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LUUILILILIE TP Gla/eibtoieie COCOON LALELILIEETIE] sue semerhes timer e Doanoineetitioeitie COILILIC IE PE ROLL 2 RON ét HEAR RAS PSE Det SMART: t Uri 2 ATEN “ss + : En ps SAS EU MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE à DIS NMIENCRS NATURELS de MATHÉMATIQUES Po -\ DE CHERBOURG La Société nationale des Sciences naturelles de Cher- bourg, fondée le 30 Décembre 1851, a été reconnue comme Établissement d'utilité publique par Décret en date du 26 Août 1865, et par Décret du 10 Juillet 1878, elle a été autorisée à prendre le nom de Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES SCIENCES NATURELLES ET MATHÉMATIQUES DE CHERBOURG PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE M. L. CORBIÈRE, SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE LA SOCIÉTÉ. — 1%? — TOME XXXIV (Quarrème Série, — Tome IV) PARIS, J3:-B. BAILLIÈRE er Fics, LiBrAIRES, RUE HAUTEFEUILLE, 19. CHERBOURG, ImPRIMERIE Émize LE MAOUT. 1904 M ol | on N À TMITATRUARL De. I484.fre25. LA MATIÈRE L'ÉTHER ET LES FORCES PHYSIQUES PAR Mr Lucien MOTTEZ, Capitaine de Frégate. PRÉFACE. Le passage suivant de Hirn que j’emprunte à son remar- quable ouvrage « Constitution de l'Espace céleste » est la meilleure préface qui puisse être écrite pour mon travail. « Que se passe-t-il dans le projectile qui, sous l’action » de la gravité, perd peu à peu son mouvement? Que se » passe-t-il dans la masse que nous soulevons lentement à » une certaine hauteur en dépensant continuellement du tra- » vail mécanique ? Que se passe-t-il dans une Planète, par » exemple, quand son mouvement s'accélère ou se ralentit » alternativement sur l’ellipse qu’elle décrit ? Et dans tous » ces phénomènes, que se passe-t-il dans le milieu dynami- » que qui les détermine ? Jusqu'ici on n’a rien observé qui, » de loin même, ressemble à ce qui se passe quant à l’ar- » mature de l’aimant dont j'ai cité l'exemple ; jusqu'ici nous 1 A LA MATIÈRE, L'ÉTHER , » sommes dans l'ignorance la plus complète de ce qui a lieu. Une grande découverte reste à faire; l'existence d’un NA LA » phénomène tout à fait spécial mais inconnu encore, ne » peut être un instant douteuse. Mais quelle qu’elle soit » dans ses résultats imprévus, le caractère mystérieux que » présente jusqu'ici le phénomène, différencie profondé- » ment entre elles les attractions électriques ou magnéti- » ques, et l'attraction newtonienne ». Le « phénomène tout à, fait spécial, mais inconnu enco- re », dont l'existence « ne peut être un instant douteuse », est celui de l’emmagasinement de l'énergie dans une masse que l’on lance. | Il existe une différence entre l’état physique d’un corps au repos, et celui d’un corps en mouvement. Cette diffé- rence ne nous est révélée par aucun de nos instruments de mesure, aussi le phénomène nous a-t-il échappé jusqu’à présent. J’explique le mécanisme de la mise en mouvement d’un corps, et en comblant cette lacune dans le domaine de’ la Physique, je crois apporter ma modeste pierre à l’édi- fice de la Science. Lucren MOTTEZ. Octobre 1903. ET LES FORCES PHYSIQUES 9 INTRODUCTION. L'ouvrage que je présente au lecteur pourrait s'appeler « Essai de philosophie naturelle ». C’est une étude dans laquelle j'ai voulu établir une théorie générale des forces physiques qui permette de comprendre les phénomènes non encore expliqués, et puisse indiquer la route qui conduira dans l’avenir à de nouvelles découvertes. Dès que l’homme chercha la cause des phénomènes qu'il voyait se produire, il les sépara par catégories, réunissant pour les étudier ensemble et comparativement ceux dont les analogies sont les plus apparentes; et l’on distingua l'astronomie de la physique, de la chimie, de la géolo- gie, etc. En augmentant le champ de ses recherches, l’homme dut bientôt scinder les diverses branches de la science, car 1l reconnaissait l'impossibilité d'étudier à fond même une seule de ces catégories de phénomènes. Chacun envi- sageait ainsi le jeu des forces de la nature dans un cercle d'idées limité, et bien qu’il dût en résulter une connais- sance plus approfondie des détails de certains phénomènes, ces procédés d’étude ne pouvaient faciliter l’éclosion d’une théorie générale des forces de la nature. Cette découverte sera probablement l’œuvre de quelqu'un qui ne se spécialisera pas dans l’une des branches de la science; mais en attendant qu'elle soit présentée par un homme pouvant lui donner l’étendue qu’elle comporte, je vais développer les hypothèses sur le jeu des forces phy- siques auxquelles m'ont amené mes réflexions. Après avoir comparé les principaux phénomènes étu- 4 LA MATIÈRE, L'ÉTHER diés, les expériences faites, les lois établies, je me suis demandé ce dont cet ensemble révélait l'existence. Cette étude m'a conduit à faire une hypothèse avec laquelle l’ex- plication des phénomènes physiques est devenue possible. La balance et le microscope sont inutiles pour pénétrer dans ce domaine de la science. Nous ne pouvons espérer distinguer un jour les atomes des corps, et encore moins voir l’éléctricité passer d’un atome sur un autre. Nous serons toujours réduits à faire des hypothèses sur ce qui se passe entre les atomes formant une molécule; mais lorsqu'une hypothèse donnera sur le jeu des forces de la nature une vue d'ensemble que nous n’avons pas encore, et permettra d'expliquer d’une façon plausible tous les phénomènes dont le mécanisme a échappé jusqu'ici à nos investigations, nous serons fondés à admettre que cette hypothèse est vraisem- blable. Quand la science aura progressé sans l’infirmer, on la considérera comme probable, et ne faudra-t-il pas alors l’admettre comme on admet aujourd’hui le principe de l’i- nertie et celui de la conservation de l'énergie ? C’est une pareille hypothèse que j'ai recherchée. Je n’apporte aucune nouvelle expérience de laboratoire comme contribution aux recherches scientifiques ; je n'ai modifié aucune loi mathématique; mais prenant les résul- tats des expériences faites sur les forces physiques, je me suis efforcé d’en tirer des conclusions qui permettent à l’es- prit de concevoir le jeu de ces forces autrement qu’on ne l’a fait jusqu'à présent. Quelle que soit la façon dont l'esprit conçoive la nature de l'électricité, quelles que soient les modifications qui puissent être apportées à la théorie des vibrations, les lois mathématiques établies sur les phénomènes électriques, la thérmodynamique, etc., ne seront nullement modifiées ; cependant il n’est pas sans intérêt pour les progrès de la ET LES FORCES PHYSIQUES 5° science que l’on sache expliquer les phénomènes qui se passent sous nos yeux. Quand Fresnel à proposé de substituer la théorie des ondulations de l’éther à celle de l'émission pour l’explica- tion des phénomènes lumineux, il ne modifiait pas les lois de la réfraction, mais il en donnait une théorie différente, et il a fait faire un progrès à la science. C’est dans cet ordre d'idées que je présente comme un progrès la théorie des forces physiques qui fait le sujet de cet ouvrage. Autrefois, lorsque la science a reconnu l'existence dans l'univers d’une force qu’elle avait ignorée jusqu'alors, l’é- lectricité, les propriétés qu’on lui découvrait ont fait admet- tre que les deux électricités étaient deux fluides. Cette hy- pothèse n'a pas permis d'expliquer tous les phénomènes que l’on faisait naître dans les laboratoires, et la théorie des vibrations est venue remplacer celle des fluides. Cette théorie des vibrations doit être abandonnée à son tour. Le mot « vibration » est impropre pour désigner l’é- lectricité. L'industriel s'habitue à ne pas songer à la nature de l’é- lectricité que l’on fait entrer comme quantité abstraite dans les calculs, aussi l'expression de « vibration » lui paraît-elle suffisante pour désigner quelque chose d’imma- tériel et que nous ne verrons jamais ; mais le chercheur ne s’en contente pas. En m'efforçant de préciser ce que la science laisse dans le vague, j'aborde un problème pour la résolution duquel la langue française est difficile à manier. En effet, les objets matériels seuls impressionnent nos sens, aussi pour décrire quelque chose faut-il chercher des comparaisons parmi les objets matériels; mais ces comparaisons indispensa- bles peuvent cependant être une cause d’erreur. La com- G LA MATIÈRE, L'ÉTHER paraison est faite pour guider l'esprit; elle doit amener le lecteur à concevoir quelque chose de la même ma- nière que le fait l’auteur, lorsque la nature abstraite du sujet ne permet pas à ce dernier de donner des définitions précises; ou bien quand les mots manquent pour décrire les images que chacun doit créer dans son cerveau. Lors- que le lecteur, trompé par les notions classiques précé- demment acquises sur le sujet, comprend mal la compa- raison, les images qu’il se crée sont inexactes, et toute la théorie devient incompréhensible. Dans l'étude des forces physiques et des phénomènes mo- léculaires, l'esprit se reporte inconsciemment aux théories classiques qui ont été enseignées sur l’éther, la matière, les forces, etc. : il faut éviter cet écueil. Voulant édifier une théorie nouvelle, j'invite Je lecteur à s’efforcer d'oublier ce qui lui a été enseigné sur les vibrations de l’éther, et je lui demande toute son indulgence si les définitions que je donne, ou les comparaisons que je fais, ne lui semblent pas au premier abord très précises. li. L'hypothèse à trouver sur le jeu des forces de la natu- re, hypothèse qui ne sera pas infirmée par les progrès de la science, mais à laquelle chaque découverte donnera plus de probabilité, doit nous donner une vue d'ensemble sur toutes les forces physiques et les phénomènes de la nature. La difficulté d'exprimer ce que je concevais sur le Jeu des forces physiques m'a conduit à chercher un procédé pour guider l'esprit. Pour donner une idée du jeu d’une force dans la matière et l’éther, j'ai admis l'hypothèse que cette force a pu ne pas exister dans l’univers, et y apparaître un jour : le mécanisme hypothétique de l'apparition de cette ET LES FORCES PHYSIQUES F force dans l'espace en fait comprendre le jeu, les propriétés, et tout ce que le langage scientifique actuel permettrait dif- ficilement d'exprimer autrement. Cette voie m’a conduit à l'hypothèse que l'univers, tel que la cosmogonie de Laplace nous le dépeint à l'origine des mondes (masses gazeuses incandescentes d’où sorti- ront les astres par la condensation de la matière), était peut- être un univers déjà bien vieux. L'esprit peut admettre que cet univers avait auparavant subi beaucoup d’évolutions, et qu'à des époques antérieures, il a pu n’y avoir dans l’espace ni chaleur, ni lumière, ni électricité, ni même de gravitation ; et, antérieurement en- core, ni matière, ni éther. C'était le Néant. Il serait difficile d'expliquer la cause qui a transformé le Néant. La volonté du Créateur a déterminé les évolutions successives de l’univers, et j'ignore pourquoi Dieu a créé le monde ; mais puisqu'Il l’a créé, j'étudie le côté physique du mécanisme de l'apparition des forces physiques dans l'Espace. Cet ouvrage n'a d’ailleurs pas pour but de prouver au lecteur que les faits se sont passés comme je l'indique. Je n'adopte l'hypothèse de l'apparition de la matière, de l’éther et des forces, sortant successivement du Néant, que comme un procédé commode pour guider l'esprit, et lui permettre de rompre avec les théories classiques qui con- duisent à des impasses pour l'explication des phénomènes physiques. Je développerai donc cette hypothèse nouvelle sur la genèse de l’univers, en invitant le lecteur à concevoir les forces physiques comme si elles avaient apparu dans l’Es- pace dans les conditions que j'indique. La discussion sur l'authenticité probable ou possible de cette origine serait du domaine de la métaphysique que je n’aborde pas. REP I: DANS, 0 8 LA MATIÈRE, L'ÉTHER III. Le sujet que je traite est donc abstrait; et d’ailleurs les notions préliminaires d’un cours de physique sont toujours abstraites. Avant de commencer chacune des’parties de son cours, un professeur de physique attire l'attention de ses élèves sur la manière dont ils doivent se représenter les forces de la nature: parlant de l'électricité, il rappelle qu’on l'a comparée autrefois à un fluide, et il donne les raisons qui ont fait abandonner cette comparaison. Il invite généralement ses élèves à ne pas matérialiser l’élec- tricité. Avant d'étudier la lumière, le professeur cite les théories de Newton et de Fresnel, parle de l’éther, et indi- que la façon dont les auditeurs doivent comprendre son rôle dans les phénomènes physiques. Personne ne repro- che alors au professeur de faire des hypothèses ou des théories sans intérêt ; il est en effet nécessaire que l'esprit conçoive d’une façon exacte la nature des forces physiques, et la manière dont elles se jouent, pour comprendre les phénomènes qui se passent, et tirer des expériences les con- clusions qui doivent en découler. Cependant, malgré les efforts que l’on a faits pour concevoir le jeu de certaines forces, on n’a trouvé jusqu'ici aucune théorie générale rendant compte de tous les phénomènes, et permettant de comprendre les transformations d'énergie. Cherchant cette théorie, j'ai dû abandonner beaucoup de principes généralement admis, et que quelques person- nes considéreraient volontiers comme des axiomes. J’ap- pelle donc l’attention du lecteur sur la difficulté qu'il aura peut-être à empêcher sa pensée de revenir constamment à ces pseudo-axiomes, car je l'ai éprouvée moi-même. Il faut cependant les bannir complétement de son esprit pour entreprendre une étude raisonnée de la physique. ET LES FORCES PHYSIQUES 9 Lorsqu'un phénomène se passe sous nos yeux, l’expli- cation nous en paraît d'autant plus simple que nous som- mes plus habitués à le voir se produire, et, s’il a lieu tous les jours, nous n'y faisons même plus attention. Je prends un exemple. La vapeur agit dans le cylindre d’une ma- chine, et, par l'intermédiaire du piston et de ses tiges, produit un travail, soit l'élévation d'un corps. Il paraît évi- dent à tout le monde que la vapeur, en vertu de sa pression, pousse le piston ; et, puisqu'il est relié d’une façon rigide par l'intermédiaire des transmissions à l’objet à soulever, que celui-ci soit déplacé verticalement. Cependant, si nous étudions les détails du phénomène, nous remarquons que la vapeur, en opérant ce travail, perd une certaine quan- tité de chaleur. Nous supposons bien que la vapeur pousse le piston, mais nous ne voyons pas comment elle le pousse : il se passe donc entre les molécules de vapeur et celles du piston un phénomène qui fait perdre à la vapeur une par- tie de sa chaleur, et qui fait mouvoir le piston. Dans une tranche du cylindre, d'épaisseur infinitésimale, contre la face du piston s'opère une transformation d'énergie calo- rique en énergie de mouvement; le mécanisme de cette transformation nous échappe. La tige du piston se déformerait si le métal qui la com- pose était un métal mou, et l’objet ne serait pas déplacé ; mais elle est rigide, aussi se meut-elle sans déformation. Il se passe donc dans la tige du piston des phénomènes moléculaires différents de ceux qui se manifesteraient si celle-ci était en métal mou. La quantité de chaleur per- due par la vapeur est la cause de ces phénomènes, mais elle n’échauffe pas les tiges; elle s’est transformée en énergie de mouvement qui se transmet de molécule à mo- lécule jusqu’à l’objet à déplacer. Celui-ci peut à son tour, en revenant à sa position première, produire une quantité 10 LA MATIÈRE, L'ÉTHER de travail correspondante à la quantité de chaleur perdue par la vapeur. Quel phénomène s’est-il produit? Pourquoi l'objet déplacé est-il devenu capable d'effectuer un travail ? C’est ce que nous allons étudier. INE \ Le plan de cet ouvrage est le suivant : Dans la première partie, j'expose les différentes hypo- thèses que je fais sur le jeu des forces physiques ; je déve- loppe les considérations qui m'ont amené à les admettre, et je guide l'esprit du lecteur pour qu'il conçoive ce que des comparaisons ne représenteront jamais qu'imparfaite- ment. Les trois premiers chapitres sont consacrés à com- battre les notions fausses que les théories classiques ont pu laisser dans l'esprit sur la matière, l’éther, les forces et le mouvement. Dans les chapitres suivants, je développe la genèse hypothétique des forces de la nature, pour préci- ser la facon dont ces forces doivent être conçues. Les hypothèses sont alors établies; mais pour en faire comprendre la portée, j'expose dans la seconde partie l'application de ces hypothèses à l'explication d’un certain nombre de phénomènes physiques et chimiques. ET LES FORCES PHYSIQUES 11 PREMIÈRE PARTIE. CHAPITRE. LA MATIÈRE ET L’'ÉTHER. 1. Manière dont on doit se représenter les atomes, et l’éther. — ?. Propriétés des atomes et de l'éther. — 3. Leurs essences analogues. — 4. Le Néant. 1.— Les forces physiques se jouent dans l'Univers grâce à la présence de la matière et de l’éther. Nous ne conce- vons aucun phénomène physique sans l'existence d’un corps, et nous ne nous représentons aucun corps qui ne soit un composé de matière et d’éther; aussi devons-nous acqué- rir la notion de l'essence de la matière avant de compren- dre le jeu des forces physiques. Nous commencerons donc par l'étude de la matière et de l’éther. Notre esprit ne se représente, dans le monde physique, que des choses concrètes. Pour comprendre les propriétés de la matière et de l’éther, nous serons obligés de comparer des choses abstraites à des choses concrètes, malgré les inconvénients que de pareilles comparaisons peuvent avoir ; mais nous en userons avec modération, pour éviter le plus possible de faire naître dans notre esprit des conceptions autres que celles qui doivent s’y former. Nous ne savons pas ce qu'est la matière, mais tout ce qui nous entoure nous invite à croire qu'il existe quelque chose, et nous avons appelé matière ce quelque chose. L'atome est un petit volume de matière; on l’a même quelquefois défini comme la dernière partie indivisible de la matière. Par cette expression, il ne faut pas enten- 12 LA MATIÈRE, L'ÉTHER dre que le volume de l'atome est infiniment petit, mais indivisible par des moyens mécaniques. Quelque petites que soient les dimensions d'un atome, notre esprit peut concevoir des dimensions moindres. L'atome est très petit mais a une grandeur finie; il est donc séparé du reste de l'univers par sa surface, et la partie de l'Espace comprise.en dedans de cette surface est ce que nous appelons de la matière. L’atome est un petit volume de matière. Dans les différents corps, les atomes sont souvent très près les uns des autres, mais ils sont quelquefois aussi à des distances très grandes relativement à leurs dimensions. La matière pure ne comble donc pas tout l'Espace. On a dit autrefois que le monde était formé par de la matière répandue dans le vide; mais ensuite le mot wide a paru impropre pour désigner ce qui existe dans l'univers entre les atomes, et on l’a appelé éther. Nous disons donc qne les atomes sont entourés d’éther. Dans son ouvrage, déjà cité dans la préface et auquel nous empruntons notre épigraphe, la « Constitution de l'Espace céleste », Hirn parle de l’éther et s'exprime ainsi : « Nous disons que le milieu qui établit entre les astres » les diverses relations qui les rendent, en quelque sorte, » solidaires, qui les révèlent les uns aux autres, n’est pas » de la Matière. » L'épithète d'immatériel qu’on donnerait à ce milieu » serait cependant mal choisie, en raison du sens vague et » presque arbitraire qui s'attache à ce mot dans le langage » ordinaire. Pour la plupart des personnes, en effet, ce qua- » lificatif enlève, pour ainsi dire, aux êtres auxquels on » l’applique la réalité de l'existence. On ne l’emploie, en » général, que quand on parle de l’essence des êtres animés » et doués d'intelligence, Nous disons, par exemple, que 2 ET LES FORCES PHYSIQUES 15 » notre âme est immatérielle ; mais alors, pour la conce- » voir, nous nous hâtons de lui prêter une forme, de la » faire, sinon tangible, du moins visible. Le titre d'imma- » tériel donné à l’un des éléments du monde physique appa- » raît presque comme une hérésie, même à une bonne par- » tie du monde lettré et érudit. » Encore bien moins pourrions-nous, sans de graves » inconvénients, laisser à cet élément, partout répandu, » l’ancienne dénomination d’éther. On à tant usé et abusé » de ce mot qu'aujourd'hui il n’a plus de sens arrêté pour » qui que ce soit. Les physiciens, qui ont recouru et qui » recourent encore à l'existence de l’éther pour expliquer » les phénomènes de radiations lumineuses et calorifiques, » sont tous, à peu près sans exception, tombés dans le » même travers. On commence par dire que c’est un élé- » ment distinct et de nature autre que la matière pondé- » rable ; mais bientôt, pour les besoins de la mise en équa- » tions des problèmes, on le dote de masse, d’atomes ; on » y intercale une force pour donner l’élasticité. Il ne reste » alors plus qu’une matière très diluée, très rare, qu’on » dote et qu'on prive alternativement des qualités les plus » antagonistes, sans se dire un seul instant que ces qua- » lités sont forcément réunies. Quelque expressif, quelque » élevé, quelque poétique même que soit le mot éther, on se » voit forcé de le bannir définitivement de la langue scien- » tifique si l’on ne veut s’exposer aux malentendus les plus » regrettables ». Hirn emploie l'expression élément dynamique pour rem- placer le mot éther qu’il bannit de son langage. Le pas- sage précédent nous indique suffisamment les fautes à éviter, et, puisque nous sommes prévenus, nous garderons le mot éfher qui est court et commode. Si nous voulions ne pas user de toutes les expressions ayant été souvent 14 LA MATIÈRE, L'ÉTHER mal comprises, nous en supprimerions trop; les mots force et matière pourraient subir le sort du mot éfher. Nous ne chercherons pas à définir ici l’état intime de l'éther, mais nous tâcherons de comprendre le rôle qu’il joue dans l'univers. Dans certaines théories, il est fait mention des parti- cules d’éther ; or le mot particule fait naître l’idée de pe- tit morceau séparé du reste du corps que l’on envisage. Si l'éther était composé de particules, il y aurait autre chose entre ces particules; cette autre chose serait un autre éther ; les particules d’éther auraient des propriétés spéciales, ce serait une nouvelle matière. Nous devons donc admettre que l’éther est un milieu homogène, sans solution aucune de continuité, à l'exception des volumes occupés par les atomes. L'univers se compose essentiellement d’éther dans lequel est semée la matière. L'on a pu comparer quelquefois l'atome à un grain de sable, l’éther à de la gélatine, mais il ne faut accepter cette comparaison que sous réserve : l’atome est un petit volume de matière pure; le grain de sable, lui, est un volume petit par rapport à nous, mais très grand par rap- port à un atome; il est composé, non de matière pure, mais de matière et d’éther; il est formé d’atomes groupés suivant certaines lois, séparés les uns des autres par de l'éther; enfin un grain de sable est un petit monde dans lequel peuvent se jouer les forces physiques, tandis que l’atome ne renferme que de la matière pure. La gélatine peut entourer les grains de sable comme l’éther entoure les atomes, mais elle aussi est un composé de matière et d’éther ; elle a de la masse tandis que l'éther n'en à pas; elle possède des propriétés physiques différentes de celles du grain de sable, mais de même nature; elle ne res- 400 Re ee NT) EU Ÿ : ET LES FORCES PHYSIQUES 15 semble pas plus à de l’éther que le grain de sable à un atome. 2. — On trouve dans différents ouvrages quelques no- tions sur les propriétés des atomes: la dureté en a été proclamée par beaucoup de philosophes, et l’élasticité par quelques-uns. Un corps dur est un corps dont les atomes tendent à garder leurs positions relatives, même lorsqu'ils sont sol- licités à s’écarter les uns des autres par un outil agissant sur eux avec pression; cette dureté disparaît si l’on sou- met le corps à certains agents liquéfiants ou dissolvants: la chaleur transforme un corps dur en corps mou, liquide OU gazeux. Si nous n'avions Jamais vu que des liquides et des gaz, nous n'aurions pas songé à la dureté pour en faire une propriété des atomes. La dureté est le résultat d’un jeu de forces physiques, et ne peut appartenir qu'à un groupe- ment d’atomes ; rien ne doit donc nous faire supposer que les atomes soient durs. Il ne faut cependant pas en con- clure qu'ils sont mous; un corps est mou relativement à un corps dur; la mollesse ne peut exister que dans un groupement d’atomes. | L’'atome, en lui-même, n’est donc ni mou, ni dur; autre- ment dit, les idées de dureté et de mollesse ne doivent pas entrer dans les efforts d'imagination que l’on fera pour se représenter l’état d’un atome, ou de la matière pure. Un corps est dit élastique lorsque ses molécules, main- tenues écartées de leur position primitive par une pression, tendent à y revenir dès que la pression disparaît. L’élasti- cité n'existe que dans des groupements d’atomes exerçant les uns sur les autres des actions de cohésion; l’élasticité ne peut donc pas être attribuée à un atome formé de ma- 16 : LA MATIÈRE, L'ÉTHER tière pure, et qui n’est pas composé de particules séparées, pouvant se rapprocher ou s'éloigner les unes des autres. La matière n’est pas compressible : car si l’on pouvait réduire aux cinq sixièmes de son volume primitif, par exem- ple, un volume de matière, le reste disparaîtrait. Il faudrait admettre alors que la matière n’a pas une existence réelle, que chaque atome n’occupe pas un volume de l’espace à l'exclusion de toute autre matière; ce serait nier l’existence de la matière. | Le mot température évoque l'idée de mesure, ou plutôt de comparaison entre des quantités de chaleur contenues dans des corps semblables. La chaleur semble être une des forces physiques qui s’'emmagasinent dans les corps à l’é- tat d'énergie latente : nous ne savons pas exactement ce qui se passe dans un corps chaud, mais différents phéno- mènes nous font croire que les atomes ont des mouvements oscillatoires de part et d'autre de leur position moyenne, et que ces mouvements s’amplifient avec l’élévation de la température du corps. La chaleur est le résultat d’un en- semble probablement très complexe de mouvements, d’ac- tions et de réactions d’atomes les uns sur les autres; aussi la chaleur ne peut-elle se comprendre que dans un groupe- ment d'atomes. Un atome isolé dans l’espace, et mis en mou- vement, se meut en ligne droite s’il n’est pas arrêté par les réactions des atomes voisins, et représente un atome en mouvement, mais ce n'est pas un atome chaud ; la chaleur n’est pas une propriété des atomes ; l'atome isolé n’a pas de température. La lumière n’est que de la chaleur rayonnante à ondes courtes : un atome qui n'a pas de température ne peut pas émettre de lumière. Nous ne savons pas si l’atome est transparent, opaque ou réfléchissant : les atomes forment avec l'éther des corps ET LES FORCES PHYSIQUES 1 transparents, des corps opaques et des corps réfléchis- sants, et nous ignorons quel est, dans chacun des cas, le rôle des atomes. L’atome est pesant: c'est la seule propriété que nous lui trouvions ; il a un poids, ou plutôt une masse, quel que soit le mode de groupement d'atomes dont 1l fasse partie. Encore faut-il remarquer qu'il n’est pesant que parce qu’il est attiré par la terre. L’atome isolé dans l’espace ne serait pas pe- sant, mais le voisinage d’un autre atome nous révèle en lui une propriété qui provient de son état intime : il est sou- mis à la gravitation, et produit ce qui forme la gravitation, puisque l'atome attire aussi bien qu'il est attiré ; il a de la masse. Nous sommes donc conduits à dire que l'atome est un petit volume de matière pure produisant ce qui est la cause de la gravitation, ou possédant de la masse, mais n’ayantni dureté, n1 mollesse, ni élasticité, ni transparence, ni opacité, n1 couleur, n1 température. Nous devons nous le représenter comme un volume d’une essence abstraite, et ne faire au- cune comparaison avec les corps dits matériels. Après avoir cherché les propriétés de la matière pure dans l’atome, nous cherchons celles de l’éther. Nous re- passons par les mêmes raisonnements, et nous trouvons un résultat analogue, avec cette différence que l’éther n’a pas de masse, mais transmet la lumière. Nous ne lui donnons, pour les mêmes raisons, ni dureté, ni mollesse, n1 élasti- cité, m1 couleur, n1 température. Nous devons donc nous représenter l’éther comme existant, mais étant d’une es- sence abstraite, et ne le comparer à aucun corps dit maté- riel. 3. — Nous ne connaissons Ce qui nous entoure que par les impressions produites sur nos sens ; or, tout ce qui en 2 CNAUNTS, 18 LA MATIÈRE, L'ÉTHER produit est un composé de matière et d’éther, aussi nous est-il impossible de séparer la matière de l’éther. En cher- chant des comparaisons pour les représenter, nous sommes amenés à comparer chacun d'eux à un groupement spécial de l’ensemble des deux. Il faut donc abandonner franche- ment les comparaisons de l’atome et de l’éther avec des objets matériels, et puisque nous ne pouvons pas les repré- senter par quelque chose de concret, ne le faisons pas. La matière et l’éther existent, mais l’état de leur essence inti- me nous échappe; la matière est semée dans l’éther en pe- tits volumes qui forment les atomes; nous ne les considé- rons actuellement que comme des volumes de substance abstraite, et nous allons chercher comment nous pourrons en tirer des forces d'essence abstraite, mais dont le jeu sera semblable au jeu des forces physiques de la nature. Les forces et phénomènes physiques sont produits par des actions et réactions de la matière sur l’éther, et de l’é- ther sur la matière; or, pour qu’une chose puisse produire . une action sur une autre, il faut qu’elles aient entre elles quelque propriété commune. Pour que l’éther etla matière réagissent l’un sur l’autre, il faut que ces deux substances soient d’essences analogues. Nous ne voulons pas ici discuter si l’éther est matériel ou immatériel ; nous avons vu que nous ne nous représen- tons rien qui ne soit composé à la fois de matière et d’é- ther. La matière et l’éther ont des propriétés différentes, et sont d'une essence abstraite pour notre images mais leurs substances sont analogues. 4. — Pour préciser de quelle façon abstraite on doit concevoir l’état de la matière et celui de l’éther, admet- tons que nous prenions un volume de chacun d'eux, et que, par la pensée, nous les HARAOES aussi intimement que possible, ET LES FORCES PHYSIQUES 19 La matière est fondue dans l’éther, l’éther a disparu dans la matière, et le milieu ainsi formé est absolument homogène. Nous avons combiné deux substances auxquel- les nous ne connaissons que deux propriétés, la masse et la transparence. Or la matière n’est pesante que dans le voisinage d'autre matière, parce qu’elle produit ce qui for- me la gravitation; dans sa fusion avec l’éther, elle a pu perdre cette propriété; l’éther a pu perdre sa transparen- ce; nous avons donc un corps dont nous ne connaissons plus aucune propriété, mais de ce volume nous pourrons retirer ce que nous y avons introduit, la matière, l’éther, et leurs propriétés. Un tel milieu n’est ni matériel, ni immatériel ; il nous re- présente l'absence de tout ce que notre imagination peut concevoir, et s’il nous faut un terme de comparaison, nous ne pouvons songer qu'au « Néant », ce milieu dont parle la Genèse, où rien n'existait, mais d’où est sorti l'Univers, c'est-à-dire la matière, l’éther, et leurs propriétés qui ont donné naissance à tous les phénomènes physiques. CHAPITRE II. LES FORCES. 5. De la notion des forces. — 6. Siège de l’action des forces. — 7. Loi du carré des distances. — 8. Ondes de forces. 9. — Une force est assez difficile à définir. Nous acqué- rons la notion d’une force par les efforts musculaires que nous sommes obligés d'effectuer pour obtenir tels et tels effets, et nous nous sommes habitués à nous représenter ce que produisent des forces égales ou des forces différentes, 20 LA MATIÈRE, L ÉTHER Mais, dans notre esprit, nous avons toujours associé à l'i- dée de force la représentation d’un objet matériel qui se déplace ou se déforme : 1l faut une certaine force pour sou- lever un corps pesant; 1l faut une certaine force pour com- primer un ressort. La gravitation est une force, parce qu’en agissant sur les corps, elle les déplace s’ils ne sont pas appuyés, ou leur fait exercer une pression sur les points d'appui s'ils sont maintenus immobiles. Les effets que peut ainsi produire une force ne nous indiquent cepen- dant pas ce qu’elle est, et comment elle agit. Une force ne nous paraît pas avoir une existence pro- pre ; on ne pourrait la matérialiser par la pensée : c’est la manifestation d’un phénomène, et non quelque chose de tan- gible. 6. — Lorsque l’on comprime un ressort, les molécules qui forment ce ressort sont obligées de se rapprocher ; elles se repoussent et tendent à reprendre leurs distances pri- mitives. La force du ressort réside donc dans toutes les actions intermoléculaires; néanmoins les atomes qui ont été rapprochés les uns des autres ne sont point arrivés au con- tact. Ils étaient en équilibre les uns à côté des autres; une seule chose a été modifiée, la grandeur de la couche d’é- ther qui les séparait. L’éther joue donc un rôle dans le phénomène. Il n'est cependant pas possible de supposer que l’éther ait été comprimé dans le sens propre du mot: l’élasticité est une propriété des agglomérations d’atomes; l’éther n’est pas élastique. La compression du ressort a produit le rap- prochement des molécules, et l’éther, s’écoulant à mesure, n'exerce pas une poussée sur les atomes. Les atomes se repoussent par l’intermédiaire de l’éther, c'est-à-dire qu'ils agissent sur l’éther, et produisent une à ie don à DR ET LES FORCES PHYSIQUES 21 action qui tend à les déplacer dans des sens différents. Chacun d'eux agit sur l’éther comme si l’atome voisin n'existait pas, mais la présence de l’atome voisin amène un trouble dans l’état de l’éther, et ce trouble est la cause de la tendance à se déplacer qu’acquiert chaque atome. Nous sommes donc ramenés à l’étude des actions de la matière sur l’éther, et de l’éther sur la matière : ce sont ces actions que l’on appelle des forces. Représentons-nous deux sphères métalliques non en contact dans ce qu'on appelle vulgairement le vide, c’est- à-dire dans de l’éther pur, l’une électrisée positivement, l'autre négativement : les deux sphères s’attirent. Bien que nous n'expliquions pas le phénomène, nous concevons que la couche d’éther qui se trouve entre les deux sphères su- bit une action différente de celle que peut subir une cou- che d'éther éloignée des sphères. Nous pouvons concevoir que si l’électrisation des sphères variait, l’action sur l’éther varierait; si l’électrisation devenait nulle, les sphères s’at- üreraient encore sous l'effet de la gravitation; l’action produite sur l’éther serait différente, et sa valeur se mo- difierait si la masse des sphères changeaïit. Nous sommes ainsi amenés à dire qu’il existe des actions de nature abstraite pour notre esprit, de la matière sur l’é- ther, et de l’éther sur la matière : il est impossible de les comparer à ce que nous observons dans le monde physi- que; ce ne sont ni des tractions, ni des poussées, ni des pressions; c’est à proprement parler une modification de l’état intime de l’éther, correspondant à un état spécial de la matière. Le siège de leur action se trouve dans les atomes. Les forces sont de différentes natures : gravitation, élec- tricités, etc. Leur grandeur est également variable. 22 LA MATIÈRE, L'ÉTHER 7. — Sous l'effet d’une force, la couche d’éther d’épais- seur infinitésimale qui entoure un atome subit un change- ment d'état; cette couche d’éther agit à son tour sur sa voisine, qui transmet elle-même le changement d'état qu’elle subit. De proche en proche, toutes les couches infinitésimales agissent les unes sur les autres, et la valeur de la modifi- cation dans chacune des couches est déterminée par celle de la couche précédente. Ici, nous avons à choisir entre deux hypothèses : ou bien l'éther ne réagit nullement, et la modification de son état se propage de telle sorte qu'il reste homogène, la grandeur de la modification étant la même quel que soit le point de l'éther considéré ; ou bien l’éther offre une espèce de résis- tance qui le fait tendre à revenir à son état primitif dès que l’action de la force cesse; et, en ce cas, la grandeur de la modification en un point de l’éther dépend de sa dis- tance au centre de l'atome. La première hypothèse ne nous conduit pas à l’explica- tion des phénomènes de la na- ture, aussi adoptons-nous la seconde. Soit À un atome sphérique (fig. 1). La force qui réside en lui amène un trouble dans l’é- ther, et l’état de la couche a se modifie. Il s'établit un équilibre entre l’action de l’atome et la réaction de l’éther. La couche a agit à son tour sur la couche b qui détermine elle-même la modification ; état de sa voi- sine, et ainsi de suite. La grandeur de l’action totale exercée par une couche Fig. I. ET LES FORCES PHYSIQUES 23 m sur celle qui l'enveloppe ne peut pas être plus grande que l’action produite sur a par l’atome À, mais elle doit être égale. Or, les volumes d’éther a, b, m, n, sont compris entre deux surfaces concentriques, et si nous les supposons d’é- paisseur infinitésimale, nous voyons que ces volumes sont proportionnels aux surfaces sphériques enveloppantes, c’est- à-dire aux carrés des rayons. L'énergie totale exercée par la force, constante dans chaque couche, agit sur des volumes d’éther variant com- me les carrés des distances au centre de l'atome; la gran- deur de la modification produite sur chaque élément varie donc comme les inverses de ces carrés. Or, c’est le degré de la modification de l’état de l’éther qui détermine la ma- nifestation de la force à une certaine distance de l'atome. La valeur de l’action d’une force est donc inversement pro- portionnelle au carré de la distance à son point d'émission. S1 la force cesse d’agir dans l’atome, l’éther revient à son état primitif. | 8. — Nous appelons onde de force un volume d’éther compris entre deux surfaces sphériques infiniment rap- prochées, éther modifié par l’action d’une force. Soit À un atome sphéri- que (fig. 2), et soient m, n, p, différentes ondes de force qui entourent l’atome. Me- nons un rayon ÀX qui coupe la surface de l'atome et les ondes envisagées aux points (HN: ANT À Fig. 2. 24 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Chacune des ondes est formée par l’action que produi- sent les différents éléments de l’onde intérieure sur l’éther dont elle se compose. Ces actions sont centrifuges, et, en conséquence, s’exercent suivant les rayons. C’est l'élément a qui produit la modification de l’éther dans la couche voisine, état qui se transmet de proche en proche jusqu'au point b de l’onde #». Or les rayons sont normaux aux ondes; on peut donc, en parlant du phéno- mène, dire que l'onde se propage normalement à sa surface. L’onde prend dans cette propagation une espèce d’indi- vidualité. Notre esprit doit se représenter les différents éléments de l’onde comme réunis les uns aux autres, et ne pouvant, sans cause, cesser d'agir dans une direction nor- male à la surface de l'onde. Cet état spécial de l’éther nous est révélé par un phéno- mène particulier que nous étudierons au chapitre suivant, phénomène qui se produit lorsqu'une cause tend à obliger une onde à se propager dans une direction oblique à sa surface. Nous avons appelé onde de force l'espace compris en- tre deux surfaces infiniment rapprochées, concentriques à un atome. On appelle d’une façon générale onde le volu- me d'éther modifié sous l'influence d’un phénomène, et compris entre deux surfaces parallèles : onde de lumière, onde de chaleur, par exemple. Dans ce cas, l'épaisseur de l'onde n’est pas infinitésima- le. Une onde de chaleur, de lumière, se meut comme une onde de force normalement à sa surface, et nous verrons que des phénomènes spéciaux accompagnent l’action d’une cause qui oblige momentanément une onde de lumière à se propager dans une direction oblique à sa surface. Bien que nous usions du même mot onde, le lecteur ne doit point en conclure qu'une onde de gravitation et une jibog AT LES FORCES PHYSIQUES 25) onde de lumière sont de même nature : la possibilité de se propager est la seule propriété commune qui nous permette de les désigner l’une et l’autre par la même expression. CHAPITRE III. LE MOUVEMENT. 9. Manière dont les phénomènes de mouvement se produisent. — 10. Différence entre le mouvement d'un corps dans un milieu élastique, et celui d'un atome dans l'éther. — 11. Mouvements simultanés d'un atome et de l’éther environnant. Comparaisons. — 12, Cause unique des mouvements simultanés de l'éther et de l'atome. — 13. Électricités. Movilés. — 14. La déformation des on- des et la formation des movités. — 15. Mouvement uni- forme, mouvement accéléré, mouvement retardé. 9. — Les phénomènes de mouvement d’un corps appa- raissent le plus généralement comme étant dus, soit à une traction ou poussée, soit à l’action d'une force agissant à distance. | Lorsque le lien matériel existe entre le corps qui traîne et celui que l’on déplace, il semble qu’il serait enfantin de vouloir expliquer la cause du mouvement. Par contre, si le déplacement a lieu sous l'influence d’une force telle que la gravitation, le mécanisme de la mise en mouvement échappe à l'esprit. La cause du mouvement est cependant la même dans les deux cas, car le lien matériel est composé d’atomes qui ne se touchent pas, bien qu'ils soient situés à des distances très petites les uns des autres. Il se passe donc, dans tous les phénomènes de mouvement, une action de molécule à 26 LA MATIÈRE, L'ÉTHER molécule par l'intermédiaire de l’éther; et la grandeur de la couche d’éther seule, suivant qu’elle est, ou non, mesu- rable au moyen de nos instruments, nous fait faire la dis- tinction dontnous venons de parler. L'énergie qui provoque le mouvement se transmet par l'intermédiaire de l’éther à toutes les molécules du corps à déplacer. Nous commençons donc l'étude du mouvement d’un corps par celle des lois du déplacement d’un atome dans l’éther. 10. — Quand un corps se meut dans l’air, il le comprime devant, et le raréfie derrière lui : en vertu de son élastici- té, le volume d’air comprimé se détend en repoussant de proche en proche les couches avoisinantes ; de même, les couches, qui sont autour du volume d'air raréfié, se dé- tendent pour combler la dépression, et il s’établit très rapi- dement un équilibre de mouvement, l’air s’écoulant autour du corps, de la partie avant à la partie arrière. L’écoule- ment ne se produit d’ailleurs que sous l’influence d’une dif- férence de pression. Quand un corps se meut dans l’eau, le phénomène se passe de la même manière; le refoulement de l’eau entraîne son déplacement vertical, et produit le renflement à l’a- vant ; une dépression se forme à l'arrière, et l’eau s'écoule en vertu de la différence des niveaux. Enfin, dans tous les milieux gazeux ou liquides, le mouvement d’un corps amène l'écoulement du milieu après compression, écoule- ment qui se fait plus ou moins facilement suivant l’état de cohésion qui relie les atomes du milieu. Cette cohésion à vaincre forme ce qu'on appelle la résistance au mouvement, et produit le ralentissement de la vitesse du corps aban- donné à lui-même, ET LES FORCES PHYSIQUES 27 Les lois de la mécanique céleste nous apprennent que les astres en mouvement dans l’espace, c’est-à-dire des atomes dans l’éther, n’ont pas leur mouvement retardé ; ils n’éprouvent donc aucune résistance de la part de l’éther, et ceci confirme ce que nous avons dit plus haut, que l’éther n’est pas un milieu élastique. 11.— L’éther est incompressible. Les atomes ne peuvent point obliger l’éther à leur ouvrir passage en créant une différence de pression sur leurs deux faces. Un phénomène spécial se produit donc, et pour en comprendre l’explica- tion, il faut que l'esprit abandonne complétement l’image d’un corps se déplaçant dans l'air. La langue française n’a pas de mots pour expliquer ce qui se passe dans l’éther: nous allons faire des compa- raisons; mais nous ne devons prendre les comparaisons que comme guides, pour aider notre esprit à concevoir un phénomène qui se passe dans un milieu dont rien de tout ce que nous connaissons ne nous représente l’état. Nous décomposons le mouvement d’un atome dans l’é- ther en une série de déplacements élémentaires. Nous ne décrivons donc que le phénomène qui provoque un mou- vement infinitésimal; le même phénomène se reproduit ensuite, et la succession des déplacements infinitésimaux de chaque atome amène le mouvement sensible à nos sens. Tandis que, dans l’air, une différence de pression existe d'une façon continue pendant le déplacement d’un corps, il se produit au contraire dans l’éther un trouble d’une du- rée infinitésimale ; un déplacement élémentaire de l'atome a lieu, et l'équilibre se rétablit. C’est dans l’éther ayant re- pris son équilibre qu’un phénomène semblable se produit pour la continuation du mouvement de l'atome. 28 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Un atome À (fig. 3), dont le centre subit un déplacement 0 o', oblige l’éther avoisinant à ou- vrir le volume «, et à combler le vo- lume 6. L'esprit doit concevoir ceci: le dé- placement 00", est infinitésimal ; les volumes 4 et & sont infinitésimaux ; le mouvement de l’éther comblant l’un pour vider l’autre est instantané, et n’a He ” pas lieu sous l'influence de la pression de l’atome ; la cause du mouvement, c’est-à-dire la force qui le provoque, agit simultanément sur la matière et sur l’éther pour déterminer au même instant le mouvement de l’atome et le déplace- ment de l’éther. Nous disons donc que la matière et l’éther reçoivent si- multanément l’action de la force qui provoque le mouve- ment, l'atome et l’éther environnant formant un tout insé- parable. Nous ne pouvons concevoir ce phénomène que d'une façon abstraite, mais notre intelligence ayant besoin d'images pour comprendre une théorie, nous allons faire quelques comparaisons pour aider l'esprit à concevoir la possibilité d’un mouvement simul- tané de l’éther et de l'atome. 1° Comparaison. — Soit À un atome (fig. 4) qui se meut dans la direction XY. Nous figurons en ab et cd les deux parties de la sur- face que sépare un plan perpendi- culaire à X Y. Supposons que de chacun des éléments de la surface ab parte un tore d'éther tel que a fc allantrejoindre la surface c d. Here Le déplacement élémentaire de l’atome À se produit en ET LES FORCES PHYSIQUES 29 même temps que la rotation de tous les tores tels que a fc. L'esprit conçoit donc le déplacement d’un atome et de l’é- ther environnant s’il peut concevoir la cause qui met en mouvement les tores et l'atome. Que la pensée se reporte à une voie ferrée circulaire sur laquelle se trouveraient une locomotive et un certain nombre de wagons, ayant chacun une dynamo motrice, et n'étant reliés les uns aux autres que par des conducteurs électriques. En faisant abstraction des frottements, on conçoit que si toutes les dynamos motrices des wagons et de la locomo- tive reçoivent la même intensité de courant envoyé par la locomotive, les wagons et la locomotive puissent se mou- voir sur la voie circulaire en conservant leurs distances sans exercer la moindre traction sur les conducteurs qui les relient. L'atome est la locomotive pour chaque tore d’éther ; un lien d’une nature abstraite pour notre intelligence relie la matière et l’éther, et rend leurs mouvements insépara- bles. La cause du mouvement, c’est-à-dire la force qui le provoque, agit par l'intermédiaire de l'atome comme l'é- nergie distribuée par la locomotive. | Nous pouvons donc concevoir le déplacement de l’atome dans l’éther, si nous concevons cette énergie spéciale qui agit simultanément sur l’éther et sur la matière. 2° Comparaison. — Soit À un atome (fig. 5) qui se déplace dans le sens X Y. Admettons que chaque élément de la face c d soit relié à un élément cor- 30 LA MATIÈRE, L'ÉTHER respondant de la face a b, par un volume quelconque d’une matière pouvant modifier sa forme, telle que du proto- plasma, ou des pseudopodes d’un protozoaire. Admettons donc que le volume cg a soitun protozoaire vivant, et con- serve le point g immobile. Sous l'influence de la cause qui détermine un déplacement de l'atome À, ce protozoaire retire à lui son pseudopode g a, et au contraire allonge son pseudopode g c. L’atome À, enveloppé par un nombre con- sidérable de protozoaires tels que cga, se déplace au moment où ceux-ci fontun mouvement de pseudopodes. Le phénomène du mouvement d'un atome est analogue: l’a- tome et l’éther environnant subissent simultanément une même action sous l'influence de la force physique qui dé- termine le mouvement; et l’éther se comporte comme un protozoaire pendant que l’atome se déplace. 3° Comparaison. — Soit un rectangle À BC D (fig. 6) qui représente une section dans un parallélipipède. Sup- posons que la partie À BE F soit formée de petits paral- lélipipèdes ayant leurs grands côtés parallèles à ceux de ABCD. Supposons au Con- traire que dans la par- tie CD GH de petits parallélipipèdes soient 2 1 disposés avec leurs grands côtés dans un sens perpendicu- laire. Dans la partie £ F GA, ils sont pee d'une façon quelconque. Admettons qu'une action intérieure fasse tourner de 90° les parallélipipèdes des parties ABE F et CD GH sans que le nombre de ces parallélipipèdes par tranche paral- lèle à la section À B se trouve modifié. La forme nouvelle du solide sera celle qu’indique la figure 7. Nous constatons ET LES FORCES PHYSIQUES 51 un renflement du côté de À B, et un amincissement du côté de C D. Le renfle- ment et l’amincis- sement varient avec le nombre de parallélipipèdes qui changent de position. Nous con- cevons donc qu'un pareil volume, sous l’action d'une éner- gie intérieure, puisse prendre une forme quelconque. Si le phénomène a lieu dans un grand nombre de tores tels que a fc (fig. 8), le renflement de la partie c amène une augmenta- tion du volume de l’éther du côté de la face c d de l'atome, tandis que le volume de l’éther diminue du côté de la face a b. Le dépla- cement de l’atome dans la direc- tion X Ÿ se produit simultané- ment. Comme nous l’avons déjà dit, ces diverses comparaisons ne représentent pas exactement ce qui se passe dans l’éther et la matière, car il faudrait, pour l'expliquer, connaître l'essence même de la matière et de l’éther. Nous ne pou- vons que constater des résultats, mais il faut concevoir qu'un phénomène analogue puisse avoir lieu pour compren- dre ceux qui en dérivent. Parmi les trois comparaisons, les deux premières sont celles que nous préférons pour expliquer que, dans un corps en mouvement, la matière et l’éther ne sont pas dans l'état Fig. 8. SO F,,7 'EVET + La PRE" de n VU PUTET 32 LA MATIÈRE, L'ÉTHER ordinaire de la matière et de l’éther d’un corps au repos. La 3° comparaison est celle qui nous aidera le mieux à comprendre le mécanisme de la mise en mouvement d’un corps sous l’action d’une force. 12. — Dans un corps en mouvement, chaque atome pos- sède un état spécial. Il s’est opéré quelque chose comme une séparation de forces de signes contraires, forces qui agissent sur l’éther et qui déter- minent son mouvement. Sur nos figures, nous indiquerons par du pointillé et du haché (fig. 9) ces deux états spéciaux de la matiè- re, et les états correspondants de 7 l'éther, qui produisent simultané- Fig. 9. ment une succession rapide de déplacements élémentaires de l’atome et de mouvements de l’éther. La transformation de l’état de la matière, sous l’action d’une force qui la met en mouvement, représente physique- ment l'absorption par la matière de ce qu’on appelle en mé- canique la quantité de mouvement et la force vive. Lorsqu'un corps en mouvement rencontre un autre corps qu'il peut entraîner, les états spéciaux de la matière du premier se partagent entre tous les atomes, et bien que la vitesse de l'ensemble diminue, la quantité de mouvement reste inva- riable. Lorsque le corps en mouvement rencontre un obsta- cle qui résiste et l’arrête, les états spéciaux de chacun des atomes ne disparaissent qu'en produisant un travail, et le corps rend, sous une forme quelconque, la force vive qu'il a emmagasinée au départ. 13. — Nous sommes donc conduits à reconnaître dans la matière et dans l’éther l'existence de forces semblables ET LES FORCES PHYSIQUES 39 et de signes contraires, susceptibles de se séparer sous l’in- fluence d’une cause qui dépense de l'énergie, et ne pouvant se neutraliser qu’en rendant l'énergie dépensée pour les séparer. Ces deux forces de signes contraires, dont le siège est dans la matière, ont déjà reçu un nom : on les appelle les électricités. L'électricité négative, qui sera représentée en pointillé sur nos figures, se trouve du côté vers lequel se meut cha- que atome, et détermine l'ouverture de l’éther au passage de cet atome. L’électricité positive, figurée en haché, se trouve sur la face opposée, et produit l’appel de l’éther pour combler le vide que l’atome laisserait derrière lui. Nous appelons movités les états correspondants del’éther, pour rappeler leur rôle dans le mouvement des corps. La movité positive, figurée en haché sur nos dessins, se forme au contact de la partie de Patome électrisée positivement; la movité négative, figurée en pointillé, prend naissance avec l'électricité négative. Les électricités séparées dans un atome représentent de l'énergie de mouvement ; la différence de potentiel entre les deux parties de l'atome mesure la vitesse. L'énergie s’em- magasine dans la matière et non dans l’éther, mais la for- mation des movités est Inséparable de celle des électricités ; elles apparaissent et disparaissent en même temps. La quantité d'énergie que renferment les movités n’est pas absolument nulle, mais elle est toujours très faible. Il peut sembler, au premier abord, impossible d'admettre que de l'électricité positive et de l'électricité négative res- tent en présence sur un atome sans se neutraliser, car on considère souvent les deux électricités comme deux espèces de vibrations, ou deux fluides disparaissant ensemble dès qu'ils se trouvent sur un même corps conducteur. 34 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Il ya dans le jeu de l’électricité quelque chose qui nous avait échappé jusqu'ici. Les électricités de noms contraires ne se neutralisent pas lorsqu'elles sont en présence, mais elles se transforment quand on leur fait effectuer un tra- vail. 14. — Nous avons vu au chapitre précédent comment l'action d’une force se propage dans l’éther, et nous venons de voir quelles sont les conditions nécessaires pour que le mouvement d'un atome se produise. Nous allons étudier maintenant le mécanisme de la mise en mouvement d’un atome sous l'influence des ondes que fait naître une force ayant son siège dans cet atome et dans un autre volume de matière. Les ondes de force se propagent dans l’éther avec une très grande vitesse, mais non instantanément. La vitesse de propagation dépend : 1° de la nature de la force, c’est-à- dire de la modification à produire ; 2° de l’état de l’éther, c'est-à-dire de l’état du milieu à modifier. Notre esprit peut concevoir que les ondes de force se pro- pagent soit avec la même vitesse, soit plus rapidement ou plus lentement suivant que l’éther est, ou n’est pas, soumis à l’action de forces semblables ou différentes. Lorsqu'un atome émet des ondes de gravitation, par exemple, dans un éther homogène, ou soumis à l’action de forces ne modifiant pas la vitesse de propagation de ces ondes, celles-ci ne subissent aucun effet spécial, et l’atome conserve son immobilité. Un phénomène particulier, qui entraîne la mise en mou- vement de l'atome, se passe au contraire si la propagation des ondes se fait avec des vitesses différentes dans les diverses directions. Soit À un atome sphérique agissant sur un éther non ET LES FORCES PHYSIQUES 39 homogène (fig. 10). Supposons, par exemple, que l’état de l'éther soit modifié par l'influence d’un corps éloigné, et que les on- des se propagent avec une vitesse plus gran- de dans la direction ŸY que dans la direction X. L'onde qui se for- me à la surface de À est arrivée en M” dans la direction À Ÿ, en même temps qu'en M dans la direction À X. Dans les autres directions, la vitesse est intermédiaire, et l'onde conserve une forme sphérique, mais excentrique à l'atome, si l’on n’envisage que les ondes voisines de À. L'onde NV N' se forme excentriquement à l'onde MM", et ainsi de suite. Dans la propagation ordinaire, chaque élément agit nor- malement à la surface de l’onde sur l'élément d’éther voisin; or, dans le cas présent, les différents éléments à, b, c, ne propagent pas leur influence dans une direction normale à la surface de châque onde, mais ils essayent de le faire. Pendant que la différence entre les états de l’éther dans les deux directions À X et À Y amène les ondes à se dé- former, tous les éléments résistent à cette déformation, et déterminent de proche en proche, jusqu’à l’atome, une réaction tendant à rendre chaque onde concentrique à celle qui l’a produite. L’éther retrouve son équilibre lorsque les ondes et l'atome se déplacent pour se centrer dans l'une des ondes, N N' par exemple. Sous l'influence des ondes, l’éther prend donc autour de Fig. 10. 