, état, profession, et cet état est le com- meérce ; ce mot est employé dans le même sens, dans les actes proconsulaires du martyre de S.t Maxime... .» Proconsul, dixit, guod officium geris? Maximus res- pondit : Lomo plebeiïus sun meo negotio vivens. (Act. mart. Ruynart. S.t Maxim. mart, an. Christ. 250 ). Cette signification paraît plus conforme au sens gé- néral du paragraphe, que celle d'employés dans l'ad- ministration ; que le mot officium a plus ordinaire- ment.—(2) M. Fuchs avait pensé qu'on devait lire semper pendere de siderum moëibus. En effet, cette conjecture est confirmée par la manière dont ces mots sont écrits sur la pierre. Voyez pl. 1, n° 11, serpent perdere , on voit évidemment que l’ouvrier a transposé l’N et l’R, et a mis à la fin du mot semper l'N qui devait être à la place de l'R, dans le mot per- dere.—(3) Ces deux mots sont altérés de telle ma- nière, Voyez pl.r1, n.° 11, que l'on peut lire Ænimis eliam.—Semper pendere animis, eliam de Ssiderum motibus,oubien, Némis etiam , en supposant que ce qui paraît être les restes d’un À L sont des traits formés sur la pierre par le ciseau, conduit par une main mal- ‘ Adroïte , comme on en voit plusieurs exemples sur CEE À agros (1) arva felicia ut qui detrimentum sui existiment cœli ipsius temperamentis abundantiam rebus provenire et quibus sem- per studium est in questum trahere etiam beneficia divina ac publicæ felicitatis affluen- tiam stringere , rursusque (2) quand cu- piditas eorum frequentat forum rebus ve- nalibus cum immensis questibus nundinari. Qui singuli maximis divitiis diffluentes , quæ etiam populos ad satiam (3) explere potuis- sent , consectentur peculia et laceratrices centesimas persequantur. Eorum avaritiæ mo- dum statui provinciales nostri communis hu- manitatis patientissimè permoti malis postu- lant , nosque quid nostrum ad providendum diu prolatam patientiam compulit, explicare debemus , ut quamwvis difficile sit toto orbe avaritiam sævientem speciali argumento vel cette inscription. —(1) Zæœtos ubere frugum agros.— Eumen. Paneg. Constantino Cæs. dict. ch. 11.» et sanè non sicut Britanniæ nomen unum, ita mediocris jac- turæ erat Reipublicæ terra £anto frugum ubere tanto læta numero pastionum. »—(2) Rursusque, etc, cette phrase est prise dans le panégyrique d'Eumène, adressé à Constance Clore. —» Arat nunc mihi Cha- mavus et Frisius ; et ille vagus, ille prædator exercitio squallido operatur , et frequentat mundinas meas pe- core venali, » ch. 7.—(3) Satiam , ou Caciam , pour, Satietntem, Noyez pl 1, n° 17. (78 ) facto potius revelari ; justior tamen intelli- gatur remediis constitutio ,, cùm intempera- tissini homines nullum continentiæ et.mo- deralionis rationem videntur agnoscere. 6.e Paragraphe. Quis ergo nesciat utili- tatibus publicis insidiatricem audaciam qua- cunque exercitus nostros dirigi communis (1) omnium salus postulat, non per vicos modd aut oppida sed in omniitinere animo sectionis (2)occurrere eaque malitié ataue rapinæ per: severantià ut tam horrendum facinus inten- rionis et facti explicare humanæ linguæ ratio non possit , denique (3) interdum distractione vitiosa , donativo militem stipendioque pri- vari : et omnem totius orbis ad sustinendos exercitus conlationem gestantis quæstibus diripientium cedere vilissimis. l Ceite inscription est vague et obscure, on a de la peine à suivre la-liaison des idées, et a deviner quel en est le but et l’objet. Pour tâcher d’en saisir l’ensemble , nous (x) On lit dans une loi de Constantin : « ad solvenda ea quæ ad nostri nsus exercitis pro communi salute poscuntur. » Cod: Théodos. liv. 11. tit. 7. loi 3.— (2) M. Fuchs donnait au mot sectio la signification de vente juridique de biens confisqués , qui est la plus usitée. — (3) Ou Zerique, pour, up Noyez pl 1,n.18, (79 ) analiserons chaque paragraphe en particulier, | sc- néral, pour remplacer une traduction litié- eét-nous en donnerons ensuite un résumé rale que nous avons jugée inutile. Analise et commentaire du 1, paragraphe. Les empereurs commencent par féliciter la république (1): de ce que leurs efforts, secondés du secours des dieux, l’ont délivrée des ravages et des incursions des peuples barbares. Ils ajoutent , que le bien public et la dignité du nom romain, demandent d’eux , qu'après avoir délivré l'empire de ces ennemis extérieurs , ils mettent un frein à amour immodéré de l’or qui le déchire in- térieurement. | Dans les phrases suppléées , nous cherchons à lier les différentes parties de ce paragraphe, et à donner une suite au sens général in- terrompu par trois lacunes ; notre première restitution exprime la prétention qu'avait tou- (x) Voici la manière dont nous, entendons cette phrase, une des plus obscures de l'inscription. « Hones- tum publicum , et romana dignitas. .... desiderant fortunam reipublicæ , disponi fideliter atque ornari decenter.., » 7 (80) jours eue Dioclétien de rétablir la république dans son ancienne splendeur, titre de gloire que les auteurs de ce temps rappellent avec affectation dans leurs discours (1). À la fin de ce paragraphe, les empereurs reconnais- sent que si la cupidité avait agi avec quel- que retenue , et que leurs sujets eussent souffert en silence , peut-être eùût-il été pos- sible de dissimuler et de se taire; ces maux étant en quelque sorte adoucis par la patience avec laquelle le peuple les aurait supportés. Analise et commentaire du 2.° paragraphe. Dans le second , ils déclarent que la pru- dence, et leur sollicitude paternelle , exigent qu'ils employent leur autorité au soulagement des provinces, puisque cette avidité insatiable n'est (:) CZ. Mamert. Panegyr. Maximiano. Aug. dict. .ch. 3. Id. ch. 4.—Les mêmes orateurs nous font connaître que cet empereur prétendait aussi avoir -exterminé et fait disparaître plusieurs de ces nations barbares. Quelques passages de ces panégyriques rap- pellent ces mots de la 4.° ligne de l'inscription, zpsa- zum nationum clade.—Eumen. panegyr. Constantin. Aug. ch.g. « Adoratæ sunt mihi Sarmaticæ expedi- tiones , quibus illa gens propè omnis extincta est et pænè cum solo nomine relicta...:... Voyez aussi CL Mamert., Genethliac. Maximiani. Aug., Ch. 7, æ& inçcert, panegyr. Constantino, Aug.; ch, 28. (&) n’est retenue par aucune considération , et qu’elle tend sans cesse à détruire toutes les fortunes. Le sens général de ce paragraphe est clair, quoique plusieurs phrases soient très - obs- cures et que l’on y trouve des mots employés dans une acception extraordinaire, comme dans les suivantes. « Destitui necessitate potius quèm volun- tate in lacerandis fortunis omnium. »—Ultrà conjici re non possunt quos ad sensum mi- serrim@ conditionis , ægestatis extrema tri- buerunt, ou , triverunt. » La forme altérée de quelques lettres augmente les difficultés dans cette dernière phrase ; ; le mot con:':.re, a été lu : conjicere par M. Fuchs; cette res- titution éclaircit beaucoup le texte ; il l’est encore plus , et la construction est plus ré- gulière, en lisant conyici , au passif , être jeté (1), re par l'effet, par le résultat de la chose. Le mot qui.se trouve sur une cassure ‘au milieu de la pierre, peut se lire, cribue- run, Ou , ériverunt, prétérit de £ero , tri- » €) M. Topin : Chanoïne honoraire , Professeur à l'Université , proposa de lire de cette manière les mots _con're, et, ériverunt, ou, éribuerunt, Il a eu la ‘complaisance de revoir avec soin l'interprétation à et les restitutions du texte. FE (82) verunt ad sensum ; pour , usque ad sensumt miserrimcæ conditionis , ils les ont brisés, écrasés , jusques au point de leur lue sentir k extrémité de leur misère. bee et commentaire du 3.° paragraphe. Le troisième paragraphe renferme l’aveu que font les empereurs d’avoir trop tardé à porter leur attention sur cet objet: ils s’ex- cusent en disant qu’ils ne se pressaient point de prendre un parti, dans l’espoir que les coupables, effrayés de leurs excés , y met- traient eux-mêmes des bornes. Le sens de Ja phrase suivante est assez difficile à saisir. « Gravissimis deprehensa delictis ipsa se emendaret humanitas. » Un reste d’ humanité réveillé par la vue des suites de ces crimes, porterait les coupables à réformer leur con- QUE + 10 Ænalise et commentaire di 4° paragraphe. Les mots &d remedia.::: prorumpimus , qui commencent le quatrième paragraphe , nous. font connaître que les empereurs sont décidés à prendre des mesures efficaces ; is pensent depuis long-temps qu'elles soDE né- cessaires , jam: diu desiderata , necéssitate rerum. Elles sont la conséquence de ce qui (8) a été dit dans les paragraphes précédens: ils ajoutent que malgré ces retards, les mesures qu'ils prendront ne seront point inutiles, et que le moment est encore favorable, ne tt intempestivo aut'superfluo , ils regardent leur autorité comme suffisante auprès de ces hommes corrohipus , ämprobos , étrangers à tout principe de modération , et ils ne re- doutent point leur mécontentement, securi querellarum. Cette manière de s'exprimer de la part de souverains aussi absolus, et quelqués autres phrases de cette’inscription, nous ont fait croire que ceux qu’elle accuse étaient des personnes puissantes qui devaient tenir au gouvernement par leurs emplois. 29. HA ri 4 Analise et commentaire du 5.e paragraphe. Le paragraphe suivant est un des plus longs ; il commence. par une apostrophe re- on que l'on retrouve souvent dans les lois et dans les auteurs de cette époque (x). Les mots ,obtu nisi _pectore set eXCorris, (x) & Quis enim tam demens , tamque omnis sensûs expers xreperiri potest, qui non intelligit. » Exempl, interpret. epist. quà Maximian. respondit decret, civit. advers. christian. ex tab. æn. Tyr. descript. Host. eccles, d'Euseb. liv.9. ch, ». Noyez cod. Théod. liv. 2. Hit, 7. doi 8, de Constantin, ‘ F2 (84) sont évidemment altérés , où au moins des fautes grossières; ob£u a été mis pour ob£uso, en retranchant, la dernière syllabe. Le mot éxcorris , est, suivant la remarque de M- Fuchs, pour extorris, séparé, exilé , à sensz humanitatis extorris : et si l’on ne veut pas corriger le texte, «on peut supposer que .ce mot est eZCors,, tronqué comme obtu, pour obtuso. On peut au reste adopter indifféremment l’une ou l’autre de ces inter- prétations , le sens n’en est pas moins clair et évident, Ce. paragraphe | renferme de nou- Veaux. détails sur les effets que. produit la cupidité particulièrement, dans le commerce. Les empereurs pensent que. c'est la princi- pale cause de laugmentation du prix des denrées: ils se plaignent que l'abondance des récoltes ne peut faire diminuer cette cherté , mulisare , parce que ceux ‘qui en profitent t pour leurs intérêts, observent l'état de l'atmosphère et le cours des astres , et en conséquence d des résultats qu'ils prévoyent, ils prennent des mesures pour détruire l'a- bondance et le concours des denrées ;-s47177- gere affluèntiam. Les empereurs paraissent vouloir désigner une compagnie nombreuse qui s'était emparée du commerce des denréés ‘de première nécessité , pour en retirer de grands profits aux dépens du peuple , et | (85) s'enrichir encore par l’usure ; et en exigeant des ‘impositions illégales et arbitraires. Za- ceratrices centesimas persequantur (1). Les maux que cette avidité faisait souffrir aux provinces (2), exigeaient que l'on mit un frein à l’avarice (3); les empereurs annon- cent qu'ils vont prendre ce parti, mais qu'ils veulent faire connaître autant qu'il sera pos: sible , les excès qui les ont obligés à renoncer à une patience excessive (4), afin que chacun reconnaisse la justice des mesures qu’ils vont prendre (5). s M. Fuchs a rétabli le mot nundinart dont les dernières lettres commencent la 14.° ligne; cette restitution s'accorde avec le sens du reste de la période. Il a aussi interprété le mot satiam, « Populus ad salam ex- 7 (1) Centesima est ordinairement un droit levé sur les héritages et sur les marchandises: Centesima auc- tionum—hereditatum ; il signifie aussi l'intérêt. qu'on retire de l'argent placé à un certain taux.—Epit. 28. Plin. lv. 9.—et cod: Justin. liv. 4. tit. 2.1 5.—(2) « Pro- œinciales nostri… communis humanitatis patientia » text: de l'inscript. r4.1.—(3) & Avaritiæ modum status. id, 14. ligne. — (4) Les empereurs répètent deux fois cet aveu. « Diu prolatam patientiam.»/Dans la |: 45: et dans Je 3. paragr. 8e l ser prospectio sk: — (5) « Justior tamen Aer constitutio remediis. ? Text, de l'inscript, 1 15. (86 ) plere potuissent », par ce vers d'Aquilinus Juvencus , poëte du commencement du 4. siècle. Proveniet, tamen his satias potüsque cibi- que. Liv. 1, vers 638 (1). Analise et conunentaire du 6.° paragraphe. Dans le sixième et dernier paragraphe ; les empereurs , comme ils l'ont annoncé à la fin du précédent, font connaître les motifs principaux qui les ont déterminés à renoncer à leur système de tolérance ; ce n’est plus seulement l'intérêt de leurs sujets et celui du commerce , ce sont des excès encore plus graves qui attaquent directement l’armée et les finances , bases de la prospérité pu- blique et de la sûreté de l’état. Le détail de ces excès que le langage ordinaire ne peut exprimer (2);-.est ce.qu'ils peuvent reprocher de plus odieux à ceux qu’ils accusent. Aussi Pi ‘inscription setermineavec ce paragraphe (3). -(r) Veccii AquiliniJuvenci, hist. evang, lib.4.cum not, integ. franc. et Leipsik. 3710. in-12, (2}—« Æxplicare lumanæ lingu®æ ratio non possit, » Texte de l'inscript. 17.— (3) Ce. paragraphe étant celui qui peut le mieux faire connaître l'objet et'le but de l'inscription, nous en donnons ici un résumé dégagé de toute dis- cussion du texte. —Ceux dont la cupidité dirige toutes (87) Conlatio, et utilitates publicæ, signifient toujours dans les lois des empereurs , les différentes espèces de tributs dont la réunion. formait les ressources de l’état ; l’emploi de ces deux mots prouve évidemment que les profits deces employés tarissaient les sources de la prospérité publique, et que ce fut la principale raison qui Obligea les empereurs à les réprimer. Résumé général de l'inscription. Cette inscription renferme donc la décla- ration du dessein que les empereurs ont pris de réprimer les excès d’une cupidité sans borne : s'ils ont toléré ces maux , c’est dans l'espoir que ces abus pourraient être corrigés sans l'intervention de leur autorité. Enfin, ils voient les fortunes particulières détruites, le commerce entravé , les soldats souvent privés de ce qui leur est dû, les tributs ne { | Îes démarches, unissant la ruse à l'audace, se placent sur le passage des armées, et saisissent toutes les occa- sions de se procurer quelques gains sur les fournitures faites aux troupes : souvent même ils ont détourné les fonds destinés à la paye et aux pgratifications des soldats ; enfin, les tributs acquittés avec tant d’effoîts dans tout l'univers ( £otus orbis gestantis conlatio- em), ne servent qu'à enrichir ces employés avides de la substance des peuples. ( 88 ) servant plus qu'a augmenter les trésors de l'avarice. Tous ces motifs déterminent les empe- reurs à mettre un terme à ces abus; mais l'inscription se termine sans nous apprendre comment ils exécutèrent la résolution qu'ils font connaître , ni quelles furent les peines décernées contre les coupables : ce fut sans doute le sujet d’un autre édit qui a dû suivre ou précéder celui-ci, et sans lequel cette inscription serait inutile et incomplète : avant de déterminer à quelle classe d’édits elle peut appartenir , nous fixerons aux derniers mois de l’an 301 de notre ère, la date de sa publication (r} Les consulats des empereurs (x) Voyez Tillemont , hist. des emp. tom. 4.in-4° notes sur Dioclétien, ch. 5.—Gruter , {es. inscript: p.166. n. 7. et 6, et le cardinal Noris de duob. num. Dio- cler. D’après notre opinion et les dates de l'inscription, Maximien-Hercule fut d’abord créé César et investi de la puissance tribunitienne vers le milieu de l'an 285. Il n'eut le titre d'Auguste qu'après avoir été simple César. Cette opinion, fondée sur l’histoire d'Eu- irope et d'Aurelius-Victor , est aussi celle de Tillemont, d'Eckel, et de presque tous les auteurs modernes. La manière dont les années du tribunat des deux Gésars sont calculées sur notre inscription, se trouve d'accord avec Lactance et la chronique d'Alexandrie, mais elle est en contradiction avec la chronique d’I- ( 89 ) et des Césars , et les années du renouvelle- ment de la puissance tribunitienne de Dio- clétien , rendent cette époque certaine. Nous ne chercherons point dans le corps de droit de Justinien , des édits de Dioclétien et de ses collègues, qui puissent nous offrir quelque ressemblance avec cette inscription. Les rédacteurs de ce code n’ont conservé PE dace et l'opinion de plusieurs modernes ; elle ne peut non plus se concilier en aucune manière avec les dates de la puissance tribunitienne rapportées au com- mencèment d'un édit que Maximien Galere publia en 311, cité par Eusèbe, hist. eccl. liv. 8. ch. 17. Il paraît que les années du règne imp. 17.-18. etc” de chacun des deux empereurs , ont été comyptées sur notre inscription ,en commençant l'année depuis le mois de leur avénement à l'empire. Cette manière de les calculer est aussi en contradiction avec les édits de Dioclétien , dans lesquels ces années paraissent avoir été comptées d’une manière différente. Ne pou- vant résoudre ces difficultés, nous nous sommes bornés à exposer les rapports et les différences que les dates de notre inscription présentent avec les chroniques anciennes et les auteurs modernes. Ceux-ci ne don- nent sur la chronologie de cette époque , que des conjectures et des résultats incertains. Cependant , comme la date de l’avénement de Dioclétien est fixée à l’an 284, par tous les auteurs anciens et modernes, celle que nous donnons à notre inscription est cer- taine , et les incertitudes ne portent que sur ce qui conceine Maximien et les deux Césars, ( 90 ) que ce qui avait un rapport direct au point de droit traité dans chaque division de ce recueil. Mais on trouve dans Eusèbe, Lac- tance et les fragmens du code grégorien (1), des édits entiers qui nous donnent des exem- ples du style de cette époque , et de la ma- nière dont ils étaient rédigés. Ces lois sont diffuses , remplies de longues et vagues dé- ‘clamations , mais l’on n’y trouve point de mots barbares ou défigurés. Il existe encore une différence remarquable entre’ elles et notre inscription: on trouve après le préam- bule plusieurs règlemens positifs et l'énoncé des peines décernées contre ceux qui ne s’y conformaient pas, tandis que sur notre ins- cription les déclamations générales contre une insatiable avidité, ne sont suivies d’au- cun règlement ni d’aucunes dispositions ex- presses , et qu’elle ne présente qu'une pein- ture générale des maux que cette passion a causés à l'empire. Ce n'est donc point un édit conforme à ceux dont nous avons des exemples , ou qui réponde à l’idée que pré- sente ce mot; c’est plutôt le préambule d’une loi, dont, cette inscription aurait précédé la en enen Ée EEREEEEEEER (x) Cod. Grégor. liv. 5. tit. 1.—Zd. liv. 19. tit. 4 #7 jurispr. ve. etc.—Hist. eccl. d'Eusèb. lv. 9. ch 7— Lactance , de mort. Persecuior, ch. 34. (ot) publication, et dont elle aurait été le com- mentaire. is à ; Nous pensons que c’est la seule manière de l'expliquer , et qu’elle nous a conservé le modèle d’une des formes que suivaient les empereurs, quand ils voulaient faire con- naître leurs volontés à leurs sujets. Lorsque l’empereur avait arrêté les dis- positions d’une loi, elle était envoyée aux magistrats qui gouvernaient les provinces , pour qu'ils la fissent connaître aux peuples soumis à leur administration. Les épilogues, ou conclusions des Novelles de Théodose, Valentinien et Justinien, nous font connaître les instructions que l’empereur envoyait dans cette occasion aux magistrats à qui il adres- sait la loi (1); dans presque toutes il leur est expressément recommandé de la rendre publique, en y joignant un édit explicatif auquel on donnait plusieurs noms, parmi lesquels celui de Prosramma paraît avoir été le plus en usage Cette notification était faite par le gouverneur de la province, (1) Voyez les épilogues de la Novelle 4. de Justinien à Jean, Préf. du Prétoire. Aut, Collat. x. tit. 4— Auth, Collat. 7. tit. x. Novel. constitut. 89. de Justi- nien. Johan per Orient. P. P.—Novel. 19. de Theodos, liv. 1. tit, 19. De jnvasor, À Auxent. præf. urb. (92) en lisant lui-même (1) ou faisant lire par les crieurs publics (2), l’édit de l’empereur, et celui qu’il y avait joint, ou bien en les faisant exposer dans un lieu apparent , à la vue du peuple, sur un a/bum , un tissu en fil ou des rouleaux de papirus(3) ; Quelque- fois le décret était gravé sur le marbre ou le bronze (4), suivant l'importance que l’on y attachait. L’édit rendu par le gouverneur, ou ; d’après ses ordres , par les autorités inférieures de la province , précédait ou sui- vait immédiatement celui de l’empereur (5), et, dans quelques occasions , il étoit pro- mulgué ayant le décrét impérial ; il lui donnait une espèce de sanction publique ,:c’était une formalité essentielle après laquelle une loi était regardée comme générale , et pouvait M ONE T9 2 RS. Que (x) Jul. Capitolin. Gordiani tres. cap. 5. in fin. hist. aug.—(2) Præcones Kéruchés—(3) Cod. Théodos. liv. 31. tit, 27. loï 172. iv. g. tit. 2. loi 1.—(4) Gruter, Thes. inscripe, pag. 57o, n° 1.—Hist. eccl. d'Eusèb. Lv. 9. ch. 7.—(5) Jac. Godefroy, Comment. sur le Cod. Théodos. Paratitl. ad tit. x. lib. 1.—Barnab. Brisson , de formul, quæ ad jus pertinent , iv. 5, Pag- 567, édition in-folio , Paris | 1583. Voyez Ja Souscript. de la Novel. Div. Jalentin, Aug: Viv. 7. tit. 5, de sepulchris, Cod, Théodos. édit, de Godefroy, tom, 6. in-folio, (93 ) être exécutée (17). Jusques à l’époque où Constantin changea entièrement l’adminis- tration de l'empire , c'était aux proconsuls, aux præsides (2) et autres magistrats chargés du gouvernement des provinces , que les lois et les édits des empereurs étaient adressés ; ces gouverneurs les publiaient eux - mêmes dans les lieux où ils résidaient , et les en- voyaient aux magistrats inférieurs et aux autorités municipales, dans les villes, pour être notifiées au peuple. Les gouverneurs publiaient souvent alors de leur propre auto- rité ; des édits dont nous avons quelques exemples que les auteurs anciens ; les ins- criptions ‘et les:monumenis récemment dé- couverts ent Égypte, nous ont conservés ; la plupart sont en grec, langue sans doute plus répandue dans la province où ils étaient publiés. Le gouverneur parle en son nom, et rapporte seulement les années du règne, ‘et les: titres.de lempereur sous lequel le décret. est rendu: Mais ces édits ne sont relatifs qu'à l'administration particulière de : (x) God. Just. liv. 1. tit. 4. loi 3. d'Honorius. — (2) Proconsul, Legati, Præsides, Judices,, Rectores, Prefectus = Augustalis, en Egypte. Voyez sur, le Preæses. digest. He 1. tit, 18. loi 1. Macer de Oicio Præsidis. (94) la contrée , ou à quelques événemens qui s’y étaient passés. Si l’on peut juger , d’après le petit nombre d exemples que nous en avons , il paraît qu'avant et après Dioclétien ils étaient rendus au nom du gouverneur de la province où de l'autorité inférieure qui les publiaient. Cependant, la manière de notifier les édits aux provinces , a {dû néces- sairement subir plusieurs modifications pen- dant un si long espace de temps. Sans doute, dans certaines circonstances importantes , l'empereur se réservait la faculté de les faire connaître par lui-même plus directement aux habitans des provinces (1),et dans ce cas, le programma était publié au nom de l’em- pereur , et dans la ‘langue de la cour; son “objet était de préparer les esprits à une me- sure importante; de faire connaître au peuple et de lui expliquer : les: intentions de l’empe- reur , l’utilité et la justice des mesures qui allaient être prises , les motifs qui les: avaient déterminéés , et la sollicitude:du souverain , pour assurer par de sages règlemens le bon- (7) Ainsi, nous voyons Justinien se réservér deifaire notifier lui-même une loi au peuple , sans lintermé- diaire d’une autorité inférieure. Voyez Pépilogue de la Novelle 120. dé 1vas0ribus et: amphitensi de Jus- tinien à Petrus, Préfet du Prétoire, (.95 ) heur de ses sujets (B). Tout ce que nous venons de dire sur le programma convient à notre inscription , et c'est le seul nom que l’on peut lui donner ; le sujet qui y est traité nous fait croire qu’elle avait été placée sur une route militaire ou dañs un marché public (1), pour être exposée à la vue du peuple, et notifier un édit de Dioclétien et de Maximien qu'elle dévait accompagner. Nous trouvons des preuves certaines , que l'usage du programma a été en vigueur sous le règne de Dioclétien, dans les actes du . martyre de St. Felix , évèque d'Afrique, et dans une lettre en faveur des chrétiens ne adressée par Licinius et Constantin , aux gouverneurs de province (2). Les programme étant rédigés dans les provinces , d’après Vordre et les instructions de l’empereur , ® Gi) Forum rerum venaliumt.—(2) « In dicbus ils, Dioclétiants octres et Maximianus sepites consulibus aug. (an. J.-C. 504.) éxivit edictum eorundum Ces. - vel imp. super omnem faciem Lerræ , et Propositumr ést\pér colonias et civitates , Principibus et magis- tratibiis } su cuique loco... lunc Progremma posi- Fur est dr civitate. Tubyzacense die nonarum janua- TLUIN , CunC Magnilianus CUT{Or 2PSilLS CivitALTS Jussit ad se perduci presbyteros , etc. Miscell. Baluzü, tom. 2 pag. 77: in-8.° Paris, -1670. Voyez lafin de la lettre de Licinius et Constantin , rapportée par Lactance. De 7norE, persecut. cap, 48. ( 96 ) devaient nécessairement recevoir une forme différente adaptée aux mœurs , aux usages, et même à la manière de penser du peuple pour lequel il était publié. Lorsqu'ils étaient écrits en latin, on devait souvent y retrouver les locutions vicieuses , les expressions , et les mots barbares ‘que l'éloignement de la capitale , et l’habitude de parler leur idiome naturel, avait introduits parmi les différentes nations de l’embpire. Ces défauts ‘ont dû ‘se retrouver en plus grand nombre "chez es égyptiens, peuple que les historiens représen- tent comme entièrement livré aux spécula- . tions du commerce, et par conséquent s’occu- pant peu à conserver la pureté dulangage: (1). ñt } INIST An ASE (1) Am. Marcellin, liv. 22. ch. 6. dépeint les, ésyp- tiens de son temps comme ayant la réputation d’être avides, intéressés-et-chicaneurs ;-ils avaient été; sous la domination. romaine ».Occupés du commerce! et de ses. spéculations, ; : mais les guerres civiles, et la. manière barbare dont Dioclétien traita Alexandrie après, la ré- volte de. Saturninus, détruisirent sans doute les capitaux et les ressources des égyptiens. Si .nous en.croyons Suidas ( Zexic. ad. verb. Dioclet. ), les calculs ima à ginaires de l’alchymie .. avaient ,. sous. le, règne, de Dioclétien ; remplacé parmi eux l'industrie .et l'activité qui les distinguaient lorsque Adrien, parcouxait. cette contrée qui, à toutes les, époques , a été. visitée par des voyageurs curieux, On peux ajouter.à ces observa- (97) Les observations que nous venons de faire ex- pliquent pourquoi l’on trouve dans cette inscription un grand nombre de fautés et d'incorrections , tandis que dans les édits des empereurs du même temps, le latin est correct, et souvent aussi élégant que dans les ouvrages des bons auteurs de cette épo- que. Cherchons actuellement , en comparant le texte de cette inscription aux événemens racontés par les historiens contemporains , la cause qui a fait rendre l’édit que ce pro- gramma a dû annoncer, et quelles sont les personnes qu'elle ‘accuse. +1 Plusieurs phrases de cette Me semblent désigner une compagnie ou une société qui abusait des emplois qui lui étaient confiés , pour amasser des richesses en-rui- nant des provinces par des vexations , par. un commerce frauduleux, et en détournant àsoni profit les revenus de l’état: nous pen- sons que ces reproches s'adressent à un des corps employés dans l’administration publi- que ; qui avaient acquis beaucoup de force: tions , , qe. le latin RE être, écrit. et parlé moins correctement , dans un pays où le copte et le grec étaient la längne du peuple. Voyÿez une lettre très- curieuse d'Hadrien , sur l'Ésyptes Sacurrinus, Flav. Vopisqus., hist. aug G (98 ) et de puissance sous les empereurs, lorsque les guerres civiles et étrangères affaiblirent le gouvernement, et lui ôtèrent les moyens de réprimer les abus introduits dans ces com. pagnies,; par le temps, l'esprit de corps ; et les richesses que Mar avaient .ac- quises (C). | el Aurelius-Victor, qui écrivait de dé temps après le règne de Dioclétien ,nousa transmis le souvenir d’un fait qui répand de grandes lumières sur ce programma, et sur les causes qui donnèrent lieu à sa publication. Après avoir raconté avec assez. de détail les guerres que Dioclétien et ses collègues. soutinrent contre lesbarbaresqui-envahissaient empire, il ajoute que ce prince publia plusieurs sages lois, et chercha à soulager les peuples des maux dont ils étaient accablés. Un des plus grands biénfaits de son gouvernement-fut de délivrer les provinces des vexätiônsret..deé rapines des -/rumentarii,-corporation., dont le pouvoir et.le crédit s'était peu à: peu aug- menté , et avait pris, surtout depuis les guerres civiles , un accroissement pr odigieux. Ce n'était d’ abord que des soldats qui amas- saierit des grains GE pour ‘approvistonniés les légions ; Te ensuite sous, les, RSS a) [ = P VAVa LQ REC: SIU var me (1) Frumentatores frumentaris" à frhmento. (99 ) rours ;ÿ d'instruire.le prince de tout ce qui pouvait’se tramer Contre son autorité , ‘ils avaient, sous ce prétexte, multiplié les pros- criptions , acquis de grandes richesses,’ et étaient devenus odieux et'redoutables aux provinces. Dioclétien détruisit entièrement ce corps (1),.il fut remplacé par unautre qu’on appela agentes in rebus’, parce qu’ils furent Girbtènees comme pied été les frumen- carii ; dans Iles’ affaires secrètes ‘du prince , et à ‘une foule de: détails dans l’administra- tion, :‘Le° principal reproche que leur fait l’histoire } ést dé‘s’être enrichis aux dépens de ceux qu'ils accusaient dé crimes supposés ; et l'inscription que nous expliquons étant une longue déclamation contre la cupidité et ses funestes effets, nous avons pensé qu’elle pouvait bien être le programma: de V’édit impérial publié en Égypte pour détruire les frumentarti. Essayons de découvrir par l’his- (1) « Neque minori studio pacis officia vincta Zegibus æquissimis, ac remoto pestilenti frumenta- riorum genere, guorum nunc agentes in rebus simil- limi sunt, qui cum ad explorandum annunciandum- que, qui forté in provinciis motus existerent, instibtuti viderentur , composilis nefarièé criminibus, injecto passim melu, præcipuë remotissimo cuique , CUnCEA fædé idiripiebant.i» Sext. Aurel-Victor:1De Cæsa- ribus , cap. 30. (100 } toire et les monumens , quelle à’ été leur origine , dans quelles. parties de l’administra- tion ils étaient employés , les moyens qu'ils avaient de vexer le peuple, et leur accrois- sement jusques au moment où Dioclétien les détruisit, . L'histoire nous ne au peu de choses sur ce qui les concerne, mais les lois des em- pereurs sur l’organisation des agentées in rebus qui les remplacèrent,. et qui n’en df. féraient que de nom (1), nous font connaître avec plus de détails, quels.étaient les emplois qu'ils ont exercés, et. suppléent au silence des historiens. Parmi les modernes, plusieurs auteurs les ont confondus avec d’autres corps, et leur ont donné différentes attributions, sans citer cependant aucune autorité à l'appui de ce qu'ils avancent. Les /rumentarii rem- plissaient différens emplois auprès du prince et des grandes dignités de l'état, et leur histoire se trouve liée à celle des corps des- tinés au service du palais, que l’on nomma vers le siècle de Dioclétien militia-palatina. Ts partageaient aussi les fonctions de ceux qui formaient lofficium du proconsul et des præsides, composé d'employés subal- (x) Comment. de St, Jérôme, surle ch x. d’ Abdias, et Aurel-Victor ; SUPTûe {161 ), ternes qui aidaient le gouverneur dans l’ad- ministration de la province, fesaient exécuter ses ordres et respecter son autorité. Les empereurs , dans les premiers temps de leur puissance , n'étaient point entourés comme au temps de Constantin, de nom- breux corps militaires composés de soldats romains et étrangers , distingués entre eux par les armures et les costumes , qui for- maient leur garde , fesaient le service du palais, et dont quelques-uns n’avaient plus de militaire que l'extérieur , et ne servaient que dans l’administration civile (rt). C’est depuis Alexandre Sévère , que les historiens commencent à parler de ces corps qui for- maient la maison militaire de l’empereur ; mais ce ne fut que lorsque les prétoriens RE Lun 7 Men nn mov (1) « ÆErant verd neque bellicosi reverà , sed ne mediocriter quidem in rebus bellicis exercitati. Sed ex illis legionibus quæ ad hoc sunt destinatæ ut in- terdiu et noctu in aula versentur, quos scholarios appellant. Hi vero , milites quidem vocantur, et in catalogo stipendiatorum censentur ; sunt autem ple- rique eorum urbant et spleudidè vestiti, sed tantum augendæ dignitatis regiæ causé et magnificenliæ quotres prodiret in publicum. » Traduct. lat. de Agathias, scholastici, de zmper. et rebus gestis Justiniant 2mp. , lib. 5. interpret. Bonav. Vulcanio , cum notis ejusd., Paris 1660., lv. 5., p, 150. C. recto , de l'his- toire Bysantine, ( 102 } n'existèrent plus, qu'ils devinrent plus puis- sans et plus nombreux (D). Les empereurs suivirent d’abord l'exemple des généraux, et des 2mperatores qui. com- mandaient les armées sous la république ; ils n’eurent auprèsde leur personne que .quel- ques cohortes composées de soldats d’élite(1)}, accoutumés à faire à pied des courses extraor- dinaires , et à exécuter avec activité , fidé- lité et dévouement , les missions: souvent périlleuses dont ils étaient chargés ; on les nommait speculatores , mot qui peut se rendre par celui d’observateurs , éclaireurs. Il y avait une cohorte de speculalores’ par lé- gion (2), elle était employée à observer les mouvemens de l’ennemi(3). Ces cohortes et celles qui gardaient le »rœtorium, lieu dans PS EN LU, Va a SRE . (x) « Îpse, 6. kal, febr. circiter visili& primé imperat speculatores , apparitoresque ones, ut sibi præstd essert : itaque O7N7110US TILSCLIS , 7eque suUSpi- cantibus , etc. ». Cæs. de bell. afric. cap. 5. « Petrerus VeTO 72071 deserit sese; armat familiam , cum hac el Prætoria cohorte citratorum, barbarisque equitibus, paucis benefi cLariis SUIS, quos cuslodiæ su1æ caussa habere consueverat, etc. » Cæs. de bell. civil. lib. 1. cap. 19.