vw. FN re LH) "RE 4 MÉMOIRES 1 DRE LE SOCIÉTÉ NATIONALE © DAS SGENCES NATURELLE ET MATHÉMATIQUES | DE CHERBOURG FT c. à cA LP 7. = « F & 7 Le » Al | s'U es: FX > “ CN LL a fe © REX re * ARS, ” AU AE HE D ROES, ù y ÿ + }\0 2 SE à La Société nationale des Sciences naturelles de Cher- bourg, fondée le 30 Décembre 1851, a été reconnue comme Établissement d'utilité publique par Décret en date du 26 Août 1865, et par Décret du 410 Juillet 1878, elle a été autorisée à prendre le nom de Société des Sciences naturelles et mathématiques. pol 2 MEMOIRES DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES SCIENCES NATURELLES ET MATHÉMATIQUES DE CHERBOURG PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE Mr. AuGustE LE JOLIS, DIRECTEUR ET ARCHIVISTÉ-PERPÉÊUEL,DE LA SOCIÉTÉ. TOME XXI. | (TROISIÈME SÉRIE. — TOuE I). PARIS 3. B. BAILLIÈRE er Firs, LIBRAIRES, RUE HAUTEFEUILLE, 19. CHERBOURG CH. SYFFERT, ImP., RUE THIERS, 7. 1879, u SUR LA à FONDATION DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG 1686, — 1739 à 1743, — 1758. NOTES ET PLANS PUBLIÉS PAR NE'. le Dis A. pr CALEIEGNY Correspondant de l’Institut ET RE HE, BERTEN Ingénieur de la Marine, Membres de la Société, LG ES ds— La création de l’ancien port de Cherbourg, et, en par- ticulier, la fondation de l’écluse, dont la première pierre | fut posée en 1739 par le Directeur des fortifications des | Haute et Basse-Normandie, Louis-Roland Hüe de Cali- | gny (1), sont au nombre des œuvres qui ont fait épo- que dans l’art de créer les ports à bassin de flot et dans celui de substituer les maçonneries sous-marines (4) M. de Chantereyne, dans son Histoire de Cherbourg, manu- | serit qui est conservé à la bibliothèque de la ville, a consigné la date exacte de cette cérémonie, 29 mai 1739. Cette histoire, et celle de l’abbé de Mons, nous ont fourni quelques renseigne- ments intéressants, ee 6 SUR LA FONDATION aux constructions en charpente; la grande place que tiennent ces travaux dans l'Architecture hydraulique de Belidor (1) montre l'attention qu'ils ont excitée parmi les contemporains. Une note indiquant en détail les princi- pales dispositions suivies, appuyée sur des pièces authen- tiques, accompagnée des plans originaux et inédits de l’auteur du projet, peut done offrir un vif intérêt pour les personnes qui s'occupent des constructions à la mer. La Société des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg accueillera sans doute ces documents avec d’au- tant plus de plaisir que la courte période de 1739 à 1743, très-peu étudiée dans les ouvrages publiés jusqu'ici, tient une place capitale dans l’histoire de la ville. C’est le mo- ment où l’ancienne petite ville de Cherbourg, connue seu- lement jusque-là dans nos fastes militaires, passe à l’état de port commercial et militaire : événement considérable pour la Marine, dont l'importance a été rehaussée par les grands travaux qui suivirent la première entreprise. Un motif tout particulier, s’ajoutant aux raisons géné- rales d'ordre scientifique, invite à la publication des mé- moires et plans relatifs à la création de l’ancien port. Si tous les auteurs, depuis Belidor en 1750, jusqu’à M. l'In- génieur Dufresne en 4842 (2), ont rendu pleine justice à des travaux en leur temps cités comme un chef-d'œuvre, (1) Voir surtout, dans le tome LIL, les chapitres 9, 11, 13 et La planche 26 du livre premier, ainsi que le chapitre 8 et la plan- che 51 du second livre, et, dans le tome IV, le chapitre 3 et la planche 8 du troisième livre, le chapitre 10 et la planche 54 du quatrième livre. (2) Mémoire sur la restauration de l’écluse, publié par M. Dufresne dans les Annales des Ponts et Chaussées, année 1842, premier semestre, pages 91-117. Dans la Notice sur le port de Cherbourg de M. de Saint-Amant (1877), il est rappelé seule- ment que le port a été créé par le Génie militaire. “RES. ie d DA L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 4 is ont presque tous négligé de rappeler le nom de leur premier auteur. Il faut, pour connaitre les services ren- dus à Cherbourg en même temps qu'aux autres places de Normandie par les Ingénieurs de Caligny, avoir recours aux écrits militaires du Colonel du Génie Augoyat. La publication actuelle achèvera de prouver que la ville de Cherbourg a accompli, à cet égard, un acte de justice réparatrice, en donnant le nom de Caligny, au quai prin- cipal de son vieil avant-port (1). Vauban prépara les destinées de Cherbourg, en assi- gnant à sa position une valeur supérieure à celle de la Hougue (2); mais, dans le projet de 1686, auquel était joint le plan signé de sa main que l’on conserve à l’Hôtel-de- Ville de Cherbourg et qui est reproduit PI. F, il s’était moins préoccupé de la création du port que de la défense de la (4) Décision prise par le Conseil municipal dans la séance du 14 février 1865. Le portrait de Louis-Roland de Caligny, qui existe au Musée de Cherbourg, a aussi reçu une inscription rap- pelant son titre de fondateur du port. Une note publiée en 1868 par la Revue maritime indique les principaux documents relatifs à la création du port. M. l’Amiral Rigault de Genouilly, alors ministre, a répondu dans les termes suivants à l'envoi de cette note que lui adressait M. le Marquis de Caligny : « Cette note me paraît donner une idée fidèle de la » correspondance de M. le Chevalier de Caligny avec le Maré- » chal d’Asfeld. Son insertion dans la Revue rappellera le nom » du véritable fondateur de l’ancien port de Cherbourg. » M. Le Jolis a coopéré activement aux mesures prises pour rappeler à Cherbourg le nom des Caligny ; il avait déjà si- gnalé quelques-uns des documents existant à Cherbourg, qui sont cités dans la note de 1868. M. de Caligny saisit cette nou- velle occasion de lui témoigner toute sa gratitude. (2) La création d’un port à Cherbourg était étudiée dès 1665 ; dans un mémoire rédigé à cette date, dont copie existe au Dépôt des fortifications, le Chevalier de Clerville signale les difficultés de cet établissement. 8 SUR LA FONDATION ville. Il était vivement frappé des avantages qu'offrait la situation la plus avancée que nous ayons dans la Manche, et il les faisait ressortir clairement, dans son grand mé- moire, dont nous donnons, pièce n° 4, une analyse éten- due renfermant tous les détails relatifs aux établissements maritimes par lui projetés ; mais l’homme de guerre voyait, avant tout, le danger de laisser exposée aux entre- prises de l’ennemi, l'extrémité d’une presqu’ile très-diffi- cilement accessible à l’armée chargée de la reprendre (4). La manière même dont il fait valoir les avantages signalés dans son projet, au point de vue de l’amélioration du port, montre qu'ils ne tenaient dans sa pensée que la seconde place: « La fortification par les eaux, dit1l, doit réussir « à donner une excellente disposition pour la marine. » Aussi le tracé des bastions, des courtines et des fossés tient-il sur le plan la place dominante; dans le devis des dépenses, sur une somme totale de 2102409 livres, il y en a 502960 seulement pour les jetées, les quais, l’ap- profondissement du chenal et les moyens de curage. Le projet de Vauban intéresse surtout l’art des fortifica- tions et l'emploi de l’eau pour la défense des places ; on n’y compte pas moins de douze écluses, sans compter, ni la grande écluse de navigation de 32 pieds de large, ni les écluses de chasse du pont entre Cherbourg et Tourlaville. Le port devait se composer principalement du bassin de retenue, situé en amont de la grande écluse et en aval du (1) Il estintéressant de rapprocher de l’avis de Vauban, celui du Maréchal de Matignon.Ce dernier,dès l’année 1862,sous CharlesIX, indiquait au conseil de régence l'importance de Cherbourg dont il avait, dix-neuf ans plus tôt, restauré les fortifications, et il insistait sur la difficulté qu'il y aurait à le reprendre, si les An- glais s’y établissaient après avoir rompu la chaussée des ponts d’Ouve. sd à h tt = - Lente ts à, 1 he, td DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 9 pont, dans lequel la profondeur d’eau devait être de 43 à 46 pieds seulement selon la marée (1), sur une étendue capable de contenir une quarantaine de navires du port de 3 à 400 tonneaux ou autant de frégates. Le chenal en aval de l’écluse aurait pu recevoir quelques vaisseaux du port de 5 à 600 tonneaux, mais en petit nombre, car, à vrai dire, l’avant-port n'existait pas ; il n’y avait qu’un long goulet, resserré entre deux jetées distantes l’une de l’autre de 20 à 32 toises, avec un renflement à peine accusé, au- dessous de l’écluse, ainsi qu’on le voit sur la PI. I. Le tracé des jetées était visiblement inspiré par celui des ports de Flandre. Les réminiscences des constructions flamandes et hollandaises se retrouvent également dans beaucoup de détails de construction, particulièrement dans l'emploi de fascinages et de jetées en charpente, et dans l'adoption de radiers de bois avec planchers calfatés, ou, à leur défaut seulement, de radiers de pierre en forme de voûte renversée. Nous renvoyons à Ja pièce n° 4 pour la disposition des ouvrages, sur lesquels on ne possède aucun plan de détail, et nous ferons remarquer, à titre de curiosité, le moyen de creusement consistant dans l’em- ploi de bateaux plats échoués sur le fond, qui, entraînés par le courant, devaient pousser le sable devant eux. En 1686, il était permis peut-être d'espérer achever à loisir les nombreux travaux de défense entrepris par Vauban pour couvrir les frontières obtenues au traité de (1) Vauban suppose, dans son Mémoire, qu’à Cherbourg la marée ne monte en vive-eau que de 14 à 15 pieds. En réalité, les marées hautes moyennes de vive-eau montent de près de 18 pieds (5m 766) au dessus de la marée basse. La différence entre les hauteurs maximum atteintes en vive et en morte-eau est de plus de 5 pieds (1" 66); elle est donc supérieure à ce qu’indique aussi Vauban. 10 SUR LA FONDATION Nimègue. Si des dangers futurs en Flandre et sur le Rhin étaient, dès lors, à prévoir, puisque la ligue d’Augsbourg fut conclue, cette année même, à l'instigation de Guil- laume d'Orange, et que la reprise de Bude par le duc de Lorraine présagea la fin prochaine de la diversion faite par les Turcs en Allemagne, nos frontières maritimes, du moins, paraissaient en sûreté pour longtemps encore. Aucun motif d'intérêt direct ne poussait l'Angleterre à mo- difier son ancienne politique, et les tentatives d’Argyle et de Monmouth n'avaient pas ébranlé le trône de Jacques I. Mais les événements qui se pressent rendent ici pres- que dramatique l’histoire des premiers travaux de Cher- bourg. L’enceinte de Vauban a été activement poussée; en automne 1688, les bastions sont élevés jusqu’au cordon; on a même déjàétabli les casemates, dont une, marquée 33 sur la pl. I, sera conservée et servira plus tard de corps de garde et de magasin à poudre, d’après un plan de 4781; encore cinq ou six mois de travail, et Cherbourg sera en état de défense. Mais la révolution d'Angleterre a éclaté; la guerre est partout; un brusque revirement de Louvois fait disparaitre, avec la nouvelle enceinte, les vieux murs sur lesquels étaient écrites les annales de Cherbourg (4). Les travaux du port, du moins, n'avaient pas été com- mencés. Vauban ne revint à Cherbourg, en 1694, que pour y raviver ses regrets au sujet de la mesure désastreuse qu'il avait blämée, et pour faire de nouveaux projets, M. Le Peletier, Directeur-Général des fortifications, affirme, ans un rapport écrit en 1700, qu'il en a coûté, pour démolir, au- tant qu’il aurait fallu pour tout terminer. Il est cependant juste de tenir compte, de ce que le port était la seule fortification du côté est de l'enceinte, et qu’il restait entièrement à faire. Led DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. A1 qui intéressent l’histoire de la rade et du port militaire actuel, mais qui ne pouvaient que détourner l'attention du port à établir sur la Divette. Des motifs impérieux d'économie ne permirent plus, d’ailleurs, durant un demi- siècle, d'entreprendre aucun grand travail, ni sur la Divette, ni ailleurs. La pensée d'améliorer le vieux port ne fut cependant pas abandonnée, et quelques ouvrages furent faits, sur des emplacements où bien des générations paraissent avoir travaillé à redresser ou à maintenir le lit capricieux de la rivière; c’étaient des jetées en pierres sèches repré- sentées pl. IT, et destinées à être reconstruites dès l’année 4738. Les deux plans dressés, en 1715 et en 1723, par Hercule Hüe de Caligny de Langrune, alors Di- recteur des fortifications de Normandie, sont surtout intéressants, pour se rendre compte de l’état des lieux avant le commencement des travaux, que nous avons particulièrement à étudier. En 1728, Louis-Roland de Caligny remplace son frère Hercule à la direction des places et ports de Normandie. Dés 4731, il adresse au Maréchal d’Asfeld, Directeur-Général des fortifications, le mémoire formant la pièce n° 2, qui renferme tout le projet de l’ancien port de Cherbourg, tel qu'il devait être exécuté dix ans plus tard (4). En 1736, il a fait sur les lieux une étude approfondie, prati- qué des sondages, corrigé les devis de dépense; il adres- se alors au Maréchal la lettre pressante du 20 juin, pièce n° 3, dans laquelle il rappelle un projet envoyé en 1734. Cette fois, il obtient gain de cause, du moins en première (1) La correspondance de M. de Caligny avec le Maréchal d’Asfeld au sujet de la création du port de Cherbourg a été publiée en 1869 dans les Mémoires de l'Académie des sciences, arts el belles-leitres de Caen, sans les plans relatifs au projet. : - 19 SUR LA FONDATION instance, comme on le voit par une longue note écrite de la main du Maréchal d’Asfeld entre les lignes de cette lettre, dont les passages les plus lisibles sont réunis dans la pièce n° 4. En 4737, il n’y a plus à discuter que des questions de détail, qui font l’objet de la lettre adressée le 46 août au Maréchal d’Asfeld, pièce n° 5. Une lettre du Maréchal au Comte de Maurepas, pièce n° 6, nous montre ensuite le projet approuvé par le Roi, et les fonds préparés pour une dépense totale estimée à 553314 livres (voir, pour le détail, l’état annexé à la pièce n° 2). En 1739, le projet est à la veille d’être mis à exécution; les derniers points controversés sont traités dans les deux lettres de M. de Caligny qui forment les pièces 7 et 9, et dans Ja lettre du Maréchal d’Asfeld, pièce n° 8. Le Maréchal, après avoir élevé diverses objections, finit par se rendre, et accepte toutes les propositions du Pirecteur des fortifications. Cette correspondance prouve quel 1nté- rêt Louis-Roland de Caligny portait à son entreprise, et combien il avait hâte de voir son projet recevoir un com- mencement d'exécution. L'impossibilité d’obtemr en 1736 un crédit de 60000 à 80000 livres, jugé nécessaire pour attaquer les travaux, montre combien étaient grands les obstacles d'ordre financier, indépendamment des difficul- tés techniques. Les planches IT, IV, V nous donnent les dispositions ar- rêtées au moment où la première pierre va être posée. Le plan d'ensemble, pl. IIT, ne représente point l’état définitif prévu pour le port, ainsi qu'il est facile de le reconnaitre à première vue, etcomme cela est clairement exposé dans la pièce n°7. C’est un plan relatif à l'emploi du crédit demandé de 553,314 livres ; il doit être bientôt suivi de plans plus complets ; mais il fixe déjà tous les traits généraux de l'établissement projeté, et permet d’appré- DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 13 cier la conception générale de l’auteur. Les planches IV et V donnent les plans de détails, joints à la lettre du 2 avril, pour la construction de l’écluse qui était la pièce maitresse de l'entreprise ; nous reviendrons plus loin sur la disposition du radier; quant aux avant-radiers, la planche V les indique comme faits en maçonnerie et maintenus par un grillage en bois et des pieux ; du côté de l’avant-port, l'avant-radier est précédé lui-même d’un faux radier en clayonnage tenu sur des piquets. Le plan général ne paraît avoir rencontré aucune objec- tion. Remplacer par une écluse unique surmontée d’un pont-tournant, la grande écluse et le pont éclusé de Vau- ban ; en amont de l’écluse, avoir un bassin régulier qui, ne rencontrant plus l'obstacle de la vieille chaussée, peut s'étendre selon les besoins du côté de la vallée; en aval, établir, au lieu d’un simple chenal, un avant-port spa- cieux approfondi à l’aide de chasses bien entendues, tel était ce plan, simplement et sagement conçu, -que nous représente, presque dans toutes ses parties, le port de commerce actuel. L'approbation fut universelle ; la mo- destie, avec laquelle l’auteur parle des perfectionnements apportés au projet de 4686, n’empècha pas d’en apprécier la valeur (1). La profondeur du port, à peu près imposée par celle du chenal de la Divette. à une époque où l’on n’avait pas (1) Les bourgeois de Cherbourg, comprenant l'avenir ouvert à leur port par les travaux projetés firent, en cettecirconstance, une proposition bien remarquable pour une ville de 4 à 5000 habitants, que nous connaissons par la lettre suivante du Maré- chal d’Asfeld à M. de Caux : « J'ai recu, Monsieur, votre lettre, « par laquelle vous me marquez que, par l’utilité que les habi- « tants de Cherbourg retireraient du rétablissement de leur port, « ils en auraient volontiers fait la dépense qui, suivant l’estima- 44. SUR LA FONDATION les moyens d'exécuter de grands draguages mécaniques, était celle que Vauban avait prévue; en marée de vive- eau ordinaire, l’eau montait à 16 pieds au-dessus du busc de l’écluse élevé lui-même de 16 pouces au-dessus du radier (4). Dans l’avant-port, on espérait porter plus tard la profondeur à 20 pieds environ. La largeur de l'écluse était portée à 40 pieds. En complétant le plan d'ensemble de 1739, par celui de 4743 dont il sera parlé plus loin, on voit que le chenal devait être définitivement compris entre deux jetées, un peu supérieures en lon- gueur aux jetées actuelles (2), dont les amorces seules « tion que M. de Caligny m'a envoyée, monterait à 553514 li- « vres. » Cherbourg, du reste, avait dès longtemps appris à compter sur lui-même, pour l'entretien du port comme pour la défense des remparts. Déjà, au temps de Michel de Montreuil, de 1588 à 4589, la ville avait fait, sur ses seules ressources, de fortes dé- penses pour construire dans le port de grandes levées, afin d’ap- profondir le cours de la Divette. Ce travail si nécessaire était resté imparfait, disent les mémoires du temps ; il n’en restait sans doute que des débris informes, du temps de Vauban. (1) La hauteur exacte du radier, d’après les plans relevés avant restauration, en 1766, qui donnent la comparaison avec les ouvrages existants, était de 2 pieds 6 pouces au-dessus du zéro actuel des marées. Dans une marée moyenne de vive-eau, de ÿ® 766 de montée, la mer basse est à 0"677 au-dessus du zéro; cela donne, à mer haute, 3" 63 au-dessus du radier, ou B®20 (exac- tement 16 pieds) au-dessus du busc. La hauteur de 20 pieds au-dessus du radier, indiquée pl. IV, ne pouvait être atteinte; mais on pouvait avoir plus de 18 pieds dans les très-grandes marées. Les chiffres principaux auxquels s'arrête M. de Caligny dans la pièce n° 5, en disant qu’il montera 10 à 11 pieds d’eau sur le radier en pleine mer de morte-eau et 16 à 17 en vive-eau ordinaire, sont parfaitement exacts. (2) Dès 1731, les jetées, jusque-là en pierres sèches, sont pré- vues en maçonnerie, avec parements de pierres de taille posées en ciment. Voir le devis joint à la pièce n° 2, art 4. DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 15 figurent sur le plan de 1739; la jetée de l’est est con- stamment prévue plus longue que celle de l’ouest, dispo- sition qui a toujours été suivie depuis lors. Le bassin n’a pas encore de contour bien arrêté en 1739, mais il est prévu devoir contenir, avec l’avant-port, non plus 40 voiles, mais bien 200 bâtiments de commerce ou fré- gates de guerre du port de 400, de 500, et même de 600 tonneaux; on sait qu'à cette époque, il y avait des frégates de guerre qui ne tiraient pas 45 pieds d’eau, et que les vaisseaux de cinquième rang n’en tiraient pas plus de dix-huit. Le plan de 1743, complétant celui de 4739, représente le port et le bassin de forme simple et commode, qui devaient présenter la superficie pro- posée. L'ensemble de ces dispositions, très-satisfaisant par lui- même, paraît encore d’une plus belle ordonnance quand on le compare à diverses études faites à la fin du siècle, dans lesquelles on s’écarta sans raison de la simplicité dont le modèle était donné. On proposa en effet, lors de la reconstruction, les bassins deflot de la forme la plus compli- quée, et toutes sortes de bassins de retenue encombrants, fermés à la marine, qui auraient cerné le port de toutes parts s’ils avaient été exécutés ; l’un de ces derniers est le bassin marécageux, situé à l’est du bassin actuel, que l’on se propose toujours de combler. Sur deux points seulement, Louis-Roland de Caligny eut à lutter pour faire adopter ses propositions, et, sur l’un d’eux, il ne rencontra pas, après avoir triomphé de la résistance du Maréchal d’Asfeld, l'approbation unanime de ses contemporains. En premier lieu, le Maréchal était disposé à repousser la petite écluse de chasse placée dans le projet de 1739, à l’ouest de l’écluse principale ; il reculait devant l’accrois- 16 SUR LA FONDATION sement de dépense, cependant bien minime, dû à cette écluse, et il paraît n'avoir cédé qu’à regret devant l’insis- tance du Directeur des fortifications. Le travail une fois fait, la dépense fut vite justifiée par le résultat, comme le montre la seconde écluse de chasse, prévue à l’est de la grande écluse en 1743 et exécutée plus tard (1), et comme le montre surtout le rôle, parfois si exagéré, réservé aux chasses d’eau dans les projets postérieurs à 1764. En second lieu, le Maréchal demandait l'établissement de portes de flot en avant des portes d’êbe, et M. de Cali- gny, qui trouvait assez de dépenses utiles à faire dans une écluse de 27 toises de longueur, avec les faibles crédits alloués chaque année, dut se prononcer sur ce point, plus énergiquement encore que sur le premier. Belidor, parti- san de l’écluse de chasse, est, au contraire, pour les portes, de l’avis du Maréchal, et, en plusieurs passages de son ouvrage, il regrette l'absence des portes de flot dans l’é- cluse de Cherbourg, bien qu’il ne cite pas de circonstance où le besoin de ces portes se soit fait sentir. Malgré Beli- dor, on peut bien dire que, sur ce point, la postérité s’est rangée du côté de M. de Caligny, plus encore que pour la question des écluses de chasse. Les ports à bassin de flot se sont multipliés depuis 1739 ; ils n’ont en général pas reçu de portes de flot, non plus que celui de Cherbourg dans ses restaurations successives. Sauf le cas des cura- ges, auxquels on pourvoit sans peine, on se demanderait en vain aujourd’hui, ce que feraient des portes de flotenun point si bien à l'abri de la houle. Si M. de Caligny n’a pas (1) L’écluse de l’est est celle par où la Divette se décharge aujourd'hui dans l’avant-port ; sa première construction date de 1780 à 1784. Quant à l’ancienne écluse ouest, qui servit seule dans l’ancien port, on distingue encore sa voûte dans le quai ‘ actuel, à mer basse. FT v, re 7 L ae Mons dde tien ne 0 à bn ue » dat DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 1417 même réservé les logements pour établir après lui les portes qu’il repoussait, cela prouve seulement que ses vues étaient aussi sûres qu’elles étaient justes. L’exécution des travaux fut à la hauteur de la conception du projet, et l'honneur en revient en partie à l'Ingénieur en chef, M. de Caux, placé sous les ordres de M, de Ca- ligny qui s'exprime constamment sur son compte dans les termes les plus élogieux. La première difficulté consistait à se tenir dans les limites du budget prévu. Sans éparpiller la dépense sur des travaux qui, restés inachevés, auraient pu devenir des obstacles pour les projets ultérieurs, on se borna d’abord à réparer les anciennes jetées, et l’on atta- qua de suite la grande écluse et les quais avoisinants. Aprés avoir espéré, d’après l'opinion des habitants, fon- der l’écluse sur le rocher, il fallut se résigner à l’asseoir sur une simple couche de sable reposant elle-même sur un banc de marne. La première pensée avait été de faire le radier en bois, à double plancher, sur pilotis (voir les pièces n° 2 et n° 3). Le fond paraissant suffisamment solide, les pilotis fu- rent d'abord abandonnés définitivement sous les bajoyers (pièce n° 5); puis enfin la construction du radier lui- même « en pavé » fut décidée (pièce n° 7); cette grande innovation par rapport aux écluses des ports du Nord, bien justifiée à Cherbourg par la nature du fond, mar- que un pas considérable dans l’art des constructions hydrauliques. D’après la pièce n° 7, le busc devait être en bois, dans le radier en pierre, mais il fut, comme le reste, exécuté en maçonnerie. Un plan très-détaillé, conservé à Cherbourg dans les archives des Ponts et Chaussées, nous fait connaître toute la maçonnerie, qui existait à peu près intacte en 1766, au moment de la reconstruction du radier; les dispositions différent un peu de ce que rapporte Belidor. Au fond, sur le 2 18 : SUR LA FONDATION sable indiqué comme mouvant, reposent de gros quar- tiers de roche irréguliers, formant un lit de deux pieds d'épaisseur, qui supporte la maçonnerie d’un pied de hauteur en moellons du Roule. Au-dessus, est une couche de ciment d'une épaisseur uniforme de quatre pouces, et enfin le pavé du radier, en pierres d'appareil de quatre pieds de long sur trois de large et 48 à 20 pouces d'épaisseur; ces dimensions sont exacte- ment celles prévues dans la lettre du 2 avril 4739, pièce n° 7. On remarque, sur le plan, que les joints transversaux, au lieu d’être des droites perpendiculaires à l’axe de l’écluse, sont des arcs de cercle d’une dizaine de toises de rayon (1); cette disposition, qui n’était point prévue, d’après la planche V, n’a pas été reproduite depuis. Les dalles du radier n’ont 18 à 12 pouces d’é- paisseur que vers leur milieu; sur les joints, elles n’ont pas plus d’un pied, ce qui est peu, d'autant plus qu’elles ne sont pas taillées en voussoirs. Par contre, chaque dalle est fixée aux dalles voisines par de forts crampons de fer. La tenue depuis la fondation, malgré l’ébranle- ment causé par les mines et par la chûte des bajoyers, dont il restait à peine quatre assises disloquées, avait été assez bonne, mais il y avait environ un pied d’arc. Après vingt-sept ans, la maçonnerie de moellons n’avait pas en- core fait prise, et le ciment sous les dalles était resté frais, ce qui n’étonne pas outre mesure ceux qui savent combien la chaux dépourvue de silice est incapable de jamais dur- cir sous l’eau, et combien est récent l’art de distinguer celle qui convient aux maçonneries immergées. La question des enduits, si importante pour les travaux sous-marins, était alors dans l’enfance, et, comme il arrive (4) Voir aussi la pl. 26, t. III de Belidor. DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 19 souvent, à défaut d’une solution simple, on se livrait aux préparations les plus compliquées. Belidor, donne, sur les méthodes suivies de son temps, divers renseigne- ments, d'autant plus intéressants à rappeler ici que ses informations ont souvent été prises près de M. de Caux et s'appliquent tout spécialement aux travaux de Cherbourg. Les mortiers sont faits de chaux et de sable ; il est dit que les bonnes chaux proviennent des calcaires durs et que celle de Cherbourg est excellente; mais il n’est pas ques- tion de la distinction, capitale pour les constructions hydrauliques, entre les chaux grasses et les chaux mai- gres. Tandis que Vauban préconisait l'emploi exclusif de l’eau douce et voulait même que le sable fût dessalé, Belidor préfère l’eau de mer, qui donne selon lui un mortier plus dur quoique faisant prise plus difficilement ; sous ce dernier rapport, l'expérience du radier de Cherbourg peut être regardée comme une confirmation de l’assertion de Belidor. Pour les constructions à terre, on obtenait de trés-bon ciment, en ajoutant au mortier de la pouzzolane ou du tuileau pilé. Belidor recommande une composition de deux parties de tuileau très-dur, deux parties de pierres de taille pulvérisée, deux de mâchefer et trois de chaux, qui a probablement servi pour le revêtement du radier. Le même auteur propose aussi, pour jointoyer les pierres, un mastic où il entre des battitures de fer, du pecadin ou crasse des verreries et des Zimaçons rouges sans coquille dont on a retiré la peau; il ne dit pas d’où il a tiré cette recette bizarre, et nous ne supposerons pas sans preuves qu'elle ait été ap- pliquée à Cherbourg. On employait quelquefois, sous le nom de ciments gras, des mélanges de ciment et de chaux auxquels on ajoutait de l’huile de lin bouillie; ces com- 20 SUR LA FONDATION positions ne paraissent pas figurer parmi celles indiquées à Belidor par M. de Caux. La fondation du radier présenta de grandes difficultés, à cause des sources qui se faisaient jour de tous côtés derrière le batardeau. On eut à épuiser constamment 1400 mètres cubes d’eau par heure, à l’aide des moulins à au- gets du temps, et la maçonnerie n’a guère pu sécher à l'air. Le radier une fois établi, le reste des travaux ne présentait rien d’extraordinaire, et, comme les divers mé- moires de Louis-Roland de Caligny que nous publions ne contiennent aucune instruction détaillée, ni pour la con- struction des quais, de la porte et du pont-tournant, ni pour les moyens de manœuvrer les portes et le pont, nous laisserons à Belidor la responsabilité des détails qu'il a conservés sur ces différents points, en rappelant seule- ment, d’après son autorité, que les dispositions prises étaient proposées partout comme modèles, vers 4751 et 1753. Pour la construction des jetées pendant les premiéres années des travaux, nous ne trouvons rien à ajouter à ce qui est contenu dans les pièces n° 3 et n°5, et à ce qui ressort de l'examen fait plus loin de l’état où ces ouvrages avaient été conduits en 1758. La date de l’achèvement de l’écluse en 1743 marque la fin de la période, à laquelle cette note devait d’abord être uniquement consacrée, et à laquelle se rapportent les pièces diverses et les plans qui y sont joints. Toutefois, comme les travaux se continuêrent encore pendant quinze années, en suivant les plans primitifs qui se complé- taient à mesure que de nouveaux crédits étaient al- loués, il a paru nécessaire d'indiquer les ouvrages dont on s’occupa, une fois l’écluse terminée, et le résultat final auquel on était parvenu en 41758. M 7 pa Ed CPE PORT QT TT NET. : . ï . DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 21 si Les vues d'ensemble, suivies au début de cette nouvelle période de travaux, nous sont données par un plan de la ville et du port joint à un Mémoire sur les côtes de La Basse-Normandie du 10 octobre 1743. Ce plan, qui ne porte pas l'indication de la signature originale, mais qui ne peut émaner que de la Direction des fortifications, se trouve dansles archives du Génie militaire à Cherbourg. Lavilleest représentée munie d’une enceinte bastionnée complète, dont le port occupe à peu près le centre; la question de défense militaire ne pouvait être négligée par le Génie. Toutelois le plan a été préparé, comme l'indique la légen- de, dans la prévision que la Cour ne se décidera pas à relever les remparts, et, par suite, les travaux du port sont seuls figurés avec détail. Le bassin, entouré de quais en projet, est plus large et moins long que celui d’au- jourd’hui. L'avant-port est fortement élargi du côté de l’est, et un peu rétréci sur sa face ouest, qui reste en dedans de la portion d’ancien mur d’enceinte conservée comme quai sur le plan de 1739; c’est sensiblement le contour actuel. La grande écluse, l’écluse de chasse de l’ouest, tous les quais adjacents aux bajoyers, c’est-à-dire la face sud de l’avant-port et la face nord du bassin, sont termi- nés ; une partie du quai est de l’avant-port est représen- tée comme déjà faite, mais il y a des raisons de croire que les fondations seules avaient pu être commencées (4). Ua barrage est établi sur la Divette, de manière à reprendre sur l’eau le quartier actuel de la ville à l’ouest du bassin ; la rivière, se répandant sur le reste de l’ancienne lagune, aide à alimenter deux nouvelles écluses de chasse proje- (1) Un ancien croquis conservé à la Direction des Travaux hydrauliques, sur lequel est portée la date de l’exécution pre- mière des diverses parties du port, indique que la portion sud du quai est de l’avant-port fut construite de 1777 à 1782. 22 SUR LA FONDATION tées, l’une au sud et dans l’axe du bassin, l’autre dans l’avant-port à l’est de la grande écluse, là où il en existe une aujourd’hui. Les jetées prévues en 1739 ont été com- mencées ; celle de l’est est déjà fondée sur 135 toises de longueur et terminée sur 72. Le projet est de faire aller ces jetées en maçonnerie jusqu'à la ligne des basses mers et de les terminer par de larges musoirs; la jetée de l’est aurait été ainsi de quelques toises plus longne que celle qui existe, et celle de l’ouest aurait eu 50 toises de moins seulement que celle de l’est. Deux tours en forme de bastions, barrant les jetées à la hauteur de la ligne des hautes mers, sont comprises dans les travaux du port. Nons avons reproduit en pointillé, sur la planche II, les traits principaux de ce plan, l’axe des jetées et le contour des quais (4). De 1743 jusqu’en 1748, date de la mort de Louis-Ro- land, et ensuite jusqu’en 1758, le commerce maritime de Cherbourg se développe (2); les quais déjà construits. suffisent sans doute à ses premiers besoins, et le port reste à peu près dans l’état qui vient d’être décrit; on travaille aux deux jetées, que nous trouvons en 1758 par- venues à l’état suivant : Pour la jetée de l’ouest, il n’y a pas eu de travaux de ma- çonnerie; du moins, il y en a eu si peu, que les plans ulté- rieurs n’en parlent pas. La jetée, qui, sur le plan de 1739, contourne la butte menteuse et présente une arête sail- lante à 140" environ du quai sud de l’avant-port, a été construite en libages, et a été prolongée, du côté de la mer, par une simple digue submersible en pierres sé- (1) Belidor a reproduit un projet peu différent, t. ILE, pl. 51. (2) En 1758, les Anglais trouvèrent dans le port 37 navires, dont le tonnage s'élevait jusqu’à 200 tonneaux. L'AESS DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 93 ches. Cette digue suivait la direction exacte de la jetée de 1743,mais, dépassant l'extrémité 0’ de cettedernière, pl.IIE, elle se prolongeait jusqu’en 4” par le travers du musoir de l’est (1); la base et la hauteur diminuaient graduelle- ment en avançant vers le large, de telle sorte que quel- ques toises seulement, du côté deterre, émergeaient à mer haute. Un ouvrage aussi primitif, qui rappelle ceux dont la mer s'était jouée tant de fois depuis l’origine du port, suffisait peut-être, pour maintenir le chenal du côté où il n'avait jamais tendu à dévier; mais il n'avait aucune chance de durée, et, de plus, il créait un véritable écueil à l’entrée du port. De ce côté donc, on n’a pu que regret- ter le changement apporté aux dispositions prévues dans les mémoires formant les pièces 3 et 5 et dans le plan du 10 octobre 1743. La jetée de l’est, au contraire, déjà fort avancée en 1743, était en 4758 un grand et beau travail. Son étude mérite une attention toute particulière, parce que ses fon- dations servent de base à la jetée actuelle, que nous avons sur elle les données les plus précises, et que sa compa- raison avec les constructions projetées par Vauban, pièce n° 4, donne la mesure des progrès faits dans les travaux à la mer durant la première moitié du siècle dernier. La base de la jetée, de 40" de largeur, se compose de deux murs en maçonnerie et d’un vide au centre, parta- (1) On remarquera sur la planche III la direction oblique de l’an- cienne jetée ouest, dont l’axe faisait avec celui de la jetée actuelle un angle de 3° environ, et coupait ce dernier à peu près sur le musoir actuel. La jetée existante a rectifié ce tracé, de manière à faire coincider l’axe du chenal avec celui de l’écluse. La forme en entonnoir était justitiée, du moins pour le chenal, à raison des courants qui portent à l’ouest, et elle est réclamée aujourd’hui, à l’occasion de l’approfondissement du chenal. 2} SUR LA FONDATION geant la largeur en trois parties égales, les deux murs sont réunis l’un à l’autre par des parements de la même maçonnerie, ayant 1" 95 d'épaisseur et présentant de 17 à 18% d’espacement d'axe en axe. Tous les revêtements extérieurs sont en pierres de taille de granit par assises régulières de 0"40 à 050 de hauteur; la partie infé- rieure est verticale sur trois ou quatre assises de hau- teur, tandis que les autres assises présentent toutes un peu de retrait ou forment un talus régulier. Les revête- ments du côté des vides intérieurs sont en gros moellons. Les vides sont remplis de sable ou de pierrailles. Le pied de la maçonnerie est partout entouré d’une file de palplanches en grains d'orge, qui sont arrasées au niveau supérieur de la quatrième assise, mais qui, pen- dant le travail, ont dû s'élever plus haut, de manière à former un batardeau suffisant. Une seconde file de pal- planches semblables, enfoncée à 2" 80 de la premiére, entoure le musoir et toute la face ouest; elle marque l’ex- térieur de la risberme qui devait être établie, et dont une petite partie fut exécutée en avant du musoir. Trois ran- gées de pieux en quinconce ont été battues dans l’inter- valle de 2",80. On trouve aussi une courte file de pal- planches dans l'axe de la jetée, près du musoir. La fondation repose sur le sable ainsi consolidé. Dans le musoir, son pied, établi à 1",35 au-dessous du zéro, se trouve enterré de 4°,70 par rapport au sol primitif de 1758, de sorte que le bois a été arrasé au niveau du fond. Plus au nord, la fondation est simpiement établie sur le sol naturel, au-dessus duquel la tête des palplan- ches s'élève de 1",60. En 1758, les travaux avaient été poussés très-loin. La fondation était faite de bout en bout, c’est-à-dire sur 473" de longueur, à l'exception d’un intervalle de 49" de lon- Lits nt ie ie. 2 " \ DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 25 gueur, finissant à 67" de l'extrémité du musoir, inter- valle qui n’avait pas été commencé. Toute la partie sud était terminée, et le couronnement fait, sur 221" de lon- gueur. Le musoir présentait 10 assises du revêtement en place, au moins ; mais la mer en emporta quelques unes, pendant l'abandon des travaux après 1758. En 1828, on trouva intactes sept assises du musoir, formant 3",20 de hauteur, et de quatre à six assises du reste des fonda- tions, qui épargnérent la partie Ja plus coûteuse du tra- vail de reconstruction. Au sud de la jetée est, suivant la direction de son pro- longement dans l’avant-port, se trouvait une levée, d’un peu plus de 100" de longueur, formée de sable et de pierres sans aucun arrangement qui provenaient des an- ciennes constructions, et dont l'élargissement de l’avant- port, à l’ouest du quai prévu en 1739, comportait l’enlève- ment ultérieur. Le premier port ainsi créé en vingt années de travail fut, comme on sait, ruiné en quelques jours par les Anglais, en 1758. Les quais et la jetée de l’est furent ren- versés par la mine; l’écluse et le pont tournant furent détruits (1). Les ouvrages commencèrent à se relever len- (1) Un manuscrit du temps, conservé par le petit-fils de son auteur, M. Asselin, président honoraire du tribunal civil de Cherbourg, nous apprend que « le prince Edouard accompagné « des généraux, visita les ouvrages du port. Il les trouva bien « construits et rendit justice à l’ingénieur auteur de ces ouvra- « ges. On voulut les démolir par le haut, mais leur solidité obli- « gea d'employer la mine. » Les mines, construites à la hâte du 9 au 14 août et bourrées avec la poudre à canon laissée à Cherbourg, couvrirent la ville d’éclats, mais n’entamèrent nulle part les fondations des ouvra- ges, et laissèrent même intacts l’écluse de chasse, le radier et le bas des bajoyers de la grande écluse. 26 SUR LA FONDATION tement à partir de 1764 ; le terre-plein de l’écluse était rétabli en 1768 ; les portes elles-mêmes furent replacées en 4775 ; l’écluse de chasse de l’est et une partie des quais au sud de l’avant-port furent établis avant 1789. Le reste du port et les jetées sont tout récents. La fondation de la digue et celle du port militaire actuel ne doivent point effacer le mérite de l’œuvre qui avait suffi, pour mettre une premiére fois à profit la situa- tion maritime de Cherbourg. Du reste, en créant un premier port pour le commerce et pour les corsaires, on étendait déjà ses vues bien au-delà de l’entreprise modeste qui grevait si peu le trésor. Le plan de Cher- bourg donné par Belidor, tome IV, feuille 5, fait voir que les projets de Vauban en 1694, concernant l’éta- blissement d’une rade fermée, n'étaient point laissés dans l'oubli pendant la Direction de Louis-Roland de Caligny; un document inédit nous apprend, de plus, que l’on était dès lors entré dans la période préparatoire des études expérimentales. Des essais furent prescrits par M. de Maurepas en 1747, relativement à l'emploi des pierres jetées dans l’eau sans aucun appareil, pour élever des enrochements artificiels par des fonds de cinquante pieds; ils furent exécutés par une commission où figurait, avec M. de Caux le père, Anthénor-Louis de Caligny, fils de Louis-Roland. Le rapport sur les essais a été perdu en 4758, avec bien d’autres papiers qui nous manquent aujourd’hui; mais le principal résultat a été incidemment consigné par M. de Caux le fils, dans son Mémorre en réponse à la lettre de M. de Séqur ministre de la guerre, relatif à ses bateaux-caisses, dont nous donnons un extrait, pièce n° 41, d’après la copie qui existe aux archi- ves du Génie militaire de Cherbourg. On voit clairement, par les souvenirs qui en restaient en 1783, que lacommis- RS DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 27 sion de 4747 était arrivée à des conclusions favorables au système de fondation à pierres perdues, qui a prévalu finalement pour la digue de Cherbourg. Nous ne nous écarterons pas trop, sans doute, du sujet auquel est consacrée la présente note, en la terminant par quelques détails biographiques sur ceux des Ingénieurs de Caligny dont l’histoire se confond, de 1710 à 1748 au moins, avec celle de Cherbourg, des autres places de guerre de Normandie, et de tous les grands travaux pu- blics exécutés dans la province. Les annales de l’art de l'Ingénieur ont leur complément naturel dans la vie des hommes qui s’y sont distingués. Jean-Anthénor, Hercule, Louis-Roland Hüe de Caligny étaient trois des six fils de Jean-Anthénor Hüe de Caligny de Luc, Directeur des fortifications de Belle-Ile et Port- Louis (1). Sept ingénieurs de la famille Hüe de Caligny sont connus dans l’histoire du Corps du Génie militaire, sous les noms de Caligny, de Luc etde Langrune; presque tous sont parvenus aux premières distinctions de ce Corps (2). Plusieurs volumes de mémoires inédits de Vauban, (1) Les armes de leur mère, née de Vauquelin d'Hermanville étaient sur le frontispice de l’église Saint-Pierre de Caen où ils furent baptisés. Ils descendaient, par elle, de Vauquelin de la Fresnaye, poète du XVI: siècle, dont les œuvres viennent d’être rééditées avec annotations de M. Travers de l’Académie de Caen. (2) M. Augoyat a inséré une notice historique sur les Ingé- nieurs Hüe de Caligny, en tête du premier volume des Mémoires de Vauban extraits des archives de ces ingénieurs. En 1858 et en 1862, il a donné sur eux de nouveaux détails, dans son Aperçu historique sur Les fortifications, sur les Ingénieurs et sur le Corps du Génie de France. Voir surtout, dans ce dernier ou- vrage, le t. I, pages 111, 205, 282, 294, 308, 346, 435, et le t. II, pages 54, 60, 80, 82, 88, 140, 151, 157, 179 (fondation du port de Cherbourg), 189, 195, 259, 267, etc. M. Théodore Anne a retrouvé aussi quelques documents con- 28 SUR LA FONDATION et de mémoires des Ingénieurs de Caligny, tirés des archi- ves de ces ingénieurs, ont été publiés, de 1841 à 1854 sous la direction de M. le Colonel Augoyat, et sous celle de M. le Général Favé, de l’Institut. En 1868, M. de Meana a publié à Turin les Mémoires sur la milice des Romains et la mihice francaise, de Jean-Anthénor, l'aîné des six frères, retrouvés dans la célèbre bibliothèque du duc de Gênes, et il a écrit, en tête de ces HMémorires, une notice étendue sur leur auteur. Un autre grand mémoire de Jean- cernant les services militaires de Louis-Roland jusqu’au siége de Philipsbourg en 1734, qu’il a mentionnés dans le t. III de son Histoire de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, publié en 1861, p. B40. Voir aussi de nombreux passages de l'Histoire militaire du règne de Louis-le-Grand, par Quincy, de l'Histoire du Corps du Génie militaire pendant le règne de Louis XIV, par M. Al- lent, etc. Depuis trois siècles, la famille Hüe de Caligny n’a pas cessé de se distinguer par ses beaux services, rappelés notamment dans la Prove della generosa nobilta e legitimazione del nobile Signor Marchese Carlo-Alberto Hüe de Caligny, in-4° publié à Rome, en 1773, par Barthelemi de Bar et Marie-Gabriel-Louis Texier de Hautefeuille, Grands Prieurs de l’Ordre de Malte et députés de la Vénérable langue de France, à Valognes. La famille Hüe de Caligny contribua, sous les derniers Valois, à conserver la ville de Caen «en la fidélité et obéissance aux rois pendant les guerres civiles ». On sait que la noblesse catholique des environs de Caen eut beaucoup à souffrir des dévastations des protestants qui brülèrent les chartriers des églises et des familles. Par suite de ce malheur public consigné dans toutes les histoires de Normandie, cette famille dévouée au parti catholique a été privée de la plupart de ses plus anciens titres ; mais on retrouve des documents qui la concernent, dans les cartu- laires des abbayes de sa province natale. Nous signalerons no- tamment le cartulaire de Jumièges, où l’on voit qu’en 1339 Etienne Hüe, ayant pour armes une aigle, passa un acte le mardi après la Saint-Marc. L'écusson actuel de la famille Hüe de Caligny porte, en effet, une aigle et deux étoiles. Ly': dl dt DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 29 Anthénor, sur la Flandre occidentale, a été publié par la Commission historique du département du Nord (1). Hercule de Caligny, plus connu sous le nom de Lan- grune, Brigadier des armées du Roi, fut Directeur général des fortifications des Haute et Basse-Normandie, de 1740 à 4725. On. conserve au Dépôt des Fortifications, outre les deux plans reproduits PI. IT, divers documents signés de sa main et relatifs à l’état de Cherbourg à cette époque; le premier sondage de la rade fut exécuté par ses soins. Il ne laissa qu’une fille; son petit-fils, le Marquis de Bénou- ville, mourut à l’armée de Westphalie en 1761. Louis-Roland, appelé le chevalier de Caligny parce qu’il était le plus jeune des six frères, est celui aux tra- vaux duquel notre note est le plus particulièrement consa- crée. Né en 4677, il entra en 1702 dans le Corps du Génie. Il avait déjà, à vingt-cinq ans, assisté comme officier, avec quatre de ses frères, à plusieurs siéges de Flandre, et son nom est cité dans une lettre autographe, du 14 mars 1697, de Louis XIV au marquis de Tourouvre. Il fut, au début de sa carrière, dirigé d’une manière toute paternelle par son frère aîné Jean-Anthénor. A ce sujet, on trouve en 1702 une curieuse correspondance entre ce dernier et M. Le Peletier, où se manifeste toute la confiance qui présidait à leurs relations. « Je vous prie, écrit M. Le Peletier, le 5 février 1702, de me faire savoir de bonne foi, et avec la sincérité dont nous devons user l’un avec l’autre, le jugement que vous faites de la capacité de votre frère, que je voudrais em- ployer comme ingénieur... j'ai si bonne opinion de votre bonne foi, que je m’en rapporte à vous. » « Rien ne peut me toucher ni me flatter davantage, ré- AIR 2 Ar: A 4) Voir les tomes XI et XII du Bulletin de cette Commission. 30 SUR LA FONDATION LS pond Jean-Anthénor, le 40 février, que la bonté et la « confiance dont vous m’honorez, en me faisant juge « dans la propre cause de mon frère. Je ressens, Mon- « sieur, avec une extrême reconnaissance cette marque de « votre estime, dont je me jugerais très-indigne si je m'en « servais pour vous surprendre... J’ose dire qu’il ne « manque pas de génie et qu’il promet quelque chose. » Louis-Roland fit honneur à la parole de son frère. In- génieur en chef à Landau de 1715 à 1723, il y composa son Traité de la Défense des places fortes avec application à Landau, mémoire très-estimé, qui a été publié en 1846, avec un avant-propos de M. le Général Favé. Directeur géné- ral des fortifications des Haute et Basse-Normandie, de 1728 à 1748, il signala son passage dans sa province natale par les améliorations les plus utiles aux ports de Dieppe, du Havre et de Honfleur (1). 11 a une grande part, dans les ser- vices rendus à cette province par les Ingénieurs de Caligny et rappelés en 1869 dans un article de la Revue maritime, particulièrement en ce qui concerne la canalisation et beau- coup d’autres travaux publics et établissements importants. Ce fut lui qui, en 1745, fit entourer Carentan d’une nou- velle enceinte. La situation de Carentan à la gorge de la presqu'ile du Cotentin, et les descentes dont nos côtes étaient alors menacées, donnaient à cette ville une grande importance stratégique, qui s’est retrouvée, d’une ma- nière imprévue mais en sens différent, dans l’année 1870; il a fallu, en effet, pour couvrir les chaussées d'Ouve et l’écluse des marais, suppléer par des batteries de position et des ouvrages de campagne, aux fortifications régulières (1) Les travaux du Havre tiennent, dans Belidor, autant de place au moins que ceux de Cherbourg, et leur perfection n’est pas l’objet de moindres éloges. Leur souvenir a été consacré par le nom de Caligry donné à l’une des rues de la ville. DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 31 renversées vers 4850. Nous avons vu tous les travaux accomplis à Cherbourg. Telle fut l’œuvre des années de repos, que lui laissa la guerre. Louis-Roland fit neuf campagnes en Allemagne, entre autres les rudes campagnes de la fin du règne de Louis XIV et notamment celle de 1713 (siége de Lan- dau) ; il assista à plusieurs siéges et à plusieurs ba- tailles mémorables; il était aux deux passages du Rhin, il coopéra à la défense et à la reprise d'Haguenau. En Flandre, il assista aux siéges de Bruxelles, d’Ath et de plusieurs autres villes. Il était en 1733 au siége de Kehl, et, en 4734, à celui de Philipsbourg. A l’armée de la Meuse en 1741 et à l’armée de Bavière en 1743, il com- mandait en chef les trois brigades du Génie, et, à ce titre, il se trouve cité dans les campagnes du Maréchal de Bro- glie. Il fut, à plusieurs reprises, grièvement blessé. L’estime de ses chefs, la meilleure récompense d’une vie entière- ment consacrée au service militaire, le suivit dans toute sa carrière ; on en trouve surtout de précieux témoignages dans la correspondance du Maréchal d’Asfeld, comme on en trouve, pour son frère Hercule, dans celle du Maré- chal de Berwick (1). Il est question des deux frères dans un grand nombre d’autres lettres, qui sont aujourd’hui des pièces historiques, et dont plusieurs sont citées dans le grand ouvrage du Colonel Augoyat. Enfin, il est fait une mention des plus honorables « des bons et longs services de Louis-Roland » dans les lettres patentes du Roi, don- nées au camp devant Tournai en mai 1745, par lesquelles (1) On conserve au ministère de la Guerre les états de service des deux frères, Hercule et Louis-Roland ; ils sont écrits de la main même du Maréchal d’Asfeld, qui les proposa tous deux pour le grade de Brigadier des armées, l’un en 1721, l’autre en 1742. 32 SUR LA FONDATION le nom de Caligny est devenu nom de famille, indépen- damment de la possession de la terre, à cause de la no- blesse militaire et des services distingués des Ingénieurs Hüe de Caligny. Louis-Roland mourut en 1748. Anthénor-Louis Hüe, Marquis de Caligny, fils de Louis- Roland, né en 1716, qui resta seul représentant de la fa- mille, est souvent désigné sous le nom de Caligny de Cruyninghen, à cause d’une terre qu'il possédait dans la Flandre espagnole. Il fut Ingénieur en chef des côtes de Cherbourg et de la Hougue, jusque, et y compris, la tour de Port-en-Bessin ; il a fait, sur ces côtes, de nom- breux travaux. Il assistait en 1744 au siége de Fribourg. Nous avons vu qu'Anthénor-Louis fut, en 1747, membre de la commission chargée d'étudier l'influence de l'agitation de la mer sur le mouvement de descente des pierres jetées à l’eau pour fonder par grand fond des enrochements arti- ficiels ; il participa ainsi aux travaux préparatoires sur lesquels on s’est appuyé, après l’abandon du système des cônes de M. de Cessart, pour exécuter le grand travail de la digue de Cherbourg. Anthénor-Louis est l’auteur de divers mémoires conser- vés au dépôt des fortifications. C'était d’ailleurs un homme de lettres distingué. Les mémoires de l’Académie de Caen, dont il était membre, renferment quelques-unes de ses poésies (1). Les lettres lui doivent Dacier, qu’il conduisit à Paris et présenta à M. de Foncemagne. Anthénor-Louis mourut en 1772, commandant-général (1) Consulter, sur ses œuvres, l’ancien recueil intitulé Année littéraire. Le volume de 1741, page 145, donne des détails inté- ressants sur la séance de réception d’Anthénor-Louis à l’Aca- démie de Caen, qui eut lieu le 24 novembre 1740. 0, PPT a TS" DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 33 des milices du pays (1). Il avait épousé en 1745 la fille uni- que de M. Morel de Courcy, gouverneur de Valognes. Ce dernier, en 1708, avait armé et équipé à ses frais plus de neuf cents hommes, qui, joints aux milices, arrètèrent la. descente des Anglais à Tatihou. M'e de Courcy était petite- fille du second Anthénor, le plus connu des six frères. De ce mariage, Anthénor-Louis eut quatre fils, tous officiers sous Louis XVI. Il eut quatre petit-fils, dont M. de Ca- ligny, correspondant de l’Institut est le dernier survi- vant ; l'aîné a été tué à la bataille d’Eylau, et le second à celle de Lutzen ; le troisième, Anthénor-Albert, officier distingué de la Marine, attaché au port de Cherbourg, mort de la fièvre jaune en 1841, à la Guadeloupe, a laissé divers mémoires sur ses campagnes et des études sur quelques questions maritimes. PIÈCE No 4 Analyse du méinoire de Vauban jointaw PROJET DE CHERBOURG ET DE SON PORT (13 Juillet 1686) Le plan de Vauban reproduit pl. I, et le mémoire joint à ce pro- jet d’enceinte et de port (2), sont les seuls documents importants que l’on possède, soit sur l’étendue et la configuration exactes de Cherbourg en 1686, soit sur l’état matériel où cette ville était tom- bée, après deux siècles et demi d’un oubli presque continuel, qui était devenu, après les guerres de religion, un abandon com- (4) Le commandement des milices n’était pas incompatible avec les fonc- tions d'ingénieur en chef. (2) Le mémoire in extenso se trouve dans le volume de 1852 des Mémoi- res de la Société Académique de Cherbourg. À défaut du texte original, la publication s’est faite sur une copie conservée aux archives du Génie mi- litaire,qui paraît postérieure à 1700; il y a de petites erreurs provenant du co- piste, que l’on reconnaît facilement ; de plus quelques fautes d'impression se sont glissées, surtout dans des numéros de repère renvoyant à ceux de la pi. I. 3 34 SUR LA FONDATION plet {1}. Le mémoire est, à ce double point de vue, aussi inté- ressant que le plan ; mais il renferme beaucoup de développe- ments, qui ont perdu de leur importance du jour où ils ne se sont plus rapportés à des constructions faites ou à faire, et qui rendent la lecture laborieuse ; par suite, nous nous bor- nerons à en présenter ici une simple analyse, assez étendue toutefois pour donner une idée complète des principes suivis par Vauban. Les passages relatifs à la description de l’ancien Cherbourg méri- tent d’être intégralement reproduits, ainsi que tout ce qui peutètre nécessaire à l'intelligence de la pl. I. Pour permettre de se bienren- dre compte de la position des parties aujourd’hui disparues de la vieille ville et des ouvrages projetés par Vauban, par rapport à la ville et au port actuels, nous avons, sur la pl. I, ajouté en pointillé le contour a,a,a, du port de commerce, des jetées, du quai Napoléon tout entier, et l’axe b,b,b, des rues des Corderies de la Fontaine, Corne-de-Cerf et des Tribunaux, qui suivent à peu près la contrescarpe de l’ancien fossé, ainsi que celui des rues de la Paix, de l’Onglet et du Chantier, qui entourent la ville neuve de Vauban. La partie la plus étendue, dans le mémoire de Vauban, estrela- tive à l’étude de lanouvelle enceinte ; ellecontient desrecomman- dations très-détaillées pour les bastions, courtines, demi-lunes, et ouvrages à cornes à élever, avec un devis de dépenses minutieu- sement dressé. Nous nous bornerons à résumer sommairement cette partie, dont l’examen demanderait une compétence parti- culière, et qui, d’ailleurs, intéresserait aujourd’hui l’histoire gé- (1) La tour des Sarrazins, 17, avait été ajoutée à l’enceinte de Charles- le-Mauvais, par Charles VII après la prise de Cherbourg en août 1450, sur la partie des murailles que le Connétable de Richemont avait choisie com- me point d'attaque. Cette tour, démolie en 1778, fut l’avant-dernière à dis- paraître ; la tour de l'Eglise subsista jusqu’en 1850. Le bastion Saint-François, 2, ainsi nommé en l'honneur de François Âer, fut élevé par Jacques de Matignon,qui fit faire son tracé et surveiller sa con- struction par un ingénieur italien. Le reste des fortifications fut en même temps remis en état, et on éleva divers ouvrages et batteries, peut-être le bastion du Moulin, 1, et les ravelins 3 et 15. On sait que, pendant les guerres de religion, Cherbourg fut constamment menacé, d’abord par les protestants alliés aux Anglais qui convoitaient fort sa possession, ensuite par les Ligueurs maîtres de toute la Normandie sauf Cherbourg et Caen. Les bourgeois firent bonne garde. DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 939 nérale des travaux du Génie militaire, plutôt que l’histoire par- ticulière de la fondation du port de Cherbourg. Les moyens d'établir les constructions à la mer proposés par Vauban sont très-intéressants à comparer avec les procédés sui- vis, dont la description est donnée, soit dans le cours de la pré- cédente note, soit dans les pièces qui suivent. Les idées de Vau- ban, en ces matières, portent Le cachet d’une époque de transition, où l’on passa de la charpente à la maçonnerie, en transportant quelquefois dans la seconde, les dispositions de la première. Pour le tracé des établissements maritimes et l’utilité qu’en attend Vauban, le mémoire sera cité textuellement; cette partie, en effet, se rattache directement à notre sujet, bien que tous les travaux exécutés pour le port aient été faits d’après des projets autres que celui de 1686. En prenant le mémoire dans l’ordre où ilest écrit, nous ytrou- vons d’abord l'exposé de la situation géographique de Cherbourg indiquant sa distance aux principaux ports de la Manche. De la configuration et des accidents du pays, des ressources qu'y trou- verait une armée, tant pour s’approvisionner que pour se retran- cher, il est donné une description qui reste presqu’entièrement vraie. La côte est étudiée en détail ; cinq endroits sont signalés comme propres aux descentes, dont deux très-voisins de Cher- bourg, s’étendentun peuplus loin dans l’ouest que le texte ne l’in- dique, « outre quoi, il y a la rade de La Hougue qu’on tient pour la « meilleure de France, et celle de Cherbourg qui est d'assez « bonne tenue ». La conclusion, appuyée sur des considérations historiques et politiques, est que Cherbourg « est une place de la dernière importance », que sa perte aurait des conséquens ces telles « qu’il vaudrait cent fois mieux que les Anglais « eussent fait descente à Calais ou à Boulogne que dans la pres- « qu'ile de Cherbourg ». De là, nécessité d’avoir une place assez grande et assez forte pour soutenir un siége de deux mois de tranchée ouverte, pour permettre aux armées de secours de se former ou de venir de Flandre, et pour menacer ainsi d’un désastre l’ennemi pris à revers. Les travaux exécutés pour la guerre devaient d’ailleurs largement profiter à la marine. L'état de la ville est décrit dans les termes suivants : « Quoique je ne voie rien qui marque le temps que Cher- « bourg a été bâti, on voit assez manifestement que ç’a été une 306 SUR LA FONDATION forteresse du temps des Romains, car leur manière de bâtir paraît encore dans les murs du château..... Étant retombée entre les mains des Français sous le règne de Charles VII, qui la prit en 1450, elle est demeurée à fort peu de chose près en l’état qu'on la trouva, quoique la conséquence en soit plus grande qu’elle n’ajamais été. Hors les trois pièces 1, 3, 3, qui valent très peu de chose, on ne voit rien qui puisse marquer qu'on ait songé à elle. « Cette place est composée de ville, château, etdonjon, les uns et les autres revêtus à l’antique avec des murs épais de 6 à 6 pieds mesurés par le haut, de bonne hauteur, de peu de talus et couronnés d’un machicoulis tout à l’entour, qui est rompu en beaucoup d’endroits, avec un petit parapet au devant, d’un pied d'épaisseur, coupé d’arches et percé de créneaux partout, il esten beaucoup d’endroits ébréché, et, dans d’autres, abattu tout-à-fait. « La maçonnerie est apparemment de moellon brut, partie ardoisin et partie d’une espèce de grès de fort bonne qualité ; la chaux en est admirable, et les mortiers non moins excel- u lents que ceux de Metz. » CO | A 2e Ra 2=z2 LE DONJON. « Le donjon est formé de quatre tours principales dont la plus élevée, À, a 16 toises de haut, à mesurer depuis le fond du fossé, sur cinq toises de diamètre ; celle qui suit après, B, 14 toises sur la même épaisseur ; la troisième, G, 43 toises et la quatrième, D, 41 toises et demie. Les carrées sont plutôt des bâtiments adossés que des tours de défense; les rondes ont plusieurs étages presque tous voütés, et la plus grande partie des voûtes en bon état. » « Ces tours sont liées les unes aux autres par autant de courtines de 11 toises de haut chacune, ellesétaient ci-devant adossées de trois étages de bâtiments dans lesquels on eût pu trouver de quoi loger mille hommes et mettre à couvert les munitions de guerre et de bouche nécessaires à la défense de la ville et du château, avec des fours, moulins, puits, prisons, et générale- ment tout ce qui peut faire besoin à une place de guerre, mais tout est tombé, et, à quelques voûtes près, qui subsis- tent encore, il n’y est demeuré sur pied que les gros murs et la plus grande partie de ceux de refend, à la faveur desquels il serait aisé de rétablir le reste et de le remettre en son premier état. » DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 31 Le CHATEAU. « Le château estflanqué de douze tours, y compris trois du donjon, liées par autant de courtines.Toutes les tours « sont de hauteurs inégales et de structures différentes, mais 2 RC ELUETS “A taU'e. + toutes couronnées par des machicoulis avec un petit parapet au-dessus, et les gros murs d’assez bonne épaisseur pour que la plupart soient bien sur leurs plombs. Il y avait deux ou trois étages à chacune, avec autant de cheminées, des caves au-dessous, et le haut voüté en plate-forme, ce qui marque que la garnison logeait dedans. « Les murs des courtines sont de mème nature que ceux des tours, ayant des machicoulis avec des parapets au sommet, un chemin de ronde tout autour, et des communications avec le donjon qui étaient coupées par des planchettes. «a Dans le dedans du château, il y a une assez grande et basse chapelle qui a servi autrefois d'église paroissiale à la ville et où il y a encore des fonds baptismaux. On prétend qu'il avait autrefois des rues et des maisons dans la cour, mais il n’y paraît plus rien présentement qu'un terrain élevé et assez inégal. Joignant les murailles, il y a encore quelques vieilles casernes adossées, à un étage seulement, dont partie est tombée et l’autre prête à tomber. Le plus bel endroit de ces adossements est où loge le Gouverneur, qui est à trois étages mais les uns et les autres ne subsistent qu’à force d’étan- çons. « Du surplus, la tour E, où estl’horloge, a 12 toises de haut, la F, 10 toises 112, et la G, 9 toises 112 ; toutes celles qui res- tent ont à peu près cette élévation, et les courtines 2 à 3 toi- ses de moins. Tant les unes que les autres ont assez bien conservé leur aplomb, hors quelques pièces en adossement qui ne servent de rien à la fortilication. Au reste, il y a beau- coup de petits ébrèchements à tout ce qui s’appelle petits murs, et des évasements aux parapets, créneaux, fenûtres, portes, embrasures, et, en un mot, tout ce qu’on trouve ordinaire- ment aux vieux bâtiments qui ont été longtemps négligés. « Les murs ne sont point terrassés, et je doute même qu'ils « puissent porter un gros rempart. « Pour le fossé, tant du donjon que du château, il a été ap- profondi, à peu de chose près aussi bas que la basse-mer de « morte-eau, et les bords revêtus ; mais, comme ce revêtement 38 SUR LA FONDATION ES À # CS n’a été fait qu'à pierre sèche ou à mortier de terre, il en est resté peu sur pied. Il y a même 21 ou 22 maisons qui entrent dans ledit fossé du côté de 4, qu’on ne peut pas s'empêcher de démolir, ei le Roi prend résolution d’y faire les réparations nécessaires. « Du surplus, le château a deux portes, savoir : celle de la ville, qui a un pont-levis, une porte et une barrière et qui sert actuellement, et celle du havre fortifiée d’un petit ravelin carré, comme le figure 5, dont la porte est présentement condamnée. LA VILLE. — « Son rempart enveloppe le château tout à l’en- tour et lui sert de fausse-braye du côté de la mer, avec sépara- tion du reste par les deux extrémités coupées par de grosses traverses de maconnerie, 7, 8, en sorte que la partie 7, 6,1, 8, peut demeurer entièrement dans la possession du château. La plus vieille enceinte est figurée comme le marque 6, 9, 10, 12, 13, 14. Depuis on ya ajouté les trois ravelins 15, 5, 3, pour couvrir autant de portes, et ensuite les deux bastions 4, 2, avec Les courtines attenantes. « Les murs de ladite enceinte étaient de même qualité que ceux du château et du donjon, c’est-à-dire bretessés et machicou- lissés ; ils sont assez bien sur leurs pieds, à quelques demies tours près qui se détachent. Ceux-ci sont terrassés presque jusqu’en haut, mais ils n’ont point de parapets, et il n’est pas bien sûr qu’ils pussent en porter, si on les faisait à preuve de canon, et qu’on achevât de les terrasser. Son fossé est assez bon partout et doit avoir été revêtu, mais il y a beaucoup de vase et de décombres à nettoyer, qui viendraient bien à pro- pos pour achever son rempart. & Aa reste, comme cette place a été négligée depuis long- temps, on a adossé les maisons contre le derrière du rem- part, si près qu’il en est fort étroit, et, de plus, les faubourgs se sont tellement approchés du bord du fossé de tous côtés, qu'on n’y peut faire de chemin couvert, ni rien de considéra- ble sans en abattre les trois quarts. » LE PORT. — « Il est formé par l'embouchure de la petite rivière de Divette, et dans tout le plus mauvais état qu'il peut être, n'ayant point de jetées qui méritent d’en porter le nom, pour empêcher les sables de le combler, ni aucun ts dés i DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 39 fascinage pour en conduire les courants, ni d’écluses pour le nettoyer. Bien éloigné de cela, la plupart des bâtiments y déchargent leur lest impunément, ce qui achève de le com- bler. Il y a un méchant quai en pierre sèche le long du faubourg {1}, que le Gouverneur y a fait bâtir par les habi- tants, et puis c’est tout. Cependant le port peut être rendu fort joli, et capable de recevoir bon nombre de frégates de 20, 24, 30 et 36 pièces de canon, qui seraient là mieux placées qu’en aucun lieu du royaume pour la course. « La mer ne monte que de 14 à 15 pieds dans les marées de vive-eau, et le fond du chenal serait ferré d’ardoises en beau- coup d’endroits, s’il était approfondi de 4 à 5 pieds plus qu'il n’est. LE PONT. — «Il est ruiné de vieillesse pour n'avoir pas été < entretenu; cependant partie des arches et presque toute la « fondation des piles subsistent encore, de sorte qu'il ne serait pas malaisé de le rétablir. » LA RaDe. — < Elle est un peu foraine à la vérité, mais de si < bonne tenue que, de mémoire d'homme, au dire des gens de « mer les plus entendus de ce pays-ci, n’y a péri un vaisseau, < bien qu'il y en ait eu de mouillés des onze mois entiers. » On voit en résumé que le port de Cherbourg, tout juste capa- ble de recevoir des bâtiments du port de 100 tonneaux en marée de vive-eau, était à peu près, en 1686, ce que la nature l'avait fait; les travaux d'art se bornaient au quai du faubourg et à des débris d'anciennes jetées, particulièrement sur la rive droite de la Divette où le tracé de la nouvelle jetée de l’est proposée par Vauban les rencontre. Sauf au sud, la ville n'avait que ses anciennes fortifications féodales, dont il faut dire, pour compléter leur description, qu’elles étaient couvertes de lierre et semées par endroits d'anciens trous de boulets; elle pouvait bien être un point d'appui pour une armée tenant campagne, mais, livrée à elle-même, elle ne pouvait faire aucu- ne résistance. L'établissement maritime et la fortification sont l’un et l’autre à créer; Vauban s'occupe de tous deux, mais il songe d'abord et surtout à la défense : la place forte pouvait ARR RARRR RAR R À A A (1) Rappelé par le nom de la rue actuelle de l'Ancien quai. 40 SUR LA FONDATION se passer de port, tandis que le port ne pouvait, à cette époque surtout, se passer de défense. La fortification féodale serait insuffisante, quoi qu’on fit, comme enceinte principale du corps de la place. Un agrandis- sement de la ville était nécessaire d’ailleurs pour étendre le front des fortifications, donner une retraite aux habitants des faubourgs, pourvoir aux besoins que ferait naître le développe- ment maritime. Une nouvelle enceinte est tracée, qui augmente de moitié la superficie de la ville ; partant du point 23, elle,se compose d’un demi-bastion 25, et de quatre bastions 27, 29,30, 31 (1), les deux courtines du front ouest sont couvertes par les demi-lunes 26 et 28. A l'extérieur, la butte 67 sera rasée ; à l'intérieur, la vieille rue 63 (2), disparaîtra sous les nouveaux quartiers. Au sud, l’ancien faubourg, dont les rues sent modifiées, est enfermé dans un ouvrage isolé de la place, et défendu sur le front principal par les deux demi-bastions 44, 45 et la demi- lune 49. La partie arrière de cet ouvrage, au fond du rentrant couvert par la redoute 48, est elle-même séparée de la partie principale, et forme une grande demi-lune, 43, qui bat le fossé de la vieille enceinte jusqu’au ravelin 3. Le tracé de chaque ouvrage est fait dans le premier système de Vauban. L'ensemble assez irrégulier, n'indique l’application d'aucun système préconçu ; il est dicté par l'étude des lieux. Pour proportionner la force de résistance aux facilités d’attaque, les obstacles se multiplient dans certaines parties, tandis que les longs côtés 38 et 47 n’ont d’autre flanquement que celui qu'ils se donnent l’un à l’autre. Sur la rive droite de la Divette, les travaux se bornent à la redoute en maçonnerie 55 indiquée par le planet le mémoire, sur l’avant de laquelle le plan porte en pointillé le tracé d’un ouvrage à cornes, et à une petite redoute à la tête du pont 66, que le plan ne représente même pas. Les profils quidevaient être joints au plan nesetrouventpas àCherbourg;mais le mémoire porte des indications précises, sur les hauteurs à don- ner aux talus, sur les mesures à prendre pour ledéfilement, l’épais- (1) 25, bastion Saint-Sauveur, — 27 bastion Royal, — 29 bastion de l'Hôpital, — 30 bastion de l'Église. (2) Cette rue 53 est à peu près la rue Christine actuelle. DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 41 seur des murs et des terrassements, etc. Les fossés doivent re- cevoir 6 pieds d’eau en marée de morte-eau. Les traverses doi- vent être multipliées, surtout en face des hauteurs, sur les flancs de l’ouvrage à cornes, où elles sont figurées en 47, sur le long côté 23, 25, sur les deux bastions 25 et 27 et sur la cour- tine qui les sépare, enfin tout le long du chemin couvert. La demi-lune 29 a une traverse en capitale. Deux grandes traver- ses élevées en 32, 33, sur les bastions 25, 27, et deux autres en 39, 40 sur les saillants de l’ouvrage à cornes servent, à la fois, à défiler des hauteurs, et à couvrir les grands souterrains ou casemates pour la garnison. Un autre souterrain est établi en 38, et deux autres sont indiqués comme pouvant être utiles à ménager dans les demi-lunes 26 et 28. Pour l’enceinte de la vieille ville qui est soigneusement con- servée, le travail prévu consiste surtout à ragréer et rempiéter tous les revêtements, refaire presque partoutles parapets ou tout au moins les embrasures. La tour Longue ou tour du Moulin, 6, et la Grosse-Tour ou tour des Sarrasirs, 17, ne demandent pas de grandes dépenses ; à la tour de l’Église, 13, le travail est plus considérable ; à la tour de Gouberville, 12, il n’y a guère qu’à nettoyer et mettre des portes. La tour Carrée, avec son pâté, son souterrain et le ravelin 3, qui défend la porte Haguaise et qui est conservé, exige d'assez grands travaux. La tour Cornetlte, 10, et les deux petites tours intermédiaires sont conservées sans grande dépense. Le long des courtines, il y a généralement plus à faire que sur les tours ; les terrassements sont souvent à éta- blir, ainsi que leur mur de soutènement du côté intérieur. Les fossés sont partout à curer, à revêtir, à approfondir ; la profon- deur indiquée est le niveau des basses-mers de morte-eau, ou six pieds au-dessous des hautes mers de vive-eau. Du côté sud, le bastion 2 qui formait un ouvrage avancé et qui est complété, donne au corps de la place une double enceinte ; l’ancien mur allant de la vieille enceinte, un peu au sud de la porte Neuve, au bastion1, formeun retranchement, qui est flanqué de deux redans 21, 22, et muni d’un fossé particulier. Le ravelin 45, en avant de la porte Notre-Dame, est supprimé. Le château et le donjon sont conservés comme la vieille en- ceinte, etreçoivent, dans les tours, les courtines, les fossés, des réparations analogues ; seulement le fossé doit recevoir six ou 42 SUR LA FONDATION sept pieds d’eau seulement en marée de vive-eau. Quelques mai- sons seront abattues en 4, 4, pour dégager les abords du côté de la place. Il y a ainsi trois enceintes principales, ayant chacune son fossé particulier, sans compter le fossé du donjon, celui du re- tranchement et celui des demi-lunes. Chaque fossé a des mo- yens de communication particuliers avec la mer, celui de la nouvelle enceinte étant séparé de celui de l’ancienne par des batardeaux de 4 pieds et demi de hauteur en arrière de la demi- lune 43. Les manœuvres d’eau jouent, dans la défense de la place, un rôle très-important. La Divette est barrée, devant la tour longue, par la grande écluse 54, destinée en temps ordinaire au passage des navires, mais terrassée pendant un siége ; un petit canal latéral, pratiqué à travers le château derrière cette même tour, est fermé en 71 par une écluse, qui resterait jusqu'au dernier moment entre les mains des assiégés, pour les manœuvres d’eau destinées à la défense. Le bassin de retenue, limité à l’est par le grand mur élevé de 84 à 56 présente une surface d'environ six hectares, où se déverse la Divette, mais que l’on doit surtout faire remplir par la mer, à marée haute, pour obtenir ensuite un courant dans les fossés. Chaque fossé a ses écluses particulières. Le fossé de la nouvelle enceinte est entièrement coupé en 75, en 61, en 59 par des ba- tardeaux avec écluses derrière les tenailles ; l’écluse haute, ou d'entrée d’eau pour tout l'ouvrage est en 75 ; l’écluse basse oude sortie est en 74. La vieille enceinte a son écluse haute en 57, etla basse en 62. Le fossé du château est barré par le batardeau 63; l’écluse haute est en 76 et la basse en 64. Le fossé du donjon doit recevoir simplement une écluse à clapet qui laisse entrer l'eau et la retienne. En comptant l’écluse de retenue générale 74 et les deux écluses 21, 22, du fossé du retranchement, c’est en tout douze écluses destinées à la fortification. Ces dispositions permettent de remplir ou de vider à volonté . les trois grands fossés, et aussi d'y établir, soit un courant, soit des chasses intermittentes. En rompant le batardeau sur le flanc droit des demi-lunes 49, 26, 27 et tenant fermée l’écluse corres- pondante, on peut diriger le courant autour de ces ouvrages ; le mémoire indique particulièrement cette manœuvre pour la demi- DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 43 lune 49, et le plan montre qu’elle est également possible pour les deux autres. On pourrait, en introduisant l’eau en 87 et l’é- vacuant en 74, après avoir démoli le batardeau du flanc gauche de la demi-lune 43, faire passer le courant autour de cette demi- lune. Enfin le retranchement a son fossé muni d’une écluse haute en 22 et d’une écluse basse en 21. On compte ainsi, en tout, sept passages de fossé à exécuter, présentant toutes des difficultés sérieuses, du chemin couvert de la demi-lune 49 jusqu’au donjon, si l'attaque se fait contre le faubourg, « comme il y a bien de l’apparence, parce que là le « front est étroit, les commandements à tous étages, les quar- « tiers près, et les chemins pour approcher très-favorables. » Les ouvrages à emporter successsivement sont : la demi-lune 49, l'ouvrage à cornes, la demi-lune 43 « dont la situation cau- «sera bien des difficultés, » Le bastion Saint-François, 2, soutenu de mines et de retranchements, le retranchement 21, 22 « dé- fendu par le plus rapide courant de toute la place, « etenfin le « château, dont la fausse-braye est retranchée et Le fossé plein « d’eau courante, ce qui lui permet de tenir jusqu’à brèche ou- « verte, sans danger de se faire emporter. » La seconde attaque que Vauban prévoit, qu'il considère comme devant moins tenter l'ennemi, mais comme portant sur une par- tie moins forte en réalité, serait dirigée contre le front 25, 27. De ce côté, il faut prendre la demi-lune 26, qui peut être retran- chée par une seconde, les deux bastions 25, 27, le front lui- même « que l’on ne peut batire et où l’on rencontrerait des « contre-mines et des retranchements », la vieille enceinte, et enfin le château, à prendre par son plus fort, sous les feux croi- sés des traverses et de la fausse-braye, qu'il est difficile de battre. On remarquera les simplifications apportées au tracé des bas- tions 29, 30, 31 du côté de la mer; 31 est à peine un bastion. Tout le côté sud-est n’a guère que l’eau pour défense, avec la redoute en maçonnerie 55, et peut-être l'ouvrage à cornes figuré sur le plan, mais non mentionné dans le mémoire; une redoute à la tête du pont 66, du côté de Tourlaville, est, comme nous l'avons dit, indiquée dans le mémoire, et non figurée sur le plan; les cheminements, de ce côté, ont été regardés comme impra- ticables. 