36 LA MATIÈRE, L'ÉTHER l'atome deux états spéciaux que nous ne pouvons décrire ; ils sont de nature abstraite pour notre imagination; nous leur avons donné le nom de movités. | La réaction des ondes se propage jusqu’à la surface de l'atome, et cette cause, qui détermine la formation des mo- vités dans l’éther, amène l'apparition des électricités dans la matière. L’atome subit un déplacement élémentaire ; les movités disparaissent, mais se reforment aussitôt si l'atome et la force extérieure produisent à nouveau des ondes semblables aux précédentes. En résumé, autant que les images et les comparaisons à la portée de notre intelligence peuvent représenter les phé- nomènes qui se passent dans un milieu dont nous ne con- cevons pas l'essence, le mécanisme de la mise en mouve- ment des atomes d'un corps par les ondes de forces doit être dépeint de la façon suivante. Les ondes de deux forces de même nature se déforment mutuellement, et les divers éléments sont détournés de leur route. L'esprit doit concevoir qu'il s'opère une espèce de brisement des ondes, et une rotation des divers éléments a a (fig.11), parallèles à l'onde M, que l'influence extérieure oblige à se placer parallèle- ment à l'onde NV. Or, en nous reportant à notre 3° compa- raison, nous Voyons comment un volume d’éther compris en- tre deux surfaces sphériques M N, non concentriques, peut Fig. 11. changer de forme, lorsqu'un nombre infiniment grand d’é- léments infiniment petits, tels que z2', prennent un mouve- ET LES FORCES PHYSIQUES 31 ment de rotation. Les états spéciaux dans lesquels se trouve alors l’éther, et que nous avons appelés movités, agissent sur Chaque atome, et les électricités apparaissent. Le déplacement d’un corps ne peut donc se produire que s’il existe deux centres d'émission de | & forces, un dans le corps à mettre en Fig, 12. mouvement À, et l’autre en un point quelconque B, à une distance d Wig12): La grandeur de l’action produite sur le corps À varie comme la puissance des ondes qu’il émet; appelons f cette puissance. Elle est également proportionnelle à la valeur que les ondes, partant du point B avec la puissance f”, possèdent encore par élément en arrivant au contact de À, soit ie L'action exercée sur le corps À a donc pour mesure “7, K étant un coefficient quelconque que nous pouvons faire égal à 1, en choisissant convenablement les unités de f, f” et d. Il faut admettre que les ondes émises par deux corps réagissent les unes sur les autres ; sinon, ces corps n’exer- ceralient aucune ac- tion attractive ou ré-. (2) pulsive l’un sur l’au- tre. Lorsque les forces se facilitent mutuel- lement la propaga- tion de leurs ondes, les corps s’attirent (fig. 13); exemple: gravitation, électricités de noms contraires. Fig. 13. 38 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Quand les forces rendent au contraire l’éther plus résis- tant à la propagation de leurs ondes (fig. 14), les corps se repous- sent, exemple: élec- (a) tricités de même nom. Er 15 — A chaque dé- Eies és placement élémentaire de l'atome, l’équilibre se rétablit dans l’éther ; mais nous devons trouver quelque part, sous une forme quelconque, la manifestation du travail qui s’est dépensé à faire mouvoir l'atome; et l’énergie, dont nous allons constater la présence, disparaîtrait sous l'influence d'une cause qui ramènerait l’atome à sa position première. En effet les movités disparaissent en cédant à l’atome l'énergie qu’elles possédaient, et cette énergie s’y mani- feste sous forme d’électricités. La cause qui a provoqué le mouvement, continuant à agir, de nouvelles movités se for- ment; elles disparaissent en donnant à l’atome une nouvelle charge électrique, et ainsi s’accroît la différence de poten- tiel entre les deux faces de l’atome. Lorsque l’action de la force extérieure cesse d'agir, c’est- à-dire lorsque l’atome se trouve dans un éther homogène, les movités ne se forment plus sous l’action des ondes, et la différence de potentiel entre les deux faces de l'atome cesse de s'élever. Cette différence de potentiel règle la vitesse de l’atome qui est constante. Il est cependant nécessaire, pour que le mouvement se continue, que des movités positives et négatives réappa- raissent sur les côtés opposés de l’atome. Les électricités les produisent en dépensant un peu de leur énergie, mais les movités la rendent à l’atome dès qu’il cède à leur action. La différence de potentiel entre les deux côtés de l'atome ne varie donc pas, et la vitesse reste constante, ET LES FORCES PHYSIQUES 39 Pendant qu'une force agit pour mettre un corps en mou- vement, les ondes forment les movités, l’atome cède à leur action, et la différence de potentiel entre les deux côtés de l'atome s'accroît. À tout instant, l'atome recoit deux im- pulsions : 1° celle qui est due à l’action des ondes ; 2° celle qui est déterminée par la formation des movités sous l’ac- tion des électricités précédemment acquises. La première est continue, et détermine l’augmentation progressive de la valeur de la seconde. Celle-ci augmente proportionnelle- ment au temps pendant lequel la force agit; aussi le mouve- ment est-il, si la force est constante, uniformément accéléré. Lorsque l'atome est en mouvement et subit l’action d'ondes qui lui donneraient, s’il était au repos, le mouve- ment inverse de celui qu'il possède, les movités formées par ces ondes et celles que produit l’atome se trouvent être de signes inverses. Les premières neutralisent en par- tie l'effet des secondes ; aussi les movités restantes ne ren- dent-elles plus à l'atome, après chaque déplacement élé- mentaire, toute l'énergie qu'il a dépensée à les former. La différence de potentiel entre les côtés de l’atome diminue; . la vitesse devient plus faible ; le mouvement est retardé. CHAPITRE IV. FORMATION DE LA MATIÈRE ET DE L'ÉTHER. 16. Conséquences de la loi de la conservation de l'énergie. — 17. Le Néant. — 18. La matière et l'éther sortant du Néant. — 19. Conséquence physique de leur formation : la gravitation. 16. — Toutes les lois de la nature, tous les phénomènes physiques nous montrent que ce qui existe, soit comme énergie, soit comme matière, est indestructible. Lors- 40 LA MATIÈRE, L'ÉTHER qu’une certaine quantité d'énergie semble disparaître, nous constatons qu’il s’est produit un travail, et que l'énergie n’a subi qu’une transformation. Il arrive même que deux forces inverses, des électricités de signes contraires par exemple, apparaissent là où rien ne nous révélait leur existence : ces électricités nous représentent le résultat de la transforma- tion d’une certaine quantité d'énergie; mais, après leur formation, on peut les employer séparément, et tandis que l’une des électricités va produire certains phénomènes dans l’une des parties de l'Univers, l’autre peut manifester sa présence d’une façon différente bien loin du centre d'action de la première. Il existera néanmoins dans l’espace deux forces capables d’annihiler leurs effets, et de reproduire, en se réunissant, l'énergie qui a été dépensée à les faire apparaître. Plus nous décomposons les phénomènes et plus nous analysons le jeu des forces physiques, plus nous nous voyons obligés d'admettre les transformations qui s’opèrent d’une façon constante dans l'univers. Des forces inverses prennent naissance en même temps, et en se manifestant de façons différentes à nos yeux, et en divers points de l'Espace, nous révèlent l'existence des forces physiques que nous connaissons. 17.— Toutes les forces seraient donc capables de s’anni- hiler ; et, en se neutralisant, de plonger l'univers dans la mort la plus absolue. La matière ne formerait plus de so- leils ou de planètes; car, en se concentrant en certains points, elle a produit de la chaleur, et celle-ci ne pourrait disparaître qu’en ramenant les atomes à leurs positions primitives. La matière et l’éther sont des volumes de substances analogues qui ne sont différenciées que par les propriétés ET LES FORCES PHYSIQUES A] inverses ; celles-ci disparaîtraient en se neutralisant. Alors, il n’y aurait plus ni matière ni éther; il n’y aurait plus dans l'espace qu’un milieu sans propriétés que notre esprit ne peut concevoir : nous l’appelons le Néant. C'est avec le Néant que nous nous proposons de recons- tituer l'Univers. Nous n’étudions pas le côté métaphysique dela Création ; mais puisque la matière, l’éther et les forces physiques exis- tent, nous sommes conduits à rechercher et à dépeindre un certain mode de formation de l'Univers, dont les conséquen- ces physiques soient la production de forces semblables à celles qui existent. Cette étude amènera progressivement notre esprit à concevoir le jeu des forces physiques dans la matière et dans l’éther, en nous permettant de donner l'explication des phénomènes non encore expliqués. 18.— La première phase de la création du monde a été la division du néant en matière et éther sous l’action d’une Cause dont l’étude sortirait de notre sujet. Une impulsion première a eu lieu. Nous pouvons nous représenter la matière et l’éther com- me étant alors aussi intimement mélangés que possible ; mais, dans ce mélange, des volumes infinitésimaux avaient acquis positivement une propriété que les volumes infinité- simaux voisins avaient acquise négativement. L'ensemble de l'univers ne présentait aucun volume fini de matière; il n’y avait pas d’atomes ; la matière était, pour ainsi dire, pulvérisée dans l’éther ; mais tous les volumes infinitési- maux de matière se distinguaient déjà du milieu dans lequel ils étaient plongés, c’est-à-dire de l’éther. La concentration de la matière en certains points pour former les atomes a été la deuxième phase de la création du monde. Nous en parlerons plus loin; mais auparavant, 42 LA MATIÈRE, L'ÉTHER sans étudier la cause de la séparation du néant en matière et éther, nous devons en examiner les conséquences phy- siques. 19.— Quelle que soit la cause d’un phénomène, et quelle que soit l'énergie qui se transforme pour donner naissance à deux forces égales et de signes contraires, ces forces ac- quièrent, lorsqu'elles sont produites, la possibilité de s’an- nihiler l’une l’autre, en ramenant à l’état primitif les corps sur lesquels elles ont agi, ou bien d’où elles sont sorties. Quelle que soit la Puissance Créatrice qui ait déterminé la séparation de la matière et de l’éther dans le néant, le ré- sultat physique de cette séparation a été l'apparition des étais ou forces pouvant annihiler les propriétés de la ma- tière et de l’éther en ramenant le tout au néant. Ces forces, ou actions et réactions, auraient pu déter- miner la fusion de la matière et de l’éther, si ces milieux étaient restés mélangés à l’état de volumes infinitésimaux. Mais la Cause Créatrice continuait son œuvre; la matière s'est concentrée en volumes finis lors de la formation des atomes ; et, actuellement, la fusion ne pourrait se produire que si les atomes se disloquaient. Cependant, la tendance à revenir à l’état neutre, qu'ont acquise la matière et l’éther, existe toujours, et détermine à la surface des atomes une action sur l’éther qui produit dans l'Univers ce que l’on appelle d’une façon générale une force, et qui, dans ce cas particulier, est la gravitation. ET LES FORCES PHYSIQUES 43 CHAPITRE V. FORMATION DES ATOMES. ÉLECTRICITÉS. MOVITES. COHÉSIVITÉS. 20. La matière dans l’éther avant la formation des atomes. — 21. Manière dont la matière s'est concentrée. Forces résultantes. Électricités. Movités. — 22. Action produite sur la gravitation. Cohésivités. — 93. Distribution des cohésivités dans les corps changeant d'état physique. 20. — Si l’on considère la séparation de la matière et de l’éther dans le néant, avec apparition de la gravitation, comme la première phase de la création du monde, la deuxième en est la formation des atomes avec apparition des électricités, des movités et des cohésivités. Après la transformation du néant, nous trouvons la matière et l'éther occupant sa place dans l'Univers. La matière est pour ainsi dire fondue dans l’éther ; il n'y a pas de volume sensible d’éther qui ne renferme une certaine quantité de matière, celle-ci occupant un nombre infiniment grand de volumes infiniment petits. La gravitation existe. Un petit volume d’éther, renfermant de la matière ainsi disséminée, peut être comparé à notre système solaire dans lequel toute la matière du soleil et des planètes serait uni- formément répandue à l’état gazeux. On suppose que cela fut autrefois, et que la matière s’est concentrée pour for- mer le soleil et les planètes. Nous pouvons donc comparer la formation des atomes à celle des planètes, mais en faisant cette différence, que les parties constituantes ne sont pas semblables, et que les résultats physiques ne peuvent être comparés. La matière, qui a formé les planètes, était dans l’éther à 44 LA MATIÈRE, L'ÉTHER l’état d’atomes ; ces atomes avaient des volumes finis, et les lois de la physique ont régi les phénomènes qui ont pu se passer. Les atomes se sont déplacés ; ils se sont arrêtés quand ils ont été les uns à côté des autres, et chacun d'eux augmentait la masse des planètes. Dans la formation des atomes, ce sont des volumes infi- niment petits, centres d'émission d'ondes de gravitation, qui se sont réunis. Or, si l’on multiplie un volume infini- ment petit par un nombre infiniment grand, le produit en est une quantité indéterminée mais finie. Cette indétermina- . tion nous permet de supposer qu'un certain volume de ma- tière, un atome, a pu se former ainsi. Les atomes seraient donc nés de la concentration en pe- tits volumes de grandeur finie de la matière disséminée en volumes infiniment petits dans l’éther. 21.— Avec un phénomène apparaissent toujours dans la nature des forces capables de ramener l'univers à ce qu’il était avant la production de ce phénomène. La matière et l’éther, en se séparant, ont fait naître la gravitation : la formation des atomes produit également un résultat. Les atomes se sont formés par la réunion des volumes infiniment petits de matière, volumes qui possédaient dans l’espace des positions qu’ils n’occupent plus. Chaque ato- me a été créé par le mouvement de ces volumes dans l’é- ther, tous concourant vers le même point, aussi l'atome serait-il détruit par le mouvement inverse de ses parties. Il se passerait donc un phénomène de mouvement de la matière dans l’éther si la destruction des atomes s’opérait ; or l'atome ne peut se mouvoir qu'en produisant les movités dans l’éther, et en acquérant les électricités. Cette énergie, qui apparaît quand une force extérieure agit pour faire For L 5 ET LES FORCES PHYSIQUES 45 mouvoir l'atome, ne peut se manifester que si elle existe pour ainsi dire à l’état latent dans la matière ; l’action d’un corps voisin ne fait que donner une direction unique à toutes les parties constituantes. La formation de cette énergie latente, et l'apparition dans l'univers des électri- cités et des movités, tel est le résultat physique de la créa- tion des atomes. Les atomes ne se meuvent qu'en déplaçant l’éther, parce qu'ils ont des volumes finis, tandis que des volumes infini- ment petits, c'est-à-dire des points mathématiques, n’ont pas de section, et ne déplacent point d’éther. Cependant, le fait qu'ils existaient n’a pas rendu sans effet leur passage dans l’éther ; et pendant qu'ils se mouvaient sous l'influence de la Cause Créatrice, ils acquéraient ce qui leur était né- cessaire pour apporter à la matière, dans la formation de l'atome, l'énergie latente qui Er lui permettre plus tard. de se mouvoir. S1 toutes les particules de matière, ayant formé un ato- me, s'étaient rassemblées en suivant une même direction, les différents éléments de l’atome seraient arrivés avec l’é- nergie permettant le mouvement dans le sens inverse; mais la matière concentrée dans les atomes venait de tou- tes les directions. Elle a ainsi produit un mélange des éner- gies de mouvement qui rend nécessaire une influence exté- rieure ou intérieure pour orienter toutes ces énergies et déterminer le mouvement de l'atome. | La formation des atomes a donc eu pour conséquence l'apparition dans l'univers de l'énergie de mouvement em- magasinée à l’état latent dans les atomes. Les volumes inf- niment petits de matière ont acquis leur énergie dans leur passage au travers de l’éther, mais ils agissaient en même temps sur l’éther. En le sillonnant d’un nombre infini de canaux de section infiniment petite, ils ont fait naître, com- 46 LA MATIÈRE, L'ÉTHER me résultat physique du phénomène, les propriétés que possède l’éther de prendre ces deux états spéciaux que nous avons appelés movités, états qui lui permettent de se dépla- cer pendant le mouvement des atomes. Avec la formation des atomes apparaît donc à l’état latent ce qui doit jouer un rôle immense dans tous les phénomè- nes, le mouvement. Rien ne bouge encore dans l'univers, mais cet équilibre va se rompre, et de nouveaux phéno- mènes physiques vont se produire. La séparation des électricités dans un atome sous l'in- fluence d’une cause extérieure représente la mise à l’état sensible de l'énergie latente emmagasinée dans la matière; elle détermine un travail intérieur, la formation, pour ainsi dire, de deux matières nouvelles. Cette séparation des élec- tricités, qui est accompagnée du mouvement de l'atome, doit l'être d'un phénomène intérieur. De même ‘que la gra- vitation est née de la séparation de la matière et de l’éther dans l’espace, la séparation des électricités est accompa- gnée de l'apparition de deux forces de même nature, mais inverses, et qui tendent constamment à produire la recom- binaison des électricités. Nous ne leur donnons pas un nom nouveau; elles sont inséparables des électricités ; ce sont donc les électricités. Elles produisent des ondes qui se pro- pagent en suivant la loi du carré des distances. L'action de l'électricité positive sur l’éther y rend la propagation des ondes d'électricité positive plus difficile, et celle des ondes d'électricité négative plus facile; d’où il résulte que les corps électrisés de même signe se repoussent, et que les corps électrisés de signes contraires s’attirent. 29. — Les électricités à l’état latent sont nées des ac- tions et réactions de la matière et de l’éther l’un sur l’au- tre dans la formation des atomes ; mais il y avait alors autre chose dans l’espace, il y avait la gravitation. ET LES FORCES PHYSIQUES 41 Les différents volumes infiniment petits de matière, qui se sont réunis pour former les atomes, subissaient chacun l'influence des ondes de gravitation émises par les autres; ils s’attiraient mutuellement, et pendant la formation des atomes, ils ont cédé à l'attraction d’un côté, tandis qu'ils triomphaient de la résistance qui leur était opposée d'autre part. Les atomes se formaient ainsi, mais la gravitation n'avait pas cessé d'agir, et son action s’est manifestée par l’appa- rition de nouvelles forces attractives et répulsives par lesquelles les atomes agissent les uns sur les autres. Diffé- rentes particules de matière, malgré leur attraction mutuelle, se sont éloignées les unes des autres; tandis qu'au contraire la rupture de l'équilibre de l'univers laissait un grand nombre de particules céder à l'attraction produite par la gravitation. Le résultat physique de ce phénomène doit être l'existence dans l'univers d’une énergie qui tend à disloquer les ato- mes ; c’est l'apparition dans la matière de deux forces, l’une produisant l'attraction, l’autre la répulsion entre les diver- ses parties d'un atome.Nous appelons ces deux forces, cohé- sivité positive et cohésivité négative. Dans les phénomènes physiques et chimiques, les cohé- sivités et les électricités ne produisent pas les mêmes ef- fets, mais elles ont apparu en même temps dans l'univers et sont de même nature. Nous concevons que les cohésivités puissent occuper différentes parties d'un atome, comme les électricités de signes contraires distribuées sur ses faces opposées. Les cohésivités de signes contraires peuvent se neutrali- ser dans un atome comme le font les électricités. La sépara- tion et le mélange des cohésivités se produisent sous une influenceextérieure modifiant l'énergie du système, de même 48 LA MATIÈRE, L'ÉTHER que la répartition des électricités d’un atome en mouvement ne subit de modification que sous l'effet d’une cause qui change sa vitesse ou la direction de sa trajectoire. Comme la gravitation et les électricités, les cohésivités produisent des ondes qui se propagent dans l’éther en sui- vant les mêmes lois. Les cohésivités positives se facilitent mutuellement la propagation de leurs ondes: les parties d’un atome qui ont de la cohésivité positive s’attirent. Les ondes de cohé- sivité négative rendent plus difficile la propagation d'ondes semblables : les parties des atomes qui ont de la cohésivité négative se repoussent. Les cohésivités de signes contrai- res n’exercent pas d'influence sur leurs ondes réciproques, mais elles peuvent neutraliser leurs.effets si ces ondes se propagent dans la même direction : les ondes de gravita- tion se trouvent donc agir seules à une certaine distance d’un atome. 23. — Mis en présence les uns des autres, les atomes s’attirent par les points où se trouve de la cohésivité posi- tive et se repoussent par les points où se trouve de la cohé- sivité négative. Sans faire aucune hypothèse sur la forme des atomes, nous admettons qu’ils puissent avoir leurs for- mes modifiées par les actions des cohésivités. Prenons donc des atomes sphériques ayant toutes leurs cohésivités mé- langées, et suivons les transformations qui s’opèrent avec la séparation des cohésivités : nous allons trouver des phéno- mènes semblables à ceux qui ont lieu quand un corps passe de l’état gazeux à l’état liquide, et de l’état liquide à l’état solide. Dans un groupe d’atomes sans cohésivités apparentes ou possédant les cohésivités mélangées, séparons les cohé- sivités pour leur faire occuper les faces opposées de chaque ET LES FORCES PHYSIQUES 49 atome. Les atomes s'attirent par les cohésivités positives, et se groupent deux à deux en présentant les cohésivités négatives à l'extérieur. Ils forment des molécules, compo- sées de deux atomes, qui repoussent des molécules sem- blables placées à petite distance, et donnent ainsi naissance à un gaz. Considérons maintenant un atome sphérique : admettons que la cohésivité positive se concentre aux deux extrémités d’un diamètre, et la cohésivité négative sur la circonférence du grand cercle perpendiculaire à ce diamètre. Groupons maintenant un certain nombre d’atomes dans lesquels les cohésivités seraient ainsi distribuées; ils s’attirent par les extrémités des diamètres considérés, se repoussent par les autres parties, et se disposent en files pour former d’immen- ses chapelets entrelacés dans tous les sens : nous avons dé- crit la formation d'unliquide. En effet, quand on regarde une goutte d'un liquide coloré plongée au milieu d’un liquide in- colore on est frappé de l’état filamenteux que possèdent les liquides. Si les cohésivités se séparent pour occuper un grand nombre de points symétriquement disposés, Ceux qui pos- sèdent la cohésivité positive s’attirent d’atome à atome, et tendent à faire saillir ces parties des atomes ; ceux qui ont de la cohésivité négative se repoussent, et creusent la sur- face.Les atomes prennent donc une forme polyédrique avec cohésivités positives aux sommets, et cohésivités négatives aux centres des faces : les polyèdres s’attirent par les som- mets, se repoussent par les faces ; ils se placent dans des positions relatives qui deviennent invariables, et forment un corps solide. La forme des polyèdres moléculaires déter- mine le système de cristallisation. Les corps pouvant prendre les états solide, liquide et ga- zeux, passent de l’un à l’autre avec élévation ou abaissement 4 50 LA MATIÈRE, L'ÉTHER de température. Les atomes d’un corps chaud maintenu par sa température à l’état gazeux sont probablement en mou- vement ; les électricités y sont séparées, mais se neutrali- sent à mesure que les mouvements des atomes se ralentissent; c'est alors que les cohésivités se séparent, et que le corps passe de l’état gazeux à l’état liquide, puis à l’état solide si les mouvements des atomes se ralentissent encore par suite du mélange des électricités. Il se produit donc un double jeu des électricités et des cohésivités dans les atomes, les unes se séparant pendant que les autres se mélangent. Du néant nous avons tiré la matière, l’éther et la gravi- tation ; dans cet ensemble nous avons vu naître les atomes, et, avec eux, les movités, les électricités et les cohésivités ; l'énergie existe dans le monde à l’état latent, les forces sont créées, et il ne reste plus qu'à faire Jouer ces forces pour produire un grand nombre des phénomènes de la nature. CHAPTITERNE: PHÉNOMÈNES PHYSIQUES. 24. Mouvement des atomes soumis à l'attraction. Rebondisse- ment. — 25. Ondes de movités qui se produisent. — 26. Cas de l'atome oscillant. — 27. Ondes de lumière et de cha- leur. — 28. Le jeu des cohésivités comparé à celui des électricités. 24. — Nous trouvons maintenant dans l'Univers les élé- ments de tous les phénomènes: nous avons des forces, mais non encore ce qu'on appelle, peut-être à tort, des forces physiques : la chaleur, la lumière, le magnétisme, qui sont plutôt de véritables phénomènes. Pour la produc- = ET LES FORCES PHYSIQUES 51 tion de ces phénomènes, il manque le mouvement. L'uni- vers est en équilibre comme l'était le néant, les atomes sont formés et peuvent se mouvoir, mais ils sont encore au repos. Il est problable que, dès la séparation du néant en ma- tière et éther, l'impulsion qui devait amener le mouvement des atomes était déjà donnée à l'Univers ; mais nous n'avons rien à préciser sur cette cause qui sortde notre sujet. Nous constatons seulement que l'équilibre entre les atomes, tels que nous les avons décrits, a été rompu, et nous en étu- dions les conséquences physiques. Un atome isolé dans l’éther émet des ondes de gravita- tion. À mesure qu'elles se propagent, leur puissance varie comme l'inverse du carré de la distance au centre de l’a- tome ; mais, s’il se trouve un autre atome dans le voisinage, les ondes pénètrent dans un milieu déjà modifié par les ondes de cet autre atome, elles deviennent excentriques, et déterminent dans l’éther ces états spéciaux que nous avons appelés movités. Or, la valeur des movités sur la surface de chaque atome dépend de la masse de ce dernier, c’est- à-dire de sa force pour produire des ondes de gravitation. Elle dépend également de la puissance des ondes de l’au- tre atome, puissance proportionnelle à la fois à la masse de celui-ci, et à l'inverse du carré de la distance qui sépare les atomes. Chacun d'eux tend donc à se mettre en mouve- ment sous l'influence de movités dont la valeur varie comme le produit des masses des deux atomes et l'inverse du carré de la distance qui les sépare. Les movités déterminent le mouvement en électrisant les atomes, et la vitesse s'accélère si l’action des forces attrac- tives se continue. L'énergie latente de la matière passe à l'état sensible. | Lorsque les atomes ont acquis de la vitesse sous l'effet de leur attraction mutuelle, il existe dans l’espace une D2 LA MATIÈRE, L'ÉTHER masse se mouvant dans une direction, mais une masse égale se meut avec la même vitesse dans la direction inverse, de sorte que la valeur totale du mouvement dans l'univers n'est modifiée ni en grandeur ni en direction. Les atomes n'occupent cependant plus les mêmes places ; l'énergie qui serait capable de ramener ces atomes à leurs positions primitives va donc se manifester; ce doit être la conséquence du passage de leur énergie de l’état latent à l'état sensible. En effet, les atomes se meuvent l’un vers l’autre, et doivent s'arrêter au contact l’un de l’autre, mais ils possèdent de l'énergie de mouvement, etne peuvent pas rester ainsi, sinon, le mouvement n'ayant plus lieu, le phénomène serait la disparition d'une certaine quantité d'énergie, avec la formation d’une molécule. Au contrai- re, lorsque deux atomes forment une molécule, cette éner- gie devient sensible, et réprésente dans l'univers ce qui pourrait décomposer la molécule et ramener les atomes à leurs positions primitives. Il nous serait difficile de faire des comparaisons qui puis- sent représenter ce qui se passe entre les électricités et les movités au moment de l'arrêt des atomes, mais, en restant dans le domaine abstrait, nous pouvons concevoir que l’é- nergie, qui se trouve représentée par la mise à l’état sen- sible des électricités, ne disparaît pas sans produire un tra- vail. Comme un ressort qui se détend, et dépasse sa position d'équilibre d’une quantité égale à celle dont il était com- primé, l’atome laisse ses électricités s’inverser, c’est-à-dire se mélanger pour apparaître aussitôt dans l’ordre inverse. Après être arrivés au contact l’un de l’autre, les atomes se trouvent ainsi subitement animés de vitesses inverses de celles qu'ils possédaient au moment où ils se sont rejoints ; rien ne les arrête plus, ils partent dans des directions op- posées, et le phénomène peut être comparé à un rebondis- ET LES FORCES PHYSIQUES D3 sement parfait, mais pour la production duquel il n’est pas nécessaire de supposer que la matière soit dure ou élas- tique. Dans ce nouveau mouvement, la gravitation détermine une accélération négative de la vitesse des atomes égale à l'accélération positive qu’elle avait produite auparavant : les atomes repassent par les mêmes positions avec les mé- mes vitesses, mais inverses, et s'arrêtent aux points d’où ils étaient partis. Les atomes, en se dirigeant l’un vers l’autre, faisaient naître l'énergie qui pouvait les ramener à leurs po- sitions premières. 25.— Au lieu de rebondir, si les atomes restent au con- tact, ou presque au contact l’un de l’autre pour former une molécule, l'énergie qu’ils renferment prend une autre forme. Quelles que soient les causes qui puissent empêcher le re- bondissement des atomes dans un tel phénomène, leur éner- gie doit se manifester d’une façon nouvelle que nous allons étudier. Dans l'interversion des électricités déjà considérée comme produisant le rebondissement parfait, nous avons supposé qu’il n’y avait pas la plus petite perte d'énergie; or les deux électricités agissent l’une sur l’autre, et en même temps sur l’éther où elles déterminent la formation des mo- vités; celles-ci permettent généralement le déplacement de l’atome, et disparaissent aussitôt, comme nous l’avons vu (14), en rendant à l'atome l'énergie dépensée à les former. Au contraire, si l'atome ne cède pas à l’action des mo- vités, l'énergie qu’il leur a fournie se trouve perdue pour lui, et reste dans l’éther où les movités forment une onde qui se propage concentriquement à l’atome. L'action des électricités sur l’éther pendant un court intervalle de temps après l'arrêt del’atome, fait donc appa- raître une onde de movités, pour la production de laquelle 94 LA MATIÈRE, L' ÉTHER l'atome dépense un peu de l’énergie qu'il renferme sous for- me d’électricités. L’onde de movités se meut et s'éloigne de l’atome, mais elle diffère d'une onde de gravitation en ce qu’elle possède une certaine quantité d'énergie qui pourra produire du tra- vail en un autre point de l’espace. Or l'atome qui rencontre un autre atome est obligé de changer de direction, et ses électricités subissent une interversion qui détermine son rebondissement; mais au contact de l’autre atome, il reste pendant un instant très court sans pouvoir obéir à l’action de ses propres movités, et c'est alors que se détache une onde de movités qui se propage emportant avec elle une certaine quantité d'énergie. Le signe de la movité de l’onde est le même que celui de l'électricité qui l’a produite. Une telle onde contient de l'énergie. Elle doit agir sur les corps qu'elle rencontrera ; elle possède quelque chose qui relie pour ainsi dire ses diverses parties entre elles, qui for- me cet état spécial que les physiciens ont déjà reconnu, et qu'ils ont appelé vibrations transversales de l’éther. Nous estimons que cette appellation est impropre, car il n’y a pas de mouvements de particules d’éther, mais il est certain que les divers éléments de l’onde ne peuvent se déplacer indépendamment les uns des autres dans des directions quel- conques; ils sont comme reliés, si l'on peut concevoir des liens ou filaments non matériels les réunissant les uns aux autres. : Nous pensons donc que l’état de l’éther, soit au pas- sage des ondes de movités, des ondes de lumière, soit au moment où les movités se forment autour d'un atome qui va se déplacer sous l'influence d'une force, doit être qualifié d'état filamenteux, et que les filaments doivent être considérés comme normaux à la direction de la propaga- tion de l'onde. ET LES FORCES PHYSIQUES 99 Nous estimons que le qualificatif de filamenteux, quel- que inexact qu’il puisse être, est plus propre à faire compren- dre les phénomènes physiques que l'expression vibrations transversales de l’éther. Nous verrons plus loin le grand rôle que jouent dans les phénomènes de lumière ces espè- ces de liens, de pseudo-filaments formés dans l’éther. Chaque élément d’une onde se meut dans la direction normale à la surface de cette onde. Lorsqu'elle possède une forme courbe, sphérique par exemple, sa surface grandit à mesure qu’elle se propage; aussi la quantité de movités qu’elle renferme, c'est-à-dire son énergie, se répartit-elle dans un volume plus considérable, et la puissance, par unité de surface, varie-t-elle comme l'inverse de la surface totale, ou l'inverse du carré de la distance au centre de la sphère dont l'onde forme la surface. 26. — Lorsque deux atomes forment une molécule en s'arrétant l’un contre l’autre, les actions intérieures qui produisent l'interversion des électricités agissent d’une façon continue, et font alterner sans cesse les positions de ces électricités. Dans toute interversion, les deux parties de chaque atome produisent dans l’éther des ondes de mo- vités. Si l'atome était immobile, les ondes de movités alter- nativement positives et négatives se succéderaient à des intervalles infiniment petits ; mais si chaque atome peut prendre un léger mouvement, elles ne se produisent qu’au moment où l'atome change de direction, et les ondes de movités peuvent être séparées par des distances finies. Aussi, quand une molécule ou un atome, dont la course est limitée dans un corps par la position des atomes voisins, oscille entre les limites que ces voisins lui assignent, cette molécule ou cet atome émet-il des ondes formées par des movités alternativement positives et négatives. Celles- 06 LA MATIÈRE, L'ÉTHER ci se succèdent à des intervalles plus ou moins rappro- chés suivant la vitesse de l’atome et la distance qui sépare les extrémités du chemin qu’il doit parcourir. 27. — L'ensemble des deux movités de signes contraires émises successivement par les deux électricités, et se pro- pageant parallèlement l'une à l’autre, forme ce qu'on ap- pelle une onde de lumière ou de chaleur rayonnante. La distance qui sépare la movité positive de la movité néga- tive est la demi-longueur d'onde, la longueur d'onde se comptant de movité positive à movité positive. Les ondes de lumière ont donc une longueur plus ou moins grande suivant la manière dont les atomes oscillent : la longueur d'onde donne à la lumière sa couleur. En produisant les movités qu’il émet sous forme d'ondes de chaleur ou de lumière, l’atome dépense l'énergie qu'il possédait sous forme d’électricités ; ses mouvements se ra- lentissent, et le corps dont il fait partie se refroidit. Dans une onde de lumière ou de chaleur, la séparation des movités positives et des movités négatives n’est pas net- tement tranchée ; mais de l’une à l’autre, l’état de l’éther passe par tous les degrés entre le maximum positif et le maximum négatif. La chaleur rayonnante et la lumière sont donc formées de couches de movités alternativement positives et négatives, ces couches ayant une valeur ma- ximum au centre, et passant par l’état neutre de l’une à l’autre, ce que Fresnel a dépeint comme étant dû à des ondulations de l’éther. Ces movités représentent une certaine quantité d'énergie qui ne peut disparaître ; aussi leur est-il impossible de se neutraliser mutuellement. Les différentes parties d’une onde de lumière ne peuvent donc agir les unes sur les autres, pour neutraliser leurs effets, que dans certains cas que nous ET LES FORCES PHYSIQUES 07 examinerons plus loin, lorsque se produisent les phénomè- nes d’interférence des rayons lumineux. La longueur d'onde donne à la lumière sa couleur, mais l'intensité lui est donnée par le taux plus ou moins élevé des movités de l’onde, qui provient lui-même de la puissance plus ou moins grande des électricités des atomes. La lon- gueur d'onde est réglée par l'intervalle de temps qui s'écoule pendant une oscillation complète de l’atome, et qui est d’au- tant plus court que les électricités ont un potentiel plus éle- vé, et que l’atome a moins de chemin à parcourir. Dans un corps que l’on soumet à l’action de la chaleur, à mesure que la température s'élève, le potentiel des élec- tricités augmente, et les ondes se raccourcissent; aussi le corps, après avoir émis des ondes de chaleur, émet-il de la lumière à ondes de plus en plus courtes. 28.— Nous voyons maintenant comment nous devons en- visager la gravitation, la cohésion, l'électricité, la chaleur et la lumière. Les forces physiques peuvent naître de la réu- nion des atomes pour former les molécules; mais, quelle que soit la cause qui empêche l’écartement des atomes et fasse passer leur énergie à l’état de chaleur dans l'univers, nous constatons que le résultat physique en est la séparation des cohésivités dans les atomes. Les atomes qui se sont réunis pour former une molécule voient en effet leurs cohésivités se séparer et occuper des positions différentes dans les po- lyèdres atomiques ou moléculaires. Il semble donc que la séparation des électricités, répandant leur énergie dans l’é- ther sous forme de movités, fasse perdre à l’atome quelque chose qui retenait les cohésivités mélangées, et produire un changement dans l’état de sa matière. Nous constatons en outre que, plus les atomes se groupent en grand nombre, plus il se dégage de chaleur du composé, et celui-ci tend 08 LA MATIÈRE, L'ÉTHER alors à devenir solide, à posséder un grand nombre de points de cohésivités différentes. À mesure que les atomes dépensent de l'énergie et fournissent de la chaleur à l’uni- vers, leurs cohésivités occupent un plus grand nombre de positions distinctes sur la surface de chaque polyèdre mo- léculaire. CHAPITRE VII. ÉTATS PARTICULIERS DES ATOMES. 29. Corps simples et corps composés. — 30. Les volumes et les masses. — 31. Corps électro-positifs et électro-négatifs. — 32. Répartition des cohésivités dans les corps. — 33. Pro- priétés des corps. — 34. Mouvement des molécules. 29. — Jusqu'à présent, nous n’avons point défini l’état in- time de la matière, mais seulement examiné de quelle na- ture peuvent être les forces physiques qui se jouent entre la matière et l’éther, et nous avons vu que les atomes se sont formés en faisant apparaître l'énergie. Cherchons mainte- nant quel a été le résultat ac quis, et de quelle nature peuvent être les propriétés intimes des atomes. L'étude du jeu des forces physiques dans la matière et l'éther forme la physique proprement dite; celle des pro- priétés intimes des atomes, et des phénomènes qui en sont la conséquence, est du domaine de la chimie. On distingue en chimie les corps simples et les corps com- posés. Un corps simple n’est formé que d’une espèce d’ato- mes: si le microscope permettait de les voir, nous ne savons pas s'ils paraîtraient tous semblables dans le même corps, et s'ils conservent la même forme quand le corps passe de ET LES FORCES PHYSIQUES 59 l'état solide à l’état liquide ou gazeux, mais nous devons admettre qu’on les trouverait équivalents, c’est-à-dire pou- vant se substituer les uns aux autres en modifiant leur forme au besoin, sans changer les propriétés des corps. Quand un corps se compose d’atomes de différentes espè- ces, on l'appelle corps composé. Il semble que le nombre d'espèces d’atomes existant dans l'univers doive être infini; cependant il est très restreint. Sur notre planète, on n’a encore découvert que soixante-dix corps simples. Aucun phénomène physique ou chimiquene nous indique pourquoi, dans l’univers, 1l s’est formé des atomes différents. Nous ne pouvons donc étudier la cause qui les a différenciés, mais notre étude doit comprendre une hypothèse sur les circonstances de leur formation qui puisse nous rendre compte des phénomènes chimiques que nous observons chaque jour. 30. — Il n'est pas évident que la masse d’un atome doive être proportionnelle à son volume. Le poids atomi- que de l'hydrogène est 1, celui du mercure est 200; ce- pendant les atomes de ces deux corps peuvent se remplacer mutuellement dans certaines combinaisons ; il nous paraît en conséquence probable que les atomes ont des volumes peu différents, quelles que soient leurs masses. Dans l’univers, l’éther et la matière se trouvent en quan- tités infinies; mais dans un volume fini, ces éléments y sont en quantités finies, et le rapport de leurs volumes est également une quantité finie. Le rapport du volume de tout l’éther à celui de toute la matière de l'univers possède une valeur que nous ne connaissons pas, mais qui est finie. Or la matière et l’éther ont apparu avec la séparation de propriétés inverses dans le néant: l’état intime de la ma- tière dépend donc du rapport des volumes que la ma- 60 LA MATIÈRE, L'ÉTHER tière et l’éther ont pris, et l’on doit supposer que, si le rapport avait été autre, les propriétés de la matière et de l’éther eussent été différentes. Il est permis de supposer que ce rapport n’a pas été le même en tous les points de l’univers; aussi la gravitation a-t-elle pu apparaître avec divers de- grés de puissance suivant les points del’univers où s’opérait la transformation du néant, et il s’est formé des atomes ayant des masses ou poids atomiques très différents quoi- que possédant des volumes presque égaux. 31. — Les volumes de matière qui formèrent les atomes prirent donc naissance dans des éthers qui se trouvèrent, par ce fait, dissemblables, puisque la somme des propriétés de la matière et de l’éther était toujours constante et égale à zéro. Mais, tandis que les atomes formés restèrent séparés les uns des autres, les éthers se mélangèrent et devinrent un seul éther. Il en résulte que les atomes baignent dans un éther qui n’est pas tout à fait semblable à celui dans lequel ils ont apparu; aussi chacun d’eux exerce-t-il sur l’éther qui l’environne des actions différentes de celles que pro- duit un atome d’un autre corps. En effet, considérons un atome de métalloïde, ayant pris naissance avec un taux de gravitation relativement fai- ble, etun atome de métal ayant apparu avec un taux de gra- vitation plus élevé : l’éther qui les enveloppe subit de la part de ces atomes la même action que s’il était trop concentré autour de l’atome possédant la masse la plus faible, le mé- talloïde, et trop dilué autour de l’autre, le métal. L’action de chacun des atomes est de tendre à modifier l’é- tat de l’éther pour le ramener à être semblable à celui dans lequel chaque atome s’est formé. Deux actions inverses sont produites sur l’éther: le métalloïde dilue, éloigne, ouvre l’éther trop concentré; le métal au contraire ras- semble, condense l’éther trop dilué. ET LES FORCES PHYSIQUES GI Ces actions ne produisent aucun mouvement de l’éther, et ne se manifestent que dans son état intime. Elles sont de même nature que celles que produisent les deux parties d’un corps en mouvement, et qui amènent le déplacement de l’éther en même temps que celui de l’atome ; mais le mou- vement n’a pas lieu ici, puisqu’une seule action s'exerce dans un atome. Ces actions de la matière sur l’éther sont les électricités ; aussi un métalloïde et un métal mis en présence nous pa- raissent-ils électrisés de signes inverses. Le métalloïde qui tend à diluer l’éther est électro-néga- tif par rapport au métal qui se trouve électro-positif. En conséquence, nous pouvons admettre que lors de la formation des atomes, et quand les électricités ont apparu dans l'univers, l'inégalité des masses et la fusion des éthers ont amené un équilibre électrique spécial dans chaque atome. Tous les corps sont en effet électro-positifs et électro-né- gaüfs les uns par rapport aux autres. 32. — Au moment de l'apparition des électricités dans l'univers, les cohésivités prenaient également naissance; et dans des atomes où la gravitation se trouve à des degrés différents, et où les électricités ne sont pas également réparties, l'équilibre a pu s'établir avec prédominance de l’une ou l’autre des cohésivités. Nous admettons que les corps électro-positifs ont généralement un léger excès de cohésivité posivitive, tandis que la cohésivité négative domine dans les corps électro-négatifs. Le classement des corps au point de vue des cohésivités n’a pas été fait. Il est probable qu’il n’est pas identique au classement des corps électro-positifs et électro-négatifs, de même que la liste des corps rangés d’après leur état électrique n’est pas la même 62 LA MATIÈRE, L'ÉTHER que celle des corps rangés suivant leurs poids atomiques ; cependant ces listes ont des analogies. Les chimistes ont divisé les corps en deux catégories: les métalloïdes et les métaux. Or, si nous rangeons les corps par ordre du plus électro-négatif au plus électro-positif, nous trouvons tous les métalloïdes d’abord, et tous les métaux ensuite. Les métaux ont, pour la plupart, des poids atomiques plus élevés que les métalloïdes, et tandis que ceux-ci se présen- tent souvent sous la forme liquide ou gazeuse, les métaux, en général, sont dans la nature à l’état solide; 1ls sont duc- tiles, et indiquent par leurs caractères que les atomes offrent une grande résistance aux forces qui pourraient tendre à les séparer. Un excès de cohésivité négative doit amener la répulsion des atomes, et produire l’état gazeux, ou, à un degré moin- dre, l’état liquide ; un excès de cohésivité positive doit pro- duire une tendance des atomes à rester les uns à côté des autres, mais dans des positions quelconques, ce qui déter- mine la ductilité, mais non la dureté. La dureté provient d’une tendance des atomes non seu- lement à rester les uns près desautres,mais encore à y rester dans la même position; or il faut pour cela que certains points des atomes s’attirent, et que certains autres points se repoussent. Cela ne se produit, ni avec un grand excès de cohésivité positive, ni de cohésivité négative ; le phéno- mène a lieu avec l’ensemble des deux cohésivités séparées dans les atomes ; aussi ne devons-nous trouver de tels corps ni parmi les plus électro-négatifs n1 parmi les électro-po- sitifs. Et en effet, nous trouvons les corps les plus durs par- mi les métalloïdes les plus lourds. Les différents caractères que présentent les corps simples, les affinités communes que certains d’entre eux possèdent ET LES FORCES PHYSIQUES 63 les ont fait diviser en familles. En général, dans chaque famille, les corps rangés par ordre de poids atomiques le sont également par ordre du plus électro-négatif au plus électro-positif. Parmi les métalloïdes, le plus léger est souvent gazeux, le plus lourd solide. Les températures de fusion et de volatilisation vont en s’élevant; tout semble indiquer un excès de cohésivité mégative allant en s’affai- blissant du corps le plus léger au corps le plus lourd. 33. — Ce sont les combinaisons des propriétés données aux atomes par leurs volumes, masses, électricités et cohé- sivités qui ont formé les différentes propriétés des corps simples. Ces combinaisons pourraient être en nombre infi- ni; Or on ne connaît que soixante-dix corps simples, aussi faut-il que les lois qui ont présidé à la formation des atomes soient très simples, mais elles nous échappent encore. En se réunissant, les atomes de deux ou plusieurs corps simples font naître ce que l’on nomme des corps composés ; ceux-ci peuvent à leur tour se combiner ou échanger des atomes, et tous ces phénomènes sont produits par des forces physiques. On appelle molécule le petit édifice formé par plusieurs atomes de corps simples : les molécules d’un corps composé sont semblables entre elles, et se comportent les unes à l’é- gard des autres, dans un corps composé, comme les atomes dans un corps simple. Les façons dont s’opèrent les combinaisons et décompo- sitions chimiques sont la conséquence des quantités de gra- vitation, d'électricité et de cohésivité que renferme la matière. Les atomes qui se combinent pour former une molécule échangent des propriétés ; chaque atome modifie pour ainsi dire son état et devient tel que s’il était formé par une autre matière. Le changement d'état se produit en 64 LA MATIÈRE, L'ÉTHER même temps que la disparition, ou la mise en liberté d’on- des, ce qui nous apparaît le plus souvent comme produi- sant une absorption ou un dégagement de chaleur. 34. — Les actions des électricités sur les cohésivités et celles des cohésivités sur les électricités, modifiant la forme physique de l'énergie dans les molécules, produi- sent très probablement un grand nombre de phénomènes que la science n’a pas encore expliqués. Une molécule, qui acquiert les électricités de signes contraires sous l'effet d’une cause intérieure, passe de l’état de molécule au repos à celui de molécule en mouvement. Le phénomène nous apparaît comme un dégagement de chaleur lorsque la vitesse acquise détermine le mouvement oscillatoire de la molécule. La science n’en donne aucune explication quand le mouvement des molécules d’un corps entraîne, non pas l'élévation de la température, mais le déplacement du corps. Cette voie nouvelle doit s'ouvrir aux recherches scienti- fiques ; aussi en ferons-nous mention, à la fin de notre ouvrage, comme conclusion de nos hypothèses. ET LES FORCES PHYSIQUES 65 SECONDE PARTIE. CHAPITRE I. MÉCANIQUE. 35. Les lois mathématiques et la physique. — 36. Le mouve- ment d'un corps. — 37. Le potentiel et la vitesse. — 38. Action d'une force sur un corps en mouvement. — 39. Action d'une force sur un corps au repos. L’accéléra- tion. — 40. La masse. — 41. L’attraction newtonienne. — 42. Équilibre des corps suspendus. Rupture de l'équili- bre. — 43. Entraînement d'un corps par un autre. — k4. Quantité de mouvement. — 45. Travail et force vive. 46.— Élévation d'un poids. — 47. Mouvement d'un tore. 39. — Dans la première partie de ce travail, nous avons fait des hypothèses, en expliquant un mécanisme imagi- naire de la formation des forces physiques. Nous avons maintenant à voir si de telles forces existent sur notre pla- nète ; et, pour nous en rendre compte, nous allons suppo. ser que nos hypothèses gnt exactes, et donner l’explica- tion des phénomènes physiques et chimiques au moyen de ces hypothèses. Quand elles nous auront permis de comprendre les phénomènes que la science est restée jus- qu'ici impuissante à expliquer, nous croirons pouvoir affir- mer que nos hypothèses sont meilleures que celles qui ont été admises jusqu'à présent, et que nous approchons de la vérité. Dans l'étude des transformations d'énergie, les lois ma- thématiques indiquent la manière de représenter de façons différentes une même quantité d'énergie ; les mathémati- ques donnent également les transformations de formules n 66 . LA MATIÈRE, L'ÉTHER qui permettent de passer d’une expression à une autre sui- vant la forme sous laquelle les procédés physiques que l’on emploie font apparaître l'énergie mise en jeu ; mais elles. n’expliquent pas la façon dont celle-ci disparaît, se mo- difie, et reparait. Lorsque l’on brûle du charbon dans le foyer d’une chau- dière, l'énergie qui se développe sous forme de chaleur peut se transformer de différentes manières ; les lois mathéma- tiques nous indiquent les quantités de lumière ou d’électri- cité produites correspondant au poids de charbon brülé, ou la hauteur à laquelle cette énergie permet d'élever une masse déterminée; mais ces lois ne nous font pas connaî- tre la forme sous laquelle l'esprit peut concevoir l'énergie qui se développe quand le charbon brûle, ni comment elle se transforme par l'intermédiaire des organes de la machine. Pour combler cette lacune, nous nous proposons ici de laisser les mathématiques de côté, et d'expliquer les phéno- mènes physiques par le jeu des forces de la nature. L’éner- gie n’est pas une quantité abstraite qui ne puisse trouver sa place que dans les formules. Elle existe dans la matière et dans l’éther, et l’état de ces deux milieux se modifie lorsqu'une transformation d'énergie s’opère. La mécani- que, la physique et la chimie sont donc inséparables, leurs divers phénomènes étant dus au jeu des mêmes forces. La classification en phénomènes de chaleur, d’électri- cité, de lumière, n’a rien d’absolu; mais elle offre pour nous l'avantage d’être commode et connue de tous, aussi la conserverons-nous pour passer en revue une partie des phénomènes de la nature. La physique étudie les forces qui déterminent les chan- gements dans la position relative des corps (mécanique, lois de la pesanteur, attractions et répulsions électri- ET LES FORCES PHYSIQUES 67 ques et magnétiques) ainsi que les modifications de l’état des corps n'altérant point la constitution des molécules (fusion, vaporisation, solidification). On réserve à la chimie l'étude des transformations des corps quand les atomes se groupent pour former un composé, ou se séparent en pro- duisant la décomposition, bien que ces phénomènes aient lieu sous l’action des forces physiques. Nous ne nous oc- cupons donc, en traitant de la physique, que de molécules sans en connaître la composition en atomes, ou d’atomes envisagés comme molécules de corps simples. 