ce x a Fe: £ x 3 Ke der ES | | — — mémorass DE LA SOCIÉTÉ d'Agriculture, Gciences et Arts ] . D'’ANGERS. ETAPE 6° Volume. -- 1" Livraison. + ANGERS. IMPRIMBRIE DE COSNIER ET LACHÈSE. 1847. } ; $ { + NE e # ’ A ne CA La CT ur AT ar ù SORTE “ - * . LE . Î " Nil nav. LITE 2f ka * « s6ià x Es = + € ai Hiver EL) RECHERCHES ODONATES ou LIBELLULIDÉES, DE MAINE ET LOIRE, PAR M. MILLET, Membre de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts d’Angers, et de plusieurs autres Sociétés savantes. em —— Par rapport aux êtres de la création , l’étude des insectes est sans contredit celle qui présente le plus de merveilles aux yeux de l’observateur attentif, Leur genre de vie, leurs mœurs, leurs habitudes , tout en un mot, ne-ressemble en aucune chose à ce qu’on peut voir chez les animaux des autres classes. Cepen- dant, malgré l’intérêt qui se rattache à l’observation de tous en général, la classe des Coléopières et celle des Lépidoptères ont eu le privilége d'occuper l’atten- tion du plus grand nombre des enthomologistes. La facilité de conservation des Coléoptères, la variété ou l'éclat des couleurs des Lépidoptères ont sans doute milité en faveur de ce choix ; et les Orthoptères, les Hémipières , les Névroptères, les Hyménoptères, les Dipières et les Aptères ayant été généralement moins étudiés, se sont sentis, jusqu'à ces derniers temps, de l’oubli apparent dans lequel ils étaient restés. Get état de choses ne pouvait durer longtemps et 1 (2) la science enthomologique être ainsi réduite à l’examen seulement de ces deux classes privilégiées. Des sa- vanis distingués se sont donc occupés de faire cesser cet état de choses, en publiant des ouvrages spéciaux sur les diverses branches de la scienceenthomologique. Nous n’entreprendrons pas de donner ici l’énumé- ration de ces divers traités, dont les derniers (suites à Buffon) , en résumant en quelque sorte la science en- thomologique, ont prouvé que celles des classes qui avaient été négligées d’abord, n’ont rien perdu de ce relard ; mais nous dirons que ces travaux, en facili- tant l’étude des insectes, ont fait naître en même temps le goût de les colliger. C’est ainsi, par exemple , que dans l’ordre des Né- vroptères, le genre Libellula des anciens enthomo- logistes s’est d’abord transformé en une famille nom- breuse, celle des Libellulidées qui, à son tour, parides travaux récents, s’est convertie en une tribu : celle des Odonata ou Libelluliens , qui renferme quatre fa- milles distinctes.” Ces travaux, en réglant la place que chaque genre doit occuper, en même temps qu'ils donnent les moyens de préciser convenablement les caractères distinctifs propres à chaque espèce , ont puissamment contribué à faire sortir de l’oubli où ils étaient plongés, les charmants insectes dont il est question. - Cependant, en examinant ces ouvrages avecatten- tion, on y aperçoit bientôt une lacune assez marquée qu’il est bien important de chercher à combler. Nous voulons parler de la Géographie naturelle des insectes qui n’y est qu'ébäuchée; sans doute parce que les (3) renseignements sur. les diverses localités qu’affec- lionnent ces animaux, ont été insuflisants. Nous au- rops l’occasion plus d’une fois de faire l'application de celle vérité, en montrant des espèces prises dans le département de Maine et Loire, que l’on croyait ne pouvoir. habiter que le midi de la France ou l'Italie. Pour obvier à cet état de choses, le moyen le plus convenable sans doute eût été de consulter les Faunes particulières à chaque pays; mais ces Faunes, il faut le dire, si elles existent , se réduisent à un bien petit nombre de localités. Ces Faunes devant encore atteindre un autre but, qui est, lout en faisant connaître les espèces propres à une contrée, de donner en même tempsles moyens convenables pour en faciliter les recherches, en indiquant d’une manière précise les lieux d’habitation particulière à chacune d'elles, nous croyons agir dans ces différentes pensées en entreprenant la publication de la Faune de Maine et Loire ; et pour donner une idée de ce travail, nous allons emprunter à la deuxième partie de cet ouvrage (1) l’article consacré , dans l’or- dre des Névroptères, à la tribu des Odonates. (Extrait de la seconde partie de La Faune de Maine et Loire.) (1) Faune de Maïne et Loire, seconde partie, comprenant la des- cription méthodique des animaux invertébrés qu’on rencontre dans toute l'étendue du département de Maine et Loire, avec des observations sur leurs mœurs, leurs habitudes , l'indication des lieux qu'ils fréquentent davantage, etc., par M. Millet... La première partie de cet ouvrage, comprenant les animaux vertébrés, est publiée en deux volumes in-8°, avec figures des- sinées et lithographiées par l’auteur. (4) TROISIÈME SECTION DE L'ORDRE DES NÉVROPTÈRES, SUBULICORNES : Subulicornia, Latr. Antennes très courtes sétiformes, composées au plus de six à sept articles. 5 Ceite section comprend deux tribus, les Odonata, Fab. (Libellules, Latr.) et les Agnata , Cuv., ou Éphé- mérides. Première tribu : evonATA, Fabr. — Libellula, Linn. Lair. Tête très grosse, formée en grande partie par les yeux ; antennes très courtes, séliformes, de six à Sept articles : mandibules et mâächotres cornées , très dé- veloppées et fortement dentées; trois petits yeux lisses, (stemmates ou ocelles) ; ailes presque égales, lisses, très reticulées ; tarses de trois articles. Les insectes qui composent cette tribu, connus vul- gairement sous les noms de Demoiselles, de Mairées, se distinguent facilement et au premier aspect par un faciès qui leur est propre et les sépare facilement des autres insectes de la même section : les Agnata ou Ephémérides, avec lesquels ils n’ont d’autres rapports que la petitesse des antennes. La tête , le thorax, qui est ordinairement velu, les pieds , les ailes de l’abdomen des Odonates fournissent des caractères pour la distinction des espèces, comme pour létablissement des familles et des genres. Dans les trois premières familles , les ailes sont ho- rizontales dans le repos, et verticales, pour la plu- (5) part, dans la quatrième ; l’abdomen est plus ou moins large et déprimé, grèle et allongé, ordinairement ren- flé à la base et composé de dix segments assez con- sistants. Les parties génitales externes des mâles sont placées sous le deuxième segment , et celles des femelles au- dessous du huitième. Le dernier segment, chez les mâles des trois pre- d mières familles , est terminé par trois appendices (appendices anals) : deux supérieurs et un inférieur; ce dernier manque chez la femelle, Dans la quatrième famille, l'abdomen des mâles est terminé par quatre appendices : deux supérieurs et deux inférieurs; ces derniers manquent également chez la femelle. Ces appendices, qui prennent différents noms, à raison de la variété de leurs formes, servent au mâle pour saisir la femelle par le prothorax et forcer celle-ci à l’accouplement, qui s’effeciue soit dans les airs, soit sur les plantes. La femelle , pour cet effet , replie son abdomen vers les parties génitales du mâle. Après ‘Paccouplement, qui dure quelquefois plusieurs heures, la femelle dépose ses œufs dans l’eau. C’est , ou re- posée sur les plantes, ou bien en volant par saccades et en plongeant l’extrémité de l’abdomen, qu’elle exécute sa ponte. Le mâle lui vient quelquefois en aide dans celte circonstance, en continuant de la tenir encaplivité et de voler avec elle, ce que l’on voit assez souvent chez les Agrions. Aux différentes’ phases de leur vie, tous les insectes qui font partie des quatre familles composant la tribu des Odonates, sont carnassiers. Ils vivent dans l’eau (6) à leur état de larve comme à celui de nymphe, d’où ils sortent, après ÿ avoir séjourné ainsi la valeur d’une annéc enlière, pour se revêtir de couleurs plus ou moins brillantes, mais d’un éclat plus vif et presque toujours différentes chez les mâles, et paraître alors ans leur état parfait; mais, selon les espèces , à dif- férentes époques de l’année , et les mâles , toujours en plus grand nombre que celui des femelles. Gette dif- férence numérique des mâles ne donnerait-elle pas à penser que ces insectes ont un autre but à remplir que celui de la reproduction de espèce, et qu’ils sont appelés, par leur genre de nourriture, à modifier le nombre de certains insectes qui, trop féconds, fini- raient par rompre l’équilibre qui existe et qu’on re- marque parmi les êtres de la nature. On les rencontre depuis le mois d'avril jusqu’en octobre, et même quelques espèces se montrent encore en novembre, si les gelées ne sont venues y mettre obstacle. Ainsi parvenues à leur dernier état, certaines es- pèces ne s’écarlent pas ou peu des lieux.qui leur ont donné naissance , tandis que d’autres, s’éloignant da- vantage, se répandent dans les jardins, les prairies , les marais ou les bois , et même à de très grandes dis- tances des eaux qu’elles habitaient d’abord. Les espèces se succèdent assez généralement les unes aux autres, et de telle façon que celles du prin- temps font place aux espèces d’été, comme celles-ci disparaissent à leur tour à l’époque où les Odonates d’automae viennent à se montrer , bien que quelques- unes, provenant de générations subséquentes , repa- raissent de nouveau sur la scène du monde; toutefois. (#9 pour se procurer toutes les espèces d’un pays, il faut en faire la recherche pendant au moins six mois de l’année. Les petites espèces volent à de petites distances et se reposent souvent; elles sont peu craintives et se laissent facilement approcher. Celles d’une moyenne taille, plus défiantes que les premières, ne possèdent pas néanmoins celte qualité (précieuse pour le naturaliste) à un aussi haut degré de perfection que les plus grandes espèces, qu’on ne peut souvent se procurer qu'avec beaucoup de persévérance et de difficulté. Cependant, en visitant les lieux que fréquentent habituellement ces insectes , soit 12 soir, soit le matin, quelque temps avant le coucher ou le lever du soleil, devient assez facile de les prendre avec le filet; car à ces deux époques de la journée, ils volent avec plus de lenteur. et se reposent souvent : le malin, jusqu’à ce qu'ils soient réchauffés par les rayons de cet astre bienfai- sant qui les anime et de plus en plus, et le soir, après avoir perdu son influence , sans laquelle ils restent en- gourdis et dans un état quasi-léthargique. La présence du soleil est tellement nécessaire à l’a- nimation des Odonates , que lorsque cet astre vient à disparaître par la présence de quelques nuages , on les voit presque aussitôt cesser de voler et se réfugier im- médiatement , en cherchant quelque abri dans les her bages, les buissons où les arbres, comme s’ils avaient à craindre la pluie, le vent ou le froid qui ne leur conviennent aucunement. Nous croyons utiles , indispensables même, les dé- tails dans lesquels nous venons d’entrer, puisque, (8) toul en se rapportant aux mœurs et aux habitudes des insectes qui nous occupent en ce moment, ils peuvent contribuer en même lemps à donner les moyens de se les procurer. Après avoir donné en quelque sorte les moyens de colliger ces insectes, il serait sans doute convenable aussi de faire connaîlre ceux qu’on doit employer de préférence pour leur conservation; mais ne voulant pas intervertir l’ordre du plan que nous nous sommes tracé, nous croyons devoir renvoyer à la fin de ce travail tout ce qui pourra concerner leur taxidermie particulière. En termina nt cette introduction, nous devons dire ici, afin de justifier les motifs qui nous ont porté à donner pour chaque espèce des descriptions plus éten- dues qu’elles ne seront pour les insectes des autres classes, qu’il importait d’en agir ainsi pour bien faire sentir les différences qui les caractérisent, si l’on con- sidère la grande analogie qu’elles ont les unes avec les autres. T'ableau synoptique des quatre fumilles qui composent _cette tribu. ‘ {contigus (1). Palpes labiaux 5 de deux articles. . . . . . Libellulides. /àpeine contigus. Palpeslabiaux detrois articles. . . . ... . Gomphides. largement contigus. Palpes la- Yeux biauxdetrois articles. . . . Æschnides. comme pédicelles , très éloignés l'un de l'autre. Palpes labiaux de troisarticles. 4grionides. . {sessiles, (1) Le G. Diaslalops excepté dont lies yeux sont écartés (G. twanger.) (9) FAMILLE DES LIBELLULIDES. Tête globuleuse ; vertex élevé, comme ren flé ou vé- siculeux ; yeux sessiles, grands, contigus ; palpes la- biaux de deux articles. Occiput triangulaire et épais; bouche presque com- plétement fermée par le second article des palpes maxillaires qui est d’une grande étendue; abdomen assez épais, variable dans sa forme; trois appendices anals chez le mâle, deux chez la femelle ; triangle des ailes supérieures comme rectangle , et dont la base est tournée vers la côle; ptérostigma en carré-long, Cette famille , composée d’une douzaine de genres, n’en fournit que deux par rapport aux Libellulides de Maine et Loire : les G. Libellula et Cordulia. G. LIBELLULA. Linn. — De Sel.: Ram. Feux simples, grands ; contigus (1) ; appendices anals rapprochés, petits ; styliformes, cylindriques ou fusiformes. Thorax ordinairement velu. Abdomen lancéolé, en- siforme, déprimé ou cylindrique, moins long que l’aile inférieure et ordinairement marqué de cinq arêtes longitudinales. Vulve de la femelle recouverte d’une écaille double. Bord anal des secondes ailes arrondi dans les deux sexes. Membranule petite. | Ce genre, un des plus nombreux en espèces, puis- 4 (1) Les yeux se touchent dans une étendue très variable, selon es espèces. (16) qu'il en énumère en quelque sorte à Jui seul le tiers de toute la’‘tribu, présente des êtres tout-à-fait dispa- rates par la forme de l’abdomen, ainsi que par les couleurs dont ils sont ornés, Le bleu pulvérulent ap- partient généralement aux mâles des espèces à abdo- . men déprimé ou ensiforme , comme Île rouge vif est le -_ partage ordinaire de ceux à abdomen cylindrique. © La couleur, en général, de l’abdomen des femelles ainsi que celle des mâles nouvellement éclos, se nuance dans les teintes jaunes ou olivâtres. A. Abdomen plus ou moins conique ; ailes tachées de brun roux sur les nervures cubitales et la base des postérieures. L. QUADRIMACULATA, Linn. — Ile Sel. Mon. lib., pl. 5, f. 1: Ramb. la Française, Geoffr. Abdomen légèrement déprimé, conique, velu , oli- vatre sur les cinq premiers segments et noir ensuite, avec une bande maculaire jaune sur les côtés, qui finit au pénultième segment ; ailes safranées à la base, une tache cubitale et ptérostigma noirs ; une tache triangulaire d’un brun roux, réticulée de jaune à la base des postérieures. Longueur, 4 à 5 centimètres. Envergure , 7 192 à 8 centimètres. Tout le corps est velu. Gôtés du tho- rax jaunes, avec deux lignes obliques , irrégulières , noires. Styles des mâles renflés, en massue , plus longs que les deux derniers segments de l’abdomen; pièce sous-stylaire moitié plus courte, courbée en haut, comme cordiforme et terminée par deux pelites (A2) pointes. Styles de la femelle moins renflés et moins longs. Membranule blanche. Pieds noirs. La femelle ressemble au mâle, mais l'abdomen est . plus large à la base. La teinte jaune des ailes ainsi que la tache cubitale variant pour leur étendue , ont donné lieu à la créa- tion de plusieurs variétés. _ Var. A. Ailes lavées de jaune entre et sur les ner- vures costale, sous-costale, médiane , sous-médiané et postérieure , depuis la base jusqu’au point cubital, qui est plus ou moins ombré de brun. Var. B. Semblable à la var. À , pour la teinte des ailes, mais la tache cubitale très étendue et double. Assez commune. On la rencontre dans les jardins , dans les champs le long des haies et fossés , ainsi que dans les prairies et au bord des eaux, depuis la mi- avril jusqu’à la fin de juillet. Nous l'avons remarquée aux carrières abandonnées de Saint-Augustin; et les variétés aux carrières de Pigeon, à Eventard, etc. Elle varie pour la taille. B. Abdomen large et déprimé; une tache notrâtre à la base des ailes. L. DEPRESSA , Linn.— De Sel. ; Ramb.— La Phi- F linte et l'Eléonore, Geoffr. Abdomen très déprimé, large et comme lancéolé, d’un bleu pulvérulent chez lemäle adulte; d’un jaune- olivâtre chez la femelle, avec des taches marginales jaunes. Une tache oblongue brune à la base des ailes supérieures ; une tache triangulaire de même couleur (12) à la basedes ailes inférieures : toutes réticulées dejaune. Longueur, 4 172 centimètres; envergure 8 centi- mètres. La femelle, un peu moins grande que le mâle, a l’abdomen plus arrondi postérieurement. Les styles ont beaucoup de ressemblance avec ceux de l’espèce précédente , mais ils sont moitié moins grands. Ptéro- stigma noir; membranule blanche. Pieds noirs, avec les cuisses en partie roussâtres. Var. À. Toutle corps d’un brun noirâtre , mais la partie moyenne des 3°, 4°, 5° et 6° segments de l’ab- domen bleu, pulvérulent, et les taches marginales jaunes, indiquées seulement'sur les premiers segments. Les macules basilaires des ailes beaucoup plus fon- cées que dans le type. La membranule est restée blanche (femelle). Très commune partout, depuis la mi-avril jusqu’au mois d'août. Nous avons rencontré la var. À dans les prairies de Saint-Serge , près d'Angers. GC. Abdomen plus ou moins déprimé et plus ou moins étroit. Ailes sans taches ou avec une tache roussä- tre à la base. » L. FERRUGINEA, V’and. L. — De Sel.; Ramb. Abdomen déprimé, lancéolé, jaunâtre chez la fe- melle, rouge vif chez le mâle adulte. Ailes inférieures marquées à la base d’une large tache d’un roux sa- frané ; cette tache légèrement indiquée aux ailes supé- rieures; ptérostigma rougcâtre. Membranule petite , noirâtre. 6. Longueur, 4 centimètres; envergure, 6 172 cen- (13) timètres, Tête, y compris les yeux, rouge, ces der- niers teints de bleuâtre en dessous. Thorax rouge foncé. Abdomen d’un rouge cramoisi éclatant, comme trans- parent sur les côtés , avec un trait noir sur l’arête dor-- sale du 8° et du 9° segment. Styles rouges, pelits, presque cylindriques , renflés en dessous vers l’extré- mité qui est terminée en pointe aiguë; pièce sous- stylaire de même couleur, recourbée en haut et moi- tié plus courte. Pieds d’un rouge clair avec les épines noires. Les nervures costale, sous-costale, médiane, sous-médiane et postérieure , ainsi que les nervules des premier et deuxième espace huméral et cubital rouges. Îl en est de même du réseau qui récouvre les taches basilaires de l’aile inférieure. ®. Tête jaunâtre; yeux bruts, teints de gris en dessous. Thorax jaunâtre avec deux lignes humérales contiguës de chaque côté. Abdomen très déprimé , jaunâtre ou gris-olivâtre, jaune transparent sur les côtés, avec la ligne dorsale, le bord des segments et autres petites taches, noirs. Styles et pieds jaunes, ces derniers avec des épines noires et les tarses brunâtres. Taches basilaires moins foncées, et les nervures cos- ‘tale et autres, jaunâtres. « L’éclat du mâle adulte, dit M. de Selis-Lon- champs (1), est tel qu’on ne peut s’en faire d’idée sans l’avoir vu; au soleil il ressemble à un rubis, mais cette couleur s’évanouit après la mort. » Rien de plus exact que cette description; elle ex- (1) Mon. Lib. p. 43. (14) prime en peu de mots la beauté éclatante de cet in- secte , qui est rare en Anjou. On le rencontre en juillet au bord des rivières, des élangs, elc. Les bords du Layon, ceux de l’étang de Saint-Nicolas, etc. L. OLYMPIA, Fons col. — de Sel.: Ramwb. Thorax marqué antérieurement de deux bandes verticales blanchâtres. Abdomen étroit, triangulaire, bleu-pulvérulent & ; cylindrique, olivâtre ou jau- nâtre $. Piérostigma jaune roussâtre, long de 4 millimètres. Membranule blanche. ô. Long. 4 172 cent. Enverg. 6 192 cent. Tête et yeux verdâtres; vertex échancré et comme bifide. Thorax brun-olivâtre , marqué antérieurement de deux bandes verticales blanchâtres, ombrées extérieu- rement de brun ou de noirâtre. Abdomen étroit, un peu renflé à la base, ensuite triangulaire et diminuant en pointe, d’un bleu cendré pulvérulent, mais la base du premier segment est brunâtre et le dixième noir : bords segmentaires, appendices anals et pieds noirs; ces derniers avec les cuisses d’un brun-jaunâtre en dehors. Ailes légèrement teintes de brun-roussâtre au sommet et la partie basilaire à peine lavée de jaune. Nervure costale jaune pâle à l’extérieur. @- Front et yeux d’un gris roussâtre. Abdomen presque cylindrique gris-olivâtre ou jaunâtre, avec les bords seymentaires, une ligne marginale et la ligne dorsale, noirs : cette dernière coupée à angle droit par un petit trait de même couleur situé vers la base de chacun des 4°, 5°,6e, 7° et 8° segments, s’arrête (15) as g°. Pieds d’un jaune roussâtre, avec le côté inté- rieur des jambes et leurs épines noirâtres. Var. À. de Sel. (1). Plus grande que lespèce, ayant près de 7 centimètres d’envergure. Ailes lavées de jaune safrané entre les nervures costale , sous-costale, médiane , sous-médiane , et postérieure, depuis la base jusqu’au sommet avec les nervules du premier et du second espace hniméral jaune-pâle. Cette espèce, qui est rare, vole en rasant la terre, et se repose souvent soit sur les sentiers battus soit sur les herbes des prairies, lieux où on la rencontre or- dinairement, Nous l’avons prise à Thorigné, dans un pré tourbeux (l’élang de Villiers}, vers la mi-août; el la var. A. au nord de l’Anjou ,en mai et juin, dans les prés tourbeux de la Bouillant, commune de la Chapelle-Hulin , arrondissement de Segré. L. CANCELLATA, Linn. — de Sel., Ramwb. Thorax très velu, marqué antérieurement de deux bandes verticales noires. Abdomen déprimé, trigone, varié de jaunûtre et de noir et couvert en partie de bleu-cendré pulvérulent 8 ; jaune et varié de noir ©. Ptérostigma noir. Membranule notrâtre. 6. Adulte. Longueur 5 centimètres. Envergure - 8 192 centimètres. Front grisâtre; une tache noire au menton; yeux verts. Thorax olivâtre, marqué anté- rieurement de deux bandes verticales noires , et sur les côtés de deux lignes obliques de même couleur. (1) Mon. Lib.p.41, (16) Abdomen renflé à la base, ensuite déprimé , trigone et atténué à son extrémité; jaunâtre sur les deux pre- ” miers segments , ensuite roussâtre avec unelarge bande irrégulière noire de chaque côté, dessinant des taches marginales et quelquefois dorsales d’un jaune roussâ- tre; ces dernières paraissent en dessous comme en dessus. Toutes ces taches sont en partie absorbées ou voilées par une teinte d’un bleu-cendré pulvérulent qui règne sur les 3°, 4°, 5° et 6° segments; les sui- vants sont noirs, et les deux premiers jaunâtres ou gris verdâtres et velus comme le thorax. Nervure cos- tale jaune ainsi que Îles nervules voisines. Ptérostigma noir, long de deux millimètres et tronqué à ses extré - milés. Siyles et pieds noirs. Q. Corps jaune. Yeux gris-verdâtres. AP ObiEn elivâtre avec les bords des segments et une large bande noire plus ou moins interrompue de chaque côté du dos. Guisses roussâtres, bordées de noir avec le reste des pieds noirs. Pas très commune. On la rencontre pendant tout l'été, au bord des étangs, des rivières, etc. Elleraime à se reposer à terre, sur les lieux dénudés, les che- mins. — Les bords de l’étang de Saint-Nicolas, la. Baumette, les carrières abandonnées de Saint-Bar- thélemy. D. Abdomen mince, comme cylindrique. L. VULGATA , Charp. — de Sel. , Ramb: Abdomen presque de la longueur de l’aile infé- rieure, rouge à , olivâtre QG. Pieds noirs , rayés de (17) jaune en dehors. Ptérostigma rouge ou brun, long de 2 millimètres. 6- Adulte. Longueur 4 centimètres. Envergure, près de 6 centimètres. Tête jaunâtre avec le haut du front rougeâtre. Yeux d’un rouge foncé en dessus, jaunâtres en dessous. Thorax roux ou rougeâtre obs- cur en dessus, les côtés d’un jaune plus ou moins rembruni , avec trois lignes noires dont l’intermédiaire courte. Abdomen un peu renflé à la base, un peu ré- iréciavant son milieu, d’un rouge plus ou moins écla- tant , ayant près de la ligne latérale, une suite de traits noirs élargis en arrière, atténués en avant ; et sur le bord antérieur de la plupart des segments une ligne de même couleur qui part à angle droit du bord latéral etse rend jusques ou près de la ligne dorsale ; deux petits traits réduits quelquefois à deux points se font remarquer vers la partie postérieure des seg- ments, dont le dessus du plus grand nombre est plus ou moins taché de noir. Les 3° ; 4°, 5e, et 6° segments présentent souvent sur cette dernière lache une petite macule réuiforme, jaunâtre de chaque côté de la ligse dorsale. Les 8° et 9° segments sont mar- qués en dessus chacun d’une pelite tache lorigitudi- nale noire, et la base du 1 et du 2° segment est noirâtre. Appendices anals rouge-pâle, à peu près égaux entr’eux et deux fois plus longs que le dernier segment. Pattes ayant les hanches et trochanters jau- nes , avec une tache noire; cuisses noires, avec une bande postérieure et un peu interne, et une ligne ex- terne , jaunes ; les tibias noirs, avec la face externe - jaune et les tarses noirs, Ailes avec une tache basi- d 9 (18) . laire jaune, légèrement indiquée; et les grandes nervu- res en partie d’un rouge obscur. Membranule blanche. ©. La femelle diffère du mâle par la forme de l'abdomen qui est un peu comprimé et non rétréci avant son milieu, ainsi que par sa teinte olivâtre ou jaunâtre qui remplace les couleurs rouge et sombre du mâle. Les taches et traits noirs de l’abdomen sont les mêmes, si l’on en excepte, toutefois, le bord postérieur et supérieur des segments, qui est sans ta- che. Les 8° et ge segments sont comme chez le mâle; mais les nervures de l’aile sont noires, à peine pren- nent-elles un peu debrun rouge à leur insertion. Bord vulvaire prolongé et élevé en voûte. Cette espèce ayant heaucoup de rapports avec les suivantes de la même section, nous avons cru devoir entrer dans des détails descriptifs exceptionels à son égard afin de pouvoir la donner en comparaison pour mieux préciser les caractères distinctifs de ses congé- nères. Très commune partout, depuis le mois d’août jus- qu’en novembre, et même quelquefois plus tard si la saison le permet. : L. HYBRIDA,, Famb. Jaune ou rougeûtre; côtés du thorax jaunâtres , avec deux lignes noires interrompues ou peu mar- quées ; tarses noirs en dessous , roussâtres en dessus ; 8° segment ayant le bord vulvaire terminé par un petit lobe arrondi et non élevé en voûte comme chez la vulgata. &. Longueur 4 centimètres. Envergure.6 centimè- (1) tres. Prothorax ayant une tache transversale noire, surmontée d’une macule angulaire jaune; son bord postérieur très élevé, échancré au sommet et la base légèrement marquée de noir. Thorax jaunâtre, plus foncé en dessus; ayant, près de son insertion avec le prothorax, une petite bande transversale noire, qui recoit 4 points jaunes; sur sa partie antérieure 4 peti- tes bandes brunâtres peu marquées; sur les côtés deux lignes noires interrompues ou peu prononcées et en dessous de très petites taches de même couleur. Ab- domen un peu atténué au milieu , roussâtre ou rou- geâtre , ayant l’arête latérale noire, et un peu au- dessus une ligne longitudinale de même couleur , peu marquée et presque nulle sur les derniers segments. Appendices anals comme chez la vulgata. Pattes jaunes, avec le côté antérieur des premières cuisses, celui des intermédiaires plus ou moins divisés par un trait jaune; une bande antérieure aux postérieurs, une ligne externe plus ou moins marquée sur toutes et la face interne des tibias , noires. Tarses noirs en dessous , roussâtres en dessus. Ailes à peine tachées de jaune à la base; ptérostigma plus long que chez la vulgata (3 millimètres), d’un fauve rougeitre; ner- vures costales et sous-costales, ainsi que les nervules qui en garnissent l’espace, un peu roussâtres, Mem- branule blanche. ©. D’un jaune assez vif; les taches de l’abdomen plus prononcées que chez le mâle, la teinte jaune de la base des ailes plus étendue et le ptérostigma jau- nâtre. Cette espèce a de grands rapports avec la vulgata, (20) dont on la distinguera néanmoins aussitôt par les ca- ractères diagnostiques que nous venons d'indiquer. On la rencontre pendant l’été dans les mêines lieux que ceux que fréquente la vulgata. Nous l’avons prise à la Chalouère, près Angers. L. ROESELII, Curtis. — de Sel., Ramb. Abdomen plus court que l’aile inférieure, jaunä- tre ou rouge; une petite tache jaune-safran à la base des ailes inférieures, moins étendue, aux ailes supé- rieures; plérostigma court ({ 2 millimètres), rouge ou noir ; les quatre pieds postérieurs noirs. &. Longueur 3 172 centimètres. Envergure 5 172 centimètres. Face jaune ou jaunâtre sans tache. Tho- rax d’un brun rougeâtre en dessus, sans bandes jau- nes en devant, mais ayant à sa base antérieure une tache transverse noire, plus ou moins étendue, tou- chant la ligne médiane , de même couleur; et sur les * côtés trois lignes noires , dont l’intermédiaire est plus 5 P courte. Abdomen court, très atlénué au milieu et élargi avant l’extrémité, d’un beau rouge briqueté ; ayant l’arête latérale noire ; au dessus et touchant souvent à l’arête une ligne courte de même couleur ; le 8e et le 9° segments ordinairement marqués, sur la ligne dorsale , d’une petite tache noire ; dessous rou- geâtre , avec une petite tache noire touchant d’un côté la ligne latérale et de l’autre le bord postérieur des segments. Appendices anals rougeâtres. Pieds noirs, ou bien ayant la base de la face interne des cuisses antérieures seulement , jaunâtre, Membranule blan- châtre. (21) ©. Diffère du mâle par sa teinte d’un jaune olivâtre, ses taches noires plus grandes , plus étendues; ct ayant le dessous de l'abdomen recouvert d’une exudation d’un gris-blanchâtre pulvérulent. Le menton est sou- vent marqué d’une tache noire , et le bord vulvaire n’est point élevé en voûte, comme chez la vulgata, mais seulement un peu saillant , épais et renflé. Aussi commune quela vulgata. On la rencontre aux mêmes époques , et fréquente les mêmes lieux. G. CORDULIA, Leach. — de Sel.; Ramb. chlorosoma, Charp. ; Libellula, Linn. Bouche des Libellules ; mais vers le milieu du bord postérieur de l'œil un prolongement ou second œil, lisse , séparé du grand œil par une fossette sinueuse. Arête dorsale de l’abdomen à peine sensible. Styles variables , au nombre de trois chez les mâles et. de deux chez les femelles. Lobe génital des mâles très développé. Bord anal des ailes inférieures anguleux chez le mâle, arrondi chez la femelle. Membranule grande, alongée. Ptérostigma petit. Les insectes qui composent ce genre, peu nom- breux en espèces , sont on ne peut plus remarquables par leur coloration à reflets métalliques; leur vol est peu élevé mais rapide. On les rencontre à peu de dis- tance des lieux de leur naissance et souvent au repos sur les haies et les buissons. GC. METALLICA , Vand. L. — de Sel. ; Ramb. Vert bronzé. Une bande frontale jaune, dilatée, (22) gihbeuse à ses extrémités et prolongée jusqu'aux yeux. Base de la lèvre supérieure de cette dernière couleur. à. Longueur à 174 centimètres. Envergure de 7 À 7 172 centimètres. Tête grosse ayant le vertex et la face d’un bleu-vert métallique, la lèvre inférieure, une tache à la lèvre supérieure et une bande frontale, jaunes. Yeux roux en dessus, verts en dessous. Abdo- men d’un beau vert métallique , brillant , renflé à la base, retréci au troisième segment , élargi ensuite et atténué postérieurement; deuxième segment marqué de chaque côté en dessus et vers le bord postérieur , d’un point ou tache jaune, suivi quelquefois d’un point ou tache de même couleur sur le segment suivant , mais séparés par la section annulaire du second seg- ment qui est également jaune; deux taches semblables en dessous et sur les côtés de la base du deuxième segment, dont l’une occupe la moitié longitudinale du lobe génital; ordinairement une troisième tache jaune, également de chaque côté, plus étendue et comme triangulaire occupe la base du troisième segment. Styles noirs, velus, flexueux, un peu renflés vers le milieu qui est garni extérieurement de deux dents et finissant en pointe recourbée en haut; pièce sous sty- laire commetriangulaire, légèrement arquée en haut et d’un tiers moins longue que Îles styles. Pieds noirs. Nervure costale jaune en dehors. Q. La femelie diffère du mâle par sa taille plus forte et son envergure plus étendue ainsi que par l’abdomen, un peu renflé à sa base, mais qui diminue ensuite in- sensiblement jusqu’au dernier segment. Les styles sont velus , longs, linéaire-lancéclés ; et le bord vulvaire, en forme d’ergot et très prolongé, est redressé à angle droit. Cette jolie espèce varie par les taches de l’abdomen ainsi que par les ailes qui sont ou sans couleur ou bien lavées de jaune safrané sur le premier et le se- cond espace costal et même au-delà. Gette couleur, qui est d’une teinte plus intense chez la femelle que chez le mâle, se montre aussi quelquefois à la base, des ailes inférieures , près de la membranule, qui est blanchâtre à la base et cendrée au reste. Le pléros- tigma varie aussi de couleur, il est ou jaunâtre ou noir. Elle est indiquée par les auteurs comme étant rare partout ; nous l’avons rencontrée en assez grande quantité vers la fin de mai et en juin au nord de l’An- jou, sur les communes de Grugé et de la Chapelle- Hullin, le long des chemins, depuis le pont de Gobert jusqu’à Labouillant. Nous l’avons aussi remarquée sur la route de Châteaugontier à Craon (Mayenne), près de la Turtaudière. C. ÆNEA, Linn. — Curt,; de Sel. ; Ramb. Libellula ænea, Linn. ; Latr. ; Vand. L. Front et devant de la tête vert-bronzé, avec la base de la lèvre supérieure jaunâtre. Abdomen bronzé cuivreux. &. Longueur 5 centimètres. Envergure 7 centimèt. Vert-bronzé; celte couleur plus cuivreuse et moins éclatante sur l’abdomen. Lèvre inférieure et base de la supérieure, jaunes. Abdomen un peu renflé à la (24) base, rétréci ensuite et s’élargissant progressivement jusqu’à son extrémité qui est fortement dilatée. Les côtés du premier segment présentent quelquefois un tubercule arrondi, noir et brillant. Quelques taches jaunes en dessous se font remarquer et particulière- ment au deuxième segment. Styles une fois plus longs que le dernier segment, cylindriques, obtus, très écartés à leur base , fléchis en dehors à leur extré- milé, bronzés et velus; pièce sous stylaire profondé- ment fourchue, à branches inégalement bifurquées et crochues au bout. Pieds noirs. Aïles plus ou moins teintes de jaune safrané à leur insertion : celte cou- leur plus marquée aux ailes inférieures, s’étend depuis la nervure.costale jusques etcomprise la grande cellule qui borde la membranule. Ptérostigma noir. Membra- nule blanchâtre à la base, d’un cendré noirâtre au reste. Q. Abdomen à peine dilaté à son extrémité; le bord postérieur du deuxième segment jaune. Appendices anals, cylindriques, velus, presque de la longueur des deuxderniers segments réunis. Membranule blanchâtre. Cette jolie espèce se montre vers la fin de mai et en juin, dans les champs, les chemins, etc. Nous l'avons rencontrée à l’ouest de la ville d'Angers, ainsi qu’à Beaufort. FAMILLE DES GOMPHIDES. / Tête plus ou moins déprimée. Vertex étroit, très abaissé ou nul. Veux sessiles, petits, éloignés l’un de l’autre ou rarement contigus ou à peine contigus. (25) Palpes labiaux de trois articles; les lobes latéraux largement espacés vers leur partie supérieure; le troisième article très apparent , ordinairement ter- miné par une longue épine. Tête plus ou moins déprimée; bouche plus ou moins saillante. Abdomen cylindrique ou comprimé, plus ou moins dilaté à ses extrémités, généralement sans arêtes, plus long que l’aile inférieure et marqué sur {e second segment d’un petit tubercule latéral arrondi chez les mâles. Appendices anals variables. . Les Gomphides , dont la coloration du corps est le jaune et le noir, ontle vol peu soutenu, aussi les ren- contre-t-on souvent reposés sur les buissons ou à terre sur les sentiers battus. Gette famille composée de sept genres, n’en présente que deux pour le département de Maine-et-Loire : les G. Gomphus et Cordulegaster. G. GOMPHUS, Leach. — de Sel. ; Ramb. Lindenia, Vand. Hæœw.; Diastatoma , Burm. Veux non contisus. Vertex très abaissé. Ocelles placées presque sur la même ligne. Occiputtransverse, en lame saillante. Lèvre inférieure entière, aussi large que haute. Second article des palpes labiaux plus large que long, son angle interne prolongé en une longue épine; troisième article moins long que le * précédent, étroit et terminé en pointe aiguë. Trian- gles des ailes sans nervules. Tête petite; occiput transverse , en lame saillante, terminée en biseau , sur lequel règne une petite crête formée par des poils abondants. Côtés des quatre der- è (26) niers segments de l’abdomen plus ou moins dilatés en expansion membraneuse chez les mâles particulière ment, Appendices anals variables, l’inférieur souvent bifurqué. Bord anal des ailes inférieures anguleux chez le mâle, arrondi chez la femelle. Membranule très petite. Les Gomphus ont une coloration bien prononcée : des lignes noires sur un fond jaune, ou bien des taches jaunes sur un fond noir. Ils sont d’une taille moyenne ; leur vol, quoique rapide, n'est jamais de longue du- rée. On les rencontre dans toutes sortes de localités, souvent éloignés des eaux. G. FORCIPATUS , Lin.— Donov.; de Sel.; Ramb. S. à Buff., pl.5,e.; Libellula Forcipata, Linn. Bande antérieure et intermédiaire du thorax notre, non dilatée, linéaire, terminée inférieurement en une pointe légèrement sagiltée et surmontée par une petite carène en partie jaune. Abdomen noir, avec une ligne dorsale jaune , terminée au septième seg- ment. 6. Longueur, 4 172 centimètres. Envergure 6 172 centimètres. Abdomen dilaté postérieurement. Ap- pendices noirs, égaux entre eux, de la longueur du dernier segment, les supérieurs presque cylindriques, subitement rétrécis en pointe à l’extrémité qui est lé- gèrement mucronée en dessous; pièce sous-stylaire fourchue très profondément , à branches très écartées et recourbées en haut. Pieds noirs , quelquefois mar- qués d’une bande jaune sur la face postérieure des (27) cuisses antérieures. Nervure costale noire. Ptérostigma brun-noirâtre. | ©. Ressemble beaucoup au mâle; mais l’abdomen est moins dilaté postérieurement. Styles courts , cy- lyndriques , aigus. Commun au printemps, vers la fin d’avril et en mai , dans les jardins, les champs, les bois, etc. G. ZEBRATUS, Ramb. s. à B.pl. 5, f. 3, c. Bandeantérieure et intermédiaire du thorax notre, dilatée progressivement jusqu’à sa base, qui est tron- quée et mucronée; une petile carène, en partie jaune surmonte cette bande. Abdomen dilaté postérieure- ment, noir en dessus, avec une ligne dorsale jaune prolongée jusqu’à son extrémité. Tibias jaunes en dehors ; tarses noirs. &- Longueur 4 172 centimètres. Envergure 6 172 centimètres. Face jaune , traversée par deux lignes étroites noires. Abdomen mince , renflé à la base, di- laté postérieurement, mais moins que dans l’espèce précédente, noir, en dessus, avec une ligne dorsale jaune , prolongée dans toute son étendue , et dilatée en taches de diverses formes sur les deux premiers et le pénultième segments; le dessous et les côtés sont jaunes; cette dernière partie avec un point ou tache noire, mal défini, sur chacun des huit premiers seg- ments, Les quatre derniers anneaux ont le jaune plus pur et plus étendu etle bord postérieur segmentaire jaune; les autres segments ont cette partie noire. Styles noirs, droits, un peu plus longs que le dernier segment, terminés subitement en pointe aiguë et mucronés en (28) * dessous. Pièce sous-stylaire fourchue très profondé- ment , à branches écartées , recourbées en haut, noi- res en dehors et jaunes en dedans. Cuisses jaunes, rayées el ponctuées de noir; tibias et tarses noirs, les premiers avec une ligne extérieure jaune. Ailes, à peine lavées de jauneentre les grandes nervures; ner- vure costale jaune ; ptérostigma roux-jaunâtre. ©.Ressemble beaucoup au mâle; mais les quatre derniers segments de l’abdomen sont presque entière- ment jaunes et le bord vulvaire est de cette couleur. Cette espèce , confondue sans doute avec le Forci- patus avec lequel elle a quelques rapports de forme, en a été parfaitement distinguée par M. Rambur. On la rencontre au printemps et en été dans les bois, les champs, etc. Nous l’avons prise aux environs d’An- gers. G. PULCHELLUS , de Sel. — Ramb. s. à B.pl. 5, (nd. Bande antérieure et intermédiaire du thorax notre ou noirâtre, alongée , dilatée et tronquée ens’évasant inférieurement ; cette bande est dépassée à sa base et surmontée d'unepetitecarêne de la couleur du thorax. Abdomen comme cylindrique, noir en dessus, avec une ligne dorsale jaune prolongée jusqu’à l'extrémité du dernier segment, Tarses noirs, les postérieurs Jaunes en dessus. &: Longueur, 5 centimèires. Envergure 6 172 cen- timètres, Tête petite; face jaune, traversée par deux lignes étroites , noires, celle du front plus apparente. Thorax jaune ou olivâtre, avec quatre lignes noires, (29) fines de chaque côté; l’humérale arquée , plus courte et plus épaisse. Abdomen noir en dessus , avec une li- gne dorsale jaune , large à la base , et prolongée jus- qu’à l'extrémité du dernier segment; les côlés sont jaunes , avec le bord des segments et une tache longi- tudinale irrégulière d’où part un petit filet transverse, noirs; ces taches sont peu apparentes sur les premiers segments et nulles sur les derniers. Styles noirs, droits, courts et terminés en pointe courte; pièce sous-stylaire profondément bifurquée , jaune avec les pointes noires. Pieds jaunes, bordés en dedans par une ligne noire, divisée en trois surles cuisses qui ont la face interne garnie de deux rangs de longues épines noires; tarses noirs, les postérieurs jaunes en dessus. Nervure costale jaune. Ptérostigma fauve. ©. Plus épaisse, plus jaune que le mâle et lui res- semblant beaucoup. Cette espèce est commune en mai, juin et une partie de juillet, dans les prairies, ainsi qu’au bord des eaux, etc. Les prairies qui bordent la Mayenne; les bords de l'étang de Saint-Nicolas , etc. G..UNGUICULATUS, and. L. — de Sel.; Ramb. Sub: :plhAvf hi Nasva, b.; Libellula Forct- pata, Linn.; Æschna unquiculata , Vand. L. Bande antérieure et intermédiaire du thorax notre, disjointe, ct dont chaque branche, tronquée obliquement à son extrémité inférieure, s’écarte l’une de l’autre comme tes jambages d’une |. Une petite (30) carène jaune règne au milieu de celte bande. Abdo- men noir, maculé de jaune, très atténué au milieu chez le mâle , cylindrique chez la femelle ; les trois - appendices du mâle coudés à l'extrémité. à. Longueur, 5 centimètres; envergure, 6 172 cen- timètres.. Tête de moyenne grosseur; yeux grisâtres ; face jaune, traversée par trois lignes noires. Thorax jaune ou olivâtre, avec une bande antérieure inter- médiaire, et quatre autres de chaque côté, dont une interrompue au milieu , lhumérale et la suivante presque contiguës, plus larges, arquées et flexueuses, noires. Abdomen renflé à la base, ensuite étroitet dilaté postérieurement, noir et marqué detaches jaunes: sur la ligne dorsale ces taches sont alongées et plus ou moins lobées, touchent la partie antérieure des sept premiers segments, se prolongent sur les côtés ainsi qu’en dessous, et prennent plus d’extension sur les derniers anneaux; le neuvième et le dixième, en des- sus, présentent les taches jaunes touchant la partie postérieure des segments; et le bord postérieur ses- mentaire des septième, huitièmeet neuvième anneaux est également jaune. Appendices anals de la longueur des deux derniers segments, forts, crochus, les deux supérieurs coudés à leur extrémité et à pointe bifide retournée en dedans; l’inférieur, divisé, dans toute son étendue, en deux parties rapprochées, jaunes à la base, noirâtres au reste, arquées en dessus et terminées, l’une et l’autre, par une pointe abaissée ; une épine redressée se fait remarquer vers la base et la face in- terne de chacune de ces parties. Pieds noirs, ayant la base et le côté externe de la moitié des cuisses jaunes. (31) Nervure costale jaune en dehors. Ptérostigma noir. ©. Diffère du mâle par la forme de l’abdomen qui est plus cylindrique et plus épais, ainsi que par ses taches supérieures plus grandes et ses appendices moilié moins longs, simples , droits, pointus, jaunes. Cette espèce remarquable est rare et peu défiante : on la rencontre en juin et juillet dans les bois ainsi qu’au bord des eaux. Nous l’avons prise, fin de juin, au bord du Louet (un des bras de la Loire), près des Ponts-de-Gé. G. CORDULEGASTER, Leach. — De Sel. ; Ramb. Æschna, Latr.; Vand. L.; Charp. | Yeux presque contigus : se touchant par un seul point. Ocelles disposées en triangle. Lèvre inférieure plus longue que large, profondément échancrée et comme bilobée à son extrémité et dont chaque lobe se termine par une petite pointe. Second article des palpes labiaux aussi large que la lèvre, avec le bord interne denté; troisième article trois fois plus court que le précédent, terminé par une épine courte. Bord _ vulvaire prolongé et dépassant l'anus, Triangle des quatre ailes semblables, traversé par une nervule ar- quée. Tête large; vertex étroit, échancré:; front élevé, Abdomen très alongé, comme cylindrique. Appen- dices anals très courts. Parties génitales accessoires . du mâle très prononcées, avec deux tubercules en oreil- lettes saillanies. Bord vulvaire prolongé en une pointe longue, dépassant l’anus, divisée en deux parties (32) creusées en gouttière. Bord anal des ailes inférieures ‘anguleux chez le mâle, arrondi chez la femelle. Les Cordulegasiter sont de très grands insectes, dont la coloration est le jaune ou le roux et le noir; leur vol est puissant, sans être élevé. CG. LUNATUS, Charp., — Ramb., C. annulatus, Leach. ; de Sel. Mon. lib. pl, 2, f. 15; Æschna annulata, Latr. Thorax noir, marqué de six bandes obliques jaunes : deux antérieures et deux de chaque côté ; ces dernières quelquefois séparées par un filet de méme couleur. 6. Longueur, 8 centimètres; envergure, 9 172 cen- timètres. Tête jaune à poils noirs; front échancré en dessus , ayant une bande noire à sa base, et quelque- fois une ligne de même couleur au sommet. Thorax noir à poils d’un roux cendré, marqué de bandes jaunes. Abdomen noir ; le premier segment ayant une ligne de chaque côté, le deuxième une bande anté- rieure et une bande postérieure circulaire qui s'étend jusque sur les parties génitales, les troisième, qua- trième, cinquième, sixième, septième et huitième une bande médiane circulaire et deux petites taches pos- térieures sur chaque anneau, le neuvième avec une petite tache de chaque côté, jaunes; ces bandes et ces taches, ordinairement interrompues par l’arête dorsale , qui est noire, sont irrégulières dans leurs formes, très variables par leur largeur, et les pre- mières s'étendant obliquement sur les côtés. Dernier segment complétement noir. Styles noirs, très petits, ( 33) un-peu déprimés , pointus, avec une petite pointe vers la base; pièce sous-stylaire courle, carrée. Pieds noirs. Espace interalaire noir , marqué de deux taches jaunes. Un gros point jaune à la base de chaque ner- vure costale, dont la tranche extérieure est de même couleur. Ptérostigma étroit, allongé, noir. Membranule , allongée, blanchâtre. © Longueur, 8 172 cent. Envergure, plus de 10 cen- timètres. Plus grande et plus forte que le mâle et lui ressemblant pour la disposilion des taches. Styles très petits, noirs, courts, droits, cylindriques, pointus. Bord vulvaire noir, avec deux pelites taches jaunes à la base, prolongé en une longue pointe fendue dans les trois quarts de sa longueur, creusée en gouttière et dépassant l'extrémité de l’abdomen, sous lequel elle occupe une place qui lui est parallèle et conte- nant deux autres pointes moins longues. Cette remarquable espèce, indiquée dans le midi de la France, l'Espagne, l'Italie, etc., et qu’on ne soupçconnait pas devoir se rencontrer dans le départe- ment de Maine et Loire, où elle y est très rare, ha- bite le nord de l’Anjou. Nous l’avons observée le 4 juin, le long des haies et fossés , dans les prés et les chemins, près de la Bouillant, commune de la Chapelle-Hulin, FAMILLE DES ÆSCHNIDES,. Feux plus ou moins largement contigus. Palpes labiaux de trois articles, dont le deuxième est plus étroit qne la lèvre inférieure, :et letroisième, qui est Cylindrique, est moitié plus court que le second. Ak- 3 (34) domen très long, avec l’aréte dorsale , variable par son étendue, selon le sexe ou les espèces. Appendices anals supérieurs ciliés en leur bord interne, ordi- nairement dilatés, lamelliformes, jamais cylindri- ques ; l’inférieur presque toujours entier. Tête grosse, avec le vertex et l’occiput petits; front droit, très saillant ; lèvre supérieure échancrée. Ab- domen très long, renflé à la base, avec, le plus ordi- pairement, un tubercule latéral au deuxième segment; dessous du dernier segment, rugueux ou épineux à son extrémité postérieure. Bord vulvaire des femelles prolongé en une pointe cornée, formée de quatre pièces rapprochées et unies entre elles, terminées par deux petites cornes. Appendices vulvaires de deux ar- ticles chacun, dont le premier est droit et arqué, et le deuxième styliforme; ces quatre pièces, qui n’at- teignent pas l’extrémité de l’abdomen, sont contenues par deux lames ou valves étroites, plus ou moins re- courbées, cornées et lerminées chacune par un petit pinceau de poils. Triangle des quatre ailes semblables. Corps varié de diverses couleurs. Cette famille, composée de trois genres seulement, en présente deux pour le département de Maine et Loire : les genres Anax et Æschna. Elle rassemble les plus grandes espèces de la tribu : celles aussi dont le vol est le plus puissant et le plus soutenu et qui leur procure les moyens de parcourir de vastes espaces et de s'éloigner à de très grandes distances des lieux de leur naissance, quoique certaines espèces s’en écartent peu. (35) G. ANAX, Leach. — de Sel. ; Ram. Æschna, V'and. L.; Charp. Angle anal des ailes inférieures arrondi dans les deux sexes. Point de tubercule sur Les côtés du deuxième segment de l'abdomen. Pièce sous-stylaire tronquée, quadrilatère ou bien rétrécie à son extré- milé. Les Anax ont la tête grosse y compris les yeux qui en forment la majeure partie. Le thorax est très épais et l'abdomen irès allongé. Cette dernière partie est marquée d’une bande dorsale anguleuse, noire ou rousse, el de sept arêtes longitudinales. Leur colora- tion, en général, se compose de bleu tendre, de vert ou vert-jaunâtre, de roussâtre et de noir ; mais ces couleurs ne sont pas disposées par petites taches ou bien par plaques comme chez les Æschna, avec les- quels les Anax ont des rapports de forme et de taille très marqués. Par leurs couleurs brillantes on peut les considérer comme étant les plus beaux insectes de cette famille. On les rencontre sur les étangs et les ri- vières, d’oùils s’éloignent peuetsur lesquels ils planent à la manière des oiseaux de proie. Ils sont fort défiants et se laissent, par cela même, difficilement appro- cher. A. FORMOSDUS, and. £. — de Sel. Mon. lib. pl. 3, {. 23; Ramb. Æschna formosa, Vand. L.; Æ. asurea, Charp. ; Eurm. ; Thoerax vert: Une petite tache triangulaire noire (36) à la base du vertex, touchant de sa pointe supérieure une pelite bande transversale bleue, située sur le haut du front. Ptérostigma très allongé (5 mull.), rous- sâtre. Thorax d’un vert clair, sans taches, mais les sutures latérales un peu marquées de noir. 5 Longueur, 8 centimètres. Envergure, 10 centi- mètres. Vertex noir à la base, jaune-verdâtre au som- met qui est très peu élevé. Occiput jaune. Yeux verts à fond bleu. Face plate, d’un jaune-verdâtre, avec le bord de la lèvre supérieure noir. Abdomen long , ren- flé à la base, rétréci au troisième segment, desert en- suite, d’un beau bleu, le premier et la moitié du deuxième segment excepté, qui sont verdâtres; une bande dorsale anguleuse noire, traversée à la base des troisième et huitième segments par une raie courte de même couleur, règne depuis le troisième jusqu’au dernier segment , sur les côtés desquels il existe des taches allongées. Appendices supérieurs deux fois aussi longs que le dernier segment , rétrécis à la base, di- latés ensuite, puis tronqués au sommet, avec une côte longitudinale arquée en dessus. Pièce sous-stylaire courte, carrée. Pieds noirs ; les cuisses en partie rous- sâtres en dehors. Membranule cendrée , blanchâtre à la base. Nervure costale jaune. ® Longueur, 8 centimètres. Envergure , 11 centi- mètres. Diffère du mâle par l’abdomen qui est plus épais, non rétréci au troisième segment, ainsi que par ses couleurs : le bleu du mâle est remplacé par du vert, et la-bande dorsale , qui est plus large , est d’un Prune roux; l’arête dorsale est nulle sur les trois derniers segments ; les appendices anals sont lancéolés et dé- (37 ) primés, et les ailes sont plus larges, plus étendues et teintes légèrement de brun-verdâtre. Cette espèce, qui est on ne peut plus répandue, se montre sur tous les étangs ainsi que les petites rivières de préférence , depuis le mois de mai jusqu’à la fin de l'été. Elle vit des insectes qu’elle saisit au vol et par- ticulièrement d’Agrions. G. ÆSCHNA, Fabr. — de Sel ; Ramb. Libellula , Linn. Angle anal des ailes inférieures anguleux chez le inäle, arrondi chez la femelle. Deuxième segment de l'abdomen du mâle marqué sur les côtés d’un tuber- cule comprimé, et en forme d’oreillette, plus ou moins saillantet dentelé. Pièceanale inférieure moins longue que les supérieures et en triangle ordinairement al- longé et tronqué. Abdomen renflé à la base , ensuite plus ou moins rétréci , puis cylindrique, très allongé et marqué de cinq arêtes longitudinales. Sa coloration se compose de bleu, de jaune, de vert, de roux et de noir; ces différentes couleurs disposées par petites taches ou par plaques : le bleu est le partage du mâle comine le jaune et le vert sont le propre de la femelle. Ces insectes , tous en général d’une grande taille, ont le vol puissant et soutenu , comme ceux du genre précédent. On les rencontre dans les marais , les clai- rières et les allées des bois, ainsi que le long des che- mins bordés de haies et de fossés; allant et revenant continuellement dans le même lieu , en parcourant de petits espaces jusqu’au moment où, effrayés par quel- (38) que cause, ils partent et s’éloignent avec la rapidité d’un trait en s’élevant dans les airs et souvent à une très grande hauteur. Ils se laissent, pour la plupart , très difficilement approcher. A. Une tache frontale noire en forme de T. Æ. MACULATISSIMA , Latr. — de Sel. Mon. lib. pl. 2, f. 19; Ramb. Thorax vert-jaunâtre, avec une bande antérieure et intermédiaire d’un brun roux, qui s’unit, de chaque côté, avec une bande humérale de même couleur et ombrée extérieurement de noir pour entourer deux taches ovales de la couleur du fond; chaque bande humérale présente à sa base un gros point jaune ; côtés marqués de deux lignesnoires, dont l’antérieure st la plus courte ; tubercule du deuxième segment tridenté, Piérostigma court (2 mill. }, presque carré, noir. & Adulte. Longueur, 8 cevtimèlres. Envergure, 10 172 centimètres. Têle jaune ; lèvre inférieure ver- dâtre; branche transverse de la tache frontale noire, épaisse et arrondie extérieurement. Yeux bleus en dessus, jaunâtres en dessous ainsi qu’au bord posté- rieur, Abdomen varié de nombreuses pelites taches bleues, jaunes et vertes, isolées ou géminées surun fond noir ou noirâtre : premier segment vert et noir; deuxième segment avec une tache dorsale allongée, triangulaire, une petite tache transverse de chaque côté, une tache dorsale basale géminée jaune-ver- dâtre et deux laches latérales , l’une jaune-verdâtre, l’autre bleue; troisième au septième segment, en des- (39) sus, une ligne transverse ou bien une petite tache an- térieure , deux petites laches médianes triangulaires, géminées , el deux taches postérieures géminées , ar- rondies, plus grandes, vert-jaunâtre, et de chaque côté deux taches antérieures bleues, séparées par un filet annulaire , noir et saillant:; huitième segment, la ligne ou tache antérieure ainsi que les deux petites taches suivautes manquent ordinairement ; neuvième et dixième segment, bleus antérieurement. Appendices supérieurs noirs avec une large bande jaune au milieu de la face interne, deux fois aussi longs que le dernier segment , élargis au milieu, rétrécis à la base et près du sommet, qui est terminé par une pointe tournée en dehors; l’inférieur, moitié moins long, en triangle allongé, obtus. Pieds noirs, avec les cuisses brunä- ires. Membranule courte, blanchätre, teinte de noi- râtre au bord postérieur. Longueur, 8 centimètres. Envergure, 11 centi- 5 5 mètres. Diffère du mâle par l’abdomen qui n’est pas rétréci au troisième segment ; les yeux sont verts en deseus et les taches du thorax et de l’abdomen sont d’un vert-jaunâtre. Chez les insectes nouvellement éclos, la couleur bleue des adultes est changée en vert , et la verte est transformée en jaune; les ailes sont lavées de jaune clair et la nervure costale est jaune Cette espèce est on ne peut plus répandue; on la rencontre depuis juillet jusqu’à la fin d'octobre, dans les bois, les chemins, etc. (40 ) Æ. MIXTA, Latr, — de Sel. Mon, lib. pl. 2, fig. 17: Ramb. : Thorax roussâtre, velu , avec deux petites taches basales antérieures , jaunes, et sur les côtés deux larges bandes de même couleur , précédées chacune par une ligne noire. Ptérostigma un peu long (4 mil- limètres), brun. Appendices supérieurs du mâle non dentés à leur base, ceux de la femelle plus longs que ceux du mâle ou de trois fois la longueur du dernier segment. & Longueur. 7 centimètres. Envergure, 8 172 cen- timètres. Tête jaunâtre ; lèvre supérieure bordée de noir ; branche transverse de la bande frontale noire, épaisse el rabattue à ses extrémités ; vertex et oeciput jaune; yeux bleus. Espace interalaire tacheté de jaunes. Abdomen, en dessus, d’un brun-roux, marqué de taches entourées ou ombrées de noir, ainsi dispo- sées : le premier segment ayant une tache latérale jaune ; le deuxième une tache dorsale allongée, trian- gulaire, une ligne transverse de chaque côté, jaunes, et la partie postérieure bleu-pâle; le troïsième au hui- tième un trait transverse antérieur jaunâtre, deux pe- tites taches médianes géminées pâles, deux taches pos- térieures géminées plus grandes et, de chaque côté, deux taches antérieures bleues, ces dernières séparées par un filet annulaire saillant, noir; le neuvième-avec deux taches postérieures bleues et le dixième noir, avec deux taches latérales jaunâtres. Appendices su- périeurs plus de deux fois aussi longs que le dernier segment, noirâtres, rétrécis à la base (non dentée en (41) dessous), dilatés ensuite, finissant en pointe aiguë et garnis d’une côle médiane peu marquée. Appendice inférieur un tiers plus court, brunâtre, en triangle allongé et tronqué, concave et relevé en haut. Pieds noirs, avec les cuisses en partie roussâtres en dehors. Ptérostigma noirâtre ou roussâtre. Membranule cen- drée, blanchâtre à la base. $ Diffère du mâle par ses yeux verdâtres , par les taches de l’abdomen qui sont verdâtres et moins om- brées de noir, par l’arête dorsale qui disparaît sur les trois derniers segments , ainsi que par les appendices anals plus longs que ceux du mâle, lancéolés et gar- nis d’une côte médiane plus élevée. Cette espèce varie quelquefois par les côtés de ses premiers anneaux qui prennent une belle couleur jaune. On la rencontre assez communément dans les ma- rais el les bois, depuis juillet jusqu’en septembre. Les marais de la Baumette, les bois d’Avrillé, de La Baie, etc. Æ. VERNALIS, J’and. L. — de Sel. Mon. lib., pl. 2, f. 16; Ramb. Thorax très velu, d’un brun-roux en dessus et an- térieurement, avec deux bandes antérieures jaunes, plus courtes chez la femelle; les côtés ordinairement jaunes avec trois lignes noires d’égale longueur. Front jaune, traversé sur la suture frontale par une ligne noire qui l’étrangle de chaque côté. Ptérostigma long et étroit (longueur, 3 mill.; largeur, 192 mill.), d’un jaune foncé. (42) à Longueur, 5 172 centimètres. Envergure, 7 192 centimètres. Tête jaune, avec la bouche et la base de la lèvre supérieure , noirâtres ; vertex et: occiput jaunes; tache frontale transverse longue, arquée à ses extrémités; yeux peu contigus , bleus. Espace in- teralaire tacheté de jaune. Abdomen à peine rétréciau troisième segment , presque cylindrique, noir et tachelé comme suit : le premier segment avec un point bleu; le deuxième au huitième, en dessus, untrait antérieur transverse et deux lignes médianes, trans- verses ct géminées, verdâtres, deux taches posté- rieures géminées bleues , et sur les côtés trois taches bleues ; les neuvième et dixième avec deux taches pos- iérieures bleues. Appendices supérieurs noirs , deux fois aussi longs que le dernier segment, ayant une côte médiane, très élevée vers l’extrémité, qui est retournée en dedans et terminée en pointe; l’inférieur est plus court que le dernier segment, concave et en triangle tronqué à son extrémité. Pattes noires. Ailes assez petites, à peine jaunâtres à la base, mais ayant le bord costal extérieur , les nervules du premier et du deuxième espace huméral et celles du point cubital, jaunes ; angle anal arrondi; membranule blanchâtre , petite. ® Diffère du mäle par les taches de l’abdomen qui sont touies, plus ou moins, d’un jaune-verdâtre; les deux bandes antérieures jaunes sont transformées ici en deux pelites taches de même couleur; et les appen- dices sont presque droits et lancéolés. Cette espèce, la plus petite du genre, n’est pas très répandue; on la rencontre au mois de mai dans (43) les marais. — Les carrières abandonnées de Saint- Augustin près Sorges. B. Point de tache frontale en forme de T. Æ. IRENE , Fonsc. — de Sel. Mon. lib. pl. 3 f. 20; Ramb. C e Thorax court ct épais antérieurement , marqué de quatre traits ou taches noires sur le devant ; abdomen renflé à la base, très étranglé au troisième segment ; tubercules du second segment très prononcés, en forme d’oreillettes ; ptérostigma jaunâtre ; membranule courte, cendrée. &. Longueur, 7 centimètres 3 millimètres. Enver- gure, 9 172. centimètres. Face d’un vert jaunûtre, rousse inférieurement , le front très velu ; yeux d’un gris verdâtre. Thorax court et épais antérieurement, varié de vert, de jaune-roussâtre, de brun-roussâtre et de quatre traits ou taches antérieures noires. Abdomen renflé à la base , très étranglé au troisième segment, taché de brun-roussâtre sur un fond vert-blanchâtre ; ces taches sont ainsi disposées : une large tache d’un brun roussâtre à la base de la plupart des segments, mar- quée en dessus de deux points et de deux macules oblongues, et sur les côtés d’une petite tache ovale, jaunâtres ; celte tache , qui est échancrée antérieure- ment, est surmontée d’une petite tache de même cou- leur, qui s’unit à la première par la ligne dorsale ; les deux premiers segments sont à peine maculés. Ap- pendices anals d’un brun-roux, deux fois aussi longs que le dernier segment , lancéolés, marqués en dessus (44) d’une ligne longitudinale élevée; et en dessous , à la base, d’une dent aiguë; appendice inférieur court, en triangle allongé, obtus au sommet et excavé en dessus. Pieds d’un brun roussâtre, ses épines noires. Ailes très grandes, transparentes, souvent brunâtres au som- met, leur insertion fortement maculée de jaune: nervure costale. en dehors , nervules du point cubital ainsi que plusieurs autres, jaunes ; ptérostigma moyen, jaunâtre , long de 4 millimètres. S Différe du mâle principalement par ses couleurs plus ternes et par la grande tache qui touche ici le bord postérieur des segments, sans laisser comme chez le mâle, de points verts sur cette partie. Appen- dices anals, courts, lancéolés. Cette remarquable espèce , qui est rare, habite les bords du Layon; nous l'avons prise, vers la fin de juin, près du Pont-Barré. [FAMILLE DES AGRIONIDES. Tête petite, transversale, déprimée en dessus; bouche saillante ; yeux convme pédicellés, très éloignés l’un de l’autre; palpes labiaux de trois articles ; lé- vre supérieure entière, bombée, arrondie; lèvre in- férieure grande, divisée en deux parties , ordinaire- ment réunies par une membrane. Ocelles disposées en triangle. Quatre appendices anals chez les mâles, deux chez les femelles , variables pour la forme. Vertex peu élevé, occiput linéaire; deuxième arti- cle des palpes labiaux moitié moins large que la lèvre ; (45) l’angle interne de son extrémité prolongé en une lon- gue épine. Thorax et prothorax allongés, grêles. Abdomen grêle, cylindrique, très long, ayant trois arêtes peu marquées : celles du dessous et la dorsale qui est à peine sensible; parties génitales semblables à celles des Æschnides , avecles appendices vulvaires très saillants. Les ailes verticales ou horizontales dans le repos , for- mées d’aréoles quadrilatères ou pentagones , variables pour la forme selon les genres, avec ou sans ptéro- stigma, ordinairement pédicellées, étant alors réduites à la base à leurs cinq nervures principales, ont le le point cubital placé beaucoup plus près de la base que de l’extrémité ; triangles et membranule nuls. La tête transverse et déprimée, les yeux très éloi- gnés l’un de l’autre et la bouche saillante de ces insectes, forment par leur assemblage un triangle à pointes émoussées , qui leur donne une physionomie toute particulière, Cette famille , nombreuse en espèces, composée de onze genres, en fournit quatre pour le département de Maine et Loire : les G. Calopterix, Platycnemis, Les- tes et Agrion. Elle réunit toutes les petites espèces d’odonates à corps svelte et élégant , et dont les cou- leurs éclatantes de quelques-unes en font des insectes tout-à-fait remarquables. Leur volest loin d’avoir une grande puissance, et bien que par cela même la plu- part d’entr’eux ne quittent pas les lieux de leur nais- sance , il en est cependant quelques-uns qui s’en éloi- gnent beaucoup et qu’on rencontre alors soit dans les jardins ou les champs, soit dans les bois ou les forêts (46 ) et à de grandes distances des marais ou des lieux her- beux au bord des eaux, séjour habituel du plusgrand nombre. $ 1. Espace huméral traversé par un nombre plus ou moins grand de nervules; point cubital placé vers la moitié de la longueur de l'aile, ou environ. G. CALOPTERIX, Leach. — de Sel.; Ramb. Calepterix, Leach. — Libellula, Linn. Ailes verticales pendant le repos, larges, arron- dies à la base, dilatées vers letiers de leur largeur, pourvues de nervures divergentes, et à réseau très serré. Ptérostigma sans forme bien déterminée , or- dinairement nul chez les mâles. Appendices supérieurs des mâles en demi-cercle, les inférieurs cylindriques, plus courts; ceux des femelles petits , droits. Tête, dessus du thorax et premier segment de l’abdomen, poilus. Abdomen grêle, cylindrique , plus long que l'aile, d’un brillant soyeux ou métallique. Pattes grandes, longuement ciliées. Ailes colorées, mais différemment dans chaque sexe. Les insectes qui composent ce genre peu nombreux en espèces, mais bien les plus brillants de toute la fa- mille, ont le vol léger, moelleux et peu soutenu. On les rencontre ordinairement le long des eaux couran- tes et souvent en société. (47) CG. VIRGO, Linn, — de Sel. Mon. lib, pl. 3, f. 26.; Ramb. Libellula virgo, Linn. — Calepterix virgo, Leach. — l’Ulrique, Geoffr. D'un bleu ou d’un vert soyeux. Points ou tubercules blancs interalaires nuls. Appendices inférieurs du mâle noirs, à base jaunâtre en dessous. Ailes larges (ar à 12 mill.), brunes ou d’un brun-roussâtre chez la femelle, de même couleur ou bleus de différentes nuances chez le mâle. & Longueur, 4 172 centimètres. Envergure 6 cen- limètres. Yeux bruns; tête , dessus du thorax et de l'abdomen d’un beau bleu soyeux , brillant, à reflet, vert sur les derniers segments; dessous des trois der- niers anneaux jaunâtre ou rougeâtre, avec le bord postérieur et inférieur du dernier terminé de chaque côté, par une très pelite dent, à peine sensible. Les ailes ; à réseau très serré, brunes ou d’un brun-rous- sâtre, ou bien bleues de différentes nuances , qu’elles soient colorées dans toute leur étendue ou bien inco- lores à la base, ont les nervures costale et médiane bleues lorsque Paile est brune ou d’un brun-roussâtre, vertes quand les ailes sont d’un bleu verdâtre; mais lorsque celles-ci sont d’un bleu bien prononcé, alors toutes les grandes nervures sont aussi de cette même couleur. Pieds noirs. Var. A. Ailes d’un brun-roussâtre, colorées dans toute leur étendue, légèrement transparente , avec les nervures costale et médiane, bleues. ( 48 ) Sous-Var. Ailes semblablement colorées , mais d’un roux clair à la base. Var. B. Ailes d’un brun-enfumé, colorées dans toute leur étendue , légèrement transparentes , avec les nervures costale et médiane, bleues. Sous-Var. Ailes semblablement colorées, mais d’un roux clair et diaphane à la base. Var. C. Ailes d’un bleu foncé, colorées dans toute leur étendue , légèrement transparente, avec les ner- vures costale et médiane, bleues. Sous-Var. Ailes semblablement colorées, mais d’un roux-clair et diaphane à la base. Var. D. Ailes opaques, d’un bleu-foncé Léln ou bleu-verdâtre , avec leur pointe un peu brunâtre , co- lorées dans toute leur étendue , et ayant les necvures costale et médiane , bleues. Sous-Var. Ailes semblablement colorées, moins la base qui est sans couleur. ® Longueur, près de 5 centimètres. Ehvérguié 7 centimètres. Yeux d’un brun-jaunâtre ; tête, thorax et abdomen d’un beau vert soyeux, brillant, à reflets cuivrés sur les derniers segments; le dixième garni d’une petite ligne dorsale jaunâtre, saillante et termi- née en pointe. Ailes ordinairement d’un brun-rous- sâtre, moins foncées que celles des mâles, avec la ner- vure costale verte et le ptérostigma blanc. Cette espèce, dont les ailes varient pour la couleur, particulièrement chez le mâle, a de grands rapports avec la suivante. Elle n’est pas très répandue dans le département de Maine-et-Loire , mais abondante dans les localités où elle se trouve. On la rencontre vers la (4) fin de mai et en juin, le long des ruisseaux et des pe- tites rivières de l’arrondissement de Segré qui se jet- tent dans l'Oudon. CG. LUDOVICIANA, ZLeach. — de Sel. Mon lib: pls 5,.f. 26,; Ramb. Libellula virgo, Var. Linn. — Calepterix virgo ,: Leach. — La Louise, Geoffr. D'un bleu ou d’un vert soyeux. Deux points ou tu- bercules interalaires blancs. 4 ppendices inférieurs du mâle jaunâtres en dessous, avec la pointe et le dessus noirs. Ailes étroites (go à 10 mill.)], vertes chez la femelle, hyalines et traversées par une large tache bleue, bleuätre ou rousse chez le mâle. &. Longueur, près de 5 centimètres. Envergure 6 centimètres , 2 millimètres. Yeux bruns. Tête, dessus du thorax et de l'abdomen d’un bleu pur ou d’un bleu- verdâire soyeux, brillant , et à reflet vert sur les der- niers segments ; dessous des trois derniers segments Jjaunâtres ou rougeâtres, avec le bord postérieur et inférieur du dernier terminé de chaque côté, par une pointe triangulaire beaucoup plus développée que dans l’espèce précédente. Les ailes plus étroites et à réseau moins serré que dans le G. virgo, sont hyali- nes , avec les principales nervures bleues ou bleu-ver- dâtre, ettraversées par une large tache elliptique bleue, bleuâtre ou roussâtre , qui laisse à découvert la base et le sommet. Pieds noirs. Var. A. Ailes hyalines, avec une tache bleue ou bleu-verdâtre, opaque. 4 ( 50 ) Var. B, Ailes plus étroites, avec une tache rousse et légèrement lavée de roux-jaunâtre à la base. ©. Longueur, 5 centimètres. Envergure de 7à 7 172 centimètres. Tête, thorax et abdomen comme dans l'espèce précédente; mais les ailes sont hyalines avec toutes les nervures vertes, ce qui les fait paraître en totalité d’un beau vert; ptérostigma blanc; pieds noirs. Cette espèce , qui est très commune , a de grands rapports avec la précédente; mais en faisant attention aux diagnoses qui caractérisent l’une et l’autre, il de- vient facile de faire la distinction. On la rencontre depuis la fin de mai jusqu’à la fin de juillet, le long des ruisseaux ainsi que des rivières qui y communi- quent.— Les rives de la Loire, de la Mayenne, etc. S II. Premier espace huméral traversé seulement par deux nervules ; point cubital placé à peine au tiers de la longueur de l’aile, ou beaucoup moins. G. PLATYCNEMIS , Charp. — Ramb. Agrion, Vand. L., Burm., de Sel. Ailes verticales pendant le repos, pédicellées; pté- rostigma petit, presque.en lozange. Appendices anals supérieurs droits, plus courts que les inférieurs qui sont en forme de tenaille; ceux de la femelle courts, droits. Pattes longues, garnies de cils ou épines allon- gées; les quatre derniers tibias, au moins chez les mâles, plus ou moins dilatés. Tête large, à raison des yeux qui sont très écartés, légèrement velue antérieurement, Thorax en ovale un (51) peu élargi sur les côtés antérieurs et aplati en des- sus, légèrement velu sur les cotés. Abdomen grêle , lisse, un peu renflé postérieurement. Ailes de beau- coup plus courtes que l’abdomen, étroites, pédicel- lées, pourvues de nervures basilaires parallèles et de cellules ou aréoles assez grandes, presque toutes qua- drilatères. Ces insectes, de la taille et de la forme des Agrions, avec lesquels ils ont été longtemps réunis , et qu’on en distingue aussilôt, ainsi que de tout autre genre, par leurs tibias dilatés en forme d’aviron , habitent le bord des eaux. P. PLATYPODA, f'and. L. — Ramwb. Agrion platypoda, Vand. L.; de Sel. Mon, lib. pl. 4, f. 42: Bleu, bleuâtre ou blanchâtre; une petite tache dor- sale carrée et pédiculée sur lepremier segment de l’ab- domen, les quatre tibias postérieurs dilatés chez Les deux sexes. Appendices inférieurs du mâle en forme de tenaille. &- Longueur, près de 4 centimètres. Envergure 4 192 centimètres. Tête ordinairement d’un bleu-clair, noire en dessus, avec deux lignes transverses der- rière les yeux, qui sont bleus avec le, dessus brun. Prothorax rugueux, avec une bande noire en dessus, bleuâtre sur les côtés. Thorax bleuâtre, ayant une large bande dorsale d’un noir-bronzé, séparée en deux parties par un. filet jaunâtre; et deux lignes huméra- les, de chaque côté , également noires, séparées par (52) un trait jaunâtre ou bleuâtre. Abdomen bleuâtre ou blanchâtre, avec une bande dorsale plus ou moins marquée , interrompue à chaque segment , ayant deux points latéraux contigus et le bord postérieur, d’un vert-noirâtre bronzé; la bande dorsale postérieure se divise en deux sur les 7°, 8e et ge segments «en s’é- largissant postérieurement ; le 10e avec ou sans la- ches; dessous de l’abdomen avec une double ligne longitudinale noire. Appendices anals inférieurs cour- bés en forme de tenailles, d’un blancSbleuâtre avec l'extrémité noire; les supérieurs moitié moins longs, comme triangulaires et à pointe un peu bifide. Pieds blancs ou blanchâtres, ayant une double ligne aux cuisses, une seule sur les tibias, noires. Ptérostigma presque en lozange , ferrugineux. ©. Diffère du mâle par ses couleurs plus foncées ti- rant sur le verdâtre ou le roussâtre. Les appendices anals sont blanchâtres, courts, droits et à pointe ar- rondie. Var. À. (P. latipes ? Ramb. ) Tête et thorax d’un jaune roussâtre , avec les mêmes taches que dans le type de l’espèce. Abdomen blanc, avec les 7°, 8° et 9° segmeni , bronzés en dessus, mais les 8° et 9° mar- qués chacun d’une petite tache dorsale ovale, d’un blanc bleuâtre ; 10° segment avec deux petites taches latérales anguleuses, bronzées. Les quatres tibias pos- térieurs blancs , sans nervure noire et très dilatés chez le môle. Gette espèce, qui est très commune pendant l'été, sur les bords du Layon, à Martigué, Aubigné, Mâchel. etc, , varie de manière à ce que les taches dorsales , (53) surtout , affectent des formes insolites, qui pourraient quelquefois donner de l’hésitation pour la détermination de lespèce, si des caractères plus importants ne ve- naient faire oublier ceux-ci. On la rencontre encore sur les bords de l’étang de Saint-Nicolas, de la Mayenne, etc. P. DIVERSA, Ramb. - Roussätre ou orangé; appendices inférieurs un peu courbés en dedans; les quatre tibias postérieurs dila- tés chez le mâle, non dilatés chez la femelle. &. Longueur, 3 172 centimètres. Envergure 4 cen- limètres,-2 millimètres. Tète roussâtre, avec une bande noire en dessus, entre les yeux, et une autre très étroite, située dans la ligne des antennes. Pro- thorax roussâtre, maculé de noir. Thorax roussâtre , avec une large bande vert-bronzé en dessus, séparée en deux parties par un petit filet roussâlre , et accom- pagnée de deux lignes noires de chaque côté, dont la plus extérieure est souvent oblitérée. Abdomen orangé, avec les 7°, 8e et 9° segments marqués en dessus , chacun de deux petites taches oblongues vert- bronzé; le 10° segment sans taches. Appendices jau- nâtres , les inférieurs moins courbés en pince que dans l’espèce précédente, avec l'extrême pointe noire; les supérieurs anguleux, bifides au sommet. Pieds jaunà- tres , ciliés de noir, ayant une double ligne aux cuis- ses, une seule sur les tibias, qui disparaît quelque- fois sur ces dernières parties. PLérostigma roux. Q.Diffère du mâle par ses couleurs moins vives, par la petite bande étroite noire, située dans la ligne des (54) antennes qui est en partie oblitérée , ainsi que par le ptérostigma qui est jaunâtre et les taches postérieures de l’abdomen qui sont rarement bien marquées. Cette espèce , qui est aussi commune que la précé- dente, se rencontre dans les mêmes lieux. Nous l’avons remarquée pendant l’été sur les bords de l’étang dé Saint-Nicolas, ainsi que sur ceux du Layon. Elle varie peu. G. LESTES, Leach. — de Sel.; Ramb. Agrion, Vand. L.; Burm. Ailes , pour la plupart des espèces, horizontales dans le repos, pédicellées; ptérostigma oblong, tron- qué à ses extrémités. Appendices supérieurs des mâles en forme de tenaille, plus longs que les inférieurs et garnis intérieurement d’une ou de plusieurs dents; ceux des femelles, styliformes, petits ; pattes assez lon- gues , garnies de cils longs, peu nombreux. Tête large, à raison des yeux qui sont pédicellés et très éloignés l’un de l’autre ; thorax en ovale aplati en dessus et orné de couleurs métalliques; l’espace in- teralaire ainsi que les extrémités de l’abdomen et au- tres parties du corps, chez les mâles de certaines :es- pèces se couvrent d’une poussière d’un blanc-bleuâtre qui ne paraît toutefois que chez les individus nés déjà depuis un certain temps. Abdomen très long, grêle, renflé à la base et à l’extrémité, lisse, ordinairement jaune en dessous et orné en dessus de couleurs métal- liques vertes ou bronzées , très brillantes , surtout chez les mâles. Ailes de beaucoup plus courtes que l’abdo- men , horizontales ou rarement verticales dans le re- (55) pos, et formant dans le premier cas, un angle aigu avec le corps'et non un angle droit comme cela existe pour les espèces des autres familles; élles sont 'étroi- tes, pédicellées, pourvues de nervures basilaires pa- rallèles et de cellules ou aréoles, pour la plupart, pen- tagones. Ces insectes, dont l'aspect rappelle celui des Agrions, mais dont la forme oblongue du piérostigma suffit pour les en éloigner aussitôt, habitent ordinairement les marais, le bord des eaux stagnantes , sans s’éloi- gner pour la plupart des lieux de leur naissance, bien que certaines espèces s’en écartent davantage .en al- lant habiter les bois, les forêts, etc. $ I. vERT BRONZÉ EN-DESSUS; AILES HORIZONTALES DANS LE REPOS. L. SPONSA, Hanseman. —de Sel. Mon. lib., pl, 3, fig. 29: Ramb. Agrion sponsa, Hans. — Lestes sponsa, Curt. Derrière dela tête, vert-bronzé ; thorax d’un bronzé sombre, ayant en dessus, trois lignes jaunâtres, wi- stbles chez les jeunes mâles et les femelles seulement. Ptérostigma noir; appendices supérieurs du mâle en forme de tenaille, noirs, avec la base jaunâtre et deux fortes dents au bord interne, penchées et d’égale longueur; les inférieurs aussi longs que les supé- YiEurs. 6. Adulte. Longueur, près de 4 centimètres. En- vergure, 4 centimètres. Tête vert-bronzé en dessus et en arrière, jaunâlre au reste; yeux bleu-indigo, moins (56 ) foncés en dessous. Thorax et abdomen d’un vert foncé métallique ou bronzé, avec le dessous du thorax, le mésothorax, l’espace interalaire, ainsi que les pre- miers et les derniers segments de l’abdomen (d’un blanc-bleuâtre pulvérulent. Appendices supérieurs en forme de tenaille , noirs avec la base jaunâtre, denti- culés à l'extérieur, munis au bord interne de deux fortes dents aiguës , égales entre elles , et l’espace qui les sépare dentelé dans toute son étendue; les infé- rieurs aussi longs que les supérieurs , épais à la base. droits. et écartés. Pieds d’un noir bronzé, avec une ligne jaune en dehors des cuisses. 9 Ressemble beaucoup au mâle jeune, mais elle est plus forte et d’un bronzé plus cuivré. Pieds noirs, jau- nesen dehors ; tarses noirs. Appendices anals siylifor- mes, une fois plus courts que le dernier segment, jau- râtres, à pointe brune. Cette espèce est assez commune de juillet à sep- tembre. On la rencontre dans les trous herbeux et tourbeux de Saint-Augustin, ainsi qu'aux bords de PAuthion et du Layon, aux bois d’Avrillé, à Thori- gué , elc. L. VESTALIS, Rambur. V'ert-doré ou vert-bronzé en dessus; derrière de la tête jaunâtre. Thorax vert, ayant en dessus deux lignes jaunâtres peu marquées ; ptérostigma roux , avec un petit filet jaunâtre à ses extrémités ; appen- dices supéricurs du mâle en forme de tenaille, noirs, jaunâtres à leur base externe, avec une forte dent ai- (57) guëvers la base du bord interne ; les inférieurs courts, droits, velus. & Adulte. Longueur, 3 centimètres 3 millimètres. Envergure, 4 centimètres, Tête vert bronzé en dessus, jaunâtre au reste. Thorax et abdomen vert-doré en dessus, ce dernier, bronzé à son extrémité postérieure, et marqué ordinairement d’un petit anneau jaune au sommet de chaque segment ; espace interalaire et ex- trémité de l’abdomen d’un blanc bleuâtre pulvérulent. Appendices supérieurs en forme de tenaille, ayant quatre à cinq petites denis au sommet du bord ex- terne; bord interne sinué, denticulé, garni, vers la base, d’une forte dent aiguë, située au-dessus d’une assez forte échancrure; les inférieurs, velus, très courts, droits, comprimés, et à pointe émoussée. Pieds jaunes , avec une bande externe aux cuisses , la face interne des tibias et les tarses, noirs. Q Un peu plus épaisse que le mâle. Tête et thorax vert-bronzé en dessus ; abdomen et côtés du thorax d’un bronzé cuivreux. Appendices anals styliformes, velus, courts, brunâtres en dedans, jaunâtres , avec la pointe noirâtre en dehors. Cette espèce, plus petite que la boit lui res- semble beaucoup ; on la rencontre avec elle aux mêmes époques et dans les mêmes lieux, E. VIRIDIS , Vand. L. — de Sel. Mon. lib. , pl. 3, (27; Ramb. — Agrion viridis, Vand. LE. Vert bronzé en dessus ainsi que le derrière de la tête; thorax ayant en dessus trois lignes étroites (58 ) jaunes; piérostigma d’un roux plus pâle au centre, bordé de noir; appendices supérieurs du mâle en forme de tenaille, d’un blanc jaunâtre, avec le bord externe supérieur noir; pieds roussâtres, bordés de noir. & Longueur, 4 centimètres 2 millimètres. Enver- gure, à centimètres. Tête vert-bronzé en dessus, jau- nâtre au reste; yeux bléu-verdâtre en dessus, jau- nâtre en dessous. Abdomen long, grêle, d’un vert brillant en dessus , cuivreux à son extrémité, avec un petit anneau jaune à la partie antérieure de chaque segment; jaunâtre en dessous. Appendices anals su- périeurs en forme de tenaille, d’un blanc-jaunûtre, avec le bord externe supérieur denticulé, noirâtre , ét le bord interne garni de deux dents courtes, droites ; les inférieurs noirs, très courts et comme tronqués au sommet. Ne prend à aucune époque de sa vie cette teinte d’un blanc-bleuâtre pulvérulent que l’on remarque sur beaucoup d’autres espèces. Ç Un peu plus forte que le mâle et d’un vert bronzé-cuivré. Appendices anals une fois plus courts que le dernier segment, bronzés, coniques, aigus. Valves génitales déntelées à leur extrémité. Cette espèce, la plus grande de notre pays, est aussi la plus répandue, On la rencontre depuis juilles jusqu’en octobre , dans les lieux herbeux et maréca- geux, ainsi qu'aux bords des ruisseaux, des rivières, et même dans les bois et les forêts. — Angers, la Baumette, les prairies des Fourneaux, les bords de (59) l’étang de Saint-Nicolas, ceux du Layon, de l’Au- thion, etc. L.BARBARA, Fabr.—de Sel. Mon. lib. pl. 4, f. 31; Ramb. — Agrion barbara, Fabr. Vert-doré en dessus; derrière de la tête jaune ; ptérostigma brunâtre, le tiers extérieur d’un jaune- blanchätre ; thorax vert, avec trois lignes jaunes en dessus, dont deux plus larges, moins prononcées chez le mâle; appendices supérieurs du mâle un peu en forme de tenaille, avec une seule dent à la base in- terne. 6 Adulte. Longueur, 3 centimètres. Envergure , 4 centimètres 6 millimètres. Tête vert-bronzé en dessus , jaune au reste ; yeux verts en dessus, jaunes en dessous. Thorax vert, avec trois lignes antérieures jaunes, les deux latérales très larges ; dessous et côtés d’un beau jaune; espace interalaire légèrement pou- dré de blanc -bleuâtre. Abdomen vert-bronzé en dessus (1); premier segment marqué de deux petites taches géminées , séparées par une petite ligne dor- sale jaune qui se prolonge sur le deuxième segment ; dessous et cotés d’un beau jaune : cette couleur s’é- tend au devant de chaque segment où elle forme en dessus comme un petit anneau ; dernier segment pres- que entièrement jaune et saupoudré de blanc-bleuâtre ff) Cette couleur étant moins étendue sur les côtés, laisse voir plus de jaune que chez les autres espèces. (60 ) pulvéralent. Appendices supérieurs en forme de te- naille, plus longs que le dernier segment, jaunâtres, à pointe et côté interne noirâtres, munis à leur base in- terne d’une dent émoussée; les inférieurs jaunâtres, courts, minces, coniques , rapprochés d’abord et en- suite éloignés. Pattes jaunes, avec deux lignes aux cuisses et les tarses, noirs; ailes légèrement teintes de jaune , avec les nervures antérieures rousses. Q. Les lignes jaunes du thorax sont plus largeset la couleur du dessus de l’abdomen d’un vert plus écla- tarit que chez le mâle. Derniers segments de l’abdomen très renflés, les 9° et 10° jaunâtres, surmontés cha- cun d’une tache brunatre. Cette espèce, répandue comme la sponsa , habite les mêmes lieux et se rencontre, aux mêmes époques, avec elle et ses congénères. $ IL. BRONZÉ OBSCUR EN DESSUS , AILES VERTICALES DANS LE REPOS. L. FUSCA,, Vand. L. ; Ramb. Agrion fusca, Vand. L. — Sympecma fusca , de Sel. Mon. Lib. pl. 4, f, 32. Bronzé obscur en dessus , derrière de la tête jaunä- tre; thoraæ marqué d’une bande antérieure humérale jaunûtre; unetache longitudinale, d'un bronzé obscur, sinuée et dilatée postérieurement sur chaque segment de l’abdomen; ailes étroites ; ptérostigma roussâtre. & Tête et thorax velus, d’un bronzé obscur en des- sus, jaunâtres en dessous; ce dernier marqué de cha- que côté d’une bande antérieure humérale roussâtre; (61) espace interalaire légèrement poudré ; yeux d’un bleu foncé, surtout en dessus. Abdomen mince , d’un blanc roussâtre en dessous, marqué d’une tache longitudi- nale très étendue, d’un bronzé sombre, sinuée et di- latée postérieurement sur chacun des 2°-—7e segments, et à peine sinuée sur les trois derniers. Appendices supérieurs plus longs que le dernier segment, arrondis en forme de tenaille, roussâtres, denticulés sur le bord supérieur externe ; bord interne marqué d’une forte dent à sa base et d’une échancrure anguleuse au-delà du milieu, l’espace qui les sépare, denticulé; appen- dices inférieurs contigus, très courts, lerminés en pointe ciliée. Pieds roussâtres avec une ligne noire très étroite sur les cuisses. Ailes plus étroites"ct plus poin- lues que chez les autres espèces. © Ressemble beaucoup au mâle, mais les taches abdominales sont plus étroites. Appendices anals de la longueur du dernier segment, lancéolés, velus, jaunâtres. L’espace interalaire comme chez le mâle, se poudre légèrement en vieillissant. Cette espèce avait élé séparée du genre lestes à rai- son de la position verticale de ses ailes dans le repos, mais cette seule considération ne pouvant contreba- lancer tous les caractères propres au genre et qui se rencontrent également en elles , il devenait tout na- turel de l’y réunir. | Rien n’est plus commun que cette espèce que l’on rencontre partout, soit au bord des eaux ou dans les marais , soit dans les jardins , les champs ou les bois, depuis ie mois d’avril jusqu'en septembre. L’Agrion (62) sanguineum est le seul des Odonates à être aussi pré- coce. Nora. Nous avons rencontré au nord de l’Anjou, un lestes que nous n'avons pu rapporter aux cinq es- pèces dont nous venons de donner la description, qui nous a paru avoir des rapports avec le L. Forcipata , mais le mauvais état dans lequel il s’est trouvé au mo- ment où nous l’avons examiné ne nous a pas donné la facilité d’en bien constater l’espèce. G. AGRION, Fabr. — de Sel.; Ramwb. Libellula , Linn. Ailes verticales dans le repos, pédicellées ; ptéro- stigma court, en lozange. Appendices analstrès courts et très variables pour la forme; pattes courtes ainsi que leurs épines. Tête un peu moins forte que dans le genre pré- cédent; yeux pédicellés et éloignés l’un de l’autre. Thorax petit, velu ainsi que la tête. Abdomen long, cylindrique , presque filiforme, à peine renflé à sa base et à son extrémité, Appendices anals très courts, au nombre de quatre chez le mâle et de deux chez la fe- melle; dans certaines espèces les deux supérieurs étant quelquefois divisés en deux, dans ce cas, le mâle paraît en avoir six. Ailes de beaucoup plus courtes que l’ab- domen, verticales dans le repos, étroites, pédicellées, pourvues de nervures basilaires parallèles et de cellules ou aréoles assez grandes, pour la plupart quadrilatères. Les insectes qui composent ce genre, les plus petits de toute la tribu se distinguent facilement de tous (63) les autres par leurs ailes étroites et le ptérostigma qui est court et en lozange. On les rencontre au bord des eaux, dans le marais, etc.; volant et se reposant fré- quemment sur les plantes du rivage , el souvent ac- couplées. Comme ils sont un aliment pour beaucoup d’autres insectes, leur nombre aussi est-il des plus grands. S Ï. DERRIÈRE DES YEUX SANS TACHE PLUS CLAIRE. A. NAJAS, Hanseman.