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SYSTÈME PRIMITIF DES VOYELLES
DANS LES
LANGUES INDO-EUROPEENNES
PAR
FERDINAND DE SAUSSURE.
LEIPSICK
EN VENTE CHEZ B. G. TEUBNER-
1S79.
^>ner Veiiag von B. G. Teubiier iii Leipzig.
1878. II. Semester.
Philologie niid Altertliumswisseiiscliaft.
Anonymi vulgo Scjlacis Caryandensis periplum maris interni cum appendice iterum recensuit B. Fabricius. [41 S.] gr. 8. geh. n. A 1. 20. '■>
Becker, Paul, uber eine dritte Sammlung uuedierter Henkelinscliril'ten ans dem siidlichen Russlaud und ûber Dumout's Inscriptions céramiques de Grèce (Paris 1871). Besonderer Abdruck aus dem zehnten Supplementband der Jahrbiicher fur classische Philologie. [S. 1 — 117 ii. 209—231.] gr. 8. geh. n. A 3. 60.
Cuno, Johann Gustav, Vorgeschichte Roms. Erster Theil. Die Kelten. [VI u. 652 S. mit 1 litliogr. Tafel.J 8. geh. n. A 18. —
Draeger, Dr. A., Director des Gymnasimns zu Auricb, historisclie Syntax der lateinlschen Sprache. Erster Band. 2. Aufl. [XXXII II. 671 S.] gr. 8. geh. n. A 12. —
Der zweite, erst in diesem Jahre vollstaudig gewordcnc Band crsclieiut nocb uicbt in ncuer Auflage.
Herwerden, H. von, Emendationes Aeschyleae. Commentât io ex supplemeutis annalium philologicorum seorsum expressa. [S. 118 — 163.] gr. 8. geh. n. J^ 1 . 20.
Heydenreicli, Dr. ph. Eduard C. H., die Hyginhandschriit der Freiberger Gyranasialbibliothek. Eine kritische Untersuchung. [28 S.] 4. geh. n. Al. — ■
Horati Flacci, Qu., opéra. Recensuerunt 0. Kelleu et A. Holder. Editio minor. [VIII u. 252 S.] gr. 8. geh. n. A é. —
Hug, Arnoldi, commentuoio de Xenophontis Anabasis codice C i. e. Parisino 1640 ci. iJditae sunt duae tabulae lithographae.^ [24 S.] 4. geh. n. A 1. 60.
Jahrbûcher fur class. Philologie. Herausgeg. von A. Fleckeisen.' Zehutcr Supplementban.l. I. Heft. gr. 8. |S. 1—231.] geh. n. A. b. —
Nepotis, Cornelii, qui cvciLul liber de excellcntibus diiciinto exterarum gentium. Aecedit eiusdem vita Attici. Ad historiae Hdem recognovit et usai scholarum accommodavit Ei^uardl'S Oktmann, Dr. phil. et professor, gymnasii Hennebergici cpiod est apud Silusinos conrector. îlditio altéra emendatior. [VII M. 00 S.] gr. 8. geh. A 1. —
Padolletti, Quido, Angust Wilhelm Zumpt. Zur Erinnerung an sein Lcben und .'^cinc Schriften. Besonderer Abdruck aus dem /chnten fSupplementband der Jahrbiicher fllr class. Philologie^ |S. 164 — 205.J gr. 8. geh. n. A 1. —
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SYSTËME PRTirriF DES VOYRELES
1>ANR LKR
LANGUES INDO-EUROPEENNES
PAR
FERDINAND DE SAUSSURE.
LEIPSICK
EN VENTE CHEZ B. G. TEUBNER.
1879.
74380
LEirsiCK : IMriîlMEKIK 1). (;. TEUBNEIi,
S 2e
TABJ.K DKS MATII^^IIES.
llcivue doH diffûioutea opinions émises sur le Kystcnie «les (t 1
Chapitre 1. Les liquitles et nasales sonantes (i
§ 1. Liquides sonantes <>
§ 2. Nasales sonantes 18
§ 3. Complément aux paragraphes précédents 45
Chapitre 11. Le phonème a dans les langues européennes ôi»
§ 4. La voyelle a des langues dix nord a une double origine . . 50
§ 5. Equivalence de l'a grec et de Va italique ôii
§ (■>. Le phonème a dans les langues du nord 62
Clia])itre 111. Les deux o gréco-italiques 69
§ 7. 0.J gréco-italique. — a.^ indo-euroixJen 70
§ 8. Second 0 gréco-italique 90
Chapitre IV. § 9. Indices de la pluralité des a dans la langue luère
indoeuropéenne , tl<>
Chajjitrc V. Rôle grammatical des dittérentes espèces d'« l-.'{
§ 10. La racine à l'état normal 12.3
§ 11. Rôle grammatical des phonèmes A et o. Système complet
des voyelles primordiales 134
§ 12. Aperçu synoptique des variations du vocalisme amenées par
la flexion 185
§ 13. Aperçu synoptique des variations du vocalisme amenées
par la formation des mots 228
Chapitre VI. De différents phénomènes relatifs aux sonantes i, u,
r, n, m 239
§ 14. Liquides et nasales sonantes longues 239
§ 15. Phénomènes spéciaux 275
Additions et corrections 284
Registre des mots grecs 289
Etudier les formes multiples sous lesquelles se manifeste ce qu'on ai)pelle Va indo-européen, tel est l'objet immédiat de cet opuscule: le reste des voyelles ne sera pris en considération qu'autant que les phénomènes relatifs à Va en fourniront l'occa- sion. Mais si, arrivés au bout du champ ainsi circonscrit, le tableau du vocalisme indo-européen s'est modifié peu à peu sous nos yeux et que nous le voyions se grouper tout entier autour de l'a, prendre vis-à-vis de lui une attitude nouvelle, il est claii' qu'en fait c'est le système des voyelles dans son ensemble qui sera entré dans le rayon de notre observation et dont le nom doit C'tre inscrit à la première page.
Aucune matière n'est plus controversée; les opinions sont divisées presque à l'inlini, et les différents auteurs ont rarement fait une application parfaitement rigoureuse de leurs idées. A rcla s'ajoute que la question de Va est en connexion avec une série de problèmes de phonétique et de morphologie dont les uns atteiulent encore leur solution, dont plusieurs n'ont même })as été posés. Aussi aurons-nous souvent, dans le cours de notre pérégrination, à traverser les régions les plus incultes de la linguistique indo-européenne. Si néanmoins nous nous y aven- turons, bien convaincu d'avance que notre inexpérience s'égarera mainte fois dans le dédale, c'est que pour quiconque s'occupe de ces études, s'attaquer à de telles questions n'est pas ime témé- rité, comme on le dit souvent: c'est une nécessité, c'est la pre- mière école où il faut passer-, car il s'agit ici, non de spéculations d'un ordre transcendant, mais de la recherche de données élé- mentaires, sans lesquelles tout Hotte, tout est arbitraire et in- certitude.
1
2 Système des a suivant Curtius.
Je suis obligé de retirer plusieurs des opinions que j'ai émises dans un article des Mémoires de la Société de Linguistique de Paris intitulé: «Essai d'une distinction des différents a indo- européens». Eu particulier la ressemblance de av avec les pho- nèmes sortis du r mavait conduit à rejeter, fort à c(nitre-cœur, la théorie des liquides et nasales sonantes à laquelle je suis revenu après mûre réflexion.
Bopp et ceux qui suivirent immédiatement l'illustre auteur de la Grammaire Comparce se bornèrent à constater qu'en regard des trois voyelles a e o des langues européennes, l'arien montrait uniformément a. L'e et l'o passèrent dès lors pour des affaiblisse- ments propres aux idiomes de TOccident et relativement récents de Va imique indo-européen.
Le travail de M. Curtius dans les Sitzimgsberichte der Kgl. Sachs. Ges. der Wissensch. (1864) enrichit la science d'im grand fait de plus: M. Curtius montrait que \'e apparaît à la même place dans toutes les langues d'Europe, qu'il ne peut par consé- quent s'être développé indépendamment dans chacune d'elles. Et partant de l'idée reçue que la langue-mère ne possédait que les trois voyelles a i u, il tira cette conclusion, que tous les peuples européens avaient dû traverser une période commune, où, par- lant encore une même langue, ils étaient déjà séparés de leurs frères d'Asie: que durant cette période une partie des a s'étaient — sous une influence inconnue — affaiblis eu e, tandis que le reste persistait comme a. Plus tard les différentes langues ont laissé s'accomi^lir, séparément les unes des autres, un second scindement de l'a qui a j)roduit l'o. Au sud de l'Europe néan- moins, cette voyelle a dû prendre naissance dès avant la fin de la ]tériode gréco- italique, vu la concordance de \'o des deux langues classiques, notamment dans la déclinaison des thèmes masculins en -a (ÏTCnog = cqnos).
Nous croyons représenter exactement le système de M. C-ur- tius par le tableau suivant':
1. Il y faut ajouter cependant la remarque suivante des Grundziige (p. 54): «le dualisme (Zweiklang) primiiif gnu <>\d. yati à-^ni) et gun (skt.
Systè^me des a suivant Fick et Schleichcr. 3
Iii<lo-onrop. a a Kiir()))('('ii a; <• a 1*1 us tnrtl ao; r d
L'ex])0,sc (le M. ImcIc (S|)racli('iiilK'it dcr TiKlo^criuaiioii Eiiro- ))iis. j). 17() seq.) re})r()duit en gros le système précédent. L'an- cien a s'est scindé dans la période européenne en a et e. Lors- (liTun mot montre c dans toutes les'langues, il faut sup|30ser que h) cliangement de son a en c remonte jusqu'à cette période; a])])araît-il au contraire avec a ou o, ne fût-ce que dans une seule langue, il faut admettre que Va subsistait encore à l'époque do la communauté. UabJxmt du grec ôfQKo^ica ôtdoQxa, mais surtout du germanique ila at, est une admirable utilisation du scinde- ment de Va. Sur ce dernier point chez M. Curtius cf. la note ci- dessous.
Autre était le système de Schleiclier. Admettant dans cha- que série vocalique deux degrés de renforcement produits par l'adjonction d'un ou de deux a, il posait pour la série de Va les trois termes: a aa^ aa.
Il retrouve ces trois degrés en grec: a y est représenté ordi- nairement par £ (ex. fôaj), puis par o {noàoç) et par a (ancav). a -f- a, le premier renforcement, est représenté par o lorsqu'il se produit sur un £, ainsi i'yÉ-yov-a, forme première: rja-gân-a; skr. <<^ga-(jdn-a, à côté de i-y£v-6}ir]v.» Ce même degré se traduit sous la forme de â, ■)], lorsqu'il a ini a pour base: ëlaKov, lékâxa. Vie second renforcement est a: èççcoya. — Le gothique posséderait aussi les trois degrés; les autres langues auraient confondu les deux renforcements.
L'arbre généalogique des langues, tel que le construisait Schleicher, n'étant pas celui que la plupart des autres savants ont adopté et ne comportant pas de période européenne, il est
«parf. g'a-gân-a), hJiar (skt. hhar-â-mi) et hhâr (skt. hJiâra-s fardeau) de- «vint par une substitution insensible d'abord: gen gon, hher bhar, puis gcn «gon {y8véc9ai, yéyova), bher hhor {cpèçco, qpôpog). Mais lien ne peut faire «penser qu'il y ait jamais eu une période où y^v et yov, cpeç et cpoç se «seraient échangés arbitrairement, de telle sorte qu'il eût pu arriver de «dire yovéa&cci, cpôçoi ou inversement yîyëvci, cpéçog.» Ici par conséquent, le savant professeur admet une diversité originaire de Ve et de Vo et fait remonter l'o de yéyovoc à l'indo-européen «.
1*
4 Système des (( suivant Schleiclier et Amelung,
clair que Ve des langues d'Europe ne remonte pas pour lui à une origine commune. En particulier 1/ gothique a dans son Com- pendium une toute autre place que Vs grec: ce dernier est consi- déré comme le représentant régulier de l'a indo-européen, Vi gothique comme un affaiblissement anormal. Nous faisons donc abstraction de l'idée d'un développement historique commun du vocalisme européen, en formulant dans le schéma suivant le système de Schleicher:
Indo-europ. a aa da
Européen a e o a o a ci Il faut noter en outre que l'a grec et l'a latin ne sont pas men- tioimés comme degrés renforcés.
Dans un opuscule intitulé: «Die bildung der tempusstiimme durch vocalsteigerung» (Berlin 1871), le germaniste Amelung, prématurément enlevé à la science, a essayé d'appliquer le sys- tème de Schleicher d'ime manière plus conséquente en le combi- nant avec la domiée de Ve commmi européen. Cet e est à ses yeux le seul représentant normal de l'a non renforce. L'a euro- péen — sous lequel il comprend aussi Vo, comme l'avait fait M. Curtius — remonte au premier renforcement qu'il désigne })ar îij et le second renforcement (a) est l'« long des langues d'Euroi)e. Les présents tels que goth. fara, gr. aya, o^a montrent donc une voyelle renforcée, et il faut admettre que ce sont des dénomina- tifs. — En un mot le dualisme d'e et a est primitif, et le rapport qu'il y a entre eux est celui de la voyelle simple à la voyelle ren- forcée. Voici le tableau:
ludo-europ |
(1 |
II |
à |
(Arieu |
(i |
a (1 |
") |
Européen |
a |
a |
a |
Gothique |
l |
a |
o |
Grec |
ê |
a 0 |
Ci a |
Le débat qu'Amelung a eu sur cette question avec M. Léo Meyer dans le Journal de Kuhn (XXI et XXII) n'a pas ap- porté de modification essentielle à ce système qui a été exposé uik; seconde fois d'une imuiière détailb'c dans la Zcitschrift fiir dmtsclu;^ Altcrthuni \N\\\ IGl .seq.
M. Brugman (Studieu IX 3(17 s.'<|. K. Z. XXIV 2) fait rr- iiioiiier l'existence de Ve, en tant (jue voycllf distincte de toute
LcH phonrinc'K o, et a., de iJrii^uuui. 5
autre, à la période indo-europrciiuc, sans prétendre par là (pie sa prononciation ait été dès l'origine celle d'un e; et il en désigne le prototype par «^ Concurremcnt à cette voyelle, le même savant trouve dans gr. lat. slav. o = lith. gotli. a = skr. a (du moins dans les syllabes ouvertes) un phonème plus fort qu'il appelle n.^ et dont la naissance serait provoquée par l'accent.
D'après cette théorie on dresse assez géiiéralement le tableau suivant, qui cei)endant n'est certainement pas celui qu'approuve- rait M. Brugman lui-même, puisqu'il fait allusion (Studien IX 381) à la possibilité d'un plus grand nombre d'« primitifs:
Indo-euroi). ^ ^ a
Européen c a ci
On voit qu'en résumé, pour ce qui est des langues de l'Occi- dent, les différents auteurs, quel que soit leur point de vue, opè- rent avec trois grandeurs; l'e, l'a et Va des langues européennes. Notre tâche sera de mettre en lumière le fait qu'il s'agit en réalité de quatre termes différents, et non de trois; que les idiomes du nord ont laissé se confondre deux phonèmes fonda- mentalement distincts et encore distingués au sud de l'Europe: a, voyelle simple, opposée à l'e; et o, voyelle renforcée, qui n'est qu'un e à sa plus haute expression. La dispute entre les parti- sans du scindement (a primitif affaibli partiellement en c) et ceux du double a originaire {a^, a^ devenus e et «), cette dispute, il faut le dire, porte dans le vide, parce qu'on comprend sous le nom d'à dés langues d'Europe un aggrégat qui n'a point d'unité organique.
Ces quatre espèces d'« que nous allons essayer de retrou- ver à la base du vocalisme européen, nous les poursuivrons plus haut encore, et nous arriverons à la conclusion qu'ils apparte- naient déjà à la langue-mère d'où sont sorties les langues de l'Orient et de l'Occident.
(3 Liquides sonantes.
Cliapitre I. Les liquides et nasales sonantes.
Avaut de commencer une recherclie sur l'a, il est indispen- sable de bien déterminer les limites de son domaine, et ici se présente d'emblée la question des liquides et nasales sonantes: car quiconque admet ces phonèmes dans la langue -mère consi- dérera une foule de voyelles des périodes historique de la langue comme récentes et comme étrangères à la question de l'a.
Lhypotlièse des nasales sonantes a été mise en avant et développée jjar M. Brugman, Studien IX 287 seq. Dans le même travail (p. 325), l'auteur a touché incidemment le sujet des liquides sonantes, dont la première idée est due, paraît-il, à M. OsthofiF.
§ 1. Liquides sonantes.
Dans la langue -mère indo-européenne la liquide ou les liquides, si Ion en admet deux, existaient non-seulement à l'état de consonnes, mais encore à l'état de sonantes, c'est-à-dire qu'elles étaient susceptibles d'accent syllabique, capables de former une syllabe. C'est ce qui a lieu, comme on sait, en temps historique, dans le sanskrit. Tout porte à croire que les liquides sonantes n'ont jamais pris naissance que par un affaiblissement, eu raison duquel l'a qui précédait la liquide se trouvait expulsé; mais cela n'empêche pas, comme nous le verrons, de les placer exactement sur le même rang que i et ii.
11 est certain tout d'abord (juau r indien' correspond pres- que constamment en zeud un ])honème particulier, très-voisin
1. Le signe diacritique que nous adoptons pour marquer les liquides et nasales sonantes (r n m) a un emploi différent dans les Grundzvige der Jjautphjsiologie de Sievers (p. 89). Aussi avons-nous cherché à Téviter, mais inutilement: qu'on considère que la désignation ordinaire /• devenait impossible, puisqu'elle eiU entraîné la confusion de la nasale sonante (//) avec la nasale cérébrale sanskrite; que d'antre part la dét-ignation r (Sie- vers, l^rugman) ne saurait être introduite dans la transcription du sanskrit, qu'enfin le caractère >' a été employé déjà par M. Ascoli précisément avec la valeur du /•-voyelle, et l'on reconnaîtra que si nous irmovons, c'est du moins dans la plus petite mesure jjossible.
Liquides sonuiitcs dans len lanf^iie» d'Kurope. 7
siiiis (loiiie (lu r-voyelle, sîivoir érr: .lu.s.si le r de la jj(;riod(! indo- iranienne ne trouvera ])liis aujourd'hui de sceptiques bien dé- cidés. — L'ancien })er.se, il est vrai, n'offre rien de senihlahle, si ce n'est peut-être akunavam = skr. âlntavam. Eji re<^ard du skr. Jcrfâ, du zd. livrêta, il montre hirta, et il n'y a point là d'inexacti- tude de l'écriture, car la transcription grecque nous donne aç, par exemple dans a^|tç)oj = skr. '>^(ji2)yâ, zd. crezifya «faucons ^ Les noms qui contiennent 'Jçra- sont moins probants à cause du zend aslui qm, lui aussi, remonte à *arta en dépit du skr. rtâ.
En présence de l'accord du zend et du sanskrit, on est forcé d'admettre que le perse a confondu des phonèmes dift'érents à l'origine, et c'est là un des exemples les plus patents de la ten- dance générale des langues ariennes à la monotonie du voca- lisme; l'iranien en cela rend des points au sanskrit, mais dans le sein de l'iranien même l'ancien perse est allé plus loin que le zend.
En regard du r des langues ariennes, les langues d'Europe montrent toutes mi /'-consonne (ou /-consonne) accompagné d'une voyelle distinctement articulée. Mais cette voyelle est, chez plu- sieurs d'entre elles, de telle nature, qu'on ne saurait ramener simplement le groupe phonique où elle se trouve h a -{- r, et que tout parle au contraire pour qu'elle ne soit qu'un développement anaptyctique survenu postérieurement. Au r arien et indo-européen réj^ond:
En grec: «p, al; ça, ka
En latin: o/', ul (oJ)
En gothique: adr, ul Le slave et le lithuanien n'ont pas conservé d'mdice positif du r. On peut dire seulement que cette dernière langue l'a rem- placé souvent par ir, il.
1. La forme perse a dû être arziflya. Disons tout de suite que le mot existe aussi en grec avec la substitution régulière: d'abord dans l'idiome macédonien où il a la forme ccQyînovç (Hes.) pour laquelle M. Fick (K. Z. XXII 200) a tort de chercher une autre étymologie. A côté à'ÙQyînovç FEtymol. Mag. nous a conservé alyCnoxp' dazoç vno McchsôÔvcov qui est évidemment le ïnême mot, et ceci nous amène avec sûreté au grec càyv- tclÔç. La disparition du g a son analogie dans deux autres cas de r-voj'elle: lianssiv de nâçmco et ai'yXr] = skr. rgrd. Pour W à.'aiyvniôg et d'ai'yXr] V. ces mots au registre.
8 Classificatioa des racines contenant e.
Nous passons à l'éuiimératioii des cas : 1.. Syllabe radicale.
L'ordre adopté ici, pour distinguer les différents cas où ap paraît r, se base sur une classification nouvelle des racines, qui ne pourra être justifiée que plus tard mais qui ne saurait non plus désorienter le lecteur.
Nous ne nous occuperons que des racines contenant e. — Toute racine qui dans les langues d'Europe contient c, a la fa- culté d'expulser cet e et de prendre ainsi une forme plus faible, à condition seulement que les combinaisons phoniques ainsi pro- duites puissent se prononcer commodément.
Sont à ranger dans les racines contenant e: les racines où se trouvent les diplitliongues ei et eu et qu'on a l'habitude de citer sous leur forme affaiblie, privée d'e; ainsi Tid, sreu, deil\ hlieugh (Jâ, sru, dïli, hJnigh).
h'i et Vu de ces racines, ainsi que la liquide et la nasale des racines telles que derîc bhendh, peuvent prendre le nom de cocfft- cimt sonantique. Ils concourent au vocalisme de la racine. Sui- vant que Ve persiste ou disparaît, leur fonction varie: r, l, m, n, de consomies deviennent sonantes; i et u passent de l'état sym- plitliomjue à l'état autopJitJwngue.
A. Racines terminées par un coefficient sonantique.
Exemples liei (forme faible là) sreu (f. fble urtt) hhcr (f. fble hhr) men (f. fble mn).
B. Racines renfermant un coefficient sonantique suivi d'une consonne.
Ex. deih (f. fble diJc) hhciujh (f. fble hluujli) dcrlc (f. ïhh drh) bhendh (f. fble hhndh). C Racines sans coefficient sonantique, terminées par une con- sonne.
Ex. pet (f. fl)lc j>^) sel (f. fl)lt' sic) scd (f. fble ^d). N(nis n'avons pas à nous occuper ici des l'iiciiies terminées [>ar c, comme, en grec, d^e de ê.
Dans la forme faible, selon «(uc le sullixc iijoiiic' commence
|t;ir iiiic consonne ou par une voyelle, les racines de la classe A
seront jissiinilables à celles de la cliisse R ou à celles de la classe C.
En effet, dans la classi; R, le cofriicieut sonant ique, à l'instant
Liquides sonantcs de Taoriste thématique. 9
où l'e (li.s[)ariiît^ prend iiécessairemciit lu l'onction do v(jyel]e puis- qu'il se trouve entre deux consonnes. C'est là aussi ce qui arrive pour les racines de la classe A, lorsqu'elles prennent un suffixe commençant par une consonne: ainsi mn-to.
Mais si le suflixe commence par une voyelle, leur coefficient sonantique aura la qualité de consomie, et ces mêmes racines ]-osserab]eront de tout point aux racines de la classe C; ainsi i-jil-6-^f}v comme è-Ox-o-v.
En vue du but spécial que nous nous proposons dans ce cha- pitre, nous tirons des remarques qui précèdent l'avantage sui- vant: c'est que nous connaissons le point précis où il faut s'at- tendre à trouver les liquides sonantes et que nous assistons pour ainsi dire à leur formation; la comparaison seule d'un r indien avec un kq grec n'a, en effet, qu'une valeur précaire si l'on ne voit pas comment cet aç a pris naissance et s'il y a une proba- bilité pour que ce soit un ar ordinaire. Partout où l'e tombe normalement, partout en particulier où apparaît Vi on Vk auto- pli tliongue, les liquides sonantes doivent régulièrement exister ou avoir existé, si la position des consoimes les forçait à fonc- tionner comme voyelles.
a. FORMATIONS VEKJiALES.
Aoriste thématique. On a dit souvent que ce temps co'i'n- cidait entièrement, pour ce qui est de la forme, avec l'imparfait de la sixième classe verbale des grammairiens hindous. Reste à savoir si cette sixième formation remonte aux temj)s indo-euro- péeus, comme cela est indubitable pour notre aoriste, mais iji- finiment moins certain pour le présent.
Quoi qu'il en soit, cet aoriste réclame l'expulsion de Ve — ou de l'a dans les langues ariennes — . En consécj[uence les racines des classes A et C (v. plus haut) font en grec très-régulièrement: jcsl: i-jil-6-^ïjv net: é-7ir-6-^t]v
{i)y£Q'. {s)'yQ-s-to 6e%: 'b-6%-o-v
1 Gin: e-ôTt-o-v
2 ôen: èvC-on-a^
1. La présence de Vs dans les trois derniers exemples atteste l'au- cieuneté de cette formation. — En ce qui concerne ivianf on ne peut re- pousser complètement Tidée qu'il y a là un imparfait dont le présent
10 Liquides sonantes de l'aoriste thématique.
Les impératifs Ox^'à ^^ ivtGTTsg ont déterminé M. Curtius à admettre dans ces deux aoristes la métatlièse de la racine^. ]\r. Ostlioff dans son livre: clas Verhutn in der Nominalcomposition 1>. 340, a déjà déclaré ne pouvoir souscrire à une opinion sem- blable de léminent linguiste relative aux présents comme yCyvo- ^ai, ^C^vco, et cela en partant aussi de la conviction, que la dé- gradation de la racine y est absolument normale. Comment d'ailleurs la métatlièse se mettra-t-elle d'accord avec le vocalisme des thèmes 0xe 0%o, Otts ajto? — Ces impératifs ont donc suivi l'analogie de d-eg, sg.
Chose étonnante, le sanskrit ne forme cet aoriste que sur les racines de la classe B: les formes comme ë-nt-E-to lui sont étrangères; la seule trace qu'il en offre peut-être est la 3"^® per- soime du plur. h-ânta qui, à côté de âhata (3^ pi.) a l'air d'être une forme thématique; qu'on veuille bien comparer plus bas ce qui a trait aux nasales des désinences ^.
En revanche les exemples abondent pour les racines de la forme B: rôliati àruhat, vârdliati âvrdlicd etc. En grec (pevy idài f(pvyov, Craix fait eGtiiov^ de même, et c'est là que nous en vou- lions venir,
ôtQxo^cct fait f-ôçaK-o-}^ (skr. âdrram)
jiBQÔa - è-Ttaçô-o-v
rÉQTta - tccQTC-co-^isd^a
erçciTtov de rçÉna vient aussi d'une forme hrTtov, mais ici c'est mie liquide prt'm/rt«^ l'c qui s'est transformée en sonante.
Aoriste thématique kedoublé. Il n'est pas certain que les aoristes eausatifs du sanskrit soient immédiatement comparables aux aoristes «rrecs redoublés. Mais il existe d'autres aoristes in-
sérait *ï-an-m. Cf. l'-ax-m, nl-m-a et notre note 1, puge 11. Il faudrait donc diviser ainsi: èv-î-ait-s.
1. Dans les autres aoristes on aurait la syncope. Verbnm II 7.
2. M. Delbriick (Altind. Verb. p. G3) dit bien que sran dans avasran (K. V. IV 2, 19) contient la voyelle thématique. Mais les preuves positives manquent et Gi'assmann interprète cette forme d'une manière toute diffé- rence {a-vas-ran). — d-gama-t est d'une autre formation qui se reproduit en grec danH le dorien ^-tuto-v, dans l'attiq. ^-Tffio-v. Cet aoriste-là coïn- cide pour la forme ;ivec l'imparfait de la l''^ classe verbale. C'est l'aoriste non-bigmatique slave: nesii.
Liquides sonautcb du l'aoïùstc thématique reduublo. 1 i
(lions, moins nombreux, qui coïncick'Jit exactement avec les l'oi-iiu-s grecques: ici encore Va (e) est invariablement expulsé. Racines des formes A et C:
hVv. sac: a-sa-f('-a-l^ ^fv. OeTc: i-Gn-t-o&ra jmi: à-pa-pt-a-t xeX: ê-xt-xl-i-ro
(ptv: t-nt-rpv-o-v te^: è'-rs-t^-o-v Racines île la forme B, avec i, u pour coefficient sonanti((ue: skr. tvcs: d-ti-tviè-a-nta (^r. Tcscd". 7C6-7iLd--t-oiyccL
nsvd-: TtB-nvd'-é-G^ai Et enfin avec une liquide pour coefficient sonantique:
skr. darh: â-da-drli-a-nta gr. xeqti: TS-râçTt-s-zo M. Delbrûck range une partie de ces formes indiennes dans le plus-que-parfait; mais si l'on peut accéder sans réserves à sa manière de voir pour les formes sans voyelle thématique comme agabhartana j on n'en sera que plus enclin à placer les premières sous la rubrique aoriste.
Parfait. Le parfait indo-européen affaiblissait la racine au pluriel et au duel de l'actif, et dans tout le moyen. \oy. en parti- culier Brugman Stud. IX 314. Ce mode de formation s'est con- servé intact dans les langues ariemies. Racines des formes A et C:
skr. sar: sa-sr-ûs pat: pa-pt-iis Devant les suffixes commençant par une consonne, certaines racines en r n'admettent pas Yi de liaison, et l'on a alors un r comme dans ca-kr-mà. Ce même i de liaison permet, chez les racines de la classe C, des formes telles qu.Q pa-pt-ima-.
1. On dira qvCdsarcat est imparfait (présent sdçcati); sans doute, mais il n'y a pas de limite fixe entre les deux temps. Les aoristes redoublés sont les imparfaits d'une classe verbale que la grammaire hindoue a oubliée et dans laquelle rentreraient, avec sdçcati, le skr. sidati, le part, pibdamuna, le gr. TtÎTCTco, yi-yvo^ai, ^u(ivco, (i8i.i,§lsr<xi etc.
2. M. Brugman (Studien IX 386) éprouve une certaine hésitatiou à attribuer aux périodes les plus anciennes des formes comme piiptima, et croit plutôt qu'elles doivent le jour à l'analogie de ca-lr- etc. Au fond la question reviendrait à cette autre, de savoir si la voyelle de liaison existait déjà dans la langue-mère, auquel cas pat faisait nécessairement papt- au parfait pluriel. Or l'w des formes germaniques (bundî<m , bun-
dwts) s'accorderait bien avec cette hypothèse, et Va du grec yfyr'iQ-aiifv
12 Liquides sonantes du parfait.
En arrivant aux racines de la forme B nous pouvons tout de suite mettre le gothique eu regard de lindien:
hlmugh: skr. hu-bhug-imd goth. hiuj-um et avec r:
vart: skr. va-vrt-imà gotli. vaiojj-îtm
C'f. goth. haiiff = huhhoga, varf = vavârta.
Eu grec la forme du singulier a peu à peu empiété sur celle du pluriel; dans les quelques restes de la formation primitive du pluriel actif (Curtius Verb. II 169) nous trouvons encore tni- TCLd^fiEv en regard de TCÉnoi^a, eïuxov en regard de eoLica, mais le liasard veut qu'aucun cas de r n'ait subsisté ^. Le moyen du moins s'est mieux conservé:
Racines de la forme A:
ûTieQ: e-ôTtaç-raL 718q: Tte-TiccQ-^évoç
Ôsq: ds-Ôaç-^évog ôtsk: s-Ora^-^at
(pd'SQ: e-cpO-aQ-^ai cf. è'-cpd^oQ-a
^eq: H-aciQ-xca, et s-^(iQa rat Hes. — cf. s-^L^OQ-a Il est superflu de faire remarquer encore ici que s-cp^aQ-^at est à q)d^£Q ce que e-0Gv-^aL est à 6£v.
Les langues italiques ont trop uniformisé la flexion verbale pour qu'on puisse s'attendre à retrouver cbez elles l'alternance des formes faibles et des formes fortes. Mais il est fort jiossible que les doublets comme verto — vorto proviennent de cette source. On ne doit pas attacher beaucouj) d'importance à pepidi de pcllo, pcrculi àa percello; il y a peut-être là le même aôaiblissement de •la voyelle radicale que dans detineo, colligo, avec cette dift'érence que l'influence du l aurait déterminé la teinte u au lieu d'«.
L'ombrien possède, en regard de l'impératif kuvertu, le futur antérieur vurtus — prononcé sans doute vortus — formé
n'y répugne pas, bien qu'il s'explique plus probablement par la contami- nation du singulier yéyrj&a et de la 3® p. du plur. ysyi^d-aci; qu'on com- pare enfin le latin -ivixs dans tuliiiiKS. — Dans cette question il faut con- sidf'rer aussi les parfaits indiens comme sah'nid, gothiques tels que sctwii, et latins tels que sèdimus qui sont reconnus pour contenir la racine re- doublf'-e et dénuée de voyelle. Ainsi scdiuid = ^sa-zd-hixi. Il va sans dire que la même analyse lîhonétique ne serait pas applicable à chacune de ces formes: la formation s'est généralisée par analogie.
1. té-tlà-ui-v vient de la rac. rXâ conjuie fcrà/tfv de azâ; son la ne remonte pas à une liquide sonantc.
Liquides sonantes du pnisent. 13
sur le thème faible du parfait. Sur les tables en écriture latine on a covertu et covortus. Si Fou était certain que covorkiso fût un parfait (v. Bréal^ Tables Eugubines p. )>01), cette forme serait ])récieuse. Seulement il ne faut ])a.s perdre de vue que sur sol italiciue vort- représente aussi bien va./t- que vrt-, en sorte que toutes ces formes ont peut-être pour point de départ le singulier du parfait, non pas le pluriel; eiles n'en restent pas moins remar- (juables. Autre exemple: persnimu, pepurkurent.
Présent. Dans la 2° et la 15° classe verbale, au présent et à l'imparfait, la racine ne conserve sa forme normale qu'aux trois j)ers()nnes du singulier de l'actif; le duel, le pluriel et tout le moyen demandent l'expulsion de l'a: ainsi, en sanskrit, pour ne citer que des racines de la forme A :
c fait i-mâs Jcar fait hr-thâs (véd.)
ho - f/H-hu-mas par - pi-pr-màs
En grec TcC^-nla-^EV corresj^ond exactement à pi-pr-mâs; cette forme, en effet, n'appartient point à une racine tcXcc qui serait la métatlièse de ns^, autrement les Dorions diraient TiL^Tilâ^i. L'î^ panliellèue indique au contraire que 7tî^7th]^L est une trans- formation récente de ^m^TieX^i = Bkv. piparmi^.
La rac. (pBQ prend la forme m-cpQa- (dans iCKpQâvai) qui est égale au skr. hi-hhr- (hihhrmâs). Les traces nombreuses de Vs, par exemple dans q)Qtg (Curtius Stud. VIII 328 seq.), nous garantis- sent que la racine était bien (p£Q, non cpQâ.
Les autres formations du présent n'offrant dans les langues d'Europe que des traces incertaines de r, il n'y aurait pas grand avantage à les passer en revue. Rappelons seulement le latin po{r)sco identique à l'indien prcchâmi. Si la racine est bien praJc, le r est né ici de la même manière que dans stçaTtov de tQSTtc}. Pour comparer ces deux présents, il faut partir de l'idée que posco est bien le descendant direct de la forme indo-européenne, exempt de toute contamination venant des autres formes ver-
1. 11 existe, il est vi"ai, des formes comme nlâ&oç (v. Joh. Schmidt Vocal. II 321), mais celles qui .se trouvent chez les tragiques attiques sont, suivant Ahrens, des dorismes de mauvais aloi, et celles des inscriptions peuvent provenir, comme les formes éléeunes bien connues, d'un passage secondaire d'à à a. On pourrait du reste admettre que nXâ existait parallè- lement à Tisl. Cf. récemment Schrader Studieu X 324.
14 Liquides sonantes des thèmes nominaux.
baies, et une telle supposition aura toujours quelque chose de périlleux, étant donnée l'habitude des dialectes italiques de passer le niveau sur le vocalisme de la racine et de propager une seule et même forme à travers toute la flexion. Mais, dans le cas de posco, c'est sans doute précisément la forme du présent qu'on a généralisée de la sorte. — Avec les mêmes réserves, on peut rapprocher liorreo et torreo, ce dernier dans le sens in transitif seulement, des présents indiens hrsyati et i'rsyati^\ ces deux ra- cines montrent Ye dans les formes grecques non affaiblies: itQ- 6og, TBQOo^ai.
b. FOEMATIONS NOMIXAI.ES.
Dans les langues ariennes, le participe passé passif eu -ta rejette régulièrement l'a radical, si cela est possible, c'est-à-dire si la racine est de la forme A ou B (page 8). Ainsi en sanskrit yo donne yu-tâ, en zend dar donne dere-ia, etc. A la dernière forme citée correspond exactement le grec ôaç-ro ou àça-xô de ôéçco^ et l'on a de même G'XccQTÔg de Gti&q, naçtôg de xeq, (7tcc^-)(pd-aQ- rog de g)&£Q.
Dans cpsQTog, dans cc-ôsQxrog et dans les autres adjectifs semblables, il faut voir des formations récentes. C'est ainsi, pour ne citer que cet exemple entre cent, qu'à côté de l'ancien TCvG-ri-g = skr. huddlii, nous voyons apparaître nsvCig, formé à nouveau sur l'analogie de jtsvd^ojiai.
La racine de ôTtaQTov (câble) est gtisq, comme on le voit par
OTCSlQa.
liXaCTog = skr. vrddhâ montre aussi un la fort régulier; mais comme ce participe a perdu son iirésent, notre principal moyen de contrôle, savoir Vs des formes congénères, nous fait ici défaut.
Le latin a pulsus de peïlo, vulsiis de vello, percidsus de per-cdlo, sqmltus de sepclio.
M. Fick identifie mirt'us — (|ui paraît être sorti de *cortns — au grec 'tcaçtôg.
pro-cul rajjpelle vivement l'indien vi-pra-h-s-fa (éloigné), pa- hrs-fa (long, grand, en parlant d'une distance); il faudrait alors le ramener à un cas du thème *procidsto-^. receUo et piocello ont
1. Mémoires de la Soc. de Linguistique III 283.
2. Ou au comiiaratif neutre *proculstis, *proculsts?
Liquides sonantca des thrmos noniinaiix. If)
(l'iiillcurs un sena voisiji (U; celui «lu skr. kaiïi, mais cijiujik; ccrro s'on ai)i)roche encore davantage, toute cette combinaison est sujette il caution. *•
On a coTUparé l'aucicu mot foyrtiis (('oi-sson Auss|ir. |- lOl) au skr. dr<jhà de darli.
L'étymologie porta a j)ortand() étant difficile à accepter, jwr/rt doit être un participe de la racine pcr (d'où gr. tulqoj, àia^TCSQtg), et il équivaudrait à une forme grecque '^TiaQxri.
Le gothique a les ijarticipes J)aurft{(i)-s, daurst{a)-s, faurht{a)-s, handu-vaurJd(a)-s, sJiuld{a)-s.
L'adjonction du suffixe -ti nécessite également l'expulsion de l'a (e) radical. Nous ne citons que les cas où cette loi a dornié naissance au r:
Les exemples abondent dans les langues d'Asie: skr. hJtr-ti, zend herc-ti de la rac. hhar, et ainsi de suite.
Le grec a xâç-Gig de ksq. Hésycliius doime: àyaçQLg' ad^çoL- Cig (l'accent paraît être corrompu) qui doit remonter à *ayaQ- Ci-g de âysLQCo. — GrâX-Gig de 6teX est d'une époque tardive.
Le gothique forme sur hairan: ()a-haiirji{t)-s, sur tairan: ga- taî(r]){i)-s ; de même ^aurft(i)-s, fra-vanrJU(i)-s.
Le latin fors (thème for-ti-) de fera co'incide avec le skr. h]trtL — mors est l'équivalent du skr. mrti, seulement le prés. morior et le grec ^Qorôg montrent que Vo est répandu par toute la racine et recommandent donc la prudence.
sors, pour *sorti-s, paraît être sorti de la même racine se)' qui a domié cxsero, descro, praesertim *. Le mot serait donc à l'ori- gine simplement synonyme d'exsertmn.
Si les adverbes en -tim dérivent, comme on le pense, de thèmes nominaux en -ti, il faut citer ici l'ombrien trah-vorfi = iransversim; cf. covertu.
Le SUFFIXE -u demande, dans la règle, l'affaiblissement de
1. Toute différente est la racine de con-sero, as-scro qui signifie attu- dier. Le scro dont nous parlons est le skr. sârati , sisarti «couler, avan- cer»: composé avec la préposition pra il a aussi le sens transitif et donne le védique jirrt hahàvâ sisarti (R. V. II 38, 2) «il étend les bras», exacte- ment le grec x^^Q^s tûXXsiv (== Gi-aal-i/Biv, ei-al-ysiv). Le verbe insero peut appartenir à l'une ou à l'autre des deux racines en question.
\Q Liquides sonantes des thèmes nominaux.
la racine. En dehors des langues ariennes, le r ainsi produit se reflète encore fidèlement dans l'adjectif gothique: Jjaursus (rac. ^ers) = skr. trsii
Nous insistons moins sur les adjectifs grecs: ^çaôvg = skr. mrdii^ TtXaxvç = ski', lirth H
Le lithuanien platàs 'donnerait à croire que le ka de %Xaxvg est originaire, car dans cette langue on attendrait il comme con- tinuation du r. En tous cas on aimerait trouver parallèlement à nXatvg^ (içaêvg des formes contenant l'e^.
Lorsque les racines des classes A et B (page 8) sont em- ployées SANS SUFFIXE comme thèmes nominaux, elles expulsent leur a (en Europe leur e). Sous cette forme elles servent fré- quemment en composition:
skr. Nied: pur-hMd darç: sam-drç Tel est, en grec, l'adverbe vn6-ÔQa{7c) de ôeqk. Cf. pour la fonc- tion comme pour la forme le skr. â-prjc «mixtim».
Voici enfin quelques mots, de difl:erentes formations, qui ren- ferment un r:
>Skr. hrd «cœur» = lat. cord-. Le grec jcorpdm, xçàôùj se jdace à côté de la forme indienne Jirdi. — Le gotli. liairto, le gr. y,^Q (= xsQÔ? Curtius Grdz. 142) offrent une forme non affaiblie de la racine.
Skr. rJcsa «ours» = gr. aQxtog = lat. iirsiis (^^orcsiis).
Le lat. cormia au pluriel ré])ond peut-être exactement au védique çyhgci; il serait donc pour '^conigua. Dans cette hypo- thèse le singulier ne serait pas primitif. Le gotli. Jiauni, dans la même supposition remonterait à *haurhg, et la flexion se serait dirigée d'après la forme du nom.-accus. où la gutturale devait facilement tomber'*.
1. A côté de §Qa8vç on a avec l: à§Xadtcaç' rjôécog Hes. ce qui rend bien vraisemblable rancicune étyniologio du latin vioUis comme étant pour *moI(lvùi.
2. nXtd^QOv , TiîXtd'QOv seraient-ils pur hasard ces parents de nXccTvg où nous trouverions Te?
3. Le capricorne, ce coléoptèrc à grandes antennes, qui s'appelle en grec xfçâft|îu|, nous a peut-être conservé la trace d'un ancien thème *K{f)ça(i^o- = rrnya.
Liquides sonantcs des tlunncs nominanx. — Exceptions. 17
Le rapprocliemeiit du grec TQccTiiXog avec le skr. irprâ, tr'pàla (Fick W. P 00) demeure très-incertain.
xaQxaQOQ «hérissé» (cf. TcdQTtaQog) fait penser au skr. hyc/trâ «âpre, péîiible etc.»
Le lat. furnus «four» sort de *fbrims = skr. yhruà «ardeur».
xElttLvôg «noir», ramené à '^' ^{b)}.a6vyo-g , devient le proche parent du skr. lirsnà (même sens)^
XavHàvîï] « gosier ;> est pour *6^axJ^av-îr}, amplification du thème sHcvan qui signifie en sanskrit coin de la houclic; le thème parent srâhva a suivant Bohtlingk et Roth le sens général de houche, gueule^. L'épenthèse de \u dans le mot grec a des ana- logies sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir. Chez des auteurs post-homériques on trouve aussi Xevxavtrj.
e-vkccxa (lacon.) «charrue», a-vXax-g «sillon» répondent, d'après l'étymologie deM. Fick, au védique vrka «charrue».
Le lat. morhus est sans doute parent du skr. m'rdJi «objet hostile, ennemi», mais la difi'érence des thèmes ne permet pas d'affirmer que Vor du mot latin soit sorti de r.
taQtrj^ÔQLOv xo TQitrj^ÔQLOv Hes. Cf. skr. trtîya.
Gr. TiQccôov = lat. porrum contient sans doute aussi le r.
Si l'on farb abstraction des formations courantes, comme les substantifs grecs en -(?t-g, dans lesquelles la voyelle du présent devait inévitablement pénétrer peu à peu, les exceptions à la loi •le correspondance énoncée en commençant sont peu nombreuses.
Les cas tels que yékyig — grngana, merda — mnl, ou nsQ- xvôg — p^çni n'entrent pas en considération, vu que les thèmes ne sont jjas identiques; à côté de 7r£()xvo's nous trouvons d'ailleurs TCQaxvôg (Curt. Grdz. 275). — daiQÛg (dor. ôrjQccg) «crête de mon- tagne» a été rapproché de skr. drsâd «pierre», mais à tort, car ÔsiQccg ne saurait se séparer de ôaïQij.
1. Ce qui rend suspecte la parenté de Kslaivôg avec yirjlîç, c'est ïa du dorien KâlLç et du lat. câligo.
2. Si l'on compare eu outre les sens de srakti, on reconnaît que tous ces mots contiennent l'idée de contour, à'angle ou à'anfractuositc. Ce mot d'anfractuosité lui-même s'y rattache probablement en ligne directe, car le latin an-fractus sort régulièrement de *am-sr((ctus comme *cere- frum, eerebrum de ceres-rum. Cf. cependant Zeyss K. Z. XVI 381 qui di- vise ainsi: anfr-actus. — Le grec ajoute à cette famille de mots: QdKTOi- cpKQayysç, nÉTçai, x^Çt^âçui, et gantai' cpÛQayysç, ;uaçccdçai, yécpvQctt,. Hes.
13 Liquides sonantes des suffixes.
Lïdentificatioii de Qkéyvg avec hUlj()u (Kulin^ heralik. des feuers) est séduisante, mais elle ue peut passer pour parfaite- ment sûre.
Au skr. himi répond presque sans aucun doute, et très-ré- gulièrement pour ce qui est du r, le gotli. vaiirms; mais le gr. êXfiis, le lat. vermis montrent e. La forme de ce mot a du reste mie instabilité remarquable dans son consonantisme ^ aussi bien que dans la voyelle radicale: l'épel Icrimi est très-fréquent en sanskrit, et Xî^LV%^ag' eX^iLvd'sg' IIcccpLOL (Hes.) nous donne la forme correspondante du grec.
2. Syllabes suffixales.
Les noms de parenté et les noms d'agent en -tak expulsent, aux cas faibles. Va du suffixe qui se réduit à -tr, ou, devant les désinences commençant par une consoime, à -ti\ De là:
gr. jta-TQ-6g, \at. pa-tr-is : cf. skr. pi-tr-a et avec r: gr. na-Tçâ-Gi = skr. 2}i-t>^-sî(.
V. Brugman, sur Gescli. der stammabstufenden Déclinât ionen, Stu- dieu IX 303 seq. On a de même: ^rjTQccûi, àvôçâôL, âôtQâôt, etc.
Le mot en -ar est-il le premier membre d'un composé, il faut attendre la forme faible, comme dans l'indie'n hlirâtr-varga . Peut-être en grec ai'd^a-jrodo-v est-il, comme le prétend M. Brug- man, un dernier échantillon de ce mode de formation.
Au nom. -ace. sing. de certains neutres apparaît un suffixe -r ou -r-t qui a domié skr. yakH = gr. rjnaQ = lat. jccur (pro- bablement pour ^'jequory Cependant tous les neutres grecs en -ciQ ne remontent pas ù ime forme en r: ovd^aç, par exemple, réjtond au védique ûdltar, et son a n'est point anaptyctique.
§ 2. Nasales sonantes.
Tandis que la liquide sonante s'est maintenue du moins dans l'antique langue de l'Lide, les nasales sonantes ont entière- ment dis))aru, comme telles, du domaine indo-européen""'. 11 y a
1. Le k remplacé par r, au lieu de kv; le m remplacé par v dans le slave crivi; la liquide variant entre Z et r, et cela, même en-deçà des linii- fps du grec, ainsi que l'indique la glose: ^ôfiog- CMwA>y| iv ^vXoig.
2. il n'est natiirclknK.'ut jias question ici des nasales sonantes qui se sont fornii''CB î\ nouveau, dans jjlusienrs langues anciennes et modernes.
Nasales sonantes. 19
plus: la liquide, en cessant d'être sonante, n'a point du même coup ccasé d'exister; elle s'est bornée à prendre la l'cniction de consonne. Autre a été le sort des nasales, soit dans le grec, soit dans les langues ariennes: en donnant naissance à un phonème vocalique, elles ont elles-mêmes succombé, et, pour mettre le comble à la complication, le jdionème en question est venu se confondre avec Va.
Cet a n'a rien qui le fasse distinguer de prime abord dans le sanskrit ni dans le zend. En grec on peut lieureusement le re- connaître plus facilement, parce qu'il se trouve souvent opposé à 1111 £ radical (teîvco — rat 6g).
Dans les langues congénères la nasale s'est conservée; en revanche, la voyelle qui s'est développée devant elle a pris, dans jdusieurs de ces idiomes, la couleur de l'e; et il est souvent im- ]»ossible de savoir si le groupe en remplace réellement une nasale sonante.
Le travail où M. Brugman a exposé sa théorie offre des matériaux considérables à qui est désireux d'étudier la question; mais il convient de rassembler ici les principaux faits dont il s'agit en les plaçant dans le cadre qui nous a servi pour les phénomènes relatifs aux liquides. Les deux séries se complètent et s'éclairent ainsi l'une l'autre.
Voici les différents phonèmes qui sont sortis des nasales sonantes:
(Tndo-eur. n \))\ |
m) |
(Indo-eur. n [rt\ |
7n) |
Arien * a |
a |
Latin en |
cm |
Grec a |
a |
Paléosl. e |
r |
fioth. îm |
nm |
Lithuan. in |
im |
Les nasales sonantes ont pu prendre naissance de deux ma- nières: ou par la chute d'un a, comme c'est toujours le cas pour les liquides sonantes; ou par l'adjonction à un thème consonan- tique d'une désinence commençant par une nasale. Nous con- sidérons d'abord le premier cas :
1. Il s'entend qn'en zend Va sorti de la nasale sonante participe anx aftectious secondaires de IV/, par exemple à la coloration en e.
2*
20 Nasales sonantes de l'aoriste non-thématique.
1. Syllabe radicale.
a. FOBMATIONS VERBALES.
Aoriste thématique (cf. page 9). L'indien randh «tomber aux mains de» a im aoriste â-raâh-a-t, lequel sort de * a-rndh-a-t, à supposer du moins que la racine soit bien randh, et non radh.
On voit ici dès l'abord le contraste des conceptions, suivant qu'on croit ou non à la nasale sonante. Jusqu'ici on regardait la nasale d'une racine telle que randh comme un élément mobile rejeté dans la forme faible. Avec la théorie nouvelle c'est au contraire l'a qui a été rejeté, en concordance parfaite avec ce qui a été développé plus haut, et Ya que nous voyons, l'a de âradhat, équivaut à une nasale, car il est fait de la substance même de cette nasale évanouie. Si le hasard avait voulu que ce fût un ii et non un a qui se développât dans les langues ariennes sur la nasale sonante, l'aoriste en question serait «ârudJiat».
Le grec est là pour en domier la preuve irréfragable, car chez lui la monotonie de l'a cesse et le dualisme se révèle dans les deux teintes s et a:
lia, racine Ttsvd- donne l'aoriste: s-nccd^-o-v^.
L'aoriste thématique redoublé ne fournit aucun exem- ple grec. En sanskrit on peut citer le védique ra-lrad-a-f de krand^.
L'aoriste sans voyelle thématique qui coïncide pour la forme avec l'imparfait de la 2"'^ classe verbale^ n'a pas été men- tionné plus haut à propos des liquides, parce qu'il n'oftrait aucun cas de r en Europe. — Le singulier de l'actif conserve l'a (e). Le reste de l'actif ainsi que tout le moyen l'expulsent; on a donc en sanskrit :
1. Ce n'est pas que, dans l'espèce, nous n'ayons quelques doutes sur la véritable qualité de l'alpha d' è'itix&nv , et cela îi cause du latin patior, sur lequel nous reviendrons plus bas. Mais (Ttcc&ov se trouve être le seul aoriste thématique où l'on puisse supposer une nasale sonante, et, si on le récusait, il suffirait de renvoyer aux exemples qui suivent.
2. Toujours en supiîosant que la nasale est radicale.
3. Les formes qui ont le «vriddhi» comme dçvait, aval sont oitière- ment dittérentes. Il faut y voir, avec M. Whituey, des aoristes sif^ma- tiquea.
Nasales Bonantots de l'aor. non-tlK^matiquc et ilu parfait. 21
1" Racines de la forme A (page 8):
Singulier riuricl, duel et moyen
çro: â-(rav-[a\m; d-rro-t çru-tâm
var: â-var(-s) à-vr-ta
et avec nasale sonante dans la forme faible:
gant : â-gan{-t) ga,-tâm
2° Racines de la forme B : *
Singulier Pluriel, duel et moyen
doh: â-dJioli-{t) â-dtih-ran
varg: vârlc(-s) â-vrh-ta
M. Brugman me fait part d'une explication très-ingénieuse des aoristes grecs comme a%8va^ è'aaeva qui jusqu'alors avaient résisté à toute analyse. Ce sont les formes de l'actif correspon- dant aux aoristes moyens comme ixviirjv, iacvfirjv. La flexion primitive était: e^evcc (pour E%Evni), *£x^vg, *sx£v(t)] — pluriel *è'xvfi£v etc.; — moyeu è^v^riv. Comme au j)arfait, Y a de la première personne ë%£va s'est propagé par tout l'actif, et l'ancien pluriel à syllabe radicale faible s'est retiré devant des formes forgées sur le modèle du singulier (ixsva^sv). Cet * è'-xv-fiev qui n'existe plus et qui est à è'x^va ce qu'en sanskrit *â-çrîi-ma est à â-çrav-am a son analogue parfait, avec nasale sonante, dans la forme s-xrà-fi&v (rac. xtev): seulement, dans ce dernier aoriste, c'est le singulier qui a subi des cliangements sous l'influence du pluriel: '*£-xtsv-a, *£-xr£v(-t) ont été remplacés par è'xrav, è'xrà. — Dans Htâ-(i£vai, xtâ-6d-cci^ xr(lc-^£vog, àn-é-xTa-to Va doit être sorti directement de la sonante. — M. Curtius (Verb. P 192) fait remarquer que l'hypothèse d'une racine xta est inadmissible.
Parfait (cf. page 11). Les racines de la forme A présentent encore en grec des restes du parfait primitif tels que: (lé-^cc-rov^ cf. sing. (lé-^ov-a de ^av ya-yâ-tr^v'^ cf. pf. sg. yé-yov-a de y£v\ et au moyen:
té-ta-tai de tav né-g^a-taL de (pav^
1. Les racines ^e cette forme contenant une nasale ne paraissent pas fournir d'exemple.
2. La 3^ pi. nétfdvxai est une formation récente faite sur l'analogie des racines en a; il faudrait régulièrement TrE-qof-ttrat. — ysyâdoi, iieiiavia et les autres formes où le suffixe commence par une voyelle n'ont pu se
22 Nasales sonantes du présent.
Dans les formes iudiemies, la voyelle de liaison a permis à la nasale de rester cousonue: ga-gni-imâ , ta-tn-isé. Le participe na-sa-vàn (de san) oifre la souaute; voy. cependant ce mot au registre.
Dans les racines de la forme B on peut citer avec M. Brug- man: skr. tastâmblia, 3° pi. tastahhiis (c'est-à-dire tastmlthis)-^ (■acchânda a un optatif cacchadyàt. En grec on a TtSTtad'VLa en regard de Tiéitov^a (rac. %svd-y^ M. Brugman adoptant en outre une leçon d'Aristarque obtient: néiiuôx^s (= né-itaO'-xa) au lieu de TTSTioad^E Biad. 3, 99 et pass. — Cf. cependant notre remarque sur £7iad-ov, p. 20 i. n.
Le gotli. hmd-îim (rac. hend) est naturellement pour hndun'i, et tous les verbes gotliicj^ues de cette classe présentent . sem- blablement la sonante au parf. pluriel et duel.
Présent. Dans la 2^ classe verbale (cf. page 13) on peut signaler eu grec {6)Qa^aL ramené à Qn-^ca dans un récent article de M. Brugman K. Z. XXIII 587; la racine est la même que dans l'indien râmati «se plaire, etc.». En sanskrit nous trouvons par exemple: hân-ti, 2® plur. Im-tliâs, c'est-à-dire hn-tliâs.
La 8™^ classe verbale fera l'objet d'un procliaiu travail de M. Brugman, où il montrera que tanomi, vanômi etc., sont pour tn-nô-ml, vn-n6-mi. Aussi le grec montre- il l'alpha significatif dans tâ-vv-tat de la racine tev, dans a-vv-rca de la rac. êv'^. Cela est dans l'ordre, puisqu'on a, de la rac. hm: ci-nâmi, de la rac. dhars: dhrs-nômi et non pas: «ce-nomi, d]iors-?}omi»^.
La classe des indicatifs ajoute -sJca à la racine privée d'à: skr. yii-cchati de yo, uclhàti de vas. Il est clair par conséquent que yâ-cchati de yam, gâ-cchati de gani ont la nasale sonante, et il n'y
produire que par analogie. 11 est remarquable que les formes fortes du singulier soient restées à Fabri de toute contamination de ce genre, car yiyaa, (isfiua n'existent que dans nos dictionnaires ainsi que le montre Curtius Verb. H 169. L'ancienne flexion: ytyova, plur. yfyafiev est donc encore transparente.
1. M. Curtius a montré l'identité de àvvzai (Homère a seulement îfivvxo) avec le skr. sanutc (rac. son); la sifflante a laissé une trace dans l'esprit rude de l'att. cr-vv-ia. Quant à la racine non affaiblie tv, elle vit dans le composé Kv9--év-trjç «auteur d'une action». Cf. Fick Wœrterb. P 789.
■2. Les formes comme ôtÎHvvfii, ^tvyvvfiL sont des innovations du grec.
Na«ales .sonantes des tlii"'mcH nominaux. 23
;i [);i.s fie riiisoii de cioire que le grec (id-axa Ho'ii formé difï'é- jeiument, bien (|u il j»ui.s8e venir de la racine sœur [ià.
h. FORMATIONS NOMINALES.
Le suffixe -ta (cf. page 14) donne les thèmes suivants: de fan (fcn): skr. ùi-fà = gr. ra-rôg = lat. ten-tus àQ g.,mn {g.jCm): skr. (ja-tà = gr. (ia-tog^ = lat. ven-tus (le man (inen): skr. wa-tà = gr. fia-ros'^ = lat, men-tus^ de (jk/m ([/îi.^eu): skr. ha-tâ = gr. (pa-tog'' de ram (^rem): skr. ra-td = gr. éça-roç (= lat. lentus"/) ('es formes indiennes auxquelles il faut ajouter yatâ de y(im, natà de nam, Vsatà de lisan, et qui se reproduisent dans le zend et l'ancien perse (zà. gaUi «parti», a. p. gâta «tué» etc.) api^artieu- draient suivant Sclileicher Beitriige II 92 seq. à des racines en -a, et l'auteur s'en sert pour démontrer la théorie qu'où connaît; mais comment se ferait-il que ce fussent précisément là les seuls cas d'un a sanskrit terminant une racine et que dans tous les exemples où la nasale n'est pas en jeu, on trouve i ou l dans les mêmes participes: sthitd, pïtâ? On peut dire tout au contraire que cet a porte en lui-même la preuve de son origine nasale.
Les thèmes en -ti (cf. page 15) sont tout semblables aux précédents: skr. tati == gr. tâOLg, cf. lat. -tentio; lisati (de lîsan) a pour parallèle grec l'homérique àvôço-XTaGi'ï] (de atêv). Le skr. gâti, le gr. ^âûig et le goth. {ga-)qumj)(i)s se réimissent de même dans l'indo-européen g^ii^-ti. Le goth. {ga-)mimd{ï)s répond au véd. mati (skr. classique mâti), au lat. men{ti)s'^.
Thèmes en -u (cf. page 15). L'identité de l'ind. hahû et du gr. naivg (haJmld = naxvXog) s'impose avec non moins de force que
1. p«To's pourrait aussi appartenir à la racine §â qui a donné e^rjv; les deux formes devaient nécessairement se confondre en grec. En revanche le skr. gatd ne saurait dériver de gïi.
2. Foi'me conservée dans le mot «vrofiaroç, suivant Tétj-mologie la plus probable. • menUis se trouve dans commcntus.
3. L'identification du skr. lian et du grec *(pev sera justifiée plus bas,
4. Les formes latines n'inspirent pas une confiance absolue, en ce sens qu'elles peuvent tout aussi bien s'être formées postérieurement comme le gr. S^Q^iç, ■O-fi^fç. Pour les formes slaves telles que -meû cette possibilité se change presque eu certitude.
24 Nasales sonantes des thèmes nominaux.
le rapprocliement de pinguis avec 7ta%vg que l'on doit à M. Cur- tius. Ou est obligé d'admettre la réduction de la première aspirée pli dans la période antéhistorique où l'italique navait pas encore converti les aspirées en spirantes, et ceci n'est point sans doute un cas miic^ue dans son genre. Or pinguis pour *penguis nous prouve cjne Va de haJm et de naxvg représente ime nasale so- uante. Le superlatif skr. hâmh-islha en offrait du reste la preuve immédiate.
Le skr. raghii, laglvû = gr, èXaxvq contient également la na- sale sonante à en juger par les mots parents skr. râmlias et râmhi. Donc le latin Uvis est pour ^Icnhnis, "^hhuis; les traite- ments divers de pinguis et de levis nont dautre raison c[ue la différence des gutturales (g\ et gJi^: hahii, mglin). La discordance du vocalisme dans levis vis-à-vis d'èXaxvs est supprimée. Le lith. lèngvas, le zd. reîigya confirment l'existence de la nasale. Enfin, pour revenir au skr. raghii, \'a de ce mot ne s'explique que s'il représente une nasale sonante, autrement il devait disparaître comme dans rgii (sujierl. râgihfha) et dans les autres adjectifs en -u.
Le lat. densus indique que ÔKôvg est pour ônôvg.
L'affaiblissement de la syllabe radicale devant le suff. -li se vérifie encore dans ^a&v-g, de la racine /?£ y 0^ dont la forme pleine apparaît dans ^évQ^-og. Ici cependant, comme plus haut pour Tiad-êtv, on peut être en doute sur la provenance et par conséquent aussi sur la nature de l'a: car à côté de /SfvO- on a la rac. /3âO- sans nasale. Ces sortes de doublets nous occuperont daus un prochain chapitre.
Thèmes de diverses formations :
Skr. asi = lat. cnsis. Skr. vasti et lat. cc{n)slca.
Le goth. ulitvo (c.-à-d. *unhtvo) «matin» répond, comme on sait, au védique alitii «lumière», auquel ou a comparé aussi le grec à^tig «rayon».
Le gr. nâro-g «chemin» doit remonter à '^nnto-g, vu la na- sale du s\i:.pànthcm, gén.path-âs {= pntU-âs).
Le thème ndlmra (ou peut-être mâhara) «inferior» domie l'indien ûdJiarn, le lat. infems, le goth. tindaro.
M. Scherer (Z. fîesch. der deutsch. Spr. p. 223 seq.), parlant des thèmes des pronoms i>ersoiinels, se livre à des conjectures
Nasales Honantcs des suffixes. 25
dont M. LeskicMi ii fait ressortir le caractère aventureux (Decli- nation p. 130)-, sur un point cependant le savant «germaniste a touché juste sans aucun doute: c'est lorsqu'il restitue pour le plu- riel du pronom de la l"^" personne un thème contenant une nasale devant Vs: amsma, (insma. Ce n'est pas que les raisons théori- ques de M. Scherer soient convaincantes; mais le germanique tins, Knsis ne s'explique que de cette façon. Au lieu de amsma ou (iiisma, il faut naturellement msna ou nsma, d'où sortent avec une égale régularité le goth. uns, le skr. asniâd, le grec (éol.) ccfifis =
*CCG(l£.
Plusieurs cas d'une nature particulière, celui du nom de nombre cent par exemple, trouveront leur place dans un autre chapitre ^
2. Syllabes suffixales.
La flexion des thèmes en -an {-en), -man (-men), -van {-ven) demande un examen détaillé qui trouvera mieux sa place dans un chapitre subséquent. Il suffit ici de relever ce qui a trait à la nasale sonante: dans la langue-mère, le suffixe perdait son a aux cas dits faibles et très-faibles. Dans ces derniers, la désinence commence par une voyelle et la nasale restait consonne; aux cas «faibles» au contraire elle était obligée de prendre la fonction de voyelle, parce que la désinence commence par une consonne. Là est toute la différence. On a en sanskrit, du thème îiJcsân: gén. sing. îiksn-âs intr. pi. uVsâ-bMs (= lûisn-bhis) dat. sing. ulisu-é loc. pi. uksâ-sii (= ukèn-sii)
Le grec fait au gén. sing.: Jtoi^tvos, au dat. plm*.: jiol^égl^
1. Il est possible que la nasale sonante soit représentée en arien par i, H, dans le mot qui signifie langue: skr. (jihvâ et guhil, zd. liizia, hizu; — l'ancien perse serait isâva selon la restitution de M. Oppert, mais . . àva seul est encore écrit sur le rocher. Comme la consonne qui commence le mot est un véritable Protée linguistique — elle diffère môme dans l'ira- nien vis-à-vis de l'indien — et qu'en lithuanien elle devient l, on con- viendra que la glose d'Hésychius: Xciv%âvri' yXàcaa trouve son expli- cation la plus naturelle dans la comparaison des mots cités: le thème pri- mitif serait ?-ngli^u ou ?-Hg1iyivâ: de là le lat. d-ingua, le goth. t-uggoyi-, et le gr. ^X'UxJ-ctv-rj, Xavxccvr}. Le slave j-czy-kïi montre aussi la sonante. Seul l'e du lith. l-chcv-i-s s'écarte de la forme reconstruite. — Pour l'épen- thèse de Vu dans le mot grec cf. plus haut {p. 17) lavKccvLr}.
26 Nasale sonaute placée à la fin du mot.
tous deux liystérogèues. Les aiicieimes formes ont dû être *;roi^v-o'g et ^'Tioi^à-ai. Il a subsisté quelques débris de cette formation: xv-v-6g du tlième xv-ov, (çQ-à-aC (Pindare) du thème (f)Q-ev. Y. Brugman Stud. IX 376.
Au uom.-aec. siug. des ueutres eu -man, Y a iiual de skr. nàma, zd. nàma, gr. ovo^a^ est sorti, aussi bien que Ve du slave ime et Veit du lat. nômen d'une nasale sonante indo-européeime. Morphologiquement, c'est ce que font conclure toutes les ana- logies, ainsi celle de l'ind. drdr au nom.-acc. neutre: phonétique- ment, c'est la seule hypothèse qui rende compte de l'absence de la nasale dans les deux premières langues citées. — Voilà la première fois que nous rencontrons une nasale sonante à la fin du mot, et le cas mérite une attention spéciale. Si simple que la chose -paraisse à première vue, elle ne laisse pas que d'embar- rasser quelque peu, aussitôt qu'on considère le mot dans sou rôle naturel de membre de la phrase. L'indien dâtr^ qui vient d'être cité, placé devant un mot commençant par une voyelle, comme api, donnerait, d'après les règles du sandhi: ddtrapi En d'autres termes, le da.tr du paradigme n'a de réalité que suivi dune con- sonne ou finissant la phrase; devant les voyelles il n'y a que dcdr. Et cependant r (ce qui veut dire: r doué d'accent syllabique) peut fort bien se maintenir devant les voyelles. C'est ainsi que la phrase anglaise: the fatlier is se prononcera couramment: thc fatlir is, non pas: tlie fathr is^. Il en est de même de n dans l'alle- mand sicbn-imd-zivanzig (sicljcn-und-swansig).
Un mot indo-européen comme stiimn (nom.-acc. de siâman- = skr. stlmmcm-^) a donc pu faire à la rencontre d'une voyelle,
1. Le T des cas obliques (ôvôju-aToç) n'a probablement existé à aucune époque au nomin.-accusatif. — Le goth. namo n'est pas mentionné, parce qu'il est do formation nouvelle.
2. 11 est vrai que r, n etc. placés devant une voyelle paraissent se dédoubler en rr, nn etc. V. Sievers Lautiihysiol. p. 27 au milieu. Et, bien qu'on puisse dire que i et u sont aussi consonnes durant un instant dans le passage des organes à une autre voyelle, dans ia ou ua par exemple, il n'en reste pas moins certain que la triple combinaison phonique 1) ia. 2) ia c. à d. Ha- 3) î'/a, tran8]>ortée dans la série nasale se réduit à 1) na et 2. 3) nna dans la série de l'r: à 1) ra et 2. 3) ira. — i désigne Vi con- sonne.
3. Le mot choisi pins haut pour exemple (skr. nâman) ne convenait
Nasalo sonanlo placc-e à la fin du mot. 27
(levant (12)1 par t'xc'm])le: stanin api ou bit-ji sUimii ((pi (cf. note 2. |i. 20). Se décider pour la première alternative .serait peut-être admettre imjdicitement qu'on disait nmdkw (ipi et non nuidhu (/pi, c'est-à-dire faire remonter la règle de sandhi sanskrite relative à i et H devant les voyelles, du moins dans son principe ^, jus(iu'à la pe'riode proethnique-, et l'usage védique ne parlerait guère en faveur de cette thèse. Nous ji'entrerons pas ici dans la discus- sion de ce point, parce que nous croyons que l'hypothèse: st(inm ((pi est en effet la plus probable, mais qu'on veuille bien comparer plus loin ce qui a rapport à l'accusatif singulier des thèmes consonantiques. — On a donc dans la phrase indo-euro- péenne: stâmn tasya et stunm api.
A l'époque où la nasale sonante devint incommode à la langue, époque où Hindous et Iraniens parlaient encore un même idiome, l'ancien siâmn tasya devint nécessairement stâma tasya, skr. stliama tasya. Placé à la fin de la phrase, stâmn devait égale- ment donner stâma. Quant à stâmn api, son développement nor- mal a dû être, en vertu du dédoublement dont il a été question: st(ima-n-api. Cette dernière forme a péri: il y a eu unification comme dans une foule de cas analogues pour lesquels il suffit de citer les récents travaux de M. Curtius: Zu den Auslautsycsctzcn (les GricchiscJien. Stud. X 203 seq. et de M. Sievers dans les Bei- trdgc de Paid et Braune V 102.
Dans le grec et le slave la marche de cette sélection a dû être à peu de chose près la même que dans les langues ariemies.
Flexion dks neutres en -man, dans la langue grecque. — La flexion grecque {ovôiiaxog, -(.lan etc.) présente partout la nasale sonante grâce à la création d'un thème en -z difficile à expliquer. 11 faut natu-
plus ici, parce que la forme primitive de sa syllabe initiale est assez in- certaine.
1. Dans son principe seulement^ car il faudrait supposer en tous cas un i indo-européen à la place de la spirante du sanskrit classique, et le v de la même langue serait encore bien plus (^loigné de la consonne primi- tive (n). — Nous ajoutons que dans la restitution des formes indo-euro- péennes nous nous servons des signes w et y sans essayer de distinguer Vu et Vi consonnes (u et i de Sievers), des spirantes correspondantes (iv et j de Sievers). Dans le cas de madhiv api, îv représenterait certainement «.
28 Neutres grecs en -fiat.
rellement mettre cette déclinaison en regard de pelle de rjnaç, rjnccrog. èvôfiuTog répond au skr. namnas, ^naros au skr. yàknds; et pour ce qui est de cette dernière classe de thèmes, nous pouvons être certains, quelle que soit l'origine du r grec, que la déclinaison indienne yakrt, yaknds, qui ne connaît Yr qu'au nom. -ace. sing. reflète fidèlement celle de la langue- mère \
Mais quaut à savoir si l'insertion du t est partie des thèmes en -jtta, ou des thèmes en -aç, ou si elle s'est développée de pair sur les deux classes de thèmes, sans qu'il y ait eu de contamination entre elles, c'est une question qui peut se trancher de plusieurs façons, sans qu'aucune so- lution soit bien satisfaisante.
Voici quelques points à considérer dans la discussion des probabilités:
l" Les langues parentes possèdent un suffixe -mn-ta, élargissement du suff. -nian; en latin par exemple ce suffixe a donné augmcntmn, cognomen- tum. Ce suffixe manque en grec. — Un suffixe -n-ta parallèle à un neutre grec en -aç, -ccroç existe probablement dans le lat. Onfcns (masc), Onfen- tina: cf. ov&aQ, -urog. Car Oufens remonte à * Oufento-s.
2*^ Le t qui se montre au nom. -ace. du skr. yalcr-t pourrait bien malgré fout avoir joué un rôle dans le phénomène. On aurait im parallèle frap- pant dans le lat. s-an-gu{-cn) en regard du sanskrit âs-r-g, g. as-nâs'^; là nous voyons clairement l'élément consonantique ajouté au r du nom.- ace. se propager sur le thème en -n. D'autre part il y a quelque vraisemblance pour que la dentale de yakft (yakfd) ne soit autre que celle qui marque le neutre dans les thèmes pronominaux^; dans ce cas c'est en réalité un d, et il n'y a plus à s'en préoccuper dans la question du t grec.
S** Dans le cas où l'insertion du t serait partie des thèmes en -ccq, il est remarquable que le nom. -ace. des mots en -fta ait subi lui aussi un métaplasme venant de ces thèmes, car les formes i)-[iccQ, zéti-fiaQ, tbii-[icoq n'ont point d'analogue dans les langues congénères. Il est vrai que, selon l'étymologie qu'on adoptera, il faudra peut-être diviser ainsi: ^fi-aç, té-
Hfl-CCQ, Tf'-MjX-COÇ.
1. Partir d'un ancien génitif *rjTtaQtog serait récuser le témoignage du sanskrit et en même temps admettre inutilement en grec un cas d'alté- ration phonétique, dont les exemi^les, s'ils existent (v. p. 7), sont en tous cas très-sporadiquos. 11 est vrai que yaJcrt s'est aussi, plus tard, décliné en entier; mais le l'ait important, c'est que yakcin ne peut point avoir d'autre nominatif que yakrt. — Le lat. jecinoris a remplacé l'ancien *jecinis, grâce à la tendance à l'uniformité qui fit passer Vor du nominatif dans les cas obliques. — M. Lindner (p. 39 de son Altindische Kominàlhildung) voit aussi dans ^'Trarog le pendant du skr. yaknâs.
2. Excellent rapprochement de Bopp, en faveur duquel nous sommes heureux de voir intervenir M. Ascoli {\'orIcsungen iiber rgl. Lautlehrc p. 102). La chute de Vu initial a sa raison d'être; v. le registre.
3. Cf. yûvat (ytivad), neutre védique de yûvan.
Nasales sonantes dos noms de nombre. 20
4° Les thèmes neutres dovçaz, yovvaz, qui, dans la plus grande partie de la flexion, remplacent ÔôçVy yôvv, sont peut- Titre au skr. daru-n-{-as), (janu-n{-as) ce que ovo^ar est au skr. nàmn{-as). Ceci, sans vouloir pré- juger la valeur morphologique de la nasale de dciru-9i-, et surtout sans insister sur le choix de ces deux thèmes en u dont la flexion primitive soulève une foule d'autres questions.
5" Même en sanskrit, certaines formes faibles de thèmes terminés en an s'adjoignent un t; ainsi yurati (= yuvnti) à cûté de yum, tous deux dérivés de yuvan-. A son tour l'indien yuvati nous remet en mémoire la formation grecque: *7cçocpçntycc, Ttçôcpçccaaa, féminin de nQocpçov-. Cf. en- core ynvat pour *yûva au neutre, forme qui comporte aussi une auti-e ex- plication (p. 28, note 3), et varimdtu, fkvatu, instrumentaux védiques de varimàn, fkvan.
6° Les mots paléoslaves comme zrèbe^, gén. zrehet-e «poulain», téle^ teîet-e «veau» etc. ont un suffixe qui coïncide avec V-az du grec dans une forme primitive -nt. Seulement ces mots sont des diminutifs de forma- tion secondaire, et le grec n'a peut-être qu'un seul exemple de ce genre, l'homérique Tcçoacônaza qui semble être dérivé de nçôocono-v. On peut conjecturer néanmoins que les formes slaves en question sont bien la der- nière réminiscence des thèmes comme Tjjraç, -azoç et yaJcH, -nos. D'après ce qui a été dit plus haut, le nom. -ace. en -e ne pourrait qu'être récent; nous trouvons semblablement en latin le nom. -ace. : ungu-en, en grec: alsicpcc à côté d'aksicpccQ.
Voilà quelques-uns des rapprochements qui se présentent à l'esprit dans la question de l'origine du t dans les suffixes -az et -fiaz. Nous nous abstenons de tout jugement; mais personne ne doutera, en ce qui concerne l'a qu'il ne soit le représentant d'une nasale sonante.
A côté de skr. nânia se placent , sous le rapport du traite- ment de la nasale sonante finale, les noms de nombre suivant.s: saptâ == lat. scptcm, gotli. sïbim, gr. ênrâ nâva = lat. novem, goth. niim, gr. èvvéa dâça = lat. decem, goth. taïlmn, gr. déxa C'est là la forme du nomin.-accusatif, la seule qui domie matière à comparaison. A la question: «quels sont les thèmes de ces «noms de nombre?» la grammaire hindoue répond: soptan-,navan-, daçan-, et à sou point de vue elle a raison, car un instr. pi. comme snptahliis ne se distingue en rien de la forme correspondante du thème nâman-, qui est ncirnahhis. Cependant, si nous consultons les langues congénères, deux d'entre elles nous ijiontrent la nasale labiale, le latin et le lithuanien {désziniUs^), et ces deux
1. septyni , devynî sont de formation secondaire. Leskien, Déclin, im Slavisch-Lit. p. XXVL
30 Analyse des noms de nombre ordinaux en -via.
langues sont les seules qui puissent éclairer la question, vu que le gothique convertit Vm final en n.
Seconde preuve ex faveur de la nasale labiale. Le .sanskrit termine ses noms de nombre ordinaux, de deux à dix, ]Dar -Uya, -tha ou -ma\ En omettant pour un instant Tadjectif ordinal qui correspond à pcinca, et en mettant ensemble les formes dont le suffixe commence par une dentale, on a une première série composée de:
dvi-tlya, tr-ttya, catur-thd, sas-tM, et une seconde où se trouvent:
sajitamd, asfcmid, navamd, claçamd.
Dans les langues européennes la première formation est la plus ré- pandue, et en gothique elle a complètement évincé la seconde. Il est en- core visible néanmoins que les deux séries du sanskrit remontent telles quelles, à part les changements phonétiques, à la langiie indo-européenne. En effet aucun idiome de la famille ne montre la terminaison -via là où le sanskrit a -tlia ou -tiya, tandis qu'à chaque forme de notre seconde série répond, au moins dans une langue, un adjectif en -via: nous ne citons pas l'iranien, trop voisin du sanskrit pour changer beaucoup la certitude du résultat.
En regard de saptamd: gr. t^doaog, lat. sejMmus, boruss. septmas, paléosl. sedmii, irland. secMvuul.
En regard de astamd: lith. aszmas, paléosl. osviu, irland. ocJitviad.
En regard de navamd: lat. nonus pour *nomus venant de *nou)nos, V. Curtius Grdz. j). 534.
En regard de daçatnd: lat. decimus. Donc les noms de nombre sept, huit, neuf et dix, et ceux-là seuls, for- maient dans la langue-mère des adjectifs ordinaux en -via. Or il se trouve précisément que ces quatre noms de nombre-, et ceux-là seuls, se ter-
1. Nous ne tenons pas compte de pratliamd et turiya, étrangers à la question.
2. Une des formes du nom de nombre huit se terminait en effet par une nasale. Il e.st vrai que les composés grecs comme onra-xôciot, ojtrtv- Ttrjxvç n'en offrent qu'une trace incertaine, et qu'ils s'expliquent suffisam- ment par l'analogie de tnza- , Ivvfa-, ôskix- (cf. t^a-). Pour le lat. odin- (jevti, ime telle action de l'analogie est moins admissible; cette forme d'autre part ne saurait renfermer le distributif octdni; on peut donc avec quelque raison conclure à un ancien *octcm. Le sanskrit lève tous les doutes: son nom.-acc. astd est nécessairement l'équivalent d'*octewt, car personne ne s'avisera de le ramener à un primitif aida répondant à une forme grecque fictive «okts » semblable à névre: une pareille supposition serait di-uuée de tout fondement. Tout au plus pourrait-on penser à un duel en a dans le ^'eure de dera pour devd, et c'est en effet dans ce sons (juo se in-<mouceiit les ('dituurs du dictioiiuairo de S'-l'étersbourg. Mais
Analyse des noms de nombre ordiniiux on -mo. 31
minent par une nanale. Ou bien il y a la un jeu .singulier du hasard, ou bien Ja nasale des cardinaux et celle des oi'dinaux sont en rivalité une seule et mûme chose; en d'autres termes, pour autant qu'on a le droit de re- garder les premiers comme bases des seconds, le suffixe dérivatif des ordi- naux est -a, non pas -ma ^
La nasale latente de saptà, identique à celle qui apparaît dans sapinnul, est donc un m. Même conclusion, en ce qui concerne as/ti, tuica, dard.
Nous revenons au nom de nombre ciiui- Bopp (Gr. Comp. Il \t. 225 seq. de la trad. française) fait remarquer l'absence de la nasale finale dans les langues européennes ^, ainsi que l'f du grec nîvxa en regard de l'a de îTTta, èvvéa, ôékcc «conservé par la nasale.^) — <''De tous ces faits, dit-il, «on est tenté de conclure que la nasale finale de inlncan, en sanskrit et «en zend, est une addition de date postérieure.» C'est trop encore (jue de la laisser aux langues ariennes: en effet, le gén. skr. pancunavi (zd. pancanàm) serait tout à fait irrégulier s'il dérivait d'un thème en -an; il est simplement emprunté aux thèmes en -o*. Les composés artificiels tels que xyriyapancunas (Benfey, VoUst. Gr. § 767) n'ont aucune valeur lin- guistique, et les formes imncdblm, -hliyas, -su ne prouvent rien ni dans un sens ni dans l'autre *. Ainsi rien ne fait supposer l'existence d'une nasale.
pourquoi, dans ce cas, cette forme se perpétue-t-elle dans le sanskrit clas- sique? On est donc bien autorisé à admettre une forme à nasale, qui peut- être avait une fonction spéciale dans l'origine. — Pour ce qui est de la forme aJdau, assurée par le goth. aJitau, nous nous bornons à relever dans la formation de son ordinal (gr. ■''oySoJ-o- ou *èydJ^-o-, lat. octâv-o-) le même mode de dérivation au moyen d'un suff. -a que dans astam-â, sctptam-d etc. (v. la suite du texte).
1. Quant à savoir si, en tout dernier ressort, on ne trouverait pas telle ou telle parenté entre le -ma du superlatif et le -m-a des adjectifs ordi- naux, de façon par exemple que déjà dans la période proethnique, la ter- minaison ma de ces derniers aurait produit l'impression du superlatif et aurait été étendue de là à d'autres thèmes pour les élever à cette fonction, ce sont des questions que nous n'avons pas à examiner ici.
2. Le gothique /??«/' ferait «funfun» s'il avait eu la nasale finale.
3. Le point de départ de tous ces génitifs de noms de nombre en -miâm paraît être trayûmm, lequel dérive de trayd-, et non de tri-. L'ac- centuation s'est dirigée sur celle des autres noms de nombre. Le zend &rayàm qui permet de supposer *&rayanàm (cf. vehrkàm , vchrhoiàm), at- teste l'ancienneté de ce génitif anormal.
4. Ces mêmes formes dont le témoignage est nul dans la question de savoir si le nom de nombre cinq a ou non une nasale finale, ne pèsent naturellement pas davantage dans la balance, lorsqu'il s'agit de savoir si la nasale de ndrn, ddça etc. — dont l'existence n'est i)as douteuse — est un n ou un m.
\
32 Analyse des noms de nombre ordinaux en -ma.
Les adjectifs ordinaux de ce nombre sont :
gr. nsfintog, lat. quin{c)tiis, (goth. fimfta), lith. phiktas, paléosl. petu, zd. pxi%8a, skr. véd. pancathà.
Le nombre cardinal n'ayant pas la nasale finale, ces formations sont conformes à la règle établie plus haut. Si, à côté de pancatlià, le sanskrit — mais le sanskrit seul ^ nous montre déjà dans le Yéda la forme pancamd, c'est que, pour nous servir de la formule commode de M. Havet, étant domiés ji;d>îért et le couple saptd-saptamd , ou bien dâoa- daçamd etc. , l'Hindou en tira tout naturellement la qiiatrième proportion- nelle: pancamd *.
M. Ascoli, dans son explication du suffixe grec -rctro, prend pour point de déjjart les adjectifs ordinaux tvccrog et ôtiiatog. Notre thèse ne nous force point à abandonner la théorie de M. Ascoli; il suffit d'ajouter une phase à l'évolution qu'il a décrite et de dire que tvaroç, dsKccrog sont eux-mêmes formés sur sol grec à l'image de Tçhog, réraçtog, nèfinrog,
fXTOS ^.
La valeur phonétique primitive de la terminaison -ama des formes sanskrites, et de ce qui lui correspond dans les autres langues, est exa- minée aillem's.
Il n'était pas inutile pour la suite de cette étude d'accentuer le fait, assez généralement reconnu, que la nasale finale des noms de nombre est un m, non 2)as un n. La valeur morphologique de cet m nest du reste pas connue, et en le plaçant provisoirement sous la rubrique syllabes siiffixales nous n'entendons en aucune manière tranclier cette obscure question.
Outre la flexion proprement dite, deux opérations gramma- ticales peuvent faire subir aux suffixes des variations qui en- gendreront la nasale — ou la liquide — sonante, savoir la com- position et la dérivation. Ce sont elles que nous étudierons maintenant '.
C'est une loi constante à l'origine, que les suffixes qui ex- pulsent leur a devant certaines désinences prennent aussi cette
1. On trouve inversement saptâtha, zd. Iiapta^a, à côté de saptamd. En présence de l'accord à peu près unanime des langues congénères, y compris le grec qui a cependant une préférence bien marquée pour le suff. -zo, on ne prétendra point que c'est là la forme la plus ancienne.
2. Nous n'avons malheureusement pas réussi à nous procurer un autre travail de M. Ascoli qui a plus directement rapport aux noms de nombre, intitulé: JH un gruppo di dcsinenze Jndo-Europce.
3. Le nombre des liquides sonautes dues à la même origine étant très- minime, nous n'avons fait qu'effleurer ce sujet à la page 18.
Nasales sonantcH des tlirmos composoH. 33
("orme réduite, lorsque le thème auquel ils a])|tiirti('inieiit devient le premier meiiil)r(' d'iiii eom])Osé. linip;niiiii K. /. XXIV \(K Cf. |)lu.s liiuit [). IS.
Le second membre du composé commencc-t-il p:ir une eon- Konne, on verra naître la soiuinte à la fin du ])reini(n'. Les la)e_!;iies ariennes sont toujours restées lldèles à cette antique formation:
skr. nûma-dhéya (== nïimn-dhcya) Cette forme en -a qui ne se justifie que devant les consonnes s'est ensuite généralisée de la même manière qu'au nomin.-acc. neutre: on a donc en sanskrit riamr<«Aa au lieu de '^namnanlo. arnuisyù de ariixm «rocher» et âsyà «bouche» est un exemple védique de cette formation secondaire; c'est aussi le seul qui se trouve dans le dictionnaire du Rig-Véda de Grassmann^ et l'on a simultané- ment une quantité de composés dont le premier membre est vrsan et qui offrent les restes du procédé ancien: vrsan composé avec âçva par exemple, donne, non pas vrsûrva, mais vrsamçvâ, ce qu'il faut traduire: vrsn-n-acm. D'après l'analogie des thèmes en -r {pitrartha de pitar et'artha), on attendrait *vrsnciçvâ; et nous retrouvons ici Talternati-ve formulée plus haut dans stâmn api, stdmn api. Peut-être que dans la composition il faut comme dans la phrase s'en tenir à la seconde formule, et que pitrartha doit en fait d'ancienneté céder le pas à vrsanaçva.
Dans les composés grecs dont le premier membre est mi neutre en -^a, ovo^a-xXvrôg par exemple, on peut avec M. Brug- man (Stud. IX 376) recomiaître un dernier vestige de la forma- tion primitive, à laquelle s'est substitué dans tous les autres cas le type âQQev-o-yovog. Cf. p. 34 aiiai, et aTtXôog.
DÉRIVATION. Il va sans dire qu'ici comme partout ailleurs la sonante ne représente qu'un cas particulier d'un phénomène général d'affaiblissement; qu'elle n'apparaîtra que si l'élément dérivatif commence par une consonne. Voyons d'abord quelques exemples du cas inverse, où le suffixe secondaire commence par une voyelle. Déjà dans le premier volume du Journal de Kuhn (p. 300), Ebel mettait en parallèle la syncope de V(( aux cas fai- bles du skr.râgan (gén.ragnas) et la formation de lC^v-i], noCy^v-t],
1. Ajouter cependant les composés des noms de nombre, tels que saptâçva, ddçâritra. Leur cas est un peu différent.
3
3-4: Nasales souantes produites dans la dérivation. .
dérivés de Xi^rjv, noi^r'jv. M. Brugmau (Stud. IX 387 seq.) a réuui un certain nombre d'échantillons de ce genre qui se rap- portent aux thèmes en -ar^ et parmi lesquels on remarquera sur- tout lat. -sobrlnns = * -sosr-lnus, de soror. Cf. loc. cit. p. 256, ce qui est dit sur v{iv-o-s, considéré comme un dérivé de vfi^v. L'élément dérivatif commence par une consonne: Le suffixe -nian augmenté de -ta devient -mnta. Un exemple connu est: skr. çrâ-mata = v. haut-ail. Idiu-munt. Le latin mon- tre, régulièrement, -menio: cognomentum, tegmentum etc.
Un suffixe secondaire -hha qui s'ajoute de préférence aux thèmes en -an sert à former certains noms d'animaux. Sa fonction se borne à individualiser , suivant l'expression consacrée par M. Curtius. Ainsi le thème c^ui est en zend«>s/<(/« «mâle» n'apparaît en sanskrit que sous la forme amplifiée rsa-hhâ (= rsn-hha) «taureau». De même: vrsan, vrsa-hhâ. A l'un ou à l'autre de ces deux thèmes se raj^porte le grec EiQag)-ic6trjg, éol. 'EQQacp-sdrrjg, surnom de Bacchus \ v. Curtius Grdz. 344.
Le grec possède comme le sanskrit un assez grand nombre de ces thèmes en -n-hha, parmi lescpiels ël-acpo-g est particulière- ment intéressant, le slave j-clen-i nous ayant conservé le thème en -en dont il est dérivé. M. Curtius ramène èklôg «faon» à *éA- v-ô-ç] ce serait une autre amplification du même thème el-e^i.
Les mots latins columha, x>aluml}cs, appartiennent, semble- t-il, à la même formation; mais on attendrait -emha, non -untha.
Le skr. yiivan «jeune», continué par le suft'. -ra^ donne yuvarà. A qui serait tenté de dire que «la nasale est tombée», il suffirait de rappeler le lat. jiiven-cu-s. Le thème jjrimitif est donc bien yau'n-l\(î. Le goth. juggs semble être sorti de *jivuggs, ^jivggs; cf. ninn pour *)iivun.
Skr. pârvata «montagne» paraît être une amplification de pârvan «articulation, séjjaration». On en rapproche le nom de pays IJaQQaaîa, v. Vanicek Gr.-Lat. Et. W. 523.
Le thèiue grec bv- «un», plus anciennement *(JfjU.-, donne a-nai, et u-TcXôog qui sont pour '■'0}H7Ca^j '^'cniTtkoog. La même
1. L'f initial n'est probablement qu'une altération éolo-ionienne (cf. l'çarjv) de l'a que doit faire attendre le r do la forme sanskrite.
Nasales sonantes produites clans la dérivation. 35
forme sm- se retrouve dans le lat. sim-plcx =^ '^seni-j^lex et dans l'indien sa-hH.
Dans le Véda, les adjectifs en -vant tirés de thèmes en -an, conservent souvent Vn final de ces thèmes devant le r: ômanvanl, vrsdnvant etc. Cela ne doit pas empêcher d'y reconnaître la na- sale sonante, car devant y et iv, soit en grec soit en sanskrit, c'est an et non pas a qui en est le représentant régulier', ("est ce que nous aurions pu constater déjà à propos du participe parf. actif, à la page 22 où nous citions sasavân. Cette forme est seule de son espèce, les autres participes comme (ja(jhanvân, vavanvdn, montrant tous la nasale, sasavan lui-même répugne au mètre en plusieurs endroits; (Jrassmann et M. Delbriick proposent sasan- van^. C'est en effet -anvân qu'on doit attendre comme continua- tion de -mvàn , et -mvdn est la seule forme qu'on puisse justifier morphologiquement: cf. rîiçvJcvân, caJîrvàn. Le zend gaym-âo est identique à (jnyJianvàn.
La formation des féminins en -l constitue un chapitre spé- cial de la dérivation. Relevons seulement ceux que donnent les thèmes en -vant dont il vient d'être question: nr-vâtï, re-vâtï etc. Le grec répond par -fs66a et non *-fK66a comme on attendrait. Homère emploie certains adjectifs en -J^sls au féminin: èg IIvlov '^^ad'osvra, mais il ne s'en suit pourtant point que le fém. -J^eGGa soit tout moderne: cela est d'autant moins probable qu'un j)rimitif -fsvtya est impossible: il eût donné -feiGa. Mais l'absence de la nasale s'explique par le *-fa<56a supposé, qui a remplacé son a par £ et qui, à part cela, est resté tel quel, se bornant à imiter le vocalisme du masculin.
Nous arrivons aux nasales sonantes des syllabes désiuen- tielles, et par là au second mode de formation de ces phonèmes (v. page 19), celui où r«, au lieu d'être expulsé comme dans les
1. Cette évolution de la nasale sonante ne doit pas être mise en paral- lèle avec les phonèmes ir et ur, p. ex. dans titirvun, jno'yâte, ou du moins seulement avec certaines précautions dont IV-xposé demanderait une longue digression. L'existence du r dans caîcrvdn, gagrvdn, paprvàn etc., suffit à faire toucher au doigt la disparité des deux phénomènes.
2. On pourrait aussi conjecturer sascanin; cf. iûtd, sayâte.
36 Nasales sonantes des désinences.
cas précédents^ n'a existé à aiicime époque. Il sera indispensable de tenir compte dun facteur important, l'accentuation du mot, dont nous avons préféré faire abstraction jusqu'ici, et cela prin- cii^alement pour la raison suivante, c'est que la formation des nasales — et liquides — sonantes de la première espèce, coïnci- dant presque toujours avec un éloignement de la tonique, l'histoire de leurs transformations postérieures est de ce fait même à l'abri de ses influences.
Au contraire, la formation des nasales sonantes de la se- conde espèce est évidemment tout à fait indépendante de l'accent ; il pourra donc leur arriver de supporter cet accent, et dans ce cas le traitement qu'elles subiront s'en ressentira souvent.
Nous serons aussi bref que possible, ayant peu de chose à ajouter à l'exposé de M. Brugman.
Pour les langues ariennes, la règle est que la nasale sonante portant le ton se développe en an et non pas en a.
DÉSINENCE -NTI DE LA 3® PERSONNE DU PLURIEL. Cette désinence, ajoutée à des thèmes verbaux consonantiques, domie lieu à la nasale sonante. La plupart du temps cette sonante est frappée de l'accent, et se développe alors en an:
2® classe: lïJi-ânti = lih-nti 7® cl.: ynng-ânti = yung-nti
Dans la 3'' classe verbale, la 3® pers. du pluriel de l'actif a la particularité de rejeter l'accent sur la syllabe de redouble- ment; aussi la nasale de la désinence s'évanouit: pî-pr-ati = pi- pr-nti. Il en est de même pour certains verbes de la 2® classe qui ont l'accentuation des verbes redoublés, ainsi râs-ati de cas « com- mander >.
En ce qui concerne dâdhati et dâcJati, il n'est pas douteux que l'a des racines âhâ et dd n'ait été élidé devant le suffixe, puisqu'au présent de -ces verbes Y a n'est conservé devant aucnnc désinence du pluriel ou du duel: da-dh-màs, da-d-mâs etc. La chose serait jjIus discutable pour la 3® pers. du \A. gâhati d'un verbe comme hd dont la 1° pers. du pi. fait ga-lû-niâs, où par con- séquent l'a persiste, du moins devant les désinences commençant par une consonne. Néanmoins, même dans un cas pareil, toutes les analogies autorisent à admettre l'élision de l'a radical; nous nous bornons ici à rappeler la 3" pers. pi. du parf. pa-p-iis de pd, ya-y-xîs de yd, etc. L'a radical i)orsistant, il n'y aurait jamais eu
Nasales sonantcs des déHinences. 37
de nasale sonante et Vn se serait conservé dans <<f/d-ha-ntif>, aussi bien qu'il s'est conservé dans hhârd-nti — Ceci nous amène à la forrae correspondante de la 0" classe: imnânti Ici aussi nous diviserons: pu-n-ànti = pu-n-nti, plutôt que d'attribuer Va au thème; seulement la nasale est restée, grâce à l'accent, absolu- ment comme dans lihànti ^
La désinence -ntu de l'impératif passe par les mêmes péri- péties que -nti.
La désinence -nt de l'imparfait apparaît, après les thèmes consonantiques, sous la forme -an pour -ant. Cette désinence recevant l'accent — ex. vr-dn de var — , elle n'a rien que de ré- gulier.
La désinence du moyen -ntai devient invariablement -ate en sanskrit, lorsqu'elle s'ajoute à un thème consonantique. C'est que, primitivement, la tonique ne frappait jamais la syllabe for- mée par la nasale, ce dont témoignent encore les formes védiques telles que rihaté, angaté. Brugman Stud. IX 294.
Au sujet de l'imparfait lihàta, l'accentuation indo-européenne righntâ ne peut faire l'objet d'aucun doute, dès l'instant où l'on admet righntâi {rihaté). Quant à l'explication de la forme in- dienne, on peut faire deux hypothèses: ou bien le ton s'est dé- placé dans une période relativement récente, comme pour le pré- sent (véd. rihaté, class. lihâté). Ou bien ce déplacement de l'accent remonte à une époque plus reculée (bien que déjà exclusivement arienne) où la nasale sonante existait encore, et c'est ce que sug- gère le védique h'ânta (Delbrûck A. Verb. 74) comparé à àkrata. On dirait, à voir ces deux formes, que la désinence -ata n'appar- tient en réalité qu'aux formes pourvues de l'augment^ et que dans toutes les autres la nasale sonante accentuée a dû devenir an, d'où la désinence -anta. Plus tard -ata aurait gagné du ter- rain, et krtmta seul aurait subsisté comme dernier témoin du dualisme perdu. Cette seconde hypothèse serait superflue, si
1. S'il y a un argument à tirer de l'imparfait apiiuata, il est en faveur de notre analyse.
2. Il est certain que l'accentuation de ces formes a été presque par- tout sans influence sur le vocalisme, et qu'il faut toujours partir de la forme sans augment. Mais cela n'est pas vrai nécessairement au-delà de la période proethnique.
7^^330
38 • Nasales sonantes des désinences.
h'ânta était une formation d'analogiej comme ou u'en peut guère douter pour les formes que cite Bopp (Kr. Gram. d. Skr. Spr. § 21'è)'. prayunganta etc. Cf. plus haut p. 10.
Paeticipe présent en -NT. Le participe présent d'une racine comme vaç «vouloir» (2® classe) fait au nom. pi. uçântas, au gén. sg. tiratâs. Dans les deux formes il y a nasale sonante; seulement cette sonante se traduit^ suivant l'accent, par an ou par a. Au contraire dans le couple tudântas, tudatds, de tnd (6° classe), la seconde forme seulement contient une nasale so- nante, et encore n'est-elle point produite de la même manière cjne dans uçatâs: *tî(dntâs [tudotàs) vient du thème tuda.^nt- et a perdu un a, comme *tn-tâ {tatâ) formé sur fan; tandis que *uçiitâs (uçatâs) vient du thème uçnt- et n'a jamais eu ni perdu d'à. — Certaines questions difficiles se rattachant aux différents parti- cijjes en -7tt trouveront mention au chapitre VI.
Jusqu'ici l'existence de la nasale sonante dans les désinences verbales en -nti etc., n'est assurée en réalité que par l'absence de n dans les formes du moyen et autres, dans rihaté yar exemple. Les langues d'Europe avec leur vocalisme varié apportent des témoignages plus positifs.
Les verbes slaves qui se conjuguent sans voyelle thématique ont -eti à la 3® pers. du plur.: jadett, vèdetï, dadeti; cf. nesati. De même les deux aoristes en -s font nesc, nesose, tandis que l'aoriste à voyelle thématique fait nesq.
Le grec montre, après les thèmes consonantiques , les dési- nences suivantes: à l'actif, -avn (-âai), -àti (-aai); au moyen, -«Tftt, -aro \ Les deux dernières formes n'offrent pas de difficulté; il s'agit seulement de savoir pourquoi l'actif a tantôt -art, tantôt -avTi. La désinence -art n'apparaît qu'au parfait: è&côxaTi, ns- cpYlvàGt, mais le même temps montre aussi -avrc {-ûOl): ysyçâ- (pâ6L etc. Le présent n'a que -avxi. M. Brugman attribue à l'in- fiuence de l'accent la conservation de n au présent: èâGi = sânti. En ce qui concerne le parfait, il voit dans -art la forme régulière'': -avn y a pénétré par l'analogie du présent ou plus probablement par celle de parfaits de racines en a comme iôTa-vxL, ré&vcc-i'ri.
1. Hcsychius a cependant une forme tàavccvrai.
2. Ici il faut se souveuir que l'auteur regarde à bon droit le parfait grec comme dénué de voyelle thématique; Va n'appartient i)a8 au thème.
Nasales Bonantcs dc8 dc!^illCllces. 39
— C!o qui est dit sur l'accent ne satisfait pas entièrement, car, ou l)ien il s'agit de l'accentuation (jue nous trouvons en grec, et alors è'avxL id^caxatt se trouvent tous deux dans les mêmes con- ditions, ou bien il s'agit du ton primitif ])0ur lequel celui du san- skrit peut servir de norme, et ici encore nous trouvons parité de conditions: sdnti, tntudiis. L'hypothèse tiihulati ou tutudati, comme forme jdus ancienne de tutndtis (p. 320) est sans fondement solide. L'action de l'accent sur le développement de la nasale sonante en grec demeure donc envelo})])é de bien des doutes \
A la 3® pers. du plur. è'Xvdav, -av est désinence-, le thème est Xv6^ ainsi que le montre M. Brugnian (p. 311 seq.). L'optatif kvôeiav est obscur. Quant à la forme arcadienne a:;rortVo/. a v, rien n'empêche d'y voir la continuation de -nt, et c'est au contraire la forme ordinaire tlvolsv qu'on ne s'explique pas. Elle peut être venue des optatifs en irj , comme ôot'tjv, 3^ pi. ôotav.
Parmi les participes, tous ceux de l'aoriste en o contiennent la nasale sonante: kv6-avr. Au présent il faut citer le dor. è'aaau (Ahrens II 324) et ytna^d (JxovGa, Hes.) que M. Mor. Schmidt change à bon droit en yfnàôa. Toute remarque sur une de ces deux formes ferait naître à l'instant ime légion de questions si épineuses que nous ferons infiniment mieux de nous taire.
DÉSINENCE -NS DE l'accusatif PLURIEL. L'arien montre après les thèmes consouantiques: -as: skr. aihâs, ce qui serait régulier, n'était l'accent qui frappe la désinence et qui fait atten- dre *-rm = *-âm. M. Brugman a développé au long l'opinion que cette forme de la flexion a subi dans l'arien une perturbation ;
1. La question est inextricable. Est-on certain que les formes du pré- sent n'ont pas, elles aussi, cédé à quelque analogie? Au parfait, on n'est pas d'accord sur la désinence primitive de la 3" pers. du pluriel. Puis il faudrait être au clair sur l'élision de Va final des racines, devant les dési- nences commençant par une sonante: lequel est le plus ancien de xi9^£-vxi ou de gàhati=g(ih-nti7 Plusieurs indices, dans le grec même, parleraient pour la seconde alternative (ainsi Ti&éaat, arcad. ânvdôag seraient un vestige de *zi&avri — ou *ri&Kti'^ — , ^ànoôccg; la brève de yvovg, iyvov s'expliquerait d'une manière analogue). Enfin les formes étonnantes de la 3^ p. pi. de la rac. as «être» ne contribuent pas, loin de là, à éclaircir la quebtion, et pour brocher sur le tout, on peut se demander, comme nous le ferons plus loin, si la 3*" pers. du plur. indo-européenne n'était pas une forme à syllabe radicale forte, portant le ton sur la racine.
40 Xasales sonantes des désinences.
que primitivemeut l'accusatif pluriel a été uii cas fort, comme il l'est souvent en zend et presque toujours dans les langues euro- péennes, et que l'accent reposait en conséquence sur la partie thématique du mot. Nous ne pouvons que nous ranger à sou avis. — La substitution de Va à la nasale souante précède ce bouleversement de l'accusatif pluriel ; de là l'absence de nasale.