—(2) Jos. Eckel. doct. num. veter. PV indob. 1796 , £. 6. in-4® p. 53.— Reines. inscript. clas. 8. znilitar. n°9 64.— Gruter. thes. Fe P:17. 229 7. Id. p. 519: n° 10—p. 520. 2,9 5.—() Ti-Liv. lib. 27. cap. 15.—Id. Gb. 31, cap. 24. { 105 ) le camp où se rendait la justice, et où les enseignes militaires recevaient un culte reli- gieux,, furent choisis par Auguste pour veiller à la sûreté de Rome et du palais impérial. Les‘ speculatores étaient particulièrement chargés de la garde de la personne du prince, et fesaient en même temps divers services dans le palais et auprès de l’empereur ; ils portaient les: dépêches ; ils exécutaient avec promptitude et résolution les ordres qu'ils recevaient ; ils étaient envoyés pour donner la mort à ceux que la volonté du prince avait condamnés arbitrairement et sans suivre les formes ordinaires (1); des centurions et des tribuns partageaient avec eux ce mi- nistère (2); c'étaient des officiers des cohortes de la garde , où des officiers vétérans ou réformés (3), et des beneficiarii , c’est-à- dire, des militaires que l’empereur ou les généraux favorisaient par un avancement ra- pide, et qu'ils dispensaient du service pénible (1) Szeton , in Galba, cap. 18.—Ïd.in Claud, cap. 35.--Tacir, hist, lib. 2., cap. 11.et55.--Id. , /2b.2. , cap. 98.--Szeton, in Caligula, cap. 5!.--Seneg. lib. 1, cap. 164 de irâ.--Sreton. Caligula, cap. 32. ef 52.; cum nobis Terentir, édit. varior. 2z-4.°--Tacit. histor., lib. 2. cap."73.--(2) Tacit., annal. , lib. 2., cap. 22.--Tacit., histor. , lib. 2., cap. 98.--(3) Dion, , hist, rom. , Lil 55., cap. 24.-- Voyez aussi Cujas, observat, 10., &b.7. (&oi) des camps ; pour celui de la cour et des personnes en place, service bien plus facile et qui donnait plus d'espoir d’une fortune rapide (1). Les frumentarii formaient une compagnie ou centurie dans la cohorte des speculatores , et devaient remplir dans, la - légion à peu près les mêmes fonctions (E): Le nom qu'ils portaient n'avait plus aucun rapport avec les emplois dont ïls: furent chargés sous les empereurs. Auparavant pres- que inconnus , ils devinrent bientôt si néces- saires, qu’ils remplacèrent auprès de l’em- pereur les speculatores dans tout ce qui te- nait au service particulier du prince et des personnes en place. Depuis le règne d'Ha- drien, on ne retrouve les-speculatores. que dans les o/fficia des gouverneurs de :pro- vince; les frumentarii sont presque seuls chargés des missions de confiance. et, des emplois remplis auparavant auprès. de l’em- pereur ; par des speculatores. Nous ne sa- vons rien de positif sur les causes de ce changement ; sans doute que les rapports faits par les frumentarii sur l’état des pro- vinces , la surveillance qu’ils y exerçaient , leurs délations vraies ou fausses , occasions . (x) Tacït., hist, , lib, à. cap, 25.--Sueton. Tiber.., Cape 12: PM PL se ( 105 ) nèrent entre eux et le prince, des relations plus intimes, qui les firent employer de pré- férence ; Hadrien se servait d'eux pour con- naître ce qui se passait même dans l'intérieur des familles (1). Ils furent bientôt envoyés comme l'avaient été les speculatores, pour exécuter les ordres arbitraires de leurs mai- tres , porter dans l'empire les nouvelles im- portantes (2), répandre des bruits vrais ou faux ; afin de diriger suivant les circonstances l'esprit des armées et du peuple. Outre ceux qui denieuraient à la cour pour être employés (x) .« Æt erat curiosus ( Hadrianus ) , non-solümr domus suæ\, sed etiam amicorum , ità ut per fru- mentarios occulta omnia exploraret : nec adverterent amici, sciri ab imperatore suamt vitant , priusquarz ipse Loc zmperator ostenderet. Unde no 1rjucun- dum est rem inserere, ex quo constet eunt de amicis multa didicisse. Nam quum ad quendam scripsisseë zxor sua , quod , voluptatibus detentus et lavacris , ad se redire nollet , atque hoc Hadrianus per fru- mentarios cogzovisset, petente illo commeatum , Ha- drianus et lavacra et voluptates exprobravit: cui ile, num et tibi uxor mea, quod et mihi scripsit. ?» AEL Spartianus ,in Hadr. vita, cap. 11., hist, aug.— (2) Plutarch., paral. seu vitæ paral., Londin. J. Tonson et J. Warts. 1724, €. 5., p. 400.-- Dion. , lib. 62, cap. 11.--Id. 6. 77., cap. 17. -- Jul, Capitol. in Opel. Macrin. vitä, hist. aug., cap. 12.-- Dion. ; Zib, 78. ; cap. 39. Ju, Garda in Maxim, et Balbriu. DÉÉ, CAPe 10 ( 106 ) “aux différens services dont nous venons.de parler ; d’autres étaient chargés de: missions particulières dans les provinces : on:les voit auprès des gouverneurs et des proconsuls, employés principalement à rechercher et à dé- noncer les coupables (1). Enfin , äls rem- plissaient à la cour et dans les provinces, les emplois qui devinrent dans la suite , et surtout depuis Constantin, les attributions des différens corps de la militia palatina (2). (x) Cecil. Cyprian. opera, epist..ull.—Sti. Dionys. episc. epist—Euseb., hist, eccles., lib. 6., cap. 4o.-- (2) Parmi les corps qui composaient la #ïlitia pa- latina, les agentes in rebus, les notærit, les protec- tores , remplacèrent plusspécialement les frumentarir, sous Septime-Sévère ; des frumentarit se dévouent à üne mort certaine pour servir la haine et l'ambition de leur maître (Herodïen, 156.3. , cap. 16.'€f 17.) Sous Constance , des zorarit et ‘des agentes crèvent des chevaux pour apporter plus rapidement la nou- velle de l'assassinat du César Gallus, que la défiance soupconneuse de ce prince avait dévoué à la mort « ÆExuto penitus Gallo, Æpoderiius Agens in rebus 7aplos ejus calceos velers €eqguUOTUTI permubatione veloci , 1E nimietate cogendi quosdam extüigueret, Præcursorius ?ndex Mediolanum advenit : ingressus- que regiain ante pedes projectt constantit , velut spolia regis occisi parthorun. » Am. Milin., liv.15., ch. 2.-- Voyez äussi le ch. 11, liv. 14., où Ammien retrace sous les plus sombres ‘couleurs, le ‘gouverne- ment arbitraire de Constance ; ; sa cruauté froïde et réfléchie , l’espionnage et les délations des Agentes in rebus. (107 ) Depuis Auguste , jusques vers l’époque où les Antonins cessèrent de régner , les gouverneurs avaient sous leurs ordres les légions stationnées dans leur province. Ces troupes fournissaient aux proconsuls le nom- bre de boneficiarii et de: speculatores qui. leur était nécessaire , et ils en distribuaient suivant le besoin , un certain nombre aux autres autorités civiles et militaires de la province. Ces militaires et quelques licteurs formaient ce qu’on appela l’officium (1); bientôt les grades et les emplois s’y mul- tiplièrent (F), et dès le règne d'Alexandre, on trouve dans l'officiz des gouverneurs, les mêmes emplois qui existaient sous Cons- tantin et ses successeurs. C’est donc vers l’é- poque du règne d’Alexandre - Sévère , ou même quelques temps auparavant, que les frumentarii s’y étaient introduits ; ils y rem- plissaient , ainsi que les beneficiari , à peu près les mêmes fonctions qu'à la cour de l’empereur. Les speculatores n'étaient pres- que plus alors employés dans les o/ficia , (x) Dion. , Liv. 53., ch. 13,--14,--15.--27.-- Voy. digeste, v. 1., t. 16., loi 4, 6.6. du liv. d'Ulpien, De officio proconsulis.-- Pline, liv. 2, épître 11.-- Tacit., histoire, liv. 4., ch. 48, avec les notes de J, Lipse-- Pline, li v. 10, épitre 32. et 36. ( vo8 ) qu’à présider au supplice des criminels (1). D'autres frumentarii étaient envoyés sous le nom de stationaärit , dans des lieux déter- minés, séationes, pour y remplir pendant un certain temps, une mission pénible, mais dont ils savaient retirer de grands avantages pour leur fortune ; ils étaient char- gés de donner main-forte aux publican:, ou fermiers des tributs levés sur les marchan- dises (2), d'arrêter les gens suspects , les esclaves fugitifs (3) ; de dénoncer les cou- pables, de les saisir et de les envoyer au prœæses avec une note, zotoria , qui expliquait la cause de leur arrestation , et les crimes qu’on leur imputait ; ils recevaient aussi les plaintes de ceux qui avaient été lésés dans leur personne ou dans leurs biens (4). Ges emplois leur donnaient les moyens de vexer les provinces par l'autorité arbitraire qu'ils y exerçaient. Ils avaient des prisons particu- ee ec] (à) Digeste, liv. 48. , tit. 20, loi 6., tirée des ouvrages d'Ulpien.--(2) Dion. , liv. 48., ch. 43.--Digeste , liv. 4. tit. 6., loi 34. , avec les notes de Denis Godefroy.-- Code Justinjien , liv. 4, tit. 61., note 30. sur la loi 5.--(5) Passio Sti. Jacobi et Mariniani, mart. \in Nicomediä, sub F'alerianso, imp.—Act. Sanct,Clioniæ, “gapes , etc., martyr. sub Dioclet. , imp., in act. sincer. Ruynart.-- Muratori. Nov. Thes. inscripl, p. 606. , 7° 1.-- (4) Code Justinien , lv. G. , tit, 2,, loi8. x ( 109) lièrés , où ils reténaient ceux qu'ils jugeaient coupables , ils levaient même des tributs de leur propre autorité (1). Souvent ils tolé- raient à prix d'argent les personnes dont le genre de vie et la profession suspecte ou criminelle était sous leur surveillance (G). Dès le règne de Caracalla , les frumentarii formaient une corporation où schola qui avait un chef, princeps, Egemonos (2 ). L'organisation de cette schola devait être semblable à celle des cohortes dont elle tirait son origine , et qui servit de modèle à tous les corps employés dans l’administra- tion. Ulpius-Julianus avait été Egemonos prin- ceps des frumentarii ; il s'etait attiré la haine générale, en poursuivant par ses dé- lations les premières familles de Rome. Ca- racalla le récompensa de son zèle en le 'fe- sant parvenir aux plus grandes dignités ; äl futchargé de faire le census , ou recensement, d’après lequel les tributs étaient repartis ; ces fonctions , attachées autrefois à la place de censeur , avaient été remplies par les empe- reurs eux-mêmes , et souyent par des per- © (1) Code Théodosien , liv. 6., tit. 29., loi s.-- Code Just., liv, 12., tit, 68., loi 3 * (@) Dion. , Liv. 98., ch. 14.-15.-- dux, princeps , préfectus, celui qui conduit, qui est à la tête, ( 1ro ) cs sonnes considérables (1) dé leurs familles ou des principales maisons de Rome (H)..A la même époque, Adyentus qui n’était pas même:parvenu: aux premiers grades parmi les frumentarii,-gàgna cependant larcon- fiance ‘de: Caracalla } en ‘fattant les: goûts infâmes et la cruauté de:ce prince ; äl! devint son procurator ‘et son cubicularius (2). Macrin l’éleva ensuite ‘à la dignité de préfet de la ville (3), malgré l’indignation: des ro: mains qui virent avec horreur une place:si honorable remplie par un homme de basse extraction, d’une incapacité ‘absolue, et‘qui s'était attiré le mépris et la haine générale; en remplissant les emplois:les plus vils parmi les speculatores et les frumentarii. Mais cette. dignité devintle térme de da fortané d’Adventus ; incapable de parler en public, et de réciter les harangues qu’il devait pro- noncer dans le sénat comme préfet déRome, et président de cette 'augusté lassemblée:, il feignit une maladie , et perdit cette place où ilne sembla avoir été élevé que pour souiller cette éminente dignité, et coüvrir \ Cr) Sueton. August.,, ch. 37:--(2) Chambellan, camérier , place qui mettait celui qui en était; revêtu dans l'intimité du price (3) Prefectus urbiS reflet de Rome, 4.43 at L ? ÿ AW! L A { ar ) d'opprobre:le:sénat que: Macrin cherchait à! humihieri(rhauisiis sé: ; - Le crédit et l'autorité des:frumentarii de- vinrent encore plus considérables pendant les guerres civiles , et les invasions des :bar- bares quiravagèrent l'empire depuis le règne de Maximien. C'est alors qu’à la faveur des troubles ils ruinèrent les provinces par des vexations de tout genre: ils se’ rendirent même redoutables à leurs (maîtres par les moyens qu'ils avaient d’influencer opinion des soldats (2), quirtenaient dans leurs (1) Dion.; liv. 98, ch. 14. et 15.--(2} la lettre suivante de Gallien à un:frumentarius, nous fait con- naître leur grande influence, et les moyens employés par Gaillien pour soutenir son autorité chance- lante. Item, Epistola Gallieni quum runtiatums esset per frumentarios Claudium ( depuis ; Claude le gothique ) ; 2rasci quod ille mollits viveret. « Nihil me gravius accepit quan quod notorià tué intimasti, Claudium, .parentem ammicumque noStrum , nSinualis Sibi falsis plerisque, graviter irasci, Quæso igitur, mi venuste , 52 fidem imihi exhibes, ut eum J'acias à Grato Érhnls placari , nescientibus hoc milr- tibus Dacisiants, qui jam sæviunt, ne graviler ferant. Jpse ad eum dona misi: quœ ut libenter accipiat tu facias. Curandum præterea est ne me hoc scire intelligat, ac sibi succensere Jjudicet , et pro necessi- Late nliimum consiliimt capial, Misi autem ad em Pateras, gemmatas etc. »:Hist, Aug. Trebel. Pollio. * Claud. Goth., cap. 17. ( 112 ) mains les destinées-des souverains: Cesem- pereurs dont le règne atteignait rarement le terme d’une année, occupés Isans cesse à se soutenir et à se défendre contre des rivaux dangereux, pouvaient difficilement s'occuper du sort des provinces ;. aussi: étaient;-lles en proie aux calamités de toute espèce ; qu’oc- casionaient l’état d’anarchié où était tombé l'empire. Le gouvernement de Dioclétien ne remédia pas à:tous ces abus. Lactancenous à fait une peinture énergique-de la'situation des provinces au moment où‘le règne de-ce prince devait paraître le plus florissant par les victoires qu'il avait.remportées. Il repré- sente l’état dévoré par un grand'nombre de magistrats qui ne cherchaient qu’à s'enrichir, Dioclétien occupé à construire de HR ques palais, et à amasser des trésors , s’em- barrassant peu des moyens employés pour fournir à ses dépenses; et.les particuliers sans cesse exposés à dés accusations calomnieuses, poursuivis comme ennemis de létat, et privés de leur . fortune et de la vie, si leurs riches. domaines tentaient la cRpiaité des FES ( 1) ; Dioclétien (1) Les frumentarii ayant. été. chargés, jusques à. leur destruction , des délations et de l'exécution des ( 113 ) Dioclétien craignant peut-être de ne plus trouver dans les provinces qui devenaient désertes , les ressources nécessaires à l’entre- tien de ses nombreuses armées , chercha à réparer ces maux, en détruisant entièrement ce corps qu'il craignait peut-être, et dont les vexations étaient les plus apparentes. Voyons actuellement si toutes les parties de l'inscription peuvent se rapporter à ce que nous savons des frumentari. Presque tous les paragraphes qui la composent sont le commentaire de cette phrase d'Aurelius-Vic- tor. Pestilenti frumentariorum.… genere qui injecto passim melu cuncta fœdè diripiebant. L'idée que ce peu de mots nous donne des frumentartii, est étendue et répétée de dif- caprices despotiques des empereurs , nous pensons que c'est d'eux principalement que parle Lactance à la fin du chap. 7. de Mort. Persecutor. —« Jam illud prætereo, quam multi perierint possessionum auË opém gratië. Hoc entm usitatum et ferè licitum con- suetudine malorum. Sed in hoc illud fuit præcipuum, guod ubicunque cultiorem agrum viderat aut orna- tius ædificium , jam paratà Domino calumnià et pænä capitali » quasi non posset rapere aliena sine sanguine.» Ces mots du passage d’Aurel.- Victor (s4prà). compositis nefariè criminibus injecto passinr melu, præcipue remotissimo cuique, cuncta fædè diripie- bant, parfaitement d'accord avec Lactance, conür- ment notre conjecture. H Cu) férentes manières dans les quatre, premiers paragraphes. (1). Dans le cinquième, ils sont accusés d'avoir causé par d’avides spécula- tions la cherté des marchandises , et de ne faire servir qu'à leur avantage particulier , la fertilité des champs et l'abondance des Là récoltes (2). Cette partie de l'inscription peut être éclaircie par Lactance. Il nous apprend qu’une disetie générale avait désolé l'empire. à la même époque , et qu’elle fut suivie d’é- meutes sanglantes, causées principalement par un tarif du prix des denrées de première nécessité , que Dioclétien fit publier , espérant par-là faire cesser la cherté des marchandises; (x) « Nullo sibi fine proposito ardet avaritia de-. sæviens, quæ sine respectu generis humani non anriis modo vel mensibus aut diebus, sed pænè horis ipsis- que m1011enLTS ad incrementa sui ef augmenta fes- rinat. » Paragr. -1., 5. ligne de l'inscription. »—Sed guia vera est cupido furoris indomiti, nullum com- munis necessitudinis habere dilectum » Paragr. 2., ligne 6. « 17 lacerandis fortunis omnium necessifate potius quam voluntate destitui, atque ultra conjict Te no possunt quos ad sensum miserrimæ condi- cionis ægestabis exérema triverunt. » Paragr. 2., _ligne m.—(2) « Qui. detrimentum sui existiment, cæli SALE ternperarmentis abundantiam rebus proventre , è quibus semper studium est 11 questum £rahere etiam beneficia divina ac publicæ felicitakis affluen- tiam stringere », Paragr. 5., ligne 13. (R51) mais Ce moyen toujours employé inutilement, ne fit qu’accroître la disette, et l'empereur ne put ramener l'abondance qu’en rendant au commérce une entière liberté (1). Idace: fixe dans sa chronique la date de la pu- blication de ce tarif à l’année 302 , qui suivit celle où notre inscription a été gravée (2). La date de cet événement et les circonstances: qui l’accompagnent , offrent des rapports frappans avec les accusations faites aux /rx- mnentarii dans le 5. paragraphe , et nous font croire qu'ils furent les principaux au- teurs de cette disette, par le monopole des denrées lès plus nécessaires à la consomma- tion , ou par d’autres opérations frauduleuses de commerce et d’agiotages. Les gouverneurs de province , et les employés qui formaient leur officium ; s'étaient livrés de tout temps à des entreprises et à des spéculations de @) « Cum variis iniquitatibus immensam. fecerat caritatem, legem pretiis rerum venalium \statuere conatus est, Tunc ob exigua et vilia mullus sanguis effusus , nec venale guicquant apparebat, et caritas mul deleriis exarsit, donec Lex necessitate 1psa& post multorum exitium solveretur..n Lactance , de Mort. Persec., ch.7.—« Constantio 4. et Mazximiano 4, his consulibus , imperatores jusserunt vilitatem esse. » Nid. Fast. Jdatii , in Sirmond , oper. ver. tom. 2,, pag. 33., édit. reg. in-fol. , 1696. ds du 2 ( 116 ) ce genre , une des principales était d’obliger les particuliers ou les corps municipaux des villes etdes provinces , à leur donnerunintérèt énorme des sommes d’argent qu’ils leur pré- taient ; le remboursement qu'ils exigeaient en- suite subitement, et dans les momens les plus désavantageux pour les débiteurs, ruinait les particuliers et les provinces , et avait plu- sieurs fois causé des révoltes générales (1) : outre ces usures, nous voyons par un grand nombre de lois , que les gouverneurs et leur offictum fesaient le commerce de différentes denrées , soit ouvertement , soit sous des noms supposés (2). Les frumentaru em- (x) Tacite, annales, liv. 3 , eh. 40.—Dion., liv.62., ch. 2.—Pline, epist. 62.-65., liv. 10.—/d. epist. 28.- 84.-109., liv. 10.—JId. epist. 9., liv. 3.—epist. 12., Liv. 2.—Mamert. , pro consulatu grat. act. Juliano-Aug. , cap. 4.—Eumen. ,; panes. Constantino. flavens zomire, seu , grat. act., cap. 6—Mamert., pro consulat. grat. act. Juliano-Aug., cap. 11. ; è paneg. veter.--(2) Corp. jur. civil. Cod. Just., lb. 4. tit. 2. , loi 3. « Imp. Gordianus Aug. Sempronie. Eos qui officia admi- nistrant neque per se neque per suppositas personass tempore officü sui in provincia fænus agitare posse, sæpè scriptum est. »--Noyez Digest., Liv. 12., tit. x. loi 34; Paulus, liv. 2. sententiarum. -- Cod. Theodos. Bv. 8., tit. 15., lex. omz5.--Cod. Justin., lib. 12., tit. 58. , loi 12., $. 2.747. liv.12. tit. 1. , loi 6.; et tit. 39., loi ur Liv. tit, 2x, loi CN (ü17 1) ployés dans les ojficia , et ceux qui étaient envoyés en mission, suivirent sans doute cet exemple, et les funestes effets qui en résultèrent forcèrent Dioclétien à détruire ce corps , sur lequel il pouvait rejeter les me- sures odieuses que son avarice avait tolérées, et dont on le regardait comme l’auteur. Il paraît en -effet, dans plusieurs endroits de l'inscription , chercher à s'excuser d’avoir tardé si long-temps à réprimer ces excès. La manière dont Lactance et Suidas parlent de son caractère , confirme cette conjecture; ils rapportent que Dioclétien voulait être considéré comme le seul auteur du bien qui s’opérait sous son gouvernement ; et lors- qu’il méditait quelques mesures tyranniques, il appelait autour de lui un grand nombre de conseillers , pour rejeter ensuite sur eux ce qu'elles avaient d’odieux , et les rendre res- ponsables de l'événement aux yeux du peuple (1). La destruction des frumentari ne fit point cesser la disette , puisque ce ne fut que l’an- née suivante que Dioclétien crut pouvoir ramener l'abondance en fixant le prix des denrées. Quoique la cause principale eut (x) Lactançe, de Morte Pers., ch. x1. Suidas ad verb. Dioclet.- (118 ) été détruite; il fallait que le temps , en ra- menant,la confiance, effaçât entièrement les impressions qu’avaient faites la conduite de ces employés: le bouleversement même que dut causer la destruction d’un: corps dont les spéculations s’étendaient dans tout l’em- Pire, dut retarder:ila liberté du commerce; cette. liberté ne fut entièrement. rétablie qu'au moment où Dioclétién révoqua le rè- glement qui ,; en :y mettant de mouvélles entraves ;; avait fait disparaître le :peu. de marchandises que l’on ‘voyait: encore \expo- sées en vente:(1). ! als Ce qui avait été allegcté contre: le Les Lari', dans: les premiers. paragraphés de linscription ,ne portait que. sur le tort diils fesaient aux, particuliers. Dans-le dernier à on. les accuse de détourner les fonds destinés aux soldats ,.et de priver l'état des ressources que fournissent les tributs, dont les- provinces portaient cependant tout le poids (2). Les L @) « Donec lex necessitale 2ps& post muliorums exititm. solveretur. » Lactance , Ch. 7. suprà. — ‘Gje Quis : ergo zesciat utibtatibus publicis ‘insidia- érècer ‘audaciam quacunque exercitus , 710S/TOS idhirigi communs OMnÉunt salus postulat, non per vicos modd aut oppida » sed ZIL ONU itinere animo SecC- “#i0nis occurrerés. interdit distractione véiosé , (119 ) agentes-in-rebus, qui remplacèrent les: fru- meritarii et succédèrent à tous leurs emplois, étaient chargés! de présider au départ dés différens corps de troupes (1), et de dis- poser sur les routes qu’ils devaient parcourir, toutcequi pouvait être nécessaire, soit pour les rations de vivres qui. leur. étaient, distri- bués dans les lieux de séjour: où #ansio , soit afin de pourvoir au transport des ba- pages , des armes ,-des malades ,, des femmes et des enfans qui accompagnaient les soldats. Les relais destinés aux charroïs de ces ba- gages , étaient fournis par les provinces (2); donativo militem stipendioque privari : el omnem Lotius orbis, ad sustinendos exercitus conlationem. gestantis quæstibus ‘diripientium cédere. » Texte de inscription, 6. paragri—(1} « Jmp. Constantius Aug. Olybrio Procos. Afric. Paraveredorum éxactio pa- érimzonia multorurm everbit, et pavit avaritianr multo- TUNL , ideique prœlate Jussione Z10SET& , | PTOvÉ- ciarum rectores excellentiz tua commoveat , ut “exceptis agentibus-in-rebus , qui ad: Mmovéndum ‘mi- tem, rnitti consueverant, quisquis alius Paravedum exegerit, non ei cedat impunè, sed nec 1lli qui de- ‘dérit:» Cod. Théodos., liv. 8. , tit. 5. , loi 7.—(2) C'é- tait une servitude qui grevait les domaines auprès desquels passaient les routes militaires." Digest. ; liv. 50., tit. 4. ‘loi 18., 6. 21. E Gb. singul, de Muner “Arcad, Charisii-Les propriétaires étaient soumis à ” cette. espèce de corvée , appelée angaria ; paran- garia , paraveredorum : exactio ; claburalis ou cla- vuralis cursus, Noyez J. Godefroy, Comment. sur le Code Théod., liv. 8, tit. 5., loi 4 et 23, ( 120 ) le droit d'exiger ces corvées donnait aux agentes et aux frumentarii, qui sans doute l’exerçaient avant eux avec les mêmes abus, les moyens de se procurer des profits tou- jours au détriment de l’état. C'était pendant ces missions qu'ils vexaïent horriblement les provinces ; les bœufs et les chevaux des par- ticuliers qui devaient ce tribut, étaient enlevés aux travaux de l’agriculture (1), souvent même ces corvées exigées sous le prétexte de l'utilité publique , n'étaient employées qu'au service des gouverneurs ou de quel- ques personnes puissantes (2). La schola des notarii était un des corps de la militia palatina qui remplissait, de mème que les agentes, plusieurs des em- plois exercés avant Dicolies par les fru- mentarit. Depuis Constantin, les notari: furent sou- vent choisis pour exécuter les actes arbitraires que la politique dictait quelquefois au prince; (1) Code Théodos. , liv. 8., tit. 5., loir. Les mots animo sectionis occutrere, texte del'i DÉrRpiens ligne 16. à la fin, peuvent avoir rapport à l'empressement qu'avaient lès frumentarii d'augmenter par ces confis- cations les profits qu'ils pouvaient faire dans ces occa- - Sions par des ventes juridiques. Voyez suprà, pag: 19.-- (2) Code Théodos, , liv, 8, , tit, 5, loi 15. (ra214) on les envoyait aussi pour remplir les mis- sions qui demandaient de la confiance et du dévouement. Nous voyons sous le règne de Constance , un zotarius accusé d’avoir dé- tourné les fonds qui lui avaient été confiés, et qui étaient destinés à acquitter la paye des soldats et les gratifications que l’empe- reur accordait sous le nom de donativum (1). Les frumentari ayant rempli les mêmes _ (1) « Zdemque Tribunus e Notarius! Palladius amittitur, ut et militi disperso per Africam præberet stipendium debitum.\ et gesta per Tripolim fide con- &gTu& ScruLarelur us... + DBTESSO e eo ve Palladio 17 Africam Romanus ( qui per Africam comes erat), quas ob res venerat ant preæstructus ; ut securitaterm suam ir Euto locaret , numéroruñ principüs ( prin- cipaux officiers }, pèr quosdam :secretorum. manda- Derab conscios, ut.ei tanquam potenti el palatii SUTIL- anatibus proximo ; stipendii quod pertulerat presta- rent maximam parlem: el tra est factum. Confes- timque ille ditatus perrexit ad Leptim } luctuosis pProvinciæ cineribus “visis revertit; Romanusque le Comes Romanus qui avait laissé ravager cette ville par les barbares), 44 desidem increpans , relaturum se cuncta verissimé quæ viderat minabatur ad prin- cipem, atque ille ( Romanus Comes ), ira percitus et wolore, se quoque mox referre firmavit,, quod misSU\ ut notarius incorruptus donativum militis omne in questus averteret proprius. Qué gratiä_flagitiorum arbitré conscientié., cum Romano deinde Palladius concordebat.» Am. Mllin., liv. 28. ch. 6, ( 122 ) emplois, furent sans doute chargés en plu- sieurs occasions de donnér aux troupes la paye sépendium, et le donativum , lorsque l'empereur ne pouvait pas le distribuer lui- même x et l’infidélité avec laquelle ils s’en acquitièrent leur attira le réproche qui leur est fait dans cette partie de l’ï inscription ( 1). Dés conséquences désastréuses furent la suite de ces abus; une grande partie des tributs acquittés par-les-provinces.,-au-lieu de par- wenir:dans: les trésors et dans .les, greniers de Pétat, ne servait qu’à augmenter la for- tune de quëlqués employés'avides Kay Pour que cett e dernière accusation puisse s appli- quer aux jrumentari ; , il faut qu ils aient été chargés du: dépôt ou. de la perception. des différentes sortes detribut. Lesprincipaux Conisistaient en’ grains en Habaret ser Or:et ‘en argent : 3 “ils étaient acquittés sous divers .noms.et de. diverses manières , 2 par. toutes les..classes. de . -citoyens. : Des. sociétés. com- posées de chevaliers: ( equites },.oude riches propriétaires ‘des provinces , (ensétaient :les N ALIANNES SSI “ (1) « Interdünt‘distractione vitiosé ‘inilitém -dona- tivo stipendioque Privariss Téite: dé l'inseript. 6.° Paragr, 17e ligne. (2) » El 6mnéem bobiis orbis ad ‘Sustinendos exercitus conlationem Bean quastibus diripientüiin cedere, » 6. paragt. ; 17 , bgnes LOS (123 ) fermiers, sous les premiers empereurs (1). Il paraît, d’après les lois de: Dioclétien (2) etrde ses prédécesseurs ,: que icès sociétés furent ensuite formées seulement par les :ci- toyens chargés dans leur: patrie de ladmi- nistration municipale ; ils choisissaient parmi eux ceux qui devaient faire cette première perception; le corps quicles avait choisis, était sarant ‘des obligations qu'ils: contrac- aient» Lorsque: lés termes fixés pour ‘les _-paÿemens étaient passés:, sansique les impôts fussent acquittés., «des employés militaires, amäilites ,“étaäient: envoyés pour obliger par Tes moyens°les plus’ rigoureux:;,1les: decu- riories (2) à remplir leurs obligations, et des particuliers à "acquitter des arrérages des tributs(3): Depuis Constantin , ce fut parmi les agentes ; et:les ‘autres. corps de la(mzlitiæ palatina;que furent choisis ceux à: qui l’on 7410 BAS :JI6GI HIS) 29 FT] al ns ge TE TE FT C NS D A (1) Tacit, 3 annal lv. Au ch. 6.-- Texte restitué et ‘traduct:-de deux décrets -rom--etc.; article de M.Le- tronne. Journal des.sayans , novemb. 1822.--Cod. Just. liv..5r, tit. 41, loi are lv, 7x tits 79, Joi 3.e- _(2):Cod.. Just, liv. 10. , tit.2. ,iloi, ae Digest., liv. 50, ti 4e, loi 1, A. livre. d'Érmogianus ; epilomorurts- ne Jd; loi 3. du livre 2. d' Ulpinianus opraionunr.-(3) Curia, «OU. Corps des decurions., sénat, ou conseil.composé des -plus riches et des principaux citoyens chargés. de l’ad- -ministration municipale dans.leur patrie: ( 124 ) donnait ces missions. C'est ce qui nous fait croire que les frumentarit étaient chargés de ces exécutions militaires , avant l'époque où ils furent remplacés par les agentes ; ils s'en acquittèrent avec tant de sévérité , que ‘les empereurs furent obligés de publier sou- vent des lois pour en adoucir la rigueur, et ne les faire porter que sur les corps qui ayant fourni les percepteurs, étaient obligés à répondre d’eux:{1). Avant que l’on eût cherché à donner par ces lois quelques adou- cissemens aux provinces , les frumentari et les autres officiales:,, ou membres des officia chargés de ces exécutions:,, recher- chaient aussi les particuliers qui. n'avaient point acquitté ce qu’ils devaient pour les ‘tributs. C’est alors que les biens étaient ven- dus (2), que tout, même lés instrumens de labourage, était enleyé aux malheureux cultivateurs ; ; que les terres étaient abandon- nées et restaient incultes (6) Il est facile de () Cod. Justin. , liv. 10:, tit. 1g., loi 7. et 9., et ‘es notes dé Cujas sur ces lois, dans son comment. sur le livré 10. du Cod. Just. , tom. 2., oper. in-fol.-- (2) Ænimo sectionts occurrere. Texte de l'inscription , Bgne 16. à la fin. Voyez suprà , pag. 19- et 57.-- (6) « Aded major esse cæperat numerus accipientiurr guam dankiim , ue enormitate indictionum , el co71- Sumptis viribus colonorumt , desérerentur agri et cul- (ar concevoir que ces missions donnaient mille moyens de faire de grands profits qui dimi- nuaient toujours plus le produit des impôts. Cette diminution progressive qui fesait crain- dre de voir cesser bientôt presqu’entièrement les ressources que l’état tirait des provinces, est présentée à la fin du dernier paragraphe, comme une des causes qui rendaient les fru- mentari si dangereux (1), et c’est sans doute ce qui contribua le plus à leur des- truction. tura verteretur in silva. » Lactance, zZ. ch. 7. — « Imp. Constantinus Aug. ad universos provinciales. Intercessores à rectoribus provinciarum dati, ad exi- genda debita ea quæ céviliter poscuntur , non servos aratores , eut boves aratorias pignoris causé de pPos- sessionibus abstrahant , ex quo tributorum inlatio retardatur. Si quis igitur intercessor auf creditor , eut præfectus pacis, aut decurio 27 Lac re fuerit detectus, à rectoribus provinciarum capituli sententia subju- getur. » Cod. Théodos., liv. 8., tit. 8., loi 9.--Le Præfectus pacis , est la même chose en latin que V'Yrenarche en grec, c'était une charge municipale ; les Hyrenarchæ et Limenarch , emplissaient dans les villes de province , les mêmes fonctions que les Srationarii , et agissaient de concert avec eux.-- Digest. liv. 50. , tit. 4., loi 18., (. 7. sè dib. singulari de muner. civil. d'Arcudius et Charisius. — (1) Er omnern lolius orbis , ad sustinendos exercitus conla- tionem gestantis , quœæstibus diripientium cedere. » Texte de l'inscription, 6, paragr., ligne 17. ( 126 ) Voilà ce que nous apprennent sur les: /ru- mentartii , quelques passages d'auteurs an- ciens , expliqués et éclaircis par les inscrip- tions , les lois , et les décisions des juriscon- sultes. Les phrases d'Aurelius- Victor que nous avons citées , les détails que donne Lac- tance des maux de l’empire sous le règne de Dioclétien , s'accordent avec les reproches adressés dans cette inscription ; à un corps avide et dangereux. La destruction des /ru- mentarit , est donc le seul événement connu de ce règne , auquel on puisse la rapporter. Si notre opinion nest point adoptée , et si l’on rejette nos conjectures comme trop hasar- dées, on nous saura peut-être gré d’avoir fait connaître une inscription inédite , et donné quelques détails qui nous ont paru nouveaux et intéressans sur l'administration romaine sous les empereurs, NOTES. (A) Quoique les fautes que l’on trouve dans cette inscription puissent être , en partie, attribuées à l'ignorance et à la maladresse du graveur, un grand nombre appartiennent cependant à l’époque où ce décret a été rendu , et aux changemens que le latin com- mençait déjà à éprouver, surtout dans Îles provinces. Les manuscrits des siècles sui- vans fourmillent de fautes du même genre, qu'on ne peut non plus attribuer à l’inat- tention seule des copistes. On y trouve sou- vent, comme dans cétte inscription, les B, les U , et d’autres lettres , employées indiffé- remment les unes pour les autres , plusieurs voyelles supprimées au commencement et à la fin des mots, plusieurs terminaisons: retranchées. Ces fautes indiquent déjà les grands, changemens qui formèrent dans les siècles suivans la langue romane ; change- mens dont M. Raynouard a découvert les traces en remontant à l’origine de cette langue qui n’est qu'un latin corrompu, et simplifié pour être mis à la portée d’un peuple qui ten- dait à la baxbarie. Voyez Angel. aï. - Q. Aurel. >» Symmach., Orat. inedit, Pat... Mediol. 