36» — L'étude du mouvement est la branche de la science où les mathématiques jouent le plus grand rôle. Les forces, les distances, les intervalles de temps entrent comme quantités abstraites dans des formules que l’on traite par les mathématiques. Le mouvement d’un corps nous est révélé par son déplacement, et non par une mo- dification physique de l’état du corps, aussi semble-t-il que les phénomènes de mouvement ne puissent être que du res- sort des mathématiques. Le phénomène du mouvement à cependant un côté phy- sique: une modification qui ne frappe pas nos sens se produit dans l’état intime du corps qui se déplace. Des phénomènes intermoléculaires ont lieu, et les formules de mathématiques ne font que traduire en chiffres les résul- tats physiques que nous allons étudier. Un corps se compose d’atomes, petits volumes de ma- ère entourés d’éther: la matière est incompressible; l’éther est incompressible. Dans chacun des atomes d’un corps en mouvement se passe le phénomène qui produit le déplacement de l’éther autour de l'atome et celui de l'atome dans l’éther, sans qu’il y ait eu compression de l’éther ; tous les atomes subissent l’action de la cause qui entretient le mouvement, et le corps se meut. 68 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Nous avons vu (13) que le mouvement prend naissance sous l'influence d’une modification de l’état de la matière que nous avons appelée électricité. L’atome en mouvement est partagé en deux parties qui sont électrisées de signes ‘contraires : l’électricité négative se trouve dans la partie du côté vers lequel l’atome se meut ; l'électricité positive est dans la partie opposée. L’électricité est un état de la ma- tière différent de l’état ordinaire: sous son influeuce, l’éther se modifie au contact de la matière électrisée ; un échange de propriétés a lieu entre les parties de l’éther qui se trou- vent sur les deux faces de l'atome, et les movités positives et négatives se forment dans l’éther. Ces movités agnènent le déplacement de l’éther en mé- me temps que se produit le mou- vement de l’atome. Nous disons donc qu'un atome * en mouvement a ses deux moi- tiés électrisées de signes con- traires. Soit À (fig. 15) un tel atome. La partie n électrisée négativement agit sur l'éther, et y détermine la formation de movité négative; elle y dépense une petite quantité A: d'électricité, ce qui abaisse le potentiel de la partie n. En même temps, la partie p agit sur l’éther, et forme de la movité positive en dépensant une quantité égale Ace d'électricité, ce qui diminue la valeur du potentiel de p. La différence de potentiel entre nr et p est donc amoindrie; mais l’éther a été modifié, et une couche de movités positives et négatives entoure l'atome. Celui-ci subit alors un déplacement élémentaire, et ce mouvement produit dans l’éther une détente qui fait disparaître les mo- vités. Mais ces movités ne disparaissent qu’en rendant à l'atome l'énergie qu’elles lui avaient empruntée, et la dif- férence de potentiel entre n et p redevient ce qu’elle était LCR ET LES FORCES PHYSIQUES 69 primitivement. Les deux parties n et p agissent de nouveau sur l’éther, le phénomène se reproduit, et ainsi de suite. Le mouvement uniforme est donc déterminé par une série de déplacements élémentaires égaux, ayant lieu dans des espaces de temps très petits, et se succédant sans in- terruption, ce qui nous donne l'impression d’un mouvement continu. 37. — La couche de movités qui se forme autour d’un atome, et en détermine le déplacement, a une valeur pro- portionnelle à la différence de potentiel qui existe entre les deux parties de l’atome ; or la valeur des movités qui se forment sous l’action des électricités règle la grandeur de chaque déplacement élémentaire que subit l'atome; et com- me la rapidité de succession de ces déplacements élémen- taires reste constante quelle que soit leur grandeur, la vitesse d’un corps animé d’un mouvement uniforme se trou- ve réglée, et en conséquence mesurée par la différence de potentiel qui existe entre les deux côtés électrisés des ato- mes de ce corps. 38. — Les électricités d’un atome font apparaître au- tour de lui les movités. Les ondes de force rendues excen- triques à l’atome par l’action des ondes émanant d’un autre atome déterminent également la forma- tion de movités. Ad- mettons donc que pen- dant qu’un atome À se meut dans le sens X Y (fig. 16), il soit soumis à l'attraction d’un atome situé dans la direction Y, En vertu de la différence de potentiel exis- Fig. 16. 70 LA MATIÈRE, L'ÉTHER tant entre ses deux parties n et p, l'atome À fait naître autour de lui une couche de movités; mais, en même temps, les ondes excentriques amènent la formation d’une autre couche de movités dont l’effet s'ajoute à celui de la pre- mière. Le déplacement élémentaire As que subissait l’ato- me se trouve augmenté et devient As + A's; la quantité A: d'électricité que l’atome a dépensée pour produire les movités lui est rendue augmentée d’une quantité A'e pro- venant des movités formées par les ondes ; la différence de potentiel existant entre les deux parties de l'atome s’accroît, et la vitesse V de l'atome devient égale à V + AV. L’ac- tion des ondes se continue, et, à chaque déplacement élé- mentaire, la différence de potentiel, ou la vitesse de l’ato- me, se trouve accrue d’une quantité A V. Le mouvement de l’atome est dit uniformément accéléré. _ Le mouvement est retardé lorsqu'un atome se meut vers un corps qui le repousse, ou s'éloigne d’un corps qui l’atti- re. En ce cas, l’atome produit ses movités ; mais les ondes excentriques neutralisent une partie de l'effet des movités de l'atome. Celui-ci ne reçoit plus alors qu’un déplacement élémentaire As — A's, etla quantité d'énergie A: — A'e qui lui est rendue est inférieure à celle qu’il a perdue. Les deux parties électrisées de l’atome ne retrouvent plus l’é- nergie qu’elles dépensent; aussi leur différence de potentiel diminue-t-elle, ainsi que la vitesse du corps. Lorsque les ondes excen- triques agissent dans une # direction À Y” (fig. 17) autre que celle X Y de la trajectoire de l'atome, les ja couches de movités qui se Fig. 17. forment sous l’action des ondes de la force attractive ou 1 ET LES FORCES PHYSIQUES 74 répulsive s’ajoutent aux autres dans les parties # et p et les neutralisent dans les parties « et «’; elles produisent un déplacement du centre de la charge électrique des deux moitiés de l’atome; les movités agissent dans une nouvelle direction X” Y”’, et la trajectoire de l’atome s’in- fléchit. 39. — Quand un atome au repos est soumis à l’attrac- tion d’un corps, il se forme autour de lui, sous l'influence des ondes, une couche de movités déterminant son dépla- cement élémentaire en donnant à ses deux moitiés une dif- férence de potentiel A e qui correspond à une vitesse A v. L’atome conserve cette vitesse indépendamment des actions qui sont produites sur lui; aussi, chaque nouveau déplace- ment élémentaire donne-t-il à l’atome une nouvelle diffé- rence de potentiel Ae, et la vitesse de l’atome devient-elle 2 Av, 3 A», etc. Si la force agissant sur l’atome est cons- tante, et au bout d’un espace de temps nAË, sa vitesse est devenue nAv. Le rapport _ de la vitesse que possède l'atome au temps qu'il a mis à l’acquérir est constant, et égal au rapport de la vitesse élémentaire que prend l'atome au moment du premier déplacement, au temps pen- dant lequel se produit le phénomène. Ce 'FADERFS est ce qu’on appelle l'accélération. L’accélération est proportionnelle à Av, c’est-à-dire à la différence de potentiel Ae que prennent Îles deux par- ties d’un atome sous l'influence des movités que forment les ondes au moment où l’atome cède à leur action. La quantité d'énergie que les movités donnent à chacun des atomes d'un corps sous forme d’électricités dépend de la valeur des ondes qui produisent les movités : la valeur plus ou moins grande de cette première couche de movités mesure donc la force qui agit sur le corps. 72 LA MATIÈRE, L'ÉTHER 40. — Lorsque le corps subit le premier déplacement élémentaire, l’énergie contenue dans la couche de movi- tés formée par les ondes pénètre dans chaque atome, et donne à ses deux parties une différence de potentiel Ae dont la valeur dépend des atomes sur lesquels elle agit; c'est-à-dire qu’une même couche de movités ne donne pas la même différence de potentiel Ae, ou la même vitesse Av à tous les atomes. | Des quantités égales d'électricité, enfermées dans des condensateurs différents y acquièrent des potentiels inver- sement proportionnels aux capacités des condensateurs ; de même, des quantités d'énergie q, introduites ;par les movités dans des atomes, y produisent des différences de potentiel Ae, A'e, inversement proportionnelles aux mas- ses de ces atomes Ae = T, 4'e = T, d'où g — mAe = m m m'A'e. La quantité q d'énergie est représentée pour chaque atome par l’expression m» Ae ou m Av que l’on appelle quan- tité de mouvement : c'est la valeur de chaque couche de movités formée pendant le premier espace de temps Aé. Or la valeur de ces couches de movités produites pendant des espaces de temps infinitésimaux représente également la puissance de la force qui produit les ondes ; aussi peut- | se Ë Av ; 1 on poser l'équation F=m A7; Ou, si nous représentons l'accélération par J, F = ml. 41. — La valeur de la force F se mesure dans la pre- mière couche de movités formée autour de l’atome sous l’action de cette force lorsque le corps est au repos. Ces mo- vités sont produites par les ondes des deux corps qui s’at- tirent ; elles sont proportionnelles à la puissance de chacune de ces ondes au contact de l’atome considéré ; or les unes sont celles que l'atome émet, et, si nous considérons le cas ET LES FORCES PHYSIQUES 73 de l'attraction newtonienne, leur valeur est proportionnelle à celle de la masse m de l'atome; les autres émises par l’autre corps de masse #”', ont une valeur proportionnelle à = (d représentant la distance de l'atome à ce corps). La valeur de la couche de movités, c'est-à-dire la force attrac- mm”, d? Quand la Terre attire plusieurs corps de masses m, m’, m”, il se forme autour des atomes de chacun d’eux des couches de movités dont la puissance dépend de la valeur tive, est donc représentée par FRE M des ondes émises par la Terre a? valeur constante pour les trois corps. L'énergie des couches de movités est également proportionnelle à celle des ondes émises direc- tement par les atomes de masses 5», m', m'; les couches mM m'M, L d? d? Ces différentes couches de movités introduisent dans de movités sont donc mesurées par les produits m° M da les atomes des quantités d'énergie ou quantités de mouve- ment proportionnelles aux masses ; mais le potentiel déter- miné dans chaque atome est à la fois proportionnel à la quantité de mouvement et inversement proportionnel à la masse; aussi le potentiel est-il constant, et les vitesses que prennent les différentes masses sont-elles égales. Les corps attirés par la Terre tombent tous dans le _vide avec la même vitesse. 42. — Nous avons vu (39) comment s'opère la mise en mouvement d'un corps sous l'influence d’une force agis- sant par l'intermédiaire d'ondes qui font naître les mo- vités et les électricités. Dans ce cas, tous les atomes sen- tent l’influence de la force, et le corps ne subit pas de dé- formation. Aucun phénomène mettant en jeu les cohési- vités ne se produit entre les molécules. 74 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Ce cas n’est pas le plus général. Un corps soumis à l’ac- tion d’une force, l’attraction de la Terre, par exemple, est souvent retenu par des liens matériels, et reste immobile. Mais si l'attraction est assez forte, c’est-à-dire si la masse du corps est assez grande, les liens se déforment : la corde qui suspend un poids se rompt; on voit un bloc de pierre écraser le morceau de bois sur lequel il s'appuie. Le phénomène se passe de la façon suivante. Les molécules d’un corps sont maintenues dans les posi- tions qu’elles occupent les unes par rapport aux autres, par les cohésivités positives et négatives qui se font équilibre. Soit À une molécule retenue dans une position invariable (fig. 18), B une autre molécule sollicitée à descendre par une force telle que la gravitation, À et B faisant par- (3) tie du même corps. Il se forme autour de B une couche de movités de puissance < qui tend à éloi- gner P de À ; mais aussitôt, les cohésivités posi- tives de B et de À font naître autour de B une couche de movités de même puissance < qui tend à rapprocher B de À. Ces deux couches de movités se font équilibre, et B ne cède pas à l’action de la gravitation. ® Lorsqu’en dessous de B (fig. 19), il y a d’au- tres molécules telles que C, D, , etc., l'équilibre . Ce entre À et B ne s'établit plus dans les mêmes conditions. La couche de movités due à l’action ‘© (#3 de la gravitation produit la tendance à descendre. de la molécule Æ'; sa valeur est <; mais le mou- ? @ vement de Æ est arrêté par l’action des cohési- vités positives de D et de Æ qui forment une £ (a couche de movités de puissance < tendant à pro- Fig. 19. duire le mouvement de Æ vers D, et de D vers Æ. Or D est - sollicité à descendre par la gravitation en même temps Fig. 18. ET LES FORCES PHYSIQUES 79 que par les cohésivités positives de Æ'; il se forme donc autour de lui une couche de movités de puissance 2e à laquelle doivent faire équilibre les cohésivités positives de Cet de D. Les movités qui se forment autour de € se composent de la couche de valeur 2e due aux cohésivités positives de Cet de D, et de la couche de valeur : produite par la gra- vitation ; elle a une puissance 3 < à laquelle font équilibre les cohésivités positives de B et de C ; et ainsi de suite. Lorsque le nombre nr des molécules est assez grand pour que la valeur ne ne puisse plus être équilibrée par les co- hésivités, la rupture a lieu. Le phénomène se passe de la même manière lorsque le corps repose sur le sol au lieu d’être suspendu ; mais, en ce cas, ce sont les cohésivités négatives qui forment les movités pour équilibrer l’action de la gravitation. 43.— Lorsque l'entraînement d’un corps par un autre se produit, il ya passage d’une partie de la quantité de mou- vement du corps entraînant dans le corps entraîné. Nous constatons le phénomène, aussi devons-nous expliquer le mécanisme du passage des électrités du corps en mouve- ment dans le corps au repos. Quand nous regardons un train de chemin de fer se met- tre en marche, le passage des électricités des molécules de la vapeur dans tous les atomes des wagons par l’intermé- diaire des organes de la machine et des crocs d’attelage s'opère sous nos yeux: pour comprendre le phénomène, voyons d’abord ce qui se passe entre deux atomes. Soit À un atome, animé d’u- D. e EX (=> __-_ ne vitesse V, se dirigeant vers Y «+ X unatome B (fig. 20). L’atome Fig. 20. À pénètre dans la zone d'action des cohésivités négatives de B, et les deux atomes se re- 76 LA MATIÈRE, L'ÉTHER poussent; c’est-à-dire que sous l'influence des cohésivi- tés négatives, il se forme autour de B une couche de mo- vités qui produit le déplacement de B dans le sens X YF, pendant que des movités, agissant pour déplacer À dans la direction YX, apparaissent autour de lui. Ces movités de valeur égale à celles qui se sont développées autour de B neutralisent en partie les électricités de À dont la vites- se diminue. À continue son mouvement avec une vitesse amoindrie et se rapproche encore de B : une nouvelle cou- che de movités de potentiel plus élevé se forme sous l’in- fluence des cohésivités négatives des atomes qui sont maintenus plus près l’un de l’autre ; la vitesse de B aug- mente tandis que les électricités de À s’affaiblissent. Le phénomène se continue jusqu’à ce que B et À se trouvent avoir la même vitesse. La quantité d'énergie que l’atome B reçoit des movités qui se forment autour de lui, est égale à celle qui est neu- tralisée dans l'atome À par les movités, quand celles-e1 retardent son mouvement. L'énergie de l’ensemble du sys- tème des deux atomes ne varie donc pas. Quand les atomes À et B font partie de deux corps dif- férents, le phénomène est le même. L’entraînement des atomes qui se trouvent au point de contact des corps se fait comme nous l’avons indiqué. Les autres atomes du corps entrainant viennent, par leurs cohésivités, entretenir le mouvement des atomes tels que À, tandis que les atomes tels que B, dès qu’ils sont en mouvement, doivent parta- ger leur énergie avec leurs voisins qui réagissent sur les suivants, et ainsi de suite. Dans la machine à vapeur, les molécules de vapeur partagent leur quantité de mouvement avec le piston. Les molécules du piston poussent celles des tiges, bielles, mani- velles, etc. ; et, dans toutes ces pièces travaillant par com- ET LES FORCES PHYSIQUES di pression ou par extension, les cohésivités négatives ou positives forment des movités de puissances égales aux deux extrémités des organes de la machine, et les unes sont mises en liberté, rendant sensible le travail produit par la machine, pendant que les autres neutralisent une quantité égale d'énergie fournie par la vapeur. Il n’y a donc pas, à proprement parler, de transport d'énergie le long des tiges du piston de la machine, mais les quantités de mouvement renfermées dans les molécules de vapeur ne disparaissent qu'autant qu’elles produisent des movités par l'intermédiaire des cohésivités des molé- cules voisines, et comme le phénomène se propage de mo- A lécule à molécule, tout se passe comme si l'énergie se déplaçait le dong des tiges du piston par l'intermédiaire des cohésivités. Les cohésivités positives et négatives ne forment les mo- vités qu'au moment où les molécules s’éloignent ou se rapprochent les unes des autres ; aussi voyons-nous le corps qui transmet l'énergie s’allonger où se raccourcir. Généralement, les molécules reprennent leurs positions relatives quand l’énergie est transmise ; le corps n’a pas subi de déformation durable, et l'on dit alors que la limite d’élasticité n'a pas été dépassée. Mais, si les movités à transmettre sont assez puissantes pour écarter ou rappro- cher les molécules d’une quantité telle que les cohésivités ne puissent plus les ramener ensuite à leurs positions pri- mitives, la limite d’élasticité est dépassée, le corps se déforme ou se brise. La formation des movités, le déplacement des molécu- les, la réaction des cohésivités, ne se produisent pas ins- tantanément; aussi des phénomènes différents ont-ils lieu dans des conditions qui pourraient nous paraître sembla- bles au premier abord. Nous remarquons en effet que des Las 78 LA MATIÈRE, L'ÉTHER quantités égales d'énergie à transmettre peuvent occasion- ner des effets dissemblables. | Examinons le cas d’une grande masse se mouvant avec une faible vitesse et venant choquer un corps. La vitesse étant petite, la couche de movités qui agit au point de contact sur les molécules du corps choquant est neutrali- sée par une faible réaction des cohésivités : ces cohésivi- tés transmettent de proche en proche les movités qu’elles déterminent pendant que toutes les molécules de la masse choquante rendent aux molécules voisines du point de con- tact l’énergie qui vient d’être neutralisée par les cohésivi- tés du corps choqué. Une partie de la quantité de mouve- ment du corps choquant passe dans le corps choqué sans que ces deux corps soient déformés. Le phénomène est différent si la même quantité de mou- vement est renfermée dans une masse beaucoup plus petite : en ce cas, la vitesse est plus grande, et les movités des molécules voisines du point de contact ont une puissance plus considérable. Les molécules du corps choqué cèdent à l’action de ces movités, mais leurs cohésivités n’ont pas le temps de neutraliser les movités avant d’avoir dépassé les limites de leurs mouvements oscillatoires ordinaires, le corps choqué se déforme. Mais la masse du corps choquant étant faible, la valeur des movités des molécules du point de contact n’est pas entretenue longtemps par les autres molécules ; la vitesse du corps choquant décroît rapide- ment; et le corps choqué, après avoir eu quelques molé- cules écartées de leurs positions primitives, ne reçoit plus qu’une très faible quantité de mouvement. Comme application, nous rappelons que pour enfoncer un clou sans le déformer, il faut prendre un marteau lourd et frapper modérément; tandis que, si l’on veut faire du rivetage, il faut au contraire frapper fort avec un marteau relativement léger. ET LES FORCES PHYSIQUES 79 44, — Nous avons étudié les actions moléculaires qui se produisent dans le cas de la mise en mouvement d’un corps par une force, ou de l’entraînement d’un corps par une masse en mouvement. Leur étude nous permet de comprendre le phénomène, mais elle doit, de plus, nous conduire à établir les lois mathématiques déjà connues de l’entraînement des corps, ainsi que celles qui régissent les travaux d’un mo- teur ou d’une masse en mouvement. Lorsqu'un corps de masse AZ est soumis à l’action d’une force F, il prend une accélération J telle que F = MJ. M nous fait connaître la capacité du corps au point de vue de la quantité de movités qu’il peut emmagasiner sous. for- me d’électricités ; J indique l’augmentation de potentiel qui se produit lorsque chaque onde de movités pénètre dans les atomes. Au bout d’un certain temps 4, Ft MJt— M V. M V représente la quantité d’électricités que renferme le corps, c'est-à-dire ce qu'il partage avec d’autres masses qu’il entraîne, ou ce qu’il rend quand on l’arrête. Soit M une masse en mouvement et rencontrant une masse M’. Par suite des réactions des cohésivités que nous avons expliquées (43), une partie des électricités de la masse M se trouve neutralisée par les movités dues aux actions des cohésivités, pendant qu'une quantité égale d’é- lectricités est introduite dans les atomes de la masse M; le potentiel s’égalise, et devient V’. La quantité de mouve- ment que perd la masse AZ est donc égale à M (V — V'); celle qu’acquiert la masse M' est égale à M" V”. Ces quantités sont égales. M(V— V')=M'V d'où MV=(M + M) V'. La quantité de mouvement reste constante ; et la formule ci-dessus nous donne la loi mathématique du partage 80 LA MATIÈRE, L'ÉTHER des quantités de mouvement quand un corps en entraîne un autre. 45. — Bien que W V représente la quantité d'énergie‘ renfermée dans un corps en mouvement, l'expression Fé— M V ne se plie pas à toutes les exigences des calculs indus- triels, et particulièrement, en mécanique, aux calculs des travaux effectués par les corps en mouvement, ou par les générateurs de puissance. Lorsqu'une machine à vapeur soulève un poids, déplace une résistance, on dit qu’elle travaille. Pour comparer la puissance des diverses machines, on a dû choisir une unité de travail, et l'unité adoptée en France a été le kilogram- mètre, c'est-à-dire le travail qu’il faut développer pour sou- lever de 1 mètre un poids de 1 kilogramme. Or un poids maintenu immobile exerce une certaine pression sur ses points d'appui sous l’action de la pesan- teur : le soulever exige un travail. Par ailleurs, déplacer un corps sur une surface horizontale malgré les frottements qui tendent à maintenir le corps immobile est un travail. Un travail est donc un phénomène qui consiste à déplacer un corps dans une direction inverse de celle vers laquelle il est sollicité à se mouvoir par une force, ou à déplacer un corps malgré l’action d’une force qui tend à le mainte- nir immobile. Que se passe-t-il dans les atomes d'un corps que l'on déplace en produisant un travail ? Représentons en M une masse suspendue par un fil au ! En mécanique, énergie et force vive sont synonymes. Pour nous, énergie est synonyme de movités ou électricités capables de pro- duire un phénomène. Une quantité de mouvement M V nous repré- sente de l'énergie aussi bien que la force vive 5 M Vi, ET LES FORCES PHYSIQUES 81 point p (fig. 21). La gravitation détermine autour de cha- cun des atomes de la masse AZ une couche de mo- P_ vités tendant à faire descendre le corps avec une accélération J. Soit F ou MJ la valeur de ces mo- vités. Fest la force qui agit sur le corps, F = MY. Pour soulever le corps, il faut déterminer dans la masse 17 la formation de movités un peu supé- M rieures, comme potentiel, à celles qui sont produi- tes par la gravitation, et inversement placées, pour neutraliser les premières, et déterminer ensuite le mouvement ascendant. Or, aussitôt que ces movités inverses apparaissent, le corps subit un petit déplacement élémentaire de bas en haut, mais l’action MJ ou F de la gravitation arrête le corps dès que celui-ci s’est déplacé d'une quantité correspondante à l'excès des movités ascen- dantes sur les movités produites par la gravitation. Il faut donc former de nouvelles movités pour déterminer un nou- veau mouvement ascendant, et nous voyons que le phéno- mène se passe comme si, le corps étant libre, l’action d'une force ascendante produisait successivement des mo- vités donnant au corps des déplacements élémentaires sans que le corps acquière des électricités pour entretenir son mouvement. En ce cas, si la force F mesure la puissance des couches de movités, la quantité totale de movités qu’il faut dépenser est proportionnelle à cette force F, et à l’es- pace S que le corps a parcouru par déplacements succes- sifs infinitésimaux, chaque déplacement correspondant à la dépense d’une onde de movités. Le travail à produire, c’est- à-dire la quantité de movités à dépenser est donc mesurée par le produit FS. Le produit F°S nous permet de mesurer et de compa- rer entre eux divers travaux, mais il ne nous indique pas d'une façon précise quelle est la quantité de movités dé- 6 Fig. 21. 82 LA MATIÈRE, L'ÉTHER pensées. Nous les mesurons généralement par le potentiel auquel elles élèvent les électricités dans les atomes ; nous devons en conséquence chercher la valeur de F$S en fonc- tion de la masse 17 d’un corps, et du potentiel V auquel les movités élèvent les électricités dans les atomes de la masse À. Il faut donc chercher quelle est la masse 47, animée d’une vitesse V, qui pourrait produire le travail FS. Pour produire le travail FS, nous avons introduit suc- cessivement dans le corps à soulever des couches de mo- vités qui ont amené des déplacements élémentaires. Sup- posons que nous introduisions instantanément dans le corps toutes les movités que nous lui avons données successive- ment ; il va se trouver animé d’une vitesse ascendante V'; son mouvement sera retardé par l’action de la pesanteur, et il arrivera sans vitesse au point où nous l'avons amené précédemment par petits déplacements successifs. La vi- tesse V que le corps acquiert sous l’action de toutes les movités qu'il doit dépenser pendant sa course ascendante est celle que nous cherchons. Or le mouvement ascendant étant uniformément retardé, cette vitesse est égale à celle qu'aurait acquise le corps, abandonné à lui-même, après avoir parcouru l’espace S, en tombant sous l’action de la pesanteur. La masse M, soumise à l’action de la force F, tombe avec une accélérauon J. F — MJ. Elle à parcouru l’es- pace S au bout d’un temps é donné par la relation S=+J#. Donc FS = MJ x —J#=— MIE, et comme, au bout du temps é, À vitesse V est égale à J't, nous avons l'égalité FS = — M V*. Pour bien comprendre la D ébation physique de oi + ET LES FORCES PHYSIQUES 83 formule, représentons-nous les couches de movités de va- leur F que la résistance forme d’une façon continue pen- dant que la masse parcourt l’espace S; ces couches de movités abaissent le potentiel des électricités, et le travail produit est proportionnel à la quantité d'électricité ainsi neutralisée, M V; mais la masse possède une vitesse V au moment du départ, et, tant que ses électricités ne sont pas neutralisées, elle se déplace ; aussi l’espace parcouru est-il proportionnel à la moitié de la vitesse initiale. Ainsi donc une masse A] animée d'une vitesse V pos- sède une certaine quantité d'énergie (sous forme d’électri- cités) que nous appelons quantité de mouvement, et que nous mesurons par le produit M V, lorsque les électricités se répandent dans différents corps sans se neutraliser. Quand, au contraire. les électricités qui forment l'énergie enfermée dans la masse, doivent produire un travail et être neutralisées (ce que nous appelons une transformation d'énergie), nous nommons force vive l'énergie enfermée dans la masse, et nous la mesurons par l'expression = M V*, qui nous donne le produit de 3 facteurs, M, Æ V, la masse, le potentiel des électricités, et la demi-hauteur du potentiel, le potentiel devant descendre de V à zéro pen- dant la durée du travail. 46. — Comme application de ce qui précède, nous ré- pondons à la question de Hirn, que nous avons citée dans l'épigraphe de cet ouvrage: « Que se passe-t-il dans la » masse que nous soulevons lentement à une certaine hau- » teur en dépensant du travail mécanique ? » En soulevant la masse, nous introduisons en elle, sous forme de movités, tout le travail mécanique que nous dépensons : ces movités sont constamment neutralisées par l’action de la gravita- 84 LA MATIÈRE, L'ÉTHER tion ; et la masse, parvenue à la hauteur à laquelle nous l'avons élevée, est dans le même état physique que précé- demment; mais cette masse, abandonnée à elle-même, ré- cupère, dans sa descente, une quantité de movités égale à celle que nous avons introduite en elle, si elle tombe libre- ment ; et, au moment où elle passe au point qu’elle occu- pait primitivement, elle possède, sous forme d’électricités qui lui donnent de la vitesse, toute l'énergie que nous avons dépensée à la soulever. Si la masse n’est pas libre, et produit du travail en des- cendant, ses électricités sont neutralisées au fur et à me- sure qu’elles se développent sous l’action de la pesanteur, et la masse rend une quantité d'énergie égale à celle que nous avons introduite en elle quand nous l'avons élevée. 47. — Nous trouvons également une application de nos théories dans l'explication des mouvements des solides de révolution autour de leurs axes. Supposons que toute la matière d’un corps, qui tourne autour d’un axe À B, soit concentrée dans un tore (fig. 22). Le centre de gravité de ce corps, est au centre de figure du tore en G. Nous sup- posons que le tore m { nt tourne dans le sens qu'indiquent les flè- ches, et qu'il est suspendu par un point À de l'axe, plus élevé que le centre de gravité. Le tore est soumis à l’action de la pesanteur : la résultante de toutes les forces agissant sur chacun des atomes peut être représentée par une force & P qui est verticale si le tore ne tourne pas. En effet, à tout instant, sous l'influence Fig. 22. ET LES FORCES PHYSIQUES 85 de la gravitation, il se forme sur chaque atome des cou- ches de movités qui tendent à produire le mouvement et nous donnent l'impression de la pesanteur du corps. Si le tore ne tourne pas, il se met à osciller autour de À dans un plan vertical; mais lorsqu'il est animé d’un mouvement de rotation, la direction GP, qui est donnée par la manière dont les couches de movités sont disposées sur les atomes, a cessé d’être verticale au moment où une oscillation com- mence à se produire. L'impulsion a lieu dans une direction oblique. La première couche de movités disparaît. Il s’en: forme une nouvelle agissant verticalement en G&, maïs le tore tourne, et sa direction n’est plus verticale au moment où elle disparaît en provoquant un nouveau déplacement élémentaire de G. Il en résulte que le tore oscille comme s’1l était soumis à l’action d’une force oblique décrivant un cône, et faisant un angle constant avec la verticale et avec l'axe À PB du tore. À B décrit donc un cône. On appelle ce mouvement mouvement de précession. Nous voyons que le sens du mouvement de précession dépend du sens du mouvement de rotation. Si le tore est suspendu en B, le centre de gravité se trouve au-dessus du point de suspension ; le phénomème est semblable, mais le mouvement de précession est inverse du précédent pour le même sens de rotation du tore. Quand le tore est suspendu par son centre de gravité, l'axe ne change pas de direction. 86 LA MATIÈRE, L'ÉTHER CHAPITRE Il. LA CHALEUR. 48. Phénomènes de chaleur. — 49. Électricités et cohésivi- tés. — 50. Mouvements oscillatoires des atomes. — 51. Chaleur rayonnante, — 52. Conductibilité. 48. — La chaleur n’est pas une force; la chaleur est le résultat d’un phénomène. Un atome isolé ne peut pas être chaud; mais, dans un groupement d’atomes, il contri- bue à produire les phénomènes qui nous donnent l’impres- sion de la chaleur. Dans la plupart des corps, sinon dans tous, les atomes ne se trouvent pas au contact les uns des autres ; une cou- che d’éther les sépare, et ils sont maintenus par les cohési- vités dans les positions relatives qu'ils occupent les uns par rapport aux autres. Dans ces conditions, sous l’in- fluence de causes multiples, les atomes peuvent se trou- ver dérangés de leur position d'équilibre. Ils y sont alors ramenés par les actions des cohésivités; mais la vitesse avec laquelle ils reviennent à leur position moyenne la leur fait dépasser, et il en résulte des oscillations continuelles des atomes. Ce sont ces oscillations qui forment ce que l’on appelle la chaleur d’un corps ; le nombre et la grandeur des oscil- lations des atomes, ainsi que leurs vitesses, déterminent la température du corps. Un atome ne se meut que lorsqu'il possède de l’électri- cité négative et de l'électricité positive occupant deux côtés opposés. L'électricité joue donc un rôle, dans les mouve- ments oscillatoires des atomes. Par ailleurs, nous savons que la chaleur modifie les états physiques des corps, et ET LES FORCES PHYSIQUES 87 que ces états physiques sont dus (23) à l’action des cohé- sivités. Or, dans les changements d’états physiques, il y a absorption ou dégagement de chaleur, c'est-à-dire dispari- tion apparente d'électricité, ou manifestation de mouve- ments oscillatoires. L'étude de la chaleur est donc l'étude des phénomènes dus au jeu des électricités et des cohésivités, lorsque les molécules reçoivent ou perdent de l'énergie. 49. — Les électricités déterminent le mouvement des atomes, et nous avons vu au chapitre précédent quels sont les phénomènes qui produisent les changements de vitesse des corps. Pendant les mouvements oscillatoires des ato- mes, le jeu des électricités diffère légèrement de celui que nous avons décrit. L’électricité et la cohésivité peuvent se mélanger, produisant ainsi un état de la matière qui n’est pas identique à l'électricité et à la cohésivité proprement dite. Ne lui donnons pas un nom nouveau: ce sera pour nous de l'électricité renfermant de la cohésivité. Nous avons demandé à l'esprit du lecteur de concevoir les modifications de l’état de la matière que nous avons appelées électricités et cohésivités. Pour l'étude des phéno- mènes de chaleur, il faut que l’esprit conçoive en outre les différentes actions que l'électricité et la cohésivité peuvent exercer l’une sur l’autre. Nous savons la différence qui existe entre la matière électrisée et la matière non électri- sée ; nous devons concevoir également une matière renfer- mant des cohésivités et des électricités mélangées ; autre- ment dit, il nous faut comprendre qu'un atome possédant les deux électricités séparées, et étant en conséquence un atome en mouvement, puisse ne pas se comporter exacte- ment comme nous l’avons dit précédemment lorsque les élec- tricités renferment des cohésivités. En ce cas, les cohési- 88 LA MATIÈRE, L'ÉTHER vités n’ont plus d'action sensible pour provoquer l’attrac- tion ou la répulsion des atomes et pour déterminer leur forme polyédrique ; elles se trouvent pour ainsi dire à l’état latent dans les atomes, mais toute dépense d'énergie qui amène une perte d’électricités laisse reparaïître dans les atomes les cohésivités queles électricités avaient absorbées. Quant aux électricités, les propriétés nouvelles qu’elles acquièrent en absorbant les cohésivités se manifestent dans les mouvements oscillatoires des atomes et différencient les électricités produisant ces mouvements de celles qui en- trainent le corps en entier. 90. — Un corps se compose de molécules ou d’atomes, polyèdres plus ou moins réguliers, dans lesquels les cohé- sivités positives occupent les sommets, et les cohésivités négatives le centre des faces. Les cohésivités sont des dérivées de la gravitation (22), et leur mélange ne laisserait dans les atomes d’un corps que l'attraction newtonienne. Suivant la position qu'elles occupent sur la surface de chaque atome, l’action de l’une des cohésivités se trouve prépondérante, et à une certaine distance, les actions des cohésivités de noms contraires se font équilibre. Quand les atomes se rappro- chent, la cohésivité négative devient prépondérante et les atomes se repoussent. S'ils s'écartent au contraire, la co- hésivité positive, devenant plus puissante que la cohésivité négative, les atomes s’attirent; mais l'attraction et la ré- pulsion ne permettent pas aux molécules de s’éloiger beau- coup de la zone d'égalité d'action des cohésivités. Les mouvements oscillatoires des atomes se produisent ainsi de part et d'autre d’une position moyenne. Les mouvements oscillatoires des atomes dans les corps se font avec des vitesses très grandes; aussi les atomes ET LES FORCES PHYSIQUES 89 dépassent-ils leur position moyenne avec une différence de potentiel que les movités ne peuvent annuler avant que les atomes soient venus très près les uns des autres, peut-être même au contact dans certains cas. Or, les cohésivités de noms contraires occupant des positions différentes sur la surface de l'atome, chacun des points où se trouvent les cohésivités fait sentir son action d’une façon prépondé- rante, au moins sur certaines parties d’un atome situé très près. Dans ces conditions, il ne se forme pas d'ondes capa- bles d'envelopper chaque atome de movités; les actions des cohésivités de l’un des atomes n’agissent que sur une petite partie de la surface de l’autre atome, et les électri- cités qui ont amené les atomes très près l’un de l’autre ne sont pas neutralisées. Cependant l’action des cohésivités négatives, ou bien le contact de l’autre atome, empêche chacun d'eux de continuer son mouvement, et l’interversion des électricités se produit. Si les électricités ont absorbé déjà des cohésivités, leur interversion s'opère sous l'influence des cohésivités de l'atome voisin, dès que l'un des atomes pénètre en dedans de la zone où peuvent se former les movités. Si les électri- cités n’ont pas encore subi d’interversion, elles absorbent une certaine quantité de cohésivités au premier rebondis- sement de l'atome. Les électricités qui produisent les mouvements oscilla- toires diffèrent donc de celles qui déterminent les mouve- ments ordinaires des corps en ce que les premières renfer- ment des cohésivités que n’ont pasles dernières. Le mélange des cohésivités et des électricités donne à celles-ci la pro- priété de s’inverser, de se déplacer facilement dans un atome, et de ne pas se mélanger avec les électricités for- mées par les movités dues aux influences extérieures. Les accélérations et vitesses que prend un corps sous l'influence 90 LA MATIÈRE, L'ÉTHER des forces qui agissent sur lui ne sont en conséquence pas modifiées par les mouvements oscillatoires des atomes. Les électricités mélangées aux cohésivités ne peuvent pas être neutralisées par de nouvelles électricités introduites dans des positions inverses dans l'atome. Toute nouvelle quantité d'énergie donnée à un atome oscillant augmente ses oscillations, et les électricités qui pénètrent dans l’ato- me s'ajoutent à celles que l’atome possède déjà. Nous pouvons nous faire une idée de la grandeur des mouvements oscillatoires dans les corps. L’équivalent mécanique de la chaleur est égal à 425, c'est-à-dire que pour élever de 0° à 1° la température d’un kilogramme d’eau, il faut, soit une calorie, soit un travail de 425 kilogrammètres. Or ce travail est celui que l’on doit effectuer pour élever un poids de 1 kilogramme de 425 mètres, et ce travail est égal à l'énergie que possède un poids de 1 kilogramme tombant d’une hauteur de 425 mè- tres. En conséquence, si nous supposons qu'un kilogramme d'eau tombe de 425 mètres, et soit arrêté sans qu'on lui fasse produire du travail, toute l'énergie qu'il possédait reste enfermée dans ce kilogramme d’eau sous forme de chaleur. Cette énergie vaut une calorie, et la température du kilogramme d’eau s'élève de 1°. Mais l’énergie du corps réside dans la vitesse acquise par chacun des atomes, et l'arrêt du corps ne neutralise pas leurs électricités ; aussi, ces électricités, ne pouvant entraîner le corps eftier, con- duisent-elles les atomes dans les diverses directions que ceux-ci peuvent prendre. L'arrêt du corps produit une aug- mentation des vitesses oscillatoires des atomes égale à la vitesse que le kilogramme possédait au moment où son mou- vement a cessé. La vitesse d’un corps tombant d’une hauteur de 425 mètres est de 91"30 à la seconde au moment où il ET LES FORCES PHYSIQUES 91 touche le sol. La température de l’eau s’élève donc de 1° quand la vitesse des molécules augmente de 91" 30 à la seconde dans les mouvements oscillatoires. Nous ne donnons ce chiffre qu’à titre d'indication, car la transformation de la vitesse en mouvements oscillatoires ne s'opère qu'avec absorption de cohésivités, ce qui peut modifier la valeur de la vitesse de chaque atome. 51. — Les mouvements oscillatoires dans les corps for- ment ce que nous appelons la chaleur. | Si nous plaçons la main sur un corps chaud, nous éprou- vons une sensation qui est due au rapprochement (nommé vulgairement contact) des molécules de notre épiderme avec celles de la surface du corps. Il n’est cependant pas nécessaire de toucher un corps pour sentir qu'il est chaud. Placés à plusieurs mètres d’un foyer ardent, où bien expo- sés aux rayons du soleil, nous éprouvons une impression de chaleur qui est due à la chaleur rayonnante. La chaleur rayonnante qui s'échappe d’un corps se pro- page dans l’éther comme la lumière, et échauffe les objets qu’elle rencontre. Le corps qui rayonne se refroidit. Or la chaleur est le produit d’un travail et représente de l’éner- gie. Nous avons en conséquence à étudier sous quelle forme cette énergie quitte le corps chaud, et comment elle se déplace dans l’espace. Le mouvement des corps est produit par le simple jeu des électricités et des movités, comme nous l'avons déve- loppé en traitant de la mécanique; mais les mouvements oscillatoires des atomes ne peuvent s'expliquer de la même manière. Il nous a fallu concevoir un mélange des électri- cités et des cohésivités donnant aux électricités la propriété de s’inverser sous d’autres influences que les movités de signes contraires, car celles-ci devraient d’abord neutra- 92 LA MATIÈRE. L'ÉTHER liser les électricités, pour rétablir ensuite la différence de potentiel inverse de celle qui existait précédemment. Nous avons dit que cette influence qui amène le rebondissement des atomes est due aux cohésivités négatives : elles empé- chent d’une part les atomes de se rapprocher jusqu’à venir au contact les uns des autres, sans toutefois former des ondes de movités enveloppant ces atomes ; et d'autre part elles agissent sur les électricités mélangées de cohésivités pour prodüire leur interversion. Puisque les électricités qui entrainent les atomes dans leurs mouvements oscillatoires renferment des cohésivités, on doit admettre que les movités qu'elles forment possèdent également quelque chose de ces cohésivités. Ces movités acquièrent ainsi la propriété de se détacher des atomes lorsque ceux-ci cessent de se mouvoir avec la vitesse cor- respondant à la puissance des movités. Aussi, quand un atome arrive près de l'extrémité de sa course, lorsque les cohésivités négatives l’arrêtent, et au moment où ses élec- tricités s’inversent, les movités que l'atome vient de former ne peuvent-elles pas disparaître en provoquant le déplace- ment de l’atome : elles se détachent de lui et se meuvent dans l’éther. Pour comprendre ce phénomène, il faut admettre que toutes les actions de la matière sur l’éther, et de l’éther sur la matière, formation des movités, déplacements des atomes sous l'influence des movités, etc., ne sont pas 1n- stantanées, mais seulement très rapides. Une différence dans la rapidité de ces divers phénomènes, jointe à l’action spéciale des cohésivités, produit la mise en liberté des movités. Il faut un certain temps à l'électricité pour pro- duire les movités; il faut un nouvel intervalle de temps aux movités pour rentrer dans l’atome en provoquant un déplacement élémentaire ; aussi, lorsque les cohésivités né- ET LES FORCES PHYSIQUES 93 gatives amènent l'interversion des électricités plus rapide- ment que les movités ne provoquent le déplacement de l’a- tome, celles-ci l’abandonnent-elles. I] suffit d’ailleurs que le potentiel des électricités de l'atome ne soit plus égal à celui qui a produit les movités pour que disparaisse l’es- pèce d’affinité qui existe entre les électricités et les mo- vités quand elles produisent le mouvement d'un corps. Aïnsi donc, pendant les mouvements oscillatoires des atomes, les movités qui se forment dans l’éther sous l’in- fluence des électricités ne disparaissent, en pénétrant dans l'atome, que vers le milieu de sa course. Aux extrémités de la trajectoire, la variation du potentiel des électricités ne permet pas aux movités qui se forment de rentrer dans l’ato- me ; aussi s'en détache-t-il une onde de movités dont la puis- sance varie de zéro à un maximum pour redescendre à zéro. L’oscillation complète de l'atome lance dans deux directions opposées deux ondes qui, produites alternative- ment par la movité positive et par la movité négative, pos- .Sèdent un maximum positif et un maximum négatif. Un atome oscillant ne produit pas une onde proprement dite, mais un élément d'onde. Les éléments d’onde lancés par des atomes voisins et cheminant ensemble forment ce que nous appelons une onde de chaleur rayonnante. Nous représentons sur nos figures les ondes de chaleur rayonnante par du pointillé et du haché, le pointillé figu- rant la movité négative, et le haché la movité positive. Dans la figure 23, À est l'atome qui oscille entre les points BetC;P,N, P', N'sont les zones de maximum de mo- vité positive et de movité négative formées par les oscil- lations de l’atome À et de ses voisins. Ces movités suivent dans l’éther la direction X Y. Un volume infinitésimal d’é- ther qui se trouve sur la route d’une des ondes de chaleur Tayonnante passe en conséquence alternativement par un 94 * LA MATIÈRE, L'ÉTHER . maximum de movité négative et par un maximum de mo- Fig. 23. vité positive, en revenant à l’état normal de l’éther entre les passages de chaque couche de movités. Sil’on assimile chacune des zones parallèles P, N, P", N° à la surface de l’onde, on peut dire qu'une onde de chaleur. rayonnante se propage normalement à sa surface. Un atome ne fournit qu'un élément d'onde, mais tous les éléments formés simultanément par des atomes voisins se soudent les uns aux autres quand ils font des routes paral- lèles. Si les directions qu’ils suivent divergent très légère- ment, les éléments se soudent néanmoins, mais l'onde for- mée prend une certaine courbure en se propageant dans l’espace ; la surface de chaque zone de movités s'étend, et l'énergie que l'onde renferme se distribue dans un espace plus grand. La puissance de l’onde varie en conséquence comme l'inverse de la surface, c’est-à-dire comme l'inverse du carré de son rayon de courbure. L’atome oscillant qui laisse échapper à chaque extrémité de sa course une couche de movité positive et une couche ET LES FORCES PHYSIQUES 95 de movité négative perd une partie de son énergie, le po- tentiel de ses électricités s’abaisse, et ses mouvements se ralentissent. Le corps chaud qui rayonne se refroïdit. L'onde de chaleur rayonnante qui rencontre un atome sur sa route peut lui communiquer l'énergie renfermée dans l'élément d'onde que l’atome traverse, si les mouvements oscillatoires de cet atome sont analogues, sinon identiques, à ceux des atomes du corps qui a produit l'onde de chaleur. En ce cas, l’atome et ses voisins, c’est-à-dire tous ceux qui font partie du corps rencontré par l'onde, absorbent chacun une partie de l'énergie de cette onde; les movités pénètrent dans les atomes en leur donnant des électricités qui augmentent les mouvements oscillatoires, et l'onde dis- paraît avec les movités qui la composent. On dit en ce cas que le corps absorbe l'onde de chaleur : l'énergie est alors transportée d’un corps dans un autre sous forme de cha- leur rayonnante. L'échange d'énergie par l'intermédiaire des ondes de chaleur rayonnante s'opère de la même manière entre les atomes d’un même corps : chaque atome absorbe en général l'énergie des éléments d'ondes formés par ses voisins quand il se trouve sur leur trajectoire ; il se fait ainsi entre les molécules un échange perpétuel d'énergie qui empêche le refroidissement brusque. Les atomes rapprochés de la sur- face sont les seuls à émettre des ondes perdues pour les corps; aussi la température diminue-t-elle dans les zones voisines de la surface avant de s’abaisser à l’intérieur. Quand une onde de chaleur rayonnante se meut dans l'espace, elle peut se trouver absorbée par les molécules qu'elle rencontre; mais il existe des corps dont les atomes laissent passer l'onde sans en retenir les movités; on dit qu'ils sont transparents pour la chaleur rayonnante ; elle les traverse sans les échauffer, nie, 96 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Les différentes ondes de chaleur rayonnante qui se meuvent dans l’éther possèdent chacune de l'énergie, et cette énergie ne peut disparaître sans produire un travail ; aussi, les ondes de movités positives et négatives qui se propagent momentanément ensemble ne se neutralisent-elles pas. Les différentes ondes produites en divers points de l'espace se meuvent, se croisent, se traversent, sans que chacune d'elles perde son individualité. Nous pouvons donc concevoir quelle doit être la diversité des ondes de movités alternativement positives et négatives qui sillonnent l’espace dans tous les sens. La longueur de l'onde mesurée de movité positive à movité positive, la puissance des movités, la quantité plus ou moins grande de cohésivités renfermées dans les électricités qui ont formé les ondes, sont autant de facteurs dont les variations pro- duisent des résultats très différents. Les ondes très longues n’affectent ni nos sens, ni nos instruments. À mesure que les ondes se raccourcissent, elles deviennent perceptibles pour nous, et nous les appe- lons ondes de chaleur. Quand la longueur de ces ondes diminue encore, elles agissent sur notre sens de la vue et nous donnent l'impression des différentes couleurs suivant leur longueur. Nous les nommons alors ondes de lumière. Quand elles se raccourcissent encore, elles ne nous sont plus dévoilées que par les modifications qu'elles apportent dans l'équilibre moléculaire de certains corps, et nous leur donnons le nom de lumière actinique ou rayons chimiques. Enfin il existe des rayons chimiques qui acquièrent des pro- priétés spéciales, soit de leur longueur d'onde, soit des co- hésivités que possèdent les électricités qui les forment, et que nous appelons rayons X. Les physiciens n’ont pas en- core mesuré la longueur d'onde des rayons X.. Les phénomènes de propagation de la lumière et de la ET LES FORCES PHYSIQUES 07 chaleur rayonnante sontsemblables. La chaleur rayonnante est réfractée, refléchie, absorbée comme la lumière. Les expériences de Tyndall sur la chaleur rayonnante sont assez célèbres pour que nous n’ayons pas besoin de les rappeler ici. 52. — L'énergie d’un atome se transmet à ses voisins par l'intermédiaire des ondes de chaleur rayonnante que forme cet atome et que les voisins absorbent. La propaga- tion de la chaleur se fait alors lentement. L'énergie peut se partager entre les molécules d’une autre façon. Pendant ses oscillations, un atome change de route à bout de course par suite de l’interversion des élec- tricités sous l'influence des cohésivités négatives, mais il traverse la zone d'égalité d'action des cohésivités en un point dans le voisinage duquel les cohésivités sont capables de former des ondes de movités enveloppant les atomes. Au passage dans cette zone, l’atome détermine la formation de movités qui abaissent légèrement son potentiel en élevant celui de l’atome voisin dont les cohésivités agissent sur lui. Une partie de la quantité de mouvement de chaque molécule passe en conséquence dans les molécules voisines pendant les mouvements oscillatoires, par le mécanisme qui opère l'entraînement d’un corps au repos par un corps en mouvement (43). Suivant la facon dont les cohésivités sont distribuées dans les atomes, on doit prévoir que ce phénomène peut acquérir plus où moins d'importance dans les différents corps, et que la rapidité de la transmission de la chaleur en dépend. Nous devons enfin concevoir que la prédominence de la cohésivité positive dans certains atomes permet à ceux-ci de se toucher pendant leurs mouvements oscillatoires. Or ( 98 LA MATIÈRE, L'ÉTHER deux atomes qui se touchent sont momentanément dans la même situation que s'ils ne formaient qu'un seul atome; l'énergie se partage entre eux, et les deux atomes se séparent après avoir égalisé les potentiels de leurs électri- cités. On dit alors que la chaleur se propage par conducti- bihité. Ce phénomène est celui qui produit le plus rapide- ment la propagation de la chaleur. Tousles corps ne laissent pas la chaleur se propager avec la même rapidité au milieu de leurs molécules, aussi les dis- tinguons-nous en les appelant bons ou mauvais conducteurs de la chaleur. Quand la distribution des cohésivités dans les atomes, et la façon dont ils oscillent ne permettent à la chaleur de se propager que par rayonnement, le corps est très mauvais conducteur de la chaleur. Lorsque les atomes s'entrainent mutuellement dans leurs mouvements oscilla- toires, le corps devient meilleur conducteur. Enfin, quand les atomes peuvent se toucher pour partager l'énergie qu'ils possèdent, le corps est très bon conducteur de la chaleur. CHAPITRE III. ACTION DE LA CHALEUR SUR LES CORPS. 53. États physiques des corps. — 54. Action de la chaleur sur les corps. — 55. Température; zéro de température. — 56. Quantité de chaleur d'un corps. — 57. Chaleur la- tente. — 58. Calorimétrie. — 59. Chaleur spécifique. — 60. Compressions et dilatations des gaz. — 61. Vapeurs. 53. — Les corps nous apparaissent sous trois états prin- cipaux que l’on nomme états physiques des corps. Ce sont: l'état solide, l’état liquide et l’état gazeux. ET LES FORCES PHYSIQUES 99 Les corps solides ne sont pas déformables sous des ac- tions telles que celle de la pesanteur ; leurs molécules con- servent constamment les mêmes positions relatives les unes par rapport aux autres. Les corps liquides, au contraire, ont des molécules qui roulent facilement les unes sur les autres sous l'influence de la pesanteur; ils prennent la forme des vases dans lesquels ils sont renfermés, et se répandent si les vases s'ouvrent, prenant toujours le chemin et la forme qui rapprochent leur centre de gravité du centre d'attraction le plus énergique, du centre de la terre par conséquent à la surface de notre planète. Les corps gazeux, tout en étant soumis à l’action de la pesanteur, ont des molécules qui se repoussent les unes les autres, et qui sem- blent s'appuyer sur le sol pour chercher à s'éloigner du centre de gravité de la terre. Les corps qui ont des propriétés tellement différentes pa- raissent au premier abord ne pas être de la même espèce ; cependant, on voit les mêmes corps prendre successivement les trois états. Certains d’entre eux passent d’un état à un autre par des transitions brusques, et d’autres par des transitions plus lentes. On ne pourrait même pas assigner de limites bien fixes aux changements d'états. Nous avons déjà dit (23) que l’état physique des corps dépend de la distribution des cohésivités dans les molécules. Nous le répétons ici: les cohésivités peuvent se trouver réparties en un plus ou moins grand nombre de points dans les molécules, et déterminent l’état physique du corps. Les cohésivités séparées transforment les molécules en polyè- dres, font cristalliser les corps et produisent l’état solide. À mesure que diminue le nombre des points différents qu’oc- cupent les cohésivités, les atomes se déplacent plus facile- ment les uns par rapport aux autres, et passent à l’état liquide, puis à l'état gazeux. 