Le grec a régulièrement -ag: Tcôô-ccg, cf. ÏTCJtovg. Les formes Cretoises comme (poivî^-avg ne sont dues qu'à l'analogie de tcqei- ysvrâ-vg etc. Brugman loc. cit. p. 299. — Le lat. -es peut descen- dre eu ligne directe de -ns, -eus; l'ombr. nerf = "^-iienis. — L'ace, goth. hro^runs est peut-être, malgré son antiquité apparente, formé secondairement sur 'brojjrum, comme le nom. hrofirjus. Cf. p. 47.
DÉSINENCE -M. {Accusatif singulier et T pers. du sing.) L'ace, sing. pàdam et la 1^ pers. de l'imparf. àsam (rac. as) se décom- posent en pad -\- m, as -\- m.
D'où vient que nous ne trouvions pas <(pâda, asa», comme plus haut nâma, dciça? La première explication à laquelle on a recours est infailli- blement celle-ci: la différence des traitements tient à la différence des nasales: pddam et âsam se terminent par un vi, nâma et ddça par un n. C'est pour x^révenir d'avance et définitivement cette solution erronée, que nous nous sommes attaché (p. 29 seq.) à établir que la nasale de ddça ne peut être que la nasale labiale; il faut donc chercher une autre réponse au problème. Voici celle de M. Brugman (loc. cit. p. 470): «laissée à elle- «même, la langue semble avoir incliné à rejeter la nasale, et dans dura «elle a donné libre cours à ce penchant, mais \'m dans pddam était tenu «en bride par celui de âçva-m, et dans dsam par celui de dbhara-m.:» Ceci tendrait à admettre une action possible de l'analogie sur le cours des transformations phonétiques , qu'on regarde d'ordinaire comme étant tou- jours purement mécaniques; principe qui n'a rien d'inadmissible en lui- même, mais qui demanderait encore à être éprouvé. Si nous consultons les langues congénères , le slave nous montre l'ace, sing. matere ' = skr. mâtdram, mais ime = skr. nâma; le gothique a l'ace, sing. fadar = skr. pitâram, mais taihun == skr. ddça. Ceci nous avertit, je crois, d'une diffé- rence primordiale. Plus haut nous avons admis qu'un mot indo-curoi)éen stàvin (skr. sthnma) restait toujoui's disyllabique, que, suivi d'une voyelle.
1. M. Scholvin dans son travail THe declination in den pannon.-slovcn. dcnJcmdîern des Kirchensl. (Archiv f. Slav. Philol. II 523), dit que la syn- taxe slave ne permet pas de décider avec sûreté si matere est autre chose qu'un génitif, concède cependant qu'il y a toute probabilité pour que cette forme soit réellement sortie do l'ancien accusatif.
Naaalcs aonautcH iIch désinences. 41
il ne devenait point stâimt^. On peut se représenter au contraire que l'ace. jxdarvi faisait i)atarin api, et admettre même que patarm restait disylla- bique devant les consonnes : patarm tasya ''. Sans doute on no doit pas vouloir poser de règle parfaitement fixe, et la consonne finale du thème amenait nécessairement des variations; dans les accusatifs comme hhn- rantm, une prononciation disyllabique est impossible devant les consonnes. Mais nous possédons encore les indices positifs d'un effort énergique de la langue tendant à ce que l'w de l'accusatif ne formât pas une syllabe: ce sont les formes comme skr. ukim, zd. ushàm = *u><dsm, pûnthum, zd. pan- lâm = *pdnthamn'-', et une foule d'autres que M. Brugman a traitées Stud. 307 seq. K. Z. XXIV 25 seq. Certains cas comme Zrjv = dyâm, ^àv = gdm, semblent remonter plus haut encore. l)e môme, dans le verbe, on a la l'*^ pers. vain = *varvi (Delbriick, A. Verb. p. 24). Si cette prononcia- tion s'est perpétuée jusqu'après la substitution de l'a à la nasale sonante, on conçoit que Vm à.& patarm et asm, ait été sauvé et se soit ensuite dé- veloppé en -ain par svarabhakti. — Le goth. fadar pour *fudar)n a perdu la consonne finale, tandis que *tehm se développait eu taihun. En ce qui con- cerne la première persomae du verbe, M.Paul a ramené le subjonctif &«ira«< à *bairaj-u = skr. hhdrey-^alm ; si cet -u ne s'accorde guère avec la dispari- tion totale de la désinence dans fadar, il laisse subsister du moins la différence avec les noms de nombre, qui ont -un. M. Brugman a indiqué (p. 470) une possibilité suivant laquelle l'ace, timpu appartiendrait à un thème tunp-; l'accord avec hairau serait alors rétabli; mais pourquoi fadar et non «fadaru»? Doit-on admettre une assimilation de l'accusatif au nominatif? — Le slave *materem, matere doit s'être développé sur *materm encore avant l'entrée en vigueur de la loi qui a frappé les con- sonnes finales. La première personne des aoristes non-thématiques ncsu, ncsocJiu n'est plus une forme pure: elle a suivi l'analogie de l'aoriste thé- matique. Du côté opposé nous trouvons mhc pour imn. — Nous aurions dû faire remarquer plus haut déjà que la règle établie par M. Leskien suivant laquelle un « final contient toujours un ancien a long n'entraîne pas d'im- possibilité à ce que c dans les mûmes conditions continue une nasale so- nante; car ce dernier phonème a pu avoir une action toute spéciale (cf.
1. Pour les neutres en -man qui sont dérivés d'une racine terminée par une consonne, c'est la seule supposition possible, attendu que n se trou- vait alors précédé de deux consonnes {vahiin, sadmn) et que dans ces con- ditions il était presque toujours forcé de faire syllabe même devant une voyelle. — Pour ce qui est des noms de nombre on remarquera que le dissyllabisme de saptm est prouvé par l'accent concordant du skr. saptd, du gr. snxâ et du goth. sibun, lequel frappe la nasale.
2. Cf. la prononciation de mots allemands comme hann, Idrm.
3. Ces formes, pour le dire en passant, sont naturellement impor- tantes pour la thèse plus générale que la désinence de l'accus. des thèmes consonan tiques est -m et non -am.
42 Avantages de la théorie des liquides et nasales sonantes.
goth. taiJtun etc. où il a conservé la nasale contre la règle générale), et l'e ne termine le mot que dans ce cas-là. — En grec et en latin les deux finales se sont confondues dans un même traitement.
Meutioimons encore la 1*^ pers. du parf. skr. véd-a, gr. oJd-a. Aux yeux de M. Brugman la désinence primitive est -m. Dans ce cas, dit M. Sievers, le germ. vait est parti de la 3® personne, car le descendant normal de vaidm serait «vaitnn».
En résumé, la somme de faits dont il a été question dans ce chapitre et dont nous devons la découverte à MM. Brugman et Ostlioff^ est extrêmement digne d'attention. Ces faits trouvent leur explication dans l'hypothèse des mêmes savants de liquides et de nasales sonantes proethniques, que nous regardons à l'ave- nir comme parfaitement assurée. — Résumons les arguments les plus saillants qui parlent en sa faveur:
1. Pour ce qui est des liquides, quiconque ne va pas jusqu'à nier le lien commun que les faits énumérés ont entre eux, devra reconnaître aussi que l'hypothèse d'un r voyelle est celle qui en rend compte de la manière la plus simple, celle qui se présente le plus naturellement à l'esprit, puisque ce phonème existe, puis- qu'on le trouve à cette place dans une des langues de la famille, le sanskrit. — Dès lors il y a une forte présomption pour que les nasales aient pu fouctiomier de la même manière.
2. Certaines variations du vocalisme au sein d'une même racine qui s'observent dans plusieurs langues concordamment, s'expliquent par cette hypothèse.
3. L'identité théorique des deux espèces de nasales sonantes — celles qui doivent se produire par la chute d'un a (roiTo'g) et celles qu'on doit attendre de l'adjonction à un thème consonan- tique d'une désinence commençant par une nasale (^'arat) — est vérifiée par les faits phonétiques.
4. Du même coup les dites désinences se trouvent ramenées à une unité: il n'est plus nécessaire d'admettre les doublets: -anti, -nti; -ans, -ns, etc.
1. L'hypothèse des liquides sonantes indo-européennes a été faite il y a deux ans par M. Osthofi", Bcitriiffc de Paul et liraunc 111 52, 61. La loi de corrcsjiondancc plus générale qu'il établissait à été communiquée avec son autorisation dans les Mémoires de la Soc. de Ling. 111 282 soq. Mallitu- reuHcmcnt ce savant n'a doiuié nulle piirt de monographie complète du sujet.
Objections. 43
5. L'idée qu'on avait, que les uasaleH ont, jtii claiiH certains cas être rejetées dès la période proetlinique conduit toujours, si l'on regarde les choses de près, à des conséquences contradictoi- res. La théorie de la nasale sonante supprime ces difficultés en })0sant en principe que dans la langue mère aucune nasale n'a été rejetée.
En fait d'objections, on pourrait songer à attaquer la théorie précisément sur ce dernier terrain, et soutenir la possibilité du rejet des nasales en se basant sur le suffixe sanskrit -vams (pii fait -us aux cas très-faibles; le grec -vtcc = -uH prouve que cette dernière forme est déjà proethnique. Dans l'hypothèse de la na- sale sonante la forme la plus faible n'aurait jamais pu donner que -vas = -tons. Mais il est hautement probable, comme l'a fait voir M. Brugman K. Z. XXIV G9 seq. que la forme première du suffixe est -was, qu'il n'a été infecté de la nasale aux cas forts que dans le rameau indien de nos langues, et cela par voie d'ana- logie'.
M. Joli. Schmidt, tout en adhérant en général à la théorie de M. Brugman dans la recension qu'il en a faite Jenaer Literaturz. 1877 p. 735, préférerait remplacer la nasale sonante par une nasale précédée d'une voyelle irratioinielle : ds"ntaî = ïjccxca. Il ajoute: «si l'on voulait en se fondant sur liksiiâs, ramener ulisâ- «hhis à nVsnbliîs, il faudrait aussi pour être conséquent, faire sortir «çvâbhis, pratyâghhis de *runbhîs, *2)ratï(/l)his.» L'argument est des mieux choisis, mais on ne doit pas perdre de vue le fait sui- vant, c'est que les groupes i -f- n, u -\- n, ou bien i -j- r, îi -\- r peuvent toujours se combiner de deux manières différentes, sui- vant qu'on met l'accent syllabique sur le premier élément ou sur le second — ce qui ne change absolument rien à leur nature. On obtient ainsi: in ou yn (plus exactement m), un ou îun{ijn) etc. Or l'observation montre que la langue se décide pour la première ou pour la seconde alternative, suivant que le groupe est suivi
1. On peut faire valoir entre autres en faveur de cette thèse le mot anaflvah, nomin. anadvân qui vient de la racine vah ou de la racine racUi: on n'a jamais connu de nasale à aucune des deux. Puis le mot pûman dont rinstr. pumsa ne s'explique qu'en partant d'un thème j^umas sans nasale. II est vrai que ce dernier point n'est tout à fait incontestable que pour qui admet déjà la nasale sonante.
44 Objections. — Données chronologiques.
d'ime voyelle ou tVime cousoime: çu -{- n -{- as devient çunas, non Ç'im(n)as; çu -\- n -{- hJiis devient çivnhhis (= çvabhis), non çimhhis. Les liquides attestent très -clairement cette règle: la racine ivar, privée de son a, deviendra ur devant le sufif. -ic uni, mais îvr devant le suff. -ta: vrta^.
On pourrait encore objecter que nJihihJiis est une reconstruc- tion inutile puisque dans âhanibhis de dhanin où il n'est pas question de nasale sonante nous remarquons la même absence de nasale que dans uMàbliis. Mais les thèmes en -in sont des for- mations obscures, probablement assez récentes, qui devaient céder facilement à l'analogie des thèmes en -an. On peut citer à ce propos la forme maghohu de maghâvan assurée par le mètre R. V. X 94, 14 dans un hymne dont la prosodie est, il est vrai, assez singulière. Des cas très-faibles comme maghénas on avait abstrait im thème maghon- : de ce thème on tira, ni aghésu, comme de îiksan uksâsu.
La chronologie de la nasale sonante est assez claire pour les langues asiatiques où elle devait être remplacée dès la période indo-iranieime par mie voyelle voisine de \a, mais qui pouvait en être encore distincte. Pour le cas où la nasale sonante suivie d'une semi-voyelle apparaît en sanskrit sous la forme an (p. 35), le zend gaynvao = gaghanvàn prouve qu'à l'époque arieime il n'y avait devant la nasale qu'une voyelle irratioimelle^.
1. Les combinaisons de deux sonantes donnent du reste naissance à une quantité de questions qui demanderaient une patiente investigation et qu'on ne doit pas espérer de résoudre d'emblée. C'est pourquoi nous avons omis de mentionner plus haut les formes comme cinvânti, dsinvvaat (cf. Ô£LKvvai); cinvdnt, cf. deiKvvg. La règle qui vieut d'être posée semble cependant se vérifier presque partout dans raricii, et probablement aussi dans l'indo-européen. Certaines exceptions comme purun (et non <(.pur- vas») = puru -\- ns, pourront s'expliquer par des considérations spéciales: l'accent de j^wn*. repose sur Vu final et ne passe point sur les désinences casuelles — le gén. pi. purundm à côté de purunûm a un caractère ré- cent — ; Vu est par conséquent forcé de l'ester voyelle: dès lors la nasale sera consonne, et la forme '*purûns se détermine. Les barytons en -u auront ensuite suivi cette analogie.
2. Si le skr. amâ «domi> pouvait se Comparer au zd. nmâna «de- meure», on aurait un exemiile de a ==• n produit dans l;i, période indienne. Mais le dialecte <lcs Gâthâs a demûna (Spiegel Gramm. der Ab. Spr. )). ;M6), et cette forme est iieut-étrc ^ilus ancienne?
Ph(^nomùnoH aiiaptyctiqnos ])OHt<Ji-iours. 40
Les iiidicoH qnv. foiiniissont l(;s lanj^'iics cla.ssifjiios, ceux du moins que j ai aperçons, sont tro]) pou décisifs pour ({vi'il vaille la peine de les communiquer. Dans les langues germaniques, M. Hievers {lintriigc de P. d B. V 119) montre que la naissance de Vu devant les sonantes r, l, m, w,»', date de la période de leur unité et ne se continue point après la fin de cette ])ériode. Ainsi le gotli. sitls, c'est-à-dire sitls, qui, ainsi que l'a ])rouvé l'auteur, était encore ''^'setîns à l'éjxxpu' d<' l'unité germanique, n'est point devenu «situls».
§ 3. Complément aux paragraphes précédents.
11 faut distinguer des anciennes liquides et nasales sonantes différents phénomènes de svarabhakti plus récents qui ont avec elles une certaine ressemblance.
C'est ainsi qu'en grec le groupe consonne -\- nasale -\- y de- vient consonne -j- avy^: tioi^v -f- y a donne ^Ttoi^avyco, noi- fiatVo; TL-TV -j- ?/a> domie *TLravyco, xixaCvcn'^ le dernier verbe est formé comme f^oj qui est })our 6i-6Ô-yco (v. Osthoff, das Ver- hnmc'tc. p. 340). Les féminins ttxtaiva pour ^rexrtMja, Âdxcciva, t,vyaLva etc. s'expliquent de la même manière.
Les liquides sont moins exposées à ce traitement, comme l'indique par exemple ipcc^rçLa on regard de Aûxaiva. Le verbe tx&aîça dérive peut-être du thème ix^Q^^ mais les lexicographes donnent aussi un neutre è'xd'ccQ. — En revanche l'éolique offre:
1. On peut néanmoins considérer IVv amsi produit comme représen- tant une nasale sonante, la nasale, comme dans le skr. gayhanvdn = *(jaghmvàn (p. 35) ayant persisté devant la semi-voyelle. Ainsi noifiaîvco = noifinycù. Dans un mot comme '^Tcoi^ivyov, s'il a existé, la langue a ré- solu la difflculté dans le sens inverso, c'est-à-dire qu'elle a dédoublé y en iy: *noqiviyov, grec historiq. noîuviov. Nous retrouvons les deux mômes alternatives dans les adverbes védiques en -uyâ ou -viyci: *âçwyâ se ré- sout en âçtiyâ, tandis que *wnvyâ devient îirviya. Dans ces exemples in- diens on ne voit pas ce qui a pu déterminer une forme plutôt que l'autre. Dans le grec au contraire, il est certain que la différence des traitements a une cause très- profonde, encore cachée il est vrai; le suffixe de noCuviov est probablement non -ya, mais -ia ou -iya: il y a entre Ttoiucdva et noî- liviov la même distance qu'entre a^o^ai et ayiog ou qu'entre ovaa et ovcCa. La loi établie par M. Sievers Beitr. de P. etB. V 129 n'éclaircit pas encore ce point.
46 Phénomènes anaptyctiques postérieurs.
Iléççafiog = IlQLauog^ àllorsQÇOg = dXXoTQiog, (itrsQQog = ^étQLog^ xoTtêQQa = xônQia (Ahreiis I 55); ces formes sont bien dans le caractère du dialecte: elles ont été provoquées parle pas- sage de 1'/ à la spirante jod — d'où aussi (pd^éçça, xrévva — qui changea Uçia^iog en'^JIçja^vg. Cest alors que la liquide développa devant elle mie voyelle de soutien, qui serait certainement un ce dans tout autre dialecte, mais à laquelle l'éolien donne la teinte e. Dans des conditions autres, cc^ à est, suivant une explication que M. Brugman m'autorise à communiquer, sorti de *6fi-a qui est l'instrumental de slg «un» (thème sani-)-^ tandis que iiCa pour *(5^-Ca (Curtius Grdz. 395) s'est passé du soutien vocalique.
On peut ramener la prépos. avsv à *6vbv qui serait le locatif de snn «dos»; le Véda a un loc. sàno qui diffère seulement en ce qu'il vient du thème fort. Pour le sens cf. vôôcpt, (Grdz. 320). On trouve du reste en sanskrit: samitàr «loin», sâmity a «éloigné» qui semblent être parents de snu; sanutâr est certainement pour *smitâr; cf. saniihJiis s. v. swCchez Grassmann. Ce savant fait aussi de sanitiir un adverbe voisin de sanutâr; dans ce cas le gotli. sundro nous donnerait l'équivalent européen. Cf. enfin le latin sine.
La 1'® pers. du pi. èXvôa^sv est pour *èXv0^£v. Cette forme est avec sXvGk, sXvGav et le part, kvoag la base sur laquelle s'est édifié le reste de l'aoriste eu -6a.
L'aor. sxtavov de atsv appartient à la même formation que E-6X-0V (p. 9). Il doit son a à l'accumulation des consonnes dans *i-xtv-ov. La de sôça^ov a la même origine, à moins, ce qui revient assez au même, que Qa ne représente r et qu'on ne doive assimiler ëôça^ov à erçaTiov. — GTiaçÉôd^ai , s'il existe (Curtius Verb. II 19), remonte semblablement à * OJtQèGQ^aL^.
1. Les aoristes du passif en -&r} et en -r] sont curieux, en ce sens que la racine prend chez eux la forme réduite, et cela avec une régularité que la date récente de ces formations ne faisait pas attendre. Exemples: ttâ&rjv, izÛQcpd'rjv; tTiXân^v, èSçccKriv. A l'époque où ces aoristes prirent naissance, non-seulement une racine Ssqii avait perdu la faculté de devenir dvK, mais il n'est même plus question d'existence propre des racines; leur vocalisme est donc emprunté à d'autres thèmes verbaux (par exemple l'aoriste thématique actif, le parfait moyen), et il nous apprend seulement que 1(! domaine dis liquides et nasales sonantes était autrefois fort étendu. Kéiinmoins certaines formes de l'aor. en -tj restent inexpliquées: ce sont
l'hénomèuos anaptyctiqucs postérieurs. 47
Le germanique i^st trî's-riche en jjliéjiomènes de ce genre; c'est, comme on pouvait attendre, Vu qui tient ici la place d(; Va grec. M. Sievers (loc. cit. p. 119) ramène la l""'' pers. jti. jtarl". hiinm à hitm né lors de la chute de Va de * (bi)hitmâ. Cf. plu.s haut p. 11 i. n. - M. Sievers explique semblablement lauhmuni, p. 150.
M. Osthoff considère le dat. pi. hrojynmi (l'u de ce cas est commun à tous les dialectes germaniques) comme étant [)our hroprm, skr. hhmtrhhyas. Mais il reste toujours la possibilité (pie la syllabe um soit ici de même nature que dans hitimi. En d'autres termes l'accent syllabique pouvait reposer sur la nasale, aussi bien que sur la liquide. Cf. les datifs du pluriel gothiques hajopiim, mcnof)Um, où la liquide n'est point en jeu.
Quant aux participes passifs des racines à liquides ou à na- sales de la forme A (p. 8), comme baurans en regard du skr. ha- hlirdnà, il faut croire que la voyelle de soutien est venue, le besoin d'ampleur aidant, de certains verbes où la collision des consonnes devait la développer mécaniquement, ainsi dans mtmans pour *nmans, stulans pour *stlans. Ajoutons tout de suite que les formes indiennes comme ça-rram-ânà (= ra-rrmmânâ) présentent le même phénomène, et que dans certaines combinaisons il date nécessairement de la langue-mère. En thèse générale, les inser- tions récentes dont nous parlons se confondent souvent avec cer- tains phonèmes indo-européens dont nous aurons à parler plus tard, et qu'il suffit d'indiquer ici par un exemple: goih.. haitrus = gr. ^aQvg, skr. guriL
On sait l'extension qu'a prise dans l'italique le développe- ment des voyelles irrationnelles. Le groupe ainsi produit avec une liquide coïncide plus ou moins avec la continuation de l'an- cienne liquide sonante; devant 7h au contraire nous trouvons ici e, là u: (e)sm(^i) devient sum, tandis que ^^edm deyieni ^iedcm. Un n semble préférer la voyelle e: genu est pour *gnu, sinus pour *snus (skr. smi Fick W. I^ 226).
celles comme èâli], iôâçrjv, où ccl, aç est suivi d'une voyelle. Ces formes, comme nous venons de voir, se présentent et se justifient à Taoriste actif a2)iès une double consonne, mais non dans d'autres conditions : il faut donc que èâXiiv, tSâçriv soient formés secondairement sur l'analogie de izâç- TTr}v, idQây.riv etc. qui eux-mêmes s'étaient dirigés sur stc/qtcÔutjv, fSçcc- xof etc.
48 L'expulsion de Va n'est jms possible partout-
En zend, ce genre de phénomènes pénètre la langue entière; c'est eu général nn c qui se développe de la sorte. — Le sanskrit insère un « devant les nasales; nous en avons rencontré quelques cas précédemment: la prosodie des hymnes védiques permet, comme on sait, d en restituer un grand nombre. D'autres fois Va se trouve écrit: tatanc à côté de tatné, Jcsamà à côté de hsmâs. L'accent de Txsamà suffirait pour déterminer la valeur de son a; si cet a avait été de tout temps une voyelle pleine, il porterait le ton: <s,]csâni(i».
En quittant les liquides et nasales sonantes, phonèmes dûs la plupart du temps à la chute d'un a, il est impossible de ne pas mentionner brièvement le cas où Va est empêché cT obéir aux lois pho- nétiques qui demandent son expulsion. Ce cas ne se présente jamais pour les racines de la forme A et B (p. 8), le coefficient sonantique étant toujours prêt à prendre le rôle de voyelle radicale. Au con- traire les RACINES DE LA FORME C ue peuvent, sous peine de de- venir imprononçables, se départir de leur a que dans certaines conditions presque exceptionnelles.
Devant un suffixe commençant par une consonne elles ne le pourront jamais \ Les formes indiennes comme taptci, satt/i, tas là, les formes grecques comme £3cro'g, axsTcroç etc., pouvaient-elles perdre leur a, leur £? Non, évidemment; et par conséquent elles n'infirment en aucmie façon le principe de l'expulsion de Va.
Le suffixe commence-t-il par une voyelle et demande-t-il en même temps l'affaiblissement de la racine, cet aff'aiblissement pourra avoir lieu dans mi assez grand nombre de cas. Nous avons rencontré plus haut G%-stv, Gti-elv, Ttr-éod^ai etc. des racines Gax^ asTi, 7i£T etc. En sanskrit on a par exemple hà-ps-ati de hhas, à-Vs-an de ghas lequel domie aussi par un phénomène analogue la racine secondaire ga-lcs. Le plus souvent l'entom-age des consomies ne permettra pas de se passer de Va. Prenons ])ar exemjjle le par- tici])e parfait moyen sanskrit, lequel rejette Va radical: les racuies hhar de la forme A et vart de la forme B suivront la règle sans difficulté: ha-hhr-âijâ, va-vrt-méi. De même^/<as, bien qu'étant de la
1. On a cependant en sanskrit (jdha, f/dhi , sii-gdhi, zd. ha-ySanhu, venant de ghas par expulsion de l'a et suppression de la sifflante (comme dans ])i(mhh2s).
Racines du type C où roxpulsion île Va est possible. 40
l'orme C, donnerait s'il se conjuguait au moyen: '*'(ja-lck-(iiai; mais t(^lle autre racine de la forme 0, spar par exemple, sera contrainte de garder l'a; 'pa-spar-imn. Ce simple fait éclaire tout un para- digme germanique: à hahhrânà répond le goth. haurans, à vavr- tdnd le goth. vaurjjans; le type paspcu^anà, c'est (jïbans. Tous les verbes qui suivent Yahlmd giha, gah , fjehun, gihans, ont au parti- cipe passif un e (<) pour ainsi dire illégitime et qui bien que très- ancien n'est là que par raccroc.
Il y a dans les différentes langues une multitude de cas de ce genre, que nous n'avons pas l'intention d'énumérer ici. La règle pratique très-simple qui s'en dégage, c'est que, lorsqu'on pose la question: «telle classe de thèmes a-t-elle l'habitude de conserver ou de rejeter l'« (e) radical?», on doit se garder de prendre pour critère des formes où l'« (e) ne pouvait pas tomber.
C'est ici le lieu de parler brièvement de ce qui se passe dans les racines dont as et tmli peuvent servir d'échantillons. Il est permis à la rigueur de les joindre au type C; mais chacun voit que la nature sonantique de la consonne initiale chez walc et son absence totale chez as créent ici dos conditions toutes parti- culières.
Chez les racines comme as, peu nombreuses du reste, la chute de l'a, n'entraîne j^oint de conflit ni d'accumulation de consonnes. Elle est donc possible, et en temps et lieu elle devra normalement se produire. De là la flexion indo-européenne: âs-mi, âs{-s)i, âs-ti; s-màsi, s-tâ etc. Optatif: s-yàm. Impératif: (?)z-dhî (zend 0CÏÏ). Voy. Osthoff K. Z. XXIIl 579 seq. Plus bas nous ren- contrerons skr. d-ànt, lat. d-ens, participe de ad «manger».
La racine îvalc est en sanskrit vaç et fait au pluriel du pré- sent uç-mâs; on a semblablement is-/â de yag, rg-tl de rag etc. Quel est ce phénomène? Un affaiblissement de la racine, sans doute; seulement il est essentiel de convenir que ce mot affaihlis- semmt ne signifie jamais rien autre chose que chute de Va. C'est laisser trop de latitude que de dire avec M. Brugman (loc. cit. p. 324) «Vocalwegfall unter dem Einfluss der Accentuation.» Entre autres exemples on trouve cités à cette place indo-eur. snusâ «bru» pour simusâ, skr. stri «femme» pour *sutr'i. Lors même que dans ces mots un n serait tombé (la chose est indubitable pour le véd. çmasi = upnâsi), il s'agirait ici d'un fait absolument anormal
4
50 Affaiblissement est constamment synonyme d'expulsion de l'a.
qu'on ne saurait mettre en parallèle et qui est plutôt en contra- diction avec la loi de l'expulsion de Va, car un corollaire de cette loi, c'est précisément que les coefficients de l'a se maintiemient. Gardons-nous aussi de prononcer le mot samprasârana: ce terme, il est vrai, désigne simplement le passage d'une semi-voyelle à l'état de voyelle; mais en réalité il équivaut dans tous les ouvrages de linguistique à: rétrécissement des syllabes ya, iva, ra (i/e, we; yo, wo) en i, îi, r. Dans l'esprit de celui qui emploie le mot samprasârana, il y a inévitablement l'idée d'une action sjîéciale àe y ,îv,r sur la voyelle qui suit, et d'une force absor- bante dont jouiraient ces phonèmes. Si tel est le sens qu'on attache au mot samprasârana, il faut affirmer nettement que les affaiblissements proetbniques n'ont rien à faire avec le sam- prasarana. L'a tombe, voilà tout. Et ce n'est point par plusieurs phénomènes différents, mais bien par un seul et même phéno- mène que pa-pt-iis est sorti de pat, s-màsi de as, rih-mâsi de raigli, uç-mâsi de ivali. — D'ailleurs, lorsque dans des périodes plus récentes nous assistons véritablement à l'absorption d'un a par i ou II, la voyelle qui en résulte est dans la règle une longue.
Plus haut, nous n'avons fait qu'indiquer ce mode de for- mation des liquides sonantes, ainsi xQÎna donnant ëxQCinov\ mrdu, prtliii des racines mracl et prath. La liste serait longue. Il vaut la peine de noter le gr. tgecp qui, outre èxçacpov et réd-ça^- fiai, présente encore la sonante régulière dans l'adjectif raçipvs.
Cliapitre II. Le phouème .i dans les langues européennes.
§ 4. La voyelle a des laiiiïues du nord a nne double origine.
La tâche que nous nous étions posée dans le chajntre précé- dent n'était qu'un travail de déblai: il s'agissait 'de dégager Va, l'ancien et le véritable a — un ou complexe, peu importe ici — de tout l'humus moderne que différents accidents avaient amassé sur lui. Cette opération était telliviuent indisjjensable que nous
Le phonème a. 51
n'avons pas craint de nous y arrêter longtemps, de dépasser même les limites que nous fixait le cadre restreint de ce petit volume.
Il est possible à présent de condenser en quelques mots le raisonnement qui nous conduit à la proposition énoncée en tête du paragraphe.
1. L't* (p) germanique n'entre plus en considération dans la question de Va. Il sort toujours d'une liquide ou d'une nasale sonante, lorsqu'il n'est pas l'ancien u indo-européen.
2. Il n'y a plus dès lors dans le groupe des langues du nord que 2 voyelles à considérer: Ve, et ce que nous appellerons l'a. Cette dernière voyelle apparaît en slave soits la forme de o, mais peu importe: un tel o est adéquat à l'a du lithuanien et du ger- manique; la couleur o ne fait rien à l'affaire.
3. Dans le groupe du sud on a au contraire 3 voyelles: e a o.
4. h'e du sud répond à Ve du nord; l'a et Vo du sud réunis répondent à Va du nord.
5. Nous savons que lorsqu'un a grec alterne avec s dans une racine contenant une liquide ou une nasale (non initiale), l'a est hystérogène et remonte à une sonante.
G. Or les dites racines sont les seules où il y ait alternance d'à et d'f, ce qui signifie donc que l'a gréco-latin et Ve gréco-latin n'ont aucun contact l'un avec l'autre.
7. Au contraire l'alternance d'e et d'o dans le grec, et primi- tivement aussi dans l'italique, est absolument régulière (iVfxov: tétoxa, tôxoç. tego: toga).
8. Comment l'a et Vo des langues du sud pourraient-ils donc être sortis d'un seul et môme a primitif? Par quel miracle cet ancien a se serait-il coloré en o, et jamais en a, précisément toutes les fois qu'il se trouvait en compagnie d'un e? — Conclusion: le dualisme: a et o des langues classiques est originaire, et il faut que dans l'a unique du nord deux phonèmes soient confondus.
9. Confirmation: lorsqu'une racine contient l'a en grec ou en latin, et que cette racine se retrouve dans les langues du nord, on observe en premier lieu qu'elle y montre encore la voyelle a, mais de plus, et voilà le fait important, que cet a n alterne point avec Ve, comme c'est le cas lorsque le grec répond par un o. Ainsi le gothique vagja = gr. o;^£'«, hlaf = gr. {Ké)xko(pa sont
4*
52 Y a-t-il échange d'à et d'e dans le gréco-italique?
accompagnés de viga et de Idifa. Mais agis'' a-) = gr. axog, ou bien ala = lat. alo ue possèdent aucun parent ayant Ve. A leur tour les racines de la dernière espèce auront une particularité inconnue chez celles de la première^ la faculté d'allonger leur a {agis: ôg, ala: dï), dont nous aurons à tenir compte plus loin.
M. Brugman a désigné par a^ le prototype de Ve européen; son «2 est le phonème que nous avons appelé o jusqu'ici. Quant à ce troisième phonème qui est Va gréco-italique et qui constitue une moitié de l'a des langues du nord, nous le désignerons par la lettre a, afin de bien marquer qu'il n'est parent ni de Ve (a^) ni de Vo (a^). — En faisant provisoirement abstraction des autres espèces d'à j^ossibles, on obtient le tableau suivant:
Langues du nord. |
JEtat primordial. |
Gréco-italique. |
e •1 |
A |
e 0 |
a |
§ 5. Equivalence de Vcc grec et de l'a italique.
Dans le paragraj)he précédent nous avons parlé de Va grec et de l'a italique comme étant une seule et même chose, et il est recomiu en effet qu'ils s'équivalent dans la plupart des cas. L'énumération des exemples qui suit, et cpii a été faite aussi complète que possible, est en grande partie la reproduction de la première des listes de M. Curtius (Sitzungsberichte etc. p. 31). Il était indispensable de mettre ces matériaux sous les yeux du lecteur quand ce n'eût été que pour bien marquer les limites où cesse en grec le domaine des liquides et nasales sonantes, en rap- pelant que l'alpha n'est point nécessairement une voyelle ana- ptyctique d'origine secondaire.
D'autre part le mémoire cité contient deux listes d'exemples avec le résultat desquelles notre théorie j)araît être eu contra- diction. La première de ces listes consigne les cas où un a grec se trouve ()p])0sé à un c latin; hi seconde donne les mots où au contraire Ve grec répond à l'a latin. Or un tel échange d'e et d'à, qui peut s'accorder plus ou moins avec le scindement d'un a unique, est à jx'u prî's incompatible avec l'iiypothèse des deux
Y at-il ('■(■haiige d\i et (Vfi dans le ^véco-iiaViqna? 5/5
]ilioii{'mes .1 et «^ dilîéreiits dès l'orij^ine. Mais, aux y(;ux du celui-là qui accepte la théorie des nasales sonantes, le nombre des cas de la première espèce se réduira déjà considérablement: il supprimera ixavov — ccntum, ôaavg - dcnsus, Tia%vg irivKjwis etc. En y regardant de plus près, en tenant compte de toutes les recti- fications motivées par les travaux récents, on arrivera à un ré- sidu absolument insignifiant, résidu dont presque aucune loi d'équivalence phonétique n'est exempte. Nous pouvons nous dis- penser de faire cela tout au long. Un ou deux exemples suffiront. KQt'ccg ' caro: M. Bréal a montré (Mém. Soc. Ling. II 380) que ces deux mots ne sont point p3ïents. Méyag magnas: la racine n'est j)oint la même, comme nous le verrons plus bas. Kecpakri — captif: le q) du grec continue à rendre ce rapprochement improbable. TéaGciQeg quaffiior: les plus proches sœurs de la langue latine montrent Vc: ombr. petiir, osq. petora; quattuor est sans doute une altération de ^quottuor pour *quettnor (cf. colo = *qu€lo etc.). Baarâ^œ —gesto (Fick) : leur identité n'est pas convaincante, car on attendrait du moins *{g)vesto; gcsfo et gero sont bien plutôt pa- rents du gr. à-yoôtôg^ «paume de la main» dont Vo est a.^. En ce qui concerne ccx^v (cf. àxrjvîa) qu'on rapproche du lat. egeo, il y aurait en tous cas à tenir compte de la glose àexyjveg' %iv7]xeg (Hes.). — L'exemple le plus saillant qu'on ait cité pour la pré- tendue équivalence d'c et d'à, c'est le grec BXCy,ri «saule» = lat. sàlix (vieux haut-ail. salaha)'^ mais ici encore on pourra répliquer que êkîxrj et un mot arcadien et l'on pourra rappeler ^éçsd^çov = ^ccQa^Qov et autres formes du même dialecte^ (Cîelbke, Stu- dien II 13).
Au sein du grec même il ne s'agit pas ici des différences de dialecte — on a souvent admis un échange iVe et d'à. Comme nous avons eu occasion de le dire au § 4, ce phénomène est limité à une classe de racines chez lesquelles Va, étant un produit récent des liquides et nasales sonantes, n'est pas en réalité un a. Nous ne croyons pas que cet échange se présente nulle part ailleurs.
1. Egal lui-même au skr. Jtdsta. Le zend mçta montre que la guttu- rale initiale est palatale, non vélaire. C'est un cas à ajouter à la série: hdnu — yévvç, ahdm — Èyco, mahànt — (léyag, gha — ye {hrd — naçôia).
2. C'est avec intention que nous nous abstenons de citer ^éllco, qui en apparence serait un parallèle meilleur.
54 ^^ at-il échange dVt et d'c dans le gréco-italique?
Il nous semble superflu d'ouvrir ici mie série d'esoarmouclies ■étymologiques dont l'iutérêt serait fort médiocre. Déjà le fait cju'il n'est aucun des cas allégués qui ne prête à la discussion suffit à éveiller les doutes. Un simple regard sur la flexion ver- bale permet de constater que là du moins il n'y a pas trace d'un a remplaçant Vs en-dehors des racines à liquides et à nasales. Autant le paradigme xçénco, erçanov, ter Qu^^ai, ètQcctpd-rjv est commim dans ces deux dernières classes, autant partout ailleurs il serait inouï. Un exemple, il est vrai, en a été conjecturé. M. Curtius est porté à croire juste la dérivation que font Aristarque et Buttmann de l'aor. pass. homérique êâcp^ri {èn\ ô' ccômg êcccpd'i], Iliade XIII 543, XIV 419). Le mot semble signifier suiwe dans la chute, ou selon d'autres rester attaché, adhérer. Partant du pre- mier sens, Buttmann voyait dans éâtpd^r] un aoriste de e'jto^ai, rejetant l'opinion qui le rattache à anta. Dans tous les cas per- sonne ne voudra sur une base aussi frêle soutenir la possibilité de Vahiaut e-a dans la flexion verbale. Avant de s'y avouer ré- duit, il serait légitime de recourir aux étymologies même les plus hasardées (cf. par exemple goth. sigqan «tomber», ou bien skr. sang «adhérer»; a serait alors représentant d'une nasale sonante). Examinons encore trois des cas où l'équivalence d's et d « est le plus spécieuse: vé(/)c} «nager», vâÇF)G) (éol. vavco) «cou- ler»; cf. skr. snaiiti. Comment une même forme primitive a-t-elle pu doimer à la fois véJ^(o et vâfa'i C'est ce qu'on ne saurait conce- voir. La difficulté est supprimée si, séparant vdfco de l'ancienne racine snau, nous le rapprochons de sna: vaf s'est développé sur snâ absolument comme (pccS^ {ipavoç) sur hhâ, ya^ (;ua{ii/og, lâoi) sur ghâ, 6xa^ {Gxavqôi) sur stâ, kccJ^ (ccTiokavœ) sur Jâ, ôoJ^ (ôvfavoLff) sur dd, yvoJ- {v6og, gnavus) sur gnd. — vé{6)ofiai «ve- nir», vaua,- êva66a, èvâa&tjv «demeurer»; cf. skr. nâsatc. Les sens ne s'accordent pas trop mal, mais rien ne garantit que la véritable racine de vaCa soit nas; qu'on compare daî(J0,£âa66aTO, -ôa^rog. D'autre i)art il faut tenir compte de vavog «temple», que M. Curtius propose, il est vrai, de ramener à *vaaJ^os. — Jrâôxv «cité» appartient à la racine, du goth. visan qu'on croit re- trouver dans le gr. iaxCa et avec plus de certitude dans àéaxa, asGa «passer la nuit, dormir», fâô-xv est à èJ^éô-xG) ce que le thème latin vad- est au gr. «/fô'-Aof ; il s'agit ici de phénomènes
Exemples du phonème A dans le grcco- italique. 5«5
phoniques tout particuliers. — Les autres cas peuvent tous s'éli- miner semblablenient. Dans deux mots: àtïnvov = '^àanivov^ et slxlov, autre forme de aïxXov (v. Baunack, Studien X 79), l'a semble s'être assimilé à Vi qui suivait. Quant à xXeîg, yeîrcov, ^eâg, lEitovQyog, QEta etc, à côté de x^àtg, ycc, Aâo<j, ^aôiog etc., il n'est pas besoin de dire que leur e pour rj n'est que la traduc- tion ionienne d'un â.
Après la critique détaillée de ce point par M. Brugman on ne sera plus disposé à attribuer aux formes dialectales (pâçco, Tçajl^a^ rçccffo etc., pas plus qu'à J^sGicccQiog, avcpotaçog , natccQcc, une importance quelconque dans la question de Va. M. Havet (Mémoires de la Soc. de Linguist. Il 167 seq.) a depuis longtemps expliqué leur a par l'influence de r. 11 va sans dire qu'ici nous n'avons point affaire à un r voyelle donnant naissance à a, mais bien à un r consonne transformant £ en a. C'est le phénomène inverse qui se manifeste dans certaines formes ioniemies et coli- ques telles que sQGrjv, ysQysQog, xXisçôg.
Comme on le voit par le tableau de Corssen (IP 2G), l'échange de Va et de Ve est aussi presque nul dans le latin, pour autant du moins que certaines affections phonétiques spéciales et de date récente ne sont pas en jeu. Le vocalisme concorde égale- ment entre les différents dialectes italiques qu'il est donc permis de considérer à cet égard comme un tout. La divergence la plus considérable est dans le latin in- (préfixe négatif) et hîfcr en regard de an-, anfcr, de l'osque et de l'ombrien. Cette divergence s'expliquera j)lus loin, nous l'espérons.
Les exemples qui suivent sont répartis eu trois séries, d'après la place de Va et son entourage dans la racine.
1. La syllabe radicale ne contient ni nasale ni liquide qui ne serait pas initiale. En tête de la liste se trouvent les racines com- munes à un grand nombre de mots. Les lettres C et F renvoient aux ouvrages d'étymologie de M. Curtius et de M. Fick.
alc^: |
ax-Qog, àxax-^èvog |
ac-ics, ac-us etc. |
a\: |
cix-aQog, ccx-^vg |
aqu-ilus. F. |
ag: |
ay-(o, ày-6g |
ag-o, ac-tio. |
ap: |
an-xa |
ap-tus, ajy-erei?). |
Tiivap: |
xajt-va, xan-vog |
vap-or, vappa. C |
56
Exemples du phonème A daus le gréco- italique.
da2)-' dâjt-t(o, ôaTt-uvrj
1 mak: ^âx-ccQ, ^lax-ços
mad: ^aô-âa, ^iccô-açôg
laïc: idx-os, lax-egôs
lag: lay-vog, kccyy-d^a
la}): lân-rco, ^aq)-v0ôa
las: XiXa{(S)-Co^ai, Xâô-xri
sap: GaTi-Qog, Gacp-rjg
a^iV èkârtjv abies.
ccyçég
ccxxog
cc^vôg
^Ani-àav6g àno arta cc%vri
ager.
axïlla, dla.
agmis^.
ascia.
axis.
amnis^.
ah.
atta.
agna.
dap-es, dam-num^. mac-te (macer?). mac-tare, mac-ellum. mad-co, mad-idus. lac-er, lac-erare. lac-sus, langu-eo. C. la-m-h-o, Idb-rum. las-c-ivus. sap-io, sap-or. C.
^ccxTQOv hacultis.
^aGxaLva fascinare (?).
ôâxQv dacruma.
xâôog cadus.
xaxx✠cacare.
xaTiQog |
capcr. |
çâ^ |
racemus (?) |
iccjita |
jacio (?). |
Xa^vr] |
Idna. |
xl^acpaçog |
scabies. |
Xaiog |
laevus. |
6atot |
saevus^i?). |
Cxatog |
scaeviis. |
dor. ai |
osq. svai"^. |
Dans la diphthongue: ai. at'^cj aestas, aestus.
aimv aevum^.
ciica {ccLX-ya) acquus.
(ôa{if)rJQ Icvir.)
1. Sur le rapport de damnum et de danâvr], v. Bechstein, Studien VIII 384 seq. L'auteur omet de mentionner que même au temps de Sué- tone (Néron, chap. 31) damnosus signifiait dépensier. — 2. Il est préférable de ne pas inscrire ici une troisième racine mak, dans ftâccco — mûcero, parce que Ve du si. mçknati complique la question. — 3. V. Fick, K. Z. XX 175; le el. jagnç qui a gr.^ justifie la forme ancienne *«(îvoç qu'on suppose pour le mot grec. — 4. M. Curtius interprète le nom de fleuve 'AniSavôç par àni «eau» -\- âccvo «donnant», étymologie qui trouverait peut-être quelque appui dans 'HQL-dav6-ç (skr. vdri «eau»); il rapporte à la même racine Msaaâmoi, y^ 'AnCa etc. La question est seulement de savoir si nous avons affaire à ap (d'où amnis) ou à al;.^ (dans nqiia); mais dans l'un et l'autre cas le latin montre l'a. — 5. L'a est long: gr. èitrj- sravôç, skr. uyus. — 6. V. Savelsberg, K. Z. XVI 61. L'épel oâïoi rend le rapprochement douteux. — 7. Encore ici on peut supposer l'a long; on arriverait peut-être à expliquer de la sorte si pour rjL
Exemples du iilionènie A dan» le gréco-iliili'i'ic.
57
ail. ati(/: |
avy-ij, aim-Gig |
ang-crc, attg-ustus. |
|
l aus: |
«vwg; àtlLoq |
auT'Ora ; Atia-cUus |
C. |
2 ans: |
èi,-av0-XYiQ |
h-aur-io, h-ans-tus |
(V) |
g au: |
yav-Qog, yrj-d^ta |
gau-dere, gav-isus. |
C. |
Icaup: |
xccTi-rjXos'^ |
caup-o, côp-n. C. |
|
pan: |
Ttav-a |
pau-cus, paii-2)er. |
|
stau: |
Gtav-QÔq |
in-stau-rare. C. |
1. Fick, Beitràge de Bczzcnhercjer II 187. — 2. L'ît est tomlx; en grec, comme daus v-Xâviç et d'autres formes. Osthoff, Forschungen I 145. Misteli, K. Z. XIX 399.
aVQCC a</r« (emprunté?).
avTs autcm (?).
ivL-Kvrég atitummis (?). d'CCVVOV d'rj-
QtovUes. FaunnsiJ).
àito-Xav-a a est suivi cc{P)-Cco de V. \ na(P)-CG)
g)av-og, (pa{.f)siv6g fav-ïlla. C.
%^Qavci |
fraits. |
xavlôç |
caulis. |
6kv%^6ç |
saucius. |
ravQog |
taurns. |
Lav-crna |
lav-erniones. C. |
av-eo, av- |
idusC?). C. |
pav-io. |
2. La racine contient une liquide ou une nasale non initiale ^ Daus un certain nombre d'exemples (nous en avons placé quel- ques-uns entre crocliets) Va représente certainement autre chose que a: c'est un a anaptyctique, en rapport avec les phénomènes étudiés au chapitre VI.
anJc: |
ccyjc-côv, àyx-vlog |
anc-us. C. |
angh: |
ayi-a |
ang-o, ang-iistus. |
1 ar: |
CCQaQ-îaxa, CCQ-d-QOV |
ar-tus. |
2ar: |
ccQ-ôœ |
ar-are, ar-mim. |
arh: |
CCQX-ÉG) |
arc-eo, arx. |
arg: |
aQy-og \Kçy-vQog] |
arg-uo {arg-entuni] |
— |
àçTt-a^c), ccQTi-a^sog |
rap-io, rap-ax. |
al: |
av-KX-Tog |
al-o, al-immus. C. |
{?)alg: |
aXy-og, àly-éa |
alg-eo(?). |
Jean: |
xav-«î;a3, rii-xav-ôg'^ |
can-o, can-orus. |
[kard: |
XQad-r]^ xQCid-aCvG} |
card-o. C] |
Jcal: |
xcck-éa |
cal-eMae, cal are. |
58
Exemples du phonème a dans le gréco-italique.
[bharJc: |
(ççaGGa, <pQax-x6g |
farc-io, frac-sare.] |
||
[sarJc2: |
çâjl-TG) |
sarc-io. Bugge.] |
||
[sarp: |
dçTt-r] |
sarp-o, sarmen.] |
||
1 sal: |
aX-lofiai |
sal-io, sal-tus. |
||
2sal: |
GcîX-og, GttX- |
âaôa |
saï-um. C. |
|
[sJcand: |
Xttvô-açog |
cand-eo, cand-da. C] |
||
uXXog |
alius. |
Aa| |
calx. |
|
[c'cXxï] |
alces.] |
xâçtaXog |
carfilago* |
|
cckxvâv |
alcedo. |
XQccii^og |
carho. |
|
K?.q)6g |
alhus. |
(ic(X^u^ \ |
nialva. |
|
[d(ig)L |
amh-.] |
(liiXdxn } |
||
[a[ig)œ |
aniho.] |
nd[i,^ï] |
mamma. |
|
av |
an. |
dor. vàôOa |
anat- |
|
[«v- (priv |
.) osq.ombr. |
an-.] |
ôi-TtXaè, |
ombr. tu-f |
ave^og |
animiis. |
[TtaXd^r] |
pahna.] |
|
àvzC |
ante. |
ndXï] |
palea. F. |
|
àçdxvrj |
arânea. |
dor. TtâvLOv |
pannus. |
|
\c(Q^6ç |
arnins.^ |
nXd^ |
planca. |
|
c'cQOV |
arundo (?) |
F. |
TtQanCôsg |
palpito ^. |
[^ccçvs |
gravis.^ |
QUi^ôg |
vaigus (?) |
|
(iXântco |
suf-flâmen |
(?)^ |
dXg |
sal. |
^ciQjiaQog |
halhus. |
QCCXTOC ■ |
an-fractui- |
|
^âXavog |
gïans. |
axdXoip |
talpa. C. |
|
yoilaxt- |
• lad-. |
GxdvôaXov |
scando. 1 |
|
yXa^vQog |
gramia. |
[d(pXc(6tov |
fastigkin |
|
yXacpvQog |
glaher (?). |
tjXog \ |
vnllii.'i ' |
|
xdlxv |
dacendix. |
J^dXXog j |
c- W'l/{/H'0. |
|
xaficcça |
camuriis. |
yjdXatfx. |
grando. |
|
dor. xùnog campus. |
dor. %dv^ |
anser. |
||
XKQXLVOg |
cancer. |
1. Les couples ocpâXla — fallo et àXcpâvco — lahor ne sont pa rés dans cette liste, imrce qu'ils prêtent matière à discussion. — 2. vôç- o àlt-ATQVMv. Hfs. — 3. Fick , Beitr. de Bezzenb. 1 Gl. - i. " V 184. — 5. LV du latin duplex n'est dû qu'à la loi d'attaiblis i;u' frappe les seconds membres des composés. — 6. Nous séparons a' pito de palpo = ipriXacpûco. — 7. V. page 17. — 8. Ahrens II 144. trum et bracchium sont empruntés an grec.
Exemples des phonèmes ,1 et ,i dans le grcco-italiquo. 50
Au tableau qui précède il faut ajouter 5 racines qui, au fond, seiiiulent ne jjas contenir de nasale, bien' qu'elles en soient infec- tée '■ dans plusieurs langues, sans doute par l'influence du suffixe. Mcines sont du reste dans un tel état qu'on jjeut quelquefois U(;' '' r si leur voyelle est e ou n, et que l'étude de leurs pertur- ba t;.)ns est à peine possible à l'heure qu'il est. On peut en dire lit de quelques-unes de celles qui viennent d'être mention- ' et qui sont placées entre crochets,
yùci^a, è'xlàyov^ xéxXayya^ clango, clangor.
xexkrjycôç, x^ayyt]
Cf. norr. lilakka; goth. hlahjan, hloh; lith. Idegù. F. P 541.
etayâv tango, tago, tetigi, tactus.
M. Fick compare le goth. stiggvan ce qui s'accorde mal avec le lat. tago. Il est certain qu'on ne doit pas songer au goth. telnn; ce dernier a un parent grec dans dâtitvXoç (rac. dag; cf. digitiis).
T. iiyvx)[ii, néyrjya, èTcàyrj, i'^''/70, p^go, pcpigi,
jtrjXTOç, Ttdyf] pignus, pàciscor, pâx.
Cf. goth. fcihan, faifah, ou bien v. h*-all. fuogl; skr. pà(;a.
^'Arjôôœ, dor. nlâyci, e^STikâyrjv; plango, planxi, plandus, zlâ^co, ènkâyxd-r]v plâga. C. Grdz. 278.
r.ânaXov «mur d'enceinte» cancélli «treillis, barrières».
M. Fick qui approche ces deux mots (IP 48) leur compare le skr. Jcàcate et kdncate «attacher». Mais de là il n'y a qu'un pas au goth. hdhan, haihah «suspendre». L'identification de ce dernier verbe avec le skr. çdnkate «être préoccupé, douter etc. »(P56) a un côi'^ faible dans la signification du mot indien. Cf. Pott, Wzhv. III 139.
Voici enfin différents exemples appartenant aux tableaux 1 2, mais qui présentent un a long, dans l'une des deux langues ' dii^ns toutes deux. Cet a long est un nouveau phonème à en- g'-trer, et comme il est évidemment en rapport avec ^, nous 'U^ .w lui donner tout de suite la désignation À, tout en nous ■omettant de l'étudier ailleurs plus à loisir.
V. [ uQVio garrio^.
n\ xâUg^ càligo.
dor. nka{S)LS^ \
chu do. dor. xlcÏQog^ glàrca^. Xàas bas-lat. gravarium ^ (?).
60 Exemples des phonèmes a ei a dans le gi-éco- italique
QCiTlVS
yiàXov
vâvs
dor. jiâXog^
TtrjQog, TcavQog 1
dor. To ;rà()os J
QCCÔL^ 1
QCiôccfivog )
malnm. nïivis. ■ pàlUd- ^. pârum. parvus.
râdix.
âÔvg
svàôe
(raàg
Xcc^ôg
xlj}]laq)ci(o (7]=â '^)palpare.
dor. ^àcpog sabuïum.
râpa, scâpus.
sitâvis.
pâvo ^.) hâmiis.
Ici se place aussi la racine de magnus, major, osq. mahiis etc. qui a domié eu grec firjxog, MX^Q^ <^^^i'- ^i^xccvcc (Alireus II 143). V. page 64,
1. La racine de garrio n est pas, il est vrai, exactement la même que celle de yaçvm (cf. lith. garsà). — 2. Ahrens II 137 seq. — 3. Il est pos- sible que glârea soit emprunté; pâvo Test presque certainement. — 4. Pictet, Origines Indo-eurojyeennes P 132. — 5. D'autre part nXcîdoç se rapproche de palus. — 6. Curtius, Verbum II 29. — 7. Dor. anânâviov Ahrens II 144.
pa: bhâ:
s ta:
(s)na.
spâ:
fà-mes, fa-tims. fà-t-iscor, fà-t-igo. pâ-nis, pa-hulmn, pa-sco, pâ-s-tor^^,pâ-vi. fcl-rij fâ-rna, fd-hulh, fà-t-eor. là-trarc (la-menhmi?). Stà-tor, stëtnen,
3. a termine la racine: ghâ^: %â-Xâ^ %à-xiG) Xà-rt^a, x^-'^k 7tà-r-B0^ai, c'c-na-O-rog, na-via dor. (pâ-fiC, q)a-fia; q)cc-rig, Pji. pi. qpâ-^fV vXà-co, vkcc-x-rj dor. ï-6tâ-^i, ë-ôtâ-v;
Grà-xriQ ; 1" p. pi. ï-ûrà-fiEV stà-tus, stà-hulum. vrê-po'g, và-^a, nà-tare, nà-trix,
và-Gog^ Nâ-ïdg nëre.
dor. Gjck-ôlov ; aTcâ-co spà-tiimi {pa-t-eo ?),
pa-nd-o, pas-sus.
1. La dépendance des mots latins de la rac. gliâ est assez généralement reconnue; quant à hisco, Mare etc., on ne saurait les dériver immédiate- ment de ghâ; Marc est le lith. ziôti (rac. ghyâ); et la ressemblance de Msco avec ;i;aa>ico ne doit point faire passer sur cette considération. — 2. Schmitz, Beitriigc zur lat. Sijruchk. i>. 40. — 3. En a<lniettant dans vlâto un cas de prothèse de Vv nous restituons au grec une racine qui nr manque presque à aucune des langues congénères. M. Fick il est vrai la trouve dans IfiQoç, Xi]çë(o. Le laav d'Homère est controversé. àlvKrfi- vlaKtfi. Kçîitfç nous api>orte peu de lumière.
Exemples des phonèmes a et a dans le gréco-italique. G!
Les exemples qui précèdent offrent plusieurs cas d'ampli- fication au moyen d'une dentale, ami)lification (|u'affecti(jnneiit les racines en a, qui s'est accomplie du reste de jjlusieurs manières différentes. Voici une racine qui dans les deux langues n'ap- paraît que sous la forme amplifiée (cf. Curtius Grdz. 421):
la: ûor. kà-^^-co•, à'-^à-d^-ov là-t-eo.
La nasale de lavd^âvcù ne prouve nullement une racine lan, que le skr. rdndhra «caverne», vu son isolement, ne confirmerait pas. Hésychius il est vrai donne: cclavsg' àlrjd'és, mais une autre glose: âlXav^g' à6(paXr]g. Ââxcovsg, interdit d'en tirer aucune conséquence quant à lavQ^âva.
Le lat. ma-nd-o «mâcher» (cf. pa-nd-o, Xa-j/d'-ccva), ma-s-ticare, ma-nsu-cius etc., et le grec ^a-accofiai se basent pareillement sur une racine nui dont dérive encore le goth. mat{i)-s «repas».
Ici se place enfin la.t. pa-f4or, pas-sus, en regard de ncc-Gxo}, e-Tta-Q-ov'^ nous avons vu et nous verrons plus bas qu'il est à peu près impossible de décider si l'a de ces mots grecs est un a ancien ou le représentant d'une nasale sonante.
Il reste à mentiomier :
dor. ^ârriQ = mater. iXccçôg = h{i)ïàris{'^).
(pQàTYiQ = frâter. [dor. rAaTo'g = lâhis.]
TtatriQ == pater. TCQàaicc cf. prutum.
Doderlein (Handbuch der Lat. Etym.) compare latex «ruis- seau» à kâra^ «bruit du dé qui tombe». M. Roscher a montré (Stud. IV 189 seq.) que les nombreuses formes du mot ^âxQa%og «grenouille» remontent à * ^QatQaiog qu'il rapproche du lat. hla- terare. Il faudrait citer aussi kdrçtg en regard de latro si ce der- nier n'était emprunté au grec (Curtius Grdz. 365).
Les syllabes suffixales fournissent a eb  en nombre rela- tivement restreint. Ces phonèmes sont, peu s'en faut, limités au suffixe des féminins de la V^ déclinaison: grec X^Q^? vieux-latin forma. Certains cas de cette déclinaison montrent aussi .i bref, voy. § 7 fin. Un a bref apparaît ensuite au nom.-acc. plur. des neu- tres de la 2® déclinaison, où probablement il a été long d'abord: grec dcÔQK, latin doua (vieux lat. falsa?). V. § 7.
A est de plus désinence des thèmes neutres consonantiques
62 Diagnostiques du phonème a dans le slavo-germanique.
au nom.-acc. plur. Ex. ysvs-a, genei'-a. Mais on sait que 1 âge de cette désinence est incertain.
§ 6. Le phonème a. dans les langues du nord.
Que faut-il, quand il s'agit d'un mot gréco-latin, pour *■ > sûr que ce mot contient ^i? Il faut simplement, toutes .v cautions prises contre les liquides et nasales sonantes, qu'il l'a en grec et en latin. Mais il suffit en général, si le mot e^ dans l'une des deux langues seulement, que dans cette langi montre l'a: l'a italique ou grec non anoptyctique a, dans que \ forme qu'il se trouve, la qualité a. -^— Dans les idiomes du noi problème est plus comj)liqué: chaque a peut, en lui-même, A ou «2- Avant de Ini attribuer la valeur a, il faut s'être as qu'il ne peut représenter a^. Cette épreuve sera possible !»i^ souvent dans chaque langue sans qu'il soit besoin de recoun aux idiomes congénères, et cela au moyen des données mor lio logiques qui indiquent dans quelles formations a^ est rempiacé par a^. La formation est-elle de celles qui n'admettent pas a.y, on sera certain que l'a est un a. Le tlième du présent, mais seule- ment chez les verbes primaires, est la plus répandue de ces for- mations.
Dans le choix des racines données comme exemples de i dans les langues du nord, nous avons suivi autant que possible ce principe. Il faut que sans sortir de ce groupe de langues on puisse conclure que la racine contient a, puis on compare les langues du sud, et il y a confirmation en tant que ces deriji^res montrent Ya. Cf. § 4, 9. Des exemples tels que si. orja en regard du lat. ararc ou goi\\. ^alum en regard de tacere ont été laissés d' côté: ce n'est pas qu'il y ait lieu de douter que leur a ne soit mi Aj mais ces verbes étant dérivés ou ne peut distinguer dans l.i langue même, si leur a ne représente pas a.,\ on ne le peut dé cider qu'en invoquant l'a des langues du sud. Or, c'est prt'i isé- ment à mettre en lumière l'identité de l'a du sud avec celui diS a du nord qui ne peut être a^, qu'est destiné le tableau. — Cep^ ndiuit un tel triage était impossible pour les thèmes nominaux détachés.
La plupart des exemples se trouvent dans les riches coUet- tions d'Amelung auxquelles nous ne saurions toutefois re).v;tyer le lecteur purement et simplement: car, conformément à soii
FiXemples du phonème a dans le «lavo-germanique. 03
sy >.,eLj.i'., qui n'.admet qu'un seul phonème primitif soit pour Va <!' iior 1 soit])Our r« et Vo réunis du sud, l'auteur citera indistinc- i, \^Mi\. gotli. aJcrs == gr. ày^ôg, gotli. Iilaf = gr. xtxhxpu. La présente liste est très-loin d'être complète; c'est plutôt un choix ' xemples.
si. os-tru; lith. asz-trùs, asznien- ac-ies, ax-Qog.
norr. ak-a, o/c ff//-o, uy-a.
'i/^ '. goth. ag-is, og (irland. ay-athar) (^X-og, ocxax-C^a.
A A}) : goth. haf-jan, hop cap-io.
IwaIc'^: goth. ])Vah-an, fwoli tax-a, è-tàx-r]v.
dhAhh^: Sr\. doh-rii ; goih. (ja-dahan, ga-dob fàb-er.
niAk^ : goth. ma{h)-ists''' ^ax-Qog.
-mAyh^: si. mog-a; goth. mag-an-' mag-nus, ^âx-avd.
îVAdh: norr. vad-a, vdd vud-o, vdsi. F.
skA^i: s\. ko2)-a/ja'' ; lith. kap-ôju 6xân-r(o, xânExog.
akAl h: goth. skah-an, skof scah-o, scahl.
au: goth. an-an, on; si. a-ch-a an-imiis, av-s^iog.
A ng \ : goth. agg-vus ; si. az-uku ; lith. ànksztas ang-o, ccyx-co.
.il: goth. a^aw, oi! (irland. a^) al-o, av-aX-rog.
1. Le grec axo^ai., àxoç, ryxajjov, kj;'9'os; le goth. ag-is, un-ugands, parf.-prés. og etc. sortent d'une racine agh sans nasale qui semble être distincte de angh. La première domie en sanskrit «(//(« «méchant» («^/(â-wi #vaal, malheur»), agluûd (id.), aghûydti «menacer»; la seconde: omJiû, 'fVihas etc. La première désigne un mal moral, du reste assez indéterminé, ia seconde signifie attacJier, resserrer. La gutturale finale prouve assez qu'il y a lieu de faire la distinction; en effet le zend àzunh, le slave azuku montrent g\ et élèvent par conséquent une barrière entre skr. atnhû et «kr. aghd. Ce n'est qu'en apparence que le gv du goth. aggvus contredit in z du slave et du zend: nous croyons que le v en question vient des cas obliques où il ne fait que continuer Vu suffixal. Mais il faut avouer que le zend ayana «vinculo» compromet la combinaison. — 2. liafjun est un verbe fort; autrement, d'après ce qui vient d'être dit, nous ne devrions pas b' citer. — 3. 11 semble à peu près impossible de maintenir le rapproche- ni ut du goth. pvahan, pvoh avec le grec réyyco (malgré cizçsynros = «îr. tfATog). Le grec t/jkco au contraire n'offre aucune difficulté de forme; il' oignifications il est vrai s'écartent sinsiblement, mais elles peuvent f'iiiiir dans l'idée de faire ruisseler qui est précisément celle du skr. téçate au liiei on a comparé pvahan. Cf. d'ailleurs les sens variés des racines 2)r,u( et snâ. — 4. Fick K. Z. XIX 261. — 5. Comme l'a fait voir M. Ascoli (K Z. XVII 274) le goth. maists est pour *mahisfs, ce qui le place à côté de nciy.ç6ç en le séparant de mikils, ainsi que le demandait déjà la difFé-
64
Exemples du phonème a dans le slavo-germanique.
rence des voyelles. M. Ascoli a montré en même temps que major, magnus, remontent à mah , magli; et nous nous permettrions seulement de mettre en doute que ce magh ait donné le skr. mahant. Ne pouvant développer la chose au long, nous nous contentons de constater qu'il y a 3 racines. 1° mAl\: zend maryuo , anc. pers. ma&ista, gotli. ma{h)ists, nia{Ji)iza, grec [ici-^QÔç, et aussi [iÛkccq et le latin macte. 2° inAgh.^: skr. maghd «richesse», goth. niagan, lat. magniis, ma'Ji)joi\ gr. ^âxavâ, si. moga; — mais point mahant, vu le z du zend mazâont. 3" ma^g^ ou ma^gh^: gr. ^éyag, goth. mikils, skr. mahant; cf. magmûn. — En ce qui concerne spécialement le gothique, il faut admettre que le parf. sing. mag est pour *mog et qu'il a suivi l'analogie du pluriel viagum; de même qu'invertément forum a remplacé * farum. Cf. plus loin, chaj). V. — 6. Les verhes dérivés de la classe dont fait partie kopaja^ n'ont pas l'habitude de changer un e radi- cal en 0 («._,); il était donc permis de le cit^r ici.
gotli. a{j)iza- |
a(j)es. |
goth. aljis |
aliiis, aXXog. |
gotli. akrs |
ager, àyçôç. |
goth. ana |
àvd. |
lith. ahnu (? si. |
lith. asà |
ansa. |
|
Jcamy=*oJîmy, |
goth. and- |
ante, àvxC. |
|
norr. hamarr) |
ccxfiav. |
v.h*-all.ft«o, lith. |
|
goth. ahva |
aqiia. |
anyta |
amis. |
lith. âklas |
aquilus, axccçog. |
goth. arhvazna |
arcus. |
V. haut-ail. ahsa, |
goth. «ï'o |
amis. |
|
s\..osi,\\i\i.aszïs |
axis, cî^cûv. |
s\.brada{* borda) |
|
goth. rt/" |
ah, ciitô. |
lith. barzdà, |
|
sl.o^Mjgoth.a^to |
atta, atra. |
V. h*-all. ^)a*'^ |
barba. |
goth. tagr |
Incrima, ôcÎxqv. |
goth. bariz-eins |
|
si, ?^o?;w, boruss. |
(si. &orw F.) |
far, g. farris. |
|
h(tho |
faba. F. |
V. haut-ail. ^aws, |
|
goth. (jazds^ |
hasta. |
sl./7rt.s7,lith.^V/6vs |
anser, %âv. |
si. /o;>m |
Uima{*lacma).F. |
goth. /«Ma, |
|
goth. ma{h)il |
macula. F. |
si. o-pona |
pannus, itâvîou |
goth. sa?^, si. soU |
sal, «Ag. |
1. OsthotiK. Z. XXIIl 87.
Les exemples suivants vont nous faire voir le .1 long des lan- gues (lu nord. Ce phonème qui dans le grou})e du sud ne diffère (le .1 bref que par la quantité, chez elles en général s'en distingue encore par la teinte. Dans le germanique et le lithuanien c'est un o long (v. h'-all. uo), tandis que le slave chez qui a bref de- vient '6 donne à a long la couleur a. On sait que Va slave ne
Exemples des phonèmes a <^i a dans le Hlavo-germaniqno.
r,;-
sort (111110 voyelles Iji'î'vc (juo dans un on doux cas tout à fait ox- ceptioiiiiels. Les formes 2)lacéos entre crocliets eiifrei<rnciit cette loi de sul)stitutioii.
fdgiis V. li'-all. huocha.
cilligo, TtâXîg si. kalu. F.
^idxav si. maJm [v. h*-all.
inti(jo\.
ndvcs, nttsKs litli. nésis, anglo-s. nôsn(ct sY.7iosû, V. h'-all. nasa).
A et A terminent la racine:
(jha: xn-M {%^-^<^)
TCaxvg nipa
iiorr. hof/r. v.li'-all. nioha, litli. rôpè |sl. rèpa\. siuwifi, àdvg germ. svotya- : norr. soetr, V. h'- ail. sm.d (F. III •' 3G1).
ta:
hhd
la:
td-hes
fa-rij (pâ-^î la-trare
sta: stà-tns, ë-Cra-v etc. (s)td: doY. rcc-râa^
germ. (jô-men-, litli. f/o-murys «pa-
latum». F. si. ta-ja [anglo-s. f)dven]. si. ha-ja. si. la-jcij lith. lo-ju [mais en gothique
laia == *le{j)a~]. si. sta-na, lith. stojîi; goth. sto-min-,
sta-da- [v. h*-all. stdm, stëml. si. ta-ja ^ ta-ti, ta-jînu.
La racine est augmentée d'une dentale, par exemple dans: pd-t: Tia-t-éo^at^ pd-s-tor goth. fo-d-jan^, b\. pa-s-tyri. ld-{f): Xâ-a «vouloir» goth. la-/)-on, la-J^a-leilco. F.
sd-t^: sà-t-iir, sà-t-is goth. sa-d-a-, so-Ji-a-; lith. sô-t-us
(si. sytu).
1. Ahrens II 144. Au slave tajt «en cachette», tajmû «secret» cf. le thème indien tâyû «voleur» d'oix aussi Tjjiî-etoff « vain, sans résultat» (Pott, Wurzelwôrterb. I 100). — 2. fodjan suppose une racine contenant a, et c'est à ce titre-là seulement que nous le citons; il est bien probable en effet, si nous considérons le mot fodjan lui-même, que son o répondrait à un (ù, non pas à un â du grec. Cf. chap. V § 11. — 3. La racine simple se trouve dans le grec soa^ev = *rjoii£v (Cnrtius, Verb. II 69).
Parmi les mots plus isolés nous nous bornerons à citer:
Qwfer, natriQ goth. fadar; cf. § 11.) mdtcr, ^âtï]Q v. h*-all. muotar, si. niati, lith. mote. frdter, (pçâTijQ goth. hro^ar, si. bratru, lith. broteréUs. Le 7i du suffixe des féminins s'observe commodément aux cas
(3(3 La diphthongue eu dans les langues letto-slaves.
du pluriel dont la désinence commence par mie consonne: gotli. giho-m, lith. mergô-ms, si. sena-mû. Placé dans la syllabe finale, il a sulDi, comme on sait, diverses altérations. Au nominatif sin- gulier, le slave {zeim) garde encore «, cliez lui représentant de IVl long, tandis que les lois qui régissent les sons du germanique et du lithuanien commandaient d'abréger la voyelle finale: gïba, mergà, sauf dans le goth. so, gr. à. Sur le vocat. zmo v. p. 93.
A dans la diphtliongue donne lieu à quelques remarcj[ues particulières.
Plusieurs savants ont nié quil y eût une diphtliongue euro- péenne eu, en d'autres termes et en se plaçant au point de vue de l'imité originaire de l'a, qu'il y ait eu sciudement de la diphthongue (m en cfii : au à la même époque où dans toute autre position \a s'était scindé en e : a. M. Bezzenberger (Die a-EeUie der gotisclien Sprache p. 34) prétend, ou plutôt mentionne, car, ajoute-t-il, il est à peine besoin de le dire expressément, c^ue dans le présent gothique Musa pour ^heusa == gr. yava, \'e de la première langue est sans lien historique avec Ye de la seconde. La raison de cette violente séparation de deux formes dont la congruité est aussi parfaite que possible? C'est que les idiomes letto-slaves n'ont pas de diphthongue en, et que par conséquent la jiériode euro- péenne n'en pouvait jjoint posséder non plus.
En général nous ne nous sommes posé aucune tâche rela- tivement à Ve européen, le fait de son apparition concordante dans les différentes langues étant reconnu par les partisans de tous les systèmes. Nous devons cependant nous occuper de Ye pour autant qu'on veut le mettre en rapport avec Ya et combattre les arguments qui tendraient à établir qu'à mie époque quel- conque Yc et Ya (.i) ne faisaient qu'un. Evidemment l'origine ré- cente de la diphthongue eu, si elle se confirmait, rentrerait dans cette catégorie. D'autre part nous nous abstenons de poursuivre jusqu'au bout les conséquences où M. Bezzenberger se verrait entraîné par le i)rincipe qu'il pose, parce que nous voulons éviter de subordonner à la question de Yen celle de l'unité européemie ou celle du scijidement de Ya. Disons donc tout de suite que l'ab- sence de Yni dans les langues letto-slaves, sur laquelle l'auteur se foijdc, est révoquée en doute par M. Joh. Schmidt qui en sigiiah' des traces nombreuses K. Z. XXIII 348 seq. M. Schmidt
La diphthongne eu dans les langues Ictto-slavcH. 07
regarde le paléosl. jii et le litli. iaii ('oiiiiiu' vUuit dans ccrtuins cas des représentants de Vcîi (si. h(l)juda = goth. hiuda, gr. nsv- d-o^iai-, lith. riâugmi, gr. SQsvycûi). Depuis il est vrai, M. Bezzen- berger a rompu une nouvelle lance pour la cause qu'il défend. Notre incompétence ne nous permet point de jugement; mais voici ce que nous tenons du moins à dire:
Lors même que la supposition de M. Schmidt ne devrait pas se vérifier, lors même qu'il n'existerait aucun indice d'une di- phthongue eu dans le domaine letto-slave, il ne s'en suivrait pas (ju'elle n'a jamais existé: les langues italiques non plus ne pos- sèdent pas Veiiy et n'était le seul Lcncetio, on pourrait venir dire que jamais dans l'italique l'ancienne diphthongue an n'a peu la forme eu. Personne ne doute cependant que dottco ne soit sorti de *det(co. La même chose semble s'être passée dans le letto- slave, non-seulement dans la diphthongue, mais aussi, comme en latin, dans le groupe ev. Ceci se voit avec le plus de clarté dans le paléosl. cloveliu: le lette zilwélcs montre en efï'et que \'o n'est pas primitif^, et sans aller si loin il suffit de constater la palatale initiale v pour savoir que la forme ancienne est *relvc'Jcû (voy. à ce sujet J. Schmidt Voc. II 38 seq.). D'où vient Vo par conséquent? Il ne peut venir que du v avec lequel la métathèse de la liquide l'avait mis eu contact. — Par un raisomiement d'un autre genre on acquiert la conviction que slovo est sorti de ^slevo: en effet les neutres en -as n'ont de toute antiquité que «j^, jamais ft^,, dans la syllabe radicale: il en est ainsi dans l'arien, le grec, le latin, le germanique. Or le slave lui-môme n'enfreint point cette règle ainsi que le montre neho = gr. vécpoç. Comment donc expliquer slovo = xXéfog autrement que par l'influence du v sur rV'? Il y aurait la même remarque à faire sur le présent plova = gr. nXifa, car nlâco est évidemment de formation postérieure. — Dans une syllabe de désinence nous trouvons semblablement on sanskrit sunkvas, en grec niji^eç, en gothique sun}HS, et dans le slave seul synove.
Cette action du v qui a duré fort tard, comme le montre clo- velxû, commence de se produire dès la période d'unité letto-
1. On trouve aussi Te dans le gotb. fairhims «monde» qu'on peut ra- mener à *hverhviis, *hvervehvns et rapprocher de clovèku.
6*
(38 La diphthongue eu dans les langues letto-slaves.
slave. Eu regard du grec vifo-$ apparaît eu lithuauieu naûjas comrue eu slave novu.
Ici quelques mots sur l'a lithuauieu. Eu préseuce de la com- plète équivaleuce de cet a et de Yo slave (tous deux représeuteut .1 et a^), ou se demaude uaturellemeut auquel des deux phouèmes appartieut la priorité. Le mot dout il vieut d'être questiou est-il sous sa forme letto-slave novos ou bien navets? A voir toutes les fiuctuatious outre Vd et l'a des différents dialectes de la Baltique, borussien, lithuanien, lette, et à considérer la divergence de teinte entre Va bref et Va long soit eu lithuanien soit en slave (litli. a : ô; si. 0 : a), une troisième hj^pothèse se présente vite à l'esprit, savoir nâvàs. Dans la période letto-slave on aurait prononcé uou un a pur, mais «un a, bref et long. Sans doute il n'y a pas pour cette hypothèse d'argument bien positif, mais il y en a encore moins, croyons-nous, qu'on puisse invoquer contre elle. Elle appuie les faits d'assimilation dout nous parlions, comme d'autre part elle en est appuyée. La méthode comparative est et sera tou- jours obligée de recourir parfois à ces sortes d'inductions doubles.
Je cite encore le lith. javaî, gr. i,sâ (skr. yàva), sâvo, gr. èfog, puis deux mots où le même phénomène se manifeste, semble-t-il, en sens inverse comme dans le lat. vomo pour *vemo. Ce sont vâkaras == gr. sôtcsqos, si. vecerii; vasarà == gr. éaç^ lat. ver. Plusieurs de ces exemples et des précédents font partie de la liste où ]\I. J. Schmidt consigne les cas prétendus de concordance in- complète de Vc dans les langues européennes: ce seraient, si tout ceci n'est pas illusoire, autant de numéros à retrancher d'un cata- logue déjà bien diminué.
Cette transformatiou letto-slave de ev en âv diffère du phé- nomène analogue que présente l'italique principalement eu ce qu'elle n'a pas lieu constamment. Il faut bien qu'il y ait une cause pour que develt (lith. devyni) n'ait pas été traité comme '■^•sJcro devenu slovo, mais cette cause demeure cachée. — Dans la di]ilitli(jugue au contraire l'assimilation de l'e est la règle, abstrac- tion faite des cas tels que hljuda et riâugmi que nous avons vus l)lus haut. Il y a peut-être une preuve de cette double origine de Vuu (en dernière analyse elle est triple, l'a {à) étant lui-même fonué de a -j- a^) dans le génitif lithuanien simaûs des thèmes en -u en regard du géu. a1;i'S (et non «aJcais») des thèmes en
Exemples des diphtlion^'ucs -ii^ Au, en f,'orniiuii(iuo et on lelto-slavc. fiO
-/ '. Toutefois le rapport exact entre c et ai étant ciicoïc incciliiin, nous u'iusistons pas.
Dans la descendance letto-slave des diphthongues a^l, a.ji, A l, il y a également, nous venons d'y faire allusion, des perturba- tions assez graves. La signification exacte de Yi et de l'ë en slave, de IV' (ci) et de Y ai en lithuanien est encore un problème. 11 seml)le (jue l'ë de la dernière langue, (pii représente ap])aremment «^/, ne soit ailleurs qu'une dégradation de \ai: on a par exèmjde en regard du gotli. Imims, du boruss. Jcaima, voire même du lith. liainiynas, un ë dans khnas.
De ce qui précède il ressort que les exemples de ,) lithuanien ou slave dans la diphthongue ne peuvent avoir comme tels qu'une valeur très-relative, presque nulle lorsqu'il s'agit de j«.
(?) <j h A i s : haer-eo lith. gaisztù, gaîszti. F.
sliAidh: caed-o goth. slcaid-an, skaislmid.
AU g: aug-eo, avi^tç goth. aidc-a, aionlc; lith. ûug-u.
(?).■! «s; li-aur-io,h-aus-tus norr. aus-a, jds. F.
aevum, alcôv goth. aivs. cf. p. 56. caccus goth. haihs.
ôa{if)'^Q ags. tâcor; si. dc- verï, lith. dëveris. hacdus goth. gaits.
lacvus, kaiôg si. lëvu.
aurora lith. auszrù.
caulis, icavXôs lith. Jiâidas. C.
vâvg norr. nau-sL
pau-cus goth. fav-ai.
ôavôaQoç lith. satlsas.
^A-yaiS^^ioC goth. ^«!;?\
1. Le thème du mot gothique est gaitja- (contrée): 'AxaioC signifierait ofio^coçoi. Ici se placent peut-être aussi les /Jaçiéig Tçi-%«ixfs, à moins d'y voir un composé de tqi'xcc — à la manière de l'indien purudhd-pratïlca — avec un thème fin- = zend vie «clan».
Chapitre III.
Les deux o gréco-italiqnes.
C'est pour des raisons toutes pratiques que nous avons jus- qu'ici considéré Vo gréco-italique comme un tout homogène. En
1. L'rtit dii gothique sunaiis ne s'explique pas de la sorte, comme le fait voir la forme correspondante des thèmes en -i qui, elle aussi, a l'a: aiistais. Jusqu'à présent cet au et cet ai ne s'expliquent pas du tout.
70 -Le phonème «2-
réalité il en existe au contraire deux espèces bien distinctes que nous allons étudier l'une après l'autre.
§ 7. «2 gréco-italique. — a^ indo-européeu.
Les phénomènes des langues ariennes sont ici trop intime- ment liés à ceux qu'on observe en Europe pour pouvoir être traités à part. Nous avons donc inscrit en tête du paragraphe Va.2 indo-européen à côté du gréco-italique o^.
La véritable définition de % ^st, ce me semble: la voyelle qui, dans les langues européennes, alterne régulièrement avec e au sein d'ime même syllabe radicale ou suffixale.
Ainsi, pour parler d'un a.^ proethnique, il faut absolument placer aussi le germe de \'e européen dans la période d'unité pre- mière. C'est là l'hypothèse de M. Brugman. Ce savant, par une conception qu'Amelung avait entrevue (v. p. 5), renonce à cher- cher dans l'état du vocalisme que nous représente l'arien la domiée d'où il faut faire découler les phonèmes de l'Occident et transporte au contraire jusque dans la langue mère le principe de l'e européen et du phonème qui remplace parfois cet e («g), laissant du reste le nombre total des a provisoirement indéter- miné.
Dans tout ce qui suit nous partons de cette hypothèse non prouvée de l'origine proetlmique de a^ = e. Quant à a.,, nous voulons le prouver par le moyen des faits réunis dans le para- graphe, lesquels du reste sont généralement connus. — Plus tard nous examinerons jusqu'à quel point ces faits, en assurant «2? n'assurent pas du même coup r«i indo-européen.
M. Brugman s'est étendu avec le plus de détail sur a.,: Stu- dieu IX 3G7 seq. 379 seq. K. Z. XXIV 2. Ce phonème, dit -il, devient dans l'arménien, le grec, l'italique et le slave ^: o, dans le celtique, le germanique et les langues de la Baltique: a, dans
1. Bien que ce no soit pas là une question de fond, nous aimerions mieux ne pas mettre ainsi le slave en compagnie des langues du sud, car on ne saurait trop insister sur la disjiaritt' de Vo slave et de l'o des lan- p^es classiques. Le premier a ni plus ni moins la valeur d'un (( lithuanien ou gothique. Quand nous voyons au contraire a^ devenir en gi-éco-italique 0 et non a (antithèse qui en slave n'existe pas) , c'est là un fait notable, que nous avons utilise § 4, s.
a_j au pariiiit. 7 1
l'arien en toute syllabe ouverte: a, mais, si la syllabe est fer- mée ', a.
Comme nous le disions, il y a, indépendamment ih; ce (jui appartient aux liquides sonantes, des o <^réco-itali((ues (|ui re- montent à un phonème autre; que a.^. Nous appelons o.^ l'espèce <|ui éffuivaut à l'ajicien a.,: le second r> recevra la dési<^natio)i o.
Voici les formations où «^ (gréco-it. a,) vient régulièrement remplacer a^ (e).
1. Syllabe radicale.
a. POnMATIONS VEItBALK.S.
Pakfait. Tandis que dans l'origine le moyen ainsi que le pluriel et le duel de l'actif rejettent \'a^^ radical, le simjuUer de l'actif Ini substitue a./. On trouve toutes les formes grecques en question énumérées chez Curtius Verb. II 185 seq. 188 seq. En voici quelques exemples pris dans les trois modèles de racines de la page 8:
jev: ysyova bepK: ôsôoQxa Xey: £Ïko%a
Kiev: EKtova FeiK: soLKa leK: réroxa
|U€p: ë^^oQa èXeu0: siX'^Xovd-a^ X^^'- xexoôa
1. Pour la diphthongue, on pourra nommer syllabe ouverte celle où, étant suivi d'ime voyelle, le second élément de la diphthongue se change en une semi-voyelle {ciJcdya); la syllabe fermée est celle qui est suivie d'une consonne {bibhfda).
2. Nous avons parlé plus haut de l'extension secondaire de cette forme en grec (p. 12 et p. 22 i. n.). oïda: i'dfisv, et quelques autres exem- ples reflètent l'image de l'état primitif qui est encore celui du germanique et du sanskrit.
3. On sait que la diphthongue ov n'est plus en grec qu'une antiquité conservée çà et là; les parfaits comme itécpevycc, tîtbvxcc, ne doivent donc pas étonner. Mais on trouve encore d'autres parfaits contenant Vs, tels que tienXe^cùg, lèlsya. Au moyen, ces formes sont nombreuses, et l'on a même la diphthongue ft dans lélsintai, nénfiaiiai etc. (à côté des forma- tions régulières fixTo, i'd^ai, TtTvyj.iaL etc.). Cet e vient certainement en partie du présent, mais il a encore une autre source, les formes faibles du parfait chez celles des racines de la forme C qui ne pouvaient rejeter c^ — certaines d'entre elles le pouvaient, v. page 12 i. n. Ainsi ts h a dû faire d'abord rtrons, plur. *TfTE)tn;,ufv ou *zstiiy.usv, parce que «Tfrx.ufv» était impossible. Ce qui appuie cette explication de l's , c"est que les formes en question, celles du moins qui appartiennent à l'actif, sont principalement des participes, et que le partie, parf. demande la racine faible. Ex.: iv- rjvoxa ttv-rivsxvLccv, li'loxcc owsilêx^^Ç etc. Curtius Yerb. II 190.
72 «2 ^^^ parfait.
Dans le latin totondi, spojyondi, momordi (v^ latin spcpondi, memordî) vit im reste de cette antique formation. On peut sup- poser que le présent de ces verbes a été d'abord *tendo, *spcndo, *))icrdo. A côté de ces présents on avait les dérivés tondco, spon- deo, niordeo, et en vertu de la règle: qui se ressemble s'assemble, le verbe en -eo se mettant en rapport avec le parfait finit par évincer l'ancien présent. — Cf. p. 13. ^
Dans les langues germanic[ues le singulier du parfait nest pas moins bien conservé que le pluriel et le duel. Là, partout la forme faible privée d'« (p. 12 et 22), ici partout a^ sous sa figure germanique «: gcd) de gihan, hait de heitan, haug de biugan, varj) de vairjjan, rann de rirman etc.
Le parfait irlandais traité par M. Windiscb K. Z. XXIII 201 seq. est fort intéressant: ici encore Ve, expulsé au pluriel, de- vient a (= a^) au singulier. L'auteur réunit les exemples de cet rt, p. 235 seq. où il n'y a qu'à choisir dans la masse. Prés, con- dercar «voir», parf. sing. ad-cJion-darc ; prés. Nigini «traire», parf. sing. do ommalgg etc.
Les langues ariennes répondent par l'a long dans la syllabe ouverte: iikr. gagâma, paiMta, viMya. La syllabe fermée comme la diplithongue suivie d'une consonne ont Va bref, selon la règle: dadârra, hibhéda.
Il est singulier que dans la langue védique la première per- somie ne montre jamais d'à long, et que même dans le sanskrit classique la longue ne soit que facultative pour cette forme. M. Brugman (Stud. 371) a cherché à expliquer le fait au moyen de son h3^pothèse sur la désmence -a de cette première personne, laquelle représenterait mi ancien -m (v. p. 42): la syllabe se trou- vant ainsi fermée, l'a bref de gagàma etc. n'aurait rien que de régulier. Mais 1" il est permis de douter que cet a représente vraiment une nasale; 2° ce point même étant admis, on préjuge dans cette explication la question de savoir quel i)liénomène est antérieur de l'allongement de a^j ou de l'évanouissement de la na- sale; 3" dans rà(jân-{a)in , p{\d-(a)m et autres formes la désinence -m n'a pas empêché l'allongement de a.^. — Il faut avouer qu'on ne saurait tenir pour certaine la présence de a.^ h la première per- sonne: cl h' est assurée pour la 3" persoime, et probable pour la seconde ((j(iga)dli(i); voilà tout, car en grec et en germanique la
«^ dans différentes formations verbiilcs. 7^5
première personne pouvait facilement ('in])runter <i.^ ;i la seconde et à la troisième '.
A part ce petit groupe du parfait singulier on ne iciicuntre nulle part dans la flexion verbale a^ remjdiieinit l'rtj riidical. Trois aoristes sigmatiques grecs '"^r Ôoâaaaro en regard de l'iinparf. dtâ^irjv, -ttoGOE (Pindare) de la rac. Ttx, t,6u(Sov afii'aov lies. cf. ^£Îvv^6v, peuvent néanmoins renfermer un vestige de quelque autre emploi de a.^. Et il se trouve justement que l'aoriste indien en -ièam allonge Va radical dans la syllabe ouverte comme si cet «était «2 : âJmnisam, âvâdisam. Seulement, dans le dialecte vé- dique, l'allongement n'est qu'intermittent: la liste que donne Delbriick Altind. Verh. 1 79 seq. montre qu'à une ou deux excep- tions près il n'a lieu que si toutes les syllabes qui suivent sont brèves, parce qu'apparemment une certaine cadence du mot serait sans cela troublée. Il faudrait savoir, avant d'être en droit de conclure à la présence de %; si des raisons de ce genre ont pu arrêter l'allongement de ce phonème. Nous croyons en efiFet qu'il eu est ainsi; v. p. 88. Il serait essentiel aussi de connaître exacte- ment l'origine de l'aoriste en -ièam sur laquelle nous reviendrons au chapitre VI. Dans tous les cas l'aoriste sigmatique ordinaire, comme sd6i,i,a, montre a^ et non a^,.
Verbes dérivés. Outre les dénominatifs, qui naturellement prennent la racine telle qu'elle est dans le thème nominal, il existe des verbes dérivés qu'on aimerait appeler déverbatifs et dont il est impossible de ne pas faire, au moins provisoirement, une classe distincte, comme lèvent l'accentuation indienne. Nous les placerons donc ici plutôt que d'en faire un appendice aux thèmes nominaux. Ils ont eu partie le sens causatif. L'a, radical devient chez eux «2-
Gothique draglijan pour ^dragliijan, cf. driglan; lagjan, cf. ligan; Jcausjan, cf. hiusan.
Grec o%éco de /£%, (pOQsa de çpf^, G/iOTiéco de Cxstt. q?Q(i£co de ç)£/3 est peut-être un causatif.
1. Il est singulier de tronver chez Hésychius une 1*^ pei-sonne Xélsya, suivie à quelques lignes de distance d'une 2® pers. Xiloyccg. Mais il nV a là sans doute qu'un hasard.
"2. Ahrens (I 91)) conjecture un aoriste colique ôççcizoa, de éi'çaj «entre- lacer». Ce serait une quatrième forme do cette espèce.
74 «•. dans les verbes dérivés et dans les thèmes en -tna.
Ou a en latiu monco de mm, noceo de nec, torrco (dans le sens causatifj de ters. mordeo, spondeo, tondeo trouvent dans les lan- gues congénères Ve radical requis. Nous reviendrons sur tongeo et le ^oÛ\.Jiacil:jan^. On connaît les deux exemples gréco-italiques torquco = rçonéa (rac. terh^, sorheo = çocpéa (rac. serhh). Curtius Verb. P 348. — Le latin conserve Yo dans des formes dérivées directement de la racine et qui primitivement devaient avoir une autre voyelle, ainsi dans sponsus, tonsus. Dans morsus, tostus, on pourrait à la rigueur admettre que or est sorti d'une liquide so- nante.
Ce que peut fournir la 1'' conjugaison appartient aux dé- nominatifs, car les langues congénères ne montrent jamais .i dans la syllabe de dérivation de cette espèce de verbes.
En paléoslave: po-loHti de leg, topiti de tep, voziti de vez etc.
Nous trouvons dans les langues ariemies la voyelle longue qu'il fallait attendre: s'kr. pâtiiyati àe pat, çrtivâyati de cro. Zend parayëiti àe par. — Les racines fermées ont la brève régulière: vartâyati, rocmjati.
b. FORMATIONS NOMINALES.
Thèmes ex -ma. Le grec en offre mi assez' grand nombre. Nous désignons par Hm. ceux qu'on trouve chez Homère, par Hs, ceux qui sont tirés d'Hésycliius.
ei oi^o ^ Hm. Xex ^ôx(irj Hm. épK oQXfio Hs. 1 cep oQ^o Hm.
ppex /39o;K(ud Hs. 2cep oQfi'^Em.
FeX oX^o Hm. TTÉT TtÔT^io^lhn. bex àoyjiy'] creX ôtoX^o
Fep opfio Hm. TeX ToA^ujj-Hm. Kep xoç^ôllm. cpep (poç^ô^ Tep Topjito'' cXei Ao<uo ^''Hm. (p\e'( cpXoy^o
TrXeK ;rAo;t^oHm. Fex Gvv-sox^ô I Hm.
1. En outre oi'^t]. — 2. S'il était prouvé que le t initial de TfTftfiV vient d'une ancienne gutturale, il vaudrait mieux retirer Ttàtfiog de la rac. TTfr. Le rapport de nôr^og à Tirfisîv serait quant à la consonne initiale celui de noivrj à tiicai. — 3. C'est TÔpftos dans le sens de téçfia, non tÔq- fiog <'troU'> que nous entendons. — 4. àXoinôg «enduit» est un mot con- servé dans l'Etymol. Mag. Il se rapporte non à àliîcp<a mais à kIîvsiv àXn'(f)nv, et au lat. lino (lëri, llti(s); v. Curtius Verb. I-' 259. — 5. Il existe une racine ,s?v/,t «pécher, être criminel, se i^erdre»: elle a donné le skr.
1. Dans foceo, moveo, voveo, mulgco, urgeo et d'autres, il faut tenir compte de l'influence possible des phonèmes avoisinants.
a.^ (lan.s les thômoH en -ïiitt. 7')
sre-man dans asremnn que Bôhtl. -lioth et GrasHmann (h- v. srcman) tra- duisent par fchîerlos, peut-être aussi srima, nom de fantftmcH nocturnCH. En latin lë-ttun, de-leo (<le-levi). En grec Aot-.ju.os et Xoirôg' Xoiuôç JIck. re- jeté par M. Schmidt, quoique garanti par Tordre alphaVji'tique. Une racine sœur se trouve dans le skr. srivyati «manquer, échouer ;■> parent du grec Iv^rj, Iviiaîvo^ai. Puis il y a la racine amplifiée sra^idh: skr. srcUhati «etwas falsch machen, fehlgehon» et sri'dh «der Irrende, dcr Verkehrtc» (B. R.); elle donne en grec ryAt'^toç, dor. âiî&iog pour à-aXî&iog (rjleôç est autre chose). La branche sra^i-t ne se trouve qu'en Europe: goth. slcilis «nuisible», grec tt-((>)lix-siv «pécher», kXoltÔç' ûnaQToûôç; peut-être en outre le lat. stUt-. On peut admettre du reste que àXvziiv n'a reçu sa den- tale que sur sol grec. C'est là l'opinion de M. Curtius (Grdz, 547), et elle a une base très-solide dans la forme âXiC-xriç. — G. V. le dictionnaire de Passov? s. V. ^syyiôç. — 7. Il est douteux que le mot vienne de (péça, mais le degré cpsQ existe en tous cas dans cpeçvîov, (psQfiiov «j^anier».
Le verbe aoLfiâo^at indique un ancien thème '"^xotfir] ou *xotfio de la rac. xsi. Dans 7il6x(a)^og de TiXtx, ovX(a)^6g de /«A on a sans doute le même suffixe. — Quelques exceptions comme teifi'^ (inscr.), dftftdç, àysQiiôg, présentent Ve dans la racine: ce sont des formations nouvelles (|ui ont suivi l'analogie des neutres en -[la. Pour xsvd'^iôg même remarque qu'à propos de ntcptvya.
La racine du lat. forma sera sans doute fer (anc. dha^r), avec e; Vo est donc %.
Les thèmes germaniques flauma- «flot» (Fick III'^ l'-^-^)? strauma- «fleuve» (F. 349), seraient en grec «TiXovfio, qov^io». De la rac. ber vient harma- «giron» (F. 203), qui en gothique est devenu un thème en -i. Le goth. Jiainis «village» n'est thème en -l qu'au singulier: l'ancien haima reparaît dans le plur. (fém.) Jiaimos; le degré a^ se trouve dans heiva- «maison».
Au germ. haima- répond en borussien Icaima, cf. lith. kai)>nj- nas et Ji'cmas (p. 69). De vez (vehere) le lithuanien forme vazmà «le métier de charretier» (Schleicher, Lit. C^r. 129), de lonh «cour- ber», avec un s inséré, lànhsmas «courbure».
Les thèmes en -ma du Véda se trouvent réunis dans le livre de M. B. Lindner, Altuidische Nominalbilduny p. 90. Nous citons une fois pour toutes ce livre indispensable que nous avons con- stamment consulté et utilisé pour tout ce qui concerne la forma- tion des mots.
La syllabe radicale de ces thèmes indiens ne se trouve jamais dans la position qui met a.^ en évidence, puisque le suffixe, com-
76 a^ dans les thèmes en -ma et en -ta.
meuçaut par ime cousomie, en fait une syllabe fermée. On ne peut pasp'Oîa-er a.^ dans s&r-ma, é-ma etc., comme d'autre part on ne pourrait pas prouver que leur a est a^. Une série de thèmes indiens en -ma présente donc la forme forte de la racine: une seconde série, il est vrai, rejette la radical, mais celle-là aussi, comme nous le constaterons, se reproduit dans les langues con- génères. La première classe, celle qui nous intéresse ici, accentue comme en grec tantôt la racine tantôt le suffixe. Ex. hô-ma^ dhâr-ma, et nar-mâ, gliar-mâ.
Cette formation donnait des noms abstraits masculins (car les féminins comme le gr. oï^r] ou le lat. forma sont étrangers au sanskrit), mais elle ne paraît pas avoir produit d'adjectifs. Le cas du lat./brwM(s, gr. -ô-f^ftdg, est isolé, et en sanskrit gharmâ est substantif. En ce qui concerne d^eQ^og, son s est postérieur, car, outre for mus, le gh de gharmâ indique a.^ (v. cliap. IV). Cet s, il est vrai, a dû être introduit avant que le procès du dentalisme fût consommé; autrement le d- ne s'expliquerait pas.
Thèmes en -ta. Nous commençons comme toujours par le grec:
ei |
OITO |
vec |
v60to |
àFep àoQxri |
Kei |
xotto ^ |
qpep |
(pOQTO |
Ppe|u ^Qovxri |
Kev'"^ |
XOVTO |
Xep-' |
lOQXO |
)Uep ^OQTIJ |
1. Et le fém. yiotzrj. — 2. ksv est la vraie forme de la racine; de là yiév-TcoQ, Ksv-TQov, xfv-Tf'û). Peu de probabilité pour le rapprochement avec skr. kunta. — 3. Dans îv-xbq-tjç.
nXovtog est d'une formation trop peu claire pour figurer dans la liste. L'admission de aoçtr] et du sicil. ftotroç dépend aussi de l'étymologie qu'on en fera. AoiTog en revanche' prendrait place ici de plein droit ^ (v. p. 75).
Le latin a Jiortus = x^Q^og. M. Fick compare Morta, nom d'une Parque, à fioQv^ «part», mais ce nom est-il latin? Nous avons mis porta parmi les cas de liquide sonante, p. 15.
Le gothique a dauj)a- «mort» de rZ/mn (germ. c?à»(/a-, Verner
1. On ne sait où placer les noms d'agents en -rTj-ç, dont la parenté avec les mots en -rr/ç (Hrugman, Stud. IX 404) est bien douteuse, vu Ïk du dorique. Qucltiues-uns ont l'o: ayi'pr/}ç(?), rJoprryg (mais aussi «oçr/jp), 'ylQyn-(f)ûvzr]ç, féin. v,vvo-rpôvriç:, Movocc, * Môvrifa ït'nx. do* Môvrrjg. (pQOv- Ttg est de dérivation secondaire.
«2 dans les thriiies on -la ot on -vn. 77
K. Z. XXTTI V2?>). D'ordiiiairo ccpciKlaiit ce lU' sont que les thèmes en -ta dont la syllalje radicale est affaiblie, non ccnx où elle est du degré a.^, qui servent à former des participes. La racine germanique hrcn « brûler i> donne hranj)a- «'incendie/) (Fick 111 •' 205); hreu «brasser» donne hrmida- ncut. «pain/) (F. 21 H). Quant au goth. gards, il faut le séparer du gr. ;^o()tos, v. J. Schmidt Voc. n 128. L'c des mots Jjiujja- neut. «bien» et ^iuda fém. <^peii|.li' . est surprenant; ici naturellement l'italique toulo comme aussi le litli. tarda sont sans valeur (pag. ()C seq.).
iSchleiclier donne un certain nombre de ces thèmes à hi page 115 de sa grammaire lithuanienne: tvàrtas « clôture /> de tvcrti, restas «billot» de rent «tailler», s;)rtstoi masc. j)lur. «tré- buchet» de 5^)6^^ « tendre des pièges»; nasztà fém. «fardeau» de ncss, sïaptà fém. «le secret» de sle^') «cacher» etc. — En paléo- slave: vrata neut. pi. = *vorta «porte»; c'est le lith. variai; vcrfl nous montre Vc. De peu vient jf)«-to «entrave».
En sanskrit ces thèmes auraient, j'imagine, l'aspirée th-^ nuiis je n'en trouve point d'exemple bien transparent. Le zend a gac&a fém. «le monde» de ^aë (soit^^) «vivre», dvae&a «crainte» de la racine qui est en grec ôJ^si, (Curtius, Stud. VIII 466). Le 'O- équi- vaut à un ancien th. Quelques autres formes sont consignées chez Justi p. 37L — Les neutres ^raota et çraota sont vraisemblable- ment les écjuivalents de skr. srotas et rrâtas passés dans uiu^ autre déclinaison ^
Thèmes EX -na. epecp oQcpvy] 9ep ^qovo^ nei noivri
1. %^q6voç est la métathèse de *Q'6qvoç assuré par ^oQvaè,- vnonôSiov. KvTtQioL Hes. Sur la rac. &£q v. Curtius Grdz. 257.
On ne peut savoir si la racine de d-oLvi] est -S-ft, avec c. 11 est difficile aussi de rien décider sur oivog, vnvog et oxvos. téxin]^ ësôvov, q)EQVYi (éol. (psQsva) montrent un s irrégulier. Quant à Va de TtKVov, prenons garde quici \'e ne pouvait pas tomber - ce qui n'est pas le cas pour ^sçvt] — , que par conséquent rien n'empêche tex de représenter le degré où la racine expulse Vc. Or il existe une seconde série de thèmes en -na qui en effet affai-
1. Il est vrai que çraota coïncide avec le goth. hîiup, mais l'e de cette forme fait sopçonner qu'elle est récente. Quant au lith. sriaiitasi, il peut s'identifier à srôtas aussi bien qu'à Çraota.
78 «2 <l^"s l^s thèmes en -na.
blit la racine: c'est à cette classe sûrement qu'appartient rixvov et son équivalent germanique ^egnâ- (oxyton, v. Verner 1. c. 98). TcoQvrj en fait partie également; son o n'est pas «2-
En regard de (ovog, aviq (skr. vasnâ), le lat. vemim dure et le slave vèno présentent un e fort extraordinaire. Il faut dire que l'étymologie de ce mot n'est point encore éclaircie et qu'il nous apparaît entièrement isolé. On pourrait, il est vrai, le mettre en rapport avec skr. vâsii.
La racine germanique veg doime vagtia- «char»; her donne harna- neut. «enfant» (mais en lith. bernas)'^ de leih(v) vient laihna- neut. «le prêt» (F. IIP 260), de leug langna fém. «action de ca- cher» (F. 276). On aurait tort de placer ici launa- «salaire»: le grec lav nous apprend que son a est a.
Je trouve en lithuanien varsnà fém. arçocpr] ^oœv (de vèrsfi?) et Minas «montagne» de lel. On compare à ce dernier le lat. collis: peut-être y a-t-il même identité complète, car le passage d'un thème en -o comme *colno dans la déclinaison en -i se ren- contre dans plusieurs cas. Pour mainas «échange» = si. mhm (F. Il- 63o), la voyelle radicale est incertaine. Slave strana «ré- gion» pour *storna; cèna «honneur» identique au gr. Ttoiviq, au zd. Mena fém.; Va^ radical est évident dans le dor. ccTtotsiGst et autres formes. On connaît moins bien la racine du zd. daena fém. «loi» que M. J. Schmidt (Verwandtsch. 46) compare au lith. dainà (cf. crét. è'v-d-Lvog = evvofiog?). Zd. vaçna «désir».
En sanskrit on a entre autres les oxytons ^waf^îrt, (vasnâ), syonâ adj. «moelleux» d'où syonà-m «couche» (= gr. avvri pour *owïJ?), les paroxytons vârtm, svâima, phéna. A ce dernier ré- pond le lith. jr)r"«s qui semblerait prouver a^\ mais, comme dans kêmas, il y a lieu de se délier de ë, d'autant plus que le gr. q)oi- v6g «sanglant» (primit. «écumant»?) pourrait bien attester posi- tivement a^.