1815. , er Laud. in Valent. sen. ( 128 ) - ; Aug. 2., 619. in fin.,S 9. in med. , Orat. pr. Patr., $ 4.-7. id. (B) On ne trouve avant Constantin ; que quelques traces du propramma joint à un décret impérial (1). Nous croyons en reconnaître une très-positive dans l’anecdote que nous citons d’après Jul. Capitolin (2). Les deux décrets expliqués par M. Letronne, celui rapporté par Joseph , (3) nous font seulement connaître comment les édits des autorités supérieures étaient notifiés aux peuples (1) Miscellanea Baluzii, suprà.—Lactance, de Mort. Persecutor., cap. 48. —(2) « Nam quum qua- dam die factum imperatorium /égeret, atque à pro- consulibus Scipionibus cæpisset, acclamaturm est, nova Scipioni ! Véro Scipioni ! Gordiano proconsuli.!,» Jul. Capitolin,, Gordiani tres, cap. 5. — Gordien , alors proconsul d'Afrique, lit lui-même en publit un édit de l'empereur , et le peuple qui le chérissait , lui té- moigne son attachement par de vives acclamations, en le comparant aux Scipions. Ce n'est que dans le préambule de l'édit , que l’on pouvait rappeler ces illus- tres romains des beaux temps de la république , et nous recannaissons à ce trait le programma et ses vagues déclamations, à une époque assez rapprochée du règne de Dioclétien.—(3) Texte restitué, et tra- duction de deux décrets romains découverts dans la grande Oasis, par M. Cailliaud, art. de M. Letronne. Journ. des Sav., novemb.1822.—Flav. Joseph, Antig. Jud.,.liv. 12, ch, 6., 6. 3, ( 129 ) peuples des provinces par les autorités infé. rieures, d'après l’ordre qu'ils recevaient de les faire connaître à leurs administrés. Ces édits, à cause de leur simplicité, nous pa- raissent être de la classe de ceux appelés grammata, epistola; il n”y est question que des affaires de la province dans laquelle ils sont publiés. Après Constantin , les No- velles font mention , outre les programma et.les srammata , de plusieurs manières de notifier les édits. Les empereurs ordonnent aux préfets de’mettre simplement à exécu- tion la loi qu'ils leur adressent , opere effec- tuique. D'autres fois, c’est par les affiches ou les crieurs publics , præcones. Lorsque les empereurs veulent que l’on annonce la loi par une lettre, un édit , diatasma , un programma , is ajoutent la formule more solito, consueto. On trouve dans lé recueil des conciles (1), deux exemples de ces édits publiés par les préfets , et adressés aux au- torités inférieures, pour qu’elles fissent con- naître et exécuter la loi de l’empereur. On donnait aussi le nom de programma , à dés édits de divers genres, mais. d’une impor- _tance bien moindre que ceux dont nous.avons à parlé. Le Program criminale était une (x) Concil. Collect. Reg. Max, J. Harduin.. Paris 3719, in-fol,; tom, 1, pag, 1230—Id, pag. 716. I (130 ) dénonciation publique , et un ordre ‘aux accusés de se rendre devant les magistrats (2). On nommait aussi prosramma ; l'annonce des ventes publiques au profit du fise (2). On'en publiait pour prévenir le public d’une mesure qui allaït être prise. Nous voyons dans Pline an préteur annoncer par un program- 7na, qu'il va exécuter à la rigueur un ancien sénatus-consulte , qui était un règlement pour l'ordre des avocats. Lib. 5. , epist, ultim. (C) Nous ne parlerons point des anciennes . corporations nominées Decuriæ scribarum , qui dépendaient des différentes magistratures, et des colléges de prêtres; mais seulement de celles qui se formèrent sous les empe- reurs, surtout pendant le règne d'Alexandre Sévère (3). A peu près à cette époque , les ouvriers et les artistes de toute sorte de pro- fession se réunirent sous-le nom de corpo- rati(4), et formèrent des. sociétés qui avaient leurs priviléges et leurs obligations particu- lières. Ceux qui composaient ces COrps, par- venaient successivement à différens ere ù (:) Code Justinion , bv. 19. ; tit. 40.) ES 1. et 5. de Théodos—(2) Code Just., lv. 8., tit. 26., loi 6— (5) el. Lomprid. Alexaud, Sév., cl 33:, hist. Auge—{(4) Voyez les paratitk- de Godefroy , cod. Théod: , liv. 14, tit. 3, tom: 5.; Pag- ‘120./ es son comment, sur la loi 7. zd. Let’ T. | (1341) les maîtrises qui ont subsisté jusques à la révolution peuvent en donner une idée. Les employés attachés aux magistrats supérieurs formaient aussi des colléges, ou des sckolæ(1), toutes avaient une organisation pareille à celle descohortes ; ces corporations existaient non- seulement à Rome , mais dans les provinces. Les principales paraissaient dans les marches solennelles et dans les cérémonies publiques , sous des enseignes ou bannières particu- lières 10e ), sur lesquelles on voyait des emblèmes et dés signes distinctifs (3). Il n'est pas.étonnant que plusieurs de ces corpora- tions employées dans l'administration du gou- xernement, aientacquis beaucoup depouvoir, de richesses et de crédit, et soient même devenues redoutables au souverain, puisque (x) Voyez la note:E à la fin.—(2) La forme de l'enseigne romaine , le Zabarum, était la même que celle des bannières sous lesquelles marchaient autre- fois dans les processions et les cérémonies, les confré- ries et les corporations d'ouvriers et d’artisans., Ceï usage emprunté aux Romains, s’est conservé en Pro- yence jusques à la révolution.—(3) Voyez dans l’hist. de Dion, liv. 74. ; “ch. 5:, le récit dés funérailles de Pertinax;—dans l’hist. aug. Gadieni duo, Treb, Pol- lion. , Ch. 8. , le récit du triomphe de Gallien ;—celui “d'Aurelien -FJav? Vépise. 9ÿ#: Div. aurel,, cap154; “Eumènes , Graé Aèr, PORTE Aug. cap. ÿ, , AE, xx LU HE nous voyons , sous le règne d’Aurelien , une des moins considérées , celle des ouvriers de la monnaie (1), exciter une espèce de guerre civile qui donna de l'inquiétude à l’empereur, et causa la mort d’un grand nombre de personnes. Aurelien raconte lui- même cet événement dans une lettre que nous rapportons à cause de sa singularité. « Aurelianus Aug. Ulpio Patri. Quasi fatale » quiddam incessit , ut Omnia quécurnque ” gessero , Omnes moOtus. ingravescant. Ita » enim seditio intramurana bellum mihi » gravissinaum peperit , monetarii auctore » Felicissimo, nltimo servorum , eui procura- » tionem fisci mandaveram , rebelles Spiritus » extulerunt. Hi compressi sunt , septem mil » libus Hyberorum , Ripariensium , et Cas- » trianornm , et Daciscorum interemptis. » Undè apparet nullam mihi à dis, Immor- » talibus .datam sine diffcultate: victoriäm.» Flav. A OPESC. » vire. D Aurel: ? Le 38 , hist. Aug. } t {4 (D), Auguste. _choïsit diMérens corps ide No ds pour former sa garde et. celle de FFf er 10 jh Hi tar] Eee. (5b1 gl; .8 () vs lois de Constantin parlent.de cette ‘gorpération avec Free Just; LAS CPR bit Lys d Êræ Td, /6, 11,, tit, 8, , 4, 1. ( 133 ) Rome (1). Il y admit des compagnies de soldats germains. Les cohortes de specula- tores et les prétoriennes , tenaient le pre- mier rang dans cette garde : sous le règne de Trajan, les speculatores avaient cessé d’en faire partie, les historiens ne parlent plus alors que des prétoriens et de quelques troupes étrangères (2); mais dès le règne d'Alexandre Sévère , les empereurs avaient déjà antour de leur personne, outre les prétoriens , des corps d'élite distingués par l'éclat de leur armure , la richesse des vêtemens , la hau- teur de la stature (3). Il est parlé des pro- sectores dès le règne de Caracalla. Les corps des domestic et des candidat: avaient été formés par Gordien et par Philippe (4): à peu près à cette époque , vers le règne de Dioclètien , en commençait à donner à ces différens corps, qui servaient dans le palais auprès de l'empereur , les noms généraux (1) Dion. , hist., lb. b3., cap. 11. —Sueton , zx “Galba, ch. 12.—(2) Lamprid. 27 Alexand. sev., ch. 6, hist. Aug.— (3) Laraprid. Æ/exand. Sev., ch. 53, Voyez aussi Jul, Capitolin, Maximiani duo, ch. 14, hist. Aug.—Herodien, div. 7, ch. 14.—(4) Voyez Gui Pancirol, Comment. in Notit. imper., ch. 89., pag. 57., in-fol.—Voyez la Chron. Paschal. ad Olymyp.. -255., recueil de la Byzantine.—/J4. Olymp. 257. , et les notes sur cette année et le précéd. (134) de Militia Rs , Scholæ palatinæ ; Pa- latini (1). Ces noms désignaient , outre les -corps qui n'étaient que militaires , la militia et les scholæ, ou compagnies chargées de tout ce qui avait rapport à l'administration civile, les scriniæ , qui dressaient les comptés et les registres , les autres, scholæ, employées indifféremment au service civil et militaire, telles que celles des protectores (2), des agentes in rebus, des notarii, des excep- Lores : ces corps remplacèrent le plus immé- diatement les frumentaru. Ceux qui servaient dans ces scholæ ayant été militaires dans l'origine , avaient conservé le même vête- ment et la même organisation que les soldats enrôlés dans les cohortes, ils portaient épée, balieus (RDA clamyde et les EE ! mu ed (1) Ael: Lamprid. 22 Alexand. Sev., ch. 15., hist. Aug. — Lactanc. de Mort. Persecutor., ch. 11, — (2) Cod. Théodos. , liv. 8°, tit, 8, loi 4, @: 2.,— et Am. Marcellin, liv. 15. ch. 5.—{3) Gui Pancirol. ir Comment Notit. Imper. Orient, ch. 92, in-fol— et les notes de Valois, ad: 4m. Marcellin, édit Varior. pag: 91-, in-fol. —« Braccæ et Balteus eorum “qui principis epistolis ministrant, quas ex palatio per orbemterrarum ferri necesseest:» Libanis Sophist. Ora- tiones. etc. Fed: Morellus, æecens. lat. vert. motisillustr., “etc.—Lutet. 1647. ; Orat. 26, 2nvectidis in eos qui doctrin, ipsius elud. pas.593.:B. (135) espèce de pantalon ou de culotte que l'on voit sur quelques statues antiques , vêtues du paludamentum , où habit militaire romain. Depuis Constantin , les corps militaires de Ja garde de l’empereur devinrent très-nom- breux ; les successeurs de ce prince les aug- mentèrent encore ; on les nommait rexilla- tiones , où , comilalenses palatinæ , ge- tiles , scutarii , clibanarii, protectores do- mestict. Parmi les protectores , plusieurs étaient chargés de difitrentes missions dans les provinces (1). Les vexillationes étaient des escadrons de cavalerie qui portaient au- tour de l’empereur, des étendards pourpre et or, suspendus à des lances en forme de labarum (2). La couleur de ces étendards, et le nom de fammula que leur donne Cé- drenus , a fait conjecturer à Godefroy ( com- ment. sur le code Théodos. ), que l’usage de porter l’oriflamme, aurti flammula , à la guerre devant les rois. de France , pouvait avoir été emprunté aux empereurs romains, (1) Am. Marcellin, liv. 15., ch. 5.—(2) Vegece, liv. 2., ch. 2.—« Et vexilla, vela sunt quadrangul Jormé ,ex auro et purpuré contexta , ea longis contis suspense , cirea regem gestant, éumque ita tegunt…..» Georg. Cedreni. Compend. histor. ex vers. Guil. Xi- landri., etc. Paris, è. Typ. Reg. 1647,, pag. 269. D. Rec. de la Byzantine, (136) que nôs rois de la première race cherchaient à imiter. Les chbanari, couverts de fer; ainsi que leurs chevaux, formaient un autre corps de cavalerie : les romains, depuis les guerres des perses sous Alexandre Sévèré, avaient adopté, à l’hnitation de ce peuple, l'usage de cette armure complète dont l'éclat augmentait l'appareil des triomphes et des cérémonies publiques (1). Les protecteres, ou domestici- prolectores , étaient revètus d’habillemens et d’armures magnifiques (2). Tous ces différens corps qui formaient la militia palatina , avaient été remplacés avant leur création , d’abord par les speculatores, ensuite par les frumentarii, tribuns centu- e (1) Treb.Pollio. vita D. Claudii, ch. 16.—Lamprid. Alexand. Sév., ch. 56., hist. Aug.— « Jncedebant hinc inde ordo geminus armatorum..... sparsique Ca- taphracti equités, quos clibanarios dicrant Persæ, Choracum munitis tegminibus, et limbis ferreis cincti ut praxitelis manu polita crederis simulacra ; non viros : quos laminarum circuli tenues apli Corporis flexibus ambiebant, per omniæ membra deducti, ut quocunque arlus necessitas commovisset, vestitus COn- grueret junctura cohærenter aptata. » Am. Marcellin, | Liv. 16., ch. 10.—(2) Synesü, episc. Cyren.… Opera quæ extant omnia. interpret… Dsi. Petavit. S. J. Presb…. Lutet. 1612., in-fol,, pag. 18., D. De Regno—Corippi. Afric. Gram. De Laud. Justin. Minor. Aug. : Liv. 4, Thom. Dempter. recens, etc., Paris. 1610. (GE sions, etc. , et autres officiers des cohortes attachés au service de l’empereur , des dignités de l’état , et des gouverneurs de province. (E) Les inscriptions sur lesquelles on trouve le nom de frumentarii, nous appren- nent qu'ils avaient des rapports avec les speculatores,, et qu'il y en avait un certain nombre attaché à chaque légion , sans nous donner aucune lumière sur les emplois qu'ils y remplissaient, (1) Tout ce que l’on peut conclure de ce nom de fruinentarii , c’est que dans l’origine ils auront été employés avec les cohortes de speculatores dont ils formaient une centurie aux missions pénibles et périlleuses , et qu’ils furent spécialement chargés d’amasser des grains en temps de guerre pour leur cohorte ou la légion à la- quelle elle appartenait : mais on n’en trouve aucune trace , ni dans les historiens , ni sur les inscriptions. Les historiens latins ne com- mencent à en parler que sous le règne d'Ha- drien ; les auteurs grecs les confondent avec les speculatores , et désignent les spéculatores (G) Reines. Inscript., clas. 8. Militar., n.° 73.— Gruter, Thes. inscript., pag. 347, n.° 7.— Id. pag. 537, n.° 8.—1d, pag. 2560., n.° 8.— Jd. pag. 562. ; n° 9, —Îd, pag. 169 , n° 7. { 138 ) et les frmentari par les noms de straltiotes milites , grarmatophorot, Diopteroi,. etc, ; c’est-à-dire , qu'ils leur donnent le nom gé- néral de militaires employés à l’espionnage, et à porter des nouvelles et des dépêches. Ces emplois furent d'abord communs aux speculatores etaux frumentari. M. Lebean à membre de l'Académie, tom. 37, in-4.° pag. 214, rapporte une inscription, d’ RS laquelle il pense que es frumentarii étaient une centurie , ou une division de centurie de la cohorte des speculatores. On donnait à ces divisions de centuries, formées de dix hommes , le nom de contubernium , cham- brée (1); tout ce que nous avons recueilli sur les speculatores et les frumentarii, con- firme cette opinion. Les frumentarii em- ployés auprès des empereurs avec les cohortes de speculatores, gagnèrent à un tel point la confiance de leurs maîtres , que leurs emplois très-recherchés depuis lors, furent regardés ‘comme supérieurs à ceux ds ER Bt C’est ce que nous croyons pouvoir conclure d’un passage de Dion (2); et sans avoir recours à cette preuve , il est naturel de penser que la faveur, les richesses, ou les SA RL 2 RO D AS CESR ME: à © 0 (1) Voyez note de Valois, sur Am. Marcellin, liv. 25,, ch. 10., surles mots capita scholarum,—(2) Dion, Ev. 76., ch. 15. (139 ) moyens d'y parvenir , accompagnant cet em- ploi , il fut très-recherché à une époque où les places qui procuraient de pareils moyens de parvenir à la fortune, étaient beaucoup plus estimés que celles qui offraient ‘plus d'honneur et moins de profit. Les frumen- larik, pendant la période de temps écoulée entre les règnes de Trajan et d'Alexandre Sévère , formèrent , ainsi que les autres classes d'employés , une sckolæ organisée comme les cohortes dont ils tiraient leur origine ; admis auprès des préfets du prétoire, dés gouverneurs de provinces , etc. , ils ne farent plus employés qu'aux missions qui demandaient de l'intrigue, de la hardiesse , et un aveugle dévouement. Les frumentarit continuèrent à être désignés par leur ancien nom , quoique ce nom n’eût plus aucun rapport avec les emplois qu'ils exerçaient. On retrouve de même dans les officia le £esserarius , autrefois employé dans la légion, à porter aux différens corps de troupes, l’ordre du général tracé sur une £essaire, et qui n'est plus qu’un apparitor de ces officia.: Le mot de schola dont nous avons fait déjà plusieurs fois usage, signifie dans les auteurs postérieurs à Dioclétien, une société, une corporation , ou une compagnie d’un: corps militaire. Ce mot est formé du grec ; SCHOLÉ ( 140 ) otium , vacatio, feriatio à-negotiis. Il fut emprunté par les romains , pour exprimer la réuuion de plusieurs personnes exerçant la même profession : ce nom fut apparem- ment donné aux sociétés et aux corps mili- taires, parce qu'ils avaient une salle (1), ou bureau , pour s'occuper en commun des affaires de leur compagnie, ou jouir ensemble du repos dans les momens où ils étaient libres de tout service. On donna ensuite le même nom aux édifices où les corps de la garde impériale étaient logés, et par analogie on nomma ces corps scho/a, et ceux qui en fesaient partie,scholares. Dansles républiques italiennes du moyen âge sal y avait aussi des édifices où chaque faction et chaque classe de citoyens se réunissaient pour délibérer sur les intérêts communs, ou seulement pour jouir des plaisirs de la société : ces édifices , élevés et décorés aux frais de la corporation portaient différens noms, /oppra à Florence , sede à Na- ples; à Venise, l’ancienne dénomination de schola, scuola , s’est conservée jusques à nos # oo (1) SCHOLA SPECYLATORVM LEGIONVMire@lCropone REFECTA. PER EOSDEM. QUORVM. NOMINA. INFRA. SCRIPTA SYNT. etc... CVRANTE AVR. PERTINACE FRV- MENTARIO, Grat, Thes, éuscript, pag. 169., n°7. (141) jours; on y voit encore la scuola El Theo- doro- Trovaso, etc. , ornée de sculptures et de a Plusieurs de ces édifices ont.été destinés à des usages publics, et transformés en église, en bibliothèque publique , etc. , en, conservant cependant les noms de loggte , sede, scuola. -(F) On donnait à ceux qui remplissaient ces différens emplois les noms d’apparitores, officiales , cohortales ; les auteurs les. dé- signent souvent sous le nom de rilites (1), la plupart ayant été pendant long-temps des officiers ou soldats des cohortes attachées au service du Gouverneur. On trouve parmi eux les sératores, les commentarienses, les ex- ceptores , les cornicularit, etc. (2), la plu- part de ces noms-sont ceux des différens grades des cohortes. D’autres employés fe- saient auprès du gouverneur les fonctions dé secrétaires et de greffers., ils rédigeaient et enregistraient les jugemens ; ils devaient avoir été choisis originairement parmi les ‘esclaves et affranchis , servz publici , qui -() Æpuler,, Métamorph., liv. 9. 7 A TL Hip _de Mort. Persec., ch. 31. —Plin., epist. 16., Liv. 10.-- .@) Voyez les Acta sincer. Maïtyr. Ruynaïrt. Act. Mart. scilitanorum. -- Passio Sti, Pioniÿ Act. Pro- gonsular, Sti. Cypriani. à ( 142 ) rémplissaient: les mêmes, fonctions à Rome auprès du-sénat (1) et dans les provinces, auprès des: curiæ ) où corps; municipaux. Dès-lors l’officrum du proconsul ne se.com- posa plus de militaires pris dans les cohortes _stationnées dans les provinces; mais dans la période de temps écoulé entreles règnes d'Ha- drien et d'Alexandre Sévère , il se forma une nouvelle rrilitia employée seulement'au'ser- vice des magistrats; on y conserva les inêmes grades, et la mème ‘organisation que dans lés cohortes qu’elle remplaca: entièrement : c’est alors qué l’o/ficium du præses dut re+ cevoir l’organisation que l’on-voit. établie Sous Constañtin : on ne pouvait parvenir aux emploïs supérieurs qu'après avoir servi pendant un temps déterminé; dans tous les grades inférieurs. Celui qui/les avait tous parcourus, devénait chef on princeps del of: ficiam , grade ‘qui donnait de grands :privi- léges et la liberté de quitter le service pour jouir du repos. Tous les offi cia , les schol®, et corporations quelconques it il'est parlé ‘depuis Constantin ,: étaient formées sur le même plan ; ceux qui-naissaient d’un père ROITI PISE ï ed. fr 4 ( ne Voyez Histn, D Jul. “Capitol. à in “Macrin à “cap. 7:, cuni notis Casaub. --Id. Gordiani res. Û cap 12. cum notis Casaubon, ‘434 (143 ) engagé à ce service étaient oblig gés de servir dans le même Corps : il arrivait souvént qu'après avoir parcouru les différéris grades on passait dans un‘autre 0//icrum , où sckola, et cè n’était qu'après en avoir rempli succes- sivement tous les emplois , que l'on pouvait jouir des priviléges et des honneurs acquis par ‘un service pénible qui consumait la plus grande partie dé la vie. Des traces de là iianièré dont cessc/zo/æ et ces officia étaient organisés , se retrouvént dans quelques-unes de nos anciennes cor porations ,/ et surtout dans les chapitres , , les titres de #46: ren , ‘de Primicier, de capisèol , decani > primicertt, caput-schol®, sont les mêmes que les noms des différens grades des scholæ ét des officia ; on ne parvenait de même aux grades supé- rieurs » qu'après dvoir successivement par- couru “les re | RÉ de Riu oi de or m'était point un grade dans les _offieia, mais une mission donnée à un off cialis ou apparitor , ou à un. membre d'une schola , scholaris, pour Jlaxemplir pendant un ss she Les auteurs ne nous apprennent point dans quel “Corps “on les prenait avant Constantin ; le ‘rapport frappant des emplois des stzHionartü, et. de < eux que les frumentarii remplissaient Cuii) auprès des gouverneurs de province ; nous fait croire que c'était dans cette scola qu'ils étaient choisis le plus ordinairement ,comme ils le furent ensuite parmi..les agentes in rebus. On. les appelait alors stationarti , curiosi, curagendarii., des mots , ,curæ,, curare , parce qu’ils étaient envoyés adicuras- agendas (x). Le nom de curiosus, ou missus a curas agendas, était connu dès le temps de Tertullien (2); dès-lors il paraît, que l’on donnait aussi ce nom,aux séætionarii, Mais il était bien moins en..usage alors,. qu'il ne le devint vers le règne de Constantin, Auguste avait placé des postes: de soldats dans. quel- ques parties de l'empire, , pour. saisir les vo- leurs et réprimer. les brigandages (3): C’est là sans doute l’originedes istationa rir.. Dans plusieurs provinces, les villes avaient, aussi des magistrats municipaux chargés. des, mé- mes fonctions C4); et que l’on nommait pbs À (x) Code Théodos., liv. 6., tit. 29., loi 1.—-(a)« Nes- cio dolendum an erubescèndum sit cum in matriculis benefciariorum et éuriosiorum , inter. tabérnä@rios, et lanios, et fures balneorum , et aleones ; et deno- zes, christiant quoque vectigales.continentur.» Tertul., 3 de Fugé in persecut., cap. 12.--(5) Suetone. Auguste, ch. 32.--T'ertullien. Apologet. , ch. 2.--(4) Digest. , lv, 5o., tit. 4, loi 18, @. 7., é Hd. singular, de (145) hyrenarch® , limenarchæ ; les stationarii agissaient quelquefois de concert avec eux. Il devait y avoir un iles stationarius dans chaque ville (1). Dans quelques occasions, les stationarir avaient avec eux un centu- rion , et même une centurie composée de speculatores , ou d’apparilores et milites au service du præses (2). Les stationarii qui, sous les ordres du préfet de Rome (3), étaient chargés de la police des spectacles (4), avaient des rapports encore plus marqués avec les frumentari , parce qu'ils exercaient dans Rome une espèce d'espionnage. Depuis Muner. civil, d'Arcadius et. Charisius, in Jurisprud. vet. antè Justinian,, liv. 1., tit. 6. Jul, Paul. seztert. recept.--Lettre de l’église de Smyrne, où le Martyre de St. Polycarpe est raconté.--Act. Martyr. Sanct. Try- phonis et Respiciü. --Sanct. Saturnini et Dativi. -- 37 act, Mart, Ruynart.--Muratori., nov. thes. inscript., pag. 606, n.° 1.-- (1) Pline, epist. 16., liv.10.-- Act. Martyr. Sanct. Saturnini , Dativi, etc.--Passio Sti. Philippi episc. Heracl. 2 act, Ruynart, -- (2) Epist. Plin., Liv. 10., epist. 8r., et la réponse de, Trajan.-- Act. Martyr. Sanct. Jacobi et.Mariani., dem Ruy- zart.-- (3) Præfectus Urbis. --(4) «Quies quoque popularium , et disciplina spectaculorum ad præfecti- urbis curam pertinere videtur : et sanè debet-etiam dispositos milites sationarios habere ad. tuendam po- pularium ‘quietem , et ad referendum sibi, quid in urbe agatur. » Digest., liv. 1., tit. 21., loi 1. (. 2. Ulpianus, lib. singul, de Officio Præf.-urbis. K ( 146) Constantin , les stationarit et les curiosi , ou nissi ad agendas curas ; furent choisis parmi les agentes in rebus (1), ce qui con- firme notre opinion que les frumentari rèrm- plirent cesemplois, au moins concurremment avec les autres nilitaires , placés auprès des gens en place , des gouverneurs de province, © etc., pour leur service particulier. (H) Les expressions dont se sert Dion (2}, en parlant d’une des dignités dont Ulpius- Julianus avait été revêtu par Caracalla, Que cunc erant commissæ censiones, ont été expli- quées et commentées par Philippe de la- Torre ; et$panheim. D'après le sens que ces deux aüteurs donnent à ce passage , Ulpius Julianus avait été chargé de faire le census; cet emploi consistait à épurer le sénat et l’ordreéquestre (3), en en expulsant ceux que leur naissance: et leur conduite en rendaient (x) Code Théod., liv. 6., tit. 29., loi 4. de Cons- tance , ad agentes'in rebus ; et la loi 2., liv. et tit. id.— Code Théodos., liv. 6. , tit. 35., loi 2. dé Constantin.— (2) Voyez le texte _ Dion , kb. 76, , Cap. 15.— (2) Monum. vetér.. Anti. H. E. inscript. M. Aquileï, étc. Par$-primä , cap. 3. Auct. Philip. à Torre. Rom. , in-fol—Spanheim, de Usu et Prestant. Muinismas. Dissert, 12.,; ch, 10. ù (147) indignés , et à y admettre ceux dont la for- tune pouvait suffire aux dépenses et aux charges de l’ordre des sénateurs et des che-, valiers , à répartir dans les provinces les tri- buts appelés census (1), d’après l’arpentage et la description de chaque domaine et de ses productions , qui avaient été faits par les censitores et les perœquatores (2), employés déjà connus avant Constantin, Ces censitores ou censuales ,. étaient ,; dans l’origine , des esclaves, où des affranchis ; plus tard, ce furent des citoyens obligés de remplir ces fonctions dans leur patrie, ayant de parvenir au rang de-décurions (3). Ces emplois n’a- vaient aucun rapport avec ceux que les /ru- mentarii ont-exercés , comme plusieurs au- teurs l'ont avancé , d’après ce même passage de Dion. (I). On donnait à ces envoyés qui étaient pris dans l'o/ffcium des, gouverneurs , où @ Tacit. annal., liv. 14., ch. 46. — Phil, de la Torre, et Spanheïn , suprà.—(2) Lactance, de Morte Persecut., , Ch. 26.—Code Just. , liv. 7: ; tit. 9.—Digest.; liv. 5o., tit. 15., loi 4—Ulpianus, liv. 3:, de Censibus, $- 143) Cas ; comment. sur le liv. 10: du Code Just. , tit. 70. paratitl. Comment. de: Denis Godefroy, Code Justin. , lv. 7., tit. 62, loi 4140 1 : C148 ). præsides (1), le nom d’executores ; les fru- mentarii ‘étant au nombre des apparitores de ces officia , auront été employés comme executores. Depuis Constantin ils furent choisis parmi les palatins (2), envoyés en mission (3), les agentes in rebus , et les protectores (4) : plusttardi, ils le furent parmi les officiales où membres des différens 0/f- cia , d’après le choix du princeps-officii qui était ordinairement un ancien agens parvenu à ce grade par ses longs. services (5). Les lois et un passage de St Ambroise, prou- vent que les agentes in rebus étaient envoyés comme executores, et.qu'ils agissaient: de: concert avec les magistrats municipaux (6). Les différens noms qui leur sont donnés, intercessores, executores, compulsores > OPI- natores, ne se trouvent que dans:les lois publiées par Constantin et ses successeurs , et ne sont point employés par les anciens jurisconsultes. Deux passages , l’un de St (r) ap le de Morte Bersecur» ch. 7. Suprè— (2) Gode Théodos. , liv. 6., tit. 28., loi 4—(5) De- putati ad obsequia:—(4) Code The de liv. 1., 7.,loi17.—Voyez aussi loi 4, Liv. SL tite 8.—(5) ce Théodos,, liv. 2.,:tit, 30. , loi 2. à la De. Voyez le passage EDrRSS fi) (149) Ambroise (1), l’autre de Lactance , donneront une idée de ce qu’étaient ces éxécutions, « … Recens exemplum Ecclesiæ Ticinensis proferam , quæ viduæ depositum quod sus- ceperat , amittere periclitabatur. Interpel- lante enim eo qui sibi illud imperiali rescripto vindicare cupiebat , elerici nôn tenebant auc- toritatem ; Âonorati quoque et intercessores «ati non posse præceptis imperatoris obviari ferebant. Legebatur rescriptiforma directior, masotstri officiorum statuta , agens in rebus äimminebat. Quid plura? traditum erat, » Il paraît que cette veuve était poursuivie comme déhitrice envers le fisc, et que l’em- pereur attaquait le clergé qui avait reçu en dépôt, une partie des biens de la veuve, afin que ce dépôt acquittât ce qui était dû. Les mots , prœceptum imperator iteraverat, UE 1pse persemetipsum nos convenirel …. qui suivent dans le texte, nous montrent que l’empereur avait ordonné de poursuivre le clergé qui avait reçu le dépôt, comme devant répondre pour la veuve. « Quâ vexatione generis humani exactio celebrata sit, maximè rei annonariæ, quis (1) Sancti Ambrosii, opera, édit. des bénédictins de Saint-Maur. in-fol., Paris, 1690, liv. de officio ministrorum , Ch. 20. ( 150 ) enarrare dignè potest ? Officiorum omnium milites, vel potius carüifices:, singulis adhæ- rebant , cui priùs satisfieret incertum. Ve- nia non habentibus nulla ; sustinendi mul- tiplices cruciatus , nisi exhiberetur statim quod non erat, multis custodiis circumsepto nulla respirandi facultas , nullo tempore anni vel exigua requies , frequens super hisdem hominibus vel ipsis yudicibus vel militibus judicum pugna. Nulla area sine exactore , nulla vindemia sine custode,, nihil ad victum laborantibus relictum, » Lact. de Mort. Per- sec., Ch 31: RÉFLEXIONS (1) Sur l'idée et le sentiment de l'Enfinr. Par M. De MonxtrmEeyxan, Secrétaire perpétuel - adjoint. fr: sujet est un des plus importans que la philosophie puisse traiter, un de ceux qui a le plus de liaisons avec les différens sys- ièmes de métaphysique. C'est à des idées exactes sur la nature de l'infini qu'est atta- chée la résolution d’un grand nombre de questions difficiles , et la découverte de plu- sieurs vérités. Une foule d'erreurs accré- ditées par l'autorité de quelques philosophes célèbres , doivent disparaître du moment qu'on se fera de justes idées de l'infini. À l'importance du sujet se joint l'attrait qui porte l'esprit humain à s'occuper avec plaisir de ces questions dont l’imagination ne peut apperceyair les limites. J'ai donc cru l'infini propre à fournir le sujet d’un traité où l’on examinât en détail la na- ture de cette idée et de ce sentiment , et A Pa A. ae M one 7 DR à 28 te 1. OÙ (1) Communiquées à la Société, en 1812. ( 152 ) c'est ce que j'ai exécuté dans un essai sur la nature et le sentiment de l'infini, où je discute toutes les questions qui se rattachent à cette notion fondamentale. En traitant des mêmes objets dans ce court exposé , je le ferai d’une manière beaucoup plus concise, je les présen- terai sous un nouveau jour , et peut-être la lumière jaillira-t-elle avec plus de force, _resserrée ainsi dans un petit espace. Avons-nous une idée de l’infini? Cette idée est-elle positive ou négative ? Est-ce dans le fini que nous prenons une idée de l'infini, ou n'est-ce pas plutôt dans l’idée de l'infini , qu'est contenue celle du fini. Quelle est la na- ture de l’infini? Est-il simple ou composé, est: il spirituel ou matériel ? Existe-t-il plusieurs espèces d’infinis? Comment peut-il exister autre chose que l'infini ? Quelle est l'in- fluence du sentiment de l'infini sur les affec- tions du cœur humain? T'elles sont les ques- tions importantes que nous allons discuter dans cet article. I. \ Quoique plusieurs écrivains aient avancé que nous n'avons point d'idée de l’infini , il est clait cependant que c’est là une opinion (0253) insoutenable. Pour qu’elle fût vraie , il fau- drait qu’en prononçant ce mot infini, nous n’y attachassions aucun sens, et que ce ne fût pour nous qu’une parole sans idée; or, je le demande à tout homme de bonne foi, n'est-il pas évident que ce mot réveille en nous une idée toutes les fois que nous le prononçons? Dira-t-on que ce n’est pas l’idée de l'infini qu’il réveille en nous? Qu'on nous dise donc de quelle idée il est le signe re- présentatif. L'homme peut-il jamais confon- dre l’idée du fini avec celle de l'infini , et n'est-il pas clair que ce dernier mot est le signe d’une idée toute particulière ? IT. Mais cette idée de l'infini n'est-elle pas au moins négative, comme le prétendent plu- sieurs philosophes? Avant d'examiner cette question , il est nécessaire de fixer le sens qu'on doit attacher au mot idée, ce qui suf- fira , je crois, pour faire voir de quelle ma- nière elle doit être résolue. J’appelle idée la représentation intellec- tuelle d’une chose quelconque. Cette repré- sentation peut être plus ou moins exacte, plus ou moins complète ; mais pour que Ca54) l'idée que j'en ai soit véritable, il faut tou- jours que mon, esprit ait la perception plus ou moins imparfaite de la chose:que mon idée représente. Il s'ensuit de là, qu’à la rigueur , il n’y a d'idées négatives que : les idées de privation. Ainsi , l’idée des ténèbres est une idée négative, puisque c’est.la pri- vation de l’idée dela lumière ; mais l’idée de l’infini peut-elle être considérée comme une privation. de l’idée du fini? Les idées négatives. participent toutes de Pi- dée du néant, qui est, sije puis m'exprimer ainsi, la plus négative de toutes les idées : or, l’idée de l'infini, qui est celle de l’être néces- saire et parfait, de l'être des êtres, est donc de toutes les idées , la plus diamétralement opposée à l’idée du néant, et par conséquent à toute idée négative. Vainement -nous dit-on que c'est en amplifiant l’idée du fini que nous parvenons à nous former une idée imparfaite de l'infini; cette idée ne serait pas seulement imparfaite , elle serait fausse, ou plutôt nous n’aurions alors. aucune idée de l'infini. En effet, qu'on ajoute tant qu’on voudra à l'idée du fini, qu'on l’augmente indéfiniment, elle ne nous représentera ja- mais qu'une perfection finie et. l'immensité se trouvera toujours entre cette idée .et celle ( 455 ) dé l'infini. C'est l’idée du fini qui dérive de celle de l'infini, loin d'en être la source, on doit s'étonner que des philosophes dis- tingués aient confondu le pouvoir qu'a l’es- prit d'ajouter à l'idée du fini avec celui qu'il a aussi de se faire une idée d’une per- fection à laquelle on ne puisse rien ajouter. En ajoutant à une quantité finie une suite de quantités finies, cette suite fàt-elle sans terme, on ne parviendrait jamais à en former l’idée de l'infini; mais de plus , tous les bons mathé- maticiens reconnaissent et démontrent qu'une série infinie de nombres , implique contra- diction. Les infiniment grands et les infini- ment petits des mathématiques, ne sont que des grandeurs incommensurables ; des gran- deurs dont il est impossible d’assigner les rap- ports (1), mais qui ne sont point réellement (1) Le calcul de l'infini est un calcul d’erreurs compensées, de suppositions inexactes qui se recti- fient l’une par l’autre. En considérant une diffé- rentielle D X comme infiniment petite par rapport à X, on fait une supposition qui serait inexacte , à moins de considérer DX comme — o : de même en envisageant la ligne comme la somme d'une infi- _mité de points , il semble au premier aspect, que l’on s’écarte de la vérité, car ces points n'ayant aucune grandeur, étant des zéros d'étendue; ne formeront jamais (156 ) infinies , et ce qui le prouve, c'estique l’idée de nombre rappelle ‘toujours celle d’une chose qui se mesure , tandis que l'idée de Vlinfini se refuse à toute mesure et à tout calcul. L'esprit humain a donc deux idées très- distinctes et très-opposées ; l’idée du fini, idée qui n’a point de dernier terme, idée à laquelle on peut toujours ajouter, idée, en un mot, qui ne peut être limitée, puisqu'il est de l'essence même du fini ‘de pouvoir toujours être augmenté ; et l’idée de VPinfini, idée qui n’est susceptible ni d’aug- mentation , ni de diminution , idée simple et absolue que l'esprit humain ne peut sans doute embrasser dans toute sa réalité , maïs D Ur ma do ol env. une étendue quelconque. Mais d’un autre côté, en supposant ces points infinis en nombre , on a fait une supposition inexacte , puisqu'il n'y a point de nombre infini; or, s'il n’y a point de nombre infini, tout nombre est nécessairement fini, et même in6- niment éloigné de l'infini. Pour qu'il n’y ait rien d'in- exact dans la supposition d’un nombre infini, il fau donc retrancher autant d’un côté qu’on a ajouté de l’autre. Or, nous venons de voir qu'on a ajouté l'infini, il faut dont retrancher l'infini de l’autre côté. Mais, comment retrancher l'infini du fini, sinon en égalant ce dernier à zéro; car, entre zéro et uné valeur'quél- conque il y a l'infini. Telle est la véritable métaphy- sique du calcul des indivisibles et des infiniment petits, (157 ) dontila du moins une perception imparfaite,, irès-différente de cette simple augmentation sans bornes de l'idée du fini, augmentation dans laquelle plusieurs philosophes ont fait consister toute notre idée de l'infini: si ces philosophes avaient médité davantage sur cette idée , s’ils avaient bien compris que Pinfini n'appartient qu'à une substance sim- ple et spirituelle , ilsne seraient point tom- bés dans une erreur si manifeste. ] TIL La grandeur et la quantité sont les deux mésures de la matière, cela suffit pour faire voir qu'il ne peut point exister d'infini ma- tériel , puisqu'un infini matériel serait une chose sans mesure en tant qu'infini, et se- rait cependant en tant que matière essentiel- lement susceptible de mesure. Un infini ma- tériel implique donc contradiction , et pour achever de s’en convaincre, ne suffit-il pas d'observer que tout ce qui est matériel étant susceptible de division , un infini matériel serait composé d’un nombre infini de parties que l’on ne pourrait supposer ni finies , ni ‘infinies , sans tomber dans une contradic- tion inévitable. En effet, en supposant infi- nies en grandeur , les parties qui compose- raient cet infini matériel, il en résulterait que (158 } deux de ces parties réunies ensemble né vau- draient pas mieux qu’une; contradiction ma-: nifeste ; et en les supposant Bnies , il s'ensui- vrait que cét infini matériel serait: composé, d’un nombre infini de in finies ; or, nous avons déjà fait voir qu’un orale infini implique contradiction: d’où-résulterait donc cét infini matériel , puisqu'il ne: peut.