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DE L’HISTOIRE DES INSECTES EN GENERAL- Et des vues félon lefquelles on fe propofe de la traiter dans cet ouvrage. O US ne femmes pas encore, à beaucoup près, arrivés au temps où l’on pourra raifonnablement entreprendre uncHiftoire generale des Infeéles : des Sçavants de tous pays fe font plû depuis un fiecle à les étudier; l’attention qu’ils leur ont donnée, nous a valu un grand nombre d’obferyations fûtes & curieufes; cependant Tome 1 . . A 2 Mémoires pour l’Histoire il s’cn faut bien qu’il y en ait encore allés de raffemblées. Le nombre des obfervations neceffaires pour une hiltoire de tant de petits animaux, palfablemcnt complette, elt pro¬ digieux. Quand on penle à ce qu’eft obligé de fçavoir un habile Botanille, on en ell effrayé ; fa mémoire doit être chargée des noms de plus de douze à treize mille plantes; il doit être en état de lé rappeller, toutes les fois qu’il le veut, 1 image de chacune. Entre tant déplantés, il n’en efl peut- être point qui n’ait les Infeéles particuliers; telle plante, tel arbre, comme Je Chefne, fuffit à en élever pluficurs centaines d’eljpeces differentes. Combien y en a-t-il cepen¬ dant, qui ne vivent pas fur les plantes! Combien y en a-t-il d’efpeccs, qui dévorent les autres! Combien y en a-t-il d’efpeccs, qui fe nourriffent aux dépens des plus grands animaux, qu’ellesfucecnt continuellement, ou qui fitccent d’autres infectes! Combien y en a-t-il d’efpeces, dont les unes paffent la plus grande partie de leur vie dans l’eau, &. dont les autres l’y paffent toute entière ! L’immen- fité des ouvrages de la nature ne paroît mieux nulle part que dans i innombrable multiplicité de tant d’efpeces de petits animaux. Un naturalise qui fe réduirait à une hifîoirc particulière de ceux de fon pays, donnât-il à ce pays des limites affés étroites, ne pourrait pas même fe promettre de les décrire toutes. Il n’efl point d’année qui n’offre à. un obfervateur, dans les mêmes cantons, des infedes qu'il n’y avoit pas encore vus. Après tout, nous femmes condamnés à n’avoir en tout genre qu’un fçavoir très-borné, & ce que nous devons regretter le plus, n’eft peut-être pas de ce qu’il y a des milliers d’efpeces de petits animaux qui nous feront toujours inconnues; li nous pou¬ vions parvenir à connoitre toutes les efpeccsde Chenilles, de Papillons, de Mouches, de Moucherons, &c. à avoir des lignes caradériftiques,qui nous feroientdiflinguer les des Insectes. 3 unes des autres, des efpeces qui paroiffent les mêmes au rcfîc des hommes, ce feroit nous charger de connoifîances qui ne laifferoient gucrcs de place à la mémoire la plus vafte pour des faits plus importants. Ce qui nousfuffit, ce me femble, 6c ce dont notre curiofité doit fe contenter, c’eft d’en connoitre les principaux genres, 6c fur-tout de connoître ceux qui fe préfentent fouvent à nos yeux; de fçavoir ce qui leur efi propre à chacun, ce qu’ils offrent de particulier, comment ils fe nourriffent, les différentes formes qu’ils prennent pendant la durée de leur vie, com¬ ment ils fe perpétuent, les merveilleufes induflries que la nature leur a apprifes pour leur conférvation. D’ailleurs, j’avoue que je ne ferois nullement touché d’une énumé¬ ration bien exaéte des efpeces de chaque genre, puffions- nous la frire; il me femble que c’eft affés de confdérer celles qui nous ont fait voir qu elles méritoient d’être dil- tinguées, foit par des adreffes qui leur font propres, l'oit par des formes rares, ou par quelques autres endroits frap¬ pants. Tant que cent 6c cent efpeces de Mouches, 6: de très-petits Papillons, ne nous offriront rien de plus remar¬ quable que quelques légères différences dans les formes tics ailes, dans celles des jambes, ou que des variétés de couleurs, ou que des diftributions différentes des mêmes couleurs, il me paroît qu’on peut les laiffer confondues les unes avec les autres. Quoique nous refferrions beaucoup les bornes de l’étude de l’hiftoire des infectes, il cft des gens qui trouveront que nous lui en laiffons encore de trop étendues : il cil cft même qui regardent toutes les connoifîances de cette partie de i’Hiftoire Naturelle comme inutiles, qui les trai¬ tent, fans héfiter, d’amuféments frivoles. Nous voulons bien auffi qu’on les regarde comme des amufements, c’eft- à-dire, comme des connoifîances qui, loin de peiner, A ij 4 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE occupent agréablement l’efprit qui les acquiert; elles font plus, elles 1 elevent néceffairement à admirer l’auteur de tant de prodiges. Devons-nous rougir de mettre même au nombre de nos occupations, les obfervations & les recherches qui ont pour objet des ouvrages où l’Effre fuprême femble s’être plu à renfermer tant de merveilles, & à les varier fi fort ! L’Hilloire Naturelle cft l’hiftoire de fes ouvrages, il n’eft point de démonffrations de l'on exiitence, plus à la portée de tout le monde que celles quelle nous fournit. Plufieurs auteurs qui nous ont fait confidérer les différents Effres de l’univers, par des endroits par où on ne peut s’empêcher de les reconnoître pour des productions de la puiffance & de la fageffe infinie, paroiffent fouhaiter que les obfervations fur les infeétes le multiplient, parce que les démonffrations de l’exiftence de Dieu le multiplient en même temps. Les recherches, qui ont les infectes pour objet, ne devraient pas même être regardées comme inutiles, par ceux qui ne font cas que de ce que le commun des hommes appelle des biens réels, elles peuvent nous conduire à aug¬ menter le nombre de ces biens. Si on n’eût jamais obiervé les Chenilles, eût-on découvert celle qui fournit tant à notre luxe, & même à nos beioins l Eût-on pû efpérer que le travail d’une feule efpece d’infeéte, deviendrait 1 objet d une des principales parties de notre commerce ; qu’il eût pû donner de l’occupation cà tant d’arts & à tant de manufactures différentes ! La Cire & le Miel des Abeilles ont certainement des utilités réelles pour nous; ceux qui ont obfervé ces mouches induftrieufès dans les forêts, qui ont longé à en faire des animaux domeftiques, qui les ont tranfportées dans les jardins ou aux environs des mailons, pour les y faire multiplier davantage, &pour profiter des fruits de leurs travaux, ne lé lont-ils pas des Insectes. 5 occupés utilement! La Lacque, fi commode pour la Cire à cacheter, d’un fi grand ufage pour les Vernis, & dont on tire une teinture rouge pour les Marroquins, n’eft-elle pas due auffi à des efpeces de Fourmis ailées ! Les foins qu’on a dans le Royaume de Pégu, de ficher en terre une infinité de petits bâtons qui les invitent à venir s’y arrêter, & a y dépolér leur gomme réfineufe, donnent la facilité d’en faire des amas confiderables. Les anciens tiroient leur teinture pourpre, d’un petit coquillage: quoiqu’on dît du temps de Pline, que la découverte en étoit due à un chien qui , en mangeant un de ces coquillages , s’étoit teint les oreilles de cétlc belle couleur, il a fallu que des ©blërvateurs bien attentifs ayent examiné le Limaçon de mer qui la fournilfoit, pour découvrir le petit vailfeau où eft contenue la liqueur propre à cette teinture. Il n’y a gueres d’apparence que les anciens ayent donné à leurs étoffes, des nuances de rouge plus belles que celles que nous fçavons donner à nos draps & à nos tifius de foye; il eft même à croire que nous avons de très-belles nuances en ce genre, qui leur manquoient. Ce l'ont pour-tant des infeéles dont ils ne fçavoient pas fe fervir, d’où nous tirons tous ces beaux rouges. Il eft à prêtent très-bien prouvé que la Cochenille, dont le grand & utile ufage eft fi connu, n’eft qu’un infeélequi multiplie prodigieufement, & qu’on prend foin d’élever dans le Mexique. Un infeéle qui croit fur une efpcce de petit chêne, qui n’y eft bien fènfible que fous une forme, qui reftemble fi peu à celle d’un animal, quelle l’a fait prendre pendant long-temps, même par les phyficiens, pour une (impie galle de l’arbrifTeau, cet infeéle, dis-je, eft employé par nos teinturiers, & c’eft ce que nous appelions le Kermes, ou la graine d’'E'cariaite. Pourquoi croirait-on- qu’il ne refte plus à faire fur les infeéles , de découvertes auffi utiles que celles dont nous A iij * Alan. l'Ac. 171 ■p. 16 S- 6 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE venons de faire mention î Celles dont nous joüiffons, peuvent conduire à en trouver de fèmblables, ou de diffe¬ rents genres. Quand on lçait bien l’hiftoire du Kermès, celle de la Cochenille, on eft en état de reconnoître les infedes qui leur font analogues, & de rechercher s’il n’y en a point de ceux-ci, dont nous publions retirer les mêmes utilités. C eft en obfervant les coquillages qui donnaient la pourpre aux anciens, que j’ai oblervé une efpece de petit de œuf*, commun fur certaines côtes, qui fournit une tein- ’■ ture rouge qui ne devrait pas être ilégligée, éè qui leroit admirable pour les toiles. Ces galles, fi connues fous le nom de Noix de galles , qui nous fervent pour nos tein¬ tures noires, pour la compofition de l’Encre, naiffent à la vérité fur des arbres, mais ce l'ont des infedes qui les font naître. Un des plus anciens & des plus fmguliers ufages qu’on ait imaginé de faire des infedes, c’elt celui de s’en lêrvir pour faire meurir certaines efpcccs de figues ; on les y employoit du temps de Theophrafte, &. de celui de Pline, & AI. de Tourncfbrt a vu fubfifter la même pratique dans les ifles de l’Archipel, où la récolte de ces fruits eft un objet confidérablc pour les payfans. On y élève deux efpeces de figuiers, le fauvage, qui eft le Caprificus des Latins, & le domeftique. Le fauvage a des fruits plufieurs fois dans l’année, dans lefquels naiffent des vers qui fe trans¬ forment en moucherons. Le fecours des moucherons des figues fauvages, eft regardé comme ncccffaire pour faire meurir les figues domeftiques ; la plupart tombent fans venir à une parfaite maturité, fi ces infedes ne viennent les picquer à propos. Pendant les mois de Juin & de Juillet, les payfans cueillent des figues fauvages, & après les avoir enfilées dans des brins d’herbes ou de bois, ils les portent fur <.lcs figuiers domeftiques : ils font attentifs chaque loir, à des Insectes. 7 obferver les figues fauvages qui l'ont en état d’être cueillies, c’efi-à-dire, qui contiennent des infeéles prêts d’en fortir, & attentifs à obferver les figuiers domefliques qui ont befoin qu’on leur en donne. Si le tranfport des figues fauvages n’eft pas fait à propos, les figues domefliques tombent fans meurir. Il y a grande apparence que la né- ceffité de cette pratique a été confirmée par des expériences louvent réitérées, puilque les paylans examinent avec foin & inquiétude pendant le refie de l'année, fi les figues des figuiers fauvages feront en état de fournir des moucherons dans le temps convenable ; la récolte des moucherons efl néceflaire pour faire celle des figues. Quand ces mou¬ cherons manquent aux payfàns, M. de Tournefort dit qu’ils ont encore une reffource, quoique légère, c’efl de répandre fur les figuiers domefliques 1 'Afcolornbros, plante très-commune dans le pays, < 5 è dans les fruits de laquelle naiffent des moucherons propres à picqucr les figues. Dans la plupart de nos elpcces de fruits, ceux qui font picqnés par des vers, qui fe nourriffent dans leur intérieur, font les premiers meurs ; les premières prunes, les premières poires à maturité font ordinairement verreufes. Les figuiers de l’efpece qu’on cultive en Grèce, feraient-ils les feuls arbres dont on put utilement avancer la maturité des fruits, & d’une plus grande quantité de fruits, par les picqueures des infeétes! Je m’arrêterai peu aux remedes que nous pouvons tirer, & que nous tirons des infeéles ; les anciens nous en ont indiqué un bon nombre, dont Guillaume Vanden- Boffche a raffemblé une partie dans le q.. me Livre de fou Hilloire Médicale des Animaux. Qui compterait fur l’effi¬ cacité de tous ces remedes, aurait apparemment tort ; mais il efl certain qu’il y a des maladies dans lefquelles l’appli¬ cation des Mouches Cantharides produit de bons effets; 8 MEMOIRES POUR L’HlSTOlRE qu’il y en a où l’on tire du fecours des petites faignées faites par les Sangfuës ; que les Cloportes, les Vers de terre, & bien d’autres infeétes fourniffent auffi des remedes utiles. Le mérité de ces gouttes, ou de cet dprit qu’on tire de la foye, eft reconnu. Le Kermès, que nous avons cite ci-dcflùs pour les teintures, entre dans la compofition de l’Alkermes, & eft la bafe d’un firop vanté, & appelle Sirop de Ravies. Dans Lhiltoire des infééîes, il refie un grand champ à des découvertes utiles, d’un genre tout oppofé au genre de celles dont nous venons de faire mention. Une infinité de ces petits animaux défolcnt nosplantcs, nos arbres, nos fruits. Ce n’cfl pas feulement dans nos champs, dans nos jardins qu’ils font des ravages, ils attaquent dans nos mai- ions, nos étoffes, nos meubles, nos habits, nos fourrures; ils rongent le bled de nos greniers; ils percent nos meubles de bois, les pièces des charpentes de nos bâtimens; ils ne nous épargnent pas nous-mêmes. Qui, en étudiant toutes les différentes efpeces d’infeéfes qui nous font nuifibles, cher¬ cherait des moyens de les empêcher de nous nuire, qui en chercherait pour les faire périr, pour faire périr leurs oeufs, fc propoferoit pour objet des travaux importants. C’efl dans cette vûë que j’ai lliivi l’hifloire desTeignes : le plaifir que j’avois à obfervcr l’admirable induflric qu’elles me décou¬ vraient, ne m’a point féduit, il ne m’a pas empêché de cher¬ cher les moyens les plus efficaces de les faire périr : J’ai déjà fait imprimer dans les Mémoires de l’Académie de 1728, ce que j’ai trouvé de mieux pour défendre les ouvrages de laine, & les pelleteries, contre leurs attaques. La confervation des grains eh un des plus grands objets que puifîènt le propofer ceux qui gouvernent des Etats; leur attention & leur zelc pour le bien du genre humain ne feroicnt-ils pas dignes d’éloges, s’ils excitoicnt, par des récompcnfes des Insectes. 9 réeompenfes promifes , à découvrir le fecret de défendre nos bleds contre les infeétes qui y font de li grands ra¬ vages , iorfqu’ils fe font introduits dans les greniers, qui y réduilènt les plus gros tas de grains à n etre plus que des tas d’un fon léger ! De pareils fecrets ne fçauroient être trouvés que par ceux qui étudieront bien ces inlêéles. Souvent les charpentes des bâtiments périment, parce que des vers ont pénétré dans l’intérieur des plus grolfes pièces, qu’ils en ont haché les libres, qu’ils les ont ré¬ duites en fcieure & en poulïiere. Nous voyons tous les jours des meubles de bois dellinés à des ufages qui ne les fatiguent nullement, qui dureroient des fuites de fie- cles, s’ils ne devenoient calfants parce qu’ils deviennent vermoulus, c’eft-à-dire, parce que les vers ont pulvcrifé leur intérieur. Des recherches où l’on fe propoleroit d’empêcher les vers de percer nos bois d’ouvrages, iroient directement au bien public. Dans ce genre, de quelle utilité ne feraient pas des expériences qui feraient décou¬ vrir les moyens d’arrêter ces Vers redoutables, dont la tête eft armée de coquilles, qui criblent fous l’eau les plus gros vaifléaux, &qui depuis quelques années caufent de grandes inquiétudes à la Hollande, pour s’être établis & trop multipliés dans les bois qui foutiennent les digues! Enfin ne feroit-il pas agréable d’empêcher les Chenilles de dépouiller entièrement de leurs feuilles les arbres deE tinés à nous donner des fruits ou une ombre agréable; de trouver le fecret d’empêcher que nos fruits de toute efpece fulfent auiïi attaqués par les vers qu’ils le font dans certaines années ! Les abondantes récoltés que nous promettoient nos arbres fruitiers fe réduifent quelquefois à peu, leurs fruits tombent avant que d’être à maturité , ou meurs, ils ne peuvent être confervés parce qu’ils font yerreux. Tome 1 . B 10 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE II y a un grand nombre d’autres découvertes à defirer, qu’on ne peut attendre que de ceux qui obfervent bien les infeéles ; ils peuvent meme nous en procurer dont nous n’avons point d’idée. Je ne dilconviendrai pourtant pas que le nombre des obfcrvations utiles que nous fournit l’hiftoire des infetffes, & même que le nombre de celles qu’on peut en efpcrer, eff petit en comparaifon du nombre, qu’elle nous offre,, rie ces obfcrvations qu’on appelle purement curienfes- Mais avec quelle feience cela ne lui eff-il pas commun l D’ailleurs fouvent ce que nous ne regardions que comme curieux, tient de bien près à l’utile; fouvent quand l’utile eli découvert, on voit que ce qui ne fembloit que de pure curiofité, nous a conduit à le découvrir. Après tout, ce n’eff pas fur l’utilité des ouvrages qu’on eff le plus rigide, c’eff même fur quoi on ne l’eft peut- être pas affes ; on en veut fur-tout qui plaifent, qui amii- fent, & ce ne font pas les plus utiles qui plaifent le plus. Ce n’eff: pas affurément la faute de la matière, fi nous n’avons pas fur les infeeffes des ouvrages que tout le monde veuille lire. Le goût du merveilleux cft un goût general, c’eff ce goût qui fait lire plus volontiers des Ro¬ mans,. des Hifforiettes, des Contes Arabes, des Contes Perfans , & même des Contes de Fées, que des hiffoircs vrayes. Il ne fe trouve nulle part autant de merveilleux, & de merveilleux vrai que dans l’hiffoire des infeeffes ; mais nous avons peu d’ouvrages dans- notre langue qui en traitent, le nombre même de ceux qui font écrits dans d’autres langues n’eff pas grand. Les plus conûdcrables de ces ouvrages, ceux qui contiennent une plus grande quantité d’obfervations, font pour la plûpart faits de ma¬ niéré à ne pouvoir plaire qu’à ceux qui aiment déjà cetts efpece d’étude, mais ils ne font pas propres à la faire des Insectes. h armer. II en a coûté beaucoup de temps & de travail a M. Ray, pour décrire plufieurs centaines d’efpeces de Chenilles & de Papillons ; ces defcriptions font auffi la grande partie de fon hilloire des infeéles : quoique, fans être longues, elles foient bien circonltanciées, il faut avoir une grande patience pour en lire une vingtaine de fuite ; on efl bien-tôt las de n’entendre parler que de differents arrangements ou de differents mélanges de couleurs, de taches, de rayes: d’autant plus que cet ou¬ vrage manquant de figures, l’imagination n’eff point foû- ïenuë, elle a tout à faire. M. de Merian a été conduite à Surinam par un amour véritablement héroïque pour les infeéles ; ç’a été une elpece de phénomène, de voir une dame traverfer les mers pour aller peindre ceux de l’Amerique, après avoir peint un grand nombre de ceux d’Europe : elle en eff revenue avec les tableaux d’un grand nombre d’admira¬ bles efpeces de Papillons & de Chenilles, qui ont été magnifiquement gravés. Le recueil des planches où ces infecles font reprefentés ne fçauroit manquer de plaire aux yeux, mais il Iaiffe àdefirer des difeours qui appriffent quelque choie de plus que ce que les figures montrent, & ceux qui les accompagnent n’apprennent gueres da¬ vantage. L’ouvrage qu’Llcazaf Albin, peintre, a donné en 1720 fur les infeéles, & fur-tout fur les Papillons & fur les Chenilles, de l'Angleterre, 11’eft fait auffi que pour les yeux. Goedaert eff un des premiers qui ait fuivi les transfor¬ mations des infeéles avec une grande attention & une grande patience. 11 étoit peintre, il en a peint lui-même lin nombre confiderable lous leurs differentes formes; il écrivoit les obfervations qu’ils lui offraient, mais il avoit plus le talent dépeindre que cçiui d’obferver. Son ouvrage B i, 12 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE imprimé d’abord en Hollandois, a été enfuite traduit dans notre langue ; il eff un des plus étendus que nous ayons dans ce genre; en y trouve les transformations de quantité de diverlés efpeces d’infeéîes, mais rapportées un peu trop léchcment. D’ailleurs l’ouvrage n’a été im¬ primé qu’après la mort de l’auteur, & fans aucun ordre,. Tout y ell pêle-mêle dans les éditions qui en ont été faites en Hollandois & en François. M. Lifter en a donné une édition Latine exempte de ce défaut. Il y a de plus joint des notes, dont plulieurs étoient abfolument necef- iâires pour tenir en garde contre les endroits où Goedaem eft tombé dans des meprifes qui lui ont été juflement reprochées par Swammcrdam, mais qui lui étoient par¬ donnables dans le temps où. il écrivoit, où l’on ne com- mençoit encore qu’à défricher la fcience des infeétes^ Tout ce que nous avons aétuellement de meilleur & de plus agréable fur cette matière, ce font des difTertations & des obfervations de différents fçavants, qui pour la plu¬ part font femées dans des Journaux littéraires & dans les Mémoires des Academies. Des vues extrêmement loua¬ bles ont déterminé depuis peu un auteur à extraire de ces différents ouvrages ce qui lui a paru de plus curieux; il l’a donné au public fous le titre de Spcdacle de Lt> Nature. La part que j’ai aux obfervations qu’il a fait en¬ trer dans fon ouvrage, ne me permet pas même de le louer en general fur les choix qu’il a faits; mais la ffrçon dont les obfervations y font rapportées a été mieux louée que je ne le pourrois faire, par l’empreffement que le public a eu rie les lire ; à peine le Livre a-t-il paru, que l’édition a été enlevée. Ceux même qui ne voyagent que pour voyager, font conduits dans les pays qu’ils parcourent par un différent cfprit de, curiofité. Ce font les mœurs, le génie des des Insectes. 13 peuples, leurs religions, dont les uns aiment à s’inflruire. D’autres font uniquement touchés des productions que la nature y offre. Entre ceux-ci les uns le piaffent à ob- ferver les plantes, d’autres à obferver les animaux. Ce font les minéraux qui attirent l’attention des autres. D’autres ne s’attachent qu’à recueillir de précieux reltes de l’anti¬ quité. Ce que les pratiques & les ouvrages des arts ont de particulier, elt ce qui en occupe d’autres. L’hiftoire des infedes elt un vafle, & je puis dire un immenfè pays, qu’on peut parcourir dans differentes vues. La partie par où elle m’a le plus intereffé, elt celle auffi à laquelle on fera plus généralement fenfible, c’clt celle qui embraffe tout ce qui a rapport au genie, aux mœurs, pour ainfi dire, aux induftriesde tant de petits animaux. J’ai obfcrvé autant que j’ai pû, leurs differentes façons de vivre, com¬ ment ils fe procurent les aliments convenables, les rufes dont plufieurs ufent pour fe faifir de ceux qui doivent être leur proye, les précautions que d’autres prennent pour fe mettre en fureté contre leurs ennemis, leur pré¬ voyance pour fe défendre contre les injures de l’air, leurs foins pour fe perpétuer, le choix des endroits où ils dé- pofent leurs œufs, tant afin qu’ils n’y courent aucuns rifques, qu’afin que les petits qui en éclorront trouvent à portée une nourriture propre , dès l’inflant de leur naiffance. Le foin que d’autres ont de nourrir eux-mêmes leurs petits, de les élever. C’eft fur tout cela, ce me fem- ble, qu’on ne lçauroit raffemblcr trop d’obfervations. Ceux même à qui une Araignée paraît ie plus hideufe, aimeront à apprendre qu’il y en a une eipece qui ren¬ ferme les œufs dans une petite boite de loye qu’elle porte toujours avec elle; que lorfique les petits font nés, iis montent fur le corps de leur mere, qu’ils s’y arrangent ks uns auprès des autres, qu’ils s’y tiennent cramponnés 14 . MEMOIRES POUR L’HïSTOIRE lorfqu’elle court avec le plus de vîteffc. On fiera touche du foin qu’ont les Abeilles & certaines Guelpes, de porter plu- fieurs fois, chaque jour, la becquée à leurs petits, comme le font les oiféaux. Que d’aijtres depofent leurs vers dans des cellules qu’elles conftruifent de terre ; qu’elles les y renferment avec la proVifion d’aliment qui leur eh necei- faire jufqu a leur accroiflèment parfait. Des infeéles naif- fent avec une peau tendre & délicate que l’air defleche- roit trop, & qui ne refilleroit pas aux frottements qu’elle feroit expofée à effuyer. La nature leur a appris à lé faire de véritables habits ; les uns iè les font de laine, les autres de foye, d’autres de feuilles d’arbres, & d’autres de diffe¬ rentes autres matières : les uns les fçavent allonger & élargir dans le befoin ; les autres fçavent s’en faire de neufs quand les leurs font devenus trop courts & trop étroits. Un infieéle, c’eft le Formica-leo, elf obligé de vivre de proye ; quoiqu’il ne puilfe marcher qu’à recu¬ lons ; la rufe lui donne ce que les autres obtiennent au moyen d’une meilleure dilpofition de leurs jambes. 11 fçait fe faire un trou en manière de tremie ou d’enton¬ noir dans un labié roulant ; il fe polie à l’affik au fond de ce trou, ayant les deux cornes toujours ouvertes & prêtes à faifir les infeétes qui y tombent pour avoir mar¬ ché imprudemment fur les bords d’un précipice toujours prêts à s’ébouler. De pareils Lits paroîtroient admirables à qui fçait le moins admirer. La prodigieufe variété tics formes des infcéles de dif¬ ferentes dalles & de différents genres, offre un grand fpeétacle à qui fçait le confiderer : quelle variété dans la figure de leur corps, dans le nombre des jambes, dans leur arrangement, dans la figure & la ftruéture des ailes, dont les unes font des cfpeces de gazes, & dont les au¬ tres font couvertes de pouffiere de figures régulières, & des Insectes. 15 arrangées comme des tuiles ; d’autres ailes ont des étuis, dans lefquels elles fe tiennent le plus fouvcnt pliées avec art ! Mais combien de merveilles nous font cachées, &. le font pour toujours! Que nous en découvririons, fi nous pouvions voir difiinélement tout l’artifice de la firuéture intérieure de leur corps! Un fauvage né & élevé dans les plus épaifies forêts du Nord, qui lé trouverait tout d’un coup tranfporté devant un de nosfuperbes palais, conce¬ vrait de grandes idées des hommes qui ont élevé de tels édifices. Mais il aurait bien d’autres idées de l’induftrie des hommes de ce nouveau pays, s’il parvenoit avoir tout ce que renferme l’intérieur de ces palais, & à pren¬ dre quelque eonnoiflance de tous les differents arts à qui font ducs les commodités & les ornements qui y font ralfemblés. Nous louâmes dans le cas du fauvage, à qui il ne ferait prefque permis que de contempler les dehors de nos édifices ; les merveilles prodiguées dans la conl- truélion intérieure des infeéles nous échappent. Nous 11c lai (Tons pourtant pas d’y voir bien des mécaniques fur- prenantes, & qui doivent exciter ceux qui étudient les infeéles, à pouffer plus loin leurs recherches. On a dé¬ couvert que les Chenilles ont un cœur ou une fuite de cœurs, qui règne d’un bout à l’autre de leur dos : on a découvert que la plupart des anneaux dont leur corps efi compofé, ont deux ouvertures ou deux bouches defii- nées à refpirer l’air. Des animaux un peu plus grands, les E'creviffes, nous ont appris que la nature en a faits dans qui il fe forme chaque année un nouvel efiomac, doub¬ la première fonélion efi de digerer l’ancien. Quelle ad¬ mirable organifation 11e fuppofent pas ces changements de formes qui fe font dans la plupart des infecles pendant le cours de leur vie, dans ceux qui après avoir accu, & 16 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE cru fous la forme de Chenilles, prennent celle de Crifà- lide, & enfin celle de Papillon ! Sans changer de forme, les Chenilles & quantité d’autres infe&es changent plu- fieurs fois de peau : ce font des operations moins fri¬ pantes que les autres, qui pourtant fuppofent une belle mécanique, & qui paroiffent fort fmgulieres à ceux qui remarquent combien les dépouilles que les infectes quit¬ tent alors font complettes ; il n’eft aucune de leurs parties extérieures dont l’enveloppe ne s’y trouve. Ainfi ces infeétes , qu’on avoit regardés autrefois comme des animaux imparfaits, & à qui on en donnoit le nom, bien examinés, font voir qu’il entre dans la compofition de leur corps plus de parties, que dans celle du corps des animaux dont nous avons la plus haute idée. Un grand nombre de ces parties nous font cachées par leur petiteffe, & les ufages de celles qui font à la portée de nos yeux feuls, ou de nos yeux aidés du fe- eours d’une loupe, font fouvent difficiles à rcconnoître. Comment reconnoîtrions-nous tous leurs ufages, puif- que malgré les diffeélions fans nombre qui ont été faites des cadavres humains, nous ne fçavons pas à quoi fervent plufieurs parties de notre corps , quoique de groffeur conliderable î L’ufage de la ratte, par exemple, n’efl pas encore connu. Il y a pourtant dans l’interieur des infeéïes, quantité de parties qu’une dextérité médio¬ cre , & un peu d’habitude à les chercher font aifément découvrir; tels font fouvent les inteflins, l’eflomac. Nous ferons même voir que plufieurs ont ce vifeere muni de dents de formes differentes & différemment diipofées. On trouve aifément leurs poumons finguliers, ou les tra- cnées qui les compofent. On trouve les parties de l’un Si de 1 autre (exe deflinées à la génération. On voit bien des fîngularités fur la ftruélure de leurs bouches, fur celle de des Insectes. 17 de leurs trompes. Quand quelques-unes des parties dont nous venons de parler, nous ont offert des particularités remarquables, nous les avons décrites & fait deffiner. Je 11’ai pourtant eu garde de me propofer de donner des defcriptions anatomiques complettes de chaque infeélc; il n’y en auroit point qui ne fournît la matière d’un long Traité, fi on vouloit décrire exactement tout ce qu’on y peut voir. Peut-être même 11e lerons-nous que trop entrés dans les détails anatomiques au goût de quelques ieéteurs, au lieu que ceux qui font plus fenfibles aux beautés & aux variétés tic conftruclion que renferment les machines animales, fouhaiteront fouvent des recher¬ ches pouffées plus loin que celles que nous donnerons. On ne fe laffe point d’apprendre des faits du genre de ceux que nous venons d’indiquer; ceux qu’on a appris mettent lur la voye d’en découvrir de nouveaux; les pro¬ menades qu’on ne deftine qu’au délaffcment, en devien¬ nent plus agréables & plus amufantes, clics inflruifent. Alors des yeux, devenus curieux, & attentifs à o'bferver, y voyent ce qui échappe aux autres ; tout fe trouve animé pour eux; les arbres, les plantes, les feuilles, les fleurs, 11e font plus Amplement des fleurs , des feuilles, des plantes, des arbres, ce font autant de pays habités : les infeéfes qui font deffus, & qui, lorfqu’on n’étoit point familiarifé avec eux, paroiffoient à craindre, ou au moins dégoûtants, offrent alors un fpeélacle qui s’attire de l’at¬ tention ; quand on fe rappelle quelques-unes de leurs induflries, on les voit avec plaifir, on s’arrête à conliderer leurs formes fingulieres. On s’arrête volontiers à confi- derer une Chenille, un Ver, quand on fçait quels infeéfes ailés ils doivent être un jour ; on examine avec plus de plaifir une Mouche, un Papillon, quand on connoit ôc qu’on fe rappelle les formes lotis lefquelles ils ont vécu Tome /. . C 18 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE ci-devant ; on ne voit pas Simplement leVer & la Che¬ nille , la Mouche & le Papillon, on voit en même temps les formes que les uns doivent prendre, & celles par lef- quclles les autres ont paffé. Par ces mêmes railons il ma paru que les infeétes qui fe trouvent le plus fouvent fous nos yeux, étoient ceux que l’on devoit le plus chercher à connoître ; ce font ceux, pour ainfi dire, avec qui nous avons à vivre ; ce font auffi ceux fur qui j’ai raffemblé le plus d’obfervations: la fuite de celles, que j’ai à rapporter, fur les differentes claffes & furies principaux genres d’infedles, pourra être regardée comme une ébauche de leur hillo'ire, ou comme des éléments de la fcience des infcéles. Plus on obfervera ces petits animaux, & plus ils feront voir de faits & d’aéfions remarquables, qui dédommage¬ ront de ce qu’on trouvera à retrancher dans leur hiftoire des merveilles de certains genres, qui leur ont été attri¬ buées par ceux qui ne les avoient pas regardés avec des yeux affés philolophes; car il faut avouer qu’il y a des merveilles de certains genres, qui leur ont été trop pro¬ diguées. Plufieurs auteurs, & fur-tout ries auteurs des fic¬ elés anterieurs à celui-ci, qui ont écrit fur l’hifloire des infeéfes , femblent avoir été feduits par la palTion qu’ils ont prilè pour eux ; ils ont été trop pleins d’admiration peureux, ou au moins ont voulu nous en trop remplir: ils leur ont nui en cherchant à les faire valoir fans affés de ménagement. Quand des leéfeurs fenfés, qui ne font pas à portée de veriher des obfervations dont on leur fait le récit, les trouvent accompagnées de détails dans lefquels ils peuvent reconnoître plus que de l’incertitude, ils font tentés de regarder comme fabuleux le récit entier; ce qu’il a de vrai ne fçauroit plus l’être pour eux. Ce font fur-tout les éloges qu’on a donnés à l’intelligence des Insectes. 19 clcs infectes, qui nont pas été affés mefurés : on les a fait penfer & agir comme nous, & fouvent même on les a loués de ce qu’ils penfoient &agiffoient mieux que nous. Il n’efl forte de connoilfances qu’on ne leur ait accordée; on leur a trouvé toutes les vertus morales, même les plus fublimes ; & fur quels fondements ! fur des fondements louvent tout-à-fait puériles. La Mente, qui approche du genre des Sauterelles, mais dont le corps elt beaucoup plus effilé, a de longues jambes, elle plie, &pofe quelque¬ fois les deux premières l’une contre l’autre, le tenant pref- que droite. Il n’en a pas fallu davantage pour en faire un infeéte dévot fon attitude imite alors celle où nous joignons les mains, on lui a fait prier Dieu : le peuple de Provence l'appelle même Preguedieu. Sa charité, dit-on, elt Mcuftt, grande, au moins pour les enfants; lorfqu’il y en a quel- P- ljS - qu’un qui lui demande le chemin, elle le lui montre avec un de lés pieds ; on affine qu’il elt rare quelle le lui en- feigne mal, que cela n’arrive prefque jamais. On a donné aux Fourmis du refpeél pour leurs morts, on a loué les foins avec lefqucls clics leur rendent les devoirs funèbres; & cela fur ce quelles tranfportent hors de la fourmilière les cadavres de celles qui y l'ont mortes, comme elles tranf¬ portent ceux des Mouches, des Chenilles, des Cloportes, &des autres infeéles qui y font venus mourir, ou quelles y ont tués. On a voulu nous faire regarder les focietés des Abeilles comme l’exemple du parfait gouvernement mo¬ narchique, comme fi toujours conduites par un chef, par un roy, elles ne travailloient aux differents ouvrages aul- quels elles s’occupent, que pour executer les ordres. On a vanté leur admirable fubordination. Tout ce que nous fçavons pourtant, c’elt qu’elles travaillent en commun avec beaucoup d’induffiie à differents ouvrages. Leur roy efl devenu une reine, & enfuite plufieurs reines ou femelles. 20 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE que nous fçavons être prodigieufement féconcics ; mais a durement nous ignorons fi elies donnent des ordres à tant douvrières, & rien ne conduit à le penfer, malgré tout ce que nous en a rapporté le plus grand des Poètes Latins. Des auteurs, d’ailleurs extrêmement Liges & ré- fervés, ont été tentés de donner jufiqua de la modedie & de la pudeur à ces meres ou reines des Abeilles ; ils leur ont fait une cour, qui entre dans leurs fentiments, qui forme une efpece de rideau devant celle qui pond lès œufs. Voilà affûrément des vertus bien lingulieres pour des mouches ! Elt-ce à nos regards, ou à ceux des inlèétes qui font hors de la ruche, que les AbeilleS veulent cacher leur reine pendant quelle ed dans une operation peu décente ! Elles la cacheraient d’ailleurs allés en conti¬ nuant leurs travaux ordinaires, le nombre des habitants d’une ruche ne permet que trop peu de voir ce qui s’y palfe. On veut encore que ce temps où la mere ell occupée à faire des œufs, l'oit un temps de fête, & de réjouilfances, pendant lequel fe délaflent ces mouches li laborieufes. Pour trancher le mot, ce font-là des contes qui ne fçauroient gueres amufer que des enfants. Goe- daert, dans le peu de dilcours qui accompagne les obfer- vations, nous a laide quelques contes de cette efpece. L’état où fe trouvent fouvent les feuilles des ch ev refeu ils, a fait connoître de rede les petits infeéles qui fe multi¬ plient trop fur cet arbrifleau & fur beaucoup d’autres plantes, on les appelle des Pucerons ; on les voit prefque toujours entourés de Fourmis. Goedaert penfe que c’eft par pure bonté dame que les Fourmis cherchent ainfi les Pucerons, que c’elt pour les défendre contre leurs ennemis, enfin que les Fourmis ont du tendre pour ccs petits infeéles, qu’elles fe plaifent à leur faire des carelfes. Il nous rapporte jufqu’aux difçours quelles leur tiennent. des Insectes. 21 On fcnt bien que Goedaert n’étoit pas a des au fait de leur langue pour les entendre difcourir, & qu’il ne nous a voulu donner ces difcours que comme des gentilleiïes : mais ce qu’il veut réellement, c’eft que les Fourmis ayent une tendreffe naturelle pour les Pucerons, qu’elles cher¬ chent à les défendre. Ce qu’il y a de vrai, comme nous le dirons dans l’hiftoire tics Pucerons, c’elt que les pré¬ tendues careffes des Fourmis font intereffécs, elles trou¬ vent , & vont recueillir Si lécher fur le corps des Pucerons une liqueur miellée qui efl fort de leur goût. Aux curieufes obfervations que Goedaert nous a rapportées fur les répu¬ bliques des Bourdons, il en a joint piuheurs de la nature de la précédente : il veut, par exemple , qu’il y en ait un qui foit chargé chaque matin tle réveiller tous les autres; c’elt le lonneur, & il lui fait fonner la cloche. Si cela, en faifant un bourdonnement confiderable avec fes ailes, qu’il agite avec une grande vîtelfe. Quoiqu’il afiure que c’eft une obfervation qu’il a faite plufieurs fois, Si qu’il en a eu pour témoins des curieux de l’hifloire naturelle, il ne paroît pas avoir pris tous les foins néceflaires jiour s’inftruire s’il y a réellement un Bourdon qui foit pourvu de la charge de honneur : on ne voit point qu’il fe foit donné la peine de marquer celui qui efl obligé de fe lever plus matin que les autres, Si de les éveiller. On fera apparemment difpofé à croire, qu’ici tout fe réduit à ce que les Bourdons agitent leurs ailes à leur réveil, après le repos de la nuit, pour les dégourdir, & qu’il y en a toujours quelqu’un plus diligent que les autres, quoique ce ne foit pas le même chaque jour, qui fe met le pre¬ mier en mouvement, & qui veut fortir le premier ; que c’eft celui qui fort le premier, que Goedaert a crû chargé du foin de réveiller les autres. Mais refuferons-nous toute intelligence aux infedes, C iij 22 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE ics réduirons-nous au funple état de machine î C’efl-là b grande queflion de lame des bêtes, agitée tant de fois depuis M. Defcartes, & par rapport à laquelle tout a été dit dès quelle a commencé à être agitée. Tout ce qui a dû refulter des difputes quelle a fait naître, c’eft que les deux fentiments oppofés ne foûtiennent rien que de très- poffibie, mais qu’il cft impofïible de démontrer lequel des deux elt le vrai. Si quelqu’un fe contentoit de foûte- nir que Dieu a pu faire des machines capables de croître, de fe multiplier, & d’executer tout ce que les infeétes ou les autres animaux exécutent, qui oferoit nier que la Toute-puiffance ait pû aller julques-là! Mais fi quelqu’un foûtenoit que Dieu a pû donner aux infeéles des intelli¬ gences égales ou fuperieures même aux nôtres, fans nous mettre à portée de connoître qu’il les leur a données ; fi ce quelqu’un foûtenoit qu’une Huitre, toute vile qu’elie efl à nos yeux, quoyque fixée à paffer fur le même mor¬ ceau de rocher une vie qui nous paroît fort trille, y peut jouir d’une vie très-agréable, étant toûjours occupée des plus hautes fpeculations, on ne fçauroit lui nier que le pouvoir fuprême ne puiffe aller là & plus loin ; il peut créer & placer des intelligences où il veut. Nous voyons dans les animaux, & dans les infeéles autant que dans aucun des autres, des procédés qui nous donnent du penchant à leur croire un certain degré d’in¬ telligence; nous y fommes conduits en raifonnant par analogie. Mais on leur reproche que leurs procédés font trop confiants, qu’ils ne nous font pas voir des fuites d aélions affes variées. Cette hifloire néantmoins nous donnera lieu plus d’une fois de faire remarquer, qu’il y a des infeéles qui fçavent varier leurs procédés quand les circonflances le demandent. Pour réduire pourtant les choies au vrai, chaque efpece d’infede n’a, pour ainfi dire. des Insectes. 23 que Ton tour d’adreffe par lequel elle fçait attirer notre admiration. Mais nous biffent - ils voir des actions plus furprenantes, plus variées, des fuites d’adions femblables aux nôtres, ils ne gagneroient rien encore auprès de ceux qui fe font obftinément déterminés à leur refufer des âmes. La métaphyfique d’un fçavant, illuftre en tant de genres differents *, l’a conduit à croire que nous n’agiffons * ai. Leibnitz nous-mêmes à l’exterieur que comme de pures machines, que le corps de chaque homme eft une machine qui a été conftruite pour executer une fuite de mouvements & d’adions , qui eft celle que lame, deftinée à habiter ce corps, fouhaitera qu’il execute pendant qu’elle l’habitera. Un defirqu’011 nefçauroit allés louer, celui de donner de grandes idées de l’auteur de l’univers , de faire mieux voir l’étendue de fa providence, a conduit à bien des ju¬ gements trop précipités , & à bien de faux raifonnements ceux qui ont voulu nous affigner les caufes finales des faits & des obfervations que leur avoient fourni les in- fedes, qu’ils n’avoient confiderés qu’en pafifant. Dès que nous ouvrons les yeux, tout nous prouve fa fttgeffe; elle a fans doute agi pour une fin, & pour la plus noble de toutes les fins. Mais pouvons-nous nous promettre de dé¬ couvrir les differentes fins qu’elle s’eft propofées dans la conflrudion de chacun de fes ouvrages, & dans l’arrange¬ ment de chacune de leurs parties, fes fins particulières, s’il eft permis de parler ainfi, de celles de l’E tre qui voit tout fous un fcul &même point de vûë ! On a pourtant crû les appercevoir par tout, & rien n’eft plus ordinaire aux auteurs qui ont parlé des infedes , que de nous vouloir indiquer des caufes finales qu’ils euffent recon¬ nues n’ètre pas les vrayes, s’ils euffent pris la peine de raffcmbler plus d’obfervations , & de les comparer en- femble. Une Chenille fe renferme dans une coque, d’où 24 Mémoires pour l’Histoire elle doit fortir papillon ; on a loué la Providence de ce cu’elle avoit appris à fe faire des coques épaiffes & folides a ces infectes, lorfqu’ils y doivent relier renfermés plu- fieurs mois, fur-tout pendant tous ceux de l’hyver, & de ce quelle n’avoit appris à d’autres qu a fie faire des coques minces, parce qu’ils ne doivent les habiter que pendant deux à trois lemaines, & cela dans une faifon allés douce. Mais des obfervations plus fuivies euffent appris qu’il y a des infeéles qui paffent neuf à dix mois, & tout l’hyver dans des coques minces , pendant que d’autres s’en fabriquent d’extrêmement folides pour n’y demeu¬ rer que quinze à.vingt jours d’été : qu'il y a plus, tel inlcéle ne relie que quelques lemaines en été fous une enveloppe pareille à celle fous laquelle un autre infeéle de la même efpece palfe tout l’hyver. La variété des cou ¬ leurs des Chenilles cil affûrément admirable, mais on 3 voulu nous faire admirer, par rapport au choix des cou¬ leurs propres à chacune , ce qui ne l’étoit pas. On a dit que la Providence, pour pourvoir à leur confervation , de crainte que les oifeaux ne les eulîent bien-tôt détrui¬ tes, leur avoit donné à chacune la couleur des feuilles ou des tiges des plantes & des arbres fur lefquelles elles vi¬ vent. 11 n’ell pourtant gueres d’arbres, guercs de plantes qui n’euffcnt détrompé de cette idée, fi on fe fût donné ia patience d’examiner les Chenilles qui les habitent ; fur la même plante, on en eût trouvé un grand nombre d’el- peces de couleurs tout-à-fait differentes. Il y a affûrément des caufes finales particulières qui nous font connues, mais peut-être y en a-t-il moins que nous ne croyons, ou au moins ne les connoiffons-nous pas dans toute leur étendue. Que l’œil ait été fait pour voir, la bouche pour recevoir les aliments, les dents pour les broyer, l’elto- mac pour les digérer, ncus n’en figurions douter. Que les des Insectes. 25 les aîles ayent été données au commun des infectes pour voler, nous n’en fçaurions douter encore. Cependant ce n’eft pas uniquement pour voler qu’elles leur ont été données ; il y a même êtes Papillons à qui elles n’ont point du tout été accordées pour voler. Nous en verrons qui les ont très-grandes & très-belles, plus grandes que les ailes de ceux qui volent le plus, & qui ne s'avifent pas, une lèule fois dans leur vie, de s’en fervir, au feul ulagc pour lequel nous nous imaginons quelles font faites; ils ne femblent pas fçavoir qu’ils ont des aîles. De vouloir que fauteur de la nature ne les leur ait données prcfque que pour la fimple parure , comme quelqu’un veut qu’il 11’ait donné au Grillon-Taupe, inlèéte dont nous parlerons bien-tôt, des aîles que pour la même lin, c’eft affùrément avoir des idées trop petites de la fagefîe fuprême. Nous parlerons dans la luite d’un infeéte qui a des jambes pla¬ cées comme celles de tant d’autres infeétes, formées de la même maniéré & dans des proportions fcmblabfes, qui cependant ne marche prefquc jamais que fur le dos, où il n’a point de jambes : tant qu’il marche les jambes font en l’air, & celles de les parties qui font les plus éloi¬ gnées du plan fur lequel il avance. Tout ce que nous voulons conclure, c’cft que nous devons être extrême¬ ment retenus fur l’explication des hns que s’elt propo- fées celui dont les fecrets font impénétrables ; que nous louons fouvent mal une fagelfe qui cft fi fort au-deffus de nos éloges. Décrivons le plus exactement qu’il nous eft poffible fes productions, c’eft la maniéré de la louer qui nous convient le mieux. La forme de Mémoire eft celle qui m’a paru la plus propre à cet ouvrage. Plus les faits font fmguliers, plus ils demandent à être atteftés. Celui qui les annonce pour la première fois, ne fçauroit trop aflurer qu’il les a Tome L . D 26 MEMOIRES POUR L'HlSTOÏRE vus, & comment il les a vus : ii n’y a gueres que dans des Mémoires où l’on pu i fie parler louvent fur ce ton. Quand on me rapporte que dans chaque ruche, dans chaque république d’Abeilles, il n’y a que quelques reines ou femelles, je ne luis pas ailes periùadé fi je foupçonne qu’on ne me parle que fur un oui dire: je ne le ferai pas mêmeaffés, ù on fe contente d’avancer qu’on l’a obfervé; je puis me défier de la maniéré dont l’obfervation a été fiùte. Les Agronomes font peu de cas de celles qu’on leur communique, fi on ne leur apprend en détail les précautions qu’on y a apportées , comment on a pris l’heure, comment on a vérifié les infiruments. Ainfi fi l’on veut que je fois convaincu qu’il n’y a que trois ou quatre femelles dans une ruche, on m’afïïirera, comme JVI. Maraldi l’alfûre dans fou Mémoire fur les Abeilles, qu’on a fait périr toutes celles d’une ruche; qu’on a exa¬ miné les unes après les autres toutes les mouches mortes, & qu’on n’en a trouvé que trois ou quatre de la grandeur qui eft particulière aux mères. Goedaert nous raconte les admirables précautions que prend nnfeélc appelle Cournllcre ou Grillon- Taupe pour conferver fes œufs, jufqu’où vont fes attentions pour les faire éçlorre. Cet infede, un des plus gros de ceux qui font connus, fait plus de ravages dans les jardins que les Taupes n’en font dans les prairies ; il a les deux jambes anterieures terminées, comme celles des Taupes, par deux efpeces de mains tournées en dehors, Si qui de même font propres à ouvrir des chemins fous terre. Ces jambes anterieures méritent d’être plus exactement décrites, Si elles le feront ailleurs. Goedaert nous apprend que le Criilon-1 aupe dépôfe les œufs dans un trou qu’il a fait au milieu d une motte de terre affés dure. Il entoure cette motte d une cfpece de folié, pour ôter à tics infeCtes, des Insectes. 27 qui aiment Tes œufs, la facilité d’approcher de la nichée; il y veille continuellement ; il fait de temps en temps le circuit du nid. Mais ce que les foins & l'on attention ont de plus remarquable, c’eft queGoedaert nous alTûre que forlque l’air devient chaud & fec, il éleve fon nid tout pro¬ che de la furface de la terre, afin que les œufs foient, pour ainfi dire, couves par la chaleur du foleil ; que fi l’air au contraire devient froid, s’il devient humide, le Grillon- Taupe renfonce fon nid plus avant en terre. Après avoir lu avec plaifir le récit de ces faits, on commence à crain¬ dre qu’il 11e foit une jolie fable; on craint queGoedaert n’ait crû voir ce qu’il n’a pas trop vu ; on craint qu’il ne tienne tout cela des jardiniers, ou qu’ayant fimplement trouvé differents nids à differentes dilfances de la furface de la terre, il n’ait attribué comme des circonfhnccs que le même nid donne occafion d’obfcrvcr, celles qui ne conviennent qu’à des nids differents. Enfin on voudroit que Goedaert nous eût raconté comment il s’y eff pris pour voir tous ces faits, qui fe paffent fous terre; on voudroit qu’il nous dît positivement qu’il a mefuré la profondeur où étoit le nid pendant une journée d’un foleil brillant & clair, & celle où fe trouvoit enfuite le même nid pendant une journée de piuye froide. Si l’hiffoire des Animaux d’Ariffote eût été écrite fur le ton que nous demandons, on en eût beaucoup plus pro¬ fité : elle contient une très-grande quantité de faits; ceux qu’il auroit affûré avoir vûs lui-même, meriteroient notre croyance ; mais il ne nous a point mis en état de les diflin- guer des autres ; tous y font rapportés de la même manière, excepté quelques-uns qu’il ne donne que comme des on dit. On fçait qu’Alcxandre lui avoit fourni des Sommes confi- derables pour être employées aux recherches néceffaires à un fi grand ouvrage ; qu’Ariflote chargea bien des gens Dij 2 8 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE du loin de lui procurer des animaux,& des oblervations fur les differentes efpeces d’animaux : il feroit à fouhaiter qu’il nous eût appris les talents & les connoiffances: de ceux qu’il avoit mis en œuvre; qu’il nous eût même averti de ce qu’il tenoit de chacun d’eux. C’eft fans doute fur la foi d’un mauvais obfervateur, qu’il nous a affûté que la Chenille du chou vient d’un Ver, & que ce Ver naît du chou même; cette Chenille fort d’un œuf dépofé fur le chou par un Papillon. Les mêmes défauts fe trouvent dans les hiftoires des animaux de Pline & d’E'lien, celle d’Ariflote en eft la bnfe. L’ordre qu’a fuivi Arilîote dans l’arrangement des faits ne me paroît pas aufii le plus pro- pre à les Lire retenir ; il y fait de fuite de longues énu¬ mérations des animaux qui fe reffemblent par certains endroits, & de ceux qui different par d’autres. Jamais ces fortes d énumérations ne font affés complettes, & lors même qu’on leur peut juflemcnt reprocher ce défaut, elles ont déjà celui d’être trop longues. Elles contiennent dans Ariflote un chapitre entier ; à la fin de ce chapitre» une mémoire ordinaire n’a plus prefents tous les animaux dont il y efl parlé, elle ne fe rappelle plus ceux qu’on y a dit naître d’une manière femblable ou d’une maniéré differente, &c\ Pendant cette longue fuite de ficelés où la barbarie a régné, l’hiftoire naturelle a eu le même fort que les autres feiences ; elle a été auffi traitée comme les autres, quand le goût du fçavoir a commencé à renaître. On a crû que toutes les vérités dévoient être retrouvées dans les an¬ ciens, qu’ils avoient tout fçû, tout connu. C’efl princi¬ palement dans Ariflote qu’on a cherché i’hifloire des ani¬ maux. Si l’Aldrovande, Gelner, Moufet &. bien d’autres auteurs eulfent autant étudié la nature elle-même qu’ils ont étudié les anciensNaturalifles, le travail affidu de tant des Insectes. 29 Je bons efprits eût fait faire de plus grands & de plus prompts progrès à cette fcience. On n obfervoit alors la nature, que pour y voir ce qu’on avoit lû dans les anciens. Au relie, fi leurs travaux n’ont pas été mieux dirigés, il ne faut pas tant s’en prendre à leur genie qu’à celui du fiecle ou ils ont vécu ; on ne faifoit cas alors que de ce qui le trouvoit dans les anciens ; il fembloit qu’on crût les modernes incapables de penfer &. même de voir, au moins rien de nouveau. S’il eft pourtant des fciences dans lefquelles nous puilfions & nous devions l’emporter fur eux, ce font celles d’obfcrvations. La nature enfin ouvrit les yeux à ceux même qui ne cherchoient à y voir que ce qu’ils avoient vû dans Ariftote & dans Pline ; elle leur montra des faits, dignes d’être remarqués, qu’ils cher¬ choient inutilement dans les livres qui dévoient tout contenir : elle leur en fit voir d’autres, qui leur donnèrent de juftes défiances fur la vérité de ceux qui avoient été tranlmis. Après avoir perdu par degrés, & peut-être trop , du rdpect qu’on devoit aux anciens, on eft venu à penfer qu’il falloit étudier de nouveau la nature elle- même, vérifier tout ce qui a été rapporté. & chercher à apprendre davantage. C’clt ainfi qu’en ont ufé Malpighi, Swammerdam, Redi, & d’autres auteurs illuftres, foit du même âge, foit plus modernes, qu’il feroit long de citer. Ceux même qui par une ignorance, peut-être heureufe, n’étoient pas en état de lire les anciens, comme Goedaert & MA Merian, ont travaillé utilement. Le premier pas, & un des plus importants, qu’il a fallu faire dans l’hiftoire des infeèfes, a été de defabufer de l’idée que les anciens avoient donnée de la manière donc s’engendroient une grande partie de ces petits animaux. Ils avoient crû les pouvoir faire naître de la pourriture de corps de differentes efpeces. Ce pas ne fembloit pas Lien 30 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE difficile, il l’a été cependant; & rien ne prouve mieux que tout eft capable de nous arrêter. Malgré le ridicule qu’il y a à faire naître une Mouche à miel de la chair pourrie d’un veau ou de celle d’un bœuf, les Guefpes & les Bourdons de celle d’un cheval pourri, lcsScarabés de celle des ânes ; à faire naître une infinité d’autres in¬ fectes, les uns de fromage, les autres de plantes, & les autres même de boue, il a fallu bien des obfervations & bien des raifonnements avant que de détruire ries fenti- ments fi abfurdcs. Il y a eu même de nos jours des hommes iüuflres par leur fçavoir qui ne les ont jamais abandonnes, tels font les fameux Pere Kircker & Bonnani, à qui pourtant l’Hifloire naturelle doit beaucoup. En i y i y. il y eut encore un ouvrage imprimé àVenife, intitulé Motivi di dubitar intorno la generatione de rivant fecondo la commune opiniohe de Mo demi, où l’on veut reffufeiter l’ancienne erreur. Il cft bien furprenant que de pareilles idées ayent pu fubhfter après qu’on a eû commencé à regarder les plus petits inlcètes avec des yeux philofophiques. On a vu néceffiiirement que l’appareil des differentes parties que l’organifation du corps d’une Mitte fuppofe, n’eft pas moins grand que celui que demande le corps d’un éle- phant : on a dû même avoir befoin que la philofophie nous apprît que le grand & le petit ne font quelque chofe que par rapport à nous, pour que les ftruéïures des in¬ fectes imperceptibles ne panifient pas plus admirables que celles de ces maffies animées de grandeur colofîale. La production des plus petits infectes a donc dû paroître de¬ mander autant de préparatifs, autant d’appareils que celle des plus grands animaux. 11 a dû paroître auffi ridicule de faire naître une mouche de quelque corps pourri, de faire fortir une huitre d’un peu de botté, que de faire des Insectes. 31 naître un bœuf, un éléphant d’un gros tas de foin cor¬ rompu. Comme on n’avoit pas encore ailes étudié la nature. Si qu’on voyoit l'ortir des vers des chairs qui commcn- çoient à pourrir, on jugeoit que ces vers en naiffoient. Les obfervations, curicufes par elles-mêmes, qu’ont faites Rcdi,&en ces derniers tempsLecuwenhoek, étoient ab- folument néceffiaires pour détromper ceux dont fefprit 11e voit que ce qui lui a été tranlinis par les yeux du corps. Enfin rien ne montre mieux combien il étoit difficile de prouver que les plus petits animaux naiffent précifément comme les grands, que l’idée dans laquelle eft tombé ce même Rcdi, ennemi déclaré des préjugés, qui fçavoit fi- bien les combattre, & qui cependant, à la honte de l’efprit humain , a crû avoir befoin de faire produire les infectes qui naiffent dans les galles des plantes & des arbres, par une ame qu’il a accordée pour cela aux arbres Si aux plantes. Un autre point extrêmement elfentiel à l’hiftoire des infeétes, c’efloit d’éclaircir en quoi confident ces chan¬ gements de formes que plufieurs nous font voir dans le cours de leur vie. Il n’y a pas long-temps que leur hiftoire étoit encore écrite comme l’a été celle des hommes qui vivoient dans ces temps qu’on nomme héroïques ou fabu¬ leux. L’hifloire des infeétes étoit refiée en poffeffion de fes métamorphofes, qui valoient bien celles qui étoient opérées par la puiffance des dieux de la fable. Les anciens n’avoient parlé des changements de formes des infeétes que fous les noms merveilleux de métamorphofe, de tranf formation. Les modernes ont continué après eux à tenir ce langage obfcur, jufqu’à ce que de grands Natnralifles & grands Anatomifles en même temps ayent donné des idées claires de ces transformations, qu’ils ayent fait voir 5 2 MEMOIRES POUR L’HIS T OI R E eue l’infede qui fe transforme ne fait que quitter une robe, une dépouille qui couvrait & tenoit emmaillotées certaines parties ; que ces parties, qui avoient crû fous cette enveloppe, s’étendent, fe déployent, fe dégagent les unes des autres lorlqu elle ccffe de les tenir gênées dans {'infant où l’infede s’en défait ; alors il paraît comme un nouvel animal. Libavius, Malpighi & Swammerdam ont mis dans un grand jour ces myfericufes metamor- pliofes. Un des principaux objets du travail du dernier a été de les bien développer. Cet auteur, un de ceux qui a le plus obfervé les infedes, & qui a le mieux fçu les voir, nous a donné lotis le nom de leur hifoire gene¬ rale un ouvrage qui nef à proprement parler que le plan fur lequel il croyoit que cette hiftoire dût être écrite. Les transformations qu’il avoit tant obfervées, lui ont fourni les principales divifions. Nous nous arrêterons d’autant plus volontiers à expliquer le plan de Swammerdam, qu’il nous engage à rapporter les notions qui font comme la baie de la feiehee des infedes. II difribue tous ces petits animaux en quatre clafes, dont il a tiré les caraderes de l’état où ef chaque inlèdc après la nailfance, & de ceux par où il pafle avant que de prendre fa derniere forme. Il a mis dans la première tous les infedes qui fort eut de l’oeuf avec une forme à peu-près pareille à celle qu’ils auront après être parvenus à leur dernier terme d’accrôif- fement. Les Araignées, les Limaçons, les Vers de terre, les Sangfuës, &c. fe rangent naturellement fous cette clafle avec bien d’autres infedes dont il a fait l'énuméra¬ tion. Mais il n’y eût pas mis les Puces, s’il les eût aulfi- bien obfervées que M.” Leeuwenhoek Si Valifnieri l’ont fait depuis. Cette première claf e pouvoit même en fournir deux, dont 1 une n’eût été compolëe que des infedes que nous voyons des Insectes. 33 voyons fortir des œufs, & dont l’autre eût été compofée de ceux qui fortent vivants du corps de leur mere. Les dillindions d’infedes ovipares & d’inledes vivipares font allés marquées pour faire celles de deux clalfes ; les Clo¬ portes auraient été dans la clalfc desVivipares, &c. Il range dans la fécondé claffe les infedes qui naiffcnt ordinairement avec fix pieds, &qui, après avoir crû juf- qua un certain terme, quittent une dépouille lous la¬ quelle les ailes étoient cachées : cette dépouille étant quittée, ils peuvent les étendre & en faire ufage. Les in¬ fedes de cette clalfe marchent, courent, fautent dans les temps qui précèdent ceux où ils doivent changer de forme, au lieu que dans la clalfe qui va fùivre, les infedes qui doivent le dépouiller, pour la dernicre fpis, relient long¬ temps fans fe donner de mouvements confiderahles. Les Grillons, les Sauterelles ordinaires, les Sauterelles-puces, les Punaifes de bois, les longues mouches appellées De- vwifellesj appartiennent à cette fécondé clalfe. Parmi ceux quelle renferme, il y a des infedes dont le changement déformé ellpcu confiderable, tel eft celui du Perce-oreille, qui 11e change alors fenfiblement que vers l’endroit où cil le court fourreau de les ailes. Il a mis aulîi dans cette clalfc l’E'phemere, cette efpece de Mouche qui fort d’un Ver très-commun dans les rivières, & dont on dit la durée de la vie fixée à un jour. Il en a donné ailleurs une hiltoire détaillée. Quand nous donnerons à notre tour celle de cet infede fingulier, il paraîtra peut-être qu’il fournit un exemple d’infedes qui n’appartiennent proprement ni à la fécondé ni à la troifiéme claffe de Swammerdam. Les infedes qu’il a compris dans la troifiéme claffe fubiffent des changements plus confiderahles que ceux de la fécondé, avant que de paraître fous leur derniere forme. Toutes les efpeces de Chenilles, & un grand nombre Tome 1 . E 34 MEMOIRES POUR DHlSTOIRE d’efpeces deVers font renfermées dans cette claffe. Ces Chenilles & ces Vers font des Chenilles & des Vers dans Imitant qu’ils fortent de l’œuf, & avant même que d’en fortir; ils croilfent fous cette forme, ils la quittent quand ils font parvenus à un certain âge, ou à une certaine grandeur. L’infede s’étant défait de fon fourreau paroît fous la forme de Crilalide, d’Aurellie, de Nymphe , car on a donné ces differents noms à finfede qui a pour lors une ligure à peu près conique, fous laquelle il ne peut ni voler, ni marcher, ni manger, forme que vul¬ gairement on nomme fève, lorfqu’on parle tics Vers à foye qui l’ont prife. Enfin finfede, après avoir vécu quelque temps fous cette forme, quitte un fécond four¬ reau , & paroît allé. Ce font-là les degrés par où paffent tant d’efpeces cle Papillons avant que de paroître au jour avec leurs ailes,. & par où paffent aufîi plufieurs eipeces de Mouches. Il a divifé cette claffe en deux fedions, qui fourni- roient elles-mêmes deux chiffes affés diftinéîes. Dans la. première, il a compris tous les infectes qui, après avoir perdu leur forme de Ver ou de Chenille, & avoir pris celle fous laquelle ils font incapables de marcher & de voler, laiffent pourtant appercevoir des pieds & des ailes; fous cette forme ils font ce qu’on appelle proprement des Nymphes. Les Mouches à miel, les Guclpes, les Bourdons, & quantité d’autres infedes, paffent par l’état de Nym¬ phes avant que de parvenir à pouvoir faire ulàge de leurs ailes. LesScarabés, qui font ces infeétes qui femblent avoir deux ailes écailleufes ou cruftacées, qui ordinaire¬ ment ne font que les étuis des véritables ailes, fe trouvent dans la même claffe auffi-bien que diverfès efpeces de Mouches, comme celles qui viennent au printemps fur les fleurs des arbres. 11 a aufîi ramené les Fourmis à cette première i'edion de la troifiéme claffe. des Insectes. 35 La féconde feeftion de cette claffe comprend tous les infeeftes qui paffent par la forme de Crifalide ou de Fève, c’eft-à-dire, ceux dont les jambes & les aîles font mieux cachées après leur première transformation. 11 fait fortir toutes les eipeces de Papillons de ces fortes de Crilalides. Swammerdam a mis dans la quatrième cl aile les in- fcéïcs, qui lorfqu’ils quittent la forme fous laquelle ils ont crû, & qu’ils ont confervée depuis leur naiffance, pour prendre celle de Nymphe ou de Crifalide, ne rejet¬ tent pourtant pas le fourreau, la robe qui leur donnoit leur première forme : leur corps fe détache de toutes parts de cette enveloppe, & à mefure qu’il s’en détache, il fait prendre à cette même enveloppe une nouvelle figure qui approche fouvent de celle d’un œuf. Alors cette enveloppe devient une efpece de coque qui ren¬ ferme l’infeéle, mais à laquelle il eff auffi peu adhèrent que le poulet, prêt à naître, l’efl à la fienne. L’inlèéfe efl dans cette coque fous la forme de Nymphe ou de Crifa¬ lide; dans la fuite il ouvre la coque, & en fort avec des aîles. C’efl ainf qu’un grand nombre d’efpcces de Vers qui doivent paraître en Mouches, tels que ceux de la viande, quittent la figure de vers ; ils femblent le transformer dans un œuf dont leur peau de ver fait la coque; ils fortent Mouches de ces coques. Quoique les changements réels de forme, des infeéles de cette claffe, foient précifément les mêmes que ceux des infeéïesde la troifiéme claffe, comme Swammerdam lui- même fa bien remarqué, la circonflance particulière de la peau du Ver qui devient une coque dans laquelle la Nym¬ phe fe trouve renfermée, fournit un caraéfere diftinélif. Mais apparemment que cette claffe n’auroit pas eu affés d’étendue au gré de notre fçavant auteur, & que c’efî ce qui l’a déterminé à y faire entrer beaucoup d’autres E ij 36 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE infe&es qui appartiennent autant à la troifiéme clafle qu’à celle-ci. On ne voit pas, par exemple, pourquoi il a mis géné¬ ralement dans cette quatrième clafle tous ces Vers qui naiflent dans les corps de Chenilles, tous ceux qui croil- fent dans les fruits, dans les galies des plantes, dans les Lois pourris, puifque la plupart de tous ceux-ci quittent réellement leur peau de ver, qu’ils ne s’en font point uns coque, & qu’ils font réellement dans le cas de ceux de la troifiéme clafle. Mais ces mêmes infecfles qui fe trouvent déplacés dans la quatrième clafle, enflent pû. être mis dans d’autres clafles, ailées à caraélerifer, fl le plan de Svvam- merdam lui eût permis de tirer les caraderes d’ailleurs que des variétés fournies par les transformations. La méthode de Swammerdam efl auffi celle que Ray a fuivie. Ces quatre divifions generales nous donnent des idées des quatre différences les plus remarquables qui peuvent être obfervées dans la vie de tous les infeéles. Je doute pourtant que l’ordre de ces diviflons foit celui dans lequel leur hiftoire doive être écrite: il engage, cet ordre, à mettre dans des clafles differentes des inledes qu’on aimeroit à trouver enfemble. Mais le grand inconvénient de cette méthode, c’cft qu’elle employé trop peu de di¬ viflons. Quatre clafles ne fuffifent pas affûrément. pour mettre en état de diftinguer une fi innombrable quantité de genres d’inlèéîes, qui ont tant de différences entre eux. Nous devons à M. Valifnieri, célébré Profeffcur à Padouë, un grand nombre d’obfervations fur les infeétes, intereflantes par elles-mêmes, & qui le deviennent encore davantage par le jour dans lequel il les a miles : perfonne 11 eut été plus propre que lui à donner leur hifloire; mais des occupations d’un autre genre l’ont empêché de renv piir le plan qu’il s’en étoit formé. Il l’a fait imprimer, en des Insectes. 37 Italien, fous le titre de Nouvelle Liée d’une divijion generale des Jnfeâes. Il les partage d’abord en quatre dalles. II compofe la première de tous les infeétes qui habitent les plantes &qui s’en nourri fient, foit qu’ils fie tiennent fur leurs feuilles, fur leurs fleurs, fur leurs fruits, ou fur quel¬ que autre de leurs parties. Il réunit dans la fécondé clafie ceux qui vivent, naifi- fent & meurent dans les eaux de toutes elpeces, parmi lefiquelles il comprend les fines exprimés des plantes. Il raflemble dans la troiliéme tous ceux qui vivent lous terre, fous le fiable, dans la boue, dans les pierres, dans les crayes, dans les coquilles qui font hors de la mer, dans les os des coips morts. Enfin il met dans la quatrième clafie tous les inledes qui vivent fur d’autres animaux, ou dans d’autres animaux. Voilà les divifions generales, qui dévoient lui fournir lin grand nombre de fiubdivifions ; & pour en donner un exemple, il rapporte celles fous lefiquelles on peut confi- derer les infieéîes des plantes, il en donne quarante-deux principales ; chacune devroit encore félon lui être fubdi- yifiée en plufieurs articles. Dès qu’on voudra ramener les infeéles à un petit nombre de clafles, on ne peut gueres prendre un meil¬ leur ordre que celui de M. Valifinieri, ou que celui de Swammerdam ; mais au furplus tout ordre qui demande qu on fie renferme dans des bornes fi étroites, ne fiera pas fans inconvénients ; M. Valifinieri a fienti lui-même qu’il y en avoit dans le fien. Nous trouvons dans nos jardins, dans nos campagnes, fur les plantes, des Mouches qui ont vécu dans l’eau jufqu’au moment de leur transforma¬ tion ; les donnerons-nous aux plantes ou à l’eau l met¬ trons-nous dans la clafie des animaux fiouterrains ceux qui demeurent en terre jufiqua ce qu’ils fie transforment! ^3 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE ou les accorderons-nous à la première ciafle, lorfque ces mêmes animaux, après avoir pris (les ailes, viennent ronger les feuilles de nos arbres & de nos plantes ! Ainfi les Vers des Hannetons & ceux d'infèétes ailés femblables aux Coufins, mais plus grands, appcllés Couturiers, de- venus Hannetons, devenus femblables à de grands Cou- fins , vivent de plantes, &c. des Cloportes vivent fous l’écorce des arbres , d’autres vivent dans nos maifons, d’autres vivent fur terre, d’autres vivent fous des pierres; des in (cèles femblables fe trouveraient donc places dans des elaffes differentes. Après tout, il n’eft peut-être pas auffi effentiel ici de mettre les faits dans un bon ordre, que d’en raffembler affes de ceux qui méritent attention. Tout ordre cfl peut- être bon, pourvu qu’on donne des hiftoires fuivies de chaque principale cfpece d’infeèfes. Mais on ne peut s’empêcher de rejetter celui dans lequel Aldrovande, Moufet, & Jonflhon ont traité des Chenilles & des Papil¬ lons ; ils ont parlé dans un chapitre de tous les Papillons qui leur étoient connus, & dans un autre, de toutes les Chenilles qui leur étoient connues. On aimerait bien mieux une fuite moins nombreufe de Chenilles & de Papillons, & trouver chaque Chenille jointe à fon Pa¬ pillon. Dès qu’on aura une hiltoire des infectes affés rem¬ plie de faits, félon quelque méthode qu’ellefoit difpofée, il fera toujours aifé de la ramener foit à la méthode de Swammerdam, foit à celle de Valifnieri, foit à quelque autre ; il n’eft befoin pour cela que de drefler des Tables, ou tous les infeétes (oient rangés dans l’ordre où on ai¬ merait à les voir. De telles Tables dreffées félon l’idée de 1 hiftoire de M. Valifnieri, feraient très-commodes pour foire retrouver les infeétes à la campagne. Avec d’autres Tables dreffées félon le plan de Swammerdam, un coup des Insectes. 39 d’œil mcttroit au fait des transformations par où pafte chaque iniede dans le cours de la vie. Les Botanifles donnent des catalogues des plantes qui croiffent dans les environs de certaines villes ; nous avons, par exemj>le, le catalogue de celles des environs de Paris par M. de Tour- nefort. Je voudrais que les oblèrvateurs qui travaillent à i’hiftoire des infedes, donnalfent des catalogues de ceux qui le nourrilfent fur chaque plante : il y a des arbres, tels que le chêne, forme, le facile, qui fourniraient d’alfés grandes liftes. De pareils catalogues apprendraient ce qu'on peut cfperer de trouver fur chaque plante, fur cha¬ que arbre. Qu’on commence à en dreffer, on les rendra complets infenfiblcment. On pourra faire des catalogues femblables des infeeftes qui vivent dans les eaux, d’autres de ceux qui vivent fous terre, de. On a déjà pû entrevoir quel eft le plan que je me fuis propolê de fuivre dans cet ouvrage, par les obfervations dont j’ai montré faire plus de cas. Nous fommes d’abord frappés par la forme extérieure d’un infede, les caraderes les plus commodes, & ceux aufquels il cil le plus naturel de s’en tenir pour les divifions generales, femblent aufïï devoir être pris des différences marquées des formes exté¬ rieures. Une bonne méthode doit mettre en état de dé¬ terminer à quelle claffe, à quel genre appartient un in¬ fede la première fois qu’on le voit ; &. c’dt ce qu’on ne pourra faire dans toute méthode qui tirera les carac¬ tères d’ailleurs que de la forme extérieure. Celle de Swammerdam, qui a le défaut de fournir trop peu de divifions, exige qu’on fçache l’hiftoire d’un infede, qu’on fçache toutes les transformations par où il paffe, avant que de fçavoir la place qui lui convient. 11 eft pourtai t vrai que la belle méthode de M. deTournefort pour l’arrangement des plantes, & qui eft prefque 4 o MEMOIRES POUR L’HïSTOIRE généralement adoptée aujourd hui, a ce meme inconvé¬ nient. On voit une plante pour la première fois, avant que de la pouvoir nommer finement, on efl obligé d’at¬ tendre quelle ait donné des Heurs 6c des fruits ; auffi ne peut-on s'empêcher d’avouer que c’eft-là le grand defaut de cette méthode, mais on n’a pû faire mieux : les ports 6c les feuilles des plantes n’ont pas paru fournir des carac¬ tères affés marqués, affés confiants & affés furs. Hcureu- fement que les formes des infedles, leurs extérieurs, nous offrent des différences confiantes, fouvent ailées à faifir, & même frappantes, & quelles en offrent en affés grand nombre pour donner les caradleres .de bien des claffes, 6c ceux de bien des genres dans chacune de ces claffes ; les efpeces même ont quelquefois des variétés extérieures très-remarquables. Une Araignée, une Fourmi, une Clo¬ porte, un Ver de terre peuvent être jugés par le premier coup d’œil des infedles de claffes differentes. Les premiers auteurs qui ont traité des infedles, ont auffi eu attention à leurs formes dans les diflributions qu’ils en ont faites, mais ils ont négligé de déterminer en quoi confifloicnt les caradleres de ceux de differentes claffes ; ils fe font contentés de traiter dans des articles differents des infedles qui avoient des formes differentes. J’ai donc crû qu’un des principaux objets de mon travail devoit être de don¬ ner des caradleres des claffes 6c des genres des differents infedles, tirés de leurs formes, 6c affés fenfibles pour qu’on pût décider fur le champ à quel genre appartient celui qu’on voit pour la première fois. Quoique je n’aye pas laide d’entrer fur cela dans d’affés grands détails, je ne regarde, 6c je ne dois encore regarder, que comme une ffmple ébauche ce que j’ai donné fur les caradleres des claffes 6c des genres. Ce point eft celui qui paraîtra le plus important à ceux qui veulent fçavoir à fond l’hifloire naturelle, des Insectes. 41 naturelle, la fçavoir par principes & dans toute Ton éten¬ due ; mais il 11e paraîtra que trop long à ceux qui ne font touchés que de ce que cette fcience offre d’agrcable. J ai à leur demander grâce pour tous les endroits 011 il s’agira de ces diftributions de elaffes & de genres, ou pour le mieux encore je leur confeille de ne les point lire. Les foiences dont les dehors font les plus riants, ont du foc & de l’aride, lorfqu’on les approfondit ; qui 11’y veut trouver que de l’agreable, doit le borner à les effleurer. 11 y a des infeétes qui nous paroiflent fous plufieurs formes pendant le cours de leur vie. Alors celle fous la¬ quelle ils nous donnent, le plus ordinairement, envie de les connoître, eft, à mon fons, celle qui doit décider delà place qu’on leur accordera. Je vois voler une Mouche à longues ailes, je deviens curieux de fçavoir quelle eft l’ori¬ gine de cette mouche ; c’eft en confultant l’hiftoire des Mouches, que je dois chercher à m’en inftruire. Là je trouverai cette Mouche, j’y apprendrai peut-être quelle vient d’un infoéte aquatique que je n’euffe jamais connu fi cette Mouche ne m’eût donné envie de le connoître. Je trouverai qu’une autre Mouche à longues ailes vient d’un infecte qu’il faut aller déterrer l'ous le làble ; qu’une autre vient d’un Ver qu’on trouve fur les fouilles de cer¬ tains arbres. On aura donc l’hiftoire de ces Vers avec celle de leurs Mouches. Les Vers fous la forme defquels croiff- font les Guefpes, les Mouches à miel, ne s’offrent point à nos yeux, mais notre curiofité eft excitée pour les Guefpes, pour les Mouches à miel que l’on voit fré¬ quemment: en cherchant à s’inftruirede leur origine, on eft conduit à obforvcr les Vers dont elles fortent. Par la même raifon je fuivrai un ordre different en parlant des Papillons; leur hiftoire&celle des Chenilles font lamême; elles fo trouveront auffl dans les mêmes articles ; mais au Tome I. . F 42 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE lieu que j’ai defeendu des Mouches à leurs Vers, je re¬ monterai des Chenilles à leurs Papillons, parce que les Chenilles font plus fouvent & plus conftamment devant nos yeux que les Papillons ; parce que les Chenilles font plus aifées à obferver. Une énumération bien exaéte des efpeces, & même des genres de chaque clalfe n’entre point dans mon projet ; je me fuis principalement propofé de faire connoître les genres & les efpeces qui fe prefen- tent le plus fouvent à nos yeux, de détailler des hiftoircs de quelques-uns des infeétes de chaque different genre, qui donneront au moins des idées generales de celles des autres infeétes des mêmes genres ; enfin de faire mention de toutes les efpeces qui nous auront fourni des faits re¬ marquables. J’ai déjà affés déclaré que la partie de l’hifloire des infeétes à laquelle j’ai été le plus lênfible, c’cft celle qui regarde leur genie, leurs induftries ; auffi leurs induftries décideront fouvent de l’ordre dans lequel j’en traiterai. J’ai crû, par exemple, qu’on aimeroit mieux voir de fuite tous les infeétes qui fçavent fe vêtir, & qui font fur tout remarquables par-là, que de les trouver difperfés en dif¬ férentes claffes, comme ils le feroient necelfairement fui- vant les méthodes de Swammerdam & de Valifnieri. Je fçais auffi qu’il pourra arriver dans celle que je fuis, que des Papillons, des Mouches, des Scarabés fe trouveront réunis dans un même article ; mais cet inconvénient n’ar¬ rivera pas fouvent, & il ne m’a pas paru fort grand. La vraye utilité de l’ordre eft de dilpofer les vérités de ma¬ niéré que celles qui précèdent aident à acquérir celles qui les fuivent, & de mettre l’efprit en état de les mieux retenir toutes; on doit s’écarter de l’ordre general dès qu’il n a plus ces avantages. S’il y a des infeétes qui n’offrent qu une feule aétion dans leur vie capable de les mettre des Insectes. 45 dans notre fouvenir, c’eft par rapport à cette aétion qu’il faut les conficlerer. Ii y a des milliers d’efpeces de Mouche¬ rons, de Papillons, de Scarabés extrêmement petits, pour qui on l'eroit fort indiffèrent, fi on n’en entendoit parler qu’avec ceux de leur claffe, & pour qui on s’intereffe dans d’autres circonflances. Lorfqu’on remarque fur les feuilles d’un arbre une galle d’une forme finguliere, on eft bien, aife de fçavoir comment elle a été produite; on eft bien- aife de connoître le Ver qui y eft renfermé, qui l’a fait, croître; & de fçavoir ce que ce Ver doit devenir. Ainfi je 11e me fuis pas embarraffé que les infeéles qui fortent des galles fuffent de claffes differentes comme de celles des Mouches, de celles des Papillons, de celles des Scarabés, j’ai parlé de pluficurs differentes efpeces de ces petits in- feétes en parlant des galles. J’ai pourtant fait enforte de ne pas abufer de cette licence ; quand les infeéles ont été remarquables par eux- mêmes , ce ne font gueres que les induftries de ceux d’une même claffe que j’ai réunies fous un point de vue: lorfque j’ai parlé de la maniéré dont les Chenilles filent, je n’ai rien dit de la manière de filer des Araignées, d’au¬ tant plus que dans ces deux claffes où les infeéles font fi differents par leur figure, ils filent pour des fins differentes, & par le moyen d’organes dilpolés différemment. Au refte j’ai été bien éloigné d’avoir la délicateffe de ne pas faire reparoître ici plufieurs Mémoires que j’ai fait impri¬ mer ci-devant parmi ceux de l’Academie, car lorfque je me fuis déterminé à travailler à cet ouvrage, ç’a été fur ce que les Mémoires que j’avois déjà donnés, joints à ceux qui me reftoient, meparoifîoient pouvoir en fournir les matériaux. Comme les vûës dans lefquelles j’ai fait mes obferva- tions ont été fouvent differentes de celles que fe font Fij 44 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE propofées ceux qui ont fuivi les mêmes inleétes ; que d’ailleurs je me fuis obftiné à découvrir les moyens qu’ils empioyoient pour parvenir à leurs differentes lins, il n’eft pas furprenant que ceux même qui font les plus com¬ muns m’ayent fait voir des faits nouveaux, ou qu’on ne s’étoit pas avifé de confiderer. J’ai détaillé avec foin les differentes maniérés dont je m’y fuis pris dans ces lortes de recherches; on en fera plus en état de vérifier les faits que j’ai rapportés, & les routes que j’ai fuivies pourront conduire à en découvrir qui m’ont échappé. Quoique j’aye rendu Je plus complexes qu’il m’a été poffibleles his¬ toires des infeéles dont je parlerai, il y en aura encore qui feront ailes imparfaites , & malgré ces imperfections, l’ouvrage pourra répondre à l'on titre ; des mémoires liir i’hilloire des infeéles peuvent laiffer un grand nombre de faits à délirer. 11 y a des obfervations pour lefquelles des circonftances favorables m’ont manqué; la fortune a part aux découvertes d’hilloire naturelle comme elle en a à celles de tous les autres genres. 11 cil vrai pourtant qu’ici on peut fouvent forcer la fortune à nous fervir ; elle elt communément pour ceux qui la cherchent avec le plus d’emprelfement, c’eft-à-dire, que ceux qui travaillent le plus à faire naître les occafions, qui font le plus attentifs à faifir celles qui peuvent les conduire à leurs fins, y arriven t ord ina iremen t. Divers auteurs ont nourri beaucoup d’efpeces diffe¬ rentes d’infeéles ]>our avoir leurs transformations, mais ils femblent n’avoir eu que cela en vûë ; de fçavoir, par exemple, quel Papillon vient d’une certaine Chenille; ils paroiifent avoir négligé de fë donner les petits l'oins ne- , cdîaires pour voir ce qui fe paffe de plus curieux dans ce qui précédé, ce qui accompagne &. ce qui fuit ces transformations. Ils ne femblent pas avoir affés cherché des Insectes. 45 à prendre des mefures pour découvrir comment les in- fedes exécutent diverfes operations difficiles , comment ils viennent à bout de plufieurs ouvrages induffiieux. C’eft ce qu’on parviendra fouvent à voir» quand on en aura bien envie. Il ne faut fouvent qu’avoir recours à de petits expédients qui fe préfenteront à qui les vou¬ dra chercher. Quand on ne veut qu’avoir le Papillon qui fort d’une Chenille, il fuffit de nourrir deux ou trois Chenilles de cette efpece ; mais quand on veut faifir ces Chenilles dans des operations délicates,quelles n’execu- tent qu’une fois dans leur vie, & qui ne durent que peu d’inftanfs , c’eft un hazard fi le temps de ces obfervations n’échappe pas à l’obfèrvateur qui n’a nourri qu’une Che¬ nille de cette efpece. S’il en a nourri des centaines, il a multiplié des centaines de fois les occafions d’obferver ces moments précieux ; & des centaines de Chenilles de la même efpece n’embarraffent pas plus à élever qu’une feule, lorfqu’ellesofont de celles qui vivent de feuilles d’arbres communs ou de plantes communes, tout fe ré¬ duit à les renfermer dans de plus grands vafes. Par rapport aux endroits dans lefquels on a tenu les Chenilles renfermées, il paroît, par ce qui en eft rapporté clans divers ouvrages, qu’on les a mifes ordinairement dans des boîtes de bois. Des Chenilles mangent fort bien, croiffent, fe transforment en crifalides &en papil¬ lons, quoiqu’elles l'oient privées du grand jour ; mais i’ob- fervateur n’ell en état de voir leurs manœuvres que quand il ouvre la boîte ; les mouvements qu’il fait pour l’ouvrir déterminent ordinairement la Chenille à interrompre celles qu’elle avoit commencées. Des bouteilles de verre, telles que celles des cabinets des curieux, dont l’ouverture a prefque autant de diamètre que le fond, & qu’on appelle ùts poudriers ; font des logements plus convenables ; leurs F iij 46 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE parois permettent toujours de voir l’infede qui y eft ren¬ fermé. De grandes cloches de verre, celles même qui font à l’ufage des jardiniers, pofées l’ouverture en haut, peuvent fournir encore des logements plus fpacieux : fi on les remplit en partie de terre couverte de gazon, on y éleve commodément les infedes qui vivent d’herbes, & fur-tout ceux qui aiment à aller fous terre de temps en temps. Il y a nombre d’infèdes qui ne volent point, 6c qui ne fçauroient grimper le long du verre, ils refient dans ces cloches, quoiqu’on ne les couvre pas; ils y font leurs œufs, les petits en éclofent, 6c y croiffent. Celles de ces cloches où l’on met des infedes qui volent ou qui montent le long du verre, demandent à avoir des couvercles, foit pleins, tels que ceux des boîtes ordinaires, fbit, 6c c’efl le mieux, des couvercles à jour. J’en ai fait faire de tels par des vanniers, de tiffure femblable à celle de ces paniers ou clayons dans lefquels on met les fro¬ mages pour que leur lait s’égoutte, mais où les vuides étoient moins grands. Les volières jufqu’ici n’ont été faites que pour les oi- feaux, j’en ai fait faire pour y loger à la fois un très-grand nombre de differentes elpeces d’infedes, 6c propres à renfermer tous ceux dont le diamètre du corps ne fur- paffoit gucres celui d’un fil d’archal ordinaire, les fils fins du grillage n’étant qu’à cette diftance les uns des autres. Le fond de la volière étoit du gazon fur lequel il y avoit des plantes de differentes efpeces; 6c ce gazon étoit pofé fur une épaiffe couche de terre, qui étoit contenue dans une efpece de cuve quarrée de maçonnerie, afin que les infedes qui pénétrent en terre, ne puffent pas trouver des chemins fouterrains pour s’échapper de la volière ; ils étoient arretés par les murs qui contenoient la terre. Dans de pareilles loges on peut rafîernbler des infedes de bien des Insectes. 47 des claffes differentes, & qui s’y multiplient, fur-tout fi on a foin d’y jetter ceux qu’on a trouvés accouplés. Us y font leurs operations comme en pleine campagne. Eu un mot avec de pareils expédients, & un grand nombre d’autres que , pour ne pas ennuyer, nous différons à dé¬ crire jufqu a ce que nous rapportions les faits qui nous ont obligé d’y avoir recours, avec, dis-je, de pareils expédients, quelques années peuvent fournir plus d’ob- fervations qu’il ne feroit poffible d’en raffembler dans les vies confecutives de plufieurs obfervateurs , qui atten¬ draient celles que d’heureux hazards leur fourniraient. Les ménageries ordinaires, celles des grands animaux, engagent à ries dépenfes que des Rois & des Princes font feuls en état de faire; des ménageries d’infeéles, dont l’entretien 11e feroit pas cher affûrement, offriraient des fpeéhicles plus finguliers & plus variés. 11 n’eft pas befoin d’aller dans le nouveau Monde pour découvrir des ani¬ maux de formes nouvelles & lurprenantes, il ne faut que faire plus d’ufage de nos yeux, pour bien regarder tout ce qui nous environne. Un feul chêne peuplé de tous les infeétes qui peuvent s’élever fur fes feuilles & fur fes bran¬ ches, fournirait dans la plupart des faifons de l’année & dans prefque toutes les heures de leurs jours des nou¬ veautés amufantes. Les Abeilles qu’on tient dans les ru¬ ches vitrées ne fe font-elles pas regarder par tous ceux qui ne redoutent pas trop leurs aiguillons. Les Guelpes, que l’on peut tenir dans de pareilles ruches, comme je l’ai rapporté dans les Mémoires de l’Academie*, 11e font point de mal à qui fe contente de les obferver, & lui font voir des manœuvres qu’on ne fe laffe point de confi- derer. On peut par-tout avoir des Formica-leo. Enfin on peut avoir des ménageries d’infeéîes de toutes efpeces, & fi elles n’étoient pas les plus utiles de celles d’une maifon * Aletn. tie l’Ac. 1719* 48 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE de campagne, elles feroient apurement les plus agréables pour ceux qui connoîtroient les petits animaux qui y le- roient raffemblés. C’ell un avantage bien grand pour un auteur qui en¬ treprend un ouvrage de quelque étenduë, que detre d'une Compagnie telle que l’Academie des Sciences ; il eft continuellement à portée de profiter des lumières de confrères habiles, qui peuvent rectifier fes vûës, lui en faire naître de nouvelles, lui épargner des méprifes, & lui donner des connoifianccs qui lui manquoient. Mais c eft fur-tout pour un ouvrage de la nature de celui-ci que les fecours d’une Compagnie éclairée font necefi- faires. Quelque envie qu’on puilfe avoir d’obfervcr des infeétes, quoiqu’il force d’en chercher on fe foit fait une efpcce d’art de les trouver, ce n’efl pas un art qui con- duife finement ; c’eft une forte de chalfe où on a befoin d’être favorifé par le hazard , A. le hazard en prefentera plus aux yeux de plufieurs hommes qui fçavent voir, qu’aux yeux d’un feul. Des Académiciens qui ont pour principal objet l’étude des plantes, qui voudraient, s’il étoit poffible, les connoître, & les voir toutes, ne fçati- roient refufer leurs regards à tant d’cfpeces de petits animaux quelles nourrilfent. De toutes les fciences, la Botanique eft celle qui fournit plus d’occafions de rencontrer des infeétes. Aulfi M. Bernard de Jufiîeu, qui elt chargé du foin de faire cultiver les plantes du Jar¬ din du Roy, qui veille avec tant d’affiduité à leur confer- vation , qui travaille avec un zele infatigable à enrichir le précieux dépôt qui lui a été confié, qui de plus cft obligé, par la place, de démontrer les plantes des environs de Paris aux étudiants, & enfin qui a beaucoup de connoif- fiances dans toutes les parties de l’hiftoire naturelle ; M. Bernard de Juffieu,dis-je, ayant bien voulu inc ramaffer, depuis des Insectes. 49 depuis quelques années, les infeéîes qu'il trouvoit, m'eu a procuré un grand nombre d’elpece® differentes, & m’a nus en état de foire des oblérvations fur plufieurs clpeces que je n’euffe peut-être jamais vues. M. du Hamel, qui a pour un de les objets l’étude des plantes, & qui tra¬ vaille avec ardeur & liiccès fur differentes parties de la phyfique, m’a auffi fourni quelques clpeces d’infeCtes; de concert même avec M. de Nainviiliers, Ion frere, il a bien voulu le charger, à ma prière, de foire des oblerva- tions lur certaines clpeces qui étoient plus communes à leur terre de Nainviiliers qu’aux environs de Paris. Des Académiciens que le public connoît principale¬ ment par leurs progrès l'urprenants, & leurs découvertes en Geometrie, qu'il croiroit uniquement occupés des plus fublimcs & des plus abftraites fpeculations de ccttc lcience, ne laiffent pas d etre lènfibles aux admirables productions de la nature, & ne font pas de ceux qui cherchent le moins à les voir. La fagacité & la facilité avec lefquelles M. de Maupertuis donne les plus courtes & les plus élégantes folutions des problèmes les plus compliqués, n’ont en rien afîoibli l'on goût pour les in¬ fectes , perlonne peut-être n’a plus d’amour pour eux. Il m’en a procuré de finguliers, & ça toujours été en me foifant part de remarques curieufes & d’ingenieufes vues qu’ils lui avoient fournies. L’efprit d’obfervation qu’on regarde comme le caraétere d’elprit elîentiel aux natura¬ lises, que communément même on leur affecte, eff éga¬ lement neceffiire pour foire des progrès en quelque lcience que ce loit. C’cft l’efprit d’oblèrvation qui fait apperce- voir ce qui a échappé aux autres, qui fait failli' des rap¬ ports qui font entre des choies qui femblent differentes, ou qui fait trouver les différences qui font entre celles qui parodient femblabies. On ne reioud les problèmes les Tome /. . G 50 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE plus épineux de Geometrie qu après avoir fçu obferver des rapports qui ne iè découvrent qu’à un el'prit péné¬ trant, & extrêmement attentif. Ce font des obfervations qui mettent en état de réfoudre ies problèmes de phyfi- que comme ceux d’hiltoire naturelle, car l’hiltoire natu¬ relle a fes problèmes à réfoudre, & elle n’en a même que trop qui ne font pas encore réfolus. Un infeéle nous fait voir un ouvrage d’une conflruètion finguliere, c’efl quel¬ quefois un problème tel que ceux de mécanique, que de trouver comment cet ouvrage a pû être conllruit ; & ce font ordinairement tics problèmes dont il faut que Fin- feéTe lui-même nous donne lafolution. M. Grandjean, quoique dévoué à i’Alîronomie, m’a remis quelques efpeces de Chenilles, & quelques efpeces d’autres inleéles que je fouhaitois avoir. Mais perfonne ne m’a procuré de plus grands fccours que M. d’Onzembray. L’immenfe recueil qu’il s’elt fait des productions de l’art & de la nature efl une preuve éclatante de fon amour pour les ])rogrès des fciences. Il efl heureux pour les gens de Lettres qu’il ait l’Intendance generale des Polies de France ; il leur facilite un com¬ merce neceflaire pour étendre & pour perfectionner leurs connoiilances. 11 m’eft venu des extrémités du royaume quantité d’cfpeces de Chenilles, & de divers autres in¬ fectes qui me font arrivées à Paris très-vivantes. 11 n’y a qu’une voye auiTi prompte que la polie pour tranfporter en vie ces petits animaux, quoiqu’on leur faffe faire une longue route fur laquelle on ne les l’oigne point. D’ail¬ leurs ceux qui vouloient bien prendre la peine de m’en ram aller, & de me ies envoyer, n’auroient fouvent olé lifquer de mettre à la Polie des infeéles que je pouvois avoir, ou qui auroient pû périr en chemin, s’ils eulfent crû que le port m’en eût coûté cher : iis n’étoient plus des Insectes. 