— desel. Mon, Lib. pl4f. 35; Ramb. Veux rouges & , jaune verdâtre © ; thorax d’un bronzé obscur en dessus; espace interalaire bleu ou Jaune; abdomen noir bronzé en dessus, pulvérulent chez les mâles adultes, avec les deux derniers seg- ments bleus. &- Adulte. Longueur , 3 centimètres 7 millimè- tres. Envergure, 5 centimètres. Dessus de la tête et du thorax très velu, d’un bronzé obscur, ce dernier ayant les côtés bleus marqués de deux lignes noires, dont la première très courte. Abdomen d’un vert bronzé obscur en dessus, avec le premier segment d’un cendré pulvérulent, le 8° noir, les deux derniers bleus; les autres segments en dessus , ainsi que tout le dessous du corps et l’espace interalaire plus ou moins saupoudrés de cendrés. Appendices supérieurs noirs , presque droits, dolabriformes et échancrés à l’extré- mité. Pieds noirs. Ptérostigma assez grand , d’un brun roux, en rhombe imparfait, ayant, un de ses angles arrondi. (64) ©. Yeux jaunâtres en dessus, plus clairsen dessous; bord supérieur du prothorax bilobé; côtés et dessous du thorax d’un jaune-soufre. Abdomen d’un vert- bronzé sombre en dessus, le dessous , les côtés et les articulations jaune-soufre; les derniers segments, ainsi que l’espace interalaire, poudrés. Pieds jaunâtres, avec les parlies extérieures des cuisses et intérieures des tibias noires. Ptérostigma d’un roux clair. Un peu plus épaisse que le mâle. Cette espèce dont les localités sont rares en Anjou, habile les eaux vives, depuis la fin de mai jusqu’à Ja fin d'août. Nous l’avons rencontrée en grande quan- tité sur l’Aubance, commune de Denée , se tenant de préférence sur les feuilles de Nénuphar. A. SANGUINEUM,, Fand. L. — de Sel. Mon. lib. pl. 4,f. 34; Ramb. A. Sanguinea, Vand. L. — Libellula puella, Var, B, Linn. Thorax d’un vert-bronzé sombre, avec une bande humérale rouge ou jaune; espace interalaire rouge- carmin ; abdomen rouge-carmin, plus ou moins taché de noir ; pieds noirs. 6. Adulte. Longueur près de 4 centimètres. Enver- gure 4 centimètres 8 millimètres. Yeux roussâtres en dessus , verdâtres en dessous. Thorax d’un veri-bronzé en dessus, ayant une bande humérale rouge , les côtés marqués d’une bande d’un jaune orangé et de deux lignes noires. Abdomen rouge-carmin, ayant les arti- culations étroites , bronzées, le 1° et les 7°, 8° et 9° segments avec chacun une tache noire, le 10° sans (65) taches ou bien avec deux points ou deux petites taches de la même couleur. Appendices anals velus, noirs, égaux entre eux, de la longueur du dernier segment ; les deux supérieurs coniques et un peu crochus; les deux inférieurs un peu arqués, bifides. Ptéros- tigma en lozange, noirâtre, avee la circonférence d’ann rougeâtre pâle transparent. © Diffère du mâle , particulièrement par les taches de l’abdomen : les 6 premiers segments marqués d’une ligne dorsale noire, qui se confond ou s’unit avec une petite tache de même couleur à la base; les 7°, 8° et 9° comme chezle mâle, mais les taches plus étendues; le 10° rouge avec deux pelits points noirs. ë Nota. Les mâles et les femelles nouvellement éclos ont les taches rouges du thorax remplacées par des taches orangées. Cette espèce , la plus grande de celles de France , est aussi une des plus communes. On la rencontre au bord des eaux et même dans les bois, depuis avril jusqu’en août. A. RUBELLUM, land. L. — de Sel. Mon. lib. pl. 4, f. 85; Ramb. A, vubella, VFand. L. Thorax d’un bronzé sombre et uniforme en dessus; espace interalaire et abdomen d’un rouge vif, ce der- nier sans taches chez le mâle ; pieds rougeûtres. | &. Longueur 3 172 centimètres. Envergure 4 cen- timètres. Yeux bruns en dessus, verts en dessous, Tho- rax d’un vert bronzé en dessus, les côtés marqués de deux lignes noirs. Abdomen d’un rouge vif, sans taches. 5) ( 66 ) Appendices anals rouges, très courts; les supérieurs ar- rondis; les inférieurs presque nuls, surmontés d’une pe- tite pointe noire. Piérostigma rougeâtre, en lozange court. ©. Diffère du mâle par la couleur de l’abdomen et des pieds d’un rouge jaunâtre, de même que par les taches de l'abdomen qui sont ainsi disposées : 14°, 2° et 10° segments rouges; 3° rouge-bronzé, à son ex- trémité ; 4°, 5°, 6°, 7° et 8 noir bronzé, avec les ar- ticulations rougeâtres ; 9° rouge avec deux points bron- zés. Ptérostigma rougeâtre, plus pâle à la circonférence. Beaucoup plus petit que le précédent et assez rare en Anjou. Il habite les lieux tourbeux de préférence; nous l’avons rencontré en juillet et août dans les trous de Saint-Augustin ; ainsi qu’à l’étang de Villiers, com- mune de Thorigné. NS Il, DERRIÈRE DES YEUX AVEC UNE TACHE PLUS CLAIRE, * Abdomen bleu dans les mâles, celui des femelles 2 . ! s plus ou moins bronzé en dessus. À. LINDENII, de Sel. Mon. lib. pl. 2, f. 41 ; Ram. S. à B. pl. 6, f. 2. b. Bord postérieur du prothorax presque droit; abdo- men bleu; les segments maculés et annelés de noir bronzé ; le 2° ayant une tache dorsale oblongue notre, “dilatée avant sa base tt occupant toute sa longueur ; appendices supérieurs du mâle, grands , arrondis en forme de pince. . ô- Longueur 3 centimètres, 8 millimètres. Enver- gure 4 172 centimètres. Thorax bleu ou d’un bleu-ver- ( 67.) dâtre, marqué de bandes et de lignes d’un noir bronzé. Abdomen bleu, avec des taches d’un noir bronzé ainsi disposées : une tache carrée et pédiculée sur le 1° segment; le 2° marqué d’une tache oblongue, dilatée avant sa base et occupant toute sa longueur; les 3°, 4°et 5° avec une tache amincie antérieurement en pointe, dilatée postérieurement , et occupant plus de la moitié de la longueur des segments; les 6°, 7e et 8° presque complétement couverts ; les 9° et 10° bleus; ce dernier avec une pelite bande dorsale d’un noir bronzé, comme à tous les autres. Pieds bleus, avec la partie extérieure des cuisses, le bord externe des tibias et l'extrémité des articles des tarses , noirs. Appendi- ces anals supérieurs en forme de pince, plus longs que le dernier segment, noirs en dehors et jaunâtres en dedans; les inférieurs courts et un peu crochus, d’un blanc jaunâtre , avec la pointe noire, Ptérostigma en rhombe informe , d’un jaune roussâtre. 9. Diffère du mâle principalement par les taches de l’abdomen qui s’étendent et couvrent davantage les segments, Cette espèce , qui est rare, paraîl en août et en septembre. Nous l’avons rencontrée au bord de l’étang de Saint-Nicolas. À. PULCHELLUM. and. L. —de Sel. Mon. lib. pl. 4, f. 58. Ramb. S. à B, pl. 7, f.1,a. Bord postérieur du prothorax , biéchancré et vri- lobé ; abdomen bleu , les segments avec une large ma- cule notre, échancrée antérieurement en N au 2° seg- (68) ment chez le mâle , trilobée chez la femelleet touchant le bord postéricur ; bord postérieur du 10° segment fortement échancré en demi-cercle; appendices du mäle courts, au nombre de six en apparence. 2 Longueur 8 192 centimètres. Envergure 4 cen- limètres 192. Yeux noirs en dessus; dessus de la tête noir. Bord postérieur du prothorax noir-bronzé , fi- nement. bordé de bleu, biéchancré , ayant au milieu un lobe saillant et de chaque côté un point bleu. Abdomen bleu, très mince, amplement couvert en dessus de taches noires ordinairement ainsi disposées: 1° segment uñe tache carrée; 2° une tache échancrée antérieurement en V informe, touchant le bord pos- térieur; 3°—6° la tache comme trifurquée antérieure- ment, ayant la pointe intermédiaire petite; 7° pres- qu’entièrement couvert; 8° presqu’entièrement bleu; 9° bleu avec'une. large tache postérieure ; 10° entière- ment couvert, Appendices anals très courts, au nom- bre de six en apparence. Pieds bleuâtres , avec la face extérieure des cuisses , le bord antérieur des tibias et les tarses noirs. Ptérostigma en lozange allongé, noir, plus clair à la circonférence. ©. Diffère du mâle par sa teinte bleue plus affaiblie; le bord postérieur du prothorax est plus fortement échancré , et le lobe intermédiaire plus long; le 2° segment est presqu’entièrement couvert par une tache d’un noir-bronzé, divisée antérieurement en trois pe- tits lobes. Gelte espèce se rencontre avec la suivante le long des mares, des étangs, elc. (69 ) A. PUELLA, and. L.—de Sel, Mon. lib. pl. 4,f. 30. Rämb. S à .B pl. 7, fig. 2, L: Bord postérieur du prothorax bisinué et légèrement trilobé; abdomen bleu et .annelé de noir $, brun- bronzé en dessus $ ; 2° segment; chez le mâle, avec une tache noire fourchue imitant grossièrement la lettre U; bord postérieur du dernier segment forte- . ment échancré en are; appendices anals du mâle très courts, au nombre de quatre. &- Longueur 3 172 centimètres. Envergure 4 172cen- timètres. Prothorax bisinué de manière à former 3 festons arrondis. Abdomen bleu, très mince, marqué en dessus de taches d’un noir-bronzé ainsi disposées : 1° seg- ment, une tache carrée; 2° une tache largement et profondément échancrée antérieurement, de manière à imiter grossièrement la lettre Ü, épaissie et tronquée carrément en dessous et ne touchant pas la base du segment; les 5°, 4° et 5° marqués d’un anneau noir touchant le bord postérieur des segments; 6° la tache d’un noir-bronzé très étendue et bifurquée antérieu- rement; 7° presqu’enlièrement couvert par la tache; 8° ordinairement sans tache; 9° sans tache, ou bien avec deux petites taches noires, réunies sur le bord postérieur : 10° entièrement couvert. Appendices anals courts, noirâtres ; les supérieurs _ coniques, les infé- rieurs un peu courbés. Ailes et pieds comme ceux de l'espèce précédente. ©. Diffère du mâle en ce que le dessus de l’abdo- men est d’un vert-bronzé obscur , ne laissant de bleu qu’au bord antérieur des segments : tache du premier (00)4 segment comme chez le mâle; celle du 2° grande, un peu diminuée antérieurement, avec deux échancrures latérales profondes. Appendices anals, courts, coni- ques, noirs. Très commun pendant l'été, le long des fossés, des mares, des étangs, etc. A. HASTULATUM, Charp. — de Sel. Mon. lib. pl. 4; f: 40 ; Ramb.S. à B. pl, 7, [. 3, c. Bord postérieur du prothorax non sinué, presque droit; abdomen bleu ; avec des taches d’un noir bronzé & , jaunâtres et les taches plus étendues Q ; 2e segment, chez le mâle, ayant à la base une tache imitant grossièrement la lettre T ; 10° segment ayant le bord postérieur largement échancré, formant un angle presqu’aigu, très prononcé. 6. Longueur 3 172 centimètres. Envergure 4 192 centimètres. Côtés du thorax marqués d’un petit trait noir. Abdomen plus court et plus épais que daus les deux espèces précédentes , bleu , avec des taches d’un noir-bronzé ainsi disposées : 1°" segment, une pelite tache transverse à là base; 2°, une tache à la base formée d’une ligne transverse un peu épaisse et arrondie . et d’un pédicule qui la soutient , imitant grossièrement ia lettre T et touchant ordinairement le bord posté- rieur; 5°, 4°et 5°, la tache de chaque segment, étran- glée avant son extrémité et en occupant le quart pos- térieur ; 6° Ja tache couvrant la moitié postérieure du segment; 7° ne laissant paraître qu’un anneau bleu basilaire; 8* et 9° d’un bleu pulvérulent; 10° noir, (71) avec les côtés bleus. Appendices courts, d’un noir lui- sant; les supérieurs , plus courts que les inférieurs , réniformes , placés obliquement sur les côtés; les in- férieurs un peu arqués en dedans. Pieds noirs , avec la face interne des cuisses , la face interne et une par- tie de la face externe des tibias, d’un blanc-jaunûtre. Ptérostigma en lozange, noirâtre. ©. La couleur bleue du mâle est ici changée en jaune verdâtre , et chaque tache de l’abdomen , d’un vert-bronzé, couvre presque complétement les seg- ments, ne laissant qu’une petite ligne jaune ou jau- nâtre à la base: le 2° segment, entièrement cou- vert comme les autres, présente une lache qui est échancrée sur les côtés. Bord vulvaire muni d’une forte épine. Pieds jaunâtres , avec la face-externe des cuisses, la face antérieure des Uibias , noire. Ptéros- tigma plus pâle que chez le mâle. Cette espèce, qui est aussi répandue que les précé- dentes, habite également les mêmes lieux. ** Abdomen en grande partie bronzé dans les deux sexes. À. ELEGANS, Vand. L. — Ramb. S. à B. pl: 7, F6,7,f8: A. Pupilla, Hansem. ; de Sel. Mon. lib. pl. 4, f. 37. Une créte élevée, trapézoïdale au milieu du bord postérieur du prothorax : abdomen bronzéen dessus ; 8° segment bleu; 10° ayant le bord postérieur, en dessus, élevé en une espèce de crête épaisse, bifide ; ptérostigma en Fe noir , blanc en dehors chez le mâle. (72) &: Longueur 5 172 cent. Envergure 4 cent. Face jaune, avec deux lignes transverses noires; dessus de la tête d’un noir bronzé; bord postérieur du protho- rax peu élevé, si ce n’est dans sa partie moyenne où il présente une crête droite, trapézoïdale. Thorax noir, bronzé en dessus, avec une ligne humérale et l’espace interalaire , bleus et deux lignes noires peu marquées, sur les côtés. Abdomen très mince, d’un jaune clair en dessous, moins les quatre derniers segments qui ont celte partie bleu-azuré; d’un noir bronzé en des- sus,avec le bord antérieur de la plupart des segments, un peu interrompu, jaune; mais le 1% segment bleu- azuré, marqué d’une large tache noire; le 8° complé- tement bleu azuré , le dernier noir, terminé par une espèce de crête ou corne épaisse, bifide, Appendices anals noirs; les supérieurs couris , tronqués et termi- nés par une pointe dirigée en bas; les inférieurs spt- niformes , écartés obliquement. Pieds jaunâtres, noirs en dehors. Ptérostigma en lozange noir, avec la par- lie extérieure blanche. Ç. Diffère du mâle en ee que la crête, qui termine le prothorax, est moins élevée; que le dernier segment de l’abdomen est sans crête ou comme bifide; et les teintes bleues de la têle et du thorax sont ici chan- gées en jaune verdâtre; mais le 8° segment conserve sa couleur bleue. Ptérostigma grisâtre , avec une tache noire au milieu, Var. a. Violacea. Le bleu-azuré remplacé par une belle teinte violette , mais l’espace interalaire conserve sa couleur bleue. Var. b.: ®. Aurantiaca, Fonscol. Les couleurs (73) claires de la tête, du prothorax et du thorax, ainsi que des côtés des deux premiers segments de l’abdo- men, changées en jaune-orangé et le thorax marqué d’une tache dorsale antérieure et longitudinale noire ou nojrâtre. | Cette espèce, l’une des plus petites de France, et des plus répandues depuis le mois de mai jusqu’en septembre, habite le bord des étangs, des petites ri- vières, des fossés aquatiques , etc. La var. a est commune sur les bords du Layon, et la var, b qui est rare , s’y rencontre également. À, BREMIT, Ramb. S. à B. pl. 6, f. f. D'un vert-bronzé en dessus; 9° et 10° segments de l'abdomen bleus ; appendices supérieurs écartés, dila- iés à la base, bifides au sommet; les inférieurs courts, appuyant les supérieurs; ptérostigma en rhombe imparfait dans les deux sexes. &. Longueur 3 centimètres, 2 millimètres. Enver- gure 4 cenlimètres 2 millimètres. Dessus de la tête d’un bronzé sombre, à reflets métalliques ; suture frontale marquée d’un point noir au milieu et d’un petit trait de même couleur, de chaque côté; bord du protho- rax un peu saillant. Thorax vert-bronzé obscur en des- sus, avec une bande humérale roussâtre, et les côtés marqués de deux lignes noires, dontla première courte. Abdomen grêle, jaunâtre en dessous et sur les côtés; 1°" segment bleu en dessus, avec une tache carrée noirâtre , ne touchant pas le bord postérieur; 2° cou- vert, ainsi que les suivants ; d’une tache d’un vert- (74) bronzé, ayant postérieurement une échancrure sur les côtés et le bord antérieur bleu ou jaunâtre; 8° segment bleu sur les côtés, avec une tache obscure en-dessus ; 9° entièrement bleu ; 10° bleu , avec une tache dorsale noire et le bord postérieur à peine échancré. Appendices supérieurs roussâtres . bordés de nvir , écartés obliquement, dilatés inférieu- rement selon la longueur, et bifides à l’extrémité; cette dilatation, formant à la base un angle allongé en pointe, écailleux et contourné en avant; les inférieurs courts , roussâtres à la base, noirs au sommet et ve- las comme les supérieurs contre la base desquels il sont appuyés. Pattes jaunes, avec la: face interne des cuisses , ie bord antérieur des tibias et les tarses ou seulement l’extrémité des articles, noirs. Piérostigma en rhombe imparfait, ayant un de ses angles arrondi, roussâtre. Ÿ. Diffère du mâle en ce que les segments de l’ab- domen sont couverts, pour la plupart , d’une tache d’un bronzé sombre , ayant postérieurement deux échancrures de chaque côté, qui déterminent la for- mation d’un lobe intermédiaire arrondi; et le bord vulvaire est garni d’une épine noire, On distinguera facilement cette espèce de la précé- dente, avec laquelle elle a quelques rapports, par ses deux derniers segments bleus et les appendices du mâle, ainsi que par le ptérostigma en rhombe impar- fait chez les deux sexes. Cet agrion, qui est rare, indiqué seulement en Si- cile, par M. Rambur, habite les bords du Layon. (75) Nous terminons ce travail en faisant remarquer que les espèces dont nous venons de donner la descrip- tion, au nombre de 38, forment à peu près la moitié dé celles que l’on rencontre en Europe , puisque 77 seulement ont été mentionnées pour cetle partie du monde ; que celte liste peut encore s’accroître d’une certaine quantité de Libellulidées que nous n’avons pu y insérer faute d’avoir pu les saisir, bien que nous les ayons assez remarquées pour nous engager à les re- garder comme nouvelles pour notre pays. Nous som- mes d’autant plus fondé à admettre cettre présomplion, que le département de la Sarthe, qui touche vers nord-est celui de Maine et Loire, a fourni, aux recher- ches de MM. Blisson et Anjubault , amateurs distin- gués au Mans, certaines espèces que nous n’avons pas encore rencontrées. En signalant cet état de choses , c'est diré assez combien il nous importe de redoubler de zèle dans nos recherches enthomologiques, afin de compléter le travail général que nous avons entrepris sur les ani- maux invertébrés de Maine et Loire, et de pouvoir publier bientôt la deuxième partie de la Faune de ce département qui leur est entièrement consacrée. CONSERVATION DES ODONATES OU LIBELLULIDÉES. St la difficulté de conserver certains insectes dans leur état naturel est la cause principale de l’apparent oubli dans lequel ils se trouvent, il importe donc beau- (76 ) coup d'apporter un remède salutaire à ce mal vraiment réel. Dans celte catégorie se trouvent placées les Odo- nates ou Libellulidées, ces insectes légers, aux ailes de gaze, au corsage élégant orné des plus belles couleurs, qui de tous temps ont fixé l'attention générale, même des personnes les plus indifférentes aux beautés de la nature. Pour atteindre ce but, les insectes dont il est ici question doivent être souniis à quelques préparations : sans lesquelles ils prennent, el peu de :temps:après avoir cessé de vivre, une teinte plus ou moins rembru - nie, qui confond ouefface les dessins dont ils sont dé- corés, si l’on en excepte toutefois les espèces dés gen- res cordulia, caloptrrix et lestes, aux reflets plus ou moins métalliques, dont les couleurs ne sont altérées dans aucun temps. La destruction des couleurs étant due à la putréfac- tion des matières que renferme le corps, il suffit; pour arrêter ce mal, d’en faire l’extraction immédiatement après que l’insecte a cessé de vivre (1). Mais avant de faire connaître les moyens que nous employons dans (1) Prévoir ou saisir l'instant auquel l’insecte que l’on a capturé aura cessé de vivre, afin de pouvoir le préparer en temps con- venable, est un fait tellement difficile à préciser qu’il convient de chercher un moyen plus expéditif que celui que peut présen- ter la mort naturelle. Le plus prompt de tous consiste à tenir les insectes que l’on veut faire périr sur la vapeur de l’ammo- niaque ou de l’éther qui les tue presque immédiatement. On asphyxie encore promptement les insectes en les renfermant dans des flacons ou des bocaux, ou bien sous des cloches de verre (des verres à boire renversés peuvent en tenir lieu) que l’on expose soit ‘au soleil, soit près du feu ou que l’on prones en partie dans de l’eau très chaude. (77) celte circonstance, nous croyons devoir préalablement rapporter ici ceux indiqués ; pour atteindre ce même but, par M. de Selys-Lonchamps, dans sa Monogra- phie des Libeilulidées d'Europe , nos préceptes n’en étant en quelque sorte que des modifications. « J’emploie, dit M. de Selys-Lonchamps, depuis quel- que temps, un mode de préparation qui a pour effet de conserver une grande parlie des couleurs aux Li- bellules, de leur donner une grande solidité et de les mettre à l’abri de l’attaque des insectes rongeurs : trois avantages que l’on ne pouvait pas obtenir en trai- tant ces insectes de la même manière que ceux des autres ordres, et les inconvénients étaient propres à rebuter les collecteurs; ce moyen, qui.a été inventé, je crois, par M. Foudras, enthomologiste lyonnais , consisle en une sorte d’empaillage pour lequel on pro- cède ainsi qu’il suit : on sépare avec un scapel ou des ciseaux l'abdomen du thorax; on presse l’abdomen avec le doigt à partir de son extrémité. On expulse ainsi les viscères qui s’y trouvent, on les arrache avec une petite pince. On peut alors, si l’on veut tremper un seul instant l’abdomen vide dans de lPalcoo!l lim- pide et rectifié; on introduit alors dans l’abdomen, par le côté du thorax, un morceau de papier roulé , sil s’agit d’un abdomen cylindrique , plat et de la forme de l'abdomen, si celui-ci est déprimé. On peut em- ployer un papier de la coulenr dominante de la Libel- iule, mais en général un papier blanc suffit. S’il s’agit d’un:Agrione à l’abdomen presque filiforme, j’emploie seulement une, deux ou trois feuilles de pin (pinus, strobus:ou sylvestris) ,: trempées dans. du minium , si (78) c’est une Agrione rouge. Pour préparer le thorax , je me borne à extraire quelques viscères et à les rempla- cer par du coton ou ouate imbibée dans de l’alcool très fort et trempé quelquefois dans de la couleur rouge ou jaune. On étale ensuite les ailes , on laisse sécher les deux parties , puis on les récolle ensemble, soit au moyen du papier, soit de ls feuille de pin que l’on a laissés dépasser, et qui pénètre dans le thorax, soit au moyen d’une épingle très fine et sans tête. » La colle que l’on emploie est composée de gomme arabique et de farine délayée, à laquelle on ajoute un peu de sucre candi; pour garantir les Libellules de l’attaque des insectes rongeurs, j’ai l'habitude d’y mé- ler une faible portion de savon arsénical de Bécœur, qu’on introduit aussi dans le thorax; par cette prépa- ration, modifiée de la manière que je l'indique , iln’y a que les yeux qui deviennent ternes. » Pour les Libellules des anciennes collections, jepro- cède à peu près de la même manière, mais je me borne à traverser l’abdomen par un fil de fer très mince, trempé dans de la colle arsénicale et entouré dé ouate. On comprendra qu’on ne peut obtenir pour celles-ci la réapparition des couleurs, mais bien la so- lidité et la conservation du corps. Il me reste à re- commander un grand soin pour ne pas mêler les par- ties séparées de plusieurs individus, car cela donne- rait lieu à des créations factices et à des méprises déplorables. » Le procédé indiqué, par M. de Selys-Lonchamps dont nous venons de donner l’exposé, peut sans doute conduire à d’heureux résultats; néanmoins comme il (79) nous a paru susceptible d’être amélioré , nous avons donc cru devoir y apporter certaines modifications ; voici au reste les changements que nous ÿ ayons ap- portés. Nous ne séparons point l’abdomen du thorax pour vider, par la pression, le corps des insectes en ques- tion, comme l'indique M. de Selys-Lonchamps; car en préparant ainsi plusieurs espèces en même temps, il peut en résulter quelques méprises en réunissant l’abdomen de l’une au thorax de l’autre ; et la pression, qui ne remplit qu’imparfaitement le but qu’on se pro- pose, nuit beaucoup, par le frottement qu’elle exerce, à la fraîcheur des couleurs. Pour obvier à ces incon- vénients, voici de quelle manière nous procédons. Aux grandes comme aux moyennes espèces , nous pratiquons, avec des ciseaux fins à deux pointes , une incision longitudinale, du tiers ou environ de la lon- gueur de l’abdomen , vers la partie moyenne et infé- rieure de cette portion du corps, et avec un cure-dent arrondi en spatule nous extrayons , autant que possi- ble , tous les viscères et les matières qui peuvent s’y rencontrer ainsi que dans le thorax. Gette dernière partie est remplie aussitôt de coton en poil imbibé d’une solution alcoolique de deutoxide de mercure; et l’intérieur de l’abdomen reçoit une couche de la même préparation s’il s’agit d’une Libellulidée pulvé- ruléntc; ou bien d’esprit de lavande , si c’est une es- pèce à abdomen lisse et transparent (1). Nons intro- (1) Le deutoxyde de mercure en se desséchant, laissant une tache grisâtre qui paraîtrait à l'extérieur et nuiraït à la vivacité des couleurs des espèces à corps transparent, si on l’employait ( 80 ) duisons ensuite le petit rouleau de papier de couleur, indiqué par M: de Selys-Lonchamps, en le faisant glisser par une ouverture proporlionnée, que l’on pra- tique, avec la pointe des ciseaux, vers la partie infé- rieure du thorax, à peu de distance de la dernière paire de pattes, et qui déjà a servi pour introduire/le coton en poil dont nous venons de parler. Il ne faut plus, pour terminer l’opération , que couper avec la pointe des ciseaux le surplus du petit rouleau de pa- pier qui dépasse l’ouverture par laquelle il a été intro- duit, et rapprocher avec les pinces les lèvres de la plaie faite à l’abdomen. L’on donne ensuite la pose (Pinsecte étant piqué sur une planche de liége) en pla- cant convenablement les pieds et les ailes. Quatre longues et fortes épingles, deux pour chaque côté, su- perposées et piquées dans le liége , suffisent pour presser convenablement les ailes et les maintenir dans la position horizontale qui leur est naturelle. Quant aux petites espèces, il est inutile de les vider, leur corps, d’ailleurs , contient peu de matières; ce- pendant, pour en diminuer la quantité et donner de la solidité à l’insecte, nous introduisons, par un trou, pratiqué comme pour les grandes espèces et jusqu’à l'extrémité de l'abdomen, une portion de la tige d’une graminée proportionnée à la grosseur de cette partie (1); dans cette circonstance! ‘il est donc de toute nécessité de, lui substituer une préparation qui ne présente pas’ ce désayantage, comme l'esprit de lavande, par exemple, que nous employons avec succès. (1) Les ehaumes de différentes espèces d’Agrostis, de Festuca ou autres graminées à tiges menues, sont on ne peut plus con- venables. . ( 54:) q nous retirons ensuite ce chaume qui se trouve enduit des matières contenues dans l’abdomen et une partie du thorax, et nous le remplaçons par un chaume nouveau , dont il faut couper la partie qui dépasse l'ouverture. Cette opération terminée, nous donnons la pose par le procédé que nous venons d’indiquer pour les grandes et les moyennes espèces. Les choses étant ainsi, au bout de quelques jours, l’insecte est complétement desséché; néanmoins, dans cet état , il n’est point complétement à l’abri des ra- vages que peuvent lui causer les insectes destructeurs, mais au moyen de la préparation mercurielle, indi- quée plus haut, appliquée avec un pinceau sur les parties inférieures du thorax et de l’abdomen , on les préserve assez bien. Le savon arsénical de Bécœur, sous forme de bouillie claire, produit aussi ls même effet. Malgré toutes ces précautions, nous avons vu cepen - dant quelques Libellulidées être attaquées dans les col- lections par des larves d’Andrènes qui s’étaient intro- duites par la partie supérieure de l’insecte. Pour prévenir ce mal et procurer la plus longue durée pos- sible aux insectes que l’on veut conserver, nous em- ployons avec succès le moyen suivant , qui consiste à recouvrir d’un enduit aromatique transparent, léger, mais suffisant, la tête y compris les yeux, le dessus et les côtés du thorax, ainsi que le dessus de l’abdoinen, parties qui n’ont reçu aucun préservatif; pour cet effet, nous employons de l’esprit de lavande, que nous €tendons avec un pinceau en plume sur toutes les parties que nous venons d’indiquer, en exceptant tou- 6 (82). NS tefois les espèces à exudation pulvérulente que l’en- duit aromatique ne manquerait pas d’endommager, mais que le préservatif intérieur remplace infaillible- ment. Cependant, si, pressés par la nécessité de prendre des aliments, et repoussés, sans doute, par la nouvelle saveur produite par l’enduit aromatique en question , les insectes enthomophages, n'étaient plus tentés de se porter vers ces parties ainsi dénaturées pour en faire leur nourriture, ils chercheront en-dessous du corps quelque point pour y pénétrer, maïs le poison qu’ils y rencontreront ne tardera pas à leur donner la mort. Nora. À l’époque (1840) où M. de Selys-Lonchamps publiait le mode de préparation pour la conservation des Libellules, dont nous venons de donner l'exposé , qui nous suggéra, dans le même temps, l’idée des modifications que nous avons apportées à cette mé- thode, M. Blisson, de son côté, présentait-à la société enthomologique un mémoire sur la préparation des Æschnes et des Libellules (Annales de la société en- thomologique, séance du 4 novembre 1840), et l’année suivante un supplément à ce travail. Ce mémoire et son supplément, remarquables l’un et l’autre par la bonté des préceptes qu'ils renferment , étant, par leur mode de publication, entre les mains de tous les en- thomologistes, nous nous abstiendrons d’en parler ici plus longuement. CONSIDÉRATIONS LA NOURRITURE DES MOLLUSQUES, Par M. MILLET, MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES, _-0—— Rarement les naturalistes se sont occupés de cons- tater d’une manière particulière, à chaque espèce de Mollusques, les productions de la nature. qui leur ser- vent de nourriture. Gependant, l’on ne peut se rendre compte de cette négligence, si l’on considère que d’un tel examen, qui se rattache à leur histoire , il en peut résulter l’occasion de se procurer plus facilement cer- taines espèces rares, ou que leur petitesse peut sou- vent faire dérober aux recherches de l’observateur. Pour les Mollusques omnivores , l’on conçoit que cette considération ne peut être d’un grand secours par rapport à leur recherche; mais comme il en est d’autres qui ne vivent que de certains aliments, à l’ex- clusion de tous les autres, cette observation mérite donc d’être prise en considération. . Dans un voyage que nous fimes, il ÿ a quelques.an - nées, dans les Pyrénées, nous avons été à même de constater un fait de cette nature par rapport à une se (84) hélice rare (Helix Carascalensis, De Fer.), indiquée d’abord à Garascal, en Aragon, par M. Daudebard- de-Férussac, et ensuile à Gavarnie (Hautes-Pyrénées), par M. Michaux. En effet, dans le cirque de Gavarnie, non loin de la plus belle cascade du monde, et qui fait à juste titre l'admiration de. tous les voyageurs qui vont la visiter, nous trouvâmes un certain nombre dé coquilles vides, de l’espèce que nous venons de citer. Cette renconire, bien que fort agréable, ne put néan- moins satisfaire complétement notre curiosité ; nous désirions nous procurer des individus frais, et par cela même vivants; mais où les rencontrer ? Les coquilles vides que nous avions recueillies an pied de la montagne, nous donnèrent à penser que les Mollusques, auxquels elles se rapportaient , devaient habiter quelques points de l’un ou de l’autre de ses versants. Nous en étions à ces réflexions, lorsqu'après avoir monté pendant un espace de Lemps assez consi- dérable, en suivant le sentier qui conduit à la Brèche- de-Rolland, nous aperçûmes une forte touffe de dryas octopetala, L., sur laquelle nous remarquâmes, vivant en société, une vingtaine d'individus de l’Helix Caras- calensis. Cette plante servait donc à leur nourriture. Mais comme en histoire naturelle une seule obser- vation n’est pas toujours concluante, nous désirions trouver l’occasion de fortifier nos idées à cet égard. Déjà plusieurs jours s’étaient écoulés, lorsqu’en nous rendant au pic de Bergonz, à gauche, un peu avant d’arriver au plateau qui couronne cette montagne, nous vimes dé nouveau le dryas octopetala couvert de là même espèce de Mollusques. (85) De ces deux faits, si l’on ne péut conclure que le dryas octopetala, sur lequel on rencontre l’Helix Ca- rascalensis, serve exclusivement de nourriture à cette espèce de Mollusques , du moins est-il constant que cette plante alpine peut aider à donner les moyens de se procurer une espèce d’Hélice rare, dont on necitait jusqu’à ce moment que deux localités , comme aussi à faire préjuger, sous le rapport géographique, son ha- bitat particulier ; car si ce Mollusque ne vit pas exclu- sivement de cette plante, du moins peut-on conjectu- rer qu’il lui faut des plantes alpines pour nourriture. Nous avons retrouvé dans les Alpes le Dryas octo- petala, toujours, comme dans les Pyrénées, à une très grande élévation et à peu de distance des neiges per- pétuelles; mais nous devons ajouter que nous n’y avons point rencontré l’Hélice en question; peut-être n’habite-t-elle pas les Alpes ou se tient-elle dans des localités que nous n’avons pas parcourues. S'il est utile de faire remarquer que des observa- tions de cette nature, mais faites sur d’autres plantes, afin d’y rencontrer d’autres espèces de Mollusques, ne peuvent avoir en général un plein succès que lors- qu’elles ont lieu par un temps frais ou brumeux (les Mollusques terrestres , pour la plupart, comme chacun sait, se cachent par un temps sec); il est bon aussi de dire qu’elles ne peuvent être prises à la rigueur, par rapport aux montagnes, surtout lorsque celles-ci sont très élevées : la fraicheur qu’on y ressent presque continuellement devant faire exception à cette règle généralement admise. ( 86) REVUE DES ESPÈCES DE FUMARIA, APPARTENANT À LA FLORE DE FRANCE, Par M. BOREAU, directeur du Jardin botanique d'Angers, La distinction des espèces de l’umaria. présente de grandes difficultés, augmentées encore par l’obscurilé. . de la synonymie. En 1844, Parlatore publia à Flo- rence une monographie de ce genre, avec des descrip- tions détaillées de chaque espèce ; l’auteur s’était li- vré à des recherches très étendues, il avait consulté les herbiers les plus considérables de France et d’Ita- lie; son travail mérite toute confiance, et je n'aurais point songé à produire cet essai après lui, si je n’eusse reconnu la nécessité de mettre en lumière une espèce qu'il n'avait pas distinguée et qui, confondue avec les autres dans presque tous les herbiers, a causé un grand nombre d’erreurs. Dans cette revue rapide, je n’énumérerai que les caractères essentiellement distinctifs de chaque espèce, renvoyant pour le reste aux descriptions du savant monographe. Les localités que je cite sont seulement ( 87 ) celles dont j’ai des échantillons sous les yeux. Après avoir fait une’ étude sérieuse de ce genre, je suis heu- reux d’être arrivé à des résultats analogues à ceux de M. Parlatore, et c’est ce qui me donne la confiance de penser que les botanistes qui ont contesté ces der- niers, n’avaient point suffisamment approfondi ce su- jet. ! su FUMARIA. L. (Pro parte.) 1. Fum. caprœæolata. L.—Pedicelles fructifères re- courbés, plus longs que la bractée; sepales ovales aigus denticulés égalant environ la moitié de la lon- gueur de la corolle et dépassant sa largeur; petales blancs, d’un rouge foncé au sommet, éperon gros, court arrondi; capsule lisse orbiculaire très obtuse avec deux petites fossettes au sommet.—Montpellier ! Bordeaux! Autun! Lyon! Dijon ! Paris! Meaux! — Alger ! OBS. Gette espèce a été indiquée mal à propos dans un grand nombre de Flores locales par suite d’une confusion avec les espèces voisines. La plante figurée, sous ce nom, par Dc,ic, rar. t. 84, ne se rapporte probablement pas ici. Ses fleurs sont très grandes, ses sepales sont presque entiers, et ses pedicelles fruc- tifères sont dressés. — Gæœrtner fruct. t. 115, a figuré très bien la capsule du F. Capræolata. — La Fum. [labellata Gasp. F. Capræolata B. Parlat, ressemble beaucoup au capræolata, mais ses sepales sont à peine plus larges que la corolle, son éperon est plus allongé, ses capsules sont rugueuses et apiculées. J’en ai des échantillons de la Sicile, peut-être vient-elle en France. (#) 2, Fum. Bastardi, Nob. F. media Bast! fl de M.- L. Suppl. p. 33 Duby bot. Gall p. 23 non Loisel. F, Capræolata Flore du centre , n° 116! F. Capræ- olata 7 Parlat, monog. in Walpers rep. t. à p. 30. — Pedicelles plus longs que la bractée, dressés ou élalés, non recourbés, sepales ovales plus ou moins denticulés, dépassant à peine la largeur de la corolle, fleurs grêles, d’un b'anc rosé mêlé de verdâtre rouges an sommet , éperon alongé parabolique , capsule orbi- culaire, rugueuse, très obtuse avec deux petites fossetles au sommet. — Creuse ! Environs de Paris ! de Blois! d'Angers! et probablement dans tout l’ouest.—Corse. — ÂAsturies. (Durieu, sous.le nom de F, Capræolata L. F. media Lois.) B. Major. N. F. Capræolata Smith FI. brit. 2p. 791. ( « Flores dilute carnei, apice atrosanguine , formosi majores. » Sm.) F. Capræolata des Flores de l’ouest, — Fleur moitié plus grande, d’un rose plus prononcé, très foncé au sommer , sepales plus fortement dentés, quelques pedicelles tendent à se recourber, capsule du type. — Région de l’ouest : Angers! Nantes, Rennes! Caen! Dives, Trouville (Calvados) , etc. OBS. La Fum media Loisel appartient à l’offici- nalis, comme nous le verrons plus loin ; la Fum, me- dia Dec. (Syst. p. 134), se compose d’au moins trois plantes différentes : 1° F. media Lois. 2° F. Bastardi. 5° F. agraria Lag, Il convient donc, pour faire ces- ser une telle confusion , d'abandonner tout à fait un nom si souvent mal appliqué, aussi, j'ai cru devoir: eonsacrer notre espèce au botaniste qui dès 1812, læ (89) distinguée et décrite avec des observalions judicieuses. La Fum. Bastardi , remplace dans l’ouest la F. Ca- præolata , que je n’y ai point encore vue, et qui ÿ doit être fort rare , si elle s’y trouve. Elle en diffère par ses pedicelles non recourbés à la maturité, par la couleur des fleurs toujours plus ou moins rosées, et non d’un blanc jaunâtre, par la forme de l’éperon , qui est allongé et non globuleux, enfin par ses cap- sules sensiblement rugueuses et non très lisses. J’avais pris d’abord celte plante pour la F, Petteri, Reich. (Icon. t. 4453 B.} et la figure de cet auteur retrace en effet une espèce très ressemblante à la nôtre, mais d’après la description des auteurs, la F. Petteri au rait les fruits lisses, un peu aigus, apiculés, les sepales presque rhomboïdaux, et n’offrant qu’une seule dent de chaque côté , caractères qui ne conviennent nulle- ment à notre plante. Notre variété major à un aspect très remarquable, si on observe , au printemps, ses premières fleurs qui sont très prononcées et d’un rouge foncé; mais à me- sure que la plante s’élève, les fleurs pâlissent et s’at- ténuent à Lel point, qu’on la distingue difficilement du type. Dans son premier état, cette plante peut se con- fondre très facilement avec la Fum. agraria Lag. mais celle-ci se reconnaît de suite à ses bractées cons- tamment aussi longues que les pedicelles, et à ses cap- sules beaucoup plus grosses et distinctement mucro- nées dans leur jeunesse. 3, Fum. agraria. Lag. F. major Badarro. F. me- dia. Dc. pro parte. — Pedicelles fructifères dressés ne dépassant pas la bractée , sepales ovales aigus, irré- ( 90 ) sulièrement serrulés, de la largeur de la corolle, fleurs grandes, roses , très foncées, au sommet, petale inférieur linéaire spathulé écarté des autres, éperon parabolique , capsule grosse rugueuse légèrement comprimée, pourvue d’une pointe distincte, qui s’o- blitère à la maturité complète. — Région des oliviers, Hyères! (Jordan.) 4. Fum. micrantha. Lagasca.— Grappes serrées, pedicelles courts ne dépassant pas les bractées, les fructifères dressés; sepales blanchâtres , très grands ovales élargis, pointus, denticulés tout autour, plus larges que la corolle, et dépassant le tiers de sa lon- sueur; fleurs courtes à éperon gros arrondi, blan- châtres à la base, d’un rose purpurin , puis brunes et un peu verdâtres au sommet; capsule globuleuse obtuse, lisse d’abord, puis rugueuse et offrant au som- met deux fossettes confluentes. — Environs de Paris! Malsherbes ! Troyes! Thouars ! (Deux-Sèvres.) Mar- tigné-Briand ! (Maine et Loire.) OBS. Koch. (Syn. p. 1018.) veut reconnaître ici la F. densiflora De. et ajoute que la description de cet auteur cadre très exactement avec celle du mi- crantha, c’est ce qui ne me semble pas exact. De Gan- dolle (FI. Fr. 6 p. 588. ) dit de son F°. densiflora : « Ses Liges sont droites, peu rameuses, ses pelioles » ne s’entortillent point autour des corps voisins , les » calices ont leurs folioles un peu dentées, etc.» Or, la F. micrantha se ramifie beaucoup, ses tiges sont très faibles et tombantes, ses pétioles partiels sont très étalés, divariqués , et ont une légère tendance à s’enrouler , les sepales sont très fortement denticulés, (91) et non subdentata comme le dit De. dans le Eystema en parlant de sa F. densiflora. 5. Fum. oflicinalis. L. Pedicelles fructifères dressés plus longs que la bractée , sepales ovales dentés, plus larges que le pedicelle, et égalant à peu près le tiers de la corolle, capsule arrondie , plus large que lon- sue , déprimée au sommet, et légèrement rugueuse. Lieux cultivés partout. B. Major. — Fum. media Loisel. Plante glauque à rameaux diffus allongés ; feuilles à segments planes écartés en éventail, petioles un peu volubiles; fleurs d’un rose pâle, pourpres au sommet. Lieux cultivés. — Paris ! Nevers ! Bourges! S 7. Minor Koch. Plante glauque, moitié plus petite dans toutes ses parties, fleurs pâles très grêles. Çà et R. — Orléans! Bordeaux! Maine et Loire ! 4. Floribunda. — F. densiflora, De. Plante peu élevée, plus ferme, glaucescente, lobes des feuilles épais, très courts, fleurs assez grandes, d’un rouge foncé, en grappes serrées. à et Ià. — Montpellier ! Angers ! OBS. Notre var B. est certainenient la F. media de Loiseleur sur laquelle les botanistes sont si peu d'accord , les termes de ses descriptions ont plus de poids à nos yeux que toutes les discussions que l’on à élevées depuis sur ce sujet. En effet la F. officinaliset ses variétés se reconnaissent toutes au fruit qui est sensiblement déprimé au sommet; or, Loiseleur n’a omis ce caractère dans aucune de ses diagnoses; dans sa notice de 1810 page 101, on lit : pericarpiis de- pressiusculis , el page 102 : « Ses capsules sont presque (92) » échancrées au sommet. » Dans sa Flora Gallica de 1828, tome 2. , page 100, Loiseleur dit de sa F. me- dia : « Siliculis subglobosis retusis. » Ce caractère si important exprimé d’une manière si posilive ne peut s'appliquer à aucune autre espèce , et ne doit laisser aucun doute à cet égard ; aussi M. Cosson et Germain dans leur Flore de Paris, n’ont-ils pas hésité à ratta- cher la F, media de Loiseleur comme variété à l’offi- cinalis (1). La var. minor ressemble beaucoup à la F. Vaillantit, dont son fruit la fait distinguer sur le champ. 6. Fum. Vaillantii. Loisel. Fleurs rosées en grappes courtes, lâches, pauciflores , sépales très petits en forme d’écaille plus étroits que le pedicelle, capsules rugueuses , globuleuses , obtuses non apiculées. — Terrains calcaires , cà et là. 7. Fum. parviflora. Lam. Fleurs blanchâtres en grappes droites, sepales courts ovales denticulés , plus larges que le pedicelle; capsules rugueuses arrondies distinctement apiculées. — Terrains sablonneux ou calcaires. Gà et là. > OBS. La Fum. spicata L. est aujourd’hui le Pla- tycapneos spicatus Bernhd. (1) Les échantillons qui servirent de type à la description de Loiseleur, furent cueillis le 25 juin, à droite de la route d'Or- léans, vis-à-vis la tour de Montléry, dans les vignes, en allant à Marcoussis. (:93:) ANALYSE DES ESPÈCES. Sepales des jeunes fleurs orbiculaires et débordant largement la base de la. corolle., 1... +... F. micrantha. Sepales ovales ou oblongs dépassant peu ou point la largeur de la co- CAL RTE CAE ARR RE CORTE, PERS Fruit arrondi ou globuleux non 2 | échancré au sommet. . . . . . 3 Fruit plus large que long, un peu déprimé au sommet. , . . F, officinalis. Brcorolle. : amer : TE Sepales très petits, plus LUE que Imcorolletos ben... baie fous 0h Fruit lisse à pédicelle recourbé. F. capræolatu. Fruit rugueux à pédicelle dressé ou Gal ous ll 9x tal d 20b altianée eh à Bractée plus courte que le pédicelle , capsule très obluse. . ‘. . .F. bastardi. Bractée égalant le pédicelle, capsule munie d’une pointe distincte avant fasmaturié. 10,0. ee LP agratit. 5 au moins aussi larges que : Fleurs blanchâtres, capsule termi- 6 / néeen pointe. . . . . . EE. parviflora. Fleurs rosées, capsule très obtuse. F. vaillantii. a (94) SALIX RUBRA. HUDS. Le 17 août 1843, j'ai recueilli, dans une île de la Loire, deux saules dont le feuillage me sembla ne pouvoir se rapporter à aucune des espèces signalées jusqu'ici aux bords de notre fleuve. Ges saules plantés: au jardin d'Angers, y ont fleuri les années suivantes, et m'ont offert, l’un l'individu mâle, l’autre l'individu femelle du saliæ rubra. Huds. L’individu mâle esttrès élégant au moment de sa fleuraison , à raison de ses chatons d’un beau rouge d’abord, puis passant au jaune ét brunissant ensuite ; les deux étamines ne sont que légèrement adhérentes par leur base. L’individu femelle a les feuilles plus larges, et ces feuilles conser- vent jusqu’à l’âge adulte une pubescence soyeuse sur la face inférieure, qui lui donne un aspect différent.de celui de l’individu à étamines, ce qui permet de les distinguer l’un et l’autre, même après la fleuraison. Le salix rubra n’a été jusqu'ici indiqué d’une manière positive dans aucune des Flores de Maine et Loire, il ne figure pas non plus dans les Flores des autres dé- partemens traversés par la Loire. Je crois donc avoir apporté un fait intéressant à la géographie botanique, en constatant l’existence de cette espèce aux Ponts- de-Cé, à Chalonnes et dans plusieurs îles de notre beau fleuve. A. Boreau. (95) OBSERVATIONS SUR deux Plantes nouvelles pour la Flore française, Par M. BERAUD. — STELLARIA NEGLECTA. W'ethe. Reich. Jean-Jacques, à propos de la meilleure méthode à suivre dans les études botaniques , disait que pour que la science fit de véritables progrès, c’est-à-dire des progrès qui ne s’appuyassent que sur l’observation in- telligente et comparative des faits, il faudrait seulement que chacun connût bien sa botte de foin. C’est qu’en effet ce sont généralement les êtres les plus voisins de nous qui sont les moins bien connus. Au début de la carrière, l’attention s’est sans doute dirigée d’abord vers eux, mais à ce moment on ne possède pas encore des idées bien arrêtées sur la valeur absolue ou: rela- tive du caractère spécifique, souvent même au lieu d’étudier par soi-même, on se contente, pour la dé- termination des espèces, du secours que peut offrir la tradition, et une fois que l’on s’est ainsi familiarisé avec l’aspect général du type que l’on admet comme constituant une espèce, on y rapporte toutes les for- mes qui ont une analogie marquée avec lui et qui ne sont plus pour des yeux prévenus que des états passa- gers et accidentels auxquels l’examen doit dédaigner ( 96 ) de s'arrêter. C’est ainsi, sans doute, qu'avec une faci- lité qui a eu le déplorable effet de maintenir la confu- sion, on est arrivé à admettre pour la plupart des es- _pèces vulgaires une tendance, un état polymorphique qui leur rendrait inappliquables les lois qui , dans d’au- tres groupes, autorisent la détimitation spécifique des plantes. d’avoue-que plus j’avance dans l'observation des faits, plus je suis porté à croire que lorsque cer- taines variétés de formes se reproduisent avec persis- tance dans ce qu’on regardait comme une espèce ho- mogène, on devra, le plus souvent , arriver à recon- naître que ces formes constituent des êtres qui peuvent être très rapprochés sous certains rapports, mais qui en doivent pas moins fonder. de véritables espèces , occupant des places distinctes dans la chaîne des êtres organisés dont ils forment seulement des anneaux dont la connexion est plus intime. ÿ N'est-ce pas là, d’ailleurs, l’histoire de ce qui se passe sous nos yeux, depuis quelques années , dans le domaine de toutes les sciences naturelles où la cir- conscription-de l’être simple, de l'espèce, paraissait le mieux défini? Et dans la botanique dont nous nous occupons en ce moment, n’est-ce pas celle de ce myo- : sotis scorpioides !L.), qui , après avoir été scindé, en deux espèces par Lamarck, s’est récemment, sous le scalpel des Allemands, subdivisé en dix autres qu’on ne pardonnerait déjà plus à un botaniste de confon- dre? N'est-ce pas ce qui vient de se passer près de nous pour le gladiolus communis , de Linné; dont Lamack, Decandolle ; Duby, n’avaient pas suspeclé l’homogénéité, et qui, pour la seule flore de notre dé- (97) partement, a produit : 1° le gladiolus segetum, Gawl; 2° dans une forme grêle et pauciflore , signalée par Bä- tard dès 1812, l’espèce que Koch a depuis nommée VIlbyricus ; 5° enfin dans le glaïeul précoce, particulier au centre de l’Anjou , cette espèce nouvelle que le même botaniste a dédiée à M. Guépin, notre savant collègue, comme un légitime témoignage de ce que lui doit notre botanique locale. Ces réflexions me sont naturellement suggérées par l’examen que je viens de faire d’une plante que les au- teurs français ont jusqu'ici confondue avec le stella- ria media, ce trivial mouron des oiseleurs qui infeste nos jardins. Celle que j'ai trouvée , il y a quelques jours, à Bouchemaine , me frappa tout d’äbord par sa stature élevée dé 12 à 18 pouces, la direction verticale qu’affectaient sa tige et la largeur de sa feuille, ce qui lui donnait le port du cerastium aquaticum. Cet état de développement n’était pas dû d’ailleurs à l’étiole- ment, le fossé n’étant pas ombragé, mais bien décou- vert et exposé à toutes les influences des rayons so- laires. $ Voici les caractères que j'ai reconnus à cette plante : Tiges dressées, longues de 33 à 66 centimètres, ayant une ligne latérale de poils. — Feuilles supé- rieures ovales, larges, aiguës , sessiles ; les inférieures pétiolées. — Fleurs à pédoncule filiforme , deux fois aussi long que les feuilles supérieures , très glabre, ainsi que le calice ; pétales plus courts que les sépales, fendus jusqu’à la base en deux lobes linéaires très di- vergents; {oujours 10 étamines à anthères roses. Gette plante est évidemment l'espèce que Weihe et 7 (98) 4 Reichembach ontnommée neglecta. Ce dernier auteur ajoute que ses graines aplaties ont un rebord denté- toruleux. Ge rebord existe ainsi que je l’ai observé ;, quoique peu prononcé, mais la graine ne me paraît pas néanmoins différer sensiblement de celle du stel- laria media. Dans l’un et l’autre , elle est comprimée et couverte de petites aspérités disposées symétrique- ment en rangées conceniriques. Je ferai remarquer que j’ai rencontré , parmi des pieds du stellaria media de nos jardins, des individus à calice et pédoncule glabres, bien que les auteurs les disent velus, mais ces individus, à tiges très ramifiées et étalées et n’ayant, sauf de très rares exceptions, que de 3 à 5 étamines à anthères foncées , ne pouvaient être pris pour le stellaria neglecta dont le nombre normal d’étamines est de dix et dont la tige est cons- tamment droite ou dressée. : Ainsi que je l’ai dit, les échantillons de cette der- nière plante, que j’ai examinés le 8 avril, ne por- taient encore qu’une seule fleur axillaire par tige, que déjà le stellaria media, dans les champs voisins, était depuis longtemps fructifié et laissait échapper ses graines. T. C. Braun. VIOLA suAvis. Reich. De Bieberstein décrivit, dans sa Flore du Caucase, une violette odorante à laquelle il imposa le nom de viola suavis. Reichembach , puis Koch, sdmirent (99) cette espèce et la signalèrent dans les contrées monta- gneuses, voisines du Rhin allemand. Depuis lors, je ne sache pas qu'aucun autre auteur en ait parlé et que nul surtout l’ait indiquée comme habitant la France. C’est cette espèce rare que j'ai eu la bonne forlune de rencontrer , le 10 mars 1847, sur les ro- chers de la Baumette, où elle est spontanée, y vivant pêle-mêle avec la viola odorata , et exhalant comme elle de doux parfums , mais dont l’arôme est moins pénétrant, facile du reste à distinguer pour les yeux les moins exercés à sa couleur d’un bleu moins foncé, tournant moins au violet et surtout à sa gorge d’un blanc pur qui tranche sur le bleu des pétales. Sa co- rolle, également plus ample , rappelle plutôt celle des beaux individus du viola hirta, et ses pétales supé- rieurs , au lieu de se renverser sur un plan régulier en arrière , comme dans ces deux espèces, s’infléchis- sent par le milieu pour se reporter en avant, comme si la fleur avait subi une compression latérale. Pour mieux fixer l’attention des amateurs sur cette espèce et les diriger dans leurs recherches, nous nous empressons d’en donner ici une courte descrip- tion faite sur le vivant. : Tige’ courte émettant des stolons; feuilles les plus inférieures réniformes , les autres largement cordifor- mes, obtuses , crénelées plutôt que dentées; pétioles très glabres. Pétales élargis , obovales, obtus, l’inférieur seul échancré plus court sensiblement que les latéraux ; bleus avec leur moitié inférieure d’un blanc pur, tranché; l’inférieur portant quelques raies violettes; ( 100 ) éperon blanc, comme scrotiforme , sans protubérancé anguleuse en dessus; sépales sans appendices basilai- res. Fruit à pubescence très courte. OssenvarTions. — On voit que par la forme de la base des sépales , cette espèce serait à l'odorata ce que le sylvestris est au riviniana. Lorsque j'ai diten commençant que le viola suavis n’avait pas encore été rencontré en France, je n’igno- rais pas que Mutel avait, dans sa Flore, indiqué cette espèce près de Besançon, mais cette indication, comme beaucoup d’autres localités du même auteur, doit être rectifiée. Mutel ne la citait en effet que d’après M. Gre- nier, et celui-ci, dans le catalogue qu’il a publié pos- térieurement à l’ouvrage de Mutel, non seulement ne reproduit pas le nom de cette espèce, mais cite un viola qui, ainsi que me l’a fait remarquer M. Boreau par l’examen d’un échantillon authentique venant de Grenier, est le viola alba des modernes auquel il restitue en effet ce nom, espèce qui ne peut être con- fondue avec notre plante à laquelle on peut vérifier , d’après la description que nous venons d’en donner, que s’appliquent parfaitement les. phrases de Reichem- bach et de Koch. T.-G. Beraur. (LU A LA SÉANCE DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, LE 16 AVRIL 1847). RAPPORT SUR LES LOISIRS D’UNE FEMME, POÉSIES DE MM€ LA COMTESSE LOMÉNIE DE MARMÉ, Par M. E. LACHESE. En venant vous entretenir du recueil de poésies que, sous ce titre : Loisirs d’une femme, a récemment pu- blié madame le comtesse de Loménie de Marmé, nous nous sentons sous l’impression d’un double sentiment, celui de l’empressement et celui de la réserve. Il suf- fit, pour expliquer le premier , de rappeler que nous citons un nom appartenant désormais et à divers titres à l’Anjou. Attaché au commandement de l'artillerie de la place d'Angers, M. de Marmé n’a quitté cette ville , il y a seize ans environ , que pour aller remplir les mêmes fonctions à Saumur et rester, par consé- quent, dans les limites de ce département, Depuis, le plus triste et le plus indissoluble des liens attache son souvenir à notre contrée. Frappé dans une chute, au cours de l’année dernière, d’un coup qui lui en- leva la raison avant de lui enlever la vie, c’est près de nous qu’il a expiré et que ses restes reposent. À un titre de plus encore, Messieurs, nous devons saluer en compatriote l’auteur gracieux des vers que nous 102 } venons de lire. C’est à Saumur que ces vers ont été publiés, c’est un fruit du sol, dont nous avons intérêt à constater de suite la beaulé et la saveur, pour en augmenter le bilan de nos richesses intellectuelles. Seulement, Messieurs , vous vous élonnez sans doute de voir cet examen livré à notre appréciation. Lors- que des poètes déclarés et renommés se comptent - parmi vous, par quelle bienveillance, aveugle, nous le craignons bien, plusieurs membres de votre bureau nous ont-ils fait l'honneur de nous confier ce livre ? Sommes-nous donc poète aussi ? Hélas ! s’il faut abso- lument parler de nous, fixé par nos relations et nos devoirs au milieu de la vallée des misères humaines, nous n’avons jamais gravi l’Hélicon et si, par occasion, nous avions essayé de rimer , aucun de nos vers n’au- rait assez vécu pour venir nous accuser aujourd’hui. Vous devez donc facilement comprendre ce sentiment de réserve dont nous parlions à l’instant. La nature de ce compte-rendu aurait, d’ailleurs, même pour un Daillère, quelque chose de fort délicat. Lorsqu'on juge un travail de physique, de jurisprudence ou d’his- toire, on a bien , sans doute , à apprécier la perspica- cité, la méthode, lestyle d’unauteur; mais c’est d’un auteur parlant de choses tout extérieures à sa per- sonne. Dans un poème ordinaire , même , c’est sur des temps éloignés, des héros fabuleux , des scènes de la nature , que s’exerce l'écrivain. Ici une grande partie des stances appartient à la poésie intime , à cette poé- sie dans laquelle l’âme sent tout haut et où le chantre, pour ainsi dire, raconte son proprecœur. Ge sontdonc, il faut le reconnaître, les sentiments mêmes, la pen- ( 103 ) se surprise se révélant dans ces loisirs, que nous avons à interroger, à scruter devant vous. N'est-ce pas là, nous le demandons, une tâche devant laquelle tout cri- tique doit hésiter? Toutefois , Messieurs , l’auteur doit se féliciter de voir la question tout naturellement posée à ce point de vue , car il ne saurait se rencontrer une voie plus prompte ni plus sûre pour arriver à l’éloge de son œuvre et de sa personne en même temps. Citer vaut ici mieux que décrire. S'agit-il de tristes accents? on comprend qu’ils se modulent d'eux-mêmes sur celte lyre récemment voilée. Si, dit une méditation, Si, dans le cours de notre vie, Il se trouve une main amie Qui, devant nous, jette des fleurs, Bien plus souvent l'indifférence Ne répond à notre souffrance Qu’avec des yeux vides de pleurs. Plus loin, parlant à un enfant : Dors, ma petite, oh! dorsencore, Ne devance pas le matin; Relarde, s’il se peut , l’aurore De ton jeune et frêle destin. Car bientôt, ajoute l’auteur : Aux songes gais de ton enfance J1 t’aura fallu renoncer : Tu connaîtras l'indifférence , Son œil froid viendra te glacer. Ces pensées tristes, toutefois , ne deviennent pas un (104 ) système, un parti pris, n’arriventjamais à ce paradoxe dangereux qu'ont affectionné certains auteurs de nos jours et qui tendrait à donner au génie du mal la di- rection de nos destinées. Voyez en quels termes M*° de Loménie s’adresse à ua romancier comme elle enfant de la Touraine et an- cien compagnon de ces jeux , M. Balzac, qui, par pa- renthèse, semblait alors ne pas annoncer ce qu'il est devenu , car elle lui dit en passant : À cette époque , autant qu'il m’en souvienne, Vous aviez'de l'esprit, mais rien de bien saillant, Rien qui fitcroire , en vous voyan!, Qu'un jour vous brilleriez sur la scène du monde, Que vos écrits, qu’on s'arrache et qu’on fronde, Trouveraient un critique et vingl admirateurs... Frappée de la défaveur que Balzac jette le plus sou- vent sur les pensées et sur les actions de l’homme, af- fligée , sans doute, de voir cet auteur résumer les ac- tes de notre vie sous ce titre désolant de Comédie hu- maine, M"° de Marmé semble vouloir l’amener à un retour qui n’est pas sans exemple, et lui rappeler qu’a- près nous avoir montré la récompense de la vertu si douteuse dans la Salamandre et dans Atar- Gull, Eugène Sue a peint Rodolphe, Fleur de Marieet l’abbé Gabriel. Quand vous nous dépeignez ( dit-elle ) le cœur sans nulle Sans nul autre moteur que la cupidité ; [flimme, L’épouse sans pudeur, la fille sans tendresse Et l'amant sans fidélité ; Vous ne mêlez que trop de vérité À ce tableau qu'avec plus de sagesse, Vous eussiez, sans doute, évité. ( 105 ) Pensez-vous, en effet, qu'il soit fort bon pour l’homme D’envisager nos vices trop à nu? En voit-on, pour cela, diminuer la somme ? + + + + + + + ee + à Celui pour qui la vie avait d'heureuses chances, Qui se laissait bercer par de douces croyances En restera seul attristé, Car vous aurez désenchanté Son rêve de tendresse, ou son rêve de gloire. Ges réflexions sur une opinion extrême ne sauraient, sans abdiquer leur sagesse, lancer l’auteur dans l’excès contraire. C’est d’ailleurs une mère qui écrit et c’est à sa fille qu’elle dédie son œuvre ; elle ne peut lui cacher que le monde lui prépare plus d’un chagrin, plus d’un mécompte. » De ta douce et riante enfance » Laisse les songes te bercer, » Ne reveille pas la souffrance » Qui, bientôt, viendra t’enlacer..…. Ailleurs : L'ombre est propice A cœur novice, À tendre fleur... Madame de Loménie, toutefois doit croire qu’une fleur née à son ombre et, pour continuer son langage, cultivée de ses mains, ne saurait manquer de s’épa- . nouir et de briller bientôt au grand jour du monde. De ce moment, elle s’attache à peindre à sa fille quelques-uns des travers ou des vices dont la société lui réserve la rencontre. C’est l’importun , qui Vous parle longuement de duels , de batailles, ( 106 ) ‘Ne fait grâce de rien, même des funérailles ; Puis, changeant aussitôt et de scène et.de lieux, De ses vieilles amours vous relate les feux ; Compte jusqu'aux soupirs , jusqu’au nombre d'échelles Qu'il appliqua jadis aux fenêtres des belles. L’envie, ce monstre Qui se cache, bondit , rampe et bave à la fois. Le suffisant A la voix haute et brève , à la taille cambrée. La fausseté .... Avec son œil errañt Qui jamais ne se pose, et regarde en fuyant. La coquette , enfin, dont nous voudrions vous citer en cütier le portrait; cette femme si charmante, si dangereuse et toujours si sûre d'elle-même : Car, parmi cette cour qui l’encense ou la flatte, Au milieu de ces cœurs empressés tour à tour, Elle attire l'amant et dédaigne l’amour.. Onze fables, dont quelques-unes sont remarqua- bles par le trait et le naturel du style, viennent join- dre à ces lableaux d’utiles enseignements sur les écarts les plus fréquents où le monde nous entraîne. Mais , ne croyez pas qu’une fois abordé, ce genre de composition absorbe à son profit tous les accents de notre poète. M®° de Loménie se mettrait en désac- cord avec elle-même si, blâmant Balzac du pessi- misme répandu dans quelques-unes de ses œuvres, elle s’arrêtait après avoir, aussi elle, écrit un peu sa Comédie humaine. Aussi, elle ne cesse de revenir à des chants. d’amour et d’admiration en présence des ( 107 ) splendeurs de la nature ou des beautés de l’intelli- gence. Voyez, par exemple, avec quel bonheur elle rajeunit ce tableau du matin , tant de fois essayé : Les vapeurs couvrant la prairie Lentement remontaient dans l'air ; Déjà le plus brillant concert Remplissait les bois d'harmonie. Un vent frais chassait devanit lui Ces nuages, fils de l’Aurore, Et la lune montrait encore Son disque presqu’évanoui. C’est sur un mode plus élevé qu’elle célèbre les deux grands noms de notre poésie contemporaine , Hugo et Lamartine. Presqu’enfant (dit-elle , en parlant du premier) son Avait déjà ceint la couronne [front qui rayonne Que l'antiquité dresse et donne À ces mortels déifiés , Qui, fiers du pouvoir de la lyre, Avec un orgueilleux sourire Laissent les peuples en délire Se précipiter à leurs pieds. L'autre, moins éclatant sans doute, Mais bien mieux guidé dans sa route , Verse dans l’âme qui l'écoute Le chsrme inconnu des douleurs. Et, cygne égaré sur la terre, Va chercher dans une autre sphère, Le divin rayon de lumière Dout il vient réchauffer nos cœurs. Enfin, vous le voyez, par vous-mêmes, sur tous les sujets, sur tous les tons, M"° de Loménie fait également preuve de goût, de sentiment et de distinc- tion. | (108) Faudra-t-il donc que nos éloges lui soient donnés sans exception et que notre jugement puisse se nom- mer un panégyrique ? Non, et, si nous ne pouvons que féliciter Mr: de Loménie au point de vue de l’art, nous la querellerons sur le métier. Dans plusieurs pas- sages, dirons-nous , il se rencontre des négligences sur la structure des vers, des répétitions , des rimes insuffisantes et même, dans un ou deux endroits, im- possibles. Il est vrai que nous sommes le premier à comprendre combien ce genre de défaut était facile à éviter. Il suffisait à l’auteur d’une dernière et atten- tive lecture de son œuvre : ce soin pouvait même être confié au moindre pédagogue. Son examen nous en- levait cette seule et chétive occasion de blâme. Le mérite reste donc dans toute sa réalité. En disant ce dernier mot de notre opinion, per- mettez-nous, Messieurs, de vous confier bien bas une circonstance qui en double la force. Vous savez quelles nobles inspirations de dévoûment et de charité notre poète Béranger prête au sentiment du bonheur. « Le plaisir rend l’âme si bonne! » s’écrie-t-il. Eh bien! nous pensons que le bonheur qui porte à bien faire, aide également à bien écrire et qu’à l’exception des élégies , dans le sens le plus large du mot, de ces chants de désespoir que firent entendre Orphée jadis et Gilbert de nos jours , le chagrin et surtout, la sol- licitude, sont deux grands ennemis de la poésie. Qu’on nous comprenne bien, encore une fois, nous parlons de cette poésie de description, d’invention et de grâce, dans laquelle l'esprit, et non pas seulement le cœur , a une large part et qui se présente à tant de pages du (109) recueil qui nous occupe. Or, sachez-le , M®° de Lomé. nie, cette femme si distinguée , cette mère si tendre, n’est pas heureuse... Nous pensons que ce mot n’a pas besoin ici d'interprétation. Ne devinez-vous pas com- bien s’en accroissent le mérite de l’œuvre et l’intérêt que l’on doit porter à l’auteur? Les gracieuses des- criptions dont abondent les fables ne prouvent-elles pas doublement le talent de l’écrivain, quand on songe que ces peintures de scènes d’imaginalion étaient peut-être tracées au milieu des préoccupations d’une trop sérieuse réalité? Permettez-nous, Messieurs, de vous laisser sur ce point achever notre pensée. Seule- ment, nous voulons, en finissant y joindre un vœu; c’est que l’avenir cesse de réserver à Me de Marmé de tristes-inspirations et que, se parant pour elle de teintes aussi riantes que celles répandues sur quelques- uns de ses vers, il puisse lui faire un doux souvenir du jour où, pour la première fois, ses chants auront élé appréciés dans cette enceinte. ( 110 ) NOTE SUR LE MANUSCRIT DE LEHOREAU. BLASONS DES ÉVÈQUES DANGERS , HUBERT DE VENDÔME ; GUILLAUME DE BEAUMONT , RADULPHE DE MACHECOUL ET GUILTAUME ,TURPIN. — 000 =—— ” Il existe à l’évêché un ouvrage manuscrit en trois énormes volumes ia-folio intitulé : « Cérémonial de » l'église d’ Angers, composé par maître René Leho- » reau, sieur du Fresne prêtre, maître chapelain » de rue Chèvre en la méme église, natif de la pa- » roisse de la Pommeraye sur Loire, près de Mon- » tejean en Anjou, commencé l'an 1692 et fini en » 17: » Ge litre qui résume à peu près toute la biographie de l’auteurest inexact, en ce qu’il nous a semblé ki restréint, car l’ouvrage en lui-même est bien plus qu’un cérémonial, c’est à vrai dire, sauf la mauvaise qualité dustyle , et en plusieurs points le défaut de mise en or- dre, une histoire très détaillée de lacathédrale et même d’autres monuments de la ville d'Angers. Ce eéré- monial abonde en faits très curieux et inédits: M. le comte de Quatrebarbes y a puisé, le premier que je sache, en insérant dans sont, IV, p. 171, des Œuvres du roi René, la marche de la procession du Sacre. Cet ouvrage de Lehoreau qui ne contient pas moins TU en son entier de 15 à 1600 pages in-folio, est divisé en cinq livres, un dans le premier volume, trois dans le second , le 3° volume renferme le 5° livre plus un calendrier et quelques autres pièces. Lehoreau commenca ses recherches, vers 1682, et à les écrire seulement , en 1692. Mon premier livre, dit-il, dans sa notice au lecteur, comprend: « Toutes les cérémonies en général de festes » épiscopales.... féries réceptions des Roys, Evêques, » des Gouvérneurs..... et beaucoup d’autres choses » qui regardent l’église. — Le d'uxième contient l’or- » dre de toutes ies sépultures... la fidèle copie de » toutes les épitaphes comme elles sont gravées sur des » plaques et autres choses. — Le troisième renferme » l’ordre des processions.… fors la procession du Sacre » qui est tout au long dans le suivant , etc. » — Le quatrième contient en partie l’abrégé du » 1% livre... » — Le cinquième comprend pour la plus grande » partie ce qui s’est passé au changement du chœur » et bien d’autres curieuses remarques, c’est pour- » quoi, continue Lehoreau, je le nomme Journal, je » l’ai orné d° Li et dessins qui sont de vrais ori- » ginaux. » | Puis il ajoute : « J'aurais ajouté un 6° livre que jé » nomme Calendrier , qui comprend les fondations ou » gaignages du chœur , chaque jour qu’il y en a, com- » posé par feu M. Gervais Chollet, en 1700... mais je » n’ai pas cru le devoir faire , celuy que je vous offre » estant déjà trop gros. »: Il termine enfin par ces lignes : « Vous pouvez croire (142) » que je n’ay rien épargné pour l’accomplissement de » ce petit ouvrage (il était trop gros tout à l’heure, le » mot petit doit sans doute, dans la pensée de l’auteur, » se traduire ici par modeste), de ce petit ouvrage en- » fin, qui m’a mis deux fois en danger de ma vie, que » sans doute j'aurais perdue, si le Seigneur ne me l’a- » vait conservée. » J’ignore , Messieurs , quel a été ce danger , mais ces lignes vous donnent suffisamment la mesure de l’exacti- tude que Lehoreau a mise dans la critique des faits his- toriques. Il engagea même une polémique assez verte contre Grandet auquel il reproche à tort ou à raison beaucoup d’erreurs dans ses travaux ; tout en appelant la plume de celui-ci, une plume d’or, et en effet, c’est justice, car le style de Grandet est d’une qualité bien supérieure à celui de son adversaire. Quoiqu'il en soit, Messieurs, à part ce qui con- cerne la cérémonie du Sacre éditée en quelques pages par M. de Quatrebarbes, l’ouvrage de Lehoreau est réellement une mine inexplorée jusqu'ici; vous me permettrez donc de vous en offrir quelquefois des extraits. Je commence par quatre blasons de nos évêques, m’engageant avec M. Dainville à vous en présenter une série la plus complète possible. Le blason n° 1 est celui de Hubert de Vendôme, élu évêque, en 1010, mort vers 1047; nous ne vous dissimulons pas , Messieurs, que ses armoiries nous semblent apocryphes, la science héraldique, d’après les auteurs les plus estimés, étant à cette époque loin en- A core d’être formée. Sans doute lesemblémes existaient , N'IV. CL L535Q LAS LA Lrannont D de || Macheut ; Tri (= = Ç . 2770-1774 1535 ©) 22100 Bvegiie C2 1359 ans ÉVEue CU 1010) sa lvegié NH. (143) et cela dès la plus haute antiquité ; mais des emblêmes, bien qu’ils aient pu donner naissance à l’art héraldi- que, ne sont pas des armoiries dans le sens attaché à ce mol. Quant aux blasons suivants : n° 2 qui est celui de Guillaume de Beaumont, élu évêque en 1202 , et mort vers 1240; n° 5 qui est celui de Radulphe de Mache- coul, nommé évêque en 15995, mort en 1358; n° 4 qui est celui de Guillaume Turpin, consacré évêque en 1359, mort vers 1370 , ils sont vrais, mais la forme de l’écu n’est point celle qu’ils eurent primitivement , les accolades au bas du bouclier ne se rencontrant guères que depuis le 17° siècle. En ce qui concerne les ‘crosses, elles sont toutes dans le goût de celles dela fin du 17° siècle, époque durant laquelle écrivait Lehoreau. Faisons remarquer en passant que les armes de G. Turpin sont les mêmes que celles qu'avait autrefois l’abbaye de S'-Aubin d'Angers, et terminons en disant qu’afin d’éviter des frais de coloris à la Société, M. Dainville a, dans la reproduction des armoiries, adopté les hachures héraldiques, bien qu’il soit certain que ce système n’ait rien d’ancien (17®siècle) en comparaison de celui des couleurs. V. Goparp-FaAuLrrier. (U4) ARMOIRIES DES ÉVÈQUES D’ANGERS, GUILLAUME DE CHEMILLÉ, NICOLAS GELLANT, MILON DE DORMANS ET HARDOUIN DE BUEIL. ‘ 222 04 1e @me— ’ Déjà, Messicurs, nous vous avons donné quatre blasons d’évêques , en voici un pareil nombre aujour- d’hui. Notre projet, vous le savez est, de concert avec M. Dainville fils, de vous reproduire ce que nous pour- rons trouver de nos armoiries épiscopales. Les quatre _ blasons ci-contre de la planche 2 comme ceux de la planche 1°, sont extraits. du manuscrit Lehoreau. Il nous semble superflu de vous parler de l'utilité des études héraldiques , à quoi bon vouloir persuader des gens convaincus ? * Qu'il nous suflise done de vous rappeler qu’avec élles se font souvent d’inattendues révélations histo- riques, et comment n’en serait-il pas ainsi ! Qu’est-ce en effet qu’un blason? sinon le cachet spécial d’un individu, d’une famille, d’une communauté, d’un royaume , d’une république, d’un empire, et ce ca- chet spécial , à partir du XIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe, vous le trouverez en tout lieu , il circule avec la monnaie, il s’épanouit sur les parchemins , il brille -sur les lettres funèbres, il couvre le dos des valets, il s'attache au fronton des édifices, il éblouit sur les ( 115 ) vitraux , il pénètre partout, oui partout et jusque sur les cuillers et les fourchettes, dans le palais et dans ia Cuisine. Durant plus de six siècles, ila été, passez-moi le terme , comme l’abrègé des idées, des habitudes et des mœurs de nos pères. Le blason né d’actions historiques, récompense de hauts faits d'armes et de grands services rendus à l'État. Monument traditionnel de l'illustration des familles mortes, une étude sérieuse au point de vue de l’archéologie et de l’histoire. Passons donc aux quatre écussons de nos prélats, mais aupa- ravant disons que Les lignes verticales représentent le gueule ou la couleur rouge, le semis de points noirs l'or, les lignes horizontales l’azur, et les fonds blancs _ l'argent. Le n° 1% est l’écu de Guillaume de Ghemillé, évé- que d'Angers de 1198 à 1202, Gette maison de Che- millé a été fort célèbre au moyen âge. Vous remarquerez sur le champ de l’écu des mer- _ lettes, petits oiseaux sans bec ni pattes, « oiseaux voya- » geurs etpassant la mer, comme le nom l'indique dit » H£° Morreu, p. 6, ils sont les emblêmes des voyages » d’outre-mer. » Le n° 2, est le blason de Nicolas Gellant ou Geslant, évêque, de 1260 à 1290. La croix que vous voyez figurer sur ses armes est une croix ancrée. Le n° 3, est l’écu de Milon des Dormans, évêque d'Angers, de 1370 à 1372 ,et ensuite de Bayeux, plus _ tard de Beauvais, puis chancelier de France et fonda- teur du collége de Beauvais à Paris, où on l’inhuma: vers 1987. (116) Le n°4; représente les armoiries de Hardouin de Bueil, évêque, de 1372 à 1430. Ge prélat fut un grand Bâtisseur, et nous trouvons encore, sur le manteau d’une cheminée de l’évêché actuel dans une salle haute qu’il fit construire, des traces de son blason que notre collègue M. Lèbe-Gigun a reproduit dans la 3° livraison du 5° volume de vos Mémoires. Assez , Messieurs , sur ces quatre écussons, n’ayant _ pas le dessein en vous les présentant aujourd’hui de vous tracer la biographie des quatre évêques ue ils se rapportent. : V. GonarD-FAULTRIER. Mi | ” EU AVAH2UO ol savon af tetes nd rose n 4111008 8 2 tan Hionosf à énch ebibeor evlaitts est cul 28218 » RU. nn ; 23H10 k Ve AAA a Aa Fe? Ê A Ps me soi ess ob 13H ODA ! CT 79 770 ON té Pa Php ns bT ob 8196 w9 15811 OBSERVATION. La Société n'accepte pas la solidarité de toutes les opinions émises dans les articles insérés dans le Recueil de ses mé- noires. arr, # ; SP MM. les Membres du Comice Horticole sont prévenus. qù ‘ils. auront dorénavant à adressér franco le montant de ieurs cotisati ns à M. Le Gris, trésorier du Comice, rue des Cordeliers , à Anger al leur € en sera délivré ÉtÉpesé æémosnss DE LA SOCIÉTÉ D’ANGERS. CRIS ge Volume, — 9° Livraison. ANGERS, 1MPRIMERIE DE COSNIER ET LACHÈSE. br des 1547. rome d'Agriculture, Sciences ct Arts BRAS ET SSSR Ÿ he { % RSS rer: Mr Le 2er ee 4 ie rimes "nt sa (TPE AT 1 * | RUINES ROMAINES DE MEMBEEY (Haute-Saône ), PRÈS DE L'ANTIQUE SEGOBODIUN (Seveux), SUR LA VOIE DE VESONTIO ( Besançon } À ANDEMATUNUN { Langres), Qui faisait partie de celle de Rome dans la Grande-Bretagne, par MEDIOLANUM (Milan) et GRSORIRCUM (Boulogne), PAR M. DE MATTY DE LATOUR. Dans tous les cas, le territoire qui possède les ruines de Membrey aura désormais une double célébrité qui se rattachera aux mo- numents de deux civilisations séparées par 15 sitcles, au commencement desquels a régné l’ignorance et la barbarie. : (Page 44). (118. ORDRE DES MATIÈRES. CHAPITRE PREMIER. Description des ruines de Membrey. ' Pages. ARTICLE PREMIER. — Date de leur découverte: — leur: situation tetes OPEL RSR NRNS à ‘ART. 2.— Étendue et dispositions principales. 123 ART. 4.— Pièces diverses des ruines. . . 125 1. Leur nombre, leur forme et leurs dimensions. 2. Pavés des chambres, leur nature, leur épaisseur et leur surface supérieure. $ 3. Différence de niveau des pavés des chambres. $ 4. Des murs, leurs enduits, leur maconnerie. ART. 4. — Particularités de l’édifice. { 1. Canaux divers. . 192 $2. Chambres basses à piliers en briques. $ 3. Chambres à foyer ou calorifères. Anr. 5. — Objets trouvés. . . . . . 138 6 1. Objets ayant fait partie de l'édifice. 2. Objets n’ayant pas fait partie de l’éaifice, tels que petits meubles, etc. (119) CHAPITRE I]. Destination de l’édifice de Membrey. ARTICLE UNIQUE. — Les ruines paraissent être celles de thermes de construction romaine. . ( 1. Premiers indices fournis par quelques débris de l'édifice et objets trouvés. ( 2. Autres indices d’un établissement de bains, fournis par quelques particularités de l'édifice. ( 3. Enfin on peut retrouver dans l'édifice de Memn- brey, les dispositions d'ensemble des bains antiques. CHAPITRE III. Cause et époque de In destruction de l'édifice. ARTICLE PREMIER. — Cause de sa destruction. ART. 2. — Époque de sa destruction. . . CHAPITRE IV. Demande de fonds pour l'achèvement .: des fouilles, basée sur l’intérét qui s’attache aux ruines de MARORETS int, His OR Pages. 147 193 1954 155 ( 120 } En 1841, les fouilles archéologiques du bois de Membrey étant interrompues par le manque de fonds, nous crûmes devoir adresser à M. Ed. Mazères , préfet de la Haute Saône, le plan de la partie découverte des ruines , sans attendre que l’achèvement de ces fouilles qu’il fesait faire sous la surveillance d’une commis- sion dont nous étions membre, nous permit de lui envoyer le plan complet qu’il nous avait chargé de faire exécuter. Nous désirions mettre entre ses mains une pièce qui pôût lui servir à démontrer l’importance de ces ruines au gouvernement , à qui devait être faite la demande d’un crédit pour les rendre entièrement à la lumière. Afin que ce plan, accompagné de profils de nivelle- ment et de dessins des principaux objets trouvés (1) remplit plus complétement ce but, nous pensâmes qu’il était convenable d’y joindre une description qui serait propre à faire connaître les résultats obtenus jusqu'alors avec les fonds employés, et à la suite de laquelle nous émettrions notre opinion sur ces ruines romaines, qui dans la Franche-Comté étsient à l’étude pour tous les amateurs de l’antiquité. Angers, le 2 février 1847. DE MATTY DE LATOUR, INGÉNIEUR EN CHEF DE LA LOIRE, membre de la Societé d’Agricullure, Sciences et Arts d'Angers. Ci (1 (1) Le plan et les profils de nivellement ont été faits par M. Mourlot , sous notre direction. C’est aussi M. Mourlot qui a fait les dessins des principaux objets trouvés. (121) RUINEN ROMAINEN DE MEMBRET. CHAPITRE PREMIER. DESCRIPTION GÉNÉRALE DES RUINES. ARTICLE PREMIER. — DATE DE LEUR DÉCOUVERTE, LEUR SITUATION. Les ruines antiques de Membrey furent découvertes, en, 1838, par M. Thomas, piqueur des chemins vici- naux (1), à l’occasion de recherches faites sous notre direclion et sur la demande de M. le préfet, Amédée Thierry, qui avaient pour but de trouver dans le bois de ce village , les vestiges de la voie romaine de /’eson- tio (Besancon) à Andematunum (Langres). (1) M. Thomas, aujourd’hui gardien des ruines, à surveillé avec soin l’exécution des fouilles. 11 nous a fourni tous les renseigne- ments que nous avons réclamés de sa complaisanc®. (122) Elles se trouvent sur le plateau d’un petit coteau boisé , à 450 mètres de cette voie , aajourd’hui che- min vicinal d’Oiselay à la Haute-Marne, à 100 mètres d’une direction, différente de celle de la voie an- tique, donnée en cet endroit à ce chemin dans le but principal d’éviter une forte rampe et une pente rapide; et enfin, à 650 mètres de la rive droite de la Saône. Leur élévation, au-dessus de la plaine de 58o mètres qui borde celte rivière, n’est que d’environ 2 m. 50 c. Elles sont presqu’en face du village de Seveux, si- Lué sur la rive gauche de la Saône, où l’on trouve des vestiges de constructions qu’on dit être ceux de la ville de Segobodium, qui possédait un grand pont dont les fondations sort encore cachées par les eaux et qui fai- sait partie de la voie précitée. La Table Théodosienne fixe Segobodium sur la voie de Besancon à Langres à 18 lieues gauloises de la première de ces villes; nous avons désiré connaître si celle distance correspondait à peu près à l’emplace- ment de Seveux : comme une lieue gauloise avait 1500 pas, le pas 5 pieds (Pline), et que le pied romain vaul 10 pouces 10 lignes du pied français , ancienne mesure , ou 0"2977, l’on en déduit que ces 18 lieues gauloises correspondent à une distance de 43k853 ; or, la distance de Besançon à la Saône comptée sur la route actuelle, que nous avons cherché à avoir aussi exactement que possible, est de 44*406", sa+ voir : 30Koo6" de la Saône à Etuz (qui ont été me- surés ), et 14400" d’Etuz au centre de Besancon. Ainsi, d’après ce calcul , le point central de Sego- (123) bodium se serait trouvé à 553" de la Saône, et comme le point central de Seveux est à environ 400" de cette rivière, l’on peut conclure non seulement que l’em- placement de ce village correspond bien à celui de Segobodium, mais aussi qu’il est probable que ce- lui-ci s’étendait sur la rive droite, mise en communi- cation par un pont avec la rive gauche. ART. 2, — ÉTENDUE ET DISPOSITIONS PRINCIPALES. (Voir le plan, première feuille de dessin }. En 1838, on ne découvrit que quelques pièces des ruines; ce n’est que depuis la fin de mars de cette année (1841) que toutes les autres ont pu être déblayées. Les formalités à remplir pour la vente et le défrichement des deux hectares environ, du bois de Membrey, où l’on est autorisé à faire des fouilles, ont motivé le retard apporté à leur exécution. La partie découverte peut être comprise dans un rectangle de 200 mètres de longueur sur 70 mètres de hauteur. Un grand mur de 100 mètres, qui présente à son milieu deux saillies qui sont celles sans doute des chambranles d’une grande porte , peut être regardé comme la partie inférieure de la façade principale d’un vaste édifice à plusieurs ailes, dont faisaient par- tie toutes les chambres découvertes jusqu’à présent ; tous leurs murs sont en effet parallèles ou perpendi- culaires à cette façade; celle-ci est à peu près parallèle au cours de la Saône, dirigé en cet endroit du nord- (12%) est au sud-ouest, et cle donnait ‘sur une grande cour. Voici la disposition des parties . principales des ruines : DL ox En regardant la Saône, et étant placé en avant du premier corps de bâtiment auquel apparlient celle fa- çade, l’on voit à gauche un deuxième corps de bâti- ment perpendiculaire à eelui de la façade, à partir duquel il s’avancé vers la, Saône, et à droite un troi- sième corps de bâtiment que ce dernier coupe en deux parties, mais dont la portion découverte est toute entière du côté opposé à la Saône. Ces trois corps prineipaux de bâtiments possèdent chacun une galerie ou vestibule: dans les 2"°.et set le vestibule, qui est intérieur, devait être découvert pour pouvoiréclairer les pièces adjacentes, etdu genre de ceux nominés par les anciens émpluvium ou cavæ- dium, qu’un goùt uniforme faisait placer dans le cen- tre des maisons romaines pour les rendre le point de départ de toutes les distributions. Les longueur et lar- gseur de l’un sont de 37 m. et 2 m. 4o c.; celles de l’autre de 37 m. et 4m. 50 c. Dans le premier corps de bâtiment, le veslibule , qui servait sans doute de grand vestibule d'entrée , avait pour une de ses faces, la façade principale qui donnait, comme on l’a déjà dit, dans une grande cour. Il est probable que c’était un portique , c’est-à-dire que sa facade était formée par des colonnes ou des pilastres. Ce porlique avait g1 m. de longueur et 4 m. 30 c. de largeur. (125 ) ART, 3.— PIÈCES DIVERSES DES RUINES. Ô IeT. LEUR NOMBRE, LEUR FORME ET LEURS DIMENSIONS. Les ruines offrent un ensemble de 60 chambres. 