100 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Les cohésivités ne se mélangent pas et ne se séparent pas d’une façon quelconque ; l'équilibre ne peut s'établir que dans certaines conditions qui déterminentle passage brusque d’un état physique à un autre. Les corps gazeux se composent de molécules qui se re- poussent lorsqu'elles ne sont pas séparées par des distances très grandes relativement à leurs dimensions ; elles possè- dent un excès de cohésivité négative sur les parties exté- rieures. Or les molécules des corps gazeux sont composées de deux atomes au minimum ; elles ont donc la cohésivi- té positive à l’intérieur; aussi peut-on supposer que les atomes laissent la cohésivité négative agir à l'extérieur, et forment une molécule gazeuse, lorsqu'ils se réunissent en présentant leurs cohésivités positives les uns aux autres. Les atomes ont en ce cas la cohésivité positive sur une de leurs faces, et la cohésivité négative sur l’autre. Les atomes ou molécules qui ont deux points de maxi- mum de cohésivité positive aux extrémités d'un même diamè- tre s’attirent par ces points, et se repoussent par les autres parties où se trouve de la cohésivité négative ; les molécu- les se réunissent alors en chapelets. Les corps ainsi formés par des cordons de molécules pouvant s’entremêler de tou- tes manières sont des corps liquides. Si les cohésivités sont réparties sur un plus grand nombre de points, les ato- mes deviennent des polyèdres ; les points où se trouve la cohésivité positive forment les sommets, la cohésivité né- gative occupe les centres des faces. Les sommets s’attirent, les faces se repoussent; aussi les polyèdres prennent-ils une position d'équilibre de laquelle ils s’écartent très peu : un corps solide s’est formé. Nous connaissons la tendance apparente des électricités de noms contraires à se mélanger, à se neutraliser. Ces propriétés de l'électricité l'avaient fait autrefois considérer | | } ET LES FORCES PHYSIQUES 101 comme un fluide toujours prêt à s’écouler à la terre pour y disparaître en retrouvant le fluide de nom contraire. Les cohésivités, au contraire, paraissent tendre constam- ment à se séparer, et ne restent mélangées que sous une influence qu’elles sont obligées de subir, mais étant toujours prêtes à se séparer si cette influence cesse d'agir. L'équilibre d’un atome au repos comporte donc l'absence d'électricités, tandis que des cohésités occupent dans cet atome le plus grand nombre possible de positions qui puis- sent leur permettre de s’équilibrer en formant un polyèdre. Un corps dont les molécules n'auraient aucun mouve- ment d'oscillation serait un corps solide très froid. Lors- que les mouvements oscillatoires prennent naissance d’a- bord, puis s’amplifient dans un corps solide, les électricités qui déterminent ces mouvements absorbent une partie des cohésivités et se mélangent avec elles. Les cohésivités qui restent séparées dans la molécule se trouvent alors obligées de prendre un autre équilibre, changent la forme du po- lyèdre moléculaire, et font passer le corps de l’état solide à l’état liquide, puis à l’état gazeux, si les mouvements os- cillatoires continuent à s’amplifier. Les différents états physiques d’un corps sont donc ca- ractérisés par la distribution des cohésivités dans les mo- lécules de ce corps, ou par la grandeur des mouvements oscillatoires des molécules, ces deux valeurs ne pouvant jamais varier indépendamment l’une de l’autre. 54. — La manière dont les cohésivités sont réparties dans les atomes donne à chaque corps les propriétés qui caractérisent son état physique, et celui-ci peut changer sous l’action d’une influence extérieure agissant sur les co- hésivités. Pour la plupart des corps, le moyen le plus sim- ple que nous connaissions pour en modifier l’état physi- que est de leur donner ou de leur enlever de la chaleur. 102 LA MATIÈRE, L'ÉTHER L'action de la chaleur amène le passage d’un corps de l'état solide à l’état liquide, puis à l’état gazeux : un phé- nomène de chaleur, ou une dépense d'énergie, accompa- gne le changement d'état physique s’il est produit par un autre moyen. Dans tout corps, les atomes possèdent une certaine quantité de cohésivités qui déterminent son état physique et une certaine quantité d’électricités qui produisent les mouvements oscillatoires. Quand l'équilibre est établi, toute nouvelle quantité d'énergie donnée aux atomes aug- mente leurs oscillations. Les électricités absorbent alors une certaine quantité de cohésivités. Lorsque la puissance des cohésivités a diminué, elles tendent à prendre dans l'atome une nouvelle distribution qui leur fasse occuper un plus petit nombre de points; le corps change de système de cristallisation. Il passe à l’état liquide lorsque les cohési- vités positives n’occupent que deux positions opposées dans chaque molécule ; il devient gazeux quand la cohésivité positive se porte sur la partie des atomes qui fait face à l'intérieur de chaque molécule, la cohésivité négative se présentant à l’extérieur. Inversement, toute perte d'énergie produite, soit par le rayonnement d'un corps chaud, soit par une autre cause, amène une perte d’électricités, et laisse passer à l’état sen- sible une certaine quantité de cohésivités, qui va détermi- ner un nouvel équilibre dans la distribution des cohésivités de chaque molécule. Pendant leurs mouvements oscillatoires, les cohésivités arrêtent les atomes sans neutraliser leurs électricités ; mais dans ces mouvements, chacun des points d’un atome peut subir tantôt l’action des cohésivités positives d’un atome voisin, tantôt celle des cohésivités négatives. L'équilibre des cohésivités dans les atomes s’en trouve ébranlé, et ET LES FORCES PHYSIQUES 103 peut se rompre; les cohésivités se distribuent différem- ment, et le corps change d'état physique. Les premières molécules dans lesquelles s’opère la rup- ture de l'équilibre des cohésivités déterminent la transfor- mation de leurs voisines. Toutes les molécules d’un corps homogène ont les cohésivités distribuées de la même ma- nière, et nous devons supposer que si l’une d'elles changeait momentanément d'état physique sans que la quantité de cohésivités qu’elle possède ait été modifiée, son équilibre de cohésivités se rétablirait rapidement sous l'influence des molécules voisines, de même que la distribution des électricités dans un corps conducteur dépend de l’électri- sation des corps voisins. On peut supposer que le mouvement des molécules s’ar- rêterait complètement après un mélange parfait ou dispa- rition des électricités. Le corps serait alors aussi froid que possible, et ne posséderait plus du tout de chaleur, aussi les cohésivités maintiendraient-elles les molécules dans des positions invariables. Ce phénomène n’a jamais été produit; tous les corps possèdent toujours une certaine quantité de chaleur, et les molécules ont au moins de petits mouvements. 55. — Le mot {température évoque l’idée de comparaison: deux corps ont la même température ou des températures différentes. Nous n'avons pas à décrire ici les thermomè- tres et la manière dont ils sont gradués ; rappelons seule- ment que l’on a pris pour origine ou zéro de température celle d’un corps qui renferme une certaine quantité de cha- leur. Le zéro absolu, qui correspondrait à la température d'un corps dont toutes les molécules seraient immobiles, est impossible à déterminer; aussi l'origine des tempéra- tures, et le degré qui nous sert d'unité de mesure, ont-ils été choisis arbitrairement, 104 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Quand deux corps sont en présence, l'un d'eux cède de la chaleur à l’autre lorsque les ondes de movités émises par l'un ont une énergie plus grande que celles qui sont émises par l’autre; le degré de température mesure donc, pour ainsi dire, la puissance des ondes de movités qui se meu- vent dans les corps. 56. — Par une expérience célèbre, Rumford a montré que la quantité de chaleur que peut dégager un corps est énorme, mais si Rumford retirait d’une masse métallique une quantité indéfinie de chaleur, il en faisait rentrer à mesure autant qu'il en sortait : nous parlons de l'expérience du forage des canons. ù Pour forer un canon, il faut que l'outil déplace des molé- cules soumises aux actions des cohésivités ; il faut donc qu’il leur donne une séparation d’électricités avec une dif- férence de potentiel capable de les mettre en mouvement malgré la résistance des cohésivités, et cette énergie acquise est conservée par les molécules que détache l'outil ; aussi, les rognures de métal et le canon acquièrent-ils une haute température. Comme cela a lieu dans l'entraînement d’un corps par un autre, la quantité d’électricités séparées ou la quantité de mouvement reste constante, mais se partage entre le corps qui entraîneet le corps entraîné. La quantité de mouvement de l'outil se partage entre l'outil lui-même et les molécules qu’il met en mouvement ; aussi, l'outil cessant d’être poussé s’arrêterait-il rapidement. Il ne s'arrête pas parce qu’il est entraîné par la machine; il perd donc à tout instant une certaine quantité de mouvement que lui fournit le moteur. Toutes les pièces de la machine qui poussent l'outil agis- sent de proche en proche pour rendre à ses premières mo- lécules l'énergie qu’elles perdent constamment, et cette P. ET LES FORCES PHYSIQUES 105 énergie vient du piston qui l’emprunte à la vapeur. Pen- dant que l’outil travaille, une quantité considérable de cha- leur passe donc de la vapeur du cylindre au canon qui est foré par l'intermédiaire de la machine et de l'outil. 97. — La glace fond quand elle.est soumise à l’action d’une source de chaleur, ou quand elle baigne dans un volu- me d’eau que l’on chauffe; mais la température de l’eau qui l'enveloppe ne s'élève pas avant que la glace ne soit complètement fondue; toute la chaleur est employée à transformer la glace en eau sans que la température va- rie. La glace absorbe donc de la chaleur en fondant: on donne à cette chaleur le nom de chaleur latente de liqué- faction. Dans ses mouvements d’oscillation, une molécule aban- donne à chacune des extrémités de sa course des ondes de movités ou de chaleur. La quantité de chaleur qu’elle émet dépend du nombre d'ondes produites à la seconde, ainsi que de la valeur de ces ondes. Si les molécules parcourent des espaces plus grands avec la même vitesse, elles émet- tent moins d'ondes. Or la vitesse dépend du potentiel auquel sont élevées les électricités des molécules ; la valeur des ondes dépend du potentiel des électricités qui les forment ; aussi, quand l'amplitude des mouvements oscillatoires aug- mente, les molécules doivent-elles acquérir un accroisse- ment d'énergie leur donnant des vitesses plus grandes, .en leur faisant émettre des ondes plus puissantes, pour que le * corps conserve la même température. Les mouvements des atomes amènent en outre une réac- tion des électricités sur les cohésivités au moment où s’o- père le changement de direction produit par l’interversion des électricités. Nous avons vu (49) que les électricités font disparaître, 106 LA MATIÈRE, L'ÉTHER en les neutralisant, une certaine quantité de cohésivités positives et négatives au moment où ces électricités ces- sent de produire le mouvement de tout le corps pour déter- miner les mouvements oscillatoires. Nous devons admettre que cette neutralisation des cohésivités ne se fait pas sans produire également la neutralisation d’une certaine quan- tité d’électricités, ce qui abaisse le potentiel des atomes. Disons que ces électricités et ces cohésivités, qui se neu- tralisent en même temps, et doivent reparaître simultané- ment, sont à l’état latent. Pendant le passage d’un corps de l’état gazeux à l’état liquide, ou de l’état liquide à l’état solide, les cohésivi- tés changent leur mode de distribution dans les molécules et se répartissent en un plus grand nombre de points ; or ce phénomène ne se produit qu'en amenant la séparation des électricités qui s'étaient neutralisées au moment où ces cohésivités avaient disparu dans certaines parties des mo- lécules. Les électricités revenant à l’état sensible augmen- tent la vitesse des mouvements oscillatoires ; la température du corps s'élève. Inversement, lorsqu'un corps passe de l’état solide à l’état liquide, ou de l’état liquide à l’état gazeux, la nouvelle dis- tribution des cohésivités correspond à la neutralisation d’une certaine quantité d’électricités ; les mouvements oscillatoi- res des atomes s’en trouvent amoindris, et la température baisse. Aussi, pour maintenir constante la température d’un corps qui cristallise, qui se liquéfie ou se vaporise, faut-il lui enlever ou lui donner dela chaleur. On appelle chaleur latente de cristallisation, de liqué- faction où de vaporisation la quantité de chaleur que dé- gage où qu'absorbe un corps qui change d'état physique. Ce phénomène ne se passe pas seulement dans les corps qui changent d'état, physique ; il se produit également | | ET LES FORCES PHYSIQUES 107 dans ceux dont la disposition moléculaire peut éprouver des modifications. Quand un corps liquide se solidifie et cris- tallise, une certaine quantité de chaleur est mise en liberté; mais certains corps, le soufre et le phosphore notamment, peuvent cristalliser dans deux systèmes différents. Dans chacun de ces systèmes, les cohésivités ont des répartitions spéciales ; la manière dont les cohésivités sont réparties, etla disposition des molécules, leur permettent d'avoir des mouvements plus où moins grands; aussi l’état cristallin pris dans un des systèmes correspond-il à une plus ou moins grande quantité de chaleur dégagée. Il peut donc arriver que le corps, après avoir cristallisé, ait dégagé moins de chaleur qu’il ne l'aurait fait en cristallisant dans un autre système. Dès lors, aussitôt qu'une influence quelconque amène dans une molécule les cohésivités à prendre la disposition qu’elles auraient dans l’autre système, les autres molécules, sous l'influence de celle-là, prennent successivement la même disposition de cohésivités, et passent peu à peu de l'un des systèmes cristallins à l’autre. Elles dégagent alors une quantité de chaleur égale àla différence entre celle qui a déjà été dégagée, et celle qui l’eût été dans ce nouveau système. D'une façon générale, toute modification apportée à la disposition des molécules d’un corps, dilatation, compres- sion, changement d'état physique, ne se produit qu'avec absorption ou dégagement de chaleur si l’on maintient la température constante. Cette chaleur provient de la neutra- Jisation ou de la séparation d'une certaine quantité d’élec- tricités et de cohésivités. La température d'un corps s'élève quand la puissance des ondes de movités s'élève. Lorsque les intervalles qui séparent les molécules aug- 108 LA MATIÈRE, L'ÉTHER mentent par suite de la dilatation du corps, celles-ci par- courent un espace plus considérable, et si leurs vitesses ne sont pas augmentées, elles arrivent à bout de course moins souvent, et produisent moins de chaleur rayonnan- te: la température du corps diminue. Que l’on donne alors de la chaleur à ce corps, les molécules acquièrent des vitesses plus considérables, et la température reprend sa valeur primitive. Toute quantité de chaleur venant ensuite s'ajouter sans produire de dilatation, élève la température. On pourrait donc, par la pensée, séparer dans la quantité de chaleur qui élève la température d’un corps, la chaleur latente de dilatation, et la chaleur qui élève la température sans produire de dilatation. Le fait est bien mis en évidence par les gaz qui exigent des quan- tités de chaleur différentes pour une même élévation de température, suivant qu’on les laisse se dilater en conser- vant la pression constante ou qu'on maintient leur volume constant. 98. — Il faut une certaine quantité de chaleur pour faire passer un corps d'un état physique à un autre; 1l faut une certaine quantité de chaleur pour élever la température d'un corps qui ne change pas d'état physique. Ces quan- tités de chaleur ont été mesurées, ou plutôt comparées en- tre elles, et c’est l’une d’elles que l’on a prise comme unité de mesure. La quantité de chaleur nécessaire pour faire passer de 0° à 1° centigrade la température d’un gramme d’eau dis- tillée, a été adoptée comme unité. Elle a reçu le nom de ca- lorie-gramme : on la désigne par c. Mille calories-gram- mes forment une calorie-hilogramme où C, qui s'emploie pour la mesure des grosses quantités de chaleur. ET LES FORCES PHYSIQUES 109 59. — On appelle chaleur spécifique d’un corps le nom- bre de calories nécessaires pour élever de 1° la température d'un gramme de ce corps. Le nombre des molécules entre lesquelles se distribuent les calories dans un gramme de matière dépend des poids atomiques des atomes qui com- posent ces molécules. Les corps dont la chaleur spécifique est le plus élevée sont ceux dont les molécules renferment, sous forme d’élec- tricités séparées, la quantité de mouvement la plus grande pour une même température. 60. — Nous ne connaissons pas d'une façon certaine la composition des molécules de tous les gaz, mais nous avons de fortes présomptions pour croire que beaucoup de gaz ont leurs molécules formées de deux atomes. Quoi qu'il en soit, dans toute molécule gazeuse, les atomes présentent leur cohésivité négative à l’extérieur, ce qui donne aux molécules une tendance à se repousser, lorsqu'elles sont à petite distance les unes des autres. La pression des gaz est due à cette force répulsive des molécules gazeuses les unes pour les autres, et sa valeur dépend des distances auxquel- les les molécules se trouvent; or celles-ci ne sont jamais dans un repos absolu, aussi exercent-elles sur leurs voisi- nes des répulsions variant constamment pendant leurs mou- vements. La moyenne des valeurs de ces répulsions déter- mine le chiffre de la pression du gaz. Les mouvements des molécules, et les actions des cohé- sivités étant variables avec les différences de température, la pression d’un gaz change en même temps. La loi de Ma- riotte nous apprend que dans les limites des pressions et températures que nous pouvons produire d’une façon cou- rante, la pression varie comme l'inverse du volume, quand on comprime un volume de gaz en maintenant constante la température de ce gaz, 110 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Dans le cylindre C contenant un gaz (fig. 24), nous fai- sons descendre le piston de P en P”, de manière à ce que le volume du gaz soit le huitième de ce qu'il était auparavant; la pression exercée sur le piston devient huit fois plus grande. Or, si nous dimi- | nuons de moitié les intervalles qui existent entre les molécules d’un gaz, le volume se trouve ré- duit au huitième de sa valeur primitive. Dans le cylindre C, les molécules se sont donc rappro- chées de la moitié de la distance qui les sépa- rait; aussi se trouve-t-1l sur la surface du pis- ton un nombre quatre fois plus grand de molé- cules qui exercent une pression huit fois plus | grande. Chaque molécule repousse donc les corps environ- nants et les molécules voisines avec une force double de celle qu’elle possédait avant la compression. Nous en con- cluons que, dans les gaz, aux pressions ordinaires que nous pouvons produire, la force répulsive qui existe entre les molécules varie comme l’inverse de la distance de ces mo- lécules. Si deux molécules se trouvaient seules en présence, elles s'attireraient sous l'influence de la gravitation et de la co- hésivité positive; elles se repousseraient sous l'influence de la cohésivité négative, et la différence serait une force at- tractive ou répulsive variant, dans de faibles limites, com- me l'inverse du carré de la distance des deux molécules. Dans les gaz, cette différence forme généralement une action répulsive, et comme les molécules sont en nombre considérable, chacune d’elles subit la répulsion de plusieurs - autres, aussi la répulsion varie-t-elle moins vite que l’in- verse du carré de la distance lorsque l’on comprime le gaz ou qu'on le laisse se détendre. La loi de Mariotte nous ap- prend qu'elle varie comme l'inverse de la distance, Fig. 24. PR M SO EN TD. D à ROIS NUS 4 OR DS Rs Te | l ; | ET LES FORCES PHYSIQUES 111 Dans tous les corps, les molécules ont des mouvements oscillatoires ; or, pour qu'une molécule se meuve, il faut que, sur ses deux côtés, il y ait des électricités différen- tes. Quand cette molécule arrive assez près d’une autre pour que cette autre lui fasse rebrousser chemin, les électri- cités s’inversent; mais, à ce moment-là, la molécule émet une onde de chaleur. Les ondes se succèdent donc à inter- valles variant avec le temps que met la molécule à parcou- rir sa trajectoire ; aussi, lorsque l’on diminue subitement les trajectoires des molécules d’un gaz en le comprimant, le nombre des ondes de chaleur émises pendant le même intervalle de temps augmente-t-il, amenant une élévation de la température du gaz. Quand on le laisse au contraire se détendre, les trajectoires augmentent, les ondes sont émises moins souvent, et le gaz semble s’être refroidi. Sans modifier le volume, si l’on élève le potentiel des électricités des molécules d’un gaz, celles-ci parcourent leur trajectoire avec une vitesse plus grande, et émettent une plus grande quantité d'ondes de chaleur ; la tempéra- ture du gaz s'élève. Les molécules arrivent à l'extrémité de leur trajectoire avec plus d'énergie ; la poussée qu’elles exercent sur les molécules voisines est plus grande; aussi la pression du gaz s'élève-t-elle avec la température. La température d’un gaz ne peut pas baisser indéfini- ment; Car, avec son abaissement, le mouvement des molé- cules diminue, et avant que le repos absolu ne se produise le gaz devient d’abord liquide, puis solide, et ce n’est plus un gaz. . GI. — Quelques gaz n'ont été liquéfiés qu'à des pres- sions énormes et des températures très basses; d'autres au contraire se liquéfient facilement aux températures et pres- sions ordinaires ; ces derniers sont connus sous le nom de vapeurs. 118 LA MATIÈRE, L ÉTHER Exposé à l'air libre, un liquide s’évapore et disparaît. Quand il ne remplit pas complètement un vase fermé qui le contient, une certaine quantité de vapeur se forme dans la parte vide du vase, et lorsque la vapeur atteint une cer- taine pression correspondante à la température du liquide, celui-ci cesse de s’évaporer. Dès lors, tout changement de température détermine soit une nouvelle vaporisation avec augmentation de pression si la température s'élève, soit la liquéfaction d’une partie de la vapeur avec diminution de pression si la température s’abaisse. On dit en ce cas que la vapeur est saturée. Suivant la nature du liquide, la vapo- risation est plus ou moins rapide, et l'accroissement de pression plus ou moins grande pour chaque degré d’aug- mentation de température. Quand une vapeur est saturée, la grandeur de la sépara- tion de ses cohésivités et de ses électricités, qui corres- pond aux mouvements de ses molécules, a une valeur mi- nimum. Si l’on vient à réduire le volume, on produit une augmentation de pression en diminuant le chemin que chaque molécule peut parcourir ; ses changements de direc- tion deviennent plus fréquents ; elle émet des ondes plus courtes et de même puissance : la température s'élève. Cette élévation de température devrait transformer en vapeur une partie du liquide ; mais les molécules de vapeur se trouvant plus près les unes des autres agissent par leurs cohésivités, et une rupture d'équilibre a lieu au moment où les molécules se trouvent assez voisines les unes des autres; les cohésivités sont obligées de prendre un équilibre nou- veau en se disposant sur un plus grand nombre de points: la molécule se liquéfie. Les cohésivités qui se séparent dans chaque molécule mettent en liberté des électricités ; celles-ci augmentent la vitesse des mouvements oscillatoires, et la température ET LES FORCES PHYSIQUES 113 s'élève. La diminution du volume produit donc la liqué- faction d'une partie de la vapeur, ainsi que l'élévation de la température et de la pression de la vapeur restante. Les molécules de vapeur saturée parcourent le chemin minimum avec le maximum d'électricités séparées pouvant exister dans une molécule en même temps que la disposi- tion des cohésivités qui donne l’état gazeux. De telles mo- lécules peuvent s'éloigner les unes des autres sans que l’é- quilibre de leurs côhésivités se modifie. En ce cas, elles continuent à se repousser; mais aussi la température et la pression de la vapeur diminuent : on dit que la vapeur se détend. Quand on chauffe un liquide, il s’en vaporise une partie jusqu’à ce que la pression de la vapeur soit devenue celle de la vapeur saturée. En effet, sous l'influence dela chaleur, les atomes du liquide ont pris certains mouvements ; leurs électricités et leurs cohésivités sont en partie séparées et en partie mélangées; mais à la surface du liquide les molécules ne sentent, dans leurs mouvements oscillatoires, de réaction de molécules semblables que dans un direction, celle du li- quide ; aussi l'équilibre des cohésivités se modifie-t-il dans un certain nombre d’entre elles : le liquide se vaporise. La distribution nouvelle des cohésivités neutralise une partie desélectricités et la molécule vaporisée se meut en émettant moins de chaleur rayonnante qu'auparavant. Elle absorbe donc, sans les rendre, les quantités d'énergie qu’elle trouve sous forme de movités dans les premières ondes de cha- leur rayonnante venant la frapper : l’eau s’est vaporisée avec absorption de chaleur. Peu à peu, la pression augmente si l’eau continue à se vaporiser sous l’action de la chaleur ; et au moment où les molécules de vapeur sont assez nombreuses pour que leurs cohésivités empêchent la rupture d'équilibre des cohésivi- ) 114 LA MATIÈRE, L'ÉTHER tés des molécules de la surface du liquide, la vaporisation cesse. | Quand un gaz ou une vapeur travaille dans le cylindre d’une machine, le gaz ou la vapeur presse sur le piston ; et si la poussée est supérieure à la résistance apportée au mouvement, le piston se déplace. Il se produit dans le cylin- dre une augmentation de volume. Lorsque le piston n’a pas à vaincre de résistance, la température et la pression de la vapeur baissent, mais elles reprendraient leurs valeurs primitives par un retour du piston à sa position première. Quand, au contraire, la vapeur oblige le piston à vaincre une résistance pour se déplacer, une certaine quantité de chaleur disparait, et la température de la vapeur ne reprendrait plus son ancienne valeur, même si le piston était ramené à sa position pri- mitive. Soit À un atome ou molécule (fig. 25) qui se meut dans , le gaz ou la vapeur de À en B. OC Il parcourt la trajectoire À B avec une certaine vitesse, et les actions des cohésivités en B amènent son rebondissement. Si nous le laissons aller jus- qu’en B” sans le faire travailler en augmentant le volume du gaz ou de la vapeur, il parcourt la distance AB” dans les mêmes conditions que le chemin AB ; mais il émet des ondes de chaleur à chaque changement de route moins souvent qu'auparavant; il détermine donc dans le gaz une température plus faible avec la même quantité d'énergie. Au contraire, lorsque l’atome déplace une résistance de B en B, il y dépense une certaine partie de sa quantité de mouvement; son électrisation s’est affaiblie quand il est arrivé en B'; sa vitesse s’est.amoindrie; il reçoit moins vivement les réactions des cohésivités, et revient de B'en Fig. 25. ET LES FORCES PHYSIQUES 115 À avec une vitesse plus faible. Le gaz a perdu une partie desa chaleur. Cette énergie représentée par la quantité de mouvement dépensée par l'atome À s’est introduite dans les atomes du piston, puis a passé dans les tiges, les biel- les, et se retrouve dans le travail produit. CHAPITRE LV CRISTALLISATION. 62. Dissolution. — 63. Cristallisation. — 64. Clivage. 62. — Toutes les molécules des corps inorganiques _ cristallisent en se solidifiant. Quand les cristaux formés par un groupement de molécules sont assez petits pour que l’œil ne les distingue pas les uns des autres, et lorsqu'ils s'enchevêtrent de facons quelconques, le corps est dit amor- phe ; au contraire, si les petits cristaux se disposent suivant des axes de symétrie pour former de gros cristaux, on dit que le corps cristallise. Les petits cristaux peuvent se réunir pour former des cristaux plus gros d’un autre système ; les cristaux peuvent s’enchevêtrer de façons diverses : enfin les combinaisons que l’on peut faire sont trop nombreuses pour que nous cher- chions à les décrire. Nous ne nous occupons donc ici que de la formation de gros cristaux dans un liquide contenant un corps en dissolution, lorsque ce liquide se vaporise len- tement. Quand les corps se solidifient et cristallisent en passant par l’état que l’on appelle pâteux, les cristaux qui se forment sont généralement petits et enchevêtrés de façons très différentes, car les molécules n’ont pas les fa- cilités de se mouvoir qu'elles possèdent dans un liquide où le corps est dissous. 116 | LA MATIÈRE, L'ÉTHER Plongé dans l’eau, un cristal soluble disparaît peu à peu. Si l’on regarde alors attentivement autour de lui, on voit s'en détacher des filaments d’un liquide plus dense et plus visqueux. Il semble donc que les molécules qui se détachent du cristal changent d'état physique et forment un liquide spécial que l’on pourrait séparer par la pensée de l’eau dans laquelle le cristal se dissout. En se dissolvant, le cristal ab- sorbe de la chaleur, ce qui nous indique qu'il s’est produit un changement dans la distribution de ses cohésivités. Dans la plupart des cas de changement d'état physique des corps, la disposition des cohésivités qui s'établit dans les molécules est déterminée par celle qui existe dans les molécules voisines. Quand une molécule se trouve à côté d'une autre molécule, leurs cohésivités tendent à prendre les mêmes axes de symétrie ou la même distribution, si aucune action ne les en empêche, et l’on peut supposer que telle est la cause de la dissolution des cristaux dans les li- quides. Les molécules d’eau ont les cohésivités disposées de telle sorte qu’elles se placent en files ; elles ont deux points de cohésivité positive aux extrémités d'un diamètre avec la cohésivité négative sur le périmètre du plan médian nor- mal à ce diamètre. Les molécules d’eau agissent par les cohésivités sur les molécules superficielles du cristal ; cel- les-ci tendent, sous cette influence, à disposer leurs cohé- sivités de la même manière ; l’ancien équilibre des cohé- sivités se rompt; le nouveau se forme, et quelques molé- cules à l’état liquide se répandent dans l’eau, laissant celle-ci attaquer leurs voisines. Les cohésivités qui se neutralisent font passer à l’état latent une certaine quantité d'électricités, aussi les molécules paraissent-elles avoir absorbé de la chaleur. 63. — Si l’on vient maintenant enlever l’eau peu à peu 7 ET LES FORCES PHYSIQUES FE par évaporation, les filaments formés par les molécules du cristal se trouvent séparés par des filaments de molécules d’eau de moins en moins nombreux; les molécules du cris- tal se rapprochent. Lorsque plusieurs d’entre elles se trou- vent assez rapprochées pour ne plus être influencées autant qu'elles l’étaient auparavant par les molécules d’eau, leurs cohésivités agissent les unes sur les autres, reprennent la disposition qu’elles ontabandonnée au moment de la disso- lution, et un petit cristal se forme. Sous l'influence de ce petit cristal, toutes les molécules voisines se groupent autour de lui, disposent leurs cohésivités comme lui, et le cristal grossit. Les filaments d’eau enchevêtrés dans les filaments de molécules du cristal se trouvent alors libérés, et cette eau vient concourir à empêcher le cristal de rassembler immédiatement toutes les autres molécules en dissolution. Mais, si l’'évaporation agit constamment pour enlever à mesure l’eau en excès, la cristallisation se continue jusqu'à ce que tout le corps soit repassé à l’état solide, ce qui a lieu lorsque toute l’eau à disparu. En passant de l’état li- quide à l’état solide, les molécules du cristal prennent une nouvelle disposition des cohésivités ; aussi abandonnent- elles la quantité de chaleur qu’elles avaient absorbée en se dissolvant. Avantle commencement de la cristallisation, etau moment où la dissolution est assez concentrée pour que la cristalli- sation soit possible, les molécules peuventrester en présence pendant un certain temps sans que se produise la rupture d'équilibre des cohésivités nécessaire à la formation des cristaux. À ce moment-là, si l’on introduit dans le liquide un petit morceau de cristal, soit du même corps, soit d’un autre corps cristallisant dans le même système, ce corps amène immédiatement par l'influence de ses cohésivités la cristallisation du corps en dissolution. 118 LA MATIÈRE, L'ÉTHER D'après la nature des corps que l’on dissout et leur dis- tribution de cohésivités, la dissolution peut être facilitée ou non par la chaleur du liquide dissolvant : c’est ainsi que pour certains sels, la température de l’eau fait varier la quantité de sel qu’il est possible de dissoudre dans un volume d’eau déterminé ; tandis que pour d’autres, la température a peu d'influence. Les dissolutions sont en général facilitées par une simili- tude de propriétés chimiques entre le dissolvant et le corps à dissoudre. Les carbures d'hydrogène sont plus solubles dans l'alcool que dans l’eau ; les sels en général sont au contraires plus solubles dans l’eau que dans l'alcool. Ceci nous indique bien le rôle que jouent les cohésivités dans ces phénomènes. Pour faire une dissolution, il faut un dis- solvant dont les molécules puissent rompre l'équilibre des cohésivités dans les molécules du corps à dissoudre. 64. — Les gros cristaux sont formés par de petits cris- taux qui se disposent les uns à côté des autres en conservant les mêmes axes de symétrie; les sommets s’attirent car ils ont les cohésivités positives ; les faces se repoussent. Dans une telle dispo- sition, toutes les faces homolo- gues d’un grand nombre de cris- taux sont dans le même plan, et les cohésivités négatives rendent A A € VS A4 R 1) cer ee les La SY 4 grande dans ce plan que vY dans d’autres. On appelle plans de Fig. 26. clivage les plans parallèles aux fa- ces des cristaux, et suivant lesquels chaque cristal se sé- pare facilement en deux morceaux. ET LES FORCES PHYSIQUES 119 Les faces d’un gros cristal sont formées par un nombre considérable de faces de cristaux élémentaires placés aux distances que les molécules ont entre elles. Si nous faisons cristalliser des octaèdres réguliers par exemple, le cristal a l'aspect de la figure 26 ; toutefois les molécules ne se tou- chent pas, mais occupent les centres des octaèdres que nous avons représentés. La disposition des cristaux cubiques telle qu’elle a été quelquefois décrite (fig. 27) pour former un octaèdre ne donnerait pas une surface — brillante. En attaquant le plan suivant le- I quel les sommets se tiennent les uns aux autres, on ne pourrait produire le clivage. 7 Le Quelques cristaux nous indiquent qu’une face d’un gros cristal ne se compose pas toujours de faces de cristaux élémentaires se trouvant mathématiquement dans le prolongement les unes des autres : certains cristaux sont faciles à rayer dans un sens, et difficiles à rayer en sens inverse : les faces des cristaux élémentaires ne sont donc pas dans le prolongement les unes des autres, mais légèrement inclinées sur le plan de clivage, et disposées en escalier d’une façon régulière; les cristaux élémen- taires ont cependant une position peu différente de celle que nous avons indiquée, et ne présentent point de som- mets s'élevant sur les faces des gros cristaux. Quand un outil passe comme s’il descendait l'escalier, il glisse sur les différentes faces des cristaux élémentaires et ne raye pas. Si l’outil est poussé en sens inverse, il bute sur les aré- tes des cristaux élémentaires, et déplace un certain nombre de molécules; le cristal est rayé. Les cohésivités produisent donc des forces différentes dans les diverses directions pour résister à la séparation des cristaux ou au clivage ; elles produisent également sur 120 LA MATIÈRE, L'ÉTHER l’éther des influences qui modifient de façons irrégulières l’état de l’éther ; aussi la propagation de la lumière dans les cristaux donne-t-elle lieu à des phénomènes spéciaux que nous étudierons plus loin. CHAPITRE V. L'ÉLECTRICITÉ. 65. Électricité statique. — 66. Électricité dynamique. — 67. Le potentiel. — 68. Capacité d'un corps. — 69. Électri- sation par frottement. — 70. Attractions et répulsions électriques. — 71. Électrisation par influence. — 72. Distribution de l'électricité sur les corps. 65. — Nous avons dit (13) que les états spéciaux que prend la matière lorsqu'elle se déplace dans l’éther ne sont autre chose que les électricités de signes contraires. Les électricités amènent dans l’éther la formation des movités qui disparaissent lorsque l’atome se déplace : aucune in- fluence ne se propage alors au loin, et nous ne trouvons pas là un phénomène électrique proprement dit. Les élec- tricités ne peuvent se neutraliser que si l'atome dépense du travail, et les électricités d’un corps en mouvement ne pro- duisent sur nos instruments aucun effet qui manifeste leur présence. Par la pensée, divisons un atome en mouvement en deux parties, en éloignant la partie qui possède l'électricité po- sitive de celle qui renferme l'électricité négative. Chacune des deux parties ne forme plus un atome de volume moitié moindre en mouvement, mais l’une et l’autre se trouvent électrisées de signes contraires. Ces deux masses une fois ET LES FORCES PHYSIQUES 121 séparées agissent sur l’éther, produisent des ondes, et donnent naissance aux phénomènes que nous appelons phé- nomènes électriques. Un corps électrisé est un corps dont tous les atomes sont dans le même état que cette moitié d’atome possédant soit de l'électricité positive, soit de l'électricité négative. Lorsqu'un certain volume de matière est électrisé, et quand on amène un autre volume de matière non électrisée au contact du premier, l’état de l’ensemble des deux volu- mes s’uniformise ; la modification, que nous appelons élec- trisation, et qui n'agissait que sur un volume, agit sur les deux: La grandeur de la modification diminue dans le pre- mier volume, et l’on dit qu'une partie de l'électricité de premier volume a passé dans le second. Pour employer le langage courant, nous dirons souvent qu’un corps possède de l'électricité, ou que l’électricité positive passe d’un corps sur un autre ; mais il ne faut point oublier que l’élec- tricité n’est ni un fluide ni une vibration. Elle ne peut être comparée à rien de concret; c'est la dénomination d’un état spécial de la matière, abstrait pour notre imagination; aussi, les mouvements d'électricité doivent-ils toujours cor- respondre, dans notre esprit, à des transformations du mi- lieu matière sous l'influence des forces auxquelles on attri- bue ces mouvements d'électricité. Les masses électrisées de signes contraires ou bien élec- trisées à des degrés différents peuvent rester en présence sans que leur électrisation varie, pourvu toutefois qu’elles ne soient pas au contact les unes des autres. Au moyen de machines, on peut électriser des corps autres que des ato- mes, et ces corps restent chargés d'électricité aussi long- temps qu’on les tient séparés des autres corps par des iso- lants ; aussi dit-on qu’ils possèdent de l'électricité statique. 122 LA MATIÈRE, L'ÉTHER 66.— Réunissons au contraire par un fil conducteur, deux corps qui renferment des quantités égales d’électrici- tés statiques de signes contraires. Il se passe dans le fil un phénomène que l’on appelle courant électrique ; et au bout d’un intervalle de temps très court, toute électrisation sem- ble avoir disparu dans les corps mis ainsi en communica- tion. On admet, soit que l'électricité positive passe par le fil pour aller neutraliser l’électricité négative, soit au con- traire que l'électricité négative va neutraliser l’électricité positive. Sans préciser les détails du phénomène, on dit qu’il circule dans le fil un courant électrique. Si nous main- tenons au moyen d'une pile ou d’une machine quelconque, une différence dans les électrisations des deux masses réu- nies par le fil, le courant continue à se produire, et amène des effets que nous n’obtiendrions autrement qu’en dépen- sant du travail ; aussi a-t-on coutume de dire qu’il passe de l'électricité dynamique dans le fil où circule le courant. En réalité, c’est le travail dépensé par la machine, ou la pile, qui se transforme pour produire les effets obtenus, et l’é- lectricité ne prend pas des états différents. 67.— Deux masses électrisées s’attirent ou se repous- sent plus ou moins énergiquement suivant la manière dont elles ont été électrisées ; de même, les effets produits par les courants électriques varient suivant le degré d’électrisa- tion des masses électrisées qui alimentent les courants ; aussi faut-il admettre que l’électrisation d’un corps est sus- ceptible d’être mesurée, L’électrisation d’un corps se mesure par son potentiel et l'unité de potentiel adoptée a été nommée le volt. Le zéro de potentiel doit évidemment correspondre à l’état des corps non électrisés, mais nous ne connaissons d’une façon abso- lue le degré d’électrisation d'aucun d'eux : nous constatons ET LES FORCES PHYSIQUES 123 que les différents corps ont tous entre eux des différences d’électrisation, aussi a-t-on pris comme zéro, ou origine de l'échelle des potentiels, une valeur de convention qui est le potentiel de la terre. Les corps électrisés s’attirent, se repoussent, peuvent produire du travail, et cela d'autant plus que leurs poten- tiels sont plus élevés. On a donc pu appliquer au potentiel, dans les phénomènes électriques, les formules que l’on em- ploie en mécanique et dans lesquelles la notion du poten- tiel s'applique à une force quelconque. Lorque deux masses s’attirent proportionnellement à la valeur de ces masses, et inversement proportionnellement au carré de la distance qui les sépare, tout déplacement in- finitésimal correspond à un travail élémentaire. Soient m etm'les masses, et 7 la distance qui les sépare : letravail -élémentaire produit par leur rapprochement est dre. r2 Admettons que m'soit la masse unité et occupe une posi- tion par rapport à laquelle nous comparons les positions de l’autre masse : le travail élémentaire nous est donné par mm 212 ° la formule — dr. La somme des travaux élémentaires pour D un déplacement 7 est jf DUT ALU = ——- 0 fie T Cette valeur représente le travail que peut effectuer une masse 7” attirée par une masse unité à la distance r. = ui s'appelle le potentiel de la masse m. Les mathématiques ne traitent que des valeurs abstraites ; aussi les formules de mécanique peuvent-elles être appli- quées à des forces de toutes espèces pourvu qu’elles soient régies par les mêmes lois. Les attractions et répulsions électriques étant soumises aux mêmes lois que les attrac- tions dues à la gravitation, la définition mécanique du 124 LA MATIÈRE, L'ÉTHER potentiel est applicable à l'électricité; mais dans la prati- que, cette notion du potentiel ne facilite pas l'explication physique des phénomènes électriques ; aussi préférons-nous définir le potentiel autrement. Le potentiel est le degré d’électrisation d’un corps: le potentiel des deux parties d’un atome en mouvement en détermine la vitesse. Le potentiel représente la grandeur de la modification à laquelle est soumise la matière élec- trisée. Quand on parle du potentiel d’un corps, on entend par cette expression la différence entre le potentiel de ce corps et celui de la terre: on ne mesure en physique que des différences de potentiel. Le potentiel mesure le degré d’électrisation d'un corps, mais il n'indique pas la quantité d'électricité que pourrait fournir ce corps, de même que la température ne fait pas connaitre le nombre de calories que peut dégager un corps se refroidissant Jusqu'à zéro degré centigrade. 68. — Lorsqu'un atome est soumis à l’action constante des movités produites par les ondes d’une force attractive ou répulsive, ses deux moitiés prennent une différence de potentiel, et cette différence de potentiel mesure la vitesse de l’atome; mais suivant la valeur de la masse de l'atome, la vitesse augmente plus ou moins rapidement; c'est-à-dire que la même quantité d'électricité introduite dans l’atome par la force qui le met en mouvement y pro- duit une différence de potentiel qui s'élève d'autant moins que la masse de l'atome est plus grande : les différents corps possèdent des capacités différentes. On appelle capacité électrique d'un corps la quantité d’é- lectricité que peut contenir ce corps au potentiel d’un volt. La quantité d'électricité que l’on a prise arbitrairement | 1 À 4 ET LES FORCES PHYSIQUES 125 comme unité a reçu le nom de coulomb, et on appelle farad l'unité de capacité, c’est-à-dire la capacité d'un corps qui renferme 1 coulomb au potentiel de 1 volt. Nousentendons en conséquence par potentiel d’un corps, potentiel d’un atome, le degré d’électrisation, la tension électrique, la densité électrique d’un corps, d'un atome, ou d'une partie d'un atome; mais il ne faut point oublier que les potentiels doivent toujours être considérés comme des différences de potentiel, le potentiel de la terre étant pris comme terme de comparaison. 69. — Pour représenter un petit volume de matière élec- trisée, nous avons, par la pensée, divisé en deux partes un atome en mouvement. Nous aurions pu composer une molécule avec 2 atomes au contact, la mettre en mouvement, puis séparer les 2 atomes : ceux-ci se trouveraient électri- sés, mais la molécule cesserait de se mouvoir. Le travail dépensé à mettre la molécule en mouvement paraîtrait avoir disparu ; de plus, il nous aurait fallu produire du travail pour écarter l’un de l’autre les deux atomes élec- trisés de signes contraires qui se seraient attirés. Il faut donc dépenser, de l'énergie pour produire les électricités ainsi que pour les recueillir ensuite séparément. | Le frottement est le premier procédé que l’on ait connu pour obtenir de l'électricité. Le frottement engendre géné- ralement de la chaleur, mais cette chaleur est une forme de l'énergie dépensée ; l’électrisation en est une autre. Tous les corps simples sont électro-positifs ou électro- négatifs les uns par rapport aux autres. Ils forment des corps composés qui ont ces mêmes propriétés ; aussi tous les corps en présence ou au contact les uns des autres sont- ils susceptibles d'acquérir une différence de potentiel ; mais cette différence de potentiel est généralement très faible, NL DT 126 LA MATIÈRE, L'ÉTHER et ne suffirait pas à produire l’électrisation des corps par frottement. Il nous faut admettre qu’il se passe un phénomène spé- cial entre les molécules du corps frotté et celle du corps frotteur. Le frottement exige qu'il y ait déformation, usure de l’un des corps; sans cela, il y aurait glissement sans frottement : il y a donc déplacement d’un certain nombre de molécules. Or celles-ci sont entraînées par le bras ou par l'outil qui poussent le corps frottant ; elles reçoivent l’im- pulsion de molécules en mouvement, c'est-à-dire de molé- cules dont les électricités sont séparées. Suivant la nature des corps en présence et la façon dont s'opère le frottement, les électricités séparées restent dans les molécules pour augmenter les mouvements oscillatoires, et produire de la chaleur, ou bien se répartissent entre les molécules du corps frotteur et du corps frotté en les électrisant de signes con- traires. Quand on laisse les deux corps au contact l’un de l’autre, les électricités se partagent également entre toutes les mo- lécules sans se neutraliser, mais en augmentant les mou- vements oscillatoires : le frottement a produit de la chaleur. Si l’on sépare brusquement les deux corps après les avoir frottés l’un contre l’autre, ils restent électrisés. Au moyen de dispositions réalisées dans les machines électriques, on peut décharger les corps frottants et frottés à mesure qu'ils se chargent, et on recueille à part les élec- tricités qui peuvent ainsi acquérir un potentiel élevé. Malgré l'élévation du potentiel, la quantité d'électricité fournie par une machine à frottement est très faible. D’au- tres appareils au contraire peuvent fournir de très grandes quantités d'électricité, mais à un potentiel peu élevé, ces appareils cessant automatiquement de fonctionner si l’élec- tricité qu’ils produisent ne peut s’écouler, La pile est le RC ris. ai. D. dr, fm 1 ET LES FORCES PHYSIQUES 127 type de ces appareils : la théorie de la pile est du domaine de la chimie. 70. — Quand un atome est en mouvement, ses deux par- ties possèdent des électricités de signes contraires qui déterminent dans l’éther la formation des movités: à l’é- legtricité positive correspond la movité positive, et à l'é- lectricité négative, la movité négative; mais pour que l’atome se déplace, la formation simultanée des deux mo- vités est nécessaire comme celle des deux électricités. En étudiant les forces et le mouvement (5 à 15), nous avons vu comment nous devons envisager l’état de l’éther lorsque celui-ci se déplace autour d’un atome : nous avons donné le nom de movité à cet état spécial, quasi filamen- teux (25). Lorsqu’au contraire, les électricités de signes inverses se trouvent, non sur le même atome, mais sur des atomes différents, l’action produite sur l’éther est de même nature que celle dont nous avons parlé (7 et 8). L'atome électrisé produit des ondes concentriques attribuées à l'électricité statique, aussi n'employons-nous pas l'expression de movi- té, mais celle d'influence électrique pour désigner l’action produite sur l’éther par un corps chargé d'électricité sta- tique. Manifestant sa présence dans un corps par une action de la matière sur l’éther, l'électricité agit comme si le siège de l’action électrique était à la surface des molécules. L’in- fluence produite sur l’éther est un état que l’on peut com- parer à celui qui détermine la gravitation; il se propage de la même manière, et la puissance de l'influence varie comme l'inverse du carré de la distance. Les actions des ondes électriques les unes sur les autres déterminent des A phénomènes semblables à ceux que produisent les ondes 128 LA MATIÈRE, L'ÉTHER de gravitation ; mais tandis que celles-ci facilitent la pro- pagation d’ondes semblables, les on- des électriques retardent la propaga- tion des ondes de même nom, et faci- litent celle des ondes de nom contraire au leur. Soit À une molécule électrisée po- sitivement qui émet des ondes d’in- fluence électrique (fig. 28). Lorsqu'au- cun corps électrisé ne se trouve dans HE le voisinage, les ondes sont concentriques à l'atome; mais si nous plaçons en B (fig. 29) un atome électrisé positi- vement, les ondes résistent à la propagation les unes des Fig. 29. Fig. 30. autres; elles deviennent excentriques, et les atomes se repoussent. l Quand au contraire nous plaçons en B (fig. 30) un ato- me électrisé négativement, les ondes de À et de B devien- nent excentriques en sens inverses, et les atomes s’attirent. Les attractions et répulsions sont proportionnelles à la va- leur des ondes dans la partie intermédiaire aux molécules. Soit e le potentiel de l’un des atomes, e” celui de l’autre atome : la force attractive ou répulsive f est mesurée au contact de l’un des atomes par la valeur de l'onde qu'il émet c'est-à-dire e, multipliée par la valeur de l'onde (au con- tact du même atome) émise par l’autre atome, ou _ ee d? ET LES FORCES PHYSIQUES | 129 71. — La matière agit sur l’éther, et inversement l’é- ther réagit sur la matière, parce que les états de ces deux milieux ont la même origine et sont d’essences analogues ; mais les actions produites par la matière sur l’éther ne sont pas identiques à celles de l’éther sur la matière. Celle-ci détermine dans l’éther un état de même nom que le sien, c'est-à-dire auquel nous avons donné le même nom. Si cet état de l’éther vient inversement à réagir sur la matière, celle-ci subit l'effet inverse, et tend à prendre l’état de nom contraire, comme si la matière devait neutraliser l'influence qu'a subie l’éther, ou ramener l’éther à ce qu’il était aupa- ravant. Ce phénomène est la cause de l'électrisation par tn- Un atome À (fig. 31) est élec- trisé positivement: il agit sur l'éther et produit une influence que nous représentons en ha- ché, et dont la valeur varie comme l'inverse du carré de la distance à l'atome. Une molécule en B subit cette influence positive, et comme elle se trouve sur une pente d’influen- ce, ses deux faces ne subissent pas la même action. Il s’o- père alors en elle une séparation des électricités ; son élec- tricité négative se porte du côté de l'atome À, et son électricité positive du côté opposé; c’est-à-dire l'électricité négative du côté du maximum de l'influence positive dans l'éther, et l'électricité positive du côté du minimum. La partie négative tend à ramener à zéro le potentiel de l’é- ther, et la partie positive à prolonger l'influence de À. La puissance de l'influence de À variant comme l'inverse du carré de la distance, la séparation des électricités dans B se fait à un potentiel dépendant de la distance qui sépare B de À. Fig. 31. 130 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Lorsque plusieurs molécules C, D, FE, se trouvent placées à la suite les unes des autres dans le voisinage de B, (fig. 32), chacune d'elles subit l'influen- ce transmise par Sa voisine. L'action pro- duite sur l’éther par ‘ l'électricité positive de chaque molécule est alors la même que celle qui serait produite par À si les autres molécules n’existaient pas. Quand un corps non électrisé est soumis à l'influence d’un corps électrisé, il s'opère donc dans toutes ses molécules une séparation des électricités, ne formant pas dans les molécules l'énergie de mouvement, car elle provient d’une influence, et non de movités produites par la rencontre de deux ondes. L'énergie de mouvement apparaît avec le premier dépla- cement élémentaire des atomes. Au contraire, dans le cas qui nous occupe, les atomes se trouvent tout à coup plongés dans un éther qui n’est pas celui dans lequel ils étaient en équilibre ; ils réagissent, et cette réaction amène en eux une séparation des électricités ; mais les atomes n'ont point absorbé d'énergie de mouvement, et si l'influence vient à disparaitre, les électricités de noms contraires se neutra- lisent dans chaque atome. Lorsque les électricités sont ainsi séparées, leurs ondes agissent les unes sur les autres, et les molécules s’attirent, parce qu’elles se présentent les parties électrisées de signes contraires : ou bien les cohésivités maintiennent les molé- cules à leur place, ou bien les molécules peuvent venir au contact les unes des autres. Si les molécules ne peuvent bouger, l'influence se transmet de molécule à molécule, et aucun mouvement électrique ne se produit: on dit que le corps est isolant où mauvais conducteur de l'électricité, Fig. 32.- | C | | ET LES FORCES PHYSIQUES la Quand les molécules peuvent se déplacer facilement, B vient au contact de C, B prend l'électricité négative de C, et C l'électricité po- sitive de P (fig.33) ; C'attire D qui a pris l'électricité négative de E'; il s’opère un partage d'électrici- tés, et dans le corps M contenant les molécules B, C, D,E, toutes les molécules s’électrisent négativement dans la moi- tié qui se trouve du côté de À, et positivement dans l’autre moitié. Le corps est dit alors bon conducteur ou simple- ment conducteur de l'électricité. Dans ce cas, la partie O Y (fig. 34) contient une £8$s, quantité d'électricité positive égale à la quantité d’électri- cité négative de OX, et le potentiel positif en Y est égal Res au potentiel négatif en X, c'est-à-dire au potentiel correspondant à la valeur qu'au- rait l'influence de À en X, sile corps X 0 Y n'existait pas. La séparation des électricités dans un corps conducteur s'opère, quelle que soit la grandeur du conducteur. Si l'on relie donc à la terre la partie Y du corps XO Y, l'électri- cité positive s'éloigne du corps À, et XO Y se trouve com- plètement électrisé négativement. Quand la communicat:on avec la terre est rompue, X O Y reste électrisé négative- ment, même lorsque cesse l’électrisation de À. Les électricités séparées par influence disparaissent en produisant un mouvement moléculaire qui engendre la chaleur. Cette chaleur représente le résultat de la trans- formation de l'énergie que l’on dépense pour écarter À et XO Y l'un de l’autre: en effet, quand les électricités sont Fig. 33. 132 LA MATIÈRE, L'ÉTHER séparées dans Æ0 Y, le corps À se trouve attiré plus éner- giquement qu'il ne le serait si les électricités étaient res- tées en quantités égales dans chaque atome, et Le travail qui est effectué correspond au travail absorbé par les ac- tions des ondes électriques les unes sur les autres, actions qui se produisent quand on éloigne le corps À du corps AU Dans les corps conducteurs, les mouvements de molécu- les qui déterminent une séparation des électricités ne com- mencent qu'après la propagation de l'influence ; mais les mouvements moléculaires qui se produisent retardent cette propagation de l'influence électrique en neutralisant son effet pour le faire reparaître aussitôt après; aussi l’in- fluence électrique semble-t-elle arrêtée par un corps con- ducteur quand elle est de faible durée, tandis qu'elle est transmise par un corps isolant. La propriété de transmettre l'influence électrique avec une vitesse plus ou moins grande a été appelée capacité in- ductive spécifique. 