51 arrêtés par cette crainte, dès que je les avois averti que de pareils envois m etoient rendus fans frais, 6 c par l’atten¬ tion obligeante de M. d’Onzembray, fouvent plutôt que les lettres ordinaires. Il m’cft venu par la polie beaucoup d’infeèfes bien lains du fond du Poitou, & en particulier de Reauinur. U11 de mes amis * ayant pris du goût pour la lolitude, 6 c pour étudier nos petits habitants des cam¬ pagnes, a bien voulu choilir ma Terre pour le lieu de fa retraite. La il cherche les infeétes avec une attention 6 c une patience aulquelles ne fçauroient échapper ceux même qui femblent affés cachés par leur extreme petiteffe. Il fe plaît à les nourrir, à les élever, & il m’a foigneufe- ment envoyé ceux qui lui ont paru les plus dignes d’être fuivis. M. Baron, qui avant de s’établir Médecin à Luçon, avoit demeuré chés moi à Paris, 6 c qui y avoit même eu foin de mes ménageries d’infeétes, m’en a envoyé beaucoup de ceux de fon canton, ce qui lui a été d’au¬ tant plus facile, que perfonne n’a le coup d’œil meilleur que lui pour les découvrir. M. deVillars, qui eft aufli Médecin dans le même pays, & dont la rélidence efl au¬ près des EfTars, a eu aufli le foin de m’en chercher, 6 c de m’en envoyer. J’en ai eu des environs de Bordeaux, que j’ai dû aux attentions officieufes de M. Raoul, Confeiller au Parlement de la même ville. Enfin ceux qui s’inte- reffent aux progrès de l’hiftoire naturelle , 6 c qui me ju¬ geront capable d’y contribuer, me feront des prefents que je recevrai avec une reconnoiffance que je me ferai pîaifir de rendre publique, quand ils voudront bien m’envoyer les infeétes qui leur auront paru finguliers, 6 c qu’ils fou- haiteront que j’étudie. Ils n’auront qu’à les renfermer dans de petites boîtes, avec la provifion d’aliments neceflàires * M. Bazin, ci-devant Contrôleur du Grenier à Sel de Paris. Gij 52 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE pour îe voyage , & à les adrelfer à M. le Comte dGnzembray, Intendant general des Polies de France; au delTous de la première enveloppe ils en mettront une fécondé à mon adreffe : ils peuvent être lurs que l’envoi me fera fidellement & promptement remis. Lorfque la nature d’un ouvrage exige qu’on falTe palier dans l’clprit du ledeur les images de quantité de figures compofees, on ne peut gueres le promettre d’y réulfir fans le lecours des delfeins. Il elt difficile de peindre exadement par des delcriptions les differentes formes, les differents arrangements, de les differentes proportions des parties de certains corps. Mais il elt encore plus difficile de fixer l’attention à des descriptions, qui rarement peu¬ vent être fuffilamment exades fans être longues. Les delfeins dilènt bien plus vite ce qu’ils ont à dire ; ils ne peuvent pourtant pas toujours reprdenter tout ce qu’on voudrait qu’ils repreientaffent, mais ils foûtiennent tou¬ jours l’imagination, & avec leur lecours on lit & on en¬ tend des delcriptions qu’autrement on n'entendrait ni ne lirait. C’ell lur-tout aux ouvrages dont l’objet elt de faire connoître les formes du corps & des parties de divers infedes que les delfeins lbnt neceffaires ; ils animent, pour ainfi dire, ces ouvrages ; la vie femble manquer à ceux à qui ils manquent ; dans ce genre, un ouvrage qui 11 elt prefque que de delfeins, fera toujours mieux reçu qu’un autre qui en ferait totalement privé, quelque exact & quelque détaillé qu’il fût d’ailleurs. Plus de gens appa¬ remment ont parcouru les planches que nous a données M„ dc Merian, tant des infedes d’Europe que de ceux de Surinam, qu’il n’y en a qui ont lû i’hiltoire des infedes de M. Ray, abfolument dénuée de figures; cependant quelques lignes, employées par M. Ray à décrire un in- Icdc, peuvent le faire mieux connoître, mettent fouyenÇ des Insectes. 53 plus en état de le retrouver, de le diftinguer de ceux à qui il reiremble que ne nous y met une figure de cet infecte, qui fera au nombre de celles qui lont gravées eu même enluminées dans les planches de Al. de Merian: mais l’imagination travaille pour prendre & pour confer- ver l’image qu’une description veut lui donner, & elle reçoit dans un inftant & lans peine celle d’un deffein. Les planches ne manquent donc jamais d’égayer les ouvrages où elles fe trouvent, mais elles ne leur donnent pas toujours tous les avantages quelles lont defiinées à leur procurer, fur-tout lorfqu elles ont à nous reprefentec des infeétes de differentes efpeces entre lelquels il n’y a que de legeres différences. Ceux dont nous avons le plus de figures gravées, font des Chenilles & des Papillons; Si je ne craindrai pas de trop dire, quand je dirai quelles ne fçauroient nous faire retrouver le quart de ceux qu’elles reprefentent. Les bons Peintres en portrait font rares , &. le nombre des bons Peintres ou des bons Dcffinateurs en portraits d'infeétes efi incomparablement plus petit ; peu de Peintres s’exercent à en faire, év il efi très-diffi¬ cile d’y réufïir ; fouvent deux hommes different plus à nos yeux que n’y different deux Chenilles, quoique d’efpeces différentes. Je me fuis ordinairement abftenu de multi¬ plier les deffeins de celles qui n’avoient entre elles que de ces variétés legeres qu’on ne fçauroit fe promettre de faire fentir avec le noir & le blanc de la gravure. On peut fe promettre de faire voir plus de variétés, iorfqu’on a recours aux couleurs, lorfqu on enlumine les figures; mais outre que tout ouvrage rempli d’un grand nombre de planches enluminées devient cher, c’eft que ce qu’on retire d avantage des enluminures n’cft pas pro¬ portionné à leur prix ; il leroit exceffif, fi les couleurs étaient appliquées avec toute l’intelligence, tout le foin & G iij £4 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE tout l’art neceffaires pour nous offrir des portraits où l'on retrouvât la nature. Mais les enluminures qui lont faites à la hâte, les ordinaires, nous donnent louvent de fi fauffes idées des couleurs propres aux inl'eétes, qu’il vaut mieux n’avoir que de fimples gravures, qui au moins r.e nous trompent point, & qui confervent des traits de reffemblance que l’application des couleurs fait fouvent perdre. Enfin if y a des inl'eéïes, par exemple des Chenilles, dont les diffé¬ rences ne l'çauroient nous être montrées par les couleurs; plulieurs font toutes brunes, toutes vertes, & les bruns & les verts different plus fur le même infeéle, confideré quelques jours plutôt ou plus tard, que ne différent quel¬ quefois ceux de deux infeétes de différentes elpeces. Il conviendrait que tout obfervateur eût lui-même le talent de deffiner, pourvu qu’il ne s’y livrât pas trop » qu’il n’employât pas à des clefïéins le temps qu’il devrait; donner à des recherches. L’avantage de ce talent eft fur- tout pour faifir des moments uniques qui ne laiffent pas le temps d’avoir recours à une main étrangère,qu’on n’eft pas maître d’avoir toujours auprès de foi. Pour fuppléer à ce qui me manquoit, j’avois frit inftruire un jeune homme, qui avoit une grande difpofition à copier fidel- Jement la nature : il demeurait chés moi ; je n’ai même ofé rafièmbler mes obfervations, & m’engager à en for¬ mer un corps d’ouvrage que quand je me luis crû fur de ce fecours pour frire faire commodément tous les deffeins dont j’aurais befoin ; mais la mort me l’a enlevé, lorfque je ne faifois que commencer à en jouir, c’eff ce qui a été caufe en partie que cet ouvrage a plus tardé à paraître. Je n’aurois pasfongé à employer un autreDeffmateur que celui dont je me luis le plus fèrvi depuis, fi je l’euffe fçû plus maître de Ion temps ; il eft né avec des talents & du goûtfpour Ion art, qu’il a cultivés en travaillant» \ des Insectes. 55 depuis plus de vingt-cinq ans, fous les yeux de nos plus fçavants Académiciens. La plupart des defTeins des Mé¬ moires de l’Academie font de lui. D’ailleurs, fils d’un des premiers Graveurs que nous ayons eu, fur les traces duquel il s’efforce de marcher, il a lui-même gravé les defTeins qu’il a faits fous mes yeux. Des defTeins perdent fouvent beaucoup dans la gravure , pcrfonne n’eft plus propre à leur y conferver tout leur efprit que celui qui les a faits. Les defTeins de ce premier volume font donc pour la plupart de M. Simonneau , excepté un petit nombre qui ont été faits par le jeune homme que la mort m’a trop tôt enlevé. Il y en auffi quelques-uns, qui par la vérité de leur reffcmblance feront fouhaiter qu’il y en eût un plus grand nombre de la même main ; ils font d’une perfonne du même fexe que celle à qui nous de¬ vons ceux des infeéles de Surinam, mais qui jufqu’ici ne s’étoit amufée que rarement à de pareils ouvrages, & qui eft fi éloignée d’en vouloir tirer quelque gloire, qu’elle ne me permet pas de la nommer. Le genie & les heu- reufes difpofitions que la nature lui a données pour le deffein , lui ont fait acquérir en peu une facilité de faire des portraits refTemblants d’infeéies qui ne pouvoit man¬ quer de lui rendre ce travail agréable. Le pîaifir qu’elle y a trouvé me met en état de promettre pour les volumes fuivants un bon nombre de fes defTeins, auffi fideiles 6 c auffi corrects qu’on les peut defirer. Ceux qui, comme moi, font incapables de faire eux- mêmes les defTeins dont ils ont befoin, ne doivent pas au moins fe difpenfer de les Lire faire fous leurs yeux, quelque temps qu’il leur en doive coûter. Un deffinateur a beau être intelligent, il lui eft impoffible d’entrer dans les vûës d’un auteur, fi l’auteur ne conduit, pour ainfi dire, fon pinceau. Le deffinateur fera frappé par certaines / 5 6 MEMOIRES POUR L’HlSTOlRE parties d’un objet qu’il cherchera à mettre plus en vûë; 6 qui feront celles qu’il importe le moins de faire con- noître. C’efl à l’auteur à donner les politions, les points de vûc de l’objet. Dans divers ouvrages où on a repre- fenté un grand nombre de belles eljaeces de Papillons, on sert plus attaché à donner des ligures qui plufTent que des ligures qui inllruililfent. La ligure d’un Papillon qui vole, qui a toutes les ailes étalées, & qui montre en entier la variété de l’arrangement de les couleurs, eft a durement plus agréable que celle d’un Papillon en repos, dont les ailes liiperieures couvrent louvent tout ce que les ailes inferieures ont de beauté, &qui d ailleurs a alors un air plus lourd , plus raccourci, & plus mal fait. Mais les premières ligures ne nous aident point à reconnoître ce Papillon quand il eft pôle lur des feuilles & fur des fleurs, & quand il vole on ne diltingue point les belles couleurs. Quelques peintres même, pour nous faire voir tout ce qui peut le voir de l’arrangement des couleurs des ailes, ont reprelenté les Papillons dans les attitudes de ces oiféaux qui font attachés contre des portes. Je ne deiap- prouve pas pourtant ces dernières attitudes; je trouve qu’il ell très-bien de faire voir la difîribution de toutes les taches qui peuvent nous aider à diftinguer un Papillon des au¬ tres, quand nous l’avons entre les mains, mais je demande que par préférence on le reprelente dans les attitudes fous iefquciles il paroît à nos yeux. On fouhaiteroit peut-être trouver à la fin de ce pre¬ mier Mémoire un plan détaillé de l’ordre dans lequel nous avons crû devoir placer nos différentes claffes de petits animaux. Mon premier delfein avoit aulfi été de tracer ici ce plan , mais j’y ai renoncé, après avoir vu que je lerois obligé de rapporter les rai Ions des arrangements que j .aurais choilis, de donner des deferiptions des infeéles que des Insectes. _ 57 que leurs noms leuls ne feraient pas connoître à ceux qui n’ont point encore étudié i’hiftoire naturelle ; ç’auroit été le mettre dans la nécelTité de décrire deux fois chaque inleéte, car on ne peut s’empêcher de décrire celui dont on donne l’hiftoire, c’en eft le vrai temps. Les anneaux dont le corps d’une infinité de petits ani¬ maux eft compoié, les elpeces d’incifions qui lé trouvent à la jonétion de deux anneaux, leur ont apparemment fait donner le nom ülnfedes, qui aujourd’hui n’eft plus reftraint à ceux qui ont de pareilles incifions. On n’hefite pas à mettre une Limace dans la elafle des infeétes, quoi¬ qu’elle n’ait point d’anneaux diftinéts. Peut-on donner un autre nom que celui d’infeéîe à ces animaux de mer, dont la figure eft aflfés bizarre pour reflcmbler à celle fous laquelle les peintres reprefentent les étoiles * I D’autres * Man. de animaux de mer, que les naturaliftes ont appellés desOrties, l pf l / 10 ’ ont des formes aufli fingulieres ; dans certains temps ils font concentrés en eux-mêmes, la figure peu agréable qu’ils ont alors, les fait appeller fur diverfes côtes des culs de chevaux ; dans d’autres temps ils s’épanoui fient comme des fleurs, dont ils femblent avoir été ci-devant les boutons *. Quoique les anneaux manquent aux Orties, * Man. de & aux Etoiles de mer, les unes & les autres n’en feront l pf' f 10 ' pas moins regardées comme des infeétes. Puifque la Li¬ mace eft un infeétc, le Limaçon en eft un aufii, il femble n’être qu’une Limace couverte de coquille. Dès-là l’hil- toire des Coquillages devient une branche de celle des infeétes. Je fuis donc bien éloigné de la borner à celle des animaux qui ont des incifions, je ne la bornerais pas même à celle des animaux qui ont une certaine petitefte; quoique Moufet ait intitulé fon ouvrage le Theatre des Infed.es , ou des plus petits Animaux, ces deux termes ne me femblent point du tout finonimes. Dès qu’un hiftorien Tome /. . H N 58 MEMOIRES POUR UHlSTOIRE a confacré fa plume à la gloire d’un peuple, il fe paf- fionne pour lui, il voudrait lui découvrir la plus noble» 6 c la plus ancienne origine, il voudrait trouver par-tout des traces de fes conquêtes, &. de l’étendue de fa domi¬ nation. Je nefçais fi des dil'pofitions pareilles ne me font point trop reculer les limites delà clalfe des infecfles; je lui accorderais volontiers tous les animaux que leurs formes ne nous permettent pas de placer dans la ciaffe des qua¬ drupèdes ordinaires, dans celle des oifeaux, 6c dans celle des poiffons. La grandeur d’un animal ne doit pas fuffire pour 1 oter du nombre des infecfles. Les voyageurs qui nous parlent d’Araignées auffi groffes que des moineaux, exa¬ gèrent peut-être, mais nous avons des Papillons dont le vol, dont l’étendue des ailes furpaffe l’étendue des ailes de certains petits oifeaux. Une Chenille n’en ferait pas moins Chenille, fion en trouvoitde plufieurs pieds de longueur. Un Crocodile ferait un furieux infecfte, je naîtrais pour¬ tant aucune peine à lui donner ce nom. Tous les reptiles appartiennent à la ciaffe des infecfles par les mêmes raifons que les Vers de terre lui appartiennent. Les Lézards, qui malgré leurs quatre jambes, s’élèvent fouvcnt h peu lorf- qu’ils marchent, que la plupart femblent ramper, font encore une dépendance de la ciaffe des infecfles. Les Gre¬ nouilles, 6c les plus vilains de tous les animaux, lesCrapaux, font de même du raifort de 1 hifloire des infecfles, qui, mal¬ gré l’averfion qu’on a pour ceux de ces derniers genres, peut plaire en racontant leurs amours, en apprenant que le mâle tient fa femelle embraffée 6c ferrée pendant plu¬ fieurs lemaines, 6c jufqu’à quarante jours, fans interrup¬ tion. Au refie nous aurons moins à craindra le reproche d avoir parlé de tels ou de tels animaux dans nos Memoi- res, que celui de n’avoir pas affés fçû voir tout ce qu’ils offrent de fingulicr. des Insectes. 59 SECOND MEMOIRE. DES CHENILLES EN GENERAL, Et de leurs dirigions en clajfes éf en genres. Orsque i’hyver a dépouillé les arbres de leurs J —i feuilles, la nature femble avoir perdu fes infeéles; il y en a des milliers d’efpeces, d’aîlées & de non-aîlées, fi communes en d’autres temps, qu’on ne retrouve plus alors. Nos campagnes s’en repeuplent dès que les feuilles des arbres commencent à pointer ; des chenilles de toutes efpeces les rongent avant même qu’elles fe foient dévelop¬ pées. Ces chenilles, que nous voyons alors reparaître, fuffifent pour nous donner idée des moyens generaux que la nature employé pour conferver tant d’infectes dans une faifon où ils ne fçauroient plus trouver de quoi fe nourrir. Les obfervations qui ont été faites jufqu’ici, ont établi que les chenilles naiffent d’œufs de papillons. Nous verrons ailleurs les lieux que les papillons choififfent pour dépofer leurs œufs, l’art avec lequel ils les arrangent, & les précautions qu’ils femblent prendre pour les confer¬ ver; c’en eft afles à prefent de fçavoir qu’un très-grand nombre d’efpeces de chenilles ne fubfifte plus pendant l’hyver que dans les œufs que les papillons ont pondus dans des temps plus doux. Tout a été combiné par la nature de façon que la chaleur nécelTaire pour faire croître les petites chenilles dans leurs œufs, eft la même qui eft néceffaire pour Lire pouffer les feuilles des plantes & des 6o MEMOIRES POUR L'HiSTOIRE arbres propres à les nourrir. Quand elles ont acquis la force de brifer leur coque, d’en fortir, elles trouvent les aliments que leurs beloins leur font chercher. Pour arriver à l’état de papillon, les chenilles paffent par un état moyen, qui efl celui de crifalide. Sous cette forme, l’infeéle n’a pas befoin de prendre de nourriture, & n’a pas d’organes capables d’en prendre. Quantité d’ef- peces de crilàlides vivent pendant l’hyver, les unes renfer¬ mées dans des coques quelles fe font filées, lorfqu’elles étoient chenilles ; les autres font au deffous de certaines portions d’écorce d’arbres qui lé font un peu détachées: d’autres font dans des crevalfes de murs; d’autres font cachées fous terre. C’eft de ces crilàlides que fortent les differentes cfpeces de papillons que nous voyons voler au printemps; ils font alors des œufs, d’où des chenilles ne font pas long-temps à éclorre. D’autres chenilles paffent l’hyver fous la forme même de chenille, elles fe choififfent & fe font des retraites où elles fe tiennent auffi immobiles que fi elles étoient mortes : leur conflitution eff telle que les aliments leur font alors inutiles ; il ne fe fait pas alors chés elles de diffipations qui demandent à être ré¬ parées. Les retraites des unes font fous terre, quelquefois à une profondeur de plufieurs pieds. D’autres relient au deffus de la furface de la terre, fur des plantes, fur des arbres. Celles-ci font ordinairement raffemblées en grand nombre dans le même endroit fous plufieurs enve¬ loppes de foye qui fervent à les défendre contre les in¬ jures de 1 air. Il y a même quelques papillons de certaines efpeces, qui paffent l’hyver en vie, fans prendre de nour¬ riture , auffi le paffent-ils fans voler. Ils 1e tiennent cachés dans des endroits où on ne les iroit pas chercher. J’ai fouvent fait fendre pendant fhyver des troncs d’arbres creux ou cariés, pour trouver les infeéles qui y étoient des Insectes. 61 logés, dans lefquels j’ai quelquefois vu des papillons im¬ mobiles, mais qui devenoient en état de faire ufage de leurs jambes & de leurs ailes, dès que je les avois un peu réchauffés. J’ai trouvé, par exemple, dans des troncs de chêne des papillons vivants, dont les uns venoient de chenilles qui le nourriffent des fouilles de l’orme*, & * pj. dont les autres venoient de chenilles qui fe nourriffent Fi S - l - des fouilles de l’ortie. C’efl par des moyens à peu-près fomblables, que tant d’autres elpeces d’inlèéles fo conforvcnt pendant l’hyver; il elt vrai pourtant qu’il en fait périr un grand nombre, & il elt bien important pour nous qu’il en faffe périr beau¬ coup. Il y a des races fi prodigieufement fécondes, que pour peu qu’il en relie quelques individus, ils peuvent encore s’être allés multipliés avant la lin de l’été pour nous incommoder. Les chenilles font des premiers infeétes qui reparoif- fent au printemps, ç’en elt une des plus nombreufos claffes; quelque part où on fe promette dans les belles laifons de l’année, on en trouve fur diverfos elpeces d’arbres & de plantes. Ç’cn eût été affés {tour me déterminer à com¬ mencer ces mémoires par les obfervations qui les regar¬ dent; une autre raifon m’y a encore déterminé. On Içait que leur état ell paffager, que toutes doivent par la fuite devenir des infoéles ailés ; ces changements de forme font certainement un des plus linguliers fpeétacles que nous offre fliiltoire naturelle, & les chenilles nous donnent plus de commodités qu’aucuns autres infectes, d’obforvcr les voyes que la nature a prifos pour les opérer, de nous inltruire des adreffes qu’elle a enfeignées aux infoéles pour fo précautionner contre les dangers aufquels ils font expofés dans ces temps critiques. Parut-il très-inutile de connoître toutes les chenilles H iij 62 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE qui peuvent être connues, on ne laiffera pas de penfer qu’il convient de les diflribuer en claffes, en genres, en ef~ peces, aufquels on puiffe rapporter celles qui fe prefentent l'ous nos yeux ; & où on puilTe voir, lorfque quelqu’une a excité notre curiofité, li elle -eft du nombre de celles dont on a l’hiftoire. Par ce moyen on apperçoit prefque d’un coup d’œil les variétés remarquables qui fe trouvent entre elles. La commodité, & même la néceiïité de ces fortes de diftributions, eft generaiement reconnue. Les variétés coudantes que nous offrent les chenilles, peuvent fuffireà un grand nombre de divifions & de fous-divifions bien diftincftes. Il relie pourtant une difficulté confidera- ble par rapport à l’établiffement des claffes, des genres, & des efpeces de ces infeéles. Ils ne font chenilles que pour un temps, par la fuite ils doivent prendre des ailes, ils doivent devenir des papillons. Quand on nous décrit une chenille, on elt curieux de fçavoir en quel papillon elle fe transformera ; nous parle-ton d’un papillon, on elt de même impatient de fçavoir de quelle chenille il eft forti ; auffi la méthode de Moufet a été generaiement regardée comme vicieufe, parce qu’il a traité léparément des papillons & des chenilles. On veut voir, autant qu’il eft poffible, chaque chenille accompagnée de fon papillon. Mais de-là naît une grande difficulté fur la diftribution des chenilles en claffes & en genres. Une pareille diftri¬ bution des papillons n’eft pas moins nécefiaire : or fi on prend pour caraéleres des differentes claffes de chenilles, & pour caraéleres des differentes claffes de papillons, ceux qui nous frappent le plus, & qui fembient les plus natu¬ rels à failir, les chenilles de même claffe, de même genre, donneront des papillons de differentes claffes, & des che¬ nilles de differentes claffes, donneront des papillons de même claffe, & peut être de même genre. Il en eft de des Insectes. 63 même réciproquement de la diftribution des papillons confiderée par rapport à celle des chenilles. Si chaque papillon fe trouve avec l'a chenille [Si il faut qu’il s’y trouve) ou les papillons ou les chenilles ne feront pas en ordre. Rien ne fçauroit fauver cet inconvé¬ nient , li 011 veut, comme je l’ai dit, tirer les caraCteres de l’état où font les chenilles & les papillons lorfqu’ils fe prefentent fous nos yeux, & d’où il eft naturel de les tirer. On auroit moins befoin de chercher à apporter remede à cet inconvénient dans une fimple introduction à l’hiltoire des infeCtes que dans une hiftoire generale ; mais il y en a un qui nous paraît fuffire Si. pour l’une Si pour l’autre, c’ellde donner d’abord les caraCtcresde toutes les chenilles pour les clalfes, pour les genres , pour les efpeces , fans entrer en aucun détail de leurs hiltoires particulières ; de donner de même les caraCteres pour les clalfes, les genres, les efpeces des papillons, fans parler de leur hiftoire, fans rien dire, fi l’on veut, des chenilles d’où ils viennent. Les caraCteres étant établis* ou choifira d’écrire les hiftoircs dé¬ taillées des papillons de differentes clalfes, des genres & des efpeces de ces clalfes, d’apprendre leurs origines, ou de donner les hiltoires détaillées des chenilles de differentes clalfes Si de leurs différents genres, & de faire connoître les papillons dans lefquels elles fe transforment. Le der¬ nier des deux partis elt pourtant celui auquel je me tien¬ drais dans une hiftoire generale, pour ries railons déjà indiquées dans le premier mémoire. Si pour quelques autres que j’indiquerai bientôt. Ainfi, en luivant les diffe¬ rentes clalfes, les differents genres de chenilles, en faifànt leur hiftoire, je parlerais de tous les papillons qui en nailfent, je les décrirais, Si je ne manquerais pas de faire remarquer la clalfe Si le genre à qui ils appartiennent. Alors on a toujours la chenille & le papillon enfemble, I 64. MEMOIRES POUR L'HlSTOIRE & on* fçait toujours de quelle clafle & de quel genre ils font l’un & l’autre. 11 elt vrai neantmoins que par-là le papillon fe trouve fouvent déplacé, c’efl-à-dire, qu’il n’efl pas toujours avec fes femblables. Mais veut-on lupplécr à ce dérangement! il n’y a qu’à drefler une table de tous les papillons dont il a été fait mention dans l’ouvrage, où ils foient nommés dans leur vrai ordre, & où les plan¬ ches qui contiennent leurs ligures foient citées. Ainli on reverrait paraître tous les papillons dans l’arrangement qui leur convient, on reverrait en même temps les che¬ nilles d’où ils naiflent, & ce ferait une courte & utile récapitulation de ce qu’on aurait déjà lu. Quoique l’état de papillon foit le terme du dévelop¬ pement de l’infeétc, & qu’il puifle être regardé comme l’état de perfection, ce font les clafles des chenilles que j’aime mieux fùivre que celles des papillons, parce qu’il cfl plus aile d’avoir les hifloires complettes des infectes qui paroifïent fucceffivement fous l’une & l’autre forme, en commençant par obferver les chenilles. Il elt rare que les papillons que l’on prend au hazard à la campagne, falfent des œufs féconds dans les lieux où on les renferme ; & plus rare encore, qu’on parvienne à élever les chenilles qui en naiflent ; on ignore la nourriture qui leur cfl propre, & on connoît celle d’une chenille qu’on a trouvée ran¬ geant une plante. Enfin, fhifloire des papillons ne nous donnerait pas fhifloire generale des chenilles, au moins fi on continué d’appeller chenilles , tous les infeétes à qui les naturaliftes en ont donné le nom; car nous aurons occafion d’en faire connoître plufieurs efpeccs qui fe transforment en mouches. Nous allons donc commencer par parcourir les variétés que les chenilles nous offrent, Sc fur-tout celles qui fcmbîent les plus propres a fournir à l’établiflcmént des clafles N des genres. Le des Insectes. 65 Le corps des chenilles a beaucoup plus de longueur que de diamètre: il eft compofé d’anneaux, dont la cir¬ conférence eft ailes fouventcirculaire ou ovale ; leur partie inférieure eft neantmoins, pour l’ordinaire, plus applatie que la fupérieure : on en comptera conftament douze à toute chenille, fi on comprend parmi les anneaux, la partie qui termine leur corps, quoique fa forme foit differente de celle des autres, quelle foit celle d’un anneau tronqué, d’un onglet. C eft dans cette partie qu’eft l’anus del’infeéte, ordinairement recouvert d’un petit chaperon charnu : h on ne la veut pas mettre au nombre des autres anneaux, on n’en donnera qu’onze à la chenille, comme l’a fait M. Malpighi. L’une & l’autre façon de compter les an¬ neaux eft très-arbitraire, il me femble pourtant plus com¬ mode d’en compter douze. Ils font tous membraneux, & c’eft même ce qui diftingue les chenilles de divers autres infectes, qui comme elles ont le corps allongé & formé de douze anneaux, mais écailleux. La tête de la chenille eft attachée au premier anneau; fon crâne, ou plus exacte¬ ment toute l’enveloppe de la tête, femble écailleufe. Je ne crois pas qu’il y ait aucun genre d’animal dont les efpeces foient formées fur autant de modellcs & fi differents que le font ceux des diverfes efpeces de che¬ nilles. Une des variétés des plus remarquables, c’cft que parmi des infectes, à qui on ne peut s’empêcher de donner le même nom, il y en ait qui ont plus de jambes que les autres. Les chenilles en ont de deux efpeces, fçavoir, de celles que je nomme écailleufes, parce qu’elles font or¬ dinairement recouvertes d’une forte de cartilage luifant. J’appelle les autres des jambes membraneufes, parce qu’une peau mole & flexible les enveloppe. Il eft commun à toutes les chenilles d’avoir fix jambes écailleufès, trois de chaque l - côté, qui partent des trois premiers anneaux*; aufîi les 3 . 0 & c .' J. Tome I .1 \ 66 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE nommerons-nous quelquefois les jambes anterieures, ou les premières jambes. Mais toutes les chenilles n’ont pas de même un égal nombre de jambes membraneufes, il y en a qui n’en ont que deux, d’autres en ont quatre, d autres en ont lix, d’autres en ont huit, & on a appellé chenilles des infedes qui ont jufqua feizede ces jambes membra- neufes. Pour que nous pu/Hons être frappés des différences qui font entre les infedes, il falloit qu’elles fuffent beau¬ coup plus confidérables que celles qui font entre les grands animaux; des mouches, qui ne différeraient que comme le lapin différé du lièvre, nous fembleroient feulement des mouches de differente grandeur. L’Auteur de tant de petits êtres animés, féinble avoir eu deffein de nous mettre en état de les diftinguer les uns des autres, & de nous exciter à les obferver, en leur donnant des formes fi fin- gulierement diverfifiées. Les variétés que nous offrent les genres, & même les claffes des grands animaux, font en petit nombre & peu confidérables, fi on les compare avec celles que les infedes nous font voir. Desefpecesd’infedes d’un meme genre font fouvent plus différentes entr’elles, que ne le font entr’eux les genres des grands animaux. Parmi ceux-ci, le genre des chiens eft peut - être celui dont les efpeces preféntent plus de variétés, & des variétés plus confidérables; nous ifen connoiflbns pourtant point qui approchent de celle d’avoir des jambes en nombre different. Nous devons neantmoins avouer que les naturalifles confondent fouvent les infedes d’un genre avec ceux d un autre genre; ce n’cfl pas que les différences propres a les faire diftinguer manquent, ceft qu’on ne s’eft pas aftes embarraffé de déterminer en quoi elles confident. D ailleurs quoique la nature ait mis des variétés très- des Insectes. 67 confiderablcs dans fes productions de toute cfpece, eiie a infiniment nuancé ces variétés, de forte que les extrêmes de deux genres le rapprochent quelquefois de façon que le point de partage ell difficile, & prefque imj)offiblc à fàilir. La clalfe des vers eft la plus voiline de celle des chenilles ; tel naturalifle appelle ver l’infcde qu’un autre nomme chenille . Le même donne quelquefois ces deux noms alternativement à un infeéte ; fans en chercher loin des exemples, cela m’ell arrivé en parlant des teignes, & je pourrais citer des auteurs des plus iHuîtres à qui cela clt arrivé dans d’autres cas. Je crois pourtant que peu de caraéteres fuffilent pour déligner tous les inlcCtes qui peuvent être compris fous le genre general des chenilles; c’eft de prendre pour chenilles tous les infeCtes, &. feule¬ ment les infeCtes, compofés de douze anneaux membra¬ neux, & d’une tête écaiileufe ; qui ont au moins huit jambes, dont les fix premières font ordinairement écail- leufes, &qui, quoiqu’elles puifïent fe recourber plus ou moins, font incapables d’allongements ou de raccourcii- fements fenfiblcs. Au contraire les autres jambes des che¬ nilles s’allongent, fe raccourcirent, fe gonflent, s’appla- tiffient au gré de l’infeCte, elles font membraneufes. Si on me demandoit fi je penfe que c’cll en cela que confiltele caraCtere efTentiel de la chenille, je répondrais que non feulement par rapport aux chenilles, mais même par rapport à tous les êtres tant compofés que fimples, nous ignorons ce qui en fait véritablement l’efTence, & qu’il faut nous contenter de certains figues & de cer¬ taines propriétés qui nous les font diffinguer les uns des autres, quoiqu’elles ne foient pas peut-être ce qui conf- tituë leur effencc. J’avouerai même , & je fuis forcé de l’avouer, que ce qui peut nous paraître le plus propre à caraéterifer un animal, un infede, 11’eft pas toujours cc ïij * PI. I. Fig. r. 2. j.' &c. p. * Fig. ! . 2 3. &.c. iiii.. I re, G LAS SE. * Fig. I. iiii 68 MEMOIRES POUR l’Histoire qui le caraderife véritablement : d être ailé ou de n’être pas aîié, font affinement des caraderes très-differents; les ailes ne fervent pourtant qu a diftinguer les fexes de quelques infèdes ; il y en a dont les mâles portent des ailes, quoique les femelles n’en portent point. Mais les différences prifës du nombre & de l'arrange¬ ment des jambes des chenilles m’ont paru être celles à qui il étoit le plus commode de fe tenir, pour les diftribuer en differentes claffes. Nous avons déjà dit que celles qui en ont le moins, en ont huit, lix écaiileufes & deux mem- braneufes. Ces deux dermeres font attachées à leur partie poftericure, au dernier anneau * ; nous les nommerons auffi ies jambes fofierieures, ou les dernières jambes. Mais d’autres chenilles ont des jambes placées entre les écail- leufes & les pofterieures, que j’appelle les jambes interme¬ diaires *. La figure & la flruduré des pofterieures font les mêmes dans l’effentiel que celles des intermediaires; & je ne fçais pas pourquoi Aldrovande, & Jungius après lui, n’ont pas voulu les mettre au nombre des jambes. Ce dernier les appelle des clouds, comme fi l’infede ne s’en fervoit que pour fe fixer : elles reffemblent pourtant encore aux autres par leurs fondions, & elles n’en diffe¬ rent que parce qu’elles font plus inclinées au corps de la chenille, & qu’elles font dirigées de maniéré que le pied qui les termine eft fouvent pôle par dc-là le bout du dernier anneau. C’eft lur-tout par le nombre & par l’arrangement des jambes intermediaires que nous caraderi ferons les claffes des chenilles. Nous compoferons la première de cellesqui ont huit jambes intermediaires, quatre de chaque côté*, c eft-à-dire, feize jambes en tout. Leurs huit jambes inter¬ mediaires font attachées à quatre anneaux confecutifs ; quatre autres anneaux en font dépourvus, fçavoir deux» des Insectes. 69 entre ia dernière paire des jambes écailieufes & la pre¬ mière paire d’intermediaires, & deux entre la derniere paire des jambes intermediaires, & entre la paire des jambes pofterieures. Les plus grandes efpeces de chenilles,. & celles que nous voyons le plus communément, appar¬ tiennent à cette première claffe ; elle efi, dans ce pays, la plus- nombreule en efpeces differentes ; au (h la divilc- rons-nous en d’antres dalles lubalternes dans le Mémoire Classe. * Fig. z. Si Fig. z. fuivant, qui nous fournira les caractères de ces divifions. Nous compolerons la fécondé & la troifieme claffe des chenilles qui n’ont que trois jambes intermediaires lE de &Ill. me de cliaque côté, c’dt à dire que quatorze jambes en tout*. Je ne connois encore que peu d’dpcces de ces claffes, mais la plupart remarquables par leur induftrie. La diffé¬ rence entre ces deux claffes fera prife du different arran¬ gement du même nombre de jambes. La fécondé com¬ prendra les chenilles qui n’ont point de jambes au 4. rae au 5_ mc ni au 6. me ni au io. me ni au 1 i. mc anneau *, & la troifieme comprendra celles qui ont le q~ mc & le ^. me anneau dépourvus de jambes, & qui en ont au 6. mc au y, me &au B. rac mais qui n’en ont point fur le p. mc le io. me d le 1 1 . me *; ainli les chenilles de ces deux claffes ont trois- * Fig. 3. anneaux de fuite fans jambes, mais dans la fécondé claffe* tes trois anneaux qui en font dépourvus, font entre la derniere paire des écailieufes, Ôr la première des membra- neufes, & dans la troifiéme claffe *, les trois anneaux confecutifs fans jambes font entre la j. me paire de jambes pofterieures & la derniere des jambes intermediaires. 11 y a des chenilles a quatorze jambes, qui demandent encore ci être rangées dans une claffe particulière, &. que nous mettons dans la quatrième * : eiles ont, à l’ordinaire, tes fix jambes écailieufes ; elles en ont huit intermediaires & membraneufés, placées comme celles des chenilles I iij * Fig. 2. * Fig. 3, IV.mt Classe. * E‘S- 4- ♦ Fig. 4.. cc * Fig- 4 - y .me Classe. * Fig. 5. ü. VI. mc Classe. * Fig. 6. i. 70 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE de la première cl a (Te , fur le 6. me 7- me b\ mc 6c c'. me anneau ; mais les deux jambes pofterieures leur man¬ quent. Dans les efpeccs de cette dalle le derrière fe ter¬ mine fou vent par deux longues cornes *, qui ont de la folidité, qui peuvent s’approcher plus ou moins, s’écarter plus ou moins l’une de l’autre, fe diriger en haut ou en bas, à droit ou à gauche, fans pourtant fe courber fenfiblement. Ces efpeccs de cornes ne font que les étuis de véritables cornes charnues, qui ont quelque relfem- hlance avec celles des limaçons, 6c que la chenille ne frit fortir de ces étuis que quand il lui plaît. Nous parlerons ailleurs de quelques chenilles de cette clalfe dont la figure eft très finguliere, 6c s’éloigne beaucoup de celle des chenilles ordinaires. Mais nous n’en citons aéluellement qu’une très-petite pour exemple*, que j'ai eue à Reau- mur dans ie mois de Septembre, 6c qui y a été trouvée fur Tôlier par M. Bazin. Nous composons la cinquième clalfe des chenilles qui n’ont que quatre jambes intermédiaires*, c’elt-à-dire, que douze jambes en tout. Nous ralfemblons dans la fixieme clalfe celles qui n’en ont que deux intermediaires*, ou qui n’ont en tout que dix jambes. Les chenilles de la cinquième clalfe ont quatre anneaux de fuite qui n’ont point de jambes, &l celles de la lîxicme clalfe ont cinq anneaux de liiite qui n’en ont point. Ces anneaux font ceux qui font placés entre les jambes écail- leufes &. les jambes intermediaires. Enfin les unes 6c les autres n’ont point encore de jambes lùr les deux anneaux qui font entre les jambes intermediaires 6c les pofierieures. Les chenilles de ces deux clalfes ont une démarche très-differente de la démarche ordinaire de celles qui ont huit jambes intermediaires. Ces dernières portent, pour des Insectes. 71 l’ordinaire, leur corps parallèlement au plan fur lequel elles le font avancer, leurs pas font petits. La diftribution des jambes des autres les oblige à marcher à plus grands pas. Entre les jambes écailleules & les jambes intermediaires de celles de la foxieme dalle, il y a cinq anneaux de fuite fans jambes, & par confequent une étendue de cinq an¬ neaux où le corps n’a point d’appui. Si une de ces che¬ nilles, tranquille & allongée *, comme elles le font fouvenr, * PI. r. fe détermine à marcher; pour faire le premier pas, elle F, S- 1Z - commence par fe faire une forte de bofle, en courbant en arc la partie qui 11’a point de jambes ; elle en éleve le milieu plus que lerefle, elle courbe cette partie de plus en plus jufqu’à ce quelle lui ait fait prendre la figure d’une efpecc de boucle*, c’efl-à-dire, jufqu’à ce qu’elle * pi. T . ait apporté fes deux jambes intermediaires contre les der- F js- 1 nieres jambes écailleules, par confequent jufqu’à ce quelle ait porté en avant la partie poficrieure de l'on corps fur une longueur égale à celle des cinq anneaux. Là elle cramponne fes jambes intermediaires & les pofterieures ; alors elle 11’a qu’à rcdrelfer, qu’à remettre en ligne droite les cinq an¬ neaux,dont elle a ci-devant formé une boucle, pour porter fa tête en avant à une diftance égale à la longueur de cinq anneaux. Voilà le premier pas complet ; pour en faire un lêcond , elle n’a qu’à répéter la même manoeuvre. Cette forte d’allure a fait nommer ces chenilles des geometres ou des arpenteufes ; elles fcmblent mefurer le chemin quelles parcourent. Lorfquelles font un pas, elles appliquent fur le terrein la partie de leur corps quelles avoient courbée pour fe préparer à marcher; elles l’y ap¬ pliquent, dis-je, comme un arpenteur y appliquerait fa chaîne. La plupart des chenilles de ces deux clafies, & fur- tout celles de la fécondé, ne gonflent point & ne con- O, u j * PI. Fig. 8. 14. * Fig- ' 10. 11. 9 - .9. 14. 72 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE traélent point, 11'allongent point Si ne raccourciiTcnt point leurs anneaux à leur gré, comme le font celles de toutes les autres claflès. Elles 11c femblent prefque capa¬ bles de fe plier, que comme I’eft un rejetton de bois verd; fouvent les prend-on même pour un morceau de bois fec: il y en a aulîi plufieurs efpeces que l’on appelle des arpent eiifes en bâton *. Leur corps long, tout d’une venue, qui femble roide, Si qui, dans plufieurs elpeces, cil de couleur de bois, les fait louvent prendre pour un petit bâton. Ce qui aide encore à les faire meconnoître, ce font les attitudes dans lefquelles elles fe tiennent immo¬ biles, & qu’on ne croiroit pas les attitudes d’un infecte. Elles fuppofent une étonnante force dans les mufcles de celui qui s’y maintient pendant long temps, comme font nos chenilles. On en voit qui embralfeni une petite tige d’arbre , la queue d’une feuille , avec les deux jambes polterieur.es Si les deux intermediaires qui en font proches. Si qui les y cramponnent ; le relie du corps, élevé ver¬ ticalement, relie roide Si immobile pendant des demi- heures & des heures entières. D’autres foutiennent pen¬ dant aulîi long temps leurs corps dans une infinité d’au¬ tres attitudes , qui demandent incomparablement plus cle force; car on en voit qui ont le corps en l’air dans toutes les portions qui font entre la verticale, que nous venons de conliderer, Si l’hprifbntaie , Si dans toutes les pofitions inclinées depuis i’horifontale jufqu’à la verti¬ cale en bas*. Si on fait attention combien nous fommes éloignés d’avoir dans les mufcles de nos bras, une force capable de nous lbutenir dans de pareilles attitudes , 011 reconnoîtra que la force des mufcles de ces infeéles efl prodigieufe. Enfin, non-feulement elles foutiennent immobile leur corps étendu, dans ces differentes pofitions, elles l’y fou¬ tiennent des Insectes, 75 tiennent rfulli après lui avoir fait prendre diverfes cour¬ bures tout-à-fait bilàrres, dont une elb reprefentée dans Ja ligure 1 1 . mc planche 1 . te Elles le foutiennent également , foit que le ventre foit en bas, foit qu’il foit en haut. Les mufcles qui ont foutenu les chenilles vivantes dans ces attitudes fingu- lieres, les y maintiennent après leur mort : on en trouve de mortes dans toutes les pofitions dont nous venons de fixiéme clalfe, ou la fécondé des arpenteufes, con¬ tient un très-grand nombre d’efpeces très-petites, & d’ef- peces de moyenne grandeur, mais elle en contient peu de grandes, éc fur-tout peu de grolfes. Les elpeccs que j’ai trouvées jufques ici de la cinquième clalfe, ou de la première des arpenteufes, font de grandeur médiocre, 6 c je 11’en ai encore vû qu’un petit nombre. Elles n’appro¬ chent pas autant delà forme de bâton, que la plupart de celles de l’autre clalfe; leurs anneaux font plus capables de gonflement & de contraction. Pour conferver, autant qu’il eft poflible, au genre des chenilles, les infectes qui le metamorphofent en papillons, nous compoferons lafeptiéme clalfe de celles à qui toutes les jambes intermediaires manquent, qui n’ont que huit jambes en tout, les hx écailleufes 6c les deux pofterieures *. Nous verrons par la fuite, que le genre des vers, ou que le genre des infectes que les naturalises n’ont point déflgnés par d’autres noms, eft bien plus nombreux encore que celui des chenilles : entre les vers, il y en a quantité d’efpeccs qui paroiffent avoir huit jambes ; mais les deux poftericures ne font que des fortes de ma¬ melons formés par l’anus prolongé, & ils ne font point terminés par des pieds armés d’une grande quantité d’ongles ou de crochets, comme nous verrons que ic Tome 1 . . K parler La vir.™ Classe. * PI. y. F'g- 7- * PI. I. Fig. 17. x 8 20 . * Fîg. 18. * Fig. 17. 74 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE font ceux clos j unbes polterieures & des jambes interme¬ diaires des chenilles des ciafîes precedentes. La plupart de ces infeéles appelles teignes, fi dignes de notre attention par l’art qu’ils ont de le vêtir, femblent le ranger fous cette fepttéme claffew On ne leur voit bien que les fix jambes écailleufes, & les deux polterieures : il y en a pourtant qui en ont huit intermediaires, mais qui font fi courtes, que ce n’elt qu’avec lefecours delà loupe qu’on les peut découvrir, & reconnoître que ces petites chenilles appartiennent à la première clalfe. Je penfe donc qu’il convient d’ôter du genre des che¬ nilles tous les infeéles qui ont moins de huit jambes; mais convient-il de lui en lailfcr de ceux qui en ont plus de feize * ! On ne pourroit s’en difpenfer, fi on veut parler comme Ray, Jungius, & comme quantité d’autres natu¬ ralises, & même fi on veut accorder au genre des che¬ nilles, ce que le premier coup-d’œil femble demander que l’on lui accorde; & dans ces fortes de diflributions, je crois qu’il faut avoir beaucoup d’égard à ce premier coup d’œil. La forme du corps, allongée & arrondie, la tête écailleufe, & une certaine difpofition & proportion de parties qui nous déterminent à nommer chenilles celles que nous voyons pour la première fois, nous fera nom¬ mer chenilles , des infeéles qui ont plus de feize jambes *. Mais d’un autre côté nous fortunes accoutumés à voir les chenilles fe transformer en papillons: or quantité d’cfpeces de ces infeéles à plus de feize jambes * que j’ai nourries, fe font toutes transformées en mouches. J’ai lieu même d établir en réglé generale la transformation de ces in¬ feéles en mouches, jufqua ce qu’on ait trouvé alfés d exceptions pour en détruire la généralité. Un parti moyen me paroît tout concilier ici fuffifamment; j’expri¬ merai en même-tems que ces infeéles ne font point des Insectes. 7 > des chcniües, 6c qu’ils leur reffcmblent, en les appcUant de s falijfés chenilles. Tous les i niéclés qui, par la forme de leur corps, ont uiie grande reffemblance avec les chenilles, mais qui ont un plus grand nombre de jambes que les chenilles dont nous avons compofé nos fept claffes, ou qui ont des jambes diflribuées différemment, 6c d’une drue turc dif¬ ferente , feront donc appelles dans la fuite de cet ou¬ vrage, des faujjes chenilles. Nous trouverons auffi plu- fieurs claffes de ces fauffes chenilles, qui toutes donnent ries mouches. Mais nous ne caraéleriferons ces claffes, 6c nous ne donnerons les bifloircs de leurs infectes, qu’après que nous aurons donné celles des vraiescheniiles, & celles des papillons. Sous chacune des claffes que nous avons établies, fe rangent quantité de chenilles qui ont entr’elles des diffé¬ rences fenfibles, 6c qui y doivent être diflribuées en dif¬ férents genres, compofés eux-mêmes de bien des efpeces. Parcourons à prefem les principales variétés que nous offrent ces chenilles de differentes claffes, N fur-tout les variétés les plus ailées à appercevoir, les plus capables de nous frapper, 6c par là, les plus propres à fournir des genres. Toutes ces variétés peuvent être rapportées à deux efjjeces principales, à celles que {extérieur de ces infeéles nous prefente, 6c à celles qui dépendent pour ainfi dire de leur genie, 6c qui regardent leurs différentes façons de vivre. Dans chaque claffe il y a des chenilles de bien des degrés différents de grandeur; nous nous con¬ tenterons pourtant de réduire ces degrés à trois. Les che¬ nilles du degré moyen ou de grandeur moyenne, ont environ douze à treize lignes de longueur, lorfquelles ne s’étendent que médiocrement, 6c le diamètre de leur corps a un peu moins de trois ligues. Celles qui font * PI. IJ. Fig. S, 76 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE fenfibiement plus grandes, font de la première grandeur; & celles qui font lènfibiement plus petites, font du der¬ nier degré de grandeur, ou des petites. Les chenilles dont fexterieur ell le plus fimple font celles dont la peau n’efl point couverte par des poils ou par des corps analogues aux poils, & qui peuvent être appellées des chenilles rafes. 11 y en a dont la peau eh mince & fi tranfparente,. qu’elle laiffe appercevoir partie de f intérieur de l’animaL. D’autres ont une peau plus épaiffe & très-opaque. Entre celles-ci, quelques-unes l’ont lilfe, luifante, comme h elle étoit vernie; d’autres font matte. Les chenilles dont la peau eft tendre, tranfparente &. d’une couleur blancheâtre ou rougeâtre, qui tire fur la couleur de chair, font celles qu’on a le plus fouvent confondues avec les vers. On donne ce dernier nom à tous les infeéles qui fe trouvent, dans les fruits, quoique ceux de plufieurs, entr’autres ceux des pommes, ceux des poires & ceux des prunes, l'oient fouvent rie véritables chenilles. Mais on n’a pas pris la peine d’obfervcr que leur tête ell écaillcufe , & qu’ils ont lèize jambes difiribuées comme celles îles chenilles de la première dalle. Les vers de la viande font blancheatres y ou rougeâtres, & tous les infeéles qu’on a vus de même couleur ont été nommés des vers. Au contraire, des iii— fcéles qui ont la peau plus opaque & jaune , ou verte , ou brune, ou rayée de ces differentes couleurs, ont été nommés des chenilles, quoiqu’ils n’ayent ni tête écail- leufe, ni jambes, quoiqu’ils ayent tous les caraéleres des vers de la viande, &. que ce ne foit que par leur couleur qu ils reffcmblent à quelques chenilles. Ce font auffi les couleurs ries differentes chenilles qui les font le plus remarquer. On voit fur leur corps toutes celles oui nous font connues & une infinité de nuances des Insectes. 77 dont il fcroit difficile de trouver ailleurs des exemples. Les unes ne font que d’une feule couleur; plufieurs cou¬ leurs differentes très-vives, très-tranchées en parent d’au¬ tres; tantôt elles y font diftribuées par rayes, par bandes qui fuivent la longueur du corps *, tantôt par rayes ou pi. 5. bandes qui fuivent le contour des anneaux*; tantôt elles f p[',6. font par ondes, par taches, foit de figure régulière, foit Fi s- <• de figure irrégulière*; tantôt par points,& cela avec des * pi. 1. variétés qu’il n’eft pas poffible de décrire en general, on 11 le peut à peine pour les cas particuliers. Les différences des couleurs & leur arrangement nous feront diffinguer les efpcces, mais ils ne nous y ferviront pas encore autant qu’il fcroit à fouhaiter, au moins par rapport à celles qui n’ont qu’une feule couleur ; il y en a fur-tout beaucoup d’efpeces dernièrement vertes, d’en- tierement brunes,qu’on ne fçauroit bien caraélerifer fans avoir recours aux endroits où elles vivent , & à leur façon de vivre. Entre les rafes, les unes le font plus que les autres, car nous ne donnons pas ce nom uniquement à celles qui font entièrement dépourvues de poils; celles dont les poils font en petit nombre ou peu fenfibles, qu’on ne voit que quand on cherche à les voir, font pour nous des chenilles rafes : elles peuvent pourtant être diftinguées en parfaitement rafes & en imparfaitement rafes. La peau de la plupart des chenilles rafes eff douce au toucher; mais il y en a qui compofent un genre aile à earaéterifer, parce que leur peau eff heriffée d’une infinité de petits grains durs, qui font fur le doigt qu’on paffe deffus, une impreffion femblable à celle qu’y fcroit du chagrin fur lequel on le pafferoit *. Leur peau peut être * pi. 2 . comparée à celle du chien de mer; & le nom qui fem- Fi s- ble le mieux leur convenir eff celui de chenilles chagrinées, K iij * PI. 2 . Fig. 2, * Fig. i. c . * PI. 4. Fig. 14. c. * PI. 2. Fig. 1. 78 Mémoires pour l'Histoire Quand on obi'erve attentivement ces petites éminences, on voit qu’elles font rangées avec ordre; ainli la chenille de la planche 2, figure 1, qui efl d’un beau verd naiïïant, a divers compartiments marqués par des traits d’un verd jaune ; elle paraît picquée par des points dont la fuite forme ces traits. Ces points font nos petits grains rudes au toucher, éc qui femblent être d’une.matière offeufe, ou de corne. Si on les obi'erve à la loupe, ils paroilfcnt de petits mamelons qui partent d’une hafe circulaire *. Plufieurs chenilles chagrinées font encore plus remar¬ quables par une corne qu’elles portent fur !’ 1 1 , me anneau, qui fournit lecaraélere d’un nouveau genre*; elle efl or¬ dinairement dirigée vers le derrière, 6c un peu courbée en arc. J’ignore de quel ufage elle leur efl ; fa figure éé la du¬ reté ont fait imaginer qu’elle étoit pour elles une arme of- fenfive ou défenfive; mais je n’ai jamais vu aucune chenille s’en fervir ioit pour attaquer, foit pour fe défendre. Le ver à foye * efl lui-même diftingué des autres chenilles raies par line efpecc de corne qu’il porte auffi fur 1 11 . mc anneau, fi pourtant on peut donner ce nom à une partie qui 11’a de commun avec les autres cornes, que là figure & ià pofition ; car elle efl de fubflance charnue & affés molle, pourempê- c.her même de foupçonner qu’elle lui puiffe fervir d’arme. Mais la fuite de cet ouvrage ne fera que trop voir que nous fommes extrêmement i'ujcts à nous tromper fur les ufages les plus vrai-femblables que nous attribuons .aux parties des animaux. Les cornes*de nos chenilles, fomblent être de vraye matière de corne; on pourrait pourtant les croire de ma¬ tière offeufe. Il y en a de plus ou moins recourbées, toutes le font un peu vers le derrière de l’infeéle, qui les tient tantôt plus droites 6c tantôt plus inclinées. La loupe y fait appercevoir un travail que la vue fîmple n’y DES ï N S E C T E S. 79 découvre point *. Elles ont line infinité de petites éminen- * pi. 2 . ces épineufes, arrangées à la maniéré des écailles, dont Fl S- S- elles ont quelquefois la forme; on croit même y appcrce- voir des articulations, mais s’il y en a, ce n’eft pas pour fervir aux flexions de ces cornes qui 11e le plient en aucun endroit. Au refie, toutes les chenilles chagrinées n’ont pas une corne, & elles ne font pas les feules qui l’ayent, d’autres chenilles raies & non chagrinées en portent une * El- 13- femblable *. Communément les chenilles à corne ont le Flg ' l ' corps ferme, il paroît dur fous les doigts. Nous confidercrons encore comme des chenilles rafes, celles qui compofènt un autre genre remarquable par des tubercules arrondis , ordinairement en portions de fphere, & diftribués. régulièrement fur chaque anneau, les uns au-deffus des autres, & oit ceux des differents an¬ neaux font diipofés en differents rangs, fur des lignes * PI. 2 . ■ parallèles à la longueur du corps*. Piufieurs des plus F, § -11, greffes efpeces de chenilles, & de celles qui donnent les plus beaux papillons r appartiennent à ce genre. Ce grand papillon fur les ailes duquel font peints des yeux fem- blables à ceux de la queue du paon , vient d’une de ces chenilles. Elles font véritablement ornées par ces * pp. 2 . mêmes tubercules qui fervent à les caraéterifer * ; ceux de Fi s- ’ 2 - & fclpece de chenilles que nous venons de citer, font d’un I;> ‘ très-beau bleu, & femblent autant deturquoifes, qui font un bel effet, fur-tout fur celles dont la peau eft d’un brun clair. 11 y a auffi des chenilles d’unverd un peu jauneàtre, qui ont de ces tubercules de couleur de îurquoife ; d’au¬ tres chenilles vertes, plus petites que les précédentes, mais qui font pourtant au deffus de celles de moyenne grandeur, ont de ces tubercules d’une couleur de chair vive qui fait merveille fur le verd tendre de leur peau *. F * 2 " Des poils partent de chacun de ces tubercules, mais û * PI. 2. Fig. i 2. & 1 3 - * P!. 7 . Fig. i. & Pi. 37. Fig. i. * PI. 37 . l ie. i. O * PI. 2. Fig. 4.. &. 6. * PI. 2. Fig. 9. * PI. 2. Fig. 1 o. 80 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE comme ils font en petit nombre, gros & affés courts*, ils 11e doivent pas nous engager à fèparer ce genre de ceux des chenilles imparfaitement raies. Une remarque qui ne doit pas être oubliée, & qui aidera à caraéleriler non feulement des genres de chenilles raies, mais même des genres de chenilles de quelques autres clalfes, c’elî que quoique communément leurs an¬ neaux ayent des contours circulaires ., ou ovals, il y a des chenilles dont le contour de la partie luperieure de chaque anneau a des courbures moins fimples. Il y a des chenilles dont le milieu du deflùs de chaque anneau forme une efpece de languette qui va recouvrir l’anneau qui le précédé*; d’autres font comme entaillés dans cet endroit. Enfin le contour fuperieur de l’anneau dans plulieurs efpeces a différentes inflexions. Nous ferons des genres particuliers des chenilles dont les anneaux n’ont pas un contour circulaire ou oval. U11 caraéfere encore qui fera utilement employé pour diflinguer quelques genres, c’efl qu’il y a des chenilles qui portent fur la partie anterieure de la tête même deux petites cornes ou antennes *. Des chenilles raies nouspafïbns à celles qui font herif- fées de poils fi gros, Sc fi durs, que le nom à'épines femble être celui qui leur convient le mieux, Sc que les chenilles elles-mêmes ne peuvent être mieux défignées que par celui de chenilles épineufes *. Ces gros poils, qui font allés durs pour être picquants, reffemblent encore aux épines des plantes par leur forme. Les unes font des épines Amples, depuis leur bafe jufqu a leur fommet, elles vont en dimi¬ nuant pour fe terminer en pointe ; fouvent cette épine eft une tige d’où partent divers poils longs Sc très-fins *; d autres épines font compofées ou branchucs*. La tige principale jette en divers feus plufieurs épines, qui ne des Insectes. 8t font pas moins confiderables que celle par laquelle elle fie termine elle-même. Il y a des chenilles dont les épines ne font qu’une feule tige qui s’élève, en diminuant de groffeur, & qui fe divilè cnliiite pour former une fourche. Le microlcope fait voir que toutes les pointes des épines branchuës ont chacune leur bafe engagée dans une partie qui forme autour d’elle une efpece de bourlet*. Les ou- * pi. 2 . vriers de differents arts engagent des poinçons, des efpeccs F p- 1 °;" z * d’aiguilles d’acier dans le bout d’un manche ou d’une Fig. né poignée de bois, c’eft ainfi que toutes les épines femblent emmanchées. Les figures, les couleurs, les grandeurs, la quantité des épines peuvent fervir à diftjnguer les differentes efpeces de chenilles épineufes. 11 y a des épines brunes, noires, jaunâtres, violettes, & peut-être de bien d’autres couleurs. Quoiqu’une chenille en l’oit quelquefois très-chargée, il cil ailé ale reconnoître quelles font arrangées avec ordre, tant félon la longueur du corps que félon fon contour. Il y a des chenilles qui n’en ont que quatre, d’autres en ont cinq, d’autres en ont fix fur chaque anneau * ; d’autres * Fig. 6. & enontfept*, d’autres en ont huit. Tous les anneaux d’une 7* Fjy ^ chenille n’ont pourtant pas le même nombre d’épines: & j. les plus proches de la tête & les derniers en ont quelque¬ fois plus& quelquefois moins que les autres; de forte que c’eft fur les anneaux qui viennent après ceux des jambes écailleufes, de fur les premiers des jambes intermediaires qu’on comptera les épines. Sur chacun de ceux-ci, une chenille d’un noir velouté de l’ortie*, a fix épines, quoi- * Fig. 6, qu’elle n’en ait aucune fur le premier anneau, & deux feulement fur le fuivant. Ce que je dis de la façon de compter les épines, fera pris auffi p«ur réglé, lorfqu’il s’agira de compter les tubercules & les houppes des poils. Les épines n’empêchent point de voir la couleur delà Tome I. . L % PI. 27. Fig. 1. * PI. 23. Fig. 8. *• PI. j. Fig. 7. 82 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE peau Je ces chenilles, ainfi on peut encore caraderifer ces cfpeces comme celles des chenilles raies par les couleurs de leur peau, lur-tout quand elles font remarquables. Une des chenilles épineules de Forme eft très-aileeà défigner, & elle m’a paru devoir être appeliée la bedande, parce que fou habit eft de deux couleurs ; l'a partie anterieure eft d’un canclle clair, & le refte du deftus de fon corps eft d’un blanc jaunâtre*. Une autre chenille épineufe de l’orme a des rayes violettes tout du long du corps, mêlées avec des rayes feuille morte *. Enfin les chenilles dont on voit le plus, &. qui font ou les plus belles ou les plus hideul'es, félon qu’on eft difpofé pour elles, font les velues. Elles peuvent être rangées lotis bien des genres, & ont hefoin de l'etre. Les defcriptions & les figures qu’on a données d’un grand nombre de ces chenilles, Liftent prefque toujours incer¬ tain, lorfqu’on en trouve quelqu’une, fi elle eft ou 11’eft pas une de celles qu’on a voulu nous faire connoître. On les a placées pêle-mêle , fans s’embarrafter de les mettre dans l’ordre que la quantité, la longueur & ladifpofition de leurs poils fembloient demander, & fans chercher ù faire ul'age des caractères que nous fôurniftent les arran¬ gements de leurs poils, pour aidera lesdiftinguerLes unes des autres. Il y en a que je n’appelle que des demi-velues; elles ont quelques parties de leur corps aftes chargées de poils même longs, pendant que d’autres parties en font dénuées* que leur peau eft prefque par-tout ailleurs à découvert*. Entre celles qui font entièrement velues, c’eft-à-dire, qui ont au moins quelques touffes de poils fur chacun de leurs anneaux , il y en a de velues à poils courts ou h poils ras. Des chenilles qui par leur feule figure & parla façon finguliere dont les anneaux font entaillés, méritent des Insectes. 83 d’être mifes,dans un genre particulier, nous fourniront le premier exemple des poils ras ; celles dont je veux parler ont le corps plus court par rapport à Ion diamètre, & plus applati en delfous que ne l’eft ordinairement celui des chenilles; leur forme approche alfés de celle des clo¬ portes, pour qu’011 les puilfe nommer des chenilles clo¬ portes : leurs poils font courts, durs, rangés près les uns des autres *. D’autres chenilles ont les poils plus doux & encore plus prelfés les uns contre les autres, comme le font ceux d’un velours bien fourni & bien coupé : ce font des che¬ nilles veloutées. On nommera veloutées a poils longs , celles dont la peau eft entièrement cachée par les poils, quoiqu’ils foient de longueur inégale, pourvu qu’ils parodient partir égale¬ ment de tous les endroits de la peau. Sur quantité d’autres chenilles, les poils ou le gros des poils paroît difpofé par bouquets, par houppes, par ai¬ grettes, & il l’eft même réellement ainft fur bien d’autres où cet arrangement ne fe fait pas remarquer d’abord. C’eft fur-tout pour diftinguer les efpeces de ces chenilles dont le nombre eft très-grand, qu’il faut chercher des caraéleres. Pour peu qu’on les confidere, on remarque fur la plu¬ part , que les touffes de poils partent de tubercules ar¬ rondis *, femblablcs à ceux où nous n’avons vu que peu de poils, dans un genre de chenilles raies dont il a été fait mention ci-devant. Ceux que nous confidcrons ac¬ tuellement font encore hemdpheriques. Le nombre de ces tubercules décide de celui des houppes de poils dont nos chenilles velues font couvertes. Chacun de ces tuber¬ cules femble percé comme un arrofoir, pour laifter palier les poils*. Sur les endroits où il n’y en a point, on voit comme les trous ou les places où il devroit y en avoir. * PI. 2?. Fig. I. & 2 , * PI. 2. Fig. 18. PI. 6. Fig. r; 3. 4. & 6. * PI. 6 , Fig. 6. * PI. 6. Fig. i. * PI. 6. F'S- 3 - * PI. 2. Fig. 16. &. 17. * PI. 2. Fig. 18. * PI. 36. Fig. 1. & 2. * PI. 6. Fig. 1. 84 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE Ces tubercules , qui fervent de baies aux poils, font ali ignés tant fuivant la longueur du corps * que fuivant la courbure de la partie fupericure de chaque anneau *, c’cft- à-dire, de cette partie d’anneau qui fe termine de part & d autre à la hauteur de l’origine des jambes. Il y a des chenilles qui, iùr chacun de leurs anneaux, ont douze de ces tubercules, ou douze touffes de poils; d’autres n’en ont que dix *, que huit ou que iept, d’autres n’en ont que Iîx, d’autres n’en ont que quatre; ces differents nombres de touffes ou de tubercules d’un même anneau, peuvent caraéîerifer des genres. Comme il efl pourtant difficile de compter le nombre des touffes des anneaux de quelques chenilles, on aimera peut-être mieux tirer les caraélercs des genres de la maniéré dont les poils font implantés fur ces tubercules; ce qui efl plus ailé à appercevoir que le nombre des houppes. Sur certaines chenilles les poils de chaque touffe font a peu-près également longs, & font comme autant de rayons qui fe dirigent vers le centre de la fpherc, dont le tubercule efl une partie, c’cll-à-dire, que chaque poil efl perpendiculaire à la furface du tubercule ; ils forment des efjreccs d’aigrettes plus ou moins fournies dans différentes chenilles, mais de figures affés régulières*. D’autres chenilles n’ont pas les poils qui forment leurs touffes perpendiculaires à la furface du tubercule, ou l’axe du tubercule efl incliné au corps de la chenille. Aufît dans quelques-unes les poils qui forment les houppes le diligent tous vers la queue, c’cfl de quoi la chenille, que je nomme ïherijjone, ou, la marte *, donne un exemple fuffifant. Les poils des houppes ou des tubercules anterieurs , c efl-a-dire, de ceux des premiers anneaux, fe dirigent du côté de la tête dans quelques chenilles, & ceux des autres anneaux ^inclinent vers le derrière *. des Insectes. 85 Mais ce qui cil ic plus à remarquer clans la direction des poils, c’elt que clans certaines chenilles une moitié ou plus de ceux d’un même tubercule tend en b;is, Si l’autre moitié tend en haut. Cette direétion de poils fert à bien caraélerifer certaines chenilles dont on trouve unegrolfeefpecefur le gazon*, & une autre fur l’orme *. * pi. 2 . La moitié des poils du tubercule lupericur de chaque F, s- ‘ 9 - & anneau lé dirige en bas, Si l’autre moitié en haut, mais *V pi. 3> -, avec cette circonftance que partie de ceux qui montent, Fi ù- 1 • s’appliquent fur le corps de la chenille, le ceignent, Si que les autres s’élèvent Si tendent à palier par dc-là le milieu du dos, où ceux d’un côté font rencontrés par ceux qui viennent du côté oppofé *. * PI. 2> Un autre caraélere d’un genre de chenille velue, c’ell F U -°- all - que les poils de la moitié d’un des tubercules font longs, Fig .zïqjq. Si même très-longs, Si tendent en bas, & les poils de l’autre moitié du même tubercule l'ont fi courts, qu’ils 11’ont pas la y. me ou 8. mc partie de la longueur des au¬ tres, Si font même d’une autre couleur. La chenille la plus commune de toutes dans ce pays *, Si que nous * pj ^ nommerons aulfi la commune, nous en fournira un exem- Fig. 10, pie : elle a quatre tubercules fur chaque moitié d’an¬ neau * ; le troifieme ou le plus proche du fupcrieur jette * F!o de longs poils roux qui fe dirigent en bas, Si l’autre moitié 11’en donne que de très-blancs, courts, qui s’ajulient les uns contre les autres de maniéré qu’ils forment des eipeces de petites écailles * pi. 6 , Enfin il y a des chenilles dont les poils fe dirigent prefque tous en bas, Si qui par - là font très - velues au tour des jambes, Si qui ne le lont point lur le dos *. Une autre difpofition de poils qui forme le caraden d’un autre genre, c’elt celle que nous voyons dans une chenille qui mange volontiers le maronier ; elle a des L iij * PI. Fig. î. \ * IM. 34. Fig. 7. 6c 8. * PI. 42. Fig. 5. & 6. * PI. 42. Fig. 7. 6c 8. * PI. 2. Fig. 2 1 . .& PI. 33. Pig. 8. & 9. 86 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE touffes de poils qui ne partent pas de tubercules fenfibles, ils tirent leur origine d’endroits auffi peu élevés que le relie de la peau. Mais ce qui rend ces houppes remar¬ quables, c’elt qu’au lieu que les autres s epanouiflent en s’éloignant de leur bafe, celles-ci au contraire diminuent de grofleur, à mefure quelles s’élèvent. Les poils qui partent d’une bafe allés large, montent en cherchant à fe réunir*; les malles de poils forment des pinceaux. Si le genre précèdent manque de tubercule, la forme de ceux d’où partent les poils de certaines chenilles en doit faire un genre particulier : les tubercules dont nous avons parlé jufqu’ici, lont arrondis en portion delphere, mais il y a des chenilles qui en ont de charnus, faits en pyramide conique, qui s’élève davantage. Des poils par¬ tent de toute la furface du cône. Une feule pyramide charnue que portent fur le dos cer¬ taines chenilles, ed propre à les caraélerifer ; telle elt celle d'une chenille* qui vit volontiers fur l’abricotier, le pru¬ nier, le poirier, & fur quelques autres arbres ; cette chenille n’eft que dcmi-veluë, elle elt rcconnoiflable par une raye d’un beau jaune citron qui régné tout du long de Ion dos, mais elle i’eft bien davantage par l’efpcce de pyramide qu’elle porte fur Ion q. me anneau. Cette pyramide elt char¬ gée de poils, quoiqu’elle paroilfc de fubltance charnue, elle conlërve toujours fa forme, fa grandeur & l'a pofilion*. L’arrangement des poils met encore d’autres diltinc- tions très-fenfibles entre les chenilles velues. Il y en a qui ont fur leur dos des houppes de poils qui relfemblent parfaitement à des brolfes, & à qui nous en laiderons le nom; les unes ont trois, les autres ont quatre, d’autres ont cinq de ces brodes, placées fur differents anneaux *. Enfin, parmi les chenilles à brodes, il y en a qui por¬ tent fur le premier anneau, & qui fetllblent porter fur des Insectes. 87 leur tête, deux aigrettes dirigées comme les antennes de tant d’infeéles *. Ce ne font pas de (impies poils qui for¬ ment ces aigrettes *, ce font de vraies plumes. Des barbes font attachées , les unes au-delfus des autres, aux côtés oppolés d’une tige commune*. Sur la plus grande partie de la tige, les barbes font égales, mais celles qui appro¬ chent du bout luperieur croiffent & décroiffcnt enluite, de maniéré que ce bout a la forme d’un écran. Les barbes, au relie, font de véritables barbes, je veux dire, que comme ccllesdes plumes ordinaires, elles font chacune une plume en petit. Le microicope fait voir à chacune une petite tige, commune à d'autres petites barbes qui lui font attachées de part& d’autre. L’aigrette * eft un faifeeau de pareilles plumes de differentes longueurs. Les mêmes chenilles qui portent deux de ces aigrettes en devant de leur tête, en ont une polée fur l’onzième anneau *, & dirigée comme les cornes de quelques autres chenilles dont nous avons eû occafion de parler. Il y a encore de ces chenilles qui ont deux autres aigrettes femblables, qui tirent leur ori¬ gine des anneaux anterieurs,.& difpofées comme les bras d’une croix, dont le corps de la chenille feroit la tige*. Il y en a même d’autres qui de chaque côté ont deux de ces aigrettes. J’ai pourtant lieu de douter que les aigrettes des côtés, falfent une diftinciion d’efpeces; je foupçonne qu elles ne diftinguent que les fexes. Les differentes couleurs des poils peuvent aider à dis¬ tinguer les efpeces. Ceux de quelques-unes font tous de la même couleur ; ceux des autres font de couleurs très- variées, & mêlées agréablement : il y a des poils blancs, il y en a de noirs, de bruns, de jaunes, de bleus, de verds, de rouges, en un mot, il y en a de toutes les couleurs. Si de toutes les nuances de couleurs. Quelques-unes des chenilles à broffes dont nous venons de parler, ont leurs * PI. r9. Fig. 4. & 5. * Fig. 7. * Fig. 8. * F'g- 7 - * Fig. 4 .. dd - comme le deffous, comme la plante du pied; 6c le côté oppofé *, doit être regardé comme le defiùs du pied. * Fig. 4. Il arrive neantmoins h fouvent à l’une 6c. à l’autre de CC/ dd > f‘ ce s parties d’être alternativement au-defïiis 6c au-deffous de l’autre, que fi on n’apportoit quelque foin à démêler Tome J. . P 114 MEMOIRES POUR L'HlSTOIRE leurs fondions, on prendrait même plutôt pour le deffous du pied, celle que nous avons dite en être le defiùs. Nous nous arrêterons volontiers à conliderer celle de tou¬ tes les formes du pied, qui eft la plus propre à induire dans cette erreur, parce quelle eft auffi une des plus pro¬ pres à nous apprendre comment le font les mouvements du pied. Si on tient une chenille renverfée, & qu’avec deux doigts on prelfe une jambe vers l'on origine, elle en devient plus tendue; on voit qu’à une certaine diftance de fa baie, elle fe recourbe comme pour aller à la ren¬ contre de la jambe qui lui correfjrand, & qu’à mefure quelle s’éloigne de fa baie, elle diminue de grolfcur juf- qu’auprès de l’endroit où elle fe termine, où tout d’un coup elle femble prendre un diamètre plus confiderable,. * Fig. 6. pour former une elpece d’empattement , qui eft le pied*. ec > dd ‘ Le pied alors eft une efpece de difque, auquel le bout de la jambe eft peu incliné, ou qui paraît fait par l’éva- l'ement du bout de la jambe. Plus de la moitié de la cir¬ conférence de ce difque, i’interieure, eft armée de cro¬ chets; celle-ci faille beaucoup par de-la le côté intérieur de la jambe , aulieu que le côté extérieur de la jambe n’eft point, ou peu excédé par le dilque. On obferve une cavité, un enfoncement dans ce difque, qui répond au milieu ou à l’axe de la jambe, & qui par confequent n’eft pas au centre de l’empattement. De toutes les formes que prend le pied, il n’en a au¬ cune qui approche plus de celle d’un pied que la précé¬ dente, où il fait un large empattement au bout de la jambe. Dans l’attitude renverfée où nous avons mis la chenille, le deffous de l'empattement eft en haut, & femble être le deffous ou la plante du pied; la furface qui eft ici en vue eft pourtant réellement celle du défiais du pied qui marche, ou qui s’eft cramponné contre quelque corps. Sî des Insectes. 115 pendant que la chenille marche, fou pied avoit cette forme, les crochets dont il elt pourvû ne lui ferviroient de rien, ils ne failiroient point les corps fur lefquels ce pied s'appliquerait, puifque leur convexité ferait toujours tournée vers la furface de ce corps; aulieuque la conca¬ vité des crochets doit être tournée vers la furface des corps fur lefquels la chenille avance : fi on en fait marcher une fur la main, on fent fimpreffion des pointes de ces crochets, elles y caufent un petit chatouillement. Nous avons fait remarquer un enfoncement dans l’ef- pecede difque, dans l’empattement que le pied forme au bout de la jambe; quand la chenille veut, elle fait entrer dans cette cavité, ou plutôt dans celle de la jambe, toutes les chairs qui font en vûë dans notre figure, év alors elle ramene le bord où font les crochets, ou ce qui elt la même choie, les crochets eux-mêmes fur cette cavité; ils fe trouvent couchés delfus par rapport à nos yeux & à la pofition de la figure *. Les crochets ont alors leur con- * Fig. T*» cavité ou leurs pointes tournées en haut, & les auraient tournées en bas , fi la chenille étoit dans fi fituation naturelle, pofée fur un plan horifontal. Quelquefois la chenille fait rentrer les crochets encore plus avant; les chairs de la jambe s’élèvent pardeffus, & forment une efpecede bourlet qui les cache prefqu’entierement, alors on ne voit que la jambe, qui a une figure conique; ainû le pied peut rentrer dans la jambe, comme la jambe elle- même peut rentrer dans le corps. Mais lorfque la chenille fait ufage de fon pied pour marcher, elle n’a garde de renfermer ainfi les crochets; elle ne les ramene pas même jufques fur la cavité, mais elle gonfle cette partie que nous avons nommée la plante du pied, & qui eft fur le côté intérieur, par de-là les cro¬ chets *. C’eft cette partie qu’elle applique contre le plan * Fig. 8. h. Pij 116 Mémoires pour l'Histoire » Fig. 9. * PI. 5. Fig. 8. a a b. fur lequel elle marche; les crochets aident à affermir le pas. Pour bien voir cette manœuvre, il faut pofer une chenille fur un carreau de verre, & luivre au travers du carreau tous fes mouvements; on remarquera alors que dans le pas qui porte la chenille en avant, la jambe fait un angle obtus avec la partie anterieure du corps, & que le pied efl con¬ tourné de façon qu’il déborde la partie pofterieure de la jambe; & il déborde la partie extérieure de la même jambe, lorfque l’infeélc ne s’en fert que pour le cramponner *. Si, après avoir ouvert une chenille pardeffus le dos, on emporte toutes les parties intérieures qui couvrent les en¬ droits où les jambes membraneufes font placées, on n’efl plus fi furpris qu’elles, & les pieds qui les terminent, foient capables de tant de mouvemens differents: on voit quan¬ tité de beaux mufcics, au moyen dcfquels ils peuvent être exécutés*. 11 paroît que chaque jambe efl une eijjece de tuyau creux; on apperçoit un trou vis-à-vis le milieu de fa bafe, dans lequel plufieurs mufcles fe plongent. Le plus grand nombre des efpeces de chenilles, au moins des efj>eces les plus greffes, & les plus connues, ont des jambes membraneufes, & des pieds tels que nous venons de les décrire ; mais quantité d cfpeces de chenilles île grandeur médiocre, & de grandeur au-deffous de la mé¬ diocre, & quelques très-grandes efjieces, ont une autre conftnuftion de jambes membraneufes & de pieds. Leurs jambes, comme les précédentes , ont une figure qui tient île celle du cône tronqué; mais au lieu que les pieds des premières chenilles font entourés d’une demi-couronne de crochets, c’eft à proprement parler, le bout des jambes des fécondes qui efl entouré de crochets, & il efl entouré par une couronne de crochets compiette, ou prefque * Fl. 3.^ compiette*; elles n’ont point un pied capable des gon- j f.‘ I0 ‘ fiements, des contractions, des changements de figures des Insectes. i 17 que les autres font voir. Un mamelon charnu, qui, quand la chenille veut, rentre entièrement dans la jambe, & qui en fort quand elle marche, eft ce pied. Ce pied ne s’al¬ longe pas beaucoup, & n’efl jamais bien gros. Il a tou¬ jours moins de diamètre que la couronne de crochets; les crochets de cette couronne fe courbent tous vers le dehors de la jambe. Les jambes * de la plupart de ces dernières chenilles * Eig. iv. font courtes, la plupart de celles qui en ont de telles le li ‘ tiennent dans des feuilles roulées, dans les tiges mêmes des plantes, dans les fruits; elles ont des toiles autour d’elles dans lefquelles les crochets des jambes fe peuvent cram¬ ponner aifement. Ces jambes font fouvent moins longues que les premières dont nous avons parlé; mais d’autres chenilles qui ont aulfi leurs jambes entourées par le bout d’une couronne de crochets, les ont plus longues par rapport à la grandeur de leur corps, que celles des deux elpeces précédentes, & différemment conformées. Les jambes dont nous venons de parler, lors même qu’elles fervent au mouvement progreffif de l’inlcéfe, font ridées, elles femblent affés mal façonnées, & elles font greffes par rapport à leur longueur. Les jambes de la troihéme efpe- ce * font plus longues, & plus délieés; elles font toujours * Fig. 12, bien tendues; malgré leur flexibilité, elles reffemblent à de vrayes jambes de bois; leur partie l'uperieure * a la forme * Fig. 12. d’une cuiffe, ou plutôt de la partie de la jambe de bois qui a a ‘ embraffe la cuiffe. La jambe * qui y tient efl affés exaéîe- * b. ment cylindrique ; elle efl terminée par un empattement * * c f# dont le contour efl circulaire, & armé de crochets; & c’efl du milieu de cet empattement * que fort le petit mamelon * Fig. j qui tient lieu de pied. La première claffe des chenilles, la claffe de celles à feize jambes, ou à huit jambes intermediaires, efl extrè? P iij 11B Mémoires pour l’Histoire mement nombreufe, elle Tell même trop. Les remarques que nous venons de faire fur les ftruétures des jambes membraneufes, nous mettent en état de la fous-divifer en trois claffes fubordonnées; la première, eft celle des che¬ nilles dont les jambes intermediaires font pliffées, & n’ont * Fig. 6 . qu’une demi-couronne de crochets*. La fécondé com¬ prendra les chenilles dont les jambes font encore affés mal façonnées, mais entourées d’une couronne complette, ou * Fig. i o. prefque complette de crochets *. Enfin, on mettra dans Sillm la troifiéme clalfe fubordonnée, les chenilles, qui comme celles de la fécondé, ont leurs jambes intermediaires en¬ tourées d’une couronne complette de crochets; mais qui * Fig. i2. lorfqu’ellesmarchent ont leurs jambes bien tendues*, fans & plis, & affés fouvent femblablês à une jambe de bois. Dans la fuite, lorfque nous ferons mention d’une che¬ nille, nous dirons ordinairement fi elle appartient à la fé¬ conde ou à la troifiéme de ces claffes; mais nous néglige¬ rons d’avertir fi elle appartient à la première. Les crochets des jambes membraneufes font extrê¬ mement commodes pour aider à diftinguer les vraies che¬ nilles des faulfcs chenilles. Nous avons dit dans le Me- moire précèdent que les fauffes chenilles que nous con- noiffons actuellement ont plus de l'eizc jambes. Mais fi on en trouvoit qui n’euffent que feize jambes, & même moins, on les reconnoîtroit pour fauffes chenilles dès qu’on verrait que leurs jambes membraneufes n’ont ni * Fîg. 14.. couronne complette, ni demi-couronne de crochets*, qu’elles 11’en ont point du tout. Des jambes remontons à la tête des chenilles, pour en confidercr la conformation extérieure; elle femble tenir au premier anneau; dans le vrai pourtant, entre la têtc& cet anneau il y a un col, ordinairement fi court & fi replié, qu’il 11’cfi pas YÎfible; il n’y a que quelques circoiifiunccs des Insectes. 119 rares dont j’aurai occafîon de parler, où on le voye d’iftinéle- ment. La tête ell principalement compofée de deux gran¬ des pièces écailleules égales & lemblables * ; chacune d’elles a une forme approchante de celle d’une efpece de calotte qui auroit été un peu pliée, comme pour ramener une moitié de fa circonférence fur l’autre *, plus pliée pourtant, plus applatie à un bout de l'on diamètre qu’à l’autre. Les deux moitiés fuperieures de ces deux calottes forment le deffus de la tête ou le crâne *, & les deux moitiés inferieures en forment le delfous *; ces deux calottes ne le touchent, & ne font unies l’une à l’autre que par leur partie la moins applatie; c’cft par ces mêmes portions des calottes qu’eft formée la partie pofterieure de la tête. Leurs parties plus comprimées forment le devant de la tête, & ne le tou¬ chent point, elles laiffent même entr’elles un cfpace trian¬ gulaire alfés confiderable * ; une petite piece écailleufe le remplit : ce triangle eh ailé à voir fur le devant de la tête de toute chenille. Le contour de chacune de nos deux pièces principales, de nos efpeces de calottes eh ailé à fuivre, il a une forte de rebord plus épais que Je relie, & qui frit une efpcce de cordon; aulh à l’endroit de la partie fupericure de la tête où ces deux pièces font réunies, y a-t-il un fillon formé par la rencontre des deux cordons. L’ouverture qui relie entre ces deux pièces en delfous & en devant de la tête * ell la cavité où elt la bouche de la chenille. L'idée que nous prendrons de fa Itruélure, nous aidera à nous en faire une de la flruélure de la bou¬ che d’une infinité d’autres infecles, & nous fera voir combien leur conformation différé de ceile des bouches des grands animaux. Le bout fuperieur de la tête, ou pour ainfi parler, le mufeau, ell terminé par une partie charnue échancrée par Je milieu, que fmlecle peut porter un peu * pi. 4. F jg- 3 - 4 -S« A A . * E‘S- a, p. * Eig. 3. AA. * Fl S- 4 - & 5. AA. * PL 4. Fig. 3. C. * Fig. 4, Si 5. ♦Fig .%-ff &Fig. 4 -/- * Fig, 4. & 5. ihi. * h. * Fig. 4. ôi d f d. * Fig. J. 120 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE plus ou peu moins en avant *. Sa fituation veut que nous lui donnions le nom de lèvre fuperieure ; elle part de dél¬ ions un bouriet charnu fous lequel elle peut rentrer plus ou moins : ce bouriet lui-même peut être porté plus ou moins en avant. Nous croyons devoir donner le nom de lèvre inferieure à une partie compofée pourtant de trois parties differen¬ tes, qui ne font réunies que par leur bafe *, parce quelles font toutes trois oppofées à la levre fuperieure; que toutes trois font les fonctions de levre inferieure. La partie du milieu* eff la plus confiderable ; en dehors de la bouche, elle a la forme de mamelon , ou une figure pyramidale; les deux parties entre lefquelles elle eff ont auffi la forme de mamelon. Si on ne vouloit donner le nom de levre qu a la partie du milieu, & regarder celles des côtés comme fes appendices, je n’y trouverois pas grand inconvénient; mais j’aime mieux regarderies trois parties enlêmble, com¬ me une même levre refendue jufqu'auprès de fi bafe. Dans les grands animaux, les mâchoires font parallèles aux levres, chaque levre recouvre la henne; l’ouverture de la bouche y peut être fermée par la rencontre feule des levres. Dans nos chenilles il n’y a ni mâchoire inferieure ni mâchoire fuperieure, elles font toutes deux placées à une même hauteur, elles font toutes deux femblablcs, elles vont toutes deux mutuellement à leur rencontre, elles ne font chacune munies que d’une dent *, mais d’une dent fi large & fi épaiffe, que, vû la petiteffe de finfeéle, elle équivaut à toutes les dents dont font armées les m⬠choires des grands animaux. Enfin , lors même que la bouche de l’infeéte eff fermée, les dents font à décou¬ vert *; les levres ne rempliffent que la partie fuperieure & la partie inferieure de fon ouverture; le milieu de l’ouver¬ ture & les côtés font alors bouchés par les dents qui fe rencontrent des Insectes. 12 r rencontrent l’une & l’autre par leurs extrémités. Quand la bouche s’ouvre, quand les dents s’écartent l’une de l’autre *, leurs extrémités tendent à fe rapprocher du der¬ rière de la tête. C’eft par le mouvement alternatif des dents, qui toutes deux s’écartent l’une de l’autre, & qui toutes deux vien¬ nent enfuite fe rencontrer, que les chenilles hachent par petits morceaux les feuilles qui leur doivent fervir de nourriture. Il y en a des elpeces, qui pendant toute leur vie, & d’autres feulement, qui, quand elles font jeunes, ne font que détacher le parenchime des feuilles, qui en épargnent toutes les fibres; mais le plus grand nombre des cipeces de chenilles attaque toute lepaifTcur de la feuille. On peut s’amufer quelques quarts-d'heures à voir l’avidité & l’adrefle avec laquelle elles mangent, & nous devons nous arrêter à prefent à le décrire. Elles ont, pour ainfi dire, les heures de leurs repas. Nous avons déjà vu qu’il y en a qui ne les prennent que la nuit, d’autres les prennent à certains temps du loir, d’autres paflent le jour éé la nuit à manger; celles-ci dans une heure mangent & ccfient de manger à plufieurs reprifes. Une chenille qui veut com¬ mencer à ronger le bord d’une feuille, fe contourne le corps de façon, qu’au moins une portion du bord de cette feuille efi paflee entre les jambes écailleufes*, & quel¬ quefois entre quelques-unes, ou entre toutes les jambes membraneufes; ces jambes tiennent affujettie la portion de feuille que les dents vont couper. Pour en donner le premier coup, la chenille allonge fon corps, porte la tête le plus loin quelle peut. La portion de la feuille qui fe trouve entre les dents écartées, elt coupée dansl’inftant qu’elles viennent fe rencontrer; les coups de dents fe llic- cedent vite; il n’en eft point, ou il n’en eft gueres, qui ne détache un morceau ; & chaque morceau cft prefquc Tome L . Q Fig. Fig. i». 12 ± MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE auffi-tôt avalé que coupé. A chaque nouveau coup de dents la tête fe rapproche des jambes ; de forte que pen¬ dant la fuite des coups de dents elle décrit un arc, elle creul'e la portion de feuille en fegment de cercle, & c’eft toujours dans cet ordre qu’elle la ronge; je veux dire que quand fa tête s’efl rapprochée jufqu a un certain point de fes jambes, & qu’elle a en même temps raccourci Ion corps julqu’à un certain point, qu’alors elle s’allonge, quelle reporte fes premières jambes plus haut, & qu’elle faifit avec fes dents la partie contiguë à celle qui a été emportée pour la première bouchée; la tête continue donc à fe rapprocher de la queue à mefure que la chenille ronge. Elle ne donneroit pas les coups de dents à beaucoup près fi vite ni fi furement, h elle les donnoit dans un ordre contraire. Pour en voir la raifon, nous rappellerons une particularité de la ftruéture de la levre fuperieure, dont nous n’avons parlé qu’en paffant, & à laquelle nous de¬ vons faire plus d’attention actuellement. Nous avons dit * Fig. 4 ./ quelleefl échancréeau milieu*; cette échancrureeft d’un grand ufage, c’cft une efpece d’entaille ou decouliffe qui maintient la feuille, & qui donne la facilité aux dents d’appliquer leurs coups furement & fans avoir à chercher. Si la feuille n’étoit faific que par les jambes écaillculès, la portion de la feuille qui efl parde-là ces jambes auroit du jeu, après que les dents en auroient emporté un morceau, la feuille fe déplacerait fouvent, elle ne fe trouverait plus dans la ligne qui eft au milieu des deux dents, les dents fe¬ raient obligées de chercher, de tâtonner, elles courraient rifque de lé preffer à faux; au lieu qu’une portion de la feuille étant affujettie d’un côté entre les jambes écailleufes, & polëe de l’autre côté dans la couliffe de la levre fupe¬ rieure, die fe trouve toujours en ligne droite au milieu des deux dents. J’ai obfervé aufii que la chenille a grand **5 des Insectes. foin, en ramenant fa tête vers les jambes, de fuivre le contour de la feuille, de maintenir la tranche de cette feuille dans la couliffe de la levre; & ceci, qui lui efl aifé pendant qu elle conduit fa tête vers fes jambes, lui feroit difficile fi elle la portoit vers le côté oppol'é; le premier mouvement tend à l’approcher de la feuille, & le fécond tendroit à l’en éloigner. Quelques chenilles fe nourriffent de feuilles fi étroites, qu’elles ne font pas trop larges pour leur bouche; telles font les feuilles du titimale à feuilles de cyprès. C’efl un plaifir de voir comment la grande & belle chenille de cette plante * ne manque jamais de prendre une de fes feuilles par la pointe, & quelle la mange auffi vite jufqua la tige, & de la même maniéré que nous mangeons une rave. J’ai pourtant obfervé que la couliffe aide fouvent ces che¬ nilles, comme les autres, à tenir la feuille. Je ferai encore, par rapport à ces chenilles, une autre remarque : elles font grofTes, & la plante où elles vivent, quoique touffue, ne fçauroit les bien cacher; afin qu’elle les cache au moins autant qu’il efl; poffible, les feuilles les plus proches du bas de la tige font toujours celles qu’elles rongent les pre¬ mières. Les dernieres chenilles dont nous venons de parler, pourroient fervir d’exemple de celles qui font extrême¬ ment voraces; la préfence du fpeélateur ne les arrête point; on leur voit quelquefois manger huit à dix feuilles de fuite, après quoi elles fe repofent, quelquefois pendant moins d’un quart-d’heure, pour recommencer enfuite à neiger. M. Malpighi a obfervé qu’un ver à foye mange fouvent dans une journée auffi pelant de feuilles de meu- rier qu il p e f e lui-même. Comment fournirions-nous les chevaux, & les bœufs de pâture, s’il leur falloit chaque jour une quantité de foin ou d herbes dont le poids fût égal à Q'j * pi. 13. Fig. 1. 324 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE celui de leur corps! La terre ne fuffiroit pas, à beaucoup près, à nourrir les hommes qui 1 habitent s ils etoient vo¬ races jufqu a ce point. Il y a pourtant des chenilles qui le l'ont encore plus. J’en ai pelé plulieurs de la plus belle * Pi. 28. el'pece de celles qui vivent fur le chou *, de celles qui ont ri 2- 8 * trois larges rayes d’un jaune citron, & entre celles-ci deux rayes dont le fond cil bleu, & qui font marquées de taches ou de tubercules noirs, de chacun dëfquels part un poil fort court; j’ai, dis-je, pelé plulieurs de ces chenilles qui étoient proche de leur terme d’accrôilTemcnt: je leur ai donné à chacune, ou à deux miles cnfemble, des mor¬ ceaux de feuilles de chou qui pefoient un peu plus du double du poids de leur corps; en vingt-quatre heures elles ont confumé cette quantité d’aliments, il y en a eû même qui en font venues à bout en moins de vingt heu¬ res. Il y a donc des chenilles à qui il Lut par jour en aliments plus du double de leur poids. J’ai pelé les che¬ nilles elles-mêmes après quelles ont eû mangé la provifion de chou que je leur avois donnée, j’ai trouvé leur poids augmenté d’un peu plus d’un dixiéme. C’ell d’un jour à l’autre un accroilfement confiderable ; il ne m’a pourtant pas paru trop grand à moi qui avois été furpris de la vîteffe avec laquelle elles étoient crues fous mes yeux ; à peine y avoit-il quinze à dix-huit jours que je les avois vu naître, quelles étoient à peu près auffi grandes quelles le pou- voient devenir. Il s’en faut bien que les chenilles de la plupart des autres elpeces croiffent fi vite. Les mouvements de la levre (ûperieure, & fur-tout ceux de la levre inferieure, aident à faire entrer dans la bouche» à pouffer plus avant le morceau que les dents viennent de couper ; auffi M. Malpighi a penlé que la levre fu- perieure du ver à foye pouvoit être regardée comme fa langue; fa principalefondlion eft poursuit celle de retenir des Insectes. 