38 sont rectangulaires, 18 sont carrées ou peuvent être considérées comme telles; une est formée de deux rectangles , l’un d’eux étant terminé par un hé- micycle; un autre ne consiste qu’en un hémicycle; et enfin deux, qui sont irrégulières, ont été formées de la réunion de deux rectangles. Pour la plus grande chambre, les longueur et lar- geur sont 9 m.8o c. et Ü m. 15 c., etla plus petite est un carré de 1 m. 80 c. de côté (les chambres n° 8 et 61.) Les dimensions ordinaires sont 5 m. et 4 m. Outre les vestibules et les chambres, on remarque sur le plan deux espaces étroits, resserrés entre deux murs et qui ont été des lieux de passage. ( 2. PAVÉS DES CHAMBRES , LEUR NATURE, LEUR EPAISSEUR ET LEUR SURFACE SUPÉRIEURE. Cinq chambres , qui sont contiguës (les chambres n° 21, 22, 25, 24, 2v, voir les figures 1, 2, 3, 4 et 5), (1) ont un pavé formé de petites pierres de diverses couleurs, dont la surface a été polie; il est détruit en grande partie pour deux d’entr’elles, et est assez bien conservé pour les trois autres (celles n°* 22, 28 et 25), dont l’une est celle terminée en hémicycle, qui a 10 m. 60 c. de longueur et 4 m. 22 c. de largeur, et qui est la plus belle et la plus grande des cinq. Les (1) Troisième feuille de dessin. (12%) dessins, qui ne représentent aucune figure d'hommes ou d’animaux, ont pu être faits en général avec la rè- gle et le compas; ils ne consistent guère , par consé- quent, qu’en des figures géométriques formées par des arcs de cercle ou des lignes droites; mais pour les deux plus grandes, ces déssins présentent un ensem- ble et des détails de bon goût , qui étaient nuancés très agréablement par les couleurs, qui maintenant ont perdu de leur éclat. Les petites pierres employées sont naturelles, segmenta; elles forment bien l'espèce de pavé désigné sous le nom de pavimenta segmentata, et chez nous , par pavé de marqueterie; cependant quelques-unes, dans la plus grande seulement, sont composées d’une matière vitrifiable colorée; les pavés qui en étaient formés , pavimenta musiva, sont ceux désignés en français sous le nom de pavés en mosai- que. Ces derniers servaient principalement aux incrus- tations des murailles et pavés des palais, et leur déno- mination s’applique aussi aux pierres qui élaient colo- rées artificiellement à leur surface, et sur lesquelles on coulait un vernis qui rendait les couleurs fermes et durables; mais nous n’avons point apercu de celles-ci. . Tous ces petits pavés de marqueterie et de mosaï- que, qui sont de petits cubes, quadrata, dont les cô- tés varient de 1 cent. à 1 cent. 1/2, ont une superficie plane et unie, et sont par conséquent de l’espèce ap- pelée pura pavtmenta, par opposilion à ceux gravés de diverses figures que les Romains appelaient scalptu- rata ou cæ!atas Le petit mastic qui les unit avec une grande solidité, est très blanc et très délicat. (127) Quant aux autres chambres, dont les pavés sont en maçonnerie, les petites pierres disposées en marquete- rie ou en mosaïque, les carreaux en briques ou en marbre , qui formaient la partie supérieure, summa crusta , ont disparu; l’on ne voit que la deuxième couche. Le pavé de la chambre rectangulaire, à côté de celle en hémicycie ou bassin demi-circulaire , ayant été détruit sur moitié de son étendue, on a pu obser- ver facilement les diverses couches qui le composent. La surface supérieure était un pavé en marqueterie formé par de petites pierres d’une épaisseur d’environ 0" o1°; quelques-unes de celles-ci, aperçues sur les débris du pavé, l’ont prouvé. La couche suivante (naucleus), dans laquelle la première s’incrustait, est un ciment formé de mortier et de petites briques pi- lées ; elle a 0" 23° d’épaisseur. Vient ensuite une cou- che de pierres mises en blocage, qui a o" 18° d’é- paisseur, couche qui ne se trouvait pas ordinairement dans les pavés du rez-de-chaussée (pavimenta plano pede), dont Vitruve donne la description. Sous celle- ci, on voit une couche de béton, de o" 15° d’épais- seur, bien moins dure que le ciment dont nous ve- nons de parler; ce béton, correspondant à la couche dite rudus, est formé d’un mortier blanchâtre et de pe- tites pierres; il est tout à fait semblable à celui observé sur plusieurs points dans la construction de l’ancienne voie romaine de Besançon à Langres. Enfin la der- nière couche ou fondation (statumen), qui repose sur le terrain, est un mélange de pierres grosses et petites et a o® 10° d'épaisseur. Ge pavé se com- (128) pose ainsi de cinq couches, et a une épaisseur totale . de 0" 66°. « Une aussi grande épaisseur, qui dépasse celle indi- quée par Vitruve (environ o® 40°), a pu êlre considé- rée comme nécessaire par suile du voisinage du bassin demi-circulaire, où les eaux arrivaient, car l’on y voit encore l'ouverture par laquelle elles en sortaient; les vestiges de gradins qui l’entouraient, font voir que c’é- tait une chambre à bain. Mais cette épaisseur ne devait plus être la même dans des chambres placées dans d’autres circonstances. Il était nécessaire de s’en as- surer. Notre attention s’étant donc portée sur quatre autres chambres éloignées ( celles n°21, 33, 39 et 63), nous avons reconnu que trois d’entr’elles, indé- pendamment de la surface de revêtement (summa crusta), détruite pour toutes, n’avaient qu’une seule couche de béton reposant sur le sol, savoir : de o® 35° d'épaisseur pour la première, o" 35° pour la deuxième, et de 0" 12° pour la troisième, et enfin que la quatrième chambre n’avait, outre celle du dessus, aussi détruite, que deux couches, dont une; celle inférieure, de o" 12° de béton blanc (tenant lieu des couches rudus et sta- tumen), et l’autre de o" 03° de ciment de briques pi- lées (nucleus). Pour ia deuxième de ces quatre chambres seule- ment, l’on trouverait donc à peu près l’épaisseur indi- diquée par Vitruve; pour les trois autres , elle serait inférieure, el pour aucune on ne trouve complètes les quatre couches statumen , rudus, nucleus et summa crusta. 5 L Ainsi, chezles anciens comme ,chez nous, des règles (129) générales étaient posées , et dans l’exécution elles étaient souvent modifiées suivant les cas. Les pavés maçonnés de quelques chambres, sont détruits sur des étendues qui forment quelquefois plus de la moitié de la pièce. La surface unie et ferme du sol de plusieurs cham- bres pourrait faire croire qu’il est maçonné; mais il n’en est rien. Parmi les 63 pièces découvertes, 34 seulement ont une aire en maçonnerie ; pour toules les autres, à l’exception de celles n* 44 et 50, le sol est en terre bien battue et quelquefois consiste en. un mélange de diverses terres , et même de pierres qui ont pu s’y trouver naturellement ou y être mises. La dureté et la couleur feraient croire qu’en quelques endroits on a eu recours à une petite quanlité de chaux pour donner plus de fermeté à la matière, ainsi que nous avons eu l’occasion de l’observer dans des couches de la voie romaine de Besançon à Lan- gres. Sur ces aires en terre était autrefois, très probable- ment , établi un pavage formé seulement par des car- reaux de briques, ou bien par ces mêmes carreaux re- posant sur une couche formée d’un mélange de terres et de pierres, comme on le voit dans une chambre où lon aperçoit encore neuf de ces carreaux ( chambre n° 95). Pour les chambres n°‘ 44 et 50, présentées comme exception, dans la première , une partie du pavé est en pierres de taille grossières, et l’autre en terre, et dans la deuxième, des carreaux en briques reposaient sur des tuyaux rectangulaires en terre cuile et sur de { 130) petits massifs en maçonnerie. (Voir l’article chambres à calorifères). 3. DIFFÉRENCES DE NIVEAU DES PAVÉS DES CHAMBRES. (Voir la deuxième fenille de dessin ). Un des principaux faits à constater, c’est quelles pavés de presque toules les pièces ont des niveaux dif: férents. Pour un premier groupe de chambres voisi- nes, il varie de 6" 41°, celui dont la chambre n° 00 est le centre ; pour un deuxième de o" 90°, celui dont la chambre n° 32 est le centre; et pour un troisième 1% 09°, celui dont la chambre n° 45 est le centre. En- fin pour des chambres éloignées (mais ceci peut s’ex- pliquer facilement), la différence de niveau s’élève jusqu’à 3" 23°. | Une ou deux marches d'escalier se voient encore aux seuils de quelques portes; ces marches en pierres sont si irrégulières et taillées si grossièrement , que probablement elles ne servaient que de support à la partie de surmarchement qui aurait été enlevée. Ô 4. DES MURS, LEUR ÉPAISSEUR, LEURS ENDUITS , LEUR MACONNERIE. Le dessus des murs, avant la découverte des ruines, étail recouvert d’une quantité de terre qui variait de zéro à environ 1”; leur épaisseur la plus faible est de 0® 4o°, la plus forte de 1" 75°, et celle de la plupart d’entr’eux de o* 60°, Ces murs qui, à partir du pavé des chambres, ne s’élèvent qu’à une hauteur qui varie 2 (131) de o® 20° à 1% g8° (1), sont privés presque partout des enduits qui les recouvraient avant la destruction de l'édifice auquel ils appartenaient : les fragments de ces enduits, qu’on a pu observer, avaient des épais- seurs qui variaient de 0" 03° à o" 08° et étaient for- més de une, deux ou trois couches différentes de mor- tier. Sur leur surface on voit une peinture à fresque d’un fond uni, qui est rouge ou d’un blanc jaunâtre (celui-ci étant très pâle, ce qui doit tenir à l’altération de la couleur) , et sur lequel on distingue une ou plusieurs petites raies , blanches et noires , rouges et bleues, qui | formaient sans doute une bordure (fig. 6 et 6 bis) (2). Dans quelques chambres, les revêtements des murs étaient formés en marbre, tels que ceux de la grande mosaique, ou en carreaux de briques, tels que ceux du bassin demi-circulaire, ainsi que le prouvent quel- ques débris de ces revêtements trouvés sur les murs mêmes, Leur maçonnerie est faite en général avec de petits matériaux; les pierres des parements, préparées par le marteau, ont été disposées avec soin, et pour quel- ques-uns d’entr’eux la taille et la régularité des maté- riaux sont tout à fait remarquables, eu égard à l’en- duit qui les recouvrait; si ces parements de murs étaient extérieurs , cette circonstance s’expliquerait facilement, quoique l’on pût alors se demander pour- quoi parmi ceux extérieurs , ils sont les seuls dans ce (1) Pour la chambre n° 45 seulement, cette hauteur s'élève jusqu’à 3 mètres. ta (2) Troisième feuille de dessin. ( 182.) cas là; mais les parements en question sont ceux inté- rieurs de quelques chambres (chambres n°° 2, 6, 4et 7) et du portiqué du premier corps de bâtiment. C] ART. 4. — PARTICULARITÉS DE L'ÉDIFICE. 1er: CANAUX DIVERS. L'édifice de Membrey présente plusieurs particula- rilés caractéristiques, dont l'étude servira puissamment à faire connaître quelle pouvait être sa destination. L’on remarque un long intervalle longeant le porti- que du premier corps de bâtiment, ren par le mur extérieur de celui-ci et un autre mur intérieur. L’es- pace qu’ils laissent entr’eux, dont le fond n'est pas maçonné, et qui varie de 0" 30° à 0” 70°, semble être un canal qui aurait contenu des tuyaux pour la conduite des eaux; par sa position sous le portique, il paraît avoir servi aux besoins de l’intérieur de l'édifice. Indépendamment de ce canal, on a découvert, dans le troisième corps de bâtiment, la portion d’un autre canal souterrain (chambre n° 54); il passe un peu obliquement sous le mur qui sépare deux chambres, présente un coude dans l’une de ces chambres, tout près de ce mur, et s’étend ensuite avec une seclion plus petite et perpendiculairement audit mur sous le pavé de l’autre chambre. La grande section est un rectangle de o" 37° de base et 0” 50° de hauteur, sur- monté d’un demi-cercle de o" 265" de rayon; la plus petite est un rectangle de 0" 67° de base sur 0° 30° de hauteur. (133) Dans le même corps de bâtiment, l’on voit encore au plan un autre canal construit tout en briques de o® 5o° de largeur et de.o" 43° de hauteur, qui était terminé par une voûte détruite; il aboulit au niveau du pavé d’une chambre basse (chambre n° 60), où l'en ne voit pas de portes, mais où, sans doute, il exis- tait une ouverture par où arrivait l’eau qui s’échappait par ce canal. Dans le deuxième corps de bâtiment, deux plus pe- tits canaux, ayant, l’un une section de o" 22° de lar- geur et 0" 40° de hauteur, l’autre de o" 30° sur o" 30°, aboutissent au niveau du pavé d’une chambre basse (chambre n° 5) sur deux de ses faces qui se rencon- trent, après avoir passé sous le pavé des chambres adjacentes ; de sorte que, ici encore, comme dans la chambre du canal en briques dans le troisième corps de bâtiment, l’eau pouvait arriver par un conduit et s'échapper par l’autre. ( 2. CHAMBRES BASSES A PILIERS EN BRIQUES. - C'est ici le lieu de remarquer une autre particula- rité qui distingue, ces deux chambres basses dont nous venons de parler et une troisième adjacente à la pre- mière. (celle du canal en briques); cetle troisième (chambre n° 59) communique seulement à une autre pièce voisine par deux pelites ouvertures au niveau du pavé, ayant, la première o" 27°, et la deuxième 0" 6o° de largeur (les hauteurs n’existent plus). L’on remar- que, dans ces trois chambres des restes de pelits pi- liers en briques très rapprochés, s’élevant sur plusieurs 10 (184) endroits du pavé, de manière à laisser croire qu'ils existaient ainsi sur toute son étendue; l’on voit encore la place occupée par quelques-uns de ces piliers en- tièrement détruits. Leur section est celle du”carré (o" 25° de côté) de ces petits carreaux en briques qui les forment, et leur espacement entre deux faces voi- sines varie de 0" 19° à 0" Ao°, Dans la deuxième de ces chambres basses (n° 5), Fon voit, à l’endroit où une porte semble avoir existé, deux massifs de briques de 0" 18°:de hauteur, qu’on serait tenté de prendre pour les supports des marches qui menaient dans cette chambre basse, si l’espace- ment des piliers avait permis d’y circuler. Ces cham- bres à piliers en briques, dont nous venons de parler, fixeront encore bientôt notre attention. Ô 3. CHAMBRES A FOYERS OU CALORIFÈRES. Dans plusieurs chambres, l’on voit des vestiges de foyers ou d’emplacements disposés pour recevoir le feu et des calorifères. Dans trois chambres du deuxième corps de bâti- ment (chambres n® 4, 17 et 18), l'on distingue, dans un des murs, un enfoncement demi-cylindrique cor- respondant à une aire reclangulaire ; dans une autre chambre {celle n° 39), l’on reconnait encore, con- tre un mur, une aire rectangulaire construite en bri- ques, qui paraît avoir élé distincte du reste du pavé. Dans une, irrégulière (celle n° 34), non éloignéé de la chambre à bain, il existe, dans un angle, un massif de 1” 80° de longueur, de 1" de largeur et de (5 ) 0® 19° de hauteur, à la partie supérieure duquel on remarque une terre rouge particulière, Ka 4 à sup- porter l’action du feu. Dans une des trois seules chambres irrégulières qui existent dans tout l’édifice, celle dont la figure est donnée par l’ensemble d’un rectangle et d’un carré placés sur son grand côté (n° 35), la séparation du carré el du rectangle a lieu par des piliers en brique contre lesquels on a trouvé des traces de feu et des cendres, Dans celte même chambre , d’autres piliers aussi en briques occupent des places diverses. L’on peut croire qu’ils concouraient, avec ceux dé- truits, à supporter la voûte d’un grand fourneau pour chauffer un grand nombre de pièces au moyen de tuyaux; c'était donc un hypocaustum, et comme nous avons une chambre à bain qui n’est pas éloignée, on devine que cet hypocausium avait pour but principal de chauffer l’eau nécessaire au bain. L’on voit dans celle chambre, au niveau du pavé, deux petites ou- verlures par lesquelles pouvaient passer des luyaux de conduite, Les foyers ordinaires qhe nous avons mentionnés ci-dessus, attestent l’existence d’un assez grand nom- bre de cheminées. L'on sait que, se fondant sur le si- lence gardé par Vitruve sur la construction des chemi- nées et sur l’absence de toutes traces qui les indiquas- sent dans les monuments antiques, quelques auteurs ont avancé que des cheminées, destinées à échauffer l'intérieur des appartements, étaient inconnues aux anciens, et que c'était par le moyen seul de l’hypo- caustum, poêle souterrain, ou de l’étuve, qu’ils échauf- (136) faient toutes les pièces de la maison par le moyen de tuyaux de chaleur répandus dans les murset les cloi- sons, procédé qui devint général dans tout l'empire romain; mais sous les derniers empereurs l’usage des cheminées s’était introduit, et l’on voit ici que les deux procédés ont pu être employés. - Enfin il nous reste à examiner une dernière espèce de poële et de calorifères bien remarquables. Dans une chambre du premier corps de bâtiment (n° 49), l’on voit un massif isolé vers le milieu, qui avait à ses quatre angles de petites colonnes contre lesquelles on à trouvé des cendres; en examinant avec altention cette chambre, l’on voit à l’un des angles une petite ouver- ture qui aboutit dans une chambre voisine, sur laquelle l'attention se trouve ainsi portée. Après y être monté de celle du poêle au moyen de‘deux marches , on re- connaît de suite qu’un grand bouleversement a eu lieu dans le pavé de cette deuxième chambre, où l’on n’a- perçoit plus, à la première vue, que des masses de déblais sans consistance, sur lesquels on sent bien que la surface supérieure du pavé détruit n’a pas dû repo- ser; mais on distingue, vers les murs qui aboutissent à l'ouverture qui communique au poêle, des tuyaux en terre cuite d'environ 0" 46° de longueur, et dont la section intérieure est celle d’un rectangle de 12°172 de base sur 9° 1/2 de hauteur, el ayant au milieu de deux de leurs faces parallèles une petite ouverture rectangulaire aussi (fig. 7°, 3° feuille de dessin). Les tuyaux ont un ordre et une position verticale propres à fixer l’attenlion; on a vu en plusieurs endroits des carreaux de briques, qui paraissent avoir formé la sur- (137) face du pavé de la chambre, posés sur l’ouverture de ces tuyaux, accolés quelquefois ensemble, de manière à ce que les ouvertures latérales se correspondent, ce qui établissait une communication entr’eux. Contre le mur qui: sépare la chambre du poêle de celle dont nous nous occupons , en soulevant les carreaux de briques, l’on reconnaît une espèce de petit canal ou vide, faisant suite à l’ouverture pratiquée dans ce - mur; les carreaux fermaient la partie supérieure de ce canal, et ses deux autres côtés étaient formés soit par les tuyaux verticaux dont l’intérieur communi- quait avec celui du canal, soit par de pelits massifs en maçonnerie. L’on a désiré savoir si la surface sur la- - quelle reposaient les Luyaux, et qui forme le fond du petit canal en question, était en béton : elle a été trouvée en terre; des fouilles ayant été faites sur plu- sieurs points, l’on a partout trouvé le même ré- sultat. De ces faits observés, l’on est conduit à penser que dans toute l'étendue de la chambre ces tuyaux pou- vaient être placés verticalement, accolés les uns aux autres et séparés par quelques massifs de maconnerie très rapprochés, de manière à ce qu’un vide, commu- niquant avec la chambre du grand foyer isolé au moyen de la petite ouverture mentionnée, existât au- tour et dans l’intérieur de ces tuyaux, dont les ouver- tures supérieures supporlaient, ainsi que les pelits massifs en question, les carreaux de briques sur les- quels on marchait. L’air de cette chambre à poële était donc destiné à échauffer le pavé de la chambre . voisine, et il pouvait aussi le faire directement dans (138) ‘quelques endroits où la bouche des tuyaux n’aurait pas été couverte par les carreaux de briques. Les pe- tites ouvertures latérales dont sont percés les tuyaux, avaient sans doute pour but, y faisant pénétrer l’air, de conserver à ces tuyaux et à l’air introduit, plus longtemps sa chaleur. Ainsi cette chambre au-dessus était donc une autre chambre à suer, qui, avec celle du grand poêle, formaient un laconicum, appelé aussi sudatio assa ou étuve sèche, pour distinguer la sueur qu’elle produisait de celle excitée avec l’eau chaude, calida lavatio. ART. 5. — OBJETS TROUVÉS. Î 1er. OBJETS AYANT FAIT PARTIE DE EL ÉDIFICE (Voir la troisième feuille de dessirr). Parmi les objels trouvés au nxilien des décombres et ayant fait partie de l’édifice, l’on voit beaucoup de débris de carreaux en briques, en tuiles plates (tegulæ) el quelques-uns en tuiles creuses (émbrices), ayant servi probablement au recouvrement des arêtiers de la charpente, comme on le voit souvent de nos jours. Trois carreaux seulement , pris parmi ceux trouvés isolés ou détachés de Pédifice, ont été trouvés entiers ; ils sont de très grandes dimensions, c’est-à-dire de l’espèce de ceux appelés tessellata ; deux ont o" 60° au carré et l’autre 0" 46°, et leur épaisseur est de 6° 1/2 et de 4° 1/2. D’après les dimensions observées, les au- tres carreaux , qui offrent trois espèces de grandeur, étaient de 37°, 60 et 25° (fig. 8); deux tuiles plates (139) seulement ont aussi été trouvées entières; elles ont 0" 45° de longueur, 0" 33° de largeur d’un bout, et o® 31° de l’autre, et o® 05° d’épaisseur. Les extrémi- tés de ces tuiles sont recourbées de manière à offrir, dans le sens de la longueur, des rebords en saillie de 0" 05° sur une de leurs faces, (Fig. 9.) * Quelques fragments de colonnes mutilés ont élé trouvés (bases, fûts et chapiteaux). La partie inférieure d’une colonne est eñcore en place dans l’angle d’une chambre (celle n° 19); la base carrée a été arrondie vers deux de ses angles pour entrer dans celui de la chambre, de manière que le côté opposé de cette base fit face au milieu de cet angle. La pierre de ces colonnes est blanche, très tendre ; pour quelques-unes elle est d’un grain assez gros, et pour d’autres très fin; elle est connue dans le pays sous le nom de vergenne. (Fig. 10.) Nous allons citer les objets sur lesquels l’attention peut se porter plus particulièrement : 1° L’on a remarqué de gros morceaux d’un ciment fort dur formé de mortier et de briques pilées. Quel- ques-uns possèdent encore les débris des grands car- reaux qui formaient leur surface de revêtement. L’é- tat de conservation du pavé de quelques chambres, la natureet l'épaisseur observées de celui de plusieurs autres.où il est détruit en partie, doit faire penser que ces morceaux de ciment n’en proviennent pas. Ils ne ‘peuvent donc provenir que des parties supérieures de l’édifice , c’est-à-dire du plafond des chambres décou- verles ou planchers de celles supérieures, car les pavés des étages se faisaient à peu près comme ceux 140 ) des rez-de-chaussée, c’est-à-dire qu’on y distinguait aussi les quatre couches statumen, rudus, nucleus et summa crusta; de sorte que les planchers /coaxatio- nes) formés de l’espèce de chêne que les Romains ap- pelaient ‘esculus , avaient à supportet un poids consi- dérable (1. L'un de ces morceaux de ciment a élé trouvé dans la chambre basse du troisième corps de bâtiment, où aboutit le canal en briques voûté {n° 60). * 2° L’on voit encore, épars en divers endroits, des fragments de tuyaux en terre cuite à section rectangu- laire, semblables à ceux dont nous avons déjà eu occa- sion de parler. (Fig. 7.) 3° Quelques tuyaux ronds en terre cuite, d’un dia- mètre intérieur de o" o9°, ont aussi été trouvés; ils devaient servir à conduire les eaux, -et peut-être étaient placés dans le grand aqueduc souterrain dont on 3 découvert une partie et dans celui du portique. L’ex- trémité d’un tuyau entrait dans celle du tuyau voisin, de telle manière que la pénétration s’opérait au moyen d’une égale réduction de l’épaisseur, faite extérieure- ment pourl'unetintéricurement pour autre. (Fig. 11.) 4° L’on a aussi trouvé des débris de tuyaux en plomb. 5° Nous citerons encore un morceau de cuivre ou- vragé, qui aurait pu servir, élant fixé sur une porte, à la tirer à soi pour la fermer, mais qui paraît, avec \ (1) Les murs de la grande mosaïque sont si épais qu’ils devaient servis à supporter une voûte. (141) plus de probabilité, avoir été la tête d’un robinet de bain, (2. OBJETS TROUVÉS N'AYANT PAS FAIT PARTIE DE L ÉDIFICE. Une assez grande quantité d’objets, qui n’ont pas fait partie de l’édifice, tels que petits meubles, instru- ments, etc., ont été trouvés parmi les décombres. 1° Médailles. — L’on doit citer en première ligne 317 médailles des empereurs romains ; la plupart sont entièrement frustes ; quelques-unes sont à peine li- sibles, étant recouvertes surabondamment du vernis antique (1) 57 médailles, grand bronze, bronze \ (1) Un classement des médailles a été fait par M. le curé de La- voncourt, il nous a été communiqué par M. le maire de Mem- brey, chez qui elles sont déposées, ainsi que tous les objets trouvés. Les 37 qui ont été trouvées isolées au milieu des décombres, appartiennent aux empereurs romains ci-dessous désignés : 2 de Tibère mort en 37 26 report f 2 Vespasien id. 79 & Marc Aurèle mort en 180 2 Trajan id. 117 1 Eugrtla id. 184 2 Sabine (Julia) id. 138 Re al 5 î 1 Julia Domna id. ‘217 DAdrien id. 138 1 Maximin id... 238 4 deFaustine,mère id. 141 1 Philippe Marc- 5 Antonin id, 161 Jules id. 249 4 Faustine jeune id. 175 2 Inconnus. 26 à reporter 37 Quant aux autres médailles, au nombre de 280, trouvées dans un pot, elles appartiennent. aux empereurs suivants : Tribonia- nus Gallus (mort en 253), M. Cassius Posthumins (267), Galère Maximien (269), Claude Second (270), Tetricus (274), Aure- lianus (275), Probus (282) et Constantin le Grand (337 JE (142) moyen et petit bronze , ont élé trouvées isolément ou deux à deux parmi les décombres, et 280, toutes petites , dans le fond d’un fragment de pot. Ge fragment était la partie inférieure du pot , cassé anciennement ; toutes sont en cuivre, à l'exception de 5 en argeni, qui étaient enveloppées dans un linge bien conservé, dont 3 de Probus-et 2 d’Aurelianus. La plus ancienne (irouvée dans les déblais) est de Tibère, mort en 37; et celle qui l’est le moins (trouvée dans le petit pot), est de Constantin, mort en 537. Les médailles les- plus communes sont des empe- reurs Galère, Tetricus , père et fils, et Claude Second ; les mieux conservées, des empereurs Antonin, Pro- bus et Aurelianus. Parmi les autres objets, nous citerons les suivants : .2° Style. — Un style pour écrire sur des tablettes de cire (tabulæ ceratæ). Get instrument est en cui- vre; l'extrémité opposée à la pointe est large et plate; c’est le côté dont on se servait pour effacer les parties écrites , ce que les Romains appelaient stylum vertere. (Fig. 12.) 3° Cuillère. — Une petite cuillère en argent (co- clheare), d’environ 0% 15° de longueur; elle est Ler- minée en pointe à l’une de ses extrémités, et l’on peut croire qu’elle entrait dans un manche; une torsion qu’on remarque a dû avoir pour but de l'y fixer plus solidement. (Fig. 13.) 4° Une pince. — Une pince d’environ om 12° de longueur (fig. 14) spour arracher les poils, terminée à l’éxtrémité opposée par un cure-oreilles, semblable à celles que l’en fait de nos jours , auxquelles on donne seulement moins de longueur. C'était un de ces petits instruments en usage dans les bains ct destinés à -épiler, que les Romains appelaient volsellæ. Dans des peintures de bains anciens, l’on voit un homme dans Ja baignoire avec deux jeunes garcons qui lui râclent et lui frottent le corps avec le strigilis, et lui arrachent le poil avec un certain instrument. Montfaucon rap- porte que Jules César, attentif aux soins de son corps jusqu’à l’excès , voulait, non seulement qu’on y portât les ciseaux et le rasoir, mais aussi qu’on arrachât le poil blanc avec des pincettes. 5° Sonnettes, — Trois sonnettes en bronze (tintin- nabula) ; elles sont privées du petit marteau intérieur et leur section n’est pas celle d’un cercle, mais d’un rectangle; elles ressemblent à celles qu’on attache, dans certaines parties de la France, au cou des mulets et des bœufs. Les anciens s’en servaient pour le même objet, et souvent aussi, comme nous , ils les fixaient aux portes ; c’est sans doute l’usage auquel elles étaient ici employées. (Fig. 19). 6” Un anneau en cuivre de la forme la plus simple. 7° Une petite clef très simple aussi; son tuyau n’est pas foré; les fouilles n’ont fait découvrir qu’un frag- ment de serrure , l’on sail que les serrures antiques sont fort rares, tandis que les clefs ont été trouvées en grand nombre. 8° Un petit corps en plomb régulier, pesant environ 1 Kil: 1/2, mais privé de tout signe qui pourrait faire croire qu'il a servi de mesure. Nous pensons qu'il a dû être employé comme contre-poids dans un méca- nisme. (144) 9° Un plat creux en cuivre de o" 13° de diamètre. (Fig. 16.) 10° Un petit objet fort curieux , et qui a la forme d’un dodécaèdre régulier de o® 03° de côté. Les pen- tagones en plaques de cuivre qui composent ce corps creux, sont percés de trous qu’il semble qu’on a eu l'intention de faire égaux deux à deux, sans que l’on distingue aucun ordre dans leur arrangement. Les diamètres de ces trous ayant élé mesurés aussi exac- tement que possible , ont été trouvés de 0" 028", 0" 027, 0" 023, 0" 029, 0 018, 0" 013, 0" 027, 0® 020, 0" 023, 0" 020, 0" 012, 0" 017. Il sont ob- tenus en descendant à partir du plus gros trou, mis à la partie supérieure, jusqu’à celui du dessous, et en tournant. Enfin chaque angle solide est muni de petits pieds terminés sphériquement, qui permettent au corps jeté sur une table de prendre une queiconque des douze principales positions qu’on peut obtenir en mettant chaque face à la partie inférieure. Ne peut-on pas considérer ce corps comme une es- pèce de dé qu’on jetait sur une surface chargée de points, de manière que le joueur qui amenait le trou inférieur le plus grand, c’est-à-dire le plus grand nom- bre de points, étail-ce celui qui gagnait le coup? (Fig. 17.) 11° Flacon en terre cuite. Il nous paraît ap- partenir à la classe des vases qu’on appelait an- ciennement guttus, parce que le goulot était as- sez étroit pour que la liqueur n’en sortit presque (145) que goutte à goulle; nous pensons qu’ila pu contenir des parfums. (Fig. 18.) - 199 Des fragments de vases en t2rre cuite: sur l’un on voit ces lettres BRFSSVS, qui faisaient partie d’une inscription mise extérieurement (fig. 19). Sur un autre de ces fragments, qui a été le fond d’un pot, lon voit cette inscription, qui était intérieure, ITS FECIT ; le premier mot est très lisible, mais le deuxième l’est beaucoup moins. 13° Morceaux de verre. — Des morceaux d’un verre fort épais et lamelleux. Il est très regrettable qu’on ne puisse dire avec cer- titude, vu leur petitesse, qu’ils ont appartenu à des vitres. On sait, en effet, que l’emploi du verre pour les vases, les tasses et les gobelets, était en usage de- puis longtemps, que l’on ne se servait pas encore de vitres , et que la découverte de celles-ci est assez in- certaine. La pierre transparente qui précéda l’emploi du verre dans les fenêtres, ne fut même trouvée que du temps- de Senèque (avant l’an 65); on l'appelait speculare; c’est celle mentionnée dans la description que Pline a donnée de sa maison de campagne et employée par Néron dans la construction du temple bâti dans sa maison dorée, et où l’on voyait clair en plein jour sans qu’il y eût aucune fenêtre. 14° Meuleen granit. —Une meule à bras en granit bleu et. noir, de o" 48° de diamètre; la première pierre est concave au-dessus et à sa partie inférieure qui s’appliquait sur la pierre du dessous, convexe à cet effet. ‘On voit dans les deux pierres le trou qui marque la ( 146 ) place de l’axe en fer qui était fixé dans la pierre du dessous et la réunissait à celle du dessus: sur le côté de celle-ci, on remarque aussi en saillie, sur un cer- cle en fer qui l’enveloppe, la place du manche qui ser- vait à lui donner un mouvement de rotation. Enfin l’on voit, à la surface supérieure de la pierre dun des- sus, une cavité dirigée vers l’axe.et se continuant sur sa surface inférieure ; on y meltait le grain qui.se rendait ainsi sur la surface de contact des Do pier- res où il était broyé. (Fig. 20.) 3 15° Ferrements divers. — Enfin, parmi les as ments nombreux qu ’on a trouvés , on distingue : une crémaillère, des chaînes, des lames de couteaux et de coutelas , une faulx, des têles de marteaux , des clous de toutes les dimensions, le fer de l’extrémité d’une . flèche el des ferrements de voiture. CHAPITRE II. DESTINATION DE L'ÉDIFICE DE MEMBREY. —2 006 — De la description générale des ruines de Membrey, découvertes jusqu’à présent, il faut conclure qu’elles appartenaient à un vaste édifice, mais quelle était sa destination ? à quelle époque a-t-il cessé d’être habité, et quelle fut la cause de sa destruction ? Ce sont des questions intéressantes , que nous allons examiner, et qu'on pourra résoudre -d’une manière plus satisfai- sante après l’achèvement des fouilles. (147) ARTICLE UNIQUE.— LES RUINES PARAISSENT ÊTRE CELLES DE THERMES DE CONSTRUCTION ROMAINE. { 1€T PREMIERS INDICES FOURNIS PAR QUELQUES DÉBRIS DE L'ÉDIFICE ET OBJETS TRGUVÉS. Le canal souterrain du deuxième corps de bâ- timent et celui sous le portique, qui tous deux pa- raissent avoir élé de grands canaux où la distribution des eaux s’opérait avec les gros tuyaux ronds qu’en a trouvés; les canaux plus petits et les ouvertures qu’on remarque au niveau de quelques chambres bas- ses, et dans lesquels l’eau pouvait circuler directement, ou dans les tuyaux en plomb dont on a trouvé les dé- bris; les chambres dans lesquelles nous avons reconnu un hypocaustum et un laconicum; et enfin ce bassin demi-circulaire , qui évidemment n’est autre chose qu’une chambre à bain, donnent d’abord l’idée d’un local approprié à l’usage des bains, idée qui n’est point contredite par aucun des objels trouvés, et qai est fortifiée par quelques-uns. L’on ne peut douter que ce local ne fût celui d’un édifice public et non d’un édifice particulier, tel qu’une villa, en considé- rant les deux grands vestibules des deuxième et troi- sième corps de bâtiments, le grand portique du pre- mier, l'étendue de plusieurs pièces, et surtout la repro- duction en des endroits éloignés , soit des aqueducs, soit de quelques détails de construction, ayant rapport à la destination de l'édifice , tels que ces piliers de briques des chambres basses. Ce serait donc, selon nous, un établissement de bains de construction ro- (148) maine, ce qui s’accorderait assez bien avec la dési- #nalion qu'ont conservée les prés de cette localité, dé- signés, depuis un temps immémorial, sous le nom de prés de l'hôpital. Parmi les objections qu’on peut faire à celle opinion, celle-ci paraît être la plus forte : Pourquoi ne voit-on qu’une seule chambre à bain /balneum )? ou si l’on veut en voir dans d’autres pièces. de l’édifice, comment se fait-il qu'aucune d’elles ne présente les signes caracté- ristiques ordinaires, tels que les gradins, etc. ? À cela nous répondrons que la différence de niveau des diffé- rentes chambres voisines, en est un qui s’accorde bien avec. l’idée d’une distribution générale des eaux dans plusieurs chambres contiguës, que les autres ont bien pu disparaître sans laisser de traces; et nous ajou- tons que des bains devaient se trouver, ainsi que nous - allons l’exposer, dans des chambres détruites, supé- rieures aux chambres basses découvertes. ei ( 2. AUTRES INDICES D'UN ÉTABLISSEMENT DE BAINS, FOURNIS PAR QUELQUES PARTICULARITÉS CARACTÉRISTIQUES DE L'ÉDIFICE. 1° Le moment est maintenant arrivé de chercher à expliquer l’usage de ces piliers en briques, fort rap- prochés dans les chambres où aboutissent des canaux et des ouvertures, et à côté desquels on a trouvé ces masses énormes ,de ciment avec des briques de reyé- tement , que nous ayons dit devoir appartenir à un plafond et non à un pavé des chambres découvertes. Îls forment assurément un des signes les plus caracté- ( 149 ) ristiques de l'édifice de Membrey. Les explications de ces particularités offriront sans doute des difficultés ; mais si elles s'accordent assez bien avec celles qui se rapportent à des circonstances analogues, observées dans des thermes antiques, il paraîtra alors naturel de regarder ces circonstances particulières de construc- tion comme étant un indice de la destination de lé- difice. Eh bien! en examinant les bains d’Aix en Savoie, de construction romaine, l’on est frappé de la ressem- blance qu’on peut voir entre les dispositions princi- pales de cette partie de l'édifice de Membrey et celles que présente le bain dit de César, l’un de ceux dé- couverts sous la maison de Pierre Chabert, e qu’on désigne sous le nom de vaporarium romain. L'on est conduit à penser que dans les thermes de Membrey, comme dans ceux d’Aix, les piliers en bri- ques, très rapprochés, dont il ne reste que quelques vesliges dans les trois chambres basses en question, supportaient de larges carreaux en briques qui for- maient des plates-formes sur lesquelles étaient placés les plafonds des chambres supérieures dont les gros morceaux de ciment trouvés en divers endroits, et no- tamment près d’une desdites chambres, sont des frag- ments (1). Îci, comme aux thernres d’Aix , l’on peut (1) Les blocs de ciment trouvés appartiennent à la couche dite nuücleus ; lès carreaux de briques qui y sont fixés sont ceux de la partie supérieure dudit pavé (summae crusta) et diffèrent par conséquent des larges briques dont il est ici question, sur les- quelles reposait la fondation du pavé. 11 (150 ) admettre aussi que l’eau chaude arrivait dans les cham- bres souterraines , et pouvait en sortir par les canaux ou ouvertures qui y aboulissent ; que le plafond contre les murs était percé d’une multitude de petites che- minées formées par ces pelits Luyaux rectangulaires, qu’on a trouvés en si grande quantité, el qu’elles in- troduisaient la vapeur dans la chambre du dessus ou étuve (concamerata sudatio). L’ouveriure qu’on re- marque sur deux faces opposées de ces tuyaux rectan- gulaires servait, sans doute, à leur donner plus de fixité par la pénétration du mortier. Nous avons déjà vu qu’ils ont servi pour faire cir- culer sous le pavé de la chambre n° 50 l’air échauffé par le grand poële de la chambre voisine n° 49. f 3. ENFIN ON PEUT RETROUVER DANS L'ÉDIFICE DE MEMBREY LES DISPOSITIONS D'ENSEMBLE DES BAINS ANTIQUES, Voyons maintenant si l’ensemble et les dispositions particulières, que nous ont offertes les ruines de Mem- de à peuvent s’accorder assez bien avec les idées qu’on se fait des thermes des anciens. Les thermes étaient des bâtiments spacieux destinés non seulement aux bains, mais aux exercices du corps et de l'esprit. | Considérons d’abord la partie essentielle de ces édifi- ces. Les Romains entraient aux bains par degrés et en sortaient de même; leurs thermes étaient quelquefois, comme chez les Grecs, composés de sept pièces diffé- rentes : le frigidarium, ou la chambre fraîche, était (150). celle où l’on se dépouillait de ses habits; tout à côté se trouvait l’eleothesium, ou la chambre aux parfums, où l’on se frottait le corps après avoir usé de toutes les espèces de bains. Après le frigidarium venait la chambre liède, tepidurium, où l’air était tempéré en- tre le chaud et le froid, et où l’on restait quelque temps. La 4"° était l’étuve ou le bain de vapeur, con- camerata sudatio. La 5°, l’hypocaustum, où l’on al- lumait le feu qui échauffait l’eau qui servait à faire suer dans l’étuve. La 6°, le {aconicum ou poêle; et la 7° enfin, la chambre à bain /balneum). Dans la supposition où l'édifice de Membrey aurait été réellement des thermes romains, la difficulté d’in- diquer sur le plan la position exacte de chacune des pièces ci-dessus serait grande, car les dispositions des bains devaient offrir entr’elles des différences assez fortes pour que la chose soit à peu près impossible pour nous, après leur destruction; mais ne suflit-il pas, pour motiver notre opinion, de faire remarquer que l’on retrouve, dans l’édifiee de Membrey, les signes caractérisliques des bains antiques. Ainsi qu’on l’a déjà vu, la chambre où l’on a trouvé des cendres contre deux rangs’ parallèles de piliers, devait être l’hypocaustum, au-dessus duquel étaient établis ces trois grands vases de cuivre placés lun sur l’autre en saillie, se communiquant la chaleur à des degrés différents, de manière à obtenir trois es- pèces d’eau pour les bains, la caldaria, la tepidaria et la frigidaria, en ouvrant le tuyau conducteur en plomb qui communiquait avec le vase dont on voulait faire usage. (152) Les deux dernières pouvaient se rendre, l’une au tepidarium et l’autre au frigidarium, de sorte que ceux qui ne voulaient pas passer par toutes les cham- bres ci-dessus décrites, ni prendre des bains chauds, pouvaient n’en prendre que de tièdes ou de froids. Nous avons aussi reconnu que le bassin demi-circu- laire était une salle de bain /balneum); que la cham- bre du grand poêle isolé et la chambre voisine for- maient un laconicum, et qu’au dessus des chambres souterraines remplies de piliers de briques, étaient des chambres à suer /concamerata sudatio); et comme l’une de ces chambres est très éloignée des deux au- tres qui sont contiguës, l’on peut expliquer cette cir- constance en rappelant ici que très souvent, dans ces établissements, les bains des hommes étaicnt distincts de ceux des femmes. Si maintenant, venant aux autres usages des ther- mes, nous rappelons qu’on y trouvait de grands por- tiques, des salles à manger, d’autres pour instraire la jeunesse, qu’on appela ephebeg , de grands lieux pour s’exercer à la lutte et à ia gymnastique, des exèdres (salles de réception), où l’on voyait un grand nombre de siéges pour s’asseoir et discourir, qu’il y avait des promenades, etc.; l’on verra qu’il serait possible de trouver tout cela dans les-ruines de Membrey. En effet, nous avons vu qu’un portique donne sur la facade principale; la grande mosaïque en hémicy- cle pouvait être ou un exèdre, ou une salle à manger (triclinium), et les espaces non bâtis qui séparaient les divers corps de bâtiments, pouvaient facilement servir aux divers usages que nous venons d'indiquer. (153) En terminant ces considérations, nous ferons re- marquer que le petit corps géométrique, si propre à exciter la curiosité, et qui paraît avoir servi à un jeu , pouvait très bien se trouver dans ces thermes, car on s’y livrait aussi à des jeux divers. CHAPITRE III. CAUSE ET ÉPOQUE DE LA DESTRUCTION DE L'ÉDIFICE DE MEMBREY. ARTICLE PREMIER. — CAUSE DE SA DESTRUCTION. L'on a pu remarquer que les objets qu’il devait contenir et que l’on pouvait autrefois regarder comme réellement précieux, n’ont pas été trouvés dans les fouilles, mais seulement quelques petits meubles ou instruments, qui auraient pu servir encore, ayant une certaine valeur. Quant à la plupart des autres objets, ils sont brisés, incomplets, ou ont pu être jugés, dans le temps, d'assez peu de valeur pour ne pas être re- cueillis. De ces faits observés, nous pouvons tirer les conclu- sions suivantes : L'édifice a été détruit par la main des hommes; ses ( 154.) possesseurs ayant été obligés de l’abandonner, les ob- jets les plus précieux, les seuls que ceux-ci ou lesen- nemis qui les chassaient pussent emporter avec eux, ont été les premiers enlevés ; sa destruction a été opé- rée ensuite; mais les parties.de l’édifice non entière- ment détruites et les décombres qui cachaient plu- sieurs meubles et instruments utiles, des matériaux d’une grande valeur, ont dû être fouillés; dès lors, tout ce qui pouvait servir a été pris, et il n’est plus resté sous les décombres que les objets sans valeur ou ceux qui, par leur petit volume, avaient échappé aux recherches. Celles-ci ne furent peut-être pas difficiles, car alors plusieurs parties de l’édifice étaient encore debout et les décombres ne recouvraient qu’imparfai- tement les chambres: en effet, tout a presqu’été en- levé, non seulement les meubles, mais les parties de l'édifice, telles que les pavés des chambres , les surfa- ces de revêtement des murs, tous les bois des plan- chers , les pierres de taille , les débris de colonnes propres à être utilisés; ce ne serait que plus tard que le temps aurait achevé l’œuvre de la destruction , et qu’enfin de nouveaux propriétaires , pour utiliser le sol en le remplissant des matériaux restants, l’auraient nivelé grossièremeut, mais assez bien pour que dans la suite le souvenir même des ruines ait été effacé de la mémoire des habitants de la localité. ART. 2. — ÉPOQUE DE SA DESTRUCTION. : La médaille la moins ancienne, trouvée dans le pe- (155) tit vase qui en contenait un grand nombre, peut ser- vir à fixer provisoirement et approximativement la date de la destruction de l'édifice. Getle médaille est celle de Constantin-le-Grand : cet empereur romain ayant régné de 506 à 337, elle aurait donc eu lieu - vers cette époque. Si elle s’opéra à la suite d’une in- vasion des barbares, comme avant le v° siècle, les Al. lemands furent les seuls d’entr’eux qui pénétrèrent dans la province séquanaise, on pourrait admettre que ce serait dans une de leurs irruptions qui dépeuplèrent les campagnes et ruinèrent plusieurs villes. Besançon même en souffrit beaucoup, c’est ce que l’on peut conclure du passage d’une lettre de l’empereur Julien, cité par Dunod. CHAPITRE IV. DEMANDE DE FONDS POUR L’ACHÈVEMENT DES FOUILLES , BASÉE SUR L’INTÉRÊT QUI S'ATTACHE AUX RUINES DE MEMBREY. Si, comme nous le pensons, l’on doit voir dans les ruines de Membrey des thermes de construction ro- maine , il est très désirable d’en avoir de nouvelles preuves; si, au contraire, malgré les raisons qui ser- vent à établir cette opinion , l’on en voyait d’autres (156) pour croire que ce pouvait bien être Ja villa d’un ri- che propriétaire, celle d’un gouverneur de province, ou enfin lout autre édifice, il serait encore très intéres- sant d’en acquérir des preuves convaincantes. Ainsi la continuation des fouilles , jusqu’à ce que toules les ruines soient mises à jour, indépendamment de la découverte d’objets dont l’étude servira à l’ar- chéologie, offre un puissant atirait qui s’attache prin- cipalement à l’ensemble de cet édifice, si vaste et si difficile, jusqu’à ce moment, à expliquer dans tous ses détails. Espérons donc que toutes les sommes nécessaires: pour achever les fouilles archéologiques de Membrey, seront accordées par le gouvernement, lorsque M. le préfet et MM. les députés, au zèle éclairé desquels on doit les premiers fonds, auront exposé les résultats déjà obtenus et ceux qu’on peut attendre encore. | Et ces derniers pourraient bien dépasser nos BTS rances, si la découverte de nouvelles pièces des ruines, ne se raltachant pas à l’édifice de Membrey, condui- sait à reconnaître qu’il n’est pas isolé, et qu’au lieu d’être séparé par la Saône de Segobodium , qu’on sup- pose sur la rive gauche , il existait au sein même de celte ville, car elle a bien pu être bâtie (ainsi que nous en avons montré la possibilité) sur les deux ri- ves, ses deux parties élant réunies par le grand pont établi sur l’une de ces grandes voies de communica- tion, dont les restes sont un si éclatant témoignage de la puissance romaine. Les nouveaux débris de cette cité seraient en effet une mine féconde pour l'étude de l antiquité. (157) Dans tous les cas, le territoire qui possède les ruiz nes de Membrey aura désormais une double célébrité qui se rattachera aux monuments de deux civilisations séparées par 19 siècles, au commencement desquels a régné l’ignorance et la barbarie. . La civilisation , qui déjà est redevenue vieille sur le sol de l’ancienne Gaule , vient de nouveau étaler ses merveilles sur le territoire de Segobodium, et , chose remarquable, précisément au moment où des ruines antiques sont rendues à la lumière, comme pour établir un parallèle entre le temps passé et le temps présent. En effet, un chemin de grande communication , destiné à devenir important, va remplacer le petit chemin torlueux et peu fréquenté qui existe à peu près sur emplacement de la voie romaine , autrefois élevée au-dessus du sol , et maintenant plus ou moins détruite presque partout, conservée seulement dans les endroits où le temps a pu l’ensevelir sous les terres et la déro- ber ainsi à ja destruction. Si, comme la voie romaine, le nouveau chemin n'offre pas dans sa construction un ensemble de ces travaux qui étonnent l’imagina- tion, il offre, vis-à-vis les ruines de Membrey, l’image d’un progrès, par un changement de direction qui donne des pentes plus douces. Le simple bac, qui avait succédé au pont des Romains, va être remplacé à son tour par un genre de pont inconnu aux anciens, admirable invention de l’industrie de nos jours. Enfin la Saône, qui sous le pont de Segobodium ne vit jamais remonter les bateaux du commerce, verra bientôt ses eaux, alimentant un grand canal de navi- (158) galion , se frayer, en face de celte ville antique, un passage au sein d’une vaste montagne, creusée par le génie moderne (1), et présenter ainsi au voyageur l’i- mage d’une percée souterraine qui rappellera celle du mont Pausilippe et du mont Capitole. Gray, le 1* octobre 1841. L’ingénieur ordinaire, Membre de la commission de surveillancedes fouilles de Membrey, DE MarTry DE LaTour. EXTRAITS DE DIVERSES LETTRES ÉCRITES A L'AUTEUR ET FAISANT MENTION DU MÉMOIRE SUR LES RUINES ROMAINES DE MEMBREY. 1° Extrait d’une leitre du 9 novembre 1841, de M. Ed. Mazères, préfet de la Haute-Saône. Goes Votre travail, Monsieur, est fait avec un » soin remarquable, et le développement qu’il com- » porte fait connaître complétement les résultats des » recherches, l’état actuel des choses; les dessins, » très bien exécutés, sont pleins de vérité, enfin il me » semble qu'il ne peut rien laisser à désirer. Je m’em- » presse de le transmettre aujourd’hui à M. le minis- » tre de l’intérieur, pour qu’il soit mis sous les yeux (1) Ces immenses travaux projetés par M. l'ingénieur en chef Lacordaire, qui a construit le célèbre souterrain du canal de Bourgogne, sont exécutés sous sa direction, par M. l'ingénieur Voinchet. (159) » de la commission spéciale des monuments histori- » riques , et je M’appuie sur ce précieux document » pour solliciter de nouveau une subvention élevée, » destinée à continuer, en 1842, les fouilles de Mem- » brey. Recevez donc, Monsieur, avec mes remerci- » ments, les éloges que mérite le travail laborieux au- » quel vous avez su donner tant d'intérêt. » Je vous prie de témoigner ma satisfaction à » M. Mourlot pour la manière dont il vous asecondé.… » 2° Extrait d’une lettre du 25 août 1842, de M. le préfet de la Haute-Saône. « J'ai le plaisir de vous annoncer que M. le minis- tre de l’intérieur, en me renvoyant votre travail sur les mosaïques de Membrey, m’a fait connaître qu’il avait été fort apprécié par la commission des monuments historiques et qu’il vous en témoignait toute sa satisfaction ; je conserve vos dessins et votre mémoire pour les mettre sous les yeux du conseil général, qui ne les examinera pas avec moins d’in- térêt. » À cetle occasion, je dois aussi vous informer que je viens de mettre une somme de 600 fr. à la dispo- sition de M. le maire de Membrey, pour faire conti- > >» > >» > 3 > nuer les fouilles au point où elles ont été laissées » l’année dernière... » ÿ 3° Extrait d’une lettre du 1* janvier 1842, de M. Perron, professeur de philosophie à la Faculié de Besancon, membre de l'académie de cette ville. « J’ai lu avec le plus vif intérêt votre beau et savant { 160 ) » travail sur les ruines de Membrey ; je vous en fais » mes très sincères compliments. Je’ vous réitère, au » nom de tous mes confrères à l’académie , la prière » de vouloir bien le communiquer à notre Société, » aussilôt que vous le pourrez, sans vous gêner. Elle » applaudira, comme moi, à volre zèle et à votre ta- » lent. De plus, elle en tirera profit pour l’histoire du » pays qu’elle a entreprise... ,» 4° Lettre du 2 nars 1842, de M. Perennes, secrétaire perpétuel de l'académie de Besançon. Monsieur , L’académie de Besançon a accueilli avec reconnais- sance la communication qui lui a été faite du beau travail que vous avez entrépris sur les ruines antiques découvertes à Membzey. Une commission a été nom- mée pour l’examiner, et elle en a reconnu à l’unani- mité l’intérêt et l'importance. L’académie, Monsieur, me charge de vous trans- metire ses remerCîments empressés. Convaincue que des éludes si habilement exécutées ne peuvent qu’être consultées avéc fruit par les archéologues , elle ose vous prier de vouloir bien en faire faire, à ses frais , une copie dont elle à voté d'avance le dépôt dans ses archives. M, Perron lui a fait espérer que vous seriez assez bon pour accéder à ce vœu. Veuillez agréer, je vous prie, l’hommage des senti- ments de haute estime et de parfaite considération avec lesquels j’ai honneur d’être, etc... (161) INDICATIONS DU PLAN. ÉTENDUE DES RUINES. La partie des ruines découverte jusqu’à ce jour, peut être comprise dans un rectangle de 190" de lon- gueur et 72" de largeur. DISPOSITIONS PRINCIPALES, L'on peut distinguer dans la partie découverte des ruines trois corps de bâtiments qui se rencontrent : le 1* parallèle au cours de la Saône , et les deux autres perpendiculaires à celui-ci, le 2° étant tout entier du côté de la Saône, et la partie découverte du 3° toute cntière du côté opposé. Un 4° corps de bâtiment non encore découvert, et dont l’emplacement est hors des limites du cadre du plan, paraît exister à environ 115" sur Ja gauche du spectateur qui serait placé dans la grande cour, ayant en face le 1° corps de bâtiment. VESTIBULES. Le. premier, qui appartient au 1* corps de bâ- timent, était probablement un portique formé par les pilastres ou colonnes de la façade; il a 90" de longueur et 4" 20 de largeur. : Les deux autres intérieurs des 2° et 3° corps de bâ- liment devaient être découverts pour pourvoir éclairer les pièces adjacentes; ils sont du genre de ceux qui étaient appelés empluvium ; les dimensions de l’un (162 ) sont 37* et 2" Go, et celles de l’autre, qui n’est pas entièrement découvert , paraissent devoir être de 33 4o et 5" 4o. MURS. Leurs épaisseurs, leurs enduits. Les épaisseurs des murs varient de o® 4o à 1" 75, et leur hauteur au-dessus du payé de 0" 20 à 1" 08; pour la chambre souterraine n° 45 seulement , cette hauteur est de 3", Les enduits sont en général détruits; ils varient de 0" o2 à o" o8; ils sont quelquefois composés d’une seule espèce de mortier, quelquefois de deux et de trois. (Voir les 2° et 3° feuille de dessin.) (gh n° 54, j k n° 37.) Il existe deux ouverTures voutées, l’une dans le mur g h de la chambre n° 54, et l’autre dans celui j k de la chambre n° 37. (Voir la feuille des profils.) PAVÉS. (Voir la 2° feuille de dessin.) (N° 021,22, 29, 24 et 25.) Ghambres qui ont un pavé en marqueterie el en mosaïque. (Dun 1aun 9 excepté 6 et 8 ; 17 et 19; du n° 28 au n° 42, excepté 29, 30 et 54 ; 56 e1 58 ; du n° 47 au n° 50, excepté 49; et du n° 56 au n° 63.) Ces cham- bres sont celles qui ont un pavé maçonné et dont les mosaïques en carreaux de briques, qui formaient les parties supérieures, n’existent plus; la partie que l’on voitest en béton (voir la description. } Sur celle n° 7 l’on voit encore les carreaux en briques de la partie supérieure du pavé. ailes, V4 LAN > Membrey 9 Éch] | | Mine JE 2 D) 4 a CorF* 1 PARTICULIER. DIVERS (77/77/2772 Echelle de 0-0025 peur étre (163 ) Dans toutes les autres pièces, l’on marche sur de a terre unie, bien battue et quelquefois mélangée d’une terre particulière ou de petites pierres qui lui donnent de la solidité; les surfaces de revêtement ou payés ont sans doute élé enlevées; on peut penser qu’elles n'étaient pas en béton, mais que les carreaux reposaient seulement sur cette aire en terre ou sur une simple maçonnerie en pierre et terre. (Voir no 55, page 164.) DIFFÉRENCES DE NIVEAU DES PAVÉS. . (Poir la 2° feuille de dessin.) Les chambres voisines présentent en général de grandes différences de niseau, 1° Groupe. Le pavé de la chambre n° 21 est plus élevé que celui des chambres voisines n°° 18, 22, 23, 24 et 25 de 12°, 35, 17, 35 et 41°.) 2° Groupe. Le payé de la chambre n° 32 est plus élevé que celui des chambres voisines n°* 30, 51, 33, 34 et 55 de 37°, 55, 90, 35 et 65°. 5° Groupe. Le pavé de la chambre n° 3gest plus élevé que celui des chambres voisines n° 37, 40, 43, 44, 45 et 46 de 55°, 4°, 0°, 55°, 1" 95 et 4°. CHAMBRES À FOYER. (N° 4, 17 et 18.) Dans ces chambres, l’on voit, sur le pavé et contre les murs, des emplacements F de foyers. Des vestiges de la 4° face de la petite chambre n° 60 n’ont pas été trouvés; c’est vers cette face que l’on a ( 164 trouvé des briques paraissant avoir forme l’aire d’un foyer. (N° 54 et 55.) Sur les ARS de la séparalion de ces deux chambres , qui n’est marquée actuellement que par des niveaux différents , il existe tout entier dans la chambre n° 55 un massif en carreaux en bri- ques, élevé de 0" 50 sur cetle chambre et de 0" 38 sur l’autre, n° 54, reposant sur des pierres unies seule- ment par de la terre et non par du mortier ; ce massif a pu être l’aire d’un foyer ou peut-être est-il un reste du pavé de la chambre n° 55. (N° 49 et 50.) Dans la 1°° de ces chambres, il exis- tait au milieu un grand poële; pour la 2°, dont le pavé était plus élevé de o" 84, les carreaux de briques qui le formaient reposaient sur des tuyaux à section reclangulaire d'environ o" Lo de longueur, et sur de petits massifs en maçonnerie, de {elle manière qu’il existait un vide sous ce pavé qui communiquait avec la ire chambre n° 49, par la petite ouverture qu'on voit dans l’un de ses angles. L’air échauffé du poêle pouvait y circuler, c'était probablement un laconicum ou éluve sèche. Les à la description des ruines.) (W° 55.) Chambre irrégulière formée de la réunion d’un rectangle et d’un carré placé suf l’un desesgrands côtés, la séparation ayant lieu par des piliers en bri- ques. Un assez grand nombre de piliers placés sur di- vers points et contre lesquels on’a trouvé des cendres et des traces de feu, laissent croire que ces piliers sup- portaient la voûte d’un grand fourneau ou hypocaus- tum qui chauflait, au moyen de tuyaux, un grand EL 2 1 2T Fuite dan à INDICATIONS dela 2% feuille de dessin. 9 — > Veiéu (es Siques adeplés pour tepreenter diverses couches pitt ne lo Couche or 1 x Mosaique sus del Chamäre à déffirence outre fans | en Carreaux en briques Le profils differents tonne Lx dif- 7 ele ces réler se rapperlent (| | Perret de tuiles Un de chaque chambre puis teur] nr are eur nl = en Félorcrerge (Cimene wr pavés a de brique guidées Je cle chambres 8 Les parrieurs des murs 2,35159,56, Péépaissans de pauts des channlies DB 5 QU 59) ay pi etre connues, on ler a representées avec «le élurs denses couches Pier rer s6ches le diocrre autres chan 2 dièse œntentèr le figurer. Hratire de Lauche gaë firme actuelument Ta: mrfse dapave Echelle LS fa = rent de Don Pre Log dl haie CET + pailie l Poflo LU LES Cogtiot FF. 6G HH.KK.IL, LL # {2 Pritie de drsin | = LS DIFFÉRENCES DE NIVEAU : pavés des diverses Chambres. | a | | | ; l Chambres dont la difference de ivean det” TL # fa" ; 7 se pas où 02 onk. ele SUPPOSEEL AU HtENLE LVEUL }, Echelle des Différences de - Niveau. Les Wombres de ‘cette (otonne indiquent. Lex dferences du liveau: de L hkaque hambre par rapport à la Chambre 1° 56, que és la plu eleve - er par conséquent entr ‘elles. par arte | simple soustraction Z/)\\ 1 N ANNE - ARENA RÉAL N- KA En ECHELLE DES DIFFÈRENCES DE NIVEAU les pavés des diverses Chambres, Cul dl dise gs A 19. pailte.! Rrhelle des Efirrences de mvean de Gers chambre. AL ee at peer mât em HE (router lau@snbres dent la fées de Varna or pare ne dépan par 07 0f exit supportés ds méme ave À Echelle dex Différences de Niveau. Le Nombre de ve oivaur cndignont La Afiremsr sn areas de Cuque (Asrabrn pue rappurt à le Dambre 4° M6 yat at la pied daté «42 pur iemuéqans à 26e MA, par et pl prarbrastion ( 165 ) nombre de pièces. Il servait principalement pour la chambre à bain n° 33. C’est probablement dans ce foyer souterrain où l’on allumait le feu qui servait à faire suer dans l’éluve à vapeur, ou qui chauflait ces grands vases de cuivre qui contenaient de l’eau à des degrés différents pour les 5 espèces de bains, frigi- daria, tepidariu, et caldaria. (Voir la description des ruines. ) (N° 34.) Chambre irrégulière et voisine de la précé- dente. On y remarque un grand massif ayant 0" 15 de hauteur, et dont la longueur et la largeur sont 1" 80 et 1"; il contient à sa partie supérieure une espèce de terre particulière qui paraît avoir été destinée à le défendre de l’action du feu. CANAUX. (a & n° 1.)L’espace a a’ qui existait sous le portique du 1% corps de bâtiment, dont la largeur varie de 0" 30 à 0" 70, paraît avoir été un canal; sur son fond, non maconné, mais en terre sabloneuse, devaient re- poser de grands tuyaux pour la conduite des eaux dans l’intérieur de l’édifice. (e d n° Go.) Canal en briques qui aboutit au niveau du pavé de la chambre basse n° 60. (éfn°4,ghn° 7.) Canaux en briques , qui aboutis- sent au niveau du pavé de la chambre basse n° 5, (% l'm n° 54.) Portion d’un grand canal souterrain, faisant un angle au point {. La partie perpendiculaire au mur de la chambre n° 54 offre une coupe différente de celle de l’autre di- rection oblique au mur de la chambre. (f'oir au plan Les coupes des canaux e d, e f etk 1 m.) : 12 (166) CHAMBRES BASSES OU SOUTERRAINES. (N° 5, 59 et Go.) De petits piliers en briques très rapprochés et des canaux ou petites ouvertures abou- tissant au niveau du pavé de ces chambres, forment un signe bien caractéristique. Nous pensons que ces piliers supporlaient une voûte, et que la vapeur de l’eau chaude qui y était amenée par ces canaux se rendait au moyen des pelits tuyaux à section rectangulaire trouvés en grand nombre, dans les chambres supé- rieures qui élaient des étuves humides, concamerata sudatio. (Voir la description des ruines.) (We 45.) Chambre souterraine au milieu de laquelle existe un puits; le pavé de la chambre est à 1° 95 au- dessous de la chambre voisine n° 39. Les pierres de taille et autres de ceinture du puits n’ont pas été trou- vées; la partie du puits déblayée jusqu’à présent a 2" 65 de profondeur. (W° 33.) Chambre à bain; l’on y distingue des ves- tiges de gradins ; des carreaux en briques formaient le revêtement des murs intérieurs ; le niveau de celte chambre est de 0" 90 au-dessous de celle voisine dont le pavé, formé de 4 couches, non compris la surface en mosaïque qui n'existe plus , a une épaisseur totale de 0° 65. (No 44.) On ne peut expliquer les particularités de cette chambre, voisine de celle souterraine, où existe un puits; elle a pu être une petite cour. L'on y voit, à deux angles opposés, un rectangle et un carré tronqué sur un de ses angles. L'emplacement du rec- tangle est en terre et est plus bas de 0" 20 que le reste de la chambre;ses deux côlés intérieurs sont bordés nbre 1° 99 SN 7 EN r7r 1) PS TYEuT. “ À 1 F A à 3 77 ] lave AIT nbre H°95 77 % Pr lan gens sreprvesmt eue H RES P£. 6. [5% Feudle de dusin FTG.S Plan de la Chambre N°25 gui a un pave er marqueerte Een mastigie- ‘ Echelle de0v2 p'rutre QI R =: 2 D NN | É LA Fe S * Âosace du rien de la partie rectangulaire dela Chambre 1° 25. ” Echelle de 0. 07 P. Trélre .) À NN NS | | ! f _ = = __— — rm — lortion du paré à éterie dela Chambre rl 24. Chamber à 1 gacur a À" 60 dé lévyéne Echelle d Hure RE FE laocs cm macquelerie 72 oo. RE D TGULES 0/74 {Fchelle ê7 ECUUITX Et mm mt Lifh. Con et Zachare. 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UNE CLEF DES ŒUVRES DE RABELAIS, Par M. L. COSNIER. Le chef-d'œuvre de Rabelais a donné lieu à bien des interprétalions contradictoires, car il est fort difii- cile de déterminer ce qu’il peut y avoir de vérité his- torique dans ces fictions souvent extravagantes. Ce que les commentateurs ont dit de plus positif au sujet de Rabelais , c’est que sa bouffonnerie n’était qu’un masque à l’abri duquel il put impunément bafouer tout ce que vénérait son siècle; car il vivait dans un temps où les moindres erreurs, en malière de foi, étaient souvent punies par le feu, et où la vérité har- die n’était guère tolérée qu’en passant par la bouche des fous. Il fut pourtant dénoncé une fois comme hé- rétique et comme athée. IL écrivit, à ce sujet, à son ami le cardinal de Châtillon, une lettre où il protestait de l'innocence de ses intentions, et se plaignait amé- rement des cannibales qui l’accusaient d’hérésie. Francois Ie voulut se faire lire l’ouvrage incriminé ; jugea l’accusation mal fondée, el accorda à l’auteur sa (169 ) protection. On a peine à concevoir que ce prince n'ait voulu rien voir de repréhensible dans un livre où les puissants du monde sont , à chaque page, tournés en ridicule, et où les sarcasmes contre la religion elle- même sont à peine déguisés. Cependant, le piquant et le comique de l’ouvrage firent pardonner les impiétés el les ordures qui le déshonorent , et Pantagruel, im- primé avec privilége du roi, ne fut jamais défendu. La protection que FrançoisIer, et, plus tard, Henri IT, étendirent sur l’immortel roman, nous donne la per- suasion que la plupart des inductions historiques que l'on en a tirées sont fausses, quelqu’ingénieuses qu’el- les soient : par exemple, la grand’ jument de Gargan- tua , que tous les commentateurs ont prise pour la duchesse d’Etampes, maîtresse de Francois [°', figure dans la première chronique de Gargantua, qui ne ren- fermait , à coup sûr, aucune allusion historique. Ge- pendant, il est bon de connaître la prétendue clef que l’on avait donnée aux allégories de ce roman; quel- ques-unes sont assez bien expliquées ; les autres ont été omisés ou tout à fait détournées de leur véritable sens. En comparant plusieurs de ces clefs, nous avons formé une liste plus complète et surtout plus exacte que la liste due à lobligeance de M: Audouys, car l'orthographe des noms ci-après est plus d’une fois dénaturée dans celle-ci. Alliances (ile des) la Picardie. Amaurotes les habitants de Metz. : Andouilles (ile des) la Touraine. Antoche Rome. (170) Apedeftes Chats fourrés Chesil (concile de) Dipsodes Entommeures (Jean des) Fredons Gargamelle Gargantua Gaster Gourmandeurs Grandgousier Her Trappa Hippotadée Jument de Gargantua les gens de la Chambre des | comples. re la Tournelle criminelle. le concile de Trente. les Lorrains. le cardinal de Lorraine. les jésuites. Marie d'Angleterre. François I®, le ventre. les chevaliers de Malte. Louis XII. Henri Corneille Agrippa. le confesseur de François I. la duchesse d’Etampes. Lanternois(assembléedes) le concile de Trente. Lanterne de la Rochelle Lerné Les Gens Lichnobiens Limousin (écolier) Loup Garou Macréons Médamothi Oracle de la bouteille Panigon (saint) Pantagruel Panurge Papefigues Papimanes Petault (le roi) l’évêque de Maillezais. la Bresse. Artois. les libraires. Helisenne de Crenne. Amiens. les Anglais. la Flandre. la Vérité: la Paix. Heori II. le cardinal d’Amboise. les réformés. les papistes de tousles pays. Henri VIII d'Angleterre, Picrochole Putherbe Quinte-essence Raminagrobis Révélation (la) Rondibilis Ruach (l'ile de) Sybille de Panzoust Sonnante (ile) Taureau de Bern Tesmoing (Pierre) Thaumaste Unique (l) Xenomanes (174) le souverain de Piémont. de Puits Herbaut. la science philosophale. le poète Crétin. Apocalypse. Guillaume Rondelet. le séjour de la cour. une dame de la cour. l’église romaine. Pontimer. Pierre Martyr. le recteur de l’Université. le pape. le chancelier. Pour être juste, nous devons ajouter que nous n’a- vons trouvé dans aucune liste les interprétations sui- vantes, que contient la nomenclature de M. Audouys. Aslopie Grippeminault Huac Humgate Ile de Papefigue Ciseaux de gourmandise Salmigondis Telème France. la Tournelle.. Alsace. conseiller d'Etat. l'Allemagne. chevaliers de Malte. bénéfices. le protocole du concile de Trente. Thonalus de Grammaudo recteur de l’université. Je regrette que des occupalions trop. minutieuses w’aient empêché de traiter convenablement le sujet que vous m'avez confié. Rien de ce qui regarde Rabe- (#8) lais ne doit nous être indifférent , car la gloire des grands écrivains rejaillit sur leur berceau. Or, vous savez que l’auteur de Pantagruel est presque notre compatriote. En effet , il naquit en Touraine et passa une partie de sa jeunesse au couvent de la Baumette: Rabelais commença cette illustre famille de prosa- teurs, qui, continuant par Amyot, Montaigne, Pascal, Bossuet, La Bruyère, Fénélon, Montesquieu, Buffon, Rousseau , Bernardin de Saint-Pierre , Mme de Staël, vient finir, de nos jours, à Châteaubriand. Rabelais mort, son évangile, comme il l’appelait , ce livre, comme l’appelait le cardinal de Bellay, de- vint le bréviaire des lecteurs les plus graves et en même temps des plus frivoles. Le médecin Gopus et le poèle Passerat consacrèrent une partie de leur vie à le commenter et peut-être à le comprendre. Le ro- man de Gargantuüa, dil un de ses biographes, fut plus admiré encore, et plus populaire , que ne l'avait été, deux siècles auparavant, le roman de la Rose. On y étudia , ainsi que dans une encyclopédie , toutes les sciences morales et physiques du 16° siècle. On y goûta, pour ainsi dire , l’élixir de la raison humaine, car si Rabelais a vieilli de langage , lui qui affectait d'employer des formes de style déjà vieilles de son temps, ses idées et ses opinions seront élernellement jeunes , parce qu’elles sont vraies. Rabelais, le plus grand génie de son époque, n’est pas seulement l’au- teur de ce roman, si comique et si profond, qui sur- vivra même à la langue française , il est le père de Molière et de La Fontaïne. (173) NOTES SUR LES ORJETS TROUVÉS AU LIEU DES CHARTRES, PRÈS NOTRE DAME D'ALLENCON. ——— 108 —— Le lieu appelé les Chartres , situé auprès du village du Sablon, commune de Chavagnes, à 600 mètres au sud-est du clocher d’Allencon, canton de Thouarcé (Maine et Loire), est remarquable par les antiquités romaines qui y ont été découvertes. Ainsi, de tout temps, la présence de médailles antiques, de fonde- ments de murailles, de pierres brûlées et noircies par l'incendie, de débris de poteries dont le sol est encore couvert, a contribué à entretenir, dans le pays, la tra- dition qu’il existait autrefois une ville à cet endroit. Mais la découverte faite, en plantant de la vigne, au mois de mars 1836, de vases d'argent propres aux sa- crifices, de masques d’idoles, etc., altira surtout l’at- tention des anliquaires sur ce petit coin de terre. Pour conserver avec soin le souvenir des endroits où l’on a fait ces découvertes, j'ai pris le plan du ter- rain et j’ai indiqué, par des signes numérotés, la place exacte de chaque chose, N° 1. À cet endroit était un puits qui avait été dé- couvert vers 1813 : après avoir extrait uné partie des pierres qui formaient ses parois, il a été recomblé, N° 2. Il y avait encore [à un puits qui a été comblé vers 1829. N° 5. Découvert en 1841, ce puits avait une forme ovale et non ronde comme ceux d’aujourd’hui. Les parois en étaient faites avec la pierre calcaire et quel- ques cailloux bleus. Cette pierre a été enlevée pour servir à bâtir dans le village. On l’a creusé jusqu’à cinq ou six mètres environ ; mais comme il y avait de l’eau dans le fond, et que les personnes qui y travail- laient, dans l’espoir de trouver peut-être quelques ob- jets précieux, se découragèrent avant d’avoir rien dé- couvert, il a été recomblé vers le mois de mars 1845. On a trouvé dedans beaucoup de débris de poteries, des briques ecrochues , une petile meule à bras en pierre calcaire, qui a élé cassée, et. plusieurs autres morceaux de meules, ainsi que des ossements d’ani- maux. N°4. Puits découvert en 1840. Il était ovale comme le précédent. On en a ‘extrait une partie des pierres formant les parois, mais il n’a été guère creusé et’on l’a recomblé. N° 5. C’est à cet endroit qu’on a trouvé, à 50 cent. de profondeur, les vases d’argent au nombre de 39, dont le catalogue avait été adressé, par M. Grille, à la Société des antiquaires de Normandie, et qui se trouve dans un rapport de M. Godard, inséré dans l’ Annuaire de Maine et Loire , année :838, page 31. N° 6. À cet endroit, qui n’est éloigné que de deux à trois mètres du précédent , on a trouvé, vers 1837, un las assez considérable d’os d’animaux enfouis dans (175) un trou de 1 mètre à 1 mètre 50 cent. de profondeur, sur autant de largeur. N° 7. À côté du n° 2 on a découvert, vers 1831, à environ 50 à 40 centimèlres, une sorte de petite allée sablée comme une allée de jardin, de 8o centimètres à 1 mètre de largeur. Cette allée, dont la direstion était du nord au midi, se prolongeait par Îles deux extrémités, mais elle n’a été découverte de terre que dans la largeur du morceau de vigne que l’on béchait ators profondément, et le reste est demeuré sous terre. N° 8. Dans le canton appelé les Fosses on voit une large mare qui ne tarit jamais. Elle a une forme ovale et environ 30 mètres de longueur sur 21 mètres de largeur et 2 mètres de profondeur, et elle est creusée en entonnoir très évasé. Des bords de cette mare, qui sont marqués par un relai de gazon et plusieurs gros arbres, le terrain s’élève en pente tout autour.à une distance d’environ 20 mètres; de sorte que l’ensem- ble de cette excavalion aurait à peu près 4 mètres de profondeur sur 70 mètres dans sa plus grande largeur. Située sur le milieu d’un petit plateau, celte mare paraît être évidemment l’ouvrage de la main, des hommes. Le mot d’amphithéâtre a été prononcé... Sa forme ovale et son diamètre, qui se trouve en rapport avec celui indiqué pour l’amphithéâtre d'Angers , viendraient peut-être donner quelque valeur à cette idée. Quant aux murs et aux gradins, ily a longtemps qu’ils doivent avoir disparu, dans un pays où il ne reste pas de pierre , et où, pour bâtir, on aura employé tous ses efforts pour arracher jusqu'aux fondations du monument. (76) Vers la limite Est de ce même canton des Fosses, près du sentier qui conduit du moulin à la ferme du Ruau, on a trouvé, vers 1835, un tas de clous (envi- ron un demi-boisseau) enfouis dans la terre. Ils étaient presque entièrement rongés par la rouille. Auprès des clous, il y avait même jusqu’à des couteaux de cuir. Lorsqu’on a planté les vignes situées près des Prés- Clos, on a trouvé , en face de l’éndroit où étaient les vases d'argent, une espèce de cor ou cornet en terre cuite et plusieurs morceaux d’autres cors. Vers l’angle formé par le chemin et le ruisseau, il existait encore, il n’y a pas longtemps , quelques res- tes de murailles, on y a même découvert un foyer carrelé. Enfin dans le chemin tombant de Sablon à Chava- gnes, on a trouvé plusieurs squelettes d'homme: À environ 500 mètres au nord-ouest du clocher d'Allencon , sur le bord du chemin qui conduit à la forêt, il y a un champ qui s’appelle encore le Grand- Cimetière et qui servait autrefois de sépulture à la pa- roisse. On y a trouvé des squelettes humains à côté desquels il y avait des pots pleins de cendre et de charbon. Louis RAIMBAULT , fils. Thouarcé, le 7 avril 1847. os asie os REA Ÿ {46 sé | AHUERÉTENIES 215 sfr lies ay A 3% mr dss ss ape AR à l'E art DENT Mrs FE "Hg Pen ! vis “ + ‘neue 9: ; 4 < F \ ! e al Vin NE : 2 L# K: Ent Rares LEE VU HT Lnnrdaestererttiquantehminmentms ho? ALU frlou— ou plau cadastral Qrcellæire de fa couru De Chavaques, caulou Debhouarcé, 7CMiaiued Loire), Peciout au Pabou x où Lou a louve Ds autiquilet — romauw.— pau L. Rauufault 0e Ghouarce. _avuilisy NV 700 METRES CHAPITEAU ROMAIN D'ORDRE COMPOSITE. 2eme © DE mr — Messieurs, Allant un jour visiter Béhuard avec M. l'abbé Choyer, notre collègue, nous entrâmes , chemin fai- sant, dans l’église d'Épiré, et bien nous en prit, car nous aperçûmes , servant de bénitier, le reste d’un füt de colonne, placé à l’envers sur un chapiteau très fort, le tout en pierre calcaire dure et d’une couleur légè- rement jaune d’un très beau ton. A première vue, ces deux objets ne nous semblèrent pas pouvoir appartenir au moyen- âge et nous avions rai - son; il suffit d’un œil médiocrement exercé pour s’en convaincre; mais, sans plus d'examen, il nous parut qu’ils devaient remonter aux derniers temps de la pé- riode gallo-romaine; sur ce, comme nousétions pressés, nous remîmes à un autre jour une plus ample vérifi- cation. Postérieurement, je me rendis à Epiré, accompagné de M. Dainville fils , auteur du dessin ci-contre, Et lui aussi fut impressionné comme nous l’avions été; mais des impressions n'étant pas toujours des preuves , il nous reste à vous en fournir. , Auparavant, toutefois, décrivons nos deux ob- jets. Le chapiteau est du nombre de ceux que, suivant (178) Bâtissier (1), les architectes du xve siècle, en étudiant les monuments de l’antiquité, nommèrent composites; lesquels chapiteaux ne sont, à vrai dire, qu’une. variété de l’ordre corinthien , « les savants étant d’accord de- » puis longtemps pour nier l'existence de cette or- » donnance architectonique (dite composite) (2). » La plus grande variété règne habituellement dans ces chapiteaux, auxquels il faudra bien, pour se faire comprendre, laisser le nom de composites. Cette va- riété provient de ce que « l’archüecture des Romains » fut l’expression du’ caprice et de la magnificence, « tandis qu’on peut dire de larchitecture hellénique » qu’elle est rationelle, sévère et majestueuse (3). » Les volutes plus prononcées et enroulées à la ma- nière ionique dans les chapiteaux dits composites, sans avoir, paraît-il , formé un ordre à part chez les an- ciens, ont établi néanmoins une différence entre le corinthien proprement dit et son dérivé. Quoiqu'il en soit, notre chapiteau, comme celui de Parc de Titus a : i° deux rangs de feuilles d’acanthe 2° deux volutes, dont on n’aperçoit plus, il est vrai, que l’ombre; 3° au-dessous de l’abaque un rang de perles. Mais il en diffère : 1° en ce qu’il ne possède en- tre ces volutes qu’un seul ove, tandis que celui de l’arc de Titus en a trois; 2° en ce que l’abaque , en partie brisé dans notre chapiteau, paraît avoir eu ses faces (1) Page 243 de son histoire de l’art monumental. (2\ Zbidem. (3) 2bidem , page 245. (179) droites, tandis qu’elles sont cambrées dans l’autre; 5° en ce que la corbeille du chapiteau d'Épiré , entre les hautes feuilles d’acanthe et le rang de perles, est intaillée de traits qui ne se rencontrent pas dans celui de l’arc de Titus: ces traits, d’un bon effet, semblent imiter les jones verticaux, mais évasés d’une corbeille. Tous ces caracières, y compris le galbe élégant de notre chapiteau lui-même , prouvent assez qu’il n’est point l’œuvre du moyen-âge. Mais vous m’objecterez qu’il pourrait bien être un travail contemporain de la Renaissance, où même postérieur; à quoi je réponds qu’il suffit de voir la manière large avec laquelle il a élé fouillé, et de faire attention à la dureté de la pierre, pour se convaincre que rien de pareil ne se rencontre dans le style contemporain de la Renaissance et dans celui qui lui est postérieur. J’ajouterai, pour ceux qui savent tenir compte des impressions, que notre chapi- teau, ou plutôt notre corbeille, toute parée de ses feuilles, a je ne sais quel parfum de vieille souche qu’il est impossible de retrouver dans nos acanthes moder- nes, un odorat irès ordinaire ne s’y tromperait même pas. - Si donc ce chapiteau n’appartient ni aux temps mo- dernes, ni au moyen-âge, il ne peut être évidemment que gallo-romain. Mais auquel des cinq premiers siè- cles de l’ëre chrétienne est-il attribuable? Ici, Mes- sieurs, commence mon embarras. Cependant, si Pon compare le chapiteau de l’arc de Titus, qui est du pre- mier siècle, avec le nôtre, on verra que ce dernier est d’un faire moins pur et moins savant; mais, d’un au- tre côté, si on le rapproche de deux chapiteaux com- ( 180 ) posites, du musée d'Arles, et que M. de Caumont a dernièrement décrits dans le bulletin monumental; 13e vol. n° 2, p. 124, il sera aisé de s’apercevoir qu'il est d’une plus belle époque; or, les deux chapi- teaux d'Arles sont classés du 1v° siècle au vi°. Ils n’ont qu’un rang de feuilles d’acanthe et le galbe de leur corbeille.est écrasé. Tout porte donc à croire que le chapiteau d'Épiré doit trouver place entre celui de l'arc de Titus et ceux du musée d'Arles, soit Le trot- sième stècle. Reste maintenant à déterminer la hauteur de la ‘ce- lonne par ce que nous possédons de la partie infé- rieure du fût, qui, comme il sera prouvé , s’accorde bien avec le chapiteau. Ce fragment de fût est, à sa base, orné de deux filets et d’un tore au milieu. Au- dessus de ces moulures, on distingue, au pourtour de la colonne, trois rangs de feuilles imbriquées les unes sous les autres et ayant plus ou moins l’aspect de feuilles de laurier. Ce fragment de fût est d’un dia- mètre, à sa parlie inférieure , de 56 centimètres , et d’une hauteur, non compris le tore et les filets, de 37 cent.; quant à ceux-ci, ils ont une épaisseur de 85 millimètres. À l’encontre de ces mesures, nous devons donner celles äu chapiteau qui a, de haut, 60 cent.; de large, sur le tailloir, 62 cent.; et de diamètre, au-dessus de l’astragale, 42 cent. | Cela étant, nous avons éloigné le chapiteau, de la partie inférieure du fût de sa colonne, jusqu’à ce que tirant deux lignes convergentes (voir la figure) de G D égalant 54 cent., en À B égalant 42 cent., nous ayons = LE RES El RS TE 08 © 50% *ORIGINE ROMAINE N1 SIÈCLE CHAPITEAV ET BASE D Fr. Dadiville. { 181) arrêté nos lignes convergentes au point où toute pro- portion cessait dans la hauteur du fût cherché, entre le diamètre G D et celui de À B. Gette opération terminée, nous avons pris le diamè- tre du bas de la colonne, qui est de 56 cent., et n’a- vons pas été peu surpris, en le superposant dix fois sur l'étendue de notre dessin, de voir que ces dix diamè- tres répétés formaient précisément, à quelques milli- mètres près , la hauteur proportionnelle du fût et de la colonne réunis des ordres corinthien et composite. Il était donc évident que notre chapiteau et le frag- nent de fût appartenaient au même monument. Ces points bien établis, en multipliant le diamètre de 56 cent. par 10, nous avons obtenu une hauteur, fût et chapiteau compris, de. + + . . 5" 6o° Le piédestal, si les proportions en ont été exactes , devait être de . . . . . 321 77 Et l’entablement , s’il y en a eu, de. . 1 4o Anar net: on FE Mais je suis porté à croire que cette colonne était isolée, car si elle avait appartenu à un temple, il eût été considérable , et vraisemblablement il en füt resté des traces. Alors, dans l’hypothèse d’une colonne iso- lée, et en supprimant l’entablement , haut de 1® 40°, elle aurait eu de hauteur 7" 37°. IL ne nous a pas été possible de savoir d’où prove- nait notre chapiteau, seulement M. le curé d’Épiré, avec une complaisance que nous sommes heureux de signaler ici, nous mit en rapport avec l’un des fermiers de M. de Sevret, lequel fermier nous apprit que tout: e "13 (182 ) près de l’église, l’on avait, il y a quelques années, dé- couvert un blocage , qu’à sa description nous recon-- nûmes très bien pour avoir été une maçonnerie am- plecion more romano. Était-ce sur. ce blocage. que reposait la colonne? Nul n’osera l’avancer, mais, du moins, paraît-il constant que le mamelon d’Épiré pos- sédait autrefois des constructions romaines, et qu’on. né voit pas alors pourquoi notre colonne n’y ait point élé dressée. | V. Goparp-Faurrrier. Angers, le 16 avril 1847. (183) ÉTUDE D'ARCHITECTURE AU XVI® SIÈCLE. ÉGLISE DE SAINT-MAURILLE DES PONTS-DE-CÉ. STALLES (1). Messieurs , Avant de vous parler des stalles placées dans le chœur de l’Église de Saint-Maurille des Ponts-de-Cé À et qui proviennent de l’abbaye des Bons-Hommes, je vais jeter un coup-d’œil sur l’art du huchier et en suivre les progrès dans une marche rapide. La corporation des charpentiers , qui comprenait aussi celle des huchiers, menuisiers , tourneurs, char- rons, etc., tous ouvriers en général qui coupent et tranchent le bois en merrain (2), eut des statuts sous Louis IX, en 1258 , qui ne sont autres que les usages (1) C’est par erreur que cette notice figure ici. Elle aurait dû trouver place avant celle intitulée : Recherches sur l’origine des stalles de Saint-Maurille des Ponts-de-Cé, imprimée à la page 378, 5° volume, 7° livraison, des Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers. .(2) Dictionnaire Encyclopédique de France, tiré des métiers d’Étienne Boileau. _( 184) et coutumes du temps, rédigés et rapportés par les prud'hommes et chefs du métier. Les huchiers s’occupaient principalement de la me- nuiserie religieuse. Ils faisaient les stalles, les armoires pour renfermer les objets précieux (portes de trésors ou sacrarium}), les rétables d’autels , etc. , et même les bières. En 1290, il leur est défendu par ordon- nance royale, de les louer aux familles pour en- terrer les morts, ce qui leur épargnait le prix d’un cercueil (1). Je ferai remarquer à ce sujet, que l’emploi des bières était déjà assez répandu dès cette époque pour nécessiter une réforme dans ce genre de. sépulture; mais il est probable aussi qu’il n’y avait à s’en servir que les gens d’une classe moyenne et même peu aisée. En 1319, Philippe dégage les maîtres a aoloj aies charrons et autres, de la juridiction quele maître char- pentier du roi exerçait sur eux (2), affranchissement qui devait donner pour résultat une plus grande li- berté dans les idées et le goût de ces différentes cor- porations, et produire un plus grand nombre d’hom- mes capables. En 1396, Gharles VIleur donna des statuts particu- liers (3). L'art du huchier affranchi brille avec éclat, (1) Dictionnaire Encvclonédique de France, tiré des métier d’Étienne T (2) d. L9\ 71 ( 185 ) depuis ce temps il fit de nouveaux progres, eu se iv panditavec rapidité. Il est peu d’églises qui n’aienteu leurs stalles etileur sacrarium.La renaissance, si riche dans ses détails, lui fournit des motifs d’ornementation qui s’alliaient parfaitement avec le goût de l’époque et les besoins de bien-être qui se faisaient sentir. 