72. — Les traités de physique nous apprennent que toute la charge d’un corps conducteur électrisé se trouve à la surface, et qu’il ny a pas de trace d'électricité à l'intérieur. On le démontre en touchant alternativement à l'intérieur et à l'extérieur, avec un plan d'épreuve, une sphère creuse percée d’un trou. Une ? autre expérience consiste à retourner un cône de gaze électrisée. Le phé- nomène ainsi présenté conduit à une 4 notion fausse de la distribution de À Le A l'électricité dans les corps. Soit À une sphère métallique creuse (fig. 35). Tous les corps chargés d'é- lectricité devraient se décharger en touchant la surface Fig. 35. a ET LES FORCES PHYSIQUES 133 intérieure, et l'électricité se transporterait sur la surface extérieure, si la surface intérieure était toujours au poten- tiel zéro, quel que soit le potentiel de la surface extérieure. Un fil conducteur a b, isolé entre a et b de manière à ne pas pouvoir toucher la surface de la sphère à son passage par le trou, serait donc maintenu au potentiel zéro à l’ex- trémité a; et lorsque nous réunirions b à l’un des pôles d’une pile, en mettant l’autre pôle à la terre, nous devrions voir l'électricité de la pile se déverser dans la sphère, et la charge de la surface extérieure augmenter indéfiniment. Nous faisons l'expérience et nous constatons que cela n’a pas lieu. Pour faire l'expérience inverse, nous électrisons la surface extérieure de la sphère après avoir misle bout b du fil à la terre: l'électricité s'écoule par le fil. Il existe donc une charge de la surface intérieu- re. Nous plaçons une sphère À (fig. 36) électrisée positivement au centre d’une autre sphère creu- se B. L'influence de À détermine une séparation des électricités dans BP ; l'électricité négative se porte à l’intérieur en b', l'électricité positive à l'extérieur en b. B se trouve dans une troisième sphère C, celle-ci étant dans une autre D: l'électricité négative se porte à l'intérieur, et l'électricité positive à l'extérieur de chacune d'elles. Or les électricités ne se séparent qu’en raison de l'influence de la sphère intérieure : les surfaces grandis- sant, le potentiel de l'électricité en b”, correspondant à la puissance de l'influence qui s’est propagée de À en b’, est plus faible qu’en À ; la quantité d'électricité qui se trouve en b, égale à celle qui est en b', se répartit sur une plus 134 LA MATIÈRE, L'ÉTHER grande surface; de proche en proche, le potentiel de l’in- fluence diminue comme si toutes les sphères intermédiaires n’existaient pas. Nous voyons donc qu’en joignant par un fil imaginaire À, b, c, d, nous réunissons des corps qui ne sont pas au même potentiel; À abandonne une partie de son électricité qui passe dans b, c, d. De même dans bd”, c', d”, l'électricité négative prend une nouvelle distribution quand on les met en communication. Supposons maintenant que les sphères À, B, C, D, aient été électrisées au même potentxl avant d’être mises en présence. La sphère À produit sur l’éther environnant un effet d'influence qui amène dans B une concentration d’é- lectricité négative sur la surface intérieure. La charge de la surface extérieure de B est alors la somme de la charge propre de la sphère B et de celle qui est produite par la séparation des électricités sous l'influence de À ; elle agit donc sur C avec une puissance plus grande que précédem- ment. Cette augmentation du potentiel des charges, due aux influences des sphères intérieures, se continue de proche en proche jusqu'à la surface extérieure de D qui réunit les actions de toutes les charges des différentes sphères. Sans changer la grandeur de la sphère D, nous augmen- tons indéfiniment par la pensée le nombre des sphères creu- ses que nous plaçons à l’intérieur, en diminuant à mesure leur épaisseur, ainsi que la sphère À, jusqu'à la réduire à un atome. Nous constatons alors, en allant de l’exté- rieur à l’intérieur, la diminution de la puissance de l’in- fluence électrique dans toutes les parties telles que à, c, b, des sphères creuses. Les sphères telles que b"c'd' pren- nent des électrisations égales à celles des sphères en pré- sence desquelles elles se trouvent : les influences des électri- cités se neutralisent donc dans l’intérieur de la sphère, et il ne reste d'apparent que l'influence de la charge de la surface ET LES FORCES PHYSIQUES 135 extérieure ; car, n'étant pas comprise entre deux lames d’é- lectricité négative, elle n’est pas neutralisée, et possède la somme des influences de tous les atomes de la sphère. Dans une sphère creuse, la distribution des électricités s'opère comme si elle avait eu lieu sous l'influence d'ondes émises par le centre de la sphère, et qui produiraient à la surface l’électrisation qui s'y manifeste réellement. Dans l'intérieur de la sphère, toutes les molécules semblent dé- chargées d'électricité. Le plus souvent, quand on fait des expériences avec une sphère de métal électrisée positivement, par exemple, celle- ci se trouve dans le voisinage et à des distances plus ou moins grandes de corps qui subissent son influence, et dans lesquels se fait une séparation d’électricités. Ces corps réagissent sur la sphère électrisée, et tendent à condenser davantage son électricité sur la surface. Il s'opère alors une séparation d’électricités par influence telle que l'électricité négative, qui tend à paraître dans l’intérieur de la sphère, neutralise l’action de l’onde vir- tuelle positive du centre ; aussine reste-t-il d'apparent que l’électri- cité de la surface de la sphère. Prenons donc une sphère creuse À (fig. 37). Nous venons présenter devant l'ouverture un plan d’épreuve électrisé p, et nous le faisons pénétrer dans l'intérieur : il se forme dans ce plan d’épreuve une distribution nouvelle des électricités ; l'électricité positive se porte à l'extérieur, et si le plan tou- che la surface intérieure, il se décharge pour ne conserver que des quantités égales des électricités des deux signes. Mettons maintenant un fil conducteur bac en contact PO Re AG Die de 136 LA MATIÈRE, L'ÉTHER avec la surface intérieure de la sphère : toutes ses molécu- les sont dans le même état que si elles faisaient partie de la sphère, et si la sphère était pleine. La section a possède donc les propriétés de la surface de la sphère, et l’électri- cité y acquiert le même potentiel. L’extrémité ac du con- ducteur b a c se trouve dans le même état et donne lieu aux mêmes phénomènes que s’il était fixé directement sur la surface extérieure de la sphère. Elle se décharge en con- séquence par le fil bac quand on met celui-ci en commu- nication avec la terre. Les différents degrés d’électrisation que l’on relève sur les diverses parties des corps électrisés ont reçu le nom de densités électriques : celles-ci sont mesurées par les quan- tités d'électricité que prend le plan d’épreuve, ou par les actions produites sur des balles suspendues. Ces phéno- mènes sont des phénomènes d'influence, et nous venons de voir que les influences peuvent être propagées et ampli- fées par les corps conducteurs. Dans ceux-ci, toutes les molécules reçoivent d’abord une même charge électrique, mais les molécules agissent les unes sur les autres de pro- che en proche ; les influences s’ajoutent, et l'effet est maxi- mum dans la direction de la plus grande longueur. La den- sité électrique n’est donc pas uniforme sur la surface d’un corps conducteur, et la forme du conducteur influe sur la distribution apparente de l'électricité. ET LES FORCES PHYSIQUES TT CHAPITRE VI. COURANTS ÉLECTRIQUES. MAGNÉTISME. 73. Courant électrique. — 74. Intensité du courant. — 75. Effets calorifiques. — 76. Effets magnétiques. — 71. Courants induits. — 78. Transformation de l'énergie dans les machines. — 79. Solénoïdes. — 80. Les ai- mants. — 61. Les propriétés magnétiques du fer. 73. — Quand un corps isolant À (fig. 38) se trouve placé entre deux autres corps, l’un B électrisé positive- ment, et l’autre C électri- sénégativement, tout l’éther situé entre C'et B subit leur action, et réagit sur les molécules a, b, c, d, du corps À. Celui-ci n'étant pas conducteur, les molécules sont maintenues par leurs cohésivités dans les positions relati- Fig. 38. .ves qu'elles occupent les unes par rapport aux autres, et chacune d'elles reste électrisée positivement du côté de C et négativement du côté de B. Quand au contraire À est un corps conducteur, les mo- lécules se rapprochent les unes des autres, et opèrent un échange d’électricités. Aussitôt que les corps Bet C ont produit leur influen- ce, a vient au con- tact de B (fig. 39), d au contact de C, et b au contact de c. a se charge d'électricité positive, d d'électricité négative, et dans l’ensemble des deux molécules b et c, sous l’influen- ce de B et de C, b prend de l'électricité négative, et c de Fig. 39. 138 LA MATIÈRE, L'ÉTHER l'électricité positive. Les différentes molécules quittent aus- sitôt cette posi- tion (fig. 40), a vient au contact de b, etc au con- tact de d. Dans ces deux nouveaux groupes de molécules, il s'opère encore un partage d’électricités, a et c étant électrisés négative- ment par rapport à b et d qui le sont positivement. Chacune | des molécules est donc électrisée positivement par rapport | à ses deux voisines quand elle se meut dans la direction BC, et négativement quand elle se meut dans la direction CB: ce phénomène a reçu le nom de courant électrique. Fig. 40. 74. — On mesure l'intensité d'un courant par la quan- tité d'électricité qui passe en une seconde. Lorsqu'un courant fait passer 1 coulomb à la seconde, on dit que son inten- | sité est de L ampère, l'ampère étant choisi comme unité de | mesure des intensités. L’inteusité d’un courant peut se mesurer dans une quel- conque des sections du conducteur À: c’est la quantité d'électricité trans- portée par toutes les molé- cules telles que b (fig. 41). Cette intensité est donc proportionnelle au nombre des mo- lécules qui se trouvent dans une tranche d'épaisseur très petite, ou à la section Fr O CT La quantité d’é- a: 4 ë lectricité qu'une mo- Fig. #. lécule telle que b (fig. 42) transporte de a en c est proportionnelle à la diffé- Fig. 41. ET LES FORCES PHYSIQUES 139 rence de potentiel existant entre a et c: or cette valeur est elle-même proportionnelle à la différence de potentiel Æ existant entre B et C, et inversement proportionnelle à la distance BC, c’est-à-dire à la longueur / du conducteur. L as E L’intensité du courant a donc pour facteur EN Dans la plupart des corps, les cohésivités négatives sont assez puissantes pour modérer la vitesse avec laquelle les molécules pourraient venir au contact les unes des autres : la quantité d'électricité transportée par chacune des molé- cules dans le même espace de temps varie donc suivant la nature du corps. On appelle conductibihité la propriété que possède chaque corps de laisser passer plus ou moins vite l'électricité. L’intensité du courant est donc propor- tionnelle à la conductibilité c du corps. Ces différents facteurs donnent un produit qui mesure E.c.s. l Pour la commodité des calculs, on ne se sert générale- ment pas de cette formule telle qu’elle est ainsi présentée. l'intensité Z d’un courant : 7 — . Ets are l ; ; L’inverse du facteur er D est-à-dire —, est appelée la ré- C.s sistance du conducteur. La résistance se représente par À. Rs R I étant l'intensité du courant mesurée en ampères, £ la différence de potentiel aux extrémités du conducteur me- surée en volts, et R la résistance mesurée en ohms, dépen- dant de la conductibilité, de la section, et de la longueur du conducteur. 15.— Lorsqu'un courant électrique circule dans le corps À (fig. 42) on dit généralement que l'électricité positive passe de B en C, ou que l'électricité négative passe de C en B, ou que les deux électricités se neutralisent dans le D 140 LA MATIÈRE, L'ÉTHER corps À. Ces différentes expressions sont impropres. Il a fallu dépenser de l'énergie pour séparer les électricités et les recueillir en B et en C : lorsque le corps conducteur À est interposé entre B et C, l'énergie dépensée se trans- forme ; les électricités séparées en B et en C ne se neu- tralisent pas, mais elles se distribuent uniformément entre toutes les molécules. Dans chacune d’elles, l’électri- cité positive et l'électricité négative restent séparées, et augmentent les mouvements oscillatoires. Le corps À s’est échauffé. | La quantité de calories qui s’accumule dans les molé- cules d’un conducteur est donc proportionnelle à la quan- tité d'électricité qui disparaît dans ce conducteur, c’est-à- dire à l'intensité Z du courant; mais elle est également proportionnelle à l’élévation du potentiel des deux électri- cités qui se réunissent dans les molécules, c’est-à-dire à Æ pour l’ensemble du conducteur. Le nombre de calories qui se développe à la seconde dans un conducteur traversé par un courant d'intensité Z se mesure par le produit Æ J, dont les unités ont recu le nom de watts. 76. — Le nombre de watts que développe un courant ne se manifeste pas uniquement sous forme de chaleur. Le mouvement des électricités produit un autre phénomène, l’action magnétique du courant. | Soit À un conducteur dans lequel circule un courant (fig. 43), et dont | les extrémités BetC sontélec- trisées positive- ment et négati- vement. Au moment où les molécules a et b sont au con- tact l’une de l’autre, c et d le sont également, et la distribu- Fig. 43. L 13h ET LES FORCES PHYSIQUES 14] tion des électricités qui s'opère en elles se fait sous l’influen- ce de B et de C. Les molécules n’agissent point alors les unes sur les autres pour s’attirer et se repousser par le fait de leur électrisation, mais elles sont écartées les unes des autres par leurs cohésivités ; b s'éloigne de a, c s’écarte de d. Peu après, lorsque les molécules d et c se sont rappro- chées, leurs charges électriques ne correspondent plus à l’action produite sur l’éther par B et C, et l'attraction en- tre b et c se manifeste. Ces deux molécules viennent au contact l’une de l’autre malgré l’action des cohésivités né- gatives, si cette action n'est pas trop puissante, c'est-à- dire si le corps À est conducteur. Lorsque d et « ont échangé leurs électricités pour pren- dre leur équilibre dans l’éther soumis à l'influence de B et de C, ces molécules s’écartent l’une de l’autre sous l’action de leurs cohésivités négatives, b se trouve attiré vers a, et c vers d. Ainsi donc, quand un courant électrique circule dans un fil conduc- Toro RS des molé- cules agit sur sa voisine, et l’attire ; étant électrisée positi- vement quand elle se meut dans la direction BC, et au con- traire électrisée négativement quand elle se meut dans la direction CB ; or deux corps qui s’attirent produisent dans l’éther des ondes excentriques donnant naissance aux mo- vités. Il nous est difficile de représenter exactement ce que forment dans l’éther les ondes attractives des molécules du fl BC, mais nous pouvons admettre que l’état spécial que prend l’éther sous l'influence du courant circulant dans BC est d'une nature analogue aux movités, c’est-à-dire Fig. 44. pe 142 LA MATIÈRE, L'ÉTHER que, produit par des ondes attractives, il est comparable à l’état que nous appelons filamenteux (25), et qui caracté- rise la présence de l’énergie dans l’éther. Le courant élec- trique détermine sa formation en dépensant un peu d’éner- gie, mais cette énergie rentre dans les molécules quand le courant cesse, et prolonge son action. Pour représenter cet état abstrait sur les figures explica- tives dont nous avons besoin, nous considérons que l’in- fluence électrique positive se fait sentir autour de chaque molécule avec une puissance allant en croissant pendant que la molécule se meut dans la direction BC (fig. 44), cesse brusquement quand elle arrive au contact de sa voi- sine, et que l'influence négative agit de la même manière pendant que la molécule suit la direction CB. Nous représentons donc, par convention, l’action d’un courant sur l’éther par un dessin dans lequel les hachés caractérisant l’influen- ce positive, et les poin- tillés représentant l’in- fluence négative, sont enchevêtrés comme l'indique la figure 45, et plus simplement par le dessin de la figure 46. Cet état que nous ap- pelons action magnéti- que d'un courant, ou champ magnétique, se propage autour du con- ducteur dans lequel passe le courant. Il ne représente ni une ac- tion de l'électricité statique, ni des movités comme la lu- mière : s'il était possible de voir l’état intime de l’éther, Fig. 46. ET LES FORCES PHYSIQUES 143 on n’apercevrait pas de tranches telles que celles que nous figurons ; mais nous constaterions, si nos sens nous le per- mettaient, qu'en nous mouvant successivement dans deux directions inverses, parallèles au circuit, nous éprouve- rions des sensations analogues mais inverses. Le dessin de la figure 46 n'indique pas autre chose. Le champ magnétique créé dans l’éther ne se propage pas instantanément ; l’éther agit donc comme s'il résistait à cette propagation; aussi un éther déjà modifié peut-il rendre cette propagation plus ou moins difficile. L'expé- rience nous apprend que l’éther subissant déjà une influence semblable permet une propagation plus rapide, car cet état rend attractifs l’un pour l’autre deux circuits produisant la même action, c’est-à-dire deux circuits parallèles dans lesquels passent deux courants de même sens. Au contrai- re, deux courants de sens inverses se repoussent, nous indiquant ainsi que l’éther modifié par un des courants résiste à la propagation du champ magnétique inverse produit par l’autre courant. 77. — L'état spécial qui se forme dans l’éther sous l'ac- tion d’un courant électrique, c’est-à-dire son champ ma- gnétique, donne naissance à des phénomènes connus sous le nom de courants induits où phénomènes d’induction. Voici comment s'explique la formation des courants in- duits. Soit M N (fig. 47) un circuit dont on met les extrémités en communication avec M FRE NW, deux corps électrisés de : ARE ” signes Contrames À chacune des extrémités du conducteur M N, les molécules se chargent d’électri- cité, et communiquent une partie de leur charge à leurs D: 144 LA MATIÈRE, L'ÉTHER . voisines ; l'électricité positive arrive progressivement en W, l'électricité négative en M ; l'intensité du courant s'accroît dans chacune des parties du circuit M N, et ce n’est qu’au bout d’un intervalle de temps, très court il est vrai, mais non infiniment petit, que l'intensité du courant devient constante. Pendant cette période, l'action magnétique est produite dans l’éther par les molécules qui sont chargées d'électricité positive quand elles se meu- vent vers N'(fig. 48), et d'électricité néga- tive lorsqu'elles se dirigent vers M. Ce nouvel état de l’éther réagit sur la matière pour retarder le mou- vement des molécules dans le circuit A N, et produit un mouvement moléculaire dans le circuit P Q qui se trouve auprès de lui. Le résul- tat de cette action sur AZ N'est un contre-courant qui ne devient pas sensible et ne peut que retarder l'établissement du courant principal. Le contre-courant devient au contrai- re sensible dans P Q. Il nous est aussi difficile de préciser comment l’action magnétique de MN agit sur les molécules de P Q qu’il nous l’a été de définir la nature exacte de cet état de l’éther. Ce que nous représentons dans le rectangle a b cd (fig. 48) est dû à l’action des molécules se mouvant vers la droite avec une charge d'électricité positive ; cet état de l’éther doit amener un mouvement inverse dans le circuit P Q, les molécules À, C, doivent chercher à s’électriser négative- ment, comme pour combattre l’action de a b c d; elles se déplacent vers la gauche. Il s'opère en elles un partage Fig. 48. ET LES FORCES PHYSIQUES 145 des électricités ; elles échangent les électricités avec leurs voisines de gauche, prenant de l'électricité négative, don- nant de l'électricité positive, puis reviennent vers la droite apporter à leurs voisines de l'électricité négative. Ce phé- nomène n’est autre qu'un courant électrique inverse de celui qui circule dans M N. Ce courant est de faible durée ; mais il produit une nou- velle distribution des électricités dans les molécules du circuit P Q. Dès que l'intensité du courant M N cesse de croître, le mouvement moléculaire s'arrête dans P Q. Les molécules y sont néanmoins électrisées dans des positions différentes de celles qu'elles occuperaient s’il ne passait pas de courant dans 17 N'; aussi, lorsque le courant cesse dans M N, les molécules de P Q reprennent-elles leur équilibre en transportant vers la droite l'électricité positive qu’elles avaient portée vers la gauche : un courant électri- que de même sens que celui de A N prend naissance. Le courant induit est produit par le champ magnétique du courant inducteur quand l'intensité de ce champ varie; or cette variation peut être déterminée, soit par les modi- fications du courant inducteur, soit par le rapprochement ou l’éloignement du circuit. Les courants de même sens s’attirent, les courants de sens contraire se repoussent : le courant inducteur qui se forme, ou qui s'approche, donne naissance à un courant induit qui le repousse; le courant inducteur qui cesse, ou qui s'éloigne, fait naître un courant induit qui l’attire. Le déplacement d’un circuit dans le voisinage d’un courant ne peut en conséquence se produire que si l’on dépense le travail nécessaire à vaincre les ac- tions attractives et répulsives des deux courants. 78. — Cette propriété des courants induits est utilisée pour la construction des machines électriques. Lorsqu'une 10 146 LA MATIÈRE, L'ÉTHER machine à vapeur travaille à déplacer des circuits dans un champ magnétique, on peut recueillir, sous forme de cou- rant électrique, pour l’employer ailleurs, l’énergie que la machine a dépensée pour faire mouvoir les circuits : il s’est opéré, a-t-on coutume de dire, une transformation d’éner- gie. Inversement, quand nous laissons un circuit se dépla- cer dans un champ magnétique sous l'influence du courant qui circule en lui, il peut entraîner une résistance; et lorsqu'il l’a déplacée, l'électricité mise en jeu pour pro- duire le courant a disparu sans échautfer le fil conducteur. L'énergie électrique est de nouveau transformée en travail. Soit À (fig. 49) la section d’un fil dans lequel passe un courant électrique, B celle d’un autre fil entraîné par une machine à vapeur À, B__& dans une direction æy: B se rappro- 3 che de À, et traverse son champ ma- st gnétique. OU L'énergie qui se dépense dans la combustion du char- bon passe, après plusieurs transformations, sous forme de movités et d’électricités dans les tiges du piston, les biel- les, etc., jusqu’à l’objet entraîné. Le circuit B possède donc une quantité d'énergie venant de la chaudière, et qui, sous forme de quantité de mouvement ou d’électricités sé- parées dans chaque atome, lui donne sa vitesse dans le champ magnétique. Ce déplacement détermine dans B un mouvement électrique. Lorsque le circuit.B est un circuit ouvert, l’action cesse aussitôt que le nouvel équilibre moléculaire est établi; les quantités de mouvement des atomes de PB lui conservent sa vitesse ; l'énergie sous cette forme ne se dépense pas; aussi, une machine électrique, dont le circuit est ouvert, tourne-t-elle sans demander à la machine à vapeur de dé- pense d'énergie autre que celle qui est nécessaire à vain- cre les frottements, ET LES FORCES PHYSIQUES 147 Quand le circuit B est fermé, le mouvement molécu- laire et la distribution des électricités qui se produisent en lui donnent naissance à un courant qui circule dans B, quelle que soit la longueur de la partie du circuit se trou- vant en dehors de la machine électrique, courant qui échauffe le fil, et peut produire en tout point du circuit un travail quelconque. Mais ce courant électrique circulant dans B crée dans l’éther un champ magnétique inverse de celui qui est produit par À. Les deux courants forment des ondes répulsives qui déterminent la formation des mo- vités, et tendent à donner aux atomes des deux circuits les quantités de mouvement qui les feraient mouvoir dans deux directions inverses. Le circuit À est fixe : quant au circuit B, il renferme une quantité de mouvement qui l’entraîne vers le circuit À, aussi l'accélération que lui donne l’in- flaence de À va-t-elle détruire la vitesse qu’il possède. Le circuit B s’arrêterait donc très rapidement si la machine à vapeur ne dépensait pas d'énergie pour lui rendre la quantité de mouvement que l'influence de ‘A lui fait per- dre. L'énergie qui apparaît sous la forme d’un courant électrique dans B ne se produit donc que sous l’action de l'énergie que la machine à vapeur dépense pour entretenir la vitesse de B. Nous appelons ce phénomène une {rans- Dr d'énergie. De même, lorsque deux courants de même sens passent dans des circuits voisins, ceux-ci s’attirent, et si l’un d’eux peut se mouvoir, il se déplace en produisant un travail correspondant à l'énergie qui se dépense à entretenir le courant électrique. Les courants électriques produisent en effet des ondes attractives qui déterminent la formation des movités, et peuvent donner aux atomes des circuits une certaine quantité de mouvement. Si l’un d’eux cède à cette action, 1l acquiert une vitesse qu'il communique aux pièces ER 148 LA MATIÈRE, L'ÉTHER de la machine auxquelles il est relié; mais les movités qui ont été formées par le champ magnétique en ont absorbé l'énergie, et le courant, ou plutôt la source d'électricité, doit dépenser un nouveau travail pour reformer le champ magnétique dans l’éther. Ainsi, par l'intermédiaire du champ magnétique et des movités qu'il produit, l'énergie du courant, sous forme de quantité de mouvement, passe dans le circuit entraîné, et de là dans les pièces du moteur électrique qui travaille. Si ce moteur n’a pas de résistance à vaincre, la vitesse du circuit P ne fait que s’accroître, et la machine peut tourner très rapidement sous l’action d’un faible courant. 79. — Un fil conducteur, enroulé en spirale autour d’un cylindre, forme ce que l’on appelle un solénoïde. Les diffé- rentes spires d’un solénoïde sont parallèles et presque nor- males aux génératrices du cylindre, et lorsqu'un courant circule dans le fil, chaque spire ajoute son action à celle de sa voisine pour envelopper le solénoïde d’un champ magnétique plus intense. Deux solénoïdes libres de leurs mouvements, et dans chacun desquels circule un courant, s’orrentent de manière à ce que leurs courants soient parallèles dans les parties les plus voisines des spires que les solénoïdes présentent l’un à l’autre. Soient À B et AB" (fig. 50) deux solénoïdes dont les extrémités À et À’ sont en communication avec un Corps électrisé positivement tandis que les extrémités B et B'com- muniquent avec une source d'électricité négative. Lorsque | _ AA’ A _ng Ne Mt B° (2) VA Fig. 50. CE ET LES FORCES PHYSIQUES 149 les solénoïdes sont dans la position (1), des courants de sens contraires circulent dans les parties des spires qui sont les plus rapprochées; 4’ B' tourne et prend la posi- tion (2). Suspendons le solénoïde À B par son centre de gravité, et venons lui présenter alternativement les extrémités A’ et B' du solénoïde 4’ B': lorsque À est en présence de À, les courants sont de sens inverses, et les extrémités de ces solénoïdes se repoussent; si 4’ est approché de B, les courants sont de même sens et s’attirent. A’ attire B et re- pousse À. Les extrémités des solénoïdes exercent donc les unes sur les autres des actions d'attraction et de répulsion. On leur a donné le nom de pôles : pôle austral et pôle boréal pour les distinguer l’un de l’autre. Les pôles de même nom se repoussent ; les pôles de noms contraires s’attirent. Quand on emploie un solénoïde, dans lequel circule un courant, pour faire naître des courants induits dans les spi- res d’autres solénoïdes non reliés à une source d’électrici- té, des pôles induits se forment dans ces solénoïdes. Un pôle qui se rapproche de l’extrémité d’un solénoïde produit un pôle de même nom et le repousse ; un pôle qui s'éloigne détermine la formation d’un pôle de nom contraire et l’at- tire. 80. — Les propriétés magnétiques des solénoïdes tra- versés par des courants électriques se retrouvent dans un minerai de fer, la pierre d’aimant. En taillant ce minerai suivant certaines règles, on peut former des barreaux dont les extrémités possèdent les mêmes propriétés que les pô- les d’un solénoïde, et produisent un champ magnétique : ce sont les pôles des aimants. Pour expliquer la formation des champs magnétiques 150 LA MATIÈRE, L'ÉTHER sous l’action des aimants, on a supposé qu'il se forme en eux un nombre considérable de petits courants électriques circulaires dont le plan est normal à la ligne des pôles (fig. 51). La résultante de tous ces CRD petits courants produit sur l'éther environ- nant le même effet que si le barreau était en- touré de spires dans lesquelles passeraient qe courants électriques. Il ne faut pas voir dans ces spires élémen- taires des courants électriques semblables à ceux qui sont produits dans un fil par une | différence de potentiel entre ses extrémités. M8: Dans un circuit traversé par un courant, les molécules transportent l'électricité qui a pris naissance sous l'effet d’une dépense de travail, et le circuit engendre de la cha- leur. Dans l’aimant, il n’y a pas de travail dépensé, aussi ne s’échauffe-t-il pas. Pendant les mouvements oscillatoires moléculaires dans les différents corps, les électricités s’inversent lorsque les molécules doivent rebrousser chemin, et aucun échange d’électricités ne se fait entre elles. Nous devons supposer que là symétrie n'existe pas dans les molécules des aimants, tant au point de vue des cohésivités qu'à celui des électri- cités, et nous représentons (fig. 52) un grou- pe de six molécules dans lesquelles l’élec- tricité positive et l'électricité négative res- tent séparées, et indépendantes de celles qui produisent les mouvements oscillatoires. Les molécules & et b viennent au contact l’une de l’autre pendant leurs oscillations, et un échange d’électricités s'opère, a cédant de l'électricité positive à bd qui lui donne en échange de l'électricité négative. Le mé- me phénomène se reproduit entre b et c, c et d, etc., chaque ET LES FORCES PHYSIQUES 151 molécule reprenant aussitôt après sa dissymétrie électri- que ; aussi un champ magnétique se forme-t-il comme s’il existait un courant électrique circulant dans les six molé- cules abcdef. Le champ magnétique produit par un aimant étant sem- blable à celui que fait naître un courant électrique circu- lant dans un solénoïde, les aimants déterminent les mêmes phénomènes d’induction que les solénoïdes. 81. — Certains corps jouissent de la propriété de deve- nir eux-mêmes des aimants lorsqu'ils sont placés dans un champ magnétique : le fer est celui dans lequel cette pro- priété est le plus développée. Il est probable qu'une dissy- métrie des molécules de fer au point de vue électrique comme au point de vue des cohésivités est la cause de ce phénomène. Dans un champ magnétique, les molécules de fer s’orientent et forment des agglomérations : la figure 52 nous en représente une. Lorsque l’action du champ magnétique cesse de se faire sentir, les molécules de fer se rassemblent et se présentent les parties qui possèdent 3 les cohésivités positives ; la symétrie électrique ÿ) se produit (fig. 53), et le champ magnétique k disparaît aussitôt. # Au contraire, lorsque le fer est combiné Fig. 53. avec l'oxygène comme dans la pierre d’aimant, ou avec le carbone comme dans l'acier, les molécules conservent leur équilibre dans les positions de la figure 02, et le barreau d’acier qui a été soumis à l’action d’un champ magnétique reste aimanté. Un champ magnéti- que différent amène un mouvement moléculaire, fait pren- dre un nouvel équilibre aux molécules d'acier, et aimante d’une autre manière le barreau d’acier déjà aimanté. La propriété du fer pur de s’aimanter et de se désai- 27, Fort 152 LA MATIÈRE, L'ÉTHER 1 manter a été utilisée pour la construction des électro-ai- mants. On enferme un cylindre de fer dans un solénoïde : le fer devient un aimant quand le courant électrique passe, et perd cette propriété quand le courant cesse. Mais le champ magnétique déterminé par cet électro-aimant est beaucoup plus puissant que celui qu’un solénoïde ou qu'un aimant de lamême grandeur produiraient. Les variations de l'intensité du courant permettent d’en régler la puissance. CEÉNPITRE VITE L'ÉTINCELLE ÉLECTRIQUE. 82. L'étincelle dans les gaz. L'arc électrique. — 83. Influen- ce de la diminution de la pression sur l'étincelle dans les gaz. — 84. Décharge dans les tubes à vide. — 65. Décharge unipolaire. — 86. Rayons X. 82. — Quand on maintient constante une différence de potentiel entre deux points d’un corps, les molécules qui sont entre ces deux points ont leurs électricités séparées par influence ; elles se mettent en marche les unes vers les autres, partagent leurs électricités, et l'électricité passe en déterminant les mouvements de va-et-vient des molécules. Ces mouvements ne peuvent s'effectuer que si les cohési- vités n’empêchent pas le contact des molécules de se pro- duire, lorsqu'il n’existe entre elles qu’une faible différence de potentiel; sinon, les molécules restent éloignées les unes des autres après avoir séparé leurs électricités, et le cou- rant ne passe pas. Si la différence de potentiel augmente, les électricités arrivent à vaincre les actions des cohésivi- tés ; les molécules se mettent en mouvement, et le courant passe. te ; ET LES FORCES PHYSIQUES 153 Lorsque le phénomène se produit dans un gaz, la rupture de l'équilibre et le passage de l'électricité sont accompa- gnés d’un phénomène lumineux que l’on nomme éfincelle électrique. Comme la chute de potentiel est très rapide, le phénomène cesse aussitôt que le courant s’est produit. L’é- tincelle ne dure que pendant un intervalle de temps très court, aussi dit-on que l’étincelle est instantanée. Si la dif- férence de potentiel se rétablit, une nouvelle étincelle se produit, etles étincelles se succèdent d'autant plus rapide- ment que la différence de potentiel se rétablit plus vite. La lumière de l’étincelle est due aux ondes de movités mélangées de cohésivités que les molécules gazeuses émet- tent. Ces ondes sont de même nature que les ondes de cha- leur rayonnante et se produisent sous l'influence des mé- mes causes (51). Lorsque l'équilibre intérieur des électrici- tés des molécules se modifie déterminant le changement de direction et de vitesse, sans qu'aucune action extérieure ait agi sur les movités produites par les molécules, ces mo- vités se détachent et se répandent dans l’espace. Quand ‘électricité est transportée par des molécules gazeuses, les cohésivités négatives, plus grandes dans les gaz que dans les autres corps, obligent les molécules à se charger à un potentiel plus élevé pour vaincre les actions des cohésivités, et venir au contact les unes des autres. Au moment où l’é- change des électricités a lieu, l'équilibre intérieur des molécules se modifie brusquement, et les ondes de movités qui entrainaient les molécules les unes vers les autres sont abandonnées, et se répandent dans l’espace. La succession rapide des ondes lancées par les différentes molécules nous donne l'impression d’une vive lumière de faible durée. La puissance et la couleur de la lumière dépendent du potentiel auxquelles les molécules échangent leurs électri- cités, des cohésivités que vainquent les électricités, et dela Ai = ANSE « 154 LA MATIÈRE, L'ÉTHER nature des molécules. Dans les divers gaz, l’étincelle prend en conséquence des caractères particuliers, et la lumière de l’étincelle donne le spectre caractéristique du gaz. Les cohésivités des molécules agissent également sur la distance des électrodes à laquelle se forme l’étincelle pour une différence de potentiel constante; on appelle viscosité électrique les propriétés spéciales que possèdent chacun des gaz, et qui les distinguent au point de vue de leur ré- sistance au passage de l’étincelle. L'aspect de l’étincelle dépend en outre de la manière dont l'influence statique est distribuée dans le gaz au mo- ment de la rupture de l'équilibre ; or cette distribution de l'influence statique provient de la forme des électrodes; celle-ci influe donc sur l’aspect que prend l’étincelle. Chacune des molécules vient au contact de la molécule voi- sine dans la direction où les cohésivités résistent le moins au rapprochement ; l'électricité suit le chemin de moindre résistance, qui peut se trouver sinueux. Lorsque l’étincelle se produit entre deux charbons, ce qui est le cas de l’arc voltaïque, les charbons rougissent, et un certain nombre de molécules de carbone se détachent des électrodes pour prendre part au transport de l'électricité. Il se produit alors un phénomène qui n’est pas sensible quand l’étincelle éclate entre des électrodes plus solides. Les molécules de carbone qui reçoivent de l'électricité po- sitive et de l'électricité négative sont soumises à l'influence des électrodes au moment où elles échangent les électrici- tés ; aussi leur reste-t-il une petite charge d'électricité né- gative dans la partie qu’elles présentent à l'électrode posi- tive, et une petite charge d'électricité positive du côté opposé, quand les cohésivités négatives les séparent. Ces électricités donnent à la molécule une vitesse dans la direc- tion de l’électrode positive. Chaque molécule conserve ET LES FORCES PHYSIQUES 155 cette vitesse jusqu’à ce qu’une autre molécule contrarie son mouvement, mais elle lui communique une partie de sa quantité de mouvement ; aussi en résulte-t-il, en dehors des autres phénomènes qui se produisent, un transport continu de carbone de l’électrode négative à l’électrode positive. L’électrode négative se creuse, tandis que l’électrode posi- tive prend la forme d’un cône. La première s’use plus ra- pidement que la seconde. 83.— Le potentiel auquel doivent être élevées les élec- trodes pour produire l’étincelle varie avec la distance qui sépare ces électrodes, et avec la pression du gaz. Plus celle- ci est forte, plus il se trouve de molécules pour transporter la même quantité d'électricité, mais en même temps, plus il y a de centres d'action des cohésivités. Les molécules qui se trouvent entre les électrodes transmettent l’influen- ce électro-statique en séparant leurs électricités; et, au moment où se rompt l'équilibre des cohésivités, où deux molécules se rejoignent, toutes les autres sont déjà prépa- rées à venir au contact les unes des autres sous la moindre influence, aussi la différence de potentiel nécessaire pour produire l’étincelle dans un gaz sous pression constante, croît-elle moins vite que la distance des électrodes. Au lieu d'augmenter la distance des électrodes en inter- posant de nouvelles couches de gaz, si nous éloignons les électrodes l’une de l’autre en conservant la même quantité de gaz, c'est-à-dire en diminuant la pression, les molécules se trouvent à des distances plus grandes les unes des au- tres, s’influencent moins fortement, et il faut une plus grande différence de potentiel pour produire l’étincelle ; aussi dit-on que les pressions faibles sont proportionnelle- ment plus résistantes. Si l'on veut faire passer l'électricité par un nombre dé- 156 LA MATIÈRE, L'ÉTHER terminé de molécules gazeuses avec une différence de potentiel minimum, ilest préférable de rapprocher les élec- trodes en augmentant la pression du gaz; mais pour pro- duire l’étincelle entre les électrodes à distance fixe, une pression plus faible que la pression atmosphérique est avantageuse si l’on ne dépasse pas toutefois certaines li- mites. Un vide parfait formerait un isolant parfait car 1l n’y aurait plus de molécules gazeuses pour transporter l'électricité d’une électrode à l’autre. 84". — Dans un tube fermé, quand la pression du gaz est faible, il n’est point nécessaire que la différence de po- tentiel soit grande pour que l’étincelle se produise, et si la source d'électricité est suffisante, les étincelles se succèdent donnant à l’œil l'impression d’une lumière continue dont le tube paraït illuminé. Lorsque les étincelles se succèdent dans un tube large, tout le tube s’illumine ; les molécules se choquent échan- geant leurs électricités en des points quelconques. Mais si le phénomène se manifeste dans un tube à parties étroites, le mouvement des molécules gazeuses ne se produit plus d'une façon quelconque, et ce mouvement se cadence. Les molécules échangent leurs électricités dans certaines tran- ches du tube, se portent vers une tranche voisine sans mo- difier leur électrisation, pour y échanger de nouveau leurs électricités avec les molécules venues d’une autre partie du tube. Les parties du tube dans lesquelles se produit un échange d’électricités s’illuminent; celles où les molécules se meuvent pour transporter l'électricité restent obscures : les stries apparaissent. Les stratifications ou stries qui ont été vues d’abord ! Voir le traité expérimental d'électricité et de magnétisme de Gordon sur la décharge dans les tubes à vide. ET LES FORCES PHYSIQUES 157 dans les parties étroites des tubes à vide peuvent se pro- duire dans les parties larges, et dans tous les tubes, si l’on interrompt le circuit extérieur de manière à lui faire pro- duire une série d’étincelles. Quand les molécules échangent leurs électricités toujours à la même place, les stries sont immobiles dans le tube; mais il peut arriver que les molé- cules qui transportent l'électricité entre deux stries allon- gent ou raccourcissent leurs parcours : la strie augmente de largeur d’un côté, diminue de l’autre, et produit l’illu- sion du déplacement de la strie. On donne à ce mouvement apparent le nom de flux. Le flux est direct ou rétrograde suivant que les stries se meuvent de l’électrode positive à l’électrode négative ou inversement. Un degré de raréfaction assez accentué est nécessaire pour que les stries se produisent dans les tubes ; et le phé- nomène se manifeste avec des particularités de plus en plus marquées à mesure que l’on pousse la raréfaction plus loin. Dans le voisinage de l’électrode positive, et lorsque le gaz est très raréfié, les molécules ont leurs électricités sé- parées par l'influence de l'électrode, et la partie de chaque molécule qui fait face à cette électrode est électrisée néga- tivement. Le mouvement que les molécules acquièrent les porte donc dans la direction de Pélectrode positive : dans le voisinage de cette électrode, les molécules se pressent, se choquent, émettent des ondes de lumière, et forment ce que l’on nomme la luminosité positive. Dans le voisinage de l’électrode négative, les molécules au contraire s’éloignent de l’électrode, et l’espace obscur se produit. 85. — À un degré de raréfaction plus grand, chacun des caractères particuliers des phénomènes s’accentue. Ceux-ci peuvent même se manifester à une seule électrode 158 LA MATIÈRE, L'ÉTHER mise en communication avec la source d'électricité ; et l’on voit alors se produire la décharge unipolaire. Celle du pôle positif donne naissance à un cône lumineux qui semble for- mé par des molécules lumineuses s’éloignant de l’électrode, et rentrant dans le cône par la pointe : les molécules gazeu- ses, qui s’éloignent de l’électrode sous l'influence de l’élec- tricité statique, tendent à y revenir sous l’action de leur quantité de mouvement, car elles ont des électricités sépa- rées, avec de l'électricité négative du côté de l’électrode. C'est le phénomène de la luminosité positive qui s’est accen- tué avec la raréfaction du gaz. La décharge unipolaire de l’électrode négative consiste dans l'éloignement rapide des molécules normalement à la surface de cette électrode. Dans le cas où l’on pousse le vide très loin, cette décharge devient la seule qui soit ap- parente, même quand les deux électrodes sont en commu- nication avec les deux pôles de la source d'électricité. Les phénomènes prennent alors les caractères qui avaient fait donner par Crookes le nom de matière radiante aux mo- lécules gazeuses restant dans les tubes. 86. — Aux pressions ordinaires, les molécules d’un gaz se repoussent mutuellement sous l’action des cohésivités négatives, en formant ce que l’on nomme la pression du gaz. Quand les molécules s’écartent les unes des autres, il arrive un moment où l’action des cohésivités négatives est compensée par l’action de la gravitation et des cohésivités positives, et où les molécules ne se repoussent plus. Lors- que la-raréfaction du gaz atteint ce degré dans les tubes auxquels aboutissent les électrodes reliées à une source électrique puissante, la décharge unipolaire de l’électrode négative se manifeste seule : les molécules gazeuses qui ont touché l’électrode négative s'en éloignent en suivant ET LES FORCES PHYSIQUES 159 une direction rectiligne normale à la surface de l’électrode. Ces molécules viennent choquer la paroi du tube qui fait face à l’électrode, et les chocs répétés des molécules gazeu- ses rendent brillante la partie du tube qui subit ce bombar- dement moléculaire. La lumière ainsi produite est due au choc des molécules gazeuses animées d'une grande vitesse, et chargées d’é- lectricité négative, contre une paroi de verre, c’est-à-dire contre un Corps mauvais conducteur de la chaleur et de l’é- lectricité. Les quantités de mouvement communiquées par les molécules gazeuses aux molécules de verre donnent à celles-ci des mouvements oscillatoires rapides avec une charge d'électricité négative. Ces mouvements oscillatoires produisent des ondes de lumière, mais cette lumière ren- ferme des ondes très courtes qui ne sont pas perceptibles à -n0s yeux : pour les distinguer des ondes formant les rayons de lumière, on les nomme rayons X. Il paraît probable que l'électricité négative des molécules gazeuses, et les cohé- sivités mises en jeu par le bombardement moléculaire don- nent aux rayons X les propriétés spéciales qui les distin- guent des rayons de lumière. Les rayons X traversent cer- tains corps qui éteignent les ondes lumineuses affectant nos sens: d’autres corps, les métaux en particulier, les arrêtent. Le verre d’urane les transforme et les allonge, de sorte que ces ondes arrivant sur le verre d’urane avec une longueur qui nous les rend invisibles, en sortent capa- bles d’affecter notre rétine. Un verre d'urane nous donne donc l’image des parties opaques et des parties transpa- rentes aux rayons X, lorsqu'un objet est interposé entre le verre d'urane et un écran de carton, celui-ci éteignant tous les rayons de lumière, et laissant passer les rayons X,. DLL - 5 160 LA MATIÈRE, L'ÉTHER CHAPITRE VIII. LA LUMIÈRE. 87. Généralités sur la lumière. — 88. Propagation de la lu- mière. — 89. Réfraction. — 90. Réflexion. 87. — La lumière et la chaleur rayonnante se forment de la même manière ; la longueur des ondes seule les dif- férencie. Nous avons expliqué (51) le mécanisme du phéno- mène de leur formation; nous devons étudier ici la façon dont les ondes lumineuses se propagent dans les différents milieux ; mais il est utile de définir auparavant toutes les propriétés que peut avoir une onde lumineuse. Les ondes lumineuses se composent de movités disposées en couches parallèles et se propageant normalement à leur plan. Pour représen- ter (fig. 54) une cou- pe dans une série d’ondes lumineuses qui se meuvent dans une direction À B, nous figurons en ha- : ché la movité positi- Fig. 54. ve, et en pointillé la movité négative. En suivant la direc- tion À B après avoir, par la pensée, immobilisé les ondes, nous trouvons successivement des points où l’éther est à l'état ordinaire, et des points où la movité possède un po- tentiel plus ou moins élevé. Le potentiel des movités est maximum au centre, et l’éther se trouve dans son état nor- mal entre chacune des tranches de movités. La propagation ne se produit pas par un déplacement de quelque chose de matériel ; c'est une série de transfor ET LES FORCES PHYSIQUES 161 mations successives de l’état de l’éther qui le fait passer par les différents états de movités que comporte une onde de lumière. La somme des épaisseurs de deux couches, successives, l’une de movité positive, et l’autre de movité négative, forme la longueur d'onde, longueur qui détermi- ne la couleur de la lumière. La lumière blanche n'est pas caractérisée par une onde de longueur spéciale. L'impression de lumière blanche nous est donnée par l’ensemble d’un minimum de deux lu- mières de couleurs différentes : celles qui, associées deux à deux, nous donnent cette impression sont dites couleurs complémentaires. Plusieurs couleurs convenablement choi- sies ainsi que l’ensemble de toutes les couleurs nous don- nent la même impression. Les ondes de lumière sont formées par les movités ; elles représentent de l'énergie, et ne disparaissent qu’en produi- sant du travail. La lumière peut déterminer des mouve- ments de molécules qui rendent généralement sous forme de chaleur rayonnante (c’est-à-dire après avoir allongé la longueur des ondes) l'énergie qu’elles ont absorbée au passage des ondes de lumière. Dans d’autres corps au contraire, les ondes passent sans être modifiées : on dit que ces corps sont {ransparents. Les ondes de lumière enveloppent momentanément les molécules des corps qu'elles traversent : les movités qui caractérisent cet état spécial de l’éther peuvent se dépla- cer pour contourner les volumes occupés par les atomes. Les movités ne sont pas matérielles, mais le jeu des movi- . tés nous fait voir la cohésion qui existe entre les différentes parties d’une onde. Celle-ci se comporte comme un tout formé d'un grand nombre de parties qui ne peuvent se sé- parer ni se mouvoir indépendamment les unes des autres; il existe quelque chose comme des filaments (25) qui réu- | 11 162 LA MATIÈRE, L'ÉTHER nissent les différentes parties d'une onde, et obligent celle- ci à se propager dans une direction normale à son plan : ce sont ces espèces de liens qui donnent aux ondes la proprié- té de déterminer sur les molécules qu'elles englobent les phénomènes qu’elles produisent. Nous verrons, en étudiant la lumière polarisée, que la lumière s'éteint lorsque ces liens ou filaments sont brisés. À Les diverses ondes de lumière doivent toutes posséder la même vitesse de propagation dans l’éther pur; mais dans les corps transparents comme l'air, l’eau, le verre, les ondes de longueurs différentes n’ont pas les mêmes vitesses de pro- pagation, et nous en étudierons les conséquences. Il ne semble pas y avoir de limites maximum et mini- mum à la longueur des ondes analogues aux ondes de lu- mière pouvant se former dans l'univers, mais notre œil ne perçoit comme lumineuses que celles dont la longueur est comprise entre certaines limites; des ondes plus longues sont des ondes de chaleur ; des ondes plus courtes, rayons actiniques, peuvent produire des décompositions chimiques, ou s’allongent en traversant un verre d'urane, rayons X, et deviennent alors lumineuses. Nous ne savons s’il existe des ondes encore plus longues ou plus courtes, car nos ins- truments ne nous en révèlent pas l'existence. La lumière blanche se compose d'ondes de longueurs différentes : ces ondes se propagent ensemble, et sont pour ainsi dire mélangées. Le résultat de ce mélange est de pro- duire sur nos yeux l'impression de la lumière blanche ; mais les ondes différentes restent parfaitement distinctes, et reprennent chacune leur individualité, lorsqu'une cause quelconque vient à les séparer. Les movités positives des unes se propagent mélangées aux movités négatives des autres, mais sans se neutraliser, Car les ondes de lumière représentent de l’énergie ; aussi ne peuvent-elles disparai- tre qu'en produisant du travail, 1. oh, LR de CS et SE à; de L > ET LES FORCES PHYSIQUES 163 Dans l'étude des phénomènes lumineux, quand nous parlerons d’un rayon de lumière et de sa longueur d'onde, nous supposerons que ce rayon est d’une seule couleur et : se trouve séparé de tous les rayons avec lesquels il se ta page généralement. 88. — Les ondes de lumière qui émanent d’un groupe d’atomes forment des sphères concentriques autour de lui, et ces ondes se propagent sans varier de longueur. Une onde émise par un groupe de molécules À (fig. 55) se trouve à un moment donné à une distance r de la molécule, et possède une longueur égale à a b. Quand elle est à la distance r”, sa longueur ab" égale ab. L’épaisseur des movités ne variant pas, leur vo- lume est proportionnel aux surfa- ces, c’est-à-dire au carré du rayon; la puissance des movités varie donc comme l'inverse du carré du rayon. Découpons dans ces ondes un cylindre À B de section constante ; la puissance de l'énergie varie dans ce cylindre comme l'inverse du carré de la distance au centre du groupe À des molécules. Pendant la propagation de la lumière, l’éther prend successivement les états de movité positive et de movité négative au passage de chaque onde, mais cet éther ne bouge pas; il ny a donc rien pouvant être comparé à quelque chose de matériel se déplaçant dans le phénomène de la propagation de la lumière. Mais sans admettre le mouvement de quelque chose de matériel, si nous suivons par la pensée un point de l'onde correspondant à une cer- taine valeur de movités, nous voyons qu'il se meut suivant 164 LA MATIÈRE, L'ÉTHER un rayon de la sphère. Au lieu de considérer un point, envisageons une section æ y; le point æ se déplace suivant À xx’, le point y suivant À yy', et la surface x y devient æ' y". Le volume engendré par une partie de l'onde pendant sa propagation est donc un cône. Chacune des parties de l'onde se meut comme si elle se propageait indépendamment de ses voisines suivant le rayon sur lequel elle se trouve; or ce rayon est normal à la surface de l'onde. Au lieu de considérer le rayon Joi- gnant l’onde à son point d'origine comme direcüon de la propagation, nous pouvons prendre, pour indiquer cette direction, la normale à un élément. Quand la surface de l'onde est sphérique, elle grandit, et, à égalité de surface, la puissance lumineuse diminue. Quand l'onde est plane, elle se propage sans variation de force, et lorsqu'elle est concave, elle se concentre et augmente d'intensité. Les ondes sont généralement convexes à l’état naturel, et on ne les rend planes ou concaves qu'avec des lentilles ou des” miroirs courbes. $ Un rayon lumineux serait à proprement parler une ligne telle que À xx suivant laquelle se propagent des ondes lumineuses ; mais une ligne n'a pas de section, elle ne peut renfermer un volume de movités, elle ne produirait pas de lumière, aussi entend-on par rayon lumineux un cylindre tel que À B dont l'axe est unrayon; et, quand on prend ce cylindre, non pas près de la source de lumière, mais à grande distance, les sections que découpent ce cylindre dans les ondes peuvent, sans erreur sensible, être consi- dérées comme planes ; elles se propagent donc dans le sens des génératrices du cylindre. Les différents corps sur lesquels tombent des rayons lu- mineux se comportent de diverses manières à leur égard. Les uns absorbent toute l'énergie des rayons lumineux, SR ET LES FORCES PHYSIQUES 165 celle-ci fait naître alors des phénomènes chimiques et ca- lorifiques, et l’on dit que le corps est opaque. D’autres absorbent seulement une partie de l'énergie lumineuse, et sont dits translucides. Les autres sont appelés transparents quand la disposition de leurs atomes est telle qu’ils n’absor- bent pas d'énergie lumineuse. Dans la nature, aucun corps n’est complètement transparent; une certaine quantité de lumière disparaît toujours en traversant un corps, mais elle est quelquefois excessivement faible. Les atomes reçoivent les impulsions des movités, en absorbent l'énergie, la gardent ou la rendent, mais en même temps, ils agissent sur l’éther par les cohésivités qui modifient l’état de l’éther et lui font transmettre les movités avec des vitesses différentes. Quand un rayon de lumière se propage dans un milieu transparent, les parties de l’onde, qui sont en contact avec les génératrices du cylindre formantrayon, sont reliées au reste de l'onde par les espèces de liens qui caractérisent l'état filamenteux des movités. Il n’est pas possible d’ad- mettre que des éléments d'ondes, des morceaux de movi- tés (si nous pouvons nous exprimer ainsi), se détachent des ondes ; ces movités ne se trouveraient plus reliées aux éléments voisins, ne produiraient pas de lumière, etle rayon seul resterait lumineux. Que le rayon lumineux perde ou ne perde pas accidentellement une partie de son énergie, il conserve sa forme; aussi les objets interceptant une par- tie des rayons d’un faisceau lumineux forment-ils des om- bres nettes. 