125 les feuilles; & fi le nom de langue convenoit à une des deux levres, ce ferait plutôt à l’inferieure à qui il faudrait le donner. Mais il m’a paru que les chenilles ont une partie qui n’eft pas fi ailée à voir, qui elt plus intérieure, & qui eft véritablement leur langue, puifquec’eft elle qui conduit les morceaux dans l’œfophage. Si on obferve bien une groffe chenille qui vient de donner un coup de dents, & dont les dents fe font écartées pour en donner un fécond , on apperçoit dans l’intérieur de la bouche une convexité charnue & rougeâtre qui s’élève du bas de la bouche jufqu’à la hauteur du milieu des dents. Je n’ai pas pû voir diflinélement la forme entière de cette partie, je ne fçais fi elle n’eft point une portion de la levre infe¬ rieure qui s’étend dans la bouche, ou fi elle part elle- même du fond de la bouche; mais quoique fa confor¬ mation ne me foit pas connue en entier, ce qu’on en peut voir fuffit pour faire connoître quelles font les fonc¬ tions : il eft clair qu’une partie charnue Ia con¬ vexité éc qui s’éW*' r intérieur < 5 c du devant de la b oll rT-, uoit lervir à conduire les morceaux de feuilles vers l’œfophage. Nous ne quitterons pas la levre inferieure fans parler d’une de les parties extrêmement remarquable. Je ne con- nois point de chenille qui ne file dans quelque temps de fa vie; c’eft près de la fommité de la pyramide charnue qui occupe le milieu de cette levre *, qu’efl la filiere * où * Pi. 4. fe moule la liqueur, qui, après en être fortie, eft un fil F * de loye. Cette filiere eft percée dans un petit mamelon charnu *, lui-même de figure pyramidale, & dont labafe * C P, circulaire eft appliquée fur la plus grande pyramide char¬ nue dont nous venons de parler: elle lui forme une cf- pece de bec, une efpece de trompe du bout de laquelle le iii fort *. Il nous fuffit actuellement d’avoir connu la & (j F f £ Q i'i 1 26 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE figure & la pofition de cette filiere ; nous examinerons ailleurs les ufiges que la chenille en fait, & comment la liqueur à foye y eft portée. On trouve encore fur la tête, près de l’origine des dents, deux mamelons charnus, deux efpeccs de petites cornes capables de divers mouvements, mais dont j’ignore l’u- * P!. 4. fiige * ; j’ai pourtant vu quelquefois des chenilles qui fem- 4 - & s- bloient s’en fervir à tâter les feuilles & à pouffer ou à appuyer celles qu’elles mangeoient. * E'g- 3- 11 nous refie à parler de lix petits grains noirs, pref- ll ' s " qu’arrangés fur la circonférence d’un cercle *, pofés fur le devant & un peu fur le côté de la tête; les plus avancés ne font pas fort éloignés des derniers mamelons dont nous venons de parler. Il y en a ordinairement trois plus gros que les autres, <& qui quelquefois font feuls bien vifibles; ils font convexes, & prefque chacun une demi-fphere; fis font de plus tranfparents, ce qui les a fait regarder comme les yeu.v h chenille. M. Valifnieri n’a pas voulu les reconnoitre pour tels, lui des cîui 11e me pa- roiffent pas affés décifives ; mais on n’en a pas aufll q U j prouvent fuffifamment que ce font de véritables yeux, il eft vrai, & c’eft une de fes raifons, que les chenilles üc femblent pas faire ulâge de leurs yeux, mais nous ignorons fi réellement elles ne s’en fervent pas. Il cite une obfcr- vation de Goedaert, qui n’a j)û aj)percevoir d’yeux cà une chenille à corne qui vit fur le faille; mais Goedaert ne nous dit point qu’il les y ait cherchés avec la loupe, 9 phis fûrcmcnt les ftigmates, n'ait pas enduit ailes exacte¬ ment tous les endroits du corps. Ce qui eft de certain, c’ell que j’ai huile les corps de plufieurs vers à loye, ceux de plufieurs chenilles raies, ceux de plufieurs chenilles velues, ailées à épiler, & que j’avois très-bien épilées au paravant, entre autres les corps de plufieurs chenilles du maronicr; je failois enfortc de 11c point mettre d’huile fur les ftigmates, mais j’huilois bien toutes les autres parties du corps fans épargner les jambes : la plupart de ces che¬ nilles ont péri, les unes plutôt, les autres plus tard, mais ordinairement en moins d’une demie heure. Le peu d’air quelles pouvoient rejetterpar l’anus & par la bouche ne luffîfoit pas pour leur conlcrver la vie , mais il lufhlbit pour les empêcher tic périr aulfi vite que péri lient celles dont tous les fbgmates lont huilés. Dans ce dernier cas, toute entrée cil bouchée à l’air, év dans le premier, toute fortie ne lui eft pas interdite. Il eft pourtant vrai que lorf- qu’on huile à fond le corps d’une chenille, il peut arriver que l’huile paftè, malgré qu’on en ait, fur quelques ftig- niatcs, mais il n’y a pas apparence qu’elle aille en couvrir le plus grand nombre, Si cela d’autant que chaque ftigmate eft entouré d’un rebord fur lequel il faut que la liqueur monte pour defeendre enfuite dans la petite cavité du ftigmate; il femblc même que la nature les ait entourés de ce rebord pour empêcher que l’eau n’eût trop de fti- cilité, en bien des cireonftances, à aller les couvrir. Quelques expériences que j’ai faites dans la machine pneumatique, me paroiflent très-propres à prouver.que l’air que les chenilles ont relpiré, peut s’échapper par toute l’habitude de leur coips. On fçait que les animaux qui ont été renfermés dans cette machine, le gonflent dès qu’on a donné quelques coups de pillons; qu’à mefure que les coups de pillons fe multiplient, ils fe gonflent Sij jq.O MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE de plus en plus; que la veflie d’air des carpes, & celle de diverfes autres efpeces de poiflons, le creve lorfque le réci¬ pient où elles lont a été vuidé d air jufqu a un certain point. 11 en arrive tout autrement à nos chenilles; on a eu beau épuifer d’air le petit récipient où elles étoient, leuj volume n’a pas augmenté fenfiblement, fans doute parce que l’air de leur corps trouve par-tout des pafiages pour s’échap¬ per. Nous prouverons ailleurs que la relpi-ration & l’expi¬ ration de l’air ne le font pas dans les papillons comme dans les chenilles; aufli les corps des papillons, comme ceux de la plupart des autres animaux, le gonflent lorf- qu’ori pompe l’air du récipient où on les a renfermés. Les chenilles foûtiennent aufli les operations de la machine du vuide tout autrement que ne font les autres animaux. Les premiers coups de pifton leur font fenfi- bles, elles le tourmentent; après des coups rie plllon re¬ doublés, elles paroiflent langui flan tes; mais on a beau vuider l’air de leur récij)ient, on ne les fait point périr; elles relient deux ou trois jours comme mortes, dans le vuide le plus parfait qu’on puiflTe faire, fans y mourir; elles y font à la vérité fans mouvement, mais dès qu’on les met dans l’air ordinaire, elles reprennent leur première vigueur. La facilité que l’air a à s’échapper de leur corps, empêche qu i! n’y produilè des dérangements lorfqu’il le raréfié. H relie pourtant fingulier que les chenilles puiflent vivre h long-temps dans un air rare, & qu elles pendent prefque fur le champ lorfqu’on huile leurs lligmates: mats cette Angularité revient à celle que nous avons déjà remarquée, à celle de vivre des heures entières lous l’eau. Nous n avons pas encore afles décrit la flnuflure de ces lligmates. Dans le milieu de l’efpace oval, renfermé par le rebord, cil une ligne à peu-près droite qui en des Insectes. 141 fcmble être ie grand diamètre*; ccttc ligne marque la ié- paration des deux plans qui le rempliflent: chacun de ces plans ou demi-ovals eft compofé de libres, qui toutes par¬ tent de la circonférence du ftigmatc, & qui toutes paral¬ lèles les unes aux autres, font perpendiculaires à l’eipece de diamètre dont nous venons de parler. Cette ftructu- re eft fcnfible, meme à la vue fimple, dans les grandes chenilles; mais ce que la vue fimple, & même ce que la vue armée d’une forte loupe, ne peut appercevoir dans le ver à love vivant; c’eft que le diamètre dont nous venons de parler eft une fente qui fépare réellement les deux plans de libres; mais on voit très-bien cette lente, cette féparation des deux demi-cercles dans les grades chenilles à tubercules*. Quand les fibres fe contractent, elles agran- dilfent cette fente, elles font difpofées & agilfent comme les fibres de l’iris; elles 11’ont pas befoin apparemment de fe contracter beaucoup pour que la fente loit alfés large pour lailfer palfer la petite quantité d’air qui doit entrer dans le corps d’une chenille à chaque infpiration; les fi¬ bres s’allongeant, la fente fe bouche, ou au moins s’étré¬ cit: je dis quelle s’étrécit, parce quelle paraît toujours ouverte dans les derniers fiigmates dont nous venons de parler. Malgré l’ouverture apparente, les deux membranes peuvent fe toucher, s’appliquer l’une contre l’autre par leur bord intérieur, &. faire la fonction de loupapcs, pour empêcher, pendant l’expiration, l’air de fortir, & afin qu’il foit forcé de palfer par tous les petits conduits qui lui font préparés. D’autres infectes nous donneront occafion de mieux établir tout ce que nous avons avancé jufqu’ici fur la route de l’air dans les chenilles. Les chenilles elles- mêmes nous mettront en état de mieux développer la fini dure de leurs fiigmates, ou des parties qui en dé¬ pendent, que nous ne l’avons fait; mais je ne fçaurois S iij * pi. 4. Fig. ij. rr. * PI. 4. Fig. 16 .rr. îq.2 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE rapporter les obfervaiions quelles m’ont fournies fans avoir expliqué d’autres faits dont ce n’eff pas ici la place, & qui font d’un affés long détail. Pour concevoir que les ffigmates ont l’ufàge que nous leur avons attribué, qu’ils laifTent entrer l’air, il fuffit de fçavoir qu’ils ont réelle¬ ment une fente entre leurs deux plans mulculeux, les deux efpcccs de valvules. On peut s’affufer que cette fente fepare réellement les deux plans mufeuleux dans toute leur épaiffeur, fi on ob- ferve, comme l’a fiait M. Malpighi, des chenilles mortes qu’on a laifle un peu deffecher. J’ai encore mieux vu cette fente, pour ainfi dire, par les effets dans de groffes chenilles que j’avois tenues pendant long-temps dans de l’cfprit de vin. J’ai plié une de ceschenillesde façon qu’un dcsftigma- tes fe trouvoit au haut de la convexité de la courbure : je preffois alors la chenille affés près du fligmate; les mem¬ branes étoient alors obligées de fe foulever, de prendre de la convexité; la preffion forçoit de la liqueur à s’échap¬ per, il en venoit une goutte fur les membranes ou val¬ vules. Dès que je ceffois de preffer, la goutte de liqueur rentroit; elle étoit reprife, elle difparoifTdit : chaque nou¬ velle prefîion la faifoit reparaître, pour difparoître encore chaque fois que la preffon ceffoit. L’efprit de vin avoit apparemment pénétré dans les trachées au-défions des ffigmates; la preffion, qui, en même-temps qu’elle for¬ çoit trop les valvules, pouffoit cette liqueur en haut, la conduifoit fur les valvules: les trachées fe rétabliffoicnt, lorfque je ceffois de les preffer, clics fueçoient la goutte de liqueur. La circonftance dont je viens de parler, cil bien celle où l’exiffence de la fente eft le mieux prouvée par les effets, mais ce n’eff pas celle où on la voit le mieux elle-même; car une partie, qui fe trouve au-deffous des valvules, vient alors le loger dans cette fente, aù-deffus des Insecte s. J43 de laquelle elle s’élève même quelquefois en manière de toit. , Mais pour navoir aucun cloute fur fexifience de cette fente, on obfervera, tant du côté intérieur que du côté extérieur, des dé]x>uilles qui ont été quittées par de greffes chenilles; on les obfervera, dis-je, a la loupe, clans les endroits où font les ftigmates; alors la fente, le vuidc qui eft tout du Ion" de leur grand diamètre fera très-vifible. Les trachées font encore les feules parties intérieures que nous ayons examinées: nous ne pouvons nous dif- penfer de donner des idées de quelques-unes des autres qui fe font le plus remarquer, foit par leur grandeur, lbit par leur figure, lbit par leurs ufiges. Le canal qui reçoit les aliments, & où ils fe digèrent, c’efl-à-dire, ce canal continu où fe trouvent les differentes capacités analogues à fœfophage, à l’eftomac & aux inteftins, va en ligne droite de la bouche à l’anus*: à une affés petite cli (lance * Pi- ■>. de la bouche, où l’on peut mettre la fin de fœfophage, F ‘ s ' il s élargit confidérablcment; il conferve cette grande ca¬ pacité dans près des trois quarts de la longueur du corps, après quoi il lé rétrécit fubitement & confidérablcment * : * Fig. i. f il fe renfle enfuite un peu; ce renflement cfi fuivi d’un fécond étranglement, après lequel vient un renflement, auquel fuccede un troifiéme étranglement : enfin, le canal s’élargit encore un peu pour former le reétum, & aller fe terminer à l’anus. L’ouverture de l’anus * cfl comme com- * PL i.f, pofée, dans plufieurs efpeces de chenilles, cle fix parties char- s> lt} e ' nues qui font comme fix filions féparés par des canelures; aufli lesexcrementsde ces efpeces cle chenilles font de petits prifines à fix faces canelées *. Dans toutes les chenilles la * Fig.-9, forme du canal qui fait les fondions de l’eflomac & des inteftins eft à peu près la même, & il y eft compofé cle la même manière. M. Malpighi nous a donné la ftrudure \ * PI. Fi S 5- 5- Ï44 MEMOIRES POUR lTÎISTOIRE de ceux de toutes les chenilles, en décrivant très-bien celle de ce canal du ver à foye. Il eft dans toute la longueur, com- pofé de deux efpeces de l’acs mis l’un dans l’autre, qui ne îemblent qu’appliqués l’un contre l’autre. Le lac intérieur eft fait d’une membrane mince & h tranfparentc, qu’on ne voit point l’arrangement ele lès fibres; dans quelques cir- conftances, on la prendroit pour une elpece de gelée. Le lac extérieur, celui qui enveloppe le précèdent, eft d’une fubftance beaucoup plus ferme, bien charnue; on y dis¬ tingue très-bien des fibres longitudinales qui ont leur direction de l’œfophage vers l’anus; elles font déliées & rondes; on y en distingue d’autres tranfverfales, qui, com¬ me des ceintures ou des cerceaux, embraftent & ferrent le ventricule *. Ces fibres font très-bien reprélèntées dans la figure groffie au microlcope qu’en a donnée M. Mal- pighi. Il y a des infeéles où elles font bien plus fenfi- bics que dans les chenilles. Tout du long de l’eftomac, en deux endroits diamétralement oppolcs, c’eft-à-dire, au milieu du deftous & au milieu du deftus, il y a une efpece de corde charnue dirigée félon la longueur du canal. M. Malpighi a très-bien obfervé que la partie extérieure du canal peut être enlevée, féparée du lac membraneux & tranlparcnt, dans lequel les aliments font contenus immé¬ diatement. Il eft bon de Içavoir & de fe fouvenir que ces deux parties tiennent très-peu l’une à l’autre; on en recon- noîtra plus aiJemcnt que des portions d’une membrane tranfparente Si vifqueufe que les chenilles rejettent dans certains temps avec leurs excremcnts, font des portions de la partie intérieure de leur eftomac; & on les verra avec moins de furprife fe défaire de cette partie de l’eftomac qui tient fi peu à l’autre. Soit qu’on ouvre une chenille le long du dos, foit qu’on Louvre le long du ventre, le corps qu’on apperçoit le premier DES ï N S E C T E S. 145 premier qui occupe une plus grande partie de la capacité intérieure, & peut-être plus que toutes les autres parties enfemble, cil celui dont ies mages lont le moins connus; la fubftance efl tendre, molle, on a peine à rcconnoître là conformation *; fa couleur cft ordinairement blanche; * PI. aulfi le nommerai-je volontiers le corps graiffkux; & d’au- s> tant plus volontiers que M. Malpighi, qui a beaucoup travaillé pour en découvrir la nature, la flruéïure & les ulages, a éprouvé que fa fubffance approchée du feu, fe fond en huile & s’enflame. 11 a pourtant peine à 11e re¬ garder ce corps que comme les rélêrvoirs de la graiffe. Ce corps grailfeux remplit tous les vuides que les autres par¬ ties lailTent dans la capacité du ventre. On ne penferoit pas neantmoins comme on le doit de fautheur de la nature, fi on croyoit qu’il n’a formé une fi grande quantité de ma¬ tière que pour remplir des vuides; nous lui foupçonnons un ulàge d’une autre importance pour les temps de ces transformations, qui arrivent lorfque i’accroiffement des chenilles cft complet, & pour la réuffite desquelles tout efl préparé de longue-main; mais nous ne parlerons de cet ulàge que lorfque nous parlerons des transforma¬ tions. Nous dirons feulement que tout ce corps graiffeux ne paraît ordinairement que comme une malfe d’un muci¬ lage un peu épais, d’un blanc qui tire lur la couleur lai- teufe, divifée pourtant en quelque forte par des ondes & des grumeaux. Mais fi on l’obferve dans des chenilles rie grandeur moyenne, ou encore mieux dans les plus gran¬ des, lorfqu’elles font près de fe transformer en crifàlides, on voit alors que ce corps eft un affemblage d’cfpeces de vailfeaux, que leur entrelacement & leur moleffe rend pourtant difficiles à fuivre chacun en particulier. Quoique la matière foit comimmement blanche, je l’ai vue très Tome I. , T 146 Mémoires pour l’Histoire verte dans phifieurs elieniiies du maronnier qui étoient prêtes à fie métamorphofer. L eftcmach 6c les inteflins des chenilles, remplis d aliments parodient verds, parce qu’on voit au travers de leurs parois la couleur des matières qu’ils renferment: il vient un temps où un fuc verd efl porté dans le corps graiffeux de certaines chenilles, 6c le fait alors paroître verd; mais pour l’ordinaire, lorfque le temps de la metamorphofé approche, cette matière graifi- feufè perd fà grande blancheur, 6c prend une couleur jaunâtre. De toutes les aélions des chenilles, 6c même de toutes celles des autres infeéles, la plus utile pour nous efl celle de filer. On doit être curieux de connoître les vaifTeaux dans lefquels fie prépare la liqueur qui devient cette fioye qui fournit tant à nos befioins 6c à notre luxe, lorlqu’cile efl fiortic par cette filiere dont nous avons ci-devant déter¬ miné la pofiition 6c décrit la figure. Ces vaifTeaux font très-fienfibles dans la plupart des efpeces de chenilles, ils occupent une bonne partie de la capacité du ventre; dans quelques efpeces ils ont plus de volume que Teflomach 6c les inteflins enficmble. Il y a deux vaifTeaux parfaitement fiemblablcs deftinés à contenir la liqueur à fioye; tous deux jfi P1 - u vont fie terminer à la filiere ^ ; avant que d’y arriver ils de- f, VV, &c. + viennent fi déliés, que ce ne font que deux filets parallèles l’un à l’autre. Une précaution bien néceflaire pour les fiuivre commodément dans leur route, c’efl de faire périr une chenille dans Tefiprit de vin, & de Ty laiffier pendant deux ou trois jours; il y a apparence que M. Malpighi ne 1 a pas prific, car il fie plaint avec raifion de la difficulté qu il y a à fiuivre dans toutes leurs inflexions des vaifTeaux auffi mois que le font ceux-ci. Cette difficulté efl levée lorfque la chenille a trempé quelque temps dans Tefiprit de vin; les vaifTeaux à fioye y deviennent très-fermes; la des Insectes. 147 liqueur qu’iis contiennent sy durcit au point d’être cai- fante; il eft alors aile doter fain & entier, & tout d’une piece chaque vaifléau à foye. Aufli ce petit expédient nous a-t’il mis en état de donner des figures plus exaéles des contours de chacun de ces vaifleaux, que ne le l'ont celles de M. Malpighi ; quoique la dextérité ne pttifle aller plus loin qu’a été la fienne, ]>our montrer la route de vaifi féaux pris en un état fi tendre. Les figures qu’a données Leeuwcnhoek de ces mêmes vaifleaux*, nous inftruilent encore moins de leurs contours. Si on ouvre tout du long du ventre, jufqu a la tête, une chenille qui a féjourné dans refprit de vin, on trouve auprès de la tète les deux filets dont nous avons parlé *, ils s’en éloignent en reliant toujours à peu-près parallèles l’un à l’autre, & deviennent toujours de plus gros en plus gros; ils le rendent, en fuivant l’eflomach, fur lequel ils l'ont appliqués, jul'qucs vers la derniere paire de jambes membraneulès *. Là ils fie replient chacun de leur côté; la partie qui eft parde-là ce coude, retourne en ligne droite vers la tête en fuivant, & couvrant même en partie, la portion que nous avons confiderée la première. Chaque vaifleau arrivé * environ vis-à-vis les premières jambes écail- leul'es, le courbe une fécondé fois pour reprendre fia route vers le derrière : la partie comprife entre ces deux cou¬ des, eft à peu-près par-tout d’un égal diamètre, & eft celle qui en a le plus. La partie qui retourne après le ftecond coude va un peu en diminuant de grofleur jufques vers le milieu de la portion comprife entre le premier & le fécond coude*; là le vaifleau fie recourbe une troifiéme fois, & remonte vers la tête en prenant un peu fia route du côté du dos, & toujours en diminuant de grofleur*. Enfin il fe recourbe une quatrième fois, après quoi le vaifleau confervant une égale grofleur, ne va plus en * Tom. 3. eyif. 146. * PI. s. Fig. 2. /: * F; S- 4* fs, fs. * Fig. 2. Si 4- V V. * Eig. 4. Y Y. * Fig. 4. Z. 1 4.8 Mémoires pour l'Histoire 4. A', ligne droite, ce ne l'ont que plis 6c repiis * qui s’entre¬ lacent même en quelque lorte, 6c qui couvrent une gran¬ de étendue de la partie fuperieure de l’eflomach 6c des inteftins; ainfi pour voir en place la partie des vailTeaux à foye qui forme toutes ces elpeces de las 6c d’cntrclas, elt- ce tout du long du dos qu’il faut ouvrir la chenille. Enfin chaque vailfeau le termine en une elpece de cæcum, com¬ me M. Malpighi l’a très-bien oblervé. Il a négligé d’avertir que dans la Fig. 2. de la PI. 5. il a fait graver les deux vailfeaux a la loye, l’un avec les coudes 6c lès entrelace¬ ments, 6c l’autre développé; la jonction de ces deux vailfeaux les y peut faire prendre pour un même, par ceux qui ne liront pas ce célébré auteur avec alfez d’attention; 6c d’ailleurs leurs .directions 6c leurs contours ne font pas alfez femblables à ceux que la nature leur a donnés. Chacun de ces vailfeaux elt rempli d’une liqueur épailfe 6c gluante, elle elt de differente couleur félon celle de la foye que la chenille file. Dans les unes elle elt d’un jaune d’or; dans les autres elle efl d’un jaune plus pâle; dans d’au¬ tres elle efl prefque blanche. Le même vailfeau contient quelquefois dans une de fes moitiés une liqueur différem¬ ment colorée de celle qui elt dans l'on autre moitié. La première, celle qui fe termine à la filiere, cft quelquefois remplie d’une liqueur très-jaune, pendant que la liqueur contenue dans l’autre elt pâle: ou tout au contraire celle- ci elt remplie de la liqueur la plus jaune, 6c l’autre de la plus pâle; 6c c’elt de-là qu’il arrive que partie de la foye d une coque elt d’un beau jaune, pendant que le refte efl d une foye prefque blanche. La qualité des feuilles dont fe nourrit une chenille, 6: la dilpofition intérieure où elle elt elle-même, font apparemment caufes des differentes couleurs que prend la liqueur à foye. Dans tous les pays la loye des vers n’elt pas d’une égale des Insectes. 149 beauté; celle de la Chine efl renommée par fa fineffe; il y a des pavs ou la ibye elt très-grofîiere, ce qui dépend fans doute de la differente qualité des aliments que differents pays fourniffent aux vers. On l'çait combien la qualité des pâturages influé lur celle des beurres. On a remarqué que dans un même endroit, les vers qui font nourris de feuilles de meurier blanc, fient une foye plus fuie que celle des vers qui font nourris de feuilles de meurier noir. Entre les chenilles qui filent inutilement pour nous, il y en a des elpeces qui vivent fur beaucoup de differentes el'peces d’arbres; j’ai obfervé que quoique communément les co¬ ques quelles font, l'oient d'une foye trop foible pour être employée à nos tiffus, on trouvoit des coques de ces mêmes chenilles, compofées d’une foye propre à fe laiffer mettre en œuvre. Cette différence entre la qualité des foyes de chenilles de même elpcce , qui vivoient de differentes fortes de feuilles, venoit fans doute de la differente qua¬ lité des feuilles dont elles s’étoient nourries; die devroit nous engager à éprouver lî nous ne mettrions pas ces chenilles en état de travailler utilement pour nous, en ne . les nourriffant que de certaines feuilles. La chenille que nous avons nommée la commune & * Pi. 6 celle que les jardiniers appellent la livrée *, font celles qui F l?‘ m’ont fourni la remarque dont je viens de parler, 6 c celles Fig- 7- fur lefquetles il ferait très-aifé de faire des épreuves. L examen de la liqueur à foye aurait dû, ce fembfe, beaucoup plus exercer ceux qui aiment la phyfique, 6 c ceux qui aiment les arts, qu’il ne l’a fait jufqu’ici; la na¬ ture de cette liqueur ne fçauroit que paraître très-admi¬ rable aux uns & aux autres; elle a des qualités qui invitent à des recherches également curieufes 6 c utiles. Les cir- confhnces qui m’ont engagé à d’autres travaux, m’ont empêché de fuivre cette matière autant quelle m’a paru TU, rl Cl, t "O MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE digne de letre depuis plus de vingt ans ; peut-être me trouverai-je en des circonftances qui me le permettront; mais j’exhorte ceux qui, maîtres de leur temps, rem¬ ployait volontiers à des expériences, d’en faire fur les vues que cette liqueur leur peut faire naître. Quoique nous lui donnions le nom de liqueur, celui d’une gomme ramollie à la confiltance d’un firop épailfi, ou d’une pâte molle, lui conviendrait mieux. Elle elt fur-tout remarquable par trois qualités, par celle de le fecherprefque dans un inltant; par celle de ne fe plus lailfer ramollir par l’eau, ni par d’autres dilfolvants, lorfqu’elle elt une fois deffechée; enfin par celle quelle a encore, lorfqu’elle elt feche, de ne lé point lailfer ramollir par la chaleur. Ce font ces trois qualités qui rendent cette liqueur gommeufe fi utile pour nous. Si la première qualité lui manquoit, les fils fe rompraient peu après être fortis de la filière, ou ces fils gluans, dévidés les uns fur les autres, fe colleraient au point de compofer une feule malfe dont nous ne pour¬ rions faire aucun ufage. Enfin, de quelle utilité nous fe¬ raient ces fils, s’ils n’avoient pas les deux autres qualités, fi l’eau pouvoit les ramollir comme elle ramollit tant de gommes lèches, ou h la chaleur les ramollilfoit comme elle ramollit tant de refînes ! nous ne ferions affûrement ni habits ni meubles d’étoffes de foye. Les vernis de la Chine ont une beauté à laquelle on efl généralement fenfible, ils ont auffi leurs utilités. Un grand nombre de fçavants & d’artilles curieux ont travaillé en Europe à compofer de ces vernis,'ou au moins à les imiter, & à en faire d’équivalents : tous ceux que ces vernis ont exercés, içavent combien il s’en faut qu’ils ayent trouvé des dilfolutions de gommes &. de refînes qui, malgré tous les ingrédients qu’ils ont pu y faire entrer, fechentaulfi promptement que la liqueur gommeufe dont îa foye elt faite. des Insectes. i 5 i Ce qui doit encore plus les étonner , & leur donner en même-temps de nouvelles vues, c’eft ceci; fi on jette dans I’efprit de vin , dans differentes huiles, les vaiffeaux des infeétes où efl contenue la liqueur a loye, cette li¬ queur s’y durcit, foit qu’on la laiffe dans Tes vaiffeaux propres, foit qu’on les brife pour l’en faire fortir. Cette liqueur au contraire mile dans l’eau, femble s’y laiffer d;l- foudre; fi on manie au milieu de l’eau les vaiffeaux dans iefquels elle cil contenuë, fi on les frotte entre les doigts pour l’en retirer, l’eau devient jaune, épaiffe, mais à la vérité peu tranfparente, ce qui marque que la dilîolution n’efl pas bien parfaite. Toujours paroît-il que cette liqueur efl plus gommeufe que refineufe. Ce qu’on cherche fur- tout dans les vernis, c’eft que l’eau ne puiffe y faire au¬ cune impreffion , ne puiffe aucunement les ramollir; c’eft pour cela qu’on les fait de refînes ou de gommes refi- neufes. Mais la nature nous apprend ici, qu’avec des gommes qui peuvent être ramollies par l’eau, on peut faire des vernis capables de refifler à l’humidité. Nous ne devons pourtant pas être li furpris que des corps que l’eau a pénétrés, lui deviennent enlùite impéné¬ trables, lorfqu’elle s’en efl échappée; nous en avons quan¬ tité d’exemples dans des matières d’un genre different de celle que nous examinons. Un grand nombre d’ef- peces de pierres font molles lorfqu’on les tire de leurs lits, quelques-unes le font au point de fe laiffer pétrir, comme une terre abreuvée d’eau. Quand ces mêmes pier¬ res fe font fechées à fond, à peine l’humidité peut-elle penetrer leurs premières couches. Les ardoifes nouvelle¬ ment tirées de la carrière, fe laiffent fendre en feuilles quelquefois auffi minces que celles qu’on tire des troncs de bois, & qu’on appelle des lattes. Manque-t-on ces pre¬ miers temps pour fendre l’ardoife, laiffe-t-on à l’eau, qui MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE v étoit contenue, le loilir defedifîiper, il n’y a plus moyen de fendre ces pierres, on ne peut plus les faire pénétrer par l’eau qui doit empêcher une union trop parfaite entre leurs parties, lorf qu’il fuit quelles cèdent aux coings & aux cilëaux. S'i on pouvoit parvenir à rendre impénétrables à l’eau des vernis gommeux, ou gommeux en grande partie, ils auraient un avantage confiderable fur les vernis refmcux; un degré de chaleur capable de ramollir ces derniers, ne les ramollirait pas. Dans le fond, la liqueur à foye n’ert donc qu’une ef- pcce de vernis; h la chenille, à mefure quelle la fait fortir de fa liliere, pendant qu’elle efl encore gluante, aulieu de la tirer en longs fils, en enduifoit quelque furface polie, cette furface fe trouverait vernie; la couche gommeufe n’étant pas compofée de fils fcparés les uns des autres, aurait ce poli & cet éclat qui nous plait dans les vernis; c’cft de quoi les qualités de cette liqueur foyeufe ne nous permettent pas de douter. Mais h on veut encore clés preuves plus pofitives, je dirai que j’ai vû piufieurs fois, quoiqu'on petitvolume.dece vernis de foye. Des chenilles du chêne éi des chenilles du marronier ont filé dans les poudriers où je les avois élevées, des coques, és quelque¬ fois elles en ont appliqué un des côtés immédiatement contre la furfice intérieure du vafe; lorfquc j’ai détaché ces coques, j’ai vû que la partie qui avoit été appliquée contre le verre étoit aufîi unie, & peut-être ]>lus brillante que le verre même; là il ne paroifîoit aucuns vertiges des fis qu’on voyoit par-tout ailleurs; cette partie de la coque, qui en étoit une portion allés confiderable, n’étoit qu’une feuille de vernis de l’épairteur d’une feuille de papier. Une efpece de chenille épineufe de forme qui ne fe fait point de coque, mais qui tapiffe de fils la furface fur laquelle elle des Insectes. i 53 elle doit perdre la forme, a encore, dans quelques circonl- tances, enduit du plus beau vernis, le poudrier où elle ctoit renfermée. Si nous pouvions tirer la liqueur foyeufc des vaiffeaux où elle efl contenue, fi nous avions l’art de l’em¬ ployer, on en feroit les plus beaux & les meilleurs vernis, les plus flexibles, les plus durs, les moins altérables par la chaleur & par l’humidité. Dès qu’une efpece de chenille nous fournit feule une fi prodigieufe quantité de foye, il paroît que s’il y avoit des gens occupés à tirer du corps de quantité d’autres efpeces de chenilles, la liqueur foyeufc qui y efl, on en pourrait faire des amas confidcrablcs, fur-tout dans les années où certaines elpeces de chenilles font fi communes: ce feroit d’ailleurs le meilleur de tous les moyens de les détruire dans ces mêmes années, où elles font tant de défordre dans nos campagnes & dans nos jardins. L’idée même de tirer des vernis du corps des infedtes, 11’efl pas nouvelle, comme je i’avois crû; un article des Mémoires de Trévoux du mois d’Oélobre 1704. page 1818. daté de Madrid, nous aflure que dans le Mexique, dans la Province d’Yucatan on employé un fort beau & fort bon vernis, qui efl fourni par certains vers. L’ar¬ ticle mérité detre tranferit ici. Dans la Province d’Yucaran, le vernis le plus ordinaire efl une huile faite avec certains vers qui viennent fur les arbres du pays. Ils font de couleur rou¬ geâtre, iT prefqùe de la grandeur des vers a foye. Les Indiens les prennent, les font bouillir dans un chaudron plein d’eau, èu amajfent dans un autre pot la graifj'e qui monte au-deffus de l 'eau: cette graiffe cf le vernis même; il devient extrême¬ ment dur en fe figeant, mais pour l’employer, il n’y a qu’à le faire chauffer, frc. Ces vers, prefque de la grandeur des vers à foye, ont bien l’air d’être, comme les vers à foye, des efpeces de chenilles, & la graifle qu’on ramafle fur Tome I. . V * Mem . de l’Academie 1 7‘3- JMg. iob\ 154. MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE l’eau dans laquelle 011 les a fait bouillir, lêmble devoir être la liqueur deftinée à former la foye. Au refie, on prétend dans le même article, que les Indiens du Mexique s’en fervent pour vernir divers uftenfiles, & des cabinets que nous connoifïons en Europe fous le nom de cabinets de la Chine. On ne veut pas apparemment nous faire entendre que les cabinets que nous appelions de la Chine, parce que nous les en croyons, viennent du Mexique, mais feulement que les vernis du Mexique font auffi beaux que ceux de la Chine. Mais une autre vue peut-être plus grande & plus utile que la nature femble nous donner ici, c’elt que la foye n’étant qu’une gomme liquide qui fe deffcche, ne pour¬ rions-nous pas nous-mêmes faire de la foye avec nos gom¬ mes & nos refînes, ou avec des préparations de nos gom¬ mes & de nos refines l Cette idée qui pourroit d’abord paraître chimérique, ne femblerapas telle lorfqu’on vien¬ dra à l’approfondir. Nous fommes déjà parvenus à faire tics vernis qui ont les qualités efTentielles de la foye: les vernis de la Chine, & ceux qui les imitent bien , ne craignent aucuns diffolvants, l’eau n’a aucune prife fur eux ; tics degrés de chaleur, plus grands que ceux auf- qucls nos étoffes font expofées, ne fçauroient les alté¬ rer. Si nous avions des fils de vernis, nous en pour¬ rions donc faire des tiffus qui, par leur éclat & leur l'oli- dité, imiteraient ceux de foye ; qui n’auroient pas plus d’odeur, car les bons vernis bien lêcs ne fentent rien. Mais comment tirer ces vernis en fils î Nous devons peut-être defefperer de les tirer en fils auffi fins que le font ceux des vers à foye, mais ce degré de fineffe ne leur eh pas néceffairc, N il ne doit paraître impoffible ni de les filer, ni de les filer en fils ailes fins, quand on penfe juiqu ou 1 art peut aller. Nous avç>ns rapporté ailleurs * les des Insectes. 155 procédés (impies, au moyen delquels on parvient à faire des échevaux de fils de verre, la plus roidc, & la plus caffante. de toutes"les matières que nous connoiffons. Après y avoir admiré la flexibilité de ces fils, nous avons fait remarquer, qu’on pouvoit avoir des fils de verre beau¬ coup plus flexibles encore, parce qu’on en pouvoit avoir de beaucoup plus fins. Nous avons été conduits à avan¬ cer, & peut-être à prouver, line proportion allés hardie; c’eft que fi on étoit parvenu à avoir des liis de verre aufîi fins que le font les fils de foye des araignées, on auroit des fils de verre dont on pourrait faire des tifliis; de forte que s’il efl vrai de dire, que le verre n’eft pas malléable, il n’efî pas vrai de dire, qu’il ne foit pas textible. Je prie qu’on remarque que j’ai dit pofitivement, & nettement, que le verre n’étoit pas malléable. J’ai auffi expliqué au long dans le même mémoire, dans quel genre de matières duétiles on pouvoit mettre le verre; fçavoir, dans celui des matières qui ne font duétiles que lorfque le feu les a ramollies. Si je fais faire ces dernières remarques, c’cfl pour faire fentir la fingularité d’un fait d’une nature fort differente de celle des faits que nous avons examinés jufqu’ici. On a imprimé dans les Mémoires de Trévoux *, une Differtation fur la Verrerie, où l’on me fait la grâce de me donner au public pour un défenfeur de la mallea- d’âctobre, y, bilité du verre, & où l’on veut lui faire croire que j’ai perifé que le verre étoit duétile à froid, comme le font for & l’argent. Quelque puiffe être l’envie de critiquer, il n’eft pas poffible quelle puiffe donner affés de mauvaife foy, ou de mal-adreffe, pour déterminer à rapporter, comme les fentiments d’un autheur, ceux même qu’on fçait qu’il a rejettes formellement &. prccifement; mais il ef! bien fmgulier, que l’envie de critiquer détermine à combatre un ouvrage qu’on 11’a pas lû, ou qu’elle empêche Vij * A fan. de Trévoux i?c. 156 Mémoires pour l’Histoire d’entendre ce qui y efl le plus clairement établi. Je n’ai pas trouvé, par exemple, bien étrange que l’autheur de la Differtation que je viens de citer, ait' voulu plailanter lur ce que j’ai dit dans un autre mémoire, que les turquoifes du Royaume font des os pétrifiés, & teints par une ma¬ tière minérale. Il n’a jamais vû apparemment, & peut n’avoir pas été à portée de voir de ces os pétrifiés, fi connus des naturalises, & a (Tés communs; mais il avoit pû, & du lire, que je dis que le verre n’efi pas malléable, & qu’on ne le tire en fils que quand il eft ramolli par la chaleur du feu. Mais pour revenir à nos vernis, dès qu’on eft parvenu à faire des échevaux de fils de verre, doit-on croire qu’il foit impoiïible de parvenir à faire des pelotons de fils de gommes! Pendant que je tenois fur le feu certaines compo¬ rtions de gommes refineufes, je me fuis diverti quelquefois à en tirer des fiis qui étoient aufti longs que je les voulois. Les gommes fe tirent aifement en fils. Mais nous avons in- fiftéfur une qualité de la liqueur foyeufe qui manque aux vernis que nous fçavons faire, celle de fecher affés vite ; fi on les tiroit en fils, & qu’on dévidât ces fils fur un pe¬ loton , ils fe colleroient les uns fur les autres : il faudrait donc les dévider, fans qu ils fe touchaffent, fur des elpeces de dévidoirs faits comme les ourdiiïoirs fur lefquels tant d’ouvriers en tiffus dévident les chaînes de leurs pièces d’étoffes; on leur donnerait le temps d’y fecher. Une autre idée qui paraîtra peut-être plus finguliere que les precedentes, & qui ferait peut-être plus prati- quable, ce ferait de faire avec nos vernis des étoffes qui ne fufient nullement tiftuës, des étoffes qui ne fuffent point compofées de fils entrelacés les uns avec les autres. Imaginons une table bien unie, une glace qui eft enduite de vernis foyeux ; imaginons que nous avons en grand fur des Insectes. 157 cette glace, ce que nous avons en petit clans des coques de foye appliquées contre le poudrier de verre, ceft-à- dire, que nous avons une grande feuille, une piece de notre vernis foyeux. Ce l'eroit une piece d’étoffe de foye d’une efpece bien particulière ; elle feroit de la même matière que nos tillus foyeux, 6c ne feroit point tiffuë; elle auroit des qualités qu’ils ne fçauroient avoir ; elle feroit impénétrable à l’eau6c à toute humidité; elle feroit legere 6c forte. Quoique nous ayons élevé les vernis à foye au-deflus de nos plus beaux vernis, nous en fçavons pour¬ tant faire qui font durs, brillants, flexibles, qui lecs, n’ont point d’odeur, qui font à l’épreuve de toute humidité, qui ne font aucunement ramollis par des degrés de chaleur plus grands que ceux que nos habits 6c nos meubles ont à loûtenir. Si nous avions l’art d’enlever des couches minces de ces vernis de deffus de grandes glaces, où nous les aurions étendues, nous aurions donc de ces pièces d’étof¬ fes non tiffuës, affés femblables à celles que nous avons défiré avoir de liqueur foyeufe; elles auroient un très- grand éclat, on pourroit les embellir 6c les enrichir de toutes les dorures 6c de toutes les peintures dont on fçaiî orner les vernis. Pour fe procurer de pareilles étoffes, tout femble donc fe réduire à avoir le lècret d’enlever de grandes pièces, de grandes feuilles de vernis de deffus les corps fur lefquels on les auroit appliqués, 6c c’eft à quoi il ne paroît pas impoffible de parvenir. Au lieu d’une table, qu'on n’ait verni qu’une grande feuille de papier très-liffe, ou que plufieurs feuilles de papier collées bout à bout 6c à côté les unes des autres; quand le vernis qui enduit ce papier fera fec, qu’on mette le tout dans l’eau; avec le temps elle amollira le papier, elle donnera la facilité de détacher le vernis qui a été appliqué fur le papier. Qu’on verniffe V ü j * PI. 5. Fig. 5. 158 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE même avec un vernis huileux & gras nos feuilles de papier après lesavoir humectées d’eau, le vernis qu’on aura étendu déifias 11e s’y attachera pas. Qu’on ait de même enduit de quelque colle très-dilfoluble à l’eau, la lurface qu’on veut vernir; cette colle qu’011 diffoudra, lorfque le vernis fera fec, donnera le moyen de l’enlever en feuille. J’ai fait très en petit, & affés groffiercment ces expériences, & elles ont eu un fuccès qui me perfuade que h on travailloit avec affés de foins & de patience, à lever les difficultés qui le préfenteront, on parviendrait à tirer des avantages des vues aufquelles nous venons de nous prêter. Pour retourner encore à confiderer nos vaiffeaux à foye dans le corps de la chenille, nous les avons décrits l’un & l’autre comme deux canaux tortueux, ouverts feu¬ lement par le bout qui va fe rendre à la filière, 6 c bouchés par l’autre. Ce font les réfervoirs où la liqueur à foye fe raffemble, 6 c où apparemment elle fe perfectionne: mais par où y arrive-t-elleî c’cfl ce qu’on ne fçauroit bien voir. O11 trouve pourtant quelques filets blancs qui s’attachent à la partie la plus tortueufe de chacun de ces canaux, 6 c qui lont apparemment les conduits qui apportent la li¬ queur dont ils doivent être remplis. H y a quelque variété clans les formes de ceux de chenilles de differentes efpe- ces, mais elles ne font pas confiderables ; les inflexions, les coudes reviennent à peu-près à ceux que nous avons décrits. Il nous refte encore à parler d’une autre efpecc de vaiffeaux que leur couleur pourrait faire confondre avec ceux de la foye; ils font ordinairement remplis d’une li¬ queur jaune, fouvent très-épaiffe, c’efi: fur-tout vers fa partie pollericure 6 c inferieure des inteftins qu’ils lont le plus fenfibles *. Non-feulement ils font une infinité d’in¬ flexions , de détours; leur conformation efi telle, qu’ils des Insectes. 159 font tortueux dans chacune de leurs portions. Chaque petite partie forme un coude d’un coté, & celle qui la luit en forme un du côté oppofé *. M. Malpighi leur * Fig- 6. donne tantôt les noms de valjjeaux variqueux, tantôt il les compare à des grappes de petites boules ou de glandes ; ils font continus à des vaiffeaux plus droits, cylindriques, remplis d’une liqueur plus tranfparente, qui vont jufques vers la moitié du corps de la chenille. Il y a quatre bran¬ ches de ces derniers vaiffeaux*, dont on ne voit pas trop * Fig. y. bien l’origine, mais les vaiffeaux tortueux & comme vari- L > L > L >t queux en font une continuation. M. Malpighi 11’a rien pu décider furies ufages de ces derniers vaiffeaux; il croit qu’on peut foupçonner qu’ils reçoivent la partie la plus tenue du fuc qui a été macéré & digéré dans l’efiomach, & que ce fuc, après avoir fuivi tous leurs détours, & s’y être _ affiné, en peut être porté au cœur, à la peau, & à d’autres parties du corps. J’avois grande envie de leur trouver quelque communication avec les vaiffeaux à la foye ; il fembloit que la nature auroit bien pu donner, pour ainfi dire, aux chenilles, de féconds inteffins, des inteffins parti¬ culiers pour digerer, pour préparer la matière qui fournit cette liqueur, qui doit devenir foye, pour l’extraire, & que ces vaiffeaux tortueux étoient ces efpeces de labora¬ toires : mais je n’ai pu leur trouver la communication que j’ai cherchée, avec les vaiffeaux à foye. 11 faudrait que la liqueur digerée retournât encore à l’eflomach, pour être enfuite portée à ces refervoirs. Ce que je fçais, c’eff que les bouts de ces vaiffeaux s’ouvrent dans le reéïum, qu’ils y portent une matière jaune,plus épaiffe qu’une bouillie. Ceft fur la chenille appellée la livrée *, que cette obfer- * PI. y. vation eft plus ailée à faire, &c’eftcette chenille, ouverte Flg>7, par deffous le ventre, que nous avons fait deffiner, pour faire voir la pohtion & les contours de ces vaiffeaux *. * Fig. y. 160 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE Cette chenille nous donnera même occafion dans la fuite, de parler d’un ufage certain & finguiier qu’elle fait delà matière contenue dans fes vaiffeaux variqueux. Ce qui me difpoferoit encore à la regarder comme le fediment de la matière qui fournit la foye, c’eft que la couleur de cette matière tient de la couleur de celle qui remplit les vaid'eaux à foye, mais elle eft pourtant plus haute. Dans des chenilles dont la foye eft d’un jaune très-pâle, la matière qui remplit ces vaiffeaux eft d’une plus forte nuance de jaune; la nuance de jaune de cette matière eft encore plus haute dans les chenilles qui donnent une foye jaune. Inutilement chercheroit-on dans le corps des chenilles, un cœur de la figure de tous ceux que nous connoifilons, c’eft-à-dire, une mafte charnue & pyramidale d où partent les vaiffeaux qui vont diftribuer le fàng à toutes les parties, & où il eft enfuite reporté par d’autres vaiffeaux. Le lang de nos infecflcs eft une liqueur tranfparente, fans couleur, ou au plus d’une couleur un peu jaunâtre; la circulation de cette efpece de fang, n’eft pas moins neceffaire pour entretenir leur vie, que l’eft la circulation du nôtre. Mais le cœur qui la fiait circuler eft d’une forme très-differente de celle des cœurs ordinaires,& placé bien différemment. Un long vaiffeau, appliqué tout du long du milieu du dos, depuis la tête jufqu’au derrière, eft la feule partie à qui M. Malpighi ait crû qu’on peut donner ce nom, & elle eft auffi la feule qui en paroilfe faire les fonétions. Sa fiftole & fa diaftole, fes mouvements alternatifs de contraéfion & de dilatation font aifés à voir dans pluficurs efpcces de chenilles rafes, & fur-tout dans celles dont la peau eft tranfparente. Non-feulement M. Malpighi a crû qu’on devoit re¬ garder ce vaiffeau comme un cœur, il l’a regardé même comme une fuite de cœurs, dont il a foupçonné le nombre égal DES I N S E C T E S. 1 6 l bre égal à celui des anneaux. IJ lui a paru que la forme de ces vaiffeaux étoit fèmblable à celle de ces chapelets à grains oyais, c’eft-à-dire, que d’anneau en anneau ce vaiffeau avoit des étranglements, & que chaque portion comprife entre deux étranglements, chaque efpece de grain creux étoit un cœur. Le corps graiffeux, ce corps qui occupe une fi grande partie de la capacité du ventre K groflés trachées qui vont en ligne droite d’un fligmate à l’autre, & qui femblent faire de chaque côté un vaifleau continu. b, l’endroit où ces deux bronches fe réunifient en lin tronc qui fe rend vers la tête T. c, paquets de trachées dont les unes vont aux intefiins. des Insectes. 173 les autres à la peau, 6c les autres à d’autres parties . intérieures. d, œfophage du ver à foye coupé en d. e, ell l’anus. e d) ed le canal entier qui forme feftomach 6c les in- tedins; tout du long du milieu duquel cft un vailfeau qu i fait probablement la fondion de veine ou d’artere. f marque un étranglement de ce canal. g, marque un fécond étranglement. La portion corn- prife entre gf cft arrondie. //, ed encore un étranglement précédé par une partie rendée. La Figure 2, ed encore celle d’un ver à foye ouvert tout du long du ventre. Les parties contenues dans fa capacité, paroiffent dans leurs véritables places. Les grands relèrvoirs de la matière à foye, ou les vaid'eaux à foye, font ce qui frappe le plus. VS, VS, ces relèrvoirs ou vaideaux qui font diffe¬ rents contours ; ils font reprefentés dans la Fig. 4. f, la partie déliée de chacun de ces vaideaux, qui tous deux parallèles, & prefque contigus, vont fe ren¬ dre à la dliere qui ed attachée à la tête, T. Tout ce qu’on voit ici fans forme bien didinéle, entre les vaideaux à foye 6c la peau, ed ce que nous avons ap- pellé le corps graijjeux, 6c ed marqué en quelques endroits par des g-. La Figure 3, ed le ver à foye ouvert tout le long du dos. On ne voit ici que deux portions des grands refer- voirs de la foye. Mais on y voit mieux que dans l’autre figure, les lacis par lefquels ils jfe terminent. d, l’edomach. Yiij. 1 74 MEMOIRES POUR L'HISTOIRE VS, portions des grands relervoirs de la foye. SS, lacis que forment ces vaiffeaux du côté de Tamis. SX, dans cette Fig. & dans la Fig. a, marquent en¬ core un lacis formé par des vaiffeaux differents des vaiffeaux à foye, & remplis fouvent d’une liqueur épaiffe, 6c jaune. J’ai pourtant obfervé que cette liqueur étoit rougeâtre, dans des che¬ nilles qui donnent de la foye d’un brun rougeâtre. La Figure q. reprefente les deux vaiffeaux à foye du ver à foye vus feparement. T, la tête où ils vont fe rendre dans la filière. J { premier coude que fait chacun de ces vaiffeaux après s’être dirigé prefque parallèlement à la longueur du corps. V, fécond coude que fait la partie SV, après être re¬ tournée jufqu’en V. Y, marque, par une ligne ponétuée, le coude fait en Y par la partie qui a delcendu d'V en Y. Z, elt l’endroit ou le vaiffeau, après être retourné vers la tête, prend une infinité de contours , qui forment une cfpcce de lacis, depuis Z , juf¬ qu’en K. La Figure cfl celle d’une chenille appellée la livrée par les jardiniers, ouverte tout du long du ventre, & groffie. T, la tête. fV, fV, portions des vaiffeaux à foye qui paroiffent alors ; ils ne font pas fi confidcrables que ceux du ver à foye. Ils n’y font pas dilpofés précifement de la même maniéré; leur dilpofition a d’ailleurs été un peu altérée ici, parce que la chenille qui a été ouverte étoit vivante. J, h, J’eftomach. des Insectes. 175 L,L,L, L, les troncs droits des vaiffeaux à liqueur ou poudre jaune, qui fe contournent, & qui font près de l’anus, vers a - , un lacis confiderable cil plufieurs efpeces de chenilles, & en celle-ci plus qu’en toute autre. La Figure 6, efl une portion d’un vailTeau à liqueur, ou à poudre jaune, reprefentée en grand. La Figure 7, eft celle de la chenille appeliée la livrée, parce que tout du long du corps elle a differentes rayes parallèles,les unes bleues, les autres d’un brun jaunâtre, ou rougeâtre, qui imitent en quelque forte les rubans dont on fait les livrées. Sa tête eft d'un bleu pâle, & affés ronde. La Fig. 8, fait voir trois anneaux d’une chenille du ma- ronier, ouverte le long du dos. On a enlevé tout ce qui pouvoit cacher les mufcles, & les fibres qui fervent aux mouvements des anneaux, parce que ce font ces mufcles & ces fibres qu’on s’elt propofé de mettre ici en vûë. AB, B C, C D, font trois anneaux de la chenille, vus du côté intérieur. L L, eft la grande artere, ou le cœur. e,f g, h, i, k, font les mufcles droits, ou les paquets de fibres droites. Ce font des bandelettescharnuës qui s’attachent d’anneau en anneau, &. qui ailleurs ne tiennent aucunement aux parties qu’elles tou¬ chent. Elles font précifement comme de petits rubans tendus. O11 voit que les mufcles e,fg, s’attachent fur les jonc¬ tions B B, CC, des anneaux, h, efl le mufcle, qui eft quelquefois divifé en deux mufcles très-diftinéls. Les mufcles h, i, k, n’ont été reprefentés que jufqu’à 176 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE leur attache B B. On n’a pas voulu mettre les portions de ces mufcles droits qui pafiênt fur les miifcles obliques de l’anneau luivant. m, n, o, font trois mufcles, ou trois paquets de fibres droites, détachés, pour faire voir que leurs fibres font continués par de-là les endroits ou font leurs points d’attache, comme en p,^. Elles étoient de même continués avec les fibres, ou portions de fibres qui font les mufcles, ou paquets v, J) t. x y, xy, mufcles obliques qui forment un triangle. £, autres mufcles obliques qui croifent les précédents. a a, l’endroit où une jambe membraneule eft pofée. b , fibres mulculeufes qui entrent dans la jambe. La Figure 9, efi. celle d’un grain d’excrement d’une grolfe chenille qui a fix pans canelics. y . y , ©Il r ** ** ** ** ** ** ** ** ** ***** ** ■** ** ** ** *** m ©►scs* *a£g‘ @ï£ ~w~ y QUATRIEME fl. J -f? à. JWern, 3 <£> / 'Ajst dej- I rur&cles. Fug. ^ <2^s/ *i~ Jctl/f' . /ÿ. 3 /w 7 -TtO r .— _ PL 4 17 à. Atenz j de l/zcst. des Insectes. Fia. l Si?. 3 Piy. 4. Pl. /. J 7° F z^7. 2 IlCt>/ J . iltl 1 !!/. 1 ‘ Chacun de fes anneaux eff chargé de huit touffes de poils, * F, ‘g- 3- de quatre de chaque côté*, dilpofécs les unes au-deffus * <•. des autres, de façon que la plus élevée * eff un peu au- * clefTous du milieu du dos, & que la plus baffe eff au-deffus de l’origine des jambes *. Les poils des houppes les plus proches de la tête, & cçux des houppes les plus proches du derrière, font communément les plus grands de tous. Tous ceux d’une même houppe partent d’une efpece de * Fig. ^ tubercule *,& s’élèvent, ou dclcendent fuivant differentes & 6 ‘ direélions qu’il ne nous importe pas de confidcrer aéfuelle- inent. Ce que nous avons à obferver, ce font celles félon iefquelles ils font couchés avant que de paraître au jour. Tous ceux d’un même tubercule, d’une même aigrette, font réunis dans un même paquet, qui, à fou origine, a * Fi s- 9-2 *j pour largeur le diamètre du tubercule, âc qui allant toû- jours en diminuant, le termine en pointe *: mais celui-ci ne fait que la moitié d’un autre paquet : les paquets qui par¬ tent de deux houppes polées l’une au-deffus de l’autre, fe réuniffent pour n’en compofer qu’un; c’eft-à-dire, que le paquet de poils du fécond tubercule d’un anneau , le e */ F ', 3 ' 9 ‘ réunit avec le paquet de poils du premier tubercule, ou du tubercule inferieur du même anneau*; 6c le paquet du troifreme tubercule fe réunit avec celui du quatrième, ou du fuperieur. Ces doubles paquets ont différentes di- * Fi s* 9- reélions; les inferieurs prennent leur route en bas, vers le ventre, & les autres vers le deffus du dos *. Il y a encore d’autres différences de direélions à ob- ferver dans ces paquets compofés ; ceux qui montent, montent obliquement, 6c ccfl obliquement que les autres defeendent. Ceux qui font fur les trais premiers anneaux, foit en montant, foit en deféendant, le dirigent vers la * Eig- 9- tête*, 6c ceux de tous les autres anneaux fe dirigent vers U ' L le derrière. Deux, qui partent du haut du premier anneau. DES I N S E C T E S. 189 prennent leur route fur le crâne, ils le rendent en partie clans cette efpece de goutiere qui lemble partager la tête en deux hcmifphcres, & vers le milieu du devant de la tête; les fils d’un paquet compolé croifent là ceux de l’autre paquet, ils font là une efpece d’X *, ils vont jufquà Ion bord inferieur, & même fe replient au-deffousde la tête, fi leur longueur le demande. Les paquets compofés qui partent du rang inferieur du même premier anneau, pren¬ nent leur route de façon, qu’ils entourent le contour du devant de la tête *. Les paquets compofés, qui ont leur origine fur le dernier des anneaux,fe rendent tous deux furie derrière, comme ceux dont nous venons de parler fe rendent fur la tête; là ils fe croifent auffi, ils fe replient vers le dcfTous du ventre, & chacun va s’appliquer contre la partie intérieure d’une des dernieres jambes,fçavoir, de celle qui eff du côté oppofé à celui d’où il tire l'on origine*. Ainfi la tête, le derrière, & le refte du corps de la chenille, font comme enveloppés en grande partie par differentes bandelettes de foye, qui fepa- rent l’ancien crâne du nouveau, & l’ancienne peau de lu nouvelle. Une obfervation qui ne doit pas être oubliée fur l’état d’une chenille qui vient elle-même de fe dépouiller, c’efl qu’il femble s’y être fait un accroiffement bien confide- rablc Si bien fubit,& cela, après la circonffance finguliere d’une affés longue diette. Qu’on confidere des chenilles de même efpece, qui fe difpofent à muer, qu’on com¬ pare enfuite celles qui ont mué avec celles qui ont encore leur vieille peau, celles qui ont mué paraîtront confide- rablement plus grandes que les autres. Il eft vrai que les chenilles velues ont fouvent, après cette operation, un vêtement plus fourni de poils, &. de plus grands poils^ mais fi on compare la longueur de leur corps & fa veri- Aa iij * Fig. 9. X. * Fig.9. K, Y, Y. * Fi". 9, z ,z,y. ÏÇO MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE table groffeur avec la groffeur & la longueur de celui des autres , on ne craindra pas que les poils en ayent impofé. Mais ce qui eft le moins équivoque alors, c’eft l’augmen¬ tation de la groffeur de la tête ou du crâne. M. Mal- pighi affùre que le vieux crâne qu’un ver à foye a laiffé, 11 ’eft quelquefois que le tiers ou le quart de fon nouveau crâne. Le même M. Malpighi, ayant ouvert un ver à foye prêt à muer, a trouvé fon nouveau crâne vers le premier anneau, c’effà-dire, affés éloigné de l’ancien. Je ne crois pas pourtant qu’on doive conclure de cette obfervation, que ce crâne a crû, ou, comme parle ce célébré auteur, qu’il a été formé à quelque diftance de l’autre. Tout ce qu’on en pourroit conclure, c’dt que le nouveau crâne qui ne pouvoit pas être contenu en entier fous l’ancien, qui lui fonnoit une boîte trop étroite, s’eft allongé, qu’il a pris une figure oblongue, & qu’il s’efi étendu au-deffous du premier anneau de la vieille peau. Ce que dit auffi cet illufire auteur de la formation du nouveau crâne, ne doit fans doute être entendu que d’un accroiffement pendant lequel des parties molles & tendres font parvenues à ac¬ quérir une confidence femblable à celle de la corne ou de l’écaille. Dans les autres chenilles, comme dans le ver à foye, qu’on diffeque feulement quelques heures avant quelles doivent fe dépouiller, on trouve, à la vérité, le nou¬ veau crâne logé vers le premier anneau, mais on ne trouve pas là ce crâne, fi on diffeque la chenille un peu plutôt. On n’imaginera pas que, dans quelques heures il ait pû s’y former avec toutes les parties qu’il contient ; il fe forme, ou plutôt il croît véritablement fous l’ancien, & fi on s’y prend à propos pour enlever celui-ci, on parvient à trouver l’autre au-deffôus. Il efi vrai que fi on tente cette operation un peu trop tôt, le jeune crâne efi fi mol & fi tendre, qu’il efi impofftblede le découvrir fans altérer des Insectes. 191 fa forme, fans le percer ou brifer quelque part. Mais il eft à remarquer que fi on commence à diffequer le vieux crâne vers 1a pointe, c’eft-à-dire, peu au-deffus de la bouche, 6c que fi on fait un peu pénétrer l’inftrument, foit à deffein, foit fuite d’adreffe, aulfi-tôt on occafionne un épanchement de liqueur, & cela, dans la circonltance même où le nouveau crâne fe trouve déjà avancé fous le premier anneau. Dans ce temps, une partie de la tête s’étend donc encore jufqu’au bout de l’ancien crâne. Que faut-il conclure de là! c’elt, comme nous l’avons dit ci- deffus, que le nouveau crâne, à caufe de fon grand ac- croilfement, prend une forme oblongue, 6c s’étend juf- ques fous cette partie de la vieille peau qui recouvre la première articulation. Ce que j’ai foupçonné ailleurs par rapport aux écre- vilfes *, pourrait bien être vrai dans tous les animaux qui quittent des dépouilles complettes; peut-être eft-il vrai generalement que leur accroiffement, ou au moins leur plus confiderable accroiffement, ne fe fait que dans le temps qu’ils muent, ou pendant un temps affés court après la mue. Ils ne font obligés de quitter leur enve¬ loppe, que parce qu’elle ne prend pas un accroiffement proportionné à celui que prennent les parties qu’elle couvre. Il y a apparence que peu après que ces enveloppes partageras ont été expolëes à l’air, elles ceffent de s’é¬ tendre. Les parties qui croiffent deffous fe trouvent trop comprimées, leur effort pour s’étendre peut même être une descaufes-qui empêche cette enveloppe de fè nourrir; quand enfin il s’y eft fait un certain dérangement,quand elle s’eft deffechée, 6c que l’infeéhe eft parvenu à s’en défiire, il eft permis aux parties qu’elle gênoit de paraître avec le volume que leur reffort tend à leur faire occuper. C’eft ce qui eft remarquable dans le nouveau crâne d’une * F. Afenu de l’Academie 1718.^0, 2.71 . 192 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE chenille qui elt très-ienfiblement plus gros que ceiui fous lequel ii a crû. Les chenilles continuent encore de faire diette environ un jour entier après avoir mué; leurs parties nouvelle¬ ment expofées à l’air, ont befoin de quelque repos pour s’affermir: l'oit que les dents quelles ont alors loient réel¬ lement de nouvelles dents, foit quelles foient feulement (orties des anciens fourreaux, elles leroient encore trop molles dans les premières heures qui fuivent la mue, pour hacher des feuilles. Les poils des chenilles n’ont pas toûjours des formes auffi fimples que celles fous lefquelles ils paroiffent à nos yeux; iis nous lèmblent des corps unis, & lilfes, tels que des cheveux courts & fins. Si on les obierve avec un mi- crofcope qui grolfiffe beaucoup, on a pourtant peine à trouver de ces poils lilfes. Ceux qui ie lont le terminent comme une épingle, par une elpece de pointe *. Les autres paroiffent une tige arrondie & applatie, je veux dire, qui a plus de diamètre dans un feus que dans l’autre. De differents endroits de cette tige fortent de petits corps qui la font reffembler à une tige d’arbre ou depiante. Ces petits corps, qui fe trouvent lur ia tige des poils des che¬ nilles de différentes efpeces, different lur-tout par les proportions de leur longueur à leur groffeur, & par la maniéré dont ils font diltrihués. Quelques-uns lont fi fins, que le microl'cope 11 e les fait paroître eux-mêmes que comme des poils; & entre ceux qui partent de diffe¬ rentes tiges, il y en a de differentes groffeurs. D’autres plus * Pl- 6. gros* paroiffent de véritables épines, dont la pointe lé F,g ‘ j' & dirige du même côté que celle de la tige. Il y a telle tige * de chaque côté de laquelle il part à même hauteur une épine, comme partent les feuilles qui font rangées par Fig. ia. paires furies tiges de certaines plantes. Sur d’autres tiges*, les * PI. 6. Tig. II. I+l 1 6. * Fig. 13. des Insectes. 193 ies épines, les picquants font diltribués alternativement fur differents endroits des deux côtés, c’eft-à-dire, que l’origine d’un de ces picquants n’cft pas vis-à-vis celle de l’autre. Il y a des poiis où ces picquants font affés éloignés les uns des autres. Il y en a où ils font très-proches les uns des autres. Ces picquants fur d’autres poils, neparoil- fent que comme les boutons, les yeux des branches des arbres à fruits. Enfin il y a des poils extrêmement barbus, qui font chacun une tige chargée de poils déliés, 6 » 7> U, &.c. * 4- ♦ J- 200 MEMOIRES POUR L'HiSTOIRE de la même aile, ont de ces grains de differentes formes. On trouve leurs principales variétés reprelèntées dans la plupart des autheurs qui ont publié des observations faites au microfcope, mais pcrlonne 11’en a fait graver un auffi grand nombre de figures, & fi en grand, que le P. Bon- nani, elles rempli fient bien quatre pages de l'a Micro- graphie. Après avoir vu ces petits grains au microfcope, on les a regardés comme autant de petites plumes, & on leur en a donné le nom, mais elles ne me paroilfent le devoir qu’aux places quelles occupent; celui d écailles me fem- ble leur être beaucoup plus propre, comme je l’ai dit ailleurs *, & ce fera auffi celui dont je me Servirai le plus volontiers. Leur ftruélure n’a rien de commun avec celle des plumes; ce font de petites lames, de petites palettes, plus ou moins allongées, qui ont un court pédicule, qui s’engage dans la fubftance de l’aile *. Le bout d’où part le pédiculeeft ordinairement arrondi; dans quelques-unes, le côté qui lui efi oppol'é, celui qui termine l’écaille eft auffi arrondi, & celles-là font des elpeces de palettes ova¬ les *. D’autres ont une petite entaille, une petite échan¬ crure, comme celle d’un cœur directement oppofée au pédicule *. Les figures du plus grand nombre de ces écailles font plus évafées, quelques-unes reffemblent à la projection d’une tulipe, à la coupe qui parte tout du long de fon piftile, ou à la coupe, par l’axe, de quelque vafe, c’eft-à- dire, que le côté qui les termine eft fouvent l’endroit où elles ont plus de largeur. Dans les unes, ce côté eft pref- qu’une ligne droite, dans les autres il eft ondé; dans d’au¬ tres ce même côté a des dentelures, des découpures, dans les unes plus, & dans les autres moins profondes. Le nombre des dentelures varie dans differentes écailles; plulieurs de celles qui font profondément découpées, reffemblent des Insectes. 201 reflcmblent en quelque forte à une main ouverte *. Les * *6» dents qui occupent les places des doigts finirent par des 1 pointes aiguës; telle écaille en a deux ou trois, d’autres en ont julqu à lëpt ou huit. Quelques-unes font des lames triangulaires, dont la baie, petite par rapport à la longueur des côtés, eff découpée avec toutes les variétés dont nous venons de parler *. Dans plufieurs, les dents femblent le * 21, 22. prolonger fur l écaille, parde-là les endroits où elles font fëparées les unes des autres par des vuides ; elles forment chacune un relief fur le plein de l’écaille, qui la fait paraître joliment canelée. Celles qui n’ont pas ces canelures,ont prefque toutes une arrête qui les partage en deux parties égales; le pédicule eft le prolongement de cette arrête. Il y en a, dont on ne trouve point les figures parmi celles que le P. Bonnani a fait graver, à qui le nom à’écailles ne convient pas aulfi-bien qu’à toutes celles dont nous venons de parler. Elles ont une tige fi longue & fideliée, qu’on les appellerait des poils, h on étoit accoutumé à voir des poiis le terminer par une lame platte, refendue, en un mot, affes femblable aux écailles que nous avons décrites ci-defius *. Les productions de tout genre le rap- * PI* 7 > piochent par nuances inlènfibles, ainfi on celfera au moins V 2i &° t ’ 31> de donner le nom d ’écailles à ceux de ces petits corps longs dont le bout ne paraît être que la tige refendue en deux ou trois parties*. * 33, 34, La fubftance des poils, celle des cornes, celle des écail- les, celle des plumes l'ont afies analogues, & ne paroi fient pas différer cflêntiellement. La matière que nous appel¬ ions corne, eft peut-être ia même qui porte le nom de plumes ou de poils, félon qu’elle a été moulée. Nous 11c reconnoiflons pour plumes que des efpeces de tuyaux creux qui fe terminent par une tige pleine, à qui des Iilets barbus, ou des barbes, font attachés de part & d’autre. Tome I. .Ce 202 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE Ces barbes manquent aux picquants du porc-épic, à ceux de l’heriffon, & nous ne les appelions pas des plumes; ce 11 aulfi ce qui nous doit empêcher d’appelier plumes, les lames qui couvrent les ailes des papillons. Cette dif- tindion de noms efl ici d’autant plus neceffaire, que cer¬ taines parties des papillons fe trouvent couvertes de véri¬ tables plumes, d’autres de poils, d’autres de nos écailles, & d’autres d’efpeces de picquants; & quelquefois les plu¬ mes, les écailles, les poils fimples, les poils refendus & les picquants concourent cnfemble a couvrir la même partie. Si on fe contente de confiderer une aile de papillon avec une loupe foible, l'on tilTu paroît allés femblable à * PI. 7. celui d’un camelot*; mais fi on i’obferve avec une loupe Fj o‘ forte, ou encore mieux, avec un microfcope, c’ell alors qu’on voit avec plaifir l’arrangement de nos petites écailles, combien les rangs en font exactement allignés, qu’ils le font comme ceux des écailles des poiflons, comme ceux ? Fig- 9- des ardoifes ou des tuiles tics toits *. Celles d’un rang font un peu en recouvrement fur celles du rang qui fuit. L’ar¬ rangement de tant de petites écailles, fi joliment façon¬ nées, eft affinement un coup d’œil agréable; le delîus & le deffous de l’aile en font également remplis. Il 11’y a point d’ailes où on ne découvre de ces pouffieres de plu¬ sieurs figures, mais la plus grande partie delà furface, un peu éloignée des bords, 11’en a pour l’ordinaire que d’une feule efpece: là on ne voit dans quelques-unes que des écailles, ou palettes ovales; fur d’autres, on ne voit que de celles qui lont échancrées en cœur; fur d’autres, que de celles qui refïemblent à une main ouverte; enfin fur d’autres, ce ne font que de nos longues lames triangu¬ laires dentelées. D’autres ailes encore plus fournies d e- cailles n’en lont pas plus agréables à yoir, les couches * Fig. & 12 . des Insectes: 203 tTécailles, fcmblables à celles dont nous venons de parler, font prcfque cachées par une forêt d écaillés que nous pouvons nommer en poils*, c’eft-à-dire, de celles qui ont une tige longue & déliée, dont le bout porte une petite J> palette refendue, ou qui eftelle-même Amplement refen¬ due: ces Ibrtes d’aîies femblent velues *. Le bout de la plupart des ailes paroît, même à la vue fimple, bordé d’une efpece de frange; & le microfcope fait voir que cette frange eft compofce d écaillés qui font des lames triangulaires dont la baie eft fort petite, Si qui a tantôt plus & tantôt moins de dentelures, & refendues plus ou moins avant; il y en a même qui ne le font point du tout *. * Fig. L’aile elle-même mérité bien que nous en difions quel-/'/- que chofe. Pourvoir faftrudure, il faut la dépouiller des petites écailles dont elle cft couverte. Pluheurs greffes nervures en font la charpente *; toutes tirent leur origine * Fig. de l’endroit où elle eft aftùjcttie contre le corps. La plus ' ' greffe & la plus large fuit Ion bord extérieur, Si le fortifie. Une autre fuit le bord intérieur. Les autres fe dirigent vers le milieu de l’aile, elles s’y divifent & s’y ramifient, comme les fibres des feuilles des plantes , en pluficurs branches. La fubftance qui remplit les efpaces que les fibres laiffent entr’elles, eft d’un genre particulier, du moins ne fçais-je aucun nom propre à la defigner parmi ceux qui ont été donnés aux fubftances differentes qui entrent dans la compofition des grands animaux. Elle eft blanche, tranfparente & friable: elle ne différé peut-être de celle des greffes nervures, que parce quelle cft étendue en feuille mince, mais la nature des greffes nervures ne paroît pas elle-même ailée à déterminer. M. Malpighi fem'ble regarder cette derniere comme offeule : les ner¬ vures de l’aile font véritablement la fond ion d’os, pour Ce ij 204 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE lui donner de la folidité Tans la rendre pelante. Si on les coupe tranlverfalement, on voit que ce lbnt des tuyaux creux ; mais fi on laide les yeux juges de la nature de U fubflance dont ils font faits, on la trouvera moins lembla¬ bié à une matière ofleufe, qu’à une eTpece d écaillé, ou à cette écaille imparfaite dont font faites differentes parties de ces infeéles, qu’on nomme crujlacées .. Quoi qu’il en loit, les ailes des papillons font par leur conlirucflion folides & legeres; les milliers, ou plutôt les millions d’écailles qui les couvrent ne les appefantilfent pas beaucoup, & elles défendent cette matière, étendue en feuilles minces, qui remplit les elpaees qui font entre les fibres. Dans ces efpaces, ou ces aires renfermées par des fibres, on difiingue très-bien, avec le fecours d’une forte loupe, de petites rides, des cfpcccs de petits filions parallèles entr’eux, & qui vont d’une fibre à celle qui lui eft oppofée *. Je ne puis les comparer à rien de plus ref- femblant qu’à ces plis des papiers dans lefquels les épingles font picquées. Dans chacun de ces filions, on apperçoit de même une fuite de petits points plus obfcurs que le refie , qui iont chacun le trou dans lequel le pédicule d’une écaille étoit picqué ou planté avant qu’on l’en¬ levât de déifias l’aile. On a beau tâcher de dépouiller en¬ tièrement l’aile de les écailles, il en relie toujours quel¬ ques-unes en place ^ & celles qui relient alors ifolées, montrent très-bien comment les autres étoient engagées dans la file des trous vuides. Avec de grandes ailes & légères, il eft aifé aux papil¬ lons île fie. foûtenir pendant long-temps en l’air; ils volent pourtant, pour la plupart, de mauvaife grâce. Leur vol ne fe fait point félon une ligne droite. Quand ils ont à faire en l’air un chemin de quelque longueur , ils montent Sl deficcndent alternativement; & la ligne de leur route cil des Insectes. 205 compofée d’une infinité de ziczacs de haut en bas, & de droite à gauche. Sçuffent-ils mieux voler, arriver à leur terme par un chemin plus court, ils devroient voler comme ils font pour courir moins de rifique. Les oifeauxles cher¬ chent pour s’en nourrir, ils fondent volontiers fur ceux qu’ils voyent en l’air. L’irrégularité du vol du papillon l’empêche fouvent d’être la proye de l’oifeau; celui-ci dirige fon vol félon une ligne au-dcffus, ou au-dcfibus de laquelle le trouve le papillon avant que l’oifeau fait atteint. Je vis un jour avec plaifir un moineau qui pour- fuivit, en l’air, un papillon pendant plus d’un demi-quart d’heure, fans venir à bout de le prendre. I.e vol de l’oifeàu étoit pourtant confiderablement plus rapide que celui du papillon, mais le papillon fe trouvoit ou plus haut, ou plus bas qu'c l’endroit où l’oifeau arrivoit, & où il avoit crû le joindre. Nous avons déjà dit que toutes ces couleurs fi vives & fi variées, qui rendent admirables les ailes de certains papillons, font dues aux poulfieres, ou petites écailles. Le corps de l’aile, dans lequel elles font implantées, eft tranfparent, prelque finis aucune couleur, ou par tout de même couleur; il eft comme la terre d’une prairie qui fe trouve tapifféc au printemps de tant de differentes fleurs: certains endroits de l’aile ne font remplis que d’écailfcs du plus beau bleu, d’autres places le font d écaillés rouges, d’autres d’écailies jaunes, d’autres d’écailles noires, d’au¬ tres d’écailles d’un blanc ordinaire , d autres d’écailles de ce blanc plus beau que celui de l’argent, & qu’on appelle nacré, parce qu’il a l’éclat de la nacre de perle, &e. C’eft afi fûrement une belle parure que le mélange de tant de vives couleurs, mais la nature apparemment ne cherche pas à parer un papillon précifement pour le parer, ni précife- ment pour k faire briller à nos yeux. Pourquoi des écailles, C c iij * PI. 8. Fig. I . t, b b. * Fig. i. d'p df cj c * * Fig. T. e, c, e, §• * PI. - Fis;. 5. e & PI. 8. I . b, b. 208 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE La tête nous offre des parties que nous 11c devons, ni ne pouvons nous difpenier de confiderer avec quelque attention. Elle en a deux formées en portions de lphere, qui fortent des deux côtés diamétralement oppofés *. Leur Fig. pofition, leur forme, le luiiimt & la confidence de leur enveloppe leur donnent une reffcmbiance avec les yeux des grands animaux, qui détermine fur le champ à les prendre pour de pareils organes. Les infedtes n'ont peut- être aucune partie auffi propre à nous faire voir avec quel prodigieux appareil la nature les a formés, & à nous mon¬ trer en general, combien elle a produit de merveilles qui nous échappent. Auffi ceux qui ont employé le plus de temps à étudier les infectes au microfcope, comme le P. Bonnani, Hook, Leuwenhoek, Puget, n’ont pas man¬ qué d’obferver ces yeux; ils en ont fait graver de fort belles figures. Ceux des mouches, des fearabés, S : de di¬ vers autres inlcétes, 11e different en rien d efientiel de ceux des papillons. Ce que nous dirons des yeux des pa¬ pillons, fera donc dit pour ceux de prefque tous les in- feétes; fi nous commençons à en parler par ceux des pa¬ pillons, c’efl qu’ils fe prélentent les premiers dans l’ordre que nous avons choifi. Ceux des papillons n’ont pas tons précifèment la même forme extérieure, tous pourtant font à peu près uite por¬ tion de lphere, mais, qui dans quelques-uns, n’en eff que la moitié, ou même moins, & qui dans d’autres en eft une partie plus confiderable. Les uns les ont plus gros, les autres les ont plus petits, par rapport à la groffeur de leur tête. L’enveloppe extérieure des yeux, qui, par la pofition & fa confidence, peut être regardée comme la cornée, a une forte de luifant, qui fait voir fouvent des couleurs auffi variées que celles de l’arc-en-ciel. Mais la couleur qui leur fert de baie à toutes, cft noire dans quelques papillons. *des Insectes. 209 papillons, brune dans d’autres, grife dans d’autres; dans d'autres ce tout diverses couleurs d’or ou de bronze très- éclatantes, & qui tirent tantôt fur le rouge, tantôt fur le jaune, tantôt fur le verd. Nos yeux feuls reconnoiffent que ces cornées, malgré leur brillant, 11e font pas abfolu- meiit unies, quelles lbnt comme pointillées; mais c’elt lorfqu’on les obferve au microfcope, qu’on découvre leur vraye compofition , 6 c qu’on l’admire. Toute la furface paroit un refeau à mailles régulièrement fimetrifées *. * PJ - S. Nous ne voulons^ourtant pas laiffer imaginer que le mi- lieu de chaque maille eü vuide; tout eft plein; le milieu ell plus relevé que le rede, il paroît avoir de la rondeur; en un mot, le milieu de chaque maille, femble une petite lentille. De forte que la cornée, l’exterieur de l’œil, ne paroît autre choie qu’un alfemblage d’un nombre prodi¬ gieux de petites lentilles encadrées dans une matière pa¬ reille à la leur; mais le cadre, ou la maille du refeau, où elt la lentille, cil une figure reéliligne à quatre côtés dans quelques yeux, 6 c à fix dans d’autres. On peut comparer la cornée entière, à un verre taillé à facettes convexes, 6 c à un prodigieux nombre de facettes; ou enfin, la cornée •peut être regardée comme un alfemblage d’un nombre «tonnant de criflallins. M. Leuwenhoek a calculé qu’il y en avoit environ 3 18 1 . fur une cornée d’un fearabé; qu’il y en a plus de 8000. fur celle d’une mouche; 6 c M. Puget en acompte 173 2 y. fur chaque cornée d’un papillon. M. Maipighi, qui avoit obfervé les differents fegments, qui partagent la cornée des infeéles, a regardé chacun de ces petits fegments, comme autant d’yeux; de forte qu’aulieti de deux yeux , que quelques fçavants ont eü peine à accorder aux papillons, nous devons peut-être leur en reconnoître 3^650. félon le calcul de M. Puget; car les curieufes observations qu’il a faites, jointes à telles de Tome I. . D d f 2 Î0 MEMOIRES POUR l'HiSTOTRE M. Lcuvvcnhoek, confirment tout-à-fait 1 idée qu’avoit eue M. Malpighi: elles prouvent inconteftablement que ies petites éminences dont les cornées font remplies, iont de vrayes lentilles, de vrais criftallins; & elles fcmblent montrer de plus, que chacun de ces criftallins eft accom¬ pagné de tout ce que demande un œil complet. Leuwenhoek, M. Puget après lui, & l’Abbé Catelan avant l’un & l’autre, ont détaché les cornées de divers infeeftes, de mouches, de papillons, de fearabés, de fautc- relles: ils en ont tiré avec adrefte t< 5 hte la matière qui y étoit renfermée; ils fe font fervi pour cela d’un pin¬ ceau fin qu’ils faifoient entrer mouillé dans la cornée. Quand ils en avoient ôté tout ce qui y étoit contenu de plus greffier, ils balayoient là furfâce intérieure avec le même pinceau mouillé; ainfi peu à peu ils parvenoient à rendre la cornée bien nette; alors elle étoit extrêmement tranfparente. Ils ont mis & tenu cette cornée au foyer d’un microfcope , qu’ils ont dirigé enfuite vers qud- qu’objet, de manière que les rayons qu’il envoyoit à leurs yeux, paftoient par cette cornée, & par la lentille du mi¬ crofcope. Il faut lire dans M. Puget même la defeription du fpeélacle qu’il fe donnoit, & qu’il donnoit à tous ceux qui vouloient avec lui admirer la nature. La cornée, poin¬ tée vis-à-vis un feul foldat, failoit voir une armée de Pigmées: pointée vers les arches d’un pont, elle montroit une quantité de rangs d’arches les unes au-deffus des autres, qui furpaiïoit de beaucoup tout ce qui a jamais été entrepris de plus grand pour la conduite des eaux, La lumière d’une bougie fe multiplioit prodigieufèment. Jamais on n’aura de verres à facettes qui multiplient autant les objets, que ces cornées les multiplient; elles les font pa- roître extrêmement diminués de grandeur, comme il arrive à ceux, qui vûs au travers de verres convexes, fè trouvent des Insectes. 211 beaucoup au-delà du foyer de celui qui en eft le plus pioche. L’exrftence des lentilles ou criftallins, dont l’affemblage forme la cornée de chaque infeéte, eft donc bien fûre. Leuwenhoek croit avoir obfervé lous chacune de ces cor¬ nées un amas de petits corps oblongs, tous femblables, chacun defqueis aboutit à un des criftallins; il les a fait reprefenter leparemcnt & en mafle, tels qu’ils lui ont paru; il les regarde comme autant de nerfs optiques. Il eft pro¬ bable qu’ils ne font pas fimplement des nerfs, mais qu’ils contiennent tout ce qui eft néceffaire à la compofition d’un œil. On ne peut pas exiger raifonnablement, qu’on mette en évidence chacune de ces parties fi petites, mais il eft à préfumer qu’elles exiftent dès que nous trouvons d’autres parties qui le demandent. Il y a par exemple lieu rie croire que c’eft parce que la corroïde ou la membrane oui en tient lieu, eil de differentes couleurs dans les yeux de differents infeéles, que ces yeux nous paroiffent diffé¬ remment colorés. Quoique nous voyons les objets avec deux yeux, nous ne laiffons pas de les voir fimples; & de-là il eft aifé de concevoir qu’ils pourroient de même paroître fimples à des infeéles qui les verroient avec des milliers d’yeux. Il s’en faut pourtant bien qu’ils les voyent à la fois avec tous leurs yeux, la figure convexe de leur cornée ne permet aux rayons, renvoyés par certains objets, de tomber que fur un petit nombre de leurs criftallins. Mais à quoi fer¬ vent tant d’yeux aux infeélesî c’eft, fans doute, pour les mettre en état de fe procurer leurs befoins, & de le def- fendre contre une partie des dangers aufquels ils font expofés. La rondeur, & l’extrême petiteffe de ces criftal¬ lins ou lentilles, a fait croire à plufieurs Pbyficiens, que leurs yeux grofliffoient exceflivement les objets, & qu’ils Ddij 212 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE ne ieur reprefentoient dihinélement que ceux dont ifs étoient très-proches ; alors iis ne fembleroient pas leur devoir être d’un grand ufage, ils n’aideroient pas aflure- ment à une abeille à retrouver le chemin de fa ruche, lorlqu elle s’en eh éloignée d’un quart de lieue, ou d’une demi-iieuë. Mais nous ne connoihons pas affés la com- pohtion entière de chacun de leurs yeux, pour décider s’ils ne leur font pas voir dihinélement des objets très- éloignés, 6c s’ils ne les leur reprefentent pas même en petit. Au travers d’une cornée d'infecte placée au foyer d’un microfcope, M. Puget a vû une porte cochere dont il étoit éloigné de plus de trois cens pas, il la voyoit très- nettement. Si on difpofe deux loupes ou deux lentilles, de maniéré que les foyers fe rencontrent, on verra des objets éloignés au travers de ces deux lentilles ; on les verra très-nets, mais confiderablement diminués de gran¬ deur, 6c leur grandeur fera d’autant plus.diminuée, que ces lentilles feront des fpheres, ou des portions de fphe- res d’un plus petit diamètre. Nous pouvons imaginer une difpofition équivalente dans les liqueurs des yeux des infeéles, fi elle leur eh néceffaire pour voir les objets éloignés. Il n’eh point de Phyficiens qui puiffent refufer leur admiration à des corps fi prodigieulement organifés, mais il y en a eu qui ont douté, 6c même nié, qu’on les dût prendre pour des yeux. Une hruéhire h compolée, ne nous force-t-elle pas cependant à les regarder comme l’organe de quelque fenfation! Et à quelle fenfation, dont nous ayons quelqu’idée, font nécehaircs des lentilles tranfparentes, des crihallins, qu’à celle de la vûë! Ce qui a fait naître des doutes, c’eh que plulieurs infeéles n’ont pas feulement, comme nos papillons, deux de ces demi- giobes tranfparents, 6c taillés à facettes. La nature ne nous des Insectes. 213 a accordé que deux yeux, on n’a pas cru qu’elle en eût hccordé davantage à de vils animaux, on a penfé que le furpius eût etc inutile, parce que nous avons en tout cté traités au mieux. D’ailleurs ces petits globes font fouvent placés dans les endroits que nous ne jugerions pas les plus convenables. Il doit, par exemple, paraître fort étrange, qu’un inlêéte porte deux yeux fur le dos: fi cependant ce que nous appelions les yeux des papillons, des mou¬ ches, des araignées, en font, le faucheur, qui cil un gen¬ re d’infeéles, qui a beaucoup de rapport avec celui des araignées, a deux yeux placés comme le feraient ceux qu’un chameau aurait fur chaque côté de la boiïe; cette pofition peut paraître des plus bizares. On demandera à quoi des yeux fur le dos peuvent être bons au faucheur. Sommes nous en droit de nier que ce font des yeux, parce que nous ne fçavons pas combien ils font peut-être utiles à ce petit animal, foit pour n’être pas la proye de fes ennemis, foit pour fe rendre maître des inlèétes dont il peut fe nourrir. M. de la Hire a été un de ceux qui n’a pas voulu re- connoître pour des yeux nos maffes de crihallins ; ayant ob- fervé qu’entr’clles deux il y avoit fur la tête des mouches trois petits corps fpheriques, brillants & tranlparents, dil- pofés en triangle; il crut que c’étoicnt-là les vrais yeux des mouches, & quelles n’en avoient point d’autres: il s’ima¬ gina leur avoir trouvé tous fes caraéteres des yeux, jufqu’aux paupières. M. Puget * a eu raifon de penfer que quelques * Pag. jo, poils fingulierement placés par le hazard, pendant une ob- iervation que M. de la Hire n’avoit pas repetée, lui en titre, Obfer- avoient impofé; en un mot, il lui a nié avec raifon, 1’éxiften- y^desin- ce de ces prétendues paupières, on ne connoît point d’yeux feftes. cf infectes aîlés qui en foient pourvus. Iln’apasolé nier de même à M. de la Hire, que les petits corps fpheriques Ddiij 214 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE fufient réellement trois yeux, mais il a très-bien remarqué qu’on en trouve un plus grand nombre fur la tête des mouches, que celui que M. de la Hire a déterminé ; qu’on ne trouve pas ces petits corps à tous les infeéles, comme M. de la Hire l’a prétendu, que les papillons ne les ont point. lia montré pourtant un éloignement à (es prendre pour des yeux, que je n’aurois pas. Ilefi vrai qii’alors une mouche s’en trouve furieulèment fournie; elle en a deux gros, dont chacun en contient pluheurs milliers de petits, & outre cela, elle en a peut-être douze ou quinze médio¬ cres, diltribués en différents endroits de la tête. La nature a tant prodigué le travail dans la confiraéffon des infeéles, qu’il n’y a pas de quoi nous étonner de cette multiplicité d’yeux: les araignées en ont autant à peu-près que nous en voulons faire reconnoître aux mouches ; elles en ont de différentesgrofleurs. Il eft vrai que les différences entre leurs yeux ne font pas fi confiderables quelles le feroient entre les yeux des mêmes mouches, mais le plus ou le moins ne doit pas ici nous arrêter. Les differentes grofféurs des yeux dans le même infeéte, les différentes places accordées aux uns & aux autres, ne nous conduifcnt-elles pas à foup- çonner avec quelque vrai-femblance, que la nature a fa- vorifé les infeéles d’yeux différemment conformés, d’yeux propres à différents ufages! Qu’elle leur en a donné pour voir les objets éloignés, & d’autres pour voir les objets qui font près d’eux ; quelle les a pour ainfi dire pourvus de telefcopes & de microfcopcs! Quand le même infeéle a des jambes de différentes longueurs, ou des jambes dif¬ féremment conformées, avant même de l’avoir vû s’en fervir, on peut décider qu’elles ont des fonélions diffe¬ rentes. Dès qu’on voit combien les deux dernières jam¬ bes des fauterellcs furpaflènt les autres en longueur, on peut hardiment décider qu’elles fervent à executer des i des Insectes. 215 mouvements differents de ceux qu’executent les autres ; aufli font-ce celles dont lesfauterellesfe fervent pour fauter. Quelques infedes ont les jambes anterieures courtes, & conformées d’ailleurs autrement que les poflerieures, elles ne font pas même terminées par un pied ; les papillons nous ont déjà donné occafion de parler de ces eljjecçs de jambes. Leur ffrudure feule nous met en état de juger quelles font plus propres à agir comme bras que connue jambes; & c’eft auffi comme bras qu’elles agiffent. Nous voyons à un animai des dents aiguës & tranchantes, & nous lui en voyons d’autres épaiffes & plates, & nous décidons très-bien que les unes coupent les aliments par morceaux, & que les autres les broyent. Enfin nous voyons aux mê¬ mes infedes plufieurs globes d’yeux, qui different entr’eux confiderablement en groffeur, & même en figure: 11’en devons-nous pas conduire que ces globes renferment des yeux dont les fondions font differentes! Et en quoi peu¬ vent différer celles des yeux, qu’en faifant voir des objets proches, ou des objets éloignés; en reprefentant leur grandeur dans la proportion qu’elle a avec le corps de l’infede, ou en reprefentant leur grandeur augmentée ou diminuée! L’exiflcnce des yeux mêmes eft peut-être ce qui refte ici de moins établi; cependant, dès que fur quel¬ ques endroits de l’enveloppe dure & opaque d’une tète, on trouve des globes luifants & tranfparents, n’y a-t-il pas grande apparence que ce font des yeux! Sur-tout quand on a reconnu que ces globes font compofés de lentilles: ce ne font là à la vérité que des vrai-femblances, mais ce font de grandes vrai-femblances. Dans quelques infedes, & fur-tout dans quelques ef- peces de papillons, chacun des gros globes, de ceux qui font un affembiage de tant de milliers de crifMins, font t 2° 51 * PI. 7- e c. °Plf 8. Fig. * PI. 3. Fig. 3, & *. * Fig. i. a a. 216 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE extrêmement chargés de poils * : des poils femblent mal placés fur une cornée ; ceux qui ont eu peine à regarder ces globes comme les organes de la vifion, en ont tiré une objection a (Tés forte. Il efi vrai au fia que tant de poils troubleroient abfolument la vifion, fi chaque globe n'étoit qu’un feul œil ; mais dès que le globe efi un paquet d’yeux pôles les uns auprès des autres, alors les poils tiennent peut-être lieu de paupières à chaque œil; ces poils qui s’élèvent perpendiculairement fur le globe, n’empêchent pas des rayons d’arriver à chaque petit œil, à chaque crif- tallin: ils arrêtent pourtant un grand nombre de ceux qui y arriveroient, mais la conftitution foible de ces yeux exige peut-être que cela ioit ainfi. Au refie, nous parlerons dans la fuite de chacun des globes*, comme s’il n’étoit qu’un feul œil;&quand nous parlerons des yeux de quelqu’inlèéle, fuis déterminer rien de plus particulier, ce feront toujours les gros yeux, ces gros globes que nous voudrons déligner. Tous les papillons, & la plupart des autres infcéïes ailés, portent fur leur tête deux efpeces de cornes * différentes par leur firuéîure de celles des grands animaux ; on leur a aufia donné un nom particulier, on les a nommées des antennes. Il y a entr elles des variétés de forme & de conf- truélion que nous nous arrêterons d’autant plus volontiers à décrire, qu’elles fourniffent une partie des caraéleres les plus commodes & les plus fûrs, pour diftinguer les prin¬ cipales claffes tics papillons. En general, les antennes dif¬ ferent des cornes , en ce qu elles font mobiles fur leur baie, & en ce qu’elles ont d’ailleurs un grand nombre d’articulations qui leur permettent de fe courber, de fe contourner en differents lèns, Si de s’incliner de differents côtés. Celles des papillons font implantées fur le deffus de des Insectes. 217 de la tête, affés proche du bord extérieur de chaque œil; on ies peut diviler en fix genres notablement differents par leurs formes. Celles du premier genre, depuis leur origine jufques proche de leur extrémité, ont un diamètre afTés égal *, elles p y font prefque cylindriques; mais elles Te terminent par />, une greffe tête affés femblable à celles des malfes d’armes *. Cette tête qui les termine, quoiqu’elle n’ait pas autrement de reffemblance avec celle d’un clou, a été nommée en latin par les naturalises, clavus; & ces fortes d’antennes ont été appellées antennœ clavatcc: je les appellerais plus volontiers des antennes h majje,s, ou des antennes à boutons ; les formes des boutons font moins limitées que celles des têtes de clou. Il y a des boutons de figure d’olive, qui eft auffi la plus commune des bouts de nos antennes de cette claffe. II y en a pourtant dont la tête n’a prefque que la moitié de la longueur de l’olive, je veux dire, qu’elle eft une olive tronquée, ou qu’elle finit par une furface plane & circulaire *. II ne faut qu’obferver la tige & la tête de ces antennes avec une loupe, pour reconnoître qu’elles font compo- fées de parties articulées les unes au bout des autres. On en peut compter communément 11, ou ia,& quelque¬ fois 14., ou 1 5. fur chaque maffeoubouton*; & on n’en compte gueres qu’une vingtaine, ou au plus une trentaine fur la tige * : celles du bouton ne font auffi que des anneaux, au lieu que les differentes parties de la tige font affés lon¬ gues pour que le nom de cylindre leur convienne mieux. II y a des antennes de ce genre qui, vûës au microf- cope, paroiffent chargées de poils, mais il y en a d’autres qui paroiffent liftes. Un grand nombre de papillons qu’on voit pendant le jour fe pofer fur les fleurs, portent des antennes de ce premier genre. Tome I. . E c P!. 8. ig. î 8 • * g» c i 8 > d ' * PI. 48. Fig- 3- * PI. 8., Fig. 17. * Fig. 16, * Fig. 18» f h. * Fig. 1 5 . k,. k. 222 MEMOIRES POUR L’HïSTOIRE * PI. 3 j. Fig. i. * Fig. 20. * Fig. 22 & 23. * Fig. 20. * PL 50. Fig. 10 & XI. un fort microfcope, fc trouvent être des touffes de poils.' Le papillon mâle d’une groffe chenille velue *, à poils couchés fur le corps, qui vit fur forme Si fur la charmille, &c. nous offre encore une fingularité dans fes antennes, que nous devons faire remarquer *. Le bout de la tige de chaque barbe le termine par une tête arrondie *, de laquelle part un court blet, roide comme une efpece d’épine, qui fe dirige vers le bout de l’antenne. Les articulations de la tige de cette antenne ne paroiffent pas comme celles des autres, des cercles parallèles à la bafe, elles y forment des canelures obliques, la tige reffemble à une corde*. Au refte, les antennes de cette fixicme clafîe, & celles des cinq autres, font mobiles fur leur bafe; les papillons les inclinent Si les redreffent à leur gré; les uns les tiennent fouvent couchées fur leur corps, d’autres les portent fou- vent élevées Si droites, Si d’autres les portent tantôt droites. Si tantôt couchées. Nous avons des papillons * qui por¬ tent leurs antennes à plumes comme leslievres portent leurs oreilles; il femble auffi que ces papillons ayent des oreilles. Outre que l’antenne eft mobile fur fa baie, fa tige peut le courber plusou moins, Si fe contourner en differents fens, ie grand nombre d’articulations qui s’y trouvent font defti- nées à fervir à toutes ces flexions. Mais nos antennes à plumes font encore capables d’un mouvement plus remarquable, parce qu’il nous y fait voir bien d’autres organisions que celles des plumes aufquelles nous les avons comparées. Dans ces antennes, toutes les barbes elles-mêmes font mobiles fur leur bafe; celles qui font de part Si d’autre, fe trouvent quelquefois toutes dans un même plan avec la tige, elles fe touchent; plus fouvent elles forment avec cette tige une efpece de goutierc; Si il eft libre au papillon de tenir cette goutiere plus ouverte ou plus fermée. Mais il m’a paru que toutes les barbes font forcées à fe mouvoir à la fois, que celles des deux cotés des Insectes. 