1 Telles sont très-succinctement, Messieurs , les di- verses phases que subit l’art des huchiers, dont le nom se trouve maintenant effacé de notre voca- bulaire. Les stalles complètes se composent : 1° du marche- pied, 2° des parcloses qui forment l’enceinte de cha- que stalle, 3° du dossier , 4° du haut dossier, 5° de Pappui ou pupitre , disposé de manière à soutenir les personnes à genoux, et à porter les livres de prières. Il y avait ordinairement deux rangs de stalles , le pre- mier qui servait d'appui au second, n'avait par Côn- séquent pas de haut dossier. Celles dont je vais, Messieurs, vous donner la description n’en ont point, soit qu'il ait été sup- primé, soit qu’elles formassent autrefois le premier rang de doubles stalles, opinion fondée sur la dis- position des ferrures des panneaux représentant, l’un la force ou le pouvoir, et l’autre la justice, (fig. IT) qui semble indiquer un passage. Le costume et les draperies de ces figures, ainsi que la forme et l'agencement des ornements, indiquent suffisamment qu’elles sont du XVIe siècle ; elles ont beaucoup de rapports avec les statues du tombeau de François IT à Nantes. { 186 j La renaissance est acceptée sans contrainte, et sans que l’on ait cherché en rien à rappeler le systéme ogival, si ce n’est dans la représentation de la petite basilique que la figure de la Force tient à la main, et où l’on voit une see croisée à meneaux et ogives flamboyantes de la dernière période. Les figures du prophète Jonas et de la sibille Heii- pomini, que jai reproduites (fig. I.) sont dans le même style, un panneau semblable se trouve placé devant chaque stalle ; la forme de ces dernières, leurs moulures et les sculptures des culots semblent indi- quer une autre époque que celle des figures que je viens de décrire, cependant elles ne peuvent être de beaucoup antérieures. La parclose se trouve terminée par un bec orné de moulures supporté par une petite colonne. Une cour- bure ornée aussi de moulures rattrape la largeur de la tablette, en formant accoudoir pour les bras. A la base de la petite colonne , se trouve une figure assise alternée avec une autre sculpture représentant un choux frisé. (fig. I.) Les culots sont ornés de différents sujets; j'en ai reproduit deux, dont l’un est devenu populaire sous le nom de sainte Babille, et l’autre représente une troupe de rats cherchant à dévorer un globe couronné d’une croix et porté par un bras. Les autres culots dont je n’ai pas dons le don : _ offrent l’un un personnage ailé, tenant entre ses bras un globe , aussi couronné d’une croix, mais dans une position renversée , S d’autres un éléphant por- ( 187 ) tant. une tour , un cerf terrassé par un chien, puis des animaux et des masques chimériques. Pour l'explication de ces divers sujets, je vais re- venir sur ce que j'ai dit précédemment, et je ferai observer que les franchises accordées au peuple , et plus particulièrement aux artistes, leur donnèrent avec la liberté, l’esprit d’observation et de critique qui fut porté si loin plus tard. Toutefois cet esprit au XVI siècle était déjà très développé; et c’est ce qui produisit ces figures grimaçantes et satyriques que l’on rencontre le plus souvent dans les édifices civils, et sur les meubles affectés aux usages de la vie privée. Le musée d’antiquités de notre ville renferme un de ces meubles rendu très-curieux, par le sujet du bas-relief qui le couvre : on y voit représentés tous les âges et toutes les classes de la société, luttant con- ire la mort, depuis l'enfant enveloppé de ses langes, jusqu’au vieillard, et depuis le serf jusqu'aux rois de la terre et aux princes de l'Église, Cependant ces figures ne sont quelquefois, que la représentation exacte des mœurs, des usages, des coutumes dutemps; ainsi dans la figure ayant une mordache à la bouche, et que l’on prend généralement pour une sainte vouée à un silence éternel , n’est-il pas facile de reconnaître à son costume, une religieuse novice encore (l’absence du voile pent du moins le faire présumer), qui pour se rompre à la règle monastique, se serait condamnée vo- lontairement à ce genre de mortification, qui du reste était. fréquemment employé par les religieuses de ce temps. (fig. V.) Dans l’autre sujet , représentant un globe couronné ( 188 ) d’une croix, et attaqué par une troupe de rats , ne peut on pas voir le monde catholique aux prises avec Fhérésie , qui cherche en vain à le détruire, tandis qu’il est soutenu dans la lutte par la main toute puis- sante de Dieu. Je n’ai pas étudié le sens des autres figures , qui peuvent n'être aussi que le résultat de la capricieuse imagination de leur auteur. | J'ai donné le dessin d’un escabeau servant aux chantres, qui est de la même époque que les figures des prophètes et des sibilles (fig. VI). Get escabeau n’est autre chose qu’un tronçon de colonnes. Le pupitre, que je n’ai pas reproduit, représente une aigle aux ailes éployées, forme alors généralement adoptée. Telles sont, Messieurs, les principales remarques qui m'ont été fournies par l'étude de ces stalles. E, Dainvizse. (189 ) ÉTUDE D'ARCHITECTURE RELIGIEUSE AU XV: SIÈCLE. SUrbADE SAN 2 "Dœaauræ (1444, Bourdigné, f° 145, ). Li Messitus. La nef de Saint-Serge, intérieure sans aout au chœur , sous le rapport de l’art et de l'antiquité, of- fre néanmoins beaucoup d’intérêt, si l’on veut en considérer les détails. Dans le dessin que avez sous les yeux, j'ai reproduit fidèlement et avec ses cotes un pilier de la nef et ses détails: on remarque d’abord , que sa forme cylindri- que jusqu’à la hauteur de quatre-vingt-dix centimètres, se divise en nervures prismatiques , qui rappellent ce- pendant l'idée d’un groupe de colonnes , puisque cha- cune d’elles se trouve terminée par un chapiteau, com- posé d’une tête dans le genre des masques scéniques de l’antiquité , et de deux feuilles placées sur les côtés : du chapiteau ou sortant des coins de la bouche du masque. | ( 190 ) Cette division dé nervures rappelle encore ces grou- pes de colonnes des siècles précédents; mais au lieu de donner l’idée de plusieurs parties formant un tout d’une réunion, de colonnes liées entre elles, comme pour résister avec plus de force à la poussée des voûtes, et dont le sens symbolique se trouve par là nettement expliqué, elle semble indiquer au contraire, un tout divisé en plusieurs parties , ce qui lui ôte le caractère de force qui distinguait les piliers romans, en lui don- nant un sens de décoration complété par le jeu des saillies et des ombres. Dans la disposition du plan, il est bon de remarquer que les nervures de la voûte retombent directement surcelles des piliers, et que si l’on supprimait les cha- piteaux , elles se confondraient et feraient prolonge- ment les unes des autres; la largeur de la nef est de 8",70°,et la distance entre les piliers de 6",60°, ce qui explique pourquoi la nervure qui touche au mur est de o",029" plus étroite que la moitié d’une entière; la diagonale formant avec le mur de la nef un angle plus aigu qu'avec l’arc doubleau. Sur la même, feuille ; j'ai Do la co d’encorbellement. formant la galerie au-dessus des-ar- cades des bas-côtés; on RE dans, la disposition générale-de, cette. corniche .des moulures qui se res- sentent évidemment deJ’origine grecque, ainsi que les masques qui l’ornent; dans quelques parties, ce sont des feuilles de vigne, et dans d’autres, des feuilles de chardon posées en croix, ou des fleurs, de bou rache. TVDE D'ARCHI1 790 S ISSN ÈS SÈISS ÈS Chapileau lee } ETVDE D'ARCHITECTIRE RELIGIEUSE AV XV'SIÈCLE. EGLISE DES! SERGES. CorvICHE D 2 drgle S'adllart | Corrtehe Nionpe) 13 ( 191) J'y ai joint aussi la décoration d’un angle saillant composé d’un masque et de deux animaux chiméri- ques ; ce masque a pour but sans doute , comme ceux de l’antiquité, la représentation d’un caractère parti- culier : ici ce caractère doit être un vice qui se trouve défini, par les deux animaux chimériques attachés à sa bouche. L’autre angle offre une tête d’ange cou- ronnée. Le gothique, qui est resté longtemps le seul style employé pour les édifices religieux, quoique les inspi- | rations de l’Italie eussent amené un changement dans l’architecture des palais et des maisons particulières, a emprunté sans doute quelques-uns de ces détails à l’art antique, tout en conservant les formes générales, ainsi que semblent le prouver les détails dont je viens de donner la description. Peut-être est-ce un de ces prêtres-artistes , comme en renfermaient les couvents de bénédictins, où de- puis longtemps, la science et-les arts étaient venus se réfugier, qui sculpta entre ses heures d’études, l’élégante corniche de Saint: Serge, en y gravant ses souvenirs d'Italie, Voici, Messieurs, sur quels faits historiques je base les aperçus qui précèdent. Je Les puise dans l’histoire de René d'Anjou, comte de Provence et roi de Sicile, de ce prince ami et protecteur des arts, qui a dû né- cessairement s’inspirer du goût de l’art italien pendant Son séjour dans ce pays, le répandre autour de lui, et en doter l’Anjou à son retours En 1458 il se rend maître de Naples jusqu’en 14452; (192 ) alorsil se retireen France, faisant le bonneu: es peu- ples chez lesquels il tient sa cour, et meurt en 1480, laissant derrière lui une page dans l’histoire des arts qui remplit à elle seule celle du XVe siècle en Anjou. E. Davis. ( 193 ) SUR LES HACHES DE BRONZE. Au nombre des antiquités trouvées aux environs de Saumur, le musée de cette ville possède environ qua- tre-vingts haches de pierre et un nombre à peu près - égal de haches de bronze de formes très variables. Frappé de la ressemblance de quelques-unes de ces dernières avec les haches de pierre, j’ai pensé à réu- nir les différentes formes qu’elles présentaient , et je suis arrivé à un résultat qui semble ne laisser non seulement aucun doute sur l’usage de ces haches, mais encore qui indique les efforts successifs qu’on a faits pour les fixer d’une manière plus solide à leurs man- ches; un coup d’æil jeté sur les formes que j’ai des- sinées, servira à comprendre facilement la marche du perfectionnement. Le N° : est la représentation exacte des haches de pierre seulement , il est plus mince. Les N°2 et 3 s’élargissent plus dans le bas, mais de- vaient encore se fixer comme les haches de pierre, c’est-à-dire, dans un bois droit fendu à une de ses ex- tremités et fortement lié avec des lanières de peau. Le N° 4 présentant des bords relevés dans une grande partie de sa longueur, a dû se monter d’une manière différente: il très probable qu'il était fixé à l'extrémité d’un bois fendu et cpurbé comme je l'ai fi- œuré. Gétte méthode plus solide avait cependant encore C404 ) un inconvénient, la hache agissant sur son: manche comme un coin , devait finir par le fendre malgré les liens qui l’entouraient. Le N°5 par un étranglement dans son milieu, indi- que un commencement de perfectionnement pour ob- vier à cet inconvénient. Le. N° 6 a une petite traverse qui pouvait aussi ar- rêter la hache. Dans le N° 7 cette traverse s'élève au niveau des bords, et offre alors un obstacle infranchissable, L’arme restait cependant encore mince et légère. Dans le N° 8 la partie supérieure reste seulement creuse, et l’inférieure s’élevant au niveau des bords, donne-beaucoup plus de poids et de force. Le N° 9, dont la forme est la plus commune, offre une épaisseur plus considérable et par conséquent une cavité plus profonde pour loger le manche. - Le N° 10 présente un anneau dans lequel, en passant une des lanières de peau, on fixait la hache d’une manière plus solide qu’on ne l’avait fait jusqu'alors. Dans le N° 11 les deux bords beaucoup plus grands et recourbés l’un vers l’autre, enveloppaient entière- ment le bois et augmentaient encore beaucoup la so- lidité. E Le N° 12 .est une hache entièrement creuse, carrée dans sa partie supérieure, mais conservant et l’anneau pour passer la lanière: de peau et la cloison pour rece- voir le bois fendu.: 4 Enfin le N° 13; dont la partie qui doit recevoir le manche est'arrondie ,,conserve encore son anneau , etosa cloison: intérieure: fait un passage très naturel Gr Les Jéaches en Pronse Dé + à à à ét (195) pour arriver à la lance en passant par la forme du N° 14 où la cloison est remplacée par un trou. J'aurais pu multiplier davantage les passages d’une forme à l’autre; j'ai pensé que cette série suflisait pour faire voir qne ces haches de bronze ont dû suc- céder aux haches de pierre et les avaient remplacées en s’améliorant successivemenl. Il existe encore une autre ressemblance entre ces différentes armes, c’est leur dimension. k Ainsi nous avons des haches de pierre de quatre cen- timètres seulement de longueur , lorsque d’autres ont plus de vingt-cinq centimètres. Même différence existe également dans ctlles de bronze; nous en avons de cinq centimètres, d’autres vont jusqu’à vingt. Des armes aussi faibles que les premières ne pouvaient certaine- ment pas être dangereuses, et sont inadmissibles comme moyens de défense; cependant ne pourait-on pas trouver l'explication de cette différence dans nos habitudes mêmes? Ne donnons-nous-pas à nos enfants des diminutifs de tous les objets à notre usage? ne serait-il pas naturel de penser que les hommes de ce temps, ont mis entre les mains de leurs enfants ces haches légères, pour habituer leurs jeunes bras à manier avec aisance l’arme qui un jour devait prote- ger leur existence? C’est une simple supposition, mais qui peut cependant expliquer cette différence de gran- deur dans ces armes primitives. CourTizLer, de Saumur. Le 12 décembre 1846. éèr ou E at PAUL ne a re jy spoél sl #40 Léna ‘odulqruor Yo ie EN 2spfaenf. abf TE 1 be La us Hana. 15 do sise É at ri ob AS sb do ne soi | Dan POITAT ‘bobpaol , rwougnol. ob Thwrcolnoe AJ Dee Les “oué biinso a Bu Va Er sai Éüpa doK & el enfuot, 9h Bt} 1S0D0E A0 en6h 28 ; LE OITAV DAEATC #5et LES Rep oi hs é 4 sjoogn ad thlocE tre an! enphiesmimn EL Ar eq £ N qe de ont eeng ror À x À SEE ns ES \ REA | x « Qi dé ip D ce hs Fa À PRE Ve TES PERS; pee | El e OBSERVATION. La Société n’accepte pas la solidarité de toutes les opinions émises ,dans les Dee insérés dans le RéeueIl de ses mé- moires. POSE TRIER TPE _ AVIS. MM. les Membres du Gomice Horticole sont prévenus qu'i îs auront dorénavant à adresser franco le montant de leurs cotisations à M. Le Gris, trésorier du Comice, rue des Cheese à Angers. | Il leur en sera délivré ecie sé, - 20 dream g Dern SRE DE LA SOCIÉTÉ d'Agriculture, Beiences ct ts de D’ANGERS. Fans AVE (ay SG VV : VENUE (C (EXC YA @ ) €) @ AC IDE a MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ D’AGRICULTURE , SCIENCES ET ARTS d'Angers. # AIOMIM eTAACTE SALE AU LADDADA "EL FLY DÉMOLRESS DE LA SOCIÉTÉ d'Agriculture, Sciences et Arts D’ANGERS. Be Volume. — 9° et 4° Livraisons. ANGERS , IMPRIMERIE DE COSNIER ET LACHÈSE. 1849. F àru1008 A 4 ee hi enihé vnilipRc 1 n ï “ntiot Lee : Ti 1411800 aa saramaaret f: dr DEUXIÈME PARTIE. a —————_— RAPPORT SUR LE CONGRÈS SCIENTIFIQUE, ouvert à Gênes, le 14 septembre 1846, PRÉSENTÉ Par M ELIE JANVIER DE LA MOTTE, Conseiller à la Cour Royale d'Angers, Chevalier de l'Ordre Royal de la Légion-d’'Honneur, à la Société royale d'Agriculture, Sciences ct Arts d'Angers, dans la séance du 8 janvier ASAT. : Messieurs, J'ai recu, comme un grand honneur, la mission de vous représenter au congrès scientifique de Gênes ; en l’acceptant , je ne me suis point fait illusion sur ce qui me manquait pour la remplir dignement. Mais s’il ne m'a pas été donné d'intervenir, aussi efficacement que je l'aurais désiré, dans les discussions auxquelles j'ai assisté, du moins, j'en ai rapporté des observa- tions et des impressions que j'ai à cœur de vous com- muniquer. \ Je n'ai certainement pas l'intention de traiter une à une les nombreuses questions qui ont été soulerées : pendant une session de quinze jours , et dans des sec- tions différentes. Un tel travail dépasserait mes forces , et fatiguerait votre attention; il ferait d’ailleurs double emploi avec 1 (2) les procès-verbaux qui vous seront envoyés. Là , tous les débais sont analysés avec une fidélité et une luci- dité remarquables; mais comme on l’a dit avec beau- coup d'esprit et de justesée, la parole des orateurs fige sur le papier. Ces procès-verbaux ne pourront donc eux mêmes , et à mon grand regret, reproduire celte verve, celte souplesse, cette élévation de lan- gage, avec lesquelles j’ai entendu soutenir les con- troverses les plus animées. J’espère que vous trouve- rez joints aux comples qui seront rendus quelques- ‘uns des ouvrages ou mémoires soumis à l’examen des diverses commissions. Ces écrits seraient dignes d’acquérir la plus grande publicité. Ils témoignent dans leurs auteurs.d’un pro- fond savoir et d’un vif amour de la science. D'avance, je dépose ici un journal qui, quoique très sommaire, indiquera suffisamment les matières qui ont élé traitées. Je préfère d’ailleurs vous l’avouer dès cet instant : par suite des habitudes d’esprit que vous me savez, je me suis moins attaché à suivre les détails, les inci- dents du congrès , qu’à l’étudier dans son ensemble et dans ses effels généraux. C'était un-spectacle vraiment curieux que celui de tant d’hommes accourus de divers points de l’Europe, inconnus les uns aux autres , et qui , dès leur première rencontre , se montraient enclins à une bienveillance, à une confiance réciproques ; ils étaient tous empres- . sés de s’initier aux opinions, aux institutions’ de leur pays; et ne tardaient pas à sentir combien ils ga- gnaient en liberté, en étendue d'esprit , dans ces en- seignements divers : or, rien n’est plus propre, suivant (3) moi, à effacer, dans les idées et les mœurs des peu- ples, ces différences, ces contradictions qui faisaient le scandale de Pascal, et l’excitaient à parler avec une si amère ironie de la raison humaine. Si l’abbé de St-Pierre vivait de nos jours, il ne man- querait pas de glorifier les congrès scientifiques comme un des moyens les plus propres à réaliser ses plans de concorde et d'harmonie , et je crois être l’interprète des sentiments de ceux que je m’honore d'appeler du nom de collègues, en proclamant que tous, nous nous sommes séparés avec l'intention de remplir autant qu’il dépendrait de nous , l’office de messagers de sympathie et d’alliance entre nos mutuelles patries. Les congrès ont, je le sais, été l’objet de bien des apologies, et tout à la fois de critiques sévères. Je ne veux examiner ici ni les unes ni les autres; mais pour ce qui m'est personnel, je n’hésite pas à affirmer qu’il y a dans ce genre de réunion un principe éminem- ment pacificateur, civilisateur, et que les avantages qui en dérivent surpassent grandement les inconvé- nients qu’on a pu leur opposer. Il n’est pas effectivement une idée, un fait utile ÿ qui, en se répandant au sein de ces assemblées , n’y profite à l’intérêt général. G’est le savoir de quelques- uns venant s’y produire à tous; c’est une même lu- mière dont les rayons se projettent sur toules les in- telligences qui en sont éclairées. La pensée qui travaille solitaire est celle qui crée sans doute les œuvres les plus admirées: mais la vie intellectuelle, dans le sens le plus général, a besoin ’être éveillée , excitée , pour se manifester dans toute son énergie et sa puissance. (4) C’est en le comprenant ainsi que l'Allemagne qui . en avait recu l’exemple de la Suisse, l'Allemagne , celle terre classique des études sérieuses , loin de dé- daigner les congrès, les a au contraire adoptés avec ardeur; elle a vu dans ces réunions libres un élément de progrès, un moyen pour les savants d’un même pays, de toutes les nations, de Yenir conférer utile- nent sur l’état de ia science, et de mettre en commun leurs travaux, La France et l’Angleterre HE dans la même voie , et poursuivent le même but. L'Italie à son tour , et plus que les autres, devait ÿ porter ses espérances el ses vœux; aussi ce fut un beau jour pour elle que celui où cette sorte d’institu- Lion se vit agréée par le souverain de la Toscane. Elle y fut saluée comme un heureux présage, et ce pré- sage n’a pas été trompé. La date du premier congrès ne remonte qu’en oc- tobre 1839 , et déjà l’existence de ceux qui l’ont suivi est consacrée par, une sympathie universelle. C’est là, Messieurs, un grand fait dont l’histoire enregistrera le souvenir si honorable pour Léopold II. Pise, la savante Pise, fut la première à jouir de celte précieuse conquête; et bientôt, une année après, le roi de Sardaigne accueillit avec une:même faveur la seconde assemblée du congrès dans, ses Etats. Florence, Padoue, Lueques , Milan, Naples, sont devenus successivement en possession du même hon- neur; car, il y a lieu de le dire, chaque ville de ce pays aspire à recevoir dans ses murs les représentants de toutes ces études qui font la gloire des nations; et (5) s’il est vrai que la haute et salutaire influence de ces réunions ne puisse plus être contestée, elle se démon- tre encore plus évidente, d’une nécessité plus parti- culière à l'Italie, partagée, morcelée qu’elle est en un si grand nombre d’États. Depuis Charlemagne, bien des projets ont été conçus, bien des efforts ont été tentés dans le but d’opérer la fusion de ces divers États en une seule nation. Toutes ces entreprises ont échoué. La plus récente et la plus puissante , celle de Napoléon, n’a eu qu’un résultat incomplet et passa- ger: cependant des âmes ardentes et généreuses, s’obslinent encore à poursuivre l’espérance de PItalie une etindivisible, Nul ne sait sans doute le secret de l’avenir; mais pour quiconque observe et réfléchit, l'Italie n’est pas mûre pour l'unité politique. L’unité qu’elle doit chercher, qu’eile doit préalablement con- quérir, c’est l’unité intellectuelle et morale, et © est celle-là aussi qu’elle ambitionne aujourd’hui dans ses congrès scientifiques. Leur convocation annuelle dans une de ses grandes cités, osb un des plus féconds moyens d’y parvenir, d'achever de dissiper les der- niers souvenirs de ces rivalités haîneuses de province à province, de commune à commune , de famille à famille, qui pendant tant de siècles ont agité, dé- chiré la Péninsule. Déjà, Messieurs, le sentiment de la fraternité italienne vient pénétrer-tous les cœurs, il pe fait chaque jour que se fortifier davantage. J’ai été letémoin des vœux, des plus nobles élans vers la mè;e commune. Les vicissitudes éprouvées par ce peuple, ne lui ont rien fait perdre de sa vitalité, de sa fé- condité. Il y a quelques années un grand historien, qui est (6) devenu un si grand orateur et un si grand politique, comparait ce noble pays à une belle fleur qui « envie d’éclore. Si aujourd’hui je n’achève pas la citation n- tière, c’est qu'il est juste de ne pas méconnaître que depuis lors, on n'y rencontre plus au même degré, ou du moins partout, les mêmes contraintes, les mê- mes souffrances pour les intelligences. Tous les gou- vernements y sont absolus en principe, mais en pra- tique plusieurs sont modérés, presque libéraux. Les grands ducs de Toscane font bénir leur autorité pa- Na" mais l’esprit de progrès se.manifeste sur- tout dans les deux royaumes gouvernés par des sou- verains tout à fait nationaux, la maison de Naples et la maison de Savoie. Celle-ci , issue des comtes de Maurienne , s’est élevée à force de patience et d’habilelé à la condition d’une dynastie royale. Elle a‘su se concilier les popu- lations qu’elle a successivement réunies sous son scepire. Le prince qui règne aujourd’hui est labo- rieux, éclairé, LE LE S'il n’accomplit pas dès à présent les réformes politiques qui seraient dé- sirables , il s'applique du moins à introduire dans les diverses parties de l’administration tous les perfection- nements dont elles sont susceptibles. Son gouverne- ment fait preuve d'équité : l’autorité se montre facile et protectrice à l’égard de tous; le roi Gharles-Aïbert est un roi qui comprend son époque, ses idées sont plus avancées que ses actes , de grandes espérances se tournent vers lui. Il peut lui être donné d’avoir un grand rôle à remplir; mais je ne veux, Messieurs , constater autre chose que les géuéreux efforts d’un pays qui cherche à s’unir par une initiation commune (7) aux sciences et aux arts, et à participer à des biens qui, dans l’ordre intellectuel et matériel , sont si ca- pables de-tenter son génie et son ambition. A ce titre, je vous signale en témoignage de la dispo- sition des esprits, la réception si magnifique faite aux congrès de Gênes ; et à cette occasion, je voudrais pouvoir vous raconter cet empressement enthousiaste dé tous les citoyens, à célébrer par tous les genres de manifestation, la présence de l’assemblée scientifique. - J'aimerais à vous décrire avec leur luxe et leur splendeur, toutes ces réunions nombreuses auxquelles j'ai assisté, dans ces palais superbes, où nous étions recus, et dont les merveilles des arts ont fait des de- meures princières. Ce tableau qui aurait eu son genre d’intérêt, je l’aurais essayé , sans la crainte de sortir des limites que n’assignent les convenanceés de ce lieu; ce qu’il m’apparlient de vous dire, c’est que les grandes exis- tences , les grands noms de la cité de Gênes ont tenu à honneur de s’associer à celte sorte de fête de la ci- vilisation italienne. Si je n’avais vu dans ces récep- tions somptueuses qu’une occasion de satisfaire à de fastueuses vanités, j'aurais gardé le silence. Mais les noms auxquels je me reporte, vous les verrez tous mêlés à nos discussions, et cités de la manière la plus honorable dans les procès-verbaux de nos séances. Il me sera aussi permis de ne pas mettre en oubli tout ce que nous avons trouvé de courtoisie et de bienveillant accueil dans la municipalité de Gênes, qui n’était elle-même que l’interprète du sentiment de loutes les classes; je ne saurais manquer de recon- naître avec gratitude tout ce qu’elle a apporté de (8) soins et d’attention pour rendre notre séjour agréa- ble et nous le mettre à profit. Tous les monuments nous étaient accessibles , les divers établissements de la ville nous ont élé constamment ouverts , et nous y étions partout admis avec une distinction remplie d’égards. La municipalité avait aussi, dans un but que vous apprécierez , fait dresser une table commune, afin de procurer aux membres du congrès un moyen de se réunir, Six cents d’entre eux pouvaient chaque jour y prendre place; on eût dit d’anciens amis , tant les re- lations s’y montraient faciles, tant la conversation était pleine de cet abandon qui lui prête un si grand charme. était sur une des hauteurs de Gênes, dans une de ces délicieuses villa, qu’à certaine distance on croirait suspendues dans les airs , que se lenait cet immense banquet où l’on ne pouvait trop louer la prévoyante organisation dans les détails, et admirer ce qu'il y avait de séduisant et de magnifique dans l’ensemble, Serait-ce là, Messieurs, une circonstance indigne d’être rappelée... je ne l’ai pas pensé. Toutes les villes d'Italie, en prenant pour devoir, à l’époque des con- grès, d’instituer une table commune accessible à toutes les conditions, où tous les rangs viennent se - confondre , m’ont paru faire par là un acte de bonne et intelligente hospitalité. Chaque soir aussi, les savants sara un autre lieu où ils étaient sûrs de se rencontrer, tant il offrait à tous d'agrément et d’attrait; les vastes et brillants sa- lons d’un palais avaient été mis à leur disposition; ils y trouvaient réuni tout ce qui peut satisfaire aux goûts: (9) et aux habitudes de chacun, et cet avantage si ap- précié pour des étrangers , nous le devions ‘à la gra- cieuse politesse d’une société littéraire dite Éd € recreazione, composée des personnes les plus distin- guées dans les sciences, dans les arts, ou par le rang élevé qu’elles occupent. Toutes ces manifestations de sympathique accueil n'étaient pas, je crois, indifférentes à connaître : elles vous apprendront dans quels sentiments et dans quel milieu s’est passé le congrès scientifique de Gênes dont je me hâte de vous parler d’une manière plus spéciale. Hp Ce fut le 14 septembre dernier et dans une de ces belles journées dont le ciel favorise l’Italie, en présence de l’animation joyeuse el du mouvement extraordi- naire de la population , que les membres du congrès se réunirent dans celte métropole de Saint-Laurent, dont la fondation remonte aux premiers siècles et qui porte encore l’empreinte de son ancienneté; recons- truite plus tard dans le style gothique. ornée à l’exté- rieur de bandes superposées de marbre noir et blanc , elle présente à l’œil un aspect imposant et sévère. Une messe solennelle : y fut célébrée par le vénérable archevèque de la ville, avec cette magnificence qui donne aux cérémonies du culte tatholislé un carac- ière si grand et si élevé. Les citoyens les plus notables de la ville, es fonctionnaires publics des différents - ordres, tous étarent venus se réunir à l’illustre assem- blée dans cette basilique qui ne suffisait plus à con- tenir la foule empressée. Le gouverneur-général de la province de Gênes, M. le marquis aile qui, pen- dant toute la durée du congrès, a si bien représenté (10) son souverain par l'éclat et l’affabilité de ses récep- tions, assistait là aussi pour témoigner tout à la fois de ses sentiments personnels, et du haut intérêt que le gouvernement portait à une solennité de cette nature. Lorsque celte pieuse cérémonie fut terminée, les membres du congrès se rendirent au palais ducal, vaste édifice, ancienne résidence des Doges. C’est dans la grande salle où ceux-ci jadis tenaient leur conseil , que commença la première séance. Je n’irai pas vous signaler ici les ornements qui la décorent et l'étendue de ses proporlions; vous n’y trouveriez qu'un détail trop secondaire, quoiqu’à vrai dire la majeslé d’un liea puisse ajouter à la grandeur des choses. » 5 + Le discours d’ouverture fut prononcé en ce jour par M. le marquis de Brignole-Sale , ambassadeur de Sardaigne en France. L’honneur de la présidence lui avait été décerné par . les suffrages du précédent congrès de Naples. Sa haute position, les grands souvenirs de sa famille auraient suffi sans doute pour expliquer cette élection, mais des titres plus flatteurs, parce qu’ils lui étaient plus personnels, la lui avaiert méritée, et il ne tarda pas à venir la ratifier avec un nouvel éclat, lorsque, dans un langage élevé , traçant si bien la règle des congrès, il en glorifia aussi le but et l'utilité dans les termes les plus chaleureux et les plus magnifiques. Amené par son sujet à envisager l’état général de la science , il ne se borna pas à en rendre compte. Sa pensée se porta plus haut -et plus loin; il fit connaître dans un éloquent parallèle ce qu’étaient les arts, les études pendant l’époque de nos anciennes guerres , el (11) tout ce qu’ils avaient gagné depuis le règne de la paix, en sorte que l’orateur sut faire un enseignement poli- tique de ce qui aurait pu ne se produire que comme appréciation scientifique. L’illustre président examinant ensuite les titres des Génois à revendiquer une glorieuse place dans les congrès, nous les représenta se distinguant dans les armes, les sciences, la navigation; portant, à l’aide de courageux missionnaires , le flambeau civilisateur de la religion catholique dans les contrées les plus lointaines ; et n’oubliant jamais au milieu de leurs in- térêts commerciaux, ce qui peut contribuer à toutes les splendeurs de la patrie; et c’est après avoir ainsi célébré la mémoire du passé, qu’il réclama au milieu d’unanimes applaudissements , un vote élogieux en fa- veur de ces jeunes Italiens qui, fidèles aux exemples laissés par leurs ancêtres, consacrent leurs travaux , leur intelligence , leur courage au progrès des sciences et au bien de leur pays. k M. le marquis François Pallavicini, dont le zèle pour le congrès a été si louable et si efficace , prit en- suite la parole, en qualité de secrétaire-général, et dans une allocution dont il sut rendre les détails inté- ressants par sa parole élégante et facile , il fit connai- tre à l’assemblée les dispositions réglementaires qui concernaient ses travaux et les matières qui devaient principalement être soumises à son examen. T'ous ces - préliminaires établis, et après la lecture des noms des délégués de chaque académie , il fut procédé à l’élec- tion des membres qui devaient être appelés à la prési- dence des différentes sections. E Nous étions mille au moins, et parmi les Français / (123 que j'ai été si heureux de retrouver au milieu de cette assemblée , je pourrais citer plusieurs noms justement estimés, et entre eux, celui du consul-général de France, M. Edouard Alletz, écrivain d’une grande pu- _relé de talent, d’une moralité si élevée, dont les ou- vrages ont été couronnés par l’Institut. Qu’il me soit permis de lui adresser de publics remerciments pour le patronage si utile, l'accueil si gracieux que nous avons reçu de lui, mes compatriotes ét moi. . Le congrès comptait aussi parmi ses membres des savants renommés en Allemagne, Mais l'immense ma- jorité était composée d’Italiens; il en est que j’ai par- ticulièrement distingués et dont le souvenir m’est resté bien précieux. César Gant , écrivain philosophe qui, après Bossuet, Vico et Herder, a osé concevoir et exé- cuter , si jeune encore, une histoire universelle, et qui dans ses récits pleins de grandeur et d’attrait, a mon- tré la Providence conduisant l’humanité vers le vrai, le bien et le beau , ces trois fins de la création. J’ai été singulièrement frappé du grand nombre d’ecclésiastiques qui assistaient au congrès et en sui- vaient les séances avec l’intérêt le plus assidu. C’est Fun tail tres SISMTGAUE te 000210, US UE PONS Je .savais qu’à toutes les époques le clergé ultra- montain avait possédé de grandes richesses intellec- tuelles, mais il les cachait au fond du sanctuaire: il les dérobait en quelque sorte aux regards profanes. Aujourd’hui il a cessé de mettre la lumière sous, le boisseau , il se mêle à la foule, armé du flambeau de la science; il participe activement au grand œuvre de la propagation des lumières ; il accepte et glorifie tou- (13) tes les découvertes, même celles qui jadis avaient excité ses susceplibilités. J’ai entendu les membres de ce même clergé auquel on a tant reproché d’avoir per- sécuté Galilée, je les ai entendus témoigner leur admi- ration, leur enthousiasme à la nouvelle qu’un astro- nome français avait par un élan de génie et par la force du calcul , trouvé un nouveau monde. Je signale, Messieurs , avec d’autant plus d’empres- sement, celte conduite, ces tendances du clergé ita- lien , que leur influence réagira sur le clergé de tous les peuples catholiques. Les prêtres français, il est vrai, n’ont pas attendu ces exemples, ils les ont de- vancés...., [ls ont pris une noble initiative. Mais dé- sormais, ils seront encouragés à marcher plus con- fiants et plus hardis encore dans la voie où ils sont entrés et qui, au surplus , n’est pas une voie nouvelle , c’est la voie antique, celle ouverte par saint Clément d'Alexandrie, saint Augustin, saint Anselme, saint Thomas, par les premiers pères el par les premiers docteurs de l'Eglise. Tous ont professé et pratiqué celte maxime que la plus haute orthodoxie consistait à confirmer, à expli- quer la foi par la science. Je quitte, Messieurs, les réflexions que fit naître en moi celle première réunion, pour vous rendre compte de l’organisation du congrès dont les travaux com- mencèrent le 15 septembre , et furent divisés par sec- tions , au nombre de huit. À Un magnifique bâtiment où existent de nombreuses salles , ornées de tableaux, de fresques, de peintures diverses, et qui sert de local à l’Université royale, fut consacré à la tenue des séances. ( 14) Nul lieu ne pouvait être plus convenable et mieux choisi. Il renferme un musée d'histoire naturelle , un cabinet de physique, un jardin botanique et une riche bibliothèque. Chacun des membres du congrès put ainsi trouver là tous les moyens d'étude, tous les élé- ments d'instruction. La première section, celle sur laquelle je dois du moins appeler de préférence votre attention, la sec- tion d’agronomie et de technologie , avait pour prési- dent l’abbé Raphaël Lambruschini, si distingué par son savoir et sa pureté de langage. Parmi les matières qui ont été traitées , un mémoire de l’avocat Marti, sur la comptabilité agraire, est venu particulièrement fixer mon attention. Ce mé-. moire , où se révélaient d'importantes théories écono- miques, avait pour but d’établir le rapport de la rente avec le capital, la part du propriétaire, et celle du colon. Vous concevrez tout ce qu’un sujet sembla- ble pouvait comporter d’idées et d’appréciations . diverses; aussi, souleva-t-il une discussion à laquelle plusieurs membres prirent une très vive part. Les associations agraires , leur meilleur mode d’or: ganisation, leurs avantages matériels et moraux, les moyens d’encouragements les plus efficaces à offrir, ont pareïllement occupé la section, et l’on ÿ a aussi recherché comment il serait possible de parvenir exactement à la connaissance des faits qui auraient mérité des récompenses aux plus dignes et aux plus vertueux. ; Ces questions que je me borne à établir, et dont la solution intéresse au plus haut degré l'Italie, ne seront pas elles-mêmes sans'un puissant intérêt pour la (15) France; et c’est ici que je dois regretter de ne pou- voir ni reproduire les lumineux aperçus présentés sur cette matière, ni remettre sous vos yeux les mémoires qui contenaient de précieux détails sur les lois, les coutumes agraires, et la condition morale des paysans. Chacun sait que le sol de l’Italie doit au bienfait de ses eaux, autant peut-être qu’au climat, la richesse de ses productions. Vous ne serez donc pas surpris de rencontrer dans les procès-verbaux des dissertations étendues sur les différents moyens d'irrigation qu’il convient d'employer, suivant la nature des localités, et le genre de culture; et d'apprendre que de nombreu- ses commissions sont venues apporter le tribut de leurs recherches. Les lois relatives à la propriété des fleuves , des cours d’eau, exerçant sur l’agriculture une grande influence, ont dû conduire nécessairement à la révision de cette législation elle-même, à l’effet d'y introduire les dispositions les plus utiles dans lin- térêt général et privé. Ge travail, déjà entrepris au congrès de Naples, doit se continuer à la prochaine réunion scientifique, tant l’on est justement pénétré en ce pays des avantages résultant de bonnes lois, et de bonnes pratiques en cette matière. La France ne possède point, sans doute, les mé- mes causes de fertilité; elle n’est pas dans des condi- tions aussi complétement favorables; elle n’a pas tous ces fleuves, ces lacs , ces versants de montagnes, dont la nature a été prodigue envers la Péninsule, où les terres , pour être fécondes, ne réclament qu’un fai- ble travail. Mais malgré cette différence, j'ai pu me convaincre que parmi nous on ne s’est pas assez alta- ché à s'emparer de la part qui nous a été faite dans (16) les mêmes ressources , ou que , cédänt trop à la puis- sance de l’habitude, à une prudence mal entendue, les propriétaires et les agriculteurs français hésitent à tort devant ces entreprises, ces premiers sacrifices, dont bientôt ils seraient si largement récompensés. J’ai vu dans le Midi bien des exemples qui seraient encourageants à citer; jai vu surlout dans le dépar- tement des Bouches-du-Rhône , sur les bords du ca- nal de Crappone, une contrée jadis inculte, presque délaissée , et aujourd’hui transformée en champs, en prairies, où se récoltent d’abondantes moissons; et à où il n’y avait , pour ainsi dire , trace d’habitation , ont surgi des usines nombreuses , des villages entiers se montrent , des milliers de bras sont activement oc- cupés; enfin partout, en. ces lieux, se révèlent la prospérité et l’aisance. . M. le marquis de Jessé Charleval, dont les ingé- nieux travaux ont.-enouvelé tout ce sol à l’aide de simples cours d’eau habilement appelés et distribués , qui par ses persévérants Ælforts a créé d’aussi satis- faisants résultats, avait d'avance. sa place marquéé dans ces sortes de discussions , et je me souviens en- core de la faveur qui accueillait les enseignements de sa brillante parole. Si je voulais suivre, dans toute son étendue , la sé- rie des questions qu’a traitées la section d’agronomie , je risquerais trop de m’égarer dans cette voie. Je sais d’ailleurs que l’honorable M. Guillory, qui a repré- senté au congrès de Gênes la Société industrielle de notre ville , remplira cette tâche d’une manière com- plète, el vous savez aussi qu’il s’en acquitiera avec cet esprit d'observation et d’analyse qui le, distingue (17) si éminemment. Je ne puis cependant ometire de faire connaître ici que la culture du thé a été l’objet d’un examen quiintéresse notre pays; et, à cet égard, les essais tentés , les heureux résultats obtenus par un de nos compatriotes , M. André Leroy, ont été accom- PER de trop d’éloges pour que je n’aie pas à cœur de:m’en rendre l'interprète auprès de cette assemblée. Il est aussi une branche d'industrie que j'ai lieu de croire trop. négligée dans nos contrées ; ellss y trou- veraient un DM qui est une des richesses du Midi : je veux parler de l’industrie séricicole. M. Palyart de Clamouse , chargé par le gouverne- ment français de créer, dans le département des Bou- ches-du-Rhône, desmagnaneries sur une vaste échelle, et qui en a dirigé l’entreprise avec un si grand suc- cès , a présenté des observations qui seraient de na- ture à nous faire désirer de semblables établissements. D’après lui, les petits éducat:urs, trop peu aisés pour faire les frais de ces vastes constructions aux- quelles s’approprient les'-srincipes de la ventilation , selon la méthode d’Arcet, pourraient y suppléer faci- lement par de modestes greniers de ferme, et d’une manière suffisamment profitable : c’est ce qu’attéstent de nombreux exemples dans la contrée qu’il habite. Je néglige les détails secondaires, quoiqu’ayant leur utilité: Je n’ai voulu fournir ici que des indica- tions générales , puisées à une source qui fait autorité en cette matière. Je n’aurais plus rien à ajouter sur la section d’a- gronomie, si elle s'était uniquement maintenue dans la sphère la plus ordinaire de ses travaux; mais elle embrassait aussi la technologie, et à laide de ce qu'il 2 (18) y.a d’étendu ou d'élastique dans cette expression , de hautes questions d'économie sociale ont été portées devant elle, et c’est un prêtre français. qui y.a pris la plus noble But, Ainsi on s’y est occupé de os des salles d'asile , des crèches , des écoles primaires, dés socié- tés de charité, de patronage pour. les libérés de pri- son, du régime pénitentiaire, et de la fondation de co- lonies agricoles pareilles à celle de Mettray. Ces diverses institutions sont encore presqu’étran- gères à l'Italie, elles n’y sont. du moins, et. pour: la plupart, qu’à l’état d'étude, de premier ‘examen! et loutes je les ai vues accueillies avec une vive ardeur Certaines d’entr’elles ont pu faire naître quelques hé- sitations , éveiller quelques craintes, mais le but, le principe de chacune , ont été consacrés par un.as- sentiment unanime; et je regrette, parce qu'il y'en aurait trop à citer, qu’un choix me serait difficile, de ne pouvoir désigner les noms de tous ceux qui se sont associés avec tant de zèle à cette mission d'humanité. C'était un beau spectacle que de voir tout ce tra- vail des intelligences inspirées.par le.cœur, s’attacher einsi à donner satisfaction à -ce qu’il y a de pressant , de réel , et d’inoffensif dans les besoins de la société moderne. Je me félicite, en vous ÿ arrêtant , d’avoir à nom- mer particulièrement ee prêtre que je, vous signalais tout à l’heure, M. l’abbé Fissiaux, chanoine a raire de Marseille et d'Alger, dont l’ éloquence s’est si chaleureusement animée en faveur de ces œuvres: Les idées philanthropiques qui, de nos jours, pous: sent vers ces. améliorations, les. sentiments qui en (US ) sollicitent le triomphe, sont en notre pays dès long- ternps compris , acceplés , et de plus en plus pratiqués. Nous vivons sous un gouvernement qui encourage toutes ces salutaires tendances , qui les entoure de sa protection ; et il y a peu de jours encore nous en avons recu le témoignage dans le généreux secours accordé à une de nos salles d’asile par M. le ministre de l'instruction publique , qui a eu en cette circons- tance un double mérite, celui de faire le bien, et de l’accomplir avec tant de grâce. Mais si je n’avais rien en soi à vous apprendre à l’égard de ces institutions que l'Italie ambitionne , je me suis plu à espérer que son imitation de nos exemples vous serait agréable à connaître. Il y a lieu de’ se réjouir d’une pareille propa gande en faveur de l'humanité, et de toutes ces alliances qui créées entre les peuples , sous ce pacifique symbole, engarantissent mieux que lestraités , les relations amies. Je n’ajouterai rien de plus, Messieurs , sur cette section; qu’il me soit cependant permis de ne pas supprimer les noms de quelques-uns de ceux qui y ont été si justement remarqués : les noms de Salvagnoli de Florence, du marquis Camille Pallavicini, de L: Manzoni de Milan, du marquis de Sambuy, du comte N. Priuli, député de l’Athénée de Venise, du professeur Mancini de Naples, qui a mis son talent au service des vues les plus élevées. Deux Français, que je ne puis oublier, apparté- naient aussi à cette section : M. Albert Guillion, mem- bre de la Société royale d’agriculture de Paris, et de plusieurs autres sociétés savantes, aujourd’hui rési- dant à Venise , oùil'a fondé d'importants établisse- ments agricoles ; M. Jullien (de Paris), connu de éha- (20) cun de vous , et qui, malgré-son âge avancé, conserve toujours la même ardeur pour les sciences , et le même dévouement à toates les œuvres de bienfaisanee et de charité. La section de géologie et de minéralogie a fait d’u- iles investigations dans le domaine qui lui est propre; plusieurs parties du territoire génois!' ont été par elle explorées avec fruit. Des cartes géologiques très ins- tructives ,.et dont l’une est due au général La Mar- mora , ont attiré la curiosité et l’attention. Parmi les membres tous érudits qui composaient celle section, j'ai à vous.citer le baron de Buch , ce savant Prussien dont le monde scientifique s’entretient en Allemagne, comme.en France on s’entretient d'A: rago; le professeur Pasini. de Schio; M. Michelin ; conseiller référendaire à la cour des comptes, dont les connaissances étendues se sont révélées à, nolre congrès angevin; M. Coquaud (d'Aix), qu’une: des universités de. Toscane est. venu nous enlever; tous uoms qui ne doivent pas être oubliés, et si j'ai omis celui du marquis Pareto, qui présidait cette section, c’est qu'ailleurs j'aurai à vous parler encore de lui. La section de médecine avait pour président le che- valier C. Speranza de Gremone; celle de chirargie; le chevalier G. Rossi de Sarzane. L’une et l’autre de ces sections comptaient une sé- rie d’autres illustrations , dans le nombre desquelles figuraient, avec ses | deux présidents Bo et Botto de. Gênes, Costa let Renzi de Naples, Zanardini et Nardo de Venise, Bertini de Turin, Roux de Marseille , ces äeux derniers déjà: connus de vous si. avantageuse- mené. ' (21) Dans les séances où j’ai assisté, une discussion infi- niment remarquable s’est élevée sur les causes de la peste, ses caractères, sa transmissibilité; vous n’igno- - rez pas, à ce sujet, combien la science dans l'intérêt de la santé publique, le commerce dans l'intérêt de ses relations, attachent d’importance aux solutions qui seront données. Ça été la matière d’un débat im- mense , qui mériterait d’être reproduit; je me borne- rai à exprimer que la contagion de la peste a été mise hors de doute, et que les partisans de l’opinion con- traire ont étéen très faible nombre. Mais si l’atilité des quarantaines, et le danger de leur suppression ont été presqu’unanimement reconnus , ilest vrai de dire aussi que les luttes anciennes ont perdu de leur ardeur, que tous les esprits penchent en général vers des mesures modérées , et dont l'application, quant à la durée, se- rail d’ailleurs subordonnée aux circonstances, et aux faits qui peuvent commander plus ou moins de pré- cautions , et de sévérité. _ Les deux sections dont je rends compte, et que je confonds pour devenir plus bref, ont livré Pune et l’autre à la discussion d'importantes questions. Ainsi, l'électricité y a joué un grand rôle; on à recherché quelle pouvait être son action sur diverses maladies , et même sur celles qui sont du ressort de la chirurgie. L’influénce d’un courant galvanique sur les mou- vements du cœur... La valeur de la galvano-puncture pour la cure des anévrysmes ; Les expériences tentées pour la guérison de Pa- maurose et de la surdité par l'application de l’élec- tricité ; (22) Toutes ces matières sont venues donner dieu à ‘des discussions approfondies. L’examen des maladies mentales , nerveuses, héré- ditaires, et de plusieurs autres, a aussi occupé:le corps médical. Mais c’est aux proaèss -verbaux que je dois m'en référer. Le, professeur Taddei, de Hlanedes, présidait Ja section de chimie ; dignement représentée avec luipar le professeur Cannobio; de Gênes. Ses travaux ont été sérieux : ils prouvent que cétte science est également en progrès en Italie. Les utiles découvertes dont: les. arts, et l’industrie sont redevables à nos célèbres chi: mistes français, ont puissamment contribué à dévelop- per ce genre d'instruction, et à en généraliser le goût. La section de zoologie, d'anatomie comparée, et.de physiologie , offrait un vaste champ à parcourir pour ceux qui marchent dans ces voies d’étude;! je n’ai connu ; de ce qui la concerne, que quelques-uns de ses membres. Mais j’aflirme la valeur de ses travaux et deses recherches ; en sachant qu’elle comptait dans ses rangs le marquis Spinola, qu’elle avait. pour pré- sident le si érudit professeur Alessandrini de Bologne, et pour secrétaire le prince Bonaparte qui soutient dans les sciences la grandeur de son nom, ce nom si difficile à porter ! La section de botanique et.de physiologie, végétale était présidée par le chevalier Bertoloni. Je me suis félicité de pouvoir lui faire présenter le mémoire d’un de nos collègues , sur la coloration en bleu de quelques espèces de melanium du genre viola. Ge mémoire vous est déjà connu; mais vous appren- drez avec plaisir qu’il a été apprécié par les botanistes (25) étrangers , comme il avait été par vous-mêmes. Les observations qu’il renferme ont paru dignes d’être constalées ; j'espère que M. Beraud me pardonnera d’avoir produit , sans y étre aulorisé , des découvertes dont il a eu le mérite, Je voudrais pouvoir vous rendre compte de la sec- tion de physique et de mathématiques dont le cheva- lier Amici était le président , mais ce serait une tâche impossible pour moi , et d’ailleurs bien difficile à rem- plir. J’indiquerai donc uniquément les studieuses re- cherches qui ont été faites sur Pélectricité , la foudre, les paratonnerres ; l’origine du: courant voltaique, l’action magnétique, les lois de l’acoustique, et les rè- gles de l’art musical. La science:, dans cette section , a su attacher beau- coup d’attrait à Loutes les théories qui ont été soule- vées; elle avait pour représentants les plus hautes renommées , ainsi menlionnerai-je Massoti, Marianini, Spandri, Piola , Oriolis. Combien d’autres seraient à désigner avec eux ! La liste en serait longue , et je la ferme par un souvenir personnel consacré à un jeune capitaine de génie de l’armée de Sardaigne, M. L. de Menabrea, qui s’est fait remarquet par un savoir, fruit des plus profondes études. f J’arrive maintenant à la dernière section, celle de géographie et d’archéologie; elle n’avait pas encore pris place dans les précédents congrès , et je l’annonce en témoignage d’un esprit progressif auquel s’est as- socié le gouvernement de Sardaigne. J'aurai peu à vous rapporter sur cette seclion, quoi- que l'ayant suivie de préférence à toute autre. Ge (24) n’est pas qu'elle n'ait présenté, qu’elle ne m'ait offert en particulier un vif intérêt, mais ilest des cho- ses que l’analyse décolore ; il est des faits, des obser- vations, des investigations historiques qui, pour être saisis, appréciés, réclament tout leur développement; et ce serait alors un travail qui aujourd’hui me serait interdit en raison de son étendue. Il est difficile, d’un autre côté, d'aborder des sujets qui ne sauraient être pour l’archéologue d’un utile enseignement , qu’autant qu’ils sont pour ainsi dire placés devant ses regards. Ainsi dirai-je d’un char étrusque, orné de bronze, d’un grand sarcophage d’albâtre transparent, portant des lettres étrusques, et deux figures humaines sur le couvercle, l’un et l’autre trouvés dans les terres du prince de Ganino; ainsi citerai-je encore un groupe de bronze que l’on eroil d’origine phénicienne, et qui, par sa forme , semblerait un sujet cosmogonique!, image de l’une des antiques croyances sur la création du monde. Comment, sans offrir ici les dessins qui nous furent présentés de ces monuments, y suppléer aujourd’hui par une simple description et rappeler une séance remplie de si curieux détails ! Je ne l’es- pérerais pas; je renoncerai, par le même motif, à vous entretenir d’un portrait lithographié de Ghristo- phe Colomb , envoyé par M. Jomard, de Paris;! mis en comparaison avec d’autres portraits connus, d’un bas-relief en bronze représentant la figure d’Aristote, ouyrage d’un artiste pisan, au XIV° siècle. Toutes les dissertations qui se sont produites sur ces divers sujets avaient alors une valeur historique et ar- tistique qu’il ne me serait pa donné. de leur rendre aujourd’hui. (25) L’archévlogie, cetle science qui pénètre dans les entrailles de la terre, qui remue la poussière des peu- ples primitifs , pour en faire sortir les mœurs, les usa- ges, les croyances, comprend un domaine infini, presque sans limites; c'est l’élude du passé par les monuments divers, même les plus communs et les plus grossiers. La difficulté , pour une assemblée qui ne peut con- sacrer que quelques jours à un champ si vaste, est donc de choisir les matières les plus appropriées au but que l’on doi s’y proposer. Je crois Messieurs, que celles qui ont été traitées vous témoigneront d’un choix aussi judicieux qu’attrayant. Vous savez l’anti- quité de Corfou, connue, dès avant Homère, sous tant de-noms divers , et immortalisée dans son Odys- sée sous celui de Gorcyre, qui fut habitée par les Grecs, envahie par les Romains, plus tard par les Vénitiens , et qui dut à sa situation d’être la plus im- - portante des îles Ioniennes. Or, c’est dans celte con- trée si riche par les souvenirs, les monuments de toute époque, que les investigations ont été portées avec une grande érudition. Les Lombeaux , les vases , les médailles, qui en ont pour ainsi, dire été exhumés, sont devenus, dans des récits descriptifs , une vérita- ble lecon d'histoire. À l’occasion de ces médailles ,-il en est qui seraient curieuses à rappeler, et notamment celles qui représentant le cheval: Pégase, symbole de Corynthe, attestent que les Corynthiens ont formé là un établissement. Les terres étrusques , de Tarqui- nia, Vulsinii, Cœre, ont été également explorées , et tout ce qu’on y a découvert a fourni le texte aux révélations les plus instructives de la science. (26) Elle a aussi interrogé les sépulcres égyptiens'où lon croit que des trésors ont été cachés: elle a passé en revue les antiquités observées dans/la Syrie et le Li- ban, discuté sur les causes qui pouvaient produire le son attribué au colosse de Memnon. D'autre part, elle a recherché quelles étaient les monnaies longobardes, romaines, génoises, la valeur à leur ‘attribüér’, et quelle était aussi la méthode des Romains pour com- poser les quatre opérations arithmétiques , avant l’ex- tension de leur domination hors de l’Lialie. Ilest dans l'archéologie un point resté obscur, et qu’on a cherché à éclaircir; il se réfère aux Nuraghi. Selon l’abbé Augier, membre si distingué de l’Institut historique de France, les Nuraghi ne seraient autre chose que des édifices religieux consacrés au culte des astres; mais d’autres opinions en feraient des ca- vernes, des sépulcres, ou leur donneraient encore une autre destination, Ce que j'aurais à ajouter, ne serait pas de nature à résoudre ce débat, je le laisse à l’état où il est resté. La géographie , à son tour, a fait delsavantes excur- sions. Se transportant au détroit de Gibraltar , elle s’est livrée à des recherches sur sa formation primi- tive , el sur ce puits de la Haute-Égypte, qui, placé presque sous le tropique, servait jadis à faire connaï: tre le moment précis du solstice d’été. L'Afrique et l'Amérique ont fourni ensemble au chevalier Librario l’occasion de lire, au nom du comle Graberg, un mémoire d’où il résulterait que les monuments découverts dans l'Amérique septentrio- nale, renfermeraient des inscriptions et des caractères semblables à ceux qui se trouvaient sur les monu- (27) ments africains, et tracés dans la même langue ; dans la langue des Berbères, des Amazigs , des Kabaïles , tous peuples habitant les vallées de l'Atlas. Ce serait à, Messieurs, un fait considérable qui ne saurait être avancé qu'avec une grande circonspec- tion, et que j'entends seulement exposer. La venue des Sarrazins, au VIII: siècle, dans la province de Savoie , dans le milieu de la France, leurs siéges, leurs combats, leurs wvicissitudes , ont été présentés sous les couleurs les plus saisissantes par un membre de la section ,; M. Beaulieu , et par suite l’origine des Frassineti de France et d’Italie en- core peu connue, a été éclairée par le marquis Gen- turione ; autant qu’elle pouvait l’être , et l’on a pensé que ces Frassineti, qui ne sont autres que des Ara- bes, avaient pris ce nom d’un lieu planté de frênes , où ils s'étaient établis. | Üne question ne se référant plus au passé, mais qui se lie à l’avenir, autant qu’au présent , celle des che- mins de fer, est venue se poser à la section de géographie. Jamais encore elle n’avait été abordée devant aucun des congrès italiens; et peut-être aussi n’avait-elle jamais été soumise à une discussion -pu- blique , à cet.examen qui en a fait un intérêt si na- tional. Les gouvernements de ce pays s’en étaient seuls , et isolément saisis. Chaque état avait exécuté les lignes qui étaient à sa convenance. Mais une pa- reille situation offrait de graves inconvénients qu’on n’a pas tardé à reconnaître, et c’est ainsi que, renon- çant à des préoccupations trop étroites, toutes, les pensées se sont réunies pour réclamer l’adoption d’un systéme d’ensemble; là, sans doute, se rencontrait ( 28 ). une tâche aussi difficile que grande. Il appartenait à lérudit historien que j’ai déjà nommé de ne pas en décliner le poids, et dese rendre l’organe d’un besoin si universellement senti. ; Celui qui, dans son histoire universelle, avait décrit avec tant d’exactitude, les faits, les lieux , les événe- ments de son pays, pouvait mieux que tout autre en savoir les relations, les nécessités, en connaître la to- pographie, et indiquer dès lors les directions à suivre pour concilier, dans ces voies nouvelles de communi- cation, les exigences des localités diverses avec l’uti- lité la plus générale. M. César Cantü, en exposant ses vues, dans un rap- portaussi lumineux que précis, y a montré l’impartia- lité d’un esprit qui cherche à servir tous les intérêts, sans vouloir en favoriser aucun au préjudice des autres. Dans ce projet, dont je ne fais qu’indiquer la pensée générale, Bologne paraîtrait devoir être le centre au- quel viendraient aboutir toutes les voies ferrées de lI- lalie , et qui elles-mêmes s’uniraient à celles de France et d'Allemagne. Il y a tout lieu de croire que les princes des diffé- rents Elats préteront bientôt leur concours à cette œuvre si importante; déjà ils se sont mis en ‘devoir d’en réaliser les commencements. Sous leurs auspices, une ligne partant de Tarente à l’une des extrémités de la Péninsule , se prolongeant jusqu’à Terracine , tra- versant ensuite la Toscane , la principauté de Lucques, irait se relier à celles de la Lombardie et des Etats sardes. Dès cet instant, la ligne de Gênes à Turin s'exécute avec une’grande rapidité; de la sorte, tout cet immense rail-way arrivant dans Ja vallée du P6, (29): ferait d'Alexandrie le point de départ de deux nouveaux réseaux, dont l’un, se dirigeant par Novare, Arona sur le Saint-Gothard, atteindrait la Suisse et les lignes allemandes; l’autre, qui nous intéresse plus spécialement, passant par Turin, franchissant le Mont- Genis, gagnerait les frontières de la France. On con- coit toutes les difficultés que doit présenter le perce- ment de cette longue chaîne des Alpes. Mais le roi de Sardaigne a vivement à cœur d'accomplir celte grande entreprise, et il ne reculera devant aucun sacrifice. Nous ne pouvons nous-mêmes qu'y associer nos vœux, car tout ce qui peut faciliter nos rapports avec l’ILa- lie, soit pour la visiter, soit pour y étendre nos rela- tions commerciales, nous devient un avantage. C’en est un considérable, principalement au point de vue de si- tuations politiques, aujourd’hui surtout que la confédé- ration des peuples du Midi a besoin de se former, et de se resserrer de plus en plus. S’il fallait considérer les chemins de fer sous un aspect plus général, il ÿ aurait lieu d’applaudir à ces créations nouvelles qui se mul- tiplient en tous lieux. Elles sont, par leurs effets ; la grande voie du progrès , de ce progrès qui tend à rap- procher les sociétés humaines , et à y introduire pour devise commune deux sentiments chers au cœur de l’homme et au citoyen : Patrie et humanité. Cette section, dont je n’ai présenté qu’une insufli- sante esquisse, réclamait de son président un goût sûr, ° une sage direction , une grande variété de connais- sances ; le chevalier Cordero di S. Quintino a prouvé, dans l’exercice de sa fonction, qu’il possédait toutes ces qualités. MM. de Caumont, Adrien Balbide Venise, faisaient (30 ) de droit partie de cette même section. L’un, fonda- teur de nos congrès français, a’ eu le mérite de don- ner aux études archéologiques une nouvelle impulsion, et de les enrichir de ses précieuses recherches ; l’au- tre s’est fait en géographie un renom qui s’étend en tous les pays, et auquel mes éloges ne sauraient rien ajouter, Tel a été, Messieurs, dans son ensemble ; le ‘congrès de Gênes, tels en furent les travaux, qui ; commencés” le 15 septembre , durèrent jusqu’aa 29: Ce dernier jour, une séance solennelle appela encore, dans la même grande salle du palais ducal , Passemblée scien- tifique. à Lors de sa première réunion, elle avait assisté aux discours d’inauguration ; dans cette secondes, non moins nombreuse, elle eut à entendre le résumé des matières qui avaient occupé les différentes sections. Le président et le secrétaire général ; les rapporteurs divers, tous s’acquittèrent de leur tâche avec un bril- lant talent d'analyse, et malgré le devoir si bien ac- compli d’être concis ; chaque orateur sut encore trouver place pour des sentiments et des paroles dont. l’assemblée fut vivement émue, et auxquels elle répon- dit par les plus sympathiques applaudissements.: J’ai encore souvenir de cette journée où chacun s’adres - sait des-adieux , témoignait le regret de se quitter, le désir de se revoir; et si tous ces sentiments échangés ne s’exprimaient pas dans un même langage , les effu- sions du cœur venaient leur prêter une langue com- mune, Le nom de Venise était répété partout comme l’ex- pression d’une espérance laissée à chacun. (31) On avait en effet annoncé que le prochain congrès aurait lieu en septembre , dans cette cité, et M. le comte Andrea Giovanelli, si digne d’an pareil hon- neur, en avait été proclamé le président élu. Peut-être, Messieurs, devrais-je m’arrêter ici; peut- être, en continuant , je dépasse les bornes ordinaires d’un rapport; je ne sais. Mais je crois que vous m'eussiez reproché de vous laisser ignorer certaines circonstances, certains détails de localité se ralia- chant accessoirement , il est vrai, au congrès de Gé- nes, mais qui n’en auront pas moins quelque attrait de curiosité pour vous , Messieurs , qui vous intéressez si vivement aux institutions utiles et profitables. J’abrégerai cependant cette revue ‘où je signale de préférence , et avant tous autres, ces monuments que la bienfaisance a élevés au malheur, et à l’indigence. Il serait difficile de rencontrer ailleurs plus d'esprit de prévoyance à l’égard des divers besoins; et autant d’é- tablissements de charité ! Je ne citerai de ceux-ci que les:plus remarquables, et à savoir : Le Grand Hôpital destiné aux malades et aux enfants trouvés, Hospice des Incurables, l'Hôtel des Pauvres; tons: les trois construits dans des proportions si vastes, avec une si grande magnificence d'ensemble et de dé- tails, qu’il a fallu des monceaux d’or pour les édifier, et'ensuite les dons d’une générosité ‘sans bornes pour les entretenir aussi largement qu'ils le sont. L’Asile des pauvres, alberso dei poveri, qui eut un Brignole pour premier fondateur, est surtout de nature à frapper, et à toucher vivement. C’est un immense édifice bâti sur une hauteur , d’une architecture im- posante et si vaste, qu’on a pu y loger quatre mille (32) prisonniers allemands. Il renferme aujourd’hui envi- ron deux mille personnes distribuées par quartiers, se- lon l’âge, le sexe, la condition morale. On y recoit les orphelins , les enfants dont les ins- Lincts se sont révélés dangereux, les femmes ‘égarées par lewice, et qui peuvent être ramenées à la:vertu , les pauvres , et principalement les vieillards ; ce qu'il convient de remarquer, c’est que chaque individu tronve , suivant ses aplitudes et ses forces, un moyen, d'occupation et-de travail dans de nombreux ‘ateliers établis dans cette prévoyante intention. Quoique ce puisse être hors de propos, je né voudrais pas quitter cet hôtel dés pauvres, sans rappeler: deux chefs-d’œu- vre qu'on admire dans son église : l’un de Miche:- Ange, qui représente, sur un bas-relief, la Vierge te- nant dans ses bras le corps inanimé du Christ; l’autre, une Assomption en marbre blanc, due au :ciseau de Puget, ce célèbre sculpteur français. Lorsque jai visité ces trois grands établissements, où sont secourues les diverses misères , j'en ai remar- qué l’extrême propreté, la tenue parfaite , la bonne adminisiration , toutes choses qui du reste se consta- tent au même degré dans nos maisons hospitalières; mais ce qui, ne s'étant nulle part présenté pour: mot d’une manière, aussi sensible, m’a profondément im- pressionné, c’est la vue de œolossales:stalues en mar- bre, qui apparaissent aux regards , lorsqu'on pénètre dans l’intérieur de ces demeures. Partout, dans les cours, sous les portiques, dans les salles, on y: voit debout et présente; l’efligie,de ceux ; qui par leurs:li- béralités. ont été les bienfaiteurs de ces asiles. Cette idée, qui.m’a paru pleine de grandeur, ne serait-elle (33) pas digne d’être proposée en exemple! Je ne sais si quelques esprits sévères seraient enclins à ÿ trouver un encouragement trop direct à la vanité humaine ; mais ce reproche, fût-il quelque peu fondé, je crois que le sentiment qui nous pousse au bien, en vue que notre mémoire ne périra pas, est un noble sentiment qu’il convient d’exciter. N'est-ce pas, d’ailleurs, une pensée utile et consolante à offrir à ceux qui souffrent, que de leur représenter, par des images sans cesse placées sous leurs yeux, qu’il existe , et qu’il a toujours existé des cœurs dévoués au soulagement de leurs infor- tunes. J’ai aussi parcouru avec un grand intérêt une mai- son destinée aux aliénés , et qu’on désigne sous le nom de Manicomio.Sa construction se présente sous la forme d’un bâtiment octogone ; ses distributions ressemblent beaucoup à celles qui sont pratiquées dans les maisons régies par le système pénitentiaire proprement dit. Une salle circulaire , qui existe à chaque étage , y sert de point central où viennent aboutir tous les corridors; et c’est ainsi que la surveillance devient plus facile et plus sûre. Il paraît que jusqu'ici l’on a eu lieu de se féliciter de ce mode de construction, que j’indique pour ce motif. J'ai de plus à vous rendre compte de différents au- tres établissements : A Une école royale pour les beaux-arts, la marine; des écoles primaires pour les deux sexes, une uni- 3 (34) versité d’où relève l’enseignement secondaire et supé- rieur dans les diverses facultés : voilà ce qui existe , à l’égard de l'éducation, complétée si je puis dire, par l’étude de la langue française cultivée dans un grand nombre de colléges particuliers. Üne maison , dite conservatoire , qui reçoit 300 jeu- nes filles , et qu’un membre de l’ancienne famille des Fieschi a fondée dans un esprit philanthropique, est devenue presque célèbre par la fabrication de ces fleurs artificielles qui s’exportent dans toute l’Europe. Une institution de sourds-muets , dont l’humanité sera éternellement redevable à un nom français ; S’ap- plique avec sollicitude à adoucir le sort de cette classe infortunée; admirable invention qui, née du génie, d’un bon cœur, dérobe à la nature une partie de ses torts, à l’aide d’un dessin, d’un alphabet-manuel, sup plée presqu’à la parole, et fait entrer dans l’esprit, par les yeux, ce que les oreilles ne peuvent lui faire en- tendre. Une exposition des produits de l’industrie, que l’on avait réservée pour l’époque du congrès , a eu lieu, pendant toute sa durée , dans les salles et cours d’un vaste séminaire. Elle ne pouvait manquer d’exciter vive- ment la curiosité et l’attention. Chacun, pour son pays, aime à connaître l’état des industries chez une autre na- tion, à en apprécier le degré et les différences; c’est tou- jours d’un utile enseignement, et, pour quelques-uns, le sujet d’une louable émulation; et, s’il est incontesta- (35) ble que la France n’a pas de rivale, il est juste de dire que l’exposition de Gênes, riche en productions de tous geures , a prouvé que l’industrie sarde avait fait elle-même de sensibles progrès. M. le baron Jacque- mont, magistrat distingué du sénat de. Chambéry ,-et_ dans les arts, homme de goût , a trop contribué au succès de cette exposition , pour qu’il ne trouve pas ici, malgré ma qualité d’étranger, la mention des élo- ges qu’il a mérités des classes laborieuses de son pays. N’aurais-je donc pas , Messieurs, à rendre encore un autre genre d'hommage à la ville de Gênes; n’au- ricz-vous à en savoir que ce que je vous ai déjà ra- conté de son état présent, Sans doute, elle n’a pas à présenter ces souvenirs, ces œuvres que le génie a laissés pour héritage à Rome et à Florence, et les grandes et poétiques impressions qui planent sur le golfe de Naples ne se retrouvent point sur ses rivages. "Mais on aurait tort de croire que celte ville a été exclusivement dominée par l'esprit du commerce et l’amour du gain; son opulence n’a point été stérile pour les arts, elle leur est venue en aide et en protec- tion constante. Les richesses des seigneurs génois ont été employées à construire de magnifiques palais , à faire fleurir la peinture et la sculpture. Qui pénètre dans-ces murs, y verra ces palais dont les conceptions, sorties des écoles de Michel-Ange , de Bernino, attes- tent le goût, la noblesse et l’élégance; palais si ma- gaifiques, que Rubens en a entrepris les dessins et (36) l’histoire, et qu'ils ont donné lieu à M®° de Staël d’en dire qu’ils avaient été bâtis pour un congrès de rois. Que si on les parcourt à l’intérieur, il y a encore beaucoup plus à admirer : les objets d’art les plus cu- rieux , le luxe le mieux choisi des ameublements an- ciens et nouveaux, ÿ viennent satisfaire les regards. Des marbres précieux, du travail le plus poli, aux cou- leurs les plus variées, se montrent partont avec leur riche éclat; et l’or répandu dans les salons s’y étale avec une délicate profusion. Quc dirai-je de tant de fresques gracieuses qui décorent les murs, les plafonds, et de ces ornements si achevés, dus à la sculpture ? Je préfère n’en rien décrire, et me borner à reconnaître, dans ces tributs de l’industrie, et ces créations de l’art, la présence du meilleur goût, et la main des meilleurs artistes. Chacun, ou presque chacun de ces divers palais ren- ferme une collection de tableaux; aussi, quoique Gé- nes ne possède pas de musée, selon l’acception ordi- naire du mot, on peut dire qu’il y en a partout. De ce nombre est le palais royal, où j’ai vu des Titien , des Vandick, et peut-être le chef-d'œuvre de Paul Véro- nèse; sa Madelaine dans la maison du Pharisien , ou- vrage si divinement exécuté par des mains humaines. Les palais Durazzo , Tursi-Doria , Balbi, Spinola, Pallavicini , la splendide demeure des Brignole, celle où le président du congrès recevait avec une si noble magnificence; tous contiennent des œuvres des plus (37 ) grands maîtres. Mais en signalaut ces richesses artisti- ques , que de tout temps les Génois ont cherché à se procurer, et dont ils ont aimé à embellir leur cité, j’ai à dire que celle-ci revendique aussi l'honneur d’avoir donné naissance à des peintres qui font école; et en ef- fet, quatre écoles distinctes se remarquent dans leurs productions. La première, dont le pinceau s’exerçait sur un fond d’or, eut pour instituteurs des artistes étrangers; la seconde, dirigée à ses commencements par Sacchi de Pavie, Perino del Vaga de Rome, l’un des brillants élèves de Raphaël , vit dominer, au xvie siècle, les peintures à la fresque qui enrichissent les palais et les églises de Gênes; elle compta parmi ses maîtres les deux Semini, Bernardo Castello , Luca Gambiaso et Paggi son disciple. La troisième école cite avec orgueil Sarzana, Ferrari , Castiglione dit Be- nedette , Andrea Ansaldo, époque remarquable où le génie des artistes nationaux eut à lutter contre des ri- vaux venant de tous les pays apporter leurs œuvres et leur talent, contre les peintres les plus fameux, tels Rubens et Vandick, que la munificence des patri- ciens avait attirés; et c’est ce qui apprend par à com- ment l’école flamande trouva tant d’imitateurs, et sem- bla un instant prévaloir. | | Enfin , la quatrième époque vit fleurir. l’école ila- liennc, c’est-à-dire que les peintres génois revinrent aux grands modèles qu’elle leur offrait: et entre tous ceux qui s’y distinguèrent à travers une foule d’autres, (38) Bartolomeo , Guido Boni, Andrea Carlone , Girolamo Piola, Antonio Favella, doivent vous être nommés, La sculpture, cet art si ancien ; qui, après avoir été déjà en vigueur en Egypte, atteignit sa perfection en Grèce ; cet art que l’Ialie nouvelle a recu de la Rome d’Augusie comme une tradition sacrée à maintenir, ne pouvait être négligée dans l’ancienne capitale de la Ligurie; et s’ilest vrai que les beaux-arts ont besoin d’être réchauffés par un peu d’or, car le génie se flé- trit dans la détresse , l’opulente Gênes qui avait tant de palais à décorer, devait, plus que tout autre, encou- rager la Staltuaire. Elle a eu effectivement à s’honcrer d’avoir produit Philippe et Dominique Parodi, Bernard et François Schiaffino, dont les ouvrages jouissent d’une grande et juste renommée. Et toutefois cette ancienne république ne fut pas si riche en sculpteurs qu’elle l'était en peintres; il y a même dans les tra- vaux des premiers une recherche , une affectation que n’approuve pas un goût sévère; eb c’était en général un des défauts des artistes du xvie siècle; ce défaut , qui se montre en particulier dans les monuments de quelques églises , n'empêche pas qu’elles ne renfer- ment de très belles œuvres... J’y ai va des slatues, des groupes, des bas-reliefs sortis du ciseau de sculpteurs génois, et vraiment dignes de fixer l’ad- miration. Les mêmes églises ‘sont aussi , sous les autres rapports, infiniment remarquables. La distri-- bution de plusieurs est grandiose, et à la fois gracieuse. (39) Un grand nombre se distingue par la magnificence. Il en est qui ne sont que marbres , dorures , et pierres précieuses ; j’ai entendu critiquer cet excès dans les ornements , mais ils ont été si bien ménagés , leur dis- position est si bien entendue, ils produisent un si puis- sant effet, que j’hésiterais à admettre ce genre de re- proche. Si, quittant la ville de Gênes et portant plus loin mes regards, je vous faisais traverser la route qui, de cette ville, conduit à Nice, cette route, qu’on appelle la Corniche ou la rivière de Gênes, vous y apercevriez réuni tout ce qui manifeste encore le sentiment de l’art; car il ne consiste pas uniquement à produire des statues , des tableaux, des monuments , il se reconnaît à d’autres caractères ; il existe là où l’on sait mettre de la poésie. Or, quine serait pas saisi de ces poéliques spec- tacles qui s’offrent avec de si vifs enchantements dans ce côté du littoral qui nous ramène vers la France. Non que je veuille vous faire une description des villes et des lieux qui s’y succèdent, mais il est impossible d’oublier ici des contrées où l’art s’est si grandement révélé. Sans doute, la nature seule a beaucoup fait ; on lui doit cette végétation qui s’étale dans de riantes vallées; c’est elle qui a créé ces brillants promontoires, ces horizons si beaux, cette mer et ces flois où se dé- veloppent des scènes si majestueuses. Mais avoir su s’emparér, par le travail et d’intelli- gents efforts, de ces sites pittoresques, pour y placer (40 ) de ravissantes demeures, y construire des villa dont les façades peintes avec élégance , embellies par des fresques , s’accordent si bien avec le paysage qui les entoure; transformer des collines abandonnées en des parcs immenses, en jardins savamment dessinés, où se jouent mille heureuses surprises ; faire naître , à côté des torrents, des haies de myrthe et d’aloès , des allées de citronniers; dérober ensuite aux rochers les plus _ardus des espaces, pour bâtir des églises dont les cou- poles et les clochers s’annoncent sous des aspects tour à tour imposants et gracieux ; unir, à l'aide des plus in- génieuses conceptions, les décorations nées de la na- ture à celles qui viennent de la main de l’homme; à mes yeux, c’est encore l’art, dont les manifestations se révèlent dans le beau qu’il réalise. Je ne voudrais pas insister davantage sur les titres qui, sous tous ces rapports, assignent à Gênes un rang distingué. J’arrive à un nom qui, à lui seul, illustrerait cette cité, et par lui je reviens au congrès , qu’un ins- tant j’ai pu paraître oublier, pour vous rendre compte d’une de ses plus grandes solennités, Le 25 septembre, on procéda à l'inauguration de la statue que Gênes a élevée à Christophe Colomb. Elle revendique pour elle l’honneur qui lui a été disputé par Gogoretto d’avoir donné le jour au plus grand des navigateurs. L’illustration maritime de Gênes doit faire pencher en sa faveur, dans celte noble querelle analogue à cellequis’estélevée sur le berceau d’Homère. (41) Je crains, Messieurs, de faire abus de descriptions, mais je vois encore le spectacle imposant de cette cé- rémonie qui se passait en plein jour, sur l’une des plus grandes places de la ville, au milieu d’une affluence innombrable de personnes de tous rangs, de tous pays. Je me rappelle ce concert de voix narmonieuses chan- tant en chœur une hymne composée pour celte fête qu’une grande pompe avait environnée; toutes les autorités y étaient présentes, et Mgr l'archevêque qui présidait, eut à bénir la pose de la première pierre. Get accomplissement d’un pieux usage sem- blait avoir encore plus de majesté en ce jour. Dè celte place, on apercevait la Méditerranée que, de notre temps, on n’a pas craint d'appeler quelquefois du nom si modeste de lac. Pour les anciens, elle était immense; à peine s'ils osaient en franchir la porte. L’Océan leur apparaissait comme le domaine de Pin- fini. Cependant, quelques-uns y plaçaient une mysté- rieuse Atlantide, qu’ils embellissaient au gré de leur imagination. Le génie positif et calculateur de Golomb substitua à ces poétiques pressentiments l'affirmation audacieuse d’un nouveau continent; au point de vue géographique, c’était se montrer inspiré; c’était se faire révélateur à la manière, ct à légal de Copernic, de Keppler, de Newion, en astronomie. Dans un discours qui intéressa et émut profondé- ment ses auditeurs , le marquis Parelo retraça Loutes les vicissitudes que Golomb avait traversées; il rappela (42 ) sa naissance obscure; il représenta ce fils d’an simple tisserand destiné par son père à la navigation mar- chande, et à peine ayant fait quelques voyages sur mer, déjà en possession de l’idée d’un nouveau monde, idée si active et si puissante en lui, que pour en réali- ser la démonstration, il né recule devant aucunes peines, aucuns sacrifices, il se résigne à toules les si- tuations , se fait humble devant les grands, mendiant devant les cours, prenant tous les rôles , acceptant toutes les épreuvesavec cette fermeté d’une âme qui n’a d'autre souci que l’accomplissement de son œuvre. L’orateur, dans son récit, nous le fait voir ensuite s’embarquant en Andalousie, avec trois faibles bar- ques, pour aller chercher ces continents nouveaux vers lesquels se tournent ses regards et ses pensées ; puis, son entreprise achevée après tant de cruelles incerti- tudes et les périls de toute espèce , il nous le dépeint accablé sous les coups de l’envie et de la calomnie, jeté dans les fers , dépouillé de tous les honneurs qu'il avait reçus, et terminant tristement ses jours, loin de sa patrie , dans une ville espagnole. Et qui le croi- rait? ce grand homme n’a eu ni la satisfaction, ni même la gloire de donner son nom à ce continent dont il avait pressenti et abordé les rivages, et le beau nom de Colombie que conservent les terres de Grenade et de Venezuela, n’est que la réparation tardive d’une grande injustice historique. Gette image, Messieurs , de Colomb pauvre , persécuté, trahi, dominait dans (43) mon âme pendant que les navires rassemblés et grou- pés symétriquement dans la rade, parés de leurs pavil- lons flottants, faisaient retentir le canon... En écou- tant celte formidable harmonie par laquelle les re- présentants de presque toutes les nations célébraient la mémoire de Colomb, je faisais un retour sur le passé , et je comparais ces hommages qui lui étaient rendus plus de trois siècles après sa mort, aux injus- tices, aux ingratitudes inouies qui avaient désolé sa vie. Dans l’ordre intellectuel comme dans l’ordre re- ligieux, le martyre est la condition d’une gloire immor- telle; par une conséquence de celte loi qui lie les choses du ciel aux choses de la terre, les grands hommes ont aussi leur calvaire; et la vérité qui est en eux doit d’abord être couronnée d’épines pour rayonner de tout son éclat devant la postérité. Mais cette journée où une illustre mémoire recevait la consécralion de son pays, devaitencore marquer sa date par une de ces démonstrations qui témoignent de l’allé- gresse publique. Onillumina la ville, ainsi que le port de, Gênes, et tels furent les effets enchantieurs de cette illumination qu’on les eût crus empruntés à ce mer- veilleux qu’on raconte du pays des féeries. Les yeux éblouis un instant par des feux sans nombre, pouvaient à peine considérer les magiques points de vue qui s’é- chappaient de tous côtés, et surtout contempler avec assez d’admiration cette masse étincelante d’habita- Lions pittoresquement groupées, et s’harmonisant (44) entr’elles par mille reflets divers qui se dessinaient sous un ciel doux et pur. Que pour tenir lieu de ce qu’une description serait impuissante à rendre , on se figure ane ville, assise en demi-cercle autour de son port, construite en amphithéâtre sur les flancs d’une montagne , se déployant avec ses forteresses, ses remparts, sa multitude d’édifices, ses jardins, ses terrasses parées d’arbustes et de fleurs tous descen- dant par degrés les uns sur les autres, et s’approchant jusqu'aux pieds du rivage; ce tableau ne sera point une fantastique image, il est celui de Gênes, telle qu’en cette soirée je l’ai vue si superbe, au milieu des clartés enflammées qui resplendissaient sur son vaste horizon. Permettez-moi, Messieurs , de mentionner un autre épisode qui, j’en suis sûr, excitera votre intérêt. La flotte française commandée par le prince de Joinville, stationnait en quarantaine dans le golfe de la Spezzia, situé à 25 lieues de Gênes, ce golfe si ma- -gnifique que Napoléon avait songé à en faire le pre- mier port de son vaste empire. Chacun était empressé d’aller y visiter notre flotte, Le bâtiment à vapeur le Castor avait été disposé pour cette excursion mari- time : près de 500 personnes y étaient montées. Bien- tôt nous arrivâmes en vue de notre escadre, et tous nous fûmes saisis d’une même impression : il y avait B des étrangers en grand nombre, des ofliciers de l’armée sarde , des Français de toutes les opinions, et (45) je le dis à l’honneur de tous, il n’y eut qu’une même manifestation, qu’une même ct sympathique admira- tion pour ces vaisseaux si superbes et si agiles , qui se balancaient avec tant de puissance et de grâce, lou- jours prêts à obéir au premier signal du Prince qui les a déjà conduits à la victoire, avec l’ardeur d’un jeune homme et l’expérience d’un vieux marin. Combien nous eussions été heureux et fiers de ré- gracieuse invitation de le visiter à son bord ; mais la nuit s’avançait, la mer était agitée, pondre à sa plusieurs crurent qu’il serait téméraire d’affronier les ténèbres et les flots. Quant à moi, je suivais d’un re- gard plein de regret et d'amour les lointaines ondula- tions du drapeau de ma patrie, et j'arrivai dans le port fatigué d'émotions, pour me rendre bientôt à une fête où le prince que nous quittions , aurait as- sisté lui-même si ses devoirs ne l’avaient appelé ailleurs. Cette fête qui avait été improvisée dans l'espoir de sa présence par M. le duc de Galiera, réunissait une reine, des princes, les noms les plus illustres, des savants, des artistes et les invités à divers titres. tous les genres de luxe y brillèrent... le beau s’y montrait sous ses formes les plus attrayantes... des fleurs , des flots de lumière inondaient une suite de salons où les arts avaient dispersé Loutes leurs séduc- tions ; on peut dire de cette réunion qu’elle fut vrai- ment royale par la splendeur , italienne par l’enthou- siasme, ce don presque céleste , française par la grâce (46) el l'élégance, agréable à tous’ par cet accueil empressé qui y répandait tant de charmes. | Voilà, Messieurs , le résumé des souvenirs que j'ai gardés de mon séjour à Gênes. Ces souvenirs me res- teraient bien précieux si j'avais réussi à vous y asso- cier avec quelque intérêt. Je vous l’ai déjà dit, Milan, Florence, Turin , et toutes cesautres villes que j'ai précédemmentnommées, ont eu tour à tour leur congrès : Venise dans le cours de cette année aura le sien. Partout , dans cette Italie qu'éclaire un soleil si beau, qui possède les plus éclatants chefs-d’œuvre des arts, qui s’est illustrée par tant de belles découvertes, et par la grandeur de ses conceptions philosophiques et littéraires, vous rencontrerez des cités dont les souvenirs anciens-et les illustrations modernes appellent dans leur sein ces réunions savantes, et en juslifient la présence. Mais le vrai, le grand congrès italien, serait celui de Rome... Le couronnement de Pétrarque au Capitole fut, il ya cinq cents ans, un des stimulants les plus actifs de cet élan des esprits qui enfanta la glorieuse époque de la Renaissance. La convocation d’un congrès scientifique dans la ville éternelle, et au milieu du xix° siècle, serait un événement d’une haute portée. Rien n’atiesterait mieux Îles vues généreuses et prévoyantes du saint Pontife qui déjà s’est signalé par tant d'actes de clé- mence et de sagesse. Gelte espèce de concile laïque, ("4259 tenu sous ses auspices, serait la manifestation de l’idée dont les chemins de fer vont être l'instrument matériel. : Rome doit fournir à l’Italie le centre intellectuel et moral vers lequel elle gravite , il ne saurait s’agir pour celle-ci de refaire en quelque sorte sa carte politique où plusieurs souverainetés nationales sont si bien constituées, non plus que pour Rome de ressusciter le fantôme de la théocratie Guelfe. Guelfes et Gibelins désormais seraient également odieux et funestes; mais me plaçant en dehors et au- dessus de toutes ces vieilles querelles, j’aperçois dans le chef de l'Église universelle le médiateur politique , qui peut’ rendre à l'Italie l'unité, la liberté, et lui faire régulièrement accomplir, par les voies les plus sûres, le mouvement social qui travaille ses esprits. C’est un insigne honneur pour notre patrie que ses intérêts les plus chers ne soient autres que les pro- grès de la civilisation chez les autres peuples : c’est laussi un glorieux privilège que de pouvoir sou- haiter à tous, les biens dont nous jouissons. ; Mais nos vœux les plus chers doivent être pour l’T- talie; notre mutuel intérêt nous commande avec elle une alliance de plus en plus intime; et aujourd'hui plus que jamais, c’est ma vive espérance. Ne croyez pas que ce pays ait gardé quelques ressentiments des fréquentes invasions que nous y avons faites. Trois fois je l'ai visité, et toujours j’y ai vu combien le nom de la France y était aimé et respecté. Là, (48) plus qu’en toute autre contrée, les armées: françaises ont déployé cette vertu qui leur est propre de laisser des sillons de lumière partout où elles passent. Nous avons d’ailleurs abdiqué l'esprit de conquête, nous préférons avec raison les conquêtes fraciucuses des arts aux victoires si souvent slériles du glaive; nous avons pour destinée, et la meilleure dc toutes, de nous faire l'appui, les protecteurs de ces principes d’éter- nelle vérité qui doivent régir le monde ; notre drapeau s’est acquis assez de gloire dans les combats pour ne plus ambitionner un auire rôle... mais s’il reparaissait jamais comme un signal de guerre , ce ne serait alors que pour venger des oulrages, réparer une de ces grandes iniquités qui portent atteinte à des droits in- violables, ou pour opposer une légitime résistance à des actes qui compromettraient les conditions de l’é- quilibre européen. La diplomatie française a fait un premier pas vers le but auquel elle doit tendre. Elle vient de maintenir en Espagne les traditions de Louis XIV... Il s’agit de reprendre en Italie la politique de Louis XV, non pas celle qui laissa partager un royaume, mais celle qui enfanta les pactes de famille. Il faut de plus en plus rattacher les deux Péninsules à notre cause... Je me trompe, Messieurs,-en la nom- mant ainsi,.. car c’est la cause du monde entier , la cause de la justice et de la liberté pour toutes les nalions. (49) TE ES D ee | RAPPORT UN TOMBEAU GALLO-ROMAIN, - ADRESSÉ à M. BORDILLON, Préfet de Maine et Loire, SOUS LES AUSPICES DE®LA SOCIÉTÉ D’AGRICULTURE, SCIENCES ET ARTS D’ANGERS. nt G—— Monsieur LE PRÉFET, Sur votre demande, je m’empresse de vous présen- ter le rapport suivant, relatif à la découverte d’un tom- beau faite dans la partie Nord-Est de la Gare en pro- jet du chemin de fer (traverse d’Angers), à 103 mètres du pont provisoire de Frémur. : Le samedi 15 juillet 1848, M. Grille, ingénieur, vint m’averlir. Rendu immédiatement sur les lieux, j’aper- cus l’ouverture d’une crypte voûtée, avec des briques posées en rayons et liées entre elles par du ciment rose d’un centimètre et demi d’énaisseur. Les briques en très grand nombre sont plates, cha- : cune ayant une intaille servant de poignée, et ont de longueur 32 centimètres sur 26 de large ct 3 et demi d'épaisseur. Je distinguai seulement sur l’extrados de la voûte quelques fragments de briques à rebord. Le- on (50 ) dit extrados est surmonté d’une couche de ciment, puis de quelques pierres d’ardoises brutes, recouvertes elles-mêmes par une autre couche de ciment ; le tout formant une enveloppe ou chape horizontale, au-des- sus de laquelle la couche du sol a environ un mètre de hauteur. La coupe du lerrain présente trois zônes super- posées : la plus élevée est un détritus végétal , celle du milieu se compose d’un mélange d’argile et de gravier , la plus basse d’une couche d’argile seu- lement. __ La crypte qui appartenait évidemment à la classe des monuments funèbres non apparents, occupe la zône intermédiaire. Le sommet de l’intrados de la voûte, n’est pas re- crépi à la chaux, tandis que le reste des parois intérieu- res l’a été, ce qui nous dispose à croire que ladite voûte ne fut construite qu'après le dépôt du cercueil. Ce caveau , intérieurement, a de largeur environ 49 centimètres 63 de hauteur, et 1 mètre 64 centi- mètres de longueur. Des fissures à la voûte, et du chevelu de racines entre les briques, donnent lieu de penser que certaines in- filtrations ont existé. Cette grotte se trouve être sur sa longueur, placée dans le plan Nord-Est, Sud-Ouest de 38 degrés. L’é- paisseur de la voûte et de ses parois n’a pas moins de - 830 centimètres. Ce caveau renfermait un cercueil de plomb bien con- servé, et solidement enchâssé au milieu d’un ciment de 3 centimètres environ d’épaisseur. (51) « La couche sur laquelle reposait-le cercueil était » mélangée de briques, dont l’une plus grande que les » autres, a 4o centimètres de long sur 51 de large et » 2 et demi d’épaisseur. » En dehors du cercueil, à ses parois de droite et » de gauche dans le bain de ciment, je trouvai plusieurs » fragments en terre grise de vases parcils à desÿas- » sieltes. » Le cercueil a delongueur 1 mètre 55 centimètres, de large 35 centimètres, de profondeur 24 centimètres et d'épaisseur 5 millimètres ; l’élévation de la flèche de la cambrure plein cintre du couvercle, est de 5 cen- timètres, Ge cercueil affecte la forme insolite d’un pa - rallélipipède. La tête occupait le nord-est. Telles sont , M.. le préfet, les remarques que j'ai pu faire sur la parlie externe de ce petit monu- ment, dont l'intérêt à vos yeux doublera quand la liste des objets rencontrés dans la bière vous sera connue. Dès avant mon arrivée sur les lieux, le cercueil du côté des pieds avait été exploré, et les objels y trou- vés, déposés en lieu sûr , par les soins de M. Pingé- nieur Grille. Ces objets actuellement au Musée, sont : 1° Un petit bélier en terre cuite blanche, haut de 6 centimètres. - 2° Une très belle patère en verre blanc auquel le temps a donné une jolie couleur opale ; elle a 16cen- timètres de diamètre. 