44 SUR LA FONDATION Pour couvrir la rade, une batterie de huit ou dix pièces, avec corps-de-garde, doit être établie à l’extrémité de chacune des deux jetées de l’avant-port projeté ; une batterie munie d’une tour, sur la pointe du Galet, doit croiser son feu avec celui des premières. Si maintenant nous passons aux travaux prévus pour la marine, nous trouvons surtout les deux jetées, dont la construction figure pour une somme importante dans le devis total des dépenses. Ces jetées doivent aller jusqu’au point ex- trème qui découvre aux basses mers de vive-eau. La jetée est suit la direction qui va de la grande écluse à une vieille jetée, sans doute une des anciennes levées de Michel de Montreuil, déjà mentionnées vaguement dans le mémoire, qui, relevées selon toute vraisemblance à leur ancien emplacement, sontfigurées pour 1715-1723, sur la planche II. La jetée ouest, distante de trente toises de la jetée est, se prolonge de 20 toises plus loin que cette dernière ; elle forme le principal quai de la ville. Tout l’es- pace entre la vieille enceinte et les bastions 30, 31, doit être remblayé et consacré à des magasins et autres établissements utiles à la marine. La grande écluse, qui a 32 pieds d'ouverture et son radier établi aussi bas que possible, est d’une utilité exclusivement maritime. Le bassin de flot qui doit servir à la défense, non moins qu'à la navigation, ne présente d'autre ouvrage que le grand mur 54-56, qui est une sorte de quai. De plus, au cas où un quai serait jugé nécessaire au pied même des murs, il devait se construire, sur 9 à 10 toises de large, au pied de la tour longue, comme le plan le représente; ce quai au- rait servi de rempiètement au mur de la place. Un autre quai de quatre à cinq toises de large a sa place prévue sur le long côté de la villetle; il aurait été en communication di- recte avec l’intérieur de la place, par un pont-levis établi en 46. Le pont 66 devait être muni d’un barrage mobile destiné à retenir l’eau en amont, sur une hauteur de 12 pieds francs, pour donner les chasses nécessaires au curage et à l’approfondisse- ment du port. Pour aider à l’effet des chasses, Vauban se pro- pose de « faire faire aussi une demi-douzaine de petits bateaux « à double quille de 8 à 9 pieds de large sur 6 à 7 toises de long, « hauts de 6 pieds de bord, avec des étraves aux deux bouts DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 45 « prolongées de 3 pieds en avant, pour servir au détour des < courants des écluses, et pour les jeter, tantôt sur une partie, « tantôt sur l’autre, afin d’en emporter les sables. » L'étude des tracés et des procédés de construction adoptés pour les fortifications et celle des recommandations si détaillées faites par Vauban pour toutes les maçonneries, les terrasse- ments et les charpentes, serait étrangère à une notice consacrée à l’histoire de la fondation du port (1), mais l’examen des dispo- sitions générales prises relativement à la marine, doit être complété, comme nous avons dit, par l'indication des systèmes suivis par Vauban pour les constructions à la mer. Les mesures à prendre pour élever les ouvrages les plus soi- gnés et particulièrement les écluses sont exposées à deux repri- ses, articles 409 et 123 du mémoire, en des termes peu diffé- rents. On peut les résumer de la manière suivante: 4° Fonder toujours sur le ferme et par conséquent sur le roc partout où il s’en rencontrera, quelque bas qu’il soit, ou, si l’on ne le peut trouver, fonder sur un fond ferme et solide, et s’en bien assurer par des plates-formes et palplanches battues au refus du mouton, bien jointes et assemblées l’une à l’autre dans leurs rainures, et clouées à une ventrière, en sorte que le tout joigne bien. 2 Faire tous les planchers d’écluse doubles, et de bois de chêne bien calfaté et bien goudronné, sinon de pierre bien choisie en voûte renversée arquant de deux ou trois pou- ces sur le tout. Revenant sur ce point, dans un passage qui paraît s'appliquer surtout à la grande écluse 54, Vauban dit que finalement, il faudra faire autant que possible les radiers de pierre de taille en contre-voûte bien bandée contre le fond. Les joints doivent avoir une ligne d'épaisseur, être « coulés de « ciment et fichés tout le long de petits coins de chêne aiguisés « de plat, bien finement battus à force dans les joints, et ensuite < rompus dans les mêmes. » (1) On peut noter quelques prix, à titre de curiosité. Les travaux de ter- rassement sont généralement estimés à 4 1. par toise cube de terre portée de fossé en rempart ; ce prix s'élève à 4 1. 10 s. pour les approfondissements de fossés, et s’abaisse à 3 1. pour les simples nivellements de terrain. La maçonnerie ordinaire est évaluée à 30 1. la toise cube ; les tours, les portes, etc, coûtent 40 1., les voûtes 451. Une solive coûte 8 I. 10 8.; un quintal de clous 17 1. 46 SUR LA FONDATION 30 Faire une clef de ciment et de brique, dans le milieu des bajoyers et dans J’axe des batardeaux, pour les rendre plus étanches, depuis le bas de la fondation jusqu’en haut, et cela sur toute la longueur. 4° Faire tous les parements des écluses en bonnes pierres detaille d'Omonville bien piquées, toutes posées par assises réglées, en donnant du joint du lit et de la queue et cramponnant toutes les assises. L'épaisseur des parements, pour toutes les écluses et batardeaux, doit être de 12 à 15 pouces. Bo Poser toutes les pierres en bain de ciment composé d’un tiers de sable, un tiers de chaux vive, un tiers de pouzzolane ou de vieux tuilot bien pulvérisé et passé au fin tamis de boulanger, et ensuite longtemps battre et démêler ensemble. 60 Faire autour des batardeaux de bons embranchements dans les terres, bien glaisés de terre grasse tout autour. Pour le quai de la Villette ou faubourg, il est recommandé, art. 1427, « de le couronner de grosses pierres posées de champ et de lancer de grands pilots espacés de toise en toise, et tenus par des ancres et anneaux de fer qui s’empâteront dans l'épaisseur des murs et par une ou deux ventrières auxquels ils seront fortement eloués et chevillés, — ce qui sera aussi observé à tous les autres quais exposés au heurt des vais- seaux. » . Le gros mur 53, 86, qui s'élève de trois pieds au-dessus des plus hautes marées, art. 114 doit être fondé sur bon fond, appuyé sur des contreforts comme ceux des revêtements des bâtiments et demi-lunes, et terrassé par une toise d'épaisseur de terre grasse ou de couroi bien conditionné, jusqu’au plus haut des marées, et au-dessus, en sable du lieu. Les jetées, art. 124, 125, doivent être fondées sur le roc et s'élever à trois pieds au-dessus des plus hautes marées; elles doivent avoir des contreforts et être terrassées comme le gros mur, sauf que la terre grasse n’est plus nécessaire, puisqu'il n’y a pas la même poussée à craindre. Il est recommandé de faire les parements des pierres les plus grosses que l’on puisse tirer du Roule, et de traverser les jetées, de pied et demi en pied et demi, par des cours de dalles ou pierres ardoisières de 3 à 4 pieds de longueur, et, enfin, de « terrasser les sommets par « des assises d’un pied à 15 pouces d'épaisseur de grosses pier- RAA NAN À À * 2 6 DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 47 « res posées de camp et debout, fichées bien garnies, jointoyées, « et, du surplus, bandées et contenues par un chassis de char- « penterie de bois de chêne assemblé à queue d’aronde. » A partir de l’endroit où le roc manque pour les fondations, le prolongement des jetées doit être en charpente, comme. à Dunkerque. Sur la fondation, en assises de moellons et de blocaille, doit être placé le remplissage, de pierres arrangées à la main et non jetées au hasard; tous les joints doivent ensuite être remplis de menues pierres ou de gros gravier, pour suppri- mer le ballottement, cause ordinaire de la ruine des jetées en charpente. Le fascinage doit être employé partout où il en sera besoin, pour contenir les courants et les empècher d’aller saper les jetées. La dépense totale de 502960 I., consacrée aux établissements maritimes, était répartie de la manière suivante : Jetée de Pavant-port.... CRC ne 330,000 Approfondissement du chenal....,.,....,...,....: 60.000 Ecluse de navigation,...... MR RES. Sa V00 2000 Prosmur 1 lest du hassmuiss es. sons. ts 28.740 Quais de la ville et du faubourg................... 9.220 Bateaux plats pour le curage...........sos.sssees 9.000 Barrage dupont éclusé..... hs ussssosecsess : 16.000 ToTAL.... 502.960 Les résultats obtenus au point de vue des intérêts maritimes de Cherbourg sont exposés dans les termes suivants : LA MARINE. — « La grande écluse 34 et celle du château 74 « étant faites, les digues, jetées, fascinages, nettoiement du port « et du chenal achevés, toutes et quantes fois que l’on tiendra « la grande écluse fermée, il se fera un bassin depuis le pont « jusqu’à ladite écluse, où il y aura ordinairement depuis 13 v jusqu’à 16 pieds d’eau, sur une étendue capable de contenir « plus de 40 navires du port de 3 à 400 tonneaux ou autant de a frégates de 20, 30 et 40 pièces de canon, pour si taillées qu’elles v puissentôtre. Et, parce que la petite rivière Divette fournit une « assez grande quantité d’eau, en faisant que les écluses soient « un peu étanchées, il ne sera pas impossible d'entretenir la « plénitude de ce bassin à la hauteur des vives eaux. «“ Le chenal au-dessous de l’écluse, ou avant-port, pourra 48 SUR LA FONDATION « aussi recevoir des vaisseanx du port de ë à 600 tonneaux, qui « est à mon avis tout ce que l’on peut souhaiter d’un lieu dont « le fond, ni les marées, ne permettent pas d’en espérer davan- « tage. Tout ceci est une évidence d’autant plus certaine que je v ne le sais que parce que les sondes m’en ont appris. « DE CE QUE DESSUS, et de toute cette disposition, il résulte « que ce port, présentement désert et sans aucun commerce, « pourra devenir, non-seulement marchand, mais très-bon et mieux situé pour la course qu'aucun autre du royaume, d'autant que l’espace de mer qu'il y a d'ici en Angleterre forme un détroit, par où il faut que tout le commerce du Nord passe, à moins de faire le tour de l’Ecosse qui est long et fort périlleux. D'ailleurs, quand on sort du port de Cherbourg, on n’est pas à 6 lieues en mer, qu’on découvre tout ce qui se passe en Angleterre et sur nos côtes ; d’où s’en suivra que, si l’on tient 7 ou 8 frégates à Cherbourg, du port de 12, 16, 20, 24, 30, 36 pièces de canon bien montées, elles désoleront tout le commerce de la Manche et feront plus de mal aux ennemis que les 20 plus gros navires armés du royaume, joint que tous nos marchands et tous autres bâtiments faisant la course y trouveront un nouveau refuge assuré contre le mauvais temps et les ennemis. » Le mémoire de Vauban se termine ainsi, par des conclusions relatives à la situation maritime qui donne à Cherbourg, sa réelle importance. Mais, à une époque où la marine française était en état de disputer la mer aux flottes coalisées de Hollande et d'Angleterre, un port de marchands et de corsaires était-il l’établissement qui répondait aux vues premières de Louis XIV inspirées par la rade de la Hougue? Huit ans plus tard, Vauban revenait à Cherbourg pour étudier sur place la création d’un port capable d’abriter une armée navale, ou tout au moins une grosse escadre. Ses conclusions, relatives à la création d’une rade fermée et d’un bassin intérieur à l’ouest de la pointe du Galet, appartiennent à l’histoire des nou- veaux établissements, et non plus à celle de l’ancien port de Cherbourg. 22 MM © D EE), MR BR LS Se + re TV st ét pti. de. : into hs the sf mi fa nt : + ?s RS té d'à: DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 49 CORRESPONDANCE DE LOUIS-ROLAND DE CALIGNY ET DU MARÉCHAL D’ASFELD, RELATIVE AU PORT DE CHERBOURG (huit pièces). PIÈCE N° 2. Mémoire sur le port de Cherbourg, relatif au projet des ouvrages proposés à y faire. Le port de Cherbourg, ainsi que la ville, est situé au fond d’une grande baie, sur la côte septentrionale de la presqu’ile du Cotentin, entre le cap de la Hague et celui de Barfleur,; il n’est éloigné que de 18 à 20 lieues de Portland et de l’ile de Wight, qui est vis-à-vis, et à vingt-cinq à vingt-six lieues de Portsmouth, un des meilleurs ports d'Angleterre, de sorte qu’on peut y arriver de ces ports en quatre heures de vent favorable, et il n’en faut pas même plus de vingt-quatre de vents contrai- res, à cause des différents courants qui règnent entre Ports- mouth et Cherbourg. Ce trajet est la partie de la Manche la plus étroite, et, comme pendant la guerre les gardes-côtes anglais et les corsaires de Jersey et Guernesey croisent continuellement dessus, nos vais- seaux marchands et autres, qui font cette route, ne peuvent doubler de jour le cap de la Hague sans être aperçus et pour- suivis, de sorte que les Anglais nous en ont beaucoup pris ou fait périr à la côte, pendant la dernière guerre, faute d’un port pour se réfugier. Ce même défaut est aussi fort préjudiciable aux navigateurs, lorsqu'ils sont pris de vents contraires et de mauvais temps sur ces côtes ; caril ne peut entrer dans le port de Cherbourg, en l’état tel qu’il est, en morte-eau, que des bâti- ments de 50 à 60tonneaux, la mer n’y montant qu’à 12 à 13 pieds d’eau en vive-eau et à 6 à 7 pieds en morte-eau; ceux qui sont d’un port au-dessus sont obligés de se retirer dans la petite rade, sous le canon du fort du Galet, qui est à peu près à 600 toises à l'occident de Cherbourg, et dans la fosse du Galet joi- gnant ledit fort dans laquelle il ne reste à mer basse que 2 à 3 brasses d’eau ; mais elle ne peut contenir que 7 à 8 frégates, les- quelles y sont même en danger de périr dans les gros temps, par les vents depuis le nord jusqu’à l’est qui donne à plomb dessus ; mais lorsque les bâtiments qui viennent d’aval et font # 50 SUR LA FONDATION la route d’amont peuvent doubler le raz ou cap de Barfleur, ils gagnent la rade de la Hougue, où ils sont plus à couvert. En accommodant ce port suivant le projet ci-joint, on sera pour ainsi dire à l’abri de tous ces dangers; il servira d’asile aux fréga- tes du Roi et aux flottes marchandes, et pourra contenir 450 à 290 voiles du port de 4, 5 et 600 tonneaux, les plus grands bâtiments restant dans l’avant-port 11 ; et, comme ce port est mieux situé pour la course qu'aucun autre du royaume, si l’on y tenait pen- dant la guerre 7 à8 frégates de 20, 24%, 30, 36 et 40 pièces de canon bien montées, elles désoleraient tout le commerce de la Manche, et feraient plus de mal aux ennemis que les 20 plus gros vaisseaux armés dans d’autres ports; car il faut que tout le commerce du Nord passe par l’espace de mer qui est entre Cherbourg et l’Angleterre, à moins que de faire le tour de l’'E- cosse, qui est très-long et fort périlleux ; et, comme cet espace est très-étroit, on n’est pas à 6 lieues en mer qu’on ne découvre tout ce qui se passe entre l’Angleterre et nos côtes. Ces frégates serviraient, en outre, d’escorte à nos flottes marchandes lorsqu'il serait nécessaire, et favoriseraient par là d'autant mieux le commerce ; d’abord ce port étant bien accom- modé, le commerce de Cherbourg qui est très-peu considérable présentement, deviendra florissant et produira une augmenta- tion aux fermes du Roi. Pour mettre le port de Cherbourg en l’état qu’il convient, il est indispensable de construire l’écluse cotée 12 sur le plan ci- joint, avecdes portes d’èbe, lesquelles retiendront les eaux de la mer dans le port ou bassin qu’elle formera, pour y tenir les vaisseaux à flot; cette écluse,ainsi que tous les quais de maçon- nerie de droite et de gauche, qui sont également indispensables, sera fondée sur un tuf ou roc de pierres ardoisines, et son ra- dier établi environ 5 pieds au-dessous du fond du chenal d’à-pré- sent, et comme il se fait souvent par de certains vents des rap- ports de sable quicomblentle chenal, non seulement entre les jetées, mais encore jusqu’à la basse-mer, le principal office de cette écluse sera, au moyen du courant d’eau qui se formera par les deux ventelles,non-seulement d’emporter lesdits sables, mais encore d'approfondir le chenal de 4, 5, 6 et 7 pieds depuis ladite écluse jusqu’à lajbasse-mer, ce qui ne pourrait se faire par aucun autre moyen ; le même courant servira à aider en bonne partie au. RC re DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 51 nettoiement et à l’approfondissement de l’avant-port 11, où il peut y avoir 8 pieds de hauteur de sable ou même de galet à enlever ; c'est pourquoi il ne conviendra de travailler à cet approfondisse- ment qu'après l'exécution de ladite écluse, afin d’épargner par le courant d’eau qu’elle formera, une partie de la dépense portée dans le projet pour cet article. La jetée 7 de l’est, construite en pierres sèches, ainsi que celle 4 de l’ouest, sont fondées l’une et l’autre fort haut sur un fond de sable, et par conséquent bien au-dessus du fond que le chenal doit avoir ; on ne pourra se dispenser de faire à toutes deux, d’un bout à l’autre, le rempiètement de maçonnerie pro- posé, de 7 pieds d'épaisseur réduite, et 114 à 12 de hauteur, établi sur le tuf ou roc d’ardoise, sans quoi le courant des écluses, en approfondissant le chenal, aurait dans peu sapé le pied desdites jetées. Lesdites jetées 7 et 4 sont fort courtes ; on ne pourra se dispenser de les prolonger de 60 toises chacune, pour arrêter les sables qui viennent du côté d'amont, diriger le chenal sur une longueur raisonnable, et faciliter l'entrée du port, qui est fort difficile en l’état qu’elle est ; mais, si on faisait ces prolongations en pierres sèches, elles seraient détruites en peu de temps par la mer, qui est souvent très-rude, surtout en hiver, et on ne pourrait pas même se flatter de les achever, pour peu qu’il survint de mauvais temps pendant la construction, c’est pour- quoi on propose d'exécuter ces prolongations en maçonnerie à parement de pierre de taille bien conditionnée, mais cet article doit être réservé pour le dernier. Suivant le projet de feu M. le Maréchal de Vauban, cesjetées de- vaient s'étendre l’une et l’autre jusqu'à la basse-mer, pour ren- dre l'entrée du port plus sûre et plus aisée ; mais cela quadru- _plerait la dépense, et, comme le sable de l’estran est très-fin et sans rapport de vases, on a lieu d'espérer qu’au moyen du jeu des écluses, qui sera très-fort, parce qu'il restera 7 à 8 pieds de pente jusqu'à la basse-mer, on entretiendra un chenal pro- fond et direct, depuis la tête des jetées jusqu’à ladite basse-mer, quoiqu'il soit exposé d'être de temps en temps rempli de sable. L'entrée desdites jetées sera défendue par le canon du fort de l’Orglet, qui n’en est éloigné que de 130 toises, situé à l’ouest de la ville, et par le canon du fort du Galet, situé aussi à l’ouest, sur une pointe de rocher avancée à l’entrée de la baie, éloignée 52 SUR LA FONDATION de 500 toises. Du côté de l’est, ladite entrée sera défendue par le canon de la redoute de Tourlaville, éloignée à la vérité de plus de 600 toises ; mais on pourrait établir une batterie dans les dunes, à 1450 ou 200 toises, s’il était jugé nécessaire. On n’emploie pas dans le projet, l’approfondissement du che- nal du port ou bassin, 17, quoiqu'il soit de 4, 5, 6 ou 7 pieds plus haut que ne sera le dessus du radier de l’écluse 12 lors- qu’elle sera exécutée, parce qu’on a lieu d'espérer que la petite rivière Divette, qui passe dedans, l’approfondira aussi bas que ledit radier, principalement dans les temps de grandes pluies, étant ordinairement peu abondante en eaux ; au pis aller, on pourra par les suites, s’il est nécessaire, se servir de main d'hommes, pour aider à creuser ledit chenal et faire un appro- fondissement plus ample dans ledit port qui est fort spacieux, si le besoin le requiert, pour y retenir toujours à flot les frégates du Roi et autres bâtiments. Le port de Cherbourg accommodé suivant le projet, il y montera 11 pieds de hauteur d’eau, sur le radier de l’écluse 12, en pleine mer de morte-eau, 17 pieds en pleine mer de vive-eau ordinaire, et 20 pieds dans les grandes vives eaux des équinoxes, et 2 à 3 pieds de plus dans l’avant- port 11, c’est tout ce qu’on peut y faire par rapport à la situa- tion du lieu. Fait au Havre le 22 août 1731. Le Chevalier de CALIGNY. PORT DE CHERBOURG 1731 Etat abrégé de l'estimation faite pour connaître ce qu’il en pourra coûter, pour faire au port de Cherbourg Les ouvrages les plus indispensables, pour le mettre en état de recevoir les bâtiments les plus gros que la situation du lieu peut per- mettre. (Joint au mémoire formant la pièce n° 2). 40 Pour faire une écluse cotée 12, à portes d’èbe, propre à sou- tenir les eaux dans le bassin 47 qu’elle formera, et à nettoyer les ensablements de l’avant-port 11 et du chenal; compris un pont tournant au-dessus et les quais de droite et de gauche: CS cs à ES - 1er DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 59 3.148 toises de déblai et rem- blai de terre, sable, galet et va- ses, à 6 L., épuisement des eaux et batardeaux compris......... 118 toises d’excavation de roc à 40}. la-toise eube....:....... 520, 5 toises de maçonnerie à parement de pierre de taille d’O- monville posée en ciment sur deux pieds d'épaisseur, à 105 I. la toise cube, épuisement d’eaux et batardeaux compris....... RUE 712 toises de maçonnerie à pa- rement de pierre de taille ar- doisine pour les quais posée en mortier de ciment, sur un pied. d'épaisseur, à 88 I. la toise cube, batardeau et épuisement d’eaux RO ES RU re ee da cree 1820 solives de charpente de bois de chêne neuf, à 9 1. la so- LA ER RER NRA A RE Sd SE 246, 5toises de bordage de chê- ne sur 2 pouces d'épaisseur, à 241. la’toise Carrée... ARTS 43 toises de bordage de chêne pour les portes sur 2 pouces d'épaisseur, calfatées, goudron- nées et brayées, à 32 1. la toise Carré. desde sr as aa 20 toises de peinture, à 2 1. 10 Sa Ur. REA PRPAT 2 Fe 25.128 livres de gros fer, à 30 I. LEA LIT CRRERRONRERR RRCER ER ETS REPRRE 3000 livres de fonte pour les crapaudines, et pivot des portes, EE A DPR TS LS CPR TROT LUE | A reporter... 18.888 I. 1.180 1. 54.687 k5:40 Se L'article ci-contre est proposé en pier- re ardoisine au lieu de pierre de taille d’Omonville, pour épargner 12104 1. de dépense 62.656 1. 16.380 1. 5.916 L. 7.5381.,8s. 3.640 |. 3751. 172.686 1., 185. us éd D4 SUR LA FONDATION Report... 172.686 1.,18s. Pour deux crics doubles, à 120 HAAMIBCBRME ES es one se 240 1. TOR 172.926 L., 185. 20 Pour rempiéter en maçonnerie à parements de pierre de taille d'Omonville, la jetée à pierre sèche, 7, de l’est, et celle, 4, de l’ouest, sur 167 toises de longueur, 7 pieds de largeur et 12 pieds de hauteur : 668 toises de déblai de sable ou galet, à 8 1. la toise cube, les épuisements d’eau compris..... 3.3401. 389, 4 toises de maçonnerie à parement de pierre de taille d’O- monville, à 105 I. la toise cube, les épuisements d’eau compris.. 40.918 1. ROIS Eee 44.255 1. 30 Pour le nettoiement des ensablements, et vase de l’avant-port 11 : 8100 toises de déblai de sable, galet et vases, à 31. la toise cube. 24.300 1. 40 Pour faire en maçonnerie à parements de pierre de taille d'Omonville, sur 60 toises de longueur, le prolongement, 9, de la jetée 7 de l’est, et le prolongement, 6, de la jetée 4 de l’ouest, aussi sur 60 toises de longueur: 2160 toises de déblai etremblai de sable, à 6 1. la toise cube, les épuisements d’eau compris. 412.960 1. 40 toises d’excavation de roc, à 40-1. la toise cubes. {en .... 400 Ï. 2868 toises de maçonnerie à parement de pierre de taille d’O- monville posée en ciment, sur 2 pieds de largeur, à 105 1. la toise A reporter.... 13.360 |. DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. D9 Report.. 13.360 1. cube, les épuisements d’eaux COMDTR: Re026 0 AN. 120 toises courantes de para- pets de pierre de taille, de 3 pieds d'épaisseur sur 3 pieds et demi de haut, armés de crampons de fer scellés en plomb, à 70 I. la OO CONTAMP TR en Re see set eue 8.400 1. PO A En CLS dust) 2012088 Le Total général........,.:...... 532.666 L., 185. Fait au Havre le 22 août 1731. Le Chevalier de CALIGNY. PIÈCE No 3. Lettre de M. de Caligny au Maréchal d'Asfeld. Au Havre, le 20 juin 1736. Monseigneur, j'ai l'honneur de vous informer de mon retour d'hier au soir, de la tournée que je viens de faire dans les pla- ces et ports de la côte de la Basse-Normandie, et de ce que j'y ai remarqué. Les ouvrages ordonnés cette année au château de Caen, à la côte de la Hougue, à celle de Cherbourg et à Gran- ville sont, Monseigneur, bien entrepris, et les entrepreneurs s’approvisionnent des matériaux nécessaires pour les finir pen- dant la belle saison. Je n’ai rien remarqué d’ailleurs qui mérite votre attention. J'ai fait, Monseigneur, un long séjour à Cher- bourg, pour y examiner de nouveau, suivant vos ordres, s’il n’y aurait rien à changer au projet que je dressai, il y a trois ans, des ouvrages qu’il conviendrait de faire pour mettre ce port en état. Lorsque je réglai, je comptais de trouver partout un fond de roc, fondé sur des mémoires de M. le Maréchal de Vauban et le préjugé des anciens habitants du lieu ; je fis même donner quelques coups de sonde avec les fers que je pus trouver, et le hasard nous fit tomber sur des parties de rocs de pierres ardoisines, mais, nos fers s'étant rompus en les retirant, nous ne pümes faire un plus ample examen. Prévenu qu'on 56 SUR LA FONDATION trouverait partout un fond de roc, je réglai mon projet sur ce pied; mais ayant voulu, Monseigneur, en dernier lieu, en con- naître l’épaisseur, pour être plus sùr de mon fait, j'ai fait percer ce roc avec des aiguilles ou fers de mines, etil ne s’est trouvé avoir que deux pieds d'épaisseur, qu’il faudra même enlever, les fondations devant être établies de cinq ou six pieds plus bas; ce roc n'existe même que dans une partie de l’emplace- ment de l’écluse projetée, et en deux ou trois autres endroits; il n’y en a point le long des jetées à pierres sèches ni à leurs têtes qu’on doit prolonger en maçonnerie. On a fait entrer par- tout, Monseigneur, des sondes de 15 pieds de longueur, et par conséquent plus bas que le dessous des fondations; le fond paraît solide et être composé de sable et de gravier, et peut- être de quelque lit de terre grasse. Cette différence de fond avec le roc est cause qu'on sera obligé de fonder les ouvrages de plusieurs pieds plus bas, de piloter l’écluse projetée, d’y faire des doubles planchers et grillages, des avant-radiers et faux-radiers, et d'y enfoncer six files de palplanches, ce qui en augmentera très-considérablement la dépense ;,je ne comprends pas même, pour l’épargner, dans l'estimation que j'ai dressée avec M. de Caux, des pilots sous les bajoyers, ainsi qu'il se pratique dans ces sortes d'ouvrages, comptant que le fond sera assez bon pour s’en passer. On sera indispensablement obligé, Monseigneur, de mettre des files de palplanches au pied des rempiétements des jetées à pierres sèches et de leur prolongation en maçonnerie, pour empêcher les eaux de la mer et du courant des écluses de saper le dessous des fondations. Toutes ces augmentations de dépen-- se m'ont obligé, Monseigneur, de ne proposer la prolongation en maconnerie des jetées à pierres sèches que sur 20 toises de longueur chacune, au lieu de 60, afin que le montant du nou- veau projet ne paraisse pas trop fort, Car on sera toujours à temps, lorsque le tout sera exécuté dans nombre d’années, de prolonger davantage lesdites jetées s’il est nécessaire. Je fais faire, Monseigneur, tous les plans et profils qu’il convient pour avoir l'honneur de vous les adresser ; mais comme ils ne pourront être finis d’un mois, j'ai cru devoir, en attendant, vous envoyer un état des ouvrages proposés, pour vous faire connaître à combien ils pourront monter, afin que vous en puissiez faire SMÉES DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 97 dans peu usage, si vous le jugez à propos, car M.de Wattaut m'a dit, en passant à Caen, qu’on devait régler incessamment dans le Conseil les impositions, et que si le temps était passé sans qu'on en eût réglé une extraordinaire pour Cherbourg, il faudrait attendre à l’année prochaine pour le faire, et que pour- lui il ne pouvait envoyer de projet d'imposition, à moins que M. le Contrôleur-Général ne lui en donne l’ordre. Si le Roi se détermine à faire travailler à Cherbourg, il conviendrait d'y dépenser 60 ou 80.000 livres par an, qu’on emploierait à la construction de l’écluse qui est l’ouvrage le plus pressé, et lequel ne doit pas traîner en longueur, crainte des accidents de la mer. Je n’ai pas manqué, Monseigneur, suivant vos ordres, d'aller visiter le port de Diélette ; j'ai trouvé la jetée en très- bon état, elle a fort bien résisté aux furieuses tempêtes qu’elle a essuyées depuis plusieurs années. M. le Marquis de Flaman- ville a fait rétablir assez solidement son parapet que la mer avait renversé; mais il serait bien nécessaire que le dessus de ladite jetée fut pavé en pierres de champ bien maçonnées, n'étant garni que de petites pierres posées à sec et de galet, dans lequel les lames de la mer, dans les gros temps, font toujours quelques souilles. J'ai remarqué, Monseigneur, que depuis deux ou trois ans il s'était fait, pendant les tempêtes qui sont survenues, un ensa- blement dans ce port sur environ la moitié de sa superficie et 6 à 7 pouces de hauteur seulement, mais cet accident est de peu de conséquence ; cet ensablement est provenu d’un banc de sable qui est au pied de la côte entre des rochers, 150 toises au- dessus du port, et ayant très-peu de superficie. Il n’y a rien à changer, Monseigneur, au projet que j'ai eu l'honneur de vous envoyer il y a trois ans, et il serait plus que jamais fort à désirer que le Roi se déterminât à faire l'acquisition de ce port qui est le seul que nous ayons sur la côte occidentale de la Basse-Normandie, pour balancer, avec celui de Cherbourg, le port que les Anglais font à Aurigny, lequel s’avance beaucoup, et ceux des iles de Jersey et de Guernesey. Je suis, etc., Le Chevalier de CALIGNY. 58 SUR LA FONDATION PIÈCE N° 4. Ecriture, en partie illisible, qui se trouve sur la lettre en date du 20 juin 1736, du Chevalier de Caligny. Je vois par l'examen général des ouvrages à faire au port de Cherbourg que les dépenses monteraient à........ J'en rendrai compte à Son Eminence, et je souhaite pouvoir la déterminer à faire travailler au port, l’année prochaine, et que l’on s'impose pour cela 60 ou 80 m. 1. comme je le marque, il sera bon que vous engagiez M. de Wattaut..... à M. le Contrôleur-général et même à M. le Cardinal, pour marquer de quelle conséquence il est de mettre ce port en état. Je l’aiderai de mon côté à obtenir les fonds qui sont demandés, mais je crains fort que, si la ré- forme que vous ferez dans les croquis diffère encore, cet ou- vrage ne soit encore remis à une autre année ; les mêmes rai- sons pourront aussi engager à différer à un autre temps l’acqui- sition du port de Diélette. Je suis bien aïse que vous ayez trouvé les jetées en bon état. Je comprends bien qu’il serait nécessaire d'y faire travailler. PIÈCE N° 8. Lettre de M. de Caligry au Maréchal d’Asfeld. Au Havre, le 146 Août 1737. Monseigneur, j'ai l'honneur de vous envoyer, suivant vos or- dres, le projet des ouvrages indispensables à faire au port de Cherbourg pour le mettre en état de recevoir les frégates du roi depuis vingt jusqu’à quarante canons, et les vaisseaux marchands les plus gros, et jy joins, Monseigneur, les plans et dessins né- cessaires ; le plan du port, première feuille, représente la dis- position des ouvrages proposés, lavés de couleur jaune ; la deuxième feuille contient les plans de l’écluse ; je n’y ai point marqué de pilots sous les bajoyers, parce qu'ayant fait sonder le fond avec des aiguilles de fer de 15 pieds de longueur, il m’a paru assez ferme et solide pour pouvoir épargner cette dépense, qui ne laisserait pas d’être considérable ; je lui donne d’ailleurs toute la solidité que doivent avoir ces sortes d'ouvrages; le profil en travers et la coupe en long de la même écluse sont marqués sur la troisième feuille, et la quatrième contient les DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 59 profils du chenal et des revêtements en forme de quai, le long des jetées en pierres sèches de l’est et de l’ouest, et ceux des prolongements en maçonnerie des mêmes jetées. L'emplacement de l’écluse est, Monseigneur, celui qui convient le mieux, et le même que dans l’ancien projet de feu M. le Maréchal de Vaü- ban; c’est par son moyen qu'on sera enétat d’avoir,par ses portes, un courant d’eau, qui, avec peu de secours, formera, jusqu’à la basse-mer, un chenal à la profondeur qu’il doit avoir, etle tien- dra toujours ouvert ; on le nettoiera lorsque la mer y aura fait des rapports de sable, qui ne sont que trop fréquents. Cette écluse formera un bassin coté 13, dont le fond du chenal se trouvera de 4 à 5 pieds plus haut que le radier de ladite écluse après sa construction, mais le courant de la rivière l’approfon- dira dans sa chûte, au mème niveau que ledit radier, pour peu qu’il soit aidé de main d'hommes, et il servira à placer plusieurs vaisseaux et les tenir à flot à mer basse en attendant que par les suites on approfondisse, sans beaucoup de dépense, telle superficie dudit bassin qu’on jugera à propos suivant les besoins à venir. On aura, au moyen de cette écluse, une retenue d’eau très-considérable pour le nettoiement du chenal. Vous remar- querez, sans doute, Monseigneur, qu’elle est un peu exposée au nord; mais comme les lames poussées de ce vent forcé qui viendront entre les jetées trouveront un grand espace pour s'étendre dans l’avant-port, elles perdront la moitié ou les trois quarts de leur force, et n’auront que peu d'effet ; il montera 10 à 11 pieds d’eau sur son radier en pleine mer de morte- eau, 16 à 17 en vive-eau ordinaire, et 3 de plus dans les grandes vives eaux d'équinoxe. On ne pourrait, Monsei- gneur, établir plus bas ledit radier pour faire monter des- sus une plus grande hauteur d’eau, parce qu’il ne restera que 3 pieds de pente jusqu'à la basse mer de vive-eau, ce qui est le moins qu’on puisse conserver, afin que le courant de l’écluse ait la chasse nécessaire pour nettoyer le chenal, et c’est là tout ce que la situation du lieu peut permettre de faire. L'avant-port 11, quiest, Monseigneur, beaucoup plus spacieux que n’était celui du projet de M. le Maréchal de Vauban, estdis- posé présentement, tel qu’il est représenté sur le plan, à son ap- profondissement proposé près ; il aura son fond de deux pieds et demi plus bas que le dessus du radier de l’écluse, et pourra Con- 60 SUR LA FONDATION tenir une grande quantité de vaisseaux marchands ou frégates, et recevoir ceux qui tireront trop d’eau pour pouvoir entrer dans le bassin principalement dans les mortes eaux. La disposition des ouvrages proposés par le projet est telle, Monseigneur, que si, par les suites, on jugeait à propos pour le bien du service du Roi de les augmenter, il n’y aurait rien à y changer. Lorsque vous serez informé des fonds que vous devez obtenir, si vous voulez bien avoir la bonté de me faire savoir la somme qui au- ra été accordée, je dresserai un nouveau projet particulier en conformité, et je l’emploierai pour l’année prochaine, si vous le trouvez bien, par à-compte, à l’écluse et à la prolongation en maçonnerie des jetées, parce qu’il convient de commencer à travailler par ces deux ouvrages ; mais il sera difficile, Monsei- gneur, à l'égard de l’écluse, de faire autre chose l’année pro- chaine que de s’approvisionner, le plus qu’il sera possible, de matériaux, afin de la pouvoir fonder l’année d’ensuite ; j'em- ploierai dans ce projet les entretiens et les ouvrages à faire à la côte de Cherbourg à l'ordinaire. L'entrée du port de Cher- bourg est défendue par le canon du fort de l’Onglet, qui n’en est éloigné que de 150 toises, situé à l’ouest de la ville, et par le canon du fort du Galet, situé aussi à l’ouest, sur une pointe de rocher avancée a l’entrée de la baie, éloignée de 500 toises. Du côté de l’est, ladite entrée est défendue par le canon de la re- doute de Tourlaville, éloignée à la vérité de plus de 500 toises, mais on pourrait établir une batterie dans les dunes, à 400 ou 200 toises, s’il était nécessaire. Comme vous êtes parfaitement informé, Monseigneur, des propriétés avantageuses de la situa- tion du port de Cherbourg, tant pour favoriser de toutes façons le commerce que pour déranger infiniment en temps de guerre, par la course, celui des Anglais, en y tenant huit ou dix fré- gates qui pourraient aussi servir d’escorte aux bâtiments mar- chands, je ne vous en ferai point un plus long détail. Je suis, etc., : Le Chevalier de CALIGNY. <'inclhits 2 DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 61 PIÈCE N° 6. Lettre du Maréchal d'Asfeld à M. le Comte de Maurepas. v A Asfeld, près Reims, le 20 septembre 1737. Sur ce que vous m'avez marqué, Monsieur, que vous désiriez d’avoir ua plan des ouvrages que l’on se propose de faire au port de Cherbourg, j'en ai fait faire une copie que je joins ici. Quand ces ouvrages seront faits et le bassin creusé, il pourra y entrer des frégates depuis 20 jusqu’à 40 pièces de canon, et l’avant-port 11 est disposé de manière qu’il pourra contenir une grande quantité de vaisseaux marchands ou frégates et mettre en süreté ceux qui tireront trop d’eau pour pouvoir entrer dans le bassin, principalement dans’ les mortes eaux. Vous savez, Monsieur, que ce port est avantageusement situé, tant pour le commerce, que pour imposer pendant la guerre à celui de l’île d’Aurigny, en y tenant des frégates. La dépense des ouvrages à y faire montera à 553,314 liv. Le Roi ayant approuvé ce projet, M. Orry est disposé d’en accorder les fonds en plusieurs années. Je profite avec plaisir de cette occasion, pour vous assurer que j'ai l'honneur d'être très-parfaitement, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. - Le Maréchal d’ASFELD. PIÈCE N° 7. Lettre de M. de Caligny au Maréchal d’Asfeld. A Caen, le 2 avril 1739. Monseigneur, j'ai l'honneur de vous envoyer, suivant vos ordres, les plan et profil de l’écluse ordonnée à Cherbourg avec un plan du port, comme aussi, Monseigneur, l’état des ou- vrages les plus indispensables ordonnés à y faire en quatre années, pour le mettre en état de recevoir quelques frégates du Roi et les plus gros vaisseaux marchands. Vous remarquerez sans doute, Monseigneur, sur le plan de l’écluse, que je n’y ai employé que des portes d’èbe pour arrêter les eaux de la ri- vière et de la mer dans le bassin, et que je n’y ai point mis des portes de flot contre les eaux de la mer; il aurait fallu pour cela allonger cette écluse de l'intervalle d’une porte à l’autre, 62 SUR LA FONDATION ce qui, joint à la dépense de la porte, aurait composé une aug- mentation assez forte que je n’ai pas cru devoir proposer, ladite porte m’ayant} paru tout-à-fait inutile au port de Cherbourg, et je ni eu cette pensée qu'après M. le Maréchal de Vauban, qui n’en avait point employé à une pareille écluse, quoiqu'il n’é- pargnât rien d’ailleurs pour mettre ledit port dans toute sa per- fection. Le radier de ladite écluse doit être fait en pavé, posé en ci- ment, d'environ 4 pieds:de longueur, 3 de largeur et 18 à 20 pouces d’épaisseur, à l'exception de la partie des portes repré- sentée sur le plan, qui sera construite en charpente et d’une manière très-solide, suivant qu’il se ‘pratique à ces sortes d’ou- vrages. J'ai fait marquer, Monseigneur, sur le même plan de l’écluse, la petite écluse de chasse que vous avez approuvée cet hiver, afin d’avoir un plus grand courant d’eau pour nettoyer le chenal jusqu’à la basse-mer, et de donner issue aux eaux de la rivière dans les temps de débordements, et qu’on aurait retenu les eaux de la mer dans le bassin; sa dépense sera prise sur une épargne assez forte qui se trouvera sur la grande écluse; mais nous pourrons bien sur la fin avoir besoin d’un supplément de fonds de 10 à 12900 livres ; mais je ferai ce qui dépendra de moi pour que cela n'arrive pas. J’ai marqué, Monseigneur, à la marge de l’état, ce qu’il y a d'ouvrages faits et ce qu’il en reste à faire, et, au bas, ce qui a été dépensé l’année dernière et ce qui reste à dépenser pour faire les ouvrages dont il est fait mention. Comme vous m’aviez ordonné, Monseigneur, de n’employer dans le projet que les ouvrages indispensables pour recevoir des vaisseaux marchands, le Roi ne voulant pas faire de trop grosses dépenses, je me suis attaché à suivre exactement vos ordres ; c’est pourquoi je n’ai pas proposé l’approfondissement du bassin 13, pour lui donner une forme convenable et régu- lière ; il aurait fallu, pour cela, l’approfondir sur environ 130 toises en carré et le revêtir de quais tout autour, tant pour les besoins que pour la régularité, et empêcher les eaux de la mer d'attirer dedans les sables qui sont du côté opposé à la ville, lesquels auraient formé des bancs considérables; il aurait même été nécessaire de faire deux ou trois écluses à son extrémité opposée à la grande, pour le nettoyer lorsque la rivière y aurait LE LA : : DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 63 causé des ensablements ; 100000 écus n’auraient pas suffi pour cette dépense; je n’ai donc pas cru, Monseigneur, devoir la proposer, dans l'esprit d'économie où est la Cour, et n'étant question que de l'indispensable; j'ai pensé, au contraire, que, si, dans un nombre d'années, le commerce de Cherbourg deve-" nait très-florissant et que le Roi voulût y entretenir un nombre de frégates, Sa Majesté serait à temps de faire cette dépense et autres telles qu’elle le jugerait à propos, et qu’en attendant, Pavant-port 11, lorsqu'il sera achevé d’approfondir, pourra con- tenir commodémentun nombre assez considérable de vaisseaux ; le bassin 13, que l’écluse formera, en contiendra aussi les moins gros en l’état qu’il est, et, comme le radier de ladite écluse sera de 5 à 6 pieds plus bas que le chenal actuel de la rivière dans ledit bassin, elle l’approfondira d'elle-même aussi bas, pour peu qu’elle soit aidée de main d'hommes, de sorte qu’on y pourra tenir à flot, en cas de besoin, une douzaine des plus gros navires qui seraient trop fins pour soutenir l’échouage ; mais pour avoir plus de commodité et d'emplacement dans ledit bassin, on pourra, Monseigneur, après la construction des ouvrages ordonnés, en approfondir quelque portion, entre le chenal de la rivière, tel qu’il est repré- senté sur le plan, et la ville, commençant auprès de l’écluse; et comme le peu de quais qu’il y a, nécessaires pour la décharge des marchandises, ne valent rien, sont difformes et fondés trop haut, on en pourra faire en même temps quelques parties ; 20 ou 25 mille livres tous les ans pourvoieraient à ce travail et autres besoins. La mer a, Monseigneur, augmenté cet hiver assez con- sidérablement les ensablements de l’avant-port 41; mais j'es- père qu’au moyen du courant des écluses qui nous aidera, on pourra se passer d’une augmentation de fonds pour l’approfon- dir. Pour achever de creuser le chenal depuis l’avant-port 11 jusqu’à la basse-mer, suivant qu’il est représenté sur le plan, en ne se servant que de main d'hommes, il en coûterait 24 à 25 mille livres; je n’ai point employé cet article dans le projet gé- néral, parce qu’il ne doit être exécuté qu'après la construction des autres ouvrages, et que je compte le faire faire à beau- coup moins de dépense en y employant le courant des écluses, qui chassera à la mer une grande partie des sables et élargira même ledit chenal beaucoup plus qu’il n’est représenté sur le 64 SUR LA FONDATION plan. J'aurai l'honneur, Monseigneur, lorsqu'il en sera temps, de vous informer du fonds que je croirai qui pourra être néces- saire pour exécuter cet ouvrage. M. de Caux fait travailler, de- puis 10 ou 12 jours, à battre des palplanches à l’écluse afin d’en commencer les fondations le plus tôt qu'il se pourra ; il m’a mandé que ce travail allait très-lentement, le terrain étant ex- trêmement dur et rempli de pierre et de galet; il profite autant qu’il peut du séjour du régiment de Périgord, mais on ne peut, Monseigneur, aller bien vite dans les commencements. M. de Wattaut, qui est à Paris, m'a promis de représenter à M. d’An- gervilliers et à M. le Contrôleur-Général, le besoin que nous avons que ce régiment reste à Cherbourg. Si nous en sommes privés, on fera ce qu’on pourra pour ramasser un nombre suffi- sant de paysans, mais on tire de bien mauvais services de ces sortes de gens, qui sont presque tous paresseux ; je ne tarderai pas à me rendre sur les lieux, aussitôt que j'y croirai ma pré- sence nécessaire. Je suis, etc. , Le Chevalier de CALIGNY, PIÈCE N°8. Lettre du Maréchal d’Asfeld à M. de Caligny. 10 Avril 1739. J'ai reçu, Monsieur, votre lettre du 2 de ce mois avec les plan et profil de l’écluse de Cherbourg, le plan du port, et l’état des ouvrages les plus indispensables à y faire en quatre années pour le mettre en état de recevoir des frégates et les plus gros Vaisseaux marchands. Vous m'avez mandé qu'il y entrerait des frégates de 40 pièces de canon, suivant les intentions du Roi. Ainsi je ne doute pas que vous ne soyez arrangé sur ce pied là; vous m'avez même ajouté que, quand on aurait nettoyé le bas-— sin ou l’arrière-port, il pourrait y entrer de plus gros vaisseaux, ce qui est absolument nécessaire. Je vois par le plan de l’éclu- se que vous n’y mettez que des portes d’èbe pour arrêter les eaux de la rivière et de la mer dans Je bassin ou arrière-port, et vous me mandez que vous ne comptez point y mettre des portes de flot contre les eaux de la mer, parce que vous les avez La DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 65 jngées inutiles, autorisé par le projet de M. de Vauban qui n’en avait point employé à une pareille écluse. Quelque respect que j'aie pour ses projets, ne m’entendant point d’ailleurs à ces sor- tes d'ouvrages, je ne puis me dispenser de vous observer que, dans toutes les écluses que j'ai vues, il y avait des portes de flot contre les eaux de la mer, ct, si vous n’en faites point à Cherbourg, comment empècherez-vous, dans les grandes ma- lines, surtout quand les eaux seront agitées par un vent de mer, qu’elles ne fassent ouvrir les portes d’èbe ? Et suppo- sez qu'à lamer montante vous ouvriez les portes d'èbe pour faire entrer les eaux de la mer dans le bassin, et que vous les fermiez quand la mer sera prête à descendre pour y retenir l’eau pour vous en servir à la basse mer, pour former le chenal et le nettoyer ainsi que l’avant-port, pendant cinq heures ou environ qu’elles resteront dans le bassin, elles le combleront successi- vement. Je dois encore vous observer qu’il n’est pas possible que vous puissiez former le chenal devant l’avant-port sans commencer à l’ouvrir à main d'hommes, sans quoi il ne s’ap- profondira ni ne s’élargira pas par les eaux que vous retiendrez dans le bassin, et vous auriez dû employer cette dépense dans votre projet, puisqu'elle y est relative et nécessaire à son exéCu- tion. A l’égard de la petite écluse de chasse que vous proposez, si vous faites entrer l’eau dans le bassin aux marées montantes, je ne vois point de nécessité de la faire, attendu qu’elle coûtera beaucoup, puisqu'elle aura 9 pieds d'ouverture dans œuvre sur environ 30 toises de longueur; et si vous ne faites pas entrer les eaux de la mer à marée montante, je ne vois pas comment vous empêcherez, par les raisons que je vous marque ci-dessus, que les eaux de la mer ne forcent vos portes d’èbe; je vous avouerai que je ne comprends pas que cela puisse être autre- ment; vous me ferez plaisir de me mander, en recevant cette lettre, le remède que vous comptez d’y apporter pour me tran- quilliser là-dessus. Comme je comptede prendre congé du Roi et de Son Eminence le 17 ou 18 de ce mois, pour commencer ma tournée, il est nécessaire que j'aie votre réponse avant. Le Maréchal d’ASFELD. 66 SUR LA FONDATION PIECE N° 9. Lettre de M. de Caligny au Maréchal d’Asfeld. A Caen, le 14 avril 1739. Monseigneur, je reçois la lettre que vous m'avez fait l’hon- neur de m'écrire le 140 de ce mois, en réponse du compte que j'avais eu celui de-vous rendre, Monseigneur, des ouvrages de Cherbourg, en vous envoyant les dessins de l’écluse 12 qui y est ordonnée. Vous aurez pu remarquer, par le profil de ladite écluse, qu’il pourra monter 10 à 11 pieds d’eau sur son radier en pleine mer de morte-eau, 6 pieds de plus pendant les vives eaux ordinaires des nouvelles et pleines lunes, et 3 d’augmen- tation lors des mers des équinoxes, de sorte, Monseigneur, qu’il pourra entrer dans le bassin des frégates de 40 canons pendant les vives eaux ordinaires, et de plus gros vaisseaux pendant les mers des équinoxes et non dans d’autres temps, la disposition du lieu ne permettant absolument pas d'établir plus bas le radier de l’écluse pour avoir au-dessus une plus grande hauteur d’eau que celle marquée ci-dessus. Il est vrai, Monseigneur, qu’il y a des portes de flot aux écluses des bassins de plusieurs ports lorsqu'elles ne sont pas exposées à la mer et qu’il n’y a pas de rivière qui passe au travers, et elles n’ont guère d'usage jque pour empê- cher la mer de monter plus haut qu'on ne voudrait dans un bassin, pendant les grandes malines, ou le tenir à sec dans des cas extraordinaires qui n’arrivent presque jamais, ce qui ne pourrait avoir lieu à Cherbourg où il y a une rivière. Il y a d’autres écluses qui ont été faites sans portes de flot ; telle est celle de l’entrée du bassin d’Honfleur, où il monte en vive eau 17 à 18 pieds d’eau, et elles y seraient tout à fait inutiles ainsi qu’à Cherbourg, car on ne pourrait les tenir fermées à aucun de ces deux ports pendant les grandes malines, pour empêcher la mer de monter bien haut dans le bassin si elle était agitée, parce qu’elle les briserait étant exposées à leur effort; on a même soin, pendant ce temps-là, de tenir les portes d’èbe ouvertes, crainte qu’elles ne soient endommagées; d’ailleurs, Monseigneur, il sera très-indifférent qu'on laisse monter la mer plus ou moins haut dans le bassin, nous ne craignons de rapports de sable que ceux que la rivière pourra charrier avec elle dans Leconte ne RUES DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 67 lédit bassin, ce qui pourra n'être pas considérable; mais nous n’appréhendons pas ceux qui pourraient subvenir depuis l’éclu- se jusqu’à la mer, parce que nous pourrons nous en débarras- ser aisément au moyen du courant des écluses. L'observation que vous faites, Monseigneur, sur l’approfon- dissement du chenal, depuis l’avant-port jusqu’à la mer, est très-juste ; lorsqu'il sera question d’exécuter ce travail, on fer- mera à mer basse les portes de l’écluse, pour arrêter les eaux de la rivière dans le bassin, et pouvoir travailler à sec, avec un grand nombre de travailleurs, à faire une rigole la plus profonde qu'on pourra, d’un bout du chenal à l’autre, en- suite de quoi on retiendra les eaux de la mer dans ledit bassin ; et après qu’elle sera retirée, on lâchera les écluses, dont le courant élargira et approfondira ladite rigole autant qu’il sera nécessaire, en réitérant plusieurs fois cette manœu- vre et en approfondissant de nouveau, avec des travailleurs, la même rigole, sile fondse trouve trop dur pour être approfondi tout-à-fait par le courant. Si je n’ai pas eu l’honneur, Monsei- sneur, de vous faire ce détail, c’est que je l’ai cru inutile et que je craignais de vous ennuyer par de trop longues écritures. Je vous informerai, dans le temps, du fond dont on pourra avoir besoin pour cette dépense. A l'égard de la petite écluse de chasse proposée à faire à côté de la grande, et que vous avez approuvée, je prends la liberté, Monseigneur, de vous représenter que c’est un ouvrage tout-à-fait nécessaire, et sans lequel ce que nous faisons se trouvera imparfiait, et M. du Portal, à qui j'en ai parlé cet hiver, l’a fort approuvé. Ses propriétés se- ront: premièrement, à mer basse, de servir de passage aux eaux de la rivière lorsqu'elle sera débordée et qu'on aurait retenu les eaux de la mer dans le bassin pour y tenir des vaisseaux à flot; deuxièmement, elle servira d’é- coulement aux eaux ordinaires de ladite rivière, lorsque, par la suite, on sera obligé de faire quelques réparations aux portes et au radier de la grande écluse, sans quoi on serait em- barrassé pour les exécuter ; troisièmement, son utilité la plus essentielle est qu’elle produira un courant d’eau, qu’il est toujours d’une grande conséquence d’avoir, pour le join- dre au courant qui passera par les ventelles de la grande 68 SUR LA FONDATION écluse, lequel n’est pas suffisant pour bien nettoyer le chenal depuis l’écluse jusqu’à la mer, le bien entretenir en tout temps et emporter les sables, dont la mer comble de temps en temps ledit chenal en avant des jetées ; lorsqu'on voudra se servir du courant desdites écluses, on laissera monter les eaux de la mer dans le bassin; et pour les y retenir, lors- qu’elle commencera à baisser, on fermera les portes de la grande écluse et l’on baissera les vannes de la petite, et après que la mer sera basse, on lèvera les vannes de la grande et de la petite écluse, d’où les eaux, sortant avec une grande rapidité, en formeront un courant tel qu’on peut le désirer pour le nettoiement du chenal, sans qu’il puisse porter aucun pré- judice, ni que la mer puisse rien faire aux portes d’èbe en quelque temps que ce soit, d’une façon ni d’autre ; c’est sur quoi vous pouvez compter, ainsi que sur tout ce que j'ai l’hon- neur de vous mander. Je suis, etc. Le Chevalier de CALIGNY. PIECE N°10. Note sur la correspondance ultérieure de M. de Caligry et du Maréchal d’Asfeld. La lettre du 14 avril 1739 est la dernière pièce, émanant de Louis-Roland de Caligny, qui renferme des données sur l’ancien port de Cherbourg. Mais la correspondance avec le Maréchal d’Asfeld se continua pendant les travaux, le Maréchal s’adres- sant, du moins pour les questions importantes, au Directeur des fortifications auteur du projet. L'existence de cette corres- pondance, cinq mois et demi après la pose de la première pierre de l’écluse, est prouvée par une pièce isolée, qui est conservée aux archives du Dépôt des fortifications. Le Maréchal, dont l'attention a été rappelée par une lettre de M. de Caux sur la question de la profondeur du port déjà traitée plusieurs fois, écrit aussitôt à M. de Caligny (14 novem- bre 1739). « Vous savez, lui dit-il, que l’intention du Roi est qu'il y entre » des frégates de 40 pièces de Canon au moins, et vous m'avez DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. 69 » mandé que le radier de l’écluse serait fait de manière que, » quand le chenal serait approfondi et que l’on ferait la dépense de creuser le bassin intérieur, il pourrait y entrer de gros » vaisseaux. Vous avez dû fonder l'écluse sur ce pied là; » vous m'avez toujours écrit en conséquence, et, sur vos » lettres, j’en ai assuré le Roi et son Eminence. Mandez-moi combien il y aura d’eau sur le radier dans les hautes marées ordinaires, afin que je puisse juger de là les bâtiments qui pourront entrer dans ce port; faites-moi réponse là-dessus » incessamment. » Dans sa réponse, qui ne nous est point parvenue, M. de Caligny a sans doute rappelé qu’en marée haute ordinaire, il y aurait seize pieds d’eau au-dessus du busc du radier; c’est la hauteur qu'il avait déjà indiquée plusieurs fois au Maréchal, pièces n° 5 et n° 9, et celle que nous trouvons, 27 ans plus tard, sur le plan relevé en 1766 et conservé dans les archives des Ponts et Chaussées à Cherbourg. Avec la profondeur ainsi prévue et réalisée, les petites fréga- tes calant une quinzaine de pieds pouvaient assez fréquemment passer l’écluse; les grosses frégates devaient rester le plus souvent dans l’avant-port, creusé, comme il estsupposé dans la pièce 5, à deux pieds et demi au-dessous du radier, ou à trois pieds dix pouces au-dessous du buse. De petits vaisseaux de guerre pou- vaient aussi entrer dans l’avant-port. Quant aux gros vais- seaux, il n’avait jamais été question que de ceux de commerce. Un port marchand et un refuge de corsaires, tel est bien l’éta- blissement que Louis-Roland de Caligny a constamment en vue, dans ses mémoirés et sa correspondance. » » ) 2 » PIÈCE No 11. Passage extrait du Mémoire en réponse à la lettre de M. le Marquis de Séqur, Ministre de la Guerre, adressée à M. de Caux, en date du 25 décembre 1782. ....... le moyen simple de jeter les pierres suffit pour les faire parvenir à très peu de chose près, verticalement au-des- sous du bateau d’où elles partent. Ce n’est pas des temps de 70 SUR LA FONDATION tourmente qu’on choisira, les marins en connaissent assez l'impossibilité; mais l’on peut assurer que, dans les temps or- dinaires, le mouvement naturel de la mer, et celui qui dépend du flux et reflux, sont incapables de détourner sensiblement une masse lourde de la route que lui prescrit sa pesanteur. M. de Caux a été témoin d’une expérience, faite à ce sujet à Cher- bourg en 1747, par ordre de M. de Maurepas, et dont le procès- verbal fut envoyé dans le temps à ce Ministre de la Marine. Il résulte de cette expérience, à laquelle coopéraient M. de Caux le père, M. du Bourdet, lieutenant de vaisseau, MM. de Caligny et du Tésan, ingénieurs ordinaires du Roi, avec plusieurs pilotes et plongeurs amenés par M. du Bourdet, que ‘des pierres ayant depuis trois jusqu’à six pieds cubes, jetées à 50 pieds de profon- deur, d’un bateau à pic sur uneplus grosse pierre qui lui servait de corps-mort, ne purent en être écartées, soit par le mouve- ment de la mer montante, soit par celui du reflux, que de cinq pieds au plus, que cette déviation avait toujours lieu dans les vingt premiers pieds de leur chüte, et que, dans les moments où la mer ne montait nine descendait, elles tombaient exactement à plomb Le procès-verbal de cette épreuve se trouverait dans les papiers de La place de Cherbourg, s’il n’avait été enveloppé dans la perte considérable, occasionnée par la descente des An- glais en 1758, d’une partie des papiers de Ia Direction, qui, en- fouis pendant près d’un mois dans le jardin de M. de Chaville, ont été détruits par la pourriture. Le Ministre peut juger, d’a- près cela, que la position des pierres à l'instant de leur chûte dépendra absolument de celle des bateaux quiles jetteront, et qu’il ne s’agit plus que des moyens de bien diriger ceux-ei. A Cherbourg, le 18 janvier 1783. DE CAUX. I LIN mnt D nt ne. DE L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. TABLE DES MATIÈRES. Notice sur la fondation de l’ancien port de Cherbourg... Analyse du mémoire de Vauban joint au Projet de Cher- PARADINEE US SOU DOTE en se ue ares e eue buie à Le à PNR Mémoire de Louis-Roland de Caligny sur le port de Cherbourg, relatif au projet des ouvrages proposés à Ce OC MEN CE EL RCE PER Devis de dépenses joint au mémoire précédent......... Lettre de M. de Caligny au Maréchal d’Asfeld (20 Juin 1735) Annotation écrite par le Maréchal d’Asfeld sur la lettre EURE CAE EME PE DE SE De RENE SA SE RE CR Lettre de M. de Caligny au Maréchal d’Asfeld (16 Août 1737) Lettre du Maréchal d’Asfeld à M. le Comte de Maurepas OR DRE AT te na ei issue Lietde baie ovslole miurdip à 6 à Lettre de M. de Caligny au Maréchal d’Asfeld (2 Avril 1739) Lettre du Maréchal d’Asfeld à M. de Caligny (10 Avril 1739) Lettre de M. de Caligny au Maréchal d’Asfeld (14 Avril 1739) Note sur la correspondance ultérieure de M. de Caligny et Marchal AS tel SR se cos sen Passage extrait d’un mémoire de M. de Caux sur la fon- dation dela digue de Cherbourg. ...............0.. pages. 5 33 49 52 bb] 58 58 61 61 64 67 68 69 Fi L'ANCIEN PORT DE CHERBOURG. LISTE DES PLANCHES. Planche I. Plan du projet de Cherbourg et de son port par Vau- ban (15 Juillet 1686). Planche IT. Plan du port de Cherbourg en 1715 et en 1724, par Hercule Huë de Caligny - Langrune. Planche III. Projet du port de Cherbourg, qui a servi à l’exécu- tion par Louis-Roland de Caligny (2 Avril 1793). Planche IV. Profil de la grande écluse de chasse précitée dans le projet précédent. Planche V. Plan de ces mêmes écluses. RESTAURATION DES FONDATIONS DU BATIMENT DES SUBNINTANCEN DE LA MARINE, A CHERBOURG PAR Mr. CLAVENAD, Ingénieur des Travaux hydrauliques. PREMIÈRE PARTIE La Lunnoria terebrans AUTEUR DES DÉGATS OBSERVÉS DANS LES FONDATIONS DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. —- LE BATIMENT DES SUBSISTANCES. — DÉGATS OBSERVÉS. Avant d'entreprendre la description des travaux qu'ont nécessité les ravages de la Zimnoria terebrans, nous allons, non pas donner une monographie complète de cet animal, elle exigerait des études très-longues au microscope et probablement inutiles pour l'Ingénieur, mais bien rappeler succinctement les quelques faits d’ob- servation que nous avons pu relever sur ses mœurs, et sur son mode de procéder à la destruction des bois. Il importe de connaître dans quelles circonstances on doit redouter ses attaques et quelle peut être leur éten- due, afin de s’en prémunir plus sûrement. Descriphion de l'animal. — Nous laissons aux natu- 74 RESTAURATION DES FONDATIONS ralistes le soin de classer exactement la Zimnoria tere- brans (1), disons seulement que c’est un petit crustacé atteignant au maximum 3 à 4 millimètres de longueur, et que nous définirons en termes familiers en disant qu'il ressemble à la crevette par la partie antérieure de son corps, à la puce par la partie postérieure et que sa tête est munie d’un appareil à deux lobes dentelés ana- logue à celui de beaucoup de terebrans, le Scolyte, par exemple, qui fait de si grands ravages dans les ormes. Les figures (PI. VIT) représentent l’animal vu de dos et de ventre au microscope, après avoir été étalé sur une plaque de verre (2). Sa tête porte, outre l'appareil dont nous avons déjà parlé, deux véritables antennes et deux sortes d’appen- dices articulés, qu'il rapproche souvent pour saisir un objet quelconque, ou pour se suspendre à la maniére des chauves-souris, en les piquant de concert, dans le bois, par exemple. Son corps offre une série de pattes, les deux pattes inférieures présentent cette particularité remarquable, qu’elles sont terminées par deux ciseaux dont le rôle exact nous échappe encore. Les deux grandes pattes ou leviers qui agissent comme de véritables ressorts, lui permettent de se déplacer avec une vitesse considérable. La Limnoria lerebrans, de Leach, appartient à la classe des Crustacés, ordre des Isopodes. (Milne Edwards, Hist. natur. des Crustacés, T. III, p. 145.) La présente note vise particulière- ment les faits généraux qu'il importe au constructeur de con- naître. Voir par exemple pour une description anatomique : Cold- stream, on the structure and habits of the Limnoria terebrans. Edinburgh new philosophical Journal, Vol. 16, p. 316. PI. 6. (2) Nous donnons ce détail, car la disposition des pattes telle qu’on la trouve sur Les dessins pourrait induire en erreur. DES SUBSISTANCES. 