223 font obligées en même-temps de s’incliner, ou de fe re- dreffer par rapport à la tige. De tout ce que nous venons de voir des principaux genres d’antennes des papillons, il en rélulte, que ce l'ont des parties compolees avec art, & très-organilëes. Mais à quoi fert tout cet appareil, qui eft l’ouvrage d’une main qui ne fait rien d’inutile! Il fautavouer que nous l’ignorons, car les ufages qu’on a attribués aux antennes, ne répondent pas apurement au travail qui entre dans leur compofition. Quelques-uns ont dit qu’elles étoient faites pour mettre les yeux à couvert. Des antennes, qui n’ont que la groffeur d’un filet à leur origine, c’efl-à-dire, auprès de l’œil, & qui vont affés loin fe terminer par une greffe tête, ne font pas faites pour deffendre l’œil. D’autres les ont employées à nétoyer, à balayer, pour ainfi dire, les yeux; c’eft un ufage bien peu important, & auquel la forme des antennes les rend peu propres. Les papillons peuvent, quand il leur plaît, paffer fur leurs yeux leurs jambes anterieures, ou leurs pieds, qui, au moyen des poils dont ils font cou¬ verts, nétoyent mieux une furface dans laquelle il y a une infinité d’inégalités, que ne le peut un cordon de grains, qui d’ailleurs efl dans une place où il eff difficile de le faire agir. Ceux qui ont crû que les papillons fe fervoient de leurs antennes, comme l’aveugle fie fert d’un bâton; qu’elles leur annonçoient les corps contre lelquels leur tête pourrait fe heurter, ne me paroiffent pas avoir mieux imaginé leur véritable ufage, quoiqu’ils en ayent imaginé un plus utile que les précédents. Il ne faut qu’avoir ob- fervé un papillon pendant qu’il marche, pour avoir vu que fa tête ferait f'ouvent mal garantie par i’avertiffement que donneraient les antennes; fouvent elle les précédé. Quantité de papillons tiennent alors leurs antennes droites, il y en a qui les tiennent, même alors, inclinées vers le dos. 224 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE elles ne leur ferviroient guéres davantage pendant qu’ils volent; & d’ailleurs, pour un pareil ufage, toutes les va¬ riétés de formes que nous avons obfervées ne leur feroient pas fort néceflaires; apparemment pourtant qu’elles leur font utiles. 11 n’entre, peut-être, pas plus d’artifice dans la compofition deplufieurs des organes de nos fenfations, qu’il en entre dans la compofition de ces antennes. Se- roient-elles auffi l’organe de quelque fens à nous connu, comme de l’odorat 1 Plufieurs infeéles femblent l’avoir ex¬ quis, & on ne fçait pas où en efi l’organe chés eux; mais c’efl for quoi nous noierions même bazarder des conjeélures. Si elles étoient les organes de quelque fens qui nous a été refufé, il nous lcroit abfolumcnt impoffible de nous flaire aucune idée des avantages que les infeéles en tirent. Des hommes nés lourds, ne devinent pas que les oreilles font les organes d’un fens dont ils ne fie fçavent pas privés. Après tout, les corps des infeéles ne font pas faits fur le modelé du nôtre, leurs fenfations auffi pourroient bien n’avoir pas été prilès d’après les nôtres. Au refie, les tiges des antennes de plufieurs efpeces, m’ont paru des tuyaux creux. Il y en a dont l’exterieur fèmble de la nature de la corne, qui efl même luifant; telles font la plupart des tiges des antennes à plumes. II y en a de celles-ci qui font brunes, d’autres qui font noires, d’autres qui font jaunâtres. J’ai tenu fous l’eau des papillons dont les antennes étoient terminées par des mânes; il cil forti des bulles d’air allés greffes de plufieurs de leurs jointures; peut- être que cette expérience nous donnera dans la fuite des vûës fur un des ufages de ces parties. Les boutons de ces efpeces d’antennes font charnus intérieurement. Si on comprime ceux de divers papillons, tel qu’efl le papillon blanc d’une chenille du chou, on en fait fortir plufieurs liqueurs. des Insectes. 225 liqueurs, une blanche & tran(parente, enfuite une plus épaiffe 6c blancheâtre, 6c enfin une jaunâtre; j’ignore pourtant fi elles ont là une ifluë naturelle. Une partie, dont l’ufage nous eff mieux connu que celui des antennes, c’eff la trompe avec laquelle plufieurs efpeces de papillons j'uccent le lue des fleurs: je dis plu- fieurs efpcces, parce que tous les papillons n’ont pas une trompe fenfible; elle manque, par exemple, à celui du ver à foye, 6c nous devons en avoir regret : s’il en étoit pourvû, nous aurions des obfervations de M. Malpighi lur les fonctions 6c la ffruélure d’une partie qui meritoit d être examinée par des yeux tels que les Tiens. On a dû avoir obl'ervc, il y a long-temps, que quantité d’autres papillons, Toit plus grands, Toit plus petits que celui du ver à loye, 6c de genres differents, n’ont point aufli de trompe, ou n’en ont pas de fenfible; mais on ne paroît pas y avoir fait allés d’attention. Il étoit naturel de faire entrer au moins dans les caractères des claffes, ou des genres des pa¬ pillons, que les uns font privés, ou Temblent privés, d’une partie fi eflentielle aux autres, qui eff le premier conduit de leurs aliments. On l’a jugée fi neceflaire, que des auteurs l’ont accordée à des papillons qui ne l’ont point. On la trouve dansl’inftant à ceux qui en font pourvus, fi on obfcrve, même à la vûë Ample, le deflous de leur tête ; elle eff précifement entre les deux yeux *. Quoi- * Pt qu’il y en ait de très-longues, toutes y tiennent fort peu & S pif* de place; tant que le papillon ne cherche point à prendre j i & * de nourriture, fa trompe eff roulée en fpirale, comme le font les lames d’acier dont font faits les reflorts des mon¬ tres, je veux dire, que chaque tour enveloppe celui qui le précédé*. Il y en a de courtes qui ne forment gueres * Pt qu un tour 6c demi, ou deux tours*; il y en a de grandeur F !j?‘ F jy moyenne qui forment trois tours 6c demi, ou quatre tours; & i*? T'orne /. . Ff * PL 7. Tig. i- b c,bc. * PI. 8. Fig. 24,. i 4 22 6 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE enfin il y en a de très-longues qui font plus de huit ou dix tours. Quand elle eft roulée, il n’y a qu’une partie de la cir¬ conférence de ce rouleau qui s’offre à nos yeux; les deux bouts, qui font des plans perpendiculaires à la tête, font cachés par des parties aufquelles je ne lçais pas donner de nom bien convenable; elles 11’ont pas d’ailleurs, à beaucoup près, la même figure dans tous les papillons. Nous avons dit qu’il y en a de ceux qui portent des antennes en maffes, qui ne le fèrvent point de leurs deux "premières jambes pour marcher, la derniere partie de ces jambes dt chargée de poils qui lui donnent une forte de reffembiance avec un cordon de palatine de peau ; du deffous, & de la bafe de la tête de plufieurs papillons, partent deux pareils cor¬ dons* qui s’élèvent chacun en fe courbant, pour fuivre le contour intérieur de l’œil, & qui fe réunifient au-delà de la tête; quelques-uns s’élèvent beaucoup au-deffus, & y forment comme le devant d’une efpece de bonnet, ou d’une efpece de mitre; ce qui donne au papillon une forte de coiffure finguüere. C’efi entre ces deux cordons que la trompe cfi placée; ils ne laifient voir que partie de la circonférence du rouleau qu’elle forme, ils en cachent les deux bouts, ou, ce qui cfi la même choie, ils empê¬ chent de voir,par les côtés, les différents tours de la ipi- ralc; ils font alors une efpece d’étui à la trompe, je ne comtois pas leurs autres ufages; ils font pourtant mobiles, ils la peuvent preffer par les bords. Dans d’autres papillons , ce font deux parties plus larges, mais beaucoup plus cour¬ tes, qui couvrent les côtés de la trompe*; ce font deux efpcces de lames, ellesfuivenî le contour des yeux, Si vont peu par-delà ; leur contour extérieur cfi arrondi en portion de cercle ou de courbe; elles font ordinairement couvertes de poils courts : ce font deux efpeces de cloifons des Insectes. 227 qui forment la cavité où la trompe ell logée; auffi nom¬ mons-nous ces deux parties, tantôt les cloifons barbues, &. tantôt les barbes du papillon. Nous aurons occafion dans la fuite de faire obferver de ces barbes, ou cloifons bar¬ bues, dont les figures different fort des figures de celles dont nous venons de parler. Si on eft curieux de voir comment les papillons fe fervent de leur trompe, on n’a qua fuivre un de ceux qui volent autour de quelque fleur; on le verra fe pofer deffus, ou tout auprès, pour quelques inftants; ônobfer- vera alors qu’il porte en avant fa trompe entièrement ou prefqu’entieremcnt déroulée ; bientôt après il la redrefle au point de lui laiffer à peine un peu de courbure; il la dirige en bas, il la fait entrer dans la fleur, il en conduit le bout jufqu’au fond du calice, quelque profond que foit celui que la fleur forme. Qelquefois, un inflant après, il l’en retire pour la courber, pour la contourner un peu. & quelquefois même pour lui faire faire quelques tours de lpirale. Sur le champ il la redrefle pour la plonger une féconde fois dans la même fleur, d’où il la retire comme la première fois pour la recourber. Après avoir répété fept à huit fois le même manege, ii vole fur une autre fleur, moins apparemment par l’inconfiance que nos poètes lui reprochent, que parce qu’il ne trouve plusaffés aifément, fur la fleur qu’il quitte, le lue qu’il veut recueillir. O11 obfèrvera des papillons qui femblent encore plus volages*, ils ne s’appuvent même jamais fur une fleur; ’ ils volent auffi continuemcnt, & plus continuement que & les hirondelles. C’cfl en volant que celles-ci attrapent les moucherons dont elles fe nourriffent, & c’efl en volant fur les fleurs que ceux-ci en pompent lefuc. Ils planent, pour ainfi dire, à la maniéré des oifeaux de proye, au- ■deflus de celles qui font de leur goût; leurs ailes, qu’ils Ffij * PI. 12. ig. 5.6.9, 10. * PI. 0» Fi S- 3* 228 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE agitent avec vîtcfle, font un afles grand bourdonnement. Malgré la force qu’ils font obligés d’employer pour fe foûtenir en l’air, ils déroulent leur trompe, ils la picquent au fond de la fleur; quelquefois ils la courbent, ils lui font faire quelque part un angle pour l’introduire plus com¬ modément dans certaines fleurs; après l’y avoir picquée, ils l’en retirent, làns doute, chargée d’un fuc mielleux, ils la courbent ou roulent, & la redreflent enfuite; & ils repetent fouvent ce manege. N examinons point encore pourquoi le papillon re- drefle & recourbe alternativement là trompe après l’avoir plongée dans les fleurs ; tâchons auparavant tic prendre quelque idée de fa flruéâure. Ce qui en paroît à la vûë Ample, c’efl qu’elle eft une efpece de lame plus large qu’épaifle, d’une matière afles analogue à celle de la corne. Si on prefle le papillon vers la bafe de la tête, 011 le force à la dérouler, à l’étendre prefqu’en ligne droite. On voit alors qu’elle tire fon origine de la partie anterieure & fuperieure de la tête: ce feroit à peu-près là la place d’un nez; auiïi quelques auteurs qui ont vu des papil¬ lons qui portoient une trompe déroulée, ont dit qu’ils avoient un long nez. Elle paroît aller en diminuant de largeur depuis fa bafe jul'qu’à fon extrémité; au moins cft- elle vifiblcment plus large au premier de ces bouts qu’à, l’autre. O11 la déroule encore quand on veut, fans faire une grande violence au papillon. Il efl afles aifé d’introduire la- pointe d’une épingle dans le centre du rouleau ; fi pendant que l’épingle y efl entourée parles tours de fpirale, on l’é¬ loigne doucement du papillon, on oblige les tours à fe dé¬ vider, on redrefle la trompe. Lorfqu’on la déroule, & fur- tout lorfqu’étant déroulée, on la manie, on la comprime, on la tiraille pour l’obferver, on la voit fe fendre * auprès des Insectes. 229 tic fa pointe en deux parties égales & femblables. La fente gagne, fi l’on continué de tourmenter la trompe, elle va quelquefois julqu a la bafe. On a beau même ménager certaines trompes, on ne peut parvenir à les étendre fuis les faire entrouvrir, foit auprès de leur pointe, foit même en quelqu’endroit qui en elt éloigné. De là naît une quef- tion qui a partagé ceux qui ont obfervé cette partie avec le plus de loin, & une queltion dont la décifion elt abfo- lument necelfaire pour expliquer, & comment elle elleonf truite, & comment elle agit, c’eft de fçavoir fi la trompe 11e fe fend li aifement, que parce quelle elt mince & fragile, comme caffante, ou fi c’elt qu’elleelt réellement compolée de deux parties, de deux efpeccs de trompes appliquées Tune contre l’autre. Le P. Bonnani, qui a fait représenter des trompes en grand dans fa Micrographie, elt du dernier fentimcnt; il croit qu’elles font chacune compolet s de deux trompes appliquéesl’une contre l’autre. M. Puget.quia de¬ puis étudié cette partie avec une attention dont elle lui avoit paru digne, nous a donné une description delà Itruéture, où il la regarde aulfi comme naturellement divifée dans toute fa longueur. Mais, dans le même ouvrage où elt cette defeription, il en donne une fécondé, qui, quoi¬ qu’elle 11e loit pas la vraye, elt cependant une grande preuve de l'on amour pour la vérité : il y retraite fon pre¬ mier l'entiment, il y dit: que la facilité qu’ont à fe fendre, à fe déchirer des parties délicates, lui en a impofé. Il y foûtient, & tâche même de prouver que la trompe 11’eil pas réellement compolée de deux parties appliquées l’une contre l’autre, l'uivant leur longueur. Mes premières obl’ervations me firent embralfer lé dernier l'entiment deM. Puget, je crûs même y être fondé fur des preuves plus fortes que celles qu’il a rapportées, parce que j etois parvenu à dérouler, à plier, même à F f iij 230 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE replier des trompes autant que je voulois, fans qu’il leur arrivât de fe fendre; mais d autres obfervations plus déci- fives, m’ont ramené au premier fentiment. Ccd ainfi que les plus petits fujets font capables de nous arrêter, fj pourtant nous pouvons appeller de petits fujets, ceux qui ayant peu d’étendue, ont des organilhtions qui nous por¬ tent néedfairement à juger qu'ils lont l’ouvrage de l’ou¬ vrier par excellence. C’elt dans des papillons, que j’ai été attentif à voir naître, à voir quitter la dépouille de crilàiidc, que j’ai reconnu que leur trompe eft compofée de deux parties égales & femblables. Pendant que le papillon ed pour ainfi dire, emmailloté fous la forme decrifalide, fa trompe ed droite, & étendue le long de l'on corps, comme nous l’ex¬ pliquerons mieux dans un autrcMemoire; alors on peut lé convaincre quelle cd faite de deux parties égales & lèmbla- bles, appliquées l’une contre l’autre. Mais on s’en convainc encore mieux, fi on lefaifit dans le moment où il fe défait de les enveloppes : à peine la trompe s’ed-clle dégagée des bennes, qu’elle fe roule; mais dans ce premier indant, fes deux parties ne fe roulent pas avec une égalité parfaite; de là il arrive qu’elles ne s’ajudent pas exactement l’une contre l’autre, & rien n’ed plus vibble que leur feparation*. PI- 9 - On ed même en peine de lçavoir comment le papillon & j. 3 parviendra à les ajuder, à les appliquer bien régulièrement l’une contre l’autre: on le voit les rouler, les dérouler con¬ tinuellement, tantôt à plus grands, tantôt à plus petits tours, & cela fouvent pendant un long temps, fans que les tours fe rencontrent. Quelquefois cette réunion fe fait affés vite, les deux parties le touchent par leur baie, elles tendent d’ailleurs à s’appliquer l’une contre l’autre par leur propre pofition. Quand deux parties proches de la baie viennent à former deux arcs femblables & égaux, elles des Insectes. 231 fe rencontrent, elles fe touchent dans toute leur étendue, & les voilà jointes *. Il en arrive enfuite de meme à la por- * P j. 9> tion fuivantc*, & ainli fuccelîivement julqu’au bout. Mais F jg- 3 - bc - quand l’operation dure trop, la trompe peut-être fe ls-4 " c de (lèche trop, les deux parties n’ont plus une égale fle¬ xibilité, ou n’en ont pas ailes, elles prennent, pour ainfi dire, des plis; alors on a pitié du papillon qu’on voit re¬ courber & redreffer fans fin chacune des moitiés de fa trompe; elles lé mêlent quelquefois*, elles s’entrelacent * P j_ de façon qu’il ne lui ell plus polfible de les débarraflêr Fig- s* l’une de l’autre ;& le voilà condamné à être privé de l’or¬ gane qui lui devoit fournir des aliments. Quand dans un quart d’heure, ou dans une demi-heure au plus, la trompe n’efl pas ajuftee, il défefpere d’y réuflir, du moins ne fait- il plus de tentatives pour y parvenir; on le garde en vie fouvent pendant plaideurs jours, & on voit que fa trompe relie toujours divifée; ç’en-cfl fait pour lui, dès qu’il a manqué les premiers moments. Mais quand la trompe a été une fois bien ajullée, li quelque temps après elle le dé¬ range, alors le papillon réunit aifement les parties qui ont été féparées. J’ai fouvent divifé, & cela plus ou moins, & dans des endroits differents, des trompes de papillons vivants, que j’ai trouvées très-bien réunies quelque temps après. M. Ray, pag. 229. N.° 82. parle d’un petit papillon commirti dans les prairies, qui a une double trompe: Phalczna minor pafeuorum gemma probofeide, a/is ab/on •• gis, Sfc. Je n’ai point aflcs cbfervé ce papillon, pour fçavoir s’il a réellement deux trompes, ou fi c’elt qu’il arrive alfés fouvent aux deux moitiés de la fienne de 1e féparer. Mais les deux parties des trompes ordinaires ne font- elles que Amplement appliquées l’une contre l’autre \ * PI. 9. Fig. 1. 2. &c. * Fig. 1 » + . < 5 > 1 6 . 232 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE Quoique nous ayons beaucoup parié de la facilité avec laquelle on les fépare, deux plans li étroits, qui ne feroient que fe toucher, tiendroient encore moins enfemble. 11 y a même des circonftances où on éprouve que leur union efl alfés forte; il elt beloin quelle leloit pour quelles ne s’écartent pas l’une de l’autre pendant les mouvements réitérés de la trompe. Mais la mechaniqued’où cette union dépend, 11e peut être expliquée qu’après que nous aurons pris des idées plus complettes de leur ftruchire. Parmi les tromjîcs qui ont des grandeurs lénfibles, je n’en ai encore obfervé que de deux formes affés differentes pour demander à être miles dans deux genres differents. Les unes font plus longues de plus applaties, 6 c fe roulent en plus de tours*; les autres font plus courtes, plus arrondies J ' & plus groffes * ; les premières font des efpcces de lames, 6 c 3 > les fécondés reffcmblcnt plus à des cordons. Celles du pre- & mier genre font les feules, que je fçache, dont on ait exa¬ miné la ftrudlure, 6 c on n’a pas affés cherché à l’examiner fur les plus longues & les plus larges de ce genre. Lorfqu’il s’agit d’obfervcr des objets, fur la compofition defquels le microfcope même ne nous fait pas affés voir, il efl cffentiel de choifir ceux qui font les plus vifibles par eux-mêmes. C’efl apparemment pour avoir obfervé des trompes trop petites, 6 c peut-être auff pour avoir crû leur ftruélure con¬ forme aux ufages qu’il leur avoit imaginés, que M. Puget en a fait graver des figures qui ne font pas telles que ion amour pour le vrai, 6 c fon attention à obferver, meritoient quelles fuffent. Il nous apprend que celles qu’il a décrites avoient au plus 10. à 12. lignes de long, 6c il y en a qui ont plus de 3. pouces de longueur, 6 c qui font larges à proportion. Quelque grandes qu’elles foient, c’cfl avec le microf- eone, ou avec une loupe forte, qu’il faut les voir; alors ic *5 > * Fig. 6. ce. * b b. des Insectes. le de (Tus de nos trompes plâtres paroît profilé comme ie Jf , font certains ouvrages de menuilèrie*. Le bord de cha- 6 , 9. que côté efi fait en quart de rond *. Chaque quart de * rond efi, dans quelques unes, fuivi d’une moulure creufe *, & enfin, après la moulure fuit un filet quarré*, fur le milieu duquel paroît tout du long une ligne, qui eft celle de la jonétion des deux parties de la trompe*, &' qui * Fig. g.d. divife le filet quarré en deux parties égales. J’ai toujours trouvé ces trois parties dans les differentes trompes plat- tes; mais dans les unes, le quart de rond efi plus ou moins arrondi, la moulure qui le fuit efi plus ou moins creufe. Si plus ou moins large; & de même le filet quarré efi tantôt plus large, & tantôt plus étroit. La figure du deffous de la trompe efi plus fimple, cha¬ que moitié efi un quart de rond *; par leur rencontre ces * Fig. 7 6 c quarts de rond forment une goutierc étroite, & affés creufe 1 °' ad> aa ' le long du milieu, d’un bout à l’autre*. + g. Mais où il paroît le plus de travail, c’cft dans le nom¬ bre prodigieux de fibres tranfvcrfales qui ceignent la trom¬ pe, Si qui fcmblcnt la divifer dans une infinité d’anneaux ou de tranches, fur une grande partie de fa longueur *. * Fig. 9, Vers le bout, ces fibres prennent une direction plusobli- ,c ’ l6, ’ 7 ' que à la longueur de la trompe *. Il y a des trompes qui font lifics Si luttantes dans toute leur longueur, tant par-deffus, que par-deffous; mais il y en a, au-defious defquelles on obfcrve, à quelque difiance du bout, Si jufqu’au bout, des feuillets membraneux très- proches les uns des autres*. Il y en a deux fur chaquè * Fig. 2.!!, moitié de la trompe*, ils y forment une cfpece de gou- ^ y’J'% sr tiere, parce qu’ils s’écartent les uns des autres en s’éloi¬ gnant de leur bafe. M. Puget , qui avoit crû d’abord que la trompe du papillon étoit femblable à celle d’un éléphant, avoit penfé que ces feuillets ferveient comme de doigts * Fig. 16. P F- Tome I. Gg * PL 9. Fig. 2. Il, cc. 2 34 MEMOIRES POUR L HISTOIRE au papillon pour ram aller une liqueur épailfe au fond des fleurs, Si que la trompe, qui étoit une elpece de main, portoit, en fe roulant, ces efpeces de doigts à la bouche. Mais n’ayant point trouvé de bouche aux papillons, aulii n’en ont-ils pas, il abandonna cette première idée, Si la combattit lui-même. 11 regarda donc enfuite la trompe comme elle doit être regardée, comme le canal qui pompe Si conduit la liqueur qui eft l’aliment convenable au pa¬ pillon ; il crût même avoir obfcrvé dans 1 intérieur de cette trompe deux canaux pôles l’un au-dclïus de l’autre, tout du long du milieu de la trompe. Sans nous arrêter à faire voir ce qui en a impofé à Ai. Puget une fécondé fois, pourquoi il a mal placé les ca¬ naux, nous dirons (tue le Pere Bonnani avoit mieux réiiffi avoir les trompes; il a donné au moins l’elïcntiel de leur fîruc^ture, en les reprefentant compofccs de deux parties feparées, dans l'intérieur de chacune defquelles un canal eft creufé. Ce qu’il a penfé fur l’ufage des feuillets * qui le trouvent vers les bouts des trompes 11’eft pas aulfi exact; il a fait reprefenter ces feuillets comme des mamelons; il a imaginé que leur fonction étoit de fuccer le lue des plantes, Si qu’ils le portoient dans les canaux de la trom¬ pe. Mais on ne fera pas difpofé à croire que ce foit là leur ulàgc, fi on fait attention, qu’outre qu’ils n’ont point la forme de mamelon, il y a quantité de trompes de papillons qui fucccnt le fuc des fleurs, & qui 11’ont rien d’analogue à ces feuillets ; qu’ils font loti vent fitués en des endroits trop éloignés de la pointe pour fuccer: peut-être ne fervent- ils qu’à arrêter. Si appuyer un peu le bout des trompes (bi¬ bles; les plus fortes trompes n’en ont point. Il cil plus certain que chaque moitié de la trompe a un canal propre à recevoir & à conduire de la liqueur. Voici l’obfervation qui m’en a convaincu. Si qui établit le fût des Insectes. .235 inconteflablemcnt. J ai crû que les trompes des papillons morts, pourroient fe lailfer dérouler 6c étendre, comme celles des papillons vivants, li on les ramollilfoit; que celles des papillons vivants ne font fouvent fi fragiles, que parce quelles fe font trop delfechées, peut-être même, pendant la durée de l’obfervation. J’ai donc plongé dans l’eau les têtes de divers papillons morts, je les y ai lailfées pendant plufieurs heures; après les en avoir retirées, je déroulois leurs trompes, 6c bien mieux que celles des papillons vi¬ vants ; elles étoient plus flexibles ; je pouvois les manier, les redrelfer, les couper tranfverlàlement, 6c cela fans qu’elles fe fendillent, tant que j’avois attention de ne les point tenir trop long-temps fans recommencer à les humeétcr. On fçait que la corne 6c la baleine, qui font des matières analogues à celle de l’exterieur des trompes, prennent dans l’eau de la fouplcffe. Nos trompes ont aulfi, comme la corne, un degré de tranfparence; il a fufli pour me lailfer voir plufieurs fois deux petites colomues d’eau que je faifois marcher dans la trompe que je prelfois entre mes doigts, pendant que je l’oblèrvois avec une loupe forte près d'une bougie. Ces coiomnes allorent, foit du côté de la bafe, foit vers le bout, félon le fens dans lequel je prelfois. Ç a été ordinairement fur les trompes que j’avois coupées en travers, vers leur milieu, que j’ai fait cette obfer- vation. Dans le plan de la lésion fe trouvoient les ouver¬ tures des deux canaux, par lefquels je faifois fortir la quan¬ tité que je voulois de i’eau des petites coiomnes *. La fituation des conduits où étoit cette eau, fe voyoit donc * Fig. 9; très-bien, ils étoient creulés dans les parties dont le con- & I0, tour extérieur eft en quart de rond, 6c finiffoient vers le commencement de la moulure engoutiere. Lorfqu après avoir fait lortir l’eau des canaux, je remettois la trompe dans un vailfeau qui en contenoit, 6c que je l’y lailfois G g ‘I 23 6 Mémoires pour l’Histoire pendant quelques heures, fouvent elle reprenoit de nou¬ velle eau. La flruélure du milieu de la trompe, de l’endroit où fe touchent Tes deux branches, eh plus difficile à déterminer, que l’exiftcnce des canaux dont nous venons de parler. Quand on les a écartées, h on obferve féparement les deux faces qui s’appliquent l une contre l’autre, on reconnoît très-diffinélement à chacune une petite lame qui part de la haie du filet quarré, & qui cil parallèle au plan de la trompe, * Pi. 9. ou au plan ffiperieur du filet quarré *. On croit voir auffi îig. 6. ddd. yers | c Jefious de la trompe, c’effià-dire, à l’endroit où le rencontrent les deux quarts rie ronds de la goutiere inferieure, deux autres lames pareilles à celles dont nous venons de déterminer la pofition. Ce l'ont ces quatre lames qui fervent à faire l’affembiage ries deux moitiés de la trompe. Quoiqu’ordinairement elles paroiffioient chacune une lame mince, étroite St continué, quand je les ai obfervées à une lumière favorable, il m’a femblé qu’elles étoient compofées d’une infinité de filets fim- plement appliqués les uns contre les autres, mais fi bien appliqués pourtant, qu’ils fàifoient un corps qui paroiffioit continu: en un mot, je les ai regardés, St j’ai crû les voir tels que les barbes des plumes; ces dernières, ob¬ fervées avec une loupe très-forte, parodient en bien des circonflances former une lajne continué, où on ne voit point de féparation; on ne reconnoît que cette lame rie barbes de plumes eft faite de filets appliqués les uns contre les autres, St entrelacés, que quand 011 la confidereaprès l’avoir frottée ; j’ai frotté auffi les lames baillantes des moi¬ tiés de la trompe, St j’ai crû bien voir alors les filets que je veux y faire imaginer. De la compofition dont nous voulons donner idée, il fuit que nous voulons faire concevoir que l’affiembLage, des Insectes. 237 la iiaifon des deux parties de la trompe fe fait précifement * Pi- ç- comme celles des barbes des plumes, que les poils dont llg ' ù ‘ eficompoféc la lame fuperieure d’une des moitiés*, s’en¬ grainent & s’entrelacent avec ceux de la lame fuperieure de l’autre moitié, & que de même ceux des deux lames inferieures s’entrelacent enfemble. Ce qui m’a encore confirmé dans cette idée, c’eft que j’ai réuni des trompes dans des endroits où elles étoient féparées, de la même maniéré qu’on réunit les barbes des plumes. Deux barbes de plumes font écartées, qu’on faffe doucement glilfer ces barbes entre deux doigts qu’on conduit de leur bafe vers leur pointe, & qu’on répété plufieurs fois cette petite manœuvre, les barbes fe réunifient; de même, en fai fan t glifier une trompe fouple entre mes doigts, que je condui- lois de la baie vers la pointe, & répétant cette manœuvre plufieurs fois, je réunifiois les deux parties lùpcrieures. Au-dcflous de la lame fuperieure, & au-deffus de l’in¬ ferieure, j’ai vu à quelques trompes des dentelures qui, en s’engrainant les unes dans les autres, peuvent fortifier l’union, & la pourroient faire feules, fi les lames n’étoient pas compofées de filets. L’efpace qui efi entre les deux lames des bords de cha¬ que moitié de trompe, efi creufé en demi-goutiere, qui femble s’élargir en s’éloignant de chaque bord; d’où il pa~ roît que quand les deux moitiés de la trompe font réunies, il y a encore un canal tout du long du milieu de la trompe qui efi plus étroit au milieu que fur les côtés * : c’eft-là où * Fig. 9 éc M. Puget en a mis deux l’un au-deflous de l’autre. Les 10,jf * barbes des plumes ordinaires, qui ne font jointes que par des filets engrainés les uns dans les autres, qu’on fépare & qù on raffemble quand on veut, forment des tifius qui em¬ pêchent l’air & l’eau de paffer. Ce font des tifius bien propres à nous Lire admirer l’art, & l’exaditude avec G g üj * Fig. 9 (S. 10. ee. * Fig. &. 10 ./ 9 J 23S MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE laquelle les ouvrages de la nature lont exécutés; ils font propres aulïi à nous faire concevoir qu’il peut y avoir un canal bien clos tout du long de la trompe, quoiqu’il foit fait par l’aflemblage de deux parties ailées a leparcr, écumes par le fimple entrelacement de divers poils. Voilà donc trois canaux dans la trompe; fçavoir, deux* dont il y en a un creufé tout du long de chacune de fes moitiés, & qui font près des bords de la trompe ; & le troifieme *, qui efl tout du long de l'on milieu. Servent- ils tous trois à conduire le lue des fleurs dans le corps du papillonî Je croirois volontiers qu’il y a de ces canaux deltincs à conduire l’air que le papillon refpire, & alors la trompe feroit chargée de flaire les fonctions de la bou¬ che & celles du nez. Une obfervation particulière m’a paru appuyer cette idée - je confidcrois un papillon de la belle chenille du titimale, qui venoit d eclorre, & qui 11’avoit pu ajufter l’une contre l’autre, les deux moitiés de là trompe; elles étoient féparées julqu’affés près de leur bafe. Dans l’angle formé par leur féparation, il le trouvoit une gouttelette de liqueur très-claire & très tranfl- parente; ce qui me parut digne d’attention, c’cfl que, l'ans que je ville de mouvement dans la trompe, la gout¬ telette d’eau étoit pouflee tantôt en avant, & tantôt re¬ tirée en arriéré: à melure qu’elle étoit portée plus loin, elle paroifloit groflir comme groflit une boule d’eau fa- vonneufe dans laquelle on fouille; & elle diminuoit de grolfeur à melure qu’elle retournoit en arriéré: quelque¬ fois elle étoit conduite à plus d’une ou deux lignes loin, & peu après elle étoit ramenée à là première place. Ce manege dura long-temps, les mouvements alternatifs de la gouttelette d’eau de devant en arriéré, & d’arriere en avant, ne pouvoient être attribués qu’à ce quelle cedoit à ceux de l’air que le papillon faifoit entrer dans ion corps, & qu’il en faifoit enfuite fortir. des Insectes. 239 La gouttelette d’eau eft tombée quelquefois, 6c alors il en a paru une fécondé dont la liqueur eft fortic de l’origine de la trompe. Quand cette gouttelette étoit poulfée loin, elle prenoit une figure allongée, elle mouil- loit les deux brandies. C’eft peut-être un ufage de cette liqueur, que d’humeéïer les deux moitiés de la trompe pour les tenir fouples; peut-être fert-clle aufii à loti- lever les barbes qui doivent s’engrainer les unes dans les autres. Mais nous verrons bientôt un autre ufage plus certain de l’eau que le papillon peut pouffer, & poulie dans le canal formé par la réunion des deux parties de la trompe. Cette obfervation prouve déjà que près de la bafe de la trompe, le papillon a des organes propres à attirer 6c à repouffer l’air, ou, ce qui cil la même chofe, qu'il peut par la fuéfion, faire entrer l’air, ou des liqueurs dans la trompe. Swammerdam, pag. 138. de Ion Hiltoire gene¬ rale des Infectes, paroît croire aufii que les papillons rcl- pirent par la trompe, mais il n’en apporte aucune preuve.. Nous examinerons ailleurs fi c’efi-la le principal conduit de l’air qu’ils infpirent, ou qu’ils expirent. Les trompes du fécond genre *, les plus greffes 6c les * P!, g. plus courtes, fe terminent par une pointe dure 6c aiguë; 15 & leur bout eft à peu-près taillé comme celui d’une plume; il peut être enfoncé avant dans la fleur, 6c apparemment que le papillon l’y enfonce jufqu a ce que les embouchures des tuyaux par où la liqueur doit monter, lôicnt au niveau des endroits de la feuille d’où elle s’échappe, li y a de ces papillons qui ont la pointe de leur trompe fi dure, quelle eft capable de picquer le doigt contre lequel on lapreflé; telle eft celle du gros papillon, qui porte une clpece de deffein de tête de mort lur Ion corcelet, 6c connu fous le * nom de papillon à tête de mort*. Les autres trompes fe p,.. d. ' i ' * PI. 8. Fig- 26. * PI. 8. 24.O MEMOIRES POUR UHlSTOIRE terminent auffi par une pointe propre à picquer, mais qui n’cft pas priiè de II loin. Le lue qui s’épanche de la fleur picquée, ell attiré par la lu <51 ion dans le bout de la trompe, 6c la fuélion achevé de le faire monter. Maiscft-ce par le canal du milieu, ou par ceux des côtés, ou par tous les trois enfemble, que la liqueur coule dans la trompe! Eft-ii bien fûr que c’efl la fuélion qui l’y fait monter; cet effet n’efl-il point plutôt produit par les roulements fucceffifs de la trompe! Ce font des faits fur lefquels je ne croyois pas qu’il fut poffible de s’éclaircir, un hazard cependant, que je ne cherchois pas, les a allés mis à portée de mes yeux. Je failois deffiner un affes beau papillon *, de la claffe de ceux qui viennent le foir aux lumières. Une chenille rafe, à feize jambes, peu au-deffus de la grandeur médiocre, d’un beau verd-tourville, qui lémble velouté, 6c qui vit de pimprcnelle 6. d’hciiantheme, mel’avoit donné. Cette chenille étoit entrée en terre vers le 15. Avril, elle s’y transforma en crifalide, 6c le papillon fortit de fa crifalide 6c de terre le 20. May. Ce 11e fut que le 29. du même mois que je le lis dduner; il avoit paffé neuf jours attaché au couvercle du poudrier dans lequel il étoit né, fans prendre de nourriture; la terre feche, qui étoit tout ce que le poudrier renférmoit, ne pouvoit pas lui en fournir. Pour le contenir pendant qu’on le deffinoit, on le mit fous mi couvercle de compotier d’un verre bien blanc; il marchoit défions plus que le deffinateur 6c moi n’aurions voulu, 6c en marchant il allongeoit fa trompe, comme pour chercher des aliments, qu’un long jeûne lui avoit rendus très-néceffaires. Je mis auprès de lui un morceau de lucre, 6c fout auffi-tôt il appliqua deffus le bout de fa trompe*, 6c il me parut 11e plus fonger qu’à le lûccer. Il devint tranquille, 6c fi tranquille, que quoique ce fût un des Insectes. 241 papillon vif, & qui vole très-bien, il 11e montra aucune envie de s’envoler lorfque j’otai le couvercle de verre, deffous lequel il étoit renfermé ci-devant. Je n’avois penfé qu’aux papillons qui fuccent les fleurs, & ils ne m’avoient pas paru affés traitables, pour qu’on ]>ût le promettre de les obferver pendant qu’ils prennent leurs repas ; mais j’efperai que celui dont je parle me permettroit de voir agir la trompe. Je pris le papier fur lequel il étoit pofé avec Ion morceau de lucre; il fe lailïa tranfporter auprès de la fenêtre; il n’étoit occupé que de fou lucre; dès qu’011 éloignoit un peu le fucre de lui, il s’en rappro- choit, pour pofer delfus le bout de la trompe. Enfin, il l'embloit un vrai papillon privé, & li privé, qu’il n’y a pas d’oilèau qui le foit autant. Je croyois bien que dès que fa faim feroit appaifée, il redeviendrait farouche, mais je n aurais pas crû que pour appaifer fa faim, il fût relié près de deux heures de fuite fur le fucre, fins l’aban¬ donner. Je cherchai à profiter de cette heurcufe difpo- fition du papillon, pourvoir comment fi trompe agifîoit. De temps en temps il la rouloit, mais ce n’étoit que pour un infant, & il la tenoit déroulée quelquefois pendant plufieurs minutes de fuite; quand il venoit de la dérouler, il la rendoit quelquefois prefque droite, & dirigée perpen¬ diculairement à la longueur de fon corps; quelquefois il la tenoit un peu recourbée en arc : il tatoit avec le bout de cette trompe, pour trouver le morceau de fucre que de petits mouvements avoient quelquefois un peu éloigné : dès qu’il l’avoit touché, le bout de la trompe fe courboit pour l’embraffer. Le bout courbé fur une portion du lucre, avoit ordinairement la longueur de la ou 6. c partie de la trompe entière; le plus fouvent il étoit recourbé de façon que la furface qui touchoit le fucre, étoit la fur- face inferieure de la trompe, étendue horifontaiement. Tome 1 . H h 2±2 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE Quelquefois le bout de la trompe touchoit le lucre par fon autre furface, c’eft-à-dire, que quelquefois le bout étoit plié dans un fens contraire au premier. Quelquefois le papillon enfonçoit le bout de la trompe dans le mor¬ ceau de lucre. Ce que j’avois alors le plus d’envie de voir, & ce que j’étois le plus attentif à obferver, c’étoit ce qui fe paffoit dans 1 ’interieur de la trompe. Nous avons dit quelle a un affés grand degré de tranfparence. Je tenois d’une main une loupe forte que j’approchois de la partie de la trompe que je voulois confiderer, & autant que j’en avois befoin. Le ])apillon n’en étoit pas effarouché; il étoit même permis à mon autre main, qui tenoit le papier fur lequel il étoit, de placer ce papier dans les polirions qui me convenoient le mieux pour profiter de la lumière. J’étois-quelquefois une demi-minute, ou près d’une mi¬ nute fans lien appercevoir, après quoi je voyois claire¬ ment une petite colomne de liqueur monter avec vîteffe tout du long de la trompe. Souvent cette colomne pa- roiffoit coupée par de petites bulles, qui fembloient être des bulles d’air qui avoient été attirées avec la liqueur; quelquefois pourtant la colomne paroiffoit continue. La liqueur montoit ainfi pendant trois à quatre fecondes,& ceffoit de monter. Au bout d’un intervalle d’un plus grand nombre de fécondés, ou quelquefois après un intervalle auffi court, on voyoit monter de nouvelle liqueur. Mais c’étoit tout du long du milieu de la trompe que la liqueur paroiffoit monter, & elle y montoit à plein canal. Quelque difpofition que j’euffe à croire quelle devoit paffer par les canaux des côtés, quoique je foupçonnaffe que quelqu’il- lufion d’optique me pouvoit faire rapporter au milieu de la trompe, le jet de liqueur qui montoit plus près de fes bords, il m’a paru enfin qu’il n’y avoit pas de doute que ce ne fût des Insectes. 243 par le canal qui eft tout du long du milieu de la trompe, que la liqueur pafloit. Ainfi ce canal, formé de deux parties réu¬ nies fouvent fur le champ, eftnéantmoins allés clos pour que de la liqueur piiifTe monter dedans par fuction. Mais nous avons voulu faire entendre ci-devant que l’aftcmbla- ge de fes parties eft fait comme celui des barbes des plu¬ mes, & nous avons frit remarquer en même-temps, que îorfque les barbes des plumes font bien engrainées en- l'emble, elles arrêtent l’eau & l’air. Les deux canaux des côtés, ceux qui font creufés dans chacune des branches delà trompe, femblent donc uniquement deftinésà con¬ duire l’air que le papillon relpire. C’eft fur du lucre folide que le bout de la trompe de notre papillon étoit appliqué; comment arrivoit-ii donc que je voyois monter un jet de liqueur dans cette trompe M. Puget n’avoit pu concevoir comment une liqueur mielleufe & épailfe, pouvoit palfer par des canaux h déliés; c’eft ce qui l’avoit déterminé à faire agir ccttc partie com¬ me une main. L’auteur de la nature a donné aux petits animaux des moyens d’operer, quelquefois très-fimplcs, que nous ne fçavons pourtant pas deviner, & que fou- vent nous ne fortunes pas à portée de voir. Pendant que i’obfervois la trompe de notre papillon, outre les colom- nes de liqueur que j’y voyois monter, il y avoit, mais plus rarement, des temps où je voyois au contraire de la liqueur defeendre à plein canal depuis la baie de la trompe jufqu’à fa pointe. La liqueur qui étoit ainfi poulfée en bas, occupoit quelquefois plus de la moitié, ou des deux tiers de la longueur de la trompe. Il n’eft plus difficile à prefent de voir comment le papillon peut fe nourrir du miel, du firop le plus épais, Si même du lucre le plus fo- lidc. La liqueur qu’il darde en bas eft apparemment très- liquide; elle eft poulfée fur le fucre, elle le mouille, elle H h ij * PI. 8. Fig. 25 & 26. 244 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE le diffoud. Le paj)illon repompe enfuite cette liqueur lorf- qu’elle s’eft chargée de lucre, il la conduit jufqu’à la baie de l'a trompe, & par-delà. Il 11e falloit que penfer à cet expédient, pour voir que c’étoit le l’eul auquel le papillon dût avoir recours. Si pourtant j’euffe encore douté que la liqueur qu’il pouffoit de temps en temps vers le bout de fa trompe, fervoit à ramollir ie lucre, il m’eût été aile de me convaincre que c’étoit là l'on effet. Lorfque je confiderai les differents endroits du lucre fur lelquels la trompe avoit été appliquée, je vis qu’ils étoient ailés à reconnoître. Le lucre, léc par-tout ailleurs, étoit là ra¬ molli, un peu fondu, en un mot, dans l’état d’un futre qui a été mouillé. Rappelions-nous encore une obferva- tion rapportée ci-devant fur une trompe de papillon, dont les deux moitiés ne s’étoient réunies que vers l’origine ; il y avoit une goutte d’une eau très-claire, & très-tranfpa- rentc, qui tantôt étoit attirée jufqu’à la tête, & qui tantôt étoit repouffée entre les deux moitiés de la trompe. Nous jugerons à prefent que cette eau h limpide efl de celle qui eft employée à diffoudre le lucre, ou à donner plus de liquidité aux liqueurs trop firupeufes, ou trop mielleulès que 1e papillon a à faire paffer par fa trompe. Le papillon qui a bien voulu nous permettre d’obfer- ver fà trompe à loifir*, porte fes ailes parallèlement au pian fur lequel il efl polé ; les deux fuperieures lémblent chacune faire un plis près de leur bord extérieur. Les cou¬ leurs font diflribuées par aires triangulaires fur le deffus de chacune de ces ailes. Le bout de l’aile a pourtant une bande affés large qui la borde, dont la couleur efl plus claire que celle des aires triangulaires, N moins nuée. Vues en gros, les couleurs ne lémblent qu’un mélange d’une efpece de brun jaunâtre, & de gris, mais fi on les confiderc un peu, on y trouve du verd olive, du pour- des Insectes. 245 prc, du canelle, du jaune; en un mot, un mélange de plufieurs belles couleurs que le pinceau 'auroit peine à imiter. Le corps du papillon, fur-tout par-deffous, a une legere teinte rougeâtre qui tire fur la couleur du rocou. Le défions de fes ailes a encore une teinte plus legere de cette même couleur, il y paroît feulement de plus, quel¬ ques points, quelques traits, & quelques ondes, le tout en noir, ou en brun noir. Le lendemain du jour où il avoir fuccé le fucre pendant fi long-temps, je lui en prefentai, mais il ne daigna pas y toucher, & n’y voulut plus tou¬ cher depuis; fon premier repas fut le feul de fa vie, auffi fut-il peut-être plus long que repas de papillon l’ait ja¬ mais été. Au refie, il n’efl pas le feul papillon qui piirfïè donner occafion de repeter les obfervations que nous avons rap¬ portées. Peu de jours après que je les eus faites, M. de Maupertuis voulut voir fi un papillon *, qui lui étoit né * d’une chenille épineufe que nous avons nommée la be- F,g ‘ dande, n’avoit pas le même goût pour le fucre, qu’avoit eu le mien. II trouva que le lucre le rendoit pour le moins auffi traitable; il lui fit fuccer du fucre fur fon doigt, fur lequel il fe tenoit, comme auroit pu faire un oifeau privé. J’ai auffi prefenté depuis du fucre à un autre papillon *, * qui étoit venu d’une chenille épineufe, commune fur 0 l’orme. Je m’étois défié de lui, je craignois qu’il ne m’é¬ chappât; je le tenois par fes ailes appliquées les unes contre les autres au cleffus du dos. Je le pofai fur du fucre, il le faifit fur le champ avec fes pieds; il déroula enfuite fa trompe, & en appliqua le bout fur le fucre. Je le retirai de l’en¬ droit où je l’avois pofé; les jambes n’abandonnerent nas le fucre, elles le tinrent toujours bien faifi, & la trompe ne ccffa pas d’agir pendant plus d’un quart d’heure cpie je H h iij 24 6 MEMOIRES POUR L'HISTOIRE le Tout ins en l’air, pour mieux voir ce qui fe palfoit clans l’interieur de la trompe. Après l’avoir alfés obfervé, je lui ôtai Ton lucre; je lui en r offris plulieurs fois dans la même journée, mais il n’en voulut pas goûter. 11 y a apparence que beaucoup d’autres papillons, & furtout de ceux qu’on aura fait éclorre clics foi, & qui auront palfé plulieurs jours, depuis leur nailfance, fans fuccer le lue des fleurs, fucceront, comme ceux dont nous venons de parler, le fucre qu’on leur prefentera. Il s’en faut pourtant beaucoup que tous les papillons qu’on tient captifs, & à qui il n’ell arrivé de prendre aucun aliment, veuillent faire ufage de leur trompe. J’ai offert du fucre à ceux de plulieurs elpeces differentes, qui font péris fans en vouloir tâter. Nous avons vu que le papillon retire de temps en temps fa trompe du fond de la fleur, ou de deffus le morceau de fucre pour la rouler. Seroit-ce feulement parce qu’il ne fçauroit tenir fa trompe étendue, fans des efforts qu’il ne peut continuer de faire que pendant un temps affés court, qu’après avoir agi, il le repofeî Le roulement de la trompe pourrait avoir un autre ufage. S’il étoit entré dans fon canal des parties trop groffieres que la fuétion n’eût pas pu faire monter jufqu a la bafe, peut-être que le roulement les y conduirait. La force qui contraint la trompe à fe rouler, agit pour pouffer en avant ce qui elt contenu dans fon canal; car ioit Figure i. rc un canal droit AA, PP, dans lequel eff contenuë une boule, C. Il elt évident que li on recourbe la partie B B, PP, de ce canal, Fig. 2. e pendant que la partie AA, BB, relie droite, la boule C, fera poulfée vers AA. S’il arrive de plus à la partie B B, PP, de des Insectes. 247 fe reflerrer, de diminuer de diamètre, comme il y a ap¬ parence qu’il arrive au diamètre de notre canal, pendant que la trompe fe roule, la boule en fera encore plus for¬ tement poulfée. C’eft ainli que par des roulements, & des diminutions fucceffives du diamètre du canal de la trompe, des parties trop groffieres, qui n’ont pas cédé à la fuélion, peuvent être portées jufqu’à l’origine de la trompe. Les roulements de la trompe, à plus forte railon, font capables de faire circuler de la liqueur fluide contenue dans fa cavité; car une liqueur entrée dans le canal de la trompe, pourroit y monter en defeendant continuelle¬ ment, comme l’eau monte en defeendant dans cette in- genieufe machine, connue fous le nom de vis d’Archi¬ mède; c’efl même une machine dont la trompe de nos papillons auroit pu donner idée. Car foit P, Fig. 3.° la pointe de la trompe, & que la liqueur dont elle s’efl chargée, n’aille que jufqu’en E; il eflaifé de voir que fi le papillon roule le bout de cette trompe, comme dans la Figure 4- c la liqueur qui efl en P E , aura une pente pour defeendre vers B, & qu’un roulement fucceffif lui donnera des pentes pour la conduire tout près de l’origine de la trompe. Le reiïort des trompés tend à les rouler, le roulement eft leur état ordinaire; les trompes des papillons morts font roulées; fi on les ramollit dans l’eau, & qu’on les redrefle, dès qu’enfuite on les abandonne à elles-mêmes, elles fc roulent de nouveau. Les fibres tranfverfales, fi proches les unes des autres, font comme des articulations, comme des vertébrés infiniment petites, qui permettent au corps de la trompe de prendre une fi grande courbure. Cette ftruélure extérieure approche de celle des vers de terre, & permet %• 4 * Pi. Q. Fig. 16 . pp. * PI. 9. Fig. 13, 14. & 1 j. 248 MEMOIRES POUR LHlSTOIRE une forte de mouvement vermiculaire à la trompe. Nous avons pourtant à remarquer une autre direction qu’ont plufieurs de ces fibres; celles qui font fur lafurface fupe- rieure, proche de la pointe, deviennent plus obliques; elles s'inclinent comme pour fe diriger vers la bafe *. La trompe efi fans doute bien pourvue (le fibres longitudinales . qui font apparemment logées dans fort intérieur, & fous l’enveloppe écailleufe, comme le font celles des jambes écailleufes, & qui font apparemment employées à redrcf- fer la trompe; ce font les refforts d’une machine fingu- liere, mais des refforts fi délicats, qu’il nous faut dcfefperer de les mettre à portée de nos yeux. Il y a quelques variétés dans les couleurs des trompes; quelques-unes font toutes noires; d’autres font ronfles, ou couleur de marron; d’autres font feuille morte; d’autres d’un jaune plus clair. Il y en a qui font chargées de poils à leur furface inferieure, & d’autres qui n’en ont point du tout, d’autres en ont fur les côtés ; mais tout cela n’offre plus rien de bien digne de nous arrêter à une partie qui nous a beaucoup tenu , mais qui mérité bien d’être connue. Nous ajouterons pourtant encore qu’il y a des variétés non-feulement dans la figure des trompes, qu’il y en a dans leur flruélure intérieure. Les trompes en cordon , qui font plus courtes, &. plus greffes que les autres *, n’ont dans leur intérieur qu’un feui canal. Si on les coupe à quelque diflance de leur pointe, comme au-deffus de pp, Fig. 16. on ne voit qu’une ouverture, dont le contour efl un oval, dont le grand diamètre efl fur la largeur de la trompe; tout le refie efl plein, & dans ce plein, on diftingue de chaque côté un petit cercle bien terminé, qui efl la coupe d’un tendon, ou d’un mtifcle qui fert apparemment aux mouvements d’une des moitiés de la trompe. EXPLICATION des Insectes. 249 EXPLICATION DES FIGURES O DU CINQUIEME AIE MO IRE. Planche VII. La Figure 1, eft celle d’une chenille de la ronce, que j’ai trouvée en Poitou deux années de fuite dans le mois de Septembre; elle elt d’un velouté couleur de fuye, & ■un peu plus grande que dans la Fig. dddd, les quatre anneaux de les jambes intermediaires, qui forment des efpeces de piramides prefque couchées, & inclinées vers la tête, c, autre anneau qui a une piramide refendue, qui forme deux efpeces de cornes. La Figure 2, cil celle du papillon de la chenille précé¬ dente; il cil nodurne. Ses ailes luperieures font d’un bnm verdâtre, marquées de taches de couleur de rofe de diffe¬ rentes nuances, qui le parent de maniéré à lui mériter une place parmi les beaux papillons. La Figure 3, eff celle d’un papillon diurne, reprefenté plus grand que nature, & vû du côté du ventre. a a, les deux antennes, à maffe ou à boutons. bb, les deux barbes, ou tiges barbues, qui ont leur origine en cc, au deffous de la tête, & qui s’élèvent beaucoup au-deffus de la tête, pour y former comme le devant d’un bonnet pointu, ou d’une efpcce de mitre. e e, les yeux, qui, dans ce papillon, font très chargés de poils. f, la trompe roulée en fpirale, entre les deux tiges barbues. g g, les deux premières jambes, qui, dans les papillons de cette clalfe, font chargées de poils. La partie Tome I . I i s * PI. 30. Fig. i» * PI. 48. Fig- S* 250 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE par laquelle chacune d’elles le termine, efl fi four¬ nie de poils, quelle fcmble un pendant de pala¬ tine. Le papillon ne fe lert point auffi de ces jambes pour marcher; ce l'ont de faillies jambes. hh, ii , les quatre autres jambes, les véritables jambes. kk, portion des ailes, qui, dans ce papillon, embrade le delfous du ventre, & le couvre. La Figure q, ed celle d’une jambe, h, h, Fig. 3. ou de la fécondé paire, reprefentée féparement. 0, la cuilfe. y, q, r, trois parties dont la jambe ed compofée. La Figure y, ed le bout du pied, ou de la partie r, Fig. 3. Sj marque l’endroit où font quatre ongles ou crochets. Le bout du pied, vu ici de côté, n’en peut montrer que deux. La Figure 6, ed celle d’une des fluides jambes, g,g, de la Fig. 3. I, le corps de la jambe, m, le bout qui ed fait en pendant de palatine. La Figure 7, ed celle d’une aile fuperieure du papillon à queue *, qui vient de la chenille à corne en Y, du fenouil. La Figure 8, ed celle d’une portion de cette aile vue dmplemcnt à la loupe. Alors l’arrangement de les écailles la fait paraître tiffuë comme une efpece de camelot, ou de bouracan. La Fig. 9, ed celle d’une portion d’aîle du grand papillon paon *, de la grande chenille à tubercules du poirier; elle ed grodie par le microfcope. On y voit en quelques en¬ droits les écailles difpofées en rangs femblables à ceux des tuillcs. On y en voit audï quelques-unes ifolées, & qui font redées près des endroits d’où les autres ont été em¬ portées. rr, marquent des lignes ponctuées où des écailles étoient implantées. des Insectes. 251 no, quelques-unes des greffes nervures. Dans les en¬ droits où elles ont été coupées comme en 0, on peut reconnaître quelles lont des tuyaux creux. La Figure 10, elt celle d’une portion de la même aile Fig. 9. prife près du bord. On lui a ôté toutes les écailles, excepté celles qui lui font une frange, ff La Figure 1 1, eft celle d’une aile qui eft comme velue, qui, outre les écailles, eft chargée d’cfpeces de poils qui couvrent prefque les écailles. C’eft une aile d’un papillon noéturne * qui vient d’une groffe chenille velue à leize & PI. jambes, dont les poils fe couchent fur le corps, Si qui F ' s ' 6 ' mange bien les feuilles d’orme. La Figure 12, eft celle d’une portion de l’aile de la Fig. 1 1. reprefentée en grand, pour faire mieux voir la dii- pofition des poils qui fe couchent fur les écailles. La Fig. 1 3, eft celle d’une portion du deffus du corps d’un papillon, groffie par le microlcope, pour rendre fenfible la difpofition des écailles aiguës, ou en picquants, i, i, i, qui bordent chaque anneau. Les ciiifres 1,2, &c. julqu a i 9, marquent des écailles d’aîles de papillons de differentes formes, dont la plupart font affés raccourcies. Les chiffes 21, 22, Sic. jufqu’à 28, defignent des écailles qui font plus allongées. Les chiffes 30, Si jufqua 35, indiquent des écailles qui font très allongées, ou qui ont une longue tige, de celles qu’on peut appeller des poils, Si qui en paroiffent à la vûë fimple. Le chiffe 37, montre une écaille en pointe, ou en picquant, telles que celles qui bordent l’anneau, Fig. 13. Planche VIII. La Figure 1, eft celle d’un papillon à antennes priffna- Ii ij 2)2 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE tiques, à qui on a coupé les ailes, afin que le deflùs du corps fût à découvert. a a, les antennes qui tiennent à la tête, /. b b, les deux yeux. c c, dd, le corcelet auquel tiennent les ailes. d d, endroit où les ailes ont été coupées. eeeeee, fix anneaux dont cft compolé le corps du papillon. Le corcelet eft tout ce qui cft compris entre ces fix anneaux, & la tête. La Figure 3, elt un œil du même papillon, vu au microfcope. La Figure 4, cft au (fi un œil vu au microfcope; mais il eft de ceux qui font chargés de poils , comme le font ceux du papillon de la Planche y. me Fig. 3. La Figure 5, reprefente en grand une antenne à mafle ou à bouton, ou une antenne de la première efipecc. b,, la bafe de cette antenne,, le bout par où elle tient J ' I , A. a la tete. b c, fa tige qui cft cylindrique, &compofée d’un grand nombre de petits cylindres, mis bout à bout les uns des autres. a c, la mafle, ou le bouton qui termine ces fortes d’antennes. La Figure 6, eft aufli celle d’une antenne de l’efpece de la précédente, mais dont le bout a, de la mafle, cft plan. Les Fig. 7 & 8, font celles d’une antenne en mafllië, ou delà fécondéefipcce. Depuis leur bafe, ou depuis le bout qui s’articule avec la tête b, elles augmentent de diamètre jufqu’auprès de leur autre bout, où elles s’arrondiflent, & fe terminent par un petit bouquet de filets,*'?. La Fig. 7, eft celle de l’antenne vùë par-deffus, & la Fig. 8, celle de l’antenne vùë par-deflous. Elles ont. été deflinées fur des Insectes. 253 celles du papillon épervier ou bourdon *, qui vient d’une * Pi. 1 chenille à corne fur la queue, dont le caille-lait eft l’ali- Fl °’ s & ment. Les Figures 9 & 10, font celles d’une antenne de fa troifieme efpece, de celles qui font en corne de belier. Le bout b, qui s’articule avec la tête, a encore moins de diamètre que n’en a la partie iuperieure de la même an¬ tenne. Celle-ci après avoir pris beaucoup de groflcur, fe termine en pointe. c, marque l’endroit où ces fortes d’antennes prennent des inflexions, qui ne font pas toujours les mê¬ mes fur la même antenne. Tantôt elles font telles que celles de la Fig. 9. & tantôt telles que celles de la Figure 10. & quelquefois moyennes entre celles de l’une & de l’autre. La Fig. 11, & la Fig. 1 2, font celles d’antennes de la quatrième efpece, ou de celles que je nomme prifmatiques, faute de fçavoir un nom qui leur convienne mieux. b , leur bafe; elles y ont un peu moins, mais gueres moins de diamètre qu elles en ont dans la plus grande partie de leur longueur d c, où elles font d’une groffeur uniforme, a, cfl un filet crochu par lequel elles fe terminent. La Figure 12, eft celle d’une dé ces antennes qui, d’un côté, qui eft le fuperieur, ont une canelure; elle commence en d, Ôc finit vers e. La Figure 13, eft une portion de la Figure 1 1. très- groflie au microlcope, & prile entre d c. c c, la coupe d’un des bouts qui donne le contour de l’antenne. pp, rr, marque une des faces planes d’une des articu¬ lations, fur laquelle pr,pr, montrent auffi deux, rangs de poils, dilpofés de façon que ceux d’un. îi iij O U 254 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE rang s’élèvent & fe dirigent pour aller iencontrer ceux de l’autre, & faire avec eux une elpece de berceau. Les Figures 14 & 15, font celles d’antennes de la 5.™® efpece, que je nomme antennes à filets coniques & graines, parce qu ordinairement elles font déliées, & compolées de grains mis les uns au bout des autres. b, la baie de ces antennes. Depuis cette bafe ju(qu’au bout a, l’antenne diminue ini'enliblcment de dia¬ mètre. La Fig. 1 5, donne un exemple de celles qui femblent compolées de grains mis bout à bout les uns des autres. La Figure 14, donne un exemple de celles qui fem¬ blent compolées d’une fuite de vertébrés. La Figure 16, elt celle d’une des antennes de la 6. me efpece, de celles que nous appelions antennes en plumes, ou à barbes de plumes. b, la baie, le bout de l’antenne qui tient à la tête. La Figure 17, cft encore celle d’une antenne de la même efpece, mais dont les barbes font plus écartées les unes des autres. Les mâles portent des antennes telles que celles de la Figure 16, & les femelles en portent de celles de cette Figure 17; elles les ont même fouvent compolées de barbes plus courtes, ôç plus- écartées les unes des autres. Dans la Figure 18, g - f g, (ont deux articulations, re- prefentées en très-grand, de la tige a b , Figure 1 6. gc,gd, font deux barbes, qui partent de ces deux articulations. On voit que ces barbes elles-mêmes liant des tiges qui ont d’autres barbes, celles de l’une rencontrent celles de l’autre dans la ligne h fi La Figure 19, eft la coupe de deux barbes principales, telles que celles qui font marquées gc, gd, Fig. 18. Ici d & c, l'ont les coupes des deux tiges. En 1 fe rencontrent des Insectes. 255- les filets qui partent de chaque tige, h & h, lont des filets qui vont rencontrer les filets des autres barbes. La Figure 20, donne l’exemple d’une antenne à plu¬ mes, ou a barbes d'une autre conftruétion. L’antenne n’eft pas ici dans Ton entier. La Figure 2 1, eft une tête de papillon qui porte des antennes reprefentées en grand dans la figure precedente. La Figure 22, eft une des articulations de l’antenne de la Fig. 20. a, coupe de la tige, a b, a b, deux barbes principales qui fe terminent chacune par une tête, d’où il fort une pointe en maniéré d’épine. La Figure 2^, fait voir comment les filets d’une barbe vont rencontrer l’autre barbe. La Figure 2q., efi la tête d’un papillon nocflurne, vûë par-defious, & grolfie. a a, les antennes à filets coniques & graines, coupées en a a. b b, les deux yeux. li, li, deux elpeces de lames barbues dont le contour extérieur eft un peu circulaire. 1, la trompe roulée entre les deux lames. La Figure 25, eft celle d’un papillon noéhirne, qui vient d’une chenille verte & raie de la première claiïe, & qui fe nourrit de la pimprenelle, & de l’eliantheme, dont la trompe allongée fucce du lucre, f. La Fig. 26, eft celle du même papillon, vu d’un autre fens. Planche IX. La Figure 1, eft celle d’une trompe d’un papillon * qui * Pf- 2 vient de la chenille épineufe la plus commune fur Forme; p! *' 1 elle eft ici vûë au microfcope. Ses tours de fpirale ont été écartés les uns des autres, afin qu’on les pût aifement «liftinguer. ïj w 256 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE La Figure 2, eft celie de la meme trompe prcfqu entiè¬ rement étendue, 6 c beaucoup plus groflie, pour rendre fes moulures lenfjbles. f, l’endroit ou il cil ordinaire aux deux branches, aux deux parties qui la composent, de fe féparer. i, k, les bouts des deux branches de la trompe. /, l, frange qui paroît deflbus le bout de la plupart des trompes, 6 c qui eft formée par des efpeces de James qui font reprefentées plus en grand dans la Figure 8. Les Figures 3,4. & 5, font voir les deux branches de la trompe, léparées & différemment contournées. Le pa¬ pillon qui ne vient que de naître, les montre fouvent avec ces différents contours, 6 c avec plufieursautres qu’il eût été inutile de reprefenter. La Figure 6, eft celle d’une portion d’une des trompes précédentes, extrêmement groffîe, vûë par-deffus. a a, quart de rond qui forme le bord extérieur de chacun des côtés de cette trompe. c c, goutiere, ou moulure creufe. Après cette mou¬ lure vient un filet quarré ddd. Les deux parties de la trompe font ici féparées; ddd, marquent aulît divers lîlets femblables aux barbes des plumes que nous avons crû y voir, 6 c fervir à aflémbler les deux branches. La Figure 7, eft celle d’une portion de la même trompe, vûë par-deffous. La Figure 8, eft celle du bout d’une branche de la trompe, Fig. 1, 6 c 2, vu par-deffous. Il nous a paru que deux lames triangulaires,deux barbes formoient enlemblc une clpece de goutiere. r s, deux de ces Lames. Les Figures 9 & 10, font deux portions de trompe, prilcs vers le milieu d’une trompe beaucoup plus longue, & des Insectes. 257 6c plus greffe que celles des figures precedentes. Elle étoit celle d’un grand papillon à antennes prifinatiques *; elle étoit beaucoup plus longue, 6c prefqu’une fois plus longue que le corps du papillon. Ses moulures font un peu dif¬ ferentes de celles des autres figures. La Figure 9, efi cette portion de trompe vûë par-delfus, éclaFig. 10. la même, vûë par-deffous. a a, Figure 9, le quart de rond. b é, filet quarré. c, la goutiere qui fuit le filet quarré. d, l’endroit ou les deux parties de la trompe s’affem- blent. Il y aauffi un filet quarré après la goutiere, 6c c’efi du deffous de ce filet quarré que partent les barbes marquées d d, Fig. 6. e, e , coupe des deux canaux creufés dans chaque bran¬ che de la trompe. Quand le papillon fueçoit le fucre, ou le firop, je n’ai point vû paffer la li¬ queur dans ces canaux, qui ne font peut-être que des conduits pour l’air. f, coupe du canal qui efi formé par l’affemblage des deux branches de la trompe, 6c qui efi le feul où j’aye vû paffer la liqueur pendant que j’obfervois un papillon qui fueçoit du fucre. Figure 10, la même portion de trompe, Fig. 9. vûë par-deffous. a, a, les quarts de rond. g, marque la ligne du milieu, où fe rencontrent les fibres des deux moitiés de la trompe. Cette ligne fernble celle du comble d’un petit toit qui fe rend de chaque côté au quart de rond; ou, fi l’on veut, la cavité extérieure du milieu efi une goutiere formée par deux plans. b, b, filets quarrés du deffus. Tome 1 * PL 13. Fig. 8. . Kk * PI. 14. Fig- 2 . 258 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE e, e, les deux canaux creulés dans les deux moitiés de la trompe. f, canal formé par la réunion des deux moitiés de la trompe, ou celui par où paffe le fuc des fleurs. Sur les Figures 9 & 10, paroiflënt les fibres tranfver- fales extrêmement fines, dont la trompe eft entourée. Les Figures 1 1 & 12, font celles de la tête du papillon à tête de mort *, vûës par-deffous. i/i, les yeux. I, l, les deux lames chargées de poils, entre lefquelles la trompe eft logée. t, la trompe. La Figure 13 , eft celle de la même tête, dont la trompe eft déroulée en partie. La Figure 14., fait voir la même trompe encore plus déroulée. La Fig. 15, eft celle de la trompe de grandeur naturelle, & étenduë. Elle eft de celles qui font courtes & greffes. La Figure 16, eft celle de la même trompe, groflie au microfcope, vûë par-deffus. i, la pointe de cette trompe, taillée comme celle d une plume; elle eft dure & picquante. La feule infpcétion de la figure montre affés la diffé¬ rence qui eft entre les moulures du deffusde cette trompe, & les moulures des trompes des autres figures. Les fibres tranfverfaies qui la ceignent, y font reprefen- tées. On remarquera que vers p, ces fibres fe dirigent plus obliquement, elles tendent vers la pointe. La Figure 17, eft celle de la même trompe, vûë par- deffous. ttt TT T r/ f>tin&i,t il Jcui des Insectes. 259 C)! 91 ©!®!©;©;©»©!€i®i©i®î©i©l®!©i©!@®!©.TOœ©iCi!©!@!©!t©!©!@;@^ SIXIEME MEMOIRE. Des caraéteres qui peuvent être employés pour diftribuer les Papillons en clafles, en genres & en efpeces. Et 1 ° des differentes chiffes & des differents genres de Papillons diurnes. N O us voyons voler des papillons dans les jardins, dans les campagnes pendant le jour ; mais les natu¬ ralises ont oblérvé qu’il y en a d’autres qui n’y volent que la nuit : ceux qui viennent Ce brûler aux lumières dans les foirées chaudes de l’efté, font du nombre des derniers. Les uns aiment 6c cherchent la clarté du foleil, les autres Semblent la craindre 6c la fuir ; c’eft ce qui a fourni une divilion des papillons en deux claffes, qui a été générale¬ ment adoptée. On a mis dans la première, ceux qui 11 e vo¬ ient que pendant le jour, qu’on peut appeller des papillons diurnes ; 6c on a mis dans la fécondé, ceux qui 11 e volent gueres que pendant la nuit, qu’on appelle des papillons nodurnes, ou des phalènes. Quelques efpeces d’oiléaux, comme les chat-huants, les chouettes, les orfrayes, 6cc. ne volent que pendant la nuit, mais le nombre des oifeaux qui volent pendant le jour, liirpaffe confiderablement celui des oifeaux noéturnes; ces derniers ne font prefque qu’une exception à la réglé generale. Il en efl tout autrement de nos petits volatiles ; le nombre des elpeces de papillons qui ne volent que pendant la nuit, ou qui volent plus volontiers pendant la nuit, efl confiderablement plus grand que le nombre des elpeces de ceux qui ne volent que pen¬ dant le jour. * PI. 8. Fig. 5 & 6. * PI. 8. Fig. 7 & 8. * PI. 8. Fig. 9 & io 260 MEMOIRES POUR L'HlSTOlRE Les vrais papillons noélurnes, ou phalènes fe tiennent tranquiles pendant le jour liir des feuilles d'arbres ou de plantes; ils font fouvent au milieu des brodai lies, ou des plantes les plus touffues ; iis y iont caches & tapis de ma¬ niéré qu il elt difficile d’en voir un leu! dans les endroits où il y en a beaucoup. Mais h on bat de petits bluffons, li on fecouë les branches de certains arbres, ou certaines touffes de plantés, on les détermine à s’envoler; il y a tel endroit où on en fait lortir à la fois de petites nuées. Ils ne prennent pas, pour l’ordinaire, un grand effor, ils vont s’ap¬ puyer fur quelqu’autre arbre, ou lur quelqu’autre plante des environs, & s’y cachent. Pour voir un grand nombre de ces papillons, on n’a qu’à fe promener dans les jardins pendant ces nuits d’effé où la chaleur n’efl tempercepar aucun vent, & porter avec loi une lumière; ils y accou¬ rent de toutes parts. Les papillons dont les inclinations font fi differentes, les diurnes, & les phalènes ou nocturnes, ont des parties par lefquelles ils font ailés à reconnoitre; on les diltingue fur-tout par la forme de leurs antennes. C’eft une règle bien certaine, que tous ceux qui ont les antennes dont nous avons fait le premier genre, & que nous avons nommées antennes à bouton ou à majje font des papillons diurnes; qu’on ne voit jamais aucun de ceux qui en portent de cette efpcce, venir le foir fe brûler à la chandelle. 11 y a encore d’autres formes d’antennes propres aux papillons diurnes, comme font celles du fécond genre *, dont le diamètre augmente infenfiblement depuis leur origine jufqu'auprès de leur bout, ou des antennes en maffuc; celles dutroi- fieme genre que nous avons comparées aux cornes de belier*, ont été aufïï regardées comme propres aux pa¬ pillons diurnes. Les phalènes portent des antennes des trois autres des Insectes. 261 genres, de celies du q. me du y™ 6c du 6. me içavoir, ou de celles qui ont prelque dans toute leur longueur un diamètre égal, que nous avons nommées antennes prif- matiques *, ou de celies dont le diamètre va toujours en * Pi. 8. diminuant depuis la baie julqu a la pointe, que nous avons ^ g ; 11 & nommées des antennes à filets coniques *, ou de celles qdi Pi- 8.^ font en plumes ou à barbes *. Les papillons qui vien- , lg ' l + nent le foir voler dans les appartements, qui vont lé brûler * PI 8 . aux lumières, ont toujours des antennes d’un des trois l6> ' 7} derniers genres. 11 n’eft pourtant pas auffi confiant que les papillons qui portent de ces fortes d’antennes, ne paroif- lént jamais que la nuit ; j’en ai vû voler en plein jour, & en grand nombre, dans des bois, des efpeces qui ont les antennes en plumes, 6c cela, même dans des endroits éloignés de celui où j’allois, & où rien ne les obligeoit à prendre l’effor. Mais ce que j’ai obfervé en même-temps, c’eft que tous ceux qui voloient alors étoient des mâles, qui cherchoient, pour s’accoupler, des femelles qui étoient tranquiles éc immobiles fur des feuilles, ou fur des bran¬ ches d’arbres. Mais la réglé qui relie vraye dans toute fa généralité, c’eft qu’on ne voit jamais les phalènes voltiger de fleur en fleur en plein jour, pour fuccer leur miel ; s’ils volent alors, c’efl pour chercher à perpétuer leur efpece. J’ai pourtant vû des phalènes fe tenir pendant le jour fur des fleurs de chardon, 6c qui paroifloient les fuccer. D’ail¬ leurs , il faut avouer qu’il y a quantité d’efpeces de papil¬ lons qu’on nomme phalènes, qui ne volent gueres plus la nuit que le jour, ils n’aiment pas à faire ufage de leurs ailes, apparemment parce qu’ils n’ont pas hefoin de s’en fervir. Il eft fïnguliér que les papillons qui fuyent la lumière du jour, foient précifement ceux qui fe rendent dans les chambres éclairées, 6c autour d’une lumière qu’on porte dans les jardins. Mais j’ai remarqué que ce ne font pas Kk üj l’Acad. 2 62 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE généralement tous les phalènes que la lumière attire, que ceux qui s’y rendent font prefque toujours les maies. Nous Mem. de avons dit ailleurs * que les maies des vers luifants font at¬ tirés par la lumière qui brille auprès du derrière de leurs femelles; celle d’une bougie peut tromp r, & trompe réel¬ lement ces mâles, ils volent vers elle. femelles des papillons noéturnes ne répandent-elles point une lumière trop foible, pour faire imprefficn fur nos yeux, quoi- qu’affés forte pour agir fur ceux de leurs mâles S Tous les papillons fe rangent donc en deux clalfes, dont la première eft celle des papillons diurnes, & la fécondé, beaucoup plus nombreuiè, eft celle des papillons phalènes ou noélurnes. Pour nous aider à reconnoître ceux de ces differentes claffes, nous avons befoin de pouffer les divi- fions & les fubdivifions bien plus loin. La nature n’a pas été moins prodigue en variétés de formes par rapport aux papillons, que par rapport aux chenilles; mais elle 11’a pas confulté les naturaliffes pour diftribuer ces variétés. Nous avons dit dans le fécond Mémoire, que des infeétes qui, dans leur premier état, étoient affés femblables pour être mis dans le même genre, après leur derniere transforma¬ tion, demandoient à être placés dans des claffes differentes. Nous avons déjà vu que les formes des antennes peu¬ vent fervir à diflinguer plufieurs claffes de papillons; les trompes nous y lerviront auffi. Tous les papillons diurnes que je comtois, en font pourvus, mais plufieurs genres de phalènes en manquent, ou paroiffent en manquer; & entre les phalènes qui ont une trompe fenfible, les uns l’ont longue & applatic, les autres l’ont plus courte & plus arrondie. Des fources d’où nous pouvons tirer un nombre beau¬ coup plus grand de caractères, font les ailes; elles four- niffent les variétés les plus propres à nous fiapper, foit des Insectes. 263 que nous confiderions leur figure, foit que nous confi- derions leur port, je veux dire, la pofition dans laquelle les tient le papillon pendant qu’il marche, ou pendant qu’il eft en repos. U y a aufli de ces variétés, dont nous nous fervirons pour aider à diftinguer les claffes des papil¬ lons diurnes, & d’autres que nous n’employerons que pour diftinguer les genres des phalènes. Quoique dans quelques polirions, les ailes fuperieures foient cachées par les inferieures *, elles font, generale- * pi. 10. ment parlant, celles qui fe font le plus voir, & celles d’où Fj S- on doit le plus tirer les caraétercs. Toutes ont des figures triangulaires ; les unes font des efpeces de triangles reéli- lignes, les autres des triangles curvilignes*, & les autres * pj. , 0 ; des triangles mixtiligncs. C’eft par un des trois angles, Fi s - 1 > 2 > 3> mais qui a été abbatu, que l’aile eft affemblée, & articulée 4 ’ 5 avec le corcelet *; & c’eft cette partie de l’aile, que je * Fig. 1,2, nomme le fommet, & qui le feroit du triangle, fi le trian- gle n’étoit pas tronqué. Je diftingue deux côtés, l’un par le nom de côté intérieur * ; c’eft le plus proche du corps, & * fi. l’autre par le nom de côté extérieur* ; s’ils fe prolongeoient * f e> jufqu a lé rencontrer, ils formeraient l’angle du fommet. Je nomme le tmjteme côté, celui qui eft oppofé au fom¬ met, la bafe, ou le bout de l’aile *. * ei. Des differents rapports qu’ont entr’eux ces trois côtés, naiffent un grand nombre de figures d’ailes dont nous ne parcourrons que les principales. Lorfque le côté extérieur & le côté intérieur font pref- que droits & égaux, alors l’aile eft un triangle ifofeele, ou un feéleur de courbe, félon que la bafe eft droite ou con¬ vexe; mais félon que cette même bafe eft plus grande ou plus petite par rapport aux deux autres côtés égaux ou pref- qu’égaux, l’aile ou a plus d’ampleur*, ou eft plus étroite*. * F /g- 3’ Les differents rapports qu’ont entr’eux le côté extérieur c 264 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE & le côté intérieur, donnent encore bien des variétés. Ce dernier eft ordinairement le plus court ; quand il né feft que de peu, la bafe fait avec lui un angle droit, ou prefque droit, & alors, lorfque le côté intérieur de chaque aile eft parallèle à la longueur du corps, les bafes des deux ailes fc trouvent fur une même ligne droite. Si le côté extérieur eft beaucoup plus long que l’interieur, lorfque les deux ailes font dans la pofition où nous venons de les confiderer, les deux bafes font enfemble un angle plus ou moins ouvert, félon que la longueur du côté extérieur furpaffe plus celle de l’interieur, & félon aufii que l’angle compris entre ces deux côtés, eft plus ou moins grand. Alors la bafe s’incline plus ou moins vers la tête du pa¬ pillon. Le côté extérieur eft ordinairement convexe vers le dehors où il eft droit, au lieu que le côté intérieur eft tantôt droit, tantôt concave *, & tantôt convexe vers le corps du papillon *. Pour la bafe, non-feulement elle eft ou droite, ou con¬ vexe, ou concave, mais de plus, elle eft tantôt découpée avec art, tantôt elle eft comme déchirée. Quelques-unes * Fig. ^.d. ont des dentelures legeres, d’autres les ont plus fenfibles*: il y a même des ailes où une des dentelures de la bafe s’é¬ tend fi fort par-delà l’alignement des autres, qu’elle forme * Fig. 6. g. ime efpece de queue au papillon *. Les ailes fuperieures enfin, font tantôt plus grandes, & tantôt plus petites par rapport au corps du papillon; elles ont aufii differents rapports de grandeurs avec les ailes inferieures. Dans quelques papillons, ces dernieres font très-petites en comparaifon des fuperieures. Dans d’autres papillons, ces ailes ont autant de furface, ou au moins autant de longueur que les fuperieures. Enfin, les ailes inferieures de quelques papillons, lont même plus longues que les fuperieures. A l’égard * PI. 10. Fig. 5 .f i. * Fig- 4-//. des Insectes. 26 ; Fis PI. • S’ 12. A I egard des différences qui nous l'ont fournies par fe port des ailes, elles l'ont encore en grand nombre, & méritent qu’on y falfe plus d’attention qu’on n’y en a fait jufqu’ici. On n’a pas affés diftingué toutes celles quelles nous prél’entent. Tel papillon, pendant qu’il efl tranquille & en repos, tient le plan de les ailes perpendiculaire à celui fur lequel il efl pofé *; les deux ailes fuperieures ap- * PI. 10. pliquées l’une contre l’autre, s’élèvent beaucoup au-deffus F ‘ s ' 7 & 8 ‘ de Ion corps. D’autres tiennent leurs ailes parallèles au plan de pofition *. D’autres les lailfent tomber fur ce plan, ils ont les ailes pendantes. Ce n’eft, au refie, qu’après que le papillon a été tranquille pendant quelques inflants, qu’on doit déterminer le port de l'es ailes. Tel papillon tient fes ailes ouvertes, & étendues parallèlement au plan fur lequel il fe pofe, qui, après y être refié quelques moments, les redreffe. Les ailes de quelques autres forment alors une ef- pece de toit, fous lequel efl le corps du papillon * • les côtés intérieurs des deux ailes fuperieures vont fe rencontrer au-delfus de fon corps. Il y a des genres de papillon dont les ailes forment alors un toit élevé & aigu,d’autres qui ne forment qu’un toit écrafé, quelquefois arrondi. Les ailes de quelques autres papillons embraffent leur corps, elles s’ap¬ pliquent deffus à la maniéré de celles des oifeaux. Mais il feroit inutile d’entrer actuellement dans de plus grands détails fur les differents ports des ailes, puifque nous allons le faire en traçant le plan des claffes & des genres, dans iefquels il nous femble qu’on peut affés commodément ranger les papillons, pour être ènfuite en état de les recon- noître, & fur-tout pour prendre une idée du nombre de leurs efpeces & de leurs variétés. Nous avons pourtant regret de ne pouvoir pas profiter, autant que nous le fou- haiterions, des figures des papillons qui ont été gravées dans la plupart des Livres d’Hiftoire naturelle, pour les Tome I. . Li * PF. 12, Fig- 1 S< 266 Mémoires pour l’Histoire mettre en ordre par rapport aux ports des ailes. Les défît- nateurs ont cherché lur-tout à reprefenter la diftributioa des taclies, des rayes, des bandes de differentes couleurs; ils ont cherché à nous reprefenter les papillons en beau; pour cela, iis les ont reprefentés volants, ou ayant même les ailes beaucoup plus étalées qu’ils ne les ont lorfqu’ils volent; ils ont même fait voler dans leurs deffeins diverfes efpeces de papillons à qui la nature n’a pas accordé d’em¬ ployer leurs ailes à un ulage auquel leul nous les jugeons defîinées. On les a reprefentés dans des attitudes qu’ils n’ont jamais, & on a négligé de les faire voir dans les attitudes qu’ils ont lorfqu’ils le préfcntent à nos yeux. Dans ces mêmes deffeins, on a prefque toujours négligé de faire remarquer h un papillon avoit une trompe, ou s’il n’en avoit pas; fur combien de jambes il le pôle & il marche. On y a été allés peu attentif à donner aux an¬ tennes leurs vrayes formes, ainfi ce ne font que les pa¬ pillons que nous avons obfervés nous mêmes, que nous avons pu mettre en ordre; fi celui que nous avons choilî efî approuvé, on y trouvera des places préparées pour ceux qu’on obfervera dans la fuite. Les couleurs, leurs mélanges, leurs difîributions, aux¬ quelles on fernble avoir été plus attentif qu’à tout le relie, ne me parodient propres qu’à diftinguer îles efpeces, en¬ core quelquefois ne peut-on s’en lcrvir qu’à diftinguer des individus; une même efpece de papillons, nous montre quelquefois fur tout cela beaucoup de variétés. Dijlribution des papillons diurnes. Nous avons vu ci-devant, que les papillons diurnes peuvent être diftribués en trois differentes claffcs generales par les formes des antennes; nous ne nous bornerons pas cependant, à cette divifton, parce que la claffe des papillons des Insectes. 2 67 à antennes à boutons ou à mafie, fe trouvcroit feule confiderablement plus nombreufe que les claffes de ceux à antennes en mafllië, & de ceux à antennes à cornes de belier priles enfemble. D’ailleurs les papillons qui portent des antennes de la première efpece, nous offrent des va¬ riétés qui iemblent exiger qu’on les diftribuë en diffe¬ rentes claffes. Pour avoir les caraéïeres de ces claffes, nous remar¬ querons que le plus grand nombre des papillons qui ont des antennes à boutons ou à malle, tiennent le plan de leurs ailes perpendiculaire à celui fur lequel ils font pôles. Nous l’avons déjà dit, & nous avons dit auffi qu’alorsles deux ailes fupericures font appliquées l’une contre l’autre, & s’élèvent au-deffus du corps *; mais on ne paroît pas * PI- io. avoir fait affes d’attention dans les figures qu’on nous a F j s 'rvV " données de ces papillons, aux pofitions de leurs ailes in¬ ferieures. On en peut obferver deux ailes différentes pour fournir les caraderes de deux claffes. Les ailes inferieures des uns 1e recourbent alors par enbas pour embraffer le deffous du corps *, les bords de l’une vont s’appliquer * Pt- 7. contre ceux de l’autre, tout du long du milieu du ventre; F, £' p;, & y PT ' l’aile eff concave par enbas, de façon qu’elle fait un moule capable de recevoir la moitié du corps *, ainfi le corps * PI. 10. entier de ceux-ci eff couvert par les ailes, elles le cachent F ' s ‘ tant par-deffus que par-delfous. Les mêmes ailes inferieures de quelques autres papillons fe recourbent alors tout autrement; la partie inferieure de chacune fe plie pour venir embrafiér le corps par r deffus; elles forment enfemble une efpece degoutiere, dans la¬ quelle il eff logé*. Je ne fuis pas certain encore qu’il y * PI. ir. ait des papillons diurnes, dont le plan entier des ailes in- 3 & 5 ‘ fericures loit vertical, ou dont le bord inferieur s’applique Amplement ie long des côtés, & n’empêche pas même de L1 ij * PI. 7. Jig. 3. * PI. II. Fig. z. b b. ï> Classe. * PI. ro. Fi fi- 7 - PPP- 1 l. me Classe. 268 MEMOIRES POUR L’HiSTOÏRE voir le corps; en cas qu’on en obltrve dont ks ailes in¬ ferieures ayent cette troifiéme pohtion, ils pouiront être rnis dans une ciafle particulière. Nous devons nous lou- venir, que parmi les papillons qui portent des antennes de la première elpece, il y en a qui n’ont que quatre jambes femblables, ou au moins que quatre jambes fur leiquelles ils le pofent, & ils marchent *. Les deux pre¬ mières jambes lont de faillies jambes, elies lent termi¬ nées par des elpeces de cordons, lémblables aux cordons de palatines; quoiqu’elles loient grandes, le papillon les replie, & les applique contre Ion corps, de maniéré qu’on 11e peut les voir, que quand on le force à les déplier. Il y a encore d’autres papillons diurnes qui ne fe po- fent, & ne marchent que fur quatre jambes, & qui fem- blent aulfi n’en avoir que quatre ; ils en ont pourtant réellement fix femblablement confiruitcs: mais les deux premières * font b déliées & fi courtes, que lefecoursde la loupe eft preiqtie neceffaire pour les apperrevoir. C’efl des remarques précédentes que nous tirons les carableres de fept dalles de papillons diurnes. Nous compolbns la première clalfe de ceux dont les antennes lont terminées par des maffes ou boutons, qui tiennent le plan de leurs ailes perpendiculaire à celui fur lequel ils font pôles, & dont le bord inferieur des ailes in¬ ferieures embraffe le delfous du corps; & enfin, qui lont pôles fur fix jambes, & qui marchent auffi fur lix jambes., Le papillon blanc, avec quelques taches noires, qui vient delà plus belle des chenilles du chou, dont on aural’hif- toire dans le 1 i. m * Mémoire, nous fournit un exemple des papillons de cette claffe *. La fécondé claffe comprend ceux dont les quatre ailes font perpendiculaires au plan de pofition, & dont les in¬ ferieures embraffent aiijûQ le corps par-deffous, mais qui des Insectes. 26 9 ne fe pofent que fur quatre jambes ; il ne leur en paroit que quatre, foit qu’ils marchent, foit qu’ils foient en repos. Ordinairement ils tiennent leurs deux-premieres jambes repliées ; ce font de faulles jambes qui fe terminent par des eipeces de cordons lembiables aux pendants des pala¬ tines de peau. Diverks eipeces de chenilles épineulès donnent des jxq)iilons de cette clafle; nous n’en avons fait reprefei ter qu un ici * pour lèrvir d’exemple; c’eft celui * P?. 10. d’une chenilleépineufede l’ortie*,qui y vit folitaire; elle F * g 'p ] ‘P/ 7 ‘ fe tient ordinairement dans une feuilie de cette plante Fig. 4. quelle a pliée en goutiere *, & quelle ronge en connnen- * Fig. 10 çant par le bout, tant quelle peut y être à couvert. Jeune, ff/ 11 °* elle elt d’une couleur de cafte foncé, plus vieille, elle de¬ vient d’un brun noir; mais de chaque côté tout du long du corps, elle a un rang de taches d’un jaune citron qui fe touchent prefque ; elle a iept épines fur chaque an¬ neau. Elie fe pend par le derrière, la tête en bas pour fe transformer en une criialide *, & après quinze ou vingt * Fig. 13 jours, le papillon, qui eü ici reprefenté, fort de cette cri- lalide; il nfteit né les premiers jours du mois d’Aouft. On voit dans la Figure 8. que les ailes inferieures embralient le dclfous de Ion corps. Dans cette polition, c’eft la face inferieure d’une de ces mêmes ailes qui cft en vûë; des ondes de noir & de brun font le fond de la couleur de cette aile; le bord a des couleurs plus claires, & vers le haut, line tache jaune; il y a auffi du jaune & du violet mêlés parmi le brun & le noir qui font la baie des couleurs. Une partie du defïbus d’une aile fupeneure paroît dans cette même ligure; vers l'on origine, il y a ici en blanc une tache qui eft d’un beau rouge, & quelques taches d’un beau bleu. La portion du bord extérieur, où il lembie y avoir un petit cordon, ell marquée par des taches blan¬ ches & par des taches noires, L1 iij * Pî, JO» * PI. 10. Fig. i o. * Fig. a. 111 .™» Classe. * PI. 1i. Fl L i -ri- 270 MEMOIRES POUR LHlSTOIRE Dans la Figure 9, le même papillon eft vû par-defïusj ayant les ailes étendues; la grande tache blanche qui eft ici fur chaque aile fuperieure, elt rouge & d’un beau rouge; les autres taches cpii font marquées en blanc, font blan¬ ches, & le refte eft noir. Tout le deffus des ailes infe¬ rieures eft du même noir, excepté près du bord, ou il y a une dpece de large bande, ou de galon, qui eft rouge, & feulement picquée de quelques points noirs. Une autre chenille de l’ortie *, que je n’ai eu que quel¬ ques jours avant qu’elle fe loit transformée en crifalide, qui portoit aufti fur chaque anneau fept épines*, m’a donné un papillon femblabie au précèdent; il ne m’a paru en différer que par le nombre des taches blanches qui font dans la Fig. 9. dans l’eljxace t, t, t, fur les ailes fupcricures, il en avoir deux de plus ou plus diftineftes. Cétoit un pa¬ pillon mâle, dont celui de la Fig. 9. étoit apparemment le papillon femelle*; mais ce qui eft ici plus digne de remar¬ que, c’eft que la chenille d’où le mâle eft venu étoit entiè¬ rement d’un blanc jaunâtre tirant fur le citron, avec quel¬ ques petites taches rougeâtres; le tronc des épines étoit du même jaune que celui du corps. Cette chenille étoit donc tout autrement colorée que celle qui a donné le papillon de la Figure 9. Peut-être que dans cette efj)ece les chenilles d’où viennent les papillons mâles ne font pas de même couleur que celles d’où viennent les papillons femelles; c’eft pourtant ce qui demende à être vérifié par des obfervations répétées. Les papillons diurnes que nous rafiemblons dans la troifieme clafle, ont le même port d’ailes & la même forme d’antennes, que ceux des deux claiïes précédentes; ils ont même de commun avec ceux de la lèconde, de ne fe pofer, Si de ne marcher que fur quatre jambes *, mais ils- 11’ont point, comme eux, leurs deux premières jambes * Fig. 2. II. des Insectes. lyi terminées en cordons de palatines; elles font faites comme les autres jambes, mais fi confidcrablement plus petites, que les yeux ont peine à les voir *. Un papillon très-commun dans les prairies & dans les champs vers la fin de Juin, pendant tout le mois de Juillet, Si même p.us tard, cil de cette chiffe*. Le défions de les ailes inférieures eftd’un gris dans lequel il entre des teintes de jaunâtre; le défions des fuperieures efld’un afies mau¬ vais feuille morte, Si ce qu’il offre de plus remarquable, efl une tache en œil, allés noire, & dont le centre cil marqué par un point blanc ; les furfaces fuperieures des quatre ailes ont des couleurs afiés lemblables à celles des furfaces inferieures. Il y a des papillons beaucoup plus petits que les précé¬ dents, Si qui d’ailleurs leur rcffcmblcnt parfaitement par les couleurs de leurs ailes, qui font auffi de la même chiffe. Sous cette chiffe fe rangent encore quelques efpcccs de papillons, fur les ailes defquels il y a une diflribution de taches noires Si de taches blanches, qui imite affés celle des quarrés d’uh damier. Enfin, beaucoup d’autres eljtcccs de papillons appartiennent à cette mêmeclaffe. Nous croyons devoir ranger dans une q. mc claffe, les papillons dont les antennes font encore terminées par des mafTes ou boutons, Si qui portent auffi leurs quatre ailes perpendiculaires au plan de pofition, mais dont le boni des inferieures fe recourbe pour venir cm brader & couvrir le deffus du corps *. Les ailes de ceux-ci laiffent tout le refie du corps à nud. Quelque marqué quefoitee carac¬ tère, les papillons que je comtois actuellement de cette claffe en ont encore un qui frappe davantage; chaque aile inferieure a, vers le bout extérieur de fa baie, un long appendice, une partie qui s étend en pointe, & beaucoup par-delà.le relie. Ces parties lcmblcnt former une queue * Fig. i &2. I V. me Cr aïs £»• * PF. r r. Fig. 3, , -/,/ -y />«7 1 Fuj. & 8 Fier, q / tif. z i ^ffttfnnaiu de/ et . '. ct/f.' t / il p ai}. 2 g if. A fan . 6. de ikistr. dei [tLiecfar Fvv.j Fuj . (y Simon*JL<~/Téiêl TcïTTr I des Insectes. SEPTIEME ME M 0 IR E. DES CARACTERES DES CLASSES ET DES GENRES DES PHALENES. O U PAPILLONS NOCTURNES. L A plupart clés papillons noéïurnes, qui font en liberté dans la campagne, ne volent que la nuit, ou que quand la nuit approche. Ceux de la meme dalle qu’on tient renfermés dans des boiftes, ou dans des poudriers, nous y apprennent le temps où leur inclination les porte à voler. Pendant le jour, ils font tranquiles dans leurs prifons, ils y paffent des heures, & fouvent des journées, lans changer de place; mais loiTque la nuit efl venue,& quelquefois même dès que le foleil efl près de fe coucher, ils agitent leurs ailes, & volent autant que le permet la petite capacité du lieu où ils font. Nous avons déjà dit qu’il y a beaucoup plus de genres & d’efpeces de ces pa¬ pillons, que de diurnes ; nous nous contenterons pourtant de les diviferen fept chiffes ; mais en revanche, nous don¬ nerons les caraéleres d’un grand nombre de genres qui viennent fe ranger fous chacune de ces claffes. Lorfque nous avons parlé des trompes des papillons nous avons infiflé fur ce qu elles ne font pas des organes qu’on leur trouve à tous ; tous les diurnes en font pourvus.: Mais il y a beaucoup de genres de noélurnes qui font privés de la trompe. Nous ayons yù quelle efl toujours placée au Nn ii i * P!, 8. Fig. 24.. li. * Pi. 7. Fig. 3. bc. * PI. 16. Fig. 15. * PI. 18. Fig. 10. tt. PI. 19. Fig. 19 . te. 286 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE milieu du devant tic la tête entre deux barbes, ou deux cloifons barbues , qui font chacune poiées contre le contour intérieur de chaque œil, & qui ont differentes figures dans differents papillons *. Ceux qui manquent de trompe ont auiïi de ces barbes, ou de ces cloifons barbues *; mais les poils de l’une touchent les poils de l’autre, elles ne la 1 fient aucun efpace entr’elles *. J ai cherché à m’affurer fi la trompe manquoit réellement à tous les papillons à qui elle paroifloit manquer; fi elle n’étoit point cachée par les cloiions barbues. Pour m’en inffruire, j’ai arraché une de ces barbes à divers papillons, & j’ai jetté l’autre fur le côté, pour pouvoir bien obferver, tant avec mes yeux feuls, qu’avec mes yeux armés d’une forte loupe, le devant de la tête. Il y a cû des papillons où toutes mes recherches ne m’ont rien fait appercevoir qui fût analogue à la trompe, ou à quelque partie propre à prendre des aliments. Auffi verrons-nous dans la fuite, qu’il y a quan¬ tité de phalènes qui ne lé nourrifient, ni ne fongent à fe nourrir de toute leur vie; une trompe leur feroil donc inu¬ tile, au moins pour prendre de la nourriture. Mais il y a eu des papillons noclurnes à qui, après avoir enlevé une des barbes, & écarté l’autre, j’ai trouvé deux petits corps blancs, oblongs, faits comme deux eljreces de cordons, ou de gros filets*, qui avoient leur origine où cft celle des trompes dans les autres papillons, & qui de là, juf- qu’à leur bout, diminuoient de groffeur. On peut re¬ garder ces petits corps comme des trompes d’une ef- pece particulière, ou comme des organes analogues aux trompes ordinaires. La petitefie des parties dont je parle eft d’ailleurs telle, quelle ne permet à de bons yeux de les voir, qu’après que la loupe les leur a fait diftinguer. Quelquefois elles font couchées l’une auprès de l’autre ; quelquefois elles fe croilcnt, & quelquefois elles s’écartent des Insectes. 