5° Un vase de verre en forme de salière, contenant une sorle de sable brillant, qu’à l’œil on prendrait pour du sel. (52) 4° Un fond de vase rond et brisé. 5% Quelques os des jambes. 6° Deux coquilles, dites peignes de Saint-Jacques. 7° Une urne lacrÿymatoire en verre ét en forme de petit chandelier, haute de 7 centimètres. 8 Une fiole à parfum en verre, d’une forme très bizarre avec goulot à biberon, 9° Les débris d’une coupe en verre, dont la panse était striée et bosselée. 10° Un ferrement courbé, long de 25 centimètres, qui sérvait à maintenir la convexité du couvercle du cercueil. 11° Deux petits couvereles en verre, s’adaptant aux espèces de salières. 12° Des fragments de bracelet en bronze, et deux plaques de même métal, dont j'ignore l’usage. Le cercueil en mon absence , ne subit pas d’autre fouille. D’après vos ordres, je le fis déposer dans l’une des salles du Musée d’antiquités , et là je procédai à son ouverture, en présence de M. l'ingénieur Grille, de M. Philippe-Joseph Nastigal, inspecteur de police, de MM. Monnier, Julien Lucas, ouvriers, qui ont fait la découverte; de François Azé et de Joseph Laîné, ouvriers du chemin de fer ; en présence également de M. Predumon, voiturier , lequel a transporté le cercueil. | Le couvercle enlevé , nous laissa voir un détritus calcaire , mélangé de terreau, provenant sans doute de la décomposition du corps et de quelques infil- trations. | Cela étant, je retirai avec beaucoup de précaution (53) ce detritus sous la couche assez mince duquel j’aper- çus les objets ci-après; savoir : 1° Vers le milieu du cercueil, deux ou trois autres coquilles , dites peignes de Saint-Jacques. . 2° Un petit baril en os ou en ivoire noirci par le temps, haut de » centimètres et demi, et ayant à ses extrémités 2 centimètres de diamètre. 3° Vers la poitrine, quelques débris d’ossements. 4° Des épingles en os ou en ivoire brunies par la vétusté et longues en moyenne de 9 centimètres. 5° Une sorte de pectoral également en ivoire, avec un très petit cercle de même matière. 6° À main gauche du défunt, un très beau style en bronze ou poinçon, qui servait aux anciens pour écrire sur des tablettes enduites de cire. Ge style a de lon gueur 15 centimètres, il est armé de sa pointe et de son grattoir. 7° Au-dessus du style, une tablette de porphyre verdâtre , longue de 12 centimètres et demi, large de 8 , et épaisse de 23 millimètres , sur laquelle on a dû étendre la cire. , 8 Plus haut, vers la têle et à côté d’elle, encore une sorte de salière pareille à celle précédemment décrite et pleine des mêmes grains brillants. 9° Des fragments de crânes et quelques dents. 10° À la droite de la tête, c’est-à-dire à main gauche de celui qui regarde , es fragments d’une coupe sphé- roïde , et dont le verre est fort mince. 11° Un vase en verre d’une très belle conservation, de forme cubique , haut de 9 centimètres. 12° Enfin, un second ferrement courbé qui sup- portait le couvercle du cercueil. (54) Que de mystères sur le personnage dont nous ré muons les cendres! Toutefois svant de m’engager dans le domaine des conjectures, permettez-moi de remercier MM. Bondu, chef de chantier, et Pillerot, de la complaisance qu’ils ont mise à me communiquer ce qu'ils di savoir de la découverte. Je ne puis pas non plus oublier M. Eugène -Briaud, conducteur des travaux, qui s’est donné l’embarras de chercher l'orientation exacte du monument et ses me- sures les plus minutieuses ; avec une extrême complai- # sance. Je dois vous avertir également, M. le Préfet, que le présent rapport sera rendu plus intelligible , au moyen de plans, coupes , dessins et détails exécutés pâr M. Dainville fils. . Passons maintenant à la seconde partie de cel arti- cle, c’est-à-dire, à la dissertation. La première demande que chacun se fait à la vue d’un tombeau, est celle-ci : À quelle époque remonte- t-il? En effet, connaître sa date, c’est en quelque fa- con dégager de l'obscurité une partie de la biogra- phie du personnage qu’il renferme, puisqu'il est cer- tain que l’homme ne peut se défendre de participer au mouvément des idées de son siècle. Ainsi déterminant bien la date d’un tombeau, est-il facile de recomposer le côté social de la vie du défunt, par son rapproche ment avec le milieu dans lequel il a vécu ? L’archéologie, cette science qui embrasse les œu- vres de l’humanité dans les temps éloignés , a tous les jours des révélations de ce genre; et voilà pourquoi COS) LE celte étude qui semble être au premier aperçu une manie de collecteur, est néanmoins pour les vrais adeptes, le crépuscule de beaucoup de faits réstés dans l'ombre. Essayons donc de jeter quelque jour sur notre mo- nument. Après examen de l’ensemble, nous n’avons. pas hésité à le ranger dans la catégorie des tombeaux de l'ère gallo-romaine, c’est-à-dire du I® siècle à la fin du IV°. Nos motifs pour lui assigner cette période, se déduisent du lieu même de la sépulture , de l’appareil de la voûte, de l’appareil du cercueil , de son orien- tation, du style et de sa tablette, des vases et du bé- her en terre cuite. 1 Ici quelques détails; et d’abord, parlons du lieu où l’on a découvert la crypte. | Il est aujourd’hui incontestable que de cimetière gallo-romain du vieil Angers, se trouvait au sud-ouest de cette ville, dans ces champs qui, avoisinant la Visi- tation , portent les noms de Petite Carte, de Grande Carte, de T'erres-Noires. Des urnes cinéraires en terre cuite et en cuivre, une lampe sépulcrale en bronze, des vestiges nombreux d’éncrémations rencontrés dans cet endroit, sont au- tant de preuves à mon appui. Le voisinage de plusieurs voies romaines , loin d’amoindrir nos FRERES les fortifie au contraire. Qui ne sait en, effet, qu'il était DÉPART a d’u- sage de placer, dans ces temps reculés , les tombeaux près des grandes routes ? Il y avait à comme un ensei- gnement symbolique : La route et le tombeau, le mou- (56 )- veinent et le repos; c'est-à- Mrs les deux points de la vie humaine, Ge n’est pas tout , le nom de T'erres-Noires ne peut être indifférent ici, et vous lirez , dans Montfaucon, Fonteneau et de Gaumont , que tous les cimetières an- ciens auraient pu avoir le même nom, par suite de la couleur de leur sol , provenant des cendres du bûcher. À cette occasion, M. Lecointre s'exprime ainsi relati: vement aux fouilles gallo-romaines d’'Ecuré en Poitou : « Des débris de vases et poteries en verre, nous au- » raient facilement, dit-il, fait connaître une sépul- »ture , sien présence de celte terre noire provenant » des cendres du bûcher, et signalée comme s'étant » rencontrée dans tous les cimetières antiques, nous » avions pu garder quelque doute. (1) » L'ancien cimetière gallo-romain du vieil Angers, renférmait donc notre petit monument; mais, passons à l'examen de son appareil, La brique plate, avec in- taillé, et d’une vive couleur feu, le ciment rose et quelques briques à rebord, sont des témoins sûrs de la haute antiquité du tombeau. Il est vrai, peut- on objecter, que cinq ou six ardoises brutes ont été trouvées dans le ciment de la -chappe, et l’on sait que les Gallo-Romains n’employèrent pas cette pierre. L’objection n’est rien moins que sérieuse , car les ar- doises brutés ont évidemment été placées là comme remplissage. Il serait donc aussi absurde de conclure de leur présence , que notre monument n’est pas gallo- (1) Pages 112 et 113 du Bulletin de la Société des Antiquaires, de l'Ouest, 4° trimestre de 1847. (57) romain, qu’il le serait de soutenir que par celte même présence, les Romains auraient exploité l’ardoise ; celte pierre ne se voit-elle pas souvent à fleur de terre? alors, qu’il y a-t-il d'étonnant à croire qu’elle puisse parfois se rencontrer dans nos monuments gallo-ro- mains à l’état brut, et comme accident ou remplissage? La forme du cercueil corrobore également nos con- jectures sur l’origine de ce monument; cetle forme , nous l’avons déjà dit, est parallépipède, contrairement à celle des cercueils du moyen-âge et de notre temps. Or à ce sujet, voici ce que nous apprend l’histoire de l’art monumental de Batissier, p. 307 : « Quand on » ne. brûlait pas le corps, on le renfermait dans un * » cercueil en terre cuite, en plomb, etc. , etc... ; » plus généralement les cercueils sont, ajoute-t-il (chez » les Romains), de forme parallépipède. L'orientation de notre tombeau (la tête au nord-est 38 degrés), prouve en thèse générale , qu’il n’est pas chrétien; ce qui ne veut pas dire qu’il soit antérieur à Jésus-Christ, mais bien à la conversion à peu près com- plète des Angevins vers la fin du IV: siècle. Ainsi, l’orientation confirme nos conjectures. Mais le doute cesse d’être possible si, ouvrant le cercueil pour l’interroger , nous rapprochons les ob- jets qu'il renferme de la description suivante de Batis- sier, tant l’analogie est parfaite. | « L'usage de meubler , dit cet auteur, la tombe » en y plaçant les objets qui avaient servi &ux besoins. » et aux plaisirs de la vie, était commun à l'Égypte , » à la Perse et à la Grèce; cet usage passa de là aux » Latins...…. On y plaçait [a tête ou l’image des ani- (58) » maux immolés..… des vases... de petite tablettes » en os, enduites de cire... des styles pour écrire, des » flacons, des objets de toilette, des épingles, des bra- » celets, des ivoires , des ftoles pour les parfums, des » coupes à boire... On mettait ces vases aux pieds , » entre les jambes, sous les aisselles, à la hauteur des » hanches et près de la tête du mort... Le tout ainsi » afin de faire des tombeaux une image de la demeure » que la mort forçait de quitter. (1}» A cetle description, j’ajouterai quelques mots, pour dire que la fiole de verre en forme de chandelier , est semblable à celle que les auteurs des tableaux chrono- logiques de l’histoire de Touraine ont dessinée, pl. 13, et qu’ils rapportent également à l’ère gallo-romaine ; Montfaucon en a fait dessiner de pOPUE dans son grand ouvrage. Eofin il n’est pas jusqu'aux vases en terre grise, grossière, placés contre les parois externes du cercueil, qui ne démontrent la même antiquité: De semblables ont été trouvés à Ecuré, et voici ce qu’en a écrit M. Le Cointre : ; « Les débris de poteries les plus abondants que nous » ayons rencontrés à Ecuré, appartenaient à ces pote- » ries grises, grossières.et mal cuites, que l’on trouve » dans tous les cimetières de l’ère gallo-romaine.» Toutes ces analogies concourent à démontrer que nôtre cercueil date évidemment de celte époque. Deux mots maintenant d’explication sur les objets: {1) Batissier passim, pages 309 et 355. (59) tous ceux qui sont en ivoire , tels que le pectoral, les épingles, le petit baril appartiennent, je crois, à la toilette. Le fragment de bracelet en bronze, doit éga- . lément s’y raltacher. Quant aux vases en verre, les uns comme la jolie patère, les espèces de salières , les couvercles, le vase de forme cubique, les débris de la coupe striée et bos- selée, ceux de la coupe sphéroïde , paraissent avoir appartenu aux usages domestiques; les autres, tels que le vase en forme de chandelier, et la fiole dont le gou- lot ressemble quelque peu à un biberon, doivent être classés parmi les vases funèbres destinés aux larmes et aux parfums. Je n’ai rien à dire du style qui porte avec lui son explication, mais la tablette a cela de curieux, qu’elle est en pierre, tandis qu’habituellement ses pareilles sont en bois ou en os. Il me reste à vous parler du petit bélier en terre cuite et des coquilles de Saint-Jacques. Selon Batissier, ainsi que je l’ai plus haut rapporté, on plaçait souvent dans les tombeaux l’image des ant- maux immolés. La présence de notre statuette de bélier dans le cer- cueil, prouverait donc que lors des funérailles, le sang répandu pour apaiser les mânes, fut celui d’un bélier. Toutefois, cetanimal n’aurait-il pasici plutôtla valeur d’un signe zodiacal ? et en ce cas, ne signifierait-il point que la personne serait décédée quand le soleil est entré dans le signe du bélier, c’est-à-dire au mois de mars? Les anciens altachaient beaucoup d’importance à l’ac- tion prétendue des constellations sur l’homme. Du. ( 60 ) reste, je ne propose cette conjeclure qu'avec une ex- trême réserve. Pour ce qui est des coquillages, je ne puis expliquer leur présence, que par l’usage qu’avaient les Gallo- Romains de placer près des restes de leurs parents des comestibles : c’est ainsi, dit Batissier, pl. 309, « qu’on » a découvert des os de volatiles, des arêtes de pois- » sons el des coquilles d'œufs. » Les objets de toilette, le style et la tablette montrent assez que cette sépulture a été celle d’une personne distinguée par sa naissance et son édu- cation. - Mais dans lequel des quatre siècles de l'ère gallo- romaine a-t-elle vécu ? Permettez-moi de faire cet examen. Il est incontestable que les Romains, jusqu’au temps de Sylla, enterrèrent leurs morts; mais qu’à partir de ce dictateur , 80 ans avant Jésus-Christ , jusque vers le commencement du IVE:siècle , ils brûlèrent géné- ralement les corps, Néanmoins, les pauvres, durant la période d’ineré- mation, conlinuèrent le plus habituellement d’être enterrés, comme entre autres témoignages l’indiquent ces vers d’Horace : « Huc priüs angustis ejecta cadavera cellis, » Conservus vili portanda locabat in arcâ, » Hoc miseræ plebi stabat commune sepulcrum. » Il est ici remarquable que le Christianisme en abo- lissant l’incrémation, se soit encore rencontré avec les habitudes de sépulture des hambles et des pauvres. Mais reprenons la suite de notre raisonnement. (61) Nous avons donc trois périodes, savoir : avant Sylla, période d’inhumation ; depuis Sylla , jusque vers le commencement du IV° siècle, période d’éncrémation, particulièrement pour les riches; depuis le commen- cement du IVe siècle , jusqu’à nous , retour à l'usage d’inhumer. Ayant suffisamment démontré que notre tombeau était gallo-romain, c’est-à-dire qu’il ne pouvait trou- ver sa date en dehors des quatre premiers siècles de notre ère, il en résulte qu’il n’appartient pas à la pre- mière période avant Sylla ; mais nous allons voir qu’il doit se placer dans la transition de la seconde à la troisième. En effet il tient à la seconde, parce qu’il est païen; et à la troisième, parce que le corps n’a pas subi l’action du bûcher. Vous objecterez sans doute que, puisque l’on en- terrait même durant la période d’incrémation , il pourrait lui appartenir ? à quoi je réponds, en répé- lant que l’usage d’entcrrer pendant la seconde période, ne s'étant maintenu que parmi les pauvres, et encore parmi les plus indigents, n’a pas dû être appliqué à notre tombeau qui évidemment renfermait le corps d’une personne riche. Donc il ne peut trouver sa place que sur les Haies extrêmes de la seconde à la troisième période, c’est-à- dire à la fin du IV: siècle. Et Maintenant, M. le préfet, que si vous désirez con- naître quelles ont élé les habitudes, les mœurs, le côlé social de la vie d’une personne de belle éducation à cette époque, ouvrez les récits des temps Mérovingiens d’Augustin Thierry, et vous ne manquerez pas avec (62) les qualités d’esprit qui vous distinguent, de rejoindre les quelques ossements de notre tombeau, en l’ani- mani au souffle de la poésie et de l’histoire. Angers, le 20 juillet 1848. V. GopArD-FAULTRIER. SUPPLÉMENT AU RAPPORT, . A Le 21 juillet, j’eus l’honneur d’être averti par M. Eugène Briaud, que des ouvriers, depuis le transport du cercueil, lui avaïent remis : 1° Un second fragment du bracelet en cuivre; 2° Une fiole , terre noire, haute de 6 centimètres, en forme de globe par sa base. Elle était placée en dehors du çercueil, du côté des pieds, et plongée dans le bain du ciment, comme l’étaient les assiettes. M. Briaud a remarqué l’endroit où le maçon avait établi son chantier et mélé son mortier ; ce lieu se trouve à go centimètres au-dessous du sol actuel, d’où l’on peut en conclure que depuis quatorze siècles, le terrain s’est exhaussé d’autant. | Enfin, il m’a remis un très joli dessin du tombeau, par M. Maliszewski, et m’a promis des détails et des coles qui, avec les plans de M, Dainville fils, seront déposés au Musée des antiquités. MA. les employés du chemin de fer, comprenant o EE à Maguents de vase ce vire Blanc Nase nc ven esmunux ES Plaque au metal à >) SÈ / / T MTENOI AT TU sil À / TMNOE TIR LEVÉ OIL NT HUIUTD ns& # IAE 4 id "2I)IANO U0$ 8 [NO] UP JMOUQIUL] 2P 19208Y LEA [09199 NP 2[)13AN0) re Las Ce D LT EME T RE" 8 te by 14 y hon leon tés sis # lon 2L hi ml Le. de NT CPAEENEE TT jé ina di L ie dvi pa PATES 0 ue M RATE [ ! , LA ÉPEAEENS AR 8. A LENS re À arf JÉLEr: pi ELU T PS ON ET AN ART : 3 tarot: Éta rte FA “in i Lee] PA ENT Éu “ Ni JUL O0 DU 1 M 1 bn at dons li rai #, rank She, ET x: . tt LIGIL qT-C6LeT pes DE F Ë, L 14 por soft a “ à AM à fa: (67 ) les pieds n’étant point à l’est, mais au nord; d'où suit toute réflexion faite, que nous nous rangeons du côté de ceux qui pensent que le défunt du second cercueil , doit être classé parmi ces Païens qui, à Lexemple d’ Alexandre Sevère et des Gnostiques, ad- mettaient divers symboles du Christianisme, Deux mots encore! Plusieurs personnes croyant voir dans le principal érnement du cercueil une char- pente, en ont conclu qu’il avait renfermé le corps d’un charpentier. L’explication peut être ingénieuse, mais nous doutons qu’elle soit vraie. En effet, le fronton triangulaire et les jambages de cet édicule, sont ornés avec un peu trop de recherche pour que l’on ait voulu représenter une simple charpente. Ensuite, un cercueil en plomb nous semble être un luxe inusité pour une personne de ce métier, surtout à la fin de l’ère gallo-romaine. D’ailleurs, on n’explique aucune- ment de la sorte la valeur de l’X, qui n’est pas que je sache, ici un outil de charpentier. 15 août 1848. V. GoparD-FAULTRIER. (68) ÉTUDE Sur LA PUISSANCE FÉODALE DES SEIGNEURS DE BRIOLLAY, Entre le Loir et la Sarthe , à douze kilomètres d'Angers , se trouve un bourg aujourd'hui, chef-lieu de canton, nommé Briollay (1). À quelques pas de ce bourg, sur la route de Sablé , est une éminence tou- jours fréquentée par les étrangers qui visitent ce pays. Là, une des plus calmes natures se présente à vos yeux. D'un côté, c’est le Loir resserré dans un lit étroit, dé- roulant ses gracieuses spirales, au milieu de. vastes prairies qui bordent son contour ; d’un autre , la Sarthe plus étendue, et ses fertiles pâturages;- un vaste horizon vous présentant Angers, Ecouflant, Soulaire, Bourg, et le château du ministre de Louis XI. C’est sur celte motte féodale, qu'était posé le château de Briollay. Sa position élevée, dominant toute la plaine , ren- dait impossible l'attaque imprévue. Le baron avait ({) Bodin donne à Briollay l’étymologie de Briga-Ledi (pont sur le Loir) cette étymologie me paraît mieux s'appliquer au village de la même commune nommé le vieux Briollay qui est situé sur les bord du Zoir qu’au Briollay actuel placé entre la Sarthe et le Loir. (69) toujours l’æœil sur les trois châtellenies qui dépendaient de sa terre; ses vassaux et solduriers placés sur le donjon, défiaient l’embuscade ou la surprise, ils pou- vaient toujours voir le guerroyant seigneur qui s’avan- çait pour les combattre; la force seule pouvait donc se rendre maîtresse de cette forteresse féodale, la na- . ture et l’art réunis en faisaient une des plus fortes places de l’Anjou. Aussi, voyons-nous dès le xi° siècle la haute puis- sance féodale, se faire sentir à Briollay. Ménage, au livre x de son histoire de Sablé, nous apprend qu’une charte de Geoffroy le. Barbu, sous la date de 1066, fait mention d’un Artaud de Briolé. Get Artaud était fils d’Ingelger de Briolé, et celui-ci l’é- tait de Bouchard, aussi seigneur de Briolé et tréso- rier de l’église d'Angers, sous le règne de Foulques Nerra , ane à laquelle les grands bénéfices étaient ordinairement possédés par des seculiers. Bouchard donna 4 l'Abbaye de Saint Serge et Saint Bach d'Angers, l’église de Briolé sous le vocable de saint Marcel, en y akaçhant des priviléges et revenus con- sidérables. A la mort d’Artaud , son fils aîné, Geoffroi qui épousa Sarmoise de darzé , devint seigneur de Briolé en 1097, lorsque Foulques le Rechin assiégea Balon, il fut fait prisonnier par les Normands, ainsi que Gaultier de Monsoreau, Jean de Blaison et Berlay de Montreuil. Le château de Briolé, par alliance et par vente, de- vint successivement la propriété de célèbres familles. Possédé par de puissants barons, il eut tour à tour sa (70) part de gloire et de vicissitudes. Il fut assiégé et pris en 1103, par Geoffroi Martel II. lequel faisait la guerre à son père Foulques le Rechin qui voulait le déshériter. x Vers le milieu du xnr° siècle, le puissant Liziard de Sablé qui avait épousé Tiphaine, dame de Briolé, surnommée la Chevrière , fille de Geoffroi de Briolé, et sœur ainée de Welissande de Briolé ; dite exulate, posséda cette baronnie, [a guerre qu’il déclara en 1440 à Geoffroi le Bel, Plantagenet duc de Nor- mandie, comte d'Anjou et du Maine, eut pour résultat la destruction du château de Briolé. À sa mort, son fils second du nom seigneur de Sablé de la Suse et de Briolé , continua de faire la guerre à Geoffroy Planiagenet. Et ce fut au sujet de cette guerre, que Geof- froi le Bel, nous dit Ménage, « fit faire sur la Sar- » the en 1133, le chasteau de Chasteauneuf, afin de » s’opposer aux escursions des Sabloliens qui fe- » soient des courses jusques aux porles de la ville » d'Angers, et c’est pour cela que Chasteaunenf _ » fut appelé Chasteauneuf. » Plus tard , Geoffroi de Cornillé étant mort sans alliance du vivant de son père, Robert de Sablé, 3° du nom, seigneur de la Suse et de Briolé, cette terre passa dans la maison des Roches, par le ma- riage de sa fille Marguerite de Sablé avec Guil- laume des Roches, seneschal hereditaire d'Anjou de Tourraine et du Maine. Il eut de son mariage deux filles, Jeanne et Clémence ; le mariage de Jeanne des Roches, fit passer de nouveau la terre FAR de Briolé, dans la famille de Craon. Jeanne épousa Amauri de Craon I du nom; Isabeau de Craon, heritière de son frère Amauri de Craon IV° du nom, apporta encore un changement dans la baronnie, en épousant en 1404, le trop célèbre Gilles de La- val, maréchal de Retz, plus connu dans le peu- ple , sous le nom de la Barbe-Bleue, seigneur de Chantocé, d’Ingrandes, du Louroux Bottereau, de Blaison, de Chemellier, de Gratiecuisse, de Fon- taine-Milon, etc. , etc., etc. Mais heureusement , le château de Briolé dont les ruines sont si riantes, n’a point conservé le triste souvenir qui frappe encore de nos jours celles de Ghantocé! Guy de Laval, donna cette terre à son cousin Brandelis de’ Champagne. Ce castel rétabli en 1518, appartenait au prince Rohan Guemené, seneschal d'Anjou et de la Flè- che, comte de Montauban, baron de Mortier Crouelle, et seigneur du Verger, portant de Gueules, a neuf wacles d’or, et descendant des Mac-Tiern de Leon. C’est dans ce siècle xvr° que les Rohan prirent cette devise rivale de celle des Goucy et qui résume leur histoire. Duc ne daigne, roi ne puis, Rohan Je suis. Ge fut dans ce château dont Rohan Guemené était seigneur, et qui dépendait de la terre du Verger, que se passa l’un des événements les plus importans de cette époque, la destruction de la ligue. . Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur ou de Mercure, comme Sully l'appelle dans ses me- (72) moires , chef de la ligue en Bretagne, qui avait consenti en 1999 à signer une trève avec Henri IV, mais qui ne l’avait pas encore fait .. quoique tous les autres chefs de la ligue, se fussent rendus in- quiet du voyage que le roi fit en Bretagne au com- mencement de l’an 1598 , fit négocier par sa femme , et Gabrielle D’Estrée une reconciliation avec Henri IV «et sçurent Si bien cajoler toutes les femelles, nous » dit Sully, dans ses œconomies royales , page 149, » que le roy consentit a traiter avec M. de Mer- » Cure, sans s’advencer d’avantage qu’'Angers.» Il profita donc du séjonr d'Henri IV à Angers sous le mairat de René Bault de Beaumont (1) pour (1) Henri IV voulant récompenser Bault de Beaumont de la reception qu'il lui avait faite, et du zèle qu'il déployait dans l'administration de la ville demanda à ce dernier ce qu'il dési- rait: Voulez-vous la noblesse, lui dit-il. Sire, répondit Bault, j'ai l'honneur d’être gentilhomme, mais ce que je demanderai à Votre Majesté, c’est de m’autoriser à joindre à mon blason , une couroune de comte: Le roi s’empressa d’obtempérer à sa de- ‘: mande..Avant ce changement l’écusson de Bault de Baumont était surmonté d’un casque fermé, orné d’un panache; un des descendants de Bault de Beaumont, Bault écuyer, seigneur de Villeniers épousa en 1667, une des filles d’un riche orfèvre, échevin de la ville d'Angers, nommé Angot. La Vraie Croix de Saint Laud ayant eu besoin d’être montée, le chapitre s’adressa à Angot en lui recommandant bien de ne rien épargner. L'or- fèvre ‘s'acquitta de sa tâche avec le talent et le zèle qui lui étaient habituels, et surpassa même tout ce qu’on pouvait at- tendre de lui ; lorsque le chapitre voulut en payer le travail, il déclara ne rien accepter mais qu'il s'estimerait trop heureux, et se regarderait payé) au centuple, si on voulait lui permettre de prendre trois petites parcelles de la Vraie Croix; le chapitre consentit à cette proposition et l’orfèvre après les avoir montées, les donna à sa'fille Charlotte, Depuis cette époque, cette Vraie (73) venir se jeter aux pieds du roi qui se trouvait en . partie de, chasse au chateau de Briolé, avec Ga- brielle d’Estrée, marquise de Monceaux, et César de Vendôme son fils, et obtint d'Henri IV un généreux pardon, qui fut cimenté par le mariage de sa fille. Francoise avez (César de Vendome , fils naturel d'Henri IV. Les fiançailles eurent lieu à Angers le 5 avril de la même année, et le mariage fut plus tard célébré a Paris le 12 juillet 1609. Ce fut donc dans ce château que sé termina en- tièrement la ligue, et ce vers de la Henriade : I! fut de ses sujets le vainqueur et le père, : peut recevoir ici une juste application. Que reste-t-il de ce château où tant d'événements se sont succédés ? Rien, où du moins fort peu de choses. Plus de courtines, ni tours, ni bastions, ni machicoulis, ni créneaux. Le donjon qu’on aperce- vait d'Angers, et qui servait de phare au voyageur, à lui-même disparu pour servir à élever des fermes et des maisons. Une ferme construite sur les murs, mon- tre encore la trace de fenêtres cintrées. La motte féo- dale, livrée à la culture, est chaque jour sillonnée par par la charrue , des arbres croissent dans ses vastes fossés, une chaussée remplace le pont-levis, et de ce puissant manoir, il ne reste plus que le souvenir. Sur la rive opposée, le château du Plessis-Bourré, au contraire, placé en face du vieux manoir, dont il Croix s’est toujours conservée dans la famille. C’est actuellement M. Charles Du Grand Launay, d’Andard, qui en est le possesseur. x (74) était le feudataire, dresse fièrement la tête, il semble- rait que celte horde de vandales qui, en 1793, par- couraient nos campagnes en proférant ce cri de: guerre aux châteaux, paix aux chaamières, et lais- sant sur leurs traces la désolation et la mort, eussent voulu en respectant la demeure du fils d’un cordon- nier de Bourg , élevé à la dignité de ministre, par un roi qui nommait son barbier ambassadeur et comte, son tailleur, hérauli d’armes, et son médecin, chance- lier, et dont les efforts journaliers tendaient à l’asser - vissement des seigneurs, léguer à la postérité cette chastellenie, comme témoignage vivant de l’abaisse- ment des grands et de la puissance féodale. La destruction complète du château de Briollay a fait dire à Bodin, dans son histoire du Bas-Anjou, tome [#, page 461. « Que si l’on ne trouve plus de » ruines féodales à Briollay où l’on compte 739 ha- »bitans (1), on y trouve ce qui vaut beaucoup » mieux sans doute des hommes très laborieux, une » terre extrêmement fertile, et l’art de la cultiver » porté à son plus haut degré de perfection.» Ce passage ne me prouve qu’une chose, c’est que Bodin, si consciencieux dans tout son ouvrage, n’avait pas visité Briollay, car il est impossible, pour tout homme qui s’occupe d’archéologie, et pour l’anti- quaire, de ne point avoir remarqué dans l’intérieur du (1) Miromenil, dans son mémoire, dit que la paroisse de Briol- lay contient cent cinquante-sept feux et paye 1,490 livres. de taille. La juridiction y est exercée par un Sénéchal, un Procureur fiscal et un Greffier. C2 bourg, près de la place située devant l’église, un vaste bâtiment formant un carré long aux fenêtres romanes geminées , au toit élevé à la cheminée cylindrique , et connu dans le pays, sous le nom de Palais (1); c’é- tait d’après la tradition, le lieu où le baron de Briollay fesait rendre la justice, tenait ses assises, el qui servait en même temps de prison. Ce bâtiment se divise en deux parties, un premier étage , et un rez-de-chaussée. On accède au pre- mier étage par un perron. La façade a de ce côté, son galbe orné d’une petite corniche, composée de deux rangs de dents de scie en sens opposé. Le temps a rongé la pierre, mais il reste encore assez de ces ornements pour montrer le gracieux effet que cette corniche devait produire. Deux fenêtres en plein cintre, éclairaient cette façade. Elles sont aujour- d’hui bouchées, mais on voit encore à celle de droite, une arcature de dents de scie qui orne son cintre. La porte d'entrée est en plein cintre, primitivement elle devait être plus élevée. On trouve encore sur le mur les traces des voussoirs de la porte primitive. Le rez-de-chaussée de ce palais , est aujourd’hui composé de deux salles, mais il est facile d’apercevoir par la disposition des lieux et les fenêtres des deux façades qui se correspondent, qu’originairement il n’y avait qu’une seule salle servant à rendre la justice , et aux assemblées des barons. La première salle est formée d’une cloison en plan- ches, et d’un plafond en bois masquant le tirant qni (1) Cest M. Follenfant qui est propriétaire de ce bâtiment, (76) soutient la charpente, elle est longue de 5 mètres 37 centimètres sur 5 mètres de ph Il n’y a de re- merquable dans celte salle, qui est assez moderne, qu'une cheminée large d’un mètre 87 centimè- tres, Le manteau et les jambages , seuls ont été refaits; l’intérieur de la cheminée est bombée, le conduit très étroit et cylindrique est en tuf, il pré- sente au-dessus du toit, une forme carrée à sa basse; puis ensuite, il prend la forme ronde; le sommet de cette cheminée est moderne, ce qui me donnerait à penser qu’originairement elle devait être plus élevée. Les cheminées de cette forme sont très rares. D’après ses caractères architectoniques, je serai porté à lui as- signer pour date, l’époque de la construction de ce palais, ou du moins une date peu reculée, L'autre salle occupe le reste de l’édifice. elle est longue de 12 mètres 77 centimètres, sur 6 mètres 61 centimètres de largeur, À droite est une arçade cin- trée, qui servait probablement à mettre un siége, Du wême côté; se trouvait une large fenêtre cintrée , qui éclairail le palais; le fond de cette pièce est percée par deux fenêtres en plein cintre. Ces fenêtres , vu exté- rieurement, et qui ornent la façade , sont geminées par un grossier meneau. Ghacune d’elle en contient deux autres geminées, elles sont divisées par une co- lonne de 70 centimètres de grosseur; leur chapiteau est formé de feuilles d’eau d’une lourde exécution, lun d’eux est très fruste. Au milieu de chacune des grandes fenêtres, est un oculus formé en lozange. Dans l’intérieur de la salle à gauche, en entrant près d’une de ces fenêtres , se trouvait dans une niche actuelle- \ CT) ment existante, le siége de l'officier chargé de rendre la justice au nom du baron. Ce siége, en dernier lieu, avait une boiserie ornée de trilobures. Trois énormes tirants , partant d’un mur à l’autre, soutiennent la charpente, les murs sont en grande partie construits en grès et revêtus intérieurement d’un ciment rouge. Le rez-de-chaussée se compose d’abord d’un cachot, qui d’après sa disposition, devait servir de prison aux condamnés à mort, long de 5 mètres 2 centimètres , sur 3 mètres 28 centimètres de large; deux forts an- heaux en fer, scellés à la muraille, et munis de larges boucles , servaient à enchaîner les condamnés ; un soupirail étroit, divisé par une barre de fer, ne trans- met que ce qu’il faut de lumière pour en regretter absence; dans le fond est une fosse d’aisance , une porte d’un mètre 32 centimètres de hauteur, sur 82 de large , était suivie d’une autre bardée de fer. C'était la seule entrée de ce repaire infect, En entrant dans ce sombre réduit, un triste senti- ment vous saisit en pensant aux victimes de l’oppres- sion féodale, lorsqu’on songe que souvent la haine ou le caprice pouvaient arbitrairement vous assigner une pareille demeure; et une fois renfermé dans un tel lieu, c’était la plupart du Lemps pour toujours. Un corridor longeant ce cachot, conduisait à uné vaste salle qui occupe le reste du bâtiment, et qui sert aujourd’hui de cellier. Ce lieu devait’ probablement être une prison. Cette pièce est éclairée par dé petites ouvertures, répandant dans l’appartement un jour blafard ; un bas-côté placé en avant, et occupant toute la longueur du palais, a été ajouté en 1787, à la con- (78 ) struction primitive. Ge bas-côté est également éclairé par de faibles ouvertures, et devait avoir la même des- tination. Je regarde ce Hi féodal comme un des monu- ments les plus curieux de l’Anjou. Jusqu'à présent, je n’en connais aucun de cette époque; d’ailleurs, lors- qu’en 1789, une ère nouvelle s’ouvrit pour la France ; lorsque dans la nuit du 4 août de la même année, sur la demande du député Gotin, les justices seigneuriales furent supprimées , légalité civile proclamée; lorsque Ja Bastille fut détruite, et que chaque province en conservait une pierre comme un gage d'indépendance et d’affranchissement, les communes , les villages et. hameaux qui possédaient des monuments féodaux . de ce genre, se hâtèrent de les faire disparaître , il semblait que l’on eût une vengeance à exercer contre chaque pierre , tant on avait à se plaindre, les uns, d’exactions , d’autres d'années passées dans ces som- bres prisons. Aussi, est-il étonnant que ce monument n’ait pas était détruit, on ne soit devenu propriété nationale ; il a été aliéné par la famille Ménage , der- niers représentants des seigmeurs de Briollay. Ce monument, d’après les caractères architecto- niques que Je viens d’énumérer , date du milieu du XI: siècle, c’est-à-dire est contemporain de Phi- lippe I. L’on ne doit pas être étonné à cette époque, de voir un palais féodal dépendre de la baronnie de Briollay; car les bers ou barons étaient de hauts et puissants seigneurs ; le roi de France ne relevait que de Dieu et de son épée; le roi de France n’était vassal que de la mort. Quant aux barons, la seule E (79) puissance humaine dont ils relevaient, c'était celle du roi. On les appelait Vassi dominici ; sous ce nom, tous les grands du royaume élaient compris. Dès le Xe siècle, on tenait pour princes tous ceux qui étaient, revêtus du titre de barous; et les princes eux-mêmes s’honoraient de ce nom. Sigebert, dans sa chronique de l’an 1160, dit : Wena ses principaux barons, avec peu d’autres avec lui, et un grand nombre de solduriers. Le droit Lombard, porte ces mots : St quis ex Ba- ronibus nostris advenire voluerit securus ut ventiet et illæsus ad suos revertatur, d’après la coutume de Bre- tagne, article 10. Les barons seuls connaissaient de la peine du feu. Mais les envahissements eurent lieu peu à peu, et ce titre devint si commun, que le fils aîné d’un seigneur de. village se faisait appeler baron. La nomenclature que nous avons donné des seigneurs de Briollay , montre qne la puissance féodale s’était tou- jours maintenue, au rang que comportait la baronnie, et d’après la coutume d’Anjou , le barons étaient bas- moyens et grands justiciers (1); ils avaient le droit de pendre, bannir, trancher la tête, brûler, marquer au front, et ériger un gibet quatre à piliers, appelé Quar- rée (2). () Le baron pouvait juger en sa cour du meurtre, du rapt, et de l’encis. -(2ÿ Au terme de l’article XLVII de la coutume d'Anjou la droïîte baronnie devait avoir : « Trois chastelleuies snjettes » du corps de la baronnie, ville close, abbaye, prieuré conven- » tuel ou collège avec forest et qui aurait trois chastellenies » sujettes de corps sans les autres choses dessus dites ou deux ( 80 ) Les barons de Briollay étaient vassaux de l’évêque . d'Angers, ils devaient le porter sur un palanquin, lors de son intronisation avec les barons de Blou de Gratte- Guise et de Chemillé ; ils remplissaient aussi ce jour- R l'office d’Echanson; droits qu’ils tenaient à grand honneur. Tout le monde connaît l'aventure du jeune Maurice de Graon, lors de l’intronisation de Guillaume le Maire , en 1290 (1), voulant remplacer son père, alors en ambassade auprès du roi d'Angleterre, il se fit placer sur les épaules d’un de ses écuyers , et soutint du côté droit l’un des bâtons de la chaise tenu par le seigneur de Matheflon; malgré les observations de l’é-- vêque pendant le repas, il lui servit à boire, et , fit emporter par ses gens le gobelet de vermeil de l’é- vêque, destiné au seigneur qui remplissait l’officé d'Echanson. RE NE PE PRE HS RE A ER EP OR TA » avec ville, ou une avec les autres choses dessus dites peut- » être dit baron, au baron appartient l'épave du faucon et du » déstrier et est entendu déstriér un grand’ cheval dé guerré » coursiér où cheval de lance. » L'article XLVIII ajoute : : « Les comtes , vicomtes et barons, » sous le ressort et suzeraineté du roi et duc d’Anjou ont toute » juridiction haute et moyenne et basse en leur territoire et sur ‘» leurs sujets la punition de correction d'iceux et peuvent for » bannir leurs sujets de leurs terres et peut avoir le‘comté au | , »marc de sa justice Gibet 4 six piliers et le vicomte et baron a » quatre piliers, toutefois lé duc d’Anjou peut avoir gibet à tost » et tel que bon lui semblera en signe de suzeraïineté. \ (1) Znterea uutem nd nos in dicta camera accedens Amauricus, filius primogenitus et heres nobilis viri domint Mauricit domint de Credonio et de Brioléto puer undecim annorum vel circa; domino Matthæo Quatre-Barbes milite pro dicto puero verba fa- crente, obtulit se nobis ad faciendum .servium et officium in quo Le ET SR ( 81 ) Près de ce palais, est une très jolie maison du xvr° siècle ; l’église actuelle , sous le vocable de Saint- Marcel, vocable primilif, est une église du xvr°, entée sur une du x° siècle. De celle que Bouchard, seigneur de Briollay, donna au xr° siècle, aux abbés de Saint-Serges d'Angers, il n’existe plus que quelques pans de murailles ; la porte d’entrée , surmontée d’un entablement aux voussures , ornée de dents de scie, une partie du clocher et une abside qui sert aujour- d’hui de sacristie. Get abside au toit conique , est ter- miné en cul-de-four; au fond était un autel : l’abside a dans son pourtour 4 mètres 74 centimètres. Douze modillons ornent sa corniche, quelques-uns sont bri- sés , les uns sont en biseau, d’autres commencent à revêtir tantôt la forme végétale, tantôt la forme humaine. Les divers ornements que l’on y remarque, pater suus nobis et ecclesiæ Andegav. tenebatur ratione jeudi» videlicet ad portandum nos una cum vassalris nostris, qui ad hoc tenentur post munus consecrationis nostræ , ab ecclesia sanctr Albini usque ad majus altare ecclesiæ Beati Mauricii andegav. et ad serviendum nobis de cupa in mensa gerendo officium pincernæ, proponens et afferens se ad hoc admitti debere, cum pater suus in Anglia esset absens etiam ante tempus electionis de nobis factæ, mazximè ex causa legationis subi impositæ a rege franciæ ad re- gem anglorum ut dicebat : nobis reclamantibus et, nos opponentr- bus in prœmissis, afferentibusque illud offictum et servittum aded esse personale, quia non nisi per dominum de Brioleto fierr et ‘zmpleri poterat, vel debebat; undè cum dictus puer nondum esset dominus de Brioleto ac vassalus ecclesiæ andegav. ad illud ser- vitium non debebat admitti præcipuè cum adhuc esset idem puer tam teneræ et imbecillis œtatis, quod per se dictum servitium et 1 offictum implere non posset. Guillelmi majoris episcopi andegav. Gesta 291 292 spicilegium tomus decimus, (6 qu (82) sont des dents de scie et des chevrons. Dans l'église actuelle, se trouvent deux chapiteaux très curieux , et provenant de l’église primitive; l’im d’eux représente un homme dans une position grotesque ; d’une: main il saisit par les cheveux, une tête monstrueuse; de . autre , il tient par les bras un personnage à tête co- lossale. L’autre chapiteau développe sur ces deux faces, l’adoration des Mages. La Vierge, assise sur une chaise, présente, aux rois Mages l’Enfant-Jésus, qu’elle tient sur ses genoux. Marie , ainsi que l'Enfant, portent la couronne royale, perlée à la base; le tour de la pru- nelle de la Vierge, est formé par un incrustation en silex noir ; sa chevelure, nouée en grosse tresse , tombe sur ses épaules; Marie et son fils sont placés dans un côté du chapiteau , et encadrés par une arca- ture ornée de torsades et de dents de scie. La face principale de la pierre, présente les trois Mages : Mel- chior, Gaspard et Balthasar, chacun dans une char- mante arcature ornée de dents de scie, de torsades et - aux colonnes étoilées. Le premier Mage est à genoux, il offre au nouveau né son présent, qui est renfermé dans une espèce de fiole; c’est probablement l’or d’A- rabie : obstulerunt ei thus aurum et Myrrham. L’En- fant étend la main, et bénit le Mage. Le second roi est à genoux, et tourne le dos au premier; d’une main, il montre d’un air extasié l’Enfant-Jésus au troisième Mage, et de l’autre son offrande; il est.impossible de voir rien de plus naïf, Le sculpteur du xr' siècle, au- tant que l’on peut pénétrer sa pensée, voulait mettre “ son personnage à genoux, à la suite du premier , et ( 83 ) se détournant pour faire remarquer au Mage qui vient après lui, la scène dont il est témoin. Mais comme cette position fui paraissait trop difficile, il l’a rendue avec la naïveté que l’on aime tant à retrouver à cette époque. La tunique du mage est fendue, et laisse voir des jambes d’une longueur demesurée. Le troisième Mage revêtu, come les deux premiers, d’une longue tunique, lient d’une main son offrande ; il est debout, et lève les bras en l'air en signe d’admiration. La forme des "vases qui renferment les présents de’ces deux derniers personnages, est un peu fruste et diffi- cile à déterminer; du reste c’est tout ce qu’il y a de moins visible dans le chapiteau, qui est charmant de naïveté et d’ornementation; les trois Mages portent la couronne perlée et ornée de dents de scie. La troisième face de ce chapiteau, offre un person- nage assis sur un escabeau, formé par un}monstre; il porte la couronne royale, d’une mainil'tient un glaive au, de l’autre il tient par les cheveux une tête qu'il semble montrer. Je pense que ce sujet pourrait bien être le roi Hérode, présentant à la danseuse Héro- dias la tête de Saint-Jean-Baptiste; du reste, je n’af- firme rien, tant souvent l'imagerie du moyen-âge es: pour nous lettre close. Gette imagerie si curieuse dans ses plus petits détail, est contemporaine de celle de Cunault et du cloître Saint-Aubin; ainsi, ces deux chapiteaux en pierre de liais, qui ont survécu à la des- truction de l’église , nous font voir qu’au XI: siècle, époque où la pierre commençait à s’animer et se spiri- tualiser sous l’ardente et sévère main de l'artiste qui en faisait jaillir la vie Magister de visis lapidibus, l’é: (84) glise de Saint-Marcel était déjà historiée. Ge qui reste de constructions primitives , nous montre que l’église avait trois nefs , deux petites et une grande, et si on en juge d’après ce que l’on voit, elle devait être fort curieuse. De charmantes stalles du XVI: siècle, provenant de l'église de Saint-Serges et Saint-Bach , sont placées à droite et à gauche de la balustrade du chœur. A droite, l’on voit sur la miséricorde , un aigle te- nant dans ses serres un philactère. Le reste n’offre de ce côté rien de bien remarquable. À gauche, aux deux bras de la première stalle, est un moine et une religieuse; le moine a le corps d’un: porc; la satire qui à cette époque était introduite dans l’église , nous offre ici un exemple des querelles qui existaient entre le clergé régulier et le clergé séculier. La miséricorde de la stalle, est ornée d’une tête de chien; la stalle suivante montre un homme soulevant - la miséricorde. On voit sur une autre un personnage , ayant une bouche d’une grandeur démesurée, et qu’il essaie d'élargir encore avec ses mains. Ici, c’est un moine accroupi; là, un dragon aîlé; plus loin, un homme barbu dont le corps est celui d’un animal, etc. Je terminerai cet article par une observation qui me paraît devoir venir ici prendre place. Les chapi- teaux dont je viens de parler , trouvés parmi les dé- combres, furent placés dans l’église avec soin; beau- coup les auraient laissé perdre, en les livrant, soit à Ja maçonnerie, soit à tout autre usage: comme ce curé des environs de Doué qui, il y a quelques années , (385) voulant utiliser la statue d’un Saint qu’il jugeait n'être plus convenable dans son église , le décapita, fit un _réchaud de la tête, et du corps, une pierre d’évier. Ils ont encore échappé à un autre malheur, qui n’est ‘ pas le moindre, celui d’être en possession des collec- tionneurs. Quoique placés dans ane église du xvi* siè- cle, ces pages romanes restent au lieu même où elles furent produites, et si elles ne servent plus d’enseigne- ment, comme au moyen âge, du moins, aujourd’hui l'artiste et l’archéologue , peuvent contempler dans cette église le commencement et la décadence de l’art. Vendredi 11 févries 1848. AIMÉ DE SoLAND. (#6) Note communiquée par M. Godard-Faultrier | ————— TOMBEAUX GALLO : ROMAINS. ——s 000 — Le 15 novembre 1848 , au nord de l’axe du che- min de fer, dans le champ de la Visitation où s’exécu- tent les terrassements pour l’emplacement de la gare d'Angers, une mine de terre, sur un déblai de quatre mètres de hauteur , a laissé à découvert deux tombes le l’époque romaine, mais dontJ’intérieur a été fouillé, el par conséquent ne contenant pas de cercueil; leur emplacement par rapport à celle découverte le 15 juillet dernier.est à 35 mètres à l’est et à 10 mètres au nord par rapport au cercueil en plomb découvert en pleine terre dans les premiers jours d’août. Le dessin en élévation ci-joint de la tranchée, présente les tom- bes déblayées à l’intérieur. Le second dessin donne en plan les maconneries après l’enlèvement des terres végélales qui les recouvraient et les comblaient, plus l’orientation. Dimensions et descriptions. Les dimensions en longueur et en largeur sont indi- quées au dessin en plan. La hauteur, au-dessus du ra- dier, des murs du grand tombeau à l’ouest (à gauche sur le dessin) , est de 0",67, le radier a une épaisseur (87°) dé 0",04; celle des murs du petit tombeau est de 0®,36, avec une épaisseur de radier de 0",04 égale- ment. Les deux tombes sont établies au même niveau à 1,20 au-dessous du sol, sur un terrain jaune et gra- veleux (diluvien.) La coupe du terrain donne ces couches, savoir : 0,50 de hauteur de terre végétale noire, 0,90 d'argile noircie par filtration, ensuite la couche diluvienne de terrain graveleux. Le dessus des murs du grand tombeau était recou- vert de quarante centimètres de terres, et 0",70 à 0®,80 pour le petit, c’est ce peu de profondeur en terre qui les a fait découvrir, sans doute, en cul- tivant; l’intérieur de chacun d’eux était, en effet, rempli de terre végétale et des débris de leurs démo- litions. Le mur au bout nord du grand tombeau a complétement disparu ainsi que toute espèce de cou- verlure. Le petit tombeau était encore recouvert à un bout (nord) par deux grandes ardoises de 0",06 à 0",8 d’é- paisseur, deux autres ardoises semblables étaient l’une sur l’autre dans l’intérieur recouvrant un amas d’os- sements. Les traces du cercueil en plomb qu'il a ren- fermé sont évidentes par un petit bourrelet de ciment de 0”,10 de largeur, présentant une paroi lisse et même arrondie par le bas joignant la couche qui for- me le radier, et qui n’était autre chose qu’un remplis- sage entre les murs et le cercueil moins large que l’intérieur du tombeau. Les ossements auront, sans doute, été ainsi replacés en tas sous deux des ardoises de la couverture par esprit de religion et d’honnête homme. ( 88 ) Le petit tombeau avec un radier en ciment romain pur de 0",04 d'épaisseur est construit en briques avec mortier de chaux employé hors proportion. Les murs enduits à l’intérieur par une couche de ciment lissé avec le dos de la truelle sont terminés par une assise de huit à dix centimètres de moëllon schisteux blanc comme les environs en fournissent et là dessus repo- saient les dalles de recouvrement. Le grand tombeau avec un enduit et un radier semblable est construit avec mortier de chaux en briques et schiste blanc (talschiste) mélés. Les briques ont 0",29 sur 0",30 et 0,03 d'épaisseur. Plusieurs de ces briques sont à crossetles. — Remarque. Le grand tombeau a été établi en partie dans une fosse cinéraire qui le joint à l’ouest; l’incinération présente encore sous les maconneries, une couche de 0,10 d'épaisseur qui tient à la fosse bien visible. BriorT, Conducteur des travaux du chemin de fer. CRIER FRS RE En SE a à 2 D TER RE ER En A Wl hab Re à All X ss Se an # LA D, > d z “ el à Ll (Quest ) restes de t ex (Oro) pal AIR Le Lit. Cosnier etLachese D Laure à nn Ciypte autrefoie full Glau A re) n ù Coupe liatiboersale Ou toubeau A e p) 00 Ochelle de 0,05 pour mrelice Cuypte À Où Cercuail, N° À € Croix Aerard (89) ANTOINE ARNAULD (abbé). -e.——— L'abbé Antoine Arnauld, neveu de l’évêque d’An- gers Henri Arnauld, doit figurer comme son oncle dans la Biographie angevine. Par le long séjour qu’il fit en Anjou il s’est vraiment acquis des lettres de naturalisation; ses mémoires publiés dans PetitotT. 34 et comprenant une série de faits depuis 1634 jus- qu’à 1697 le rattachent d’ailleurs d’une façon spé- ciale à notre province. Il naquit en 1616 et fut l’aîné des enfants d’Arnaud d’Andilly; destiné par son père à l’état eclésiastique et n’en ayant pas d’abord la vocation il embrassa de bonne heure le métier des armes , qu’il abandonna vers l’âge de 27 ans pour se mettre dans les ordres et s'attacher à son oncle Henri Arnaud , alors abbé de Saint-Nicolas d'Angers, qu’il suivit à Port-Royal des Champs en 1648, et à Angers vers 1650 où il ad- ministra le temporel de l’évéché. Il fut nommé abbé de Chaumes (Brie) vers 1674 (1) et mourut au mois de février 1698. Ses mémoires, dans PA nous allons puiser les faits les plus intéressants de sa vie, furent, dès avant (1) Abbaye située dans le département de Seine et Marne, à _ quatre lieues et demie de Melun, ( 90 ) Petitot, publiés en 1756 à Amsterdam par le genove- fain Pingré mort vers 1796 membre de l’Institut. L'abbé Arnauld en avait commencé la rédaction vers 1676. « J’en ai conçu la pensée ; dit-il, dans » un temps où après une maladie de quelques mois » je ne me trouvais pas capable d’une plus grande » application... je n’ai point l’intention de les rendre » publics. » Il les acheva au mois de janvier 1677 et les soumit au jugement de Mme de Brissac qui le 24 avril de la même année lui en adressa de justes éloges; son style a de l’élégance et de la simplicité, il est généralement empreint de cette pureté de diction devenue prover- biale et que l’on appelait la langue des Arnauld comme lon disait l'esprit des Mortemart; mais la pensée de notre auteur est loin d’être aussi austère qu’elle l’était. dans sa famille; ses mémoires ont pour ainsi dire l’at- trait du roman et quelque chose du laïsser-aller piquant de ceux du cardinal de Retz, avec cette différence que la galanterie s’y trouve toujours dé- cente et de bon aloi. Bien que son esprit facile et enjoué dût l’éloigner du caractère digne et sévère de son oncle, ce dernier l’affectionna cependant beaucoup. Nous n’entreprendrons point de donner une analyse complète de ses mémoires , nous bornant à reproduire quelques détails de sa vie qui appartiennent à l’histoire du pays. Son premier séjour à Angers fut à l’abbaye de St- Nicolas, où il arriva au mois d’août 1642; Henri Ar- pauld y résidait depuis deux ans. « Nous y passions (91) » une vie fort douce, dit Antoine, sans penser que » nous la dûssions quitter sitôt. » Ils partirent en effet d'Angers, au mois d'octobre pour Paris, et le 17 décembre, ils firent route vers l’I- talie. On trouvera assez longuement traité le but de ce voyage à l’article Henri Arnauld; ils traversèrent Lyon, Avignon, Aix, et s’embarquèrent à Marseille. À Modène, la mission diplomatique de l’abbé de St- Nicolas les obligea d’assister à un bal de cette cour. « Toutes les femmes , dit Antoine, y étaient séparées » des hommes et assises sur une estrade en demi- » cercle à l’extrémité de la salle, au milieu de laquelle » les hommes étaient confusément, un maître des cé- » rémonies allait querir celui ou celle qu’on voulait » prendre pour danser. À proprement parler , on ne » dansait pas, mais plutôt on marchait en cadence. » Je suivis, ajoute:t-il, le maître des cérémonies, et » me revis, Sans y songer , dans un exercice que je » croyais avoir quitlé pour toute ma vie. » Ge petit incident prouve qu’à l’occasion , il n’avait pas abandonné certaines habitudes mondaines. Ils ar- rivèrent à Rome, le 17 mars 1646. Antoine, durant son séjour en cette ville, prit quelque part aux affaires diplomatiques , que son oncle avait mission de négo- cier; il voyait souvent le Poussin et Mignard, qu’il affectionnait , et prenait plaisir à s’entretenir avec eux de peinture et de beaux arts. Au printemps de 1648 , son oncle et lui quittèrent l'Italie, traversant Lorette, Massa Carrara, Gênes, Antibes, Grasse, Lyon, Dezize, et arrivèrent à Port- Royal-des-Ghamps, vers la Saint-Jean, puis à Paris, où \ (92) la Fronde s’organisait, IL nous apprend « que cette » guerre fut précédée d’une autre , qui divisa les es- » prits au sujet des deux fameux sonnets de Job , par » M. de Benserade, et d’Uranie, par M. de Voiture; » guerre plus douce, ajoute-t-il, mais qui sembla être » le prélude des troubles véritables qui la suivirent de » près. » Afin d'éviter toute participation aux folies de la Fronde, ils revinrent à Port-Royal où , durant leur sé- jour dans cette asile, l’évêché d'Angers étant devenu vacant, fut donné à l’abbé de Saint-Nicolas, qui en prit possession à la fin de l’an 1650. Antoine l’y suivit, appuyant son oncle dans tout les démélés, que ce der- nier eût à soutenir contre M. de Rohan, gouverneur d'Anjou, à l’occasion des troubles. L'abbé Arnaud, persécuté par les ennemis de Ma- zarin, fut même contraint de s’exiler quelque temps, et tandis que l’évêque d'Angers s’était réfugié près du roi, à Saumur; lui, quittait notre ville (1652), pour s’aller cacher à Sauteray. En effet, il venait d’appren- dre que l’on avait intercepté une lettre à son adresse, écrite en chiffres par son oncle, et que M. de Rohan, n'ayant pu la lire, avait résolu de le faire arrêter et de le renfermer au château. « Je ne délibérai pas long- » temps, dit-il, sur ce que j’avais à faire... J’envoyai » prier M. de Varennes, ordinaire de chez le roi, et qui » n’était demeuré à Angers, que par maladie d’exécu- »ter une partie de promenade à la Perrière, fort. » agréable maison, située.à une lieue d’Angers (près » d’Avrillé).. Gomme nous fûmes hors des barrières , » des seldats du corps de garde coururent après nous. (93) » Sur la vue d’un passeport, ils nous laissèrent aller. » À la Perrière, je montai sur un cheval, et par des » chemins détournés, je me rendis à Sauteray, chez » un gentilhomme de mes amis, dont le château était » assez fort pour ne craindre pas les insultes de la mi- » lice d'Angers. Mes précautions ne furent pas inutiles; » car, à peine étais-je parti de la Perrière, que l’en- » $eigne des gardes de M. de Rohan y arriva avec dix » de ses compagnons. Il visita toute la maison ; il alla » jusqu’à un bac que je devais avoir passé , si j'avais » été par le droit chemin; enfin, après une recherche » vaine , il retourna à la Perrière, où il fit force me- » nace à M. de Varennes... On me demanda que M. de » Rohan avait eu pensée de le mettre au château, au » lieu de moi; c’était assurément le moyen de me ra- » voir, car j'étais fort résolu de m’aller remettre entre » ses mains, plutôt que de voir mon ami en peine, pour » m'avoir rendu service. » Antoine fut à Sauteray, durant tout le siége d’Angers, c’est-à-dire pendant le mois de février 1659. Dans cette jolie campagne, il fit la connaissance de la com- tesse de Mar et de M'e de Montalais, nièces de M. de Sauteray, femmes de beaucoup d’esprit et d’un savoir fort agréable. « Il ne tiendra qu’à M''° de Mon- » talais , écrivait Antoine, de donner à ses amis des » mémoires de sa vie, ils ne le céderaient à aucun de » ceux qui ont été publiés jusqu'ici, soit par la beauté » du style, soit pour la curiosité de la matière... Elle » n’a autrefois promis d’y travailler; mais jusqu'ici , » je n’ai va aucun effet de ses promesses. » M'e de Montalais , fille d'honneur de la duchesse (94) d'Orléans, fut par l’ordre de Monsieur, enfermée quelque temps à Fontevrault. Le siége terminé, l’abbé Arnaud s’en revint à An- gers, où il se lia d'amitié avec M. de Fourille, gou- verneur de la ville et du château, qui malgré’ses tours noirrs, ses douves profondes, et l’aspect triste de son pont-levis, devint, durant deux années, l’aimable ren- déz-vous d’une compagnie distinguée. Mnes de Fourille et sa sœur, Mme la marquise de la Porie, née de Brissac, la comtesse de Lafayette (1), la- quelle n’était encore que Mie de la Vern et sa mère qui venait d’épouser M. de Sévigné; parent du cardinal de Retz: Mnes de la Troche et de Bobigné , toutes femmes célèbres par leur beauté ou par leur mérite, rendaient ce cercle fort attrayant. L'esprit ai- mable et facile de l’abbé Arnauld, ÿ était très goûté; on eût dit de cette charmante réunion, un petit hôtel Rambouillet. Il se mit également en rapport avec le maréchal de la Meilleraye , lorsque ce dernier ayant ordre du roi de rétablir l’autorité dans Angers, vint descendre à l'évêché, peu de jours après la réduction de cetie ville (1652). Vers ce temps-là , Henri Arnauld reçut (1) C’est, je crois, la même que celle qui est auteur de Zayde, de la princesse de Clèves, de là comtesse de Tendes, de la princesse de Montpensier, romans très courus dans leur temps; elle a écrit également les Mémoires de la cour de France , années 1688 et 1689, l’histoire de Me Henriette d'Angleterre et de charmantes lettres à Me de Sévigné, dont elle a tracé le portrait. Élle fut l’écolière de Ménage. (95) une lettre de M. Servien , qui était demeuré à Sau- ur, après le départ du roi; cette lettre l’invitait ins- tamment à venir célébrer un service solennel pour feue M®° Servien; nous avons quelque raison de croire que cette cérémonie eût lieu dans la chapelle des Ardilliers, dont plus tard, en 1654 , une des ailes fut construite, et le dôme commencé par les soins de ce célèbre ministre. Henri Arnauld , acceptant l'invitation, se rendit à Saumur, avec Antoine, son neveu. L’oraison funèbre fut prononcée par un vénérable Père récollet, qui fit beaucoup rire, car «oubliant .» que M. Servien n’avait qu’un œil, il appliqua ce beau » passage à la défunte : Erat oculus cœco, et pes » claudo. ». Après le service, il y eut un magnifique repas dans une salle des Pères de l’Oratoire , M”: la duchesse de Brissac troubla un peu la fête, la présence d’un su- perbe saumon la fit évanouir. Ces petits détails auraient ici peu d'intérêt, s’ils ne donnaient un aperçu des agréables riens que l’on re- trouve à chaque page dans les mémoires d’Antoine. Il nous apprend que dans leur trajet de Saumur à Angers, son oncle et lui arrivèrent par un temps fort mauvais, au port de Sorges, sur les dix heures du soir; il n’y avait pas encore de pont en cet endroit (1652). Laissons-le causer : « Le maître du bac avait pris un peu trop de vin; » ainsi, dès en démarrant du bord, il manqua la corde, » et nous fûmes emportés par le courant... Le vent qui » nous faisait peur, nous sauva en nous portant sur la (9%) » prairie inondée….. Gependant , le maître se noya; » nous le vimes paraître une fois, autant que l’obscu- » rité de la nuit le pouvait permettre... Je crois que » mon oncle ne se consolera jamais de la mort de ce » pauvre homme, il envoya de l’argent à la veuve ; et » on a cru qu’il n'avait depuis peu entrepris beaucoup » de voyages à pied, à Notre-Dame-des-Ardilliers, que » pour obtenir au mort la miséricorde du Fils par la » sainte intercession de la Mère. » L’année 1657, fut pour l’abbé, remarquable par l’un de ces petits événements que les esprits distin- gués savent seuls apprécier. Dans un voyage qu'il fit à Paris, il se lia d’amitié avec l’illustre marquise de Sévigné; et à son propos, il écrit : « Je dois dire à la » louange du sexe , que j’ai trouvé beaucoup plus de » fidélité dans mes amies , que dans mes amis. qui, . » m’ayant gâté l’esprit et l’humeur, m’ont rendu vieux » avant le temps, ce que Dieu a sans doute permis » pour me détacher des amitiés du monde, auxquelles » par mon inclination naturelle, je ne m’attachais que » trop fortement. » | Son chagrin s’accrut en 1661, par l’arrestation à Nantes du surintendant Fouquet. « Nous Pavions vu, » dit-il, passer à Angers, quelques jours auparavant, » dans un état de gloire si haut, que du comble où » il était élevé, il semblait voir les autres si bas, qu'il » ne pouvait les reconnaître... Mon frère (M. de Pom- » ponne), eût sa part à la disgrâce de M. Fouquet , il » fut relégué à Verdun. Je ne bougeai d’Angers pen- » dant tout le temps de la disgrâce de mon frère... » M. d’Angers, de son côté, souffrait une horrible per- Li) (97) » séculion sous le fantôme du Jarisénisme, et les cho- » ses vinrent à une telle extrémité, que le roi nomma » des commissaires pour faire le procès aux quatre « évêques, du nombre desquels il avait l’honneur « d’être. » Mais cette affaire se calma. D’un autre côté, Antoine eut la salisfaction de voir sa famille briller d’un nouvel éclat en la personne de M. de Pomponne qui, quatre années après son exil à Verdun, par un retour inattendu de la fortune , fut nommé ambassadeur de Suède en 1665 , et secrétaire-d’état en 1672. Vers ce temps, notre abbé obtint, par l’en- tremise de son frère, des lettres-patentes en faveur de M. d'Angers, pour introduire dans son abbaye de S'-Ni- colas , les Pères de la congrégation de St-Maur. « J’eus » le plaisir, écrit-il, de les faire vérifier au Parlement, » en dépit de la cabale d'Angers , qui s’y opposait, » Après celte analyse des particularités les plus re- marquables de la vie de notre abbé, il nous reste seu- lement à dire que ses mémoires renferment beaucoup de faits piquants sur les troubles de Naples, sur la po- litique de Rome , sur la guerre de la Fronde , sur le Jansénisme , sur l’arrestation du surintendant Fou- quet ; il y a également des choses très neuves, qui con- cernent le maréchal de la Meilleraye , le duc de Ro- han, le cardinal de Retz, Servien, Colbert et d’Au- tichamp. En parlant de ce dernier, il s'exprime ainsi : « d’Autichamp, lieutenant de roi, de la ville et du % château d'Angers... gentilhomme d’un fort grand » mérite... il est de la maison de Beaumont, une des » meilleures du Dauphiné, et qui était déjà considé- » rable en 1949. » (98) : Sa narration est agréable par l'endroit, même où elle pèche : peu d’unité, aucun plan; mäis en revan- che, de nombreux épisodes Termiaons par celui-ci, dont un extrait fera suffi- samment connaître son habileté à juger les aimables vanités du sexe. ( L « Jamais mort n’a peut-être fait verser tant de larmes, » et de belles larmes, que celle du jeune due de Lon- » gueville, qui était comme assuré, lorsqu'il mourut, » d’être bientôt élevé sur le trône de Pologne. Tout » ce qu'il y a de dames spirituelles ou galantes à la » cour, le p'eurèrent, beaucoup par point d'honneur... » Mais toutes, soit en se cachant, soit en faisant sem- » blant de s’en cacher , se faisaient également soup- » conner, ou d’une véritable passion, ou d’une folle » vanité. » Je dirai à propos de cela, ce qui m’arriva sur la » fin de cet été (1672), avec Mme la duchesse de Bris- » sac, née Gabrielle-Louise de Saint-Simon, sœur du » premier lit du duc de Saint-Simon, auteur des mé- » moires. » J'étais allé voir à Paris, M. le duc de Laroche- » foucault , à l’hôtel de Liancourt, qui m’assura que » Me de Brissac venait de se plaindre de moi, sur ce » que je ne l’avais point encore visitée; comme elle » rentrait , je m’avançai pour lui faire mes excuses , » mais après avoir demeuré un moment presque immo- » bile, elle sortit , yagna son carrosse, et se relira.… SE » je fus surpris, je le laisse à penser; deux jours après, » j'allai la voir... Vous dûtes être bien étonné , me » dit-elle, de l’étrange Lour que je vous fis ; c’est, con- (99 )- » tinua-t-elle, qu’en rentrant pour vous voir dans la .» chambre de M. Larochefoucault, je jetai les yeux » par hasard sur un portrait de M. de Longueville..…… » celte vue me frappa l'esprit d’une telle sorte, que » ne me trouvant plus maîtresse de ma douleur, je « ne pus que me relirer. » | Avec un certain air malin, quoiqu'il fut des bons amis de la duchesse, notre abbé ajoute : « On vit en- » core des afilictions plus touchantes nour cet illustre » mort. » Ces innocentes malices, ces jolies miniatures des mœurs chez les grandes dames du XVII siècle, font le charme de ces mémoires qui très probablement fu- rent rédigés en Anjou. V. GopaxD-FAULTRIER. ( 100 ) RAPPORT SUR LE RECUEIL DES USAGES BURAUX DU CANTON DE SEICHES, Ju à la séance de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers, par M. ÉLraciN LACHÉSE, MEMBRE TITULAIRE , le 18 juin 1847. "2 Nous venons de parcourir une brochure, bien pe- tite et bien humble, intitulée : Recueil des Usages ru- raux dans le canton de Seiches. Il nous semble au plus haut point juste et utile d'appeler sur ce travail l’attention et les encouragements de la Société. À ces seuls mots Recueil des Usages ruraux, les juriscon- sultes ont deviné notre pensée. Mais, pour les person- nes étrangères à l’élude des lois, permettez-nous, Messieurs , de considérer avec quelque détail quelles phases ont subies les Usages en France et comment se trouve encore ouverte et indiquée par la loi elle- même la lacune que le Comice de Seiches vient d’es- sayer de combler pour son canton. La plus courte observation suffit pour constater qu’il ne se trouve pas deux familles ayant compléte-" (101) ment les mêmes goûts, les mêmes préjugés, les mêmes habitudes. Si, d’un simple foyer, la remarque s'étend à une ville, elle devient plus frappante encore; appli- quée à une réunion de provinces, elle atteint lévi- dence. Dans ce cas, eneffet , ce n’est pas seulement aux idées, aux traditions , aux enseignements divers de chaque chef de famille qu’il faut s’en prendre pour expliquer les dissemblances dans les häbitudes ; c’est aussi à la différence plus ou moins marquée du sol qui, selon qu’il sera léger ou consistant, amènera des changements forcés dans sa culture : dans la différence aussi des positions qui, selon qu’elles avoisineront des fleuves, des prairies ou des coteaux fertiles, donneront, dans les travaux de la contrée, une plus grande part à la pêche ou à la navigation, au pacage ou à l’agri- culture proprement dite. Gette différence dans les industries .et par conséquent dans les produits , causera nécessairement un changement dans la nour- rilure : ce dernier entraînera peu à peu un change- ment dans les tempéraments , et nous ramèncra for- cément à notre premièr mot : changement d’habitudes et d’usages. Si on applique ces réflexions à l’état dans lequel se Wouvaient nos contrées de la Gaule lorsque les Ro- mains les envahirent, on avouera que jamais disparate plus complète n’exista entre les pays conquis et le peuple qui venait les reconnaître et les soumettre en même temps. -C’était la pourpre opposée au sayon grossier, le glaive doré repoussant la hache de pierre : les lois les plus avancées repoussant la barbarie : le paganisme-et sa poésie pénétrant dans les forêts où le (102) sombre culte de Teutatès ensanglantait chaque jour ces dolmens dont le seul aspect suffisait pour faire comprendre ce qu’étaient alors nos aïeux. Les édits et la force ne pouvaient , évidemment, suflire pour effacer de telles dissemblances. Aussi, sous la serre même de l'aigle latine, les Francs, les Visigoths , les Bourguignons continuèrent à suivre certaines lois de leur contrée dont Montesquieu, entr'autres, nous présente la précieuse analyse. Nous dépasserions évi- demment les limites de ce travail si nous voulions tracer ici les phases diverses de la lutte que ces lois soutinrent contre le droit romain : qu’il nous suffise de dire qu’un troisième élément vient bientôt prendre, ou plutôt marquer ostensiblement sa place dans la discussion des droits et le règlement des intérêts. La création des nouveaux rapports nés de la conquête, l'influence de la civilisation qui s’emparait malgré eux des barbares et étendait entr’eux les liens hiérarchi- ques de la féodalité , firent naître une foule de règles non écrites et conservées seulement par l’exemple et la tradition, règles dont il fallut bien reconnaître l’empire, car elles étaient filles de la nécessité. Ces habitudes, ces traditions, ces usages enfin, avaient pris sous la première et la seconde race de nos rois une importance et une fixité assez grandes pour que dans plusieurs documents du temps, cilés par Montes- quieu, dans les ‘ordonnances de Pépin, entr’autres, elles fussent positivement désignées sous les noms d'Usage ancien où Coutume du lieu. L'organisation des rapports féodaux, l’extension de la nation nou- velle durent donner un nouvel élan au droit qui se ( 103 ) formait dans une grande partie de notre territoire. Pendant qu'au midi de la Gaule, voisin de PI- talie, où l’écriture s’élait conservée , où les pa- pes, les empereurs grecs , des villes florissantes maintenaient le droii romain en honneur, ce droit £cRiT régnait et semblait s’affermir, la plus forte por- tion du pays, laissant peu à peu les lois Salique, Ri- puaire rt autres, voyait chacune de ses divisions nombreuses adopter, sur les principaux iutérêts de la vie , des usages différents. C’est alors que commencè- rent à s’employer ces désignations de pays de droit écrit et de pays coutumier, suivant que la contrée obéissait au droit romain ou à la coutume qui, lors même qu’elle se fût trouvée attestée par l'écriture , n’était pas encore écrite avec l’assentiment et la con- sécration du prince. Le quinzième siècle a vu donner cette consécration aux usages de la France. Déjà, en ce qui touche l’Anjou et le Maine, une compilation , sous le titre : Coutumes glosées d’ Anjou et du Maine , avait, selon Louet et Brodeau que cite Poquet de Livonnière , été rédigée ea 1385, commencement du règne de Char- les VI, comme, sous le règne de saint Louis et les suivants , des praticiens habiles, tels que Défontaines et Beaumanoir, avaient rédigé par écrit les coutumes de leurs baïiliages; mais c’est seulement en 1453 que Charles VIE, après avoir chassé les Anglais de notre territoire, voulut assurer une bonne et prompte jus- tice à l'Etat qu’il venait d’affranchir. Par son ordon- nance de celte année, il voulut que toutes les cou- tumes du royaume fussent écrites et accordées par (104) les praticiens de chaque pays, puis examinées et ac- cordées par le Grand Conseil et par le Parlement. Notre duc d’Anjou, le roi René aida puissamment, en 1458 et 1462 principalement, à l’exécution, dans notre province , de cet ordre du souverain : aussi, dès 1486, commencement du règne de Gharles VIII, notre cou- tume fut imprimée. Révisée solennellement en octo- bre 1508 , par les Etats assemblés sur lettres patentes du roi Louis XIL, elle fut scellée et déposée le 8 mars 1509, pour nous régler désormais. Sous François I‘, Heori II, François IT, et Charles IX, enfin , ce tra- vail se continua pour les autres provinces, de sorte qu'il fallut un siècle au moins pour que le vœu de Charles VII recût son entier accomplissement. On devine quelles différences nombreuses devaient pré- senter ces coutumes. L’hostilité des seigneurs voisins , l'ignorance des praticiens , la négligence des commis- saires, l’influence en sens divers des magistrats ins- truits qui avaient pu être appelés à leur rédaction , produisirent des disparates, des obscurités , des an- tinomies sur lesquelles Dumoulin ne cesse de se récrier. | Le croira-t-on ? Louis XI avait pressenti ces incon- . vénients et formé le projet, réalisé de nos jours , de soumettre la France à une seule coutume , ainsi qu’à une seule espèce de poids etmesures (1).Ce projet était =—=— (1)-Depuis la lecture! de cet essai, M. Métivier, avocat général (alors substitut du procureur général) a prononcé à l’audience de rentréc de la cour d’Angers, le 8 novembre 1847, un discours plein de curieux documents et d’utiles appréciations sur l'his- (105) bien d'accord avec les soins pris par ce prince pour diminuer la force des seigneurs et ajouter à celle de son sceptre. Si, au dire de Philippe de Commines, la morl seule en empécha l’exéculion et si, par suite, les coutumes continuèrent à se rédiger en se fractionnant par provinces, notre droit français n’en accomplit pas moins alors un grand progrès, en voyant ses usages constatés, déclarés par le prince et, surtout, fixés par écrit. Ces usages ainsi écrits se nommèrent Coutumes, le nom de droit écrit restant ordinairement réservé au droit civil par excellence, et d’ailleurs le premier connu , le droit romain. Ge progrès, toutefois , fut-il tel que les traditions , les habitudes , ne dussent plus à l’avenir être comptés pour rien ? On devine que c’était impossible, La Gou- tume, ou Usage écrit, n’avait pas pu descendre à plusieurs menus détails qui tiennent pourtant leur place dans le règlement des intérêts. Ensuite, une loi générale ne peut pas plus régler les rapports à naître, qu’un diclionnaire ne peut contenir les mots nouveaux dont un idiôme se compliquera, L'usage, le quod in regione frequentatur, après avoir formé la Coutume, devait donc nécessairement lui échapper ou la dépas- ser sur quelques points et, par conséquent, conserver son importance propre comme complément, comme satellite obligé de la loi que l’on avait formulée. Ce toire du droit coutumier de l’Anjou, etcelle de nos anciens ju- risconsulles.Nous y lisons (page19) que Charlemagne, Pbilippe- Auguste et Louis IX avaient, avant Louis XI, souhaîté vaine- ment l’uniformité de législation dans le royaume. ( 106 ) qui échappait au texte de la seconde, pouvait être réglé par les observances de l’autre. Aussi, lorsque l’inimitable Lafontaine nous parle du lapin revendi- quant devant le chat son domaine usurpé par la be- lette et écrit ce vers Jean Lapin alléçua la coutume et l'usage... il s'exprime aussi bien en praticien qu’en poète. On voit par cet examen rapide quelle place im- porlante, nécessaire, les usages ont toujours tenue dans notre droit, et avant les Goutumes qai ne se sont formées que de leur substance et depuis la formation de ces Coutumes où usages écrits. Leur importance est-elle moindre sous la législation nouvelle ? Après trois siècles, le vœu de Louis XI a élé ac- compli par Napoléon qui, lui aussi, voulait que rien ne manquât au poids et à la consistance de sa cou- ronne. Un même Code régit la France. Or, s’il est vrai que certaines pratiques parlementaires dussent échapper à des coutumes qui ne s’appliquaient qu’au territoire d’une province, on comprend. que des la- cunes bien plus nombreuses doivent se rencontrer dans une loi régissant tout un royaume. Les Coutumes ont disparu ; le droit écrit a été abrogé, tout en gar- dant le nom qui lui a été décerné de raison écrite ; mais on n’a pu abroger et réduire à un seul type des pratiques , des procédés, des habitudes, des Usages enfin, que de Lille à Marseille et de Brest à Strasbourg, la différence du climat , des matériaux , des besoins et (107 ) des terres, rendaient si variés, si opposés souvent, Les rédacteurs du Code Civil ne se sont pas bornés à le comprendre : ils l'ont nettement déclaré dans maints articles. Par exemple, l’art. 663, s’en réfère aux usages constants et reconnus pour fixer la hauteur des murs mitoyens : l’article 674 l’imite, en ce qui con- cerne la distance des forges ou amas de matières corrosives, ainsi que les travaux nécessaires pour ob- vier à leurs inconvénients; l’art. 671, en ce qui re- : garde les arbres de haute tige, Les articles 1159 et 1160 veulent que l’usage du pays serve de règle pour l'interprétation des conventions et même, quelquefois, supplée à leur texte. C’est surlout à l’égard des baux, cette matière si importante, cette occasion de si fré- quentes difficultés, que le Code ne cesse, pour ainsi dire, de s’en référer aux usages des lieux. Le délai des congés , la durée du bail des meubles ou apparte- ments meublés ; en ce qui touche les baux à ferme, les logements et facilités de culture à donner aux fer- miers entrant et sortant: le règlement du bail sans écrit selon les assolements : tous ces points sont remis à l'usage. Or, puisque l’usage est demeuré si respecté qu’il est, pour ainsi dire, appelé en aïde à la loi, il faut nous demander quand il mérite vraiment ce nom et comment on a, à diverses époques, établi sa cer- titude. Les auteurs indiquent sur le premier point cinq conditions. L’usage, disent-ils, doit être uniforme , public, multiplié, observé par la généralité des habi- tants , réitéré pendant un long espace de temps qué ( 108 ) quelques-uns des anciens injerprèles du droit fixaient à 20 et à 4o ans, mais que le plus grand nombre laisse avec raison à la prudence réservée du juge. Un dernier caractère que les anciens jurisconsultes, Ferrière et Denisart , entr’autres, voulaient pour que l’usage pré- valût, c'était qu’il eût été autorisé el confirmé par quelque jugement contradictoire. L’appréciation de ces circonstances était, évidem- ment, le soin du magistrat. Mais, le plus souvent , la partie qui en invoquait le bénéfice , avait à remplir pour les établir une tâche longue et coûteuse. Elle faisait ce qu’on nommait une enquête par turbes , si, toutefois , «elle en avait obtenu l'autorisation d’une Cour, Un commissaire de ce corps se transportait dans la juridiction principale du lieu où se serait établi l’usage allégué. Les avocats et procureurs du bailliage s’assemblaient , recevaient communication du point à consialer, et se formaient en turbes (turbæ, foule, réunion) de. dix personnes. Chacune de ces turbes ne complait que pour une voix : celle voix était .ex- primée par un délégué que les turbiers nommaient. Il fallait deux turbes au moins pour la validité d’une enquête. Cetle procédure applicable également: au cas où l’on alléguait un usage non écrit et à celui où la manière d'interpréter dans un lieu un article am- bigu de la coutume était mise en contestation, avait été réglé par une ordonnance de 1498, année de la mortide Charles VIIT. Lorsqu’en 1667, Louis XIV ordonna que'des con- férences seraient tenues sur divers points à réformer, le président de Lamoignon fut un des magistrats dont (109 ) la voix demanda avec le plus d’insistance la suppres- sion de cette procédure ruineuse(1). L'enquête par tur- _bes disparut, et l’ordonnance de 1667, qui a jusqu’à la révolution réglé notre procédure et, depuis, guidé sur les points principaux, les rédacteurs de notre Code actuel, n’autorise plus, comme celui-ci, que l'enquête par écrit et l’enquête verbale. L'usage s’établit alors de recourir aux actes de no- toriété pour établir les points à l’égard desquels l’en- quête par turbes s’employait avant l'ordonnance. Pour cet acte, arrêt était d’abord obtenu du Parlement, puis dix ou douze des avocats, procureurs ou simples praticiens du siége, témoignaient de l’usage sur le point contesté, après quoi l’acte était donné ou refusé, le ministère public entendu. Les anciens auteurs, Boubhier, entr’autres, font remarquer que cette forme de procédure ne présentait plus les mêmes garanties que l’enquête par turbes, parce que les simples pra- ticiens y étaient admis , ce que la plupart des parle- ments défendaient pour l’enquête ancienne et, sur- tout , parce qu'il n’y avait pas d'observations des parties. Depuis nos lois nouvelles , ce mode d’acte de noto- rieté qui, lui même, n’était établi que par des règles arbitraires , ne saurait plus subsister, l’article 5 du Code civil défendant aux juges de prononcer par voie de disposition générale. Aussi, le tribunal de Guéret (1) Éternel sujet de discussions et de' fraudes: {voir ÉHEUTE déjà cité, page 13.) ; (110) ayant rendu ,.le 5 mars 1824, un jugement en forme d’arrêt portant explication de l’article 219 de la Cou- tume de la Marche, et ce, sur les conclusions du - procureur du roi, la cassation de cette décision fut poursuivie et prononcée en avril de la mêine année , sur les conclusions de M. Mourre. Les actes de notoriété, les consultations, les attes- talions obtenues sur des usages ne sauraient plus être que de simples renseignements, Aujourd’hui donc, comme on le voit, il n’existe aucune voie claire et déterminée , mais seulement des mesures incertaines pour établir ces usages auxquels se réfère si souvent la loi. Quel peut être souvent l'embarras des parties , surtout si , changeant de pays, elles n’ont fixé que depuis quelque temps leur séjour dans le lieu où s’élèvera la contestation? Et le magis- trat, Messieurs ! quels obstacles rencontrera chaque jour le juge de paix qui devra exercer ses fonctions dans tout lieu où il ne serait pas depuis longtemps établi ! n C’est pour obvier à ces inconvénients si faciles à ap- précier que, maintes fois déjà, la voix des jurisconsul- tes, les vœux des conseils généraux, ont appelé chaque arrondissement , chaque canton, s’il le faut, à fixer par écrit ses usages et à rédiger ainsi sa Coutume ;- coutume qui, toutefois, ne deviendra pas la loicomme sous Louis XI, mais donnera seulement à la loi son désirable complément. On doit hautement remercier le Gomice du canton de Seiches d’avoir à cet égard donné dans notre département un exemple que nous espérons voir prochainement suivi. Que contient son (111) livre? Ce que nous venons de dire vous l’apprend à l’avance. Le louage des domestiques, les époques des baux à ferme , tous les détails de leur gestion , les ré- parations locatives, les congés , les états de lieux, la culture des différentes terres, voient successivement élablir en quelques mots bien simples et bien clairs ce qui touche leur quotidienne application. Pour rendre celle application mieux réglée, un projet de bail à ferme est imprimé dans le Recueil. Des conseils y sont consignés aussi sur certaines améliorations à la culture du pays, et l’emploi de la marne : quelques maximes agricoles terminent ce travail dont le Comice avait confié la rédaction à son président , M. Ch. Giraud. Cette simple brochure est, vous le voyez, digne de tous vos encouragements et vous nous pardonnerez, nous l’espérons , de vous avoir si longuement entrete- nus des circonstances légales qui de si loin sont venues préparer sa naissance, en-pensant qu'ici le canton de Seiches n’est considéré que comme un point de Ja France et en proclamant que la position qu’il vient de prendre en fixant ses usages, en se mettant, pour ainsi dire, en règle avec la loi générale , devrait être depuis longtemps celle du département , du pays tout entier. — «La Société déclare que le rapport de M. Lachèse sera imprimé, qu’un exemplaire en sera adressé aux Comices de Maine et Loire, lesquels sont invités à faire connaître à la Société d’agriculture en quoi les usages de leur canton diffèrent de ceux du canton de = Seiches ou peuvent y ressembler. La Société décide de plus, qu’à l’aide de ces documents, il sera pro- (112) cédé, par une commission, à’ un travail général dans lequel seront classés , avec toutes les exceptions locales, les usages ruraux du département de Maine et Loire. » (Rapport du Secrétaire.) . UN TOMBEAU DÉCOUVERT DANS L'ENCEINTE DU CAMP ROMAIN DE FRÉMUR. > 0 0 —————— Le 3 mars 1849, je visitai un tombeau qui avait été découvert la veile par le nommé Pinard, agri- ‘culteur, à une profondeur d'environ 67 centimètres, dans un champ dit du Chenevreau, situé au midi de la ferme des Châteliers et du Ruisseau-Doré. Ge tombeau était composé de dix belles pierres de tuf, savoir : deux dans le fond, six dans les parois, et deux formant le dessus. Ges pierres, épaisses cha- cune d’environ 20 centimètres, larges de 66 et longues de plus d’un mètre, ne nous parurent liées ni par de la chaux ni par du ciment. Cette tombe, profonde de 66 centimètres, avait 2 mètres de lon- sueur sur 72 centimètres de large. Elle ne renfermait (11%) que deux essements, c’est à dire deux ttbzas, le reste ayant été consommé. D’après leur situation, il nous sembla certain que les pieds du défunt avaient été placés à l’est et la tête à l’ouest. Intérieure: ment vers l'angle nord-est de celte sépulture près des tibias, on découvrit un instrument formé, 1° d’un manche en os de 10 centimètres de lon- gueur; 2° de la suite du même manche, mais en fer; 3° d’une lame recourbée de 6 centimètres de large (la partie tranchante du côté concave). La longuenr totale de cet instrument émoussé que nous figurons ci-contre, est encore, malgré sa mutilation de 38 centimètres de longueur. En dehors de ce tombeau, dont la largeur a la même dimension vers les pieds qu’à la tête, lon trouva , mais sans s’y rattacher, je crois, diverses monnaies romaines, entre autres, ‘un trajan avec des lettres grecques. Ajoutons que ce champ du Chenevreau est sans contredit de tous ceux du camp, celui dans lequel ont été rencontrées le plus souvent des médailles romaines. Un autre tombeau , au rapport de maître Pinard fut , il y a’ de cela plus de deux ans, décou- vert dans la même pièce. Les faits ainsi établis, il nous reste à savoir l’origine de cette sépulture. Sa forme parallélipipède et sa situation au centre de nombreuses ruines romaines, sont à notre sens les seuls indices qui nous portent à la croire anti- que. L’instrument en fer, ne nous met guères non plus sur la voie; est-ce une arme offensive ou défensive ? je ne le crois pas ; et nous avons vainement feuilleté -Vegèce et Polÿhe, à ce sujet. (115) Est-ce un couteau de sacrifice ? Nous n’oserions l’aflirmer, car dans Montfaucon, au volume concernant les ustensiles du culte ro- main, nous n’avons rien trouvé d’analogue. La for- me de ce coutelas est réellement insolite. Toutefois, en recueillant nos souvenirs, nous nous sommes rap- pelé que dans le cimetière gallo-romain d'Angers gare du chemin de fer) , nous avions découvert une lame recourbée, moins grande, il est vrai, que celle qui nous occupe, mais semblable de forme. Ensuite , il nous revint que la syrène du cloître Saint- Aubin portait nn couteau pareil, pour immoler l’ictus. Or, cette immolation, quoiqu’à l’adresse d’une idée chrétienne sur nos arcades du xu‘ siècle, n’en est pas moins un reste emblématique de paga- _nisme. La conclusion à tirer, serait donc, sauf tou- tes réserves, que cette forme de couteau pourrait avoir été propre à certains sacrifices; mais nous nous arrêterons au milieu de nos déductions, voulant laisser à votre sagacité le soin de les achever. V. GoparD-FAULTRIER. Ponant | Li ras NP { t4%.) OBSERVATIONS SUR L'ORIGINE DES DOLMENS, Par M. DE BEAUREGARD. = Les dolmens étonnent autant par leur simplicité que par la solidité de leur construction qui semble braver l’action des siècles. Que d'efforts ont dû être employés pour élever ces monuments gigantesques ! Les rochers qui les composent n’étaient pas réunis na- turellement sur le même point, il a fallu les y trans- porter, puis quelques-uns furent dressés verticalement pour constituer les parois de l'édifice, d’autres furent soulevés et posés horizontalement pour former la toi- ture. Les peuples qui ont exécuté de lels travaux élaient nécessairement sortis de l’état sauvage. Ils de- vaient posséder quelques notions de mécanique , et avoir l’usage des instruments tranchants pour fa- briquer leurs machines, quelque simples qu'elles fus- sent (1). Cependant les pierres qui composent les dol- mens ne portent aucunes figures tracées par la main des hommes, elles n’ont subi aucune taille, elles sont telles que la nature les a faites. Comment expliquer ce (1) On peut supposer que ces énormes masses ont été soulevées à l’aide du levier, du rouleau et du plan incliné. 