75 Le dos finit par une véritable queue cornée. L'animal nage ordinairement sur le dos, son corps faisant cependant un certain angle avec l'horizontale ; il porte à cet effet sur le ventre deux espèces de nageoi-- res, qui pendant le déplacement sont animées d’un mou- vement vibratoire très-rapide. Près de l’attache des grandes pattes inférieures, on voit deux sortes de nageoires-gouvernail qu'il manœuvre avec une dextérité remarquable, et grâce auxquelles il peut changer presque instantanément de direction. On songe involontairement en regardant ces pelits organes aux navires à double hélice et à la facilité avec laquelle ils peuvent virer. Nous ne pensons pas que ce soit la vue de la Zimnoria qui ait inspiré le promoteur de cette disposition, mais nous soulignons avec plaisir cette remarque, elle fait ressortir une fois de plus quels enseignements on pour- rait tirer de l'étude de la nature considérée dans ses productions les plus infimes. Mœurs de l'animal. — Nous sommes parvenu avec beaucoup de soins à conserver dans un bocal rempli d’eau de mer, ou plutôt dans un morceau de sapin qui y a été immergé, quelques Zimnoria qui ont enfin consenti à attaquer ce bois d’abord intact, et à y commencer leurs petites galeries. L'eau y est renouvelée deux fois par jour, et comme les Zimnoria y vivent et y travaillent depuis plusieurs mois, on peut dire qu’elles n’ont besoin pour subsister que d’eau de mer et de bois. Les eaux vaseuses ne les détruisent point, contrairement à ce que l’on observe pour les tarets. En ce qui concerne les eaux saumâtres, nous avons encore trop peu de résultats pour pouvoir déterminer exactement leur influence. Comme le taret (Teredo navalis) la Limnoria terebrans 76 RESTAURATION DES FONDATIONS attaque les bois surtout pendant les mois chauds de l'année, qui sont aussi ceux de Ja reproduction, mais il faut noter un détail qui différencie complétement ces deux rongeurs. Le taret s'attaque au bois pour ainsi dire dès sa nais- sance, pratique un trou proportionné à sa faible grosseur et se développe en agrandissant son alvéole, de sorte que cette dernière présente toujours la forme conique et que souvent des pièces de bois ne révélant aucune trace appa- rente d'attaque sont fortement entamées à l’intérieur. La Limnoria au contraire n'entre dans le bois que pour se créer un logement, un nid, dans lequel elle puisse se reproduire. En sorte que les petits tarets sont près de la surface et les gros pénètrent dans le cœur du bois, tandis que l'on trouve toujours les jeunes Lümnoria au plus profond du bois. A ce point de vue, le taret est plus dangereux, car le mal qu’il fait est moins apparent. Cependant, comme on le verra, la Limnoria est un ennemi encore plus actif, se développant pour ainsi dire en progression géométrique, là même où le taret ne peut vivre, poursuivant toujours son attaque qui est continue et progressive. Mode d'attaque. — Lorsqu'on examine une piéce atta- quée il semble tout d’abord que cette multitude de dente- lures si irrégulières aient été pratiquées sans ordre et comme au hasard. L'examen attentif tant des pièces atta- quées en mer, que de celle que nous conservons dans un bocal, nous a cependant révélé la loi générale, três-simple d’ailleurs, qui préside à la destruction. Comme on le sait, la coupe de tous les dicotylédones met en évidence des couronnes concentriques qui ne sont autres que les diverses couches d’accroissement annuel. DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. WL Elles sont séparées par une sorte d’anneau ligneux plus dur que le bois restant de la coucheet qui dans le sapin par exemple est injecté de résine. Les Limnoria commencent par pénétrer entre deux de : ces anneaux, détruisent le bois le plus tendre qu'ils enferment tout en laissant de distance en distance de véritables piliers qui servent de derniére liaison entre ces deux couches, et empêchent la désagrégation immédiate des cellules. Mais là n’est point le fait le plus curieux. Prenons donc l’un de ces animaux, alors qu'il vient de s’introduire ainsi dans le bois; il va creuser son con- duit en s’archoutant sur ses pattes de derrière, en s’ap- puyant au besoin par sa queue cornée contre les parois de ce dernier (1). Le bruit que font ces insectes pendant le travail est très- perceptible, et il nous a été donné de l’entendre très- distinctement dans une pièce de bois qui venait d’être retirée de la mer. Au moment de la reproduction, le conduit est élarg; et devient une sorte de petite grotte qui est la rési- dence de toute la famille, au moins tant qu’elle s’y tient, car les murs de la vie privée n’existent pas dans ce petit peuple, toutes les cellules étant plus ou moins en communication. Puis, les jeunes étant devenus plus forts, la maison devient trop étroite, c’est alors que l'on voit partir de cette chambre commune des con- duits plus petits qui vont chercher le bois sain en perçant un anneau, et pénétrant dans une seconde couche d’accroissement annuel. Il arrive parfois que la pré- (1) Il nous a été impossible de voir si ce travail souterrain est plutôt dans les attributions d’un sexe que de l’autre, car les mâles et les femelles nous ont toujours paru tra- vailler de concert. 78 RESTAURATION DES FONDATIONS sence dans celle-ci d’autres animaux qui ont pris les devants, les forcera à aller chercher leur vie dans la 3° couche, de sorte que l’on ne peut dire qne les couches d’accroissement annuel représentent Île travail d’une gé- nération, qui peut parfois s'étendre sur plusieurs, no- tamment pour le sapin. Les jeunes dont nous avons parlé, vieillissent et se multiplient à leur tour en donnant naissance à une nouvelle génération, qui continue le même travail et pénètre encore plus profondément. Pendant ce temps, les ancêtres sont morts, les premières couches atta- quées pourrissent, et sont délayées par l’eau, mais le travail continue à lintérieur pendant que le bois ef- feuillé couche par couche diminue continuellement d’é- paisseur, el finit même par disparaitre complétement. Nous en citerons plus loin des exemples. Circonstances dans lesquelles se produit l'attaque des bois. Rayon d'action de la Limnoria.— On sait qu'il faut au taret pour vivre et se développer de l’eau claire, aérée, et que la vase protège les bois de son atta- que. Il ne vit pas au-dessous du niveau moyen des basses-mers de vive-eau. Comme le taret, la Zimnoria ne vit pas au-dessous du niveau moyen des basses-mers de vive-eau, mais le plus ou moins de pureté des eaux la contrarie fort peu. : Le taret et la Lümnoria s’attachent du reste également aux corps flottants. Il y a des tarets sur les coques de certains navires. Il y a par exemple des Zimnoria sur toutes les bouées de la rade de Cherbourg. Les pilotis des Subsistances se trouvent dans un fond très-vaseux en certains endroits, ce qui n’a pas em- pêché cet insecte de se développer d’une maniére pro- DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 79 digieuse : fait extrèmement remarquable, il est allé cher- cher les bois sur lesquels reposent les piliers de fon- dations des Subsistances à travers un remblai compact, il lui a fallu en traverser une épaisseur de 25 mètres pour atteindre ceux de la façade du Sud. Il était impossible de prévoir une pareille dévasta- tion ; le taret, quoique fort à redouter en raison de son attaque sourde et invisible, est incapable, pensons- nous, de méfaits de ce genre, qui révèlent une vita- lité qu'il n’a certainement pas. Dans de semblables circonstances- d’ailleurs, là où il existe des remblais et par conséquent presque tou- jours un peu de vase ou de terre, le taret trouve un ennemi dans la Lycoris fucata, sorte d’annélide très-re- cherchée des petits pêcheurs de Cherbourg sous le nom de Pelure. | Or, ces animaux pullulaient dans les fondations des Subsistances, ce qui explique l’absence presque totale des tarets. Il se pourrait très-bien aussi que l’immunité dont jouissent contre les attaques des tarets, les bois immergés dans les eaux vaseuses tint un peu à quelque cause de ce genre. Nous avons pu constater la complète identité de la Pelure et du Lycoris fucata, bien des fois, notamment à l’examen d’un pieu de chêne provenant d'anciens ouvrages exécutés pour le lancement des bateaux (bassin Chante- reyne), qui nous révéla l'existence de deux trous de taret d'âge moyen, l’un vidé et ne contenant que les coquilles striées de la tête, l’autre encore occupé par un taret aux prises avec une pelure. Quoi qu’il en soit nous tenions à faire ressortir ces faits : 4° Que la Zimnoria peut se rencontrer partout où se trouve le taret, et encore ailleurs, notamment dans un 80 RESTAURATION DES FONDATIONS remblai imbibé par l’eau de mer ; 2° que les bois pour la conservation desquels aucun moyen n’a été employé sont attaqués au-dessus de la cote + 0,50 environ (0,50 au- dessus du zéro de l’hydromètre). L'attaque de la Zimnoria pour les constructions immer- gées, paraît d’ailleurs cesser à la cote du niveau moyen des hautes-mers de morte-eau. C’est donc entre cette dernière et celle de 0,50 que l’on devra redouter la des- truction des bois. L’intensité de l'attaque augmente d’ail- leurs progressivement depuis la cote + 0,50 jusqu’à la cote 2,00 environ, pour décroître ensuite jusqu’à celle du niveau moyen des hautes-mers de morte-eau. La figure de la planche VII fait nettement ressortir ce fait; à l’origine la pièce qui y est représentée était d’une section uniforme sur toute sa hauteur, aujourd’hui elle est terminée par une pyramide. Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer en passant, cette loi de la classification de certains êtres vivant dans la mer, par zones d'altitude différente. Elle se révèle distinctement dans les mers à marée. Chacun sait en effet que tel coquillage ne se pêche qu’à la faveur de vives eaux extraordinaires, que d’autres se trouvent encore plus bas. Ilest certain que le fait que nous signalons ici pour quelques animaux, n’est qu’une manifestation restreinte d’une loi beaucoup plus générale. Facilité plus ou moins grande avec laquelle les bors sont attaqués. Préservation. — Nous avons fait immerger au mois de juillet 1878 dans l’avant-port Chantereyne trois pièces de bois placées verticalement, leur pied étant à la cote + 1,30, leur tête à la cote 3" 00 environ; l’une en sapin ordinaire, l’autre en sapin créosoté, la troisième en chêne. Ces deux dernières sont encore 11, élite ÿ ‘nr bn tte d'un mé. dati os dés fs” DE 2 « DU BATIMENT DES SUPS!STANCES. 4 intactes (octobre 1878), mais la pièce de sapin était déjà attaquée au mois de septembre. Les Lnnoria n'avaient donc mis que deux mois au maximum à se loger. Dans notre bocal d'expérience où nous avons pu les suivre de plus près, elles avaient mis un mois environ. ll est bon de noter que la pièce de sapin en question est dans le voisinage du débouché des eaux souvent très- vaseuses qui sont reïoulées du chantier de restauration des fondations dans la mer, par nos machines d'épuise- ment. Dans de pareilles conditions, les tarets ne se se- raient certainemeñt pas acchimatés. Nous donnons ces faits pour le peu qu'ils valent, mais il résulte de l’ensemble des observations faites jusqu’à ce jour que la Limnoria attaque tous les bois de construction, avec d'autant plus d'intensité qu'ils sont plus tendres, ce qui est assez évident. Il y aurait probablement une exception à faire pour certaines variétés d’Eucalyplus, notamment l’Eucalyptus rostrala (1) qui, paraît-il, ne subit pas les attaques des tarets et peut-être des Linnoria, mais les expériences manquent à cet égard. La question Ges moyens de préservation, rentre dans celle déjà traitée à propos du taret, car là où se trouve ce dernier peut se rencontrer la Limnoria. Il parait du reste ressortir de l’expérience que le créosotage est aussi efficace dans un cas que dans l’autre. Néanmoins, comme nous l'avons vu, 1} est des circonstances pour lesquelles, sans avoir à redouater les attaques des tarets, on doit se prémunir contre celles des Zimnoria. Etil ne semble pas (1) M. Eagène Marlin : l'Eucalyptus et ses applications indus- trielles, 6 32 RESTAURATION DES FONDATIONS impossible à priori que les moyens de préservation ne puissent être moins coûteux que ceux employés jusqu'à ce jour, tels que mailletage (1), injection avec diver- ses substances corrosives, et enfin le meilleur, le créoso- tage. Mais cette question est à réserver pour le moment. Résumé. — Nous allons résumer les faits saillants que nous avons cherché à faire ressortir dans le rapide exposé qui précède. 1° La Limnoria terebrans attaque tous les bois flottants; pour les bois immergés, son rayon d'action est à peu près limité inférieurement à la cote des basses-mers moyennes de vive eau, et supérieurement au niveau des hautes-mers moyennes de morte eau. On peut dire en langage mathé- matique que la puissance destructive passe par un maxi- mum entre ces deux limites. 2° Elle peut se rencontrer partout où vit le taret; les eaux vaseuses même nuisent peu à son développe- ment, les eaux claires et courantes le favorisent. 3° Elle attaque les bois jusque dans les remblais plus ou moins noyés et d'autant plus facilement que les bois n'ayant jamais une grande adhérence avec les terres ou même les maçonneries, leur surface est balayée par des sources d’abord faibles, mais qui sous l’action de la pression des eaux et du jeu des marées finissent par acquérir une importance, qui ne fait qu'augmenter avec le temps, par suite de la destruction progressive du bois. 4° Elle poursuit la destruction des bois d’une manière continue, les premières couches attaquées étant entrai- (4) Application de clous serrés les uns contre les autres sur la surface des bois. A E DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. _83 nées par l’eau, et les jeunes animaux pénétrant toujours plus profondément dans le ligneux. Elle se fixe de préfé- rence sur les bois les plus tendres; elle peut détruire en quelques années des pièces de 0,20 d’équarrissage. Dégâts observés dans les fondations du bâtiment des Subsistances. — Après avoir décrit sommairement l’ou- vrier, EXAMINONS SON Ouvrage. Les fondations du bâtiment des Subsistances remontent à une vingtaine d'années. Sous la majeure partie de l’édi- fice le rocher ne se rencontre qu’à 5, 6, 7, 8, 9 mètres au-dessous du zéro et le sol est assez peu résistant (tourbe, sable vaseux) pour que l’on ait été obligé de fonder le bâtiment sur pilotis descendant jusqu’au rocher. Ces derniers qui sont en hêtre, supportent des traverses de même bois, sur lesquelles est posé un double plancher de sapin. Les deux planchers ont une épaisseur de 0,20, les traverses et les pieux 0,30 d’équarrissage. C’est sur ce plancher qu'ont été montées les maçonne- ries de la fondation proprement dite (composées à l’inté- rieur de piliers ou de lignes continues d’appui), ainsi que celles de la façade Sud et du mur de quai Nord. Comme on le voit, il y a jusqu’à 17 mètres entre le rez-de-chaussée où sont établies les caves, et le sabot des pieux c’est-à-dire le rocher. Les pieux sous le mur de quai sont arrasés à la cote de + 0,50; d’après l’une des règles qui précède on devait les trouver intacts: c’est ce qu’on a observé en effet, car nous n'avons aperçu, et encore sur 3 ou 4 d’entr’eux seule- ment, que quelques légères piqûres d’insectes. Le béton qui les entourait ayant été coulé à la ma- rée avec de grandes difficultés s'était décomposé gra- duellement et, à sa jonction avec les surfaces des bois, des sources s'étaient établies, notamment le long des S4 RESTAURATION DES FONDATIONS traverses et des planchers. Ces sources avaient permis aux Limnoria de s'introduire dans le massif remblayé des fondations, de se fixer dans les bois, et de les détruire peu à peu, à ce point que souvent les 2/3 d'une tra- verse ayant disparu, des sources s’étai cs fait jour dans le vide ainsi créé, en chassant devant elles les pierres très-bien ne d'ane risberme qui bordait infé- ricurement le mur de quai. L'action avait été si étendue que sur 60 mètres de longueur (ie cinquième environ du bâtim: ni il n'y avait pour ainsi dire plus trace de papes que les tra- verses étaient détruites en partie et que ensemble de Ja construction tait descendu de 0"32 dans la partie Est. Les traverses ne portent aucune trace de tarets, les planchers seuls en renfermatent quelques-uns, mais on pouvait les compter. Dans l'intérieur dau bâtiment les pieux avaient été recépés plus haut que sous le mur de quai, à la cote 200, 250 ; ils étaient donc fortement atiaqués, même dans le remblai, ainsi que les traverses et les planchers, la couche de béton qui les entourait ne les avait que bien peu protégés. Pans certains endroits Ja {ête de pieux avait disparu sur 0"59 à 6"60%" de hauteur, les traverses étaient réduiles à une épaisseur intime, ct des planchers il ne restait que quelques fragments. Les vides laissés par les bois étaient parcourus par des sources. D'autres fois les pieux étaient entaillés sur queiques décimètres de hauteur et réduits pour ainsi dire à leur axe ; sous peu, Ils eussent té totalement coupés. De là, des mouvements, des affaissements sueces- sifs et continus signalés par la rupture constante d’ai- taches en ciment que l’on fixait sur les fenêtres. DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 85 Comme nous l'avons vu, lPensemble de la construc- tion descendait sur ses fondations, la facade Nord pre- nait un surp'omo de 6%15, des clefs des voûles s’affais- saient de 2, 3, 8 centimôtres. On pouvait en outre ob- server d'immenses crevasses sur plusieurs murs de refend. Il faut attaquer vigoureusement le mal, sous peine de voir un jour où l'autre Ja chute de lédifice. QUELQUES DÉTAILS SUR LE BATIMENT DES SUBSISTANCES. Les bâtiments des £ubsistances de la Marine ont été créés comme leur nom ete en vue de la fabrication ou de la préparation et de l’emmagasinement des vivres de toute nature consommés par les troupes (Planche VI). Le bâtiment principal, le sul dont nous nous oc- cupons, contient au rez-de-chaussée : Ja boulangerie, , les caves, l'atelier des salaisons, et dans les étages supé- rieurs, Ges Gépôts de grains, biscuits, lézumes, etc., 1 est limité au Nord par un bassin ou chenal établi pour permeitre laccés des emparcati ons,*qui Se trouve condamné aujourdhui par suite de la construc- tion du barrage. Il n'est séparé de la mer qui lentonre à peu près de tous les côtés que par des massifs formés en majeure partie de moellons de schiste et de gneiss (ecalins du pays) provenant du ercusement des bassins, et qui ont êté posés sur l'ancienne grôve. Il mesure 292 môtres de longueur sur 25 environ de largeur. La façade Nord est divisée en quatre parties par cinq avant-corps munis de grues à leur extrémité supé- rieure. La plaiche VIE en donue une coupe en travers figurant 86 RESTAURATION DES FONDATIONS les diverses lignes de fondations, le mur de quai et donnant une idée de l'importance de la reprise en sous-œuvre. L'idée que nous avons poursuivie était celle d’un épui- sement général du chantier, permettant la reprise en sous- œuvre, à sec, de l'édifice; elle avait été indiquée plusieurs fois déjà, il restait à rendre sa réalisation possible. Nous allons voir comment nous y sommes arrivé. Le but que l’on devait se proposer, pour une étude de ce genre, était de déterminer les sources invisibles, de les réduire ou de les tarir à peu de frais, et enfin de savoir ce qu’elles débitaient, et ce qu’elles débiteraient après l’asséchement du bassin; cela en vue de régler Ja puissance des appareils d’épuisement. Cette étude n’a pas été infructueuse. Au début de nos expériences les infiltrations introduisaient jusqu'à 840 li- tres d’eau par seconde dans le bassin, et avec 10,000 fr. de dépense leur débit a pu être réduit à 350 ou 400 litres au maximum. Entrons donc dans quelques développements à ce sujet. Les déductions qu’on rencontre plus loin sont constam- ment corroborées par les faits; la théorie est suivie pas à pas par l'expérience; c’est ainsi que nous avons pu déter- miner exactement la part d’infiltrations afférente à chaque terrain, et découvrir les sources. DEUXIÈME PARTIE. ETUDE SUR LES INFILTRATIONS Préliminaires. — La possibilité de Ja reprise en sous- œuvre dans les conditions prévues au projet exige le maintien des eaux au-dessous de la cote — 1,90; notre but était donc de savoir quel serait le volume d’eau qu'il faudrait épuiser pour arriver à ce résultat. | EC AV PR % DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 87 Les diverses circonstances qui peuvent donner lieu à l’arrivée des eaux sont si complexes et leur jeu si irrégu- lier, qu’il faut une grande attention pour parvenir à les distinguer et à déterminer leur influence propre. C’est ainsi que nous verrons le fonctionnement de la vanne du fossé 8-9 (1) amener des perturbations que nos épures rendront évidentes, et que nous pourrons sur le papier déterminer l'heure à laquelle la vanne est ouverte; une autre fois nous aurons le volume d’eau que nous améne la pluie et le temps que mettent les remblais du port à décharger leurs eaux dans le bassin des Subsistan- ces qui en effectue pour ainsi dire le drainage. Enfin nous verrons aussi que le fossé 8-9 peut nous envoyer une bonne partie des eaux d'infiltration; résultat important dont on ne s'était que peu occupé, en raison de l’épais- seur du massif qui sépare ce fossé du bâtiment des Sub- sistances. Si l’on se rappelle néanmoins que tous ces an- ciens remblais sont formés principalement de moellons, que les murs de fortification n’ont pas toujours été fondés facilement, qu’ils présentent de nombreuses barbacanes, que leurs joints sont dégradés en beaucoup d’endroits, on ne sera pas étonné de ces résultats. Nous allons justifier ces faits et en compléter l'exposé. Si dans ce mémoire il se trouve un peu de théorie, il ne faut pas oublier que les hypothèses faites ont été vérifiées suffisamment par l'expérience et que les épures etles calculs bien simples d’ailleurs, ne sont qu’une traduction non pas brute, mais raisonnée et sous diverses formes, des résultats d'expérience. Les épures particu- (1) Cette vanne est destinée à laisser l’eau s’introduire dans le fossé à haute mer, elle l'y maintient à un certain niveau quand la mer vient à baisser, On l’ouvre à toutes les vives eaux du mois, (Planche VI. 88 RESTAURATION DES FONDATIONS liérement nous ont mis sous les yeux certaines lois que l'examen le plus attentif des chiffres n'eût pu nous faire découvrir. Les méthodes graphiques en effet sont plus rapides, et permettent des études plus étendues, tout en étant d’une exactitude suffisante pour les résultats que cherchent les Ingénieurs TRAVAUX DL RIJCINFEMENT. PRLMIERS ESSAIS Les murs des fortifications, dans là partie 9-10 et pres- que partout ailleurs, Sont déjointovés, et, à marée basse, les eaux s'écoulent par de nombreuses fissures avec une foree telle qu'il est parfois impossible, en y chassant des coins à la masse, d'éviter l'afflux de l'eau. Es sont fondés sur le sable et complétés par une risberme en béton de ciment Parker descendant à des s proiondl ieurs variables suivant la position du rocher; ce béton est désagrégé en partie, 1: sorte que selon toute probabiitté 1] ne fait plus corps avec la maconneric; les eaux dès lors s’introdui- sent dans un 1S Ces re nie par les écalins Le ont CtË jetés sur l’ancienne grève, par le sable; cles y pénétrent surtout par la surläce qui sépare ces détee espèces de terrains. On congoit que dans de pareilles contitions, les eaux puissent circuler facilement dans les mañsifs et, sous les Subsistances où les condilions sont les mêmes, restent assez Hmpides pour au aux Limnoria de vivre même au milieu d'un remblaï. Où commença avant de mettre le barrage en service à rejointoyer les murs des fortifications aussi bas que la mer le permit, on boucha les feates par où Peau de la mer afluait, avec des tampons de bois entourés d’étou- DU BATIMENT DES SUBS:STANCES. 89 pes, sur lesquels on venait ensuite faire un coulis de ciment. Le travail fut conduit de proche en proche à partir du bastion 10, et l'on vit ce fait qui rendit bien manifeste la communication intime qui existe entre Loutes les parties de ce remblai, qu'en même temps qu’on avançait, les fuites devenaient de plus en plus fortes, les calfatages déjà faits sautaient parfois sous la grande pression des eaux, On parvint néanmoins à arrêter les fuites existant au-dessus du niveau des basses-mers, mais ilest probable qu'il en existe bien d’autres au-dessous. En particulier le long de la fagade Est du bastion 9 en (a) (Planches VD), l’eau bouillonne toujours avec force, elle arrive en grande quantité et amène du sable fin qui, ea s'accumulant, peut former un monticule dans le fossé. Nons verrons plus lard ce que l'existence de cette source nous indique. Enfin le barrage fut mis en service, mais comme on n'était pas encore assuré de sa résistance, yes expériences furent conduites en augmentant successivement Ja déni- vellation. Le 13 septembre avec une marée de 4"89, elle atteisnt 1,83. Nous avons fut dresser des tableaux indiquant les ré- sultats oblenus en notant, de demi-heure en demi-heure, le niveau de l’eau à l’extérieur du bassin et à l’intérieur. Reproduisons Pun d'eux. La 3° colonne donne la montée de l'eau pendant une dem'-heure. 90 RESTAURATION DES FONDATIONS es Montées ; Montées 2e, Niveau de l’eau Niveau de lea Différences ; 1 1 de niveau Heures. de l'eau |de En heure] de l'eau |de — heure entre K ù 1 \ 1 l'intérieur à l’extérieur.|en —- heure| à l’intérieur. [en — heurelet l’extérieur. PE, |, D PS 1,925 | 0,105| 4,243 2,03 + 0,108! 4,37 2,11 + 0,11 | 4,30 2,23 | + 0,10 | 4,09 2,34 |<+ 0,11 | 3,615 2,44 |<+0,10 | 3,04 2,835 | 0,095| 2,463 2,625 | 0,09 | 41,775 2,685 | + 0,06 | 1,215 2,743 | + 0,05 | 0,555 2,76 | 0,025 » Pour évaluer plus exactement le volume d’eau amené, nous avons fait dresser les plans à diverses hauteurs du bassin des Subsistances, et calculé les surfaces corres- pondantes. L'expérience du 5 octobre nous montre qu'il peut arriver 0"22 d’eau dans ce bassin ayant 40,000" envi- ron. Cette hauteur correspond à un volume de 2,200% à l'heure, soit 36% G par minute; la dénivellation n’était que de 4,37, et les arrivées d’eau ne pouvaient qu’augmenter considérablement avec elle; néanmoins ces DU BATIMENT DES SUBSISTANCES, 91 chiffres permettaient de ne pas abandonner complètement l'idée de l'épuisement. La comparaison des tableaux dont nous parlons, met aussi ce fait en évidence, que les arrivées de l’eau, au commencement des expériences, sont plus considérables qu'elles ne devraient être en raison de la faible dénivella- tion qui existe alors. Nous ne pouvons attribuer ce fait qu'à la grande perméabilité des remblais qui se saturent d’eau à mer haute, et se déchargent pendant tout le temps de Ja marée descendante. Il fallait done se mettre à l'abri de cette cause d'erreur; aussi toutes les expérien- ces suivantes ont été faites, en ne laissant jamais la mer entrer dans le bassin, c’est-à-dire en faisant fonctionner continuellement les clapets. De la sorte, les remblais avaient le temps de s’assécher avant que l’on commençàt l'expérience. CALCUL DU VOLUME À ENLEVER POUR MAINTENIR LES EAUX A LA COTE (— 1,90). Donnons maintenant les éléments des calculs qui nous ont permis d'établir le volume d’eau maximum qui entre- rait dans le bassin en supposant le niveau maintenu à la cote (— 1,90). La formule des bassins communiquants nous donne (1) V=ms v 29h s, étant la surface des orifices qui établissent la commu- nication, (1} Le barrage présente cinq ouvertures munies de clapets se refermant à marée haute et laissant écouler l’eau du bassin à marée basse. 92 RESTAURATION DES FONDATIONS , un coefficient variable, la différence du nivean ile l'eau dans les deux bas- Sins. Dans l'impossibilité où nous sommes de nous rendre compte de ce _. Fu les quantités m#», s, nous les. avons groupées, et leur somme représentera ce que nous pouvons appeler la surface infiltrante qui reste évidemment la môûême dans toutes les expériences. Dans les circonstances ordinaires, tous les orifices d'infiltration étant noyés, nous n'avons plus qu'à nous préoccuper de Ja différence des niveaux à lintérieur du bassin et dans la mer; les expériences pourront nous donner la valeur de cette quantité, et, une fois que nous aurons vériié que l’hypothôse qui est ll point de départ du caleul'est suffisamment exacte, nous pourrons calculer la quantité d’eau qui s'introduit dans le bassin avec une dépivellation quelconque On objectera que lorsque le niveau de Peau sera main- tenu à la cote (— 1,99), tout où partie des orifices d'infil- lation pourra se trouver à l'air libre, et que par suite l'écoulement se faisant sous des charges diverses, la formuie précédente ne pourra être appliquëe. Aussi nous proposons-nous seulement de trouver dans ce cas Île maximum du volume d'eau apporté par les massifs, et nous lPobtiendrons ro en supposant que tous les orifices d'infiltration sont encore noyés. Faisons donc le calcul dans l'hypothèse que traduit la formule. Appelons S, la surface du bassin des Subsistances et supposons-la d’abord constante, s, Ja surface tafiitrante, IH, le niveau à l'extérieur variant avec la marée, hk, le niveau à Pintérieur, t, le temps. ! Le ‘ L DES DATIMENT3 DES SUBSISTANCES. 93 et proposons-nous de déterminer les variations de 4 en fonelion de IF. Le volume d’eau qui entre dans le bassin peut s'expri- mer de deux façons, ce qui nous donne légalité Fr Sdh=sv2g(—h)dt. Posons HP hs, (D); Nous aurons : ss0a=s V'29 (rc — + (0) uù D'où — (0= 1070 s v2g 2 S A , . , En posant =——— «, # (f) pourra être déterminé par 2.0 S° ; l'équation az (D = f(D — » (0). Malgré son apparente simplicité, nous ne savons pas que cette équation difiérentieile ait été jamais résolue; il va sans dire que nos c‘orts pour la résoudre ont été inu- üles (1). Cette équation à une traduction géométrique relative- ment assez simpie (fig. 3), elle signifie que le produit de «a par le carré de la tangente de l'angle C B D est égal à la différence A B des ordonnées des deux courbes qui représentent à chaque instant les hauteurs de l’eau à l’ex- térieur et dans l’intérieur du bassin. Partant de là, et a (4) Dans le cas où S west pas constant, elle devient naturelle- ment encore plus diflicile à intégrer. 94 RESTAURATION DES FONDATIONS étant déterminé, on pourra, étant donnée une courbe (A), construire la courbe (a) correspondante point par point. Pour cela on mëénera des ordonnées suffisamment rap- prochées et on déterminera la position et la direction d'un des éléments de la courbe 44’, la longueur At = a #” donne la direction de la seconde tangente {’{’, et ainsi de suite. Comme on le conçoit facilement, ce procédé permet des approximations successives qu'il est facile d'imaginer, et qui conduiraient après un temps assez long à la courbe cherchée. Il ne resterait plus qu’à la comparer à celle que donne la pratique pour s'assurer de la valeur de l’hypo- thèse faite. Mais un pareil procédé serait presque inappli- cable pour l'étude d’un phénomène aussi complexe; et ce qu'il importe d’avoir sous les yeux, ce sont les volumes d’eau qui pénètrent dans le bassin pendant des périodes de temps régulières. Nous avons alors fait des observations toutes les demi- heures. Bien certainement le niveau de la mer peut varier beaucoup pendant ce temps, mais un calcul bien simple montre que dans l’évaluation du volume on peut lui sup- poser durant tout ce temps un niveau constant égal au niveau obtenu en prenant la moyenne des deux niveaux du commencement et de la fin. Si la dénivellation qui existe entre le bassin et l’extérieur était faible, et que la mer montàt rapidement, ce mode d'opérer serait moins exact; mais si l’on observe que, vu le fonctionnement des clapets, la dénivellation est déjà assez grande quand les variations de niveau à l'extérieur sont rapides, on peut en conclure que l'erreur faite ainsi est de peu d'importance; cette erreur reste loin des erreurs d'expérience. Détermination de la variation du niveau à l'intérieur dans le bassin, le niveau à l'extérieur étant supposé con- stant.— Cherchons donc, en supposant le niveau constant DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 95 à l'extérieur, quelles sont les variations de niveau à l'in- térieur. La même équation différentielle que précédemment nous donne : Sdh=sv2g(H—h)dt Mettons-la sous la forme PRE Pen (H—h)? dh = su v 2g dt, elle s'intègre alors immédiatement et donne ee AA FAR RE —2(H— 2)? + 2 (H—/)? = V2? L. Comptons H à partir du niveau primitif de À, ce qui revient à poser À, = 0, l'équation deviendra À 2 1 — an —2(H—/) = + V2g t. Cette équation permettra, étant donné H et une fois s connu, de déterminer facilement . Mais la surface du bassin varie avec le niveau auquel on la prend, on peut en tenir compte. Supposons S = f (k) nous aurons f(h)dh=sV2g(H—h)dt LU) — AE dh=s V3g di D'où nous tirons, en supposant A, = 0 et comptant H à partir du niveau de #, 56 RESTAURATION DES FONDATIONS Cette équation peut s'intégrer par un petit arlifice qui APR Û ° consiste à poser H — l — ( m) , Ona alors Pol th e m) ém dh j te 010 f@= (a — En), On est done ramené à l'intégration de mn - Fée FL = né) ne. + \ £ — 2 VII qui peut s’eféectner dans beaucoup de cas, particulière- ment lorsque / (4) est une fonction entière Qe A. Supposons, par exemple, que les berges soient en ligne droite, nous aurons alors après intégration effectuée, et en posant S = $, + LA, l'équation 1 1 : [ur GE | [es -2vi tue (eu + 12 2 + SEA + He ] = s agi. Dans le cas où A est petit par rapport à IF, cette équa- tion se simplifie, et, comme on pouvait le penser, on retombe à la limite sur l'équation donnée plus haut : — sy out Or dans les circonstances où nous nous trouvons, I DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 97 calculé à partir du niveau de l’eau dans le bassin au com- mencement de chaque demi-heure) est toujours grand par rapport à À qui reste toujours inférieur à 0,10; on ne commettra donc pas une grande erreur en attribuant à S la valeur qu’elle a, à la hauteur moyeune des deux plans d’eau du commencement et de la fin de la demi-heure. Nous pouvons donc, étant donnée la courbe des ma- rées, et après avoir déterminé s, calculer de demi-heure en demi-heure, les volumes d’eau apportés dans le bassin des Subsistances, par les infiltrations. Détermination de la surface infiltrante. — Détermi- nons d’abord s. Nous voyons par exemple que le 5 octobre, le niveau de l’eau à l’intérieur étant à la cote 2,18, et à l'extérieur à 2,40 au-dessus, il entre au plus 0®,14 d’eau dans le bassin. 1 1 dr L’équation 2 H? — 2 (H—A)? =< v29 t, donne, en faisant S—=9900, 4 =420,h—= 0:11,1—=1800 ___(4.193% — 4.0692) 9200 — (jm DJ 1800. 44291 ve La surface infiltrante est donc de 6 décimètres carrés, c’est-à-dire qu’un orifice de cette dimension débiterait autant d’eau que les infiltrations, en supposant que la vitesse d'arrivée soit égale à la racine carrée de la déni- vellation. Il n'en est certainement pas ainsi, mais comme nous l’avons vu, les coefficients # sont compris implici- 4 98 RESTAURATION DES FONDATIONS tement dans ce que nous avons appelé la surface infil- trante. Connaissant s, nous pouvons maintenant calculer par le même procédé le cube maximum d’eau, qui s’introdui- rait par seconde dans le bassin, en supposant le niveau maintenu à la cote (-— 1,90), et nous arriverons à 800 litres par seconde. Première idée de la force nécessaire aux épuisements. Ces 800 litres doivent être élevés à une hauteur maxi- ma de 85 à 9%, ce qui donne un travail maximum de 7200 kilogrammètres ou 96 chevaux-vapeur. D'autre part, la puissance motrice utilisée pouvant être évaluée aux 0,5 de la puissance développée, ce sera donc une puissance effective de 492 chevaux qu'il faudrait, force considérable, mais qui indique déjà la possibilité d’un épuisement. A Cherbourg, les deux machines de 460 chevaux des formes enlèvent plus de 4% à une hauteur moyenne infé- rieure à 9, mais supérieure à la hauteur moyenne à laquelle il faudrait l’élever ici. À Saint-Nazaire, pour une hauteur variant de 0 à 10m, le cube moyen enlevé par heure dans les formes du com- merce a été de 5076 mûtres cubes ; ici le cube maximum n’est que 4800, le cube moyen étant environ 3400. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS D'EXPÉRIENCE Vérification de l'hypothèse admise dans le calcul. — Il nous reste maintenant à voir si l’hypothèse faite dans les calculs qui précèdent est plausible; pour cela, nous allons employer un procédé graphique qui nous permettra de nous passer complètement du calcul, et de suivre de DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 99 beaucoup plus près les diverses circonstances que pré- sente l'introduction de l’eau dans le bassin. Les tableaux dont il a été question donnent les résul- tats d'expériences faites en relevant au même instant les niveaux de l’eau à l’extérieur et dans le bassin : deux des colonnes indiquent la hauteur dont l’eau monte pendant une demi-heure, et la dernière la dénivellation. L'examen le plus détaillé de tous ces chiffres ne nous eüt certainement rien appris sur la marche du phéno- méêne, et ce n’est qu'avec une attention soutenue que nous avons pu démêler sur les épures les diverses causes qui le rendent irrégulier, telles que la pluie, les infltra- tions autres que celles qui proviennent de Ja mer, etc. Si la formule admise plus haut est exacte, les arrivées d’eau pendant une demi-heure doivent être proportion- nelles à la racine carrée de la dénivellation moyenne. Or si nous prenons ob (PI. 8, fig. 5) quantité constante et que oa représente la dénivellation moyenne, en décri- vaut sur ab comme diamètre un demi-cerele, nous aurons en oc une quantité proportionnelle à la racine carrée de la dénivellation. Les quantités d’eau s’obtiendront de suite en multi- pliant la hauteur dont l'eau a monté, par la surface au niveau moyen; portons-les en od, toutes les droites telles que cd devront donc être parallèles (1). L'épure faite d’après l'expérience du 3 octobre montre que toutes ces droites sont suffisamment parallèles, sauf celles tracées en pointillé. Le 5 octobre, le même phénomène se reproduit, mais (1) Les droites portent des numéros correspondant à la 4re, à la 2e etc., demi-heure. 100 RESTAURATION DES FONDATIONS il cesse vers la fin de l'expérience, car les droites qui, à ce moment, obliquaient sur la direction générale, lui redeviennent parallèles le 5. Le 6 octobre, à part quelques divergences dues sans doute à des erreurs d'expérience, ou à des circonstances impossibles à prévoir, les droites sont très-suffisamment parallèles, quoique celles du commencement et de la fin de l’expérience présentent une légère inclinaison sur la direction normale. Le 7 octobre, l’épure offre d’une façon générale le même aspect, mais cette fois, contrairement à ce qui se passait le 5, ce sont les droites de la fin de l’expérience qui sont inclinées sur toutes les autres; elles indiquent que le volume d’eau introduit par infiltration est plus considé- rable qu’il ne devrait être en raison de la différence de niveau qui existe entre l’intérieur et l'extérieur. Sauf ces irrégularités, la loi est manifestement exacte et la construction graphique qui a servi à tracer toutes les droites de l’épure, nous a fourni pour une différence de niveau de 8,50, un cube de 760 litres par seconde. La construction géométrique donne donc des résultats qui concordent suffisamment avec le calcul algébrique. Le fossé (8-9) amène de l'eau dans le bassin. — Il restait néanmoins à expliquer ces anomalies et voici comment nous y sommes arrivé. Depuis longtemps nous nous préoccupions de la nécessité qu’il y avait de se rendre compte de l'importance des infiltrations venant du fossé (8-9). I1 est fermé par une vanne qui y maintient l’eau à un niveau toujours supérieur à la cote 3,90; et il était à présumer que cette dénivellation Perte ne devait pas être sans influence. Le 5 octobre, en effet, les lignes 45, 46 et 47 dela fin DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 401 de l'expérience sont parallèles à la direction générale, de sorte que le débit des infiltrations reste dans des condi- tions normales. Il s’est donc passé à ce moment là un phénomène particulier. L'état de choses qu’il a créé persiste le 6 octobre, car toutes les droites sont sensible- ment parallèles. Mais le 7 octobre les choses reprennent leur cours ordinaire, à partir de la ligne 45 jusqu’à la fin. Cette diminution dans les infiltrations ne peut être expliquée logiquement que par la diminution de la charge d’eau qui pèse sur les remblais; or, d’où pouvait provenir cette diminution, sinon de l’ouverture de la vanne ? La vanne avait donc dû être ouverte vers 10 heures comme le montre le tableau du 5 octobre à la ligne 15. Elle resta ainsi toute la journée du 6, et le 7 elle fut fermée. Pour nous assurer de ce fait nous avons consulté l’homme chargé de la manœuvre de la vanne, il nous a répondu qu’il avait l’ordre de l'ouvrir tous les mois aux grandes vives eaux. Or, la grande vive eau avait précisé- ment lieu le 5 octobre; ce qui confirme nos prévisions. Dans quelle proportion le fossé 8-9 amène-t-1l de l'eau? — Il était donc certain que le fossé 8-9 amenait de l’eau dans le bassin des Subsistances, cherchons dans quelle proportion. Prenons les expériences du 3 et du 7 octobre, nous y verrons qu’en une 1/2 heure le fossé amène un supplément de 180" résultant naturellement de la dénivellation pro- duite dans le fossé 8-9 par la vanne. Soit od la dénivellation qui existe entre le fossé (8-9) et le bassin (PI. 8, fig. 6), et ob celle qui existe entre la mer et ce même bassin, ce supplément de 180% est propor- 102 RESTAURATION DES FONDATIONS tionnel à la différence ef des racines carrées des charges, et à la surface infiltrante du bastion (8-9). Si la surface infil- tranté eût été celle que nous avons calculée plus haut pour tout le système des massifs (8-9), (9-10), etc. le volume d’eau amené eût été eg obtenu en menant /g parallèle au système des droites de l’épure; comme il n’est que eh = ue / 180", il s’en suit que le quotient d représente le rap- port de la surface infiltrante du fossé (8-9) à la surface in- filtrante totale. L'épure (PI. 8, fig. 3) donne les résultats obtenus pour diverses expériences consignées dans les tableaux numé- riques. Les chiffres indiquent les dates de ces expériences. Nous en avons déduit que la surface infiltrante du fossé 8-9 était les 0,3 ou 0,4 de la surface infiltrante totale. Il n’est pas besoin d’insister sur l’importance de ce résultat, nous verrons d’ailleurs les conclusions qu’il faut en tirer quant à la conduite les travaux. Expériences complémentares. Influence de la pluie. — Mais ce aui précède ne peut être exact que dans l’hypo- thèse où les orifices d'infiltration du massif attenant au fossé 8-9 et ceux de tout le reste du système ne commu- niquent pas. Il était donc très-important de contrôler ces résultats. C’est pourquoi nous avons entrepris d’autres expériences. Après entente avec M. le Chef du Génie, nous avons ob- tenu lautorisation de fermer momentanément le conduit de la vanne par un barrage à poutrelles. Notre but était simplement de maintenir dans le bassin 8-9 les eaux à un niveau notablement inférieur à celui de la pleine mer, car il n’y avait pas à songer à maintenir le fossé à sec; deux ; se rl + ‘ DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 103 ruisseaux qui s’y déversent, celui de la Polle et celui d’Equeurdreville, ayantun débit assez considérable, sur- tout en temps de pluie, pour faire monter rapidement le niveau de l’eau dans le fossé. La manœuvre du barrage à poutrelles était rendue facile par celle de la vanne qui se trouve en aval du con- duit. On l’enlevait au moment où la mer baissant était au même niveau que l’eau du fossé, pour permettre à cette dernière de s’écouler; et on le replaçait quand la mer remontant arrivait au seuil du radier qui est établi à la cote 1,80; cela afin que les remblais ne pussent être saturés d’eau par la mer; cette eau venant à s’écouler à marée descendante eût rendu incertains les résultats de l'expérience. Des observateurs notaient simultanément le niveau de l’eau dans le fossé 8-9, à l'extérieur et dans le bassin des Subsistances. Les résultats obtenus sont consignés dans les tableaux portant la date des 44, 12, 43, 1% décembre 1876. Il suffit de comparer ces tableaux avec ceux obtenus auparavant dans des conditions analogues de marées pour se convaincre que les arrivées d’eau ont été moins consi- dérables. Le 13 décembre par exemple les droites 6, 7, 8,9, 15, 16, etc., sont sensiblement moins inclinées que les droites analogues des autres expériences, les arrivées d’eau ont beaucoup diminué. Au contraire, elles sont toujours considérables dans les premiers moments de l'expérience, car le fond du fossé est à une cote assez élevée, et on ne peut le mettre à sec par suite de l’existence du radier de la vanne. L'enchevêtrement des lignes de lépure est assez 104 RESTAURATION DES FONDATIONS grand, mais il n’est pas difficile, en suivant le phénoméne d'un peu près, et en examinant la cote de l’eau dans le fossé 8-9, d’en expliquer toutes les irrégularités. Le 12 décembre (PI. 8, fig. 2), les arrivées d’eau parais- sent avoir augmenté dans des proportions assez notables, et l'examen de l’épure semble indiquer une dérogation complète aux lois vérifiées jusqu’à présent, mais cela n’est qu'apparent, et un examen attentif va nous montrer la vé- ritable cause de cette anomalie, et nous fournir une indi- cation utile. | En effet, la pluie tombait violemment quand l’expé- rience a commencé, elle a persisté dans les mêmes con- ditions jusqu’à 4 heures. L'épure nous montre que de 4 h. 1/2 à 6 heures, les arrivées d’eau sont moins considérables, tandis que de 6 à 7 heures, elles augmentent plus qu’elles ne devraient le faire en raison des infiltrations, quoique Ja pluie ait complètement cessé depuis longtemps. Ce sont les remblais qui en se déchargeant de l’eau de pluie font monter le niveau. On conclut de cet examen que la pluie amenait 0,01 d’eau en une 1/2 heure; deux heures après qu’elle avait cessé, les remblais du Port commençaient à se décharger, et à introduire à leur tour 0,012 à 0,013. La rapidité avec laquelle les eaux se sont infiltrées pour venir s’écouler dans le bassin montre combien ces remblais sont peu étanches. D'ailleurs nous avons trouvé pour le rapport des sur- faces infiltrantes des nombres qui viennent confirmer ceux obtenus auparavant, les divergences qu’ils présen- tent entre.eux sont assez faibles, et on ne pouvait espérer une plus grande concordance pour des résultats de cette nature. me. Ÿ | 4 <: sd Se DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 105 Les voici : 11 décembre, ligne n° 3, 0,45 13 décembre, ligne n° 9, 0,40 id. ligne n° 4, 0,35 id. bigne n° 45, 0,47 1% décembre, 0,40 Cube à épuiser sans travaux préliminaires. — Toutes ces expériences ayant été faites avec des marées assez faibles, et l’eau montant assez vite dans le fossé 8-9, les résultats ne s’écartent que peu de ceux obtenus en lais- sant l’eau entrer dans le fossé. Il n’en a pas été de même le 31 décembre. Ce jour là en effet, le batardeau en argile dont nous parlons plus loin était terminé, et nous pensions qu'il diminuerait les arrivées d’eau observées à travers le béton de fondation du barrage en maçonnerie. De plus, la mer montant plus haut à l’extérieur, l'influence du fossé 8-9 devait être plus manifeste. Les faits ont confirmé nos pré- visions. L'épure suivante le montre (PI. 8, fig. 4). Là ou, dans d’autres expériences, l’eau montait de 0,105 et 0,110 sous une charge de 4"20, elle ne monte plus que de 0,065 sous une charge de 4,60 au maximum. Le lendemain matin l’eau étant montée par extraordinaire à 7,00, ce qui dépassait les prévisions de l'annuaire, la dénivellation a été de 5",00. Dans de pareilles conditions, le cube de 800 litres trouvé plus haut se réduit à 500. Nous avons un peu insisté sur l'étude qui précède, persuadé qu’on ne nous saura point mauvais gré d’avoir (1) Une foule de circonstances viennent influer sur les varia- ions de niveau de l’eau dans le bassin, c’est ainsi que le vent a pu produire une surélévation momentanée atteiguant 020. 406 RESTAURATION DES FONDATIONS précisé les choses; un travail de cette nature comporte en effet un examen de tous les jours, et nous avons cru qu'il n’était pas inutile d'indiquer la marche qui nous a permis d'établir d’une façon rigoureuse les chiffres sur lesquels se basait le projet. TRAVAUX PROPRES A ASSURER LA MISE A SEC DU BASSIN DES SUBSISTANCES Emploi de l'argile provenant du jardin de l’Infanterie de Marine. — Malgré toutes les précautions prises pour la fondation du barrage Chantereyne, au droit du chenal figuré sur la planche 6, les courants étaient si violents qu'il fut impossible d'éviter quelques délavages dans le béton. Plus tard en effet, pendant que nous faisions nos expé- riences, nous aperçûmes du côté du bassin, des sources qui, suivant les pieux de l’ancien coffrage, amenaient du sable provenant sans aucun doute du béton délavé. Nous fimes alors charger sur la face Nord de l'argile mélangée avec du foin dans la proportion de 42 kilog. pour un mètre cube; le foin donnant une certaine consis- tance à l'argile. Cette argile rouge, qui provient d’un ter- rain appartenant à la Marine, ne forme aucun grumeau dans l’eau et ne présente aucun indice de prise hydrauli- que. Mêlée avec le foin, elle tombe en bloc au fond de l'eau, et reste malgré cela assez fluente pour bien se mou- ler sur les aspérités du rocher. Son effet parut être immédiat, car les sources qui ame- naient du sable devinrent rouges et cela pendant quelques jours, au bout desquels elles diminuérent beaucoup, et actuellement on ne peut les reconnaître. De plus le chenal DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 107 dans l’intérieur du bassin était indiqué sous l’eau par des trainées rouges (1). Travaux dans le fossé 8-9. — Près du pignon des Subsistances en (b) (Planche 6), s'était toujours montrée une source excessivement abondante et jaillissant si violemment, qu’il avait été impossible de l’étancher par les moyens les plus énergiques. Loin de varier comme la hauteur d’eau à l'extérieur, son débit présentait des ca- ractères de constance tels qu'il était fortement à présumer qu’elle provenait du fossé 8-9 dans lequel, comme on le sait, le niveau ne descend pas au-dessous de la cote 3.90. Un autre fait venait à l'appui de cette idée : après avoir échoué à marée basse un bateau plat sur la source bouil- lonnante observée sur le front Est du bastion 9, source qui provient sans aucun doute du fossé, nous avons pu constater que l'intensité de la source () augmentait. Cette dernière, d’ailleurs, se trouve à la jonction de deux ter- rains distincts, l’ancienne levée S’ B’ et les remblais apportés pour la fondation du bâtiment des Subsistances et la création de son terre-plein; elle devait donc se pro- longer souterrainement dans la direction B’ S’. Ce fait et les résultats consignés plus haut montrent qu'il importait de se mettre à l'abri des eaux du fossé 7-8, 8-9. Dans ce but, on maintint dans le fossé les eaux au niveau le plus bas possible, au moyen d’une vanne auto- mobile; on boucha en outre les barbacanes qui se trouvent au pied du mur d’escarpe. Il fallait néanmoins chercher l’origine des sources (a) (1) Ce chenal a d’ailleurs été creusé à coups de mines et le rocher présente des fissures qui facilitent l’accès de l’eau. 108 RESTAURATION DES FONDATIONS et (b), la connaissance des lieux nous permit de la fixer en (c) (Planche 6), dans un affouillement produit en avant de la vanne, par suite de l’existence d’une sorte de barre formée de vase et de cailloux. Cette excavation fut comblée avec l'argile dont nous avons parlé plus haut. Cette argile fut recouverte de pierres plates schisteuses qui la garantissaient des délavages. Fermeture des bouches d’égout du Port.— En (d), (voir Planche 6), le long de la berge nord du chenal des Subsistances, existait une source d’eau saumâtre assez abondante; une étude attentive faite sur les épures nous permit de conclure que cette source était due à l'entrée de l'eau de mer dans l’aquedue de décharge des eaux du port, qui n’est maçonné que sur une certaine longueur. Nous fimes en conséquence fermer cet aqueduc à son débouché en mer, par une vanne qui laisse écouler l’eau en tout temps sauf à mer haute. Résultats obtenus. — En cas d’insuccès des épuise- ments, nous avions projeté tout un système de bâtar- deaux en argile venant chausser le pied des murs de fortification, et descendant un peu dans le sable; nous y eussions trouvé toutes les garanties désirables. Le sable en effet est très-étanche, et comme nous le faisions pres- sentir plus haut, nous avons pu vérifier que les sources se produisent à sa jonction avec les remblais, à travers les bétons délavés. Il eût donc été inutile de descendre les bâtardeaux jusqu’au rocher, comme cela avait été proposé plusieurs fois. Nous avons pu éviter l'exécution de ces travaux et nous en tenir à ceux dont nous venons de parler. Ces derniers n'ont pas entraîné à une dépense de plus de 10,000 francs, tandis qu'ils ont procuré une économie se traduisant par des centaines de mille francs. DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 109 Conclusion. — Trois machines ont été commandées à la Société des Forges et Chantiers, sur la base de Ja première estimation d’un débit de 800 litres élevés à 9 môêtres en une seconde; ce débit était fourni par deux d’entre elles; la troisième devant servir de rechange alter- nativement. Nous indiquions dans notre rapport qu’il suffisait d’un débit de 500 litres et que nous espérions réduire encore les infiltrations; ces prévisions ont été réalisées à la faveur des petits travaux dont il a été question. Les trois machines ont coûté 160,000 francs. Les améliorations que nous avons pu obtenir dans l’in- tervalle écoulé entre leur commande et leur installation les ont rendues plus que suffisantes et comme nous l’an- noncions avant les essais, une seule d’entre elles peut en tout temps tenir tête aux infiltrations. Donnons maintenant quelques détails sur les travaux d'installation des machines et sur les expériences aux- quelles elles ont été soumises. TROISIÈME PARTIE APPAREILS D'ÉPUISEMENT INSTALLATION, EXPÉRIENCES, FONCTIONNEMENT Chapitre Ie Dispositions adoptées, machines, turbines. Une rigole générale recueille toutes les eaux et les amêne aux machines d’épuisement. Choix de l'emplacement des appareils. — Si les ma- 110 RESTAURATION DES FONDATIONS chines d’épuisement eussent été installées sur le quai, à supposer qu’elles y eussent trouvé un emplacement con- venable, il eût fallu ea tout temps, les eaux devant être maintenues à la cote (— 1,90) dans toute l’étendue du chantier, les élever à une hauteur constante d'au moins 9 mètres, pour aller les déverser à la mer. Le niveau de la mer variant notablement, il y avait un grand intérêt à régler à sa demande le travail des appareils. Aussi nous sommes-nous arrêté à Ja combinaison qui consiste à établir les machines dans le bassin même et à refouler les eaux à l'extérieur par un des cinq conduits qui ont été pratiqués dans le barrage BB’ et qui se trou- vent placés à très peu près au niveau des basses mers moyennes. Les machines n’élèvent ainsi l’eau ou plutôt ne la refoulent qu’à la hauteur strictement nécessaire, leur travail est toujours utile, et l’économie de charbon réalisée de ce fait est considérable. Nous verrons plus tard les autres avantages qui résultent de l'adoption de celte disposition. Si cependant le niveau de l’eau dans le bassin à épui- ser eût été par trop élevé, l’économie de charbon eût été absorbée, et au-delà, par les dépenses de fondation. Or les conduits dont nous avons parlé sont fermés par des cla- pets automobiles s’ouvrant à mer basse sous la pression des eaux intérieures, et se fermant, quand le niveau à l'extérieur devient plus élevé que dans le chantier. Entre la fermeture et l'ouverture des clapets, ce dernier se rem- plissait d'eaux d'infiltration, puis la mer baïissant, les clapets s’ouvraient et la laissaient s’écouler en partie. Le niveau intérieur dépassait alors rarement la cote 3.00 et le fond solide étant à très peu près au zéro, le bâtardeau à l'abri duquel il fallait établir la plate-forme des machi- o t . DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 411 nes et creuser le puisard ne devait présenter qu’une hau- teur de 3" à 3"50 environ, et, comme on le verra, il a pu- être établi assez économiquement. Machines. — L'étude des machines et des turbines, ainsi que leur construction, ont été faites par la Société nouvelle des Forges et Chantiers du Havre. Les machines sont de fortes locomobiles Compound, pouvant développer chacune jusqu’à 100 chevaux. Donnons seulement quelques détails sur leurs disposi- tions principales. Les chaudières tubulaires du type ordinaire, le petit et le grand cylindres, les organes de transmission des mou- vements ne présentent rien de particulier. La détente peut être réglée à partir de 30 ° d’intro- duction dans le petit cylindre; cette condition était indis- pensable, car la force que peut développer la machine doit être essentiellement variable. Cette dernière est en effet sensiblement proportionnelle au produit du volume d’eau évacué par la hauteur du niveau de la mer au-dessus de celui des eaux dans le puisard (1). Or ces deux quan- tités augmentent et diminuent en même temps. La quantité d’eau douce que nous eussions pu utiliser pour la condensation, qui exige par machine environ 415 litres par seconde, étant absolument insuffisante, nous avons dû recourir à l’eau de mer. Cette dernière est aspi- rée dans le puisard par une pompe spéciale, placée sur le côté des machines, et actionnée par une tige à excentrique montée sur l'arbre qui porte les volants. (1) Nous dirons seulement sensiblement proportionnelle, car comme nous le verrons plus loin, le rendement des turbines varie avec le niveau de la mer. 412 RESTAURATION DES FONDATIONS Les tuyaux d'aspiration sont terminés par des crépines placées un peu au-dessus du fond du puisard, afin d’évi- ter que le sable et le limon qui s’y accumulent toujours ne soient attirés jusque dans le condenseur. L'expérience a fait reconnaître la nécessité de les munir à leur partie inférieure de clapets automobiles, sans les- quels il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, d’amorcer la pompe dès que la hauteur d'aspiration devient notable (6 mêtres). Nous avions déjà vérifié ce fait avec des pompes Letestu, que nous n’avons pu faire fonc- tionner, pour des hauteurs-de 7,00 et 7",50, qu’en rem- plissant au préalable les tuyaux, opération très-assujettis- sante, ou en les munissant dans le bas de clapets aussi étanches que possible. On conçoit facilement que pour des hauteurs semblables les tuyaux étant forcément très-longs, toutes les causes qui s'opposent à l'ascension de l’eau, frottements, pertes de charge, rentrées d’air inévitables, etc., puissent deve- nir prépondérantes au point de l’empêcher totalement. Ces causes ont d'autant plus d'action que le tuyau est plus long, et par suite que le volume d’air dans lequel la pompe doit opérer préalablement le vide est plus consi- dérable par rapport à celui de son corps de pompe. Cha- que coup de piston ne diminue alors la pression dans les tuyaux que de fort peu de chose; l’amorçage devient très- long, parfois même impossible. Le clapet de retenue re- médie à ces inconvénients; il arrête la descente de l’eau dans les moments de défaillance de la pompe. S’il est in- dispensable pour l’amorçage, il l’est encore pour la mar- che, et on le comprend tout aussi facilement. Ces faits sont bien connus, mais on ne saurait y prêter une trop grande attention. DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 113 Le corps de la pompe d’aspiration étant d’une section assez faible, il eût fallu, comme le montre un calcul fort simple, un temps notable pour amorcer en marche; or pendant ce temps le condenseur se fût échauflé, on a donc dû recourir à un remplissage préalable des tuyaux. Au sortir de la pompe de circulation, l’eau aspirée est amenée dans le condenseur et de là dans un conduit collecteur pour les trois machines, d’où elle est refoulée à la mer avec les eaux d’épuisement. Nous sortirions de notre cadre en donnant des détails plus circonstanciés sur les machines, citons seulement les chiffres suivants : Timbre de la chaudière ...........,..,,. 5 k. 00 Surface de chauffe. ........ HR DÉS ME SENS Surface de condensation de chaque conden- SÉRCS MONS MI D MORIN LE ER" 16" » Diamètre du petit eylindre......,........ 0" 30 Diamètre du grand cylindre.............. 0" 52 Des TON 00 SU DER Un. 0" 40 Nombre de tours pour 100 chevaux. ...... 150 Force en chevaux indiqués.............. 100 Introduction dans le petit cylindre pour réa- lisernbetie puissance... 4 us 0® 50 Turbines. — Chacune des trois machines est munie de deux volants symétriques servant en même temps, l’un et l’autre, à transmettre le mouvement aux turbines, à l’aide de fortes courroies. Chaque turbine aspire l’eau par un tuyau muni à sa partie inférieure d’un clapet en forme de double cône, reposant sur un siège en bronze, et ne pesant que 20 kilog. dans l’eau; elle la refoule dans une bâche unique pour les trois appareils, et de là à la mer par l’un des conduits dont nous avons parlé plus haut. 114 RESTAURATION DES FONDATIONS L'orifice de décharge de chaque tuyau dans la bâche porte un clapet se fermant sous la pression extérieure, et s’ouvrant quand la turbine fonctionne. Ces appareils ont toujours parfaitement fonctionné. La conduite des machines exige, nous l’avons dit, une surveillance de tous les instants, en raison de la grande variabilité de la force à produire. Les mécaniciens n’ont que trop de tendance à abandonner les machines à elles- mêmes; et dans ce cas, si la mer vient à baisser, et par suite les infiltrations à diminuer, il peut arriver que le niveau de l’eau descende dans le puisard au point de découvrir les trous de la crépine; la turbine est alors désamorcée. Pour éviter cet inconvénient, un flotteur placé dans le puisard et transmettant son mouvement à un contre-poids mis en évidence, permet de suivre la variation de niveau des eaux dans le puisard. Des compteurs enregistrent le nombre de tours des machines, nous en gardons la clef, et il nous est possible jusqu’à un certain point, de nous rendre compte de ce qui s’est passé pendant la nuit. La compagnie des Forges et Chantiers avait fait instal- ler sur le tuyau collecteur de la circulation une manche pouvant servir au réamorçage de la turbine en marche. L'expérience nous a montré qu’il était à peu prés impossible de réamorcer en marche, car dans ces condi- tions, le clapet se soulève à chaque instant, l’eau du tuyau est mise en communication avec celle du puisard et le faible volume qu’on envoie disparaît dans la masse ; il faudrait pouvoir projeter dans la turbine des quantités d’eau notables. Aussi dans ce cas, faisons-nous arrêter et remplir. Malgré ces précautions, au moment des basses-mers de petite et de grande vive eau, l’orifice du tuyau de %, DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 4115 refoulement étant dégagé en tout ou en partie, le réamor- çage était toujours incommode. Nous avons paré à cet inconvénient en faisant placer en avant du débouché, sur la face Nord du barrage, une plaque de tôle assez élevée pour maintenir le tuyau de refoulement constamment plein ou à peu près. A basse mer cette tôle fait l'office de déversoir; le surcroît de force occasionné par cette faible élévation de quelques décimètres est d’ailleurs négligeable. Moyennant cette précaution tous les incon- vénients ont été évités. Il est arrivé parfois que l'existence d’une colonne d’air dans le tuyau d'aspiration arrêtait totalement l’ascension de l’eau ; nous nous en débarrassions soit en stoppant et rechargeant la turbine, soit en forçant un peu l'allure de la machine. Ce fait se présentait du reste rarement; on pourrait, croyons-nous, éviter totalement des manœuvres encore assez longues, en perçant à diverses hauteurs sur le tuyau d'aspiration des orifices munis de robinets qu’il serait facile d'ouvrir, afin de laisser un libre débouché à l'air emprisonné. Les turbines ne se sont nu reste jamais engorgées, quoique, par suite du creusement ou du curage des ri- goles d’épuisement, les eaux fussent chargées de sable et de limon au point qu’en en remplissant un verre, il se formait au fond de ce dernier un dépôt de près d’un cen- timètre de hauteur. Elles laissent même passer des corps relativement volumineux, ce qui dans certains cas peut être une qualité précieuse; c’est ainsi que lors de l’épui- sement général du bassin elles livrèrent passage à un cer- tain nombre de poissons, anguilles, congres, mulets, etc. qui du reste allèrent crever pour la plupart à quelques mètres du débouché (un congre notamment mesurait près d'un mètre de long). Néanmoins, comme des pailles, des 416 RESTAURATION DES FONDATIONS éclats de bois, etc., pourraient ne pas être rejetés aussi facilement, nous avons fait placer au débouché des eaux du chantier dans le puisard, deux grillages dont l’un est métallique et à mailles serrées. Malgré ces précautions indispensables pour éviter l’engorgement des tubes du condenseur et peut-être des turbines, il est nécessaire de curer le puisard de temps à autre, les eaux d’un pareil chantier étant souvent chargées de limon et de sable. Voici quelques chiffres sur les turbines : Diamètre du disque de chaque turbine ... 0,95 Nombre.de:toursii.:xe4trhar ina 300 Débit correspondant pour une différence de niveau maximun égale à 9"00.... par seconde 400 litres Ensemble de l'installation. Vanne. — Un batardeau en maçonnerie à l’abri du batardeau en argile enferme toute l'installation; sa crête est à la cote 3" 50, assez élevée pour que l’ensemble de l’ouvrage soit complètement à l’abri des eaux, dans le cas d’une longue interruption de l'épuisement. Sa construction était d’ailleurs indispensa- ble pour le même motif, pendant la pose des appareils. Il supporte la toiture qui est à lanterneau, construite en sapin du Nord, et couverte avec de la tuile de Moult- Argence. Cette toiture devait être assez solide pour résis- ter aux violentes rafales qui se produisent dans ces parages par les vents du Sud-Ouest. Le batardeau l’abrite d’ailleurs des vents du Nord. Les machines reposent et sont scellées sur trois massifs en maçonnerie ordinaire avec dallage en granit. Les inter- valles qui séparent ces machines sont couverts par des tôles striées, de plain-pied avec les dalles de granit, et reposant sur des cornières scellées dans ces dernières. Les machines et les turbines sont entourées de garde- corps. Une passerelle établie au-dessus du puisard, contre DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 417 les cheminées des machines, permet leur ramonage et rend les communications plus faciles. Le niveau de l’eau dans le bassin atteignant 3" 00 et le fond du conduit d’amenée des eaux étant à la cote — 3,20, ileût étéincommode et dangereux, lors de l’épuise- ment général du chantier d'introduire librement les eaux dans le puisard sous une pression allant jusqu’à plus de 6" 00 d’eau, aussi avons-nous fait couvrir ce dernier d’un plancher étanche formé de madriers de sapin du Nord de 0,30 sur 0,30 scellés d’un côté dans les maçonneries qui supportent les machines, de l’autre dans celles qui bor- dent la crête du puisard, et sur lesquelles une partie du poids de la toiture vient se reporter. Par surcroît de pré- caution, et afin de permettre au plancher de résister à une sous-pression de 3" 00, certaines de ces poutres ont été reliées au mur de revêtement du puisard par des brides (Voir les coupes). Ce plancher ést recouvert inférieure- ment d’un bordage calfaté; il porte un orifice muni d'un tuyau, pour l'évacuation de l'air. Un trou d'homme avec plaque étanche permet la visite du puisard, et a rendu possible la pose des tuyaux d’as- piration. 