89. — Une onde de lumière se propage normalement à son plan ; aussi, quand une cause vient modifier la direction du plan des ondes, le rayon de lumière doit-il changer de route. 166 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Soit À B (fig 56) un rayon de lumière de longueur d'onde égale à a c qui passe du mi- lieu M dans le milieu A, æy étant la surface qui sé- pare ces deux corps. Soit v la vitesse de propagation dans le milieu AZ, et v’ la vitesse dans le milieu AN. © > v'. Pendant qu'un point b dans le milieu M parcourt le chemin be égal à unelon- gueur d'onde, le point a vient en un point f tel que I EURE DB en h. eh =fg = af. Sile rayon À B continuait à se propager ainsi, il se dé- placerait avec des ondes dont le plan serait oblique sur la direction de la trajectoi- re, aussi change-t-il de direction en pénétrant ‘ dans le milieu AN. Ce phénomène a reçu le nom de réfraction. Pendant que l'onde ab passe du milieu M dans le milieu N (fig. 57), les divers éléments de a b sont arrivés SUCCESSive- ment sur æy et sont pas- sés dans le milieu A. Quand b arrive en e, a est en f, et l'onde ab s’est reconstituée suivant fe; mais Fig. 56. af v', r a une valeur réelle et inférieure à celle de 2; le rayon réfracté est toujours transmis, et se rappro- che de la normale à la surface de séparation des milieux. Quand © = v', sinr — sini, le rayon n’est pas dévié. Lorsque v sini, le rayon réfracté s’écarte de la normale. Encore faut-il que v' sin soit plus petit que ©. Quand v° sin à = v, “nr =1:r—90%'le rayon réfracté serait tangent à la surface de séparation. Lorsque »' sini>v, la”valeur de 7 est ima- ginaire. Un phénomène phy- sique spécial corres- pond à chacun deces résultats mathémati- ques. Pendant que l’élé- ment d'onde se trou- vantencvadecena dans le milieu M (fig. 58), l’élément en b parcourt une dis- Fig. 58. ET LES FORCES PHYSIQUES 169 v sin T = + le tance plus grande b d par exemple: RES rayon est réfracté. FA Quand la vitesse v’ est telle que b va de b en e pendant que c va de c en a, — 90°. Sur notre dessin, ea repré- sente l'onde formée; mais si nous figurons les positions des divers éléments de cette onde au fur et à mesure que les différents points de b c arrivent sur æy, nous voyons que Cha- cun des éléments b6, 88’, 86” (fig. 59) produit des éléments d'ondes a, æ', a qui tous se propagent sui- vant æYy, aussi ne se forme-t-il pas d’onde proprement dite ; jil n’y a pas de rayon réfracté ; le rayon ne passe pas dans le milieu M. Lorsque la vitesse v’ de la lumière dans le milieu NV est encore plus grande, le point b va en f (fig. 58), par exem- ple, pendant que c va en a. La direction f f” indique que l’onde au lieu de continuer à se propager dans le milieù N va rentrer dans le milieu M. Les différentes parties de l’onde bc n’attendent pas d’a- voir formé af pour pénétrer de nouveau dans le milieu M, et chaque élément d’on- de, prenant à sa sor- tie de M une direction oblique sur æy, ren- tre aussitôt. He Chacun des élé- ments de bc (fig. 60) prend donc une direction nouvelle (D) sin i ? Fig. 59. 170 LA MATIÈRE; L'ÉTHER dans le milieu M; or l’onde s’y propage avec la même vitesse v que précédemment; aussi pendant que « vient sur æy, b est venu en un point à tel que b3—x8. De même, quand «’, 4” sont arrivés sur æY, l'onde a pris les positions 82", 8"2"". Après avoir changé de route, l'onde bc est venue occuper la position a d. Or les triangles abc, a b d sont rectangles, ont l'hypothénuse commune, et ac — b d'; ils sont égaux, ont des angles égaux; aussi l’angle de réflexion du rayon À B sur æy est-il égal à l'angle d’in- cidence. Le phénomène de la réflexion totale est donc dû à ce que les ondes ne peuvent se propager qu'en rentrant dans le premier milieu; l'égalité des angles d'incidence et de réflexion a pour cause la constance de la vitesse de la lumière continuant à se propager dans le même milieu. 90. — Le rayon lumineux n’est pas réfracté, mais est réfléchi quand il devrait être transmis dans une direction parallèle à æy (fig. 59); car les movités qui forment les ondes de lumière ne peuvent pas subir toutes espèces de déformations. Un phénomène analogue produit la réflexion de la lumière dans les conditions ordinaires, quand elle vient frapper un corps à surface polie : la vitesse de pro- pagation reste constante, aussi l’angle de réflexion est-il égal à l’angle d'incidence. Pendant leur propagation, les movités trouvent des ré- sistances variables suivant la manière dont l’éther est influencé par les atomes. Lês molécules d’un corps peuvent être des polyèdres beaucoup plus résistants à la propaga- tion des movités que l’éther environnant, et s'ils présen- tent leurs faces homologues sur un même plan, ils forment une couche que les movités traversent difficilement. Dans ce cas, la matière qui reçoit l'énergie des movités la rend immédiatement, et chaque molécule produit un élément ET LES FORCES PHYSIQUES 171 d'onde semblable à celui qu’elle vient de recevoir. À mesure que chacun des points de ac (fig. 61) arrive sur æy, il concourt à former une onde analo- gue à ac, et quand c arrive en b, la movité partie de a est quelque part en d, à une distance de a, ad = bc. ac est venu en d b et la lumière est réfléchie. Le phénomène de la réflexion a pour cause la nature de la surface, et non la composition du milieu qui se trouve derrière cette surface. Lorsqu'un rayon de lumière traverse une lame d’un corps transparent, les surfaces réfléchissent toujours quelques ondes. Quand un rayon de lumière tombe, non point sur une surface plane, mais sur un ensemble de nombreu- ses petites surfaces ne se trouvant pas dans le même plan, comme la surface d’un corps ordinaire, une partie de la lumière peut disparaître à l’intérieur du corps, et le reste est réfléchi dans toutes les directions; le rayon incident est alors pour ainsi dire morcelé, et forme ce que l’on nom- me de la lumière diffuse. Les surfaces réfléchissantes agissent sur les ondes de chaleur rayonnante comme sur celles de lumière : les vases en métal à surfaces polies laissent aussi difficilement sor- tir la chaleur qu’ils la laissent pénétrer. Fig. 61. 172 LA MATIÈRE, L'ÉTHER CHAPITRE IX. LUMIÈRE POLARISÉE. 91. Lumière polarisée. — 92. Phénomènes d'interférence. — 93. Double réfraction. — 94. Polarisation par réflexion. — 95. Extinction d'un rayon polarisé. — 96. Polarisa- tion rotatoire. — 97. Rotation magnétique de la lumière. 91. — Lorsqu'un rayon de lumière passe au travers d’un grillage composé de barreaux parallèles, ceux-ci forment des ombres sur un écran placé pour recevoir le rayon lu- mineux ayant traversé le grillage. Soit À B une section dans le grillage (fig. 62), ‘et PQ l'écran. Le rayon de lumière prend l'aspect qu’indique la fi- gure. Chacune des tranches a b, cd, ef, du rayon de lumière est séparée de sa voisine par PVR | d un espace dans lequel il n’y a Lex E at pas de movités. Elles ont perdu bee le contact avec leurs’ voisines, et les éléments des movités de l'une n'agissent plus sur ceux Fig. 62. d'une autreïpar les espèces de pseudo-filaments qui caractérisent les movités. Augmen- tons par la pensée le nombre des barreaux du grillage À B en réduisant leur section : les espaces obscurs et les espa- ces éclairés"diminuent de largeur sur l'écran PQ, et il arrive un moment où l'œil ne les distingue plus les uns des autres. Le rayon lumineux est cependant composé de tran- ches plus étroites que précédemment, mais elles sont sépa- rées comme avant par des espaces obscurs, et les barreaux ET LES FORCES PHYSIQUES 15 du grillage ont rompu les pseudo-filaments des movités suivant des plans parallèles. Quand la lumière traverse certains corps spéciaux, les cristaux biréfringents par exemple, les pseudo-filaments des movités se trouvent rompus dans des plans parallèles par les molécules du cristal: autrement dit, les movités perdent dans ces plans une partie de leurs propriétés. On dit alors que la lumière est polürisée, et on appelle plan de polarisation le plan parallèle à ceux suivant les- quels les pseudo-filaments des movités ont été rompus. Pour expliquer ce phénomène avec la théorie des vibra- tons, il a fallu dire que les vibrations transversales de l'éther sont orientées dans des plans parallèles au plan de polarisation, expression impropre pour rendre compte du phénomène. Lorsque la lumière est polarisée par un cristal biréfrin- gent, les deux rayons qui sortent du cristal sont polarisés tous les deux, mais leurs plans de polarisation sont per- pendiculaires l’un à l’autre. Dans les phénomènes molécu- laires qui produisent la polarisation, il n’y a pas, à propre- ment parler, destruction des pseudo-filaments produite comme elle le serait par un grillage; mais les movités ne se propagent qu'avec les pseudo-filaments parallèles au plan de polarisation, et chacun des deux rayons renferme la moitié de l'énergie. du rayon générateur. Dans un rayon de lumière polarisée qui se propage dans l'espace, traverse des corps transparents, est réfléchi, ré- fracté, etc., les divers éléments des ondes séparés les uns des autres au moment où la lumière a été polarisée, repren- nent contact comme si les pseudo-filaments se ressoudaient les uns aux autres, et, après avoir cheminé assez long- temps, la lumière cesse d’être polarisée. Pour que ce phé- nomène ait lieu, 1l faut que les éléments des movités de même signe se trouvent côte à côte. 174 LA MATIÈRE, L'ÉTHER 92. — Quand, au contraire, on rassemble deux rayons polarisés de manière à ce que l’un d’eux soit en avance sur l’autre d’une demi-longueur d'onde, les movités positives de l'un cheminent avec les movités négatives de l’autre. Les divers éléments des movités tendent à se souder, et, au moment où ces rayons arrivent ensemble sur un écran, les movités négatives et les movités positives se neutralisent mutuellement : la lumière s'éteint. On dit qu’il y a interfé- rence des rayons lumineux. Les phénomènes d'interférence ne se produisent qu'avec la lumière polarisée. 93. -- Un rayon lumineux qui arrive obliquement sur la surface d'un corps transparent est réfracté lorsque sa vi- tesse de propagation dans ce nouveau corps est différente de celle qu'il possédait dans le corps qu'il quitte. La varia- tion de la vitesse est due à l’état que donnent à l’éther les actions des cohésivités des molécules. Ces actions varient avec la nature des corps; aussi, autour d’une molécule, l'état de l’éther diffère-t-il suivant que l’on considère les points d'action de la cohésivité positive ou de la cohésivité négative; mais si l’on prend l’ensemble des résistances trouvées dans une direction, on voit que, dans les corps amorphes, la vitesse de propagation de la lumière est la même dans toutes les directions. Dans les corps cristallisés, la manière dont se placent les molécules est due à leurs cohésivités qui sont sembla- blement, mais non pas uniformément disposées ; et de mé- me qu'il y a dans les cristaux des directions de plus ou moins grande dureté, il s’y trouve des directions dans les- quelles l’éther permet une propagation plus ou moins rapide de la lumière. Or, si l’on prend dans des directions différen- tes, autour d’un point considéré comme centre d’un cristal, des longueurs proportionnelles au chemin parcouru dans le ET LES FORCES PHYSIQUES 175 même temps par une onde, on peut former, suivant la na- ture du cristal, soit une sphère, soit un ellipsoïde de révo- lution, soit un ellipsoïde à trois axes inégaux. On ne forme la sphère que dans les cristaux du système cubique ou les corps amorphes,; dans tous les autres cristaux, il n'y a jamais trois directions perpendiculaires deux à deux que l’on puisse considérer comme identiques; la surface d’é- gale vitesse de propagation est donc un ellipsoïde. Les movités ou éléments d'une onde ne se dispersent pas en changeant de milieu, parce que chacune des parties des movités n’est pas indépendante de ses voisines ; elles se déplacent au contraire parallèlement sous l’action de leurs états spéciaux, leurs pseudo-filaments, qui les main- tiennent les unes à côté des autres. Soit À B (fig. 63), un rayon de lumière tombant sur la surface æ1y qui sépare le milieu A7 du milieu N. Soit a b une onde, et bc la longueur d'onde. Supposons pour un instant que les différents éléments de l’onde ab, à me- sure qu'ilsarriventsur Ho ac, produisent eux- mêmes une onde sphérique. Quand b arriverait enc, les divers éléments ayant passé par les points 4, a, 4", #”, au- raient formé des sphères dont les rayons seraient a d, ak, «"B",«" 6"; or toutes ces sphères ont un plan tangent com- mun dont la trace est dc: le plan mené suivant dc serait composé d’un nombre considérable d'éléments de movités émis par ac, et se propageant dans la même direction; mais sur toute autre ligne, nous trouverions des éléments 176 LA MATIÈRE, L'ÉTHER d'ondes se propageant dans tous les sens sans aucune liai- son entre eux. Il ne s’en propage pas ainsi, et il n’y a onde à proprement parler que suivant dc. L’onde dc commence à se former aussitôt que a pénètre dans le milieu W; l'onde d c grandit au fur et à mesure que les différents élé- ments de ab arrivent sur æy, mais elle continue son mouve- ment comme si les parties 8 f, &°&", s’ajoutaient successi- vement et indépendamment. Dans cette onde, les rayons a d, a6,«"8", qu'ont suivis les différents éléments, sont perpendiculaires à cd. Une onde se meut d’un seul bloc, et normalement à son plan. Admettons maintenant que dans le milieu V, la surface d'égale vitesse de propagation de la lumière soit celle d’un ellipsoïde de révolution dont le grand axe, normal à la surfa- ce æ y, est l’axe de révolution (fig. 64). Nous supposons com- me précédemment que les dif- férents éléments de ab émettent chacun un ellipsoïde de movi- tés, au fur et à mesure qu'ils arrivent sur ac. Soient aa et &’&" les grands axes de deux de ces ellipsoïdes. Nous pou- vons mener par le point c un plan tangent à tous ces ellipsoï- des, et le plan c d se trouve composé d'éléments semblables de movités pris dans les divers ellipsoïdes. Mais ici nous remarquons une anomalie : l'élément du plan cd, quiest en d, est parti du point a ; or la direction ad n'est pas normale au plan e d. L’onde cd ne pouvant pas se mouvoir dans une direction autre que celle de sa normale, il doit se produire un phénomène particulier. Nous avons déjà vu (14), en étudiant l'attraction des corps, qu'il tend à s'opérer dans une onde une espèce de Fig. 64. ET LES FORCES PHYSIQUES LT brisement des movités, lorsque, par suite des actions de l’é- ther, l’onde est obligée de se propager dans une direction qui n’est pas normale à sa surface. Les éléments de dc tendent de même, en chacun des points de tangence avec un ellipsoïde, à se séparer de leurs voisins pour se placer dans un plan perpendiculaire à la direction ad. L'onde dc se décompose donc, sous l'influence des cohésivités qui déter- minent l’état cristallin du corps, en une série de tranches élé- mentaires «, 6, y, à, etc. (fig. 69), ayant une grandeur dans la direction normale au plan de la figure, mais n'en ayant pour ainsi dire pas dans la di- rection dc. Lerayon À B s’est polarisé en pénétrant dans le milieu AN. Dans l'onde dc, il n'y à peut-être pas rupture maté- rielle des ondes, mais il n'y a pas transmission de ce qui forme les propriétés de la lumière, des pseudo-filaments se trouvant dans les plans parallèles au plan de la figure ; il n’y a donc en réalité qu’une partie de la lumière dans l'onde dc. Le reste a été trans- mis dans une autre di- rection. La tendance des ondes à se mouvoir normale- Fig. 66: ment à leur surface dé- termine la polarisation de l’onde (fig. 66) qui se meut sui- 12 Fig. 65. 178 LA MATIÈRE, L'ÉTHER vant ad. Les pseudo-filaments parallèles au plan de la figure, n'étant pas influencés par la forme des ellipsoïdes, peuvent se mouvoir normalement au plan de l'onde qu'ils forment, c’est-à-dire suivant a e. Le rayon À se divise donc en deux rayons réfractés, polarisés à angle droit, pour se propager suivant À a B et À a C, produisant ainsi le phé- nomène de la double réfraction. Les deux rayons À B et AC ainsi formés coupent en « et yà le plan représenté au bas de la figure 67. ae et y à sont les traces des plans de polarisation qui sont perpendiculaires entre eux. Notre œil ne distingue pas le rayon À B du rayon AC; il constate seulement qu’un rayon de lumière en- trant dans certains cristaux s’y dédouble et qu’il en sort deux rayons : les cristaux qui produisent ce phénomène sont appelés biréfringents. Dans les deux rayons, a d et a e représentent les vites- ses de propagation des rayons polarisés dans le milieu NV, ad'> ae. bc représente la vitesse de la lumière dans le milieu M. Or, si v est la vitesse dans Z, v' la vitesse de À B dans N, vla vitesse de AC dans N, à, r'r'' les angles des rayons avec la normale à æy, les deux triangles abc et ae c donnent sin 1 U : . ——, = —; = constante. C’est La loi de Descartes. Sin T U ET LES FORCES PHYSIQUES 179 Le triangle a dc n’est pas rectangle ; le rayon À B ne suit pas la même loi, aussi a-t-on appelé le rayon À C rayon ordinaire, et le rayon À B rayon extraordinaire. Lerayon extraordinaire s’est rapproché de l'axe du cris- tal ou de la normale à la surface æ y, et il en est toujours plus près que le rayon ordinaire tant que le grand axe de l’ellipsoïde est l’axe de révolution. Mais si celui-ci, a k, se trouve être le petit axe (fig. 68), la normale ae à l'onde est plus rapprochée de ak que ne l'est le rayon vec- teur ad. Dans ce cas le rayon À B se rap- proche moins de la normale que le rayon AC. Le rayon extraordinaire semble donc soit attiré soit re- poussé par la normale à la surface, ou par l’axe du cristal, par rapport au rayon ordinaire; aussi ces cristaux ont-ils été appelés cristaux attractifs et cristaux répulsifs. La double réfraction, et, par conséquent, l'attraction et la répulsion du rayon extraordinaire sont produites par l'état de l’éther dans le cristal ; or cet état peut être tel que l'ellipsoïde d’égale vitesse de propagation ne soit pas le même pour les ondes de différentes longueurs; aussi quel- ques cristaux sont-ils attractifs pour certains rayons et ré- pulsifs pour d’autres. Lorsque l’ellipsoïde a trois axes inégaux, les deux rayons sont extraordinaires. Cependant, dans le cas particulier où le rayon incident, la normale à la surface, et un des axes de l’ellipsoïde sont dans le même plan, un des rayons suit la loi de Descartes. N a 2 16e HA) à L Fig. 68. 180 LA MATIÈRE, L'ÉTHER 94. — La lumière tombant sur la face polie d’un corps est partiellement ou complètement réfléchie, suivant que le corps est trans- parent ou ne l’est pas. Le rayon 4 B vient tomber sur M 0) la surface æy ÿ sp (fig. 69) d’un DC 6° de corps transpa- rent NV. La figu- 4 re représente quelque chose d’analogue à ce Fig. 69. que peut être la disposition des molécules dans ce corps. Le corps AN étant transparent, le rayon À B devrait être simplement réfrac- té; mais, sans savoir exactement ce qui se passe sur la surface æy, nous constatons qu'un certain nombre de mo- lécules se trouvent sur le chemin des ondes lumineuses, et que, plus l’inclinaison augmente, plus les molécules de la surface semblent devoir intercepter le rayon et produire la réflexion, il arrive donc qu'un rayon lumineux, frappant la surface d’un corps transparent, est en partie réfracté et en partie réfléchi. Entre les couches de molécules se trou- vent des espaces d’éther où les ondes rencontrent une ré- sistance moins grande que celle qui est créée par les mo- lécules. Comme dans les cristaux biréfringents, l’énergie lumineuse se divise en deux parties : les pseudo-filaments des movités de l'onde dans le plan de la figure et dans les plans parallèles passent entre les molécules, et produisent un rayon réfracté. Ceux qui se trouvent dans une direc- tion perpendiculaire à la première forment un rayon réflé- ET LES FORCES PHYSIQUES 181 chi; mais ces deux rayons ne contiennent chacun de pseu- do-filaments que dans une direction : ce sont deux rayons polarisés à angle droit. Le rayon réfracté est polarisé dans le plan de la figure, le rayon réfléchi est polarisé dans un plan perpendiculaire. Le rayon À B ne se partage exactement entre deux rayons complètement polarisés que dans certaines condi- tions (inclinaison et nature du corps),en dehors desquelles l’un des rayons, réfléchi ou réfracté, renferme plus de lu- mière que l’autre et n’est qu'en partie polarisé. L'autre, plus faible, est complètement polarisé. Les cristaux ne sont pas les seuls corps qui puissent produire de la lumière polarisée. Si l’on comprime un morceau de verre, on lui donne un axe suivant lequel les réactions des molécules deviennent différentes ; le morceau de verre prend alors les propriétés des cristaux biréfrin- gents et fournit deux rayons de lumière polarisée. En gé- néral, les corps amorphes transparents prennent certaines propriétés des cristaux quand on les soumet à des actions mécaniques. Les corps transparents situésentre deux corps conducteurs électrisés de signes différents subissent égale- ment des déformations qui leur donnent un axe optique et en font des cristaux biréfringents. L'influence électrique amène une séparation des électricités et une réaction des cohésivités qui produisent un état spécial de l’éther agissant sur la lumière ; le diélectrique agit alors comme un cristal dont l’axe est dirigé suivant la ligne des électrodes. La présence de la matière entre les électrodes est nécessaire pour produire cet effet : si le rayon de lumière traverse un liquide dans lequel circule un courant, ce liquide remplit le rôle de cristal biréfringent ; mais si le rayon de lumière passe dans un tube où le vide est poussé très loin, il n’y a plus d'action produite. 182 LA MATIÈRE, L'ÉTHER 95. — Dans un cristal biréfringent, un rayon de lumiè- re polarisée suit le chemin du rayon ordinaire ou du rayon extraordinaire selon la direction de son plan de polari- sation. Soit À B un rayon de lumière qui tombe sur un cristal biréfringent (fig. 70): BO est l’un des rayons réfractés, BE est l’au- tre. Ils sont polarisés tous Les deux. Dans le rayon À B, les pseudo-fila- ments des movités sont orientés dans toutes les directions ; au con- traire, les rayons BE et BO ne possèdent plus que les pseudo-fila- ments parallèles aux plans de pola- risation. Nous pouvons concevoir que ces pseudo-filaments per- pendiculaires entre eux soient virtuellement séparés dans le rayon À B : nous comparons donc le rayon À B à l’en- semble des rayons BO et BE suivant le même chemin AB, tout en restant indépendants l’un de l’autre. En B, ces deux rayons ne subissent pas de la même manière l’influen- ce du milieu Ÿ, et l’un d'eux se propage en BO, l’autre en BE. Lorsque le rayon À B est lui-même polarisé, et quand son plan de polarisation est parallèle à celui de:BO, le rayon se propage en BO, et aucune lumière ne ‘suit le chemin B£Æ. Inversement, quand le rayon À B est pola- risé comme BE, il suit le chemin A BF, et il ne passe pas de lumière en B O. Si l’on dispose en conséquence un cristal biréfringent de manière à ce que l’un des rayons se perde contre les parois noircies de la monture du cristal, et que l’autre seul puisse sortir, ce cristal permet de dis- tinguer un rayon polarisé d’un rayon qui ne l’est pas. à ET LES FORCES PHYSIQUES 183 En effet, un rayon de lumière sort toujours du cristal qu'il traverse, même quand on fait tourner celui-ci autour de son axe, si ce rayon de lumière n'est point polarisé avant son entrée dans le cristal. Lorsque le rayon incident est polarisé, il sort sans modification quand le cristal est présenté d’une certaine manière; mais la lumière s’éteint si ce cristal tourne de 90°, le rayon polarisé étant alors obligé de suivre le trajet du rayon qui se perd contre les faces noircies de la monture. 96. — Un cristal ainsi disposé peut servir à polariser de la lumière ; on lui donne le nom de polariseur. Un cris- tal semblable recevant de la lumière polarisée la transmet ou l’éteint suivant sa position, et permet de reconnaître quand un rayon de lumière est polarisé, et quel est son plan de polarisation ; on le nomme analyseur. Un rayon de lumière traversant un polariseur et un ana- lyseur placés à angle droit disparaît donc ; mais si l’on vient à interposer certaines substances entre ces cristaux, la lumière reparaît à la sortie de l’analyseur, et il faut, pour l’éteindre de nouveau, tourner l’analyseur d’un certain an- gle. Le plan de polarisation de la lumière, au moment où le rayon entre dans l’analyseur, n’est donc plus le même que le plan de polarisation de la lumière à sa sortie du po- lariseur ; la substance interposée l’a dévié. On dit que le plan de polarisation a tourné, et l’on appelle ce phénomène polarisation rotatoire. Un certain nombre de corps organiques, et de cristaux à l’état solide, à l’état liquide, ou à l’état de dissolution, ont la propriété de faire tourner le plan de polarisation de la lumière. Quand les corps qui dévient le plan de polari- sation de la lumière cristallisent, on reconnaît que les cris- taux formés sont hémiédriques. L’hémiédrie des cristaux 184 LA MATIÈRE, L'ÉTHER ç | est déterminée par la formation de faces non symétriques par rapport aux axes; or ces faces ne se forment que parce que la disposition des cohésivités les fait former. Autour d’une molécule cristalline hémiédrique, les réac- tions de l’éther ne doivent donc pas ètre semblables en tous les points. Tandis qu’au milieu de molécules cristalli- nes symétriques, l’éther éprouve les mêmes réactions dans des directions parallèles, aussi bien à la partie supérieure qu’à la partie inférieure de chaque molécule, il arrive au contraire qu’au milieu de molécules cristallines hémiédri- ques un défaut de symétrie se produit dans les actions des cohésivités et les réactions de l’éther. Toutes les faces n'étant pas symétriques par rapport aux axes, la direction dans laquelle les réactions se trouvent être les mêmes peut tourner en hélice autour des molécules. Quand un corps est en dissolution, les molécules restent formées, les cohésivités n’ont généralement pas la même distribution qu'au moment où le corps est à l’état solide; mais ces cohésivités qui déterminent la forme de l'édifice moléculaire ne sont qu’en partie atteintes, et les réactions des éléments des ondes lumineuses sur les faces peuvent ne pas être sensiblement modifiées. Pour ce qui est des corps organiques liquides qui nous paraissent homogènes, la chimie nous apprend que leurs molécules sont composées de carbures d'hydrogène, qu'el- les sont formées de radicaux divers, et ne sont donc pas composées de plusieurs groupements semblables d’atomes. Ces molécules ne sont pas symétriques, et font tourner le plan de polarisation. Quand un rayon de lumière est polarisé, les ondes de movités ont leurs pseudo-filaments brisés, et ont perdu toutes leurs propriétés dans une direction; elles ne les pos- sèdent plus que dans le plan de polarisation. ET LES FORCES PHYSIQUES 185 Soient À et B (fig. 71), deux rayons de lumière polari- sés à angle droit: ces deux rayons se propagent dans une direction normale au plan de la figure qui nous représente le B plan ou la surface d’une onde. Fig. 71. Dans le rayon À, les différentes tran- ches a, b, c, d, e, se meuvent parallèle- ment, mais n'exercent plus de réaction les unes sur les autres; dans chacune de ces ondes, l’énergie ne se fait sentir que dans un sens, mais il y a quand même de l’é- nergie dans l’onde, et les filaments peuvent être changés de direction. Ce fait est mis en évidence par le passage d’un rayon po- larisé au travers d’un cristal biréfringent. Quand son plan de polarisation fait un angle de tt . rs 45° avec celui d’un rayon réfracté, sue 7/1 le rayon se dédouble. Représentons en À (fig. 72) un JA" À rayon polarisé qui se dédouble en deux rayons À’ A”. Les deux Fig. 72. A'et A” se partagent l'énergie de À, mais nous voyons que l'énergie de À’ est prise dans À par des sectionnements faits dans les ondes. Une tranche de À’se compose de l'énergie prise dans les parties &, b, c, d, en «, 6, y, à; il faut donc que les réactions molécu- laires qui sectionnent de nouveau l'onde À soudent pour ainsi dire les parties à, 8, y, à, ou plutôt ce qui passe de ces parties dans À”. . Le phénomène à lieu de même pour A”, et les plans de polarisation de À’ et A” sont différents de celui de À. Les couches de movités d’un rayon polarisé sont donc suscepübles elles-mêmes d’être sectionnées et d’avoir leurs éléments soudés à ceux des couches voisines, 186 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Soit À un rayon de lumière polarisée (fig. 73) se propa- geant normalement au plan de la figure. Dans les tranches de ce rayon, séparons des morceaux 0, 8, y, et faisons les tourner autour de leur centre pour les réunir en une seule couche a b. Si nous fai- sons subir la même opération à un nombre considérable d'éléments tels que «, B, y, nous voyons que le Fig. 73. rayon À sera encore polarisé, mais son plan de polarisation aura tourné. Il est possible d’admet- tre que cette opération soit produite par les actions des molécules sur les movités : les éléments tels que «, 6, suivent des couches où l’éther se trouve dans le même état, et si ces couches tournent autour d’une molécule, les éléments tels que «, 8, pivotent également, peuvent se souder, et le plan de polarisation de la lumière à tourné. Supposons, par exemple, qu’un élément « d’une section d'onde polarisée tombe sur la molécule À (fig. 74), suive la face p et subisse, de la part de l’éther modifié par p, une action différente de celle qu’elle subit de la part de l’éther modifié par les autres faces. Cet élément tend à contourner la molécule pour se trouver dans la même position par rap- port à la face p' à la partie inférieure du cristal ; mais l'élément n’est plus alors dans le même plan : il a tourné. Dans un cristal tel que À, les faces semblables font en- tre elles des angles assez grands. Si le plan de polarisa- tion de la lumière suivait exactement les faces des molécu- les cristallines, il tournerait de plusieurs fois 360° dans une ee D mg D ET LES FORCES PHYSIQUES 187 lame de faible épaisseur. Cela n’a pas lieu: une molécule ne donne qu’une impulsion élémentaire à chaque onde qui passe, mais cela suffit pour que la rotation du plan soit sensible. Pour un même corps, l'angle de rotation du plan de po- larisation est donc proportionnel au nombre de molécules que le rayon de lumière rencontre, c’est-à-dire à l’épais- seur du corps traversé. Si le rayon passe dans une disso- lution, l’angle de rotation varie avec le degré de concentra- tion de la dissolution. Quand le rayon ainsi dévié est réfléchi et repasse en sens inverse dans le même corps, la déviation a lieu en sens inverse, et le plan de polarisation est ramené à sa position première. Les cristaux qui dévient le plan de polarisation à droite sont appelés dextrogyres ; ceux qui le dévient à gauche portent le nom de lévogyres. Les différentes ondes de lumière ne tournent pas toujours toutes du même angle, et quand un‘rayon de lumière blan- che polarisée a traversé certains corps, l’analyseur ne peut plus éteindre toutes les couleurs à la fois. Suivant la posi- tion de l’analyseur, certains rayons sont transmis, et le corps semble avoir telle ou telle coloration. 97. —- Les corps ordinaires transparents peuvent égale- ment faire tourner le plan de polarisation de la lumière quand ils sont soumis à une influence magnétique. Ce phé- nomène, appelé rotation magnétique de la lumière, a été découvert par Faraday. ue On place un morceau de TT) L' verre V (fig. 75) entre deux électro-aimants À et B. Ces électro-aimants sont percés pour permettre le passage de la lumière. Lorsque Fig. 75. 188 LA MATIÈRE, L'ÉTHER les électro-aimants sont excités, le plan de polarisation du rayon Z L' qui traverse le verre se trouve dévié. D’une façon générale, tout corps placé dans un champ magnétique fait tourner le plan de polarisation de la lumière qui le tra- verse, mais la grandeur de la rotation varie avec la posi- tion du corps dans le champ magnétique. Un rayon de lumière polarisée passant devant le pôle d’un aimant À en suivant la direction æy (fig. 76) tra- verse un morceau de verre occupant successivement les positions a, b, c, d. Le plan de polarisation a des dévia- tions inverses en a et b et n’est pas dévié en c et en d, le plan de polarisation étant horizontal. La présence du corps est indispensable : ce n’est donc pas l’influence magnétique produite sur l’éther qui agit sur la lumière, mais la matière soumise à cette influence et ayant acquis l’état dans lequel le magnétisme la met. D'une façon générale, la lumière se meut parallèlement aux lignes de force ; or les lignes de force sont normales aux sections élémentaires produisant le magnétisme ou étant influencées par le magnétisme. 4 Représentons par À (fig. 77) cette sec- @ 14 tion élémentaire avec les molécules in Ÿ fluencées par le magnétisme. Dans un grou- D € pement de molécules du corps influencé, Fig. T7. des groupes tels que À sont superposés les uns aux autres, et nous pouvons représenter un édifice de molécules par un ensemble de disques À. Les influences de À sur l’éther environnant peuvent être assimilées à celles d’un cristal hémiédrique, les faces homologues tournant d’une façon ss ET LES FORCES PHYSIQUES 189 constante dans le même sens ; aussi la rotation du plan de polarisation se produit-elle au travers des groupes tels que À de la même façon qu'entre les cristaux hémiédriques. Quel que soit le sens de la propagation du rayon, pourvu qu'il soit normal au disque À, la rotation se fait de la même manière; aussi, lorsqu'un rayon lumineux, après avoir traversé un corps soumis à l’action magnétique, est réfléchi et traverse de nouveau le corps en sens inverse, l'angle dont il est dévié se trouve doublé. La rotation de la lumière varie donc avec la manière dont les molécules sont influencées par le magnétisme ; les mo- lécules des différents corps le sont plus ou moins, et l’on a des effets divers suivant l’état magnétique des corps. Quand le rayon de lumière polarisée est réfléchi par la surface d’un aimant, le rayon de lumière est dévié en tra- versant le gaz auprès de l’aimant, et l’est également par les molécules du corps magnétique au moment où s'opère la réaction qui produit la réflexion. CHAPITRE X. SPECTROSCOPIE. 98. Formation d'un spectre par un prisme. — 99. Forma- tion d’un spectre par un réseau. — 100. Bandes obscu- res. — 101. Raïes des différents corps. 98. — L'ensemble des couleurs, c’est-à-dire l’ensemble des rayons de différentes longueurs d’onde arrivant à côté les uns des autres se disperser sur un écran, forme ce qu’on appelle un spectre. Du violet au rouge, la longueur d'onde va en augmentant. 190 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Lorsqu'un rayon de lumière tombe obliquement sur la surface d’un corps transparent et pénètre dans ce corps, il prend une nouvelle direction si sa vitesse de propaga- tion y est différente. C’est le phénomène de la réfrac- tion, que nous avons étudié plus haut. Or, si les ondes des différentes couleurs ont toutes la même vitesse de pro- pagation dans les espaces interplanétaires, elles ne l’ont pas dans les corps transparents, et un rayon de lumière blanche, en pénétrant obliquement dans un corps transpa- rent, s’y sépare en autant de rayons qu'il y a d'ondes pos- sédant des vitesses de propagation différentes. Soit À B un rayon de lumière blanche (fig. 78) qui pas- se du milieu 4 dans le milieu N. Soit V la vitesse de lalumiè- LA 2 "a re dans le milieu AZ, ETAT Ne et V' la vitesse 2 LE 4 N NU moyenne dans le mi- FAIR 2 ; lieu N, V> V”. La Fig. 8. lumièreestréfractée; mais, tandis que les ondes les plus longues ont dans le mi- lieu NV une vitesse plus grande que V”, les ondes les plus courtes ont une vitesse v’ plus faible. Les ondes courtes sont plus réfractées que les longues, et les différentes on- des se propagent à partir du point B dans l'angle C B D. En C D, la lumière sort du milieu N pour repasser dans le milieu M; les différentes ondes reprennent leurs anciennes vitesses; mais elles sont tombées sur la surface x'y' avec des obliquités diverses ; aussi sont-elles réfractées, les on- des longues suivant C Æ par exemple, les ondes courtes suivant D F, et les autres dans l’espace intermédiaire. Si nous recevons la lumière ainsi décomposée sur un écran Æ, le rayon de lumière, au lieu de former un point lumineux, De ET LES FORCES PHYSIQUES 191 se projette suivant une bande Æ F de colorations diverses qui forme le spectre. Un corps transparent N avec deux faces planes non parallèles, telles que xy et x' y", représente ce que l’on ap- pelle un prisme. Au lieu de recevoir le spectre Æ F sur un écran, on peut le recevoir sur la surface d’un autre prisme, et, en ce cas, on l’agrandit encore. Il n’y a pas de limites à l'élargissement d’une partie d’un spectre; aussi sépare-t-on les ondes de différentes longueurs en leur faisant traverser successivement plusieurs prismes. 99. — La formation d’un Spectre s'obtient également par le procédé dit des réseaux. Un rayon de lumière blanche traverse un grillage formé par des fils fins parallèles très rapprochés, et tombe sur un écran. Le rayon est un peu affaibli, et forme une tache blanche sur l'écran; mais à droite et à gauche s’étalent plusieurs spectres séparés par des bandes obscures, et dans lesquels le violet est la couleur la plus rapprochée du rayon de lumière blanche non dévié. La formation des spectres par les réseaux est due au sectionnement du rayon lumineux par les fils multiples et parallèles formant le réseau. Chaque fil crée un obstacle à la lumière, et l'onde qui a traversé le réseau se trouve dans un état analogue à celui de l’onde d’un rayon polarisé. Mais comme les fils ont une épaisseur beaucoup plus con- sidérable que celle des molécules, chacune des parties des ondes de lumière, après avoir passé entre deux fils, ne trouve plus à droite et à gauche, sur les parties voisines, les réactions qui font qu’une onde polarisée se meut en bloc normalement à son plan ; aussi les ondes de lumière peuvent-elles, à la sortie du réseau, former des ondes cylin- driques. 192 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Supposons par exemple que ab, cd, ef, représentent un réseau (fig. 79); les ondes prennent la forme cylindrique sur les bords ue FE CE | et en dessous des fils. Nepal Les parties droites des nouvelles Ne she ondes continuent à se propager dans la même direction et forment un rayon de lumière blanche en arrivant sur l'écran, tandis que les parties cy- lindriques à droite et à gauche y forment des spectres : ce sont ces parties du rayon que nous avons à étudier. Pour plus de simplicité, nous ne figurerons que le côté gauche des fils, et les ondes se dirigeant vers la droite. Soit XY (fig. 80) le plan d'un réseau ; À, B,C, D sont les % gr PE RE » as NY. FAT LR ATOS 1\ ! [a : / A SL / 1 AE CR f 1 2 "\ / NE / IAE p OY PRE / 7k D À! 27 p B-# / PA) # / D+, 127 + % 7 4 rs L IE SAME Ÿ DATE ER É st 3 i Dei 4 : " s di à il A ! No" F, CES # / À Cie « ’ £ r a / ET X2 \ De ! CE i y # f Pt | [] # - 7/1 A Re ue un ; \ frs 5 \ 6 Lu À" — er : L Fig. 80. extrémités de droite des espaces clairs, et À représente la longueur d'onde d’un rayon monochromatique qui se pro- page dans une direction normale à XY. En dessous et à droite des points À, B, C, D, se propa- gent des ondes qui prennent une forme cylindrique. Une onde passe en À ; elle y devient cylindrique, conti- nue à se mouvoir, et arrive en À’ à une distance À À”? égale à À au moment où l'onde suivante arrive sur X Y, "APR TU + wat 7 ET LES FORCES PHYSIQUES 193 Le même phénomène se produit en chacun des points À, B, C, D, où se forment les ondes cylindriques 4”, A”, A’, B', B", B", C', CC". etc. Menons de B une tangente à l'onde À’, et de C une tangente à l'onde B'; ces tangentes sont parallèles et distantes d’une longueur égale à à; la tangente CB" est tangente à A”. De même, une tangente menée de D à C' B° A" est parallèle aux autres, et s’en trouve à des distances égales à x, 2x. Si nous détachons par la pensée dans ces ondes les éléments qui sont en contact avec les tangentes, nous voyons que ces éléments &,«, +”, 4, 1, 42..., etc., sont des éléments d'ondes de lumière se mouvant dans des plans parallèles, et dans une direction normale à ces plans. Les différents éléments tels que ’” a 4 aa a, Qui se meuvent à côté les uns des autres à des dis- tances invariables produisent au bout d’un temps très court les uns sur les autres l'influence qui doit les maintenir dans le même plan ; aussi se forme-t-il un rayon de lumière plus faible que le rayon principal, et se mouvant, non plus dans la direction AA”, mais dans la direction Az'’” Du point BP (fig. 81) menons une tangente à l'onde A”. Fig. 81. Soit & l'élément de l'onde 4” en contact avec la tangente. 13 194 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Cet élément &” est parti du point À, a passé en B quand l'onde était en A’ et passe successivement en 8, &',8”,p"", 8°”. Or pendant que cet élément se transporte de Ben B”, un autre élément suit une direction parallèle avec B comme point de départ; et quand £'est en 8”, cet élément est en 81. Quand £” est venu en &°”, f, se trouve en £, et La li- gne 8" 6" passe par le point C ; c’est une tangente menée du point C aux ondes distantes de B et de À de 2% et 4x. Ces différents éléments forment comme dans le cas pré- cédent un nouveau rayon semblable au premier et se mou- vant dans une direction A&B””. Si l’on recoit tous les rayons ainsi formés sur un même écran parallèle au plan XY, ils s’éloignent de plus en plus du point où tombe le rayon non dévié À A”. Appelons D, D”, les angles de déviation, c'est-à-dire les angles A'A , A'Af. À ‘ 2X sin D — ; AB 5) Sin D) NE AB ou en faisant AB = e, sin D = ©. e La déviation ne dépend donc que de la longueur des ondes et de l’écartement des fils des réseaux et non de leur épaisseur. 100. — Considérons dans un même rayon les ondes de longueurs différentes : les tangentes menées du point B s’inclinent d'autant plus que la longueur d'onde est plus grande; aussi un rayon de lumière naturelle qui tombe sur un réseau est-il dispersé comme s'il traversait un prisme, les ondes les plus courtes étant celles qui subissent la moindre déviation. Plusieurs spectres correspondant aux directions À «, À 8..., etc., se forment sur l’écran qui reçoit le rayon lumineux, et ces spectres sont séparés par des intervalles obscurs. ET LES FORCES PHYSIQUES 195 Prenons dans A"’l’élément w qui se trouve entre «” et f’ etmenonsla perpendiculaire à Av (fig. 82). Cette ligne passe [LS ALT - TANGER 0 SENS Lez A TAANIES - 2" À Cd \ à / PT LR IN #4 7 z COPA ; s 1 y Len ‘ AT OR / (: \ r4 "A UN \ ” \ L, Sy P 4 , Nes ' \ [A] 1 \ ‘ Fig. 82. entre B et, en un point où se trouve un élément d'onde w” situé à une distance de B et de «,, égale à une demi-lon- gueur d'onde. Les éléments w et w” sont formés par des movités de signes inverses, aussi ne peuvent-ils produire une onde de lumière en se déplaçant parallèlement. Dans la direction À vw, nous trouvons un intervalle obscur sur l'écran : on dit alors qu'il y a interférence des rayons lumineux. 101. — La lumière est produite par les oscillations des molécules d’un corps ; la longueur d'onde varie comme le nombre d’oscillations que chaque molécule fait en une se- conde ; le nombre d’oscillations dépend de la température ; -aussi une molécule produit-elle des ondes de longueurs dif- férentes suivant la température du corps. Quand on chauffe un corps solide tel que du fer ou du charbon, il rougit, blanchit, et produit des ondes très diver- ses qui peuvent se superposer; mais si on chauffe le corps au point de le volatiliser, la lumière émise par les molécu- les de ce corps au moment où 1l passe à l’état de vapeur n’of- 196 LA MATIÈRE, L'ÉTHER fre plus les mêmes caractères. Comme cet état correspond à une température déterminée, et que l’on produit toujours la même température pour volatiliser le métal ou métalloï- de, la lumière se trouve formée par un corps simple à une température fixe, et l’onde émise donne naissance à un rayon monochromatique qui, reçu sur un écran, même après avoir traversé un prisme, ne forme pas un spectre, mais une simple bande lumineuse que l’on appelle la rate du corps. La molécule qui oscille produit des ondes. Lorsqu'elle se trouve sur le passage d’autres ondes, elle absorbe à son tour une certaine quantité d'énergie qu'elle rend aussitôt quand le rythme du passage des ondes ne concorde pas avec celui de ses propres oscillations. Mais si la molécule oscille avec un mouvement synchrone dans l’onde qui passe, elle absorbe l’énergie de cette onde. Quand un rayon de lumière passe donc dans une vapeur de métal volatilisé, avec une puissance de movités plus grande que celle de la lumière émise par le métal, les ondes de même longueur que celles qui forment la raie du métal sont absorbées, etle rayon de lumière, après sa dispersion, produit un spectre dans lequel la raie du métal se détache en noir. Sa position dans le spectre FA de connaître sa lon- gueur d'onde. eat = ET LES FORCES PHYSIQUES 197 CHAPITRE XI. LA CHIMIE. 102. Phénomènes chimiques. — 103. Combinaisons. — 104. Af- finité chimique. — 105. Rôle des cohésivités. — 106. Pile électrique. — 107. Chaleurs atomiques.— 108. Composition moléculaire des gaz. — 109. Équivalents électro-chimi- ques. — 110. Valence des atomes. — 111. Acides. Bases. Sels. — 112. Alliages. — 113. Dissociation. 102. — L'étude des phénomènes physiques nous a con- duits à considérer les électricités et les cohésivités comme déterminant la plus grande partie d’entre eux. Les électri- cités et les cohésivités régissent également toutes les lois de la chimie, et les cohésivités y jouent un rôle des plus importants. La cohésivité, cette force dont l’existence est une de nos hypothèses, n’a pas encore été soumise aux expériences de laboratoire ; aussi ne pouvons-nous pas montrer d’une façon précise son action dans tous les phénomènes chimiques. Nous nous bornons donc à passer en revue un certain nom- bre de ces phénomènes, afin de montrer que l'hypothèse de l'existence des cohésivités doit ouvrir à la science une voie nouvelle et féconde pour l'étude de la chimie. Nous avons étudié comme phénomènes physiques ceux dans lesquels les électricités et les cohésivités paraissent ou disparaissent dans les atomes ou molécules d’un corps, et en déterminent les mouvements. Dans ces phénomènes, il n’a pas été fait de distinction entre les atomes et les mo- lécules, et nous avons toujours considéré que les molécules se comportaient comme les atomes. La chimie étudie la différence qui existe entre les atomes et les molécules, 198 LA MATIÈRE, L'ÉTHER ainsi que les variations des propriétés des groupements d’atomes suivant la façon dont ceux-ci s’assemblent. Lorsqu'un grand nombre d’atomes identiques sont sim- plement placés les uns à côté des autres, ils forment un corps possédant certaines propriétés. On l'appelle corps simple en raison de la similitude des atomes entre eux. Quand ces atomes se réunissent deux à deux pour former des molécules, les propriétés des corps deviennent différen- tes. Elles changent également si les atomes s’assemblent par groupes de trois au lieu de groupes de deux. Le corps conserve néanmoins le nom de corps simple. Enfin quand les atomes qui se groupent sont des atomes d'espèces diffé- rentes, ils forment ce que l’on appelle un corps composé. La molécule du corps composé a des propriétés qui diffè- rent complètement de celles des atomes quila composent. 103. — Nous avons vu (30 à 33) quels sont les états par- ticuliers qui différencient les atomes: volumes inégaux, degrés différents de concentration de la gravitation, état électrique, excès de cohésivité positive ou de cohésivité négative. La combinaison chimique est le phénomène qui se pro- duit lorsqu'un certain nombre d’atomes de corps simples se réunissent pour former de petits édifices qui sont les molé- cules d’un corps composé. Dans un même composé, ces petits édifices sont semblables, et les proportions dans les- quelles se trouvent les atomes des corps simples détermi- nent, pour chacun d’eux, les quantités de matière qui en- trent dans la combinaison. Une combinaison chimique amène toujours une modifi- cation des états particuliers qui différencient les atomes. Indépendants les uns des autres, les atomes des différents corps simples ne subissent pas d’une façon semblable l'in- ET LES FORCES PHYSIQUES 199 fluence des forces physiques; mais lorsqu'ils se sont com- binés pour former une molécule, ils sentent tous de la même manière l’action des forces, comme si la molécule était formée par une matière unique. Après s'être combinés les uns avec les autres, les corps simples prennent généralement un aspect très différent de celui de chacun des éléments constituants. L’oxygène se présente à nous à l’état gazeux aux températures ordi- naires ; il s’unit avec le fer, corps solide et pouvant avoir des surfaces brillantes, pour former l’oxyde de fer qui nous apparaît sous la forme d’une poudre brune. Les atomes différents prennent donc un état commun et modifient leurs propriétés. Les atomes sont pesants. Après la combinaison de deux atomes, la molécule possède un poids égal à la somme de ceux des atomes; chaque atome apporte donc son poids à l’ensemble. Mais lorsque la molécule est formée, il semble que la gravitation agisse indifféremment sur toutes ses parties ; aucun phénomène ne paraît nous révéler qu'une parte de la molécule soit plus lourde qu'une autre, aussi pouvons-nous dire que le phénomène se produit comme s’il y avait uniformisation de la gravitation dans tous les atomes. | Les divers atomes qui se combinent ont généralement des cohésivités différentes : après la combinaison, ils for- ment une molécule dans laquelle les cohésivités semblent distribuées dans les atomes comme s'ils ne formaient qu'un seul volume de matière ; il se produit donc une répar- tition uniforme des cohésivités, en même temps que l’uni- fication du poids, et peut-être de quelques autres propriétés de la matière. 104. — Il serait difficile de définir exactement la nature 200 LA MATIÈRE, L'ÉTHER des propriétés que les atomes échangent. Elles sont d’une essence abstraite pour nous, mais nous pouvons suivre le phénomène dans les forces physiques qu'il fait naître. Mis en présence, certains atomes se combinent spontanément : ils ont de l’affinité les uns pour les autres. Le résultat phy- sique du phénomène est un dégagement de chaleur, autre- ment dit, le corps composé est plus chaud que les corps composants. D’autres atomes, au contraire, en présence les uns des autres, ne se combinent pas spontanément, mais peuvent former un corps composé s'ils sont soumis à l’in- fluence d’une haute température; ils se combinent alors en absorbant une certaine quantité de chaleur représentant l'énergie qui détermine la réaction. En ce cas, les atomes n’ont pas d’affinité les uns pour les autres. Un corps ainsi formé peut se décomposer spontanément, et les différents atomes se séparent en rendant la quantité de chaleur qu'ils avaient absorbée précédemment. Les combinaisons ou décompositions chimiques se font avec dégagement ou absorption d'énergie; cela est le ré- sultat physique apparent, et l’on constate que les combinai- sons qui dégagent de la chaleur se font plus facilement que les autres. Cette constatation faite, le phénomène demande une explication. Deux atomes de corps simples différents sont électro- positif et électro-négatif l’un par rapport à l’autre. Mis en présence, ils s’attirent en raison de leur différence de potentiel, et peuvent venir au contact l’un de l’autre si leurs cohésivités négatives ne les en empêchent pas. Quand ces atomes sont dans un état tel qu’ils puissent ainsi former une molécule, ils ne s’écartent plus l’un de l’autre, et l’on peut croire qu’ils échangent leurs électricités, mais l’élec- tricité positive de l’un ne neutralise pas l'électricité négative de l’autre, car il y aurait disparition d'énergie; ces deux ET LES FORCES PHYSIQUES 201 électricités restent séparées dans la molécule, et en font une molécule en mouvement. Bientôt après, changeant de direction sous l’action de ses voisines, cette molécule cesse de nous apparaître comme étant en mouvement ; elle émet des ondes de chaleur : la combinaison s’est produite avec dégagement de chaleur. La chaleur dégagée pendant la combinaison n'est pas empruntée en partie à chaque atome; l’un deux, au con- traire, a fourni l'électricité positive, l’autre a donné l’élec- tricité négative, et l’état de la matière de chaque atome s’est ainsi modifié. La molécule se compose alors de deux atomes d’une matière différente de celles qui les formaient avant la combinaison ; aussi les propriétés de chacun des deux atomes ne se retrouvent-elles pas dans le corps com- posé. Ainsi donc ne devons-nous pas considérer l'électricité comme un fluide tendant toujours à disparaître ou à se ré- pandre d’un atome sur ses voisins sans modifier leur état. Les deux électricités peuvent se trouver sur les atomes et y représenter de l'énergie de mouvement qui produit l’en- traînement du corps ou élève sa température, mais lors- qu'une seule des deux électricités pénètre dans un atome, ou s’en sépare, elle le transforme, et en fait une autre ma- tière. Les corps qui ont de l’affinité les uns pour les autres sont ceux dont les atomes prennent l’état commun de la matière du corps composé en laissant échapper des quanti- tés égales d’électricités de signes contraires, correspondant à la différence de potentiel qu'ils setrouvent avoir l’un par rapport à l’autre dès qu’on les met en présence. Les combinaisons se font donc après modification de l’état de la matière des composants par perte ou addition d'électricité. On dit qu'il y a affinité, et la combinaison 202 LA MATIÈRE, L'ÉTHER produit de la chaleur, si les atomes perdent de l’électri- cité. La combinaison se fait moins facilement si les quan- tités à perdre sont inégales pour ramener les atomes à l’état commun du composé, et elle s’opère encore plus difficile- ment s’il faut donner de l'électricité aux atomes pour pro- duire l’état qui leur permettra de se combiner. En ce cas, la combinaison se produit avec absorption de chaleur, et cette chaleur s'emprunte généralement à une source ex- térieure. Mais nous n’avons ainsi traité que l’un des côtés de la question. 105. — Le phénomène de la modification de l’état de la matière d’un atome sous l'influence d’une absorption ou d’un dégagement d'électricité n’est probablement pas aussi simple que nous venons de le laisser croire. La mise en con- tact d’un atome avec une source électrique en fait un atome électrisé, et ne transforme pas sa matière. Néanmoins ce que nous avons dit est exact en ce sens que l'électricité dé- termine les modifications d'état des atomes dans les com- positions et décompositions chimiques, mais le phénomène ne se produit pas sans que les cohésivités y jouent un grand rôle. Ce rôle est mal défini; les expériences sur ce point nous manquent pour préciser l’action des cohésivités, mais nous pouvons dire qu'il faut une certaine modification de la répartition des cohésivités dans les atomes pour que l'électricité, au lieu de faire un atome électrisé de celui dans lequel elle pénètre, en fasse une autre matière. La modifi- cation des cohésivités dans les atomes, jointe à celle des électricités, nous explique les diversités nombreuses que présente la liste très longue des corps composés, à côté de la liste si courte des corps simples. 