Thèmes GUECS EN -co. (tgk to'^o^) K€p xoçaô" XeK ylo^o
1. L's appartient peut-T-tre à la racine comme c'ebt le cas pour 7ta- Xîv o(jco, urp-oQQO. — 2. koqgÔv xoçtiov Hes. — Je ne fais que montionner vôaog vovaoç et fiopoiftoç. < )n pourrait ajouter Sô^a de ôsk si Ton assimi- lait son « a celui «le zôXfia.
!><• latin partage avi'c h' grec le tbèiue lohso (li4xus) et possède en outre nn.x(f, et", rirrarc.
0., dans les thèmes grecs en -avo et en -fv. 70
Thèmes oijkcs en -avo, -av\\. On les trouve; réunis clic/ <)!. Mcyer Nasalstamtne 61 .seq. En liiis.sant de cote les adjectifs en -av&, il reste principalement des noms d'instrument proparo- xytons, dont quelques-uns montrent \'e, tandis que la majorité prend 0^. Ainsi àçénavo^ Grtcpavo en regard de ^ôccvo, oçyatfo, oiavo, noTiavo, ;^oar'o, xôÔavo etc. A côté de oQtiûvri (Eschyle) on trouve beaucoup plus tard açxâvrj. Somme toute, il semldc que Vo soit de règle. Cf. litli. darg-anà «temi)s ])luvifii.\ ■> de <k'r<j, râ(j-ana «sorcière» de reg «voir».
L'o du grec paraît à première vue s'accorder à merveille avec l'a long des mots indiens tels que l'adj. nàrana perditor de nàratl perire ou le neut. vàhana «véhicule» tout pareil à oxavov. Mais ces mots ont un rapport si étroit avec les verbes de la lO'' classe qu'il est difficile de ne pas voir dans leur suffixe une mutilation de -aijana^. Et cependant la formation existe aussi en zend: dCi- rana «protection» = skr. dharana. Nous laisserons la question indécise.
Thèmes grecs en -eu. Ils prennent constamment o.^ si la racine a e. Ainsi yev yovtv, Fex ^^X^^^ ve|Li vo^sv, Txeixn Tto^nsv, TÊK tozsvj Tpecp tQO(psv^ x^v %0EVy et cent autres. Mais ces mots sont probablement de dérivation secondaire (Pott K. Z. TX 171); ils auraient pour base les thèmes qui suivent.
Thèmes en -a. Ou peut diviser de la manière suivante ceux (contenant a^) que fournit la langue hellénique:
Adjectifs (relativement peu nombreux): bex Ôouk Te)n ro^ô, è\K oljio, C|uei Gfioiô, 6eu -O-oo', Xem ^oiTto etc.
Noms d'agent: kActt xXotcô, Tpeqp rçocpo, TreiuTT jto^nô, àFeib âoiôô etc.
Noms d'objets et noms abstraits: ireK nâxo, tek toxo, lecp t,ôq)o, ve|Li v6(io, ttXeu nkoo, cxeix Gtotxo, ep [7i£i>rtix6i>r-\oQO etc. — Oxytons: Xeir Ao:7ro, V6|u vo^6, Xeuy Aoiyo etc.
Féminins: bex ^0%*}, cieX ôtolï], cpepP (poQ^y'j, cnevb a7roi'ô)'j, XeiP /lot/3?;, CTTeub GtcovÔï'j etc.
Le latin, fort chiche de ses a.^, en met parfois où il n'en faut point. Il a les neutres pondes- de pend et foedes- de feid, alors que le règle constante des thèmes en -as est de garder a^ dans la
1. La chose est évidente dans astamana et antarcu.ia, v. B. R.
go «2 <^^°8 1^^ thèmes en -a.
racine ^ Probablement ces mots ont été d'abord des neutres eu -a. L'ablatif 2W«f7o ne s'explique pas autrement; */birfo- n'a pas laissé de trace, mais le neutre ^feidos est conservé dans fidus-ta qui serait donc plus primitif que le foideratei du sénatusconsulte-des Bacchanales. L'opinion de Corssen qui fait de ftdnsta un super- latif est rejetée par d'autres autorités. — Outre ces deux mots à restituer, nous trouvons dolus = ôoXog — le degré del n'existe plus nulle part, mais Vo de ce mot fait bien l'effet d'être o^ — modus de med (gr. ^éô-L^vos, goth. mit-an)'^ pivcus de ^^rec (cf. Xyrocax)] rogns de regi?)'^ vieux-lat. tommi de (s)ten {2Jt8v-tg)q etc.) ; le fém. toga de teg. On peut mentionner ici jwdex de ^;ëf? = '^perd. — On s'étonne de l'osq. feîhoss en regard du rotxog grec.
En gothique : saggva- (siggvan), vraka- (vrikari), dragla- neut. (drigJcan); laïba fém. (-îeihan), staiga fém. (steigan), hnaiva adj. (Jmeivmi), etc.
En lithuanien: dagà «temps de la moisson» (goth. daga-) de deg «brûler»^; vâda-s de ved; tàJca-s, slave tolcû de tek; hradâ fém., si, hrodu de bred. En slave ^j/ofw de j)?ef, laM de Içk, trqsu de trcs etc.
Les langues ariennes montrent dans la syllabe ouverte la voyelle longue régulière. Noms d'objets et noms abstraits: skr. tana = gr. rovo-g, sniva = gr. q6o-s, ixdîâ «cuisson» de j9ac; zd. vUda «meurtre» de vad (vadh). Adjectifs, noms d'agent: skr. tapa «chaud» (aussi chaleur) de ta2), vyâdhâ «chasseur» de vyadh.
Evidemment la loi primitive était que Va^ radical cédât la place à «2 dans le thème en -a. Toutes les infractions dont se sont rendues coupables les différentes langues ne sont pas par- venues à obscurcir ce trait caractéristique de leur commune structure grammaticale. (J'est dans les langues ariennes que l'in- novation a pris les plus grandes proportions: elle embrasse tous les mots comme yàma de yam, stàva de sto etc. L'analogie des racines terminées par deux consonnes a dû avoir en ceci mie très- grando part d'iuHuence: dès l'instant où les sons de a^ et a.^ se fiirt'ut confondus, un mot comme vârdha, primitivement va^^rdJia, s'associa dans l'esprit de celui qui parlait au présent vârdhati,.
1 . hohwi iï cAtt' dn vieux-lat. lielm^d doit son o a\i voisinage de 1.
2. A côté de (/«r/à et diigas se trouve la formation nouvelle (Z^^as «in- cendie *.
u.^ dans les thèmes en -a. 81
primitiverae'nt vâ^rd/iafi, et il est tout naturel qu'oîi ait ensuite formé sur ce modèle yània de yûmati, ou ha>ia de Jtnsati à côté de hdsa. — En Europe, où la distinction des deux a («x> ^a) sub- sistait, nous n'en constatons pas. moins un oubli fréquent de la tradition: cependant le grec montre une somme encore si minime de formations de ce genre qu'on n'en jicut tirer que la confirma- tion de leur absence peut-être presque totale à l'origine. Ce sont 1<'8 neutres (-'Qy-o^ et rsXa-o, les adjectifs neX-ô, xt'ça-o, Qb\uft-o et :n:ip;c-0|(ordinairement:7t£^x-î/o'), plus eXsyo et elsy^o. Dans le cas de ^.evx-6 la diphthongue ov était enjeu; xsXsvd--o montre encore sa forme anciemie dans à-xoXovd-o. A côté de ^sXcpoî on a doXcpô. Je crois que c'est là, avec les mots qui suivent, à peu près tout ce que le grec possède de formations de ce genre'''.
Il y a des exemples qui possèdent leur analogue dans un des idiomes congénères et qui méritent certainement toute attention : ^6cc en regard de l'iud. yava^-^ ïiisço pour è-G^eço^ comparable au skr. smàrà; xtao qui coïncide avec le goth. dium- neut.'' Le gr. GxtvLQv (aussi GTYiVLOv) joint au skr. stàna fait conclure à un indo-eur. stagna. V. sur ces mots Joh. Schmidt Vcrivantsclmfts- verh. 64.
En germanique, ce sont principalement les adjectifs (réunis chez Zimmer, Nominalsuffixe a und â 85 — 115) qui ont admis l'c
1. Au contraire rarménien a régulièrement gorts {t'çyov), avec a.^.
2. En voici quelques-unes do moindre importance: nèitcpo, xfifqpô, Mf'çxo, TTf'Xf'S'o, atQcpo; le voc. m iiéls' tXto est obscur, fço et yélo sont anormaux déjà d'ailleurs. Tiêdo est de formation secondaire. — è,îvo pour ^évj^o et tous les cas analogues n'entrent naturellement pas en considéra- tion. 6TBV0 semble être de même nature, à cause de la forme atiLvo.
3. L'histoire de ce thème est assez compliquée: ^sâ n'est qu'une forme plus récente de ^siâ {^= skr. yàvasa) et ne peut donc se comparer directe- ment à yâva. JVIais ce mot grec nous apprend néanmoins que ïa radical de yâva est de l'espèce a, — c*.,, non de l'espèce -i. La brève de yava décide d'autre part pour a^^^i l'isolement du mot garantit suffisamment son ori- gine proethnique. Nous obtenons donc l'indo-eur. ya^u-a. — Basé là-dessus nous avons admis dans Va du lith. javai une altération secondaire de Ve, p. G8.
4. Cf. xiXloi pour ■^'xselioi^ i^iàxiov pour *iafictriov etc. — La glose rjpi,8Qr6v snéçaotov ébranle l'étymologie ordinaire.
5. Le sens premier serait anima. Cf. p. 84 i. n. — Le lith. dvesti et dvdsé «esprit» pourraient aussi suggérer un primitif '^d'feGo.
6
82 Thèmes en -a montrant a^ dans la racine. — Féminins en -a.
dans la racine. Ainsi renda- «rouge» à côté de rmida-, geïba- « jaune», Jiretiba- «asper», Jivlfa- soit hveita- «blanc», apparenté mais non pas identique au skr. çvetâ, leiiba- «cher», JjverhQ- «trans- versal», seul'a- «malade», skélha- «oblique» etc.
Dans deux adjectifs qui ont presque le caractère de pronoms et dont lun du moins n'est sûrement pas sorti d'mie racine ver- bale, r«i date de la langue mère: na^wa (gr. vioç^ goth. niujis, skr. miva) dérivé de nu (vv) et sa^na (gr. svog, lat. senex, goth. sinisfo, irl. sen, lith. sénas, skr, scîna).
Dans la plupart des langues européeimes les féminins en -« sont placés sur im pied de parfaite égalité avec les masculins ou les neutres en -a: ils servent comme eux à la dérivation courante et varient ainsi les ressources de la langue. Le sanskrit présente im état de choses tout différent. On trouve en combinant les listes de Grassmami et de M. Lindner (p. 150) que les féminins védiques en -a forment vis-à-vis des masculins une petite minorité, que la plupart d'entre eux sont des appellatifs, tels que Icâça «fouet», vaçà «vache», et que les couples comme Tckôxog TfXoxi], si fré- quents en Europe, ne sont représentés ici c^ue par quelques exem- ples (ainsi rasa rasa, vârsa (neut.) varsd). Et c'est à peine si un ou deux de ces féminins paraissent contenir a^: le plus grand nombre, comme dridià, vrtà, appartient à la classe jjrivée d'à ra- dical que nous retrouverons ailleurs. En présence de ces faits, nous n'avons pas le droit d'étendre aux féminins proetlmiques en -â toutes les conclusions auxquelles on sera arrivé pour les thèmes en -a, et il devient probable que les féminins euro- péens formés avec % sont une catégorie grammaticale hysté- rogène.
Pour ce qui est de l'accentuation des thèmes en -a, il y a, d'après tout ce qui i)récède, un triage à faire dans les matériaux qu'offre le Véda. 11 se peut que la règle de M. Lindner (loc. cit. 20) se vérifie po.îtr les formations nouvelles dont nous avons ])arlé. Mais si nous nous bornons à prendre les thèmes (védiques) qui allongent l'a radical, où ])ar conséquent nous sommes sûrs (](' la ))résence de «^, voici comment ils se classent. Paroxytons. (I. TioiMs abstraits etc.: {j}àça, hhàga) vàga, vàra, çâka, gàna neut.
Accentuation des thèmes en -a contenant a.^. 83
h. adjectifs, apixiUatifs: yara^. — Oxytons, a. (davâ) nadâ, navà, vdsd, sdvà, sddd. h. (jrahhd, nàyd, ghdsd, tard, Vdkd, vuhd, 'râyd, sdhâ, svânâ, hvdrd. — Pour être conséquent, nous avons placé entre crochets comme étant sans valeur ici les mots dont la racine contient ^i au témoignage des langues d'P]iiro})e; ex.: bhafja, gr. (pay.
a.j ne pouvant se manifester dans les mots venant de racines fermées comme manth ou ver, il en résulte (|ue le; départ entre les formations nouvelles et les formations primitives qui seules nous intéressent est impossible chez ces mots. Mais les langues con- génères garantissent jusqu'à un certain point l'ancienneté de quelques-uns d'entre eux. Voyons l'accentuation que leur donne le sanskrit. Paroxytons: gr. ôolq)6ç, germ. lalha- , skr. gdrhlta; gr. Aotyog, skr. réga [gr. 6q6ç^ skr. sâra^]; germ. hausa-'^ «crâne», skr. liôsa (Fick)-, germ. drauga-, skr. drôgha; germ. raufa-, skr. roda (F.); germ. svaita-, skr. svéda (F.). Oxytons: si. matû, skr. nianthâ; si. mraku = *tnorkû, skr. marJcd (B. II.) [si. cliromu (adj.), skr. smma*]; gr. olxo, skr. veçâ; gr. nôyxri'^, skr. ratikhà; germ. ^a«ta-, skr. todd (F.); germ. maisa-^, skr. mcsd (Bugge); germ. rauda- (adj.), skr. lohd. Quant à l'accent des mots compa- rés, on voit qu'il u'est pas toujours d'accord avec celui du sanskrit.
Sont oxytons en grec: les adjectifs, les noms d'agent, ime partie des noms abstraits masculins, les noms abstraits féminins.
En germanique, autant que j'ai pu m'en rendre compte, les substantifs (masculins et féminins) sont oxytons: le goth. snaivs (vELcpei donne Ve) prouve par la perte du g l'accentuation S)iai(g)vàr (Sievers). Dans l'article cité de M. Verner sont mentionnés les
1. Les mots comme hâdlia de hculli dont la racine a déjà l'a long, en outre les mots d'origine obscure comme gala «filet», çâpa «bois flottant» ne sont pas cités, kdma est un thème en -ma.
2. sara paraît n'être qu'une variante de çara ou çdras. Les sens de sdra (crème, quintessence etc.) et du gr. oçôç (partie aqueuse du lait) se concilient facilement, bien qu'ils soient en apparence opposés. Le lat. sé- rum est-il le même thème, ou seulement parent? Curtius Grdz. 350.
3. L'a de hausa- et de maisa-, ïo de v-ôyxri, représentent peut-être a.,, mais on ne peut le dire avec certitude.
4. Goldschmidt Mém. Soc. Ling. I 413. Ce mot ne peut figurer ici que si la racine est sram. Si l'on admet une racine srU, la chose est toute autre.
6*
84 «o dans les thèmes en -a des composés.
thèmes germaniques haugâ- (rae. lieuli., dans le gotli. liiulimd), laidâ (fém.) de IciJ), saga (fém.) de séJi (lat. secare). Les deux mots suivants sont analogues, mais viennent de racines qui ont ,-i : hobd (fém.) de Jmf, fangà (fém.) de fanh. En revanclie on a des par- oxytons dans faiha- (gotli. fllnfailis), maisa-, cf. ci-dessus. — Les adjectifs sont souvent paroxytons, ainsi Jausa- de Iciis^, Jiaulia- «liaut» en regard de liaiiga- «éminence», mais nous avons vu que la plupart ont e dans la racine, ce qui leur assigne une place à part.
En somme et autant qu'on en peut juger sur ces données fort peu complètes, on conclura: 1*^ qu'un grand nombre de thèmes en a avec a., dans la racine, ont eu dans la^ langue mère le ton sur le suffixe; 2° qu'on ne peut dire avecjiÊrMtude si quel- ques-uns de ces thèmes, quel que fût d'ailleurs le sens, ont eu au contraire le ton sur la syllabe radicale.
Dans les thèmes eu -a formant le second membre d'un com- posé dont le premier sera un substantif régi — nous ne parlons que des cas où Vaction verbale est encore sentie, non de tatpurmas en général — , ou bien une préposition, la présence de a.^ est assurée aussi '^. Nous pouvons distinguer quant au sens quatre catégories représentées par les exemjjles suivants: a. pari-vadà <de blâme» de vad, h. id-tdnâ 'iq}x\ s'étend» de tan, c. suJda-vâJm «récitation d'un sûkta» de vaé, d. uda-lidrâ «porteur d'eau» de liar. Le zend montre le même allongement de Va.
Exemples grecs: a. 6vX-Xoyog et 6vl-Xoyri de Xey] h. f|- tj^oiftôg de «ftft/j, TTQO'XOog de x^v^ c. — ; d. v-g)0QJi6g de cp£Q^, 7ivQ-g)6Qog de (psQ. La classe c existe dans quelques féminins comme ^iia&o-(poQn, mais ces mots sont des exceptions.
Exemples lithuaniens: im-szaras «nourriture» de szer, at-
1. Môme accentuation dans le mot grec qui y correspond Xovaov xd- XovQOv , Kolo^ôv, rf&Qccv6[iévov (pai'ent de dlivoficii, = goth. liusan; cf. àlvanâ^cù et chez liésychius XvaKÛ^fi). Relative mi'iit à la chute nécessaire de r« grec placé entre deux voj'elles, It'.s aflirmations péreiuptoires pa- raissent (încore prématurées en présence de certains cas tels que aavcuQÔg (lith. saiisas), lv-&ovaiaa(i6ç (cf. si. duchu, dusa). Reste à trouver la règle. — La racine fra// (avec a) donne l'adj. oxyton frodd-.
2. Il est remarquable que les composés indien.^ de caractère moderne où le premier membre est décliné {pustliiihhard etc.) ne ijrésentent jamais l'a long.
((.^ daii8 Ifs thr-nies on -/ cl, au -u. 85
laiilà «^ grâce» de Icid, iss-talcus «'écouleiiKîJit/^ de IcL l'uléo.slave: vodo-nosîi de nés, aa-logii de Icy (peut-être ])ii]iuvrîlii), pro-vodu «compagnon» de ved, po-tokù «rivière» de Ici:, jo-o-rolcû «pro- ])]iète» de relc, vodo-toliû «canal» de tch. Dans dohro-relcu (O.stliolF lieitr. de \\ et B. 111 87) \'e s'est infiltré.
En latin le vocalisme du second membre des composés, sou- mis aux influences de divers agents destructeurs, est absolument méconnaissable. L'osq. loiifri-Jconoss est un baliuvrïlii.
A l'origine, on n'eu peut douter, ces composés ont été géné- ralement oxytons. Ils le sont dans les textes védiques, et ils le sont en partie en grec. Dans la classe d le grec n'a retiré l'accent sur la pénultième que lorsqu'elle était brève ' (Bopp Acccntuations- systcm 280, 128. «clineder K. Z. XXIV 122). Voy. l'exception que présente parfois le sanskrit, chez Garbe K. Z. XXIII 481; elle rappelle la distinction du grec TiarQÔnTovoç et natQOKvôvog.
Thèmes en -i. Voici ceux que forme le grec: xpex rç6%L «coureur» (Eschyle), cipecp GtQoqjL «homme retors» (Aristo- phane), xpÉjU ZQo^h nom d'un poisson; |ue)Licp ^oficpL fém. = ^oficpi]. Adjectifs: xpecp rpoqpt (Homère), bperr ÔQÔTiLg' tQvyrjrog Hes. Cf. jU,oA7rtff, g)Q6vLg, q)6Q}ii'y^.
Cf. go th. halgl- «outre» de helg «enfler»; skr. ràrlj ghasi; dhràgi, grâhi. Lindner p. 56.
Thèmes en -u. La racine du goth. hinpan «prendre» donne Jiandit- fém. «la main» (Verner 1. c). L'a du germ. haidii- = skr. Ictiî est certainement a.^ (et non ^i), parce que. le c alternant avec A; du skr. cétati, parent de ces mots, est un signe de a^ (chap. IVj, En comparant sladu- «ombre» au skr. éâtati, on aurait mi thème en -u tout semblable aux précédents; mais ici nous sommes moins sûrs que la voyelle radicale soit a^. Nous reviendrons sur ce rapprochement au chapitre IV.
Le lith. dangns «ciel» vient de deiig «couvrir». Quant aux nombreux adjectifs en -it-s, réunis par M. J. Schmidt, Bcitrugc de Kuhn et Schleicher IV 257 seq., et qui prennent régulièrement a^, —
1. Les exemples où la règle n'est plus du tout observée (ex.: dans ^l^oXî^loq%^o<i^ tckXîvtovoç) i)résentent ordinairement cette singularité que le premier membre a i dans la dernière syllabe.
36 a., dans les thèmes en -u.
ex.: sargns de serg — , ce n'est pas en réalité au tlième en -n, restreint à quelques cas du masculin, mais bien au thème en -ya qui apparaît partout ailleurs qu'on doit, semble-t-il, attribuer la priorité: il est vrai que le sanskrit a quelques adjectifs comme dârû de dar, mais la règle dominante des anciens adjectifs en -u est de rejeter l'a radical (p. 15, 23).
On trouve un thème da.,mu dans le lat. domus, -ils, égal au paléosl. domû \ Ce dernier mot, au dire des slavistes, est bien im véritable thème en -u et ne montre point la même indifférence que d'autres à se décliner sur vïuJcu ou sur sijnu. C'est à la même formation qu'appartient le gr. xôçd-vg fém. si l'on adopte le rapprochement de M. Fick avec le goth. hairda lequel attesterait Ye racUcal et la non-suffixalité du -&•; puis XQO-Kvg, -vdog fém., de xQBzo «tramer».
Deux neutres paroxytons de grande importance: gr. ôoqv, irland. daru- (Grdz. 238), skr. dàru; gr. yovv, skr. garni. L'ind. sânu, d'après cette analogie, doit contenir a.,, (pôç^v ta ovXa. ^HXhol semble venir de q)BQ^ et avoir a.^.
Très-répandue est la famille des thèmes en -ya. Toutefois les formations secondaires s'y entremêlent si étroitement avec les mots tirés directement de la racine, que nous nous abstenons, de peur d'erreurs trop nombreuses, de soumettre ces thèmes au même examen que les précédents.
2. Syllabes suffixales.
Les langues européennes montrent clairement que la voyelle ajoutée à la racine dans les thèmes verbaux en -a est un «^ qui alterne avec a.^. Il y a concordance de tous les principaux idiomes de la famille quant à la place où apparaît «^ (1° pers. des trois nombres, 3° pers. pi.).
1. L'ind. dâmûnas «familiaris», un dos noms d'Agni, se décompose peut-être en damu -\- nas (venir). Il reste à expliquer la brève de clamii: on pourrait penser tout d'abord à un déplacement de la quantité et recon- struin- "^ dmnunas. Mais rallongement de Vi ou de r« devant une nasale est cliOBC si commune, qu'une telle hypothèse serait fort risquée. Il n'est pas inconcevable que, ïu une fois allongé, l'a., qui précédait ait été forcé par là do rester bref. V. p. 89, Toutefois la forme damûnas qui apparaît plus tard rend cette combiuaison très-problématique.
a., clans les syllabcH HufrixaloH.
87
Grec |
liaiin |
(iotlii(|U(! |
l'aléoslavi' |
Sanskrit |
(ê'XUJ^ |
vcho |
Vi(/ii |
vepj^. |
vdluimi) |
f'%0(lSV |
vchimus - |
vi(j-dm |
vezoniu'^ |
vâhUmaa |
— |
— |
vigos |
vezovc^ |
vàhïivas |
exovti |
vehunt'^ |
vi(/sind |
vez^tî |
vâhanti |
Cf. è'x^ts |
vehitc |
viyifj |
vcicte |
vàh-dtha |
1. La racine ici importe peu. — 2. AnciL-nnemcnt * vehumus, *vcJio- vius. — 3. vezoniû et vezovè sont les formes de l'aoriste (s'il existe chez ce verbe); l'e du présent vczemû, vezevè, est dû à l'analogie des autres per- sonnes. — 4. Vieux latin tremonti. — Le zena concorde avec le sanskrit. Le lithuanien présente les l^'os personnes du plur. et du duel sùkame, sùkava. h' a du goth. vigats (2® p. du.) no peut être qu'emprunté à vigam, vigand etc. On explique de même le v. h*-all. ivegat en regard du cigip gothique (2*^ p. pi,), et le lith. sùlcate, sùkata.
Les formes du moyen reproduisent le même schéma: parmi elles on distingue les l"""^ personnes du grec: q)£Q0^ai, ecpsQo^rjv qui bien que s'écartant des formes indiennes, présentent, selon la règle, un o devant (i (v. ci-dessous).
La forme primitive exacte de la P personne du singulier de l'actif est une énigme que nous n'essayons point de résoudre. Avec la désinence dite secondaire, elle n'offre pas de difficulté: gr. î'-(peQov, si. vcsû (régulier pour *vezoiî), skr. à-hharain (a bref, vu la syllabe fermée). Du reste le paradigme se répète partout Où il y a une conjugaison de l'espèce qu'on appelle thématique. Dans ce paradigme, l'apparition de a.j, est évidemment liée d'une manière ou d'une autre avec la nature de la consonne qui suit. V. Paul dans ses Beitriujc IV 40L On ne peut, vu la 3° pers. du l)luriel, — à moins d'admettre que la désinence de cette personne fût à l'origine -mti — chercher dans le son labial la cause de la translbrmation. Il faudra l'attribuer aux sonantes, ou plus géné- ralement peut-être aux sonores. C'est le seul cas où la substitu- tion du phonème a., au phonème a^ trouve son explication dans une action mécanique des sons avoisinants.
Dans la diphthougue de l'optatif, c'est a., qui apparaît: le grec et le germanique sont les seuls idiomes qui donnent à ce sujet un témoignage j)ositif, mais ce témoignage suffit: gr. è'xotg, ë%OL, ëxoi^EV etc.; goth. vigais, vigai, vigaima etc.
Devant le suffixe du participe en -mana ou -ma les langues
gg a., dans les syllabes snffixales.
européennes ont a./, gr. ixô-^£vo-g^, si. vezo mû, litli. vem-nia; le lat. vehimini ne décide rien. D'après le grec ou attendait en san- skrit «vâhâmana»: nous trouvons vâhanmna. J'ai essayé ailleurs d'expliquer cette forme par un déplacement de la quantité (cf. pavakâ pour pâvakâ, çvâpâda pour çvâpada. Grassmann s. v.). Mais cette liypotlièse, peu solide par elle-même, se heurte aux formes comme sasrmanû. Nous nous en tiendrons à ces remar- ques-ci: 1° Quant au suffixe: il n'est pas identique au -^svo du grec. Selon toute probabilité, il remonte à ma^na et se place à côté du boruss. po-Uansîmanas^ (Bopp, Grana. Comp. Trad. IV 25); le zend -mana et le gr. -fisvo représentent -ma^^ia-^ le zend -mna nous donne une troisième forme, affaiblie. Il est difficile du reste de se représenter comment ces trois suffixes ont pu alterner dans l'indo-européen, et il est étrange que de deux idiomes aussi voisins que le zend et le sanskrit, le premier ignore complètement -ma.,na quand inversement, l'autre a perdu toute trace de -ma^^tia^. 2° Quant à la voyelle thématique: quoiqu'elle soit brève, elle pourrait être a.^, ainsi que le réclament et le pho- nème qui suit et le témoignage des langues européennes. Pour cela il faut admettre que dans une syllabe ouverte suivie iViine longue les langues ariennes n'ont pas allongé* a^. Les exemples où la chose peut se vérifier sont malheureusement rares et un peu sujets à caution: le premier est le zd. Icatàra dont il est
1. Le pamphylien ^olé^svvg {^ovXôui-voç) appartient à un dialecte où noQtC est devenu tibqt-. Les formes nominales ^éX?nvov, réçsiivov etc. peuvent s'interpréter de diô'érentes manières.
2. Le gv. -{lovii dans xaqiiovri etc. n'est qu'une continuation relativc- mi'nt moderne du suff. -{lov , étrangère aux participes.
3. Les infinitifs indiens en -mane viennent de thèmes en -man.
4. La longue, dans le cas de vâhamâna, descend elle-même d'un an- cien a.j {vaha.,ina.pia): mais il est aisé de comprendre que dans le conflit des deux o.^ tendant l'un et l'autre à devenir voyelle longue, le second, qui ne trouvait point de résistauce dans la syllabe brève placée après lui, devait remporter l'avantage. — Cette syllabe brève dont nous parlons est remplacée dans certaines formes par nne longue, ainsi au pluriel vdhamU- nâs; et pour soutenir toute cette théorie, à laquelle du reste nous ne tenons pas particulièrement, on serait naturellement obligé de dire que dans V(ili(tmunn comme aussi dans jnd.ù, vyiHUui etc. l'allongement n'ap- partient en propre qu'à ceux des cas de la déclinaison où la terminaison est brève.
«., dans les HyllabcH Huf'fixalos. J^O
(juestion ci-dossous; \v, second est damunas, v. |»ir^r. SO; cjiliii ou a les aoristes en -isam, page 7)>. Mais la bri've du /ciid vdzijàmana demeure incomprélieiisiblo.
Devant le suft". -nt du partie, prés. act. la voyelle tli('iiiati<jiie est «27 lorsqu'elle n'est pas rejetée, ce qui arrive à certains cas de la flexion. Grec sxovt-, gotli. vif/and-, si. (vezi/), gén. vez(ista, lith. vezant-. L'a bref du skr. vûhant- est ré^nilicv, la syllab(; étant fer- mée. Quant à l'e du lat. vehent-, M. iirugman admet qu'il vient des cas faibles à nasale sonante. — Le participe du futur est tout semblable.
Quittant la voyelle thématique verbale, nous reclierclions les cas où un a.^ apparaît dans le suffixe des thèmes nominaux. Toutefois nous laisserons de côté provisoirement les suffixes ter- minés par une consonne.
Le sufF. -ma.jia est déjà traité; un autre suffixe participial est -a.^na: skr. hïbhid-cmâ, goth. h(f-an(a)-s. — Le suffixe secon- daire -tara subit des variations assez surjjrenantes. 31 prend, en zend, la forme -tara lorsqu'il s'ajoute à des pronoms: liatcira, yatara, atâra, (cf. fratàra), tandis que le sanskrit présente par- tout l'a bref: lîatarâ, yatara etc. C'est le même phénomène que pour le suff. -mâna, avec cette différence qu'ici c'est l'iranien qui montre a.,, et que la forme qui contient «^ subsiste parallèlement à l'autre. De plus le zend n'est point isolé comme le sanskrit l'était tout à l'heure: à côté de Jcatâra se place le si. lotoryjî et rutoru, le goth. hvajy^ra et an^ara^ (zd. antara). D'autre part l'a du sanskrit est appuyé du gr. Ttôteços et, dans le slave même, de jcferîi. Le lat. nfcr, qui a passé par une forme *utrs, n'entre pas en ligne de compte. L'osq. imt'urns-ind (cf. piiterei) a subi une assimilation secondaire. Curtius Grdz. 71 S. Nous ne trouvons pas d'autre issue cpie d'admettre un double suffixe primitif. Peut- être que l'un, -ta^ra, s'ajoutait aux pronoms, tandis que l'autre était réservé aux prépositions, comme cela a lieu en zend, et que plus tard les différentes langues ont en partie confondu les deux emplois. Il faut ajouter que le zend abrège l'a de katdra toutes les fois que par l'addition de la particule cif, la syllabe qui suit cet à devient longue: hatàranif , lafàrcmri/ (Hiibschmann Casifs-
1. Je sais bien que cet a gothique peut s'exiiliquer différemment si l'on compare fadar = Ttatèçcc et ufar = vnéç.
f)Q «2 tl^-iis les syllabes suffixales.
ïehre 284).' Est-ce à dire que l'allongement, clans Mtâra, tient à une cause toute autre que la présence de a.^? Comme nous venons de le dire (p. 88), cette conclusion ne paraît pas nécessaire.
Voyelle suffixale des thèmes en -a {TJièmes en -a proprement dits, tlicmes en -ta, -na, -ma, -ra etc.). M. Brugman indique brièvement que cette voyelle est a., (Stud. IX 371), et cette opinion a été adoptée de tous ceux qui ont adopté l'hypo- thèse de a.2 en générale Ici comme ailleurs «^ alterne avec a^. Voici, en prenant comme exemple le thème masculin ind.-eur. aJcwa, les cas de la déclinaisan où l'accord des langues européennes at- teste clairement la présence de a.,: nom. sg. «/iwa^-s, ace. sg. dkiva^-m^^, ace. pi. akiva^-ns. De même au nom.-acc. ncut. : dUna^-m. Le degré a^ est assuré au vocatif akiva^. Tout le reste est plus ou moins entouré d'ombre. Doit-on, au génitif singidicr, admettre % ou «o? Le goth. vulfi-s parle pour la première alternative^, le gr. ïjino-io pour la seconde. Ces deux formes ne peuvent pas l'une et l'autre refléter directement la forme première. L'une d'elles a nécessairement subi une action d'analogie: il ne reste qu'à savoir laquelle. La forme sanskrite est pour plusieurs raisons impropre à décider ici. Mais il y a une forme pronominale slave qui semble prouver «j : ceso ou cmo, gén. de ci(-to). M. Leskien (Decl. 109) approuve ceux qui y voient une forme en -sya, et pourquoi ne serait-elle pas tout d'mi temps le zd. cahyd (skr. liâsya, génitif du thème lia) qui lui-même trahit «^ par sa palatale? Comme il n'y a pas d'ailleurs de raison de croire que le génitif d'un pro- nom en -«2 différât en rien de la forme correspondante des thèmes
1. Dans l'article cité des Mémoires de la Société de Linguistique, jo croyais avoir des raisons de dire que Vo dans imtog, equos, était o — mal- gré le vocatif en c — et non pas o^. Depuis j'ai reconnu de plus en plus qu'une telle proposition est insoutenable, et je n'en fais mention ici que pour prévenir le reproche de changer d'opinion d'un moment à l'autre en disant que cet article a été écrit il y a près d'un an et dans un moment où je venais à peine de me rendre compte de hi double nature de Vo gréco- italique.
2. L'a bref du skr. dçvus, dçvàm est régulier, la syllabe étant fermée.
3. Sur r« secondaire du vieux saxon -as, v. Leskien UccUnation p. 30. Le boruss. stcsac parle aussi pour «, , bien que souvent Vc de la Baltique inspire assez peu de coniiance (ex.: lith. koep «exhaler», goth. Iwap, grec, lat. krap).
a^j suffixal Houdô avec lu voyelle de la dcÎHinence. î)l
nominaux en a.^, nous concluons ù l'iu(l(j-(uir. aktvn^-sya et ikju.s tciioiis l'o de Ï7ino-Lo p(jur emprunté à d'iiutres cas. Le locatif il an 'AYoïr a y-. aliUKi^-i. C'est ce (j[u indifjuent les locatifs osfjues comme tcrci, alœnei, et les locatifs doriques comme Tovxii, xtîàa-^ cf. TCavôriiisL, âfiaxsî, etc. , enfin le vieux locatif lithuanien namê (Leskien 1. c. 47). M. Brugman qui est pour cette hypothèse aliivikyi me fait remarquer que les locatifs grecs en -oi (o/jtot) ne sont qu'un cas tout ordinaire de contamination, tandis qu'en par- tant d'un primitif alcivii.J on est fort en peine d'expliquer la forme en -£L. — Devant celles des désinences du pluriel qui commencent par bh et s le thème s'accroît d'un i, mais la voyelle est «^ à en juger par le grec ïtitcol-ôl, l'osq. zicolois et le germ. pai-m (décli- naison pronominale). Le lithuanien a tc-mns; mais la véritable valeur d'ë est obscure.
Lorsque la désinence commence par ime voyelle, celle-ci, dans toutes les langues de la famille, se trouve soudée avec la voyelle finale du thème. D'ajirès les principes généraux de la comparaison linguistique on placera donc le fait de cette con- traction dans la période proethnique. Cependant le phénomène a quelque chose de si particulier, il peut si bien se concilier avec les tendances phonétiques les plus diverses, et d'autre part s'ac- complir dans un laps de temps restreint, que l'hiatus après tout a pu tout aussi bien subsister jusqu'à la' fin de cette période, ce qui ne veut pas dire qu'il se soit perpétué très-tard jusque dans l'époque préhistorique des différentes langues ^ Cette question est liée à certaines autres traitées au paragr. IL — Au nominatif pluriel, skr. âçvâs, goth. vidfos, osq. Ahellanos, ombr. screihtor, la voyelle de la désinence^ est^ai. Il faut donc, principalement à cause de Vo des formes italiques, que le thème ait a.,: nous ob- tenons ainsi aJciva., -\- a^s. Prononcée avec hiatus, la forme serait aliwa./iy^s (à peu près eJîtvoes)] avec contraction aliva.j,s [ehivs). Nous enregistrons le phonème nouveau^ «3 engendré ici comme
1. Nous n'osons pas invoquer en faveur de l'hiatus les formes védiques (restituées) telles que dcvâas, çâvisaas, devànuam etc., ni celles du zend comme dàëvâat ?,vir: la signification desquelles les avis varient beaucoup.
2. Sa valeur est donnée par le grec et le slave: (irjrsç-fç, mnter-e.
3. En admettant la possibilité d'une longue a.^ , différant de la brève a.^ , nous tranchons implicitement la question de savoir si dans la langue
92 a., suffixal soudé avec la voyelle de la désinence.
par accident mais qui trouvera plus loin son rôle morphologique. De quelque époque du reste que date la contraction, il est essen- tiel de noter que \'o de vidfos (= U.^ long) diffère à l'oïigine- de \'o de hrofjar (= 2). Au nord de l'Europe en effet les longues de a., et a sont confondues aussi bien que ces voyelles elles- mêmes. — Pour Vahlafif singulier, la voyelle désiuentielle est in- connue: si nous lui attribuons la valeur «^, le cas est le même que pour le nominatif pluriel. Le génitif letto-slave vîuka, vilJco, sort de l'ancien ablatif (Leskien). Cette forme donne lieu à la même remarque que vidfos: Y a slave (= o lithuanien) est chez elle «2, non pas 7i comme dans mati (lith. mote). — La seule domiée que nous ayons sur la nature de l'a dans la désinence du datif singulier est incertaine: ce sont les infinitifs grecs en ^ev-cct = skr. nian-e qui la fournissent \ Si nous la prenons pour bonne, il y a dans Vô de ïtctcç}, equô, et dans l'a du skr. âçvaya les élé- ments a.> -f- .1. Nous ne ferons pas l'analyse fort difficile de l'instrumental singulier et pluriel (skr. âçvais, lith. villmis), du génitif pluriel ni du nom. -ace. duel. Le nom.-aec. inl. des neutres est unique dans son genre: son a long a la valeur :i, c'est le gréco- italique qui nous l'apprend". A moins de l'identifier, comme quelques-uns l'ont fait, au nom. sg. du féminin, il faudra supposer une forme première duna., -f- 2, ou bien si le a désinentiel est bref dana^ -\- a-^ on ne saurait admettre dâna.^ -f- a, puisqu'au datif singulier «^ ~|- -i a domié Va gréco-italique.
Dans la déclinaison pronominale, nous trouvons a., devant le d du nom.-acc. sg. neutre: gr. to, lat. -fud; goih. J)a(a , si. to,
mère «^ a été bref comme il l'est partout dans les langues européennes. Les formes dont il est question pourraient du reste, comme on voit, servir à démontrer cette quantité brève.
1. Schleicher doute que -nev-cci puisse être le datif d'un thènie con- Konantique. Comp.* 401. — La longueur fréquente chez Homère de Yt, du datif grec (Hartel Hom. Stud. P 56) n'est pas uue raison suffisante pour croire que cette forme représente autre chose que l'ancien locatif. Jiftt- <lans JiJ^(îd-8[iiç etc. ne ])araît pas être un datif. Les formes italiques et lithuaniennes sont équivoques.
2. Lui seul peut nous l'api)rendre; car il est superflu de répéter que les langues du nord confondent «.^ et a. Kn slave par exemple Va de delà (pi. ueut. ; cf. lat. dumi) n'est pas différencié de l'a de vIûJm (gén. soit abl. aing.; cf. lat. cquo).
Parallcîlismc dcM thi"'iTi(!S en «., et dos thèmCH on a. 03
litli. ^«-i (.s]<r. t(i(l). Puis au nom. plur.: gr. rot, vieux \vii. poploc (déclinaison pronominale à l'origine), goth. ^ai ' (skr. te). — C'est évidemment a.^ que renferme le pronom sa (nom. sg.): gr. 6, goth. m. La forme ijidienne correspondante .w est le seul exem|de certain où l'on puiss(M)l).scrver comment 1(! sanskrit trait(^ ce ])lio- nème, quand il est placé ù la fiu du mot. Nous constatons qu'il ne lui fait pas subir l'allongement". Relevons encore le pronom de la première persomie gr. «j^to, lat. ego, si. azu"^ = '*azo)H ou *a2on (skr. aliânv)\ Vô long de èyâ est encore inexpliqué, mais il est certainement de sa nature a.^.
M. Brugman (1. c. 371) a fait voir le parallélisme qui existe entre l'e (aj du vocatif des thèmes en a.^ et l'a bref du vocatif des féminins en â: gr. vv^icpà, ôÉGnorà, de thèmes vv^(pcc-, ôs- ôTtotâ-] véd. aniba, voc. de amhd; si. zeno, voc. de èena. La der- nière forme appartient au paradigme courant. Le locatif grec Icc^àC^ du thème *%«juâ- = skr. Vsma offre exactement le même phénomène et vient se placer à côté du locatif des masculins en -Bt. On ramènera le loc. osq. vial à via -j- /, le loc. si. hene à kcnà -f- i. La forme des langues ariennes doit être hystérogène. Mais peut-être le loc. zd. zeme ofifre-t-il un débris ancien: il est naturel de le rattacher au thème féminin skr. hsamâ et au gr. xccficcL, plutôt que de le dériver d'un masculin quHl faudrait aller cher- cher jusqu'en Italie (lat. hmmis). — H y a peu de chose à tirer du génitif. Nous concluons: où les masculins ont a.^, les féminins ont A] où ils ont f(^^, les féminins ont a. Cette règle est singulière/ parce que partout ailleurs Iç rapport a : Â diffère absolument du rapport a^ : «2-
Comme premier membre d'un composé le thème des mascu- lins offre «2- o^'- innô-da^og, goth. goda-liimls, si. novo-gradu,
1. Le si. ti est d'autant phis suprenant que nous trouvons e au loc. vluce où nous avons conclu à la diphthongue a-^L Cf. plus haut p. G9.
2. Le texte du Eig-A^oda porte une fois la forme sa pour sa (I 14.5, 1). 11 y a aussi en zend une forme hû que M. Justi propose de corriger eu hUu ou Iw. Lors même qu'elle serait assurée, la quantité d'un a final en zend n'est jamais une base siire.
3. L'a initial de ce mot auquel répond le lith. às~ (et non «o'sr») est tout à fait énigmatique. Cf. lith. ctszva = equa, ape en regard de ènî.
94 Anomalie de Va., final des thèmes en sanskrit.
lith. Txaldâ-yyssis. De sou côté le thème féminin montre a long ^ : skr. senâ-paii, zd. upaçtâ-hara , gr. vi'Kâ-(p6Qog, litli. vasarô-hmJàs de vasarà (Schleiclier Lit. Gr. 135).
En considérant les dérivés des thèmes en a.y dans les langues ariemies, on s'étonne de voir cette voyelle rester brève devant les consonnes simples "-; ainsi glioràtâ de ghorâ. Il faut dire tout d'abord que dans bien des cas a, est remplacé, ici encore, par a^ : ghoréitU. par exemple est le goth. gminjja. Cf. vieux lat. aecetia. Dès lors la brève est justifiée. — Mais cette explication, il faut bien le dire, fait défaut pour d'autres formes. Dans tâ-ti et M-ti, «2 est attesté par le lat. tôt et quof. En regard du gr. TtôrsQog, de l'ombr. poâruhpei, du goth. hvàjjara-^, du si. hotoryji, du lith. Jmtràs, nous trouvons en sanskrit kà-tarci. Les formes ubliâ-ya en regard du goth. hajojys et chri-yâ, cf. gr. ôoloî, sont moins embar- rassantes, parce qu'on peut invoquer le lith. aheji et dveji. Mais il est inutile, je crois, de recourir à ces petites explications: il est trop visible que Va qui termine le thème, ne s'allongera dans aucun cas. C'est là, on ne saurait le nier, un côté faible de l'hypo- thèse de «g: on pourra dire que devant les suffixes secondaires régnent parfois les mêmes tendances phonétiques qu'à la fin du mot, on pourra comparer ka- dans kâ-ti au pronom sa^ devenu sa.
1. Quant à la formation slave vodo-nosù de voda, elle est imitée du masculin; le grec a de même le type loyxo-cpÔQog de lôyxr]- Considéré seul, vodo- pourrait, étant donné le vocalisme du slave, se ramener à vadA-: une telle forme serait fort curieuse, mais le 2 des idiomes congénères nous défend de l'admettre. — M. G. Meyer (Stud. VI 388 seq.) cherche à établir que la formation propre des langues européennes est d'abréger l'a final; mais pour cela il fait sortir loyxo- (dans loyxo-cpôço) directement du thème féminin, ce que personne, je crois, ne sera plus disposé à admettre. Les trois composés indiens où ce savant rétrouve sa voyelle brève Icaça-plàlcâ, ukha-chid, lcha-X)àvant pourraient s'expliquer au besoin par l'analogie des thèmes en -a que nous venons de constater en Europe, mais le premier n'a ])robablement rien à faire avec Jn'ujïl; les deux autres sont formés sur ulcltà et ksarn.
2. La règle sur a.^ devant une syllabe longue trouverait peut-être quelquefois son aj^plication ici; ainsi le suft'. -vant, étant long, pouvait paralyser l'allongement de IVt^ qui précédait; — dans dçvâvant etc. la longue n'est due qu'à l'influence sjiéciale du v.
;j. 1>»'H formes des autres diak;ctes germaniques remontent, il est vrai. Il un i^riniitif hvcjxtru qui est surprenant.
Anomalies. — Quantiti'i du phonrmo a.^. Of)
Mais nous no voulons ])as nous ris(|U('r, pour ces quelques exem- ples^ à soutenir dans toutes ses conséquences une tlif-sc (pii uk'-iic- rait extrêmement loin.
Peut-être est-ce la même raison qui fait que le skr. .sawa (:çarcle l'a bref, bien qu'il corresponde au gr. ofto'ç, au f^oth. sama(ti-): M. Benfey y voit en effet un dérivé (superlatif j du pro- nom sa,. Le zend hdma ne nous sert de rien, et voici pourquoi. La même langue possède aussi liama et d'autre part le slave a la forme samu à laquelle M. Fick joint l'anglo-s. (je->iom «concors»: luima est donc hypothéqué par ces deux derniers mots, et son îi long ne peut plus représenter a^. Si o, dans o^og, représentait o, les difficultés seraient levées, mais je ne sais si cela est bien ad- missible. Cf. siniâ, sumât, smât.
J'ai réservé jusqu'à présent un cas (jui présente certaines analogies avec celui de samà: c'est le mot (/(Dnâ dans sa relation au gr. ôô^og, au lat. domo-, à l'irland. -dam. Seulement, ici, il n'y a plus même la moindre probabilité à diviser: da-ma. Si l'on con- sidère la parenté possible de samâ avec le thème sam- «un», ou la particule sam, on trouve les deux séries parallèles: 1° sam, samâ avec brève irrégulière, ojnog, samû. 2° dam ((3c5?), dama avec brève irrégulière, (Jo'fiog; ààiiog. J'ignore si ces deux séries sont miies par un lien intérieur ^
M. Brugman attribue à a^ une quantité moyenne entre la brève et la longue et accorde ainsi la brève de toutes les langues européennes avec la longue des langues asiatiques. Mais puisque celles-ci ont elles-mêmes un a bref devant les groupes de plus d'une consoime, ou peut se passer de ce compromis et admettre que la différence entre «^ et a^ n'était que qualitative. Cf. p. 91 i. n.
Nous verrons à propos de la flexion d'autres exemples, et des plus probants, de Ya^ indo-européen.
1. Inutile de faire remarquer que le verbe grec SéyLoa, sans correspon- dant asiatique — et dont BôMlingk-Roth veulent séparer doyioç dans le cas où on l'identifierait à damci — apporte de nouvelles complications. Pris en lui-même, dama pourrait, vu son accentuation, être l'équivalent de «dmd»: ce serait alors un thème autre que ô6[iog et qui en grec ferait «dttfioç». C'est ainsi, sans aller bien loin, qu'il existe lui second mot in- dien sama signifiant qiciconque, lequel devient en grec a/iég (goth. sums), v. le res:istre.
96 Raisons qui doivent faire admettre deux o gréco-italiques.
§ 8. Secoud o gréco-italique.
Voici les raisons qui nous forcent d'admettre une seconde espèce d'o gréco-italique:
1. Il y a des o auxquels le sanskrit répond par un a bref dans la syllabe ouverte: ainsi Yo de Jiôcis — potis = skr. ^)«ii doit être différent de Yo de ôôqv = skr. dâru.
2. Raison morphologique: comme nous lavons vu au § 7, le phonème a., est lié et limité à certains thèmes déterminés. Jamais par exemple aucune forme du présent diin verbe primaire, c'est-à-dire non dérivé, ne présente un o (ou en germanique un a) que la coexistence de l'e prouverait être a.^. Il est donc invraisem- blable que Yo d'un présent comme 6'^», en d'autres termes Yo qui se maintient dans toutes les formes d'une racine, puisse repré- senter «2-
Le vocalisme de l'arménien est ici d'une certaine importance. Les articles de M. Hiibschmann Uebe)' die stelliiny des armenischen ini Jcreise der indogerm. spradien et Armeniaca, K. Z. XXIII 5 seq. 400 seq. offrent des matériaux soigneusement triés, malheureuse- ment moins abondants qu'on ne souhaiterait, ce qui tient à l'état imparfait de l'étymologie arméniienne. C'est là la source où nous puisons. L'auteur montre que la distinction d'rt et d'e existe en arménien comme dans les langues d'Europe, que cet idiome en conséquence n'appartient point à la famille arienne: fondé en outre sur les phénomènes relatifs aux gutturales il le place entre le letto-slave et l'iranien. Sans vouloir mettre en question ce der- nier résultat, nous croyons devoir faire remarquer que 2Mr son vocalisme l'arménien ne se borne pas à affirmer une relation gé- nérale avec l'Europe, mais qu'il noue des liens plus étroits avec luie certaine portion de ce domaine, qui n'est pas comme on l'attendrait le slavo- germanique, mais bien le gréco- italique. L'arménien j)ossède en effet la distinction des phonèmes ag et a.
A devient a: atsem = aya (Hiibschmami 33); baè «part», hnzanel «-partager», gr. cpayelv (22); Icapcl, lat. capio (19); Imir jiater; ail = ukkoç (33); andzul' «étroit», gr. ayxa (24). — :;î se trouve dans mair mater; elhair frater; hazuk, gr. ;râ%i>g (emprunté |)eut-être à l'iranien, 402).
Vocalisme ariTidninn. 97
((.^ devient o (pour IV' v. I. e. o)> se(|.j: à cût(^ (!<• hcll.li -■< trace /> (lat. peda), otn «pied», cf. gr. noô- (Brugman Stud. IX 3()0); yochél «crier», cf. gr. snoç^ 6V (•^•0; (jorts «œuvre», cf. gr. toQya {J>2)\ ozni éxtvog (25) n'a point d'analogue direct dans les langues con- génères, mais comme celles-ci ont un e dans ce nom du hérisson, Yo de ozni doit être a^,. En composition: lus-a-vor (pie M. Hiibsch- niann rend par Xivxorpôçog et (pii vient deZ>*?rew?<'' je porte» (405); a()C-vor (400). Enfin dans le suffixe: imirdo- (dat. mardoy) = gr. jiçoto. Mais il y a un point, (ît c'est là ce que nous avions plus particulièrement en vue, où l'arménien cesse de refléter Vo gréco- italique et où il lui oppose un a: aJcn «œil», gr. oGôê, lat. oculus (33); anwan «nom», gr. ovo^cc, lut. ndnien (10), magil «serre», gr. ovf|, lat. iinguis (35); amp, amb «nuage», gr. o^jiçog (19); vard «rose», gr. J^qoôov, lat. rosa (35); ff/Z «donner», gr.-lat. dô (33). L'Arménien comme tel porte le nom de Hay; M. Fr. Millier rap- proche le skv. pâti, soit le gréco-ital. ^o^i- (Beitr. zurLautlehre d. arm. Spr. Wiener Sitzungsber. 18(33, p. 9). Dans tous ces exem- ples, Vo gréco-italique était suspect d'ailleurs d'avoir une valeur autre que a^, par exemple dans poti- que nous venons de voir (page 96), dans o66s, oculus, dont la racine conserve constamment Vo. Ainsi l'arménien paraît bien apporter une confirmation à l'hypothèse des deux o. Il faut dire toutefois qu'au gréco-ital. od (o^o)) répond, suivant la conjecture de M. Hûbschmami, hot «odeur» (405): on attendrait a comme dans aJcn.
Ce point étant établi, qu'il existe des o gréco-italiques autres que 0.2 = indo-eur. a.^, il reste à examiner si le résidu qu'on ob- tient constitue une unité organique et distincte dès l'origine, ou bien s'il s'est formé accidentellement, si par exemple certains a ne se seraient pas changés en o, à une époque relativement moderne. On arrive à la conclusion que les deux choses sont vraies. Il est constant que dans plusieurs cas Vo n'est que la phase la plus ré- cente d'un a. Mais d'autre part l'accord du grec et du latin dans un mot comme Ttoôig — potis garantit la haute ancieimeté de Vo qu'il contient et qui, nous venons de le recomiaître, ne remonte point à a.^.
Nous pourrons en somme distinguer quatre espèces d'à, dont l'importance et l'âge ne sont pas les mêmes.
7
98 Les diflP. espèces d'o. — Obscurcissement d'o eu w.
1° 0 = a.^ commun au grec et à l'italique (§ 7).
2" 0 de Tiôaig — ^:)o^is commun au grec et à l'italique. Nous adopterons pour ce phonème la désignation o.
3° 0 sorti d'rt à une époque postérieure (dans le grec et l'italique séparément).
4° Il existe des o anaptyctiques développés sur les liquides sonantes et sur d'autres phonèmes analogues, v. chap. VI. Une partie d'entre eux, comme dans vorarc, gr. /3o(), apparaissent dans les deux langues, d'autres dans lune des deux seulement. Il est essentiel de ne jamais perdre de vue l'existence de ces voyelles qui expliquent une foule d'anomalies apparentes, mais aussi de ne point les confondre avec les o véritables.
Nous pourrions passer immédiatement au catalogue des o gréco-italiques, qui du reste tiendrait facilement en deux ou trois lignes. Mais auparavant il convient de s'orienter, de débrouiller, autant que nous le pourrons, l'écbeveau des perturbations secon- daires où Vo s'est trouvé mêlé et de rechercher les rapports pos- sibles de cette voyelle avec a.
Obscurcissement de la voyelle O en 11.
Après avoir traité de la substitution de v k o propre au dia- lecte éolique, Ahrens ajoute (I 84): in plurimis [exemplis, o] in- tegrum manet, ut ubicimque ex s natum est, doftog, loyog (nam ayvQig ab àysQ, ^vavov a ^ea, cf. ^va, diversam rationem habent) etc. La désignation o ex s natum répondrait assez bien à ce que nous appelons Og, et il serait curieux que l'éolique fît une diffé- rence entre Og et o. Mais en y regardant de plus près, l'espoir de trouver là un précieux critère est déçu: sans parler de i,vttvov où il est invraisemblable de voir un mot différent de è,6avov, Vo (= 0.,) des suffixes subit la traiisfornuition p. ex. dans tvt£, dans «AAv (arcad.), dans Ttxtvves, dans l'homérique STcaGôvtSQOL. Dès qu'on considère que Vv en question suppose un ancien k, on re- coimaît avec M. Curtius ((îrdz. 704) que l'obscurcissement éolique de Vo a exactement le même caractère que dans l'italique, dont ce dialecte grec partage d'ailleurs les principales allures plioné- tifjurs. Ainsi (|iu' ré()li(jue, le latin maintient le plus souvent o^, ((iiaiid cette voyelle se trouve dans la syllabe radicale: tof/a,
Obscui'ci.ssf'inf'nt d'o on « ai)|ian')it ou n'ol. 09
domus etc., ot iiéaninoiiis oji jic jxxirrait. jKJscr de r('<^|(' al»- solue '.
Au contraire Vv panhellène, dans des mots cojumic ?.vx()^ ou TCidr], est, si nous ne trompons, une a])])arition d'un (»rdrc dittcî- renfc. Tout d'abord les rrrou])es vq, vA, ne sembicut pas fitre jamais sortis de gnmpes plus anciens op, oA, à voytdb; pb'iiie: ils sont assimilables de tout point aux affaiblissements indiens ?(>-, til; nous n'avons donc pas à les eiivisagcr ici. Dans les autres cas, Vv (il) vient d'une consomie d'organe labial qui a déteint sur une voyelle irrationnelle ou bien sur une liquide ou nasale sonante. Ainsi dans âvâvv^os, il n'y a pas eu transformation de l'o (Vovofia en u: le phénomène remonte à une époque où à la i)lace de cet o, n'existait qu'un idionème indéterminé. C'est ce dernier que /i put colorer en u. De même yvv^ est pour y-Fnv-^, non pour y-Favrj. En comparant (.tccGra^ et ^ccrvaf yvâd-OL (cf. ^âd-viac) au gotli. 7mmJ)a-, au lat. mcntum, nous expliquerons le dor. ^vara^ par la forme ancienne (in6tai,. Par une sorte d'épenthèse, les gutturales vélaires font parfois sentir leurs effets sur la syllabe qui les pré- cède": de là Ivxog \)Ouï*J^Xîixos, ^J-hc-Fog = skr. vfla, <foth. vtdfs. Dans ov-v-è, (lat. unguis), v est également une excrétion de la gutturale.
Il faut convenir cependant que dans quelques cas c'est bien une voyelle pleine qui a été changée de la sorte, mais toujours sous l'influence des consonnes avoisinantes : xvXi^, lat. calix, skr. Jcalâça; vv^, lat. nox, skr. nâkti; xvx^og, germ. hvehvla-, skr. ralrâ. Ce dernier exemple est remarquable: le germanique, comme aussi la palatale du sanskrit, nous montre à n'en pas
1. Comme dans le latin -tûrus = *-tôrus, a peut devenir n. Hésj'- chius donne les formes çcô&vvsg = Qc6&av£ç et &vq(x^ ^= &cÔQa^, sans en indiquer, il est vrai, la provenance.
2. Nous avons admis une épenthèse semblable dans Xavy.avîr} et A«r- X(xvT] (p. 17 et 25), chez qui l'w n'était pas comme ici un son parasite. On a peine à se défendre, de l'idée que ôâcpvri et sa forme thessalienne ôavxva remontent tous deux à *Sax'^vâ (cf. âavx^iôv fvy.civatov ^v?.ov ôâcpvi^ç), et l'on retrouve des doublets analogues dans Qvyxog et gâficpog, dans avxi^t', dial. (X(i(pr'jv, éol. txvcprjv (Grdz. 580). — Est-ce que dans cdyvniôç, cù'ylr}, alyiXov, Yi serait dû à la gutturale palatale qui suit? Je tenais la chose pour probable en écrivant la note de la page 7; mais je reconnais que c'était là une conjecture sans fondement.
7*
100 ^ S^^^ changé eu o.
clouter que son v s'est développé sur un s primitif. Ainsi, et pour plusieurs raisons, nous n'avons pas le droit de traiter Vv grec en question comme étant dans tous les cas^ l'équivalent d"un o. Cela du reste n'a pas grande conséquence pratique, vu que vv^ (qui est certainement pour ''''v6^) est presque le seul exemple qui entre en considération dans la question du phonème p.
En latin la voyelle obscurcie en u pourra généralement passer pour o. Quelquefois l'altération est allée jusqu'à 1'/ comme dans einis = xovtç, similis = o^aAdg; dans ce cas il n'y a plus de preuve de l'existence de Vo, car i peut, en lui-même, repré- senter aussi un e.
Echange des voyelles fl et O.
1. Avant tout il faut écarter la permutation a : ô qu'on ob- serve particulièrement en grec et qui est un phénomène d'ahlant régulier étudié au chapitre V: ainsi ^a-t^Q : ^a-^og.
2. a change en o. Le phénomène, comme on sait, est fréquent dans les dialectes grecs. Il a lieu en lesbien dans le voisinage des liquides et des nasales : ovco, ôô^oQtig, Orgotog, d^QOGtojg etc. (Ahrens I 76). Le dorique a entre autres yQocpœ, xod^açog (Héra- clée), â^XoTtég (Crète). Hésychius donne xoQ^a' xaçdîa. nâq)LOt, ôTQOTtd' àotçuTCi]. IltttpiOi^^. Ionien covroV, d^œv^a pour d^âv^a. Ces transformations dialectales qui du reste s'attaquent souvent aux a anaptyotiques ne nous intéressent qu'indirectement, en nous faisant assister au fait manifeste d'un a devenant o sur sol grec ^.
1. Assez fréquent, mais peu étudié, est l'échange d'à et d'v, comme dans yvcc&oç : yvv&ôg, [lâx^oç : ^vulôg (Stud. III 322); c'est en présence de ce fait qu'on se demande s'il est vrai que Vv ait ni plus ni moins la valeur d'omicron. De ces exemples il faut sans doute retrancher §v&6ç qui i)eut élever pour le moins autant de prétentions que Kiv&a à la pa- renté du skr. (juliati (pour le labialisme devant v cf. n^îa^vç); §vaaodo- (ifvoy rappelle vivement le skr. (jûliyu. Sur le z du zend gaoz v. Hûbsch- mann K. Z. XXIII 393. x^xfv^a^ (Hes.) parle dans le môme sens.
2. En outre azQOtpaî' àaTçanaé; cxoQnâv rrjv àazQocn^v. Le qcc du mot àatQanr] vient ]irobablemcnt de »' (cf. véd.srM?); azfQonr, est obscur.
3. iJans une (piantité de mots dont la inovcnance est inconnue Vo doit l'-tre mÎH t'j,'aleiii(;nt sur le compte du dialecte, ainsi ànorçHV ànatri- ccii, KQi)(i\ioç' ô Kdnvçôç, ^QÔtaxoç = fiûtçaxog, nôlvvTQCi' aXtpiTK , kÔXv- (Joç = Kalv^r], nôçSctUç etc.
(i giTc chauf^c en o. 101
Eli (l<'lior.s (l(;,s dialectes, c'(!.st particMilici-ciuciil- (hn'iiiii u, J-, rjuoji remarque une oscillation entre' a et o: xlotû^ "lien, car- can» parent de x/lâ(J-)tt;9 novç; et 7ra(J-)tç, ovqoç et ai)o«, oî/r«w et yatâXïi, a{f)itx6g et o(J-)ttoa/os (?). Nous avons peine; à croire à la parenté de oîgtqoç avec aïd^G) (Ascoli K. Z. XII 435 seq.). ^
Souvent l'échange d'à et d'o n'est qu'apparent, pour choisir un exemple où il est impossible d'hésiter, dans Ôça^eîv : ô'()o/u.og. La racine est évidemment ÔQê^: les mots qui ont pu la contenir sous cette forme ont péri, ÔQafietv doit son a à la liquide sonante, ÔQOfiog a pris régulièrement a.^, et il semble à présent que Ôçofi permute avec Ôça^i. Dans le cas de çantg : çÔTcaXov, le verbe (jf)QE7iœ nous a conservé Ve. On expliquera semblablement x<^- ftat : X'^^^^ Tcaçd'évoç : ntÔQd'os, Gxah]v6g : GxoXiog dont Ve radi- cal apparaît dans le lat. scelits (cf. skr. cliaîa «fraude»), et aussi, je pense, ya^cpi] : j^o^çjog^.
Pour se rendre un compte exact du rapport de KQovog à XQCCLva, de KQovvog à xçava, ^'xQc'cvva, de ôxocôg, Gxôtog à axuvc'c, de Ttroa, moCa à nrâ [xarajit^T)]v) , il faudrait être mieux fixé sur leur formation et leur étymologie. Il n'y a pas de raison majeure pour mettre Nôtog, vorî^cs eu relation avec vâçôg, và- aog, de sna: le skr. wZm «eau» permet de les rattacher à une autre racine. Nous avons vu p. 77 que ê^QÔvog pour ''''&oQvog appartient à la rac. ^êç, non à d^Qâ {d'çàvog).
Comme voyelles prothétiques Va et l'o alternent fréquem- ment, ainsi dans àatacpLg : oôracfLg, K^t^at : o^txaCv, ccdax^oy : oôcc^a. Il ne s'agit point ici d'mi changement d'à en o: seulement dans le premier cas c'est a, dans le second c'est o qui s'est déve- loppé sur la consonne initiale.
Il est plus que probable que l'a des désinences du moyen -6ai, -rai, -vrau et l'o des désinences -ao, -to, -vro, sont à l'ori- gine une seule et même voyelle. La forme -rot du tlialecte de
1. On trouvera sous les numéros suivants d'autres exemples de ce fait.
•2. Le même échange poiu-ra s'interpréter de différentes manières dans les cas suivants: cLolXriç et fâUç, -nôxlog et v.âxh]è,, xôva/îos et xaroi^û), v.qox(ôvri «nœud du bois» parent de v.âqxa}.oç et du lat. cartilago (p. 58), ^ôaxog «jeune pousse» ai ^ctaxâ^n «aisselle, jeune pousse», mnoçaafiévoç- (pcivsçôg lies, rapporté par l'éditeur, M. Mor. Sclimidt, à nenctQetv (v. p. GO), axQoyyvXog et atçKyyôg.
102 « italique changé en o. — Y a-t-il un ablaut a : o?
Tégée nous en est garante jusqu'à un certain point, car l'arcaclien ne paraît point avoir de disposition particulière à changer a en o, à moLtis qu'on n'en voie la preuve dans xatv pour xatâ. Les exemples qu'on doime sont èq)Q-0QH(6g, ôsKotav, éxotô^^OLa .(Schrader Stud. X 275). M. Schrader estime que l'o de iq)d^0Q- x(6g n'est autre que la voyelle du parfait, qui s'est conservée quelquefois dans la formation en -xa. Quant à l'apparition d'un 0 dans les noms de nombre cités, c'est là également im fait qui peut être indépendant des idiotismes locaux: tous les Grecs hési- tent ici entre a et o (d£x«, sI'xoûl, êxcctôv, diaxôcioL) bien que les groupes xa xo contenus dans ces formes remontent indistincte- ment à l'élément km.
Le passage a : o étant admis pour les syllabes finales, on pourra regarder le lesb. VTiâ comme la forme ancienne de vno.
Cf. VTtKL.
Le latin présente, dans la diphthongue, raudus, autre forme de raudus conservée chez Festus, lucnini de la rac. lau, puis focus à côté de fax, et quelques autres cas moins sûrs (v. Corssen ll'"^ 27). L'ombr, Iwstatu, selon M. Bréal (Mém. Soc. Ling. III 272), est le parent non de Jiasfa, mais de hostis; seulement cette étymo- logie dépend de l'interprétation de nerf. Dans sordcs en regard de suâsum (Curtius, Stud. V 243 seq.) la cause de l'o est dans le
V disparu^; adolesco (cf. alo), cohors (cf. hara), incolumis (cf. cala- mitas) doivent vraisemblablement le leur à l'aifaiblissement ré- gulier en composition. — A la fin du mot l'osque ott're dans ses féminins en -o pour -à, -a, un exemple bien clair de cette modi- fication.
3. Une question digne en tous cas d'attention est celle-ci:
V ablaut a^ : ag ou e : o (étudié au § 7) se reproduit-il dans la sphère de A? Doit-on croire par exemple que l'existence du grec oy^og en regard de ayco est due à un pliénomcne de même nature que celle de (pkoy^ôg en regard de cp^éyco'^
Le gréco-italique seul peut donner la réponse. En effet ce n'est pas des langues du nord qui ont confondu a avec a^ qu'on
1. On ne voit pas biun quelle voyelle est originaire dans le cas de favissa: fovea (comparé au gr. xnri qui lui-même n'est pas d'une formation traiiHparcnte) et de vacuus: vocivus. Quatttwr et canis (v. p. 53 et 105) montrent que vo (ivo) peut devenir va.
Y a-t-il un cihlaut a : oV 103
pourrait titteiulre la coii.scrvatiuii de ce substitut de a dont nous j)arloiiS; et les langues ariennes nous renseignent encore bien moins. Or dans le gréco-italique même les données sont d'une ])auvreté qui contraste avec l'importance qu'il y aurait à être iixé sur ce point. Ici se présentent en première ligne les jjariaits xÉxova de xaîva et Xikoyycit. de }.ay%âvci avec les substantifs xovî^' et ^ôyxy\ (Mes.). Ces formes ne décident rien, ])arce que la racnie contient une nasale. C'est ce que fait toucher au doigt un troi- sième exemple: ^olr] en regard de (icc^Xa. La racine de ^ûlXa est ^eX: cela est prouvé par ^éXog, ^Élsfivov, ^sXovrj, /SfAroç, êxatrj-^sXÉTrjg. Ainsi Va de /3«AAc3 est dû à une liquide so- nante et n'a nullement qualité de voyelle radicale. Or qui nous dit que les racines de xéxovcc, XiXoyia^ ne sont pas xtv et Xsyii Si d'aventure les deux ou trois formes où survit la racine ^fA ne nous étaient pas parvenues, le mot ^oXy] semblerait venir d'une racine /3aA, et cependant nous savons qu'il n'en est rien^ C'est le même échange apparent que celui que nous avons rencontré plus haut, seulement celui-ci joue Vablcmt avec un certain sem- blant de vérité. Il se trouve encore dans les coujjles ajcuçyâco: 6noQyaC (lies.), cc0%aX<x(o: G^oXy], nxaCQCo: Tcrôç^og et nroQog (ces mots du reste sont éoliques), uq^co: OQ%a^Qg, QaTtra: QO^(pevg.
Mais voici des cas plus graves parce que dans la racme dont on les fait venir la présence réelle de a n'est pas douteuse: oyfiog <.< sillon, rangée» qu'on rattache à ayca-^ xojiQog «fumier», mais aussi «boue» qui serait parent de xaTtvco ((îrdz. 141); ao(p6g en regard de <ja(p^g-^ o^og"yiQï]og^ «o^og, qui rappellent a^oficu] oX- /5og, rac. àXq)(^?)-^ nod'^, Jtôd'og «deuil, regret, désir» liés peut-être à 7ta&£tv (v. p. 61; pour le sens cf. névd'og)-^ vôcc Ttrjy^. Accxcovsg (Hes.) en regard de v«u«; o^d'Éc} «sindigner, s'emporter» rap- proché parfois de a%&ofiaf^ kqovqcc si on le ramène à Kçoç-J^a.
1. Le ntTtoaxa de Syracuse (Curtius 1. c.) no prouve pas davantage Vablcmt en question: 1"^ parce que cette formation est toute secondaire, 2° parce que Vo peut n'être qu'une variante dialectale de l'a. — Un pré- sent v.aîv<ù pour yinijca venant de v.ev est une forme claire ; quant à Xay%âva>, sa prcmièi-e nasale n'est point, comme l'est celle de léloy%a, la nasale radicale de Isyx'- de lsy% ou forme régulièrement ^Inxviù lequel devient d'abord ^Xccxvw, puis par cpenthèse *kayxv(o, Iccyx^iiva}. V. le mot au registre.
104 0 changé en a.
Puis le lat. docco placé eu regard de àCàai,ca (v. p. 107), et le gréco-ital. onkos (oyaoç^ uncits) de la rac. anJc {àyxâv, ancus).
Voilà les pièces du procès, et les seules données en réalité qui nous restent pour élucider cette question capitale: y a-t-il mi aUaut de a semblable à Yablaut a^: a^'i — Un examen quelque peu attentif des cas énumérés convaincra, je crois, chacun que ces éléments sont insuffisants pour faire admettre un tel ahiaut, lequel s'accorderait mal avec les faits exposés au paragr. 11. Il y a principalement trois choses à considérer: 1° la plupart des étymologies en question sont sujettes à caution; 2° l'o peut n'être qu'une altération toute mécanique de l'a; 3° il n'est pas inconce- vable que sur le modèle de l'ancien ahiaut e: o, le grec, posté- rieurement, ait admis parfois Vo lors même que la voyelle radi- cale était a.
4. 0 (== o) cliangé en a. C'est là ime altération j)eu commune en grec, même dans les dialectes. On connaît la glose â^sGco' «jU-o;r/lar«t , singulière variante du thème gréco-italique omso-. Pour Jtaçava en regard de ovg v. page 114. Les Cretois disent avaç pour ovaç, Hérodote aQQcodetv j)our oQQodsLv. On trouve chez Hésychius: atpskfia' xo otâkXvvxQov (= oç)£Afi.a), ^iayxvXaç' xrjxtôaç. AioXstg = jioy%vXaf KrjXiôsg. Cf. Ahrens II 119 seq.
Un exemple beaucoup plus important, en tant qu'apparte- uant à tous les dialectes, serait le mot aiJtoXog, si l'on approuve M. G. Meyer qui identifie la syllabe ai avec le thème o/t, lat. ûvl (Stud. VIII 120 seq. ^). Cette conjecture qui a des côtés sédui- sants laisse cependant prise à bien des doutes.
Le même mot avis est accompagné en latin de avilïa, con- servé chez Festus. M. Frôhde croit que cette forme se rattache à agnus: mais après les travaux de M. Ascoli, la réduction de ^y à y en latin, à l'intérieur du mot, est à peme admissible. Du reste le Vrodromus C. Gl. Lat. de M. Lowe a révélé un mot anhithnlcKS (ovium pastor) — ou auhidciis suivant la correction de M. Bilhrens, Jeu. Litcraturz. 1877 p. Iô6 — qui décidément atteste l'a. Cela ne forrobore 2)oint roi)inion de M. G, Meyer relativement à ai- TTÔkog^ car l'o latin devant v a mie tendance marquée vers l'a,
1. M. Meyer propose une étymologie semblable pour alyvniôq (cf. p. 7). Auparavant dt'jà, Pictet avait expli(iUL' l'un et l'autre mot par aci «mou- ton*. Origines Indo-européennes I' 4()(> seq.
«2 cliaii^'c; (Ml a. lOf)
spéciale à cette langue. En dehors du groujjc uv, oji.jxMit ilire ((ue a sorti de o est en latin chose moins insolite qu'en grec, et cependant extrêmement rare. L'exemi)le le plus sûr est if/nants, ndrrare (en regard de nosco, lynorare, gr. yva) où l'o transformé est une voyelle longue, lia ttimcna porta, suivant M. (Jurtius, est parent de rota. Pour ce qui concerne Cardea, rapproché de cor (Curtius Cîrdz. 143), il faut se souvenir que l'o de ce dernier mot est anaptyctique. Le cas de l'ombr. kumaltu (lat. molo) n'est pas très-difterent. C'est une question difficile que de savoir si dans datus, catus, nates, en regard de dônum, cas, vàrov, Va est ancien ou sorti secondairement de o. Mais ce point-là trouvera au chapitre V une place plus approjjriée.
5. Si, dans le grec, il n'y a pas de raison positive de croire que le plioncme 0.> soit januiis devenu a par transformation secon- daire \ il est presque indubitable en revanche que certains a ita- liques remontent à cette origine^. L'a de canis en particulier ne peut représenter que «g 5 ^^^^ ^^i ^ffet que l'o de y,v(av est un p n'aurait aucune vraisemblance-, ce phonème paraît être étranger aux suffixes. On peut citer ensuite l'osq. tanginom, parent du lat. tongeo. A ce dernier répond le verbe faible goth. ^agJcjan. Si nous avions en même temps un verbe fort «^igJian», tous les doutes seraient levés: Va de JjagJijan serait nécessairement a.,, Va de tongeo serait donc aussi a^, et il serait prouvé que l'a de tangi- nom sort d'un o qui était a^. Ce verbe «^igkan» n'existe pas, mais le un du verbe parent Jmglîjan permet d'affirmer avec mie certi- tude à peine moindre que la racine est bien te)ig. Peut-être l'a de caveo est-il également pour o = ft^j ^'^ question, vu è'xo^ev, est difficile. Dans Farca même phénomène, si l'on ramène ce mot à la racine de plecto et du gr. tioqxoç (nasse). On compare pallco au gr. nohôg: or l'o de ce dernier mot est o^, vu Trehog. Cf. pidlns. — Dans ces exemples, l'a, nous le répétons, n'est pas la conti- nuation directe de a.,, mais une altération hystérogène de l'o.
Jusqu'ici il a été question des voyelles o et a alternant dans
1. M. Mor. Schmidt met un point de doute à la glose d'Hésychius fttffqpoçoç* saatpoQOç, qui serait sans cela un exemple très-remarquable.
2. On devait s'y attendre, car depuis bien longtemps sans doute le son des deux o s'était confondu.
106
Italique a, grec a o, et autres combinaisons.
une même langue. Il reste à voir comment elles ,se correspon- dent, lorsqu'on compare le grec et l'italique. Pour cela il est bon de se prémunir plus encore qu'ailleurs contre les pièges déjà plusieurs fois mentiomiés que tendent certains phénomènes liés aux liquides et, dans une mesure moindre, aux nasales. Nous avons éliminé complètement ce qui tient aux liquides sonantes du § 1 — : ainsi xaQÔîa: cor, skr. hfd — ; mais il y a une seconde série d'exemples — ainsi oQd-og: ardims, skr. ûrcDivâ; v. chap. VI — que nous n'avons pas osé passer de même sous silence et que nous nous sommes borné à mettre entre crochets. Ces exemples doivent être comptés pour nuls, et ce qui reste est si peu de chose, que la non-concordance des deux langues sœurs dans la voyelle o prend indubitablement le caractère d'mi fait anormal. — Pour les recueils d'exemples ci-dessous, la grammaire de M. Léo Meyer offrait les matériaux les plus importants.
6. Coexistence d'o et d'à, dans une des deux langues ou dans les deux langues à la fois. Lorsqu'mie des deux formes est de beau- coup la plus commune comme dans le cas de ocis: avdla (p. 104), nous ne mettons pas l'exemple dans cette liste.
ojSqlov
xavaè,'^ 1 xo/3«Aog I Occog^ 0003, Goog
[tqÔtclç I
[(fâlxtjg
[(pokxôg
apcr '(;}). cavilla. sdiius. trahs.] faix. C]
Xoyycc^a \
Xayycc^c} )
lioviôg
liâvvog
oiinvr]
acpevog
loiigns. C. monile.
opesi^i).
ncc(f)ig
7to(J^)ca
XOOL
\
papaver
pomum, ptover (inscr.).
cous cavité dans le joug
cavu^.
1. Curtius Stml. la. '-'Oo, Grdz. 373. — -J. v.avci'6,' navovQyoç (Suidas). — 3. La racine, bien que le béot. I^aw-çâteioç ne décide rien, paraît être sau. Le latin montrerait u dans sospes, si la parenté du mot avec notre racine était mieux assurée, mais il a toutes les apparences d'un compose contenant la particule se-, cf. acispcs; par un hasard singulier il existe un mot védique risjiitfi « danger ». — Sur anlc- unie et autres cas v. p. ni.
a grec et o it;ilii|iic. 1()7
7. ce grec et o italique.
a. La racine ne contient ni liquide ni nasale non initiale.
(V)(3'ax, ôi-àâ07C(o., è-ÔL-ôax-ôa, ài-ôa^-ri doc, doc-co, doc-lnsK Xax, è'-XaK-ov, /la(7x£0, Xs-Xâx-a loqu, loqu-or, loeutus.
(ccTtacpog {êjtotli) îipupa'^.) \ ôâçôg dûrus^i^f).
1. Il n'y a pas d'autre raison de ramener Si.8uav.ta, diflû^at, à une rac. day. que l'existence du lat. docco. Autrement on les rapporterait sans mi instant d'hésitation à la racine qui se trouve dans ôé-da{6)-s, da{a)-Tinù}v. Mais rien n'empêche, dira-ton, de réunir tout de même ôaa et doc, comme ayant tous deux pour base la racine du «savoir». A cela il faut répondre que Seca n'est une racine qu'en aijparence: c'est Ssva qui est la forme pleine, ainsi que l'indiquent l'indien dams et le gr. Srjvog pour *Sévaoç [z= Bkr. ddrnsas). SéSa(6)s (aoriste), SeSa(6f)(âç, ïdâ(a)rjv, ont, régulière- ment, la nasale sonante (pages 20 où SèSas a été oublié, 22 et 46); dans Ôi- Saatio}, si ou le joint à cette racine, elle n'est pas moins régulière (v. p. 22). Il faut répondre en second lieu que la racine dd qu'on a cru trouver dans le zend n'a, suivant M. le prof. Hûbschmann, aucun fondement réel. Cette question difficile se complique du latin disco, du sanskrit dtlc's et du zend daxsli. — 2. inoip sera né par étymologie populaire: inoxp tnônx-qq xmv avzov v.uv.àv, dit Eschyle. Ainsi s'explique son s. D'autre part M. Curtius partant du thème cpop explique le premier o (î<) de uptqm par assimila- tion. C'est pourquoi l'exemple est placé entre crochets. — 3. Sâçôç (diu- turnus) est pour *dc(fQ6ç = skr. dti-rd «éloigné». La glose Saôv noXv- XqÔviov Hes. {Sccov?) est bien probablement un comparatif neutre sorti de '*SâJ-yov, skr. ddviyas. Sr^v et Soâv sont aiitre chose. Si duras est égal au grec Sâçôç, il est pour *(:to«/«*v, mais ce dernier rapprochement est boi- teux: ou peut dire seulement que durare {cdurare, perdurarc) signifie par- fois durer — cf. Sâçôç — et qu'il rappelle diird dans des expressions comme durant colles «les collines s'étendent» Tacite Germ. 30.
b. La racine contient une liquide ou une nasale non initiale. On ne pourrait, je crois, démontrer pour aucim exemple de cette sorte que la voyelle variable (a o) a été de tout temps ime voyelle pleine: tous ces mots au contraire paraissent liés aux phéno- mènes spéciaux auxquels nous faisions allusions ci-dessus. Ce sont principalement (iâkka: volare; ÔkXXo, àâXéo^ca: dolco; 6a- fitt^co: domare; daQ&dvco: dormio; tal: folio; tpaQÔco: forare. Puis xccXa^og: culmiis; xçâvog «cornouiller» (aussi xvçvog) et cornus; TKQ^éa): torvusi^f)] naça: por- (p. 111). M. Fick rapproche yx^akov de vola, nçâvrig et nçâvôg (Hes.) diffèrent peut-être du latin pro- mis, et, dans l'hypothèse contraire, les contractions qui ont pu
108
o grec et a italique.
avoir lieu, si par exemple le thème est le même que dans le skr. ■pravauà, auront troublé le véritable rapport des voyelles.
c. Les phonèmes sont placés à la fin de la racine. Dans cette position on ne trouve pas d'o latin opposé à un a grec.
8. 0 grec et a italique.
a. La racine ne contient ni liquide ni nasale non initiale. o^oXog agolum. F. (?). ! aôa^og mstos (§ 11 fin).
o'Côtog arista. F.(?).
6ko(pvQo^ai lamentum ^ (?).
o ^ i''S acci-jnter ^ (?).
ovog asinus{?).
KvXii, calix.
fio^Adç malus.
x6i,ov taxus^{?).
xQcôyXri trâgida{?).J.Schmi([t.
1. Cf. p. 60. — 2. Si l'on peut douter de l'identité dCacci- avec 6^v-, il serait en revanche bien plus incei'tain de le comparer directement à mKv-, qui est déjà tout attelé avec ôcior. aqui- dans aquifolius ne s'éloigne pas trop iVo^vç. — 3. Pictet comparait ces deux mots à cause du grand emploi du bois d'if pour la fabrication des arcs (Origines P 229). Mais tô|ov peut se ramener, et avec plus de vraisemblance, soit à la racine rin soit à la racine rf^; son o est alors o^.
Devant v |
: |
|||
xoÇF)É(o |
caveo. C. |
oyôoog |
octâvus{?). |
|
x6(/)0L |
mvits. C.cf.p.l06. |
nroéco |
pavco(?). |
|
kovco |
lavo. |
. x^^n |
flàvus{?). |
|
v6{J^)os |
navare. |
tcôitog |
paedor de |
*pav-id. |
ci-yvo{.f)La |
gnâvus. |
F. |
Dans la diplithongue : oid^a acmidiis.
oixTQog aeger.
b. La racine contient mie liquide ou une nasale non initiale.
ovara auris. oi), ovdt h-au-d{?).
xoX^oil' callus.
I xoAoxai^og crace)ites.\
xoVig canicae\'^).
xQoxnXr] dUculus.
XôyXU lancea.
ôXoôg salvus. C.
[o()0'og arduus.\
\noQElv parentes.]
çaôiôg ardea.
[;UoA«s haru-spex.]
(foQt far, g. farris(?).
1. Canicae furfures de farrc a cibo canum vocatae. Paul. Ep. 46. M. Si le mot est parent de y^ôvig, il l'est aussi de cinis (p. 100).
0 frro,c et italiquo. ]()()
c. Lcs^phonrmcs sont placés à la fin de. la racine, ici se luiij^c- raicnt datus, darc (cf. donum) en regard du gr. do Ôo, cafus (cf. cas) en regard de xàvog, nates en regard de vâxov. Sur ces mots V. plus haut p. 105. Le cas de stravi, stratus, auxquels le grec oppose CtQC) rentre dans la classe arduiis: o^'O'o's (p. 10(j).
Voici maintenant la correspondance régulière qui exige \'o dans les deux langues. Ce tableau, nous le répétons, n'est pas exclusivement un catalogue des o gréco-italiques; il doit servir surtout à s'orienter, à évaluer ajjproximativement l'extension de Vo autre que Og en gréco-italique; aussi y a-t-il encore beaucouj) à trier, en dehors des exemples désignés comme suspects. Par le signe t, nous posons la question de savoir si Vo n'est pas o^.
a. La racine ne contient ni liquide ni nasale non initiale.
od: o^ca, odaô-a ol-eo, od-or.
oJc^: oTtcoTt-cc, o(7(?5, oa-t-aXXog oc-idus. (?) h h 0 dh ^ : (i6&-Qog, ^od'-vvog fod-io, fossa.
zoxxv^ coxa.
xôxKv^ ciiculus.
iivx£ù3v cocetmn.
(lôxçcov mucro^.
vvi, nox.
TCoGig, nôrvtu potis , potiri etc.
nQo pro-.
OTtccav sociits^.
1. V. Curtius, Grdz. 467. — 2. Pour le sens, ob va bien avec ènî, mais comment accorder leur voyelles? Si otti- est vraiment une j)articule et non simplement un rejeton de la rac. en «suivre», on peut a peine douter de son identité avec ob. Le p est conservé dans op-âcus; -âcus est parent de aquiliis, gr. àx^vg etc. — H. ^lÔhqcûvu' xov 6è,vv 'Eçy^çctiot. Iles. ^. Pick IP 198. — 4. socins et oncîcov se placent à côté de l'indien sdlhi (v. Pick IP 259). L'a bref du mot indien montre que Vo n'est pas o.. , que par conséquent il faut séparer ces mots de seJc.^ «suivre». On pourra les comparer à ont.g «secours, justice, vengeance des dieux» et à àoGar}riÎQ, ôaarirriQ (Hes.) «défenseur». Ceci rappelle le skr. çak (çagdM , çaîctdm etc.) «aider» que Bôhtlingk-Kotb séparent de çalnôti «pouvoir». Ç serait pour s, comme dans çâkrt; et peut-être le zd. luixma «ami» est-il identique au skr. çagmd (== *çakmd) «secourable». Il y aurait identité entre çdci «se-
oxQig |
ocris, om |
t OXTCJ |
octo. |
o^Cva |
occa. |
6(jT£0V |
os, osscus |
oÇf)ig |
ovis. |
07tL(-Q-£v) |
ob\?). |
t(kdg |
siicus. |
110
0 grec et italique.
conrs divin» et onig. L'italique reflète, semble-t-il, la même racine dans sancio, sanctus, Sancus, Sangiialis porta, sucer (cf. çakrd).
Il y a encore hos: ^ovg et hovare: ^oâca où la valeur de \o latiii est annulée par le v qui suit (pour ovis le cas est un peu différent)-, nôad^i] qu'on a identifié h pUhes; Ttv^aroç qu'on a com- paré à l'osq. posmos ainsi que nvvôg' 6 -jiQcaxxôç en regard de pone. Eu outre il faut mentionner l'opinion qui réunit fÔvco à g)G}yœ (Corssen IP 1004), bien qu'elle suppose la réduction de gv à V \
Dans la diphtliongue:
■foi VI] oinvorsei.
}ik6(J^)viç cliïnis.
b. La racine contient une liquide oit mie nasale non initiale, [ol: oAoA-a, oA-fWai ah-ol-eo.]
[or: oQaç-a., oq-Go or-ior, or-tus^
[g^or: s-^ça-v [/3o^-fiog, /3o^-«] vor-are, -vor-us, vorri edaces^] [m or: ^0Q-t6s, ^Qo-rog mor-ior, mor-tuus, mors.]
[m 0 1 : ^vl-la^ ^vX-j] mol-o,mol-a. cf. ombr. k u m a 1 1 u.]
[stor: atoQ-vv^L, 6tQCj-(ia stor-ca, for-us^ (sterno).]
■foyxâofiat nncare {û. j^nca). | xo()«| et corvus et
o73<og«croc» itncîis, \.\). iOA,\ii. HOQCJvi] cornix.
coaog (* ouôog) umerus. I ^ , f niokstus.
o^(pakog imibilicus. \ \ moles.
forniido.
murmur.
formica.
sollus.
jnds.
com-.
porcns.
porro'^.'\
fungiis.
foUum.]
coriiwi.]
ovufia |
nomen. |
^iOQ^og |
OVOTOg |
nota. |
^lOQ^VQa |
" i- ovv^ |
ungids. |
^VQtlt]è, |
•foQcpavog |
orhus (arméu. orh). |
oAog |
(hXliég |
hldhus (emprunté?). |
jro'ATOç |
yQojxcpûg |
scrofa. |
^vv |
dôva^ |
juncus. |
fjtoQXog |
{f)Q6dov |
(v)rosa. |
■ [Ttâçaco |
■fxôyxn |
congius. |
Cq)6yyog |
xâ^t] |
coma (emprunté?). |
{(pv^kov |
xoQCOvôg |
corotta. |
[XÔqlov |
1. Le fikv. dâhati -«hriûer» vient d'une rac. (lha^g\ (Ilûbschmann K. Z, XXIII :v.)\) (jui donne aussi le lith. deçin et le gotb. dagn «jour». C'est peut-être à cette racine qu'appartient fitvco. On devrait alors le ramener
0 grf'c et italiiiiK
111
1. ^oçâ et (îéçfiog (avoine, Hes.) ont ici peu ou jioint do val<ur, parce que leurs thèmes sont de ceux qui réclament o.j (p. 74 (!t 79). Kn principe il y aurait les mêmes précautions à prendre vis-à-vis des mots latins; mais 0^ n'est pas si fréquent dans l'italique qu'on ne puisse reganler Vo de vorare comme l'équivalent de Vo di; ^Qoivui, ^qmuu (sur rorri v. Corssfn Reitr. z. It. Spr. 237). Nous ferons la même r(miuniue relativement à storeii, torus en regard du otoq hellénique. — 2. M, Fick (IP 145) place 2'Orro et nôçGco sous un primitif jjorsoi (mieux: porsôil), et sépare nçôriow (= *tiqo- xyoi) de TToçffo), TtoQQm. Bien que la distinction que veut établir Passow entre l'usage des deux formes ne paraisse pas se justifier, on peut dirr on faveur dis cette combinaison: 1" que la métathèse d'un TtQoaco en nùçco) serait d'une espèce assez rare ; 2° que dans nàççco pour noQGco il y aurait assimilation d'un c né de ry, ce qui n'est pas tout à fait dans l'ordre, bien qu'il s'agisse do 6 et non de gg, et qu'on puisse citer, même pour le der- nier cas, certaines formes dialectales comme le lacon. KciQQcov; y que porsod lui-même s'explique fort bien comme amplification de l'adverbe skr. purds, gr. Tiâçog. tiÔqgcù {porro): piirns nûqoç = y.6çGri: çîrcts xâçTj.
N'ont pas été mentionnés: ^ovXo^ai — volo dont la parenté est douteuse (v. cliap. VI), et tiqotl auquel Corssen compare le lat. por- dans por-rigo, por-tcndo etc. La position de la liquide dé- conseille cette étymologie, malgré le crétois tcoqtl, et rien n'em- pêche de placer ^wr- à côté du gotli. faw; grec Tiaçci
Mots se rapportant aux tableaux a et b, mais qui contiemient un 0 lonsc:
fàxvg |
ôcior. ovum. |
xQcS^a |
crôcio. crocito. |
|
[colévr] |
ulna.'\ |
^cÔQog |
morosns. |
|
gl6nms^\. gloeio. |
flàQOV fvàï |
\ J |
morum. nos. |
1. ^icofiôg- ipcofiôg Hes. Le mot se trouve dans un fragment de C'alli- maque. gîomus in sacris crustulum, cymbi figura, ex oleo coctum appella- tur. Paul. Diac. 98. M. Si l'on tient compte de ylomerare et de globtis, on
à *fohveo ou *fehveo; cf. nivem = *7iiJirem. Mais le sens de força laisse place à quelques doutes, qui seraient levés, il est vrai par fûmes «bois sec, matières inflammables» si la parenté de ce mot avec le i)remier était assurée. Il est singulier toutefois que defomitatiis signifie (hranché (Paul. Diac. 75 M. Cf. germ. hauma- «arbre»?). La rac. dhOiglu se retrouve en grec dans rstp-ça «cendre» et dans le mot tuf, tofus (souvent formé de matières volcaniques) dont le roqpiwv des tables d'Héraclée rond l'origine gi-ecque probable, tôcpog est identique au gotli. dug((i)s, au skr. -dagha.
U2 Racines et thèmes où l'on doit supposer o.
sera porté à, comparer le skr. gûhna < bouquet de bois; troupe de soldats; tumeur». — Mentionnons aussi la désinence de l'impératif, lat. legi-td, gr. Xfyé-ta.
c. O termine la racine.
Ixô: xo5-i^oç cd-{t)s, cu-neus (cf. cà-k(s).
g no: è'-yva-v, yt-yvâ-axa, gnô-sco, gnô-tus, i-giïô-ro
yvâ-Qi^og (cf. gnâ-rus, nârrare^.
dô: è'-ôa-xa, ôcô-qov, âô-nnm, do-{t)s {cî. (ïa-tus, dà-rc).
i-ô6-^r}i>y ôo-rog
2')d: éol. Ticj-vco, a^-Tiœ-rig, jid-tus, pô-cnlwn, xw-sca. TCo-rog^ 7t6-^La
(?)rd: çd-vvv^L, e-Qça-ôa rd-hur.
Les exemples où l'on peut admettre avec le plus de confiance que Yo est un o sont:
Dans le gréco-italique: les racines od «olere», pZ;«être aigu», p/,\, «voir»; do «donner», po «boire», gm «connaître». Dans ces racines en effet la voyelle o règne à toutes les formes. — Parmi les thèmes détacliés: o^'n'« colline» et pÀ;2*« œil» qui appartiennent aux racines mentionnées, puis oici «mouton», à cause de Y a bref du skr. avi; j)C)^//< maître», iikx. pati; mnni «joyau», skr. mà)?i; sok,^i «compagnon», skr. saldn. D'après cette analogie, on devra ajouter: nsti «os», Idouni «clunis»(?), Iconi «poussière», noldi «nuit». Plus incertains sont omso «épaule», oMo, nom de nombre et g^oîi «bos».
Le latin apporte les racines de fodio, rodo, omis, opiis etc., les thèmes hosti, rota (skr. ratJia).
Entre autres exemples limités au grec, il faut citer les ra- cines des verbes od-o^aiy oto^at^ jcAoî^cj, qpcoycj, xoTtra, cod^éa^ ^tôvvv^L, o^vv^L, 6vCv)]^L. Nous trouvous 0 finissant la racine dans ^(o «nourrir», (p^a «dépérir» {cp&ÔGig^ (pQ^ôr]). Dans mi grand nombre de cas il est difficile de déterminer si l'on n'a pas affaire à une racine terminée par v Çf) ou i {y). Ainsi è'xofiêv, xt- xox£ semblent bien a]i])artenir àxoJ^*, non à *xûj; Cxoiog, com- ])iiré il (Jxo-re, contient o et appartient à un racine 6xa (cf. aussi
1. Voy. Curtins Stud. VIT :i92 seq. Ce qui lève les doutes, c'est le parfait vhvorai que rajiportt; Ilérodien, appartenant à vota dont le J- est UHBuré par une inscription ((jrdz. 178).
Ago du jibonèmo o. \ \ 3
]). 120 i. 11.), mais ramène; à G%u (cf. Oxlquv) il c(;iiiiciii o.^ et jieut alors s'identilier au skr. chdyà. Inutile de multiplier ces exem- ])les douteux. — Le mot xoLrjg' Uçev*^ Ka(iiÎQ(jv, o xa&aïQav cpovéa (ot de xorjg] cf. xoiârai' lEçàTai) peut se comjtarer au skr, hâvl, à moins qu'on ne le tienne pour étranger. J 'répositions: TtQotC = iikv.pruti, norC =^ 'Aewàpâiti.
(,)uel est l'âge et l'origine du phonème o? Nous nous sommes ])récédemmeiit convaincus que le second o gréco-italique (a.^), que e (*7i), que a {a), ont leur existence distincte depuis les périodes les plus reculées. Mais quelles données avons-nous sur l'histoire du phonème p? On peut dire qu'il n'en existe absolument aucune. Ce qui permet d'affirmer que Yo., du sud a eu son équivalent dans le nord, c'est que Va qui lui correspond en slavo-germanique a des fonctions spéciales et des rapports réguliers avec e qui le séi)arent nettement de a. Au contraire le rôle grammatical de o ne diffère pas essentiellement de celui de ^, et si, dans de telles conditions, nous trouvons que les langues du nord répondent à o absolument comme elles font à a, nous sommes naturellement l)rivés de tout moyen de contrôle relativement à l'ancienneté du l>honème en question. Si l'on admet que o est ancien. Va des lan- gues du nord contient, non plus deux voyelles seulement (a., -f- a\ mais trois: a.^ -f~ -i ~f" 9- ^i ^^^ contraire on y voit un produit secondaire du gréco-italique, le seul phonème dont il puisse être issu, c'est a. — J'ai hésité bien longtemiis, je l'avoue, entre les deux possibilités; de là vient qu'au commencement de ce mémoire (p. 5) o n'est pas compté au nombre des a primitifs. Le fait qui me semblait militer en faveur de la seconde hypothèse c'est que l'arménien, qui distingue de a le phonème a.,, ne paraît point en distinguer le phonème o (p. 97). Mais nous né savons pas s'il en a été ainsi de tout temps, et d'autre part la supposition d'un scindement est toujours entourée de grosses difficultés. Ce qui l)araît décisif, c'est le fait frappant que presque tous les thèmes nominaux détachés qui contiennent la voyelle o se trouvent être de très-vieux mots, comius dans les langues les plus diverses, et de plus des thèmes en -i, voire même des thèmes en -/ de flexion toute parti- culière. Cette coïncidence ne peut pas être due au hasard; elle nous indique que le phonème o s'était fixé là de vieille date, et dès lors il sera difficile de lui refuser ses lettres de noblesse indo-européenne.
8
114
Le phonème o dans les langues du nord.
Les cas qui pourraient servir de base à l'hypothèse où o serait une simple altération gréco-italique de a , sont otiko venant de nnl', déjà mentionné p. 104, oi-no «mi» à côté de ai-ho aequus, la rac. ok, d'où le thème ohri, à côté de aie, socius-onâav comparé à sak dans sacer, et le lat. scohs de scdbo. On pourrait attacher mie certaine importance au fait que oliri et soki (socius), à côté de aJc et sak, se trouvent être deux thèmes en -i (v. ci-dessus). Mais cela est trop problématique, et l'étymologie donnée de soki n'est qu'une conjecture. Pour TCQÔjiutov de /3cj v. le registre.
Beaucoup plus remarquable est le cas de ovg «oreille». L'homérique TiaQrfiov nous apprend que, en dehors de toutes les questions de dialecte qu'on pourrait élever au sujet de l'éol. Tta^ava ou de uavd'a' siôos èvatiov, Vo de ovg a comme équivalent, dans certaines formes, un a. Ce qui donne à la chose un certain poids, c'est que ovg appartient à cette catégorie de thèmes de flexion singulière qui est le siège le plus habituel du phonème o et dont nous aurons à reparler. On aurait donc un o, assuré comme tel, accompagné de a. Malheureusement le lat. miris est embarassant: son au peut à la rigueur venir de ou, mais il pourrait aussi être la diphthongue primordiale.
Les exemples réunis ci-dessous permettent de constater d'un coup d'œil que les phonèmes par lesquels les langues du nord rendent o sont exactement les mômes que pour a (p. G3) et pour «2 (p- "^0). Dans les trois cas nous trouvons ce que nous avons désigné, pour abréger, par a du nord (p. 51).
Latin et Grec |
Lithuanien |
Paléoslave |
Germanique |
oculus, oGOe: |
ak'ts |
oko |
germ. augen- = *agvm |
(?) odo, ôxTCj : |
■ asztûvà |
osnii |
goth. aJitau |
ovis, oïg: |
avis |
ovica |
vieux h*-all. awi |
hostis, ^: |
— |
gostï |
goth. gasti- |
nox {vv^) : |
nakùs |
nostï |
goth. naJd- |
potis, noCig: |
vësz-pati |
- — |
goth. -fadi- |
— JtÇOTL: |
— |
proti |
— |
momie, iiôvvog |
— |
? monisto ^ |
germ. nianja- |
rota : |
rt'i/ds |
— |
vieux h'-all. rad |
1. Miklosicli (Vergl. (îraniin. II ICI) pense que ce mot est d'origine étrangère.
Le phonème o dans les langues du nord. 1 1 f)
Racines: (er. ox, on, litli. (at-)a-n-l-i( ; o-r. q)Oiy, aii<rlo-saxoii hacan, hoc; lat. fod, si. IkhVi (le litliiiaiiieii a la forme iiicoiiiprélien- sîble hedà).
Dans les mots qui suivent, on peut douter si Vo gréco-ita- lique n'est pas o^^ ou même, dans un ou deux cas, une voyelle anaptyctique: ot,og, goth. asts; oqqoç, v. li*-all. ars (Grd/,. 350); oTToç, V. li*-all. saf, si. sohu; oçvtg, v. h*-all. ami-, si. orïlù; gréco- it. orinhos, goth. arhi; gréco-it. omsofi, goth. amsa; collnm, goth. hais; coxa, v. h'-all. hahsa; nÔQai,, lith. szârlca «pie»(?); 'yô^(pug, si. mhu; gréco-it. porkos, v. h*-all. farali, si. ^^^«se pour *porse, lith. pàrszas; osq. posmos, lat. ^)r>s^, lith. imslmi; longus, goth. /a/y^.9. L 0 de ;toAî;' (v. h*-all. ^«/^/a) doit être o.^, à cause de le du lat. fel. — Dans la diphthongue: gréco-it. oinos, germ. et boruss. a ma-; gréco-it. Idouni, norr. Mann (lith. szlaunis).
J'ai fait plus haut la remarque que les idiomes du nord, en opposant au phonème o les mêmes voyelles qu'au phonème a, nous frustraient de la preuve positive, que ce dernier phonème est aussi ancien que les autres espèces d'r^. Il existe ce})endant deux séries de faits qui changeraient du tout au tout l'état de nos connaissances sur ce point, selon qu'on leur attribuera ou non une connexion avec l'apparition de o dans le gréco-italique.
1. Trois des plus importantes racines qui contiennent o en grec: 6d ou «d «olere», t^ao «ceindre», ôa «donner», présentent en lithuanien la voyelle û: udéù, jUsmi, dUmi. De plus, le lat. jocMS, dont Vo pourrait fort bien être p, est en lithuanien jukas; u(ja répond au lat. ilva, nuyas à niidus^ (= noguidus?). Au grec /3co/, /3oJ^, dont l'o selon nous est o, répond le lette gmvs. En re- vanche Ui'das, par exemple, est eu grec xàXov (bois). Le slave ne possède rien qui corresponde à û {jas-, da- = lith, jus-, dû-) ; bien plus, le borussien môme ne connaît point cette voyelle (dafwei = duti), et le passage de d à û est une modification familière aux dialectes lithuaniens. Il faut donc convenir que si réellement le phonème o se cache dans r/< lithuano-lette, c'est par un accident presque invraisemblable.
2. Je n'ai parlé qu'occasionnellement du vocalisme celtique,
1. Il faut aussi tenii* compte de Xv^vôg' yv^vôg (Hes.). Cette forme semble être sortie de *vi^}iv6g par dissimilation. *vv}tv6g est^ouï*vv^v6ç *voy^v6ç = skr. nagnâ.