11 nous reste à décrire la vanne que nous avons dû établir à l'extrémité du conduit d’amenée des eaux. Ses différentes dispositions sont reproduites dans les figures annexées au présent mémoire. Elle devait remplir les conditions suivantes : 1° Empêcher l'introduction des eaux pendant la pose 4 des appareils ; les turbines eussent été en effet noyées, le niveau dans le chantier atteignant la cote + 3",09 et et les turbines étant posées sur un plancher établi au zéro; 2° Rendre l'introduction des eaux possible par une manœuvre facile ; = + PT er 118 RESTAURATION DES FONDATIONS 3 Être très-étanche, afin de permettre de réduire les” épuisements à effectuer avant la mise en train des appa- reils ; 4° Se prêter aux expériences de débit qui devaient être faites individuellement sur chacune des machines, et naturellement être aussi simple et économique que possi- ble. Elle se compose d’une plaque de tôle V (Planche VIT) pou- vant résister à des pressions d’eau de 6,00, mobile autour du diamètre de la demi-ellipse qui termine extérieure- ment le conduit d’amenée des eaux au puisard. Cette plaque porte sur ses côtés un rebord ou mentonnet venant, sous l’effet de la pression des eaux, s'appliquer contre une garniture p en caoutchouc emprisonnée dans une rainure que portent les rebords en fonte b qui sont scellés dans les maçonneries. Un ruban de cuir q fixé sur le bord de la vanne vient s'appliquer contre la pièce d et complète l’obturation du joint. Ces dispositions ont per- mis de réaliser une étanchéité presque parfaite. La vanne se manœuvre à l’aide d’une vis T, que l’on actionne du haut, et qui agit sur une crémaillère C engre- nant avec un arc denté « qu’elle porte à la partie supé- rieure. Deux galets mobiles 4 guident le mouvement. Un masque d, en forme de demi-ellipse ferme la partie supérieure de l’orifice ; il est percé d’un orifice que l’on peut déboucher en tout ou en partie à l’aide d’une van- nette v à coulisses, que l’on manœuvre avec une grande facilité en agissant sur la vis qui la commande. ‘Cette vannette nous a été de la plus grande utilité, car pen- dant nos expériences, elle fournissait à elle seule le débit d’une des turbines. On pouvait faire varier du reste le débit en tournant sans le moindre effort la manivelle supérieure. Cette vannette présente en outre un autre avan- DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 419 tage; elle facilite l'ouverture dela grande vanne. Voulait-on, en effet, entreprendre l’épuisement du bassin? il suffisait de fermer la plaque du trou d'homme ménagé dans le plan” cher étanche, d'ouvrir la vannette qui opérait le remplis- sage du puisard en quelques secondes, puis, une fois le puisard rempli, de manœuvrer la vanne V, ce qui se faisait avec la plus grande facilité, car la pression étant alors la mème sur ses deux faces, on n'avait guère à soulever que son propre poids. Une vanne à coulisse eût certainement bénéficié aussi de cette disposition bien simple, mais il est de toute évidence que son installation eût été ici bien plus com- pliquée. Chapitre II. Travaux de préparation de l'emplacement des machines. D’après les clauses du marché passé avec la Compagnie des Forges et Chantiers, cette dernière était chargée de la fourniture et du montage des appareils, la] Marine devant lui donner les moyens d'approche des pièces qui les com- posent, et exécuter à ses frais et par ses soins tous les travaux d'établissement de la plate-forme des machines, de creusement du puisard, etc. Nous allons entrer à cet égard dans quelques dévelop- pements. Batardeau. — Il s'agissait d'isoler des eaux et de - maintenir à sec un espace de 400 mètres carrés, à peine suffisants pour permettre l’exécution de tous les travaux de terrassement, de déblai du roc et de maçonnerie, nécessités par l'établissement des appareils d’épuisement. Il eût été difficile d'établir le batardeau directement 120 RESTAURATION DES FONDATIONS dans l’eau sans recourir à l'emploi de moyens excessive- ment coûteux; le béton immergé, comme l’expérience nous l'a montré, eût donné les plus mauvais résultats, car il eût fallu se résoudre, ou bien à le couler sur une couche de galets et graviers, ou bien à draguer dans l’eau à grands frais pour aller atteindre le rocher. Or, le rocher dans cette partie est formé de schistes feuilletés ou fissurés (ces derniers renfermant des rognons de grès très quartzeux qui nous paraissent indiquer la formation tran- sitoire entre le schiste et le grès). Il était donc préférable de tous points de voir directement le fond, afin d’être à même de savoir quelles précautions il fallait prendre. Des sondages préalables à la langue américaine nous indiquèrent une sorte de fond rocheux à la cote 0,00 en- viron, mais nous n’attachions qu’une médiocre confiance aux indications de cet instrument qui pouvait rencontrer à chaque instant de gros cailloux qu’il n’avait pas la force de rompre, et faire croire à l'existence du rocher sans l'avoir atteint. Par la suite, en effet, nons n’avons trouvé un véritable rocher que beaucoup plus bas que ne l’in- diquaient ces premières expériences: la construction préalable d’un batardeau provisoire s’est donc trou- vée doublement motivée. Le bâtardeau défensif devait avoir un de de plus de 70 mèêtres, et résister à une pression d’eau de 3",00. Nous renonçcâämes tout d’abord à l’idée de le construire en maçonnerie, par portions, à l’aide de caissons sans fond analogues à ceux que l’on emploie couramment; ils eussent été beaucoup plus coù- teux, tout en présentant l'inconvénient d'offrir aux eaux une surface d'infiltration totale plus considérable qu’un batardeau unique. Il eût donc fallu dans ce cas, ou bien ne faire le travail que par portions successives DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 121 reliées entre-elles après coup, ou bien se résoudre à augmenter considérablement les frais d'épuisement. Pour ces raisons et après un soigneux examen de l'emplacement, nous nous arrêtàmes à l'idée d’un batar- deau unique. Les figures annexées au mémoire en donnent les détails (Planche VI). La membrure est formée principalement, d’une cloison intérieure avec pieux et palplanches doublement moisés, et d’une cloison moins élevée à l’extérieur, moisée dans le haut. La première, partout où cela a été possible, a été complétée par un tamponnage d'argile forte, entre les palplanches et un bordage cloué sur les moises internes. Ces deux cloisons sont réunies 4° par un tirant hori- zontal assemblé sur les pieux correspondants; 2° par deux écharpes qui moisent le précédeni, et joignent la partie supérieure de la première cloison à la partie infé- rieure de l’autre. L'intervalle en forme de trapèze a été rempli par de l’argile corroyée et mélangée avec du foin. Le talus exposé à l’action de l’eau a été recouvert d’une couche de foin et enfin de moellons plats schisteux. Un talus de moellons défend la petite cloison de l’extérieur. Il est facile de se rendre compie qu'avec les dimensions adoptées, la stabilité du barrage est parfaitement assurée, à la condition toutefois que l'argile forme une masse compacte et ne coule pas. Or le tirant et les écharpes rendent l’assemblage rigide et transmettent, de la grande cloison à la ‘petite, l’effort que la première supporte ; il doit en résulter une compression de l'argile favorable à sa tenue. Le calcul de ces pièces est dès lors très-simple. L’argile employée n’est ni trop compacte ni tropfluente; mélangée avec du foin, elle nous avait toujours donné de bons résultats, notamment pour étancher la fondation du 122 RESTAURATION DES FONDATIONS grand batardeau BB’ (Plandhe VI) formée de béton délavé en partie. Nous avons pu depuis l’assèchement du chan- tier déchausser le pied de cette fondation, et nous avons trouvé l’argile dans toutes les cavités que le mortier avait abandonnées. La préparation de l’argile se fait par couches de 0"20 à 0"30 d'épaisseur que des hommes piétinent en répandant le foin et arrosant de temps à autre. Cette opération était payée 1 fr. 20 le mêtre cube (y compris le damage de l'argile au lieu d'emploi). La mise en place de ce batardeau ne présenta rien de particulier, la longueur des pieux ayant été déterminée à l'avance, après qu’on eut procédé à l'opération essentielle du dragage. On battit les palplanches, on exécuta le bordage dont il a été question plus haut, l'argile fut coulée ensuite et damée. Résultats obtenus. Prix d'établissement. — Le batar- deau en argile a fonctionné pendant plus de deux mois dans de bonnes conditions. Il avait 70 mètres de long, résistait à une pression d’eau de 3 mètres et n’a coûté que 5,231 francs; il isolait une surface de 400 mètres carrés. Pour des fondations en rivière de faible profondeur, son emploi, pour peu que les fondations soient importantes, serait sans doute motivé; on pourrait peut-être dans ce cas remplacer l'argile par de la terre forte ou du sable argileux, qui nous faisaient absolument défaut. Si cependant il devenait nécessaire de l'enlever après coup, son avantage dispa- raîtrait probablement. Mais la plupart du temps, 1l pour- rait après avoir été chargé de moellons et de blocs, être conservé comme défense. Epuisements. Travaux de creusement du puisard. Fon- si à + ét DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 123 dahions des machines. — Les épuisements étaient effec- tués d’abord par une pompe Le Testu pouvant débiter jusqu’à 2 à 3 mètres cubes par minute, mais dans les circonstances les plus favorables. Quand la hauteur d'aspiration atteignit 7 mêtres, pendant le creusement du puisard, il fallut une seconde pompe de force moitié moindre. La première de ces pompes était actionnée à l’aide d’une transmission télodynamique, avec poulies à oreilles garnies de caoutchouc et càble en fil de fer, par une locomobile placée sur la cale, à 18 mètres de distance environ. Plus tard le câble étant venu à manquer, on le remplaça par une corde ordinaire qui fonctionna bien. On parait à son extension progressive en déplaçant un peu la locomobile. L'établissement du batardeau définitif fut immédiate- ment entrepris, mais on ne put l'installer sur le rocher que dans le voisinage du barrage. Il eut été trop coûteux de descendre plus bas. Les plates-formes des machines furent construites, on les relia inférieurement entre elles et au batardeau, par un radier en maçonnerie de 0" 50 d'épaisseur. Les parois du puisard ayant dû aussi être revêtues, on voit que l'installation est mise autant que possible à l’abri des eaux. Le déblai du puisard put se faire à peu près complète- ment au pic, quelques cartouches de dynamite furent néanmoins employées pour désagréger la masse. Les explosions ne pouvaient détériorer les maçonneries, car leur action était fort limitéeen raison des nombreuses fissu- res ou soufflures que présente le rocher en cet endroit. Près du redan on passa en sous-œuvre sous le batar- deau, que l’on reprit ensuite en ménageant le conduit des eaux. Cette partie devait supporter la poussée des eaux sur 124 RESTAURATION DES FONDATIONS une hauteur de 6" 00 à 6" 50; on augmenta l’empâtement en conséquence. Quelques fragments de rochers furent laissés par éco- nomie dans la masse des maçonneries. Enfin la vanne fut mise en place, et on put ouvrir vis-à- vis du conduit le batardeau en argile, pour commencer à l’aide du scaphandre et de la dynamite l’exécution d’une rigole de faible profondeur, qui fut ensuite établie à sa cote définitive après l’assèchement général du chantier. Les maconneries du batardeau avaient été construites avec mortier à 450% de chaux et 400% de ciment. Elles furent mises en charge moins d’un mois après leur achèvement. La vanne étant fermée, il se produisait quelques infil- trations venant un peu de tous côtés se réunir dans le puisard. On y tint tête à l’aide de la petite pompe dont nous avons déjà parlé. Cette pompe et sa locomobile furent ensuite placées à poste fixe près du hangar des machines. Elles sont de la plus grande utilité pour le curage du puisard qui se fait facilement en fermant la vanne extérieure, après avoir arrêté les turbines ; il devient alors facile de descendre dans le puisard, ce que le remous occasionné par les tur- bines rend dangereux et même impossible en temps ordi- naire. On procéda ensuite au parachèvement des ouvrages. Les chaudières et les grosses pièces des machines furent amenées par mer jusque contre le barrage et descendues à leur place à l’aide d’une des mâtures de l’arsenal. Un hangar clos et couvert fut construit, pour mettre les hommes et les machines à l'abri des intempéries. Dépense. — Ces divers travaux ont nécessité une dé- pense de 40,000 fr. environ. DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 195 Les machines ayant coûté 160,000 fr. le chiffre de la dépense totale ressort donc à 200,000 fr. Dépenses d'entretien. — Le service des machines est organisé de telle façon qu'il y ait jour et nuit trois hommes sur le chantier. Les dépenses qu'il occasionne ne s'élèvent pas, y com- pris le charbon, à 30,000 fr. par an. L'avantage d’une installation unique pour tout le chantier est donc évidente. Dans de pareils conditions et en tenant compte de l’in- térêt et de l'amortissement (ensemble estimés à 10 0/0) du capital de premier établissement, le mètre cube d’eau à 4" de hauteur revient à moins de 0 fr. 004 (4 millime), le mêtre cube d’eau évacué à moins de 0 fr. 005 (cinq millimes). Chapitre III Expériences faites sur les appareils d'épuisement. Rendement des turbines, etc. Nous donnons ci-après les résultats obtenus dans les expériences auxquelles nous avons soumis les appareils d’épuisement. Consommation de charbon. — Aux termes du marché la dépense de charbon devait être dans le cours d’une expérience de 4 heures consécutives de 4* par heure et par force de cheval de 75 kilogrammètres. Chaque déca- gramme en plus entrainait une amende de 250 francs; à 1*20 l'appareil pouvait être rebuté. Nous ne nous arrêterons pas sur ces expériences qui furent faites par les procédés ordinaires, en mesurant la force à l’aide de l'indicateur Watt. Citons seulement ce fait que la dépense de charbon qui dépassait 1“20 dans les 126 RESTAURATION DES’ FONDATIONS premières expériences fut ramenée à 1* en enveloppant les chaudières de feutre. La déperdition de chaleur par la surface interne était donc considérable, puisqu'elle con- duisait à un supplément de dépense de charbon d’un peu plus de 200 grammes. Rendement des appareils. — Nous nous sommes pro- posé de déterminer entre quelles limites varie le rapport du travail utile estimé en eau élevée ou refoulée à une certaine hauteur, à celui appelé travail indiqué qui s'exerce réellement sur les pistons et qui est mesuré à l’aide des courbes inscrites par l’indicateur de Watt. Ce rapport donnera le rendement non pas des turbines, mais de l’ensemble des machines et des turbines. Pour obtenir celui des turbines proprement dit, 1l eût fallu mesurer directement au frein ou par tout autre moyen la puissance qui leur est réellement transmise par les courroies. Ces opérations eussent été certainement longues et assujettissantes, l’exiguité du puisard les ren- dait d’ailleurs à peu près impossibles. Si cependant on admet, comme cela se pratique généra- lement dans des conditions analogues, que la puissance transmise par les organes de la machine soit le 0,72 de la puissance indiquée, on arrive à ce résultat que pour obtenir le rendement propre des turbines, il faut diviser par 0,72 les rendements que nous donnons plus bas. On arriverait alors à des chiffres compris entre 50 et 60 0/0 qui concordent avec ceux donnés dans certaines publica- tions. Le mode d'opérer pour obtenir ce que nous appelle- rons le rendement, estimé par rapport à la puissance indiquée, était des plus simples. La petite vanne étant ouverte et fournissant à l’un des appareils son débit d’eau, on la fermait rapidement; une DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 1927 fois fermée et à un signal donné, la machine marchant toujours, on notait le temps nécessaire pour produire dans le niveau de l’eau du puisard un abaissement d’un mètre. L'allure de la machine était maintenue aussi constante que possible, et, pendant ces quelques secon- des, on prenait une courbe. Les dimensions du puisard étant connues, on calculait le volume d’eau ainsi enlevé (en tenant compte naturelle- ment de l’espace occupé par les tuyaux d’aspiration et de circulation) ; la hauteur totale d'aspiration et de refoule- ment, quand il y avait refoulement, était mesurée par la distance qui séparait le niveau de la mer à l'extérieur, du niveau moyen dans le puisard, pendant l'expérience. A mer basse, l’eau se déversant par-dessus la vanne, on mesurait pour cette hauteur la distance séparant le centre de la veine liquide du niveau dans le puisard. En appelant T le travail indiqué, et P le nombre de kilo- grammes d’eau élevés à la hauteur H en une seconde, le rendement est Ph 75 T. Les tableaux (1) et (2) donnent dans leur dernière colonne les nombres ainsi calculés. Le débit par seconde a été estimé en tenant compte des infiltrations, dont le cube s’ajoute au cube mesuré comme il est dit plus haut. Leur débit avait été déterminé avec diverses hauteurs d’eau dans le bassin, en faisant fonc- tionner la petite pompe Le Testn. Heures des observations. DR LS D | | Numéros des courbes. FR HR à M LE à À À À OR CCEBT EUU PS EG. OS "tS ® | Pression à la chaudière. Ouverture de la valve. 84 [0,151 0,310,7 4,5 10,151 0,3/0,7 2,28|0,1 3,75|0,1 4,8 [0,1 4,28|0,1 4,25|0,18 4,5 [0,15 4,75|0,18 4,75|0,13 4,75|0,15 8,0 [0,13 4,75|0,1 4,25|0,2 8,25|0,2 5,2510,2 4,50|0,7 5,0 |0,3 8,25|0,8 4,75|1,0 0,310,7 > > > > “à (1) ESSAIS DE DÉBIT Introduction > > >» ÿ | E | & É 5 = — Su de K = AA Ne = © = LA 71° 51107 74 51103 71 51106 72 93 72 99 72 106 72 401 72 107 12 113 72 411 72 404 72 416 12 415 72 117 73 120 73 [124,5 12 129 73 |127,5 73 136 72 133 PETIT CYLINDRE | Pression moyenne. 2,361 2,230 2,201 1,873 2,038 2,221 2,239 2,319 2,338 2,272 2,343 2,328 42,174 2,148 2,296 2,596 2,688 2,563 2,929 2,798 =; = = CA . oo — ns ss "2 ® = « E = = 5 À ee s & 25 | 5 & = £ 2 S = & = e S'o “A 29 Ce 0,948/32,84 0,935|33,36 0,841124,90 0,916/28,83 0,972/33,66 0,911/32,33 0,962/35,48 1,005|37,78 0,935|36,06 0,915|34,84 0,986/38,61 0,948|38,78 0,948|35,88 0,987|39,40 1,042/46,21 1,155|49,52 1,112/46,72 1,281|56,96 1,220|53,21 Pression moyenne. GRAND CYLINDRE Contre-pression # evaux =. de 75 kilogrammétres. CF dés: Somme des chevaux. 60,9% 63,21 48,76 53,38 63,41 59,80 65,14 69,25 66,15 63,26 70,03 65,66 65,95 70,77 82,74 91,32 85,47 103,59 10 À 96,31 Hauteur de la mer. 2,20 2,20 2,20 2,20 3,10 2,27 2,48 2,78 3,14 3,52 3,68 4,03 4,35 4,60 4,73 4,88 3,» 5,15 5,» Hauteur du puisard. 67,79|+7,20|—1 ,25 1,05 Qt . ê, | Durée de l'observation. en mm mon cmt me ns Nombre de tours de la turbine. mm DU 31 DÉCEMBRE 1877. Débit par seconde. d'aspiration. l de refoulement. Hauteur totale. Travail utile F. 3,43|24,9% 3,23118,00 3,20|18,24 8,2513,41 3,45/16,81 3,40/19,20 3,52118,82 3,83/20,88 4,23|25,83 4,28[24,70 4,74|27,0% %,89/27,77 5,25|26,33 5,54127,33 5,71/28,55 6,01/30,21 6,08/37,04 6,21|35,35 6,32/42,53 6,48[42,33 F FE! Rendement 0,383 0,319 À 0,318 |À 0,303 À 0,326 |} 0,314 |} 0,315 |} 0,320 | À 0,373 || 0,373 |} 0,427 || 0,396 0,401 || 0,414 |} 0,403 |Î 0,365 0,406 || 0,410 Heures des observations. à + EE À À AT Un, PR URUTS [fi ER No lice 10) UN RO NOT IS URL CO De À COST can + = nl 2 EC SE - RRE j ; Numéros des courbes. (2) ESSAIS DE DÉBIT À Pression à la chaudière. ù Ouverture de la valve. 1,35 4,78|0,5 1,55] 10 |4,8 |0,5 2,20) 11 |4,7310,6 2,40) 12 |4,7510,5 3,10) 13 |5, |0,3 | 3,25| 44 |4,7510,5 | 3,55| 15 15,» [0,3 | 4,8 | 46 {4,8 |0,3 | Vide au condenseur. PETIT CYLINDRE 5 rs 3 | © F4 123 | 2,831| 4,164149,79 122 À 2,656| 1,112/46,33 420 À 2,718] 1,169/46,64 119 À 2,803] 1,225|47,69 117 À 2,461| 1,166/41,17 123 À 2,632] 1,221[46,64 121 À 2,622] 1,206 15,36 122 | 2,718| 1,211/47,41 119 | 2,493| 1,178/42,42 125 Ÿ 2,817| 1,305/50,35 121,51 2,789| 1,216/48,45 116,5! 2,381| 1,103/29,66 110 À 2,357| 1,089/37,07 113 À 2,395| 1,084/38,70 107 À 2,150| 1,121132,89 À 1 GRAND CYLINDR a : ; j a © Eh ; Pression moyenne. 0,736 0,732 0,728 0,776 0,747 É 401 PS. Contre-pression 0,796| 0,13 0,788 0,774 0,787 0,827 0,786 0,683 0,667 0,688 0,886 JANVIER 1878. : É ol Le] 4 = = 2] a . = [E] cs > = a =] nn a—, |] Q oi ss = == æ as = Ce ea er Le > ee œ> DE S "S Æ. re] « = Fr = =] . — æ cs Fe F = ©" A : = S = = & = = S 5 = es} = = LE L=1 ss e = £a [=] =] Fa 2 = = 1 en = = _ & el En D œ A = = & cs ES) & = = a SE Fa =] = > rs Es] Er L =] LI > .— = ar & = = ES = = | & Œ Fa 5 = = [=] L =] 2 A = o 5 - ERSME EURE PS) AR ACC RAR SRRES um Ce) Le] = = o =] a =] RD | cer | CES CESRERS | CARRE een |OREERS | | marc Ds ce pe EE + .. : À} 89,43 43,80 —1,32) 71" | 246 | 442 |2,52/2,60] 5,12/30,17 | 0,337 : t —————————————_—_—————…——. | FH 85,44| 3,40) 1,47] 72 | 244 | 443,512,67|2,20) 2,87l28,79 0,337 |Ë 84,89) 3,05) 1,50] 66 | 240 | 487 |2,70l1,85] 4,55125,84 À 0,340 | 88,13) 2,65) 1,38) 57 | 9238 | 555 [2,58/1,45] 4,02/29,82 | 0,328 79,441 2,30) 4,70) 66 | 234 | 501 |2,90/1,10) 4,00/26,72 | 0,336 À 89,51! 2,20) 1,41] 55 | 246 | #77 |2,61/1,00! 3,61/27,77 | 0,310} 87,11| 2,20] 1,40] 53 242 | 598 12,60/1,00! 3,60/28,70 À 0,329 ë 86,60! 2,20) 1,45) 56 | 244 | 569 |2,65/1,00! 3,65/27,45 | 0,310 81,87 2,20| 1,30| 59 238 | 531 |2,50/1,00! 3,50/24,77 0,302/É 95,62] 2,20) 1,45] 53 | 250 | 603 |2,651,00] 3,65|29,24 0,306 | 90,27| 2,20) 1,42) 55 | 243 | 579 |2,62/1,00| 3,62|27,07 0,309 Ë 174,50! 2,20] 1,80| 66 233 | 505 |3,001,00) 4,00/26,94 | 0,360 Ë 69,20| 2,20] 1,45| 70 220 | 456 12,65|1,00! 3,65122,19 0,320 | 72,75! 2,20] 1,38) 67 | 226 | 472 |2,551,00) 2,58/22,83 | 0,309 60,35| 2,20] 1,49| 75 244 | 427 À2,69:1,00! 3,69,21,08 À 0,347 ] J l 132 RESTAURATION DES FONDATIONS Interprétation de ces résultats. — Les premiers chiffres du tableau (1) ont été obtenus alors que le niveau de la mer était inférieur à celui du seuil de la plaque en tôle; l’eau s’écoulait alors à ciel ouvert. Ils concordent suffisam- ment entre eux, le premier seul s’écarte notablement des autres. Les suivants ont été déterminés alors que la mer, venant à monter, l’orifice se trouvait de plus en plus noyé. Comme on le voit le rendement est notablement augmenté par ce fait que les turbines refoulent au lieu de déverser. Les chiffres du tableau (2) ont été calculés, les premiers en orifice plus ou moins complètement noyé, les autres en orifice découvert. Ils concordent avec ceux du ta- bleau (1). Or, plus la hauteur totale d'aspiration et de refoulement augmente, plus la puissance développée par les machines augmente ainsi que leur allure, dés lors elles transmettent moins bien la force aux appareils qu’elles mettent en mouvement. Si donc dans ce cas on observe un effet utile plus considérable, il ne peut tenir qu’à ces derniers, c’est- à-dire aux turbines. En rapprochant ces faits de celui signalé plus haut de la difficulté d'amorçage des pompes centrifuges et de la nécessité de les maintenir toujours en charge d’eau, nous croyons pouvoir en conclure que ce sont des appareils beaucoup plus aptes au refoulement qu’à l'aspiration. Il y aura donc toujours avantage croyons-nous: 4° À diminuer la hauteur d’aspiration au bénéfice de celle de refoulement; 2° Dans un ordre d'idées semblables, quand il ne peut y avoir refoulement dans une masse d’eau indéfinie, en créer un artificiel, c'est-à-dire terminer, par exemple, . | . ‘ | À ostei tc ns t hS di à Si. : L DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 133 l'extrémité supérieure du tuyau par une sorte d’épanouis- sement, formant un réservoir horizontal, par les bords duquel les eaux refoulées puissent s’écouler. Cette disposition aura en outre l'avantage de maintenir plus longtemps les turbines pleines d’eau, leur mise en train sera dès lors des plus commodes. Coefficient de rendement. — En formant des moyennes d’après les tableaux (1) et (2), on arrive aux chiffres suivants : Rendement des appareils d’é- à "RU ISÉGN AUNE eREUt 0,319 Orifice à découvert.) … PUSET ca Rendement propre de la tur- LC ER MEN TOUR 0,443 Rendement des appareils d’é- | PP MR dore ou DUSEMENE LIRE Ce à #41 1 Rendement propre de la tur- 11 RETE a CARE ETES EEE Re 0,570 Les rendements propres des turbines par rapport à la force qui leur est transmise sont obtenus en divisant les rendements obtenus plus haut par 0,72. APPENDICE Détermination du coefficient de dépense par un orifice noyé, rectangulaire en mince paroi. — Nous nous propo- sions, ce que la mise en train des travaux ne nous a pas permis de faire, d'étudier d’une façon complète les diver- ses circonstances du mouvement de l’eau dans les turbi- nes et leurs tuyaux. La connaissance du coefficient de dépense par l’orifice de la petite vanne nous était utile, nous donnons ici sa 134 RESTAURATION DES FONDATIONS détermination, car nous ne sachons pas qu’il existe de table de coefficients de dépense en orifice noyé, celles de Lesbros s'appliquant aux orifices découverts. M. l'Ingénieur en chef Bresse dit toutefois à la page 91 de son ouvrage d’hydraulique (Edition 4868), qu’il semble naturel d'admettre que les considérations données à pro- pos des veines débouchant librement dans un gaz, dont la pression aurait été choisie de manière à ne pas altérer la charge, sont applicables dans le cas qui nous occupe. Nous donnons ici une confirmation complète de ces prévisions, et bien que le temps nous ait manqué pour faire des expériences étendues, le résultat obtenu seule- ment pour l’orifice complètement ouvert de la petite vanne V nous paraît utile à connaître. La vanne démasque une ouverture rectangulaire en mince paroi de 0,35 horizontalement sur 0,28 verticale- ment. Le niveau dans le bassin étant en moyenne de + 2.00 pendant nos expériences, la charge estimée par la diffé- rence de niveau entre l'extérieur et le puisard variait autour de 3" 00 (1). En supposant que le coefficient de dépense soit d’après les considérations qui précèdent celui correspondant pour un orifice à air libre, et cherchant à la page 546 de lou- vrage cité plus haut, celui qui est relatif à un orifice de forme à peu près semblable au nôtre, on trouve 0,639. Pour obtenir directement le coefficient de dépense en orifice noyé, nous avons d’abord noté le temps que mettait l’eau à monter d’une certaine hauteur dans le puisard, la (1) Le centre de la vanne est à la cote — 1,86. il était tou- jours noyé. DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 435 vanne une fois ouverte. La connaissance des niveaux au commencement et à la fin de l'expérience et celle du dépense, moyen pendant l'expérience. En effet : Nommons S la section horizontale du puisard, » la section de l'orifice, het h les différences de niveau initiales et finales entre le bassin et le puisard. m le coefficient de dépense, Nous aurons la relation : RE D moy2g hk? dt =—Sdh. D'où en intégrant et en isolant m 258 (7 Le) 3) 29 lA 1 FE s (x ou te — + à 0,217 : — la dans laquelle 5 est connu et déterminé en tenant compte des tuyaux qui se trouvent dans le puisard et du conduit voüté. Ce dernier n’est pas à section horizontale con- stante, on a déterminé sa surfice moyenne, ce qui n’a que fort peu d'influence sur le résultat final. lo, À et £ sont mesurés directement. niveau dans le bassin, entraine celle du coefficient de 136 RESTAURATION DES FONDATIONS Les infiltrations eussent pu être une cause de petite “erreur, très-faible du reste et négligeable, néanmoins on les a éliminées en laissant marcher la petite pompe Le Testu qui fonctionnait à ce moment. Huit expériences ont été faites, coincidant entre elles quatre à quatre. Le calcul de # n’a donc été fait que deux fois. Les chiffres trouvés pour » ont été de : 0,635 0,641 Comme on le voit, ils se rapprochent autant qu’il est possible du nombre 0,639 donné plus haut. Nous les donnons pour des résuliats très-exacts, les expériences et les calculs ayant été faits avec grand soin. QUATRIÈME PARTIE TRAVAUX DE RESTAURATION DES FONDATIONS Comme on peut le voir par les développements qui précédent, la question primordiale était celle de l’épuise- ment du chantier dont la réalisation devait permettre de travailler à sec et par conséquent d'appliquer plus facile- ment un remède plus sûr et plus économique qu'on -n'aurait pu le faire sous l’eau et à la marée. La reprise en sous-œuvre d’un pareil bâtiment, repo- sant sur des fondations détruites en partie, et qui sup- portent des pressions considérables, offrait un réel inté- rêt. Il fallait en effet réaliser des conditions souvent incompatibles : la rapidité d'exécution et la sécurité, Péco- DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 137 nomie et la durée pour des ouvrages qui subissent tou- jours plus ou moins les attaques du temps. Nous allons exposer brièvement le programme adopté, qui a été suivi de tous points, sauf quelques légères modi- fications de détail. Programme des travaux. — I] fallait mettre définitive- ment les fondations à l'abri des attaques des rongeurs et des détériorations dues à l’action de l’eau de mer. Les pieux n'étant pas attaqués au-dessous du niveau des basses mers de vive eau, il suffisait de les couper au- dessous de cette cote et de supprimer totalement le bois dans l'intervalle compris entre leur tête et la partie infé- rieure de l’ancienne maçonnerie, qui devait par consé- quent être reprise en sous-œuvre. Toutefois il fallait prendre une précaution des plus importantes, en pratiquant dans le mur de quai des ouvertures suffisantes pour permettre la libre introduc- tion dans les fondations et la sortie facile des eaux de la mer. Fermer le quai ou l'ouvrir incomplétement, c'était s’exposer à voir se créer sous l’action de la pression des eaux de l’extérieur à l’intérieur, des sources qui, circu- lant entre les bois et les maçonneries, eussent pu intro- duire dans les premiers les redoutables ennemis dont il a Été question. ù Les observations faites dans les fondations avant leur restauration justifient ces craintes, qui sont parfaitement plausibles même pour des bois immergés au-dessous du niveau des basses-mers, lesquels ne subissent aucune atteinte en eau libre, mais qui seraient probablement atta- qués si des sources d’eau vive pouvaient s'établir au-des- sous de cette cote. Afin de permettre aux eaux de l’intérieur des fonda- 138 RESTAURATION DES FONDATIONS tions de se niveler avec celles de l'extérieur, ce qui supprime toute pression d’un côté ou de l’autre, et par conséquent toute source, les ouvertures devaient naturel- = lement avoir leur radier au niveau des plus basses-mers de vive eau. Les traverses et les planchers devaient être complé- tement supprimés ; la maçonnerie reposant directement sur les pieux. Ce système des plus simples donne toute sécurité; il est reconnu aujourd’hui que les traverses et les planchers peuvent être évités, là où il est possible d’asseoir directe- ment les maçonneries sur une base quelconque. Les pieux supportant dans les fondations du bâtiment des Sub- sistances des pressions de 28 k. ‘par centimètre carré, le résultat obtenu montre que ce mode de procéder pourrait être appliqué, même pour les grandes pressions. Les pilotis devaient d’ailleurs être enchässés dans la maconnerie, sur une hauteur de 0"60. Comme le montrent les dessins, le rez-de-chaussée de la partie Ouest du bâtiment repose sur des voûtes suppor- tées par des lignes continues d’appuis ; dans la partie Est au contraire, la fondation consiste en piers de maçon- nerie enterrés dans le remblai. Ce remblai devait être enlevé, et le pavage du rez-de-chaussée supporté par an double système de voûtes, analogue à celui que l’on trouve dans la partie Ouest. Telles étaient les idées générales à suivre pendant l'exécution. Elles étaient subordonnées d’ailleurs à la facilité plus ou moins grande avec laqueile on pourrait s’introduire sous les anciennes maçonneries, après avoir enlevé les anciennes fondations. Comme on peut le penser, un DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 139 travail de ce genre ne pouvait être poursuivi que par- ties par parties, mais 1l était nécessaire de lui donner une certaine ampleur tout en le simplifiant. C’est dans ce but que nous avions prévu un mode de reprise en sous-œuvre, qui a été suivi ponctuellement. Il sera EXPOSÉ Ci-aprés : Exécution des travaux. — Le chantier étant continuel- lement maintenu à sec, on put continuer les déblais, à l'intérieur du bâtiment et le long du mur de quai, jusqu’à venir déchausser les pieux, et l’on put mettre à découvert les traverses et les planchers que l’on trouva dans l'état qui a été décrit plus haut. Le béton qui entourait ces ouvrages était, sous le mur de quai, complètement délavé; à l’intérieur, 11 n'avait con- servé une certaine cohésion, que par endroits. Les maçon- neries étaient en bon état, sauf à la partie inférieure du mur de quai où elles avaient été déjointoyées par les cou- ranis. La reprise en sous-œuvre avait d'abord été prévue; une certaine hauteur de maçonnerie avec mortier de ci- ment devait être établie au-dessous de l’ancienne; elle devait reposer sur une plate-forme de béton de ciment, qui devait entourer la tête des pieux. Cette plate-forme devait être coulée dans des fouilles dont les parois eussent été revêtues d’une maçonnerie de dalles schisteuses. Dans le but d'activer les travaux, on substitua la ma- connerie au béton, depuis le fond de la fouille jusqu'au plan de récépage des pieux; la reprise fut achevée depuis ce dernier jasqu’aux anciennes maçonneries, à l’aide de blocs artificiels. On comprend l’avantage que procurait l'emploi de blocs fabriqués d’avance, à l'air libre, sans gène aucune, qui n'étaient employés en sous-œuvre qu’a- 140 RESTAURATION DES FONDATIONS prés avoir subi une certaine prise, qui, par conséquent, étaient incompressibles, et permettaient de diminuer la somme des joints frais, toujours à redouter dans un tra- vail de ce genre. Ces blocs étant posés à plein mortier opéraient d’eux- . mêmes une certaine compression favorable à la cohésion et à l’homogénéité de la maçonnerie; ils étaient fabriqués dans des moules spéciaux, et composés en maçonnerie de moellons de dimensions restreintes et uniformes: certains d’entre eux avaient jusqu’à 4,50 et plus de longueur. Reprise du mur de quai. — Comme nous l'avons dit, les pieux sous le mur de quai étaient intacts, et pouvaient par conséquent servir de points d'appui; néanmoins comme il pouvait être difficile de placer des cales suffisan- tes entre ces derniers et les maçonneries, et que d’ailleurs il pouvait être nécessaire d'opérer un serrage énergique, nous avons fait construire de puissants vérins manœuvra- bles à bras d'homme, qui nous ont été de la plus grande utilité dans les parties les plus mauvaises, et ont permis de procéder prudemment au recépage des pieux. La con- fiance étant venue par la suite, on a pu, dans la plupart des cas, se dispenser des vérins dont la manœuvre est assez longue, et se contenter de cales que l’on coinçait au- dessus des pieux. Ce dernier mode de procéder présentait l'inconvénient de donner lieu à des tassements que les vérins eussent permis d'éviter, mais comme on dégarnis- sait continuellement les fondations délabrées, et que ces tassements s’opéraient sur de grandes longueurs, 1ls ne pouvaient donner lieu et ne donnaient naissance à aucune gerçure ni fissure de nature à inspirer des craintes sé- rieuses. D'ailleurs, toutes les précautions étaient prises pour 16 Cr DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. A41 que le moindre mouvement fût signalé ; tassements dans les maçonneries nouvelles, ou sur les pieux; tassements sur les planchers et traverses détruits en partie, fentes, etc. Nous avons fait installer à cet eflet un appareil pou- vant traduire un allongement ou une contraction d’un vingtième de millimètre au besoin. Les quelques expé- riences qui furent-faites avec ce petit instrument nous révélèrent, en mème temps que les tassements sur plan- chers et traverses, la parfaite tenue des maconneries nouvelles, qui, à peine exécutées, arrêtalent tout mou- vement, ainsi que leur incompressibilité absolue. Comme on peut le voir sur les figures, après avoir enlevé le béton délavé sur une certaine longueur, on coupait une seule ligne de pieux dans les parties à redouter, deux dans les meilleures, après avoir calé les pieux suivants. Puis on commençait le travail dans le petit chantier, en forme de parallélogramme, compris entre les maçonneries déjà faites et la première ligne de pieux non coupés. De la sorte, 1l est facile de se rendre compte, que pour le même porte-à-faux, on avait la faculté d'exécuter un cube de maçonnerie plus considérable que si l’on avait procédé par tranches perpendiculaires à la face du mur de quai. Par la suite, on mit les pieux à nu sur une très-grande longueur, et, pour activer le travail tout en augmentant encore la sécurité, on procéda à la reprise par chantiers séparés que l’on abandonnait pendant quelques jours pour laisser à la maçonnerie le temps d’une bonne prise. Prenons comme exemple d’un de ces petits chantiers, l’une des travées. Les pieux étant coupés sur deux rangées par exemple, et les fouilles descendues à profon- deur, on recouvrait le fond de dalles provenant de 142 RESTAURATION DES FONDATIONS démolitions ou de moellons aussi plats que possible, que l'on serrait les uns contre les autres. Ces matériaux, tout en constituant une base sur laquelle on pouvait maçon- ner à plein mortier, laissaient entre-eux des vides qui assuraient un écoulement aux petites sources bouillon- nantes qui se produisaient dans les parties sablonneuses, et les empêchaient de pénétrer les macçonneries, et de les délaver. Après avoir nettoyé à vif la surface des pieux récépés, on maçonnait dans les intervalles jusqu’à un plan passant un peu au-dessus de celui de recépage des pieux, afin que, lors de leur pose, les blocs artificiels pussent porter à la fois sur Îles pieux et sur la maçon- nerie, ce qui permettait d'utiliser non seulement la rési- stance des pieux, mais encore celle du sol qui n’est pas à négliger, particulièrement dans la partie Est où il est formé à sa partie supérieure de sable (il est tourbeux sur plus de la moitié de la longueur du bâtiment.) On laissait alors prendre corps à la maçonnerie pen- dant quelques jours, puis on commençait l'approche des blocs qui étaient posés à plein mortier, reposant autant que possible par leur centre sur la tête des pieux, après avoir été préalablement piqués: pour augmenter leur adhésion mutuelle. Ces blocs présentaient des découpures horizontalement et verticalement. Les assises de blocs étaient amenés jusqu’à 0,20 environ de la face inférieure des anciennes maçonneries; puis, après avoir gratté et parfaitement nettoyé ces dernières, on coinçait, à plein mortier etavec des maïllets en bois, des moellons entre elles et les nouvelles maconneries. C’est ainsi qne de proche en proche et en quelques mois, le mur de quai fut repris sur toute sa longueur, 292 mètres. ESQ DU BATIMENT DES SUBSISTANCES. 143 Reprise des piliers. — La reprise de la façade Sud et des pignons Ouest et Ests’opère de la même manière; sous ce dernier il fallut recourir aux vérins. Le mode d’exécution des maconneries était, comme on peut le prévoir, le même que sous le mur de quai, avec cette différence que, dans certaines parties, l'approche des blocs devint assez difficile pour qu’on eùt recours à la confection sur place des maçonneries. Il en résultait qu'avant de coincer la couche terminale entre les ancien- nes et les nouvelles maçonneries, il fallait attendre que ces dernières fussent assez résistantes pour ne pas être disjointes par les coups de maillet. Il fallait supporter chaque pilier isolément, et par conséquent redoubler de précautions. Dans les parties où le rocher assez élevé était mis à nu par les fouilles, les pieux n’étant maintenus laté- ralement par rien et ne portant que sur leurs pointes (arrondies il est vrai par le battage), on dut employer les vérins. Avant de commencer la reprise en sous-æuvre, on avait exécuté le remplissage en maçonnerie, qui était prévu de deux en deux piliers, et qui sert d'appui aux voûtes infé- rieures. À cet effet, les surfaces des anciennes maçon- neries avaient été déjointoyées avec soin, quelques moel- lons même avaient été enlevés, afin d'assurer la parfaite cohésion des ouvrages et de leur donner du crochet, comme disent les ouvriers. On pouvait done, après quel- ques mois, considérer l’ensemble de deux piliers et du remplissage intermédiaire comme un monolithe. Après ce laps de temps les pieux furent dégarnis, quel- ques-uns remplacés par des vérins, et la reprise se pra- tiqua de la manière suivante : On coupait le pieu central d’une pile, et, après avoir 144 . RESTAURATION DES FONDATIONS exécuté la maçonnerie inférieure (voir les dessins), on la continuait entre les quatre pieux des extrémités par une colonne construite comme il a été dit. La même opération était pratiquée sur le pilier voisin. On abandonnaiït le tout pendant cinq à six jours (théoriquement 24 heures à trois jours eussent suffi) ; puis, la maçonnerie étant suffi- samment prise, on coupait tous les pieux, et on ache- vait la reprise sans aucune espèce d’étais. Grace à ces diverses précautions, et à une surveillance de tous les instants, nous n'avons eu aucun accident à enregistrer. Bien que les travaux ne soient pas com- plètement achevés à Pheure qu’il est, nous pouvons sans être taxés de témérité, affirmer que le bâtiment des Sub- sistances est actuellement hors de danger. NOTE SUR LES OBJETS PRÉHISTORIQUES TROUVÉS DANS LES FOUILLES RÉCEMMENT OPÉRÉES A CHERBOURG OU DANS LES ENVIRONS, ET NOTAMMENT DANS LES DÉBLAIS DU BASSIN DES SUBSISTANCES DE LA MARINE, PAR Mr. CH AVEN A D. ———@IER 2/ — Depuis plusieurs années le musée de Cherbourg pos- sède, à titre de dons faits par des particuliers, quelques restes des àges préhistoriques qui sont passés inaperçus ou qui ont été oubliés. Haches en pierre polie, pointes de flèches admirablement travaillées, haches en bronze, ossements de bœuf et de cerf, tous ces vestiges des anti- ques générations, s'ils éveillent un instant l’attention du visiteur ou du curieux, le laissent ensuite indifférent ou à peu prés, en raison de l'absence absolue de renseigne- ments sur leur provenance. Toute classification devient dès lors impossible ou aventurée; l'intérêt qui s’attache à chaque objet est par là même considérablement diminué. Il est bien peu de personnes à Cherbourg, toutefois, qui n’aient entendu parler de cette forêt sousmarine qui se retrouve sur d’autres côtes françaises, et à laquelle les tempêtes arrachent de temps à autre quelques troncs noir- cis de chène ou quelques branches de noisetier. Des ha- ches en bronze ont été trouvées en abondance dans la tourbe qui en forme la partie supérieure, mais, jusqu'à 10 446 OBJETS PRÉHISTORIQUES présent, l’âge de la pierre n’était représenté par rien que nous sachions. Il eût été d’ailleurs téméraire d’y ratta- cher les ossements d'animaux découverts jusqu'alors. Tout semblait donc indiquer l'existence le long de la côte de stations préhistoriques intéressantes; les récents travaux poursuivis par la Marine ou le Génie ont confirmé ces prévisions, et aujourd'hui l’âge de la pierre se trouve parfaitement caractérisé par un fragment de crâne hu- main, des ossements de ruminants, des outils et des éclats de silex. Nous allons décrire sommairement les découvertes fai- tes dans les travaux du bassin des Subsistances dont nous étions chargé, et pour ne pas empiéter sur le domaine d'autrui, nous ne parlerons de celles qui ont été faites ailleurs que pour y chercher quelques points de repère. D'ailleurs, nos connaissances zoologiques sont assez in- suffisantes, et notre savoir préhistorique assez neuf, pour que nous croyions devoir faire d'avance notre med culpd pour les fautes qui nous seraient signalées par les autori- tés scientifiques dont nous réclamons la sanction. FOUILLES DU BASSIN DES SUBSISTANCES. Le bassin des Subsistances a été creusé dans une tourbe argileuse entrecoupée de lits plus ou moins étendus de sable três-fin absolument dépourvu de coquilles et dans lesquels les objets dont nous allons parler ont été pres- qu'exclusivement trouvés. Cette tourbe repose sur les bancs de sable et d'argile schisteuse qui recouvrent le rocher (micaschistes) ; elle est recouverte par les sables et galets qui constituent la dune. La tourbière présente dans cer- tains endroits une épaisseur de plus de dix mètres. Sa par- tie la plus élevée ne dépasse guère la cote 4,00 au-dessus du niveau des plus basses mers observées, c’est dire qu’elle était noyée en tout temps, même en mortes-eaux. Elle s’est TROUVÉS À CHERBOURG. 147 formée dans l'estuaire marécageux par lequel les eaux des ruisseaux de la Polle, d'Equeurdreville, ete. se rendaient autrefois à la mer. L'aspect de la tourbe indique la prédo- minance marquée de petits végélaux aquatiques tels, pro- bablement, que sphaignes où conferves, quelques bran- ches de noisetier, des troncs de chêne, plus haut quelques troncs qui appartenaient selon toute apparence à des aul- nes, et enfin quelques gros fragments d'arbres à ligneux trés-rouge dont nous n’avons pu préciser la nature; tel est l’aspect général de la tourbière qui est assez analogue d’ailleurs à celles observées ailleurs en bien des endroits. Les noisettes y abondaient ; on les trouvait par tas consi- dérables qui devaient très-probablement constituer des provisions d'hiver pour les sauvages habitants de l'époque. Celts de l’âge de bronze. — Au début des fouilles, un morceau de bois taillé en biseau nous révéla la présence de l’homme ; quelque temps après, huit haches en bronze, & grandes et 4 petites, furent trouvées dans la tourbe en un seul tas, à quelques décimètres au-dessus du zéro des : marées. Elles appartenaient au type du celt Irlandais ; deux des grandes, qui ont le tranchant courbe, sont plus fortes que les deux autres qui paraissent avoir été emplo- yées plutôt comme ciseaux. Il doit en être de même pour les quatre petites qui, emmanchées en hache, n’eussent pu, nous croyons, constituer que des joujoux d’enfant ou des instruments bien impuissants ou bien incommodes par la faiblesse même de leur masse. Elles présentent près de Vorifice du manche quelques moulures, et ont toutes l'anneau qu’on remarque le plus communément. On peut voir à leur surface les scories laissées par le moule, et les empreintes observées indiquent très-nettement que ce dernier était fait d'argile agglomérée par des brindilles de foin ou d’autres plantes herbacées. Elles gisaient sous une épaisseur de tourbe de plus de 148 OBJETS PRÉHISTORIQUES 4 mêtre 50. Ont-elles été enfouies, sont-elles à la place qu’elles occupaient lorsqu'elles ont été abandonnées, ou sont-elles descendues grâce à la mobilité du milieu dans lequel elles se trouvaient ? Nous n’examinerons pas ces questions ; mais cette découverte, peu importante par elle- même, rapprochée de celles d'outils semblables faite en divers endroits dans un terrain analogue, notamment à Tourlaville, nous permet de rapporter à ce que l’on est convenu d'appeler la période de l’âge de bronze, la partie supérieure des tourbières des côtes et, par conséquent, les ossements de cerf trouvés à Nacqueville, et les débris décrits dans le tôme XXI (1877 -1878) des Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Cherbourg, débris dont nous parlerons plus loin. Fragments de crâne humain. Tétes de cerf. Ossements. Têtes de bœufs.— C’est à la même époque que nous ratta- cherons les fragments de crâne humain et la tête de cerf que nous avons trouvés à la partie supérieure de la tourbe. La tête de cerf, qui est exactement semblable à celle de Nacqueville, indique un animal de dimensions plus consi- dérables que celles de nos cerfs actuels. Comme à Nacque- ville, elle n’a conservé que la calotte crànienne et la par- tie inférieure des bois. Au même endroit se trouvaient des ossements de rumi- nants ; certains os sont fendus, évidemment dans l’inten- tion d’en extraire la moëlle dont les hommes de cette épo- que devaient être friands comme certains sauvages actuels. On y rencontre une tête de bœuf de dimensions ordi- naires avec son frontal etses cornes, et des cornes qui, par leurs dimensions, indiquent un animal beaucoup plus grand, sans doute l’urus que nous avons trouvé, comme nous allons le voir, à une plus grande profondeur dans la tourbiére ; enfin un tibia, qui a été égaré, et qui parais- sait être celui de quelque sanglier. "- , ! à TROUVÉS À CHERBOURG. 149 Les fragments de crâne humain ont été brisés par mé- garde par les ouvriers ; ils appartenaient au frontal, à l'occipital et à la partie supérieure de la boîte osseuse. Les sutures sont complètes, la suture médiane se conti- nue jusque sur le front. À l’intérieur l'impression très- nette des vaisseaux sanguins indique une vie fort peu sédentaire. La naissance du nez est extrèmement large. Ce carac- tère est encore très-marqué dans les races saxonnes et dans leurs congénères, comme dans la race normande actuelle. Si incomplet qu’il soit, ce crâne, qui pourrait bien avoir appartenu à une femme, ne présente en rien les caractéres sauvages et un peu bestiaux de celui qui a été découvert plus bas et que nous rapporterons à l’âge de Ja pierre. Urus. Cervus elephas. Calotte cränienne humaine. — L'examen de l'emplacement où ces trouvailles ont été faites exclut d’une façon absolue l’idée d’un transport par l’eau : c'étaient donc de véritables amas, des débris de cuisine restés à la place qu'ils occupaient anciennement, formant une sorte de petit cordon littoral recouvert en- suite par des dépôts argileux, puis par le sable du rivage de la mer. L'absence presque complète de restes analo- gues dans toute l'étendue du bassin, qui a 300" de long, rend d’ailleurs ce fait indiscutable. Il en est de même pour les débris dont nous allons parler, qui ont été trouvés dans une couche de sable in- tercalée dans la tourbe à la cote de 0"50 à 4"00 au-des- sous de zéro, alors que les restes de l’âge de bronze se trouvaient notablement au-dessus. En continuant la tranchée qui avait permis de mettre au jour ces derniers, on découvrit un éclat en pointe de flèche, un seul, évidemment taillé de main d'homme, dans une sorte de caillou roulé, dont quelques spécimens 150 OBJETS PRÉHISTORIQUES furent trouvés non loin de là et qui est formé d’un grès à grains très-serrés de couleur gris-violet, ayant, comme le silex, la cassure conchoïüe très-nette sur l’une des faces de l'éclat en question qui présentait le bulbe de percus- sion, l’autre face formant un biseau. Il est tout-à-fait semblable à ceux qui ont été trouvés à Bretteville et dont nous dirons quelques mois plus Join. Sans aucun doute, cet éclat devait être accompagné d’autres que le programme des travaux ne nous a pas permis de rechercher; son existence, toutefois, était un indice de la transition entre l’âge de bronzeet celui de Ja pierre. Peu après, la découverte d'énormes cornes de bos pri- migenius, d’ossements dont l’un a été entaillé par un instrument tranchant, puis fendu, et enfin d’une corne de cerf d'épaisseur considérable, nous révéla Pexistence d’un nouvel amas dans lequel fat trouvée la calotte erà= mienne d’un homme. Les vertèbres du bœuf indiquent un animal colossal, sans doute celui dont les descendants bien postérieurs ont été signalés par César en Gaule, et qu'il aperçoit à travers un prisme peut-être un peu grossissant lorsqu'il s’ex- prime ainsi à leur égard : Hi sunt magnitudine paulo infra elephantos, speae et, colore et figura taurr. Le fragment de l’énorme corne de cerf, dont nous avons parlé, révèle aussi un ruminant que nous ne croyons pas être l’élan irlandais, mais bien plutôt le cervus elephas, signalé déjà dans les Kjôkkenmôddings ou débris de cui- sine du Danemarck. L'examen rapide des trouvailles de Bretteville nous permettra de rattacher d’aitleurs à la période caractérisée par cette dénomination Ja partie de la tourbière dans laquelle ce cerf a été trouvé. L'élan ne se tronvant jamais TROUVÉS À CHERBOURG. 4151 dans les Kjokkenmüddings, et, d’un autre côté, n’ayant élé Jamais rencontré accompagné d'instruments en bronze, non plus que d'outils de la période néolithique de l’âge de la pierre, nous sommes déjà en possession d’une donnée qui nous permettra par la suite, après examen des outils de Bretteville, d'introduire une sorte de classi- fication dans les âges respectifs de ces débris. La calotte cränienne accompagnait les restes de cerf et d’urus : faut-il en conclure que les hommes de cette époque pratiquaient l’anthropophagie ? Cette circon- stance ne nous paraît pas suffisante pour nous autoriser à faire cette hypothèse. En tout cas, cette promiscuité, entre les restes humains et les débris d’un repas, ne révèle pas un sens moral très-développé; il est dès lors irès-probable, autant que peut le faire supposer cetexem- ple isolé, que le culte des morts était lettre close et que la période des tumuli n'était pas encore ouverte, au moins pour la région qui nous occupe. D'ailleurs la conformation même du crâne en question, qui est extraordinairement déprimé, dénote, sinon le manque d'intelligence, tout au moins une certaine pré- dominance des instincts brutaux. N'était l'absence totale de ces arcades sourcilières très-développées qui caracté- risent les crànes de certains anciens Danois, comme celui du tumulus de Moën, et qui se retrouvent à un degré extrème dans celui de Néanderthal, on serait tenté de rapprocher le crâne que nous avons trouvé de ces der- niers. Toutefois son angle facial parait notablement plus ouvert que pour ceux-ci. Pour porter un Jugement sain sur une trouvaille de ce genre, 11 nous faudrait d’ailleurs des lumières et des éléments de comparaison qui nous manquent; cependant son aspect général frappe tellement l’atten- tion des gens même le moins versés dans la science re > x DL 152 OBJETS PRÉHISTORIQUES préhistorique, et sa forme est si différente des formes actuelles que lon peut, jusqu'à un certain point, se croire aulorisé à tenter quelques rapprochements. Nous n'avons d’ailleurs eu la. chance de rencontrer aucun vestige de l’industrie de l’époque; toutelois nous citerons volontiers un fragment de chêne dont l’écorce et une partie du ligneux semblent avoir été grattés, travail- lés dans l'intention d’arriver, par une séparation mécani- que des fibres, à produire une sorte de matière première pour la confeciion de cordages ou peut-être de tissus. Les fibrilles de l'écorce sont si nettement disjointes qu’elles < donnent à l’ensemble de la pièce, noircie d’ailleurs par. son séjour dans la tourbe, l'aspect d'une crinière de cheval présentant des fils aussi tenus et aussi longs que ceux qui couronnent la colonne vertébrale de cet animal. Nous en avons fini avec les quelques trouvailles que nous avons pu observer dans nos travaux; nous allons passer rapidement en revue ceiles qui ont été faites à Bretteville et à Nacqueville; elles nous permettront d’ail- leurs d’assigner, suivant l'usage, une époque préhistori- que à ces débris; notre but sera dés lors atteint, car les quelques renseignements que nous donnons, si simples et si naturels qu'ils soient, serviront de guide pour des découvertes ultérieures aux personnes qui s’intéres- seront à ces questions. DÉCOUVERTES DE NACQUEVILLE. Les objets décrits par M. le commandant Delimbre dans le volume de Mémoires, pour 4877-1878, de la Société des Sciences naturelles de Cherbourg, ont été trouvés à 4"50 environ au-dessus du zéro des marées, sous une couche de sable de 1"40 environ d'épaisseur, et à la partie supérieure de la formation argilo-tourbeuse que nous avons déjà rencontrée dans le bassin des Sub- 4, CE d + Le Li © TROUVÉS À CHERBOURG. 153 sistances. Ils se rapportent donc à l’âge de bronze. Des têtes de cerf avaient déjà, comme nous l'avons dit, été découvertes non loin de là ; les bois de quelques-unes d’entre elles avaient été sciés très-nettement, probable- . ment en vue d'utiliser leur extrémité comme manches à couteau ou pour tout autre usage. Celles qui font partie de la trouvaille de Nacqueville présentent la même parti- cularité. C’est d’ailleurs à tort que quelques personnes avaient cru devoir signaler le renne parmi ces débris, il n’a été trouvé, comme cela devait être, nulle part. Les ossements recueillis présentent, quoique à un degré moindre que pour ceux découverts antérieurement, cette teinte blanche qui indique un long séjour à l'air libre. La mer couvrant actuellement, à toute marée, l’emplace- ment qu'ils occupaient, il est hors de doute que depuis l’époque son niveau s’est notablement élevé ou que la côte a subi un affaissement progressif. L'existence, au-dessous même du niveau des plus basses mers, de débris logés dans la tourbe révélait suffisamment cette particularité remarquable, signalée, du.reste, en bien des pointsde nos côtes, et qui, pour Cherbourg, aecuserait une variation de niveau d'au moins 6 mètres. Nous ne voulons, ni ne pouvons, entrer dans l’explica- tion de ces phénomèénes ; bien des théories ont été faites à ce sujet ; celle de M. Adhémar notamment peut faire très- bien comprendre certains phénomènes généraux, mais son application pour un semblable cas particulier pourrait être entachée d'erreurs considérables. Toutefois elle don- uerait une haute idée de l’antiquité du crâne du bassin des Subsistances. Le phénomène appartient complètement aux temps modernes ; il se continue de nos jours ; personne n’ignore en effet que la légende et les chroniques rapportent que, vers l’an 1000 ou 4100, les îles anglaises étaient trés-lar- 154 OBJETS PRÉHISTORIQUES gement reliées à la terre ferme. Sans doute les érosions de la mer sont pour beaucoup dans le phénomène, mais, à notre avis, il n’eût pu prendre une pareille extension si elles n’eussent été aidées par une surélévation du niveau de la mer. Arrivons maintenant à la description des objets recueil- Us. Les ossements semblent avoir appartenu à des cerfs, à des moutons et à des bœufs ; les os à moëlle sont fen- dus. Au milieu de ces débris se trouve une meule en pierre parfaitement intacte et complète, mâle et femelle ; elle a 0"40 de diamètre, avec 0"046 de bombement environ. Le trou central creusé dans la pierre, pour recevoir l'axe, a 0"055 de diamètre et 0"045 de profondeur. Elle est assez analogue à celle dont se servent encore les Arabes moder- nes. Au milieu de coquillages on trouva deux débris de pote- rie noire dont l’un, percé d’un trou pourrait avoir été déta- ché d’un de ces vases des habitations lacustres, qui, troués sur toute leur surface, devaient probablement servir à loger le lait caillé en laissant passer le petit lait. Enfin il convient de citer plusieurs de ces anneaux qui intriguent si fort les savants et dont l’usage.est encore inconnu. L'un d’eux est complet; il a 0"025 d'épaisseur, 0"075 de diamètre extérieur et 0"027 de vide. L'exiguitéde l'ouverture de ce dernier exclut absolument lidée, émise quelquefois, que ces objets pourraient bien être des an- neaux de bras ou de jambes. Les autres étaient plus ouverts et plus plats ; un dernier n’a que 0"01 d'épaisseur sur 0"08 de diamètre. Ceux-ci n’eussent pu servir d’anneaux de braset dejambes,mais nous apprenons aujourd’hui que lors des travaux de l'Hôpital Maritime de Cherbourg, on en a trouvéun qui mesurait 0" 40 de diamètre au minimun et présentait une épaisseur d'au moins0"45. Nous ne croyons , 0 | | { | e - e "1 il MP TT PRIT TT TON NT RE RE A one nr ot mène de ir) of 8 Et nt DR Sd de As ae LE : % L ‘ TROUVÉS À CHERBOURG. - 455 pas qu’un objet aussi volumineux et aussi lourd püt servir d'ornement. Ces disques ou ces anneaux devaient donc avoir une destination qui nous échappe: peut-être ser- vaient-ils à amarrer des cordages de bateaux ; cependant, * dans ce cas, ils eussent dû présenter quelques traces d'usure, ce qui n’a pas été observé sur ceux de Nac- queville. Peut-être n’en est-il pas de même de ceux qui ont été trouvés en d’autres localités ? Il serait intéressant de faire cette observation sur ceux qui, destinés selon toute probabilité au même usage, ont été recueillis dans l’Indo-Chine, et envoyés à Toulouse par M. Moura, représentant du Protectorat français auprès du roi de Cambodge, et qu'il appelle, avec M. Noulet, anneaux de bras, dénomination que, sans aucun doute, il n’y a pas lieu de maintenir. On supposait que les anneaux de Nacquerville avaient ‘été taillés dans la pierre ardoisière du pays. Nous les avons examinés ; leur légèreté même rendait cette hypo- thèse peu plausible ; la taille, qui a dû être faite avec un instrument en métal, et qui a été pratiquée à petits coups, révèle plutôt une matière argileuse, ou un schiste argi- leux. Il semble qu’ils aient été pétris d’abord, taillés au couteau ensuite dans une argile tourbeuse à laquelle les végétaux carbonisés donneraient cette teinte noirâtre qui s'allie au gris bleu de l'argile, puis cuits comme une poterie. D'un autre côté, la facilité avec laquelle ils se divisent en feuillets indique une pierre schisteuse, mais, en au- cune façon, on ne saurait supposer qu’ils ont été confec- tionnés avec le schiste ardoisier du pays. Ce dernier ne brûle pas; au contraire, après avoir séparé quelques fragments de ces disques, nous avons pu constater qu’au feu ils donnaient une flamme fuligineuse en répandant une odeur de bitume ; ils laissent ensuite une cendre blanche. 156 OBJETS PRÉHISTORIQUES Il n'existe d’ailleurs dans le pays aucune pierre qui pré- sente ces propriétés. D'où proviennent celles-ci? Ont-elles été trouvées dans quelque formation lignito-tourbeuse ? — c'est ce que nous ne saurions affirmer. En tout cas, il serait très-important de les comparer aux anneaux signalés plus haut, qui sont confectionnés en pierre de Pursat, au sud du lac Tomli-Sap, sorte d'argile compacte et solide, facile à tailler et fort utilisée par les habitants actuels de la région. Sans doute pourrait-on en tirer quelque éclaircissement nouveau sur cette mi- gration venue de l'Orient qui a apporté, selon toute proba- bilité, le bronze, et introduit la culture des céréales et l'élève des bestiaux. Ces anneaux n’avaient-ils pas aussi la même destination que ceux en terre cuite qui ont été trouvés dans les viha- ges lacustres de l’âge de bronze, et que l’on à supposé avoir pu servir de supports pour des vases à fond courbe? Si l’on rapproche ces faits de celui de la découverte au même endroit d’un pieu en chêne, — un seul malheu- reusement, — parfaitement appointi, et qui paraît avo été carbonisé, on est naturellement conduit à émettre l'opinion que cet amas dans lequel meules, poteries trouées, ossements de ruminants, anneaux, tous objets recueillis en Suisse dans les pilotis, pouvait bien apparte- nir à quelque station lacustre ou maritime de l’âge du bronze, et il serait dès lors à désirer que les fouilles puissent être poursuivies sur une plus grande échelle. TROUVAILLES A BRETTEVILLE. C’est aussi pendant la construction d’une batterie à Bretteville près Cherbourg que M. Menut, entrepreneur chargé des travaux, a eu la bonne fortune de recueillir, dans la couche de terre végétale qui recouvre le rocher à | ; 4 y ; TROUVÉS À CHERBOURG. 157 cet endroit, un assez grand nombre d’éclats et d'outils en silex qu'il a réunis et classés avec soin et Intelligence. Cette couche de terre végétale recouvre, immédiatement dans le voisinage, une formation argileuse quaternaire qui se retrouve à la partie inférieure de la tourbe du bassin des Subsistances ; un ou deux éclats triangulaires, avec biseau et bulbe de percussion, y étaient légérement enter- rés. Les autres ontété trouvés dans de véritables cachet- tes formées par les anfractuosités du rocher, sous une épaisseur d’humus de 0"50 au minimum ; enfin Ja grande majorité, près de la surface. Il est dès lors permis de supposer que la calotte crânienne du bassin des Subsistances appartenait à un représentant de la race qui a taillé les silex de Bretteville. lis consistent pour la plupart en éclats triangulaires, véritables résidus de fabrication, au milieu desquels quelques pointes de flèche accusent déjà une certaine recherche de formes. Une petite pointe de flèche, admira- blement travaillée avec dentelures, est une merveille du genre ; elle a dû être perdue par son antique propriétaire dans cet amas de débris. L'examen détaillé des outils ou des armes révèle la plus complète analogie avec ceux des Kjükkenmüddings du Danemarck. Pointes de lance, poinçons, épieux, pierres à fronde, haches, grattoirs, s’y retrouvent avec les mêmes caractères. On y rencontre aussi quelques-uns de ces cailloux ovales percés d’un trou, auxquels les anti- quaires du Nord ont donné le nomde T/haggersteens, et qu'ils supposent avoir dû servir de poids pour faire en- foncer les filets. Les couteaux, les scies ordinaires, les poinçons, les pointes de flèche en pyramide triangulaire, en feuilles de laurier, dentelées ou non, les scies ou grat- toirs en forme de croissant, y sont aussi recueillis. Quelques-uns des gros outils cités plus haut, et qui ont 158 OBJETS PRÉHISTORIQUES été découverts dans les anfractuosités du roc, au dire de M. Menut, rappellent le type S'-Acheul, mais comme à côté d'eux il s’en trouve qui, par leurs retailles, indiquent une période moins ancienne, il n'y a pas lieu de les faire remonter à une pareille antiquité. Ce sont bien dans leur ensemble ces silex taillés encore grossiers, mais qui vont se perfectionner bientôt. Tous ces restes nous semblent done devoir être rap- portés à l’époque des Kjükkenmüddinss et des amas des côtes. D'ailleurs en Danemarck les premiers correspondent au niveau inférieur des tourbières, ce qui est absolument le cas ici, comme nous l’avons vu. APERÇU GÉNÉRAL. La formation quaternaire proprement dite est caracté- risée, dans les environs de Cherbourg, par des lits de galets et de graviers roulés que recouvre un dépôt argileux en- tremêlé parfois de couches de sable fin dépourvu de co- quilles. Les torrents légués par l’époque tertiaire avaïent fait place peu à peu à des cours d’eau de plus en plus calmes. Entrainant d’abord à la mer les parties tenues des dépôts arrachés aux terrains qu'ils traversaient, ils finirent par les laisser se déposer. Telle est l’origine de ces for- mations d'argile et de sable. Pendant ce temps, soit par suite d’une conquête opérée sur la mer par les sédiments, soit par suite du retrait de cette dernière, peut-être par l'action combinée de ces deux phénomènes, de nouveaux terrains se créaient et un champ plus vaste était ouvert à l'homme et aux animaux. Là où le phénomène devint stationnaire, on peut dire que l’homme fit presque partout son apparition. J Les débris de Bretteville, dont quelques-uns sont enchassés dans l'argile quaternaire, marquent cette pério- TROUVÉS À CHERBOURG. | 159 de. Les hommes qui les ont taillés avaient dû emprunter à. des ancêtres, d’une antiquité encore bien plus respecta- ble, leurs procédés qu’ils avaient perfectionnés peu à peu. Pendant ce temps, les cours d’eau, après avoir fécondé un immense espace de leurs alluvions, voient leur puis- sance décroître ; 1] ne leur reste de cet immense lit, par lequel ils charriaient leurs eaux à la mer, que quelques ravinements et quelques marais. La végétation lutte avec les eaux, les tourbières se forment. Leur partie médiane appartient à la période néolithique de l’âge de la pierre. Toutelois dans notre région, il ne paraît guère possible de l’associer à celle des tumuli, car l'existence du crâne du bassin des subsistances semble indiquer des habitudes encore assez grossières. À cette époque, l’homme se livre à la chasse ou à la pêche, il poursuit le gigantesque bœuf Urus (bos primi- genius), l'énorme cerf (cervus elephas), le sanglier (sus palustris), les atteint avec ses flèches, les achève, ou les dépèce avec ses haches. Ce sont alors des repas panta- gruéliques auxquels toute une tribu est conviée, comme J'attestent les amas d’ossements que l’on rencontre en certains endroits. Il est, comme tous les sauvages, très- friand de la moëlle; sil est embarrassé de quelque cadavre, il abandonnera ces tristes restes au milieu ée ses débris de cuisine, et ils seront, comme ceux-ci, la pâture des animaux sauvages. Pendant l'hiver il supplée à l’insuffi- sance des produits de la chasse par des provisions de baies sauvages, de noisettes. Il vit ainsi pendant un temps considérable; il donne tous ses soins à la fabrication des outils qui lui permettent de se confectionner quelques vêtements, de tailler le bois, de poursuivre sa nourriture vivante qui devient de plus en plus sauvage au fur et à mesure que ses propres instruments se perfectionnent. Nous arrivons alors à la partie supérieure des tour- — 160 OBJETS PRÉHISTORIQUES : bières. L'immigration venue de l'Orient est commencée . et se dessine peu-à-peu ; elle refoule les anciennes peu- plades ; les nouveaux venus se fondent avec les autochtho- nes où les supplantent; 1ls apportent avec eux des outils perfectionnés et prennent possession du sol en appliquant des procédés de culture inconnus jusqu'alors. C’est l’âge de la pierre polie; le culte des morts et des idées reli- gieuses se manifestent par les tumuli, les dolmens, les menbhirs, les cromlechs. Certains animaux domestiques font aussi leur apparition, notamment le mouton quenous ne trouvons pas dans le cœur des tourbières ni à Brette- ville, et que nous rencontrons à Nacqueville. Il y a là une transition marquée: la substitution de la civilisation à l'état sauvage. | Puis des rapports s’établissent ; le bronze fait son appa- rition ; venu lui aussi de l'Orient, selon toute probabilité, il marque la fin des temps primitifs et le commencement des temps modernes proprement dits. Ÿ 7 TL pis ! | » DONNÉES THÉORIQUES ET EXPÉRIMENTALES SUR LES VAGUES ET LE ROULIS (SUITE) PAR L.-E. BERTIN. Ingénieur des Constructions Navales, Docteur en Droit. Ro PS DE 53. — Objet de cette addition aux Données. 34. — Calcul de la période réelle des vagues en fonction de la période observée. 53. — Observations faites sur les vagues dans un canal artifi- ciel. 56. — Action des vagues sur les talus déformables. 57. — Correction apportée à l’expression théorique de l'incli- naison des vagues. 58. — Correction apportée au calcul numérique de l’inclinai- son effective des vagues produisant le roulis. 59. — Nouvelles expériences de roulis en eau calme. 60. — Application de l’oscillographe double aux observations à la mer. 61. — Addition aux lois expérimentales du roulis précédem- ment établies. 62. — Lois principales du tangage. (*) Voir les tomes XVII et XVIII. 14 162 DONNÉES SUR 53. — Les années, qui viennent de s’écouler depuis la publication des Données théoriques et expérimentales, ont vu s'enrichir notablement le répertoire des faits d'observation recueillis par les navigateurs et relatifs aux vagues et au roulis. Les matières ne manqueraient pas pour donner un complément étendu au chapitre IT et à la première ébauche qu’il renferme d’une géographie de la mer, si les relevés obtenus à la mer étaient aussi complets et précis qu'ils sont nombreux. Mais la période des vagues est en général inscrite, non-corrigée de l’in- fluence de la marche du navire, qui la modifie beaucoup ; de plus, les éléments du calcul nécessaire pour passer, de la période observée 2 T;, à la période réelle 2T, sont rarement donnés de manière à permettre de faire la correction avec pleine certitude. Il est à désirer que ceux qui observent les vagues fassent eux-mêmes les calculs ultérieurs, parce qu’ils sont mieux placés que personne, pour soumettre leurs relevés à une discussion parfois assez délicate; il est certainement indispensable que, soit pour faire les calculs, soit pour en réunir les éléments, ils soient familiarisés avec la formule qui sert à obtenir la période corrigée de l'influence de la marche du navire. Le désir de faciliter lappli- catiou, dans tous les cas possibles, de cette dernière formule, qui est très-simple, mais qui a été élablie dans les Données d’une manière trop brève et sans les éclaircis- sements nécessaires, est le premier motif qui m’a conduit à entreprendre un nouveau travail. J'ajouterai que mes premières publications dans les Mémoires de la Société des sciences de Cherbourg con- tiennent, soit dans les formules, soit dans les tableaux numériques, quelques résultats inexacts que je désirais voir corrigés dans ces Mémoires, comme ils l’ont été déjà LES VAGUES ET LE ROULIS. 163 dans d’autres recueils. Les corrections, pour la plupart peu importantes, portent sur la formule de linclinaison des vagues © en fonction de la hauteur et de la longueur, sur les valeurs absolues du coefficient de résistance R, dans le roulis, et surtout sur les valeurs du coefficent #” dans le calcul de la pente effective des vagues pour le roulis. Des expériences postérieures à 1873, me permettent de plus d’ajouter, sur plusieurs points, aux Données, des développements très-utiles. Aux chalands et aux navires désarmés sur lesquels j'avais, en premier lieu, observé la décroissance des roulis factices pour établir l’impor- tance de cette étude, ont succédé les navires équipés pour la mer; les coefficients obtenus ont alors fourni l'évaluation des qualités nautiques des bâtiments véri- tables. D’un autre côté, l'emploi de l’oscillographe dou- ble a permis d'ajouter quelques connaissances précises, aux notions que l’on possédait déjà sur les mouvements de roulis et de tangage à la mer: on sait mieux main- tenant, pour le roulis, comment doit être comprise la loi de l’isochronisme, et en quoi la dureté diffère de la vivacité; les lois principales du tangage commencent à sortir de leur ancienne obscurité. Le mouvement des vagues dans une eau peu profonde, sur lequel les Données ne contiennent qu’un petit nombre d'indications empruntées à d’autres ouvrages, a été, dans ces dernières années, l’objet d'expériences suivies, que j'ai exécutées de concert avec M. le MS de Caligny; ces expériences, bien qu’encore incomplètes, nous ont déjà fourni quelques chiffres précis sur les deux points les plus importants, la forme applatie des orbites et la vitesse des courants produits par la réaction du fond ; j'indiquerai ici les principaux de ces résultats. Dans un ordre de recherches un peu différent, l’étude expérimen- 164 DONNÉES SUR tale de l’action des vagues sur le profil des talus de sable où elles viennent déferler, nous avons également entre- pris des recherches, qui ne sont point non plus terminées, mais qui nous ont aussi donné quelques résultats méri- tant d’être mentionnés. En reprenant ainsi aujourd'hui, chapitre par chapitre, un ancien ouvrage pour le modifier et le compléter, je ne puis prétendre donner qu’une série de paragraphes se sui- vant, sans se relier beaucoup les uns aux autres. Le défaut de suite est une imperfection inhérente à tout travail de ce genre. 54. — La période réelle des vagues 2T, la plus impor- tante des données à relever à la mer, n’ést observée direc- tement, que dans les cas très-rares où un navire vient à stopper ou à mettre en panne et se trouve absolument immobile, et dans ceux où il reçoit exactement la houle par le travers. D’ordinaire on n’obtient, en comptant le nombre de sommets » qui passent sous le navire dans un temps £, et en divisant £ par #, qu'une période relative ou apparente 2 T;, souvent fort différente de 2 T. Il faut alors calculer T en fonction de T,, à l’aide de la formule établie dans le n° 19 des Données, À (1) Te Rod cos à, la vitesse du navire V et l'angle a entre cette vitesse et celle de la houle étant supposées connues. L'emploi de la formule (1) exige une discussion algé- brique préalable. Il faut fixer exactement la manière de mesurer l'angle &, expliquer la possibilité des doubles valeurs de T, en indiquant le moyen de faire un choix LES VAGUES ET LE ROULIS. 