être composé aue de parties finies et d’un nom- bre fini* de parties ? Mais quand. bien même on admettrait la-possibilité d’un nom- bre infini, ce ne serait jamais qu’à une subs- tance spirituelle , que pourrait convenir cette grande idée de l'infini qui fait pour !ainsi dire le fond de la raison humaïne. En effet , en consultant cette idée , il est aisé de s’apper- cevoir qu'elle n’admet' rien de composé, et qu'il n'y a qu'un infini parfaitement simple qui la réalise entièrement. Toute idée..de composition entraîne avec elle une idée d’im- perfection, et détruit par conséquent l’idée de l'infini qui est celle de la: souveraine per- fection! Ceci me conduit à la quatrième ques- tion que je me suis proposé d'examiner. ue LV. - Un seul infini remplit toute l’idée que j'ai de l'infini, je ne puis même l'égaler par ma pensée. En multipliant l'infini j je n’ajoute rien à l’idée de l'infini , je la détruits au contraire, (159 ) en transportant à l'infini la multiplication, propriété dont le fini seul est susceptible. Il s'ensuit que je ne dois admettre qu'un seul: infini. La supposition dé deux ou de plu- sieurs principes est donc une supposition absurde détruite par la métaphysique, comme elle l’est par l'unité de dessein qui règne dans la nature , et qui annonce:un seul maître , un seul créateur; et il est un peu étonnant qu’un philosophe tel que. Locke, ait prétendu qu'on n'avait point jusqu'à lui démontré l'unité de Dieu à la rigueur, et que c'était une vérité très- difficile à dé- montrer; on voit au contraire que rien n’est plus facile. Il suffit pour cela, de consulter l'idée dé l'infini. Mais il me semble que ce philosophe anglais, malgré tout'son mérite, avait bien peu médité sur cette question , puis- qu'il veut que l’idée de l'infini ne soit que la faculté qu'a l'esprit d'étendre indéfiniment les idées du temps et de l'étendue. _Je viens de faire voir au contraire, et je crois d’une manière démonstrative , que c'est là confondre grossièrement , le fini et l'infini, la matière et l'esprit Maïs puisque notre sujet nous à conduit à parler de la manière dont l’idée de l'infini se forme dans l’es- prit de l’homme , expliquons en peu de mots, et le plus clairement qu’il nous sera ( 160 } possible , la manière dont nous:.concevons l’origine.et la- formation, de nos idées. Ce sera une preuve remarquable de l’importance dont il.est.de se former une juste idée:de l’in- fini, puisqu’une foule de questions métaphy- siques en. dépendent. ‘On. peut rapporter à trois. sources diffé- rentes; l’origine de nos idées. Les, sens , la réflexion de l'esprit. sur ses; opérations , et la-raison ou. cette lumière de l'esprit qui nous fait appercevoir le nécessaire , l'absolu , l’in- fini Les idées sensibles, telles que, celles des couleurs , du son , des odeurs, vien- nent des. sens; et c’est. à la réflexion à les développer. Les idées de sens intime, telles que de sentiment de sa; propre .exis- tence et des modifications qu'elle éprouve, la conscience de son identité, ont été données à l'homme comme une suite naturelle. de son existence. Enfin, les idées générales.qu'il ne faut pas confondre avec les idées abstraites, l’idée de la vérité , de la vertu, de la beauté, l’idée de Dieu , de l'infini, etc. , idées qui composent le fond de la raison humaine, lui ont. été données par. son Créateur, lui- même, comme un apanage, nécessaire de l’êtreraisonnable. L'exercice de ses sens et la réflexion sur.ses modifications intérieures peu- wentservir à les développer, mais il me semble impossible ( 161 ) impossible qu'ils puissent les faire naître. L'homme ne peut penser qu'à des esprits ou à des corps, à des idées générales ou abs- traites, ou particulières. Il se connaît lui- même en tant qu'esprit par le sens intime; ses sens lui font connaître les corps ou le monde matériel, et c’est en réfléchissant sur les connaissances que ses sens lui fournis- sent qu'il en compose ces idées abstraites , de blancheur , de froideur , de dureté, etc., idées de composition , puisqu'elles expriment les qualités générales de la matière, et que Condillac a confondues avec ces idées géné- rales dont la simplicité exclut toute compo- sition , et qui ne conviennent qu'aux esprits, et même qu’à l'Étre infini, qui seul en rem- plit toute la grandeur. Enfin , c’est par l’idée de l’infini qu’il s’élève jusqu’à la connaissance de Dieu et de ses attributs, et jusqu'aux idées générales de vérité, d'ordre, de vertu, de beauté ; en sorte que l’on peut opposer à cette assertion de Condillac, /a sensation enveloppe toutes nos connaissances , celle- ci qui me paraît à la fois plus vraie et plus conforme à la dignité de l'homme, l'infini enveloppe toutes nos connaissances générales et métaphysiques. Mais , si l’idée de l'infini renferme toutes L ( 162 ) nos autres idées générales et métaphysiques, ne peut-on pas dire aussi quel’ Être infini ren- ferme tous les autres êtres ; et puisque l'infini compaend tout, comment peut-il exister autre chose qu'un Être infini ? C’est cette manière de raisonner qui a conduit Spinosa à son ab: surdesystème d’un être dont tousles autres ne sont que des modifications , et plusieurs mé- taphysiciens modernes ont prétendu que telle serait la conséquence inévitable de toute phi- losophie qui partirait des principes les plus généraux pour en déduire des vérités parti- culières ; maisil me semble qu'une telle asser- tion est tout-à-fait insoutenable. Quand bien même nous ne pourrions comprendre com- ment il existe d’autres êtres que l'Être infini, ce ne serait pas une raison suffisante pour nier l'existence, soit de l'Ëtre infini, soit de ces autres êtres. Mais d’ailleurs , ne peut-on pas et ne doit-on pas concevoir dans l'Étre infini, outre ses perfections incommunicables etab- solues , le pouvoir de communiquer des degrés de perfection indéfinis , aux différens êtres en leur donuant l'existence. En un mot, l’exis- tence des êtres créés n’arien ajouté aux ponte tions de l'Étreinfini , pas plus que le temps ha ajouté à l'éternité, Ils sont contenus dans’ Être infini (1) sans se confondre avec lui, comme (1) In ipso vivimus movemur et sumus. Act, ap. 17-28. ( 168, ) < le temps est contenu dans l'éternité sans se confondre avec elle. Mais comment l’idée d’une perfection finie peut-elle exister dans JËtre infini ? Toutes ses connaissances ne sont-elles pas également parfaites ? À cela je réponds que l'Être infini , en se contemplant lui-même , non-seulement voit tous ses atitri- buts , mais encore tous les êtres plus ou moins parfaits , à qui il peut donner l’exis- tence. Le priver de cette connaissance ce se- rait le borner sans raison , ce serait supposer que l’on ne peut pas voir 1 imparfait dans le parfait , ou que le‘plus ne renferme pas le moins. Concluons qu’il n’existe qu’un seul Être infini, mais que cet Être infini a pu créer d’autres êtres qui n'ont sans doute rien ajouté à ses perfections , et dont sa subs- tance renfermait déjà l’idée représentative, mais qui sont réellement distingués de lui. VL J'ai dit plus haut , que l'idée de lPinfini fesait pour ainsi dire , le fond de la raison humaine, on peut dire aussi que le sentiment de l'infini entre dans toutes les actions de l’homme, ét forme le principe de tous ses penchans et de toutes ses passions. Ainsi, au lieu de cette triste et avilissante philoso- phie de quelques métaphysiciens modernes L2 ( 164 ) qui ne voient dans l’homme que des sensa- tions et des besoins, et prétendent faire dé- river de ces deux sources ses plus noblés idées, ses plus généreux sentimens ; je crois qu'il est à la fois plus vrai et plus conforme à dignité de l’homme de chercher dans l’idée et le sentiment de l'infini , dans cette em- preinte d’une main divine, dans ce trait de ressemblance avec l'Être éternel , le principe de ses pensées et de ses sentimens. Dans le beau siècle de la philosophie, lors- que les Descartes, les Malebranche , les Bos- suet, les Fénélon, les Leibnitz, soutenaient la dignité de l'esprit humain , c’était dans ses rapports avec Dieu qu'on étudiait les vrais caractères de l’homme , mais depuis que les esprits eurent adopté ‘une autre direc- tion , et que les études physiques eurent prévalu, une phiiosephes rampante , ne vit plus dans l’homme qu’une statue organisée ; 5 elle porta son triste scalpel sur son esprit comme sut son cœur, et, pour connaître l'homme elle le disséqua : : si cette méthode pouvait être utile aux progrès de l'anatomie et de la médecine , transportée dans la mé- tAPRYSAUE et dans la morale, elle n'était propre qu’à défigurer ces deux sciences. Pour bien connaître l’homme moral , il faut l’é- tudier dans son ensemble et dans sa force, \ ( 165 ) et y chercher l’image de la Divinité , au lieu de ne voir en lui que l’esclave de la nature. On a suivi dans ces derniers temps une méthode bien opposée en traitant de l'in- fluence du physique sur le moral de l'hom- me; on en est venu jusqu'à soutenir sérieu: sement que l'influence physique fesait tout, et que l'influence morale n'était que l'in- fluence physique, envisagée sous un autre rapport, ou, en d’autres termes, la réaction. des organes du cerveau. Telest en dernière analyse le résumé de la doctrine de Cabanis, dans son ouvrage sur le rapport du physique et du moral de l’homme. Ainsi, suivant cette noble He 4 tés sentimens les plus sublimes , les vertus les plus admirahles, da pitié, l'admiration , le ‘courage , la grandeur d'âme; l'amour ma- ternel ; l’'amour.de la patrie, le zèle pour Ja Religion , l'amour des hommes et-de la Di- vinité ; tout ce qu'il y a de grand sur la terre et dans le: ciel; tout cela n’est que la pré- pondéränce du système nerveux sur le sys: ième! musculaire: ou, du système musculaire sur le système neryeux,; tout cela est la suite d’un tempérament sangiein , bilieux. O1. phelg: matique. C’est ainsi qu’on traite la morale dans le siècle des lumières. Nous avouons notre répugnance pour une pareille philo- ( 166 } sophie , et l’on nous permettra de voir autre chose dans le cœur de l’homme que l’action -du cerveau sur les nerfs , ou des nerfs sur le cerveau. Une observation dont la justesse est senile pour tout le monde , et quiest propre:à jeter un grand jour sur les affections de l’homme et sur le principe de ses passions, C'estiqu'il n’est à la fois, rien qui ne puisse le séduire , et rien qui puisse le contenter entièrement. IT est si faible, que tout peut l'emporter loin du devoir ; il est si grand, que rien ne peut remplir son cœur. Comment écoute-t-il. si aisément la voix des passions, ét pourquoi est-il toujours .$i promptement .détrompé ? C’est que l’homme a le sentiment.de l'infini; au sentiment. de l’infini.se joint le désir dé le posséder; mais, trompé par ses passions, il le cherche. où il n’est pas. De là ses éga- remens',:ses vices et ses malheurs. Tellé'est l'histoire du cœur humain. Exa- minez séparément toutes les passions! de l’homme , et vous le verrez portant le senti- ment de l’infini dans toutes ses affections: Qu'il aime ou qu’il haïsse, c’est toujours un ‘bien infini qu’il cherchemême dans les objets les plus méprisables. C'est toujours le plus grand des maux qu’il redoute en haïssant: ce qui devrait le:moins exciter ‘sa haine. {l'est (167) clair que je ne parle ici que des penchans qui le dominent. L'amour des plaisirs et celui dela gloire, l'ambition, l'amour , ces passions qui ont tant d'empire sur le cœur humain, d'où tirent-elles surtout leur pouvoir, si ce m'est du sentiment de l'infini ? Ce sont des plaisirs sans fin , c’est une gloire immortelle , c’est une puissance sans borne, c’est un amour sans terme et sans mesure, qui peu- vent seuls séduire le cœur de l’homme; ce qui ne veut pas dire que dans tous les objets ‘ de ces penchans il y ait quelque chose d’in- fini, mais qu'il peut porter sur chacun de ces objets le sentiment qu'il a de l'infini Dans l'homme méme le moins passionné , dans celui qui serable placer le bonheur dans le repos et dans l’exemption de la peine, c’est toujours le sentiment de l'infini qui domine , il voit alors la peine comme un si grand-mal, qu’en être pet c'est pour lui le souverain bien. ‘On peut, cé me semble , ramener à trois ere principales , toutes les variétés pos- ‘sibles de caractère, les caractères passionnés, les’ caractères faibles, et les caractères ver- tueux. On: vient de voir que le sentiment de l’infini domine dans toutes les passions ; c’est aussi luiqui'est lé principe de cetamour de l’inaction et du repos qui caraçtérise les ( 168 } hommes faibles. Enfin , dans l'amour de la, vertu paraît le sentiment de l'infini dans toute sa force. Aimer la vertu ; c'est aimer la sou- veraine perfection ! le bien infini, seul digne d’être aimé pour lui-même. Il y a donc dans les sentimens, comme dans. les idées de l’homme, des marques frappantes de sa grandeur et de sa misère, Quelque borné et imparfait qu'il soit, il est marqué au sceau de l’infini. C’est cette empreinte ineffaçable qui fait le fond de sa raison et de son cœur. Mais, depuis sa chute, réduit à un état de dépendance, et: même d'escla- vage de ses sens, cette idée de l'infini, d’a- bord ensevelie sous, des images grossières , ne se développe qu'avec le perfectionnement des sens.et ce désir du souverain bien qu’il ne devrait chercher à satisfaire, que dans la possession de .celui qui est le principe, de tout bien, le porte à s’attacher à ce monde d'images qui passent. Maïs ne trouvant nulle part de quoi remplir son cœur, plus grand, quoique déchu , que le monde entier, ilerre d'objets en objets, et se fatigue à la, vaine poursuite:.d’un bonheur qu’il cherche où. il n’est pas, tandis qu’il oublie de le chercher là où seulement il se trouve. Je pourrais , en analysant tous les pen- Chans du cœur humain , faire une application ( 169 ) détaillée de cette doctrine sur le sentiment de l'infini, mais cet article deviendrait alors un traité de morale. J'ai du me borner à poser les principes. Le lecteur a pu observer dans ce que nous venons de dire, la liaison naturelle qui existe entre la métaphysique et la morale, liaison qu'on a voulu souvent révoquer en doute, mais qui est démontrée pour tout esprit réfléchi. C’est cette liaison qui donne tant d'importance à la métaphysique : et quiattache si fort le vrai philosophe à l’objet chéri de ses méditations. Il sait que la vérité, la vertu et le bonheur sont liés entre eux par des nœuds étroits, et qu'un des moyens les plus sûrs de régler son cœur , c’est de cul- tiver sa raison ; habitué à méditer sur les seuls objets vraiment dignes de l’homme , il n’est point séduit par de vains plaisirs, ni ébloui .par la pompe du monde, ni par | l'éclat bien autrement séducteur de la gloire. Tranquille au milieu des révolutions dont la terre est le théâtre , s’il repousse avec in- dignation le dur égoïsme des Stoiciens (1), il (G) Tous les moralistes de l’école de Zénon ne mé- ritent pas ce reproche ; on trouve dans quelques-uns d'eux, entre autres dans Marc Aurèle ; d’admirables le- gons sur le devoir imposé à chaque homme ; de se sa- crifier pour la société dont il fait partie. Mais dans un travail aussi abrégé il était impossible d'entrer dans Ci) n’en a pas moins placé son cœur au-dessus de tous les objets créés. Le vrai philosophe n’est ni le flatteur des Rois, ni l'ennemi du pouvoir ; il sait que la Couronne est un pesant fardeau, et juge avec indulgence ceux que Dieu appelle à gouverner les peuples. Dans ses rapports avec les hommes , il est l'ami de tous ceux dont les qualités et les vertus méritent son affection , et s’il n'oublie, pas les méchans, c’est pour les plaindre et les servir s’il le peut; content de son sort , il reconnaît dans tout ce qui lui arrive l’action d’une providence attentive à son bonheur. Il sait que‘si la félicité de l’homme dans une autre vie doit consister dans la satisfaction de ses désirs, son bonheur dans celle-ci, dépend uniquement d’une sou- mission parfaite à la volonté divine. Cette idée ne ralentit point son activité , elle l’em- pèche seulement de se tourmenter en pure perte; il voit tranquillement s'écouler sa vie, il vit ét meurt content. Tel est lé caractère du vrai philosophe, telle est l’influence d’une philosophie généreuse sur les sentimens de ces”/détails’} et d’aller au-devant de toutes les objec- tions. C'est ‘une: remarque que je prie le lecteur de ne ‘pas'oublier, : y (in) l'homme; c’est en considérant ainsi la me- taphysique dans ses rapports avec la morale, qu'on en découvre toute l'importance et toute: la dignité. Si de la morale nous passons à la littéra- ture, nous verrons le sentiment de l'infini servir de principe aux règles du beau idéal dans les arts, comme il sert de base à toutes les affections du cœur humain. N'est-ce pas du sentiment de l'infini que les chefs-d'œuvre de la littérature et des arts'tirént surtout leur pouvoir sur l'esprit de l’homme. L’imagina- tion se refroidit bientôt lorsqu'elle apperçoit des bornes ; pour la subjuguer entièrement il faut lui ouvrir une carrière sans limites; c’est pour cela que les idées religieuses sont si nécessaires , même à la perfection des arts. re L'homme le plus éloquent quiaitpatu sur la terre, en mettant à part les auteurs ins- pirés, Bossuer , ne doit-il pas à la Religion, et par conséquent au sentiment de l'infini, les traits les plus sublimes de son éloquence? Que l’on compare son magnifique discours sur l'histoire universelle , chef:d’œuvre de ce grand homme et de l'esprit humain , avec l'essai sur l'esprit et les mœurs des nations de Voltaire. Bossuer , dans son vol d’aigle, plane sur tous les empires et en juge toutes C172) les révolutions , en rapportant tout à l’action invisible d’une éternelle providence. Voltaire, au contraire, ne voit partout que de petites causes et de petits motifs ; le hasard amène tous les événemens, et l’homme n’est qu'une girouette esclave de tout ce qui l’environne. Dans le discours sur l’histoire universelle, domine partout la grande idée de Dieu. Dans l'essai sur les mœurs, on apperçoit une raison étroite qui veut tout rabaisser à son niveau, et cela seul met une distance immense entre ces deux ouvrages. La poësie comme l’éloquence , et encore plus qu’elle peut être , n’a toute sa grandeur et toute sa force , que lorsqu'elle est animée du sentiment de l'infini. Les poètes sacrés ; Moïse, David , Isaïe , ne se sont élevés .au- dessus de tous les génies profanes, qu’en. se rapprochant davantage de l'infini dont le sentiment domine dans leurs sublimes écrits: Le beau idéal, ce type de la perfection en tout genre, qu'est-ce autre chose que le sentiment de l'infini? C’est donc ce sentiment qui a produit les.chefs-d’œuvre dans tous les gen- res ; le discours sur l’histoire universelle , l’athalie: de Racine , la itransfiguration par Raphaël , St - Pierre de Rome de Michel- Ange. Le sentiment de l'infini, principe de toutes les: affections du cœur humain , est ( 173 ) donc aussi celui de tous les chefs-d’œuvre de l'esprit. On peut juger , d’après ces réflexions , combien l’idée et le sentiment de l'infini in- fluent sur notre esprit et notre volonté , et de quelle importance il est pour la métaphy- sique et pour la morale, de bien fixer cette idée et ce sentiment, Tel a été l’objet de ce mémoire. | | ( 174) : HISTOIRE. D'une. génie, par la. diète séche. pas M. D MS nEl Don en Médecine, Une seule méthode de combattre l’hydropisie est une erreur grave. Desessartz, recueil de discours, 7némoires et observ. de médecine clinique. ER RE © Sr le médecin qui lit, fait souvent tourner au profit de l’humanité , et à la gloire de l’art, l'expérience de ceux qui l'ont précédé , et celle de ses contemporains , il est de son devoir de donner connaïssance à son tour, de ce que sa pratique pèut lui faire décou- vrir d’intéressant et d’utile. C’est cet échange mutuel d'observations , qui peut seul ré- pandre quelque lumière sur une science remplie encore de tant d’obscurité..…. Dans ce but on devrait, pour le dire en passant, s'attacher moins à publier des faits extraor- dinaires , des phénomènes étonnans , et tout ce qui sort des lois communes de la nature, que la découverte d’un médicament précieux + (175) ou des observations cliniques, propres, soit à mieux faire connaître ou la cause, ou le siége ou l'essence d’une maladie , soit à re- commander quelque méthode de traitement plus efficace. L'histoire des cas rares , si laborieusement colligés, qui occupe une si grande place dans un volume du diction- naire des sciences médicales, n’a pas fait, que. je sache , arracher un seul homme à la mort ; que l’on compte , si l’on peut, le nombre de ceux qui doivent la conservation de leurs jours aux mémoires de MM. Double et Chomel , qui les premiers ont fait con- naître l’emploi et les succès du sulfate de Quinine ! Aussi , le nom de ces Médecins distingués sera-t-il nécessairement lié, dans les fastes de l'Art, à celui des Chimistes habiles, MM. Pelletier et Caventou, auxquels on doit la découverte de ce sel. Loin de moi la prétention , dans le fait que je communique, de rien apprendre de nouveau ; il y paraît seulement , qu’un succès certain a été obtenu d’une pratique depuis long-temps oubliée. Et, si quelques esprits essentiellement bons et indulgens veulent m'en attribuer l’honnew, j’en rends la bonne part aux anciens, si injustement méprisés . de nos jours , à qui je le dois. (176) | Édouard A.**, enfant très - intéressant , âgé de six ans , d’une constitution délicate, ayant été exposé pendant une soirée de prin- tems, année 1822, au frais d’un lieu baset humide , et, en ayant été ramené fort tard, perdit les jours suivans l'appétit , et devint languissant. Un praticien de cette ville fort expérimenté , l'avait, peu auparavant, mis à l'usage du sirop de Portal pour dissiper de légers engorgemens glanduleux, si communs à cet âge. Appelé pour lui donner mes soins, le même état , et de plus un peu d’empâte- ment sous le menton , me firent conseiller le même remède dont précédemment on pa- raissaitis’être bien trouvé. L'enfant revu au bout de quelques jours, avait le visage pâle et plein , les paupières surtout étaient très-boursouflées. On parla de jambes enflées , je voulus les voir ; on tira les bas avec effort , les pieds, les jambes, aux chevilles surtout , avaient doublé de vo- lume , et conservaïient l’empreinte des mailles dutricot. Cetteenflure,en peu de temps ,gagna ‘toute l'étendue des extrémités , tant inférieures que supérieures , et ‘enfin tout le corps ; le tronc pourtant était beaucoup moins infiltré. L'espèce d’hydropisie appelée anasarque , était ici bien évidente ; avec cela la soif était médiocre , il n’y avait pas de fièvre, et le ventre (277) ventre était souple. L’exploration de cette cavité ne me fit découvrir aucun empâtement des viscères. La conviction de leur intégrité devait faire porter un pronostic heureux d’une . maladie qui n’était point invétérée, et qui ne paraissait avoir d’autre cause que la suppres - sion de la transpiration , opérée par l’humi- dité et le frais du soir, auxquels le jeune Édouard A.*** avait été exposé trop long- temps. Néanmoins c’eûtété compromettre les jours de cet enfant , que de livrer aux seuls efforts de la nature une affection très-souvent au-dessus de ses ressources. L’axiôme prin- cipüs obsta, ser medicina paratur, était ici d’une juste et sévère application; il im- portait d'agir. La langue étant saburrale , quelques grains d’ipécacuanha furent administrés , autant pour débarrasser l’estomac, que pour pro- curer une secousse générale, propre à faire dans toute l’économie une heureuse révolu- tion. Le vomitif opéra, mais ne changea rien toutefois à l’état du malade. Il en fut de même d’un purgatif donné le surlende- main. Les boissons appropriées , et la plüpart des remèdes préconisés par les auteurs dans les cas d'hydropisie, furent mis en usage pen- < M (178) dant quelques jours , et ce fut sans succès. L’enflureallait toujours croissant ; insister sur des moyens donton reconnait l'insuffisance ou la nullité est une faute en médecine, dont le moindre inconvénient est de faire perdre un temps souvent précieux: je devais donc en chercher d’autres plus efficaces. Le souvenir de la doctrine des anciens (1), : relative à la nourriture que l’on doit donner aux malades, vint à mon secours. On saït que ces médecins, tels qu'Asclépiade, Héraclide de Tarente , et Celse , les soumettaient pen- dant quelques jours à une abstinence en- titre. Je m'arrêtai principalement à cette maxime du dernier , qui la suivait avec une sorte de prédilection , et sur laquelle, dit le savant Leclerc, il fondait la cure de toutes les fièvres : « Que la matière qui cause læ » fièvre se dissipe d'elle-même lorsqu'on ne » donne rien au malade qui en puisse pro- » .duire de nouvelle; » et cette autre qui, em d’autres termes!, est à peu près la même, « Que le devoir d'un bon médecin est, d'un » côté, de ne charger pas le malade d'une » nourriture superflue, Où qui augmente læ » matière qui fait le mal; et de l’autre, , (1) Daniel Leclerc. Hist, de la Méd, (179:) » de ne le laisser pas mourir de faim (x).» Avec un léger changement dans les _ex- pressions , il était facile d'adapter ces maxi- mes au cas qui m occupait , ét.je me dis pour la première : « La sérosité qui cause » l’infiltration se dissipera d'elle-même, si je » ne donne rien au malade qui puisse l’en- » tretenir ou l’augmenter. 5 Et pour l’autre: « mon. devoir est: d’un. côté, de ne pas. » chargermon malade de boisson, puisque » avec elle j'augmente /a sérosité qui fait le » mal, et de veiller à ce. qu'il ne meure pas » de Le D «4: e | Déterminé sur le pet à prendre, je dé, fendis rigoureusement qu’on introduisit dans le:corps-de l'enfant aucun liquide, -ni rien de ce Qui pouvaiten contenir ; et je su pprimai en conséquence, les tisanes,lespotions, les bouil- lons, les soupes..er même le pain. Je pres- crivis de ne lui donner pour nourriture, que. des navettes et des biscotins, et, comme il était sans fièvre -et qu'il fallait soutenir les, forces, je permis de plus, à midi , une petite côtelette d'agneau desséchée sur le gril, et un doigt de: vin blanc avec autant. d’eau F tout juste. Ce que je crus nécessaire pour aider à la digestion de ce _frugal repas.- Voilà COR RES PRE EE EVE SP ARONE P PERS AP TON CO LL (1) Daniel Leclerc, Hisé. de la Méd. M2 (180 ) . tout; et pour le reste de la journée , quelque: désir de boire que témoignât l'enfant, quelques instances qu’il fît, je recommandai fortement d’y être sourd, ne demandät-il qu’une goutte d’eau , persuadé que la nature, pour satis- faire au besoin de la soif, saurait bien en prendre où il ÿ en avait, et que , de même que les animaux dormeurs , tels que les loirs et les marmottes , se nourrissent de la graisse accumulée dans leur double épiploon , et: vivent ainsi sans manger, pendant les six mois que dure leur sommeil; de même les organes de l'enfant sauraient bien, pour s’humecter, tirer des ‘lames du tissu cellulaire, le fluide séreux qui s’y trouvait en surabondance. Au reste, notre soifne s'étanche-t-elle pas quand nous sommes dans le bain ? L’absorption des pores rend raison de ce phénomène. “Jeime souviendrai toujours ; à ce sujet, qué dans le temps que j’étudiais la médecine à Montpellier , étant allé ‘avec quelques-uns dé mes condisciples herboriser à l’île Mague- lonne , qui en est distante de plus d’une lieue, fatigués par la chaleur, et ayant grande soif, nous quittâmes nos vêtemens, et nous nous plongeâmes dans la mer, où nous na- geames etnous baignâmes à souhait. Au sortir de là , il ne fut plus question de soif; nous avions bu par tous nos pores, ( 181 ) Fondé sur cette expérience , qui est par- faitement d'accord avec la saine physiologie, j'étais tranquille sur les besoins de mon malade. Néanmoins il pouvait bien se faire qu'avec tous ces beaux raisonnemens je fusse trompé dans mon calcul, si,me confiant trop à l’action des absorbans , je bornais mes moyens cu- ratifs à la seule privation des liquides ; la nature a très-souvent besoin d’être aidée, le médecin alors n’en est que le ministre, ou plutôt le serviteur. [l doit la connaître, l’en- tendre quand elle parle, la seconder et la soutenir à propos et comme il faut. Toute la médecine est là. En conséquence, des vésicatoires furent appliqués aux bras, dans la vue d’ouvrir une issue à la sérosité des parties supérieures , et exciter le tissu cutané. Les extrémités in- férieures furent enveloppées en entier de feuilles de choux chauffées, pour y augmenter la transpiration insensible , et de plus, on fit prendre intérieurement , à des heures déter- minées , de la poudre de Dovver pour obtenir de la sueur. Ces différens moyens tendant tous au même but, et agissant en même temps, réussirent, comme on va le voir, au delà de toute espé- rance : uue sueur générale et abondante s’é- ( 162) tablit; mais, chose digne de remarque , de chaque région du corps, ellecoula constam- ment dans une quantité proportionnelle au volume de l’enflure ; de facon , que vers la fin de la maladie les extrémités encore œdé- mateuses en étaient toujours inondées, quand le ventre et la poitrine, rendus à leur état naturel , étaient à peu près secs. Cette sueur étant soutenue , l’infiltration se dissipait, à vue d'œil, d’un jour à l’autre; et, ce qui fut admirable , ce fut de voir les fonctions des reins: jusque-là perverties , et en quelque sorte suspendues , se rétablir à fur et à mesure. Il m'est pas besoin de dire que la plaie des vésicatoires fut entretenue, et l’usage de ‘la poudre sudorifique et des feuilles de choux continué , ainsi que le régime sec , tant qu'il y eut de l’enflure ; la sueur cessa, quand celle- ci fut entièrement dissipée. Ce fut l'ouvrage, on aura dé la peine à le croire, ce fut l’ou- ‘vrage de huit jours. Alors les secrétions se ‘faisant bien , ét tout rentrant dans l’ordre, il convenait de se relâcher un peu de la “grande sévérité dont on avait été jusque-là. Les alimens et les boissons furent permis, avec tous les ménagemens que commandait la prudence: Voici quelle fut la marche décroissante de l’infiltration. La face désenfla la première; ( 183 ) ensuite, les bras et le haut des extrémités inférieures ; après, les avant bras et les jambes, et puis les mains , les chevilles et les pieds. L'enflure du tronc n'étant pas considérable, comme il a déjà été dit, le peu qu'il y en avait se dissipa insensiblement avec celle des extrémités, et sous peu de jours cet enfant qui, par la nature de sa maladie , avait donné de sérieuses inquiétudes , fut rendu à une santé qui depuis a toujours été bonne. Cette observation , sijene m'abuse, est re- marquable par le succès du traitement qui a été suivi ; on ne saurait en effet révoquer en doute , que la guérison de cette hydropisie, et la promptitude avec laquelle elle s’est opérée, sont uniquement dues aux moyens mis en usage ; par cela même elle m'a paru digne d’être connue. Elle montre d’une ma- nière frappante aux yeux de tout homme qui pense , qui m'est ni routinier , ni asservi par l'esprit de système, l'avantage immense qu’a sur l’aveugle empyrisme la médecine ration- nelle ; et, en établissant la certitude de l’art d’une manière plus solide que ne sauraient le faire de longs discours , elle répond victo- ricusement à ses injustes détracteurs. On se tromperait fort, si, du respect que je montre dans cet écrit pour la doctrine (164) des anciens, on allait conclure que j'adopte aveuglément tout ce qu’elle renferme. Il ne faut pas être exclusif. Faisons la part du génie et celle de l'erreur. Celui qui jure, 7 verba magistri , ne reculera jamais les bornes de l'art. La vérité n’a pas été tout d’un coup, ni partout , ni en toute chose, aperçue et saisie: ce n’est que peu à peu que la lumière se répand. Elle n’a pas encore dissipé toutes les ténèbres , il s’en faut. Quand fera-t-il grand jour? Je l'ignore, Il est vraisemblable qu’il y en a pour long-temps. Cependant ce ne sera qu’en ramassant soigneusement les découvertes des premiers observateurs, et les réunissant à celles qui sont dues aux progrès des sciences, qu’on parviendra à à y voir plus clair ; mais pour cela, il faut se défendre et de Pecpait de système qui égare , et de l’es- prit d'orgueil qui fait négliger l'expérience des âges, ( 265 ) te LL D 2 | MÉMOIRE Sur la connaissance des Terres en Agriculture. Par M. Henri Poxrier, Minéralopiste, ancien Inspecteur Principal de la 16.