8*
110 Le phonème o dans les langues du nord.
et je ne le fais encore ici que par nécessité, mes connaissances sur ce terrain étant très-insuffisantes. Le vocalisme irlandais concorde avec celui du slavo-germanique dans le traitement de A et «2 5 les deux plionèmes sont confondus. Exemple de a: ato- m-aig de la rac. ai/ agere; agathar, cf. ai&taL\ asil, ctaxilla; athir, ci. pater; altram, no-t-ail, cf. ah; aile, cf. alius. Voy. Windiscb dans les Gruudziige de Curtius aux numéros correspondants. D'autre part a.^ devient aussi a. Nous l'avons constaté plus haut dans les formes du parfait singulier et dans le mot daur = 66qv. En outre, d'après le vocalisme des syllabes radicales, la voyelle suffixale disparue qui correspondait à Vo.^ gréco-italique était a. Mais voici que dans nocht «nuit», rotli «roue», ôi^ «mouton», ocM «huit», orc «porc», ro = gr. Ttgo etc., c'est o et non plus a qui ré- pond à Yo des langues du sud. Précisément dans ces mots, la présence de o est assurée ou probable. — Comment se fait-il que dans le vieux gaulois Va^ suffixal soit o: tarvos trigaranos, va^r}- Tov etc.?
Cliapitre IV.
§ 9. Indices de la pluralité des a dans la langue mère indo-européenne.
Dans le système d'Amelung, Vo gréco-italique et l'a gréco- italique (notre ,i) remontent à une même voyelle j)rimordiale; tous deux sont la gradation de Ve. S'il était constaté que dans les langues ariennes la voyelle qui corre.spond à Va gréco-italique en Ftyllahe ouverte est un « long, comme pour o, cette opinion aurait trouvé un point d'appui assez solide. A la vérité, le nombre des exemples qui se prêtent à cette épreuve est extraordinairement faible. Je ne trouve parmi les mots détachés que ànô — fib, skr. apa; ccxav^, skr. âçan (au cas faibles, comme âçna, syllabe fer- mée); «/|, skr. dgâ; àd-rJQ^ véd. àtliarii^). Mais du moins les thèmes verbaux ûedga-ii, europ. Ag; hhuga-fi, europ. hJiAg; mada-ti, gréco-it. m.uJ; gaga-fi, gr. «y; vàta-ti, europ. kaI (irland. fâith, lat.
1. L'o est allonfçé par le w qui suivait.
2. Le 7 (le ÙY.OVT- est ajouté posténcuromcnt; ci'. Xfov ty ftnn. Xîctiva.
Correspondants arieua du phouùme a. 117
vatcs) nous doimeut une sécurité suffisante. Si l'on reclierche au cojitraire les cas possibles d'un a arien correspondant, en syllabe ouverte ; à un a (,i) gréco-italique^ on en trouvera un exemple, en eifet assez im])ortant: skr. agas, en regard du gr. ayog qu'on s'ac- corde à séparer de ccyog, aytog etc.^ Le cas est entièrement isolé, et dans notre propre système il n'est point inexplicable (v, le registre). Faire de ce cas unique la clef de voûte d'une théorie sur l'ensemble du vocalisme serait s'affranchir de toute espèce de méthode^.
On pourra donc sans crainte établir la règle, que, lorsque les langues européennes ont a, en syllabe ouverte comme en syllabe fermée l'arien montre a bref. Mais ceci veut dire simple- ment que Va n'est pas un a long: il arrive en effet que dans cer- taines positions, par exemple à la fin des racines, ce n'est plus du tout un a, mais bien i, ou *, au moins en sanskrit, qui se trouve l)lacé en regard du phonème a des langues d'Europe. Voy. ci- dessous.
Comment l'arien se comporte-t-il vis-à-vis de Ve européen? ]1 lui oppose aussi l'a bref. Ce fait est si connu qu'il est inutile de l'appuyer d'une liste d'exemples. Le seul point à faire ressortir, celui qu'avait relevé d'abord Amelung, celui sur lequel M. Brug- man a assis en grande partie l'hypothèse de «g, c'est le fait néga- tif que, lorsqu'on trouve e en Europe, jamais l'arien ne présente d'à long.
Si maintenant l'on posait cette question-ci: Y a-t-il dans l'indo-iranien l'indice certain d'une espèce d'(^ (jui ne peut être ni 'à^ ni a^? nous répondrions: Oui, cet indice existe. \ii ou l pour a n'apparaît que dans un genre de racmes sanskrites tout parti- culier et ne peut avoir ni la valeur «^ ni la valeur «2 (§ ^1 ^^0-
1. Pour des raisons exposées phis loiu, nous serons amené à la con- clusion que, si une racine contient a^ le présent a normalement a long et que les thèmes comme aga-, hhaga- etc. n'ont pu appartenir primitivement qu'à l'aoriste. Mais comme, en même temps, c'est précisément l'aoriste, selon nous , qui laisse apparaître .1 à l'état pur, il ne saurait y avoir d'in- conséquence à faire ici de ces thèmes un argument.
2. Le skr. vifCda (ausai vi/ada) << serpent •> est bien probablement 2>roche parent du gr. vcîlrj- cxcoA/j^, mais il serait illusoire de chercher à établir entre les deux mots l'identité absolue: cf. svXri, i'ovkog.
1X8 Les langues arieunes distinguent-elles a de tti?
Mais si, précisant davantage la question, on demandait s'il y a dans l'arien des traces incontestables du dualisme a^ : a tel qu'il existe en Europe, la réponse, je crois, ne pourrait être que négative. Le rôle de 1'! dans ce problème est assez compliqué, et nous ne pourrons aborder la question de plus près qu'au cha- jîitre V.
Deux autres points méritent particulièrement d'être exami- nés à ce point de vue:
1° Les â longs tels que celui de svàdate = gr. cïàsxat. Voy. § 1 1 fin.
2° Le traitement de /ù,, g., et r/A^ dans les langues ariennes. Dans l'article cité des Mémoires de la Société de Linguistique, j'ai cherché à établir que la palatalisation des gutturales vélaires est due à l'influence d'un a^ venant après la gutturale. Je con- frontais la série indienne vidcâ, vâcas, vôca-t avec la série grecque yovo-, y avec-, y£vé-{<}d'ai) et concluais que la diversité des con- sonnes dans la première avait le rapport le plus intime avec la diversité des voyelles suffixales observable dans la seconde. Je crois encore à l'heure qu'il est que cela est juste. Seulement il était faux, comme j'en ai fait plus haut la remarque (p. 90), de donner à l'o du suffixe, dans yôvo, la valeur o ou a (o étant considéré comme une variété de a): cet o, nous l'avons vu, est «g- Voilà donc la signification du fait notablement changée. Il prouve bien encore que lindo-iranien distingue entre «^ et a^, mais non ]dus, comme j'avais pensé, qu'il distingue entre a^ et a. La thèse, conyue sous cette forme, devant être soutenue, à ce que nous apprenons, par une plume beaucoup plus autorisée que la nôtre, nous laisserons ce sujet intact: aussi bien l'existence de 1'^^ arien est déjà suffisamment assurée par l'allongement régulier constaté au § 7 ^
1. Pour bien préciser ce que nous entendions à la page 90, il faut dire quelques mots sur les formes zendes cahi/a et cahmài. Justi les met sous nn prunom indéfini ca, tandis que Spiegel rattaehc caliinai directe- ment il Avf ((iranim. 193). Kn tous cas le fait que, d'une layon ou d'ime autre, ces formes apiiartiennent au pronom ka ne peut faire l'objet d'un doute. La palatale du génitif" s'explique par Ya^ que nous avons supposé, l'our le datif, il ne serait pas impossible ([ue l'analogue grec nous fût con- sei-vé. llésychius a une glose ri(ifiai ztivfi. M. Mor. Sclimidt corrige Ttivu eu rivti. Mais qu'est-ce alors que tt^fini? Si nous lisons zt'vi, nous
Les langues arieuut's distiiiguont-oUcs .1 de a,? ] l!l
L(! traitement des gutturales vélaires au conuiienœiiicnt des mois porte la trace très-claire de la periuiitatiou (i^ : a.^ dans la syllabe radicale. Mais laisse-t-il apercevoir une dillérence entre «^ et yi? C'est là le fait qui serait important pour nous. 11 serait difficile de répondre par oui et non. A tout prendre, les phéno- mènes n'excluent pas cette possibilité, et semblent plutôt parler en sa faveur. Mais rien de net et d'évident; jjoint de résultat qui s'impose et auquel on puisse se fier définitivement. Nous suppri- mons donc comme inutile le volumineux dossier de ce débat, qui roule la plupart du temjjs sur des exemples d'ordre tout à fait subalterne, et nous résumons:
Quand l'européen a h.ji, (j.f, (jh./;, l'arien montre presque régu- lièrement ca, ga, gha. Exemples: gr. raGOaQSs, skr. catvàras; litli. gèstl, skr. gâsati; gr. '9-e^og, skr. haras. Ceci rentre dans ce que nous disions précédemment. La règle souffre des exceptions: ainsi lîahiyntl en regard de xalrjs^ celer (Curtius Grdz. 140), gâmati en regard du goth. qinian ^ A.u groupe européen h^A l'arien ré- pond assez généralement par Jm. Seulement, bien souvent, on se demande si Va européen qui siiit la gutturale est véritablement j, ou bien un phonème hystérogène. D'autre fois le rapprochement est douteux. Exemples: gr. aalog, skr. lailya; lat. cacîinien, skr. Irûciîbh; lat. calix, skr. lalâra; lat. cadavcr, skr. Jcalevara? (Bopp); Kavdaloi' xotlcô^ara, ^ad'Qa, skr. kandard; gr. xa^aça, zd. ka- mara; gr. xâfinr], skr. Jicoiipanci; gr. xaivog, skr. Icanyà (Fick); dans la diphtlioiigue, lat. aicsarics, skr. Jccsara; lat. caclebs, skr. kécala; gr. Kcacçôag, xatarcc' oQvy^caa, skr. kévala, etc.- Pour r/
avons dans xs^^aL le pendant de cahmâi (cf. créL xaCog pour noCog). Cepen- dant les deux formes ne sont pas identiques; la forme grecque provient d'un thème consonantique Tcasm- (cf. skr. kasm-in), ai étant désinence (v. p. 92); au contraire cahvuà vient de hasma-.
1. Peut-être que le (j du dernier exemple a été restitué postérieure- ment à la place de g, sur le modèle des formes telles que ya-ymûs oii la gutturale n'avait point été attaquée. L'état de choses ancien serait donc celui que présente le zend où nous trouvons gamyât à côté de ga-ymat.
2. Il est remarquable que les langues classiques évitent, devant rt, de labialiser la gutturale vélaire, au moins la ténue. Dans {c)vapo}\ le groupe l:w est primitif, ainsi que l'indique le lithuanien, et dans nàç il en est probablement de même; nâo^at est discuté. Il ne semble pas non plus qu'on trouve de hv germanique devant .1 ; toutefois ce dernier fait ne s'ac-
120 Nécessité d'admettre que l'indo-eur. distinguait a de «j.
et gh, les cas sont rares. — Nous trouvons la palatale dans candni, -çcandra (groupe primitif SIC2) en regard du lat. candeo. A la page 85 nous comparions gotli. sliadiis au skr. cat «se cacher». Or l'irlandais scâth prouve que la racine est sJcjt, non skct^, et nous aurions ainsi un exemple bien clair de ca répondant à Jca ; il est vrai que la gutturale fait partie du groupe primitif sic. Un cas semblable, où c'est la sonore qui est en jeu, est le zd. gad «demander», irland. gad, gr. ^d^œ (malgré /3a|a)); ici le sanskrit a g : gâdati.
Bref, il n'y a rien de décisif à tirer de ce genre de phéno- mènes, et nous devrons, pour établir la primordialité du dualisme a^^:A, recourir à une démonstration a priori, basée essentiellement sur la certitude que nous avons de la primordialité de a.,. En lintyuistique, ce geni-e de démonstration n'est jamais qu'un pis aller; on aurait tort toutefois de vouloir l'exclure complètement.
1. Pour simplifier, nous écarterons du débat le phonème 0; son caractère presque exceptionnel, son rôle très-voisin de celui de .1, lui assignent une espèce de position neutre et permettent de le négliger sans crainte d'erreur. En outre l'ë long des langues d'Europe, ])h()nème que nous rencontrerons plus loin et qui n'est peut-être qu'une variété d'«, pourra rester également en dehors de la discussion. Voy. au sujet d'ë le § 11.
2. Nous posons comme mi point démontré dans les cha- pitres précédents et comme la base d'où il faut partir le fait que le vocalisme des a de touteS les langues européemies plus l'ar- ménien repose sur les quatre a suivants: «^ ou c; a., ou 0; a ou a; À ou à. En outre il est établi que 0 alterne régulièrement avec c, jamais avec a; et semblablement que a alterne exclusivement avec a. Ce dernier point n'a pu être encore bien mis en lumière, mais au chapitre V nous le constatons d'une manière positive.
3. L'apparition régulière, dans certaines conditions, d'un â
cuse pas d'une manière assez saillante pour pouvoir servir à démontrer la ditft''rf'nc<' originaire de a et «^ Jiii nord de l'Europe.
1. rjraHsmaun décompose le véd. mâmçcatû en yniis ou mâms «lune» et cala V faisant disparaître». Cette dernière forme répond au goth. slai- dm. — Si l'on place dans la même famille le gr. oKÔzog, on obtient uue racine sbjt et non plus sk^t. Comparez aKOToi.irjviog et mumrcatû.
Néccs.sittJ d'admettre que l'iiido-our. dintinguait a do «, . 121
loiij^ arieji en rt'<^ar(l de Va (Uiropéeii (^ 1 ), |)lH'ii()m'''iu' qui ne se présente jamais lorsque la voyelle est en Europe c ou a, s'o])pose absolument à ce qu'on fasse remonter à un même phonème de la langue mère Ve (ou Va) et Vo européens.
4. D'autre part il est impossible de faire remonter Vo euro- péen au même phonème primordial qui a donné a. En effet, les langues ariennes n'abrègent point d devant les groupes de; deux consoinies {râsinl etc.). On ne comprendrait donc pas comment Vo européen suivi de deux consomies est représenté en arien par a bref {oç-fii] == sarma, non «sârma», cpéçovri = bharcmti, non «hhanmti'»).
5. Relativement à o et a, trois points sont acquis: a) Ce qui est eu Europe o ne peut pas avoir été dans la langue mère le même phonème que ce qui est en Europe e ou a (v. ci-dessus, n" 3). /3) Ce qui est en Europe o ne peut pas avoir été dans la langue mère le même phonème que ce qui est en Europe a (v. ci-dessus, n° 4). y) De tout temps il a été reconnu que ce qui est en Europe â ne peut pas avoir été dans la langue mère le même phonème que ce qui est en Europe e ou a. Ceci établit que Vo et Va cîiro- pécns ont été dans la langue mère distincts Vnn de Vautre et distincts de tous autres phonèmes. — Que savons-nous sur la portion du vocalisme de la langue mère qui répond à la somme e -f- a dans les langues d'Occident? Deux choses: cette portion du vocalisme différait de o et de â; et en second lieu elle ne contenait jias de voyelle longue. Réduites à une forme schématique, nos domiées sont donc les suivantes:
Indo-europe'en Européen
X, bref. —
a a a
Essayons à présent de domier à x la valeur d'un a unique. Yoici les hypothèses qu'entraîne nécessairement avec elle cette pre- mière supposition: P Scindement de Va en e-a, à son entrée en Europe. La question de la possibilité de cette sorte de scinde- ments est une question à part qui, tranchée négativement, ren- drait la présente discussion superflue. Nous ne fondons donc point d'objection sur ce point-là. 2° Merveilleuse répartition des richesses vocaliques obteimes paii le scindement. Nul désordre au inilieu de cette multiplication des a. Il se trouve que e est
122 Nécessité d'admettre que rindo-eur. distinguait a de «j.
toujours avec o, et a toujours avec a. Un tel fait est inimaginable. 3" Les trois espèces d'à suj)posées j)Our la langue mère (a o a) n'étaient pas, évidemment, sans une certaine relation entre elles: mais cette relation ne peut avoir rien de commun avec celle que nous leur trouvons en Europe, puisque dans la langue mère e et a, par hypothèse, étaient encore un seul phonème. Ainsi les langues européennes ne se seraient pas contentées de créer un dblaut qui leur est propre : elles en auraient encore aboli un plus ancien. Et pour organiser le nouvel ahJauf, il leur fallait dis- loquer les éléments du précédent, bouleverser les fonctions re- spectives des différents phonèmes. Nous croyons c[ue cet échafau- dage fantastique a la valeur d'une démonstration par absurde. La quantité inconnue désignée par x ne peut pas avoir été une et liomo(jme.
Cette possibilité écartée, il n'y a plus qu'une solution plau- sible au problème: transporter tel quel dans la langue mère le scJiéma obtenu pour l'européen, sauf, bien entendu, ce qui est de la détermination exacte du son que devaient avoir les différents phonèmes.
Quand on considère le procès de réduction des a deux fois répété dans le domaine indo-européen: dans le celto-slavo-germa- nique ù un moindre degré, i)uis sur une plus grande échelle ^ dans les langues arieiuies, et cela en tenant compte de la position géo- graphique des peuples, il semble à première vue très-iuiturel de croire que c'est là un seul grand mouvement qui aurait couru de l'ouest H l'est, atteignant dans les langues orientales sa plus grande intensité. Cette supposition serait erronée: les deux événements, il est aisé de le reconnaître, ne sauraient être liés historiquement. Le vocalisme des a, tel que l'offre le slavo-ger- uumique, ne peut en aucune façon former le suhstratum des phé- mtmèiics arit'us. L'arien distingue rtj, de a et confond a avec a^. L'l"]ur()]»e septentrionale confond «g avec .1.
11 est un cas sans doute où Va,^ arien est confondu lui aussi avec a (et «,), c'est l()rs(|u'il se trouve dans la syllabe fermée.
1, Sur une plus fînmdc échelle, en ce sons qu'outre la confusion de a^ et .1, il y a eu auHai plus tard coloration de «., eu a. Voyez la suite.
Grou|ioincnt des ditl". idiomes d'api-rb 1<; truit('iii(;iit dos a. 1 2;>
Mais, à l'époque où, dans cPautrcs conditions, se produisit l'alloiige- UKUit do a^, il est à peine douteux que, devant deux cojisonnes, ce ])lionème conservât comme ailleurs son individualité. On jicut donc dire que l'arien postérieur confond n^, a et «jj en syllabe fermée, mais que le plus ancien arien que nous ])uissions atteindre confond seulement «^ et a.
La figure suivante représente la division du territoire indo- européen qu'on obtient, en prenant pour hase le traitement des trois a brefs dont nous venons de parler. 11 est fort possible qu'elle traduise fidèlement le véritable groupement des différentes langues, mais, pour le moment, nous ne voulons pas attacher à cette répartition d'autre valeur que celle qu'elle peut avoir dans la question de l'a. Les Celtes, par .exemple, s'ils a2)partieiment au groupe du nord pour le traitement des voyelles (p. 116), sont unis par d'autres attaches à leurs voisins du sud.
\ Celtes f- \ Qermains Région où a et a^
Région où .i. a, et «, / \ LettoSîaves ^""' '°"'°"^""
se maintiennent
tous trois distincts. ^^ ^ Iraniens Région où A et a^
^^ ' JîindoMS sont confondus.
Gliapitre Y. Rôle grammatical des différentes espèces d'o.
§ 10. La racine à l'état normal.
Si le sujet de cet opuscule avait pu être circonscrit an thème du présent chapitre, le plan général y aurait gagné sans doute. Mais nous avions à nous assurer de l'existence de plusieurs pho- nèmes avant de définir leur rôle dans l'organisme grammatical, et dans ces conditions il était bien difficile de ne pas sacrifier quelque chose de l'ordonnance rationnelle des matières. C'est ainsi que le chapitre sur les liquides et nasales sonautes devra tenir lieu plus ou moins d'ime étude de la racine à l'état réduit, et que nous nous référerons au paragraphe 7 pour ce qui concerne cet autre état de la racine où a^ se change en «g-
124 Le gouua.
Les racines se présentent à nous sous deux formes princi- pales: la forme pleine et la forme affaiblie. A son tour la forme pleine comporte deux états différents, celui où Va radical est a^ et celui où il est a^ C'est ce dernier état de la racine qu'il reste à envisager; c'est celui qu'on peut appeler, pour les raisons ex- posées plus loin, l'état normal de la racine.
Voici d'abord les motifs que nous avions de dire, au com- mencement de ce travail, qu'une racine contenant i ou u ne possède sa forme pleine et inaltérée que lorsqu'elle montre la diphthongue. Cette idée a été émise déjà à plusieurs reprises \ Ceux de qui elle émanait ont paru dire parfois ciue c'est après tout affaire de convention de partir de la forme forte ou de la forme faible. On recomiaîtra, je crois, l'inexactitude de cette opinion en pesant les trois faits suivants.
1. Dès qu'on admet l'existence de liquides et de nasales so- nantes iudo-européemies, on voit aussi le parallélisme de i, u, avec r, n, m. Mais ceci, dira-t-on, ne prouve rien; je puis aAnettre avec les grammairiens hindous que ar est goima de r, et sembla- blement an, am, gouna de n, m. En effet; aussi ce n'est point là- dessus que nous nous fondons, mais bien sur les racines termi- nées par une consonne (par opposition à sonante). Pour pouvoir parler d'une racine hhndh il faudrait dire aussi qu'il y a une racine pt. Car partout où hhuilh apparaîtra, ou verra aussi apparaître 2)t, à condition seulement que la forme se puisse prononcer: hti- budh-âs, pa-pt-iis; è-nvd^-ôarjv, i-jit-ô^rjv. Sitôt qu'on trouve hhaiidh, on trouve aussi pat: hodliati, jcavd'erai,-^ pàtati, Tittstai. Dira-t-on que at est gouna de t?
1. Sans poser de règle absolue, M. Léo Meyer dans sa Grammaire Comjjarée (I 341, .S43) fait oxpressément ses réserves sur la véritable forme de.s racines finissant par i et u, disant qu'il est plus rationnel de poser pour racine sruo que nrit. Dans un article du Journal de Kulin cité précé- demment (XXI 343) il s'exprime dans le même sens. On sait que M. Ascoli admet une double série, l'une ascendante {i ai, ti au), l'autre descendante {ni i, au u); cela est en relation avec d'autres théories de l'auteur. M. Taul, dans une note de son travail sur les voj'elles des syllabes de flexion (Beitr. IV 439), dit, en ayant plus i»articulièrement en vue les phénomènes du sanskrit: «lorsqu'on trouve parallèlement i, u {y , v) et ê, b {ai, ay, ây; <(au, ao, àv), la voyelle simple peut souveni. ou peut-être toujours être «considérée comme un aH'aiblissemcnt avec autant déraison qu'on en a eu <' jusqu'ici de regarder la diphthongue comme un renforcement.»
Lo goiuia. 125
2. tSi, pour la jn-oduction de lu dij)litli())ii;;iM;, il ('laii. Ijcsoiii d'une opération jjréalable de renforcement, on concevrait difficile- ment comment 1V<, du «gouna» devient a.j,^ ahsolinncnt coniiiM' tous les autres a^. Au ])ara<;'raidie 7 nous sommes (;onstamment partis du degré à di[i]itliougii<'j et nous n'avons pas éprouvé uiu; seule fois qu'en })rocédant de la sorte on se heurtât à quekpie difficulté.
3. L'absence de racines en in, un; im, nm; ir, nr (les der- nières, quand elles existent, sont toujours d'anciennes racines en ar faciles à reconnaître) est un fait si frappant qu'avant de con- naître la nasale sonante de M. Brugman il nous semblait déjà qu'il créât entre les rôles de i, u, et de n, m, r, une remarquable similitude. Eu effet cela suffirait à établir que la fonction de a et la fonction de i ou u sont totalement différentes. Si /, î(, étaient, au même titre que a, voyelles fondamentales de leurs racines, on ne comprendrait pas pourquoi celles-ci ne finissent jamais par des phonèmes qui, à la suite de a, sont fort communs. Dans notre conception, cela s'explique simplement par le fait que a ne prend qu'un seul coefficient sonantique après lui.
En vertu du même principe, il n'existe point de racine conte- nant le groupe: i, u -f- nasale {ou liquide) -\- consonne. Quand on parle par exem^île d'une racine sanskrite sine, c'est par abus: il est facile de s'assurer, en formant le parfait ou le futur, que la nasale n'est point radicale. Au contraire dans handh la nasale est radicale, et elle persistera au parfait.
Dans l'échange de la diphthongue et de la voyelle, il n'y a donc pas à chercher avec Schleicher de renforcement dynamique ou avec Benfey et Grein de renforcement mécanique j il n'y a qu'im affaiblissement, et c'est lorsque la diphthongue cesse d'exister qu'un phénomène se produit.
Quant à la vriddhi qui, d'après ce qui précède, ne peut plus être mise, même de loin, en parallèle avec le «gouna», nous n'en avons trouvé aucune explication satisfaisante. Il y en a évidem- ment deux espèces: celle qui sert à la dérivation secondaire, — vriddhi dynamique ou psychologique, si on vent lui domier ce
1. Nous ne voulons point dire par là que a., soit une gi-adation.
X26 La vriddhi. — Formations qui contiennent «j.
nom — et celle qu'on trouve dans quelques formes primaires comme yaii-mi, â-gai-sam où on ne peut lui supposer qu'une cause mécanique (v. plus bas). La vriddhi de la première espèce est indo-iranienne; on en a signalé des traces douteuses dans l'indo- européen. La vriddhi de la seconde espèce j^araît être née plus tard.
Partout où il y a permutation de ai, mi, avec i, n, Va de la diphthougue est dans les langues européeimes un e (a^) ou sou remj^laçant o (a.^, mais jamais a. Nous verrons au § 11 que les combinaisons Ai, au sont d"im ordre différent et ne peuvent pas perdre leur a. Ce fait doit être rangé parmi les preuves de la primordialité du vocalisme européen.
Passons maintenant en revue les formations où la racine présente a^, soit que ce phonème fasse partie d'une diphthongue, soit qu'il se trouve dans toute autre position. La catégorie de racines que nous considérons embrasse toutes celles qui ne ren- ferment point ^ ou p, à l'exception des racines terminées par «j, et de quelques autres qui leur sont semblables. La question est tou- jours comiyrise entre ces limites-ci: est-ce ag, absence de a, ou bien a^ qui apparaît?
a. FORMATIONS VERBALES.
Présents thématiques de la 1''*' classe verbale. Ils ont invariablement a^.
Grec: Isyca; xeCco ^ ^t(/)ûJ, ^tva, cpéça; GTèC%(0^ (pêvya, CjttvÔa, iQTta etc. Curtius, Verb. P 210 seq. 223 seq.
Latin: Icgo; tero, trcmo; fldo imnr *feido^, (diico ^onr * deuco), -fendo, serpo etc.
Gothique: giba; sniva, nima, baira; sfciga, biuda, binda, fHha etc.
Paléoslave: nesa; èemi, bcra; meta, vlclîa X)OViX *vell'a etc. L'c s'est fréquemment affaibli en i, sous des influences spéciales au slave. Les formes comme èwa sont les équivalents des formes grecques comme çéfcû. Sur la dijilithongue eu en letto-slave, cf. ]). (îO s('(j.
Litluuuiicii: dcf/à: vrii), gnin; ïrkit, smli), Jccrfù etc.
1. mejo eat peut-être pour *meiho.
FormationH qui coiitii'iiucnt «, . 127
L'irlandais montre régulièrement c.
Langues ariennes. L'a, sauf quelques cas spéciaux, est hrcf ; par conséquent c'est bien a^ et non a.^ que prend la sylhihr radi- cale. Sanskrit vdhati; gâyati, sràvati, skinati, hh/uati; crlati, rôlinti, vândate, sàrpatl etc.
Subjonctif du présent non-thématique et du parfait. Pour former le subjonctif, les présents de la 2" et de la 3" classe ajoutent un a^ thématique à la racine non affaiblie, c'est-à-dire telle qu'elle se trouve au singulier de l'actif. Si le verbe n'est pas redoublé, on obtient de la sorte un thème absolument semblable aux présents de la V^ classe. Sanskrit hana-t, àya-t, yinjava-t, de hdn-ti, é-ti, yuyâ-ti. Il nous a été conservé en grec: elco subjonctif de sliii (Ahrens II 340). Le pluriel eût été sans doute '"^'sio^tv (cf. hom. ïo^sv) ^
Il est extrêmement curieux que le parfait, qui prend «^ dans les formes non affaiblies, sauf peut-être à la première personne (p. 72), restitue «j au subjonctif. Voyez les exemples chez Del- briick, Altind. Vcrh. 194. De gdbJiàr-a, gabhàra-t; de tatan-a, iatàna-tj etc. Ici le grec offre un magnifique parallèle dans el'ào- ^sv, £l'ôe-t£, subjonctif courant chez Homère du parf. oiô-cc. Une autre forme, TtsTCOLd-ofisv, s'est soumise à l'analogie de l'indicatif.
Présents non-thématiques (2" et 3" classe verbale). Nous recherchons si c'est a^ ou a^ qui apparaît aux trois persomies de l'indicatif singulier (présent et imparfait). Aux autres personnes, l'a radical est expulsé.
La syllabe étant toujours fermée, nous ne pouvons nous renseigner qu'auprès des langues de l'Occident. L'exemple le plus important est celui de a^^s «être». Aux trois personnes en question, les langues européennes ont unanimement e. Puis vient la racine a^i «aller»: grec slfii, lith. eml. Si 6t£v est le skr. sto «laudare», il est probable que atsvxai appartient bien à la 2'' classe, comme stanti (cf. Curtius Verb. P 154). Naturellement, il faudrait régu- lièrement '^axvraL, la diphthongue est empruntée à l'actif dis- paru ^.
1. On a voulu voir dans les futurs §sîo{iai, nîofiai, è'dofiai, xft'û) etc. d'anciens subjonctifs. Les deux derniers, appartenant à des verbes de la 2® classe, s'y prêtent très-bien.
2. Très-obscur est coûtai, à côté de c^vrai. V. Curtius 1. c.
128 Formations qui contieniieut a^.
Ces exemples montrent a^ , et c'est «j que nous retrouvons dans les aoristes comme è'x£va, eûOsva qui ne sont en dernière analyse que des imparfaits de la 2*^ classe. V. plus haut p. 21.
La dipbtliongue au du skr. staûti, yanti, etc., est tout à fait énigmatique. Rien, en tous cas, n'autoriserait à y voir l'indice de la présence de a.,. Les diplithongues de «2 , suivies d'un consonne, ne se comportent pas autrement que les diplithongues de a^. Il semble tout au contraire que ce soit de préférence a^i et a^ii qui subissent en sanskrit des perturbations de ce genre. L'aoriste sigmatique nous en offrira tout à l'heure un nouvel exemple.
Le présent de la 3® classe se dérobe davantage à l'investi- gation. On a identifié, non sans vraisemblance, le lat. fert au skr. hibliârti. Le grec n'a plus d'autres présents redoublés que ceux dont le thème finit en ri ou a. Sans doute on peut se demander si TtL^jthjiiL n'est pas la métathèse de 7a^7t£^(ii (v. p. 13 et le chap. VI). Cependant la certitude que nous avons que la voyelle est «1 ne dépend pas, heureusement, de cette hypothèse. Même si tiI^tcXtj^l vient d'une racine nXri , cet t^ , comme aussi ceux de tL&r]^i, ÏTj^i etc., prouve que la formation ne prend pas «2? autrement on aurait «tid^afii, ïa^t». C'est ce que nous recon- naîtrons au § 11.
Aoriste sigmatique non-thématique. L'identité de l'ao- riste grec en -6a avec l'aoriste sigmatique non-thématique connu dans le sanskrit et le slave est un fait que M. Brugman a défini- tivement acquis à la science (v. Stud. IX 313). La racine est au degré «j, au moyen comme à l'actif. Exemples: earçsil^a, sjiê^ipa^ êôêiGa, ënXsvGtt, hsv^a etc. Le slave a également e: pecliû, nèsû etc.^
En sanskrit cet aoriste allonge Va radical dans les formes de l'actif, mais nous avons vu plus luiut que cette sorte de phéno- mènes, en syllabe fermée, ne se peut ramener jusqu'à présent à aucun j)rincipe ancien, et qu'il est impossible d'en tenir com23te. L'allongement disparaît au moyen. Le vocalisme de ce temps soulève néanmoins différeuts problèmes que nous toucherons au v? 1 2. — 8ur certaines traces de a.^ à l'aoriste v. p. 73.
Le suh']onctiï 2^àrsa-t, (/ésa-t etc. se reflète en grec dans les
1 . 'l'oiil. autre est le vocalisme de l'aoriste en -sa {d-diksa-t).
Formations fini contiennent a^. 120
formes lioinériqiu'.s ecnuiiit; 7iu()a-kt^o-^ai, à^iîipe-rai etc. V. (Jurtius Verb, Il 259 seq. L'a radical est «j comme à l'indicatif.
Futur kn -SYA. Par l'addition de -î/a, au thème de l'aoriste se forme le thème du futur. Le vocalisme ne subit pas d(; chan^çe- ment.
Exemples grecs: 6TQtxl)(o, slôo^ai, nXsvôov^ai, iXevôofiai. La nécessi-té de IV^ se voit l)ien ])ar la forme xXtvôô^s&cc, futur do x^vcû rapporté par Hésychius.
Le futur lithuanien ne contredit pas à la règle.
Le futur indieu a, lui aussi, la forme pleine de la racine: vaJcsyd-ti, gehjâ-ti, hJiotsyâ-ti.
h. FORMATIONS NOMINALES.
Thèmes en -as. Neutres grecs: ^éXoç, ^év%-og\ (ilsTCog, ^Qtcpog, yévosy syX^g, eiçog, Ueyxog, tXxog, sXog, tjiog, içe^og, (Qxog, è'tog, ^éçog, xaQÔog, ^^og, fte'Aog, ^évog, iitQog, vé^iog, vé(pog, Tiéxog, nsvd'og^, Ttéog, Qsd-og, Cd'tpog, ôxéXog, Oteq^og, réyog, rtxog, téXog, cpéyyog; — Ô8{y)og, elôog, rslxog; yXtvxog, è'çsv&og, ^evyog, xsvd-og, xXt{S)og, §B{J^)og, axavog, ravxog, i^sv- dog etc. D'autres encore chez Ludwig Entstehnng der a-Decl. 10.
Souvent le thème en -£6 n'est conservé que dans un com- posé: â^(pL-QQ£7trjg, cf. QOTcrj; l'o-di/fçpîjg, cf. dv6cpo-g; à-fi£Qq)tg' aioxQÔv Hes. cf. ^OQ(p^. 'Jh-d-ÉQOrjg^ dans Homère n'est point éolique: Q-£Q6og, en effet conservé chez les Eoliens, est le thème en '£0 régulier de la rac. d-aça, et O'ccQaog, d-çdaog, sont formés postérieurement sur d-çaGvg, d-açôvg (dans Q^aQavvco).
Pour les adjectifs (oxytons) en -£6, sur l'ancieimeté desquels différentes opinions sont possibles, ip^^^V'^ atteste le même degré %.
L'o du neutre oxog est dû à ce que è'xcy «veho», en grec, a abdiqué en faveur de o;^^^*'- ^^ reste Hésychius donne £X£0(piV aQ^aaiv. axoT-og vient d'une racine skot et non sJccf. Si Homère a dit ôvGTtovtjg (au gén. ôvûTtovéog), c'est que nôvog, dans sa signification, s'était émancipé de la racine nav.
Exemples latins: decus, genus, nenms, pectus, scehis, tempus,
1. ^â&oç et nâ9oç sont des formes postérieures faites sur ^a9vç (p. 24) et sur TtccQ'eiv (p. 20).
2. Ce nom a passé dans la déclinaison des thèmes en -â.
9
130 Formations qui contiennent Oj.
Venus, vêtus (sur ces deux mots v. Brugmau K. Z. XXIV 38, 43). Le neut. virus (géu. vlri) indique un primitif wa^is-as. Sur foedus, pondus, liohis, v. p. 80. En composition: de-gener.
Le gothique donne riqk-a- = eçs^og, rimis-a-, sigis-a-, ^eïlis-a-, veilis-a- (v. Paul Beitr. lY 413 sq.); ga-digis viole la règle. Paléoslave nebo, slovo pour ^slevo (v. p. 67) tego «courroie», cf. vus-faga; lithuanien dehes-l-s, deges-\-s^-^ irlandais nem «ciel», tech ttyog'^ arménien crcJc sçe^og (K. Z. XXIII 22).
Les langues ariennes sont en harmonie avec celles d'Europe, car elles ont: 1° la racine pleine-, 2° a href en syllabe ouverte, c'est-à-dire a^. Skr. vâcas, râgas, mânas, grâyas, çrâvas; varias, tégas, rôhas.
Les adjectifs se comportent de même: yaçâs, tavâs, toçâs^.
Thèmes en -yas. En ajoutant -pas (dans certains cas ias) à la racine normale, on obtient le comparatif de cette racine fonc- tionnant comme adjectif. Le thème du superlatif est dérivé du premier au moyen d'un suff. ta, dont l'addition a nécessité l'affai- blissement du suffixe précédent, mais non pas celui de la racine. Il convient donc de réunir les deux classes de thèmes.
Sanskrit sàliyas, sâhistlia; Jcséjnyas, lièépisilia, cf. ksiprà; ràglyas, râgistlia, cf. rgû. Zend darezista, cf. derezra.
Les cas où le grec a conservé cette formation ancienne, indé- pendante de l'adjectif, sont précieux pour la détermination de la qualité de Y a. La rac. qpep donne g)éçt,arog^ Kepb xéçôiGrog'^ ftt- vv-g a pour comparatif fift-(y)cîv, XQarvg (== *xrtvg) XQSLôôav^. Le vieux comparatif attique de oXîyog est oAf/'^cîv, v. Cauer Stud. VIII 254. Ainsi l'a est bien a^.
Si l'on adopte l'étymologie de M. Benfey, le lat. i^î'jor est au skr. pïyu ce que ^eiav est à ^ivvg. — En gothique il faut re- marquer l'e de vairsim.
Thèmes en -man. a) Les neutres:
Exemples grecs: /3A£/ifta, d^Qt^^a, jislG^cc pour *7ttv&^cc,
1. Le niasc. veillas peut fort bien continuer un ancien neutre en -es (tlâos).
2. liC nom u'sds affaiblit la racine, luaia le suffixe est différent (v. p. 12); nrus «■ poitrine» et çirus «tête» ne iieuvent pas non ))lus être mis en paral- lèle direct avec les mots comme vncus.
.'5. Le Huperliitii', cédant à l'analogie de Hp«riJg etc. fait ■nqÛTiGzo<i.
Formations qui contienuont a,. 131
GtX^a^ ôTCtQ^a^ rt'l^cc, (pd^ty^a; Ôet^a, isiiiu; ()tv^a^ t,^vy^u. Coiiiparez (;e.s deux .séries-ci: xt'ç^a, nkt/y^a^ ztQ^a, rfjkty^a, att^litt (Hes.); — xoQ^ôg^ TrAo^/ttot,', Top^oj,', fpXoy^i')(^, aroX^ôg (pa^o 74), en outre fQ^a «boucles d'oreilles» à o()^ot,* <' collier», {'(){ia «tipiuii pour les vaisseaux» à oQ^og «rade», eç^' odvvccav à oQ^iï}-, (ptQ^LOV, diminutif de *q}éQ^u, à (poQ^ôg, %tv^a à %i)fiog 2)our ''^'lu^ôg^ *iovyiôç (cf. t^v^i)] pour *Çoi;ft?^, lacou. t,^U{i6g).
L'lioinéri([ue oiiia de ei «^ aller» a dû être formé sur l'ana- logie de otfiot,'. Jj'o de dôy^a paraît être un o. On n'est pas au clair sur Ôà^ia; en tous cas rien ne justifierait un primitif *ô\)fi/i«. oi^ia (= ti^a), que donne Hésychius, ne peut qu'être moderne.
En latin: i/ermen, sc(/men, tegnien, termen (Varron). Uii de cuhnen est dû à la consonne qui suit.
Paléoslave brème «fardeau» pour '*lerme, slème «culmen tecti» pour ^i'e^wié", rmwe «temps» pour *wnwe. Miklosicli, Vcrgl. Gramm. II 236.
Sanskrit dhârman, vârtman, éman, Jioman, véçman etc. (Lind- ner 91 seq.). Zend mëman, fraod'man etc.; mais axLssi pishman.
/3) Les masculins et les adjectifs:
Grec X6v^^(6v -àvog^ Xeiy^cov -cùvoç, teka^âv -àvog^ xeiynôv -àvog-, Tcksv^cov -oï^o;;, rtQ^cûv -oi'Ot,'; l'adjectif rsçâ^av -ovog. Dérivés: ôtëk^oin'ai, (plsy^iovy], ^éks^v-o-v. Mots en -^tji': âvr- ^ijv, A/fijj'î/, Tcvd-^^v et v^i^v\ Ce dernier, d'après mie étymologie reprise récemment, — il a échappé à l'auteur qu'elle avait été faite par Pott Wurzelworterh. I 612 — coïncide avec Yiiid. syûman (neut.); il y a là un u long qui nous engage à suspendre notre jugement. Mais dans «ùtiu-j/v, kï^i^v et nv^^i^v l'affaiblissement de la racine est manifeste -. Dans ces trois mots précisément le suffixe n'admet point a.^. Parmi les masculins ce ne sont donc que les thèmes en -ma^n qui offrent la racine au degré 1-, cf. § 13.
1. noifitîv, qui paraît contenir n, ne nous intéresse lias ici.
2. La racine à'àvr-fir'iv se trouve sous sa forme pleine dans ci{f)eT-(ia. Fondé sur les formes celtiques, M. Fick établit que le r de ces mots n'est point suffixal (Beitr. de Bezzenb. I 66). — Il n'y a pas de motif iiour mettre va^ivri parmi les thèmes en -man. Le mot peut venir d'un ancien fém. vffftt, à peu près comme dcazivr} de Sàtig.
9*
X32 Formations qui contiennent «j.
— Les infinitifs en -^sv, -^svat, n'offrent pas les garanties néces- saires relativement au vocalisme de la syllabe radicale.
Le latin a sermo, te>'mo (Ennius), tëmo = * tecmo.
Le gothique a hlmma -ins, h'mhma -ins, niilhma -ins, sJceima -ins. Anglo-sax. fihnen = gr. nslfia (Fick IIP 181).
Quelques-uns des mots lithuaniens seront sans doute d'an- ciens neutres^ mais cela est indifférent. Schleicher donne zelmu «verdure», iesznm «mamelle», szèrmens (plur. tant.) «repas fu- nèbre», de la racine qui se retrouve en latin dans clna, sili-cer- nium.
Sanskrit varsmân, hemân; darmân, soniân etc. ^ Lindner p. 93. Paroxytons: géman, Idoman «le poumon droit» (v. B. R.). Ce dernier mot est le gr. Til&v^av'^. — Le zend a raçman , maêd-- man, mais aussi urud^man.
Thèmes en -tar. Nous ne considérerons ici que la classe des noms d'agent.
Grec eôTCOQ, xsvrcoQ ; "Extoq, MévrcoQ^ Ns6rc3Q, ExévtaQ ; — QèKXTiQ (Hésiode), itaGxriQ «câble» (Théocrite) et TCsiar^Q de 7i£L&oj (Suidas), vsvtr'jQ- KoXvfilirjti^g (Hes.), ^svxt'^q, tsvxt^q (id.). Il y a de nombreux dérivés comme âlsLnti^Qiov , d-QsnrrjQiog, jtêvGTYjQiog, dsQTïJQia' soQTij Ttg. Nous coustatous dans âoçttJQ un o irrégulier, emprunté sans doute à âoQti]. Cf. p. 76 i. n.
Latin em]gtor, redor, vedor, textor etc.
1. Un seul exemple védique enfreint la règle: vidmân «savoir, habi- leté». Remarquons bien que le grec de son côté a l'adj. i'dfioov. Cet ad- jectif n'apparaît pas avant les Alexandrins. 11 i^eut être plus ancien; pour- quoi en tous cas n'a-t-on pas fait «siôficov ?'>'^ La chose est très-claii*e: parce que c'est presque exclusivement iS et oiô , et presque jamais bIô, qui contiennent l'idée de savoir {stôcos = J-sJ-iSœg). Même explication pour le mot ictcùq qui devrait faire normalement (Usiatcoç». On pourrait, sur cette analogie, songer à tirer de la forme vidnidn une preuve de l'a^ arien en syllabe formée. L'arien, on effet, ne devait guère posséder wa^id que dans le subjo)ictif du parfait. Le liig-Véda n'a que àvedavi où l'on puisse supposer «, (car vcdas paraît appartenir partout à ved «obtenir»); mais ûvcdam n'est pas nécessairement ancien. On conçoit donc qu'à l'époque où Va.^ de wa.Jdu subsistait comme tel wa^idman ait ])u paraître étrange et imjiropre à rendre l'idée de savoir. Le choix restait entre iva.Jdvian et widvian; ce dernier jirévalnt.
2. Par étyiiiologio iJOjiidaire: nvi-vfioiv. Lo lut. pulmo est emprunté au grec. Ttlfvçâ parait êtn; le vieux sax. Idior «joue» (primit. «côté»?).
Formations riui contiennent a,. 133
Paléoslave bljudclji, zctdjï.
Sanskrit valdàr, yanlàr, retàr, sotâr, hhettâr , gos/dr ; bhdrtar, lu'tar etc. Zeiid garitar, mantar, rraotar etc. Quelques excep- tions comaie hérétar à côté de fraharetar. Cf. § 13.
Jjc sid'lixe -tr-a demande aussi la racine non affaibli»'. Elle a en général «, , comme daus h; gr. àtQTQov^ xévxQov^ qjtQtçov, mais on peut citer 2»our (/.,: qÔtitqoi^ <le pen et le iiorr. Itillra,- = *la/dra- «couche», gr. h'xTQov.
Thèmes en -au. La flexion des thèmes qui suivent devait être distincte de celles des autres thèmes finissant par u. La [)lupart sont féminins. (\r. vtxvg masc, zend naru fém. Gr. yt- vvl;^ goth. hinnus, skr. -Iiânu, tous trois féminins. (Joth. hairiis masc, skr. <^âru fém. Skr. dhànui'ém., gr. *d-évvg masc. (gén. d'îvoç ])0ur *d£vJ^og; cf. d'f.Lvàv acyiakàv Hes.), Ici se placent encore skr. pàrru fém., gr. xtlvg (russ. zelvî venant de *sUûrï. J. Schmidt Voc. IT 2o), goth. qijiiis, germ. îcniu- «branche» (Fick IIP 2G7), lat. penus. Puis avec une accentuation différente, gr. ôeXtpvq^ skr. paraçîi = gr. néXsxvg. — Cf. § 12.
Neutres: indo-européen mâ^dhu ei2Mjc^u.
Des trois formes que chaque racine (voy. p. 1.35) est suscep- tible de prendre, nous avons vu que celle qui est dépourvue d'à- ne peut pas jjrétendre à la priorité. Le litige n'est plus qu'entre les deux formes caractérisées par les deux variétés de l'ff, «j et a.,. Ce qui nous semble décider sans conteste en faveur de a^, c'est la fréquence de ce phonème, et cela dans les paradigmes les plus importants. Par exemple dans toute la flexion verbale, a.^ ne fait son apparition qu'à deux ou trois persomies du parfait. Quelle raison avons-nous de croire que des gisements entiers de a^, tels que nous les apercevons dans les différents présents naient pu naître que par l'altération du phonème a.,? Au contraire, dans un cas du moins, nous prenons sur le fait le développement de a^: c'est lorsqu'il sort de l'^i thématique devant les consonnes sonores des désinences verbales (p. 87). Si ailleurs sa genèse se dérobe encore à notre regard, on entrevoit cependant la possi- bilité d'une explication; le phonème n'apparaît eu effet qu'à cer- taines places très-déterminées.
134 Relation des phonèmes «j et a,.
Un pliénomèue digne de remarque, mais qui, dans cette question, jieut s'interpréter de deux façons opposées, c'est l'appa- rition de ffj, à l'exclusion de «o, dans les cas où le rejet de Va est prescrit mais en même temps empêché par une cause extérieure (p. 48). Ainsi, au temps où le pluriel de ô^'ôoQxa faisait deôrx[a)- }isv, le pluriel de rétoxa, avons-nous conclu p. 71 i. n., faisait ts- T£x(a)ft£v. M. Brugman montre comment le thème 2>c«:l, accusatif pa.,dni {nôda), empêché c[u'il est de faire au génitif: pdâs, s'arrête à la forme pandas (pedis). Voilà, pourrait-on dire, qui prouve que «1 est une dégradation de a.^. Mais celui qui part d'un thème pa^d aura une réponse tout aussi plausible: jw^f? est une modi- fication extraordinaire c^u'il n'y a aucune raison d'attendre dans les formes exposées aux affaiblissements; si l'affaiblissement est paralysé, c'est forcément le thème pur p)a^d qui apparaît.
Seconde question. Sans vouloir se prononcer sur la priorité de l'un ou de l'autre phonème, M. Brugman tient que a^, par rapport à a^, est un renforcement; que a^, par rapport à a.,, est un affaiblissement (Stud. 371, 384). Nous-même, à la page 5, ajjpelions «g ^^^^^ voyelle renforcée. C^es désignations preiuient un corps si on admet que l'échange de Oi et a^ est en rapport avec les déplacements du ton; c'est là l'opinion de M. Brugman. Si on pense, et c'est notre cas, que l'échange des deux phonèmes est indépendant de l'accent, il vaut mieux s'abstenir d'attribuer à l'un d'eux une supériorité qui ne se justifie guère.
Si r?o est une transformation mécanique de «j, cette trans- formation en tous cas était consommée à la fin de la période pro- ethnique, et les langues filles n'ont plus le pouvoir de la produire. 11 est fort possible par exemple c[ue Jtlox^ôg n'ait été tiré de Ttléxa qu'à une époque qu'on peut appeler moderne. Mais il va bien sans dire c^ue l'o de itXoxyiôi n'est pas sorti de l's de nXéxco. La langue a simplement moulé cette l'oruie sur les substantifs en -fto-g quelle possédait auparavant.
§ 11. Rôle u:riniiiii:iti(':)1 des |>llOll^înos A et o. Syslèiiio coiiiplei des v(>yeUcs primordiales.
(iiiiiiid on considère les cas suivants de lajicrmutation (iia.^: gotli. hli/à hiaf, gr. xUiirco xtxloq)cc, gr. ïtitcoç ïtttcs^ et qu'on leur
coin|i;ii-f les cas suiviiiils de la |ii'nniita.tion j a: goth. 6'«/.« W.',
Le vocalisme dos racincH ^'raviti' aiiiour de ^f, et, (t.y
1 ?,\
gr. A«(?xa) ltlci>ia^ <^r. vv^qrc tw^(pà, la tentation est forte, assuré- ment, (le poser la [)ro])ortion a : a == a.^ : a^. Mais ee serait s'en- gager dans nue voie sans issue et méconnaître le véritable carac- tère des phénomènes. Nous allons, pour plus de clarté, construire tout de suite le système des voyelles tel que nous le corajn*enons. Il n'est question provisoirement que des syllabes radicales.
Le phonème a^ est la voyelle radicale de toutes les racines. Il lient être seul à former le, vocalisme de la racine on lien cire suivi d'une seconde souante que nous avoïis appclrc coefficient scmantique
(P- '^)-
Dans de certaines conditions qui ne sont pas connues, af est remplacé par a^; dans d'autres, mieux connues, il est expulse.
a, étant expidsé, la racine demeurera sans voyelle dans le cas où elle ne contient point de coefficient sonantique. Bans le cas eon- iraire, le eoeffcient sonantirpœ se montre à nu, soit éi l'état auto- l)hthonguc (p. 8), et fournit une voyelle à la racine.
Les phonèmes A et o sont des coefficients sonantiques. Ils ne pourront apparaître à nu que dans l'état réduit de la racine. A Vétat normal de la racine, il faut qu'ils soient précédés de a^, et c'est des combinaisons aj^ -{- A, ai + 9> (?^"^ naissent les longues Â, ô. La permutation a^ : a^ s'effectue devant Aet o comme ailleurs.
Vocalisme des racines dans l'indo- |
îuropéen. |
|||||||
1 1 |
«1 «2 |
Cl m |
«,r |
«2 A |
0,Q |
|||
•S ë J - |
- |
— i — u |
— n |
—m |
— r |
— A |
-Q |
Désignations utiles Pour a^A et a^p après la contraction: 2^ et ç^.
'a^A » «2? ^^
et Oo.
La théorie résumée dans ce tableau a été appliquée plus haut à toutes les espèces de racines excepté celles qui contien-' nent ,1 et 0. Ce sont elles que nous allons étudier maintenant.
Pour distinguer l'une d'avec l'autre les deux formes que peut prendre la racine pleine selon que la radical est Oy ou a.,, il n'y a pas d'inconvénient à appeler la première le degré 1 {état
136 Les formes radicales telles que atâ- et da-.
normal), la seconde le degrés. Nous ne voulons pas dire par là qu'une des deux formes soit le renforcement de l'autre (v, p. 134).
I. Biacines finissant par à.
a. RACINE PLEIKE AV DEGRÉ 1.
Ce qui parle bien haut pour que leto soient autre chose que des voyelles simples, c'est que partout où d'autres racines sont au degré 1, les racines eu a ont, une longue. Pourquoi, du fait qu'il finit la racine, Y a se serait-il allongé? Si au contraire 7\ est assi- milable à une diphthongue, (jtâ^av en regard de ûraTÔg s'ex- plique exactement de même que l'indien gêman ie == a^i mono- phthongué) eu regard de gitâ ^. Toute racine en a est identique dans son organisme avec les racines comme hai, nau^, et aussi fan, tliar (type A, p. 8).
Nous avons à faire la revue des principales formations du degré 1 énumérées au § 10. 11 faut pour que la théorie se vérifie que nous trouvions dans ces formations :i^ et o^. Le nombre des exemples est restreint. Ils n'ont de valeur que si l'échange entre la racine pleine et la racine faible subsiste^.
1. Pour le grec, la soudure de l'augment avec un .i ou un n initial, soudure qui s'est accomplie à une époque préhistorique, est un parallèle très-remarquable aux contractions radicales que nous supposons. Dans ayov, acpsXov, Va vient de «i -j- A et Vu de a^ -}- o absolument comme dans azâ- et dco-. On sait que M. Curtius (Verb. I'- 130 seq.) se sert, pour expliquer la soudure en question, de l'hypothèse de l'unité originaire de l'a. Nous ne pouvons donc ni partager ni combattre sa théorie.
2. Pour plus de clarté, quand il est constaté que I'tj d'une racine n'est pas Vt] panhellène, nous écrivons toutes les formes par a.
3. Cette conception ne diffère pas essentiellement de celle qui a assez généralement cours depuis Schleicher. Seulement comme kai en regard de ki est pour nous non une gradation, mais la forme normale, nous devons aussi partir du degré std et non de sta. Voici, en dehors de cette différence de principe, ce qui est modifié: 1° Modification liée d'un côté à la plnra- lité des a, constituant de l'autre une hypothèse à part: différents a peu- vent former le second terme de la combinaison a -{- n , mais le premier n est toujours «,. 2° Modification découlant de celle qui précède jointe à la théorie de n.^ : il s'effectue, au sein de la combinaison, un ahlaut (n, : a.^). Par là nit'me la reconstruction a -\- a cesse d'être théorie pure. — La différence do principe mentionnée, combinée toutefois avec la modifica- tion 1, s'accuBC le jiluH nettement dans ce poiut-ci, c'est que l'a long se
Les formes radicales telles que atâ- ci àoi-. 1,'}7
Sur les PRÉSENTS I)K LA 2" KT 1)10 LA '.)" CLASSE, V. )i. 1 Ui.
La racine, dans les formes pleines, est du degré 1.
Aoriste sigmatique (v. p. 128). Le grec fait E-am-Ga, è'-(iâ-aa, avâ-Ca. Une forme comme i'-fîTâ-ffa, c'est-à-dire c-.stca-.sa de stca (sta^.i) est le parallèle parfait de e-8bi-6cc. Sanskrit à-lûi- sam, â-dci-sam; zd. rfdo-ûh-d-f (subj.).
Futur (v. p. 12!*). (Jrec (id-0o(iat, Gtcc-Oa, q)(i aa^ (pifû- (So^mi, (Jc6-()Co; cf. TtXEv-ôov^at etc. HiinsVrit d(i-si/(Ui, f/a-s/jâti.
Thèmes neutres en -man (v. p. 131). Cf. Lobeck Varali- pomcna 425 seq. Grec (icc-(in, aà-^a, 6v-arâ-^a, (pà-^a. Les pré- sents ÔQâio et Tccco^at diminuent la valeur de Ô^à-^a et Ttà-^a. Dans jro-fia, nous assistons à un empiétement de la forme faible, mais en même temps 7tcô-^a sulisiste.
Ji2à,m grd-moi (moy. \\^-ix\\. (jrue-jen «virescere»), stâ-mcn, ef- fii-mcn, Id-min-a.
Sanskrit da-man, sâ-man, sthà-man.
Thèmes masculins en -man (v. p. 131). Gr. ard-fiav, [rAa- ^coi>\. Gotli. sto-ma -ins, hlo-ma -ins. Skr. dd-mâyi.
Thèmes en -tar (v. p. 132). Skr. da-târ , pâ-tar «buveur», im-tàr «protecteur», stlm-tar etc. La langue hellénique n'a pas su maintenir cette formation dans toute sa pureté. La perturbation a été causée par les adjectifs verbaux en -to' qui de plus en plus communiquent la forme faible aux noms d'agent. Homère em- ploie encore parallèlement do-rriQj ôcÔxcoq et ôa-triQ^ ^o-t^q^ ^cô-zœQ et av-^cô-trjg (dans Sophocle ^ca-triQ). A côté de ^a-rrJQ on peut citer i^iJivQL-fiiî-tïjg^ car il est bien probable que la for- mation en -ta s'est dirigée sur les anciens thèmes en -tar. Pour expliquer le mot obscur cccp^raç (Iliade IX 404), le scholiaste se sert de 7toXi>-cpy]-rcoQ. On a aussi ovâ-tcoQ, mais l'adj. verbal fait lui-même ovâTog. Dans aTa-ti]Q et Tto-r^çtov la forme faible est installée. Hésychius ajia-Tî^'p* iQëvvr]Ti]S, ^arr^çeveLV ^aatëveiv, de ^ato^ai.
Latin mâ-tcr-ies (cf. skr. ma-tra) et mâ-turus auquel on com- pare le si. ma-toru «BQne^x^ , po-tor , po-cidnrn = skr. pà-tram (il faut dire que po- n'existe pas). Les formations irrégulières ne manquent pas, ainsi dà-tor, Sta-tor.
place au même rang que Va bref (quand cet a est a^), ainsi ufj-Kog = vicalos n'est plus considéré comme renforcé en comparaison de tskoç.
138 Les formes radicales telles que ara- en regard de <nû-.
Le sanskrit, dont le témoignage est le premier en impor- tance, ne connaît que la forme pleine; le grec a plus générale- ment la forme réduite, mais aussi la forme pleine; le latin ne décide rien. On peut donc affirmer sans témérité que la forma- tion régulière demande les longues Â, o^ c'est-à-dire le double son r/j.-i, ffjO, soit létat normal, comme pour toutes les racines. Cf. du reste le § 13.
b. RACINE PLEINE AU DEGRÉ 2.
Voici où se manifeste la réalité de la reconstruction ca comme forme première de «. Dans les formations où le radical est remplacé par o (a^,), le grec laisse apparaître à la place de Va long final, un a ^ Ces cas, disons-le tout de suite, ne sont pas fort nombreux; mais ils se réj^ètent dans les racines où a est médial '{fây: xv^ica-coyïî), et nous croyons ne pas être trop hardi en met- tant Vatt des parfaits sanskrits comme dddhan en rapport direct avec eux. Pour éviter de séparer les différentes formes du parfait, nous ferons la justification de ce dernier point sous la lettre c.
Racine /3a: lià-fia mais j8c3-^o'ç; cf. xéç-^ui, xoQ-^6g (p. loi et 74).
Racine j/'â (tl-'âco, iI^ïj-qÔç): ^'«-fio'g. ipcôœ est un verbe forgé.
Le mot arà-^Lè, «solive» permet de rétablir *(>r 00-/^0 (ora).
Racine tpcc: înt. ^cc-Oco mais ç)a)-v>j^; cf. teC-6(0, Jtoi-vjj (p. 129 et 77). Néanmoins on a cpé-^icc et non *(pc6-^ci.
La racine ygâ «ronger» donne yQcô-vr] «excavation». Ici en- core: 6^(6-vrj «tumeur», si le mot vient de ô^éo] cf. G^àôtè,.
Devant le sufF. -ra, fji fait yja : x(^-Qa. Comme exemple ser- vant à étal)lir que cette formation prend a.^, je n'ai point d'autre mot H citer que G^oô-Qo-g en regard de (Scpsô-avôg. De même jpaa fait ^cô-Qa '\
Si «, cj, ne sont pas des combinaisons de \'e, ces faits nous apparaissent comme une énigme. Jjàblaut qui s'effectue au moyen
1. Cf. le dat. irnim = Tnno-ai (p. 92).
2. Le dor. iioXvcpâvoç est très-douteux. Ahrens II 182.
3. Voici des cas plus problématiques. A côté de anciTÎXr] et de ol- Girrirr); ol-onwTt]. L'homérique iifra^uôvioç vient iieut-ôti-e de /nortofta», mais le pn's. ^KÔrai, lMiin<''me très-obscur, compromet la valeur de Va. A Vo) de wtf-ilr'j et de ponci^fiv fJcilXnv est opposé un « dans yarnXaij mais ovtâo} embrouille tout.
Les formCH radirulcH toiles que (ît(o en rt'<,Mnl ilo ara:-. \'.','.)
de Vo ost, par son esscnco même lié a l'cxisteiKM' d'uii c\ Sans «,, [toint (le a.j. D'où un (i aurait-il reeu le |)ouvoir de |)ermuter avec le son oV Jl me semble <|ue tout, s'f'elaircit iiu cont^raire si,aétant pour ea et com})aral)le à la dijtlitlionjjçue ci, on ranii'iie o à on en l'assimilant à oi.
11 faut supposer de même l'existence d une ancieiinr ((11111)1- naison ojj-^ seulement elle n'est plus ()])servable jxiiir u(nis. l'ar exem])le dans Ôco-qov^ si nous ju<^eons d'apri's xoj-qu de yjc, la syllabe do se décompose en do./j^ tandis que le <lo de dî-doj-^i re- présente dco. — Ces ditïereiites combinaisons sont in(or|)or('es au schéma donné plus haut. V. aussi page 145.
Ce n'est que le plus grand hasard qui nous permet de sur- prendre encore les vestiges si significatifs de la permutation d : o. La liingue des Hellènes est à cet égard presque l'unique lumière qui nous guide. Et même pour elle, ces précieux monuments ap- partiennent au passé. L'échange vivant entre les deux voyelles a évidemment cessé depuis longtemps.
Le latin n'a point d'exemple assuré de Vahlaut lïj : Sg- H n y a pas lieu de s'en étoimer: c'est tout juste si cette langue a gardé quelques débris du grand échange a^ : n^. Mais on peut dire sans crainte de se tromper que Ao en Italie serait distinct de jj aussi bien qu'en Grèce.
En germanique au contraire la différence n'est plus possible: j^, comme nous savons, devient o; Ao de même. L'anglo-saxon grave, parf. grcôv, serait, restitué sous une forme plus ancienne, f/ro-ja, gc-grô. Des deux ô de ce verbe, le premier répond à \'d du lat. r/m-w/im (.1,), l'autre est de même nature que Va de ^co-^ôg (.1.,). Tout ce qui est vrai de Vô germanique l'est aussi de Va slave (>t de Vo lithuanien. Ces jihonèmes qu'on peut réunir sous le nom (Va du nord, par opposition à Vc de la même région — - con- tiennent encore o^ et ô.^, lesquels, étant confondus même en grec, ne sont donc distingués nulle part l'un de l'autre. Exemple: si. da-j(ï, da-rîi, cf. gr. ôC-ôa-^i, àcS-çov (î>i et o.,, v. ci-dessus).
Avant de passer au degré affaibli des racines en a nous ouvrons une parenthèse, afin d'envisager sans plus tarder la question des racines qui en Europe finissent par c. Ces racines,
1. Sur les cas comme aym oyfioç v. page 102.
140 Parenthèse: racines finissant par e.
en grec, font alterner la brève et la longue exactement comme les racines en a et en o (p). Laissant de côté préalablement le pro- blème de l'origine et de la composition de l'ë long, nous citons quelques exemples des formations du degré 1. Singulier actif du présent de la 3'' classe (v. p. 147): ZL-d'rj-^L, ï-rj-^i, Ôt-ôrj-^i. Pour le singulier de l'aoriste actif, la formation en -xa de èd-rjucc^ s'rjxa^ nous enlève des exemples; il y a è-a^}]-v si la racine est 6^7}. Aoriste en -6a: e-Ôrj-Ga, ë-vrj-Gai?). Futur: d-^-Oa, ^-6a, ÔYi&G). Mots en -^a: âva-d-rj-^a, 'f]-^cc, ôicc-ôrj-^a, vij-^a, Gxrj-^a (rac. Gi-rj). Mots en -^cov: d-rj-fLcôv, ^-fiav. Les mots en -ry'jQ, nous l'avons vu, ont suivi l'analogie des adjectifs verbaux eu -to.
Dans les formations du degré 2, on trouve a.
Le véritable parfait de ïrj^ii est e-co-xa; dq)-éœxa est rapporté par Hérodien et par d'autres grammairiens. Il y a eu addition de -xa sans modification de la syllabe radicale, v. p. 149. Les tables d'Héraclée ont ccvécoGd-aL^. Le verbe TiL-nr-a forme son parfait sur une racine apparentée TCttj dont nous nous n'avons pas à rechercher ici la formation; ntr} domie régulièrement 7té-7Ttc3- xa-. Le participe 7Cs-7tTrj-{.f)(6s n'a jias et ne doit pas avoir a. Le prés. Ôtcôxa permet de conclure presque à coup sûr à un ancien parfait *ôe-ÔLa-xa de bir| (ôîs-^aL) duquel il est né lui-même à peu près comme àvâya de ai>coya. Le parf. ôeàC(o%a (Curtius Verb. II 191) est refait sur ôlcÔxco.
La racine %^ri fait d^iq-^âv mais 'O'cj-fidg; cf. réç^av, toQfioç.
acô-Tov vient probablement de at]-^ii ; cf. vôôrog de va6 (p. 76).
L'accord des langues européennes pour l'ë long est un fait connu ^. Dans les idiomes germaniques, à l'exception du gothique.
1. Au moyen Va n'est pas primitif. Il n'existait d'abord qu'au singu- lier de l'actif. Mais la valeur do cette forme comme témoin de l'co n'en est pas amoindrie.
2. Sur le nzca ainsi obtenu se développent des formes fautives, gram- maticalement parlant, comme Ttzcôficc et ntàaiç.
3. Durant l'impression de ce mémoire, M. Fick a publié dans les Bei- trdyc de BezzenSerycr (II 204 seq.) d'importantes collections d'exemples relatives à l'ë européen. Il est un point sur lequel peu de linguistes sans doute seront dispo.s(''S à suivre l'auleur: c'est lorsqu'il place ïe du prétérit pluriel germanique gehinn (pour (jeyhtim) sur le même ])ied relativement à e que Vu de for relativement à a. — Le savant qui le ]iremier attira l'at-
rarcnthèse: racines finissant par c. 141
ce phonème ])reii(l la forme (1(^ d^ mais la prioriti* ilc \'c a <'t(' reconnue de ])lii.s en plus dc^^juis Jacobi (l'u'iir. /iir (li-iiisclirn Gramm.). A la lin des racines, c se montre ])riii(ij)iiif'iiH'iii, dans (jh^v «aller», dln: << allaiter», ne «coudre», me «mesurer -■>, icc (ajvai, se «jeter, semer»,. Exemples du degré normal: gr. xî-xV't''^^ ^• li*-all. gâ-m (cf. skr. gihïte, lat. fio pour *ftho)] gr. r}-fia, lat. se- mcn, V. h*-all. sa-mo/n]. sè-me, lith. sé-men-s.
A Vàblaiit grec r] : co (tr}^i : l'axa) répond exactement VahUiut du nord e:d (germ. lith. o). C'est celui qu'on observe dans les prétérits gothiques sai-so, vai-vo^ lai-lo, venant de racines se, ve, le. Le germ. dô-ma-, emjtloy»* comme suffixe, ne difft're pas du gr. '9'aî-fto; e apparaît dans dé-di- «action». En lithuanien on a, pd-d'ô- na-s «sujet», lequel vient très-probablement de la même racine dhe.
Le latin ici ne reste pas absolument muet: de la racine »'■-</// (vjJ-^-cj), amplification de ne, il forme mdus.
L'ë long, dans notre théorie, ne doit pas être un phonème simple. Il faut qu'il se décompose en deux éléments. Lesquels? Le premier ne peut être que a^ (e). Le second, le coefficient so- nantique, doit apparaître à nu dans la forme réduite (}». loô ). La forme réduite de d-rj, c'est d's. En conséquence on dira que ë est fait de e -\- c. L'o de d^co^ôg alors représenterait o^ -f- e.
Cette combinaison o.f, nous la comiaissons depuis longtemps. ( "est celle ciui se trouvait dans le nom. pi. goth. vidfos, osq. Ahel- lands, et à laquelle nous avons donné le nom de â.^ (p. 01).
Cependant — et ici nous abordons la partie la plus difficile et la plus obscure peut-être de notre sujet — on s'aperçoit en y regardant de plus près que le témoignage.du grec est sujet à cau- tion et que l'origine de Ve long est un problème extraordinaire- ment complexe.
1° Une combinaison a^a^ parallèle aux combinaisons ffj^, r/,?, a^n etc. fait l'effet d'un de contre-sens. S'il y a ime raison pour que «1, avec son substitut a.,, possède des attributions qu'aucune autre sonante ne possède, pour que toutes n'apparaissent que comme les satellites de ce phonème, comment admettre que ce même a^ puisse à son tour se transformer en coefficient"?
tention sur Yê long européen est, si nous ne nous trompons, M. J. Schmidt Vocalismus I 14. _
142 Parenthèse: racines finissant par è.
2° Le grec paraît être le seul idiome où les formes faibles des racines en é présentent c. Les principaux cas sont: -O-f-rog, Tt#£-^£v; E-x6ç^ïe-yiEV\ df-rog; Ô i s-^ai ; ^é-rçov; s-QQS-d'rjv, a-6xa- rog, a-nk£-rog. En Italie que trouve-t-ou? La racine européeime se fait au participe sà-tns. A côté de rë-ri on a rà-fus, à côté de fe-Ux et fë'tiis, af-fà-tim suivant l'étymologie de M. Fick. De la racine dlie «faire» vient fà-c-io^ (Curtius), de la rac. wë (dans vë-him, e-vë-laré) va-nnus.
Les langues du nord ont renoncé le plus souvent aux formes faibles des racines en ci et en ë. Il y a donc peu de renseigne- ments à espérer de ce côté-là, mais ce qui reste confirme le té- moignage du latin. M. Fick rajjporte en effet à blë «souffler» (anglo-s. hlavan) le germ. hJa-da- «feuille» et à më «metere» (anglo-s. mavan) ma-^a- «ver». Suivant quelques-uns le goth. gatvo «rue» appartient à gë «aller». En lithuanien më donne ma- tufi «mesurer». Peut-être est-il permis aussi de nommer si. doja = gotb. da[cM]ja de dhë «allaiter». Quant au goth. vinds, lat. vcntiis, c'est une forme qui peut s'interpréter de plusieurs manières et qui n'établit nullement que ivë fasse au degré réduit ivc.
Dans le grec même on peut citer à la rigueur XTcco^ai et XQcco^ai de ktvi et XPH (Alirens II 131), XL-d-à-Gog de 6ri (Grdz. 253), ^caiov qui aurait signifié petiie mesure (v. le Thésaurus d'Etienne) et qui dans ce cas ne peut venir que de më «mesurer», 67ta-vLg en regard du lat. pë-nuria.
On pourrait invoquer, pour établir que les formes faibles ont eu e dès l'origine, les racines secondaires, ou passant pour telles, comme med de më. Mais il s'agirait alors de démontrer, dans chaque cas que la racine est bien réellement secondaire. Si elle remonte à la langue mère, nous considérons le type me-d et le type me (= me -\- <i) comme deux rejetons également anciens du tronc *me-. La racine germanique stel «dérober» est cen- sée sortir de sta (p. 05). Or cette dernière racme n'apparaît nulle part sous la forme stë. On voit par là quel fond l'on peut faire sur ces racines secondaires, pour déterminer le vocalisme de nos racines en ë.
Il ressort de ce t^ui i)récède que la voyelle des formes ré-
1. (^n-di-tiis de la niriin' racine peut, se ramener à *con-da-tus.
l'arontliôso: racines tinissant par e. 14.'j
(luitcs de nos racines diffère en tous cas de ce qu'on ;i])p('l]c Vc • européen. D'autre })art nous ne voudrions pas idciitilici' Va de aatm directement au ])lionèiiie a. Ce n'en est, croyons -nous, (|u une modification (v. p. 178 seq.).
W On observe entre Yc et l'a longs des langues d'Europe des variations surprenantes, incoiniues pour les voyelles brèves correspondantes.
a en grec et en germanique: ï en latin et en letto-slave. Gr. è'-cp&à-v, g)&d-Oo^ai; v. li*-all. sjmon.: lat. spës, si. spe-ja
à en gréco-italique et en letto-slave: e en germanicjue. Lat. stU-men; gr. 'î-Gtâ-^i-, si. sta-ti: v. li*-all. ste-m, sfd-m (mais aussi ato-ma, -ins, en gothique).
Lat. tâtb-es; si. ta-ja: anglo-saxon /â-vaw (^ *Jie-jan). A l'intérieur du mot: gr. ^idxcov, si. makii: v. li*-all. mâgo.
c en grec et en letto-slave: a en germanique, etc.
Gr. ti-d'Tj-^t, si. défi: v. li*-all. tno-m (mais aussi t<i-t^.
Gr. ^rj-tig: goth. mo-da-.
Lat. cera; gr. jctj^o'ç: lith. hôris (F. P 523). 11 faut mentionner encore le v. h*-all. int-chntian en regard du gréco-it. gno et du si. zna- (connaître).
Entre le grec et le latin la même instabilité de l'a long s'ob- serve dans plusieurs cas:
Gr. Q^çà-vog, lat. frë-tus, fre-mim. Gr. ^à-^Ev, lat. bë-t-ere. Dans l'intérieur de la racine: gr. '^^lî, lat. ajo; gr. rj^ai, lat. âmis (Grdz. 381). A Vr] panhellène des noms de nombre Ttêvvrjxovraj tt,iJKovra (Schrader Stud. X 292), est opposé eu latin un a: quiii- (juaginta, scxdginta.
Les cas que nous venons de voir amènent à cette conclusion, qu'il est quasi impossible de tirer une limite fixe entre l'a et Yë européens. Dès une époque reculée la répartition des deux voyelles était accomplie très -certainement pour im nombre de cas déterminé, et ce sont ces cas qu'on a en vue quand on parle de Yë, de l'a européen. Mais, je le répète, rien ri indique entre ë et a une difj'crenee fo)icirre et primordi(de. — Qu'on se rappelle main- tenant les faits relatifs à la forme réduite des racines en ë, le
144 Contractions de la combinaison ea.
participe latin sa-fus de se etc., qu'on pèse aussi les considérations, théoriques développées en commençant^ et Ion ne sera pas éloigné peut-être d'admettre la supposition suivante: les cléments de Vê seraient les mêmes que ceux de Va,, leur formule commune étant a^ -f" a.
Nous ne sommes pas en état de donner les règles suivant lesquelles la soudure des deux plionèmes a engendré tantôt ë tan- tôt a. Nous faisons seulement remarquer qu'une telle byjDothèse ne lèse point le principe de phonétique en vertu duquel le même son, placé dans les mêmes conditions, ne peut donner dans un même dialecte deux produits différents. Il s'agit en effet de voyelles consécutives (a^ -|- -4) qui ont subi une contraction. Qui voudrait nier que bien des facteurs dont nous ne savons rien, telle nuance d'accent dont la plus imperceptible suffisait pour modifier le phénomène ^, ont pu être en jeu dans cette contraction?
Il découle de l'hypothèse Cjue l'cj de ^a^ôg et Vco de d^a^iog sont identiques.
Quant à l'époque de la contraction, c'est une question que nous avons déjà rencontrée à propos du nom. pi. vulfos et autres cas de ce genre p. 91. Toutes les fois qu'on observe une variation entre Yë et Va comme pour le si. spè- en regard du germ. spd-, ce sera pour nous l'indice c^ue la contraction est relative- ment récente ^. Mais l'histoire du phénomène se décompose très-
1. La prononciation des diphthongues lithuaniennes ai et au diffère du tout au tout, d'après la description qu'en fait Schleicher, selon que le premier élément est accentué ou non. Et cependant ai et ai, du et au, sont entièrement identiques par Fétj^mologie.
2. L'échange assez fréquent de l'a et de Vë dans la même langue s'explique si l'on admet que les deux produits divergents de la contraction ea continuèrent de vivre l'un à côté de l'autre. Ainsi le v. h*-all. tâ-t à côté de tuo-m, le grec v,C-xri-yii et v,i-xa-v(ù^ nri-(ia et nâ-& (p. 152), çi^-toiQ et tlçàva; le lat. mé-t-ior et mâ-teries. — Un phénomène plus inattendu est celui de la variation e-û dans le même mot entx-e dialectes très-voisius. 11 va sans dire que ce fait-là ne saurait avoir de rapport direct avec l'existence du groupe originaire ea. Ainsi les mots r/j3a, 7]}ii-, î^Gvxoç, •^njf- Qoç, prennent â dans certains dialectes éoliques et doriques, r; dans d'au- tres. V. Schrader Stud. X 31;^ seq. La racine §â donne en plein dialecte d'Héraclée §ov-^iJTiç. En Italie on a l'incompréhensible divergence de Tojitatif ombr. iwrta-i(i avec s-ié-vi (= gr. sHtjv). Le paléoslave a,rèpa en regard du lith. rope lequel concorde avec le lat. râjm etc. M. Fick com- pare à ce cas celui du si. rèka «fleuve» opposé au lith. roké «pluie fine>
Contractions de la combinaison ea.
14o
probablement en une série d'éjmques successives dont la perspec- tive nous échappe. Rien n'empêcherait d'admettre par exemple (]ue la rac. wc «souffler» ou le mot hhràter «frère» aient opéré la contraction avant la fin de la période proethnique.
Pour ce qui concerne Xe des formes grecques comme O'f-roV, il sera i)lus facile de nous faire une opinion à son sujet, lors({uc nous en viendrons à \'l indien comme représentant d'un «bref. 11 suffit ])our ce qui suit de remarquer que cet l est la voyelle qu'il faut attendre en samskrit dans toute forme réduite d'une racine en li. Abordons maintenant, en y faisant rentrer les formes des racines en ë, l'étude du degré réduit.
C. ETAT nÉDUIT.
Dans les deux premières formations verbales que nous aurons à considérer il y a alternance de la racine réduite et de la
(IF 640). Ici riiypotlièse d'une métaphonie produite par Vi suffixal qui se trouve dans Vë lithuanien aurait un certain degré de vraisemblance. — Enfin un troisième genre de phénomènes, c'est la coloration germanique et éléenne de Vc en ïi qui est un souvenir de l'ancien groupe ea, en ce sens qu'elle indique que Ve européen était en réalité un a fort peu diffé- rent de l'a. En latin même on a vu dans Vue de saeclum, Saeturnus (cf. Suturnus) l'essai orthographique d'exprimer un ë très-ouvert.
1. Il sera bon peut-être de résumer dans un tableau les différentes espèces d'à brefs et à\i longs (c.-à-d. doubles) que nous avons reconnues. Voici les a du gréco-italique et du germanique groupés d'abord unique- ment d'après les caractères extérieurs:
Gréco-italique
Germanique
En marquant la relation des différents a entre eux on obtient:
Etat primordial |
||
a |
0 |
|
e |
ea (a,) |
eç (0,) |
02 |
o,a (I,) |
0^0 (0.,) |
Gréco-italique
a |
0 |
|
e |
ë â |
ô |
0 |
ô |
Germanique |
|
a |
|
e |
ê ô 5 |
a |
Cf. le tableau de la page 135.
10
]l46 Etat réduit des racines en a.
raciiie pleine. La forme pleine (qui n'apparaît qu'au singulier de l'actif) est au degré 1 pour le présent (2® et S*" classe), au degré 2 pour le parfait.
Présent de la 2" classe. Comparez
skr. âs-nii sÏ-^l (pâ-|uî = pliea-mi
às-{s)i d-g <pà,-c = plie a- si
âs-ti d-6i cpâ-TÎ = pliea-ti
s-mâs i'-^EÇ (pà-|uéc = plia- mes
On le voit, la racine 2^^'ca ou plia^A ne se comporte pas autre- ment que la racine a^i , la racine a^s ou n'importe quelle autre racine. èitC-Gra-iica^ verbe déponent, présente \a bref régulier. Curtius Verb. I" 148.
Le sanskrit a presque complètement perdu la forme faible; voy. j)lus bas.
Pour l'aoriste non-thématique, qui est un imparfait de la 2'' classe. M, J. Sclimidt (K. Z. XXIII 2^2) nous semble avoir prouvé surabondamment ceci: toutes les formes grecques qui n'appartiennent pas au singulier de l'actif et qui ont une longue, ainsi ë-otâ-^av, sont des formes secondaires faites sur le modèle de ce singulier, à moins qu'il ne s'agisse d'un genre de racines spécial, les racines à mctathèse comme TtXrj. L'a bref est conservé entre autres dans ^cc-xyjv de è'-(iâ-v, (pd-a-}i£vog de s-g)d-â-v, dans €-do-^£v, è'd^a-^av, d-^sv^. En même temps M. Sclimidt affirme le parallélisme si important de Va, long du singidicr avec la «gra- dation» telle qu'elle se trouve dans hiu en regard de t^sv. Dans l'aoriste mêm*, nous connaissons maintenant des formes grecques à gradation; ce sont celles qu'a découvertes M. Brugnian (v. I^ci- trdge de Bezzcnherger 11 245 seq. et ci-dessus p. 21), ainsi B-%Ev-a en regard de ê-iv-xo.
Sclileiclier, dans son Conipcndium, reconnaît la quantité variable de Va. M. ( -urtius, tout en l'admettant ])Our le présent et l'imjuirfait, est d'avis (|ue l'aoriste ne connaissait originaire- ment, que la voyelle longue. Mais pouvons-nous mettre en doute l'identité formelle de l'aoriste avec l'imparfait? Pour ce qui est de l'a long persistant des formes ariennes, l'aor. à-pdtdm n'est,
1. 11 .semblerait, si l'araro chez Hd.sycliiiiH iTcst pas corrompu de ?cîr«ro, ([ue l'arâv ait eu uu mo^'Cn iaxa^ir}v.
Etat n'cliiit des racines en u. 147
bion entendu, un arg-uiuent ù faire valoir contre la 2)rinior(lialité de ^â-trjv qu'à la condition, de regarder aussi le présent (pû^t (pà^îv comme une innovation par rapport à pâmi pâmas. Il existe du reste eu sanskrit des restes de la forme faible restreints, il est vrai, au moyen: de dhd a-dhï-mahi et ))eut-être dhï-maJd (Delbnïck p. .-îO), de 8(1 (sa-t, sa-Iii) st-malii, de nia, au présent, mï-maJie (v. ])()htl.- Rotli). Puis les formes incorporées dans le paradigme de l'aoriste en 6' connue âsthita et ddJiita que cite M. Curtius ^.
Présent de la 3" classe. La flexion grecque de ï-arâ-fiL, ï-Ca-iiL (cf. aà-^a), ÔL-ôa-iit, tî-d-rj-^t, ï-rj-^t, est toute pareille à celle de cpcc-^î. Le lat. dà-mus, dâ-te etc. reflète la forme faible. La 2^ pers. dûs paraît avoir suivi la 1" conjugaison. L'équivalent de ôCdag serait ^' dos.
Ici le paradigme indien n'a point perdu les formes réduites: gà-hd-mi , {là-lui-si , gâ-hd-ti ; pluriel ^a-AZ-mas etc.; duel ga-M-vâs. Au moyen on a, de l'autre racine hd (s'en aller), gi-Jû-se, gi-hl-te, gi-lû-mahe etc. Ainsi se fléchissent encore md «mesurer» et dans le Véda les racines ça «aiguiser», fa- «donner», m (rirïhi) id. La rac. gd «aller» conserve partout la forme pleine, uniformité qui, d'après tout ce que nous pouvons observer, doit être liystérogène. C'est ainsi que dans le dialecte védique hd «abandonner» a perdu lui-même la forme faible. — Sur dadniâs et dadhmâs, v. p. 179.
Parfait. L'mt du sanskrit dadhaii (3"" pers. sing.) nous semble fournir un nouvel indice de la variété primitive des a ariens. Si l'on met en regard dadhaii et £cû{-x£], ârvau et ÎTtJta {(Ivaii et duco, nau et vco), aslaii et oxto), on se persuadera qu'il y a une espèce d'à qui en sanskrit se change en au à la fin du mot, et que cette espèce d'« résulte d'une combinaison où se trouvait a.,. Les formes védiques qui sont écrites par d comme paprà, âçvà, indiquent simplement une prononciation moins marquée dans le sens de Van (peut-être d°). Partout ailleurs qu'à la fin du mot la voyelle en question est devenue d: dvâdaça en regard de dvaûf dadhàtha en regard de dadhaii. Dans idx'sa, hôtd, sâkhd (v. § 12) la
1. Pour écarter les doutes qui pourraient encore surgir relativement à l'extension de la forme forte telle qu'on la doit supposer ici pour le sanskrit, il faut mentionner quà l'optatif en -yâ, le phuiel et le duel de Wciiî {dvihjàina , dvisi/âra etc.) sont manifestement créés postérieurement sur le modèle du singulier. V. § 12.
10*
148 Etat réduit des racines en ci. — Parfait. '
non apparition à'au peut s'expliquer 1° par le fait que n^ r, i, ont persisté, très-probablement, à la suite de 1 « jusqu'à une époque relativement peu reculée — on a même prétendu trouver dans le Véda des traces de Yn et de Yr — , 2° par la considération que l'a de ces formes est un a.2 allongé et non une combinaison de «.,. — Pour les jn'emières personnes du subjonctif telles que ây-a (= gr. £L'Co, V. }}. 127), la seconde des deux raisons précitées serait peut- être valable. Du reste ces formes ne sont connues que dans un nombre restreint d'exemples védiques et il se pourrait que Yd y fût de même nature que dans paprâ, ârvcl.
Déterminer les formes primitives est du reste une tâclie malaisée. L'hypothèse que la désinence de la 1® personne du par- fait actif est -m (v. j). 12, 42) repose sur une invraisemblance: il faut admettre, nous l'avons vu, c^ue deux personnes distinguées l'une de l'autre par leur forme, le germ. "^vaitun et vait, se sont réunies par analogie dans une seule. Si incompréhensible que sôit ce phénomène, la nasale est indispensable pour expliquer les formes vaivo, saiso, dont nous nous occupons. Sans elle le gothique ferait '*vaiva, *saisa, et ce sont en effet ces formes cj^u'il faut ré- tablir pour la 3® personne. L'identité de la 1^ et de la 3® pers. consacrée dans les autres prétérits amena une réaction qui cette fois fit triompher la première. En sanskrit *dadhâm a cédé au contraii'e à dadJiaiî: dadhaiî lui-même remonte à dhadluL,A-a ^. — Les Grecs ont dû dire d'abord '^'ilcov et *f«. Nous soupçomions dans Tiécpï]' acpâvïj (Hes.), de la rac. (pâ qui se retrouve dans tte- g)^6£rai^ cc^icpàdôv, un dernier reste de ces formes antiques ^ 11 est visible que le sing. */3é^?yv Ç'^' (it(5y]d-a) *(3£'/3j^, *6C)v (^l'aO'a) "'•fco, doit sa perte à la trop grande ressemblance de sa flexioii avec celles des aoristes et des imparfaits, et c'est là aussi ce qui a pro- duit le premier germe des imiombrables forimvtious en -xa. Jus- qu'au temps d Homère (Curtius Verb. Il 203, 210) on peut dire que les formes en -xa n'ont ])as d'antre emploi que d'éluder la flexion *(iîftriv *(it'(i>jd-a '^'^t(irj: elles n'apparaissent que si la racine est vocalique, et, dans le verbe fini, prescjuc uniquement
1. Les exemples de parfaits glosés dans Hésycliius par des aoristes ne sont point rares, ainsi que l'a l'ait voir M. Curtius Stud. IX 405. — 11 faut considéna- avant tout que le grec ue coniuiît de l'aoriste non-tliéinati(iue redoublé que quchpics formes d'impéra'if {y.tyiXvt£ etc.).
Etat réduit de« racines on d. — l'urfail. 149
;iii «iiio-iilier. A aucune rpocjuc le iiiuycii n(; les admet. - Dans les )»''*' personnes comme /i/'/^a-xf, Jo) xs on oljtient en retraiichant l'appeiulice -x£ le type |inr du ^rec très-ancien. — Pour les con- jectures qu'on peut l'aire sur la substitution d'r] et d'à à a dans r8Ùr]xa, (itfiâxcc etc. nous pouvons renvoyer à la page 154.
Le moyen grec ê-Ota-tai^ ôÉ-ôo-rcci, na-Ttotai etc. conserve la fornu^ faible pure. A l'actif (pluriel, duel, participe) on a un certain nombre de formes comme l'-6tà-^£v etc., (is-^à-^av Hnf ), Tt'Xkà-^av. Curtius Verb. 11 109 seq. Comparez daC-ài-^iav àaC- ôoi-xa et f-ôrà-^av l'-Orrj-xa (})our * i:'-6ta}-xa).
Les formes faibles du sanskrit présentent un état de choses singulier. L'i qui précède les désinences et qui aj)paraît aussi de- vant \ev du suffixe participial {tasthimà, daiUiisc, yapivàn) est con- stamment un i bref. On a par exemple papimâ, papivàn en regard de pl-tà, l)l-ti, pipi-sdfi^. Jj'i serait-il la même voyelle de liaison ([ue dans |7rt-2)^-/)Mtt etc., et Va radical a-t-il été élidé devant elle? Tant qu'on ne connaîtra pas la cause d'où dépend la quantité de Vi final de nos racines, il sera difficile de trancher cette question.
Présent en -ska (v. p. 22). Grec (iô-dxco, cpâ-axa.
TnîcMES NOMINAUX EN -ta (cf. p. 14, 23). Formes indiennes oÔrant un i bref: cJii-tâ «fendu» (aussi chëta), di-tâ «attaché» de dd dans daman etc., di-fâ «coupé» de dâ dati (on trouve aussi dinâ, data et en composition -tta^, mi-tâ «mesuré» de i)iîl mâti, ri-tà (aussi çata) «aiguisé» de çâ çîçâti (f. fble çîçl-), stJd-tâ de sthâ «se tenir debout». Le part, sl-td «attaché» vient de se (d'où entre autres siset) plutôt que de sa (dans sâJii). — Formes offrant un * long: gî-fâ «chanté» de ga gàyati, dhl-tâ de dlia dhàyati (inf. dhâ- tave),pl-fâ «bu» àepëpâti, spln-tâ de spha splmjatc «croître». La formation en -tvâ étant parallèle aux thèmes eu -iâ, nous men- tionnons hl-trd (aussi hi-tva) de ]i(i gàhutl «abandonner» dont le participe fait lû-nà; cf. gahita et iiggliita. — L'a s'est introduit dans cjuelques exemples comme rd-tà de rd ràti, malgré ririlil et autres formes contenant Yi. Sur dhmdfâ, trdtà etc., v. le chap. VI.
Formes grecques: (îra-roV, çoa-rog, av-^o-ros-, ôo-tos, 7to-r6g, (}Vv-ds-Tog, avv-£-t6g, Q-a-tog. J. Schmidt loc. cit. 280.
1. On a, il est vrai, l'optatif du parfait védique papiyât, mais, outre que cette forme n'est pas concluante pour la flexion du thème de l'indi- catif, l'î peut y résulter d'un allongement produit par y. Cf. gakslycd.
150 Etat réduit des racines en a.
Formes latines: cà-tus = skr. cita, stà-tus, dà-tus, râ-tiis, sà- tus. Cf. fàteor de ^'fà-to-, nàtare de *na-to.
En gothique sta-da- «lieu».
Thèmes nominaux en -ti (cf. p. 15^ 23). Sanskrit stJu-ti, Ifi-ti «action de boire», pl-ti «protection» dans nr-pUi, splfi-ti à côté de splm-tij etc. — Grec atâ-6Lg, gja-rtg, xa-rig (Hes.) d'où Xàrt^co, ^6-6Lg, d6-6ig, Tiô-dig, mais aussi d(3-tig (inscr.) et a^-TCca- ttg, ôs-Oig, ccq)-s6ig, d-é-Gig. — Latin stà-fio, rà-tio, af-fà-tim (p. 142).
Thèmes nominaux en -ra (cf p. 157). Sanskrit stlii-râ (compar. sthéyas) de stlm, spld-râ de splid^ nï-rd «eau», v. p. 101.
L'I est comme on voit le seid représentant indien de Ta, bref finissant une racine , sauf, à ce qu'il semble, devant les semi- voyelles y et V, où Va peut persister comme dans dâyate qu'on compare à dato^ca, dans yà-v-âm = fio-f-cov (v. § 12). L'a de dâda,mdna nest pas le continuateur d'un a indo-européen: il in- dique simplement que la forme a passé dans la flexion théma- tique. Sur l'a de niadhu-pà-s v. p. 177. — Le zend a tellement favorisé les formes fortes des racines en a (ex.: data, -çtàiti, en re- gard du skr. Jiitâ, stJiiti) que c'est à peine si l'on peut encore con- stater que Vi dont nous parlons est indo-iranien. On a cependant vl-mita, mrto-miti de ma «mesurer» ei pitar «père»^ L'i existe aussi dans l'anc. perse pità. 11 est à croire que les formes comme frnorcn-àta et painharcn?inulia ([ue M. Justi place dans la 9° classe verbale sont en réalité thématiques. Leur a ne correspond donc pas à Yl sanskrit.
IL Racines contenant tin n médial.
Les phonèmes .i et f', suivis d'une consonne, ne se compor- tent pas autrement que lorsqu'ils terminent la racine. Le rapport de Xâ9 à cid est à cet égard celui de Treu6 à TiXeu ou de bepK à cpep.
C'était donc une incoiisécjuence de notre ])art que de dire, iiu cliii]). IV: les racines dltAbh, Ia}), tout eu disaut: la racine st^;
1. Pntar est, paraît-il, nnc fausse leçon. V. Hûbschmann dans 'le dict. do Fick 11- 799.
Forme véritable de certaines racines grecques. 151
c'est d/tAbh, kAp (= dha^.\bh, Ica^Ap) qui sont les vraies racines. Mais cette notation^ avant d'être motivée, n'aurait pu que nuire il la clarté.
C'est en grec que le vocalisme des racines contenant un a médial s'est conservé le plus fidèlement. Celles de ces racines (pii finissent par une sonante, ainsi -O-âA, àâv, ne seront pas com- prises dans l'étude qui suit. Elles trouveront une mention à la fin du paragrai)lie. — Tout d'abord nous devrons déterminer la forme exacte des principales racines à considérer. 11 est fréquent que des phénomènes secondaires la rendent à peu près mécon- caissable.
Nous posons en principe que dans tout présent du type navQ'âvoj on a le droit de tenir la nasale de la syllabe radicale pour un élément étranger à la racine, introduit pi-obablcment par épenthèse. Bien que la chose ne soit point contestée, il est bon de faire remarquer que les jjrésents comme li^iTtâvù), Tcvv&âvo^ai, dans lesquels la nasale, d'après ce qui est dit p. 125, ne peut pas être radicale, rendent à cet égard le doute impossible.
I. 1. Rac. cFà6. La nasale n'appai'aît que dans àvëàvoi pour "^'àôvo^. Il n'est donc pas question d'une racine afavô. 2. Rac. KâQ, prés, hcv- &âv(û. Même remarque. Cf. p. 01. 3. Rac. Xâqp. Le prés, la^^ûvco se ra- mène à *Xacpvoi^. La thèse de M. J. Schmidt (Voc. I 118) est: 1° que la nasale de Aafi/îâvw est radicale; 2° que Ir'irpofiat., Xrjntôg, sont sortis des formes nasalisées que possède le dialecte ionien: Xâfiipo^ai, Xaunzôg etc. On pourrait demander, pour ce qui est du second point, pourquoi la même transformation ne s'est pas accomplie dans Xâiiipco (de Xâunco), dans KÛ^^pco, yvci^ntôg, zXây^co, TtXccynvôg etc. Mais ce serait peut-être trancher, à pro- pos d'un cas particulier, une question extrêmement vaste. Nous devons donc nous contenter ici d'avancer que toutes les formes du verbe en ques- tion peuvent se rapporter à Kucp, que plusieurs en revanche ne peuvent pas être sorties de Xaiiicp. De l'avis de M. Curtius, les formes ioniennes tirent leur nasale du présent par voie d'analogie. 4. Racine Qâcp. De quelque façon qu'on doive exi^liquer Q-à^fiog (= ^d-acpvog?), l'aor. txàcpov et le parf. té&âncc indiquent que la nasale n'est 2)as radicale. Le rapproche- ment du skr. staiiibh est douteux, vu les phénomènes d'aspiration des mots grecs.
II. liacines qu'il faut écarter. 1. A la page 103 nous avons ramené Xciyxdvco à une racine Xeyx- On s'explique facilement la formation de d'Xrixa à côté de l'ancien XiXoyxa par le parallélisme de Xayxâvio, è'Xaxov (= Xkxvcù, èXnxov) avec Xa^^âvco, tXu^ov (== XaI^vco, tXA^ov). 2. ;^avd«j'co pour ;^o:5i'(» (= ;i;nâ'vaj) vient de X^vb, comme le prouve le fut. %£L60n,at.
1. Devant n, ph devient f, v, h; puis i'Xct^ov prend h par analogie. Cf. Q-iyyâvto, è'&t.yov en regard de rsixog.
152 Forme véritable de certaines racines grecques.
Le parfait n'est pas si bien conservé que pour Xejx: il s'est dirigé sur le présent et fait Kéxc(vda au lieu cle *iitxovSa. — Les formes grecques se rattachant à ôâ-uva conduiraient à une racine bâK; mais les formes in- diennes sont nasalisées. Or nous ne pouvons pas admettre de racine dAnlc (v. p. 182). Il faut donc supposer que la racine est da^nk. Alors ââ^vw, l'ôa-Kov , sont pour d/iK^a), sdn'uov, et toutes les autres formes grecques, comme drj^ofiai, drjyjia, sont engendrées par voie d'analogie. Mais par là même on est autorisé à s'en servir, en les faisant dériver d'une racine fictive bôK. L'a du v. li*-all. zanga, d'après ce qui précède, est un o^) non un a.
IIL II y a des couples de racines dont l'une a n ou m, l'autre a pour coefficient sonantique, ex.: g^a-^m et g^a^A «venir». Les seules qui nous intéressent ici sont celles du type B (p. 8). 1. Le grec possède à la fois |LievB, prouvé par n8v&rjQcci, et )uâB, prouvé par i7ci-^â&r]ç. Les formes faibles comme (la&stv, fiKvd^cîva {*(icid^va)) peuvent, vu le vocalisme grec, se rapporter aux deux racines. 2. Pev9 {§év&oç) et pâG (^riaaa); §a&vg peut appartenir à §sv& aussi bien qu'à pâ& (v. p. 24). 3. irevG et TiàQ (cf. p. 61). Quoique les formes m^aoïiai = Trstffofiofi et TTTjffKç = na&c6v ne re- posent que sur de fausses leçons, l'existence de ttôG est probable pour deux raisons; 1° ttév-G suivant l'opinion très-vraisemblable de M. Curtius, est une amplification de trev. Or, à côté de irev, nous avons Trr| ou ira dans TT^-fiK^ 2° Si les ce de nciaxto, na&eiv etc. peuvent s'expliquer par une raie. Tiev-G, en revanche l'a du lat. pa-t-ior suppose nécessairement une basera et non pen ~.
IV. Parmi les racines mal déterminées dont nous parlions à la p. 59, celle de Tirjywfii n'est peut- être pas un cas désespéré. Il n'est pas trop hardi de s'affranchir de la nasale du parfait gothique *fefanh (faifah) et de la rapporter comme celle du lat. panxi (cf. pepigi) à la formation du l)résent que présente le grec nrjyvvjii. Ainsi nous posons la racine jhig (ou 2^2^). En outre, pour ce qui regarde le grec, nous disons qu'il n'y a pas eu infection de la racine par la nasale du suffixe, que nrj^ai par exemple n'est pas lîour <.^ 7tccyè,cci». Ceci revient à contester que nrjyvvfii soit pour
1. Pour le fait de l'amplification cf. (j,sv-& et nâ-9- qui viennent de 7nen et via (fif/riç), ^iv& et ^ûQ- qui viennent de g.,cm et g.^â etc. Curtius Grdz. 65 seq. Dans plusieurs cas l'addition du déterrainatif date de la hmgue mère; ainsi ^fv-Q-, ^â-&, (îâ-qp {^ânTco), ont des corrélatifs dans le skr. gam-hh, gâ-dh, gâ-h. D'autres fois elle n'a eu lieu évidemment que fort tard comme dans le gr. Sccq-& «dormir» ou dans nsv-Q-. Ces derniers cas, considérés au point de vue de l'histoire de la langue, ne laissent pas que d'être embarrassants. Un ne voit guère par où l'addition du nouvel élément a pu commencer.
2. Nous nous en tenons à l'ancienne étymologie de naO'sîv. Dans tous les cas celle de Grassraann et de M. J. Schmidt ne nous semble admissible qu'à la condition d'identifier hddh non à nsvQ', mais à nâ&.
Les racines contemiiit un i iiK'dial, en ffrcc. 153
^nayvvfii , *Tcayyvvni , comme le veut M. J. .Schmidt (Voc. I i\î>). Voici lt'8 raisons à, fair(! valoir: 1" Bien que la règle doive faire en effet attendr»; '''nayvviii, les cas comme ôfUvv^i, ^evyvvin, montrent de la manière la plus évidente qu'il y a eu devant -vv, introduction secondaire de la forme forte. M. Sclunidt, il est vrai, tient que et, sv, sont eux-mêmes pour iv, w, mais sur ce point l'adhésion de la plupart des linguistes lui a toujours fait défaut. 2" D'après la même théorie, Qr'iyvvfii serait jiour *Qàyvviii (cf. ^Qçâyrjv). Donc les Doriens devraient dire {>dyvv^i, mais ils disent, au présent (Ahrens II 132), Qr'iyvv^i.. Cela établit l'introduction pui'e et simple de la forme forte.
La loi qui préside à l'apparition de 1V< long ne se vérifiera })as pour toutes les racines. Certains verbes, comme %^ânxco ou lâmca, ont complètement renoncé à Va long. Nous reviendrons sur ces cas anormaux (v. p. 157 seq.).
Nous passons à l'examen des principales formations ver- bales. Sauf une légère inégalité au parfait actif, le verbe lâ^œ conserve le })aradigme dans sa régularité idéale. Comparez rpevyo) scpvyov Ttacpsvya nscpvy^iivog q)evè,o^ai, (pvxrog ka&oj ^ eXà&ov Xékâd'a Xekà^^évoç XàGo^ai -Xàôxog
(Icatho elathon leleatha lelasmenos lea(th)somai lastos)
Présent de la 1" classe (cf. p. 12G). Outre Xad-co, on a d-âya^ xâôco, tdxœ, adorai, puis ûiÎTta et r^rjyœ dont ïr), vu £6(ï7ir}v et T^iâysv, représente â, et sans doute aussi ô^'jco. Avec o: xlcôû-co^ TQcôyco^ (pcôyco'^ de plus QG}(^G)o^iaL^ ;^«((?)o^n:t (p. 173). Curtius Verb. P '228 seq. Sur le prés, ô^ko} v. ibid.
Aoriste thématique (cf. p. 9, 20). En regard des présents Xàd^co, ddo^ai, *r^éyc) (r^rjya)) on a: è'-kà&o-v, 6-vàôo-v, Ôl-£- t^àyo-v. Il est permis de restituer à màxcov un présent '"^'Ttrâxa. La longue de TiTi^oca est incompatible en principe avec la for- mation en -ya. L'origine récente de ce présent est donc aussi transparente que pour (pœ^œ à côté de (pcoyco. La longue des présents fait défaut pour e-lal^o-v, s-Xàxo-v, simplement parce que ces présents ne suivent point la 1° classe; au parfait l'a long
1. La rac. XâQ est sortie de lu (p. 61) comme TT\ri-6 de Tr\r|, mais le paradigme qui lui a été imposé était ancien. — Il va sans dire que leathô est une transcription schématique, destinée seulement à mettre en évi- dence la composition de Va long; à l'époque où les éléments de cet « étaient encore distincts, l'aspirée eût été probablement dh.
154 Les racines contenant un A niédial, en grec.
reparaîtra. De Ivjc vient ^ovaQœ pour ^oGé-ad-a (Grdz. G 11). Sur les aoristes isolés tels que ëçpayov v. p. 161.
L'aoriste thématique redoublé (cf. p. 10, 20) a le même vocalisme radical que l'aoriste simple: Xé-Xàd-o-v, Is-làjié-ad-ai, le-Xâxo-vTO, 7i£-7iàyo-Lr]v (Curtius Verb. II 29). Au contraire i-^B-^)-\}io-v est uu plus-que-parfait (ibid, 23).
Même affaiblissement à l'aoriste du passif en -\] (cf. p. 46 i. n.): de cûtt i-aan}]-v, de tôk è-rccxr]-v, de Tjaâf t^âyav. De FâY, Homère emjîloie à la fois àyr] et è-âyr].
A l'aoriste non-thématique (cf. p. 21, 146) à<5-^Evos est à cFâb ce que %v-^Bvog est à xeu.