287 l’une de l’autre. Mais on ne peut gueres s’aflùrcr de les trouver dans leur véritable lituation ; on les en dérange en cherchant à les voir. Nous avons crû qu’un des principaux caradTeres des dalles des papillons noéîurnes, devoit être pris de ce que les uns ont des trompes, ôc de ce que les autres n’en ont point. Quoique ceux qui ont des trompes extrêmement petites, des trompes réelles, mais prefqu’infenfibles pour nous, dullent être placés avec ceux qui ont des trom¬ pes, ou au moins dans une clalfe particulière, nous les mettrons pourtant avec ceux qui n’en ont point, & dont ils different par une partie bien efïcntielle. Nous ne voulons point obliger ceux qui trouvent un papil¬ lon , &: qui défirent lçavoir la place où ils le doivent mettre, à être toujours munis d’une forte loupe, à avoir bel'oin d’avoir recours à l’operation, fouvent allés déli¬ cate, d’emporter une des barbes. Par rapport aux produc¬ tions de la nature de toute efpece, il nous arrive fou- vent delesdiffinguer les unes des autres par des propriétés, par des circonffances qui font à notre portée, mais qui ne font pas celles qui les diôerentient elfentiellement. Les papillons qui auront des trompes fi petites, par rapport à la grandeur de leurs parties, qu’on ne peut les diltinguer qu’avec la loupe dans des papillons de grandeur médiocre, ou qui auront des trompes qui le trouvent entièrement cachées fous les barbes, feront donc mis ici au rang de ceux qui n’ont pas de trompe. J1 eff vrai aulfi que lï ceux dont nous parlons ont des trompes , ils les ont d’une llruélure differente de celles des autres, 8 c même d’une fubllance differente , la leur paroît charnue , 8 c celle des autres eff écaitleufe. Loin pourtant de clelhp- prouver que dans les clalfes des papillons fans trompe, on diffingue ceux qui en font véritablement dépourvus.» ^88 Mémoires pour l’Histoire de ceux qui en oni d extrêmement petites, & d’une forme differente de celles des trompes ordinaires, mais qui leur paroiffent analogues; loin, dis-je, de le defàpprouver, je crois qu’on devra des éloges à l'exactitude des obfervateurs qui ne négligeront pas de faire ces dillinéfions. I.« Les papillons dont nous compofons la première claffe, Classe. p ortent de ccs efpeces d’antennes que nous avons norn- * pi. 13. mées pnfmat'iques *, c’elt-à-dire, de celles qui entre leurs F^.6. deux bouts, dans la plu.s grande partie de leur étendue, 14.. Fig^i & ont un diamètre à peu-près égal, & dont la coupe efl un lecteur de courbe, ou un triangle curviligne. Tous les papillons de cette clafTe doivent auffi avoir des trompes. Ceux de la plupart des genres qui lui appartiennent, ont les ailes difpofées de maniéré qu’elles laiffent le deffus du corps à découvert, qui ordinairement lé termine en pointe. Leurs ailes inferieures font petites par rapport aux * Fig. j ,6 fuperieures*. Le côté intérieur de ces dernieres efl plus & 9 - court, & fouvent confiderablement plus court que le côté extérieur. Le bout de celui-ci va jufqu’au derrière, & quel¬ quefois par-delà le derrière, au lieu quaprès la fin de l’autre, il relie encore quelques anneaux. Ces papillons, qui ont le corps gros & pelant, dont les ailes inferieures font courtes, & dont les fuperieures, malgré leur lon¬ gueur, n’ont pas une grande furface, font beaucoup de bruit en volant ; ils font entendre un bourdonnement très- fort : ils 11e fçauroient fe foutenir en l’air fans agiter leurs ailes avec une grande.vîtelfe. Nous avons vû des papillons * PI. 12. bourdons dans la 6 . me clalfe des diurnes *, & nous avons Fig. j & 6. des bourdons-phalenes dans la première clalfe de ceux-ci. Plufieurs des plus grandes & des plus belles elpeces de phalènes appartiennent à cette première clalfe; nous allons en décrire quelques-unes qui nous donneront occalion de parler des caraéteres qui en peuvent diltinguer les genres. Nous des Insectes. 289 Nous avons déjà annoncé une chenille, qui vit fur le titima- le *,en lui donnant lepitete At belle; ceux-mêmc qui ne font pas autrement toucliés de la beauté des chenilles, la lui don* neroient; à mes yeux, c’cft la plus belle de toutes celles que je comtois. Elle eft de la clalTe de celles à 16. jambes, dont les mcmbraneulés ne font armées que d’une demi- couronne de crochets. Quand elle s’allonge pour marcher, elle a plus de trois pouces, & quelquefois plus de trois pouces & demi de longueur : elle eft parfaitement rafe, la loupe ne fait pas découvrir un foui poil fur fa peau, qui eft extrêmement liffo, & fi liffo, quelle a une forte de iuifant qui approche de celui des vernis. Elle a aufïï des couleurs telles qu’on les voit fur pluficurs ouvrages vernis à la Chine. Le fond des bennes clt le noir, & un noir velouté, qui cependant ne domine pas. Depuis la tête jufqu’au derrière, elle a tout du long du dos une raye d’un rouge précifomcnt fombiable à ceux des vernis rouges de la Chine. De part & d’autre de cette raye, il y a fur chaque moitié d’anneau trois taches diltinétes, rangées les unes au- deffus des autres, dont les deux fuperieuresfont jaunes, & dont l’inferieure eft rouge. Les deux fuperieuresfont pres¬ que circulaires ou ovales, & l’inferieure a une hgure trian¬ gulaire renfermée par trois lignes courbes. Le relie de cha¬ que anneau eft tout pointillé de taches d’un beau jaune, qui approchent de la figure circulaire, & difpofées régu¬ lièrement fur des lignes qui fuivent le contour des an¬ neaux : chaque anneau eft comme partagé en dix ou douze zones, chaque moitié de ces zones ou bandes, a quinze à foize de ces petites taches jaunes. Les quatre ou cinq dernieres taches de chaque bande font blanches fur quel¬ ques-unes de ces chenilles. Les jambes, tant écailleufos que membraneufes, & la tête, font du même rouge que la bande qui régné le long du dos; le deffous du ventre Tome L \ O o 2 gO MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE eftauffi d’un pareil rouge; en un mot, toute fa peau a l’air d’une belle étoffe. Le chaperon qui couvre lanus eft rouge; les jambes pofterieures font entièrement de cette couleur; les deux tiers de la corne font rouges, & le tiers,, qui en fait la pointe, eft noir. Quand cette chenille eft jeune, & fur-tout quand elle vient de muer, elle a des couleurs plus tendres, mais qui ne plaifent pas moins. Immédiatement après la mue, elle a peu de noir, c’cft un verd doux & un peu jaune qui domine. Par la fuite, quand fes couleurs fe fixent, elle prend plus de noir, elle a en jaune ce que dans un âge plus avancé elle aura en rouge, & en blanc ce qu’elle aura en jaune. Enfin, le jaune prend des nuances de rouge & devient rouge, 6 c le beau blanc prend des nuances de jaune, & devient jaune. Il y a des temps où ces chenilles n’ont en jaune que les petites taches, toutes les grandes font d’un rouge, foit couleur de rôle, l’oit d'une couleur plus haute. Le titimale à feuilles de cyprès eft la plante favorite de ces chenilles: elles ont rejetté differentes autres efpeccs de "titimale que je leur ai offertes lorfque celle là me man- quoit. Elles ont pourtant très-bien mangé les grandes el- pcces connues des payfans fous le nom d’cpwge, parce qu’ils fe purgent avec leurs graines. Ces chenilles font affés rares aux environs de Paris, j’y en ai pourtant trouvé de très-grandes dès le i 5. de Juillet, & qui fe font miles peu après en crifalides; mais il y a eû des années où je les ai vu extrêmement communes fur la levée de la Loire, depuis Blois jufqu a Langés, dans les premiers jours de Septembre. De celles que j’y ai ramaffées, il y en a eu peu qui ne lé foient transformées en crifalides avant ie 20. du même mois. Quand elles font près de quitter leur première forme, leurs belles couleurs s’effacent; elles des Insectes. 291 deviennent d’un brun laie, ayant feulement des taches blancheâtres ; alors elles entrent en terre: elles s y font des coques dans lefquelles elles fe metamorphofent en crilâli- des*. Enfin, cen’eft que vers le commencement de Juil¬ let, pour le plutôt, que j’ai eû des papillons de ces che¬ nilles, qui s’étoient metamorpholees en crifalides dès le iy. de Septembre. Le papillon ne répond pas mal, par la beauté, à celle de la chenille d’où il vient. La Figure 4. le reprefente dans fa pofition ordinaire. Les ailes inferieures lônt alors entièrement cachées par les fuperieures : les taches que le delTus de celles-ci a en brun dans la figure, le delfus du corcelet & le delfus du corps font d’une belle couleur d’olive; ce qui elt plus clair eft un haut rouge de lilas ou de pêche : une raye blanche borde le côté intérieur de chaque aile fuperieure; une pareille raye fuit de chaque côté le contour du corcelet. La Figure 5. fait voir le même papillon volant , ou ayant les ailes fuperieures écartées, & qui laiflent les infe¬ rieures à découvert. Ce qui paroît en brun fur ces der¬ nières, eft d’un beau noir; k' relie elt un rouge nué de couleur plus haute que le rouge des ailes fuperieures. Le delfous des quatre ailes, celui du corps & du corcelet, & tout ce qui paroît dans la Figure 6. elt de couleur de lilas ou de pêche; le tout a un œil velouté. Ces trois figures font celles d’un papillon femelle. La Figure 7. eft celle d’un papillon mâle de la même elpece; ordinairement ils 11e font pas fi beaux. Le deftous du corps & celui des ailes ont quelquefois à peine une alfés mauvaife teinte de rouge; & le delfus des ailes eft quelquefois tout entier de diverles nuances de couleur d’olive; elles ont au plus de foihles nuances de rouge dans les endroits où celles des femelles font couleur de Heur de pêcher, ou couleur de O o ij * R r Fig. 8. 292 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE pêche. Toutes les femelles n’ont pourtant pas des couleurs également belles. Les longueurs & les figures des trompes, peuvent fcr- vir à diftinguer des genres de cette première clalfe de plia* lenes; trois differents papillons, tous trois fort grands, vont 3 - nous en fournir des exemples. Les ailes fuperieures du pre¬ mier *, font d’un gris cendré; tout du long du milieu du corps il a une raye grife, à chaque côté de laquelle eft une raye compofée de divers quarrés mis bout à bout, qui font chacun de trois couleurs; leur partie la plus proche de la tête eft blanche, celle qui fuit eft d’un rouge nué, quel¬ quefois jaunâtre, quelquefois couleur de rolè, 6c celle qui les termine eft noire. Je n’ai point eu la chenille de ce papillon, qu’on me prit au commencement de Septembre à Amboife; mais je crois que c’cft celui qui fe trouve, plus ouvragé, dans les Infectes d’Europe de M. me Me- rian, 6c qui lui eft né d’une groffe chenille à corne fur le derrière, d’un brun-clair, rayée 6c tachetée d’un brun plus foncé, dont l’aliment ordinaire, à ce qu’elle penfe, eft la racine de l’yvraye. Quoi qu’il en foit, ce papillon eft de ceux qui ont la trompe ppplatie; mais je ne fçais s’il y en a qui en portent une plus longue. Lorlque je l’ai en¬ tièrement déroulée 6c étenduë, non-feulement je l’ai con¬ duite jufqu’au bout d’une des grandes ailes, ce qui alloit par-delà, avoit encore environ la longueur des deux tiers de la même aile. Deux crifalides d’une efpece de chenille rafe 6c verte à feize jambes, qui porte une corne fur le derrière, me furent remifes par un curieux qui en avoit trouvé les che¬ nilles à la promenade, dans le mois d’Aouft; il négligea de décrire les chenilles qui fe metamorphoferent cliés iui. De chaque crifalide il fortit, çhés moi* au com¬ mencement de Juillet de l’année fuiyante, un papillon des Insectes. 295 afles femblable au precedent*, pour être jugé de la même * PI. 14* efpece; le delTus des ailes étoit à peu près du meme gris; Fig ‘ le delTus du corps avoit tout du long une raye d’un brun noir, & chaque anneau étoit couvert par une raye tranf- verbale d’un beau couleur de rôle nué, couleur pourtant qui s’effaça de jour en jour. Ces variétés lont moindres que. celles qui s’obfervent l'ouvent fur des individus de la même efpece: mais la trompe de ce dernier papillon étant déroulée, n’alloit que jul’qu’au bout de l'on corps, celle de l’autre étoit près du double plus longue. Malgré leur reffembJanee, ces deux papillons ctoicnt d’un genre dif¬ ferent. Le troifiéme papillon *, celui qui fervira d’exemple * PI- 14» d’un autre genre de cette dalle, a au contraire une Flg ‘ 2 ‘ trompe arrondie très-forte, mais courte*; elle ne fçau- * PI. 9. roit atteindre au bout du corcelet ; je 11e crois pas ^ Jg j 13 » ** qu’elle faffe jamais deux tours de fpirale complets, au lieu que celle du premier papillon en fait peut-être plus de dix à douze. Ce papillon à trompe courte, mérite d’ailleurs qu’on le faffe connoître. 11 y a pourtant des pays où il n’elt que trop connu ; il y a jetté l’épouvante, & il l’y jettera ap¬ paremment encore quand on l’y verra. O11 l’a maiheureu- fement trouvé, dans ces pays, dans des années où regnoient des maladies épidémiques ; &on a obfervé fur l'on corcelet une tache, qui a quelque reffemblance avec la figure d’une tête de mort. Il n’en a pas fallu davantage au peuple timide, toujours dilpofé à adopter despréfages funeltes, pour juger que c’étoit ce papillon qui portoit la mort, ou au moins qu’il étoit venu annoncer les maladies fatales qui regnoient. Le fond de la couleur du deffus de les ailes fuperieures, eft un brun noir,mêlé avec des taches d’un jaune feuille- morte. C’eft ce jaune, mêlé avec quelques points noirs, qui forfne malheureufement fur l'on dos, fur fon coreekt, P o iij 294 MEMOIRES POUR L’HiSTOïRE une figure qui n’imite pas mal celle d’une tête de mort; auffi peut-on fort bien défigner ce papillon, un des plus grands que nous connoifïions, par le nom de papillon à tête de mort. Le dclfous de les ailes fuperieures, les deux côtés de les ailes inferieures, le dclfous & le deflîis de fou corps, font de couleurs plus claires que celles du defîus des ailes fuperieures; le feuille-morte y domine; il y efi pour¬ tant coupé par des bandes, des rayes, & des taches bru¬ nes. C’efi le peuple de quelques cantons de la Bretagne, qui a été effrayé par ces papillons, dans des années où il en a paru alfés pour qu’il les ait remarqués; il les a regardés comme les avant-coureurs, comme les caufes même des maladies épidémiques, & des mortalités. Pendant que M. le Comte de Pontchartrain étoit Secrétaire de la Marine, il me fit remettre des dclfcins de ces papillons, qu’on lui avoit envoyez de Bretagne, en lui apprenant l’effroi qu’ils y caufoient, & en le priant de fçavoir ii l’Academie jugeoit que les allarmes du peuple biffent fondées. M. Dellandes, Controlleur general de la Marine à Brefi, a depuis peu d’années envoyé à l’Academie des deffeins de ces mêmes papillons; il avoit auffi été déterminé à les obferver, par les inquiétudes qu’il avoit appris qu’ils donnoient au petit peuple de cette ville. On trouve de ces papillons aux en¬ virons de Paris; j’en ai eu plufieurs en Poitou, mais ifs font affés rares dans ces derniers endroits, & je ne (cache pas que le peuple s’y foit avifé de prendre garde à la figure de tête de mort qu’ils portent, ni peut-être aux papillons eux-mêmes, qu’il verroit apparemment fans en être épou¬ vanté. Le papillon à tête de mort a encore une fingularité, ii a une efpece de cri, qui auroit bien pu être pris pour un cri lamentable & funebre; il a quelque choie de plaintif. Ce cri pourtant efi femblable à ceux que font entendre des Insectes. ^95 quelques efpecescie fearabes, dont nous parlerons ailleurs, & qui, dans ces derniers infeêtes, ell produit par le frote- ment réciproque de quelques-unes de leurs parties écail- leulès. Ii y a grande apparence que le cri de notre pa¬ pillon ell dû à une pareille caufe, mais les poils dont il eft couvert ne m'ont pas permis d’obferver précifement où fe fait le frotement qui produit un cri. Ii eft jufqu’ici le feul papillon qui m’ait fait entendre un bruit de cette elpece. Je n’ai point eu la chenille d’où vient ce papillon. M. Bernard de Julfieu en trouva une, il y aplufieurs années, fur un jafmin du jardin du Roy, dont elle mangeoit les feuilles. C’cfl une grande chenille qui porte une corne fur le derrière; on en peut voir une figure enluminée, dans la fixiéme Planche des Infeétes d’Angleterre, d’EIea- zar Albin; elle y cil aulfi reprefentée fur le jafmin. Sa cor¬ ne * ell plus contournée que celle qu’ont d’autres che¬ nilles, elle a une inflexion, après laquelle elle fe termine par un crochet, dont la concavité regarde la tête. Celle qui fut trouvée par M. de Julfieu, étoit près de fe me- tamorphofer: le fond de fa couleur étoit un jaune un peu brun. Sur chaque anneau, excepté fur les trois premiers, elle avoit deux rayes obliques à la longueur du corps, nuées de pourpre Si de bleu. La figure des ailes aidera encore à diltinguer des genres & des eipeces de papillons de cette chiffe. Le côté inté¬ rieur des allés lliperieures de quelques-uns cil prefque droit; le même côté des mêmes ailes de quelques autres, ell convexe par rapport au corps, Si le même côté des mêmes ailes de quelques autres papillons, ell concave. Enfin, ce côté de chaque aile fuperieure de quelques au¬ tres papillons, a plufieurs inflexions*. Au relie, les ailes de differents papillons de la même cîalfe, lailfent le corps plus ou moins à découvert. Lorfque celui à tête de mort * pi. 14. Fig. A. * pi. 13, Fig. 4 & j. üq ûq * Pi. 14.. il."* Classe. PI. 14. 6 , < 3 . 12 & PI. 15. 4 7& à l’autre: tantôt c’eft l’aile droite qui paffe fur la gauche, 6 c tantôt c’eft la gauche qui paffe fur la droite *. Les deux * Fig. 6 ailes inferieures font pliffées, ou plutôt pliées, en quelque & 10 - forte en éventail, fous les fuperieures. La fécondé claffe a plufieurs efpeces de papillons de cc genre, qui viennent de chenilles qui aiment des plantes baffes 6c potagères, comme l’ofeilleôc la laitue; 6c qui fe tiennent ordinairement affés proche de la furface de la terre, dans laquelle elles entrent pour fe transformer en crifàlides : il y en a auffi qui y entrent en d’autres temps. Ces chenilles font rafes, elles ont feize jambes, dont les Tome l . P p * PL 14. Fig. 4. * Fig. 10. * Fig. 8. & 9 . £98 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE membraneufes ont des demi-couronnes de crochets : elles fe roulent volontiers lorfqu’on les touche. Nous n’en dé¬ crirons actuellement qu’une efpece *, que j’ai trouvée fur l’ofeille, 8 c que j’en ai nourrie. J’en ai eu de cette efpe¬ ce qui fe font miles en crifalides avant la fin d’Avril, & d’autres qui ne s’y font mifes que vers la mi-May. Tant qu’elles 11e font pas parvenues à leur dernier terme tic grandeur, elles font d’un a (Tés beau verd, un peu brun pourtant. Ce qui les difiingue le plus de bien d’autres che¬ nilles vertes, c’eft qu’elles ont fur la partie fuperieure de chaque anneau, deux traits noirs tirés parallèlement à la longueur du corps. Après la derniere mue, leur verd s’ef¬ face, il efi mêlé avec du brun 8 c du noir, mais les traits noirs relient toujours comme on les voit dans la Fig. 4. Vers la fin de Juin, les papillons de ces chenilles lont fortis de terre. Du noir, du jaune, du brun, du gris, combinés par taches 8 c par rayes, donnent au delTus des ailes fupcricures de quelques-uns, des couleurs ailes 1cm- blables à celles des Figures 6 8 c y. Le delîus des ailes de quelques autres efl d’1111 gris plus clair; il n’y a que deux taches noires qui y foient bien marquées *. Les ailes de delfous, de l’un 8 c de l’autre côté, font d’un jaune feuille- morte clair *. Elles ont feulement une bande noire pa¬ rallèle au bord de la bafe, & qui en efi peu éloignée. J’ai eu aufli des papillons de ce genre dont les ailes fiupe- ricures étoient colorées comme les ailes de ceux dont nous venons de parler, mais dont les ailes inferieures avoient en afles mauvais blanc, ce que les autres ont en feuille- morte. Des chenilles rafes 8 c brunes qui avoient paffé 1 hyver en terre, 8 c qu’on a tirées devant moi,en labou¬ rant dans le mois de Février, y font enfin te rentrées pour fe mettre en crifalides, 8 c m’ont donné des papillons fèm- blables à celui de la Figure 10. ils n’en differoient que DES INSECTES. 299 parce que leur gris étoit plus jaunâtre. Leurs ailes infe¬ rieures étoient feuille-morte, & avoient la bande noire. Les ailes füperieures des papillons qui ont un fécond genre de port, font, comme celles du premier genre, pa¬ rallèles au plan de polition ; elles couvrent auffi les ailes inferieures. Ce que la difpofition des fuperieures a de pro¬ pre à ce nouveau genre, c’eft quelles ne fe croifent point. Les côtés intérieurs de ces deux ailes font appliqués l’un contre l’autre. On trouvera bien des foûdivifions de ce genre, fi on fait attention qu’il y a des ailes dont les bafes font droites. Si prefque perpendiculaires au côté intérieur, par confe- quent les bafes des deux ailes du même papillon fe ren¬ contrent bout à bout pour former une même ligne droite : les deux ailes enfemble, avec la partie anterieure du pa¬ pillon, compofent alors un feul triangle ifofeele, dont la bafe eft ou plus petite ou plus grande qu’un des côtés, ou lui efl quelquefois égale, félon les differentes efpe- ces de papillons. On obfèrvera d’autres ailes dont la bafe efl concave*, d’autres où elle efl convexe; d’autres enfin où elle eft droite, mais où elle rencontre obliquement le côté intérieur; alors il refie entre les deux ailes appliquées l’une contre l’autre, un angle plus ou moins ouvert, plus ou moins profond, & formé ou par des lignes droites, ou par des lignes courbes. Toutes ces circonflances peu¬ vent être employées pour empêcher qu’on ne confonde -enfemble différents papillons, & ce font des variétés de la plupart defquelles on trouvera des exemples dans les 2, 3 & 4- mc claffes, & qui s’offriront affés, fi l’on jette les yeux fur les differents papillons qui font reprefentés dans cet ouvrage. Nous nous bornerons actuellement à don¬ ner deux exemples des differentes figures d’aîies parallè¬ les au plan de pofition, & qui ne fe croifent point. Le P p ij n.">* G E N i< E. * PI. T 4. Fig. 1 z (k 1 3 - 300 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE * PI. 15. papillon qui cil vû par-delfus dans la Fig. q. *. & par-deffous dans la Fig. 5 nous fournira le premier exemple; il appar¬ tient à la fécondé clalfc. Les baies de l’une & de l’autre de fes ailes fuperieurcs font convexes vers le dehors, elles forment par leur rencontre un angle curviligne très-obtus. Us font de ceux à qui la gravure fait moins perdre, parce que du noir, du brun, du gris, du blanc font les couleurs qui font diltribuées par taches, par ondes, par lignes fur * Fig. 4. leurs ailes fuperieures *. Le délions des quatre ailes* elt * Fig. j. d’un gris plus clair que celui du deffus, Sc y elt couché allés uniformément. La Figure 5. apprend qu’il elt de ceux dont les ailes inferieures font plus courtes que les fupe¬ rieures. Il m’elt né, le 12. de Juillet, d’une chenille du chêne, qui s’étoit mife en crifalide vers la mi-juin. Quel¬ ques jours auparavant elle avoit contourné & lié enfembk * Fig. 3. des feuilles de chêne*, & c’elt au milieu de ce paquet qu’elle fe fila une coque mince dans laquelle elle perdit là. forme, & prit celle de crifalide. On trouve cette chc- * Fig. ï & ni'le *, mais encore petite, fur le chêne, dès que lès feuilles commencent à pointer. Elle elt raie, & pourvue de feiza jambes; elle elt d’un beau verd tendre qui elt picqué de points d’un jaune pâle. T ont du long du dos elle a une raye blanche; de chaque côte elle en a encore une autre de même couleur qui paffe fur les Itigmates. Le delfus du pre¬ mier anneau a de plus quatre autres petites rayes blanches qui ne vont pas jufqu’au fécond. Mais là forme elt ce qu’elle a déplus remarquable; elle peut fervir à caraéterifer un genre de chenilles. La partie polterieure, plus élevée que l’anterieure, a quelque choie de la figure de la poupe d’un vailfeau. On reconnoît aifement que le papillon des Figures 12 & 13. Planche iq. elt de même dalle & de même genre que celui dont nous venons de parler, mais qu’il elt d’une des Insectes. 301 cfpcce differente. Les bafcs de fes ailes fuperieures l'ont concaves, au lieu que les bafes des ailes Supérieures de iautre font convexes. D’ailleurs, les ailes l'uperieures de ce papillon ne femblent pas auffi étendues que le font com¬ munément celles des autres; elles ont une efpece de ply auprès de leur côté extérieur, qui ed prefque parallèle à ce même côté : elles font, avec le deffus de la tête, une elpece de triangle, dont la pointe de la tête cd le fommet. Les couleurs du deffus des ailes l'uperieures font alfés femblables à celles d’un autre papillon que nous avons vû ci-devant fueçant du fucre *- Elles font de même dif- pofées par triangles, excepté auprès de la baie de Tarie. Ce font des couleurs de bois, alfés claires, mêlées avec un blanc jaunâtre. Il efl né pendant que j’étois abfent cfe Paris, ce qui m’a laiffé incertain fi c’étoit en Septembre ou en Oélobre. C’ed vers la lin d’Aoud que la chenille qui Ta donné étoit entrée en terre pour fe mettre en cri- laüdc. Cette chenille* ed d’un beau verd clair, elle a feulement tout du long du dos un petit filet blanc, & une bande blancheâtre, de chaque côté, au-deffus des jambes. Eile elt très-rafe; elle ne craint point cependant les pic- queures de l’ortie. C’cd la plante fur laquelle je l’ai trouvée, étant encore très-petite, & dont je l’ai nourrie: je ne l’ai jamais vû manger pendant le jour; elle le pad'e fans fe don¬ ner de mouvement, cachée fous des feuilles; elle ne man- geoit que dans l’obfcurité, que quand la nuit étoit venue. Des papillons dont les ailes fuperieures ont encore chacune ieur côté intérieur appliqué contre celui de l’autre, des papillons qui avec ces ailes cachent bien les inferieures, & qui les tiennent, au moins en grande partie, parallèles au plan de pofition, ont une particularité dans le port de ces mêmes ailes qui demande qu’ils loienï mis dans un troifieme genre. La partie des deux ailes qui Pp iij * ÏT. 8, Fig. 25. * PI. Fig. 11. G E N R S, * PL I J. Fig. 6. I V. mc Genre. * PI. ij 302 MEMOIRES POUR L’HîSTOIRE répond au de dus du corps, 11a pas ie même para! leli fine qu’a le refte des aîies; elle embraffe le delfus du corps, elle s’y moule, de forte quelle laide voir la forme du delfus du corps qu’elle couvre. Quoique pîufieurs efpeces de papillons ayent ce port d’ailes, nous nous Tommes con¬ tentés d’en faire reprefenter ici un de ceux à qui ii efl propre *. Il vient d’une chenille veluë qui m’a paru aimer fur-tout les graines de l’ortie. On trouvera Ton hifloire, & celle de quelques autres efpeces de chenilles qui donnent des papillons dont le port des ailes ell le même, dans le 1 3. me Mémoire, ou le fécond de ceux où nous traiterons de l’art avec lequel les chenilles fçavent conflruire leurs coques. Nous dirons feulement que le papillon que nous venons de prendre pour exemple, cü de la fécondé claffe ; fes antennes font des filets coniques. Un brun noir, & du blanc, forment fur le delfus de fes ailes fuperieures, une efpece de point de Hongrie, & les font paraître grifès. Un q.. me genre de port d’ailes, efl celui où les fupe- riet res font encore parallèles,ou prefque parallèles au plan de pofition, mais où elles font écartées du corps, de ma¬ niéré que non-feulement elles ne le couvrent pas, mais qu’elles îaiffent même à découvert les ailes inferieures. Ce genre peut être divifé en pîufieurs efpeces. Les pa¬ pillons des unes ne Iaiffent voir qu’une petite partie du deflus des ailes inferieures, pendant que ceux des autres en Iaiffent voir une partie confiderablc. Enfin quelques autres papillons de ce genre tiennent, pendant qu’ils font en repos, leurs ailes auffi étalées qu’elles le font pendant qu’ils volent, les inferieures font alors prcfqu’cntieremcnt à découvert. Le papillon de la Figure 9. efl de la fécondé claffe, & de ceux qui, pendant qu’ils font en repos, Iaiffent voir une affés grande portion de leurs ailes inférieures, fans des Insectes. 303 être pourtant cle ceux qui les découvrent le plus. Les couleurs de fes ailes l'ont douces, du gris remplit les in¬ tervalles que laiffent des taches & des points d’un jaune plus pâle que la couleur de paille ; ces deux couleurs l'ont didribuées d’une maniéré qui plaît aux yeux. La chenille * qui donne ce papillon, elt de la clalTe de * pi. celles à 16. jambes, dont lesmembraneufes font faites en F, S’ jambes de bois, & terminées par des couronnes de cro¬ chets prefque complettes; elle vit de feuilles de lilas. Elle ed d’un verd blancheâtre; iorfqu’elle vient de changer de peau, elle ed prefque blanche. Alors, fur-tout, elle cd très- tranfparente, elle l’elt en tout temps, & fa tranfparence per¬ met de bien voir les mouvements du gros vaid'eau, ou de l’efpece de cœur qui régné tout du long du dos. Souvent elle courbe une feuille de lilas vers le dedous, au moyen de differents lils prefque parallèles les uns aux autres, & elle fe tient fous ces dis, lur-tout dans le temps où elle ed prête à changer de peau; quelquefois les dis ne courbent pas la feuille fendblement *. Quand elle veut fe mettre en crifa- * E ; s- 7 - lide, elle plie quelque part davantage une feuille du même arbrideau ; dans cette partie de la feuille qui a été pliée, elle die une coque dans laquelle elle perd fa première forme. J’en ai eû qui ont fait leurs coques au mois d’Aoud, d’où les papillons ne font fortis que vers les premiers jours de Juillet de l’année fuivante. La Figure 10 *. ed celle d’un papillon qui a fes ailes * PI - 1 î* fuperieures bien plus écartées du corps, que ne le font celles du papillon de la Figure 9. Quand 011 auroit voulu le reprefenter volant, on ne i’auroit pas reprefenté avec des ailes plus étalées qu'il les a dans ion état de repos. Les côtés extérieurs des deux ailes fuperieures font fur une même ligne, autant qu’ils y peuvent être. Il ed de la quatrième clafle, c’ed-à-dire, qu’il a une trompe & des * Fig. I I & 12 . V. me Genre. * PI. 16. Fig. * Fig. 4. & j. * % 7 - 304. MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE antennes à barbes de plumes. Les barbes de fes antennes font grandes par rapport à la grandeur du papillon. Ses couleurs font précifement celles qui paroi fient ici : du blanc & du noir font diftribués avec art fur fes ailes. Plufîeurs de ces papillons font nés chez moi vers la hn d’Aouft; ils venoient de chenilles arpenteufes à dix jambes, qui avoient été trouvées fur la biflorte, & que j’en avois nourries. Leur couleur étoit à peu-près canelle *. Je ne les ai jamais vu manger pendant le ;ou •, c’cfl la nuit quelles prenoient leurs repas. Parvenues a leu dernier terme d’ac- croiffement, elles entrèrent en terre pour le transformer en crifalides, & trois à quatre femaines après, de chaque crifalide il fortit un papillon. Un nouveau port des ailes fuperieures, & tel que les ailes inferieures fe trouvent entièrement cachées, nous donne le caracftere d’un cinquième genre, qui confifteen ce que les côtés intérieurs des deux ailes fuperieures font appliqués l’un contre l’autre, & élevés au-deffus du corps du papillon, de forte que les deux plans de ces ailes font un toit au-dcfTous duquel cfl le corps; elles lui forment une efpece de tombeau. Nous appellerons ce port d’ailes à toit à vïve-arrête . Un affés joli phalene nous fournira le premier exemple de ce port d’ailes *, il cfl de la fécondé claffe. Il ne fait voir que deux couleurs, du noir & du rouge. Sa tète, fon corcelet & fon corps font d’un beau noir. La couleur qui domine fur le deffus de fes ailes fuperieures, cfl un noir un peu gris, qui eft égayé par une bande d’un beau rouge, pofée affés proche du côté extérieur *, auquel elle cfl parallèle, & par deux taches rouges prefque circulaires, placées près de chacun des angles de la bafe. Ce même papillon, vêi par-deffous *, ne montre prefque que du rouge fur fes ailes; les inferieures ont feulement un petit des Insectes. 305 bord noir; en un mot, tout ce qu’on voit en noir dans les figures, efi noir, & tout ce qui y eft plus clair, eft rouge. Une chenille qui vit fur la jacobée 6 c fur le fcn- neçon *, donne ce phalène; elle efl: de la chiffe de celles f .* r; - à feize jambes, dont les membraneufes n’ont que des demi- couronnes de crochets ; elle efl rafe. Chacun de les an¬ neaux efl de deux couleurs, qui femblent le divifer en deux anneaux differents: une de fes moitiés efl d’un beau noir velouté, & l’autre d’un jaune qui tire fur un bel au¬ rore. Pour peu qu’on touche la plante fur laquelle font ces chenilles, elles fe laiffent tomber à terre, 6 c y tombent roulées *. Plufieurs fe font miles en crifalides chez moi 4 Fi s- -• vers le 8. & le 1 o. de Juillet. Il y en a eu qui fe font filées des coques minces entre quelques pétales de la fleur *; * Fig. 3. <• d’autres fe font transformées, fans fe filer de coques,fur le fond du poudrier. Ce n’eft que l’année fuivante, vers le aq. 6 c 25. Juin, que les papillons font fortis de l’état de crifalide ; ainfi ils font reliés près d’un an fous cette derniere forme. Les figures des ailes varient celles du toit qu’elles for¬ ment ; c’efl de quoi quelques autres phalènes vont nous donner des exemples. Le premier * efl de la 5.™° clafle; C ^ 1 6 - il a des antennes à barbes de plumes, 6 c il 11’a point de °‘ trompe. Il efl tout blanc, 6 c d’une blancheur éclatante; il eft étonnamment velu, fes jambes font chargées de poils julqu’au bout des pieds ; on 11e fçauroit le toucher fans fiiire tomber une quantité confiderable de poils, de plumes 6 c d écaillés. Celui-ci efl le mâle, la femelle aprécilèment le même port d’ailes, 6 c lui efl femblable en tout, à cela près, que fes antennes ne font pas fi belles, 6 c qu’elle a un duvet jaunâtre près du derrière; elle couvre fes œufs de cette clpece de duvet. J’ai eû ces papillons, au com¬ mencement de Juillet, de chenilles à feize jambes, qui Tome 1 . Q q * PI. i 6 Fig. 9. * Fig. 8 * PI. 6. Fig. 2 & 11 * PI. 1 6 Fig. i 2 , O / Fig. 1 306 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE - avoient filé des coques de foye * dans lefquelles elles s’étoient renfermées vers le commencement de Juin. Elles vivent fur le poirier, fur le prunier, fur le faule, & peut- • être fur d’autres arbres. Elles font très-veluës fur les côtés*; tout du long du dos elles ont une large raye rafe, d’un beau rouge; de chaque côté elles ont une raye blanche qui demande qu’on les mette dans le même genre cpie la commune *. Quoique ces rayes blanches femblent être fur la peau, elles font réellement compofées de poils courts, arrangés les uns auprès des autres en paquets piats, qui for¬ ment des efpeces de lames qui fe couchent fur le corps. . Plu fieu rs chenilles*, d’une des plus petites efpeces de celles que le chou nourrit, qui font d’un verd blancheâtre, un peu tranfparentes, n’ayant que quelques poils & quel¬ ques petits tubercules noirs, qui ont feize jambes, dont les membraneufes font faites en jambes de bois, & armées d’une couronne complette de crochets, plufieurs de ces chenilles, dis-je, fe renfermèrent chacune dans une pe¬ tite coque de foye, qu’elles fe filèrent dans le poudrier où je les tenois, vers la mi-Octobre. Les premiers jours de Juin, il fortit de ces coques des papillons qui font de la féconde claffe, ayant une trompe & les antennes coni¬ ques à filets graines, & qui portent leurs ailes en toit 3 élevé, & à vive-arête*. Le côté extérieur de leurs ailes fuperieures eff confiderablement plus long que le côté intérieur; le deffus île ces mêmes ailes efl jaunâtre, veiné & ondé d’un brun couleur de bois; les ondes, ou les veines font à peu-près parallèles à la baie de l’aile. Au refie, les trois exemples que nous venons de donner d’ailes en toit à vive-arcfle, nous font voir des bafes de toits très-étroites, je veux dire, que les côtés extérieurs des ailes y font pôles affés près du corps. Les toits à vive-arefte faits parles ailes de plufieurs autres efpeces de papillons, des Insectes. 307 font plus ouverts; celles de quelques-uns forment des toits très-écrafés; les côtés extérieurs des ailes font pofés plus loin du corps. Ces différences peuvent aider à dif- tinguer les différentes clpeces de papillons qui portent leurs ailes en toit à vive-arête. On ramènera à ce genre, tous ceux qui lailfcnt tomber leurs ailes, qui les ont pen¬ dantes, qui femblent ne pouvoir les foûtenir parallèlement au plan de pofition. Dans la première claffé, par exemple, le papillon à tête de mort diffère de celui de la che¬ nille du titimale, parce qu’il laiffe tomber fes ailes, au lieu que l’autre les tient bien parallèles au plan fur lequel il eff pofé. Les limites pourtant, entre cetteefpecc de port Si celui des ailes qui s’éloignent peu du parallelifme, ne feront pas toujours ailées à déterminer. Les ailes d’un des derniers papillons que nous avons cités pour exemple d’une elpecede port d’ailes en toit*, & celles * pi. 16. de plufieurs autres, forment un toit qui s’élève infenfible- I3 - & ment depuis le corcclct jufqu’au-deffus du derrière. Mais il y a de papillons dont les ailes font un toit bas fur une partie du corps, ôc qui s’élève enfuite plus brufquement ; le papillon paroît comme enfcllé: tel eff celui de la Figure 6. Planche 18. qui eff de la y. mc claffé, ou de la claffé de ceux qui ont des antennes à barbes de plumes, ét qui n’ont point de trompe. Il nous fournira pourtant encore un exemple de ceux qui, quoiqu’ils n’ayent pas de trompe fenfible, ont deux petits corps longs & blancs qui femblent analogues aux trompes*. Il vient d’une chenille à feize jambes à demi- * Pi. !?- couronne de crochets, qui vit fur le cerifier éc fur l’aube- F, °' 10 • épine; on la trouve auffi fur l’abricotier, ôc j’en ai nourri plufieurs de cette efpece avec les feuilles de ce dernier arbre. Dans fon état*moyen de grandeur*, elle a trois rayes * Fig. 1. d’un beau jaune, l’une tout du long du milieu du dos, 6c une autre de chaque côté, plus étroite, au-defllis de la Qq ff * Fl. i 8. Fig. Fig. * Fig. j. * Fig- 4. * Fig. 7 &. 9 - * Fig. 8. * Fig. 6 - * tt. Y J.me Genre. 308 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE ligne des jambes. Entre la raye jaune du delfus du corps, & celle dau-deiïiis des jambes, elle en a une large, d’un bel ardoifé, qui tire fur le bleu. Elle a divers grains femés fur le corps, qui font de petits tubercules noirs , du milieu de chacun defquels il part un poil court & ailés gros *. Quand elle a pris tout fon accroiffement *, fes couleurs changent; les rayes font moins bien terminées, les cou¬ leurs des unes vont fe noyer dans celles des autres ; l’ar- doifé devient gris de perle. La forme même de leur corps change, leur derrière ne fe coude pas comme il faifoit lorl- qu’eiles étoient plus jeunes. J’en ai eu qui fe font mifesen crifaiides* vers le commencement de Juin, dans des coques de foye blanche, aifés minces, & pourtant ferrées, quelles s’étoient filées * ; d’autres ne lont devenues crilàlides que vers le commencement de Juillet. Deux années de fuite, les papillons font fortis des coques, pendant que j’étois abfent de Paris, dans les mois de Septembre, ou d’Oélobre. Le fond rie la couleur de leurs ailes luperieu- res * efi un agathe brun, cpii a diverfes nuances. Sur cha¬ cune il y a une grande tache d’un blanc jaunâtre, plus longue que large, dont les contours font irréguliers. Les ailes inferieures font d’un gris cendré*, elles ont chacune une efpece d’œil brun. Lecorcelet efi fi chargé de poils*, qu’il paroît tout bourreux, & comme couvert d’une ef¬ pece de toifon. La Figure y. qui reprefente en grand la tête du papillon, vu par-defious, & à qui 011 en a ôté les barbes, fait voir les deux petits coips oblongs & blancs, qui femblent analogues aux trompes *. Nous mettrons dans un fixiemc genre, les papillons qui portent leurs ailes en toit arrondi. Ce port d’ailes fera toujours aile à difiinguer du port en tbit à vive-arête; dans le premier, les aîies le courbent un peu fur le corps, la rencontre des côtés intérieurs des deux ailes fuperieures, des Insectes. 309 n’efi pas marquée par une vive-arête. Nous pourrions citer un très-grand nombre d’exemples de ce port d’ailes, pris de papillons de differentes claffes ; mais nous nous borne¬ rons à un feul de la troifieme claffe, c’eft-à-dire, d’un phalene qui a des antennes coniques, & qui n’a point de trompe. D’ailleurs, la chenille qui donne ce papillon mérité d’être connue par fa façon de vivre. Toutes celles dont nous avons parlé jufqu’ici, rongent les feuilles des plantes Sc des arbres; celle que nous voulons faire connoître *, * Pi. 17 ne fçait ce que c’efi que d’y toucher. Elle vit dans l’inte- F ' s ‘ 1 ‘ rieur des arbres qui commencent à pourrir; elle les hache, elle fcie pour fe faire des routes dans le bois même, & elle mange partie de la fciure quelle a détachée. Ces che¬ nilles peuvent pourtant vivre dans du bois affés fain, mais alors peut-être qu’elles n’attaquent que l’aubier; au moins fçais-je qu’ayant enlevé d’épaiffes écorces d’orme dans des endroits où elles fembloient bien adhérantes à l’aubier, j’y ai trouvé plufieurs fois des chenilles de i’efpece dont il s’agit, qui étoient encore petites. Les premières que j’ai eues me furent envoyées de.Reaumur, par AI. Bazin, vers la fin de Mars; elles avoient alors toute la grandeur à laquelle elles peuvent parvenir, & elles étoient des plus grandes chenilles; une d’elles avoit plus de trois pouces & demi de long. Le deffus du corps de ces chenilles efl liffe, & a une forte de luifant ; la couleur efl, dans certains temps, un marron clair ou rougeâtre ; il y a d’autres temps, lorfque la chenille efi jeune, Sc fur-tout lorfqu’elle vient de muer, où fa couleur efi d’un affés beau rougequi tire fur la couleur de cerife. Le deffus du premier anneau efi pourtant à peu-près rempli par deux taches d’un brun prefque noir. La tête efi noire; les côtés Sc le deffousdu ventre n’ont pas le luifant du deffus du corps, Sc ils ont Qq i'j ;I0 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE feulement une legere teinte de rougeâtre, telle que la don¬ nerait une couche mince de rocou qui feroit étenduëfurun corps blancheâtre. Ces chenilles ont feize jambes, dont les huit intermediaires font courtes, & bordées à leur extrémité par une couronne complette de deux rangs de crochets. Quoique celles cpie je reçus cette première fois, & que d’autres que je reçûs dans la fuite, eunent fait plus de cent lieues en polie, elles ne parurent pas avoir fouffert dans la route; elles étoicnt venues au milieu de la fciure de bois, qui les avoit deffenduës contre les lëcoulfes trop violen¬ tes. Je les mis dans de grands poudriers, j’y renfermai * pi. 1 7. avec elles des morceaux de bois * de la groffeur des bâtons Fig. 4 & 6. ( [ es c l ia ji' cs <_!e paille, qui commençoient àfe pourrir: elles ne furent pas long-temps fans les attaquer par leur bout inferieur; elles continuèrent de creufer, d’agrandir la ca¬ vité commencée, jufqu’à ce qu’elle eût alfés de capacité pour les recevoir. Elles fe font tenues dans ces morceaux île bois, qu’elles ont continué de ronger; & quand le temps de leur transformation a approché , elles ont tapilfé de foye une partie de l’interieur cfe la cavité, elles s’y font faite * Fig. 6 . cc. une coque * où elles fe font transformées en crifalides *. * Fl§ ' Trois ou quatre fontaines après, il eh forti de chaque cri- * Fig. 4. P. falide, le papillon * qui nous donne un exemple de ceux qui portent leurs ailes en toit arrondi. Il n’a pas d’ailleurs des couleurs propres à lui attirer des regards, les bennes ne font que differents gris; le fond eh un gris blanche⬠tre, fur lequel un gris plus brun forme differentes taches. * Fig. 5. Le deffous des ailes*, tant inferieures que fuperieures, eh d’un gris moyen entre les précédents, qui, fur le deffous des inferieures, fomble dihribué par petits quarrés. Le mâle & la femelle font abcs femblables : une femelle fit des œufs ronds le jour même où elle forti t du bois. Nous avons déjà dit que ces papillons n’ont point de * Fig. 7. des Insectes. 311 trompe, que leurs antennes font coniques*; mais la coupe tranfverfale des antennes, ed la même que celle de quelques antennes prifmatiques; elles ont une de leurs faces courbe, & chargée de poils, qui forment dedus des cfpeces de feuillets *. Quantité d’efpeces de phalènes, pour la plupart allés petites, qui portent leurs ailes en toit écrafé, ou prefque horizontalement, doivent cependant être mifes dans un -j. e genre par une circonllance qui leur ed particulière. Ils font, pourainfi dire, larges d’épaules*; c’ed même le nom par lequel nous les défignerons dans la fuite. Pendant qu’ils font en repos, leur diamètre horizontal efl plus grand vers le commencement ou vers le milieu du corcelet, que par tout ailleurs; leurs ailes fe refferrent enfuite un peu, elles fem- blent fe rétrécir en s’approchant du derrière. Un grand nombre de chenilles, aufquelles nous dedinons un Me- moiré entier, qui roulent avec art des feuilles de plantes, donnent des papillons de ce genre; d’autres chenilles en donnent audi. Nous en avons fait reprefenter un * qui vient d’une petite chenille rafe à 16. jambes, qui fe tient furies feuilles d’érable, & qui s’en nourrit. Elle ed a de s jolie; le deffus de fon corps ed d’un gris de fouris un peu brun, picqué de points d’un jaune citron, fes côtés, & tout le dedous de fon corps, font du même jaune citron. Vers le 10. May elle s’ed mife en crifalide; cette crifalide étoit pendue au poudrier par plufieurs fils qui ne formoient pas une coque, ni même une toile. Le 27. ou le 28. May, le papillon fortit de cette crifalide; la partie anterieure de fes ailes fuperieures ed d’une couleur moyenne, entre celle du tabac & celle du chamois; le rede des mêmes ailes ed d’un brun qui tient de la couleur de maron foncé. Ce papillon ed de la fécondé clade. Nous ne pouvons nous difpenfer de faire un huitième * Fig. 8 VII.™ Genre. * PI. 17, Fig. 9. * PI. 17, Fig. 9. V111. mc Genre, 3 12 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE genre des phalènes, dont les ailes s’appliquent contre le corps, pour hem b rafler & fe mouler defTus, comme les ailes * PI. 17. des oifeaift: s’appliquent contre leur corps*. Le Mémoire F'g- >° & où nous parlerons des chenilles qui pafTent toute leur vie en focieté, nous donnera occafion de faire connoître plufieurs petites elpeces de papillons qui ont ce port d’ailes. Celui qui efl reprefenté dans les Figures 8 & 9. vient d’une chenille qui vit en focieté fur le fufàin. Ce papillon efl un de ceux qu’on peut appel 1 er petit-deuil; le defTus de Tes ailes fupericures cft d'un beau blanc argenté, picqué de points noirs; mais le defTous des mêmes ailes, & les deux côtés des ailes inferieures, font d’un ardoifé tendre : il appartient à la 2. de claffe, il a une trempe & des antennes à filets grainés. Par la longueur feule des antennes, on pourra diflinguer plufieurs efpeces de papillons de ce genre. Il y en a qui les ont ailes courtes; d’autres les ont extrêmement longues, plus longues que tout leur corps. Si ces phale : nés eulTent été bien obfervées, plufieurs auteurs ne nous euffent pas donné comme une réglé certaine, que les pa¬ pillons diurnes ont les antennes plus longues que celles tics noéturnes. Des phalènes de plufieurs autres genres, peuvent de même faire voir la faulfeté de cette réglé. Enfin il y a des phalènes de ce genre, Si de ceux de quel¬ ques autres genres, qui, quoiqu’ils portent leurs ailes, Toit à la maniéré des oilèaux, Toit en toit, lorfqu’ils font en repos, les drelfent lorfqu’ils marchent, Si les tiennent prefque perpendiculaires au plan de pofition; ils ne les approchent pourtant pas autant du milieu du defTus de leurs corps, que les diurnes en approchent les leurs. Nous mettons dans un neuvième genre quantité d’ef- pcces de phalènes, pour la plupart encore plus petites que les précédentes, dont les ailes, après s’être appliquées pref- que fur toute la longueur du corps, à la manière de celle des r -y y 1 y deo Insectes. clos oifeaux, s’élargi fient & s’élèvent au-deffus du derrière, pour former une forte de queue qui a quelque refïêm- blance avec une queue de coq. Nous appellerons auffi ce neuvième genre, le genre de port d’ailes en queue de coq. Si les el'pcces de papillons qu’il renferme font petites, en revanche il en renferme un grand nombre, & qui paroif- fcnt d’une beauté admirable lorfqu’on les regarde à la loupe, car fouvent ces papillons font h petits, qu’ils de¬ mandent à être vus avec la loupe; alors on reconnoît qu’il n’en eft point de plus fuperbement vêtus; leurs ailes fom- blent être faites de l’or & de l’argent le plus éclatant. Tel efî le petit papillon de la Fig. i 2 *. qui eft reprefcnté grofii à la loupe; il vient d’une chenille dont nous donnerons ailleurs l’hifioirc, qui vit dans l’interieur des fouilles de forme, & fur-tout de l’orme femelle. Les papillons des teignes appartiennent pour la plupart à ce genre, ou au précèdent; ils ont des antennes à blets coniques. II eft fou- vent difficile de s’affurer s’ils ont des trompes, parce qu’ils font fort petits. Il y a des phalènes dont les ailes fuperieures embraffont le corps d’une façon particulière, qui mérite de faire le caraétere d’un dixiéme genre. Une des ailes fuperieures, en lé moulant fur le corps, fe roule défiais *; non feule¬ ment elle embrafife le corps du côté où elle part, elle l’embrafife même de l’autre côté vers la partie pofte- rieure; de forte qu’une grande partie d’une des ailes fu¬ perieures eft prefque cachée fous l’autre, qui fe contourne en fpirale pour l’envelopper. Les papillons qui font repre- fontés Fig. 13 & 14. pour donner un exemple de ce port d’ailes, font de la féconde clafié; leur tête & leur corcelet font d’un jaune qui tient du fouille-morte. Le deflous des ailes fuperieures eft d’un gris cendré affés clair, &. qui tire fur l’argenté. Je ne fuis point encore parvenu à avoir les Tome I . Rr * pi. 17 . X. m « Genre. * PI. 17. Fig. 13 & if / * PI. 18. Fig. I I & 12. * Fig. 11 & J 2. CC. 314 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE chenilles qui donnent ces papillons dans la grandeur qui les fait reconnoître. 11 en eft pourtant né ch es moi un grand nombre, des œufs qui avoient été pondus par les papillons dans les poudriers où je les avois renfermés; mais je n’ai pas fçû donner aux chenilles nouvellement nées, des feuilles qui fufTent de leur goût, elles font péries en¬ core très-jeunes & très-petites. Ces dix genres, au moyen des differentes claffes, peu¬ vent fuffîrc pour mettre en ordre un grand nombre d’ef- peces de papillons. Les differentes elpeces feront déter¬ minées par le degré dans lequel chacune a le caraélere du genre, par exemple, de ce que les ailes en toit forment un toit plus ou moins aigu, qu’elles s’écartent plus ou moins du corps du papillon; du rapport qu’ont entr’elles les ailes fupericures & les inferieures, car ces dernières font plus courtes en quelques papillons de même genre, & plus longues en d’autres; de la forme de ces ailes infe¬ rieures, de céVpi’elles font étendues ou pliées lorfque le papillon cfl en repos, Si de la maniéré dont elles font pliées. Ces deux barbes, ou doifons barbues, qui partent du bas de la tête, Si entre lefqueiles la trompe ell logée, pour¬ ront pour le moins donner des fubdivifions de genres. Elles pourroient très-bien fervir à caradlerifer des genres; Si quand on s’attachera à les obferver, peut-être même trouvera-t-on qu’elles mériteroient d’être employées dans les caraéleres des claffes. Deux papillons affés petits, vont nous en fournir la preuve; le premier * vient d’une che¬ nille qui fe nourrit des feuilles du bouillon-blanc. 11 eft reprefenté un peu plus grand que nature dans la Fig. 11. Si encore plus grolfi dans la Fig. 12. pour mieux faire voir une Angularité remarquable * ; il a deux cornes, qui femblent partir du commencement du corccîet. Un des Insectes. 315 papillon avec deux cornes me parut très-extraordinaire. Je î’obièrvai avec une forte loupe pour bien voir ces deux cornes, & leur origine, & je trouvai qu’elles la tiroient d’au- deüous de la tète. Je vis qu’une partie de chaque barbe ell une tige*, qui grolfit à mefure qu’elle s’éloigne du * Fig. 15. bas de la tète, & quelle fe courbe pour fuivre le contour l ’ d ' de la tète, au-dedus de laquelle elle vient fe coucher. Du bout fuperieur de chacune de ces tiges, fort une partie * * Fig. tt- formée en vraye corne, & qui paraît s’élever en certains temps du corcelet du papillon , quoiqu’elle ne foit réelle¬ ment qu’un prolongement d’une des barbes entre lel- quelles la trompe ell placée. Les tiges des barbes font chargées de poils, & les cornes font lilfes. Ce papillon n’a d’ailleurs rien de remarquable, il porte fes ailes l'uperieures en toit arrondi ; leur couleur ell d’un blanc laie ou jaunâtre. Ceux que j’ai eûs me font venus de Cri l'ali des que j’avois trouvé attachées fur des feuilles de bouillon-blanc, & bien recouvertes du duvet cottonneuxdc cette plante*. J’ai lieu de croire que ces crifalides étoient * ; Fig. celles de chenilles alfés petites, dont le corps ed tout brun, ' & dont la tète ed noire, que j’ai vues fouvent fur la même plante *. Pendant qu’elles mangent la fubdance charnue * Fig. 14. de les feuilles, elles ont loin de fe tenir cachées fous le duvet qu’elles en ont détaché *, & qui n’ed pas un aliment * Fig. 1 ^ qui leur convienne. ’ ‘ * Un autre elpece de papillons *, un peu plus grande, mais PI ^ 18 * dont je n’ai point encore eû les chenilles, a auld dans fa forme quelque choie de üngulier, qu’il doit à la druc- ture particulière des barbes entre lefquelles la trompe cil roulée; il a une elpece de mufeau allongé, une efpcce de hcc de beccaüe : ce mufeau, ce nez, ell formé par les deux barbes en quedion. On voit dans la Fig. 17. qui repre- fentc la tète de ce papillon grodie au microfcope, com- * bd, bd. * Fig. 19. b, dd. * Fig. 20 . bd, bd. T Fig. 18. t, 316 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE ment les deux barbes * fe prolongent en ligne droite par- delà le bout de la tête. Chacune de ces barbes * efl une lame platte, dont le bout cil entaillé; quand on écarte ces deux barbes l’une de l’autre *, 011 voit que la trompe efl roulée vers leur origine; on peut même, fans feparer les barbes, retirer la trompe & la dérouler *. Chacune de ces lames plattes que nous nommons barbes, ell couverte d écaillés pareilles à celles des ailes, tant fur l'a face exté¬ rieure que fur là face intérieure. Au relie, les barbes des phalènes nous fourniiïent des caraétercs très-commodes pour une fuhdivifîon de ceux de la cinquième claffe; pour aider à diftinguer ceux qui ont des trompes très-petites, & bien cachées, de ceux qui n’en ont point du tout, au moins en dehors de la tête, oc à qui par confequent on ne fçauroit en trouver. Les papillons qui ont des parties extrêmement petites & ana¬ logues aux trompes, ont deux barbes; & jufqn’ici je n’ai point trouvé de barbes, c’efl-à-dirc, deux tiges, de quel¬ que figure que ce boit, qui ont leur origine au-défions de la tête, & qui s’élèvent en fuivant le contour intérieur de chaque œil, auquel elles ne font pas adhérantes ; juf- qu’ici, dis-je, je n’ai point trouvé de ces barbes aux pa¬ pillons qui n’ont aucun vefnge détrompé. Ces papillons ont pourtant des bouquets de poils, qui partent d’entre les yeux, mais ils partent de la tête même. Ces mêmes bouquets de poils avertiffent que les barbes manquent au papillon, lorfqu’ils fe dirigent en bas. Les poils portés par les barbes, fe dirigent en haut. De grandes, & de petites efpecesde papillons-paons, reprefentées dans les Planches 4,7, 48 & 49, nous donnent des exemples de phalènes qui n’ont que des toupets de poils entre les yeux, qui n’y ont point de barbes, & qui aulfi n’ont point du tout de trompe. des Insectes. 317 Un caraéîere encore qui aidera à diftinguer des genres, 6 c qui l'erviroit même à en augmenter le nombre, li on le defiroit, c’cft qu’il y a des papillons qu’on peut appeiler huppes , ils portent des efpeces de huppes de poils. Les uns en ont plus, les autres moins*; quelques-uns n’en ont qu’une feule fur le corcelct; d’au très en ont deux ou trois à la file les unes des autres fur ce même corcelet, dans la direction de¬ là longueur du corps ; d’autres en ont jufques fur le premier anneau du corps; quelques-uns en ont deux à côté l’une de l’autre. Il y a de ces huppes qui forment des demi-tuyaux creux, dont la cavité cfl tournée vers le derrière; quelque¬ fois la cavité d’une des huppes * eh tournée vers la tête *, & celle de la huppe qui fuit eft tournée vers le derrière. Le chou nourrit une arpenteufe verte qui a quatre jambes intermediaires, ou douze jambes en tout, c’cft-à- dire, une chenille de la cinquième clalfe. Elle eft rafe, elle a feulement quelques poils blancs allés longs, femés fur le corps. Cette arpenteufe fe fila vers le 1 5. Juillet, une coque mince de foye blanche, contre les parois du pou¬ drier. Au bout de 16. à 17. jours, un papillon noéturne fortit de cette coque; il fervira d’exemple de ceux qui portent des huppes fur le corcelet.Ce papillon eft de la i. de clalfe, 6 c du genre de ceux qui portent leurs ailes en toit qui fe termine par une vive-arête, mais dont la baie eft allés grande; il a deux huppes, l’une fur le corcelet par-delà fon milieu, 6 c l’autre à la fin du corcelet. La Figure 3. lait voir chacune de ces huppes plus en grand, 6 c que la ca¬ vité.de la première * elî tournée vers la tête, 6 c que celle de la fécondé l’eft vers le derrière *. Ce papillon eft brun, 6 c ne lailfe pas d’avoir une forte de beauté; du rougeâtre, du jaunâtre, du gris 6 c du brun, font combinés pour compoferlôn brun; mais ce qui fe fait le plus remarquer fur chaque aile iuperieure, c’eft une tache qui eft ici en * pi. 19. Fig. 2. In * Fig. 3.//. * A. * PI. 19. * Fig. 3. II, * K. 3 18 Mémoires pour l’Histoire blanc, & qui cft d’un jaune brillant, tirant fur la couleur d’or. Outre les varietez que nous avons détaillées, on en obfervera apparemment encore d’autres, qui mettront en état de caraderifer au moins les principaux genres de pa¬ pillons, par la ftrudure 6c par la difpolition de leurs dif¬ ferentes parties. On ne s’arrêtera aux couleurs, 6c à leurs diftributions, que potîr faire connoître les efpeces; c’eft tout ce qu’on en peut attendre. Nous ne devons pourtant pas diflimuler un inconvé¬ nient qui pourra fe prefenter lorfqu’on voudra faire ufage des caraderes que nous avons choilis pour les genres. Dans chaque eljrece de papillons, il y a des mâles 6c des femelles. C’eft des œufs fécondés par des mâles, 6c dé- pofés enfuite par les femelles, que naiffent les chenilles; car, malgré ce qu’en a dit Aldrovande, dans un temps où l’on étoit moins inftruit, on n’a point d’exemples qu’une chenille ait pondu de véritables œufs: on fçait à prefent, 6c nous le verrons dans la fuite, ce qui a pû lui en im- pofer. Ce que nous voulons dire maintenant, c’efi qu’il y a des genres de papillons où le port des ailes du mâle 6c le port des ailes de la femelle, ne font pas les mêmes, 6c fembleroient exiger qu’on plaçât dans differents genres, des infedes qui ne different que de fexe. Il y a, par exem¬ ple, des papillons mâles qui portent les ailes parallèles au plan depofition, pendant que leurs papillons femelles les y tiennent inclinées. Devons-nous pour cela abandonner ces caraderes, d’ailleurs fi commodes! Je ne le penfepas. Tout ce qui s’enfuit, c’eft que pour bien déterminer le genre d’une efpece de papillon, il faut en avoir obfervé le male 6c la femelle; alors on placera cette efpece, fans embarras, dans fon genre 6c dans fa elaffe, fi ceux des deux fexes ont le même port cl’aîles; fi ils l’ont different. des Insec t.e 5. 31 q on pourra les placer félon que le demande le port d’aîles du mâle, ou félon que le demande celurde la femelle; en avertiffant tout de fuite, en quoi il diffère de celui de l’autre. Maisj’aimerois mieux encore compofer dans chaque claffe, des genres particuliers pour les papillons dont le mâle 6 c la femelle diffèreroient par la maniéré de porter les ailes. D’être ailé, ou de 11’avoir point d’ailes, font affinement des caractères qui fembleroient les meilleurs pour dif- tinguerdes claffès. Nous verrons pourtant, lorfque nous en ferons à d’autres infeCtcs, qu’il y a des claffes qu’il faudra caraéterifer, parce que quelques-uns des genres ôc quelques-unes tics efpeces qui leur appartiennent, font compofées d’infeCtes qui portent des ailes, 6c d’autres qui en font privées. Le mâle du ver luifant a des ailes, c’eft une efpece de fearahé, 6c fâ femelle n’en a point. Dans la même fourmilière, nous avons des fourmis fans ailes, 6c des fourmis ailées. 11 cft plus étonnant que les papillons nous offrent quelque chofè de pareil. Des oifèaux qui naîtraient conftamment fans ailes fenfibles, feraient une forte de- prodige, ou au moins une efpece bien finguliere. Les papillons fèmblent nous faire voir ce prodige ; Goe- daert eft le premier, que je fçache, qui l’ait obfervé. 11 a nourri une chenille qui vit de feuilles d’aulne, 6 c qui porte fur la partie anterieure de Ion corps, deux efpeces de cornes ou d’antennes, 6 c une autre fur le derrière, qui toutes trois font des aigrettes de plumes , ou de poils. 11 a nourri auffi une dont nous avons parlé aill« aigrettes, a des broffes de poils fur le dos *. Il a vu ces * Fig. 4 ..a, deux efpeces cle chenilles fe transformer en crifalides, 6 c il a vû fortir de ces crifalides , un animal qui lui a paru admirable, non par fa beauté, mais par le peu de ref- jolie chenille du prunier*, * PI- 19- surs, qui, outre les longues F ‘ s ‘ ^ & 5 ‘ 320 MEMOIRES POUR l’HïSTOIRE fémblance île fa./orme avec celle d’un papillon; auffi nVi¬ t-il pas crû lui en devoir donner le nom. Cet animai n’avoit point d’aîles, 6c marchoit fur fix jambes. Mais ce qui augmente le prodige, c’cfï que l’animal, forti de la première desefpecesde chenilles, ne sert point accouplé, à ce que dit Goedaert, qu’il a cependant fait des œufs, d’où font nées dans la fuite de petites chenilles. Il eft fur- prenant que Lifter, dans les notes fur cet auteur, ait, avec lui, parlé de ce fécond fait, comme d’une grande merveille, comme s il nous prouvoit qu’il y a des œufs de papillons d’où des chenilles éclofent, quoiqu’ils n’ayent pas cté fécondés par l’accouplement du papillon mâle. Lifter n’avoit-il pas encore lu Swammerdam lorfqu’il écrivoit cette note! ou avoit-ii oublié que Swammerdam avoit fait difparoître tout ce qui fcmbloit miraculeux iLans la fécondé obférvation ! Il nous a appris que l’efpece de chenille à broffes qui vit des feuilles de prunier, donne * PI. 19. un papillon mâle, qui a de belles 6c de grandes ailes *, Ug. ib’. & q ue f a même efpecc de chenilles donne un papillon * Fig. 12 femelle qui eft dépourvu d’ailes*. En general, il n’a pas & 13 ‘ évité de relever les méprifes de Goedaert, 6c il 11e lui a pas fait grâce fur celle-ci. Les chenilles à broffes de l’aulne avoient donné à Goedaert un papillon avec des ailes, 6c un autre fans ailes, qu’il n’avoit pas voulu i-econnoître pour papillon : ils fe font fans doute accouplés enfemble à des heures où Goedaert ne pouvoit pas les obfêrver. Les chenilles à broffes du prunier m’ont aufîi donné des papillons femelles fans ailes; j’en ai eu qui m’ont pondu des œufs féconds, 6c d’autres des œufs ftcriles. Je n’ai jamais eu que de ces derniers, quand j’ai tenu les femelles dansdes poudriers où il n’y avoit pas de mâles. Je n’ai pas eu befoin même, l’année derniere, d’ufer de précaution pour avoir des femelles feules; il ne m’eftpoint né demûles. des Insectes. 321 Au refie, c’a été, pour parler comme ces auteurs, que j ai dit que les papillons femelles de ces chenilles n’ont point cl ailes; pour parler plus exactement, ils en ont quatre, mais fi pentes, qu’on 11e les voit bien qu’avec le fecours de la loupe *. On peut pourtant les reconnoître à la vûë * Pï. 19. (impie, & on les reconnoît même dans les figures de F ' s ' * 5 ‘ grandeur naturelle qu’en a données Swammerdam. Elles font très-garnies de poils. Quelque petites que foient les ailes, dès que ces papillons en ont, ils rentrent dans l’ordre. Le papillon mâle porte les ailes fuperieures parallèles au plan de pofition ; elles laiffent le corps un peu à découvert : leur couleur efl un feuille-morte lavé de brun en differents endroits. Il y a fur chacune un œil blanc. Lcdeffus des ailes inferieures, & le deffous de toutes les quatre efl feuille- morte. Ses antennes font de très-jolies antennes à barbes déplumés. Comme il ne paroiffoit point de trompe entre fes barbes, j’ai détaché une des barbes, & j’ai jetté l’autre fur le côté; la loupe alors m’a fait voir deux petits corps ob- iongs, dont nous avons parlé ci-devant, & que nous avons regardés comme analogues aux trompes. Malgré ces petits corps blancs, ce papillon appartiendroit donc à la ^. n1c chiffe ; mais il me paroît plus convenable de le mettre dans une claffe particulière, dans une fixieme claffe qui vi.m» comprendra les papillons dont les femelles n’ont pas Classe. d’aîles fenfibles. Swammerdam paroît croire que les deux efpeces de chenilles dont a parlé Goedaert, font les mêmes ; mais la maniéré dont un des papillons femelles a enveloppé les-œufs, maniéré qui n’efl pas pratiquée par l’autre, établit affés que les papillons femelles qu’a eus Goedaert, font de deux differentes efpeces, & qu’ils vien¬ nent, parconfequent,de chenilles d’elpecesdifférentes. Il paroît même par les planches de M. me Merian, & par celles d’Albin, que plufieurs efpeces de papillons à Tome I . . S s VII.™ Cl ass e. PL 20. Fig. J, 2 & 3 * 322 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE broffes, qui ont de longues aigrettes proche de la tête en forme d’antennes, donnent des papillons femelles qui n’ont pas d’aîles lenfiblcs. Des arpenteufes à dix jambes nous fourniront, dans la fuite de cet ouvrage, un bon nombre de papillons femelles qui appartiennent à cette 6. mc clalfe. Il nous relie encore à parier d’une clalfe mieux carac¬ térisée qu’aucune des précédentes; c’ell de celle dont les papillons ont des ailes qui imitent fort celles des oifeaux; elles paroilfent compofées de véritables plumes. Tous ceux qui appartiennent à cette clalfe font petits, mais la ftruéîure particulière de leurs ailes mérité que nous nous arrêtions à l’examiner. Nous les avons mis à la fuite des phalènes , ils en ont un des caraéleres par leurs antennes à filets coniques; mais on ne lailfe pas de les voir voler pendant le jour: & d’ailleurs, la transformation des che¬ nilles d’où ils viennent, fe fait de la même maniéré que celle des chenilles des papillons diurnes, comme nous l'ex¬ pliquerons ailleurs.Us pourraient donc auffi appartenir à la clalfe des papillons diurnes: mais de tout cela, il refui te qu’on les peut regarder comme une clalfe particulière que nous placerons pourtant ici à la fuite des phalènes. J’en comtois trois genres qui ont des caraéleres qui les font aifement diflinguer les uns des autres. Tous ceux, que je comtois, du premier genre, font d’une grande blancheur *; ils fe polênt ordinairement fur fix jambes, dont les deux pofierieures font plus longues que les anterieures. Jamais ce papillon n’applique fes ailes contre fon corps, il les tient même toujours dans une direélion perpendiculaire, ou à peu-près à fa longueur; il les étale pourtant plus ou moins. Quand il eft en repos, il tient les deux d’un même côté pliées à la maniéré d’un éventail, ou des ailes des oifeaux; mais jamais il ne les plie affés exactement pour empêcher d’appercevoir qu’elles des Insectes. 323 font compofées de diverfes parties qui femblent de véri¬ tables plumes. Lorfqu’on a recours à la loupe, onreconnoît que ces prétendues plumes 11e font que les parties dans lefquelles l’aile elt refendue. L’aile fuperieure l’eft depuis fa pointe jufqu’environ aux deux tiers de fa longueur *. Elle paroît une côte plate qui fe divife en deux lanières; l’extericure, celle qui fait le côté extérieur de l’aile, cil de quelque choie plus longue que l’autre; ces deux côtes, ces deux lanières, font bordées de part & d’autre de longues barbes blanches, qui reffemblent à celles des plumes. L’aile inferieure * eft refendue en trois parties femblablcs aux précédentes; une des divifions va tout près du fommet de l’aile *, tout près de fou infertion dans le corcelet, mais l’autre divifion fe termine au tiers de la longueur de l’aile. Hook a fait graver, très en grand, dans fa Micro¬ graphie, la figure d’un de ces papillons, mais il n’y donne qu’une divifion, que deux plumes à l’aile inferieure. Je ne fçais fi c etoit-là la ftrutfhire de l’aile qu’il a obfervéc; ce que je fçais, c’efi que quand on ne fe donne pas affés de foin pour féparer les plumes, la troifieme, celle qui efi faite par la plus longue divifion, ne fe voit point; un pli quelle a ,a fa baie tend a la ramener fur les autres : peut-être aulfi que le papillon de Hook n’eft pas celui que nous avons fait reprefenter, qu’il elt d’un autre genre, ou d’une autre efpece. Quand le nôtre veut voler, il écarte les plumes, ou les differentes parties de fes ailes, & c’elt le temps où elles rclfemblent plus à celles des oifeaux. Les deux ailes d’un même côté paroifient n’en compofer qu’une feule *. Tout cela cnlcmble.qui fait de fort jolies ailes à obferver, 11e paroît pas en faire de bien bonnes. Ces papillons 11e volent ni loin ni haut pendant le jour, & je 11e fçais s’ils volent même pendant la nuit. Le papillon, qui nous fervira d’exemple du fécond Sf i j * Pi. 20. Fig. 4. a b. * Fig- 4- c d. * F 'g- 4- c e. * Fig. 3 . * PI. 20 . Fig. 12 & 1 3 * * Fig. i 6 & Fig. x 8. a b. * Fig. i 8. * b a. * Fig. &■ i j. 14. 324. MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE genre de ceux à plumes, eit d’un brun qui tire fur une couleur de bois clair. Je n’en ai point vu encore de ceux- là, de blancs, ni de quelqu autre couleur. Quand ils font pofés, leurs ailes ne parodient nullement des ailes en plumes, elles ont plutôt l’air de deux bras étendus que de deux ailes *; le papillon a alors une figure qui rappelle celle d’un homme en croix. Les deux ailes de chaque côté font raffemblées en une efpece de cordon dont le bout le recourbe en crochet; chacune des ailes fuperieurcs n’cfi fendue que vers le bout, au plus jufqu’à la 6 . me ou y. mo partie de fa longueur *. Par-deffus, elle efl convexe, Si par-deflous, elle forme une goutiere dans laquelle fe loge Î’aîle inferieure, qui, comme celle du papillon dont nous venons de parler, elt compofée de trois plumes, ou de trois parties détachées les unes des autres jufqu’auprès de fon origine*. Ces plumes de l’aile inferieure font bien four¬ nies de chaque côté, de grandes barbes ; toutes trois fe raffemblent dans un paquet qui s’ajufte dans la goutiere de l’aile fuperieure*. Les bords intérieurs de la partie re¬ fendue de î’aîle fuperieure, ù on 11e voit que rarement des papillons à la campagne. Ce petit papillon a des antennes à filets coniques, & une trompe. L’origine des petits papillons bruns * à ailes en plumes, des Insectes. 327 Je ceux du fécond genre, m’efi mieux connue. Les che¬ nilles *d’où ils viennent, vivent fur le iizeron; je les ai élevées depuis leur première fortic de l’œuf jufqu’à leur dernière transformation. Des papillons de cette efpece, que j’avois pris à la campagne, firent des œufs.dans le poudrier où je les avois renfermés: j’attachai ce poudrier auprès d’une tige de Iizeron, & je fis entrer une partie de ce Iizeron dans la bouteille même, qui refta ouverte. Dès que les chenilles furent éclofes , elles trouvèrent une nourriture convenable; elles crûrent fur ce Iizeron, & fur quelques autres pieds des environs où elles fe ren¬ dirent. Quand il me parut qu’il y avoit à craindre quelles n’allaffent trop loin, j’en pris quelques-unes que je ren¬ fermai dans des poudriers, & que je fis nourrir avec les feuilles de la plante qu’elles aiment. Cette efpece de che¬ nille a feize jambes, elle refie petite, fa couleur cfi d’un verd blancheâtre; elle a des poils médiocrement longs, rangés au moins fur quatre rangs de tubercules; les poils, en s’élevant, s’écartent les uns des autres. Pour fe mettre en crifalides , elles s’attachèrent au poudrier. Les crifali- des, vues du côté du dos *, font prefqu’auffi velues que les chenilles, & en 11e les regardant que de ce côté-là, on aurait afies de peine à s’afiùrer que ce font des crifalides. Les papillons des miennes fortirent vers la mi-Aoufi, J’ai négligé de remarquer combien de temps précifemcnt ils avoient été en crilàlide, mais je ne crois pas qu’ils y ayent été plus de quinze jours. Les chenilles d’où ils ve- noient étoient nées vers le commencement de Juillet. Je n’ai pas encore l’hifioire afies complette du papillon blanc à ailes en plumes du premier genre; il vient d’une chenille qui différé peu de la précédente, mais qui eft plus velue *: elle ne s’efi pas mife en crifalide chés moi. * pi. 20 F‘g- 7 - * PI. 20 Fig. 9. S 328 MEMOIRES POUR l'HîSTOIRE Nous avons affés dit que nous pendons qu’on ne devoit faire uiage des couleurs que pour diftinguer les unes des autres, les elpeces des papillons. 11 y en a dont toutes les ailes font d’une même couleur, d’autres dont les ailes inferieures font autrement colorées que les lu péri eu res. Les couleurs du deffous de la même aile font fouvcnt differentes de celles du deffus ; quelques ailes font prel- qu’entiercmcnt d’une couleur fimple , d’autres d’une couleur compofée. Quelques-unes n’ont qu’un bord d’une couleur differente de celle du refie ; d’autres n’ont que quelques taches d’une autre couleur que celle du fond. Entre les taches, il y en a de rondes, compolcesde dif¬ ferentes couleurs nuées, & diftrihuées par bandes circu¬ laires & concentriques, qui imitent la figure des yeux, & qui en portent le nom. D’autres ailes font toutes remplies de taches de differentes couleurs ; les couleurs font éten- © dues par rayes fur quelques-unes, fur d’autres par ondes: enfin, on y .ohfcrve toutes les variétés imaginables, & nous en avons affés parcouru jufqu’ici, foit de couleurs, foit de forme, pour donner idée de la grande quantité de pa¬ pillons que l’Auteur de la nature s’eft plu à produire, & à diverfifier fi fingulierement. Nous ne parlerons point actuellement des ailes où l’or & l’argent femblent répandus tantôt avec profufion, tan¬ tôt avec art; de celles qui font nacrées, ou qui ont des taches qui femblent de nacre. Nous avons déjà dit qu’il y en a qu’011 appelle des nîles vitrées, nom qui leur a été très-bien donné, parce qu’elles ont des parties plus ou moins grandes, qui ont une forte de tranfparence. Ce font des ailes dont la membrane n’eft pas par-tout recouverte cl'écailles; les endroits où elle n’en a pas, ont de la tranf¬ parence, & femblent autant de petites vitres. EXPLICATION des Insectes. 329 EXPLICATION DES FIGURES DU SEPTIEME MEMOIRE. Planche XIII. La Figure 1, eft celle de la belle chenille à corne du titimale à feuille de cyprès, actuellement cramponnée le long d’une tige de cette plante, & mangeant une de fes feuilles. Il y en a de plus grandes que celle de cette Figure. La Figure 2, eft celle de la crifalide de cette chenille» vue par-dcftiis. La Fig. 3, eft celle de la même crifalide, vûë par-deftous. La Fig. q., eft celle du papillon de cette chenille, qui eft de la première clafte des phalènes, dansJa polition ordinaire. La Figure 3. eft celle du même papillon qui vole. La Figure 6, fait voir le même papillon par-deftous.' La Figure 7, eft celle d’un papillon mâle, dans là po- fition ordinaire. La Figure 8, eft celle d’un papillon qui appartient en¬ core à la première clafte des phalènes, qui eft pourvu d’une trompe extrêmement longue. La Figure 9, eft celle d’une des ailes inferieures du pa¬ pillon de la Fig. 8. Planche XIV. La Figure i, eft celle d’un papillon qui vient d’une chenille verte à corne fur le derrière, que je n’ai pas nour¬ rie, & dont j’ai eû feulement les crifalides. La Fig. 2, eft celle du papillon à tête de mort. J’en ai eu de plus petits, & d’un peu plus grands que celui de cette Figure. La Figure 3, eft celle d’une des ailes inferieures de ce Tome I . T t 33 o Mémoires pour l’Histoire papillon ; une partie f b de cette aile, efl pliée fur le relie. Ce pli fubfifle, tant que le papillon ne vole pas. La Figure A, efl celle de la corne que porte fur le der¬ rière, la chenille qui donne le papillon de la Figure 2. La Figure 4, efl celle d'une chenille rafe, à lèize jam¬ bes , de i’ofeille. La Figure 5, efl celle de la crifalide de cette chenille. Les Figures 6 & 7, font celles du papillon de cette chenille. 11 efl de la fécondé claffe, & par Ion port d’ailes du premier genre de cette clalfe. La Figure 8, efl celle du même papillon vu par-deffus, ayant les ailes ouvertes. La Figure 9, efl celle du même papillon vu par-deffous, La Figure 10, efl celle d’un autre papillon delà même claffe, & du même genre que le précèdent, qui vient auffi d’une chenille qui entre en terre pour le metamorphofer. La Figure 1 1, efl celle d’une chenille verte, raie, & à feize jambes, de l’ortie. La Figure 12, efl celle du papillonnoélurnede cette chenille, vu par-deffus; il efl de la fécondé claffe, & du fé¬ cond genre de cette claffe. La Figure 13, efl celle du même papillon, vû par- deffous. Planche XV. La Figure 1, efl celle d’une chenille rafe & verte, à feize jambes, qui vit de feuilles de chêne; Ion derrière efl fait en poupe de vaiffeau. La Figure 2, efl celle de la même chenille, qui a été deffinée dans un âge plus avancé ; on lui voit mieux la forme du derrière. La Figure 3, reprefente un paquet de feuilles que cette des Insectes. jji chenille a liées enfemble, & au milieu dcfquelles eile s’eft filé une coque mince, clans laquelle elle sert mile en crifaiide. La Figure 4, eh celle du papillon qui eft venu de cette chenille, vû par-deflus; il cil de la fécondé clafle, & du fécond genre de cette claffe; il porte lés ailes parallèles au plan de pofition; les côtés intérieurs de chaque aile fu- perieure, font appliqués l’un contre l’autre. La Fig. 5, eft celle du même papillon, vû par-deflous. La Figure 6, eft encore celle d’un papillon qui vient d’une chenille raie, qui vit fur l’ortie. Ce papillon eft de la fécondé dallé, & du troiliéme genre; la partie fupe- rieure de fes ailes lé moule fur le corps, elle en prend bien l’empreinte; le refte des mêmes ailes eft parallèle au plan de pofition. La Figure 7, eft celle d’une feuille de lilas, fur une par¬ tie de laquelle eft une efpece de toile délais, qui 11e laide qu’entrevoir une chenille qui eft deffous. La Figure 8, eft celle de cette petite chenille du lilas. La Figure 9, eft celle du papillon qui vient de la che¬ nille de la Fig. 8. il eft de la lêconde dallé, & du quatrième genre de port d’ailes; lés ailes fuperieures, parallèles au plan de pofition, laiiïént à découvert une bonne partie des inferieures. La Figure 10, eft celle d’un papillon qui a encore le port d’ailes du quatrième genre, mais qui écarte plus les ailes du corps que celui de la Fig. 9. il eft de la quatrième dallé, c’ell-à-dire, qu’il a des antennes à barbes de plumes, & une trompe. Les Figures 1 1 & 12, reprefentent, en deux attitudes différentes, l’arpenteulê à dix jambes qui donne ce pa¬ pillon. Ttij 332 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE La Figure i 3, efl celle de la crilalide de cette chenille. Planche XVI. La Figure 1, efl celle d’une chenille qui vit des feuilles & des Heurs de la jacobée, & de celles du léneçon. La Figure 2, efl: celle de la même chenille roulée. La Figure 3, reprefenteen c, une crilalide decetteche- nille qui efl entre quelques pétales de la fleur. La Figure 4, efl celle du papillon de cette chenille, vu de coté; il efl de la fécondé clafle, & du cinquième genre, portant les ailes en toit aigu. La Figure 5, efl celle du même papillon, dans une vûë où fes deux ailes fuperieures parodient. La Figure 6, efl celle du même papillon, qui a éloigné fes ailes fuperieures de fon corps, elles laiflent à décou¬ vert le defliis des ailes inferieures. La Figure 7, fait voir le ventre, & le deffous des ailes de ce même papillon. La Figure 8, efl celle d’une chenille velue fur les côtés, qui a feize jambes; elle a tout du long du dos une belle raye rouge, & fur chaque côté une raye blanche; elle fe nourrit de feuilles de poirier, & de celles de prunier. La Figure 9, efl celle d’une coque de cette chenille, attachée contre une feuille de poirier. La Figure 10, efl celle de la crilalide de cette chenille. La Figure 1 1, efl celle du papillon, il efl de la cin¬ quième claire; il a.des antennes à barbes de plumes, & il manque de trompe; il porte lès ailes en toit aigu. Les oeufs de ce papillon lont de petites fpheres, dont un lègment a été emporté; ils font petits,& blancs. La Fig. 1 2, efl celle d’une petite chenille rafe, du chou. Les Figures 13 & 14, lont celles du papillon de cette des Insectes. 333 chenille qui porte les ailes en toit, & qui eft de la fécondé clalfe. La Figure 1 5, eft en grand la tête d’un papillon fans trompe. On a abbaiffé les barbes qui étoient entre les yeux, & qui auroient pû cacher la trompe, s’il y en avoit eu une; mais ces barbes ôtées, on ne voit point de trom¬ pe, parce que le papillon n’en a pas, au moins de lenlible. Planche XVII. La Figure 1, efï celle d’une chenille qui vit dans l’in¬ térieur des troncs de chêne, d’orme, & d’autres arbres. La Figure 2, rcprefente en grand fa tête, vue par- delfous. I, la levre fuperieure. DD, les deux dents qui font plus aiguës que celles des chenilles ordinaires, & qui le rencontrent l’une l’autre fous un angle plus aigu; aulfi celles-ci ont-elles à percer le bois. N AIN, les trois parties dont elt compoiée la levre inferieure. Du haut de la partie Al, il fort un gros filet, qui eft la filiere. Ici cette fîliere paroît tomber fur les dents, parce qu elle efï vûë de front; mais elle fait au moins un angle de quarante-cinq degrés avec la levre d’où elle part. La Figure 3, eft celle de la crifalide de cette chenille. La Figure 4., eft celle d’un morceau de bois fur lequel eft le papillon, P, de la chenille de la Fig. 1. il eft de la 3- me clalfe; lès antennes font coniques, & il lia point de trompe. Le port de lès ailes eft du fixieme genre, ou en toit arrondi. ddd, marquent fur ce même morceau de bois, le con¬ tour d’un endroit où le bois a été percé par la chenille, & ou l'ouverture a été remplie de xCiure liée par des fils de foye. C', eft une partie de la coque dans laquelle la chenille T t iij 334 Mémoires pour l’Histoire s’étoit enfermée pour le mettre en crifalide. Cefl le fourreau de la crifalide fort défiguré, qui efl refié dans l’ouverture de la coque par où le papillon efl forti. La Figure 5, efl celle du papillon mâle, vu par-def- fous. C’eil la femelie qui efl vûë par-deffus, Fig. 4. La Figure 6, ell celle du morceau de bois de la Fig. 4. dont on a emporté une partie, & aulîi une partie de la coque, pour faire voir l’interieur de cette coque, qui efl très-poli, quoique Ion extérieur c c, foit tout grainé. La Figure 7, efl celle d’une antenne de ce papillon, vûë au microfcope. La Figure 8, ell celle d’une petite partie de l’antenne, Fig. 7. reprefentée très en grand, pour faire voir les lames l, m, que le microfcope fait découvrir fur une de les faces. Ces lames font veluës, ou faites de poils. La Figure 9, efl celle d’un papillon, dont le port d’aîles efl du feptieme genre, & qui cil de la fécondé claffe; il efl large d’épaules. Celui-ci vient d’une petite chenille raie de l’érable. Les Figures 1 o & 1 1, font celles d’un papillon dont le port d’ailes efl du huitième genre, ou dont les ailes em- brafTent le corps, à la maniéré de celles des oifeaux. Ce papillon efl de la fécondé claffe, il vient d’une chenille du fufain, dont nous parlerons ailleurs. La Figure 12, efl celle d’un petit papillon, qui donne un exemple d’un neuvième genre de port d’aîles, de celui que nous avons nommé en queue de coq. Quoique ce papillon foit affés petit, il efl pourtant beaucoup plus grand que nature; il vient d’une très-petite chenille,dont nous parlerons ailleurs, qui fe tient dans l’interieur des feuilles de l’orme femelle. des Insectes. m Les Figures i 3 & 14., font celles d un papillon, dont îes ailes embraffent le corps, &. le contournent pour pafler du côté oppofé à celui de leur origine. Une des ailes l’u- perieures couvre une grande partie de l’autre aile fupe- rieure. C’elt le dixième genre de port d’ailes. Ce papillon ed de la lèconde clalfe. Planche XVIII. La Figure 1, ed celle d’une chenille rafe qui vit fur le cerifier, fur le prunier, & fur l’épine, & qui ed encore jeune. La Figure 2, reprefente un des tubercules, t } qui font furie corps de cette chenille, grolfi au microfcope; il s’en éleve un poil,/;. La Figure 3, ed celle de la chenille de la Fig. 1, parve¬ nue à l'on dernier terme d’accroilfement. La Figure 4., ed celle de la coque dans laquelle cette chenille fe renferme pour le metamorphofer. La Figure 5, ed celle de la crilalide de cette chenille. La Figure 6, ed celle du papillon mâle qui fort d’une des chenilles de l’elpece précédente, vû de côté, & pen¬ dant qu’il ed en repos, a, une de l'es antennes. c, l'on corcelet, qui ed fi couvert de longs poils & de longues écailles, qu’il l'emble letre d’une elpcce de toil'on. e, l’endroit qui fait paraître ce papillon comme en- l'ellé. La Figure 7, ed celle du meme papillon qui tient les ailes parallèles au plan depofition, comme il les y tient lorfqu’il marche. La Figure 8, ed celle du même papillon, yû du côté du ventre. 33 6 Mémoires pour l’Histoire La Figure g, efi celle d’un papillon femeile, venu de la même chenille, defïinée fur un papillon mort. La Figure i o, cli celle de la tête du papillon grolfie au microlcope. aa, les endroits où les deux antennes ont été coupées. t, i, les yeux. On a ôté les deux barbes qui étoient entre eux deux, pour mettre à découvert deux corps blancs & oblongs, tt, qui paroi fient être deux parties analogues aux trompes ordinaires. Nous mettons cependant au rang des papillons fans trompe, ceux qui n’ont que de pareilles parties, dont la figure n’eft pas la même que celles des autres trompes, & qui d’ailleurs font très-petites. La Figure i i, ell celle d’un petit papillon fingulier en ce qu’il paroît avoir deux cornes, cc. La Figure 12, eft celle du même papillon reprelenté plus grand que nature, pour rendre plus fenfibles les deux cornes ce. Ses antennes font à filets coniques; une d’elles, a, eft ici couchée fur une des ailes. La Figure 13, efi celle d’une portion de feuille de bouillon blanc. En é, efi la tête d’une petite chenille, dont le corps efi caché fous le duvet b d, qu’elle a enlevé de la feuille de cette plante. La Figure 1^, efi celle de cette chenille qui efi toute brune. C’efi, je crois, la chenille d’où vient le papillon de la Figure 1 1. La Figure 15, efi celle de la tête du papillon de la Fig. 11, grolfie au microlcope. a, une des antennes. i, un œil. b dc,bc, les deux barbes, ou cloifons barbues, entre lef- quelles paroît vers b, le rouleau formé parla trompe. bd, la 337 des Insectes. b d, la tige d’une des barbes. de, elpece de corne par laquelle cette barbe fe termine. Quand la tige bd fe courbe, & s’applique fur la tête, la partie d ie trouve du côté du dos vers le commence¬ ment du corcelet, d’où la corne c d paroît partir. La Figure 16, cd celle d’un papillon qui femble avoir un mufeau allongé, une forte de nez de beccade. Ce mufeau, ce nez elt encore formé par les deux barbes, ou cloifons barbues, entre lefquelles la trompe elt logée. La Figure 17, ed celle de la tête de ce papillon, groflie au microfcope, & vûë par-deffous. a a, les antennes. b d, b d, les deux barbes. C’ed un peu au-dcdùs de l’ori¬ gine b de ces deux barbes, que la trompeedpla¬ cée entr’elles deux. La Figure 18, un peu moins grandie que la Figure 17; Lit voir la trompe t, qui a été déroulée & tirée d’entre les cloifons barbues. La Figure 19, ed celle de la tête du même papillon, vûë de côté, aa, les antennes. i, un œil. b d, une des lames barbues. d d, Lit voir comment le bout de chacune de ces lames ed entaillé. La Figure 20, montre les deux lames barbues bd, bd, écartées l’une de l’autre, au lieu qu’elles font appliquées l’une contre l’autre dans les Figures 17, 18 6 c 19. ii, les yeux. La trompe paroît roulée entre les deux lames à la hauteur ii des yeux. O11 voit aufli, dans cette figure, que les faces de ces James font couvertes d’écailles fcmblables à celles des ailes des papillons. Tome /. . V V 338 Mémoires pour l’Histoire Planche XIX. La Figure i, efl celle d’une coque de foye qui a été filée par une arpenteulè du chou, à douze jambes, ou à quatre jambes intermediaires. La Figure 2, efl celle du papillon de cette chenille. Il porte des huppes fur le corcelct. La Figure 3 , efl celle des huppes du papillon pré¬ cèdent , reprefentées plus en grand. H, la plus haute de ces huppes, formée en tuyau creux, dont la cavité efl: tournée vers la tête. K , la 2. me huppe, plus petite que la première, & dont la cavité efl tournée vers le derrière. Les Figures 4. & 3, font celles d’une chenille qui vit fur le prunier, & fur-tout fur le prunier fauvage, dont le papillon femelle a de fi petites ailes, qu’on a peine à les apperccvoir. Elle a fur le dos des broffes de poils, & plu- fieurs grandes aigrettes de plumes en d’autres endroits. La couleur de fa peau efl d’un agathe rougeâtre. Elle a fur chaque anneau, excepté fur ceux où font les broffes, huit tubercules; ceux des rangs fuperieurs font d’un rouge peu vif, & ceux des quatre rangs inferieurs d’un jaune de paille. a a, les deux grandes aigrettes, qui tirent leur origine du premier anneau, d’auprès de la tête, & que la chenille porte en devant. Ib, Fig. 5. les aigrettes des côtés, étendues comme des bras; elles manquent à quelques-unes de ces chenilles; d’autres n’en ont qu’une de chaque côté, & d’autres en ont deux de chaque côté. c, l’aigrette qui efl près du derrière. d, Figure 4., les quatre broffes jaunes qui font far le des Insectes. 339 dos. Chacune d’elles elt formée parles poils qui partent de deux tubercules, & qui viennent le rencontrer vers le milieu du dos. La Figure 6, efl celle d’une dépouille de la chenille. La Figure y, cil celle d’une des aigrettes de la tête, reprefentée en grand, pour faire voir l’arrangement des plumes dont elle elt compofée. La Figure 8, elt celle d’une des plumes de l’aigrette de la Fig. y. encore plus grolfie, où l’on voit la dilpofition des barbes que porte fa tige. Les barbes les plus grandes. Si les plus proches du bout fuperieur, font noires ; les autres barbes, & la tige, ne l'ont que brunes. Les Figures 9 & 10, font celles des crifalides de cette chenille, vues de differents côtés. La crilalide de la Fig. 10. elt celle d’où doit fortir un papillon mâle, ou un pa¬ pillon qui a de grandes ailes. La Figure 1 1, grolfie au microfcope, eft celle d’une crilalide d’où doit fortir un papillon femelle. La Figure 12, elt celle du papillon femelle. La Figure 13, ell celle du même papillon, qui a étq grolfie, pour rendre les ailes plus fenhbles ; il a quatre ailes très-veluës. Le papillon, en entier, elt très-velu. Il elt d’un gris file, cendré. La Figure 14, elt celle d’une coque de foye dans la¬ quelle la chenille s’eft mile en crilalide, & fur laquelle le papillon femelle, qui en elt forti, a dépofé les œufs, ce qui leur elt alfés ordinaire. La Figure 1 5, elt celle de la coque de la Fig. 14. repro fentée en grand, mais fans œufs. La Fig. 16, elt celle d’un œuf de cette chenille, grofi. La Figure iy,au haut de la planche, elt celle du pa¬ pillon mâle de cette chenille, qui a des antennes en Vv ij 34 O MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE plumes, & qui n'a point de trompe femblable aux trom¬ pes ordinaires, ou lènfible à la vue fimple. La Figure 18, efi celle de la tête de ce même papillon, vue par-deiïous, & en grand, à qui on a ôté une des barbes qui étoient en jetté l’atitre barbe 2?, fur le côté, pour mettre à découvert l’endroit où devroit être la trompe. On voit alors deux petits corps, / 1, un peu plus gros dans cette figure, qu’ils ne devroient l’être; il y a grande apparence qu’ils font la fondtion de trompe. La Figure i 9, au bas de la planche, efi celle d’un pa¬ pillon à ailes en plumes, du 3. 1I1C genre de ceux dont les ailes rclfemblent le plus à celles des oifeaux; il efi vû par- defiùs. La Fig. 20, efi celle du même papillon, vû par-deflous. La Figure 21, reprefente le même papillon plus en grand. On y voit les plumes des ailes garnies de barbes, & que les barbes d’une des plumes fe joignent aux barbes de la plume fuivante. La Figure 22, reprefente en grand deux plumes de la même aile, & fait mieux voir l’elpece de goutiere qui fie trouve entre les barbes de deux differentes tiges, & com¬ ment les barbes d’une tige vont rencontrer celles de l’autre. La Figure 23, efi en très-grand, celle d’une des barbes des plumes de la Figure 22. Planche XX. La Figure 1, efi celle d’un papillon blanc à ailes de plumes, vû du côté du dos, ayant les ailes très-ouvertes. La Figure 2, efi celle du même papillon, qui a les ailes moins ouvertes. La Figure 3 , efi aufii celle du même papillon, vû du côté du ventre, & reprefenté beaucoup plus grand que des Insectes. 341 nature, ayant les ailes ouvertes, afin qu’on puiffe voir leurs divilions, ou le nombre des plumes dont elles l'ont com- polees. La Figure 4, reprefente encore plus en grand les deux ailes d’un même côté. a b, l’aîle fuperieure. c de, l’aîle inferieure. Les Figures 5 & 6, font celles des chenilles velues qui donnent cette efpece de papillon. La Figure 7, elt celle d’une chenille qui donne un papillon à ailes en plumes, d’un genre different du prece¬ dent, & qui elt aulfi d’une couleur differente; il elt d’un brun clair. La Figure 8, elt celle de la crifalide de cette derniere chenille, vûë du côté du dos. La Figure 9, elt celle de la même crifalide, grolfie, afin de rendre les poils plus diltinéts. La Figure 10, elt celle de la même crifalide, de gran¬ deur naturelle, vûë du côté du ventre. La Figure 1 1, elt celle de la crifalide, plus grande que nature, vûë du même côté que dans la Figure 10. La Figure 1 2, elt celle du papillon qui fort des crifa- lides précédentes, vu du côté du dos. La Figure 13, elt celle du même papillon, vu du côté du ventre. Les Figures 14 & 15, font celles du même papillon, fort grolfics. Dans l’une, il elt vu du côté du dos, & dans l’autre, du côté du ventre. On peut remarquer dans l’une & dans l’autre de ces figures, une pofition des jam¬ bes polterieures, qui ne le trouve pas dans les Fig. 12 & 13. La Figure 16, elt celle d’une des ailes fuperieures de V v üj 342 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE ce papillon, reprefentée feparement, & plus grande que nature. La Figure 17, eft celle d’une de Tes ailes inferieures, groflie comme l'eft celle de la Fig. 16. La Figure 18, fait voir l’aile fuperieure, & l'aile infe¬ rieure. a b, eft l’aile fuperieure. ne, a f a g, compofent enfemble l’aile inferieure, dont les trois plumes font ici écartées les unes des autres. Quand elles lont raffemblées les unes auprès des autres, plus quelles ne le font dans la Figure 17. l’aile fuperieure a b, leur fert detuy. P/,ij. fc/.r. £ /i/fV;/ ~ . ,/r’ //>r '/. ,/<\ ~ /nJnefes. -fiŸ- -4- X’/i h ’tryC ‘ o ^ ircrL yiv^ ' ‘"‘‘T // '? /•■•■' ..