165 entre les deux racines qui se présentent; il faut, de plus, apprendre à faire la part des erreurs d'observation, et à les corriger autant qu'il est possible. Rappelons d’abord que la formule (1) se déduit de trois équations, qui peuvent s’écrire (A) L= UT, LME (B) L= (C) L = (U — V cos a) T;, par l’élimination de U et de L. Les deux premières équations sont générales ; la troi- sième l’est également, si l’angle a est toujours mesuré, selon la règle habituelle de la trigonométrie, rappelée figure 4, pl. IX, entre les directions des deux mouvements, celui de la houle et celui du navire. Il est à remarquer que U —V cos a est la vitesse appa- rente de la houle pour l'observateur placé à bord du navi- re, et non pas, comme sa forme algébrique l’indiquerait, la projection de cette vitesse sur U. Le mouvement relatif dans le sens des génératrices, qui résulte de la vitesse du bâtiment, échappe en effet à l’observateur, si la houle est régulière; ce mouvement n’a jamais d'influence sur la période, lors même que l’on peut constater son existence. La vitesse relative U — V cos a est positive dans tous les cas où le navire reçoit la mer, soit sur l'avant, soit sur l'arrière, du côté où il la recevrait s’il était immobile ; elle est négative quand le navire devance une houle qui vient de l'arrière, de manière à.la recevoir par l'avant, et qu’il y a ainsi interversion dans le sens de la houle apparente. D'après l'équation (C), il faut toujours, en appliquant 166 DONNÉES SUR la formule (1), y donner à T, le signe de la vitesse rela- tive U — V cos a. Toutes les quantités L, U, V, T, sont positives par défi- nition. Pour T, on reconnait que la formule (4) ne peut donner de racines imaginaires, en remplaçant, sous le ra- dical, T, par la valeur r U? à Le (2) ee MU Va g U—Vcosa T-Z Vase la quantité sous radical prend alors, en effet, la forme d'un carré parfait 9 5 r Tr r QU—2Voæsa) , (T [-2-\csa g Si, dans des mers assez profondes et assez éloignées des côtes pour que la mer y soit régulière et y satisfasse à la condition (B), les observations faites conduisent à des valeurs imaginaires de T, cela prouve seulement qu’il y a erreur dans le relevé de l’une des trois quantités U, T, a. L'erreur la plus fréquente porte sur le signe du cosinus de l'angle; on prend, pour direction de la houle, Paire de vent d’où elle vient, qui, malheureusement sert à la désigner dans le langage usuel, au lieu de considérer l'aire de vent où elle va; on inscrit ainsi, dans les tableaux d'observations, le supplément de l’angle entre les deux vitesses, au lieu de cet angle lui-même. Il peut aussi arri- ver parfois, lorsque la quantité sous radical doit avoir une très-faible valeur numérique, que cette quantité soit ren- due négative par de petites erreurs d'observation. sur la LES VAGUES ET LE ROULIS. 467 valeur de T, V, a, le signe du cosinus de l'angle étant d’ailleurs bien choisi. Dans le premier cas, la correction se fait d’une manière exacte, en remplaçant dans les tableaux de relevés tout entiers les angles a par leurs suppléments. Dans le second cas, on ne peut espérer obte- nir qu'une correction approchée pour laquelle on s’aide des circonstances connues; il faut en général modifier T;, V, a, de manière à rendre le radical nul, et prendre pour, la valeur 2. Si la manière de compter l'angle & Cal suivie par l'observateur ne ressort pas clairement de l’en- semble de ses relevés, il faut se reporter aux valeurs de L, dont on a d'ordinaire l'indication approximative, et choisir celle des deux corrections, qui conduit aux valeurs de T satisfaisant le mieux à la condition (B). Dans une communication faite en 1878 à la Société pour l’Avancement des Sciences, j'ai cité comme exemple, pour montrer avec quel soin se doivent étudier les relevés à la mer avant d'appliquer la formule (1), un tableau rapporté par le La Clochetterie, dans lequel il faut d’abord rempla- cer à par son supplément, et ensuite changer un peu les valeurs absolues de V et de T;, pour ramener à être réelle la valeur de T que la première correction rend imaginaire. Après ces corrections très-plausibles ("), toute anomalie a disparu; on a obtenu le tableau suivant, où les quatre {‘} La correction numérique, pour la première observation, a consisté à diminuer la vitesse V de 0w75 et à augmenter la demi-période Ti de 05 93. L'angle Q n’a pas été modifié parce que la mer était indiquée comme venant droit de l'arrière. En géné- ral cet angle n’est pas mesuré bien exactement; d'habitude on commet une erreur sensible, si l’on marche à la voile, parce que l’on prend le cap du navire pour la direction de V, tandis qu'il faudrait tenir compte de la dérive, et considérer la route vraie. 168 DONNÉES SUR dernières observations, qui n’ont subi aucune correction, satisfont d’une manière très-remarquable à la condition (B); les valeurs de L calculées d’après cette condition s’écartent, tantôt en plus, tantôt en moins, des demi-lon- gueurs L' relevées directement, et la différence ne sort jamais des limites d’erreur des observations. DCR RETENUE TE È ses lesls |5s | 8 2 ee Ets HE 3 © 3 © Se E = = En? 0 © y 1 SAONE EN AA TA RELEE MER Te | > A © Eu co NoBtlss ce Else to lrelre se 2 È ENTER 2 © E £s |8S ES |£E® so pre ; ê E | AS [821$ |£ Î|& |où À ÉTÉ FAITE L'OBSERVATION. Es a ! Ve A TORE LUE A 4°75| 0°| 6°508/3504/27"0/28,8|1,75| Mer de Chine, près de l'ile Chapel. 2,90/22,5126,3/1,25| Mer de Chine, prés du cap Vidés. 2,83125,0,25,0/2,00| Mer Jaune, près du cap Shaut- 3,00! 0°! 5,45 3,00147° | 2,50 | nug. 7,80, 0°115,50,3,20134,0,32,0/2,25, Océan-Pacifique, canal Kié. 0,25| 90°! 2,7513,75140,0113,91/3,00| Méditerranée, à l'ouverture de l'Adriatique. Ces remarques préalables faites sur la manière dont les relevés doivent être compris, nous arrivons à la discus- sion proprement dite de la formule (1). Cette discussion se résume dans les deux points suivants : lorsqu'il n’y a pas de doute sur le signe du radical, il y en a sur le signe de T;; lorsque le signe de T, est bien établi, les deux signes peuvent convenir devant le radical de la formule (1), et il faut savoir faire son choix entre les deux raci- nes. D'après la forme de la formule (1), il y a trois cas dis- tincis à considérer. LES VAGUES ET LE ROULIS. 169 4e cas: T, est négatif. Dans ce cas, V cos a est positif, comme on le voit d’a- près l’équation (C). La valeur numérique du radical est supérieure à la moitié de T;. Le signe + doit seul être . pris; le signe — correspond à une solution négative et, par conséquent, étrangère. gme cas. — T, est positif, et V cos « est rte Dans ce cas encore, la valeur numérique du radical est plus grande que la moitié de T, ; il y a une solution unique correspondant au signe +. Pour ces deux premiers cas, la difficulté est de savoir les distinguer l’un de l’autre. Ils correspondent ensemble aux circonstances où le navire reçoit la mer apparente par l'avant ; dans le premier, le bâtiment gagne de vitesse une houle qui vient de l’arrière, tandis que dans le second il marche réellement mer debout. L’apparence est la même, et la confusion possible pour le signe de cos « et de T.. Il faut donc, lorsque la mer est, sans autre détail, indiquée comme venant de l'avant, choisir entre les deux valeurs de T, qui peuvent être réunies dans la formule FAR DR + VE + 2 vrosa TE Ve, dans laquelleT, et cos à sont pris avec leurs valeurs abso- lues, positives. Les deux valeurs de T différent entre elles d’une quan- tité égale à T,; elles correspondent donc, d’après (B), à des houles de longueurs L très-différentes, et la moindre indi- cation sur les dimensions absolues des vagues suffit pour permettre de choisir entre elles. Il ne saurait y avoir de difficulté que si T, était très-petit; mais alors T serait 170 DONNÉES SUR aussi très-petit, et il s'agirait d’une observation offrant peu d'intérêt. A la limite, les deux houles possibles se confon- dent, pour T, = 0, T = 0; c’est le cas du calme plat. 3" cas. — Le seul cas, où il y ait indécision sur le signe du radical dans la formule (1), est celui où l’on réunit des deux conditions HU, NV c08 0 510; ce cas comprend toutes les circonstances où le navire en marche reçoit la mer apparente de la partie arrière de l'horizon. La quantité sous radical renferme deux termes de signes contraires ; elle s’annule quand on à (4) JA es V cos ©. Il existe donc pour T, une valeur minimum, laquelle est égale à 2T, et qui se trouve atteinte pour l'allure du navire satisfaisant à la condition (5) U=2Y cos ec: Nous avons vu ce qu’il y aurait à faire, si observateur avait donné pour T, une valeur inférieure au minimum. Considérons maintenant les valeurs de T, supérieures au minimum; regardons T comme la variable, et prenons pour fonction T, qui doit augmenter, soit que T augmente, soit que T diminue. Lorsque T diminue, l'augmentation de T, est due à ce que la vitesse des vagues se rapproche de celle du navire, LES VAGUES ET LE ROULIS. 171 comme on le voit bien en écrivant l’expression (2) sous la forme : pr (2) T, — 9ù he nr nee r U—Vcosa Il y a ainsi, en réalité, deux valeurs différentes de T qui correspondent à une même valeur deT,; à la limite, on trouve deux valeurs de T pour lesquelles T, est infini, SaVOil' : et T= — Vcoso. g La seconde de ces deux valeurs correspond à l'égalité entre la vitesse de la houle et la vitesse du navire dans le sens de la houle, c’est-à-dire à la condition U=V'cos 92; elle se trouve exactement à la limite entre le premier cas, celui de T, négatif, et le troisième cas, celui dont il s’agit maintenant. On peut remarquer que l'équation (C), écrite sous la forme (C') L— L (r- Fe V cos a) Ÿ., montre immédiatement les deux conditions pour lesquel- T, est infini. Pour choisir entre les deux valeurs de T qui se rencon- 172 DONNÉES SUR trent dans le troisième cas, il n’y a pas d’autre moyen que de se reporter à la valeur de L donnée par l'observation directe, et de rechercher quelle est celle des racines qui satisfait le mieux à l'équation (B). La différence entre les deux valeurs de T est te Tr ——_—… D CS — 2 VT, cos 9; elle diminue à mesure que l’on se rapproche du minimum de T.;. Le choix à faire devient assez incertain, dans les environs de ce minimum, à cause du peu de précision sur lequel on peut compter dans la mesure directe de la lon- gueur L. Il est à noter que les vagues du troisième cas, soumises à une cause d’indétermination dans la mesure de T, ne sont point, comme celles des deux premiers cas offrant une difficulté du même genre, des vagues de peu d’im- portance. Ce serait des vagues de 12" de vitesse U, et de 4° de demi-période T, pour un navire qui filerait 42 nœuds et recevrait la mer par l'arrière. La discussion précédente embrasse tous les cas qui peuvent se présenter; elle peut être regardée comme complète : mais il peut y avoir intérêt à l’éclairer par le tracé de quelques courbes. { Prenons pour abscisses les valeurs de T et pour ordon- nées les valeurs correspondantes de T,, en supposant que V cos à soit une constante, traçons ainsi les courbes représentées par l'équation T° 2 = ————— \; @) : T—-+Vose LES VAGUES ET LE ROULIS. 173 Nous obtenons des hyperboles, fig. 2 et 3, pl. IX, qui sont tangentes à l’axe des abscisses, à l’origne des coordon- nées, et dont les asymptotes ont pour équations D CRU COS Q, ( et y =X + + V cos a. Si nous supposons d’abord que V cos à soit positif, nous trouvons l’hyperbole représentée figure 2, dans laquelle l’asymptote verticale est du côté des T positifs. Dans ce cas, il y a, du côté des T négatifs, une seule branche appartenant à la moitié négative de l’hyperbole, branche qui représente les solutions étrangères du pre- mier des trois cas considérés dans la discussion. La seconde branche de cette moitié négative, commençant à l'origine par un meximum de T, égal à zéro, représente les solutions de ce même premier cas. La moitié positive de l’hyperbole de la figure 2 représente le troisième cas tout entier, avec les doubles valeurs de T correspondant à un même T, et le minimum de T,, dont l’abscisse est le double de l’abscisse de l’asymptote verticale. Si maintenant nous considérons V cos « comme négatif, nous avons l’hyperbole de la figure 3, qui, ayant son asymptote verticale du côté des T négatifs, présente une seule de ses quatre branches du côté des T positifs. Cette figure tout entière s'applique au deuxième cas ; toute la moitié négative et l’une des branches de la moitié positive de la courbe représentent les solutions étrangères ; la branche représentant les solutions véritables commence à l'origine par un minimum égal à zéro. 474 DONNÉES SUR Si l’on combine ensemble les portions des figures 2 et 3 représentant les solutions du premier et du deuxième cas, en retournant l’une d’elles le bas en haut, on obtient une demi-hyperbole représentant les doubles solutions de l'équation (3). On voit ainsi l’analogie qui existe entre ces deux cas réunis et le troisième cas représenté figure 2. La position du sommet de la courbe et celle du point à tangente horizontale ne sont pas les mêmes ; mais Ja différence entre les deux valeurs de T correspondant, soit à un même T, (cas n° 3), soit à deux T, égaux et de signe contraire (cas n° 1 et 2), est toujours égale à celle qui existe entre les deux portions des cordes horizontales coupées par une normale verticale, sur une hyperbole ayant une asymptote verticale et l’autre inclinée à 45°. En même temps que les courbes des figures 2 et 3, on peut consulter avec intérêt celle que l’on obtient, figure #, en considérant T comme constante dans l’équation (2), en prenant V cos & pour abscisses, et en portant les valeurs de T, en ordonnées. Cette nouvelle courbe est une hyperbole équilatère. Si l’on prend U — V cos a pour abscisses, les axes de coordonnées deviennent les asymp- totes. On se rend très-bien compte, sur cette courbe, de toutes les valeurs par lesquelles passe T;, quand un navire parcourt une même houle dans diverses directions et avec des vitesses différentes. En résumé, la formule (1) sert à déterminer la demi- période réelle T en fonction de la demi-période relative T;, Ja vitesse du navire et l’angle de la route avec la direction de la houle étant corinus. L’angle a est la donnée dont le relevé exige le plus d'attention. S’il n’y a pas de dérive, c’est l'angle compris entre le plan transversal du navire et les génératrices de la houle ; il n’est pas influencé par la vitesse V. Un point LES VAGUES ET LE ROULIS. 175 capital est de bien choisir entre l'angle aigu et l’angle obtus; le choix dépend de la direction de la houle absolue, alors que l’on ne peut observer que la houle apparente. Quand la mer apparente vient de l’arrière, l’angle aigu : doit toujours être pris. Quand la mer apparente vient presque par le travers, V cos a est toujours plus petit que U, à cause de la faible valeur du cosinus; le sens de la houle absolue est donc le même que celui de la houle rela- tive, et il n’y a pas lieu, par suite, d’hésiter entre l’angle qui convient et son supplément. Quand la mer apparente vient de l'avant, il faut distinguer entre le cas où le navire devance une houle moins rapide que lui, a est alors aigu, et le cas où la mer vient réellement de l’avant, cet angle est alors obtus. Pour la demi-période apparente T;, il y a une régle des signes à observer, laquelle consiste à lui donner le signe —, quand la mer apparente vient de l’avant et que cos a est positif, le signe +, dans tous les autres cas. L'estimation directe de la demi-longueur L est toujours utile. Elle sert, mer apparente debout, à déterminer le signe de cos a et par suite de T;, surtout si la houle est courte. Elle devient indispensable, avec la mer apparente de l'arrière, pour permettre de choisir entre les deux racines de l’équation (1). Il faut, dans ce dernier cas, que la mesure de L soit faite avec une certaine exactitude, lorsque la valeur de T, observée vient à se rapprocher de 4 a V cos à, parce qu’alors les deux valeurs de T, et les deux valeurs correspondantes de L, différent peu l’une de l’autre. Il est utile, enfin, de rappeler en terminant que, si l’on n’a jamais à considérer la vitesse relative qui résulte- rait de la combinaison de U avec une vitesse égale et con- 476 DONNÉES SUR traire à V, c’est parce que l’observateur estsupposé savoir faire abstraction des irrégularités de la houle dans le sens des génératrices, même lorsqu'elles se présentent pério- diquement ; il faut que la demi-période relative T, soit relevée sur le mouvement ondulatoire principal, en sup- posant les génératrices bien continues. La discussion qui précède fait voir que l’application de Ja formule (1), aux observations de vagues exécutées en cours de campagne, n’est pas toujours facile. Elle fait comprendre toute l'utilité qu’il y aurait, à ce que les navi- gateurs fissent eux-mêmes les calculs, de manière à enre- gistrer immédiatement la période réelle à côté de la période apparente; les corrections faites sur place auraient bien plus de valeur que celles calculées après coup. Il est un cas où toutes les difficultés disparaissent ; c’est celui où le navire peut stopper. Si l’on est absolument immobile, on relève la valeur de T. S'il reste une petite vitesse due à l’effet du vent, la formule (1) permet d’en corriger facilement l'influence, sans qu’il y ait de doute sur le signe de cos «a et de T, ou le signe du radical. Quand le navire peut manœuvrer en vue des observa- tions à faire, il devient possible de relever directement des mesures de L offrant à peu près le degré d’exactitude dont la mesure des périodes est elle-même susceptible. Il suffit pour cela d'exécuter un parcours double, mer debout et mer de l'arrière, en mesurant les vitesses au loch, V et V', dans les deux sens, et en observant les deux demi-périodes T, et T;'. On a, en effet, mer debout (U + V) D =L, mer de l'arrière (U—V)T'=L, 1 LES VAGUES ET LE ROULIS. 47 d’où l’on tire SR ME RO : COPA TMS ARRETE T'—T, (6) TOR NT La formule (6) est générale, à la condition de faire T;' négatif quand V'est plus grand que U, selon la règle déjà admise ; elle est, de plus, indépendante de l'équation (B), et elle s'applique, par suite, mème aux.houles observées dans des eaux peu profondes ou dans le voisinage des côtes. Il paraît assez probable que les valeurs extraordinaire- ment fortes, qui ont été attribuées par quelques observa- teurs à des périodes absolues de vagues, ne se retrou- veront plus, lorsque l’on sera bien familiarisé avec les calculs à faire pour tenir compte de la vitesse propre du navire. Pour la hauteur des vagues, dont la mesure ne présente que des difficultés d'observation et ne demande aucun calcul ultérieur, les relevés à la mer, en se multi- pliant et en devenant plus précis dans le cours des dernié- res années, ont permis de resserrer beaucoup les limites entre lesquelles on place la valeur maximum et les valeurs moyennes. Les hauteurs observées sont de plus en plus modérées. Les tableaux récapitulatifs dressés à Brest par M. Ch. Antoine, d’après de nombreux devis de campagne, n’indiquent, pour 2 À, aucune valeur supérieure à 10", et les observations de 10" sont déjà anciennes. Sur les devis rapportés à Cherbourg depuis que la mesure des vagues est demandée aux Commandants, il n’est pas une seule fois fait mention de vagues ayant plus de 7" de hauteur 42 178 DONNÉES SUR totale (*); il y a bon nombre de devis, relatifs à des cam- pagnes qui ont duré plus de deux ans, dans lesquels on ne relate pas de vagues de plus de 5" de hauteur. Le tra- vail à faire pour les périodes est analogue à celui qui a été accompli pour les hauteurs, et il offre plus d'intérêt que ce dernier, au point de vue de l'architecture navale. L'emploi des appareils automatiques enregistreurs pour l'étude du roulis et du tangage permettra d'étendre les connaissances sur les dimensions des vagues, les tracés de l'oscillographe double donnant, dans beaucoup de circon- stances, des indications exactes sur la période 2 T.. Il ya deux cas dans lesquels la mesure à l’aide d'appareils en- registreurs présente des facilités particulières. Si lon marche à la voile, avec la mer du travers, le roulis étant presque nul, un pendule très-court trace à bord une cour- be sinueuse représentant l’inclinaison de la surface de l'eau à chaque instant. Si l’on marche à la vapeur, mer debout, avec une vitesse modérée, le bâtiment suit l’incli- naison de la position d'équilibre hydrostatique, et tous les appareils propres à relever le tangage absolu, par exemple le pendule à très-longue période de l’oscillographe, et, à {‘) M. le C.-Amiral Mottez, à qui l’on est redevable de tant d'observations importantes, m'écrivant de Sainte-Hélène le 31 janvier 1880, parle d’un coup de vent très-violent, pendant le- quel il vient de rencontrer des lames de 12 de hauteur. Il a reconnu que ce m'était pas là des vagues simples. Le vent souf- flait en tourbillon. La grosse mer, des cercles du centre expo- sés au vent le plus fort, se propageait vers l’extérieur, en cou- pant obliquement la mer des cercles sur lesquels se trouvait la frégate. De là des superpositions d’ondes produisant des effets extraordinaires. Quand on les rapporte aux circonstances signalées par l’Ami- ral Mottez, les hauteurs totales de 12m, dont les Données rap- portent d’autres exemples, s'expliquent très-bien, en attribuant une hauteur de 79 à la plus forte des deux houles superposées. LES VAGUES ET LE ROULIS. 479 défaut de lui, un simple viseur tenu braqué sur l'horizon, deviennent propres à enregistrer la période de la houle 2T.. 55 (*). — Les perturbations introduites dans le mouve-" ment des vagues à orbites circulaires par le défaut de profondeur de l’eau n’ont pu être jusqu'ici observées, avec un peu d’exactitude, qu’en expérimentant dans un canal factice. Nous poursuivons depuis quelques années cette étude, M. de Caligny et moi, en produisant les vagues à une extrémité du canal et les amortissant à l’autre sur un plan incliné, suivant un procédé qui a été depuis long- temps employé et décrit par M. de Caligny ; des vitres établies sur les parois du canal permettent d'observer les mouvements intérieurs. Voici un spécimen des résultats obtenus () : Expérience faite en septembre 1878 : p Profondeur de l’eau............ 0",36 AHÉHRernDde Des Vases se. Le à 0 4 4800 2 L Longueur des vagues........... 4,30 2thyHautourdes-vagues 222.25 710%, 06 AXE AXE LONGUEUR DES AXES DES ORBITES HORIZONTAL VERTICAL 24a 2 d AO Can: ue 0"020 0"000 à 0°09 au-dessus du fond.,...... 0,027 0,009 à 0,18 id. lsese 4 0:03 0,018 à 0,27 id. sou FDL 0,029 à la surface supérieure .....,... 0,055 0,060 {*) Voir, dans les Données, les nos 20, 21, 22. (”)} Consulter, au sujet de ces expériences, une note de M. le 180 DONNÉES SUR L’exactitude de ces relevés ne peut être affirmée qu’à un dixième près, en plus et en moins. Les principaux termes entrant dans les équations des vagues en eau peu profonde, d’après les formules rappe- lées au n° 20 des Données, ont dans ces conditions les valeurs numériques suivantes : P e EL — 5,70, mr EL — 018, DOpE TL — 32,46: en appelant K ce dernier terme, ona Lee K+1 D'après ces nombres, le défaut de profondeur de l’eau aurait fait subir à la longueur des vagues une réduction un peu plus forte que la réduction théorique ; l'amplitude observée pour le mouvement près du fond serait légère- ment inférieure à amplitude indiquée par les formules ; l’excentricité, qui, selon la théorie, doit être la même à toutes les profondeurs, semblerait varier suivant une loi assez compliquée, mais ce dernier effet peut tenir simple- ment à la combinaison d'erreurs commises sur les va- leurs de « et de b. Mis de Caligny, dans les Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, séance du 23 décembre 1878. LES VAGUES ET LE ROULIS. 181 Dans l'expérience qui précède, l'observation des vites- ses de translation du liquide à diverses profondeurs a donné les résultats suivants, le sens de la vitesse de propagation des vagues étant pris pour sens positif des courants de translation. HAUTEUR VITESSE AU-DESSUS DU | EN MÈTRES PAR OBSERVATIONS FOND SECONDE 0°00 —+ 0"00% Maximum positif. 0,05 0,000 0,09 — 0,003 0,18 — 0,005 Maximum négatif. 0,23 0,000 0,27 + 0,003 0,36 + 0,005 Courant trés-irrégulier, dont la direction même varie. Le courant positif de la surface, dans les mers peu profondes, a été souvent observé; ce courant, de même que celui de sens contraire qui est situé au-dessous, mé- ritent d’être considérés dans la navigation. Le courant de fond, de vitesse positive, très-constant et trés-régulier, qui a été observé dans le canal factice, indique que la réaction moyenne du fond sur le liquide, laquelle est égale et opposée à la résultante de la pression et du frottement de l’eau sur le fond, a une direction inclinée dans le sens du mouvement des vagues. Les déni- vellations produites sur certaines côtes par les houles rencontrant des bas fonds, qui sont mentionnées à la fin 182 À DONNÉES SUR du n° 23 des Données, indiquent également l’action d’une force extérieure qui ne peut être autre qu’une réaction oblique du fond dans le sens de la propagation (*). Pour terminer ce qui se rapporte à notre étude expéri- mentale des vagues, j'indiquerai le résultat d’une mesure approximalive des pressions intérieures, faite en disposant latéralement un réservoir, qui offrait une surface suffisante pour ne pas entrer en oscillation, et qui communiquait avec le canal par un conduit situé à 14° au-dessous du niveau de l'eau tranquille. M. de Caligny prévoyait que le mouvement des vagues dans le canal devait faire descendre le niveau dans le réservoir. Nous avons constaté cet effet ; l’abais- sement du niveau à atteint jusqu'à 5 millim.; il était à peu près égal au quinzième de la hauteur totale de crête en creux, avec les trois sortes de vagues dont les dimen- sions sont indiquées plus haut. Cette dépression mérite d’être Signalée parce que les formules théoriques indiquent, tout au contraire, que la pression, constante pour une même molécule, doit aug- menter en moyenne en un point géométriquement fixe du canal, quand l’eau entre en oscillation. En effet le mouve- {*) Bien que la loi de la variation des pressions intérieures et la loi d’'invariabilité des volumes expliquent, la première le sens du mouvement près du fond, la seconde celui du mouvement intermédiaire, il ne faut pas trop généraliser les résultats de l'expérience dans un canal factice. Le procédé suivi pour pro- duire et pour amortir les vagues peut, en effet, avoir une certaine influence sur le mouvement, ainsi que M. de Caligny l’a signalé, au sujet de ses anciennes expériences citées en note au n° 23 des Données. En se reportant à une autre note du n° 23 des Données, on remarquera que le courant de fond observé dans nos expé-— riences n’est pas le fluttocorrente del fondo de M. Cialdi, mais que son existence devait être prévue d’après les considérations admises par ce savant observateur. LES VAGUES ET LE ROULIS. 183 ment des vagues produit tout d'abord une élévation du niveau des centres d’oscillation des molécules égale, à Ja surface, à LT | EN RE M / 2 L de ce soulèvement des centres, résulte une augmentation de pression hydrostatique moyenne, en un point d’un plan de niveau fixe, égale à r lÀ 20. ù En même temps, les forces d'inertie produisent une diminution de pression qui, à la hauteur 3 du plan con- sidéré au-dessous du plan des centres d’oscillation de la surface, est (équation 20 bis des Donnees) Il reste donc finalement une augmentation de pression égale à Il ne s’agit ici, 1l est vrai, que des équations des vagues en eau infiniment profonde. Il est possible que la dépression indiquée par la hauteur du niveau dans le réservoir soit due à l'entraînement laté- ral exercé à l’orifice du tuyau de communication. 56. — En faisant courir, dans un canel factice, des va- 184 ._ DONNÉES SUR gues, que l’on engendre à l’une des extrémités du canal par le mouvement alternatif donné mécaniquement à un corps plongé, et que l’on détruit à l’autre extrémité en les faisant déferler sur un plan incliné, on se trouve conduit assez naturellement à étudier les déformations que les vagues font subir à une plage déformable. Il a suffi, en effet, de remplacer le plan incliné en bois, qui servait dans les expériences da n° précédent, par un talus de sable ou de terre, et de prolonger le fonctionnement de l'appareil pen- dant quelques heures, pour voir le talus prendre des pro- fils variés et assez réguliers. Les observations que nous avons essayé de faire, sur l'effet des vagues pour modifier la forme d’un talus, re- montent à l’année 1873, époque où fut installé notre canal artificiel. Leur but principal était, à l’origine, d'étu- dier la différence entre les effets qui se produisent, selon que la plage s'étend indéfiniment au-dessus du niveau atteint par l’eau, ou qu’elle s'arrête à un mur vertical dont le pied est baigné par la mer. C’élait une des rares questions, en ces matières, sur la solution desquelles on eût déjà certaines notions, puisqu'il est connu que le cla- potis, en se produisant contre un mur vertical, donne lieu, au pied du mer, à un vif mouvement de recul. C'est un des sujets qui offrent le plus d'intérêt pratique, en raison de l'importance des ouvrages fondés à la mer sur des talus artificiels. Nous avons repris récemment cette étude d’une manière plus attentive, de manière à mettre en lumière quelques faits nouveaux et, en particulier, dereconnaitre l'influence de la nature des matériaux, que nous n'avions pas observée en 1873. En variant nos expériences, soit sur la plage simple, soit sur la plage surmontée d’un mur vertical, nous avons étudié l'influence de la durée de l’action des vagues, celle PR LES VAGUES ET LE ROULIS. 485 de leur hauteur, celle de la nature du sol, comme on le voit sur les quatre planches X, XI, XIT, XIII, qui repré- sentent les profils obtenus. D'autres questions se pré- sentent encore : celle de l'influence de l’inclinaison ini-* tiale de la plage; celle de la profondeur de l’eau; celle de la hauteur de l’eau, pour le cas où il s'agirait de figurer une digue submersible ou une digue émergeant en eau calme mais couverte par les vagues. Nos expériences, sur ces derniers points, n'ont pas été assez complètes pour fournir des tracés méritant d’être reproduits (”. Les figures 5,6, — 7,8, — 9,10, — sur les trois plan- ches X, XI, XIT, représentent les résultats de trois doubles séries d'expériences exécutées toutes au commencement de l’année 1879, avec des vagues ayant autant qué possi- ble les mêmes dimensions ; la hauteur 2 h était de 0,075 à 0",080; la période 2 T, un peu plus irrégulière, était comprise entre 0,8 et 15,2 ; la longueur ? L, pour laquelle (*) Pour le cas où l’eau a peu de profondeur, 0m,11 à 0m42, on a déjà les résultats de quelques expériences faites à Versailles en 1858 par M. de Caligny; voir dans les Comptes-rendus. une note du 24 juin 1861 ; voir aussi dans le Journal de Mathéma- tiques de M. Liouville, année 1866, un mémoire de M. de Cali- gny sur le même sujet. Les deux séries d'expériences faites, l’une à Versailles, l’autre à Cherbourg, sont décrites en détail dans les mémoires qui se rapportent à chacune d’elles ; il sem- ble inutile d’insister ici sur les différences entre les conditions dans lesquelles on opérait, par lesquelles peut s'expliquer la différence entre les résultats obtenus. Les expériences de 1873 sont décrites dans une note de M. de Caligny, insérée aux Comptes-rendus de l’Académie des Scien- ces, séance du 43 janvier 1879. Elles avaient déjà fait l’objet, en 1874, d'une communication verbale à la Société phhilomatique de Paris, par M. Vallès, Inspecteur général des Ponts et Chaus- sées. 186 DONNÉES SUR on observait le plus souvent des valeurs de 1,20 à 1",30, variait naturellement comme le carré de T. L’inclinaison de la plage était d’un cinquième. Dans les trois séries d'expériences, auxquelles se rapportent les figures 5, 7,9, la plage inclinée s'élevait au-delà de ce que l’eau pou- vait atteindre en déferlant. Dans les expériences des figures 6, 8, 10, la plage s’arrêtait à 0,30 de hauteur au- dessus du fond du canal, rencontrant en ce point, le pied du mur vertical. On opérait avec une profondeur d’eau de 0",30 avec la plage simple. Avec le mur, la profondeur d’eau était portée à 0,325, de manière à immerger le pied du mur de 0",025. Dans toutes les expériences, les profils ont été relevés successivement après une heure, trois heures, cinq heures de marche; comme la déformation se continuait ensuite très lentement, on n’a plus fait de relevé qu'après cinq nouvelles heures, les jours où les expérien- ces ont été poussées jusqu’à dix heures de durée. Chacune des trois planches X, XI, XIE, correspond à des essais faits avec une espèce particulière de matériaux : dans la pl. X, les talus sont en sable de mer fin ordinaire; dans la plan- che XI, ils sont en gravier pris au bord de la mer et passé dans un tamis à mailles de 3"/"; dans la planche XIE, ils sont en sable argileux et compact, de la qualité qui sert à la fonderie, pour le moulage des grosses pièces. Les profils de Ja planche XITF, ont tous été obtenus sur des talus en sable de mer, après cinq heures d’action des vagues. Ils différent les uns des autres par la hauteur des vagues produites, qui était successivement de 0",050, de 0",078, de 0,120, sauf les petites irrégularités du genre de celles signalées plus haut. La période des vagues était la même que dans les trois premières doubles séries d'expériences. Les petites irrégularités, dans les dimensions des va- LES VAGUES ET LE ROULIS. 187 gues, tiennent à Ce que, pour une premiére étude, nous n'avions fait aucune installation spéciale. Nous produi- sions simplement les vagues, en prenant le mouvement sur l’arbre moteur d’un atelier. Dans ces conditions, on * a une allure assez régulière, lorsque l'expérience dure quelques minutes et qu'il s’agit de faire des observations du genre de celles rapportées au n° 3; mais il n’en est plus de même, lorsque l’on embrasse une période de plu- sieurs heures, et que le nombre des machines-outils en travail dans l'atelier vient à varier. L'intérêt pratique que présentent les expériences sur les talus déformables une fois établi, on jugera s’il conviendrait de refaire des expé- riences sur une plus grande échelle, en employant un moteur spécial bien réglé. L'effet principal de la variation de longueur des vagues a dû être un adoucissement des courbures que doivent présenter les talus déformés. Les escarpements très-raides qui se rencontrent dans certaines expériences, n'ont pu se produire que les jours où le mouvement était plus régulier que de coutume. Certains caractères généraux sont communs aux défor- mations observées dans toutes les expériences. Avec la plage simple, il y a toujours une excavation produite à la hauteur du niveau de l’eau calme; dans cette excavation, la longueur de la portion située au-dessus du niveau de l’eau tranquille est variable ; la longueur de la partie basse, allant du niveau à l'intersection du profil déformé avec le profil initial, paraît assez constante, et à peu près égale, en projection horizontale, au tiers de la longueur totale 2L des vagues avant l’arrivée au plan in- cliné. Au-dessous de cette excavation, est un remblai, dont la partie culminante est mobile, et la longueur totale variable. Plus bas, se trouve parfois un second déblai (voir pl. XIID), dont les matériaux ont été soulevés et transportés 188 DONNÉES SUR de bas en haut par les vagues ; ce second déblai finissait par s’effacer, quand les expériences étaient prolongées pendant un temps suffisant. Avec le mur vertical, il y a toujours, en partant du haut, un déblai, qui s'étend le long du talus jusqu’à des profon- deurs d’eau plus grandes qu'avec le talus simple. Ce déblai se compose de deux parties bien distinctes; sur la plus grande partie de sa longueur, la forme générale et la profondeur de l’excavation sont à peu près les mêmes qu'avec le talus simple; mais, au pied du mur, 5l y a un affouillement local formant une sorte de fossé, dont le profil présente assez bien la forme d’un arc de cercle ayant son centre à l'intersection du talus primitif avec.le mur. Au-dessous de ce déblai, est le remblai qui se pro- longe en général plus loin en arrière qu'avec le talus sim- ple. Plus bas que le déblai principal, on ne rencontre jamais la seconde excavation, signalée plus haut pour le cas du talus simple. Si, pour le cas du sable de mer, on calcule la section du déblai supérieur comprise entre le profil primitif et les profils successifs des deux figures de la planche X, on ob- tient les nombres des deux premières colonnes du tableau suivant. La troisième colonne de ce même tableau donne la section des parties de déblais, qui, dans la première figure, se trouvent au-dessous d’une ligne verticale æy tracée à l’emplacement du mur vertical de la deuxième figure; on voit que cette section est très-faible, et que, par conséquent, le mur vertical a la propriété d'augmenter beaucoup la profondeur à laquelle l’affouillement s’étend le long du talus. LES VAGUES ET LE ROULIS. 189 DURÉE AFFOUILLEMENT, EN DÉCIMÈTRES CARRÉS dans 2 NEURONES talus simple, dans le talus avec au-dessous d'une ligne l'expérience. simple. le mur vertical. figurant le mur vertical. 1,20 0,75 0,10 - NET ( 1,28 0,37 2,96 1,92 0,52 10? 3,04 2,43 0,81 On voit, sur le tableau, qu'avec le talus simple, la sec- tion de l’affouillement est devenue à peu près constante après cinq heures de marche. La forme des profils n’a atteint cependant, en aucun cas, même après 40 heures, un état définitif. Le remblai descendait constamment; il couvrait de bonne heure le déblai inférieur qui s'était par- fois produit au début, et il venait s'étendre, à la fin, sur le fond horizontal du canal, au pied du talus. Malgré cette mobilité, on reconnaît que le profil présente, dans sa forme générale, certains caractères permanents et géné- raux, que l’on reconnait facilement sur toutes les courbes successives des tracés des quatre planches. Si, pour se rendre compte de l'influence de la hauteur des vagues, on calcule les sections de l’affouillement su- périeur sur les deux figures de la planche XIII, on obtient le tableau suivant : 490 DONNÉES SUR SA PEROU ES RETIRE RE DE DS RUE DEL EN ECC COUT EESTI VAR DIS RCE DRE DEEE | AUNNENRE CAS DU TALUS SIMPLE CAS DU MUR VERTICAL HAUTEUR PES VASURS | 'Affouillement “ Affouillement à Fe e 2h e 2h 0"050 1,29 26 0749 16 0,078 3,09 39 1,53 20 0.120 4,94 11 1,94 16 La loi d’accroissement de e en fonction de À est beau- coup plus rapide lorsqu'il n’y a pas de mur vertical. On voit, sur la planche XIIT, que les profils déformés par des vagues dont la hauteur seule diffère, présentent entre eux une grande analogie ; les deux courbes de la figure 41 relatives aux vagues de 0,078 et de 0",120 se ressem- blent, en particulier, dans leurs moindres détails ; cepen- dant avec les vagues hautes, le remblai a été transporté beaucoup plus bas, et il tombe à l'endroit même où se pro- duisait l’affouillement inférieur avec les vagues moyennes et les petites vagues. Pour exprimer l'influence de la nature du sol du talus, on peut calculer, pour le sable à mouler et le gravier, pl. XI et XII, les sections d’affouillement qui ont été cal- culées pl. X pour le cas du sable de mer; on forme alors le tableau suivant : GRAVIER SABLE A MOULER EE EL à Talus simple. | Mur vertical. | Talus simple. | Mur vertical. a —————" | ————_—__——_——"——— | ———————__—_—— | ——————————— — | ——————————— l'expérience. LES VAGUES ET LE ROULIS. 191 On trouve ainsi, après trois heures de marche et pour le talus simple, que l’excavation reste, avec le gravier, environ les neuf dizièmes, et, avec le sable à mouler, en- viron la moitié, de ce qu’elle est avec le sable de mer ordinaire. Pour le cas du mur vertical, les rapports va-' rient assez irréguliérement. Il est douteux qu’on retrouve les mêmes chiifres en refaisant à nouveau les expériences, à cause des petites différences qui pourraient se rencon- trer dans la grosseur du gravier et la cohésion du sable à mouler ou dans les dimensions et la régularité de la houle. Même pour le sable de mer, et après cinq heures de marche, nous ne retrouvions pas deux fois exactement la même section. Les profils obtenus avec le gravier ont des courbures beaucoup plus douces et plus régulières que ceux donnés par le sable de mer; la position des ex- cavations et des remblais est à peu près la même dans les deux cas. Avec le sable de fonderie, l’excavation dans le talus simple s'arrête presque au niveau de l’eau calme, et, dans le cas du mur vertical, elle présente une forme toute particulière avec une section relativement forte. Le sable de fonderie calciné, dont nous nous servions en 1873, su- bissait aussi des effets assez différents de ceux constatés sur le sable de mer. L'ensemble des expériences qui précèdent établit que l'effet des vagues brisant sur un talus incliné consiste surtout dans un entraînement des matériaux en arrière, vers le pied du talus. Les pierres des enrochements arti- ficiels, parfois projetées en avant et même lancées à de grandes hauteurs, présentent une exception, qui se ren- contre surtout lorsque les vagues, passant par dessus l’en- rochement, retombent avec violence de l’autre côté; c’est une circonstance spéciale qui ne se trouvait. pas réalisée dans nos expériences. 192 DONNÉES SUR Lorsque le talus s’arrête au pied d’un mur vertical, les expériences montrent que r’affouillement prend un carac- tère plus dangereux, et qu’un soin particulier doit être apporté à l'établissement de la risberme qui protège le pied du talus. L'effet local au pied du mur diminue toute- fois assez vite quand la profondeur de l’eau augmente: avec un fond de sable de mer horizontal, un mur vertical, une profondeur d’eau uniforme de 0"20, nous avons reconnu que nos vagues moyennes, de 0,078 de hauteur totale ne produisaient aucun affouillement au pied du mur, bien qu’elles eussent encore, à cette profondeur, une ac- tion générale sur le fond, indiquée par la formation d’une série de petits monticules. L'étude de l'influence de la profondeur de l’eau dans le canal reste à faire. Celle de l’inclinaison du talus a été commencée et paraît devoir être intéressante. Nous avons reconnu qu'avec une pente du dixième au lieu du cin- quième, l’excavation supérieure s’étend moins haut au- dessus du niveau de l’eau et devient moins profonde ; l'excavation inférieure est très prononcée. Sur une plage inclinée au quinzième seulement, nous avons observé deux excavations très-longues, à peu près égales, séparées par un remblai court, faisant saillie hors de l’eau et repré- sentant une sorte de dune. Les expériences qui précèdent, j'insiste en terminant, sur ce point, sont une simple ébauche. Si leurs résultats paraissent présenter un intérêt pratique, au point de vue des constructions hydrauliques, il faudra les refaire, plus exactes et plus complètes, en opérant sur un canal de plus grandes dimensions (”*). (*) Notre canal, formé de deux anciennes étuves à bordages, a 30v de longueur sur 0v,4ë de largeur et 0»,45 de hauteur. _ dt 1 À LES VAGUES ET LE ROULIS. 193 57 (). — Relativement à l'inclinaison maximum des vagues ©, ou inclinaison au point d'inflexion, j'ai à rap- peler une correction déjà indiquée dans un erratum des Données. Cette inclinaison est déterminée par l'équation (8) SIN 0 = r — elle correspond à la valeur de é pour laquelle on a = h rh cos À eg ’ q L valeur qui rend nulle la dérivée de tang 0 par rapport à €. En donnant à cos cf cette même valeur dans les équa- tions du mouvement orbitaire, on voit que l’ordonnée du point d’inflexion, au-dessus de l'axe des abscisses qui passe par le centre d’oscillation, est 2 (9) y=r + L'inclinaison des vagues e,, pour laquelle on a (10) tang = x L à L est celle qui correspond à sin st = 1, cos st — 0; c’est l’inclinaison au point situé à mi-hauteur des vagues. La confusion entre les angles © et ©,, n’a eu aucune conséquence au point de vue des conclusions de la théorie des vagues, parce qu’en cherchant la plus grande valeur à laquelle © peut atteindre, je me servais de l'inégalité ? *) Voir le n° 14 des Données, équations 12) et (12bis), 43 494 DONNÉES SUR qui suppose bien l’inclinaison maximum exprimée par la formule (8). Dans le calcul des inclinaisons des vagues correspon- dant aux valeurs 0,05 et 0,10 du rapport entre rh et L, j'ai été conduit à des inclinaisons un peu trop faibles, 8°,75 et 47°,45, au lieu de 9°,04 et 18°,31 ; les valeurs de © et celles de + doivent, en conséquence, subir une légère correction dans les n°° 34 et 35. Le calcul de l'angle 0 — 9" des couches horizontales et des couches verticales déduit de la valeur de tang (0 — 67), au n° 39 des Données reste exact, ainsi que tout ce qui est relatif à la résistance active. 58 (”). — La seconde correction relative à l’inclinaison des vagues porte sur le calcul de l’inclinaison effective, qu'il faut substituer à l’inclinaison réelle pour calculer le roulis. L'erreur commise dans les Données aurait pu mo- difier les conclusions du n° 52, en empêchant d'attribuer au coefficient #” toute l'influence qu'il a réellement, si le calcul y avait été poussé plus loin au point de vue de l’agi- tation. Le coefficient »” a pour expression (11) AN ES Le calcul du coefficient m qui sert à obtenir 4” est donné exactement dans le n° 54 ; mais les valeurs de #”, et par suite celles du produit pp #" calculé dans le n° 52 pour divers navires sur leur houle synchrone, ont été déduites de m en intervertissant les termes du rapport de Là rh dans la formule (11). Les tableaux suivants sont corrigés de cette erreur ; ils sont, de plus, établis pour diverses circonstances de mer, afin de montrer l'influence de #y' {*) Voir les nos 81 et 52 des Données. LES VAGUES ET LE ROULIS. 195 au double point de vue de l’ecclisité et de l'agitation des navires (*). Si l’on suppose d’abord chaque navire placé sur sa houle synchrone, afin de se rendre compte de son roulis maximum, on obtient le tableau suivant : NOMS DES BATIMENTS. u p! ur |up'u LL LE ER ERSEET Solferino (1870)........ COURONNE san se on Mann dos tsas ete « 1: POV EN ERERT AT Magicienne...….....sse ClvadnS... a se. dote Château-Renaud....... Hirondelle...... HE Renard. , RTS ae Lamothe-Piquet....,.. LORS AR RS neue des COCO. ess as “ Jusqu'ici, les conclusions des Données sur le rôle de su u" restent exactes : les erreurs commises sur #” sont insignifiantes. Le coefficient de réduction pp’ #” n’a jamais, en effet, qu'une très-faible influence sur l’ecclisité ; il ne (*) Ces tableaux sont extraits du Mémoire publié dans la Revue marilime, intitulé Les Vagues et le Roulis, les Qualités nautiques des navires, n° 44, 196 DONNÉES SUR mérite d’être pris en sérieuse considération que pour certains types particuliers de navires à très-grande largeur tels que le monitor l’Onondaga, pour lequel il descend à la valeur 0,52, et la batterie circulaire russe Amiral Popoff, pour laquelle il est également inférieur à 0,6. Si maintenant on suppose tous les navires du tableau ci-dessus placés, soit sur une houle de 25" de demi- longueur, soit sur une houle de 50" de demi-longueur, on obtient les deux tableaux suivants, qui indiquent le rôle du coefficient # # #”, au point de vue du roulis moyen : Première houle, L = 25". NOMS DES BATIMENTS. u. u' pe" up" SUITER TNT MTS 0,84 0,66 |--0,51 |—0,28 Solferino (1870)........| 0,83 0,67 |+0,19 |+0,11 Gouronne. sers LR 0766 0,67 0,49 0,28 : Flandres ile ENIr" Os 0,69 0,50 0,30 Atalante ..... daaeeuseelle 000 0,74 0,53 0,35 Magicienne......,.....| 0,92 0,75 0,78 0,54 Calvados... Sais 0,93 0,74 0,68 0,46 Château-Renaud.......| 0,98 0,83 0,93 0,75 Hirondelle 2022070000 209 0,85 0,94 0,79 RÉRAT ER Sr an 0,98 0,85 0,84 0,78 Lamothe-Piquet..... ..| 0,98 0,87 0,99 0,84 Grasodiles scies 0,98 0,88 0,99 0,85 TE a A A 10,99: 1: 10,87 / lo e LES VAGUES ET LE ROULIS. 197 Deuxième houle, L= 50". NOMS DES BATIMENTS. pe pi u" up! u” SUITE à. 2. sua de VOS OT 0,81 0,58 0,46 Solferino (1870)........ 0,97 0,82 0,76 0,60 COUrONNE sn 0,97 0,82 0,85 0,68 Flandre... :.... Most 0,97 0,84 0,92 0,74 EURE CRE sl 0,98 0,86 0,94 0,79 Mapicienne.. 2. AE ARCUAC 0,86 0,98 0,83 Calvados..... Ann ste 0,98 0,87 0,99 0,84 Château-Renaud.......| 1,00 0,91 0,98 0,88 Hirondelle.s.$.#t...) 0,99 0,92 0,99 0,90 Rénardis. ss. à: 2 ARTE 0,99 0,92 0,97 0,88 Lamothe-Piquet ....... 0,99 0,93 0,99 0,91 SEL IERE SPORE 1,00 0,93 1,00 0,93 Crocodile ..... RENE 0,99 0,94 0,98 0,91 Ces deux tableaux expliquent très-clairement comment il existe de grandes différences, bien établies par lexpé- rience, entre les qualités des grands navires et celles des petits bâtiments, au point de vue de l’agitation. Le cocff- cient ##" rend en effet l’agitation très-faible sur tous les gros navires, surtout lorsqu'à une grande largeur est associée une faible hauteur métacentrique p — &. Le coefficient #” peut devenir nul. Il peut même devenir négatif, ainsi que cela a lieu pour le Su/ffren sur la houle de 25"; la réduction subie par l’inclinaison @e des vagues 198 DONNÉES SUR produit alors une sorte de renversement dans le sens de cette inclinaison. Le tableau suivant donne, pour tous les navires choisis comme exemples, la largeur moyenne /,, la profondeur du centre de carène 3, la hauteur métacentrique p — a, la demi-période de roulis en eau caime M, et le déplace- ment P. NOMS DES BATIMENTS. | Suffren..,......... ..| 10"27 | 330 | 0"58 |10515 | 7580tx À Solferino (1870)....... 10,44 | 3,144 | 1,02 | 7,2 |6981 : CONCCANMEEERRAEREE ON 9,74 | 3,13. | 1,57 5,3 |6228 Andre nur. 9,10 | 2,88 | 1,30 | 6,0 |5736 À Atalanto . D re M Le, 8,34 | 2,44 | 1,08 | 5,3 |3602 Magicienne........... 7,54 | 2,27 | 1,81 4,69 | 3408 DATE A RME 7,24 | 2,08 | 1,13 | 5,5 |3171 Château-Renaud ...... 4,41 | 1,50 | 1,25 | 4,4 |1700 Hirondelle. ........ | 4,14 | 4,24 | 1,17 | 5,65 | 1552 | Crocodile ....... = 4,03 | 1,01 | 0,78 3,6 466 Ces exemples sont assez nombreux pour permettre d'opérer par simple comparaison, lorsqu'il s'agira d’autres bâtiments. On pourra du reste calculer assez vite les coefficients his - à LES VAGUES ET LE ROULIS. 199 gu'u" pour les navires dont on connaît les à, les z, les e — à, à l’aide des tableaux tout calculés des Données. Si, dans le calcul, de 4” on veut se dispenser de passer par la recherche préalable de Ja valeur de », on pourra, à. la formule (11), substituer la formule approximative Le TG—2) qui conduit à peu près aux mêmes résultats. Cette der- nière expression est plus propre que (11), à permettre de se rendre compte des valeurs et de l'influence du coefli- cient p”. (12) w—=1—0,5 59 (”). — L'étude du roulis des navires, d’après la mé- thode actuelle, se compose surtout d'expériences dans le port et d'observations à la mer. Elle a, pour point de départ, l'expérience de décroissance des roulis factices en eau calme ; cette dernière présente un intérêt de plus en plus grand, à mesure que le nombre des navires sur lesquels elle a été exécutée va en augmentant. Des méthodes diverses, toutes susceptibles d’une exac- titude suffisante, ont été appliquées au relevé des ampli- tudes décroissantes du roulis factice, dans les expérien- ces en eau calme. Tous les moyens qui consistent à viser l'horizon sont nécessairement exacts, si l'observateur est un peu exercé; le plus remarquable et le plus rigoureux consiste, sans contredit, dans l'usage d’une plaque pho- tographique, imaginé par M. Huet, ingénieur de la Marine, pour enregistrer automatiquement les observations. J'ai à plusieurs reprises employé, concurremment avec l'appareil à lunette, l’oscillographe double composé de deux pendules, l’un à très-longue période, l'autre à très- courte période. La courbe de décroissance fournie par le {*) Voir les nos 32, 33; 34, 35, 36, 37, 38 et 39 des Données. 200 DONNÉES SUR grand pendule conduit, pratiquement, à la même valeur du coeflicient de décroissance N que celle de Ja lunette. L'avantage de l’oscillographe double est de permettre de se rendre compte des écarts que les forces d'inertie résul- tant du roulis peuvent produire entre les directions des deux pendules, et d'arriver ainsi à apprécier l’exactitude des relevés de roulis à la mer dont il sera question au n° 60. Les accélérations, dont la résultante avec celle de Ja pesanteur g détermine la direction du petit pendule à chaque instant, sont uniquement, pendant les expérien- ces en eau calme, les accélérations angulaires du navire autour de son axe instantané de rotation dans le roulis. Ces accélérations sont dues à deux couples différents. Il y a, en premier lieu, le couple de stabilité, dont le moment est nul au milieu de l’oscillation, et maximum aux points morts. On se rend facilement compte de la direction des angles +,, que le petit pendule fait avec Ja verticale sous l'influence de ce couple. Lorsque le pendule est au-dessus de l’axe du navire, ces angles sont de signe contraire à l’angle du roulis; le petit pendule inscrit alors, sur le papier, une inclinaison plus grande que l'in- clinaison réelle du navire. Lorsque le pendule est au-des- sous de l’axe du navire, il inscrit au contraire, aux points morts, des inclinaisons trop faibles. Les angles 4, peuvent être évalués théoriquement, en supposant le roulis ex- primé par la formule générale T D soit 4 la distance du petit pendule simple isochrone avec le roulis, l'accélération 7, à la position du petit pendule, est p —=# Sin É; ®0 car d 1=— dr? T.: = — q + ?0» LES VAGUES ET LE ROULIS. 201 ce qui conduit à d'?0 COS »0 Lang = —— ; F # AVE dv SIN # ou, approximativement à (1 3) Ÿi — FE ?0» formule déjà obtenue dans l'Etude sur la houle et le rouls. En second lieu, la résistance dans l’eau, ou du moins la partie de cette résistance qui dépend de la vitesse et non de l'accélération angulaire, produit un couple dont le moment est nul aux points morts et maximum vers le passage à la position d'équilibre. Le sens des angles 4, est le même que celui de la rotation du navire quand le pendule est au-dessus de l’axe an moment de la grande vitesse angulaire ; il est contraire à celui de cette rotation quand le pendule se trouve à bord au-dessous de l'axe. Il résulte de là, si l’on représente par une flèche le mouve- ment «les pinceaux sur le papier, que la courbe du petit pendule est en avant de celle du grand pendule quand l’os- cillographe a été placé au-dessus de l’axe, et qu’elle est en arrière lorsque l’oscillographe a été placé au-dessous de l'axe. Le calcul théorique de la valeur de y, peut se faire en adoptant les mêmes hypothèses que dans le calcul de 4,; l'accélération angulaire, en fonction du moment de résistance M, est M (dy ST NULS en remplaçant M, par l'expression connue 3 NEmr ARE & arcd° EG NEMrE 202 DONNÉES SUR elle devient d En tenant compte de l'accélération centrifuge qui ac- compagne l'accélération tangentielle, on arrive à | LEUR 43 N d 20 tang Y — ip ou, approximativement à (13) ÿ = hp En considérant la superposition des angles +, et +, dans les divers cas qui peuvent se présenter, on obtient les quatre figures de la pl. XIV, savoir : La figure 13, si l’axe du roulis, dans ses déplacements reste constamment au-dessous de l’oscillographe ; La figure 14, si l'axe est au-dessous de F oscillographe aux points morts, et au-dessus à la position d'équilibre; La figure 45, quand l’axe est au-dessus de l’oscillogra- phe aux points morts, et au-dessous à la position d’équi- libre; La figure 16, quand l'axe est constamment au-dessous de l’oscillographe. J'ai exécuté récemment, à bord du Mytho, plusieurs expériences de décroissance, après avoir placé l’oscillo- graphe aussi haut que possible, l’axe de suspension des pendules étant à 9"20 au-dessus de la flottaison. Les courbes obtenues ont reproduit très-nettement la disposi- tion de la figure 13; mais les courbes des valeurs 4, et # en fonction de #, au lieu de satisfaire aux formules (13) PCT, RTS LES VAGUES ET LE ROULIS. 203 et (14), avaient plutôt, à partir d’une certaine distance de l'origine, la forme exprimée par les équations (13 bis) Un = use + 0,08 20» (14 bis) Ÿ — 1° + 0,013 Po” - Il n’est pas possible de déduire des expériences du Mytho des données certaines sur la position de l'axe du roulis, d’une part, à cause de la forme des deux formu- les qui précédent, d'autre part, à cause des écarts nota- bles des points obtenus par rapport aux courbes moyen- nes de +, et 4. J'indiquerai que les valeurs extrêmes, ob- tenues par #, — 10°, sans aucune correction, sont 4°,4 pour +, et 2°,3 pour +, : si l’on appliquait à ces valeurs les équations (13) et (14), sans tenir compte de la forme des courbes (13 bis), (14 bis), on aurait, pour d, les va- leurs 6",10 aux points morts et 4,40 à la position d’équi- libre. La conclusion la plus certaine etla plus intéressante est que les angles 4, et %, croissent, en fonction de , moins vite que ne l'indiqueraient les formules (13) et (14). Les expériences du Hytho ont donné l’occasion de véri- fier l'exactitude du grand pendule pour le relevé du roulis absolu. Le petit pendule a été remplacé par une lunette munie d’une alidade de même longueur que les tiges in- scrivantes des pendules et terminéeipar un crayon, et on à fait rouler le navire à plusieurs reprises en tenant la lu- nelte braquée sur l'horizon. Entre les courbes de la lu- nette et du pendule, on a trouvé la trace d’écarts régu- liers reparaissant avec une période égale à 2T, qui étaient manifestement dus à un mouvement du grand pendule ; mais ces écarts restaient peu importants, comparés aux irrégularités du tracé de la lunette. Cette vérification n'é- tait pas inntile. A la vérité, quand on calcule l'angle x dé- 204 DONNÉES SUR crit par le grand pendule partant de repos, dans le cours d’une abattée simple, sous l’action des forces qui font dé- crire l'angle 4, au petit pendule, on trouve que cet angle est seulement A POUR "pe Vi, L étant la longueur du pendule simple isochrone avec le grand pendule; or sur le Mytho, L était égal à 36 A. Mais, ces angles ; peuvent s’accumuler dans une certaine me- sure en raison de l’inertie et l’on trouve qu'ils peuvent se représenter, précisément avec la période 2T, indiquée ci- dessus, en atteignant la valeur (x + 4) X1- Aprés les modifications introduites dans la manière d'exécuter l'expérience de décroissance des roulis, voyons les résultats obtenus à l’aide de cette expérience, depuis la publication des Données. Diverses formules, différentes de l'équation (1 5) A9 = Nm, ont été présentées comme exprimant plus exactement que cette dernière la loi observée. Sur ce point, comme il importe avant tout de ne pas compliquer, sans nécessité absolue, des recherches destinées à entrer dans la prati- que, il paraît préférable de s’en tenir à la formule (45), qui rend jusqu'ici suffisamment compte des faits; on ne doit pas donner, d’ailleurs, à cette formule plus de portée que ne l’indiquent les Données. Seulement au lieu du coeffi- cient de décroissance N, il peut être préférable de choisir, comme paramètre destiné à caractériser chaque navire, le coeflicient €, dont la valeur est 1 (16) | = LES VAGUES ET LE ROULIS. 205 auquel le roulis maximum est proportionnel, et qui pour- rait s'appeler coefficient d’ecclisité. Le moment &e résistance de la carëne au roulis se dé- duit du coefficient N et de la demi-période T,, par la for- mule rappelée tout à l'heure 3 N>mr' Es UN TANe (17) M de a dre ne) AC qui peut s’écrire (177) M = 43 N >mr°. Les valeurs numériques de M, ainsi calculées dans les tableaux des Données, sont, de même que les valeurs de P (p— a), exprimées en tonneaux-mèêtres. Les valeurs de AM, qui représentent les augmentations du moment de résistance dues à l'addition des quilles latérales sur le chaland amphidrôme sont aussi exprimées en tonneaux- mètres. Il résulte de là que les valeurs du coefficient de résistance R, sont exprimées en tonneaux ; le n° 46 des Données doit être corrigé en ce sens. La grande valeur, que l’on trouve pour le coefficient R, lorsqu'on tient compte de la remarque qui prétêce, indique le rôle important de l’inertie de l’eau dans la résistance au roulis, et la grande place à donner à l'accélération dans l'équation différentielle du mouvement angulaire. Il n’y a plus lieu d’ailleurs de supposer que, dans l’expérience du chaland rapportée dans les Données, la première paire de quilles n’ait pas eu toute l'efficacité possible ; la valeur 0',49 doit plutôt être regardée comme un maximum. L'expérience de décroissance des roulis a, en effet, été faite, depuis lors, sur deux petits navires pourvus de quilles latérales, le Crocodile et le Lutin; la comparaison des résultats avec ceux obtenus sur des navires sans quilles 206 DONNÉES SUR latérales donne, pour R,, une valeur de 0‘,35 seulement. La formule ainsi obtenue pour exprimer la résistance au roulis des quilles Jatérales des canonnières (18) AM, = 0,35 sd, s’est trouvée représenter, avec un degré d’exactitude que l’on n'aurait guère pu prévoir, la résistance de la quille centrale des nouveaux grands transports de Cochinchine, ainsi qu’on a eu l’occasion de le vérifier dans les expé- riences du Mytho.. Le Mytho n’a pas de quille. L’Annamite a une quille de 42%9 de surface totale s, dont la distance moyenne à l’axe du roulis peut être estimée à 9" au moins d’après les in- dications des expériences du Mytho. En introduisant ces deux chiffres dans la formule (18), on obtient aM; = 10716 T° M. Or sur le Mytho, on a trouvé N = 0,0053 mr? — 25025, ce qui Lun pour le moment de résistance M, = 5713, tandis que, sur l’Annamuite, on a eu M, = 15650. La différence de ces deux nombres, qui représente la résistance de la quille, s’écarte peu de la valeur calculée pour AM;. On peut conclure de là, d’une part, que les carènes en fer ne résistent guère plus au roulis que les LES VAGUES ET LE ROULIS. 207 carènes en bois (*), d'autre part, que la résistance de la quille forme habituellement une part très-considérable de la résistance totale des carènes au roulis. Le moment de résistance M;, étant exprimé en ton- neaux-mêtres, si on cherche à calculer les coefficients k et x, de la formule M=klp + klm', on obtient des valeurs, exprimées en tonneaux. De même, si, connaissant k, on calculaït le moment M4 de la résis- (*) La résistance à la marche n'est pas non plus sensiblement plus grande, sur le Mytho que sur l’Annamile. On avait au con- traire trouvé en 1866, une différence très-grande entre la résis- tance de l’Héroïîre en fer et celle de la Flandre, doublée en cuivre. Ainsi une expérience de stoppage, dont j'ai revu tout récemment le résultat, avait indiqué les résistances suivantes R d’après les produits de la masse M par les ralentissements W. Vitesses Flandre Héroïne met R=MW |K— nor R=MW |K — fs V B° \? B° V? 2m 3,27 7,8 3,43 3 6,36 6,7 6,84 4 9,94 3,9 11,15 5 13,63 5,2 15,78 Le déplacement de la Flandre était de 5840t, celui de l’Aé- roine de 5866. Des expériences très-complètes de vitesse à la vapeur sous diverses allures et des expériences de remorquage, avaient donné des résultats analogues à ceux de l’expérience de ralen- tissement après stoppage. 7% 208 DONNÉES SUR tance active M dt Hip Etre ne x, il serait exprimé en tonneaux-mèêtres. Ces calculs numéri- ques n’ont pas été faits. Toute la discussion relative à la résistance active repose sur la considération des rapports entre les moments; l'estimation du coefficient £ qui entre dans l'équation : A klp'= BM, n’est entachée d'aucune erreur, et toutes les équations du 39 des Données reslent exactes, ainsi que les déductions qui en sont tirées. Il n’y a guère à insister sur les formules relatives à la ré- sistance active, car elles n’ont pas encore trouvé d’applica- tion pratique. Les résultats numériques de l’expérieuce de décroissance sont, au contraire, presque toujours impor- tants;, parmi ceux qui sont simplement curieux, j'en citerai quelques-uns obtenus sur la Navette. En produi- sant le roulis artificiel sur le bateau en marche, j'ai vérifié que N augmentait avec la vitesse ; ce coefficient, qui était 0,0109 au repos le jour de l'essai, devenait 0,0123 à quatre nœuds et atteignait la valeur 0,0150 à huit nœuds. J'ai essayé aussi de mesurer l'influence exercée par le voisinage d’un quai; N m'a paru devenir un peu plus faible près du quai, mais sa diminution, 0,0105 au lieu de 0,0109, ne sortait pas des limites d’erreur de l’expé- rience. L’utilité pratique de l’expérience de décroissance des roulis se manifestera de plus en plus, à mesure que l’on connaitra, pour un plus grand nombre de navires, le coef- LES VAGUES ET LE ROULIS. 209 ficient de décroissance N, considéré, soit sous sa forme directe, soit sous la forme du coefficient d’ecclisité C. La mesure de ce coefficient a déjà été obtenue, dans ces der- nières années, sur un grand nombre de navires armés; en se bornant aux résultats relevés à Cherbourg, on forme le tableau suivant : NOMS DES BATIMENTS. Ap=A TN PE de 0 ve Lee N pour @ = 9°04 Navette {lest sur le pont).| 0°061 | 0°0129 8,8 26° 47 (désarmée) .| 0,013 | 0,0207 7,0 20,90 Hirondelle armée)....| 0,050 | 0,0150 8,2 24,82 Duguay-Trouin (armé).| 0,075 | 0,0092| 10,4 30,63 Calvados (désarmé).....| 0,033 | 0,0165 4.8 23,41 (coque nue)...| 0,020 | 0,0160 7,9 DAT Annamilte bâtiment armé] 0,020 | 0,0170 FT 23,10 Suffren (armé).........| 0,013 | 0,0083| 41,0 32,02 Crocodile {(armé).......| 0,040 | 0,033 5,5 16,55 Lutin (armé).......,..] 0,027 | 0,032 5,6 18,86 Mytho (armé\.....,....1 0,120 | 0,003 43,7 41,33 Observations. — Le Crocodile et le Lutin sont munis de quilles latérales. Le Mytho n’a, ni quille centrale, ni quilles latérales. L'inclinaison de vagues © égale à 9°,04 est bien, dans ce tableau, celle qui correspond au rapport 0,05 entre L et h, d’après la formule hi (8) SNe—=7r RÉ 14 210 DONNÉES SUR Le calcul du roulis maximum théorique #, pour un rap- port de 0,10 entre la hauteur et la longueur des vagues synchrones, paraît offrir peu d'intérêt, d’après les valeurs de h et L relevées dans ces dernières années ; le rapport de À à L a généralement été trouvé inférieur à 0,5. Le tableau suivant fait connaître les conditions, dans lesquelles s’effectuaient les expériences pour les navires nouveaux ; pour les eutres bâtiments, ces conditions ont été indiquées dans les Données d’une manière compléte. NOMS DES BATIMENTS. Déplacement Demi-période Tirant-d’eau. Hirondelle (armée)......| 3723 | 41117t 1202 tm Duguay-Trouin (armé)..| 5,215 | 3296 3564 (Coque nue)...| 4,485 | 2879 3223 Annamile Bâtiment armé| 6,490 | 5224 4516 Suffren (armé).........| 8,050 | 7309 3998 Crocodile (armé)........| 24 466 363 Lutin (armé)...........| 2,48 466 438 Mytho (armé)........... 6,315 | 5495 5671 À l’aide des tableaux qui précédent, en ajoutant les valeurs trouvées autrefois pour un chaland charbonnier et un chaland amphidrome avec ou sans quilles, telles qu'elles sont rapportées dans les Données, nous pouvons nous rendre compte de la manière dont varie le rapport du moment de résistance de la carène, au produit de la longueur entre perpendiculaires Z par la quatrième puis- VAT EN AOREE. LES VAGUES ET LE ROULIS. 211 sance de la largeur au fort ». Nous avons le tableau sui- vant : M NOMS DES BATIMENTS. M, Im“ = | im Chaland amphidrome.. 47 40540 0,0012 Chaland charbonnier... 29 17500 0,0017 Naxette (lest sur le pont). 9 4379 0,0021 {désarmée)... 1207 548300 0,0022 Hirondelle (armée) ..... 1452 518300 0,0026 Duguay-Trouin (armé). 3918 2732400 0,0014 Calvados (désarmé)...... 4490 1964200 0,0023 Annaïitle (armé)....... | 15800 3799800 0,0027 Suffrer (armé).......... | 14900 8000860 0,0018 > LUI E CE RON LS ETC 0 PRE CSSS RE MORT Rate de SD A étain eed à ARC RAECToE 0,00216 (avec 2 quilles).. 65 40540 0,0016 Chaland (avec 4 quilles).. 91 40540 0,0022 Crocodile (armé)........ 653 122960 0,0053 Lutin (armé)........... 629 122690 0,0051 Mytho (armé).........,. 5713 5832400 0,0010 Le tableau des valeurs de C a montré combien les navires présentent des ecclisités différentes les unes des autres. Le tableau des valeurs de M, montre l'influence exercée par les formes de la carène et la présence des quilles, sur le 212 DONNÉES SUR coefficient d’ecclisité, indépendamment de l'influence des dimensions principales. Les résultats de l'expérience de décroissance de roulis sont surtout intéressants, pour les navires qui ont été l'ob- jet d'observations à la mer. La comparaison entre le roulis maximum calculé et celui relevé permet, en effet, de con- trôler l'exactitude des formules très-simples, qui com- mencent à s’introduire dans l'architecture navale. Les observations à la mer, développées comme nous al- lons le voir dans des numéros suivants, ont pris dans ces derniers temps, une exactitude suffisante pour se prêter à la discussion scientifique. On obtient simultanément la valeur de l’amplitude des roulis, et des indications sur l’état de la mer assez exactes pour faire savoir quand on approche des conditions du roulis maximum. On a trouvé, par exemple, pour le roulis maximum de la Navette, une demi-amplitude du 22°5 sur une mer dont l’inclinaison @ paraissait être de 6°; on aurait théoriquement, pour © — 6°, en négligeant le coefficient de réduction &y' p”, (19) —CYe =, et, en donnant à &p'#” la valeur 0,85, (20) e=CVo Vyrpre —=19,3, amplitudes qui différent bien peu de celle observée. Sur le Crocodile, dont l’ecclisité, d’après l’expérience de dé- croissance, est à peu près les trois cinquièmes de celle d’une canonnière ordinaire, on n’a observé que des demi- amplitudes ne dépassant pas 8°,5, lors des premières ex- périences, qui étaient faites par mer assez forte; 1l ne s’est pas rencontré, il est vrai, de houle synchrone venant exactement par le travers, mais on pouvait estimer qu'une LES VAGUES ET LE ROULIS. 213 canonnière dépourvue de quilles latérales aurait atteint des demi-amplitudes de 43° à 44° au moins, dans les condi- tions où l’on se trouvait. Ce sont là deux vérifications in- téressantes des formules de l’ecclisité. 60. — Les mouvements du navire à la mer avaient été observés dans leurs caractères généraux les plus appa- rents, mais non étudiés en détail, à l’époque où ont été écrites les Données. On avait reconnu les analogies que le roulis présente, par l’isochronisme de ses oscillations, avec le mouvement des pendules ordinaires ; cela avait conduit à lui appliquer les formules algébriques de ce dernier mouvement, dans le calcul des vitesses angulaires et des forces d'inertie. Pour le tangage, les indications expérimentales étaient restées très-vagues ; aucune loi n'avait pu être formulée. Depuis cette époque, l'étude a été faite avec plus d’exacti- tude, à l’aide de l’oscillographe double ; elle a fait modi- fier les lois admises pour le roulis ; elle a mis en lumière celles qui paraissent régir le tangage. L’oscillographe double, dont le principe, au point de vue des observations à la mer, a été exposé en 1869 dans l'Etude sur les vaques et le roulis (t. XV des Mémoires de la soc. des sc. nat. de Cherbourg) () et dont les disposi- {*) L’instrument primitif dont je me servais en 1868, était très- imparfait; le grand pendule n’avait pas des durées d’oscillation assez longues pour le rôle qui lui convient. Le projet de l’oscillographe double qui a servi à mes derniè- res expériences se trouve à la fin de la Note sur la Résistance des carènes; l'étude de son fonctionnement, faite surtout au point de vue des écarts du petit pendule, se trouve au commen- cement des Observations de Roulis et de Targage. (Mémoires de l’Académie des sciences, Savants étrangers, t. XXII, n° 8 et t, XXVI, n° 5.) 