Parfait. Aux principaux présents à voyelle longue cités ci- dessus correspondent les parfaits Xé-Xa%'-a, 7cé-xâd-a, xé- TÛK-a, t-ccd-ci (lié parle sens à avdâvco)^ as-Oi^Tt-a, soit ^'ôé-Gân-a. — Répondant à des présents de diverses formations qui con- tiemient ime voj^elle longue: fi£-^i]x-œg (}i7jxdo^ttL), ë-7cxy]%-a '(Ttr^Gôa), é-ây-a (ëyvvnv), Tté-Ttrjy-a (Tt^yw^t) etc. — Répondant à des présents de diverses formations qui contiennent une voyelle brève: Xé-Xrjx-a (Xdaxco), al'-Xricp-cc (Xa^^ava), X8xr}(p8 Hes. (xaTCva) et d'autres, comme ■Jié(pr]va^ qui se trouvent appartenir au genre de racines dont nous faisons abstraction provisoirement (v.p. 151). Le parf. TÊ-O-f^TT-an'a point de présent proprement dit.
Soit à l'aoriste, soit ailleurs, les racines de tous les parfaits précités présentent quelque part un a bref. La longue au parfait singulier est normale, puisque cette formation veut la racine pleine. Mais nous avons a^, et la règle demande a.^: on devrait trouver «Ae'/lw'O-ft» etc. de même que pour les racines finissant par Â. on attendrait €^i(itoxa, êGtaxa» etc. (p. 140). C'est là un des cas assez fréquents où le phonème ^^ manque à l'appel et où il est difficile de décider comment au juste il a du disparaître. Est-ce que, avant la contraction, ca s'est substitué à oa? Nous voyons de même la diplithongue ov, sur le point de périr, se faire rem- placer ])ar 6v. Y a-t-il eu au contraire une réaction du présent sur le parfait postérieure à la contraction? On pourrait recourir à une troisième conjecture: la ])résence de a.^ à la première i)er- soime n'étant garantie ])ar aucun fait décisif ()>. 72), la flexion primitive a peut-être été: 1" ]>. XtXâiya, iV p. ^Ae'AwO'f ; plus tard l'a se serait généralisé. Quoi (|u'il m .soit, nous possédons encore
Les racines contenant un A modial, on grec. 155
(lo.s vt^sti^es de Vco du ])arf'ait qui ne semblent point douteux: ce sont le.s formes doriques rfd-rjy^îvob' fit^t^vô^tvot, rs&axrai' t€dv^03TuL (Kes.) de d-dyco.' L'co s'est communiqué à l'aoriste dans d-à^at et &G)x^etg (Ahrens II 182), Du reste^ même dans té^coxtkc et TfO'ojyfifcVot , il ne peut être qu'emprunté au singulier (le l'aetil' (pii, par hasard, ne nous est pas cojiservé. De j)lus, à côté de J-ccva^, ou a le jiarf. avaya. Cette forme sans doute jiourrait être plus probante si l'on en connaissait mieux la racine.
Au pluriel, au duel, au i)articipe, et dans tout le moyen Va long ne peut pas être ancien. La flexion primitive était: réd^àya ou tt&coya, ttd'ayag, réd-ays, ^téd-ày^sv, '"^'rad-àyâg; moy. *T£- ^ày^ai. Les témoins de la forme faible sont les participes l'('minius homériques ^sXàxvta, ^e^iaKvtccL; on peut citer aussi Tsd-àlvia, ôtaàçvta et aQàQvta (Curtius Verb. II 193). Le mas- culin a toujours tj, peut-être en raison des exigences du vers. En tous cas cette différence n'est pas originaire. — A côté de xéxtjtps, on a xexàq)rjcûg, et le moyen de léÀrjd-s est dans Homère XéXàOraL, part. XslàO^évog.
Aoriste sigmatique et futur (cf. p. 128 seq.). Les formes sont régulières: laao^ai de AttO^œ; xài,(o de xdxco; ijGaro (Hom.) de âôoficcL; nâ^co, ènâ^a de nâyvv^i] ènrà^a de Tcrdôôc); — ôcc^o- fiat, éôrj^d^rjv (dans Hippocrate d'après* Veitch) de daxvco; Xarpo- ^cci de ka^jiccva.
Parmi les FORMATIONS nominales, nous considérons d'abord celles où se montre l^- ^^- P- l^l*
Thèmes en -o et en -rj. De Fax «briser», xv^at-ayi]. Malheureusement on pourrait supposer une contraction de xv- }iato(J^)ayr]; mais la même racine donne encore lœyi] (Grdz. 531). La racine qui est dans le lat. capio forme xœjiï]. Aco^r] en regard de Icibcs (les deux mots ne peuvent guère être identiques). De |LiâK, dans iiâxoâa (et non naxxoâco, v. Pauli K. Z. XVIII 14, 24), vient ficôxog; de niâK, Tircoxôg. De &aâ(j6co, d^ôaxog. Sous le rapport du vocalisme radical, le gr. co^og est au lat. àmanis ce que -XoL%6g par exemple est à kixavôg. A ^'ri%ci aijpartient ïl'àxog' yij xlja^^c6ô)]g; Va se trouve dans il^âxt^Q etc.^ Si l'on
1. Pour la signification v. Ahrens II 343.
2. Il est vrai qu'il y a aussi un verbe ipâxco dont le rapport avec iprjxco n'est pas bien clair.
156 Les racines contenant un a médial, eu grec.
rattache <joxv<; l\ la rac. dx, il a a.2- L'oj de ccycoyôg et uxaHrj aurait une plus grande vaitrir^aas-ia-rfid„uiilication.
Thèmes sans suffixe. De même que vpXey Juiiiic (jpÀol, de même TiTâK donne iixo:^. De Oair ou Oâ(p «admirer» vient -O-cô^ «le flatteur» comme cela ressort de ^y]TCcov f^a;r«Ta5v, xolccKevov^ Q^av^ât^cav et d'autre jmrt de cette définition de ■d'coxl': 6 ftfTfc Q^av^aô^ov èyxa^Laôtrjg (Hes.). Le verbe ^cônrco ne peut être qu'un dérivé de &(64' comme Tcrâcda l'est de 7trc6^.
Thèmes de diverses formations. A côté de âx^vg: coxçôg-^ cf. xcôça (p. 138). A côté de Xccyvog: kayrcg' TtÔQvrj', cf. oAxag, vo^iâg, OTioçâg, roxccg etc. M. Bugge (Stud. IV 337) rapporte vcôyaXov «friandise» à un verbe qui a dû être en germanique *snaka, *sndJi. On a réuni xvâôakov (et xvcôôœv) à xvaôâlXttaf xvïi^srai', toutefois xvco^', xvcoTtEvg, en sont bien voisins. IIçco- rsvg vient peut-être de la rac. j)rj^ qui est dans le goth. frajtjan.
Les exemples de « pour a ne manquent pas: OôtY donne ^t]y6ç^ 6âTT d-rjTiov d-av^iaarôv; Tây rayôg (cf. iràyrjv)] Fœf forme, en même temps que xv^aT-coyy'j^ vav-ayôg et ■i]y6v xarsayog.
De même, qpep doimant gDO()fto, Xûk devrait donner «laxéco». La forme réelle est {sTitJXrjXèa: elle est régulière pour la quantité de la voyelle, irrégulière pour sa qualité. Même remarque pour éyso^ccL, &âkéa etc.
Les FORMATIONS DU DEGRE 1 auront dans nos racines l^.
Thèmes en -7)ian (cf. p. 130): tTiL-XccO^wv; Xrj^ficCy ôrjyfKx^ TCtjy^a (Eschyle).
Thèmes en -as (cf. p, 120): aÔog, xâôog, ^ccxog, â-kâd-r'jg, iv-{/)â')[Yig (cf. iàxri). Les suivants, plus isolés, ne sont pas ac- compagnés de formes ayant Va bref: ^làiog^ ànog (fatigue, dans Euripide); à-t,ri%)'ig^ d-6Kr}&r]g, xrirog, rij&ug. Exemple contenant o: vco&rjg en regard de vôd^og.
La meilleure preuve de la postériorité de formations comme ^âkog, ^('c&og (Eschyle), ce sont les composés veodrjhjg, èm- ^rj&yjg, où subsiste la longue. C'est ainsi encore que Thomérique fVTirjy^g est remplacé plus tard par evTiàyrjg. Peut-être la brève (le ('(yog = skr. àfjas (p. 117) comporte-t-elle une explication iiualogue malgré risolejucnt de ce mot.
Thèmes (>n -y<is (cf. }). LK»}. Ou a le superl. ^axtCrog (|ui est à ^axQÔg, et- que le skr. l'scpistha est à Islprâ. (Juaut à Ycl long
Les racines contenant un .1 niodial, en grec. 157
qui se manifeste dans l'accontuatioii des comparatifs neutres [ià()60Vj d-àôGov^ ^àllov, il l'st prudent de ne rien décider à son ('<^'ard, d'autant plus que le dialecte lioiaéri([ue Ji'admet pas Vrj dans ces fonues. M. Ascoli, d'accord en cela avec d'autres savants, les explique par la même infection qu'on observe dans ^tîtav (Kritisclie Studien p. 120). M. Ilarder (De alpha vocali ajmd Honi. produda, \). 104) cite des témoignantes ])Our l'afceutuation ^ûocov et ^('iXlov.
Les THÈMES QUI HE.TKTTENT a.^ auront .( autoplitlioiif^ue:
Thèuies en -va. ('(U'taius d'eutre eux comme GcpoàQog^ 03;^()0i,' (]). 15(5) ])rennent «^. Un(! seconde série affaiblit la racine^ par exemple At/J()o'ç, TtLKQÔg^ atKpQog, de Xei^, ttcik, cieicp; kvyQÔg, il^vÔQÔg, de Xeuy, H^eub-, ikacpQog de "'Xe^X; sanskrit Jcsiprâ, chidrâ de Iscp, rJicd] ruh'd, çiihhrd de roc, rohJr^ (/rdJtrd, srprd de gardh, sarp; o-eruuini(|ue dl(jra- «épais^> de de'xj^ indo-européen rndhrd <a-ouge;> dera^îidh. De même, cârr, soit s<(^.\p, fait GaTiQÔg] \xâx fait ft«;f()og • Xd9 donne IccQ'Qa. On peut placer ici xày.SQ6g de tSk et TcdysQÔg de TTÛY, si l'f y est anaptyctique; cixçog de «k est régulier aussi, sauf l'accentuation.
Thème en -n (cf. p. 15, 23): taxvg.
Thèmes en -ta (cf. p. 14, 23, 140). La forme faible est de- venue très-rare, mais c'i-Xaoxog de Xâ9 et le verbe Ttaxtôa à côté de Tcâxtôg en sont de sûrs témoins. 11 n'y a pas à s'étonner des formes comme xÛKxôg^ kâTtrâg, ncixrôg, plus que de celles comuie cpevxtôg qui, elles aussi, remplacent peu à peu le type (pvxrég.
Revenant aux formations verbales, nous examinons le voca- lisme des racines dont le présent se fait en -ya ou en -rœ.
En sanskrit la 4*^ classe verbale affaiblit la racine. En grec les formes comme vît,co^ arit,co, xlv^a, (idXkco de /3fA, xaiva de xev (]). 10;')) et beaucoup d'autres attestent la même règle. ^ Kien de plus normal par conséquent que l'a bref de «^o,uai, /3«^«, Gixtrœ, Gcpcc^a, xd^a etc. Les formes comme mriGGa, çpca'^ûî (cf.
1. 11 est naturel que cette formation, une fois qu'elle eut pris rimmense extension qu'on sait, ne se soit pas maintenue dans toute sa rigueur. Evi- demment un grand nombre de verbes de la l'® classe ont, sans rien changer à leur vocalisme, passé dans la quatrième. Ainsi tsi'qco, cf. lat. tcro, ôeÎQio à côté de dtQco (quelques manuscrits d'Aristophane portent ôcctQco qui serait régulier), cpQ^ÎQU) (dor. q)&aiQCù) etc.
158 Les racines contenant un a médial, en grec.
q)(6ycii) sont aussi peu primitives que taCça (v. p. 157 i. u.). ttï^'ttû) paraît ne s'être formé qu'en pleine éj)oque historique (Curtius Verb.Pl66).
Les présents en -ta sont analogues: anta^ ^((tctco, ôaTiTCi, &cc7irco, XciTita, ûxcctctco etc. montrent Va bref. Seul ôx^Tttco enfreint la règle, car ^^our d-coTtra (p, 156) et ôxcoTtraj on peut sans crainte y voir des dénominatifs; cf. Ttai^GJ, itccty^a, naCyvLov venant de Ticdg.
Dans les temps autres que le jjrésent, les verbes en -y a et en -Toj restent en général sans gradation (nous adoptons pour un instant cette désignation des formes pleines de la racine). C'est la solidarité qui existe entre les différentes formes du verbe à cet égard que fait ressortir M. TJhle dans son travail sur le parfait grec (Sprachwissenschaftl. AbJiandhmgen hervorgegg. mis G. Curtins' Gramm. Ges. p. Gl seq.). Mais, au lieu d'attribuer à certaines racines et de refuser à d'autres une faculté inhérente de gradation, ainsi que le fait l'auteur, il faut dire au contraire que lorsque la gradation fait défaut, c'est qu'elle s'est j)erdue. Qu'est-ce qui a occasionné sa perte? C est précisément, si nous ne nous trompons, l'existence d'un présmit sans gradation, comme ceux en -ya et en -ta.
Ainsi l'analogie de ocpâ^co, ^ântco^ d^âmco, A«JtTCJ, ôxciTirco etc. a peu à peu étouffé les formes fortes comme *Xâ7t ou '^CxÛTf. Les parfaits font Xikàfpa^ èoxàcpa, les futurs Aa^-co, axâtlfa etc. Les verbes contenant i et f , comme 6tCt,c)^ titîogco, vÎTita, xviixco^ rvTix(o^ se comportent de même, c'est-à-dire qu'ils n'admettent nulle part la diphthongue ^. Ces anomalies ne font donc pas péri- cliter la théorie du phonème a. D'ailleurs il y a des exceptions: xâmco (Hes.): xsxrjcpa; râoGco (réruxa): râyog; ccTtra: rjTCao^ai (Curtius); xa^lât^co: xéiXâdcc.
Les présents à nasale comme Xa^^âvco, âvêâva^ ôdxva, n'exercent pas la même influence destructive sur le vocalisme de leurs racines. Cela tient au parallélisme presque constant de ces formations avec les présents à «gradation^) {Xi^tikpo}, ksÎTica] Xavd^ttvœ, Xijd-a), grâce auquel il s'établit une sorte d'équivalence
1. Il est vrai <[u'au parfait Vl et Vv subissent ordinairement un allonge- ment (KBKvrpa), mais cela est tout différent de la diphthonguaison, et Va long ne se peut jamais mettre en parallèle qu'avec la diphthonguaison.
Les racines contenant un a ni('(lial, en dehorsi du grec. 159
entre les deux foniics. PareillciiK'iit, h; prés. Xûaxo) laisse sub- sister le parf. ktkrixa.
Nous passons à l'examen cTes principales formations verbales dans les langues européemies autres que le grec.
Parfait. Le germanique nous présente o: gotli. sol:, hof. L'o doit être du degré 2 et correspondre à l'oj régulier de TS-^ay-, non à l'a liystérogène de ré-tâx-s. Par la même unification que nous avons vue en grec, Vo du singulier s'est répandu sur le plu- riel et le duel, et l'on a soJmm, soku, au lieu de '"^-sahmi, *saJci(. De même l'optatif devinait faire '^'sahjau. Le participe passif, dont le vocalisme est en général celui du parfait pluriel, fait encore S'àkans. Il y a une proportion rigoureuse entresol.* salans et hait: hitans. Un autre reste de la forme faible, c'est Diar/um dont nous avons parlé à la page (54.
Le latin a scâhl, o(U, fvdi; l'irlandais ro-gâd (prés, (juidki).
Présent de la V classe (v. p. 153). Latin Wjor (cf. labarc), râdo, vado (cf. vàdtmi), rodo ^
Goth. Nota et hvopa. Ici o est du degré 1. — ^ Le parf. hvai- hvop Q^'haihlot ne nous a pas été conservé) a gardé la réduplica- tion, afin de se distinguer du présent. Si le germanique faisait encore la différence entre Â.2 et j^, cela n'eût pas été nécessaire.
Paléoslave pada, pasa. — Lithuanien môku, szôku, et aussi sans doute plusieurs verbes qui suivent à présent d'autres forma- tions, comme lîôsiu «tousser» (cf. skr.7rti.sr/fe), oszin, Msziu, drôziv, (jlôhiu, vôliu ; hôstn, stolcstà. Schleiclier Lit. Gr. 235 seq.
Présent en -}'a. Goth. fmjtja, hafja, hhdija, shijjja etc.; lat. capio, facio, gradior,jocio, lacio, quaiio , patior , rapio, sapio, fodio. ( -es formes sont régulières (v. p. 157).
Il faut mentionner en lithuanien vagià <^ dérober ■> etsniagiii «lancer», dont les infinitifs sont vogti, smôgti.
Présents du type à^iu. Plus haut nous avons omis à des- sein de parler de cette classe de présents grecs, parce qu'il con- vient que les traiter conjointement avec ceux des langues congé- nères.
En germanique c'est la formation la plus commune: goth.
1. Tralio paraît bien n'être qu'un composé de re/to.
i60 Les présents du type liyco.
draga, Jila^a, skaba, Jyvaha etc. — Le latin la préfère aux présents à voyelle longue comme vado, mais l'emploie moins volontiers que la forme en -io. Il a ogo, cado, scaho, loquor; puis des exem- ples où la consomie finale est une sonante, cdo^ cano; enfin les présents rares tago,pago; olo, scato (Neue Formenl. II- 423). Les deux derniers, bien qu'ils appartiennent à la langue archaïque, sont probablement secondaires \ — Le grec n'a que aya, yld^co^ yçûcpa, ^âio^ai^ oQ'O^at, et les formes très-rares axo^ai, j3Aa/3o- }iat -. — On trouve dans les verbes lithuaniens énumérées dans la grammaire de Schleicher: hadù, losn, lalà'^, plalcù. Enfin le paléoslave, si nous ne nous trompons, a seulement hoda et moga.
Nous n'hésitons pas à dire que ces j)résents ont subi un afiai- blissement dans leur racine.
Il n'y a aucun motif pour s'effrayer de cette conséquence forcée des observations précédentes. Il est indubitable que icXva, AiTOfiat, et d'autres présents grecs sont des formes faibles. D'ailleurs si, plutôt que d'admettre cet affaiblissement, on renon- çait au parallélisme de l^&co avec Tcâto^ai, IsÎTCa, on arriverait, contre toute vraisemblance, à faire ou de At^^co ou de ^âioiiai mi type à part ne rentrant dans aucune catégorie connue.
A cela s'ajoutent les considérations suivantes.
L'indo-européen a eu évidemment deux espèces de thèmes verbaux en -a: les premiers possédant la racine pleine et paroxy- tons, les seconds réduisant la racine et oxytons. Rien ne permet de supposer que l'un des deux caractères pût exister dans un même thème sans l'autre.
En sanskrit et en zend, les oxytons de la langue mère donnent des aoristes et des présents (G® classe). En grec il n'y a point de présents oxytons, et un thème ne peut être oxyton qu'à la condi- tion d'être aoriste. Nous devons donc nous attendre, sans décider d'ailleurs si la G*^ classe est primitive ou non, à ce que les thèmes faibles, lors même qu'ils ne seraient pas attachés à un second thème servant de présent, aient une certaine tendance à se fléchir à l'aoriste. Et les thèmes du type At^re-, où nous pouvons con-
1. On ne connaît pas le présent de rabcrc; celui de apere paraît avoir été apio.
2. 11 est douteux que yçcca et X✠soit'ut pour yçao co et Xccg-cù.
3. Dans son glossaire Schleicher donne lalciù.
Les présents du type ayoj. 101
trôler ratîai))li,s,sciiM'iit, de lu racine, vérifient, eiitii'reineiit cotte prévision. A côté des présents ykvcptiVy x^vtiv, UxtG&ui^ Orîx^iv \ rvxsiv (lies.), ils donnent les aoristes âtx£tv, èk{v)d'£iv, ^vxetv, Grvynv, (i^ax^tv (= (ir^^iv).
De ce qui précède il ressort que les différents présents tarées pour être vus sous leur vrai jour, doivent être jugés conjointe- ment aux aoristes isoles de môme forme radicale, lors(pje ces aoristes existent.
Or pour le type ^axe ils existent. A côté des présents uyeiv^ ax£<}^cct, fikâ^e(5%'ai, yXdq)£n', yQÛcpsiv^ fidxsGd'ccL, od'eô^aL.^ on a 1^ aoristes isolés ^axelv, rcc(petv (être étonné), (payetv, qikaàsîv (se déchirer). Et si cette propension à se fléchir à l'aoriste était chez le type Klxe un signe de l'affaiblissement radical, n'avons- nous pas le droit de tirer la même conclusion pour le type i^ccxs
1. Gtixovai donné par Hésychius a été restitué dans le texte de S^ pbocle, Antigone v. 1129. — Le nombre des présents de cette espèce est difficile à déterminer, certains d'entre eux étant très-rares, comme Xipsi, li^cov i^our Aft'/îft, d'autres, comme ylixo^ai, que plusieurs ramènent à '*yXi6%onciL, étant de structure peu claire, d'autres encore comme Xvœ de- vant être écartés à cause de Vu long du sanskrit.
2. Pour saisir dans son principe le fait employé ici comme argument, il faut en réalité une analyse un peu plus minutieuse.
Tout d'abord, il semble qu'on doive faire une contre-épreuve, voir si les tlièmes contenant s ne se trouvent pas dans le même cas que ceux contenant a. Cette contre- épreuve est impossible a jiriori, vu qu'un thème contenant ? est fort, et qu'un aoriste fort ne peut qu'être hystérogène. L'aoriste régulier des racines contenant f a toujours la forme nt-s.
En revanche le soupçon d'une origine récente ne saurait atteindre les aoristes tels que cpccyiiv, vu leur ressemblance avec le type Xad^tîv de Xr'j&a. Le fait se résume donc à ceci: au temps où l'aoriste était pur de formes fortes, où il ne contenait que des formes faibles ou des formes dont on ne sait rien, les différentes espèces de thèmes dont il s'agit se répartis- saient de la manière suivante entre l'aoriste et le présent:
Présent nére ICts i^^X^ Aoriste — ôlks cpayé
Pour que les tlièmes du type ^axs- pussent comme ceux du type Xm- et à l'encontre de ceux du type nszs- se fléchir comme oxytons (soit à l'aoriste), ils devaient être des thèmes faibles.
Du reste nous ne demanderions pas mieux que de donner pour un in- stant droit de cité aux aoristes isolés contenant f, et de faire le simulacre de la contre-épreuve. On n'en trouverait qu'un seul: iXfîv {tvçfiv = J-a-
11
162 Les présents du type uya.
Tout parle donc pour que ^âio^ai soit un présent exacte- ment semblable à XCxo^ai. Depuis quelle époque ces thèmes faibles se trouvent-ils au présent? C'est là en définitive une question secondaire. Si l'on admet dans la langue mère une 6® classe des présents , li'ro^ai. , ^dxo^ca , pourraient être fort an- ciens et n'avoir fait qu'abandonner leur accentuation première. Nous croyons cependant, comme nous y faisions allusion plus liaut, que dans la première phase du grec, tous les anciens oxy- tons, quel quait été l'état de choses primitif, ont dû passer d'abord par l'aoriste, que par conséquent les présents du type XCto^ai sont en tous cas de seconde génération. Les cas comme celui jje èl{v)%-fiv qui a mieux aimé rester dépourvu de présent que de changer d'accentuation recommandent cette manière de voir. Mais en même temps il est probable que dès uue époque plus ancienne que la langue grecque certains thèmes du type iia%E- {âge- par exemple), cessant d'être oxytons, s'étaient ralliés aux présents comme hJiére-.
Passons aux verbes latins. Pour deux d'entre eux, tago et 2Xigo, M. Curtius a victorieusement établi qu'ils ne sont rien autre chose que d'anciens aoristes. Voy. notamment Stud. V page 434. Il est vrai que ce sont les seuls exemples qui soient accompagnés d'une seconde formation (tango, pango'). Mais sur ce précédent nous pouvons avec quelque sécurité juger cado, scato, cano, loqiior; ce dernier du reste est en grec Xaxstv, non «Xâxeiv». Il reste seulement ago, scàbo et alo qui, ayant leur pendant dans les idiomes congénères, paraissent appartenir au présent depuin plus longtemps.
En abordant le germanique, la question de savoir si l'indo- européen a eu des jirésents de la 6^ formation prend plus d'impor- tance que pour le grec et le latin. Si l'on répond affirmativement, il n'est besoin de longs commentaires; saJca est un présent de la 6® classe, et la seule chose à faire admettre c'est que le ton, cédant à l'attraction des' autres présents, s'est porté de bomie heure sur la racine (/ilcijja, skâjja etc.). Dans tous les cas le ger- manique à reçu des périodes antécédentes quelques présents de
vQ-sîv), en revanche le présent est peuplé littéralement de ces formes. Mais cette confrontation, qui a l'air très-concluante, n'aurait à notre point de vue qu'une valeur relative.
La permutation a : a. 1G3
cette espèce, ainsi que le font conclure goth. slcaha = lat. Hcaho, (jrahu = gr. yQurpa, norr. àlia = gréco-it. agô. Mais il ii'oi est pas moins vraisemblable que la majorité soit issue de l'aoriste. C'est même la seule hypothèse possible pour goth. JtvnJia , cf. xaxco (p. 63); norr. vaita, cf. lat. vâdo; anglo-s. hace^ cf. cpcôyco. Les formes comme Jjvaha nous reportent donc à une époque où l'ao- riste germanique existait encore, et il n'est pas difficile de com- ])reu(lre pourquoi, tandis que le thème heuge- (hiuga) se conser- vait à l'exclusion de higc-, l'inverse avait lieu pour ^vahe-. Dejjuis la confusion des phonèmes Â^ et ^27 ^'^ ^^^^ prés. *J)Vd]m (raxco) ne différait plus de Va du parf. ])Voh (ou ^vc^voh). Au contraire le thème ])Vahe- offrait un excellent ahlaut, qui devait s'établir d'au- tant plus facilement que les verbes en -ya comme hafja hof en donnaient déjà l'exemple.
Je ne pense pas que les formes, peu nombreuses du reste, du letto-slave fassent quelque difficulté sérieuse.
Tout cela pourra paraître suggéré par les besoins du système. Quelle nécessité y a-t-il après tout de soutenir que sàka, aya, doivent appartenir à une autre formation que (péça ? C'est cette nécessité, urgente à nos yeux, que nous voudrions accentuer d'une manière bien précise. Le présent n'est qu'un cas particulier. Qu'on considère l'ensemble des formations, et l'on verra appa- raître un trait caractéristique des racines contenant a, trait in- connu à la grande classe des racines dont la voyelle est e, la fa- culté d'allonger la voyelle^. On peut avoir sur saka et aya telle opinion qu'il plaira. Seulement quand leurs racines font sôJc et âyéo^ai dans le même temps que hhcr fait hàr et (poQsco, il y a là un phénomène tellement extraordinaire qu'il s'agit avant tout et à tout prix de s'en rendre compte. Or l'hypothèse proposée pour saka n'est que l'explication indirecte de sok. La tentative peut n'être pas réussie; en tous cas elle est motivée.
Notre hypothèse sur cette faculté d'allonger la voyelle est coimue par ce qui précède. Il sera permis de renvoyer le lecteur qui voudra apprécier jusqu'à quel point la propriété de l'allonge-
1. Sans doute il y aussi des ë longs, mais dans un nombre de racines extrêmement limité et qu'il serait injustifiable de vouloir confondre avec le type bher. Nous abordons ces racines à la p. 166.
11*
164 La permutation a : a en germanique.
ment est inliéreute aux racines contenant a ou o au travail déjà cité de M. Fick qui traite de la long euroj)éen (Beitr. de Bezzenb. IT 193 seq.). Du reste nous ne nous sentons point en état de dire dans chaque cas pourquoi l'on trouve une brève ou une longue, comme nous avons cru en effet pouvoir le faire pour les forma- tions relativement très-transparentes qui ont été analysées plus haut. Les remarques qu'il nous reste à faire ne porteront donc point sur le détail.
Les matériaux relatifs à la permutation à : a et ô : o dans le latin se trouvent réunis chez Corssen Ausspr. P 391 seq. En voici quelques exemples: com-pâges : pago; âcer : acies] ind-agare : ago; sâgio : sagax; con-tâgio : tagax; labor : làbare. h'o de prae-co venant de cano serait-il un exemple de ^g?
En grec on peut ajouter à la liste de M. Fick et aux exem- ples donnés plus haut: àiog : iàirci coQ^sco : £iV-o(>t-ç)î;AAog; xcicpog : xônrœ ; Qcj&av : Qod-og ; (paya : rpoi,6£ (Curtius). • Pour les idiomes du nord l'échange â : a est devenu une sorte (Vahlaiit quant if af if qui a succédé à VahJant qualitatif a^ : Â^. Ij'ahtaut qualitatif était détruit par la confusion phonique des deux A (p. 139) comme aussi par la perte partielle des formations contenant lî^, dont la plus importante est le présent de la V classe. En germanique particulièrement l'élimination de ce dernier au l^rofit des formes comme saJca a fait naître entre la série a :d et la série c : a (a^) un i^arallélisme absolument hystérogène. La langue sent la même relation entre sol; soJxjan; groha, et les pré- sents correspondants salui ; graha, qu'entre vrai; vraJcjan, vral'a et vriJcan. Mais le vrai rapport serait rendu assez exactement par la fiction suivante: se représenter les racines comme hcug ayant perdu le degré de Ve et ne possédant plus que les formes hug et haug^. — Comme le présent n'était pas le seul thème du degré 1, on s'attendrait cependant à trouver la voyelle longue ailleurs que dans les formations qui demandent a.^, par exemple dans les neutres en -as et les com^jaratifs en -yas. Il n'en est rien: ha fis,
1. A la page 122 nous nous sommes montré incrédule vis-à-vis des transformations d'ahlaut d'une certaine espèce et avec raison, croyons- nous. Mai.s ici de quoi s'agit-il? Simplement de la suppression d'un des trois termes de î'ahhml, suijpression provoquiîe principalement par la perte du présent.
La permutation a : a dans lo letto-Hlavo. 165
s/,(ij)is, hatka, montrent Va bref. Ces ibriaes paniis.soiit s'être (lirirçées.sur le nouveau présent. Nons n'avons j)u découvrir qu'un seul exemple! qui, sur ce point, répondit à la théorie: c'est le féminin ^otli. sokni-. Les thèmes en -ni, demandent en effet lo degré 1, ainsi que le prouve siimi- de la rac. sehv (cf. skr. hâ-ni, (jyd-ni, en regard de hl-nâ, gî-na). Donc «sà/cni-» eût été irrégulier au même chef que liatis. Le norr. dayr pour *dogis serait un second cas de ce genre si Ve du lith. degù ne rendait tout fort incertain. Cf. la note.
La permutation en question est fort commune en letto-slave. hiÛmunien pra-n-tù : prôtas, kadù : Ziklis etc. — En slave on a les verbes comme po-mayaja, hadaja, en regard de moga, hoda etc. De même qu'en germanique, Va, dans les cas où l'a bref est conservé l)arallèlement, devient pour la langue une espèce de gradation.
Ici nous devons faire mention d'une innovation très-étendue qui donne au vocalisme letto-slave une physionomie à part. Tan- dis qu'en germanique la confusion de a avec a^ n'a amené presque aucun trouble dans le système des voyelles, le letto-slave au con- traire a mélangé deux séries vocaliques, et nous voyons l'a (ou a, p. Q^) issu de «2 permuter avec a (a) comme s'il était a. De là l'échelle slave e : o : a dans les nombreux exemples comme telia, tociti, taJcati, l'échelle lithuanienne e : a : q, comme dans zeliù, kâlias, kol'é ^ V. Schleichcr Lit, Gr. 35 seq. — Il faut avouer que d'autres allongements de ce genre restent inexpliqués, je veux dire particulièrement Vê des fréquentatifs slaves comme plètaja de pleta. Il serait à souhaiter aussi qu'on sût à quoi s'en tenir sur l'ë long germanique des formes comme nëmja- (rac. nem). Ameluug, remarquant que Ve est suivi le plus souvent d'une syl-
1. Le germanique n'est pas sans offrir un ou deux exemples analogues. Ainsi le goth. dcujs (dont la racine est dcg si l'on peut se fier au lith. degù) est accompagné de fklur-dogs, ahtau-doys. Sans dœgr (cf. ci-dessus), on pourrait songer à voir dans -do(js le même allongement singulier que prosente le second terme des composés indiens çatâ-çdi^rada, prthu-gâghanâ, dvi-gÀni, et qui, en grec, se reflète peut-être dans les composés comiïie sv-^vcùQ, cpil-'r\Qft(ioç, où l'allongement n'était pas commandé par une suc- cession de syllabes brèves. — L'allongement du lat. sëdare (v. p. 168) et du gr. rçcoTicico (v. ce mot au registre) n'a rien de commun, croyons-nous, avec les phénomènes slaves dont nous parlons.
166 Racines contenant un e médial.
labe contenant i ou y, supposait une épenthèse et ramenait nemja- à *naMJa-, *naimja-.
Il reste à considérer les racines qui ont un ë médial, type absolument parallèle à \â6, Xem, bepK. On a la proportion: Fprif : 0r| = XâG : ctS.
Pour ne point éparpiller cette famille de racines , nous cite- rons aussi les exemples comme livëm où l'ë est suivi d'une so- nante, quoique ce caractère constitue un cas particulier traité à la fin du paragraphe.
Le degré 2 apparaîtra naturellement sous la même forme que pour les racines finissant par ë: il aura ô dans le gréco-ita- lique ^, rt (germ. litli. o) dans les langues du nord. V. p. 140 seq.
Il sera intéressant d'observer le vocalisme du degré réduit, parce qu'il pourra apporter de nouvelles données dans la question de la composition de l'ë qui nous a occupés plus haut p. 141 seq.
Première série: le degré réduit présente a.
1. Rac. Jcëd. Au lat. cêdo on a souvent joint, et à bon droit, ce nous semble, les formes homériques xaxaôcSv, xsxaôi^ôsi. On a la proportion: xsxaôcûv : cêdo = satus : sëmen.
2. Rac. rëg «teindre». Gr. Qrjyos', les quatre synonymes çrjysvs, Qsysvg, Qoysvg, çaysvg, sont irréguliers: il faudrait «^ûj- yevç». Néanmoins Va contenu dans Qaysvg, ainsi que dans xQv- Goçaysg (Curt. Grdz. 185), est pour nous très-remarquable. Ici en effet ça ne saurait représenter la liquide sonante: q étant ini- tial, elle n'aurait pu domier que ccq. Donc, à moins que cette racine n'ait suivi l'analogie de quelque autre, l'a de Qay doit être assimilé à l'a de satus. Dans Qa^a toutefois la forme faible a e.
3. Rac. rëm. Gr. è'^rj^og, lith. romùs. Formes faibles: gr. ^QÉficc, lith. fimti, mais aussi gr. âça^év ^éveiv, 'r](jvxcc^£t,v (in- finitif dorique en -sv). — Cette ra<îine n'est pas identique avec rem d'où eça^iai (p. 22).
4. Rac. XiiY 0'^ est panhellène, Sehrader Stud. X 316). M. Curtius indique que XayàGGaf àcpaïvat pourrait domier la forme à voyelle brève. Verb. F 229.
1. M. Bnigman Stud. IX 386 dit quelques mots sur çrjyvvfti : è'QQcaya. Il considère l'o) de ^ççœycc comme une imitation postérieure du vocalisme df xt'xAoqpa.
Racines contenant un e mcdial. 167
5. RdC. Icd. Au gotli. Ida, luilol\ on joijit /a/.s et le lut. /a6'- sns. Le lithuanien a léidmi (= *lédmi).
0. Rac. hJirïy. Gr, Qi^yw^i, Q^^co etc. Degré 2: çœxfiog, ccTto-QQco^y SQQcoya^. Le i)arfait moyen è'Qçrjyficci et le partie, tç- Qï]ytCaç; des tables d'PIéraclée sont réguliers en ce sens qu'ils n'ont pas a, mais on attendrait -Qay- plutôt que -Qrjy-. C'est ce que présente l'aor. pass. eQQayrjv, où le groupe ça représente Q -\- a, non pas r. J^çay : fQtjy = 6a : se. En latin le degré réduit s'est proi^agé; fradus, frango pour *frag-no. Le goth. hrikan est un verbe de l'espèce ordinaire. Sur le rapport de -ru- dans hrulcans au -ra- gréco-italique v. p. 180. Le slave a hrègii <a-ive».
7. Rac. sek. Paléosl. sëAa «caedere», lith. syîcis «une fois, lui coup», lat. sïca pour *sêca. Degré 2: v. li*-all. suolia «herse». Degré réduit: lat. saxum = germ. sàlisa- «pointe, couteau etc.» (Fick IIP 314); mais aussi SQcare^.
Deuxième série: le degré réduit n'est pas connu.
1. Gr. àçriya^ àçriyâv. Degré 2: àçcoyôç, aQoyri.
2. Rac. dlir'én. Gr. ■O^pijvo-g, àv-&Qy']vri (== '*uv^o-^Qrivr]\ rsv-Q^Qrivri; d^çcâvui,' xr](prir>. AâxavBg (pour la formation cf. oq- Ttrji, de épTT, TtÔQTta^ de perJc^, xçcoiiah, de Kpiiiu, ôxcSlr}^ de CKâX, \2A,. procax à&prcc, podex de perd).
3. Rac. rëp, Lat. repo, lith. rcplôti. Troisième série: le degré réduit présente c.
1. Rac. ëd. Lith. édu, esti; si. ènïi oujami = *j-èmï (Leskien,
1. Nous ne saurions adopter la théorie qui ramène Vê des verbes go- thiques de cette classe à, a -\- nasale, théorie que défend en particulier M. J. Schraidt Voc. I 44 seq. M. J. Schmidt accorde lui-même que pour leta et grcta les arguments manquent et que dans blesa rien ne peut faire sup- poser une nasale. Eu outre l'auteur part du point de vue que l'a germa- nique est antérieur à l'ê. Dès qu'on cesse de considérer ë comme une modification de l'a, a -j- nasale ne doit faire attendre que â comme dans hâlian. L'ô du parfait, dans la même hypothèse, s'explique encore bien moins: cf. hailiâh. Enfin celui qui soutient que redan est pour *rmidan ne doit pas oublier que par là il s'engage à approuver toute la théorie des « longs sanskrits sortis de an, vu qu'à reda correspond ràdhati.
2. Dans ^coyaXéoç Yco est irrégulier, si l'on compare XBvyaXéoç, slôâ- li^og, 7t£V)i(ilifioç; mais Hésychius a vQStyaléov , v. Curtius Grdz. 551.
3. A la p. 84, le germ. saga est rangé parmi les formations qui ont Oj. Cela est admissible si on prend soin de déclarer saga hystérogène. Mais peut-être Va de ce mot répond- il à l'a de sa.ciim.
168 Racines contenant un é médial.
Handh. d. alth. Spr. § 26), 3" p. èstï on jastî; medv-edi. Lat. êsiirio, ësus(?). En grec, la longue de êd'^doxa, èôrjÔcos, xdrrjda' nara- ^s^QCO^sva, iôr]ôc6v' q)ayBdaLva, ne prouve pas grand chose; mais celle de co(i-ï]6T^g, et av-rjOtig paraît garantir Vt} radical. On trouve le degré 2 dans èôœô^-j mallieui'eusement cet a est équi- voque comme Vt] de èô'^ôoxa. Ce ne serait pas le cas pour Va de àôi'g, si, en se fondant sur léol. iôvvrj = oôvvrj, on voulait le rattacher à notre racine. Peut-être n'est-il point indifférent de trouver en gothique i(Z-eta (crèche). — Le degré réduit a engen- dré le gr. è'ô^evac, sôœ^ êad-Lco, le lat. edo, cdax, le goth. ita.
2. Rac. lirëm. Elle donne en grec xQrjfivég, xçri^vrj^i, et, au degré 2, xçâ^aè, (aussi xlco^cc^). Le goth. hramjan pour lequel on attendrait *hromjan s'est dirigé sur les racines à e bref. Le gr. xçé^a^ai donne la forme faible.
3. Rac. têm. Lat. tëmëtum, temulenkis. Miklosich (Lexicon palaeosl.) compare à ces mots le si. ^mïm«boue» dont le premier i représente donc un ë long. La forme faible se trouve dans tene- hrae et le si. tïma. La comparaison des mots sanskrits (p. 172) montre que le rac. tëm ou stem réunissait en elle les idées dlmmi- ditc, (V obscurité, de silence, à' immobilité. Au figuré elle rend aussi celle de tristesse.
4. Rac. dlicn. Lat. fënus; gr. ev-d-tjvîa à côté d'sv-d^evLa (skr. dhânà).
5. Rac. sêd. Lat. sëdes (ancien neutre en -as), sëdidus, sëdarc. Lith. s'édzu, sédéti. Je ne sais comment on explique le présent slave seda; l'infinitif fait s'esti. Au degré 2 scd donne sôstas «siège» et non «sastas». Semblablement on a en slave saditl «planter» et non «soditiyy. Le grec et le germanique ont toujours Ve bref. Il ne peut appartenir primitivement qu'à la forme faible. Goth. sitan, gr. s^o^ai, êôça, £Ôog (cf. sëdes). Sur l't de lôçva qui est important cf. p. 180.
6. Rac. stég. Lat. tëgula. Lith. stcyiu et stogas, non «sfagas». Il faut que atéya, tego, reyog etc., soient sortis secondairement, bien qu'à une époque très-reculée, de la forme faible. De même toga est nécessairement hystérogène.
7. Hnc. sivëdh. Gr.ijd^og, i^arf. si'a&cc^ En latin, peut-être
1. On a reconstruit «sl'J^o&cc-» en supposant une action progressive du digamma sur Vo (Brugman Stud. IV 170). Le seul bon exemple qu'on pût
liacines contenant un c njédiul. 169
S'uesco et i)r(jl)ablemont .sw/es- (])Our '^avcdcs) ([\\\n\ a nittaclié ù Tj-O-ftog (^^-O-itf-to). La ioriiK^ i"ail>le se trouve dans le gotli. s'ukis, le Vaï. sodalis (*svedalis), le gr. tvtd^coxcc è'd'ov, td^ttat (Hcs.) doivent être sortis de l'aoriste, et ed-og est fait sur td^a.
Le parlait grec ^it^i]l£ indique une racine mcl dont la forme faible a donné ^éka etc. Si le jHf^âAoraç de Pindare est authen- tique, la de cette forme se place à côté des cas comme 7j/3a à(ia dont nous avons parlé p. 144 i. n.
On constate parfois une variation de la qualité de Va telle qu'elle apparaissait dans le v. li*-all. stenij tiiom, en regard du gr. ÏOta^L, rî^ïjfit (p. 143). Gr. çwo^ra «danser» com])arab]e au norr. ras «danse etc.», gr. xi^Xada (et x.a'ilâi.co) en regard du gotli. (jreta (v. Fritzsche Sprachiv. Abh. 51). Ou pourra citer aussi le lat. rohur si, tout en adoptant le rapprochement de Kuhn avec skr. râdhas, on maintient celui de radliati avec gotli. reda, rairoj). Cette môme racine donne, au degré 2, le si. radu «soin», au de- gré faible le gr. ènC-QQod'Oi. En regard du gréco-it. plây le go- thique a flelM. Toutefois M. Bezzenberger prétend que le présent fleka n'est conservé nulle part et que rien n'empêche de rétablir flolia (A-Reihe, p. 56 i. n.).
La troisième série ainsi que plusieurs exemples de la pre- mière nous montrent l'e répandu dans la forme faible même dans d'autres idiomes que le grec. C'est là, comme on se le rapelle, un fait qui paraît ne jamais se présenter à la fin des racines (p. 142), et un fait qui, peu imp'ortant en apparence, jette en réalité
citer pour une modification de ce genre, c'étaient les participes comme xsQ'vïimxa. Cet exemple tombe, si Ton admet que Va est emprunté au no- minatif tsQ'vriaiç, ce qui est à présent l'opinion de M. Brugman lui-même (K. Z. XXIV 80). A ce i^ropos nous ne pouvons nous empêcher de mani- fester quelque scepticisma à l'égard des innombrables allongements tant régressifs que progressifs qu'on atti'ibue au digamma. Peut-être ne trou- verait-on pas un cas sur dix qui soutînt l'examen. Ici la voyelle est longue dès l'origine, par exemple dans y-lâïg, vriôç, T,og, è'yirja, &rjéo(iai, q)âsa etc.; là il s'agit de l'allongement des composés comme dans (ittrioçoç; ailleurs c'est une diphthongne qui se résout comme dans iqœg ijour *aiisôs, *auds, *amvôs, *rtwôs (cf. dor. è^a^âdia , nlrjcov venant de * i^ovâdiu, nliCwv). Et comment explique-t-on que les mots comme yXvv.vç^ sauf fvg ê'^og, ne fassent que yAvHf'os quand zomvg fait roy.^og? — Nous reconnais- sons bien que certaines formes, p. ex. r^siQs de fj'çco, ne comportent jusqu'à présent que l'explication par le digamma.
1 70 La dégradation a a dans l'arien.
quelque trouble daus la recoustructiou du vocalisme des ci. Il laisse j)laner un certain doute sur l'unité de composition des différents â longs européens, et nous sommes obligés d'entrer dans la terre inconnue des langues ariennes sans que l'européen où nous pui- sons nos lumières ait entièrement confirmé l'iiypotlièse dont nous avons besoin. N'étaient les racines comme sëd sed, tout â long sanskrit répondant à un « long européen serait une preuve directe du phonème a. Nous reviendrons sur ce point à la p. 175.
Langues ariennes.
I. Existence, à l'intérieur de certaines racines, de la dégra- dation à a constatée plus haut dans les langues d'Europe.
Pendant longtemps toutes les racines ariemies ou peu s'en faut paraissaient posséder l'échelle â a. Grâce aux travaux de M. Brugman la complète disparité de l'a de tUna {== gr. xôvog) avec \'a européen est désormais mise en évidence. Comment peut-on s'assurer que la des exemples relatifs à notre question est bien un â long et non pas a^ ? Dans certains cas, il faut le reconnaître, les critères font défaut purement et simplement. Qui décidera par exemple de la valeur de Va de çâli ou de rdJid? D'autre fois, et particulièrement dans les trois cas suivants, ou peut prouver que la longue est originaire.
1. L'a se trouve devant un groupe de deux consonnes comme dans çâsmi qui ferait «çasmi», si Va était «g-
2. L'a se trouve dans une formation où le témoignage des langues européennes joint à celui dune grande majorité d'à brefs ariens interdit d'admettre a^. Ex.: Jiàçate au présent de la P classe; râdlms, thème en -as (p. 126 et 129),
3. Il y a identité avec une forme européemie où apparaît l'a long. Ex. : skr. nàsâ == lat. niisus.
En jugeant d'après ces indices on se trouve du reste d'ac- cord avec les grammairiens hindous qui posent les racines cas, kâç, radh, et non ras, hiç, radh.
a) Le degré réduit présente ' a.
1. Nous no comptons pas les formes redoublées comme énka^îti de kâç, asi'sadhat dé sudh, hadbadhund de h'ddh. Les a brefs de cette espèce sont dûs à la recherche du rhythme plutôt qu'à autre chose.
La dt5gradation a a dans rarieii. 171
âmâ (= gr. à^6ç) : wnla.
âçii: açri; cf. gr. wxvg, ox()ts.
Icràmati «marcher»: hramati est ai)paremmeiit l'ancien aoriste. Du reste krâmcma etc. montre (|ue la forme faible s'est généralisée.
gàliate «se plonger»: gàhvarâ «profond».
nàsâ «nez» parallèlement à nàs, nàsta (id.).
pagas ne signifiant pas seulement lumirrc, mais aussi force, impétuosité (^. R.), il est probable que le mot est identique, mal- gré tout, avec le gr. *7iàyog dans sv-Ttrjyyîg: pugrà qu'on traduit par dru, compacte, offre la forme faible de la racine.
màdyati «s'enivrer»; màdati, comme plus haut Iràmati, s'an- nonce comme un ancien aoriste. L'a de mâdyati ne s'accorde guère avec le présent en -ya et paraît être emprunté à ime forme perdue * màdati.
vâçati «mugir»: vàrà «vache». Dans vcivaçre, vdvardnci Va bref est sans valeur, cf. la note de la p. 170.
svadate «goûter», svadman, svattâ pour *svatta: svàdatî re- présente l'ancien aoriste.
hradate «résonner»: hràdâ «lac» (cf. gr. za%lât,(o qui se dit du bruit des vagues).
/3) Le degré réduit présente i.
pld-ç-i nom d'un viscère :^?l-/<.-fm «foie». Pour h et gli alter- nant de la sorte à la fin d'une racine cf. malc et magh p. 04.
cas «gouverner». Le vocalisme de cette racine est presque intact. Nous allons confronter (;as avec dves comme plus haut Xk.%' avec tpavy: çâsti çismâs çiscit çaçasa ris f ci çïistâr a-çts dvesti dvïsmâs dvisâtl didvésa dvisfâ dvcsfâr pati-dvis Cependant l'analogie a déjà commencé son œuvre: le pluriel du parfait fait raçâsiis au lieu de *çaçisi(s et le passif râsyéde pour *çisycite. Bohtlingk-Roth citent le participe épique çasta, et on a dans le Rig-Véda des formes comme çUste, çâsmalie.
sâdh «réussir». Les formes sidhyati, siddhâ, sidhmâ, sidhrâ, nih-sidh, ont dû être primitivement à sâdhati, sâdhis/ha etc. ce que çis est à ras. Par analogie on créa sédhati, sisédha, ce qui amena une scission entre les deux moitiés de la racine.
172 La dégradation a a dans l'arien.
y) Le degré réduit présente à la fois a et l.
tàmyati «être affligé» (cf. màdyati p. 171), fâmrâ «de couleur sombre»: timirâ «obscur», ttmyati «être humide, silencieux, im- mobile». La forme stimyati fait supposer que la racine est en réalité stdm. On trouve l'a par exemple dans tàmisrâ.
vàsas «vêtement» : vaste «se vêtir» — non pas «t(sfe» comme on aurait si la racine était vas — , mais aussi a-vis-i-ita «revêtu» R, V. X 51, 1 ; vesa et vesfayati dans le sanskrit classique paraissent être nés comme sédhati de quelque phénomène d'analogie.
çâktâ «maître», çakman «force» aitai, siçri^évov védique : çàknéti «pouvoir», mais en même temps çikvâ, çiJcvan, çikvas «habile».
sâdana synonyme de sàdana «demeure»^, saddd-yoni (véd.) : sldâti (aussi stdati) «s'asseoir» n'est pas pour «sisdati» comme nous le disions par erreur à la p. 11, et cela 1° parce qu'il faudrait dans ce cas «sïdati», 2" par la raison péremptoir^ que le zend a liiÔaiti et non «lûzhdaith. Les autres formes, fortes et faibles, n'ont ni sâd ni sld, mais sàd.
II. La répartition des racines qui ont La dégradation a a est- elle la même dans les langues ariennes qu'en Europe 2
Comme tout a et tout o européen suppose, d'après ce que nous avons vu, un .1 et un ô, la quantité de ces phonèmes est in- différente pour la recherche qui suit.
Parmi les exemples ariens nous ne croyons pas devoir omettre les racines telles que Up qui ont supprimé la dégradation en généralisant la forme forte.
1. L'européen présente â (au degré réduit, a).
Skr. «p, (Ipnéti, aptà : lat. apiscor, aptiis. — Skr. âmd à côté de amia: gr. cofiôg, lat. amarus. — Skr. âçti à côté de ârrl : gr. axvg, oxQLç. — Skr. Icâsate «tousser»: lith. Jwsti, v. h*-all. huosto.
— Skr. (jaltate (cf. p. 171): gr. ^ijaaa. — Skr. jV///«8: gr. sv-ntjy^g, p. 171. — Skr. nasd à côté de nàs : lat. nasus, lith. ndsis, si. nosù.
— Skr. màdyati : lat. madeo, gr. (laôcca. — Zend yâçti : gr. ^coO, too (]>. ir)4), s\. jffs, liili. jns. — Skr. vâçati : lat. vacca. — Skr.
1. Il va sans dire que sadana dans le sens d'action de poser {sadayati) ne peut pas être cité.
L'a long arien comparé à la loiig européen. 17lj
çasti : lut. canins, castigarc\ Casmenae; gr. xoV^oç;; ;j;otli. Iiazjuv. — Skr. svâdate : gr. 6fâô. — Skr, hasaie «jouter h la course» (B. R.) : gr. xgjo^ccl (?).
2. L'européen présente ë.
Skr. kramatl : gr. Kprm (j). KJ.S). — 8kr. tàmyati, tnit/râ : europ. tcm (p. 1()8). — Skr. dàsati «poursuivre» : gr. ô^œ. — Skr. rddhati «faire réussir», rndhas «richesse» :gotli. rcdan «délibérer», peut-être aussi lat. robur (cf. p. 1G9). — Skr. ruy ràyati «briller»: grec pHT «teindre» (p. IGG). — Zend rdm dans ràmbiôivem «vous reposeriez» europ. rem (p. 106). — Skr. vàsas (p. 172) : l'absence assez singulière du degré /o(? dans les formes grecques fait soup- çoimer que la racine est fric. - — Skr. sàdana etc. (p. I72j : europ. sëd (p. 1G8). — Skr. hrâdate : europ. ghrëd, ghrad (p. 1G9).
A cette liste il faut ajouter skr. hcdul = gr. Ttàxvg, skr. sdmî = europ. sëmij skr. ràg == lat. réx, gotli. reiks, irland. rL Isolés et dépourvus de formes faibles, ces mots sont difficiles à classer.
La valeur des coïncidences énumérées est rehaussée par ce fait que la dégradation indienne « a, ou plus généralement Va long, ne se présente jamais, que nous sachions, quand l'européen offre un type comme f}ei^.
La réciproque, comme on va le voir, serait moins vraie. Nous rappelons que toute racine européenne montrant quelque part .i doit être considérée comme possédant la dégradation ù a.
àgati cf. gr. aya^ àyio^ai; gàdati cf. gr. (iât,œ^ irland. gnidin ro-gàd] hhàgati cf. gr. (paynv; yàgati cf. gr. «^o/iai; ràdati cf. lat. rafZr;; lahhati cf. gr. Xdcp Xa^stv; vàtati cf. lat. vCdes; sthagati cf.
1. Frohde K. Z. XXIII 310. Ajoutons jî)/o-cercs pour *pro-cases == skr. pra-çûas «les ordres», de même qu'en Crète xôffftoi signifie les magistrats.
2. Le rapprochement du goth. nipan avec le skr. nrdhitd «inops> n'est rien moins que satisfaisant. Quant à bhrdgati en regard du gr. cpltyco, le lat. flagrare ^ vertit par son a que la racine est bhïëg et que Va de cplîya est de même nature que dans ?Jofiat de sëd. Pour le lat. decus en regard du skr. dâçati, Vo des mots grecs ôôy^cc, dédoHTai (cf. p. 131) nous rend le même service. La racine est dcok: déSo-nzai est à *dëcus (converti en de- cus) ce que èm-çço&og est au goth. reda (p. 169). — On trouve dans le Rig-Véda un mot hhdrman de la racine qui est en Europe bhcr. L'allonge- ment aura été provoqué par le groupe consonan tique qui suit comme il faut l'admettre, je pense, pour hardi «cœur», pdrsrii cî.méçva, mumsd = goth. )nimza-.
174 L'a long arien comparé à Va long européen.
europ. stëg (p. 168). Rien, ni dans la formation des temps ni dans celle des mots, ne trahit une différence quelconque entre ces verbes et les exemples comme pâfati = lat. j)e^o.
Ce fait, s"il n'est pas précisément des plus favorables à l'hypothèse du phonème a , est cependant bien loin de la menacer sérieusement. Reprenons le présent svadatc cité précédemment. Ce présent est accompagné d'une seconde forme, svâdati. Si Ion compare le grec uôo^cct, aoriste s-vàÔo-v, on conviendra qu'il y a neuf probabilités sur dix pour que svâdati représente sinon l'ancien aoriste, du moins un présent originairement oxyton sivadâ-ti. L'accent, en sanskrit, a été attiré sur la racine par l'a qui s'y trouvait, phénomène que nous constaterons encore plus d'une fois. Aucun présent indien en a n'a le ton sur le suffixe quand il y a mi a dans la racine. V. Delbriick Altind. Vcrh. 138 et 145 seq. S'appuyer ici sur l'accentuation serait donc récuser d'avance tous les autres arguments et supprimer la discussion. ^
Qu'on se figure le présent svâdate tombé eu désuétude, si'â- dati survivant seul, et l'on aura à peu près l'état de choses qu'offrent actuellement dgati, gddati etc. Les formes comme svâdman n'auraient pas tardé en effet à suivre le présent dans sa ruine.
Cette explication est la même que celle que nous avons tentée (p. 160 seq.) pour les présents comme goth. saka, gr. ^dxofxai. Seulement l'arien n'étant plus comme les langues européennes retenu et guidé par la différence des sons e et a pousse plus loin qu'elles l'assimilation de nos verbes à ceux du type 2^cfit- Au parfait par exemple la 1'' pers. hcd)hàga (à côté de hahhâga) et la 2" hahhâktlia (à côté de hhegitha) ne sauraient se ramener à hlug. Ces formes ont subi le métaplasme. La 3® pers. hahlmga peut passer pour originaire et se comparer directement au grec tè&aye, au goth. sole.
Les co'incidences que nous avons vues entre les û longs ariens et européens permettent-elles de tirer quelque conséquence touchant les a proethniques? Si les malencontreuses racines européennes comme sëd scd ne venaient à la traverse, nous
1. Les présents où nous restituons a ne sont pas les seuls où l'accent doit avoir subi ce déplacement: d(i(;ati de la rac. daviç est forcément pour *daçàti, *dnçuti (cf. dav.Btv).
L'« long arien. — L't de pilar. 17f)
aurions dans les cas comme svàdatc = âdo^ui (^ouijjaré.s à pàlali = pcto^\di jireuve pure et simple que la déf^radation indo- européenne â a est liée au phonème a, et que ce phonème a de tout temps différé de a^. Dans l'état réel dos choses, nous devons renoncer à cet argument.
Cependant c'est ici h; lieu de faire remarcpjer que la coïnci- dence a lieu eji grand pour toute la classe des racines finissant par à. La nécessite de Ta long aux formes non a/failAies de ces racines (dont nous avons parlé p. 136 seq.) est la même pour V arien que pour ï européen. 11 n'y a point de racine en à. Ce fait, si on le compare à tout ce que nous savons de l'organisme des racines, démontre que l'a indo-européen est une combinaison de a^ avec un second phonème. 11 ne contient cependant pas la preuve que ce second ])honènie fût telle et telle vo3^elle (.i, i>).
m. Le vocalisme des formes faibles, dans les exemples de la dé- gradation a rt, et les données qu'il fonrnit snr les a indo-européens.
M. Brugman a consacré quelques lignes auxquelles nous faisions allusion à la p. 5, à la question des a proethniques autres que «j et a.^. Il cite comme exemple d'un de ces a la voyelle radi- cale de pitéir — TtatYjç — pater et de sthitâ — Grarôg — status. Car autrement, dit-il, ces formes comparées h. padéis — *nad6g — pcdis seraient absolument incompréhensibles. 11 va sans dire, d'après tout ce qui précède, que nous nous joignons sans réserves, pour le fond de la question, à cette opinion du savant linguiste. Seulement nous ne comprenons pas bien le rôle que joue dans son raisonnement l'i indien de pitéir, sthitâ. 11 n'a pu entrer dans la pensée de l'auteur de dire que parce que 1'/ indien de jj//âr, sfhiféi, diffère de l'a indien de padéis ces })honèmes ont dû différer de tout temps. Ce qui est sous-entendu, c'est donc que 1'/ en question répond toujours à un a européen. On aurait attendu alors une explication, si courte et de quelque nature qu'elle fût, relativement aux cas comme %-bx6ç — liitâ ^
La véritable signification de Vi arien dont il s'agit ne se ré- vèle, croyons-nous, que dans les formes énumérées plus haut (p. 171 sq.) où ri se trouve à l'intérieur de la racine. On peut joindre
1. M. Brugman la donne peut-être indirectement en émettant la pré- somption que les phonèmes «i et a.^ ne terminent jamais la racine.
176 Signification de Vi arien pour a.
aux exemples douiiés rtlrite «tomber par gouttes», dont la forme forte est dans le grec kïjxlc), et l-lndàti «presser», Icliiilrà, Ihidvas, qui, ainsi que l'a reconnu Grassmann, sont parents du gr. xéôœ. Jj'e de TilmJâ «marteau» et de riJchéda n'est jjoint originaire, puis- qu'on a en même temps cakhada, parfait védique donné par Pânini.
Tous ces exemples de \% ont ceci de commun et de caracté- ristique qu'ils correspondent à un a long des formes fortes. Les racines sans dégradation, comme tap fâpati oiipac pa/ati, placées dans les mêmes conditions d'accent, ne convertiront jamais leur a en i^. Si elles ne peuvent l'expulser, elles le garderont toujours tel quel: taptâ,pàkU etc.
Si l'on considère de plus que tout î placé à la fin d'une racine est accompagné d'un a dans la forme forte, qu'il en est de même, en dehors de la racine, dans les formes de la 9^ classe verbale comme prrCimâs en regard de prniti, on arrivera à cette notion, que l'I arien pour a suppose un â long dans les formes
NON AFFAIBLIES AUSSI NECESSAIREMENT QUE LE VERITABLE î
suppose ai ou que r suppose ar.
Or la réduction de l'a long, pour désigner ainsi le phéno- mène en faisant abstraction de toute reconstruction théorique, ce fait qui est la condition même de l'I arien, ce fait appartient à l'histoire de la langue mère, non à l'histoire de la période indo- iranienne ; la comparaison des langues d'Occident l'a suffisamment établi. Il est clair par conséquent que le germe de l'I est indo- européen. Le vocalisme arien accuse une différence de qualité entre les a proethniques sortis de â, ou du moins certains dUentre eux, et les a proetJiniqiies non sortis de â.
Cette définition a sorti d'un à lony convient admirablement aux phonèmes a ei o des langues européennes. L'I arien serait-il donc purement et simplement le représentant de ces phonèmes? Nullement. Cette thèse serait insoutenable. Dans la majorité des cas a et p sont rendus par a, comme nous l'avons vu au cha- pitre IV et tout à l'heure encore où il était question des formes
1. Ni les aoristes comme ûgigat ni les désidératifs tels que pits de pat ne sauraient infirmer cette règle. La valeur de ïi des aoristes est mille puisqu'il ai)paraît même à la place d'un « {auhyigat), et les dési- dératifs doivent peut-étrt; le leur à un ancien redoublement.
a indien = i de pitâr accentué. 177
hliâgati, ràilati etc. ojjposées à (payttv, radu etc. Entre les cas même où le sanskrit conserve la dégradation, il en est bon nom- bre, nous l'avons constaté, dont la voyelle est a aux formes fai- bles, p. ex. svàdate, svîidati. Ce n'est pas qu'on ne d(ùve présumer que le même phonème d'où, avec le concours de certaijis facteurs, résulte un ï n'ait pu prendre, sous d'autres influences, une route divergente. Nous ne doutons même pas que dans les formes où ce phonème a été placé dès l'origine sous la tonique il n'ait pro- duit a au lieu de I. Voici les exemples qui paraissent le prouver. A côté des cas obliques comme iiiçds «noctis» il existe une forme védique nâk (= *ndJcs, cf. drakhjdti de darç etc.) qui, ainsi que le fait remarquer M. Brugman (Stud. IX ;}ÎJ5), est le propre nomi- natif de nirds. Le phonème destiné à devenir i dans la syllabe non accentuée a donné a sous l'accent ^ — Tout porte à croire que la seconde partie de catdsras est identique avec tisrds, zd. tisaro^. Le prototype de \'i de tisrds s'est donc épanoui en a sous l'accent. — Peut-être enfin que l'a de madkn-pâ (le type soma-pà est le plus commun, il est vrai, dans la langue védique) n'est dû ni à l'analogie de la déclinaison thématique ni à un suffixe -a, mais qu'il est tout simplement l'équivalent accentué de \'l de pl-td. La formation non védique gala-pl, faisant à l'instrumental (jala-j^j-â, est en tous cas hystérogène.
L'influence de l'accent qu'on remarque dans les cas précités ne doit cependant point faire espérer de résoudre le problème en disant que V(i radical de svddati résulte de l'imiovation qui a amené la tonique sur la racine (p. 174) et qu'autrement on aurait «sviddti»^ comme on a hkiddti, çièdt. On ne comprend en effet ce
1. M. Brugman cite ndk nirûs pour corroborer son opinion relative à la déclinaison de rc , pré etc. où il pense qu'il y a eu autrefois des formes fortes. Mais tant qu'on n'en aura pas l'indice positif nous nous autorise- rons au contraire des nominatifs ik , prie etc. pour dire que ndk est forme faible à l'égal de ni{--ds. La forme non affaiblie de ce thème ne pourrait être que naç-.
2. Les nominatifs anciens étaient *tùdras (zd. tisord) et *catdsaras (forme que Grassmanu croit pouvoir rétablir dans un passage du Rig- Véda), mais cela ne change rien à l'accentnation. — Pour l'identité de la fin de * catdsuras avec tisdras on peut remarquer que le premier élément de *catd«aras se retrouve à son tour dans la 2" moitié à<i pdnca.
3. Cette forme est doublement fictive, car le son qui a donné t se
12
178 L'ï arien provient d'une ancienne altération de A.
retrait de l'accent qu'en admettant que la racine possédait déjà un a bien caractérisé. Mais voulût-on même recourir à une liypo- thèse de ce genre, il resterait à rendre compte dune infinité de formes accentuées sur le suffixe. En expliquant hliâgati, mâdati, âgati, on n'aurait point encore expliqué hhaktâ, madirâ, a{)â,'m d'autres formes plus isolées montrant également a dans les langues d'Europe, comme pagrâ, hhadrâ (cf. goth. hatists, botjan etc.), çaphâ (cf. norr. hofr), maghà (v. p. 64), raçadmahe == ns- xÛG^s&a etc.
On est donc amené à conclure à la diversité sinon tout à fait originaire du moins proethnique du phonème a et de la voyelle qui a donné l'I indo-iranien. Nous croyons que cette voyelle était une espèce d'e muet, provenant de l'altération des pJionèmes a et g. L'altération, à en juger par le sanskrit (p. 150), avait été générale à la fin des racines, partielle dans les racines finissant par une consonne. Ceci peut tenir à la manière dont les syllabes étaient séparées dans la prononciation.
Que cette voyelle indéterminée soit une dégénérescence des voyelles ^ et o — nous ajoutons par hypothèse: seidement de ces voyelles — et non p^, comme on pourrait croire, un phonème distinct de tout autre dès l'origine, c'est ce qui ressort des consi- dérations suivantes.
1° S'il y a une raison quelconque d'admettre à l'intérieur des racines un phonème a jjarallèle à i, k, *•, etc., il serait invraisem- blable et absolument arbitraire de prétendre cjue le même pho- nème n'ait jamais pu terminer la racine. Or le sanskrit montre que la voyelle dégradée existait dans toutes les formes faibles des racines en a. Il devient donc évident que dans certains cas, si ce n'est dans tous, elle est la transformation secondaire d'un a (ou d'un g).
2° Dire que la voyelle faible proethnique d'où dérive Vi de sthitd, çis/à, n'a point été d'abord une voyelle pleine serait re- noncer à expliquer l'a de sthàman, ràsti, dont elle forme la seconde partie.
Cette voyelle, disons-nous, devait être très-faible. On aurait peine à comprendre autrement comment dans plusieurs
fond avec les sonantes qni précèdent en une voyelle longue (v. chap. VI). Nous devrions donc écrii-e, pour être exact, «sûddti».
Diff. produits de la voyelle indéterminée. 1 7î*
lan<fne.s diftéreiites oll(! tend à être .su])|)riiné(.'. On a on sanskrit les formes eomme du-d-màs, da-dh-mâs, u-lta, vâsu-tli, am-lta (àa dd partager). Le paléosl. damû, da-s-te etc. s'explique de même (pour le redoublement v. § 13 fin). Le pluriel et le duel du pré- térit gothique faible -dc-d-um etc., où la rac. dhe est fléchie, croyons-nous, à l'imparfait, rendent le même témoignage. En latin pestis est suivant Corssen pour '*per-d-tis. Nous rappelons aussi l'ombr. tedtu. Tout indique encore que Vi de sfhitd, p'dàr, est identique avec Vi de duhitâr et d'autres formes du même genre (cf. le chap. VI). Or en slave et en germanique dûsti, dauhtar, montrent que la voyelle en question a disparu, absolument comme dans da-s-te, de-d-um. — Enfin la prononciation indéterminée de cette voyelle se manifeste encore par le fait qu'elle s'absorbe dans les sonantes qui la précèdent. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette particularité. Le participe de çrd par exemple, donne, au lieu de «çritd» (cf. sthitd de stha), çïrtà = *çrtd.
Nous désignerons la voyelle indéterminée par un '^ placé au- dessus de la ligne.
En Europe cette voyelle incolore, quand elle n'a pas dis- paru, s'est confondue le plus souvent avec les phonèmes a et o dont elle était sortie. Nous sommes obligé de prendre plusieurs de nos exemples dans les cas mentionnés ci-dessus où une voyelle apparaît à la suite de la racine comme dans didàtàr. La valeur de cette voyelle ne diffère point de celle qui est dans sthitd.
La continuation latine est en général: a dans la première syllabe des mots, e ou i dans la seconde. Exemples: c^stus {== skr. </isfd),i3duter, status, satus, catus, dattis^; — genitor, (jenetrix, jani- trices, umhilicus. Le mot lien = skr. plthdn offre i dans la 1*^ syl- labe. En revanche anàt- «canard» montre a dans la seconde.
Eu germanique on trouve a (parfois -u) dans la V syllabe, et suppression de la voyelle dans la 2" syllabe. Exemples: fadar, dmditar. Le v. h*-all. annd «canard» retient la voyelle dans la 2° syllabe et lui donne la couleur u.
1. Il nous semble, d'après tout ce qui précède, qu'il faut expliquer (latus, catus en regard de dos, cas (comme satus en regard de sëmoi) au moyen de la voyelle indéterminée. Le mot liâtes comporte la même suppo- sition, si l'on juge l'o de vôacpi de la même manière que l'o de dorôg (v. plus bas).
12*
180 Diff. produits de la voyelle indéterminée.
Le letto-slave ofifre un e dans le paléosl. slezena = skr. pWiân, et le même e se retrouve dans la désinence du génitif: matere, gr. firjtQog. Voy. ci-dessous ce qui est relatif à pâtyns. Dans la seconde syllabe nous trouvons la voyelle supprimée: si. dusti, litli. diikû; si. aty, litli. anus, cf. lat. anat-; lith. arldas «charrue» comparé à (Îqotqov, hklas «rame»; cf. skr. arltra.
En grec les formes comme èça-Tuév, xéça-^og, ccqo-xqov, ccQt-&^6g indiquent que la voyelle muette peut prendre quatre couleurs différentes, sans qu'on voie du reste ce qui détermine Tiine d'elles plutôt que l'autre.
Il devient donc possible d'identifier Vs de itog avec Va du lat. sains. Dans fro'g de r\, doro'g de bin et atarôg de CTd nous ad- mettrions que le souvenir des formes fortes imposa dans chaque cas la direction que devait prendre la voyelle indéterminée. Ainsi Va et l'o de la fin des racines ne seraient point comme ailleurs les représentants directs de a et p. Ils seraient issus du son "^j affaiblissement proethnique de ces phonèmes. Libre de toute in- fluence la voyelle ^ semble avoir incliné vers l'a. C'est ce qu'in- diquent naxriQ^ d^vyccrrjQ, o^xpaXog = nabhïlâ, GTikâyiv-o-x' cf. plViàn, xLQva^êv en regard de p)pfimàs, puis quelques formes isolées comme jiQÔ^atov, ;rpo/3a(jtg, ^aGtXsvg parallèlement à /3o'(îxœ, ^otr'iQ de ^uu. Ui se trouve dans tiî-vgj, tcitcl-Oxcû.
Plusieurs exemples, à l'intérieur des racines, rappellent les doublets de formes faibles indiennes comme çik et-çak de çâh, vis et vas de vas. En grec on a de xajt (xacpôg) xânav et xômco. L'a de xâTCoav paraît représenter la voyelle faible; l'o de xônrco est o. En gothique on a de slcdi (parf. sloli) le partie, slauhans et le pré- sent slaha.
On peut citer encore" comme exem})les de la voyelle faible médiale grec arçayav de rçay, goth. hruhans où le groupe ru répond au ra de fractus et de Qaytjvat (rac. bhreg). V. p. 1C7. Vl représente la même voyelle dans fÔçya (cf. skr. sïd), dans xtxvg «force» que M. Fick ra])proche du skr. çak, çik.
Dans deux exemples seulement Vi indien semble être rendu directement par l'o grec: ôoxfiog qui correspond à gihmâ et xo'()|[tog en regard du skr. çis. Est-il permis de comparer kitavâ «joueur» et xoTTa/3ogV Cf. ion. orrafiog. II serait possible aussi que la voyelle de vi>xr-, noct- répondît exactement à celle de niç-.
Anomalies, — Racines du type av. 181
Dans quelques cas le sanskrit offre un m à la place de 1'/; (judii «intestin», cf. yôôa' ëvrcça. MaxsÔ6v£g', udàra «ventre», cf. oÔeqois' yccGxï'iQ; sK-tiika «rapide» de talc (cf. Ta;i;vi,'); vdni-na^ci. ovça-vog. Le cas le plus important est celui de la désinence du génitif. Nous croyons que 2)ât'yviS est identique avec noôLOg-, voy. page 196.
Avant de finir, nous ne voulons pas omettre de mentionner différentes formes indo-européennes qui sont en désaccord avec la théorie proposée. Peut-être sont-ce des fruits de l'analogie proetlmique. Indo-eur. Sîvâdii en regard de prthtl etc. (p. 15, 23). Indo-eur. âstai (skr. dsfe, gr. rjCtai) au lieu de AStm. Indo-eur. Al\nian «rocher» à la place de TiJcman, Aijas «ses» et non Âyas (p. 150). Il est fort singulier aussi de trouver de la rac. scld skr. sadas = gr. ê'ôog, de la rac. tant skr. tàmas = lat. *temvs dans temcre, de la rac. d(îJi\ lat. decus = skr. *dâras dans dnrasyâti, toutes formations qu'il nous est impossible de regarder comme légitimes. Voici un cas bien frappant : en regard du v. li'-all. noha on a, très-régulièrement, en sanskrit apas «acte religieux», en zend hv-âpmh (Fick P 16), mais en même temps skr. âpas, lat. opus, inexplicables l'un et l'autre.
Pour que le phonème a remplit un rôle morphologique par- faitement identique avec celui de / ou «, il faudrait, en vertu du même principe qui ne permet point de racines finissant par in, ir etc. (p. 125), qu'aucune racine ne montrât a suivi d'une sonante. Mais ici semble cesser le parallélisme de a avec les autres coeffi- cients sonantiques, parallélisme qui du reste, considéré au point de vue physiologique, est assez énigmatique.
Voici quelques-unes des racines où nous devons admettre, provisoirement du moins, le groupe a -f- sonante. Rac. av (soit «i^r) «labourer», ar àçaçLOxc)^ Âl «nourrir» (goth. ala ol), 7m «souffler» (goth. ana on), Jm «gagner» {àno-kavco^ A '/''?, si. lovu). Le grec offre entre autres: 0âX ■O-aA/lcj, tt&û?M, d^aXta; — Hâv ^àiva, ènC-i,)]vov; — Ttàp nàvçog, nàçog, ntjçog et avec Â^ {takat-)7iaQog ^ cf. p. 60; — câp aàÎQco^ aéaâça, GsGàçvîa. et Ga- Qog-, — CKCtX axccXkco^ (îxûîA/;|; — TÔtu yàÇpya, yàvQog, y£yr}{i()d-a; — bcti) ôa(/)ta, ôéôrj(J^)a, ôeôàvtcc (dans Nounus d'après Veitch);
182 . Racines du type Ar et fausses racines du type sAiy.
— KttU xa(f)ÎG}, £Xîjf/)a^; — kXôu xkcctg et avec 2^ alcoftog (Grdz. 572); — qpâu (rac. secondaire) %i(pàvay.co, cpa(/)sa; — xpâu jjpavcj, ^a-xQrj^ç. A la p. 57 sont réunis plusieurs exemples gréco-ita- liques de ce genre. Une partie de ces racines sont indubitable- ment liystérogènes. Ainsi ^aUvo^at vient vraisemblablement de laev comme xatvco de Kev (p. 103); plus tard Va donna lieu à une méprise, et l'on forma ^é^rjva^ ^rjvig, ^âvng. L'o du lat. doleo indique également que Vcc de ôâlX^f xaKovQyst n'est point origi- naire (cf. p. 107j, et cependant l'on a ôâléo^at.
A cette famille de racines se joignent les exemples comme lirëm, mel (p. 166 seq.).
C'est une conséquence directe de la théorie et une consé- quence pleinement confirmée par l'observation que l'a (^i) des diphthongues aI et au ne puisse être expulsé. On pourrait ob- jecter le lat. miser à côté de maerco, mais maereo est apparem- ment pour moereo de même que pacnltet (Corssen I'"^ 327) est pour 2ioenitet.
Les racines qu'on abstrait de formes comme le lat. sarpo ou taedet sont incompatibles avec notre théorie. La voyelle des racines étant toujours e, jamais a, il faudrait poser pour racines searp teaid, soit sârp) tdid. Or on ne trouve pas d'à long dans les groupes radicaux de cette esj)èce.
Mais quelles garanties a-t-on de l'ancienneté de ces radicaux? Les racines telles que derk ou weid peuvent le plus souvent se suivre facilement jusque dans la période indo-européenne. Dès qu'il s'agit des types sarp et taid, c'est à peine si l'on recueille ime ou deux coïncidences entre le grec et le latin, entre le slave et le germanique. Des 22 verbes gothiques qui suivent Yablaut falpa faifal^, ou liciita hailiait, et dont la partie radicale finit par une consonne, 6 se retrouvent dans une des langues congénères, mais sur ce nombre salta = lat. sallo est notoirement hystéro- gène; fdJia si on le compare à pango ne doit sa nasale qu'au suffixe; hdha de même; il est comparé à la p. 59 avec le lat. cancelli et le skr. Icancatc, mais y.âKaXov et le skr. hiéawi «attache» ne connaissent
1. Déjà à la p. 169 nous avons eu roccasion de contester que Tîj de ?Krja vînt du digarama: ^->ir/J--a est à keau ce que ^-aaev-a est à seu. La flexion idéale serait i-'HrjK, *txauftev, *fiicivTO, cf. t'aatva, *taovfitv, taavto (p. 21, 146).
Il
Fausses racines du type sArj). 133
point de nasale; aiiha enfin rentre dans un cas particulier dont il sera question ci-dessous. En réalité il n existe donc que deux cas, valda = si. vlada, sJmida = lat. caedo. On remarque bien que la coïncidence, dans ces deux cas, ne dépasse pas les idiomes les plus rapprochés ^ Ces fausses racines pouvaient prendre naissance de manières très-diverses: 1" Par l'addition de déterminatifs à la forme faible des racines comme al et f/au. Ainsi le goth. al^a est une continuation de a la, le lat. gaudeo est du consentement de tous une greffe tardive de gau. 2" Par infection nasale venant du suffixe du présent. ))" Par propagation de la forme faible dans les racines contenant r, l, n, m. Ainsi naît le grec Q^aQO (p. 129), ainsi le gréco-it. pJiarJi {farcio — cççaGGca, cf. frcqnens), car même en latin ar est dans plusieurs cas un affaiblissement, v. le cliap. VI. 4° Par la combinaison des procès 1 et lî; ex.: spar-g-o de sper (oTtSLçco). 5° Par la projiagation de formes contenant «g- S'il est vrai par exemple que le goth. Manda soit parent de hlinda- «aveugle», il faut qu'une confusion ait été occasionnée, à l'époque où la réduplication subsistait partout, par le parf. bebland du présent perdu '^'blinda. Cette form.e s'associant à fefaljj-eic, était capable de jsroduire hlanda.
Les. -remarques qui précèdent ne s'appliquent pas aux racines où l'a est initial comme aidh, aug, angh, arg, dont on ne saurait contester la haute antiquité. Mais ces racines n'en sont pas moins dues à des modifications secondaires. Comme nous essayons de l'établir au chap. VI, elles sont issues de racines contenant Ve. Par exemple le thème ans-os «aurore» et toute la racine aus pro- cèdent de la racine ivcs, angh procède de negh etc.
1. Nous ne trouvons que 3 exemples qui puissent à la rigueur préten- dre à un âge plus respectable: 1'' Lat. laedo, cf. skr. srédhati. Comme toutes les formes parentes montrent e (v. p. 75), ce rapprochement ne peut être maintenu qu'à condition d'admettre une perturbation du vocalisme dans la forme latine. 2° Gr. eavauQÔç, cf. skr. çûsyati. Nous n'attaquons pas ce parallèle; nous ne nous chargeons pas non plus d'expliquer l'a du grec, mais il faut tenir compte de Ve du v. h*-all. siiirra «gale>>, v. Fick IIP .^27. L'a du lith. sàusas (cf. p. 69) peut se ramener à volonté à e, a._j ou A. 3° Lat. candeo, gr. yiâvôccçoçy cf. skr. cdndrd. Ce dernier cas est un peu plus redoutable que les deux premiers. Cependant le groupe «« peut, ici encore, provenir d'un affaiblissement tel que ceux dont nous parlerons au chap. VI.
184 Types principaux des racines indo-européennes.
Ou ne trouve pas de racittes terminées vocaliquement et dont le vocalisme consisterait nniquemeyit dans a^, comme serait «sto^» ou «jja^». A la rigueur les présents sanskrits comme ti-s/ha-ti, pi- ha-ti, pourraient passer pour contenir de telles racines. Il faudrait attribuer à ces formes une antiquité énorme, car ce serait y voir la base, insaisissable partout ailleurs, de racines comme sta^-A, pa^-Q (gr. Gtâ, Tia-^ skr. stJm-târ, pd-târ). Mais il est bien plus admissible de dire tout simplement que ces formes sont dues à l'analogie des verbes thématiques, et que ï-6xû-xl est plus vieux que ti-stlia-ti.
Appelons Z tout phonème autre que a^ et a.,. On pourra poser cette loi^: chaque racine contient le groupe a^ -\- Z.
Seconde loi: sauf des cas isolés, si «^ est suivi de deux élé- ments, le premier est toujours une sonante, le second toujours une consonne.
Exception. Les sonantes .i et o peuvent être suivies d'une seconde sonante.
Pour donner des formules aux différents types de racines que permettent ces deux lois, appelons S les sonantes i, u, n, m, r (1), A, o, et désignons par C les consonnes par opposition à sonantes. Comme ce qui vient après a^ forme la partie la plus caractéristi- que de la racine, il est permis de négliger les différentes com- binaisons auxquelles les phonèmes qui précèdent a^ donneraient lieu. Ainsi a^i, JcaJ, sJcaJ, rentreront pour nous dans le même type, et il suffira d'indiquer par x Z placé entre crochets qu'il peut y avoir différents éléments avant a y Ces formules ne compremient que le premier grand embranchement de racines, mais conservent leur raison d'être dans le second, dont nous parlerons au § 14.
1" type: [x Z-\-]a,-j- Z.
2^ type: [x Z +J r/, + 8 + C.
Type résultant de l'exception à la seconde loi:
[X Z +] a, + A (o) + S.
1. Il faut avertir le lecteur que nous restituons a^ par hypothèse à certaines racines telles que pii f pourrir/) qui ne le montrent plus nulle part et que nous considérons de plus près au chap. VI.
Foriue dus suffixes, etc. 185
§ 12. Aperçu synoptique des variations dn vocalisme amenées par la flexion.
HEMAIIVUES rUÉMMINAIKHS.
1. Forme des suffixes.
Nous ne considérons que les suffixes primaires.
La loi fondamentale des racines était de renfermer le groupe «j -f" 2. Une loi analogue, mais plus large, régit les syllabes suffixales: tout suffixe contient a^
Exception. Le suffixe du participe présent actif -nt ne possède pas a^. Les formes dont l'analyse est douteuse cachent peut-être d'autres exceptions, dont on ne peut tenir compte.
Les suffixes se divisent en deux grandes classes, selon que «^ est suivi ou non d'un phonème. _
Dans le premier cas la formule coïncide avec celles des syl- labes radicales. Les principaux suffixes de cette classe sont -a{n, -ma^n, -iva^n, -a^m, -a^r, -ta^r, -a^s, -ya^s, -wa^s, -a^i, -ta^i, -na^i, -aj«, -ta^n, -na^n, -ya^A etc. Un thème tel que sa^r-ma^n ou mayA- ta^r est une combinaison de deux cellules parfaitement sembables l'une à l'autre. — Toutefois le parallélisme de ces suffixes avec les racines n'est pas absolu. Il est restreint par une loi qui exclut des suffixes presque tout autre i^honème que t, s, et les sonantes.
La deuxième classe de suffixes est celle qui finit par a^ (le- quel alterne comme ailleurs avec a.^. Ce sont entre autres les suffixes -«j, -tck^, -na^, -ma^, -ya^, -iva^, -ra^.
2. Qu'est-ce qu'on peut appeler les variations vocaliques amenées iiar
la flexion?
Les deux seules modifications que puisse subir la racine, l'expulsion de «j et son changement en a^, sont aussi les deux seules modifications dont les suffixes soient susceptibles.
Les variations proethniques du vocalisme, si l'on en fait le total, se composent donc: 1" des cas d'expulsion et de transfor- mation de !'«! radical; 2'' des cas d'expulsion et de transformation de Ya^ suffixal.
Mais pour saisir les phénomènes dans leur lien intérieur, la classification des syllabes en syllabes radicales et syllabes suffi- xales ne convient pas. Il y faut substituer la division en syllabes ou cellules prcsuffixalcs et pre'désinentielles.
186 Définition du sujet du § 12.
Les syllabes présuffixales sont celles qui précèdent immédia- tement un suffixe. Il s'entend de soi-même que, dans le mot pri- maire, ce ne peuvent jamais être que des racines.
Les syllabes prédésinentielles comprennent: 1° les racines sans suffixe; 2° les suffixes.
Si le terme de syllabe n'était ici plus ou moins consacré par l'usage, nous lui préférerions beaucoup celui de cellule ou à! imité morphologique, car un grand nombre de racines et de suffixes — p. ex. slttiA-, j^aiTA- (§ 14), -ya^A, peut-être aussi Jca^i-j-najU etc. — sont disyllabiques. Définissons donc bien ce que nous entendons par «syllabe» ou cellule: (jronpe de phonèmes ayant, à l'état non affaibli, le même a^ pour centre naturel.
Nous nous proposons d'étudier les variations vocaliques du mot primaire (expulsions et transformations de l'a) qui sont en rapport avec la flexion. Ce sujet ne touche, sauf une exception douteuse (p. 221), à aucune des modifications que subissent les syllabes présuffixales-, il embrasse en revanche la ptrcsque totalité de celles qui s'accomplissent dans les syllabes prédésinentielles.
Nous ne disons pas la totalité, parce que dans certains thèmes-racines tels que skr. mrdh ou {arva-)yûg on constate un aft'aiblissement persistant à tous les cas de la déclinaison. Appa- remment cet affaiblissement ne dépend pas de la flexion.
Le principe du changement de \'a^ en «g étant presque aussi mal connu pour les syllabes prédésinentielles que pour d'autres on ne saurait affirmer que ce changement dépend de la flexion avec une sécurité aussi grande que pour le second genre de modi- fications, rex])ulsion de Y a. Néanmoins l'alternance qu'on observe entre les deux «, alternance qui se dirige sur celle des désinences nous a déterminé à ranger l'apparition de l'a^ prédésinentiel parmi les phénomènes de flexion.
Flexion verbale.
1. EXPULSION DE l'».
De la conformation des racines et des suffixes (v. ci-dessus) il résulte, soit pour les noms soit pour les verbes, deux types principaux de thèmes. Dans le premier type a^ finit le thème, dans le second a^^ est suivi d'un ou de deux phonèmes.
I
Flexion forte et (l(;xioii faible. Accent <ln verbe;. 187
Thèmes verbaux du i)remier type: rd^ikai- (XeiTCs-), rihà^- (Itnt-), ra^iJcsya^- {XsliJjs), spakija^- {'pnrya-), gmslià^- (fiaaxs-).
Thèmes verbaux du second type:
a. Racine simple ou redoublée. Ex.: â^s- (io-), à^i- (si-), hhdiA- ((pcc-), ràyigh- (leh-), Jcâ^^AS- {cas-), hhâjjhà^r- ihlhliàr-).
h. Racine -\- suffixe. Nous pensons que les caractéristiques -nciiU et -na^A des classes 5 et 9 ne sont pas plus des suffixes proprement dits que -na^-g dans yunâgmi (v. chap. VI). Mais cela est indifférent pour la flexion, et nous pouvons réunir ici toutes ces formes: strnà^u-^ {strnô-), p;nà^A- (j) ?">?«-), yunà^g- (yiinâg-), righyâ^A- {lihyà-, optatif).
Les expulsions d'«, dans' les syllabes prédésinentielles, se ramènent à deux principes très-différents: la qualité du phomnic initial des désinences et Yaccentuation. Selon que l'un ou l'autre des deax principes règne, il naît deux modes de flexion auxquels on nous permettra d'appliquer les termes de flexion faible et de flexion forte indo-européenne. Dans la flexion^ forte, la seule qu'admette le verbe^ Fexpulsion de Va se dirige d'après l'accent.
Tout le monde reconnaît aujourd'hui, après la belle décou- verte de M. Verner^ que l'accentuation indienne peut passer, et cela particulièrement dans les formes verbales, pour l'image presque absolument fidèle de l'accentuation proethnique. La con- tradiction où était l'accent verbal grec avec celui du sanskrit et du germanique se résout par la théorie de M. Wackernagel qui en fait, comme on sait, un cas particulier de VeneUsis. Conformé- ment à ce que fait attendre cette théorie, les infinitifs et les par- ticipes grecs échappent à la loi du verbe fini et s'accordent dans leur accentuation avec les formes sanskrites.
Que l'accent à son tour soit la principale force en jeu dans
1. Il est beaucoup plus admissible de ramener Vv du gr. ôfîtivv^i à la diphthongue ev que de supposer que Vo du skr. strnômi sorte de u. L'ît des formes iraniennes n'a rien à faire avec Vv grec; c'est un allongement de Vu des formes faibles. Peut-être la suppression de la diphthongue suffi- xale, en grec, fut-elle occasionnée par l'introduction secondaire de la di- phthongue radicale, les formes comme *^fvyv8vi.iL, ■'ôirAvtv^u, étant d'une prononciation difficile. Si le verbe zLVbco, à côté de KÎvvtcti, est pour *-M,véfco, nous aurions là un dernier reste de l'e.
188 Lois de la flexion forte. Leur application au verbe.
les dégradations de la flexion, c'est un fait proclamé d'abord par M. Benfe}", mis en lumière dans ces derniers temps par les tra- vaux de M. Osthoff et de M. Brugman et sur lequel la plupart des linguistes tombent d'accord dès à présent.
Nous allons essayer de réduire à des principes aussi simples que possible: 1° les résultats des déplacements d'accent, 2° les déplacements d'accent eux-mêmes.
1\ n'y a d'autres thèmes verbaux paroxytons que les formes comme râ^ilîa^-^, où l'accent est indifl'érent, ainsi que cela ressort de la loi I (v. ci-dessous). On peut donc poser la règle comme si tous les thèmes étaient oxytons.
Ces règles sont celles de la flexion forte en général sans distinction du nom et du verbe.
I. L'<7i QUI FINIT UN THEME ET QUI PORTE LE TON NE PEUT s'en départir en AUCUN CAS.
IL Si la loi I n'y met obstacle, toute désinence susceptible d'accent (c'est-a-dire formant une syllabe) s'empare du ton de la cellule prédésinentielle.
m. Aussitôt privé d'accent, l'o^i de la cellule pré- désinentielle se perd.
L'énoncé de la loi II renferme implicitement l'hypothèse à laquelle nous recourons pour expliquer la variation de l'ac- cent: c'est de poser les désinences dites secondaires comme étant en réalité les plus primitives. La forme indo-européenne de ces désinences n'est pas encore déterminée pour chaque personne avec la même sûreté; mais du moins il n'y a pas de doute possible touchant celles du singulier de l'actif, et c'est là le point princi- pal pour ce que nous avons en vue.
Actif: -m -s -t; -maj -taj -nt; -wa -tam -taam. Moyen ^: -mA? -sa -tA; -majdha -dhwaj -ntA; -wadha — — .
La combinaison de ces désinences avec les thèmes râ{ik-, jïrnà^A-, riJîài- — ces exemples suffiront — donnera d'après ce qui est stipulé plus haut:
1. Sur le skr. piparti etc. v. p. 191.
2. Sur le grec oo^ -xo etc. v. p. 101 seq.
Les formes, à désinence dite primaire.
189
Actif |
Moyen |
rii,ik -m ' |
rik m |
râjik-s |
rik-sA |
n'i,ik-t |
rik-t |
rik-m;i, |
rik-mâjdha'-' |
rik-tâ^ |
rik-dhwâj |
rik-nt |
rik-nt |
rik-wâ |
rik-wâdha"'' |
rik-tâm |
— |
rik-tâam |
— |
Actif rikâ, -m rikâ,-8 rikri,-t riki'i, -ma, rikâ, -ta, rikâ.nt
Moyen rikâ, -m A rikâ, -SA rikâ, -tA rikâ,-nia, dha rikâ, -dhwa rikâ,-ntA rikâ,-wa rikâ, -wadha rikâ,-tam —
rikâj-taam —
Actif Moyen
prnâ, A-m prn'^-mA' prnâ,A-s prn^-s prnâ,A-t prn^-t prn'^-mâi' prn'^-mâ,dha prn'^-tâ, prn^-dhwâ, prn nt prn-nt.v prn'^-wâ prn^ -wadha prn^-tâm —
prn^-tâam —
A l'impératif, la 2** et la 3® pers. sing. moy. (skr. dviksvâ, ppjtïsvâ; dvisfâm, pmltom etc.) répondent à la règle. La 3^ pers. de l'actif, forme forte (skr. dvcs/u, prnàtu), paraît être en contra- diction avec le principe des «désinences qui font une syllabe». Mais ici nous touchons à la question des désinences «primaires».
La plupart des formes «primaires» peuvent se tirer des formes «secondaires» au moyen de l'élément i que suppose M. Fr. Millier : -m-i -niA-iÇ^), -s-i -sa-ï, -t-i -tA-i, -nt-i -ntA-i, -mas-l -madJia-i, -was-i -ivadha-i (peut-être l'*- de -mas-l et -luas-i vient-il de l'ancien dh transformé en -s à la fin du mot, conservé au moyen par l'a qui suivait?). M. Bergaigne fait remarquer (Mém. Soc. Ling. III 105) que deux couples de désinences sanskrites du moyen, -dhvam -dhve et -ram -re présentent un rapport différent et il sup- pose que la nasale de -dhvam et -ram a été ajoutée après coup. Comme le grec -Od^s indique de son côté une forme -dlnva^ , cette hypothèse est extrêmement vraisemblable. La série s'augmente donc encore de 2 cas. Nous ne pouvons savoir si le -tu de dvés/u, pruâtii, n'a point été formé par l'addition d'un -u, comme -ti par l'addition d'un -i.
Maintenant pourquoi, Yi ou Yu une fois ajoutés dans râikm-i et les formes du même genre, le ton n'a-t-il pas passé selon la règle sur la désinence? A cela on peut trouver deux réponses principales. A l'époque où Yi [u) fut ajouté, l'attraction que la désinence exerçait sur l'accent, pouvait avoir cessé. En second
1. Comme nous l'avons dit p. 40 seq. nous supposons que raikni de- vant la voyelle initiale d'un mot venant après lui dans la phrase aurait été monosyllabe; qu'en général Vm de la 1® personne ne faisait syllabe que dans les cas de nécessité absolue.
2. Ou rikma^dhd, riku-adhà?
3. Par altération secondaire -nA- est devenu n^-, v. p. 178 seq.
190 Impératif en -clki.
lieu, il est très-digne de remarque que la voyelle désinentielle soit dans les quatres formes en question (dvcsmi, dvéksij dvé'sfi, dvés.fu) un i ou un u, qui n'est suivi d'aucun autre phonème. Certains indices font croire que Vi et ïii, dans ces conditions, avaient une prononciation très -faible qui les rendait incapa- bles de porter l'accent ^ C'est ce qui se vérifie, dans la flexion nominale pour le locatif uksâni, dâtâri etc., peut-être aussi pour les nominatifs neutres comme paru (gén. paçvds) , v. p. 222. On nous fera remarquer qu'une autre forme de l'impératif, la 2® per- sonne dvid(Ihi,pp.û]û etc., s'oppose à une Hypothèse de ce genre. A cela on peut répondre premièrement que le thème fort fait de fréquentes apparitions dans ces impératifs. On a en sanskrit râdhi, çarddhi, hodlii (de hodii), galiâhi que cite M. Benfey Or. u. Occ. I 303, grhhmJd, prîmM (Ludwig Wiener Sitzungsber. LV 149); en grec ^rj^t, tA^O-i, Gvii-Ttcod-i, ôîôad-t,, ÏXrj&i (Curt. Verb. II 35). En second lieu, quand on considère le caractère presque
1. Si l'on admet cette explication, l'hypothèse de la priorité des dé- sinences secondaires n'est plus absolument nécessaire. Au l'este certains faits ne seraient pas loin de nous faire croire que les sonantes i, u, r, n, buivies ou non d'un phonème, étaient incapables de prendre l'accent, et que la désinence pour attirer le ton devait contenir un a (a^, a^, a). C'est la 3^ personne du pluriel qui est en question. En sanskrit le présent de la rac. ÇÛ.S fait suivant Pânini çasmi, çdssi, çâsti, çilvâs, çihnds, çâsati (cf. mârganti). Les présents redoublés, sans montrer, il est vrai, la racine pleine, évitent cependant d'accentuer -nti et retirent le ton sur la rédupli- cation: pijKirmi, ])iprmâs^ i)tprati. Enfin devant la désinence -us ou -ur, bien qu'elle n'ait rien de commun avec la première (J. Darmesteter Mém. Soc. Ling. III 95 seq.), on trouve réellement la racine pleine, rivyacus, avi- vyacus en regard de viviktâs, viveçus, àyuhavus, uriçrayus etc. V. Dclbriick Altind. Verb. G.5.
Tout cela semble témoigner d'une époque où la 3^ personne du plu- riel à l'actif était une forme forte. Et cependant d'autres indices y contre- disent. Ne retrouvons- nous pas dans les langues les plus diverses le pen- dant du skr. s-dnti «ils sont» où l'a, radical est perdu? Oui, mais ici se présente une nouvelle complication. Ni le gr. tvtî ni le lat. sunt ni le si. saiï ni le goth. sind ne s'accordent avec un primitif s»^^ à nasale so- nante, et l'on se demande si l'affaiblissement radical incontestable pour cette forme ne tiendrait pas précisément à la nature particulière de sa dé- sinence. Nous ne voulons pas nous perdre dans ce problème très- compli- qué déjà elfleuré p. 39 i. n. Il nous semble qu'en somme la première théo- rie, baKéc sur les dénin 'ncs secondaires, satisfait davantage que celle-ci.
Aoriste sigmatiqnc. Parfait. Optatif en -»/«. 191
facultatif de la désinence -dliî, on se demande si elle n'est pas dans l'origine une particule libre agglutinée plus tard au thème. Il reste à considérer différents paradigmes offrant une ano- malie apparente ou réelle.
1. Les formes fortes de la 3^ classe avaient, croyons-nous, deux accents dans la langue mère, l'un frappant la racine et l'autre le redoublement (v. § 13 fin). Le saut de l'accent dans skr. piprmâs en regard de iriparti n'est donc qu'apparent.
2. Les aoristes sigmatiques comme àgaisam ont un vocalisme assez troublé. Les racines finissant par une consonne s'affaiblis- sent au moyen ' ; ex. âviJcsmaJn, en regard de àcesmahi. Cela nous donne le droit de supposer que ce temps a possédé primitivement dans toute son extension l'alternance de formes fortes et de formes faibles que la structure du thème doit y faire attendre. Le pluriel et le duel de l'actif ainsi que le moyen pour certaines racines, ont donc subi un métaplasme. L'accentuation n'est pas moins corrompue que le vocalisme (Benfey Vollst. Gramm. p. 389). En grec les formes fortes ont prévalu comme en sanskrit (p. 128).
3. La 2" et la 3" pers. sing. du parfait semblent se prêter assez mal à notre théorie, puisque -ta (skr. -thd) et -a pouvaient prendre l'accent. Mais aussi Va radical n'est point a^, il est a.^. C'est là, je crois, une circonstance imi^ortante, bien qu'il soit diffi- cile d'en déterminer au juste la portée. Le fait est que les règles qu'on peut établir pour les déplacements de l'accent et la chute de l'a sont souvent éludées quand cet a apparaît sous la forme de a,. Cf. § 13 fin.
4. Optatif en -yd^A. Fléchi comme |)/'nrti^i- ce temps devait faire au pluriel (*riJcyA-mâ) rïky^^-mà, au moyeu {'"^rikyA-tA), riliy^-tÂ. Mais le groupe y'^ ne peut subsister. Il se change eu î dès la période proethnique tout de même que r-^ se change en r (v. p. 179 et le chap. VI). Toutes les formes qui n'apartiennent pas au singulier de l'actif avaient donc l dans la langue mère. Pour le moyen M. Benfey a établi ce fait dans son écrit Uebcr die Entskhung etc. des indog. Optât!' (Mémoires de l'Acad. de Gœttiugue
1. Bopp Kr. Gramm. der SMiskr.-Spr. § 349. Delbrûck Altind. Verb p. 178 seq.
2. Bopp considère que l'accentuation de ôiSoCxo, ôiSotads, doit faire admettre que la contraction s'est accomplie dans le grec même. Mais qui
192 Optatif en -rjâ.
XVI 135 seq.). Au pluriel et au duel de l'actif le même ï apparaît dans toutes les langues européennes: lat. s-ï-mus (sing. s-ic-ni), gr. s-L-^tif (sing. e-l'ïj-v), s\. jad-i-mû (sing. jahU = *Jadjï), gotli. her-ei-ma (le singul. hetri^ s'est dirigé sur le pluriel). Nous ren- voyons au travail déjà cité de M. Paul Bcitr. IV 381 seq., sans pouvoir toutefois nous associer à la conception de l'auteur qui voit dans Yl «une contraction de -yâ». En sanskrii nous trouvons au pluriel et au duel de l'actif lihyàma, lihyàva etc. Ces formes sont dues à l'extension analogique du singulier. Qu'on considère: 1" que les langues d'Europe sont unanimes dans l'r, 2° que la théorie générale de la flexion veut l, nonî/â; 3° que les cas comme pàmi pâmas en regard du gr. q)cc^L (pà^év établissent un précédent pour la propagation de l'a long (p. 147); 4° qu'en sanskrit même le moyen offre Yl et que toute divergence entre le moyen et le pluriel-duel de l'actif a un caractère anormal; 5° enfin que le zend montre Yl dans quelques formes actives: Justi donne daiôttem (3® p. du.), puis çahiiy fra-mhlt, daidïf, formes du singulier qui ont reçu r* par analogie^.
Le précatif védique (Delbr. 1. c. 196) suit exactement dans sa flexion l'exemple de l'optatif. Actif: hhû-yâs-am, Jcri-yâs-ma] moyen: miic-ïs-ta etc.
sait si cette accentuation existait ailleurs que dans l'écriture où la théorie grammaticale ne jjouvait manquer de l'amener. C'est ainsi que xl^sCgi n'est propérispomène que grâce aux fausses conclusions tirées de xi%'btt6i, V. Brugman Stud. IX 296. — On sait que M. Benfey pose la comme caractéristique. Les arguments objectifs pour Vi long se borneut à ceci: 1" On trouve une fois dans le Mahâbhârata hhungtyum^ 2° Rig-Véda X 148, 2, le mètre, dit l'auteur, demande saluas (dasîr vîçah siiriena sahlâs). Il serait plaisant que nous nous mêlions d'attaquer M. Benfey sur des points de métrique védique. Nous avouons seulement, comme impression tout(! personnelle, être peu satisfait d'une pareille chute de tristubh et l'être
bien davantage de surijena sahyâs {-<j ) , quand même on devrait faire
deux syllabes de Vu de dclsïr, parce que du moins la 8™" syllabe du pada se trouve ainsi être ime longue, selon l'habitude. Quant à duliîyat, M. Benfey y voit une forme thématique. Nous sommes donc en droit d'y supposer le thème faible duhï-. — Parmi les optatifs que donne Delbn'ick (1. c. 190) pn trouve (jalsïyZd. Outre que dans le texte cette forme est placée tout près de j:)a]ny<tt, Vi peut s'expliquer comme voyelle do liaison (allongée par l'effet de y).
1. En sanskrit l'optatif de la 3® classe accentue au moyen la syllabe de réduplication. Rien n'indique que cette particularité soit primitive.
optatif des verbes thématiques. — a., dans le verbe. 10/}
5. Optatif de la conju<^cai.son thématique. Lacaractéristicjue, ainsi que l'admet M. Beuley, est un -l long' que nous croyons sorti de -ya^A à peu près comme dans les formes faibles dont il vient d'être (piestion. Mais il est fort difficile de dire d'ajirès quel principe la réduction de -ya^A en -l = *2/'' a pu se faire ici, la tonique précédant la caractéristique. La flexion est unique en son genre. On attendrait que le thème skr. tudc (== *tudd-î) fît au pluriel «tiidîmâ»^ puisque Va est stiivi d'un phonème. Mais on remarque que cet a est «c, (p. 87), ce qui, nous l'avons vu, change beaucoup la question. L'a se maintient donc, et il en résulte ce phénomène inconnu d'ailleurs d'une flexion sans dé- gradation se faisant sur un thème qui ne finit point par a^. — Par une coïncidence curieuse mais fortuite sans doute l'alternance des anciennes diphthongues slaves è et i dans l'impér. nesi, nesi, ncaèmû, nesète, nesevc, ncsèta semble se refléter dans le zend hardis, harôit, haraëma, haraëtcm (moy. haracsa, haraëfa; au pluriel ôi reparaît). Nous avons cherché en vain ce qui pourrait justifier une diff'érence originaire entre la diphthongue du singulier et celle du pluriel ou du moyen ^
Subjonctif des verbes thématiques. Nous ne sommes pas arrivé à nous faire une ojiinion sur la forme primitive d'un subjonctif comme le gr. cptQa (fèçr^g etc. L'a du lat. ferât serait composé de «^ + «i, c -\- e? Ne serait-ce pas plutôt fcram fcres le vrai subjonctif? Et a-t-on le droit de séparer moneat, audiat, de l'optatif omhrien portaia'?