-V-- Afemy S, /&>/ /„s.-.-/rs j p i. /I». j < * •ü. . <££■ Sctdp .i{>. v. 3 4. 2. yVftzryi. 7 . l/f? l^/ptJiÿ. d&f Truccts-J £ U?. 2 fvo. y FÙ?- 7 F&- 8 F&- + Fi? 1 3 2, / 1 rf if.pa?. 3 4 J sHetn 7 . Js ÏO,jt <ÜJ Insecte-J. Ftp. -* Fu? S Ftp. 6 ^ Fy $ / *- Scdf fui- ô tO'O / /$'/ fu,. 6 C ru? • 1+ Pl. Ij.pay. 34 -i . Af&rL.j. de I/iut d&s hurectes. (rr&fr** . mI. 'T& \ f t— ? O à '■ 2. ^ 2 3 /’’?•?■ 34 2 . Af&rv.y. /i&st-, ,/ c - s J,u- t 'ezF&s. F u &■ 3 ***** ■ - •. Fia. 7 Fu?. zS Fia. F Fia- S Fia. F,a. Fia * Sa,Jp lW>/> i _-/*■' fi' ■ 6*" I WtfPH ■/M' Jÿ< des Insectes. 3 a- HUIT IF AIE ME MOIRE. DES CRISALIDES EN GENERAL; Et à quoi de réel fe reduifent les transformations appa¬ rentes des chenilles en crifalides, dp des crifalides en papillons. N O us avons dit, nous avons même été obligés de le dire plus d’une fois, que tous les infedes qui par¬ viennent de l’état de chenille à celui de papillon, partent par un état moyen, qui eft celui de crifalide. Les crifali¬ des font connues fous un autre nom par tous ceux qui élevent des vers àfoye, ils les appellent des feves. En general, leur figure approche de celle d’un cône, au moins prefque toutes ont leur partie pofierieure de figure coni¬ que. Sous cette forme, l’infède ne paroît avoir ni jambes ni ailes; il ne peut ni marcher ni fe traîner; il fcmble à peine avoir vie ; il femble réduit à être une marte mal organifée; il ne prend aucune nourriture, & n’a point d’organes pour en prendre. Sa partie pofterieure eft la feule qui paroifle animée, elle fe peut donner quelques mouvemens, quelques inflexions fur les jointures des anneaux qui la compofent. Leur peau, ou leur enveloppe extérieure, femble car- tilagineulê; on juge que fi elle étoitaurtl épaifle que l’ef- pcce d écaillé qui recouvre les écrevifles, elle paroîtroit de même nature. Elle ert commun.ement rafe, & même ürte. On voit pourtant quelques efpeces de crifalides qui * ont des poils iemés fur leur corps *. Il y en a même Fig. 3. * PI. 21. Fig. 13. P | Cf 1 2. & 3. * Fig. 1,8, 12. les élévations formées par les quatre ailes ; il y en a deux dans chaque plaque; elles y font pofées l’une au-deffous de l’autre, & font réduites à avoir une étendue bien differente de celle qu’elles ont dans le papillon en état de voler. Entre ces ailes refte un efpacc triangulaire qui eft rempli par tous nos petits reliefs en forme de bandelettes : qu’on s’attache à les fiiivre, & on verra que les uns font les antennes*, * le, le. que les autres font les jambes *. Toutes ces parties font * 11 . étendues en ligne droite, quoiqu’elles ne foient pas auffi allongées qu’elles le font dans le papillon. Enfin dans les crifalides des papillons à trompe, on trouve la trompe, qui, au lieu d’être roulée en reflort de montre, comme Tome L , Y y * PI. 22. Fig. 7. t 0. & Pi. 23. Fig. 6 . to. 354 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE elle l’eft dans le papillon qui ne fucce point les fleurs, eft étendue, comme les autres parties, & au milieu d’elles, le long du milieu du ventre *. On diftingue donc fur la crifaiide, fi elle eft celle d’un papillon à trompe, ou celle d’un papillon fans trompe. Avec le fecours de la loupe, on reconnoît aufïi, en ob- fervant les antennes, fi celui qui en doit fortir eft de la chiffe des papillons diurnes, ou de celle des papillons noc¬ turnes. La forme des antennes en maffuë, & celle des an¬ tennes en maffe, ne laiffent pas de paraître au travers des enveloppes. Dans les crifalidcs de papillons à an¬ tennes à plumes, on va jufqtia diftinguer celle d’où doit fortir un papillon mâle, & celle d’où doit fortir un papil¬ lon femelle; les antennes de ce dernier font plus étroites, & n’ont pas autant de relief que celles de l’autre. Toutes ces parties font pourtant fi preffées les unes contre les autres, qu’elles femblent 11e faire qu’une même maffe; elles ont chacune des enveloppes particulières, & il y en a de plus une qui leur eft commune à toutes. Ce n’eft qu’au travers de ces enveloppes qu’on les apperçoit, ou plûtôt c’eft fur ces enveloppes qu’on reconnoît les moules des figures de chacune d’elles en particulier ; auffi n’efî-ce qu’avec quelqu'attention.qu’on les y démêle. Mais il eft un temps où elles font, pour ainlî dire, à découvert, c’eft le temps où l’enveloppe commune eft mince & tranf- parente, & où même elle 11’éxifte pas, & où toutes les autres enveloppes font tranfparentes ; & enfin un temps où l’on peut féparer fans peine toutes les parties extérieures les unes des autres. C’eft peut-être celui où on s’y atten¬ drait moins, celui où quelques auteurs ont dit que la cri- falide n’étoit qu’une efpece de bouillie; en un mot, c’efl celui où elle vient, pour ainfi dire, de naître, celui «ù elle vient de quitter la dépouille de chenille. Nous des Insectes. 35 5 rapporterons clans la fuite des obfervations qui appren¬ dront à faifir affés aifement ce temps favorable, quoique fa durée foit courte. La crifalide qui vient defortirdc la dépouille de che¬ nille, ef tendre & molle; par la fuite, fon enveloppe exté¬ rieure s’endurcit jufqu a devenir friable. La plupart même, dans ces premiers infans, ont le corps tout mouillé d'une liqueur vifqueufe; mais il n’en ell point, où l’on ne puiffe obfcrver alors de cette liqueur qui fuinte du delfous des ailes &de leurs bords, &qui fuinte généralement de tou¬ tes les parties qui font renfermées entre les ailes. Elle s’épaiffit & feche affés vite; elle colle enfembie des parties qui ne faifoient que fe toucher. Toutes celles qui en ont été mouillées fe trouvent par la fuite avoir une nouvelle enveloppe appliquée fur celle qui les couvre immédiate¬ ment. En même temps que cette liqueur gluante fe def- feche, & quelle prend la confidence d’une membrane, elle fe colore, & elle perd là tranfparence. De là il arrive donc que des parties qui ne tenoient nullement enfembie, lorfque la crilàlide a commencé à paraître au jour, fe trouvent réunies par la fuite; & que ces parties qu’on a pu obferver dans les premiers infans à travers une couche d’une liqueur tranfparente, font cachées enluite lous une cfpece de membrane opaque. C’cf auffi en oblervant la crilàlide, avant que cette liqueur ait eu le temps de lé¬ cher, qu’on voit très-diftinélementquelle n’eflqu’un pa¬ pillon, éc qu’on peut déparer les unes des autres toutes les parties extérieures qui lui font propres. On y reconnoît la tête qui ef panchée & recourbée fur la poitrine; les deux yeux fe font remarquer. D’au-deffus de chacun d’eux part une des antennes*, qui font ramenées, dans l’état * pr ordinaire de la crilàlide, en devant, comme le feraient Fig. 9. l'C deux rubans, ou deux bandelettes qui partiraient du deffus 7 ' Y y ij 3$6 Mémoires pour l’Histoire de la coéffurc d'une femme, 6t qui feroient conduites en ligne droite fur fon fein ; on y apperçcit des rayes tranf- verfales, toutes parallèles les unes aux autres, qui y font un fort joli travail, 6c qui marquent les differentes arti¬ culations. C’efl alors qu’on voit très-bien les ailes ; qu’on voit diflinélement qu’il y en a deux de chaque côté, 6e d’où elles partent chacune*; 6e pour fiiivre une compa- raifon que nous avons commencé à employer, qu’elles font ramenées fur la poitrine, comme le font quelquefois les deux barbes d’une cornette de femme , 6e accompag¬ nées par dedans par les antennes, comme par deux rubans** On trouve enfin, dans l’efpace que les aileslaiffent en- tr’ellcs, les fix jambes* 6e la trompe, fi le papillon en doit avoir une *, 6e enfin toutes les parties qui font les accompagnemens de la tète. Alors, en fe fervant de la pointe d’un canif ou de celle d’une épingle, on fépare aifement des autres la partie qu’on veut confiderer, on la place dans la pofition où on la veut ; ainfi on fépare les deux ailes du même côté, l’une de l’autre. La partie qu’on vient de découvrir en relevant les ailes, paroit toute mouillée de la liqueur vifqueufe, qui par la fuite les auroit collées enfemble, 6c qui les auroit auffi collées au corps. Enfin on trouve les infèrtions des jambes, & généralement celles de toutes les parties extérieures. If eft donc bien certain 6e très-vifibîe, que la crifalicîe n’efl autre chofe qu’un papillon, dont les parties font cachées fous certaines enveloppes, qui les collent toutes enfemble, qu’elle n’efl précifement, comme nous l’avons élit, qu’un papillon emmailloté. Dès que ce papillon aura acquis la force de brifer les enveloppes, dès.que fes ailes, fes jambes feront devenues capables de faire leurs fonc¬ tions, 6c dès que fes hefoins exigeront qu’il fe débarralfe des fourreaux qui ne lui feront plus qu’incommodes, il des Insectes. 557 s’en défera; toutes fes parties extérieures, devenues libres, s’étendront ou lé plieront, lé placeront & s’arrangeront comme le demandent les ufages aufquels elles lbnt defti- nées; en un mot, le papillon fera alors tel que le font ceux de fon cfpece. C’clî-là à quoi lé réduit la fécondé metamorphofe, celle decrilalide en papillon. La première metamorphofe ne différé de la fécondé, qu’en ce que le papillon fort foible du fourreau de che¬ nille, il en fort avec des ailes & des jambes qui ne fçau- roient encore lui fcrvir, au lieu qu’il fort vigoureux de celui de crifalidc. Un infeéle eft pour nous une chenille, tant que nous lui en voyons la forme, & pendant qu’il elt encore chenille pour nous, il elt aifé de le convaincre qu’il cft réellement papillon, ou, fi l’on veut, qu’il cil un papillon caché fous le mafque d’une chenille. Nous avons vu dans le q. mc Mémoire, que toutes les chenilles ont à fe défaire de plufieurs peaux dans le cours de leur vie : après les avoir quittées, elles continuent de paroître fous leur première forme; mais elles parodient crilaJides à nos yeux, quand elles fe font tirées de la dernière de leurs peaux. Nous fuivrons dans la fuite tous les mouvemens que fe donne l’infeéîe pour fortir de ce dernier fourreau : il nous fuffit à prefent de fçavoir qu’ils relfemblent, dans l’elfentiel, à ceux qu’il fe donne pour fortir des premiers; il parvient à obliger fa peau à lé fendre fur le dos, & dans cette derniere opera¬ tion , il fort par la fente en forme de crifalide, comme dans les premières il en étoit forti en forme de chenille. Qu’on jette dans de l’efprit de vin,ou dans quelqu’autre liqueur forte, une chenille dont la peau n’a que com¬ mencé à fe fendre, qu’on l’y lailfe périr,& même qu’on l’y lailfe pendant quelques jours, afin quelle y prenne plus de confidence, & qu’eile s’y durcilfe; on achèvera en- fuite foi-même le dépouillement avec affés de facilité. On Y y iij * PI. 22. Fig. 9. & P!. 23. Fig. 7. 358 MEMOIRES POUR L’HlSTOïRE en lèvera la peau de la chenille, & on trouvera deflous, la criialide, ou le papillon fbible; fes yeux, les ailes, les jambes & toutes les autres parties feront très-reconnoif- làbles *. Pour trouver les principales parties du papillon fous la peau de chenille, il n’elt pas même befoin d’attendre que le moment de la transformation l’oit fi proche. Si on fait périr une chenille dans fefprit devin ou dans le vinai¬ gre , comme l’a fait Swammerd^m, un jour ou deux avant celui où la transformation le devoit faire, & qu’on la lailTe dans la liqueur pendant quelques jours, afin que fes chairs s’y affermiflent, on parvient, avec un peu d’adrelfe & d’attention, à enlever le fourreau de chenille, & à mettre le papillon à découvert, & on peut reconnoître toutes fes parties. Une longue trompe, des ailes, des antennes, des jambesauffi grandes qu’on les trouve a la criialide, ne font pas l’ouvrage d’un in fiant; & dès que dans celui où la criialide commence à paraître, elle les a telles, il efi certain quelle les avoit lorfqu’elle étoiî cachée fous le fourreau de chenille. Pour peu qu’on veuille raifonner, on le convainc aufii-bien par raifonnement que leur exifience a précédé le temps de la transformation , qu’on en peut être convaincu par le dépouillement artificiel dont nous venons de parler. Mais ce dépouillement artificiel efinecelfaire pour nous inftruire d’un fait qui ne peut manquer d’exciter ici notre curiofité. La criialide avoit-ellc, fous la peau de chenille, une forme femblable à celle que nous lui voyons dans la fuite, excepté qu’elle étoit plus allongée! je demande fi les anten¬ nes, la trompe, les ailes, les jambes du papillon étoient pla¬ cées alors comme elles le font fur la criialide qui s’efi elle- même tirée à terme du fourreau de chenille! Le dépouil¬ lement artificiel fait voir que tant que les parties du papil¬ lon font contenues fous la peau de chenille, elles font des Insectes. 359 plus repliées, plus refîerrées, & autrement arrangées tpie fur la crifalide *. Les ailes, qui font deux plaques allés grandes, étendues fur la poitrine Si fur le ventre de la crifalide comme une efpece de mouchoir de col, font ici ramaffées de chaque côté en une efpece de cordon *, qui a affés de place pour fe loger dans la cavité qui eft entre le premier & le fécond anneau. Les antennes qui font ramenées en devant de la crifalide, & qui y font étendues, font pofées à plat fur la tête même du papillon, Si rou¬ lées de façon que la partie qui forme le fécond tour, eft appliquée fur celle qui forme le premier *. Si on fouleve alors une de ces antennes, la maniéré dont elle eft con¬ tournée la fiit paraître fcmblable à une corne de bclier. La trompe eft auffi roulée, mais le rouleau qu’elle forme efl: pôle à plat fur la partie fuperieure Si anterieure du crâne,.de forte quelle n’eft pas alors placée comme elle l’eft dans le papillon , ni comme elle l’eft dans la crifalide. Bientôt nous verrons aufti que les jambes du papillon font tout autrement difpofées alors qu’elles le font fur la crifalide. Toujours efl-il certain que toutes les parties du papillon font cachées fous le fourreau de chenille, mais elles y font d’autant plus ailées à trouver, que la transformation efl plus proche ; elles y font neantmoins en tout temps : il 11e s’agirait peut-être que d’une grande dextérité pour les découvrir dans des chenilles encore très-petites. On trouve même dans la chenille, des dépendances du papillon, qu’on ne devrait pas s’attendre à y trouver. M. Malpighi a vu les œufs du papillon dans une crifalide de ver à foye, qui n’étoit crifalide que depuis deux ou trois jours; j’ai cher¬ ché les œufs du papillon dans la chenille même, Si je les ai trouvés dans des chenilles du chêne, que j’ai nom¬ mées h oreilles *, dans un temps ou elles ne paroiffoient * pi. 24.] Fi s- s- * A a, A a. * II. * PI. 24., F'g- 1» 36o Mémoires pour l’Histoire nullement le difpofer à la metamorphofe, filrement plus de huit à dix jours avant quelles duffent perdre leur forme. Les œufs alors étoient à la vérité très petits, mais ils étoicnt très-reconnoi(Tables ; ils étoient bien ronds, bien formés, bien rangés à la file les uns des autres, comme le font les grains d’un chapelet. J’ai vu de femblables œufs dans une crifalide de quelques heures, venuë de la même che¬ nille, ils y étoient plus gros & rougeâtres, comme ils le font lorfque le papillon les dépofc. On ell partagé fur la première origine des elires orga- nifés; aujourd’hui pourtant la plupart des philofophes ne veulent admettre aucunes véritables productions déplantes & d’animaux; ils ne reconnoiffent que des développemens. Une plante, un animal nouvellement formés, ne font nouvellement formés que pour nous; ilsexilloient depuis que tous les eltres créés exillent ; ils font produits pour nous, quand des circonltances favorables les ont mis en état de s’étendre, de croître jufqu’à un point où ils font à la portée de nos fens. Quand il y auroit des productions réelles de plantes & d’animaux, comme d’autres philofo¬ phes le prétendent, il nous faudroit renoncer à expliquer comment elles fc font. Si on elfaye de fc faire des idées claires de la première formation de quelques corps organi- fés, on fent bientôt que la force de notre railbnncment, &: l’étendue des connoilfances qu’il nous ell permis d’avoir, ne fçauroient nous y conduire; il nous faut commencer au développement, à raccroilfement des eltres déjà for¬ més, fans tenter de remonter plus haut. Les limples dé¬ veloppemens ne nous prefentent encore que trop de dif¬ ficultés à refoudre: il cil vrai qu’ils nous permettent de faire des obfervations qui peuvent au moins nous donner des connoillânces fur l’ordre dans lequel ils fc font. La nature a employé differents moyens pour faire croître 3 6 1 des Insectes. croître jufqu’à leur dernier terme les corps animés. Le moment où les fœtus humains, < 5 c où ceux des quadru¬ pèdes fortent du corps de leur mere, eh le moment que nous prenons pour celui de leur naifTance: nous reculons plûtard celui de la naifTance des animaux que nous voyons iortir d’un œuf; le poulet naît quand il fe dégage de la coque. Selon ce langage, la naifTance du papillon eh, à proprement parler, le moment où il quitte la forme de crifalide. Mais au lieu que le poulet nouvellement éclos, que les foetus humains, & ceux des quadrupèdes, ont conlidcrablement à croître après leur naifTance, le papillon qui naît a fait tout Ton croît; en naiffant il a toute fa gran¬ deur, toute fa vigueur; il eh parfait papillon quand il naît. Liais auhi a-t-il à naître trois fois, fi nous prenons fa pre¬ mière naifTance à fa fortie de l’œuf II naît la première fois fous la forme de chenille, & c’ch fous cette forme qu’il doit prendre tout, ou prefque tout Ton accroiffement. Il l’a pris, quand il naît pour la féconde fois fous la forme de crifalide; car fi on fe donne la peine de bien dévelop¬ per la trompe, les antennes & les jambes d’une crifalide naiffante, non-feulement on les trouvera bien formées, comme nous l’avons dit ci-defTus, mais on pourra fe con¬ vaincre quelles ont la grandeur de celles du papillon par¬ fait. Nous prouverons même ailleurs que les ailes de la crifalide, quelque peu de place qu’elles occupent, ont toute l’étcnduë de celles qui foûtiennent le papillon dans l’air. Toutes les parties extérieures du papillon, fous la forme de crifalide, ont donc acquis leur véritable gran¬ deur; pendant qu’il rehe fous cette forme, elles n’ont à acquérir que plus de confidence & de folidité. Quoique Swammerdain ait beaucoup déclamé contre Harvée & contre quelques autres, qui appelaient des crifaiides des œufs, il me femble qu’on peut non-feulement les regarder Tome L . Zz 362 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE comme analogues aux œufs, mais qu'on peut prendre les chenilles elles-mêmes pour des œufs d’une efpece fmgu- liere. Si l’œuf dans lequel le poulet eft renfermé pouvoit s’étendre en tout lens, fi de plus cetœufavoit des organes, ou une ftrudture telle qu’il pût fuccer le fuc des grains fur lefqucls il feroit pofé, comme les plantes fuccent celui de la terre; en un mot, s’il croiffoit lui-même pendant qu’il fourniroit tout ce qui efl neceffaire à l’entier accroif- fement du poulet; le poulet fortiroit parfait, il fortiroit coq ou poule d’un tel œuf, que nous regarderions fans peine comme un œuf, tant que le poulet y feroit contenu. .Ce que nous voulons faire imaginer plus en grand, nous l’avons en petit dans ce qu’on appelle des ccufs defourmis, mais qui, comme nous le verrons ailleurs, ont des organes pour prendre de la nourriture, & qui croiffent avec l’inlééte qui s’y éleve. Ajoûtons des pieds à de pareils œufs, & nous en ferons prefque des chenilles. T ont cela veut dire feulement qu’il y a des infeétes qui croiffent dans des œufs qui font eux- mêmes en quelque forte animés; que la nature a produit des machines animales qui chacune fervent à faire croître une autre machine animale; que celle qui fert d’enveloppe à l’autre, lui ramaffe, lui prépare & lui diftribuë les alimens; & que quand celle qui les reçoit efl devenue affés forte pour fe foûtenir par elle-même, elle fe dégage d’un vête¬ ment organifé qui ne lui efl plus neceffairc, & qui lui efl même devenu incommode; que les animaux qui croiffent dans des œufs d’une telle ftruélure, font ceux dont l’ac- croiffement eft le plus avancé au moment de leur naif- fance : nous avons vu que des papillons avoient déjà le corps plein d’œufs bien formés, quand ils quittent cette enveloppe qui les faifoit paraître chenilles. Un papillon fous la forme de chenille, efl dans fon enfance; il 11 efl arrivé à l’état de perfection, à l’âge de des Insectes. 363 de force, que quand il paroît papillon. Dans ce dernier éfat, il ne le nourrit que du lue fluide que fa trompe tire des plantes, pendant que la chenille ronge & dévore les feuilles les plus dures. L’ordre ordinaire femble en¬ tièrement renverfé ici ; c’elt comme fi la nature ne nour- rilfoit que de lait les plus forts animaux, & quelle ne donnât aux foetus que des alimens folides. Mais le point de vue auquel nous venons de nous arrêter nous fait re¬ trouver l’analogie ordinaire. La chenille hache, broyé, digéré des alimens quelle diflribuë au papillon, comme les meres préparent ceux qui font portés aux fœtus. Notre chenille, en un mot,efl deftinée à nourrir & à deffendre le papillon qu’elle renferme. 11 lcroit lans doute très-curieux de connoître toute* les communications intimes qui lont entre la chenille & le papillon, de fçavoir précifement en quoi elles conlif¬ tent, & comment elles le font; mais elles dépendent de parties h hues & fi molles, qu’il ne nous efl prefque pas permis d’elperer de voir fur cela tout ce qu’il efl naturel de fouhaiter de voir. Contentons-nous de reconnoître quelles font les princi])ales parties propres à la chenille, celles qui n’appartiennent aucunement au papillon. Nous verrons qu’il y en a dont il fe dégage & qu’il rejette pour paroîtreen crifalide; qu’il y en a d’autres qui lui font trop intimement unies, & qui font trop liées & trop entrela¬ cées avec les parties intérieures; celles-ci fe delîèchent, s’effacent & le détruifent peu à peu. La dépouille qu'il vient de quitter nous montre les premières. On trouve feize jambes à quantité d’efpeces de chenilles, & on n’en trouve que fix à tout papillon, il y a donc alors dix jambes propres à la chenille, dont le papillon fe défait. Ce font les dix jambes membràheufes ; on les retrouve, ou au moins on en retrouve tout l’exterieur, jufqu’aux ongles, Z z ij 364 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE fur le fourreau qui a été rejetté. Mais il m’a paru qu’il y îivoit lieu de douter fi l’interieur des jambes, li les parties charnues qui les remplirent & qui aident à les mouvoir, étoient reliées à la dépouille. O11 léroit porté à croire que tes jambes font rejettées en entier; fi 011 confidere une crilalide de quelques jours, on y reconnoît bien leurs places, elles font marquées chacune par un petit enfon¬ cement, qui femble la cicatrice de la playe qui a été frite lorfque tes jambes ont été détachées : mais on porte un jugement tout different, fi on oblérve une crilalide qui ne vient que de naître, ou encore mieux, h on achevé foi-même de dépouiller une crilalide qui a commencé à frire des efforts efficaces pour fe tirer de fon fourreau. Dans cette derniere circonltance, fur-tout, on voit dif- tinélement de petites élévations charnues dans tes endroits qui répondoient aux jambes nrembraneufes de la chenille; elles font de figure conique, c’efl-à-dire, d’une figure qui étoit propre à remplir 1e fourreau d’où elles ont été tirées: on y apperçoit divers plis, tous parallèles à leur bafe com¬ mune, qui montrent que ces jambes fe retirent vers le corps du papillon, ou plutôt vers la membrane qui l’en¬ veloppe, & qui 1e contient dans la forme de crilalide. D’infîant en inflant ces parties charnues fe raccourciffent, elles deviennent de moins en moins lenfibles, & elles le font fi peu au bout de quelques jours, qu’il faut de l'at¬ tention-pour reconnoître leurs places; elles fe deffechent totalement; elles font attachées à une membrane peu pro¬ pre à leur fournir de la nourriture, puifqu’elle fedefficche elle-même journellement. Les pohtions des fix jambes du papillon donnent lieu de croire qu’elles étoient logées dans les fix jambes écail- Jeufes de la chenille, & celaeflauffi, quoique la longueur & la groffieur quelles ont, même dans la crilalide, puffent des Insectes. 363 enfuite flaire clouter de ce qui avoit paru d’abord très vrai- femblable. Ce que nous avons vû des poils de la nouvelle peau, qui, avant que de paroître, n’étoient point logés dans les poils de la peau qui doit être rejettée, ferait propre encore à augmenter ce doute. Mais pour avoir quelque choie de plus décifif que des vrai-lemblanccs, j’ai pris d’une main une chenille dont la crifalide étoit prête à fortir, dont la peau étoit déjà fendue fur le dos, & avec des cifeaux que je tenois de l’autre main, je lui ai em¬ porté plus de la moitié de trois des jambes écailleufes d’un même côté. Malgré ce mauvais traitement, la crifalide a continué les efforts pour achever defé dépouiller, & elle y efl bientôt parvenue. Il étoit alors aile de reconnoître fi les jambes du papillon avoient été logées dans les four¬ reaux écailleux de celles de la chenille; dans ce cas, la crifalide devoitavoir les trois jambes d’un côté mutilées; aulfi avoit-elle réellement trois jambes d’un côté, plus courtes que les jambes correlpondantes de l’autre côté. Quand j’ai ainfi coupé partie des jambes à des chenilles qui n’étoient pas auffi près de fe metamorphofer que celie dont je viens de parler, elles ont prefque toujours péri fans parvenir à fe dépouiller; je n’en ai eu qu’une, qui malgré une pareille operation, fe foit mife en crifalide, mais ç’a été avec trois jambes efîropiées. Enfin, j’ai fait périr dans l’efprit de vin des chenilles prêtes à fe metamor¬ phofer, & après les y avoir laifTées, pour y prendre plus de confidence, je les ai dépouillées moi-même, étant attentif à obferver les parties que je découvrois; j’ai vû qu’alors je tirois les jambes du papillon des jambes écailleufes de la chenille. Au refie, fî les jambes de la crifalide paroiffent plus longues & plus greffes que celles de la chenille où elles étoient renfermées, c’eft qu’elles y étoient pliées & com- Z-z üj 3 66 Mémoires pour l’Histoire primées, les frottements qu’elles fouffrent quand la crifà- iide les tire de ces fourreaux, les allongent & les déplient. Si on les obferve à la loupe, on y voit des rayes tranfver- fales toutes parallèles entre elles, & très proches les unes des autres, qu’on ne leur verra plus quand elles feront forties de la dépouille de crifalide. Ces rayes apprennent qu’elles étoient raccourcies comme l’eft un reflort à bou¬ din chargé de quelque poids: non feulement elles s’éten¬ dent en devenant libres, elles lé gonflent en même-temps; c’eft à quoi aide le lue qui y eft porté. La tête de la chenille comparée avec celle de la crila- lide, ou, ce qui eft la même choie, avec celle du papillon, nous fera voir encore plufieurs parties extérieures qui étoient eflenticlles à la première forme de l’inlèéle, & que fes dernières formes demandent qu’il rejette. Les dents, ou les efpeces de mâchoires, & les mufcles qui les failoient agir, relient attachés à la dépouille que la crifalide vient de quitter. Il n’y a ni papillon ni crifalide qui hle; cette flliere, qui eft une efpece de petit bec qui part de la levre inferieure, eft devenue un infiniment inutile, & eft aulïi line des parties dont la crifalide le défait; elle fe défait en même-temps de la levre inferieure à laquelle elle tenoit: cette levre, la fuperieure, & généralement toutes les par¬ ties qui formoient la bouche de la chenille, font rejettées avec la dépouille, elles ne peuvent plus fervir aux ufages aufquels elles étoient employées ci-devant. Tout papillon, au moins tout papillon à trompe, ne doit plus avoir une bouche reflemblante en aucune façon à celle des che¬ nilles, il ne doit plus couper des fragments de feuilles, ni les broyer, ni les avaler; ion aliment n’eft plus qu’un lue très fluide, qui eft pompé par la trompe. Voilà principalement à quoi fe réduit la metamorphofè qu’on peut appelier extérieure. 11 s’en doit faire une des Insectes. 367 intérieure, qui fans Joute n’eft pas moins confidcrable; des parties qui étoient propres à la chenille, & qui ne peuvent plus fervir à leurs anciennes fonctions, doivent périr, ou changer de conformation ; d’autres propres au papillon, doivent fe développer, croître, le fortifier. Mais la meta- morphofe intérieure, celle des parties contenues dans la grande capacité du corps, ne fe fait pas fubitement com¬ me la première; le temps que finfedïe pafie fous la forme de crifalide, eft employé à la rendre complettc. Les vaif- feaux à foye, par exemple, qui font fi confiderables dans plulieurs chenilles, fe voyent encore dans la crifalide née depuis peu; on les retrouve pendant plus ou moins de jours, félon que le papillon doit relier plus ou moins long¬ temps fous cette forme. Enfin, ils s'effacent, ils difparoif- fent entièrement, comme il arrive dans les animaux aux autres vailfeaux qui celfent de recevoir le liquide, qui avoit coutume de les remplir, & d’entretenir leur cavité. Nous avons déjà fait obferver que les aliments ncceffai- respour nourrir la chenille, font foiides & grolfiers, au lieu que ceux du papillon font fluides ; que les organes propres à ramalfcr les aliments de la chenille, à les conduire dans fon intérieur, font differents de ceux qui reçoivent & qui conduifent le fuc, qui eft la feule nourriture du papillon. L’œfophage, fefiomach, les inteflins; en un mot, tous les conduits intérieurs par où doivent paffer des aliments fi differents, font-ils les mêmes! Cet eftomach qui étoit rempli & gonflé par des feuilles affés mal broyées, qu’il étoit chargé de digerer, eft-il le même qui n’aura dans la fuite à contenir & à digerer qu’un peu de liqueur miellée l Un nouvel œfophage, un nouvel efïomach.de nouveaux inteflins, prennent-ils la place des anciens! C’efl ce qui paroît très vrai-femblable, & fur quoi nous n’avons pas en¬ core d’oblèrvations affés précifes. Celles que nous avons 368 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE iiiffifent pourtant j)our apprendre que des parties, confi- derables dans le corps de la chenille, difparoiffent pendant que l’infeéte eft fous la forme de crifalide; que dans ce fécond état, des parties qui n’étoient pas fenfibles dans le premier, fe développent; & que dans la crifalide, prête à paroître papillon, ou dans le papillon, la capacité du ventre eft occupée par des parties qui n’étoient point vifibles dans la chenille, 6c que celles qui l’étoient le plus dans le corps de la chenille, ceftent de l’être dans celui de la crifalide. Enfin, il fe fait dans l’interieur de la crifalide, mais plus à la longue, une metamorphofe aufli confiderable que celle qui nous a frappés, lorfqu’clle a rejette le fourreau de chenille. Il feroit à fouhaiter que M. Malpighi eut voulu faire jour par jour des obfervations fur les changements qui arrivent dans fintcrieure de la crifalide, femblables à celles qu’il a fai¬ tes fur l’incubation des œufs, ou que quelqu’habile anato- mifte voulût aujourd’hui fe charger de ce travail. Quelque jufte défiance que je doive avoir de ma dextérité pour des obfervations anatomiques fi délicates, je m’étois pourtant propofé l'été dernier de diftequer des crifalides qui font plus groifes que celles du ver à foye, 6c qui ne reftent fous cette forme que pendant 13. à 1 5 jours, d’en diftequer un grand nombre de jour en jour, depuis celui de leur transforma¬ tion, jufqu’à celui où le papillon doit prendre l’eftor. Une chenille que j’ai appellée à oreilles, oc qui vit fur le chêne 6c fur forme, m’avoit paru propre à fournir commodé¬ ment à tant de difteélions. Jamais il n’a peut-être paru plus de ces chenilles qu’à la fin du printemps de 1732. Le public a été généralement effrayé, 6c avec raifon, de la maniéré dont toutes les chenilles en general fcmbloient s’être multipliées alors, 6c l’efpece dont je parle eft une de celles dont il y ayoit le plus. Mais un événement auquel i e des Insectes. 369 je ne m’attendois pas, m’a empêché de faire les obferva- tions que je m’étois promilês, & le public y a gagné. Une eijjece de maladie épidémique le mit lieureufement lur ces chenilles, elle en lit périr fans nombre; neantmoins il en relia encore beaucoup qui lé transformèrent en cri- falidcs. JeralTemblai une grande quantité de ces crifalides, mais la mortalité continua fur eiles Dans certaines années, de cent crifalides il n’y en a quelquefois pas une qui ne fe transforme en papillon; & cette année là, de cent de ces crifalides, à peine y en avoit-il une ou deux qui devinflent papillon. Nous parlerons ailleurs des caufes d’une morta¬ lité fouvent défirable, qui, alors arriva mal à propos pour moi feul. Au défaut d’obfervations aulli détaillées que celles que j’eulfe fouhaitées, j’en rapporterai pourtant qui nous inl- truiront en general fur quelques changements qui fe font dans l’interieur de nos infeéîes. Plufieurs jours avant qu’ils quittent la forme de chenille, on obferve des chan¬ gements dans l’eftomach. Si on ouvre alors des chenilles, celle du maronnicr d inde, par exemple , l'eftomach , qui auparavant étoit un canal tendu, paroît pliffé, comme gau- dronné, ou pour parler comme a fait Alalpighi, de celui du ver à foye, il paroît un vaifteau variceux. Ce célébré auteur a très-bien obfcrvé que l’eftomach de cette pré- cieulé chenille, eft comme compofé de deux lacs de li¬ gures femblables, dont l’un fert de doublure à l’autre. L’exterieur eft fibreux, charnu & très-fort; il recouvre l’au¬ tre, qui eft fait d’une membrane mince, & fi tranfparente, qu’on n’y peut appercevoir de fibres. 11 a très-bien oblcrvé que cette féconde membrane de l’eftomach ne paroît avoir prefqu’aucune liaifon avec la première, & qu’on la fépare aifement de l’autre. J’ai trouvé cette même ftruéture à tous les eftomachs de chenilles; celle de leurs inteftins eft la Tome 1 . . Aaa 370 Mémoires pour l’Histoire même. Si on examine leurs excrements quelques jours avant qu’elles fe préparent à la métamorphofe, on recon- noît qu’ils ont entraîné avec eux cette membrane mince qui reveft tout le long canal Je l’eftomach & des inteftins; ce canal fe trouve dé doublé : on peut voir que cette membrane recouvre les excrements en partie, & quelle cil aufïi en par¬ tie mêlée avec eux. Quoique nous venions de la donner pourpeu adhérante à l’autre, peut-être l’eft-eile quelquefois trop, & peut-être que la chenille eft obligée de faire de trop grands efforts pour la détacher; au moins ai-je vu plufieurs chenilles, qui pour avoir apparemment fait de trop grands efforts, rejettoient alors tout leur eflomach, tous leurs inteftins par l’anus, & rejettoient l’anus lui-même, recon- noiffable par fon ouverture à fix pans. Après en avoir vû plufieurs dans cet état, je fus porté à penîèr qu’avant leur transformation, elles fe défaifoient de parties qui dévoient être inutiles au papillon; mais j’ai eû preuve que ce n’étoit là qu’une efpece de maladie, telle que ferait une trop violente colique, car toutes celles qui ont rejetté leur eftomach & leurs inteftins, ne fe font jamais transformées en crifalides, elles ont péri. D’ailleurs on trouve à toutes les crifalides nouvellement nées, ieftomach.de la chenille, mais encore plus gaudronné, plus plilfé & plus ratatiné, qu’il ne l’étoit avant la transformation. II fe plilfe de plus en plus, & M. Malpighi nous parle d’un temps, que je n’ai pas vû, où l’œfophage fe rompt; l’eftomach par confequent s’en fépare. Mais que devient alors cet eftomach , un autre prend-il fa place , l’ancien eftomach fert-il à former une certaine veffie qu’on obferve dans la crifalide prête à fe transformer en papillon, & qu’on ne voit point dans la chenille! C’eft fur tout cela qu’il relie à faire de curieufes obfervations en ouvrant des crifalides. de differents âges. des Insectes. 571 Nous avons parié ailleurs de ce corps graiflcux*, qui occupe feui la plus grande partie de la cavité du ventre de la chenille, qui feul y tient beaucoup plus de place que toutes les autres parties enfemble. On le retrouve encore élans la crilalide nouvellement éclofe, mais de jour en jour il paroît lé fondre; les va idéaux dont il elt compolé fe brifent, le hachent, à peine en trouve-t on quelques vcfti- ges quand le papillon le tire du fourreau de crilalide. Nous n’avons rien foupçonné fur les ulàgcs dans la chenille; mais ne pourrions-nous pas penfer avec vrai-femblance, qu’il elt le grand refervoir de la matière deltinée à nourrir, à fortifier, &. à faire croître les parties du papillon, pendant qu’il elt emmailloté fous la forme de crilalideî N’cft-il pas vrai-fcmblable que ce qu’ell le blanc d’œuf par rapport au poulet, ce corps que nous nommons graijfèux, i'eft par rapport au papillon en crilalide. Il femble que c’elt de ce corps fondu que vient une liqueur alfés claire & alfés tranf- parente,qui remplit le ventre de la crilalide. Je l’ai trouvée, cette liqueur, en fi grande quantité dans des crifalides, qui 1 etoient depuis deux mois, & qui dévoient l’étrc pendant près de dix, telle que celle de la belle chenille du titimale, que lorfque j’ouvrois leur ventre, il en tomboit une quan¬ tité d’eau, qui fembloit même plus grande que celle que la capacité ouverte pouvoit contenir. Je ne fuis point en état d’expliquer comment cette eau efi portée à toutes les parties du papillon, mais je puis défabufer fur la maniéré dont on paroît avoir crû jufqu’ici que le papillon fe fortifie lous la forme de crilalide. J’ai toujours entendu dire, & c’cfi l’idée qui fe prefentc la première, que la crifalide n’avoit plus befoin que de fe delfecher. On a imaginé que l’eau dont elle étoit trop penetrée, devoit fe diffiper peu à peu par l’évaporation, après quoi des parties du papillon, auparavant trop molles, Aaa ij 37^ Mémoires pour l’Histoire avoient une folidité fuffifante. Une crifalide refte pendant plufieursfemaines, & fouvent pendant plufieurs mois fans prendre aucun aîiment; pendant une dictte fi longue, il s’y doit affûrcment faire quelque évaporation. Mais à quoi le reduiroit Ion corps, li la plus grande quantité de la liqueur qui pénétré fes differentes parties devoit s’évaporer! Quei- ques-unesfont molles alorsau point detre prefque liquides pour nos fens groffiers. Quelque part où on faffe des blef- îiires à une crifalide nouvellement dépouillée, il en fort de i’eau; il s’en échappe même des parties qui dans la fuite feront les plus feclies & les plus fblides. Si on coupe une petite portion des ailes ou des antennes, auffi-tôt on voit couler beaucoup d’eau par la playe, quoique les unes & les autres doivent devenir par la fuite une efpcce de corne. Pour peu qu’on falfe attention à la quantité de liqueur dont ia nouvelle crifalide eflpénétrée, on n’eft plusgueres dil- pofé à penfer que la plus grande partie de cette eau fe doive évaporer; la maffe du papillon fe reduiroit à pref¬ que rien. 11 m’a paru qu’il étoit plus vrai-femblable que cette liqueur s’uniffoit, s’incorporoit davantage aux parties de la crifalide; qu’elle s’épaiffiffoit en s’y uniffant, quelle étoit employée à donner de la folidité aux parties, comme le ciiile, le làng, ou la lymphe font employés chés nous au même ufage; qu’au lieu que la liqueur qui nourrit le poulet, l’entoure extérieurement, la liqueur qui doit nourrir les parties du papillon crifalide, les baigne chacune en particulier; que les enveloppes qu’ont chacune de ces parties, étoient principalement deflinées à empêcher une trop grande évaporation, quelles failoicnt l’office de la coque de l’œuf. Pour fçavoir s’il falloit s’en tenir à cette derniere idée, j’ai pelé, dans le mois de Juillet, deuxeri- falides dans l’inftant quelles venoient de fortir du four¬ reau de chenille ; la plus iegere pefoit un peu moins de des Insectes. 375 dix-nuit grains, & la plus pelante en peloit un peu moins de dix-neuf. Je les ai renfermées feparement avec la note de leur poids. Je les ai rcpefées chacune tous les deux ou trois jours, pendant lëize jours confecutifs, c’elt-à-dire, juf- rcmier in fiant qu’ils for- tent Je la filiere, mais ils fortent de Ja tête, & on ne voit pas trop comment la chenille colleroit fon derrière avec des fils tirés d’auprès de fa tête; auffi n’efi-ce pas là comment elle s y prend. Mais ignorons encore pour un moment, les moyens quelle employé pour y parvenir; reprefentons- Fff iij 414 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE nous la chenille pendante en l’air: comment dans cette fituation l’infeéle va-t-il fe dépouiller de cette peau, 6c des parties qui lui donnent 6c la forme 6c l’état de chenille! Comment encore, 6c c’efl ce qui eh le plus difficile à imaginer, voit-on la crifalide pendue précifement dans la même place oit on a vû pendre la chenille î Quand la chenille s’efi attachée, tout ce qui appartient à la crifalide étoit recouvert par la peau de chenille, c’efl donc une partie propre à la chenille qui a été attachée; comment donc la queue de la crifalide fe trouve-t-elle par la fuite arrêtée dans ic même endroit où i’étoit une partie propre à la chenille! Enfin il cft à remarquer que la dépouille, la peau de che¬ nille n’efl plus dans la place où elle étoit attachée lorfqu’clle renfermoit la crifalide, on ne la retrouve plus, c’efl même envain qu’on la cherche; qu’efl-elledevenue! Ce n’efl qu’en voyant operer ces infeéles qu’on peut découvrir leurs myfleres, mais les momens de les voir operer font difficiles à faifir. Swammerdam, qui avoit tant obfervé les plus petits animaux, parle avec admiration de la maniéré dont les chenilles fie pendent, de la maniéré dont ces infeéles quittent alors leurs dépouilles; mais il en parle comme d’operations qu’il n’avôit jamais vu exécuter. Ce qui lui paroît furprenant, c’efl que la chenille fiche choifir pour s’attacher la feule partie de fon corps qui ne fe doit point dépouiller. Mais ce n’efl point là du tout ce qu’il y a ici d’admirable, la dépouille de la chenille, qui efl rejettée, efl abfolument complété; la partie qui a fervi à attacher la chenille, ne fert aucunement à attacher la crifalide. Ces manœuvres de nos chenilles, comme celles de fe lier au travers du corps, ont généralement échappé à ceux qui ont le plus étudié les infeéles, à ceux qui fe font fait lin amufement de nourrir des chenilles de toutes cfjieccs pour en avoir des papillons. M. Valifnieri mérite pourtant des Insectes. 415 detre excepté, il a vu une partie des procédés que nous voulons expliquer, mais il ne paroît pas les avoir vu bien complets, quelques-uns même des plus curieux, ne font pas du nombre de ceux qu’il a indiqués. Audi, entre ces procédés, les plus dignes de notre admi¬ ration font quelquefois fi prompts, qu’il n’eft qu’un hazard heureux qui puifTe les faire voir, lorfqu’on ne nourrit qu’une ou deux chenilles de la même cfpece; ce qui fuffit fouvent à ceux qui ne veulent que connoître les papillons des differentes chenilles. Comme j ’avois un autre objet dans mes obfervations, j’ai eu recours à l’expedient frmpledont j’ai parlé dans le huitième Mémoire, au moyen duquel on multiplie à fon gré des événements, qui autrement feraient très-rares, & on les multiplie à un point où il n’efl: pref- que pas poiïible qu’on puifle manquer de les voir. J’ai raflemblé un bon nombre de chenilles d’une de ces efpe- ces à qui je fçavois finduflrie de fe pendre par le derrière. Je les ai prifes dans un temps où les unes n’avoient plus befoin d’être nourries, & où les autres ne demandoient à l’être que pendant peu de jours. J’ai choifi par préférence • celles d’une efpcce très-commune, afin d’en avoir autant que j’en aurais befoin, & afin qu’on pût plus commodé¬ ment répéter mes obfervations, fi l’on en avoit envie. Des chenilles de plufieurs autres efpeces ont dans la fuite exé¬ cuté fous mes yeux les manœuvres fingulieres que les pre¬ mières m’avoient montrées; car il y en a beaucoup d’cfpe ces à qui cette façon de fe mettre en état de femetamor- phofer efl commune: elle l’efl généralement à toutes les chenilles épineufes que je connois, & elle n’eft pas particu¬ lière à celles qui font épineufes; il y en a de raies qui font femblablement pofées lorfqu’cllcs fe transforment. Des chenilles noires Si épineufes, de médiocre gran- ^ deur*, affés communes fur l’ortie, où elles vivent en focieté, Fig. 3, * 416 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE lont celles dont je fis une grande provifion , & celles auffi aufiquelles nous allons nous fixer. Au premier coup d’œil cette chenille paroît entièrement noire, & d’un très- beau noir; mais fi on la confidere de près, on apperçoit quelle efi toute picquée de points blancs, difiribués fur chaque anneau en deux rangs qui fuivent la courbure. Chaque anneau du milieu du corps porte fix épines; elle n’en a que deux fur Je fécond, & elle n’en a point fur le premier. Le déifions de fon ventre, & fies jambes inter¬ mediaires font d’une couleur rougeâtre, tant qu’elle efi petite, & même jufques à ce qu’elle ait changé de peau pour la dernicre fois. Elles vivent cnfcmble; c’cfi dans des toiles, quelles ont filées en commun, qu’elles chan¬ gent de peau. Lorfque le temps approche où les chenilles de cette cfpece doivent celfier d’être chenilles, elles quittent ordi¬ nairement la plante qui les a fourni jufques-là d’aliment. Après avoir un peu erré, elles fe fixent quelqüepart; & enfin elles fe pendent de façon que leur tête efi en bas, & que leur corps allongé fe trouve dans une polition verti¬ cale. Une de ces chenilles efi ainfi pendue dans la Fig. 4. PI. 25. elle l’efi à une feuille d’ortie; ce n’efi pourtant pas là la place qu’elles choififfient ordinairement, elles veulent de plus folides appuis, tels que font ceux des chenilles ou des crilàlides des autres figures de la même Planche. L’indufiric à laquelle elles ont recours pour fe pendre de la forte, efi plus fimple que tout ce que j’avois ima¬ giné, & plus convenable à la fuite des manœuvres quelles auront à faire. Quand la foye vient de fortir des filières des infeéles, elle efi gluante, & s’attache parla vifeofité à tous les corps fur lelquels elle efi appliquée. J’avois crû que c’étoit avec de ces fils gluants, des fils récemment filés, que la chenille colioit fon derrière contre quelque corps des Insectes. 417 corps folide: des his fervent auffi à la tenir, mais ils ne font nullement gluants, lorfqu’elle s’y attache. Elle com¬ mence par couvrir de fils tirés en differents fens une allés grande étendue de la furface du corps contre lequel elle veut lé fixer. Après l’avoir tapiffee d’une efpece de toile mince, elle ajoute différentes couches de fils lur une petite portion de cette furface; la diipofition des nouvelles cou¬ ches efl telle, que la fupericure cfi toujours plus petite que celle fur laquelle elle efl appliquée; ainfi toutes enfem- ble, forment une eljKce de monticule de foye, de figure à peu-près conique, & tel qu’il efl reprefenté vu au mi- crofcope PI. ay. Fig. 18 *. Des chenilles de quelques au * m m. trcsefpcces, m’ont même fait voir une petite pratique pour parvenir à la conftruélion de ce monticule de foye, qui ma- voit échappé lorfque j’obfcrvois celles de l’ortie. Quand il s’agit fimplement de tapiffer de foye une furface, la che¬ nille étend fimplement fur cette furface le fil qu’elle tire de fa filiere; mais quand elle en cfi à l’endroit où elle veut faire le monticule de foye renverfé, ce monticule qui defi- cend au-deffous du plan, après avoir appliqué fa tète, ou ce qui eft la même chofe, fa filiere, contre un des endroits où doit être la bafe de ce petit tas de fils de foye, elle éloigne fa tête de cet endroit, elle la ramene enfuite pour l'appliquer allés proche de l’endroit où elle étoit d’abord;- c’eli une manœuvre qu’elle répété un grand nombre de fois, & l’effet qu’elle produit eft ailé à voir. La tète en s’éloignant file; ainfi en éloignant fa tête du plan, & la rappliquant enfuite contre ce plan, elle met en deflous de ce plan un fil plié en double; d’un grand nombre de pa¬ reils fils il le forme donc une maffe de foye qui pend au- deffous du plan. Une autre circonflance à remarquer, & importante pour la fuite, c’eft que cette maffe eft un affèmblage de fils qui ne compofent pas un tiffù ferré, un Tome h <• Ggg 4^8 Mémoires pour l’Histoire alfemblage de fils qui font comme flottants, ou mal entre¬ lacés les uns avec les autres ; enfin chacun de ces fils eff une efpece de boucle. Le monticule de foye étant fini, la chenille eflcn état de fe pendre, & elle 11e tarde pas à le faire. Celles dont nous parlons ont feize jambes. Nous avons a fies expliqué ailleurs la firuéture de 1 el'pece de pied qui termine cha¬ cune des membraneufes ; nous avons fur-tout fait remar¬ quer l’arrangement des crochets de différentes longueurs dont les pieds font armés ; nous avons vu que chaque pied eff entouré d’une demi-couronne de deux rangs de crochets, les uns plus grands, & les autres plus petits. Au moyen de tant de crochets, il eff bien facile à la che¬ nille de s’accrocher, dès qu’elle a préparé, comme nous venons de le voir, une petite mafle de fils de foye. C’cff feulement avec ceux de fes deux derniers pieds qu’elle s’y cramponne; elle n’a qu’à preffer ces deux pieds contre le petit monticule de foye, dans l’inftant, plufieurs des cro¬ chets dont ils font heriffes s y embarraflent. On la voit qui pouffe fes jambes poflerieures contre ce monticule de fo) e, làns les retirer, ou au moins leurs bouts, des endroits contre iefquels elle les a fixés, elle étend fon corps en avant, & le retire enfuite en arriéré. Par ces mouvements alternatifs de contraélion & d’allongement du corps, qu’elle répété fept à huit fois de fuite, elle pouffe lès dernieres jambes contre le monticule de foye, elle preffe les crochets des pieds pour les y mieux engager. Quand elle fent que les cro¬ chets y lont bien cramponnés, qu’elle y eff folidement arrêtée, elle laiffe tomber fon corps dans une pofition ver¬ ticale *; fa tête fe trouve par confequent en bas. Alors la chenille femble n’être tenue & attachée que par le derrière, parce que les deux dernieres jambes l’excedent de peu, & quelles partent du dernier anneau. des Insectes. q.19 Il m’eft arrivé bien des fois, foit à defTein, l'oit finis le vouloir, de décrocher une chenille; je la raccrochois fur le champ, il me fuffifoit d’appliquer fes derniers pieds contre le monticule de f’oye; armés d’autant de crochets qu’ils le font chacun, & de crochets difpofés, comme ils le l'ont, fur la circonférence d’un demi-cercle, il n’eft pas poffible qu’il 11’y en ait un grand nombre qui faillirent des brins de foye, & un feul auroit la force de fufpendre l’infeéle. Notre chenille ayant donc bien accroché fes pieds de derrière, elle laide tomber fon corps, qui dans le premier in liant ell dans une pofition verticale, & autant allongé qu’il peut l’être*. Mais bien-tôt elle en courbe la partie * qui cd depuis la tête jufqu’auprès de l’origine des pre- Fi S- mieres jambes membraneufès, de façon que la convexité de la courbure elt du côté du dos *; la tête, par conl'e- * quent, fe remonte rie quelque choie vers la queue. La chenille a des mufcles que nous 11’examinons pas, qui la mettent en état d’executer ce mouvement ; il ne fe fait pas bien vite. Elle relie quelquefois ainfi recourbée une demie heure de fuite & plus; elle îaifîe enfuite retomber fa tête, & quelque temps après elle la releve de nouveau, toujours en rendant fon dos convexe, & même de plus en plus, car par la fuite clic courbe tous les anneaux d’où partent les jambes écailleufes, & quelques-uns de ceux qui les fuivent. Tout ce que nous avons vû ci-devant a affés appris que la peau doit le fendre du côté du dos, & on penfe bien que les indexions, dont nous venons de parler, tendent à fy forcer, c’efl par la fente qui s’y fera que la crifàlide en doit fortir. Le rude & le long ouvrage efl toujours de par¬ venir à faire fendre la peau; une de ces chenilles efl au moins pendue par les pieds pendant 2q heures avant que d’en venir à bout. J’en ai vû qui refloient dans ce travail Ggg ij 420 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE plus Je Jeux jours entiers. Dans ces chenilles, comme dans celles dont nous avons décrit ci-devant le changement, la queue de la crifalide fe dégage même du bout du fourreau, - avant que la peau commence à fe fendre. Enfin, dès qu’il s’efi fait une fente fur la peau du dos, quelque petite qu’elle foit, fe moment efi arrivé où va com¬ mencer un amufant fpecfacle pour l’obfervateur, mais qui lui échappera,pour peu qu’il différé d’obferver. Par la fente qui s’efi faite à la peau de la chenille, fort une partie du » P T z',. corps de la crifalide *; d’inflant en inftant une plus grande F - : ’ c portion du corps de la crifalide paroît à découvert; la partie qui fort par la fente s’élève au-deffus de les bords; la crifalide gonfle cette partie, en la gonflant, elle lui fait frire la fonélion d’un coin qui fend la peau plus quelle ne l'étoit: la fente, devenuë plus grande, laide fortir une plus grande partie du corps de la crifalide, qui agit com¬ me un plus gros coin. C’efi ainfi que cette fente, dont i’originc efi près de la tête, efi poufTée fucccffivement jufques vis-à-vis la dernière des jambes écailleufcs, & par- delà; en un mot, la fente ici efi aggrandie comme l’a été celle de la peau des chenilles examinées ci-devant. Alors l’ouverture efi fuffifànte pour que la crifalide puiffe retirer là partie anterieure de dedans l’enveloppe de chenille; elle l’en retireauffi. L’extremité de cette partie * F>g- 7 & 8. e q très-groffe, dès le premier inftant où elle paroît *; on ne la voit point fans être furpris quelle ait pu être conte¬ nue dans un tuyau auflî étroit que l’cft le fourreau de la chenille; mais, comme nous l’avons déjà remarqué, la crifalide fous l’enveloppe de chenille efi extrêmement al¬ longée, & dès quelle en fort, & lors même qu’elle tend à en fortir, elle tend à fe racourcir & à fe gonfler. Quoi qu’il en foit, la partie anterieure de la crifalide s’élève au- deffus de la tête de la dépouille de la chenille, c’eft-à-dire, DES I N S E C T E S. 421 que l’enveloppe de la tête de chenille le trouve au-deffcus de la tète de la crifalide. La crifalide parvenue là, n’a plus à fendre le fourreau pour achever de s’en dégager; elle change de mécanique. Lorfqu’on veut fe découvrir la jambe fans faire tirer fon bas par le pied, on le pouffe à deux mains vers le talon, en lui failant faire un grand nombre de plis, on le réduit à ne couvrir que les environs de la cheville du pied; c’eft ainfi qu’en ufe la crifalide pour fe dégager davantage de la peau de chenille, elle la pouffe ainli en haut vers fon derrière. La nouvelle forme qu’elle a déjà prefque acquife favorife ce mouvement, elle eft conique, depuis la tête ou un peu par-delà, jufques vers la queue, elle va en dimi¬ nuant de groffeur. 11 eft donc certain que la dépouille a une forte de facilité à gliffer vers le derrière. On voit alors la crifalide s’allonger, 6c fe racourcir alternativement; tou¬ tes les fois qu’elle fe racourcit, 6c quelle gonfle par confe- quent la partie de fon corps qui eft en dehors de la dé¬ pouille, cette partie agit contre les bords de la fente, 6c pouffe toujours de plus en plus la dépouille en haut *. Le feul frottement donneroit une prife fuffifante, 6c qui fuffit aufli en pareil cas à bien d’autres crifalides, mais celle-ci a encore un autre avantage; elle a cinq de fes an¬ neaux, à commencer par le plus proche de la queue, qui ont chacun du côté du dos deux efpeces d’épines incli¬ nées vers la queue. Ces épines, ces crochets, lui fervent lorfqu’elle fe gonfle, à pouffer la peau, 6c fervent enfuitc à l’empêcher de retomber; ce font des arrêts femblables à ceux qu’on employé dans tant de machines, pour em¬ pêcher les échappements. Au moyen de ces inftruments, 6 c des mouvements quelle fe donne, elle fait peu à peu, mais pourtant affés vite, remonter la peau de chenille ; on voit les plis de cette peau fe rapprocher les uns des autres; Ggg iij Fig. 7 & S ^.22 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE enfin, la peau plïffée comme un courcaillet, eft toute pouffée contre 1 endroit où les deux dernieres jambes de * E>s- 9 * la chenille ont été accrochées * : alors elle eft réduite en un paquet fi petit, qu’il ne couvre que le bout de la queue de la crifalide. Mais il refie à la crifalide à dégager fa queue de ce paquet de peau plifîee. C’eft l’infïant qui m’avoit paru le plus curieux à obferver, parce qu’il devoit m’apprendre comment la crifalide pouvoit fe trouver accrochée dans la même place où la chenille l’étoit auparavant. Son état me donnoit même pour elle une forte d’inquietude; il falloit qu’elle achevât de fe tirer de fon fourreau, & je n’imaginois pas comment elle pourroit fe foutenir, pour ainfi dire en l’air, dès qu’il cefferoit de la preffer. La cri¬ falide n’a ni bras ni jambes pour fe foutenir; le fort qui fembloit l’attendre, étoit de tomber à terre, & de s’y écrafer. J’ai pourtant vu la crifalide achever de tirer là queuc : de la dépouille, & fe foutenir en même-temps fur la dépouille même. L’état de roideur où elle fera dans la fuite, ne m’avoit pas affés permis de penfer que dans Enflant de la transformation tout fon corps eft extrême¬ ment mol & flexible : alors fes anneaux peuvent faire, & font la fonélion des bras & des jambes que je fçavois lui manquer. Entre deux des anneaux qui fe font dépouillés, comme avec une efpece de pince, elle faifit une portion de la peau pliffée, & ferrant ces deux anneaux l’un contre l’autre, elle a un appuy capable de porter tout fon corps. C’eft alors qu’elle recourbe un peu là partie poflerieure,& quelle achevé de tirer fa queue du fourreau, fur lequel die l’applique enfuite. Voilà donc la crifalide entièrement hors de la dépouille, contre laquelle elle fe tient cramponnée. Son état eft encore inquiétant, pour qui s’intereffe à fon fort: que des Insectes. 4.23 va-t-elle devenir! La reflource qu elle a pour fe foûtenir, va lui fervir à lé remonter plus haut; elle s’allonge, & elle fàifit entre deux anneaux liiperieurs à ceux qui la retien¬ nent, une partie plus élevée de la dépouille: les premiers abandonnent alors leur prife; la crilaîide le raccourcit, & elle le trouve montée d’un petit cran. Les anneaux qui ont été montés peuvent alors faifir, & fai fi lient une por¬ tion plus haute de la dépouille, & les autres anneaux lâchant enfuite prife à leur tour, la crifalide s’allonge une fécondé fois, & porte fa queue à une plus grande hauteur. Elle fait donc, pour ainfi dire, deux ou trois pas le long de fa dépouille fur laquelle elle fe remonte; & cela, jufqu a ce que le bout de la queue foit à portée de toucher le corps contre lequel les crochets des dernières jambes de la chenille font arretés, car ces crochets relient attachés à la dépouille des jambes. Elle tâte alors avec la queue, pour chercher ce corps, ou plutôt, pour chercher ce même paquet de fils, ce monticule de foye, où les jambes de la chenille ont été accrochées; des qu’elle le rencontre, l’y voilà elle-même accrochée *. Celui qui a fait l’infcéle pour qu’il fe dépouillât, lui a aulfi donné tout ce qu’il lui falloit pour 1e dépouiller fûre- ment. Lorfque j’ai vû la queue s’accrocher li vite, je n’ai point douté que ce ne fût par la même mécanique qui fert à accrocher les pieds de la chenille; & j'en ai été mieux convaincu après avoir examiné cette queue au microfcope. Il m’a fait voir que près de fon extrémité, du côté du ven¬ tre, il y a un petit efpace qui efl entièrement couvert de crochets ; qu’il y a là une efpece de petite râpe *. Les doigts même, palTés fur cet endroit, fentent les crochets, & font juger du côté vers lequel leurs pointes font tour¬ nées. D’ailleurs la figure de la queue efl telle, & l’endroit où font placés les crochets efi tel auffi, qu’il cil aile à la * Fig. f 0 . * D'g- *î, i 6, 17. Ji. 424 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE * Fig. 5 criialide d’appliquer contre quelque corps la partie où ifs font *, car cette partie déliée, faille par-delà celle qui la précédé. Aulfi quand on a décroché une criialide, on la raccroche fur le champ, en appliquant le bout de 1a queue contre le paquet de fils de foye. Les manœuvres pourtant de retirer fa queue du four¬ reau, de fe remonter fur le fourreau, & de parvenir à accro¬ cher le bout de laqueuë, font des manœuvres bien délicates & bien périllculés; on ne peut s’empêcher d’admirer qu’un • infeéle, qui 11e les execute qu’une fois dans fa vie, lesexecute fi bien; on en conclut necclfairemcnt qu’il a été infiniit par un grand maître. Le vrai cfi que j’ai vû quelques crifalides, qui après des efforts redoublés, n’ont pû parvenir à s’accro¬ cher, Sl qui font tombées par terre; mais ce malheur n’cft arrivé qu’à celles qui avoient filé peu de fove dans l’endroit ou elles avoient accroché leurs jambes de chenilles, & qui y en avoient filé peu, parce que je les avois retirées de defius des corps, où elles avoient prefque employé toute leur matière foyeufe. Ce n’eft pas alfés pour notre criialide, de s’être tirée de la peau de chenille, elle ne veut pas fouffrir cette peau auprès d’elle; elle ne s’eft pas plutôt accrochée, qu’elle travaille à la faire tomber. La mécanique qu’elle y em¬ ployé a encore fa fingularité; elle courbe la partie qui efiau- * Fî". 11. de (Tous de fa queue en portion d ’s*, de maniéré que cette f- partie peut embraffer, & faifir en quelque forte le paquet fur lequel elle s’applique. Alors elle fe donne une fecouffe qui fait faire à tout fon corps une vingtaine de tours de pi¬ rouette fur fa queue, & cela avec une grande vîtefle : pen¬ dant tous ces tours elle agit contre la peau, les crochets des jambes tiraillent les fils, les caffent ou s’en dégagent; les crochets des jambes de la dépouille font plus éloignés du centre du pirouettement, que 11 e le font les crochets de des Insectes. 42 f Jaqucuë de la crifalide; ainfi les fils aufquels tiennent les premiers crochets, font bien plus tiraillés que ceux aufquels tiennent les féconds. Si les premiers pirouettements n’ont pas détaché la dépouille, la crifalide, après s’être tenue un inftant en repos, recommence à pirouetter dans un fens contraire, contenant toujours la dépouille dans l’efpace autour duquel elle circule. Il eft affés ordinaire que la dé¬ pouille tombe après les féconds pirouettements ; la cri- iàlide eft pourtant quelquefois obligée de recommencer à pirouetter quatre à cinq fois de fuite. Enfin, j’ai vû quel¬ quefois la peau de chenille fi bien accrochée, que la cri¬ falide, après s’être laffée inutilement pour la faire tomber, defefperoit d’y pouvoir parvenir, elle prenoit le parti de la laiffer en une place où elle étoit trop cramponnée. Notre crifalide fe tient enfuite dans un grand repos pendant vingt &. quelques jours ; ce temps expiré , le papillon eft en état de fe dégager de fa derniere enveloppe. Celui qui en fort eft affés commun dans nos jardins; le def fous de fes ailes * eft entièrement noir, & d’un affés beau noir ; il y a pourtant du brun & du jaunâtre, qui fervent à faire paroître le noir de certains endroits plus vif, à le faire paroître appliqué par ondes, & comme le noir d’une étoffe tabifée. Le deffus des ailes * a des couleurs variées & belles; un rouge brun, femblable à celui de cette terre que nous appelions auffi du rouge-bniîi7 eft la couleur dominante; mais on y trouve de plus du noir, du jaune, du bleu, du violet. Sur chaque aile, il y a une efpece d’œil ou une tache circulaire; le rouge occupe une grande partie du milieu des yeux des ailes fuperieures, mais le milieu des yeux des ailes de deffous, eft d’un beau bleu ou d’un beau violet, renfer¬ mé dans un cercle noir, qui eft fuivi d’un cercle blancheâ- tre: des cercles en partie jaunes, en partie blancs, entourent le centre de yeux des ailes fuperieures. Celles-ci ont près Tome I. . Hiih * PI. 2 J, Fig. i. * Fig. 2. 425 MEMOIRES POUR L’HiSTOiRE de leur bord deux taches noires, feparées par du jaune. J’ai vu pratiquer plufieurs fois tous les procédés dont nous avons parlé, par la plus commune, dans ce pays, des chenilles épineufes de forme, par celle qui tout du long du dos a une raye feuille-morte, & de chaque côté une raye d’un bleu foncé, fuivie d’une raye feuille-morte; nous avons déjà fait mention de cette chenille dans le 8. me Mémoire; elle eft reprefentée PI. 23. Fig. 8. c’eft celle dont Goedaert adonné l’hiftoire, n. 3. édit.de Lifter. 11 y rappor¬ te comme une grande merveille, un fait à qui il ne manque, pour être merveilleux, que d’être vrai: il dit que le ventre de la crifalide efl où ctoit le dos de la chenille. & qu’au contraire la partie où étoient le ventre & les jambes de la chenille, efl la même partie où efl le dos de la crifalide. Des mouvements que la crifalide s’étoit donnés en fe tirant de la peau de chenille, ou peut-être en fe remon¬ tant deffus, l’ont mile dans une fituation qui en avoit impofé à Goedaert ; c’eft une groffierc méprife que Swammerdam 11’a pas manqué de relever. Lifter, dans fa note fur cet article, n’a eu garde de chercher à juftifier Goedaert, il avoue qu’il croit qu’il s’efl trompé. Dans une note fuivante, Lifter femble avoir voulu fuppléer à ce qui manque dans l’hiftoire de Goedaert, fur la ma¬ niéré dont ces chenilles parviennent à fe pendre, & fur celle dont les crifalides fe tirent de leur fourreau. Ce qu’il en rapporte, il le rapporte comme témoin oculaire; mais fi on veut fe donner la peine de comparer fon court récit avec les procédés que nous avons expliqués, on jugera que des circonftances n’ont pas permis à Lifter de bien voir tout ce qui fe paffoit, & qu’il 11e nous en a pas inftruit. Outre la chenille noire & piquée de blanc, que nous avons fuivie ci-deffus dans toutes les manœuvres au moyen des Insectes. 42? defquelles la première transformation s’accomplit, l’ortie nous fournit d’autres chenilles épincufcs, qui, pour fe me- tamorphofer, fe pendent par les jambes pofterieures la tete en bas. Nous avons déjà vû une autre chenille de cette plante dans le fécond Mémoire, reprefentée PI. 2. Fig. 4. 6c dont la crifàlide & le papillon font reprefentés PI. 1 o. Fig. 13, 8 & 9. Dans la même Planche Fig. 10. efl une chenille de l’ortie, qui, quoique de couleur differente de celle de la Fig. 4. PI. 2. nous a donné un papillon lem- blable à celui de l’autre, 6c qui nous a paru le même. Mais on trouve fort communément fur l’ortie une ef- pece de chenilles épineufes differente des précédentes. Tant quelles font petites, & jufques à ce qu’elles foient affés proches du temps de la metamorphofe, elles vivent en focieté, plufieurs enfèmble mangent la même feuille *. Cette chenille * a fur le corps de larges rayes d’un verd un peu brun, & d’autres rayes brunes; ni les unes ni les autres ne font pourtant pas entièrement d’une même cou¬ leur : on voit dans les vertes des taches de brun, de jaune ou de citron, 6c les rayes brunes font piquées de verd. Elle a huit épines fur chaque anneau du milieu du corps. Quand on tient un bon nombre de ces chenilles dans un poudrier, on s’apperçoit bien-tôt qu’elles font grandes mangeufès, qu’il faut fouvent leur redonner des feuilles; mais celles de l’ortie ne font pas rares. J’ai eu des focietés de ces chenilles, qui fe font miles en crifalides chés moi vers la mi-Juillet, 6c j’en ai eu d’autres qui s’y font mifes plus tard, 6c d’autres plutôt. Affés communément leurs crifalides * font dorées. Le papillon ne refie fous une fi belle enveloppe qu’environ quinze jours; il appartient à la féconde claffe des diurnes *. Tout ce qui paroît en noir, dans la Fig. 6. ou en noir clair fur le deffous de les ailes, eff brun ou noir. La grande place, H h h ij \ * pî. 26, Fig. 5 .a b. * Fig. 1. * PI. 26. Fig. 2, 3, & 4 * * Fig. 6. * PI. Fig. 7 * * a a a, * tt. * PI. Fig. 8. * Fig. A i D « ? Fig. 428 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE plus blanche, & marquée t, qui paroît fur le deffous des ailes fuperieures , eft d'une couleur paflee de chamois ; . 6 . mais la couleur qui domine fur le deffus tics quatre ailes *, elt un aurore orangé : c’eft par cette couleur que l'ont feparées les unes des autres des taches, pour la plupart noires. Les noires*, les plus proches du côté extérieur des ailes, font feparées par un jaune plus clair que celui des autres endroits. Les deux taches les plus proches de ia tête *, qu’on a {aidées en blanc, font bleues. Ce que ces ailes ont de plus beau, c’eft leur bordure, dont le fond eft noir, mais fur lequel il y a des taches bleues de di\el¬ fes figures ; il y en a même de bleu nué qui forment de petits yeux. Ce papillon eft encore un de ceux à qui on donne le nom de tortue, parce que les diftributions des couleurs jaunes & noires du deffus de les ailes imitent celles de quelques écailles. J’ai nourri avec les grandes feuilles d'une efpece de chardon, qui imitent les feuilles d’acanthe, une chenille >6. épineufe * qui mange aufti les feuilles de quelques autres eipecesde chardon. Sur chaque anneau* elle a fept épines 9 blanches ou blanchâtres.Tout du long du deffus du dos elie a une raye jaunâtre, les côtés & le delfous du corps font d’un gris-brun. Elle ne ceffe de prendre des aliments que quand elie eft bien proche de fe metamorphofer ; celle qui eft reprefentée Figure 8. rongeoit tranquillement des feuilles fur les onze heures du matin, pendant qu’on la deffinoit; le foir elle fe pendit par les pieds la tête en bas, 10. & le lendemain au matin, la crifalide * fortit devant moi du fourreau de chenille. Cette crifalide devint d’une affés belle couleur d’or; le papillon ne refta qu’onze jours fous cette derniere forme, & c’eft le 20. de Juillet qu’il parut 12 au jour. Il eft encore de la fécondé claffe des diurnes *, il ne s’appuye que fur quatre jambes. Les couleurs du * PI. 26. Fig. 12. * Fig. 11. des Insectes. 429 défions de Tes ailes inferieures font tendres, elles ne frap¬ pent pas lorfqu’on regarde le papillon de quelque diftance, elles paroiffent fimplement grifàtres; mais fi on le confé¬ déré de près, on apperçoit fur le défions de fes ailes inferieures un agréable mélange d’un grand nombre de couleurs douces; un gris-blanc, une efpece de jaune plus brun que le chamois, & du noir, font les dominantes, qui font nuées Si combinées enfemble avec art. A quelque difiance de la bafe de la même aile, il y a cinq taches en formes d’yeux; le milieu des trois plus proches du corps efi bleu, le bleu eft entouré par un cercle jaunâtre, & celui-ci par un cercle noir plus étroit; le milieu des deux derniers yeux efi blanc & noir. Le defious * & le defius de fes ailes fuperieures *, ont prefque les mêmes couleurs, Si le même arrangement de ces couleurs, elles y font diftribuées par afies grandes pla¬ ques ou taches ; les plus petites taches. Si les plus proches de la pointe extérieure, onde l’angle extérieur de l’aîle*, font blanches. Si entourées d’un brun-clair. Tout le refie de ce qui paroit en blanc dans les Fig. 1 1 Si 12. fur les ailes fuperieures, efi rouge, mais n’efi pas pourtant d’un même rouge; il y a des endroits du defious qui font d’un beau couleur de rôle, & d’autres d’un rouge pâle Si effacé : le rouge du defius de l’aîle efi une efpece d’orangé; les couleurs qui feparent les taches rouges, font des bruns ou des gris. La derniere des chenilles épineufes dont nous parle¬ rons dans ce Mémoire, c’efi celle que l’arrangement bizare de fes couleurs m’a fait nommer la bedaude *; elle vit de feuilles d’ormes ; elle efi de grandeur médiocre. Sur le F| S' I# defius de fon corps, depuis fon derrière jufqucs par-delà la première paire des jambes membraneufes, elle a une large raye blanche qui finit là brufquement *. Toute la * d,b, H h h üj * Fig. e e. n. * PI. 27 * 4^0 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE * b, a. partie anterieure cie la chenille * elui une couleur de ca¬ ndie clair; la partie anterieure de lbn habit ell donc autre¬ ment colorée que la partie polterieure : ce qui ell au-def- fous de la bande blanche elt pourtant de l’eipece de brun dont nous venons de parler. Elle a lépt épines lur chaque anneau. * Fig. 2. La tête de cette chenille a quelque chofc de fmgulier *, elle elt petite & triangulaire; l'on delfus eh échancré en cœur; die tient par uneelpcce de col au premier anneau. Elle a deux elpeces d’oreilles formées chacune par un * Fig. paquet d’épines *; en un mot, elle a quelqu’air d’une t0 ' tête de chat. Vers la fin de May les chenilles de cette efpcce, que j’ai nourries, fie font pendues par les pieds de derrière, & les crifalides fe font tirées du fourreau de chenille. Ces crifaîides font ailées à diflinguer des autres, par la figure de deux efpeces de cornes contournées en croilîant quelles * PI. 27. „ont au bout de la tête Quelques-unes de ces crifalides L?- 7 & f on t couleur d’or, mais d’autres font brunes, & ont fur le dos, où finit le corcelet, des taches qui fembient d’argent ou tic nacre; il y a quelquefois une partie dorée tout au¬ près de ce qui a ce blanc éclatant. Le papillon relie 22 ou 23 jours fous la forme de cri- fàlicle; il ell de la fécondé clalfedes diurnes. La couleur * Fig- 10. du déifions de fies ailes * ell un jaune brun, mêlé avec des taches, des ondes, & des traits noirs; il y a pourtant fur le même côté de chaque aile inferieure une tache prefi- qu'argentée, & qui tient un peu de la figure du croilîant. * Fig. g. Le fond de la couleur du delfius de fies quatre ailes *, ell un aurore un peu rougeâtre, fur lequel des taches noires lont jettées. Les contours de fies ailes font tels, quelles lemblent déchirées en certains endroits. Lorlqu’il les porte * Fig. 10. perpendiculairement au plan de pofition *, les Inférieures des Insectes. 431 lai fient fouvent un vuide entre leur côté intérieur *, qui efi * a concave, & le côté extérieur * des inferieures. * ‘ Quand ce ne feroit que pour faire voir que les che¬ nilles épineufes ne font pas les feules dont les crifalides fe trouvent pendues par le derrière la tête en bas, nous par¬ lerons ici d’une chenille *, quia d’ailleurs des caraéîeres * p, aufquels on doit faire attention. Elle efi au-defious de Fig. u. celles de grandeur médiocre; elle efi [d’un verd de pré; elle a pourtant tout du long du dos une raye d’un verd plus brun, & de chaque côté une raye ou plufieurs rayes de verds plus clairs. Elle efirafe, chagrinée, ou pour parler plus exactement, fi on la regarde au travers d’une loupe *, * Fig. 12. on lui voit quantité de petits tubercules, de chacun des¬ quels il part un poil. Ce qui la caracterife le plus, ce font deux cornes *, qui lui font une efpece de queue fourchue; * cc , elles font toujours dirigées dans le fens de la longueur du corps : leur fubftance efi la même que celle de cette corne dure qui s’élève fur le derrière de quelques autres efpeces de chenilles. C’eft de feuilles de gramen que vit celle que nous con- fiderons ; elle mange peu, aufli croît-elle lentement : j’en ai gardé une pendant plufieurs mois chauds, fans qu’elle ait crû notablement ; elle ne fait qu’entailler legerement le bord des feuilles du gramen, aulîi a-t-elle une bouche plus petite que celle des chenilles ordinaires. La forme de fa tête efi finguliere, en ce qu’elle efi prefque fpherique; en defious elle a une tache oblongue, comme un gros trait brun *; cette tache efi l’endroit où les deux dents ou * Fig. 13, mâchoires, dont les bords font bruns, lé rencontrent l’une dd% l’autre ; le refie de ces dents efi blanchâtre. Elfes fuffiroient feules pour fermer la bouche, je veux dire, quelles ne laifient pas d’ouvertures fenfibles qui ayent befoin d’être bouchées par les levres fuperieure & inferieure; & cela, * Pî. 27 Fig- H- 432 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE parce que les dents ont la même courbure que la tête,' auffi la levre luperieure eft-elle courte. La lèvre inferieure eft compolée des trois parties dont nous avons parlé à i’occafion de quelques autres chenilles, & que j’ai vûcs élans celle-ci fe mouvoir feparement, comme feroientles doigts d’une main. Pendant que j’obfèrvois cette bouche, je l’ai louvent vu s’ouvrir, & j’ai apperçû pluficurs fois en dedans, une langue bien diflindte, plus épaiffe par rapport à fa longueur, que ne font celles des grands ani¬ maux, & terminée par une pointe moulfe. J’ai eu une de ces chenilles, qui, pour fe metamor- phofer, fe pendit par fes jambes pofterieures à une feuille de gramen *; elle recourboit beaucoup plus Ion corps, que les chenilles ordinaires ne recourbent le leur pour fe difpofer à la transformation; elle élevoit quelquefois fa tête alfés proche du point d’attache : je l’ai vue auffi fe donner alors des mouvements que les autres chenilles ne fe donnent pas. Après avoir laifTc tomber fa tête, & s’être mile verticalement dans une pofition renverfée, elle fe relevoit brufqucment, & par une efpece de fccouffe, com¬ me fi elle avoit voulu aller frapper avec fon corps étendu, la furfacc de l’appuy contre lequel fon derrière étoit ar¬ rêté. D’autres fois elle fe recourboit auffi brufquement en anneau, comme fi ç’eût été avec fa tête feulement qu’elle eût voulu atteindre ce même appui. Au bout de des Insectes. 447 ONZIEME MEMOIRE. DE L’INDUSTRIE DES CHENILLES, Qui,pour fe metamorphofer, fe fujpendent par un lien qui leur embrajje le dejjhs du corps ; Et des crifa- lides qui font fufpenduës par le même lien. L A pofition la plus convenable à certaines crilalides, pour fe tirer de leur fourreau de chenille, & pour fe metamorphofer enfui te en papillon, eft apparemment celle detre pendue la tête enhas; dans cette lituation, le poids même de l’infetfte l’aide à fe défaire de fa dépouille : mais d’avoir la tête en bas, eft peut-être une fttuation in¬ commode pour d’autres ; quand elles exécutent la même operation, elles ont toujours la tête plus élevée que la queue, ou au moins elles ne l’ont pas plus baffe. On voit de ces dernieres crilalides appliquées fous différentes inclinai- fons contre des murs *, contre des branches d’arbres ou de * PI. plantes*; on en rencontre qui font pofées horifontale- F * s ' P s j ment contre le de flou s des entablements d’édifices, & on Fig. 3. & pi. en rencontre d’autres qui font dans une pofition verticale 13 contre des murs ou contre des troncs d’arbres. C’eft toû- jours leur ventre qui touche le corps contre lequel elles fe l'ont fixées. Quelque pofition que la crifalide ait choifie, foit horifontale, foit verticale, foit inclinée, elle eft retenue en partie par fit queue, & cela, au moyen d’un expédient qui n’aura à prefent rien de nouveau; la queue de celles ci eft Jieriflee de petits crochets, comme l’eft la queuë des crilalides, qui fe contentent de fe pendre 448 Mémoires pour l’Histoire la tète en bas; les crochets lont de même embarralfés dans un monticule de bis de foye attaché fur le corps contre lequel elle eft appliquée *. PLbo.^Fig. Voilà un point d’appui, mais il faut un autre foutien 12 ■ î- pour retenir le corps de la crifalide, l'oit dans une poh- tion horifontale, boit dans quelque pofition inclinée, où la tête ne fe trouve pas précifement en bas. Un lien de * Ll. bis de foye *, comme une efpece de ceinture, embralfe le dos de la crifalide, au-delfous de l’origine de les ailes, ou même quelquefois au-dcdous de l’endroit où elle ell le plus renbée. Chacun des bouts de ce lien eft collé alfés proche de la crifalide, fur le corps contre lequel elle a voulu fe bxer. A la vue bmple, ce lien ne paroît qu’un feul bl, mais fi on l’obferve à la loupe, on apperçoit qu’il eft un aftem- blage d’un grand nombre de bis extrêmement déliés , couchés les uns auprès des autres, qui ne font ni collés enfembie, ni entrelacés les uns avec les autres. Il foûtient la crifalide, mais il ne la gêne pas alfés pour l’empêcher de fe donner tout mouvement; elle peut fe jetter un peu plus à droite ou un peu plus à gauche, elle peut un peu fe mouvoir fur là queue: l’état où elle eft ne demande pas qu’elle en falfe davantage. Tout ce qui a précédé a alfés fait connoître les crifa- iides, pour avoir appris quelles font incapables de hier; on juge alfés que le lien eft l’ouvrage de la chenille; aufli b on fait provilion de ces chenilles, dont les crifalides doi¬ vent lé trouver aflujctties par un lien, & qu’on lesobferve peu de jours avant que leur mctamorphofe arrive, on en verra qui feront bxées précifement dans la même place où le feront dans la fuite leurs crifalides. Leurs deux jambes de la derniere paire feront cramponnées dans des bis de foye, & le delfirs de leur corps fera bridé par des Insectes. qqq par le lien pôle dans l’intervalle qui eft entre les jambes ccailleufes oc les premières jambes membraneufes * ; le lien qui retient alors la chenille, clt le même qui clans la fuite retiendra la crifaiide. On parvient aifement à trouver des chenilles ainfi liées, & cela, parce qu’après avoir fini de fie lier, elles relient encore au moins vingt-quatre heures, & quelque¬ fois plus de deux jours, fous leur première forme. Swam- merdam en a fait reprefenter une dans cet état. Mais il fuit être plus attentif à épier ces infecles, pour parvenir à voir comment ils s'y prennent pour le mettre ce lien vers le milieu de leur chas. Quelques elpeccs de chenilles que j’ai nourries uniquement dans la vûë de les furpren- dre dans ce travail, &. que je tenois à dcfTein dans les endroits où j etois le plus fouvent, ont toujours fi mal pris leur temps pour moi, que je 11e fuis jamais parvenu a les voir fe lier. Si celles-là ont trompé mon attente, d’autres efpeccs ont, en revanche, pleinement fatisfait ma curiofité; je ne chcrchois qu’à obferver un procédé, & elles m’en ont montre plufieurs. Elles m’ont appris, ce que je n’avois pas foupçonné, que leurs pratiques pour fe faire un lien fembiable, ar deux plans qui fe rencontreraient fous un angle obtus, mais avant la rencontre de ces deux plans, il y a une canelure qui . va tout du long du milieu du dos *. Divcrfes éminences angulaires font difpolces régulièrement de part & d’autre de la canelure; leur arrangement ne fe voit bien qu’à la loupe. Le bout de la queuë fe termine à peu-près comme celui de la queue des écreviffes. J’ai trouvé i’dpece dont je viens de parler, fur l’orme, & c’eft fur le chêne que j’ai trouvé l’autre efpece, qui différé principalement de la première, en ce qu elle n’a pas ia canelure du deffus du dos. Quand le temps de leur metamorphofe eft pro¬ che, leur couleur eft un brun-clair roufîatre, mais quand elles font plus jeunes, elles font entièrement vertes. Les nuances de verd s’affoibliffent quand elles font parvenues à leur dernier terme d’accroiffement; & par la luite, ces chenilles deviennent entièrement brunes; le deflous du ventre commence le premier à brunir, il eft quelquefois tout brun, quoique le dos foit encore verd. Celles de l’une & de l’autre efpece font couvertes rie poils courts, très - ferrés les uns auprès des autres. Elles ont feize jambes. Y r crs la fin de Juin 1730. plufieurs de ces chenilles des Insectes. 451 s’attachèrent chez moi, foit contre des feuilles, foit contre les parois des bouteilles où je les avois renfermées, avec le lien de fils de foye que j avois tant envie de leur voir travailler, & ce fut devant moi que plufieurs s’attachèrent. Pour entendre comment elles en viennent à bout, on lé rappellera que les chenilles peuvent allonger & raccourcir leur corps, qu’elles peuvent gonfler certaines parties aux dépens des autres, c’cfi de là que dépend toute la méca¬ nique que nous avons à faire entendre ; elle n’offre rien que de (impie, lorsqu’on voit l’infeéle dans le travail,mais nous craignons que nôtre explication, ne la fiiffe paraître plus compolée & plus em bar raflée qu’elle 11e l’eft. Suppo- fons qu’une de nos chenilles a déjà fait une partie de l'on lien , qu'il ne s’agit que d’ajouter des fils à ceux qui cm- braflént déjà fon dos, & qui y font fi près les uns des autres qu’ils fe touchent. Pour y en ajouter un nouveau, clic raccourcit la partie de fon corps, qui eff depuis la tête jufqu’au lien commencé* ; mais elle la raccourcit plus d’un côté que de l’autre ; que ce foit en / quelle veuille coller le bout du nouveau fil, c’elt du côté d 7 qu’elle raccourcit le plus l'on corps ; elle l’incline vers ce côté, jufqu a ce qu'elle ait porté la filiere, qui eff au-délions de là bouche, fur l’endroit ou font attachez les bouts des autres fils. La filiere, l’ouverture par où le fil fort, colle le bout d’un fil fur l’endroit fur lequel elle s’appli¬ que. Voilà le commencement de l’operation ; pour la continuer, la chenille retire fa tète, elle la ramené infen- fiblement à être fur une même ligne droite avec le reffe du corps. Si on l’obferve avec une loupe pendant qu’elle eff en route, on découvre un fil délié, qui devient de plus long en plus long, à mefùre que la tête de l’infeélc s’éloi¬ gne de l’endroit 011 fon bout a été collé ; de nouvelle li¬ queur eff tirée continuellement hors de la filiere , par la LU ij * PI. 25 . ‘g- 5- 45- Mémoires pour l’Histoire partie du fil déjà formée ; elle en fort, elle fe delfeche à induré, & devient en état de tirer d’autre liqueur. Ceci efî commun à la formation de tous les fils ; ce qui cfl de particulier à ceux-ci, c’efl que leur ufage demande qu’ils ayent une longueur déterminée ; s’ils étoient longs jufqu a un certain point, ils feraient un lien trop lâche qui foû- tiendroit mal le corps de la chenille , & auffi mal enfuite celui de la crifalide ; il y ferait flottant. Lors donc que la chenille éloigne là tête de l’origine du lien , elle tient la partie anterieure de l'on corps raccourcie; h elle i’ailongcoit autant quelle la peut allonger, le fil devien¬ drait la corde d’un arc plus conhderable. La partie ante¬ rieure ell donc toujours raccourcie , & meme fe rac¬ courcit de plus en plus, à mefure que la tête efl plus proche du milieu de fa route, l’arc quelle décrit en de¬ vient plus petit. Quand elle y ell arrivée, c’eft vers l’autre bout du lien qu’elle s’incline, & cela de plus en plus, jul- ” Fi^. j. qu’à ce qu’ayant pofé la filière en b *, où les bouts des fils font attachez, elle y colle le dernier bout du fil qu’elle a fini, qui efl en même temps le bout du nouveau fil qu’elle va commencer. Un fil doublé plufieurs fois, & qui a été attaché chaque fois qu’il a cité doublé , efl ce que nous avons appellé jufqu’ici differents fils, parce qu’il efl plus commode de confklerer l'es difierentes portions, comme des fils differents. Ce que la manœuvre de la chenille a ici de plus délicat, femble être de conduire ce fil en place, de le faire paffer fur fon dos jufqu’où il doit aller. Pour y réuffir elle prend les mefures avant qu’il loit filé en entier à beaucoup près, !& lors même que la moitié de la longueur efl à peine fi¬ lée, il fort d’au-deffous de là tête, là efl l’ouverture de la filière. Lorfque la tête cfl proche du milieu de fà route, la chenille l’incline en enbas, &lu courbe de façon quelle des Insectes. 45 la fait palier fous ce fil ; ileforte que le nouveau fil qui fie dévidé va toujours fie trouver fiur le bout écailleux de la tête. Pour nous faire une image de fia route, prenons un peloton de fil entre le pouce 6c le doigt index, 6c que l’index fioit en defius ; qu’un bout du fil du peloton ait été dévidé 6c attaché fixement quelque part, mais que le fil, qui du point fixe vient fie rendre au peloton, pafle fur l’ongle de l’index ; fi on dévidé de nouveau fil en tenant toujours tendu celui quiefl dévidé, ou, ce qui re¬ vient au même, en éloignant le peloton du point fixe; celui qui fie dévidera de nouveau viendra fuccefîivement fie rendre fiur l’ongle de l’index. La filiere de la chenille cfi ici le peloton du fil qui fie dévidé 6c qui fie recourbe pour monter fur la partie fuperieure de la pointe de la tête, pour s’y appliquer 6c gliller deffus, comme le fil du peloton monte 6c gliffe fiur l’ongle. Ce fil ne doit pas refier là, mais le voilà à portée d’être pouffé plus loin ; la chenille n’y fionge pourtant que lorfiqu’il elt entière¬ ment fini , que lorlqu’il cfi attaché par les deux bouts. Pendant qu’elle retourne par fia route precedente pour former un fécond fil, elle lé donne les mouvemens pro¬ pres à faire palier le premier jufqu’au lien commencé; ils fie réduifient tous à faire glilfcr le fil fiur un plan incliné. Elle éleve d’abord le bout de là tête, 6c comprime l’anneau qui la finit : voilà donc une pente le long de laquelle le fil peut delcendre fiur le premier anneau. La tête s’abbaiffe enfiuite un peu, elle fie releve enfuite, elle fie meut un peu à droite, 6c après un peu à gauche. Toutes ces agitations tendent à déterminer le fil àglifFer; aulfii glilfe-t-il, il arrive fiur le premier anneau , 6c jufiques vers le milieu du premier anneau. Y efl-il arrivé, c’cfi cet anneau que la chenille éleve , 6c quelle gonfle en même temps, pendant quelle abbaiffie 6c applatit l’anneau qui le luit. Lll iij 454 Mémoires pour l’Histoire Des mouvemens pareils à ceux que nous venons cfe décrire forcent ce fil à couler fur le fécond anneau. Ainfi d’anneau en anneau il eft conduit à la place pour laquelle il efl deffiné ; il ell conduit à s'appliquer contre les autres. Le vrai eft que pour l’y faire arriver, il faut que i’infeéte fie donne bien des contorfions ; malgré la flexibilité de fion corps, il efl étonnant qu’il puifle pouffer le fil fi loin, il efl prodigieufement fin, à peine les yeux feuls le peuvent- ils appercevoir. Nous avons dit ci-definis que le corps de la chenille efl tout fieriflé de poils roides, ils font courts à la vérité, mais ils font cependant des colomnes d’une hau¬ teur prodigieufe par rapport à un fil fi lin, c’efl fur une forefi de pareilles colomnes qu’il faut qu’il paffe, fans refier accroché 6c fans fe caffer. J’ignore le nombre des fils dont chaque lien efl com- . pofié, mais je lui en crois plus de cinquante ou foixante; malgré les difficultez qu’il y a à les conduire en place, tout l’ouvrage efl pourtant fini en moins d’une heure, L’infeéfe alors refte tranquille, il ne fe donne de mouve¬ ments que ceux qui lui aident à prendre la forme de cri- faiide, foiis laquelle il paraît ordinairement au bout de * PI. 28. vinert-cfnatre heures*. La crifalide efl foûtenuë par le même p- p -p. * O i ^ _ i ' * lien qui la foûtenoit iorfqu’elle étoit lous l’enveloppe Je chenille. Je n’ai point fiurpris celles-ci dans le temps quelles fe tiraient de cette enveloppe, mais c’cft une opé¬ ration fur laquelle j’ai été allés inflruit par d’autres che¬ nilles à liens. Ces crifalides font de celles qui n’ont point une figure conique; leurs deux bouts font arrondis, 6c * q • celui de la queue *, qui fe termine en pointe dans les au¬ tres, efl dans celles-ci plus gros que celui de la tête. Trois femainesouenviron étant écoulées, l’enveloppe des crifalidés venues des chenilles cloportes de l’orme, febrilè ; ii fort de chacune un petit papillon diurne de la première DES I N S E C T E S. 455 claffe, il a des antennes en maiTe, il le tient & marche l'ur fix jambes femblables,& il porte les aïles perpendiculaires au plan fur lequel il elt polé. Huit à dix de ces papillons lont nés cités moi le même jour, qui tous étoient parfaitement femblables pour les nuances, & pour les diftributions des couleurs. Leurs ailes étoient d’un brun clair, légèrement rougeâtre; le delfous de faite inferieure, c’eft-à-dire, la fur- face de cette aile, qui efl vûë lorfque le papillon la tient droite *, a une bande de petites taches rouges arrondies en * PI. oeil, vers le milieu defquelles elt un petit cercle noir. Cette Flg ' 7 * bande de taches commence à l’angle intérieur de la bafe, jufques vers le milieu de laquelle elle va. Deux bandes rie taches plus petites, & de couleurs moins claires, font pla¬ cées du même coté vers le milieu de chaque aile. A l’angle intérieur de la bafe de l’aile il y a une petite partie qui forme une efpece de crochet. Les crilàlides qui viennent des chenilles cloportes du chêne, n’ont pas le ventre li applati que les precedentes. J’en ai eu qui lont reliées crilàlides pendant plus de lix fèmaines ; elles avoient pris cette forme dès le mois de May. Les papillons qui en font fortis font femblables à ceux des chenilles cloportes de forme par les caraélcresgé¬ nériques , mais ils en different par les couleurs. Leurs ailes qui ne lont pas du même brun , n’ont pas les taches dont nous venons de parler ; enfin ces ailes qui, lorfqu elles font droites, montrent un côté brun , ont l’autre côté d’un beau bleu foncé, ou d’un beau violet. J’ai pourtant vû des papillons de ces chenilles dont les ailes citaient brunes des deux cotez, mais peut-être ai-je vu plus d’elpe- ces de chenilles cloportes que je n’en ay diftingué.ou peut- être aulfi font-ce des variétés de couleurs qui le trouvent fur les papillons venus de chenilles de la même efpece. Une chenille du chou , que j’ai déjà appellée plulieurs PI. 2 . b. ac 6 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE L ) fois la plus belle de celles du chou, 6c qui dl extrêmement commune, mérité au moins par cette derniere circons¬ tance que nous la choififfions pour expliquer un procédé different de celui que nous venons de voir, au moyen duquelelleôc plufieurs autres chenilles parviennent à s’en¬ tourer d’un Semblable lien. Elle* dl de laclaffe de celles à Seize jambes, 6c du genre ries rafes à petits tubercules, les liens font noirs. C’efi la même que Swamrnerdam a fait reprdenter liée, & qu’il a choilic pour expliquer ce qui Se pâlie dans la transformation ; mais il ne nous a point appris comment elle s’entoure d’une efpece de ceinture de fis. lia tranferit, 6c en a averti, la defeription que Ray a donnée de cette chenille, 6c nous n’en fçaurions donner une plus courte 6c une meilleure. Elle a des poils blancs, courts (qui ne l’empêchent pas de ,paraître raie lorfqu’on ne la regarde pas de près, ) ils Sont dilperfez 6c nulle part ramalfez en tas. Le noir, le jaune, le bleu Sont différemment combinés fur Ion corps. Le jaune y forme trois rayes longitudinales ; une de ces rayes dl tout du long du milieu du dos, 6c les deux autres font fur les deux côtés. Entre ces rayes jaunes il y en a de chaque côté une peinte de noir 6c de bleu. Le bleu en Lit le fond, fur lequel le noir efl jetté par points ou par taches : ces points ou ces taches font des tubercules, du centre de chacun dcfqucls un poil part. Les trois couleurs prece¬ dentes fe trouvent fur la tête, fes côtés font bleus, le trian¬ gle dl jaune, 6c les elpaces intermediaires font noirs, elle a des poils fembiables à ceux du refie du corps. C’efi là prefque mot à mot la defeription de Ray, à laquelle j’adjouterai feulement que le bleueft pâle, 6c que le jaune dl citron. Quand le temps de fa metamorphofe n’efl plus éloigné que de deux ou trois jours, on la voit occupée à étendre des des Insectes. 