° Conservation des Eaux et Forêts. UELLE est l’origine du sol agraire ; quelle est la nature des terres qui le composent , quelles sont les propriétés qui le caractéri- sent, et les qualités qu’il doit avoir pour être propre à la culture? tel est le sujet que nous nous proposons d'examiner. On a considéré les terres de la surface du globe , comme étant formées par les débris ou détritus des rochers que l’air et l’eau décomposent , et qui sont ensuite dissous et entrainés par les eaux dans les plaines et les vallées. Cette erreur s’est d'autant plus accréditée, que l’on est naturellement porté à regarder les cailloux que les rivières charrient, comme ayant été détachés par elles de la roche elle- même , tandis qu’il est reconnu qu’elles ne font que mettre à découvert les cailloux an- ciennement déposés par la mer, et qu’on ( 186 ) trouve aussi isolés, ou en l’état de poudin- gue , sur les hauteurs voisines, où certaine- ment les eaux des rivières n'ont jamais pé- nétré, On'n’a point fait attention que les terres se rencontrent sur les montagnes comme dans les vallées et les plaines , et que souvent leurs couches sont recouvertes ou séparées par des bancs de rochers qui portent l’em- preinte non suspecte des eaux de la mer, Ces grands dépôts de coquillages marins qui, comme le falun de la Touraine accom- pagnent et suivent les couches de terre, et s’y mêlent quelquefois , nous décèlent encore cette origine marine à laquelle nous rappor- tons la formation du sol agraire. D'ailleurs , les eaux de sources, comme celles qui viennent de la fonte des neiges, et qui forment les ruisseaux, les rivières et les fleuves, ne peuvent dater que d’une époque postérieure à celle de la formation de nos continens , elles n’ont pu par con- séquent transporter des terres , qui existaient auparavant, dans les lieux où on les trouve. Les continens une fois formés , l’action de l'air’, de l’eau , des divers fluides et météores de l'atmosphère , le froid et le chaud, le gel et le dégel, les vapeurs salines ou acides, etc. , ont corrodé peu-à-peu la roche de nos (187 ) montagnes , dont les débris ontété entraînés par les eaux qui y prennent leur source, comme par celles qui tombent du ciel; et ces débris se mêlant avec ceux qui résultent de la collision des cailloux qu’elles rencon- trent , et des terres qu’elles détachent, ont formé des sédimens limoneux dans les divers lieux qu’elles parcourent. On les distingue toujours des véritables terres sur lesquelles ils se déposent, et qui sont aussi reconnais- sables que les courans de laves des volcans, autrefois en ignition , qui recouvrent les terres où elles avaient passé. Les eaux pluviales et les torrens qui leur succèdent , détachent également des lieux penchans et ardus les terres et, les pierres, qui vont grossir les atterrissemens dont il s'agit ; et c’est ainsi, qu'avec le temps , les montagnes s’abaissent, et les vallées s’exhaus- sent : mais ces causes secondaires ne font que modifier -la surface des continens dans certains lieux circonscrits et bornés, et per- mettent toujours de distinguer les véritables couches terreuses par leur nature et leurs couleurs variées, et par le mélange des fos- siles qu'on y rencontre souvent. Ces atterrissemens ou alluvions se termi- nent à l'embouchure des fleuves où ils ‘s’a- moncèlent en grandes masses, pour y former ( 188 ) des terrains très-fertiles , tels que ceux de la Camargue et autres. Ils font aussi reculer les eaux de la mer , et lui fournissent en même temps des matériaux , qui remaniés ‘dans son sein, seront employés plus tard a la formation de nouveaux continens , comme le prouvent ceux que nous habitons , qui ont été submergés à différentes époques, à en juger par la nature variée des dépouilles végétales et animales que l’on y découvre, et qui , comme autant de médailes, devien- nent la preuve incontestable des différens déplacemens de la mer dans les révolutions que notre planète a essuyées. C’est à la faveur des débris de rochers dont on a parlé, que naissent ces mousses et ces lichens, premiers linéamens de l’orga- nisation végétale , qu'on aperçoit au pied des monts élevés, couronnés de neiges éter- nelles. Ces débris , comme l’on voit, quoique privés d’humus , et bonifiés seulement par l’action des élémens qui les ont convertis en terre , n’ont pas moins été propices à la levée des graines de ces plantes : preuve évidente que les terres ne sont point passives ou inertes dans la végétation , comme on l'avait pré- tendu; c’est ce que nous aurons occasion de développer et de prouver par la suite. Les terres en général , contiennent les (189 ) mêmes principes que ceux de la roche des montagnes voisines, ou de la roche sous- jacente. Elles n’en diffèrent que par leur mode d’aggrégation. Dans les pierres , les molécules terreuses contractent une contex- ture solide et fixe dans leur combinaison, tandis que dans les terres elles sont mélan- gées et combinées différemment , de manière à être incohérentes et dans un état de division qui les rend très-poreuses et perméables aux influences de l’air et des divers fluides ou gaz de l'atmosphère ; comme le sont tous les corps poreux ; condition qui devenait nécessaire , pour qu'elles pussent concourir à la végétation. Quelquefois , mais plus rarement, les terres sont d’une nature différente de celle de la roche du voisinage : ce qui est une nouvelle preuve de la cause que nous leur attribuons, puisque les courans des eaux de la mer ont pu varier selon les circonstances , et trans- porter de plus loin ces terres étrangères, tandis que les atterrissemens formés par les eaux du ciel et de la terre sont toujours homogènes , et bien remarquables par leur uniformité. ‘ Enfin , les terres qui nous occupent ne se rencontrent pas seulement à la surface du globe, on les retrouve encore dans les fentes (:190 ) et dans les cavités des rochers : ce qui est. une preuve certaine de l'identité de leur ori- gine avec la roche elle-même. On trouve encore dans ces crevasses ou cavités , une terre végétale noirûtre, véritable Aurus,formé par la décomposition des végétaux ét des animaux qui ont dù vivre à des époques anté- rieures à la formation des terres , avant de se décomposer ; ce qui confirme les diffé- rentes irruptions des eaux marines que nous avons déjà signalées , et les changemens qui ont dù s'opérer dans la :contexture superfi- cielle des continens actuels. ) Quelles que soient les causes qui ont-pré- sidé à la formation de notre planète, et qui. ont donné lieu aux révolutions dont!elle a été le théâtre , les faits et les observations que nous yenons d'exposer nous paraissent suffisans pour démontrer que.les terres, com- me les montagnes et les côteaux , ont eu une origine contemporaine , et que, si elles ont éprouvé des changemens extérieurs sur quel- ques points de leur surface , on <«oit les attribuer à des causes secondaires, survenues après leur formation. Mais, quelles sont ces terres qui forment le sol agraire , et que la nature semble: avoir choisies de préférence , pour servir ‘de base à l’ensemble majestueux de la végétation qu’elle Can: ) offre à nos regards, et qui établit entre le ciel et la terre cette correspondance si utile et si nécessaire pour le maintien de l’ordre et de l'harmonie dans tous les élémens ? Comment parvenir à les connaître , pour apprendre à les bien cultiver ? L’Agriculture est une science et un art en même temps : comme science, elle exige une infinité de connaissances accessoires que l'on doit acquérir , si l’on veut l’approfondir et la perfectionner. Elle tient à la Chimie , quant à la com- position des terres , à la manière de les amender , à l’analyse de ses diverses produc- tions ; à la nature des engrais, et au meil- leur mode de les préparer, etc. Elle tient à l'Histoire naturelle, quant à l’origine et à la formation des terres et des pierres qui leur sont mélangées, à leur gissement le plus avantageux , à leur différentes couches, et à la nature de la roche qui les recouvre ou sur laquelle elles sont placées , etc. Elle tient à la Physique générale quant aux phénomènes de Ta végétation , et aux influences de l’air et des météores , etc. À la Botanique, pour la description des plantes et la connaissance de : leurs propriétés. A la Méchanique , quant aux instrumens qu’elle emploie , etc. À l’'Hydros- (192 ) tatique pour les irrigations , etc. Enfin , à la science de l'Économie rurale , qui a pour objet la bonne administration des terres , le choix des semences , la consommation des récoltes ; l'éducation des bestiaux,les moyens de les soigner dans leur maladie , de les mul- tiplier et d’améliorer leurs races ; de cons- truire les bergeries , etc. Mais, considérée comme art MAesieultrrs n'exige que de simples notions de ces sciences. Il faut que l’agriculteur praticien soit en état de raisonner ses opérations et d’en saisir les motifs, de distinguer les meilleurs pro- cédés pour le sol sur lequel il opère ; le temps le plus propice pour les exécuter, et ‘qu'il soit capable de diriger les bras destinés à l'aider dans toutes ses opérations. La pra- _ tique agricole pourra devenir alors plus utile, mêmé que la science , parce qu’elle aura constamment l'expérience pour guide , et que n'étant plus assujettie à une routine aveugle , elle saïsira, avec empressement les bons exemples à suivre, et les découvertes que le hasard procure le plus souvent dans les tentatives et les essais que l’on entreprend. C’est précisément pour la connaissance des terres , qu'il importe le plus d’avoir ces notions ; sans elles l’art agricole est borné 4 EI ( 195 ) à ne les connaïtré que d’après leurs caractères extérieurs, qui sont les seuls que la pratique puisse fournir ; caractères insuffisans , parce qu'ils sont trop vagues et trop incertains, variant toujours du plus ax moins , sans qu'on puisse vérifier en quoi consistent ces différences. Dire, en effet, qu’une terre est forte ou légère , sèche ou humide, froide ou chaude , sabloneuse ou mélangée de gravier , tenace ou compacte , etc., c’est ne rien dire de positif sur ce qu’il y a de plus essentiel à constater , qui est de connaître la nature particulière de chaque espèce de terre, et quelles sont les proportions de leur mé- lange dans les différens terrains, pour être en état de les distinguer les unes des autres, et de les classer par leurs noms, suivant l’ordre de leur composition. C’est peut-être là une des causes qui ont le plus retardé les progrès de l'Agriculture , dans l’application des procédés utiles et des découvertes nou- velles, par la difficulté qne l’on a eue à con- cevoir des définitions aussi insignifiantes, La Chimie ayant pour but la décomposi- tion des divers corps naturels, pour en isoler les principes constituans, et les obtenir dans leur état de pureté ou de simplicité , afin d'en examiner les différences , les propriétés N ( 194) et les proportions , il est évident que c’est à cette science que l’agriculteur doit avoir re- cours, pour en obtenir les premières notions nécessaires à l'analyse des terres , sans exiger de lui les connaissances d’un chimiste de profession. Or , il résulte des différentes analyses chimiques ; que le sol agraire , ou pour mieux dire, la terre végétale de ce sol qui en forme la première couche, celle où la végétation s’opère , est composé de quatre sortes de terres pures ou primitives, connues sous les noms d'Azvwne , de Srzice , de Caux , et de Macxnésre, cette dernière étant beaucoup plus rare , et ne se trouvant jamais qu’en petite quantité: qu'en outre ces terres sont presque toujours mélangées ayec une autresubstance, d'apparence terreuse, appelée Humus ou TErreau, formée des débris ou dépouilles des êtres organisés, végétaux et animaux, qui périssent et se décomposent à leur surface où dans leur intérieur : elle les rend d’autant plus fertiles qu’elle y abonde davantage. Voyons donc quelle est la nature particu- lière de ces terres reconnue chimiquement; quelles sont les propriétés des terrains où chacune d’elles domine, et l’influence res- pective de l’zumnus sur ces terrains, suivant (195) la proportion dans laquelle il s’y trouve mêlé; et nous exposerons ensuite une mé- thode simple et facile , à la portée de tous les cultivateurs, pour les analyser , c’est-à-dire, pour les distinguer les unes des autres. _ L'ALGnine est la terre pure qui forme la base des argiles ou glaises dont on fabrique les poteries : la Chimie la retire de l’alun , dans son état de pureté. C’est une terre blanche, in- combustible , insoluble dans l'eau , soluble par les acides , et non par les alkalis ; et qui adhère fortement à la langue. En perdant son eau principe par la chaleur , elle di- minue de volume. Calcinée , elle étincelle sous le briquet. Dans son état naturel, elle west jamais pure, elle est toujours combinée avec d’autres terres. Les terrains où elle domine sont appelés argileux, glaiseux , alumineux ; ils sont gras au toucher, et forment avec l’eau , une pâte liante, qu'on peut paîtrir avec les doigts ; ils répandent une odeur particulière qui se fait aisément reconnaître ; ils ont une si grande affinité avec l’eau , qu'ils la retiennent forte- ent: ce qui est cause que les graines des plantes pourrissent quelquefois dans ces ter- rains , Ou que leurs racines s’y noient. Lorsqu'ils manquent d'eau, ils deviennent N 2 (196 ) compactes , ils compriment les racines , les empêchent de s'étendre et de jouir des bien- faits de l'air; ce qui arrête la végétation, et fait souvent périr les plantes. Mais lorsque l'argile se trouve mélée dans de justes proportions avec les autres terres qui diminuent sa ténacité , et sa trop grande affinité avec l’eau , il s'ensuit que ces terrains élangés ainsi sont les meilleurs de tous, : parce qu'ils n’absorbent et ne retiennent que l'humidité nécessaire , et qu'ils sont pour cette raison, préférables aux terrains siliceux ou calcaires, qui la laissent se dissiper trop facilement. La Srzrcs est presque toujours mélangée avec l’alumine dans un degré plus ou moins grand de ténuité. On la retire pure du cristal de roche. C’est une terre blanche, insoluble et infusible sans addition. Elle raie le verre et le dépolit par le frottement. En masse, comme dans les quartz.les silex, certains grès, elle étincelle sous le briquet: c’est elle qui forme les verres, étant fondue dans un creuset avec des sels alkalins. La Chimie la range parmi les acides ; elle forme dans la nature, avec la magnésie, le silicate de magnésie, que l’on trouve en couches assez épaisses dans l’intérieur de la terre, et toujours associé (197 }. avec le calcaire marneux et les marnes ar- gileuses des terrains secondaires. Les terrains où la silice domine , sont rudes au toucher comme des grains de sable, n’adhèrent point à la langue , s’échauffent facilement au soleil, et se dessèchent promp- tement. Ils profitent peu du bienfait des pluies , qu’ils ne retiennent pas, et qui leur enlève l’humus soluble qu'ils contenaient ; ce qui oblige à leur fournir plus souvent de nouveaux engrais. Ces terrains , par ces raisons , exigent peu de culture ; l’engrais végétal, produit par les plantes qu’on y a semé, et enfoui au mo- ment de leur floraison , est celui qui leur convient le mieux, parce que se décom posant avec plus de lenteur , il dure plus long-temps, et fournit , par sa décomposition , une por- tion de terre qui bonifie le sol ; observation qui s'applique également aux terrains sablo- neux-calcaires. La onAUx, CHAUX vive, n’est jamais pure, maïs toujours dans l’état salin , combinée avec différens acides , et principalement avec l’a- cide carbonique, en état de sous-sel ou de sel neutre. Avec cet acide, elle forme /e car- bonate de chaux , pierre à chaux ou terre calcaire , si abondamment répandue dans ( 198 ) tous les, terrains secondaires. Le marbre, plus ou moins pur , est son, état lé plus compacte , et’ la craie, celui .où il. l’est le amnoins. Cristalisé en calcaire spathique , il se trouve dans presque toutes les époques de formation, mais beaucoup plus rarement dans les roches granitiques et micacées des ter- rains primitifs. On. la retire pure du carbonate de chaux, ‘par la calcination ; qui, en lui faisant perdre son acide carbonique , la fait passer à l’état de chaux vive. Combinée avec l'acide sulfurique , cette terre pure forme /e sulfate de chaux, gypse, ou pierre, à plätre que.l'on rencontre dans certains pîtes particuliers des terrains ;pri- mitifs et secondaires ; avec. l'acide fluorique, la chaux fluatique, qui n’est jamais. qu'en petites,masses ou filons , et non en bancs considérables, dans tous les terrains. pri mitifs , secondaires , ou de transition; avec l’acide phosphorique, le phosphate de chaux, qui est plus rare dans les terres , et qui fait Ja base de la charpente. osseuse des animaux; avec le chlore, lecklorure de chaux employé commesel, et comme amendement .en.agri- culture ; enfin, combinée ayecd’autresacides, elle devient ‘la base d’un grand nombre (199 ) | d'espèces minérales de la classe des sels. La chaux vive est dissoluble dans l’eau, et par son mélange avec le sable calcaire ou siliceux , elle devient propre à faire les mor- tiers. Selon que les pierres à chaux que l'on calcine sont plus ou moins pures ou mélan- gées d'argile, de silice ou de magnésie, il en résulte les chaux grasses, ou les chaux maigres : ces dernières prennent corps d’elles- mêmes par leur seule immersion dans l’eau. Les terrains; où le carbonate de chaux do- mine , sont souples au toucher, et adhèrent légèrement à la langue. Ils sont naturelle- ment froids , parce que leur couleur blanche répércute la chaleur et ne la conserve pas. IIS retiennent mieux l'humidité que les pré- cédens , on les cultive aussi facilement, mais il léur faut beaucoup d'engrais, parce qu’ils ont la propriété de les NA solubles et de les consommer promptement. (© est le carbonate de chaux , mélangé avec la silice et Paluminé , qui constitue les rvarnes cal catres Où aroileuses, selon que la chaux ou Pargile y dominent. Ges marnes composent des térrains très-considérables à la surface ou dans le sein de la terre , et sont employées principalement à amender les terrains siliceux ou argilo-siliceux. ( 200 ) La MAGNÉsiIE, ainsi que la chaux , n’est ja- mais pure ; elle est toujours dans l’état salin, ou combinée dans les terres et les pierres qui la récèlent. Avec l’acide carbonique, elle forme le carbonate de magnésie ; avec la silice, le s/icate de magnésie, découvert par Berzelius ; et enfin, avec l'acide sulfurique, le sulfate de magnésie, le plus répandu de tous, que l’on trouve, non-en masses solides, mais en efflorescence , à la surface de cer- taines terres et roches, ou en dissolution, dans les eaux de certaines sources ou lacs. C’est du sulfate de magnésie, qu'on retire cette terre dans son état de pureté. On n’em- ployait autrefois que celui qui nous venait d'Angleterre, sous le nom de sel d'Epsom., employé dans la médecine ; mais aujourd’hui ce sel s'obtient en grande quantité de cer- taines serpentines des Apennins de la Ligurie; de certains schistes de transition, en Savoie, à la surface desquels il s’effleurit naturelle- ment ; de certaines terres calcaires magné- siennes des bassins houilliers de la France ; enfin, de certaines sources ou lacs, en plu- sieurs endroits. On grille légèrement ces diverses substances, avant de les lessiver. La magnésie pure. est blanche, insipide, légèrement soluble dans l’eau. Elle est em- ployée en médecine, comme terreabsorbante. ( 201 ) Elle n’est jamais seule dans les terres , mais toujours mélangée dans de faibles proportions ‘avec la silice et l’alumine. Elle est plus abon- dante dans certaines pierres, telles que l’am- phibole, les basaltes, et notamment dans les serpentines , Les asbestes , les pierres ollaires, le talc et le mica. Il n'ya point, à proprement parler, de terrains magnésiens ; et là où, cette terre abonde , le sol est stérile, et il paraît même communiquer sa stérilité aux autres terres. Tevanr, chimiste anglais , dit avoir observé, que la chaux provenant de la calcination des terres ou pierres qui renferment de la ma- gnésie , devient stérile , lorsque celle-ci égale seulement les deux cinquièmes de la masse totale , et que cette stérilité ne cesse qu'après que cette chaux s’est saturée complétement d'acide carbonique. Il est certain que des coMines de serpentine et de stéatite, se trou- vent dénuées de végétation. L'Humus ou terreau, l'engrais nutritif par excellence ; n’est point une terre, puisqu'on peut le décomposer par les alkalis et par la chaux. C’est un corps noir , gras et huileux, très-pénétré de carbone, propre à se com- biner avec les terres, et à devenir soluble dans l’eau , pour être absorbé par les racines, ( 202.) et servir d'aliment à la plante; il fait la principale partie de la terre végétale ; il est le résultat de la décomposition des êtres or- ganisés, qui vivent et meurent à sa surface. Chaque année , comme nous le disions dans notre Mémoire sur le Carbone, les racines, les tiges, les branches , les feuilles des plantes NET EN une grande quantité d'humus par leur destruction ; il en est de même des ani- maux et des insectes, qui pendant leur vie et après leur mort, contribuent à le former par leurs déjections et leurs dépouilles. Les fumiers ordinaires provenant des excrémens et des urines des animaux, mélangés avec de la paille, ou autres matières végétales , forment également par leur décomposition, le terreau dont nous parlons. Cet humus ou terreau est tellement une des principales causes de la fertilité, que les terres s'appauvrissent et deviennent sté- riles, en proportion que les récoltes se suc- cèdent sans engrais; et plus la plante en consomme par sa nature, et prarôt la terre deviént stérile. | Il'a la propriété de décomposer l’air , et de se combiner avec l’oxigène. Dans cet état, il attire l’humidité , et la conserve comme l'argile, ce qui augmente d’autant sa qualité fértilisante. IL devient alors soluble dans (203. } l’eau, et prend une couleur fauve foncée, comme celle des ésouts de fumiers. C'est cette eau, ainsi colorée, qui contient l’humus que la plante absorbe pour se nourrir. Privé au contraire du contact de l'air, il devient insoluble, de manière qu'après lui avoir en- leyé sa partie soluble avec l’eau bouillante, ce qui reste, qui est insoluble, acquiert encore Ja solubilité, si on l’expose de nouveau à l'air. Il est à présumer que les terres étant sus- ceptibles de s'oxigéner plus ou moins, four- nissent à leur tour l’oxigène dont l’humus a besoin, pour être rendu soluble. Par l’acte de la végétation, cethumus finit par s’épuiser, ce qui oblige à renouveler les engrais qui le fournissent ,.pour que la terre continue à jouir de la même fertilité. Les terrains où il abonde le plus-se distin- guent facilement par leur couleur noirâtre ou brune ; par leur:toucher gras, , onctueux et moëlleux , et:pardeur! odeur plus-ou moins pénétrante. De ce nombre sont: 1.°le terreau végétal, ou cette couche épaisse de feuillages décomposés; qui recouvre les sols des bois que l’on défriche ; 2.°.les terrains des prairies: que l’on retourne pour des cultiver, qui con- tiennent également du terreau par les débris: des herbes et des insectes qui y vivaient ,e? per le gazon qui en fournit en se: décompo- (2044, sant; 3.° les terrains tourbeux , qui ne diffè- rent du terreau végétal , qu’en ce que celui-ci est le produit de la décomposition des feuilles et des plantes herbacées par l'air, tandis que l’autre est le produit des mêmes plantes dé- composées par l’eau. Dans cet état, la tourbe seule est infertile, parce qu’elle west pas dans un état soluble , mais elle devient bientôt fertile par son exposition à l'air, et notam- ment par l'écobuage et par la chaux ; 4.° la vase des marais et des bassins , formée des débris des roseaux et autres plantes aquati- ques ; 5.° les limons gras et féconds des fleuves et des rivières , les égouts des rues et des chemins ; 6.° enfin , les terres des jardins où les engrais sont le plus souvent: prodigués. - Felles sont les différentes terres qui com- posent , avecl'humus, lorsqu’ilsy rencontre, le sol agraire , par leur mélangeet leur com- binaison, soit entre elles, soit avec l’humus. ‘On y trouve bien encore quelques sels'et oxides métalliques , d'un usage peu connu ; mais ces, substances n’y sont qu'accidentelle- ment , et en si petite quantité , qu'on peut les négliger, sans inconvénient dans l'analyse de ces terres. Nous renverrons à nous en occuper à l’article des engrais avec lesquels elles paraissent avoir plus de rapport par leur (1205 ) manière d'agir dans la végétation. L'analyse des terres deviendra ainsi plus simple, moins compliquée , et plus à la portée des cultiva- teurs , qui ne sont pas censés avoir toutes les connaissances chimiques nécessaires, et encore moins les appareils et les réactifs con- venables pour ces sortes d'opérations. Analyse chimique simple, des terres. Le procédé d’analyse que nous allons indi- quer, sedistingue par sa simplicité, et remplit suffisamment l’objet qu’on se propose , celui de connaître la nature des terres que l’on cultive, dans tous les cas de pratique qui peuvent se présenter , et notamment pour les .amendemens , lorsqu’ il s’agit de bonifier un terrain en y ajoutant les terres qui lui manquent, et en les comparant avec une terre plus fertile du voisinage. Un creuset, un récipient de verre, de l’eau de chaux , et deux acides minéraux très- connus dans le commerce , l’acide du sel marin (acide hydroclorique ), et l’huile de vitriol ( acide sulfurique ) , composent tout l'appareil de nos opérations. On prend sur divers points de la surface du champ que l’on veut examiner , une cer: ( 206 ) taine quantité de terre que l’on mêle bien ensemble et que l’on fait sécher; on en pèseun demi-kilogramme ( vingt'onces }, on le passe au crible pour en séparer le gravieret les fbres végétales , que l’on pèse séparément, et que | l’on conserve pour les mieux examiner. On met la terre qui a passé par le crible dans un creuset pour faire évaporer son eau d'absorption, qui, d'après la judicieuse remar: que de M. Humphry Davi ; doit être distin- guée de l’eau principe qui entre dans sa composition chimique ; et pour ne pas donner un degré de chaleur capable de décomposer l’humus , il conseille de placer un morceau de bois blanc au fond du creuset , et de cesser de chauffer dès qu'il commence à brunir. h Il pèse alors la terre évaporée , et si le déficit s'élève jusqu’à un huitième pour cent , la terre est très-absorbante et contient beaucoup d’alumine ; si au contraire il ne s'élève qu’à quatre où cinq pour cent, elle l'est très-peu ,et la silice domine. Quoique ce calcul ne soït pas bien exact, parce que le degré d'absorption des terres dépend autant de leur nature que de leur mode d’agrégation entre elle et l’humus, et de leur proportion, néanmoins il peut suffire, lorsqu ou ue veut connaître que par appro- (207 ) ximation et par comparaison , la quantité d’eau d'absorption qu'une terre contient. Cette terre , dont on a noté le poids , est remise dans le creuset : on la fait rougir , en agitant le mélange avec une verge métallique, jusqu’à ce qu’elle ne fume plus , et que sa couleur noire ait disparu. La diminution du . poids, après cette opération , indiquera celui de l’humus. Si en opérant on sent l'odeur de plume brûlée , c’est un indice certain , dit M. Davi, qu'il contient des matières animales, tandis qu'une flamme .bleue et vive indique les matières végétales. On prend la terre qui reste dans le creuset, dont on connaît la quantité d’eau d’absorp- tion et celle de l’humus, on la laisse refroidir , on la place dans un récipient de verre, dans lequel on verse trois livres d’eau de pluie ou de citerne, en agitant le tout avec une ba- guette de bois; s’il y a du sable , on le voit se précipiter peu-à-peu , et les terres les plus tenues restent suspendues dans le liquide ; on décante l’eau boueuse que l'on verse sur un filtre de papier sans colle ; on répète le même lavage pour bien séparer le sable de son mélange avec la terre. L'eau qui passe à travers le filtre, contient les sels qui ont été dissous, et dont on ne tient pas compte, ( 2c8 ) par les raisons susdites , et l’on.a sur le filire -la terre séparée du sable. On sèche le sable et on le pèse. On y verse peu-à-peu de l'acide du sel marin, et par l’effervescence on s’assure s’il est cal- caire. Ce que l’acide n’attaque pas est de la silice , qu’on lave, et qu’on fait sécher en la chauffant fortement dans un creuset , et on la pèse. La différence entre son poids et celui qu'avait le sable , indique la quantité de sable qui a été dissous. Si par contraire l'acide navait aucune action sur le sable, on aurait la preuve qu'il est entièrement siliceux. C'est avec le même acide que l’on analyse le gravier retiré du crible dans la première opération, et que l’on s'assure s’il est calcaire ou siliceux. | On verse ensuite du même acide affaibli dans deux fois son volume d’eau, et en poids double de celui de la terre sur le résidu ci- dessus séparé du sable, et on agite jusqu’à ce qu'il n y ait plus d’effervescence , ettout le carbonate de chaux se dissout avec le peu de maghésieet d’oxide de fer qu’il peut y avoir. On évapore à une douce chaleur la dissolu- tion jusqu'à consistance pâteuse , on délaye dans l’eau , on filtre , et l’alumine reste sur le filtre avec la silice. On lave ce résidu , on le sèche, et on le pèse , et la diminution du poids (209) poids , indique celui des terres calcaires et magnésiennes dissoutes par l'acide, Pour les séparer , on verse dans la disso- lution de l’eau de chaux claire tant qu'il s’y forme de précipité ; on le ramasse sur un filtre, on le lave, on le sèche, on le pèse ensuite, et l’on a la magnésie, Ce qui manque au poids précédent qui indiquait les terres dissoutes, fait connaître la terre calcaire. Le fer et le manganèse, s’il y en a, se précipitent avec la magnésie ; on les néplige par les mêmes raisons données , sauf à faire examiner le précipité par des chimistes de profession si on en est bien aise, Pour séparer de la silice l’alumine restée sur le filtre, on la fait sécher et on la pèse. On prend note du poids et on la place dans une fiole à médecine avec de l'acide sulfu- rique ( huile de vitriol de commerce), délayé dans quatre fois son poids d’eau, eten pro- portion un peu plus forte que celle du poids de la terre ; on met le tout en ébullition pendant deux à trois heures , l’alumine se dissout , et ce qui reste est de la silice que l’on lave et que l'on pèse après l'avoir dessé- chée ; son poids, défalqué de celui ci-dessus, désigne celui de l’alumine , dissoute par l'acide, On récapitule tous ces produits , en com- Q ( 210 ). mençant par le gravier et les fibres. végétales qe obtenues par le crible , et l’on doit avoir , à quelque différence près, le poids primitif es la terre analysée, parce qu’on a négligé les. sels et oxides métalliques, que la terre ne contient jamais qu'en petite quantité ; mais. cette analyse suffit pour les cas les plus Or- dinaires de la pratique agricole , où l’on est obligé d’y avoir recours, d’autant plus que. ce n’est jamais que par approximation que l'on peut amender les terres que l’on com- pare. Le sol agraire peut donc être divisé en trois grandes classes : la première est celle des sols siliceux des pays primitifs et de transi- tion ; La seconde, celle des so/s calcaires des pays secondaires et de nouvelle formation ; - La troisième, celle des so/s glaiseux ou arpileux, les plus répandus de tous, puis- qu’on les trouve dans les terrains de toutes les formations. Aussi observe-t-on que c’est le mélange de l'argile avec les terres calcaires et siliceuses , qui leur donne la consistance nécessaire pour être propres à la culture de la généralité des plantes. Ces trois grandes classes de terrains peu- vent être sous-divisés en plusieurs classes. secondaires , selon que le principe qui y do- / fair) mine est de l'argile, de la terre calcaire ou de la silice, ainsi l’on aura : PREMIÈRE SÉREE. 