2. APPARITION DU PHONEME tt^.
La flexion verbale ne connaît la transformation de Va^ en «jj que dans deux cas :
1. On sait que Vol de la 3® pers. sing. de l'optatif grec {naiSfvoi) ne compte jamais pour brève, et en conséquence l'iiccent reste sur la pénul- tième. Il y a peut-être là, comme on l'a supposé, un iudice de Vî long.
2. On pourrait supposer que primitivement le ton passait sur les dé- sinences et qu'en même temps Va.^ du singulier était remplacé par Oj : .S^ sg. tudd.,ït^ plur. tudayJmd. Ceci permettrait à la vérité d'établir entre nesi et neshmû la même proportion qu'entre rluci {Ivkol) et vlûcè {*XvKëi, V. p. 91). Mais, outre qu'en général Vôi et Vue du zend paraissent varier sans règle fixe, on ne voit pas en vertu de quelle loi l'a, au lieu de tomber au pluriel, se serait contenté de devenir «j.
13
194 Déclinaison. Principe des cas forts et des cas faibles.
1° Dans la conjugaison tliématique, où le phénomène paraît pouvoir s'expliquer par la nature de la consonne qui suit Va. Voy. p. 87.
2° Au singulier du parfait, où Va transformé est im a radical. La 1*^ personne conservait peut-être a^. Voy. p. 71 seq.
Flexion nominale.
1. EXPULSION DE L'«. A. L'expulsion se produit en vertu des lois de la flexion forte.
THÈMES OXYTONS.
Les thèmes finissant par a^^ se comportent comme dans la flexion verbale. L'accent ne passe point sur les désinences, et l'a persiste par conséquent à toutes les formes ^
La première remarque à faire relativement aux thèmes où l'a^ est suivi d'un ou de deux phonèmes, c'est qu'ils n'a^)partiennent à la flexion forte qu'au singulier. Le pluriel et le duel devront donc être traités sous la lettre b.
On sait que l'ancienneté de l'accentuation sanskrite est prou- vée ici par sou accord avec celle des monosyllabes grecs.
Les cas faibles, c'est-à-dire accentués sur la désinence et dépourvus d'à dans la syllabe prédésinentielle, sont: l'instrumen- tal, le datif, le génitif. Les désinences sont -â, -aI (p. 92), --^s.
Les cas forts ou pourvus d'à sont: le nominatif, l'accusatif, le locatif, le vocatif. Les désinences sont -s, -m, -i, e!, 2éro.
On le voit, le principe posé i)lus haut se vérifie. Ce qui fait qu'il y a des cas forts, c'est uniquement l'incajjacité de certaines désinences à recevoir le ton^. Au vocatif d'ailleurs l'accent fuit vers le commencement du mot.
1. L'accentuation du pronom skr. a dans les formes comme asyà [k côté de dsya) sera née secondairement, quand le besoin de distinguer cer- taines nuances se sera fait sentir (voy. le dictionnaire de Grassmann, col. -207). Celle qu'accuse le goth. pize, pizos, paraît êti'e simplement proclitique: le sanskrit a tnsya, tcsûm, tâsyâs.
2. Nous devons nous contenter de citer la tbéorie différente et très- complète que M. Bergaigne a présentée sur ce sujet Mém. Soc. Ling. H 371 seq. Comme cette théorir' est liée intimement à la question de l'ori- gine des désinences et d(> la flexion en général, la discussion qu'elle de- nianilcrait ne nia.M(iu('riiil pas de nous entraîner fort loin.
Expulsion de ïa dans les thèmes en -wus et en -ar, -lui: 195
Nous venons de ranger le locatif" parmi les cas forts. Effecti- vement on sait qu'en sanskrit la forme forte y est permise, sinon obligatoire comme dans pitâri, dâtâri^. Deux exemples particu- lièrement intéressants sont dyàvi (cf. divc etc.) et lcs<hni en regard de l'instr. Icsamà. Sur l'aversion qu'a le ton pour Vi final v. p. 190.
Les phénomènes spéciaux du nominatif, qui parfois se formait sans s, demandent à n'être pas séparés de la question de l'a^. Il nous faut donc renvoyer le lecteur à la page 213.
Dans l'application de la théorie qui vient d'être formulée, nous nous bornerons, le sujet étant immense , à relever les points saillants de la déclinaison de chaque espèce de thèmes. Nous adoptons complètement les principaux résultats de l'étude de M. Brugman sur les thèmes à liquide (Stud. IX 363 seq.). Ce travail avait été précédé de la théorie de M. OsthofF sur la décli- naison des thèmes à nasale (Beitr. de P. et B. III 1 seq.), qm s'en approchait beaucoup pour le fond de la conception, mais sans proclamer encore l'expulsion totale de l'a aux cas faibles et sans opérer avec le phonème «o. M. Osthofif admettait une échelle d'à de forces différentes. — Nous mettrons encore à profit l'article de M. Brugman sur les suffixes -as, -yas, -was (K.Z.XXIV 1 seq.). Les restes de la dégradation des suffixes en letto-slave sont re- cueillis par M. Leskien Archiv fur slav. Philol. III 108 seq.
Comme type de la forme faible nous choisirons le datif.
Thèmes en -ivâs. L'accent, en sanskrit, s'est retiré aux cas faibles sur le suffixe: vidiise, gagrhhûse -pour *vidnsé, gagrhlmsé. La forme proethnique -us- des cas faibles, telle que l'admet M. Brug- man K. Z, XXIV 97, est assurée indirectement par le grec -via, et iôvLOi (ibid. 81), par le gotli. hernsjos et le si. -ûs-je-.
Thèmes à liquide. L'expulsion proethnique de Va aux cas faibles a été mise en pleine lumière par M. Brugman. Le phéno- mène le plus singulier est celui du génitif indien en -w. Nous essayons de l'expliquer de la manière suivante.
1. Les thèmes qui ne finissent pas par une sonante font exception; le locatif y a été mêlé aux cas faibles: tudati , vidi'm etc.-:— De quelc^ue manière qu'on doive expliquer les locatifs védiques sans i comme mUrdhdn, ils ne peuvent infirmer en rien la théorie.
13*
X9G Expulsion de l'a dans les thèmes à nasale.
La désinence du génitif est --^a et non -as. Accentuée, comme dans padds, elle a dû en sanskrit se développer en -as (p. 177 j. Non accentuée, on la voit donner -us dans imtyus, sâkhyus, gânyus (ici par conséquent il faut poser -us, non -m~). Peu à peu cepen- dant la forme -as parvient à éliminer sa rivale.
L'hypothèse de cette désinence -^s est confirmée: P par le vocalisme du grec -og et du slave -e; 2° par les génitifs comme yuJités, mrdôs, dont il sera question plus bas. Enfin elle éclaircit, jusqu'à un certain point, le génitif sanskrit mdhir.
Le prototype de mâtûr est mâtr-^s. Le groupe r^ doit donner r, puis ûr (§ 14). La qualité de la voyelle est donc expliquée, mais non sa quantité. En zend on a les génitifs nars, çâçtars, qui viennent de *nfs, *çâçtrs, l'r-voyelle s'étant développé en or devant s comme dans arslian et autres cas. Dans ul'snàs le son -^ ne s'est point fondu avec la nasale Cjui précède, ce qui s'explique fort bien, croyons-nous, par des raisons physiologiques. Nous re- viendrons sur ce point au cliap. VL
D'ordinaire la contraction de r^ en r est proethnique. Dans le cas qui nous occupe, le gr. narçog^, le goth. fadrs, paraissent indiquer qu'elle n'est qu' indo-iranienne. Les conditions, aussi, sont assez particulières, l'accent reposant sur le phonème ^, ce qui ailleurs n'est pas le cas.
Le paradigme indien des thèmes en -an est parfaitement régulier. Les langues européennes n'en ont conservé que des débris. On a en latin caro carnis, en grec xvcov ocvvoç^, ainsi que aQvog. M. Osthoff' (1. c. 76 seq.) pose comme thème de ce dernier mot varan- (ivaran-). 11 nous semble que le skr. lirana ne s'ac- corde bien qu'avec îvr-ân. Ceci donne la flexion grecque très- ancienne: *J^Q-^v, gén. *J^r-v-6g. Le nominatif subsiste dans Tcolv-Qçrjv; le génitif est devenu régulièrement *J^aQv6ç, àQv6g\
1. Est-ce que vvktcoq serait pour *vvy(.TOQg, wurTçl Cf. rjfiéçaç xf v.aï vvv.x(ûQ = ijiiéçaç xf liai wnrôg.
2. L'accent, dans xvojv, a été reculé; cf. skr. çvâ.
a. Hésychius donne: gava' àçvcc. 'Pafiaîoi, as ^âtçcexov. M. Mor. Schmidt écrit QÙva, ce qui est nécessaire pour la seconde partie de la glose, mais pe\k probable pour la première. On ne pourrait attendre que ^rjva. Nous pcinsons que les gloses Quva et ^àva se sont confondues et que yav- et açv- remontent tons deux iiJ-rv, comme fîparôç et d'açxôg à ôrtoç.
Expulsion de IVt dans les thèmes en -a-nt et en -ai, -au. lî)7
L'arménien gar^n dont parle M. Osthofi' jieut se ramener à la forme faible ivr-n-.
La déclinaison q)Qriv (pçevôg, not^riv TioLfitvog, vient de la généralisation de l'accusatif et aussi du locatif, car cpQÎvi , :ncot- fteVt, ont été de tout temps des formes fortes.
L'explication du gotli. auhsin résulte du fait auquel nous venons de faire allusion: auhsin est identique avec le skr. nhsâni. Au génitif on attendrait *auhsns. Il paraît évident que mihsins est une imitation du datif auhsin.
J'ai déjà cité l'article de M. LesMen, où il est montré entre autres que le si. dîne «diei» vient d'un thème diwan- ou dian-.
Pour les formes indiennes comme hralmumCj il sera difficile de décider si l'a s'est maintenu dès l'origine pour empêcher le conflit des consonnes ou si hraJmiànc représente un primitif *brahmnnc. La position de l'accent conseille peut-être la pre- mière solution.
Le thème en -am yhi-àm se décline comme les précédents. V. Brugman Stud. IX 307 seq. Le zend a au nommaiiî zy-âo , au gén. zi-m-ô. •
Le suffixe participai -nt, lui-même dépourvu d'à, peut em- prunter celui du thème quand ce dernier finit par a. Tout se passe alors comme si le suffixe était -ant. L'accent qui restait immobile tant que Va^ (a.^) qui le supportait finissait le thème passe aux désinences aussitôt que cet «j est revêtu du groupe -nt (lois I et II, p. 188). La flexion est donc en sanskrit tudân, tiidaté (= tudnté) etc. V. Brugman Stud. IX 329 seq.
Le grec Xa^cov Xa^ovrog a généralisé la forme forte. En latin au contraire -ent continue la forme faible à nasale sonante, que M. Sievers a recomiue en germanique dans huhoidi, Jnisundl et autres féminins.
Une petite minorité seulement parmi les thèmes qui'finissent par i et u appartient à la flexion forte. L'exemple le plus impor- tant est (^i-a^ît-^ «ciel».
1. M. L. Havet (Mém. Soc. Ling. II 177) a montré que ce thème vient d'une racine di (dai) et point de dm (dyau).
198 Mots eu i et en u de flexion forte.
nom. di-â^u-s Cf. (ma-ta^r) {idiS-â^^n)
voc. di-a^u mâ-ta^;r ulîs-a^ii
ace. di-âiU-m mâ-tâ^r-m uks-â^n-m
loc. di-â{W-i ma-tâ^r-i iiks-â{n-i
dat. di-iv-li mâ-fr-Ài tdîs-n-li
Nominatif: plutôt que de voir dans le skr. dyaus l'allongement du nominatif il faut je crois, à cause du gr. Zsvg, assimiler l'oit de cette forme à celui de yai'tmi etc. (p. 128). — Vocatif: gr. Zsv. — Accusatif: did^um et la forme la plus ancienne, mais la coïncidence du gr. Zijv avec skr. dyam paraît établir que dès une époque très-reculée la dipbtliongue avait cessé d'exister. Cf. p. 41. L'« de la forme Jav que rapporte un grammairien est assurément singulier, mais la forme éolo-dorique ordinaire montre r], V. Schrader Stud. X 319. — Locatif: véd. dydci.
Nous allons étudier quelques autres mots du type di-mi. Pour ne point les disperser à plusieurs endroits nous citerons les paroxytons comme les oxytons; nous aurons aussi à faire la distinction de % et «^ aux formes fortes.
Parmi les thèmes en -i, nous reconnaissons pour avoir appartenu à la déclinaison de di-au: ^«-a^i «oiseau» qui dans le Véda fait ^'s au nominatif. Le reste de la flexion est dégénéré et même au nominatif, vis commence à prendre pied.
En latin on a encore les mots comme vatês, ace. vat&m.
C'est mi échantillon analogue qui se cache dans le skr. liavî, car en zend ce mot fait à l'ace, lavaem. Seulement nous trouvons pour nominatif zd. Jiava = *kavâ. Etant donné pità{r) de pitâr-, le nom. *Txavli{i) de Icavai- n'a rien de surprenant. Mais il faut provisoirement nous résigner à ignorer pourquoi les thèmes en -u n'ont jamais de nominatif sans s et pourquoi les thèmes en i eux-mêmes ont la double formation ves et *]cavâ. Cf. p. 213.
Flexion de glm «bœuf». Quelle est la forme exacte de ce thème? C'est, croyons-nous, ya-a^u et non ga^u: 1° parce que dans l'hypothèse ga^ti on devrait trouver aux cas faibles yu-] 2" parce que le v. h'-all. clmo suppose un u long \ Les composés indiens comme su-gû ne sont dûs cer- tainement qu'à un changement de déclinaison. La langue, pai-tant de formes comme le gén. sugôs ou le dat. sugdve et se laissant guider par les adjectifs en -n {prtluï etc.), devait aboutir à sugns. Du reste ga-a^u se
1. On pourrait dire qu'il y a ici le même allongement du nominatif que pour fUt- (p. 213). Mais Zfvç (v. ci-dessus) montre qu'un thème comme ga^u n'eût point allongé le nominatif. — J'ai été rendu attentif à la forme diuo par M. le D'^ KOgel qui du reste l'expliquait différemment.
Mots en i et en u do flexion forte. 199
décline régulièrement soit en siuiukrit soit en zend. Cf. skr. gauH {rja-aïU-s) et dy-uii-s, gâ-c-c et di-v-é. Aux cas faibles, le ton s'est fixé sur l'a de fja-v-. Cet a n'y avait évidemment aucun droit, mais en sanskrit l'attraction qu'exercent sur l'accent les a radicaux de toute provenance paraît avoir été presque irrésistible. Le locatif gavi au lieu de *gâvi est comme divi à côté de dyain. Le gr. §o f , ^ov = skr. ga-v-, go- indique que Va radical eist un o. La forme forte s'est perdue: /îovç a remplacé * ^w{v)ç. Homère a bien encore l'ace, ^àv^ = arien gdm (zd. gain), que nous ramènerons sans hésiter à go-d^u-m, mais en elle-même cette forme pourrait être sortie de gaîim comme Ztjv sort de dydum. Le latin ne nous apprend rien de par- ticulier.
Thèmes en u qui prennent a.,. Le zend a les formes suivantes: ace. naçmmi (cadavre) = ^naravam (n. pi. naçavo)-, ace. pereçdum (côté), garemaum (chaleur). La flexion est complète pour l'ancien perse dahijmi-s, ace. daJiydu-m (nom. et ace. pi. dahyiiv-a^ gen. ])1. ddliyunam, loc. didiyusnvay Le même mot en zend donne l'ace. danhaom — on attendrait danhmmi — (et le n(jm. pi. danhâvô). On a en outre le nom. sg. hdmus (bras) dont l'd s'explique, comme pour le perse dahijdns, par l'influence de l'accusatif" (*hdmum) lequel ne nous est point parvenu. Il règne du reste, comme le montre dahjàom eu regard de dahydvd, mie certaine confusion entre les thèmes qui premient «^ et ceux qui ne le prennent pas. Justement en regard de *hdjïdwn le Véda nous ott"re Ixdiârd, duel du même thème ^ Cette flexion est d'autant moins suspecte d'ori- gine récente qu'elle apparaît de préférence au sein d'une petite famille de thèmes en ti avec laquelle nous avons fait connaissance p. lo3: ce sont des féminins'^, qui ont a^ dans la racine. Il est possible, comme l'a conjecturé M. G. Meyer (Stammbildimg p. 74), que les noms grecs en -sv-g aient quelque rapport avec cette dé- clinaison, seulement rapprocher l'a arien de Vr] de roxrjog est, croyons-nous, inadmissible. 11 ne faut pas oublier d'ailleurs l'ab- sence de Viv dans vexvg, Ttïjxvg, où on serait le plus en droit de 1 attendre. — M. Meyer rappelle les nominatifs gothiques comme simaus. On pourrait penser en effet que c'est là un dernier sou- venir de la double flexion jjrimitive des thèmes en u.
1. Le dor. §(âç, ^<àv, n'est que la transformation de §ovg, §ovv.
2. A moins d'admettre un allongement du nominatif coexistant avec Vs.
3. Il est inutile de forger un mot bdhava tout exprès pour expliquer cette forme.
4. Au masculin pereçâum est opposé en sanskrit le féminin pàrçu.
200 Mots en i et en u de flexion forte.
Thèmes en i qui premient a.^. Le plus important est le thème skr. scikhe-, ace. stikhdy-am (zd. hu-sliaidinî), voc. sâJchc, dat. sàkhy-e (nom. pi. sàlîhayas). L"â long du nominatif sâlîha est tout autre que Y a (= a^) de sâliltdyam: il suffit de rappeler *Jcavd en regard de *Tiavàyam (Jiavaem). C'est ici peut-être que se place le nom. pi. çtaomayô (Spiegel Gramm. 133).
Depuis le travail de M. Ahrens sur les féminins grecs en a K. Z. III 81 seq. il est constant que le thème de ces mots finit par i. Nous soupçonnons que ce sont là les correspondants du type skr. sâkhe. Si l'on a le droit de mettre en parallèle
data ddtdram datar ddtm
ei ôâtaQ ôcÔtoqk ôàroQ [ôcoroQog jyour'^ôaTQog]
on a aussi celui de comparer
sakhâ sakhciyani scMte* saJchyâ
et ArjtçD yttjxm (*Arit6a) Arixoï \*AYix6og pour ^Arixiog] A l'accusatif nous avons écrit Arjxà: c'est l'accentuation que prescrit Dionysius Thrax (Ahrens 1. c. 93). Du reste il n'y aurait aucun témoignage en faveur du circonflexe que cela ne devrait pas arrêter, étant donnés les procédés des grammairiens, de voir dans a la contraction de oa^, cf Brugman Stud. IV 163. Sans doute il y a les accusatifs ioniens comme 'lovv, et l'on sait que M. Curtius en a inféré que le thème finissait par -ofi. Mais les observations que fait à ce sujet M. Windisch Stud. II 229 mon- trent bien que cette explication n"a pas satisfait tout le monde. De *'/o/tv à 'lovv le chemin n'est guère facile. De toute manière cette forme en -ovv est énigmatique et a l'air d'un emprunt fait à d'autres déclinaisons, peut-être à celle de (iovç. L'hypothèse des thèmes en -o/t ne permet pas du reste, ainsi que le reconnaît M. Curtius^, d'expliquer Vco du nom. Arjxo}. — On pourrait s'étonner
1. Parmi les nombreuses formes que cite M. Ahrens, il ne se trouve aucun accusatif qui ait l'i souscrit ou adscrit, preuve que l'co n'y ett point primitif comme au nominatif, et qu'il est bien sorti de •o{y)a. La termi- naison -oya à son tour ne saurait être très-ancienne. La forme pure serait -oiv. On a cru en effet avoir conscrv(j des accusatifs comme Aazoïv, mais, M. Ahrens montre qu'ils proviennent d'une fausse leçon. Ils avaient donc péri dès avant l'époque historique. On peut comparer plus ou moins *Atj- toya pour * Aqzoïv à rjâèJ-a pour îjdvv.
2. Le savant professeur conjecture seulement que l'analogie des formes
Expulsion de Va dans los thèmes on -as. 201
f|iu; les thèmes grecs en -clJ soient employés si exclusivement à former des féminins. 'J'outefois il y a des traces du njascnlin dans les noms propres Ilarço}, MrjXQcô, IJqcÔ (Curt. Erl. 54j.
Il est probable que bon nombre de mots analogues sont à tout jamais cachés pour nous parce qu'ils ont revêtu la flexion courante des thèmes finissant par i et m. En voyant par exemple que dans le Rig-Véda dvi <'; mouton» fait au gén. dvyas et jamais âvcSj absolument comme on a en grec otoç (pour *o/toç) et non «osag», il est naturel de croire que la flexion première a été: nom. aiva{i-s ou awiïj, dat. mvy-AÎ, ace. awa^i-m etc. Peut-être que le gén. goth. halgis des masculins en i, au lieu d'être ainsi que le dat. hal(/a emprunté aux thèmes en -a, offre un vestige de la flexion dont nous parlons: halgis serait pour '"^'halr/i'^s.
L'immobilité de l'accent dans le paradigme sanskrit apâs apàse, usas usâse, n'a pas grande importance. Jl est possible, il est même fort probable que le ton y subissait primitivement les mêmes déplacements que partout ailleurs. C'est la persistance anormale de Va suffixal qui est remarquable. Jusqu'ici les syllabes prédésinentielles ne nous offraient rien de semblable.
M. Brugman (K. Z. XXIV 14 seq.) donne pour ce fait de très-bonnes raisons: le désir d'éviter des formes trop disparates dans la même déclinaison, puis l'influence analogique des cas faibles du pluriel où \'a^ ne pouvait tomber (ainsi (qm^^s-hJiis).
Cependant à quoi se réduit après tout la classe des oxytons en -«s? Au nom de l'aurore, skr. îièàs, aux mots indiens hlmj-âs «\)e\iY», pn-nigs pour * pumas (p. i?19), et aux mots comme tavds, yagàs, ^JEvÔ-qg. Or ces derniers, M. Brugman l'a établi, ne sont que des neutres 'revêtus de la déclinaison du masculin. Il se- rait possible même qu'ils fussent nés séparément dans les diffé- rentes langues qui les possèdent, la flexion s'étant dirigée' sur celle des composés (paroxytons) comme sn-mânas. La forme pleine de leur syllabe radicale est très-suspecte pour des oxytons. Quant à hhiy-âs et im-mâs, ils font régulièrement hin-s-à (instr. \éà.?), im-ms-é. Le seul exemple dont ou ait à commenter la décli- naison, c'est donc l'indo-eur. ^usâs, et l'on peut croire en effet
comme ôaîficov aurait, dans de certaines limites, agi sur les mots en -co. V. Erliiuterungen ^ 55 i. n.
202 Expulsiou de Va dans les thèmes-racines.
que les formes faibles comme 'Uissa/ parurent trop inintelligibles ^ ha fut donc retenu: ^usasA-i, skr. iisâse. Pour Va^ de nsâsc en re- gard de Va^ de usasam v. p. 215.
Les thèmes-racines, simples ou formant le second terme d'un composé, se présentent sous deux formes tout à fait différentes.
Dans le premier cas la racine est privée de son «^ par une cause inconnue, mais évidemment indépendante de la flexion. Ces thèmes, auxquels nous faisions allusion à la page 18G, ne ren- trent donc point dans le sujet de ce paragraphe. Ayant perdu leur a avant la flexion, ils sont désormais à l'abri de toute modi- fication^. Quand ils finissent par i, u, r, n, m, ils s'adjoignent un t dont les longues ï, il, r, n, m (chap. VI) se passent. Exemples : skr. dvis, mrdh, niç (p. 177), açva-pig, mî-t, Jiriî-t, su-lr-t, aranya- ga-t (= -gm-t)'^ bhi, hhù, gir (= gJ^, -ga (= gn)-^ zend drug; gr. àlK-C,"A-{/)id-^ av-^vy-, àvt-}]QÎô-, tTi-rjlvg^ -vdog (métaplasme pour -vd^oç) ; lat. jn-dic-, etc. ^
Dans le second groupe de thèmes-racines l'affaiblissement résulte de la flexion et n'embrasse donc que les cas faibles. Les noms dont il s'agit font pendant aux verbes de la 2^ classe. Toutes les racines n'affectionnent pas ce genre de déclinaison. A peine si celles qui finissent par r fournissent un ou deux exemples in- diens comme abhi-'svâr.
Le vocalisme des différentes formes fortes ne peut-être traité ici oii il ne s'agit que de l'expulsion de l'a; voy. p. 217 seq.
Parmi les composés sanskrits on remarque ceux de han:
1. Le Rig-Véda a un génitif sing. (et accusatif pi.) usas. On le tire, avec raison probablement, d'un thème ».s. Y supposer la continuation de la forme faible us-s- serait invraisemblable à cause du double s qui serait représenté par .s.
2. Les déplacements d'accent restent naturellement les mêmes, du moins dans le mot simple. En composition, où ils sont censés avoir lieu également (Benf. Gramm. p. 319), l'usage védique contredit à la règle. Toutefois vi-mrdh-âs 11. V. X 152, 2, témoigne bien que la règle. n'a pas tort.
3. Tout renforcement nasal et toute i)erte de nasale étant choses étrangères à l'indo-européen, il est évident que la flexion du skr. yûjj qui fait yûng aux cas forts ne peut pas être ancienne. Du reste, dans le liig- Véda, la forme yuwj- est (extrêmement rare.
Exi)ulHioii (le r« (liuiH les thèmes-racines. 20;j
',u-,{i\iH. vrtra-hchj-am, (Vdt. vrtra-ghn-c. De vah .se; forme ana/Jvâh, accus, anad-vâh-am, dat. (ma/J-iih-c.
On entrevoit encore la déclinaison grecque iiriiuitivt,' de BeXXsQO-cpcov (dont raccpntuatiou est incompréhensible): le nom llsçaé cparra^ où -(paxxa répond au -glinl sanskrit, iiidi(|ue que le génitif eût fait ''^' BelXeQo-fpaxog (cf. p. 27 seq.).
En zend le thème vac «voix^> fait à l'ace. vïicini,vacem (= gr. fÔTta), au dat. vàce, à l'instr. vàêa etc. Cette flexion ne peut pas être ])rimitive. Aucune loi à nous coiiinie n'autoriserait dans les cas faibles d'autre forme que *nc- (à moins que l'a de vacem ne lut un véritable ci long indo-européen, ce qu'il n'est pas). La forme và{:- est due évidemment à des influences d'analogie. En sanskrit vue- a envahi, comme on sait, toute la déclinaison.
Posant pour thème rhlm-ksé- , nous ramenons le nom. skr. rhJm-Jcsâ-s à * rhJm-ksâi-s (cf. ras == *rdis). L'allongement de Va est comme pour dyans. L'instr. pi. rhhu-JiS î-hliis s'explique de lui- même. Quant à l'accus. rblm-lihân-ani (au lieu de '"'■'rbhu-lcsày-ani), il est dû à quelque phénomène d'analogie. Cf. divâ-Vsâ-s le({uel fait à l'accus. divâ-lcsas-am. On a dans le Rig-Véda, mais seulement au pluriel, uru-grây-as, pâri-gray-as, de^/u Le nom. sing. eût été, je pense, -gras. Citons encore dhï-gâv-as R. V. IX 8G, 1.
Quand la racine finit par «, le ' des cas faibles s'élide devant la désinence: soma-pâ, ace. soma-pa-m (-jx'ijA-ni), dat. sonta--p-é (-p^-c). C'est ainsi qu'on a, dans le verbe, gà-h-ati = ^'(jâ-h-nti venant de gah"^ -f~ ^^''- ^- V- ^*"' ^t le § 14.
Sur la signification qu'on attribuera à l'échange de «^ et a.^ dans les mots comme pad où \a ne peut tomber, v. p. 215.
THÈMES PAEOXYTONS.
Les thèmes paroxytons du sanskrit gardent, comme on sait, l'accent sur la syllabe radicale à tous les cas de la flexion \
Admettrons-nous ce que M. Osthoff (1. c. 46 i. n.) indique comme un résultat probable des recherches ultérieures, que l'indo- européen n'ait point comiu cette loi de l'accentuation indienne et que le comparatif tvâsyas par exemple ait fait au datif wa-
1. Il y a de rares exceptions qui ne sont qu'apparentes. Ainsi piititân (dat. punisé) aura été d'abord oxyton, ainsi que le suppose le vocalisme de la. racine. Ou peut en dire autant de soàr (siiar) qui donne un dat. védique nîiré. Sur sâmi, gén. sfiôs, v. p. 221 seq.
•
204 Expulsion de l'a d;ins les paroxytons.
syasAi^? Tout au contraire ^ nous disons que la loi des paroxy- tons a toujours existé:
1° Il ressort de tout ce qui précède que l'accent, aux cas «forts», ne tend pas moins à gagner la désinence qu'au datif ou aux autres cas «faibles». Que signifieraient donc des déplace- ments d'accent tels que wâsyâs wasyasJi?
2° Une pareille mobilité d'accent est difficilement conci- liable avec la fixité du vocalisme radical, qui est très-grande pour les paroxytons.
3° 11 y a un contraste frappant entre les «cas faibles» des oxytons en -was et ceux des paroxytons en -yas. Toutes les con- ditions étant égales d'ailleurs, nous trouvons, là viduse (= *r^- dusé), ici msyase. La non expulsion se vérifie aussi dans les in- finitifs en -man-e, -(lev-aL, de thèmes jDaroxytons,
Donc dans les paroxytons normaux ions les cas seront forts.
Autre chose est de savoir si la dégradation du suffixe n'avait pas dès l'époque proethnique pénétré d'une manière ou d'une autre dans certains groupes de paroxytons.
Ce qui le fait supposer tout d'abord, c'est que la majorité des paradigmes du sanskrit, ne distingue point à cet égard entre oxytons et paroxytons: hhràtre, ràgne, hhârate, montrent le même affaiblissement que mcitré, ulisnc, ttidaté.
On ne saurait attendre des langues européennes de données décisives pour cette question. Voici cependant un cas remar- quable et qui confirmerait le témoignage du sanskrit: le t du germ. svcstcr «sœur» n'a pu prendre naissance que sur une forme faible svcsr- d'où il a gagné ensuite les cas forts (Brugman Stud. IX 394); preuve que la dégradation, dans ce mot, est bien an- cienne. Or c'est un paroxyton: skr. svâsar.
D'autre part le féminin hhàrantl (cf. tndatî) des participes indiens paroxytons semble indiquer positivement que la flexion grecque tpéçav rptQovTOç est plus primitive que le skr. hhdran h/iârutas. C'est l'avis de M. Brugman 1. c. 329''^.
1. C'est ce qui paraît être l'opinion de M. Brugman (Stud. IX 383).
2. La langue védique semble faire quelque diftérence entre les thèmes en -î/mn selon qu'ils sont oxytons ou paroxytons. De ces derniers on a par exemple gcmunii, hhumana, b/iimanas, yàmanas. Au contraire /)rewan, pralliimnn, viuhimàn, donnent les in^immcnisixxis. prciià , prathinà , mahinà,
Loi (!(! la fl<;xion faiVjle. 20;")
La portée de la question diminue du reste considérablenieJit, si l'on sonj^e qu'au pluriel et au duel, où règne la flexion faible, oxytons et ])aroxytons étaient soumis à une même loi.
B. L'expulsion so produit en vertu des lois de la flexion faible.
M. Paul a consacré une partie du travail précédemment cité il une étude sur la déclinaison ])rimitive des thèmes en i et en ii, ou plus exactement sur l'espèce la plus commune de cette décli- naison. L'auteur montre que la dégradation du suffixe, à tous les nombres, dépend du phonème initial de la désinence: selon que ce phonème est une voyelle ou une consonne, l'a suffixal apparaît ou disparaît \ Au vocatif, où la désinence est nulle, l'arien, le letto- slave, le germanique et le celtique 2'i'ouvent que Va existait (Beitr. IV 436).
C'est là ce que nous avons appelé plus haut la flexion faible (p. 187). Le principe de l'expulsion se résume pour elle dans cette loi unique: l' ADJONCTION d'une désinence commençant par
UNE consonne entraîne LA PERTE DE L'a^ PRÉDÉSINENTIEL.
— Thèmes finissant par i et u. —
Dans les cas où le suffixe a sa forme pleine, le ton, en san- skrit et en grec, se trouve sur l'a. Il y a tout lieu de croire que c'est là l'accentuation primitive. Celle des cas faibles du pluriel sera traitée plus bas, p. 209.
Nous pouvons parler tout de suite de la qualité de l'a. Les thèmes en i et en u de déclinaison faible semblent n'admettre que Va^. Le grec présente s, le sanskrit un a bref. L'o du si. synove, Va du lith. sunaus sont des modifications secondaires de Ve (p. 67).
où le rejet de Vm atteste la grande pression que subissait le suffixe. Mais hhumanas, yCimunas, peuvent être une imitation de lidrman'is, ràrtmanas, et d'autre part le paroxyton àçman fuit en zend as]md au génitif (Spiegel Gramm. 156). — Les thèmes faibles ynn- et maghon- de yih-an et maghâvan ne prouvent pas grande chose en faveur de la dégradation des paroxytons; nous avons trop peu de garanties relativement à l'ancienneté de leur ac- centuation. La même remarque s'applique aux mots comme sâlhai- sdl'lti-. Cf. sakhibhyas, Benfey VoUst. Gramm. p. 320.
1. On s'étonne que dans le même travail l'auteur s'efForce de tirer un parallèle entre les thèmes dont nous parlons et les thèmes à liquide et à nasale, parallèle que l'énoncé même de sa règle rend à notre sens chimérique.
206 La flexion faible dans les thèmes en i et en u.
En gothique la de anstais, anstai; simaus, sunan, est encore in- expliqué, il ne paraît point se retrouver dans les autres dialectes germaniques — au contraire le v. li*-all. a encore simili — et de j)lus le plur. sunjus offre IV.
Les thèmes yuktâ^i et mrda^u donneroni conformément à la loi posée ci-dessus ^
Singulier Pluriel
Nom. yukti-s yukta^y-a^s
Voc. yiikta^i yiikta^y-a^s
Ace. yukti-m yukti-ns
Singulier Pluriel
Nom. mrdù-s mrdâ^w-a^s
Voc. mrda^u mrda^w-aiS
Ace. mrdiï-m mrdù-ns
Dat. yuktajY-Ai yukti-bhyas Dat. mrdâ^w-Ai mrdù-bhyas Loc. yuktâ^y-i yukti-swa , Loc. mrda^w-i mrdù-swa
Différentes formes donnent lieu à des remarques particu- lières,
1. Génitif du singulier. La forme indo-européenne paraît avoir été yuJdâiïSj mrdùjis, vu l'accord du si. liosti, symi, avec le skr. yuktés, mrdos (Leskien Decl. 27). L'i est Vu devaient être longs, puisqu'ils provenaient de la contraction de y^ et w"^, la dé- sinence étant -'^s (p. 196). Cette contraction du reste n'est pas absolument régulière: elle n'a lieu ordinairement, pour Vu du moins, que si la semivoyelle est précédée d'une consmine comme dans dhûtâ == *dhiv'Hâ (§ 14).
2. Les ablatifs du zend comme garait, tanaof, n'infirment point la règle: ils sont probablement de création récente (Leskien Decl. 35 seq.) et d'ailleurs la désinence est -ad, non -d. Si garait était ancien, il serait donc pour «garayad».
3. L'instrumental sing. et le génitif plur. sont malheureuse- ment difficiles à étudier, à cause de la formation nouvelle yuMî-
1. Dans un article sur la gradation des voyelles (Académie de Vienne LXVI 217) M. Fr. MûUer attirait l'attention sur l'antithèse des déclinai- sons de yuJcti, mrdû, et des thèmes consonantiques. Il faisait remarquer que le premier genre de thèmes affaiblit le suffixe précisément dans les formes qui pour les seconds sont fortes. Mais — outre que la «décli- naison consonantique » contient aussi, comme nous l'avons vu, des thèmes en i et en w — l'antithèse est pour ainsi dire fortuite: elle n'existe que dans la limite donnée par le principe des deux flexions et la nature des désinences. Au locatif et au vocatif les paradigmes se rencontrent néces- sairement: mhlo cf. Zfv, (Intur; sundvi (véd.) cf. dydvi, dâtari.
La flexion faible dans les thèmes en i et <!ii u. 207
ndm, mrdunam. Il reste pourtant clos iiistrimientaux védiques comme ^wt'^ct, ïirmià, et en /ciid les géiiitii's plur. ruiyivàm, %rai^- wàm, vanhvàm (Spiegel Gramm. p. 142). Les langues congénères ne sont ])as d'accord entre elles.
Les types pavya, vanJivàm, sont évidemment en coiitradiction complète avec la flexion faible; nous devons les accepter tels qu'ils sont, comme un essai de déclinaison forte. L'anomalie paraît tenir à la nature des désinences.
4. Duel. Le dat.-abl. skr. ynlitihhymn, mrdubhyâm, si. hostïma, synuma, ne présente rien de particulier. Pour le génitif-locatif, nous prions de voir à la page 209. La forme du nom.-acc. yuJcfi, mrdû, si. Icosti, syny, n'est point encore bien éclaircie, et nous ne savons quoi en penser.
Les thèmes en i et u subissent dans la dérivation le même traitement que dans la flexion. Ils maintiennent leur u tant que l'élément ajouté ne commence pas par une consonne; y compte comme voyelle. C'est ainsi qu'on a en sanskrit vâstavya de vustu ', eu grec «ors tbg de uatv \ ôév-ôçiov de ÔQv, en gothique triva-, Icniva- de *tru, *knu. Que lès adjectifs verbaux grecs en -réo soient apparentés aux formes indiennes en -tavya c'est ce que les observations de M. Curtius (Verb. II 355 seq.) rendent douteux. Qu'ils soient sortis comme les adjectifs indiens de thèmes en -tu, c'est l'opinion commune qu'il n'y a pas lieu, croyons-nous, d'abandonner. Le mot èzsoç dont le digam-ma apparaît dans 'EziJ-âvÔQa (inscr. cypriote, Revue archéologique 1877 p. 4) est accompagné encore de hv-fiog. De- vant les consonnes nous trouvons i, u: skr. çuéitvd, bandhidn, gr. rccxvrrig etc. — Au féminin, le gr. Tilatiia est probablement plus primitif que le skr. prthvï ; cf. toutefois oQyvia^'AQiivia etc.
La flexion faible ne paraît avoir été en usage, au singulier, que pour les thèmes finissant par i et u. Toutefois on en peut soupçormier la présence dans les mots comme skr. yantûr, aptûr, vandhûr. .Un thème à liquide eilt fait au nomin. yamtr-s, au dat. yamtâ^r-'i, à l'ace, ymntr-m. Or yamtrs a pu à la rigueur donner en sanskrit yantilr et par extension yantiiram etc. En grec ficcQ- riJQ serait pour ^fLccQtrg.
— Pluriel et duel des thèmes de flexion forte. — Mieux que toute autre forme, l'accusatif du pluriel montre comme quoi le principe qui régit au singulier la déclinaison de
1. Nous devrions dire vâsto, aaxsv etc. Malheureusement en nommant les thèmes sous cette forme, on s'expose à plus d'un malentendu.
208 La flexion faible règne seule au pluriel et au duel.
thèmes comme pitûr, uksàn etc., ne se vérifie plus aux autres nombres.
La jDlace de l'accent à ce cas est donnée, comme nous l'avons vu (p. 39 seq.), par la désinence arieime -as pour -ns qui serait devenue -ans, -an, si elle avait porté le ton. L'accentuation pri- mitive s'est conservée du reste dans le grec (nôdag^ cf. no6GC) et, dans l'indien même, pour les thèmes sans dégradation qui, dans les Védas, accentuent rarement la désinence -as ^
Ayant reconnu que l'accent frappait originairement le thème, M. Brugman crut être forcé d'aller plus loin et d'admettre — par hypothèse pure,- car le témoignage du zend et de l'européen est ici tout à fait équivoque — que l'accusatif pluriel était ancienne- ment un cas fort. A la page 40 nous avons adopté cette manière de voir, parce que nous ne comprenions pas encore que le pluriel des thèmes dont il s'agit dût être jugé autrement que le singu- lier. Mais à quelles invraisemblances ne conduit-elle pas? Com- ment cet affaiblissement systématique de toutes les espèces de thèmes sanskrits à l'accusatif plur. serait-il dû au hasard d'un re- maniement secondaire? Comment, en particulier, expliquer la forme des thèmes à liquides, ^ji^r»? Cette forme renverse toute l'hypothèse: elle ne se conçoit qu'en partant de Ymào-e.wx. p^tr-ns (cf. gotli. fadrims). Dans la supposition de M. Brugman on ne pourrait attendre en sanskrit que «jntràs» (pour «*2ntdras», «^pitàrns'))). Ainsi les deux choses coexistaient. La syllabe pré- désinentielle était affaiblie malgré V accent. Or cela est la négation même de toute flexion forte.
En revanche la simple confrontation de *pitr-ns, *sdJihi-ns, *(hjii-ns avec * mnhi-ns nous apprend que ces formes entrent sans la moindre difficulté dans le canon de la déclinaison faible.
La nasale de la désinence -ns a eu l'efi'et d'une coiisomie: de là mrchi-ns et jy^tr-ns, non mrdàw-ns, 2)Hdr-ns. Ou ne doit donc pas s'étonner de trouver aussi hhâmt-ns, tnditt-ns, ividns-ns, kp-ns (hhàratas, tudatâs, vidilsas, apâs).
Les thèmes à nasale ont dû faire tûcsns ou bien uJcsnnns. On
1. i]xeraples: isas, ksdpas, giras, tiigas, diças, drûhas, dvûas, dhiyas, dhiiras, pûras, pfJcsas, psâras, bhidas, bMigas, bhûvas, mifias, mrdJias, yûdhas, ripas, vipas, viças, vrtas, vriças, çrhjus, stûhhas, spàças, sp'fdiKtft, srtif'fdN, srûUias, .snicas, h ni tas V le dictionnaire de Grassmann.
La flexion faible règne «eule au pluriel et au duel. 200
pourrait, sans improLabilit(; trop grande, retrouver cette dernière forme dans le véd. ulcsànas, v'r'sanas. En tous cas uksnâs n'est pas un type pur.
Au nominatif, le parallélisme de pitdras, nlcscmas, sàlchâyas, dytwas, avec yidctâyas, mrdàvas, saute aux yeux.
Nous arrivons aux cas dont la désinence commence par hh et .S', p. ex. l'instr. pHr-bhis, ulîsn-hJds, saJci-hhis, dyu-bhis. Comme dans yukti-hhis, mrdu-hhis, l'affaiblissement est causé par la con- sonne initiale de la désinence et point par l'accentuation. Etu- dions cependant cette accentuation. Ni en sanskrit ni en grec la désinence n'a le ton (pUrhkis, TtazQccai etc.). M. Ostlioff (Beitr. de P. et B. III 49) rétablit '■^■pUrhliis, '*naTQa6t. Dès qu'on admet la flexion faible, cette correction est inutile *.
Mais il y a les mots-racines. Ici l'accent frappe les dési- nences -this, -hJiyas, -swa: gr. TtoaGt, skr. adhhls, adbhyds, apsii. Nous devons croire que c'est là une imitation, proethnique mais hystérogène, de l'accentuation du singulier. En tous cas, lors même que cette supposition serait fausse, et que les désinences en question auraient eu partout le ton, comme le pense M. Ost- lioff, le fait que l'affaiblissement n'est dû qu'au contact de la con- sonne désinentielle ne nous en semblerait pas moins certain.
Cependant, en présence de l'accord des formes fortes (nirdâve, jj'ttâras) avec les formes comme intrhhls d'une part et l'accusatif pluriel de tous les thèmes de l'autre (v. ci-dessus), il nous semble qu'on a le droit de poser la non attraction du ton vers les désinences comme un des caractères distinctifs de la flexion faible.
Le génitif plur. skr. idisr.iàm (goth. auJisne) , zd. brd&ràm (gr. TtarQcàv) etc. se place à côté de yiiMy-am, mrdw-am (zd. vanhvàm), V. p. 207. " •
Duel. Le nom.-acc. pdé^^, idisauau, sdJchâyau, hâhâvâ, est conforme aux règles de la déclinaison faible, plus conforme même que la forme étrange yuliï et mrdu des thèmes qui sont si fidèles à cette flexion (p. 207). Au gén.-loc. yuJdî et inrdd font en sanskrit yiddyés, mrdvôs. Il faudrait *yidddyos, *mrddvos,
1. En faveur de l'accentuation ^tïrft/jts, on peut remarquer qu'elle est de règle pour les monosyllabes composés de racine -\- suffixe, comme vi-bhis, dyû-hhis, snii-bliis, sti'-bhis. Si -bhis avait origiuairement possédé toujours le ton, on attendrait certes «vibliis, dyubhis etc.».
14
210 Autres exemples de flexion faible.
et pareillement pitâros etc. Or cette dernière forme précisément, d'après les recherches de Grassmann, est exigée par le mètre dans les 20 passages du Rig-Véda où le texte porte j^Yrois^; rnâ- taros apparaît dans trois passages sur quatre. Nous ignorons s'il y a un grand nombre de cas analogues. Ceux-là nous semblent déjà très-significatifs. En zend on a le gén. duel çpentoxrataviïo. En slave l'ostija, synovn, sans être de nature à confirmer grande- ment notre conjecture, ne lui donnent pas de démenti. Les formes comme yuMyos, pitrôs, se seront formées en analogie avec les génitifs du pluriel.
La dégradation des thèmes paroxytons au pluriel et au duel {bJiàrantas, bhâradbhis etc., hhàradhhyâm) doit être ancienne, puis- quïci il n'est plus question d'accent. Les thèmes en -yas ont l'anomalie de maintenir leur a, peut-être sous l'influence du singu- lier, dont nous avons parlé p. 203 seq.
— Le nom de nombre quatre. — %
Le goth. fidvor montre que Va du skr. catvàras n'est point a^, mais un véritable « long (=«-)-«). On devra diviser ou: h^aJiVA-â^r-aiS, ou: Iv./iJivà.^Ar-ayS. La première hypothèse est la plus naturelle, car où trouve-t-on des thèmes eu -«.^r? Dans l'un et l'autre cas les formes faibles comme l'instrumental devaient faire *h/iJ:wAr-, d'où le gr. "^tèrfccQ-. Le si. letyr-ije, le goth. fidûr-dogs supposent une autre forme faible ^Jù^a^tw^r-, Jc^a^tûr- qui s'accorde parfaitement avec la donnée du goth. fidvor. En sanskrit on attendrait "^catûr- et non catur-. Il est remarquable cependant que l'accusatif fasse catwms, non «catvrn'».
— Nominatif-accusat^Rig. du neutre. — Tous les thèmes finissant par a^ -\- sonanfe premient au nom. -ace. sing. du neutre leur^B^e réduite, quelle que soit d'ailleurs leur flexion. Pour les thèmes à nasale'"^ v. p. 26 seq.
Les thèmes à liquide ont en sanskrit r: dâtr'"^-, cf. gr. véxtaQ
♦
1 . Notons bien que l'iustr. sg. pitrà , le dat. pitre, ne donnent lieu à aucune remai'que semblable. — Pitaros avait à coup siîr le ton sur la 2* syllabe.
2. Les formes grec(iues comme TSQfv, fvciatuov etc. sont hystérogènes.
3. Il y a un neutre sthâtiir (l'opposé de tjnfjat) dont je ne m'explique pas la syllabe finale.
Nomin.-accus. neutre. — Répartition de «, ai u.^. 211
(thème *vixt6Q-). PiÙH on a (;i(ci, mrdii, et, des tliJ'iiies de flexi(jii forte comme dyUj su-dyu.
11 est impossible que ce phénomène dépende de l'accen- tua,tion: elh^ varie en effet, et d'ailleurs les exj)ulsions d'à ne sont jamais amenées par le ton que quand il vient ajms la syllabe at- taquée.
L'affaiblissement tient donc ou à une cause purement dyna- mique ou à une influence pareille à celle qui crée la flexion faible, le conflit avec des phonèmes résistants. Nous préférons cette dernière explication.
Le thème nu étant sup])osé la forme première du nom.-acc. neutre, il se confondait primitivement avec le vocatif du masculin. Ainsi mrda^u, remplissait deux fonctions. Mais, tandis que le vocatif, en sa qualité d'interjection, était placé en dehors de la phrase, le nom.-acc. neutre subissait un frottement qui eut l'effet d'une désinence commençant par une consonne. 11 rejeta son «^.
11 paraît certain que le même phénomène s'est produit sur la particule w«, pour *na^u conservé dans nâ^^v-a (p. 82).
Les neutres hétéroclites, comme hard (p. 224), et les neutres en -as, -pas, -ivas {mânas, vâsyas, siôéç) ne subissent point cette réduction. Citons comme exception rentrant dans la règle pré- cédente le skr. àyus en regard du grec (masc.) aifoc- qui a donné l'ace, aià ; en outre yôs = lat. jus.
La forme sthà, neutre védique de stlià-s, doit être comptée parmi les anomalies.
2. APPARITION DU PHONEME «2-
Nous étudierons d'abo^Ra répartition de a^ et a^ dans les suffixes comme -an, -ar, -tar, -ivas etc. qui peuvent expulser Va dès qu'il est sollicité de ton2|^^et qui ne présentent point d'autre a que l'a légitime des cas forcsT
11 faut remarquer premièrement que le même suffixe peut prendre ou ne pas prendre a.,. Le suff. -tar des noms d'agents prend «^j; le suff. -tar des noms de parenté conserve partout a^ Le premier cas seul nous intéresse ici; l'histoire du second rentre toiite entière dans le chapitre de l'expulsion de \'a.
Les formes où l'on constate tout d'abord qu'un suffixe prend
rt.^ sont l'accusatif sing. et le nominatif du jduriel et du duel.
14*
212 Répartition des phonèmes a^ et a.^ entre les diff. cas.
Quand l'une de ces formes j)réseute le phonème a^, on est sûr quil existe aussi dans les deux autres^.
Il reste à savoir, et c'est là la question que nous examine- rons, si l'apparition de a.^ dans les formes jirécitées entraîne aussi sa présence aux trois autres cas forts, le nominatif, le locatif et le vocatif du singulier.
1. Nominatif. Pour ce qui concerne la quantité de Va, v. ci- dessous p. 213. Considérons d'abord sa qualité. M. Brugman a établi que le skr. dâtâram est rendu en grec par ôœroQa, nulle- ment par ôciTïJQa. Après cela il n'y a point de motif pour croire que l'équivalent grec du skr. data soit ôcot^q plutôt que ôojtcoq. Le lat. dator nous paraît même trancher la question. Bien que M. Brugman ne dise rien d'explicite à ce sujet, ce savant est loin de mettre en doute la primordialité de dator, puisqu'il s'en sert pour expliquer la longue de lace, datorem (primit. *dat6reni). Cela étant, la flexion de Ôcory'jQ n'apparaît plus que comme une variété de la flexion de yaGr^Q et Trarr/p, variété où Vtj du nomi- natif s'est communiqué à plusieurs autres cas ^. On devra admettre une classe de noms d'agent sans ag qui en sanskrit n'existe plus que dans çâmstar (ace. çâmstàram). — Dans les thèmes à nasale on trouve, en regard du gr. xi-c6v, le lat. hi-em-s. Ne serait-ce pas l'indice d'une flexion qui, traduite en grec, donnerait au nom. «xi'^v», à l'ace, xiôva? C'est peu probable. Qui sait si Ve de hiems ne provient point d'une assimilation semblable à celle qu'on ob- serve dans bcne de bonus? Elle pouvait se produire par exemple à l'ace. *Momem, au plur. *hiomcs. Telle est aussi la raison de Ve de jnvenis, cf. skr. yûvânam. A côté de flamen, flamonium'^ pourrait faire conclure à l'ace. ^fl'Midnem, "^ flamoncm ; mais cette forme s'explique suffisamment par l'analogie de matrimonium etc.* — Pour les thèmes en -uds^M. Brugman admet avec raison
1. Le pluriel indien dydvas gn regard de Z^v = *Zivv doit sûrement son â long au voisinage de dyaus et de dyam (sur lesquels v. p. 197) ou à l'analogie de gavas.
•1. L'ancien accusatif" en -xiça a laissé une trace dans les férainius en -xèiQu. Ceux-ci en effet n'ont pu être créés que sur ce modèle, le type -Tçia étant le seul qui réponde au skr. -tri.
3. Usener, Flcckeisen' s Jahrh. 1878 p. 51.
4. Rien n'est plus incertain que les étymologies qui tirent le lat. mu- licr et le gr. vyirig des thèmes du comparatif en -ya.^s.
Allongement rtu nominatif. 213
que le ^r.sidâg (accus, ancien *£^do(?«) est le continuateur direct de la forme primitive.
Ainsi rien ne peut faire admettre que la couleur vocalique du nominatif différât jamais de celle de l'accusatif.
En ce qui concerne la quantité de l'a du nominatif, c'est aujourd'hui l'opinion dominante que pour les thèmes à liquide, à jiasale et à sifflante, il était long dès la période proethnique. Le système vocalique s'augmente donc de deux phonèmes: l'aj etl'a^ longs, phonèmes tout à fait sporadiques et restreints, autant qu'on en peut juger, à cette forme de la flexion, les autres a longs étant des combinaisons de deux a brefs.
La question de savoir si, après la syllabe à voyelle longue, venait en- core Vs du nominatif a été Tobjet de vifs débats. Le premier M. Scherer avait révoqué la chose en doute et vu dans l'allongement une façon spé- ciale de marquer le nominatif. A leur tour ceux qui admettent Ys et qui attribuent l'allongement à l'effet mécanique de la sifflante ne sont pas d'accord sur l'époque où elle a dû disparaître.
Pour ce qui concerne ce dernier point, nous nous permettrons seule- ment d'attirer l'attention sur le i3arallèle sâkha{i) — Arixâ posé à la page 200, et qui nous détermine, avec les autres arguments bien connus, à admettre V absence de sifflante après an, âm, âr et ai dans la dernière phase de l'indo-européen.
Nous adoptons la théorie où l'allongement provient d'une cause (in- connue) autre que l'action de l's, sans croire toutefois que les deux caractères se soient toujours exclus l'un l'autre. Comment concevrait-on skr. vés, lat. rates, gr. TjSvç (à côté de zd. Icava, skr. sdkha, cf p. 198), si l's déterminait l'allongement? En outre il y a des cas où la voyelle longue se trouve de- vant une explosive. Ainsi le nom. sanskrit de i^fla^Z «pied» est pâd, p. ex. dans a-pdd. Si cette forme est ancienne, elle suppose un a long proeth- nique. Mais sans doute on peut alléguer l'analogie des formes comme pddam (= Tiôda). Citons donc tout de suite le germ. fat- ' dont l'ô, si l'on n'admet quelque part un a long dans la flexion primitive du mot, est pure- ment et simplement inexplicable. Or où l'a long pouvait-il exister si ce n'est au nominatif singulier? Le dor. ncôg confirme ce qui précède; -nog dans TQÎitoç etc., est refait sur les cas obliques, cf. n6lv-§og de ^oùç. Quant à novç, c'est une forme obscure de toute façon et que nous ne con- sidérons pas comme la base de Ttâg. — Si l'on admet que l'a du skr. mipâtam soit a.> (p. 227), Va du nom. ndpât == zd. najnto (pour *napâ{t]s), comme Vô du lat. nepot-, prouvent aussi l'allongement. — Le lat. vôx
1. Le norr. fat- est encore consonantique. Le goth. fotu- est né de fot- comme tunjm- de tunp-. La langue a été induite en erreur par le dat. pi. fotwn et l'ace, sg. fotti lesquels provenaient du thème consonantique.
214 Répartition des phonèmes «j et a., entre les clitf. cas.
permet la même conclusion: cf. gr. ot/> et vocare lequel est apparemment dénominatif de *voc-. — Enfin tous les mots comme lat. fur, gr. cpâç, ■nXâip, QCû^, ay.cûip^ itaça-^Xcâip venant de racines contenant e ne s'expliquent qu'à l'aide de l'allongement du nominatif. Plus tard la longue pénétra dans toutes la flexion et même dans des dénominatifs comme fûrari, tpa- qÛco, ■KXcùnâa, lesquels se propagèrent de leur côté (cf. §qcùuixco, âçca^ccco, ôcofiâcù, vcofiâm, ncoTÛo^ai, TQanâa, rçcoxâoi, arçwqpKCo). — A côté d'olvoip on trouve OLVwip, à côté d'enoip tncona (Hes.). Cette variation de la quan- tité paraît remonter à la même source.
2. Locatif. Ici la permutation est manifeste. En sanskrit on a dàtàram et dâtari, uksanani et ulisàui, Vsàmi et Mâmas (== gr. j(^Q'6v8g). Le même échange se traduit en gothique par cmhsin = uJcsâni (p. 197) en regard de aulisan et auhsans = lûcsanam,^ i(Ma7.ias. M. J. Schmidt a comparé à cô paradigme germanique le lat. homo hominis homonem (vieux lat.), parallèle qui s'est con- firmé de plus en plus pour ce qui est du nominatif et de l'accu- satif. Aux cas obliques il est difficile d'admettre que l'^^ (= e) de homin- réponde à Vi (== é) de auhsin. La voyelle latine paraît plutôt être purement anaptyctique, liominis se ramenant à *]iomnis (cf. p. 47 en bas, et l'ombr. nomne etc.). En grec aifst pourrait bien appartenir au thème aiJ^oG- (ace. ata) plutôt qu'à *a/'/o == lat. aevum.
3. Vocatif. M. Brugman Stud. IX 370 pose datayr comme pro- totype Aw. skr. dàtar. Mais cette forme peut tout aussi bien sortir de dàta.^r, et une fois qu'en grec le nom. dGitï]Q est séparé de dâ- roQcc (p. 212), le voc. Gcorêç que fait valoir M. Brugman n'a plus rien de commun avec les mots en -tcoq. M. Brugman lui-même a recomm plus tard (K. Z. XXIV 92) que la qualité de la n'est pas déterminable — dœroQ pouvant de son côté être hystérogène pour '^ôàrsQ — , et en conséquence il écrit pour les thèmes en -ivas: wîdwa^s ou ivklwa^s. L'incertitude est la même soit pour les thèmes à nasale soit pour les thèmes eu / et u de flexion forte {mklie, jirjtot, p. 200). Nous parlerons plus loin (p. 216) de la circonstance qui fait pencher les chances vers a^. Il n'en est pas moins vrai que l'apparition de «^ dans les thèmes dont nous par- lons n'est démontrable que pour une seule forme, le locatif.
Voilà pour la permutation a^ : a^ dans les syllabes prédési- nentielles qui ne gardent l'a qu'aux cas forts. Mais on comprend
I
Répartition cIgh phonèmes a, et a^, entre lea difl'. cas. 215
que celles de ces syllabes où la chute de Va est impossible pré- seutent encore une permutation d'ini tout autre caractère, la per- mutation l'orcéc si on peut l'appeler ainsi. La décliuaisoji du nom de l'aurore dans un grec très-primitif serait (cf. Brugman K. Z. XXIV 21 seq.): nom. '*av0c6g (skr. usas), ace. '*ava6ca. (skr. usci- sam), voc. "^avGog ou '^avasg (skr. tVsas), loc. *av6éai (skr. usàsi)-^ gén. *av0EG6g (skr. usâsas pour *usasâs), v. p. 201 seq. Dans ce paradigme l'apparition de le au locatif — et au vocatif si '*av06g est juste — résulte de la permutation libre étudiée ci-dessus. Au contraire Ve de '"^'avaeûôg = skr. îisàsas n'existe absolument que parce qu'une cause extérieure empêche l'expulsion de Va suffixal, et dans ce cas nous avons vu que c'est toujours a^ qui apparaît (p. 134).
Dans les thèmes-racines, la permutation forcée est fréquente. Ainsi Va^ du lat. pedis, gr. nsôôg^ skr. pàdds en regard de com- podem, jioda, pàdam (Brugman Stud. IX 369) est tout à fait com- parable à Va^ de ^avôeGÔg. Le locatif en revanche faisait à coup sûr pâ^di, avec permutation libre.
Considérons à présent la permutation a.^ : a^ dans les thèmes où tous les cas sont forts, c'est-à-dire les i)aroxytons (p. 204). Les comparatifs en -yas, qui ont a^ au nominatif (lat. suavior) et à l'accusatif (skr. vâsydmsam reflétant un ancien *vâsydsam, gr. rjôîco = '^'rjôioa), présentent un a bref, soit a^, dans les cas obliques du sanskrit: vâsyase, vâsyasas, vâsyasci. Il est évident qu'ici il ne saurait être question de permutation forcée, et nous apprenons ainsi que le génitif, le datif et l'instrumental, quand l'accent leur permet d'être forts, ont le vocalisme du locatif ^
Ceci aide à comprendre la flexion des neutres paroxytons en -as, lesquels ont % au nominatif-accusatif, «^ aux autres cas (Brugman Le. 16 seq.). Si l'on convertissait en masculin le neut. inâna^s, dat. màna^SAi, on obtiendrait au nom. mâna^s, à l'ace.
1. La conjecture de M. Brugman (1. c. 98 seq.) part du point de vue que la pi-ésence de Va aux cas faibles des noms en -yas est irrégulière, ce dont nous ne pouvons convenir (p. 203 seq.). — Ce qui précède fait voir que padcis, *usasds auraient «j quand même la permutation n'y serait pas forcée. Néanmoins nous avous cru qu'il était plus juste de présenter la chose comme on vient de la lire.
216 Répartition des phonèmes «j et a.^ entre les clifF. cas.
mâna.^sm, au dat. ntàna^SAÏ, c.-à-d. la même flexion que pour les comparatifs. Le datif serait donc tout expliqué. L'^a du nom.- acc. se justifie directement par le fait que le neutre de ivâsya.,s est îvâsya.^s (lat. siiavius), et le neutre de îvidiva.^s, tvichvd^s (gr. sLÔog). Ces trois types font exception à la règle qui demande l'expulsion de l'a au nom.- ace. neutre (p. 211).
Au pluriel et au duel (flexion faible) les thèmes, oxytons et paroxytons, qui ne peuvent rejeter l'a devant les consonnes ini- tiales des désinences prenaient, selon la règle, a^: les formes grecques ^évsa-ôL, oQeô-gji, en témoignent, aussi bien que les ac- cusatifs indiens pàdâs, usâsas (= padns, usasns), cf. ptidas, usasas.
En anticipant ce qui est dit plus bas sur le vocatif, le résul- tat de l'étude qui précède peut se formuler ainsi: Dans la flexion nominale les syllahes p-édésinentielles ok a^ est suivi d\m phonème et qui admettent la modification en ag, présentent toujours cett^ modi- fication 1° au nominatif des trois notnhres, 2° à l'accusatif du singu- lier, 3° au nom.-acc. sing. du neutre lorsqu'il conserve Va. Partout ailleurs l'a, s'il n'est expulse', ne peut avoir que la valeur a^
L'échange des deux a dans les thèmes finissant par a est traité plus haut p. 90 seq. Dans les cas qui, pour les thèmes tels que idisàn, sont les cas forts on observe un parallélisme frappant entre les deux classes de suffixes:
Sing. nom. îdcs-à^n Cf. yuk-tâ^-s
ace. \dcs-iL^n-m y\ik-tâ^-m
loc. lûcs-â^n-i yuJc-tâ^-i
Plur. nom. uJiS-â.ji-a^s yidi-tc^-a^s
Reste le vocatif sing. On a vu que la voyelle de ce cas né peut pas se déterminer directement pour les thèmes comme uhsan (p. 214). Seulement M. Brugman tire du voc. yiikta^ une i>ré- somption en faveur de l'hypothèse data^r {uksa^n) et nous adop- tons son opinion, non point toutefois pour les raisons qu'il domie et dont nous parlerons tout à l'heure, mais uniquement parce que le locatif atteste la symétrie des deux paradigmes.
M. Brugman est convaincu que l'échange de «j et «^ ^'^x- plique par l'accentuation, et en particulier que IV/j du voc. ydJctUi, qu'il regarde comme un affaiblissement, tient au recul du ton à
L'échanfjre a^-u.^ est indôpcndaut du racceiii. 217
ce cas. Or le locatif qui n'a point cotto particularité d'accent montre exactement le même vocalisme. Ensuite où est-il prouvé que l'accentuation en question ait une influence quelconque sur Va./^ On compte autant de r^^ après le ton que sous le ton, et d'ailleurs les deux a se trouvent placés cent fois dans les mêmes conditions d'accent, montrant par là qu'ils sont indépendants de ce facteur pour autant que nous le connaissons. C'est ce qui appa- raît clairement, quand on parcourt par exemple la liste de suffixes donnée plus bas, le même suffixe pouvant avec la même accen- tuation prendre a.^ dans certains mots et garder a^ dans d'autres. — Ainsi que nous l'avons dit ji. 133 seq., nous considérons a^ comme une voyelle primitive et nullement aftaiblie, et a.^ comme une modification de cette voyelle. Autant il est vrai qu'on re- trouve partout les trois termes «v, a^, a-zéro, autant, à notre avis, il serait erroné, de croire qu'ils forment une échelle à trois degrés et que «j est une étape entre a^ et zcro.
M. Brugman dit (Stud. IX 371): «tous les doutes qui pour- « raient surgir relativement au droit que nous avons de tenir Ve «du vocatif pour un affaiblissement sont levés par les thèmes «en -â,» et il cite alors le vocat. vv^g)à, zeno, amhà. C'est là cet incompréhensible parg-llélisme des thèmes en -a avec les thèmes en -«1 («2) qui se vérifie encore au locatif et dont nous avons déjà parlé p. 93. On ne pourra y attacher grande valeur, tant que l'énigme ne sera pas résolue.
Nous avons vu de quelle manière, étant donné qu'un thème prend a^, ce phonème alternera avec a^ aux différents cas de la déclinaison. Il reste à établir ou plutôt à enregistrer, car on n'aperçoit aucune loi dans cette répartition, quels sont ces thèmes, quels sont avi contraire ceux qui maintiennent a^ partout.
Pour abréger nous écrivons, par exemple, snffixe -a^n, ce qui signifie: variété du suff. -a{)i admettant Va^.
I. La syllabe prédésinentielle prend «^ •
Thèmes-racines. Les plus importants sont iia./l «pied»:
skr. lÂdam, gr. tiôÔcc (Brugnian Stud. IX 368); Ka.Jc «voix»: skr. vtxvam (cf. jî. 203), gr. fana. Sur le lat. vôceni v. p. 214. En grec lovç (gén. ^oo'i,'), àoQ^, 9>Ao'| (ce mot est hystérogène, la racine
218 Enumération des thèmes qui prennent a.^.
étant tp^tjy, v« p. 173 i. n.), ;tTco|, Q-câjp. On pourrait douter si l'a du skr. ap «eau» représente a^^A ou a.^. Nous nous décidons dans le premier sens pour 3 raisons: 1" si la de âp-am était a^ on devrait, rigoureusement, avoir au datif ^j-d", 2*^ la parenté du gr. 'Atcl- (p. 56) est probable, 3° dans les composés comme dvlpâ, anUxKi, Ya initial de ap s'est fondu avec ^^ et Vu qui précèdent, ce que n'eût pas fait a^. — En composition on a p. ex. gr. BeIXbqo- q)âv, 'lo-(pâv, dont l'accusatif a dû faire primitivement -(pova. Une partie des composés indiens de vah, sali etc. ont à l'ace. -vali-ani, -sali-am. La forme faible existe p. ex. pour anad-vàli-ani qui fait anad-uli- (p. 202; sur le no]ninatif v. p. 43 i. n.). Pour -saJi- {== saji) la forme faible devait être *sah-, le groupe sgh n'étant pas admissible. Or dans le Rig-Véda an ne trouve presque jamais que les cas forts, sauf pour anaçlvali. L'alternance de -vali- et -uli-, de -sali- et -sali- s'était donc perdue, sans qu'on osât cependant transporter dans les cas faibles la forme à voyelle longue. Il n'existe qu'un ou deux exemples tels que satrâ-sàh-e.
— Les nominatifs ont l'a long (liavya-vâf etc.). Comme la syllabe est fermée, la longue est due ou à une extension analogique ou à l'allongement du nominatif (p. 213).
Suffixes.
1. -a.2ii. Ce suffixe abonde dans toutes les langues de la fa- mille.
2. -a2iu. On trouve le suif, -a.^m duns glii-âm, gr. ;^t-ujv (zd. 0yâo, lat. liiems, cf. p. 197) et <jlis-âm: gr. xd'-KXiv, skr. nom. pi. Ics&m-as. Brugman Stud. IX 308.
3. -agi'. Skr. dv-ir-as^ (nom. pi.). La forme forte reparaît dans le si. dvorû, le litli. dv&ras, le lat. fores. Brugman 1. c. 395.
— On peut mettre ici swasa^r, skr. ace. svâsâram, lat. soror, lith. ses\x, irl. siwr (cf. athir), gr. è'oQ-sg^.
1. L'aspirée dh a subsisté, pensons-nous, dans ce mot jusqu'au jour où naquit la forme dhûr «timon, avant-train» venant de dhr. L'équivoque perpétuelle qui s'établit alors entre dhûr et les cas faibles de *dhvar (comme dhuràm) poussa à difl'érentier ces formes.
2. M. Léo Meycr a vu dans oaq le représentant grec de sioa^sar , opi- nion à laquelle personne n'a adhéré. En revanche il n'y a aucune difficulté phonique à identifier avec skr. svâsâras foqsç' nçoarjKovTSç, cvyysveig; cf. hOQ- Q-vyDCTi]Q, KVf^pLÔç (probablement un vocatif), fvçéacpL- yvvai^tv. Un grand nombre; d'autres formes voisines quoique assez hétérogènes ont été
ThoraeK qui ir;idiiictt<'ijt poiiil a^. 21*J
4. -iiiit,!!. SufHxe connu en grec, en latin, oji germanique et dans l'ai'ien. Il serait intéressant de savoir pourquoi, en grec, raceusatif ancien en -^ova et l'accusatif hystérogène an-^àva se répartissent exactement entre paroxytons et oxytons.
5. -wa^ii. Ce suffixe, fréquent en sanskrit, se retrouve avec plus ou moins de certitude dans le gr. nîcov, nénav, à^tpLKxCovtg, et i&vTtrtav bien qu'on ne puisse peut-être identifier purement et simplement -TttLOJv avec skr. patvan ainsi que le fait M. Fick.
G. -tîi^l*. Noms d'agent.
7. -îijjS. Skr. nom. pi. us'is-as, zd. ushâonh-em, gr. r}uug, lat. mirôra; gr. aîdmg. — Puis tous les neutres en -as. V. p. 215 seq.
8. -lua^s, parait exister dans V'uid. piimas, ?i,cc. pimiamsaiti pour *pi(masam. Cf. p. 43 i. n. 203 i. n. 201.
9. -ya^^^ suif, du comparatif. Brugman K. Z. XXIV 54 seq. et 98.
10. -wa^S, suff. du particijje passé. Brugman 1. c. 69 seq.
A cette première série se rattachent, comme nous l'avons vu, les suffixes finissant par a (-a, -ta, -ma etc.), qui tous prennent a.,.
11. La syllabe prédésinentielle n'admet pas «^ : Thèmes-racines, jiteîg xrsvog (primitivement le gén. devait
être *xtnv6s, *'xtav6g), vtTcsg' veaçoî, xtéçsg (id.), lat. nex etc. En composition: skr. vrtra-lia}.t(^-am) , rtï-sàhÇ-am) à côté de rtî- sàJi(-am).
Quand un thème-racine se trouve en même temps ne jms prendre % et être hors d'état de rejeter Va — ex.: skr. spaç, spàram, spaçc, gr. èitC-TEi, — il est naturellement impossible de dire à coup sûr s'il n'appartient pas au type dvis (p. 202).
Suffixes.
1. -a^li. Plusieurs thèmes sanskrits comme vrsan, ace. vrsàiiam. En grec on a açGav- (peut-être identique avec vrsan), tÉqsv-, avxév-^ (pçév-. Parfois ces mots généralisent 1'»; du nomi- natif, ainsi ksi%riv -rivog, jiev&rjv -ijvog. Le sufî". -a^n sans a., manque au germanique.
2. -a^r. Skr. n-âr, ace. nàram = gr. avéça. Cf. sabin. nero.
réunies par M. Ahrens Pliilologus XXVII 264. La déviation du sens n'a pas été plus grande que pour (pQuxriq.
220 TiarrjQ: svTtazcoQ , Tirifia: cinrj^wv.
On a en outre cdd'-éQ-, àf-sQ-, ômv&'-tQ-, la-nxv-riQ' aipoÔQcos jcrvav Hes.
3. -mai 11. Cci'- ^oL^sv-, nvO-^év-, Xi^ev- etc. Le letto-slave (Jcamen-, ahnen-) a perdu -ma.^n et ne connaît plus que -ma^n. C'est l'inverse qui a eu lieu soit pour le germanique soit pour le sanskrit ^
4. -ta^r. Noms de parenté" et noms d'agent (v. p. 212).
5. -wa^r. C'est le suffixe qu'il faut admettre dans devâr\ ace. devaram. En effet le gr. daf()- montre a dans la racine; or celle-ci ne peut être dAVW (v. p. 182). Sur ce mot cf. Brugman Stud. IX 391.
6. -a^s. Nous avons vu p. 201 skr. hlny-as^-arri). Les thèmes en -a.)S formant le second terme d'un composé renoncent à Ya^'. skr. sn-mânàs-am, gr. sv-^sv^g, âv-atôtîg, lat. degener. Les adjec- tifs comme gr. tl;svd')]s, skr. tavâs se comportent de même.
Le sanskrit ne possède rien d'équivalent à la règle grecque qui veut que natÉQ-, ccvsq-, yaôrÉQ- etc., donnent en composition €v-7idtoQ-, âv-i^voQ-, xot^o-yâ<StoQ-y phénomène qui est l'inverse de celui que nous venons de voir pour les thèmes en -as. La règle des neutres en -(ik, analogue en apparence, a peut-être une signi- fication assez différente. Il est évident tout d'abord que Ttrjfia n'a pu produire à-nri^ov- qu'à une époque où \n du -premier mot existait encore, si ce n'est au nominatif-accusatif, du moins aux cas obliques ^ Mais l'association de ces deux formes pourrait être même tout à fait primitive. Si l'on admet que les neutres en question sont des thèmes en -ma^n et non en -ma^n — question qui ne peut guère être tranchée — , -Tirj^ov- nous représente le propre masculin de nîj^a. Le sanskrit est favorable à cette hypo- thèse: dvi-gànmcm-am : gànma = à-mq^ov-a : ^r^fio;'*.
1. La quantité de l'a varie en zend, comme dans tant d'autres cas. On ne saurait y attacher grande importance. En sanskrit aryamdn fait arya- mànam, mais c'est un composé de la rac. man.
2. Sur l'anomalie de ces noms en gothique où ils présentent a dans le suffixe (fadar etc.), anomalie que ne partagent point les autres dialectes germaniques, v. Paul Beitr. IV 418 seq.
3. Après que l'w se fut évanoui on forma des composés comme tiaro- (loç au lieu de *àot6ii(ov.
4. Le rapport de xf'çoiç et xQ'voô-titQcog n'a évidemment rien de com- mun avec celui de îrJyfiK et KTrrJftcov, -Mfçojs étant une simple contraction
Déclinaison de darii, y ami, sanu. 221
11 n'est pas besoin de faire ressortir la confirmation écla- tante de la théorie du phonème a.^ que M. Brugman a pu tirer de ces différents suffixes. Parmi les thèmes indiens en -ar ceux qui allongent Va sont 1" des noms d'agent, 2" les mots dvâr et svdsar : dans le gréco-italique les thèmes en -ur qui prennent o sont: 1° des noms d'agent, 2" les thèmes correspondant à Jvdr et svasar. L'arien ofi're'iisâsam en regard de sumdnàsam: nous trouvons en gréco-italique ausos- et sv^evaG-, degener-.
Nous nous abstiendrons de toute hypothèse relativement aux féminins en -a, à la nature de leur suffixe et de leur flexion '.
Pour terminer nous considérons deux genres de déclinaison où, contre la règle ordinaire, les phénomènes de la flexion s'entre- croisent avec ceux de la formation des mots.
1. Déclinaison de quelques thèmes en u.
En sanskrit gnu (qui n'existe qu'en composition) et le neutre dru sont évidemment avec gânu et daru dans le même rapport que srrn avec mnu. L'a des formes fortes est a^, v. p. 86. En fait de formes faibles on trouve en grec yvv^, 7Cq6-%vv, tyvvg, ôqv-; en gothique hnussjan, kn-iv-a-, tr-iv-a-. •
Or la règle de la grammaire hindoue relativement à snu est que cette forme se substitue à sdnu — lequel peut aussi se dé- cliner en entier — aux cas obliques des trois nombres (plus l'ace, plur.). Benfey VoUst. Gramm. p. 315.
La déclinaison primitive, d'après cet indice, a pu être: nom.-acc. dâ^r-u, dat. dr-â^iv-Ai etc. Ce n'est guère plus qu'une possibilité mais, à supposer que le fait se confirmât, il introdui- rait dans la flexion indo-européenne un paradigme telleinent extra- ordinaire qu'il est nécessaire d'examiner le cas et de voir s'il est explicable.
Etant donnée la déclinaison dâ^r-u, dr-â{iv-Ai, on ne pourrait sans invraisemblance supposer deux thèmes différents de fonda- tion, hypothèse qui résoudrait la question de la manière la plus
de -yieçciog. Au contraire celui de nitçaç {-azog) et à-nsîçav serait in- téressant à étudier. 1. Cf. p. 93, 217.
222 Déclinaison de daru, ganu, sanu, j)ak\u.
simple, mais qui n'expliquerait pas l'alternance fixe des deux formes.
Il s'agit de trouver le moyen de réunir da./u- et dra^ii- dans un seul type primitif sans avoir recours à d'autres modifications que celles qu'entraîne la flexion du mot. En partant d'mi tlième paroxyton dâr a^u cela est impossible : le ton qui frappe la racine ne passe jamais sur le suffixe (p. 204). Supposons au contraire im tlième premier *dar-â{u: dr-â^tv-AÎ est pour *dar-â^tv-Ai (voy. p. 236). Au n om.-acc. dâ.j'-u nous constatons que le ton s'est re- tiré sur la racine, où il a protégé Va. Toute la question est de savoir si l'on peut expliquer ce mouvement rétrograde de l'accent. Il nous semble que oui. En vertu de la règle que nous avons vue p. 210, le nom.-acc. du neutre *dar-âu devait faire: *dar-û. Mais l'i et l\\ finissant un mot refusent de iiorter l'accent (v. p. 190). Le ton était donc forcé de se rejeter sur la syllabe radicale.
Si l'on admet la déclinaison indo-européenne dâ^ru drdiîVAi et l'explication de dâ.,ru qui précède, il s'ensuit ime rectification touchant la forme primitive du neutre d'un adjectif comme mrdii-s qui a dû être mràdu. Cette forme était trop exposée aux effets d'analogie pour pouvoir se maintenir.
Dans la même hypothèse on posera pour la déclinaison du iiexxt 2)ci^u (pecKs): nom..-acc. pâjc^-u , dsit. imJc^^-îv-aL Nous met- tons paliwÂi et non paMwAÎ, parce qu'il y a des indices que ce mot suivait la déclinaison forte. En regard de l'adj. skr. drâv-ya on a paçv-yà, et le génitif védique du masc. jJaf^^s est invariablement paçvâs (cf. dros, snos). Du reste la flexion forte ne change rien à la question de l'accent. Voici les raisons qui pourraient faire ad- mettre la même variation du ton que pour les trois neutres pré- cédents. L'ace, neutre skr. paçu se rencontre deux fois dans les textes (v. B. R.): la première fois il est paroxyton, en concor- dance avec le goth. faihu, la seconde oxyton. Puis vient un fait que relève M. ]5rugman Stud. IX 383, le parallélisme du masculin oxyton paçii-s avec drii-s, ôçv-g, et le masc. zd. zhnu. Cette cir- constance resserre le lien du neutre pdçu avec la famille dam, f'/ânu, sanu. — Le nom.-acc. pâjt{u est paroxyton pour la même raison que dd^ru^. Dans le dat. pa^hivÂi et le masc. pajcri-s Va
1. La coloration divergente de l'a dans pdjcu et dd^ru, gd^nu, sd.^nu, d<îpend de facteurs qne nous ne connaissons pas. Supposer la même in-
DéclinaiKon de paJciU. 223
radical subsiste seulement, comme le dit M. Brujrmaii, parce que pkii- eût été imprononçable (le zd. fshn résulte d'altih-ations secondaires)-, cf. p. 48.
Le gérondif skr. gatvd, çrutvâ, en regard de Tinf. gdntum, çrôtum rentre, à preniièi'e vue, dans la catégorie que nous venons de voir. En réalité il n'en est rien. L'explication proposée pour dâru, basée sur Vu final de cette forme, ne s'appliquerait plus ii ydntum. D'ailleurs il faudrait que les iufinitifs védiques en -tave eussent la racine réduite et l'accent sur le suffixe, mais on sait que c'est le contraire qui à lieu (gàntave). II con- vient d'en rester à la conclusion de M. Barth (Mém. Soc. Ling. II 238) que le gérondif en -tvâ ne sort pas du thème de l'infinitif. On trouverait même le moyen de réunir ces deux formes qu'il resterait à expliquer les gérondifs védiques comme krtvi.
2. Mots hétéroclites.
a. LES NETITEKS.
Il y a longtemps que M. Sclierer a supposé que le paradigme indien des neutres comme âFsl, où alternent les suffixes -i et -an, devait dater de la langue mère. Dans les idiomes congénères en effet on retrouve ces mots tantôt comme thèmes en -i tantôt comme thèmes en -an. M. Osthoff (1. c. 7) s'est joint à l'opinion de M. Sclierer. Mais les mots en -i, -an, ne sont qu'une branche d'une famille plus grande, dont l'étroite union est manifeste.
La déclinaison de ce qu'on peut appeler les neutres hétéro- clites se fait sur deux thèmes différents K Le premier est formé à l'aide du suff. -an; il est oxyton; la racine y est affaiblie.
Ce premier thème donne tous les cas dont la désinence commence par une voyelle. Il suit la flexion forte.
fluence des sonantes que plus haut p. 87 serait une conjecture assez frêle. Peut-être le masculin pajcâ et les cas obliques oxytons où Va^ était forcé ont -ils influé par analogie sur le nomin. ^ihi^Ich. — Je ne sais comment il faut expliquer le datif védique (masculin) pdçve si ce n'est par l'attraction qu'exerce Va radical (p. 174). — M. Brugman (I. c.) montre qu'il a existé une forme ga^nu à côté de gnu et ga.;^nu; de même l'irland. dericcc «gland» joint au lith. dervà, au si. drèvo (J. Schmidt Voc. Il 75) remonte ù da^ru. En tous cas il paraît inadmissible que cette troisième forme ait alterné dans la dcclinaison avec les deux premières. Sur le lat. genu et le véd sanuhhis cf. p. 47, 4G.
1. Les nominatifs- accusatifs du pluriel et du duel devront rester en dehors de notre recherche, vu l'incertitude qui règne sur leur forme pri- mitive.
224 Déclinaison hétéroclite.
Le second thème a le ton sur la racine, laquelle offre sa forme pleine. Normalement ce thème semble devoir être dé- pourvu de suffixe. Quand il en possède un, c'est ou bien i ou bien un élément contenant r, jamais u ni n. Ce suffixe du reste n'en est probablement pas un; il est permis d'y voir une addition euphonique nécessitée à l'origine par la rencontre de plusieurs consonnes aux cas du pluriel (asth-i-hhis, etc.).
Les cas fournis par ce second thème sont ceux dont la dési- nence commence par une consonne, plus le nom.-acc. sing. lequel leur est assimilable (p. 210). En d'autres termes ce sont les cas moyens de la grammaire sanskrite ou encore les cas faibles de la flexion faible.
Les variations du vocalisme radical dont nous venons de parler rentrent dans le chapitre de la formation des mots, puis- qu'elles correspondent à l'alternance de deux suffixes. A ce titre la déclinaison hétéroclite aurait pu être placée au § 13. Mais l'alternance des suffixes étant liée à son tour à celle des cas, il nous a jjaru naturel de joindre cette déclinaison aux faits relatifs à la flexion.
Les neutres désignent presque tous des parties du corps.
1^ série: le thème du nom.-acc. est dépourvu de suffixe.
1. Gr. Qvç = lat. aus dans aus-culto. Le thème des cas obliques est ovaT-, c.-à-d. *ova-v- (p. 28). Il a donné le goth. misa ausins. La double accentuation primitive exi^lique le traitement divergent de Vs dans aitso et le V. h*-all. ôrâ. — Le nom.-acc. paraît hésiter entre deux formations, car, à côté de ous , le lat. auris, le lith. aus/s et le duel si. usi font supposer ôusi. D'autre part le si. ucJio remonterait à ôusas.
2. Lat. ôs = skr. as (et âsyà), dat. âs-n-é (peut-être primit. asné?).
3. Le skr. çirs-ii-é se ramène a ^kr-^s-n-Ai, lequel suppose un nom.- acc. krd^As que le grec conserve peut-être dans y.uxâv.Qâç et indubitable- ment dans v.Qâ{G)-ax-{pç): la sj'Uabe v.qâ6- est eniiiruntée au nom.-acc, le correspondant exact de çirs-n-ds ne pouvant guère être que *v.oqGcctoç.
4. Le mot pour cœur a dû être kâ^rd, dat. krd-n-A'i, ce qui rend assez bien compte du gr. mjQ ou plutôt x/^ç, v. Brngman Stud. IX 29G, du goth. hairto hairtms, du lat. cor etc. Cf. skr. hrdi et hardi.
6. Skr. dos, dat. dos-i^-é «bras».
G. Lat. jus «jus, brouet». Le sanskrit ofiVe le thème yus-ân, employé seulement aux cas obliques.
7. Skr. vàr «eau» à côté de vuri; le thème en -an paraît être perdu.
Déclinaison hétéroclite. 225
2° série: le nom. -ace. se forme ù l'aide d un élément conte- nant r. Quand r est à l'état de voyelle, il se fait suivre de g.^ ou plus ordinairement d'une dentale qui parait être t (cf. p. 28). Ces additions sont vraise]uljliil)lement les mêmes que dans -ksi-t, -lir-t (p. 202) et -dlir-h (au nominatif des composés de dhar). Les dé- rivés asra (skr.) et udra (indo-eur.) indiquent bien que ce qui suit Vr n'est pas essentiel.
1. Skr. us-r-g, dat. as-n-é. Gr. I'kq, slaç (Grdz. 400). L'a du lat. s-an- (ju-i-s, san-ies (cf. p. 28) paraît être anaptyctique (cf. chap. VI). Nous de- vons poser pour l'indo-européen, nom.-acc. âiS-r-g.^, dat. s-n-Âi. En san- skrit l'a des cas obliques a été restitué en analogie avec le nom.-acc. L'a du lette assins est sans doute hystérogèue, cf. p. 93 i. n. — D'après ce qui précède nous regardons lat. as.str, assaratum, comme étrangers à cette famille de mots. Otfr. Miiller (ad. Fest. s. v. assaratum) les croit d'ailleurs d'origine phénicienne.
2. Véd. âh-ar, dat. dli-H-e (pour *ahné probablement).
3. Véd. tidh-ar (plus tard udlias), dat. udh-n-e (primit. ûdhné?); gr. ovQ^-ccQ, ov&-at-og; lat. iib-cr et Oufens; v. h*- ail. Ut-er (neut.).
4. Lat. fem-ur fem-in-is. M. Vanicek dans son dictionnaire étymolo- gique grec-latin cite ce passage important de Priscien (VI 52): dicitur tamen et hoc femeu feminis, cujus nominativus raro in usu est. — Peut- être y a-t-il communauté de racine avec le skr. bhcimsas, bhasdd.
5. Gr. rj7t-aç r'iTt-Kr-oç] zd. yâlcare (gloss. zd.-pehlvi); skr. ydk-r-t yalc-n-é; lat. jec-ur jcc-in-or-is, jocinoris; lith. jeîcna. On peut conjecturer que les formes primitives sont: ya^Ak-r-t, dat. yAk-n-A'i, ce qui rend compte de l'a long du zend et du grec. Mais il est vrai que \]e du lithuanien et du latin s'y prête mal: on attendrait a
G. Gr. vS-(OQ vd-at-oç {v); v. sax. icatar, goth. vato vatins; lat. u-n-da; lith. va-n-du; si. voda; skr. uddn usité seulement aux cas obliques (nom.- acc. mlaka). Conclusion.- indo-eur. tr(i.,d-r{-t), dat. ud-n-Ai. La nasale du latin et du lithuanien est évidemment épenthétique.
7. Gr. cît-wç ffK-àr-és; skr. çàlc-rt çak-n-é (lat. stereus). Ces formes ne s'expliquent que par une flexion primitive: sd^Jc-r-t, dat. sk-n-Ai.
S'' série: le thème du nom.-acc. se forme au moyen d'une finale i. — D'après ce que nous avons vu plus haut (p. 112, 113 en bavS, 114) Vo des mots oGGa^ oataov^ ovg, doit être p. Au point de vue de la dégradation du vocalisme radical, ces exemples ne sont pas des plus satisfaisants. La racine apparaît invariable.
1. Skr. dlisi, dat. aks-n-é '. Le thème uu apparaît dans an-dk's «aveugle»,
1. Par une extension du thème nasal, le dialecte védique forme ak- sdbhîs. Le duel aksibhyUm est encore plus singulier.
15
226 Déclinaison hétéroclite.
uomiu. andk. La forme en -i donne le gr. ogob , le lith. aVis et le duel si. oci, l'autre le goth. aiigo augi'ns où l'accentuation du thème en -dn est encore visible.
2. Skr. dsth-i, dat. asth-n-é^. Gr. oavL-vog, 6ct-t{y)o-v (cf. hrd-aya), lat. os ossis (vieux lat. ossu). Les formes comme oazQSov (huître) font supposer une finale r à côté de la finale -i. V. Curtius Grdz. 209.
3. Skr. dddh i, dat. dadh-n-é. Le boruss. dadan est sans grande valeur ici: c'est un neutre en -a (Leskien Decl. 64).
4. Skr. sdîctJi-i, dat. sakth-n-é. Galien rapporte un mot iitraç {xo r^s yvvaiKoç alSoiov) employé, dit-il, par Hippocrate mais que la critique des textes paraît avoir eu des raisons d'extirper («jam diu evanuit» Lobeck Paràlip. 206). Cette forme s'accorderait cependant très-bien avec sdkth-i. Doit-on comparer ii,vq, Ig%Cov, ïaxi- (Hes.)?
5. M. Benfey (Skr.-engl. Dict.) compare le skr. angi et le lat. ingiien. Mais le mot latin, outre les autres explications proposées (v. J. Schmidt Voc. I 81), se rapproche aussi du skr. gaghdna.
b. MASOUIilNS ET FÉMININS.
Nous retrouvons ici le thème en -an et le thème scois suffixe. Ce dernier peut prendre la finale i. Seulement e"est le thème en -an qui est paroxyton et qui montre la racine pleine, et c'est le thème court qui est affaibli. Ces deux thèmes se répartissent de telle manière que les cas «forts» du masculin correspondent aux cas «très-faibles» (plus le locatif sing.) du neutre et que les cas «moyens» et «très-faibles» du masculin font pendant aux cas «moyens» du neutre. Décliné au neutre, jpan#/i«w, pathi, ferait certainement: nom. pânthi, dat. pathné (instr. pi. pànthibhis). — De plus les formes équivalentes patli et path -\- i, contrairement à ce qui a lieu pour les neutres, coexistent d'habitude dans le même mot, la première étant employée devant les voyelles, la seconde devant les consonnes.
Le paradigme est comjilet pour le ^kv.pântlian: pàntlMn-as, path-é, path-î-hhis. La forme pathin est une fiction des grammai- riens^, voy. Bôhtl.-Roth; path, patlii sont pour imth, imthi, cf. p. 24. Le \dii. ponti-, le û. pqtt, reproduisent au sein de la forme en i le vocalisme du thème en -an et nous apprennent que l'a radical de
1. Le génitif consonantiqiie zend açlaçca pourrait suggérer que le nominatif-accusatif a été primitivement ast, et que aMi- était réservé aux cas du pluriel. Cf. plus bas les 3 thèmes du masculin.
2. pariiianthin contient le suffixe secondaire -in.
D(5clinaisoii liétûroclito. 227
pdnthan est a.^. La même racine donne le ^otli. /'nij,ff, fan],. Sur pânthan se décline mànthan.
Les cas «très-faibles» du skr. pus-àn (ici le thème en -an est oxyton) peuvent se former sur un thème pus. Vopadeva n'admet la forme pus que jxnir le locatif sing. Benfey Vollst. Gramm. ]). .'UG.
Les autres exemjjles ne peuvent plus que se deviner. C'est entre autres le gr. u'^-av qui est oi)posé au lat. ax-i-s, au si. osi; le slvr. naldân et naldi (on attendrait au contraire *nàktan et '^'nalctl, cf. lith. naJcûs) avec le gr. vvxt- et le goth. naht-. La triple forme se manifeste aussi dans le gr. i^Q-^ X^^Q- (pour *x8Qi-) et '^'XSQov (dans ôvGxsQcdi'a de *dv0xtQ(ov). En zend ishapan «nuit» donne au nom. ishapa, à l'ace. %shapan-cm , mais au géu. isliap-o (Spiegel Gramm. 155); le sanskrit a éliminé '^'hsapan en généralisant Isap.
Peut-être pati «maître» n'est-il pas étranger à cette famille (le mots^ ce qui expliquerait ^a^m, notvia. Le \\ih.. pats offre une forme sans i, et le désaccord qui existe entre l'accent du skr. pâti et celui du goth. -fadi- cache bien aussi quelque anguille sous roche. La déclinaison de ce mot est remplie de choses singulières. En zend il y a un nomin. paiti. Cf. aussi IIoGeiddcov.
C'est à titre de conjecture seulement que nous attribuerons la naissance du thème indien nâptar (qui dans le Rig-Véda n'appa- raît point aux cas forts) à l'insertion d'un -r-, semblable à celui de yâk-r-t etc., dans les cas faibles du pluriel de nâpat^, ainsi wo/)- t-r-hJiis au lieu de napthhis.
Il faut être prudent devant ce grand entrecroisement des suffixes. Nous sommes sur le terrain de prédilection d'une école qui s'est exercée à les faire rentrer tous les uns dans les autres. Nous croyons néanmoins que le choix d'exemples qui est donné
1. Le fém. nctpti prouve que Va de nàpâtam est a,^ , autrement il de- vrait rester une voyelle entre p et t. Le lat. nepôtem a pris, ainsi que datOreni, son ô au nominatif (v. p. 213). L'irl. niae, gén. niath ne décide rien quant à la quantité de Va (cf. hcthad = ^tdr?jroç, Windisch Beitr. de P. et B. IV 218), mais il s'accommode fort bien de a.^. Cf. en^nvtTtoSsgi^). — La substitution de nupt-r-hhis à «naptbhis» aurait une certaine ana- logie avec une particularité de la déclinaison védique de khp et de l'sap: ces mots fout à l'instrumental plur. ksup-â-bhis, ksajj-d-hhis.
15*
228 Accentuation et vocalisme radical des diff. thèmes.
plus haut ne laisse pas de doute sur le fait qu'un ordre par- faitement fixe présidait à l'échange des différents thèmes, et sur l'équipollence de certains d'entre eux comme p. ex. aJîs et akè -|" *; en opposition à al~s -j- an.
§ 13. Aperçu synoptique des Tariations du vocalisme amenées par la formation des mots.
Au § 12 nous avons dressé l'état des modifications qui s'ob- servent dans les syllabes prédésinentielles. Ce qui suit aurait à en donner le complément naturel, l'histoire des modifications qui atteignent les syllabes présuffixales. Nous devons dire d'emblée que cet aperçu sera nécessairement beaucoup plus incomplet encore que le précédent. Ni les phénomènes de vocalisme ni ceux de l'accentuation n'ont été sérieusement étudiés pour ce qui con- cerne la formation des mots. Eu dehors de cette circonstance fâcheuse, il est probable qu'on n'arrivera jamais sur cette matière à des résultats aussi précis que pour ce qui touche à la flexion. Les exceptions aux règles reconnues sont trop considérables.
Nous commençons par une revue très-succincte des princi- pales formations. A chaque suffixe nommé, nous enregistrons quelle accentuation et quel vocalisme radical il admet.
I. Thèmes nominaux.
Thèmes finissant par a^-a^.
Thèmes en -ag. — 1^ série: Oxytons (autant qu'on en peut juger, v. p. 82 seq.); racine au degré 2-, v. p. 79 seq. 155. — 2^ série: Oxytons; racine faible \
Thèmes en -ta^. — 1^ série: Paroxytons (?); racine au de- gré 2; V. p. 7(3. — 2® série: Oxytons; racine faible (participes); cf. p. 14, 23, 149, 157.
1. Voici quelques exemples: indo-eur. yugd, skr. usa, Jcrçd, piçd, bhrça, vrdhâ, vrd, etc., zd. gereSa «hurlant» de yared, herega «désir» de hareg ; gr àyôç^ otpXoî' ocpf lierai,, atça^ôç de arçEtp, raçoôç de tfça, et avec dé- placement du ton, ozlog, ctî^og, gxC%oç, xvv.oç\ germ. tuga- «trait» (F. lir* 123), fluga- «vol» (F. 195), huda «commandement» (F. 214), goth. drusa «chute», quma «ari-ivée». En composition ces thèmes ne sont pas rares: skr. tuvi-grd, d-lcra; gr. vbo yvô-g, à-tQaTto-ç, ^k-§q6-v Ttolvcpayov, ila-d-Qci' iv IXaCa icp&â, dîcpço-ç, hTti-itXu, *yvv-nx6 dans yvvjrrftV (Hes.); lat. 2)rivi-gnu-s, pro-bru-m (quoi qu'en dise Corssen Sprachk. 145).
Accentuation et vocalisme radical des difiF. thèmes. 229
Thèmes en -na^. — 1" série:. Paroxytons (V); racine au de- gré 2; V. p. 77 seq. — 2® série: Oxytons; racine faible^ (parti- cipes). Quelques traces du degré 1; v. p. 77.
Thèmes en -nia^. - - P série: Accentuation douteuse; racine au degré 2; v. p. 74 seq. en ajoutant (ioa^og, d^ofiog, çcox^ôg (p. 138, 140, 1G7). — 2° série: Oxytons; racine faible^.
Thèmes en -ra^,. — 1° série (peu nombreuse): Racine au de- gré 2; V. p. 138, 15(3. — 2® série: Oxytons; racine faible; v. Lind- ner p. 100 et ci-dessus p. 157.
Il est difficile d'apercevoir la règle des thèmes en -ya.^ et -tva^. L'exemple ajcwa.^ (cheval) ne permet point à lui seul de dire que les thèmes en wa2 ont a^ dans la racine; ce peut être une for- mation secondaire, comme l'est par exemple le skr. him-â, gr. -XL^i-o-g, qu'on dirait contenir le suff. -ma, mais qui dérive du thème glii-am.
Il semble qu'on puisse conclure ainsi: les différents suffixes finissant par % admettent également la racine réduite et la racine au degré 2, mais nadmettent pas la racine au degré 1. Quant à l'aScent, il repose toujours sur le suffixe lorsque la racine est ré- duite. La plus grande partie de la série qui est au degré 2 paraît avoir été composée aussi de thèmes oxytons; cependant la règle n'apparaît pas d'une manière nette.
Thèmes finissant par a^ -f- sonante ou s.
I. Le suffixe n'admet pas a.,.
Thèmes en -n^iï. Oxytons; racine réduite: gr. (pç-'^v, *J^Q-rjv (p.. 195); skr. uMcm (ace. îûîsmam et uJcsâtmin), plïhân \}es langues européennes font supposer que le suff. est rtj>i). Dans le skr. vrsan (ace. vrscniani) et le gr. ccQôtjv il faut admettre que l'accen- tuation est hystérogène. Quelques exemples ont la racine au degré 1: gr. Tf'pjjr, Xsiyriv -rivog^ TCêv&fîv -rjvog.
Thèmes en -iiui^ii. Oxytons; racine faible. Gr. ccvTnt]v^ kï- ^^v, nvd'^iîv. V. p. 131. Si l'on range ici les thèmes neutres en -man, nous obtenons une seconde série composée de paroxytons
1. Goth. fuUs = * fuhuis, gr. Xvxvog, cnccQvôg, raçvôv ■/toAo^ôj' et tous les participes indiens en -nd.
2. Skr. tigmd, yugmd, yudlimd, ruhnd, sidJimd (p. 171) ttc; gr. âxftTj,
230 Accentuation et vocalisme radical des diff. thèmes.
où la raciue est au degré 1. L'accentuation est assurée par l'ac- cord du grec et du sanskrit, le degré 1 par les exemples réunis p. 130 seq., cf. p. 137 et 156.
Thèmes en -a^r. Oxytons; racine faible. Skr. n-àr, us-âr.
Thèmes en -ta^r. V série: Oxytons; racine faible. Gr. («)(?- xriQ, zend r-târ-o, lat. s-tella (Brugman Stud. 388 seq.). Des noms de parenté comme duhitâr, pitâr^, yatâr (jjntâr). — 2® série: Paro- xytons; racine au degré 1. Skr. &Ara/ar, gr. 9)()Kr7^() ; skx.çâmstar. Le mot matâr et les noms d'agent grecs en -triQ soulèvent une question difficile que nous examinerons plus bas à j)ropos du suff. -ta.^r.
iPour les thèmes en -a^i, il serait important de savoir si la flexion primitive de chaque exemple était forte ou faible, ce que nous ignorons bien souvent. Ce qu'on peut affirmer c'est qu'il y a des thèmes en -a{i qui prennent a^ dans la racine (v. p. 85), que d'autres, comme l'indo-eur. nsâ^i (p. 24), et les infinitifs védiques tels que drçâye^ yudhâye, affaiblissent la racine. Dans toutes les langues cette classe de mots est fortement mélangée de formes qui lui étaient étrangères à l'origine. *
Thèmes en -taji (flexion faible). La racine est réduite, v. p. 15, 23, 150; Linduer p. 7(3 seq., Amelung Ztschr. f. deutsches Alterth. XVlll 206. 'On attend donc que le suffixe ait l'accent, mais les faits qui le prouvent n'abondent pas. En grec le ton re- pose au contraire sur la racine (TtiGtig, (pvè,ig etc.). En germa- nique comme en sanskrit oxytons et paroxytons se balancent à peu près. On a en gothique (/a-taur^i-, ga-lain^i- etc., à côté de ga-mundi-, ga-lmndi-, dédi- etc. M. Lindner compte 34 paroxytons védiques contre 41 oxytons (masculins et féminins). Les proba- bilités sont malgré tout pour que le ton frappât le suffixe. Nous pouvons suivre historiquement le retrait de l'accent pour matî, Mrti (véd.) qui devinrent plus tard mdti, Icirti. De plus gâti, yâti, râti de gam, yani, ram, et sthiti, dîti de sthâ, dil, ont dû être oxytons à l'origine, autrement la nasale sonante des 3 premiers, aurait ])roduit -au- ^ (p. 30) et Vi des seconds apparaîta'ait sous la forme d'un a (p. 177). — Notons en sanskrit s-tt de as.
1. La racine de jntâr peut être a^pA ou pa^A; dans les deux cas il y a affaiblissement.
2. Ce fait défend do reconstruire un primitif paroxyton (j'ati tel que
Accentuation et vocalisme radical des diff. thèmes. 231
Thèmes en -aji de llexioJi faible. — 1° série (fort nombreuse): Oxytons (Bezzenberger BcUràye II 123 seq. ^); racine faible; V. p. 15, 23, 157; Lindner p. 61. — 2® série: Oxytons; racine au degré 2, comme skr. vahhi, si. salu; y. p. Hî'i scq.
Thèmes en -a^u de flexion forte. Oxytons; racine faible. Ex.: di-â^ît, (jo-â^u (p. 1 98).
Thèmes en -ta^ll. — 1° série: Oxytons; racine faible. Skr. rtd, aldn (== go th. uhtvo p. 24); zd. peretu = lat. x>ortns; goth. Imstus. ■ — 2® série: Paroxytons; racine au degré 2. Germ. daajms (Verner K. Z. XXIII 123), gr. ol-6v-a de la rac. wa^l (v. Fick IP 782), skr. tànfu, mântu, sôtu etc. C'est probablement à cette for- mation qu'appartiennent les infinitifs en -tu-m (cf. p. 223).
Thèmes en -a^s. Oxytons; racine faible. Skr. hhiy-âs (v. p. 219). Sur les mots comme i^svôijg v. p. 201.
II. Le suffixe admet a^,.
Thèmes en -a^ii. Oxytons; racine faible. Skr. rv-ân «chien» (ace. rvànani). Le gr. kvcov a retiré le ton sur la racine, tandis qu'aux cas obliques on a inversement: gr. xvvos, skr. çûnas. La loi générale des thèmes germaniques en -a.^n est d'affaiblir la ra- cine, V. Amelung loc. cit. 208; sur l'accentuation de ces thèmes qui primitivement ont été tous oxytons, Osthoff Beitr. de P. et B. III 15. — Quelques thèmes du degré 1: gr. sixcôv, (IrjÔcôp., uqï]- ycôv, fiaxav, aKaTtcov; sliv. s)ieha)i (gramm.), ragan, et plusieurs neutres tels que (jâmhhan, mamhàn.