457 des fils fur differents endroits du vafe, dans lequel on la tient renfermée. Enfuite elle en choifit un qu’elle tapiffe entièrement tle fils plus preffés les uns contre les autres, ôc difpofés par couches, qui le croifent en differents fcns. Ils forment une toile très-mince & très-blanche, contre laquelle fon ventre & celui de la crilalide doivent par la fuite être appliqués. Quelquefois pourtant, après avoir couvert fuffifamment de fils un endroit, la chenille l’a¬ bandonne ; mais on peut s’afïurer qu’elle ne quittera point celui où elle eff, & que fin fiant où elle va fe lier efi pro¬ che, quanti on voit qu’elle y éleve un petit monticule de foye, au moyen de plufieurs couches fucceffivement appli¬ quées les unes fur les autres. Elle le préparé pour y accro¬ cher les ongles de fies deux derniers pieds ; clés qu’il efi fini elle les y cramponne, & ne tarde pas enfuite à travailler à fe lier. Nous ne pouvons nous empêcher tle faire re¬ marquer que fi elles fe mettent un lien, ce n’eft pas pour lebefoin qu’elles en ont tant qu’elles refient chenilles, ni même pendant le temps de la metamorphofe ; au moyen de la toile dont clics ont couvert la furface contre laquelle elles veulent s’arrêter, il leur feroit aile de fe fixer fonde¬ ment ; elles n’ont qu’à y cramponner les ongles de tous leurs pieds. L'infeéîe agit comme s’il fçavoit que lorfqu’il fera dépouillé de la forme de chenille, il aura perdu fes pieds & les ongles dont iis font armés ; qu’alors il 11’aura d’autres crochets que ceux de fil queue ; & que pour être foûtenu fous fa nouvelle forme, il fera neceffaire qu’une ceinture embraffe fon corps. Des trois façons dont les differentes chenilles s’y pren¬ nent pour fe faire & fe mettre cette ceinture, la plus fim- ple & la moins fujette à accidens, c’efi celle qui efi prati¬ quée par noftre chenille du chou. Pour entendre fon pro¬ cédé il fuffit prefque de fçavoir qu’après avoir allongé fon Tome I. . Mmm * PI. 28 Fig. 11. * Fig. 9. * Fig. I Si 1 1. t. 458 Mémoires pour l’Histoire corps jufqu’à un certain point, elle peut renverfer fa tête fur Ion clos, la porter même jufques fur le cinquième anneau, ayant fes trois jambes écailleufesen fair* ; c’efl- à-dire que Ion corps eft fi flexible, qu’elle peut le plier en deux, cnrenverfant en-dcfllis fa partie anterieure, quelle la peut conduire jufqu’à s’appliquer & àfe coucher fur la partie qui fuit le ply; alors deux parties du dos peuvent eflre l’une fur l’autre & fe toucher. Ne mettons pourtant pas encore notre chenille dans cette pofition li forcée, prenons la d’abord clans une autre plus ordinaire à ces infeéles & moins incommode, c’eft-à-dire, dans une po¬ fition où elle efl Amplement recourbée fur le côté, &de façon que là tête, ou, ce qui efl la même chofe, que la fiüere qui efl deiïous, peut s’appliquer vis-à-vis, & afles pro¬ che d’une des jambes de la première paire des membraneu- • fes *. Que la flliere colle là le bout d’un fil, cpii va être le premier de ceux dont le lien fera compofé. Ce fil doit pafler fur le corps de la chenille, & être attaché par l’on autre bout auprès de la jambe correlpondante a celle près de laquelle le premier bout a été collé. Pour filer le fil de longueur convenable & le mettre en même temps en place, la chenille 11’a donc qu’à conduire circulaire- ment fa tête autour de Ion cinquième anneau. Le fil fera tiré de la fiüere à mefure que la tète avancera fur la demi- circonfercnce du cercle qu’elle a à décrire, & quand elle l’aura décrite, il ne lui reliera qu’à coller fixement contre le pian immobile le fécond bout du fil. Ainfi la tête, que nous avons d’abord pofée contre une des jambes, avance peu à peu fur le contour du cinquième anneau jufques à o fon milieu*. Ceft la facilité que la cheniüe a à renverfer fon corps, qui lui permet de faire faire cette route à fa tête ; à mefure quelle la conduit fur la circonférence de l’anneau elle contourne fon corps ; & enfin lorlqu’eJle des Insectes. 459 la portée fur la fommité de l’anneau, Ion corps cil pré- cifement plié en deux : alors fes jambes écaillcufcs &Ia partie anterieure font entièrement renverfées *. Elle la * Fig. tire peu à peu de cette fituation , en contournant fon corps vers l’autre côté, & en faifant parcourir douce¬ ment à la tête le dernier quart de cercle. Enfin la chenille fe trouve pliée vers le fécond côté, comme elle 1 étoit au commencement de fa marche vers le premier; la tête ren¬ contre le plan tapilfé de toiles , elle y colle le fécond bout du fil. La chenille n’a qu’à faire retourner la tête par la même route, par laquelle elle vient de la conduire, pour filer & attacher en place un fécond fil;& elle n’a par confequent qu’à répéter la même manoeuvre autant de fois qu’il faut de fils pour compofer un lien allés fol idc. De la pofition dans laquelle elle ell pendant ce travail, il fuit que chaque fil embrafle la tête par-delfous * ; à mefure qu’elle' en a * Fig. 1 filé un nouveau, elle fe donne un petit mouvement de & ll ' tête qui le fait glilfer dans le pli du col, la diftanCe du col à la filière n’efl pas grande. C’ell donc dans ce ply du col qiic s’accumulent les fils deltinés à compofer le lien complet; alors ils pafTent tous un peu au-deffous de la tête ; ainfi lorfqu’elle 1e trouve fur le milieu de l’an¬ neau , il y a entre l’anneau & le paquet de fils la tête de la chenille. Le nombre des fils eftant devenu complet, il ne refte donc à la chenille qu’à dégager fa telle de defious le lien , & ce ne lui ell pas chofe difficile; après qu elle a attaché le fécond bout du dernier fil, elle la retire tout doucement en avant, elle la fait glilfer le long des fils près d’un des endroits où ils font tous fixés*, & où par -confequent il * F: S'- 9 - n’y a pas à craindre que les frottemens les écartent les uns des autres, ce qui pourrait arriver fi elle tentoit de Mmm ij * PI. 28. Fig. \z, L L. 460 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE la retirer pendant qu’elle ch fur le milieu de l’anneau. Le lien alors n’entoure plus précifement que le corps de la chenille, & il eh dans la véritable place *. 11 pourrait fembler qu’il ferait beaucoup trop lâche, ci-devant il em- brahoit le corps en double. Les mouvemens que la che¬ nille, & même ceux que la crilàlide aura à fe donner par la fuite, demandent que ce lien louticnne le corps ians le trop ferrer, qu’il lui permette un peu de jeu en diffé¬ rents lens. Il n’eh pourtant pas auffi lâche qu’on pourrait fe l’imaginer ; quand il entourait le corps en double, le corps étoit allongé, & en avoit moins de diamètre; dès que la tête eft l'ortie de dclfous le lien , la chenille fe re- dreffe & fe raccourcit , elle devient même alors plus courte & plus grade qu’elle ned’étoit avant que de longer à fe lier. Le lien eh compofé d’environ cinquante fils, je ne les ay jamais comptés exactement, mais j’en ay compté trente-huit que fila devant moi une chenille qui en avoit peut-être déjà filé une douzaine, lorfque je commençai à compter. Le milieu du lien eh à peu près furie milieu du cinquième anneau, & de là il lé rend de chaque côté dans l’efpece de fillon, qui eh entre ce même anneau & ie fixieme. Les manœuvres des chenilles de cette efpece deman¬ dent quelles allongent extrêmement la tête, & c’eh pen¬ dant quelles l’allongeoient que j’ai vû qu’elles ont un col entr’elle & le premier anneau , qui dans les autres temps fe replie fi fort, que le premier anneau femble joint immédiatement à la tête. Si on fait attention à la conhitution du corps de nos chenilles cloportes du chêne & de forme, & à laconhi- tutionde celui de notre chenille du chou, on verra affés pourquoi elles s’y prennent différemment pour exécuter le des Insectes. 461 même ouvrage. Le toucher apprend que le corps de la derniere eft mol, flafque, ii peut ailèment fe plier; le corps des autres eft plus ferme, plus dur, & par’confe- quent il n’a pas la même flexibilité: il ne feroit pas pof- ftble à ccs chenilles de renverfer leur tête fur leur dos, & de la porter jufques fur le cinquième anneau; elles 11e peuvent lé recourber que fur les côtés, que gonfler ou allonger fucceffivement leurs differents anneaux ; en un mot, que fe donner les mouvemens au moyen defquels elles conduifent chacun des fils du lien en place, les uns après les autres; au lieu que la flexibilité du corps de notre chenille du chou lui permet de les filer au-deflus de l’anneau-même qu’ils doivent embrafler. La crifalide dans laquelle cette derniere fe metamor- phofe eft angulaire, & de celles dont la partie anterieure le termine en maniéré de proue, c’eft-à-dirc, par une feule pointe *. Le fond de fa couleur eft un jaune pâle, un peu verdâtre , fur lequel font jettés beaucoup de points noirs. 11 y a de ccs chenilles qui ne perdent leur forme que vers la fin de Septembre ou vers la mi-Oéîo- bre, j’en ai eu même qui ne fe font metamorphofées qu’au commencement de Décembre. Ce n’cft que vers le 1 y de Juin que les papillons font fortis chés moi de ces crifalides tardives. D’autres chenilles de la même ef- pece fe metamorphofent au printemps ou au commen¬ cement de l’efté : je ne fçais pas précifement combien le papillon de celles-ci refte fous fa derniere enveloppe, mais il en fort d’afles bonne heure pour faire des œufs, d’où naiflent des chenilles en état elles-mêmes de prendre la forme de crifalides avant l’hiver. Le papillon qui vient de cette efpece de chenille eft très- commun dans nos jardins; il eft de la première clafle des diurnes; le deflous de fes ailes inferieures* eft d’un citron Mmm üj * Fig. & 14.. y . * PI. 2 9. Fig. 2. * PL 2 Ç Fig. 2. * PL i Fig. 7. * PL 20 Fig. 1. * PL 3 < Fig- 2, 3 4 - 462 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE extrêmement clair, prefque blanc, picqué de points noirs quafi imperceptibles. Le blanc-citron du de (fus des ailes inférieures efl la couleur de l’autre côté des mêmes ailes, & celle qui domine tant fur le defliis que fur le deffous des ailes fuperieures. Dans une de ces politions où il tient lès ailes droites, mais où il n’éleve pas beaucoup les fupe- rieures, il paroît tout blanc-citron * ; mais dans une autre °- pofition où il élevé plus les ailes fuperieures *, on voit fur chacune de ces dernieres, deux taches noires. Il montre les deux mêmes taches, 8 c encore mieux marquées, lorf- qu il ouvre toutes les ailes , 8 c qu’il les tient parallèles au • pian fur lequel il efl pôle * ; on voit de plus alors que la baie de chacune des fuperieures efl bordée de noir, & que cette bordure efl plus large que par tout ailleurs, qu’elle forme une plus large tache, à la jondion du côté extérieur avec la bafe. Enfin, il nous refie à parler d’une troifieme maniéré tout-à-fait differente de celles que nous avons expliquées, dont fe fervent certaines chenilles pour fe mettre fur le dos un lien femblable aux précédents, ôc femblablcment pôle. L’efpece qui nous a fait voir cett’e derniere façon d’y procéder, efl digne, d’ailleurs , d’être connue par quelques ’• autres particularités. Cette chenille * efl d’une longueur, 8 c fur tout d’une groffeur au-deffus de la médiocre; car elle efl greffe par rapport à fa longueur. Le fenouil efl de toutes les plantés celle quelle paroît aimer le mieux. M. me Mcrian, qui nous en a donné la figure, dit quelle a une bonne odeur; elle fent effèélivement le fenouil, comme le fentiroient des doigts qui auraient touché les feuilles. 11 femblc , en general , que les plantes urnbeli- feres font du goût de cette chenille ; dans des jours où le fenouil me manquoit, je l’ai nourrie avec des feuilles de carotte, dont elle s’accommodoit fort bien. M. Bernard des Insectes. 463 cle Juffieu m’a donné de ces chenilles qu’il avoit trouvées fur la ciguë, & qui en rougeoient les feuilles. Elle eftdelà première clalfe des chenilles, ou de celles à leize jambes,& d’un des genres des raies. Le fond de la couleur de Ion corps efl un beau verd, plus jaune ou plus foncé neantmoins, félon I âge où on la prend. Mais ce qui l’embellit, c’eft une raye tranfverfale qu’elle a fur chaque anneau, & qui en fait le contour. Toutes ces rayes font noires, & coupées chacune en fix endroits par des taches d’un rouge-orangé. Au refie, ces couleurs, & le noir fur tout, ont un œil velouté. Cette chenille a pourtant un air lourd, elle fe donne peu demouvemens; fouvent elle tient fa tête pref- que retirée fous fon premier anneau *, elle rend alors fa partie anterieure très-raccourcie. Ce quelle a de plus remarquable, ce font deux cornes *, ou , pour en donner une idée plus jufle que celle que prefentent les figures qui en ont été gravées ci-devant, & les explications de ces figures, c’eft une corne* qui a été prife pour deux, parce qu’elle a deux branches, & que fouvent on ne voit pas la tige commune * d’où elles partent. La forme de cette corne n’eft pourtant pas conf¬ iante, mais celle qui lui efl la plus ordinaire, & qu’on peut appeller la plus complété, efl celle d’un Y *. Elle efl placée vers le commencement du premier anneau, fur le milieu de fa demi-circonference l'uperieure, c’eft-à-dire, fi proche de la tête, qu’elle paroît en partir*. Elle efl d’une couleur rou¬ geâtre, & de fubftance charnue; elle femble être de même nature que celles des limaçons, elle efl capable à peu près des mêmes mouvemens. Quoique dans certains temps la chenilleportefesdeux branches affés haut, elle la retire tel¬ lement, dans d’autres temps, qu’on ne foupçonneroit pas quelle eût cette corne branchuë *. Elle ne la montre que quand il lui plaît ; elle la tient quelquefois cachée pendant * Pi. 30. Fig. a. * Fig. 3 . cc. * Fig, 4 ..ce Y. * Y. * Fig. 4. * Fig. 5 .0 o, * Fig. 2, * Fig. 3. * Fig. 6. Ct D. * Fig. 6. & 7. * Fig. j. co. * Fig. I I. 464 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE des heures entières. Quand on manie la chenille, quand on l’incommode, on la détermine affés louvent à la faire fortir, mais j’en ai manié pendant des demi-heures qui 11e laiffoient pas de la tenir obflinement cachée. C’eft quand elle la fait fortir entièrement qu’on lui voit la forme d’un Y. Quelquefois elle 11’en laiffe paraître que les deux branches, & retient leur tige en dedans de fon corps*; c’eft alors qu’on lui juge deux cornes feparées. Au refte, elle n’allonge pas toujours également l’une Si l’autre de ces branches, elle donne quelquefois à l’une une grande partie de la longueur qu’elle peut avoir, pendant qu’elle tient l’autre très-raccourcie*, & cela alternativement. Les branches Si la tige même femblent creufès, comme le font les cornes d’un limaçon, ou comme le font les doigts d’un gant *. Quand on tire le gant de deffus une main dont il preffoit trop les bouts des doigts, les doigts du gant fe replient, ils rentrent en dedans; c’eft ainfi que le raccouraflent les branches de cette corne, & que la tige elle-même fe raccourcit lorfque la chenille la fait rentrer entièrement dans fon corps: lorfqu’elîe la veut faire fortir, il fe forme une longue & large ouverture près du bord anterieur du premier anneau *. Cette ouverture difparoît dès que la corne eft tout-à-fait rentrée; mais fi on fçait où elle doit être, on reconnoît aifement les deux plis de l’anneau qui la bouchent en s’approchant l’un de l’autre. Si on voit l’étendue de la circonférence qu’elle doit occu¬ per fur cet anneau. La pofition horifbntale paraît être celle que les che¬ nilles de cette efpece choiliffent plus volontiers pour fe metamorphofer *, au moins le plus grand nombre de celles qui fe font transformées dans les poudriers de verre où je les nourriffois, fe font fixées contre leurs couvercles, le dos cubas. Quelques-unes pourtant fe font attachées contre des Insectes. 465 contre les parois du poudrier. Elles ont, comme toutes les autres, commencé par tapi (Ter de foye la place où elles vouloient s’affujettir ; elles ont de même accroché leurs jambes dans un petit monticule de foye. Elles font même ce monticule de foye avec un art dont j’ai déjà parlé dans le Mémoire précèdent, quoiqu’elles loient les premières chenilles qui m’ayent donné occafion de l’obferver. Après qu’une de celles-ci eut tapilfé de foye une certaine éten¬ due, celle contre laquelle elle vouloit s’appliquer, & fc fixer, je remarquai que la tête reftoit vis-à-vis le même endroit ; mais elle n’y étoit pas tranquille ; elle s’appliquoit contre la furface du couvercle, elle s’en éloignoit enfuite un peu; un inftant après elle fe rapprochoit de la même furface jufqu a la toucher : un fil fuivoit la tête dans fa route, d’où il eft aifé de juger à quoi tendoient de pareils mouvemens, que la tête répéta bien des fois. C etoità faire un petit tas, un petit cône compote d’un grand nombre d’eljpeces de boucles ou de mailles *. Le petit cône de lbye étoit compofé d’un grand nombre de fils pliés en dou- ^ ble les uns auprès des autres, & par confèqucnt très-pro¬ pres à donner de la prife aux crochets des pieds de der¬ rière de la chenille, & à ceux de la queue de la crifalide. Auffi dès que ce petit tas de foye fut fini, la chenille fe retourna bout par bout ; elle chercha à pofer defïus fes jambes pofterieures. Quand elles l’eurent rencontré, elles ne l’abandonnèrent plus. Mais pour mieux engager leurs crochets dans ces fils de foye, la chenille s’allon- geoit, portoit fes anneaux en avant, & fe raccourciffoit enfuite brufquement. Ce raccourciffement fubit donnoft des efpecesde coups à la partie pofterieure, qui tendoient à faire avancer les crochets entre les fils du monticule. Le lien que cette chenille fe fila enfuite, étoit compofé à peu près du même nombre de fils dont font compofés Tome I. . Nnn * FI. 30. s- 9 » 1 « 11. v. 466 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE ceux des autres chenilles, mais de iils plus gros & plus *JFig. 11./. forts*. Elle le place dans l’el'pece de renure qui eft à la jonction du cinquième anneau avec le fixicme, ou, ce qui eft la même choie, il eft précifement pôle entre l’anneau de la première paire des jambes intermediaires & l’anneau fans jambes, qui le précédé ; il trouve là une cavité où il eft bien retenu , il 11e fçauroit glilfer ni en devant ni en arriéré; une grande partie de là circonférence y eft même cachée; on n’en voit de chaque côté qu’un bout, qui va s’attacher auprès d’une des jambes de la première paire des membraneules. On ne voit gueres de plus grandes * Fig. 1 2. portions du même lien lur les crilàlides*, il y eft de même caché en grande partie dans une elpece de renure. J’in- lifte fur cette remarque, parce qu’on eft porté à croire que la chenille & la crilalicte lônt lufpenduës par deux cor¬ dons, attachés chacun par un de leurs bouts à un des côtés de la chenille onde la crifalide; cela paroît même ainfi lorfqu’on ne cherche pas à s’affûrer que ces deux cor¬ dons font deux portions du lien qui embraffe le delfus du corps. Un grand peintre de plantes, de papillons & de che¬ nilles, qui avoit peint celle-ci liée, & qui croyoit avoir bien obfervé comment elle l’étoit, ne pût même être détrompé par tout ce que je lui pus dire, lorfque je l’affûrai que le lien de cette chenille étoit parfaitement femblable à celui des autres. Mais quoiqu’il 11e différé en rien de ceux des autres chenilles par rapport à là compofition, & à fa forme, celles-ci s’y prennent tout autrement que les autres pour fe le paffer fur le corps. Des trois procédés, le leur ap¬ proche le plus de celui auquel j’avois imaginé que les chenilles dévoient avoir recours, avant que je les euffe vûës dans l’opération. J’avois penfé, & c’eft ce qui étoit le plus naturel à imaginer, qu’elles filoient le lien, & des Insectes. 467 Me* ■ il de l'iïùrt des Insectes. Bmm StoionsLeai^ JmI. r£ Sculf Fu/ i Ifitnfb Jcyf I twecie^r des Insectes. 487 DOUZIEME MEMO IRE. DE LA CONSTRUCTION DES COQUES, De formes arrondies, foit de pure foye, foit de foye cf poils, où differentes efpeces de chenilles fe metamor - phofent en crifalides. D E toutes les induftries aufqueiles les chenilles ont recours pour fe mctamorphofer plus commodément, Si pour être plus en fureté dans 1 état de foibleffc où elles relient après leur metamorphofe, la plus généralement connue efl celle quelles ont de fe faire des coques où elles fe renferment. C’efl même la plus connue de toutes les induflries des infectes; auffi tous enfemble ne font-ils peut- être rien de fi utile pour nous que les coques que nous file une feule efpece de chenille, que nous appelions ver à foye. Si les animaux tiroient gloire des avantages qu’ils nous procurent, les vers à foye pourroient difputer aux plus grands animaux le premier degré de cette efpece de gloire. On peut, avec raifon, déclamer contre les ufages que le luxe fait de la foye, mais notre amour pour les fuperflyi- tés étant devenu tel qu’il efl, fi la foye nous manquoit, s’il falloit faire en laine tout ce qu’on fait en foye, où trou- veroit-on affes de laine pour y fuffire! Les malheureux ne pourroient plus s’en vêtir. La loyc d’ailleurs a des beautés particulières, & des avantages réels fur la laine, pour des ouvrages de plufieurs genres. Les coques des vers à foye font auffi des plus belles de celles que les chenilles nous font voir, foit par rapport à la matière dont elles font compofees, foit par rapport à la 488 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE maniéré dont elle efl mife en œuvre. D’autres chenilles pourtant en fabriquent de moins utiles, mais plus remarqua¬ bles par leur forme & par l’intelligence que leur conftruélion femble fuppofer dans les ouvrières. C’eflce que nous ver¬ rons dans ce Mémoire & dans le fuivant, où nous nous fommcs propofé de raffembler ce que les differentes ef- peces de coques de ces infeéles nous ont offert de plus digne d’être obfervé, foit par rapport à leur matière, car toutes ne font pas de purefoye, à beaucoup près, foit par rapport à l’art avec lequel le travail efl conduit. II efl dommage que ce foit inutilement pour nous que tant de chenilles filent, que nous ne fçachions pas mettre à profit les coques qui nous feroient fournies abondam¬ ment par plufieurs efpeces communes, & prodigieufement fécondés; peut-être y a-t-il de notre faute. Il efl vrai pour¬ tant qu’il y a des coques dont la foye efl trop fine & trop foible ; mais il m’a paru qu’on négligé de faire des épreuves, qui apprendroient qu’il y en a des efpeces qui pourraient être mifes en œuvre, fi on les cardoit avec certaines précau¬ tions. Nous 11e manquerons pas d’indiquer ici, ou dans d’au¬ tres Mémoires, quelles font les chenilles dont les coques femblent mériter ces effais. Il y a mêmedes foyes de chenilles qui ne font que trop groffes; elles pourraient être travail¬ lées, mais les tiffus que l’on en ferait feroient greffiers: telle efl celle des coques des grandes chenilles du poirier, à tubercules, qui imitent les turquoifes; elle efl brune, très-forte, elle efl prefqu’auffi groffe que des cheveux ordi¬ naires. Mais n’y a-t-il point des ufages pour lefquels il con¬ viendrait d’avoir une foye extrêmement forte! Si on vou- loit faire des efpeces de draps de foye qui imitaffent ceux de laine, notre groffe foye y ferait peut-être propre. J’ai fouhaité en avoir affés pour fournir à des épreuves qui pa- roiffent mériter d’être faites; c’efl dans cette vue que j’ai tenté des Insectes. 489 tente d'élever un allés grand nombre de ces chenilles; elles ont péri chés moi de bonne heure, par des accidents qu’on pourra peut-être prévenir. Une feule de leurs coques pefe plus que trois de celles des vers à ioye. Quelques elpeces de chenilles le contentent de rem¬ plir un certain efpace de fils qui fe croifient en differents fiens, mais qui laiflent entr’eux beaucoup de vuides. La chenille occupe le centre de cet efpace; les fils fervent à la foûtenir, mais ils ne la cachent pas. C’cfi au milieu d’un pareil tas de fils que fie transforme en crifalide la chenille du chêne, que nous avons nommée à oreilles *. D’autres chenilles fe font des coques un peu mieux formées, mais dont le tifiu peu fourni de fils, lailfe appcrcevoir la crifa¬ lide, ou la chenille qu’il recouvre. Nous avons, PI. 31. Fig. 3 , ne de ces coques où la foye efi épargnée. Elle cil l’ouvrage d’une chenille* des mieux pourvue d’aigrettes de poils ; elle en a douze fur chaque anneau *; ils y font bien difpofés enrayons; ilslont roux,& ce n’efiprefque qu’au- travers de ces aigrettes de poils qu’on apperçoit la peau de la chenille, qui cil d’un beau noir velouté. Sa tête efi pe¬ tite par rapport à la grofleur du corps; elle efi rouge. Ses huit jambes intermediaires, qui font cachées ici, font de même couleur que la tête. Cette chenille efi de celles qui le roulent volontiers pour peu qu’on les touche. J’en ai nourri plufieurs avec des feuilles d’orme. Quelques-unes fe font mifes en crilalides vers la mi-May, & les autres a la fin du même mois; & ç’a été vers la fin de Juin que m’efi né le premier des papillons qu’elles m’ont donné, & qui efi reprelenté PI. 3 1. Le fond de la couleur du defiùs de les ailes fuperieures *, efi un beau noir velouté, fur le¬ quel font des taches d’un jaune plus pâle que la couleur de paille. Le fond de la couleur, tant du defiùs* que du delfous * des ailes inferieures, efi une haute nuance de Tome 1 • Qfifi * PI. 24 . * PI. 3 r. : ig. 1. * Fig. 2. * Fig- 4 - * Fig- 5 * * Fig. 6. 490 Mémoires pour l’Histoire jaune, fur laquelle il y a des taches noires. Mais ce que le delfous des quatre ailes offre de plus que le delïiis, c’eft que leur côté extérieur a une bordure d’un beau rouge de carmin. Celle des ailes inferieures eft plus large que celle des ailes fuperieures. Le deffus du corps Si les côtés font peints du même rouge; mais le delfous du corps eft noir. Le deffus du corcelet eft auffi très fourni de poils du plus beau noir. Ce papillon eft de la fécondé clafl'c des phalè¬ nes, il a une trompe Si des antennes en filets grainés, & il eft du genre de ceux qui laiffent un peu pendre leurs ailes, ou qui les portent en toit écrafé. Celui qui eftrepre- * Fig. 7 & fente ici, eft la femelle, qui pond des œufs * qui ont la couleur de le brillant de la nacre, La plupart des chenilles qui font entrer peu de fils. Si écartes les uns des autres, dans la conftruélion de leurs coques, qui y feroient prefqu a découvert, femblcnt pour¬ tant n’aimer pas à y être en vûc, & elles réuftîftent à lé ca¬ cher affés bien. Tantôt elles attachent leurs fils à plufieurs feuillesaffésproches les unes des autres. Si qu elles rappro¬ chent encore davantage. Tantôt c’eft entre deux ou trois feuilles feulement, qu’elles forcent à venir fe toucher par leurs bords, quel! le tas même de fils qui les a contraintes à prendre Si à garder cette pofition. Tantôt ce tas de fils eft couvert par une feule feuille qu’il a obligée à fe cour¬ ber Si à fe contourner. Quelquefois fous le même paquet de feuilles, il y a plufieurs coques de chenilles de la même * pi. 31. efpece*. ig ' 9 ‘ Quelques-unes même, qui arrangent leurs fils avec plus d’ordre , qui les preffent davantage les uns contre les au¬ tres , en un mot, qui en font une coque bien arrondie, la recouvrent des feuilles de l’arbre, ou delà plante fur laquelle elles ont vécu. La chenille qu’on peut appcllcr la lichenée du chêne, parce quelle vit fur cet arbre, Si quelle a la des Insectes. 491 couleur d’un lichen, qui couvre fouvent la tige, cette chenille *, dis-je, dont la grandeur eft au-defliis de lamé- * PI - 32. diocre, fait quelquefois prendre la figure d’une boule alfés F ‘ s ' 1 & 2 ‘ bien faite à deux ou trois feuilles quelle contourne en croix,pour former l’enveloppe de fia coque*. Quoique * Fig. 4. cette chenille foit grande,elle eft quelquefois fous les yeux fans qu’on l’apperçoive; lorfqu’elle n’a pas befoin d’être auprès des feuilles du chêne pour les ronger, elle fie tient tranquille & étendue fur la tige de l’arbre, qui eft fouvent couverte d’un lichen gris blanc, qui différé peu de la couleur de la chenille. Elle a une démarche qui n’eft pas ordinaire à celles, qui comme elle, ont feize jambes, & qui eft propre aux arpenteufes. Pour faire un pas en avant elle fie forme une boffe * des deux anneaux qui font entre * Fig. 2, B. les jambes écailleufes, & les intermediaires. Elle a un or¬ nement qui lui eft particulier; un peu au-deffus des jam¬ bes , à la fcparation de la partie fuperieure & de l’infe¬ rieure on voit, tout du long de l'on corps, une efpece de frange * formée par de petits corps charnus, découpés * Fig. 3. en crête de coq. Les chenilles de cette efpece que j’ay fff nourries fe font miles en crifalides vers la fin de May, & il en eft forti des papillons * vers les premiers jours de * Fig. 6 & Juillet. Ils font de la féconde claffe des phalènes, ayant 7 - une trompe , & des antennes en filets coniques, & du genre de ceux qui portent leurs ailes parallèlement au plan de pofition : car ce port d’ailes eft même celui de la fe¬ melle. Le deffus des fuperieures * eft travaillé en point de * Fig. 6 . Hongrie, formé par des mélanges de gris & de noir. Lorf- que le papillon écarte fies ailes fuperieures, il paroît,pour ainfi dire, beaucoup mieux vêtu. Le deffus des inferieu¬ res, qui eft alors à découvert, eft en grande partie d’un beau rouge couleur de cerife, fur lequel il fe trouve une bande d’un beau noir velouté, pofée vers le milieu de Qqq >j * PI. 32. * PI. II. Fig. 9. * Fig. 8. * PI. 31. Fig. 13. PI. 32. Fig. 8. & Pi. 33. Fig. 1 6. * PI. 35. Fig. 3 ix 12. 492 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE i’aîlc, 6 c parallèle à la bafe: le côté intérieur de chaque aîie a une large bordure du même noir. Ce papillon vu par-dcffous paraît encore beau. Tout ce que les ailes font voir en blanc * dans la Fig. 7, efl d’un rouge couleur de cerife, 6 c le refie cil gris ou noir. Nous avons déjà vu que la guimauve nourrit une che¬ nille * affés petite, qui recourbe avec art le bout d’une des feuilles * de cette plante pour couvrir entièrement fa coque, & qu’il fort de cette coque un papillon diurne. Les chenilles qui employent plus de lôyeque les prece¬ dentes dans la confiruéfion de leurs coques, qui les font plus fortes & plus ferrées, ne cherchent pas de même à les couvrir, ou au moins à les couvrir de toutes parts avec des corps étrangers. Mais il y a des efpeces de che¬ nilles qui font entrer de ces fortes de corps dans la com- pofition même de leurs coques, qui ne les font pas pu¬ rement de foye. Celles de pure foye font les plus com¬ munes , ou plus exactement celles qui font plus fouvent expofées à nos yeux. Leurs figures ordinaires font des el- bpfoides , des efpeces de boules plus ou moins allon¬ gées *. Entre celles-ci quelques-unes ont des figures affés régulières, leurs deux bouts font à peu près de même groffeur, mais d’autres ont un de leurs bouts plus gros, plus raccourci, & l’autre bout un peu plus allongé 6 c plus menu. Telle eft la forme de ces coques que nous avons déjà citées, par rapport à la force de leur hl. Il y en a d’autres qui font prelque des cylindres, ou de petits fufts de colonnes arrondis par les bouts *. Les coques dépuré foye 6 c de figures arrondies, font les premières auxquelles nous nous arrêterons. Entre celles-ci, les unes ne femblent formées que d'une toile fine, mince 6 c très-ferrée. Telles font celles que fe font quantité d’efpeces de chenilles de grandeur au-deffous DES I N S E C T E S. 493 de la médiocre. D’autres plus épaiffes & plus foyeules , reffemblcnt à de bonnes étoffes de foye. T elle cft la coque du ver à foye. D’autres, quoiqu allés fermes & épaiffes paroiiTent des elpeces de releaux. Ce n’efl pourtant qu’en apparence que ces tiffus reffemblent aux nôtres ; nous n’avons pas cherché à nous exprimer exactement, quand nous avons parlé des differents fils qui entrent dans la com- pofition de ces coques imparfaites, qui font les premières dont nous avons fait mention ; les plus groffiercs, comme les mieux finies, ne font compofées que d’un feul fil conti¬ nu, s'il n’efi point arrivé à l’ouvriere de le caffer pendant quelle l’employoit, & c’eft ce qui ne lui arrive gueres. Nos tiffus doivent leur folidité à l’entrelacement du fil de la tréme avec ceux de la chaîne ; le fil qui forme le tiffu des coques n’en rencontre pas d’autres avec qui il puiffe s’entrelacer, ce 11e font que differents tours & re¬ tours de ce même fil, appliqués les uns contre les autres, qui compofent le tiffu. A mefure qu’une nouvelle portion de fil eft tirée de la filiere, la chenille la pofe dans la place qui lui cft convenable, & elle l’y attache en même temps ; le fil nouvellement forti elt toujours en état d’être attaché au corps,contre lequel elle l’applique; il s’y colle, parce qu’alors il efl encore gluant. Les tiffus des coques ne font donc faits que par diffe¬ rents tours & contours d’un même fil appliqués & collés les uns contre les autres, &. les uns au-deffous des autres. C’eft là en general la fabrique de toutes les étoffes de fo)e travaillées par des infectes, qui reffemble peu à celles des nôtres. La Rubancrie néantmoins, entre tant d’efpeces de rubans qu’elle exécuté fi bien, nous en fournit une de rubans très-étroits, qui font, pour ainfi dire, de même fabrique que les coques de nos chenilles. Les petits rubans dont je veux parler font très-connus fous le nom de non- Qqqfij 49 + MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE pareilles. Les Dames en cmployoient autrefois beaucoup pour leur parure, elles en failoicnt des touffes. Ces rubans n’ont point de trente, ils ne font précilèment faits que de fils pôles dans toute leur longueur, les uns contre les au¬ tres, & retenus dans cette polit ion par de la colle; ce font les fils de la chaîne d’un ruban ordinaire collés enfcmble. Tous les fils étant bien arrangés & bien prelfés les uns au¬ près des autres, on les conduit d’une elpece de dévidoir fur un autre ; dans leur route on les oblige de palfer au milieu d’une gomme liquide, qui cil contenue dans une terrine. Des réchaux de feu, difpofés entre cette terrine à gomme 6 c le dévidoir fur lequel ils fe rendent, lèchent la legere couche de gomme, & empêchent que les differents tours du ruban ne fe collent enfcmble. Mais ce n'efî pas ici le lieu de décrire aufïi au long que nous l’avons fait clans l’art de la rubancrie, les procédés qui donnent des rubans fans trême, à bon marché, très-bien luftrés, & fi relfemblans aux autres rubans, que la plupart de ceux qui en font ulage ne s’avifent pas de foupçonner que la trême leur manque ; le vrai eff qu’ils s’en appercevroient bien-tôt s’ils les portoient à la pluye, elle détruiroit la liaifon qui eff entre les fils. Il eft heureux pour nous que les differents tours du fil dont eft Lite la coque d’un ver à foye , quoique retenus les uns contre les autres par de la colle, & par une colle de meilleure qualité que la gomme des nonpareilles , loient pourtant auffi peu, & même moins adhérants entr’eux, que le font les fils de ces petits rubans. Si leur union étoit plus parfaite, il ne feroit pas poffible de devider ce fil,qui le dévide comme celui d’un peloton , fur-tout fi on a la précaution détenir la coque dans l’eau chaude. Mais nous avons remarqué ailleurs que l’efpece de gomme , dont la foye eft formée, a pour une de fes qualités admirables & des Insectes. 495 effentielies, defecher très promptement; quoique la che¬ nille étende la portion de til nouvellement l’ortie de la fi¬ lière fur d’autres lils, prefque dans l’inftant même qu’elle vient de lortir, il ne lui relie affés de vifeofité que pour s’attacher legerement aux fils quelle touche. 11 y a des coques de diverfès efpeces de chenilles dont il n’efl pas polhble de devider le fil : le leur efl apparemment formé d’une matière qui feche moins vite que celle des vers à foye. La reflource efl de carder les coques qu’on ne peut devider. Mais il y a des coques dont les differents tours du fil font fi parfaitement collés les uns contre les autres, qu’on les réduirait en fragments trop courts en les cardant. D ans chaque coque de chenilles de plufieurs efpeces differentes, il y a deux arrangements du fil fenhblement differents. Les tours me la fécondé. Tout ce qui efl comme cotonneux, efl Fi s- 7 - l’efpece d’échafaudage que la chenille a été obligée de faire pour conftruirc fa coque. On renferme affés fouvent dans un cornet de papier des vers à foye qu’on voit près de faire leurs coques; fuppofons que nous en avons nus un dans une bouteille de verre cylindrique; s’il veut, com¬ me ils le veulent quelquefois, fe faire une coque qui ne touche nulle part les parois du vafe où il efl renfermé, 496 Mémoires pour l’Histoire il faut qu’il difpofe des appuis qui la pui dent foûtenir en l’air. Il doit aulfi fonger à ménager la l'oye, dont il n’a qu’une certaine provilion, de maniéré qu’il lui en relie alfés pour donner à fi coque toute l’épaiffeur & toute la lolidité convenables. Pour remplir ces differentes vues, il colle le bout du lii contre les parois du verre, il attache enfuite un peu plus loin une portion du même fil. Après avoir legerement tapilfé une petite partie de la furface, il fonge à remplir de foye une partie de la capacité inté¬ rieure; il applique fa filière contre quelque fil, il la tire enfuite en arriéré, & après il la ramène en avant, pour appliquer fa filière affés proche de l’endroit où il l’avoit appliquée d’abord. Il elt vilible que la portion de fil qui a été filée pendant ces mouvements de la telle , a dû être pliée par les mêmes mouvements en forme d’anneau ap- plati , en forme de maille qui s’étend vers l’interieur du * PI. 34. vafe *. On voit bien que cette maille peut fervir enfuite d’appuy à une autre maille qui s’approchera encore plus du centre; & fans que nous fuivions davantage le refie du travail, il efl ailé de concevoir que le ver à loye, cram¬ ponné fur les derniers tours du fil, en dilpofera d’autres toujours de plus en plus éloignés des parois. Enfin, il efl ailé d’imaginer comment avec des elpeces de mailles plus ou moins grandes, différemment contournées & di¬ rigées en differents fens , il remplira l’elpace qui doit en¬ tourer celui qu’occupera la vraye coque; & que les tours de ce fil, quoique peu preffés les uns contre les autres, quoiqu’ils laiffent par tout entr’cuxdes vuides, fourniront tous les appuis neceffairesà une coque dont la tiffu refera plus ferrée; ils la lu pendront de tous côtés. Ce que notre ver à foye a fait dans fa bouteille de verre, d’autres le font dans des cornets, entre de petites branches, entre des feuil¬ les d’arbres. Plufieurs * PI. Fis des Insectes. 497 Plufieurs elpcces de chenilles, qui conllruifent leur coque fur une feuille, s’y prennent de la même manière, elles choififîent quelque feuille un peu courbée, n’im¬ porte en quel l'ens, quelles obligent encore à fe cour¬ ber davantage , Si cette feuiiie eft pour elles, ce qu’eft le cornet de papier pour ie ver à love. Des fourches for¬ mées par plufieurs petites branches, fourniffent également des appuis *. La facilité avec laquelle on dévidé le fil des coques des vers à foye, pourrait faire prendre une fauffe idée de leur confit uéhon ; elle difpolè à les regarder comme une efpecede peloton creux, dont le vuide eft occupé par la chenille ou par la cril'alide. Si pourtant on oblerve l’ordre dans lequel le fil fe détache, on fe fera une idée plus jufle de fon arrangement; on verra bien-tôt que chaque tour du fil n’entoure pas la circonférence entière de la coque, comme chaque tour du fii d'un peloton entoure celle du peloton ; que le fil de foye forme des efpeces de ziczacs * fur la furface de la coque; qu’après avoir fait plufieurs de î 3 ces ziczacs alfés ferrés les uns contre les autres dans un petit elpace , près d’un bout ou du milieu, il va fiubite- inent en faire de pareilles, à quelque difiance de là*, Si quelquefois à l’autre bout. De ce bout il prend fouvent F ‘ s ' fi route vers quelqu’endroit de la furface oppolée. Il ne paraît aucun ordre dans la façon dont le fil eft conduit pour former des ziczacs. Des circonftances dont nous ne pouvons pas juger, déterminent la chenille à en remplir certains endroits avant les autres, fçavoir, apparemment ceux qui préfentent des appuis plus commodes. Le ver à foye ou ia chenille obfèrvée pendant fon travail, 11e fçauroit nous montrer aufii-bien la vraie difpofition du fil, qu’on la voit lorfqu on le dévidé de defius la coque ; mais la chenille obfervée alors, confirmerait, s’il en étoit befoin, Tome /. , Rrr 34 - * PI. 34.. Fig. 12 . * PI. 3 2. Fig. 13. * PI. 32. Fig. 14.. & PI 33. F,g. i & 2. * pi ri. ,,, Fig. 1 & 2. 500 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE C’eft fur tout quand un fl fe place * heureufement dans le microlcope, de façon qu’on en puiffe voir la tran¬ che, qu’on reconnoît bien qu’il efl moins épais que large. La ftruélure des fils de toutes les chenilles, ni même celle de tout le fil d’une même coque, ne font pas parfaitement femblables. J’ai obfervé de très-gros fils, qui paroiffoient vifiblcinent compofés de deux cylindres appliqués l’un contre l’autre*. J’ai obfervé d’autres fils beaucoup plus plats, & qui fembloient formés par la réunion de deux cy¬ lindres applatis *. Quelquefois on obferve de très-grandes portions de fils qui paroiffent cylindriques, qui, dans le microlcope, font telles que des cheveux, ou des poils de quadrupèdes. Le fil alors n’a été fourni que par un des vailfeaux, à moins qu’on n’aimât mieux croire qu’ils ont tous deux donné une matière plus fluide qu’à l’ordinaire, & que les deux cylindri¬ ques fe font prefque réunis en un. Sur chaque moitié d’un fil ordinaire, fur chaque filcompolé,on apperçoitfouvent plufieurs lignes légèrement ondées, qui, toutes parallèles les unes aux autres, font dirigées félon la longueur du fil*. Elles lèmblent être diflèrentesfibresqui entrent dans lacom- pofltion de chacune de les moitiés. La matière du fil de foye, comme nous l’avons vu ailleurs, efl une gomme qur a été tirée par la filière, & tout fil fait d’une gomme qui a été allongée, fe trouvera compofé de differents filamens, fi toutes' les parties de la gomme n etoient pas parfaite¬ ment égales, & fur tout fi elles n etoient pas liquides, ou ramollies au même point. Ordinairement le milieu du fil, l’endroit où s’efl fait la réunion des deux cylindres, efl très tranlparent, beaucoup plus que tout le refle; il le doit être, parce qu’il efl l’endroit le plus mince. Quelquefois pourtant le même endroit efl opaque. Cette exception efl produite par des circortftances des Insectes. 5 oi qui ont empêché ia réunion de le bien faire, par des cir- conftancesoù des bulles d’air ont pû être renfermées entre les parties liquides de la gomme foyeulê. L air, ici, doit pro¬ duire le même effet que dans les bulles qui forment une écume d’eau, qui n’a plus la traniparence de l’eau. Il y a des fils qui font fi applatis dans certains endroits *, qu’ils pa * roiffent des rubans. Dans d’autres endroits ils font plus Fig.3 .b bi épais. Enfin, il y a des endroits où l’on voit des efpeces de nœuds *, des tubercules formés par un plus grand amas de * F]> matière. Une remarque, que nous ont fournie encore les refer- voirs de matière à foye, dans le troifieme Mémoire, nous apprend pourquoi il arrive alfés fouvent que le fil d’une même coque elt de differentes couleurs, ou au moins de très-différentes nuances de couleur; pourquoi une partie de ce fil eft d’un beau jaune, pendant que le refie efl d’un jaune pâle prefque blanc; car nous avons vu qu’une partie d’un refervoir efl fouvent remplie d’une gomme foyeufe, de couleur différente de la couleur de celle qui remplit le relie du même refervoir. Les couleurs les plus ordinaires des coques des diffe¬ rentes efpeces de chenilles, font le blanc, le jaune, le brun ou le roux; mais on leur trouve des nuances de toutes ces couleurs extrêmement variées. Il y en a pourtant dont la foye eft d’un bleu qui tire fur le bleu celefle, & d’autres dont la foye eft verdâtre. Le ver à foye employé quelquefois deux jours, & quel¬ quefois trois à finir là coque; mais il y a des chenilles qui font les leurs en un feul jour, d’autres en font de très-bien travaillées, en quelques heures. Des chenilles de plufieurs efpeces ne recouvrent point leurs coques d’une bourre, d’une efpece de cotton de foye; elles en font le tiffu fi ferré, qu’on les croiroit plutôt coin: Rrr iij * PI. 32. Fig. 1 1. * PI. 32. Fig. 12. 502 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE pofées d’une membrane bien continue, d’une lorte de cuir* que de fils appliqués les uns contre les autres. Une chenille* de la première clafte, demi-veluë, qui 11’a point d’aigrettes de poils, ou d’aigrettes bien fenlibles, & que j’ai nourrie de feuilles d’aube-épine, & de celles d’abricotier, fe ren¬ ferme dans une coque de l’eipece de celles dont nous ve¬ nons de parler. La couleur de cette chenille peut aider à la faire reconnoître; celle du ddfusde fon corps eft, dans cer¬ tains temps, un noir-violet, & dans d’autres temps, elle eft prefque violette. A l’endroit où eft à peu-près la leparation de la moitié fuperieure, & de la moitié inferieure de cha¬ que anneau, le bout de la moitié fuperieure eft bordé de jaune; cette bordure remonte un peu vers le dos. Enfin, dans le petit arc renfermé par cette bordure, il y a une tache à peu-près du même jaune. Cette chenille fe fit, en Juillet, une coque*, quelle attacha contre une feuille; cette coque étoit plus petite que celle que la grandeur de la chenille auroit fait attendre. Audi avertirons-nous que les grandeurs des coques ne font nullement proportion¬ nées à celles des chenilles. De petites chenilles fe conftrui- fent quelquefois des coques qui ont bien plus de volume que celles que fe conftruifent des chenilles confiderable- ment plus groftes. Il convient aux unes d’avoir des loge- mens plus fpacieux, & «.les logemcns plus étroits valent mieux pour d’autres. Mais c’eft fur tout le tiflù ferré de notre petite coque que nous voulons faire remarquer; elle avoit à l’exterieur un poli, qui eût pû la faire prendre pour un gland tiré de fon calice ; elle avoit le luifant d’un pareil gland, Sc la couleur qu’il prend, lorfqu’il brunit en vieil- liffant. Le papillon n’eft pas encore forti, chés moi, des coques de cette efpece; il a péri dans quelques-unes. Je foupçonne qu’il y a des chenilles qui, pour rendre leurs coques plus fermes, les mouillent d’une liqueur gom- des Insectes. 505 rneufe, differente de celle de la foye, & quelles la jettent par 1 anus. On trouve dans l’intérieur de quelques-unes, près du derrière, des vaiffeaux qui femblcnt être les refer- voirsde cette efpece de colle. Les coques des greffes che¬ nilles du poirier à tubercules, & celles de quelques autres chenilles à tubercules, paroiffent avoir été mouillées par cette gomme, après qu'elles ont été finies. Leur fermeté efl telle que celle d’un bougran, & leurluifant fèmble prouver quelle efl due à une cauJè pareille à celle à qui le bougran doit la fienne. Une des chenilles les plus communes * dans nos jar¬ dins, qui fçait s’accommoder des feuilles de la plupart des arbres fruitiers , & de celles de plufieurs autres arbres, efl nommée la livrée par les jardiniers, parce que les diffe¬ rentes rayes bleues-celeftes, jaunâtres, brunes, qui font tout du long de fon corps, leur ont paru imiter ces touf¬ fes de rubans qu’on porte aux villages pour livrées de no¬ ces. Sa tête efl bleue. Cette chenille m’a montré un procédé analogue à celui que nous foupçonnons être pratiqué par plufieurs autres chenilles. Celui de la livrée mérité d’être détaillé. Elle fie fait une coque d’une foye prefque blanche, de forme approchante de celle du ver à loye *. La vraye coque efl logée au milieu d’une enveloppe moins cotton- neufie* que celle de la coque de ce ver; l'enveloppe elle- même a quelqu’air d’une coque. La foye, foit de l’enve¬ loppe , foit de la coque, me paroît de celles qu’on a tort de négliger ; on en pourrait faire de grandes récoltés dans cer¬ taines années, & je penfe que cardée, elle pourroit être employée pour des tiffus. Ces coques font, à la vérité, plus légères que celles des vers à foye, mais on en pourroit ramaffer beaucoup fans frais. Ce que nous voulons faire remarquer aéluellement, c’efl que lorfqu’on en déchire quelqu’une, on voit un nuage de poudre qui s en éleve. * Pi. s- hë- 7 - * PI. 31. Fig. 13. * Fig. 13 ffff 504 Mémoires pour l’Histoire Averti par la quantité cle poudre qui s étoit envolée de celles que j’avois cardées entre mes doigts, j’en aioblervé avec plus d’attention, diverfes coques de cette eljrece bien entières. Je n’ai pas eu de peine àreconnoître que leur loye eh poudrée prel’que par tout d’une poudre d’un jaune- citron, comme les cheveux des perruques le lont dune poudre blanche. 11 y a pourtant quantité d endroits où cette poudre eh en petits tas, en petits grumeaux, comme l’eh la poudre des perruques dans les endroits 011 il eh rehé trop d'eflence. La loye de ces coques eh par elle-même blanche, ou prelque blanche; cependant elles parodient d’un jaune tirant fur le citron. C’eh à leur poudre qu’elles doivent cette couleur. Les Dames qui cherchent avec des foins, pour lefquels nous manquons fou vent de reconnoif- fancc, à ajoûter aux agrémens qu’elles tiennent de la na¬ ture, ont imaginé, dans ces derniers temps, de fe fervir d’une poudre couleur de rôle; fi la poudre des coques de nos livrées pouvoit heureufement leur paroître propre à donner une agréable nuance de couleur à leurs cheveux, ces coques feroient bientôt tirées de l’obfcurité où elles font; on ne les laiheroit pas périr dans la campagne. Quoi qufil en loit de la fortune que je lbuhaiterois à ces coques, je ne connois qu’un ufage à la poudre par rap¬ port aux coques mêmes. Le tihli de chaque coque eh mince & peu ferré, il ne fçauroit empêcher la chenille, ou lacrilalide, d’être vue. La poudre jaune qui eh répanduë dans tout le tidu, le rend opaque; la chenille, ou lacrilalide, fe trouve auhi-bien cachée, au moyen de cette poudre, que d’autres le font dans des coques plus épaihes. Si on me demandoit pourquoi il eh necefiaire que ces chenilles répandent une poudre qui rende leurs coques opaques, pendant que tant d’autres ont des coques qui ne les déro¬ bent nullement à nos yeux, j avouerais que je l’ignore, comme des Insectes. 50^ comme j’ignore pourquoi tant d’efpeces de chenilles ne fe font point de coques, & pourquoi tant d’autres s’en font. Nous ne pouvons pas fçavoir ce qu’exige la conftitu- tion de leur corps; mais s’il y a des chenilles à qui il faille des coques, il doit y en avoir qui ayent befoin d’être ren¬ fermées dans des cellules plus elofes; &. s’il y en a qui n’ont point affés de foyc pour fournir à la conftruChon de la co¬ que épaifle ou opaque qui leur feroit neceffiire, la nature leura donné une autre refTource; elles font avec une pou¬ dre jaune , ce que d’autres font avec plus de foyc. La chenille ne fonge à penetrer toute fa coque de cette poudre, que lorfqu’elle n’a plus aucun tour de fil à y ajouter. On a beau charpir , carder une coque qui n’eft pas entièrement finie, il n’en fort pas la moindre poudre. J’ai été curieux d’obferver le temps où la chenille la ré- pandoit, & comment elle s’y prenoit pour la faire pene¬ trer entre tous les fils. J’ai raffemblé un grand nombre de coques que ces chenilles n’avoient que commencées, je les ai lailfé les finir en repos. Quand elles ont été entiè¬ rement finies, j’ai coupé avec des cifeaux, toute la foye de la première enveloppe, je n’ai confervé que le tiffu de la vraie coque, à qui même j’ai ôté tout ce que j’ai pû, fins lui faire perdre la forme. Encet état elle me laiffoit voir affés diflinélement la chenille quelle renfermoit. Malgré ces foins, le procédé qui attirait mon attention m’a fou- vent échappé; telle chenille poudre fi coque prefqu’auffi- tôt qu’elle l’a finie, Sc d’autres ne la poudrent qu’au bout de plufieurs heures; c’eft l’affaire de peu de minutes; je fuis pourtant parvenu à voir & revoir leur manœuvre autant de fois que je le fouhaitois. J’ai vu que la chenille jettoit par l’anus une matière jaune, molle, & liquide même, comme une bouillie épaifle ; elle avoit au plus, affés decon- fiftance pour garder la forme de l’ouverture, par laquelle Tome I. . . SU 506 Mémoires pour l’Histoire elle étoit fortie. La chenille liir le champ recourboit fon corps, elle portoit fa tête fur le petit tas de matière; elle en prenoit une portion entre fes dents. Elle redrelfoit en- fuite fon corps peu à peu, en conduifant fa tête fur la fur- face inferieure de la coque. La tête paroilfoit la frotter de temps en temps ; aulfi la coque fe coloroit-elle, &dcve- noit-elle opaque dans tous les endroits fur lefquels la tête avoit paffé. L’anus jette de cette matière jaune à trois ou quatre reprifes differentes, & la tête en enduit fucceffive- ment tout l’interieur de la coque. Cette matière, en partie liquide, preffée par la tête, entre dans les vuides des elpe- ces de mailles que le fil forme, & imbibe, pour ainfi dire, toute l’épaiffeur de la vraye coque; car elle ne va pas jus¬ qu'au tifili lâche qui lui fert d’enveloppe. Cette matière ainfi diflribuée en petites parcelles, feclie vite, & efl bien¬ tôt en état de paroître une poudre legere, parce qu’elle efl compofée de grains extrêmement fins, qui ne tiennent point enfemble. J’ai ouvert des coques dans l’infîant où les chenilles ve- noient de jetter la matière jaune ; dans le peu de temps que jemettoisà en ouvrir une, les dents de la chenille avoient eu celui de fe charger d’une petite pelote de cette matière. Celles qui ne s’étoient encore défait que d’une partie de celle qui doit fortir de leur corps, continuoient à la jetter devant moi, & je la voyois fe fecher en quelques inflans. Il femble d’abord que cette matière ne doit être regardée que comme un refie d’excrémens que la chenille n’avoit pas rejettés avant que de travailler à faire fa coque; mais elle ne reffemble en rien aux excrémens ordinaires de cette el- pece de chenille, ni d’aucune autre. Ce n’efl pas auffi de l’eflomach & des inteflins quelle vient ; elle efl formée avec plus d’appareil, quelesufages que nous lui connoilfons ne lémblent le mériter; mais elle en a apparemment, à nous des Insectes, 507 inconnus, dignes de l’attention que la nature apporte à la préparer. Dans le troificme Mémoire *, où nous avons * PI. j; examiné les parties intérieures des chenilles, nous avons Fig * s ‘ parlé de quatre gros troncs de vaiiïeaux*, qui, après avoir * LLLL. été droits 6c cylindriques, deviennent tortueux, ondés,6c comme variqueux *. Ces vaiiïeaux variqueux forment une * * *. elpece de lacis autour des inteflins, près du derrière. Nous n’avons rien oie décider fur le véritable ulàge de ces vaif- feauxdans la plupart des chenilles; au moins leur en con- noiiïons-nous un dans notre livrée; ce font les refervoirs de la matière qui forme enfuite la poudre jaune. On en a plus de preuves qu’il n’en eiï befoin; leur couleur jaune en feroit une; fi on les écrafeentre les doigts, on en fait fortir une matière jaune pareille à celle dont la chenille en¬ duit l'a coque. Enfin, fi on ouvre une chenille, qui a fini fia coque, mais qui n’a pas encore jetté la matière jaune, les vaiiïeaux tortueux font gros, bien diflinéîs, ils font alors bien remplis; 6c fi on ouvre une autre chenille qui a jetté la matière jaune, les mêmes vaiiïeaux font plus petits, peu colorés, en un mot, ils paroiflent prefque vuides. Nous avons dit dans le même Mémoire que nous venons de ci¬ ter, qu’ils s’inferent dans le reéhim, 6c c’eiï là qu’ils jettent la matière de la poudre. Je penfe que dans des chenilles de plufieurs autres eipe- ces, les mêmes vaiiïeaux ne contiennent qu’une matière vifiqueufe, qui eiï celle que nous avons foupçonné être em¬ ployée par quelques-unes pour donner plus de confiiïance au tiiïu foyeux. Nous ferons encore connoître ici une autre chenille *, * Pi* 34 » qui, comme la précédente, répand dans fa coque une ma- I& ‘ tiere jaune qui en pénétré le tiiïu, 6c qui y devient enfuite une poudre citron. Cette chenille le tient quelquefois fur le faule, mais je l’ai trouvée plus fouvent fur le peuplier Sffij » * PI. 34. Fig. 2. * Fig. 3. * Fig. 4. & S- * Fig. 6. * Fig. 4 *$ 5 3 + Me, TL .17.. cU L'kocè. des Infectes. f &-3 Fl Ï9-4 F t?9 Fiq é FU3 . JO F t9<5 t 7 ta. iS. O U?lt?Tl/t£iZU Scu/f Fut-** Fui *+ ‘JP Ftp-ti. Ÿ . /w »<*■ Fûj. o Sùrt£*v*uaA j'aJf Fia. *4 ifanr-nr-ran Jzl ri Sa . Pt 3 4 pa# S3+ Mon jj dt i'uùt. J*, ftuecUr fût - 5 Eut 13 '/■ J { />. ft.ui. £J ^ •/<• f fn^rt FU7 j i / !>, ■ • • - . / f \ ' ' •' , \üZm| ' ‘ Fi o j r i V ? /’i./ 9 V i /}«• i/’ F &-i ,TTy MV T * 39-3 F&? F*? 6 JJ des Insectes. 535 T RE I ZI E AIE MEMOIRE. DE LA CONSTRUCTION DES COQUES DE SOYE DE FORMES SINGULIERES, Et de la conftru&ion de celles dans la compojition defquelles il entre d’autres matières que la foye. D Es chenilles qui n’ont ni affés de matière foyeufe pour fournir à la conftruélion d’une coque auffi forte, ^a commencemens d’une coque; & dès que je les eus confi- derés davantage, je vis clairement que cen’étoient pas tics Tome I . Zzz 54 6 MEMOIRES pour l’Hïstoire parties naturelles à la branche, qu’ils ne pouvoient être que i ouvrage de la chenille. Je tins la petite branche lur laquelle elle étoit, entre mes doigts, l’agitant le moins qu’il m étoit poflible. La chenille reprit bientôt l’ouvrage commencé. 11 n’étoit remarquable ni par l'a grandeur ni par fa forme; c’é- toient deux petites lames, qui s eievoient lui* ia petite bran¬ che, en quelque forte comme les plumes s’élèvent fur les ti¬ ges des lleches, & de figure approchante de celle de ces plu¬ mes, mais polées dans un l'ens contraire à celui de ces mêmes plumes, je veux dire que leur partie 1a plus large étoit vers le haut de ia petite tige; côtoient de petites lames triangulaires, F ^ ^ ont 1111 ^ es c ôtés * étoit appliqué & collé contre la tige : ce côté étoit de quelque chofe plus long que le corps al¬ longé de la chenille. Ces lames triangulaires me parurent très - remarquables, lorfque je les oblèrvai plus attentive¬ ment , & fur tout lorfque j’eus donné à mes yeux le fecours * Fig. 3 & d'une loupe; je vis que chacune* étoit compolée d’un 5 grand nombre de petites pièces rcéîangulaires *, très min¬ ces, environ quatre à cinq fois plus longues que larges, polées bout à bout, & à côté les unes des autres, à peu- près comme le font les carreaux des chambres. Leur cou¬ leur m’apprenoit de plus qu’elles avoient été prifes de l’é¬ corce de la petite branche. Mais la chenille elle-même ne fut pas long-temps à me montrer comment elle les en dé- tachoit, & comment elle les mettoit en œuvre. Elle étoit étendue & appliquée lur la petite branche entre les deux lames compofées de tant de petites pièces, qui lui faifoient une efpcce de berceau. Là elle étoit immobile iorfqu’on me la remit, mais bientôt elle avança du côté vers lequel 1a tête étoit tournée, qui étoit celui où les lames triangai- * laires s’élevoient le moins au-delïlis de la petite tige*. 11 ne relia au plus que la moitié de l'on corps entre les lames. La tête, qui en étoit dehors, s’appliqua contre la branche des Insectes. s+7 pendant quelques indans; la chenille retourna enfuite à reculons. Dès quelle fut entièrement rentrée entre les lames, elle iè courba, elle avança fur une d’elles, elle pofa fa tète fur un endroit de l'on bord; & après s être donne quelques mouvements, elle defcendit entre les deux la¬ mes. Elle en lortit enliiite en partie, elle alla encore appli¬ quer fa tète contre la tige, & elle ne tarda pas à retourner en arriéré comme la première fois. Après lui avoir vu ré¬ péter ce manège, & après avoir choifi les portions les plus favorables pour la bien oblèrver, je vis que toutes les fois que la tète s’appliquoit immédiatement contre la tige, elle en détachoit une petite bande de peau * de la figure de celles dont les lames triangulaires étoient compolees. Les dents, quelle a, femblabies à celles de tant d’autres chenil¬ les , & femblablement pofées au-defious de la tête, étoient lesinfirumens aveclelquelselleyparvenoit. Tenant enfuite avec ces mêmes pinces, cette petite bande de peau par un bout, & laifiant pendre l’autre bout en bas, elle retour- noit entre les deux lames triangulaires; elle grimpoit en- fuite le long d’une des lames, jufqu’à ce qu’elle eût con¬ duit fa tête & fes premières jambes allés haut pour être en état de placer la tranche de la lame en delfous, & vis-à-vis le milieu de fi tête, & entre lès deux premières jambes. La façon dont elle contournoit l'on corps lui aidoit encore à mettre l'a partie anterieure dans cette pofition. C eft alors que la tête appliquoit la tranche de (a petite bande, du petit carreau de peau, dont elle étoit chargée, contre la tranche de la grande lame. Ses jambes écailleufes failoient la fonction de mains pour la bien ajulter en place. Le bord de la lame fie trouvoit entre deux jambes de la même paire, qui donnoient alternativement des coups fur les endroits du petit carreau de peau qui n’étoient pas bien placés. L o- peration d’ajuller le bord d une bande h fine contre le Zzz ij * PI. 58. 'g- s- 548 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE bord de la lame, doit paraître difficile; ce n’eft pourtant, par rapport à une chenille, qu’à peu-près ce que ce ferait pour nous de bien ajufter un côté de la tranche d’une carte fur un côté, fur une tranche femblable d’une autre carte. Pour arrêter cette petite bande de peau, après l’a¬ voir bien mifie en place, elle y attache des fils qu’elle colle ou attache de même fur des bandes polées ci-devant, qui portent la dernière, ou qui en font proche. On 11e parvient pas à voir ces fils, on les reconnoit lèulement par leur cfiet, & parce que la chenille en file dans d’autres circonflances où ils font plus ailés à appercevoir. Pour étendre &. pour élever chacune des grandes lames, la chenille répété continuellement la même manœuvre; elle leur veut à l’une & à l’autre precilèmcnt la même grandeur & la même figure ; elle fie conduit de la façon la plus fiûre pour y réuffir. Après avoir ajouté à l’une trois à quatre petits carreaux, elle va en attacher autant à la partie correfpondante de l’autre. Les endroits d’où eile a enlevé la peau de la branche font ailés à connoître, * PI. 38. on voit de longues rayes* , parallèles à la longueur de la Ug^, 3 & Pg C) d’une couleur plus fraîche que celle du refte, c’clt de là qu’ont été prifics les petites bandes, les petits carreaux. Tout le contour de la petite tige eft ainfi dépouillé fiuc- ceffivemcnt,& de plus loin en plus loin. La plus grande diftance où la chenille ait befoin d’aller efi pourtant telle , que le bout de fon derrière refte toujours vers le com¬ mencement des lames. Quoique nous n’ayons parlé que de la peau détachée du côté inferieur , elle en détache auiïi du côté luperieur, & cela principalement lorfqu’elle élève la portion des lames qui cft du même côté. La peau qu’elle enlevé eft cette peau mince , l’efpece d épiderme qui couvre la véritable peau. Les deux lames que nous avons appellées triangulaires ; ne font pas precilèmcnt des des Insectes. 549 triangles reéliiignes; l’angle le plus élevé* eft un peu arron- * pi. 38. cli, les deux côtés qui le forment par leur rencontre ont un F ' ë ‘ 3 ' b " peu de courbure. Au relie, l’intervalle qui eft entre les deux lames * eft tout tapi (Té de petits carreaux de peau pareils à * Fi S- 3 * ceux dont elles tout formées elles-mêmes. Je vis travailler cette chenille à aggrandir & à élever ces deux lames pendant plus d’une heure & demie, je la fis voir, ainfi occupée à l'on ouvrage, à plufieurs perl’onncs qui étoient à la promenade avec moi. Comme on avoit attention de ne pas agiter la petite branche lur laquelle elle étoit, elle ne s’inquietoit point, elle alloit toujours l'on train fous nos yeux. L’heure de finir la promenade arriva; la diftancc du grand bois de Vincennes à Charenton, eft celle d’une promenade d’une raifonnable longueur, en faifant ce chemin en fe promenant, on y employé près d’une heure. Je tins pendant tout le retour la petite bran¬ che à ma main; j’étois attentif à ne lui point donner de fécondes, auffi la chenille continuâ t-elle l'on ouvrage pendant toute la route, & quand je fus rendu chés moi il étoit fort avancé. La nature 11e l'emble pas avoir befoin de donner beau¬ coup d’intelligence, ni même d’en donner, à un inl’eéîe tic qui elle exige feulement qu’il fe conftruilè une coque de figure arrondie, qu’il commence à lui fini e prendre dès qu il commence à la conftruire. Les positions où femet luccel- fivemcnt l’inleéte lorfiqu il travaille à s entourer de fils de toutes parts, déterminent la forme de l’enveloppe compoféc de tous ces fils, à avoir une rondeur, & une forme qui ne variera que pour être plus ou moins allongée, & plus ou moins applatie. Mais quanti on voit un inleéte, qui pour fe bâtir une coque, commence par affemblcr une infinité de petits carreaux pour en compoler deux lames plattcs & triangulaires; un infecte, qui pour arriver à une fin, prend Zzz iij * PI. 38. Fig. 3. a e. * b e. * e. a b. 550 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE des voyes qui femblent fi détournées, quoiqu’elles foient des plus commodes, & des plus courtes pour y arriver, on eft bien tenté de lui croire du genie; on le voit agir com¬ me s’il en avoit. Il étoit hors de doute que le but du tra¬ vail de notre chenille étoit rie parvenir à fe faire une co¬ que , mais il n’étoit pas ailé de deviner quelle forme elle lui donneroit ; on 11e voyoit que deux lames plattes qui s’écartoicnt de plus en plus l’une de l’autre par leurs bords fuperieurs, à mefure qu’elles s’élevoient davantage, ce qui étoit une fuite neceffaire de l’inclinaifon de leurs pians. Je n’imaginois pas quelle figure devoit avoir la coque à laquelle elles dévoient fiervir; je foupçonnois que d’autres lames feroient bâties fur celles-ci ions differents angles, pour fiervir à former une efpece de toit. L’idée d’archi- techire de notre chenille étoit plus fimple que toutes cel¬ les qui m’étoient venues; elle deflinoit ces deux lames à faire une coque très-bien fermée, très bien clolè de toutes parts, & elles dévoient y fiuffire. Son projet, s’il eft permis de parler de la forte d’un ouvrage, qui, quoique conduit par un infeéïe, femble fuppoler une fuite de vues, fon projet, dis-je, étoit de réiinir enfemble les bords exté¬ rieurs des deux lames, quelqu’écartésqu’ils fuffent les uns des autres. Pour expliquer comment eile y parvient, nous ferons remarquer que le côté* de chacune de ces lames, qui eft appliqué contre le petit bâton, eft le plus long côté, il eft oppolé au plus grand angle, qui eft plus grand qu’un droit. Les deux autres côtés font inégaux; le plus grand de ceux- ci *, ôl le plus incliné à la tige, forme avec elle un affés petit angle vers fa partie inferieure *. Nous l'appellerons le premier ou le grand côté fuperieur ; & nous appellerons le troificme côté*, le fécond côté luperieur ou le petit côté luperieur. 11 eft clair que c’eft où fe rencontrent cc$ des Insectes. 551 Jeux côtés * que la lame s'élève le plus au-deffus du bâton. * Pi. 3 3 . Nous remarquerons encore que la partie du bois, qui efl Fi S- 3 &/ ’- comprife entré les deux lames, efl elle-même un peu trian¬ gulaire , de telle forte que quand les deux lames ont toute leur longueur, elles lont très-peu disantes l’une de l’autre, vers leur bout le moins élevé*. Pour joindre enfemble * Rg . ttm ces deux lames, la chenille lé propolè de réunir d’abord leurs deux grands côtés fuperieurs * ; a mefure qu’eile les * Fi g ,j.£ 0 réünit, elle fait prendre à ces lames une forte de courbure, b e ‘ de façon qu après que leur réünion efl faite, elles for¬ ment une efpece de cornet ouvert*. Voilà déjà une for- * Fig. 6 . ee, me de coque, mais ouverte par un bout ; pour la fermer bb ’ aa ‘ entièrement, il ne refie plus à la chenille qu’à réunir les deux petits côtés fuperieurs*, à ramener les deux parties * Fig. 6 . qu’ils terminent à venir chacune faire la moitié du cou- ab > ab - vercle du gros bout de la coque *. Sa figure alors efl à peu * Fig. 2. près celle d’une portion de cône à bafè elliptique, qui au- aLLb ' roit été coupée par un plan conduit parallèlement à l’axe du cône, de maniéré qu’il eût rencontré là baie, fur une des lignes ou cordes parallèles au petit axe de cette bafe, ' où fa figure efl celle d’une efpece d’onglet. Elle a pour¬ tant de plus que l’onglet ou que la portion de cône, à qui nous la comparons , une petite pointe qui faille du bout de fa partie la plus groffe , & la plus élevée fur le relie du contour. La partie même qui ferme le gros bout n’efl pas abfoiument plane, & elle efl comme divifée en deux par une languette *, peu élevée , qui efl un prolongement de * Fl§ ' 2, u% la pointe dont nous venons de parler. Voyons comment la chenille va travailler pour faire prendre cette forme aux deux lames triangulaires. Nous venons de faire remarquer que la partie du bois qui efl renferméeentr’elles* efl un peu triangulaire elle-même, de * Fig. 3 &4. j o a a ee» façon que fi ces lames étoient prolongées, elle le ren- 552 Mémoires pour l’Histoire contreroient. La chenille les prolonge auffi à un point où elles font près de fe rencontrer, & dans ce même endroit elle les élevé chacune un peu plus que la forme triangu¬ laire ne le demande. Cela fait, la chenille qui efl entre les lames, & qui y va toujours Tefter, attache un fil au bord d’une lame, & le tire jufqu’au bord de l’autre lame, en commençant à l’endroit où ils font tous deux moins élevés, & moins écartés, & où ils ont moins de chemin à faire pour venir fe réunir l’un contre l’autre. Là elle at¬ tache ainfi plufieurs fils qui vont de l’une à l’autre de ces lames. Elle n’a donc pas beaucoup à tirailler fur les fils, par lefquels elle vient de joindre les lames , pour obliger leurs bords à fe toucher. Après les avoir amenés là , l’un contre l’autre, elle les y aflujettit par de nouveaux fils. Or, elle n’a pu forcer les lames à fe joindre dans cette partie île leur bord, fans forcer les parties qui les fuivent à fe rapprocher un peu. Les premières étant donc réunies, elle attache des fils aux fécondés qui les contraignent à fe réunir à leur tour ; quand elles fe touchent, elle les arrête l’une contre l’autre par d’autres fils. On voit affés qu’à mefure que la chenille a forcé des endroits correlpondans des bords des lames à venir fe toucher, elle a contraint ceux qui fuivent à s’approcher ; mais plus les endroits à réünir font voifins de la partie la plus élevée, plus ils s’é¬ cartent les uns des autres, & plus le rapprochement cft difficile. Pour le faciliter, après que la chenille a réuni les bords d’environ le quart ou le tiers de la longueur des eb,eb. grands côtés fuperieurs *, elle pouffe en dehors avec là tête les parties qui font au-deffous de celles qui font liées, ce qu’elle fait à un grand nombre de repriles ; ainfi elle oblige les parties de ces deux lames, qui étoient planes au¬ paravant , à prendre une courbure, à former le commen¬ cement du cornet. La partie inferieure & Ja plus étroite de chaque des Insectes. ; ;; de chaque lame ne fçauroit prendre cette courbure, fans que la partie qui la fuit fe courbe un peu dans le même feus, & par confequent, fans que les deux bords des lames fe rapprochent de quelque choie. La chenille n’a donc pas beloin de les tirailler autant avec des fils, pour les forcer à venir le rencontrer. C’efl ainfi quelle continue de réunir enfemble les bords des deux grands côtés, mais elle n’y parvient qu’à bien des reprilês; on voit fur tout, vers les portions les plus élevées, des parties qui laifîent encore du vuide entr’elles, quoiqu’elles foient liées & tirées par des fils. On voit enfuitc la chenille frapper contre ces portions de lames avec la tête, pour les obliger à fe courber davan¬ tage ; après quoi elle attache contre leurs bords des fils qui vont de l’un à l’autre; elle charge ces fils du poids de fon corps, & ce poids force là les deux bords à venir s’appliquer l’un contre l’autre. Il ne lui faut pourtant qu’environ une demi-heure pour parvenir à réunir les deux grands côtés dans toute leur longueur, & à les réunir fi bien, que la loupe ne fait pas diflinguer des autres endroits, ceux où ils font appliqués l’un contre l’autre. A mefure auffi qu’elle les a joints enfemble, & quelle a fait prendre de la ron¬ deur aux lames, elle fortifie la coque, elle la tapifle inté¬ rieurement de foye; tout cela s’apperçoit au travers du tranfparent de cette coque, fion la confidereau grand jour, ou le foir, auprès d’une lumière. La coque ayant donc pris la forme de cornet*, il ne * PI. 38. refte plus, pour la fermer, qu’à réunir les deux petits côtés * l’un contre l’autre. Us fe touchent déjà par le bout*, où * bl. ils rencontrent chacun un grand côté; c’eft auffi par là que la chenille commence à les réunir avec des fils, & peu à peu elle parvient à les joindre jufqu’à leur bout quipofè fur la tige. Elie fait prendre une forme prefque plate aux parties terminées par ces mêmes côtés ; elles font .chacune une Toute I. . A a a a * PI. 38. Fig. J c d. 554 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE moitié de couvercle. La chenille a une prife commode pour les applatir, elle n’a qu’à les tirer en bas, & c’eftce qu’elle peut Lire en chargeant du poids de Ion corps les fils quelle a attachés à leurs bords. Ce n’eft que par un très-grand hazard qu’on peut trou¬ ver de ces lortes de coques ; elles font ailes cachées par leur petiteffe*, mais leur couleur les cache encore; elles ont celle de la branche-même contre laquelle elles font appliquées, puifqu’elles font couvertes de la propre peau de cette branche: fi on n’y regarde de près, on les prend pour quelque nœud , pour quelque tuberohté de cette branche. Je n’ai point eu le papillon qui fort de l’induf- trieufe chenille qui fait cette coque, mais il y a grande ap¬ parence qu’il vaut mieux connoitre la chenille elle-même que fon papillon. Le nombre de fes jambes & la couleur de fa peau d’un blanc-jaunâtre tirant fur la couleur de chair, jointe à la couleur rouffe de fies poils, doivent aider à la faire connoitre à ceux qui fieront curieux de la trouver. Au refte, la forme de cette coque ne lui cfl pas particu¬ lière à elle feule; tout ce qui lui eft peut-être fingulier, c’ell de ce que l'on extérieur eft compofié d’un grand nom¬ bre de petits morceaux d’écorce coupés quarrément, & qui font comme autant de petits carreaux, ou de petites pièces de parquet. Mais plufieurs autres elpeces de che¬ nilles font des coques de pure fioye, à qui elles donnent la même figure, & que nous pourrions defigner toutes par le nom de coques en onglet ; nous aimons pourtant mieux leur donner celui de coques en bateau, parce qu’il eft gé¬ néralement connu , & que l’autre n’eft familier qu’aux Geometres ; d’ailleurs ces coques ont toutes de la refi- l'emhlance avec un bateau renverfié, bas & pointu par le devant, & dont le derrière eft élevé & plat, ou comme coupé. J’ai trouvé fur une feuille de chêne une de ces des Insectes. 555 coques en bateau * de pure foye blanche, d’où il fortit, * H. 38. au commencement de Juillet, un petit papillon * dont la F ‘f® couleur du deffus des aiies fuperieures efl un mélange de 9. gris & de brun, & qui porte lès ailes fuperieures roulées, de façon qu’une des ailes pafTe vers le côté oppofë à celui de l'on origine, & couvre une grande partie de l’autre aile iùperieure. Vers la fin d’Oéfobre, l'imperiale de ma berline ayant rencontré les branches d’un chêne, fit tomber, fur un de mes gens, une chenille rafie d’un beau verd ; elle étoit de la première claffe, & de celles de grandeur médiocre; elle me fut remife fur le champ, & lur le champ je la renfer¬ mai dans un poudrier de verre avec des feuilles de chêne. Elles lui furent inutiles; elle n’avoit plus bel'oin de manger. Au bout de deux jours, elle fe fit, pendant la nuit, une coque en bateau d’une foye d’un brun-caffé*. J’étois alors * pf. 59> en route; lesjëcoulfes de la voiture l’cmpêchercnt peut- Fi s- 7 * être de travailler pendant le jour. Je n’ai point eu le papil¬ lon quiendevoit fortir. Cette chenille étoit de celles qui ne JaifTent pas d’avoir la force de fe renfermer, quoiqu’elles ayent, dans l’interieur de leur corps, un gros ver qui les ronge. J’ai eu, dans le commencement de Mars, une gran¬ de mouche ichneumon, dans laquelle s’étoit transformé le¬ ver qui avoit dévoré la crifalide de cette chenille. J’ai pourtant eu peu de regret de ce que les dernières obfervations fur les coques en bateau, de pure foye, avoient été imparfaites, de ce que je n’avois pas vû les chenilles pendant quelles étoient occupées à les filer. Une chenille* * pj d’une afTés petite efpece, & ailée à trouver, m’a montré tout Fig. j. ce que je pouvois fouhaiter de voir lur ce travail, qui ne devoit gueres différer de celui que la coque parquetée nous a donné occafion de décrire, & qui, pour l’elfentiel, re¬ vient auffi au même. Nous aurons encore à parler ailleurs Aaaa ij 556 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE PI- 39- de la petite chenille * à qui j’ai vû faire une coque en ba- * Fig. 6 . teau, de pure foye*, lorfque nous examinerons dans un Mémoire particulier, l’artifice avec lequel certaines che¬ nilles plient des feuilles, les roulent, & en réunifient plu- fieurs dans un même paquet. Celle-ci fe tient au milieu d’un paquet de feuilles de faille, ou de feuilles d’ofier ap¬ pliquées les unes contre les autres, fuivant leur longueur. Elle efi de la première clafie; elle cfi rafe; fa couleur eft verdâtre. Ce n’efi gueres que dans le mois d’Aout quelle fait fa coque; elle la fait contre les feuillcsou les branches même de l’ofier ou du fâule. J’en ai eu qui en ont fait chés moi, & fous mes yeux, contre les parois des poudriers où je les tenois renfermées, & d’autres qui les ont faites fur de pe¬ tites branches que je pouvois tenir à la main fans détour¬ ner ces infeeffes de leur travail. La chenille commence par tapi fier de foye la portion de la furface de la branche qu’elle defiine à fervir de bafe à fa coque. Le contour de cette furface tapifiee efi à peu-près oval, plus aigu pourtant à un bout qu'un oval ne le doit être; par l’autre bout, lovai n’efi pas complet; il lui manque une portion d’arc qui le devroit terminer. Sur cette enceinte, excepté fur la ligne où lovai efi tronqué, elle éleve perpendiculairement un mur de foye. Ce mur, comme la circonférence de l’oval, peut être regardé comme compofé de deux parties, ou de deux murs differents, qui fe rencontrent au bout * Fig. 6. ;. fermé de la courbe*; dans l’endroit où ifs fe rencontrent, la chenille les tient l’un & l’autre très-bas, & de là elle les éleve * 0. p. de plus en plus jufqu a leur autre bout, jufqu’au bout * où ils font difians l’un de l’autre. Quand elle s’occupe à éle¬ ver davantage une partie du mur qui a déjà quelque hau¬ teur, fon corps efi drefie contre les parois intérieures dans lefquelles quelques-unes defes jambes membraneufes font cramponnées. La tête, qui fe trouve alors au-deffus du des Insectes. mur, s’incline alternativement clans des fensoppofés. Cha¬ cun de Tes mouvements ajoute quelque choie à l’élévation du mur; ils font chacun fortir une petite portion de fil de la filiere. Le travail feroit long , & demanderait peut- être trop de foye, fi les contours du fil de foye étoient Amplement appliqués les uns contre les autres; elle fait prendre une petite courbure à la portion de fil quelle em¬ ployé; elle en forme une efpece de boucle ou de maille, au moyen de quoi 1 élévation du mur fe fait plus prompte¬ ment & à moins de frais. Quand elle eft occupée à l'élever dans un endroit, quoique ce même endroit doive être plus bas que celui qui le fuit, elle lui donne plus de hau¬ teur; mais lorfqu’elie palfe à celui qui efi refté trop bas, elle félcve plus que l’autre: en un mot, elle donne aux bords de nos lames ou petits murs de foye, l’inclinaifon convenable. Quand elle a travaillé la lame d’un côté, elle la quitte, elle paffe à celle qui lui efi oppofée. Jufqu’ici le fond du travail, comme nous l’avons déjà dit , revient allés à celui de la coque parquetée, & ce qui refie à faire y revient encore davantage, & efi plus ailé à exécuter dans cette coque que dans l’autre. Les deux lames fe touchent ici par le bout le moins élevé*; la chenille commence à F * 39 < rapprocher le bord de l’une de celui de l’autre auprès de 0 ce bout, & à les attacher de proche en proche, jufqu’où les lames font le plus élevées. Il n’y a donc plus qu’à fermer l’ouverture que biffent entr’eux les deux petits côtés qui s’élèvent prefque perpendiculairement fur la tige; lorf¬ qu’elie a réuni les deux longs côtés, les côtés inclinés, elle a déjà attaché enfemble les deux bouts extérieurs des petits côtés ; elle force peu à peu ces côtés à s’approcher l’un de l’autre, & à fe toucher dans toute leur longueur, en les ti¬ raillant avec des fils, comme nous l’avons afies expliqué, rapport au gros bout de la coque parquetée. Aaaa iij * PI. 5 g. Fig. 6. p o. * PI. 39. Fig. 8,9, 1 1 & 12. * Fig. 1 1 & 12. 55B Mémoires pour l’Histoire C’eft par le gros bout * de la coque que fort le papillon, après avoir relié jufqu’aux 1 . ers jours de Septembre tous la forme d’une crifalide qui 11a rien de remarquable. J’ai eu de quelques-unes de ces chenilles, des papillons qui portoient leurs ailes en toit allés aigu, & dont le delfus des fuperieures étoit d’un beau verd-tendre, ayant feulement tout autour un rebordd’unblanc un peu verdâtre&fatiné. Dequelques autres de ces chenilles du faille qui font leur coque en ba¬ teau, j’ai eu aulfr des papillons qui portoient leurs ailes pref- qu’horifontalement, & dont celles de delfus étoient colo¬ rées d’un brun couleur d’agathe, mêlé par ondes & ta¬ ches, avec un blanc-jaunâtre. Je n’ai pas alfés étudié ces chenilles & leurs papillons, pour lçavoir fi des papillons, fi differents par les couleurs, ne différaient qu’en lexe, ou fi dans les chenilles que j’avois crû les mêmes, parce qu’elles lioient de la même maniéré les feuilles du faille & celles de l’ofier, il n’y en avoit pas deux efpeces differentes, qui, à caufe de leur petitelfe, auraient demandé, pour être dif- tinguées, qu’on leur eût donné plus d’attention que je 11e leur en avois donné. J’ai même remarqué des différences dans la couleur des coques; quelques-unes étoient d’une foye prefque blanche, & les autres d’une foye d’un jaun⬠tre tirant fur le brun. Toutes ces différences font pourtant de celles qui n’ont pas de quoi nous interelfer beaucoup. Nous connoilfons encore une efpece de coque en ba¬ teau , de pure foye *, dont la forme eft plus recherchée que les formes de celles que nous venons de voir; fa conf- truélion, plus compliquée, femble demander plus d’induf- trie dans la chenille; les procédés employés par les autres ne fernblent pas fuffire pour la mettre en état de finir cette coque *. La foye qui la compof'e efi forte . comme l’ell generalement celle des coques en bateau; fa couleur eft un jaune-pâle. On la trouve prefque toujours appliquée des Insectes. 559 fur une feuille de chêne. Sa baie efi une efpece de plan oval, aigu pourtant à l'es bouts, quoiqu’un des deux* le * Pl - 39- foit moins que l’autre*. Les murs deioye s’élèvent pref- ff// & que perpendiculairement lur la circonférence de cet oval, * y' ou en lé courbant doucement; ainfi ils ont, en tout en¬ droit de leur hauteur, à peu-près la même courbure & le même contour qu’à leur bafe; ils le renflent pourtant un peu en s’élevant, ils fe retrecilfent enfuite un peu. Vers un des bouts, qui efi le pluspointu *, ils s’élèvent moins qu’ils * Fig. j 1 ne s’élèvent à l’autre bout, Sc en s’approchant de l’autre & bout *. Le bord luperieur de ces deux elpeces de murs efi * ro - fortifié par une arête de foye; chaque demi-circonference de cette arete efi ici ce que font les lablieres dans nos com¬ bles de charpente, car de chaque moitié de la circonfé¬ rence fuperieure, il part un petit plan de foye. Ces deux plans s’élèvent un peu, ils fe dirigent l’un vers l’autre, Sc par leur rencontre, ils forment le toit furbaifle de notre petit édifice. La ligne* où ils le rencontrent efi vis-à-vis * Pi. 99. le milieu du plan de la bafe, au-defius du grand diamètre C 11 & del'oval. Cette ligne de leur réunion efi marquée par une arête plus relevée que le refie, qui efi comme le tirant, ou l’entrait de la charpente, ou, pour parler plus conforme¬ ment à notre première comparaifon, qui efi comme la quille du petit vaifieau renverfé. Ces parois, ces murs cour¬ bes qui s’élèvent preique perpendiculairement, le toit qui en part & qui efi compolë de deux moitiés, chacune un peu inclinées aux parois, & un peu convexes, tout cela ne peut être fait par deux lames triangulaires, comme celles de nos premières coques en bateau, dont les deux longs côtés fuperieurs ont été d’abord réunis enfemble pour former un cornet, & dont les deux petits côtés ont été réunis en- fuite pour fermer la coque. Le travail de notre derniere coque doit être conduit tout autrement. 560 MEMOIRES POUR L’HiSTOÏRE J’ai eu pendant long-temps regret de ne pouvoir fur- prendre dans le travail, les chenilles qui fe font de ces for¬ tes de coques. Une que je trouvai furie chêne vers lami- Avnl, torique les feuilles ne commençoient qu’à pointer, * PI. 39. & qui alors étoit très-petite, fatisfit enfin ma curiofité*. Fi â- 10 - Dans un mois ou environ, clic parvint à la groffeur d’une chenille médiocre. Cetteefpece a 1 6 jambes; elleefl rafe; fa peau efl d un beau verd, fur lequel on démêlé des rayes obliquement tranfverfàles d’un verd un peu plus jaunâtre. Sa partie polterieure efl plus déliée que là partie anterieure. Sa tête efl fouvent retirée fous les premiers anneaux, de façon qu’on ne la voit point ; ie corps de cette chenille a alors quelque chofede ceiui a un poiffon. C’eft même par le nom de chenille à forme de poijfon que je la défignois, avant que je fçufTe quelle étoit l’ouvricre de la belle coque en bateau. Elle avoit déjà commencé à y travailler, lorf- que je l’obfervai un matin, le 20 de May; quoique l’ou¬ vrage ne fût pas fort avancé, il 1 étoit déjà allés pour me rendre attentif, pour me faire voir que cette chenille fe fï- loit une coque, mais en s’y prenant tout autrement que les autres s’y prennent. Elle étoit alors un peu raccour- * PI. 4.0. c j e * entre deux efpeces de coquilles de foye *, pofées cha- Fl » 'pc,j)d. cune fur le côté; elles ne tenoient eniemble que par un * P* bout *; par l’autre bout *, elles étoient un peu écartées l’une de l’autre. Bientôt je vis cette chenille travailler avec une grande activité à élever le bord d’une de ces coquilles, * Fig. 2. à élargir & à allonger cette coquille*. Elle filoit fur fou bord des mailles de foye très-petites & très-ferrées les unes * Fig. 10. contre les autres*. Elle quittoitehfuite cette coquille pour paffer à l’autre, pour l’aggrandir autant qu’elle avoit ag- * Fig. 3. grandi la première. Elle fe retournoit bout par bout *; elle fe mettoit en differentes fituations, mais fe tenant toujours entre les deux coquilles de foye; quoique déjà grandes, ces PI. 40; Fi g- 3 - des Insectes. 561 ccs coquilles étoient minces; elles cedoient fouvem aux mouvements de la chenille; elles fe chiffonnoient, elles s’applatilfoient, & il mefembloit quel’infede n’en pourrait faire que deux pièces ailes informes ; mais il me fit voir qu’il fçavoit les redrclfer. Il les fortifia enfuite, de façon quelles pouvoient tenir,fans fe déranger, contre la plupart de fies mouvements. O11 imagine allés que le bord inferieur de chacune étoit attaché contre le pian fur lequel il étoit pofé; ces deux bords étoient diliants l’un de l’autre dans unegran- de partie de leur longueur; les deux coquilles ne fe tou- choient l’une l’autre que par un de leurs bouts *. La chenille lia pourtant avec des fils, l’un contre l’autre une portion du Fls> 1 ^ 2 bord i uperieur de chaque coquille, mais une portion proche des bouts qui fe touchoient *. Cette réunion ne devoit pas être durable, elle ne devoit fervir qu’à alfujetir les coquilles, julqu’à ce quelle les eût ailes fortifiées. Quand elle les eut rendues alfésfolides, ellebrilà les dentiers fils dont nous ve¬ nons de parler. Elle ne permit plus aux deux coquilles de le toucher que vers la partie inferieure de leur bout *. Elle écarta les bords fuperieurs l’un de l’autre, & la manière dont elle étoit étenduëentre les deux coquilles, maintenoit l’écar¬ tement. Ce ne fut qu’alors que je commençai à entrevoir quel ouvrage elle fe propofoit de faire, & les voyes quelle prenoit pour y parvenir. Je foupçonnai que la coque à la¬ quelle elle travailloit pourrait bien être une coque en bateau, de fefpece de celles dont nous avons parlé *; que les deux coquilles/? c, pci*, pourraient faire les murs de foye qui dévoient renfermer cette petite enceinte ; que les bords fuperieurs de chacune feraient ces cordons * que nous * avons comparés aux fablieres, & qui dévoient porter l’efi- Fi p pecc de toit qui couvre la coque. Je penfai donc que la chenille avoit écarté les deux bords fuperieurs des coquil les *, pour placer entr’eux la pièce de foye qui devoit faire p * Fig. 4. Fig I 2 . * * Pi. 39- 11 & 40. Pi. 4. PI. 1 1 < 5 c Tome /. Bbbb Pi. 4 •P c » 40, fa. * P!. 40. Fig- 5- * PI. 40. Fig. 6. * P- 562 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE îe toit. Bientôt je fus confirmé clans cette idée; elle rem¬ plit d’un tifiii de foye i’efpace que nous venons de confi- derer; elle fe retourna bout par bout plufieurs fois pour le fortifier, Si pour lui faire prendre une certaine forme*. La coque n’avoit pourtant pas encore celle de coque en bateau; un de fes bouts ne s’élevoit pas plus que l’autre, d’autant qu’il devoit s’élever. Le tifiu de la coque n’avoit pas encore toute la folidité qu’il devoit avoir par la fuite; la chenille pouvoit, pour ainfi dire, lui faire prendre une autre forme au moyen d’un moule. Elle en employa un pour élever le bout qui devoit avoir de la hauteur; fon propre corps fut ce moule *. Elle plaça fa tête à plat vers le bout qui devoit reficr bas *, Si élevant Si courbant fa partie pofierieure, de maniéré quelle lui fit faire un angle prefque droit ou peu obtus, avec fes jambes pofterieures *, elle força le fécond bout de la coque à s’élever. C’efi ainfi que differents mouvements du corps, differentes inflexions furent employées à façonner la coque, qui fut enfuite af¬ fermie , Si rendue plus foîide par de nouvelles couches de foye, dont l’interieur fut tapiffe. La coque finie n’eut pourtant pas une figure auffi par¬ faite que celles des coques en bateau des Figures 1 1 Si 12. Planche 39. elle fut telle que celles des Figures 8 & 9 de la même Planche. Auffi ma curiofité, le bel'oin que la per- fonne qui deffmoit la coque avoit de lavoir fouvent, trou¬ blèrent continuellement cette pauvre chenille pendant fon travail ; plus à fon aife, elle en eût fait une telle que celles des Figures 1 1 & 1 2. Ce qui ne me permet pas d’en douter, c’efi qu’ayant ouvert de ces dernieres coques, lorf- qu’elles ne venoient que d’être finies, j’y ai trouvé une chenille verte & rafe à feize jambes, Si que de quelques autres de ces mêmes coques il m etoit forti des papillons parfaitement femblables à celui qui fortit de la coque qui avoit été conftruitefous mes yeux. des Insectes. 