106. — Lorsque deux atomes placés dans le voisinage GR. ET LES FORCES PHYSIQUES 203 l'un de l’autre prennent une différence de potentiel, se combi- nent et dégagent de l'électricité, celle-ci forme de la chaleur si elle n’est pas recueillie ; mais on peut prendre certaines dispositions pour la recueillir, et l'énergie de la combinai- son peut alors être employée sous forme d’électricités. C’est sur ce principe qu'est basée la pile électrique. La lame de zinc est électro-positive par rapport au liquide, mais chaque atome de métal en contact avec l’électrolyte élève son potentiel pour entrer en combinaison avec l’oxy- gène du liquide, et, empruntant de l’électricité positive à la lame de zinc, la laisse électrisée négativement. Le liqui- de, lui, se trouve électrisé positivement. Cette électrisa- tion se transmet de proche en proche jusqu'aux bornes de la pile, et sices bornes ne sont pas réunies par un corps conducteur, l’électrisation subsiste, et empêche les atomes de l’électrode négative de modifier suffisamment leur état pour continuer à se combiner avec les atomes d'oxygène du liquide. La pile ne travaille pas. Que l’on vienne au con- traire à réunir les pôles de la pile, les électricités qui se dégagent pendant la combinaison chimique se dépensent, soit en échauffant le conducteur qui réunit les pôles de la pile, soit en produisant un travail dans ce conducteur. Inversement, si l’on se propose de décomposer un élec- trolyte, on devra dépenser une quantité d'énergie égale à celle que ce dernier a laissé échapper en se formant; mais la décomposition n'aura lieu que si l’on donne aux électro- des une différence de potentiel au moins un peu supérieure à celle qui existait entre les atomes au moment où ils se sont combinés. 107. — Les travaux de Dulong et Petit ont permis d’é- claircir la question des équivalents et des poids atomiques, et de déterminer quels sont les poids relatifs des atomes 204 LA MATIÈRE, L'ÉTHER des différents corps simples. La loi qu'ils ont établie nous fait connaître que le produit de la chaleur spécifique d’un corps par son poids atomique est une quantité constante. Or, la chaleur spécifique est la quantité de chaleur qu'il faut dépenser pour élever de 1° la température de l’unité de poids de ce corps. Le nombre d’atomes contenu dans un volume d’un corps de poids égal à l'unité est inversement proportionnel au poids atomique de ce corps. Les chiffres trouvés pour les chaleurs spécifiques nous représentent done les quantités de chaleur nécessaires pour élever de 1°, dans chacun des corps, la température d’un nombre d’atomes inversement proportionnel au poids atomique du corps. Le produit de la chaleur spécifique par le poids atomique nous donne, en conséquence, la quantité de chaleur qu’il faut pour élever de 1° la température d’un même nombre d’ato- mes: ce nombre est constant. Autrement dit, les quantités de chaleur égales données à chacun des atomes faisant partie de corps différents élèvent de la même quantité les températures des différents corps. | En voici l'explication. La chaleur est un phénomène qui résulte des mouvements oscillatoires d’un certain nombre d'atomes groupés ; aussi un atome isolé n’a-t-il pas de mou- vements oscillatoires ; il ne produit pas de chaleur : un ato- me isolé n’a pas de température. Cependant le phénomène qui produit la chaleur est dû à l’énergie que possèdent les divers atomes, et nous pouvons par la pensée séparer les uns des autres les différents atomes d’un corps chaud. Nous appelons chaleur atomique l'énergie que possède chacun des atomes au moment où il est isolé des autres. Cette cha- leur atomique est représentée par les électricités séparées dans l'atome, et sa mesure est mv, m représentant la masse de l’atome ou son poids atomique, » sa vitesse ou le ports tiel de ses électricités séparées. |} its ET LES FORCES PHYSIQUES 205 Des quantités de chaleur ou d'énergie égales entre elles et données à des atomes de poids atomiques différents, introduisent en eux des quantités de mouvement m0, m'v', mo", etc., qui sont égales. Lorsque les atomes de poids atomiques #, m', m'', sont groupés chacun avec des ato- mes semblables, et animés des vitesses v, v', vw”, les tem- pératures de ces différents corps se trouvent être égales, parce que les divers atomes possèdent les mêmes quantités de mouvement pour exécuter leurs mouvements oscilla- toires. Si des chaleurs atomiques nous passons aux chaleurs moléculaires, nous voyons que la quantité de chaleur que possède chaque molécule est mesurée par (m+m'+m") v =mo+mot+m" v, m, m, m” étant les poids ato- miques des différents atomes qui composent la molécule. La chaleur moléculaire est égale à la somme des chaleurs atomiques. 108. — La molécule gazeuse d’un corps simple se com- pose de deux atomes, et les volumes occupés par un même nombre de molécules gazeuses sous la même pression sont égaux. Les ditférentes molécules gazeuses se tiennent en équilibre à des distances égales, quels que soient les corps simples qui les composent : Les poids atomiques variant, la force de gravitation avec laquelle les molécules s’attirent varie dans les mêmes proportions, mais la puissance des cohésivités augmente avec les poids atomiques, et l’équili- bre subsiste. Aussi la distance des molécules ne change-t- elle pas, et le volume du gaz reste-t-il invariable lorsque plusieurs atomes viennent s’ajouter à l'édifice moléculaire pour former la molécule d’un corps composé gazeux. Nous expliquons donc la loi de Gay-Lussac de la façon suivante. La molécule d'oxygène se compose de deux ato- 206 LA MATIÈRE, L'ÉTHER mes; la molécule d'hydrogène se compose également de deux atomes. Deux volumes d'hydrogène et un volume d'oxygène nous donnent trois volumes de gaz; mais au moment où la combinaison se produit, chaque molécule se dédouble; un atome d'oxygène se réunit à deux atomes d'hydrogène pour former une molécule de vapeur d’eau, et celle-ci se tenant à la même distance de ses voisines qu'une molécule d'hydrogène ou d'oxygène, les trois volu- mes de gaz n’ont produit que deux volumes de vapeur d’eau. Dans toutes les combinaisons analogues, chaque molé- cule se dédouble en deux atomes, et les différents atomes provenant de molécules dédoublées se groupent et forment deux volumes de gaz du corps composé. Au moment où le dédoublement des molécules se produit, le volume total prend presque instantanément, et pendant un temps très court, un volume double de celui qu’il occupait. Il en résulte que la pression se trouve momentanément doublée, et produit les effets connus du mélange tonnant. 109. — En se combinant, deux corps acquièrent une différence de potentiel qu’ils prennent également lorsqu'ils se décomposent. La décomposition des corps se fait par l'électricité dans les laboratoires au moyen de l’électrolyse, et l’on constate que si l’on fait passer un courant électrique dans plusieurs électrolytes, il se dépose généralement sur l'une des électrodes, dans chacun des voltamètres, des poids de matière proportionnels aux équivalents des corps déposés. Quand un corps servant d’électrolyte est décomposé par un courant électrique, une solution d’un sel métallique, par exemple, le métal se porte seul à l’électrode négative, l’a- cide et l'oxygène de l’oxyde vont à l’électrode positive; lorsque le composé est formé de deux corps simples, l’élec- ET LES FORCES PHYSIQUES 207 tro-positif se rend à l’électrode négative, l’électro-négatif se porte à l’électrode positive. Or la décomposition se produit au moment où les poten- tiels des deux éléments sont ce qu’ils étaient au moment de la combinaison. Les quantités de matière mises en li- berté à l’électrode négative, pour un gramme d'hydrogène dégagé, ont été trouvées égales aux équivalents chimiques dans un grand nombre de cas, et l’on a cru pouvoir en conclure que les équivalents donnent réellement les poids relatifs des atomes des différents corps; mais il a fallu reconnaître ensuite que les quantités de matière déposées sur les électrodes dépendent de la nature des corps qui sont décomposés. Nous aurions pu croire que chaque ato- me se sépare du corps composé lorsqu'il a reçu une cer- taine charge électrique, mais l’expérience nous appprend que la même charge électrique peut être transportée par un ou deux atomes. Une même quantité d'électricité dépo- se sur l’électrode négative des poids de 3155 ou de 635 de cuivre suivant que le courant décompose un protochlo- rure ou un sous-chlorure. Nous devons donc admettre que la charge électrique agit pour vaincre les actions des co- hésivités en séparant du corps une quantité de matière va- riable suivant les actions des cohésivités qui la réunissent au reste de la molécule. On appelle équivalents électro-chimiques les poids des différents corps déposés par un courant électrique pendant que celui-ci met en liberté un gramme d'hydrogène. C’est à l’action des cohésivités qu’il faut attribuer le défaut de concordance entre les chiffres trouvés pour les poids ato- miques et les équivalents électro-chimiques. L’aluminium a un poids atomique de 27, son équivalent est 13,5, mais son équivalent électro-chimique est 9. Le poids atomique du fer est 96, son équivalent 28, et l’on trouve comme 208 LA MATIÈRE, L'ÉTHER équivalent électro-chimique 28 ou 18,6, suivant le corps que l’on prend comme électrolyte. L’azote, dont le poids atomique et l'équivalent sont 14, a comme équivalent élec- tro-chimique 4,67. Les quantités de matière déposées par les électrolytes sont donc dans des rapports simples avec les équivalents et les poids atomiques, mais ne sont pas toujours égales aux équivalents. Des quantités différentes de matière sont déposées avec dépense égale de travail: celui-ci s'emploie à élever le potentiel des atomes qui se séparent, à leur donner de l'énergie qu’ils n'avaient pas, et à vaincre l’action des co- hésivités. Il se dégage donc plus ou moins de matière, pour la même quantité de travail dépensé, suivant que le corps électro-positif est réuni au reste du composé par une puissance de cohésivité, par atome plus ou moins grande. 110. — Lorsque deux atomes sont en présence et se combinent, il se passe un double phénomène qui agit sur les électricités et les cohésivités. Celles-ci prennent une nouvelle disposition dans les atomes, ce qui correspond pour l’ensemble des deux à un dégagement d’une certaine quantité d'énergie qui se manifeste sous la forme de cha- leur ou d'électricité ; or les atomes qui se trouvent ainsi en présence peuvent ne pas acquérir un état semblable en mettant tous en liberté la même quantité d'énergie. N’étant pas semblables, les atomes dégagent de l'énergie chacun sous la forme de l’une des deux électricités; or pour que les deux électricités puissent produire dans l’é- ther des movités en ondes de chaleur, il faut que les élec- tricités des deux signes apparaissent en quantités égales ; aussi les différents éléments d’un corps composé ne met- tent-ils en liberté toute l'énergie qu’ils peuvent dégager, AT ET LES FORCES PHYSIQUES 209 que s'ils fournissent des quantités égales des deux électri- cités. La répartition des cohésivités ou des électricités peut faire dégager dans l’un des atomes une quantité d'énergie double de celle qui est dégagée dans un autre. Un atome de là première espèce peut en ce cas se combiner avec deux atomes de la seconde : un atome de CEE se CoM- bine avec deux atomes d'oxygène. Quand un seul atome d'oxygène est mis en présence d’un atome de carbone, la combinaison s'opère ; mais le com- posé ainsi formé, la molécule d'oxyde de carbone, peut encore se combiner avec un nouvel atome d'oxygène pour former, avec un nouveau dégagement de chaleur, une molécule d'acide carbonique. Dans ce phénomène, l’oxyde de carbone, en se formant, met en liberté la même quan- tité de chaleur qu’en se transformant en acide carbonique, et cette quantité est égale à la moitié de celle que la réac- tion dégage si deux atomes d'oxygène se combinent immé- diatement avec un atome de carbone pour former une molécule d'acide carbonique. Le carbone et l'oxygène sont supposés être pris à l’état gazeux comme l’acide carbonique et l’oxyde de carbone. Dans le cas contraire, les change- ments d'état physique amèneraient des dégagements ou absorptions de chaleur qui modifieraient les résultats. Parmi les composés qui se forment ainsi, les uns sont stables, les autres paraissent avoir acquis une nouvelle affinité. Dans les uns, il semble que les éléments se soient mutuellement saturés: les cohésivités des divers éléments ont pris dans le composé formé une distribution qui ne les fait tendre, n1 à se combiner avec un atome de plus d’une espèce, n1 avec un atome de plus d’une autre espèce. Lors- qu'au contraire quelques atomes ne sont pas combinés dans les proportions leur permettant de dégager la même 14 210 LA MATIÈRE, L'ÉTHER _ quantité d'énergie, le composé peut encore se combiner avec un ou deux atomes de l'espèce de ceux qui le compo- sent déjà, ou bien des atomes analogues: c’est-à-dire que certains atomes en entrant en combinaison amènent une répartition nouvelle des cohésivités qui correspond à une variation d'énergie double, triple ou quadruple de celle qui a lieu dans d’autres atomes: ceux-là forment donc des composés stables ou saturés avec deux, trois ou quatre atomes de ceux-ci. On appelle valence cette propriété des atomes. Les valences des différents corps ont été comparées à . celle de l'hydrogène, et l’on dit que tel ou tel corps est umi- valent, bivalent, trivalent ou quadrivalent par rapport à l'hydrogène. Les atomes sont au maximum quadrivalents. Réunissant en familles les différents corps de même valence parmi les métalloïdes, on a formé les familles suivantes : 1° famille. — Le fluor, le chlore, le brome, l’iode, qui sont univalents ; 2° famille. — L'oxygène, le soufre, le sélénium, le tel- lure, qui sont bivalents ; 3° famille. — L’azote, le phosphore, l’arsenic, qui sont trivalents ; 4° famille. — Le carbone, le bore, le silicium, qui sont quadrivalents. Tous les corps de la même famille ne possèdent pas les mêmes propriétés; mais les propriétés générales d’une famille se retrouvent plus ou moins marquées dans chacun des corps. Nous voyons que le fluor, le chlore, le brome et l’iode se comportent de façons semblables en face des métaux et forment des composés analogues; l'azote, le phosphore et l’arsenic ont des composés oxygénés formés de la même manière. Les métalloïdes ont été divisés en quatre familles, et ET LES FORCES PHYSIQUES 211 l'hydrogène ne s’y trouve pas. L’hydrogène occupe, pour ainsi dire, une place intermédiaire entre les métalloïdes et les métaux ; il est le plus électro-positif des métalloïdes et le plus électro-négatif des métaux, aussi le met-on à part à cause de ses propriétés spéciales. Sa valence a été prise comme unité; il est donc univa- lent. En présence des métalloïdes, il se comporte comme un métal. Dans chaque famille de métalloïdes, les corps rangés par ordre, de l’électro-négatif à l’électro-positif, ont des poids atomiques augmentant, et l’on passe de corps à l’état gazeux à des corps à l'état solide; la température de fusion s'élève; tout dénote, dans la suite des corps d’une même famille, une concentration de matière de plus en plus forte, et un passage d’excès de cohésivité négative à un excès de cohésivité positive. Si l’on passe des métalloïdes aux métaux, on trouve les mêmes divisions en familles ; mais parmi les métaux ces différences sont moins sensibles, et les distinctions sont moins évidentes ; cependant l’action de la valence des atomes se retrouve toujours dans les composés. Dans un composé stable, la somme des valences des ato- mes doit former un nombre pair, et les différents atomes doivent pouvoir être répartis en deux groupes de valence égale. L’acide chlorhydrique, À C1, a une somme de valen- ces égale à deux ; il est formé par deux atomes univalents. L'eau, H°0, a une somme de valences égales à quatre. Le gaz ammoniac, Az A”, est stable, et a une somme de valen- ces égale à six; mais l’ammonium, ÀAz Hi, a une somme de valences égales à sept, et n’est pas stable : il se combi- ne avec un Corps univalent, le chlore par exemple, pour former le chlorhydrate d’ammoniaque, À 3 H‘ C1, dont la somme des valences est huit. 218 LA MATIÈRE, L'ÉTHER En conséquence, si l’on enlève à un composé saturé un élément univalent, le reste forme un radical de valence im- paire qui peut être saturé par un élément univalent, ou par un autre radical de valence impaire. Ce sont ces grou- pements de radicaux divers, se combinant avec des valences différentes, qui amènent la formation d’une foule de corps de compositions semblables, mais de propriétés spéciales suivant la manière dont les atomes se sont combinés pour former les radicaux. La valence des atomes et des radicaux est produite par la manière dont les cohésivités y sont distribuées ; la molé- cule n’est stable que lorsque les cohésivités sont réparties d’une façon symétrique dans tout le système ; mais comme les différents radicaux qui concourent à la formation du composé peuvent se présenter avec une disposition d’atomes correspondant à une répartition spéciale des cohésivités, les corps formés d’un même nombre d’atomes semblables ont des propriétés différentes, parce que les molécules ne sont pas construites de la même manière. Telle est la cause de l’isomérie des corps. La chimie organique nous en offre un nombre considérable d'exemples. Comme les métalloïdes, les métaux ont des valences. Un atome de métal forme un chlorure avec un ou plusieurs atomes de chlore : le chlorure de sodium est Na Cl; le chlorure de magnésium est Mg Cl?; le chlorure d’alumi- nium est À {C [*; le chlorure de silicium S2 CE. L’aluminium est trivalent; 1l s’unit avec l'oxygène biva- lent pour former l’alumine, A/° O*, dont la somme des valences est douze. | Les différents phénomènes que l’on peut attribuer à la valence des corps, et, en conséquence, à leurs cohésivités, ne sont pas assez étudiés au point de vue des cohésivités pour que nous puissions en parler plus longuement. ET LES FORCES PHYSIQUES 213 111. — Lorsque plusieurs métalloïdes ont formé un composé, le nouveau corps possède une affinité pour d’au- tres corps que ne possédaient pas les éléments constituants ; les métalloïdes ont, par exemple, formé un acide qui a une très grande affinité pour les bases ; mais le composé d’un acide et d’une base, un sel, semble généralement ne plus posséder ces propriétés qui forment l’affinité. D'une façon générale, lorsque les éléments d’un composé sont de pro- priétés analogues, le composé acquiert une énergie plus grande que les composants; mais lorsque les composants sont très différents quant à leurs électricités et cohésivités, ils semblent neutraliser les uns dans les autres les causes de l’affinité, en déterminant une séparation des cohésivités qui amène généralement la cristallisation du corps. Les acides et les bases sont des composés incomplets, si nous pouvons employer cette expression; aussi ont-ils des affi- nités très grandes pour des corps ayant des électricités et des cohésivités inverses. En présence les uns des autres, ils se combinent immédiatement et forment des sels. 112. — Le composé provenant de la combinaison de plusieurs métaux peut représenter un véritable métal ayant des propriétés déterminées par celles de tous les métaux composants. Ce corps s'appelle un alhage. Les métaux sont en généraldes corps ductiles et souvent assez malléables ; maïs la combinaison de plusieurs métaux qui forment un alliage amène une répartition spéciale des cohésivités, et généralement leur séparation; aussi un alliage se composant de métaux quelquefois mous est-il souvent très dur. Dans un alliage, le degré de température auquel com- mence la fusion est celui du point de fusion du métal qui fond le plus facilement, ou moindre encore. Quand ce mé- 214 LA MATIÈRE, L'ÉTHER tal entre en fusion, les cohésivités des autres métaux en subissent l’influence, l’équilibre des cohésivités se trouve rompu, les mouvements oscillatoires des atomes s’égali- sent, et sous l'influence des cohésivités des atomes du corps qui fond, les autres atomes passent à l'état liquide. Quand certains métalloïdes entrent en combinaison avec les métaux, ces métalloïdes produisent généralement une distribution des cohésivités qui donne aux composés une grande dureté. Le carbone se combinant avec le fer pro- duit l’acier ; le phosphore avec le bronze produit le bronze phosphoreux. 113. — Les combinaisons chimiques sont déterminées sous l'influence de l’affinité par des électrisations inverses des corps composants..Lorsque la combinaison s’est pro- duite, une certaine quantité de chaleur se trouve à l’état libre, et élève la température du corps composé, tandis que les cohésivités se sont réparties d’une nouvelle manière pour donner au corps formé ses propriétés. | Quand la distribution des cohésivités se modifie dans quelques molécules, sous une influence extérieure, cette modification peut se transmettre de proche en proche. C’est ainsi que les corps solubles se dissolvent dans un liquide, et que la fusion de l’un des métaux d’un alliage entraîne la fusion des autres métaux. Des phénomènes analogues, produisant la décomposition des corps, ont reçu le nom de phénomènes de dissociation. Les traités de chimie les décrivent én détail; nous ne parlons ici que de leur cause possible. Ils sont dus proba- blement aux actions des cohésivités. Le carbonate de chaux se décompose sous l'influence de la chaleur, et s’entoure d’une couche de gaz acide carbonique. Lorsqu'il se trouve dans un vase clos, la pression du gaz s'élève, et quand elle ET LES FORCES PHYSIQUES 215 est devenue suffisante, le dégagement d'acide carbonique cesse de se produire. Si l’on augmente la pression, une par- tie de l’acide carbonique se recombine avec la chaux dont il était séparé. Les phases du phénomène sont analogues à celles de l’évaporation. Lorsque les molécules de la surface du corps n’éprouvent pas dans toutes les directions les réac- tions des cohésivités de molécules semblables ou possé- dant une distribution analogue des cohésivités, il se pro- duit une rupture dans leur équilibre, rupture qui peut amener la décomposition de la molécule. La pression du gaz qui se dégage devenant plus élevée, les molécules qui se séparaient se trouvent maintenues à leurs places, et le phénomène cesse de se produire. L'action des cohésivités ést moins évidente lorsque la dissociation se produit dans un corps gazeux ; mais là, encore, elle agit, et l’équilibre ne s'établit qu'avec un mélange des éléments simples et com- posés formant un ensemble dans lequel les cohésivités agissent de toutes les façons dont elles peuvent manifester leur influence, avec les différents états que prennent les atomes. Nous ne pouvons nous étendre davantage sur ce sujet, faute d'expériences ; mais cet aperçu suffit pour montrer le rôle considérable que les cohésivités jouent dans tous les phénomènes chimiques. 216 LA MATIÈRE, L'ÉTHER CHAPITRE XII. CONCLUSIONS. 114. Vue d'ensemble sur nos hypothèses. — 115. Phénomènes de radio-activité. — 116. Les évolutions de la matière. — 117. Le mouvement de la matière dans l'Espace. — 118. Le mouvement à l’origine du monde. — 119. La météoro- logie. — 120. La vie et la pensée. 114. — L'ouvrage que le lecteur achève lui a fait passer en revue les phénomènes les plus élémentaires et les plus connus de la physique et de la chimie. Nous ne nous som- mes pas efforcé d'en donner une explication complète dans leurs moindres détails; nous avons jugé préférable de nous en tenir aux généralités qui permettent les vues d'ensemble. Peut-être quelques explications de détail que nous avons données seront-elles, dans l'avenir, trouvées erronées ; mais l’ensemble de la théorie n’en subsistera pas moins, et la théorie physique du mouvement considéré comme étant dû à l’électrisation des atomes restera féconde. Nos hypothèses sur la matière, l’éther et les forces phy- siques, doivent apparaître maintenant au lecteur comme étant de nature à tracer une voie nouvelle aux recherches scientifiques. Les explications de détail que nous ne pouvons donner se présenteront d’elles-mêmes aux chercheurs quand ceux-ci auront exploré la route que nous leur montrons. Nous avons passé sous silence beaucoup de points qui mé- ritent de retenir l'attention du monde scientifique ; aussi devons-nous, comme conclusions, indiquer les horizons nou- veaux que nos hypothèses permettent d’entrevoir. Notre hypothèse sur la constitution de la matière présente les atomes comme étant de petits volumes de matière pure. ns D 4 ET LES FORCES PHYSIQUES A7 Nous paraissons nous trouver ainsi en contradiction avec les philosophes qui admettent que les atomes sont consti- tués par des particules de matière rassemblées, et pouvant se séparer en opérant la destruction des atomes. Nous ne considérons pas cette hypothèse comme inadmissible; elle est même en harmonie avec notre théorie sur la formation des atomes, mais nous ne l’avons pas jugée comme étant utile pour l'explication physique des phénomènes dont nous avons entrepris l’étude. L’atome tel que nous l’envisa- geons ne renferme pas d’éther; c’est-à-dire que s’il est composé de particules, celles-ci sont en contact intime les unes avec les autres. La molécule se constitue d’ailleurs de la même manière ; mais la séparation des atomes d’une molécule s'opère plus facilement que celle des particules de matière d’un atome, si toutefois les atomes sont susceptibles de dislocation. Par ailleurs, il n’est pas impossible que le changement de la distribution des cohésivités, ainsi que leur dépense, modifient dans une certaine mesure le taux de la gravita- tion, et nous paraissent amener une modification de la masse des atomes. Un changement de poids pourrait être interprété comme une destruction d’une partie de la ma- tière ; mais les expériences précises nous manquent sur ce sujet. L’électricité nous apparaît comme jouant un rôle impor- tant dans les phénomènes électriques proprement dits, dans les phénomènes de mouvement des corps, dans les mouve- ments oscillatoires des atomes, et dans les modifications d'état des atomes qui déterminent les compositions et décompositions chimiques. Est-ce à dire que la science se contentera toujours du simple mot électricité pour dési- gner l’état spécial qu’acquiert la matière dans ces différen- tes circonstances ? Nous ne le croyons pas; mais nous 218 LA MATIÈRE, L'ÉTHER avons estimé que l'adoption de mots nouveaux ne serait admissible que si nous pouvions préciser les différences d'état de la matière dans les divers cas que nous citons. Nous avons dit qu’il fallait considérer l'électricité comme pouvant se mélanger avec les cohésivités (49) quand elle produit les mouvements oscillatoires des atomes. Cet ordre de phénomènes demandera des recherches que nous n’avons pas entreprises. La vitesse d’un corps pourrait se mesurer à la différence de potentiel qui existe entre les deux faces d’un atome. A combien de volts correspond la vitesse de 1 mètre à la se- conde ? Le moyen d'opérer cette mesure ne nous apparaît pas encore, mais il n’est pas douteux qu’un physicien le trouve un jour. La vitesse est-elle exactement proportion- nelle à cette différence de potentiel? Cela n’est pas probable. Quand la vitesse du corps se rapproche de celle de la pro-. pagation des ondes de movités dans l’éther, la proportion- nalité doit cesser d'exister. | Nous n'avons donné de nom spécial à l’action de l’élec- tricité sur l’éther que dans le cas particulier où celle-ci produit le mouvement des corps, et nous avons appelé movilé cet état de l’éther. L’appellation d'influence électri- que nous a suffi pour désigner l’action de l'électricité dite statique sur l’éther. En admettant que les movités puissent renfermer des cohésivités, nous avons simplifié les expli- cations plus que la science ne le fera dans l'avenir. Des mots spéciaux désigneront les états particuliers que prend l'éther sous l’action des différentes forces physiques et dans les divers phénomènes. Dans l'esprit du lecteur, l'existence des cohésivités n 'est peut-être déjà plus une simple hypothèse. Leur action se reconnaît dans un si grand nombre de phénomènes qu'il ne paraît pas douteux que l'étude des cohésivités ouvre ET LES FORCES PHYSIQUES 219 pour l’avenir un vaste champ aux recherches scientifiques. Encore ne faudrait-il pas croire que l’on se contentera toujours du simple mot cohésivité pour expliquer les phé- nomènes qui se produisent dans la matière pendant les changements d’état physique des corps, ainsi que pour dé- finir ce qui modifie l’électrisation des atomes pendant les mouvements oscillatoires, détermine l'attraction et la ré- pulsion des atomes, et produit les phénomènes chimiques. Nous n'avons pas donné de nom spécial à l’action des cohésivités sur l’éther. Dans les généralités où nous nous sommes tenu pour donner une vue d'ensemble sur tous les phénomènes, un mot spécial ne nous a pas semblé néces- saire. La science précisera davantage le rôle des cohési- vités, et aidée par les expériences de laboratoire de l’avenir, fera des distinctions que nous ne pouvions faire. Aujourd’hui la science voit l'électricité partout. L'élec- tricité joue en effet un rôle important dans beaucoup de phénomènes, mais on attribue souvent à l’électricité des actions que l’on doit au jeu des cohésivités. Celles-ci, méconnues trop longtemps, vont se faire reconnaître; et, après le siècle de l'électricité, nous aurons peut-être le siècle de la cohésivité. 115. — La science s’est récemment occupée de la décou- verte d'une certaine catégorie de phénomènes que l’on a nommés phénomènes de radio-activité. Plusieurs corps les produisent avec une énergie toute particulière. Celui dans lequel la manifestation de la radio-activité est le plus intense a reçu le nom de radium. Devant l'impossibilité dans laquelle on se trouvait d’ex- pliquer les phénomènes que produisent les sels du radium, plusieurs physiciens ont eu recours à la vieille théorie de l'émission, et l'hypothèse de l'émission d'ions paraît avoir 220 LA MATIÈRE, L'ÉTHER été facilement acceptée. Tout en reconnaissant la com- plexité des phénomènes que produit le radium, nous ne croyons pas devoir admettre un retour à la théorie de l’é- mission, et nous estimons que l'explication de ces phéno- mènes viendra de l'étude des propriétés encore inconnues des cohésivités. M. Curie nous fait connaître’ deux hypothèses qu’il déclare ne pas être incompatibles. « Dans la première hypothèse, on suppose que le radium » est un élément en voie d'évolution. On doit alors admet- » tre que cette évolution est extrêmement lente, de telle » sorte qu'aucun changement d’état appréciable ne se fait » sentir au bout de plusieurs années. L'énergie que le » radium dégage pendant une année correspondrait donc à » une transformation insignifiante de ce corps. Il semble » d’ailleurs naturel de supposer que la quantité d'énergie » mise en jeu dans la transformation des atomes est con- » sidérable. » La deuxième hypothèse consiste à supposer qu’il existe » dans l’espace des rayonnements encore inconnus et inac- » cessibles à nos sens. Le radium serait capable d’absorber » l'énergie de ces rayons hypothétiques et de la transfor- » mer en énergie radio-active ». La première hypothèse, si elle se vérifiait, ne pourrait que confirmer les théories que nous avons exposées dans la première partie de cet ouvrage sur l'apparition de la matière et de l’éther dans l’univers. Une évolution de la matière est encore possible ; aussi est-il parfaitement admis- sible qu'une très légère modification de l'élément matière corresponde à une modification considérable des actions de la matière sur l'élément éfher, ce qui peut nous donner 1 Le Radium : L'ÉLECTRICIEN, n° 682, tome XXVII, page 62. à s db ie sit ET LES FORCES PHYSIQUES 22] l'impression d’un développement important d'énergie. Mais en acceptant cette hypothèse, il faudrait se garder de croire à une dislocation de la matière et à l'émission d'ions ou particules matérielles du radium, si petites que l’on veuille les concevoir. Il n’y a pas émission proprement dite; aussi la deuxième hypothèse de M. Curie nous paraît-elle préférable à retenir pour l'explication des phénomènes de radio-activité. Les «rayonnements encore inconnus et inaccessibles à nos sens », qui se transforment en «énergie radio-active », ce sont les actions des cohésivités ou de la gravitation sur l'éther. Les ondes de lumière sont produites par le déplacement des movités dans l’éther, et nous avons dit que ces movités peuvent renfermer des cohésivités. La manière dont les cohésivités agissent sur la matière lorsqu'elles se trouvent transportées par les movités n’est pas connue ; mais, de mé- me que l'énergie électrique passe d’un corps à un autre par les movités, les cohésivités se transportent par les on- des. Ce phénomène se manifeste dans les émanations du radium avec une intensité spéciale qui leur donne les ca- ractères d’une formation mystérieuse d'énergie. À l'appui de cette hypothèse, nous allons passer en revue un certain nombre de phénomènes de radio-activité, en indiquant brièvement quel peut être le rôle des cohési- vités dans chacun de ces phénomènes. Le radium émet des ondes qui sont à la fois lumineuses et calorifiques et possèdent certaines propriétés spéciales que l’on n'avait encore reconnues que dans les rayons X. La partie lumineuse et calorifique des ondes est due aux movités que produisent les atomes du radium dans leurs mouvements oscillatoires ; et, seule, la persistance du phéno- mène le distingue des phénomènes antérieurement connus, PR LA MATIÈRE, L'ÉTHER Les propriétés spéciales des rayons du radium, et com- parables à celles des rayons X, sont dues aux cohésivités. Nous ne considérons pas les rayons X comme étant émis par la cathode dans un tube à vide: ce ne sont pas des rayons cathodiques. Le phénomène qui se produit dans l'ampoule de Crookes est un phénomène électrique, et les rayons X ne prennent naissance que sur la paroi de l’am- poule qui se trouve en face de la cathode. Ces rayons ren- ferment des ondes lumineuses, formées par des movités, que les écrans opaques arrêtent, et des ondes dues à une manifestation mal étudiée de l’action des cohésivités. Ce sont ces ondes qui traversent les écrans opaques et pro- duisent les effets spéciaux que l’on attribue généralement, mais à tort, aux rayons Cathodiques. Comme les rayons X,les rayons du radium sont formés par des ondes dans lesquelles les cohésivités jouent un rôle prépondérant sur celui des movités. L'étude des cohé- sivités fera découvrir l'explication des phénomènes dont il ne nous est possible de donner encore qu’un aperçu des plus vagues et des plus sommaires. Tous les phénomènes de propagation sans réfraction, sans réflexion, s'expliquent par le fait de l'absence des movités dans les ondes émanant du radium. Les cohésivités qui jouent un rôle des plus importants dans les phénomènes chimiques, dans les modifications des édifices moléculaires, ne peuvent pas rester sans action sur certains corps dans lesquels pénètrent les rayons du radium ; aussi des phénomènes chimiques, et même physio- logiques, se produisent-ils. Les rayons déchargent les corps électrisés, facilitent le passage de l’étincelle, et l’on en conclut que les rayons exercent une action électrique sur les corps. L’explica- tion que l’on donne ainsi du phénomène est erronée. Les ET LES FORCES PHYSIQUES 223 rayons du radium ne détruisent pas l'électricité ; mais ils modifient les actions des cohésivités de l’air qui enve- loppe les corps électrisés, en diminuant ou supprimant momentanément l’action des cohésivités qui détermine la répulsion des molécules gazeuses. L'air devient alors con- ducteur, et le corps électrisé se décharge comme s’il était relié à la terre par un fil conducteur. Les radiations sont de différentes espèces, plus ou moins pénétrantes dans certains corps, plus ou moins sensibles à l’action d’un champ électrique. Ces phénomènes nous in- diquent qu’il existe plusieurs espèces d'ondes de cohési- vités, et que les movités peuvent contribuer dans une cer- taine mesure à former ces ondes ; mais nous ne reconnais- sons dans ces phénomènes aucun indice qui révèle des émissions d'ions matériels. La radio-activité induite est due aux ondes de cohési- vités. Les mouvements oscillatoires des molécules prennent, sous l'influence des ondes de cohésivités du corps actif, un rythme qu'ils ne possédaient pas ; aussi les corps sou- mis à l'action du radium deviennent-ils eux-mêmes ra- dio-actifs. Tous les phénomènes de radio-activité semblent donc facilement explicables par les cohésivités, si l’on peut con- cevoir la source d'énergie qui entretient l’émission des on- des de cohésivités. Nous n’ignorons pas que les cohésivités sont des forces qui ont apparu dans l’espace, produites par la gravitation, au moment de la formation des atomes. On se trouve donc amené à chercher dans la gravitation elle- même la source de l'énergie des corps radio-actifs. Nous n'avons pas besoin d'ajouter qu’elle est inépuisable. La découverte du radium n’apporte-t-elle pas un appui nouveau à notre hypothèse de l’existence des cohésivités ? 224 LA MATIÈRE, L'ÉTHER 116. — L'hypothèse d’une évolution lente de la matière nous paraît admissible, mais nous n’estimons pas que ce soit cette évolution seule qui produise les phénomènes de . la radio-activité. Encore bien moins pourrions-nous croire que la des- truction de la matière produise un développement consi- dérable d'énergie. La disparition d’un certain volume de matière ne peut s'effectuer que par le retour à l’état pri- mitif, au néant, d’une certaine quantité de matière et ’éther ; mais ce phénomène, s’il se produisait, amènerait la disparition d’une certaine quantité d'énergie, et non son dégagement. Pour qu'il y ait dégagement d'énergie, il faudrait que le néant se transformäât à nouveau en matière et en éther. La quantité d'énergie formée pourrait alors être supérieure à celle qui aurait disparu si la quantité de matière était finalement plus grande, ou son poids plus considérable. Nous assistons peut-être à une évolution de la matière, mais non à sa destruction, tout au moins dans les corps qui paraissent produire spontanément de l’énergie. 117. — L'ensemble de nos hypothèses nous conduit donc à envisager l’éther comme étant le mheu fondamen- tal de l’Æspace. L’éther enveloppe de petits volumes de ma- tière nommés atomes : entre les atomes, l’état de l’éther subit des modifications continuelles, que nous appelons ondes, forces, énergie, etc., actions qui viennent des ato- mes, vont à d’autres atomes, et déterminent tous les phé- nomènes de la Nature. Les atomes ne sont pas immobiles dans l’éther ; mais, au contraire, se meuvent par groupes appelés astres, chaque atome se déplaçant comme s’il était seul, mais parallèlement et avec la même vitesse que ses voisins, de telle sorte ET LES FORCES PHYSIQUES 225 que le groupement d’un certain nombre d’atomes donne l'illusion d’un mouvement dans lequel l’éther serait entraîné. L’éther est au contraire immobile, aussi chaque atome participant au mouvement d’un astre baigne-t-il dans un éther constamment renouvelé. Les corps les plus durs, aussi bien que les corps gazeux, sont constamment traversés par un courant d’éther passant entre toutes leurs molécules, et possédant, comme vitesse apparente, la vitesse absolue des astres dans l'Espace. Dans la cloche d’une machine pneumatique où nous avons fait le vide, l’éther circule avec une vitesse considérable, ou plutôt ce sont les molécules de la cloche qui se dépla- cent dans l’éther en empêchant les molécules gazeuses de pénétrer à l’intérieur. Le lecteur admettra-t-il que son corps lui-même est le siège d'une circulation d’éther aussi intense ? Il faut le comprendre pour concevoir quelle est l'essence de ce mi- lieu si subtil, qui révèle dans tous les points de l’univers le moindre des phénomènes qui se passe dans le plus petit des atomes. 118. — Les hypothèses que nous avons émises sur l’o- rigine du monde nous obligent à refuser d’admettre comme vraisemblable la théorie suivant laquelle la matière, répan- due à l’état de gaz incandescents dans l'Espace, se serait condensée, puis refroidie par rayonnement. Un dégagement de chaleur aurait accompagné la condensation de la matière gazeuse incandescente, et le rayonnement aurait rendu à chaque groupement d’atomes autant de chaleur qu'il s’en serait échappé sous forme d’ondes. Il n’est donc pas probable que la matière se soit trouvée à l’état incandescent à l’origine du monde, mais il paraît possible qu'elle ait été répandue plus uniformément dans 15 226 LA MATIÈRE, L'ÉTHER l'Espace qu’elle ne l’est actuellement. La concentration en certains points adû produire un échauffement de la matière, et puisque les astres ne sont pas restés à l'état incandes- cent, nous devons chercher la cause du refroidissement dans un autre phénomène que le rayonnement. Il y a eu transformation de chaleur en mouvement. Qu’une énergie, dont nous ne pouvons définir l'essence, oriente les mouvements oscillatoires des atomes de manière à ce qu’ils se trouvent avoir tous simultanément des vites- ses égales dans la même direction, ils cesseront de sentir les réactions de leurs voisins, et continueront leur mouve- ment : la chaleur se sera transformée. Les astres se sont peut-être refroidis, mais le refroidis- sement n’a pas dû se produire par rayonnement; l'énergie des mouvements oscillatoires s’est transformée, et c’est elle qui a entraîné les astres dans leur course au travers de l'Espace. 119. — L'énergie sous une forme quelconque se trans- forme-t-elle encore en mouvement devant nous, en nous donnant l'impression d’un mouvement spontané de la ma- tière? À cette question nous répondons : oui. Le mouve- ment, qui nous paraît spontané, et qui est dû à des trans- formations inconnues d'énergie, se manifeste dans deux : ordres principaux de phénomènes : 1° le déplacement des animaux, dont nous parlerons un peu plus loin ; 2° l’entrai- nement des molécules d’air de notre atmosphère, ce qui donne naissance à un grand nombre de phénomènes météo- rologiques. La branche de la science à laquelle on donne le nom de météorologie a résisté jusqu’à présent à tous nos procédés d'investigation, et les lois les plus élémentaires nous en sont encore inconnues. (2 ET LES FORCES PHYSIQUES DT Sans pouvoir préciser ce que seront dans l'avenir les principes fondamentaux de la météorologie, nous allons indiquer sommairement la voie dans laquelle les recherches nous semblent devoir aboutir. L'entrainement des molécules d'air, ce que l’on appelle le vent, est quelquefois dû à une différence de pression ba- rométrique ou à une différence de température ; mais dans un grand nombre de cas, le vent a pour origine une trans- formation de l'énergie intérieure des molécules d'air, et la variation de la pression barométrique se trouve être la conséquence, et non la cause, du phénomène moléculaire qui détermine la formation du vent. Ce phénomène ne se produit pas sans que les cohésivités entrent en jeu ; aussi pensons-nous que l’on ne trouvera la clef de la météorologie qu'après avoir établi les lois de la distribution des cohésivités dans les molécules, et des transformations de ce mode d'énergie. Alors s’explique- ront les changements d'état physique de la vapeur d’eau se transformant en pluie, en vapeur, en cristaux de glace, en neige ou en grêle, suivant les circonstances. Les variations de température de l’air sont également dues à des transformations intérieures de l'énergie qui détermine les mouvements oscillatoires. La vapeur d’eau ne se dissocie-t-elle pas dans les régions supérieures de l'atmosphère, pour y former de l'hydrogène et de l'oxygène? Ces gaz se combineraient à nouveau en vapeur ou en glace, sous l'effet des causes que la science devra découvrir avant de comprendre les lois de la météo- rologie. Quoi qu'il en soit, les molécules gazeuses, dans les régions supérieures de notre atmosphère, se trouvent à des distan- ces telles que l’action de la gravitation et des cohésivités positives balance celle des cohésivités négatives, etles mo- 228 LA MATIÈRE, L'ÉTHER lécules se tiennent aux distances auxquelles l’attraction et la répulsion se font équilibre. L'étude du jeu des influences astrales ou terrestres et magnétiques sur les cohésivités et la distribution des élec- tricités dans les molécules gazeuses ou aqueuses de l’at- mosphère nous donnera la clef de la météorologie. 120. — Les phénomènes de la we et de la pensée ne sont pas considérés comme étant d’un ordre physique par la plupart des personnes qui s'occupent de l’étude des lois de la nature; aussi devrions-nous, dans un ouvrage où nous traitons des phénomènes physiques à l'exclusion des autres, ne pas aborder ceux de la vie et de la pensée. Notre intention n’est pas d'ouvrir une discussion sur la cause de ces phénomènes; mais, obligés de constater qu'ils présentent un côté physique, nous ne pouvons jeter un coup d'œil sur l’ensemble des lois de la nature, sans laisser entrevoir la voie dans laquelle pourront aboutir les recherches sur le mécanisme physique des phénomènes qui s’opèrent dans un être vivant. La vie et la pensée ne sont pas des phénomènes physi- ques. Néanmoins, le travail cérébral échautffe le cerveau de l’homme ; la pensée se transmet à distance, etse trouve perçue par les personnes dont les nerfs ou le cerveau pos- sèdent une sensibilité particulière ; 1l se produit donc des phénomènes physiques quand un homme pense. Des ondes d’une essence spéciale se répandent dans l’éther, et se meuvent avec une rapidité que nous ne pouvons comparer qu'à la vitesse de la lumière, ignorant sila pensée n’a pas une vitesse bien supérieure. Ainsi donc ne voulons-nous pas dire que la pensée est un phénomène physique, mais bien qu'il se produit un phéno- mène physique quand un homme pense, et c'est unique- ment de ce phénomène que nous allons parler. Rue ET LES FORCES PHYSIQUES 229 Les phénomènes de la vie peuvent se classer en trois catégories, et bien que la science ne les ait point encore nettement séparés, il nous faut leur donner des noms. Nous les appelons biologiques, physiologiques, psycholo- giques. La vie des végétaux est due uniquement aux phénomè- nes biologiques. Il se produit chez les animaux des phéno- mènes biologiques et physiologiques. L'homme se distingue des animaux par le fait qu’il se produit chez lui des phéno- mènes biologiques, physiologiques et psychologiques. Nos hypothèses sur la constitution de la matière et le jeu des forces physiques doivent donc se relier à une hypothèse nouvelle sur le mécanisme physique de ces différents phé- nomènes. Dans les phénomènes biologiques se produisent des mo- difications d’édifices moléculaires. La plupart de ces phé- nomènes sont d'ordre chimique ou d'ordre cristallographi- que. Une cellule se construit à côté d’une autre, ou bien grossit et se scinde en deux parties. Des atomes ou des molécules modifient leur mode de groupement et font appa- raître des cellules nouvelles : l’organisme vivant se déve- loppe et le végétal pousse. Nous n'avons pas besoin de chercher ailleurs que dans le jeu des cohésivités le mécanisme des transformations des corps sous l’action de la vie. Des changements d’équilibre des cohésivités se produisent, et la matière vivante se dis- timgue de la matière inerte en ce que dans la seconde les phénomènes ne se produisent que sous une action exté- rieure, tandis que dans la première ils ont une cause inté- rieure. La cause intérieure qui détermine les modifications de l'équilibre des cohésivités n’est pas du ressort de nos études ; aussi la laissons-nous de côté, et disons-nous, en restant 230 LA MATIÈRE, L'ÉTHER dans le domaine de la physique, que le mécanisme physi- que des phénomènes biologiques consiste dans les modifi- cations spontanées des équilibres de cohésivités des molé- cules de la matière vivante. Les phénomènes biologiques sont les seuls qui se produi- sent dans les végétaux; ils ont également lieu chez les animaux et déterminent le développement des tissus. Les phénomènes chimiques qui accompagnentla digestion sont aussi du même ordre ; mais les animaux ne vivent qu’autant que des phénomènes physiologiques se passent en eux. Nous réunissons sous cette appellation les phénomènes de mouvement et ceux qui donnent à l'animal la perception des impressions des sens. L'animal se meut, il voit, ilse rappelle. Dirons-nous qu’il pense, qu’il a de l'intelligence ? Oui, mais en rappelant que la pensée et l’inteligence de l’homme sont d’un autre ordre, bien que la langue française ne les dési- gne pas par des mots différents. Les phénomènes physiologiques qui distinguent les ani- maux des végétaux sont dus à des mouvements spontanés d’un certain nombre de molécules. Quelles que soient les réactions chimiques qui se produisent dans les tissus, dans les muscles sous l’action du fluide nerveux, le mouvement d’un animal amène la mise en mouvement de molécules qui étaient précédemment au repos. L'animal se distingue du végétal par la faculté de transformer en énergie de mou- vement l'énergie oscillatoire des molécules, énergie dont l'origine se trouve dans les phénomènes biologiques, la digestion des aliments et la respiration. Il se passe donc quelque part dans la cervelle des ani- maux un phénomène qui produit une transformation spon- tanée de l’énergie calorique en énergie de mouvement. Les impressions des sens déterminent dans les molécules cérébrales un mouvement oscillatoire correspondant à cer- ET LES FORCES PHYSIQUES 231 taines ondes, à certaines sensations. La possibilité d'opérer la transformation de l'énergie calorique donne aux animaux la faculté de faire renaître dans les molécules de leur cer- veau les images qui s'y sont déjà produites. Les animaux possèdent donc la pensée et l'intelligence. Les mêmes mots sontemployés pour désigner le phéno- mène qui se produit dans le cerveau de l’homme, mais il n’est plus uniquement physiologique ; il se complique d’un autre phénomène que nous appelons psychologique, et que l'on attribue à l’âme. Le végétal vit; l'animal se meut et pense; l’homme se meut, pense, et se distingue par un autre ordre de phéno- mènes : il crée. L'homme crée des images dans son cer- veau ; il conçoit, il comprend les choses abstraites ; il in- vente ce qu’il n'a jamais vu. Il s'intéresse à autre chose qu’à sa nourriture journalière, il cherche à pénétrer les se- crets dela Nature, il sonde les mystères de l'Univers, et son esprit va au travers de l'infini à la rencontre de l’Auteur de toutes choses. L'âme met l’homme en relation avec l’univers entier, aussi le phénomène physique qui se produit dans le cer- veau de l’homme qui pense doit-il avoir une répercussion dans tout l'Espace. Le mécanisme physique de ce phéno- mène est une destruction momentanée d’une petite quantité de matière et d’une petite quantité d’éther, avec absorp- tion de l’énergie nécessaire à reconstituer le milieu primi- tif de l'univers, le Néant. Une parcelle de néant se reforme dans le cerveau de l’homme dont l’âme opère, non un phé- _nomène physiologique, mais un phénomène psychologique. Cette parcelle de néant ne subsiste que pendant un temps d’une durée infinitésimale, et repasse à l’état de matière et d’éther en dégageant de l’énergie; mais les proportions de matière et d’éther, et, par suite, leurs propriétés se 232 i LA MATIÈRE, L'ÉTHER trouvent modifiées ; l'éther de tout l’univers en subit l’in- fluence, et chaque pensée de l’homme est connue dans tout l'Espace. | La faculté de créer une nouvelle matière et un nouvel 1 éther, donne à l’homme la possibilité de créer des images, | de concevoir ce qui ne tombe pas sous les sens, et d’aspi- rer vers les espaces infinis que notre corps matériel ne nous permet pas d'atteindre. ERRATA Page 57, ligne 29, au lieu de produire, lire produise. | Page 166, fig. 57, placer les lettres o et o’ aux extrémités de la ligne per- | diculaire à æ y et passant par le point a. Page 185, ligne 20, au lieu de Les deux, lire Les rayons. ET LES FORCES PHYSIQUES TABLE DES MATIÈRES BON CEA. JU ERRRRRe RER Ut SA RU RER RER INVÉRODUOTION. PONT. LAN ER ne Nue RER PREND BU PA ETIES IMER e PNMIEA Re PAST ARE re ane CHAPITRE I. — La Matière et l'Éther. 1. Manière dont on doit se représenter les atomes et l’éther. — 2. Propriétés des atomes et de l’éther. — 3. Leurs essences analosnes: — 4. Le Néant Rss ent cn set net ce ; CHAPITRE II. — Les Forces. 5. De la notion des forces. — 6. Siège de l’action des forces. — 7. Loi du carré des distances. — 8. Ondes de forces....... CHAPITRE III. — Le Mouvement. 9, Manière dont les phénomènes de mouvement se produisent. — 10. Différence entre le mouvement d'un corps dañs un milieu élastique, et celui d’un atome dans l’éther. — 11. Mouvements simultanés d’un atome et de l’éther environ- nant. Comparaisons. — 12. Cause unique des mouvements simultanés de l'éther et de l'atome. — 13. Électricités. Movités. — 14. La déformation des ondes et la formation des movités. — 15. Mouvement uniforme, mouvement ac- céléré, mouvement retardé............. nt def a Res te dla et ae CHAPITRE IV. — Formation de la Matière et de l'Éther. 16. Conséquences de la loi de la conservation de l'énergie. — 17. Le Néant. — 18. La matière et l’éther sortant du Néant. — 19. Conséquences physiques de leur formation : la gravitation....... AE Lie PPT R PACS HA PA UE DL SUR ENS Pages 11 19 25 39 234 LA MATIÈRE, L'ÉTHER Pages CHAPITRE V. — Formation des atomes. Électricités. Movités. Cohésivités. 20. La matière et l’éther avant la formation des atomes. — 21. Manière dont la matière s’est concentrée. Forces ré- sultantes. Électricités. Movités. — 22. Action produite sur la gravitation. Cohésivités. — 23. Distribution des cohési- vités dans les corps changeant d'état physique........... 43 CHAPITRE VI. — Phénomènes physiques. 24. Mouvement des atomes soumis à l'attraction. Rebondisse- ment. — 25. Ondes de movités qui se produisent. — 26. Cas de l'atome oscillant. — 27. Ondes de lumière et de chaleur. — 28. Le jeu des cohésivités comparé à celui des ETES à à Leu à SR EE IN PR EPP EE ER EE TRE ne 50 CHAPITRE VII. — États particuliers des atomes. 29. Corps simples et corps composés. — 30. Les volumes et les masses. — 31. Corps électro-positifs et électro-négatifs. — 32. Répartition des cohésivités dans les corps. — 33. Propriétés des corps. — 34. Mouvement des molécules.... 58 SECONDE PARTIE.............. LD re 28 AR IAE EPL EST EE 65 CHAPITRE I. — Mécanique. 85. Les lois mathématiques et la physique. — 36. Le mouve- ment d'un corps. — 37. Le potentiel de la vitesse. — 38. Action d'une force sur un corps en mouvement. — 39. Ac- tion d’une force sur un corps au repos. L'accélération. — 40. La masse. — 41. L’attraction newtonienne. — 42. Équilibre des corps suspendus. Rupture de l'équilibre. — 43. Entraînement d’un corps par un autre. — 44, Quantité de mouvement. — 45. Travail et force vive. — 46. Élévation d’un poids. — 47. Mouvement d’un tore .................. 65 CHAPITRE IL. — La Chaleur. 48. Phénomènes de chaleur. — 49. Électricités et cohésivités. 62. 65. 82. 81. ET LES FORCES PHYSIQUES — 50. Mouvements oscillatoires des atomes. — 51. Chaleur rayonnante. — 52. Conductibilité......................... CHAPITRE III. — Action de la Chaleur sur les corps. . États physiques des corps. — 54. Action de la chaleur sur les corps. — 55. Température; zéro de température. — 56. Quantité de chaleur d’un corps. — 57. Chaleur latente. — 58. Calorimètre. — 59. Chaleur spécifique. — 60. Com- pressions et dilatations des gaz. — 61. Vapeurs.......... CHAPITRE IV. — Cristallisation. Dissolution. — 63. Cristallisation. — 64. Clivage.......... CHAPITRE V. — L'Électricité. Électricité statique. — 66. Électricité dynamique. — 67. Le potentiel. — 68. Capacité d'un corps. + 69. Électrisation par frottement. — 70. Attractions et répulsions électriques. — 71. Électrisation par influence. — 72. Distribution de Mél tHeitensunnienCOnpe LE AMAR TANT RU ER LE CHAPITRE VI. — Courants électriques. Magnétisme. . Courant électrique. — 74. Intensité du courant. — 75. Ef- fets caloriques. — 76. Effets magnétiques. — 77, Courants induits. — 78. Transformation de l'énergie dans les ma- chines. — 79. Solénoïdes. — 80. Les aimants. — 81. Les propriétés magnétiques du fer nn ss mn ns CHAPITRE VII. — L'Étincelle électrique. L’étincelle dans les gaz. L’arc électrique. — 83. Influence de la diminution de la pression sur l’étincelle dans les gaz. — 84. Décharge dans les tubes à vide. — 85. Décharge uni- polaire. — 86. Rayons X sn nn CHAPITRE VIII. — La Lumière. Généralités sur la lumière. — 88. Propagation de lalumière. "89 Réfraction. — 90, Réflexion. ... 