9 / (118) contraste entre.les diflicultés vaincues. pour, parvenir à la construction et l’état brut dans lequel les pierres sont restées ? L'origine de ces monuments se perd dans la nuit des temps, les peuples qui les on1 élevés n’ont laissé aucuns écrits, où pourra-t-on trouver des docu- ments? Pour obtenir quelques lueurs au milieu de l'obscurité des temps anciens , je suis allé consulter l'ouvrage qui tient le premier rang dans l’histoire des peuples, le livre de Moïse , le Pentateuque : On y lit (exode, chap. 20, $ 25), si vous m’érigez un autcl en pierre, dit le Seigneur, vous ne le construirez pas en pierres taillées, car si vous employez le couteau, il sera souillé. Quando si altare feceris, miht non ædi- fi cabis illud de sectis lapidibus : si enim levaveris cultrum super, eo, polluetur (1). Dans le Deuteronome (chap. 27; $ 4 et Serie le législateur des Juifs s ‘exprime ainsi : Quand vous aurez passé le Jourdain, élevez des pierres sur le mont Hibal, ainsi que je vous le prescris, là vous érigerez un autel au Seigneur votre Dieu, avec des rochers bruts et que le fer n’aura pas touchés, vous y offri- rez des holocaustes, et vous y immolerez des victimes pacifiques. Quando.ergo transieris Jordanem ; erigi lapides quod. hodie præcipio vobis in monte Hibal, et ædificabis ibi altare Domino tuo de lapidibus quod fenrum non tetegerit, et de saxis informibus, et impolitis, et offeres super cos holocausta Domino tuo, et immolabis hostias pacificas (2). ! (1) Biblia sacra vulgatæ editionis. (2) 1d_ ( 1191) Esdras rapporte que l’autel qui fut construit à Jé- rusalem , au retour de la captivité de Babylone, était en pierres brutes (Espras, vol. 8). Il en fut de même de celui que Judas Machabée rétablit après le pillage du temple par Antiochus Épiphäne (Macnas£e, liv, 4, chap. 46 et 47). Ces divers passages des livres saints constatent que dans les temps les plus reculés, c'était un principe chez les Israélites de n’élever des autels qu’en pierres non taillées , en pierres telles qu’elles étaient sorties de la main de Dieu. Les auteurs les plus recommandables qui ont écrit sur la Gaule (1), s’accordent à penser que les Galls qui ont peuplé cette contrée et lui ont donné leurnom, étaient originaires d'Asie, ce berceau des races hu- maines d’où sont parties ces migrations qui ont insndé l’Europe. Or, ne peut-on pas admettre que les Galls. avaient eu des communica!ions avec les Israélites, et avaient apporté d’Asie cette antique croyance que les autels devaient être construits en pierres brutes pour être dignes de la divinité. Gelte croyance est d’autant plus vraisemblable , que les doctrines enseignées par les Druides se rattachaient aux principes de la reli- -_gion primitive : ils reconnaissaient un Dieu tout-puis- sant et créateur de l’univers, ils proclamaient l’immor- talité de l’âme (2), les récompenses et les peines d’une autre vie. Leurs doctrines méthaphysiques , mysté-* (1) Guïzot, Barante, Auguste et Amédée Thierry. (2) Cæsar de Bell. Gal. liv. 4, chap. 14. Amien Marcel. liv. 95, chap. 1*. $ ( 120 ) rieuses et sacerdotales, dit Amédée Thierry (1), pré- sentaient avec les religions de l'Orient la plus éton- nante conformité. * En fouillant sous les dolmens; on rencontre souvent des couteaux de silex, Les mêmes croyances religieuses attachaient une sorte de pureté à ces instruments, et les consacraient aux pratiques religieuses. Les Juifs s’en servaient pour opérer la circoncision. { Exode, chap. 4, 25). Lorsque Josué fit circoncire sur le mont Galgal les Israélites qui n’avaient pas subi cette opération durant le voyage dans le désert, il leur dit : Faites des cou- teaux de pierre pour ciréoncire les fils d'Israël. Fac- cultros lapideos et circumcide filios Israel, ( Lew. 2; Josué.) | Hérodote , le père des historiens profanes, nous ap- prend (liv. 2, chap. 2) que les Esyptiens se servaient de couteaux de pierre pour ouvrir les corps qu’ils vou- laient embaumer. Pline assure (liv. 25, ch. 12) que les prêtres de Cy- bèle se servaient de pierres tranchantes pour se mu- tiler. En rapportant ces divers documents historiques, je ne prélends pas que les inductions que j’en tire condui- sent à la certitude, mais je crois qu’elles fournissent au moins de grandes probabilités sur l’origine et la destination des dolmens, ces monuments merveilleux dont la masse imposante reste inaltérable au milieu du cours destructeur des siècles. (2) Amédée Thierry, Histoire des Gaulois, liv. 2, chap. 2. heugs are Ven ES Ve Le Ses. ‘nu 480 PE, 0 TEA À cd A " T4 Bsquse ou Molluen alapries la Vote 0e Ab able lue (12) NOTICE SUR UN DOLMEN, PAR M. L’ABBÉ ALLAUME. ‘À cinq lieues environ d'Angers, à l’extrémité sud- est de la commune de Corzé, dans un petit bois situé entre les restes de l’ancienne abbaye royale de Cha- loché et un petit village, nommé la Morelière sur les vieilles cartes de l’Anjou, existe un de ces antiques monuments gaulois que nous appelons dolmens, Le temps, malgré la succession d’une longue suite de siè- cles, a parfaitement respeclé ce monument ,et le visi- teur en l’approchant se transporte tout naturellement à ces âges reculés où le druidisme sévère florissait dans ces contrées. que devait civiliser plus tard une religion plus douce. Les Druides, comme on le sait en effet, vivaient au milieu des forêts. Là , ils avaient des tem- ples ou plutôt des autels où ils immolaient à leurs di- ‘ vinités; car tel'était, comme on l’admet généralement, : l'usage de ces, autels oudolmens que nous retrouvons encore assez fréquemment sur le sol angevin. En les examinant, on voit facilement que le travail de l’art y avait peu de part; car ce sont simplement de gros blocs de pierre, espèce de grès d’un poids immense, qui comprennent une enceinte de forme carrée, re- (12) couverte par une ou plusieurs autres pierres du même genre. Mais si on n’admire pas l’élégance et la beauté du travail comme dans les temples des Grecs et des Romains, du moins on’sera! étonné de leur hardiesse. En effet, d'où venaient ces masses isolées qu’on re- trouve au milieu des forêts ? On n’en retrouve pas du même genre dans le voisinage, il fallait donc aller les chercher au loin ? ce qui suppose cependant de la force et du génie. Au reste, en y réfléchissant, on recon- naîtra clairement que ce mode de temple était parfai- tement en rapport avec leurs croyances et les lieux qu'ils habitaient. Ils avaient de leurs divinités, l’idée de grandeur et de pouvoir sur tout l’univers : ils ne voulaient donc pas d’autres temples que l’univers, d'autre voûte que le ciel, et les monuments que nous rencontrons çà et là, étaient tout simplement des au- tels élevés au milieu de ce vaste temple. Ils habitaient. les forêts , il fallait donc que ces autels eussent quel- ‘que chose de dur et de sauvage comme les forêts. Déjà plusieurs de ces monuments ont été rencon- ‘trés sur le sol angevin. Il n’est personne parmi ceux qui se livrent à l’étude des monuments du passé, qui n'ait vu ou du moins entendu parler des dolmens que possèdent, dans leurs environs, Angers, Saumur et Baugé. Mais il en est plusieurs encore qui, ce me sem- ble, sont demeurés dans l'oubli. Suivant le désir qu’a manifesté M. le président de la commission archéolo- gique, de connaître, afin de les classer ensuite, tous les monuments de notre pays qui peuvent offrir quel- que mmtérêt; je me propose, avec plaisir, de poursuivre mes recherches et d’en faire connaître le résultat par (123) une courte description : heureux, si je puis par là ré- pondre à l'honneur, Messieurs, que vous avez bien voulu me faire én me recevant au nombre de vos membres. La description et le dessin que je vais ici mettré sous vos yeux, ont pour but de vous faire con- naîtré un de ces monuments que j'ai visités, il y a quelques jours, en traversant le pays. Il est situé, comme je viens de le dire, au sein d’un bois, dans l’endroit le plus élevé. Les épines et le houx l’environnent presque de toutes parts; et le cu- rieux, en l’approchant, serait presque tenté de croire que ces plantes offensives se réunissent pour le déro- ber, sous un abri tutélaire, à l’œil de l’envieux, ou le défendre contre ces gens tourmentés de la manie de briser ces pierres, afin de les faire servir à l’encaisse- ment des routes. Il est de forme rectangulaire. Sa di- rection est de l’ouest à l’est; douze pierres le com- posent et le divisent en deux partiés; l’une plus grande et plus élevée qui comprend sept pierres avec l’en- trée ; l’autre plus petite et moins élevée qui se com- pose de cinq. La première partié forme , par la réu- -hion de ses sept pierres, une enceinte couverte, dans laquelle on entre par une ouverture large de 30 cen- timètres , et haute de 1 mètre 6o centimètres. Getle enceinte ou cette petite salle, suivant le nom qu’on voudra lui donner, est de forme carrée; longue de 2 mètres 95 centimètres, large de 3 mètres sur 1 mètre 60 centimètres de hauteur, du côté du sud, et 1 mètre 4o centimètres du côté du nord. Au sud, elle est fn mée par une pierre (n° 1) longue de 2 mètres 70 cen- timètres , sur 1 mètre 60 centimètres de hauteur. À ( 124 ) son extrémité, du côté de l’ouest, se trouve l’entrée. Une autre extrémité dans l’est forme ; il'est vrai , une sorte d’excavation dans sa partie inférieure, mais cette irrégularité doit être attribuée tout simplement à la bizarrerie de la pierre, qui , comme toutes celles “qui composent ce monument, a été employée à Pétat brut. Toutefois , il faut remarquer, en passant, que toutes ces petiles excavations ne sont pas assez considéra- bles pour permettre à une personne de pénétrer dans Tintérieur du dolmen; de sorte que l’on doit conclure qu’on n’y trouve réellement qu’une seule entrée. Il faut encore remarquer que toutes ces pierres sont d’autant plus épaisses qu’elles sont plus grandes. En général, celles qui composent la première enceinte ont de 20 à 50 centimètres d'épaisseur; les pierres de la seconde partie ont un peu moins, Continuons la description “des autres pierres qui composent cette première en- ceinte. Au nord, elle est fermée par une pierre (n° 7) longue, à la partie supérieure, de 3 mètres 4o centi- mètres ; à sa parlie inférieure, de 3 mètres sur 1 mètre 4o centimètres de hauteur. A l’ouest, elle est fermée par une autre pierre (n°8) formant un angle droit avec la précédente, longue de 4 mètres sur 90 centi- mètres de hauteur dans la partie sud, et de 1 mètre 50 centimètres dans la partie nord. Ce dernier côté dépasse d’un mètre à peu près la pierre n° 7; à l’ex- trémité, du côté de l’est, elle est fermée en partie par deux autres pierres (n° 2 et 6).accolées perpendicu- lairement aux n°* 1 et 7, et qui, par leur rapproche- ment, rétrécissent la largeur de cette première en- ceinte de 1 mètre 8o centimètres, pour laisser une (125) ouverture large de 80 centimètres, ouverture qui forme la largeur de la seconde enceinte. La première de ces deux pierres (n° 2), acculées au n° 1, est large de 70 centimètres, haute de 1 mètre 25 centimètres; la se- conde {n° 6) a 1 mètre 10 centimètres de largeur, sur 1 mètre 30 centimètres de hauteur. Ici.se termine ce que nous avons à dire sur les murailles ; s’il est per- mis d'appeler de ce nom la première enceinte. Voyons maintenant la toiture. Deux pierres immenses la re- couvrent; la première (n° 11) a 2 mètres 45 centimè- tres de longueur, sur 1 mètre 20 centimètres de lar- geur; la seconde (n° 10) est divisée en trois; il est naturel d'admettre que le temps ou les orages ont pu la briser ainsi. Elle a 3 mètres de largeur sur 3 mètres 30 centimètres de longueur. Toutes deux elles s'appuient sur les cinq autres pierres fixées en terre et, de plus, cette dernière (n° 10) est soutenue par une de ses extrémités sur la précédente (n° 11). Passons maintenant à la seconde partie du dolmen: elle comprend la deuxième enceinte et se compose, comme je l’ai déjà remarqué, de cinq pierres; deux d’entr’elles sont accolées, en sens contraire, aux n°° 2 et 6. La première (n° 3) a 90 centimètres de hauteur sur 1 mètre de largeur; la seconde (n° 5) est longue de 1 mètre 45 centimètres, sur 8o centimètres de hau- teur du côté de l’est, et de 60 centimètres du côté de l’ouest. Ces deux pierres sont recouvertes par une troisième (n° 9) inclinée vers le nord, longue de : mètre 45 centimètres et large de 1 mètre, À l’extrémité de cette petite enceinte, du côté de l'est, se trouve une espèce d'ouverture fermée, dans ( 126 ) sa partie inférieure, par une pierre (n° 4) dont l’extré- mité qui regarde l’ouest touche la terre, tandis que l’autre qui regardé l’est est relevée par une autre pierre à 50 centimètres au-dessus du sol, et ne laisse ‘qu’une pelite ouverture large de 30 à 4o centimètres au plus. Une seule pierre recouvre cette dernière en- ceinte, sa forme est la même que celle des pierres qui recouvrent l’autre enceinte, mais elle en diffère un peu, en ce sens qu’elle est plus inclinée vers le nord. Telle est la forme de ce monument que je viens de décrire, Avant de terminer, je dois encore observer que les pierres qui sont fixées en terre et qui servent de support à celles qui les recouvrent, sont toutes in- clinées vers le midi. Pourquoi cette position ? Je li- gnore. Peut-être écrasées par le poids immensé de celles qu ‘elles supportent, soni- elles forcées de s’in- cliner ainsi. Au premier coup-d’œil on reconnaît facilement, comme je l'ai observé, deux parties dans ce monu- went. Peut-être m’objectera-t-on que la petite en- ceinte qui est accolée à la grande, devrait être consi- dérée comme vestibule ou plutôt comme entrée à la partie principale. À cela je répondrai qu’il est impos- sible que cette partie ait pu servir d’entrée à la pre- mière, car pour cela il faudrait admettre une certaine élévation: or, il n’y en a que 80 à 9o centimètres, ét encore celte élévation est-elle interceptée par cette pierre qui est inclinée dans toute sa longueur, à peu près, et qui ne laisse de libre qu’une largeur de 3o à 4o centimètres. D'ailleurs, on ne peut pas admettre que les Druides se couchasssent pour entrer dans ( 127 ) l'enceinte, c’est cependant ce qu’il faudrait supposer, et même je ne pense pas, qu’en admettant celte hy- pothèse, on pût y réussir : d’où je conclus qu’il faut plutôt considérer cette partie comme un sanctuaire. Peut-être même.r’était-ce que pour la forme, car il est impossible de s’y placer debout. Deux ou trois hommes au plus ne pourraient s’y tenir couchés. Telles sont enfin les difficultés que je ne puis m’ex- pliquer ; je laisse à d’autres plumes savantes le soin de nous en instruire. (128 ) NOTICE SUR LES ROULERS DE LA DAVIÈRE ET DU MOULIN DE NORMANDEAU : PRÈS DE MONTFAUCON, Par M. BECLARD. 4 D De tous les monuments laissés sur notre sol par ses premiers habitants, les roulers sont assurément les plus remarquables. On ne peut voir sans étonnement ces pierres énormes, posées sur la pointe d’un roc, à fleur de terre, dans un équilibre si parfait, qu’il suffit pour les ébranler de la simple pression du doigt. Les conjectures n’ont pas manqué relativement à la des- tination de ces pierres mobiles ; le nom de pierres fa- tidiques ou probatoires, qu’on leur a donné, indique qu’elles ont été considérées comme des moyens de di- vination ou d’épreuve. Une autre explication, moins généralement admise, mais qui mérite d’être rappelée à cause de sa singularité même, a élé hasardée par M. de Cambry. Le savant Breton a vu dans les rou- lers un emblême du monde suspendu au milieu de l’espace. Si l’on adopte ce sentimént , on devra remar- quer qu’une explication analogue peut s’appliquer à d’autres monuments du même genre; et que les crom- lechs, composés le plus ordinairement de douze pierres (129) rangées en cercle, sont peut-être aussi un symbole emprunté à la science astronomique des Druides. Les pierres mobiles, comme les peulvans et les dolmens, ne se trouvent pas seulement en Europe, On en voit, dans les autres parties du monde, qui étaient connues des anciens.Cela résulte d’un passage de Pline, le naturaliste, que nous croyons devoir reproduire : « Juxta Harpasa, oppidum Asiæ, cautes stat horrenda, » uno digito mobilis, eadem si toto corpore impella- » tur resistens, » Comme cette indication est tirée d’un chapitre intitulé « Merveilles de l’univers, » il y a tout lieu de penser que Pline regardait la pierre d’Harpase comme un phénomène naturel. Rien n’est plus facile, en effet, que de se méprendre sur la nature et l’ori- gine de ces monuments. Cependant il existe des ca- ractères auxquels on peut les reconnaître, ainsi que je l’exposerai dans la suite de cette note. On voit en Anjou, aux environs de Montfaucon, deux pierres mobiles très remarquables, l’une située sur la métairie de la Davière, l’autre au pied du mou- lin de Normandeau. La première fait partie d’un sys- tème monumental. Le terrain même sur lequel elle repose, mérite d’être observé avec soin; il a été visi- blement remué par la main des hommes, de manière à former un petit mamelon. La base de ce monticule est entourée de pierres rondes et plates , rangées en cercle, et servant, selon toute apparence, de limite à l'enceinte sacrée. D’autres pierres beaucoup plus gros- ses sont groupées sur le sommet ; il y en a de posées les unes sur les autres, mais sans uniformité, et l’une d'elles contraste, par son inclinaison, avec la position # (130) horizontale du plus grand nombre. Parmi ces pierres, deux surtout attirent l’attention, l’une parce qu’elle remue; l’autre parce qu’elle porte à la surface une ex- cayation en forme de cuvette, sur laquelle je me pro- pose d'attirer l'attention, et qu’on ne saurait attribuer à un caprice de la nature. La pierre/tremblante est la plus grosse de tout le groupe; elle a 5 mètres de longueur, et à peu près 3 mètres de hauteur. Au premier coup d’æil il est im- possible de supposer que cette pierre soit en équilibre; on croirait plutôt qu’elle est couchée sur le sol; ce- pendant l’équilibre existe, quoiqu'il ne soit pas appa- rent. Il suffit pour s’en convaincre de prendre la pierre par son extrémité la plus allongée, et de lui imprimer une impulsion puissante et réitérée ; au bout de quel- ques instants elle cède à votre effort; d’abord, vous ne voyez pas le mouvement, il est encore trop faible; mais vous le sentez; enfin, avec de la persévérance, les oscillations deviennent sensibles même pour l’æil. Maintenant , si l’on examine le monument de la Da- vière, en laissant de côté le rouler, il est impossible de n’y pas voir l'assemblage de plusieurs éléments quien font un tout complexe. M. Godet, de Saumur, range dans la catégorie des galgals un monument 1out sem- blable au nôtre, qu’il a décrit dans la réimpression de Bodin. Voici les paroles de M. Godet : « Nous croyons avoir trouvé un galgal au village de Pocé, près Saumur, dans un petit bois appelé la Ghes- naie. Le sol en cet endroit forme un monticule coni- que, dont la partie supérieure a été évidemment tra- vaillée par la main des hommes. À quelques mètres, ( 131:) _en effet, du sommet, et comme un rang de pieux pour le défendre, des pierres brutes sont placées circulai- rement de distance en distance. À partir de cette li- _gne, le mamelon est plus prononcé, et la pointe en est formée par un amas considérable d'énormes pierres, tantôt plus ou moins inclinées, tantôt horizontales, su- perposées, sans ciment, sans liaison, sans ordre, sur d’autres plus énormes encore. » On voit que les deux monuments sont absolument identiques, abstraction faite du rouler. Ainsi que je l’ai dit plus haut, il y a une autre pierre branlante au pied dn moulin de Normandeau, qui n’est éloigné de la Davière que d'environ 500 mètres. Celle- ci est isolée, mais: elle se rattache bien certainement à un groupe qui se trouve au milieu d’un champ voisin. Ici l'équilibre est encore moins apparent qu’à l’autre rouler. La pierre, qui n’a pas moins de 6 mètres de lon- gueur et 1 mètre et demi de hauteur, paraît être éten- due sur le sol. Cependant l'équilibre est si, parfait, qu’il se révèle à la plus légère pression de la main. Aussitôt qu’on appuie le doigt sur l’extrémité de la pierre, elle cède, et donne des, oscillations très fortes. Comme la hauteur de la pierre n’est pas considérable, on en voit facilement la partie supérieure, et. sur cette partie, chose remarquable ! on retrouve une exçcava- tion toute semblable à celle dont j'ai déjà parlé. C'est ici que je crois devoir insister. La plupart des auteurs, qui ont écrit sur les antiquités celtiques, con- testent l’existence de ces bassins. Cependant c’est un fait incontestable, Si je n’avais vu que le monument de la Davière, je: pourrais conserver quelques doutes; (132) mais voici qu’à cinq cents pas de là , sur une pierre de la même nature, ce caractère. se retrouve, et tellement apparent , qu’il n’a pas échappé même à l'ignorance des paysans. En effet, le meunier du moulin de Nor- mandeau s’approcha de moi, pendant que je faisais re- muer la pierre, et me fit remarquer la cavité qu’elle porte à la surface; il me conduisit ensuite auprès des pierres qui sont au milieu du champ voisin, et là, il me montra, sur l’une d’elles, un bassin bien plus remar- quable que les deux autres; celui-ci est exactement circulaire, plus large à la partie supérieure qu’au fond; mais ce qui le rend surtout intéressant , c’est que les bords s’abaissent graduellement , jusqu’à rejoindre le . fond , de manière à former un orifice en forme d’é- chancrure. Je renvoie à cette pierre tous ceux qui con- serveraient encore quelques doutes. IL résulte de tout ceci que le bassin est le caractère distinctif et l’accessoire indispensable du rouler; toutes - les fois qu’on reconnaîtra ce caractère dans le voisi- rage d’une pierre tremblante, ou sur la pierre elle- même, on pourra tenir pour certain que la pierre est d’origine celtique, et que l’équilibre n’est pas l’effet d’un accident naturel. Il y a d’ailleurs un autre signe, c’est l'orientation. Les roulers sont, en général, dispo- sés suivant la ligné méridienne , de manière à ce que lune de leurs extrémités regarde le sud et l’autre le nord, Gette disposition se retrouve à la Davière et au moulin de Normandeau. En terminant, j’appellerai l’attention de la Société sur la nécessité d'assurer la conservation de ces mo- auments. Bodin nous apprend qu’un grand nombre (133) de pierres celtiques ont été brisées, à Saumur, pour le pavage de la levée; celles-ci seront détruites pour _ faire des rouleaux à battre le blé, La pierre du moulin de Normandeau a failli être brisée cette année, et celle de la Davière porte la trace profonde de l'instrument avec lequel on a essayé de la rompre. (134) RESTES D'AQUEDUC ET DE VOIES ROMAINES DÉCOUVERTS EN 1847, DANS LA TRAVERSE DU CHEMIN DE FER, SITUÉE PRÈS DANGERS, ENTRE LE GHEMIN DE TERRE ET LE CHEMIN DU FAUBOURG SAINT-LAUD,. Descendons dans la tranchée du chemin de fer, si- tuée entre le Chemin de Terre et le pont provisoire du faubourg Saint-Laud , tranchée dans laquelle nous aurons, Messieurs, à vous signaler quatre objets gallo- romains , savoir : un méandre d’aqueduc, deux voies, et enfin les fondements d’une très large muraille en amplecton, qui est peut-être bien également une troi- sième voie. Le fond du méandre de l’aquedue se dessine dans la paroi nord-ouest de la tranchée à 50° au-dessous du sol. La coupe de ce canal présente à sa base une ou- verture en largeur de 1" 4°, qui va en s’évasant; le fond et les paroïs sont garnis d’une couche de ciment gris-rose de 10° d'épaisseur; la profondeur du méandre est de 25°, et quant aux murs qui le soutiennent, ils Conpures Cunsucrsnles TLC 2077720772 Des Coucher et 24 Müatétiaux 1 Voie onaite 1 ‘ 1. 2 Noelontante He) } 3 Voie Monraine : = 5 ES nr. à TE ) ue Ë FT 2 KY ; à 0 5 ë 3 de 4 à à à LS o 73 S À È Sn | = NS = 3 © 5 Ta FE à NE ë SU \ÉIES LE = N à SERRE S 3 MOSS LES Re NE 5 8 à Ii © Shi = ERLE Feet | st "33 d Te & SANS ; | =) 2N 2 < S3| 45 © a Al D Ë nur à S \ à Ébngiée à LE "AL D ia éd i | Al ee : : Ÿ = E @.Ÿ à LE Nes De N& A Parties Laterales- = - 2 Partie du Fona .-___- > (135) - sont à la base de 33° d'épaisseur, et dans les parois de 45° d’un côté et de 70° de l’autre. L’épaisseur totale du fond est de 90°. Ce canal , à première vue, semble placé dans la di- rection de la fontaine Frotte-Penil à la porte Tous- saint; mais pour-s’en assurer quelques fouilles seront nécessaires, et nous pouvons vous annoncer que M. Bordillon est dans le dessein de les faire opérer. Gette direction du canal n’a rien que de très probable , car au rapport de Claude Menard , cité par Bodin, on trouva au commencement du xvu® siècle, dans un champ près de la porte Toussaint, le pavé en mosaïque d’une salle de bains. À irès petite distance de ce canal, dont MM. de Matty et Fourcault ont établi la coupe ci-contre, pa- raissent les couches de deux voies, l’une, n° 3 du plan dressé par M. de Matty et dessiné par M. Fourcault, a 9" de largeur et 50° d’épaisseur; elle est composée de petites pierres en blocage , dont la grosseur ordinaire est d'environ 0,13°, noyées dans une terre rougeâtre. L’on dirait qu’elle vient des Ponts-de-Cé à Angers. L'autre yoie, qui semble se rendre de Sainte-Gemmes ‘ou de Frémur yers la même ville, a 6" 20° de largeur, et se forme de deux couches : l'inférieure, de 31° d’é- paisseur, composée de pierres en blocage (stratumen); la supérieure, de 22° d’épaisseur, composée de cailloux plongés dans du sable argileux (ruderatio). Ainsi que le porte le n° 2 de la coune. Un peu au-delà de ces deux voies, plus en appro- chant du chemin du faubourg Saint-Laud, on aper- goit, dans la paroi sud-est du retranchement, la coupe (136 ) d’une très large muraille en amplecton, paraissant se diriger du Clon vers Lesvières. Ce mur, composé de pierres de blocage précipitées dans de la chaux, a 4® 46° de largeur et repose sur un lit de pierres noyées dans du limon, sans chaux ni ciment. À quoi pouvait- il servir? N’était-il point le radier sur lequel reposait l’aqueduc qui, de la fontaine Frotte-Penil, conduisait les eaux à Lesvières (aquaria). On a pu le croire; mais une‘ nouvelle inspection paraît établir que ce large mur faisait partie lui-même d’une voie romaine, Sa couche inférieure est de 35° d'épaisseur, l’inter- médiaire, en maçonnerie, de 37°, la supérieure; en pierres mélées de terre et de chaux, de 57°, comme l'indique le plan n° 1°. En suite, tout à côté du pont provisoire, sis au fau- bourg Saint-Laud, les premières fouilles faites ont mis à nu un pâté de murailles en amplecton, mais sur le- quel l’énigme est pour nous plus impénétrable encore. D'ailleurs, Messieurs, je signale ces découvertes, sans avoir la Den de les lié , On a parlé (il est vrai, c'était le 1°* avril) des restes d’un amphithéâtre trouvés dans la même tranchée. IL n’en est rien. Quoi qu’il en soit , continuons de cons- later avec soin, et sur un plan, tous les débris qui se sont rencontrés et pourront se rencontrer dans la tra- verse du chemin de fer, et un jour peut-être le fat lux aura lieu sur le vieil Angers g 5 -romain, c'est-à- dire sur Juliomagus. V. GoDparD-FAULTRIER. (4875 Geite facade est tellement masquée par un détes- table pâté de constructions des xvi° et xvni* sièclés , qu’elle est à peu près inconnue des Angevins; aussi peut-on sans difficulté la considérer comme inédite. Sans vous faire, Messieurs, l’histoire du palais épis- copal, il importe cependant qu’il en soit dit quelques mots, afin de rapprocher certaines dales de divers styles architectoniques qu'il convient dans l'espèce de nettement distinguer. Originairement la partie la plus antique de cet édi- fice porta le nom de Capitole et le porte encore; il est, -en effet, recu et suffisamment prouvé que BR fut le siége de l’autorité romaine. Plus lard le Capitole devint naturellement la maison des consuls où comtes temporaires de l’Anjou, et notamment de Rainfroy,. au commencement du vu siècle, Inutile de vous tra- cer ici.la biographie de ce neustrien célèbre, maire du palais sous Ghilperic IT ; il vous suffira de savoir qu’il fit reconstruire notre ancien Capitole. Jusqu’au 1x° siècle ce palais fut à l’usage des comtes d'Anjou, mais à cette époque, c’est-à-dire sous le règne de Charles le Ghauve et l’épiscopat de Dodon (138) (milieu du 1x° siècle), cet évêque en prit possession, donnant en échange son domicile sis alors où se trouve aujourd’hui le château. Mais assez de ces préliminaires bistoriques, cher- chons maintenant à voir ce qu’il peut resler de l’an- cien Capitole et de la réédification de Rainfroy. Nous distinguons sur notre facade au moins trois époques bien marquées : 1° Du petit appareil avec joints en in et pierres de tuf, distancé d'assises de briques, antérieur au varie siècle; 2° Des reprises en sous-œuvré avec pierres à grand appareil et moulures dans le style du xn°; 3° Des fenêtres modernistes dans lé goût des £vrr° et xvirr*. Mais comment pouvoir apprécier ce qui est de Räin- froy, de te qui appartient à Père gallo-romaine ?. Il m'est difficile, je l’avoue, de résoudre le problème, à moins d'admettre que si le pelit appareil imibriqué ne remonte pas à l’ère gallo-romaine , il doit être alors une imitation du style de ce temps-R, faite au com- mencement du vie sièce, au temps dudit Rainfroy. * Toutefois, il me semble certain que, dans la façade, la partie basse et nue qui se relie avec l’ancien rém- part gallo-romain de la cité, date de l’époque gallo- romaine. Rainfroy aura profité des fondements pri-, milifs, qui n’ont pas moins de 4 mètres 50 centimètres d'épaisseur, tandis que le mur du sommet de la fa- cade n’a que 1 mètre 20 centimètres, . … Gette épaisseur de 4 mètres 50 centimètres ést évi- demment une épaisseur de rémpart équivalente, du : (139) reste, à celle du mur d’enceinte de la porte de Tous- saint. Ainsi donc, en résumé, nous avons 1° du gallo- romain: dans la base de la facade, dont un dessin, dressé par M. Ernest Dainville, architecte, a été pré- senté au congrès scientifique de France, séant à Tours (XV: session) ; 2° Du Rainfroy à tout le moins (vm® siècle) dans le petit appareil supérieur ; 30 Du xn:° siècle dans le grand appareil qui est une reprise en sous-œuvre; 4° Enfin un remaniement de fenêtres fait après le xvaie et, si vous le voulez bien, un regrattage du tout accompli au xix®. Quoi qu’il en soit, cette façade est belle et mérite- rait d’être démasquée ; espérons qu’un jour, dans l’in- térêt de l’art et de la salubrité, cet affreux pâté de maisons, qui nous dérobe un si curieux monument , croulera sous le marteau du bon goût. Août 1847. V. Goparp-FAULTRIER. ( 140 ) UNE SÉPULTURE DE L'ÉPOQUE. MÉROVINGIENNE . DÉCOUVERTE EN ANJOU. 000 Messieurs, La notice suivante est relative à une sépulture que j'ai lieu de croire être mérovingienne. Elle a été découverte, récemment près d’un bourg de l’Anjou nommé Morannes, à une profondeur de 60 centimètres, en un lieu d’où l’on extrait du gravier, appelé les Roches, et situé à plus de.1,100 mètres de l’église, c’est-à-dire en un endroit qui, de mémoire d’homme , n’a jamais servi de cimetière chrétien. Ge tombeau, en forme d’auge, de la classe de ceux ap- pelés non apparents, se composait de pierres assez semblables au grès pour la couleur et la dureté; ces pierres n’élaient pas maconnées. Le côté de la tête regardait le nord et celui des pieds le midi, position qu’il ne faut point perdre de vue, afin, dans la courte dissertation qui suit, de pouvoir l’opposer à l’orienta- tion des sépultures chétiennes, placées dans le plan du levant au couchant, la tête à l’ouest regardant lorient. | Notre sépulture de Morannes renfermait les objets (141) ci-après, qui ont été donnés au Musée des antiquités d'Angers, par M. Bellanger fils, avocat : 1° un frag- ment de fibule en bronze; 2° une aiguillette du même métal, longue d'environ 14 centimètres, 3° nne perle de collier en- verre noir peu foncé; 4° une autre perle de collier, en facon d’anneau, orné d’un émail jaune et blanc ondé; 5° les fragments d'une très mince pla- que circulaire d'environ 3 centimètres de diamètre, en cuivre ouvré, facon de rinceau; 6° un reste d’a- grafe en argent, avec dessins, également forme de rinceau ; divers objets d'argent dont je me rends dif- ficilement compte; 11° une médaille romaine fruste de Dioclétien, moyen bronze, sur laquelle on lit au droit : IMP. DIOCLETIANVS P F AVG. tête à droite laurée, revers illisible; 12° une boucle de ceinturon, en fer, autrefois damasquiné; 13° deux espèces de pentures aussi damasquinées , provenant d’une ar- mure; on remarque encore, sous la rouille, de petits filets d’argent doré incrustés dans le fer. Ge tombeau a été trouvé le seul de son espèce en pierres de grès, parmi d’autres sépultures d’ailleurs semblablement orientées du nord au midi, et apparte- nant aussi à la classe des tombeaux non apparents. Les sépültures voisines étaient les unes formées de quatre ardoises, les autres de tufs recouverts d’ardoises : plu- sieurs de ces tombes semblaient avoir été destinées à recevoir trois cadavres, ajoutons que les sépultures en tufs se trouvaient scellées avec une sorte de ciment d’une assez grande dureté. Mais je reviens au tombeau principal, à l’occasion duquel je dois maintenant vous présenter les motifs (14) qui me le font ranger parmi les monuments mérovin- giens. | Il va sans dire, tout d’abord, que la médaille de Dio- clétien engagea naturellement quelques érudits à voir dans cette sépulture un tombeau gallo-romain. Pour moi, avant de me prononcer, je crus prudent de re- courir à un examen plus sévère et fait à la loupe. Bien m'en prit, car je remarquai, parfaitement, sous la rouille, des traces certaines de damasquinure. Cela étant, j’ouvris donc mes auteurs qui tous me confir- mèrent dans mon opinion que ce monument devait appartenir à l’ère méroviogienne. En effet, M. dé Saulcy, de Metz , s'exprime ainsi (1) : « Beaucoup de » tombeaux découverts aux environs de Metz, et re- » gardés comme gallo-romains, sont des tombeaux » francs ou mérovingiens..…. Les ceinturons, les poi- » gnées d’épées, les agrafes étaient damasquinées avec » soin, et l’existence à Trèves, d’un atelier de fabri- » cation d’armes franques damasquinées, font présu- » mer que toutes émanaient de la même source, » … Des grains de collier en verre et en terre cuite, or- nés d’émaux, ont été rencontrés dans des sépultures mérovingiennes du cimetière de Gonlye (Sarthe); or, notre tombeau de Morannes nous a présenté de pa- reils grains de collier. Analogie encore entre une boucle de ceinturon pro- venant de Conlye et le fragment de boucle trouvé dans la sépulture de Morannes: de même des fibules (1) Cours d'antiquité, 6° partie, p. 276. GAUMONT. L (143 ) entr’elles. La médaille seule de Dioclétien embarras- » serait s’il n’était pas acquis à la science que c’est de » la monnaie romaine, de l’or romain que Clovis au- » rait distribué à Tours, quand il y fit son entrée sous » la pourpre consulaire (1). Le tombeau de Childeric, » dit en outre M. Robert (2), ne renfermait que des » monnaies romaines, et il ajoute : on doit même » croirk, si on s’en rapporte à Procope, que les Franks » n’ont eu un coin monétaire qu'après l’an 536, c’est- » à-dire lorsque la concession leur en eut été faite par » l’empereur Justinien. » De plus, on a découvert des . tombeaux franks qui contenaient des monnaies de Constantin, de Gratien, etc., etc. (3). M. de Cau- mont, de son côté, écrit quelque part (4) : « Nous sa- » vons qu’on a renfermé dans des sépullures mérovin- » giennes authentiques des médailles romaines. » Ainsi donc, de ce que la sépulture de Morannes possédait un Dioclétien, il n’en faut pas conclure qu’elle est gallo-romaine lors, au contraire, que d’au- ires caractères, les dessins damasquinés, par exem- ple, prouvent qu’elle est postérieure à cette époque. Ge tombeau évidemment fut celui d’un chef militaire, sans doute de race franque et non chrétien, comme paraît l’indiquer l'orientation du corps dans le plan du nord au sud ; tandis que les sépultures chrétiennes sont généralement placées de l’est à l’ouest, les pieds (1) Congrès arch. de France, XIII° session, p. 203. (2) 1bidem. (3) Cours de M. de Caumont, 6° partie, p. 272-277. (4) 1d., p. 278. (li) 1 au levant et la tête au couchant. Serait-ce trop s’a- vancer, je ne le crois pas, que d’assigner le milieu du ve siècle au tombeau de Morannes, c’est-à-dire ce laps de temps entre la fin du 1v° qui clôt l’ère gallo- romaine, et la conversion de Clovis qui ouvre, en quel- que sorte, le vi‘? VB à L V. GoparDp-FAuLTRIER. (145) NOTICE SUR LA POPULATION PROTESTANTE DE SAUMUR, A LA FIN DU XVII° SIÈCEE, ‘PAR M. DE BEAUREGARD. (Séance d'août 1847.) M. de Miromenil s’exprime ainsi dans une statisti- que qu’il a publiée en l’année 1699 : « La ville de » Saumur a été plus peuplée de la moitié qu’elle n’est » maintenant. ‘Il reste encore 1,752 feux ou environ » 6,500 habitants. Cette diminution procède de la sup- » pression du temple, du collége et de l'académie qui .»attiraient beaucoup de monde. » Si, suivant cette énoncialion, Saumur a été plus peuplé de moitié qu’il n’est maintenant (année 1699), et si, à celte époque, il renfermait 6,500 habitants, . comme la moitié de ce chiffre est 3,250, en l’ajôutant à 6,500 pour avoir la moitié en sus, on obtient un total de 9,750 habitants pour ist de la population avant son décroissement. Les statistiques sont des autorités imposantes : ce- ( 146 ) pendant, comme elles sont trop souvent édifices sur des renseignements incomplets, il est prudent de ne les admettre qu'avec précaution. - Pour arriver, par le calcul , à des résultats positifs, M. Desmé a, en 1842, compulsé les registres de l’état civil deposés au greffe du tribunal de Saumur, il a divisé le relevé qu’il en a fait par périodes de dix ans, et a constaté que les naissances des catholiques et celles des protestants présentaient les proportions suivantes : NAISSANCES Catholiques. . . 4,590 Protestants. . . 312 Catholiques. . . 4,556 Protestants. . . 388 De l’année 1643 à 1652. De l’année 1653 à 1662. De l’année 1663 à 1672. PT 6 IT On voit par ce relevé que la différence entre les naissances des catholiques et celles des protestants était, à peu près, dans le rapport de un à treize. On doit naturellement en induire que le même rapport existait sur la totalité des habitants, qu’ainsi la popu- lation protestante était la treizième partie de la popu- lation catholique. Les registres de l’état civil des protestants s’arrêtent à l'année 1675, les recherches n’ont pu être conti- nuées jusqu’à l’année 1685, époque de la révocation. de l’édit de Nantes. J'ai recu récemment, Messieurs, communication (441) d’un document qui jette un nouveau jour sur la ques- tion et qui me paraît digne de fixer votre attention, je veux parler d’une relation émanée de la plume même des protestants. Voici dans quelle circonstance : un pasteur de Saumur, nommé d’Huisseau, avait, dans ses sermons, fait entendre des paroles qui avaient dé- plu; il fut traduit au synode de Loudun, ses adver- saires l’attaquèrent fortement, ses parents et ses amis le soutenaient avec chaleur. L'histoire de cette dissen- sion, qui acquit dans le temps beaucoup d'importance, est décrite dans un ouvrage classé à la bibliothèque de Saumur sous le m° 1448 , et intitulé : Pièces au- thentiques et décisives de la question à qui doivent étre imputés les troubles de l’église réformée de Sau- mur, smprimé à Saumur par les soins du consis- toire de ladite église, en l’année 1659, on y lit : « Depuis le premier jour de l’année 1655, il est sur- » venu des choses qui ont rendu d’Huisseau extrême- » ment désagréable à plus des troïs quarts de cette » église. Gela commenca à paraître dans quatre as- » semblées des chefs de famille qui s’y tinrent au mois » de janvier et de février de la même année, où ses » paroles et ses actions déplurent généralement à tout » de troupeau; maïs il éclata particulièrement au sy- » node de Loudun , où près de soixante pères de fa- » mille présentèrent une supplication tendant à ce » que l’église de Saumur fut déchargée de son minis- » ère , et bien que ‘toute l’église n’y parlât pas et que » quelques personnes considérables de ses parents et » de ses amis pressassent, avec une chaleur inimagina- » ible, son affermissement dans le troupeau, et que le (148) » consistoire même ne s’y opposât pas, on y fit néan- » moins une telle considération de cette supplication » et des causes sur lesquelles elle était fondée, :que presque toute la compagnie jugea qu il ie néces- saire qu'il se retirât. » À la page suivante l’auteur ajoute : « Il est bien » vrai qu'il offrait de vaquer à la visitation des mala- » des et qu’il demandait à présider, à son tour, au » consistoire et d'aller au synode comme pasteur de » l’église et son député; mais péu le regard du pre- » mier, cela n'empêche pas qu’on le doive dire abso- » lumeni inutile : car dans une église telle qu’est celle » de Saumur, où dans la ville qui est très petite, et » dans les faubourgs qui ne sont pas fort grands, à .» peine y at-il six vingt familles de la religion, les » pasteurs qui prêchent ordinairement pourraient ai- » sément fournir à cette partie de leur charge. » Il résulte de cette déclaration , émanée du consis- toire lui-même, qu’en l’année 1659, Saumur ne possé- dait que six vingt familles protestantes. Or, de com- bien d'individus une famille se composait-elle? Dans le passage cité plus haut, Miromenil écrivait (année 1699) que Saumur était peuplé de 1,750 feux, ou en- viron 6,500 âmes, ce qui fait quatre personnes par : feu. Si l’on admet qu’un feu formait une famille , on aura quatre personnes par famille. Si nous portons même la famille à cinq personnes, six vingt familles fourniront 600 habitants; telle eût donc été la popula- tion protestante de Saumur en l’année 1659. Depuis cette époque, la population protestante, loin de s’accroître, alla toujours en diminuant, par suite 5 ÿ {149 ) de la suppression du collége et de l’académie, par la fermeture du temple et par les persécutions inces- santes dont elle devint l’objet, jusqu’à ce qu’enfin, elle fut presque totalement dispersée par la funeste révocation de lÉdit de Nantes, dont les effets furent si désastreux pour toute la France et particulière- ment pour Saumur. _11 (450) RAPPORT SUR LE PRESSOIR SAUMUROIS, PAR M. DE BEAUREGARD. Messieurs , M. Bianquin, pharmacien à Saumur, a apporté des modifications au pressoir connu sous le nom de pres- soir troyen. Vous avez nommé une commission pour examiner ce pressoir ainsi modifié, elle m’a chargé de vous présenter le résaltat de ses observations. Le vin étant extrait de la vendange par la pression, le produit est plus ou moins abondant, selon que la pression est plus ou moins énergique. Le perfectionne- ment du pressoir intéresse donc éminemment un pays viticole comme le nôtre, qui trouve dans la récolte de ses vins une des sources principales de sa richesse. Cette machine a eu son enfance et ses progrès, elle s’est produite sous différentes formes, divers systèmes ont été mis en usage. Le plus simple est celui du pres- soir à fût, il consiste dans une pièce de bois engagée par une de ses extrémités dans une rainure, l’autre extrémité en s’abaissant , à l’aide soit d’une vis soit d’un câble, presse la masse de vendange. Le pressoir à roue est muni d’une vis de pression, mue par une (151) roue enveloppée d’un câble qui correspond à un ca- bestan. Dans d’autres pressoirs, la vis implantée dans la maie est fixe, l’écrou seul est mobile et opère la pression en s’abaissant par l’action soit de bras de leviers soit d’une roue à engrenage. Dans le pressoir nommé Révillon, la vis de pression est placée horizon- talement, et, est mue par une roue qui agit, non plus par traction mais par percussion. Depuis peu d’années, le sieur Benoist, de Troyes, à inventé un pressoir qu'il a nommé troyen. La ven- dange est renfermée dans une caisse formée de ma- driers , laissant entr’eux des ouvertures qui livrent passage au moût s’échappant de la vendange. Une des parois de la caisse est mobile, et est refoulée dans l’in- térieur par un appareil qui opère la pression sur la vendange renfermée dans la caisse. Cet appareil se compose de deux manivelles qui impriment un mou- vement de rotation à une vis sans fin; mettant en mou- vement une roue dentée, sur l’axe de ceite roue est une lanterne composée de huit fuseaux qui mènent une crémaillère , laquelle refoule la paroi mobile de la caisse et opère la pression. Lorsque quatre hommes sont employés à la manivelle, la pression obtenue est évaluée à 93,000 kilogrammes. _Gette pression paraissait suflisante, cependant, en _accroissant sa puissance, on pouvait obtenir une des- sication plus complète de la masse de vendange et, par conséquent, une augmentation de produit. M. Bianquin est arrivé avec bonheur à ce résultat en, ajoutant au système une nouvelle roue et une seconde vis sans fin, Par cette addition , avec deux hommes au (15 ) lieu de quatre, il obtient une pression égale à 216,000 kilogrammes. Ce pressoir, nommé le Saumurois, à été éprouvé avec succès, il présente un précieux per- fectionnement au pressoir troyen. Nous pensons que c’est rendre service au pays que de signaler cette nouvelle machine qui n’est pas assez répandue, et qui sera d’autant plus appréciée qu’elle sera plus connue. (153) BARATTE HORIZONTALE MOBILE, SANS VOLANT. Tous les procédés , tous les instruments d’agricul- ture dont l'introduction peut économiser la main d'œuvre par une épargne de -Lemps ou de force mo- trice, doivent naturellement être accueillis avec fa- veur dans un moment où la rareté des bras se fait si vivement sentir dans les campagnes, état qui ne fera que s’aggraver encore lorsque l’appât du bien-être, qu’assre à la classe industrielle un meilleur emploi et une meilleure répartition des salaires, viendra s’a- jouter à l'attrait déjà si puissant que le séjour des villes exerce sur l’habitant des campagnes. Nous avons donc cru faire une chose utile en appe- lant l'attention de la Société d'agriculture sur un des plus humbles ustensiles du ménage des champs, mais qui n’y joue pas moins un rôle important dans notre pays d'Anjou, où sont nourries un plus grand nombre de vaches laitières, qu’en aucune autre partie de la France, sans que, à raison de l’excellente qualité de leur beurre, on ait songé à transformer leur lait en fromage. Nous avons à parler d’une baratte qui n’au> rait été décrile dans aucun des ouvrages d’agriculiure : que nous avons consultés, et qui, en tout cas, mérite (154) d’être recommandée comme supérieure à toutes celles qui sont en usage dans notre pays. Elle nous a paru, en effet, l'emporter sur toutes par la rapidité et la per- fection du battage , et surtout par la facilité avec la- quelle cette opération s’accomplit; un enfant de huit à dix ans pouvant battre, sans fatigue, une quantité de beurre au moins égale à eelle qui, avec les autres ins- truments du même genre , et surtout avec la baratte à fouloir perpendiculaire, à peu près la seule employée dans nos fermes, exigerait les efforts soutenus d’une femme vigoureuse. La description que nous allons en donner expli- quera d’ailleurs suffisamment la De qu’elle offre sous ces divers rapports. | Cette baralle consiste en un baril dont la dimen- sion et la contenance sont déterminées par la quantité de lait sur laquelle on a l’habitude d’opérer, baril en bois de chêne, un peu plus long que large, lequel est suspendu horizontalement sur deux montants verti- caux, assemblés solidement avec une traverse ou deux, et soutenus sur des empattements à la facon des sup- ports des berceaux mobiles. Un piton en fer, fixé au centre d’un des fonds dû baril, et à l’autre fond une manivelle ou béquille en fer, servent à la fois d’axe de suspension et de moteur. Ce baril à l’intérieur est garni, dans sa cireonférence, de trois ou quatre lames perpendiculaires à l'axe, saillantes de 3 à 4 pouces et placées à demeure dans le sens de la longueur du vaisseau, Pour plus de solidité, elles sont enchassées entre’ les douves et amincies à leurs extrémités de ma- nière à pouvoir être jublées comme la tête des autres (155) douves, et s’assembler ainsi avec les douelles du fond : ces planchettes sont réparties à égale distance dans la circonférence du baril. La crème est introduite par une ouverture latérale, pratiquée dans une douve plus large que les autres, et qui se ferme par un petit bat- tant à charnière. La baratte étant mise en mouvement au moyen de la manivelle, la crème, par l’effet de la force centri- fuge, est constamment lancée vers la circonférence où elle rencontre les planchettes contre lesquelles elle se brise continuellement , et recoit ainsi un battage ré- pété aussi prompt qu’énergique, el qui agit d’une manière égale sur toute la masse. Le mouvement une fois imprimé à la machine, elle marche pour ainsi dire d’elle-même, car la crème en frappant les planchettes accélère d’autant la rotation. La force motrice est donc nécessairement très faible, compa- rativement à celle qu’exige le maniement des autres barattes et même la baratte horizontale ordinaire , à volant mobile, puisque, dans celles-ci , il faut que le fouloir ou le volant déplace et soulève à chaque mou- vement la plus grande partie de la crème soumise à l'opération. La baratte que je viens de faire connaître est, au reste, en usage depuis longtemps dans la partie de l’arrondissement de Segré qui confine au Craonnais. Le seul inconvénient qu’elle puisse présenter, c’est qu’elle demande, de la part de la ménagère, autant au moins de soins de propreté que les autres barattes de bois auxquelles, par ce motif, on a substitué dans beaucoup d’exploitations la baratte perpendiculaire X (156 ) eu grès; mais cet inconvénient disparaîtrait si l’on em- ployait pour sa confection le ferblanc au lieu du bois, ce qui serait peu dispendieux, et prolongerait beau coup sa durée. Construite en ferblanc , elle aurait le double avantage de maintenir la crème plus fraîche en été, et de pouvoir en hiver se placer au-dessus d’une bassine de charbon qui en élèverait la température au degré qu’on désirerait, En la construisant ainsi en ferblanc, on pourrait pratiquer l’ouverture, qui sert à introduire la crème, dans l'un des fonds, ce qui ren- drait infiniment plus commodes l'opération de l’ex- traction du beurre et le nettoyage de l’instrument. T.-C. Bzraun. 157 GÉOGRAPHIE ENTOMOLOGIQUE. OBSERVATIONS FAITES A CE SUJET, PAR M. MILLET, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ D’AGRICULTURE, SCIENCES ET ARTS DANGERS, ET DE PLUSIEURS AUTRES SOCIÉTÉS SAVANTES. EE —— L’on a dit, et avec raison, que l’existence des in- sectes était subordonnée à celle des végétaux. Ainsi, certaines régions botaniques deviennent en même temps certaines régions entomologiques. Ges faits, qui.se constatent lous les jours par rapport aux di- verses latitudes dans lesquelles végètent certaines es- pèces, de plantes et où vivent en même temps cer- taines espèces d'insectes, pouvant néanmoins présen- ‘ter quelquefois des exceptions, il devient en quelque sorte nécessaire de préciser les observations qui peu- vent s’y rattacher. Nous ferons donc remarquer, et pour ne parler en ce moment que du pays que nous habitons, que le département de Maine et Loire, qui est silué entre les 47° 47° de latitude nord et les 46° 59° de latitude sud, presqu’au centre de l’ouest de la France, nourrit des plantes plus ou moins méridio - nales et recèle des insectes que de telles latitudes ne devaient pas faire espérer d’y rencontrer. Pour appuyer cette assertion, nous citerons, et pour 158 le moment seulement, deux espèces de cigales, insec- tes, comme on le sait, complétement méridionaux. Tous les entomologistes ont la connaissance de ce fait, que les cigales n’habitent que les pays chauds, les parties méridionales de la France. Cependant deux espèces bien distinctes de ce genre d’insecte se font observer, chaque année, sur quelques points seulement du département de Maine et Loire. L’une d'elles, la cigale argentée, vit sur les rochers de Servières, situés près le Pont Barré; et l’autre, la cigale plébéienne, se rencontre communément dans les vignes, à l’est et an sud de Saumur plus particulièrement; vivant, dans leur état de larve, des racines de la vigne. Or, si cette plante, par rapport à notre pays: est indispensable à la nourriture des cigales que nous venons de signaler; et ne pouvant admeltre une semblable réciprocité par rapport à ces insectes, puisque ceux-ci cessent d’exis- ter dans les autres lieux du département de Maine et Loire où cependant la vigne est cultivée, ni recon- naître, pour notre département, une latitude autre que celle donnée par sa position géographique, il est donc naturel de penser que cette manière d’être, qui fait exceptiôn à la règle générale, ne peut être attribuée qu’à un autre ordre de choses qui, à son tour, n’est du qu’à des localités particulières, formées d’un sol convenable , en même temps que favorisées d’une ex- position toute exceptionnelle et parfaitement en har- monie avec les êtres qui doivent s’y développer, plu- tôt qu’à la rencontre des plantes, toutefois dans le cas qui nous occupe, qui servent de nourriture aux in- sectes dont il est ainsi question. 159 À celte occasion, nous croyons devoir citer ici les principales localités du département de Maine et Loire qui présentent cette particularité, et terminer ce tra- vail par une liste formée d’un certain nombre d’es- pèces d'insectes des plus marquants de Maine et Loire, tant méridionaux que de latitudes moins élevées, afin de mieux faire remarquer cette espèce d’anomalie dont nous venons de parler, et qui fait plus particuliè- rement le sujet de cette notice. Ainsi , les principales localités de Maine et Loire, que l’on pourrait qualifier de méridionales , eu égard aux productions naturelles qu’elles recèlens, sont : 1° Les rochers (rochers schisteux) de la rive gauche de Pétang de Saint-Nicolas, près Angers; : 2° Les rochers de Dieuzie et ceux du Pied-Martin (terrain de transition), commune de Rochefort-sur- Loire; 3° Les rochers de Servières (terrain de transition: calcaire marbre, etc.), situés près le Pont-Barré, com- mune de Beaulieu ; 4° Les coteaux de Machel, commune de Favraye, ceux des Noyers et la Guerouais de Martigné qui ies touche (molasse coquillère) ; 5° La partie calcaire d’Aubigné (molasse coquillère) ; 6° Les environs de Saumur, pour la plupart (terrain crétacé inférieur), et particulièrement la forêt de Fon- tevrault et ses environs (terrain crétacé inférieur, grès tertiaire et calcaire lacustre), recèlent à eux seuls la moitié , en quelque sorte , de la. Flore de Maine eë Loire et des insectes des plus remarquables ; 7° Eofin, les environs de Montreuil-Bellay (terrain 460 crétacé au sud, terrain jurassique au nord) et ceux du Puy-Notre-Dame (terrain crétacé inférieur). D’autres localités auraient pu trouver encore à se pla- cer ici, mais celles que nous indiquons sont suflisantes pour justifier le fait que nous venons d’énoncer. Liste formée d’un certain nombre d’insectes (196 cs- pèces) des plus marquants de Maine et Loire, tant … méridionaux que d’une latitude moins élevée, ren- contrés, pour la plupart, dans les diverses loca- lités que nous venons de signaler ou autres lieux analogues. COLÉOPTÈRES. 1 Odacantha melanura. Drypta emarginata. Polisticus fasciolatus. Carabus catenulatus. —. monilis. cyaneus. Calosoma sycophanta, inquisitor. auro punctatum. Omophron limbatum. Blethisa multipunctata. Loricera pilicornis. Callistus lunatus. . Licinus silphoides. Cybister Ræselii. Ditiscus dimidiatus. — Hydaticus cinereus. Ampedus sarguineus. ephippium. Steatoderus ferrugineus. Ludius tessellatus. Necrophorus germanicus. : Silpha thoracica. — quadri punctata. Hister inæqualis. Gapnodis tenebrionis. Aphanisticusflabellicormis. : Ateucus laticollis. | Gyÿmnopleurus pilularius. flagellatus, Sisyphus Schæfferi, Bolboceras mobilicornis. _— 161 Oryctes nasicornis. Rosalia alpina. Catalasis pilosa. Purpuricenus Kæleri. Omaloplia brunnea. Clytus mysticus. Oplia farinosa. Obera oculata. — squammosa. Phytæcia nigricornis. — argentea, Pachyta collaris. Osmoderma eremita. Chrysomela Gættingensis. Gnoriaus octopunctatus. — Banksii. — nobilis. — Lusitanica. Cetonia obscura. — graminis. Sinodendron cylindricum. — cerealis. Platycerus caraboides. — fastuosa. — rufipes. Bromius pretiosus. Gerocoma Schæfferi. Coccinella undecimpunc- Milabris cichorii. tata. Tomicus typographus. Dasycerus sulcatus. Prionus coriarius. ORTHOPTÈRES. Mantis religiosa. Xiphidium fuscum. Bacillus Rossia. : Calliptamnus marginellus. Nemobius sylvestris. OEdipoda flava. Æcanthus pellucens. — thalassina. Phanéeroptera lilifolia. — gratiosa. Conocephalus mandibu- — cœrulans et 2 var. laris... — migratoria, Barbitistes punctatissima. —— stridula. Decticus brevipennis. — paralella, Meconema varia. HÉMIPTÈRES. Pachycoris grammicus. Ganopus globus. Podops inunctus. Cydnaus albomarginellus. 162 Siocoris marginatus. Ligeus punctatogultatus. Ælia inflexa. Phytocoris erytromelas (1). Acanthosoma hœmato- — striatellus. gaster. — lænioma Amy. Acanthosoma griseus. Prostemma brachelytrum. Alydus lateralis. L. Duf. : Coreus scapha. Monanthia clayicornis. — lacinialus. Zelus hæmorrhoiïdalis. Neides tipularia. . Velia currens. Cicada plebeia. Cercopis sanguinolenta. — : argentata. Ulopa obteca. Pseudophana europæa. Aphrophora rustica. Delphax (espèce nou- — (espèce nou- velle) (2). velle) (3). Issus apterus. Ledra aurita. Tettigometra virescens. Selenocephalus obsoletus. - NÉVROPTÈRES. Libellula ferruginea. Libellula cancellata. — _conspurcata (4). Cordulia metallica. — olympia. Gomphus zebratus. \ {1} Cette espèce est nouvelle pour la France, n’ayant été ren- contrée que dans le royaume de Sardaigne et en Italie. (2 et 3) Ce Delphax aïnsi qu'un Æphrophora, Vun et l’autre nouyeaux et inédits, que nous avons rencontrés dans le départe- ment de Maine et Loire, seront décrits et figurés dans la sécande partie de notre Faune de Maine et Loire. (4) Depuis la puBlication de notre travail sur les Odonates ou Libellulidées de Maine et Loire, nous avons rencontré a es- pèce remarquable ainsi que VÆschna affinis. Cordulegaster lunatus. Æschna vernalis. . — irene. Platycnemis platipoda. — diversa. Lestes sponsa. — vestalis. — barbara. Agrion najas. — rubellum. 163. Agrion Lindenii. — Bremi. Myrmeleon tetragrammi- cus ? Ascalaphus..……. Hemerobius pallens. — erythrocephalus. Mucropalpus latescens. Mantispa pagana. HYMÉNOPTÈRES. Alta capitata. Psithyrus rupestris. — campestris. Epeolus variegatus. Eumenes Olivieri. — pomiformis. Leucopsis gigas. Leucopsis dorsigera. Ammophila hirsuta. Cheloneus oculator. Euchrœus festivus. Scolia quadripunctata. — sexpunctala. — bifasciata (:). LÉPIDOPTÈRES. Pieris belia. — ausonia. : Satyrus briseis. — Hermione. Satyrus Phæœdra. — Dejanira. — Hyperanthus. Nymphalis Iris. (1) Cette espèce est nouvelle pour la France, n’ayant encore été rencontrée qu'en Toscane. Nous l'avons prise le 24 juillet 1832 sur des fleurs de l’Eryngium campestre.'A la même époque, nous primes aussi le ZLeucopsis gigas, mais sur des fleurs de persil. 164 Polyomatus Adonis. Procris statices. — Corydon. Bombix tau. — orbitulus. Chelonia Hebe. — acaciæ.. © Noctua fraxini. Hesperia aracynthus. — algira, * Sphinx nerii. — lJlunaris. — celeris. — æthiops. — livornica. Plusia chrysitis. — elpenor. — iota.' : — œnotheræ. Hemithea buplevraria. Smerinthus ocellatus. Adela Schiffermullerella. Zigæna Cynaræ. — Frischella. — fausta, Enicostoma Geoffrella. Aglaope infausta. : Stenoptera orbonella. DIPTÈRES. Hexatoma bimaculata. Laphria aurea, Cœnomya ferruginea. Dasypogon punctatus. Odontomya viridula. Milesia crabroniformis. Laphria atra. Stenopterix hirundinis. Nous terminerons ce travail par cette liste d’insec- tes, formée de 196 espèces seulement, dont il était fa- cile d'augmenter le nombre si cela eût été nécessaire ; et nous noterons exactement, dans la seconde partie * de notre Faune de Maine et Loire, ouvrage auquel nous consacrons, et depuis longtemps, la plupart de nos instants, les indications de localités particulières et relatives à chacun d’eux , ainsi que tout ce qui, au reste, pourra les concerner. Lente Angers, le 1° août 1847. DE (465) QUELQUES OBNERVATIONS D'HISTOIRE NATURELLE, Messieurs , Ce n’est qu’à titre d'observations que je viens vous soumettre ici quelques faits d’histoire naturelle, qui m'ont frappé et dont il appartiendrait bien mieux de vous entretenir, à celui de votre bureau qui a fait une étude si profonde des secrets de la nature, et doté notre département de cette Faune si érudite, que tout Angevin possède dans sa bibliothèque et que nous ai- mons à aller consulter chaque jour. Que de mystères nous entourent! que riches sont en merveilles les lois qui régissent tout ce qui a vie sur notre globe, et combien est heureux l’homme au- quel il est donné de pénétrer quelque pes de l’œuvre du grand Être ! Déni observation. — Si nos ofganisations so- ciales, si les décrets que nous dicte la nature régissent chacun de nos actes, toujours subordonnés néanmoins aux sentiments divers qui souvent nous animent bien différemment les uns des autres, combien reste plus admirable, par l'harmonie qui en résulte, cet instinct: dont nous ne connaissons que le nom et qui a voulu que parmi les animaux, jusqu’aux insectes même, cha- que espèce füt mue par les mêmes désirs et trouvât la même dose d'intelligence pour parvenir aux mêmes 12 (166) fins, celles toujours de la conservation et de la repro- duction. à Que les oiseaux de passage périodique nous arri- vent ou émigrent dans telle ou telle saison, suivant le degré de température ou les besoins qui les poussent ; que l’hirondelle, messagère du printemps, paraisse dans nos contrées dès les premiers beaux jours et nous quitte dès que les froids commencent à se faire sentir, cela se conçoit et s’explique par la présence ou la disparition des moucherons ou des lépidoptères dont elles se nourrissent; mais que, sans tenir compte du plus ou moins de chaleur (1), certaines espèces reviennent et repartent régulièrement à des époques, disons presque à des jours déterminés, comme si elles possédaient aussi leur calendrier, voilà de quoi fixer notre admiration et provoquer notre surprise. Quel est celui de nous qui ne se soit arrêté quelquefois à suivre de l’œil les évolutions que décrivent en tous sens ces hordes on tourbillons de martinets qui ni- chent dans les noires murailles de notre château? Le 20 avril pas un seul n’y paraît encore, le 25 tous sont arrivés; le 20 juillet vous les y trouverez également aussi nombreux; mais le 25, c’est-à-dire trois mois justes après leur arrivée, vous en chercherez vaine- ment un seul et serez tout étonnés du silence dans le- quel sont retombées nos vieilles tours d’où ne partent (1j On pourrait ajouter « et.de la présence des insectes qui ser- vent à leur nourriture et qui pour les martinets dont parle l’ob- servateur, sont aussi abondants en août et septembre qu’au prin- temps. » (Note du Secrétaire.) (167 ) plus ces cris aigus qui la veille vous sonnaient si dé- sagréablement aux oreilles. Cette remarque que je fais depuis une quinzaine d'années, sur la précision du départ et de l’arrivée de ces oiseaux voyageurs, n’aura sans doute rien de nouveau pour vous, M. Millet ayant constaté ce fait dans son ouvrage; mais la cause en est elle connue et ne nous restera-1-il pas moins à admirer, quand , à une heure dite pour ainsi dire et sur tous les points de notre département, nos clochers et nos donjons redeviennent ainsi déserts et silencieux, de peuplés et bruyants qu’ils étaient en- core la veille ? Deuxième observation. — Un phénomène peut- être plus intéressant, el que je constatai l’année der- nière dans un voyage que je fis au mois de juin en Normandie , se rapporte à un genre de fourmis qui me parut ressembler à la fourmi fauve de Linnée, formica rufa, et que je trouvai dans une de mes pro- menades, près la petite ville de Domfront, sur les flancs de mont Marantin, si je me souviens bien du nom, roche schisteuse, de la nature de nos ardoisiè- res, mais plus friable. Je regrette de n’avoir pas rap- porté quelques individus de ces insectes dont les par- ticularités que j’ai à vous communiquer ne sont dé- crites, que je sache du moins, par aucun naturaliste. La fourmillière que j’attaquai avec ma canne n’offrit rien de plus que celles que nous trouvons le long de nos talus ou sur la lisière de nos bois; ses habitants seulement me parurent d’une assez forte dimension, et j'étais loin de m’attendre à autre chose qu’à ce mouvement tumultueux et convulsif, que nous nous { 168 ) plaisons machinalement à provoquer aux dépens de ces petits êtres aussi pacifiques que travailleurs, quand tout à coup, de tous les points de cette république, partent des milliers de jets d’un liquide qui ne pou- vait être que de l’acide formique, el qui s’élevait à près d’un pied, formant une espèce de gerbe qu'on ne peut mieux comparer qu’à l’eau qui sort de la pomme d’un arrosoir. Pour cette éjaculation, qui n’é- tait sans doute qu’un moyen de défense, la fourmi se recourbait le ventre par-dessous le corselet ;: et se re- levait le derrière entre les pattes de devant pour diri- ger son jet. Chaque sujet était bientôt épuisé; mais comme de nouvelles fourmis se trouvaient toujours mises à découvert par la canne avec laquelle je conti- nuais de les tourmenter, la défense de la place se pro- longea peut-être ainsi plus de cinq minutes, après quoi il n’y eut plus que quelques jets isolés, sembla- bles: à ces coups de feu retardataires qui se font en- tendre quelquefois dans nos exercices militaires. La fourmillière dégageait alors une odeur d’ammoniaque extrêmement forte. Quant à la nature du liquide éja- culé, et qui, comme je l’ai dit, devait être bien cer- tainement de l’acide formique pur, je regrette vive- ment de n’avoir pas cherché le moyen d’en recueillir pour l’analyser, ou tout au moins de m’assurer de son plus ou moins de causticité en le recevant sur la main, ce que j'ai tout au contraire évité par je ne sais quelle singulière appréhension (1). (1) Les faits observés par M. Hossard, bien qu'ils n'aient pas encore élé présentés avec cet ensemble de circonstances qui leur (169) Troisième observation. — Ge dont j’ai à vous en- tretenir encore ici, Messieurs, aura pour but bien moins de piquer votre curiosité que de vous prému- nir contre un danger que j’ai couru moi-même, 'et qui peut devenir d’autant plus grand qu’on est plus loin de s’en méfier. Au mois de mai dernier je traversais une prairie avec mon frère, mon fils et un domestique, quand tout à coup, du milieu de l’herbe et à nos pieds, se fit en- tendre un cuit, cuit, cuit, semblable entièrement au -chant d’un jeune oiseau. Persuadés que c’était, en effet, un oiseau qui se trouvait près de nous, nous nous mîmes à chercher dans l’herbe , quand mon donnent tant d'intérêt dans le récit de notre savant confrère, se trouvent cependant indiqués par ce que nous lisons dans l’his- toire générale des insectes de l'illustre Latreille qui, pour sa fa- mille des formicaires, n’a fait que reproduire, en l’analysanti l’ou- vrage ex-professo qu’il avait publié sur les fourmis. On y lit, en effet, t. XII1, p. 247 : « Les espèces qui sont privées d’aiguillon » seringuent une liqueur rouge, transparente, qui s’attache à » la peau de l'observateur et y cause parfois des pustules dou- » loureuses. Cette liqueur, selon De Géer (le Réaumur suédois), » sort de l’anus; d’autres croient que c’est par la bouche. » Cette citation fait mieux, que tout ce que nous pourrions dire, sentir Vimportance de l'observation de M. Hossard, puisqu'elle fixe avec certitude un fait encore mal connu, et, qui ne paraissait admis que sur la responsabilité de De Géer, qui n’a abservé que les mœurs des insectes de Suède. Nous croyons devoir ajouter que le formica rufa , auquel M. Hossard attribue la faculté de lancer des jets liquides, eSt compris par Latreille dans la section des fourmis sans aïguillon qui auraient, en effet, seules cette faculté d’après le même savant, ainsi qu’on le voit dans la cita- tion que nous venons de transcrire. (Note du secrétaire F.-C. B.) ( {70 ) chien, que j'avais appelé pour qu’il le trouvât plus vite, $e retira brüsquement ; et parlà me fit aperce- voir, dans l'endroit mêmé d’où était parti le chant, une Vipèré À moitié s6rtié dé son trou et qui ouvrait la gueule , prête à se lancer au néz du chien. Cette vipère, que nous tuâmes à l’instant, dont la mâchoire süpérieuré était armée dé forts crochets , eb que je conserve dans lalcoo! , est la vipèré commune (colu- bér berus. de Lirmée). Dans nos campagnes les paysans croient générale- fent que l’aspic chante. Ce fait tendrait à justifier leur opinion, soit que ce genre de cri ait été provo- qué’par la crainte, à notre approche (nous étions près de le fouler aux pieds), soit qu'il fût un appel d’a- mour à la saison des accouplements, ou tout autre enfin propre à attirer la proie. Tant il est vrai que de notre temps, comme au temps jadis, il est des chants de sÿrènes dont il est bon de se défier, heureux en- côre quand on ne Îles trouve que dans lés bois ou dans les prés. Quatrième observation. — Pour terminer, Mes- sieurs, je mé montirerai peut-être un peu hardi en voulant expliquer ici des lois de la nature que j'eusse élé sans doute plus säge de me borner à admirer, mais qüe néanmoins j'ai essayé de soumettre au calcul pour vous entretenir quelque peu à cet égard , ine.re- posant sur votre indulgence que m’aura Lu du moins le riche produit que je vous apporte d’an de mes oiseaux de basse-cour. Je ne viens point vous par- ler de la vivacité des couleurs ni de cette végétation vraiment luxuriante des plumes du paon qui, en quel- (171 ) ques mois, sè produisent telles qu’étaient exactement celles de l’année précédente. Il s’agit ici d’optique, et je prierai MM. lés membres de ë Société de bien remarquer que cette sphère violette, qu’on appelle œil à l'extrémité de chaque plume, offre, presque dans chacune, des formes différentes, c’est-à-dire qu’un des côtés de cette sphère est plus ou moins large, plus où moins allongé dans les unes que dans les autres, de telle sorte qu’un fort petit nombre se montre parfaite- ment symétrique. La raison, sélon moi (et je ne sache pas que Rte l’ait donnée jusqu'ici, sans doute parce qu on ne s’en est pas occupé), la raison est, se- lon moi, que les formes doivent être différentes sui- vant la position où se trouve chaque plume, relative- mént à l'observateur placé à une certaine distance de Voiseau lorsqu'il fait la roue, afin que toutes ces sphè- res , dont une grande partie sont déformées, lui pa- raissent complètes et d’une égale rondeur. Vous voyez, en effet , qué toutes les plumes du milieu qui , quand là queue est étalée, se trouvent verticales et se pré- sentent perpendiculairement à l’œil qui les contemple, offrent des contours parfaits et les lignes les plus ré- gulières dans les déssins , tandis que ces mêmes sphè- res se tronquént ou se dépriment d’un côté et s’élar- gissent dé l’autre à mesure qu’elles s’éloignent de la verticale ou se montrent d’une manière plus oblique, de telle sorte que Îles plumes les plus basses, celles qui sé trouvent horizontales dans le déploiement de la qéeue, n’offrent plus qu’une mince section de cercle, condition voulue pour que l'individu, placé à quelques pas de l’oiseau, ne voie partout que dës sphères com- (172) plètes. C’est que les rayons visuels, partant de l’œil et tombant plus ou moins directement, ou plus ou moins obliquement sur chacune de ces sphères azu- rées, il a fallu qu’elles fussent nécessairement soumises aux lois particulières de l’optique que nous rendent les cônes des ombres, et que chacune eut une forme différente suivant la place qu’elle devait occuper, pour paraître conserver sa sphéricité, car vainement en chercherait-on deux qui se ressemblassent compléte- ment, L’on sait que l’ellipse, vue dans certaines posi- tions, prend la forme d’un cercle : le cas a été prévu ici, et outre l’allongement qu’affectent certaines cour- bes dans les dessins de ces plumes, il est à remar- quer qu’un grand nombre sont légèrement déprimées ou aplaties à leur partie supérieure, conséquence en- core de la manièré dont les rayons visuels devaient frapper la queue du paon dahs son renversement en avant. D’après ces données, et le principe une fois posé, il est possible de déterminer, d’une manière précise, l’en- droit où doit se placer l’observateur pour bien appré- cier l’effet et toute la richesse de cette gerbe d’éme- raudes et de saphirs, de même que toutes les plumes d’un paon peuvent être remises à leur place exacte sans qu’on ait à se tromper pour une seule; maïs ceci ne peut être que le résultat d’un calcul fort long, tout spécial et fait pour chacune d’elles isolément : pré- cautions que n’observent pas, supposé qu’ils aient les connaissances réquises pour Le faire, ceux qui compo- sent artificiellement de semblables queues, travail qui leur demanderait, d’ailleurs, beaucoup de temps, des (173) semaines peut-être; car il ne s’agit rien moins que de plusieurs centaines de plumes et partant d’autant de problèmes à résoudre. Si donc un mathématicien profond doit avoir tant de peine déjà à reproduire un ensemble basé sur toutes les conditions de l’optique, quelle est donc l'intelli- gence qui a pu parvenir de prime abord à composer ce faisceau de lignes et de courbes toutes différentes les unes des autres, pour cependant arriver à la même figure? c’est que Dieu étant la science lui-même , sa volonté en est la loi et son souflle créateur l’applica- tion. J. Hossann. PILE DE CINO-MARS. Angers , le 24 septembre 1847. A MM. CHAMPOISEAU, DE SOURDEVAL ET LAWBRON DE LIGUIM, SECRÉTAIRES-GÉNÉRAUX DE LA 19€ SESSION DU CONGRÈS), A TOURS, ——20 0 CO — Messieurs les secrétaires - généraux, Le 12 septembre le Congrès a été visiter la Pile de Cinq-Mars , dont la destination a été considérée jus- qu’à ce jour comme inconnue , malgré les recher- ches de plusieurs archéologues fort distingués. En présence de ce monument , qui m’a paru être d’origine romaine , une nouvelle explication s’est pré- sentée à mon esprit. J’en ai fait part sur les lieux à plusieurs Membres du Congrès; et, le soir même, à. Tours, à M. le Président de la section d'Archéologie, ainsi qu’à l’un d’entre vous, Messieurs. Je viens au- jourd’hui vous l’exposer par écrit, pour que dans le compte-rendu de l EcuSIon du Congrès, il puisse en être fait mention. La Pile de Cing-Mars, qui n’offre aucun vide in- térieur, aucun moyen extérieur qui facilite l’ac- cès de sa partie supérieure, n’a pu être qu'une borne terminale. Gette opinion a sans doute été émise, mais privée des circonstances particulières qui lui donnent un caractère HER de vérité, et qui cons- tituent la solution que j’annonce. J’ai remarqué d’abord que cette Pile, Ë 18 kilomè- tres de Tours , est sur la voie Romaine de Lugdunum PILE DE CINQ MARS, - près de Tours. Elle est à 18 M1. de Jours.sur la rive droite de la Loire.ale à 29e hauterr ét # de larger sur cage face . J2 construction ester breques formant sur rague face an rrassif de / 16 Le prisme interieur de LCL ae coté est en gros béton Les Ze et sermontée de pets purs d'envoon Ÿ. ae hkautenr placé Sur les argles. ur renverse er 1751 par tn Curaganstlevart atérefons sur le sont dela pirarride qui Lezrreire la l'ile Srsa face méridionale on remarque onke compartiments guadrangularres où rr054igt1e 7 etes avec de pets carreaux de dÿjférentes forrre el toutes dyferentes entr elles Lith Carrier et Lachére, Angers. \ RUN ETEUNTE CUS sé ou ans à FR 4 k Ï SRE ER as AH EUR Loranis sg | É { A: PER ta dde FOUT - : 5% EU * SM} ASS ; 1 RESTE sie pis A4 4 ir LATE } hring snd8: à ÿ | Br peur sk} \ ñ 8 qi. De | ‘A FRÈM: + re = APRES * nd CORAN | sn, Ka ne LD) (175 ) (Lyon), capitale de la Lyonnaise, à Gesocribate (Brest), au fond de l’Armorique , passant par Cæsarodunum (Tours) et qu’on pourrait appeler la grande voie de la Loire, puisqu’elle Ja suit dans presque toute son éten- due ; et comme le mot marche signifie frontière, borne-frortière , j'ai été conduit à voir dans le mot de Cinq-Mars cette signification : cinquième frontière ou cinquième borne-frontière. Dès ce moment il m’a été facile de savoir ce que c’était que la Pile de Ginq- Mars; c’était la cinquième des bornes-frontières des peuples, à partir de Lyon, dont on a pu faire un véritable monument par plusieurs raisons qu’il peut être intéressant de rechercher, et notamment parce qu’elle se trouvait au centre d’une station romaine. Qu’on compte ces peuples, et l’on en trouvera effecti- vement cinq (1), la Pile se trouvant (voir la carte de la Gaule de Danville) x Fextrémité de la cin- quième frontière, celles des Turones et des Andes. Cinq-Mars , ayant Ja signification que je viens d’in- diquer, doit être considéré comme la traduction de l'expression : ad Quiniam Marcam (le mot de marca, dans la basse latinité, dérivé de Pallemand Mark, ré- pondant à celui de marche), laquelle expression a pu succéder à celle des Romains : ad quintam finem, (cinquième frontière), où quintum fines (frontière (1) Ces peuples de la Lyonnaise sont les Ségusiens, Eduens, Sé- nones, Auréliens, et Turones; leurs capitales étaient Forum-Segu- sianorum (Feurs), Augustodunum (Autun), 4gedincum (Sens), Ge- nabum (Orléans) et Cæsarodunum (Tours). On retrouverait encore cinq frontières en prenant pour la direction de la voie dont il s’agit, celle plus directe qui passait par Avaricum (Bourges) capitale des Bituriges, peuple de l’Aquitaine. + - (176) pour la cinquième fois). Ainsi le bourg antique dont on a trouvé des vestiges, qui correspond à Ginq-Mars, aurait pris le nom de la cinquième borne-frontière. Et ceci ne paraîtra que très «naturel à tous ceux qui sa- vent que, sur les voies romaines, de simples bornes milliaires ont donné leurs noms à des bourgs antiques dont elles marquaient le lieu, et souvent aux bourgs modernes qui les ont remplacés. Je juge inutile, pour le moment, de faire aucune citation à ce sujet (1). L’explication que je donne me paraît simple et concluante. On y fera une objection en disant, avec La Sauvagère, qu’une charte du xru° siècle désigne Cinq-Mars sous le nom de Sanctus-Medardus, Saint- Médard , d’où, par corruption, serait venu le nom'de Saint-Mars, employé quelquefois, et puis celui de CGinq-Mars , plus généralement admis. Oh! non, ce n’est pas le mot de Saint (Sanctus) qui peut être ici le véritable, lorsqu'il est en présence du mot cinq (quinque), qu'il n’a pu faire oublier. Si celui-ci n’eût pas été le primitif, il n’eût jamais été inventé; tandis que , au contraire, l’on conçoit que, inévita- blement, il a dû être remplacé souvent par le pre- mier (Sanctus, Saint). En effet, sur mille personnes qui entendraient parler pour la première fois du village en question , pas une n’écrirait le mot cinq (quinque), mais toutes mettraient Saint (Sans D'ailleurs , il me sera facile de prouver qu’un grand nombre de villes, bourgs et villages, dans les noms (1) Mes premières recherches dans les itinéraires anciens seu- lement, m'ont fait découvrir seize exemples dans la Gaule, trois en Espagne et huit dans la Moœsic, (177) desquels on retrouve le mot allemand mark ou son dérivé marca, ont été ou sont encore situés sur des frontières de provinces. Plusieurs de ces noms sont formés du mot Saint, suivi d’un des dérivés en question , et notamment de celui-ci : Mars. Dans ces cas, le mot Saint, considéré comme le véritable, s’explique très naturellement par le sentiment re- ligieux qui s’attache aux bornes-limites qui doivent être respectées de tous. Il s’accorde aussi avec l’idée du dieu Mark, protecteur des bornes-limites , qui corres- pondait chez les Gaulois au Therme des Latins, à l’'Hermès des Grecs et au Thot des Égyptiens (1). Chez ces peuples, en effet, les bornes étaient consa- crées à ces dieux, et n'étaient autres, quelquefois, que des statues plus ou moins grossières qui les re- présentaient. Mais le mot cinq (quinque), qui pour le cas actuel a été adopté dans les meilleurs ouvrages de géogra- phie, est une particularité bien exceptionnelle et qui confirme d’une manière très évidente le sens que je donne au mot Mars. Non, Messieurs, je le répète, Ginq-Mars ne saurait être la corruption du nom de Saint-Médard ou Saint-Mard, par abréviation; c’est plutôt ce dernier, s’il n’est pas le résultat d’une erreur, qui dériverait par corruption du nom de Cinq-Mars, qui n’aurait fait que reprendre sa place en faisant ou- blier celui de Saint-Mard ou Saint-Médard. Qu'il me suflise, pour le moment, d’ajouter que je m’efforcerai, dès qu’il m’aura été donné de prendre connaissance des opinions contraires à la mienne et émises jusqu’à ce jour, de la faire prévaloir dans un (1) Dulaure et Batissier, (178) mémoire où je donnerai tous les développements que comporte la question (1). Il me reste à dire un mot des signes caractéristi- ques de la Pile, et qui doivent avoir un rapport immé- diat avec sa destination, car ils ne paraissent pas avoir été mis uniquement dans un but d’ornementation. Je veux d’abord parler des cinq pilastres, dont quatre existent encore à la partie supérieure, aux quatre an- gles, et dont le cinquième existait, suivant la tradition, au centre même de la Pile, et qu’un ouragan a ren- versé en 1791. Ges cinq pilastres sont ici pour moi des chiffres qui marquent le numéro d’ordre de la borne. Sur des milliaires des nombres ordinaires suff- saient pour le voyageur qui passait à côté; mais, pour celte borne-frontière de province, placée à une assez grande distance de la route, tant pour être assise sur un emplacement favorable , que pour être vue de très loin , et notamment de la Loire, des pilastres for- maient des unités, Les'chiffres étaient ainsi écrits avec des assises de briques. Il serait facile de concevoir l’ap- plication d’un système de ce genre, jusqu’au nombre peu élevé que comportait l'étendue de la Gaule, ou plutôt de ses grandes divisions. , Quant aux onze mosaïques qu’on remarque sur la facade sud, et placées de manière que l’on en trouve d’abord six, deux à deux, sur trois rangs, la septième au milieu, et les quatre autres ensuite deux à deux, sur deux rangs, dans mon système seul, il est assez facile d’en trouver l’explication , au moins dans l’en- (1) La plupart des antiquaires ont vu dans la Pile de Cinq- Mars un tombeau ou un trophée militaire. (179) semble, sinon dans les détails. L’idée qu’elles indi- quent des provinces, ou des villes de part et d’autre de la frontière , s’est présentée d’abord à mon esprit; et ici, on peut envisager les mosaïques de deux manières, ou comme supérieures et inférieures à celle du milieu, ou comme se trouvant à sa droite et à sa gauche. Dans le premier cas , celle-ci en a six avant et quatre après. Ces mosaïques seraient alors pour moi des villes; et dans le deuxième , elle en a cinq avant et cinq après elle , et alors elle serait au centre de dix provinces qui pourraient être représentées par dix villes. Il y a en effet cinq provinces avant, ainsi qu’on l’a vu ci-dessus, et cinq après, c’est-à-dire, depuis Cæsarodunum jus- qu’à Gesocribate (Brest) (1). Cette particularité, s’il y avait lieu de s’y arrêter, servirait tout à la fois à mo- tiver l’importance donnée à la Pile ou Borne frontière placée sur le point central de la grande route de la capitale des Gaules, à l'extrémité N. O. de lArmorique, et l’emploi d’un mode particulier pour l'indication de son numéro. En poursuivant les idées que je ne fais qu'indiquer ici, à défaut de la vérité, si difficile à trou- ver dans son entier, peut-être trouverai-je un système qui offrira quelque probabilité; j’en ai conçu l'espoir. Veuillez agréer, Messieurs les secrétaires généraux, l'hommage de mes sentiments les plus distingués. DE Marry pe Larour, INGÉNIEUR EN CHEF DE LA LOIRE, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES ET ARTS D'ANGERS. (1) Ces dernières sont celles des Andes, des Pictaves, des Namnètes , des Venétes et des Osismes; leurs capitales étaient : Juliomagus (Angers), Limonum (Poitiers), Portus Namnetum (Nantes), Dariorigum (Vannes) et Vorgarium (Carhaïx). (180 ) NOTE. L’explication que nous venons de donner de la des- tination de la Pile de Ginq-Mars, suppose que les Ro- mains avaient sur leurs grandes voies des bornes-fron- tières. Nous en donnerons plusieurs preuves d’après l'itinéraire d’Antonin, la table Théodosienne et les auteurs modernes, en démontrant en outre, qu'il y a lieu de croire que certains monuments plus ou moins bien conservés, plus ou moins célèbres , dont la des- tination a été inconnue ou méconnue jusqu’à ce jour, n ont été autre chose que des bornes-frontières. Et, si le village el la Tour de Cinq-Mars ont recu leur dé- nomination d’une de ces bornes terminales, n’est-on pas conduit à penser qu’il est probable que dans la Gaule et aussi dans les autres provinces de l’empire romain, cet exemple n’était pas unique ? Nous croyons avoir reconnu en effet qu’il en existe d’autres et nous les signalerons. Le principal avantage résultant de l’existence de ces bornes-frontières, qui nous sera révélée et démon- trée par les itinéraires anciens et les monuments, sera de déterminer quelques-uns des jalons des limites des divers peuples , et de rectifier ainsi cette partie de la géographie des anciens, qui nous est encore si peu connue. Il n’est personne qui ne concoive aussi, au point de vue de l’archéologie, tout l'intérêt et la portée des recherches de cette nature, qui, dans quelques * cas, auront en même temps pour effet de détruire des erreurs accréditées depuis longtemps. 