1.” Les terres argilo-calcaires , graveleu- ses, pierreuses , ou sabloneuses sans pierre ni cailloux ; elles sont plus ou moins grasses et compactes , absorbent plus ou moins lhu- midité, et s’endurcissent par la sécheresse, selon que l'argile y domine plus ou moins ; 2.0 Les terres argilo-siliceuses', ou terres fortes des sols siliceux : ce sont les plus pro- ductives, surtout quand on peut les amender avec la chaux, ou avec la marne calcaire; 3.° Les terres argilo--calcaÿ es siliceuses, ou terres fortes des sols calcaires: elles sont très-compactes , absorbent et retiennent for- tement l'humidité, l’engrais s’y conserve plus long-temps que dans les précédentes , mais la marne neleur convient pas. Ce sont les terres les plus fertiles pour les céréales’, lorsque les pluies ne les ‘mondent pas, et qu’il ne règne pas une trop forte sécheresse. SECONDE : SÉRIE. . 4° Les terres calcaires arsileuses: terres chaudes qui exigent beaucoup, d'engrais , parce qu’elles le consomment -précipitam-, O2 ( 212) ment. Si elles sont sabloneuses ou mélangées de gravier , elles sont plus légères et plus fertiles. Ce sont des espèces de marnes na- turelles. Elles sont très-multipliées dans le ci-devant pays de Provence ; 5.° Les terres calcaires siliceuses : celles- ci n’ont pas de corps , et sont en général peu fertiles. Les pluies en enlèvent tous les sucs nourriciers. L’engrais végétal leur con- vient le mieux. Les terres crayeuses sont de ce nombre; 6.° Les terres calcaires argileuses et silr- ceuses : ce sont des terres fortes, mais à un degré inférieur à celui des terres argilo-cal- caires siliceuses , à raison du calcaire qui y domine. Elles sont naturellementtrès-fertiles, mais elles consomment trop tôt les engrais. TROISIÈME SÉRIE. 7e Les terres silico - argileuses , des sols siliceux : elles sont peu. fertiles , à raison du sable qui s’y trouve. La chaux ou la marne, leur conviennent très-bien. Si elles contien- nent du gravier ou trop de sable , elles sont encore moins fertiles ; 8.o Les terres silico-calcaires, des sols secondaires : ce sont les plus ns M ‘On les cultive facilement. L'engrais n°ÿ duré pas. On les améliore avec de la plaise ; ; ( 213 } 9.° Enfin, /es terres silico-calcaires ar- gileuses, des mêmes sols , qui sont en général, chaudes et légères , et d’une excellente qua- lité ; maïs si l'argile y domine sur le calcaire, elles sont alors froides et moins légères. Elles conviennent à presque toutes les plantes. Il n’est aucune terre qu’on ne puisse ranger dans quelqu’une de ces classes ; et cette mé- thode de classement nous a paru simple, plus facile à comprendre, et par cette raison, préférable à celle qu'a proposée M. de Bar- bançois, dans les annales d'agriculture , tom. 2, année 1818. I ne ‘eufft pas de connaître ae des terres, leur nature particulière, et celle des terrains où elles dominent, il ne suffit pas de savoir les distinguer, les, unes des autres, de les analyser , et de les classer, suivant l’ordre de leur composition ; un agriculteur «doit encore examiner si.elles ont des pro- priétés particulières , capables d’influer dans Ja végétation, et quelles sont les qualités qui lesrendent plus ou moins propres à la culture. La question de l'influence des terres sur les plantes , est, selon M. Chaptal(1}), une des plus importantes et des plus difficiles à traiter. Nous allons essayer de la résoudre, nn (2) Chimie appliquée à l'Agriculture, eus vu les avantages qui peuvent en-résulter dans la pratique HÉREUIS La térre est à l'égard des pieds qui vésètent dans son sein, ce que sont l'air où l'eau pour l'existence et la vie des ‘ani- maux. Si l’on prive ces êtres organisés’ de l'élément dans lequel la nature lesa' pla- cés , où si l’on ‘substitue à cet élément’, les élémens plus Simplés ‘qui servent à le composer , dans l’un et l’autre cas , ils ne tardent pas a cesser de vivre, preuve ‘certaine ‘dé l'influence nécessaire de l'élément dans le- quel la nature les a fait naître. Tl'n’est donc “pas Surprenañt qué Tes’plantes ne puissént ‘vé- “géter ‘dans des tèrres “pures ; obténues” chi- “miquérent, puisqué Panaly sé ‘chimique dé-- ‘compose les'terres sur lesquelles elle-6père, etles met en un état de simplicité, entièrement Haies à celui où ‘la’ mature nous’ les offre. "C'est por avoir lassimilé les terres du sol cible avec ‘celles * que: l’on obtient par les ‘procédés ‘chimiques ; que de célèbres agro ‘noimes les ont repardét ées corime ‘étant dans ‘üne’inértié absolue dans l'acte de la végé- “tation ; ; incapables! de’foufnir aucun phncipe ‘fertilisant , et hé servant que de support aux «plantes ,; qui ne vivent; selon eux , que de Vair+-de-leau,-du Lt a-lumière, lioiie AU Le sua l ge 215 ) des différens gaz de l'atmosphèro , : € du carbone provenant de J’humus. Gette assertion , soutenue par Sr Davi, célèbre Chimiste anglais, s’est telle- ment accréditée et propagée , encore de nos jours, malgré Ja critique de M. Matthieu de Dombasle , qu'on ne saurait accumuler trop de faits pour la combattre, vu son influence dans la pratique de l'agriculture. Comment admettre que les terres soient dans ‘un état passif 2 à l'égard des plantes ; lorsqu'il est reconnu! que. même la matière brute,n est pas dans un état d'inertie absolu , et que dès l'instant qu elle s’ organise pour former les diverses matières employées au développement ‘des | gormes , ‘elle perd son inaction apparente pour concourir de manière où d’auire à leur accroissement. Quoiqu'il soit constaté que les terres obte- nues chimiquement sont infertiles , etqu elles ne peuvent devenir productives qu'autant qu'on les mélange avec du terreau, ou 4 on les arrose avec de l’eau de fumier , ‘ce n’est ‘point une raison pour régarder les tèrres “ordinaires telles que la nature nous les pré- ‘sente, abstraction faite’ du terreau, comme étant égalèment stériles , po les faits ‘nous prouvent le contraire. © Nous avons établi que les terres qni pré- ( 216 ) cédé l'existence des végétaux et des animaux, qui, par leur décomposition, forment l’humus ou terreau ; elles avaient donc toutes les qua- lités nécessaires à la végétation. ayant la for- mation de cet humus, auquel on attribue toute leur fertilité De nos s jours même on trouve des terres, rares à la vérité , qui sont naturellement MAS sans le secours des engrais ; il suffit, pour les bonifier, de renouveller leur, Re à l’air par des labours appropriés. Il y a donc d’autres causes indé- pendantes de lhumus qui peuvent également rendre les terres fertiles. F L'influence de. l'air ou des gaz de l’at- mosphère pour bonifier les terres par leur combinaison avec elles , est prouvée par beau- , de faits et d'observations : ® Par l'utilité bien reconnue des RE au le but est de diviser les terres ; de les rendre plus meubles , plus perméables , d'en mélanger les Focale. et de leur faire pré- senter plus de surface au contact de l'air qui se, fertilise ; 2, Par l'état de mort où de langueur qui survient aux semences, lorsqu'étant enfouies ‘trop profondément , elles sont privées des influences de l'air et, de la lumière; ; 3.° Par les avantages que l’on retire dans les plantations des arbres , à creuser ; au (217) préalable , les fosses qu’on leur destine, afin que les terres qui doivent les recevoir, puis- sent avoir le temps de s'améliorer en absor- bant les fluides aériformes ; 4.° Par la propriété qu’a l'argile de perdre sa ténacité , de s’émietter en se granulant par le gel et le dégel, et d'augmenter par là de volume et de fécondité ; 5.° Par la faculté qui lui fait absorber tous les gaz après avoir été fortement desséchée, et ensuite humectée ; 6.° Par la grande fertilité des terrains vol- caniques , lorsque les laves se sont décom- posées à l’air, et converties en argile, etc. etc. Tous ces faits , et beaucoup d’autres que l’on pourrait ajouter , démontrent cette in- fluence des principes gazeux de l’atmos- phère sur les terres, sans qu’on puisse néan- moins déterminer quelle est la nature de ces gaz , si c'est l’oxigène, le carbone ou l'azote, etc. , ni comment ils les pénètrent et se com- binent ayec elles pour les rendre propres à la végétation. Mais , en sait-on davantage , quant à l’in- fluence de la lumière et du calorique sur les feuilles des plantes, sur les fleurs et les fruits ? On sait, à n’en pouvoir douter , d’après des expériences authentiques, quesans lalumière, les feuilles ne pourraient décomposer l’acide- ( 218 ) carbonique de lair, pour s’en approprier le carbone dont la planté se nourrit, niex- pirer péndant le jour de l'oxigène , produit de cette .décomposition ; ; On Sait ébahiétit que C’est au concours de la lumière et de 1h éhäleur , que les fleurs et les fruité doi- vent leur couleur et'leur parfum : mais on ne saurait en donner aucune explication sa- tisfaisante ; fondée sur aucune théorie chi- mique : Eh ! combien de faits, en physique, comme en morale , qui, quoique certains et vrais, sont cependant inexplicables ? A la vérité, aucune expériencé directe ne prouve , à l'égard des terres, qu’elles influent dans la végétation au moyen des gaz qu ‘elles récélént , comme cela à lieu pour la lumière; : mais les preuves de cette influence gazeuse sont si mulipliées, ; qu’elles équivalent à une démonstration. On pourrait la comparer à celle des” saisons sur les’ récoltes : ‘il vaut mieux saison que Tabouraïson : dit Olivier de Serres : annus ructificat , non lerra, suivant un ancien proverbe. Tout le monde en convient , et cependant personne 1 ne e peut en donner la raison. Quoiqu’ il soit reconnu par les expériences de M. de Saussure , que les plantés prennent ‘plus de nourriture par leurs féuilles que par ‘léurs racines, on ne peut pas avancer du ü'ellés ( 219 ) puisent dans l'air tous les sucs nourriciers dont: elles ont besoin , puisqu'il est. égale- ment prouvé que les sucs fournis par la terre ne sont pas moins indispensables, et que sans eux les plantes ne végètent que momen- tanément et d’une manière incomplète, sans pouvoir se reproduire , comme cela arrive, par exemple , aux bulbes que l’on fait végéter dans l’eau ou que l’on plante dans des terres pures exemptes de tout mélange. Ainsi, parmi les principes quetles terres peuvent fournir aux plantes, certainement les: gaz jouent un rôle principal, et ce qui peut contribuer ‘à favoriser leur in- troduction dans les terres , c’est, la ténuité des molécules de celles-ci qui les dérobe à l'imperfection de nos sens , leur perméabilité qui leur fait remplir les fonctions de tubes ‘capillaires, etleur grandetendance à se com- biner entre elles ,'ou avec l’humus. -rdes térres , enteffet, dans! leur état naturel, ne sont ni pures ni saturées d'oxigène , au ‘point‘de ne pouvoir contracter ducüñe autre -combinäison ; comme!le pensait Humphry Davi , elles sont au contraire | mélangées et ‘combinées entre ‘elles d’une manière très- variée ; selon les localités, et l'expérience _ ‘fait voir que le sol agraire, vu la rareté de ‘la /magnésie, ‘étant essentiellement composé ( 220 ) deterres calcaires , argileuses ou siliceuses ; est d'autant plus fertile , que ces trois terres y sont mélangées dans les proportions les plus convenables pour produire la fertilité: de sorte que de deux champs bien labourés et bien fumés , celui ‘en bonne terre produira toujours plus que celui qui est dans un mauvais fonds ow dans un! térrain médiocre, d’où 'il paraît évident que les terres ,: par l'acte même de leur combinaison entre elles, acquièrent des RÉOPIr es bien opposées à l’état d’inaction qu’on veut -leur supposer. Les terres , ‘indépéndamment de leur mé- lange.et de leur combinaison entreelles ,:ne sont point toujours à l’état neutre combinées avec l’acide carbonique, ou saturées par l’oxi- tn ; la chaux, et la magnésie quand.elle s’y trouve; .y sont à l’état de sous-sel comme à d'état de carbonate neutre , let quelquefois à l’état dessilicate neutre , ou à. différens degrès de saturation , selon qu'elles se com- binent, ou avec l'acide carbonique, ou avec la silice. qui y. fait fonction d’acide. La:silice peut-également se combiner avec l’alumine, et former avec elle d’autres silicates. :.: Ainsi , tout nous prouve que les terres sont susceptibles de former des combinai- sons variées , et principalement aveciles -gaz de l’atmosphère , comme ayec ceux. qui se ({2bas) dégagent de la décomposition des engrais. S'il pouvait encore y avoir du doute à cet égard, d’autres preuves ; acheveront de détruire cette prétendue inertie des terres que l’on voudrait faire admettre. En effet, les terres entrent dans la com- position des végétaux comme terres ; elles y entrent aussi mélangées ou combinées à l’état de sels avec les substances salines et métalliques que l’on y découvre en les ana- lysant , et elles ont de plus la propriété de rendre l’humus soluble par l'humidité qu’elles renferment, en enlevant l’oxigène à l’engrais, pour mettre à nud son carbone, qui devient alors susceptible de pénétrer par les filières du chevelu des racines. C’est ce qu'une expé- rience journalière fait voir dans les pays où l’on est dans l’usage de marner les terres et d'employer la chaux vive pour engrais. . La marne et le carbonate de chaux em- ployés pour amender les terres , exercent, indépendamment de leur action mécanique, une action chimique sur l’humus, qui, peu- à-peu se consume et s’épuise pour augmenter la fertilité du sol, ce qui oblige à renou- veller plus souvent les engrais qui le four- nissent. Cet effet est encore plus sensible avec la chaux vive , parce que n'étant pas neutralisée , elle agit plus promptement et (É2220) d’üne ‘manière plus efficace. Dans le même temps que ces effets se produisent , la chaux comme la marne et le carbonate. de chaux, perdent de leur énergie , s’épuisent | égale- ment par suite de leur décomposition; une partie est absorbée comme terre , et plutôt ou plus tard, selon le plus ou moins de temps qu'ils ‘employent à produire ces résultats, on est obligé de renouveller ces sortes de: marnages, pour continuer à jouir des avan- tages qu’ils procurent. La nécessité d’y avoir recours se manifeste , lorsque l’on s'aperçoit que les récoltes baissent sans que l’on di- minue la dose de l’engrais. Nous nous ré- servons d’en parler plus ER ES 4e à l’article des amendemens. Toutes les terres peuvent être ainsi absor-: bées en petite quantité : leur présence est démontrée par l'analyse de la séve et des cendres , que l’on obtient des: plantes 4 après les avoir incinérées. Gette absorp- tion de la térre et de l’humus qui s'opère à notre insçu ; sans que l’on puisse la révoquer en doute, est encore prouvée d’une manière en quelque sorte visible dans les vases où l’on fait végéter des plantes avec de ‘la terre mélangée de terreau “On y. aperçoit bientôt un chevelu qui entoure la. terre du vase, qui s’alonge peu-à-peu ; et \ ( 223) devient de plus en plus touffu ,,et qui finit, à la longue, par s ‘accroître à un tel point, qu il prend la place que la terre et le terreau occupaient avant sa formation. Ce fait, que chacun peut observer, vient d’être reconnu comme preuve certaine de l'absorption dont il s’agit , par une expérience toute récente que vient de faire un agriculteur de Bordeaux : M. Reynier a mêlé du sable très-fin dans un vase avec du terreau , et il y a semé une pomme de terre qu’il a eu soin d’arroser. Le sable et le terreau ont fini par disparaître, et les tubercules ont occupé toute la capacité du vase. Il est donc bien reconnu que les terres influent de plusieurs manières dans la végé- tation , soit par les gaz qu'elles fournissent, soit en entrant comme terre dans la com- position des végétaux , et par la propriété qu'elles ont de rendre l’'humus soluble à l’aide de l'humidité qu’elles contiennent. Mais avant d'examiner de quelle manière cette in- fluence s'opère , nous croyons devoir faire observer , quant à la présence des terres dans les plantes , que l’alumine est celle qui s’y rencontre le plus rarement, et en moindre quantité , quoiqu’elle soit la plus répandue, et qu'elle se trouve dans les terrains de toutes les formations : si l’on considère que cette ( 224) terre , par sa faculté d’adhérer à la langue, et dé se contracter , est la plus hygroscopique de toutes les terres , c’est-à-dire, qu’elle a la propriété d’absorber et de retenir l'humidité sans laquelle il ne saurait y avoir de végé- tation ; si l’on considère qu’elle bonifie tous les terrains, pourvu qu’elle n’y soit pas en trop forte proportion , et qu'elle ménage la consommation de l’engrais , sans diminuer pour cela la fertilité du'’sol ; quand on se rappelle toutes ses autres propriétés déjà men-- tionnées , on doit en conclure que cette terre mérite d’être distinguée des autres par ses prérogatives , et que son principal rôle doit moins consister à faire partie , comme terre, de [a substance des végétaux, qu’à leur fournir les principes gazeux dont on a parlé, avec lesquels elle a plus de tendance à la combi- naison que les autres terres. Voyons à présent comment s’accomplit cette influence des terres que nous avons reconnue. Nous disons que c’est dans le point de contact des terres avec les extrémités des racines et des filières de leur chevelu, que cette influence à lieu , parce que c’est à ce point , que la force de succion des racines lutte contre celle de la cohésion des molécules de ( 225 ) de la terre, et que c’est alors que les élé- mens nutritifs qui s’en dégagent , changent de nature par leur réaction réciproque, où se modifient avant d'entrer en combinaison pour devenir solubles , et composer la séve dont elles sont le véhicule. - Ge nouveau mode de nutrition des plantes, par le concours de la terre avec les racines, . n'avait pu être encore observé , parce que les terres étant considérées comme purement passives dans la végétation, et ne servant que de simples supports aux plantes, on ne pouvaitavoir égard qu’à la force d'absorption des racines pour expliquer le mécanisme dont il s’agit. :! Ce mécanisme de nutrition devant s'éxé- cutèren même temps que celui qui s'opère par les feuilles , d’après les lois de structure qui font correspondre les feuilles. avec le chevelu , et les tiges avec les grosses racines ) il est nécessaire de le développer dans tout son jour , pour parvenir à connaître en quoi consiste cette correspondance; comment elle s'exécute. par l'intermédiaire de la séve ; et quelles sont les causes qui peuvent y mettre obstacle : ce qui nous oblige, pour l’envisager . Sous tous ses rapports , de remonter aux premiers principes de la physiologie végétale, FE ( 226.) seuls capables d’en faire comprendre l’appli- cation. ; cta re Chaque graine renferme dans ses lobes le fœtus ou embryon végétal qui doit se dé- velopper par une racine qui en sort la pre- mière, et par une tige qui la suit immé- diatement. Cette racine ou radicule , quelle que soit la position de la graine , se dirige toujours perpendiculairement de haut en bas dans la terre, tandis que la tige ou plumule s'élève de: bas en haut dans l'atmosphère, en ‘suivant la même direction. On appelle coller de la plante le point d'intersection dans les lobes , où la racine commence, et. où la Hge finit. ätarsà [Ii On voit par cette direction constante dè la tige et de la racine , que: celle-ci ‘est ‘destinée à vivre dans dla terre , comme celle-là dans l'air de l'atmosphère , ‘pour y puiser chacune en particulier , la nourriture qui: si ‘néces- saire à la plante. JOEL. ès Cet ordre de choses peut. ne être interverti, puisque, suivant. les expériences de Duhamel, on peut; des tiges , en faire naître les racines , et réciproquement des racines , les tiges, en changeant la disposi- tion naturelle de certain végétal , et en le plan- tant renversé sans dessus-dessous.) Cette ex- périence , plutôt curieuse qu’utile en agricul- (227) ture, a l'avantage de nous montrer qu'il doit y avoir entre les feuilles et le chevelu , des rapports de structure et d'organisation , qu'il est très-important de connaître. Ces rapports existent en effet, comme nous allons le démontrer. Ghaque plante. est re- couverte par un tissu cellulaire herbacé qui en forme l'écorce; on distingue dans celle des arbres dicotylédons , l’épiderme , les couches corticales , et le diber. Les mailles les plus extérieures de.ce tissu, forment cette membrane derni transparente qu’on appelle épiderme ; sous cetté enveloppe sont placées les couches corticales plus. épais- ses, dont les plus voisines de l’aubier pren- nent le nom de Zber) à cause qu’elles sont arrangées , comme des -feuillets d’un livre : l’aubier est cette première couche ligneuse, distincte du liber, qui; peu à peu, s'endurcit et se convertit en véritable bois. Il résulte de cette description , que le liber est un tissu herbacé qui fait partie de l'écorce sous laquelle il est immédiatement placé ; qui touche à l’aubier sans en faire partie; et qui par conséquent ne se convertit pas en aubier , comme on pourrait le croire. L'on peut voir dans la Physiologie végétale de Myrbel, de quelle manière le liber et l’aubier se renouvellent au moyen du cam- P 2 ( 228 ) bium de Duhamel, substance mucilagineuse de la consistance du blanc d'œuf, produite par une séve très-élaborée , qui suinte des parois du liber et de l’aubier , et qui se change insensiblement en aubier et en liber, en for- mant un tissu organisé pour chacun d’eux,. qui se continue avec l’ancien ; ce qui arrive à deux époques différentes de l’année , au printemps et en automne ; de sorte qu’après chaque séve de printemps et d'automne, un nouveau liber se forme, ainsi qu’un nouvel aubier. Celui-ci remplace le précédent qui se change en bois, et celui-là Pancien liber qui devient alors couche coïticale. L'arbre , à ces époques , grossit par les nouveaux feuillets du liber et de l’aubier qui y forment des couches circulaires et concen- triques , et l’écorce se prête à cette augmen- tation de volume, parcé que les mailles de son tissu s’élargissent en même temps, tandis que l’épiderme qui ne peut prendre de l’ac- croissement , se fend et se déchire. Dans les arbres monocotylédons, comme Jes palmiers et autres qui n’ont pas une écorce distincte du reste du tissu végétal, Le cambium se dépose autour des filets ligneux pour accroître leur pourtoùr , et il alonge leurs branches et leurs racines en se portant à leurs extrémités : on n’y voit pas des cou- ( 229 ) ches concentriques , ni le canal médullaire avec ses prolongemens , que l’on voit au centre des arbres dicotylédons ; la moelle y est disséminée dans toutes les parties de la tige et de la racine. Dans les plantes annuelles, il est clair que le liber ne se renouvelle pas, puisque chaque année il cesse de végéter , se fane, et meurt avec la plante. Or, les feuilles et le chevelu, sont des expansions ou prolongemens du liber , d’où il résulte que leur structure est la même. La nature a doué les appendices du liber d’une force de succion dépendante de leur principe de vie qui leur fait absorber, de l'air, de l’eau et de la terre , les principes dont les plantes ont besoin pour se nourrir, de ma- nière que les feuilles et le chevelu deviennent par là les organes de la nutrition par l’inter- médiaire du liber. Voilà pourquoi la nature a fait développer le liber de la tige en surfaces applaties, pour former les feuilles par la di- vision de ses fibres , avec leurs nérvures ou côtes , leur queue ou pétiole , et le paren- chyme qu'on y observe, afin de leur donner plus de surface aérienne propre à puiser dans l’air les principes dont il s’agit, tandis que le liber des racines se développe à son tour , pour former le cheyelu qui s'alonge ( 230 ) en forme de tuyaux ou de filières extrême- ment déliées et multipliées, afin d'augmenter le nombre de leurs ouvertures capillaires et inhalantes destinées à extraire du sein de la terre, ces mêmes principes. Cette propriété absorbante , ou cette force de succion et d’aspiration des feuilles et du chevelu, est bien également commune au liber de la tige, comme à celui des racines, mais on conçoit que l'absorption du liber eût été insuffisante pour nourrir les plantes sans le secours des feuilles et du chevelu qui ont été organisés spécialement pour cet objet. Ce- “pendant, on doit regarder le liber comme Vorgane le plus important dans la végétation, parce qu’indépendamment de cette propriété dont il jouit, il est en même temps l’organe de la séve qui sert de véhicule à tous les sucs nourriciers , sans laquelle aucun organe ne pourrait exécuter ses fonctions (1). Les feuilles et le chevelu ont donc des fonctions analogues à remplir. D'où il suit que la ‘terre est , à l'égard du chevelu , ce qu'est l'air à l'égard des feuilles. Ainsi, la (a) Ce qui prouve que la force de suçcion se fait par-le liber , c'est que la séve monte dans une plante privée de feuilles , de boutons et de racines, et non dans un branche absolument privée d'écorce, (5252 ) séve qui renferme tous les sucs nourriciers;, les distribue au moyen du liber dans toutes: les parties de la plante, après avoir reçu dans: les feuilles et le chevelu , les élaborations convenables , et ayant de pénétrer dans les vaisseaux ligneux de l’aubier. Quant aux plantes sans cotylédons comme les lichens, qui n’ont point de racines proprement dites, leur organisation y supplée : elles ont des suçoirs en. forme d’entonnoirs dont les lèvres s'appliquent aux pierres comme aux végé- taux, pour en aspirer un suc nourricier ; en même temps qu’elles en soutirent de l'air par leurs pores absorbans. Pour compléter les preuves que nous avons données sur le mécanisme de la nutrition du chevelu , il nous reste à examiner de quélle manière la séve circule ; quelle est la correspondance qui s'établit par son moyen entre les feuilles et le chevelu ; quelles sont les règles à suivre pour maintenir cette cor- respondance dans son intégrité , lors des se- mis et plantations ; enfin, ce que l’on sait au sujet des élaborations qu’elle éprouve dans le tissu des feuilles, et quelles sont celles qui s’opèrent dans le chevelu avec le concours des terres. ‘De quelque manière que la séve circule, ‘que ce soit par l'effet d’une contractilité (232) organique ; ou par l'effet d’une cause pure- ment physique provenant de l'attraction des tubes capillaires , du vide produit par la transpiration des plantes, ou de la dilatation et dégagement de l’air qu’elles contiennent, comme le pense M. Myrbel, il est certain qu'elle monte et qu'elle descend par un mé- canisme sur lequel on n'est point encore d'accord. On la voit, en effet, s'élever au printemps, vers les feuilles , pour y recevoir alors des élaborations propres à la reproduc- tion des fleurs et des fruits , et descendre ensuite en août, vers les racines qui s’en nourrissent et lui servent de réservoir pen- dant l'hiver. : Dans cette saison, la végétation extérieure est suspendue par défaut de chaleur suffi- sante ; le principe de vie qui n'existe plus dans les feuilles, et qui est sans action dans les tiges , se porte vers les racines où la terre conserve une chaleur supérieure à celle de l'atmosphère, et suffisante pour y entretenir le mouvement organique , et c’est alors que la nutrition s'opère dans les racines par la séve ‘ qui y abonde. On les voit en effet grossir et croître, se-fortifier et alonger leur chevelu, pour aller chercher leur nourriture et se dis- poser ainsi à faire pousser la tige avec plus de vigueur lorsque la chaleur du printemps Û (233 ) exercera sonaction. On vérifie ce faitlorsqu’on cèpe dans une pépinière les tiges des jeunes plants qui ont quelques années de pousse ; là tige qui vient l’année suivante, se déve- loppe avec tant d'énergie, qu'elle acquiert une hauteur et une grosseur remarquables, comparées à celles des plants non recepés, que n’en auraient acquises celles qui existaient avant qu’on les recepät. La structure des racines favorise la pro- priété qu’elles ont de servir de réceptacle à la séve. La matière ligneuse et la moelle y abondent moins que dans les tiges ; leur tissu ligneux y est plus filamenteux et moins compacte ; et le réseau qui est au centre, étant plus lâche et plus susceptible d’être dilaté , leur permet de servir de réservoir ou de récipient à la séve, pendant l'hiver. Pour que la séve puisse circuler librement et s'élever des racines dans les tiges, et ré- ciproquement descendre des tiges dans les racines , il faut que la plante soit placée de manière à pouvoir exercer sa force de suc- , douce et agréable. L'arbre est vigoureux dans ses pousses, quoiqu'il ait l'apparence d'être grèle en le comparant à l'amandier Grosse verte. Jl mn'étale point aussi bien ses branches. Sa tête ressemble un peu à un buisson , tant les bourgeons à fleurs se multiplient et s'éten- dent en tout sens. Sa fleuraison n’a lieu que quinze jours après celle de la Grosse verte. Je-ne ,crois pas qu'il soit possible de trouver une espèce d'amandier plus tardif. Il arrive souvent que dans les années où le froid se prolonge, les fleurs de cet arbre ne s'ouvrent qu'à la fia d'avril et presque au mois de mai. C'est ce qui a eu lieu dans nos plantations en 1823. Les amandiers Grosses vertes , avaient déjà des fruits assez gros, tandis que les Perrtes vertes n'avaient nointencore épanoui leurs Heurs..