Thèmes en -mn^,ii. La racine est toujours au degré 1, v. p. 131, 137, 140, 156. On trouve en grec des paroxytons comme xÉQ^av; le sanskrit en possède un petit nombre, ainsi géman, hhdsman, klôman. Le goth. hiuhma, millima, accuse la même ac- centuation. Mais les deux premiers idiomes offrent en outre des thèmes en -niaji oxytons où la racine n'est point afl'aiblie, ainsi Xsiiiojv, lyremàn, varsmân, henu'vn etc.
M. Brugman paraît disposé à l'admettre sur la foi du goth. ga-qumpi- , du skr. gdti, et du gr. ^âaiç (Stud. IX 326). Au reste il est juste de dire qu'on a des formes indiennes comme tdnti, hanti.
1. Il est regrettable que dans ce travail le point de vue du vocalisme radical soit négligé, et que des formations très-diverses se trouvent ainsi confondues.
232 Accentuation et vocalisme radical des diff. thèmes.
Thèmes en -a^m. Oxytons-, racine faible (p. 217).
Thèmes en -a^r. — V série: Oxytons; racine faible (dhu-âr).
— 2^ série: Paroxytons; racine au degré 1 {sivâj^s-ar). Y. p. 218.
Thèmes en -ta^r. L'accentuation et la conformation primi- tive des thèmes en -tar sont difficilement déterminables. A la p. 212 nous sommes arrivés à la conclusion que les noms d'agent grecs en -ti'jQ et -tcoQ formaient dès l'origine deux catégories dis- tinctes. La flexion des premiers devait se confondre primitive- ment avec celle des noms de parenté. Or les noms d'agent en -r^Q sont oxytons. On attend donc d'aj)rès les règles générales et d'après l'analogie des noms de parenté (v. p. 230), que la syl- labe radicale y soit affaiblie. Elle l'est dans les mots comme dotrjç, GtaxriQ etc. L'ancienneté de ces formes semble même évi- dente quand on compare ôorriQ ôcôtOQ , ^otiqQ §cÔtcoq , à nv&^^v nXsv^av. Mais voici que l'affaiblissement en question ne s'étend pas au-delà des racines en -â, car on a tibiCtïiq, àXetnxriQLOv etc. (p. 132). Voici de plus que le sanskrit ne possède aucun nom d'agent dont la racine soit affaiblie. On dira que les noms d'agent indiens ont pour suffixe -ta.2r, non -ta^r. Mais il en existe un de cette dernière espèce: çcmistar (ace. çâmstàram), et cet unique échantillon non-seulement n'affaiblit pas la racine, mais encore lui donne le ton. Du reste en admettant même que les deux types ôot^Q ôâtco^ nous représentent l'état de choses primitif, on ne comprendra pas comment un grand nombre de noms d'agent in- diens — lesquels, ayant tous «g, ne peuvent correspondre qu'au type ô(6ro3Q — mettent le ton sur -tar. Deux circonstances com- pliquent encore cette question que nous renonçons complètement à résoudre: l'accentuation variable des noms d'agent sanskrits selon leur fonction syntactique (drUà maglianam, data magliàni), et le vieux mot wô/tîr «mère» qui a la racine forte malgré le ton.
— Il faut ajouter que le zend fournit quelques noms d'agent à racine réduite: kërëtar, dërëtar, bérctar etc.
Thèmes en -agS. — l"' série: Paroxytons; racine au degré 1. Ce sont les neutres comme fiévog, v. p. 120. — 2'^ série: Oxytons; racine faible. Skr. usas. Les mots comme foçâs (duel torasci) sont probablement hystérogènes, cf. p. 201.
Thèmes en -yajjS. Paroxytons (Verner K. Z. XXIII 126 seq.); racine au degré 1; v. p. 130, 1 ;")(') seq.
Accentuation et vocalisme radiciil dos dill'. thèmes. 233
Thèmes en -wa^s. Oxytons; racine (redoublée) faible. Cf. p. 35, 71 i. n., 155. Skr. (jagrhiwàn, gr. iôvla, gotli. herusjos (= be- br-usjos).
Les participes de la 2® classe en -nt forment une catégorie particulière, vu l'absence de tout a suffixal (p. 185). Ils ont le ton sur le suffixe, et la racine réduite. L'exemple typique est l'indo-eur. s-ni de a^s (Osthoff K. Z. XXIII 579 seq.). En sanskrit: uçânt-, avisant- etc. Cf. p. 38 et § 15.
Il faut nommer encore les formes comme mrdh et (arva-)yûj dont nous avons j^arlé p. 202, et où l'affaiblissement, quoique portant sur une syllabe prédésinentielle, n'est point causé par les désinences. Nous notons sans pouvoir l'expliquer un phéno- mène curieux.qui est en rapport avec ces thèmes. Après i, u, r, n, m, mi t est inséré. Or les racines en â, on ne sait pourquoi, ne connaissent pas cette formation: «pari-s/hi-t» de stJiâ serait im- possible ; pffn'-s//îa seul existe^. Amsi pari-sfha, type coordonné à vrtra-han, se trouve enrôlé par l'usage dans mi groupe de formes avec qui il n"a rien de covutuvoq.: pari-sflui , go-gî-t, su-îcr-t etc. sont placés sur le même pied. Jusqu'ici rien de bien surprenant: mais comment se fait-il que ce parallélisme artificiel reparaisse devant ceux des suffixes commençant par y et w qui demandent l'inser- tion du t? A côté de â-gi-t-ya, a-Jcr-t-ya nous avons d-sthà-ya; à côté de gi-t'Van, hr-t-van, on trouve râ-van. Les mêmes formations ont encore ceci d'énigmatique qiie la racine y est accentuée mal- gré son affaiblissement.
Thèmes féminins en a (cf. p. 82). 1® série: Oxytons; racine faible. Skr. druha, mudâ, rugë etc.; gr. /3aç)îj, 'yQa(piî, 'noitiq, garpri^ tafpri, tQV(pri, (pvyri, 6^o-xA?^, ènL-^XaC^. 2® série: Paroxytons; racine au degré 1. Goth. gairda, giha, liairda, v. h'-all. spelia; gr. ft'Ar;, dQï], ^Q^Hi éçsiKY]^ Xevxrj, ^é&r], Tcadt], navxr]^ OxéTCt]^ Gréytj^ Xlsvrj. En sanskrit varsa ^ identique avec SQGri, est anormal par son accentuation.
1. Disons toutefois que le type maâhu-pd (v. p. 177) est peut-être ce qui correspond à gogi-t, su-kr-t. Mais à quoi attribuer l'absence du t^
2. L'accent est déplacé dans §l(x§r]j ôîht], XvTtrj, fiâxrj, vânri, o&rj, aâyt], fifco'-dfijj. — Dans certains cas Texpulsiou de l'a est empêchée: indo-eur. sa^bhà pour sbha (skr. sabhà, goth. sibja, gr. ècp-ézccî).
234 Accentuation et vocalisme radical des diff. thèmes.
II. Thèmes verbaux.
Plusieurs ont été dérivés d'autres thèmes verbaux. Ces formations ne rentrent pas dans le sujet que nous considérons, et il suffira de les indiquer sommairement: 1° Aoriste en -sa^ (skr. dik-sd-t, gr. iè,ov) dérivé de l'aoriste en -s {da^ik-s-). 2° Thèmes oxytons en -a tels que limpd-, muncd- , Tcrntd-, dérivés, ainsi que l'admettait Bopp, de thèmes de la 7^ classe: exemple trinhd\ti] = trnah- (dans tniédhi) -f- «■ 3° Le futur en -s-yd est probablement une continuation de l'aor. en -s. 4° Les subjonctifs (p. 127). — Les optatifs tels que syd- (v. ci-dessous) sont à vrai dire déri- vés, aussi bien que bharaï- (p. 193) et que les formes qui viennent d'être citées.
Thèmes eu -a^. — 1" série: Paroxytons; racine au degré 1; V. p. 126, 153, 159. — 2® série: Oxytons; racine (simple ou re- doublée) faible; v. p. 9 seq., 20, 153 seq., 160 seq.
Thèmes eu -ya^. Racine faible, soit en sanskrit soit dans les langues congénères (p. 157, 159). Contre l'opinion commune qui regarde l'accentuation indienne de la 4" classe comme hystéro- gène, M. Verner (1. c. 120) se fonde sur cette accentuation pour exj)liquer le traitement de la sjiirante dans le germ. lilalijan etc. Dans ce cas le vocalisme des thèmes en -ya ne peut guère se con- cevoir que si l'on en fait des dénominatifs : ainsi yiidli-ya-ti serait proprement un dérivé de yiklh «le combat», par ya-t'i se ramène- rait à spâç {(3ico7i6<i). La langue se serait habituée plus tard à former ces présents sans l'intermédiaire de thèmes nominaux ^
Thèmes en -ska^. Oxytons; racine faible; v. p. 13, 22, 149. Dans le skr. gâccliati, yàcchati, Ya radical (sorti de w) s'est emparé du ton (cf. p. 174).
[Thèmes en -na^-u et -iia^-A. Oxytons; racine faible; v. p. 22 et 187.]
Thèmes en -ya^A. Oxytons; racine (simple ou redoublée) faible. Indo-eur. s-yâ^.i-, optatif de a^s. Skr, dvisya- de dves,
1. L'accentuation immitive de la caractéristique n'est pas malgré tout très-improbable, car, outre le passif en -yd, on a les formes comme d-yd-ti, s-yd-ti etc., qui paraissent venir de ad, as etc. De plus sidhyati, timyati (p. 171 seq.) ne se comprendraient pas davantage que sthiti (p. 230) si le ton n'avait frappé primitivement le suffixe. Il faut ajouter que même dans l'hypothèse où yûdhyati serait dénominatif, on attendrait l'accentua- tion *yudhydti: cf. dcvaydti. — On trouve vraiment le ton sur -ya dans le véd. ru/iydti (Delbr. 1G3). Pour harydnt cf. Grassmann s. v. hary.
Règles générales qui s'en dégagent. 235
vavrtyâ- de vart, caccJiadyà- de éhand; goth. herjau (= hc-hr-jau), hitjau (= *bibifjau). La formation est secondaire (cf. plus haut). Mentionnons le thème de l'aoriste sigmatique comme dd^ ik-s- fj). 128, 191) qui ne rentre ni dans la formule racine simple m dans la formule racine -j- suffixe.
Résumons brièvement ce qui ressort de cette énumération.
1. Les phénomènes qu'on constate dans la formation des luots ne peuvent être mis en relation qu'avec l'accent. On n'ob- serve pas d'effets comparables à ceux qui se produisent dans les déclinaisons faibles (perte de Ya^ du premier élément causée par une consonne initiale dans le second).
2. Qu'est-ce qui détermine la place de l'accent? Voilà le point qui nous échappe complètement. Le ton opte pour le suffixe ou pour la racine, nous devons nous borner à constater pour chaque formation le choix qu'il a fait\ Comme le même suffixe peut prendre et ne pas prendre l'accent (^riliây-, râ^ilia^-\ on prévoit que la règle sera extraordinairement difficile à trouver.
3. Relation du vocalisme avec l'accentuation.
Le ton repose-t-il sur la syllabe radicale, celle-ci apparaît sous sa forme pleine, au degré 1 ou au degré 2.
Nous avons cherché à écarter les exceptions, dont la plus considérable est le cas des thèmes verbaux en -ya. — L'affai- blissement des mots sans suffixe comme mrdh (v. ci -dessus p. 233) est d'un caractère tout à fait singulier: on ne sait même à quoi le rattacher.
Le ton repose-t-il sur le suffixe, la racine est au degré réduit ou (plus rarement) au degré 2, jamais au degré 1.
Exceptions principales. Certains thèmes en -man tels que jjgtfiû)»', varsmdn (v. plus haut), et probablement une partie des thèmes en -tar, puis des exemples isolés assez nombreux. Comme
« .
1. Sans cette alternative, le principe du dernier déterminant de M. Benfey et de M. Benlœw pourrait presque passer pour la loi générale de l'accent indo-européen. — M. Lindner (Nominalbild. 17 seq.) propose pour les thèmes nominaux du sanskrit les deux lois suivantes (la seconde pouvant annuler l'effet de la première): 1. L'accent frappe la racine dans le nom abstrait (Verbalabstractum), et le suffixe dans le nom d'agent. 2. L'accen- tuation du nom répond à celle du verbe au présent. La latitude que laisse- raient ces deux lois est singulièrement grande.
236 Somme des a expulsés dans chaque forme fléchie.
nous l'avons dit, les oxytons en os tels que ipsvôrj'i ne constituent pas d'exception formelle.
Les oxytons du degré 2 auxquels la règle fait allusion ici sont presque uniquement des thèmes finissant par a (y. ci-dessus p. 229) ou des thèmes en « de flexion faible (p, 231), ainsi Aotjrdg, TtXox^og, l'efii. C'est une chose curieuse que de voir les deux a se comporter différemment vis-à-vis de l'accent. Elle donnerait à penser que la naissance du phonème a^ est antérieure à la période d'expulsion. De fait, dans les syllabes prédésinentielles, il n'est jamais besoin de supposer l'expulsion d'un a^ (par l'accent), puisque, d'après ce qu'on a vu p. 215, les cas faibles des oxytons montrent «1 dans les paroxytons, et que ces derniers nous représentent l'état de choses qui a précédé les phénomènes d'expulsion.
Pourvu qu'on admette l'immobilité de l'accent dans les thèmes paroxytons (p. 203 seq.), les phénomènes d'accentuation et d'expulsion peuvent sans inconvénient pratique s'étudier sépa- rément dans les deux sphères de la flexion et de la formation des mots. C'est ainsi que nous avons procédé.
Seulement ce que nous avons devant nous, ce sont des mots et non des thèmes. Quand on dit que l'affaiblissement de la ra- cine, dans le thème nls-âu, est dû à l'accentuation du suffixe, il' reste à chercher ce que représente cette phrase dans la réalité, et si vraiment les faits de ce genre nous introduisent de jilain-pied dans l'époque paléontologique antérieure à la flexion, telle que M. Curtius la reconstruit par la pensée dans ba Chronologie des langues indo-euroiiéenncs. Doit-on penser au contraire que tous les phénomènes se sont accomplis dans le mot fléchi ^ ? Nous ne sa- vons, et nous nous garderons d'aborder ce problème. Nous vou- drions seulement, en combinant la loi des expulsions prédésinen- tielles avec celle des expulsions présuffixales, exprimer le plus simplement possible la somme des affaiblissements dûs à l'accent, telle qu'elle nous apparaît dans son résultat final: 1° tous les a^
PLACÉS DANS LA PARTIE DU MOT QUI PRÉCÈDE LA SYLLABE
1. Les cas dont nous avons parlé où l'on entrevoit une rencontre des phénomènes de flexion avec ceux de la formation {dar-u, dr-mv-Ai, p. 221 seq.) seraient un argument à l'appui de cette seconde hypothèse.
Somme des a expulsés dans chaque forme fléchie.
237
ACCENTUÉE 'J'OMHENT, à moiiis d'ira])()ssibilité matoriollf; (p. 4^)5 2° AUCUNE AUTRE EXPULSION na^ NEST CAUSEE l'AU l'aCCENT.
tâj^ig -j-yaiS -j-Ai ])rodiiit tàyigiaySAÎ (skr. téylyase).
ya^ug -|- tàji +ai.s » yiiktà ^yciiS (^skr. yuJctàyas).
w aj i d -j- w ai s -f- A i » widusAÎ (skr. vidusé).
Tl resterait à obtenir une règle unique d'où découlerait la place de l'accent dans chaque forme. Quand la question se pose entre syllabe prédésinentielle et désinence, on est fixé pourvu qu'on connaisse le genre de flexion (forte ou faible). On a vu en revanche que le parti que prend l'accent devant la bifurcation entre racine et suffixe peut se constater pour des groupes consi- dérables de thèmes, mais non se prévoir. Nous nous contentons donc de dresser un tableau récapitulatif. Ce tableau devra justifier les Uy qui existent et qui manquent dans n'importe quelle forme primaire répondant aux conditions normales.
I. Racine -j- suffixe^. 11. Eaeine sans suffixe.
1^^ cas. Le ton reste sur la racine.
Aucune expulsion n'est possible du fait de l'ac- cent. Cf. ci-dessous.
2^ cas. Le ton quitte la racine.
a,. Le ton Ht pusse point b. Le ton est attiré
aux désinences (flexion vers les désinences (fle-
faible). xion forte) ^.
L'expulsion par le fait II y aura exjjulsion :
de l'accent atteindra tous 1" de tout o, présuffixal,
les a^ présuffixaux et au- 2° si Ya^ ne finit le thème,
cun autre. Cf. ci - des- de tout o, prédésinentiel
sous. placé devant une dési- nence susceptible d'ac-
Dans la flexion faible les désinences commen- cent, çant par une consonne produisent l'expulsion de Vtty prédésinentiel.
Nous ne nous sommes pas préoccupés jusqu'ici des syllabes de redoublement. Le peu de chose qu'on sait de leur forme pri- mitive rend .leur analyse tout à £ait conjecturale. Ils s'agirait
1. Il faudrait, rigoureusement, ajouter une troisième case: racine -(- infixé, à cause du type yu-nag de la 7*^ classe (§ 14). En faisant de -nag un suffixe fictif, les phénomènes sont ceux de racine et suffixe.
2. Nous considérons la flexion thématique comme un cas spécial de la flexion forte (p. 188).
238 Syllabes de réduplication.
avant tout de déterminer si le redoublement doit être regardé comme une espèce d'onomatopée, ou sïl constitue une unité mor- phoîogiqne régulière, le caractère de l'unité morphologique étant de contenir, à l'état normal, a^.
Au parfait, rien n'empêche d'admettre cette dernière hypo- thèse. Comme le ton repose au singulier de l'actif sur la racine ' et partout ailleurs sur les désinences, la réduplication perd forcé- ment son «1, mais elle ne le possède pas moins virtuellement. Ainsi Ton a: indo-eur. mvâ.,ha, ûJïmâ (skr. ïtvaca, ucimâ) pour ^wa^wâ^ka, *wa^waikmâ. Dans les formes comme pdbpàta, Y a est forcé de rester. Quand Ya^ radical est suivi d'une voyelle, on constate que celle-ci se répercute dans le redoublement: hhihhâ.Jda pour *bha^ibhâ2ida, etc.^
A l'aoriste en -a, il faut, pour expliquer à la fois l'affaiblisse- ment radical et l'état normal du redoublement dans vôcot, sup- poser un double ton primitif {îcâ^-Kl'-â^-t) , tel que le possèdent les infinitifs en -tavai et d'autres formes indiemies (Bohtlingk Accent im Sanskrit p. 3). Il concilie du reste l'accentuation du gr. SLTtstv avec celle de vôcat. Les aoristes sanskrits comme atitvisanta ou modifié leur réduplication: il faudrait *atetvisatita.
Au présent, la plus grande incertitude règne. Ui de ÏGrrj^L et de pîpartl pose une énigme que nous n'abordons point. Toute- fois la variabilité de l'accent dans la 3" classe sanskrite semble indiquer un double ton dans les formes fortes, ce qui permettrait de comprendre nenekti, vevekti, veves/i (qui peuvent passer, il est vrai, pour des intensifs), zd. zaozaoml, daëdôist, et en grec ôstôa. Au pluriel le ton, passant sur la désinence redevenait un, et en conséquence le redoublement perdait son a. De là les présents comme didésti. La flexion originaire serait: dédcsfi, didlrmds'^.
1. Le froth. mizitp jji'iniet de contrôler raccciit indien.
2. Le véd. vavuca est à coup sûr une innovation, car, en le su|)posant primitif, on ne pourrait plus expliquer uvâca. En grec ôfîâoiKcc et flot- ■nviai sont, en conséquence, hystérogènes.
.3. Dans cette hypothèse le redonldenient dû- dn slave daniï, damn, vient du singulier, et le du- du skr. dàdàmi, du pluriel. Formes premières: dà^o■d<i^f>-m^, plur. dn-do-mds.
Les verbes do la 7" classe. 239
Criiapilrc \'I.
De (lillereiifs phéiioiiinics iM'Iatils Jiiix soiiaiitrs I, fi, r, ft, iif.
§ 14. Liquides et nasales sonantes longues.
Dans le 21° volume du Journal de Kuhn, pour la première fois peut-être depuis la fondation de la grammaire comparée, une voix autorisée a plaidé la primordialité des présents sanskrits de la 7" formation. Tout a été imaginé, on le sait, sous l'empire de l'idée théorique que l'indo-européen a horreur de l'infixé, pour ex- j)liquer comment ce groupe de présents avait pu sortir de la 5'^ et de la 9" classe. M. Windisch déclare qu'aucune hypothèse ne le satisfait, constate qu'aucune ne rend véritablement compte de l'organisme délicat des formes alternantes yunag- yung-, et trouve que ces présents offrent au contraire tous les caractères d'une formation primitive. La 9" classe dont personne ne met en doute l'origine proetlmique a péri dans toutes les langues européennes, liors le grec. Quoi d'étonnant si la septième, flexion bi/arre et insolite, ne s'est conservée qu'en sanskrit et en zend?
Le spectre de l'infixé se trouve d'ailleurs conjuré, si l'on admet avec le même savant que la V classe soit une manifesta- tion du travail d'élargissement des racines: dans yunag- par exemple, la racine serait proprement yu (yau) et g ne représen- terait que le déterminatif. Pour peu cependant qu'on repousse cette théorie, qui n'a pas pour elle d'argument vraiment décisif, nous nous déclarons prêt à admettre l'infixé. Surtout M. Win- disch accompagne sa supposition d'un corollaire dont nous ne sauripns faire notre profit à aucune condition. Il conjecture dans la l'^ classe une sorte de continuation de la 9®, et nous serons amené à voir dans la 9® un cas particulier de la 7°.
Formulons la règle au moyen de laquelle on passe de la racine, telle qu'elle apparaît dans les temps généraux, au thème de la 7*^ classe:
L'a^ radical tombe, et ta syttahe -nâj- est insérée entre les deux derniers éléments de la racine réduite.
hh.dn\à'.hhi-nâi-d ya^ug: yn-néi^-g wajd: «-»â^-(/ tajTgh: tr-nâ^-gh bha^ng: hhn-néi^-g
240 La 9® classe, cas particulier de la septième.
La flexion est donnée par les lois de la page 188. Elle amè- nera les formes faibles hhi-n-d, yu-n-g, tr-n-gh, hhn-n-g^, n-n-d.
Maintenant plaçons -en regard de cette formation le présent de la 9® classe analysé conformément à notre théorie de Va long : pu-nâ^-A, forme faible pu-n-A. Une parenté difficile à méconnaître se manifeste, et nous posons:
] = puna^A : x hliina^â: bha^id | = pi-na^A : x
J = grhlina^A : x Les valeurs des x, c'est-à-dire les racines véritables de nos pré- sents en -nâ, seront évidemment: pajWA, pa^rA, ga^rbhA (ou gra^bliA).
C'est la rigoureuse exactitude de cette règle de trois que nous allons tâcher de démontrer.
A part d'insignifiantes exceptions, toutes les racines san- skrites non terminées par -l qui appartiennent à la 9® classe prennent à l'infinitif en -tum, dans les thèmes en -tavya et en -tar, et au futur en -sija, Vi (long ou bref) dit de liaison. De plus elles n'admettent à l'aoriste sigmatique que la formation en -i-sam.
punâti: pavi-târ, pavî-tra'^, pavi-syâti, â-pâvi-sus.
lunati: lâvi-tum, lavi-syâti, â-lâvi-sam.
grnâti: gari-târ^.
grnati «dévorer» (v. B. R.): gârï-tum, gari-syâti, â-gâri-sam
prnati: pârï-tum, pârf-syâti {cf. pâri-man, pârï-mis).
mrnati: â-marî-târ.
çrnâti: çârî-tos, çârf-syâti {cf. çârï-ra, a-çarï-ka).
strnâti: stâri-tum, stârf-syâti {cf. stârï-man).
gr. Sâfivrjiii: dami-târ.
çaranâti*: çami-târ.
grathnati: gi-ânthi-tum, granthi-syâti.
mathnati: mânthi-tum, mânthi-syiiti.
çrathnâti : â-ç rthi-ta ®.
1. Le skr. hhanûgmi sort régulièrement de bhnnâgmi, mais dans les formes faibles comme hhangmds la nasale paraît avoir été restituée par analogie: bhnng devait en effet donner hhng, qui en sanskrit eût fait bhâg-,
2. Le dialecte védique offre aussi potdr et pôtra.
3. Tel est là l'état de choses primitif; plus tard on forme le futur garitâ.
4. Voy. Delbrûck Altind. Verb. p. 216.
5. Voy. Grassmann s. v. Le r de ce participe indique que les formes
Vï (les racines comme (jrahhî, paci. 24l
mrdritîti: mârdi-tum, mardi-ayâti.
grbbnati: grâbhl-tar, grâblil-lum, a-grabhl-sma, etc.
skabbnati: skâmbhi-tnm, skabbi-tâ.
btabbnâti: sti'imbhi-tum, stabbi-tâ, a-Htambbi-sara.
açnati: pra-açi-târ.
isnati: ési-tura, esi-ayâti.
kusnati: kôâi-tum, kosi-syâti.
muHniiti: môsi-tum, mosi-sy;'iti {cf. musl-viui).
Les exceptions sont, autant que j'ai pu m'en rendre compte: hadhnàti qui n'offre Yi qu'au futur handhihyàti ; puknàtl qui fait pôslum ou pôhitum, mais pusta, jamais ''''' lyunità ; et kliçnàti où Vi est partout facultatif. De quelque manière qu'on ait à expliquer ces trois cas, ils sont tout à fait impuissants comparativement aux vingt et un précédents, et il est légitime de conclure: si l'on tient que la racine de pinâs/i est pcs, celle de yrhhnàti ne doit point être nommée sous une autre forme cinegrahhl (soit graJ/hA). h'I de (/rhh-n-ï-màs a un rapport tout aussi intime avec Vl de grdh/ti-tar que le s de pi-m-s-mâs avec le s de pcs-far.
Pour juger complètement du rôle et de la valeur de 11 dont nous parlons, on aura.à observer trois points principaux:
1. Dès qu'on admet le lien qui unit le présent en -nâ avec ït final, on reconnaît que ceti, loin d'être une insertion méca- nique vide de sens, fait partie intégrante de la racine ^
2. Quant à sa nature: il n'y a point de motif pour ne pas l'identifier avec l'I de sth'dâ, pltâ. Nous avons reconnu dans ce dernier le descendant d'une voyelle faible proetlinique désignée l)ar ^ (p. 178 seq.), voyelle qui n'est elle-même qu'une modifica- tion de l'espèce d'«, ou des espèces d'à autres que a^ et a.^ (^, o). — Plus haut Va long de sthâ-, pU-, dont la moitié est formée par la voyelle mise à nu dans sthi-, pi-, nous a prouvé que celle-ci avait été une voyelle pleine dans la période proethnique très- ancienne. Ici l'a de pum-, grhhnâ-, donne la même indication re- lativement à ri de ipavi-, grablil-.
à nasale çrdntlii-tum , çranthi-sydti , ne sont pas primitives. Le présent même devrait faire *çrt1màti.
1. A la juger même dans sa valeur intrinsèque, l'idée qu'on se fait par babitude de l'î de i^ivitâr et de yrâhliitar n'est pas moins arbitraire que si l'on comptait par exemple pour des quantités négligeables Vi de sthitd ou Vi de pità.
IG
242 Racines ndattas et racines anudattâs.
3. D'autre part il y a entre \ï ou '^ de sthitâ, pltâ, et l'I ou ^ de pavi-, grcibhi-, cette importante différence morphologique, que le premier résulte de la réduction d'un a {((ia), tandis que le second paraît exister de fondation à l'état autoplithongue. S'il se combine avec «^ dans le présent en -im, il n'en préexistait pas moins à ce présent.
En résumé nous avons devant nous comme types radicaux; pa^w^, pa^r^, graJ)Ji-^ etc. Sous leur forme inaltérée — qui est la base du présent en -iiOiA — , ces types sont pa^WA, pctiVA, grafiliA.
D'un côté, on vient de le voir, le rôle du phonème a dans pav-i pmui- est absolument ijarallèle à celui que remplissent d ou s dans hlie-d- hliinad-, pc-è- plnas-. D'un autre côté, si l'on prend les racines grahhl, mardi, mosi, il devient évident que notre pho- nème possède cependant des propriétés morphologiques toutes spéciales: aucune sonante, si ce n'est peut-être u (v. p. 244), et aucune consonne ne pourrait être mise à la place de Vï dans les trois exemples cités.
Si donc ou s'en tient purement à la base de classification, plus ou moins extérieure, que nous avons adoptée à la page 184, il convient d'établir deux grandes catégories de racines. Première- ment les différents types distingués à la page citée. Deuxième- ment les mêmes types à chacun desquels serait venu s'ajouter a. On est ramené en un mot, sauf ce qui regarde la conception de ri, à la division qu'établit la grammaire hindoue entre les ra- cines tiddt f as, ou demandant r/«de liaison >>, et les racines ann- dlitUis qui en sont dé])ourvuos.
Revenons un instant à la 1*'' classe jiour considérer un })oint laissé de côté jusqu'ici.
Aux présents Icsbîàti, Vmàti, répondent les infinitifs Jchctid)!, Ictiim. On attendait «Jcmyitmn, Wyitum etc.» Il faut supposer que le groupe -(ly^- subit un autre traitement que -aw'^-, -ar^-, etc. Comme ]'oi»tatif iiulo-our. hharalt = '"^'hharmjH (p. 19o) fournit un parallèle à cotte cojitraction, il y a lieu de la croire proeth- nique'. Que le phonème ^, en tous cas, existe réellement dans
1. Les exemples {■(hjitum , çLntjHuvi , seraient alors des fornialions d'analo{,'i(!. - Nous ne savons par quel moyeu résoudre le problème que
Les racines do l:i 7'' classo sont anudaltas a ))rion. 24;>
les racines précitées, c'est sur quoi 1'^ long des participes Isï-tjtâ, lï-nà (v. plus bas), ne laisse aucune espèce de doute. Ajoutons à ces deux exemples rin(~(ti : rt-ti. — Dans les présents h'iiiati, prî- nàti, hhr'mâti, çrînâti, Vî long n'a certainement pénétré que sous l'influeneo analogique des foruu'S comme hîfa, jirïla. C'est ainsi que le védi(|ue minâti s'est changé plus tard en niinuti. Les in- linitifs lirrtum, prétum, çrctum, sont tout pareils à Idétum, létum.
On peut évaluer certainement le nombre des udriUus à la moitié environ du chiffre total des racines. Plus bas nous aug- menterons de quelques exemples la liste commencée p. 240. Mais auparavant on remarquera que la théorie de la 9'' classe nous permet de prévoir, au moins pour un groupe considérable de ra- cines, la propriété d'être anudatfds. Ce groupe, ce sont les racines de la l"" classe. Car autrement, d'après la loi («l'insertion de -na- se fait entre les deux derniers éléments de la racine») elles eussent donné évidemment des présents en -mî^.
rinrikti : réktum, reksyâti. bhaiii'ikti : bhanktum, bhaïiksyati. blmnâkti : bbôktum, bhoksyâti. yunâkti : yôktura, yoksyâti. viiii'icmi : véktum, veksyiiti.
cbinâtti : chéttum, éhetsyâti. bhinâtti : bhéttum, bhetsyâti. runâddhi : rôddhum, rotsyâti. pinâsti : péstum, pcksyâti. çinâsti : çéstum, çeksyâti.
zend éinaçti : ved. céttar. Pour anàkti, tanâkti, et trijcdhi, Vi <<.de liaison') est facultatif. Les verbes triiâtti et chr/idtti forment le futur avec ou sans i, l'infinitiv avec i. Les autres verbes contenant le groupe ar -\- consonne {ardh, parc, varg, kart), ainsi que vinûgmi, ont toujours Vi dans les formes indiquées.'^ Dans tous ces exemples la voyelle de liaison, quand elle apparaît, a été introduite par analogie. La plupart du temps on en avait besoin pour éviter le groupe incommode ar -)- consonne double (cf. draksydti, de darç etc.). Ce qui prouve cette origine postérieure, ce sont les formes faibles en -ta et en -na: aktd, takta, trdjiâ, tr/pKi, chroma, rddhà , jjrktâ , vrktu, vigna. Com- posent les formes telles que lâsyâti de linàti (parallèlement à îesydti), mâsydti de minâti etc. M. Curtius (Grdz. 337) regarde ma comme la ra- cine de ce dei-nier verbe. Dans ce cas Vi de mindti no pourrait être qu'une voyelle de soutien: m-inâti pour mndli serait à ma^A ce que undtti est à wa^d.
1. La racine vahh, contre toute règle, suit à la fois la 7" et 9^ classe: véd. unap et îfhhnds. Il y a là un fait d'analogie, à moins qu' îi côté de val)h il n'existât une racine vahhi.
2. Voy. Uenfoy Vollst. Gramm. § 15G.
IG*
244 La cinquième classe.
parez les participes des verbes de la 9*^ classe açita {açnàti), isitd {isnàti), kusita {kuhiàti), grJntci (grhttdti), musitâ {miihiati), mrditd {mrdnàti), ska- bîiitd {sJcahhnatt) , stahhitd^ {stabhndti). Nous ne citons pas yratkitd, mathitd, d-çrthita (de grathnâti, mathnâti, çrathnàti)\ l'aspirée th y ren- dait peut-être Yi nécessaire d'ailleurs. Dans l'exemple lîirita ou kîisfa de Jcliçndtt, la forme contenant i tend à être remplacée, mais enfin elle existe, ce qui n'est jamais le cas pour les racines de la 7° classe.
Le principe de la formation en -na^u (5^ classe) ne saurait être re- gardé comme différent de celui des autres présents à nasale. Les formes en -na^-îi-ti supposent donc, à l'origine, des racines finissant par u. Dans plusieurs cas, la chose se vérifie: vanô-U,sanc-ti{=icn-nây-u-ti,sn-ndi-u-ti) sont accompagnés de vamctar, sdnutar (= tca^nu-tar, sa.^nii-tar^)\ vr/iô-ti, outre varûtdr, vdrutha, a pour ijarents gr. slIv-w, lat. volv-o, goth. valv-jan; Jcrné-ti se base sur une racine Jcaru d'où karôti^. Même type radical dans taru-te (j>vés.) taru-tdr, taru-tra, idrû-his, tdru-santa , non accompagné toutefois d'un présent *trriôti (cf. zqcûvvvco). La place de Va^ dans la ra- cine ne change rien aux conditions d'existence de notre présent: çra^u «écouter» pourra donc former çr-ndi-u-ti, çrnôti*.
Mais dès l'époque proethniqne, on ne le peut nier, la syllabe -na^u a été employée à la manière d'une simple caractéristique verbale: ainsi k^i-nd^uti (skr. cinéti, gr. rivvrai), tn-nd^titi (skr. tanôti, gr. xavia)), ne se- raient point explicables comme formations organiques. — Toute cette ques- tion demanderait du reste un examen des plus délicats: il y a lieu en effet de se demander si Vu des exemples comme tarutdr, sanutdr (et comme sanôti par conséquent) est bien Vu ordinaire indo-européen. Sa contrac- tion avec r dans les formes comme turti et cûrna de carvuti (équivalent à taruti moins a, caruna moins a) rend ce point plus que douteux. Cf. aussi, en grec, le rapport de ofiôaaat ofiru ft».
1. Les formes skahdha et stuhdha ne sont pas védiques. — Comme puhiuti et hadhndti se distinguent d'une manière gwiérale jjar l'absence de Vi (p. 241), les participes pustd, haddhd, n'entrent pas en ligne de compte.
2. Cf. gr. àvvm et 'EvvûXioq.
3. Quelles que soient les difficultés que présentent à l'analyse les dif- férentes formes de ce verbe, l'existence du groupe radical karu, à côté de kar, paraît absolument certaine. — Le présent karâli est fortement rema- nié par l'analogie. Un groupe comme karô- ne saurait être morphologique- ment pur, car, si l'on en veut faire une racine, l'a double ne se conçoit i:)as, et si c'est un thème à deux cellules, la première devait encore perdre son a. On arrive donc à supposer * kdru-mi, * kdni-î>i etc., c.-à-d. un pré- sent de la 2*^ classe pareil à taru-te et à rôdi-mi. L'influence de krtxJmi amena ensuite la diphthonguc et réagit sans doute aussi sur le pluriel et le duel, sur lesquels on nous jjermettra de ne rien décider de plus précis.
4. En zend, r s'étaiit imbibé de I'm qui suivait, on trouve {^urtmu- au lieu do *rcrcnu-.
Eiinm(;rat,ioii de nicines udàtld.s. 245
Aux niciiK'S U((((il(iti ('iiiimérécs plus luiut ajouious (juelques nouveaux exem])les qui ne possèdent point de présent de la 9® classe. Nous avons principalement en vue les cas où ^ est pré- cédé d'une sonante^
avi <t assister»: avi-tâ (2" pi.), âvi-tave, avi-târ, îîvi-Ham.
dhavi «agiter»: dhâvi-tura, dhavi-syâti, â-dhâvî-sam.
savi «mettre en mouvement»: savi-târ, sâvï-man, â-sûvisam.
havï «inrocpicr ;■>: hâvï-tave, hi'ivï-man (mais aussi bôtrâ).
karï «verser»: kan-tum, â-kâri-sam.
kari «louer»: â-kâri-sam.
cari «aller»: câri-tum, éari-tra, â-câri-sam.
garï «vieillir»: gâri-tum, gari-syâti, â-griri-sam.
tarï «traverser»: târï-tura, tari-tra, pra-tarl-tâi-, û-târi sam, târî-sa.
IcJiani «creuser», khâni-tum, kbariî-tra, â-kh fini -sam.
gani «engendrer»: gâni-sva (imper.), gani-târ, ganf-tra, gâiii-maa
(aussi gânmau), gâni-tva, gani-syâto, â-gani-s/'a. vani «aimer»: vâni-tar, vani-ta (forme forte introduite par analogie
dans les thèmes en -ta), vani-sista. L'aoriste vc'msat, sans i, est
difficile à expliquer. sani «conquérir»: sani-târ, sanî-tra, sâui-tva, sani-sj'âti, ;'i-sâni-sam. amî «nuire»: amî-si (2*' sg.), ami-nâ, âmï-vâ (amîtra?). bJirami «voyager»: blirâmi-tum, bhrami-syâti. vamï «vomir»: vami ti, a-vamï-t (Delbr. 187). çamï «se donner de la jjeine»: çamî-sva, çamï-dhvam (Delbr. 1. c),
çami-târ. {■rami «se fatiguer»: çrâmi lum, ^rami-syâti.
Comme on voit, les différents suffixes commençant par ^ et s sont favorables à la conservation de 11. 11 n'en est pas tonjours de même quand c'est un m qui suit ce phonème. Devant le suffixe nia 11 n'apparaît jamais. Parmi les formations en -man, (jâniman, dàrlman, pârïman, sâvïman, stârlnian, hâvlman, sont réguliers, mais on a en même ie\ii])B (jûnman , darmân, hôman, et d'autres formes de ce genre". Il est permis de supposer que Vm a exercé sur la voyelle faible une absorption toute semblable à celle qui a donné cinmâs, guhmàs, pour cinnmâs, (juhumàs.
Un autre groupe de formes où l'extirpation de !'< peut se
1. On trouve une partie des formes védiques réunies par M. Delbrûck AUind. Vcrh. 18G seq.
2. Inversement une minorité de thèmes en -ï-man sont tirés, analo- giquement, de racines anudûttâs. Ce sont, dans les Sainhitâs, dlidrlman, hhdrtman, sdrlman.
246 Disparitions et extensions de Vt.
suivre clairement, ce sont les présents de la 2° et de la 3*^ classe. Certains verbes ont maintenu intégralement le paradigme : la rac. rodi (rddi-tîtm, rodi-hjàti, rudi-tva, â-rodi-sam) possède encore le présent rôdi-ti, plur. riidi-màs. On connaît les autres exemples: âni-ti, et àni-la, ani-sîjâti ; çvâsi-ti, ci.çvâsi-twn,çvasi-syâti; vâmi-ti (Pâiiini), cf. râmi-tiim, vami-syâti Comment douter après cela, quand nous trouvons d'une part yani-târ, yâni-in, yâni-man,(jani- tvi etc., de l'autre Vimi^éi'Sitiî yâni-sva et la 2° personne ga-yâni-si (Bopp Kr. gramm. § 337) — Westergaard ajoute pour le dialecte védique yanidhve, ganidhvam, ganise — , comment douter que ya- gam-si, ya-gan-ti, ne soient liystérogènes? Chaque fois qu'un 1 apparaît dans quelque débris du présent tel que anii-sl, çamï-sva, on constate que la racine montre 1'? à l'infinitif et au futur. ^ Aussi nous nliésitons pas un instant à dire que dans ijîjmrti de pari, dans ccdiarti de Aarl, VI final de la racine a existé une fois, et que son absence n'est due qu'à une perturbation dont nous ne pouvons encore nous rendre compte. Peut-être la ressemblance de ^piparïti, ^caJiarïti, avec les intensifs est-elle ce qui a déter- miné la modification.
Un autre fait qui ne doit point induire en erreur, c'est l'ap- parition fréquente de Vi en dehors de son domaine primitif. Le nombre considérable des racines iidattâs, l'oubli de la signification de ri, expliquent amplement cette extension hystérogène. D'ail- leurs elle est le plus souvent toute sporadique. La propagation systématique de Vi ne se constate, entre les formations impor- tantes, que pour le futur en -sya, qui a étendu cette voyelle à toutes les racines en -ar, et de plus aux racines Jtan ci yam. De- vant les suffixes -tar, -tu et -tavya, — les trois formations obéis- sent à cet égard aux mêmes règles (Benfey Vollst. gramm. § 917) — ri, sauf des cas isolés, est en général primitif.^ L'usage de l'aoriste en i-sam, malgré des empiétements partiels considé- rables, coïncide dans les lignes principales avec celui de l'infini- tiv en i-tum (Benfey § 855 seq.). Parmi les exemples védiques
1. 11 y a une exce2)tion, c'est svupiti svâptum.
2. Parmi les cas inegulicrs on remarque les formes védiques srâvitavc, srdoitavai,yûmUavui. Inversement tari-tum est accompagné de tar-tuin 2>u- vitdr de potdr. La liste de ces variations ne serait jamais iinie.
IjCs imitations du ^n-oupo soumtc -(- ''. 217
(Dt'lbriick 17!) «<■<].) on cii trouve jtuii ((iii iir vi(.'jiii(.'iit j»iis d'inn' racine en i\
Une statistique spéciale que nous ne nous sentons pas en état d'entreprendre pourrait seule déterminer au juste, dans quelle mesure la théorie proposée nécessite d'admettre l'extension et aussi la disparition de l'I.
La conservation de 1'^' dans les mots-racines mérite d'être notée: vdni et sdni donnent les composés vrs/i-vâni-s, îqiamâti- vàni-s, vasu-vâni-s ; Ur(ja-sani-s, (jo-sâni-s, pifu-sâm-s, vaga-snni-s:, lirdam-sâni-s. Ces formes -verni- et -sani-, évidemment très-usuelles, ne sont pas de véritables thèmes en -i: l'accent, les racines dont elles dérivent, enfin le fait cju'on évite visiblement de former les cas à diph^iiongue — le Rig-Véda, sauf urgamne (voc), n'offre jamais que le nominatif et l'accusatif sin^^. — , tout y fait recon- naître le type vrtra-Jiàn. Le génitif de -sani n'a pu être primitive- ment que -san-as = -s)jn-as (cf. plus bas).
Devant les suffixes commençant par une voyelle, qu'obser- ve-t-on? Les racines mardi, pavi, tan, gant, donnent mrd'tl, imvate, tàr'aii, gân'as. On pouvait le prévoir: le cas est le même que pour somapc = soniajy^-c, datif de soma-pa (p. 203), et la voy- elle élidéo dans pava- n'est autre, comme on a vu, que celle qui a dû subir le même sort dans la 3° pers. pi. piin'atc = piuC-yté (p. 30).
Si maintenant nous prenons pour objet spécial de notre étude le groupe sonanfe -{- '', il ressort premièrement de ce qui précède cette règle-ci:
Le groupe sonante -j- -^ prcccdc d'une voyelle rejette ^ s'il est suivi d'une seconde voyelle et demeure tel quel devant les consonnes.
Nous passons à la démonstration de la règle complémeji- taire, qui forme le sujet proprement dit du présent paragraphe:
1. La forme agràbMhna offre un intérêt particulier. Dans son l long, évidemment le même que celui de grâblfi-tar , grbhï-tâ, est écrite toute l'histoire du soi-disant aoriste en -isam. L'existence distincte de cet aoriste à côté de l'aoriste en -s repose principalement sur l'innovation qui a fait diverger les deux paradigmes en transformant la -2® et la 3^ personne du dernier, dgais, (véd.) en (}gai><ls et âgais'it. Ajoutons que cette innovation, comme le suppose M. Brugman Stud. IX 312, venait elle-même, par ana- logie, de l'aoriste en -i'sam^ où -ïs et -U étaient nés de -ts-s et -ts-t.
248 Proportion très-exacte entre 2iutà : pûvitum et nmsitd : môsitmn.
Le groupe sonante -f~ ^7 précédé tVime consonne ou placé au commencement du mot, se change en sonante longue, quel que soit le phonème qui suit.
Ici jîlus qu'ailleurs il est indispensable de ne pas perdre de vue le principe que nous nous sommes efforcé d'illustrer dans les chapitres précédents. A part certains cas spéciaux, du reste dou- teux, tout affaiblissement proethnique, toute dégradation, toute alternance de formes fortes et faibles consiste invariablement, quelle que soit l'apparence qu'elle revête, dans l'expulsion d'«j. C'est ce principe qui exigeait que nous prissions pour unité mor- phologique non la syllabe, mais le groupe ou la cellule dépendant d'im même a^ (p. 186). Quand il y a déplacement d'accent, le ton passe non d'une syllabe à l'autre, mais d'une cellule à l'autre, plus exactement d'un a^ à l'autre. L'a^ est le procureur et le mo- dérateur de toute la circonscrijîtion dont il forme le centre. Celle-ci apparaît comme le cadre immuable des phénomènes; ils n'ont de prise que sur a^.
D'après la définition, ce qui est cellule ptrédcsincniicUe dans une forme comme l'ind. roditi, c'est rodi; dans bodliati au con- traire ce serait a. Aussi le pluriel de rôdi-ti est-il nécessairement rudi-mâs, parce que rodi- tombe sous le coup des lois II et 111 (p. 188). 11 en est de même dans la formation des mots. Ainsi grâbhï-tar, sJîâmhhi-tum , mosi-tum, thèmes à racine normale, sont accompagnés de grhhl-tà, slahhi-td (= * slîmhhitû), musi-tâ. Quel son a été sacrifié dans le type réduit? Est-ce la voyelle faible "* qui précède immédiatement la syllabe accentuée? Nullement, c'est forcément l'a plein, placé deux syllabes avant le ton.
Cela posé, lorsqu'à côté de pavi-târ nous trouverons pû-td, le phénomène ne peut pas se concevoir de deux manières différentes: pu- ne sera pas «une contraction», «une forme condensé^» de pavi-. l^ow: pûtci sera égal à pavitéi moins a\ Vu (\q putii contient le -vi- àa pavi-, rien de moins, rien de plus.
Thèmes en -t(t, -ti, etc.
1. Série de Vu. avi-târ: (indra-ûtâ), û-ti; dhavi-tum: dliu-tâ, dhu-ti; pâvi-tum: j)/<-/ff; savi-târ: sii-tii; hâvi-tave: hii-td, dcvd- Jiii-ti.
Comparez: cyô-tum: cyu-lâ, -vyu4i; ^\6-t\xva: pla-tii, plu-ti;
piitâ-piivitum, inirtd-juïritnm, //((tiiijirnitnui, rantn rAmilum. 24!'
çrô-tum: rrn-tà, rrii-ll; s6-tum (i^resser): sn-h'i . sôinnsii-li; srô- tum: sni-tâ, sni-ti; ho-tum: hu-tâ, a-hu-ti^.
2. Série de IV. câri-tum: cîr-tvà^, cUr-ti; gari-tar: f/ur-tâ, (jur-tî; târî-tum: tïr-tJia , a-ttir-ta, su-p)'d-tiir-ti; pàri-tum: p<r-/â, pur-li; çâri-tos: rUr-tâ (Grassmaim s. v. çur).
Comparez: dhâr-tum: dhx-tà,dhr-ti; bhâr-tum: hJit^-tâ, hhr-ti; sâT-tnm : sr-tâ, sr-tl; BvakT-tuvn.: smr-tn, smr-tl; hâr-tum: hr-tà, etc.
?). Série de Vu. khâni-tum: kha-fà, khà-ti; gâni-tum: gu-tà, gd-tl; vâni-tar: va-tâ; sâni-tum: sd-tà, sa-tP.
Comparez: tân-tum: fa- in; mân-tum: ma-td; hân-tum: ha-tâ, -ha-ti.
4. Série de Vm. dami-târ: ddn-td; bhrâmi-tum : hhrdn-tâ, hhràn-ti; vâmi-tum: î;«w-f«; çâmi-tum: fâw-#a, f«n-if/; çrâmi-tum: rrdn-tà, etc.
Comparez: gân-tum: (ja-tn. (jô-ti; nân-tum: na-tà, a-na-ti; yân-tTim: ya-tâ, yâ-ti; rân-tum: ra-tâ, rû-ti.
Avant de passer à d'autres formations, arrêtons-nous pour fixer les données qu'on peut recueillir de ce qui précède.
1. Série de \'n. Les modifications secondaires étant nulles, cette série doit servir de point de départ et de norme pour l'étude des séries suivantes. Nous constatons que '^jiiivHa, ou '^iniHa, qui est à pa^w'^ ce que plnta est à pla^n, s'est transformé eu imta.
2. Série de l'r. Il devient évident que ir et ûr ne sont que l'expression indienne d'un ancien r-voyelle long'*. Dans les cas
1. Les racines des participes ruta et shdd ont des formes très- entre- mêlées, dont plusieurs prennent l'I, probablement par contagion analo- gique. Sur yuta v. plus bas.
2. Cette forme se rencontre Maliâbh. XIII 495, d'après l'indication de M. J. Schmidt (Voc. II 214).
3. La forme sâniti est évidemment une création nouvelle imitée des formes fortes; san admettrait aussi, à ce qu'il paraît, sati pour stdi; in- versement on indique tZdi de tan, Benfej' VoUst. Gramm. p. 161 seq.
4. Ici par conséquent la formule de la grammaire hindoue se trouve être juste, abstraction faite de l'erreur fondamentale qui consiste à partir des formes faibles des racines comme de leur état normal. II est aussi vrai et aussi faux de poser gl-- comme racine de gûr-td que de dire que j)m est la racine de pïi-td. Le lien nécessaire des formes fortes en i avec les pho- nèmes u et ïr, ur, est constaté dans cette règle: <■ les racines en h et en 7 prennent Vi de liaison».
250 tr, tir = r; a et am venant de uasales souautcs longues.
OÙ il existe encore, comme inihi et mJvhifl pour *7)irMâti^, ce phonème ne s'est formé que très-tard par le procès dit allonge- ment compensatif. — Nous ajoutons tout de suite que ir et \\v ne sont en aucune façon des allongements secondaires de ir et ur. Par- tout où il existait un véritable r (c'est-à-dire devant les con- sonnes), nous trouvons tout naturellement Ir, ur, et c'est seule- ment quand r sétait dédoublé en rr (c'est-à-dire devant les voyelles), qu'on voit apparaître tr, ur:
ïr, ur : ïr, ûr = il : iiv. C'est ce qui explique le fém. tirvi de î(rd (rac. ivar) eu regard de pûrvi == '^pfîvï de 2niru'^.
La raison qui, dans chaque cas, détermine la teinte i ou la teinte îi est la plupart du temps cachée. Voy. sur ce sujet Joli. Schmidt Voc. II 233 seq.
Parfois le groupe Ur cache un w qui s'est fondu dans Vu: ainsi ur?.ia pour *ivurnâ = si. vlûna. L'existence du r long n'en est pas moins reconnaissable: r bref eût donné «vpjtci», ou tout au moins «urt.ia». Il serait à examiner pourc^uoi dans certains exemples comme hotr-vûrya, v persiste devant ïir.
Peut-être le groupe ul -\- consonne est-il quelquefois l'équi- valent^ dans sa série, des grouj)es Ir et ur -{- consonne; td pour- rait aussi être une modification du / bref déterminée, dans pJmllâ par exemple, par une durative qui suit la liquide.
3. Séries de Vn et de Yni. L'entier parallélisme de l'a de gald avec ï, U et îr == r, parle assez haut pour qu'on ne puisse sans invraisemblance donner à cet a aucune autre valeur préhistorique que celle d'une nasale sonante longue. Et cei)endant la muta- tion de n'^ en n n'est pas peut-être sans offrir quelque difficulté. Je comj)rends celle de r^ en r: c'est, à l'origine, une prolonga- tion de Yr durant l'émission du -'. Pareil jdiénomène semble im- possible quand c'est une nasale qui précède -', l'occlusion de la cavité buccale, et par conséquent la nasale, cessant nécessaire-
1. M. Benfey a montré que le verbe rnrjâti, dans les Védas, a un r long, et M. Hûbscbmann en a donné Texplication jiar la comparaison du zd. vinrezhd.
■2. Nous admettons que dans i<(i(jm-hhis de sayns, u^lrdâ de a<;is, la longue est due à un effet d'analogie dont le point de départ était l'ourni par les nominatifs du singulier sikjuIi, uçih, cf. i?i*/', (jih, de jnir, (/ir.
l'nlsi'iita i;n -lojâ-ti. 251
meut au moment où le son "* commence. JJe l'ait jkjus av(ni.s vu, à côté du gén. matnr = *matr'^s, le groupe n^ subsister dans nlsmis. Le témoignage des langues congénères n'est pas décisif, car la voyelle qui suit Vu dans lat. tmat-, v. li*-all. amuî = skr. dtt, ainsi que dans jdnih'iccSj skr. yatâr (sur ces mots cf. plus bas), pourrait être émanée de la luisale sonante longue, et n'avoir rien de commun avec le -' proetlinique qui détermine cette derjiière. Il est concevable aussi, et c'est la solution qui nous paraît le plus plausible, que n^ se soit changé en w^: il s'agirait donc, exacte- ment, d'une nasale sonante longue suivie cTune voyelle très-faihle.
Nous ne faisons pas d'hypothèse sur la suite de phénomènes qui a transformé un tel groupe en a long. Lïdée qu'mie voyelle nasale aurait formé la transition est ce qui se présente le plus naturellement à l'esprit, mais je ne sais si la série de l'm, où c'est évidemment Um (âdrifâ = *d(imtà) qui fait pendant à Vu, est de nature à confirmer une telle supposition.
Remarque concernant certaines formes de la 0® classe.
Le fait que le groupe n -\- -"i doit dans des cas donnés apparaître en sanskrit sous la forme d'un « long intéresse directement la flexion de la 9" classe, où ce groupe règne à travers toutes les formes faibles. Dans punlthâ, prmthd, rien que de régulier: ainsi que dans (janitdr, «•' se trouve précédé d'une voyelle. Au contraire yrhhtjUhd, musnltlid, offraient le groupe dans les conditions voulues pour qu'il i)roduisît «. De fait, nous sommes persuadé que .sans le frein puissant de l'analogie, on serait arrivé à con- juguer yrhhiiâti, '*grhhdthd. Je ne sais s'il est permis d'invoquer le zd. fri)jài)iiiahi = prïiûmdsi ; en tous cas le sanskrit lui-même fournit ici des arguments. Le verbe lirrdtc (iratum esse) possède un thème dérivé hrni-yd- dans le partie, lirnl-yd-mdna. Essayons de construire la même formation sur un présent du type grhliiici- ; nous obtenons, en observant la loi phoné- tique, (jrhlui-yd-. Chacun sait que non-seulement grhliûydti existe, mais encore que tous les verbes en -dyd qui ne sont point dénomiuatifs, mon- trent le rapport le plus étroit avec la 9" classe ^ M. Delbriick a cherché à expliquer cette parenté en conjecturant des formes premières telles que
1. Si l'on admet l'existence d'un y de liaison, les verbes comme lirul- y d-te et grhhd-y-d-ti peuvent se comparer directement aux dérivés de la 7® classe tels que trmhd-ti (p. 2.34):
, _ , hrnû, A- ■ , . trnâ.h-.
nr/n-y-a: °\ = trmh-a-: " ' . ,
° ^ rac. hajVA " ■ rac. tajrh.
252 Les sonantes u, r, n, m, daus diftercntes forum lions.
* grhlmnyd- , mais an ne se change jamais en ci, et le thème de grhhnuti n'est point (jrhhan \
Comme on le suppose d'après ce qui précède, -âyà- devra toujours être précédé d'une consonne et jamais d'une sonante, mais m fait exception, on a p. ex. damâyâti. Cela tient apparemment à la nature du groupe -?>m- qui se prononce en réalité comme -mmn-. En conséquence *dm{m)n^yâ- devint damâyd- et non <(damniyd-y>.
Thèmes en -na.
Série de Vu. dhavi: dliû-nâ; lavi: lû-nâ. vSérie de Yr. karï: Idr-iiâ; gari : gïr-uà; cari: ctr-uà; gari: g'ir-nà; tari: Ur-iiâ; pari: pur-nâ; mari: mur-uà; çarî: rïr-vâ.
Thèmes verbaux en -ya.
On peut réunir la 4" classe et le passif. Ces formations diffèrent pour l'accentuation, mais non jjour le vocalisme.
Les séries de Vi et de Vu n'offrent rien d'intéressant, car on constate un allongement général de ces voyelles devant y. Ainsi ge, çro, donnent giyàte, çrUyâte pour *'giyâte, *rruydte.
Série de Vr: gari: gir-yafi; karï (verser): lâr-yàtc; gari (dé- vorer): ^7r-î/«fe; -pauTl'. pûr-yatc ; çarî: rJr-ycHc, etc.
Comparez: kar: h'-iyàte; dhar: dhr-iyâte; bhar: Wir-iyâte; mar: mr-iyâte^.
Môme divergence des racines en -ari et des racines en -ar devant le -ya de l'optatif et du précatif: Jiïr-yët, tïr-yUt, pupur-yas etc.; cf. Ir-iyâma, sr-iyât, hriyât etc.
1. M. Kuhn a mis en parallèle avec les verbes en -âydti le présent stahJiûydti qui accompagne stabhnôti de même, en apparence, que stahhdydti accompagne stabhnâti. Cette remarque est certes bien digne d'attention; cependant nous avons cru devoir passer outre, vu l'impossibilité absolue qu'il y aurait à exiiliqucr stahJiayd- par stahhï -|- yd.
2. Apparemment Icriydte équivaut à kr-ydte: r et i ont échangé leurs rôles. M. J. Schmidt qui traite de ces formes Vocal. II 244 seq. ramène îcriyfUe à *kiryatc (pour '*Jcaryatc) et ne reconnaît pas de différence foncière entre ce type et çïrydte. Tout ce que nous avons cru pouvoir établir plus haut nous défond d'accepter cette opinion. Dans les formes iraniennes que cite l'auteur, kiryëië et mlrycUc (= kriydtc, mriydtc), îr n'est prol)able- meut qu'un ère (= r) coloré par y. Ce qui correspond en zend au groui^e indien ïr, c'est généralement are. Nous regrettons de ne pas être en état d'api)récicr les arguments que M. Schmidt tire des dialectes populaires de rinde.
Les sonantcs u, r,n, m, duns (liiïfhvntos formations. 253
Série de \'n. Une confusion partielle s'(!,st «glissée entre les racines en -cm et les racines en -anl: khani, sani, donnent kha- yàtr, ou lihan-yâte, sd-yàte ou san-yàte; à son tour tan fait lan-yàte et i(c-ydtc. 11 ne saurait régner de doute sur ce qui est primitif dans chaque cas, dès qu'on considère que gani forme invarial>le- ment fjd-yate et que man, han, n'admcîttent que mân-y(d(',lMn- ycUe. Le ^rou^jc an, dans hanyàtc etc., est le représentant régulier de n devant y (p. 35). - A l'optatif, gani fait (jayd-yiit ou {yx'idn- ;?/ar(Benfey Vollst. Gr. § 801).
Série de Ym: dami: dam-yatl; bhrami: hlirum-yati; çami: fjim-yati; çrami: çràm-yati etc.
(comparez: nam: nam-yâtc; ram: ram-yàtc.
Formes faibles des présents de la 2^ et de la S*' classe.
Série de Y a: hâvi: liu-nmJœ, (ji(-Jiu-masi; bravi: hrn-mâfiy h'ù-té (3" sg. act. hmvî-ti).
Série de IV; gari « louer >>: (jûr-ta (3*^ sg. moy.); parï: plpur- mâs, pijMr-thd etc.; véd. jmr-dJii. La forme védique pipr-tàm pour- rait, vu le gr. Tti^nlà-, être sortie d'une racine plus courte qui expliquerait du même coup le thème îori pipar-^.
Série de l'n: gani: (jagâ-thu, gagd-fâs. Il n'est pas facile, faute d'exemples décisifs, de dire si >1, placé devant «(^ et >u devient H comme devant les consoniies ou an comme devant les voyelles. Le traitement qu'il subit devant y ])arlerait pour la première alternative, et dans ce cas gaganvâs^ gaganniâs devront passer pour des métaplasmes.
Nous avons obtenu cette proportion:
qaqâ-tliâs : âaqâni-si ] ^ „ . ,,. >.
7 _ ,7 , 7 /- ,. = rudi-tluis : rodi-m.
brii-t/ias : oravi-si )
Formes faibles de l'aoriste sigmatique.
Le lîig-Véda offre l'aor. du moyen a-dhûs-ata (S** p. pi.), de la racine dliavL Cette forme passe pour un «aoriste en -s-amy>'^ en
1. L'hypothèse de M. Knhn qui fait de îrtc le moyen deVyarft paraît si vraisemblable qu'on ose à peine la mettre en question. Et cependant, si l'on compare irmâ «rapide», irya «violent» et le gr. dç- (oçco: ir'sva = KÔçarj: çirm) ce présent fait tout l'effet d'être à ari ce que pûrdhi est à iniri. L'accent aurait subi un recul.
254 Les sonantes u, /•, n, m, dans différentes formations.
revanche a-dhàvis-am est classé dans les «: aoristes en -is-am». Nous avons vu que ces deux formations n'en forment qu'une dans le principe, et qu'en général la différence apparente réside uni- quement dans le phonème final des racines (p. 246 seq. 247 i. n.). Ici elle a une autre cause: c'est bien la même racine qui donne clhâvis- et dhus-, seulement dliUs- contient 1'^" de dhavis- à l'état latent; l'un est la forme faible de l'autre.
Voilà qui explique une règle que consigne le § 355 de la grammaire sauskrite de Bopp: au parasmaipadam, les racines en r suivent la formation eu -is-am; à l'âtmanepadam elles admet- tent aussi la formation en -sam et changent alors r en ïr, ur. La chose est transparente: on a conjugué d'abord â-stdris-am, à-stlr's-i, comme â-lcsaips-am, à-lisips-i (cf. p. 191); le moyen â-starVs-i n'est qu'une imitation analogique de l'actif.
Thèmes nominaux du type âvih.
Nous n'envisageons ici que les formes où la désinence commence par une consonne, représentées par le nominatif du singulier.
Série de \'u: pavi: ghrta-pu-s; havï: deva-hu-s.
Série de \'r: gari «louer»: gïri^-s)] gari «vieillir»: amâ-gur(js)'^ tari:pra-^Hr(-s); pari : j)f(r(-6') ; marî: a-)mir(-s)j starï: iqM-stîrijs). — Dans le premier membre d'un com-posé : 2)Ur-h]nd etc.
Série de Vn: khani: hisa-Jchâ-s; gani: rte-yà-s; ^smU go-sà-s.
Série de Ym: ça,vcii: pra-{àn(-s\ instr. -\^\. prd-ram-hhls.
Reuiarque sur quelques désidératifs. On ne doit point être surpris de trouver gilnvltati de li(i)\ huhlâwsali de hhar etc., puisque l'on a aussi (ji(fisati, çttçnxsati etc. de racines nnu- (luttas comme ge et crû.
Avant d'entamer la seconde partie de ce sujet, il est bon de se mettre en garde contre une idée très-naturelle et plus vrai- semblable en apparence que la tliéorio proposée ci-dessus. Elle consisterait à dire: an lieu d'admettre que û, r etc., dans luria, '''pria etc., sont des modifications de u -\- ^, r -{- ^, pourquoi ne pas poser des racines telles que la^Ti, pa^r'i Los formes fortes skv. lar't-, pan-, vu pciivcnj juri bien dc-rivcr, et r('X|ilic;it ion des
Les sonantes t, m, »•, n, w, ne poiiveiit t'tio primoidialfH. 20;")
formes faibles serait simjilifiée. C'est h (|ii<)i nous ()|)|)osons les remarques suivantes:
1. L'hypothèse u lacjuclle il vi(!iit d'être fait alliisi(»ii <'st in- admissible:
a) Su])pos()ns ])Our un instant (jue les racines de lavilâr iiaiâ et i[c parllâr purta soient réellement laii, par. Quel avantage en résulte? Aucun, car on ne saurait sans pousser Finvraisemblance au dernier degré, prétendre que l'I de grâlMtar et de mdsihim n'a pas existé après les sonantes comme ailleurs an moins dans tin nonihrc limita de cas. Or foutes les racines finissant par sonante -j- ^ donnent sonante longue dans les formes faibles. On en revicmhait donc à reconnaître pour un nombre d'exemples grand ou })etit la règle qu'on aurait voulu supprimer, et au lieu de simi^litier on aurait compliqué.
h) En partant des racines lau, par etc., on renonce à expli- quer la 9" classe comme un cas ]iarticulier de la septième. Dès lors on ne comprend ni la prédilection des racines «à sonante longue», ni l'aversion des racines «à sonante brève» pour le pré- sent en -nâ.
c) Accordons, s'il le faut, qu'il n'y a aucun lien nécessaire entre la sonante longue et le présent en -««; assimilons la syllabe -nâ aux suffixes tels que -ya ou -slia. Comment expliquera- t-on, au moyen de racines laU, par, les présents lunati et j^lwti? Com- ment, en règle générale, est-il concevable que lafl puisse donner lu et qae par puisse donner ^)>^? — Ce point ne réfute pas seule- ment l'hypothèse de racines à sonante longue, c'est en même temps celui sur lequel nous croyons pouvoir ancrer en toute con- fiance la théorie de la O*" classe et partant la théorie des racines comme laiVA, parA. Car ceci est évident a priori: toute théorie fondée sur l'idée que -nd est un simple suffixe se trouvera dans l'impossibilité d'expliquer la difTérence typique et radicale du vo- calisme de la formation Innàti, prnàti , et de la formation lUnâ, pUruâ.
2. L'autre hypothèse, bien loin d'oftrir des difficultés, est dictée par l'observation des cas analogues:
Dans les racines qui présentent successivement sonante -f- Wj -|- A, par exemple (jija, vu, çrd, nous sommes bien sûrs que a fait partie intégrante de la racine. Si donc notre hypothèse est juste
256 Les sonantes i, u, r, n, m, ue peuvent être priraoïdiales.
et si Vsl-nâ, lu-nd, pûr-nà etc. viemient de racines toutes pareilles kgyciyA, où il n'y a de cliangé que la place de Ta^, il faudra que les deux types radicaux se rencontrent dans les formes où a^ tombe. C'est ce qui a lieu. Série de l'i;
gya (g^V^i^) «vieillir»: gyU-syàti, gl-nà. gyâ (fliyciiA ^) «triompher de»: gya-yas, gx-tà. pyâ « s'engraisser» : pyà-yati, pi-nà. çyâ «faire congeler»: ryà-yati, çi-nd et çi-tâ. La série de Vu offre û-ti «tissu» de va, vasyati. Série de Vr:
krîl «blesser, tuer» dans hrà-tlia, d'où krathayatr-^ forme
faible: Mï-i/i. çrà «cuire, mélanger»: prés, çra-ti, çrâ-tum, rlv-tâ, a-çir^. La série de Vn offre gmciti de gnâ: c'est là une formation qui permet de rétablir *gdtd = *éntâ (cf. gatàvedasl:) comme participe perdu de gnâ. Le présent gànâti ne saurait être absolu- ment primitif. La forme organique serait gànâti pour hmciH: cf. ginâtl de gya. L'introduction secondaire de Vn long est compa- rable à celle de Vï long dans pr'màti (p. 243).
Ces exemples forment la minorité: la plupart des racines sanskritis qui finissent par -râ, -?«, -wâ, -ma, apparaissent dépourvues de formes faibles*: trâtd, prUnci, gland, mlïitâ, gi'uitd, mndtd, snûtd, dhmutd etc.
1. Cette dernière racine, comme Ta montré M. Ilûbschmann, se re- trouve dans le zd. zinût et l'anc. perse adinû (skr. aginut): elle a donc ^i et n'est apparentée ni au gr. ^t'a ni au skr. gdyati, giguya.
2. Jcrathana est apparemment une formation savante tirée de la soi- disant racine l'rath.
3. Cf. aussi inir-va en regard de prâ-tdr.
4. M. J. Scbmidt qui, dans un article du Journal de Kubn, a attiré l'attention sur cette particularité en présente une explication purement l)bonétiquc, fondée essentiellement sur la supposition d'une métatbèse. Mais notre principe mi'me nous empôcbe de discuter son ingénieuse théo- rie, car ell(,' répond en définitive à la question que voici: pourr^uoi est-ce qu'en sanskrit dhmfi ne fait point *dhmiti'i quand stbâ fait sthiti'i? Si l'on admet ce que nous avons cru pouvoir établir plus haut, cette question cesse d'en être une, et l'on ne peut jdIus demander que ceci: pourquoi dhmâ ne fait-il jias dbântâ quand sthfi fait sthitâ? — En outre rby|)otlièse *(lhamlâ, *(lliainat(( (comme primitif de dhviatd) est incompatible avec la loi d'exi)ulKion proethnique de 1'^/. La métatbèse, si elle cxist*' en sanskrit, ne paraît admissible que pour un nombre d'exemples insigiiiiiuiit.
Leur origine secoiulairo est confirmée. 257
La raison n'en est pas difficile à trouver. Entre iialum et *tirtd, entre ijndtum et *gutâ, dhmutuni et *dhanl(i, la disparate était excessive, et Tunification inévitable. Ne voyons-nous pas le même phénomène en train de s'accomplir sur les racines en -ya, où ç/ina, çUa, inna, sont accom- pagnés de çyâna, çyâta, pyïina, et où *lclnta de Ichyû a déjà fait place à Ichyatul
A ces exemples empruntés à des syllabes radicales s'ajoute le cas remarquablement limpide de \'i de l'optatif formé égale- ment de / -|- "' (p. 1 !) 1 seq. j.
Ce qui achève de marquer l'identité de composition des ra- cines qui ont produit pUtà, prirnà etc., avec les types gya^A, lîva^A, ce sont les présents ginâti, zd. zinâl de ^ji/â; g'mâti, zd. ginâitl (gloss.) fle g.^yâ; hrnati de hrci «blesser»; '''ganati (v. ci-dessus) de gua. On retrouve là ces présents de la 9*^ classe, qui constituent un caractère si remarquable de notre groupe de racines. 11 n'est pas besoin d'en faire encore une fois l'anatomie:
Type À: x&,c. gija^-A: gi-nà^-A-ti; *gi-^-tâ (ffl-ta).
Type B: rdiO,. pa^w-"^: pu-nâ^-A-ti; *pu-Mà {pu-tà).
(Type A: rac. çra^-u: çr-ndy-ii-ti; çr-ti-tâ.)
(Type B: vâc. iJa^r-Jc : pr-nây-li-ti; pr-Jc-tâ.)
Nous avons vu (p. 247) la règle en vertu de laquelle la ra- cine ta^r-^ élidera le phonème final dans un thème comme farafi. Les conditions sont tout autres s'il s'agit d'une formation telle que celle de la 6*' classe: ici Va^ radical tombe, et l'on obtient le primitif tr^ -\- âti. Se trouvant appuyé d'une consonne, Vr ne laisse point échapper le son ^: selon la règle il se l'assimile. Il en résulte tf -{- dti, et enfin, par dédoublement de r, trr-âti. Si la racine était tar, la môme opération eût produit tr-âti (cf. gr. Til-éOitai etc., p. 9).
Ce procès donne naissance, dans les différentes séries, aux groupes -ig-, -mv-, -nn-, -mm-, -rr-. Le sanskrit garde les deux premiers intacts et change les trois autres en -on-, -am-, -ir-^
l-^>'-)'
1. La théorie de M. J. Schmidt (Voc. II 217) tend à faire de ir, nr, des modifications de ar. Ltiuteur dit, incontestablement avec raison, que
kir dti ne saurait équivaloir à kr -{- dti: cela eût donné «krdti». Mais la formule kar -\- dti sur laquelle se z'abat M. Schmidt se heurte, elle, aif
17
258 Forme scindée des sonautes longues i u r n m.
Thèmes verbaux en -d.
Série de Vu. dhavi: dhuv-<Hi; savi (exciter): snv-âti.
Série de Vr. karî (verser): Jcir-âti; garî (déYorev): gir-âti, gil- âfi; gari (approuver): â-gur-âte; tari: tir-âfi, tnr-ûti; sphari (aor. véd. spharJs) : sphiir-âti.
Série de T/?. vani: xéd.vmi-é)na, van-âfi; sani: \éd.san-éyam, san-éma. La place de l'accent ue laisse aucune espèce de doute sur la valeur du groupe -an qui est pour -rin. C'est une accen- tuation très-remarquable^ car d'habitude les a radicaux liystéro- gènes se sont hâtés de prendre le ton et de se confondre avec les anciens. Dans nos verbes même, il est probable que vânati, sâ- nati n'ont de la V classe que l'apparence: ce sont les égaux de vanâti, sanâti, après le retrait de laccent.
Série de \m. On ne peut décider si un présent tel que hhrà- mati vient de '^hhrâ^mati ou de ^'hliymmâti^.
Parfait.
On trouve, en conformité avec dudlmviis, dudlmvé de dhavi, des formes comme fatiiriisas, titirûs de tari, tistire, tistirânà de stari (Delbriick p. \2b\ gugurûsas de garî^.
En dehors de ces cas, on sait que les racines «en r» ne sont pas traitées, dans les formes faibles du parfait, de la même ma- nière que les racines «en r». Le maintien de Y a y est facultatif et pour certains verbes obligatoire: ainsi stan fait tasfariva (Benfey p. 375). La raison de cette particularité nous échappe: on attendrait «fastïrva».
La série nasale offre de nombreuses modilications analo- giques. Les formes telles que gaganus (véd.) pour *gagnnus de gani, vavamus = *vavmmî(S de vami sont les seules régulières. Elles sont accompagnées de gagnus, vemus'"^ etc.
principe de l'expulsion des a, principe qui ne permet pas d'admettre, qu'à aucune époque l'indien ait possédé des présents comme «*karâti>^.
1. 11 est à croire que hhrâmati a suivi l'analogie de hhrâmyati, car on ne concevrait point que le grouije -mvi- produisît -um-.
2. La brève do yur/ûrvàn paraît être due à la réaction du thème faible (jugurus-, 11 faudrait '*guyurvàn. La racine tarî, outre titirvd)i , oÔVe l'optatif iitryw- i^onr * turyu- : Vtc bref peut avoir été communiqué parle thème du moyen turï-.
a. Notons cependant cette remarque d'un grammairien cité par Wester- Çaard: rcinuh, iadbliâsyûdisu ciranlanagrantliesu kutrupi na drîitam.
Forme scindée des sonantos longues ï u r n m. 259
Thèmea nominaux du type dvis.
On a, devant les désinences commençant j»ar une voyelle:
De mano-yu-: inano-//ilv-.
De [/ir- (*(/>■): gir- (*f/rr-).
De gO'sà {*go-sn-): go-sàn-as (*go-snn-as). R. V. IV ?/2, 22. D'ordinaire le type go-sâ a cédé à l'attraction de la déclinaison de soma-pâ.
Dans la série de 1'/;^, pra-cum-, grâce sans doute à une uni- fication postérieure, conserve Va long devant les voyelles.
Les racines en -a^.i présentent des exemples remarquables: prâ (comparatif p'a-^«.s, zd. frd-yanlt) donne piir-il soit *prr-ii (fém. pUrvi soit '^pT'-vi)'^ çrâ doime à-çir-as. Dans la série nasale, il est fort possible que mânatl et dhâmati viennent vraiment de mnâ et dhmâj comme l'enseigne la grammaire Hindoue. Ces formes se ramèneraient alors à *nmn(Ui, ^'dhmmâti.
En terminant mentionnons deux faits que nous sommes obligé de tenir pour des perturbations de Tordre primitif:
1. Certaines formes nominales à racine faible offrent la sonaute brève. 1° Devant les voyelles: tuvi-grd (à côté de saui-girâ qui est normal) de garï; pâpri (à côté de pdpuri) de parï; sdsni, si-sriu de sani. 2° Devant les consonnes: carlcrti de J;ari «louer»; sdtcan, satvand de sani, etc.
2. \ju résultant de la nasale sonante longue donne lieu à des mé- prises: ainsi su forme faible de sani est traité comme racine, et on on tire p. ex, çata-séya. D'un autre côté les racines anuduttds ha)i et man pré- sentent ghcita et matavat. La création de ces formes ne paraît explicable qu'en admettant une idée confuse de la langue de la légitimité de l'échange -an- : -a- puisée dans les couples sdnituni : sâtd, et ajjpliquée parfois à faux.
Un petit nombre d'exemples offrent il et r à l'intérieur d'une racine finissant par une consonne. 11 est rare malheureusement que la forme forte nous ait été conservée: ainsi murdliiui, spliur- gati, kurdfdi, et beaucoup d'autres en sont privés. Nous avons cru retrouver celle de çlrmn dans le gr. '/.Qûa- (p. 224). L'exemple capital est: dlrghû «long» comparé à drégliiyas, drâ.ghmân, zd. drù.gaiili.
dîrghâ (= drghâ, *dr'^ghâ) : drdghïyas = prtlu'i : prathlyas
= çïr-tâ : çrtï-ti = pûr-tâ : parï-târ, etc. 17*
260 Remai-ques diverses sur les racines udattas.
Plusieurs raciues paraissent être à la fois ndîltlas et aniidat- tds. Dans la série de Vu, on trouve, à côté du participe yu-tâ, les mots yïï-ti et yu-tlul dont Yu long s'accorde bien avec le fut. yavi-të, l'aor. a-yâvi-sam, et le prés, yunafi (gramni.). On peut suivre distinctement les deux racines var et vari, signifiant toutes deux élire: la première donne vârati, vavrus, vriyât (préc), âvrta, vrtâ; la seconde vriitté, vavarus, vurydf, vwlfa (opt.), vUrnâ, liotr- viirya, vantum. A côté de dari (drnâti, dantum, dlryâte, dJrnâ, gr. déça-ç), une forme dar se manifeste dans drti, zd. derefa, gr. ôçccTog. Au double infinitif sfârtum et stântnm correspond le double participe stria et stïrnd, et le grec continue ce dualisme dans aTQcîzog : arQcor6g(^==*6rrTog, *6rrr6g). On pourrait facile- ment augmenter le nombre de ces exemples.
D'une manière générale , la racine ndâfta peut n'être qu'un élargissement entre beaucoup d'autres de la racine anuddttïi. Qu'on observe par exemple toutes les combinaisons radicales qui tournent autour des bases -u- «tisser», k^-u- «s'accroître», gh^-u- « appeler».
1. -ajU. 6-tum, vy-àman (Grassm.); ry-ùta, u-ma.
— â-çv-a-t.
Iw-trâ, lié-man; â-liv-a-t.
2. -RjWA. — (udàttà) çàvï-ra
hdvl-tave, hdcï-man
3. -"wa^A. vâ-tum, va-vaû, gr. "}-tQiov
çvci-trd{?)
hià-tum etc., zd. zhd-iar
4. -waji. vdy-idi, iivàya.
(■vdy-ati, rvdyihim. hvây-aU.
Les racines citées généralement sous la forme hliïl et su (gignere) offrent deux caractères singuliers: 1° Aux formes fortes, apparition anormale de -ûv- et -ïi- au lieu de -av'- et -avî-, lesquels toutefois sont maintenus dans une partie des cas; ainsi la pre- mière des racines mentioiuiées domie hahhûva, hJmvona, dhhut (P p. dhlmvam), hlnlman , et eu même temps hhdvati, hhovîfra, hliàvllva, hlumyas^] la seconde fait sasûva (véd.), su-sûma, et en
1. hhuyas est fait probablement à l'imitation du positif hhu-ri. Le zd. hcKvare parait avoir pour base le comparatif rpii est en sanskrit hhdvtyas.
û-ti, ûvûs.
çû-ra.
liH-td etc., huvd-té'.
Date cl(3 la iinitation qui [iroduisit les soiiaiitos longues. 2G1
p même temps sàvati. 2" l'iu.sieurs l'ormes faibles ont un n bref: çam-hlm, mayo-hlm, âd-hhuta; sîi-tà.
Ces anomalies se reproduisent plus ou moins fidèlement en grec ])our q)v = hJtic et ])Our dv. On sait que dans ces racines la r|uantité de Vv ne varie pas autrement que celle de Va dans (iu OU 6rà, ce qu'on ])eut exprimer en disant que Vv long y tient la place de la diplitliongue sv. L'obscurité des phénomènes indiens eux-mêmes nous prive des données qui pourraient éclaircir cette singularité. On classera parmi ces racines pu «pourrir» qui ne possède d'à dans aucun idiome et qui, en revanche; offre un « bref dans le lat. pu-tris. Il serait bien incertain de poser sur de tels indices une série û : h, parallèle par exemple à a^n : n. Qu'on ne perde pas de vue l'a du skr. hhâvati, hitâvïtva.
Ce n'est point notre intention de poursuivre dans le grec ou dans d'autres langues d'Europe l'histoire fort vaste et souvent extrêmement troublée des racines udCiUds. Nous bornerons notre tâche à démontrer, si possible, que les phénomènes phoniques étudiés plus haut sur le sanskrit et d'où sont résultées les longues 7, II, r, M, m, ont dû s'accomplir dès la période indo-européemie.
Pour la série de Vi, cette certitude résulte de Vl paneuro- péen des formes faibles de l'optatif (p. 191 seq.).
Dans la série de Va, on peut citer l'indo-eiir. dJiU-mà de la racine qui est en sanskrit âhavi, le si. ty-ti «s'engraisser» en re- gard du skr. tâvî-ti, tari-sâ, fîiv-î, tù-ya; le lat. pu-rus en re- gard de pavi-târ, pû-tâ. Ce qui est à remarquer dans les verbes grecs %^vGi et Ivm (skr. dhavi dJiU, lavi lu^), ce n'est pas tant })eut-être la fréquence de Vv long que l'absence du degré à di- plitliongue. Qu'on compare xkev kIv = skr. vro cru, tiXsv tcIv = s\\i'. plo plu , çev Qv = skr. sro srii, ^tv yv = skr. lio Jtu'-. Cette perte marque nettement la divergence qui existait entre les orga- nismes des deux séries de racines.
Passons à la série des liquides.
1. KOfi^o-Xvrrjg' ^aZayrto-T ô fi o g Hes. est intéressant au point de vue de l'étymologie de Xvco.
2. Dans le latin, où )-ïitHS et incîutus sont les seuls participes dn passif eu -û-to, la longue ne prouve pas grande chose. Elle se montre même ilans seciitus et ]ocutî(S. Les exemples qui, sans cela, nous intéresseraint sont so-Iutiis et peut-être arf/rdus, si Ton divise aryuo eu ar -f- guo = huvnti.
262 '■ dans le lithuanien, le paléoslave, le germanique.
A. Devant les consonnes.
Quiconque reconnaît pour le sanskrit l'identité pûrnà = *pr^nà devra forcément, en tenant compte de la position de la liquide dans le lithuanien jnhias, placer du même coup l'époque de la mutation dans la période proetlinic|ue. Et quant à la valeur exacte du produit de cette mutation, nous avons vu que, sans sortir du sanskrit, on est conduit à y voir un r voyelle (long), non point par exemple un groupe tel que ar ou -'r. Entre les idiomes européens, le germanique apporte une confirmation posi- tive de ce résultat: le son qui, chez lui, apparaît devant la liquide est or<linairement u comme pour l'r-voyelle bref.
En LITHUANIEN f est rendu par ir, il, plus rarement par ar, al.
ghias «laudatus» = gûrtâ; firnis, cf. glrrfâ; ftltas = tlrtlià; \lgas = dïrghâ(?); ptlnas = pUrriâ; vdna == imjtâ; — karnà «boyau», cf. plus bas gr. %OQÔri:, smltas = zà.çareta lequel serait certainement en sanskrit *(ftrta, vu le mot j)ai;ent çiçirâ; spragii = spimrgati
Le PALÉOSLAVE présente n, ru, lu.
hrûnu = lârnâ «mutilé»; zr\no = glr/.tâ; imvû = pftrva; dlugû = dlrghâ; plûnu == pûrnâ; vluna == ûrna. Nous trouvons lo dans slota = lith. smltas.
Exception: lith. herzas, si. hrèza «bouleau» = skr. hhUrga.
Le GERMANIQUE hésite entre ur, id et ar, al.
Gothique l'aurn = gîrnà; fidls = pUrnà; vidla = urnâ; — arms = Irmâ; (^iintda-)))iahJiS = murllid; hais = çlrsd(?), cf. xoQQi]' TQCiXi]^og Hes. L'a suit la liquide dans frauja = pûrvyâ.
Le GREC répond très-régulièrement par op, oA ^, ou qco, ko.
1. Nous ne décidons pas si dans certains cas oq et ol ne représentent point les brèves r et /. Les principaux exemi^Ies à examiner seraient: oQxiç, zd. crezi; èçx^oiiai, skr. rghûydtc; "Oçqpfv'g, skr. rhhà; oçao- (dans oçao&vQCi, ôçGOTQiaivrjç, oçcnret)]?), skr. rsvd; iioqtÔç, skr. mrtd (cf. toute- fois véd. munya): %oiQOç (cf. %Xovvriç), skr. ghrsvi; rôçyog, germ. storlia- (Fick P 825). L'omicron suit la liquide dans: xqÔvoç, skr. thjta; ^loavçôg, goth. vidjnis (Fick); lj(i^Qotov = rîfiaQrov; kIo^ = avXa^ (p. 17); xpônoç (Hes.), cf. skr. JcrJcavûku, lat. corcus. On pourrait même citer pour pw otXco: yQw&vXoç, skr. [frhti (J. Schmidt Voc. U ;}18), ^Xcod^çàç à côté de ^Xaazôç. On no doit pas comparer Trpcoxrds ci prstlid, vu le zd. pavi^ta. — De même en latin r paraît pouvoir donner ar et ra: fa{r)stigium , skr. hhrki (gr. cîcpXa- atov); classis est sûrement le skr. /.•;'.s// (cf. qiiinquc dai>ses et pdiica
P](|iiivalc'nt8 grtiCH et l.itiiiH du Kon r. 263
oQ^^ôg'^) lirdlicâ. \ jro()Ttg') piirti.
jiuQGij <jîrm. ovXog'^) urija.
TTQojiog pnrnjx.
rQOJco tùrvatiiy).
(iQCJtôg cf. (jiniâ.
GxQcarôg cf. d'inià. Au lieu tic Qcô ou. aurait qo dans ftçoTog «.sang coagulé;», si M. Bugge a raison d'en rai^proclicr le skr. nmrtâ «coagulé», K. Z. XIX 446. Cf. a^Qo^og (Hes.) = a^çco^og.
1) D'après ce qui est dit p. 250, il est indifférent que la racine com- mence ou non par w. — 2) La remarque précédente s'appliquerait à OQ&ôg — ûrdhvd; seulement le zd. ercôtva montre que la racine de iirdhvd n'a point de to initial. Si donc, en se fondant sur ^ojq&l'cc- oçd-îu et contre l'opinion d'Alirens (II 48), on attribue à àç96g le digamma, le parallèle ôp^o's — ûrdJivd tombe. — 3) L't de Solix^S n'est j^as organique. A une époque où le second £ de la forme forte '^ôélExog {êvdelsxiîç) était encore la voyelle indéterminée -i, cette voyelle a pu être adoptée analogiquement par *âoXxô?\ 1^^ traitement divergea ensuite dans les deux formes. — 4) Cf. p. 2()5, note 4. — 5) ovlog «crépu» est égal à '-'.FoXvog. Cf. ovlrj Xsv/.r]-
En LATIN ar, al, et la, là, équivalent aux groupe.s grecs oq, oA, QCO, Ico.
grains (jïirtà.
grdnum glntâ.
{?)pîânus pûrnâ^).
stratus cxQotég.
arduiis ûrdhvâ.
armus irmd.
largus^) dïrghâ.
2)ars pUrti
cardo cf. lûrdati. 1) Pour *dargus, malgré le l do dolix^g, l'échange entre î et r étant assez fréquent précisément dans les racines dont nous parlons '. On pour- rait aussi partir de *dal(jus, admettre une assimilation: *Ialgus, puis une (lissimilation. — 2) Cf. compJanare îacum «combler un lac», dans Suétone; plënus est tiré par analogie de la forme forte. — Sans ?.âxvr], lâna pour- rait se ramener à *dun(i = xinjd.
Au groupe al est opposé id en sanskrit (p. 250) dans calvus = ladra et ahus = ûlva, lilba.
Ou trouve -ra- dans fraxinus, cf. skr. bhurga. D'autre part M. Budenz, approuvé par M. J. Sclimitlt (Voc. I 107), réunit prô-
krstdyas?); fastus, comme M. Bréal l'a montré, contient dans sa première syllabe l'équivalent du gr. ^aça (p. 129).
1. Exemples: x^Q^'î st xoXdg (p. 2()4); ôtQctg et doîare; y.oloy.dîog et cracentes; x^iXa'^a et fjrando; gr. aroQ, si. stclja; gr. xQ^'^ôg, goth. gnip (p. 265); gr. xdpcr/j, goth. hais; lat. marcco , goth. -malsks; lith. (jir'eti, si. glagolati, etc.
264 Traitement du groupe rr en gi"ec.
vincia au ^\r. pnrva. Ce mot se retrouve aussi dans prîvi-gnus qui sera pour *prdvi-gmis (cf. convlciu-m) \
Exemples qui se présentent entre diflPérentes langues euro- péennes :
Lat. crates, gotli. haurdi-. — Lat. ardea, gr. çcodiôg (par pro- thèse, èçcodiés). — Lat. craccntes et gracilis, gr. xoX-o-icâvog, xoX-s-xâvog, xok-o-Gôog. — (?)Lat. radias, gr, oQ-6-ôa^vog. — Gr. XOQÔ'^. norr. garnir, lith. zarnà.
B. Devant les voyelles. Nous venons de voir les représeutents européens du r pro- prement dit. Il reste à le considérer sous sa forme scindée qui donne le groupe rr (skr. ir,nr), et ici les phénomènes du grec prennent une signification particulière. Il semblerait naturel que cette langue où r et l deviennent kq et «A rendît également par UQ et ak les groupes rr et II. L'observation montre cepen- dant que OQ et oX sont au moins aussi fréquents et peut-être plus normaux que «(), «A, en sorte par exemple que nôhg répond au skr. puri tout de même que /iôçoy] répond à âr'sà. De ce fait on doit inférer c^ue le phonème '^, eu se fondant dans la liquide, lui avait communiqué, dès la période proethnicjue, une couleur voca- lique particulière dont le r bref est naturellement exempt.
\gin.
Boçéag
'TTtSQ-^ÔQElOt
7t6hg ji^iri.
TCoXvg pur II, puliL
{?)jto^-(p6Xvy- hhirâgate (Joh. Schmidt Voc. Il 4)
(?) QoQor'svg hlmranyn (Kuhn\ lolccg, i6lii\ . _
(cf. lOQdn'i) \ %6qlov" cîra'^.
1. Doit-on admettre lat. er = r dans hernia (cf. haruspex) en regard du lith. ùirnà et verbum = goth. vaurd (lith. vardas)? On se rapellera à- ce propos cerebrnm opposé au skr. çt'ras, termes variant avec tarmes (racine udâttâ tere), ainsi que Ycr de terra qui équivaut à or dans cxtorris.
2. XQ^S ^s^ apparemment un nom tel que f/ïr, jiur en sanskrit, c'est- à-dire qu'il remonte à xrg. Les génitifs XQ°ôç et jjçtoTÔg sont hystérogèues pour *xoQÔg. Le verbe xQ<xîvcû paraît être un souvenir du présent *XQ"- vrjfii, *xyvi]ai, qui est à XQ^'S ce que (jrnnti, pr/iâti sont agir, pur. — X9'^l^" n'est pas absolument identique à édnnan: le groupe çw y a pénétré après coup comme dans ^qôjuk.
3. Dans un petit nombre de formes indiennes, îr, ur, i)ar un phéno- mène surprenant, ajjparaissent même devant les voyelles; eu d'autres termes ? ne s'est pas dédoublé.
Traitement du groupe rr en grec. 205
En regard du «kr. hirai/ija et hiri- on a l'éol. iQoiaôç (lonue ancienne de %Qv66g),\<iC[vm\ paraît égal à '^'p'ryô^ ci". gotli.^j<//l«-'. Formes verbales:
(iôXitai skr. -(jiirn-lc^ «ap])roiiver^>.
roQHv skr. tir<l-l/\ turà-ti.
^oliïv skr. milâ-tP «convenire».
Même coïncidence dans les racines suivantes pour lesquelles le thème en -d fait défaut dans l'une des deux langues: oQ-éad'ai^ lo^-ao] cf. skr. ir-tc, ïr-èva (p. 2bo i. n.). ^OQ-â, [/3^û3-To'g] cf. skr. (jir-ûti, glr-nâ. 7ioQ-£lv^ \-7iQco-toQ\ cf. s\\v. purayaU etc.^ (îToç-, [cxQfo-Toç] cf. skr. stir-ati, stïr-nà. aifia-KovQtai, cf. skr. Idr-âti.
Les formes qui viennent d'être nommées ne représentent jamais qu'un des degrés vocaliques de leur racine, bien qu'en fait ce degré ait presque toujours usurpé la plus large place. La restitution du vocalisme primitif des différentes formes appartiendrait à l'histoire générale de notre classe de racines dans la langue grecque, histoire que nous ne faisons point. Voici très -brièvement les différentes évolutions normales d'une racine comme celle qui donne «rrôçtufii:
1. CTepa. 2. CTop, CTpuj. 3. cxap-.
1. cxepa, ou cxepe. C'est la racine pleine et normale, répondant au skr. stari. Dans le cas particulier choisi, le grec n'a conservé qu'une forme de ce
1. On a comparé àyo^d et agira «cour» (Savelsberg K. Z. XXI 148). M. Osthoff (Forsch. I 177) combat cette étymologie eu se fondant: 1° sur l'o du grec, 2° sur la solidarité de àyo^â avec àyeÎQOi. La seconde raison seule est bonne, mais elle suffit.
2. Je tiens de M. Brugman ce rapprochement que le soijs de ^ovlri, I^ovIbvo, rend plausible et qui ferait de (3oû^ofi«t un parent du lat. grïiius. Toutefois son auteur n'y avait songé que parce que le § panhellène rend, à première vue, inadmissible pour le linguiste rigoureux la liaison avec le lat. volo, le si. vclja etc. Comme nous venons de reconnaître que ^oAsrai sort de ^llextxi , il devient possible d'expliquer ^ pour S- par le voisinage de la liquide (cf. ^laozôg = crddhd). Si, en conséquence, on retourne à Tétymologie ancieime, il faut comparer le -oX- de ^ôlBzai. au -nr- du skr. rur-lta (cf. vnfité, vTirnd, hotr-viirya etc.).
3. Le pai-fait mimeja est naturellement hystérogène.
4. Ainsi que l'admet M. Fick, la racine sanskrite ^jor/ semble cor- respondre à la fois au gr. irele (dans néle&gov?) et au gr. noç^iv, néTiçco- tai etc. Les mots indiens signifient en efiVt nou-seulomcnt nnq^lir, mais aussi donner, accorde):, combler de biens (cf. Curtius Grdz. 283).
266 Différentes manifestations des racines grecques en -r^.
degré: réça avov ou zéçs-^vov ^ pour "^atéçcc-uvov (Grdz. 215). C'est la continuation d'un thème en -mcin, où la racine pleine est de règle (p. 131), cf. skr. stdrl-man. — Autres exemples: niqu-Gca, Ti£Qcc-aœ; — rsçcc-fiiov, rsQS-TQOv, TSQE-aasv {txQaoBv, Hes.); — tsXa-^iœv, tàla-6GaiÇB.es.). Comme le font Toir déjà ces quelques formes, le degré en question est resté confiné très-régulièrement dans les thèmes qui veulent la racine non affaiblie.
2. CTop, CTpuu, degré réduit dont nous nous sommes occupés spéciale- ment ci-dessus, et qui répond au skr. stïr. En regard de rèça-iivov on a ctQCù-xôg, en regard de itéQU-oai, tiÔq-vt], en regard de rsod-ucov. toq-siv, T0Q-6ç, Ti-rçcô-ayia, etc.
3. crâp-, ou cxpoi- = str. Cette forme, dans le principe, appartient uniquement au présent en -vi]ul ou aux autres formations nasales que le grec lui a souvent substituées. La théorie de ce présent a été suffisamment développée plus haut, p 240 seq. — Exemples: ^aQvauca, corcvr. ^ÛQva- (lai^, = skr. mrrtâti de la rac. marî; tb-tqcclvco de tsQci.
Les trois formes précitées se mélangent continuellement par extension analogique. La troisième est de ce fait jn-esque complètement supprimée.. Exemples. Parallèlement à (KXQvanai , Hésychius rapporte (lOQvauai, dont l'o est sans doute emprunté à une forme perdue, du même genre que ho- Qov. Parallèlement à nsQvr]u.i — qui est lui-même pour ^naQVTjfii, grâce à l'influence de tisqûccû — , le niême lexicographe offre Ttogvâiisv (cf. TcÔQvrj). L'aoriste è'&oQov fait soupçonner dans &6QvvuaL le remplaçant d'un pré- sent eu -vrjUi, -vaucu; en tous cas l'o, dans ce présent à nasale, est hysté- rogène, et en effet Hésychius donne &âQvvraL et &aQvsvco {&âQvvraL : é'9'o- Qov = strtidti : stirâti). L'omicron est illégitime aussi dans oçi'Vfxt, aTOQvvai, §ovXouc<i = *§oXvo(iat etc. — Le degré qui contient oç, ça, empiète d'autre part sur le degré nDn affaibli: de là p. ex. OTça^ivrî, ^çàiia, i^çav ^. — On peut croire en revanche que '^^alov de la rac. jBeXe ne doit son Ci qu'au prés, ^âlla = *§alva. Régulièrement il faudrait *è'§oXov.
h'o résultant des groupes phoniques dont nous parlons a une certaine propension à se colorer en v (cf. p. 99). Ainsi nvlrj est égal à -2)ura dans le skr. gopiira (Benfey)^ ^vXr] a une parenté avec tniirijid «écrasé»^, q)vçG) et TCOçcpvQco rendent hJmrâti et (jarhhurlti^ , ^vçxog est l'ind. mUrkhâ. Il serait facile de multi-
1. La variabilité de la voyelle sortie de -i est fort remarquable. Il y a d'autres exemples pareils, ainsi zéçe-tQov et tiqÛ-ikov, rèiis-vog et zéfia-xog.
2. Le (î de cette forme me paraît une preuve directe, entre beaucoup d'autres, de l'r-voyelle grec.
3. La flexion pure d'un aoriste de cette espèce serait: *i'-^fçcc-v, plur.
B-^Qa-flSV.
1. La même souche a produit uÛQvauai qui répond directement à mrndii.
î>. La racine de ces formes sanskrites est, autant qu'on peut le pré-
Traitement du groii[jc rr on {^'rec et en latiiiT 2(17
plier les exemples en se servant de la liste (jue donne M..J.S<liniidt Voc. ÎI ij?)^» seq. — Le groupe vq (vA) pai'aît même sortir f|iielr|ue- fois du r Ijref.
Voici les exemples peu nombreux où le grec a dévelopi^é a devant la liquide:
(iaçvg (jurû. [Tjyaktf] f//n « souris ». Tcaçâ purà.
Ttaçoç purufi. ipâlvy-tg Sjiliulbujd. (?)9}«^fj^| hhw'if) (Biigge).
(Y)xallci lulaya (plus probablement, composé de liûla).
Ajoutons: ë-^aX-ov de la rac. ^eXe (inarrj-fislé-rijs, (Uks- }ivov), yccQ-ov de la même souche que (iaQ-â, cpaç-ôa'^ (zd. harc- ncnti, 9" classe).
A prof)OS des cas énumérés ci-dessus, il faut remarquer qu'entre autres formes plus ou moins certaines que prend en grec le phonème r, outre oç, 0^, il semble représenté parfois par aXa, aça. Exemples: tala- (forme forte dans zela-); TiaXâ^r] = germ. fohna, lat. psdma (forme forte dans Tt£lf^iLL,co'>)\ zâla&oç qui serait à ■ulcô&a ce que (Uryhd est à diâyhlijas; ocpaçayéa = skr. spluirydyati; ^ccçad'QOv à côté de (îop-, ^qm-.
Le LATIN présente tantôt ar, al, tantôt or, ol: 1. ar, al (ra, la, lorsqu'une sonante-voyelle qui suivait .s'est changée en consonne):
gravis (juru.
Jiaru-spcx hirU. mare mira.
2. or, ol: orior gr. 6q- (p. 2G5).
corinm skr. cira, vorare skr. f/ir-.
trans tirâs'\?). -
parentes gr. noçôvrag (Curtius).
caries gotli. hauri.
o^
molo, mola gr. ^vh] (p. 2Ç)(S). torus, storea skr. slir- (cf. p. 110 et 111).
Quand le grec montre a au lieu d'o, le latin semble éviter les groupes ar, al, et donner décidément la préférence à or, ol;
sumer, *bhari ou *bhra. Elle paraît être la même qui se cache dans le présent hhi'/Hiti «rôtir» (gramm.).
1. Le rapport de ciras avec yiâçr} est obscurci par 1'/; final do la der- nière forme.
2. L'identité en est douteuse: trous et tiras se concilieraient tous doux avec un primitif trrns, si le mot sanskrit n'avait le ton sur la dernière. En conséquence -«s n'y peut facilement représenter -us. Peut-être trcnis est-il le neutre d'un adjectif qui répondrait au gr. rçâv/^ç (lequel n'a qu'un rap- port indirect avec tiras comme nçâvi-jç avec purds).
268 Traitement du groupe rr dans diverses langues d'Europe.
(/ravis == (iaçvg fait exception. Les exemples sont consignés à la p. 107: volare, gr. /!3aA-^; tolerare^, gr. tk/I-j dolere, dolahra, gr. dak- ; por-, gr. nagd 5 forare, gr. çoa^ora.
Il est douteux que le latin puisse réduire le groupe rr ou Il à un simple r ou Z, quoique plusieurs formes offrent l'appa- rence de ce phénomène. Ce sont en particulier ^?os, (g)lac, grando, prac, comparés à yaXocog^ yuXa^ %czkat,a, naçai. Les parallèles indiens font malheureusement défaut précisément à ces exemples. Mais pour glos, le paléosl. zliiva appuie le latin et donne à l'« du grec yaAotog une date peu ancienne; yalanr- est accompagné de ylaxto-cpâyoi^ ylâyog etc. Quant à lâkala — grando, c'est un mot en tous cas difficile^ mais où le grec -cela-, vu le skr. hrâduni, doit évidemment compter pour un tout indivisible^, et adéquat au lat. -ra-. Le rapprochement de prae et naçaC est fort incertain. Il reste glans en regard du paléosl. zelcuU et du gr. ^âlavog. Eu lithuanien on a gil'é , et M. Fick en rapproche , non sans vraisem- blance, skr. gida «glans pénis»*. Mais cet exemple même prouve peu de chose: le groupe initial du mot italique, slave et grec a pu être glj.
Lithuanien. (/)re «forêt», skv.giri; g/le «gland», skr. gtda (v. ci-dessus); piDs, skr. ^«(ri; shirà, skr. cira; — mares, skr. mira ; malù = lat. molo (y. plus haut).
Paléoslave, gora, skr. giri (la divergence du vocalisme de ce mot dans le lithuanien et le slave coïncidant avec le groupe ir du sanskrit est des plus remarquables); slcora, skr. cira; morje, skr. mira.
Gothique. Iriiirs ou laurMs, skr. guni; fanra , skr. pura (Kuhn); germ. gora, skr. liiru (Tick IIP 102); ^oi\\. Jndan , gr. T«A-; V. h*-all. poran. gr. (paQoco', — goth. niarci, skr. mira; mala = lat. molo.
1. Il est vrai de dire que IV de ^aXsîv semble plutôt emprunté au présent ^âlXa^ v. ci-dessus.
2. Cependant le son a apparaît dans lUtiis.
;3. On le peut ramener peut-être à *-Aâ-; ou lùen, si c'est une forme faible liée au skr. hrïul de la même fayon que (Ur()hâ l'est ii drUgh , on tirera -aiw- de r, cf. p. 2G7, 1. Va seq.
I. Si Ton n'avait que les formes du latin et du slave, on penserait au skr. (jranthi.
RemarqucB sur la métathôso. 209
fllti = skr. j)MrM est une exception des plus extraordinaires, qui rappelle norr. lijasd (= hcrsan-) en regard du skr. rirèm.
Abordons la série des nasales. Elle demande à être éclairée . par la précédente, plutôt qu'elle ne répand elle-même beaucoup de lumière autour d'elle.
A. Devant les consonnes. Les phénomènes grecs paraissent liés à la question si com- pliquée de la métathèse. C'est assez dire sur quel terrain sca- breux et incertain nos hypothèses auront à se mouvoir.
Remarques sur les phénomènes grecs compris généralement sous le nom
de métathèse. Nous écartons tout d'abord le groupe Qca (Xa) permutant avec oq {ol): l'un et l'autre ne sont que des produits de r (p. 263).