21% DONNÉES SUR tions actuelles ont été arrôtées en 1872, inscrit à la fois deux tracés du mouvement du navire. En premier lieu, le mouvement total ou absolu du bâti- ment par rapport à la verticale du lieu est enregistré par le pendule à très-longue période, supposé ici jouir de la propriété de ne prendre aucun mouvement sous l’action des oscillations de l’eau et du navire; d’autres appareils, du reste, peuvent être, pour le même but, substitués à ce pendule. En second lieu, l’angle fait à chaque instant par le navire, avec la résultante des forces d'inertie développées. dans son mouvement, est donné par le pendule à trés- courte période, qui suit constamment la direction de cette résultante. Si le petit pendule n’avait d'autre mouvement de translation que le mouvement orbitaire, commun à l’eau et à la carène qu’elle soulève et transporte, les angles 4 et +, calculés précédemment seraient nuls; le petit pen- dule suivrait alors constamment la direction de la poussée de l’eau, c’est-à-dire la normale à la surface des vagues. L'écart entre le grand et le petit pendule, dans ces condi- tions, mesurerait exactement l'inclinaison de la houle effective, qu’il faut substituer à la houle réelle, pour appli- quer au navire les lois du mouvement des petits flotteurs. Cette propriété a été exposée dans l'Etude précitée de 1869; une démonstration plus exacte en est donnée au n° 26 des Données. Les forces d'inertie développées dans le roulis du navire venant s'ajouter à celles dues au mouvement detranslation, le tracé du petit pendule est propre à indiquer à la fois, le passage des vagues, et la position variable de l'axe autour duquel s’exécute le mouvement relatif du navire, à la con- dition toutefois que l’on sache séparer l'un de l’autre les deux mouvements superposés dans le mouvement propre LES VAGUES ET LE ROULIS. 215 total de ce pendule. Cette analyse complète n’a pas encore été faite ; mais elle ne paraît pas impossible à entrepren- dre, lorsque l’on possédera des relevés en nombre suffi- sant, à cause de la périodicité qui distingue les inclinai- sons imprimées au petit pendule par le roulis relatif, soit à l'instant du passage aux points morts, soit au moment des plus grandes vitesses de rotation. Des observations en eau calme, faites pour déterminer au préalable, comme sur le Mytho, les angles 4, et 4, aideront beaucoup dans la discussion des relevés à la mer. Les résultats obtenus jusqu'ici avec l’oscillographe double ont porté principalement sur les lois du roulis absolu ; ils ont permis d’établir la portée exacte de la loi généralement admise de l’isochronisme des oscillations ; ils ont révélé les caractères particuliers, par lesquels le mouvement du navire diffère de ceux des pendules ordi- naires, et, en particulier, les causes de la distinction à établir entre la vivacité et la dureté. De plus, la compa- raison des tracés des deux pendules, lorsqu'on a pris soin de saisir les moments favorables où le roulis relatif est faible, a donné d’une manière suffisante, dans chaque ex- périence, la période 2T* des vagues, à l’action desquelles le navire était soumis. Pour le tangage, il s’est rencontré des circonstances fréquentes où le petit pendule a tracé une simple ligne droite, indiquant l'absence de mouvement relatif par rapport à la position d'équilibre hydrostatique ; dans ce cas, la cause des mouvements propres qui constituent les inexactitudes du tracé du petit pendule au point de vue de l’observation des vagues n’existant pas, l’oscillographe a fourni des relevés continus du mouvement du navire et du profil de la mer. 216 DONNÉES SUR 60.— L'observation du roulis avec l’oscillographe dou- ble a été faite jusqu'ici à bord de quatre bâtiments, le Duchaffaut, le Crocodile, l'Annamite et la Navette. Les circonstances de navigation ont présenté une variété suffi- sante, pour avoir vraisemblablement mis en lumière la plupart des lois expérimentales et indiqué leur degré de généralité; cependant on n’a jamais rencontré que des houles d’une période relative T, inférieure, ou tout au plus égale, à la période propre du roulis du navire en expé- rience ; il reste donc une lacune à combler, pour le cas des périodes de vagues supérieures aux'périodes du roulis. Le sujet d'étude le plus important était d’abord, la véri- fication de l’isochronisme, au sujet duquel les observations de 1868 à bord de la Savore, n'étaient pas entièrement concluantes, les relevés obtenus étant trop peu nombreux, et l'instrument trop imparfait. Les résultats ont été les suivants. Le roulis absolu reste suffisamment isochrone, dans le cours d’une même observation, pour être regardé comme un mouvement pendulaire propre du navire; ses ampli- tudes seules, non sa durée, dépendent de sa concordance avec les vagues. Les calculs entrepris sur ce principe, dans l'Etude sur la houle et le roulis, ainsi que les raisonne- ments contenus dans les Données au sujet de lecclisité et de l'agitation, se trouvent ainsi justifiés une fois de plus. 11 faut noter toutefois que, par grosse mer, les roulis ne prennent leur période propre qu’au-dessus d’une certaine amplitude ; ainsi, sur l’Annamale, pendant un petit coup de vent, il n’y avait d’isochrones entre eux, que les roulis de plus de 8° de demi-amplitude; au-dessous de cette li- mite, la période était très-irrégulière et se rapprochait par instants de la période des vagues. L'isochronisme, qui, sous une réserve de peu d'impor- : us. LES VAGUES ET LE ROULIS. 217 tance, s’observe ainsi pour tous les roulis d’une même journée, ne se rencontre pas entre les roulis relevés dans des conditions de temps et de mer différentes. La période T, des roulis factices en eau calme n’est atteinte, à la mer, - que par beau temps. Par grande brise, la période subit une diminution marquée, croissant avec l'intensité du vent. Cette diminution doit être attribuée à l’action du vent, qui modifie les lois de la résistance au roulis, et non pas à l'influence des vagues; cela est bien prouvé, par les dif- férences entre les durées des deux moitiés d’un roulis total qui se manifestent en même temps. Lorsqu’au lieu de considérer seulement la période totale du roulis, calculée en divisant la durée complète d’une sé- rie d’oscillations consécatives par le nombre de ces oscil- lations, sans tenir compte du sens de la rotation, on prend séparément, les roulis exécutés de babord sur tribord, et ceux de tribord sur babord, en mesurant d’un point mort à l’autre, on trouve que ces roulis n’ont pas la même du- rée. Le vent a une action sur chacune des deux demi-pé- riodes ; il augmente sensiblement la durée des roulis simples exécutés dans le sens du vent; il diminue encore bien davantage la durée des roulis exécutés contre le vent. Au premier abord, il peut sembler que le vent devrait plutôt ralentir le mouvement de rotation qui s'exécute contre lui ; si l’on tient compte de la bande permanente, ainsi que des effets du couple de stabilité, tout différents pour chacun des deux roulis simples, les faits observés n'ont rien qui doive étonner. La briéveté plus grande, observée avec l’instrament pour les roulis contre le vent, s'était révélée depuis longtemps, sous une autre forme, par la dureté plus grande des rappels sous le vent, dont les marins ont le sentiment. Les lois précédentes ont été observées principalement à 218 DONNÉES SUR bord de l’Annamite. Douze courbes de roulis relevées sur ce transport, par des brises du n° 3 au n° 5, ont donné, pour les différences de durées des deux parties du roulis et pour les variations de la durée moyenne, les résultats suivants : 2 Brise n° 4 et n° 5 Brise no 3 es ES SN CE © » 3.2 OS Durée d’une Durée d’une &% |oscillation simple ié- | ° CHEZ LES TRIGLES. 285 produire des descendants un peu différents de ce qu’ils sont eux-mêmes est générale chez les Trigles de nos côtes. Cette variabilité n’est point restreinte à un seul organe ; elle se retrouve dans tous à un degré plus ou moins fort. 1] serait illogique de vouloir trouver des lois reliant entre eux des faits aussi peu nombreux que ceux que nous venons de passer en revue, et nous ne le ten- terons point ; mais il serait au contraire très-facile de de faire voir que les variations, quoique paraissant à pre- mière vue, pour ainsi dire, désordonnées, suivent très-ex- actement les lois générales de variabilité individuelle éta- blies par les naturalistes modernes. Ce travail a été fait mieux que nous ne pourrions le faire nous-mêmes pour des séries complètes d'êtres appartenant à différents or- dres, lorsqu'on a voulu voir jusqu’à quel point se véri- fiaient les principes admis par l'illustre auteur de « l’Ori- gine des espèces. » Nous croyons qu'il n’est plus à re- faire et qu'il offrirait peu d'intérêt. Nous nous bornerons donc à résumer en quelques mots ce qu'il y a de plus saillant dans les notes que l’on vient de lire. 1° Chez les Trigles, les différents os extérieurs de Ja tête, les épines, les dents, les granulations qui servent d’armures à ces os, sont entièrement variables, soit dans leur forme, soit dans leurs dimensions. La variabilité va jusqu’à entraîner souvent un manque de symétrie entre les deux côtés du corps. Nous voyons dans une espèce les épines du crâne exister chez le mâle, et manquer dans l'autre sexe. Ces épines ont donc, à quelque degré, l’ap- parence de caractère sexuel secondaire. Il en est de même des carènes dentelées de la ligne latérale chez une autre espèce, et, peut-être chez toutes, de la longueur relative des pectorales. 2° Les épines de différentes formes qui arment les deux 286 VARIATION CHEZ LES TRIGLES. côtés du sillon dorsal, épines dont le nombre est toujours égal au total des rayons des deux nageoires du dos, va- rient plus ou moins chez toutes les formes spécifiques, et souvent ces variations ont pour effet de rapprocher ces parties d’une forme normale chez des espèces très-voi- Sines. 3° Les dimensions des nageoires relativement à la lon- gueur du corps, et à sa hauteur, différent beaucoup sui- vant les individus. Chez certaines espèces, ces différences sont contenues dans d’assez étroites limites ; chez d’autres elles sont plus considérables. Il paraît y avoir une certaine relation entre ces variations dans la longueur des nageoi- res et celles du nombre des rayons, de sorte que l’on pourrait presque dire que, lorsque les nageoires varient dans une de leurs parties, elles varient dans toutes les au- tres, et que ces organes qui, autant que nous en pouvons juger, ont une grande importance pour chaque pois- son, sont cependant, chez certaines espèces, peu con- stantes dans leur forme, leurs dimensions, le’ nombre de leurs rayons, leur couleur, etc. 4° La ligne latérale, dont l'importance physiologique n’est pas bien connue, est peu variable en général, et on peut la considérer comme une des parties Les plus fixes de tout l'organisme. 5° Les couleurs, chez ces animaux comme chez presque tous les autres, sont sujettes à des variations considéra- bles ; elles en viennent, dans certains cas, à être plutôt individuelles que spécifiques. 6° Enfin la forme générale du corps, comme on peut s’en convaincre en comparant la longueur à la hauteur, est très-variable, et, dans une même espèce, il n’est pas rare de trouver des poissons d’aspects fort différents. PP D——— PROMENADES D'UN NATURALISTE DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN ET SUR LES COTES DU CHEKIANG (CHINE), PAR Mr. Albert-Auguste FAUVEH.. CHAPITRE T. Collections recueillies. — Ningpo, son importance, ses navires. — Protection des carènes. — Rivières, canaux, lacs et baies. — Chinhai, île des Tigres et île Carrée. — Ile Chusan, marées, géologie, productions végétales, climat. — Ports de Chusan et de la côte du district de Ningpo. — Huîtres de Tai-Chou. — Le peuple, mœurs et coutumes des pêcheurs. — Parias, opinion, coutume curieuse, costumes, mobilier, nourriture et boissons. — Nosologie. Chargé par le gouvernement chinois de préparer la sec- tion chinoise de l'Exposition Internationale de Pêche à Berlin pour Avril 4880 et d'écrire un mémoire sur les pêcheries du port de Ningpo et de l'archipel des îles Chu- san, je me rendis dans ces parages le 4° Novembre 1879 et commencçai aussitôt une série d’excursions intéressantes qui me donnèrent l’occasion d'étudier le pays et ses pro- ductions naturelles. PRES 4 288 PROMENADES D'UN NATURALISTE La pêche sous toutes ses formes, tel était le but de mes investigations, mais mon amour pour les sciences naturel- les m’entraîna souvent au-delà du cadre qui m'avait été tracé. Je rapportai de mes excursions bon nombre de coquilles et de minéraux. La saison étant trop avancée pour herboriser avec fruit, je laissai les herbes pour les bois et me procurai des échantillons de toutes les essences d'arbres croissant dans le pays. Collections. — La collection de poissons, tant de la mer que des fleuves, réunie pendant les mois de Novembre et Décembre, se montait à 235 specimens, chiffre bien faible si l’on considère l’immense richesse ichthyologique de ces mers. Malheureusement la saison des pêches est le prin- temps et l’été ; alors le poisson afflue sur les marchés, où l'on peut faire sans peine une étude déjà utile. Il est en effet bien peu de poissons que le chinois ne mange. I] faut qu'ils soient absolument vénimeux pour qu’on les rejette, et encore je me souviens qu'à Tchéfou, dans le Nord de la Chine, on mangeait une espèce de Tetrodon après en avoir soigneusement détaché la tête, Ôté la peau et surtout enlevé à l’eau toute trace du sang qui, dit-on, renferme la plus grande partie du poison. Le requin lui-même, le grand dévoreur, n'échappe pas à la voracité des naturels du pays, qui lui rendent ainsi la pareille, car nombre d’entre eux sont chaque année la proie de ce tigre des mers. Sur les deux cent trente-cinq poissons recueillis, cent cinquante-neuf, appartenant à la faune de Ningpo, ont été donnés, avec toute la collection, au Fischerei Verein (Association des pêcheries) de Berlin , qui les fera étudier et nommer par le savant D' Peters, professeur au Museum et ichthyologue distingué. Les soixante-seize autres en- voyés d’Anvoy sont encore en ma possession. Je compte DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 289 les faire étudier et nommer à Paris. La faune ichthyo- logique de la Chine est à peine connue, et la plupart des poissons rapportés sont d'espèces essentiellement chinoises; on y retrouve cependant quelques formes euro- péennes, mais surtout des formes japonaises, et cela se conçoit si l’on prend note : que le grand courant d'eaux chaudes, venant de ce pays, remonte le long des côtes chinoises jusqu’au cap Shantung; j'ai même trouvé à Tchéfou le Pelor Japonicum et la Solea Zebrina du Japon. Je me contenterai donc de nommer à leur place les quel- ques espèces que J'ai pu reconnaitre ; le catalogue n’en sera ni bien long, ni bien intéressant. J'ai l'espoir de vous apporter sur les coquilles fluviatiles des documents de plus de valeur. J'ai en effet l'honneur de compter parmi mes amis, le Père Heudes S. J. qui en a dé- couvert beaucoup et publié un bon nombre dans ses fascicules de Conchyliologie fluviatile de la Chine centrale. Au moment de mon départ de Chine, il a eu la bonté de compléter ma collection par le précieux cadeau d’une cinquantaine d'espèces nouvelles dont il n’existe encore que deux spécimens en Europe, au Museum à Paris etchez M. A. Morlet à Dijon. Ayant apporté cette collection avec moi, je pourrai, J'espére, la montrer avant peu aux membres de la Société des Sciences Naturelles de Cher- bourg. Pour les oiseaux je n’ai pu rapporter que des aqua- relles fort bien exécutées, d’après nature, par un artiste chinois. Bon nombre ont été reconnus par M. l'abbé Ar- mand David, quia bien voulu me prêter son concours; les autres je les ai trouvés décrits dans son excellent livre sur les Oiseaux de la Chine ; enfin je me suis aidé des magni- fiques publications en couleurs : « Birds of Asia » de Gould , le journal d’ornithologie « Ibis », etc. 49 290 PROMENADES D'UN NATURALISTE Ces prémisses posées et mes excuses faites au lecteur pour l’avoir fait attendre si longtemps au seuil, j’entre dans mon sujet sans plus ample préambule. Importance de Ningpo.— Ningpo est, pour ce qui concer- ne le poisson, le plus grand marché de toute la Chine. De là on exporte les produits de la pêche dans tous les ports de l’Empire, et même jusque dans les pays étrangers. Quel- ques-unes de ces exportations sont renommées et les pieuvres ou sépias séchées de Ningpo ont acquis une célé- brité bien établie. La position même de ce port, au sommet de la courbe formée par la côte chinoise, à mi-chemin des frontières septentrionale et méridionale, et à proximité d'un riche archipel où se trouvent les pêcheries, est des plus favorables pour le commerce du poisson. Telle est la raison pour laquelle ce port a été choisi pour représenter les pêcheries chinoises à l'exposition du Fischerei Verein à Berlin. Ningpo proprement dit est une ville de premier ordre ou Fu, dont l'enceinte, d'environ sept kilomètres de circuit, renferme une population évaluée à 260,000 âmes. La ville est située, par 121° 22’ de longitude orientale de Greenwich et 29° 58° de latitude septentrionale, au con- fluent de deux rivières qui unissent leurs eaux sous ses murs et forment un fleuve large et profond, le Yung ou Tatsieh, qui se dirige vers le Nord-Est, et atteint la mer à Chinhaï, à 12 milles de là. La profondeur variant de deux à six brasses, de grands steamers et de lourdes jonques peuvent jeter l’ancre sous ses murs. Un peu au- dessus de la Douane, des centaines de jonques (dont le tonnage varie entre cent et deux cents tonneaux et au-des- sus) sont à l’ancre, rangées en ordre, sur les deux côtés du fleuve, où se trouvent de larges et populeux faubourgs. Les établissements étrangers sont sur la rive Nord en SR DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 291 face de la ville ou plus bas et communiquent avec elle au moyen d’un pont de bateaux. Navires. — Le bon frère Odorie de Pordenone (1316-1330) disait, il y aura bientôt six siècles : « Les » vaisseaux de Menzu sont plus beaux et plus nombreux » par aventure, que ceux d'aucune autre ville du » monde... il est vraiment difficile de le croire même » quand on le voit. » Un point particulier à ces bateaux a toujours attiré l'attention et excité l’admiration des voyageurs européens. Frère Odorie remarque que « tous » les vaisseaux sont blancs comme la neige, étant blan- » chis à la chaux. » Cette peinture blanche des jonques est tout aussi à la mode de nos jours qu’elle l'était 1] y a cinq siècles, surtout pour les jonques de Chinchiu (le Zaitun du moyen âge). » (1) Protection des carènes par l'huile de Dryandra.— Cette peinture est formée d’un mélange de chaux de coquilles et d'huile extraite des semences empoisonnées du Dryan- dra cordifolia (2), qui a la propriété de conserver le bois et de le protéger contre l’attaque des tarets. J’ai d’ailleurs remarqué que les canots ou sampans dont on se sert dans le pays, sont tous entièrement frottés de cette huile (sans mélange de chaux) et, comme je n’ai jamais vu de coquil- les ou d'herbes fixées sur leur carène, j'incline à penser que la puissance toxique de cette huile est suffisante pour éloigner les parasites de toute espèce. Jusqu'ici, si je ne me trompe, on n’a encore pu trouver de procédé pour ob- vier à cet inconvénient et, malgré les pompeuses annon- ces de certains marchands de peinture, les Messageries (1) Voir Customs Annual Reports on Trade, China. 1869. (2) Aussi appelé Eleococca vernicifera, cet arbre appartient à la famille des Euphorbiacées, 292 PROMENADES D'UN NATURALISTE maritimes, entre autres, en sont encore réduites à faire passer au bassin de radoub leurs grands paquebots après chaque campagne en Chine, et à les repeindre entière- ment. Il serait peut-être utile de faire avec le Toung Yeou chinois (huile de Dryandra) des expériences à ce su- jet. La plupart des navires chinois qui visitent le port de Ningpo adoptent cette méthode de peindre ainsi leur carène en blanc; seuls les navires de Canton, qui sont construits en bois de fer, peuvent s’en passer. Nos ma- rins seront aises d'apprendre que plusieurs des bateaux pêcheurs de l’Archipel des Chusan ont adopté l’emploi du goudron de houille ainsi que l’usage de quilles (on sait que les jonques ont le fond plat); quelques-uns se gréent avec des voiles européennes, entre autres le foc, et tous, ou presque tous, poussent le progrès Jus- qu'à tailler leurs voiles dans la toile anglaise, qu'ils teignent avec une décoction d’écorce de palétuvier, pour la préserver de la pourriture et de l'humidité. Pays desservi par Ningpo. — L’étendue de pays des- servi par le port de Ningpo peut être comprise dans un carré de quatre degrés au plus de côté : 27°30° à 30°45 de latitude Nord et du 117" degré au 121" degré 15 de longi- tude Est. Les communications par terre avec la province du Fokien au Sud, et celle de l’Anhuei au Nord, étant ren- dues très-difficiles, grâce aux hautes chaînes de montagnes qui couvrent le pays, tout le commerce se fait par des navires naviguant le long des côtes. Rivières. — Les rivières de la province du Chêkiang, dans laquelle se trouve Ningpo, prennent leur source, pour la plupart, dans les limites de la province même, et, bien qu'elles fournissent un excellent moyen de commu- nications dans la province, elles offrent peu de facilités pour les échanges commerciaux avec les provinces voisi- rio L 4 DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 293 nes. Toutes, prenant leur source dans de hautes monta- gnes, ont un courant rapide et des eaux claires dans la partie supérieure de leur cours. Elles seraient excellen- tes pour l'élevage de la truite et du saumon (inconnus en Chine), si elles ne possédaient ;pas tant le caractère de torrents de montagnes, et si la partie inférieure de leur cours n’était point rendue aussi sale par les terrains boueux qu’elles traversent. En été, les eaux sont abon- dantes, mais trop souvent empoisonnées par le drainage des rizières et les manufactures d’indigo et de papier. La pierre à chaux étant rare dans le pays, l’eau est pauvre en sels calcaires. Rivière Cluen Tang et son mascaret. — La plus impor- tante de ces rivières est le Chien Tang, anciennement ap- pelé Chêkiang (fleuve briseur), d’où le nom de la province. Le terme Ché, briser, qui entre dans ce dernier nom, est sans doute employé pour représenter la grande vague ou barre qui s’avance avec la marée dans l'estuaire de cette rivière, et qu'un dicton chinois énumère comme une des trois merveilles de l’Empire. Cette barre, à l’époque des équinoxes, se précipite dans la baie de Hangchou comme un mur liquide, d'environ 22 pieds de haut, quelquelois plus, qui chavire les bateaux, submerge les terres, rend la navigation extrêmement difficile et la culture des huitres impossible. En somme, on pêche si peu dans cette baie que, sur le marché de Hangchou, l’on ne trouve que quatre ou cinq espèces de poissons d’eau douce. Sur les cartes de l’amirauté anglaise, la rapidité du courant dans cette baie est marquée onze nœuds et demi, et la différence du niveau extrême entre les hautes et basses mers, trente-deux pieds. Une pareille hauteur de marée est fort rare et ne peut être comparée, je crois, qn’à celle qui se produit sur les côtes du Labrador. Aussi peu de navires se hasardent-ils à tra- 294 PROMENADES D'UN NATURALISTE verser la baie au moment du flot, la navigation, même en temps de morte eau, n’y est représentée que par quelques bateaux qui profitent du beau temps pour transporter des passagers entre Chapu (près de l’ancien Canpu de Marco Polo) et Chinhaiï à l'entrée de la rivière de Ningpo. Canaux, lacs et baies. — La province est aussi traver- sée, surtout vers le Nord, par de nombreux canaux. On y trouve aussi quelques lacs, et la côte est découpée par des baies nombreuses aux eaux claires, et s’enfonçant loin dans les terres, à la façon des fjords de Norwège, auxquels elles ressemblent beaucoup, entourées qu’elles sont de montagnes pittoresques et couvertes de forêts de pins. Les bambous et quelques toits de pagodes rappellent seuls au voyageur qu'il est en Chine, car bien que la latitude soit de 28°, le froid y est souvent considérable. En venant du Nord, la plus importante de ces baies, après le golfe de Hangchou, est le golfe dit Nimrod Sound, à vingt milles au sud de Ningpo. Ayant à le visiter en détail pour y étudier la pêche et l’ostréiculture, je m'embarquai le 44 Novembre sur une petite barque de 10 tonneaux appartenant à l'administration des douanes et appelée le Yung, du nom de la rivière de Ningpo; gréée à la chinoise, de deux mâts ayant chacun une grande voile blanche garnie de bambous, elle ressemblait, lorsqu'on disposait ces voiles en ciseaux, à une grande mouette blanche rasant la surface des eaux. Ayant embarqué des vivres pour quinze jours, muni de cartes, d’un compas, d’un mauvais pilote et d’un domestique cuisinier factotum, je pris le commandement du Yung et levai l'ancre le 45 à 4 heure du matin par une pluie battante et une nuit noire. La chance nous étant tout-à-fait contraire, nous dûmes na- viguer jusqu’au Jour à la godille, immense rame posée sur un piton de fer et manœuvrée par deux ou trois hommes DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 295 qui chantaient en chœur une ritournelle cadencée. Arrivés à l'entrée de la rivière, je visitai la ville murée de Chinhai qui ressemble à toutes les villes chinoises et dont le mur d'enceinte bâti en beau grès rouge, s'élève sur un brise- lames, formé d'immenses dalles de la même pierre, encastrées l’une dans l’autre, qui se prolonge le long de la côte sur une longueur de plusieurs lieues. C’est un véritable travail de géants rappelant les pyramides et le grand mur de Chine et vieux de plusieurs siècles. Ce brise-lames sert aussi de digue et protége le pays, qui est fort bas, contre l’envahissement des eaux de la mer. Traïneaux pour la boue. — La marée étant basse, je pus examiner à loisir les grands labyrinthes de filets dont l'ouverture est tournée vers la terre et qui retiennent le poisson prisonnier lorsque la mer descend. La plage étant fort plate, les eaux laissent à découvert une immense plaine de boue molle. Pour se rendre à leurs filets les habitants se servent d’une sorte de pousse-pied fort simple et trés-original. Cet appareil appelé Nimu est fait de trois planches réunies en forme de bateau. Celle du fond est large d'environ 20 centimètres et diminue gra- duellement vers l'extrémité antérieure qui se relève en même temps. Les deux planches formant bordages n’ont que 7 à 8 centimètres de hauteur. Le tout est fermé aux deux extrémités et rendu solide au centre par trois barres transversales. Au centre deux montants de deux pieds de haut supportent une barre horizontale. Le tout mesure environ cinq pieds de long et ressemble vaguement à un grand patin à neige. Le pêcheur plaçant au milieu un bouchon de paille, sur lequel il pose un genou, saisit des deux mains la barre horizontale et se pousse sur la boue au moyen de la jambe libre agissant comme rame. Avec ce pousse-pied on glisse rapidement sur la vase la plus molle sans danger d’enfoncer. 296 PROMENADES D'UN NATURALISTE On se sert aussi quelquefois d’un simple baquet pour cet usage, surtout lorsqu'il s’agit de traverser des en- droits remplis d’eau. Comme la marée se retire à de grandes distances, il arrive souvent que des îles se trou- vent réunies l’une à l’autre ou à la terre, comme le Mont- Saint-Michel sur notre côte. On se sert alors de ces appa- reils pour passer d’une île à l’autre et plus d’un de nos missionnaires visite ainsi ses chrétiens. On place une chaise dans le baquet, qui est remorqué par deux solides pêcheurs attelés à droite et à gauche du voyageur, chacun sur leur Mmu. Les matériaux ou les bagages placés sur un traineau plat, généralement formé l’un battant de porte posé sur un cadre et attelé ae ou de plusieurs pousse-pied. Coquilles. Oiseaux. — Je ramassai sur cette plage quelques coquilles : Murexæ, Ranella, Purpura luteostoma, etc.,et aperçus, entre autres oiseaux pêcheurs, des hérons (Ardea cinerea), des mouettes : Larus ridibundus, L. ar- gentatus, L. canus, etc. Poissons. Fort, etc. — A l'entrée de la rivière se trou- vent de longues lignes de filets coniques fixés à demeure sur des bambous piqués dans la vase et disposés de façon à présenter toujours leur ouverture à la marée. J'en levai quelques-uns et y récoltai des anguilles : Anguilla acuti- rostris, A. latifrons; des crevettes de plusieurs espèces Peneus, Palæmon, le Squilla mantis et des crabes : Pagu- rus, Crangon, Portunus. La côte présente à cet endroit un promontoire élevé composé de quartzite sur lequel on a bâti un fort à l’européenne armé de puissants canons, dont l’un pêse une vingtaine de tonneaux, et vient des grandes fonderies écossaises. Nous remimes à la voile vers une heure de l’après-midi avec l'espoir d'atteindre Tinghai dans l’île Chusan vers le soir. DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 297 Ile des Tigres et Ile Carrée. — Nous laissämes dans le nord les deux rochers de l’île Carrée (Square Island) et de l’île des Tigres (Tiger Island) situés à quelques milles de la côte et qui commandent l’entréede la rivière de Ningpo. Aussi l'administration des douanes y a fait établir des pha- res. Sur le premier le feu est de cinquième ordre, de sixié- mesur lesecond(1); des bouées etdes balises établies aux environs marquent le chenal et décèlent des roches dan- gereuses. La composition géologique de ces iles appar- tient aux terrains primitifs, quartz grenu, claystone et diorite. Sur l’île Carrée qui ne mesure que quelques cen- taines de mètres de tour, le gardien du phare a décou- vert une petite source qui lui fournit de l’eau en toute sai- son; les sources sont fort rares en ce pays et comme celle- ei ne donne que très-peu de liquide, j'incline à penser que c’est plutôt une sorte de drainage de l'ile qu'une source véritable. En tout cas elle entretient un peu de verdure sur ce roc aride, et Je trouve à récolter en fleurs, un joli chry- santhème jaune commun jusque dans le Nord de la Chine. Le gardien, qui est un brave portugais de Macao et qui ha- bite ce rocher depuis des années, y a introduit des lapins européens ; ils y ont rapidement prospéré et sont fort peu timides. Malheureusement, comme il n’y a que quelques pouces de terre sur la roche, ils ne peuvent guère se creuser de terriers et la plupart nichentcomme les lièvres, aussi on en perd un grand nombre en hiver. La douane a aussi essayé d'introduire ce gibier sur d’autres iles où ils prospérèrent d’abord. Malheureusement les habitants les (1) Tiger Island est aussi marqué sur la carte de son nom chi- nois Tsele; son feu est fixe et a une hauteur de 47 mètres au- dessus du niveau de la mer. Square Island est marquée Pasyeu sur nos Cartes marines, son feu est fixe, rouge et a une hauteur de 57 mètres. 298 PROMENADES D'UN NATURALISTE détruisirent jusqu’au dernier, craignant sans doute de voir leurs champs complétement ravagés par ces rongeurs, ain- si que cela à lieu aujourd’hui en Australie. Chose curieu- se, le lapin n’existe pas en Chine; on n’y connaît que deux espèces de lièvres, le Lepus sinensis commun partout et le L. Tolai qui habite surtout les Provinces du Nord et les steppes de Mongolie. Vers le soir, nous entrions dans l’archipel des îles Chusan, et nous Jjettions l’ancre devant l’île de Ta mao (le grand chat), la marée et le courant étant contre nous. Iles Chusan. — La côte de Chine sur toute son étendue est semée d’iles et de rochers en grand nombre. Le plus important de tous ces groupes est celui qui, d’après le nom de l’île principale, s'appelle sur les cartes « Chusan group. » — L’archipel des Chusan est le plus célèbre de toute la côte de Chine et forme avec celui du groupe des pêcheurs « Fisherman’s group, » la station de-pêche pour des milliers de jonques du Chêkiang et du Fokien. Les îles Saddle, un peu au Nord-Est, sont fort connues par leurs grandes huîtres, que l’on trouve souvent sur le marché de Shanghaï avec les huîtres, plus petites et plus délicates, qui viennent de la baie de Nimrod. Marées. — Entre ces iles, les marées sont très-irrégu- lières et varient suivant la direction du vent ; il s’y trouve aussi de nombreux tourbillons, à courants violents, fort dangereux pour la navigation. Les passages sont étroits et dans quelques-uns les courants sont tels et la profondeur si grande, qu'il est impossible d'y jeter l'ancre avec sûreté. Nombre de ces iles ne sont d’ailleurs que des rochers arides, habités seulement en été, par les pêcheurs qui viennent y sécher leurs poissons. Chusan. — Chusan veut dire montagne du bateau dans le dialecte des gens du pays qui la comparent à une DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 209 jonque, dont les trois mâts sont simulés, disent-ils, par les trois pies les plus élevés de l’île. Située par 124° 52’ 30” à l'Est du méridien de Greenwich et par 29° 54’ de latitude Nord, Chusan est la plus grande île de l'archipel au- quel elle donne son nom, elle mesure environ 21 milles de longueur sur 11 de largeur, et compte près d’un mil- lion d'habitants. Comme la plupart de ses sœurs, elle est formée de quartzite, grès, trachyte, avec des itrapps, des porphyres et du granit gris à grains fins. Les monta- gnes ont des sommets arrondis et descendent à la mer par des pentes douces, pierreuses, n'ayant que fort peu de terre végétale. Aussi sont-elles peu boisées ; le pin chinois, Pinus sinensis, seul réussit à y vivre et il y est très-rabougri ; ce n’est que dans les ravins qu’il atteint sa taille normale, encore n’en trouve-t-on de beaux que sur le continent. Malgré leur aridité, ces monta- gnes n'en sont pas moins cultivées jusqu'au sommet. Partout où il y a quelques centimètres de terre végétale l'industrieux habitant la retient par des murs en pier- res sèches ; le tout forme des terrasses successives qui gravissent les collines comme de gigantesques escaliers. On y cultive des patates douces, du sorgho et du millet ; entre les pierres, là où toute culture semble impossi- ble, le patient chinois sème du maïs. Dans les vallées et sur la côte on cultive le riz. Les champs sont pro- tégés contre l'invasion de la mer par des digues et les eaux douces sont retenues par des écluses qui s’op- posent aussi à l'entrée de l’eau de la mer, lors des hau- tes marées. Dans les jardins on trouve beaucoup le citronnier à petits fruits, Citrus olivæfornus, dont les fruits, connus en Chine sous le nom de Xumkuats, en France sous celui de chinois, sont envoyés à Canton où on les confit dans le sirop de 300 PROMENADES D'UN NATURALISTE sucre de Formose et d’Amoy. On y trouve aussi plusieurs espèces d’oranges mandarines, encore inconnues en Eu- rope. Le palmier de Chine, Chamærops excelsa, C. Fortunei y est aussi cultivé; ses feuilles servent à faire des éventails, tandis que ses bractées fibreuses sont employées pour la fabrication de cordages solides, de brosses de toutes sortes, de tapis et de matelas, et surtout pour garantir de la pluie le dos des habitants du pays. On en fabrique en effet des manteaux et des chapeaux imperméables fort curieux. Le thé est cultivé dans toutes ces iles etsurtout dans l’île de Kin Tang (1) (la plus rapprochée de la côte), mais c’est seulement pour la consommation locale, chaque famille ne possédant que quelques arbustes. Il en est de même du tabac que l’on prépare sans sel, mais avec un peu d'acide arsénieux, pour lui donner du montant, et d'huile de choux pour l'empêcher de se réduire en poudre par la sécheresse. Il appartient à une variété chinoise, Micotiana sinensis. Dans les mares on élève le superbe lotus de Chine, Nelum- bium speciosum, dont les fleurs servent à parer les autels de Boudha et dont on mange les racines et les fruits. Lorsque le riz est coupé, on ramasse la terre en longues banquettes étroites, sur lesquelles on sème une sorte de trèfle, qu’on enterre plus tard comme engrais vert. On en mange aussi quelquefois les feuilles. Sur les côteaux secs on cultive le coton herbacé, Gossy- pium herbaceum. Malheureusement il est à soie courte et ne pourra Jamais servir à la manufacture de bonnes coton- nades. Aux mois de mai et juin, on y trouve en abondance des abricots, des prunes, et surtout des pèches, dont on compte de nombreuses variétés, entre autres une, qui est (1) Aussi appelée Silver Island, Ile d'Argent. DANS L'’ARCHIPEL DES CHUSAN. 301 plate, déprimée au centre; elle est la plus estimée à cause de son goût très-fin. Les poires sont dures et de peu de valeur, mais on cultive de beaux coings à parfum pro- noncé que l’on sert sur les tables pour leur odeur seule, car on les mange rarement. En octobre, on récolte des noix, mais elles sont petites et bien inférieures à celles du Shantung ou de la Mon- golie ; il en est de même des grenades. En fait de légumes on cultive les carottes, le Prassica sinensis, la moutarde, et surtout l’ail et l'oignon. Le piment rouge sert de condiment. En 1841, les Anglais introduisirent dans l’île la pomme de terre qui réussit très-bien, et qu’on transporte sur les marchés de Ningpo et de Shanghai où on la vend un bon prix aux résidents étrangers, tandis que dans l’île, elle coûte à peine un sou Ja livre. Les arbres les plus communs dans l’île sont le peuplier, Populus alba, le camphrier, Laurus camphora, V Acer trifi- dum qui atteint de belles proportions, le saule, le sureau du Japon, Sambucus Japonica, les müriers Morus nigra et M. alba, le Juniperus sinensis, différentes espèces d’acacia, entre autres le Julibrizzin. Un des plus curieux et des plus utiles est l’arbre à suif, Séillingra sebifera (Croton sebiferum), dont les feuilles triangulaires et longuement pétiolées, revêtent à l'automne toutes les teintes variant du jaune clair au rouge le plus vif, et dont les fruits fournis- sent une sorte de suif végétal fort estimé et employé à la manufacture des chandelles. L'huile est surtout fournie par le sésame et le Dolichos trilobus; on en fait aussi quelque peu avec les arachides qu’on sert sur la table en compagnie des châtaignes d’eau Trapa bicornis et des pépins de pastèques. Clamat, — Le climat des îles Chusan et celui de Ningpo 302 PROMENADES D'UN NATURALISTE sont à peu près semblables, avec cette différence que les ardeurs de l'été très-dures à Ningpo, sont tempérées aux Chusan par les brises de mer; aussi, tous les étrangers qui peuvent quitter la côte, viennent passer une partie des chaleurs dans ces îles, et y retremper leurs forces dans les ondes bleues de l'Océan pacifique, qui sur la côte même sont trop souillées par les eaux jaunes des grands fleuves. Le thermomètre y monte en août jusqu'à + 35° c. pendant le jour, descendant au-dessous de +30° durant la nuit, tan- dis qu'à Ningpo il atteint + 45° etrend les nuits insup- portables, privé que l’on est d’une brise rafraichissante. En hiver on a observé jusqu’à — 5° en décembre à Chusan. À Ninpgo la moyenne varie de — 2° à — 8”, alors les lacs et les canaux gélent assez pour arrêter la navigation. L’at- mosphère est généralement claire et sèche en hiver, le vent soufflant alors en mousson de la direction du Nord. En été, au contraire, règne la mousson du Sud, l’air manque aux poumons, il est lourd et humide. C’est alors la saison des pluies qui tombent souvent par torrents et pendant des semaines entières. , La température moyenne est alors de + 36° à +37° cen- tigrades à l'ombre, la sueur sort abondamment par tous les pores et l’on souffre cruellement des moustiques qui s’élèvent chaque soir en nuées des rizières des environs. Ajoutez à cela que l’eau est saumâtre sur la côte et vous aurez une idée des agréments d’un voyage d’été dans ces régions trop aimées de Phébus. Ports de Chusan. — Les ports de Chusan sont tous sur la côte Sud. Le plus important est Tinghai, du nom de la ville principale de l’île, bâtie au fond de la baie et qui est d’une certaine importance. La profondeur y varie de quatre à onze brasses, et comme les quatre entrées sont entre des îles, qui se profilent l’une sur l’autre, on peut à DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 303 peine les apercevoir une fois à l’ancre, et alors on ne sau- rait dire comment on est entré dans ce lac. La consé- quence naturelle est qu'il est parfaitement à l'abri des vents. Le fond y est vaseux, la marée y monte d'environ douze pieds avec un courant atteignant souvent cinqnœuds. Le second port par ordre d'importance est Ching-Kia- men, à l'extrémité Sud-Est de l’île. Il consiste en un long canal fort étroit (environ un tiers de mille) entre l’île Chu- san au Nord et l’île Lokea au Sud. Il n’est qu’à douze mil- les de Tinghaiï, mais la route entre eux est semée de ro- chers et de bas fonds de boue découvrant très-loin à mer basse. Ching-Kia-men est en conséquence plus fréquenté des navires de pêche; de fait il est le centre des pêcheries et le seul refuge pour les jonques prises dehors par le mauvais temps. La ville est sur le bord de l’eau etse com- pose depauvres maisons habitées par les pêcheurs. En 1843 on y comptait déjà 35 jonques de cent tonneaux chacune ayant une équipage de 30 à 35 hommes, et 250 navires plus petits. Aujourd’hui ce nombre est fort augmenté, mais nous en reparlerons plus loin. A l’extrêmité occidentale de l’île se trouve le dernier port de ces parages, Chingkeang, formé par un canalentre Chusan et la petite île de Latea; il n’a aucune importance et n'est en somme qu’un port de refuge. Il ‘possède des carrières de beau grès rouge. Du côté qui regarde le continent, les rivages de toutes les îles sont bas et marécageux, et découvrent souvent à une grande distance à marée basse. Sur ces immenses plages de boue on dispose de vastes enceintes de filets verticaux. Cette description s'applique aussi à la plus grande partie de la côte chinoise. Les plages Nord et Est des îles, qui regardent l'Océan, sont au contraire abruptes, rocheuses et sablonneuses ; la mer y est bleue 304 PROMENADES D'UN NATURALISTE et la houle très-forte ; mais il n’y a point là de ports de refuge. Comme les abords de ces îles sont extrêmement dangereux, l'administration des douanes a fait ériger sur plusieurs d’entre elles de beaux phares de premiére classe, munis de lanternes françaises à la Fresnel, et dont le feu est visible à 30 milles au large. Pour terminer la nomenclature des baies et ports de ces parages, il nous faut revenir un moment sur le continent. A quarante milles au sud de la baie Nimrod, nous ren- controns une baie plus ouverte appelée « San Moon bay » sur les cartes. A l'entrée se trouve le fameux port de Shih-pu, admirablement situé au fond d’une anse, et possédant un excellent mouillage protégé par un archipel d’une douzaine de petites îles. Huîtres de Taichou. — Puis vient plus bas au Sud la baie de Taichou. Là se trouvent de magnifiques huîtres longues et étroites ; j’en ai rapporté un échantillon par- faitement droit, mesurant cinquante centimètres de lon- gueur. Aiguë près de la charnière, elle s’élargit graduel- lement pour atteindre dix centimètres à l'extrémité opposée; la charnière est longue de cinq centimètres, en douille et cannelée. C’est le plus grand échantillon d’huître que j'aie vu dans aucun musée. Les pêcheurs chinois m'ont assuré qu’on en trouve quelquefois qui mesurent jusqu’à trois pieds de longueur. La lunule qui marque l'impression du musele abducteur est violet foncé ; or cette particularité ne se trouve, dit-on, que dans les huîtres d’Amérique.Cette huître qui existe sur la côte de Chine, jusqu’à la baie de Ta-lien-wan dans le Nord du golfe de Pécheli où elle ne dépasse guère quelques centimètres, a été décrite par Crosse sous le nom d’Ostrea Talienwanensis. Je n'ai point en ce moment sous la main cette description ; mais PP DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 305 j'ai eu à Berlin l’occasion d'étudier une vaste collection des huîtres du monde entier, et entre autres une des nombreuses huîtres de l’Amérique du Nord et du Canada. Or notre huître chinoise ressemble à s’y méprendre à l'Ostrea Virginica et à l'O. Canadensis. Au musée de Bru- xelles, j'ai remarqué une huître ressemblant fort à l’huitre chinoise ; elle était étiquetée Ostrea rostrata (Canada); c’est sans doute un synonyme d’O. Canadensis. Monsieur le professeur E. von Martens de Berlin, a bien voulu me montrer l’huître qu’il a rapportée du Japon et qu’il appelle Ostrea gigas; elle ressemble en tout point à celle de Tai chou, mais n’atteint jamais ses proportions, du moins on n’en a point encore rapporté ni signalé de pareils échantillons. On pourrait donc sans se tromper lui donner le nom d’Ostrea gigantissima, et indiquer comme synonyme Ostrea Talienwanensis Crosse, Ostrea gigas du Japon; Ostrea Virginica, 0. Canadensis, O. rostrata. Il est aussi curieux de remarquer qu’elle ressemble beau- coup à l’Ostrea sellæformis des terrains éocènes de l'Amérique du Nord, dont elle n’est peut-être qu’une va- riété vivante, et aussi à l’Ostrea longirostris fossile des bords du Tage qui atteint deux pieds de longueur. J’ai eu l’occasion à Ningpo de manger plusieurs de ces huitres énormes, elles étaient grasses et molles malgré leur âge avancé, et couleur de crème ; bien qu’elles ne vaillent pas les huîtres de Stavanger (Norwège), les meilleures que j'aie jamais goütées, elles sont vraiment fort bonnes. On ne s'expose pas d’ailleurs à leur donner mauvais goût en les ouvrant, car la poche d’eau fétide qui existe dans nos huîtres, ne se trouve dans aucune de celles que j'ai vues en Chine. Ces grandes huiîtres ne sont pas cultivées, elles sont prises au fond de la baie par des plongeurs qui des- cendent souvent à de grandes profondeurs, munis d’un 20 306 PROMENADES D'UN NATURALISTE : ciseau et d’un marteau, ou plus simplement d’une longue barre de bois dar, armée à l'extrémité d’un tranchant d'acier. Ils mettent toujours dans leur bouche un petit morceau d'acide arsénieux. Cela les aide beaucoup à rete- nir longtemps leur respiration ; ils prétendent aussi que cette drogue leur maintient l'estomac chaud, probable- ment en produisant un catarrhe de cet organe. Aux gran- des marées d’équinoxe, hommes, femmes et enfants vont détacher les huîtres des rochers laissés à sec dans toutes les îles des environs. Le peuple. — Les pêcheurs de ces îles comme ceux du district de Ningpo ont une forte constitution. Bien que pauvrement nourris, ils sont résistants et supportent fa- cilement de grandes privations. Il leur arrive souvent l’hi- ver de passer plusieurs jours et plusieurs nuits dans des vêtements mouillés d’eau de mer qui gèle sur eux. Ils ont les manières rudes des gens de mer, mais comme le commun de leurs frères sur le globe ils ont bon cœur et sont hospitaliers. Ceux des îles des pêcheurs ‘‘ fisher- men’s group ” sont excellents plongeurs. Un navire chargé de plomb et d’argent ayant coulé dans ces para- ges il y aenviron vingt ans, on fit venir des scaphandres qui sauvèrent l'argent, mais on abandonna le plomb, trop difficile à enlever du fond de la cale. Bien que la profondeur füt de 90 pieds, les plongeurs chinois dé- couvrirent ce trésor il y a trois ans, et exploitérent pour leur compte cette nouvelle mine de plomb en saumons. Un seul homme périt victime de son audace, il ne reparut jamais, mais cela n'empêche pas les autres de plonger chaque été pour s'emparer du plomb. Mœurs et coutumes. — Courageux jusqu'à un certain point, ils perdent cependant facilement la tête en cas de danger, et sont superstitieux, comme presque tous les ma- DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 307 telots et pêcheurs. Ils ne partiront jamais pour une expédition sans avoir soigneusement examiné leur alma- nach, afin de s'assurer si le jour est propice. Il con- sultent le sort pour savoir si la pêche sera fructueuse ; si le jour est néfaste, ou le sort contraire, les meilleures marées et les vents les plus favorables ne pourront les décider à lever l’ancre. Pour s'assurer le succès, le plus jeune des matelots brûle au moment du départ une imitation grossière de lingots d’or et d’argent faite en papier, et il allume chaque soir des bâtonnets odo- rants devant la statuette de l’impératrice du ciel Tien hou, aussi appelée Ha shen mou Mère sainte de l'Océan. Les femmes sont robustes, et bien qu'elles observent régulièrement la coutumede se mutiler les pieds, elles font presque toute la grosse besogne chez elles, ou aux champs ; préparant les repas, faisant les filets, ramassant le coton qu’elles filent et tissent, pendant que les hommes sont à la pêche. Elles récoltent le thé, le font sécher au soleil, et la provision de la famille étant faite, s’il en reste assez pour le vendre, on envoie le surplus dans la province du Kiangsu. Les femmes du peuple nourrissent longtemps leurs enfants et il n’est pas rare de voir un enfant de deux ans et même plus, pouvant se tenir solidement sur ses jambes, et debout, suçant encore le sein de sa mère. Dans les familles riches, on prend quelquefois des nourrices à gages. Comme partout en Chine, les femmes sont très- fécondes, les familles de quatre et cinq enfants sont fré- quentes, même chez les pauvres, et elles seraient encore plus nombreuses si on ne recourait pas si fréquemment à l'infanticide. Les filles sont surtout sacrifiées. L’accouchée garde généralement le lit pendant trente jours ; les parents lui envoient de la viande, quatre poissons, du vermicelle et du sucre pour ses repas de nuit. La veille ou l’avant- 308 PROMENADES D'UN NATURALISTE veille du mariage, la perruquière vient ‘‘ ouvrir la figure ”? de la future épouse en lui coupant quelques mèches de cheveux sur le devant du front. Les femmes ont aussi la déplorable habitude de tirer leurs cheveux en arrière pour en former deux ailes plates, ce qui les rend chauves de très-bonne heure. La polygamie, commune chez les riches, est rare parmi les pêcheurs, car ils n’ont pas les moyens de nourrir plus d’une femme. Chaque maison, bien que ne consistant sou- vent qu'en une ou deux chambres, est une petite colonie, où l’on trouve fréquemment trois générations : les grands parents, leurs enfants, et les enfants de ces derniers. Tous sont actifs, prenant leur part de la besogne. La séparation des sexes si rigidement observée partout, n’existe pas chez ces pauvres gens. Parias. — Près du port de Chingkiamen existent des gens venus du Fokien et auxquels il n’est pas permis d’habiter sur terre. Toute la famille se trouve ainsi forcée de vivre sur des bateaux. Ils ne peuvent aucunement se mêler aux autres, ni subir les examens, ou exercer d’au- tres professions que celles de barbiers et porteurs de chaise, ils châtrent aussi les coqs et les pores. Leurs femmes sont perruquières et savent épiler an moyen d’un fil de soie qu’elles roulent sur le visage de leurs clientes, car ici elles ne peuvent toucher aux hommes qu’elles rasent à Ningpo. Elles ont un costume particulier qui consiste en une jaquette noire avec jupe bleue; pas plus que les hommes elles ne peuvent porter des broderies ou des couleurs sur leurs souliers. Elles portent sur la tête le même bandeau que les autres, mais il doit être d’une couleur sombre et dépourvu d’ornements. Dans leur intérieur cependant elles ne sont pas tenues à observer ces règles. Ce n’est qu’à la troisième ou quatrième géné- DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 309 ration, que leurs fils peuvent se présenter aux examens. On trouve encore à Chusan une seconde classe de parias vivant à terre, ils sont surtout musiciens et on les loue pour les fêtes de mariage, les pompes funébres ou les processions religieuses. Comme les premiers, ils ne peuvent s’unir qu'entre eux. Opium. — Les pêcheurs de ces îles sont aussi adon- nés à l'usage de l’opium, mais ils ne le fument qu'à terre ; à bord, leur vie est sobre et’ laborieuse. À toutes les observations qu’on leur fait, ils répondent que l’o- pium leur sert de médecine et leur donne des forces. En tout cas, l’usage de cette drogue les amollit considérable- ment. Leurs femmes qui n’en usent point, sont en général plus courageuses que les hommes. De fait, ce sont les plus énergiques que J'ai vues dans tout le Nord de la Chine, elles semblent ne rien craindre, dès qu’elles ont la tête montée; connaissant leurs pouvoirs, elles se sont plus d’une fois rendues chez un mandarin dont elles croyaient avoir à se plaindre, à tort ou à raison. Un Jour elles en saisirent un de force dans sa chaise et lui firent passer un mauvais quart d'heure. Une autre fois on voulut imposer l'impôt du sel aux habitants d’une ces îles ; ils résistèrent. Les soldats de Chusan envoyés contre eux, trouvérent une résistance acharnée et se firent battre. A leur retour ils furent hués par les femmes, qui les désarmérent, et les dé- pouillèrent entiérement de leurs vêtements. Comme plusieurs avaient été tués ou blessés dans l'expédition, leurs femmes se portèrent en masse au tribunal du gou- verneur, qu'elles assiégèrent et exigèrent une compen- sation en argent pour la perte ou la détérioration de leurs époux. D’autres se rendirent dans les temples, et s'emparant des cloches, des tambours et des gongs sa- l 310 PROMENADES D'UN NATURALISTE crés sonnèrent un tocsin de leur invention. Bon gré mal gré il fallut capituler devant le sexe faible, chaque veuve reçut 400 dollars pour s'acheter un nouvel époux, les autres obtinrent des compensations pour les bles- sures reçues par leur maître et seigneur. Coutume curieuse. — À Chingkiamen on trouve cha- que année bon nombre de pêcheurs du Fokien, or il existe parmi eux une coutume curieuse et peu connue, mais que je tiens de source certaine. Dans cet en- droit, les jonques sont longtemps absentes de leur pays, alors le capitaine emmêne sa femme avec lui. Ces fem- mes ont les pieds naturels et non mutilés, elles s’habil- lent en homme, portent comme eux leurs cheveux tressés en queue, et roulent un mouchoir sur leur tête en forme de turban. Elles ne descendent jamais à terre et ont la haute direction à bord, où tout le monde leur obéit.Quand les jonques retournent au pays, les femmes débarquent, reprennent leurs habits et les devoirs de leur sexe jus- qu’à la prochaine saison de pêche. Les jeunes garçons ne suivent pas leur père à la pêche, mais ils aident leur mère à préparer les filets etc., comme leurs parents ils sont élevés pour le métier de pêcheur et sont illettrés. Les pêcheurs ont une réputation de mœurs très-dis- solues et on assure que chaque été un grand nombre de femmes publiques quittent le district de Ningpo et vont se fixer pour la saison dans les îles où sont éta- blies les stations de pêche. Autrelois les habitants des iles Chusan étaient des pirates si redoutables que les soldats des jonques de guerre envoyés contre eux pré- féraient signer avec eux une sorte d'alliance que de les combattre. De fait ils partageaient le butin pour prix de leur non-intervention et ils rentraient raconter des _ PRÈNES DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 311 exploits imaginaires. Quant aux pêcheurs ils payaient une sorte de dime à ces écumeurs de mer qui recon- naissaient un roi établi dans l’île de Taishan et mort il y a seulement quelques années. Mais la navigation à vapeur et la présence des navires de guerre étrangers, dans les eaux chinoises, mit bientôt un terme à la pi- raterie, du moins dans ces parages, car elle existe encore dans le sud de la Chine, sur les côtes de Hainan et de Formose. Maintenant la plupart des habitants sont engagés dans la manufacture du sel et ne pouvant plus voler les voya- geurs, ils volent le gouvernement en faisant la contrebande du sel qu’ils introduisent secrètement dans les provinces du continent où il est le plus cher. Costume. — Le costume de ces gens ne semble pas avoir changé depuis des siècles. La couleur générale de leurs vêtements est fournie par l'indigo, ou la noix de galle. En été, les hommes se contentent pour tout vêtement d’un large pantalon de cotonnade bleue et encore, à bord de leurs bateaux, ils sont presque toujours dans l’habit très- simple que leur donna dame nature. L'hiver ils portent une chemise de coton se boutonnant sur le côté droit, et recouverte d’une jaquette bleue boutonnant de même. Quand il gèle, ces vêtements sont ouatés ou bien ils en mettent plusieurs paires, souvent cinq ou six l’une sur l'autre. Les gens riches portent des vêtements ouatés avec des déchets de soie, ce qui les rend très-chauds sans aug- menter beaucoup leur poids. Les pauvres se contentent de déchets de coton et leurs vêtements sont la plupart du temps formés de pièces et de morceaux ; j'en ai vu qui auraient fait le bonheur d’un Callot. A leurs pieds ils por- tent des bas en toile de coton à semelle piquée et rete- 312 PROMENADES D'UN NATURALISTE nus au-dessus de la cheville par la jarretière qui y noue aussi le pantalon. Par dessus, les pêcheurs mettent sou- vent d'immenses bas, leur montant au genou, et faits en ‘cheveux tricotés. Une paire de souliers de paille, ou sim- plement des sandales complétent l'équipement. Au travail, ils portent toujours la queue roulée autour du crâne ou réunie derrière la tête en une sorte de nœud ou chignon retenu par une aiguille de métal ou de bois, que les plus pauvres remplacent tout sunplement par un de leurs bà- tonnets à manger faits en bambou. Les jours de gala, ou lorsqu'ils descendent à terre, ils se roulent autour de la taille et par-dessus le pantalon, une sorte de jupon ouvert, de coton bleu, souvent orné aux poches de bro- deries en soie de couleur. La coiffure d'hiver est une sorte de bonnet cylindrique de toile de coton noire froncée sur le dessus où se trouve généralement un trou central; ou bien encore un bonnet conique de feutre brun à bords relevés; en été ils por- tent un petit chapeau de jonc tressé de Ningpo; c’est celui-là même qui est si à la mode aujourd’hui, que le port de Ningpo nous envoie chaque année par millions et qu’on nous vend ici pour vingt centimes, ce qui en paierait dix ou vingt dans le pays. En temps de pluie, ils portent un large chapeau conique en bambou et le so-i, par-dessus imperméable en bractées de palmier, cousues l’une sur l’autre. Les vêtements des femmes sont faits de coton et sont de la même couleur que ceux des hommes. En été elles ne portent que le jupon et sur la poitrine une sorte de plastron ou losange retenu autour du cou par un cordon de soie, ou même une chainette d'argent quand elles peuvent se payer cette petite coquetterie. Les plus fortu- ct (an e DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 1089 nées portent aussi des épingles de tête, des pendants d'oreilles, des bagues en forme de tube et des bracelets forme étrusque (une simple corde, formée de deux gros fils tordus ensemble), le tout en argent peu allié. En hiver, elles mettent une longue jaquette boutonnée sur le côté droit, et à longues manches larges retombant sur les mains. Celle des jours de fête est bordée de passe- menteries ou de broderies en soie de couleur, de même que leurs petits souliers qu’elles fabriquent toujours elles- mêmes. Comme les hommes, elles ont toujours à la main une longue pipe à tuyau de bambou avec petit fourneau hé- misphérique en cuivre et à gros bouquin en verre ou jade commun, souvent en agate. La toilette des femmes non mariées est la même, sauf qu'elles ne portent pas le jupon pardessus le pantalon et qu’elles emploient plus de couleurs. Elles mettent moins de rouge et de blanc sur leur figure que leurs sœurs du continent, mais elles se peignent toujours pour les grandes cérémonies, ou les jours de fête. Le rouge leur est fourni par la fleur du carthame, et le blanc est fabriqué avec la farine qui se trouve dans les graines de la plante appelée communément Gloire du Pérou (Mirabilis dichotoma). Mobilier. — Le mobilier de ces pauvres gens consiste en bien peu de chose. Les objets les plus importants sont le lit et les ustensiles de cuisine. Le lit se compose géné- ralement d’un cadre de bois sur lequel sont tendues des cordes de fibres de palmier, formant une sorte de lit de sangles, léger et élastique, appelé Tsung-pan (tsung, palmier, pan, une planche). Deux bancs ou trétaux servent de pieds. Là dessus on place un petit matelas de coton d'environ deux ou trois centimètres d'épaisseur, un autre matelas sert de couverture piquée, un petit oreiller carré et 314 PROMENADES D'UN NATURALISTE oblong sert de traversin quand on ne se contente pas d’une botte de paille de riz. Voilà tout le couchage pour l'hiver. En été une natte de jonc, une grossière moustiquaire faite d’une toile de chanvre tissée à jour, c’est tout cequ'il faut dans ces latitudes chaudes. L’oreiller-traversin de co- ton ou de pailie est alors remplacé par un petit banc en lattes fines de bambou, frais et élastique à la fois. Les pauvres n’ont point de vêtements de nuit et ils se roulent tout nus sous leur couverture, ayant soin l'hiver de placer leurs vêtements dans une espèce de chaufloir fait d’une cage de bambou suspendue dans un baquet au fond duquel on a déposé les cendres chaudes du foyer. L'été, à bord de leurs jonques, comme ils n’ont point la place de monter une moustiquaire, ils se réfugient dans un trou de la cale et brülent, pour éloigner les mousti- ques, des bâtonnets faits de sciure de bois de génevrier, mélée à de la poudre d’arsenic, du tabac et du bezoar in- dien. Souvent ils se contentent de mettre le feu à une corde grossière faite de feuilles et de tiges d’armoise (4rtemesia indica) dont ils se servent aussi comme de mêche pour al- lumer leurs pipes et le feu de la cuisine. A défaut de mé- che ils se servent d’un briquet et d’une sorte d’amadou fait avec le duvet d’armoise trempé préalablement dans du salpôtre. Le silex est importé d’Angleterre, car on ne le trouve pas en Chine. Ils le remplacent souvent par du cris- tal de roche grossier ou simplement un morceau de quartz blanc. Les ustensiles de cuisine consistent en deux chaudières de fonte, hémisphériques, scellées dans un fourneau de briques. Pour en augmenter la capacité on lute sur le bord, avec un mélange de chaux et d'huile, un baquet sans fond que PPS LR ti DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 315 l'on recouvre d’un baquet platrenversé servant de couver- cle mobile. L’un de ces appareils sert à faire bouillir l’eau, dans l’autre on cuit le riz à la vapeur, puis les légumes ou la viande qu’on y pêche avec une écuelle en bois. Le chauf- fage se fait avec des feuilles et des herbes sèches ou les longues tigesfleuries de Phragmates ou autres roseaux. A bord on se sert d’un petit fourneau de terre cuite, pareil à celui de nos laboratoires et les roseaux trop volumi- neux, sont remplacés par d'excellent charbon de bois. Un éventail sert de soufflet; les poumons humains en tien- nent aussi souvent lieu, on dirige alors le souffle sur les charbons au moyen d’un tube de bambou qui n’est d’ordi- naire que le tuyau de la pipe. Quelques bols de porcelaine grossière, une ou deux _écuelles de même matière, le tout serré dans une armoire en bambou, complètent le service de table. Deux ou trois banes, une table vernie à l'huile et peut-être une chaise ou deux en bambou, voilà tout le reste du mobilier dont on se dispense d’ailleurs à bord des jonques où le pont sert à tout. Nourriture. — Le fond de la nourriture des pêcheurs des îles Chusan consiste en riz glutineux appelé Ngo-mi et en poisson. Une soupe faite de poisson bouilli avec de l'eau, du sel et du riz, est considérée par eux comme très- fortifiante. Ils font trois ou quatre repas par jour. De six à douze bols, suivant leurs moyens, remplis de poisson ou de légumes forment les plats substantiels ; au milieu est une jarre ou un baquet de bois plein de riz bouilli. Chacun y plonge son écuelle et remplit son bol aussi souvent qu’il lui plaît. Les assaisonnements sont la sauce noire appelée soye, ou une sauce rouge faite de cre- vettes pilées dans l’eau salée. Le sel est abondamment employé ainsi qu'une espèce de fromage fait de haricots 316 PROMENADES D'UN NATURALISTE et appelé Toufu. Insipide par lui-même, ce fromage de- vient agréable quand on le mélange au soye, il rappelle alors quelque peu le roquefort. Ce que nous venons de décrire est le repas de tous les jours à la mer, mais à terre, il se complique souvent de patates douces, cuites avec le riz, de gâteaux de maïs, des légumes frais ou salés, des jeunes pousses de bambou, auxquels on ajoute des méduses salées, des holothuries et des ailerons de requin cuits avec des œufs ; des oies, un canard ou un vieux coq aux choux du Shantung. Pour les jours de fête on tue un cochon ou une chèvre, quant aux moutons 1l n’y en a point dans ces îles. La chair de bœuf est inconnue, comme partout en Chi- ne, pour deux raisons : les classes supérieures appartien- nent à une secte qui considère que c’est un péché d’en manger. Pour les pauvres, ils trouvent que ces animaux leur sont plus utiles pour labourer les champs ou faire tourner les roues hydrauliques qui doivent les irriguer. Boissons. — Le thé est la boisson générale et chaque famille en possède quelques plantes qui suffisent à sa consommation. Les feuilles sont simplement séchées au soleil. Ce thé donne une infusion couleur de vin blanc et d’un goût extrêmement délicat ; quand on s’y est habitué, on ne peut plus boire le thé tel que nous le connaissons en Europe et qui est au thé des indigènes ce que le café noir serait à une infusion de calé vert. Je dois ajouter que le thé de ce pays est le meilleur thé de toute la Chine. Mais le thé serait un stimulant insuffisant à cette classe livrée à de rudes travaux ; aussi les boissons alcooliques sont-elles en grand usage, surtout à terre, car on dit qu’ils en usent peu à bord. Ces alcools connus sous le nom de Samshu c’est-à-dire ‘‘ trois fois distillé ” viennent des deux ports du Nord Tchéfou et Niuchuang où on les obtient par la distillation du sorgho (Holcus Sorghumi). | DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 317 Vin de Shaohsing. — On se sert aussi beaucoup d’une boisson fermentée appelée Shaohsing chiu (vin de Shaoh- sing) du nom de la ville du Chêkiang où on fabrique le meilleur. On en exporte de Ningpo d'immenses quantités, il est renfermé dans des vases de terre, forme amphore, lutés avec de la terre glaise ; c’est avec les jambons de Kinhua, une des productions les plus importantes du pays. Il existe en effet un proverbe chinois qui dit que « le vin de Shaohsing et les jambons de Kinhua se trou- « vent dans toute l’étendue de l'empire » tant est grande leur renommée. Ce vin a été chanté par le Frère Odorie, Rubruquis, Ysbrandt Ides, le père Ripa, l’abbé Huc et bien d’autres, dans les termes les plus extravagants. L'un l'appelle une noble boisson, une autre dit que sauf par l'odeur on ne peut le distinguer du meilleur vin d'Auxerre; un troisième le compare au Madère. Pendant l'occupation de Ningpo en 4857 plusieurs officiers français qui en goutérent, dé- clarèrent que ce devait être du Sauterne que leurs domes- tiques indigènes avaient volé chez des européens. Ce vin se boit toujours chaud et à cet effet on le sert dans de peti- tes théières d’étain que l’on maintient toujours à la tem- pérature du thé. Pendant un voyage d’un mois dans la province du Chêkiang, je n’ai bu que ce vin et l’ai toujours trouvé excellent. Il y en a de différentes qualités, car 1l se bonifie avec l’âge, aussi celui qu’on sert dans les bonnes maisons est-il toujours connu sous le simple nom de Lao chu ‘‘ vieux vin ’”. La fabrication de cette boisson remonte, dit-on, aux temps les plus reculés. Bien que de qualité inférieure, celui que l’on boit dans les maisons des pêcheurs est fort bon. On a quelquefois essayé d’en appor- ter en Europe, malheureusement il supporte mal les voya- ges et la chaleur le gâte. 11 est peu alcoolique, tandis que 318 PROMENADES D'UN NATURALISTE l'alcool de sorgho est tellement fort qu’on peut le compa- rer plutôt à de l’esprit de vin. Cet alcool appelé Kaoliang chiu (vin de Kaoliang) mesure en effet, quand il est pur, 90 degrès à l’aréomètre. C’est dans un tonneau de cet es- prit que j'ai rapporté, en parfait état de conservation, les poissons dont j'ai parlé plus haut. On obtient aussi dans ce pays de l’eau-de-vie en distillant des patates douces réduites en pulpe fermentée avec addition d’eau. Bien que les chinois usent beaucoup d’alcooliques, ils en abusent si rarement que je n'ai jamais vu que deux hommes ivres pendant un séjour de sept ans et demi dans ce pays. Nosologie. — D'après de nombreuses informations prises dans les hôpitaux des missions catholiques fran- çaises de Ningpo, Chusan et Hangchou et aussi auprès des médecins-missionnaires anglais, il résulte que les maladies les plus communes dans le pays sont les fièvres intermittentes et rémittentes, une sorte de typhus et la dyssenterie, causées surtout en été par les miasmes et la malaria, qui se dégagent des rizières et des terrains marécageux exposés au soleil, et aussi par l’in- fluence des rosées des nuits d'été, lorsqu’on s’y expose imprudemment. Viennent ensuite la petite vérole, le choléra, l’empoisonnement par l’opium résultant de l'abus trop fréquent que l’on fait ici de ce puissant narco- tique. La lèpre, commune dans les provinces du Nord et qu'on suppose causée par des habitations humides ou l'emploi de poisson putrefié comme nourriture, n’a pas été observée. Par contre, j'ai vu à Chusan de nombreux cas d’éléphantiasis parmi les paysans, cela tient sans doute à ce qu’ils sont constamment dans la boue des rizières, car je ne l'ai point rencontrée chez les pêcheurs. La même remarque s'applique à la petite vérole, qui me \ DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 319 paraît rare chez la population occupée sur mer. Il en est de même des maladies de peau, ce qui est dû sans doute à la plus grande propreté des pêcheurs, qui se baïgnent volontiers. La population agricole au contraire n’emploie jamais l’eau froide et se baigne rarement. Les soins de toilette consistent simplement à se passer matin et soir sur le cou, la figure et les mains une serviette de coton trempée dans l’eau bouillante et soigneusement tordue (de peur d'employer trop de liquide). Il est vrai que ce système est extrèmement rafraichissant pendant l’été ainsi que j'en ai souvent fait l'expérience. Il est probable que si ils se lavaient soigneusement les yeux, comme le font les habitants de Péking, il y aurait moins d’ophthalmies etautres maladies des yeux et des paupières qui sont ici très-communes. J'ai vu en effet, un grand nombre d’aveugles, la majorité parmi les hommes. Le docteur anglais Lockart, médecin-mission- naire, qui soigna de nombreux cas d’ophthalmies à Chu- san en 4840 et 1841 attribue leur occurence si fréquente à deux causes : 4° Une inflammation grave de l'œil qui se produit au commencement de la mousson de Nord et Nord-Est, en Octobre, Novembre et Décembre. 2° Les effets dangereux d’une coutume des barbiers chinois qui, retournant la paupière inférieure de leurs clients en frottent doucement la surface interne avec un petit instrument d’ivoire ou de bambou en forme de grat- toir ou de cuiller qu’il passent aussi profondément sous la paupière supérieure et jusque dans le coin interne et externe (canthi). C’est ce qu’ils appellent « laver l'œil », leur intention étant d'enlever toute portion de mucus qui pourrait être sur sa surface. 