15 février 1848. M. L. ( 181 ) REVUE SCIENTIFIQUE N° (”, JANVIER 1849. Mrssieurs , Un de nos confrères, dont le zèle sans jamais s’at- tiédir puise sbondammenL à toutes les sources vives de l’érudition # est arrivé à doter d’une sorte d’intérêt d'actualité les séances de l’un de vos comités par la communication régulière de ses neuvelles archéolo- giques, qui, lout en nous initiant à Îa connaissance _des faits généraux récemment acquis à la science , si- gnalent plus spécialement ceux qui, constatés dans les limites du vieil Anjou , se rattachent plus intime- ment à l’histoire locale. Les progrès considérables qu'ont fait parmi nous les études archéologiques sous l'influence de ces révélations périodiques, de même que les résultats matériels qui en ont été le fruit pour l'accroissement du Musée d’antiquités sont si évi- dents, que les naturalistes de notre société ont dû se demander si dans l’intérêt de l’avenir auquel peut prétendre lPétude des sciences naturelles dans notre pays , il ne devraient pas ,eux aussi, réclamer chaque mois pour les sujets de leurs études et l’exposé de leurs travaux, un peu de cette attention bienveillante qui n’a jamais fait défaut à notre heureux confrère. A lui, se sont-ils dit, de poursuivre avec le même 13 (182) bonheur ses doctes travaux , ses récits instruelifs el at- tachants; mais à nous aussi d’être admis à vous sou- mettre une revue rapide des faits importants qui au- ront été observés dans les pages toujours entr’ouver- tes du grand livre de la nature , pages mystérieuses, pleines d’énigmes dont sans doute l'esprit humain doit presque toujours désespérer de trouver le mot, mais qui du moins laissent lire et révèlent mieux que ne peuvent le faire les raisonnements de l école, la toute- puissance sans limites d’une intellizence créatrice. À notre savant confrère donc, à s'attaquer avec tous les avantages des forces de son esprit et des ressour - ces de son savoir, aux difficultés que présente l’his- toire de l’homme des temps passés et de ses monuments, et à rester sonvent vainqueur dans celle lulte d’hom- me à homme, pour ainsi dire , à nous, humbles obser vateurs, qui ne poursuivons qu’un {abeur d’explora- tion , lancés souvent sans boussole à la recherche de la vérité à travers tout un océan de faits en appa rence souvent incohérents , à vous redire fidèlement et avec simplicité, quelques-unes de ces innom- brables merveilles que l’œuvre de la création étale autour de nous. Bien d’autres , et bien mieux surlout qu'il ne peut m'être donné de l’accomplir, auraient dû déjà essayer cette lâche : à cet égard, aucune illusion ne nous est possible; mais, Messieurs et chers con- frères , vous nous avez appris à compter tellement sur votre bienveillance, chaque fois que, sans tenir comple de nos moyens d'exécution, nous avons voulu marcher versun but utile, que nous avons cru devoir tenter l’entreprise. (183) Ge scra du reste un mérite aux yeux des amis des sciences , que d’ouvrir une carrière que d’autres vien- dront plus tard parcourir d’une manière plus bril- lante. Nous sommes soutenus d’ailleurs par l’espoir qu’en enregistrant fidèlement sous les noms de leurs auteurs, les découvertes faites dans le domaine de l’histoire naturelle de nos contrées , nous offrirons un nouveau stimulant au zèle des naturalistes, par la publicité donnée à leurs travaux , à leurs observations, par la certitude qu'ils auront en y voyant ainsi fixer une date , de conserver le mérite de leurs découvertes , et en élablissant aussi une sortie de lien entre des obser- valeurs qui poursuivent encore solitairement leurs travaux , et qui , dès lors , pourront les faire conver- ger vers un but commun. Nous avons pensé qu’il ne serait pas sans intérêt au début de notre entreprise de vous présenter successi- vement l’historique et la description des divers éta- tablissements qui sont consacrés , dans nolre départe- ment, aux sciences naturelles : peut-être y joindrons- nous plus tard quelques indications sur les collections privées de toule espèce. Le Jardin des Plantes d'Angers, à raison de la date déjà reculée de sa fondation, du développement qu’il a atteint , de la réputation mérilée dont il jouit au Icin, de l’influence qu’il a exercée à différentes époques sur l’horticulture angevine , nous a paru devoir tout d’a- bord appeler votre attention. Chacun de vous, Messieurs , le connaît ce jardin, demeuré jusqu'ici sans égal dans les départements ; x (184) inais beaucoup n’ont pu lire lintéressænte nolice , qu’en 1810, l’un pe nos confrères, M. Pavie père, pu- blia en tête d’un eatalogue des plantes rares ouremar- quables qui y étaient cultivées; cet ouvrage n'étant plus dans le commerce. Ce sera done un motif pour moi de revenir sur les origines mêmes du plus ancien de nos établissements scientifiques. Un mot d’abord sur ce que la nature a fait pour lui. La variété de son sol et les accidents si pittores- ques de ce terrain qui offre à la fois des pentes expo- sées à l’action du solieil de midi , et de longues plates- bandes au nord, des parties aérées ou couvertes, une terre aride ou humide, légère ou consistante, enfin, ce cours d’eau intarrissable où végète , dans les con- ditions de leurs stations natales, toute là tribu des plantes aquatiques, présentent un ensemble de cir- constances spéciales , que nulle part l’horticullure bo- tanique ne recontre peut-être si varié et si complet, el dont la douce température du centre de l’Anjou, permel à la culture de pleine-terre d'obtenir les plus élonnants résultats pour l’acclimalation des végélaux- exoliques. Ces avantages naturels, bien qu’ils ne fussent pas éncore tous réunis, furent appréciés par une sociêté de botanistes qui, en 1777, s’était formée dans nos murs sous l’impulsion et le patronage de celle an- cienne société d'agriculture dont vous avez continué le nom et la sollicitude éclairée pour tout ce qui inté- resse les sciences agricoles. Ges botanistes qui avaient formé un premier jardin d’étude dans le faubourg Bressigny, obtinrent la concession d’une partie du (185) terrain actuel , qui appartenait à la cure de St-Scrge, et qui, baigué par les eaux abondantes qui coulaient des vastes enclos de la Prée-d’ Allemagne, et de la manufacture Joûbert, s'appelait alors l’enclos des Bassins. Get emplacement fut cédé à la Société par un acte du 4 mars 1789; mais il paraîtrait que , dès avant cel époque, la Société en avait déjà pris possession, Cetle réunion savante avait, dès son origine, ou- vert des cours de botanique, dont avaient élé chargés Duttier de la Récherie, membre de la Société d’agri- culture, et le docteur Burolleau, sorti de la faculté de Montpellier, où il avait étudié à une époque où elle comptait parmi ses illustrations contemporaines Sau- vage et Gouan. Enfin, lors de la mort de Burolleau, arrivée en 1787, La Revellière-Lépeaux le remplaça dans cette chaire de botanique. Ce fut donc celui-ci qui présida aux premiers tra- vaux d'établissement du nouveau jardin. Ge fut lui aussi qui l’inaugura en quelque sorte par léclat de ses cours, qu’une parole élégante et facile, une mé- thode logique dans l’exposition et le classement des faits , l’art des rapprochements ingénieux et piquants, durent rendre singulièrement altrayants. Aussi l’élite de la société angevine se pressait-elle à ses leçons; so- ciété fort ignorante sans doute des phénomènes natu- rels, mais spirituelle entre toutes celles de l’époque (1}, (1) Elle continuait la réputation que la haute société angevine s'était acquise sous Louis XIV. « Les quatre grands diseurs de » bons mots de notre temps, dit Ménage, étaient angevins. » Et l'on doit remarquer que bien que de savant affectât parfois des prétentions au bel esprit, il avait la modestie de ne pas se com: prendre parmi ces célébrités des belles ruelles et des salons de Versailles. ( 186 ) travaillée de tous les ennuis de l’oisiveté , et avide de rencontrer un aliment quelconque à une activité sans _ but. Elle se montrait d’autan£ plus curieuse d’ailleurs de s'initier aux mystères de la nature que le philo- sophe de Genève, cette idole des libres penseurs du temps, et de tout ce qui, au sein d’une société bla- sée, tenait par mode à faire étalage de sensibilité ct d'amour des plaisirs purs , que Jean Jacques, disons- nous, avait voué à la botanique une sorte de culte, et avait conservé: pour elle, au déclin de sa vie, celte passion qui , à l'inverse des autres, bien loin de s’af- faiblir avec l’âge, semble au contraire s’accroître de tout ce que gagne l'esprit à se détacher des choses du monde. Cette impulsion donnée aux études botaniques dans la vieille capitale de l’Anjou semblait dès lors leur pré- sager un heureux avenir parmi nous , lorsque le mou- vement révolutionnaire vint à se faire sentir dans notre pays. Si nous en croyons les récits de nos pè- res, nulle part ne s’y associât-on, sans distinction au- eune de position sociale , avec plus d’enthousiasme, un patriotisme plus éclairé et plus dégagé de vues personnelles, des intentions plus pures et plus éle- vées ! Dans ces premières aspirations de l’esprit pu- blic, dans ces moments d'entraînement général, où tous les intérêts sont généreux , où l’égoïsme n’a pas même le temps de s’interroger et de se poser, où par conséquent l’absence des passions mauvaises laisse à l’opinion publique sa spontanéité et son initialive , et par suite, à l'élection sa sincérité, Le Revellière- Lépeaux reçut l’insigne honneur d’être distingué par { 187 }) ses conciloyens , et d’être appelé à s’asseoir comme dépulé aux Etats Généraux. Ge fut ainsi que notre jardin, à peine ébauché on du moins réduit encore au dessin du boulingrin de l’entrée et des plates-ban- des de l'Ecole , perdit son premicr directeur, et passa en 1790 sous la direction de Merlet-Laboulaye. À cet époque, si rapprochée de son origine, le jar- din n’avait pas l’étendue que nous lui voyons. Il était borné, dans sa partie basse, au boulingrin de l’en- trée et à celte portion de l’école qui s’étend jusqu’à la hauteur de la fontaine qui alimente le ruisseau. Il s’arrélait au nord à une ligne qui passait à l’endroit occupé par les serres, et venait aboutir au mur de soutènement de la terrasse; mais ayant été bientôt déclaré propriété nationale, il fut augmenté du reste des dépendances de l’ancienne cure de Saint-Serge , dont le presbytère devint la maison du directeur, tandis qu’une portion des dépendances de la cha- pelle fut métamorphosée en orangerie et en serres tempérécs, La partie haute du jardin fut en grande partie plan- tée par M. Merlet, en 1792 et 1795, et cette date fixe l’âge de ces magnifiques cèdres et de ces énor- mes pins d'Alep et Laricio qui entourent la base du monticule. M. Merlet s'était beaucoup plus occupé de beaux. arts que de sciences naturelles, ou du moins la bota- nique n'’avail guère été pour lui jusques-là autre chose qu’un délassement agréable, mais c'était évi- demment un homme de goût, et on le reconnaît au parti qu’il sut tirer du jardin haut qu'il dessina de la | (188) manière la plus intelligente ct la plus ingénieuse pour multiplier la promenade et dissimuler le peu d’é- tendue du terrain. Ge fut lui qui fit construire la serre- chaude qui a été détruite lors de la reconstruction de la grande serre. Ce n’était qu’une espèce de bâche de quelques mètres de longueur, mais qui eut le mérite d’être une des premières qui fut fondée en Anjou; un . Allemand nommé Ruth, fut chargé de sa direction et de celle du jardin. M. Merlet donnait ses cours dans une des salles basses du séminaire , devenu alors sans destination. Il faisait bien rarement des herborisalions, et ne nommait jamais aucune plante à ses élèves , sauf celles du jardin qu’il faisait déterminer à son cours. Ges le- cons ne comprenaient guère que la partie descriplive des organes des végélaux, peu de physiologie végé- tale, et la démonstration de la méthode de Linnée. Néanmoins, l’impulsion que le système d'instruction adopté dans les écoles centrales donnait à l’étude de toutes les sciences physiques était si grande, que ce - cours qui se donnait à sept heures du matin , avait toujours de nombreux auditeurs. Bastard , Béclard , Chevreul, Guépin, Millet, cette pléïade de jeunes gens du même âge qui devaient plus tard devenir des auteurs ou des professeurs plus ou moins célèbres, s’y asseyaient comme élèves. Merlet se retira en 1806, et laissa la direction du Jardin des Plantes à Bastard. Le jeune professeuraug- menta. les plantations et opéra de notables et d’heu- reux changements dans l’ordonnance générale du jar- din , auquel il acheva de donner la forme qu’il a con- - servée jusqu’en ces derniers temps. (189) Les serres, bien que bornées encore à la petite serre-chaude et aux deux pelites serres tempérées , se reiplirent d’une quantité remarquable d'espèces exo- tiques , conquête d’autant plus précieuse alors pour la science , que la guerre maritime rendait plus rares les occasions d’en augmenter le nombre. Mais contraint par l’exiguilé des serres, à mettre des bornes à ce genre de cullure, le directeur dirigea surtoutses soins sur des végétaux moins délicats et peupla les compar- liments de l’école d’une foule de plantes d'Europe. Des herborisations incessantes dans le département, un voyage en Auvergne , fait en sociélé de Decandolle qui l’honorait de son amitié et de son patronage, ceux des deux Thouins et de ce petit cercle de savants amis, au milieu desquels ils vivaient et où se retrouvait avec tout son amour pour sa ville natale, La Réveillère- Lépeaux , mirent bientôt le docteur Bastard en posi- tion de présenter aux amaleurs la collection d’espèces botaniques de pleine-terre la plus nombreuse qui fût en France, après celles de Paris et de Montpellier. C’est à cette époque qu’il faut faire remonter le dé- veloppement que commença à prendre dans les éta- blissements privés, la culture sur une grande échelle des plantes de serre et de toutes les espèces , d’agré- ment et forestières, de pleine-terre. Les chefs de nos principaux et de nos plus anciens établissements com- merciaux , les Leroi, les Lebreton, qui commencaient à étendre au loin la réputalion des pépinières d’An- gers, et à la substituer à celle des cultures de l’Or- léanais, et qui depuis l’ont rendue européenne, se rappellent encore combien leur furent précieuses les (190 ) relations qu’ils élablirent avec notre jardin botanique, et combien d’espèces s’introduisirent ainsi dans leurs catalogues, tandis que l’activité du directeur, stimu- lant le goût des jardins paysagers qui, chez nous, ne _ faisait encore que de commencer à poindre, leur pré- parait un moyen toujours renaissant d’écouler ces nou- velles richesses végétales. C’est à cette époque aussi qu'il faut réposlEs un projel qu'avait conçu M. Bastard , de joindre au jar- din !ous les terrains et carrières situés entre là rue du Bouillou et le pré Pigeon, en transformant en pépinière départementale pour la plantation des grandes routes et des bois de l’État, toutes les parties susceptibles de culture. Le préfet d’alors , M. Bourdon de Vatry, ac- cueillit favorablement cette idée, qui répondait d’ail- leurs aux intentions de l'Empereur qui avait prescrit La création de pépinières départementales , mais les évé- nements politiques, en éloignant le préfet, empéchè- rent la réalisation d’un ns si grandiose, Chaque année de eine du docteur Bas- tard se signalait par quelques améliorations dans la tenue et la disposition du jardin, ou par l’enregistre- ment de nouvelles espèces dans le catalogue; mais il faut cependant reconnaître que vers l’année 1813, les progrès devinrent moins marqués, si mêmeils ne s’ar- rêtèrent tout-à-fait. C’est qu’à ce moment le docteur Bastard commença à se livrer à l’étude de l’entomolo- gie, avec toute l’ardeur qu’il avait d’abord portée dans ses travaux botaniques, et qu'il préludait à la formation de cette admirable collection de coléopte- res où la rareté des espèces le disputait à l’art de la (191) préparation. Hâtons-nous toutefois d’ajouter qui si le jardin ne sembla plus progresser, &’est qu’il ne restait -plus guères non plus autre chose à faire qu’à le main- tenir dans l’état prospère qu'il avait atteint. C’est malheureux à penser, Messieurs, mais il est trop vrai qu’il en est de certains établissements scienti- fiques comme de ceux de l’industrie leur éclat, leur avenir sont essentiellement dépendants de l’homme qui préside à leur destinée. Cette prospérité de notre jar- din botanique , si bien établie qu’élle parût , ne tenait cependant qu’au zèle ardent de l’homme qui, poussé par une vocation irrésistible, avait sacrifié à son amour pour la science une profession qui semblait lui pro- mettre et l’oisance et surtout cette indépendance per- sonnelle, le besoin le plus impérieux de sa nature ; d’un homme qui, en toute occasion. n’hésitait pas à se raidir avec une énergie indomptable contre tous les obstacles qui surgissaient dans la carrière d’améliora- tion qu’il s’élait tracée, carrière où il venait se heur: ter sans cesse contre la parcimonie méticuleuse, ou l'indifférence de l’administration de ce temps, si peu . soucieuse de tout ce qui ne conslituait pas exclusive- ment le bien être matériel de la cité. Il devait naturellement résulter de cet état de cho- ses, qu'avec des lalents égaux, des intentions aussi éclairées , une surveillance aussi active, nul n’eût pu, peut-être, succéder à Bastard , sans que le jardin n’en éprouvât un fâcheux contre-coup. Aussi, lorsque le savant qui, le premier, avait révélé par ses publica- tions et nolamment par la première Flore publiée dans l'Ouest, les richesses et les traits caractéristiques de (192) | ; ’ la végétation occidentale de la France, vint en 1816 à tomber victime d’une réaction-impitoyable, le jardin d'Angers, privé de celui qui y avait porté la vie, ne tarda pas à subir les fatales conséquences de celle retraite prématurée , que ne purent empêcher ni l’in- tervention toute spontanée des premiers botanistes de la capitale, notamment de M. Gay qui ne connaissait encore Bastard que par ses ouvrages, et qui employa spontanément les bons _oflices de M. de Sémonville pour parer, s’il était possible, le coup qui le menaçait, ni les nobles refus de ceux à qui cette place fut d’abord offerte. Arrivés que nous voici à la fin de cette première période, période et de naissance et de progrès dans l’histoire de notre jardin, nous la prendrons pour point d’arrêt , sauf à reporter à une prochaine séance la suite de ce récit, si vous ne vous trouvez pas trop fatigués de cet excursion à laquelle nous nous sommes hasardé de vous convier. Disons maintenant quelques mots des observations qui ont pu être faites par les amis de la nature, au commencement de cette année. Geux qui étudient les phénomènes de la végétation ont fait une remarque qui ne manque pas d'intérêt. C’est que bien que la moyenne de température des mois de novembre , décembre et de la première moi- lié de ce mois soit plus élevée que dans les autres an- nées , cependant l’on ne s’aperçoit pas que la marche de la végétation en soit sensiblement affectée. La sève dort encore dans lous les arbres qui ne s’éveillent qu’au printewps, et les quelques fleurs qu’on aperçoit (193) dans les friches et les haies ne sont que des rejetons altardés de plantes automnales, qui ont prolongé leur existence à laquelle les gelées mettent ordinairement un terme plus rapproché. Je ne vois à faire exceplion eu ce moment que les Erannthis hymalis, Elleborus niger el Galanthus ni- valis {vulgairement hellebore d’hiver, rose de Noël perce-neige) dont les fleurs ont commencé à s’épanouir dans les bosquets plutôt que d’habitude. Mais ces-plan- tes, ainsi que leurs noms vulgaires lindiquent d’ail- leurs , sielles fleurissent habituellement à une époque moins éloignée du printemps, ne sont pas néanmoins pour cela des plantes vernales véritables, mais bien plutôt des espèces hybernales, dont la végétation se prononce dès la fin de l’automne et par conséquent se trouve seulement plus ou moins ralentie par les froids de l’hiver. La douceur anormale de la température de celle saison ne l’a donc pas hâlée , à vrai dire, elle n'aurait fait que de ne pas mettre obstacle à son évo- lution , ce qui est-bien différent au point de vue de la physiologie végétale. À voir ce qui se passe dans la végétation de nos plantes indigènes vivaces et surtoul pour les ligneuses, on serait porté à croire, que dans cet ordre de végétaux chaque espèce naturelle a des conditions de vitalité qui lui sont propres et qui se répartissent en deux pé- riodes bien distinctes , l’une d’hybernation ou de sta- gnation de la sève, qu’on pourrait assimiler à l’engour- dissement périodique de certains animaux, période qui aurait pour chaque espèce , sa durée et son époque . plus ou moins fixes , que les accidents de température (194) ne pourraient modifier que faiblement comme nous le voyons cet hiver; et une autre période, toute d’ac- tion où la vie végétale s’éveille , se manifeste , accom - plit tous les actes qui lui sont propres , et qui se ter- mine par le plus important; celui qui assure la repro- duction et la perpétuité de l'espèce dans la chaîne des êtres. L'observation sur laquelle je viens d’appeler un ins- lant votre atlention el qui, au premier aspect, a du vous paraître d’une importance au moins contestable, a donc, comme je le disais et comme vous le voyez, Messieurs, un certain intérêt et prouverait au besoin qu’il n’est aucun fait , si chétif qu’il soit en apparence, qui soit vraiment indifférent dans l’étude des phéno- mènes de la nature. Sous un cerlain point de vue celte observation pourrait d’ailleurs devenir un des éléments de la solution d’une des questions les plus controver- sées par l’horticuliure, celle de la faculté d’acclimata- tion que peuvent posséder les végétaux vivaces et li- gneux , en donnant à ce mot sa véritable signification, c’est-à-dire celle par laquelle on concevrait que des plantes exotiques soumises à une succession toujours la même d'accidents atmosphériques, en éprouveraient dans leur nature une modification telle, qu’elles finiraient par pouvoir végéter sous ieur influence, comme elles l’eussent pu faire dans des condilions ioules opposées qu’elles reucontraient dans leur pays natal. Il est beaucoup de bons essrits parmi les théori- ciens et les hommes praliques qui n’admettent plus que l’acclimatation puisse exister en ce sens, et on ne ( 195) peut guères s’empêcher de se ranger à leur opinion, quand nous voyons que les arbres fruitiers et d’agré- went qui, depuis les siècles les plus reculés, sont cul- tivés dans nos pays occidentaux, n’ont aucunement modifié leur manière de végéter et hâtent leur florai- son sans que le relour périvdique des mêmes condi- tions atmosphériques influe sur leur végélation et la plie aux exigences d’un climat qui n’était pas le leur. L’amandier est encore et sera toujours l’imprudent amandier des poètes. Sans prétendre aborder autrement celte question, rapprochons de notre observalion cet autre ‘fait : c’est que dans les serres-chaudes où généralement la température es plus lasse pendant l’hiver que pen- dant l'été , où surtout dans la première dé ces saisons, la lumière solaire si nécessaire à la nutrition des plan- tes par l’élaboration du carbone leur fait défaut, une partie des espèces tropicales qui y vivent, exilées , s’obslinent à fleurir et à déployer leur plus riche vé- gétalion, précisément pendant cette saison brumeuse, et cela, semble-1-il, uniquement parce que c’est celle où elles eussent végélé dans leur terre natale. Si la botanique n’a rien celle fois à fournir à celte revue , il n’en est pas de même pour l’Ornithologie. L'un de nos zélés amateurs, votre confrère M. Raoul de Baracé, a pu se procurer au commencement de ce mois plusieurs espèces très intéressantes d’oiseaux de . passage, destinés, comme toute sa précieuse collec- tion, au musée d'histoire naturelle de la ville, et qui ont été confiés à son nouveau et habile préparateur, M. Deloche. Je citerai particulièrement une macreuse (196) (anas nigra) d’un noir velouté de la plus grande beauté, un faucon pèlerin (falco peregrinus) femelle , vieil individu de la plus forte dimension et de la plus parfaite conservation; deux plongeons imbrims (co{ym bus glacialis) qui, comme tous ceux qui sont tués l'hiver sur nos rivières, on! la livrée grise, qu’on n’at- tribue ordinairement qu’au jeune âge. Le faucon pè- lerin a été tué à Ecoufilant où il chassait sur la rivière les canards comme l’eut pu faire un busard de ma- rais. Les imbrims ont été vus en assez grand nombre. Le passage des barges et des pluviers a été très abon- dant , ainsi que celui des oies sauvages au commence- ment de décembre. Une troupe considérable de grands courlis (numenius arcuata) s’est abaitue à Ecoufflant et y a laissé plusieurs des siens sous le plomb des chasseurs. Je vous avais déjà dit que je m’arrêterais el je m’a- perçois que je me laisse entraîner à une abondance de détails qui pourrait vous effrayer sur mes communica- tions ultérieures : il ne serait cependant ni adroit, ni prudent à moi de surcharger outre mesure le lest de ce ballon d’essai, au risque d’en rendre la chute trop pesante et plus irrémédiable. Hâtons-nous donc d’en finir pour celte première fois. Le secrétaire, T.-C. Braun. 2 ( 197 ) REVUE SCIENTIFIQUE N° 2. FÉVRIER 1849. a — — Messieurs, Dans notre revue du mois dernier, nous vous avons dit ce que notre Jardin botanique était à son origine et ce qu’il devint successivement sous la direction de M. Merlet de la Boulaie et du docteur Bâlard. Nous l’avons laissé au moment où sa direction fut retirée à ce dernier professeur, en 1816. Plus cette destitution était injuste et portait l’em- preinte d’une réaction politique qui violait le sanc- tuaire de la science pour alleindre un homme devenu désormais inoffensif, plus grande fut la difficulté de trouver un successeur au savant qui en avait élé la victime. Nul surtout dans notre ville ne voulut con- sentir à recueillir cet hérilage si prématurément ou- vert; force fut donc de chercher au dehors , et après . bien des propositions faites et refusées, le choix de l'administration s'arrêta sur M. de Tussac , homme d’un caractère honorable que recommandaient à la fois d’immenses malheurs et une publication plus brillante peut-être que véritablement savante sur la flore des Antilles, ouvrage de luxe commencé dans des temps de prospérité et à la continuation duquel il sacrifiait encore les précaires débris d’une des plus opulentes fortunes de Saint-Domingue. La tâche était 44 (198) pesante pour qui débutait à cet âge dans la carrière de l’enseignement. M. de Tussac ne pouvait le mécon- naître, et s’adjoignit pour la partager un botaniste connu- par de nombreux travaux scientifiques, M. Desvaux qui bientôt devint titulaire de la place. (1) C’est à cette époque que la ville se décida à doter le jardin d’une nouvelle serre-chaude et d’une plus vaste orangerie, Malheureusement l’adminisiration parut ou- blier comme cela se voit trop souvent dans les con- structions civiles , que le but principal que l’art doit se proposer, c’est l’appropriation la plus parfaite pos- sible d’un édifice à sa destination, Si Fon se préoccu- pait avant out d’avoir une fabrique svelte et gracieuse qui ajoutât un embellissement au jardin, un archi- tecte, homme de goût, ne put manquer de satisfaire à celte dennée du programme , mais la serre-chaude ne présenta pas les condilions indispensables pour la culture des plantes intertropicales , l’accès prolongé des rayons solaires et la diffusion graduée et soutenue de la chaleur artificielle. La disposition de la serre tempérée ne fut pas plus heureuse , et son plancher sans épaisseur, sans plafond, démesurément élevé, la rend peu propre à soustraire aux alteintes de la gelée, les végétaux précieux que l’on est réduit à entasser sous cet abri inhospitalier. Toutefois on doit reconnaître que, si insuffisants ou imparfaits qu’ils fussent, ces nouveaux moyens de conservation présentaient relativement à ce qui les (1) M. Desvaux fut l’un des fondateurs de la Société d’Agricul- ture d'Angers et enrichit le recueil de ses travaux de plusieurs mémoires importants sur la botanique, la minéralogie at la géologie. . (C1P999) avait précédés, de notables améliorations , et le nou- veau directeur sul en lirer partie pour donner un plus grand développement à la culture des plantes en pot. Aussi le nombre de celles-ci dut il augmenter, si par une compensation fâcheuse on vit diminuer celui des espèces de pleine Lerre , bien que les correspon- dances entretenues avec les autres jardins permissent au professeur de montrer chaque année un certain nombre de plantes nouvelles. Toutefois on est forcé de reconnaître que sous les alternatives de cette récipro- cité de gains et de pertes, le chiffre total des cultures était loin de se maintenir ‘en définitive au niveau qu’il avait pu antérieurement atteindre. L'administration municipale de 1838, qui, entre toules les autres , s’est fait remarquer par une sollici- ltude égale pour tous les services de la cité, crut de- voir ranger au nombre de ses obligations la restaura- tion de notre Jardin des ptantes. Ua botaniste angevin , bien que contrarié dans sa marche, avait pu en opérer une première transforma - tion, l'expérience du passé fut un enseignement pour le présent , et un autre angevin fut appelé , apportant avec lui lautorité d’un nom déjà cher à la science. L’auteur d’un des ouvrages modernes des plusconscien- cieux, et qui, par l’esprit judicieux de critique qui y domine , devait être placé au premier rang des pre- mières productions scientifiques de l’époque ; l’auteur de la flore du Centre, que nous devions bientôt compter parmi nos collègues , reçut le mandat de ré- habiliter notre Jardin dans l’estime des savants, et de lui restituer én même temps ce charme qui en avait fait jadis la promenade la plus recherchée de la ville. ( 200 ) Il n’a failli, vous le savez tous, messieurs, devant au- cune des possibilités de celte mission doublement ré- paralrice et d’autant plus laborieuse que, pendant que nous semblions faire un temps d’arrêt, nos émules avaient grandement progressé en augmentant et en châtiant de plus en plus leurs catalogues; d’autant plus difficile aussi, quant aux améliorations à introduire dans la tenue matérielle, que l’augmentation dans le nombre des jardins d'agrément et des artistes qui les dessinent, avait insensiblement formé et épuré le goût des amateurs, et nous rend tout autrement exigeants, que nous pouvions avoir la préleAsion de l’être ilya 30 ans. Notre honorable confrère a su suflire pleinement à cette double et lourde tâche. Sous sa direction, le Jardin a subi une rénovation complète, et a pu arriver plutôt qu’il n’était donné à personne de le prévoir à ce que l’on pouvait désirer de plus salisfaisant. Les travaux exécutés dans les premières années ont dépassé ce qui avait été fait de mieux jusque-là, et ont été considérables. La ville, par une acquisition ré- cente, ayant ajouté environ 18 ares au jardin bas qu’oc- cupe l’Ecole, cette extension nécessita un remanie- ment complet de tout ce qui la composait. Une disposition nouvelle des plates-bandes en rendit l'accès plus facile , et nous permet maintenant de sui- vre sur de plus longues séries l’enchaînement des es- pèces, des genres et même des familles. De vertes et minces bordures de buis , des sentiers sablés et tou- jours fraîchement râtelés , donnent un air d’ordre et et de propreté à l'Ecole qui se présente repeuplée d’une multitude d’espèces rares, non seulement dans ( 201 }) les cultures, mais même à l’état sauvage. La partie la plus notable des plantes indigènes du bassin de la Loire viennent y figurer successivement. Des genres difficiles , tels que les Rosa , les Carex, les Thalic- trum , etc. , y ont plus de représentants qu’en aucun autre établissement semblable. Mais auprès de ces travaux et marchant parallèle- ment avec eux, il en était un bien autrement im- portant; travail tout de savair, continu, immense, hérissé de difficultés parfois inextricables, insolubles, celui de la détermination des espèces; travail d’au- tant plus ardu que les ouvrages généraux deviennent chaque jour de plus en plus incomplets , et que les. descriplions Lout absolues qu’on eût originairement la : prétention de les faire, tendent à se généraliser par des découvertes incessanles d’espèces voisines , et à devenir ainsi simultanément applicables à des objets réellement et spécifiquement distincts. Or, messieurs, le professeur a entrepris de placer vis-à-vis de chaque espèce, une éliquette portant son nom latin avec l’in- dication de sa patrie. Jamais peut-être chose sembla- ble n’aura été effectuée sur une si grande masse de végétaux, et quand on réfléchit que celui qui veut l’accomplir fait autorité pour les espèces françaises, qu’il s’est imposé le long et fastidieux devoir d'inscrire ces noms de sa main, et de veiller chaque année à leur placement, ce qui, par les pertes continuelles qui déciment les espèces annuelles et obligent à recourir aux envois étrangers, devient un travail toujours re- naissant, véritable tonneau des Danaïdes , l’on ne peut s’empécher de croire que, lorsque les plantes de l’E- ( 202 } cole seront ainsi authentiquées , il n’y aura plus un botaniste qui, en visitant l'Ouest de la France, ne re- gardera comme un complément nécessaire de ses élu- des, l’examen prolongé et sérieux de nos richesses botaniques. Combien surtout ce moyen de vérifica- tion pourra t-il avoir d’intérêt, lorsque la mort d’An- dré Thouain a apporté une si regrettable perturbation . dans l’enregistrement des noms scientifiques au Jardin des Plantes de Paris! Je ne dois pas omettre de par- ler d’une innovation importante. Depuis 1841, le Jardin publie chaque année le catalogue de ses grai- nes disponibles, et ce catalogue adressé aux principaux Jardins publics d'Europe, a servi à élablir avec eux des échanges réguliers. Nous correspondons ainsi avec les jardins de Munich, Saint-Pétersbourg, Turin, Gênes, Pise, elc. , et avec ceux de France et de Bel- gique, qui ont quelque réputation. Les Angevins ne sauraient donc trop se féliciter de l'impulsion donnée à la direction du Jardin. L’æil du maître semble d’ailleurs pénétrer partout, même dans les parties les plus reculées et les moins fréquentées. Partout on retrouve les traces de l’ordre , des soins raisonnés, une végélation brillante, une propreté co- quette et altrayante. Aussi la foule y est-elle revenue empressée et attirée qu’elle est par le charme de la promenade , comme le botaniste a pu lêtre par lat: tention qu’on met à lui présenter des objets d'étude constamment variés. à Après avoir donné à l’administralion générale du Jardin et aux culiures de pleine terre, Fattention qu'elles méritaient, vous devez prévoir que nous ne (20 Er: négligerons pas de vous dire quelques mots des serres qu’il possède. ! Parlons d’abord des serres-chaudes : - Vous savez qu’elles sont disposées en forme d’ailes des deux côtés d’un pavillon italien en pierre de taille servant de serre lempérée et orné de colonnes acco- lées. Elles avaient d’abord été construites en bois, et tombaient de vétusté, lorsqu'on leur a substitué en 1847 et 1848 des serres d’une étendue double en sur- face et en élévation, construites en fer , avec orne- ments en fonte, dont le dessus forme une courbe à grand rayon. Quelques minces colonnettes placées sur une sgule ligne au milieu de la serre, soutiennent cetle charpente aérienne, et servent de supports à des plantes grimpantes qui, en s’enroulant aulour d’elles, s'élèvent jusqu’au plus haut des vitraux, d’où ces lianes retombent en draperie légère, émaillée des plus vives couleurs. Le dessin de ces deux serres-chaudes est tout à la fois simple dans les détails, élégant dans son ensemble, et leur construction ne laisserait rien à désirer pour [a facilité du service, si l’on eût mé- nagé une communicalion entre les galeries extérieures qui les couronnent. Toutefois il nous faut encore exprimer un regret, c’est que pour les chauffer on ait recours à la méthode vicieuse du chauffage par la fumée , au lieu d'employer les procédés perfectionnés employés dans les serres d'Orléans, qui permettent l’emploi successif de l’air chaud, sec ou humide, et son renouvellement constant sans avoir à crain- dre d’abaissement brusque dans Ja température , chauffage qui, sous le rapport de l’économie du (291) Y - combustible, a en outre un mis considérable sur l’ancien mode. Heureusement qu’en altendant celle amélioration, qui n’est sans doule que retardée, l’art du jardinier, favorisé par a douceur inaccoutumée de ces deux derniers hivers, n’a pas permis que ses cultures souf- frissent sensiblement des moyens incomplets mis à sa disposition. Aussi ne craignons-nous pas de recom- mander aux personnes qui n’ont vu jusqu'ici dans les serres chaudes que des végétaux rabougris et languis- sants, de visiter celles-ci. Elles jugeront de tout ce que l’on doit espérer de la pratique éclairée de celui qui les dirige, quand elle sera secondée par un meW- leur mode de chauffage qui lui permeltra de les peu- pler des plantes les plus délicates de serre chaude qu’on a élé contraint d’en exclure jusqu'ici. Elles s’élonneront de voir sitôt transformés en arbustes et même en arbres de 6 à 8 mètres d’élévalion, des re - jetons ou des fragments de rameaux recueillis çà et là, des dons des amateurs el des horticulteurs de la ville ou des départements voisins. Il suffit de“dire que uos serres renferment en ce moment près de 7,000 pots, et plus de 1,200 espèces botaniques. Quant à l'orangerie, nous n’aurons rien à ajouter à ce que nous avons dit en commencant, si ce n’est qé’on remédierait facilement à ses vices de construc- lion en abaissant son plancher qu’on revétirait d’un plafond. Il serait du reste fortement à désirer que l’on | réalisât la promesse faite par l'administration muni- cipale précédente, de démolir celte ignoble masure qui masque l'extrémité de l’orangerie, pour y substituer (205) une serre tempéréc , réservée pour la culture spéciale des Bruyères, Diosma , etc. | Enfin l’ensemble de nos cultures de serres serait complet si on leur adjoignaittune petite serre chaude, dite de multiplication , qui permettrait en même temps la culture des Orchidées , à peu près inconnue dans notre ville. Ge serait une annexe indispensable pour entretenir de sujets les autres serres , ct ce qui surtout devrait déterminer l’adminisiration à faire cette dépense complémentaire qui ne s’élèverait qu’à quelques centaines de francs, c’est que le jardin bo- lanique , avec son modeste budget toujours abtorbés par les dépenses d'entretien , n’a d’autre moyen que les échanges pour se procurer les espèces précieuses ou nouvelles ,-et que c’est cependant par son inter- médiaire qu’elles peuvent le plus aisément se répandre chez les horticulteurs de profession, et augmenter l'importance de leurs établissements, dont un trop petit nombre peut encore rivaliser avec ceux du nord de la France pour la rarelé et la quantité des espèces des serres chaudes et tempérées. Si, comme établissement scientifique, notre jar- din des plantes est si remarquable dans ses conditions actuelles, on ne peut s’empêcher de se demander à quel rang il pourrait prétendre comme jardin public si on lui donnait assez de développement pour que son étendue ne restâl pas trop inférieure à celle de cerlains autres jardins, Lel par exemple que celui, qu’à grands frais vient de créer la ville d'Orléans ? Quand nous voyons disparaître les unes après les les autres, les promenades champêtres qui élendaien ( 206 ) Ù autour de notre ville leur réseau de verdure , que ces sentiers où s’égara notre enfance, et qu'embaumaieni les parfums de l’aubépine , et les fraîches émanations des grands arbres qui les ombrageaient , viennent à se tendre tristement de hautes murailles et se trans- forment en ruelles humides et tortueuses ; quand notre vieux mail n’est bientôt plus qu’un impasse empesté, emprisonné entre des barraques de bois et de torchis; que dans les jours d’été l’on ne se meut plus sur nos boulevards qu’au milieu des tourbillons d’une poussière ardente ou des âcres nuages du ci- garre, et que, grâce à la profusion de ces ruisseaux pavés en relief, dont ils sont coupés, l’on n’y peut marcher sans encombre qu’au prix d’une attention continuelle, Certes, si dans cet état d’annihilation : successive de nos promenades publiques, il est un besoin senti de tous les habitants, c’est de donner au jardin boianique l’espace qui lui manque pour en faire une promenade vaste et sälubre, ouverte à toutes les personnes qui, retenues par des occupations sé- dentaires, cherchent dans un exercice commandé par l'hygiène, autre chose que le bruit et le coudoiement de la foule. Ne serait-il donc pas temps en un mot que le jardin botanique devint pour le nord de la ville, ce que, grâce à nolre nouveau préfet, le jardin de la préfecture est devenu pour le sud de la cité. Aussi, Messieurs , le projet d’agrandissement du jardin des plantes répond si bien à un besoin généralement senti, que lorsqu’en qualité de secrétaire d’une société qui porle un si constant intérêt à tous nos établissements scientifiques , je le soumis avec ses moyens de réali- (207 ) sation à l’un de nos collègues , alors maire d'Angers, M. Augustin Giraud, ce projet trouva, lorsqu’il fut présenté au conseil municipal une approbation géné- rale , et que cet agrandissement ayant été admis en principè, l'administration d’alors reçut tous les pou- voirs nécessaires pour préparer des traités avec les trois propriétaires voisins. Avec ces annexes, le jardin eût reçu une augmentation de plus d’un hectare et demie. L'école proprement dite, trop resserrée, se fût étendue sur une partie des terrains bas qui la joi- gnent au levant, tandis que la portion qui fût restée disponible eût élé consacrée à des essais de culture des végétaux utiles qu’on pourrait espérer d’intro- duire en Anjou, à une collection de céréales, des plantes propres aux prairies artificielles, des espèces de choix à multiplier dans les prairies naturelles, des espèces dangereuses pour les animaux qu’il faudrait en bannir, des espèces légumières les plus recomman- dables ou les plus nouvelles, au fur et mesure de leur apparition , enfin à la culture, sur une plus grande échelle , des plantes médicinales que le jardin fournit aux indigents. Tout le terrain haut de Penclos des Amandiers qui, surmonté d’un monticule élevé , eut présenté le panorama du nord de la ville et du cours de la Maine et de la Sarthe , se couvrirait de toutes les nouvelles espèces d’arbres et d’arbustes, tant d’étude que d’agrément, que l’on ne peut suffisamment apprécier dans Îles: pépinières où elles n’atleignent jamais que des dimensions bornées, parce que au bout de quelques années elles sont obligées de céder la place à d’autres, ( 208) À ce projet, Messieurs , s’en ratlache un autre qui sera sans doute mis à exéculion dès que le directeur du jardin aura pris possession de l'hôtel Raimbault, dont l’acquisition avait été de la part de l’administra- tion de M. Giroud, comme le premier acte de la réalisation du projet d’agrandissement du jardin Bo- tanique. Notre confrère , Messieurs , aurait le désir de voir disposer la maison qu’il habite maintenant, de telle sorte qu’elle pût recevoir un musée botanique. Une semblable création n’est pas nouvelle pour la science. Nos relations avec l’académie des sciences de Genève, nous apprennent qu’il y existe, depuis peu d’années , un musée de celte espèce, sous le nom de Conserva- loire botanique, pour lequel on n’a pas dépensé moins de 40,000 fr. ; | Dans le nôtre, qui n’exigerait que des frais très modiques d’approprialion, se trouveraient réunis 1° Le cours public; 2° une bibliothèque spéciale dont le directeur a jeté les fondements par l’acquisi- Lion d’un certain nombre d’anciens ouvrages que l’on trouve rarement dans les bibliothèques privées , et qui s'élèvent déjà à près de Goo volumes: 3° une collec- tion de tous les bois et de toutes les parlies de végé- Laux employés dans les arts et dans la thérapeutique ; 4° une collection des graines et des fruits susceptibles d’être conservés pour l'étude; 5° les herbiers, parmi lesquels on remarquera toujours le nombreux hezbier d'espèces européennes, du docteur de Lens , que la ville doit à la magnificence d’un des membres 1i- iulaires de notre société, M. de Lens , professeur de philosophie au Lycée; 6° un herbier départemental - fr ( 209 ) spéciàl maintenu au niveau des découvertes locales et des progrès de la science; 7° enfin un herbier du jardin où l’on pourrait retrouver des traces de ses cultures annuelles, tandis que maintenant on ignore ce qui a précédé. À ce dernier recueil pourraient être jointes des annotations sur les diflicultés qu’on. souffertes certaines cultures , sur la perte de certaines plantes, sur les moyens à l’aide desquels on a assuré la conservation de certaines autres ; annotations qui deviendraient surtout précieuses en ce qu’il n’a rien encoreété publié sur les procéldés d’horticulture de notre pays qui ne peut cependant, ni pour son sol, ni pour le climat, être assimilé aux environs de Paris, pour lesquels tous les traités de jardinage ont élé jus- qu'ici exclusivement rédigés. Espérons que notre savant et laborieux confrère sera bientôt mis en po- sition d’exécuter un projet à la uécessilé duquel notre société ne peut, sous le double point de vue bota- nique et horticole, rester indifférente. Ici, Messieurs , se terminera en ce moment la tâche que nous nous étions imposée et qui avait sa délica- tesse, comme ses difficultés, pour être remplie dans les conditions de convenance en même temps que de sincérité dont nous ne voulions pas nous écarter pour qu’elle fût moins indigne de vous être soumise. Nous nous occuperons dans une prochaine séance du musée d'histoire naturelle. Passons maintenant aux nouvelles scientifiques. Un de nos confrères, M. Boreau, m’a suguéré à ce sujet une idée que vous accueillerez sans doute favo- rablement. Nous entretenons avec les autres sociétés (210) savantes des relations auxquelles nos publications , qui ont un mérite des plus recherchés, celui d’être originales , tendent à donner de plus en plus d’impor- tance. Les communications que ces sociétés nous font de leurs travaux sont des plus variées, mais nous n’en retirons pas tout le fruit qu’on en devrait attendre , par la raison qu’il faut souvent feuilleter un trop grand nombre de pages pour découvrir, soit un procédé d’agriculture , soit une idée ou une observa- tion scientifique , qui ne soient pas une redite ou une réminiscence. Beaucoup d’entre vous, Messieurs , dé- daignent donc de fouiller une mine où ils auraient souvent trop à déblayer pour arriver au filon qui, dans la spécialité de leurs études, serait seul exploi- table pour eux. Ge travail d'exploration seraitsingu- lièrement facilité pour qui l'embrasserait dans son ensemble, et ce serait sans doute faire une chose utile que de se borner même à vous signaler chaque mois les sujets les plus importants qui ont été traités par les autres sociétés vos émules. Je lessaierai, Messieurs, chaque fois que mes loisirs me le per- mettront. La lecture que j'ai faite du volume des mémoires de la société d'Agriculture , Sciences et Arts des Py- rénées- Orientales, années 1845-1848, m'a fourni quelques indications intéressantes. : Quant à la botanique, j’ai vu que la Flore française s'était enrichie de deux espèces nouvelles d’un genre des Papihionacées , encore peu nombreux le sarothan- nus, observées et décrites par M. Campanyo, direc- teur du musée de Perpignan; l’une sous le nom de (214) S. Jaubertus, l’autre sous celui de S. Carlicrus, qu'il faudrait changer en J'aubertianus et Carliera- nus, pour se conformer aux principes de la glossolo- gie des sciences naturelles. La première de ces espèces a été publiée évidemment et la même année, dans les annales des sciences naturelles, par Webb... à qui doit se rapporter le mérite de la priorité? C’est ce que nous n’entreprendrons pas de décider. Ceux qui voudront connaître les caractères qui les peuvent distinguer des autres espèces voisines, de- vront recourir aux deux publicalions que nous venons de citer, savoir : 7e volume des mémoires de la Société Agricole des Pyrénées Orientales , et année 1848 des annales des sciences naturelles. Ce même recueil renferme un mémoire du plus baut intérêt sur l'emploi de l’Ether , comme moyen thérapeutique. Sur 1200 individus qui forment la po- pulation de la petite ville de Salces, 296, au mois de décembre 1847, furent atteints de fièvres pernicieuses accompagnées des plus effrayants symptômes et des formes les plus variées. Tous ces malades furent sau- vés, moins trois qui furent fatalement soustraits à l’action régulière de la nouvelle médication, Au moment où le choléra étend ses ravages, peut-être doit-on re- commander ce mémoire à l’attention de ceux de nos _ confrères qui s’occupent de la science médicale , ainsi qu’à ceux qui ont étudié au point de vue physiolo- gique seulement l’action des eflluves éthérées sur’ l’organisme. Ceux-ci y trouveront des faits curieux dans la comparaison des effets produits par l’éther sur le sysième nerveux, lorsqu'il est administré par injec- ( 212) Lion dans le tube digestif, avec les résultats obtenus par voie d’inhalation. Enfin, ce volume contient un long travail sur les puits artésiens de Perpignan, dans lequel sont relatées des observalions sur l’accroissement de la tempéra- ture des eaux jaillissantes en raison de leur profon- deur. Les moyennes obtenues donnent pour ces eaux un accroissement de chaleur d’un degré par 32 mèt. de profondeur, ce qui se rapproche beaucoup des observations thermométriques faites dans les mi- nes, elc., qui donnent 1 degré par 30 mètres, C’est une preuve de plus en faveur de la théorie du feu où de la chaleur centrale, qui du reste paraît mainte- nant hors de discussion pour les géologues. Si nous quittons les livres pour jeter un coup d'œil sur la nature au milieu de laquelle nou: vivons, nous remarquerons que les progrès que la végétation a faits parmi les plantes véritablement indigènes, ne sont pas beaucoup plus marqués que dans le mois précédent. Si nous voyons dans les jardins, parmi les arbres, les amandiers , les coignassiers du Japon, le saule de Babylone, le peuplier blanc , le bouleau de Corse, el parmi les plantes bulbeuses, la jacinthe bleue, les crocus, et certaines narcisses, nous pré- senter leurs fleurs, nous n’oublierons pas, comme nous l’avons déjà fait remarquer, que ce sont [à des hôtes étrangers qui ont conservé les habitudes du sol natal et qui ont hâte de se produire au grand jour dès que la rigueur de la saison ne leur devient plus -un obstacle. Quant aux plantes que l’on peut consi- dérer comme les habitants primitifs de notre sol , je (213) ne vois encore que les Draba vernalis, Chamagrostis minima, Alsine media, Veronica hederacea , et quelques autres qui, véritables vernales , apparaissent dès ces mois-ci, dans les hivers les plus rigoureux , dès qu’elles peuvent rencontrer une exposition un peu abrilée. Le Gagea bohemia peut se ranger parmi elles, car nous voyons sa fleuraison se continuer en se suspendant selon les accidents de la température , depuis la fin de janvier jusqu’au mois d’avril et même de mai. Celle année , M, de Soland en a cueilli plu- sieurs pieds qu'il m’a communiqués le 19 janvicr dernier , dans la commune de Mrs. Je ne sais si l’on a remarqué que cette charmante miniature des liliacées, ne se trouve ni sur nos cal- caires purs, ni sur nos schistes ardoisiers, ni sur nos alluvions, mais uniquement sur des roches éruplives | ou sur des schistes altérés par le contact de ces , roches. Les localités de Mûrs, du Pont-Barré, d’E- piré, de la partie nord du plateau de la Baumette, sont là pour le prouver. Aussi devions-nous nous élonner que celte plante ne se retrouvât pas sur la rive droite de la Maine, dans des terrains analogues, lorsque nous venons d'apprendre de M. Huard aîné, qu’ill’avait rencontrée il y a peu de jours près de la Rive. sur le prolongement du banc de rocher qui passe au nord de la Baumette. Je termine ici cette revue, pour reporter au mois . prochain les autres documents que j'ai pu recueillir. T. C. BERAUD. 15 (214) ÉGLISE D’ANGERS, BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉVÊCHÉ. CLERGÉ D’ANGERS. 0 0———— L'AUTEUR ANONYME DU MANUSCRIT DONT EST EXTRAIT GE QUI SUIT, VIVAIT SOUS M. DE LORRY, ÉVÊQUE DANGERS. Extrait d'un registre in-folio de 57 pages, dans lequel se trouvent divers catalogues curieux de noms d’ecclésiastiques: notamment, d’abbés de Toussaint , etc., etc. En tête sur une: feuille volante, on lil: « Quelqu'un zélé pour l'honneur de l'Eglise et pour » celui de sa patrie, a fait autrefois des recherches » sur le clergé d'Anjou, dans les premières sources. » Il ne croit pas devoir mettre en d’autres mains le » fruit de ces recherches, qu’en celles du premier »-Pasteur qui verra avec plaisir la suite des hommes » respectables à qui il succède. » Pardonnez moi, Monsieur, si j'écris si mal, c’est » avec une vieille plume de votre portière. J’espère » que vous voudrez bien m’accorder une audience à » votre retour. » (Qt Li) PRÉLATS SORTIS DE L'ÉGLISE D'ANGERS. PAPES. — Innocent VI, Etienne Aubert, Limousin, élu pape en 1552, mort le 12 septembre 1362, avail été trésorier de l’église d’Angers, en 1300. — Grégoire XI, Pierre Roger, Limousin, élu pape en 1370, fils de Guillaume Roger, Limousin, comte de Beaufort, en Anjou, avait été grand archidiacre d'Angers, en 1545. Il reporta le siége pontifical à Rome, en 1376, et y mourut le 27 mars 1378. CARDINAUX. 1162. — Mathieu d'Anjou, cardinal, avait été doyen en 1162. 1282. — Guillaume de Braye, cardinai, avait été chanoine en 1282. 1350. — Raymond Goth, de Villandrau, cardinal, de la famille du pape Clément V, avait été grand ar- chidiacre en 1300. 1300. — Raimond de Fargues, cardinal, avait été grand archidiacre en 1530. 1335. — Aimeri, cardinal en 1351, avait été bac noine en 1339. 1335. — Guillaume le Juge, cardinal en 1356, avail été chanoine en 1335. 1550. — Jean de Carmague (de Caro Magno), car- dinal, trésorier en 1350. 1551.— Pasteur d’Aubenac (de Albenaco), cardi- nal, avait été archidiacre d’Outre-Maine, en 1351. (216) 1355. — Jean de Rochechouart (de Rupe Cavardi), cardinal, avait été chantre en 1355. 5 1363. — Pierre Bertrandi, évêque d’Autun, puis cardinal, avail été maître-école en 1363. 1371. — Gilles de Belle-Mère (de Bella Mera), cardinal, avait été grand archidiacre en 1371, et pro- fesseur- en droit. 1385. — Bertrand de Chanac, ‘cardinal , avait été grand archidiacre en 1385, et professeur en droit. 1390. — Jean Flandrini, cardinal, avait été chan- tre en 1390. 1391. — Thomas Amatanus, sente avail QE trésorier en 1991. 1400. — Guillaume Philastre, cardinal, avait été chantre en 1400. 1434. — Jean de la Grange, cardinal, avait été trésorier en 1434. 1435. — Guillaume d’Estouteville, cardinal et ar- chevêque de Rouen, avait été archidiacre d’Outre- Loire, en 1435. 1436. — Guillaume d’Auverse , cardinal en 1442, avait élé chanoine en 1436. - 1442. — Jacques Juvenal des Ursins, cardinal et. archevêque de Reims, avait été chanoine en 1442. 1461. — Jean Balue, cardinal et évêque d'Angers, avait été chanoine en 1461, et trésorier en 1464. ARTICLES A ÉCLAIRCIR — Le cardinal de Frye ou Prye….. — Guillaume, cardinal et patriarche de Jérusalem, avait élé chanoine en 1890. (270) — Raimond, cardinal et archevêque de Bourges, et patriarche de... avait été... ARCHEVÊQUES. ARCHEVÊQUES AUPARAVANT, ÉVÈQUES D'ANGERS. 1102. — Rainauld de Martigné, archevêque de Reims, en 1124, avait élé évêque d’Angers, en 1102. . 1499. — François de Rohan, archevêque de Lyon, en 1501, avait élé évêque d'Angers, en 1499. 1588. — Charles Miron, archevêque de Lyon, en 1626, avait été évêque d'Angers, en 1588. ARCHEVÊÈQUES SORTIS DU CHAPITRE. - 1290. — Geoffroy de la Haye, archevêque de Tours, avait été archidiacre d’Outre-Loire , en 1290. 1205. — Etienne de Bourgueil , archevêque de Tours, avait été chanoine en 1295. 1575. — Geoffroy le Bouteiller , archevêque de Tours, avait été chantre en 1375... 1434. — Jean Bernard, archevêque de Tours, en 1441, natif d'Angers, avait été grand archidiacre en 1434. | 1462. — Pierre de Laval, archevêque de Reims, avait été doyen en 1462. 1546. — Simon de Maillé, archevêque de Tours, avait été chanoine en 1546, évincé en 1548. 1557. — Philippe du Bec, archevêque de Reims. avait été doyen en 1557. (218 ) ÉVÊQUES. ÉVÊQUES D’ANGERS SORTIS DU CHAPITRE. 1120. — Ulger, Angevin, évêque d'Angers, en 1126, avait été maître-école en 1112; archidiacre d’Outre-Maine , en 1113, puis grand archidiacre en 1120, 1120. — Normand de Doué, Angevin, évêque d’An-. gers, en 1140, avait été doyen en 1120, 1160. — Géoffroy le Mouche, évêque d'Angers, en 1162, avait été doyen en 1160. 1280. — Guillaume le Maire, Angevin, évêque d'Angers, en.1290, avait été péuitencier en 1280. 1813. — Hugues Odard, Angevin, évêque d’An- gers, en 1914, avait été chanoine en 1313. 1319. — Foulques de Matheflon, Angevin, évêque d'Angers, en 1334, avait été trésorier en 1919. 1894. — Raoul de Machecoul, évêque d'Angers, en 1359, avait été doyen en 1354. 1357. — Guillaume Turpin, Angevin, évêque d’An- gers, en 1399, avait élé chanoine en 1397. 1367. — Hardouin de Bueil, évêque d'Angers, en 1372, avait élé chanoine en 1367. 1450. — Jean Michel, évêque d’Angers, en 1438, avait élé chanoine vers 1/30. 1/38. — Jean de Beauvau , Angevin. évêque d’An- gers, en 1447, avait été chanoine en 1438. 1709. — Jean de Vaugirault, Angevin , évêque en 1780, avait été grand archidiacre en 1709. (219) AUTRES ÉVÊQUES SORTIS DU CHAPITRE. 1063. — Marbode, évêque de Rennes, en 1096, mort à Saint-Aubin d'Angers, en 1123 , avait été maître-école en 1067, puis grand archidiacre. 1313. — Thomas d’Anast, évêque de Cornouailles, aujourd’hui Quimper, avait été doyen en 1313. 1314. — Raoul de la Flèche, évêque de Saint- Brieuc, avait élé chanoine en 1314. 1339. — Guillaume de la Voute , évêque d’Alby, avait élé chanoine en 1339. 1400. — Thibault le Moine, évêque de Chartres, en 1454, avait été grand archidiacre vers 1400. 1420. — Thibault de Lucé, évêque de Maillezais, avait été trésorier en 1420. 1454. — Gui Bernard, évêque de Langres, en 1454, avait été chanoine vers 1434. 1445. — Pierre Turpin de Crissé, Angevin, évêque d’Evreux, avait été chanoine en 1445. 1446. — Antoine Crespin, Angevin, évêque de Léon, avait été chanoine en 1446. 1902. — Pierre-Louis de Valtan, évêque de Rieux, avait été archidiacre d'Outre-Maine, en 1502. 1505. — Louis Pucelle, évêque de Meaux, avait été trésorier d'Angers, en 1903. 1518. — Michel de Savoyÿe, évêque de Sisteron, puis nommé à l’évêché de Beauvais, avait été archi- diacre d’Outre-Loire, en 1518. 1997. — Jacques Olivier , évêque de Lombez, neveu de Jean Olivier, évêque d'Angers, avait été ar- chidiacre d’Outre-Maine, en 1537. ( 220 ) 1999. — René Breslay, Angevin, évêque de Troyes, , avait été grand archidiacre en 1599. 1621. — Daniel Duplessis de la Mothe-Houdancourt, évêque de Mende, avait été doyen en 1621. 1625. — Gabriel Boylesve, angevin, évêque d’A- vranches, avait été maitre-école en 1625. 1657. — Jacques de Montrouge, évêque de Saint- Flour, en 1642, avait été chanoine en 1637. 1646. — Pierre de Broc, Angevin, évêque d’Au- xerre, avait été chanoine, abbé de Toussaint, en 1646. 1718. — François de Beaumont d’Autichamp, An- gevin, évêque de Tulle, avait été doyen en 1718. 1722. — Jérôme Lefebvre de l’Aubrière, évêque de Soissons, Angevin, avait été archidiacre, d’Outre - Maine, en 1722. 1722. — Mathias Poncet, évêque de Troyes, neveu de Michel Poncet, évêque d'Angers, avait élé chanoine en 1722. 1748. — Joseph de Saint-André, de Marnay , de Vercel, évêque de Gonserans , avait été trésorier en 1748. AUTRES ÉVÊQUES. ARTICLES A ÉCLAIRCIR. 13... — Gui Barbot, évêque de Léon, en 1386, avait été chanoine en 13... , et professeur en droit. 1471.— Jean d'Amboise, évêque de Lavaur, puis de Dol, avait été chanoine en 147:. ÉVÈQUES NOMMÉS ET NON SACRÉS. 1589. — Jean du Mar, Angevin, nommé évêque de Dol, en 1535. ( 29) 1585. — René Benoist, d'Angers, nommé évêque de Troyes, avait été chanoine en 1585, puis curé de Saint-Eustache de Paris. 1600. — Georges Louet, Angevin, nommé évêque de Tréguier, avait été chanoine, abbé de Toussaint, en 1598, et doyen de l’église d'Angers, en 1600. V. GopaArD-FAULTRIER. (2290 NOTE SUR DES FOUILLES PRATIQUÉES AU TERTRE SAINT-LAURENT d'Angers. D JU — En mars 1849, par suite de travaux faits sur l’an- cien cimetière du Tertre-Saint-Laurent , afin d’a- _ planir cette place, l’on découvrit, sous la direction de M. Prosper- Ferdinand Simonneau , piqueur de la ville, vers le milieu du côté ouest de ce Tertre , les traces de deux édifices qui, d’après certains souvenirs, avaient antérieurement à la Révolution de 1795, servi l’un de chapelle, et l’autre de chaire à prêcher en plein air. Sous les fondements de celle-ci, on trouva deux tombeaux en maçonnerie de la classe de ceux appelés non apparents. Ils étaient orientés chrétien - nement, c’est-à-dire Ja tête à l’ouest et les pieds à l’est. Dans celui du nord, les os parurent très forts. On re- tira de l’autre , quatre ‘pots à feu encore pleins de charbon; ces pots dont la destination vous est connue, étaient situés deux d’un côté de la tête, et deux de l’autre. ( 2335) L'un de ces tombeaux avait sans doute renfermé Pierre du Fay, qui, en 1409, ordonna de construire ladite chaire à précher , ainsi qu’il résulte de son épi- taphe , autrefois gravée en lettres gothiques sur une pierre d’ardoise, et dont Péan de la Tuilerie nous a conservé la leneur que voici; C’esc la chaire qui parle : Dessous moy gist Pierre de Fay Qui ne fut pas homme hay : Natif était de cette ville Secrétaire du roy de Sicile : Qui vingt-huit ans n'avoit de l’âge Quand mort de luy prist hommage. Il trespassa j’en suis bien membre Le cinquième jour de septembre Eu l’an mil quatre cent et neuf. Par lui je fus fait tout de nenf Et m'ordonna en celui lieu Pour y prêcher au nom üe Dieu. On retira des fondements de cette chaire, une moitié d’ardoise qui lui était probablement étrangère, mais dont les traits en creux méritent quelqu’attention; cette ardoise avait servi de pierre tombale, au moins avant 1409. Une seconde à peu près semblable a été rencontrée non loin de la chapelle. Comme elles peu- vent être des types antérieurs au xv° , il conviendrait de les dessiner. £ * Il nous reste à dire, sur le compte de la chaire, qu'avant sa démolition, vers 1793, au témoignage du, sieur Etienne Girard, aujourd’hui septuagénaire, et ancien choriste à l’église du Ronceray , elle avait en- viron 2 mètres d’élévation et trois marches pour ÿ monter. (224 ) Au nord de cette chaire, à 4 mètres de distance, s'élevait avant la première révolution, la chapelle dont les fondements sont encore visibles ; M. Simon- neau , en les déblayant, y a trouvé deux bases de co- lonne, qui ont tous les caractères du milieu ou de la fin du xrr° siècle. : Ces divers objets déposés présentement au Musée Toussaint, ont été donnés à la ville, par les Hospices, sur la demande de M. Collet-Dubignon. Revenons à la chapelle : Des documents recueillis de la bouche du sieur Etienne Girard , et de divers ren- seignements puisés dans Péan , ainsi que dans le ma- nuscrit de feu M. Berthe, joints à l’inspeclion des lieux, résultent en somme et malgré certaines contra- dictions de texte, que cette chapelle était octogone, et qu’à chaque angle existait un faisceau de colonnes avec bases et chapiteaux sculptés. Jusqu’à 5 mètres de hauteur, cet octogone était clos de tous côlés; mais à partir de cette élévation, les faisceaux de colonnes dé- gagés des murs, s’élevaient gracieux et sveltes pour supporter la toiture, permettant de la sorte à la lu- mière de pénétrer au sommet de la chapelle par cinq arcades suivant Péan, et par huit, selon d’autres. Gette chapelle, divisée en deux pièces , l’une supé- rieure, l’autre inférieure , par un plancher, avait 10 mètres environ d'élévation et 7 mètres de diamètre de dedans en dedans; l'épaisseur des murs à la base, était de 90 centimètres. Dans la pièce basse vers l’est, se trouvait un autel dédié à Notre Dame-de-la-Pitié, et contre le pan sud- est, un second autel dédié à Saint-Laurent; sous le (225) pan du nord, M. Simonnesu découvrit un petit ca- veau carré, de 4o centimètres de profondeur et largeur, plein d’ossements. On descendait quatre marches pour entrer dans celte chapelle inférieure; la chapelle supérieure servait de lieu d'exposition au Saint-Sacrement le jour du Sacre; en effet, la proces- sion, après être surtie de Saint-Maurice, vers sept heu- res du matin, arrivait sur le Tertre entre neuf et dix heures. Rendue à la chapelle , le célébrant montait dans la pièce supérieure, et plaçait le Saint-Sacrement entre les deux colonnes qui regardaient l’est. Celle exposition durait deux heures, pendant lesquelles un ecclésiastique prêchait au sommet de la chaire en plein vent. Les prêtres attachés au Ronceray et à la Trinité, avaient seuls le privilége d’être enterrés autour de la chapelle. M. Girard, de qui nous tenons ces documents, as- sure qu’étant choriste à l’église du Ronceray, il lui est arrivé de répondre durant plusieurs années, une messe qui se disait sous une voûte de l’église de Saint-Lau- rent. Mais il ajoute que celte voûte menaçant ruine, on fit de son temps transporter la statue de saint Laurent dans la chapelle octogone que nous venons de décrire, et dans laquelle, jusqu’à la Révolution, à la * fête dudit saint, l’on continua de célébrer une messe. Nous pourrions nous borner à l’exposition de ces faits, toutefois vous ne serez peut-être pas fâchés, messieurs, de nous entendre vous proposer diverses conjec- tures. D’après la forme octogone de cetie chapelle, et sa ( 226 ) situañion dans un cimelière; d’après son antiquité que deux bases de faisceaux de colonnes font par leur style remonter au milieu où à la fin du xu° siècle, nous sommes fortement disposé à croire que cet édifice a été, prinitivement da moins, une lanterne des morts, au même titre que les deux chapelles qui se voient à Fontevrault, et que celle qui existe encore à Saumur dans un jardin situé près l’égliseSaini-Nicolas. Voyons ce qu'a écrit M. de Caumont , sur la destination de ces étranges édifices. - « Au xrr° siècle et au xin°, on érigea , dit-il, sou- vent , au milieu des cimetières, des chapelles sé- » pulcrales.... au sommet desquelles on plaçait la nuit des fanaux où des lampes qui projetaient leurs » rayons sur les tombes voisines. ÿ Ÿ » Le fanal allumé, sinon toujours au moins dans » certaines occasions... était une sorte d'hommage rendu à la mémoire des morts, un signal rappelant aux passants la présence des trépassés. » Suivant M. le Cointre-Dupont , le motif de cet » usage était de préserver les vivants de la peur des » revenants et des esprits de ténèbres dont l’imagina- » tion de nos ancêtres peuplait les cimetières pendant » la nuit, de les garantir de ce timore nocturno de ce » negotio perambulante in tenebris, dont parle le ÿ ÿ » psalmiste..….. » J’ajouterai que ces lanternes pourraient être dans la pensée de nos pères, comme des phares chargés d'apprendre aux vivanis que les cimetières sont les ports éternels vers lesquels ils doivent tendre après leur navigation en ce monde. (2273) M. de Caumont fait judicieusement remarquer que la forme arrondie de ces chapelles, était aussi celle du sépulcre à Jérusalem. | Quoiqu'il en soit, il est du moins certain que l’em- placement et les environs de notre chapelle octogone, ont été un cimelière, même avant l’an 1119, puisqu’à cette date, le pape Calliste IT se trouvant à Angers, alla, suivi de l’abbesse et des religieuses du Ronceray, prêcher dans cet endroit sur une tombe. « Papa vero posteà tumbam quæ in cimyterio sancti » Laurentii est sita ascendit ; ibique populo verbi di- » vinipabulo refocillato, etc. , etc. , » lisons-nous dans la copie d’une charte manuscrite que nous possédons. Cette citation nous invite à former d’autres conjec- tures. N’aurait-on point, à titre commémoratif, cons- truit notre chapelle octogone à la place de cette tombe sur laquelle le pape prêcha les Angevins ? Cette pré- dication eut lieu en 1119; or, le style des bases des faisceaux de colonnes de l’octogone est du même siè- cle et seulement de quelques années postérieures à la date précitée. Ge rapprochement ne vous frappé-t-il point, messienrs ? Ou bien encore, la chaire de pierre construite par Pierre Duffay en 1409, ne l’a-t-elle point été sur une plus ancienne, bâtie à la place même de la tombe d’où Calliste porta la parole ? Péan de la Tuilerie nous dispose à le croire lors- qu'il dit : « Il est assez probable qu’il y avait déjà une chaire » dans le cimetière de Saint-Laurent , et qu’on y pré- » chait dès le commencent du x siècle. » (228 ) Puis, parlant de la prédication de Calliste II en 1119, il ajoute : « Gette cérémonie se fit trente deux » ans après la mort de Béranger, qui mourut en 1088. » Et Hiret écrit, page 194, deses Antiquités : « Beren- » garius , archidiacre en l’église d'Angers, en l’an » 1041, prescha contre le Saïnt-Sacrement, depuis on » a fait feste du Sacre à Angers avec grandes pompes, » et dit-on qu’il n’est Sacre qu’à Angers. » Une tradition, plus ou moins bien fondée , donne- rait lieu de croire que le premier théâtre de l’héré- sie de Béranger, aurait élé sur ce même tertre Saint- Laurent, ou dans l’église de ce num. Cette tradition n’est pas sans quelque vraisemblance , et paraît s’é- tayer de l’usage de faire en ce lieu la procession du Sacre; cependant, comme la charte relative à Cal- liste IT en 1119, et l’épitaphe de Pierre Dufay en 1409, ne font aucune mention de la prédication de Béran- ger au Tertre Saint-Laurent, la certitude est incom- plète, et nous laissons à votre prudence le soin d’ac- cepter où de rejeter celte tradition, V. GopArb-FAULTRIER. de a NÔTE SUR DES TOMBEAUX GALLO-ROMAINS TROUVÉS DANS LA GARE DU CHEMIN DE FER, Faisant suite au rapport Adressé à M. BORDILLON. Messieurs , Permetiez-moi de vous présenter les plans et cou- pes de deux autres sépultures gallo-romaines, classées au Musée sous les numéros 3 et 4. Ges dessins sont de M. Malisewski, et je vous propose de les faire li- thographier dans vos Bulletins, avec les lignes ci après : Note de la sépulture numéro 3. Le 17 décembre 1848, les ouvriers du chemin de fer découvrirent dans la gare d'Angers, côté de l’est, ‘un troisième cercueil en plomb; la tête était tournée vers sud et les pieds vers nord. Sur le couvercle, au sommet de la poitrine, on voit une croix à six bran- ches. Le défunt dans sa main droite, tenait une pièce de monnaie moyen bronze , représentant l'effigie de Constantin-le-Grand , entourée de la légende : Zmp. Constantinus, P. F. Aug. Le revers porte: Princeps juventutis, le champ S À, et l’exergue P.T, k. 16 (230 ) Ce cercueil était en pleine terre, à 1 mètre 80 cen- timètres de profondeur. Il a légèrement plus de lar- geur vers la tête que du côté des pieds. Note de la sépulture numéro 4. Le 27 décembre 1848, loujours dans la gare du chemin de fer , mais du côté sud, vis-à-vis de l'octroi de la Croix-Renard, on découvrit un quatrième cer- cueil en plomb. Il reposait sous une crypte 4, du plan, formée de briques, la plupart à crossettes.. La têle était à l’ouest et ses pieds à l’est. : Ge cercueil de petite dimension, a 1 mètre 60 cen- timètres de long sur 34 centimètres de large. Une pièce de monnaie grand module, fut trouvée sous le bras droit, mais elle est complétement oxidée. Une masse de cheveux, ou plutôt un détritus de che- velure se voyait tombant sur l’épaule droite. Quel- ques traces de linceul étaient encore visibles, Evidem- ment, celte bierre renfermait une femme ou une jeune fille ; la délicatesse des ossements, la largeur du bas- sinet celle chevelure le prouvent incontestablement. Aux quatre coins externes du cercueil, je retirai de gros clous, dont la présence indique assez qu’un cer- cueil de bois enveloppait celui de plomb. Toujours en dehors-dudit cercueil, à droite de la tête, j’aper- çus trois petits objets en ivoire ou en os, tournés, qui ont: dû servir à la toilette. Près de cette sépulture numéro 4, on distingue en- core très bien une autre cryple gallo-romaine, mais qui a été fouillée à une date ignorée ! Lth. Cosmier et Lachese Cercueilen plomb, N° 5 GUAOMETTRITEE En L'aspect du Cercuel en plomb, N°3 No 4 af mb tn p ÉTQUEIL Ce] AG al(rypte (231) Depuis lors, c’est-à-dire vers la mi-janvier 1849, les ouvriers mirent à nu également vis à-vis de la Groix-Renard , un tombeau formé de quatre parois en moellons et d’un dessus en très épais ciment rose. Près de la tête, à l’ouest, en dedans de cette sépul- ture , fut trouvé un petit vase de terre grise; puis en dehors, et noyé dans le ciment de l’un des murs, également du côté de la tête, on découvrit encore un autre vase, en forme de bouteille d’argile jaune. Les pieds du défunt étaient à l’est. Du reste, aucune trace de cercueil en plomb. Toutes ces sépultures, messieurs, nous ont suscité diverses considérations que nous avons consignées dans nos dernières nouvelles archéologiques , aux- quelles nous vous renvoyons,; afin de ne pas faire dou- ble emploi. V. GopanD-FAULTRIER. MONOGRAPHIE OU NOTICE ARCHITECTONIQUE DE NOTRE-DAME DE CHEMILLÉ (MAINE ET LOIRE). Par M. Ll’abhé F. COULON, - Lue à la Société d Agriculture , Sciences et Arts, dans sa séance du mois d’ayril 1849. — > © CE —— L'Église de N-.D. de Chemillé est digne d’attirer l'attention des amateurs d’anliquités religieuses. Ge n’est point, toutefois, un de ces monuments grandioses qui étonnent l'imagination par les vastes proportions : de leur plan, et ravissent l’admiration par la hardiesse de voûles aériennes, ou le détail de sculptures habi- lement distribuées en pages symboliques. À N-.D., non rien de cela : alors l’âge poétique de l’architec- ture n’avait pas encore pris naissance parmi nous; mais c’est un autre genre de mérite, qui ne laisse pas d’avoir ses titres de recommandation. C’est, dans le corps de l'Église, la simplicité du roman, unie aux grâces et aux richesses du style fleuri, déployées dans la décoralion de la tour. À N-.D., c’est l’anti- quité; c’est plus, c’est l’antiquité dans toute sa pu- relé primitive, respectée par le temps, les démolis- seurs et les restaurateurs, espèce de destructeurs a SEE QE er ES. RENE TENNIS EIRE SES ER EEPEAAREE .\ élite Fcren Cimetie"® dchelle ù PLAN pe NOTRE gi 24 Quest RAT d 004 pour 4 wire 7) (233) souvent non moins funeste, quand la bonne volonté seule est leur guide. En voici la description et les caractères architec- toniques. L'Église de Ghemillé appartient dans son ensemble au onzième siècle; sa forme est la croix latine, son orientation rappelle cette pensée chrétienne que nos pères aimaient à exprimer par la pierre, que l’astre du jour n’est qu’un reflet du vrai soleil de justice, dont le lever a dissipé les ténèbres du monde. Le prêtre et les fidèles y prient encore tournés vers la ville sainte. Sa longueur totale est de quarante et un mètres. Les deux chapelles du transept et le chœur sont terminés par trois absides. Un bas côté, aux caractères les plus antiques, est adossé à la nef dont il vient malencon- treusement troubler la régularité. Le clocher s'élève à la croisée du transept, au-dessus de l’autel, et semble, par une touchante harmonie , répéter au loin la voix du Christ, qui aujourd’hui, comme autrefois, invite les hommes à s'approcher de lui, et à venir puiser à la source dont l’eau jaillit jusqu’à la vie éter- nelle. J’ai dit la forme générale du monument. Je vais successivement en parcourir les différentes parties, afin de mieux faire ressortir l’intérêt qu’il doit inspirer à ceux qui prisent les œuvres de notre passé. Ne nous arrêtons pas à l’entrée, nous n’y verrions qu’un insignifiant portail bâti à la sortie de notrerévolu- - tion; cependant ne laissons pas de remarquer à ses côtés, deux fenêtres bouchées, à plein cintre, ornées de pierres symétriques et d’un simple cordon se recour- (234) bant à la partie inférieure de l’archivolte; déjà nous avons la preuve acquise de la présence du onzième siècle. La nef, de 28 mètres de longueur sur 10 de lar- geur , est éclairée par trois grandes fenêtres à double menau. Leur ogive émoussée, le style bâtard de leur tympan accusent la renaissance. Elles furent proba- blement ouvertes, lors de la restauration de l'Église ; après les guerres de religion. Sous l’épais badigeon qui recouvre les murs de la nef, on aperçoit des traces de vieilles fresques dont le dépouillement pourrait peut être offrir quelque intérêt. J'ai parlé d’un bas-côté, il s’étend au nord; ce bas- côté est écrasé et sans aucune régularité. La première des quatre arcades qui le mettent en communication avec la nef est basse et étroite. Les deux lourdes co- lonnes engagées qui en soutiennent le contour, sem- blables, par leurs chapiteaux de feuilles de laurier, à celles de St-Jean de Poitiers, et les fenêtres allon- gées, plus simples et plus petites encore que les ou- vertures dont j'ai signalé la trace à la grande porte, prouvent surabondamment l’antiquité reculée de ces constructions et nous permettent, sans témérité, de les reporter au-delà du X° siècle. Les trois autres ar- cades, évidemment postérieures au mur qu’elles per- cent, se distinguent par leur largeur et leur élévation. Elles retombent en fer-à-cheval sur des piliers ronds et courts, dont le milieu est orné d’un anneau, et le sommet d’un chapiteau assez peu saillant, historié de têtes plates. De la nef on pénètre dans les trois travées du tran- (235) sept par trois arcades étroites et à plein cintre; ia plus grande, celle de la résurrection , atteint à peine le tiers de la hauteur du vaisseau; les deux autres offrent qu’un passage d’un mètre environ de largeur sur trois de hauteur. Passons par l’arcade du centre. Vous êtes sous le clocher; à vos côtés se présentent quatre énormes pi- liers sans base ni chapiteau; vous ne pouvez vous em pêcher de penser au IX° siècle. Aux extrémités latérales du trensept, vous trouvez le cachet de la deuxième moitié du XIV°et du commencement du XV: siècle , dans les deux grandes fenêtres au style légèrement flamboyant. On voit sans peine, par le changement d'appareil et les crochets du gable qui surmontent ces ouvertures, qu’elles ont été surajoutées à la première construction. Le chœur est un boyau de 4 mètres 50 centimètres de largeur sur 15 mètres de longueur, couvert d’une voûte de pierres noyées dans la chaux. Comme les voûtes de la première moitié du onzième siècle, celle- ci s’abaisse graduellement jusqu’à l’abside, Trois fe- nêtres rayonnent à la partie terminale; celle du che- vet donne un assez beau jour, tandis que les deux autres se prendraient facilement pour deux meur- trières. Aussi à celle époque où l’on ne voyait jamais assez clair dans nos églises, on les a bouchées pour ouvrir à côté deux espèces de gueules de four. Les absides du transept sont fermées par un mur et servent aujourd’hui de sacristies. Comme dans le chœur on y remarque celle allure incertaine, ces lignes inexactes, qui accusent des temps encore inha- (236 ) biles. L’une et l’autre, à une époque postérieure, ont été percées d’une fenêtre : celle de l’abside méri- dionale paraît du même temps que les ouvertures du transept dont j’ai parlé; l’autre, à plein cintre et sur- montée d’une coquille , appartient sans doute à la renaissance. Si l’intérieur du chœur a déjà révélé avec certitude son antiquité, les preuves en sont encore plus sensi- - bles à l'extérieur, dans la bordure de modillons qui le couronne. En effet le long des murs latéraux, s’ali- gne une série de billettes étoilées et reliées ensemble par une petite arcade; et autour de l’abside s’ajuste une ceinture de masques humains dont la variété égale les formes grotesques. Le peuple, en les montrant, vous les donnera pour les fées qui ont bâti son église. Peut-être serait-il mieux de voir dans ces figures grima- çantes les dieux de la fable, condamnés à l’ignominie des gouttières. Dans cette hypothèse, Janus y serait facile à reconnaître avec son double visage. Reste à parler du clocher, la partie la plus intéres- sante du monument, mais aussi celle qui réclame avec le plus d’instance , les secours d’une restauration; car c’est avec peine qu’on voit depuis longtemps des lézar- des profondes déchirer le cintre de quelques-unes de ses fenêtres. Il a 35 à 4o mètres environ de hauteur. IL se compose d’une tour carrée, flanquée de huit contre-forts assez légers et surmontée d’une flèche octogonale. Sur les quatres angles de la tour, en guise de clochetons , sont plantés quatre ogeillons dont le fronton triangulaire porte l'empreinte d’une ogive trilobée, et assigne le quinzième siècle pour date à la (237) partie supérieure du clocher. Sur l’un d’eux on aper- çoit des traces de chiffres que je n’ai pu distinguer suffisamment pour les lire avec certitude. Trois ordres de fenêtres décorent la tour et croissent graduellement en grandeur et en richesse à mesure qu’ils approchent de son sommet. Au premier ordre, les fenêtres (1) sont nombreuses, petites et bouchées; une chaîne de lozanges , rehaussés chacun d’un anneau, et un cordon de zig-zag, leur servent de séparation et d’ar- chivolte. Le deuxième ordre, sur chaque face, est de trois fenêtres construites à peu près dans les propor- tions de l’architecture grecque; leur cintre est soutenu par deux colonnes; leur archivolte en pierres symé- triques est ornée, à la partie inférieure , d’une bordure de têtes de clous à jour, et à la partie supérieure, d’une guirlande fantastique , entrecoupée de lozanges, dont les inflexions viennent se reposer entre chaque fenêtre , sur une nouvelle colonne en saillie. Le troi- sième ordre, pour le nombre des fenêtres et la distri- bution des colonnes, ressemble au précédent ; mais il le laisse bien loin derrière lui par la légèreté, je dirais presque le luxe de son ornementation. En effet, on n’y voit plus seulement des archivoltes en pierres symétriques, mais de magnifiques rosaces gracieuse- ment enlacées et réunies en guirlande par des têtes fantastiques ; ce ne sont plus seulement les corniches et les chapiteaux qui sont historiés, le fût des colonnes lui-même est souvent enrichi de lozanges, de clous, (1) Peut-être serait-il plus exact de les distinguer sous le nom d’arcades d’ornementation. (238) de câbles et de Lorsades. Des entrelacs , des feuillages et autres dessins du même genre courent sur foules les corniches, tandis que les figures d'animaux les plus variées et les plus bizarres grimacent sur tous les chapiteaux. Les plus remarquables représentent une tête de poisson avec une pierre dans la gueule, deux coursiers lancés au galop, un lion dont trois lionceaux rongent les oreilles, et un groupe de têtes humaines enlacées de serpents; peut être ces derniers sont-ils des images des supplices de l’enfer. Il est inutile d’a- jouter que Loutes ces moulures sont délicates et pro- fondément fouillées. Des fenêtres au sommet de la tour, encore quelques cordons, et enfin un couronne- ment en arcatures la termine avec élégance. Tel est le clocher de N-.D. de Chemillé, je ne crains pas de trop m’avancer en le donnant comme un des plus curieux du département de Maine et Loire; on voit que c’est la Lour de Fontevrault, avec plus d’ornements encore; celle de Cunault, mais avec plus de régularité et de légèreté, et non moins de variété dans la décoration. Aussi le voyageur, qui s’est exta- sié devant nos magnifiques cathédrales, ne craint-il pas, en passant à ses pieds, d'ouvrir encore son album et d’y crayonner ur nouveau croquis; aussi les auteurs de l’Anjou et ses Monuments, n’ont-ils pas cru dépa- rer leur ouvrage en nous en donnant la gravure. Ils ont trouvé sans doute pitloresque cette vieille tour assise sur son transept, au milieu de ces chapelles et de ces absides d’inégale hauteur qui s’inclinent pour lui servir de base; cette flèche qui s’élance seule et dégagée dans les airs, et va se détacher dans le lointain ( 239) sur la verdure des peupliers et des chênes séculaires de la campagne : oui il est pittoresque cet aspect de la vieille église de Marie, il est surtout touchant pour le fidèle, lorsqu’à chaque heure du jour des voix argen- lines, comme la voix de ses anges tutélaires, enton- nent ce chant si naïf et si pur de l’inviolata, et nous enseignent à tous l'innocence, en nous rappelant que nous sommes enfants de la Vierge immaculée. Après les jouissances du cœur, que la pensée inter- roge l’histoire, et la grande figure de Pétronille appa- raîtra bientôt pour nous dire que cette église, outre ses autres titres, se recommande encore par ses souvenirs historiques. Ge n’est point l’imagination qui me fait ame- ner ici le nom de la fille de Robert d’Arbrisel, dans le dessein de rehausser, par uneillustration étrangère, le peu d'intérêt de cette courte notice; car si la pierre de notre monument n’en porte pas l’empreinte, une tradition vivante dans le pays le conserve, et remplace abondamment une inscription, peut être effacée par le temps, pour faire hommage d’une partie des travaux de N. D. de Chemilié à la nobie comtesse de Craon, femme de nos grands et féaux seigneurs. (240 ) ÉTUDES SUR L'ANJOU, Par M. Aimé de SOLAND. L'histoire est dans la chronique, c’est aux chroni- queurs seuls qu’on doit avoir recours si l’on veut sé- rieusement étudier une époque, et non aux compila- teurs qui, la plupart du temps, vous offrent des faiis plus ou moins embellis de leurs commentaires. L'auteur qui raconte ce qui s’esl passé de son temps, qui donne la description exacte des lieux où ila vécu, sera foujours, pour ceux qui s'occupent d’études his- toriques, un guide plus sûr et plus fidèle que ces auteurs conpeurs de phrases et tondeurs d'idées, qui, comprenant mal une époque, vous la présentent toute déflorée. K arrivera souvent qu’un ancien narrateur ne nous apprendra aucuns faits nouveaux, mais il y aura tou- jours avantage à le lire, ne sérait-ce que pour se faire une idée de la manière dont l’histoire a été envi- sagée. | En feuilletant nos vieux auteurs j’ai découvert beaucoup de faits qui intéressent l’histoire de notre ancienne province. Ainsi, j'ai trouvé dans la Cosmo- graphie universelle d’ André Thevet, cosmographe du roi, 1979, une histoire de la ville d’Angiers et succes des comtes qui y ont commandé. Dans cette histoire » est dit: « Qu’en l’an mil deux cent trente, 12 roy Louis neuviéme et la royne Blanche de Castille, sa mère, estant advertis que Mauclerc, duc de Breta- gne, avait suscité et appelé à son secours les An- glais, assemblèrent bon nombre de gendarmerie, el vindrêt assiéger le château d’icelle (1) par quatre endroits , lequel ils prindrent à la fin par la force, nonobstant la resistâce que feirêt les assiégés, et ne demeura ne vieil, ne jeune, qui ne passa au fil de l’espée. De quoy adverty le roi d’Angleterre assez avant dedans le païs angevin, pensant secou- rir {es assiégez, gaigna Îa fut et s’embarqua en loule diligence. Quant au duc Mauclerc (ainsi nommé par son ignorance), s’il eust prins conseil des hommes letirez, il s’en fust mieux trouvé et n’eust pas tant perdu de villes de son duché comme il feit. Voilà les désastres advenus par plusieurs fois en cette ville. En icelle, y a l’une des plus fa- meuses universités de France après Paris et Tho- lose, qui fut fondée par Loys, second du nom, duc d'Anjou, roy de Sicile et de Naples, du temps que l’Académie de Heildeberg , pays d'Allemagne, fut instituée par Rupert Palatin, et aussi celle de Colon- gne, au même païs, nommée des Allemands Cocln. L'un des premiers qui se présenta pour lire en cette université, fut Jean Wicklef, anglais de nation, infecté d’hérésie, dont estant les Anglais advertis et de son bannissement, peu s’en fallut qu’il n’y laissa la vie. » (1) De la ville d'Angers, “02 Nous allons aujourd’hui commencer nos études sur l’Anjou en donnant lecture à la société d’une histoire d'Anjou écrite par François Ranchin, natif d’Uzez en Languedoc, advocat à Montpellier. Nous présenterons ce travail dénudé de toutes observations, 5 que l’au- teur l’a écrit MDCXXX VII. ANIOVY. NOMS. L’anioy a pris son nom des peuples qui l’ont habité anciennnement. Le nom Ondicæoua, ovd'ixcusx1, qui se trouve dans les anciens parmi les peuples de la gaule lyon- noisc (1) est rendu Andicani en la version latine, Andecaui à Tacile, Andegaut à Pline, et le commun ou vulgaire latin Andegauenses ou bien Andes (2). Aucuns ont cru que l’Anjou a été appelé Ayguade à cause de l’abondance des eaux qu’il y a. GONFINS. Le pays commence au bourg de Ghousay, et finit entre Moncontour et Héraut ; au levant ïl a la Tour- raine et le Vendosmois; le long du Loire, au cou- chant la Bretagne et le bas pays du Maine; au midi le Poictou, et au nord le Maine, et Laval vers la Nor- mandie. Selon le cours des rivières, qui vont la plupari (1) Ptolem: in celte Gall. Lugd. (2) Cæs. Luc. li 1. ( 243 ) du levant au couchant, le haut Anjou est celuy qui avoisine la Touraine et le Maine, et le bas sont les terres proches des embouchures du Loire. C’est un pays de petite estendue, montagneux et inégal. Il y a grand nombre de rivières grandes ou petites, qui se- ront mentionnées en décrivant les villes et lieux avec leurs situations. ANGERS, La ville capitale est Angers Juliomagus (1), Andi- cavarum (2), sur la rivière du Maine Meduana , et sur ses deux bords : elle y est séparée en deux par un pont de pierre, et le Maine se décharge dans Loire, a une lieuc de là. Il y a un fort beau château garni de dix-huit grosses tours quarrées, et quelques bouleverts, avec siége d’évêché, bailliage, "siége présidial et uni- versité, laquelle, après son fondateur Louis, second duc d’Anjou (3), Henri troisième, n’estant que duc d’Anjou, rétablit et y appela François Balduin qui le témoigne ainsi (4). Les colléges d’Anjou pour la phi- losophie, ceux de Bueil pour les boursiers normands, et de la Fourmagerie pour l’humanité, y sont aussi les officiers des cens et droits d'Anjou. Des quintes d’An- gers, des eaux et forests, de l’élection et de la prévô-. té, y exercent justice pour le roi. Le maire y est an- nuel avec vingt-quatre eschevins à viage, à quoi se (1) Ptolem. (2) Merula in Gall. (3) 1839 disc. gen. de la religion. 