…. Je ne puis donner l’époque fixe de la fleu- raison de ces amandiersque par comparaison. Un hiver doux hîtera leur végétation; un hiver froid et brumeux la retardera de beau- coup. Ainsi, le retard est toujours relatifà la végétation précoce des autres espèces ; A D mais d’après l'observation que j'en ai faite et qu'en font tous les ans les propriétaires de la commune de Saint - Cannat , l'a- mandier Grosse verte ne donne ses fleurs que quinze jours au moins après les autres variétés , comme les Pistachiers, les à Flots les Abeylans , les Races , les Demi-Fines, etc. , et l’amandier Perite verte ne fleurit encore que quinze jours après la Grosse verte, c'est-à-dire , ‘un mois plus tard que toutes les autres espèces. Il est inutile de faire remarquer combien ce retard est à l'avantage de l'agriculteur. Sa récolte est presque assurée. Il n’a à craindre que ces froids si tardifs , calamités publiques, qui heureusement pour notre pays ne sont pas de toutes les années... | Le moment de la maturité des fruits de nos deux espèces d'amandiers est, pour la première, à la fin de l'été, dans le courant et vers les derniers jours de septembre ; et pour la seconde, au commencement de l’au- tomne. Au reste , la maturité dépend encore d’une autre cause. Si l'atmosphère a été ra- fraichie ‘par quelques pluies , le brou de l’'amandier S’ouvre plutôt, et livre le fruit au propriétaire qui doit être attentif à ne pas le cueillir ‘avant cet instant , afin de l'avoir meilleur , d’une plus belle apparence, ( 329 ) et d’une vente plus facile. Cependant cette précaution n’est bonne que pour les amandes à coquille dure. Les autres, comme les prs- saches , doivent être cueillies avant que le brou soit trop mûr. TR — ——* ( 350 ) NOTICE Sur Rambaud de Vacqueiras , Troubadour. Par M. D'ARLATAN DE LAURIS. L, commune de Vacqueiras a été la patrie d'un Troubadour du douzième siècle. Le nom seul de Troubadour rappelle des idées de galanterie; et l’épithète de gentils que l'usage leur a donné, désigne assez l'opinion qu'ils ont acquise. Ils étaient poëtes , ils étaient amoureux ; leur occupation était de chanter leur bonheur ou leurs tourmens. Heureux le siècle où c'était là le plus grand intérêt des cours comme des hameaux ! Rambaud , que les historiens surnomment de Vacqueiras ou deVachères, dans la prin- cipauté d Orange, est ce Troubadour; il était fils d’un chevalier nommé Peirols , seigneur de cette Commune; il y naquit vers l’an 1160; il avait peu de fortune, mais il fut ambitieux d'en acquérir. (55 ) Il s’attacha d’abord à Guillaume de Baux, premier prince d'Orange, et dont il était le sujet; il passa ensuite en Italie auprès de Boniface, marquis de Montferrat. Dans l’une et l’autre cour il s’adonna à la poésie et à l’art de la guerre avec un égal succès, tellement que Boniface en fit son frère d'armes et le combla de faveurs. Béatrix, sœur du marquis , inspira à notre Troubadour la plus vive passion et devint l'unique sujet de ses chants; illa désignait sous le nom de Bel Cavalier, parce qu'un. jour il l'avait aperçue, une épée en main, s’essayant à espadonner à l'instar d’un che- valier ; a prudence ou sa timidité n’employa même pendant long-temps que cette expres- sion mystérieuse pour indiquer l’objet de ses vœux. -: En fut-il payé de retour? On doit toujours respecter un tel secret; mous dirons seu- lement , qüe Rambaud raconte lui-même qu'ayant. déclaré sa flamme à Béatrix , elle lui répondit: « Soyez le bien venu et le bien trouvé, » tâchez de plus en plus, de valoir , de bien » faire, et dubien dire ; si jamais vous avez » été gai et amoureux, vous devez faire de » nouveaux efforts pour l'être davantage. » Elle l'accepta ainsi pour son chevalier ; ( 332 ) les naïfs entretiens d'amour de ce temps-là valaient bien les déclarations de nos jours. Mais Beatrix fut inconstante ; les femmes d'alors aimaient ‘aussi le changement ; la douleur de Rambäaud fut: si vive qu'il paraît que sa raison en fut altérée , et que le bon sens , ainsi que le bonheur, n’existèrent de nouveau chez lui que lorsque le marquis de Montferrat eût engagé sa sœur « pour l’amour » de lui et de toute la compagnie, (‘ainsi » que le rapporte un historien ), à prier » Rambaud dese réjouir et de chanter comme il faisait auparavant: » ÿ On peut à ce sujet remarquer ‘encore ; combien nos mœurs sont éloignées de celles de l’époque où les intrigues d’amour se trai- taient de cette manière, «+ Rambaud suivit le marquis de Montferrat à la croisade dont ce prince fut nommé le chef , sous le pontificat d’Innocent zx ; il partagea la gloire et les conquêtes de son protecteur qui l’enrichit de propriétés impor- tantes dans les royaumes de Salonique et de ‘île de Candie. | Le marquis de Montferrat mourut après cette guerre; il paraîtque Vacqueiras ne lui survécut pas long-temps , et qu'il finit sa vie vers 1226, dans un âge peu avancé, Les ouvrages , assez nombreux , de ce (4333)) Troubadour ont une teinte de singularité intéressante à connaître , parce qu’elle dé- peint sans doute son caractère et ses sen- timens. à Entreprend-t-il de raconter les faits d’un tournois ? il débute ainsi: « Je vous dirai sans façon qui se comporta » le mieux; car personne ne farde ou ne » déguise moins que moi un mauvais pro- » cédé en chevalerie comme en galanterie. » Adresse-t-il des couplets à sa maîtresse ? le refrain en est cette phrase d’une délicatesse charmante : « Je n'ai jamais fait que vous aimer, vous » désirer et vous craindre, » Il lui écrivait aussi au moment de son départ pour la Palestine, et hésitant encore: «Je ne sais si pour vous je prendrai ou » quitterai la croix ; car vous me plaisez » tant quand je vous vois , et je suis si » affligé quand je ne vous vois pas ! » Eloigné d'elle , il disait dans ses vers: « Que me servent mes conquêtes, mes » richesses et ma gloire? Je m'estimais » bien plus heureux lorsqu'amant fidèle » j'étais aimé. » Il avait dit dans un autre temps : « Qu'on ne me condamne point de m'é- ( 554 ) » loigner pour elle d'Orange et de Vacquei- 2 ras. » C'était ainsi que l’absence de sa pairie devenait le plus grand sacrifice de son cœur. Il avait pour devise à son armure et à ses poésies, ces trois mots qui remplissent , il me semble , tous les sentimens, « Honneur, amour, piété. » Mais lorsque sa muse eut à soupirer sa peine sur l’inconstance de Béatrix, ce fut encore avec des traits singuliers ; il composa une romance en ciuq langues , « par le motif, » disait-il, que sa dame ayant changé d’opi- » nion, il changeait aussi de langage ; » la dernière stance était même un mélange confus qui exprimait ainsi l’état de son cœur. Ces divers extraits des ouvrages de Ram- baud prouvent une aimable originalité dans l'esprit , mais surtout de la simplicité et de la franchise dans le caractère ; ces sentimens sont toujours ceux d’un cœur sensible et loyal, et les Troubadours les professaient plus particulièrement. De tels chevaliers , de tels poëtes devaient en effet plaire , séduire, et immortaliser leur siècle. Il exista un autre Rambaud également Troubadour, mais il était d'Orange , fils d'un comte de cette Principauté. Il aïma la ( 335 ) Comtesse de Die, célèbre elle-même par ses vers, et mourut à Courthéson ; on ne peut donc le confondre avec Rambaud de Vacqueiras. Pétrarque , dans le quatrième chapitre de ses Triomphes d'Amour, parle de l’un et de l’autre Rambaud en ces termes: « E quei che fur conquisi con piu guerra, » To dico l’uno e l’altro Raimbaldo, » Che cantar pur Beatrice in Monferato. » Il distingue ainsi davantage le Rambaud, amant de Béatrix. Crescimbeni, Rédi et Tassoni, l'ont éga- lement mentionné avec éloges dans leurs ouvrages. Son existence fut donc aussi célébrée par les auteurs contemporains, qu’elle est encore aujourd'hui un titre de gloire pour sa patrie et d'intérêt pour les littérateurs. ( 336 ) APERCU Sur l’état actuel des Lettres. * Par M. De MoNTMEyAN. LP écrivain célèbre a dit, que la Littérature était l'expression de la société , et plus on étudie en même temps l'histoire des lettres et celle des mœurs et des institutions sociales, et mieux on s'assure de la justesse de ce principe. Pour bien déterminer l’état actuel de notre littérature , pour saisir, sije puis m'ex- primer ainsi, sa physionomie, pour faire voir en quoi son caractère diffère de celui qu’elle eut à d’autres époques mémorables où les lettres ont brillé d’un grand éclat , il est donc nécessaire de montrer le chan- gement que nos mœurs et nos institutions ont subi Un si vaste sujet , traité avec tous les développemens qu'il exige , de- manderait un temps beaucoup plus considé- * Cet apercu, lu dans la Séance publique de 1827, n'est que le résumé même incomplet d'un ouvrage beaucoup plus étendu auquel l’auteur travaille, et qui est presque achevé, (339 ) rable que celui qui m'est accordé. Je serai réduit à ne présenter mes idées que d’une manière très-incomplète. La sagacité de mon auditoire suppléera à tout ce qu’un cadre aussi étroit doit nécessairement laisser à désirer. Mon projet n’est point d'établir de rappro- chement entre les siècles mémorables de Péri: clés, d’Auguste, de Léon x, etl’époqueactuelle. Ce rapprochement qui pourrait avoir son inté- rêtet son utilité , me forcerait à entrer dans de trop grands détails. Le siècle de Louis xrv, le dix - huitième siècle , le siècle présent , tels seront mes trois objets de comparaison. C’est un spectacle vraiment digne d’admi- ration que celui que nous présente ce beau règne où une foule de grands hommes égale- ment remarquables dans des genres différens , vinrent, pour ainsi dire, orner les degrés d'un trône où siégeait un monarque , qu'ils s’accordèrent à regarder comme plus grand qu'eux tous. Tandis que les Turenne , les Condé et leurs illustres disciples étendaient au loin la gloire du nom français par l’éclat de leurs victoires et la sagesse de leurs com- binaisons militaires ; tandis que d’illustres magistrats, d’habiles négociateurs, par la pro- fondeur de leurs vues, par la noblesse de Jeur conduite prêtaient un nouvel appui à ce trône entouré de. lauriers ; de grands poëtes, de grands orateurs rappellaient par leurs talens les nlne illustres écrivains de Y ( 338 ) la Grèce et de Rome. Grâcés au génie des Corneille et des Racine , la France, dans le genre (tragique , eut ses Sophocle.et ses Euripide. Molière nous rendit Ménandre , et La Fontaine orna le simple apologue d’une foule de beautés inconnues avant lui. L’élo- quence sacrée , la seule qui ait été portée à un haut degré dans ce siècle, nous présente dans Bourdaloüe , dans Bossuet , et dans Massillon , de dignes rivaux des Cicéron.et des Démosthène. Doué d’un esprit hardi, d'un génie original et profond , Descartes secoua les chaînes dont l'intelligence semblait garrotée depuis dix siècles ,etne reconnaissant dans les matières philosophiques d'autre au- torité que la raison , d’autre règle que l’évi- dence , malgré les erreurs où son esprit trop systématique l’entraîna , il n’en mérite pas moins d’être compté parmi ce petit nombre d’hommes d’après lesquels pense le genre humain. Quel est cet homme prodigieux dont tous les pas sur la terre sont marqués par quelque découverte » qui semble n’exister que RE penser , ne penser que pour dé- couvrir; doué du génie du style comme de celui de la méditation, il fixe les règles de notre langue , prend tous les tons de l’élo- quence , et sur la fin de sa rapide car- rière, après avoir parcouru le “cercle entier . (339 ) des connaissances humaines , malgré les souf- frances continuelles d’un corps qui succombe sous le poids d’un si haut génie, il nous laïsse dans quelques fragmens, expression rapide de ses pensées , l'ouvrage le plus étonnant peut-être qui soit sorti de la main des hommes. À ces traits, qui ne reconnaîtrait le fameux Pascal, génie unique , véritable phénomène dans les annales des sciences et de l’élo- quence ? Disciple de Descartes , et pourtant esprit original , Malebranche s'enfonce dans toutes les profondeurs de la métaphysique et l’orne de tous les trésors d’une imagination riche et brillante. Nul homme ne posséda à un plus haut degré de cet esprit d’obser- vation intérieure, bien plus rare et bien plus difficile que celui qui s'applique au monde sensible. Nul homme n'eut plus que ce grand philosophe le talent de former de ses idées une longue chaîne où tout se tient, et si malgré la force de son esprit et cette pro- fondeur de réflexion, il tomba dans quelques erreurs, ces erreurs même eurent un Carac- tère particulier de grandeur et de sublimité. Au milieu de tant de grands hommes mar- che cet illustre prélat qui par le seul ascendant de son génie est pendant trente ans le dic- tateur de l'Église de France , et qui même dans les choses profanes semble avoir ur Ya ( 340 ) rang a part. Je ne parlerai ni de ses vic- toires sur l’hérésie , ni de ce tableau rapide et sublime des annales du monde , ni de tant d’autres productions où son talent se montre dans toute sa force; qu'il me soit permis seulement dans cette esquisse rapide , de m’arrêter un moment sur ses triomphes dans la chaire évangélique. Qu'on se représente Bossuet devant le cercueil du grand Condé dont il fut l’ami, poussant à bout la gloire des conquérans , anéantissant toute grandeur humaine devant des grandeurs d’un autre ordre , et après avoir fait l'éloge le plus magnifique du Héros de la France , venant mêler ses regrets à ceux de tant de guerriers célèbres , de tant de personnages illustres, et laissant entrevoir sa fin prochaine. Quelle impression ne dût pas faire un tel tableau ? Un Condé dans la tombe , un Bossuet près d'y descendre , qu'est-ce qui pouvait mieux prouver le néant de la gloire? C’est à cette même époque de grandeur que se rattachent et ce Fénélon qui dans son Télémaque a su fondre ensemble Homère, Platon et Sophocle; qui dans son traité de l'existence de Dieu, s’est élevé si haut en métaphysique , et a parlé de la Divinité aussi admirablement que St. Augustin et Clarke , et de quile nom rappelle tous les talents comme toutes les ( 341) vertus; et cet illustre Domat dont l'esprit pro- fond , clair etméthodique simplifia l'étude de la jurisprudence dans un ouvrage immortel qu'aucun changement dans la législation ne fera jamais oublier ; et cet universel Dagues- seau, non moins versé dans l'étude de la philosophie que dans celle des lois , capable de discuter une question mathématique avec les premiers géomètres de l’europe , comme une ‘question littéraire , avec Boileau et Racine , et qui sera le modèle éternel de la magistrature. Qui n'eût promis alors à la France des siècles de grandeur et de gloire ? Mais 6 prodige ! à peine un grand monarque est-_ ‘il descendu dans la tombe, que tout semble prendre une face nouvelle ; la Religion perd de son. empire sur les esprits, les mœurs n’ont plus de frein et l’autorité plus de force. Quelles furent les causes d’un changement si imprévu, si prompt, si extraordinaire ? Osons le dire ; sans craindre de compro- mettre la gloire de Louis xrv , il faut bien qu'à cette époque même des causes puis- santes quoique d’abord inaperçues , eussent agi sur les esprits, pour qu'une révolu- tion si subite püût s’opérer dans les mœurs et: dans les opinions. Ce serait la matière d’un travail étendu et difficile de signaler ces ( 54€ ) causes. Tout ce que je puis faire-en ce mo- ment c'est d'en indiquer quelques-unes. Prenant en main les rênes del’autorité:im- médiatement après les troubles de la fronde, Louis xrv fut peut-être trop frappé de la crainte de voir la, résistance. des différens corps de l'état dégénérer en:guerre-civile: Il appartenait à un grand monarque comme lui de s'en fier à l’ascendant de:son-carac: tère, à l’attachement des Français pour leur roi, et de ne pas redouter ces luttes utiles quand elles sont renfermées dans de justes ‘bornes , en cé qu’elles parviennent:sinon à prévenir entièrement , du moins à diminuer les écarts de l'autorité. Mais Louis xivrse laissa dominer par des idées contraires ; aussi le droit d'enregistrement des : Cours- souve- raines fut-il réduit ; sous son règne ,:à une espèce de formalité ; et le mot d’États géné raux ne fut pas même prononcé. Le courà- geux Fénélon est le seul'qui: dans unmémoire curieux ait osé appeler l'attention du gouvet- nement sur cette antique institution dela France: Que résulta-t-il de cette direction donnée aux esprits ? C’est que les uns, et ce fut le plus grand nombre, restèrent étran- gers à toutes les théories politiques, ce qui les rendit faibles au jour du combat, et que les autres nourrirent dans le secret, contre (343) l'autorité, un levain d'indépendance et de rébellion. L’instruction de la jeunesse , trop exclusivement dirigée peut-être vers l'étude de l'antiquité, püût contribuer aussi à cette explosion d'idées anti - monarchiques qui eut lieu vers la fn du siècle suivant. Si de la politique nous passons à la Reli- gion, peut-être que des rigueurs indiscrètes donnant trop d'éclat à de malheureuses que- relles , affaiblirent l'esprit de religion chez des hommes frivoles ou peu instruits, et à qui quelques abus font méconnaître l'avantage des meilleures institutions. On peut regarder comme un grand malheur pour l’église ‘et pour la société cette longue lutte de Port- royal contre l'autorité religieuse , lutte ou le talent, il faut l’avouer , fut du côté de cette savante école (*) , et qui entretenant un malheureux esprit de discorde, vint fournir des armes à l’irréligion. Dans les questions fondamentales de la philosophie , quoique les grands écrivains du (siècle de Louis xiv se fussent élevés trèshaut , ils n'avaient pu _ (*) En reconnaissant que le talent fut du côté de Port-royal, je suis loin de vouloir approuver ses doc- trines qui ont fait plus de mal qu'on ne le croit com- munémént, mais jene puis m'empêcher d'admirer les Grands Hommes qu’elle a produits. (344) manquer de se tromper sur plusieurs points. Ces discussions suivies, ces: chocs prolongés de doctrines qui finissent par jeter un si grand jour sur la vérité ou la fausseté desiprin- cipes qu'on examine, ne pouvaient étre: le partage d’un siècle qui avait tout créé. :Il lui manquait en un mot, l'expérience utile de tant d’incertitudes , de tant de contradic- tions, de tant d'erreurs, et telle est la faiblesse de l'esprit humain, qu’il n’apprend presque ja- mais rien qu'après s'être long-temps trompé. Quoiqu'il en soit de ces causes, l’effet ne fut que trop certain, et l’on vit les esprits en France prendre une direction opposée: à celle qui avait régné jusqu’à la fin d’un siècle unique peut-être dans les fastes de l’'His- toire. Cette direction ne tarda pas: à: se manifester-dans la littérature. Celle-ci-avait été grave et religieuse sous le ‘règne de Louis x1v, elle devint railleuse et impie-dans le siècle suivant, . Malheureusement encore pour la cause de la religion, dés mœurs, et de la société, des hommes d’un grand talent semblèrent ne l’emplo yer qu’à ébranler les institutions les plus sacrées et les plus né- cessaires au bonheur de l'humanité. Quel est cetécriyain doué de tous les genres d’esprit excepté celui de méditation , qui. sait revêtir toutes les formes ; s'adresser à tous les goûts, (345) plaire à tous les esprits , et dont l’ascendant sur son siècle fut si prodigieux? Il règne sur la scène tragique, il amuse par des contes légers et piquants, il trompe ; il séduit par des histoires infidèles et attachantes, et toutes les ressources de son génie , toute l’activité de son esprit , il les emploie à détruire la religion de son pays. Quelques hommes habitués à des méditations profondes , à une manière de raisonner forte et pressante, se sont étonnés de l’ascendant de Voltaire sur ses contemporains. Comment se fait-il, ont- ils dit, qu'un homme d’une érudition super- ficielle, lorsqu'elle n’est pas: mensongère, presque étranger aux études philosophiques, incapable de tous ces travaux qui demandent une grande force de tête, qui , en un mot, ne: fut richement partagé que des dons de l'imagination , et de ceux de--cet esprit agréable et léger qui peut plaire sans doute, mais qui nedoit pas servir de guide dans la recherche de la vérité, ait pu être regardé. par tant de-personnes comme un oracle sur des questions importantes , et les plus importantes de toutes. Pourexpliquer cet empire, elles ont accusé la frivolité.de notre nation ; mais sans vouloir nous justifier entièrement sur cet article , il ‘est juste. d'observer, que-les circonstances ( 346 ) où Voltaire écrivit , favorisèrent beaucoup: ses succès, et l’on peut croire, je pense: sans craindre de se tromper ,; que s’il eût paru à une autre époque , il eût fait beau- coup moins de mal, et n’eût pas obtenu la même influence. Un homme d’un génie tout différente vint aussi dans le même temps fixer l'attention sur lui par la manifestation subite d’un talent qui s'était nourri dans la solitude et dans la méditation. Sorti des rangs inférieurs de la société! , ayant mené long-temps une vie in- quiette , tourmenté du besoin de larenommée et du chagrin-de ne pas occuper la place que son talent lui indiquait ; J.-J. Rousseau laisse apercevoir dans ses premiers ouvrages un esprit de haine ‘contre les institutions sociales. Tantôt il attaque les lettres comme corruptrices du genre humain, et veut nous ramener à la vie sauvage ; tantôt il ne recon- aît de pouvoir légitime que le’ pouvoir démocratique, et veut réformer tous lès sou vernemens de l’europe sur celui de‘sa patrie; tantôt, sous prétexte de nous ramener à la religion de la nature, ilcherche à ébranler les preuves. dela religion révélée.’ Il avait vécu au milieu d'hommes indifférens à pres- que tous les principes les plus essentiels de la morale , et parce qu'il conserve les. ( 347 ) plus nécessaires , il se croit le réformateur de son siècle. Si le poëte de Ferney dont les-écrits s’adressaient à un plus grand nom- bré de lecteurs , fit plus de mal à la Religion, le: philosophe de Genève forma plus d’en- nemis: de l'autorité, plus d’adversaires du pouvoir monarchique ; et en France où on, était malheureusement trop étranger aux questions de droit politique , le Contrat social füt regardé par beaucoup de monde, comme un ouvrage qui renfermait tout ce que la raison humaine avait imaginé de plus profond sur lorigine et le fondement de la - société. Ungrand écrivain, un publiciste célèbre, avait précédé Rousseau. Ouvrage de vingt années de travail et de méditation , FEsprit des Lois ne répondit pas peut-être à tout ce qu'on aurait pu attendre du génie de Montesquieu: Admirable dans les détails, mais faible quelquefois dans les principes, ilne fournit point à la France une doctrine assez bien liée pour qu’elle la préservât de la contagion des théories démocratiques; et peut “être qu’une terrible expérience était nécessaire pour éclairer les esprits et dissiper de faux systèmes-que des événemens mémo- rables devaient si cruellement démentir.: Un genre de mérite que l’on ne peut con- (348) tester au siècle dont j'essaye en'ce moment d’esquisser quelques traits, c’est celui d’avoir su retracer les grands tableaux de la nature physique. Quoique le siècle de Louis xrv n’en eût pas été entièrement privé, cepen- dant on est forcé de convenir ‘que Buffon et d’autres écrivains qui se sont montrés comme lui de grands peintres dela nature, ont porté ce mérite beaucoup plus loin. La prose française acquit, sous la plume du philosophe de Montbar, un éclat , un nombre , unie magni- ficencetoute particulière. Lepinceau deBuffon sut tout retracer depuis les plus grands jus- qu'aux plus petits objets ,et avec un artinfini, au milieu des scènes imposantes de la mature, cetillustreécrivain place toujours l’homme de manière à ce qu’il tienne le premier rang ,'et qu'il soit en quelque sorte le dieu dont elle n’est que le temple:!: 3 La philosophie du ;siècle de ont xrV , avoit-eu une direction religieuse et sublime; celle du ‘siècle suivant eut une tendance opposée: Disciple de Locke, Condillac vint substituer à à une philosophie toute intellec- tuelle une méthode bien différente ; suivant cette nouvelle doctrine, l’homme dut toutes ses connaissances à ses sens , toutes nos facultés ne: furent plus que la sensation trans- formée ; et des disciples exagérant, comme il ( 349 ) arrive toujours ; les opinions de leur maître , réduisirent bientôt l’homme à n'être qu’une masse organisée et sensible , esclave de ses besoins et de ses passions. De là, cette morale de l'intérêt réduite en système par Helvétius. Un homme, d’une imagination ardente , qui réunissait à beaucoup de connaissances un esprit fort inégal, après avoir, dans ses premiers écrits, combattu le matérialisme et l’athéisme , finit par être l’apôtre de ces absur- des doctrines, et montra l'enthousiasme d'un inspiré pour faire prévaloir des opinions des- tructives de tout enthousiasme. Comme on l’a déjà remarqué, il eut le talent d'écrire quelques belles pages , et ne sut pas faire un livre. Les principes les plus incohérens se rencon- trèrent quelquefois sous sa plume , et il fut un mémorable exemple de tous les écarts aux quels un écrivain séduit par une imagination sans frein, par un esprit sans doctrines fixes peut se laisser entraîner. A peu près à la même époque commença à se faire connaître le prosateur éloquent à qui nous devons es Études de la nature: aucun écrivain n’a porté plus loin la pureté , l'élégance et la grâce du style. Quoiqu’on puisse lui reprocher des erreurs en politique , quoiqu'il ne se soit point assez franchement placé dans le rang des dé- fenseurs de la révélation , cependant ses prin- { 350 ) : cipes s’éloignaient beaucoup de ceux qui dominaient à l’époque où il écrivit. Le senti- ment de la divinité se manifeste par-tout dans ses ouvrages. Les affections douces et ver- tueuses y sont peintes avec un charme tout particulier. Quel contraste entre un roman comme Paul et Virginie, et la pluspart des livres qui parurent dans le même temps ! On peut presque considérer cette touchante nar- ration comme une fleur qui a cru au milieu des sables du désert. S'il entrait dans mon cts de rappeler tous les titres littéraires du dix-huitième siècle, il serait juste de n'oublier, ni le grand géo- mètre qui, par le discours préliminaire de l'encyclopédie et les élémens de philosophie, s’est acquis une réputation , sinon d’homine éloquent , au moins d'écrivain exercé et pré- cis; ni l'historien de l’astronomie dont le style rappelle souvent celui de Buffon ; ni l’éloquent Vicq-d’Azyr, rival de Fontenelle dans l'éloge académique, et qui, parlant de médecine et d'anatomie , sut s'exprimer avec tant d’élé- gance et de noblesse ; ni le peintre ingénieux etsavant à qui nous devons le voyage d’Ana- charsis ; mais j'ai voulu rappeler seulement l'esprit dominant du dix-huitième siècle: Cet esprit fut en tout opposé à celui du siècle pré- cédent. Les écrivains qui donnaient le ton à (3) cette époque, se constituèrent les adversaires de lareligion et des institutions monarchiques. Ils ne cherchèrent qu’à tout ébranler et obtin- rent dans ce genre un déplorable succès... Un nouveau siècle commençait ; il n'avait rien hérité du siècle précédent que des ruines; il n'existait plus ce trône que défendirent Turenne et Vauban, que semblaient devoir rendre à jamais indestructible , l'héroïsme de Philippe Auguste , les vertus de St. Louis, la magnanime bonté de Henri 1v, l’imposante grandeur de Louis xtv. L'athéisme avait fait entendre sa voix impure dans la patrie de Bossuet et de Fénélon : le cri de la révolte avait prévalu chezunenation quipouvait citer parmi ses premiers magistrats, des Molé, des La: moignon , des Daguesseau ; et des doctrines ‘d’anarchie régnaient encore dans cette belle France si renommée par son amour pour ses rois. Parmiles malheureux proscrits, réduits à fuir une terre qui dévorait ses habitans , se trouvait un jeune homme qu'avait signalé de bonne heure une imagination ardente, un esprit noble et courageux. Témoin du bouleversement des empires, de ces grandes convulsions de la société qui resserrent en peu d'années l'expérience de vingt siècles, dans les climats lointains où le conduisit sa fortune , la nature lui offrit des tableaux non ( 352 ) moins imposans dans leur tranquille majesté. C’est sous la hutte du sauvage , au fond de toutes les solitudes de l'Amérique , que ce jeune homme devenu depuis le plus grand écrivain de son siècle , sentit les premiers élans de son génie , et sans doute que les scènes imposantes et sublimes dont il était entouré , contribuèrent à donner à son style ce tour pittoresque et hardi, ces formes rapides et fières qui le caractérisent. Enfin, le Génie du Christianisme parut , et commença, pour ainsi dire , une nouvelle époque littéraire, L'influence de ce bel ouvrage sur la littérature, et même sur la société, fut incalculable ; mais quelque mérite qu’il offrit , on doit remarquer que les circonstances dürent beau- coup contribuer à étendre cetteinfluence. Une religion que l’on avait prétendu détruire , par le fer des bourreaux, après avoir cherché à la renverser sous le poids des déclamations et des sophismes, reparaissait plus imposante que jamais, lavée par un baptême de sang des taches que la faiblesse des hommes avait. pu joindre à l'ouvrage de Dieu. De même que ces empires qui rajeunissent sous la tente guerrière, elle avait trouvé une nou- velle force au jour de ses combats. La phi- losophie irréligieuse n'avait tenu aucune de ses promesses; convaincue d’imposture , elle ne (:353.) ne pouvait manquer de succomber. Un in- térêt naturel dût s'attacher au courageux défenseur des saines doctrines. La fin du siècle dernier avait été marquée par le règne des sentimens frivolés; la peinture des passions avait perdu toute vérité et toute énergie ; la poésie n'était plus occupée qu'à retracer les soènes de la nature physique, ou des tableaux de volupté. Il y avait long- temps que les accents d'une sensibilité profonde ne s'étaient point fait entendre. Avec quel plaisir ne Les retrouva-t-On pas dans Réné et dans Atala, accompagnés des tableaux les plus énergi- ques d’une naturé étrangère, Par son mérite, et même par ses défauts, le style de M. de Chateaubriand devait faire école ; aussi l’om peut dire sans exagération , que presque tout ce quia paru de remarquable , soit en prose, soit en vers depuis la publication du Génie du Christianisme , porte des traces sensibles d'imitation (*). 1l est donc dans le monde litté- raire, comme dans le moude politique, des conquérans qui dominent tout leur siècle. Une connaissance beaucoup plus appro- fondie des littératures étrangères , surtout des littératures anglaise et allemande, vint (*) Cette imitation n’est nulle part plus sensible peut- être que dans les Poésies de M. de Lamartine. Z ( 354 ) encore modifier le goût en France ; et donner aux esprits une direction nouvelle. Les par- tisans des théories sur lesquelles s’appuyent ces littératures étrangères allèrent beaucoup plus loin que l’illustre auteur du Génie du Christianisme , et mirent en avant des prin- cipes que celui-ci n'eût pas voulu reconnaître. Enfin , une nouvelle école s'établit sous le nom &'école romantique. Son influence étant aussi puissante sur les esprits, il est impor- tant de bien définir le genre qu’elle cherche à faire prévaloir, d’en déterminer lesavantages et les inconvéniens. Notre avenir littéraire devant beaucoup dépendre du succès qu'aura cette nouvelle école , et des modifications qu'il peut et doit subir, il entre dans le plan de ce court aperçu de l'état de notre littéra- ture, de prédire en quelque sorte ses destinées. Il est difficile de définir précisément en quoi consiste le genre romantique. Secouer toutes les règles , violer toutes les conve- nances , ne peut jamais constituer aucun genre, et jamais chez une nation instruite, des ouvrages qui n'auraient point d'autre titre au suffrage des gens de goût , ne pourraient obtenir de succès. Comment se fait-il donc que les productions que l’on regarde comme appartenant à cette école , agissent si puissam- ment sur l'imagination et produisent un aussi | (355 ) grand effet ? Il est done quelques principes cachés , quelques règles difficiles à saisir qui constituent principalement cenouveau genre, et qui sont la cause de son empire sur les esprits. Lé genre classique repose principalement sur limitation des anciens qui ont été les prèmiers modèles d’une littérature arrivée à un haut dègré de perfection. Par ces anciens, il faut surtout entendre les Grecs et les Ro- mains ; car les romantiques pourraient , au besoin , trouver des autorités dans la litté- rature orientale, et mème chez les Hébreux. Les grands écrivains du siècle de Louis xtv, frappés dé l’exagération et du mauvais goût de quelques auteurs du seizième et du dix- septième siècles , qui n'avaient suivi d’autres règles qu'une imagination désordonnée, ne tinrent peut-être pas assez compte de tous les changemens qu’une religion divine , que des institutions différentes , que des mœurs si éloignées de celles des anciens, qu’un ordre de chose si opposé, en un mot, devait produire dans la littérature , expréssion naturelle de Ia société , ainsi que nous l'avons dit plus haut, d’après l’illustre auteur dé la Législation pri- mitivé, M. de La Harpe, en parlant de ces grands romans du siècle de Louis xiv, qui, à travers beaucoup de choses fausses ét Z 2 (356) puériles , offrent quelquefois la peinture de sentimens d’une noblesse et d’une délicatesse inconnues aux anciens, dit que Boileau et Racine ne tardèrent pas à s’apercevoir que l’a- mour était mieux peint dans vingt vers de l'Éuéide, que dans ces longues et assou- pissantes productions. S'il était vrai que ces deux grands écrivains eussent porté un tel ju- gement, j'oserais , malgré toute l'autorité qui s'attache à leurs noms, leur en faire un repro- che. Virgile est sans doute un des poëtes de l'antiquité qui a su le mieux peindre la passion de l’amour. Mais il appartenait à une religion et à des mœurs trop différentes de celles de nos jours, pour qu’on puisse espérer de retrouver dans ses écrits la pein- ture complète d’une passion qui prend tant de formes diverses. Aussi, pour l’homme doué d’une imagination vive et d’un cœur ardent, combien l'amour de Didon est loin de remplir l’idée que l’on se forme d’un senti- ment qui , après la vertu, est ce qu'il y a de plus beau sur la terre! La vie des anciens s’é- coulait presqu'entièrement dans les camps ou dans les assemblées publiques. Les femmes renfermées dans l’intérieur de leurs maisons n'avaient point chez eux l'influence dont elles jouissent parmi nous. Aussi leurs poëtes érotiques n'ont-ils guère chanté que des ( 357 ) courtisanes. Les nations du nord auxquelles nos ancêtres , les Gaulois, ressemblaient sur cé point, comme sur beaucoup d'autres, firent des femmes l’objet d'une vénération particulière. Elles assistaient à leurs délibé- rations ; leur blâme ou leur suffrage avaient la plus puissante influence sur la conduite des hommes. Que de causes se réunissaient donc pour donner à notre littérature une physionomie fort différente de celle des litté- ratures grecque et romaine ! Un des principes fondamentaux du genre romantique , c'est la peinture fidèle des mœurs et des sentimens des peuples mo- dernes. On s’attache surtout dans cette école, à exprimer ces impressions profondes , et qui ont pourtant quelque chose de vague. La poésie des anciens avait eu pour principal objet de reproduire , si je puis m'exprimer ainsi, la partie extérieure de l'existence ; ces sentimens et ces passions qui se manifestentau dehors par des actions faciles à reconnaître. La poésie romantique , sans négliger entiè- rement ce genre de peinture , attache un grand prix à l'expression fidèle des sentimens les plus cachés du cœur humain; à la pein- ture de ces nuances fugitives, de ce choc et de ces incohérences d'idées dont le cœur de l’homme est si souvent le théâtre. Il y a quel- (358) que chose de plus étendu dans nos affections , que dans nos idées ; et de même que les plus profondes méditations, n’atteindront ja- mais les dernières limites de l'intelligence; de même il restera toujours beaucoup à découvrir dans la peinture de nos sentimens. Sans doute il ne faut pas que des analises trop subtiles du cœur humain, et une trop. grande impor- tance attachée à de légères nuances viennent dessécher la poésie; mais, d’un autre côté, tous les mystères de ce cœur, océan incom- mensurable , ont été découverts , et qu'après Homère, après Virgile, après les, peintres. les plus sublimes de nos passions , le génie ne peut pas pénétrer plus avant dans cet abime. Il faut convenir que la peinture de sentimens exaltés, a quelque chose d’aérien et de inétaphysique qui peut fatiguer l’ima- gination si l’on ne sait pas. la reposer :par des tableaux qui lui donnent plus de prise, et dont la couleur différente jette d’ailleurs une variété nécessaire dans, tout ouvrage d'esprit. Ainsi, pour rapprocher les deux écoles , on pourrait dire aux partisans des doctrines classiques : ces anciens dont vous êtes les admirateurs à si juste titre, ont été sans doute des peintres fidèles et éner- giques des premières affections de l’homme! (359) mais convenez que la carrière s’est agrandie pour nous ; que sous l’empire d’une religion qui fait un devoir de la résistance aux pas- sions , on doit mieux connaître ces chocs d’affections opposées dont le tableau offre tant d'intérêt ; qu’une manière d'exister plus concentrée , plus repliée sur elle-même, a dû faire apercevoir des sentimens que les an- ciens ne pouvaient saisir au milieu d’une vie publique et agitée. D'un autre côté, en s’a- dressant aux romantiques on les forcerait d’avouer qu’ils mettent souvent trop d'im- portance à saisir des nuances tellement vagues ét subtiles, qu’elles ne peuvent presque pro duire aucun effet ; qu'une peinture .. continuelle de ce que l’on peut concevoir de plus grand et de plus idéal dans le cœur humain , fatigue et même épuise li- magination si on ne sait la rappeler bientôt à un monde plus sensible, plus palpable, pour ainsi dire. Ces réflexions sur la littérature ont aussi leur importance politique. Rien ne peut mieux assurer le repos d’une nation, rien ne peut davantage lui faciliter les moyens d'arriver au plus haut période de puissance et de gloire , que d'établir une harmonie parfaite entre les idées religieuses et politi- ques qui la gouvernent, et les idées littéraires ( 360 ) qui l’occupent et la distraisent. On.ne sait pas assez quelle influence obtient , à da longue, une littérature qui s’identifie pour ainsi dire avec toutes nos pensées. C'est un reproche que l’on peut adresser aux temps modernes. Le christianisme n'était point entré assez avant dans nos préjugés , dans nos habitudes, dans nos occupations ordinaires. Notre littérature aurait dû en être, pour ainsi dire , imbibée ; mais si nous étions chrétiens par la raison , nous étions encore païens par l'imagination, et cette opposition entre.deux de nos facultés a eu plus. d'importance et a pu faire. plus de mal que l’on ne le pense communément. Il appartient à l’époque actuelle de posséder enfin une littérature en- tièrement nationale , qui, tout en prenant _ les anciens pour modèles dans la manière de s'exprimer , dans l'observation de ces règles qui ne sont que le code de la rai- son humaine , tienne compte de tous, les changemens que le monde a éprouvés depuis Homère et Virgile, et qui, appropriée à nos idées , en harmonie avec toutes nos institu- tions , ait ainsi ses racines dans notre cœur. et un plùs grand empire sur les esprits. Je ne sais si je me trompe et si j'ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble impossible, malgré le mot de Fonte- (:36E:) nelle, qu'il ne profite pas des mémorables leçons que lui fournissent les deux siècles qui l'ont précédé. Au point où nous sommes arrivés , l’'enchaînement des erreurs et celui des vérités doivent être nécessairement plus faciles à saisir. On pouvait à toute force être protestant sous le règne de Louis xrv ; il faut opter aujourd'hui entre le catholicisme et le socianisme où le déisme ; ajoutons que les adversaires de la révélation n’ont jamais pu s'entendre entre eux, et que les déistes se sont trouvés exposés de la part des athées , au même genre d'objections que les premiers avaient employé contre la religion chrétienne. Il en est de même dans la politique ; tout ce qu'on a objecté contre le pouvoir monar- chique peut également être opposé à toute autre forme de gouvernement; et la souve- raineté essentielle au peuple, ou, pour s’ex- primer ayec plus d’exactitude, à la majorité, ne peut plus, je crois, faire de dupes ; et c’est vainement qu'on essaie de substituer à. cette erreur usée une opinion plus déraison- nable encore et qui consiste à investir de tous les attributs de la souveraineté , celui qui a la justice et la raison de son côté ; doc- trine destructive de toute société, véritable niaiserie politique et qui ne peut par cela même avoir uue iufluence aussi puissante (( 302, )}) ni aussi durable que celle qu’a exercée lathé- orie du contrat social exposée par le philo- sophe de Génève. HE Mais si notre siècle, instruit par Vepéris ence, doit, je l'espère; devenir de plus en plus religieux etmonarchique , d’un autre côté , il ne se laissera séduire ni par ceux qui vou- draient faire de la religion un moyen d’ar- river àila puissance , au lieu d’y voir le’lien sublime de l’homme :avec Dieu , ni par ces royalistes intéressés qui veulent que la mo- narchie n'existe en quelque sorte que pour eux ; tandis qu’elle est le bien commun d’une nation. L'homme: sincèrement ‘attaché:att chvistianisme , sentir que c’est par des dis- cussions profondes : et: lumineuses , par Pexemple d’une vie irréprochable ; et non par la persécution , que! l'on ramène ceux qui s’égarent$ et qu’affecter un zèle ardent; et fanatique pour lé triomphe! d’une relis gion dont on viole presque tous'! les pré- ceptes | C'est se rendre justement suspect de n'avoir qu’une religion mondaine. Le dé- fenseur de l’ordre social comprendra que le pouvoir monarchique devient plus fort en s'imposant des règles, et que la participation d’une nation par le moyen de ses représen- tans à l'autorité législative et au vote de l'impôt, estun perfectionnement dans la com- / 6 3631) binaison des pouvoirs ; perfectionnement qui se retrouve d’ailleurs sous différentes formes dans tous les gouvernemens établis sur les ruines de l’empire romain. Le philosophe qui étudie les loix de la pensée , les phénomènes de l'intelligence, le monde des esprits, pourra désormais sans craindre de passer pour téméraire, ne pas se soumettre à l'autorité de ce Locke qui sui- vant Voltaire À de l’esprit humain, posé la borne heureuse, et ne sera point traité, de rêveur pour préfé- rer les doctrines de Descartes et de Leibnitz, celles du philosophe anglais. On ne craindra pas d'être sérieux dans unisujet grave , car le. vrai restera vrai en dépit de toutes les plaisanteries. | Enfin, pour en revenir à la littérature, la pensée reprenant sa dignité, le langage retrouvera l'élévation qu’il a eue dans le beau siècle de Louis xrv. Pascal, Bossuet , Fénélon, Racine, La Fontaine, hommes incomparables, vous, serez les modèles-éternels du poëte. et de l’orateur ; mais l'écrivain habile , tout en reconnaissant la supériorité de génie des au- teurs du siècle de Louis x1v , apprendra de nouveaux secrets de style dans la prose élo- quente et passionnée. de J.