I. La transformation d'un groupe comme tteA- en TtXrj- est inadmissible, ainsi qu'on en convient généralement.
II. La théorie représentée en particulier par M. J. Schmidt suppose que TTf A- s'est changé par svarabhakti en neXt- ; c'est ce dernier qui a pro- duit nlri-. — Nous y opposerons les trois thèses suivantes:
1. Dans la règle, le groupe nsXs- sera originaire, et on n'a point à remonter de tcsXs- à mX-. neXs est une racine udiittU.
2. Si vraiment nsXz- a produit parfois nXiq-, c'est à coup sûr la moins fréquente de toutes les causes qui ont pu amener les groupes radicaux de la dernière espèce.
3. Toujours en admettant le passage de -nsXs- à nXiq-, on devra placer le phénomène dans une époque où le second s (= -^) de nsXs était fort différent et beaucoup moins plein que le premier, qui est a^.
III. Avant tout rappelons-nous que chaque racine possède une forme pleine et une forme privée d'aj. Il faut toujours spécifier avec laquelle des deux on entend opérer. La différence des voyelles qui existe par exemple entre ysv (plus exactement ysvs) et «aji n'a rien de nécessaire ni de carac- téristique pour les deux racines. Elle est au contraire purement acciden- telle, la première racine ayant fait prévaloir les formes non affaiblies, tandis que la seconde les perdait. Si les deux degrés subsistent dans ra- H.ELV : ré^aioçy ^ccXstv : ^èXoç, c'est encore^à vrai dire, un accident. Donc il est arbitraire, quand on explique yvr]-, -nfir]-, rfir}-} ^^V't ^« partir, ici de ysv, là de MKfi, et ainsi de suite, au hasard de la forme la plus répandue.
Il y a plus. Quand on aura acquis la conviction que le ty^ie <j à méta- thèse» a régulièrement pour base la même forme radicale, la forme faible par exemple, encore faudra-t-il se reporter à l'ordre de choses préhisto- rique, où r« des formes telles que ta^fiv n'existait point encore; en sorte que Tuârôg peut fort bien — le fait est niêuie probable — n'être venu ni de ra/xro's ni de r^}ir6g ni de zffiardg.
270 Remarques sur la métatbèse. Théorie de Brugman.
IV. Le type où la voyelle suit la consonue mobile ne procède pas uâ- cessairement de l'autre en toute occasiou. Au contraire, il est admissible par exemple que la racine de &avEtv (= &nv8iv) soit &vâ. On aurait alors :
Q'uv-siv: &vâ = skr. dhàm-ati {*clhmm-àti): dhmâ = skr. pur-û: pra-yas, etc. Un exemple très-sûr, en-dehors du grec, nous est offert dans le lith. zin-an, pa-zin-tis, goth. îcun-ps (p. 273 seq.). Ces rejetons de gnâ «connaître» ont pour base la forme faible gn- (devant les voyelles: gnn), qui est pour gn-^-. Dans le cas dont nous parlons, le type &avsLv est forcément faible, et la voyelle y est donc toujours anaptyctique.
V. Enfin les deux types peuvent être différents de fondation. 11 y aura à distinguer deux cas:
a) Racine udâttu et racine en -a (ne différant que par la position de r»! , cf. p. 260). En grec on peut citer peut-être TeXa (tslaficov) et xXci {zlafiav), TreXe (nèXi&Qov) et irXri {TcXr'iQrjç etc.), cf. skr. part et prâ.
b) Racine anudûttâ et racine en -ci. La seconde est un élargissement (proethnique) de la première. Exemple: |.iev, ^èvog, iié^iova, (lîficcfisv et |uv-à, ^vrjjit], lii^viîoKco (skr. maii et mnû).
C'est proprement à ce dernier schéma que M. Brugman, dans un tra- vail récemment publié, voudrait ramener la presque totalité des cas de «métathèse». Il admet un élément -a s'ajoutant à la forme la plus faible — nous dirions la forme faible — des racines, et qui écliapperait à toute dégradation. Le fait de l'élargissement PvU moyen de -â (-Oi^J) est certaine- ment fort commun; nous le mettons exactement sur la même ligne que l'élargissement par -a^i ou par -a^u , qu'on observe entre autres dans k^r-a^i (skr. çre) «incliner», cf. k^a^r (skr. çcirman); sr-a^u (skr. sro) «cou- ler», cf. suj^r. Mais çre et sro ont leurs formes faibles çri et sru. Aussi ne pouvons-nous croire à cette propriété extraordinaire de l'élément a, que M. Brugman dit exempt d'affaiblissement. Cette hypothèse hardie repose, si nous ne nous trompons, sur le concours de plusieurs faits accidentels qui, en effet, font illusion, mais, considérés de j^rès , se réduisent à peu de chose.
Premièrement certains présents grecs comme arjfii gardent partout la longue, ce qui s'explique facilement par l'extension analogique. En san- skrit tous les présents en a de la 2" classe offrent la même anomalie (p. 146). 11 est clair dès lors que des comparaisons telles que arjfiEç : vâmds ne prouvent rien.
En second lieu les racines sanskrites en -rû, -m, -tnU, gardent l'a long dans les temps généraux faibles. Ainsi ou a stliità, mais sndtd. Nous avons cru pouvoir donner à la p. 257 la raison de ce fait, qui est de date récente.
Restent les formes grecques comme Tçrjzôç, rju-r^roç. Mais ici la pré- uence de l'élément -û étant elle-même à démontrer, on n'en saurait rien conclure à l'égard des propriétés de cet -a.
En ce qui concerne plus spécialement le grec, nous devons présenter les objections suivantes.
Traitement tles nasaleti Konaiites longues en f^rec. 271
1. Les formes lielléMiques iloniandent à être soignensement diblingnées, dans leur analyse, des formes indiennes telles que trulâ, stiutà. Tour ces dernières la théorie de la métathèse peut être considérée comme réfutée. Elles sont accompagnées dans la règle de toute une famille de mots qui met en évidence la véritable forme de leur racine: ainsi trâtd se joint à trcili, trurjati, trûU'ir etc.; nulle part on ne voit tavK Au contraire, en grec, les groupes comme tçi^-, tujj-, sont inséparables des groupes ttq-, ny,- {ttQt-, Tffta;-), et c'est visiblement dans les formes faibles qu'ils s'y substituent.
2. On n'attribuera pas au hasard le fait que les groupes comme rçjy-, Tfijj-, yvïj-, lorsqu'ils ne forment pas des racines indépendantes du genre de juvr;-, viennent régulièrement de racines appartenant à la classe que nous nommons udUttûs.
3. Que l'on passe même sur cette coïncidence, je dis que, étant donnée par exemple la racine udûttâ ga^n^ et l'élément a, leur somme pourrait produire gnn-â (gr. «yccvr]»), mais jamais gn-â (gr. yvrf)-. Il suffit de ren- voyer aux pages 257 seq.
Nous reconnaissons aux groujies «métathétiques» trois carac- tères principaux:
1° Ils montrent une préférence très-marquée pour les for- mations qui veulent la racine faible.
2" Ils n'apparaissent que dans les racines udilttas. 3° La couleur de leur voyelle est donnée par celle que choi- sit le ^' final de la racine udUitta:
-yinyxog : yEv^-xy']Q x^itâ-To'g : Kcc^ia-toç
-Khyxog : xaké-oco r^â-TÔg : ré^a-xog
(ihyrog : -/3£/le-r»;g 1 ô^â-rog : ôa(ià-taQ
TQ\'\-r6g : réçe-tQov 2 ôfiâ-Tog : ôs^a-g
CxhyQog : Gaile-tog xqu-t^q : xéça-OGai
TcX'û-TLov : Tttla-aaaL nçâ-tog : %éQa-6(5ai Dans la série nasale, ces trois faits se prêtent à merveille à une comparaison directe avec les groupes faibles indiens tels que (ja- de (jani, dam- de dami. En eflet leurs primitifs sont, selon ce que nous avons cru établir plus haut (p. 251): gn^-, dny^-. Le sou -' étant supposé subir le même traitement dans les deux degrés de la racine, on obtient la filière suivante:
1. Sur manati et dhamati à côté de mnU et dlimû v. p. 259.
2. Grassmann commet la même erreur, quand il voit dans les racines prâ et {'Tô des «amplifications Ae pur et çir>. On aurait alors, won prâ, çrîi, mah pura, çirU.
272 Traitejiient des nasales sonantes longues en grec.
[Forme forte: ^yEV^-T)']Q, yèvetïjQ.] Forme faible: *yn*-Tog, -yvijrog. [Forme forte: *r£/x"-%oç, ré^axog.] Forme faible: *Tm"-Tog, r^âTo'g. La variabilité de la voyelle étant ainsi expliquée et la règle d'équivalence générale confirmée par l'exemple vrjôCcc (dor. vci6Ga) == skr. âtî^^ nous identifions -yvrjtog, x^aâTo'g, d^âtog, avec skr. yatâ, çântâ. clâiitâ'. Tout le monde accorde que yvïjôiog correspond au skr. gâtya.
Nous ne pouvons, il est vrai^ rendre compte de ce qui se passe dans la série des liquides. Là, toute forme faible primitive devait avoir un r^ pur et simple — et non point T-^ — ; ce r, nous l'avons retrouvé en effet dans les groupes oq^ ol, et Qa, Aûj. Où classer maintenant les formes comme Tcçâtog, ^Xrjrég? Par quel phénomène le degré faible correspondant à néçà-Gai nous otfre- t-il parallèlement à noQ-vr]^ fjp^ normal, cette formation singu- lière: nçcizog^ C'est à quoi nous n'entrevoyons jusqu'à présent aucune solution satisfaisante.
Observations. I. Le grec, si l'hypothèse proposée est juste, confond nécessairement le degré normal et le degré faible des racines en -nâ et en -mci. Qu'on prenne par exemple la racine yv(a «connaître»: la forme réduite est *gn'^, lequel produit y va. Il est donc fort possible que la syllabe yva-, dans yvw^cùv et yvâatç, réponde la première fois au v. h*-all. chnâ- (skr. gnû-), la seconde au goth. kim- (skr. g ci-), cf. plus bas. — Une conséquence de
1. M. Fick met en regard de kânéana, xrjjxôg, qui serait aloi's pour *-/urjMÔç; autrement il faudrait «kâéana». Le rapprochement est des plus douteux. — Dans sîvâvrjQ = yiitcir (type premier yn-^tdr) on peut conjec- turer que l'ï grec est prothétique, et qu'ensuite le y devenant i fit prendre à la nasale la fonction de consonne: *eyn^Hér, cinMcr, iLvâzsQ. — Dans cette hypothèse, Yn ayant été éludé, slvcczrjç ne peut nous fournir aucune lumière.
2. Il est intéressant de confronter lus deux béries:
tatd: Tutôç; matd: -fA^rob"; hatd: -qoarog; gatd: (Jarôg.
gâta: yvrjzôs; çdntd: xftryrdg; ddnid: d^rjtôç. Les formes telles que yfyârrjv de yeve sont imitées de la première série, et intéressantes comme telles, mais aussi peu primitives que yLyv-ojiai, ou que le nki: ad-sn-ï (p. 2rj9); yîyvofiai est très-certainement une modification analogique de l'ancien présent de la :)" classe qui vit dans le skr. gagduti.
Traitement des nasalcH .sonante.s longues en latin. 273
cette observation, c'est que r« bref de ztQ-vupu-v doit s'fxplifjucr par l'ana- logie: la loi phonétique ne permet point de formes radicales faibles en -va {-vs, -vo) ou en -fiu (-^e, -(lo). M. J. Scbmidt, partant d'un autre point de vue, arrive à la même proposition.
II. On connaît le parallélisme des groupes -avec- et -vr;-, -afia- et -(irj-, p. ex. dans à&âvaxog : &vrir6g; — àôâ^ag : àSfit'iç; — ùtiâfiaroç : Mjtt/jrôt,*. Deux hypothèses se présentent: ou bien -ava-, -ajia- sont des variantes de -vrj-, -ftîj-, qui ont leur raison d'être dans quelque circon.stance cachée; ou
bien ils proviennent de -sva-, -8(ia formes fortes — grâce au même
mélange du vocalisme qui a produit zâlaoaai à la place de rtXaaaai^. Ainsi itav-daixâ-rcoQ serait pour *7iav-S8iiti-rcaQ et n'aurait pris Va que sous l'influence de dâfivrjfii et de sSafiov.
Les exemples latins sont: anta skr. àtë^.
anàt- âti.
janitriccs yâtâr.
gnâ-tns \ skr. gd-tâ. nâtio ] gii-ti.
cf. geni-tor = gani-târ.
C'est encore -an- que présente man-sio, qui est au gr. lueve (^svs- Toç) ce que gnatus est kgeni-: puis sta(fi)g-num, contenant la ra- cine réduite derévay-og. Il est possible que gnë- clans gniirus soit la forme faible de gno-. Il répoudrait alors au second des deux yva- helléniques dont nous parlions plus haut. Quant à co-gmtus il appelle le même jugement que ré&và^êv.
Ainsi -an-, -ani- ou -na-, voilà les équivalents italiques du phonème 'nasal que nous étudions. Qu'on ne s'étomie pas de Va de gnatus en regard de 1'»; de -yvrjrog. Rien n'est au contraire plus normal. On a vu qu'à Ve grec sorti de -^, le latin répond régulièrement par a, au moins vers le commencement des mots: gnatus {*gnHos) : yvrjtog {*'yTi^rog) = sàtus : et 6g.
Dans les idiomes du nord nous trouvons en général les mêmes sons que pour la nasale sonante brève. Le phonème ^' dont v, selon nous, était suivi, n'a jjas laissé de trace. Il a été sup- primé pour la môme raison que dans dusti, goth. daulitar = &vyâTr]Q, etc. (p. 179 seq.).
Lithuanien: gimf/s, cf. skr, gâtt; pa-Hn-tis «connaissance» de gna. Cette dernière forme est des plus intéressantes. Elle nous montre ce degré faible gn^ que les langues ariennes n'ont con-
1. Cette forme se trouve dans Hésychius.
2. Osthoff K. Z. XXIII 84.
18
274 Traitement des groupes nn et nwi en Europe.
servi que dans le prés, gâ-nâti^ et qui est à gna ce que skr. çtr- est à p'â, V. p. 256 et 259. — Au skr. âtï répond àntis. — Paléo- SLAYE : jetry, cf. skr. yâtâr.
Germanique: goth. {qina-)J:unda- = skr. gâta; hmj',ja-^, cf. litk. -éintis «connaissance»; anglo-s. tlmnor «tonnerre» = skr. tara «retentissant» (évidemment de stani ou tani «retentir, ton- ner»); anglo-s, simdea «péché», comparé j^ar M. Fick au skr. srdi; V. li*-all. wunskan, cf. skr. vânchatP^ — v. li*-all. anut = skr. âti.
B. Devant les voyelles (groupes -nn- et -mm-).
Le GREC change, comme on s'y attend, nn et mm en av et a^.
Les aoristes ha^iov, è'Ôa^ov, è'xa^ov, sd'avov, font pendant aux formes sanskrites vanâti, sanâti pour *vnnâti, *snnâti (p. 258), et supposent comme elles des racines udëttâs. On a en effet
en regard de ha^ov: rs^s-vos, té^a-ypç^ rfii]-t6g.
— sdayiov: skr. dami-tdr, Ttav-Ôa^â-tcoç, Aao-dâ-
^a-g, ô^tj-tog.
— sxa^ov: skr. çami-tdr, xcc^a-rog, â-xâ^a-g, x^iq-
TOg.
— ed-avov'^: &dva-Tog, d'vrj-rog.
Dans ëatavov en regard de Titarôg (p. 46) le groupe av ne se justifie que par la consonne double xr. ,
Comme on aurait grand peine à retrouver les formations de ce genre dans d'autres langues d'Occident que le grec, nous nous bornerons à consigner quelques exemples paneuropéens remar- quables dont l'analyse morphologique est du reste douteuse. Il
1. Le zend a les formes très-curieuses j:)a^^t-2«>lfa, u-zainti. 11 nous semble impossible d'y reconnaître des formations organiques, car celles-ci seraient *puiti-zâta, *â-zâiti. Mais, devant les voyelles, zan- (= znn-) est effectivement le degré faible régulier de znâ; en sorte que -zanta, -zainti ont pu être formés sur l'analogie de mots perdus, où la condition indiquée se trouvait réalisée.
2. C'est un autre un qui est dans Icunnmn = skr. gânïmàs, car nous avons vu que cette dernière forme est un métaplasme de * (jânïmàs, *gnnïmds (p. 2.56).
3. La racine ne peut être que vami; elle paraît se retrouver dans vUm-a.
4. La l'acine est peut-être non Q^sva mais &vâ (v. p. 270). Pour la théorie du -uv-, cela est indifférent.
Traitement tles groupes nn et tnin en Europe. 275
s'en trouve iiiênie un, hin-il, i[\n vient certaiiicniciit d'uiH; racine anudalta (tau). A la rigueur on pourrait écarter cette anomalie en divisant le mot ainsi: tn -\- ml. Cependant il est plus naturel de penser que le sufHxe est -u, que la forme organique devait effec- tivement produire tn-ti, seulement (jue le groupe -nn- naquit du désir d'éviter un groupe initial aussi dur que tn-.
Skr. fanii, gr. tavv-, lat. tcnuis. v. li'-all. diomi.
Skr. sama «quelqu'un», gr. cc^ôg, gotli. suma- (cf. p. 95 i. n.).
Gotli. (/mua, lat. liomo, hcmoncm (hunianus est énigmatique), litli. inui
Gr. xd^ccQog, norr. hnniara- (Fick).
[Il est ])robable que si. sena = gotli. qino est un autre thème que le gr. ^avâ , yw-q (p. 99). Ce dernier étant égal au skr. gna (et non «ganâ»), paraît n'avoir changé n en nn que dans la pé- riode grecque. — Le mot signifiant terre: gr. xa^iaî, lat. humus, si. zemja, lith. zeme, skr. làaniâ, a contenu évidemment le groupe niui, mais il était rendu nécessaire par la double consonne qui précédait.] Les syllabes suffixales offrent: le skr. -fa)ia (aussi -tna^ = gr. -ravo dans s7t-rj£-Tav6-g, lat. -tino; skr. -tania = goth. -tuma dans aftuma etc., lat. -tiimo.
A la page 30 nous avons parlé des adjectifs numéraux comme skr. daramà = lat. decumiis. Dans la langue mère on disait à coup sûr daji^mmâ , et point daji\a}nâ. Le goth. -uma, l'accentuation, la formation elle-même {dajcm -j- a) concourent à le faire supposer. Le grec a conservé un seul des adjectifs en question: {(iôofiog. M. Curtius a déjà conjecturé, afin d'exi)liquer l'adoucissement de tit en ^ô, que l'o qui suit ce groupe est anaptyctique. Sans doute on attendrait plutôt: «ê^Ôa^oç», mais l'anomalie est la même que pour slxoGi, ôiaxÔGtoi et d'autres noms de nombre (§ 15). A Héraclée on a f^ds^og.
§ 15. Phénomènes spéciaux. I.
Le groupe indien ra comme représentant d'un groupe faible, dont la composition est du reste difficile à déterminer.
1. Dans l'identité: skr. ragatâ = lat. argentum, deux cir- constances font supposer que le groupe initial était de nature
276 l'ype ragatd — argentum et type usas — avag.
particulière : la position divergente dans les deux langues de la liquide, et le fait que la voyelle latine est a (cf. largiis — dirglià etc.). Ces indices sont confirmés jDar le zend, qui a erezata et non «razatuy^.
2. Le rapport de erezata avec ragatâ se retrouve dans tere- çaiti — appuyé par l'anc. perse tarcatiy, et non «d^raçatiy>> — en regard du skr, tràsati. On ne peut donc guère douter que la syl- labe iras- dans trasati n'offre, en dépit des apparences, le degré faible de la racine. Il serait naturel de chercher le degré fort correspondant dans le véd. tarâs-antï, si le même échange de ra et ara ne nous apparaissait dans l'exemple 3, où on aurait quelque peine à l'interpréter de la sorte.
3. Le troisième exemple est un cas moins limpide, à cause de la forme excessivement changeante du mot dans les différents idiomes. Skr. aratni et ratnl, zd. ar-e-d^nâo nom. pi. (gloss. zend-p.) et rdd-na; gr. toAs'i/j^, coXé-xçâvov et o^é-xçâvov , lat. ulna; goth. aleina. Peut-être le lith. aJki'mé est-il pour *altné et identique avec le skr. ratnl. Le groupe initial est probablement le même dans une formation parente: gr. aAa|' 7tri%vg. 'Ad^afiâvav, lat. lacertiis, lith. olektis, si. lakûtï. V. Curtius Grdz. 377.
IL
Dans une série de cas où elles se trouvent placées au com- mencement du mot, on observe que les sonantes ariennes i, u, r, n, m, sont rendues dans l'européen d'une manière particulière et inattendue: une voyelle qui est en général a y apparaît accolée à la sonante, qu'elle précède. Novis enfermons entre parenthèses les formes dont le témoignage est indécis.
Série de Vi:
1. Skr. ïd-e pour *izd-e: goth. aistan (cf. allem. nest = skr.
nî(ki).
2. Skr. inâ «puissant»: gr. aiv6g(?). Série de Vn:
3. Skr. u et uta: gr. av et «wf, goth. ai(-l\
4. Skr. vi: lat. avis, gr. aUtôg.
5. Skr. uksâti: gr. av^œ (yâksati étant «£'!«). f). Skr. nsàs: lat. aurora, éol. avmç.
Type usas — avcog. 277
7. Skr. usrd: litli. misera.
8. Skr. t«v-(/ « appeler » : gr. aî'co'(?). Série de Vr:
0. Skr. rça: lat. aZces (gr. «Ajci^, v. li'-all. elaho). Série des nasales:
10. Skr. a- (négat.): osq. ombr. an- (lat. in-, gr. à-, germ. un-).
11. Skr. âgra: lat. angulus, si. «^/w.
12. Skr. a/u', zd. azhi: lat. anguis, litli. ang)s, si. «i/, gr. oçpft?^
(v. li*-all. «»c).
13. Skr. aA«/i (pour '*aJuiti): lat. aw^o, gr. «7%ûj (si. v-^'^'a).
14. Skr. aJm, parallèlement à amhti, dans parolivl (v. B. II.):
goth. aggims, si. asuhu, cf. gr. fV?"^'?-
15. Skr. «&/</; lat. amh-, gr. âfi^Dt, si. o&m (v. li*-all. nnibi).
16. (Skr. iibhaii: lat. amho, gr. a^q)co, si. o?>«^ litli. cr&zf, goth.
17. Skr. ahlirà: osq. anafriss (lat. imhcr), gr. o,a/3()os^
La dernière série présente une grande variété de traitements. Il n'est évidemment pas un seul des exemples cités, auquel on soit eu droit d'attribuer, en rétablissant la forme proethnique, la nasale sonante brève ou la nasale sonante longue ou le groupe plein an. Mais cela n'empêche pas les différents idiomes d'effacer parfois les différences. En germanique, le son que nous avons devant nous se confond d'ordinaire avec la nasale sonante {un)] cependant aggtms montre on. Le letto-slave offre tantôt an, tan- tôt a, et une fois, dans v-eza, le groupe qui équivaut à Vun ger- manique. En latin, même incertitude: à côté de an qui est la forme normale, nous trouvons in, représentant habituel de n, et il est curieux surtout de constater dans deux cas un in latin opposé à un an de l'osque ou de l'ombrieji^ Le grec a presque toujours av,
1. L'hiatus, dans àvouç, rend ce rapprochement douteux. Cf. cepen- dant kJ-vxov (Corp. Inscr. 10) = ccvxov.
2. La parenté de oqp'ff avec dlii a été défendue avec beaucoup de force par M. Ascoli {Vorlesungen p. 158). Le vocalisme est examiné plus bas. Quant au cp grec = gh.,, vsicpsi en est un exemple parfaitement sûr, et Ton peut ajouter ricçQu (rac. dha^gh.^, p. 111 i. n.), Jiecpvfiv, qparôç = skr. Jiatâ, TQvcpT] = skr. druJiâ, peut-être aussi aAqpr; (Hes.) et uXfpoi, cf. skr. arghà, drhati (Frôhde Bezz. Beitr. III 12). Sur ^xiç v. p. 279, note 2.
3. Faut-il ajouter: skr. agni, si. ogm, lat. i{n)gnis?
4. Ce fait se présente encore pour intcr, ombr. anier; aussi est-il sur-
278 Variétés de nasale sonante.
a^, une fois seulement a. Dans o^^Qog la voyelle a pris une teinte plus obscure j enfin oq)ig a changé om en o par l'intermédiaire de la voyelle nasale longue o. Homère^ Hipponax et Antimaque em- ploient encore oq)Lg (ophis) comme troclnée; pour les références v. Rosclier Stud. P 124. Il n'est pas absolument imiîossible qu'une variante de ocpi- se cache dans à^cpCa^aiva et ânxpîa&fiaiva (Etym. Mag.) , formation qu'on pourrait assimiler à axvô^aLvog (Hes.), içiô^aîvco^ ciXvû&fiaîvco. — àyL(pC6{^aLva (Eschyle) serait né par étymologie populaire.
En raison des difficultés morphologiques que présente le type usas — avcog, abld — à^cpC. etc. (v. p. 280 seq.), il n'est guère possible de déterminer la nature du son que pouvaient avoir dans la langue mère les phonèmes initiaux de ces formes. On peut supposer à tout hasard que la voyelle faible -^ (p. 178 seq.) précédait la sonante, et qu'il faut reconstruire -^usas, -hnhhi, etc.
Les formes comme (l^cpî. o(xl3Qog et o^tç nous amènent à des cas analogues qu'on observe sur certains groupes à nasale mv- diaux. Avant tout: gr. eixoat et ixâvTLV (Hes.) = skr. vimçâti. Cf. ocptg et anguis = skr. âJii. Le second élément de sixoGt prend la forme -xov- dans xQiûxovta^ (skr. trimçât) — cf. o^i^çog: ahhrâ — ; il n'accuse dans éxarôv qu'une nasale sonante ordinaire, et reprend la couleur o dans ôiaxéûioi. Si d'une part certains dialectes ont des formes comme J^i'xart, en revanche ôexôrccv et ixorôfi^oia (p. 102) renforcent le contingent des o^. Enfin le slave n'a point «seto» (cf. lith. szhntas), mais siifo. — Un second cas relativement sûr est celui du préfixe o- alternant avec à-^ (cf. êxuxôv : ÔLaxoôioi), dans oTcarçog, o^v^ etc., en regard de (cdeXcpsiog etc. En lithuanien on trouve sa-, en paléoslave sa- {salogu : aAo^oç)-, Féquivalence est donc comme pour oq)Lg : azi^.
prenant qu'en sanskrit nous 'trouvions antàr et non <<,atdr>y. Il faut ob- server cependant que l'adjectif dntara, dont la i^arenté avec antiir est probable, se trouve rendu en slave par v-ntorû. Or le nom de nombre sïito nous montrera ci-dossous que l'apparition de l'w slavo, en tel cas, est un fait digne de remarque.
1. Nous ne décidons rien quant à l'analyse de rtiiav.oGTÔç {trinirattamd).
2. Cf. p. 102.
3. Non pas à-, lequel est forme faible de tv- (p. 34).
4. Autres exemples possibles d'un o de cette nature: ^çôxog, cf. goth.
VariétcK de nasalo sonanto. 279
Ces faits enj^agent pour le moins à juger prudeiuiiieiit cer- tains participes qu'on s'est peut-être trop pressé de classer parmi les formes d'analogie, en particulier ovt-, lovt- et odovt-. La singularité de ces formes se traduit encore dans d'autres idiomes que le grec, comme on le voit par le v. h*-all. p:a,nd, parallèlement au goth tuiijyiis, le lat. emitem et sons à côté de -iens et -sens. Ces trois exemples sont des particijjes de thèmes consonantiques. 11 est facile de recourir, pour les expliquer, à l'hypothèse de réac- tions d'analogie. Mais quelle probabilité ont-elles pour un mot qui signifie «dent», et dont l'anomalie se manifeste dans deux régions linguistiques différentes? Elles sont encore moins ad- missibles pour le lat. euntem et sons, les participes thématiques (tels que fcrens) étant dépourvus de Vo (p. 107). Remarquons de plus que (iôLog est très-probablement identique avec skr. satyd (Kern K. Z. VIII 400).
Le groupe grec -av-, dans certains mots tout analogues, mériterait aussi un sérieux examen. Ainsi dans èvtt,, svraaat, si ces formes sont pour ^'(j-svri, *(j-svTa66i. C'est comme groupe initial surtout qu il peut prendre de l'imjjortance. Nous avons cité déjà iyyvg, en regard du goth. aggvus^, du skr. aliu. On a ensuite ay%eXvg^ = lat. migtiilla (lith. migurys); enfin è^nCg. l'équi-
vruggo; axôxog comparé par M. Fick au goth. staggan; yioxcôvrj, cf. skr. (jaghâna de ganûi (d'où gdhghcl <•' gamba»); Ttôd'og à côté de na&scv (cf. p. 103); apaojco de açfia, etc.
1. Cf. syxovaa, variante de ayxovaa.
2. De même qu'il y a échange entre ov et o {TQi<iy.ovza : elKoai), de même s équivaut à 8v dans è'xtg comparé à fyx?lvq. Le parallélisme de ce dernier mot avec anguiUa semble comi^romettre le rapprochement de oqptg avec anguis et dhi (p. 277), et on se résoudra difficilement en eflfet à séparer é'^tg de ces formes. Mais peut-être une différence de ton, destinée à marquer celle des significations et plus tard effacée, est-elle la seule cause qui ait fait diverger ix^'i ^t oqp'S; ils seraient identiques dans le fond. Peut-être aussi doit-on jiartir d'un double prototype, l'un contenant gh.^ ipcpiç) et l'autre gh^ {^%i-s)- La trace s'en est conservée dans l'arménien (Hûbschmann K. Z. XXUI 36). Quoi qu'il eu soit, le fait que Ve de f';Ki5 rentre dans la classe de voyelles qui nous occupe est évident par le grec même, puisque la nasale existe dans tyxs'^vç. — L'e de ëtEçog, en regard de atë^oç (dor.) et de ^âzBQOv, n'est dû qu'à l'assimilation analogique telle qu'elle a agi dans les féminins en -fsaca (p, 35).
280 Le type usds-avag considéré au point de vue morphologique.
valent du latin «jj/s^ dont la forme germanique, v. li*-all. hîa-, rappelle vivement a^cpa = gotli. haP (p. 277).
Dans la série des formes éuumérées p, 276 seq. le propre des langues ariennes est de ne refléter le phonème initial en question que comme une sonante de l'espèce commune. Mais, ce qui est plus étrange, la même famille de langues nous montre en- core ce phonème encastré dans un système morphologique pareil à celui de toutes les autres racines et obéissant, au moins en apparence, au mécanisme habituel.
Premier cas. Dans la forme forte l'a précède la sonante. — A côté de âhati (pour *ahâti) = lat. ango, ou a le thème en -as âmhas, et à côté de ahhrâ, âmhJias. L'identité de iiksâti et avi,a fait supposer que Vu de ugrâ, dont la racine est peu différente, serait au dans les langues d'Europe, et qu'on doit lui comparer lat. angeo, goth. aiikd; or il est accompagné des formes fortes ogas, égiyas. Semblablement usas (= avag) est lié au verbe ésati.
Deuxième cas. Dans la forme forte \'a suit la sonante. — Au présent de la &^ classe uJcsàti (= av^œ) correspond dans la 1® classe vâVsati. Au skr. \id- (p. ex. dans uditci «dit, prononcé») répond le gr. avà- dans avd?f ^; mais le sanskrit a en outre la for- mation non affaiblie vâdati.
C'est la question de la représentation des deux séries de formes fortes dans les langues européeimes qui fait apparaître les difficultés.
1. Cette forme a probablement passé par le degré intermédiare àpis, ce qui ferait pendant aux évolutions qu'a parcourues en grec orpiç.
2. Cf. aussi %v%^a = skr. âdha{?).
3. avôi] ne se dit que de la voix humaine et renferme toujours ac- cessoirement ridée du sens qu'expriment les paroles. Cela est vrai aussi dans une certaine mesure du skr. vad, et cette coïncidence des significa- tions donne une garantie de plus de la justesse du rapprochement. — Re- marquons ici que l'a prothétique ne s'étend pas toujours à la totalité des formes congénères. Ainsi l'on a vôco parallèlement à av8ri\ vyirig en re- gard de augco; vt&6v (Curtius, Stud. IV •202) à côté de orvco, Kvotrjçog. Sans doute àno-vQaç et ccTi-ccvQci(o offrent un spécimen du même genre. A la \j. 276 nous avons omis à dessein le v. h^-all. eiscôn en regard du skr. icchdti, parce que le lith. j-ëshiti accuse la prothèse d'un e et non d'un a. Si l'on passe sur cette anomalie, le gr. 1-6x7]? conqiaré à eiscôn (skr. is-) reproduit le ra2)port de vàw avec avSt] (skr. ud-).
• Le type itMis-Kvoiç considtiré au point de vue morphologique. 281
Reprenons le premier eas et considérons cet échange qui a lieu entre i(s-âs et ôs-ati, vrj-râ et ôg-as, ahh-râ et àmhh-as, àh-ati et ânih-as. Il est difficile d'imaginer que l'a des formes fortes puisse représenter autre chose que a^. Mais, cela étant, nous de- vrions trouver on Europe, parallèlement à une forme faible telle que amjh par exemple, une forme forte contenant c: cnyli. De fait nous avons en grec bvco (lat. uro) = ôsati à côté de ava «allu- mer», avakioç^ avGryjQOj; (mots où av(a) équivaut au skr. uï>, comme l'enseigne avag — usas). D'autre part la valeur de cet indice isolé est diminuée jjar certains faits, entre lesquels l'iden- tité du skr. ândhas avec le gr. cîvd-og nous paraît particulièrement digne d'attention. . Il est remarquable que l'a de cette forme soit un a initial et suivi d'une sonante, précisément comme dans âmhhas, àmlias. L'analogie s'étend plus loin encore, et ce sera ici l'occasion d'enregistrer une particularité intéressante des types radicaux d'où dérivent les formes comme ■'^usas. Ils sont régu- lièrement accompagnes d'une racine sœur où la place de V& est changée^, et dans cette seconde racine l'a accuse toujours nette- ment sa qualité d'a^.
V RACINE
Forme faible
usas — avag
ugra — atigeo
ahati — ango abhrâ — anafriss
Forme forte, obser- vable dans l'arien seulement, et où la qualité de l'a est à déterminer
ôsati
ogas
âmlias
âmhJuii
skr.
a-, osq.
(nég.)
an-
2^ RACINE (Forme forte)
îvaiS: skr. vasara, vasanta,
gr. {J')é{6)aQ. wa^g: lat. vegco, zd. va-
zyaht ^. na^gh: lat. necto. gr. v£%ag'
atQCû^atu. najhh: skr. nàbJias, gr. vé-
(fog, etc. na^ : skr. na, lat. ne.
1. Nous ne parlons, bien entendu, que des exemples qui rentraient dans le premier cas. Le type radical du second cas est précisément (au moins en ce qui touche la place de Va) celui de la racine sœur eu question.
2. Le zend prouve que la gutturale est <Ji , taudis que la première ra-
282 Le type usàs-avcog considéré au point de vue morphologique.
Revenons au mot ândhas. Pour nous il n'est pas douteux que la nasale qui s'y trouve n'ait été primitivement wi et que la souche de ce mot ne soit la même que dans mâdhu «le miel». Nous écrivons donc:
— I ândlms \ ma^dh : skr. mâdhu, gr. ^é&v.
Mais comme ândhas est en grec àvê-og , il s'en suivrait que âmhJias représente '^a(iq)og, non «E^q)og'», et que le lat. *angos dans angustus doit se comparer directement à ânihas. En un mot les a radicaux de la seconde colonne ne seraient pas des a^. Ce ré- sultat, qui paraît s'imposer, nous met en présence d'une énigme morphologique qu'il est sans doute impossible de résoudre à présent.
Nous passons à l'examen du deuxième cas. Ici les langues occidentales permettent encore de distinguer la forme forte. Si uVsàti est rendu en grec par a{'|a), rôÂsafiTestpar «(j^)£'|aj. Autre exemple analogue: la rac. skr. vas «demeurer» se retrouve dans le gr. à{f)E{a)-aa, à{J^)80-(0)xovto, dont la forme faible (en san- skrit lis) apparaît dans avkrj, i-ava ^
A première vue la clef de toutes les perturbations que nous observons semble enfin trouvée dans la nature de la sonante ini- tiale (pour les cas précités, «, iv). On n'aurait à admettre qu'une prononciation plus épaisse de cette sonante, effacée secondaire- ment dans l'arien, traduite dans l'européen par la prothèse d'un rt, et s' étendant aussi bien à la forme forte qu'à la forme faible. Rien de plus clair dès lors que notre diagramme :
cine montre g^. Nous pensons néanmoins, vu d'autres cas analogues, qu'il n'y a pas lieu d'abandonner le rapprochement.
1. Sous l'influence de Vu (cf. p. 101), l'a de ce groupe radical ccva- se colore en o dans différentes formes rassemblées par M. Curtius, Grdz. 273. Ainsi ovaC' cpvXcct, et co^d traduction stricte de ovt] en dialecte laconien (p. 160 i. n.). Puis vTtsç-âïov, formation de tout point comparable au skr. untar-uhja «cachette». L'co n'est dans ce mot qu'un allongement d'o exigé par les lois de la composition grecque. On remoute donc à vneQ-oïov (cf. olri = yicofirj), vnsg-ovïov, vnsç-av{a)-iov. — Le verbe â(/)atdw serait-il à avdiî ce que à{f)s^(o est à av^a'i De toute manière la dip'hthongue en est inexpliquée. Cf. àrjdcôv. — àXs^ca répond à rdksati comme àféi,(a à vdkïiati, mais la forme réduite manque aux deux idiomes. 11 est vrai que celle-ci peut se suppléer en recourant à la racine plus courte qui donne riX-ctXti-ov et lat. arceo.
Le type îisâs-avcùç conaidéro au point de vue morpliologique. 28!
a-vè, = u¥s cc-fsi, = vahk.
Cet espoir d'explication tombe devant une nouvelle et fort étrange particularité des mêmes o-rou])e.s radicaux. On observe en effet parallèlement aux types tels que ùFeE ou ùFec une sorte de type équivalent FaH, Fac. Ce dernier ai)paraîtra soit dans les langues congénères soit dans le grec même.
ccféi,-Gi: goth. va,hs-ja (parf, vohs, peut-être secondaire). àJ-é(}-(^6)xovro: J-âc-rv. Voici d'autres exemples fournis par des racines qui se trou- vent être restreintes aux idiomes occidentaux: afext-Xov'. lat. t'as, vad-is; goth. va.d-i. 'AQsn-vlai^: lat. mjhio.
cclsy-Eivôs^ (et àXsy-oj?): Xay-Eivâ' deivâ (Hes.). Cette inconstance de la voyelle révélerait, dans d'autres cir- constances, la présence du phonème '^*, mais si telle est la va- leur de Va dans àfi^co^ la relation de cette forme avec vâksati, iiksàti, av^co^ aussi bien que sa structure considérée en elle-même cessent d'être compréhensibles pour nous.
1. âpTT- est à àpcTT- ce que aùE est à àPet. C'est la forme réduite. Il en est de même de à\^ dans son rapport avec àXeT- àXsysivôç prouve qu'on a dit d'abord *aXsyoç:, aXyog est dû à l'influence des formes faibles.
Additions et Corrections.
p. 7. La présence de IV-voyeile eu ancien perse paraît se trahir dans le fait suivant. Au véd. màrtia correspond martiya (ou plus simplement peut-être martya); au véd. mrtyû est opposé {ucâ-)marsMyu, soit {uvâ-) marshyu. Indubitablement la différence des traitements cj^u'a subis le t tient à ce que 1"/, dans Viartia, était voyelle et dans mrtyiï consonne. Mais cette différence n'est déterminée à son tour que par la quantité de la syllabe radicale, et il faut, d'après la règle de M. Sievers, que la syllabe radicale de -marshyu ait été brève, en d'auti'es termes que Tr y ait fonc- tionné comme voyelle. Peut-être le r existait-il encore à l'époque où l'in- scription fut gravée, en sorte qu'on devrait lire uvâmrshyu.
P. 9, note. M. Curtius admet une déviation semblable d'imparfaits devenant aoristes pour les formes énumérées Yerb. P 196 seq.
P. 10, lignes 11 seq. On peut citer en zend çé-a-ntu de çac et en san- skrit r-a-nte, r-a-nta de ar.
P. 11, note. Biffer sidati (cf. p. 172, ligne 14).
P. 15. L'hypothèse proposée (en note) pour lâXlca est comme je m'en aperçois, fort ancienne. V. Aufrecht K. Z. XIV 273 et contre son opinion A. Kubn ibid. 319.
P. 16. L'étymologie présentée pour goth. haurn e»t insoutenable. La forme runique liorna (ace.) suffit à la réfuter.
P. 20. A nsx^sîv de nëv& se joignent Xccx^lv de Isyx, xaSsiv de Xiv8, SciKSLV de '^ô^yy.; v. le registre. — Pour l'aoriste redoublé, cf. p. 107, 1. 13.
P. 21, lignes 11 seq. Depuis l'impression de ces lignes M. Brugman a publié sa théorie dans les Beitrâge de Bez^enhergcr II 245 seq. Signalons une forme intéressante omise dans ce travail: àn-écpciTO' dnè&ccvfv (Hes.) de cpev. Contre la reconstruction de formes comme *fKv^iev de kou (Brug- man p. 253) cf. ci-dessus p. 182 i. n.
P. 30, ligne 2. Ajouter: «lorsqu'il ne le supprime pas.» Il n'est pas besoin de rappeler l'ace, pana et les formes semblables.
P. 32, note 2. La vue du travail en question, réimprimé à présent dans le second volume des Studj Critici, nous eût épargné de parler de plusieurs points (p. 30 seq.) qui s'y trouvaient déjà traités, et de main de maître, par M. Ascoli.
P. 33, ligne 12. Vérification faite, il faut joimlro à a^-iiiiisyà le com- posé nJisdnna de ulcsnn et iinna.
]'. 37. La noti' 1 devait être ainsi conviie: Le moyen punutc {= punntc),
Additiona et corrections. 285
où rabsence d'à siiffixal est manifeste, ne i)ermet pas d'JKJsiter sur la va- leur du groupe an dans punchtti.
V. 42, ligne 1. «L'e ne termine le mot que dans ce cas-là.» Cela est erroné. Nous aurions dû prendre garde à kore et aux pronoms 7tte, te, se, formes où e final est notoirement sorti de ë long -{- nasale. Néanmoins l'opinion mise en avant relativement à ime ne nous paraît pas de ce fait improbable.
P. 42, note. Comme, dans le travail cité, M. Osthoff ne vise qu'un cas particulier de l'r- voyelle, il est juste de rappeler que l'existence de ce pbo- nème n'a été affirmé d'une manière générale que dans l'écrit de M. Brug- man sur les nasales sonantes. Ce qui revient exclusivement au premier savant, c'est d'avoir posé or comme représentant latin de l'r-voyelle. Cette dernière règle, dont nous devions la connaissance à une communi- cation verbale de M. le prof. Osthoff, avait été publiée avec sou autorisa- tion dans les Mémoires de la Soc. de Linguistique (III 282), et il ne pou- vait y avoir indiscrétion à la reproduire ici. — On sait que l'existence de l'r-voyelle dans la langue mère a toujours été défendue en principe soit par M. Hovelacque soit par M. Miklosich. Seulement ces savants n'in- diquaient pas quels étaient les groupes spéciaux qui correspondaient dans les langues d'Europe au r indien.
P. 44, note 2. Le skr. atnd ne saurait représenter ninâ, car cette forme eût produit «annni».
P. 46, ligne 10. Une forme semblable à ^i-îa se cache peut-être dans (i-àvv^, si on le ramène à * aii-àvv^. En outre ^ôvog est pour *aii-6vog et identique sans doute au skr. samând, équivalent de eka (pour *sm-und par svarabhakti). Toutefois la forme iiovvos ne s'explique pas.
P. 52. Pendant l'impression du présent mémoire a paru le premier cahier des- Morpliologische Untersuchungen de MM. Osthoff et Brugman. Dans une note à la p. 238 (cf. p. 267), M. Osthoff reconnaît, à ce que nous voyons, l'existence de la voyelle que nous avons appelée A et pour laquelle il adopte du reste la même désignation que nous. L'idée que M. Osthoff se fait du rôle morphologique de cette voyelle ainsi que de sa relation avec Yïi long n'est autre que celle contre laquelle nous avons cru devoir mettre le lecteur en garde, p. 134 seq. Nous ne pouvons que renvoyer au § 11 pour faire apprécier les raisons, à nos yeux péremptoires, quimiUtent contre cette manière de voir.
P. 53, ligne 12. L'étymologie proposée à présent par M. Fick et qui réunit xfqoaAry au goth, gibla (Beitr. de Bezzenb. II 265) contribuera à faire séparer définitivement caput de nstpccXri. — Ligne 14. Sur quuttuor cf. L. Havet, Mém. Soc. Ling. III 370.
P. 56. On joindra peut-être à la liste ptak {ptâk): gr. irxa-mtv, lat. taceo (cf. goth. pahan).
P. 58, ligne 2. Le mot QO^icpsvs «.alêne» est fait pour inspirer des doutes sur la justesse du rapprochement de M. Bugge. Il indiquerait que la racine de çâma est ^e,uq) et que l'a y représente la nasale sonante.
286 Additions et corrections.
P. 60. Le nom latin Stator est placé parmi les formes de la rac. stâ qui ont un a long. C'est une erreur; Va est bref. — Le suff. lat. -tût = dor. -Târ (Ahrens II 135) aurait pu être mentionné.
P. 70, lignes 13 seq. Cf. plus bas la note relative à la p. 121.
P. 78, ligne 11. Ajouter goth. hiai-na- «colline», de kja^i << incliner».
P. 81, ligne 13. Ajouter: ?J(i(po-ç «morve», cpiidô-g «parcimonieux».
P. 84, note 1. 11 nous semble probable d'admettre pour des cas spora- diques une seconde esi^èce d's indo-européen, d'un son plus rude que celui de l'espèce ordinaire. En effet l'apparition de ç pour s en sanskrit coïncide dans plusieurs cas avec des exceptions aux lois phonétiques qui frappent cette sifflante en grec, en latin ou en slave. Skr. (}uska , çMsyati: gr. oav- xôg, cavauçôg. Skr. çevala «matière visqueuse»: gr. aîalov «salive». Skr. kéçara: lat. caeaaries. L'ancienne identification de ïooç avec skr. vt'çva, bien que désapprouvée par M. Curtius, nous paraît des plus convain- cantes^; or le slave a de son côté vïsï (et non vtst). Le cas de r'i^L-av ne diffère point, comme on va le voir, du cas de Icog. M. Ascoli a reconnu dans -av l'élément formatif du zd. Q-ri-slwa «le tiers»". Or n'est-il pas évi- dent que la seconde moitié de wi-s.M (skr. visu), et de ici-s.2^ca {laog) qui n'en est qu'une continuation, offre cette même syllabe -s^m composée avec tci- pour dwi-^ «deux»? — Notons delpb. rniiaaov = r]fii-aJ^o-v.
P. 102, lignes 16 et 17 Ajouter frustra, lïistrum, en regard de fraus, lavare. — Ligne 20. Ce qui est dit sur le ra^iport de incolumis à caîamitas est faux, le vieux latin possédant un mot columis synonj-me de incolumis.
P. 103, ligne 10 d'en bas. Après la correction apportée plus haut à la pa>ge 58, l'exemple qÛiitcù — ço^cpivç doit disparaître.
P. 108, liste b. Ajouter: [doXixôg — largus], x. p. 263.
P. 119, ligne 23. La forme y.âvôaXog n'est évidemment qu'une variante de a-AccvdaXov et ne doit jjoint être comparée à kandarâ.
P. 121, lignes 5 seq. Il convient de remarquer que la séparation de a.2 et Oj est consacrée à peu près partout dans le système de Schleicher. Son tort consistait seulement à confondre a., avec â. On a peine à concevoir à présent comment les yeux du grand linguiste ne se dessillèrent point sur une pareille erreur, qui, en elle-même, a quelque chose de choquant,
1. Sans doute visu, base de viçva, n'a pas le ç. Mais c'est là une oscillation fort explicable.
2. Signalons cependant ce qui pourrait venir troubler cette analyse. M. Justi propose de voir dans Q-rishva, ca&rushva , des dérivés de d-ris «ter», co^rMS «quater». Cette opinion prendrait de la consistance, si l'exis- tence de l'élément -va, employé de la sorte, se confirmait d'ailleurs. Or le sanskrit offre en effet câtur-va-ya {-ya comme dans clva-yd, uhhâ-ya). D'autre i)art M. Ascoli mentionne comme inséparables de Q-rishva: hapta- nhu, ashtanhu, ce qui changerait la question. Studj Crit. II 412.
3. On sait que la chute proethnique du d est constatée dans le nom de nombre vingt.
Additions et corrections. 287
puisqu'elle conduit à identifier l'o et l'a grecs. Les faits propres à la ré- véler ne faisaient cependant pas défaut. Ainsi Schleicher affirme très-bien, contrairement à l'opinion d'autres autorités, que Vu thématique de fptço- [ifg — hhdrîimas diffère de celui de (péQirs — bhâruthu; en revanche il le confond aussitôt avec la voyelle longue de Ôâfivâfii — pimàmi. Or, consi- dérons l'imparfait, qui offre une syllabe fermée. Le sanskrit lui-même prend soin d'y marquer et d'y souligner la divergence, puisqu'il l'o â^tcps- Qov répond Va d'dbharâm, tandis que dpunam, en regard de iôûyivâv, maintient la longueur de l'a.
P. 124 seq. Les vues que nous exposions sur le gouna paraissent avoir surgi simultanément dans l'esprit de i^lusieurs linguistes. Tout dernière- ment M. Fick a proposé dans les Beitràge de Bezzenherger (IV 1G7 seq.) la théorie défendue ci-dessus.
P. 140, ligne 4 d'en bas. Le mot ■ô'cojj «punition» va, semble-t-il, avec &(aiJb6ç, rac. Qt[. Cf. ^'œr'iv ê7ti-&^ao^sv, Odys. II 192.
P. 147. M. Brugman indique dans les Morpliologische Untersuchungen qu'il publie en collaboration de M. Osthoff et dont le premier cahier a paru pendant l'impression du présent mémoire une autre explication de Vaa de dadhaû, dçvau etc. Ce savant croit y voir le signe distinctif des d longs finaux du sanskrit qui contenaient a^ dans leur seconde moitié (loc. cit. IGl). — A la page 226, M. Oàthoft' l'approuve et présente en outre sur le type dadhaû des observations qui s'accordent en partie avec les nôtres.
P. 148. Nous sommes heureux de voir exprimer sur nécpr} par M. G. MahlovF une opinion toute semblable à la nôtre. V. K. Z. XXIV 295.
P. 150, lignes 12 seq. Nous aurions dû mentionner l'exception que font les causatifs tels que sndpayati de snd, exception du reste sans por- tée, vu le caractère moderne de ces formes.
P. 160 seq. Le mot yçoftqpa's que M. Curtius (Grdz. 67) ne peut se dé- cider à séparer de yçâqpco prouverait que cette dernière forme est pour *yç«îqpw (rac. yp^MV); yçaqpw n'a donc rien à faire dans la question du phonème A et ne doit pas être identifié au goth. graba.
P. 167. ôàçov «largeur d'une main, ccartement» pourrait se ramener, avec drjQig «division, discorde», à une rac. dër.
P. 171, ligne 6. Ajouter dur-gàha. — Ligne 21. Ajouter hlàdate : pra- hlâtti (Benf. VoUst. Gramm. p. 161).
P. 172, ligne 10. Ajouter çakvarâ «puissant».
P. 174, ligne 13. Nous citons ailleurs (p. 258) deux exceptions des plus intéressantes, vandti et sandti. Trop isolées pour infirmer la règle, elles viennent à point pour témoigner de son caractère tout à fait hysté- rogène dans la teneur absolue qu'elle a prise dans la suite.
P. 179, ligne 7 d'eu bas. Ajouter: nucius et ra.tis, de racines a^n^k^^ et a^r^ '. D'après les lois exposées au § 14, le phonème ^ aurait dû, dans
1. Skr. anaç dans anaçdmahai, gr. èv€K (pour ivf-n, bien que plus tard ce soit le second f qui alterne avec Oç, : èv^voxcc)] — skr. ari, gr. èpe. Les formes germaniques nôh et ru ont accompli, comme d'autres racines de
288 Additions et corrections.
ces formes, donner naissance à des sonantes longues, et on attendrait *anctus ou *anactus et *artis. Il serait trop long de rechercher ici pour- quoi le phénomène n'a point eu lieu. Mentionnons le goth. -naulits, qui coïncide entièrement avec nactus.
P. 183, note. Ajouter ^âvôçu «étable» en regard du skr. mandirà. Ce rapprochement est douteux.
P. 191 seq. Dans le moment où nous corrigions l'épreuve de ce feuillet, le Journal de Kuhn (XXIV 295 seq.) nous apportait une sa- vante dissertation de M. Johannes Schmidt traitant des optatifs. Il y a entre les résultats auxquels il arrive et les nôtres une conformité flat- teuse pour nous. — Ce que nous cherchons vainement dans le travail de l'éminent linguiste, c'est une explication du fait que les formes faibles ont converti ia en /.
P. 197, ligne 1. L'r-voyelle devient en effet ar dans l'arménien: artsiv = skr. rgipyd; arg = skr. îksa; gail = skr. v'rka, etc.
P. 198, ligne 4 d'en bas. L'adjectif ind. gau rd apporte quelque con- firmation à l'hyiîothèse ga au, car autrement la diphthongue au n'aurait pas de raison d'être dans ce dérivé.
P. 204, note. Ajouter dând de dâmdn.
P. 220, lignes 20 seq. Nous aurions dû prendre en considération les composés de (pçiîv, tels que cîcpQwv. Nos conclusions en auraient été modi- fiées.
P. 259 eu bas. La racine du mot ûrdh-vd pourrait être râdh, râdhati. En ce cas, ce serait un exemple à joindre à dlrghd: draghïyas.
P. 263, ligne 3. Noter le dor. xâçça = KOQcr]. 11 semble indiquer que le son qui précédait q ne s'est fixé que fort tard.
cette espèce (ainsi knô = skr. g uni, lirô «glorifier» = skr. Tcari) une évo- lution métathétique.
Registre des mots grecs.
N. B. — Ijes mota du
à- (cop.) 278 d- (nég.) 276 à- 278 i. n. âav&a 114 â^Xadsag 16 i. n. à^koTtég 100 cc§Qo^og 263 ây- 103, 116 ayojççt'g 15 ayaçfio's 75 ayr; (aor.) 154 ayioç 45 i. n. 117 ayMcôv 104 àyoçcc 265 i. n. dyôs 228 i. n. ayos 117, 156 ayoç 117 «yocTOç 53 ayvQiç 98 ftyi^çrj/s 76 i. n. «'y;t;a' '^C, 277 cîyco 96, 159 scq. 173 dycoyôç 156 à(îafi.o;s 273 ddaxîcù 101 ddiiijç 273 ae^-Zov 54, 283 aft^ca 282 i. n. àé^a 282, 283 aecra 282
àêayico 54, 282, 283 asTiicc 131 i. n.
it se composent différentes listes 6num6ratives compactes ne sont pas portés sur ce registre.
àfvTov 277 i. n. ^tnx^s 156 d^oiiai 157, 173 àrjdcâv 231, 282 i. n. arjfii. 141, 270 ariQ 220 cc&tÎq 116 aiy^r^ 99 i. n. aiyvniôg 99 i. n. 104 "Aïd- 202 a^^côg 219 a^fTo's 101, 276 aij^ft 214 aid-^Q 220 kîmAoi' 55, 99
CCÎliUKOVQLUl 265
ttivôg 276 af| 116 a^jroloç 104 aiw 214 âxfiTj 229 i. n. aHficoi' 64, 181 âxoiou^og 81 av.Qog 157 «KTt's 24 ofxcoxTj 156 KHCOV 116 à^aJlxatv 282 i. n. ttlai, 276 àAavEg 61 aXaGTOg 157 â'iyog 2S3 i. u.
àXsysivôç 283 àAé'yw 283 aXsicpci 29 àZt'^û) 282 i. n. àXBvo^ccL 84 i. n. âiljj'9'ïjs 156 'Ahd-éQar,g 129 âi^l'^^^' 74 aAiç 101 i. n. àXiziLV 75 a^MT? 277 àXKL 202 àiiavTjç 61 â'iAoç 96 àXXôzsQQog 46 a;iAv 98 àXoifiôç 74 âioiTOg 75 - dXo^ 262 i. u. àAvKrstv 60 ccXvoyiâ^co 84 i. n. àXtpi] 277 i. n. aft« 46 à^Lccx^i! 91 àfisirpSTai, 129 âfiEçqpEç 129 afiéaco 104 àfii^ccL 101 aftftf 25 âftvos 56 âftôç 95, 275 «ju-Trcoriç 150 19
290
aa(pKdov 148 àucprjv 99 âaqpt 277 à(icpiy.T^oveç 219 d(iq)iQQS7ci'jg 129 àu(pca§aiva 278 au^œ 277, 279, 280 àvaiôrig 220 uvaç lOl
âi'iîavco 151, loS, 173 àvscoa&ai 140 avft) 46 àlTyVûJÇ 220 àvr'iQ 219, 230 avTjffrtç 168 âv&og 281 av'S^çrjï'/j 167 àvzrjçtg 202 avvtai 22 àvi;o) 244 i. n. avqpoTaçog 55 àvaya 140, 155 âvtûyœ 140 àvâvvyiog 99 a^cuv 227 ao^oç 103 àollrig 101 i. n. àoQzriQ 132 cJoprrjs 76 i. n. oiOGGritriQ 109 (xncc'% 34 aTravpâcd 280 i. n.
ànsÎQwv 221 i. n.
aTTfqpaTO 284
àn^fiav 220
'AnCa {y?i) 56
'^Trtdorvo'ç 56, 218
«jr^fTOç 142
anXoog 34
àjrô 116
a;roA(:i;ûa) 54, 57, 181
ùnoQQcô^ 167
anog 156
«7rovp«g 280 i. n.
ùnocptCv 100
Registre.
«Ttrco 158 ànvàôag 39 i. n. aQayitv 166 açaçt'cxcj 181 àçciQViu 155 'Açsnviai 283 apjfym 167 àp/jycôî' 167, 231 àçtîî'fids 180 açHTOç 16 âçfiô^ffl 279 i. n. (XQvôg 196 cÎqotqov 180 «çoupK 103 "'AçTivia 207, 282
(ÎQQCùSêLV 104
«çc/jv 219, 229 apcoyôg 167 acz/j-ÔTyç 156 aofisvog 154 àoracpig 101 àcrfibs 207 âazriQ 230 â'ffrouoç 220 i. n. àaxQccnri 100 à'ffru 54, 207, 283
acjjaAKûj 103
ao;^froç 142
cLTctQTcôg 228 i. u.
axsQog 279 i. n.
arçfyxTOs 63
av 276
ava^Eog 281
avSri 280, 282 i. u.
avlah, 17, 262 i. n.
avl-q 282
aî)'4co 276, 280 seq.
avqa 101
aucaç 277 i. n.
avGzriQog 280 i. u.
CCVZI: 276
àùrfu> 131, 229 avcprjv 99 av;i:r)v 99, 219 avcû (vocarc) 277
avcù (accendere) 281
aî)'cosl69i.n.276,280seq.
â'qpfAfia 104
(xcpèay.a 140, 147
aqiXaazov 262 i. u.
acpQcav 288
'AxaioC 69
axTjv 53
axouat 63, 160, 161
cî'ipOQQog 78
CÎCOTOV 140
jîa^û) 120, 157, 173 pé^os 129 i. 11. (Sa-S-vs 24, 152 ^a^ai'os 268 |îânca 107, 266, 268 §avK 99, 275 pûnzcù 158 (îâça'&çov 267, 268 §c(Qva^aL 266 ^aç'ûs 267 PaffiAfîîç 180 §ccaLg 231 i. n. pdaKco 23, 234 (îacrajcû 53 ^âzrjv 146, 147 (îaTTjç 137 §az6g 23, 272 i. n. ^âzQUXog 61, 100 (îo:^^ 233 §s^cc(i£v 149 pi/î/^xo: 149, 154 §eîoiiai, 127 i. n. psi- 103, 269 ^éXspLvov 88, 103, 267 -^^Uzrig 103, 267, 271 BsUiQOcpàv 203, 218 PfV^'os 24, 129, 152 ^flQ'L 190 281 (3»5fto; 137, 138 P>yao|u^o;i 137 ^riGGa 152, 172 Pt'a 256 i. n. ^Xâ^ï] 233 i. 11. ^Xâ^o^iui 160, 161
^laGTÔg 14, 265 i. n. Pkrjroi- 271, 272 filcûuôç 111 (iol^ufvvç 88 i. n. ^ôXstai- 205 ^0X7^ 103 §0Q- 98, 111, 265 Boçéag 264 (3o'(Tis 150 ^ôffxo) 149, 180 (ioTAj'ç 137, 180, 232 -§OTOç 149 Pov§ritiç 144 i. n. (îouiïvoj 265 i. u. §ovXo(iaL 111, 265, 266 §ovg 110, 115, 150, 199,
200, 213 ^QKÔvg 16
PçoTo's 97
Pçôrog 263
^9d;^os 278 i. u.
^çœna 266
PçcoTo'g 263
^vd'ôg 100 i. n.
/îi;ffco<îo,u.£t)'co 100 i. n.
^oifiôg 100, 138, 144, 229
§âv 41, 199
§aQ&ta 263
lîairajftj' 138 i.
^(ÔTcoQ 137, 232
yatoj 181
yûla 268
ya;i£/î 267
yaXôcog 268
yafKpi] loi
yaçov 267
yarai/j 101, 138
yaùpog 57, 181
ysydaci 21
ysydzrjv 21, 272
y5'yr,'9'a 181
y£Mû:'9'a 39
yélog 81 i. n.
ysvsTr'jQ 272
n.
1. n.
1. n.
Registre.
ytvvg 133 ytçyiQog 55
yiyvouui 10, 11, 272 i. n. yilâyog 268 ylàfpoi 160, 161 yXtxoficci 161 i. n. yZûqpfH' 161 yva'9'oç 10<) i. n. yv/joiog 272 ■yvrjtog 271, 272, 273 yvu'S'ds 100 i. n. yvv^ 221
yvvnzfiv 228 i. n. yj^û)- 105, 272, 273 yôSa (macéd.) 181 yô^Kpog 101, 115 yôvv 29, 86, 221 seq. yowar- 29 yçaqpTj 233
yçag^w 160, 161,163,287 yçacù 160 i. n. yçdgjco 100 yçrôvA; 138 ypco'&uP.oç 262 i. n. yvaXov 107 yv^vôg 115 i. n. yuvr] 99, 275 dcci^ficûv 107 ^«779 220 ôaîofiaL 150 ôatQcù 157 i. n. âai'co (inflammave) 181 ôaKëtv 152, 174 i. n. Sâ%vcolb2, 158 5a;i;iw 107, 182, 268 dufiâ^a 107 -dceficcxcùQ 271 5aft£tV 273, 274 d(i(ivr)HL 240, 273 ^av 198 daôv 107 ôuTtâvri 56 ôâmœ 56, 158 Saç^ccvcù 107, 152 i. n. ô^açTOç 14, 196 i. n.
291
ôaavg 24 davjîfio'i' 99 i. II. daiîjjvo: 99 i. n. àâcpvq 99 i. 11. Stdas 107 ôedaQfitvoç 12 ôt'^/ja 181 ôbSlcoxcc 140 dè'(îo»tr£a 173 i. u. ôéôozai 149 ôëLÔifisv 149 dstdoixa 149, 238 i. n, dït'do) 238 dsÎKvvfit 22 i. u. 153,
187 i. n. dsL^ôg 75 diinvov 55 ôsiçâg 17 ^fipco 157 i. u. ^fxa 29 seq. 102 ôéKccrog 32 dfHÔrai' 102, 278 /deXtpot 81 dfXçju's 133 ôéfiag 271 da/Lico 95
ÔSVÔQBOV 207
âf'ças 260, 263 i. n. -dsQKzog 14 ôéaig 150 ôèanozci. (voc.) 93 -<ΣTds 142, 149 dfiy(icc 152, 156 SriXéonai 107, 182 dii^og 95 ^Ay^Ofitti 152, 155 Ô7;9ts 287 dïjQog 107 5/îffœ 140 5?ja) 153, 173 8iccôr](icc 140 dtaîtdajoi 278 di^cîcxM 104, 107 âîârj^L 140 ^t'dco^i 190 19^^
292
Registre.
ôî$afiLl39, 147, 238i. n.
SûfiaL 140, 142
ôiST(iayov 153
jdLfst'&ëiiLç 92 i. n.
Slv.slv 161
dCv.ri 233 i. n.
SiGcôq 286
Sîcpqoç 228 i. n.
diiôv.co 140
-ôuïj-coç (aedificatus) 271
duïjxôg (domitus) 271,
272, 274 docéaaaxo 73 ôôyiia 131, 173 i. n. dotoî 94 doXixôç 263 dolog 80 (îoAqpo'ç 81, 83 ÔÔflOQZlÇ 100 5ôfios 95 ÔÔQË, 217
^o'pu 29, 8G, 96, 221 seq. dôoLç 150 Sotr'jQ 137, 232 doro's 149, 180 ôovçar- 29 ôoj^uoç 180 ôçàiia 137 ()Qa(i8iv 46, 101 t)ç«roç 14, 196 i. n. 260 âçènavov 79 èçofioç 101 dQonig 85 ôpvç 207, 221 seq. civ- 261 âvJ-avotrj 54 dvcjroi'rîç 129 ()i;(;;j;fpat'ï'û) 227 ô'uco (num ) 147 ôoi- 115 ôœ 95 i. n. <5côfiû; 131 diJàgov 139
i\o)()ov = TraAatorïJ 287 dwca) 137
^cor/fp 137, 212, 214
ScoTLvr] 131 i. n.
Swxiç 131 i. n. 150
dwxoQ- 200, 212, 214
dâxwQ 137, 212, 214, 232
iâycc 154
JoîyTj 154
bâSa 154
èâlrjv 47
f'aç 68, 281
forç (sanguis) 225
é'orfft 38 seq.
eaaaa 39
êaffqpopog 105 i. n.
Eâq)&ri 54
f'|3a;iov 266, 267
t|î(îo;u,os 30, 275
i'^rjv 146
f^Tjoa 137
s^Qcav 266
Eyyûs 277, 279
iJQSXO 9
f'y;i;£Ai;s 279 eyxovaa 279 i. n. Éyo) 93 èâ- 168 £d- 168
èdâçriv 47 i. n. tS^iaa 128, 137 èdrjôœv 168 èôrjdcôg 168 iSrjè,â^r}v 155 iôïjacc 140 è'ôofiaL 127 i. n. t'-do(i£v 146 t^og 181 tôçanov 10 i'dcûtfr; 168 f'fôvov 77 f >jKa 140 i^os 169 i. n. f&ëfisv 146 t'Q'exaL 169 ^'i)-os 169 td'rjyia 140
ft 56
ftaç (sanguis) 225
£l(ΣTf 127
Ei'8o^£v 127
Etdw's Ï32 i. u.
f tîjr '144 i. n. 192
fZxAoî' 54
Etxofft 102, 275, 278
ê'txTO 71 i. n.
iÏY,XOV 12
ftxtov 231 -silextôg 71 i. n. ft'ATj 233 iilrixa 151 sïXrjtpu 154 ftiluûj 244 sl'iiaQxat 12 ffju.f»' 192 srjLifv 146 flfti 127, 146 stvâxriQ 230, 272 i. n. slvooicpvXloç 164 floLY,vLat 238 i. n. ilnsîv 238 Eiço;9:'tû3T7js 34 «î'prî 233 siQrjvTj 144 i. n, sTff 46 si'aofiai 129 fi'cû 127, 148 frwfl-o: 168 haxàv 102, 278
£M£'x^£TO 11
iKTja 169 i. n. 182 i. n. iKoiiev 105, 112 SKOxôn^oLcc 102, 278 ^'xrav 21 èXci&QÛ 228 i. n. tXacpog 34 ^iaqoço'j 157 J^a^vg 24 £A.fyos 81 '^Xsyxog 81 élfCv 161 i. n. fifog 81 i. n.
tXd'Ftv 1C)1, 1()2 tXÎKri 5;! êlXÔg m tlfiiç 1 8 'é(i(iQaTai 12 èfii^rjHov 154 Sfim'ç 279 i^nvQi^r'jTi^ç 137 tvaTog 32 /vtyflEjjï/'s 263 svrjaa 140 fï"9'û: 280 i. n. fV'9'ii'os 78
sv&ovaiKOuôç 84 i. u. tvîans 9 èvîaneç 10 tvvéa 29 seq. tVoç 82 fVracct 279 èvTÎ 190 i. n. 279 EvvâXioç 244 i. n. f^r/MOî'rn; 143 i^w^âSici 169 i. n. tOQSg 218 foçrr] 76 to's 68 fTzaQÔov 10 £7raffaurfpot 98 £7t£(pvov 11, 277 i. n. £7ir]St(xvog 275 £7rr;;ivs 202 fTTi 93, 109 8TtL§Xaî 233 snrt^TjKéw 156 êniXi^o^wv 156 iîTtfir^'ô'rjs 152, 156 ènî^rivov 181 'iTimXci 228 i. n. ènÎQQO&og 169, 173 i. n. STiùoxciuai 146 f'm'rfl 219 ETr^ôfxryv 9 £'7t9o;'8^ov 10 iTixâ 29 seq. 41 s7Ctri%K 154
Registre.
èmôfiriv 9 fîTcoTra 214 fçafiai, 22, 16() fçaTo's 23 fçyov 81 £es|3os 130 êçsÎKrj 233 iQsr^ov 180 fçîvyco 67 sçrjfiog 166 sçyiâvri 79 fpos 81 i. n. SQQÛyiqv 167 ioQé&ïjv 142 SQçrjysiag 167 eQQTjyfiai 167 SQçaya 166 i. u. 167 £?<;?? 233 SQCrjv 55, 34 EQvyuôg 229 i. ii. f'pV'S'pôs 157 êçcùdiég 264 i6§riv 140 ienciQzat 12 fWfços 68 ^aTTsa&ai 11
fOTCOV 9
6(TTo;^fio:t 12 tCT(X^8V 149
tcrarai 149
fcraro 146 i. n.
sarrj'ua 149, 154
earrjfisv 146
satrjV 146 i. n.
"arrjaa 137
SGzîa 54
ECfffua 21, 128, 182 i. n.
«ffffuorrTttt 38 i n.
taxov 9
'Erf J-ar^ço) 207
fTfo's 207
«Taço? 279 i. n.
'ézETfiov 11
-eroç 142, 149, 180, 273
-éto6GS 73
è rçayoi' 1 HO
ETçaîrov 10, 13, 46, 50
?rvjLtoç 207
ÉUttfîoï' 153, 174
îvt'S'toHa 169
ïÙjjvwç 165 i. n.
*'"'7Z^S 156
fû'9'fvta 168
ÊV&rjvîa 168
EvAftxa 17
svXr'i 117 i. n.
êvfAïvrJs 220, 221
avvr'j 78
suTray/jç 156
evTcâxcoQ 220
svTiïjyrjg 156, 171
evQiLV 161 i. n.
£uç 169 i. n.
6V0) 281
Icpîxui 233 i. n.
îcp&açucct. 12
£9^»jv 14:3, 146
ècp9'0Q'A(âg 102
ixsacpiv 129
f;Kft'a 21, 128, 146
fjjO'atoto 45
sXivog 97
f;fiS 279 i. u.
eœvxôv 100
J-évo:! 155
*J=aQv6g 196, 229
j^ïff- (vestire) 173
J-£OTtc(Qiog 55
J-C%axi 278
*J^9r;v 196, 229
^«^çoV 228 i. n.
taxQïii'ig 182
^fa 68, 81
Zsù 198
^fvyvvftt 22 i. u 153,
187 i. u. ZïTÎg 198, 213 Zriv 41, 198 L,6ci6ov 73 ^ovcd'co 154
294
Registre.
^vyaLva 45
^v(iri 131
tcofiàç 131
^(ùvvvfii, 112, 115, 154,
172 rj^r} 144 i. n. Tjyéo^aL 156, 168, 173 riyôv 156 rjdèJ^cc 200 i. n. jjdoficii 153, 173, 174 rjdog 156 ijdug 181 ^£iQ£ 169 i. n. ^-ô-fioç 169 lî^oç 168 ■^ïKavôe 58 7/it'9'tos 75 ^fia 140, 141 rjjiat 143, 181 ijfiaç 28
r'l^§QOtov 262 i. n. T^fisçoç 144 i. u. 7}(i£Qz6v 81 i. n. Tjjtit 143
ryfti- 144 i. n. 173 Tjfiiavg 286 rj(iœv 140 -TjvsxvCccv 71 1505 169 i. n. ^TTao/itat 158 ■^naç 18, 28, 225
T^QÉflCC 166
'IlQidavôç 56
'//çû) 200
rjaato 155
rjavxoç 144 i. u.
/î'ffto 140
r'jTQiov 260
7j;i;os 164
ryoîs 1691.11.215,219,276
■S^firaffffCi) 1 55
^an£0.181
«•aloç 166
9â(i§og 151
-O-avarog 273, 274
&av£iv 270, 274
'S'KTrrca 158
&ccQVVTaL 266
■9-aVos 129, 263 i. n.
'S'àffffov 157
-^^EOg 81 i. n.
&SQfi6g 76
&éQog 119
■^■f'paos 129
'9'f'ciS 150
^fTÔs 142, 145, 149, 175
&rjy6g 156
'9'/Jycû 153, 155
d'rjèoiicci 169 i. n,
&r}Xéa 166, 181
-&ï]lia 140
&r}awv 140
'd'j^rcôï' 156
•S'Tjîtoov 156
^/Joû) 140
^iyyKVCO 151 1. H.
■9'iyftv 151 i. n.
9ig 133
^v^îTÔg 273, 274
^OLvr} 11
d-OQSLV 266
d'ocrée^ 77
'S'ôçvvuai 266
'9'dmxog 155
&Qàvog 143
■S'çaffiîg 129
&Qfjvog 1G7
■9-çdvog 77, 101
9Qcâvcit, 167
-^ryaT/jo 180, 230
&vQa^ 99 i. n.
-^vm (furere) 261
&corî 287
-^cofio'sUO, 141, 144, 229
&œ^cii 155
•ô-WTrroj 156, 158
&cùvua 100
'9"û)3j'9'eis 155
^wi/> 156, 218
iava 282
ta;^;? 59, 156, 164
r/vvg 221
i'd^at, 71 i. n.
i'â^ju-Ev 71 i. n.
iSybCùv 132 i. n.
i8qv(ù 168, 180
iSvia 233
rffisi' 142
t'Jcû 45
l'/jfti 140, 147
id-vnticov 219
inâvriv 278
j'xTKç 226
tlïjô-i 190
Ltiâtiov 81
ifisr 146
i'fisçog 81
f^ov 234
i|vs 226
lodv8(f>iîg 129
l'o/ASv 127
10 vr- 279
tdtrjç 280 i. n.
i'ovXog (verrais) 117
'lovv 200
'lotpàv 218
t'aâfM 147
ho g 286
t'oTJjfti 143, 147, 184,
ïaxaQ 132 i. u.
ïaxL 226
IcxLOV 226
t'coy/j 155
xayxûAaç 104
Kccittôag 119
-/aiofTo; 119
xat^dg 119
v.uiv(ù 103, 157
HKt'tO 182
■Aâ-Adlov 59, 182 xâXft'9'os 367 xaAfKftos 107 xaitâ 267 x«iov 115 %aX6g 119
238
1
yiaiiâça 119
yiûfiaQOç 'J?!')
Ma'fiKroff -271, 273, 274
v.cc^fLV 274
KcéfiTcr] 119
yiavû^co 101
MKVfyaçog 58, 183 i. n.
yiâiizcù 158
■KKTiva 103
MâTTrov 180
KKQÔLCC 16
>t«9/7 267 i. u. jtapça 288 xaççcoî^ 111
KCCÇOLÇ 15
HaçraAog 101 MorçTo's 14 y.uQxccQOS 17 xa-raçHOfS 224 KÛrijôa 168 xûîTV 102
>ta;^Xa^ra 158, 169, 171 KÛx^^ 101 Mfi'co 127 i. 11. >t£Kadr;(Jïi 166 KStiadcùv 166 jtexâfffif'S'a 178 KSTiacprjcùç 155 jtf'îtEVTat 100 yiéKrjda 154 ■né^qcps 154, 155, 158 îtfHilf^wS 71 i. n. xEHOote 112 KSKOva 103 MfMÛqpK 158 i. n. yisXuLvôç 17 Mf'ifV'S'os 81 •AeXscpôs 81 i. n. ■nslrjg 119 V.SV-X- 76 Hf'jrqpoç 81 K£çafi(3vè 16 i. 11. xéçafioç 180 Mfçorç 220 i. n.
■ASçaGGCiL 271
Registre.
KéçÔLOTOÇ 130
xs'çMog 81 M£(po;Xr; 53, 285 KéxciV(ia 152 «£;i;Aâdo: 158, 169 ■K^ôog 156 xjjdû) 153, 176 KTjKÎca 176 X7J9 16, 224 HTjQÔg 143 x^TOç 156 Hixvç 180 Kivéca 187 i. n KÎvvtaL 187 i. n. Ktxâvco 144 i. n. yn'xrifii 141, 144 i. n. xilfvadjiiï'9'a 129 xi/ji's 101, 169 i. u. 182 -yiXrjTog 271 xAoto'g 101
KXôvig 110, 112, 115 hXvco 160, 161 xXcû|3oç 182 y.Xc6&œ 112, 153, 267 M/lwfio:^ 168 yiXmip 214 Xjtiîjroç 271 — 274 ■uvadâXXëtai, 156 xvr^xds 272 i. n. KVcoSaXov 156 y-vradcov 156 ^vcûTisvg 156 Kvtûip 156 MÔy;i;»î 83 ■AoyXvXcn, 104 xO'9'«ço's 100 xotr^S 113 xotAoyâcrcop 220 xoi|Ltâo^o!i 75 ■noXo-nàvog 263 i. u. 264 ■noXoGoôg 264 xdiv^os 100 v,oii^oXvxrig 261 i. n. xôi'a^os 101 v.ovri 103
2î)5
xôi/ig 99, 108
kÔvtoç 76
xoTrr; 233
Konçog 103
xôjrrw 112, 164, 180
xdça^ 110, 115
kÔq^cc 100
xôp'9^vs 86
xôço-Tj l'il, 253 i. n. 262,
263, 288 Y.0Qa6- 78
■KÔofiog 108, 173, 180 ■KÔxza^og 180 TiôxXog 101 xo;^û)j'/j 279 i. n. y-çâcizog 224, 259 xçatVa) 101 KQcivog 107 xçarrjç 271 xçâricros 130 HQdtvg 130 xçs'ae 53
KQSLGOaV 130
■nçr'j[ivrifiL 168, 173 xçjjftvds 168 xçjjî'jj 101 xçdxos 262 i. n. TiQOKvg 86 KQOfi^og 100 Xçdvoç 101
XÇOTCÔVTJ 101
XQOvvôg 101 xçco^al 168, 167 xra- 21, 23, 274 KTavstv 46, 274 xrao/iat 142 XTfi's 219 xrfçfg 219 xv'xios 99 xvAil 99
xvftarcoy/j 138, 155 Hvvôç 26, 196, 231 Kvvocfôvtiç 76 i. u. xtiçvog 107 Kvav 105, 1'j6, 231
296
Registre.
y.cù7trj 155 Xûjqpo's 164, 180 la§siv 151, 153, 173 Xccyccacat 166 laysivcc 283 Iccyxiiva} 103, 151 Xa&SLV 153 Xâ&ça 157 ^-locxaiva 45 ;ior}tfri' 153, 162 lan§âvco 151, 158 laiiTtrôg 151 ?Mfi,ipouai,' 151 ^av'S-aVco 61, 151, 158 AttTrrvryç 220 lâTtxo) 158 ZaffMû) 159 Aau- 78
lavv.avCri 17, 25, 99 lavxûvri 25, 99 io!;j;£rv 151 Xâxvri 263 XaM 160 i. n. Xéaiva 116 i. n. XiLxriv 219, 229 AfXTpov 133 XsXa^éaQ-ai 154 P.f'Aa'9'oi' 154 XsXccyiovro 154 ^fiay.uta 155 if'A«(j'9'ai 155 XsXuGfiévog 153, 155 ilê'isya 71, 73 XéXsLTCTai 71 it'iryS'o: 153, 154, 155 XiXïi-Au 135, 154, 159 XéXoyaç 73 iltioy;Uû: 103, 151 Xt^tpoç 286 ;i6t;Hr^ 233 XsvkÔç 81 A^yw 166
^Tj-S-co 61, 153, 158 XriCç 181 l^jifia 156
XrjTtTÔg 151, 157 X^çoç 60
X^aofiai, 153, 155 Jjjzûj 200, 2i:-J AriTOi- 200 ^jjTor 200, 214 Xri^po^iai loi, 155 Al/Î6t 161 Ai/îpôg 157 Xi^riv 131, 220, 229 Amiy-ô^f S 18 lî^vT] 33
Xilinâvco 151, 158 Xito^ai 160, 161 Aoy;^»? 103 Aoiyo'ç 83 Aoiuo'ç 75 Xoizôç 75 , 76 Ao|dff 78 lovaov 84 i. n. XvyQoq 157 Av'xog 99 AvfiofiVofiort 75 Ai5fi7^ 75
Av/Livog 115 i. n. Xvnr] 233 i. n. Xv6v.â^£i 84 i. n. Xvxvog 229 i. n. Avco 161, 261 Xâ^ri 155 Acoyaç 156 ^ciôâa 56, 172 (la&Biv 152 ^lâ&og 156 fiaiVo^uai 182 (icdofiai 137, 138 i. n.
|U-0!Xft> 161
ftâîto«cd 155 UK/Cçdç 63, 156, 157 jtià^Aev 157 fiâvâçcc 287 ,uai"&^âv6) 151 , 152
(ICCVTLÇ 182
(iccQvafiKL 266 |U.açrvp 207
(laaâo^ui 61 liàaaov 157 ^âaacû 56 fiaffra^ 99 [iceaxccXri 101 ^azr'jQ 137 fiazCov 142 -/Liaros 23, 272 i. n. fiazvKi 99 uk;^?; 233 i. n. liâxXog 100 uâxoaai 160, 161 uf'yas 53, 54 usdiuvog 80 ftï-^/y 233 ^uï-^r 282 (i8Îœv 130
/LIE^S (<b) 81 (lEfiaKVLCCL 155
fiéfiufiav 270
fiéiiuzov 21
a^iiaviK 21
liéfi^XtTdi, 11
(lëfirjKmg 154
^é^TjXa 169
aéurjva 182
-aïfaj (;mf.) 92, 204
jtifvïrôg 273
(isv&rjçaL 152
-jtifî'o (suff.) 88
[isaôêfiri 233
^istaficûviog 138 i. n.
^szsQQog 46
usr/Joçoç 169 i. n.
^tzQov 142
jLirjKicroç 156
jti^HOs 137 i. n. 156
firyxcov 143, 231
lit^viS 182
UtrîrTjç 61, 65, 230, 232
fi^r/ç 143
Mj^rpM 200
I^WOs^ 60, 156
jHiK 46
fii/nv/joHco 270
(lifivco 10, 11 i. 11.
[iivvç 1/50
fiia&orpOQci 84
(ivr'ifirj 270
(loùog 76
(.lôtiçcov 109
fioAftV '2G5
fiolnîg 85
f.i,6ii,(piç 85
jtiôi'ï'os 106, 114
ju.dt'os 285
fiÔQvufiat, 266
fiôçGifiog 78
ftoçT/j 76
fto'(T;t;os 101
MoùoK 76
ftvxAo's 100
ftwAr; 266, 267
ftûçMog 266
ftvoTa^ 99
(icàiiog 155
-itiâv- (suff.) 131, 219
jiicôvul 285
vai'cû 54
vânï] 2:VS i. n.
vttços 101
vavâyôç 156
î'tt'ùos 54
vav(o 54
o^âo) 54
î;£H£S 219 vénzccQ 210 yÉMVs 133, 199 vévotat 112 i. n. vé^ccç 281 vfoyrôs 228 i. n. vso&riXrjg 156 véo^cii 54 o^Éos 68, 82, 211
vÉTTodas 227 i. n.
vï'cpos 67, 129, 281
vf(0 54
vtÎ'S'co 141
vr^ci 140
l{ef,M8tre.
ï'ïjôg 169 i. n.
vrjOog 101
vriaaci 58, 272
roa 103
v6&og 156
voficcg 156
vo'off 54, 108, 112 i. n.
vôaog 78
vdffqot 179 i. n.
Nôtog loi
j'iJjiTcoç 196 i. n.
vv^icpa (voc.) 93, 135, 217
vvè, 99, 100, 114, 180,
227 vcô 111, 147 vcâycclov 156 ï'M'S^rys 156 i-côrov 105 Ë,(XLVCÛ 181
ItVoç 81
^ôavov 78, 79
6 93
0- 278
o(XQ 218 i. n.
oyxog 104
oyfioç 102, 103, 139 i. n.
odû^oo 101
oôeçog 181
ôdoy's 279
o^og 115
ojos "Jçrjog 103
ojco 96, 115
oO->î 233 i. n.
o^ojxKi 112, 160, 161
otda 71
oi'rj 282 i. n.
OÏHOl 91
o^xog 83 oif.icc 131 oîvog 77 oivcâip 214 otoflCiL 112 oi'ôs 201 5ïs 114, 201 olcnâtri 138 i. n.
207
oloitoit t'i 138 i. n.
oïoTQog 101
oiGva 231
oloivvg 101
oxfog 77
OH- 115
dxro:- 30 i. n.
d'/rco 109, 114, 147
ol^og 103 •
ôAît^cov 130
oXév.Qctvov 276
oXxag 156
oyiciXàg 100
ou^Qog 97, 277, 27H
dfti;j;étj/ loi
ofivv^L 112, 244
OjU-oxA/y 233
éfidg 95
dfiqpa^dç 180
ofaç 104
ov/yTOg 137
ovrjTcaQ 137
ôVofta 97, 99
dîT- 279
dvi!| 97, 99
ovœ 100
d|v's 108
ônâav 109, 114
OTTl^fV 109
OTTig 109
unoç 115
dç- 110, 265
oçyccvov 79
dçyj^ 263
oçyvia 207
ôçïoqpt 216
dç'9'ds 263
OQKÛvr] 79
oçvig 115
OQVviii 266
dçdôauvog 264
dçdg 83
OQTll,^ 167 oççoÉto) 73 oççog 115
298
Registre.
èçQCûSstv 104
oçao 253 i. n. 265
oçao- 262 i. n.
èçcpccvôç 115
'OçcpEvç 262 i. n.
ôocpvi] 77
oQxcifiog 103
éç^éofiat 262 i. n.
OQXiÇ 262 i. n,
ooLOç 279
offffs 97, 114, 225, 226
ècarjti^Q 109
oozacpîg 101
ôcrf'oi' 225, 226
oGTLvog 226
oatQSOv 226
orios 228 i. n.
ozza^og 180
ouS-aç 18, 225
oviafio's 75
ovXoç 263
ovçttî'ôs 181
oupo? (ventus) 101
ovç 114, 224, 225
ovGÎa 45
oyTâû) 101, 138 i. n.
oqotS 277, 278, 279 i. n.
oqp?.ot 228 i. n.
oxcivov 79
6xé(o 73, 129
o;i;'9'£û} 103
oxiia 131
o;KOe 129
ô> 97, 203, 214, 217
nuysQÔg 157
Tiad-eîv 20, 24, 61, 103,
152, 279 i. n. Tiâd'og 129 i. n. Trat"? 101 îraxrôû) 157 TiaXâiit] 2G7 TraAûoçcoç 78 jraij'vroroç 85 nàfia 137 Trarôaittârcoi? 273, 274
7tccvdrj(i£t 91
nccofiat 119 i. n.
Traça 107, 111, 267, 268
TiccQa^XcùTp 214
Traçai 268
Traça^É^oiLiat 129
Traçaûa 114
Traçrytof 114
TcccQ&évog 101
Trâçog 267
Uaççaoîa 34
Tràç 119 i. D.
TtdcGxoii 61, 152
nazâçu hb
Tiaz/jQ 175, 180, 230 i. u.
nâzoç 24
irarpâfft 18, 209
nazQOKzôvog 85
TrarpcxTOVoç 85
Uazçâ 200
Ttarçcûv 209
Travçoç 60, 181
Tra;jjt;g 23
nèâri 233
nèdov 81
TCÊvquQ 221 i. n.
TTf'iacffat 271
Tr£^6'9'og 81 ). n.
TtèX^v.vg 133
TrfAffitJo) 267
TrEA.tds 105
Ttslfia 132
TTSiÔg 81
Ttèaitzoç 32 TrfV'S'os 129, 152
'TtîvZB 31
TTfVT/jHOvra 143 nfTtayotrjv 154 TTfTra'ô'ura 22 nSTlUQtLV 101
TCfnuQufvog 12 nimiaiiai 71 TrîTrr/ya 154 TrfTropaofif'voç Kll nhnoc&f 22
TiSTtoaxa 103 nénoxai 149 TrETrtTjûjg 140
7l£7IZ(ûy.CC 140
Ttènav 219
néçacai 266, 271
Trfç-/iroç 17, 81
irapxog 81
7csQvr](iL 266
néçça^oç 46
IIsQcécpazza 203
TTfv^Tjv 219, 229
Ttsv&oiiai. 67
TtsvKri 233
Tiécpavzai [cpsv) 21 i. u.
Ttécpazui 21
nécpsvya 71 i. n.
TTf'qpjj 148
TtécprjVa 154
TtEcpriaezai 148
nriyiicc 156
ni'iyvvfii, 59, 152
Tr>j-/tTÔg 157
Tr^fia 144 i. n. 152
TT^Iai 152, 155
7rr/|û3 155
nqqôg 60, 181
TT/Jcaç 152
nrjGOfiai 152
Trr/TTOO 158
Tr^;i;ug 96, 173, 199
jrtxçôg 157
nîunXa^EV 13, 253
îriVco 180
nmÎG-Kw 180
nÎTtTùo 11, 140
TtÎGziç 230
TiiqDavffy.û) 182
nicpçcîvccL 13
Trt'fov 219
TrAârt'ov 271
Triatvg 16
Ttls&QOV 16
Trifû/ticov 132 TT^fuçâ 132 i. n.
Registre.
299
7tXr]o^v 1()9 I. D. nlrjaîov 271 nXôyia^oç l'> TtXovtog 70 nXâco 07
7rod-97,134,2i;{,2ir)/217 noQ-oç 103, 279 i. n. Ttoiiiccîva 45 noifir'jV 131 i. n. 22(t noi^vi] 33 noîfiVLOV 45 i. n. jroiv»? 74, 77, 7S, I3.s
TTO^lÔç 105
7ro/l<s 204 n6Xv§og 213 îrdivï'Tço: 100 i. n. nolvQQrjV 190 TToAûg 204 ■!tolv(pâvoç 138 i. n. Tià^ci 137 jro^qpô^vl 204 TTOTravor 79
TlOQSiV 205
TidçHOS 110, 115 TiOQvâfiev 200 jréçvTj 78, 266, 272
TtOQOVTBÇ 207
TTOçTiaë 107
nôççcù 111
noçxL 111
jrôçrtg 203
îTOçqpûpci) 266
rioasiôâcov 227
3rô()'9^(j 110
TTOOts (coujux) 96, 97, 98,
114, 227 Tzôaiç (potio) 150 nôxEçog 89, 94 TioxriQiov 1S7 TIOTL 113 3rÔTfi.os 74 TTOTî'tor 227 TTorôç 149 ■novç 213 jrovs (puer) 101
7iQCiv.v6i; 17
TtQKGOV 17
TrçKrôg 271, 272 Trpfiyfuravs 40 nQrjv^ç 107, 207 i. n. nçô^aaiç 180 TTçô/Jaioi' 114, 180 TtQÔaao) 111 TrçoffojTraro; 29 TTçort 111, 113, 114 TiQÔqiQccaaa 29 tiqÔxw 221 Tcpcôtoç 203 7rça)"/tiOç 262 i. n. TIqcotsvç 150 nzaÎQco 103 Trray.wj' 153, 285 7iTriË,ai 155 7rr>;()ff(u 153, 157 nxoCu 101
TTTOitTTOÇ'S'OS 85 i. II.
TixoQQ'og 101 ^rrdçjLios 103 nxà^a 140 i. u. TrTû)^ 150, 218 Ttxâaiç 140 i. u. nxaxôç 155 TTvyurJ 229 i. n. nv&iirîv 131, 220, 229,
232 Ttvlr} 99 Trvfiaros 110 Ttvv&âvofiai, 151 TTvrôç 110 TTMjtio: 137 Ttwg 213 çayéi'S 166 Qayrivai 167, 180 QCi)f.xoL 17 i. n. ^âficpog 99 i. n. çâva 190 i. n. QKTILÇ 101
^aTrrai 17 i. n. qÛtcxco 58, 103, 280 Qcccpr'i 233
(îf-ytvg 100
(>è^o) (tingere) lOfi
çéfi^oç 81
^Tjytvç 106
QTiyvvfii 153, 100 i. 11. 107
Qfjyoç 100, 173
Qr'ixoiQ 144 i. n.
yoytûç 100
Qodov 97
(îé'9^os 101
(îôuog 18
QOficptvg lo;i, 285
^doç 80
QonaXov 101
pOTTTpOV 133
Qocpîca 74
^vy;i;og 99
Qcoyaltog 1(J7 i. n.
Qooôiàg 264
pw-S-vvïS 99 i. n.
çw'^'cûi' 104
Qcôoficci 153, 109
çax^ôg 107, 229
çûji/; 214
ffây/j 233 i. u.
aaîça 181
oanïjvaL 153, 154
aunçôg 56, 157
caTTCo 157
Cttujto's 286
etïuffaçôs 69, 84, 183 i. n.
286 aéçqiog 81 aioccQVia 155, 181
Gioi]7Ctt 154
(jr/_ua 137, 147 a/i'jrfo 153 a/aAov 286 OJcaA^jx'di loi crxaA/lco 181 onânTco 158 ov-fP-fTOS 271 Gnénri 233 cm/jvtJ 101 ax/Jjrrtu 158
300
Registre.
a-Ki^ncùv 60, 231 ayiÎQOv 113 a-Klrjçôç 271 OKOiôç 101, 112 OKohôç 101 OTionéo) 73
OKOTO^y'vLoç 120 i. n. OKÔtoç 101, 112, 120 i.D.
129 6%cùlriË, 167, 181
CKÛJWTÛ) 158
cy.cùQ 225
6K(6^p 214
GnàSiË, 138
aucùvi] 138
eoùrat 127 i. n.
(Toqpo's 103
OTtâviç 142
(77ra())'âco 103
OTtaçèad-ai 46
ffjraçvo's 229 i. n.
anâçrov 14
cwaproç 14
cnaxClri 138 i. n.
(T7rtï"9'/2() 220
0;rAay;^i'OZ' 180
ffîToçag 156
GTtoçyKÎ 103
arâXaiç 15
CTKCtç 150
ffraro's 136, 149, 175, 180
(Jrauçôg 54
GTsyt] 233
OTsyco 168
otiviov 81
CTSvoç 81 i. n.
ZTf'vTcoç 80, 132
Ctsvtai, 127
otécçccvoq 79 ,
-arrinu 137
CTryfiWï' 136, 137
Grij'cœ 137
ort'^os 228 i. n.
Gxiyiiri 229 i. u.
Gzîxfiv 161 oxî%oç 228 i. n. eroç- 111, 263 i n. 265 GtoQvv^t 266 aToj;og 279 i. n. ctça^ôg 228 i. n. (îrçayyôg 101 arçâvog 260 (jTçoyyûAog 101
OTQOTtCC 100
arçoToç 100 crçôqpiS 85 CTça^ivri 266 crçcoros 260, 263, 266 OTvy^iv (aor.) 161 crcôfirl 138 -av (suff.) 286 av^ârrig 137 Gu'jvl 202
OVflTlCù&L 190
aqxi^cû 157 Gcpaçayéa 267 ffqDS^afdg 138 cqpo^ço's 138, lo7
Gx^fioc 140 (>;fO,lr] 103 ffcoçôç 181 cwTfç 214 rayôç 156, 158
TUKBQÔg 157
rwM^vai 154 rail- 107, 268 Tttila- 267, 273 raXciLTiwQog 181 ra^iaîv 269, 274 -ravo (suif.) 275 râvvtai 22, 244 TKvv- 275 TccQ^écû 107 raprôv 229 i. n. TaçGÔg 228 i. n. xaQTrii^LÔQiov 17 Torçipvg 50 Tficco) 1 58
-TâT (suif.) 285
xaxôg 23, 272 i. n.
xcccp^tv 151, 161
Torqo/J 233
Tajjv's 157, 181
Ttyoç 168
r£%'u7.vLa. 155
xé&rjHu 149
T£>>}ia 181
xé&r]na 151, 154
xi&va.iLSv 273
TE'S'î'ïjcdTo; 169 i. n.
xé&Qafi[iNi 50
Tf'O'coy- 155, 159
Tfide 91
xsifiT^ 75
T£tos (cret.) 119 i. n.
-ratça (suff.) 212 i. n.
xsiQco 157 i. n.
xeiGai 74
xEixog 129, 151 i. n.
xi-iijiaQ 28
xéyivov 77
TEXTaiva 45
Tï'xrvvfg 98
Taiafiû)!' 131, 266, 270
xélocGGcti 266, 273
xsIgov 81
xîuaxog 266 i. u. 269,
271, 272, 274 xéfisvog 266 i n. 274 téfiffiai 118 i. n. xÉvayog 273 Tfi"9'9J;j'ry 167 -t£0 (suff.) 207 reçàficov 131, 266 xéçetivov 88, 266 xéçsxQOv 266, 271 xeQ^GGSv 266 Tf'çryv 219, 229 -T£ço (suff.) 89 Tf'ffffapfs 53, 119, 210 tsxÛQTCtxo 11 TfTttrai 21 *xfXfKa(iBv 71 i. n. 134
Registre.
301
TST8VXCC 71 i. n. xttrj-Ku 154, 159 rézXafiBv 12, 14V)
TEtflSLV 74
TStQuîvca 2GG
xéxvy^ai 71 i. ii.
xsxvr] 77
xécpça 111 i. n. 277 i. n.
TJj'9'os 156
xrjtirôg 157
rryMCO 63, 153, 163
rrj^co 155
Ti'S'aods 142
xt&f(isv 142
Tt'S'Tyfii 140, 143, 147
xtvvxccL 244
xirccCviù 45
riTQwaKM 266
T^^'S't 190
rilij'fAcov 137, 270
TfiayEV 153, 154
x(ir,YCù 153
T/iTjro's 269—272, 274
x6 92
TOI 93
TOi;i;oç 80
xokÛç 156
TOfos 80
xô^ov 78, 108
tôçyoff 262 i. n.
xoQ£îv 265, 266
xoQiiog 74
XOVXÊL 91
xocpicov 111 i. 11. Tçâvrjs 267 i. u. rçâîTS^Ob" 17 XQucpsîv 50 Tçaqpû) 55 Tça;i;co 55 xçrjzôç 271 Tçicéxoî'Tû; 278 TçiaHOffro's 278 i. u. xQtTtog 213 Tçt;fai.Kfi,' 69 Tço'vog 262 i. n.
xQonto) 74
XQOcpig 85
XQVcpr'i 233, 277 i. n. TÇûjyco 163, 180 XQcovvvœ 244 xQWTc✠165 i. n. 214 T(){oaj 263 TtJHfll' 161
xvAOç 228 i. n.
vâlrj 117 i. D.
■uytjjS 212 i. n. 280 i. n.
vô(ù 280 i, n.
vàcoQ 225
vXâa 60
Vft/jv 131
vfivog 34
VTra 102
vnéQ 89
'T/rfç(3ôçfioi 264
VTCiQoôïov 282 i. n.
vjrvog 77
VTtô 102
vjrddpa: 16
vçfiyaAt'ov 167 i. n.
vafiLvrj 131 i. n.
vx&ôv 280 i. u.
9ay- 83, 96, 116, 154,
161, 173, 177, (pocysiv 154, 161 cpâia 169 i. n. 182 cpa(iév 146, 147 cpaçôa 107, 268 qpapt^yl 267 cpâçw 55 qxiaKCo 149 cpâxig 150 -qparoç (qof»') 23, 272 i. n.
277 i. n. cpaxôg (qpâ) 149 qpaùos 154 cp£i,S6g 286 qpÉçicroç 130 cptçfitov 75 qpfçr;] 77
CpfQxÔ^ 1 l
iprifia 137
qjr/ftjj 138
9)r/ftt 146, 147
qprjffo) 137
-(prjxwQ 137
qj'S'âjiifX'os 146
-qp'9'apTOS 14
qp'S'étçco 157 i. n.
(p&i'iaoncit 137, 143
rp&ôr] 112
qp'S'ôffie 112
qpiA/JçtTfiog 165 i. n,
(plaàtcv 161
«^Aï'yvç 18
cpléycù 173 i. u.
qoilo'l 217
cpo§s(a 73
qpoiJ'tHaï's 4:0
qpoivôs 78
90^05 164
cpOQ^v 86
(poçécù 73
«jpdçfiiyl 85
^^oçcovfu's 264
cpçaaî 26
^çâxrjQ 230
qDç/ïv 26, 219, 229, 288
(jDçôî'ts 85
«jpçoi'Tis 76 i. u.
(pv- 261
qouyTj 233
cpv^ig 230
cpvça 266
qpoiyo) 110, 115, 153, 163,
164 cpcâ^a 153, 157 q)(ùvij 138 qpûjç 214 j;ajm 157
Xâlatci 263 i. n. 268 Xa^ccL 93, 101, 275 j;Qfvdavci) 151 xâog 54 ;i;açj[ioy;) 88 i. n.
302
Registre.
xâcyitù 60 %ccTL^ai 150 xâxLç 150 1CCVV0Ç 54 Xeiri 102 i. n. XSLQ 227 %eùooit,ai 151 ;(;£Avs 133 %èQ60s 14, 81 ;ï«'cûv 101, 218 iCXioi 81 -;[t|U.os 229 Xiâv 212, 218 j;^£i;j? 233 xXiÊqôq 55 ;^iovï'jjs 262 i. n. %6avos 79 j;ô^ai'oç 79 Xolâç 263 i. n. 264 XOÎqoç 262 i. n.
jjoXtÎ 115
XoqSri 262, 263 i. n. 264
XÔqiov 264
;i;(>9T0S 76, 77
Xovç 217
XQccLvcû 264 i. n.
;fçâoj[iai 142
XQCcvco 182
jjçdfiiç 85
;^çu()ôx£çwff 220 i. n.
XQvaoQccyèç 166
XQvaog 263 i. n. 265
XQCûfia 264 i. n.
;^9a)ç 264 i. n.
Xvn.6g 131
Xcôoiiai 158, 173
;tco>a 138, 156
tpcilv^ 267
i/)ïi;dr?s 129, 201, 220
il>^X^ 1^^ i/)ii(îç)()bî 157 i/jtofioç 138 xpcûQcc 138 ipàxos 155 i/>û);|;ûj 155 i. n. w^a 282 i. n. (Bdi's 168 œ^f'o) 112, 164 coKvg 108, 156, 172 coiEîtçaï'ov 276 mXèvr] 276 {oiirjarr'iç 168 côjiios 155, 172 to/Lios 104, 115 mv7]aa 187 (Bvoç 78 àxsiXri 138 i. n. cô;f90s 156, 157.
RENVOIS.
Lat. sanguis 28 i. u. 225. Skr. sasavdn 22, 35.
Errata.
p. 17, 1. 5 dV'ii Iniut, |
lire |
fornus au |
lieu |
de * fornus. |
P. 20, note 3, |
— |
la « vriddhi » |
— |
le «vriddhi |
P. 22, 1. 16 d'en haut, |
— |
Qtn^ai, |
— |
Qnuai. |
P. 28, 11. 2 et 4 d'en bas. |
— |
nfiocQ |
— |
ïjftCCQ. |
P. 61, 1. 6 — |
— |
vieux latin |
— |
vieux-latin. |
P. 65, 1. 7 d'en haut, |
— |
sv'ôtja- |
— |
svdtya-. |
P. 70, 1. 4 — |
— |
intimement |
— |
intimement. |
P. 79, 1. 1 d'en bas, |
— |
la règle |
— |
le règle. |
P. 86, 1. 12 — |
— |
(p^Q§ |
— |
cpéQ§. |
P. 92, note 2, |
— |
dilFérentié |
— |
différencié. |
P. 107, 1. 7 d'en bas, |
— |
allusion |
— |
allusions. |
P. 113, 1. 2 d'eu haut, |
— |
châyà |
— |
cliâyà. |
P. 125, 1. 1 d'en bas. |
— |
veut |
— |
veut. |
P. 166, 1. 3 — - |
— |
rac. X.r|Y, gi". Iriya |
— |
rac. \r|Y. |
P. 207, 1. 5 — |
— |
yantur |
— |
yantur. |
P. 228, note, |
— |
àzaQTiôg |
— |
àrçanôç. |
P. 229, 1. 8 d'eu bas, |
— |
196 |
— |
195. |
P. 254, 1. 8 — |
— |
çro |
— |
çrô. |
P. 256, 1. 10 d'en haut, |
— |
ûti |
— |
ûti. |
P. 272, 1. 4 d'eu bas, |
— |
*gno |
— |
*gno. |
V
UNIVERSITY OF CALIFORNIA LIBRARY
Los Angeles This book is DUE on the last date stamped below.
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1979
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