563 Le papillon Y relie environ un mois clans cette coque * pi. 39 . fous la forme de crifalide; il en fort par le bout le plus éle- Fi s- 1 3^ & vé *. Je fai eu avant la fin de Juin; il effc de la leconde ' 4 ‘ * Fig. O r o. clalfe des phalènes, ayant une trompe blanche, & des an tennes à blets coniques, 8 c du genre de ceux qui portent bien leurs ailes en toit élevé au-delfus du corps; celui qui eli reprefenté Planche 39, ell la femelle. Ses ailes fupe- rieures couvrent entièrement lesaîles inferieures ; par-def- fus, elles lont d’un beau verd-tendre, tel qu’elt celui de Lorraine, ou ïe verd Tourville. Elles ont chacune deux rayes, ou comme deux traits d’un blanc jaunâtre paral¬ lèles l’un à l’autre, qui les traverfent, 8 c qui rencon¬ trent obliquement leurs côtés, tant extérieur qu’inte- rieur ; tout le contour des ailes fuperieures a un petit re¬ bord de même couleur; le delfous de ces mêmes ailes elt prelque blanc g- 9* * PI- 43* Fig. 12. * PI- 43 • Fig. 12. t. 578 Mémoires pour l’Histoire ni en cleiïbus ni en déifias. La chenille ne fut pas long temps à travailler à réparer le détordre que j’avois fait, & quel¬ que grand qu’il fut, elle parvint en moins de quatre heu¬ res à remettre là coque dans fon premier état. Elle com¬ mença par cnfortir prcfque entièrement; elle ne laifTa de¬ dans que fa partie pofîerieure. Elle porta fa tête auffi loin qu’il étoit neceffaire, pour que fes dents puffent faifir un grain de terre * ; dès quelles en furent chargées, elle rentra dans l’interieur de l'a coque; elle y laiffa le grain de terre, & elle refortit fur le champ, comme la première fois, pour prendre un fécond grain de terre, quelle porta aufli dans l’interieur de la coque. C’eft un manege que je lui vis faire pendant plus d’une demi-heure de fuite, & quelle fit peut-être pendant plus d’une heure. Je remarquai que c’étoit pourtant avec quelque choix quelle le chargeoit d’un grain de terre; avant que de le faifir, elle tàtoit adroite Si à gauche, pour reconnoître celui qui lui convenoit le mieux. Après tout ce travail d’une heure, l'ouverture faite à la coque étoit à peu-près la même. 11 n’y avoit encore eu que quelques grains de terre quelle avoit laiffés fur fes bords, Si qu elle y avoit arrêtés. Quelquefois au lieu de porter le grain de terre dans l’interieur de la coque, clie l’attachoit en quelque endroit du contour de l’ouverture, mais cela arrivoit très-rarement; lors peut-être que la fi¬ gure d’un grain, très-convenable à une certaine place, la déterminoit à l’y pofer. Elle n’a voit donc, à proprement parler, travaillé pendant une heure entière, quaramafler & qu’à porter dans là coque la quantité de matériaux necefi faire pour reparer la breche que j’y avois faite. Enfin, la provifion de matériaux étant raffcmblée , la chenille ne longea plus qu’à les mettre en œuvre. Elle ne fortit plus de fia coque; elle fut occupée pendant trois heures à les employer. Elle commença par filer fur un endroit de des Insectes. 579 l’ouverture. Après y avoir mis une petite bande de toiie très-lâche, d’une efpece de refeau, la tête quittoit les bords de l’ouverture; la chenille rentrait entièrement dans la coque, & la tête revenoit chargée d’un petit grain de terre quelle engageoit * dans les fils de loye. Elleyenga- * pi. 4?. geoit de fuite deux ou trois, ou un plus grand nombre de r ‘ s 1 grains, félon que la quantité des fils le permettait. Elle les y lioit aufïi avec d’autres fils; après quoi elle tirait des fils fur les bords d’un autre endroit. En parcourant ainfi fuccel- , fivement tout le contour de l’ouverture, & en portant & arrêtant des grains de terre dans les fils qui avoient été étendus les derniers, elle rendoit le diamètre de l’ouverture de plus petit en plus petit. Souvent fa partie anterieure étoit polée fur le bord d’une portion du contour de l’ouverture quelle tenoit entre fes jambes, comme une chenille tient une feuille quelle ronge. Cet endroit, quelquefois encore trop mince & trop foible, pour porter une fi grande par¬ tie du corps de l’animal, s’enfonçoit en dedans de la coque; il perdoit fa rondeur. Bientôt la chenille la lui fai- foit reprendre; elle rentrait dans la coque, & donnoit des coups de tète contre la furface intérieure de la partie en¬ foncée, elle la repoufîoit en dehors; & à force de pareils coups répétés, eiie lui faifoit reprendre la courbure quelle devoit avoir. Ce qui me fembloit le plus curieux, étoit de fçavoir comment elle achèverait de boucher totalement 1 ouver¬ ture dont elle avoit beaucoup diminue le diamètre; car, jufques là, fes procédés avoient demande quelle mît fa tête fur l’endroit du bord à qui elle vouloit ajouter. Quand il fut quefiion de finir, de fermer entièrement la coque, elle fçut changer fa manœuvre. Lorfque 1 ouverture futreduite à être un cercle de peu de lignes de diamètre, elle tira des fils d’un endroit du bord à un endroit oppolé. Les fil» Dddd ij 580 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE étoient dirigés comme les cordes d’un arc de cercle, & elle remplit ainfi peu à peu tout l’efpace de pareils fils. Mais tous ces fils 11 etoient pas parallèles les uns aux autres; il y en avoit qui lécroifioicnt lotis differents angles; ainfi tou¬ te l’ouverture fut tapiffée d’une toile peu ferrée. Quoique le dehors des coques ordinaires paroiffe fait entièrement de terre, il fembloit qu’il devoit y avoir un endroit de cette coque raccommodée, qui nelêroit,& qui ne paroîtroit bouché que par une toile de foye. Mais la chenille fçavoit le moyen de rendre ce même endroit femblable à tous les autres. Elle n’avoit pas encore employé toute la terre quelle avoit mile en provifion. Dès que la toile fut finie, elle alla prendre un grain de cette terre entre fies dents, elle l’apporta contre la toile, & le pouffant & le preffant, elle le fit paffer au travers de les mailles, jufques fur fa fur- face extérieure. Ainfi fuccefîivement, toute la toile fut couverte de grains de terre. Peut-être qu’avant que de contraindre un grain de terre à paffer au travers de la toile, elle l’entouroit d’un fil de foye, afin qu’il lui fût plus aile de l’arrêter folidement. Mais c’ell là une de ces manœuvres qu’on ne peut quefoupçonner. Enfin la chenille ne le con¬ tenta pas de rendre l’exterieur de cet endroit entièrement femblable à celui des autres; elle le fortifia intérieurement, elle y ajouta fuccelfiveinent des couches de grains de terre, jufques à ce qu il eût la loliclité & l’épaiffeur des autres en¬ droits. C’ell: de quoi je voulus m’affûrer quand la coque fut entièrement finie. Je la coupai en deux, en failant paffer le tranchant du couteau par l’endroit qui avoit été fermé le dernier, & je vis que la coupe de cet endroit ne- toit pas moins épaiffe que celle des autres. La clalfe des chenilles arpenteufes qui n’ont que dix jambes en tout, efl très-nombreufe, Sc peut feule fournir un grand nombre d’exemples de chenilles qui vont faire des Insectes. 581 leurs coques en terre. Nous avons parlé ailleurs d’une ar- penteufe de ta biltorte *, & de l’on papillon *, qui efl de celles qui font leur coque de terre, 6 c lous terre. Toutes les chenilles que nous venons de citer font ra- fes; auffi ajouterons-nous encore deux exemples de celles qui font des coquesfous terre; l’un d’une chenille demi-ve¬ lue, & l’autre d’une chenille très-veluë. Les Mémoires pre¬ cedents ont fait connoître en partie les deux efpeces dont nous voulons parler. La première efl cette chenille* qui porte une pyramide * charnue fur le dos, 6 c qui, tout du long du milieu du dos, a une belle raye jaune. A chaque côté de cette raye, il y en a une autre fur laquelle font des taches de noir 6 c de rougeâtre, nué en forme d’yeux. Le deffousdu ventre efl grisâtre. Elle efl des demi-veluës; fur chaque anneau , au-deffous de la raye jaune, il y a une efpece d’aigrette de quatre à cinq poils bruns. Des poils blancs & plus courts partent d’au - deffous de la ligne des jambes, 6 c fe dirigent en bas; le crâne efl chargé de poils. Elle mange, par préférence, les feuilles d’abricotier & de prunier , quoiqu’elle s’accommode, dans le hefoin , de celles de quelques autres arbres fruitiers, & même de celles de divers arbufles, comme de celles du roher. Elle efl une des premières qui m’ait appris que iorfqu on ne lçait point encore l’hifloire d’une chenille, on doit mettre de la terre dans le poudrier où on la nourrit. Cette efpece s’étoit extrêmement multipliée dans mon jardin ; j en trouvois de refie lur les arbres, pour croire que je pouvois me difpenfer du foin de les faire nourrir en chambre. Mais je vis que j’avois eu tort; quand je voulus avoir de leurs coques, ou de leurs crifalides pour connoître le papillon qu’elles donnoient, je ne pus trouver ni coques ni crilhli- des. L’année fuivante, j’en mis un bon nombre dans de grands poudriers, où j’avois cependant encore négligé de Dddd iij * Pi. 15. Fig. 1 1 & * Fig. 13. * PI. 42. Fig. 5 & 6. * P- 582 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE leur donner de la terre. Les premières qui fe voulurent metamorphofer, m’apprirent à en pourvoir les autres. Elles fe firent des coques, en liant avec des fils de foye les grains d’excrements qui étoient au fond du poudrier; elles em- ployoient ce qui pouvoit fuppléer à la terre qui leur man- quoit. II étoit ailé de voir qu’elles iioient les grains d’ex¬ crements les uns contre les autres avec des fils de foye; ainfi fi nous ne fçavions pas d’ailleurs comment elles attachent cnfemble les grains de terré, ce fait fuffiroitpour nous en inflruire. Lorfque je leur eus donné de la terre, celles qui étoient près de fe metamorphofer la percerent,& allèrent Fn *9 kâtir, au milieu de cette terre, leurs coques *, qui font bien faites & bien folides, & dont la furface intérieure efl ta- piffée d’une toile de foye très-fenfible. Elles ne font pas long temps à y perdre leur forme de chenille; mais le pa¬ pillon relie plus de dix mois fous celle de crilalicfe. * PI. 4.2. Le papillon* de cette chenille efl encore de la leconde F ‘ s-1 u „ claffe des noélurnes, Si du troifieme genre, ou du genre de ceux dont la partie fuperieure des ailes fe moule fur le corps, Si dont le relie des mêmes ailes efl parallèle au plan de pofition. Le delfus de ces ailes cil un gris-blanc poin¬ tillé de brun, Si marqué de taches d’un brun prefque noir, qui imitent celles de l’hermine. Le defî'ous des ailes fupe- rieures Si le deffous des inferieures, efl d’un gris-argenté, fur lequel il fe trouve deux ou trois gros points bruns. * Eîg. i2. Lorfque ce papillon marche, il a fouvent un port d’ailes * different de celui qu’il a lorfqu’il efl en repos. Alors les ailes inferieures font les feules qui approchent detre parallèles au plan de pofition; elles s’élèvent même plus qu’il ne faut pour cela. Mais il tient les ailes fuperieures prefque perpendiculaires à ce même plan. Il ne les dreffe pourtant pas au point de les amener à fe toucher l’une l’autre; il refte entr elles un efpace. des Insectes. La chenille que nous avons décrite ailleurs, & nommée la lièvre *, à caufê de la vîtefle avec laquelle elle marche, - pi. ou la chenille de la vigne, parce quelle en mange les feuilles* % 16 - quoiqu’elle aime encore mieux celles du coq des jardins,* ed très-couverte de poils roux; elle a dix aigrettes fur cha¬ que anneau, afles fournies de poils, & de poils ailes longs. Je n’avois j)as penfé que des chenilles fi velues aliaffent fous terre, où leurs poils fembloient devoir être tirés & arrachés. Faute apparemment d’avoir donné de la terre à celles-ci, toutes périrent chés moi, la première année que je voulus les nourrir, & toutes celles qu’un demesamisnour- riffoit chés lui, y périrent de même. L’année fuivante je mis de la terre dans leurs poudriers; quand le temps de leur transformation approcha, elles entrèrent dans cette terre, & y firent des coques. Les crifalides que j’ai otées de ces coques font petites par rapport à la grandeur de la chenille; elles font d’un beau noir-luifant; elles refient tranquille¬ ment fous terre pendant tout l’hyver, & donnent une pha¬ lène dont nous parlerons dans un autre Mémoire. Nous devons encore dire un mot ries coques qui ne font, pour ainfi dire, que des demi-coques de terre: uneelpece de chenilles à coriie fur le derrière, qui vit du caille-lait *, & qui * pj. , fe transforme en un papillon-cpervier, ou bourdon, nous Fi s- *• a déjà donné occafion de faire reprefenter une de ces fortes de coques *; il n’y a que le fond & une partie du contour » pj. i de la coque qui loient de terre. Ces chenilles creufent peu F '»- -• avant, & elles ne creulent que pour faire une cavité égale à peu-près à celle de la moitié de leur coque ; pour la ren¬ fermer, pour en former le defiùs ou la voûte, elles fe fer¬ vent des racines & des petites branches d’herbes, qui font à la furfacede la terre; elles les lient bien enfembleavec une toile de foye afies épaiffe; elles portent meme contre cette toile, & y arrêtent divers grains de terre. Plufieursde ces * Pî. 44. Fig. 9. » Fig. 8. * Fig. 8. ffff 5S4. MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE chenilles du caille-lait ont fait de ces efpeccs de coques contre les parois de mes poudriers, qui étoicnt très-bien confiantes. Il nous refie encore à examiner une efpece de coque de terre, dont la conflrucflion femble exiger plus degenie & plus d’induflrie que la conflrucflion de celles dont nous venons de parler. Les chenilles ne les bâtiffentpas dans la terre. Quelquefois j’ai trouvé une de ces coques fur une des feuilles qui avoient été données à la chenille* pour aliment. Quelquefois j’en ai trouvé (l’attachées contre les parois, & contre le haut des parois du poudrier* dans lequel la chenille étoit renfermée. Elle avoit donc été obligée d’aller chercher au fond du poudrier, & detranf porter affés haut toute la terre neceffaire pour bâtir fa coque. Le travail qu’il lui en avoit coûté ne fut pas pour¬ tant ce qui me toucha le plus, la première fois que je vis une de ces coques. Les autres coques de terre dont nous avons parlé, font raboteufes, ou au moins grainées par dehors. La furface extérieure de celle-ci étoit liffe & polie, comme l’efl celle d’une terre fine qu’on a pris piaifir à polir pendant qu’elle efl humeétée à confiflance de pâte; & la furface extérieure avoit par tout ce même poli; c’efl ce qui faifoit mon embarras. Je n’imaginois pas comment la che¬ nille, qui devoit être renfermée dans fa coque au moins pendant qu’elle achevoitd’en faire une grande partie, par- venoit à polir également toute fa furface extérieure. On voyoit quelques hls * par lefquels la coque étoit attachée au corps qui lui fervoit d’appui, c’efl-à-dire, au poudrier, ou à la feuille contre laquelle pourtant elle étoit exacte¬ ment appliquée. Des chenilles de deux efpeces differentes m’ont fait de ces fortes de coques, & peut-être y en a-t-il beaucoup d’autres qui en font de pareilles. J’ai trouvé fur le chêne, & D E S I N S E C T E S. 585 Si feulement lur le chêne, la première des chenilles de nt je veux parler*; elle a de chaque côté une raye ondée de ta¬ ches blanches, Si eft d ailleurs d un roux qui lui donne quel- F que air de la commune; mais elle eh plus éfilée. Les rayes blanches font immédiatement fur là peau ; elles ne font point dues, comme celles de la commune, à des plaques de poils. Enfin, fes poils qui font roux ne font point dil- tribués par aigrettes, comme ceux de la commune ; ils partent feparcment de differents endroits de fa peau, dont la couleur efl d’un brun-noir dans tous les endroits où les rayes blanches ne paffent pas. J ai eu cette chenille le pre¬ mier May, Si elle fit là coque le 2q du même mois. Le pommier Si le chêne m’ont fourni deux chenilles* qui n’avoient entr’elies que de legeres variétés, Si que j’ai regardées comme des chenilles de la même efpece, depuis que j’ai eu les papillons de l’une évde l’autre, qui étoient encore plus femblables entr’eux que les chenilles qui les avoient donnés. Cette efpece de chenilles eft un peu plus grande que celles de grandeur médiocre. Elle a quatre tu¬ bercules fur chaque anneau*, d’où partent des poils roux médiocrement longs. D’autres poils partent immédiate¬ ment de differents endroits de fa peau, mais ils la cachent peu; elle eft alfés bien colorée. Ce quelle a de plus remar¬ quable, Si ce qui la rend une affes belle chenille, c’cft unq raye tranfverfale de couleur de fouci, qui borde la demi- circonference fuperieure de chaque anneau, Si qui fe re¬ courbe de chaque côté pour fuivre une partie de la largeur de l’anneau. La chenille qui a vécu de feuilles de pom¬ mier *, avoit tout du long du corps une raye formée de ta¬ ches blanches, que celle du chêne * n’avoit pas, celle-ci, en = revanche, a eu fur les côtés, avant fa clerniere mue, des ta¬ ches rondes d’un blanc-bleuâtre, Si fouventprefquebleuës. Le refte de la peau de ces chenilles eft brun. Tome 1. . E e e c * pi. 44., ig. 14.* * PI. 44. ig. 5 &7. * Fig. 6. Fig. 5. Fig. 7- 586 MEMOIRES POUR L'HISTOIRE Ti •ois chenilles, fçavoir, celle que je n’avois trouvée que * Pi- 44- fur le chêne *, &. deux de celles qui vivent de feuilles de & chêne, & de feuilles de pommier *, firent leurs coques dans 6 - ' ° les poudriers à peu-près dans le même temps & aux mêmes heures, quelles choifirent mal pour moi. Elles les com¬ mencèrent pendant la nuit, & iorfque je les vis le matin, elles les avoient finies, & elles ne venoient que de les finir. Deux m’offrirent une circonftance remarquable; la terre dont elles étoient faites étoit encore toute mouillée, elle n’avoit que la confiftance de boue. Cependant la terre des poudriers dans lefquels ces chenilles avoient vécu , étoit lèche; les chenilles avoient donc bien amolli & bien hu- meélé celle qu’elles avoient mile en œuvre. Peu après que j’eus vu ces coques, il me vint une chc- * Fig. 5. nilie du pommier *, que je me promis de bien épier. Après avoir bien mangé pendant une journée, après avoir dévoré plus delà moitié d’une très-grande feuille de pommier, le lendemain elle ne voulut plus toucher à une feuille nouvelle que je lui offris. Ce dégoût m’apprit qtie le temps de la metamorphofe approchoit ; aulfi obfcrvai-je, dès les huit heures du matin, du jour fuivant, qu’elle fe mettoit à ! ou¬ vrage. Elle tiroit fur une feuille des fils qui me parurent d’abord dilpofés fans ordre; mais ceux qu’elle fila dans la fuite formèrent un tout, qui avoit les contours &la figure d’une coque oblongue. Ce travail alla alfés doucement jtifqu-’à deux heures après midi, que je ccfïai de l’oblèrver pour me mettre à table. A la fin d un dîner de durée or¬ dinaire, de moins d’une heure, je quittai la compagnie, pour aller revoir ma chenille. Il étoit temps d’arriver, je n’avois pas compté quelle eût fait tant de befogne en fi peu de temps. Elle en avoit fait plus que je n’eulfe voulu ; ïa coque étoit prefque finie; fi j’eiilfe tardé moins d’un quart d’heure, un artifice que j’avois envie de voir m’eût des Insectes. 587 échappe. Les trois quarts de la terre étoient employés, mais le quart qui rehoit à employer me ht voir les procé¬ dés effentiels, & me mit en état defçavoiren quoi confit toient ceux que je 11’avois pas vus. Ce qui étoit elTentiel, étoitdefçavoir comment cette chenille pouvoit faire tous les dehors de fa coque d’une terre liffe & polie. Le pro¬ cédé par lequel elle y parvient eh cependant bien hmple; il reflemble en quelque chofe à ceux que nous employ ons pour faire des ouvrages de torchis, de ces efpeces de murs de terre molle appliquée fur des grillages de bois, & fur des paquets de foin cordé. Pour reprendre le travail de notre chenille où nous l’avons laiffé, elle fe fait une coque defoyc,dont le tiffu eh peu ferré, ce n’eh qu’une efpece de grillage dehiné à foûtenir la terre. Quand cette coque ou bâtis de foye ch avancé à un certain point, la chenille va chercher de la terre ; elle en porte à différentes reprifes dans fa coque, jufqu a ce qu’elle y en ait fait un amas qui puiffe fufhre à l’édifice qu’elle médité, s’il eh permis de parler de la forte. Sa provifion de terre étant faite, elle achevé de fermer fa coque de foye , d’où elle ne doit plus fortir que fous la forme de papillon. Elle prend alors quelques par¬ celles de la terre quelle a mife en provifion ; elles les hu- meéïe avec une eau que fa bouche fournit ; elle applique cette terre ramollie contre les parois intérieures du grillage de foye, elle la preffe contre ce grillage. La terre delayée à la confihance d’une bouë très liquide, paffe au travers du refeau de foye contre lequel elle eh prefiee ; elle arrive fur fa furface extérieure, elle s’y étend, & y prend un uni, un poli, qu’a toujours la furface d’une terre fine, qui a été rendue liquide, & à qui il a été permis de s’étendre li¬ brement , Sc de fecher peu à peu. Lorfque je vins, après dîner, pour voir l’état de la coque de notre chenille, près des trois quarts de fia furface avoient déjà été couverts de Eeee ij 588 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE terre, mais le dernier quart fut couvert de terre fous mes yeux, & cela en quelques minutes. Je vis que la chenille frottoit avec vitefle le delfous de là telle contre les parois intérieures de la coque, elle les enduifoit de terre, & forçoit en même temps la terre la plus liquide, la mieux délayée, à palier au travers du refeau de foye, fur lequel elle couloit, & s’étendoitdans Huilant. La coque defoyefe trouve donc ainfi renfermée entre deux couches de terre. Comme je n’avois pas fuivi la chenille élans le temps où elle portoit la terre dans fa coque, je ne lui donnai pas le temps d’achever de l’enduire entièrement. J’ouvris la coque avec des cifeaux pour voir s’il y reltoit encore de la terre à employer, & li cette terre étoit actuellement dé¬ layée. J’y en trouvai peu de refie, mais une quantité fuffi- fante pour le petit efpace qui reltoit à couvrir. Cette terre étoit à peu près au fil lèche que celle du refie du poudrier. D’où il fuit que la chenille ne la détrempe qu’à inclure qu elle la met en œuvre. Tout ce qui m’a échappé efi donc ce temps du travail où la chenille étoit occupée à porter la terre dans là coque, mais ce que nous avons vit pratiquera une chenille du bouillon blanc, que nous avions mile dans la necefiité de reparer les defordres que nous avions faits à la fienne, ne nous laiffe rien à defirer fur ce qui regarde le tranfport des grains de terre. Après avoir ouvert la coque j’en tirai la chenille. Elle eut encore allés de force pour s’en faire une nouvelle, mais ce fut pendant la nuit. Celle-ci n’étoit que légère¬ ment couverte de terre, la foye paroifioit prefque par tout. Il n’étoit pas relié ailes d’eau à la chenille pour fuf- fire à humecter la quantité de terre qui eût été necefiàire pour bien enduire tout le tiffii de foye, tant par-dcfltis, que par-defibus. De trois coques, faites par les chenilles des Figures 5 des Insectes. 5 s 9 &7, font fortis (rois phalènes parfaitement femblables *, toutes trois femelles, & qui ne font pas propres à s’attirer tle l’attention. Je les trouvai nées & mortes à la fin d’Ocflo- bre, au retour d’un voyage que j’avois fait en Poitou pen¬ dant les vacances. Le dcffus de leurs ailes fuperieures cil d'un gris qui tire fur le cendré. Sur chacune il y a feule¬ ment deux rayes plus blanchâtres, parallèles à la bafe. Les antennes de ces femelles * font dentellées,ce qui apprend que leurs mâles doivent porter de véritables antennes à barbes de plumes. Je fuis incertain fi elles ont une trompe, & par confequent à quelle claffe de phalènes elles appar¬ tiennent. Mais je n’ai point eu le papillon de la chenille de la figure iq., il a péri dans fa coque. Il y a des coques de pure foye dont nous n’avons en¬ core rien dit,parce que leurs figures reviennent aux figures de quelques-unes de celles dont nous avons parlé, qui font arrangées d'une manière que nous devons faire remarquer: au lieu que les autres font difperfées çà & là, pluficurs de ces coques réünies forment un léul paquet, & quelquefois line cfpece de grand gâteau. Il y en a quelquefois des centaines exactement appliquées les unes contre les au¬ tres, & allignées de façon, que les bouts des unes n’ex- cedent point les bouts des autres. On trouve de ces coques renfermées fous une enveloppe commune, & on en trouve qui n’ont point cette enveloppe. Mais il fuffit d’avoir indiqué cet arrangement , le temps d’expliquer comment il fe fait, viendra lorfque nous ébaucherons Unitaire des chenilles qui vivent en focieté. Les coques de nos chenilles doivent encore nous ap¬ prendre à ne pas prononcer legerement fur le détail, pour ainfi dire, des caufes finales. Les chenilles qui fie renfer¬ ment dans les plus fortes coques fembleroient être celles qui doivent fe metamorphofer le plûtard en papillon; Eeee iii * PI. 44 ., Fig. i o. * 4 *&* tr* 590 Mémoires pour l’Histoire être celles qui ont befoin de fe faire un fort étui pour fè deffendre contre les injures de l’hiver. On n’a pas man¬ qué d’en louer la prévoyance de la nature, qui ne fçauroit affinement être ailes louée fur tout ce quelle a fait pour la confervation & la multiplication des animaux. Mais ici * comme dans beaucoup d autres cas, on a fubflitué de faux éloges aux vrais. Les coques des vers à foye font des plus épailfes, de celles qui couvrent mieux le papillon qui y efl renfermé fous la forme de crifalide, il en fort pourtant au bout de vingt jours. Au lieu que quantité de crilalides paffent l’hiver dans des coques très-minces, ou même fans coques, comme plufieurs de nos crifalides angulaires le palîent fous l’entablement d’un édifice, expofées à toutes les rigueurs du froid. La nature a fçû donner à leur corps, quoique délicat en apparence, la force de relilter à toutes les injures de l’air, mais ce n’eft pas par le plus ou le moins d’épaiffeur de leurs coques qu’elle parvient à les confer- ver, comme on fe l’efl imaginé. EXPLICATION DES FIGURES DU TREIZIEME MEMOIRE. Planche XXXVI1. I_A Figure i, efl celle d’une petite chenille trouvée fur le mouron, & qui fe nourrit de lès feuilles; elle efl rafe. Quoiqu’elle aitfeize jambes, elle marche à la maniéré des arpenteufes. Elle porte deux petites cornes en devant de la tête. Le contour fuperieur de la plus grande partie de fe s anneaux n’eft pas circulaire. La Figure 2 , efl celle de la coque que s’efl faite cette chenille, en liant enfembie diverfes petites branches, & des feuilles de mouron, avec une foye blanche. des Insectes. 59ï La Figuie ^ , efi celie ou papillon noéturnc qui eft fort! de la coque, Fig. 2. vers la fin de Juillet, e’êfLà-dire, environ un an après que la coque a été faite. La Figure q.. efi celle d’une chenille qui fe trouve dans le mois d’Aouft, Si vers le commencement de Septembre iur la linaire, Si que la forme de Ion corps nous a fait appeller la fang-fuc. La Figure 5, efi celle de la coque que fe fait cette che¬ nille, en ajufiant les unes auprès des autres des feuilles de linaire, avec ordre, Si les afiujcttifiant avec des fils de foye. Les Figures 6 & 7, font celles de la phalene que m’a donnée cette chenille, Si qui efi fortie de la coque vers la fin de Juin de l’année fuivante. Elle efi de la 2. de claïïe, elle a des antennes à filets coniques, & une trompe; elle efi du genre de celles qui portent leur ailes en toit afies élevé. La Figure 8, & la Figure 1 5, font celles d’une chenille velue qui vit fur le titimale à feuilles de cyprès, que je n’ai trouvée que dans le mois d’Oélobre. La Figure 9, donne la coupe d’un des anneaux de cette chenille, Si fait voir qu’elle a fur chaque anneau dix aigret¬ tes de poils. La Figure 10, efi celle de la coque que fe fait cette chenille, avec des feuilles de titimale très-bien arrangées, & liées par des fils. La Figure 1 1, efi celle d’une chenille velue que j’ai trouvée fur l’ortie. Si quipendant quatre à cinq jours, n’en a mangé que les graines. Elle efi fembiable à une autre que j’ai eue fur l’arifioloche, Si elle efi peut-être la même. Elle a fur chaque anneau huit aigrettes de poils, courts & roux. La Figure 12, efi celle de la coque que s’eft faite cette chenille, avec differents morceaux de papier quelle a détachés du couvercle du poudrier. Le papillon noéuirnc 592 MEMOIRES POUR L’HISTOIRE qui eft forti de cette coque l’année fui van te au commen¬ cement d’Aouft, ell reprel'enté PI. 15. Fig. 6. La Figure 13, eft celle d’une chenille très-rafe, qui vit de moulfe d’arbres. La Figure 14, eft celle de la coque dans laquelle cette chenille s’eft renfermée. La Figure 1 5, eft celle de la chenille du titimale de la Fig. 8. dans un autre point de vue. Planche XXXVIII. La Figure 1, fait voir une petite coque parquetée, ou la coque laite de petits carreaux de peau, de grandeur na¬ turelle. c d, cette coque. La Figure 2, reprefente la même coque groiïie au microlcope. La Figure 3, Lit voir, en grand, comment la chenille conduit le travail de cette coque. abe, abe, les deux lames triangulaires qui doivent en- femble, avec partie de la tige de l’arbre a a ee, former la coque. Elles font difpolees ici comme les plumes d’une fléché renverlée. O11 voit que la partie de la tige aa ee, eft couverte de petits carreaux de peau, de même figure que ceux qui compolent les lames triangulaires. La Figure 4, montre la même coque des Figures pre¬ cedentes en grand, & dans un autre point de vûë; les lames triangulaires abe, abe, n’y font pas dans un même plan, comme elles paroiftent y être dans la Fig. 3. La Figure 5, eft en grand celle d’un des petits mor¬ ceaux, ou carreaux de peau, dont les lames abe, font compofées. La Fig. 6, eft encore en grand celle d’une coque qui commence des Insectes. 591 commence à prendre, forme; les deux côtés be/be, ont été rapprochés, & attachés l’un contre l’autre. Pour finir ta coque, il ne manque plus que de réunir les côtés a b, a b. La Figure 7, reprefente une feuille de chêne, fur la¬ quelle font deux coques en bateau, de figure femblable, mais vûës en des pohtions differentes, g, h, ces coques, qui font de foye blanche. La Figure 8, eft celle d’un papillon forti au commen¬ cement de Juillet, d’une des coques de la Fig-. 7. J’ai négligé de m’alfurer s’il avoit une trompe; il eft d’un genre très-connoi(fable, une des ailes fiiperieures fe recourbe fur le corps, & paffe du côté oppofé; de forte quelle couvre une très-grande partie de l’autre aile fuperieure. La Figure 9, eft celle du même papillon qui a fes deux ailes luperieures étendues; elles font d’un gris brun. Planche XXXIX. La Figure 1, eft celle d’une chenille veluë, au-deffous de la grandeur médiocre, à fëize jambes, qui recouvre fa coque de fragments de pierres tendres. La Figure 2, eft celle de la coque de cette chenille. La partie oblcure 0 0, eft celle qui étoit appliquée contre le poudrier. La Figure 3, eft celle du papillon de cette chenille. Il eft de la féconde claffe des phalènes; il a une trompe, & des antennes à filets coniques: il porte fes ailes prelque horifontalement. La Figure q., eft celle de la même phaiene, vûë du côté du ventre. La Figure 5, eft celle d’une petite chenille rafe à feize jambes, qui lie enfemble les feuilles de certaines efpeces d’ofier, & qui fe fait une coque en bateau. Tome 1 • Ffff 594 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE La Figure 6, fait voir une coque en bateau de !a che* nille, Fig. 5, attachée contre une tige d olier. La Figure 7, efi celle d une autre coque en bateau, de foye brune, qui a été faite à la fin d Octobre, pai une chenille verte du chêne. La Figure 8, elt celie d’une feuille de chêne, fur la¬ quelle il y a une coque en bateau, d’une forme differente de celles des Fig. 6 & 7. La Figure 9, efi une coque en bateau, femblable à celle de la Fig. 8. La Figure 10, efi celle de la chenille qui a confiruit fous mes yeux la coque des Fig. 8 & 9, & qui en confiruit. de mieux faites, telles que celle de la Fig. 1 1. La Figure 1 1, efi celle d’une de ces coques en bateau , qui ont par-defius une arrête, p 0. La Figure 12, efi celle de la coque en bateau de la Fig. 1 1, dont le papillon efi forti. or, y marque l’ouver¬ ture qui lui a donné pafiage. La Figure t 3 , efi la phalcne de la chenille de la Fig. j o, fortie d’une coque telle que celle de la Fig. 1 2. Le toit de fes ailes efi à vive-arrête, & afiés élevé, quoiqu’il ait une ibafe large. Il efi de la fécondé clafie; là trompe efi blanche. La Figure 14, efi celle du même papillon noéfiurne, vû par-deffous. Planche XL. Les Figures 1,2, 3, 4, 5, 6, reprefentent la chenille de la Fig. 10. PI. 39, occupée à fie faire une coque en ba¬ teau, telle que celles des Fig. 8, 9, i 1 & 12, de la même. PI. 39. Elles font voir cette coque en differents états, depuis que la chenille a commencé à lui faire prendre for¬ me, jtfiqu a ce quelle l’ait finie. des Insectes. 59 > La Figure i, fait voir la coque en bateau commencée, mais peu avancée encore. La chenille efl placée entre deux eipeces de coquilles ou de calottes de foye. cp, dp, ces deux coquilles, ou calottes de fbye. La Figure 2, reprefente les deux coquilles, cp, dp, de¬ venues pl us grandes que celles de la Fig. 1. La tête^, de la chenille applique des mailles de fils en c, pour étendre encore la calotte cp. La Figure 3, fait voir la chenille qui s’eft retournée bout par bout, & dont la tête efl occupée à attacher 1 une contre l’autre, vers p, les deux coquilles. Dans la Figure 4, on voit les deux coquilles écartées 1 une de l’autre, Si la chenille, ap, étendue vis-à-vis l’ef- pace qui refte entre le bord fuperieurde l’une 6c celui de l’autre. Cet efpace doit être rempli par une lame d’un tiffu foyeux, femblable à celui des coquilles, Si la chenille commence à y travailler vers p. La Figure y, montre encore la coque dans un état plus avancé; l’cfpace ap, qui elt entre les coquilles aep, adp, eft rempli par un tiffu de foye, mince pourtant en¬ core, Si qui laiffe voir le corps de la chenille. La Figure 6, reprefente la coque de côté; fa tranfpa- rence permet de voir la chenille, dont la tête efl vers la pointe p, de la coque, Si dont la partie poflerieure, plus élevée, Si recourbée à angle droit, forme une efpece de moule, qui force lu coque à devenir plus élevée par le bout a f, que par le bout p. La Figure 7, efl celle d’une chenille verte & rafe du chêne, du genre de celles dont la partie anterieure efl plus greffe que la poflerieure, qui a filé devant moi une coque en bateau, vers le 1 y. d’Oélobre. La Figure 8, efl celle de la coque en bateau, de la chenille de la Fie:. 7. ü 7 Ffffij 596 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE La Figure 9, fait voir cette chenille occupée à filer fa coque;, elle commence comme celle dont nous avons parlé ci défiais, par faire deux coquilles rie foye. La Figure 10, reprelente en grand une petite portion du bord d'une coque en bateau, où l’on voit que la Foye forme des mailles. La Figure 1 1, efl celle d’une chenille rafe de la luzerne,, qui entre en terre pour fie metamorphofer; mais qui n em¬ ployé point de fioye, ou qui n’en employé pas ficnfible- ment à la confiruéfion de la coque quelle lé fait en terre. La Figure 12, efl celle du papillon noéturne de la chenille de la Fig. 1 1. Il efl de la féconde claffie, ayant fies, antennes à filets coniques, 6c une trompe. La Figure 1 3, fait voir la meme phalene par-défions. La Figure i q, efl celle d’une chenille rafe de lof cille, qui entre auffi en terre pour s’y metamorphofer, mais qui n’employe point, ou qui employé très-peu de fioye à s’y confiruire une coque.. La Figure 1 5, cil le papillon noèlurne de la chenille precedente, il efi de la fécondé claffie; il étoit mort lorfi- qu’ij a été defiiné. Le verd efi la couleur qui domine fur fies ailes. La Figure 1 6 , efi celle d’une chenille verte 6c rafe, qui fait fouvent beaucoup de defiordre dans les champs de navets.. La Figure 17, efi celle de la phalene de la chenille de la fi’ig. 16. Planche XLÏ. La Figure 1 , efi celle d’une chenille verte du chou qui fie tient ordinairement en terre pendant le jour, 6c qui en fort la nuit pour venir manger. Elle lie affiés mal les.- des Insectes. 597 grains de terre dont elle fait une coque, où elle fe trans¬ forme en crifalide. La Figure 2, reprefente la crifalide de cette chenille, pofée fur un fragment de fa coque. La Figure 3, eft celle du papillon noéturne de cette chenille, il eft de la fécondeclaffe, & du genre de ceux qui portent leurs ailes parallèles au plan de pofition, & qui ont fur le corcelet des huppes de poils. Les Figures 4 Si 6 , reprefentent étendues deux che¬ nilles raies, qui différent peu entre elles, qui fe tiennent afTés volontiers en terre, & qui mangent les tiges, & les racines des laitues. Les Fig. 5 & 7, font voir les mêmes chenilles roulées. La Fig. 8, eft celle de la crifalide d’une de ces chenilles. La Figure 9, eff celle d’une petite motte de grumeaux de terre, au milieu de laquelle lé trouve la crifalide de la chenille. La Figure 1 o, eff celle de la motte de terre de la Fig. 9: ouverte, c, la crifalide qui y eft renfermée, vûë par-deffus. d, la dépouille de la chenille. La Figure 1 1, eft celle du papillon noéturne, qui fort de la crifalide, Fig. 8 & 10. 11 eft de la féconde clafîé, Sa. du genre de ceux qui portent les ailes fuperieures croifées. Sa parallèles au plan de pofition. La Figure 1 2, eft celle d’une aile de deffous étendue, de la phalène de la Fig. 1 1. La Figure 13, eft celle de la même aile pliée, comme elle l’eft lorfque le papillon eft en repos, & vûë par-deffus» ou du côté des plis. La Figure 14, eft la même aile pliée, mais vûë du coté, où une partie pliée couvre les autres plis. r Ffffüj 598 Mémoires pour l’Histoire Planche X L I I. Les Figures i & 2, font celles d’une chenille rafe & brune du chou, raccourcie dans la Fig. 1. comme elle l’efl lorfqu’elle efl en repos, 8 c allongée dans la Fig. 2. Diffe¬ rentes nuances de brun la marquetent affés joliment; elle efl de celles qui le tiennent en terre pendant le jour. La Figure 3, fait voir la crif'alide de cette chenille, pofée fur un fragment de coque de terre, dont les par¬ ties font peu liées. La Figure 4., efl celle du papillon no diurne de cette chenille; il efl de la fécondé claffe; il porte fes ailes pa¬ rallèlement au plan de pofition, elles prennent pourtant un peu l’empreinte du corps. Il porte fur le corcelet qua¬ tre huppes, dont la quatrième efl peu lenlible. La Figure j, cil celle d’une chenille de l’abricotier, 8 c du prunier, demi velue, qui efl caraélerifée par la pira- mide, ou le haut tubercule charnu quelle porte fur le quatrième anneau. p } la piramide, ou le tubercule charnu. La chenille efl ici dans une attitude qui lui efl affés or¬ dinaire. La Figure 6, efl celle de la meme chenille plus allongée. La Figure 7, efl celle de la piramide charnue, marquée p, Fig. 5 8 c 6, reprefentée plus grande que nature. La Figure 8, efl celle de la bafe de la piramide, dont la partie fuperieure a été coupée, pour faire voir que fin¬ térieur efl lolid£. La Figure 9, efl celle de la coque d’une des chenilles, Fig. 5 8 c 6, compofée de grains de terre très-bien liés enfemble. 1 La Figure 1 o, fait voir la même coque ouverte par un bout. des Insectes. 599 La Figure 11,'cft celle de la phalene iortie de la coque, Fig. 10. E.ie eft tfe la 2. lle ciafie;lorl F. y 9 Fut -2 2 p n Fuj.if Ut . 1 2 ^ 8 «jW . d S.-uîp + 3 f‘U* o. Ment ij Je l/iipt Je* IneeeieJ n m F i? 3 sÿf. Fui. 6 tt /r. f-, .< Fia. i C F,a a /’/ 4+ f>aq. 6 o a Afeni?tU l'&at Av inaecits. Fia .j fl it . 4 C ^ 1 T t) 1 t tU. -jfflgiss- Z’ty. fl des Insectes. 605 QUATORZIEME MEMOIRE. DE LA TRANSFORMATION DES CRISALIDES EN PAPILLONS. N O us avons Jaifie, dans le huitième & le neuvième Mémoires, les papillons fous la forme de crifalides , ayant toutes leurs parties encore trop molles, & nageantes, pour ainfi dire, dans une liqueur, qui s’y doit unir pour les nourrir & pour les fortifier. Quand elles ont acquis la force &. la folidité necclflires, le papillon cherche à fe dé- baraffer des enveloppes qui le tiennent emmailloté, pour paraître fous la véritable forme avec des aîles développées & étendues. Les uns ne vivent fous celle de crifalide que dix, quinze, vingt jours, &c. d’autres y vivent pendant plufieurs mois, &. même pendant une année prefque entière. Les papillons 11e refient pourtant pas toujours aulfi long-temps fous la forme de crifalide qu’il ferait naturel de le croire. A la vérité la réglé generale eft que les che¬ nilles qui fe conftruifent des coques, s’y transforment en crifalides, peu de jours après que leur coque efi finie. Mais c’efi une réglé qui foufîre quelques exceptions qui mont paru fingulieres. II y a telle chenille qui après s’être ren¬ fermée dans une coque y refte huit à neuf mois, avant que de devenir crifalide. Nous fommes fi accoutumés a voir les animaux dans la necefiitéde prendre des aliments pour foûtenir leur vie , qu’il doit nous paraître bien ex¬ traordinaire que la nature ait privé de tous les organes Ggggij 6 04 Mémoires pour l’Histoire qui en peuvent fournir, des crifalides qui ont à vivre neuf à dix mois. Mais il eft bien plusfurprenant que des che¬ nilles pourvues de dents très-fortes, que des chenilles très- voraces, fe renferment dans une coque où elles paffent, non-feulement une partie de l’automne, &i’hyver, mais encore le printemps entier, fans prendre aucune nourriture. Nous allons donner deux exemples de celles qui foutien- nent une fi étonnante diete avant que de fe metamor- phofer. Une chenille* qui vit fur le bouillon blanc m’en a fourni le premier exemple; fa tète eft petite. La grandeur de fon corps eft au-deffous de la médiocre; il elt affés gros par rapport à fa longueur, & quoique la chenille ait 16 jambes, elle a quelqu’air de certains vers. Sa couleur eh d’un blanc- jaunâtre; fur le deffus de fon corps il y a quatre rangs de tubercules bruns, deux de chaque côté, & entre ceux-ci, divers autres tubercules plus petits, qui y femblent jettes fans être allignés. Elle fe tient affés volontiers ‘près du bout fuperieurdela tige du bouillon blanc; forfqu’onyen trouve une, on peut compter d’en trouver plufieurs autres. Elles fe nourriffent foit de fa fubftance, foit de celle des jeunes feuilles, après avoir écarté le duvet cotonneux dont elle eft couverte. Plufieurs de ces chenilles, qu’on m’avoit apportées vers la fin d’Aoùt, & à qui j’eus foin de faire donner des feuilles de bouillon blanc, fongerent bientôt à fe filer chacune une coque d’une foyeblanchcâtre*. Les unes y travaillèrent dès le dix de Septembre, & les autres quelques jours plus tard. Les unes fe contentèrent d’appliquer les leurs contre les parois du poudrier, les autres attachèrent les leurs con¬ tre des feuilles repliées, & les en couvrirent en partie. Leurs coques au relie n’ont rien de remarquable dans leur forme & dans leur tiffure. 605 des Insectes. Je crus que les chenilles, après setre ainfi renfermées* fc transformeraient bientôt en crifalides. li ne fortit point de papillon de ces coques avant le commencement de 1 ’hyver. M. Bernard de Juffieu m’apporta dans le mois de Janvier de l’année fuivante, deux ou trois chenilles de l’efpece dont nous parlons, qu’il avoit trouvé envelop¬ pées de loye. Elles me donnèrent la curiofité de voir fi les miennes avoicnt conlerve auffi long-temps leur forme de chenille. J’ouvris plufieurs coques, & je trouvai dans chacune la chenille telle quelle ctoit quand elle s’y étoit renfermée. Il me lèmbloit que tout ce que j’en devois con¬ clure, cetoit que ces chenilles étoient de celles qui paf- fent l’hyver, & qui, pour fe mettre à couvert, fçavent fe renfermer dans une coque. Je m’attendis donc à voir mes chenilles fortir de leurs coques au printemps, dès que les feuilles du bouillon blanc auraient pouffe. Les feuilles du bouillon blanc parurent à la campagne, & mes chenilles 11e femblerent pas y fonger. Je leur portai de ces feuilles, & je les mis dans un endroit chaud, pour les déterminer à fortir de leurs coques; elles s’obfhnerent à y refier. J’ou¬ vris des coques, & j’en tirai des chenilles, que jepofai fur des feuilles de cette plante; mais je les fervois mal. Aucune ne voulut y toucher ; elles marchèrent un peu, après quoi elles fe tinrent en repos , fuis faire aucun cas du mets que je leur avois offert. Je les iaifïai donc tranquilles, puif- qu’elles vouloient l’être, étant pourtant attentif à ce qu’elles deviendraient. Enfin, vers les premiers jours de Juin, elles fe tiansformerent toutes en crifalides, c’eft-à-dire, après avoir refié neuf mois complets fous la forme de chenille, fans prendre aucun aliment, & dans des faifons où la nour¬ riture efl extrêmement necefïàire aux autres chenilles. Les papillons fortirent de leur fourreau de crilàlide, les uns à la fin de Juin, & les autres au commencement de Juillet. ’ggg"I 606 Mémoires pour l'Histoire * P!. 49. Le papillon* n’a d’ailleurs rien de remarquable; il ell de la E'g- 14 &. fécondé claffe des noélurnes; il porte fes ailesprefque pa¬ rallèlement au plan de pofition. Le deflus des fuperieures ell un gris-blanc tendre, dans lequel il y a un peu de jau¬ nâtre; le tout forme des ondes. Les ailes fuperieures ca¬ chent bien les inferieures. * Fig. 17& Des papillons de la même claffe que les précédents *, l8 - mais d’un autre genre de port d’ailes, du genre de ceux dont les ailes fuperieures parallèles au plan de pofition, laiffent partie du déifias des inferieures à découvert, me font nés de chenilles qui relient aulfi renfermées dans leurs coques pendant près de neuf mois, avant que de fe trans-i former en crifalides. Elles croilfent fur l’ortie; chacune fe tient dans la cavité que forme une feuille de cette plante, * Fis- ' 6 - qu’elle a eu foin de rouler ou de plier. Cette chenille* eft de la clalfe des chenilles rafes, dont la peau ell tranlpa- rente. Sa couleur ell blancheâtre; elle prend pourtant une teinte de couleur de chair, lorfque le temps où elle doit fe filer une coque, approche, 6 c elle conferve cette même couleur pendant les neuf mois qu’elle vit fans prendre de nourriture. Elle 11’a que deux taches remarquables, qui font noires, & placées tout près de la tête, fur le 1 . cr anneau, Piufieurs de ces chenilles fe filèrent chés moi, dans le mois de Septembre, des coques de foye blanche, alfés minces, car elles lailfoient entrevoir le corps de la chenille. Ce 11e fut que le 12 Juin de l’année fuivante, que la plus diligente de ces chenilles fe transforma en crifalide; les au¬ tres fe transformèrent quelques jours plus tard. Enfin, un papillon fortit de la première crifalide, le 7. Juillet, 6 c d’au¬ tres des autres coques quelques jours après. Quoique ce papillon n’ait pour toutes couleurs que du blanc 6 c du noir, il ell un très-joli papillon. La diflribution des taches, des ondes, des bordés noirs, ell précilement des Insectes. 607 celle des Fig. 17 & 18. Le blanc eft latine; il a de l’éclat. Quoi qu’il en l'oit du temps que les chenilles paflent avant que de paroître fous la forme de crifalide, notre objet, dans ce Mémoire, eft de voir comment les papillons fe défont enfin de leur derniere dépouille. L’operatioiule quitter le fourreau de crifalide ne ficmble pas à beaucoup près aulfi laborieufepour eux, que l’a été celle de quitter le fourreau de chenille; celui de la crifalide fe defTeche à lin point auquel celui de la chenille n’elt jamais delfeché. Si , lorlque le papillon eft bientôt prêt à fortir de fon en¬ veloppe , de fon eljiece de coque, on la comprime un peu, les doigts qui la preffent lui font faire du bruit, une elpece de cri; on lentqu’ellen’eft plus adhérante au corps; qu’il y a des endroits où elle ne le touche pas immédiatement , & qu’elle eft friable ; aulfi fe brife-t-clle alors fous les doigts, pour peu que leur prelfion foit rude. Les papillons fe défont de leurs fourreaux de crifalidcs dans les coques qu’ils s’étoient faites, lorfqu’ils étoient chenilles. Une coque, dont le tilfu efi l'erré & opaque, ne permettrait pas d’obferver comment le papillon fe tire de fa derniere dépouille; mais on peut ouvrir la coque, en ôter la crifalide; & lion eft attentif à ne la point blefter , fi on la met doucement dans une boîte ou dans un poudrier, la derniere metamorphofe s’y accomplira dans le même temps où elle fe fût accomplie dans la coque. Pour bien voir cette derniere operation, il m’a pourtant paru plus commode de me fournir de crifalidcs qui ne font point dans des coques , telles que font les angulaires *, & fur tout * pi. 4 6. des angulaires qui fe contentent de fe pendre parle der- Fl s- 8 - riere la tête en bas; & parmi les coniques, de me fournir de celles qui fe trouvent au milieu d un tas de fils qui ne mérité pas le nom de coque, & qui les loutient finis les cacher. Notre chenille à oreilles , du chene *, eft de celles- F * * Pi. 2T. Fig. 8. 608 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE ci; c’efi celle que nous avons déjà l'uivie pendant qu’elle Te transformoit en crifalide. Les crifalides de cette efpe- ce de chenilles, font aufia celles d’où j’ai vû fortir plus de papillons nodurnes. La facilité qu’il y a d’en trouver dans la campagne en certaines années, m’avoit donné celle de couvrir de pareilles crifalides une afies grande étendue de la tapiiïeriede mon cabinet. Chacune y étoit attachée par une épingle qui pafioit dans la feuille contre laquelle les fils étoient collés, ou par une épingle pafifée feulement dans leurs fils. J’ai au fia attaché contre la même tapilferie, quan¬ tité de crifalides angulaires d’une chenille épineufe *, extrê¬ mement commune fur forme dans certaines années. Des épingles afiujctifioient, contre la tapilferie, les feuilles d’arbre, les feuilles de papier & les autres corps aufquels elles s’étoient pendues par le derrière la tête en bas. Avec de pareilles provihons de crifalides, qui ne confcrvent leur forme que 14 à iy jours, je voyois fouvent éclorre des papillons, fans être obligé de perdre du temps à attendre le moment de l’o.bfèrvation. Quand nous avons expliqué comment les chenilles le défont de leur peau plufieurs fois dans leur vie, comment les crifalides fe dégagent du fourreau de chenille , nous avons expliqué d’avance pourquoi il vient un temps où le fourreau de crifalide fe détache du corps du papillon, & fe deffeche. Le papillon nous montre pourtant encore mieux ce que les chenilles nous avoient déjà fait voir. Un papillon qui vient d’éclorre eft tout couvert de poils, & d’écailles; il ne les avoit point lorfqu’il s’eft tiré du fourreau de chenille, & qu’il a commencé à pa¬ raître fous la forme de crifalide. Alors ces écailles, ces poils commençoient à peine à germer, pour ainfi dire, ils commençoient à peine à percer la furface des parties qu’ils couvrent par la fuite , & au-défiais defquelles ils s’élèvent. des Insectes. 609 s’élèvent. Les enveloppes, dont l’affembiage compofe le fourreau de crifalide, étoient donc, dans ces premiers temps, immédiatement appliquées contre la peau du pa¬ pillon; elles font forcées de s’en éloigner de plus en plus, à mefure que les écailles & les poils croiflent; uneefpCce de petit matelas fe forme entr’elles & la peau. Si ces en¬ veloppes communiquoient par quelques va idéaux avec les parties qu’elles couvrent, ccs vaiffeaux, trop tiraillés par la fuite, ccffent de faire leurs fondions; ils fe détruilènt peu à peu, & le fourreau de crifalide fe deflcche. Il doit encore fe deffecher par une autre raifon ; les parties du pa¬ pillon, nouvellement devenu crifalide, étoient baignées d’une liqueur, qui par la fuite pafle dans ces mêmes par¬ ties , qui s’y unit, qui s’y incorpore, & qui par confequent n’eft plus à portée de tant humeder l’enveloppe extérieure. Lorfque les parties du papillon ont pris leur parfait ac- croiffement, ou , pour parler plus exadement, de la folidité, il n’a donc pas de grands efforts à faire pour obli¬ ger la membrane mince & friable qui les renferme, à fe fendre en divers endroits. Pour peu qu’il gonfle quelques- unes de fes parties plus que les autres, pour peu qu’il tende à fe donner de mouvement fous l’enveloppe, il la force à s’entr’ouvrir quelque part. De pareils mouvements réitérés ago-randiflent l’ouverture commencée, & lui en procurent une capable de le Lifter fortir. L’ouverture par où il fort fe trouve conftamment dans le même endroit; differentes fentes dirigées chacune conftamment dans le même fens, St au-deffus des mêmes parties, concourent à la former & à augmenter fes dimenfions. Pour entendre l’ordre dans lequel les fentes fe com¬ mencent Sc fe dirigent, on fe rappellera que du cote du dos, foit dans les crifalides coniques, foit dans les angu- l aires, il y a une partie * affés confiderable de la coque fur 2> ^ Tomel ’ HllhJl * PI. Fis?, z.ddb. O 4 Fig. 2. //. * Fig. 8. b. * Fig. 11. k. * Fig. 2. Je/, / e d. * Fig. 2. d bd. * Fig. 8 & j i. A. * Fig. z. b c. 6l0 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE laquelle on ne voit aucuns velliges de ces filions qui mar¬ quent ailleurs les feparations des anneaux ; nous l’avons nommée le corcelct. Cette partie de l’enveloppe a plus d’é- tenduë dans certaines crilalides que dans d’autres; elle y avance plus du côté du derrière. Du côté de la tête, elle fe termine à une petite partie dont la figure & la pofi- tion demandent qu’on lui donne le nom de front de la crifalide*. Cette derniereeft placée au-deffus des yeux, & des antennes ; d’ailleurs le nom de front lui con¬ vient encore, par les contours des lignes qui la terminent. Le corcelct fe joint de part & d’autre à la portion de l’en¬ veloppe qui recouvre les ailes*; il lèmble fe prolonger & fe recourber du côté du ventre, pour les couvrir. Nous avons encore à diflinguer, du côté du ventre, une autre portion de l’enveloppe. Celle-ci* efl comprife entre le contour extérieur des ailes & le front; elle recouvre les antennes, les jambes, les yeux & le devant de la tête de la crifalide. Pour lui donner un nom, nous l’appellerons la vie ce de la poitrine*', fi lés contours n’étoient pas un peu arrondis , elle reffembleroit affés à ces pièces appellées bufetiercs, qui font fur le devant des corps des Dames. Quoi qu’il en Ibit , pour marquer la dilpofition des fentes qui vont permettre au papillon de fortir affés commodé¬ ment, il nous falloit connoître les trois pièces que nous venons de décrire; içavoir, le corcelct avec fes prolon¬ gements qui recouvrent les ailes *, le front *, & la piece de la poitrine*. Le milieu * de la partie fuperieure du corcelct efl affés ordinairement marqué par une ligne, dont la direélion efl parallèle à la longueur du corps de la crifalide; là il efl plus élevé qu ailleurs, même dans les crifalidcs Amplement co¬ niques, dans celles qui ne font point angulaires. Il efl vrai que cette élévation efl Pouvait A petite, qu’on ne la A DES Insectes. 6 m reconnoit qu a la loupe. C’eft vers le milieu de cette ligne, de ce trait, que la coque, que l’enveloppe commence à ie f en die ; la fente commencée s’étend bientôt julqu’à l’un & à l’autre bout de la même ligne. Quelques efforts que fait le papillon en ramenant un peu la partie pofte- rieute cle (on corps du côté de la tête, produifênt cette fente. De pareils efforts, c’effà-dire, affés légers, l’élar- giffent & 1 étendent. Les deux parties du corcelet qui viennent d être feparées, s’écartent l’une de l’autre, & laif- fent voir une raye du duvet * qui couvre le papillon. La * pj. 4Î . pièce du front lé fend auffi en deux, fuivant la même di- Fi â'-4 - lc - redion. Ces fentes s’étendent enfuite, du côté du dos, le long des contours des pièces que nous avons défignées *. * Fig. 6. Chaque moitié du corcelet le détache des parties fur lef- cl> cL quelles les anneaux font marqués; les prolongements qui paffent du côté du ventre, s’y feparent de la piece de fa poitrine * h laquelle ils étoient unis ; de forte que cette der- * Fig. s. niere ne lé trouve plus attachée à la coque que par la poin¬ te, car par en haut, la fente qui a fuivi les contours de la piece du front, les a feparées l’une de l’autre. Si l’ordre dans lequel le font ces fentes étoitmoins confiant, nous ne nous ferions pas tant arrêtés à le décrire. A mefure que les parties de la coque fe feparent, elles laiffent voir des portions, prefque linéaires, du corps du papillon; il lui efl facile alors d’écarter davantage les unes des autres, des parties qui ne tiennent plus enfemble. Pour peu qu’il tende à aller en avant, les bords fuperieurs des deux moitiés du corcelet s’éloignent l’un de l’autre * ; cha- * Fig. 5 & cune emporte avec elle une des moitiés de la piece du 6 ' t/> eL front*, qui lui efl reliée attachée par un coin ; la partie * ^ fuperieure de la piece de la poitrine s’éloigne en même- temps des deux parties du corcelet *. Ainfi le papillon 1 e * Fig. 8. fait, fans grande peine, une ouverture capable de le laiffer Hhhh ij * PI. 45 Fig. 9. ‘Fig. 11 6l2 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE fortir. Peu à peu aulfi il avance ; fa tête * le prefentc la première hors de la dépouille, & peu à peu il s’en retire entièrement. Il eft pourtant plus de temps à fortir, que la crilalide 11’en eft à quitter la dépouille de chenille. La feule difficulté qu’il a à vaincre, n’elt pas auffi de tenir fuffifamment écartées des parties de l’enveloppe gene¬ rale , qui tendent par leur reffort à fe rapprocher ; cette difficulté n’eft pas grande. Mais fous cette enveloppe ge¬ nerale , les jambes, lès antennes, les ailes & pluficurs autres de les parties font renfermées dans des étuis particuliers, extrêmement minces, à la vérité, mais d’où il faut pour¬ tant dégager les parties qui y font logées; cela elt plus dif¬ ficile. 11 ne l’ell pas moins de defengrainer chacun des an¬ neaux du corps de ceux de l’enveloppe. J’ai examiné l’interieur des dépouilles d’où le papillon venoit de fortir, dans la vûë d’y retrouver les fourreaux oit chacune de les parties avoient été renfermées. La piec,e de L la poitrine * elt celle qui recouvre les jambes, les antennes, ia trompe; fi on regardegrolherement fafurfaceintérieure, elle n’offre qu’une couche de filets membraneux & comme foyeux ; mais fi on y regarde de plus près, on voit des membranes fines qui forment encore des étuis, ou des portions d’étuis, que les parties qui s’en font retirées ont laiffé vuides; en fe retirant, elles les ont brilés en partie. La fineffe de ces membranes porterait à croire quelles n’ont fervi que d’une efpece de couverture, étendue fur la furface extérieure des jambes, des antennes & de la tro mpe, & qui fuffifoit pourdeffendre ces parties contre les imprelfions de l’air. Mais dans quelques metamorpho- fes laborieufes où le papillon employoit plus de temps que les autres à retirer quelques-unes de les parties de l’enve¬ loppe de crilalide, j’ai obfervé qu’il avoit fait fortir chaque partie d’un fourreau particulier. J’ai eu pluficurs papillons des Insectes. dm diurnes d’une eipece de petite chenille noire qui vit en fo- cieté dans- les prairies, &. qui aime fur tout le plantin; j’ai Vu la peine qu’avoit un papillon, venu d’une de ces che¬ nilles, à tirer la trompe d'une efpece de gaine qui l’entou- roit de toutes parts. L’avoir vu par rapport à la trompe, c'elt 1 avoir \ u par rapport à l'es autres parties, & par rap¬ port aux parties lëmblables tics autres papillons. Si on conhdere l’intérieur de la coque vuide dans des endroits moins proches de la tête, on voit plu heurs gros filets blancs-latines; iis n’y font attaches que par un de leurs bouts * ; d ailleurs iis lent flottans. Les endroits d’où ils partent font reconnoître ce qu’ils ont été; chacun d’eux elt attaché au bord d un de ces fligmates, d’une de ces ouvertures qu'on fçait être deftinées à donner entrée à l’air. Ces filets font donc des trachées defiechées. J’ai vû quel¬ quefois que ceux qui partoient d’une ouvertureailoient le réunir à ceux qui partoient d’une autre; tous fe dirigent du côté de la tête de l’infeéle. Cela nous conduit à pen- lér que les trachées qui fervoient à la relpiration de la che¬ nille, au moins une partie de celles qui y fervoient, nepe- netroient pas dans l'intérieur du papillon, qu elles ram- poient entre les membranes propres à la criiàlide, & celles qui font propres au papillon. Sur la furface intérieure du fourreau de criiàlide, laide par quelques autres papillons tel qu’eft le grand papillon ¥ de la chenille du poirier à tu¬ bercules de couleur de turquoife, j ai trouve, vis-a-vis cha¬ que fligmate, un petit corps de forme d entonnoir tron¬ qué *, dont la baie étoit a peu-près égalé au contoui du fligmate d’où ellepartoit, &dont la hauteur etoit prefque égale au ]>lus grand diamètre de cette baie. Ce cône creux, cet entonnoir tronqué que nous avons décrit lorfquenous avons parlé de la relpiration des crilalides , & dont on peut voir les parois intérieures iorique le papillon vit lous la H h h h nj * PL 4V* Fig.i * PI. +7- Fig. 5 «X 6. * PL 4-7- Fig. fff. à Fig. 2 & 3. * PI. 47. Fig. 2. & 3. * PI. 46. Fig. 1. * Fi fe- S- 614 MEMOIRES POUR L’HlSTOIRE forme de crilàlide ; ce même cône ell celui dont nous voyons la furface extérieure fur les dépouilles des gros pa¬ pillons * ; on en trouve un à chaque lligmate. J’ai de même cherché h je ne trouverais pas fur la co¬ que vuide, les relies des jambes membraneufes qu’avoit la chenille, & que le papillon n’a plus. J’ai bien reconnu les places où elles avoient été, mais il 11’y avoit fur ces places aucune convexité fenfible vers i’interieur de la coque; je n’ai oblèrvé aucuns relies, aucuns fragmens de ces jambes dclfechées. Ce qu’on obferve encore dans l’interieur de la coque vuide, c’ell que les anneaux dont elle ell compoféc s’emboî¬ tent les uns dans les autres, ils font en recouvrement ; deux anneaux voilins font unis l’un à l’autre par une membrane mufculeufe ; cette membrane forme dans l’interieur de la coque, à la jonélion des anneaux, une lame plus mince que le papier le plus fin, perpendiculaire à la furface inté¬ rieure de l’endroit d’où elle part; là la membrane ell pliée en deux; c’ell en fe dépliant qu’elle permet aux annèaux tle s’éloigner l’un de l’autre, de celfer d’être en recou¬ vrement. Mais revenons à notre papillon nouvellement forti de fa dépouille; quelques-uns relient pendant du temps pôles fur les bords de la dépouille-même, les autres vont s’ac¬ crocher auprès. Les ailes font ce qui nous frappe le plus dans ces infeéles. Le papillon qui vient de paraître au jour les a fi petites, qu’il femble un papillon manqué *; mais au bout d’un quart d’heure, ou d’une demi-heure, tantôt plutôt, & tantôt plutard, elles paroilfent dans toute leur étendue *. Je ne fçache point que la maniéré dont ces aîles fe développent ait encore été expliquée, ni bien obfervée. Diverfes efpeces de Icarabés, de perce-oreilles, de flaphylins, de punaifes des champs, ôte. ont de longues D E S I N S E C T ES. 6 IC nues, quand ces inlcéies n en veulent point faire ufa^c, iis les cachent fous des fourreaux, foit écailleux, foit crufla- cés, loit membraneux, avec un art qui méritera d’être ex¬ plique ailleurs; ces ailes font pliées d’une façon fmgu- Jiere fous leurs étuis. Il femble qu’on ait crû, du moins 1 uvois-je crû, que lorfquele papillon efl emmaillottéfous ici foi nie de cnialide, ies aiies etoient pliées dans ieurs fourreaux, comme le font celles des infedesdont je viens de parler. C efl pourtant par une mechanique tout-à-fait differente qu elles font réduites à occuper fi peu d’éten- duë; des portions de j’aîle ne font point pliées furies au¬ tres, c efl fans de pareils plis que les ailes paroiffent d’abord fous une furface qui n efl quelquefois pas la cinquième ou la fixieme partie de celle qu’elles auront après un quart d’heure. Un accroiffement fi confiderable & fi fiibit n’efl pourtant pas un accroiffement réel; tout le myfîere con- fifte en ce que ces ailes fi petites, font confiderabfement plus épaiffes quelles ne le feront dans la fuite. Si on s’avife de faire attention à l’épaiffeur de l’aile naiffante, les yeux feuls la feront juger beaucoup plus grande que celle des ailes ordinaires. Si on la prend entre lès doigts, & qu’on y prenne enfuite une aile parfaite, on reconnoîtra encore par cette voye une différence d epaiffeur bien fcnfible. Il efl donc naturel de penfer, & cela eft ainfi, que chaque portion de l’aile naiffante a une épaifleur qu elle ne doit pas conferver; que pendant quelle étoit gênée par fes en¬ veloppes , il lui a été permis de s’épaiflir, & non de s’é¬ tendre dans les autres fèns. Mais dès quelle devient libre, elle commence à perdre ce quelle avoit d epaiffeur exce- dente, & ce quelle en perd efl employé à augmenter fes autres dimen fions. Dès que j’eus pris cette idée, il me parut qu’ils’offroit un moyen fimple de s’affairer li die étoit vraye ; c etoit 6 I 6 MEMOIRES POUR L’HïSTOÏRE d’arracher une aîle à un papillon qui ne venoit que de quitter fa derniere dépouille; de la tirer doucement entre mes doigts, & cela tantôt félon fa longueur, & tantôt fé¬ lon fa largeur. Par ce moyen, jedevois parvenir à donner à cette aîle l’étenduë qu’elle eût acquife en peu fi je l’euffe iailfée dans fa place naturelle. L’aîle prit entre mes doigts toute l’étenduë à laquelle elle feroit parvenuë fur le papillon, & ne me parut pas plus mince qu’elle l’eût été 11 elle fe fût développée en là place naturelle. Elle crût fans que je vilfe aucune partie de grandeur fenfible fe déplier: en un mot, elle fe laida étendre comme eût fait un cuir mouillé. Inu¬ tilement tirailleroit-on une aîle ordinaire, une aîle qui a toute fa grandeur; on la déchireroit plûtôt que de l’allon¬ ger fenfiblcment. Dans cette aîle naiflante, fi petite, & où il n’y a aucune partie de grandeur fenfible qui l'oit pliée, nous devons donc imaginer un très-grand nombre de plis in- fenfibles. Quand une des fibres, qui, de lorigihe de l’aîle, fe dirige vers fa bafe, a cru, quand fon accroilfcment la portoit à aller en avant, fi elle a trouvé des enveloppes, ries obfiacles, quelle n’éioit pas capable de vaincre, & qui font arrêtée; elle aura été obligée de fe replier fur elle- même, elle fe fera courbée en differents endroits. La * PI. 46. fibre qui .cherchoit à avoir l’extenfion * AB en ligne 7 ‘ droite, trouvant un obltacle, aura feulement acquis la lon¬ gueur AC, & le furplus de la longueur aura été confom- mé à faire des ziczacs à peu près tels que la figure DE les fait imaginer, mais plus prelfés les uns contre les au¬ tres ; & cela fi la fibre a trouvé moins d’obfiacle à fe cour¬ ber, à prendre de pareils contours, qu’à s’allonger. L’aîle compofée de fibres ainfi raccourcies, doit être plus épaif- lë quelle ne le fera lorfque les fibres fe feront dépliées. Ce n’eft pas feulement le fourreau de la crifalide qui a empêché DES I N S E C T E S. 617 empêché les fibres Je s’allonger, qui les a forcées à fe plier elles avoient déjà ces mêmes plis, & davantage, lorfqu elles etoænt fous le fourreau de chenille. Car, autant que j’en ai pu juger, en cherchant à étendre les allés du papillon qui 11e venoit que de quitter l'enveloppe de chenille, qui ne paroifloit pas encore criTalide, dès ce moment les fi¬ bres des ailes font a fies longues pour fournir à la grandeur de I aile du papillon parfait. Si on obfcrve alors avec une loupe le défi us, & fur tout le deflous de l’aile, on voit des plis ondes qui femblcnt etre ceux que nous voulons faire ima¬ giner; ils ne paroiffent pas fi bien fur l’aîle du papillon qui vient de fie dégager de fon enveloppe de criTalide, parce que tout y eft recouvert par les écailles. Ce quont fait mes doigts pour allonger l'aile du pa¬ pillon qui vient de naître, ce font les liqueurs qui le font. Dès que les ailes ne font plus refferrées par leurs fourreaux , il eft probable que les liqueurs y entrent plus librement: au moins celles qui y entrent, peuvent- elles faire ceder les parties contre lefquelies elles frappent; elles ne fçauroient enfiler des canaux aufli tortueux que ceux quelles fuivent, fans les frapper, fans les pouffer. N’efi-ce point auffi pour déterminer les liqueurs à couler plus abondamment dans leurs courtes ailes, que les pa¬ pillons nouvellement éclos les agitent de temps en temps, qu’ils les font frémir avec vîteffe! Les liqueurs ne peuvent entrer dans l’aîle que par l’endroit où elle tient au corps; dès leur entrée, elles tendent à redreffer & à allonger des canaux repliez ; elles y parviennent quand aucune force extérieure ne s y oppofe. Cela étant ainfi, la partie qui donne entrée à la liqueur, eft celle qui doit s’étendre & s’élargir la première; c’eft auffi ce qui arrive, ce que j’ai obfervé, & ce qui m’a mis en état d’expliquer des faits qui le paffoient fous mes yeux, & qui s’y étoient paffés T"o?ne I ' . Iiii 6 1 8 MEMOIRES pour l’Hîstoïre la première fois, fans que j’en eulfe bien vu la caufe. Les ailes du papillon naiffant étoient bien planes, bien 4 6 - unies, elles me fembloient feulement trop épaiffes *. Pen¬ dant que je les obfervois avec attention, je les voyois croître, mais en même temps je les voyois fe courber, fe chiffonner, 2 - fe contourner *. A mefure que leur furface croiffoit, leur forme devenoit plus irreguliere *. Des ailes qu’on a vues dans cet état, 6 c qu’on n’a pas fuivies dès que leur déve¬ loppement a commencé, ont fait imaginer à d’autres, comme elles me l’avoient fait imaginer lorfque je n’y avois pas regardé de près, que les chiffonncmcnts, les plis étoient produits par les parties qui s’étoicnt dépliées, mais qui ne s’étoicnt dépliées encore qu’imparfaitement. La véritable caufe à laquelle toutes ces eipeces de chiffon- nements doivent être attribués , c’efl qu’il y a des parties qui fe développent avant que celles qui les fuivent fe • 4 .. foient développées. La partie fupérieure d’une aile *, la partie la plus proche de la tête, acquiert, par exemple, pref- 4 . que toute fon extcnfion, pendant que la partie * qui la fuit n’a encore acquis que la moitié de la fienne. S’il y avoit une ligne qui marquât la réparation de la partie qui a crû confi- derablement, 6 c de celle qui a crû beaucoup moins, les plis finiroient précifément à cette ligne; mais comme les diffé¬ rences d’accroiffement font nuancées infenfiblement, les plis ne fe terminent pas précifément à un endroit déter¬ miné, il y en a nombre fur la partie la plus proche de la tête, fur celle qui s’eft élargie & allongée le plus, pendant qu’il y en a peu fur la partie de l’aile qui en eft voifine, 6c qu’il n’y en a prefque point fur le refie. Enfin ce qui arrive fur la largeur de l’aile, arrive aufli fur fa longueur, la partie qui s’étend, s’étend 6 c félon fa largeur 6 c félon fa longueur en même temps. Pour four¬ nir à un allongement affés fubit, la partie qui s’alionge des Insectes. 6iq s élc\ e en arc * : dans cet arc il y a pourtant bien des contours irréguliers; la figure de 1 aile elt alors extrêmement irreguliere en tous iens. On a peine à imaginer que les ailes qu’on voit en cet état, ne relieront pas contrefaites. Mais à inclure que les parties, qui étoient trop relferrées, qui bri- doient celles qui les précédent, qui les forçoient àfe froncer K.kfc,k 626 Mémoires pour l’Histoire * pi. 48. Fig- F- * Fig. 1. * PI. 49. Fig- 3.6c PI. 5 e - Fig. 2. * PI. 49. Fig. I . * PL 50. Fio. I . * PI. 48. Fig. 1. pût être poffible à un papillon, qui n’a que les inilruments que nous lui connoiffons-, de les percer, ou il faudrait qu’il y employât bien du temps : telle eft la coque *, dont nous avons parlé plufieurs fois, de la grolfe chenille du jroirier à tubercules de couleur de turquoife * ; & telles font celles * de deux chenilles plus petites que la prece¬ dente, mais pourtant bien au-deffus de celles de gran¬ deur moyenne : l’une * a fes tubercules couleur de rofe, & mange bien les feuilles de charmille, l’autre* a fes tu¬ bercules jaunes. L’une & l’autre ont le fond de leur cou¬ leur d’un beau verd. La derniere a fes anneaux bordes d’une large bande d’un noir velouté, & l’autre n’a qu’une tache noire fur chaque anneau, & montre au plus un petit bord noir en quelques circonftances. Les chenilles de ces deux Figures, Planches 49 & 50. font les mêmes qui font reprefentées Planche 2. Fig. 14 Si 15 . encore très-jeunes, Si alors noires Si velues. C’eft avec des feuilles de prunier que j’en ai élevé plufieurs à la grandeur de celle de la Fig. 1. PI. 50. La grolfe chenille du poirier*, & les deux clernieres ont une attention en fabriquant leurs coques, qui mérité que nous la falfions admirer. Nous n’avons point parlé dans le Mémoire precedent de ce que ces coques, prefque entièrement femblables à l’exterieur aux coques les plus ordinaires, ont de particulier dans leur conltruéfion, nous avons cru que ce ferait ici le lieu le plus convenable pour l’expliquer. Malgré la force Si la grolfeur de leur fil qui égalent prefque celles des cheveux, malgré la folidité du tiffu qui en efl compofé, le papillon qui naît dans une de ces coques, trouve moins de diffi¬ culté à en fortir, que d’autres papillons n’en rencontrent à fortir de coques dont le tiffu efl mince, Si fait de fils foibles. Il trouve une porte, ou pour mieux dire, deux portes toujours ouvertes; il n’a qu a vouloir fortir, elles ne 9 ^ D E s I N s E C r E S. 627 s y oppolent pas ; je veux dire qu il y a des ouvertures toutes fa.tes qui lui permettent le partage; qu’il n’a point à percer le tiftu, ni à écarter des rtls entrelacés; tout l’obftacle fe réduit à pouirer des fils flottants, ou une elpece de frange. Si on confidere deux de ces coques, une où la crila- lule cfl encoie , & une autre ou il 11e re rte plus que la dépouillé que le papillon a laiflee, elles paroîtront toutes deux parfaitement lémblables. L’ouverture qui a permis de fortir à un fi gros papillon, n’ert point fcnfible fur cette fécondé coque;on n’ert pourtant pas long-temps à reconnoître l’endroit qui lui a donné partage, & le l’cul cjui a pu le lui donner. Un des bouts de la coque * eft * Pf. 4.?. plus menu que l’autre, & on y voit des poils qui ne font Flg ‘ £’/' pî * pas couchés comme ils le font ailleurs. Si on fe contente & 9 P1. p’.* de regarder groflierement ce bout de la coque, 011 juge F '°‘ 2m feulement que le fil nÿ ert pas dévidé, qu’il y forme une marte cotonneufe, femblable à celles qui enveloppent d’autres coques en entier; mais fi on regarde plus atten¬ tivement, 011 obferve que tous ces fils, qui ne font pas adhérants les uns aux autres, fe dirigent vers un même point pour former une efpece d’entonnoir qui ert le bout de la coque; enfin le bout de la coque ert une efpece d’en¬ tonnoir formé par les fils d’une frange. La comparaifon même aux fils de frange eft exacte; fi on prend une frange avant que fes fils ay eut été tors, ou en termes de l’art guipés, alors chaque fil de la frange ert comporté d’un fil plié en deux, c’eft en tordant ces deux parties du fil qu’on les réunit; le bout de chacun des brins de foye qui fe rendent à la pointe de la coque, eft fait auffi par un fil qui fe replie fur lui même. Nous avons déjà dit que ces fils font gros ; d’ailleurs ils font bien gommés, leur reflort les tient tous dans la première direélion qui leur a été donnée, & les y ramené lorfque quelque force les en a tirés. Kkkk i; * PI. 48. Fig. 6. * PI. 48. Fig. 6 à 7. «Sc PI. 49. Fig. 4. h h 1 i. 6 28 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE % Le papillon qui cherche à fortir, fe prefente à la partie la plus évafée de l’entonnoir ; il avance aifement dans cet entonnoir, il ne trouve pas grande refiftance à écarter les fils détachés qui en forment les parois ; & dès qu’il elt forti, le refïort de ces fils leur fait prendre leur première fitua- lion; de là il arrive que la coque qui renferme encore un papillon , & celle d’où le papillon s’eft tiré, font femblablcs à l’exterieur. La facilité que le papillon a à fortir de fa coque, eft affés vifible par cette conflruétion ; mais on pourrait crain¬ dre qu’il ne fût pas en fureté dans une coque qui, quoique d’ailleurs extrêmement folide, a un endroit qui-peut per¬ mettre l’entrée à des ennemis voraces, & les crilalides ont bon nombre de pareils ennemis. Ouvrons une de ces co¬ ques tout du long *, pour en mettre l'intérieur à décou¬ vert; tout ce qui étoit neceffaire pour la fureté du papil¬ lon, & pour faciliter fafortie, paraîtra avoir été prévu. Outre l’entonnoir extérieur, outre celui dont nous venons de parler, on en verra un intérieur, formé précilèment de la même maniéré * ; mais dont les fils font encore mieux arrangés en fis de frange, & plus ferrés les uns contre les autres. Le nombre ries entonnoirs n’augmente point, ou augmente peu la difficulté que le papillon trouve à fortir; mais l’entrée dans la coque en eft rendue plus difficile aux infecfles qui voudraient s’y introduire. On connoît la ftruc- ture des naffies dans lesquelles on prend le poiffon ; leur artifice confifte en ce quelles font compofées de pltifieurs entonnoirs d’ofier ou de refeau, mis l’un dans l’autre. La circonférence évafée du premier entonnoir offre une en¬ trée facile au poiffon, il 11’en craint rien; il parcourt tout ce premier entonnoir, & entre fans défiance dans le fécond, qui le prefente de même à lui; il fe rend dans la grande cavité de la naffie, Mais lorfqu’il veut revenir en arriéré, il des Insectes. <5^9 lie fçait plus trouver, ou enfiler les petites ouvertures par où jleft fiorti de chaque entonnoir. Les entonnoirs de notre coque font tournés,par rapport au papillon, comme les ouvertures des naffes qui invitent les poilfons à s’y engager; Si les entonnoirs de ces coques font tournés, par rapport aux infeéles qui voudroient penetrer dans l’interieurdela coque, comme lelont les entonnoirs des naffes par rapport aux poilfons qui en veulent fortir. Nous ne devons pas encore oublier de remarquer que la chenille, avant fa me- tamorpholè, lé place dans la coque de maniéré que la tête de la crifalide, N par confequent celle du papillon, fe trou¬ veront tout près de l’entonnoir intérieur. Albin a, comme nous, comparé cescoquesàdes naffes, mais il a négligé d’expliquer, N de faire reprefenter l’artifice de leur conftru&ion ; il n’a rien dit du double entonnoir. Je n’ai encore vu conûruirc de ces coques en naffes, que par les trois dernières efpeces de chenilles dont j’ai parlé ci- deffus. Elles fie reffemblenten induftrie, Si elles fe transfor¬ ment en des papillons de même clalfc, de la 5 . c des noélur- nes, Si de même genre, & qui d’ailleurs ont entr’euxune fi grande reffembiance, que fi on ne cherche avec queJqu’at- tention en quoi ils different, ils ne paroiffent différer qu’en grandeur. Chacune des ailes de ceux de ces trois efpeces*, * PI. 47, font ornées d'une belle tache en forme d’œil, qui paroit de 49 & l’un & de l’autre côté; ces taches reffemblent à celles des plumes des queues de paons, & elles demandent qu’on appelle ces trois papillons des papillons -paons. Le grand paon eft un des plus grands papillons; les femelles *, qui ne volent pourtant gueres, ont plus de cinq pouces de vol. Je ne fçais fi cette grande efipcce, qui n’efi pas rare dans le Royaume, & fur tout aux environs de Paris, fe trouve dans les pays voifins; ce qui fonde ce doute, c eft qu’elle n’eft point reprefentée dans les Planches où Albin Kkkk iij pi. 47. Fig. 5 & 6 , 4 ; * pi. & 48. * pi. 50. * pi. 49. * pi. 4 s. Fig- 3 - * PI. 47. * PI. 50, Fig-4& 5. * PL 49. Fig. 7. 6 30 MEMOIRES POUR L'HiSTOIRE a fait graver les infedes d’Angleterre, ni dans celles des infedes d’Europe, ou plutôt d’Allemagne, de M. me Me« rian. Si ce papillon eft reprefeiïté dans une des Planches de Goedaert, où font les infedes de Hollande, c’eft que M. Borel, Ambaffadeur en France des Etats generaux, ayant trouvé ce papillon au jardin du Roy, fut frappé de la grandeur &. de là beauté; il crut le devoir envoyer à Goedaert. Alors on ignorait la chenille d’où il vient. M. Lilfer dans les notes fur Goedaert, la foupçonne une de ces chenilles qui portent des cornes fur le derrière. M. Sedileau cil le premier qui ait fait connoître au public la véritable chenille de ce papillon, fur laquelle, & fur fon papillon, il a donné des obfervations dans les Mémoires de l’Academie de 1692. où ils font gravés l’un & l’autre. Le brun & le gris lont les couleurs qui dominent fur les ailes du grand paon *, du paon moyen *, & du petit paon *, car on peut les diftinguer par ces trois noms. Le brun du grand paon eft, dans des endroits d’une étendue affés conlidérable, un brun minime; ailleurs il fe mêle avec le gris, qui a lui-même diverfes nuances; celui qui borde prefque la bafe de l’aile, eft quafi blanc; à quelque diftance de fa bafe, l’aile eft traverfée par une bande d’un gris un peu moins blanc. On apperçoit auïïi en divers endroits des teintes de rougeâtre. La bande circulaire qui forme le contour de chaque tache en œil, eft noire : la moitié fuperieure de fa circonférence intérieure eft bor¬ dée d’une bande plus étroite, d’un rouge un peu foncé; cette derniere eft bordée de blanc; la tache élu centre, la prunelle, eft noire, & tout ce qui l’environne eft blanc. Les couleurs du mâle*, & celles de la femelle*, font fembiables, & femblablement'diftribuées. Les couleurs du moyen paon femelle *, & celles du petit paon femelle * différent peu auflï des couleurs des des Insectes z grands paons : elles font feulement plus claires, leur brun clt moins brun, & combiné avec plus de gris. Leurs ta¬ ches, en yeux, ne font faites fur quelques-uns que de deux couleurs, d’une bande circulaire d’un beau noir, qui entoure un anneau d un brun-jaunâtre , au centre duquel eft un cercle noir; mais il y a de ces yeux, où, comme dans ceux du grand paon, on apperçoit du rouge & du noir. Une raye tranfverfale fe trouve fur les ailes Supérieures du petit & du moyen paon femelles au-defliis iece du front s’ert feparée de la piece de La poitrine. Il, les aîles.]Le contour intérieur des pièces marquées gg II, renferme la piece de la poitrine k, qui com¬ mence à fe détacher. La Figure 9, fait voir le papillon qui commence à fortir de fa dépouille de crifalide. de, de, les parties dans lefquelles fefontdivifées la piece du front & le corcelet. Le papillon les force de lui donner partage. La Figure io, ert la dépouille d’où le papillon vient de fe tirer, vûë du côté du dos. e e, les deux pièces du corcelet. La Fig. 11, ert celle d’une dépouille d’où le papillon vient de fortir, vue du côté du ventre. e e, les moitiés du corcelet, & de la piece du front. Il, les fourreaux des ailes, qui font comme les appen¬ dices du corcelet. k, la piece de la poitrine. La Figure 12, ert celle d’un morceau de la dépouille que le papillon vient de quitter, vu par-deflus. La Figure 13, ert celle du morceau de dépouille, Figure 12, retourné, & vû du côté intérieur, tttt, trachées qui font refté attachées à cette dépouille, & qui partent cha¬ cune d’un rtigtnate. des Insectes. Planche XLVI. 647 La Figure 1, eft celle d’un papillon noélurne qui vient de fortir du fourreau de crifalide, d’où il travailloit à fc ^ ans les Figures ÿ, 6 , y, 8 & ç delà Planche précédente. Ce papillon eft femelle. La Figure z, eft celle du papillon de la Figure 1, dont la partie anterieure a, a, de chaque aile commence à s’é¬ largir. Le deiïiis de ces mêmes ailes a pris de la convexité; elles ne font plus planes comme dans la Figure 1. La Figure 3 , fait voir le même papillon, dont les ailes font plus allongées & plus élargies que celles delà Figure 2. Elles font chacune contournées, & comme arcquées. Elles fe recourbent pour s’élever au-deffus du corcelct, & retombent enfuite en bas. La Figure 4, reprefente le même papillon, dont les ailes fe font redreftêes, élargies & étendues. L’aile bmo, eft aéluellement moins avancée à lé développer, que l’aile c. Cette derniere a prcfque acquis toute fa longueur; mais la bafe,' le bout de cette même aile n’a pas encore pris toute la largeur qu’il doit avoir, ce qui fait que le refte de l’aile eft plifte. Le bout de l’aile b eft encore plus plifïe. La Figure j, eft celle du même papillon, dont les ailes font prefque entièrement développées. Leurs bafes b, b , font pourtant encore gaudronnées, ou pliffées. La Figure 6, eft celle d’une phalène de la première clafle, dont les ailes fe développent. Dans la Figure y, la ligne en ziczac DE,donne une image grolfiere de la maniéré dont chaque libre eft pidlce 643 Mémoires pour l’Histoire clans line aile qui n’efi pas développée. Cette fibre étendue auroit plus de la longueur de la ligne A B. La Figure 8, efi celle d’une crifalide angulaire. Le pa¬ pillon a commencé à obliger le corcelet à fe fendre, bec , la fente qui partage en deux la picce du front 6c le corcelet. Elle partage en deux cette éminence c, qui a la figure d’un nez. La Figure 9, efi celle de la même crifalide, vûë par- defTous, où la picce de la poitrine kk, elt détachée. La Figure 1 o, laiffe voir la partie anterieure du papillon, qui a écarté les moitiés du corcelet, qui fe touchoient en¬ core dans la Figure 8. La Figure 1 1, fait voir le papillon encore plus à décou¬ vert, 6c qui a déjà tiré une de lés antennes du fourreau de crifalide, La Figure 12, nous montre les ailes de ce même pa¬ pillon , fes deux antennes 6c deux de fes jambes, qui font dégagées du fourreau. La Figure 13, reprefente le papillon dans l’inflant où il va achever de lé tirer du fourreau de crifalide. Planche XL V 11 . La Figure 1, elt celle d’une portion de la dépouille d’une crifalide, quittée par le grand papillon-paon, vûë du côté intérieur. fff, trois de ces entonnoirs, que les fiigmates prolon¬ gés forment defTous la peau de la crifalide. 11 1, paquets de trachées qui partent des fiigmates. La Fig. 2, efi celle d’un de ccs entonnoirs de fiigmate,’ détaché des Insectes. 649 détache de la peau, pp, deux paquets de trachées qui vien¬ nent entourer cet entonnoir. La Figure 3 , reprefente, en très-grand, un de ces en¬ tonnoirs , attaché à la peau, & dégagé des trachées. La Figure 4, fait voir une coquecc, de la chenille-li¬ vrée, qui a été percée par le papillon, & d’où il commence à for tir. t, la partie anterieure de ce papillon. La Figure 5, eh celle de ce grand papillon noéfurne que nous nommons 1 g grandpaon, vu par-deflus. Celui de cette Figure eh la femelle. La Figure 6, eh celle du même papillon, vu du côté du ventre. La Figure 7, reprefente plufîeurs œufs de ce papillon. Planche XLVIII. La Figure 1, eh celle de la grande chenille du poirier à tubercules de couleur de turquoifè. Elle eh reprefentée ici avant fa derniere mue, c’eft-à-dire, avant que d’avoir pris tout fon accroiffement, & lorfqu’elle eh encore chargée de ces poils ppp, &c. qui fe terminent par des boutons. a, la tête de cette chenille. Elle la tient ahes ordinaire¬ ment recourbée en deffous. c, chaperon qui recouvre fon anus. La Figure 2, eh celle d’un anneau de cette chenille, groffi à la loupe, i t, deux jambes membraneufes. tttttt, les fix tubercules de chaque anneau. Leur fom- mité eh terminée par un grain bleu de couleur de turquoifè, & eh environnée de cinq poils courts, &. comme épineux./?, grands poils qui partent de Tome Z . N n n n 6 50 Mémoires pour l’Histoire ces tubercules, avant la tlerniere mue. La Figure 3 , eft celle du papillon mâle de la chenille de la Figure 1 , vît du côté du ventre. La Figure 4, efi celle de la coque d’où efl: forti le pa¬ pillon de la Figure 3. B, le gros bout de la coque. f, le petit bout qui efl terminé par une efpece de frange. La Figure 5, eft celle du bon t^/ Figure 4., reprefenté feparément. La Figure 6, efl celle de la coque de la Figure 4, ou¬ verte, pour faire voir deux entonnoirs qui forment une efpece de nafle. gg n , un de ces entonnoirs, iiff, l’autre entonnoir. La Figure7, reprefente, en grand, le bout ggff ,(le fa coque de la Figure 6. ghhg, le cordon d’où partent les fils, q, le cordon qui fert de tête à l’efpece de frange qui forme le premier entonnoir////, ii. i i,ff, les fils qui forment le fécond entonnoir. La Figure 8, eft celle de la crifalide qui eft renfermée dans la coque Figure 4, ayant fa tête tournée vers le bout f Planche XLIX. La Figure 1, efl celle d’une chenille-verte, à tubercules de couleur de rofe, que j’ai trouvée fur la charmille, & que j’ai nourrie de feuilles de cet arbre, & de feuilles d’orme. Elle n’a que quelques petites taches noires fur chaque anneau. La Figure 2, eft celle d’un des tubercules de cette che¬ nille, reprefenté feparément & en grand. Il eft chargé de fix poils courts, & durs comme des épines. v e s Insectes. 6r i La Fig. 3, cil celle de la coque de cette crifalide. B, le gios bout./, le petit bout, celui qui relie ouvert. La Fig. 4, eft celle d’une partie de la coque de la Fig. 3 , prifeprès du petit bout/ reprefentée ouverte, h h, U, la Première frange qui forme le premier entonnoir, h h,ff la fécondé frange qui forme le fécond entonnoir. La Figure 5, reprefente plus en grand, la difpofition de quelques fils pareils à ceux qui composent les franges précédentes. La Figure 6 , efl celle de la crifalide de cette chenille, vûë du côté du dos. La Figure 7, efl celle du papillon femelle que nous avons nommé le petit paon, qui eft forti de la crifalide. Figure 6, vers la fin du mois de May. Je n ai point eu le papillon mâle. Les Figures 8, 9 & 10, font voir en grand, des têtes telles que font celles des trois elpeces de papillons-paons, & montrent qu’on n y apperçoit ni trompe ni parties ana¬ logues à la trompe. La Fig. 8, eft celle de la tête grofïie. On y voit, entre les yeux, des poils qui fe dirigent vers les jambes; ils par¬ tent immédiatement de la tête, & 11e tiennent point à des barbes, ou à des tiges barbues. La Figure 9, reprefente la même tête, à qui on a ôté tous les poils qui étoient entre les yeux, pour mettre à découvert cette partie où la trompe des autres papillons eft placée. On voit que cette partie eft lifte; c’eft un carti¬ lage affés uni. La Fig. 1 o, reprefente la même tête, dans une autre vûë• Nnnn ij 6 52 Mémoires pour l’Histoire elle la montre en deffous. On y peut remarquer une ca¬ vité c peu profonde, dans laquelle on apperçoit quelques petits corps dont il n’efl pas aifé de diîlinguer la figure, & qui ne paroifTent aucunement femblables aux trompes. La Figure i i, cft celle de cette petite chenille rafe du bouillon blanc, qui fe tient renfermée dans fa coque pen¬ dant environ huit mois avant que de fe metamorphofer en crifalicie. La Figure 12, efl celle de la crifalide de la chenille de la Figure 1 1. La Figure 13, efl celle de la coque dans laquelle la chenille, & enfuite la crifalide, efl renfermée. La Figure 14, efl celle du papillon de cette chenille, vû par-deffus. La Figure 15, efl celle du même papillon, vû par- defTous. La Figure 16, efl celle d’une petite chenille qui fe tient dans une feuille d’ortie roulée, & qui, comme la chenille de la Figure 1 1, fe renferme dans une coque où elle refie près de huit mois avant que de fe transformer en crifalide. La Figure 17, efl celle du papillon de la chenille de la Figure 16, vû par-deffus. La Figure 18, efl celle du même papillon, vû par- deffous. Planche L. La Figure 1, efl celle de la chenille qui donne le moyen paon. Ses tubercules font jaunâtres. Quand elle a pris tout ion accroiffement, chacun de fes anneaux efl bordé d’une des Insectes. 6 r , bande noire, & le refte eft d’un beau verd. Nous avons dit, Mémoire fécond, que ces chenilles font noires & ve¬ lues lorfqu’elles font jeunes. La Figure 2, eft celle d’une coque en naffe, que la che¬ nille de la Figure 1 sert filée entre de petites branches de prunier. La Figure 3, eft celle de la crifalide de la même chenille, vûë du côté du ventre. La Figure 4, eft celle du papillon femelle du moyen paon, vu par-deffus, à qui on a écarté les ailes fuperieures, pour mettre les inferieures à découvert. La Figure 5, eft celle du même papillon, vû du côté du ventre. La Figure 6, [eft celle d’une portion d’une antenne de papillon, reprefentée en grand. La Figure 7, eft celle des œufs de ce papillon, de gran¬ deur naturelle. La Figure 8, reprefente les mêmes œufs, groftïs. La Figure 9, eft celle du papillon mâle dont la femelle eft reprefentée dans les Figures 4 & 5 ; il eft venu d une chenille femblablc à celle de la Figure 1. Ici il eft vû du côté du ventre. La Figure 10, eft celle du papillon de la Figure 9, vu par-defliis. Ce port des ailes fuperieures eft celui qui eft le plus ordinaire à ce papillon, dans les temps de repos. Les côtés intérieurs des deux ailes fuperieures laiflcnt un petit intervalle entr’eux, où les ailes inférieures paroiftènt. On peut remarquer qu’en a a, les inferieures déboule nt les fuperieures. Nnnnnj 654 MEMOIRES POUR L’HiSTOIRE La Figure 11 , fait voir une petite portion d’une an¬ tenne du papillon des Fig. 9 & 10, extrêmement grolfie au microfcope. rt eil une portion de la tige. de, une barbe qui eft au commencement d’une arti¬ culation. h c , la barbe qui eft à la fin de la même articulation. Elle le recourbe en c fur le bout e de la barbe de. La barbe b c a une efpece de frange de poils qui vont atteindre la barbe de. L’autre côté de la même barbe n’a qu’une efpece de molet, ou de frange très-bafte. La barbe d e n’a de chaque côté qu’une frange de poils courts, ou un molet. La ftruéture des antennes du grand papillon-paon revient à celle de cette Figure. Dans la Figure 12, une portion d’une antenne du pa¬ pillon femelle des Fig. 4 & j, eft reprefentée bien plus en grand que dans la Figure 6. tt, la tige, b d, barbe en dent de rateau. Il n’en part qu’une de chaque côté de chaque articulation. Fin du Tome premier . P/. 4 6 ■ p aij. 6 fia. o fia. 5 . P'ip 7 ./ //l/VV/VVHVH/l/VV c fu>. P ta. 3. Fia. 8 . / t.i. a 3 «/ tnii'nneadt Jeu//* ♦ * t I inr^zf AVERTISSEMENT. A/J A LG RÉ la lïaifon que)’ai tâché de mettre entre J VI les Mémoires que j’ai rajfemblés fur l’Hifloire des Infeiïes, ils pourraient, pour la plupart, paroître if être lus feparérnent. La preuve en eft que plnfieurs de ceux qui doivent entrer dans le corps de l’ouvrage, ont déjà été imprimés dans les Mémoires de l’Academie. Cette confideration m’a fait p enfer que je pouvoir, à plus forte rafon, laififer voirie jour à chaque Volume à mefure qu’ilferoit imprimé. J’ai pris ce parti d’autant plus vo¬ lontiers, que j’ai connu l’avantage réel qui m’en pouvoir revenir. Je ferai en état de profiter, pour les Volumes qui doivent fiuivre celui-ci, des lumières qu’on voudra bien me communiquer. Je ferai en état d’éclaircir, de redifier, de corriger ce qui aura paru demander à l’être. J’ai crû d’ailleurs qu’on ne feroit pas fâché de n’être pas obligé de fe charger à la fois de plufieurs vohnnes fur une même matière. S 'il arrivoit pourtant que celui- ci fifi fiouhaiter d’avoir bientôt le fécond, il arriverait ce que je defire le plus ; à r je redoublerois mes foins pour fatisfaire une impatience fi fiateufe pour moi. J’avoue néant moins qu’il eût été mieux que tout ce que j’ai à donner fur les Chenilles êf fur les Papillons, eût paru de fuite ; on eût eu une hifioire plus complété de ces Jnfeâes : mais les obfervations qu’ils m’ont fournies, cX les détcàls dans lefquels ils m’ont obligé d’entrer, m’ont mis dans la necejfité de referver pour le Volumefuivant, plufieurs Mémoires qui les regardent, dont quelques-uns ont déjà été indiqués. Ils font même de ceux qui a fi lici¬ tement me paroijfent les plus curieux ; peut-être qu’ils ne me paraîtront plus tels, lorfqu’ils feront plus près d’être expofés au jugement du Public. Les Chenilles if les Papillons rempliffent plus des trois quarts de plu- fieurs des ouvrages qui ont été donnés fur les Infefies. Comme ils font les premiers Infefies dont nous avons parlé, ils nous ont engagé à examiner à quoi fe reduifent les metamorphofes ; If ce qui en a été dit par rapport aux Chenilles if aux Papillons, l’a été pour tous les autres Infefies.