-J. Rousseau ; dans les descriptions pompeuses de Buffon; dans le tour énergique et concis de Montes- (364 ) quieu. Il cherchera à imiter le brillant coloris de Voltaire, en poésie, la simplicité , la clarté, les tournures piquantes de sa prose; la grâce et la fraîcheur des tableaux de Bernardin de St. Pierre ; les formes pitto- resques et hardies du style de Chateaubriand; il ne s’efforcera point de reproduire une nature de convention , ni des sentimens fac- tices ; étudiant les modèles de l'antiquité ; mais également versé dans la connaissance des différentes littératures modernes , ilne crain- dra point d’avouer que Shakspeare est , quelquefois grand comme Sophocle , Milton Sublime comme Homère, Klopstock élevé comme Pindare ; l’homme enfin se retrouvera plus souvent dans l'écrivain. C'est ainsi que se rapprochant du siècle de Louis x1v, sur plu- sieurs points , et profitant cependant des richesses littéraires du'siècle suivant, j Oignant l'étude des littératures étrangères à celle de l'antiquité, religieux sans fanatisme et mo- narchique par conviction et par'intérèt pour la société toute entière, également éloigné et de cette présomption qui voudrait tout dé- truire pour tout refaire , et de cette haine de toute innovation qui repousserait les amélio- rations les'plus évidentes, c’est ainsi, dis-je, que notre siècle est appelé à de hautes desti- nées. Nos neveux seuls pourront décider s’il les aura remplies. LE VIEUX SERVITEUR. Pan E.-C. Roucxon-Gurcuss. [LE y a mille ans que ces tours sont bâties. Ce fut trois siècles ayant la première croisade qu'un de tes ancêtres en jeta les fondemens L et depuis elles furent achevées sous son petit fils. Mon illustre Seigneur m'avait raconté cela à la flamme de son foyer , un soir que le vent sifflait dans les créneaux antiques , et que le tonnerre retentissait à travers les longs corridors. Fixe tes yeux sur la tour orientale; regarde ces vestiges de l'attaque que le Comte Robert a repoussée il y a quatre siècles. Il s'était trouvé dans une réunion de nobles Chevya- liers, où l’on avait porté une santé en ces termes : à Edouard , Roi de France. Le Comte se leva de son siège, on dit qu’il frappa l'air deux fois de son épée, et que prenant une coupe pleine de vin, il répliqua en ces termes : à Philippe , Roi de France. Ce fut l’occasion de la guerre, Mon jeune Seigneur , tu as enlevé les vieilles tentures. Ces vitreaux qui amusaient les loisirs de tes serviteurs » ne sont plus ( 566 ) depuis deux ans. Le feu a dévoré les meubles de tes pères ; le grand fauteuil où ton aïeul assis au terme de ses jours , réconciliait ses amis, et pacifiait ses vassaux. Et tu vas renverser ces vieilles tours. Quand tu étais enfant , je te soutenais dans mes bras, je te portais sur mes épaules; j'avais promis de te rester attaché jusqu'au bout de ma carrière Mais j'ignorais ton dessein funeste ; ainsi je me crois dégagé de ma parole. J’attendrai que l’ouvrier ait donné le premier coup dé marteau, et sur le champ, avec ces images que j'ai recueillies dans la poussière , et cette bourse de cuir où je tiens serrées quelques pièces d’or, j'irai mourir hors de la vue de ces lieux. (367 ) — LE TABLEAU D’APPELLES. Par LE MÈME. eres avait exposé un tableau dans le temple de Jupiter , à Athènes. C'était une merveille du ciel. Au fond était une colline couronnée des feux du midi. Sur le devant, une jeune fille se levait de son rouet, pour retenir un vieillard aveugle qui avait chan- celé dans sa démarche. Voilà tout le sujet. Ce jour là uné grande multitude s'était assemblée devant le temple. Tout à coup un pauvre insensé élevant la voix , chanta ce qui suit sur le mode dorien. Appelles, Appelles, tu n’es qu’un insigne voleur : rien de ce qu’il y a dans ce tableau ne t'appartient. Tu as tout pris où tuas pu, et moi qui ne suis, paru les grecs, ni peintre ni poëte , si j'eusse voulu comune toi , j aurais aussi exposé mon tableau dans le temple du souverain des dieux. Appelles, Appelles , tu n'es qu'un insigne voleur. Ce vieillard sublime que j’aperçois, dont les yeux sont fermés à la lumière, et qui est ( 368 ) revêtu d’une robe de pourpre, liée sur sa poitrine par une agraffe d’or, je le connais- sais avant qu'il fut dans ton tableau. C'était ce vieux prêtre d’Apollon, qui tous les soirs s’assayait sous le sacré portique , et consolait les ennuis de ses longs jours, en chantant sur la lyre les louanges du dieu. Appelles, Appelles, etc. Dis-moi , est-ce à toi qu'appartient cette jeune fille, ou au grand Jupiter qui a tout créé chez les mortels. Cette fille est de la race des rois d'Athènes, la maison de son père est voisine du pyrée. Je veux, voleur insigne , me mettre à la tête de tout ce peuple, pour le conduire chez l’Archonte Parménion. Pour toi, n’y viens pas, car ton larcin serait trop manifeste. Appelles , Appelles, etc. Je m'arrêterai un instant dans ma course chez Cimon , l’ouvrier, du Bourg de Sciros. Je lui donnerai cette pièce d'or que je tiens dans la main. Ami, lui dirai-je , je te promets l'admiration des grecs et même une couronne dans les jeux olympiens. Pour cela, tu n'as qu’à faire un de ces rouets qui t'ont rendu fameux dans Athènes. Prends ton temps et mets-toi à l’œuvre. Quand le soleil se sera | couché ( 369 ) couché deux fois sur la citadelle , je revien- drai dans ton atelier avec tous ces citoyens. Appelles, Appelles, etc. O Athéniens, votre raison est égarée, Quoi ! vous ne reconnaissez pas la montagne qui borne l’attique du côté de lorient. Oh certes , elle est plus vieille que votre peintre. C'était bien avant la célèbre querelle des deux immortels ; bien avant le roi Thésée, et les merveilles d’Alcide , que la main de Saturne en posa les fondemens sur les en- trailles de la terre. Appelles, Appelles, etc. Tous les citoyens ; après avoir écouté avec attention cet insensé, supplièrent les dieux de lui rendre la raison, et Appelles promit de consacrer son tableau dans le temple même , si les Dieux se rendaient propices aux vœux du peuple. À a GPA) L'AFFRANCHT DE TIBÈRE. PAR LE MÈME. Ass, Appius.,,ces ornemens te; yont. à merveille, Demande, à la courtisane Lycisca combien tu.es beau sous la toge consulaire, ou plutôt. demande-le à ton illustre, maître l'empereur Tibère , , dans, quelque, moment où son regard s'arrêtera sur son affranchi. Le Sénat assistait, un de ces jours, à la pompe de lagrande déesse. Il fallait voir le consul mg se inclinant- son flambeau: et regardant à droite .et à:gauche les ‘damés romaines! qui bordaient les: galeries: Appius, tu-peux choisir; écris: quelques mots ; et derrière ton messager fidèle; arrivera owla _nièce de Caton, ou la petite-fille de l’Africain. Je n'ai point vu cette sainte cérémonie. Quand il y a des prières au temple, ou que le Sénat s’assemble au capitole, je reste près de mes dieux domestiques, indigné contre les grands dieux, de ce qu'ils abandonnent le peuple et la ville. Mais on m'a dit, qu'au moment où ie CE D cortége a passé près de la statue renversée de Cassius , un bruit lamentable est sorti de l’image sacrée. Le peuple entier a frémi, le pontife a prononcé la formule des expiations, les vieillards du Sénat ont caché leurs faces dans leurs mains ; et le consul, qui se joue des dieux et des hommes, a déclaré, en souriant, qu'il n'avait rien entendu. Es P'SFORE esta seis socis , ? seis pa- . ries; A Et leis bardots 9 leis mespresavo Erount de trop pichots messies ! Em’eou jamai istavias gaire , Que de la jumento sa maire Noun countessé leis vaillanties. À tout instant eou s’en vantavo, RE Mulet. * Généalogie. * Chose! * Regardaït. * Avec. ‘ Il était familier avec eux.” Ses compagnons. * Ses pareils. Mulets de pétite espèce. ( 382 ) Senso éscupir ; * quand -enregavo--” N'’aurie parla doui jours enties. Lou foullie ausir: ** dins Argier "3 éro nado; Ero tant bello que déou Dey Un grand prince l’avie croumpado us Lou Papo un COOUP l'âvie mountado ; Avie mangea dins leis grupis * doou Reiï ; DRE Gi _ Ét soutg d'edu à là ‘parado "VOL Tau jour faguet sa petartäd: Oo! Avie *% passa les MATS ; S ’éro attrouvado ‘oou füech'; 109: 18 HSiSDEH6S. 85 ‘sirès Dins uno villo présso, “un i jour ©? nôtun ero nuech, eo Csi81r09 "SD 34 À travès leis canotiñs lavié ; preñfiéto entesto, Caussigant *? léis Corps ‘Houbrs ! ; intra ni tau pourtau. .... Ét'piei.. .que Sabi fu Ÿ 4? SRbtdd lou Fésto, Mai de ce que diie n'aurias fach un miséat e Per tout aco, l'enfant bof de" glori Avie là prétentièn à d’ Éstre MÉS dihs Phistori. Dévengut vieil foiguët mês oou HOtiln. Quand mi parlas cj se l'éSpérdto gaire 1° Sans cracher: -Quand-il--était en -train.d'en parler. “4,11. fallait, l'entendre. , Dans, Alger. 4 Aelietées 4} Crêches pour écuries. Elle avait: 13 tofl Foulant aux pieds. :? Missel,;;c-à-dire., fgros livre. pd ( 383 ) S'estransinant et plourant soun destin, Si remembret ‘ aqui ** qu’un asé ero soun paire. Prousperita souvèn nous enbournié ** 2 Souvèn atou ** nous fa marchar de caire Quand piei après nou viro lou darnié. Vèn lou malur que nou mouestro à bèn faire ; Nouestr'oourigino et lou pau que voulèn; . Lou malur dounq es bouen à quauqua- Ten ; - ‘7 TL se reSsouvient. ** Alors, ** Nous aveugle. * Aussi, *? Quelque chose. l ( 384) Lo A D D 9 LA COOUQUILHADO : ET SEIS PICHOTS , EME * LOU MESTRE D'UN LOOU. Fablo. T 1 fises de degun. Lou sen * ti va coummando , Et-lou prouverbi ti va dis-: Quu voout l'y.va ; et. quu voout pas l'y mando. ocois supleri( dore Dins une fablo encaro, Esopo . meis amis, D'aquello verita la provo nous fournis. Leis coouquilhados fant soun nis Eis samenas°, quand prisounièro L’espiguo tout beou jus ? neisse * dins soun fourreou. Ce qu'es lou tèm que lou souleou Rescauffant de seis fuechs la terre touto entiero. EP A RE * L’Alouette huppée. * Avec. * Champ. * Ne te fie à personne. * Le bon sens. Aux sémis. ? Touf beou jus, à peine. ® Nait. ( 385 ) Tout ce que viout si Serquo ? et s’eimo à sa maniero | Que tout puplo; et que hors d’un hasard, Tout animau mette à proufit sa grano. Balenos oou found de la mar, EE dedins leis boues , Cariandros ‘° à la plano.! Uno d’elleis avie pamen * Leissa passar la mita per lou men Doou printèm la sasoun tant bello! Tant Courto atou !* deis plesirs, deis amours Senso n’en tastar "* leis douçours. Que voout dire? noun sai. Quu n: vis? ‘# La femello À piei, coumo sabès, en pau “ la testo ANSE NU Debado ‘7 jusqu'oou bout faguet pas ‘° la rebello ; Entendet piei resoun; si decido à la fin D’enjitar ‘* encaro uno familho. Oou pus espes doou bla , eme en pau de baouquillo °°, ? Se cherche. ‘° Alouettes. **/Pôurtanti 4*l Aussi. ‘5 Goûter: “# Qui y voit clair. !°. Un peu. Com- meça. * ‘Cépendant. ‘8 Elle ne fit pas, #2 D’élever. * Feuilles, débris de plantes. “or Bb ( 386 } Entre doui moutassouns, *! Vous arrangeo soun nis, : Fa leis ueous, ï 4 De, coucho * coumo, poudès :creire. Pamen rèn prenguet mau ,,leis,pichots bèn 22 couat ,. *\ leis -espelis; ? nourris ; +, Coumoulayount * do à niou que fasié, gau * de veire. *° Acoto *? ya proun, rs 44 | mai, leis La soun madus. eu Que doou, peou dou beou jus, N'erount pas [en;etat de Den sa-voulado. Dins la peno. et. lou pensamen,,, 6; La maire ( foout mangear ) ya SREAUAE LE 34 ee zeçubests tout la becado. EM Li recoummando den D’estre. toujours alerto, et tenir bèn damen » Quand lou mestre doou loou vendra. far »,$a tournado, La dis,s: à,cooup segu. » journado,,. 314,3 4 36 vendra din la did mouls ** Mottes de terre. ** Œufs. ** Couve. ** Les éclot. se ‘Un peu pressée. Le Remplissaient à eur du bord. “ur Plaisirs fm voir. 4?,,Cela °° Assez. ?",Mrs. -hcoPeou foulletin , poil, LÉoMeE 33 ;Chercher.;"{ : Bé- -quée: ?! En attendant. ‘Faire bien: attention. °} Sûre- ment. LOJLSIT 90 ( 587 ) 5 Eme soun fiou : escoutas' bèn; » Seloun ceque dira, partirem tous ensèm ». Fr À péno avié quitta sa niado Que lou mestre, en effet, arribô eme soun fou: | Vauto * la peco....« À ce que:viou » Lou‘ blad és bèn madu, li dis, ‘aquestou | » sero : » LHOOU anär moun enfant, ‘dire à nouesteis l5' Amis : ; l » Ow avant l’aubo deman toun paire leis _» espero'; 401 GC À noi » Farem soouiquos ensem. {' » Revengudo à soun nis, b 208 Th Céidilhade k Dins l'espravant trobo touto sa niado. Un Accoümmencço : «a dit qu'avant l’aubo » deman JIIeD « » Venñgüessount seis à amis li dounar un cooup dé man; 5 Que! Lie faire soouquos cUcis: et sa » meinado. , 7 » S’a-dich je aco, dis la maire à l’oousseou., » Presso ‘p’enca de faire :san miqueou Len ….».Seis amis mesfrayount gaire ; aan e annee nés Sn AIO AHSDHOIIS 14 RTE nc Ourd #2 Ajuéstou: sero ,:ce ‘soir< f?, saspnd. Nous moissofinerons ensemble:, Sa. famille. : De déménager: 1" ideson Dites mo Juve eiX ? Bb 2 ( 388 ) » Es deman, meis enfans , que foout bèn » ‘escoutar. ( » Entérim, #f signes gai , vaqui # de que » pitar. 4 Lou ventre bèn rédoün , leis pichots et la maire, Touteis amoulounas 48 s *endouermount à la fes, -L’aubo parei , d'amis pas ges. ;., La Coouquilhado en l’er. Lou mestre, revent faire , : Ÿ is paie Eme soun fiou, Lo tour dut loou. re « L'ya doui jours qu’aqueou pla deourrié » tout estre oou so0u. * i5; hrro: » Maugrabiou leis amis ! ant, blé ges de »)) 'vargouigno; » Mi (deffautar ‘* ansin ! * tambèn. us » estre iOU , ta 5 De mi fisar aqui li, : 4 Moun, fom | » Li coumpten Sn, 4 de faire la et ls À » Vai-leou d'aquestou: pas PrSBAE: nouesteis 2 parens. . )SILIS TE » Sôurnt fouessorft:, «5 ce que foout ; et » spsaleunl ut enr (7 080 e i S fOYBi12 ff. 5 re © S ur dus 2 1 È Ca er us 44. En attendant. “ Voila. *“ Manger. “ Rond. As Téé uns sur les ‘autres:\#? \Devrait., °, Par:iterre. 5 Mé‘imanquer de parole, Comme ça / Aussi. ‘* Is sont en grand nombre. ‘’ D'autre açabit. G ( 389 ) Leis oousseous de la poou batient quasi plus veno. — Maire , a dich seis parens : es aro...sount de gens..... —Avous pas treboular, lidisla coouquilksdo, Es pas tem de partir, dourmès , dourmès en pax. La maire aguet resoun, ag pareiïsset pas. L'homme vent mai * faire sa passegeado ‘? Eme soun fiou per lou troisieme cooup. « Te! sount mai pas vengus ! cadebiouri! si » poout ? » Aqueou ‘ blad es resti! * l’espiguo si » degruno ; » Toumbo en pecço...lou vent v'espausso ».tout ; Ô qu'uno ! » Se fa neblo deman es tout perdu! moun » fiou : » Avèn tort les premiers de coumptar su leis » autres: ) » Deis parens, deis amis, leis millous sount 2 nous autres ; ï » Souven-ti bèn de ce qu’aissi ti diou. » Sabès que fen per s'espargnar de lagno ? » Foout que deman tant que siam dins l'hous- tau ‘# Vient encore. 5’ Sa tournée. ** Ce. ‘’ Roti. ° S'égrène. “ Le secoue. % Se fz neblo, s’il y + du brouillard. Du chagrin. ( 390) » Prénguem ‘ touteis l’ouremo. » mier cant doou gau. * » Foout.pas soungear d’aver la cagno. © Ve » Siboutarem en trin,et piei acabarem 58 » Nouesto meissoun quand va pourrem. 7° » Doou moumen que la coouquilhado D’eissoto 7‘ fouguet avisado, Gaspi ! diguet, es pa.lou prepau d’ hier ; 4) » Es aro, /* meis ernifans, que foout faire oou pre- ÿ ». siei-liard. Aco.7* dich , eis pichots ‘en si fen esqui- neto *, , Sourten doou nis oou meme instant, Si rigoulant, 7° vouletegeant; .Si soouverount senso troumpetto. he tn Le salue ‘D Reneeet in ee eee ge 64 Nous prénions. 6 La faucille. ‘ Du coq. Indolence. * Nous nous mettrons. Nous achève- rons. 7 Nouspourrons: 7’ (De ceci. 7* C'est main- tenant. ”’ Qu'il faut décamper. ‘* Cela. 7, Æ£z si fen esquinetto , les uns montant sur le dos des autres. 75 Se roulant. ( 301 ) LOU CAT, LA MOUSTELO ;: ET LOU PICHOT : LAPIN. Fablo. D ooù palai d’un jouine lapin, Vieil casau ? que toumbavo en peco, À Misè * moustèlo, un beou matin, Si fet mestresso. Es uno pesso! Proufitet doou moument per li jugar ou tour Qu’ero ana ? faire à l’auroro sa cour. Lou mestre l’esten pas , sentes qu’ero cou- cagno ! Vous fa soun san miqueou, * et pouerto aqui dedin , ? À la pouncho ‘ doou nas, ‘’ soun pau de san crespin. Eou tandooumen ‘ battié l'eigagno. ‘# Après qu'aguet ‘* d’un pè loougier et gai, * Belette. * -Petit. * Cahute. ‘ Pièce. * Mademoi- selle. ‘ Rusée. ” Qu'ero ana, qu'il était allé. Démé- nagement: *” Là dedans. ‘° Pointe, ‘’ Du nez. ‘* Soun pau de san crespin , son, petit avoir... Pendant ce temps. ‘* Battié l'eigagno , parcourait les champs couverts de rosée. ‘’ Qu'il eut. ( 392 ) Trouta ,.soouta , coumo si poout pas mai; Bèn debrouta la fivouly as La lavando , lou pebre d’ai; ‘ Fa de cardelo ‘? une sadoulo, *° Et piei soun tour oou petoulié , V'ounte fet sa cabrioulado ; *? Jan tournavo à sa trooucarié!** Fouert countent de sa matinado. La moustèlo avie mes la testo oou pourtis- SOOu 2 | | Fasié baboou. °° Juste ciel! qu’es que viou! dis, en vesèn l’oubriéro, Noueste paure Janet qu’es mes à la car- riéro. *$ Û Fouero *? d’eici, madamo, anen “* leou, * su lou cooup. Vo bèn , vau ** avertir toutaro Tous leis garris ** d’apéreissito. * Et garo! La damo oou ventre linge, *’ oou corps prin, * loungarut , * *5 Davantage. ‘’ Le thym. ‘* La sarriette, plante aromatique. ‘” Espèce de chardon. ** Une ventrée, #* Certains lieux dans le bois où les lapins se plaisent. à déposer leurs crotins. ** Cabriole. *’ Terrier. “+ Pétite fenêtre. *’ Elle guettait, * Rue. *’ Hors °° Allons. *” Vite. *° Je vais. ** Rats. ** Du RES Mince. ** Grèle. ‘’ Long. ( 395 ) Respoundet que la plaço, ero.*f oou pre- mier vengut. M'estouni pas! lou beou sujet de guerro , Qu'un houstau , ‘7 v'ounte foout quaud ly voulès intrar, Si touesse, *- tirassar ‘? lou ventre contro terro , | Et anar plan # de si despouderar. Boutten # aro # lou cas que fousse # uno courouno. Voudriou bèn saupre “ cadebiou ! Quinto lei per toujour la douno À Jan fiou, # vo nebou “ d'André vo de Mathiou, Pu leou “ qu’à pau , puleou qu'a iou? Ansin va voout , dis Jan, la coustumo, l’usagi, Sount,seis leis, que d’aqueou masagi M'ant fach mestre et signour ; et que de paire en fiou, L'ant toujour fach passar en heiritagi. De Thoumas à Simoun , d’aquestou à Bour- 50 thoumiou, 36 Etait. *’ Maison. ** Se tordre. ‘*” Traîner. #° Anar plan, aller doucement. “*’ De se déchirer, de :s’écorcher. ** Supposons. *’, Maintenant. ** Que ce fut. * Savoir. #6 Fils, 4 Neveu, ‘ Plutôt, * Moi. 5 Vieilles mesures. | ( 394) ( Qu’éro moun paure paire }), et piei à Jan, qu’es iou. Premier vengut!\ Es-ti üun decret pu sagi? La damo alors : ho vè, fes ‘" pas tant de cancan. Tout aco mi roumpe la testo. Per mettre fin à la countesto, Fen ‘* va jugear à Roumiouroumadan : Ero un cat benhuroux coumo un canounge PACE taulo Un gatas, boueno catomiaulo ; Ÿ Un sant home de cat, bèn vesti, gros et gras, Que senso aver, se voulès , la litturo, Avié , va tenié °° dé naturo, Un rude doun per jugear tous leis cas. Lou lapin diguet d’o. *?’ Leis vaquis * arribas Davant lou consouw en fourraduro. Harpemignot li dis : meis enfans approu- chas, Approuchas , si fen vieil, ai l’oousido en pau duro. ci S’avançount touteis dous , coumo dous innou- cens. \ 4 Ne faites. ‘* Faisons. ‘* Chanoine. “* Tablé #5 Châte-mite. ‘6 Il lé tenait, ‘’ Oui. ‘® Les voila. C 395 ) ain. _dréch 59 qne sount à seis caires , © s Mando * deis dous coustas leis arpos fa en meme tèms, Et leis mette d’accord, touis dous entre seis dents. Avis, avis eis pleidegeaires. 7 Dès. ‘ Côtés, ‘’ Il envoie. ‘* Les griffes. a ( 396 ) R LEIS DOUS PIGEOUNS. Fablo. — Exezn vivient dous pigeouns bouens amis. Un d’elleis, las d’oou repau doou lougis, À la foulié de vouille faire Un viagi long per veire de peys. L'autre li dis : et vouestre fraire Lou leissares ? si languira ; L’a rèn de pu marri ' que d’estre separa. Mai, v’est * tout un , vous qu'aimas gaire.. Michant ! se sias insensible eis amours, Ooumen que la fatiguo et leis dangiers doou viagi , De ven anar * ansin , vous levount lou couragi. Siam “ encaro d'hiver , esperas * leis grands jours. 6 Qu'es que vous presso tant ? tout esca © sus ma testo, \ * Mauvais. * Il vous est. * De vous en aller, ‘ Nous sommes. ‘ Attendez. © Tout à l’heure. | ( 397 ) A passa un croupatas ? qu’a fa quierar * lou gau , Et sioune ‘ de m alhur , oourai ges de repau; La nuech, lou jour vau ‘ soungear que tem- pesto, ; £ Marri rescontre , arets , ‘* lou fooucoun , lou fusiou : Ah! paures ! mi dirai, vaqui ‘ que si fa niou ; ‘* Li Quu soout v'ountes, ‘ a ti ce que desiro; La sousto , ‘° un bouen soupa ; lou couer gai....manquo bèn? ‘7 D’eisso ‘* fouert esbranla noueste pigeoun souspiro. Mai, lou tic de partir pau aprés li révent. Anas sàrquar, aco ‘? v'avié *” à la testo. Aquestou *‘ ero d’avis de si faire savent. Per aco de roudar, s’ero fach une festo De veire de seis ues * dins leis autreis cli- mais | Ce que fasien lou patus, ** lou voulaire. Ero °° curiou. Anen, *’ vous lagnés *$ pas, 235 7 Un corbeau. * Qui a fait pousser un cri. ? Coq- Signe. * Je ne vais. ” Filets. ‘* Voilà. *“ Que le ciel se couvre. ‘* Où il est *° Un abri. ‘’ Ces deux motsdisent beaucoup, on ne peut les rendre qu'imparfaitement par que sais-je encore ? ** De ceci. *? Ceci. ** Il l'avait. ** Celui-ci, * Il s'était. *’ Yeux. ** Pigeons patus. ** Pi- . geons volants. ** Il était. *’ Allons, ** Ne vous chagrinez pas. Li 1 308 D Diguet à l'autré : istarai * gaire Quand cresés dounc que mi fourra de tem? Tres jours. Aqui un a proun ‘ ï countent. A soun retour oousires voueste fraire 1 « PO mi rendre Seis fourtunos vous countara Aco. v'espassara. auue ôh piei ; “vesés, aqueou que si mourfounde Dins soun .casau ; ” . Que jamai vis loù mounde - é 4 Que per. un trau 7. Que vous dira ? toujour la memo histori. | £ 14 Tou mi fourra « que de mémori , Tous meis contes vous farant gau * Vous dirai eri * ;aqui ; om ’arribet talo Cayo... Vous semblara que li sia$ Coumo FL à Pl Sus acoto, en plourant, si diguerount ‘adiou. Nouestre pigeoun parti 2 lou TETE que 7 bouffavo 7° anti na Éd Adus * la pluejo, et que pluejo, grand Diou ! Per s ‘assoustar 139 troubét que Toù fuillagi D'un aubré que "n’avié quasi plus rèn de xiou. pe Lou,squleou, pareir gas L y si rémette ( en vouya pi Tout. remuilhat * ,,si.sequo, coumo, poout, LOMATESCGNELAID D'abrrior-29! HOT Sen up Je resterai. 3° Le 1: Assez. 3: Vous amusera. “> Cahute. * Trou. 35. Plaisi : Eu J'érais. # Soufflait. 5e Apporte, amène, *? Pour se mettre à l'abri. * Tout trempé d’ eau. ( 399 ) Dins un garat #! vis de granilho ou soou Un te li pitavo , * as rèn dins lou ‘gavagi: ; Si dis; 4 trobes as. dewioure et piei. de coum- panié ! ) Ooublidem la chavano:. # ei reprenguem çou- ragi. Dern 11 L'y'vouelo ;-es.prisounié. De la casso a l’aret sabié pas la magagno ; :5s 14L'oousseou que si vis engage , Boundo!,.f.arpategeo. .Ÿ?, Aurié prouz agut lagno fs ïà A TS LRU Se l’aret en pau vieil fousse pas endooum- 52 magea. | De l’alo et de la patto à ae d'eigreges 1 Russis.â,si desfesregen de ' De Ila;bendo * quel’ D. Quauquo plumo restet. Lou piégi doou destin, , Fouguet qu'un vieil ratier *? qu’enil'er fasié l'aleto Viguet:noueste‘pauré mesquin:1101 Que tirassant la courdetto 56 #: Gueret * À terre. * Y béquettait. “* Gésier. ‘#5 Se-dit-il.° Tu trouves. *’.L'orage.# Ruse , finesse. 9 Bondit.. En agit des, pieds. Il aurait eu assez de peiné, de chagrin. En mauyais. état. s Faire des efforts. Se débarrasser. 5: Bande de filet, 56 : Qui | me veloppe. Fe Épervier. 3 Qui planait dans les airs, ( 400 ) s. Ët léis ‘trouas * de l’aret v'ounté '% s’ero arrapa , ‘’ Avié l’er d'un foussa * de Touloun escapa. Lou ratier l’es dessus. De seis arpos dämnados 63 Estregne l’animau lès % à far soun repas... Mai, quu vous a pas dich, que d’amoun ‘? deis niouras Un aïiglo , oou même istant ; eis alos rélar- geados | Coumo un uilhau % toumbo su lou ratier. S’anissount. °’ Lou pigeoun qué vis la battarié, S’esquilho ; ; et s’envoulant , si sauvé en un masagi. % Crésié ® qu’enca uno fes escapa doëts noou- fragi, De lou persecutär lou sort s’allassarié. Mai, un narri pitouet 7° ( quand mi dias d’aquel agi ! Sabés pas leis enfants quand : pouedount far de mau, Va crounparient 7* ); vous li mando un cail- lau ” si Que se fousse pu gros coumplissié sa jour- nado. F 5” Les lambeaux. 19 Où: cs Il s'était pris. ss Forçat. T Prêt. D’enhaut. ‘Nues. 66 Eclair. 57 Ils se bat- tent. furieux. % Masure. ‘ Il croyait. 7° Enfant. de Is l’achetèraient. 7* Caillou. à id Cor ) Per dire miés, sa destinado; Lou ventre en haut lou deviret. De vouyagear maudissent la pensado, La pauro besti matrassado °° Si redreissant coumo pousquet 74 À mita mouerto, esplumassado, Drech ”* oou lougis si retournet; Tirassant l’alo, derenado 7’ Et caminant à pé coouquet ?° Eme proun peno l’arribet, Senso plus de ragouissinado. 7” O moument fourtuna ! v’ounte aqueleis amis, Après tant de dangiers , d’alarmos , de SOUCIS ; L'un eme l’autre si viguerount Encaro ensem dins lou meme lougis ! Que de caressos si faguerount ! Que de cauvetos ‘ si diguerount! Que de douçours !... Lou bounhur qu'es- prouverount Si sente miés que noun si dis. 7? Brisée, harassée. 7* Comme elle put. ’ À demi. 74 Droit. ” Éreintée. ?* 4 pé cauquet, à cloche pied. 7? Malencontre. *° Se virent. ** Que de douces pe- tites choses. RES CF .: Fra LP MAD à TABLE DES PIÈCES CONTENUES DANS LE PRÉSENT VOLUME. T. Nos SUR L'ORIGINE DE L’IMPRIMERIE EN Provence, par M. Antoine HENRICY, Avocat, page. 1. a. Norice sur 1’Éczise DE NoTRE - DAME DE LA SEps , ancienne Métropole d'Aix , par M. CASTELLAN, Chanoine, Professeur d'Histoire ecclésiastique à Facadémie royale & Aix, pag. 44. 3. RECHERCHES SUR UNE INSCRIPTION ROMAINE , MUTILÉE, qui se trouve dans le Cabinet de M. Sallier , à Aix, rétablie par M. Marcellin pe FONSCOLOMBE , pag. Go. 4. RÉFLEXIONS SUR L’IDÉE ET LE SENTIMENT DE L’Inrini, par M. ve MONTMEYAN, Secré- laïre perpéluel-adjoint de la Société Académique d'Aix , pag. 151. 5. HISTOIRE D’UNE ANASARQUE , GUÉRIE PAR LA DIÈTE sÈcHE , par M. D’ASTROS, Docteur er Médecine, pag. 174. 6. MÉmoiRE sur La Connaissance DEs TERRES EN AGRICULTURE , par JM. Henri PONTIER, Minéralogiste, ancien Inspecteur principal de la 16me conservation des Eaux et Foréts, pag. 185. 7. INTRODUCTION D'UN VÉGÉTAL ANNUEL DE La CLASSE LÉGUMINEUSE DANS L'ÉCONOMIE RUSTIQUE, indiquée par M. GIBELIN , D.-M., Secrétaire perpét.de la Société Acadëm. d Aix, pag. 271. 8. DESCRIPTION D'UN NOUVEL APPAREIL VOLTAIQUE A CYLINDRE, par M. 0e CASTELLET, Profes- seur de Physique et de Chimie, pag. 275. 9. Éroce ne M. 1’Agsé Roman , Chanoine de Péglise métropolitaine d'Aix , et Conseiller ho- noraïre de lUniversité , par M. ve MONT- VALLON, pag. 283. 10. ANALISE D'UN CALCUL URINAIRE , par M. ICARD , Pharmacien , pag. 297. 11. NOTICE SUR QUELQUES POÈTES PROVENCAUX DES TROIS DERNIERS SIÈCLES , par M. PON- TIER, pag. 307. 12. NOTICE HISTORIQUE SUR LE LIEU DE LA NAIS- SANCE DE GUILLAUME DURANTI, surnommé Srecuraror , par M. Pabbé CASTELLAN , Chanoine, pag. 314. 13. Norice sur RAMBAUD DE VACQUEIRAS , TROU- BADOUR , par M. D'ARLATAN pe LAURIS, pag. 330. 14. APERÇU SUR L’ÉTAT ACTUEL DES LETTRES, pur M. »E MONTMEYAN , pag. 336. 15. Le vieux senvireur , par M. PONS GUIGUES, pag. 365. 16. LE TaBLEAU D’APPELLESs, par le méme, p. 367. 17. L’arFrAnGur DE TiBÈRE, par le méme, p. 370. POÉSIES. L£ 18. FRAGMENT pu ivme CHANT DE LA MEssupr, Poème imiTé ne Kiorstocxk , par M. nx MONTMEYAN , pag. 375. 19. Lou MuEou QUE vanTO sa LIGNADO , Fablo imilado de La Fontaine, par M. »’ASTROS, Docteur en Médecine, pag. 381. 20. La Coouquirmano ET sEis PicHots , EME Lou Mestre D'un Loou , Fablo , par le même, pag. 384. 21. Lou Car, za Mousriro ET Lou Pricor Lapin, Fablo, par le même, pag. 391. 22. Les nous Picrouns , Fablo, par le même, pag. 396. Fo ns vds Feel ERRAT A. P AGE 04 ligne 16, coup, lisez cour. Page 155 ligne 2, mettez un point à la fin de la ligne, Page 164 ligne 16, après ces mots de l’homme, meltez un point. Page 165 ligne 4 , meltez une virgule après opposée , et ajou- tez le mot et, Même page ligne 6 , retranchez le point et virgule. Page 168 ligne 4, après le mot perfection, mettez une vir- gule au lieu d’un point d’admiration. Page 283 ligne 3, lisez, Chanoïne de l'Église Métropolitaine, Page 287 ligne 1, furent sans influence, lisez fut sans in- fluence. Page 298 ligne 17, la composition, lisez sa composition. Page 299 ligne 7 , aqueuse , Lisez rugueuse. Même page ligne 16 , et termine , lisez , et il termine. Page 301 ligne 3, et répandant, lisez en répandant. Page 339 ligne 15, après le mot degrés, retranchez le mot de. Page 340 ligne 26, après le mot métaphysique , retranchez le mot et. Page 343 ligne 2 dans la note , au lieu, de ses doctrines, lisez les doctrines de cette école. Page 349 ligne 20 , au lieu de, par un esprit sans doctrines fixes , lisez, et qui n’a point de doctrines fixes, Page 352 ligne 16, au lieu de, durent contribuer, Lisez, contribuèrent beaucoup. Page 355 ligne 16, retranchez ls au mot siècle. Page 360 ligne 1 , au lieu de , distrairent , lisez, distraient. Page 363 ligne 14, au lieu , de celle, Lisez, à celle. Page 381 et suivantes , Fables ajoutez, par M. d'Astros , Docteur en Médecine. ae HERO gr Suit o 1nù HAS À D AE ot à don HE? AE MAT) AN APM coco ce JV) LE LEMUMPEUVEE - CVEUOEN 0 VU VU NU VEUT LAS EE À UN ANR ST ge EE ei Re A nee M ne anne vÿ STEUU PACE PARUS M NME RLLEELEATU TT QU EEE EE NE EE | g CUT. LA LUCE EEE di Li J L \ é VPN AN MoN MATE LEE PARENT PE PORTO NI RE A HSE ET NE RE NES» ee UE EE UNNe EE MAR Fe MARNE UT RENE PT UV PARENT LAURE LATAAMEEC PUTL MN N F VE JV eve JUN Ÿ ,#NVUNNY ue AUS AN pl iris QUYGE br MA il Ÿ 4 we 6 UE Nr tn + UUY : MANS ANS LHPORERNPENE AU VU Ai AAA ÿ NN NNSPCEPCENEMS AANINUNy RS ne AU Ne ae Vu À | MÉETEITEE ER ARR L à vV M VW Ki UK NY A NE oué APPLE MM va MA PACE Ù sy Mets 247 Ne RUE EN) RAR AUS à LOU EE ERA : RAT ENERN JAUNE NAMENNEUE" VUE JUN VUE TM EUUUUS EU AE EE M AMAR EE JYCÉS EVENE CU Ve I tUtVIVEL. 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