320 PROMENADES D'UN NATURALISTE Chez les saulniers, fort nombreux ici, j'ai observé une maladie de peau très-curieuse, qui, dit-on, n’attaque que les hommes employés aux salines ; malheureusement, je n'ai point eu le temps d'étudier cette maladie: que je crois peu connue. En fait de médecine chinoise, j'ai entendu parler à Chusan d’une pratique secrête très-étrange. Le corps et le cœur d’un enfant né avant terme, sont vendus comme un fortifiant (Pu yao) de premier ordre. Le placenta, séché et réduit en poudre est aussi une des drogues dégoütantes et trop nombreuses qu’on emploie dans le pays. CHAPITRE II. Continuation du voyage à Chusan. — Industrie du sel, l’Impôt de la Gabelle, révolte à Keusan, récolte à Ningpo, procédés de fabrication. — Poisson curieux. — Observations diverses. — Pêcherie à filets coniques. — Industrie de la glace, des- cription des glacières. — Les Missionnaires. — Coquilles : d’eau douce. Coquilles terrestres. — Tortues diverses et Reptiles. — Insectes de Chusan. — Poissons de mer et d’eau douce. — Jurisprudence de la pêche maritime et fluviale. — Associations de pêche. Mais revenons un peu à mon voyage et reprenons le fil du journal. Continuation du voyage. — Le 16 Novembre, en m’é- veillant, je m’aperçus qu’au lieu de me trouver à l’ancre dans Ja baie de Tinghai comme je m’y attendais, j'étais à sec sur un banc de boue à un jet de pierres d’un des nombreux îlots de l'archipel. J’appris alors que mon imbécile de pilote craignant le mauvais temps, avait d’a- bord jeté l'ancre à Tamao, mais une éclaircie s'étant faite, DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 321 il avait poussé jusqu’à Bell-rock et s'était mis sur la boue, méthode toute chinoise de se mettre à l’abri des vagues. Chaque nuit on va se mettre ainsi sur la vase où la marée du matin vient vous reprendre. Certains bateliers tirent même leurs barques sur le rivage. Il est vrai de dire que c’est le meilleur moyen de dormir en paix. Je dus donc m’armer de patience et attendre que la mer voulût bien venir nous reprendre ; seulement, ne désirant point tout- à-fait perdre mon temps, je hélai les naturels de Pile qui vinrent me prendre au moyen d’un léger bateau qu'ils poussérent sur la boue. En attendant le retour de la marée, j'examinai l’ilot formé d’une sorte de grès rouge volcanique, dans les anfractuosités duquel poussaient quelques arbres rabougris, entre autres l’orme chinois à petites feuilles, Ulmus microplelea, qui perd son écorce comme nos platanes et voit souvent ses feuilles mangées jusqu’à la dernière par des milliers de cheniiles proces- sionnaires. Je trouvai aussi en graine le RAus senu-alata. Quelques saules étaient plantés près des cabanes des saulniers. Ce fut là en effet que je pus observer les pre- mières salines des Chusan, telles que je les trouvai ensuite sur les côtes basses de la plupart de ces îles, et voici ce que j'appris sur celte industrie. Industrie du sel. — Le sel est abondamment fabriqué sur la côte du Chèkiang et dans les îles. Le revenu annuel de l'impôt de la gabelle pour la province se monte, d’a- près l’Annuaire officiel de l’Empire, à 501,034 Taels (1) (onces d'argent) soit près de 3,732,703 fr.C’est, àl’excep- tion des deux provinces du Chihli et du Shanse, celle qui rapporte le plus. La quantité de sel qu’on y récolte cha- que année se monte, d’après les renseignements officiels, à (1) 1 Tael = 7 fr. 45 centimes. 21 ar PROMENADES D'UN NATURALISTE 830,000 piculs (1) ou environ 50,195,080 kilogrammes. Ceci donnerait pour la consommation annuelle de la po- pulation une moyenne de 3* 556 par tête; moyenne fort basse si on la compare à celle que Macculloch admet pour chaque habitant de l'Angleterre : soit 22 livres anglaises ou 9° 988. Mais nous devons considérer que les chiffres donnés plus haut sont les chiffres officiels etqu'ils sont trop bas, vu qu’il se fait une forte contrebande. D'ailleurs le poisson salé, importé de certaines îles qui ne paient point l'impôt du sel, les légumes salés, les conferves ma- rines et autres algues sont journellement employés par la majorité des habitants, ce qui augmente, je pense, du dou- ble la quantité de sel absorbée par la population; quel- ques personnes pensent même que la quantité de sel con- sommée directement ou indirectemeut par chaque indivi- du peut être estimée, sans exagération, à 40 cattis(2) par an, soit 60476, quantité encore inférieure à celle que consomme par an un habitant de la Grande Bretagne. Avant la rébellion des Taipings, les autorités vendaient des patentes pour une fabrication au moins double de celle que nous avons notée plus haut. Depuis, dans nombre d’endroits, les habitants se sont résolument opposés à la taxe sur le sel et on a dû la retirer. Le sel du Chêkiang est vendu dans cette province et dans trois districts de la province d’Anhuey, à l'Ouest, après avoir dûment acquitté les taxes. La vente en dehors de ces limites est illégale et les marchands sont punis sévé- rement quand on les découvre. Commerce du sel. — Le commerce du sel étant libre dans les îles, et les terres salines n’y étant pas soumises (1) 4 Picul = 60* 476 (2) 4 Catti — 0K 60476. DANS L’'ARCHIPEL DES CHUSAN. 323 à la taxe, la production y est énorme, surtout dans l’île de Taishan. Ce sel est introduit clandestinement dans la pro- vince du Kiangsu, où il est vendu à un prix bien inférieur à celui du sel du pays. Dans le Chêkiang, le commerce du sel étant un monopole, les marchands doivent acheter une patente. Le nombre des patentes n’est pas limité ; mais on achète du commissaire de la gabelle, moyennant appli- cation préalable et paiement de deux taels (14 fr. 90) par Yin (380 catties — 230* 71), une patente pour la vente d’une certaine quantité de sel. Il n’y à point de limite fixée, cela dépend seulement de la quantité dont l’on veut dispo- ser. Ces patentes sont transférables, mais ne sont valables que pour la vente dans un endroit déterminé, désigné par les commerçants eux-mêmes. Ceci leur donne le privilège et le droit à la protection des autorités contre les contre- bandiers ou les fraudeurs. Mais il arrive souvent que ces précautions sont rendues inutiles par la résistance du peuple et le manque de police douanière organisée ou de forces militaires suffisantes. Impôts sur le sel. — Les terres salines n'étant point taxées, les droits sont perçus sur les cristallisoirs; chacun d’eux paie de vingt à trente sâpèques (de 10 à 45 centi- mes). Mais souvent les propriétaires s’entendent avec les mandarins militaires chargés de la perception, et obtien- nent ou achètent la faveur de payer en gros une somme fixe perçue annuellement. Le sel est frappé d’un impôt, à son entrée sur le continent, variant de 30 à 40 sapê- ques (15 à 20 centimes) par calti. Le poids est déterminé par des officiers publics, qui, comme les percepteurs, achètent leur charge. On leur paie une commission de un pour cent sur le poids. La conséquence est que la livre de sel (catti), qui ne coûte que 3 ou 4 sapèques (0 fr. 003) à Chusan, se paie dix fois ce prix dans la province du 324 PROMENADES D'UN NATURALISTE Chêkiang et plus encore dans celle du Kiangsu. Aussi, malgré la sévérité des lois, la contrebande y est-elle grande. Tout navire engagé dans le commerce illicite du sel peut être saisi et l'équipage envoyé en exil. A l'entrée de la rivière de Woosung, menant au port de Shanghai, huit jonques de guerre sont constamment en station pour courir sus aux fraudeurs. L'exportation du sel en pays étranger est sévêrement prohibée. Le meilleur sel vient de l’île de Taishan, située dans des eaux claires. Cette industrie y fut établie par des paysans du Chêkiang que la révolte des Taipings força d'abandonner leur pays. Leurs maisons ayant été détruites, leurs propriétés ravagées ou étant passées en d’autres mains, ils se sont fixés sur cette île et vivent entièrement de l’industrie du sel. Révolte de Keusan. — Dans la crainte de les voir se révolter, on n’a osé leur faire supporter l’impôt. En 1878 le gouvernement essaya d'imposer les salines de l’île de Keusan, au Nord de Chusan; les habitants se révolté- rent, battirent les premières forces envoyées contre eux et on dut envoyer de Ningpo des canonniéres et des soldats armés à l’européenne. On ouvrit le feu sur les villages, on brüla et saccagea plusieurs maisons et quel- ques hommes furent tués. Le maire de l'endroit fut fait prisonnier et décapité. L'ordre fut rétabli, mais on n’osa point forcer l’établissement de l'impôt. C’est dans cette affaire que les troupes de Chusan furent si bien mal- traitées par les femmes, et qu'eut lieu l’épisode que que nous avons raconté plus haut. : Révolie à Ningpo. — Depuis le règne de l’empereur Yung Ching (il y a près de 150 ans) jusqu’à nos jours 1869-70, le monopole du sel à Ningpo resta dans les mains d’une seule famille du nom de Chiang. Le der- DANS L'’ARCHIPEL DES CHUSAN. 320 nier fermier de la gabelle de ce nom ayant pris des mesures très-sévères pour réprimer la fraude, les pêcheurs et les paysans du golfe Nimrod et des villes des environs se levérent en masse et vinrent à Ningpo où ils brülèrent la maison du percepteur, pillèrent ses magasins qu'ils rasèrent ensuite. La révolte fut menée par les bour- geois les plus influents du pays qui, après avoir battu les troupes en plusieurs rencontres, se retirérent dans les montagnes où ils tinrent longtemps. Depuis cette époque, le district de Ningpo est exempt de la néces- sité de payer patente. Toute personne peut, sans contrevenir aux lois, im- porter ou exporter du sel, tous les droits étant réduits à la seule taxe de deux centimes par catti; mais cela seulement dans les limites du district. Il n’y a pas de doute que si le commerce de cette den- rée était débarrassé de toutes ces lois et difficultés, la production en serait plus que doublée.’ Mais en Chine, comme dans l'Inde, la taxe de la gabelle est mainte- nue, vu l'immense revenu que le gouvernement en retire. Dans l’Inde le revenu de la gabelle arrive en troisième ligne, l'impôt foncier et l'impôt sur l’opium prenant respectivement la première et la seconde place. En Chine le revenu des gabelies prit la première plate après le revenu des contributions foncières, jusqu’au jour où l'augmentation du commerce étranger amena les droits de douane en seconde ligne. Procédés de fabrication. — Ayant étudié l’histoire et la législation de la gabelle, je vais maintenant décrire la fabrication du sel, telle que je l’ai observée à Bell-rock et sur la côte Sud de Chusan, qui n’est qn’une vaste saline. On choisit prés de la mer un espace horizontal de 326 PROMENADES D'UN NATURALISTE 500 à 800 mètres carrés qu'on nivelle soigneusement au moyen d’un énorme rouleau de granit et qu’on en- toure de murs de boue. On y laisse entrer l’eau aux hautes marées, ou bien on l’y transporte, soit avec une noria soit par d’autres moyens; on laisse l’eau s’évaporer à moitié, puis on en introduit une nouvelle quantité. On renouvelle cette opération jusqu’à ce que le sol soit fortement imprégné de sel. Alors on le laboure et on enlève la surface à la pelle. Cette terre, avec le sel et autres dépôts marins ainsi obtenus, est portée aux salines, où on en fait une bonne provision qu'on amasse en meule, protégée contre les pluies par des nattes de paille. Cette opération se fait ordinairement une fois par an, vers l’équinoxe du prin- temps. La terre salée est alors traitée à nouveau ; on en prend une certaine quantité au tas, et on l’étend sur l’aire de la fabrique (cette aire est bien nivelée et battue, puis durcie avec de lourds rouleaux de pierre); réduite en poudre, on l’imbibe d’eau de mer qu’on laisse évaporer ; en répélant cette opération, on obtient une masse spon- sieuse, couverte d’efflorescences salines. Ramassant de nou- veau cette terre sursaturée au moyen d’un large grattoir, ou la place dans un grand réservoir conique en terre gras- se, dont le fond est percé d'un trou surmonté d’une cou- che filtrante de balle de riz et de cendre, ou mieux de charbon de bois en poudre. Sur le tout on verse de l’eau de mer qui, traversant la terre, filtre lentement à travers la paille et tombe enfin claire et fortement saturée de sel dans une jarre ou baquet où la conduit un tube en bam- bou. On la verse alors sur des plateaux rectangulaires en bois, mesurant près de deux mètres de long, environ - soixante centimètres de large sur deux de profondeur. Là elle s’évapore plus ou moins vite selon le temps et la DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 321 saison. En été un de ces cristallisoirs donne cinq à six cattis de sel par jour. En hiver le maximum dela produc- tion tombe à un catti et demi et au-dessous. Ces plateaux sont faits en planches de pin huilées et ils sont soigneusement rendus étanches au moyen d’un cal- fatage au chunam, sorte de mastic fait d'huile et de chaux mélangées. Ils portent tous, imprimé au fer chaud, le sceau du mandarin, prouvant qu’ils ont acquitté les droits. Ils peuvent durer quinze ans et coûtent de trois à quatre francs pièce. A chaque bout se trouvent deux poignées permettant de les remuer plus facilement. En temps de pluie on les empile l’un sur l’autre, quand il vente on les assujettit en les chargeant aux angles de quelques lourdes pierres. Pour faciliter l’évaporation, on les élève légère- ment au-dessus du sol humide en les posant sur quatre piquets. On fait chaque soir la récolte du sel au moyen d’un ràcloir en fer ; on le place ensuite dans des sacs en jonc qu'on emmagasine. Quelques familles possèdent plus de cent cristallisoirs et l’on estime que chacun d’eux peut fournir pour une piastre de sel par an (soit cinq francs). L'eau mère, résidu incristallisable, est employée pour précipiter la caséine dans la manufacture du fromage de haricots (Tou-fu). C’est aussi un poison auquel ont recours les personnes fatiguées de la vie. Ce sel n’est ni aussi pur ni aussi blanc que celui que l'on obtient par ébullition dans le golfe de Nimrod et qui est renommé pour sa blancheur et son excellente qualité, dues, dit-on, à l'emploi d’un chaudron fait de bambou et de chaux, au lieu d’une chaudière en fer. A Ningpo il y a une proportion de 90 pour cent de sel de Chusan et 10 pour cent de sel bouilli de Nimrod Sound. Je n’ai point trouvé à Chusan le petit crustacé qui vit dans les eaux les plus saturées de nos salines françaises. 328 PROMENADES D'UN NATURALISTE Par contre le sol est perforé par les trous d’un petit crabe curieux, le Gelasimus bellator dont l’unique et for- midable pince est plus grosse que tout son corps. Poisson curieux. — Ce crabe se trouve là par milliers, ainsi qu'une sorte de petit poisson à gros yeux saillants sur la tête et à demi amphibie, grâce à un curieux réservoir d'air ménagé près des branchies. Il se promène partout sur la boue, grâce à ses nageoires pectorales qui ont une articulation ressemblant fort au bras des phoques. Ce char- mant petit être perlé de bleu sur un fond noir possède aussi sous la poitrine une sorte de nageoire circulaire, for- mant ventouse, qui lui permet de se fixer assez solidement sur les pierres et même de s'élever hors de l’eau sur le verre d’un aquarium. Son organisation anatomique est des plus curieuses, et n’a pas encore été, je crois, décrite mi- nutieusement comme elle le mériterait. Il y en a au moins deux variétés qui différent de la variété Japonaise que Siebold découvrit au Nippon. C’est un Boleophihalmus, peut-être le B. Boddaerti. Il est aussi appelé Perophthal- mus, On en compte au moins deux espèces. Il est employé comme appât vivant par les pêcheurs. Observations diverses. — Je visitai les cabanes des saul- niers, elles sont basses, humides, bâties en pierres sé- ches et recouvertes en chaume. L’un des hommes souffrait d’une sorte d’eczema aux jambes avec des plaies en plu- sieurs endroits. Cette maladie, dont j'ai déjà parlé plus baut, est peut-être dueàl’insalubrité de ces habitations et à la nourriture misérable de ces pauvres gens. La marée étant revenue nous prendre, j'allai visiter une autre île que je parcourus à pied du sud au nord pendant que ma barque remontait lentement dans la même direc- tion et à contre courant. Là je trouvai en fruits le Melia azedarach dont les fleurs lilas ont un parfum si suave, et quelques Viburnuim. DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 329 Au Nord de cette île, connue sous le nom de Pwanche, nous dûmes encore mettre à l'ancre ; la marée descen- dait avec une rapidité telle qu'on voyait l’eau courir sur les roches comme dans une écluse de moulin, et bien que le port de Tinghai fût à 3 milles en face de nous, la brise était insuffisante pour nous y mener contre ce courant épouvantable. Pécherie à filets coniques. — J'en profitai pour visiter une pêchérie d'au moins 100 filets appartenant à une vingtaine de gens. Ils sont retenus en position au moyen d’un solide pieu fait d’un gros bambou, ou d’un jeune sapin piqué dans la boue et autour duquel le filet tourne présentant toujours son ouverture au courant, qui y. entraîne crabes, crevettes et poissons de toutes espèces. Ces filets, tissés en chanvre d’ortie de Chine (Urtica nivea) ét teints avec l’écorce de palétuvier, sont de forme co- nique, où mieux plats, avec une ouverture quadrangu- laire mesurant 6 pieds de largeur ; ils vont diminuant graduellement ainsi que les mailles, dont on compte quatre grandeurs, variant de 2 centimètres à 1/2 centi- mètre de côté. Ils sont même souvent terminés par une poche en toile grossière. Leur longueur totale est d'environ 54 pieds et ils coûtent de 75 à 100 fr. la pièce. Les propriétaires de ces filets paient une légère redevance au gouvernement eomme droit de pèche. Tout intrus où maraudeur est jugé par un conseil de pé- cheurs et sévérement puni. {ls administrent ainsi la justice entre eux et n’ont recours aux mandarins qu’à la dernière extrémité, car les procès sont dispendieux sinon ruineux. Fatigué d'attendre le retour de la marée, je descendis dans un léger youyou manœuvré par deux solides mate- lots, et luttant courageusement contre le courant, nous 330 PROMENADES D'UN NATURALISTE réussimes à aborder à Chusan, mais à plusieurs kilomèé- tres à l’ouest de la ville de Tinghaiï, que m'indiquait au loin le toit d’une église catholique, seul monument dé- passant les murs. Industrie de la glace. — En me dirigeant vers la ville, je remarquai non loin du bord de la mer les ruines de plusieurs glacières autrefois en; assez grand nombre dans l'ile. Aujourd’hui, toute la glace employée par les pêcheurs vient de Ningpo. Comme le commerce du poisson est impossible dans ces pays sans l’emploi de la glace, les Chinois du Ché- kiang se sont ingéniés de bonne heure à la conserver. On trouve, sur les bords du Yung, la rivière de Ningpo et entre cette ville et la mer, plus de 300 de ces glaciéres. Comme elles différent essentiellement des nôtres, elles méritent une description. Description des glacières. — Elles ne sont pas souter- raines, comme on aurait eu le droit de s’y attendre, ceci à cause du terrain qui est trop humide. Toutes construites sur le même modéle, elles ont à peu près les mêmes di- mensions, et consistent en un réservoir dont le fond estau niveau des rizières. Ce réservoir qui mesure environ 20 mètres de long sur 14 de large, est formé par quatre murs de terre de douze pieds de haut, sur 8 ou 10 d'épaisseur à la base et 3 au sommet. Ils sont quelquefois renforcés avec des pierres. Sur ces murs s’élève un haut toit de chaume à pente rapide et fort épais, posé sur une charpente de longs bambous. Dans ee toit est pratiquée une ouverture fermée au moyen d’un épais rideau de paille ; on y arrive par deux plans inclinés. C’est par cette ouverture qu’on rem- plitla glacière. Souventune petite porte placée au nord dans l'épaisseur du mur et au niveau du fond sert à retirer la glace. Lorsque le temps est assez froid, on fait arriver DANS L’'ARCHIPEL DES CHUSAN. 331 % l’eau dans les champs de riz et on y récolte la glace chaque matin, avant le lever du soleil. On prend grand soin de lavoir aussi pure que possible ; à cet effet, certains endroits des champs immergés sont creusés assez profon- dément et les chemins et plans inclinés conduisant à la glacière sont recouverts de grossières nattes en bambou. On empile la glace en couches épaisses, séparées par de lourdes nattes de paille, qui servent également à recou- vrir le tout quand le réservoir est plein. Dans le fond de la glacière sont creusées des rigoles, servant à conduire au dehors l’eau provenant de la fonte de la glace. Bien que fort simples, tous ces arrangements sont très-effectifs, et il est étonnant de voir la glace se conserver aussi facile- ment, malgré les fortes chaleurs de l’été. La plus grande partie du succès, sinon le succès tout entier, est dû à la nature de la terre qui forme le réservoir. C’est une terre épaisse et argileuse, ne séchant jamais complètement, si ce n’est à la surface. Elle est imperméable à l’eau comme à la chaleur, qui, dans des sols plus poreux ou sablon- neux, ne manqueraient pas de pénétrer jusqu'à la glace et de la fondre. Avec ce système, la glace se conserve sou- vent pendant des années, ce qui est fort heureux, car l’hiver est quelquefois si doux qu’on ne peut en récolter. On dit même qu’une loi spéciale oblige les propriétaires à avoir toujours sous la main pour trois ans de glace, dans des glacières spécialement réservées pour cette pro- vision. La capacité d’une glacière varie entre 2,000 et 13,000 piculs, chaque picul étant équivalent à la charge d’un homme ou à 80 cattis, au lieu de 400 valeur en cattis du picul ordinaire. Une glacière coûte de 300 à 400 dollars, y compris le 332 PROMENADES D'UN NATURALISTE terrain d'environ deux acres, sur lequel on récolte la glace. Le louage des coulies pour le transport et l’emmagasinage de 800 piculs revient à 430 dollars. Dans quelques cas, au lieu de payer les coulies, on leur donne dans les béné- fices résultant de la vente de la glace, une part égale à celle des propriétaires. Le prix de la glace varie de 6 à 10 sapèques le catti. Dans les bonnes années, 4,000 éans ou 800 piculs rapportent environ 500 dollars par an, la glace étant vendue à forfait par l'intermédiaire d'agents. Les missionnaires. — N'ayant que quelques heures à passer à Chusan, et voulant avoir le plus de renseigne- ments possibles sur ce pays, j'allai aussitôt faire visite à nos missionnaires catholiques, pour lesquels j'avais d’ailleurs quelques lettres et commissions; comme tou- jours, je fus reçu à bras ouverts par ces excellentes gens, toujours heureux de voir un compatriote et de causer un peu dans la langue maternelle. M. l’abbé Bret se mit eutiérement à ma dispositiou et me donna la plus grande partie des renseignements que j'ai donnés plus haut, sur les mœurs et coûtumes du pays qu’ils connaissent à fond puisqu'ils en parlent parfaitement l’idiôme et vivent à la mode des gens au milieu desquels ils ont fixé leur résidence pour la vie. Pendant ma longue résidence en Chine, J'ai connu beaucoup de nos missionnaires et Jj’at toujours éprouvé une admiration profonde pour leur dé- vouement à toute épreuve et leur immense charité. On n'a pas idée de la grandeur des sacrifices auxquels ces hommes se soumetteut, des misères et des tristesses qu’ils ont à supporter. Je regrette que le cadre tout scientifi- que de cette étude ne me permette pas de m’étendre plus longuement sur ce sujet; il me serait doux comme fran- çais de faire connaître tout le bien qu'ils font en Chine et toute l’estime dont ils jouissent auprès des étrangers de a. sé DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 333 toutes nations et de toutes sectes. Ils sont initiés à beaucoup d’études scientifiques et j'espère vous donner un jour une idée des travaux très-importants qu'accom- plissent en ce moment en Chine ces Jésuites qu'on veut aujourd’hui expulser de France. Le dialecte des Chusan différant essentiellement de celui de Peking, le seul qui me soit familier, M. l'abbé Bret voulut bien se mettre à ma disposition comme guide et interprète. Ma visite commença naturellement par les missions et surtout par l’asile de la Sainte-Enfance où Je pus voir de mes yeux 90 petites filles recueillies et élevées par cinq sœurs, aux frais de cette association dont on a tant médit par ce qu'on ne la connaît point. Je n’eus malheurensement pas le temps de visiter la ferme école où les petits garçons de la même œuvre sont élevés sous Ja direction d’un collègue de M. Bret, qui leur apprend Ja culture des plantes du pays et les petites indusiries qui peuvent plus tard les aider à vivre. En revenant à mon bord, j'observai des chinois pê- chant des coquilles dans les canaux au moyen d’un crible en bambou sur lequel on accumule la vase au moyen d’un räteau formé d’une planche. On secoue le tout dans l’eau qui enlève la boue, et les coquilles restent sur le crible. Coquilles d'eau douce. — Je pus ainsi me procurer plusieurs échantillons d’Anodontes, entre autres une fort belle espèce à coquille mince et veinée de lignes d’un beau vert et que le professeur E. von Martens à Berlin a reconnue pour l’Anodon magnifica. Je ramassai aussi plusieurs Paludines à coquille carénée et anguleuse, c’est le Paludina angularis Muller ou P. quadrata Bensom., espèce essentiellement chinoise. Plus loin, dans les champs de riz à sec, je trouvai de nombreux spécimens d’une superbe Paludine, qui atteint souvent jusqu'à cinq 334 PROMENADES D'UN NATURALISTE centimètres de longueur, sur trois de largeur à la bouche. Comme onen mange pendant tout l’été, J'en avais sou- vent rencontré des quantités au coin des rues, dans les tas d’ordures, mais elles avaient toutes été brisées à la pointe, pour en retirer plus facilement l’animal. Je doutais d’ailleurs de l'espèce; cette fois je fus assez heureux pour en ramasser une en parfait état, possédant encore son opercule corné et même quantité de Jeunes à l’intérieur. J'étais fixé, c'était bien là la Paludina vivipara commune dans toute la plaine du Yangize ou fleuve Bleu. Je n’eus point la chance de trouver de Planorbis bien qu'ils existent dans l’île, ainsi qu’une sorte de Lymnée qui ressemble fort à la Zymnea rivalis de Sowerby et paraît être la seule forme européenne. Par contre, je ramassai quantité de Corbicules dont il semble exister de nombreuses variétés. Le D' Cantor découvrit à Chusan deux genres nouveaux : Lampania et Incilaria. Le premier est représenté par une coquille appartenant aux Potamides (Cérites d’eau douce), c’est le : Potamides (Lampania) zonals Gray, appelé Batillaria par Cantor. Le second est formé par un mollusque gaste- ropode terrestre appartenant à la famille des Limacidées, c’est le : Incilaria bilineata Cantor. Coquilles terrestres. — Les roches calcaires étant ra- res, les coquilles terrestres le sont aussi; cependant je trouvai une Jolie petite Helix blonde, commune d’ail- leurs dans toute la Chine et qui est l’Helix ravida. On trouve aussi dans cette île l’Helix trisculpta, V'He- lix tectum sinense anguleuse et d’un blanc mat; l’He- hæ ciliosa d’Adams ; une Clausilia (Shanghaïensis ?), une Pupa. Les autres mollusques terrestres, d’eau douce ou saumâtre que je n'ai pu recueillir, mais qui ont été ob- servés en 1840 par le D' Cantor, attaché à l’armée anglaise qui occupait alors Chusan, sont : DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 335 Limax, Mytilus, Bullæa (exarata ?), Achatina, Suc- cinium, Ampularia, Cyrena, Cerithium, Vitrina, Buli- minus (Cantori?), Melania. Ce nombre de genres est remarquable, si l’on con- sidère la petite étendue de la localité. Dans les eaux douces, on trouve deux espèces de sangsues, la sang- sue officinale (Hirudo officinalis) et une autre fort cu- rieuse dont la tête a la forme d’un marteau et qu’on a trouvée aussi dans l'Inde aux Naga hills en 1834. On y rencontre aussi un grand Dytisceus noir uni, le D. marginatus, et un Mepa. Tortues diverses. — À l’obligeance de M. Bret je dois plusieurs spécimens de tortues qui me furent plus tard envoyées vivantes à Ningpo. J’ai pu reconnaître l’'Emys unicolor Gray, aussi appelée Emys nigra, de sa couleur (on dit que VE. mutica s'y trouve aussi). J'ai reçu égale- ment de Chusan de nombreux spécimens de Tryonix ( per- ocellatus). Les Tryonix de Chine appartiennent à des espèces essentiellement chinoises et arrivent souvent à des dimensions colossales. Le P. Heudes, mission- naire jésuite, publie en ce moment une monographie de ce genre dans lequel il a découvert de nombreu- ses espèces. Les unes vivent de poissons, les autres de coquilles; en conséquence leurs mâchoires différent et c'est sur cette particularité, ainsi que sur la forme du plastron, qu'il se base pour les classer. Il y en a déjà une dizaine de décrites. (1) Ces Tryonix se trouvent en quantité dans les lacs, riviè- res et canaux où on les pêche, car elles sont fort bonnes (1) Mémoires concernant l’histoire naturelle de l’empire chi- nois par des pères de la compagnie de Jésus. — Premier cahier avec 12 planches, Mémoire sur les Tryonix.— Shanghai 1880. 330 PROMENADES D'UN NATURALISTE à manger. Il faut en excepter la grande espèce, décrite par le P. Heudes sous son nom chinois de Yuen. Cette tortue qui arrive à mesurer un mêtre et demi de longueur et à peser environ 400 kilogrammes, est sacrée aux yeux des Chinois quila conservent soigneusement dans les pis- cines des pagodes où elle vit de nombreuses années et de- vient souvent centenaire. On en connaît qui ont atteint 450 ans d'âge. Il est presque impossible de s’en procurer de spécimens vivants, les Chinois se refusant obstinément à la vendre. L'hiver étant déjà trop avancé, je n’ai pu étudier les autres reptiles de l’île et me contenterai de donner Îa liste de ceux qu'y récolta le D' Cantor, savoir : Reptiles. — Hemydactylus, Seps, Trionyæ, Lycodon, Tropidonotus, Agama, Bufo, Python, Coluber, Naja, Kana esculenta, Hyla. Le Naja est le seul serpent venimeux de lile. À lexcep- tion de la grenouille commune, tous ces reptiles appar- tiennent à des formes tropicales. Les Tryonix sont mangées et forment un mêts très-friand conseillé aux estomacs faibles comme fortifiant. Les Emy- des ne paraissent point sur la table. Les médecins compo- sent avec leurs os une gélatine très-recherchée pour les phthisiques. On regarde cette tortue comme sacrée; autre- fois on s’en servait beaucoup pour la divination. Le peuple croit qu’elle a le don d'attirer le tonnerre ; il est à peu près persuadé que partout où la foudre éclate, il y a un Wu Kueiï (Emys) à écraser. On croitaussi qu’il n’a qu’un sexe, idée saugrenue, et on le considère par suite comme l’ani- mal impur par excellence, puisqu'il se reproduit d’une façon contre nature, aussi est-ce l’injure la plus grossière que d'appeler quelqu'un Wu Kuei ou Wang pa tan (œuf de tortue). Ceci équivaut à une malédiction épouvantable qui n’a de comparable que notre mot bâtard en langage décent. DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 337 Insectes. — Comme il faisait trop froid pour observer les insectes, je n’en parlerai pas, et je puiserai encore dans la liste du même auteur (D' Cantor) pour ce qui concerne cette partie de l’histoire naturelle de l’île. La voici telle que je la trouve publiée dans le Chinese-Repository : Acrocinus Acridium Aeschna {clavata ?) Agrion Apis Apodeus Ateuchus {sacer ?) Blatta Bocydium Bombus Cassidia Cetonia Chrysomela Cicada Cimex Coccionella Conops Coriarius Corixa Culex Cyclous Dytiscus (marginalis) Elater Eumolpus Forficula Gryllus Gryllotalpa Gymnetis Gyrinus Insectes de Chusan. Helops Hister Hydrous Lamia Libellula Lucanus Macraspis Mantis Melipoma Musca Myrmelion Nepa Noctoneta Oestrus Ontophagus Panorpa Papilio Phalæna Phanæus Phryganea Polistes Spectrum Sphinx = Sylpha Tabanus Trigona Vespa Xylocarpa « Le plus grand nombre n’est pas identifié et leurs » formes sont tropicales ; ils ont même une forte ressem- » blance avec les insectes d’Assam et de Sylhet, collec- 22 338 PROMENADES D'UN NATURALISTE » tionnés en 4835-36 par Messieurs Mac ClellandetGriffith. » La Nepa et quelques papillons seuls sont apparemment » les mêmes que ceux d'Europe. » Poissons. — Tous les poissons appartiennent aussi à des espèces tropicales, sauf l’anguille, qui ressemble extrêmement à la nôtre, tout en constituant une variété chinoise, c’est l’Anguilla latvrostris, aussi appelée An- guilla sinensis. Parmi les poissons d’eau douce, je fus extrêmement surpris de trouver l’Anabas scandens, ce curieux poisson de l'Inde, qui, s’aidant de ses écailles operculaires et de sa queue, arrive à grimper sur les arbres. Seulement, il est si petit, que je crois que c’est plutôt un Polyacanthus, peut-être le P. cupanus. Dans les mémoires sur la faune ichthyologique de la Chine par Bleeker, j'ai pu trouver les noms des poissons suivants que j'ai aussi reçus de Chusan : Lophius setigerus. Muræna latirostris — Anguilla sinensis. Murænesox bagio Peters = Conger oxyrhynchus. Monopterus javanensis Lac. Amphipneus cuchia J. Müll. Callichrous bimaculatus Blkr. Callichrous canio — Silurus mysoricus Val. Parasilurus æsotus — $S. xanthosteus sinensis et japonicus. Hara (Pimelodus) aspera Meccl. Trigla Kuma = T. spinosa. Ophiocephalus argus Cantor. = 0. Pekinensis Basil. Eleotris flammans. Periophthalmus modestus Schl. Trypauchen vagina Val. Trichiurus muticus et intermedius Gr. Rich. Stromateoides argenteus = Stromateus argenteus. Halichœres nigrescéns = Julis exornatus Rich. Chætodon sinensis — Polyacanthus opercularis. Lateolabrax Japonicus Bikr. Sebastes marmoratus C. V. = S. sinensis. Collichthys biaurata = Otolithus biauratus Cantor. Hemisciæna lucida = Sciæna lucida Rich. DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 339 Mugil cephalotus — M. macrolepidotus. Carassius auratus L. — Cyprinus auratus, macrophthalmus, quadrilobatus, Basil. Cobitis anguillicaudatus Günth.— C. decemcirrhosus Basil. IHarpodon nehereus Günth. Coilia (Chætomus) Playfairi Blkr.— Osteoglossum prionostoma. Hemiramphus intermedius Cantor. = H. Melanochir Val. Cantor nomme aussi les Synbranchus, Colisa, Perca, etc., et il y en a beaucoup d’autres que nous nommerons plus loin avec ceux de Ningpo. L’Ophiocephalus arqus, bien que commun dans les eaux douces de toute la Chine, fut trouvé pour la première fois à Chusan, par Cantor ; son nom chinois est Hei Yü, pois- son noir. Les poissons de mer sont extrêmement nombreux. On rencontre quelquefois au large quelques baleines, proba- blement l'espèce japonaise ; mais les Chinois ne savent pas les chasser. Les plus grands poissons pélagiques qu’on m'ait apportés des pêcheries de Ningpo sont des re- quins, qu’on chasse avec ardeur pour la valeur mar- chande des ailerons et de la queue, qui se vendent sim- _plement séchés ou préparés. Dans ce dernier cas on enlève la peau eton ne laisse absolument que le cartilage fibreux, qu’on blanchit autant que possible et qui constitue alors un mets recherché et assez cher. J'en ai souvent mangé et fait manger. A l'exposition de Berlin on en servit dans deux déjeuners chinois offerts au Prince Impérial et aux commissaires des sections étrangères et membres du jury. Ces ailerons étaient préparés aux œufs pochés, ce qu’on appelle en chinois « Aïlerons de requin aux chrysanthè- mes »; tout le monde déclara ce plat excellent et plusieurs y revinrent à deux fois. Je dois ajouter qu'il en fut de même des autres plats composés essentiellement des pro- duits des pêcheries de Ningpo et destinés à donner une idée réelle de la nourriture ordinaire des habitants des 340 PROMENADES D'UN NATURALISTE îles Chusan et de la côte du Chêkiang. Voici du reste la composition du menu de ces deux déjeuners : A Aïlerons de requin aux œufs pochés ; 2 Holothuries aux grandes crevettes ; 3 Ventre de poisson (entrailles) au jambon et tremella ; 4 Haliotides gigantesques, sauce grasse ; 5 Sépias aux champignons de Mongolie; 6 Chair de requin, sauce aux herbes ; 7 Riz glutineux à la Chinoise (façon dite Milanaise). Tous ces mets venus de Chine, à l’état sec, furent préparés par le cuisinier chinois de l’ambassadeur de Chine, Li-Fang-Pao (qui voulut bien assister aux repas), et eurent un véritable succès. Comme on le voit, la chair de requin séchée entre aussi dans l’alimentation. Quant à sa peau, elle est soigneusement teinte en vert ou en gris, puis passée à la lime qui en adoucit toutes les aspérités ; on lui donne ensuite un beau poli, sous cette forme elle sert à recouvrir une foule d'articles tels que: pipes à eau, étuis à baguettes, fourreaux de sabre, étuis à lunet- tes, etc. Elle est très en vogue en France en ce moment, pour la fabrication des porte-monnaie, étuis à cigares et autres articles de Paris, dont la matière première, comme on le voit, vient de Chine. Pendant mon séjour dans ces parages, les poissons que je rencontrai le plus souvent sur le marché, furent les suivants : 4° Le Trichiurus lepturus appelé par les chi- nois du pays Tai Yù, poisson ceinture, de sa forme plate et allongée; dans le Nord, sa peau lisse et d’un blanc d'argent lui a fait donner le nom de poisson sabre. On le pêche soit au filet, soit à la ligne, et on l’apporte en grandes quantités sur le marché et dans de la glace. On en détache la tête, on le coupe en deux ou plusieurs tronçons qu’on empile avec de la saumure dans de soli- DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 341 des baquets de bois de pin bien fermés et on l’expédie ainsi jusque dans les endroits les plus éloignés. Quelque- fois aussi, mais seulement en été, on le sèche comme les autres poissons ; 2° Plusieurs espéces de raies, savoir : Rhinobathrus Schlegelii, Pteroplatea japonica, Raia pastinaca, Raia aquila, Trygon Kuhln, etc. Enfin viennent le maquereau, une grande quantité de rousseltes, chiens de mer, de jeunes requins : Mustelus manazo, Acantras vulgaris, Squalus carcharias, S. qjlau- cus. J'ai même acheté plusieurs spécimens de squale marteau, Zygæna malleus, qu’on mange comme les autres. Les méduses elles-mêmes, Rhysostoma Cuvierr, n’échap- pent pas à la cuisine de ce peuple omnivore. Pendant les chaleurs, des milliers de petites barques armées de filets à main leur donnent la chasse dans les eaux calmes et claires du golfe de Nimrod, ou elles sont si nombreuses qu'une des baies y a pris le nom de Baie des Méduses (Medusa Bay de la carte). On les sèche au soleil et on les conserve dans le sel. J’avoue que je n’ai point eu le cou- rage d'y goûter. Il existe aussi dans ces mers un petit poisson fort curieux et très-commun, que les Chinois appelle poisson r1Z, Mi-Yü. Il mesure dix centimètres, a le corps cylin- drique de la grosseur d’un gros crayon et transparent comme du verre dans toutes ses parties. La tête est aplatie dans le sens horizontal et a la forme d’une lan- celte. Le poisson dans l’eau n’est visible que par ses yeux, deux petits globes noirs de la grosseur d’une tête d’épin- gle. Le nom scientifique de ce curieux poisson est Salanx chinensis Günth. = Leucosoma Reeves. Bien qu’à corps lisse et sans écailles, il appartient à la famille des Salmo- noïdes. Lorsqu'il est cuit, il devient opaque et semble fait d’albumine coagulée. 342 PROMENADES D'UN NATURALISTE J'ai pu observer aussi des plies, des barbues, des congres, le Séromateus chang-yù, des Crenilabrus, Hemn- ramphus, Lates, Nebris, Carassius, Bagrus, Clupea, le Lophius setigerus, le Trigla hirudo, le poisson volant, Exocætus volitans, et quantité d’autres dont je n’ai pu encore trouver les noms. Dans les eaux saumâtres on trouve le fameux Macropode chinois, aujourd’hui introduit en Europe. En me rendant au port de Chingkiamen, je suivis la côte et entrai chez plusieurs pêcheurs. L’un d’eux, fun vieux chrétien, biën connu des missionnaires, me fit les honneurs de sa pauvre cabane et m’offrit poliment le thé et la pipe. Pendant que sa fille me préparait un léger repas de riz cuit avec des patates douces rapées et séchées au soleil, nous causämes et voici en détail ce que j'appris sur la pêche et les pêcheurs. Jurisprudence de la pêche maritime. — Toute liberté d'engins est accordée pour la pêche en pleine mer, et il n’existe aucune restriction sur la grandeur des filets ou la largeur des mailles; tout cela étant réglé par des coutumes traditionnelles. Chaque barque a son numéro et doit se procurer une patente qui lui est octroyée par les autorités civiles moyennant paiement d’une certaine som- me. Cette pièce doit porter le sceau du mandarin, et son exhibition est obligatoire chaque fois que les autorités le jugent convenable, pour vérifier les droits de tel ou tel navire. On doit aussi la faire viser aux stations de douane qui se trouvent dans les îles. Chaque bateau paie en outre chaque année deux dollars pour couvrir les dépenses d'entretien d’une jonque de guerre qui doit les protéger contre les pirates et maintenir le bon ordre parmi eux. Il y a dix de ces jonques dans le district de Chusan. Ces jonques de guerre sont armées de canons euro- DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 343 péens modèle Krupp et commandés par un Chen-tai, sorte de vice-amiral. Pour la pêche de rivage, le terrain appartenant à l'Etat, il est nécessaire d'obtenir une permission des mandarins. Chaque propriété est soigneusement délimitée et paie un droit proportionnel. Tout individu trouvé pêchant sur le terrain d'autrui est arrêté par les pêcheurs, qui s’empa- rent de son bateau et de ses filets, et ne manqueut pas de lui imposer une lourde amende. Il y a une sorte de jury ou de conseil de prud'hommes choisi pour administrer ces affaires sous la direction du plus âgé du village. Chaque bateau paie encore une petite dîime à l'officier de police chargé de surveiller le débarquement du pois- son. Le prix n’en est pas plus régulièrement fixé que celui des patentes. Les pêcheurs étant gens taillables et corvéables à merci, les fonctionnaires les pressurent de leur mieux et calculent leurs impositions d’après la fortune supposée de leurs administrés. La faveur y joue aussi un grand rôle et de riches propriétaires de pêcheries ne paient souvent qu'une somme nominale parce qu'ils ont su se ménager l'amitié des préposés aux douanes ou à l’octroi. Péche fluviale. — La pêche dans les lacs, rivières et canaux comporte aussi des réglements spéciaux. Un espace délimité est accordé sur le paiement d’une petite som- me (1). Comme les eaux appartiennent aussi à l'Etat, cette transaction se fait par l'intermédiaire des manda- rins. Une patente est toujours accordée sur demande écrite, mais le propriétaire est rendu responsable de la conservation du poisson dans sa propriété. Afin de main- (1) Elle se monte à 4800 sapèques (environ 24 fr.) dans le dis- trict de Ningpo. ; 344 PROMENADES D'UN NATURALISTE tenir le nombre de poissons dans une juste mesure, il est tenu de verser chaque année dans ses eaux une quantité d’alevins proportionnée à l'étendue de son domaine, et il paie une sapèque par poisson à l'inspecteur des lacs et ri- vières. Pendant la saison du frai, il est absolument défendu d'enlever les herbes aquatiques, vu que le poisson y dé- pose ses œufs, ou de jeter dans les eaux de la chaux ou toute autre drogue tendant à détruire le poisson. Aucune restriction n’est d’ailleurs apportée à la forme ou à la di- mension des engins de pêche. Le mandarin chargé d’octroyer les patentes s'appelle Kuan-hu (inspecteur des lacs) ; 1l paie au Trésor une rente annuelle, sorte de cautionnement. Il est respon- sable de la police des eaux de son district, et doit veiller à la conservation de la pêche et à ce que pendant la saison du frai l’accès des lacs et rivières soit libre, afin que le poisson puisse y entrer facilement pour y déposer ses œuls. Le Kuan-hu ne peut juger lui-même les délinquants, mais il doit les faire arrêter et les envoyer juger devant le préfet du district. Cet inspecteur passe un contrat avec les principaux chefs des pêcheurs. Ces chefs sont choisis parmi les plus riches, leur fortune servant de caution et leur permettant de faire les avances nécessaires pour le paiement des droits et des taxes imposées aux pêcheurs. Ils rentrent dans leurs avances en prenant une légère commission sur le produit de la vente du poisson. Ils ont aussi le droit de posséder franc de taxes, une certaine étendue de lacs ou de rivières. Ils tiennent aussi un regis- tre exact des concessionnaires. Bien que la pêche soit permise toute l’année dans les grands fleuves, les Chinois ne profitent point de cette per- mission, car ils prétendeut qu’à l’époque du frai le poisson a une chair molle et de mauvaise qualité. DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 345 Les droits acquittés par les pêcheurs varient suivant les engins ou filets employés. Aucune restriction n’est d’ailleurs apportée à la forme ou à la dimension des en- gins de pêche. Associations de pêche. — Les pêcheurs de Chusan et du district de Ningpo, s'organisent généralement en so- ciétés (huei). Les plus importantes de ces associations possèdent un temple presque toujours dédié à Kuan-Yin ou Tien-hou ‘‘ l'impératrice du ciel”. Dans ces temples se trouvent un théâtre, des chambres pour les hôtes et des salles de réunion. Comme les Chinois sont extrêmement . exclusifs, chaque district ou province possède son asso- cation et son temple. La plus belle des pagodes de Ningpo appartient aux pêcheurs du Fokien. Dans quelques-unes de ces pagodes on peut voir suspendus devant les autels, de petits modèles de bateaux de pêche. Il ne faudrait point croire que ce sont des ex-voto, non; ils sont placés là pour servir de moyens de transport aux divinités, de même que les mets placés sur l'autel sont supposés servir à la nour- riture des idoles. Les barques de pêche portent toujours à l'arrière un pavillon triangulaire, au milieu duquel se trouve inscrit le nom du propriétaire, etsur le côté, le long de la ham- pe, le nom de la pagode de l’association à laquelle appar- tient le patron du bateau. C’est dans ces pagodes qu'avant de partir on se rend en procession pour se rendre les di- vinités propices et consulter les oracles. Supershhions.— En cas de danger, pêcheurs et matelots se prosternent devant la statue de leur divinité tutélaire et se lamentent en frappant de la tête sur les planches du pont. Ils allument devant l’idole nombre de bâtonnets odorants et font vœu, si Kuan-Yin les sauve du naufrage, de lui offrir, dans la pagode de la société, une grande comédie à 346 PROMENADES D'UN NATURALISTE leur retour. Comme ces représentations théâtrales coûtent généralement fort cher, et que ces pauvres diables une fois sauvés ne tiennent guëre à dépenser leurs économies en l'honneur de leur divinités, ils ont recours à un subter- fuge tout chinois. Ils vont à une certaine boutique où l’on fabrique les hommes et les animaux de papier qu’on brûle aux funérailles; ils achètent là, ou font faire en roseau et papier peint, quantité de mannequins représentant les per- sonnages de la comédie promise, ils y joignent de belles boîtes en papier rouge renfermant une immense fortune en lingots d’or et d'argent aussi en papier, doré ou argenté, suivant leur libéralité; on joint à tout cela quelques chan- delles rouges petites et peu coûteuses, puis armés chacun d'un drapeau de couleur ils se rendent avec tous ces pa- raphernalia à leur pagode et les brülent devant l’idole, la comédie est jouée et leur vœu accompli! Parmi les offran- des on trouve souvent des jonques en papier, modèles exacts des bateaux du pays. On en fait provision et lorsque la barque de pêche est prise en pleine mer par le calme, on lance à l’eau une flottille de ces bateaux de papier et l'on brûle force pétards, en l'honneur du dieu des vents, qui en retour doit ouvrir l’antre où il emprisonne la brise demandée par les pêcheurs. Ils trouvent souvent plus simple et meilleur marché d’a- dopter une méthode connue detous les matelots du globe et qui consiste à siffler pour faire venir le vent. Une autre divinité fort en honneur chez les pêcheurs est Lung-wang, le Prince dragon, le Neptune chinois. CR DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 347 CHAPITRE HIT. Saisons de pêche. — Engagement des équipages. — Pronostics du temps. — Navires de Chingkiamen. — Ile sacrée de Pootoo, sa géologie, ses monastères, ses plages; station bal- néaire. — Liste des plantes fleurissant l'été dans les îles Chusan. — Animaux de ces iles, — Légendes boudhiques de l’île de Pootoo. Tout en humant une tasse de thé bouillant avec Le vieux pêcheur de Chingkiamen, je prenais des notes au fur et à mesure qu'il m'expliquait tout ce qui concerne la pêche. Monsieur l’abbé Bret, qui a vécu de longues années au milieu des pêcheurs des Chusan, voulut bien me dicter aussi quelques informations pendant que nous naviguions ensemble entre ces îles. Plus tard, j'eus l’occasion de corroborer toutes ces notes en causant à Ningpo avec plusieurs chefs d'associations de pêche. Voici le résultat de ces études. Saisons de pêche. — Il y a chaque année deux saisons de pêche. La première commence quelques jours avant Pâques ; la seconde vers la fin de juillet, et elle se conti- nue pendant l’hiver, jusqu’au retour du printemps. Elle est plus pénible que la première, qui ne dure que deux à trois mois, les marins rentrant toujours pour faire la moisson et restant généralement deux mois à terre. Pour la grande pêche on emploie toujours deux bateaux, l’un porte spécialement le matériel de pêche, l’autre les provisions. Ils doivent toujours agir de concert et si l’un d'eux est désemparé ou forcé de se réfugier dans un port, l’autre est condamné par là même à rentrer sans rien faire. 348 PROMENADES D'UN NATURALISTE Les bateaux de pêche appartiennent généralement à de grands propriétaires ou armateurs qui chargent les capi- taines d'engager les hommes, etc. Voici comment se font ces engagements. Engagement des équipages.— Le Laudah (littéralement frère aîné en dialecte du Fokien) est le chef ou capitaine de la jonque. C’est généralement un pêcheur habile et un pilote expérimenté. Il connait les bons endroits et se charge de la police du bord. Il est responsable, mais seulement jusqu'à la bourse, car en cas de perte du navire il ne peut être poursuivi pour dommages. Sa paie comme celle des hommes est calculée selon sa capacité. Un bon laudah reçoit de 70 à 80 piastres pour la pre- mière saison de pêche. Sa nourriture est à la charge de l'armateur, à moins qu'il ne soit à la fois capitaine et propriétaire de sa jonque. Tous les contrats d'engagement pour les hommes et pour les patrons sont généralement faits par écrit. Les prix d'engagement pour la première saison de pêche, qui est exempte d’orages, sont plus bas que ceux des hommes qui servent pendant la saison d'hiver. Une partie du prix est donnée en arrhes avant le départ. Après le laudah vient le Shh-fu ou cuisinier aussi appelé Chü-kong « artisan de la cuisine » ou Nung fan « qui prépare le riz ». C’est proprement Le second du navire et,en cas d'absence du laudah, c’est le cuisinier qui prend le commandement et la barre du gouvernail ; ses appointements varient de 55 à 60 piastres. Puis vien- nent les matelots dont la paie varie de 28 à 30 piastres, suivant leur capacité. Souvent, au lieu de se faire par saison, les engagements se font au mois, alors la paie est moindre. La nourriture de l'équipage est presque toujours à la charge de l’armateur. Souvent les matelots ont en plus DANS L’'ARCHIPEL DES CHUSAN. 349 de leur paie une part d'intérêt dans l’entreprise. Chaque bateau de pêche a généralement dix hommes d'équipage; on ne prend à bord ni femmes ni enfants. Pronostics du temps. — Les pêcheurs font grande attention aux pronostics du temps et voici les règles plus ou moins exactes qu'ils posent pour les probabilités des phénomènes météorologiques. Dans la première partie de l’année (Mousson du Nord), si le temps est beau le 3 ou le 4 de la lune, il y a chance pour qu’il fasse beau pendant une quinzaine ; si au con- traire il pleut le 3 ou le #, on peut être sûr que la pluie continuera pendant quinze jours. Dans la seconde partie de l’année (Mousson du Sud), s’il ne pleut pas le 13, le reste de la lune sera beau; tandis que si la pluie tombe ce jour-là, elle continuera jusqu’à la fin de la lunaison. Navires de Chingkiamen. — Lorsque j'arrivai à Ching- kiamen, je trouvai un grand nombre de bateaux de pêche dans le port, où ils sont disposés par rangées de quatre ou cinq, bord à bord, le long du quai. Leur grande voile carrée, teinte en brun rouille par l'écorce de palétuvier, est formée de deux morceaux retenus à un pied de dis- tance par un lacis de corde et à travers lequel on voit le ciel, ce qui produit un effet étrange ; le bout des mâts est peint en rouge, ainsi qu’une partie de la carène. Ceci permet de les reconnaitre au loin et de les distinguer des navires du Fokien qui sont plus sombres. Le vieux pêcheur Chusanais ayant bien voulu me servir de pilote pour aller visiter d’autres îles, nous partons avec bonne brise pour l’île de Chukia. Ile sacrée de Pootoo.[(1) —A babord, nous apercevons la (1) Prononcez Poutou. 350 PROMENADES D'UN NATURALISTE fameuse île sacrée de Pootoo, célèbre dans toute la Chine pour ses nombreux monastères et sa population de prê- tres, qui seuls peuvent l’habiter. Plusieurs des îles de l’ar- chipel Chusan sont la propriété exclusive des bonzes; c’est de là qu’ils tirent leurs provisions et leur bois. Les fem- mes sont strictement exclues de Pootoo ; elles ne peuvent y passer que quelques heures pour venir se prosterner devant les statues de la déesse Kuan-Yin et le soir venu, elles doivent se retirer à bord de leurs bateaux. Les prè- tres boudhistes ne vivant absolument que de légumes, tout ce qui a vie est respecté sur leur territoire, aussi le natu- raliste trouve dans l’île un vaste champ de recherches z00- logiques. Les oiseaux n’y étant jamais inquiétés y sont fort nombreux et peu timides ; les serpents y abondent et on en rencontre de fort beaux ; on peut.citer l'Elaphas tœæniu- rus, le Daphnis dione. On m’a assuré qu’on y a vu le Naja ou le Cobra. Les touristes qui habitent les temples l'été, se plaignent souvent de l’abondance extrême des puces. Cette île mesure 3 1/2 milles de longueur sur 4 mille de largeur et même moins en certains endroits. Elle est située à 4 1/2 mille à l'Est de Chusan. Le détroit qui les sépare s’appelle l'Océan des lotus. La constitution géolo- gique de l’île est la même que celle de Chusan : grès rou- ge, quartzite, argillite, porphyre et granit. Sur toutes les surfaces rocheuses un peu planes les prêtres ont gravé des caractères sanscrits et chinois signifiant ‘‘ a-mi-to-fo ” gloire au joyau dans le lotus, c'est-à-dire gloire à Boudha, invocation que les bonzes répètent sans cesse sur les grains noirs de longs chapelets, faits des graines lisses et parfaitement sphériques du Sapindus chinensis. L’ile possède une centaine de monastères, tous con- struits dans des sites charmants, au bord d’un ruisseau, à l'ombre de magnifiques camphriers aux baies parfumées, sb] DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 351 ou juchés sur la pointe de rochers qui s’avancent jusque dans l’écume des vagues ou s’élancent vers le ciel. Les prêtres sont au nombre d'environ 2000 ; quelques-uns vivent en ermites, renfermés dans une petite cabane ou dans une chambre ou une grotte, d’où ils ne sortent jamais. Station balnéaire. — Le séjour de l'ile est enchan- teur et l'été les habitants de Shanghaï et de Ningpo s’y rendent pendant quelque temps pour échapper aux chaleurs torrides du continent. À Pootoo la brise de mer souffle sans cesse et rafraichit l'air; les nuits sont toujours assez fraîches pour qu’on puisse dormir, et la température moyenne y est de plusieurs degrés au-dessous de celle de Ningpo et de Shanghaï. Puis chaque matin ou chaque soir, quand le soleil est assez bas sur l'horizon pour qu’on ne craigne plus les insolations, on va prendre de délicieux bains de mer sur les plages de sable fin et dans les eaux pures de la côte orientale. Une de ces char- mantes criques réservée aux dames a reçu le nom de « Ladies beach » ; une autre d’un mille de long s’appelle le « Mile beach ». On se loge dans les temples où l’on apporte son mobilier et où l’on campe pendant un ou deux mois. Dans les piscines qui se trouvent autour des temples, on élève de magnifiques lotus roses au milieu desquels se jouent des carpes monstres et quantité de tortues qu’y a déposées la piété des fidèles et qui sont soigneusement nourries par les prêtres, pour lesquels c'est une œuvre pie. Plantes fleurissant l'été aux îles Chusan. — En été, l'air est embaumé par le parfum des fleurs et des plantes aromatiques. Les monastères tirant presque toutes leurs provisions du dehors, le sol est peu cultivé et 352 PROMENADES D'UN NATURALISTE abandonné à la végétation spontanée. Les arbres y sont respectés et on y trouve des bouquets de bois, chose rare dans les autres îles cultivées pouce par pouce et presque entièrement dépouillées d'arbres, qu’on coupe sans merci pour le chauffage. Aussi le botaniste peut-il faire à Pootoo de riches récoltes ; n'ayant pas eu le temps d’en étudier soigneusement la flore, je me contenterai de donner ici la liste des plantes que le D' Cantor trouva en fleurs à Chusan pendant les mois de juillet, août et septembre, et que l’on trouve dans presque toutes les autres îles, sur- tout à Pootoo, et sur le continent aux environs de Ningpo. On peut donc prendre cette liste comme celle des plantes de toute cette région. La voici par ordre de familles : DYCOTYLÉDONÉES. Ranunculacées ..... RanuncCulus sp. Ranunculus aquatilis. Nympheacées ...... Nymphæa nelumbo = Nelumbium spe- ciosum. Cultivé. Crucifères.......... Thlaspi bursa-pastoris. Brassica sinensis. Cultivé. Sinapis arvensis. Cultivé. Resédacées......... Reseda luteola ? Oxalidées.......... Oxalis stricta. Hypéricinées....... Hypericum montanum. » perfoliatum. Caméliacées........ Thea viridis. Cultivé. Camellia Japonica. Aurantiacées ....... Citrus olivæformis. Citrus, deux ou trois autres espèces. Cultivés. Ampelidées ........ Vitis vinifera. Cultivé. Meliacées. ......... Melia azedarach. Malvacées.......... Gossypium herbaceum var. indicum L. Hibiscus mutabilis, H. Rosa sinensis. Sterculiacées . ..... Sterculia platanifolia A. Gray. Acerinées.......... Acer (trifidum Thunb.) Ilicinées........... Ilex (integra?) Légumineuses, ..... Très-nombreuses. Sophora japonica Linn. DANS Amygdalées........ RoOSacé6s use Myrtacées . ....... . Granatées........ .. Crassulacées:: 25%: Cucurbitacées ..... ë Portulacées SEX eux Umbellifères....... Caprifoliacées ...... ATANACÉES. RE Composées, ....,... LADIOES A re Toces: Borraginées......,. Verbenacées........ Convolvulacées..... SOIR 55.5 25 L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 353 Indigofera. Vicia. Dolichos, etc., etc. Wistaria chinensis DC. Amygdalus persica L. Prunus (japonica ? Thbg.) Rosa sinica Ait. Rubus idæus L. Rubus chamæmorus L. Geum rivale L. Fragaria (chinensis Ehrh.) Pyrus malus L. Pyrus sp. Pyrus cydonia L. Myrtus sp. Punica granatum L. Sempervivum. Sedum acre L. Cucumis melo L. Momordica balsaminea. Portulaca (oleracea L.) Dauçus carota L. Carum carvi L. Sambucus (japoniea aut nigra L.) Hedera helix L. Gnaphalium (japonicum Thbg ?) Inula (chinensis Arspr ?) Senecio Sp. Chrysanthemum indicum L. Artemisia chinensis L. et plusieurs au- tres espèces d’Artemisia. Rosmarinus officinalis L. Rosmarinus sp.? Mentha (arvensis L.?) Origanum ? Symphytum sp.? Verbena (officinalis ?) Convolvulus batatas L. Convolvulus sp. Nicotiana tabacum (var. sinensis et fru- ticosa Fisch.) Datura metel L. Solanum nigrum L. Solanum dulcamara L. à 394 PROMENADES D'UN NATURALISTE Solanum melongena L. Capsicum (annuum aut chinense L.) Polygonées........, Polygonum, plusieurs espèces. Rumex acetosa L. Rheum (undulatum L.?) Chenopodiacées..... Chenopodium Bonus Henricus L. MOFÉCS ee arte es Morus alba L. Morus nigra L. Cannabinées ....... Cannabis (sativa et chinensis L.) Humulus lupulus. Juglandées......... Juglans regia L. Pterocarya sp. Platycarya strobilacea. Cupulifères ...... .. Quercus (dentata Thbg.) Salicinées....,..... Salix sp. (alba ?) Salix babylonica L. Coniféres ......... . Pinus sinensis. Salisburya adiantifolia Smith Cupressinées....... dJuniperus sp. (chinensis ?) MONOCOTYLÉDONÉES. Zingibéracées ...... Zingiber officinale. Cultivé. Musacées : ........e Musa sinensis. Cultivé. Indéps Ve auee ete . Iris sp. (oxypetala Bge ?) Lillacéess. nur .. Allium, plusieurs espèces. Lilium sp. Graminées ...... ... Triticum. Oriza sativa et O. glutinosa. Zea mais. Milium sp. Hordeum sp. En plus de ces plantes je trouvai en fruits au mois d'août deux espèces de Ficus, dont l’une, courant sur les murs et les pierres comme un lierre, est le Facus stipulata Thbg.; l’autre à feuilles lancéolées entières est peut-être le F1- cus pumila de Blume ? Les fruits du Ficus stipulata ser- vent à faire des compresses émollientes pour les tumeurs hémorrhoïdales. Les femmes nourrices en boivent aussi Gi DANS L’ARCHIPEL DES CHUSAN. 355 une décoction pour augmenter la sécrétion lactée. Le Broussonetia papyrifera y complète aussi la famille des Morées. Dans les rochers au bord de la mer je trouvai les grandes feuilles vertes du Tussilago petasites et un Con- volvulus batatas avec de jeunes tubercules de la grosseur d’un pois se développant à l’aisselle des feuilles. Sur les plages et falaises je pus remarquer le Vrtex ovata dont les fruits sont soigneusement recueillis par les Chinois qui les emploient comme médecine. Dans les bois un joli Convol- vulus ouvrait chaque matin ses belles corolles bleues sur les branches d’un chêne à feuilles de châtaignier (Quercus castaneæfoha ? ). Près des temples croissaient aussi de magnifiques érables, Acer trifidum. Les fougères sont très-nombreuses dans les endroits ombragés et humides, malheureusement je les connais peu et oubliai d’en ramasser des échantillons. Animaux des îles Chusan. — Les animaux vivant dans l’île sont les mêmes que ceux des autres îles du groupe des Chusan : Noctilio (l), Canis sinensis, Canis vulpes, Felis catus, Felis espèce sauvage, Manrs javanicus, Sus (leucomystax ?), Equus caballus, Equus asinus, Bos taurus, voisin de l’espèce indienne. Les chevaux sont petits, à courte encolure, grosse tête ; c’est évidemment la même espèce que les anciens chevaux grecs que l’on voit représentés partout sur les vases et dans les sculptures antiques. Ils viennent du Nord et représen- tent l'espèce sauvage des steppes, les ‘ tarpans ”” de l'Asie boréale. Les porcs sont noirs avec une criniére touffue, plantée verticalement ; c’est aussi une espêce asiatique voisine de l'espèce japonaise. La chair en est fort blanche et beau- coup plus légère que celle du porc européen; c’est je crois Je Sus leucomystax. 3906 PROMENADES D'UN NATURALISTE : Légendes boudhiques. — Je visitai plusieurs des tem- ples, ils sont fort beaux et très-anciens. Le premier prêtre boudhiste s'établit dans l’île l’an 907 de notre ère. On ra- conte que c'était un prêtre japonais qui revenait d'un pélerinage au Wu-tai-shan, une fameuse montagne sacrée au Shansi. En passant prés de Pootoo, son navire se trou- va arrêté (dit la légende) dans uue masse inextricable de plantes de lotus dont il fut miraculeusement délivré à la suite d’un vœu à la déesse de Merci ‘‘ Kuan Yin pousah ”. Il débarqua sur l’île au pied d’un promontoire de rochers dans lesquels se trouve une grotte fort curieuse appelée Chao-ying-tung (grotte où résonnent les vagues). Il bâtit un temple juste au-dessus de cette grotte, près de l’endroit où une fissure permet de voir à l’intérieur. Lorsque la mer est grosse, elle rugit dans cette caverne et l’embrun des vagues sort comme une fumée blanche par cette sorte de cheminée. C’est une des curiosités naturelles de l’île. Quelques milles plus au Nord se trouve un cap rocheux assez élevé, séparé du reste de l’île par un col recouvert des deux côtés (Nord et Sud) d’une épaisse couche de sable blanc, ressemblant à s’y méprendre à un glacier. Ce sable y a été évidemment poussé par la force des mous- sons, mais voici comment les prêtres de l’île en racontent l'origine. Un jour la déesse de Merci voulut se rendre sur ce ro- cher qui était alors séparé de la terre ferme par un bras de mer. Le batelier auquel elle s’adressa, la prenant pour une pauvre femme, lui refusa durement ce petit service. Kuan Yin commanda aux sables d’envahir le détroit, et les sables montant rapidement ensevelirent l'homme sous une couche épaisse qui permit à la déesse de passer à pied sec. Depuis ce temps le sable monte chaque année un peu plus haut. . TA DANS L'ARCHIPEL DES CHUSAN. 357 Une autre légende qui nous paraît encore plus intéres- sante au point de vue géologique est celle qui raconte que Pootoo n’est que le reste d’une ile fort grande qui s’éten- dait autrefois à plusieurs milles au Nord-Est. La légende dit que le dragon marin, qui habite ces mers, ayant été, dans les âges passés, maltraité par les habitants de l’île, devint furieux et dans un moment de rage en avala la plus grande partie. Cette tradition populaire n’est que le récit d’un cataclysme volcanique, ainsi que l'indique la nature du terrain. Avant de quitter l’île de Pootoo, je visitai quelques-uns de ses temples. Ils sont célèbres dans toute la Chine, car cette île est considérée comme le premier sanctuaire du Boudhisme dans l’Empire céleste. Les premiers péle- rins boudhiques vinrent de l’Inde vers l’an 58 de notre ère, et le premier temple bâti à Pootoo date de l’an 900. Mais ce ne fut qu'en 4575 que l'Empereur Wan dk fit cadeau de l'ile aux prêtres du dieu indien par une lettre qui fut gravée sur une table de pierre que l’on conserve précieusement dans l’un des temples bäti par la femme de Wan li. Ce temple est appelé Pootoo-Shan-ssu, c’est- a-dire Temple de la Méditation de Boudha, ou Temple des Prêtres de Boudha. Le nom même de Pootoo est dérivé du sanscrit Poutala qui désigne l'endroit où vivaient, près des bouches de l’Indus, les ancêtres de Sakyamouni (Boudha) (1). On raconte dans le temple de Fa-yü-ssu, qu’en l’année 1666 des hommes aux cheveux rouges, probablement les Portugais qui avaient fondé une colonie à Ningpo dès 1530, volèrent la grande cloche et l’empor- Voir ‘* A syllabic dictionary of the Chinese language, etc. by S. Wells Williams, Shanghai. American presbyterian mission press 1874 ” p. 716. 358 PROMENADES D'UN NATURALISTE tèrent vers le Sud. En la débarquant elle devint tout-à- coup si lourde qu’elle tomba des mains des porteurs et s’enfouit profondément dans le sol où elle fut perdue pen- dant 60 ans. Jour et nuit on entendait de sourds gémis- sements en cet endroit, ce qui le fit considérer comme hanté par les esprits. Un homme courageux creusa le ter- rain et découvrit la cloche; on en informa l'abbé du temple de Pootoo qui vint la chercher en grande pompe à bord d’une jonque de guerre équipée aux frais du gou- verneur d'Amoy. Deux des temples reconstruits par l'em- pereur Kang-hi sont recouverts de tuiles vernies jaunes qui proviennent du palais en ruine des empereurs de la dynastie des Mings (1368-1628) à Nanking. Ils possèdent chacun une lettre autographe de l’empereur Kanghi (1702) gravée sur des tables de pierre élevées sous de charmants pavillons. On trouve aussi dans d’autres temples des lettres de l’empereur Fung-Ching (1723-1736) que l’on a aussi fait graver sur marbre. Contrairement à ce que j'ai vu dans le nord de la Chine, les temples ici sont bien en- tretenus et l’on en construit même souvent de nouveaux. (A suivre dans le T. XXIII des Mémoires.) amas 95 ICO UE EX pan ommmn OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ de Janvier 18299 à Juin 18580. $S 1er. — Ouvrages donnés par le Gouvernement. MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. — Revue des Sociétés savantes des départements, 6° série, VII, VIII (Juillet-août) 1878 ; — 7e série, I (n°s 4 à 4), IL {n° 1). 4879-1880. 80. — Sciences mathématiques, physiques et naturelles, 2° série, III, 1868 ; V, 1870 ; VI, 1872 ; VIII, 1874 ;, IX, 1875; X, 1876; XI, 1877, — 3e série, II, n°5 1 et 2) 1878-1879. 8°. — Journal des Savants, 1878 (Décembre) ; 1879 (Janvier à décembre) ; 1880 (Janvier à mai). 4°. — — Archives de la Commission scientifique du Mexique, I à III. 1864-1869. 80. — Diction- naire topographique du département de l'Eure, 1878. 40. — Dictionnaire topographique du département de la Mayenne, 1878.°4°. MINISTÈRE DE LA MARINE. — Revue algérienne et coloniale, I à III, 1859-1860. 80. — Revue maritime et coloniale, I à VI, 1861-1862 ; LX à LXV, 1879-1880. 80. — Table alphabé- tique et analytique des matières contenues dans les 35 volumes de la Revue maritime et coloniale publiés de 1869 à 1878. 1 vol. 1880. 80. MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE. — Annales du Commerce extérieur, 1878 (Décembre), 1879 (Janvier à Décembre); 1880 (Janvier à Juin). 4°. 360 OUVRAGES REÇUS $ 2e, Publications des Sociétés correspondantes. France. AGEN. Société d'agriculture, sciences et arts. — Recueil des tra- vaux, 2e série, VI, 1879. 8°. ALGER. Société des sciences physiques, naturelles et climatolo- giques. — Bulletin, 14° année 1878 (n° 1 à 4); 15e année 1879 (nos 4 à 4). 80. Amiens. Société Lirnéenne du Nord de la France. — Bulletin mensuel, n°5 76 à 87. 1878-1879. 80. AMIENS. Société médicale. — Bulletin des travaux, XV à XVII. 1875-1877. 80. ANGERS. Société académique de Maïne-et-Loire. — Mémoires, XXXV. 1880. 80. ANGERS. Société d’études scientifiques. — Bulletin, VIII et IX, 1878-1879. 8. ANGERS. Société industrielle et agricole d'Angers et du départe- ment de Maine-et-Loire. — Bulletin, 3e série, XIIT (Juillet à Décembre 1872), XIV (3e et 4° trimestres), XV, XVIII (3e et 4° trim.), XIX. 1872-1878. 80. ANNECY. Société florimontane. — Revue Savoisienne, 19e année 1878 (Décembre) ; 20° année 1879 (Janvier à Décembre); 21e année 1880 (Janvier à Mai). 40. AUXERRE.Société des sciences historiques etnaturelles del’Yonme. — Bulletin, XXXII (2 semestre), XXXIII (4er et 2° sem.). 1878-1879. 80. BESANÇON. Académie des sciences, belles-lettres et arts. — An- nées 1876 et 1877, 1878. 89. BESANCON. Société d'émulation du département du Doubs. — Mémoires, 5° série, III, 1878. 8°. Beziers. Société d'étude des sciences naturelles. — Bulletin, 3° année (n95 1 et 2) 1878. 8°. BorpEaux. Congrès scientifique de France. — 28e session tenue à Bordeaux en 1861. 5 vol. 1862-1864. 8°. BorpEaux. Institut des provinces. — L'Union, chronique des Sociétés savantes, 1878 (n°95 1, 2, 4 à 9, 11 à 18). #. BorDEAUXx. Société Linréenne. — Actes, XXXII !nos 3 à 6), XXXIII (nos 4 à 6). 1878-1879. 80. PAR LA SOCIÉTÉ. 3614 Borpraux. Sociélé des sciences physiques et raturelles, — Mé- moires, 2e série, III (nos 4 à 3), 1878-1880. 8o. BREST. — Société académique. — Bulletin, 1re série, I (3e livr.) 1861 ; VII (1re livr.) 4871 ; VIII, 1873. 8°. — 2: série, I et II, 1874-1875. 80. CAEN. Académie des sciences, arts et belles-lettres. — Mémoires, 1879. 8°. CAEN. Association Rrormande. — Annuaire des cinq départe- ments de l’ancienne Normandie, I à XI, XIII, XV, XVIII, XXXIX, XLI. 1835-1875. 80. CAEN. Société Linnéenre de Normandie. — Bulletin, 39 série, I à III, 1877-1879. 80. CHaALoNs-suR-MARNE. Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne. — Memoires, 1878- 1879. 80. CHERBOURG. Congrès scientifique de France. — 27e session tenue à Cherbourg en 1860. 2 vol. 8°. CHERBOURG. Société académique. — Mémoires, 1879. 8°. CHamBÉry. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie. —{Mémoires, 3e série, V, VI. 1879. 8°. CLERMONT-FERRAND. Académie des sciences, belles-lettres et arts. — Mémoires, XIX, XX. 1877-1878. 80. Dion. Académie des sciences, arts et belles-lettres. — Mémoires, 3e série, V. 1879. 8°. Dison. Société d'agriculture. — Journal d'Agriculture de la Côte-d'Or, XXXIX. 1877. 80. GRENOBLE. Société de statistique, des sciences raturelles et des arts industriels du département de l'Isère. — Bulletin, 4re série, I à IV. 1838-1846. 80. — 2e série, I, IV, VI, VII. 1851-1867. 80. — 3e série, I, VI, VIII, IX. 1867-1879. 8°. GUÉRET. Sociélé des sciences naturelles et archéologiques du département de la Creuse. — Chartes communales et fran- chises du département de la Creuse. 1877. 80. La ROCHELLE. Académie. Section des sciences naturelles. — An- nales, XV, 1878. 8°. LE HAVRE. — Sociélé havraise d'études diverses. — Recueil des publications, XLIII. 1876. 8°, LE HAvVRE. Sociélé des sciences et arts agricoles et horticoles .— Bulletin, XIII à XVI, 1879, 80. 362 OUVRAGES REÇUS LiLce. Société des sciences, de l'agriculture et des arts, — Mé- moires, 4e série, V à VIII. 1878-1880. 80. Lyon. Académie des sciences, belles-lettres et arts. — Mémoires, Classe des sciences, XXIII. 1879. 80. — Classe des lettres, XVIII. 1879, 8°. | Lyon. Société d'agriculture, histoire naturelle et arts'utiles. — Annales, 4° série, IX, X. 1876-1877. 80.— be série, I. 1878. 