4) Ad 1 sc Pact ç de Pact. joint pour la police, la juridiction du juge et consuls des marchands et la Monnoye, laquelle y est ouverte. La ville est ancienne et en a des marques hors de son enceinte, en quelques ruines qu’on nomme Grahan où était un théâtre ou amphithéâtre des romains, comme l’on croît : On y voit et remarque de vieilles murailles, et plusieurs antiques ou médailles s’y trouvent de même qu’en l’église cathédrale (de Sainct-Maurice) se voyent quelques reliques. On remarque aussi dans Angers la procession du jour de la Fête Dieu, laquelle s’y fait avec grande cérémonie et affluence de peuple, où sont quatre mille habitans portans torches fort grosses et faconnées, on y accourt de vingt lieues pour la voir ou pour y assister. Cette grande solennité, plus - éclatante qu'ailleurs, est particulière à Angers, à cause de l’action de Béranger, diacre de l’église, qui eut des opinions particulièrement sur le saint sacre- ment de l’Eucharistie. On a dit autrefois : FESTE-DIEU D’ANGERS, ROGAISON DE POIC- TIERS ET MAIRIE DE LA ROCHELLE. SAUMUR. Les autres villes sont Saumur, avec chasteau et des faux-bourgs fort beaux et grâds de la Loire. A l’entrée d’un pont est un agréable promenoir et quelques isles qui sont habitées, le faux-bourg est entouré d’un fossé . avec une tour fort grâde et épaisse. Au bout d’iceluy où passe Loire, est Notre-Dame des Ardilliers ; du même costé, à un quart de lieue de là, on trouve des (245) carrières ou l’on peut aller sous terre près de demi- lieue. L'abbaye de Sainct Florian n’est pas loin de là, qui est forle et bien bastie. Il y a aussi des colléges dans Saumur. PONT DE SÉ. Le Pont de Sé, à une lieu d'Angers, est une longue rue dans une isle sur la rivière de Loire, avec deux grands pont d’un demy quart de lieue de long : celui du costé de Brissac est plus long d’un tiers que celui qui est vers Angers, et sur ces ponts il y a des ponts- levis, lesquels estant levés on ne peut entrer dans la ville que par bateau. Il ÿ a un bon château qui est dans le dessus de l’isle et commande sur toutes les avenues des ponts. Hors du chasteau le restant est sans clôture de murailles. La rivière de l Aution qui passe au port de Sorges, se jette dans le Loire à trois cents pas au- dessus du Pont de Sé : elle est creuse et noire , et se * grossit de diverses rivières qui viennent de Beaugé, Beaufort et Longué. LA FLECHE. La Flêche est sar le Loir, ville et chasteau avec un collége des pères jésuites, fondé par le roy Henri qua- trième , où le cœur de S. M. a esté enterré dans le chœur de l’église, suivant les conditions de la fonda- tion. Audit collége y a érection de huit docteurs, qua- tre en médecine et quatre en jurisprudence, dont les escoliers sont tenus de recognoître le recteur des jé- suites et le préfect de leurs études, qui a la direction 17 (216) de l’université sans aulres recteurs. Ge collége a trois basses courts et trois corps de logis, capables de loger le roy. Outre les villes ja dites sont plusieurs autres lieux considérables savoir : Chasteau-Gonthier sur la Maine, Baugé siége royal, Beaufort autre siége ; le Lude comté sur le Loir, Malicorne, Durtal, Chantoceaux ba- ronnie, Brissac avec chasteau et vivier à quatre lieues d'Angers, Douay, Clisson, Monstrueil-Bellay, Craon, Monsoreau ville et comté, Ghasteau-Neuf, Montre- veau et plusieurs autres. Le pays de Maugé est dans le bas Anjou, sur la rive gauche du fleuve de Loire, con- tient plusieurs bons Éones et entr’autres Beaupreau, Tiffauges, Montjear et autres. RICHELIEU. Richelieu, duché et pairie , quoyque pour le spiri- tuel il responde à Poictiers, pour le temporel est de l’Anjou. La terre est presque rôde et peut avoir huit lieues ou environ de diamètre, hormis quelques bourgs un peu plus éloignés. Les terres de Saint Vencent de Monis et la Motte d’où dépendent cinq ou six bourgs, en sccompliroient le rond. Les princi- paux lieux fermés sont Mirebeau et l’isle Bouchard. De Mirebeau ont autrefois dépendu le Puy Notre Dame et Doué, célèbre pour son amphithéâtre qu’on ne croît pas avec les critiques et antiquaires moder- nes (1) avoir élé un ouvrage des romains. Ge duché aboutit à Môcontour et est à deux lieues de Lodun et (1) Lips de awphith. (247) de Chinon; il n’y a point d’autre chasteau que celu de Richelieu qui est fort beau; la ville s’advance et accroist, pour être à l’avenir bien agréable; elle est bastie depuis quelques années par le soin et aux dé- pens de l’éminentissime cardinal, duc de Richelieu. La petite rivière qui y passe et remplit les canaux de Richelieu, ville et Chasteau, s'appelle l’Amable et tombe dans la Vede au-dessous du chasteau de Cham- pigny en quoy l’on s’est mépris. L’Amable pourrait porter bateau en yÿ faisant quelques dépenses, et la rivière de Vede, par conséquent, qui se décharge dans la Vienne, vers un lieu nommé la Rivière, à une lieue de Chinon. QUALITÉ. Bien que l’Anjou soit un peu montueux, le grand nombre des rivières qui l’arrosent, le rendent fertile et agréable, qui sont celles principalement qui en- trent dans Loire, savoir : la Vienne, la Dive, le Touets, le Layion, l'Eure, Guynatte, laquelle avec la Sarte et- Loir qui vient de Vendosme, près de Bonneval, s’as- semblent toutes trois un peu au-dessus d'Angers, au port d’Espinay , dont elles baignent les murailles , et ne sont pas si petites qu’elles ne portent de gros ba- teaux. * Celles de l’Aution, Vresée, Oudon, Irosne, d’Au- bence, Huye, Touré, sont moindres, auxquelles on en peut joindre quantité d’autres, dont le pays est cou- vert, avec plusieurs lacs; estangs et sources d’eau qui forment de beaux viviers, Il y a aussi nombre de bel- (218 } les forest et de grande estendue, savoir : celles de Chambières, Beaugé; Belle-Poule, la Flèche, le Mar- cha-Malpers, proche du Maine, Beaufort, Louguenes, des Fouillous, Ligueres et autres, peuplées et garnies de sauvagines et bestes rousses et noires. Par le moyen de tant de rivières et bois, le pais en ses valons et prés est abondant en fruits, bestail et paturages de bœufs, moutons, pourceaux, volailles, avec cerfs, biches, liè- vres et toute espèces de poisson d’eau douce. Mais de tout Lemps, etencore aujourd’hui, le vignoble d’An- jou excelle sur celui de son voisinage en ses costeaux plantés de vignes, el là où le terroire un peu élevé ne peut bien recevoir le blé et le conduire à une parfaite maturité, il porte des vins blancs dont la réputation est allée fort loin et les traites et fermes d'Anjou pour le traffic qu’en ont fait les marchands du pays en ont élé formées au profit du roy, On estime néanmoins que les habitants d'Anjou n’en font pas à présent un si grand commerce, comme cy-devant d’autant que les Bretons, et particulièrement ceux de Nantes ou des environs, ont planté des vignes et ne lèvent plus des vins d'Anjou qui ne peuvent pas être portez commo- dément par leurs rivières au pays du Mayne et ailleurs, ou la traite n’est pas eslablie. Les chanvres et lins croissent abondamment dans le pays, d’où vient le traffic que les habitans font des toiles faites chez eux. Il y a plusieurs carrières d’ardoises près d'Angers et : ailleurs, les églises et les maisons des particuliers en sont couvertes et les champs mêmes en sont clos. Dans Angers on la fait entrer en ouvrage de maçonnerie. Près de Châtcaugontier il y a des eaux sulfurées, (249) comme aussi près d'Angers, où l’on va au printemps et en automne; il s’y voit aussi de belles maisons, comme à Verger, à trois lieues d'Angers au prince de Guymené, et un jardin près de la mesme ville, avec une galerie, basty par René, roy de Sicile et duc d'Anjou, Vaujours au comte de Sancerre. RICHESSES ET FORCES. Il n’y a point d’autres garnisons en Anjou qu'ez chasteaux d'Angers, Saumur et Pont de Sé. Celui d'Angers est fort comme nous l’avons déjà descrit. La noblesse y est vaillante, et pour la richesse du pays elle ne peut provenir que du traffic qu’ils font des vins, chantres et ardoises, pour quelques particuliers à qui les carrières appartiennent en propriété. GOUVERNEMENT. Les anciens angevins, sous le nom d’Andes dans César (1), ont eu leurs petits rois ou généraux. Le pays a eu depuis, sous les rois de France, ses anciens comtes, dont l’histoire en a été diversement recueil- lie (2) et la terre a passé en plusieurs mains après avoir été réunie à la couronne de France, et érigée en duché et pairie jusqu’à Henry, frère du roy Charles neufiesme, qui en jouissait pour son appennage. Le pays a son gouvernement particulier. Il y a deux siéges présidiaux, scavoir : Angers et la (1) Lib. 8 de bell Gall. (2j Du haïillan des comtes d'Anjou et autres. ( 250 ) Fléche, Saumur, Beaugé, Beaufort, Craon et Chas- teaugonthier sont siéges royaux, et le tout ressortit au parlement de Paris. Il y a sept élections, savoir : An- gers, Saumur, Beaufort, La Fleche, Candé, Ingrande et Chasteaugontier, dépendantes de la généralité de Tours. Îl y a plusieurs maisons anciennes, savoir : Beaufort en Vallée, Monstreuil-Bellay , Mauleurier, Montejean, Monsoreau, Galerande, de Lezé et autres. Les abbayes principales sont celles de Bourgueil et » de Fontevraud, qui est de fondation fort ancienne. Bourgueil porte aussi titre de baronnie. (251) PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE , SCIENCES ET ARTS D'ANGERS. Année 1848. SÉANCE DU 14 JANVIER 1848. Présidence de M. Courtiller, vice-président. Secrétaire M. Beraud. Te Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le secrétaire met sous les yeux de l’assemblée un grand nombre de publications que les sociétés savantes avec lesquelles elle correspond lui ont adressées en re- prenant leurs travaux dans les derniers mois de l’an- née qui vient de finir. M. Courtiller communique une lettre de M. le mi- nistre du commerce qui invite la Société à prendre part à une souscription ouverte pour élever à Geoffroy Saint-Hilaire père , un monument à Etampes , ville où naquit ce savant naturaliste. L'assemblée décide que la discussion de cette proposilion n’aura lieu qu'après l'examen. du budget. M. le président fait observer que c’élait ce jour même quelle projet de budget pour 1848 devait être soumis à la Société, mais il pense qu’il serait con- (252) venable de reporter cette opération à la première séance, M. le président de Beauregard ayant pris part aux travaux de la commission chargée de l’apurement des comptes de 1848 , et ayant ordonnancé les dé- penses effectuées, il serait à désirer qu’il fut présent au rapport de la commission. L’assemblée partage cette opinion. Les commissions chargées de l'examen des titres des quatre candidats proposés comme membres corres- pondants, font successivement leurs rapports, M. Talon , avocat et propriétaire demeurant dépar- tement du Morbihan, propriétaire de mines d” étain ; présenté par M. LéomGosnier; Frédéric Schultz, de Deux-Ponts (Allemagne), doc- teur ès sciences , auteur de la Flore Morello-Rhénane: Lagrêse-Fossai , avocat , auteur de la Flore de Tarn et Garonne, demeurant à Moissac, présentés l’un et l’autre par M. Beraud; Trottier, colon de la Mitidja , présenté par le doc- teur Castonnet, sont proclamés membres correspon- dans. M. de Soland ayant fait connaître qu’il n’avait pu rassembler les documents qui lui avaient été promis pour compléter son travail sur les Seigneurs de Briol- lay, et qu’il était contraint par ce motif d’en ajourner la lecture, la séance est levée. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1848. M. de Beauregard, président. M. Beraud secrétaire. Lecture est donnée du procès-verbal de la dernière séance qui est adopté. (253) Le secrétaire fait le dépouillement de la correspon- dance et fait connaître les titres des ouvrages dont il a été fait hommage à la Société. M. le président dépose sur le bureau une lettre du ministre de l'instruction publique qui lui annonce que désormais les sociétes savantes pourront correspondre entre elles sans frais par son intermédiaire. La Société charge le président d’exprimer au. ministre toute sa gralilude pour l’adoption d’une mesure qui lève un obstacle qui entravait de la manière la plus fâcheuse ” les relations obligées des Sociélés savantes. Avant de présenter le compte-rendu des travaux de la Société pendant l’année qui vient de s’écouler, le président croit devoir exprimer combien il a été sen- sible à la nouvelle marque d’estime et de bonne con- fraternité dont la Société l’a honoré en le maintenant encore à la tête du bureau. Sans vouloir suivre M. le président dans son exposé des travaux de l’année , puisque tous ceux qui n’ont pas été imprimés dans les mémoires de la Société ont été analysés dans les procès-verbaux mensuels, il convient toutefois d'indiquer la fondation d’un cours de chimie appliquée , qui vient d’être arrêtée de con- cert avec la Société industrielle par les soins du bu- reau, et pour lequel le président annonce qu’il deman- dera dans le budget un crédit spécial de 200 fr., destiné à former la part contributive de la Société dans les frais généraux d'installation de ce cours. Get exposé terminé; il est donné lecture d’une let- tre de M. Léon Gosnier, qui appelle la Société à se joindre à la Société industrielle pour fonder dans notre ville une Société des amis des arts. (254) M. Cosnier, sur l'invitation de M. le président , ex- plique quels seraient les moyens d’exécution qu’il a conçus pour constituer convenablement et avec une espérance d’avenir, une association de ce genre. Il en existe déjà une semblable dans une ville voisine sur des bases analogues sinon identiques à celles que nous . pourrions adopter. Ce serait un excellent modèle à se proposer en le ramenant à des proportions plus mo- destes et en harmonie avec les ressources que notre ville pourrait offrir. La Société s’empresse de mani- fester son assentiment et l’intention de faire tout ce que l’on peut attendre du zèle éclairé de ses membres pour assurer la réussite d’un projet qui se présente comme un moyen puissant de développer en l’épurant le goût des beaux-arts, et de rapprocher par le lien si attrayant des jouissances qu’ils procurent, les frac- tions trop longtemps restées désunies de la société an. gevine. M. Cosnier, à celte occasion, annonce que d’après une ouverture qui aurait été faite au secrétaire de la Société, et à ce qu’il paraitrait au nom des amateurs de Rennes, si par suite de l’institution d’une Société des Amis des Arts, on venait à reconstituer des con- certs mensuels pour la saison d’hiver, nous pourrions en nous réunissant à la ville de Rennes el à trois au- tres avec lesquelles elle est déjà associée, participer, en faisant coïncider nos concerts avec les leurs, à l’heu- reux avantage qu’elles ont d’entendre à chacuue de leurs réunions musicales quelqu’une des célébrités vo- cales ou instrumentales, qui, par une absence de quelques jours seulement hors de Paris, peuvent ainsi ( 255 ) se faire applaudir successivement dans chacune des villes de cette confédération musicale. $ Le secrétaire parle aussi de l’influence que la fon- dation d’une Société des Amis des Arts pourrait excr- cer sur les progrès de l’art de la peinture et du des- sin dans notre ville. Dans nulle autre peut-être en province , on ne rencontrerait un aussi grand nombre de personnes qui, comme élèves ou amateurs, s’a- donnent à la peinture et surtout à la peinture à l’huile, etilen est peu cependant qui, sous le rapport des modèles offrent moins de ressources. Notre musée, par suite de la parcimonie avec laquelle presque tou- tes nos administrations ont reglé son budget, est quant aux tableaux de genre et aux paysages, c’est-à-dire, précisément dans ce qui fait la principale richesse de l’école moderne, d’une pauvreté si grande, quant au nombre du moins , que sauf le très petit nombre de personnes qui peuvent s'adresser aux cabinets des loueurs de Paris, le reste des amateurs manque de sujets d’étude. La Société des Amis des Arts, en celà suivant l’exemple donné par celle de Nantes, leur vien- draiten aide, en exposant dansses salons successivement les meilleurs toiles des magasins de Paris, qui, après qu’elles auraient êté copiées par les Sociétaires ou les personnes de leur famille, pourraient être confiées aux amateurs non abonnés. M. le président invite la Société à désigner leS membres qui devront composer la commission chargée d'arrêter conjointement avec celle de la Société in- dustrielle , les bases sur lesquelles pourrait être fon- : dée une Société angevine des Amis des Arts. fa (256) L'assemblée nomme MM. de Senonnes, Beraud , Planchenault, de Beauregard et Pavie (Victor). La commission chargée de vérifier les comptes de 1847 fail son rapport, et en concluant à ce qu'ils soient adoptés, demande qu’il soit voté des remercie- ments au trésorier. M. le président se fait l’interprète de la Société vis-à-vis de M. Lèbe-Gigun. Le projet de budget de 1848 est ensuite soumis à l’assemblée qui, après en avoir discutés les principaux articles, déclare l’adopter. Il doit se solder par un boni de 230 fr., mais pour arriver à ce résultat, il y aura nécessité de restreindre les dépenses d’impres- sion, en faisant porter cette réduction sur les dessins lithographiques , qu’on n’admettra désormais que dans une juste proportion avec l’étendue du texte, L’ordre du jour étant épuisé , la séance est levée. SÉANCE DU 12 MARS 1849. Présidence de M. de Beauregard. M. Beraud, secrétaire. Le procès-verbal de l1 dernière séance est lu et adopté. Le secrétaire présente les publications qui ont été adressées, dans le mois précédent , par les correspon- dants , et les ouvrages dont il a été fait hommage à la Société , et qui doivent prendre place dans sa biblio- thèque. M. le président donne lecture d’une lettre du mi- nistre de l’agriculture, par laquelle il prévient la So- ciété qu’il a fait mettre à sa disposition un certain (287.1 nombre de kilogrammes de sel marin pour être em- ployés sous sa direction à des essais qui puissent cons- later, soit l'influence que le sel mêlé aux fourrages verts ou secs peut avoir sur la santé ou l’engraisse- ment du bétail , soit le degré de puissance fertilisante que certains engrais pourraient acquérir par l'addi- tion d’un mélange de sel marin. Cette lettre, qui in- dique les formalités à remplir pour obtenir gratuite- ment le sel qui peut être consacré à ces expériences , restera déposée chez le concierge du jardin fruitier, pour que les agriculteurs puissent en prendre con- paissance. Comme elle présente en outre une série de questions agricoles sur lesquelles le ministre demande que la Socièté fasse connaître son opinion , M. le pré- sident nomme pour les étudier, une commission com- posée de MM. Chanlouineau , Corroy et Moreau Fres- neau. M. le docteur Hunault soumet à l’assemblée quel- ques réflexions sur les entrepôts départementaux des- tinés à recevoir les marchandises et les matières pre- mières. Il voudrait que le bénéfice de ces dépôts , sur récépissés négociables, établi en faveur des négociants, fût étendu aux produits agricoles de toute espèce et aux cultivateurs. Il demande que la Société étudie cette question et formule un vœu à cet égard en pro- posant des moyens d’exéculion. M. le président désigne ponr examiner celte pro- position, une commission dont feront partie MM. Leclerc-Guillory, Allard, Hunault, Planchenault et Chaniouineau. M. le président prend ensuite la parole au nom de la commission chargée d’examiner le perfectionnement (258 ) introduit récemment par M. Bianquin, de Saumur, dans le mécanisme du pressoir à vin, dit pressoir troyen. La commission a reconnu que par l’adjonction de rouages nouveaux, M. Bianquin est parvenu - à augmenter considérablement l’énergie de la pression, si bien qu'avec les forces réunies de deux hommes seulement , elle est supérieure à celle que l’on obtient avec les autres systèmes de moteurs beaucoup plus puissants ; supérieure même à celle que l’on atteignait avec quatre hommes dans le pressoir troyen primitif. M. le rapporteur fait toutefois observer que par suile de cette amélioration due à une augmentation dans : les rouages qui, en distribuant la résistance sur un plus grand nombre de points, vient à l’atténuer, le temps nécessaire pour amener la pression à son terme a dû naturellement se trouver’ augmenté, mais dans une proportion trop peu sensible pour qu’elle puisse jamais être un obstacle à ce que l’on adopte le per- fectionnement et l’économie de main-d'œuvre qui vient d’être signalé. Un membre ayant demandé quel peut être le prix de revient d’un pareil pressoir, il est répondu qu’il peut varier entre 800 et 2,000 fr. selon les dimensions. . A cette occasion, M. le secrétaire croit devoir re- commander aux producteurs de cidre un pressoir à vis en fer, récemment introduit dans quelques fermes du Lion-d’Angers. Deux hommes de force ordinaire le manœurvrent avec une étonnante facilité et peuvent pressurer ainsi à chaque tirée deux à trois barriques de cidre. Sa construction n’exige que des pièces de bois de (259 ) chêne d’un faible échantillon, dont les plus longues n’excèdent pas deux mètres. Il occupe si peu de place qu'il n’est pas uécessaire de construire une grange particulière pour le recevoir, et il est si facilement portatif qu’au besoin deux hommes le pourraient charger sur une charrette. Dans ce système singuliè- rement simplifié, une maie avec un rebord saillant peu élevé, supporte une caisse à clairvoies dont les barreaux sont perpendiculaires et au centre de la- quelle est fixée une vis en fer verticale, implantée dans une poûtre placée sous la maie et portant à son extrémité supérieure un écrou mobile avec un levier. Le pressurage est rapide , et aucun accident n’est à craindre. Le prix est d’ailleurs des plus modiques, puisque la serrurerie et la main-d'œuvre du charpen- tier n’excèdent pas 150 fr. Quant au bois, il n’est pas à compter, car il n’est pas de ferme, si dénuée qu’elle en puisse être , où l’on ne rencontre celui qui est nécessaire et qui au reste est d'une mince valeur. M. de Soland lit son mémoire sur la puissance féo- dale des seigneurs de Briollay. Ge travail offre un en- semble de faits curieux sur certains usages des temps féodaux , mais qui échappent à l’analyse. M. Godard-Faultrier commence ensuite la lecture d’un travail fort étendu sur la famille Arnault dont l’Anjou adopta quelques membres au nombre de ses illustrations, et qui produisit comme une lignée d’hom- wes dislingués par un éminent savoir qui occuperait près de deux siècles si nous la faisions partir de An- toine, fils de l’avocat-général de Médicis , né en 1560, el père d’Arnauk d’Andilly, pour la clore à 1760, épo” ( 260 ) » que de la mort d’Henri-Charles Arnault de l'académie des Inscriptions. Le développement donné par notre savant confrère à l’ensemble des biographies des Arnault, le contrai- gnant a en scinder la lecture qu’il ne pourra achever que dans une prochaine séance, nous y reporterons l'analyse de ce grand travail. M. Cosnier demande à lire une notice rédigée par M. Bellanger fils, avocat à Angers, à l’occasion d’un tableau qui, en ce moment, se trouve exposé dans la grande nef de Saint-Maurice. M. Bellanger étant pré- senté comme candidai à une place de membre titu- laire de la Société, le bureau autorise cette lecture. La notice a du reste pour but principal de faire con- uaître la vie toule artistique d’un enfant de l’Anjou, M. Morin, originaire de Morannes, qui, tout plein des puissantes inspirations qui font souvent les grands talents, après avoir manié pendant dix-huit mois à peine le crayon et le pinceau , en est arrivé à produire dans une ‘copie, aussi remarquable par la couleur que par le dessin , le chef-d'œuvre de Jouvenet, cette Descente de Groix, restée toujours admirable et ori- ginale par la réunion de l’élévation du style, de la hardiesse de la composition , de ia puissance d’expres- sion, de la magie des effets du clair-obscur, parmi toutes ces pages magnifiques que les grands peintres des derniers siècles nous ont à l’envie léguées sur le même sujet. Les résultats qu'a obtenus M. Morin, après des études nécessairement encoré imparfaites, puisque jeune soldat dans un régiment de ligne , il n’a pu don- (261) ner à l’art que le temps dérobé aux exigences du ser- vicèé militaire, décèlent en lui, non seulement une aptitude étonnante à s'initier au mécanisme de l’art du peintre; mais encore le germe de ces qualités pré- cieuses qui, en se développant, constiluént le senti- ment de l’art. Un ne peut reproduire dès un début si rapidement improvisé, cerlain ordre de beautés sans avoir été orga- nisé pour les comprendre. D’après ce que nous a pu révéler l’examen attentif de la copie de M. Morin, nous croyons avec l’auteur de la notice, que M. Morin peut être appelé à prendre place un jour dans cette pléiade d’artistes ou déjà célèbres ou pleins d’avenir, que notre ville a vue s'élever en partie sous les leçons fécondes du directeur de l’école municipale des beaux- arts d'Angers. Mais que M. Morin ne savoure pas avec trop de complaisance les louanges qui accueillent ses essais, si méritées qu’elles soient d’ailleurs, et qu'il n’oublie pas que parmi ses devanciers, ceux qui portent le plus haut le nom d’artiste auquel il ne fait encore que prétendre , tels que les Bodinier, les Le- biez, les Lenepveu , etc. , ne lont acquis qu’au prix de travaux préparatoires pénibles, longs, sérieux, L’é- tude de la partie technique des beaux-arts, et plus par- ticulièrement peut-être de la peinture, est ingrate comme tout ce qui n’est qu’analyse; c’est une néces- sité fatale qu’il faut savoir subir et qui ne peut nca ter à ‘celui qui a le courage de s’y soumettre qu’au- tant qu ‘il a la sagesse de AU la passion qui l’en- traînerail vers des jouissances prématurées de son art, Ce n’est qu’en amassant laborieusement , avec la 18 » (126%) froideur de la méditation , un ensemble suffisant d’ob- servations et de matériaux recueillis pièce à pièce pour ainsi, dire que plus tard il pourra, se faisant créa- teurà son tour, ouvrir le champ à son imagination, sans avoir à craindre qu’elle se trouve empêchée dans les difficultés d'exécution, ou que dans ses écarts mêmes elle blesse jamais la vérité de la forme, vérité qu’une auréole de poésie que ne donne pas la nature . dans sa réalité peut bien revêlir, mais qu’elle ne doit altérer jamais. M. le président désigne la commission chargée de faire un rapport sur la candidature de M. Bellanger fils. Le rapporteur de la commission chargée d’exami- ner les titres de M. Béclard , avocat à Angers, mem. bre-adjoint de la cemmission archéologique de Ha Société , et présenté comme membre titulaire , ayant fait un rapport favorable , on procède au scrulin. M. le - président, après en avoir conslalé le résultat, déclere que le candidat est admis. Avant de laisser clore la séance, M. le docteur Hunault demande qne la Société charge le bureau de faire auprès des autorités compétentes , une démarche ayant pour but d'obtenir que la Société soit représentée désormais dans Îles cérémonies publiques. Cette proposition ayant été appuyée par quelques membres, le bureau devra y donner suite. L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée. (263) SÉANCE DU 14 AVRIL 1848. Présidence de M. de Beauregard. M. Beraud , secrétaire. Lecture est faite par le secrétaire du procès-verbal précédent. | M. Godard-Faultrier fait présenter à l’assemblée expression de ses regrets de ne pouvoir continuer, à * celle séance, la lecture de son travail biographique sur les Arnault. M. Béclard lit une notice sur deux monuments cel- tiques. d’une pature aussi rare que singulière, qu’il a observés dans le sud du département , aux environs de Montfaucon , et sur lesquels, pour la première fois, sans doute, se trouve appelée l’attention des archéo- logues angevins. Ce sont deux Roulers, c’est-à-dire deux de ces pierres gigantesques et mobiles que le vulgaire certaines fois a désignées sous les noms si- gnificatifs de pierres branlantes, pierres tremblantes , el que les savants ont nommées pierres divinatoires, pierres fatidiques. Elles ne sont distantes l’une de l’au- tre que de 500 mètres ; l’une, siluée sur la ferme de la Davière, est placée horizontalement au sommet d'un pelit mamelon formé lui-même de pierres en- tassées évidemment par la main des hommes, et dont l’une présente un petit bassin ou cuvette. creusée pour une destination inconnue, Ce premier rouler, long de 5 mètres, et épais de 3, peut, tel est l’équi- libre qu’il a conservé, être mis en mouvement au moyen d'une pression un peu prolongée de la main, (264) el ses oscillations deviennent alors sensibles même à Pœil. Le second, placé dans des conditions analogues, n’a pas moins de 6 mètres de longueur sur 1 mètre et demi d’épaisseur, et cet énorme monolithe s’ébranle à la simple pression du doigt. Il porte à l’une de ses extrémités une cuvette semblable à celle que nous avons déjà indiquée. Dans un champ du voisinage, un 'autré, monolithe ‘offre encore une cuvette semblable, de même forme et également creusée par la main de l’homme. Notre confrère fait l’historique des opinions diverses qui ont été émises sur la destination de ces singuliers monuments, qui se rattachaient au culte druidique et qui n'étaient peut-être que des‘emblêmes, dont la significalion est perdue pour nous , des phénomènes astronomiques. La commission nommée pour donner son avis sur Ja candidature de M. Bellanger fils, n’étant représen- tée par aucun de ses membres , le scrutin est renvoyé à la première réunion , ainsi que les autres lectures qui étaient à l’ordre du jour mais que l’heure avancée ne permet pas de continuer. . La séance est levée. SÉANCE DU 29 JUIN 1848. Présidence de M. de Beauregard. M. Beraud, secréctaire. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière séance qui est adopté. | M. le président annonce que le cours de chimie, (265) fondé sous les auspices communs des sociétés d’agri- culture et industrielle, ne s’ouvrira désormais qu’au mois de novembre prochain. L’une des salles basses de l’hôtel de la préfecture a élé mise à la disposition du professeur. Le bureau a acquis la certitude que le crédit ouvert par la Société pour sa quote part dans les frais d'installation du cours , ne sera pas dépassé. Le cours de géologie, celui de taille et d’arbori- culture , fondés par la Société, recommenceront à la même époque, et seront accompagnés de cours d’his- loire et de littérature , professés également dans les salles de la Société et sous ses auspices. Après avoir fait de vains efforts pour provoquer l'établissement d’une faculté des sciences dans notre ville, la Société d'agriculture ne négligera du moins aucune occasion, aucun sacrifice, pour conslituer un ensemble de cours scientifiques spéciaux, qui deviennent comme un com- plément des études universitaires, ensemble auquel se rattachent les cours de botanique et l’enseigne- ment des beaux-arts, qui sont sous le patronage de lPadministralion municipale. Le président rend compte des démarches qu’il a dû faire auprès dés autorités afin d’obtenir, ainsi que l'avait demandé M. Hunault , une place dans les céré- moniês. publique Mais comme l'avait prévu le bu- reau , celte demande n’a pas eu de succès , les décrets et ordonnances qui ont pour objet de régler le céré- monial et de fixer le rang que les divers corps doivent occuper, les uns à l’égard des autres, étant restés muets sur les droits que pourraient avoir les Sociétés savantes de la nature de la nôtre, bien qu’elle ait une existence légale; ( 266 ) M. le président lit ensuite un mémoire qu’il a rédigé sur l'emploi exclusif des pierres brutes dans la cons- truction des monuments druidiques. Le nombre in- calculable, et l’importance de ces monuments, les dimensions colossales des pierres dont ils étaient for- més et dont il en est qui atteignent le poids énorme de 500 mille kilogr, les distances souvent considéra- bles que l’on dût leur faire franchir pour les conduire aux lieux où elles étaient dressées , révèlent un peuple nombreux chez lequel les arts mécaniques et les prin- cipes de la statique avaient dû faire des progrès qui impliquent des progrès correspondants dans l’art de bâtir. Si donc ce peuple, bien que parvenu à une ci- vilisation déjà avancée comme elle l’était lors de l’in- vasion romaine, n’abandonna jamais pendant tout le cours de sa longue carrière l’emploi des pierres brutes dans les monuments consacrés à son culte , c’est cer- tainement qu'il y atlachait une pensée religieuse. C’est en partant de ces principes que M. de Beau- regard a dirigé ses recherches dans l’étude des plus anciens documents que l’histoire sacrée et profane nous ait laissés sur les usages des peuples primitifs. Sans avoir rien fait connaître sur l’idée symbolique qui pouvait s’altacher aux monuments celliques, notre collègue est du moins parvenu à mettre hors de doute, tant par des textes empruntés au Pentateuque , à Es- dras, au livre des Machabées, à Hérodote, etc. , (auxquels on peut ajouter selon une observation de M. Godard , ce que dit Homère des usages des anciens Grecs), que si les Gaulois firent constamment un em- ploi exclusif des pierres et quartiers de roches dans (267 ) l’état où les leur offrait la nature, c’est qu’ils obéis-. saient à une prescription de leur culte , cette pres- cription qui se retrouvait la même chez le peuple Juif, et avait été formulée per Moïse. M. de Beauregard rapporte à la même cause la préférence donnée aux pierres naturellement tran- chantes, et aux couteaux de silex que l’on rencontre au voisinage des Dolmens, pour accomplir certains sacrifices , certaines pratiques religieuses. Des textes anciens prouvent qu’on les employait pour la circon- cision à l’exclusion de ceux de métal. Nous ferons observer que si l’on admettait avec les historiens modernes qui ont étudié les migrations de la race caucasique, que celle de ses branches qui vint peupler la Gaule, était d’abord descendue dans les plaines de l’Orient , on ne s’étonnerait plus de voir aux mains des Druides ces couteaux de pierres destinés aux sacrifices des victimes vivantes, couteaux que Pline disait être en usage parmi le prêtres de Cybèle, qu'Hérodote avait vu chez ceux d'Egypte, et dont _ Josué parle aux Juifs lorsqu'il les amène au mont Ga- gal. En parcourant du reste l’ensemble curieux des faits P recueillis par notre honorable président, on serait porté à croire que les peuples chez lesquels les pierres furent consacrées au culte dans leur état naturel, furent ceux chez lesquels le dogme du Dieu unique et créateur était le caractère primitif ou dominant de la religion ou au moins qui, dans certaines fractions du Panthéisme, avaieñt pu conserver cette idée si impo- sante d’un créateur non multiple. C’est une observa- { 268 j tion que nous croyons devoir soumettre à ceux de nos confrères qui font coïncider les études archéologiques avec celles de la haute philosophie religieuse. La consécration des pierres brutes que le géologue, à raison de leur nature, peut même affirmer avoir dû se présenter isolées, c’est-à-dire n’avoir pas même été détachées par le travail de l’homme, aurait donc pu avoir un sens symbolique, et peut-être était-ce celui de la création lorsqu'elle était encore restée vierge de l'empreinte de la main de l’homme , telle enfin qu’on la conçoit au momeut de l’enfantement de la nature, lorsque Dieu n’en avait pas encore soumis les éléments à la puissance intellectuelle et physique de son nou- veau maître. | La Société s’est empressée de voler l'impression du mémoire de M. de Beauregard. : M. Godard-Faulirier achève la lecture de la bio- graphie de Henri Arnault. C’est un récit aussi com- plet qu’animé de celte longue vie toute de vertus, d’action et de science; c’est un compte-rendu fidèle et lucide de tous les ouvrages théologiques et philoso- phiques comme de tous les travaux apostoliques du célèbre évêque d'Angers , mais qui se composant d’un nombre infini de détails peu saillants par eux-mêmes, et empruntant surtout leur intérêt à la liaison que le narrateur à su établir entr’eux, défient par cela même l'analyse , qui ne pourrait y faire choix qu’en lesiso- lant. L’on ne peut donc qu’indiquer ici que la police ecclésiastique eut constamment dans Henri Arnault un surveillant vigilant et sévère; que de même que toute erreur sur le dogme qui tentait de s’introduire (269) au sein de son clergé le trouva toujours préparé à la discussion publique, et provoqua de sa part de nom- breux écrits sous toutes les formes, de même aussi aucun abus ne put échapper à sa censure; qu’on le vit proscrire tour à tour, le cumul des bénéfices, la fréquentation des cabarets par le clergé, l'introduction des femmes dans les sacristies , les mariages que des prêtres autres que des curés faisaient clandestinement dans des chapelles, etc., etc.; que soû catéchisme fut adopté dans plusieurs diocèses ; qu'enfin , il doit être. cité parmi les bienfaiteurs de la cité angevine, pour avoir en 1684 , fondé notre Mont de Piété. Parmi les événements contemporains qui ont trouvé place dans celte biographie , on distingue l’inondation extraor- dinaire de 1651 qui, par son étendue et ses ravages, l’emporta de beaucoup sur celle qui est venue désoler notre pays en 1843. Quarante maisons s’abimèrent sur les grands ponts; le pont des Treilles fut rompu par le milieu, toute la basse ville fut submergée , et les flots vinrent baigner les dalles de l’église de la Tri- nité et celles de la fontaine Pied-Boulet. Ge travail important faisant partie d’un ouvrage que doit publier M. Godard , la Société ne peut qu’ex- primer le regret qu’elle éprouve de ne pouvoir le faire entrer dans la collection de ses mémoires. M. Hunault présente quelques observations sur la manière dontil paraît que l’on doit procéder à l’enquête ordonnée pour déterminer les causes des souffrances de l’agriculture. Il voudrait que les intérêts agricoles | y fussent autrement représentés pour que la lumière se fit plus sûrement sur des questions vitales pour l’a- ( 270 ) gaiculture. Il termine par demander que la Société nomme une commission pour adresser, dans ce sens, des observations à l’autorité administrative. M. le président , ainsi que le bureau, ne pense pas qu’il soit convenable que la Société prenne une initia - tive de remontrance. M. Hunault demande qu’au moins il soit nommé une commission pour examiner si la part faite dans l'enquête añx représentants de l’agriculture est sufli- sante, sauf à prendre ensuite une décision quelconque sur le rapport de cette commission. Sur de nouvelles objections de la part du président, il n’est pas donné suite à cet incident. M. Godard, au nom dela commission nommée pour la candidature de MM. Textoris et Bellanger, ayant fait un rapport favorable , il est procédé au scrutin , et ces deux Messieurs sont proclamés membres Litu- laires. , L'ordre du jour étant épuisé , la séance est levée. SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1848. Présidence de M. de Beauregard. M. Beraud, secrétaire. M. l’archiviste, qui remplissait les fonctions de se- crétaire à la séance du mois d’août , étant absent , la lecture du procès-verbal est reportée à celle de dé- cembre. Les graves préoccupations de ces derniers temps ont étendu leur influence sur les publications des sociélés savantes , aussi la correspondance qui, habi- tuellement , à lissue des vacances, résume les prin- (274) cipaux travaux qui ont été imprimés dans les premiers trimestres de l’année , nous fait-elle aujourd’hui com- plétement défaut. M. le président rend compte à l’assemblée des dis- positions prises par le bureau, pour assurer la reprise du cours de taille, qui est désormais l'annexe obligée de son jardin fruitier. M. Nant, chef des travaux horticoles du jardin botanique, qui avait professé ce cours depuis sa fondation , a fait connaître l’impossi- lité où ses occupations le meltaient désormais de continuer ses lecons. ï La Société sait en effet que le jardin botanique a recu de la munificence municipale deux vastes serres- chaudes, mais toutes les pelsonnes qui s'intéressent aux progrès de la science botanique et de l’horticulture sa- vent aussi que ces serres-chaudes n’en ont guères encore que le nom. L’absence de calorifère dans la serre qui a été terminée récemment , ‘et l’appareil défectueux qui fonctionne dans la première exigent donc, de la part du jardinier, pendant l’hiver surtout, époque du cours de taille, une surveillance continue. Le bureau a dû naturellement chercher le rouveau professeur au sein du comice horticole, qui renferme l'élite des prati- ticiens. Il y a rencontré un horticulteur de profession, qui se recommandait en outre par des études théori- ques spéciales. M. Audusson aîné a déclaré qu’il ac- ceptait les conditions pécuniaires qui avaient été faites \ son prédécesseur. Il ne resterait donc plus, si la So- ciété agréait ce choix , qu’à arrêter le programme des cours, La Société donne son adhésion à cette proposition, LAON et charge M. le président de choisir une commission pour rédiger le programme des leçons. M. le prési- dent désigne MM. Allard et Hunault, qui se joindront à cet effet au bureau. Il est convenu que le cours, cette année, ne se bornera pas à la taille, mais qu’il comprendra toules les opérations relatives à l’élevage des arbres, semis, pépinières et greffes. M. le président annonce également l’ouverture du cours de chimie, et demande un supplément de crédit de 20 fr., pour la part contributive de la Société dans les frais journaliers du cours. La Société vote la somme demandée. Quant au cours de géologie, M. l'ingénieur Gaca- rié, par suite d’un changement de résidence , cessant d’habiter notre ville; ne pourra pas le professer cette année. M. le président communique à l’assemblée une lettre de M. Bordillon, préfet de Maine et Loire, qui lui adresse un exemplaire du décret relatif aux fermes- modèles , accompagné d’un court commentaire émané du ministre de l’agriculture. | M. Allard, après quelques réflexions sur les résul- tats qu’on peut espérer de ces institutions publiques d'agriculture, émet le vœu que la Société d’agricul- ture soit représentée par quelques-uns de ses mem- bres dans le jury qui est institué pour la mise en ac- tivité de ses établissements, et demande que ce vœu soïttransmis à M. le préfet comme émanant de la So- ciété. L'assemblée consultée, donne son assentiment à celte proposition. (273) M. Hunault fait observer que le décret ne se borne pas à la création de fermes-modèles cantonales , mais qu’il admet encore des fermes régionales , sorte d’ins- titut supérieur consacré à l’enseignement des scien- ces qui peuvent avoir une application plus ou moins directe à l’agriculture. Il fait observer que notre dé- . partement, par sa position géographique et l’état avancé de son agriculture, a sans doute plus qu’un autre des droits à faire valoir pour réclamer une pa- reille institution. Il a vu avec regret que le conseil général n’ait pas encore pris l'initiative d’une demande qui, sielle était accueillie, aurait une influence si grande sur Pavenir de l’agriculture de l'Ouest. Il propose la nomination d’une commission qui exami- neroit les questions qui se rattachent à l'établissement simultané, dars notre département, de fermes can - tonales et régionales. M. Beraud justifie celte proposition par un aperçu rapide des ressources. que notre agriculture locale of- frirait dès le début de l’enseignement agricole supé- rieur, en présentant à l’étude les exemples les plus variés de toutes les cultures et de tous les systèmes de culture, et en donnant les moyens ‘de propager rapidement les améliorations de toute espèce avec une facilité d'autant plus grande, que la théorie rencon- trerait pour les faire adopter une pratique déjà éclai- rée ,-rationnelle et en voie de progrès. Il fait observer que les systèmes qui sont la base la plus féconde de la culture moderne perfectionnée, à savoir : la eulture alterne, et les assolements ration- nels, à périodes plus ou moins longues , qu’on pré- (274) couise dans les livres écrits depuis 4o à 50 ans comme des importations des méthodes anglaise et belge, sont, depuis un temps immémorjal, suivis dans les parties centrales du département; qu’il n’est pas jusqu’à la culture en grand du navet qui ne soit un emprunt que l’Angleterre a fait au Bocage vendéen, ainsi que les agronomes anglais le reconnaissent eux- mêmes; Que l’on cultive en Anjou toutes les céréales , toutes les légumineuses , toutes les plantes textiles et toutes les oléagineuses, le houblon, la vigne, les prairies artificielles de toute espèce; que les récoltes saulées y occupent une place énorme dans la plupart des assolements; L Que PAnjou possède toutes les variétés de sol ; Que les bêtes à cornes élevées dans l'Ouest du dé- partement vont peupler par milliers les herbages normands, tandis que les étables choletaises fournis- sent d'innombrables bêtes grasses aux marchés de Paris ; ” Que l'élevage du porc, du mouton, s’y fait égale ment en grand, ainsi que celui du cheval de cavalerie légère , lequel a fait de tels progrès, qu’en 1846, le département a élé classé en première ligne pour le nombre et la qualité de ses remontes. Que si l’on ajoute à ces considérations que ce-dé- partement est le centre de contrées analogues par le climat et le sol dont l’agriculture est encore fort ar- riérée par rapport à la sienne , on ne peut s'empêcher de reconnaître que comme moyen de diffusion d’un bon enseignement agricole , la création d’une (275) ferme régionale aurait une haute portée d’utilité. La proposition qui a été faite de nommer une com- mission ayant élé accueillie par la Société , M. le pré- sident en désigne les membres, qui auront en même temps à s'occuper des autres questions, soulevées par M. Allard. En feront partie , MM. Allard , Ollivier de Laleu, Millet, Boreau et Hunault. M. le préfet a également adressé une circulaire avec un modèle à remplir, pour constater quelle a été la production agricole du département dans l’année 1 848. Cette communication donne lieu à quelques obser- vations de la part de M. Allard, Les états statistiques qui ont la prétention de présenter des -chiffres abso- lus, c’est à dire des résultats d’une certitude rigou- reuse et mathématique , sont tous cependant plus ou moins erronés , et partant, fort dangereux, puisqu’au lieu d'éclairer la marche du gouvernement, ils tendent à l’égarer dans la solution de deux des questions éco nomiques les plus graves, celles des subsistances et celles du commerce des grains, dont la dernière, en cerlains cas, est vitale pour l’agriculture. Cette insuflisance de documents statistiques dépend en grande partie des fonctionnaires auxquels on a confié le soin de les recueillir : beaucoup de maires n'ayant ni les loisirs, ni l’aptitude nécessaires, M. Allard voudrait que ce fussent les contrôleurs des contributions directes qui fussent chargés de dresser ces états. Ils auraient à cet effet recours au cadastre, qui leur donnerait le moyen d'établir, par corps de ferme , les parcelles des terres arables avec leur conte- nance. ( 276 ) Chaque année, un récolement des parcelles ense- _mencées en céréales serait fait, opération prompte et facile; puis on établirait une moyenne de- production pour chaque classe de terre sur la notoriété publique ou par experts. L’on ne pourrait jamais ainsi s’éloi- gner beaucoup de la vérité quant au résultat général, et l’on n’aurait pas à craindre des mécomptes statis- tiques aussi déplorables dans leurs effels que ceux qui aggravèrent la diselte de 1846, par cela seul qu’ils n'en avaient pas même laissé entrevoir la probabilité. M. le président renvoie à la commission précédente l’examen des renseignements demandés par M. le prélet, et les observations auxquelles ils ont donné lieu. L'assemblée nomme ensuite une commission pour recevoir les comptes du trésorier. MM. Hultemin, Castonnet et Godard sont désignés à cet effet. M. Cosnier communique à la Société une note de M. Mesnard , sur la conservation des viandés destinées aux usages culinaires , et demande qu’une commission soit chargée de vérifier l'efficacité du procédé décou- vert par M. Mesnard, procédé économique , simple et- d’autant plus facile, qu’il ne serait pas même néces- saire de soustraire les viandes à l’action de l’air ex- térieur. . : MM. Castonnet, Textoris et Allard sont désignés pour prendre connaissance de ce procédé et de ses résultats. î M. Maindron , statuaire à Paris, adresse ses remer- ciements à la Société qui, dans la séance d’août, lui avait décerué le titre de membre correspondant. (272) M. Godard clôt la séance par la biographie de l’abbé Antoine Arnault. l'impression qui en est votée , dis- pense d'analyser cet intéressant travail. La séance est levée. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1848. Présidence de M. de Beauregard. M, Beraud, secrétaire. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le secrétaire présente à la Société un certain nombre de publications, dont l'envoi est un heureux symptôme que les études scientifiques voient revenir à elles les intelligences que d’autres préoccupations en avaient éloignées. Elle accueille donc l’hommage de ces travaux récents comme un favorable augure. M. le président annonce à l’assemblée que M. le ministre de l'instruction publique a accordé à la So- ciété un crédit de 200 fr., en vue des cours publics et gratuits qu’elle a fondés. Un exposé de l’état des finances de la Société avait été présenté par M. le pré- sident à M. Freslon , alors qu’il était ministre de l’ins- truction publique , et bien que ce crédit ait été alloué par son successeur, notre honorable confrère, M. de Falloux , la Société n’en doit moins confondre dans sa gratitude nos deux concitoyens, qui, du reste, portent un égal intérêt à toutes les institutions éminemment utiles et libérales. M. le préfet écrit de nouveau pour demander des renseignements qui puissent le guider dans le choix du lieu le plus convenable à l’établissement d’une 19 ( 278 ) ferme-école. M. le président renvoie cette lettre à la commission précédemment nommée pour la ferme régionale et composée de MM. Ollivier de Laleu, Al- lard , Boreau , Hanault et Millet, Elle devra s’enten- dre et sc réunir avec une commission nommée pour le même objet, par la Sociélé industrielle. Les deux Sociélés élant animées pour Les progrés des arts agri- coles, d’une ésnulation assèz généreuse pour qu'il n'existe entre elles aucun genre de rivalité. M. Hunault rend compte des démarches failes par la commission instituée pour réclamer l’établissement en Anjou d’une ferme régionale. Le conseil général a pris en sérieuse considération le vœu formulé par la Société , l’a adopté et transmis au gouvernement. M. de Soland fait un rapport sur la bibliothèque. La Société arrêle qu'aucun membre ne pourra dé- sormais retenir les livres en lecture plus d’un mois. Que larchiviste fera réintégrer tous les ouvrages sorlis enc e moment; Que seul il délivrera les livres sur récépissé; Que tout abonnement sera fait par ses soins. M. Godard lit une note de M. Briot, conducteur des ponts et chaussées sur deux tombeaux gallo-ro- mains récemment découverts dans les champs de la Visitation, lors des travaux de nivellement du terrain destiné à recevoir l’embarcadère du chemin de fer. Les cercueils sont en plomb, d’une épaisseur consi- dérable, et se trouvaient enfermés dans une macon-_ neric voûlée en briques cuites de grande dimension, liées avec du ciment. M. Briot, au zèle de qui les ar. chéologues ne peuyent trop applaudir, a recueilli dans (279 ) ces fouilles, avec une attention aussi intelligente que scrupuleuse, un très grand nombre de débris de pote- ries antiques , vases, palères, amphores, elc., dont ila fait don au musée d’antiquités, et qui ont, ainsi que les observations qu’il a recueillies , beaucoup d’in- térêt pour l’archéologie locale. L'assemblée Ini vote donc des remerciements pour la communication faile en son now, et ordonne l’iin- pression de la note qui conslale cctie dernière décou- verle, ainsi que la reproduction lithographique des dessins qui l’accompagnent. L'assemblée procède ensuile au renouvellement du bureau. Sont élus : Président MM. de Beauregard ; Vice-président de Senonnes; Secrélaire-général Beraud ; Secrélaire, Texloris : Trésorier, Lèbe-Gigun; Archiviste , A. de Soland. La séance est levée. # paRi VAE x rt 4 2 wué dL Ja y. HF Foi ykd CURE 3 ALT 1 4 RATE TE TPE ! 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Le faux- titre, DEUXIÈME PARTIE, doit être intercallé entre le mémoire sur les haches celtiques, finissant à la page 195 et le rapport sur le congrès de Gênes qui recommence une pagination mou- velle. 1r° SECTION. — SCIENCES AGRICOLES. Part. Pag. Nouveau pressoir Saumurois de M. Bianquin, rapport par M. le président de Beauregard, président de la Société. 2 150 Baratte horizontale mobile et sans volant, par M. le conseiller Béraud, secrétaire-général de la société. 2 153 Des usages ruraux du canton deSeiches, par M. Char- les Giraud, compte-rendu par M. E. Lachèse. 2 100 2e SECTION, — SCIENCES NATURELLES. Botanique. — Revue des espèces françaises du genre Fumaria, par M. le professeur Boreau, directeur du jardin botanique d’Angers. 1 87 Idem. — Salix rubra d'Hudson, découyert en Anjou, par le même. 1 94 Idem.— Sur deux plantes nouvelles pour la flore, le stellaria’neglecta et le viola suavis, découvertes près d'Angers, par M. le conseiller Beraud. 1 9à C2 Part. Pag Idem — Jardin des plantes d'Angers et première revue scientifique, par le même. 2° 181 Idem. — Suite de la nouice sur le jardin des plantes et deuxième revue scientifique, par le même. 2 197 Entomologie. — Libellalidées de Maine et Loire, mé- moire descriptif, par M. Millet. 1 ! Idem. — Considérations sar certaines localités ento- mologiques, à insectes méridionaux, dans le dépar- tement de Maine et Loire, par le même. : 2 157 Mollusques. — Station et nourriture de l'helix car.::s- calensis des Pyrénées, par le même. 1 83 Mélange d'observations sur divers sujets d'histoire naturelle, par M. Hossard. 2 165 3° SECTION. — SCIENCES HISTORIQUES. HISTOIRE ET BIOGRAPHIE. Nouveaux documents sur le chiffre de la population protestante de Saumur au dix-septième siècle, par M le président de Beauregard. 2 145 Vie d'Antoine Arnauld, par M. Godard-Faultier. 2 89 Ancien manuscrit sur la compositior du clergé d’An- gers, par le même. 2 “214 Manuscrit de Lehoreau de 1692. Blasons et armoiries de huit évêques d'Angers, par le même. 2 110 Etudes sur l’histoire d'Anjou, par M. A. de So:and, archiviste de la Société. 2 240 De la puissance féodale des seigneurs de Briolay en Anjou, par le même. - 2 68 ARCHÉOLOGIE. ÉPOQUE CELTIQUE. Origine des Dolnens et emploi des pierres brutes pour ces monuments, par M. le président de Beauregard. 2 117 Roulers ou pierres fatidiques de la Davière et de Nor- mandeau en Anjou, découverts et décrits par M. l’a- vocat Béclard, secrétaire de la sectiun archéolo- gique. | 2 128 (283) Dolmen observé à Corzé en Anjou, par M. l’ahbé AI- laumc. Sur les évolutions qu’à subies la forme des haches celtiques en bronze, par M. Courtiller, jeune, mem- bre adjoint de la sertion d'archéologie. ÉPOQUE GALLO-ROMAINE. Restes d’aqueduc et de voies romaines découverts en Fremur, décrits par M. Godard-Faultiier, président de la section d'Archéologie. Tombeau antique découvert dans l’enceinte du camp romain de Frémur, par le z:ême. Tombeau gallo-romain des Terres Noires, près d’An- gers, par le mêine. Autre tombeau galio-romain de la même localité, par le même. Autres tombeaux gallo-romains du même lieu, par le même. Autres tombeaux gailo-romaius, par le même. Chapiteau composite romain dans l’église d'Épiré, par Ie même. Portion de la façade romaine de l’ancien capitole com- prise dans celle du palais épisco_ al d'Angers, par le même. Objets antiques trouvés près Notre-Dame d'Alençon, - par Raimbault fils, membre adjoint de la section d'Archéologie. Ruines romaines de Membrey, par M. Matty de la Tour, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, membre titulaire. Pile Cinq-Mars, près Tours, par le même. MOYEN-AGE, ETC. Une sépulture mérovingienne en Anjou, par M. Go- dard-Fauitrier. Notre-Dame de Chemillé, par M. l'abbé Coulon, mem- bre titulaire. Fouilles faites au Tertre Saint-Laürent d'Angers. Chaire de l’archidiacre Béranger, par M, Godard- Faultrier. Part. Pag 2 121 1 193 2 134 2 113 2 49 2 64 2 88 2 229 1 177 2 137 1 173 1 118 2 174 2: a 2 232 2 222 ( 284 ) Architecture du seizième siècle. Stalles sculptées, par M:E. Dainville, architecte, membre titulaire. Architecture religieuse du quinzième siècle, Saint- Serges, par le même. ! &e SECTION. — LITTÉRATURE. Loisirs d’une femme, poésies de Madame de Loménie, par M. E. Lachèse. Clefs des œuvres de Rabelais, par M. Léon Cosnier. 5° SECTION. — GÉNÉRALITÉS. Rapport sur le Congrès scientifique de Gênes, par M. le conseiller Élie Janvier de Lamotte, membre titulaire et délégué par la Société. Procès-verbaux des séances de la Société ( années 1847-1848), par le secrétaire général. FIN DE LA TABLE, Part. Pag. 183 189 101 168 251 TABLE par ordre de matières des six premiers volumes .+ DES MÉMOIRES dé la Société nationale d'Agriculture, Sciences & Arts D'ANGERS. vol part pag. Introduction historique aux mémoires de la Société... 1» y Règlement constitutif de la Société. .........,..,..2.. Lo» XXE Discours d’installation,.par M.le président Planchenault. 2». 214 — — du Bureau de 1842, par M. le-président de Beauresand. raisin da coetie Eve Bo 7 Procès-verbaux des séances 1847-1848, rédigé par M. Beraud , secrétaire-général.........:................ 6 » 291 (Voir à la fin, section 8, l’indication des matières traitées dans les séances de la Société, et mentionnées dans les procès-verbaux). SECTION 1'°. — SCIENCES AGRICOLES. $--1. Mécanique appliquée à l’agriculture. Baratte horizontale. M. Beraud A BA EN EE DER 6 2 153 Charrue Anglaise de Bayley, avec une planche lithogra- phiée. M. le président de Beauregard... FAT PUREE 1 » 233 Pressoir à engrenage d'Héry. Idem... ....:1.1.1uu.. 2», 20 Rapport sur ce mémoire. M. Adville.........4.." : LE 2 » 125 Pressoir Saumuroïs ‘au troyen perfectionné, M. Blanqui. M. le président de Beauregard .2,1::4...0,.: 400, 6,2 450 $. 2. Arboriculture. Abricot tardif, gagné par M.lle de Gennes..:..:,.:.... 3» 97 — Verdier, variété nouvelle d’Anjou........,....... 3 » 109 II Amande géante, variété nouvelle d’Anjou............ Arbres expédiés en long cours (Englumen pour les). M. Lebreton jeune......... SAR SUR = bee ee eee lele Arbres verts : leur transplantation. M. de Sarcé........ BeurréAudusson, variété de poire nouv., gagnée en Anjou Cerise, 3 variétés gagnées par M. Bougère...... D sde © tardive US LT NE ART REA eee nue Cèdre naïn panaché, gagné par M. Lebreton aîné, pépin. Coing, 3 espèces gagnées par M. Verdier, d'Angers... Mûriers, plantation de müriers, rapport........,.,..... Pêcher Guichet, nouvelle espèce d’Anjou............... — ‘3 variétés gagnées par M: Leroy aîné... .......... Plantation des rivages de la Loire pour maintenir le fleuve dans son lit. M. le président de Beauregard. ......... Poire beurré Audusson, gagnée par Audusson aîné, hort. — Moriceau, avec une planche lithographiée, gagnée par M. Moriceau, horticulteur................ — ‘Rufaldin , Bonchrétien d'automne et belle de Brissac, gagnées par M. Benoist, horticulteur.. — Tavernier, gagnée par M. Joullain, horticulteur.. — Auguste, gagnée par M. Delepine, zdem.......... Poires inédites cultivées en Anjou (onze espèces). .... 2E Ponmes inédites cultivées en Anjou {vingt-cinq espèces). — Dérouineau, gagnées par M. Dérouineau, horti- culteur à Pellouaïlles....:..............: 1 S-E F2 Pommier nain, gagné par M. Lebreton aîné, pépiniériste. Prunier sauvageon de Damas pour pépinière, zdem..... $S. 3. Viticulture. Vin, emploi du sucre pour l'améliorer, par M. le prési- dent de Beauregard............:..,..........4.0 Vinification, appareil nouveau pourlecuvage, idem... Vigne , de sa greffe. M. Bourgoin.....… PRE ACER EREL - — méthode pratique pour sa greffe, avec deux plan- ches. M. le baron Delaage...........,........ =: — de la bruyère pour la fumer. M. le président de vol part pag. 3 » 109 1 » 107 2» 34 3 » 105 3 » 96 1 » 36 L» » » 3 » 108 5 » 27 3 » 105 3'» 103 2» 5 3 » 105 3 » 107 3 »- 107 3 » 210 3 » 210 3 » 109 3 » 188 3 » 188 3 ». 99 3 » 32 3» 16 1» 213 1:» 97 1 » 411 1 » 227 Beauregard. ....... ST OU L'nète detexe ei TS He IIT $. 4. Horticulture. * Plantes maraïchères et économiques. s vol part pag. "ICienen patate. M. DESVAUX... eee e uen een un à ce 1» 38 Orchidées, de leur fécule. M. Debeauvoys.............. 1 » 395 Melon délieieux, avec une planche. M. Desvaux......... 1 » 9 ** Arbustes et plantes d'agrément. Nora. Pour abréger, nous avons désigné les horticulteurs d’Angers par Aort. ang. Cactus Desvauxii, hybride du speciosum.............. 3 » 52 — monstruosus: Sa fleuraison au jardin botanique.. 3 » 219 Camellia, variété gagnée par M. Cachet, hort. ang...... 1 » 300 AN AALVADICEÉS EN RP ER EUR NE 3 » 83 — 1 variété gagnée par M. Lebreton din, hort: ang. 3 » 167 Dahlia, 4 variétés gagnées par M. Besnier, hort. ang... 3 » 187 — 4 variétés zdem.,........, ME 2. IR se. 3 » 154 ERIS I VaMELES AE Ne eeueeereceeerrereee SE ee 3 » 205 —. 14 variétés gagnées par M. Rousseau, hort. ang... 3 — 9 variétés gag. par M. Audio, notaire près Angers. 3 » 206 Mimulus rivularis, variété gag. par M. Guérin, amat. ang. 3 Magnolia grandiflora, 2 variétés gagnées par M. Bidault, hort. ang.......,.... 3 — 2 variétés a par M. Cachet, hort. ang...... 3 Payia, 2 variétés gag. par M. Lebreton aîné, hort.ang.. 3 Nerium indicum, variété! gagnée au jardin botanique... 3 » 50 — oleander, 2 variétés gag. par M. Bidault, hort.ang. 3 OEillet Guinoyseau, gag. par M. Guinoyseau, hort. ang. 3 — Caliculé, gagné par M. Bizard.............:..... 3 » 121 Pelargonium, 3 variétés gag. par M. Gentilhomme, h.a. 3 » 68 — 1 variété gag. par M. Morier-Desportes; hort. ang. 3 » 71 — 1 idem. M. Bougère, hort. ang...:....:..... 8 »_ 78 —. 4 idem. M. Besnier, hort. ang............... 31» 80 — 3 idem.......... DEP er, 20e RS. . 3 » 153 Ep STE ARR TIQUE FANS ELLE DORE. 3 » 204 — 9 zdem. M. Cachet, hort. ang.......... fi. 8 »0.85 8 dem TES GARE RE res 8 » 163 Vo rem ME ROMAN es lUT0000 200 3 » 185 M8) idem. Rte. ME RREUr DOM. Ste , 3 » 216 iv vol part pag. Pelargonium, 2 variétés gag. par M. Maillard, hort. ang. 3 » 90 et A 2 BE Be Ge Rd DEA PEU LM be 3 » 218 — 8 zidem. M. Rousseau, hort. ang............. 3 » 92 den NT Ne RSS le CE se... 3% 156 EE NCA ee 00. een PEAU ent ee ROMAL2 RE LAN 2 4511 AE GB A LATE Abe D pan AN ECS cu 2e . 3 » 181 — 1 dem. M. Letemplier, hort. ang....,....... 3 » 187 =) 5 idem iaiatant Ce dit te state PA EM 3 » 207 Pivoine en arbre, 1 zdem. M. Cachet, hort. ang ....... . 3 » 465 Rhododendron, 1 zdem: M. Lebreton aîné, hort- ang... 3°» 100 — 1 idem. M. Besnier, hort. ang............. LU RE 3» 80 — 1 idem. M. Rousseau, hort. ang. .............. °. 30 92 Rose pygmée, gagnée par M: Lebreton aîné, hort..ang.. 1 » 239 — thé Maréchal, gagnée par M. Marécbal,thort. ang. 1» 49 ES SAM ER ON RIT arte SAS. 20 ..... 8% 54 — belle de Millepieds, et 27 autres variétes, gagnées par M-le conseiller Bizard, amat. HBnEee (ARE 3 5 —. 16 variétés. Idem............. SORA AE ER ESS: .... 3 » 123 4e 2 idem... RS FER AE SALES LHATET 2» 91 — 4 idem... SHC LR LES Ne HR ee. 13 » 473 — 29 zdem. M. le baron Delaage........:. DOLOLE 3» 15 298 midenn ie ROOMS MR RATE, 3 » 150 — 38 . idem: "M: Chbsias hort. ang....... ME à 31» 28 — » idem.......... Jrad den de ere HN REE 3.) 139 90 idem MR AMEN. RASOIR se. 8 » 175 TT idem MS LS COLIN US ARPOT B598 — 5. idem. M. céndétent ; amat:..... sors 30 142 + 2 .uidemal NE AE TAE à 2405 Eee .... 3 »-144 — 6 . idem. :M.‘Audio,'notaire.:..4.4 1 2000310 1 44 — 1 . zdem. . M. Morin, amat........ ARR SMMENENS » 47 — 2 . idem. M. Mousseau :......... SALE RARES . 3» 148 — 2. idem. M.'Gendron, amat.......2:,....... 3 » 49 — 3 . idem. M. Hamon, hort. ang........:.. .. 3% 51 — 14 . idem. M. Flon, hort. ang.......... 2... 8» 56 or idem. , ANR EN SRE RES AOC Là A 0 3 » 176 ÉCOLE TERRE RTE RES ER Re à SAONE . 3» 195 —* 3 . idem. M. ‘potard, hort. tale a M RS .. 3» 63 — 1 cdem. . M. Augeul, hort. ang............ :.. 3% 66 RAGE RD EE 3 ee LR CE CRE AR SEA :.. 3 » 199 — 2 idem M. Goubault, hort. ang... 4, 3 9 67. y vo] part pag, Rose, 3 variétés gag. par M. Goubault, hort. ang....... 3 » 178 — 4 idem. M. Gentilhomme, hort.ang......... 3 68 — 2 idem. M.Bidault, hort. ang............... 3» 74 — 2 ‘idem. M. Besnier, hort. ang............... 3» 79 — 4 idem... Re eee sen HO Ë AA DE AO 3 » 203 — 1 idem. M. Rousseau, hort. ang............. 3» 91 NOTE SERIE Ad eE entotetio pes Die 3 » 181 — 1 idem. M. Bocage, amat...... SORA à ss... 3 21195 — 1 zdem. M. André Leroy, hort. ang.......... 3 » 101 — 3 idem. M. Leroy aîné, hort.ang......... ... 3» 102 it. idem dite de PRE CEE eo ES nas 77 — 1 zdem. M. Marchesseau, amat...... Mare 5 » 165 — 1 idem. M. Gaignard, amat................. 3 » 166 — 3 idem. M. Moiré, hort. ang................ . 3» 215 — 1 idem. M.Mansais, hort. ang ........,..... 3 » 177 AT 18 10) SOC TTDE DA GE DOAUA dUae JEU Re bte . 3 » 198 — 3 zdem. M. Bougère, Hüÿt, AND ee de ae 3 » 179 — 1 idem. M. Veau, hort. ang................. 3 » 180 AU QT CONSO SPAS Mn ai uislatere a natete sien (3° 9203 — 1 zdem. M. Buret, hort. ang....... NRC ... 3 » (81 — 1 zdem. M. Barbot, hort. ang..........,.... 3 » 195 — 1 idem. M.Bellanger, hort. ang...,......... 3 » 201 — 1 idem. M. Lebreton aîné, hort. ang ........ 3 » 201 m0 idem. NM LEA 570 cle aisbelo esta oo te tee e LAND AO — 1 idem. Letemplier, hort. ang............., 3 » 207 — 1 idem. M.Joulain, hort. ang,............. 3 » 209 — 1 idem. M. Aubert, hort. ang............... 3 » 218 Tropeolum majus à fleurs vertes, gag. par M. de Ner- bonne père, amateur............,............ SR 07 — — variétés gag. par M. Bidault, Hot: ang...,.. 3» 76 $. 3. Céréales. Des diverses espèces de froment cultivées en Europe (his- toire). M. Desvaux ...... CADET On AUOT UMA SENS 1 » 302 Froment de Victoria. M. Hamilton .......... L'ATTENTE 2 » 143 Du Teff des Abyssins. M. Desvaux......,..,......,..... 1 » 101 $. 6. Engrais, amendements, irrigations. vol part peg. Sur le guan0..... 26 Rae MAR ee 60202 4 …….. 2» 328 De la marne employée dans le département dela Vienne. 2 » 41 De la bruyère employée pour fumer les vignes... ,..... 1 » 227 Écobuage, ses effets. M. Desvaux........... ii A DA Irrigations dans les Indes. M. Th. Pavie........ Sosa 5» 12 $. 7. Animaux domestiques. Météorisation des bêtes à cornes, emploi du chlorure de chaux comme moyen curatif. M. Launay-Joubert::.:. 1 » 392 Supplément au même article. 1dem........:.... 400. &» 52 Météorisation, moyen facile de la guérir. M. Debeauvoys. 1 » 393 $..8. Généralités. Moyen d’exciter la faculté germinative dans les graines. M. le-docteur Hamilton...............:..:1........ 2, » 143 École pratique d'agriculture départementale, réglement 4 » 5 — — rapport sur cette école. M. de Beauregard... 4» 1 — — autre rapport. Zdem........... RAM .. A» 49 Exposition séricicole de 1842........... SA RAA . 6» 63 NC VO CN AAA PR PNA Tes Ron de ee Ne NIET de Ne Del 6 » 195 Rapport sur les prix décernés pour l’exposition horticul- turale de 1832............ LS RAR M RSR Aa té 1 » 240 Temide 1833 ere becer Lrre-eer der HEART 2 .... 4 0 297 SECTION 2°. — SCIENCES NATURELLES. $. 1. Zoologie. Anodontes, deux espèces nouvelles de Maïne et Loire, avec planches lithographiées. M. Millet.............. 1 » 57 Harpya Erminea, sa chenille, avec figures. M: Courtiller JEUTER ee AU sise Rae oo dus 1 » 261 Crustacé nouveau, avec figures. M. Millet.............. 15 55 Helix carascalensis (fér.), sa nourriture. Zdem..:....... 6 1 85 Libellulidées de Maine et Loire. Zdem............ AUS 61 1 VII vol part pag. Localités entomologiques de Maine et Loire. M. Millet.. 6 2 157 Mélanges d’histoire naturelle. M. Hossard.............. 6 2 163 Mollusques terrestres et fluviatiles, espèces nouvelles , figures. M. Millet.................... BR e x AE ul 6 7 — Rapport sur ce travail. M. Beraud.......... ME eh ee 4 LU Oiseaux, de leurs migrations. M. Th. Pavie............. 4» 20% $. 2. Botanique. Jardin des plantes d’Angers, notice. M. Beraud......... 5.» 326 — — — deuxième partie. Zdem........ centre .. 5,».358 Cesalpinia coriaria. M. le docteur Hamilton............ 2 » 145 Euphrasia Jaubertiana , avec planche lithographiée. M. Boreau.......... bodbon abs LbtéäcceucoE conne 4 » 238 Fumaria, revue de ce genre. Idem..... H:L000e DE € >TGn#.87 Graminées, genres et espèces nouveaux, avec trois plan- ches. M. Desvaux..... ne ce ciclele nie else ets 1 » 114 Jonidium, espèce nouvelle, médicinale. M. le docteur Hamilton. .... Te une UE ds AMAR ET . 2» 313 Linaria elatine et spuria , leurs organes sexuels. M. Be- Ai eo dat oveded ae tell TS PAS M CO UE … 5 » 338 Palo di vacca, analyse du lait végétal provenant de Acte plante. M. Morren..................... BÉdrocerbec 5 » 128 Rosa borœana, nouvelle espèce sauvage d'Anjou. M. Be- Taud' AIN SECLE CEE ne 2 es RME 5 » 358 Salix rubra (Hudson). M. Boreau....................... 6 1 94 Stellaria neglecta (Weiïhe). M. Beraud................. 61 95 Thymbra, nouvelle espèce avec une planche. M. Des- VAUX onde er anti meeR AS sabre (63 Teff des abyssins, par le même........:....4:2.....4.. 1 104 Viola arvensis, de la coloration en bleu de ses pétales, et d’autres espèces de la section melanium.M.Beraud.. 5 ».326 Viola suavis (Bieb), nouvelle pour la France , découverte en Anjou. M. Beraud................ nb JE - 028 61 95 $ 3. — Minéralogie et Géalogie. Arragonite employée comme marne, dans le départe- ment de la Vienne. M. Lebreton..................... 1 » 398 Eaux de Ja Loire, de la Mayenne, des puits d'Angers, analyses. M, Morren ............................... 2 » 12 VIII xvzie siéele, M. Godard Faultrier......,,.,.,.,4.,., 20% vol part pag. Fer arsénical. d'Angers, analyse. M. Lebreton.....,..… 1,545 Fer météorique, analyse. M. Morren..............:. 2» .344 Minéralogie.de Maine-et-Loire.M. Desvaux….….,....... 2» 196 Minéralogique (nouvelle classification).-Parle même. 2 » 189 Naphteine. M. Desvaux.t .......2..:44...h tu une. 2 » 139 Note géologique sur la Vendée: M: A. Rivière... .... 21» 562 Quartz aventuriné. M. Desvaux....................... 1 » 244 Stalactites hypogées ou fulgurites, avec une planche. à Par le même... PRNENUE ARR SUR 1 » {14 Stalactites hypogées, rapport sur cette notice. M. Des-” Vaux ...:...... débats alé ce sabots Pa BUrs sonne. 1 » 114 Terre à porcelaine, en Anjou. Par le même............. 1 » 406 SECTION 4°. — SCIENCES MATHÉMATIQUES, PURES ET APPLIQUÉES. De la courbe nommée Chaïnette, sa description avec à figures. M. Bobillier................ RCD ES NES eee SAT A * Du plan principal des momens, par la théorie de mazxt- mis et de mzintmis. M. Penjon................... .….. 1 » 255 Navigation de la Loire. M. Derrien................. .. 1 » 249 SECTION 4°. — SCIENCES HISTORIQUES. _$ L. Histoire et Biographie angevine. Nouveaux documents'sur le chiffre dela population pro- testante de.la ville de Saumur, à l’époque de la révoca- tion de l’édit de Nantes. M. le président de Beaure- gard’: AS RAM ARENA HS An hbtrade ado ot 6 2 149 Glergé d'Angers, sa composition ancienne. M. Godard.. 6 2 214 Evêques d'Angers, leurs! blasons et armoiries, manuscrit de Lchoreau. M. Godard.….............. AIDES dois .... 6 2 110° Etudes sur l’Anjou. A. de Soland........... see ee GS 6 2 240 Puissance féodale des seigneurs de Briolay. Par lemême. 6 2 68 Armorial des Maires d'Angers. tm 15» 160 Tigné, faits historiques qui s’y rattachent.M. de Soland, 5, » 181 Manuscrit inédit de Denis Chevalier, premières annéesdu 5.» 183 IX vol part pag: Réimpression de Bodin, premier rapport. M. Godard... :5 » 23 — — deuxième rapport.Parle même. 5 » 263 Présidial d'Angers. M. de Beauregard.................. 1, ».256 De l’autorilé municipale à Angers. M. Blordier Langlois. 4 » 15 Renseignements sur les inhumations des princes et prin- cesses de la deuxième maison d’Anjou-Sicile dans la cathédrale d’Angers. M. Chanlouineau, avocat....... 4 » 37 Des femmes célèbres de l’Anjou. M. Blordier Langlois.. 4 » 70 Sur l’histoire et les principanx historiens des différents siècles. Par le même........ RE ce CU DORE DEC .. 1 » 127 Sur quelques écrivains de l’Anjou. M. Blordier Langlois. 1 » 423 Antoine Arnault. M. Godard Faultrier.............. .. 6 2 89 Le surintendant Fouquet et sa famille. M. A. de Soland. 5 » 143. Abraham, Lamy, mathématicien angevin au xv° siècle. M. Huttemin............ DÉBUT O0 DOUDOU ce 4» 52 Ayrault et les Jésuites. M. le président Nr . 4» 62 Pierre Leloyer, magistrat, poète et auteur angevin au xvi° siècle. M. Victor Pavie........ SANS BR EC EEE ARE & » 294 Huet de la Chenaïe et sa femme (xv° siècle), seigneurs angevins. M. Godard Faultrier...... Ce DOE AE 2e Eee 5 » 287 Jacques Eveillon, théologien et auteur (xy° siècle). Par lemémest tnt nee HORS ee +... 5 » 290 Girard, abbé fondateur de l'église Toussaint d'Angers, et son tombeau. Par le même...... ARE CE ss... 043200190273 Guillaume Legangneur, calligraphe célèbre (xvr° siècle). Parle même... 0e haseecetaceclel te uce20.1002392 Claude de Rueil, évêque d'Angers i(xvu° siècle). KAB: le méme Jet, débris Mises 51».397 - Rogues, jurisconsulte et auteur angevin (xvrr1° siècle). Par le même........ IRC Ee dc Ado 5 » 391 Sur M. Cyprien Robert, voyez littérature. $ 2. Nécrologie. Billard, docteur médecin-professeur, membre de la So- ciété d'agriculture. M. Gregoire Lachèse, directeur de l’école de médecine d’Angers.......,...... ee {1 » 121 vol part pe. Gontard la Chénaïe père, propriétaire-agriculteur, mem- bre de la Société d'agriculture. M. Desvaux........... Le général baron Delaage, amateur horticulteur, mem- bre de la Société d'agriculture, etc. M. Blordier Lan- glois.......... AGO OUé Aubin de Nerbonne père, amateur horticulteur, mem- bre de la Société d'agriculture, etc. M. Louis Pavie père rene : $ 3. Archéologie. Règlement de la section d'archéologie de la Société d’a- griculture d'Angers Discours d’inauguration de cette section. M. Godard Faultrier .…....... OO too dt D'é8 de 860 oodaaaco ba Mélange archéologique. Par le même. ..... ÉPOQUE CELTIQUE. Médailles gauloïses découvertes en grand nombre près d'Angers, notice. M. Toussaint Grille, bibliothécaire de la ville d'Angers, figures 30 o0t AAMAN Cr do 0 Eco Origine des Dolmens et.emploi des re brutes dans les monuments religieux des anciens peuples. M. de Beauregard. ..:..: He SMeRs sie anoe 3350000 ac 5e oh Dolmen de Corzé, M. l'abbé Allaume, figure. ........... Cromlech de la Boutouchère. M: A. deSoland..:...... ‘ Pierres fatidiques ou roches branlantes de la Davière et de Normandeau, arrondiss.‘ de Beaupreau. M. Béclard 6 6 6 5 Monument sépulcral'près de Saumur. M. de Beauregard. 2 Evolution de formes subies par la hache celtique. M. Courtiller jeune, figures. . :..: LAMPE PE e SO ÉPOQUE GALLO-ROMAINE. Objets d’antiquité découverts près de Saumur, outils de » 185 » 245 » 350 » 382 » 491 » 82 D 117 2 121 » 135 2 128 » 349 1 193 charpentier et autres, 7xba, etc., netice.M. Courtiller 2 » 348 Monument romain découvert à Bagneux près de Saumur, notice M. le président de Beauregard ........ CCE Objets antiques romains trouvés dans les terrains de l’an- cien couvent de la Visitation, à Angers, notice. M. A. de SOla de nee TE Te one cette te 4 5 » 236 » 137 XI vol part pag. Rex-Tusenos et statuette avec cette inscription décou- verte à Lesvières, près Angers, notice. M.Godard-Faul- Lion gallo-romain en pierre de taille, trouvé dans les fondations du mur d'enceinte gallo-romain de la cité, à Angers, notice. M. Godard Faultrier.....:... 25115 51285 Sudatorium antique de Mûrs, Maine-et-Loire, notice, M. Godard, avec planches lithographiée de ME. Dain- Camp romain de Frémur, pont romain de Bouchemaine; existence d’un pont militaire sur la Loire, etc. M. Be- rad EE Pad ne SUCRE US AC: CE CET OC 5 » 363 Restes d’aqueduc et voie romaine découryerts en 1847, près d'Angers, dans les fouilles faites pour la cons- truction du chemin de fer, notice. M. Godard, avec deux planches lithographiées . Tombeau antique découvert dans l’enceinte da camp romain de Frémur. M. Godard Faultrier............. 6 2 113 Tombeau antique découvert en 1848 dans les travaux faits pour l’emplacement de la gare du chemin de fer d'Angers, M. Godard Faultrier, une planche. ........ 6 2 49 Tombeau antique découvert à la même époque et au même lieu, notice. M. Godard, deux planches littogra- phiées tes use Ce amant Ne MIT SN 626 Tombeau antique............ PS CE DO DOC OC PORC ARC ABLE LEE Tombeau antique................. ss os a 16721229 Chapiteau composite romain servant de bénitier dans l’église d'Épiré, Maine-et-Loire. M. Godard Faultrier, avec planche lithographiée, par M. E. Dainville ...... 6 1 177 Portion de la façade romaine de l’ancien capitole, com- prise dans la partie du palais épiscopal édifiée ay vitr* siècle par Rainfroy, notice. M. Godard Faultrier. 6 2 137 Objets antiques trouvés près Notre-Dame-d’Alençon, Maine-et-Loire, M. Raimbault, avec un plan......... 6 1 173 Ruines romaines de Membrey (Haute-Saône) près de l’an- tique Ségobodium. M. Matty de la Tour, avec sept planches lithographiées, doubles ............,....... 6 1 117 Pile de Cinq-Mars près de Tours. par le même, avec une planche lithographiée...............,........ . 6 2 174 De la ville de Mürs en Anjou et de l’ancien cours du Thouet. M. le président de Beauregard...,...,...... 6 2 )47 MOYEN-AGE. ; vol part pag. Architecture religieuse du xve siècle, Saint -Serges à Angers. M. E. Dainville, une planche lithographiée. .. Cheminée du xv° siècle du logis Barrault, à Angers. M. 6 1 Godard-Faultrier , dessin de M. Lèbe-Gigun./. 5» Tertre Saint-Laurent, fouillesqui ont amenéla découverte de la chaire dite de Béranger et d’une lanterne des morts. M. Godard-Faultrier:......:.....:..14 sn 4 A 6 2 Notre-Dame de Chemillé. M. l’abbé Coulon, avec un plan Palais des ducs d'Anjou , à Angers. M. de Beauregard. .. Peintures murales de l’abbaye des Bonshommes près d’Angers. M. Godard Faultrier, avec une planche litho- . 6 2 5 » graphiée par M. E. Dainville. ............ ds es 5 Peinture murale de l’ancienne église de Saint-Julien d'Angers. M. A. de Soland.....:......:.11....10.0 Stalles sculptées du xvie siècle avec planche lithogra- phiée, M. Dainville, ...:....,....1:::...,, Gdabb dont Stalles de Saint-Maurille des Ponts-de-Cé du xvre siècle, avec planche lithographiée. M. E. Dainville. ......... Tombeau de deux abbés'de Toussaint d'Angers, des x111° et xive siècles, découverts le 10 mars 1845 dans des fouilles'opérées par la Société d'agriculture, notice. M. Godard Faultrier.......,...............,...:..... Statues de Fontevrault, réclamation contre leur enlève- 5 6 5 5 MEN ER ER ennemie tie ele stotatelerereteli eee TR Epic ne Tombeau du roi René d'Anjou. M. de Beauregard. ..... Sépulture mérovingienne en Anjou. M. Godard........ ..6 SEcTION 5°. — LITTÉRATURE. Des différents âges du goût en France. M. Blordier-Lan- mloiss....7. 1022 cree LEE eReMIELEC CS ELEC Supplément à ce mémoire, par le mème............ Le Démonomanie de Jesn Bodin, par le même............ Discours de François Prévost au présidial d'Angers. . Sur quelques discours prononcés à l’ancienne Une 1 1 2 4 d'Angers. M. Blordier Langlois......,....,,.....!, site » » » » 189 133 222 232 251 399 139 183 378 217 348 28 140 XIII vol part pag. Le chevalier de la Tour Landry et réflexions sur le moyen-âge. Par le même. .......... PAIE Sa D c .... 1°» 267 Supplément aux réflexions sur le moyen-âge. Par le MEME ete le fntstohe tale tete lala is late lo tete lateral tft ele ete fu ae . 1 » 284 Orphée; deuxième livre de l’Orphée de Ballanche, tra- duction anglaise. M. Hawke................ Deco 2 » 87 Sur cette traduction. M. Blordier Langlois.........,... 2 » 78 Souvenirs atlantiques de M. Th. Pavie (sur les). Par le même .......... den ase ns sea Palin ns o 8 MAO SAONE 1 » 282 Tableau de lecture. M. Blain; rapport sur ces tableaux, par une commission.....,..............0... ..... 1 » 410 Du théâtre en France au moyen-àge. M. Blordier Lan- glois..4h aus ALES, 4 D HET RENE RS APTE AINE 2» 57 L’illustre hospitalier, chronique angevine. M. Louis Pa- NUE ELA RCE EURE LI LAPS DESERT APRUPAES RES PAU QU AMAR à RS A 4 » 254 OEuvres du roi René, par M. de Quatrebarbes ; rapport. M. Godard-Faultrier...........................,... . 5 » 165 De l'étude des patois et de l'utilité d’un glossaire. M. L. Gosnier ie Rs. CAMTOD CE LOC DOC EL OMAN CRE © 5 » 312 Discours d'ouverture du cours de littérature slave de M. Cyprien Robert , rapport. M.Sorin....... SATA ERN MATE 51».335 Fragments d’un voyage dans l'Amérique du sud. M. ‘Ehévdore/Pavier. Ne, INR RAPARARN ASS ER HOAANS 5 » 1 Fragment du Mahabarata, traduit par M. Théodore Pavie et analyse de ce poême. M. de Lens............ 5 » 194 Clefs des œuvres de Rabelais. M. L. Cosnier....... .... 6 1.168 Loisirs d’une femme, poésiés par Mme de Loméuie, rap- POPLIMONE DAC ES SR RE Se Ne Re «2 aie JE vrasalete à 6 { 101 SECTION 6€. — BEAUX-ARTS!: Inauguration de la galerie David, au musée d'Angers ; Discours. M. A. Gaultier.:::::::.:::::.::.......... 4» 82 Projet d’une exposition de peinture et de sculpture an- ciennes. M. de Nerbonne fils............:.......... 4 » 91 Programme de l'exposition de peinture et sculpture an- cienneñi 999? si pb 2iG09 4 19 mvogas oies one, 4 » 102 Revue de celte exposition........,...,.,...,,........ 4» 106 XIV vol part pag. Rapport général sur cette exposition... AUTRE &» 186 Tableaux de M. Mesnard d'Angers. M. de Senonnes..... 4 5» 1268 SECTION 7°. — MATIÈRES DIVERSES. Rapport sur Je congrès scientifique de Gênes. M.{Ælie Janvier de la Motte............. LP MéRToe ee M6 1 Procédé pour percer facilement le verre. M. Morren...!: 12.» 441 Mémoire de M. Hossard sur les difformités dans l'espèce humaine, rapport. M. le docteur Billard...:.........11m1 196 Lettres autographes de Catherine de Parthenay et de Henri IV, fac-simile , ....... HE OP COM A0 Le ess. 9 621276 Section 8e — PROCÈS-VERBAUX. Procès-verbaux de l’année 1848 rédigés par M: Beraud; secrétaire général de la Société..:.4..0400, 2200 .. 6 2 251 Indication des objets principaux qui ont été traïtés dans Les séances de, la Société. Souscription à un monument élevé à Geoffroy-Saint-Hi- AIT See ane die sas840 33806 Hasébésonsoneese de » » 251 Réception de MM. Talon, Frédéric-Schultz, Lagrèze, Fos- sat, Trottier. en qualité de membres correspondanis. » » 252 Cours de chimie appliquée, fondé par la Société, de con- cert avec la Société industrielle. ........ NÉ Es » » 253 Projet et discussion sur la fondation d’une société des amis des arts à Angers............................. » » 253 Entrepôts départementaux destinés à recevoir les pro- duits agricoles..... SRE c on ae ee de EE » » 9257 Rapport sur le pressoir saumurois à engrenage...,.... , » »,257 Pressoir économique du Lion-d'Angers...... Fran 0A 2 30 ..» » 258 Lecture sur les Arnault. M. Godard-Faultrier., ........ »,5. 259 M, Morin, jeune artiste angevin et sa copie de la descente de croix de Jouvenet........ ss télseur ee ds Dire 60 XV vol part pag. Réception de M. l'avocat Béclard comme membre titu- laire nsc bise On Edo oO ee ADO OO DMC nr Te HMS dr ÉÉSC oo barre satanar nascécoaree Édoecae Continuation des cours de géologie, de taille et d’arbo- riculture, fondés par la Société.........,....... ia De la place à laquelle la société d’agriculture d'Angers, etc., pourrait prétendre, dans les cérémonies publiques, comme ancienne société royale........ lrcécecede ae De l'emploi des pierres brutes dans les plus anciens mo- numents religieux ; lecture par M. de Beauregard, et réflexions Qui Font SHIVIE 0 Re nee. Analyse du travail de M. Godard-Faultrier, sur Henri nee on aadiasedas-Jedo dl oo eR ess eCe Réception comme membre titulaire, de MM. Textoris et Bellanger: fils... 120. eee UO LB er JDE M. Audusson aîné appelé à professer le cours de taille et d’arboriculture en remplacement de M. Nant........ Fermes cantonales et régionales, — discussion, -- propo- SIDION EE tete MORE CoCe PEReCCHE MODE DEC e De la statistique annuelle des produits agricoles....... Procédé pour la conservation des viandes, découvert par M. Mesnard......... Lorrbcec dec cod : Biographie d’Antoine Arnault. M. Godard LDC CALE Vote de remerciements à M. de Falloux, pour un secours de 200 f., accordé à Ia Société, pour ses cours publics MP CRNSCADUTEST. ce 02 Re Ne Te AN ANS ES Ont € ss... FIN. » » » 262 263 265 265 271 272 275 276 277 277 278 Angers. Imprimerie de Cosnier et Lachèse. pes 0 rm a PTT Mot ï sq tag À: 4 4 Hu dr HV, deg te AS Mes ire ru tre sf le cuca 4 1e éfsmpoobb ennluos ie CES AT ARR ue Lodia'ts te aille sb 9 Re cg 4 we SES LR (se x pa AE sisileaiagek , Kéibaiit ol nd A er on DS Baise: ,Hep0r Mi908 an taie CHA ( 4 Pin ad