80. Lyon. Société Linnéerre. — Annales, XXIV, XXV. 1877-1878. 80. MarSEILLE. Société de statistique.— Répertoire des travaux, XXXVIII (2 partie}, XXXIX (1" et 2e parties). 1879-1880. Se MOnNTBÉLIARD. Société d'émulation. — Mémoires, 3° série, II (1re partie). 1879. 8°. MonTPELLIER. Académie des sciences et lettres. — Mémoires de la section des sciences, IX (2e fasc.) 14878. 4°. — Mémoires de la section des lettres, VI (3° fasc.) 1877. 4°. MONTPELLIER. Congrès scientifique de France. — 35e session tenue à Montpellier en 1868. 2 vol. 1878. 80. Nancy. Académie de Stanislas,— Mémoires, 4e série, XI. 1878. 89. Nancy. Société des sciences. — Bulletin, 2° sério, IV (fasc. 8 et 9). 1878-1879. 80. NanTEs. Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure. — Annales, VIII, IX. 1878-1879. 80. — Table alphabétique des noms d'auteurs et des matières con- tenues dans les Annales de la Société académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, depuis la fondation en 1798 jus- qu’en 1878 inclusivement. 1 vol. 1879. 8e. Nimes. Société d'étude des sciences naturelles.— Bulletin, 2° an- née (n° 3 et 4) ; 3° année (nos 1 à 4), ÿ° année (n° 9); 6° an- née (n° 12); 7° année {n° 1 à 12) ; 8° année (nos 4 à 3). 1874- 1880. 80. * ORLÉANS. Sociélé d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts. — Mémoires, XIX (nos 3 et 4); XX (n°5 1 à 4); XXI (n° 1 à3). 1877-1879. 80. Paris. Académie de médecine. — Mémoires, XX, XXIV à XXVI, XX VIII (2e partie), XXIX, XXX (1'e partie), XXXI (2e partie), 1 ; ur | LL. PAR LA SOCIÉTÉ. 363 XXXII. 1858-1879. 4°. — Rapport sut les vaccinations pratiquées en France pendant les années 1808 à 1812, 1815, 1816, 1818 à 1826, 1828 à 1834, 1836 à 1838, 1841 à 1848, 1851, 1853, 1854, 1857 à 1864, 1866, 1867, 1872 à 1876 (1811- 1879). 80. — Rapports de la Commission permanente de l'hygiène de l’enfance, nos 1 à 6. 1872-1877. 80. — Recueil de mémoires publiés par la Commission permanente de l'hygiène de l'enfance, [ (fasc. 1) 1875. 8°. Paris. Académie des sciences. — Comptes-rendus hebdoma- daires des séances, LXXXIV à LXXXVIII. 1877-1879. 40. Paris. Académie nationale, agricole, manufacturière et com- merciale. — Journal mensuel des travaux, XX VIII à XXXII. 1858-1862. 80. Paris. Association française pour l'avancement des sciences. — Compte-rendu de la 6e session, Le Havre, 1877. — Compte-rendu de la 7° session, Paris, 1878. 80. Paris. Association scientifique de France. — Bulletin hebdoma- daire, XXIII à XXV (nos 571, 579, 583 à 647). 1878-1880. 80. — 2e série, I (n°5 4 à 13). 1880. 80. Paris. Ecole polytechnique. — Journal de l'Ecole polytechni- que, cahiers nos 2 à 9, 11 à 29, 31 à 46 (T. I à XX VIII). 1796- 1879. 4°. Paris. Institut des provinces. — Annuaire, 1846, 1853. 120 ; — 1871, 1875, 1880. &°. Paris. Soci ctéd'acclimatation. — Bulletin mensuel, 3° série, V (nos 11 et 12), VI (nos 1 à 12), VII /nos 4 à 4). 1878-1880. 89. Paris. Société des agriculteurs de France. — Comptes-rendus des travaux, annuaires, I à IX. 1869-1878. 8°. — Bulletin mensuel, 1869 à 1873, 1877, 1878. 8°. — Enquête sur les baux de fermage et de métayage. 14879. 8°. — Déposition des dé- légués de la Société des Agriculteurs de France, devant la Commission parlementaire du Tarif général des Douanes. 1879. 80. Paris. Société botanique de France. — Bulletin, XXV (Comptes- rendus des séances, n°5 4 à5 ;, Revue bibliographique, B à E) 1878 ; XXVI (Comptes-rendus n°s 4 à 3; Revue bibliogr. A à E) 1879: XXVII (Comptes-rendus, nos 4 et 2, Revue bibliogr. A) 1880. 80. 364 OUVRAGES REÇUS Paris. Société d'encouragement pour l'Industrie nationale. — Bulletin, 3e série, V. 1878, 4°. Paris. Société de géographie. — Bulletin, 6e série, XVI (nos 4 à 6), XVII (nos 4 à 6), XVIII (nos 4 à 6), XIX (n° 1 à 6), 1878- 1880. 80. Paris. Société centrale d'horticulture de France. — Journal, 2e série, XII (n° 12) 1878 ; 3° série, L (n° 1 à 12), II (n°5 1 à 5). 1879-1880. 8°. PaRIs. Société Linréenre. — Bulletin mensuel, no°s 20, 23 à 32. 1878-1880. 80. Paris. Société météorologique de France. — Annuaire, I à VI, 1853-1858. 8°. Paris. Société philomathique. — Bulletin, 6e série, X, XI. 1873- 41876. 8° ; — 7° série, I, IL, III (n° 1 et 2). 1877-1879. 80. Paris. — L'Électricité. Revue scientifique illustrée, # année 1879 ; 3e année 1880 (n°5 4 à 12). 40. Paris.— La Lumière électrique. Journal universel d'électricité, 1 (nos 4 à 4), IL (n° 12). 1879-1880. 4. Paris. — Revue horticole, ® série, I à V, 1841-1846, 120. — 3e série, I à V. 1847-1851, 120. — 4e série, I à V, 1852-1856. 80, Paris. — Revue internationale des sciences biologiques, 28 an- née, 1879 ; 3° année 1880 {n°5 4 à 6). 80. Paris. — Revue scientifique de la France et de l'Etranger, 2° sé- rie, XVI à XVIII. 1879-1880. 4°. Privas. Société des sciences naturelles et historiques de l’Ardeè- che. — Bulletin, XI, 1877. — Nouvelle série, I, 1879. 80. ROCHEFORT. Société d'agriculture, des belles-lettres, sciences et arts. — Travaux, années 1877-1878. 80. f Rouen. Académie des scienees, belles-lettres et arts. — Précis analytique des travaux pendant l’année 1877-1878. 8°. Rouen. Société des amis des sciences naturelles. — Bulletin, XIV (n°5 4 et 2) 1879 ; XV (n° 1) 1879. 80. Rouen. Congrès pour l'étude des fruits à cidre. — Procès-ver- baux, 1864 à 1872. 80. Rouen. Congrès scientifique de France. — 32 session tenue à Rouen en 1865. 1 vol. 1866. 8°. SAINT-BRIEUC. Congrès scientifique de France. — 38° session tenue à Saint-Brieuc en 1872. 2 vol. 1873. S°. PAR LA SOCIÉTÉ. 365 SAINT-ETIENNE. Congrès scientifique de France. — 29° session tenue à Saint-Etienne en 1862. 2 vol. 1862-1865. 80. SAINT-JEAN-D'ANGELY. Société Lirnréenre de la Charente-Infé- rieure. — Bulletin, 2e année (3e et 4° trim.) 14878 ; 3° année {trim. 4 à 4) 1879 ; 4° année (1° trim.) 1880. 8°, SAINT-QUENTIN. Société académique des sciences, arts, belles- lettres, agriculture et industrie. — Travaux, 4 série, II. 1880. 80. TouLouse. Académie des sciences, inscriptiors et belles-lettres. — Mémoires, 7e série, X. 1878. — 8e série, I, 1879. 80. TouLouse. Société d'histoire raturelle. — Bulletin, X (n° 3) XI (no 4), XII (nos 2 à 4), XIII (n°5 4 à 4). 1877-1879. 80. TOULOUSE. — Société des sciences physiques et raturellese — Bulletin, III (nos 1 et 2), IV (n° 1). 1875-1878. 80. Troyes. Société académique d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube. — Mémoires, 3° série, XV, 1878. 8°. VALOGNES. Société archéologique, artistique, littéraire et scien- tifique de l'arrondissement de Valognes. — Statuts adoptés dans la séance du 7 novembre 1878, et approuvés par l’Au- torité supérieure le 31 Décembre 1878. 80. ViTRY-LE-FRANÇAIS. Société des sciences et arts. — IV, V, VII. 1870-1876. 80. Iles Britanniques. CAMBRIDGE. Société scientifique. — Transactions of the Cam- bridge Philosophical Society, XII (part 3) 1879. 40. — Pro- ceedings, IIL (n° 3 à 6). 1877-1879. 80. CAMBRIDGE. Observatoire, — Astronomical Observations made at the Observatory of Cambridge, XXI. 1879. 4°. Dugzin. Académie Royale d'Irlande. — The Transactions of the Royal Irish Academy, XXIV : Antiquities (livr. 2 à 8) 1865- 1867 ; XXIV : Science {livr. 2 à 46) 1862-1870 ; XXVI : Science (livr. 6 à 16, 18 à 21) 1876-1877 ; XXVII: Polite litterature and Antiquities (livr. 4 et 2) 1877-1879. 40.— Proceedings, 2e série, 1 (ns 12 et 13); IL (n° 7), III (n° 4, 3). 1877-1879. 80. EnimBourG. Société Royale. — Proceedings ofthe Royal Society of Edinburgh, IX, 1878; X, 1879, 80. 366 OUVRAGES REÇUS EnimBourGé. Société Royale de physique. — Proceedings of the Royal Physical Society, IV. 1878. 8°. EnrmsouBG. Sociélé botanigue. — Transactions and proceedings of the Botanical Society of Edinburgh, XIII (ns 2 et 3). 1878-1879. 80. EnimBourG. Jardin Royal de Botanique. — Royal Botanic Gar- den of Edinburgh. Report by the Regius Keeper, for the year 1878. 8°. GREENWICH. Observatoire Royal. — Astronomical and magne- tical and meteorological Observations made at the Royal Observatory, Greenwich, in the year 1876; — in the year 1877. 4°. — Reduction of twenty years’ photographie Re- cords of the Barometer and dry-bulb and wet-bulb Ther- mometers, and twenty seven years’ Observations on the earth Thermometers, made at the Royal Observatory, Greenwich. 1878. 40. LIVERPOOL. Société litléraire et scientifique. — Proceedings of the Literary and Philosophical Society of Liverpool during the 67th session 1877-1878. 80. Lonpres. Société Royale. — Proceedings of the Royal Society, XXIV (nos 464 à 170), XXV (nos 471 à 174), XXVI (n° 184), XXVII (nos 1485 à 189), XX VIII (nos 190 à 195), XXIX (n° 196). 1875-1879: 80. Lonpres. Société Royale d'astronomie. — Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, XXXIX (nos 2 à 9), XL (n°1 à 7). 1879-1880. &. Lonpres. Société Linréenne. — The Journal of the dance Society : Botany, XVI (nos 93 à 97), XVII (nos 98 à 102). Zoology, XIII (n° 72), XIV (n°5 73 à 79). 1877-1879. 80. — List of the Linnean Society, 1877, 1878. 80. Londres. Société Royale de microscopie. — Journal of the Royal Microscopical Society, IL (nos 2, 3, 5 à 7‘), III (n°5 4 à 3). 1879-1880. Londres. 80. LONDRES. Institution des Ingénieurs civils. — Minutes of Pro- ceedings of the Institution of Civil Engineers, XXI à LIX. 1862-1880. 89. Lonpres. Exposition universelle de 1878 à Paris. Catalogue officiel de la Section anglaise, {re et 2 parties (2e édition). — Catalogue des Colonies anglaises, — Manuel de la Sec- ÊE à PAR LA SOCIÉTÉ. 367 tion des Indes Britanniques. — Catalogue de la Section des Beaux-Arts. 80. MANCHESTER. — L'Ingénieur universel. The Universal Engineer, IV (nos 11 à 18, 20 à 22, 24 à 26). 1880. 40. Belgique. BRUXELLES. Académie Royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. — Bulletins, série, XLI 4 XLV. 1876-1878. 8°, — Annuaire, 1877, 1878.12. BRuXxELLES. Congrès international des Américanistes. — 3° Ses- sion : Compte-rendu de l’Assemblée générale du Comité central d'organisation. 1879. 80. BRUXELLES. Observatoire Royal. — Annales, nouvelle série. Astronomie, I et II. 1878-1879. 4. — Annuaire, 1878, 1879. 16°. — Observations météorologiques faites aux stations internationales de la Belgique et des Pays-Bas. I, 1877. #. BRUXELLES. Société Royale de botanique de Belgique. — Bulle- tin, XIV, 1875-1876 ; XVII, 1879 ; XVIII, 1879-1880. 8°. BRUXELLES. Société entomologique de Belgique. — Annales, XXI, XXII. 1878-1879. 80. — Comptes-rendus des séances, nos 1 à 8, 10 à 64, 70, 71, 73, 75, 78, 80 à 82, 86 à 91, 94. 1866-1873. 8°. — 2° série, no9s 36, 43, 58 à 72. 1877-1879. 8°. BRUXELLES. Société malacologique de Belgique. — Annales, IX (n° 2) 1874 ; XI, 1876. 80. — Procès-verbaux des séances, VI, VIT, VIII. 1877-1879 ; IX (Janvier à mars) 14880. 8. BRUXELLES. Société belge de microscopie. — Annales, III, IV. 1877-1878. 80.— Bulletin des séances, I, IV (n° 12), V (nos 4 à 43), VI (nos 1 à 3, 5). 1874-1880. 8°. LiËGE. Fédération des Sociétés d'horticulture de Belgique. — Bulletin, 1878. 80. Mons. Société des sciences, des arts et des lettres du Haïiraut. — Mémoires et publications, 4° série, III, 1878. 8. Pays-Bas. AMSTERDAM. Académie Royale des sciences, — Verhandelingen der Koninglyke Akademie der Wetenschappen, XVIIS, XIX. 1879. 4°. — Verslagen en Mededeelingen : Afdeeling Natuur- 368 OUVRAGES REÇUS kunde, XII, XIII, XIV ; Afdeeling Letterkunde, VII, VIII. 1878-1879. 80. — Jaarboek, 1872, 1877, 1878. 80. — Proces- sen-Verbaal van de gewone vergaderingen, afdeeling Natuurkunde, 1871-72 à 1878-79. 8°. — Catalogus de Boe- kery, nouv. édition, I (n° 1), 1874. 80. AMSTERDAM. Sociélé de mathématiques. — Nieuw Archief voor Wiskunde, IV, 1878. 80. — Feest-gave van het Wiskundig Genootschap te Amsterdam onder de zinspreuk: « Een onvermoeide Arbeit komt alles te boven », ter gelegenheid der viering van zyn honderdjarig bestaan. Harlem 1879. fo. Bois-Le-puc. Société des arts et sciences de la province du Brabant septentrioral. — Handelingen van het Provin- ciaal Genootschap van Kunsten en Wetenschappen in Noord-Brabant, 1837-39, 1841 à 1871, 1873, 1874, 1877, 1878. 89.— Verzameling van Kronyken betrekkelyke de stadt en meyery van ’s Hertogenbosch, livr. 1 et 2, 1846-1847. 89.— Charters en geschiedkundige bescheiden betrekkelyk het land van Ravestein, livr. 4 à 3, 1848-1850. 8°. — Verzame- ling van zeldzame oorkonden betrekkelyk het beleg van ’s Hertogenbosch in den jare 4629, livr. 1 à 4. 1850-1873. 89. — Noordbrabant’s Oudheden. 1865, 80. — Supplement- Catalogus der Bibliotheek. 1866. 8°. — Catalogus der Boe- kery. 1re livr. 1879. 80. GRONINGUE. Sociélé des sciences naturelles. — Acht en zeven- tigste Verslag van het Natuurkundig Genootschap te Gro- ningen over het jaar 1878. 80. HARLEM. Société Hollandaïise des sciences, — Natuurkundige Ver- handelingen van de Hollandsche Maatschappy der Weten- schappen te Haarlem, 3° série, I, II, III, 4870-1878. 40. — Archives Néerlandaises des sciences exactes et naturelles, VIII (nos 4 et 2) 1873, XIII (nos 4 et 5) 1878, XIV (nos 1 à 4) 1879. 80, — Wysgeerige Verhandelingen, :I (livr. 1 et2); II (livr. 1). 4814-1822. 80. HARLEM. Société néerlandaise pour le progrès de l'industrie. — Tydschrift uitgegeven door de Nederlandsch Maatschappy ter bevordering van Nyverheid, 3: série, IX (n° 1 et 2) 1868; XVII (n° 5) 1876, — 4°,série, III (n9° 4 à 5, 7 à 12) 1879 ; IV (n°5 4 à 6) 1880. 80. — Handelingen der vyf en negentigste algemeene Vergadering, en van het zestiende Nyverheids PAR LA SOCIÉTÉ. 369 Congres gehouden te Sneek, 1872. 80. — Handelingen der zeven en negentigste alzgemeene Vergadering, en van het achttiende Nyverheids Congres, 1874. 8°. HarLem. Musée Teyler. — Archives du Musée Teyler, IV flivr. 2 à 4), V (livr. 1). 1878. 80. LEYDE. — Flora Batava, livr. 243 à 248. 1879. fo. LUXEMBOURG. JRstitut Royal Grand-Ducal. Section des sciences maturelles. — Publications, XVII, 1879. 80. MipDELBOURG. Société des scienees de la Zélande. — Zeeusch Genootschap der Wetenschappen. Naamlyst van Directeur en en Leden. Verslag van het verhandelde in de algemeene Vergadering 4874-1879. 80, — Archief. Vroegere en latere mededeelingen voornamelyk in betrekking tot Zeeland, IV (ta, 4h, 40, 2) 1878-1879. 8°. — Zelandia illustrata, IX (livr. 1). 1878. 80. NymèGue. Société néerlandaise de botanique. — Nederlandsch kruikkundig Archief. Verslagen en mededeelingen der Nederlandsche botanische Vereeniging, 2e série, III {n° 2). 1879. 80. Urrecar. Société provinciale des arts et des sciences. — Verslag van het verhandelde in de algemeene Vergadering van het Provinciaal Utrechtst Genootschap van Kunsten en We- tenschappen gehouden den 26 Juni 1877 , — den 25 Juni 1878. 80. — Aanteekeningen van het verhandelde in de Sectie-vergaderingen, ter gelegenheid van de algemeene Vergadering gehouden in het jaar 1877, — gehouden den 25 Juni 1878. 80. Urrecur. Institut Royal météorologique réerlandais ..— Neder- landsch meteorologisch Jaarboek voor 1872, XXIV (2° vol.) 1877; — voor 1873, XXV (2e vol.) 1878; — voor 1876, XXVIII {4% vol.) 4877 ; — voor 1877, XXIX {1° vol.) 1878. 40. Danemark. COPENHAGUE. Académie Royale des sciences.— Det Kongelige Danske Videnskabernes Selskabs Skrifter, 8e série, Natur- videnskabelig och mathematisk afdeling, XI (livr. 2, 6); XIL (livr. 2 à 5) 1878-1880. 40 — Oversigt over det' Kongelige Danske Videnskabernes Selskabs forandlinger og det Med- 24 370 OUVRAGES REÇUS lemmers arbejder, 14859, 1860, 1861, 1875 (n°5 2 et 3), 1876 (no 1), 1878 (n° 2), 1879 (nos 4 à 3), 1880 (n° 4). 8°. COPENHAGUE. Société botanique. — Botanisk Tidsschrift, udgi- vet af den Botaniska Forening i Kjobenhavn, 8: série, II (n° 4) ; [II (nos 4 à 4). 1878-1879. 80. COPENHAGUE. Société d'histoire raturelle. — Videnskabelige Meddelelser fra Naturhistorisk Forening i Kjobenhavn for - Aaret 1879-1880 (nos 1 et 2). 80. Suède et Norvège. CHARISTIANIA. Université Royale de Norvège. — Det Kongelige Norske Fredericks Universitets Aarsberetning for Aaret 1876; — for Aaret 1877. 8°.— Nyt Magazin for Naturvidenskaberne, XXII (n°4) 1876 ; XXII (n°° 1 à 4) 1877, XXIV (n°° 1 à 3, 1878.8°. CHRISTIANIA. Institut météorologique de Norvège. — Jahrbuch des Norwegischen meteorologischen Instituts für 1874, 1875, 1876. (1877-1878). 49. CHRISTIANIA. Société des sciences.— Forhandiinger i Videnskabs- Selskabet i Christiania, 14876, 1877, 1878. (1877-1879). 8°. — Fortegnelse over Separat-aftryk af Christiania Videnskabs- Selskabs forhandlinger. 1878. 80. DRONTHEIM. Société Royale des Naturalistes norvégiens. — Det Kongelige Norske Videnskabers Selskabs Skrifter i det 19de Aarhundrede, VIII (n°5 4 et 5) 1877-1878. 8°. GoTegorG. Société Royale des sciences et belles-lettres. — Güte- borgs Kongliga Vetenskaps och Vitterhets Samhälles Route lingar, XV, XVI, 1875-1878. 80. UPrsaz. Observatoire de l'Universilé.— Bulletin météorologique mensuel de l'Observatoire de l’Université d'Upsal, X, XI, 1878-1879. 40. Russie. Donpar,. Société des raturalistes. — Sitzungsberichte der Dot- pater Naturforscher Gesellschaft, IIL (n° 3) 4871 ; V (n° 1) 4878. 80. — Archiv für die Naturkunde Liv -, Ehst- und Kurlands, 1'° section, Vi (no 4) 1872; 2e section, VIII (n°3) 1879, 8°. L pas. , F4 PAR LA SOCIÉTÉ. 371 HeLsiNGFORs. Société finlandaise des sciences. — Üfversigt af Finska Vetenskaps - Societetens fürhandlingar, XIX, XX, XXI. 1876-1877. 80. — Bidrag till kännedom af Finlands Natur och Folk, livr. 27 à 34. 4878. 80.— Observations mé- téorologiques, 1875, 1876, 1877. 8°. HELSINGFoRSs. Société pour la faune et la flore de Finlande. — Acta Societatis pro fauna et flora fennica, I. 1875-1877. 80. — Meddelanden, livr. 2 à 4. 1878. 80. Moscou. Société Impériale des naturalistes. — Nouveaux mé- moires, XIII {n° 3) 1871 ; XIV (n° 1) 4879. 40. — Bulletin, 1878 (nos 2 à 4) ; 4879 (n°* 1 à 4). 8°. Opessa. Société des sciences naturelles de la Nouvelle-Russie. — Zapiski novorossiiskavo Obchtchestva Estestvoispitatelei, V (n° 2) ; VI (n°1). 1879. 80. ST-PÉTERSBOURG. Académie Impériale des sciences. — Mémoi- res, 7° série, XXV (nos 5 à 9) ; XXVI (n° 1 à 14), XXVII (n° 2 à 3). 4878-1879. 40.— Bulletin, XXV (n°° 1 à 5. 1278-1879. 4°. ST-PETERSBOURG. Observatoire physique central de Russie. — Annalen des physikalischen Central Observatoriums, 14877, 1878 (livr. 1 et 2). 40. — Jahresbericht für 1870. 40. — Re- pertorium für Meteorologie, IV (livr. 1) 4874, VI (livr. 4 et 2). 1879. 4°. ST-PETERSBOURG. Jardin Impérial de Botanique. — Acta horti petropolitani. Trudy Imperatorskavo S. Peterbourskavo botanitcheskavo Sada,V {fasc. 2). 80. — Index seminum quæ hortus botanicus imperialis petropolitanus pro mutua com- mutatione offert, 1837, 1842, 1845, 1846 (et suppl.), 1855, suppl. 14866. 80. — Delectus seminum, etc. 1870, 1872, 1874, 1878, 1879. 80. ST-PETERSBOURG. Société Impériale russe de géographie. — Izviéstiia Imperatorskavo Rousskavo geographitcheskavo Obchtchestva, XIV {nos 4 et 5), XV {nos 4 à 5), XVI (n°1). 1878- 1880. 80. — Zapiski Imperatorskavo geographitcheskavo Obchtchestva. VII, VIII, 1877-1878. 80. — Troudy etnogra- phitchesko-statistitcheskoi expeditsii v Zapadno-Rousskii Kraï, I (n° 2), LU, IV, VIL (no 2), 1877-1878. 80. — Troudy Sibirskoi expeditsii, III. Geologitcheskaia tchaste, II. 1878. 40. — Otichett Imper. Rousskavo geographitcheskavo Obchtchestva za 14877 godd, 14878. 8°, — Pistsovoniia knigi 312 OUVRAGES REÇUS izdavaemouiia Imperatorskimm Rousskimm geographitches- kimm Obchichestvomm. 1877. 80, — Zemlevyédyénie Azü. Geographiia strann vxodiachtchich v sostaf Rossii ili pogranitchnich s neyou t. e. Sibiri, Kitaiskoi Imperii, Tourkestana, Nezavisimoi Tatarii i Persii, IV, 14877. 80. Allemagne. ANNABERG. Société des sciences naturelles. — Zweiter Jahres- bericht des Annaberg-Buchholzer Vereins für Naturkunde, 1870. 89. AuGsBourG. Société d'histoire naturelle. — Fünfundzwanzigster Bericht des naturhistorischen Vereins in Augsburg. 1879. 80, BErLzin. Académie Royale des sciences de Prusse. — Monatsbe- richt der kôüniglich preussichen Akademie der Wissen- schaften zu Berlin, 1878 (septembre à décembre); 1879 (jan- vier à décembre) ; 1880 (janvier et février). 80. BERLIN. Société des amis des sciences naturelles. — Sitzungs- berichte der Gesellschaft Naturforschender Freunde zu Ber- lin, 1878, 1879. 8. BErLin. Société de botanique de la province de Brandebourg. — Verhandlungen der botanischen Vereins der Provinz Brandenburg, VIII, 1866 ; XX, 1878. 80. BERLIN. Société de géographie. — Zeitschrift der Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin, XII (no 6); XIV (n®% 4 à 6); XV- (n°s 4 et 2), 1878-1880. 8°. — Verhandlungen, V (n® 9 et 410); VI (nos 4 à 40); VII (nos 4 à 3). 1878-1880, 80. BERLIN. Société africaine. — Mitiheilungen der Afrikanischen Gesellschaft in Deutschland, I {n°5 4 à 5), II (n° 1}. 1878- 1880. 89. BErLin. Société allemande de géologie. — Zeitschrift der deut- schen geologischen Gesellschaft, XXVI (nos 4, 3); XXVII (n°1); XXX (no 4); XXXI (n95 4 à 4). 1874-1879. 8°. — Register zu dem XXI bis XXX Bande der Zeitschrift, 1869-1878. 80. BerLin. Société d'horticulture. — Monatsschrift des Vereins zur Befürderung des Gartenbaues in der preussischen Staaten, XXII (nos 4 à 12) ; XXIIT (n° 4 à 5). 1879-1880. 8°. 1] BERLIN. Société dé physique. — Die Fortschritte der Physik im Jahre 1874, XXX (1° et 2° parties). 1878-1879. 8. PAR LA SOCIÉTÉ. 3173 Bonn. Société d'histoire raturelle. — Verhandlungen des Na- turhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande und Westfalens, XXXV (n° 2); XXXVI (n°1). 1878-1879. 8°. Brème. Société des sciences raturelles.— Abhandlungen heraus- gegeben von Naturwissenschaftliche Vereine zu Bremen, VI (nos 4 à 3). 1879-1880. 80. — Beilage, n° VII. 1879. 8°. BRESLAU. Société silésienne des sciences.— Sechsundfünfzigster Jahres-Bericht der Schlesischen Gesellschaft für vater- ländische Cultur, 1878. 8°. — General Sachregister der in den Schriften der schlesischen Gesellschaft für vaterländ- ische Cultur von 180% bis 4876 incl. enthaltenen Aufsatze geordnet in alphabetischer Folge. 1878. 8°. BResLau. Société d'histoire de Silésie. — Eine Audienz Bres- lauer Bürger bei Napoléon I, 1873.1878. 80. CasseL. Société des sciences raturelles. — Catalog des Piblio- thek des Vereins für Naturkunde in Cassel. 1878. 80. Cuemnirz. Société des sciences naturelles. — Erster Bericht der naturwissenschaftlichen Gesellschaft zu Chemnitz, 1859- 1864. — Zweiter Bericht, 1864-1868. — Dritter Bericht, 1868-1870. — Vierter Bericht, 1871-1872. 80. Dantsick. Société des sciences raturelles. — Schriften der Na- turforschenden Gesellschaft in Danzig, IV (n° 3). 1878. 80. DARMSTADT. Société de géographie et société géologique. — No- tizblatt des Vereins für Erdkunde und verwandte Wissen- schaften zu Darmstadt, und des mittelrheinischen geologi- schen Vereins, XV, 1876, XVII, 1878 ; XVIII, 1879. 8°, DRESDE. Société de géographie. — XVI. Jahresbericht des Ve- reines für Erdkunde in Dresden. 1879. 80. DRESDE, Société des sciences naturelles et médicales. — Jahres- bericht der Gesellschaft für Natur- und Heilkunde in Dres- den, 1870-71 à 1875-76, 1877-78, 1878-79. 8°. DRESDE. Société d'histoire naturelle « Isis ». — Sitzungsberichte der naturwissenschaftlichen Gesellschaft Isis in Dresden, 1861, 1865 (janvier), 1866 (octobre à décembre), 1867 (avril à déc.), 1868 (janv. à déc.), 1869 (janv. à déc.), 1870 {avril à dé, 1871 (janv. à juin), 1872 (avril à sept.), 1878 (janv. à déc.), 1879 (janv. à déc.). 80, — Denkschriften der natur- wissenschaftlichen Gesellschaft Isis zu Dresden. Festgabe zur Feier ihres fünfundzwanzigjahrigen Bestehens. 1860. 8°. 314 OUVRAGES REÇUS Durckuelm. Sociéléid'histoise raturelle « Pollichia ».=— Jahres- bericht der Pollichia, XXXIII, XXXIV, XXXV. 1875-1877. 8°. Empen. Société des sciences naturelles. — Vierundsechszigster Jahresbericht der Naturforschenden Gesellschaft in Emden, 4878. 8°. — Kleine Schriften, n° XVIII. 1879. 40. ERLANGEN. Société de physique et de médecine. — Sitzungsbe- richt der physikalisch-medicinischen Societät in Erlangen, XI, 1878-1879. 80. FrancrorT. Société des sciences raturelles. — Abhandlungen herausgegeben von der Senckenbergischen Naturforschen- den Gesellschaft, XI (nos 2 à 4). 1878-1879. 40. — Bericht, 1876-77 ; 1877-78 ; 1878-79. 80. FRIBOURG-EN-BRISGAU. Société des sciences ratuwrelles. — Bericht über die Verhandlungen der Naturforschenden Gesell- schaft zu Freiburg-i.-B., V (nos 3 et 4) 1870 ; VII (n°3)1878.8°. GiEssen. Société des sciences naturelles et médicales — Sieben- zehnter Bericht der Oberhessischen Gesellschaft für Natur- und Heilkunde, 1878.— Achtzehnter Bericht,1879. 80. GOERLITZ. Société des sciences de la Haute-Lusace. — Neues Lausitzisches Magazin, herausgegeben von der Oberlausitz- ischen Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôrlitz, XXXI à XXXVII, 4854-1860 ; XLVII (n°2, XLVIII (n° 1}, XLIX (n° 1), LIV (n° 2), LV (ne 1). 1870-1878. 8°. GOERLITZ. Société des sciences naturelles. — Abhandlungen der Naturforschenden Gesellschaft zu Gürlitz, XVI, 4879. 80. GOETTINGUE. Société Royale des sciences. — Nachrichten von der kôniglichen Gesellschaft der Wissenschaften und der Georg-August-Universität aus dem Jahre 1878. 16°. GREIFSWALD. Société des sciences naturelles. — Mittheilungen aus dem Naturwissenschaftlichen Vereine von Neu-Vor- pommern und Rügen in Greifswald, X, XI. 1878-1879. 8°. HALLE. Académie Impériale Léopoldo-Carolire des Curieux de la Naturc. — Nova Acta Academiæ Cesareæ Leopoldino- Carolinæ Naturæ Curiosorum, X (pars 22) 1824 ; XXIIT (suppl.) 1856 ; XXXVI, 1873 ; XXXVIII à XL, 1876-1878. 4°.— Leopoldina, VII à XIV. 1871-1878. 4°. HALLE. Société des sciences raturelles. — Abhandlungen der Naturforschenden Gesellschaft zu Halle, ILE (ne 4), IV (nos 4 à 3), V (n° 1), XII (n° 2), XIV (n° 3). 1855-1879. 40, — Bericht PAR LA SOCIÉTÉ. 315 über die Sitzungen in Jahre 1878 ; — in Jahre 1879, 40, — Festschrift zur Feier des hundertjährigen Bestehens der Naturforschenden Gesellschaft in Halle a. S. 1879. #0. HamBourG. Société des sciences maturelles. — Verhandlungen des naturwissenchaftlichen Vereins von Hambourg-Altona, 2e série, Il, LIL. 1878-1879. 80. HamBourG. Société de conférences sur l'histoire naturelle. — Verhandlungen des Vereins für naturwissenschaftliche Unterhaltung zu Hamburg, III. 1878. 80. Hanau. Société des sciences naturelles. — Bericht der Wetterau- ischen Gesellschaft für die gesammte Naturkunde zu Hanau, 1873-1879. 80. HANOVRE. Société d'histoire naturelle. — Siebenundzwanzig- sterjund achtundzwanzigster Jahresbericht der naturhistori- schen Gesellschaft zu Hannover für die Geschäftsjahre 1876-1878. 80. HEIDELBERG. Société d'histoire naturelle et de médecine. — Verhandlungen der naturhistorisch-medicinischen Vereins zu Heidelberg, nouv. série, II {n°5 3 et 4). 1879. 8°. KIEL. Commission pour l'exploration scientifique des mers d'Allemagne. — Ergebnisse der Beobachtungsstationen an den deutschen Küsten über die physikalischen Eigenschaft- en der Ostsee und Nordsee und die Fischerei, 1878 (nos 2 à 11) ; 1879 (nos 3 à 12). 4°. KieL. Société des sciences naturelles du Schleswig-Holstein. — Schriften der naturwissenschaftlichen Vereins für Schles- wig-Holstein. III (n° 2). 1880. 8°. : LeiPsick. Société Royale des sciences de Saxe. — Abhandlung- en der mathematisch-physischen Classe der küniglich- sächsischen Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig, XI (nos 6 à 8); XII (n°5 1 à 3). 1876-1879. 8°. — Berichte über die Verhandtungen,!mathem.-phys. Classe, 1875 (nos 2 à 5); 1876 (n°s 1 et 2), 1877 (nos 4 et 2), 1878. 80. LEiPsiCK. Société de Jablonowski. — Preisschriften gekrünt und herausgegeben von der fürstlich Jablonowskischen Gesellschaft zu Leipzig, XXI, XXII. 1878-1879. 80. — Jahres- bericht, 1878, 1879. 8°. Lerpsick. Journal de botanique. — Botanische Zeitung, XXXVII (nos 4 à 52) 1879; XXXVIII (n9 1 à 25) 1880. 4°. 376 OUVRAGES REÇUS Merz. Académie. — Mémoires de l’Académie de Metz, 3e série. VI, VII, 1876-1878. 80. MErz. Société d'histoire raturelle. — Bulletin, 2e série, XV (17e partie) 14878. 8°. MuLnouse. Société industrielle. — Bulletin de la Société indus- trielle de Mulhouse, XIX à XXV, 1845-1854 ; XLIX (n° 1 à 12) 1879 ; L (n° 1 à 5) 1880. 80. Municu. Académie Royale des sciences. — Sitzungsberichte der mathematisch-physikalischen Classe der kôn. bayerischen Akademie der Wissenschaften zu München, 1878 (n9s 3 et 4); 1879 (n° 1 et 2). 8°. — Abhandiungen der mathem.-physik. Classe, XIII (no 2). 4879. 40. Munic. Observatoire. — Meteorologische und magnetische Beobachtungen der k. Sternwarte bei München, 1878. 40. MünstTer. Société des sciences et arts de Westphalie.— Siebenter Jahresbericht der Westfälischen Provinzial-Vereins für Wissenschaft und Kunst pro 1878. 80. . OFFENBACH. Société des sciences raturelles.— XVII. und XVIII. Bericht über die Thätigkeit der Offenbacher Vereins für Naturkunde, in den Vereinsjahren vom 9 Mai 1878 bis 13 Mai 1877. 8°. RATISBONNE. Société Royale de Botanique. — Flora, oder allge- meine botanische Zeitung, nouv. série, XIX, XX, XXII à XXXI, XXXIII à XXXVI, 4861-1878. 80. — Repertorium der periodischen botanischen Literatur, I à IX. 1864-1872. 80, RATISBONNE. Société de zoologie et de minéralogie. — Abhand- lungen der Zoologisch-mineralogischen Vereines in Regens- burg, IL, III, IV, VIL, XI. 1852-1878. 80. — Korrespondenz- Blatt, II à V, 1848-1851; XXXI et XXXII, 1877-1878. 8°. WurzBOURG. Société de physique et de médecine. — Nerhand- lungen der physikalisch-medicinischen Gesellschaft in Würzburg, XIII (nos 4 à 4), XIV (n°5 1 à 4). 1879-1880. 8°. Autriche-Hongrie. BRUNN. — Société d'agriculture et sciences naturelles. — Mit- theilungen der k. k. Mahrisch-Schlesischen Gesellschaft zur Befürderung des Ackerbaues, der Natur- und Landes- kuude, LIX, 4879. 4°.— Catalog der Bibliothek des Franz- ens-Museums, 2 vol. 1868-1879, 80. si PAR LA SOCIÉTÉ. 371 Brun. Société des sciences naturelles. — Verhandlungen des Naturforschenden Vereines in Brünn, XV, XVI. 1876-1877. 8°. BuparesrT. Académie hongroise des sciences, — À’ Magyar Tudos Tarsasag Evkünyvei, I. 1833. 40.— A’ Magyar Tudomanyos Akademia Evkünyvei, IX (n°s 1 à 6), X (nos 4 à 14), XI (n°* 2, 3, 5, 7 à 12), XII (n° 1), XIII (n° 2, 3, 5 à 10), XIV (nos 1 à 3, 6 à 8), XV (nos 1 à 5), XVI (n°° 2, 4). 1859-1879, 40. — Erte- sitôje, II (n° 20), IV (nos 13 à 18), V (nos 4 à 17), VI (n°° 4 à 17), VII (n° 4 à 7), IX (nos 1 à 45), X (nos 4 à 45), XI (nos 4 à 17), XII (nos 1 à 7). 1868-1878. 80. — Ertekezések a természet- tudomanyok Kürébôl, II (nos 3 à 415), IIL (nos 4 à 14), IV (nos 4, 2, 4), VI (nes 7 à 12), VII (n9s 1 à 16), VIII (nos 1 à 15), IX (nos 1 à 19). 1870-1879. 80, — Ertekezések a mathema- tikai tudomanyok Kôrébôül, I (n° 6 à 41), II (n* 4 et 2), IV {nos 4 à 9), V (nos 4 à 40), VI {nos 4 à 9), VII (nos 4 à 5). 1870- 1879. 8, — Mathematikai és természettudomanyi Kôslemé- nyek, IT, VI, XI à XV. 1863-1878. 8°. — Hazai és külfôldi folyoiratok Magyar Tudomanyos Repertorium, (2° classe): Természettudomanyi és mathematika, I. 1876. 8°, — Magyar Tudomanyos Akadémiai Almanach, 1861, 1863, 1871 à 1873, 1876 à 1878. 169. — Literarische Berichte aus Ungarn, I, II, III. 1877-1879. 80. BupapesT. Société Royale des sciences mRaturelles. — A Kiralyi Magyar természettudomanyi Tarsulat Künyveinek czimjegy- seke. 1877. 8°. — Bibliotheca hungarica historiæ naturalis et matheseos 1472-1875. 1878. 4°. CRACOVIE. Académie des sciences. — Pamietnik Akademii Umie- jetnosei w Krakowie. Wydziall matematyczno-przyrodniczy, IV. 1878. 40. — Rozprawy i Sprawozdania z posiedzen wydziallii matematyCzno-przyrodniczego Akadémii Umiejet- nosci, V, VI. 1878-1880. 8°. — Sprawozdanie Komisyi fizy- jografieznéj, XIT, XIII. 1877-1878. 80. — Literarische Mit- theilungen und bibliographische Berichte über die Publica- tionen der Akademie der Wissenschaften in Krakau, (Janvier à Mars 1879). 4°. GRATZ. Société des sciences naturelles de Styrie.— Mittheilung- en der naturwissenschaftlichen Vereines für Steiermarck in Graz, 1867, 1870 à 1873, 1878. 8°. 24" :i$ OUVRAGES REÇUS HERMANNSTADT. Société des sciences raturelles.— Verhandlung- en und Mittheilungen des Siebenbürgischen Vereins für Naturwissenschaften in Hermannstadt, XXIX, 1879. 80, Innssrucx. Ferdinandeum.— Zeitschrift des Ferdinandeums für Tirol und Vorarlberg, 3° série, V, VI, VIII, XII à XVII, XXIII. 1856-1879, 80. KLAGENFURT. Musée d'histoire naturelle. — Jahrbuch des natur- historischen Landes-Museums von Kärnten, XIII. 1876- 1877. 89, Por. Bureau d'hydrographie. — Mittheilungen aus dem Ge- biete des Seewesens, herausgegeben vom k. k. hydrogra- phische Amte, Marine Bibliothek, VI (no* 4 à 12) 1878. 80. PRAGUE. Observatoire. — Astronomische, magnetische und meteorologische Beobachtungen an der k. k. Sternwarte zu Prag, XXXIX, XL. 1878-1879. 40. PRAGUE. Société Royale des sciences. — Abhandlungen der kün. bühmischen Gesellschaft der Wissenschaften vom Jahre 1877 und 1878, 6° série, IX, 1878. 40. — Jahreshbericht, 1877, 1878. 80, — Sitzungsherichte, 1877, 1878. 80. PRAGUE. Société d'histoire naturelle ‘ Lotos ”. — Lotos, Zeit- schrift für Naturwissenschaften, XXIII à XXVIII. 1873-1878. 80. VienNNE. Académie Impériale des sciences. — Sitzungsberichte der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. Mathema- tisch-naturwissenschaftliche Classe, LXXVI, 1re sect. (n® 1 à 5), 2° sect. (n° 2 à 5), 3° sect. (n°s 4 à 5), LXXVII, 1re sect. (n° 4 à 5), 2° sect. (n°° 1 à 5), 3e sect. (n° 4 à 5); LXXVIIT, 4 sect. (n° 1 à 5), % sect. (n° 1 à 5), 3e sect. (n° 1 à 5); LXXIX, 2° sect. (n° 1 à 3), 3e sect. (n° 1 à 5). 4877-1879. 80. — Register zu den Bänden 65. bis 75. der Sitzungsberichte der mathem.-naturw. Classe, VIII. 1878. 80. — Anzeiger, 1878 (n° 28), 1879 (n° 4 à 27), 1880 (n° 1 à 16). 80. VIENNE. Institut géologique. — Jahrbuch der k. k. geologi- schen Reïchsanstalt, XXV (n° 1), XXVI (nos 4 à 4), XXVII (nos 2 à 4), XXVIIL (nos 4 à 3), XXIX (nos 4, 2, 4), XXX (n° 1). 1875-1880. 40, — Verhandlungen, 1875 (no 4 à 5), 14876 (nos 4 à 17), 1877 (nos 7 à 18), 1878 (nos 4 à 43), 1879 (nos 1 à 9, 44 à 17),1880 (nos 4 à 5). 40. — Catalog der Ausstellungs- Gegenstände bei der Wiener Weltaustellung 1873. 4°. CPR En. À -.- vite 4 PAR LA SOCIÉTÉ. NT AE VIENNE. Société de géographie. — Mittheilungen der k. k, geo- graphischen Gesellschaft in Wien, XXI. 1878, 8°. VIENNE. Société de zoologie et de botanique. — Verhandlungen der k. k. zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien, XXVIIT. 1878. 80. VIENNE. Sociélé pour la diffusion des sciences naturelles. — Schriften des Vereins zur Verbreitung naturwissenschaft- lichen Kenntniss in Wien, I, XII, XIV, XV, XIX, XX. 1860- 1879. 160, Serbie. BELGRADE. Société littéraire serbe. — Glasnik Srpskog outche- nog Drouchtva, XXI, XXXIII à XLII, XLIV à XLVI. 1867-1878. 80, — 2e serie, livr. 7 à 10. 1877-1878. 8°. Suisse. BERNE. Sociélé helvétique des sciences naturelles. — Verhand- lungen der Schweizerischen Naturforschenden Gesellschaft in Bern 1878 (LXI);, — in St-Gallen 1879 (LXII). 80. BERNE. Société des sciences naturelles. — Mittheilungen der Na- turforschenden Gesellschaft in Bern, aus dem Jahre 1878 ; — aus dem Jahre 1879. 80. Coire. Société des sciences naturelles. — Jahres-Bericht der Naturforschenden Gesellschaft Graubündens in Chur, XXI, 1876-1877. 8°. GENÈVE. Institut national genévois. — Mémoires, XIV, 1879. 4°. — Bulletin, XV, XVII, 1869-1872. 80. GENÈVE. Société de physique et d'histoire naturelle. — Mémoires, XXV (2° part.), XXVI {{re et 2e part.). 1878-1879. 40. LAUSANNE. Société vaudoise des sciences naturelles. — Bulletin, XVI (n°5 81 à 83). 1879-1880. 80. NEUCHATEL. Société des sciences naturelles. — Bulletin, IX (n° 2) 1872, XI (n° 3) 1879. 8o, St-GALL. Sociélé des sciences naturelles. — Bericht über die Thätigkeit der St. Gallischen naturwissenschaftlichen Gesell- schaft während des Vereinsjahres 1877-1878. 8°. 380 OUVRAGES REÇUS S1on. Société Murithienre du Valais. — Guide du Botaniste sur le Grand St. Bernard, par M. P. G. Tissière, suivi des Bulletins des travaux de la Société Murithienne dès sa fon- dation en 1861 jusqu’en 1867 inclusivement, 4er fascicule, 1868. — Bulletin des travaux 1868-1871, 2e fascic.; — pour les années 1872, 1873 et 1874. 3e et 4e fascic. 80. Zuricu. Société des sciences naturelles. — Vierteljahrschrift der Naturforschenden Gesellschaft in Zurich, XXIII (n9s 4 à 4) 1878. 80. Xtalie, BoLoGnE. Académie des sciences. — Memorie della Accademia delle scienze dell Istituto di Bologna, 3° série, VII à IX, X (liv. 4 et 2). 1876-1879. 40.— Rendiconto delle sessioni, 1876- 77, 1877-78, 1878-79. 8°. CATANE. Académie des sciences naturelles. — Atti dell’ Accade- mia Gioenia di scienze naturali in Catania, 3e sér., XI, XII. 1877-1878. 4°. FLORENCE. Institut Royal des études supérieures. — Pubblica- zioni del R. Istituto di Studi superiori pratici e di perfezio- namento in Firenze. Sezione di Medicina e Chirurgia e Scuola di Farmacia, I. 1876-1877. 8°. — Sezione di Scienze fisiche e naturali, I. 1876-1877. 80. FLORENCE. Société entomologique. — Bullettino della Società entomologica italiana, X {n° 4), XI (nos 4 à 4), XII (n° 1). 4878-1880. 8°. — Catalogo della collezione di Insetti italiani del R. Museo di Firenze. Coleotteri, 2° série. 1879. 80. MILAN. Institut Royal des sciences et lettres. — Memorie del Reale Istituto Lombardo di scienze e lettere. Classe di scienze matematiche e naturali, XIIL (n° 3), XIV (nss 4 et 2). 4877-1879. 40. —— Rendiconti, 2e série, IX, X, XI. 1876- 1878, 80. MiLan. Observatoire. — Pubblicazioni del R. Osservatorio di Brera in Milano, VI, VII (n° 3), XII, XIV. 4874-1879. 4°. Mican. Société des sciences naturelles. — Atti della Società Italiana di scienze naturali, XIX (nos 4 à 4), XX (n9s 3 et 4), XXI (n9s 3 et 4). 1876-1879. — Regolamento, 1879. 8°. Mopne. Académie Royale des sciences, lettres et aris. — Memo- rie della Regia Accademia di scienze, lettere ed arti in Modena, XVIII. 1878. 40, _ “dti afts + - PAR LA SOCIÉTÉ. | 381 Mopène. Société italienne des sciences. — Memorie della So- cietà italiana delle scienze, 2e série, II, 1866. 40. Mopène. Société des naturalistes. — Annuario della Società dei Naturalisti di Modena, XII (n° 4), XIEI (nos 4 à 4), XIV (nos 1 et 2). 1878-1880. 80. MoncaLierI. Observatoire, — Bullettino meteorologico dell’ Osservatorio del Collegio Alberto in Moncalieri, XIII {n° 6 à 12), XIV (nos 4 à 12), XV (n° 4). 1878-1880. 40. NarLes. Zastitut Royal d'encouragement aux sciences. — Atti del Istituto d’incorraggiamento alle scienze naturali, econo- miche e tecnologiche di Napoli, 2e sér., I à IX, XV, XVI. 1864-1879. 40. PALERME. Sociélé des sciences naturelles el économiques. — Bul- lettino della Società di scienze naturali ed economiche di Palermo, nos 2 à 14. 1877-1879. 4°. — Giornale di scienze naturali ed economiche, XIII, 1878. 4°. Pise. Journal botanique. — Nuovo Giornale botanico italiano, XI (nos 1 à 4), XII (nos 4 et 2). 1879-1880. 80. Pise. Société toscane des sciences raturelles.— Atti della Società toscana di scienze naturali, IV (n° 1) 1879. 8°. — Processi- verbali, 1877 à 1880. 80. Rome. Académie Pontificale des Lincei. — Atti dell” Accademia Pontificia de’ Nuovi Lincei, XXXI {nos 2 à 7), XXXII (n°5 4 à 7), XXXIII (n° 4). 1878-1879. 40. — Rendiconti, XXXII {nos 4 à 7), XXXIII (n9s 1 à 5). 1879-1880. 80. Rome. Académie Royale des Lincei. — Atii della Reale Accade- mia dei Lincei, serie terza. Memorie della Classe di scienze fisiche, matematiche e naturali, IE (nos 4 et 2), III, IV. 1878- 4879. 40, — Memorie della Classe di scienze morali, stori- che e filologiche, II. 1878. 40. — Transunti, III (nos 4 à 7), IV (nos 1 à 6). 1878-1880. 40. Rome. Comité Royal géologique. — Bollettino del Reale Comita- to geologico d'Italia, IX, X. 1878-1879. 80. — Relazione degli Ingesneri del Reale Corpo delle Miniere addetto ad il rilevamento geologico della zona solfifera di Sicilia, sulla eruzione dell’ Etna avvenuta nei mesi di maggio e giugno 1879. 80.. ROME. Sociélé géographique. — Bollettino della Società geo- graphica italiana, VIII, IX. 1872-1873, 80, … 382 OUVRAGES REÇUS Turin. Académie Royale des sciences. — Ati della Regia Acca— demia delle scienze di Torino, I (n°5 4 à 3, 5 à 7), II (n° 4), III à V, VIII à XIII, XIV (nos 14 à 4,6, 7). 1865-1879. 8°. Turin. Observatoire. — Bollettino meteorologico del R. Osser- vatorio dell’ Università di Torino, III à XIII. 1868-1878. 40. VENISE. Institut Royal vénitien des sciences, lettres et arts. — Atti del Reale Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, 5e série, III (n9s 8 à 10), IV (n95 4 à 9). 4877. 8°. Espagne. Maprin. Académie Royale des sciences. — Memorias de la Real Academia de ciencias de Madrid, I (parte 42), IIL (parte 42), IV, VI, VIL. 1850-1877. 40. — Revista de los progressos de las ciencias exactas, fisicas y naturales, III à XIX, 1853- 1876, 40. Maprip. Observatoire. — Resumen de las observaciones mete- orologicas efectuadas en la Peninsula, 1873-74; 1874-75. 80. — Observaciones meteorologicas efectuadas en el Observa- torio de Madrid, 1873-74 ; 4874-75. 8°. — Anuario, XV à XVII. 1877-1879. 16°. SAN FRANcISCO. Observatoire de la Marine. — Almanaque nau- tico para 1878 ; — para 1880. 80. — Anales del Instituto y Observatorio de Marina de San Fernando, Seccion 22 : Ob- servaciones meteorologicas, año 1877. fo. Afrique. CAP DE BONNE ESPÉRANCE. Observatoire. — Results of astronomi- cal observations made at the Royal Observatory, Cape of Good Hope, inthe year 4859. 1874. 80. — during the year 1875. 4877. 8. — during the year 1876. 1879. 89, - Indes Orientales. CazcurrA. Société asiatique du Bengale. — Journal of the Asia- tic Society. of Bengal, XLVII, part I (nos 2 à 4), part IL (nes 3et4); XLVIII, part I (nos 4 à 3), part II (n° 1 à 3). 1878- 1879. 80. — Proceedings, 1878 (nos 7 à 10) ; 1879 (n°95 1 à 4, 7 à 9). So. PAR LA SOCIÉTÉ. 383 Indes Néerlandaises. BaTavIA. Observatoire. — Observations made at the magneti- cal and meteorological Observatory at Batavia, II, III. 1878. 40, BarTavia. Société des arts et sciences. — Verhandelingen van het Bataviaasch Genootschap van Kunsten en Wetenschappen, XVI, XX, XXI (liv. À). 1840-1847. 80 ; — XXII, 1849; XXVIII, 1860. 4°. — Tijdschrift voor indische Taal-, Land- en Vol- kenkunde, XXI (n°1), XXII (nos 4 à 6), XXIII (nes 1, 2, 4 à 6), XXIV (n°6), XXV (nos 4 à 3). 1873-1879. 80. — Notulen van de algemeene en bestuurs-vergaderingen, XI (n°2) 4873, XV (n° 2 à 4), XVI (n° 1 à 4), XVII (n° 1). 1877-1879. 80, — Catalo- gus der Bibliotheek, 2° édit. 14877. 8°. — Verslag der Vie- ring van het honderdjarig bestaan van het Bataviaasch Ge- nootschap van Kunsten en Wetenschappen op 1. Juni 1878. 4, BarTaAvrA. Société des sciences naturelles. — Natuurkundig Tyd- schrift voor Nederlandsch Indië, XXX VIII. 1879. 80, Australie. SYDNEY. Société Linnéenre. — The Proceedings of the Linnean Society of New South Wales, IT (n° 3 et 4), III (n° 1), IV (n°3). 1878-1879, 80, Amérique du Nord. ALBANY. Uriversilé de l'Etat de New-York. — Reports on the New-York State Museum of natural history, XVIII, XIX, XXVII à XXXI. 1865-1879. 80, — Annual Report of the Trus- tees of the New-York State Library, LVIII à LXI, 1875- 1878. 80. BALTIMORE. Journal de mathématiques. — American Journal of Mathematics pure and applied, I (livr. 4 à 4), II (livr. 1 à 4). 1878-1879. 4° Boston. Académie américwine des arts et sciences. — Procee- dings of the American Academy of arts and sciences, XIII (n° 2 et 3), XIV, XV (n° 1), 1878-1880. 8. 384 OUVRAGES REÇUS BosTon. Société d'histoire naturelle. — Memoirs ofthe Bos- ton Society of natural history, III, part I (n° 1 et 2). 1878- 1879. 4. — Proceedings, XIX (n° 3 et 4), XX (n° 1). 1878- 1879. 89, CAMBRIDGE. Museum de Zoologie comparée. — Bulletin of the Museum of comparative Zoülogy at Harvard College, IV (nos 4et 2), V(n“ 2 à 16), VI {n° 1 à 7). 1878-1880. 80. — Memoirs, VI, part I (no 4). 4879. 40. — Annual Report of the Curator for 1878-1879. 80. CAMBRIDGE, Observatoire. — Annals of the Astronomical Obser- vatory of Harvard College, XI (livr, 4 et 2). 4879, 40, — Annual Report of the Director, 1879-1880. 80, HARTFORD. Société d'agriculture. — Transactions of the Connec- ticut State Agricultural Society for the year 14855. 80. — Report of the Secretary of the Connecticut Board of Agriculture, IV, VII, X, XII. 1869-1879. 80. MILWANKEE. Société d'histoire naturelle. — Jahres-Bericht des naturhistorischen Vereins von Wisconsin für das Jahr 1878- 79 ; — für das Jahr 1879-80. 80. NEW-HAVEN. Académie des arts et sciences. — Transactions of the Connecticut Academy of arts and sciences, IV (n°2), V (no 4). 1874-1880. 80. NEW-HAVEN. Journal américain des sciences. — The American Journal of science, XI (n° 4 à 3) 1876 ; XVII, XVIII, 1879 ; XIX, 1880. 80. New-York. Académie des sciences. — Annàls of the Lyceum of natural history, XI (nos 9 à 12), 4876. 80. — Annals of the New-York Academy of science. I {n° 4 à 8). 1877-1878. 80. New-York. Société de géographie. — Journal of the American Geographical Society, VII à X. 1875-1878. 80. — Bulletin 1878 (nos 3 à 6), 1879 (n° 4 à 3), 1880 (n° 4). 80. PHILADELPHIE. Académie des sciences naturelles. — Procee- dings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1878 (n° 1 à 3). 80. PHILADELPHIE. Association médicale. — The Transactions of the American Medical Association, XXX, 1879. 80. PHILADELPHIE. Société américaine des sciences. — Proceedings of the American Philosophical Society, XVI (n° 97), XVII (n° 101), XVIIE (nos 102 à 104). 1876-1879. 80. PAR LA SOCIÉTÉ. | 385 SALEM. Association américaine pour l'avancement des sciences. — Proceedings of the American Association for the advan- cement of sciences, 26th meeting 1877 ; — 27th meeting 1878. 80. SAN-FRANCISCO. Académie des sciences. — Proceedings of the California Academy of sciences, VI, VII (part I). 1878- 1876. 80. Toronto. frstitut canadien.— The Canadian Journal of science, litterature and history, XV (nos 7 et 8). 1877-1878. 8°. — The Canadian Journal. Proceedings of the Canadian Institute, nouv. série, I (n° 4). 1879. 80. WASHINGTON. Département de l'Agriculture. — Report of the Commissioner of Agriculture, for the year 1874;— for the year 4877. 80. — Monthly Reports of the Department of Agricul- ture for the year 1869 ; — for the year 1870. 8°. — Special Report n° 12 : Investigation of diseases of swine, etc. 1879. 80. — Report of the Commissioner of Agriculture on the disease of cattle in the United States. 4871. 40. WASHINGTON. Département de l'Intérieur. Bureau des brevets d'invention. — Report of the Commissioner of Patents for the year 1861, Arts and Manufactures, I et II. 1863. 80, — The Official Gazette of the U. S. Patent Office, I à XVII. 1872- 1880. 40. — General Index of the Official Gazette and month- ly volumes of Patents, 1872 à 1877. 40. WASHINGTON. Département de l'Intérieur. — Tenth annual Report of the U. S. geological and geographical Survey of the Territories, 1878; — Eleventh annual Report, 1879. 80. — Bulletin, IV (n° 3 et 4), V (n°1 à 3). 1878-1879. 80. — Miscellaneous publications, X, XI. 1878. 80. — First annual Report of the U. S. Entomogical Commission for the year 1877, relating to the Rocky Mountain Locust, etc. 1878. 80. — Catalogue of the publications of the U, S. geological and geographical Survey of the Territories, 3e édit. 1879. 80, WASHINGTON. Département de la Marine. — Astronomical and meteorological observations made during the year 1876, at the United States Naval Observatory, XXII. 1878. 40. — Researches on the motion of the Moon, part I. 1878. 4°. RO 386 OUVRAGES REÇUS WASHINGTON. Instilulion Smithsonienne. — Annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian Institution, for the year 1877. 80. — Smithsonian Miscellaneous Collections, XIII, XIV, XV. 1878. 8°. Amérique du Sud. BuÉNos Ayres. Académie nationale des sciences. — Actas de la Academia nacional de ciencias exactas, IIT (n° 1 et 2), 1877- 1878. 40. — Boletin de la Academia nacional de ciencias de la Republica Argentina, III {n° 1), 1879. 8°. BuENos AyREs. Sociélé scientifique. — Anales de la Sociedad cientifica Argentina, I à V, VI (n°s 2, 3, 6), VII (n° 6), VIII (2 à 6), IX (n°5 4 à 5). 1876-1880. 8°. Corpova. Société zoologique. — Periodico zoologico, Organo de la Sociedad zoologica Argentina, III (n° 4). 1878. 80. R10 JANEIRO. Institut historique, géographique et ethrographi- que du Brésil. — Revista trimensal do Instituto historico, geografico e ethnographico da Brasil, XL! (n° 14 et 2), XLII (no 4). 1878-1879. 8°. 8 3. — Ouvrages divers. Les noms des membres de la Société sont précédés d'une astérique *. ABEILLE. — Fibromes interstitiels de l’uterus; de leur guérison au moyen de l’hystérotomie ignée par les voies naturelles. 80 Paris 1878. ALLAIN. — Essai sur le varicocèle. 8° Montpellier 1846. * ANTOINE (Ch.). — Des lames de haute mer. 8° Paris 1879. * ASCHERSON (P.) et A. KanrTZ. — Catalogus cormophytorum et antophytorum Serbiæ, Bosniæ, Hercegovinæ, Montis Scodri, Albaniæ hucusque cognitorum. 8° Klausenbourg 1877. BAEYER (Ad.). — Über die chemische Synthese. 4° Munich 1878. * BAILLON (H.). — Errorum Decaisnearum graviorum vel minus cognitorum Centuria prima, Cent. tertia. 80 Paris 1879. — Sur la constitution de l’androcée des Cucurbitacées. 8° Paris 1879. PAR LA SOCIÉTÉ. 387 * BARANETZKY (J.). — Die stärkeumbildenden Fermente in den Pflanzen. 8° Leipzig 1878. — Die tägliche Periodicität in Längenwachsthum der Stengel. 40 St-Pétersbourg 1879. BASTIEN (J.-F.). — La nouvelle Maison rustique, ou Economie rurale, pratique et générale de tous les biens de campagne. 3 vol. 4° Paris 1798. BauMÉ (A.). — Eléments de pharmacie théorique et pratique. 8e édon, 2 vol. 8° Paris 1797. Bé£az (B.-A.). — Quelques considérations sur les maladies observées au Sénégal. 40 Paris 1862. BERGIER (l'abbé). — voir Encyclopédie méthodique. * BEerGsMA (P.-A.) et BACKER OVERBEEK. — Bydrage tot de kennis der weersgesteldheid ter kusten van Atjeh. 4° Ba- tavia 14877. — voir : Observatoire de Batavia. * BERTHELOT. — La Synthèse chimique. 4 vol. 80 Paris 1876. *_ BERTIN (E.). — Observations de roulis et de tangage faites avec l’ostillographe double à bord de divers bâtiments. 4 Cherbourg 1878. BÉZOUT. — Cours de mathématiques à l’usage des gardes du pavillon et de la marine. 8° Paris 1792. Biparp. — Mémoire sur la marne considérée comme engrais. 8° Rouen 1862. * BizemonrT (Vicomte de). — Les grandes entreprises géographi- ques depuis 1870. 1re partie : Afrique ; 2 partie : Expédi- tions polaires. 8° Paris. BLOSSEVILLE (Marquis de). — Dictionnaire topographique du département de l'Eure. 4° Paris 1878. * Bzyrr (Axel). — Norges Flora, IL {livr. 2) et III. 8° Christiania 1874-76. BOBIERRE (Ad.). — Note sur le moyen de doser rapidement l’azote du guano et des principanx engrais au moyen d’un appareil ammonimétrique. 8° Nantes 1857. — Rapport à M. le Ministre de l’agriculture et du commerce sur la question des engrais dans l'Ouest de la France. 8° Nantes 1850. * BOonNENsIEG (G.-C.-W.) et W. Burck.— Repertorium annuum literaturæ botanicæ periodicæ, vol. V (1876). 8° Harlem 1879. * BorODINE (M.) — Novieishie Ouspiechi botaniki (1777-1879). 8° St-Pétersbourg 1880. 388 OUVRAGES REÇUS Bossin. — Instruction pratique sur la plantation des asperges. 2œæ édon, 120 Paris 14855. — Histoire et culture de la Reine- Marguerite et de ses variétés pyramidales. 2e édon, 42 Paris. BouET-WiLLAUMEZ. — Campagne aux côtes occidentales d’Afri- que. 80 Paris 1850. BouiLLon-La-GRANGE. — Manuel d’un cours de chimie. 2 vol. 80 Paris an VII. BoutTTEvILLe (L. de) et HAUCHECORNE. — Le Cidre, traité rédigé d’après les documents recueillis de 1864 à 1872 par. le Congrès pour l'étude des fruits à cidre. 8° Rouen 1875. Boyer (A.). — Traité complet d'anatomie, 3e éditon, 4 vol. go Paris 1810. Brassar (Samuel). — Euklides Elemei XV Künyv. 8° Pesth 1865. BriQuEL (C.). — Note sur l’Artemia salina. 8° Nancy 1879. BRUECKNER (A.).— Die slavischen Ansiedelungen in der Altmark und im Magdeburgischen. 8° Leipzig 1879. BRUGNATELLI. — VOir : PLANCHE. * Bruuns (C.). — Monatliche Berichte über die Resultate aus den meteorologischen Beobachtungen angestellt aus den kôün. sächsischen Stationen im Jahre 1877; im Jahre 1878. 4. — Resultate der meteorologischen Beobachtungen in Leipzig im Jahre 1877; im Jahre 1878. 80. — Meteorologische Beobachtungen in Deutschland, angestellt an 17 Stationen zweiter Ordnung im Jahre 1879. 1879. 40. — Resultate aus den meteorologischen Beobachtungen angestellt an fünf- undzwanzig kôn. sächsischen Stationen in den Jahren 1874 und 4875. 1880. 40. — Über das meteorologische Bureau für, Witterungsprognosen im Kôünigreich Sachsen. 1879. 8°. * Bussy. — Rapport sur les travaux de M. Chatin, relatifs à la recherche de l’iode, et sur différentes notes ou mémoires présentés sur le même sujet par MM. Marchal, Niepce, Meyrac. 40 Paris 1852. * CARUEL (T.) — Nuovo giornale botanico italiano, XI (n°5 4 à 4); XII (nos 4 et 2). 8° Pise 1879-1880. CAULLET DE VEAUMOREL. — Aphorismes de M. 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À request to astronomers. 4° Cambridge. — voir Observatoire de Cam- bridge (E. U.) PiCTET (J.-P.). — Traité de la culture des arbres fruitiers, par W. Forsyth, traduit de l’anglais avec des notes. 4 vol. 8° Paris 1803. * PIERRE (Isidore).— Recherches sur la valeur nutritive des four- rages et autres substances destinées à l'alimentation des animaux. 80 Caen 1855. — Recherches analytiques sur le sarrazin Considéré comme substance alimentaire. 8° Paris 1858. PLANCHE (L. A.).— Pharmacopée générale à l’usage des pharma- ciens et des médecins modernes, par L. V. Brugnatelli ; tra- duit de l’italien avec des notes. 2 vol. 8° Paris 1841. À PAR LA SOCIÉTÉ. 403 * PLATEAU (J.) — Sur une loi de la persistance des impressions dans l'œil. 8° Bruxelles 1878.— Un petit paradoxe. 8° Bru- xelles 14879. — Un mot sur l'irradiation. 8° Bruxelies 1879. — Sur la viscosité superficielle des liquides. 8° Bruxelles 1879. PLiNE. — Histoire naturelle de Pline, traduite en français avec le texte latin. 12 vol. 4° Paris 1771-1782. Porcius (Florianus). — Enumeratio plantarum phanerogami- carum districtus quondam Naszodiensis. 8° Claudiopoli41878. * PRESTEL (M. A. F.) — Die hüchste und niedrigste Temperatur welche an jedem Tage von 1836 bis 1877 auf den meteorolo- gischen Observatorium in Emden beobachtet ist. 4° Emden 1879. * PRUDHOMME DE BORRE (A), — Quelques conseils aux chasseurs d'insectes. 8° Bruxelles 1878. — Note sur des difformités observées chez l’Abax ovalis et le Geotrupes sylvaticus. 8° Bruxelles 1878. — Sur l’œuf et la jeune larve d’une espèce de Cyphocrania. 8° Bruxelles 1878. — Etude sur les espèces de la tribu des Féronides qui se rencontreni en Belgique. 8° Bruxelles 1878. * Puyazon (Don Cecilio). — voir Observateire de San-Fernando. Puypr (Lucien de). — La vérité sur le canal intérocéanique de Panama. 80 Paris 1879. QuERRET (H.). — De l’amélioration des prairies naturelles dans la Basse-Bretagne, et de la fabrication et de la conservation des fourrages. 8° Brest 1845. * QUETELET. — Observations des phénoménes périodiques pour 1853. 4° Bruxelles. * RADLKOFER (L.).— Über die Sapindaceen Holländisch-Indiens. 8° Amsterdam 1878. RaspaiL (F. V.). — Manuel annuaire de la santé pour 1866. 20e éden, 12° Paris 1866. Raspaiz (Xavier). — Monographie du Rossignol, etc. 8° Paris 1879. * Ress (M). — Üeber die Natur der Flechten. 8° Berlin 1879. RicuarD (Achille) — Nouveaux éléments de botanique et de physiologie végétale. 5° édon. 80 Paris 1833. — Dictionnaire élémentaire de botanique par Bulliard, revu et presque en- tièrement refondu. 2° édon, 80 Paris 1802. 404 OUVRAGES REÇUS * RiINDFLEISCH (G, E.). — Über Knochenmark und Blutbildung Jet Il:80. Rirz (R.) et F. O0. 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Étude géographique et hydrographique sur les ports de Coriallo, Corbilo et Iktin ainsi que sur le rivage des Corivelones etdes Corivallenses du Cotentin. 8° Cherbourg 1860. * RoumeGuèrE (C.) — Revue mycologique, I (n° 4 à 4), IL (n° 1). 8° Toulouse 1879-1880. * Rousseau (Henri) — Contributions à l'étude de l'acide chromique, des chromates et de quelques composés de chrome. 8° Paris 1878. — Nouveau recueil de sujets de composition donnés de 1868 à 1873 dans les Académies de Paris et des départements aux examens du diplôme d’études et du brevet de capacité de l’enseignement secon- daire spécial. 1420 Paris. — Nouveau recueil de sujets de composition de physique et d'histoire naturelle donnés aux examens des facultés des sciences. 5e éd°n, 420 Paris. — Secours à donner aux noyés en attendant l’arrivée du médecin. 12° Paris 1874. Runpzun@. — voir Hildebrandsson. Ruror — voir Vincent. * SADLER (John). — Report on temperatures during the winter of 4878-79 ät the Royal Botanic Garden Edinburg. 8° Edimbourg 1880. é SAENZ (Nicolas). — Contribuciones al estudio geognostico de una seccion de la Cordillera oriental, compredida entre los 4 y 5° latitud Norte del meridiane de Bogota. 4° Bogota 1878. * Sans (G. O0.) — Bidrag til kundskaben om Norges arcktiske Fauna. I. Mollusca regionis arcticæ Norvegiæ. 8° Christia- nia 1878. * ScHiAPARELLI (G. V.). -— Osservazioni astronomiche e fisiche sull’ asse di rotazione e sulla topografia del pianeta Marte. 1 vol. 4° Rome 1878. — voir Observatoire de Milan. SCHNEIDER (Oscar).— Naturwissenschaftliche Beiträge zur Kennt- niss der Kaukasusländer auf Grand seiner Sammelbeute. 8° Dresde 1878. À ds CLÉS - PAR LA SOCIÉTÉ, 405 . * ScHomBuRGK (Richard). — Report relative to the economical value of the various species of South Australian Eucalyptus. fo Adelaide. — Report on the progress and condition of the Botanic Garden and Government plantations during the year 1878; during the year 1879. fo Adelaide 4879-80. — On the Urari : the deadly arrow-poison of the Macusis, an indian tribe in British Guiana. 49 Adelaïde 1879. — On the natura- lized weeds and other plants of South Australia. 49 Adelaïde 1879. SCHRENK. — VOir CG. A. MRYER. SCHULZER, — VOir KALCHBRENNER. * SELLA (Quintino). — Paolo Volpicelli, cenno necrologico. 4° Rome 1879. SIGAUD DE LA FOND. — Dictionnaire de physique. # vol. 8° Paris 1781-1782. — Description et usage d’un cabinet de physique expérimentale. 2 vol. 8° Paris 1775. SOBRERO (Ascanio). — Notizia storica dei lavori fatti dalla Classe di scienze fisiche e matematiche della R. 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Du MONCEL, O %, membre de l'Institut. D' Ed. BORNET, botaniste. PT À ls tés vi DE LA SOCIÉTÉ. _ 409 Membres titulaires 4re Section. Sciences médicales. Dr GUIFFART, directeur de la santé, médecin en chef de l'Hôtel-Dieu. Dr MONNOYE, chirurgien de l'Hôtel-Dieu. Dr RENAULT, A &ÿ, président de la Société d’horticulture. LE MOINE, O x, pharmacien en chef de la Marine. DELTEIL, *#, pharmacien principal de la Marine. 2e Section. Histoire naturelle et Agriculture. Aug. LE JOLIS, I &ÿ, D: ès-sc., commandeur et chevalier de plusieurs ordres. JOSEPH-LAFOSSE, propriétaire à St-Côme-du-Mont. G. COURNERIE, chimiste. J. FLEURY, professeur à l’Université de St-Pétersbourg. HERVÉ-MANGON, C %, de l’Institut,à S-Marie-du-Mont. J. DUFRESNE, OX, Sénateur, inspecteur général des Ponts-et-Chaussées. DE LA LOYÈRE, O x, À €ÿ, sous-préfet de Cherbourg. Bon Arthur de SCHICKLER, au château de Martinvast. DIDIER, architecte. Cie Hervé de SESMAISONS, %X, président de la Société d'agriculture. Gust. LE JOLIS, avocat. FAUVEL (Albert A.) naturaliste. 3e Section. Géographie et navigation. H. JOUAN, O :k%, À &ÿ, capitaine de vaisseau. ARNAULT, :%, lieutenant de vaisseau. CHABIRAND, #, lieutenant de vaisseau. FOURNIER (Ernest), O :X, capitaine de frégate. MOTTEZ, C %, contre-amiral. VIGNES, 0 #, capitaine de vaisseau. BONAMY de VILLEMEREUIE, O :X%, capitaine de frégate. CABANELLAS, O %, lieutenant de vaisseau. 410 LISTE DES MEMBRES DELAGRANGE, #, capitaine de frégate. Bon ROUSSIN, G O0 :X, vice-amiral. VicomTE DE BIZEMONT, #, A &ÿ, capitaine de frégate. RIBOURT, 0 %X, vice-amiral. 4e Section. Sciences physiques et mathématiques. Emm. LIAIS, %, directeur de l’Observat. de Rio-Janeiro. L. L. FLEURY, physicien. JOYEUX, O %#, directeur de l'Ecole d'application du Génie maritime. VIBERT, I &ÿ, inspecteur d’Académie. JOFFRÈS, A €ÿ, professeur de physique. BERTIN, %*#, I &ÿ, docteur en droit, ingénicur des Const. navales. BODEN, O0 #, ingénieur des Constructions navales. DE MAUPEOU D’ABLEIGES, %, ingénieur des Construct. navales. CARLET, O %, À &ÿ, ingénieur des Constructions navales. CHORON, ingénieur des Constructions navales. POLLARD, ingénieur des Constructions navales. CLAVENAD, ingénieur des Ponts et-Chaussées. Membres correspondants Nommés depuis la publication du précédent volume. ADAMS, directeur de l'Observatoire de Cambridge (Angl.). ARCANGELI, directeur du Jardin botanique de Turin. BECCARI, directeur du Jardin botanique de Florence. BLEY, secrétaire de la Société Isis, de Dresde. BORODINE, professeur à l’Université de St-Pétersbourg. CERTES, inspecteur des Finances, à Paris. CORVO (J. de Andrade), dir. du Jardin bot. de Lisbonne. CRISP, secrétaire de la Société de microscopie de Londres. DEHÉRAIN, professeur au Jardin des Plantes, à Paris. DRUDE, directeur du Jardin botanique de Dresde. FORREST, secrétaire de la Société des Ingemiques civils de Londres. DE LA SOCIÉTÉ. . Al GIBELLI, directeur du Jardin botanique de Bologne. GOTTSCHE, botaniste à Altona. HAMPE, botaniste à Helmstadt. HILDEBRAND, direct. du Jardin botan. à Freibourg i.Br. HOLMES, secrét. de l’Instit.des Navalarchitects, à Londres. KNOBLAUCH, présid. de l’Acad. des Curieux de la Nature, à Halle. LAUSSEDAT (colonel), direct. des études à l'Ecole Poly- technique, Paris. MOUCHEZ (C.-Amiral), directeur del Observatoire de Paris. MULLER (Félix), présid. de la Soc. Linnéenne de Bruxelles. MUELLER (1.), professeur à l’Université de Genève. PFEFFER, directeur du Jardin botanique de Tubingue. PICKERING, directeur del’Observat. de Cambrigde (E.-U.). REICHENBACH, direct. du Jardin botan. de Hambourg. RICHE (Alfred), profess. à l'Ecole de pharmacie de Paris. SADLER, directeur du Jardin botanique d'Edimbourg. SINGER, directeur de la Société botanique de Ratisbonne. SPANBERG, entomologiste, à Stockholm. STORY, professeur à l’Université de Baltimore. SYLVESTER, professeur à l'Université de Baltimore. SZABO, secrét. de l’académie hongroise, à Budapest. TILLIER, lieutenant de vaisseau, à Toulon. TRIMEN, directeur du Jardin botanique de Ceylan. VAN DE SANDE LACOSTE, profess. à l'Université d’Ams- terdam. VRIES (Hugo de), professeur à l’Université d'Amsterdam. WATSON, membre de l'Académie des sciences de Boston, 412 TABLE Sur la fondation de l’ancien Port de Cherbourg 1686-1739 à 4743-1758. Notes et plans publiés par Mrs. le mis A. de CALIGNY et L.-E. BERTIN {avec 5 planches)........ Restauration des fondations du Bâtiment des Subsistances de la Marine à Cherbourg, par Mr. CLAVENAD (avec SIDIARCRES) ne en AT RS Note sur les objets préhistoriques trouvés dans les fouilles récemment opérées à Cherbourg, et notamment dans les déblais du Bassin des Subsistances de la Marine, par Mrs CLAVENAD.. 0:55: 46 een Données théoriques et expérimentales sur les vagues et le roulis (suite), par Mr. L.-E. BERTIN (avec 6 planches). Notes sur quelques grands Cétacés échoués sur les côtes d'Europe pendant les dix dernières années, par Mr. FRONT DUAL dos Tes dus ONE Quatrièmes mélanges de Tératologie végétale, par M. D. AODRON D RSR aeme mme de ROUES se Détermination de la longitude par une oceultatiou d'étoile, par Mr. le contre-amiral MoTrez (avec 1 planche)..... Note sur la variation chez les Trigles des côtes de France, par M& L. TILLIER . ..... pasones dunes OR NE Promenades d’un naturaliste dans l’archipel des Chusan et sur les côtes du Chêkiang (Chine), par M'. Albert- AUPUSE FAUNE 55e mea cs ee 0 0e serie sa ae Ouvrages recus par la Société de Janvier 1879 à Juin 1880 Eiste des membres:dée la Société... ......4504 000 Table des matièresz 5 5 io isscnees ere Re 73 145 161 Perte) CHERBOURG ET DE SON PORT 7 . 7} Po 7 AT XL De e ER Joe, der Se.nabet math. de Cherbourg. Tome AXY PLAN DU PROJET DE CHERBOURG ET DE SON PORT. RITES ip à LS æ Fait a Cherbourg Le 15 Juillet 1666. LR œa a Cornu des guair actuels. EE Axar dde guelquas rues actuelles S4LL rar) A ÉN0G104) 9 210) CILI SAP CE 2] UD) P PPT a ———— | [JT 40 | G1 Il 9D 19 [oxd ne JHATS J nod “Émogm) 2p "pou 'UUAE Sp A Smoquey 2p Mod np 12 2f]IA €] 2p an4Ed un p UEIq Ge der £ art.et math. de erbourg {2 Plan d'une partie de la ville et du port de Cherbourg pour servir au projet de 1719. BIPATTE Tome XVII Fat & Caen le 23 mars 1718. Gé de Cherbourg De langrune. Es 1715. pr V2 À faitau Havre, le 13 Seplembre 1723. # à 72 lnpane. | se æ X» + 1 5 1 à & Rp Aupute By alue 7 À 1 US JuÈ . . | Joe des Je nat.et math. de C herbourg. | Tome XXI. | PANIER pur des quarts et ae des jetées sur Le plan | mémoire du 10 gvre 1743 de la petite jetée actuelle. érnite de La gran jetée actuelle. nie de La pelite jetée actuelle . es pe-® Basse mer de vt Ë 6 \ dl Enp Aiguste Fry, à Paris sex Je nat et math de Cherbeurg PLAN DU PORT DE CHERBOURG EN 1739. PL.HI Tome XN1]. | | Légende F Fait & Caen le 2 Avril 1739. D Ta ln ee : : 2 Tour de l'Eglise wesheuahertelals À Crrborh » D 4 Jetée de L'Ouest at 5 Jetée de l'Est. L Pr; © Prolongement de la jetée de l'Ouest Er 7 ; . , del'Ee | 1 =, 4. 22 8 Dique pour fermer le port e | 6 = + e g Aevétement de maçonnerie en forme de quai, Propse à faire Le long de lu jetée 4 à pirrre sèche de l'Ouest. A PO —. — Contour desquañset are der jetées ur le plan Reuctement de maçonnerie proposé & fiure en forme |) A joint an mémuëre du 10 de 1763 de quai F Æ —.—.— Aire cle la putite jetée uctuelle } {vant-port: À Erhwraite de la grarule jetée actuelle | Grande écluse A\ * d D Lxtrémite de la petite jetée wctuelle Î SE A, _e Basse ner de V* Dunes. LA j Echelle \ | 4} 70 20 3% 40 JU 60 70 80 0 Kobres, ( + nppIAte FT, à PAT 72 . PL. IV si CR Ë à ) 5 Sa "M msn, ne Ÿ PTT È ee $ f = à ki nier S LA en croberepemgece) LL es Le ST ——— AIS m 1e — ji vi ue "4 1N “3 2e cr à j 2 CHARS AE 9 More: Later” È PROPRES FFE id == Se || a he H tRe——— jil Pen LA pi | Æ NS | FE. mere LÉOLLELEECECERREREEREREE LL. N all DAT 2 EE SA PTOfées à Cherbourg. Tome A11. Joc. des Sc. nat. et mat}. de 2 D lg ny * PORT DE CHERBOURG He Tome AXU 1759; Profil de la Grande écluse 12, et de celle de Chasse attenante, ordonnées à Cherbourg. Coupe sur la ligne AB du plan TITI ITA A ex | | el d Le CALZ CO ete ne déj ce k-L 2 pds] 1 ' Et --« pad à (OU dé A è mn |'È ec | £ S OR à Let EE - ï # ul ! (5 Li _- ÿ Echelle. Fait à Caen, le 31 Mars 1739. Cer/heuz Le Del Ce 2E- oc. des Se. nal = Plan dé Chasse a f C. Parties du Radiers por, D. | de taille. | E. Partie du! plancher à F. Partée du, G. Lartie du H. Zarte du Sur 3 pieas I. Flate-forn K. Partie TéPrÉSONÉÉ } (uen . Le 31 Mars 1739. 1e Passage 4 LA Le, PTT enable 27 = PSS SSSR Imp. Aug. Bry, a À ac des Se.nal.et math.de Cherbourg Tome VW D == , He | — | = re 2 nu 2. — 7 = 12 = D ee = er de =. Be Port de Cherbourg, nd 1739. Plan de la grande écluse 1, 12 et de celle de NS Chasse attenante, ordonnées au port de Cherbourg: £ ! s É ùe Renvoi. E MST C. Parties du plan gui représentent les grillages des Avant- | À ; Radiers portés sur des pilots. : ; : É D. Grillages des Avant-Radiers remplis de pavés de és ! Ÿ i de taille. HQE E. Partie du plan qui représente le grillage sous Le | FAR plancher à l'endroit des portes. : j Ÿ ; F. Partie du plan du radier à l'endroit des dites portes. ! NS G. Partie du massif de maçonnerie sous le pavé du radier. *-… ; ! N: H. Partie du pavé du Radier de l'écluse de 4 pieds de Long, Ë Î i à cur À pieds de large ou environ, et 18 a ?0 pouces d'épaisseur. * chris) ! Lu I. Plate-forme servant a porter la moitié du pont- tournant. i 1 K. Partie du Faux-Radier de fascinage, À -25D représenté coreme fait . "i L. Passage de l’écluse de chasses. RUE lat à Caen, Le 31 Mars 1789. M 7 Calugnrts C/ , 20 bsires Amp. Aug. Bry, à Paris, LE PL 7 PTS TXL: 5 pour FC | Mémoires de Î de TRAVAUX D°’ÉPUISÉÈMENT À CHERBOURG ires de La Socl® des Sciences Nat? et Math de Cherbours , IEEE e ES De A Vsenal Æchelle de 0"*0005 pour 2" Rade Avant port / Chantereyde Bastion N° jo Emplacement de l'fnoien Crique de Chantier de lu 0 ere 4 | hantereyne Ancien ” Cimetière | a qe Je AR | -\ 3 © Hs OrlMuwTns 2, vd Le d'une portid (Murs d'appui) Pian T XXI pl Mémoires pe La SociÈTÉ Des SGiENcES [Narureizes ET MATHÉMATIQUES DE CHEFBOURG PE PS ZREBRANS « FJIÈECES ATTAQUBES - Vue de veniro Vanne du Puisard Coupe sur la Feuillure (41 rovenant des: fondalions ièces allnquées P DÉTAILS DE LA REPRISE 1 : EN sous ŒUVRE k X Raprise en sous. œuvre) Coupe lransversale NP nr 7110 10e $ (Murs d'appui) Coupe suivant la | RE EF cie Li EE CON 2 4#7 ) F [2 l'œuvre) Pérkon de coupe Tongi / #17 (Reprise en sous tudinple Aun mur d'appui. QE) + LAS 5 & A, a : | LENS AE De | (Murs d'appui) Coupe suivant la ligne GH du plan $ 5 : nn (Murs d'appui) Plan * Alune porlion de “ovrise en sous œuvre du out. (l/anre du DRE | Cr "as imÉeie sur L * TRAVAUX D’EPUISEMENT À CHERBOURG des Sciences Nat Mémoires de Ju Soc! T.XXN PE VIN. et Mathtws qe Cherbourg. Fig. 2 (12 Dé-smbre) Fig. k (7 Octobre} IS LT Se ». Se DS \ Se >: ne dis à Ÿs Q et à, NW NE Se Fès ë | nee SAR SKK Dern eesasy 5), sol nono CRE 3 RTE " ere FR ei meer op DS De naneu &, 00 Pop À ds. X 1 a À Rs! 8 a Nc DC CNE OR ne DC Ps mel E À serres à - Mn rene eee moaUe dp foomaseffir "0, Ce nenn ep eee Uno 5f ON suopn pag Sn L 4 L [4 0 FEU | ON TE PE PNEU > l he Ï J PRE, a" vi r Mlémoues de Ca 41! de sciences nat mat de Chebowra,. t.xxu. Penchelx. Fig, ute 7. : | _— Aterse de La owle. | pure | PR. Za maniere de. Pr reprében corrsfoler fi angle Lo) ê réguadion Z— 2 Pa ns | el | S | | © & % w | | KL 24 CUS h® HI | | # car a A A 2e HE BR S| CR er | Î | | il = se = 21 — Aitesbes égales. Hikseco He, rer VeTOe 72 1, UF 005.8 régal nT. | 7°2 V &os.f néqalf. [| V ess.n1 positif. | 7° 3 UV 556.2 pouf. | Fig bed à 3. | Aégperloles re re VE: éguabion- F, FT _ er $ Ê | l. ps | | 4 $ Vcos 2 est posili] * Mimovres de La 5% des suemees nai cb molft"et De CRerle s El Fig 6._Cas à Profil des talus apres 1 heure de marche. = 3 heures $heures TT ESA L Planche x. : Planche Meme nes de Ca 2 duo Sdemcen naklé et mal" 3e Cherours PE RER Re ee Oxpiriences de ND de Cairn de Nb. Berlir. jee des vaqes FEES su" gd dalus de DE VLET . ne A 1) Echelle du 12° ftp f° = VERRE WA WL | CL LLUS TX a UE | PE | EE À TZ F7 7? a 7 Pig. d'.-Cas dre lalus avet\riur verliceé. - CEE Profil au l'alus apres VPPRO NN ere PR RS POLE NT de $/sures CAR, = X1. Mbemouen LAS des suences naëts ce vrais “3e hoobowrg. (HET de Plenche XI. Capitience de NC.de Calignyer de Me. Bert. Eee des Paques déferle ILE sus ie lalus en sable de; E'e pelle du 19% Fig.9. Cas T0 cie lolus. simple. heures _ __ heures EE Pl lanchexir. EYfeE des v Echelle du HE DT oh 7 Un DU ue "5 7" 7 li : no du lalus apr es tac des paliles vagues. NS —- Er Vues masennes. ur ; a grandes vagues - VIE = THTIRETE tal Mérones ul dede A sut ces noie ch malt" de Chefourg. tx. _ Planche XIY. | Fe 13. eg 14. | s D? axe de rolxlior du navire D'ixe du naïire au-dessous de corslarmnert au-dessous de L'oscéllz raphe, aux porhés morts; el T'oscillographe Ù au-dessis dans la position d'équilibre. MenEte Pracs due pet pendule. dd nn rune rarnd'pendule . Mouvement des pinceaux se le papier. Fg1s Fy.16 de du navire au-dessus de Dore de rofalion. du navire loseullographe, ait potrËs InorËs; cornslarmment au-dessis de au-dessous dans la posr/ion à équilibre. l'oseillographe, LI LE à. , [2 A4 (] é : d be = Ji à l Ü L ee TT } f É 4 P Fe. ( ; ‘ ÿ « Le e i ! ‘ LA Î A 4 L) LI P | : 1 \ À : 1 ] ‘ | we 4 \ " t 1 C2 4 $ \ 4 L \ 1ù < " { ( Ld | ; { n } à PETE 197 At wi: [A] } vin ND EU ts NET AA PT TLC MEN d SU TATRE ” ” i *Ÿ ne LP (PAST ES RM TN Mi VEN. 2" mn ; D f