4.4 4. does nes 239 Pages 86 98 115 120 137 152 EN 236 LA MATIÈRE, L'ÉTHER 91. Lumière polarisée. — 92. Phénomènes d'interférence. — 93. 98. 102. 114. CHAPITRE IX. — Lumière polarisée. Double réfraction. — 94. Polarisation par réflexion. — 95. Extinction d’un rayon polarisé. — 96. Polarisation rota- toire. — 97. Rotation magnétique de la lumière........... CHAPITRE X.— Spectroscopie. Formation d’un spectre par un prisme. — 99. Formation d’un spectre par un réseau. — 100. Bandes obscures. — 101. Rues des différents )Cnne ir EAN En RCA PAR NR EEE CHAPITRE XI. — La Chimie. Phénomènes chimiques. — 103. Combinaisons. — 104. Affi- nité chimique. — 105. Rôle des cohésivités. — 106. Pile électrique.— 107. Chaleurs atomiques.— 108. Composition moléculaire des gaz. — 109. Équivalents électro-chimiques. — 110. Valence des atomes. — 111. Acides. Bases. Sels. — 112. Alliages. — 115. Dissociation./1.:,. 225-0050 CHAPITRE XII. — Conclusions. Vue d’ensemble sur nos hypothèses. — 115. Phénomènes de radio-activité. — 116. Les évolutions de la matière. — 117. Le mouvement de la matière dans l'Espace. — 118. Le mouvement à l'origine du monde. — 119. La météorologie. 120 Patvie et la pensée RURAL RTE MOTTE SE AR DEUX CAS DE CHIRURGIE DES VOIES BILTATRES PAR Mr le Dr P. ARDOUIN, Ancien Interne des Hôpitaux de Paris. I. — Lithiase biliaire. — Calcul enclavé dans le cholé- doque. — GCholédocotomie et Cholécystostomie. — Guérison. Il s’agit d’un jeune homme de 28 ans, L. P., menuisier, qui me fut adressé en octobre 1901 par mon confrère le D' Le Duigou, et auquel ce dernier avait fait subir le trai- tement médical préconisé par Chauffard. Je fus conduit à l'opérer à cause de l’état de maigreur et de cachexie au- quel il était arrivé, malgré le peu de durée des accidents d’obstruction biliaire. Les antécédents héréditaires ne présentent rien à noter. Son père, sa mère et deux sœurs sont bien portants. Lui-même a eu la rougeole dans son enfance et à 15 ans une bronchite qui a récidivé tous les hivers jusqu’à 20 ans. En février 1899, pendant son service militaire, il eut de la fièvre et fut envoyé à l'hôpital avec le diagnostic d'embar- ras gastrique fébrile. Au bout d’un mois il en sortit, et dut y revenir deux autres fois. Il se plaignait à ce moment de pesanteur gastrique après les repas. Pas d’alcoolisme, pas de syphilis. Le malade a eu au régiment et pendant ses 238 DEUX CAS LE CHIRURGIE gastralgies de violentes névralgies faciales (frontal-bran- che ophtalmique) qui sont classées, comme on sait, dans les pseudo-coliques hépatiques. En mars 1900, il demande les conseils du D' Le Duigou qui fait les constatations suivantes : Le malade souffre de crises gastriques très douloureuses accompagnées de vo- missements alimentaires. L'appétit est conservé, le malade mange bien, puis, au bout de 3 ou 4 heures, il est pris de pesanteurs et de crampes d'estomac. De temps en temps même, pour faciliter le vomissement qui le calme, il absor- be de l’ipéca. Ni éructations, ni aigreurs. Il a la sensation de fièvre et éprouve des frissons, bien que le médecin ne constate aucun état fébrile appréciable. A l'examen on note une sensibilité extrême de la paroi abdominale. Les muscles droits se contractent avec violen- ce au moindre attouchement et rendent l'exploration pres- que impossible. Le palper n’augmente cependant pas nota- blement la douleur vive que le malade éprouve au creux épigastrique et qui provoque chez lui un tremblement gé- néralisé. La pression ne révèle aucun point douloureux par ailleurs. La constipation est habituelle. Le cœur et les poumons sont sains. Pas de signe de tabes ni d'hystérie. Sensibilité intacte, un peu d'hyperesthésie peut-être. Conservation du goût et de l’odorat. Pas de rétrécissement du champ visuel. Réflexes patellaires normaux. Pas de signe de Romberg. Signe du cloche-pied à peine appréciable. Par moments et à l'heure actuelle, névralgie faciale (branche ophtalmique prise). On se trouve ainsi réduit au diagnostic de gastralgie simple. Quelques jours plus tard, je vois le malade avec le D’ Le Duigou et je ne puis que me ranger à son avis, d'autant DES VOIES BILIAIRES 239 mieux que le traitement institué jusqu'alors a déjà un peu soulagé le malade et l’améliore assez sensiblement dans la suite. Le 10 octobre 1900, c’est-à-dire 7 mois aprèsle premier examen, survient une crise douloureuse atroce, qui cède instantanément à un lavage d’estomac, ce qui n’était pas pour mettre sur la voie. Le même phénomène se reproduit en décembre, en février 1901 et au commencement de juin. Le 17 juin, nouvelle crise qui, cette fois, n’est nullement influencée par le lavage d'estomac; on est obligé de re- courir à une piqûre de morphine. La douleur se localise plus à droite, et, au bout de 6 jours, sont évacuées des selles décolorées, sans ictère. On diagnostique alors : co- liques hépatiques, et on institue le traitement préconisé par M. Chauffard (salicylate et benzoate de soude, huile de Harlem. Eau de Vittel. Sulfate de soude). Plus tard,en août, septembre, octobre 1901, surviennent malgré cela de nombreuses crises, presque quotidiennes et subintrantes, calmées seulement par la morphine. Le 14 octobre apparaît l’ictère avec coloration des urines et déco- loration des selles. Les jours suivants, le malade est tor- turé de crises de plus en plus violentes, au point qu’il pen- se au suicide. L’ingestion d'aliments est nulle ou suivie de vomissements ; l’amaigrissement est excessivement rapide, le malade semble condamné à une fin prochaine dans d’a- troces souffrances. Aussi accepte-t-il avec empressement l'idée d’une opération qui peut le soulager, sans le moindre souci d'y succomber. Je vois cet homme le 23 octobre avec le D° Le Duigou. À ce moment est revenu un peu de calme, l’ictère a nota- blement diminué, les urines sont devenues plus claires et les matières stercorales brunes ; le malade se trouve assez bien. La pression digitale localise très bien le maximum 240 DEUX CAS DE CHIRURGIE de la douleur à droite, au-dessous du foie. Celui-ci descend à quatre travers de doigt au-dessous des fausses côtes. Devant l'évidence actuelle du diagnostic de lithiase bi- liaire et la rapidité de l’amaigrissement (dû à l’absence d'alimentation et à la douleur), je suis d'avis d'intervenir prochainement bien que l'obstruction ne soit pas complète, puisque les matières sont colorées en brun. Nous décidons de faire la cholédocotomie suivie de cholécystostomie, de façon à laisser, par le drainage, sortir les calculs de la vésicule présents et à venir. La suite de l'observation mon- trera le bien fondé de cette précaution. Le 28 octobre 1901, je pratique l’opération avec l’aide de mes confrères les D'° Le Duigou et Hubert. Le malade s’est mis, de son propre chef, espérant enrayer son mal, un vésicatoire sur la région vésiculaire. Il s’en est suivi un petit furoncle que je détruis au thermocauthère avant de commencer l'intervention. Je fais à droite, le long du bord externe du grand droit, une incision de 12 cm. environ, qui remonte jusqu'aux fausses côtes. Le foie, débordant les fausses côtes de quatre travers de doigt, est parsemé d’un piqueté blanchâtre dont chaque point a la forme d’une étoile. La vésicule n’est pas distendue, mais ses parois sont épaissies et souples ; elle est à peu près du volume d’un œuf de pigeon. J'explore assez difficilement à l’aide de la main gauche, le canal cystique et le cholédoque. En avant de l’hiatus de Winslow, je sens dans le cholédoque un calcul arrondi, gros comme une petite noix, et j'en trouve un autre plus petit à l’extré- mité du canal cystique. Je sectionne deux brides périto- néales qui me gênent dans mon exploration et m'empêchent d'attirer un peu le cholédoque. Je prends ce dernier à l’aide de l'index et du médius gauches, placés en arrière, et du pouce mis en avant, et je l'incise dans le sens de sa lon- DES VOIES BILIAIRES 241 gueur sur le calcul, le foie étant récliné en haut. Il nese produit aucun écoulement sanguin. Avant même d'avoir extrait le calcul et pendant que le canal est encore distendu par lui, je tente de passer dans la paroi quelques soies fi- nes à l’aide d'aiguilles de Hagedorn; mais la soie, trop fine et trop bien stérilisée, se rompt. J’extrais alors tout simplement le calcul à l’aide d’une spatule ; il s’effrite en partie. Je fais de même pour celui du canal cystique, après avoir d’abord essayé sans succès de le refouler vers le fond de la vésicule. Le calcul du cholédoque pèse 4 gr. 50, une fois dessé- ché; il est friable, müriforme, formé d’une agglomération de minuscules graviers. Après toilette soignée de la région et nouvelle explora- tion digitale des voies biliaires, je fais sur l’incision du cholédoque un petit surjet au cat-gutt fin, guidé par un morceau de sonde de Nélaton momentanément introduit dans le canal. Je place un drain entre deux mèches de gaze stérilisée, l'une duodénale, l’autre sous-hépatique. Je pratique enfin la cholécystostomie classique, comme drainage des voies biliaires, puis je referme pour la plus grande partie la plaie abdominale par des sutures profon- des et superficielles. Avant que le pansement ne soit terminé, à la fin de la chloroformisation, le malade fait des efforts de vomisse- ments et rend un peu de bile, preuve qu'il continue à en passer par son cholédoque. Il s’en échappe également dans le pansement par le drain qui confine au cholédoque. Les suites furent aussi simples qu'il est possible de l'i- maginer chez un sujet aussi affaibli. Dès le jour même, le malade se retrouve au calme absolu, sans douleur. La température et le pouls restent normaux. On fait quelques injections sous-cutanées de sérum artificiel. 16 249 DEUX CAS DE CHJRURGIE Les premières selles se produisent au bout de trois ou quatre jours, dures, ovillées, foncées en couleur, sans qu’on puisse attribuer cette coloration au passage dela bile, mais bien au séjour prolongé des matières dans l'intestin avant l'opération. Les urines sont normales, non biliaires ; l’ictère a disparu également. Le malade boit 2 litres de lait en 24 heures. | Les jours suivants les selles deviennent couleur de mas- tic, la bile s'écoule en totalité par les drainages, et on trouve dans chaque pansement des quantités de petits cal- culs hépatiques presque noirs, gros comme des têtes d’é- pingles, à facettes, qu'on peut voir sortir par le trajet du cholédoque et la vésicule. On fait des injections sous-cu- tanées de cacodylate de soude. Le traitement médical est repris et on observe alors rapidement une augmentation notable de la quantité de bile sécrétée. Le 15 novembre, on constate dans les selles, toujours blanchâtres, de nombreux petits calculs noirs à facettes, semblables aux précédents. Le 17 novembre, les selles commencent à se colorer et se foncent de plus en plus. Le malade s'est levé, et le 20 novembre, c’est-à-dire 23 jours après l'opération, il fait sa première sortie, muni de son pansement. Je le revois le 23 novembre. Il a regagné un peu d’em- bonpoint (poids 51 kgr.) : l'appétit est excellent, les selles sont brun foncé, les urines normales. Le 5 janvier 1902, deux mois environ après l'opération, le malade, qui pesait 54 kgr. en août 1901 et avait encore considérablement maigri depuis, pèse maintenant 62 kgr. Il a repris en partie son travail. Le cholédoque est fermé, il ne reste plus qu’une fistulette de la vésicule dont on aide l'occlusion avec le thermocautère, et qui disparaît en juil- let. | DES VOIES BILIAIRES 243 A la fin de septembre 1902, l’état général est très satis- faisant (poids 70 kgr.). La cicatrice est solide, souple, non douloureuse. Le foie est revenu à son volume normal. Il est encore à un em. au-dessous des fausses côtes. Notre malade n’a plus éprouvé aucune douleur depuis l’opéra- tion : il a repris d’une façon complète son travail depuis plusieurs mois. Le traitement médical, préconisé par M. Chauffard et employé déjà chez cet homme, est continué pour éviter toute chance de récidive. Actuellement (janvier 1904) l’état général et l’état local sont excellents. Il s’est seulement produit au niveau de la cicatrice une éventration peu accentuée, du volume d’une noix. On ne sent pas d’orifice musculaire abdominal livrant passage à l'intestin, et il semble qu'il y a distension de toute l'épaisseur de la cicatrice, muscles et peau, plutôt qu'absence de coaptation musculaire. Notre opéré porte une ceinture en tissu caoutchouté ; sa santé est si bonne que depuis 2 ans il est marié et est devenu père de famille. Il n’a plus jamais eu de colique hépatique. RÉFLEXIONS. 1° Difficulté du dhagnostic au début. — Les gastralgies violentes qui ont précédé de 7 mois les coliques hépatiques franches, ne sont certainement que des coliques hépatiques frustes, qu'il était impossible de reconnaître, d'autant plus que ces douleurs, survenant cependant 3 à 4 heures après le repas, se trouvaient calmées par l'absorption de certains médicaments gastriques et par le lavage d'estomac. La cocaïne n'a pourtant Jamais amené une sédation complète. 2 Précocité de l'intervention. — Bien que l'ictère fût récent (deux semaines) et le foie hypertrophié, nous avons jugé utile d'opérer vite, en raison de l'état de maigreur 244 DEUX CAS DE CHIRURGIE et de cachexie auquel était rapidement arrivé le malade. D’ailleurs celui-ci réclamait à grands cris du soulagement. L'intervention précoce est toujours préférable; mais, de plus, deux éléments peuvent forcer la main : la prolonga- tion d’une douleur atroce et la brusque venue de la ca- chexie. 3° Simpheité des suites opératoires. — Le calme renaît immédiatement. Le drainage empêche toute infection d’é- voluer sérieusement. Plus tard, grâce aux injections de sérum artificiel d’abord, puis de cacodylate de soude, et à l'alimentation, le malade reprend rapidement ses forces, et un embonpoint supérieur à la normale pour sa taille. Son poids atteint 70 kgr. 4 Utilité de la cholécystostomie. — La nécessité du drainage des voies biliaires par l'ouverture de la vésicule nous à été démontrée par le passage de petits calculs hépa- tiques qui, sans cette précaution, auraient pu séjourner dans la vésicule et provoquer de nouveaux accidents de lithiase. Elle nous à, de plus, servi à vérifier les avantages du trai- tement médical préconisé par M. Chauffard. Dès que l’on faisait prendre salicylate et benzoate de soude, la bile de- venait immédiatement plus fluide et plus abondante dans le pansement. 5° Opportunilé du traitement médical. — Ce dernier fait bien constaté (c'est-à-dire excès de bile sous l'influence du salicylate et benzoate de soude) nous a engagé à insti- tuer le traitement dès les premiers jours après l'opération et à le continuer dans la suite pour éviter toute crainte de récidive. Se nt S.à ét né ue DES VOIES BILIAIRES 245 II. — Obstruction du cholédoque par cancer. — Réten- tion biliaire. — Cholécystostomie. Le 6 avril 1903 je vois avec mon confrère le D' Hus- senstein un homme de 74 ans, M. H., atteint à n’en pas douter d’obstruction du canal cholédoque, qui en présence des antécédents lithiasiques, nous semble absolument jus- ticiable d’une intervention chirurgicale. Depuis 2 mois, ce malade est ictérique, teint olivâtre, conjonctives jaunes, prurit intense, dégoût des aliments gras. Les matières fé- cales sont décolorées, les urines en revanche sont forte- ment teintées (couleur vin de Porto) et ne contiennent ni sucre ni albumine. Le ventre est souple, je ne trouve pas trace d’ascite ni de tumeur, la pression est douloureuse au niveau du cholédoque. Le foie est gros et déborde les fausses côtes de deux travers de doigt, la vésicule n’est pas perceptible. Depuis l’âge de 37 ans, notre homme est sujet à des cri- ses de coliques hépatiques, pour lesquelles il à fait d’ail- leurs deux séjours à Vichy; il continue cependant, même ces derniers mois, à éprouver de temps en temps des dou- leurs de la région hépatique, avec irradiation dans l'épaule droite. Il y a deux mois, l’ictère a débuté brusquement, me dit-on, sans exacerbation douloureuse. Le traitement médi- cal à été employé sans succès, le malade à beaucoup maigri, bien qu’il soit encore de très belle apparence. En sorte que nous nous trouvons en face des symptômes suivants : ictère à marche progressive sans rémissions, décoloration des fèces, coloration des urines, foie gros, vé- sicule normale (signe de Courvoisier-Terrier), pas de tu- meur, pas d’ascite cliniquement appréciable, douleur au niveau du cholédoque, antécédents lithiasiques évidents. L'obstruction du cholédoque est facile à reconnaître, 246 DEUX CAS DE CHIRURGIE mais quelle en est la cause ? Les antécédents lithiasiques si nets et si persistants, la brusquerie du début me font pen- cher en faveur d’un calcul, mais je reste néamoins impres- sionné par le teint olivâtre du visage, qui se rencontre plutôt dans les obstructions complètes, absolues, sans ré- mission, dues aux tumeurs dont le volume ne peut que s’ac- croître ; par l’âge du malade, bien qu'on rencontre des cal- culs du cholédoque à toutes les périodes de la vie : 56 ans (Schwartz), 59 ans (Tuffier), 63 ans (Quénu), 69 ans (Schwartz). (Voir Bulletins de la Société de Chirurgie de Paris, 1903). - Au résumé, je diagnostique avec quelques réserves : obs- truction du cholédoque par calcul biliaire, et je me pro- pose de pratiquer comme dans l’observation précédente la cholédocotomie qui guérira le malade. Le pronostic est donc satisfaisant. Le cœur et les poumons sont sains. Le 11 avril 1903, nous pratiquons la laparotomie latérale droite avec l’aide de nos confrères les D" Hussenstein et Le Duigou. Une incision de 10 cm. sur le bord externe du grand droit, partant du rebord des fausses côtes et allant jusqu’au niveau de l’ombilic me conduit rapidement sur le péritoine. Dès l'ouverture de celui-ci, 1l s’écoule une cuil- ler environ de liquide ascitique coloré en jaune ; je me mé- fie déjà d’un néoplasme, et ma crainte ne fait malheureu- sement que se confirmer en présence de la vésicule biliaire distendue, du volume d’une petite poire, que je n'avais pu apprécier cliniquement. Je protège le péritoine et récline les anses intestinales. L’exploration digitale des voies bi- liaires me démontre l'absence de toute induration au niveau des canaux hépatique, cystique et cholédoque. L’index introduit dans l’hiatus de Winslow arrive à sentir un gan- glion induré du volume d’une petite noisette, derrière la vei- ne porte. Et, plus bas je sens, un peu confusément, une PP a | | 4 DES VOIES BILIAIRES DAT induration du volume d’une petite noix. Je pense qu'il s’a- git d’un cancer de l’ampoule de Vater. Je ferme alors la partie inférieure de l’incision abdominale en laissant un petit drain qui va dans le flanc droit. Puis je fais une cho- lécystostomie classique. Il sort de la vésicule près d’un verre de bile noire et épaisse. Pour protéger la suture voi- sine contre le contact de la bile, je la recouvre d’une cou- che de collodion. Pansement stérilisé. Si le malade n'avait été aussi âgé, si je n'avais redouté pour cet homme de 74 ans, peu résistant du fait de son cancer, les conséquences d’une opération longue, j'aurais abouché la vésicule dans l'intestin (cholécystentérosto- mie). Les suites opératoires furent très simples, et 13 jours après l'opération (le 24 avril) le malade quittait la maison de santé, mais son état n’était aucunement modifié par l'écoulement de la bile au dehors, sauf les premiers jours : même ictère, même décoloration des selles, même colora- tion des urines, même prurit. Cependant il reprend doucement sa vie habituelle, se promène dans les rues. Puis, dans le courant du mois d'août se manifeste une tumeur de l’abdomen, en septem- bre de l’ascite, et le malade succombe le 27 septembre 1903, 6 mois 1/2 après l'intervention chirurgicale, 8 mois 1/2 après le début del’ictère. S1 nous avons rapproché cette seconde observation de la première, c'est surtout pour montrer combien il est difficile, dans certains cas, de reconnaître cliniquement la cause réelle de l’obstruction du canal cholédoque. Les difficultés de ce diagnostic ontété longuement mises en lumière à la Société de Chirurgie de Paris (séances de mai-juin 1903) à la suite d’un rapport présenté par M. Guinard sur la pre- 248 DEUX CAS DE CHIRURGIE DES VOIES BILIAIRES mière de nos deux observations. MM. Quénu, Routier, Potherat, Legueu, Reclus, Tuffier, Hartmann ont pris la parole. | M. Guinard affirme que le diagnostic est des plus malai- sés, non-seulement au début, mais même au cours de l’o- pération, alors que la cavité abdominale est largement ou- verte. La main sous le foie, on se demande parfois, ajoute- t-il, si l’on a affaire à un cancer ou à la lithiase et même après avoir conclu de visu à un cancer, on peut avoir par la suite un démenti du fait de la survie prolongée de l’opéré. Suivent des exemples probants dus aux chirurgiens pré- cités — et pour la lecture desquels nous renvoyons aux Bulletins de la Société de Chirurgie de Paris, 1903. — see ENFONCEMENT DE LA VOUTE DU CRANE ABLATION PRÉCOCE D’UNE LARGE ESQUILLE ACCIDENTS ÉLOIGNÉS D'ÉPILEPSIE JACKSONNIENNE ET D'HÉMIPLÉGIE TRÉPANATION, GUÉRISON PAR Mr le Dr P,. ARDOUIN, Ancien Interne des Hôpitaux de Paris. Le 14 juillet 1902, je suis appelé par un de mes confrè- res, le D' Poret, dans les conditions suivantes : M. T., 832 ans, fermier vigoureux, grand et fort, est trouvé sans connaissance le 12 juillet au soir, sous sa voiture, dans une remise. Les circonstances permettent de supposer qu’il a dû recevoir sur la tête un coup de pied de cheval. Le D' Poret l’examine le même jour et constate une plaie du cuir chevelu un peu en arrière du front à droite ; l’en- trebaillement de la plaie permet de voir et de sentir au doigt une fracture du crâne. Lorsque le blessé revient à lui, il éprouve une certaine difficulté à parler et à se mou- voir. é Le lendemain, 13 juillet, l’état du malade s'améliore, et je le vois le surlendemain de l’accident, 14 juillet. À ce moment, le blessé a recouvré toute sa connaissance, il parle très facilement, comprend parfaitement les questions qu’on lui pose, mais ne peut donner aucun renseignement précis sur la nature de son accident ; il n'a plus aucune gêne des mouvements, ni à droite, ni à gauche. Bref, il 250 ENFONCEMENT DE LA VOUTE DU CRANE n'existe aucun signe fonctionnel de fracture du crâne ou de compression cérébrale. Sur le côté droit de la tête se trouve une plaie transver- sale, parallèle au front et à 6 cm. environ en arrière de lui, longue de 6 à 7 cm., venant aboutir en dedans de la ligne médiane, absolument rectiligne, et dont les bords sont déjà en voie de réunion. Après un nettoyage soigné, je décolle doucement les lè- vres de la plaie et, avec l'index, je sens nettement la sur- face du crâne brisée, tranchante, et, immédiatement en. arrière, un brusque ressaut, un enfoncement qu’il s’agit de redresser, bien qu’il n'y ait actuellement aucun symptôme fonctionnel. Sous le chloroforme, avec l’aide des D Poret et Le Dui- gou, j'agrandis la plaie afin de la rendre demi-circulaire, et à récliner facilement la peau en arrière. Je tombe sur une large esquille qui a glissé entre le frontal et la dure-mère, et je suis obligé, pour la soulever et l’extraire de réséquer une petite partie du frontal à la gouge et au maillet. La fracture est nette sans aucune fissure de voisi- nage. L’esquille principale est ovalaire, de la grandeur d'une pièce de 5 francs en argent; elle comprend dans son épaisseur les deux tables de l’os. Je trouve encore trois au- tres petites esquilles détachées, la grande seule adhère à la dure-mère par une grosse veine qui donne un peu de sang après l’ablation. Je laisse à ce niveau une petite mèche de gaze stérilisée qui servira à une compression légère et au drainage, et je ferme le reste de la plaie cutanée par des- sus la brèche osseuse, le péricrâne directement en con- tact avec la dure-mère. Réunion par première intention. Je n’ai pas cru devoir ponctionner ou inciser la dure- mère parce que son aspect extérieur n’indiquait aucune lésion, et surtout parce que le malade n’accusait aucun trouble de compression cérébrale. —— VIT LA Lean sa Lt dd cm so nn di ot té ds TRÉPANATION 251 Les suites de l'opération sont aussi simples qu’on peut l'imaginer et le blessé reprend rapidement toutes ses occu- pations. Bien qu’on lui ait recommandé une certaine prudence, le malade fait l'ouverture de la chasse comme il en avait l'habitude; mais le 28 septembre 1902, c’est-à-dire plus de deux mois après le premier accident, notre homme fait une violente chute en sautant un fossé, sans pouvoir dire si la tête a porté à terre, et rentre chez lui. Dans la nuit sui- vante se produisent des vomissements dont le malade n’a pas conscience. Le médecin appelé pense alors qu'il s’agit d’une simple indigestion, prescrit un purgatif et ordonne le repos. Cependant, deux jours plus tard, le malade perd subite- ment connaissance, est agité de mouvements convulsifs généralisés avec morsure de la langue et écume à la bou- che. Plusieurs crises semblables se reproduisent en peu de temps ; chacune est précédée de douleurs dans la jambe gauche (côté opposé au traumatisme crânien), remontant dans la cuisse etle bras gauches. Puis le malade perd toute conscience de ce qui lui arrive. Le 1° octobre, les mouvements convulsifs se localisent au côté gauche du corps (épilepsie jacksonnienne) et 7 ou 8 crises se produisent dans la journée. Le 6 octobre, les crises ont cessé et ont fait place à une légère parésie des deux membres gauches. Le malade exécute assez bien tous les mouvements, mais la force musculaire est notablement diminuée. Le 9 octobre, les membres gauches sont complè- tement paralysés ; la sensibilité persiste. Le 11 octobre je vois le malade et constate une hémiplé- gié flasque gauche, sans participation de la face, sans anes- thésie à la piqûre, à la chaleur ou au froid. État mental excellent. Le rectum et la vessie fonctionnent bien; la res- 252 ENFONCEMENT DE IA VOUTE DU CRANE piration est normale, le pouls bat 90 à la minute, la tem- pérature axillaire est de 37°8. Le blessé n’a plus eu de cri- se épileptiforme depuis l'apparition de la paralysie. Je vois de plus que la cicatrice de l'intervention précédente (14 juil- let) est en parfait état et ne semble pas en cause ; la brèche osseuse, située très en avant des centres rolandiques, pa- raît diminuée, son bord antérieur est à 10 cm. de l’angle fronto-nasal, sa largeur est de 3 cm. 1/2. La pression ne détermine aucun incident. Je pense qu’il peut s'agir d’un hématome traumatique au niveau des centres rolandiques, maïs bien plus proba- blement d'une lésion destructive tardive sous la dépendan- ce du coup de pied de cheval du 12 juillet. Je décide de faire la trépanation à cause de l’aggravation progressive, de l'indication précise du signal-symptôme, et de la para- lysie qui s’est installée. Le 11 octobre 1902, je pratique cette opération sous le chloroforme avec l’aide des D" Poret et Le Duigou, en utili- sant les points de repère indiqués par M. Poirier. Incision cutanée à lambeau demi-circulaire unique convexe en haut. J'applique au niveau des centres moteurs, c’est-à- dire notablement en arrière du siège de l’esquille enlevée précédemment (5 cm. 1/2 en arrière du bord postérieur de la brèche osseuse), trois couronnes de trépan. Le pariétal a son épaisseur et sa consistance ordinaires. La dure-mère a conservé l’aspect normal, je l’incise et constate que le cerveau fait immédiatement hernie. J'écarte doucement les _ lèvres de monincision dure-mérienne et, à la partie postéro- supérieure de la brèche crânienne, j'aperçois un point où le cerveau est franchement ecchymotique, violacé, dans l'étendue d’un cm. carré environ. Le tissu est ramolli et l'écorce reste adhérente à une compresse stérilisée qui épon- ge sans effort. Il en résulte à cette place une petite dépres- > smic TRÉPANATION 253 sion cupuliforme. Tout autour les circonvolutions semblent saines. Le petit foyer de ramollissement cortical ayant été découvert et très prudemment nettoyé, je m'arrête et refer- me la dure-mère à l’aide de cat-gutt, sauf au niveau de ce point. Je laisse une mèche de gaze stérilisée qui va jus- qu'aux abords du tissu malade et suture rapidement la peau. Pansement stérilisé, légèrement compressif. Au réveil, l’opéré ne remue pas plus ses membres gau- ches qu'avant l'opération. Les suites opératoires ne présentèrent, au point de vue local, aucun incident. Pas d'écoulement appréciable de li- quide céphalo-rachidien. Au point de vue de l’hémiplégie gauche, nous recevions le 24 octobre, c'est-à-dire 9 jours après l'opération, une lettre du médecin traitant nous annonçant que la paralysie tend à disparaître, que la contraction du quadriceps est très appréciable, que l’opéré fait quelques mouvements du membre inférieur gauche. Le 3 décembre (50 jours après l'intervention), l’hémiplé- gie tend de plus en plus à disparaître; le malade, sans avoir suivi aucun traitement médical, remue maintenant très bien le bras et la jambe. Il commence à rester assis dans son lit; seulement il est survenu de temps en temps des crises épileptiformes intéressant le bras et la jambe gauches; le blessé ne perd pas connaissance au moment de ces crises ; elles se traduisent par des mouvements sac- cadés de 3 à 5 minutes de durée environ, et semblent s'es- pacer de plus en plus. Fin décembre et janvier 1903, fièvre typhoïde qui re- tarde les progrès de la guérison. Je reçois des nouvelles le 4 mars 1903. Notre homme marche avec un peu d’aide depuis trois semaines, et depuis ce temps au moins, n'a plus de crises jacksonniennes, ilse sert bien aussi de son bras gauche malade, 254 ENFONCEMENT DE LA VOUTE DU CRANE Le 17 août, lettre du médecin traitant, le D' Poret. Le malade marche très bien maintenant et a repris la plus grande partie de ses occupations. Cependant, d’après les renseignements fournis par les parents, il a dû se pro- duire environ chaque mois de. petites secousses très courtes du côté gauche, que le médecin n’a pu contrôler. A part cela, l’état est parfait. Décembre 1903. Lettre du D' Poret. L'état est resté sa- tisfaisant. Avril 1904. Etat satisfaisant. En résumé : Enfoncement de la voûte du crâne; abla- tion précoce d’une large esquille. Accidents tardifs d'épi- lepsie jacksonnienne, puis d'hémiplégre. : La conduite à tenir en présence d’un enfoncement de la boîte crânienne avec plaie est simple et connue : agrandir la plaie, s’il est nécessaire, après un nettoyage soigné; redresser les esquilles, ou les enlever si leur vitalité est compromise. Mais, en tout cas, agir vite et ne pas laisser à l'infection le temps de s'installer, car alors on n’en devien- drait que difficilement maître, et l’abcès cérébral ultérieur serait presque inévitable. Agir, car si le cerveau supporte souvent assez bien une compression lentement progresive : : (par une tumeur du crâne par exemple), il esttoujours péni- blement impressionné par une compression brusque trau- matique, dès que celle-ci acquiert quelque intensité (Broca, Gérard-Marchand). Les accidents tardifs, épilepsie jacksonnienne et hémi- plégie, peuvent-ils être rattachés à la chute que notre malade à faite le 28 septembre et à partir de laquelle ils ont débuté ? Ou bien cette chute n’a-t-elle été que le premier phénomène résultant du foyer de ramollissement que nous avons découvert ? La chute a-t-elle été cause ou effet ? Cette Pr TRÉPANATION 255 plaque de ramollissement pourrait fort bien être consécutive au premier traumatisme (juillet). C’est l'hypothèse la plus plausible. Nous savons cependant qu'un foyer de ramollissement cortical peut se constituer très rapidement par obstruc- tions vasculaires à la suite ou non d’un traumatisme et chez les artério-scléreux. De plus, chez notre malade, le ramollissement, d'après l'aspect décrit dans le cours de l'observation, peut être considéré comme le premier stade de la lésion, ramollissement rouge, qu’on observe rarement en clinique, dont nous devons surtout la connaissance à la pathologie expérimentale (Grasset). Il est donc difficile d’être affirmatif. En revanche, les faits cliniques nous apprennent que les accidents tertiaires consécutifs aux traumatismes, épilep- sie jacksonnienne, hémiplégie, peuvent survenir sans cause extérieure apparente après une période de silence durant des années. En nous basant sur l'analyse des symptômes observés, pouvions-nous prévoir une lésion corticale destructive ? Oui. En effet, Seguin (voir A. Broca, Précis de chirurgie cérébrale) a pu établir le schéma suivant vérifié bien des fois, qui nous éclaire sur le siège du mal. l° Avec une lésion corticale où épicorticale on note : spasmes cloniques localisés, attaques épileptiformes débu- tant par des convulsions localisées suivies de paralysie, douleurs locales et sensibilité à la pression, température locale plus élevée. 2° Avec une lésion sous-corticale : paralysie locale ou de la moitié du corps suivie de convulsions, prédominance des convulsions toniques, peu de céphalalgie, peu de sensi- bilité à la pression, température locale normale. 256 ENFONCEMENT DE LA VOUTE DU CRANE Et au point de vuede la nature du mal, Charcot et Pitres arrivent à ces deux conclusions : 1° Quand le malade présente dans l'intervalle des accès convulsifs une paralysie permanente, à type monoplégique ou hémiplégique, on doit en conclure qu’il existe une lésion destructive plus ou moins limitée mais siégeant sur l'aire de la zone motrice corticale. 2° Quand, dans l'intervalle de ses accès, le malade atteint de convulsions épileptiformes ne présente aucune espèce de phénomènes paralytiques permanents, c'est que la lésion est tout à fait superficielle, ou bien siège au voisinage de la zone motrice et n’a détruit aucun point des circonvolutions ascendantes. Le diagnostic le plus probable était donc ainsi posé: lé- sion destructive de l'écorce cérébrale au niveau des centres rolandiques supérieurs. Une certitude absolue est à peu près impossible. Pour le chirurgien, ce qui doit être retenu (Broca), c'est que l'épilepsie jacksonnienne est presque toujours un symptôme valable de lésion corticale. Les ob- servations contraires sont rares, et encore la lésion était- elle presque constamment assez superficielle pour être opé- ratoirement accessible. Le professeur Dieulafoy (Académie de Médecine, 1902) a exagéré en considérant les cas de cette catégorie com- me une « grave atteinte à la doctrine des localisations céré- brales » ; l'épilepsie est un symptôme irritatif, indirect par conséquent; nous devons savoir qu'il n’a pas, comme la paralysie, une valeur localisatrice absolue. Il y a quelques années et récemment encore dans diverses publications, M. Lucas-Championnière a insisté sur la fréquence relati- ve des cas où, malgré la netteté d'une épilepsie jackson- nienne, l'exploration chirurgicale reste infructueuse. nié. à ts LÉ _ TRÉPANATION 257 La physiologie a montré que l’excitation localisée à un point de l'écorce cérébrale peut provoquer des convulsions généralisées. C’est une question de degré. Horsley et Bee- vor ont bien fait voir qu'à l'excitation minima correspond un mouvement très bien localisé. Si l'excitation devient plus forte, les mouvements s'étendent, des convulsions, d’abord limitées puis généralisées, se produisent. Aussi le chirurgien doit-il rechercher avec soin si l’atta- que d’épilepsie commence chaque fois par le même membre ou segment de membre. Cette constance du début, signal- symptôme de Horsley et Seguin, le guidera dans son inter- vention opératoire : c'est au centre moteur du membre le premier mis en mouvement qu'il devra s'adresser. Ce signal-symptôme bien net chez notre malade {début régulier par la jambe gauche) et l'hémiplégie qui a suivi ne laissaient place à aucun doute sur le siège du mal et par- tant sur celui de la trépanation à faire. Il est admis généralement qu’on doit abraser les foyers de ramollissement cérébral; c’est ce que nous avons fait. C’est de cette façon que Demons a obtenu un aussi remar- quable succès. Il est vrai que Jones a vu semblable résultat après avoir simplement incisé puis suturé la dure-mère sur un ramollissement, et que l’excision du ramollissement a été complètement inutile dans le cas de Jeannel. Quel est donc le rôle de l'intervention opératoire dans la guérison ? Chez notre malade, un point ramolli de l'écorce cérébrale a été enlevé au niveau de la zone rolandique, et le cerveau a été décomprimé par l’incision de la dure-mère. Nous voyons en effet, dans l'observation relatée plus haut, que le cerveau eutimmédiatement, à l'ouverture de la dure- mère, tendance à faire hernie. Il est possible que la décom- pression ait fait autant pour sa guérison que le nettoyage du foyer ramolli. On est tenté, dit Broca (Précis de chirur- 1 298 ENFONCEMENT DE LA VOUTÉ DU CRANE, ETC. gie cérébrale, 1903), de se demander comment agit l’exci- sion: chez son malade, Jones n’a pas fait l’excision du ramollissement et le résultat a été bon; mais l’excision, de son côté, a fourni à Jeannel un échec, à Demons un succès : l'explication de ce succès demeure obscure (comme le cas de Jones d’ailleurs) mais les faits restent. La lecture de notre observation montre très nettement la paralysie succédant aux mouvements convulsifs, et ceux- ci revenant à mesure que disparaît la paralysie : l'irrita- tion des centres nerveux précède leur destruction et, à mesure que se fait la réparation, l'irritation reparaît jus- qu'à complète guérison. Bien que le temps écoulé depuis l'opération ne soit ac- tuellement que de 20 mois environ, on peut prononcer le mot guérison, puisque notre malade a pu reprendre complè- tement et normalement ses occupations de fermier. Mai 1904. ESA TL SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS DE LA GÉOMÉTRIE PAR Mr le Colonel J. SORNEIN. AVANT-PROPOS. Toutes nos idées, abstraites ou concrètes, sont des repré- sentations appropriées à notre constitution intellectuelle ; mais, qu'elles procèdent directement du mécanisme de la pensée, ou qu'elles se rapportent au monde contingent, ces représentations ont leur source dans l'exercice de la vie et leur origine dans l’expérience. Les principes fondamentaux de toutes les sciences n’é- chappent pas à cette nécessité. La notion même de nombre suppose la vue ou le souvenir de plusieurs objets qui, évo- quant une commune idée, s'offrent simultanément à l'esprit. De même les conceptions abstraites qui font l’objet de la Géométrie sont tirées de l'expérience du mouvement. Sans doute nn simple coup d’œil sur des objets immobi- 260 ÉSSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS les semble d’abord suffisant pour donner les notions de surfaces et de lignes ; mais le moindre coup d'œil est déjà un mouvement, et si, poussant plus loin l'analyse, on cher- che à se représenter les premières impressions de la vue, on se rend compte aisément que les spectacles qui s’offrirent d’abord à elle étaient des images vagues et confuses qui ne pouvaient laisser aucun souvenir, et que leur variété ne s'est précisée que grâce à la mobilité de leurs diverses parties qui, se déplaçant les unes par rapport aux autres, firent apparaître, dans leur mouvement, les marques mé- mes de leur identité; ainsi fut suggérée l’idée de l’objet distinct, avec sa position dans l’ensemble et sa forme pro- pre ; puis cette idée se développa par la connaissance de la ligne et de la surface lorsque, grâce aux leçons de la vue aidée au début de cette éducation par le contrôle du toucher, notre pensée se fut accoutumée à se déplacer rapidement d’un point à l’autre de l’objet immobile, de manière à en déterminer les limites et à en effectuer en quelque sorte une intégration inconsciente, que l'habitude rendit presque instantanée. _ Aïnsi l’idée de mouvement a dû précéder et déterminer les notions de contours et de formes. Sans elle, la notion de la distance demeurerait inexplicable ; les points seraient disséminés sans aucune liaison dans un espace vide de sens: bien plus, nous ne pourrions pas même concevoir le point géométrique, puisque nous ne savons le définir autrement qu'en le considérant comme la limite d’un objet dont on réduirait indéfiniment l'étendue dans tous les sens; or, cette conception suppose déjà l’idée de dimensions, idée essen- tiellement expérimentale, relative à l’être humain et subor- donnée à la notion de mouvement, puisqu'elle nécessite DE LA GÉOMÉTRIE 261 cette expérience, cet acte, ce déplacement, en quoi consiste la mesure. Donc toute représentation géométrique nous paraît ad- mettre à son origine l’idée de mouvement, et, sans parta- ger entièrement l'opinion de M. C. de Freycinet', qui estime nécessaire de baser la science de l’étendue sur un faisceau de six lois naturelles, nous devons reconnaître avec lui que toutes les conceptions concernant l’espace et la mesure ont été suggérées par l'observation du monde physique, sans en excepter celles qui prétendent s’en affranchir. Mais, bien que les données de la Géométrie aient ainsi leurs principes dans l'expérience, ces principes étant appli- qués à des abstractions, la Géométrie elle-même constitue une science abstraite, qui procède par déduction et dont tous les développements doivent être implicitement conte- nus dans un petit nombre de définitions ou d’axiomes. On peut même penser, avec M. Poincaré, qu'il est expédient, si l’on y trouve quelque avantage pour l'analyse ou la syn- thèse, de considérer les axiomes comme de simples « déf- nitions déguisées » et de partir de ces données convention- nelles pour construire tout l'édifice par les seules ressour- ces de la logique mathématique. Aussi est-ce un sujet d’étonnement bien légitime et une sérieuse difficulté pour le débutant, comme pour tout esprit soucieux de comprendre, de rencontrer, au sewk de ce monument de pure abstraction, des images vagues et incomplètes, telles que les définitions actuellement admises pour la droite et le plan, ou même équivoques comme celles de l'angle «figure formée par .deux demi-droites 1 De l'Expérience en Géométrie (Gauthier-Villars, 1903). 262 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS issues d’un même point», en sorte que l’angle devrait aug- menter quand on agrandit la figure, ce qui est précisément contraire à la véritable conception qu’on en doit avoir. J'ai cherché, dans le présent essai, à préciser ces défini- tions et à les déduire rigoureusement des hypothèses fon- damentales ou axiomes nécessaires à l'établissement de la Géométrie usuelle. Je me propose en effet de parcourir dans des études ultérieures tous les groupes de la Géométrie, d'analyser les nouvelles méthodes inaugurées par Descartes, Chasles et von Staudt, et de discuter les spéculations de la Méta- géométrie basées sur les travaux de Lobatschewsky, Rie- mann, Cayley et Klein, pour ne citer que les plus sail- lants. Mais en vue d'éclairer la discussion, il m'a paru nécessaire d'établir d’abord un criterium indiscutable, ou du moins plus exclusivement scientifique que celui dont M. Bertrand A. W. Russell a étayé la remarquable criti- que philosophique récemment parue sous le titre d'Æssai sur les fondements de la Géométrie. C'est à quoi je me suis appliqué dans ce premier mémoire. Je ne prétends pas que mon modeste effort suffise à lever tous les doutes, et je m'estimerais satisfait si cette étude pouvait, en quelque mesure, éviter à d’autres les difficultés qui m'ont longtemps égaré. Cherbourg, 1er octobre 1903. DE LA GÉOMÉTRIE 263 SOMMAIRE. L'ESPACE EUCLIDIEN. Notions fondamentales de la Géométrie usuelle rappor- tées à l’idée de mouvement. — Le Point mobile et les Lieux géométriques. — Relations de position et d'étendue. — La Forme et la Mesure. Le fondement de la Géométrie usuelle est dans l’idée de mouvement que nous suggère l'expérience. Le mouvement se manifeste à nos yeux par le déplace- ment des corps matériels, dont la connaissance est du do- maine des Sciences physiques et mécaniques. C’est par une abstraction de notre esprit que nous appliquons cette idée au point géométrique, dernier terme où aboutit l’ana- lyse de toute géométrie, élément nécessaire que l’on con- çoit comme limite d’un objet de dimensions évanouissantes, et qui ne comporte pas d'autre définition. Si l’on considère les points, les droites, les plans, etc., comme autant d'êtres ‘ distincts et indépendants par leur origine, leurs groupements ne donnent lieu qu’à des consi- dérations et à des combinaisons algébriques, et le nombre des axiomes nécessaires pour les rattacher les uns aux au- tres et créer entre eux des liaisons arbitraires est plus ou moins grand, suivant qu'on se rapproche des définitions de la Géométrie euclidienne ou que l’on demeure dans le domaine de l’abstraction, en dehors de toute hypothèse sur le mouvement ou sur l’espace. Je me propose, dans cette étude, de dégager méthodique- ment les conséquences que l’on peut tirer des principes ! Êtres abstraits, idéaux, purs concepts de l'esprit. 264 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS du mouvement défini par la variation continue et illimitée de la distance, et de montrer comment ces principes en- gendrent les notions de la droite, de la sphère et du plan, avec toutes les propriétés que leur attribue la Géométrie usuelle. À cet effet, je poserai d'abord les axiomes généraux nécessaires pour préciser la représentation du mouvement d’un point et je formulerai les principes qui servent de base aux mesures des continuités géométriques ; j'établirai les conditions particulières auxquelles doit être assujetti le point mobile pour décrire la droite, la sphère et le plan, qui seront ainsi définis comme lieux géométriques et com- me continuités diversement étendues ; je montrerai que la circonférence peut être définie sans invoquer la notion du plan et doit au contraire servir à établir cette dernière, et que non-seulement la mesure du triangle sphérique est in- dépendante du parallélisme, mais que l’on peut l’énoncer avant même d’avoir défini la surface plane ; enfin, je m’ef- forcerai de mettre en lumière le rôle que joue dans la défi- nition du plan le postulatum d’Euclide ou toute autre forme équivalente du principe de similitude, dont l'importance et la nécessité n'apparaissent pas avec évidence dans les traités de Géométrie usuelle. La présente étude est divisée en quatre titres : Titre I°. — Les Axiomes fondamentaux. — La Ligne droite. Titre Il. — Déplacements coniques. — La Sphère. — La Circonférence. — Rotation autour d'un axe. Tire III. — Le Plan. — Déplacements par translation. — L’Angle et le Parallélisme. Trrre IV. — La Mesure et les Dimensions de l'espace géométrique. D de DE LA GÉOMÉTRIE 265 TITRE PREMIER. LES AXIOMES FONDAMENTAUX. — LA LIGNE DROITE. Définitions. — Espace £éométrique. — Continuité. — Ligne. — Forme et longueur. L'espace géométrique est le lieu de toutes les positions que peut occuper un point qui se déplace. ou, en d’autres termes, le milieu libre ou nous le faisons mouvoir à notre gré; il ne représente rien, sinon un Cadre conventionnel auquel nous rapportons les déplacements arbitraires du point mobile. Définir l’espace, c’est donc définir les condi- tions générales et essentielles du déplacement d’un point. Axiome I (de continuité). — Nous admettrons d’abord que le point géométrique se déplace dans son milieu idéal, d’un mouvement continu, comme un être contingent et matériel. L'espace géométrique est donc un milieu continu, en ce sens que tout point À peut y être amené à se confondre avec un autre point quelconque B, par une continuité inin- terrompue de positions successives à laquelle on donne le nom de #rajectoire ou ligne, et qui se manifeste sous deux modes différents, spécifiés par les deux notions de forme et de longueur. On conçoit en effet que la représentation simultanée des positions occupées successivement par un point mobile dé- termine un tracé continu dont la forme caractérise le dépla- cement du point, et le figure à nos yeux; mais on conçoit en même temps que le long de cette ligne se développe une 266 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS étendue qui mesure le chemin parcouru indépendamment des sinuosités de la trajectoire, en sorte que sur une même ligne un point peut parcourir des chemins de longueur dif- férente et que sur deux lignes différentes un point peut faire des trajets d’égale longueur. Cette notion de longueur a son principe dans l'expérien- ce ; elle est intimement liée à la conscience que nous avons de l’effort nécessaire pour changer de position et de la dé- pense d'énergie qui mesure un déplacement déterminé. Aussi ne suffit-il pas que l’on ait mis des indications kilo- métriques le long d’une route, pour qu’un observateur qui en prend connaissance se rende compte de l'éloignement des localités voisines; il faut encore que cet observateur, capable de marcher et conscient de son effort, ait parcouru souvent et au moins une fois l'intervalle entre deux bornes consécutives, pour avoir une idée de la mesure conven- tionnelle qu’elles définissent et du chemin qu’il aura à par- courir par la répétition de ses propres pas lorsqu'il voudra se rendre aux lieux désignés ; de même les points que nous imaginons pour figurer la continuité ne sont que des jalons dont l'intervalle demeurerait pour nous un abîme mystérieux, quelque multiplication de ces repères que l’on imagine pour le combler, si nous ne faisions une conven- tion pour représenter cet intervalle à notre esprit et lui donner une mesure. Ainsi sur la ligne dont nous avons jalonné la forme, il ne peut y avoir longueur que si nous faisons la convention d'un élément de déplacement linéaire susceptible d’être reporté sans modification sur tout le parcours à mesurer, et capable de le reproduire entièrement par sa seule répétition. Nous verrons qu’en effet l’unité adoptée pour la mesure des longueurs est une ligne de forme particulière dont l’é- lément est précisément la limite commune vers laquelle ke. ve DE LA GÉOMÉTRIE 267 tendent tous les arcs divisés à l'infini, en sorte que cet élé- ment peut être considéré comme le type du déplacement élémentaire du point mobile. D'autre part cette faculté de déplacement que nous attri- buons au point géométrique étant empruntée à l'expérience du mouvement des corps matériels, 1l était naturel d’admet- tre que le déplacement élémentaire dût, conformément au principe de moindre action, se produire suivant la ligne de plus court chemin dont la forme invariable s’imposait au géomètre comme la plus simple qu’il pût concevoir. Qu'est-ce que cette ligne de plus court chemin ? Axiomes de distance et d'étendue illimitée. — Con- gruence et coïncidence. — Axiomes de mesure. Axiome II (de distance). — Nous avons déjà fait une hypothèse sur l’espace, celle de la continuité. Il est néces- saire pour caractériser le mouvement d’un point, de pré- ciser le milieu géométrique par la notion fondamentale de la distance. En effet, parmi toutes les lignes qui figurent le déplace- ment continu d’un point à un autre, nous ne saurions en concevoir une qui soit la plus grande possible, puisqu'il nous est toujours permis de l’allonger, en remplaçant un trajet quelconque entre deux points par un cheminement obtenu en reportant à partir du premier point, dans une direction quelconque, ce même trajet bout à bout, autant de fois que nous le voudrons avant de refermer la continuité sur le deuxième point. Donc, pas de maximum nécessaire pour la longueur du déplacement possible entre deux points fiixes et détermi- nés ; mais il n'en est pas de même quand nous cherchons à 268 . ESSAI SUR L'ORIGINE ÉT LES FONDEMENTS les relier par une ligne plus courte qu’une longueur donnée. Les deux points étant déterminés et distincts, il y a une limite minima à la longueur des divers chemins que l’on peut suivre pour aller de l’un à l’autre. C’est une consé- quence nécessaire du principe de continuité. La Géométrie usuelle est basée sur l’hypothèse d’une ligne de plus court chemin unique entre deux points dis- tincts et déterminés À et B. La longueur de cette ligne est la distance entre les points À et B. C’est une relation mutuelle qui dépend de la position relative des deux points et qui la définit, mais qui est indépendante du lieu ou du site et demeure invariable de forme et de grandeur dans les déplacements du système constitué par les deux points. La distance d’un point mobile à un point fixe peut décroître indéfiniment, tendre vers zéro et s’annuler. Nous spécifierons à l’axiome IV, ce qu’il convient d'admettre au sujet du déplacement élémentaire du point. Axiome IIT (d’étendue illimitée). — D'autre part, la distance peut croître au-delà de toute longueur désignée. Le déplacement du point n’a donc d’autres bornes que cel- les qui pourraient résulter de la contradiction avec les con- ditions arbitraires que nous lui imposerons nous-mêmes pour l'étude des diverses formes du mouvement. Cet axio- me ajoute à la notion de l’espace géométrique l’idée d’une étendue illimitée. Il est permis de douter qu'aucune concep- tion puisse être plus générale. On l’exprime sous une autre forme en disant que la distance peut varier de zéro à l’infini (de 0 à w ) Mais nous préciserons ce symbole convention- nel (+ ) quand nous aurons à étudier les propriétés du plan euchdien et à définir le parallélisme. Congruence et coïncidence. — On se rendra compte 4) | | | DE LA GÉOMÉTRIE 269 dans la suite comment la notion de distance permet de défi- nir à la fois la longueur et la forme : la longueur si l’on tota- lise les distances élémentaires suivant une même ligne, et la forme si l’on considère les distances à des points fixes des diverses positions successives du point mobile. On conçoit déjà que la variation de ces distances puisse définir la forme des figures géométriques, puisque cette loi détermine les positions relatives, les groupements des points et par conséquent les figures qu'ils forment, ou plus simplement parce que la conformation d’un être géométri- que n’est précisément quele résultat de son mode de forma- tion, défini par les déplacements qui l’engendrent. Si donc nous imaginons une méthode qui nous permette de définir complètement et sans équivoque le déplacement du point mobile, nous aurons défini du même coup les lignes, figures et constructions auxquelles ce mouvement donne naissance, en sorte que si nous répétons le même déplacement sur un autre point, nous répéterons nécessairement les mêmes li- gnes, figures et constructions. Les seconds êtres ne seront que des reproductions exactes des premiers, et, si nous sup- posons les deux mobiles confondus en un même point à l'origine du mouvement, les deux systèmes ainsi engen- drés seront confondus identiquement, point par point. Au contraire, supposons-les séparés et distincts : la pro- priété qu'ils ont de pouvoir être amenés à se confondre est une relation mutuelle et réciproque que l’on appellera con- gruence, et la situation qu'ils occupent respectivement lors- qu’ils ont été juxtaposés point par point se nommera coïn- cidence. Les mêmes déplacements engendrent donc des êtres géométriques congruents. Lieux géométriques. — Au lieu de figurer le mouve- 270 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS ment continu du point par ses positions successives, on dé- finit souvent l’ensemble des positions qu’il peut occuper, en l’assujettissant à certaines conditions par rapport à un sys- tème de points ou à des êtres déjà définis. Ainsi un point peut être assujetti à rester à une distance constante d’un point fixe, ou occuper des positions telles que la somme, ou la différence, ou le rapport de ses distances à deux points fixes soit constant. L'ensemble des positions possibles dans les conditions spécifiées s'appelle un Leu géométrique ; il doit comprendre tous les points qui satisfont aux conditions énoncées et n’en admettre aucun autre. Suivant le nombre des conditions et leur nature, ce lieu peut être représenté par une ligne, une surface ou même une région de l’espace : ainsi, une longueur À étant donnée et O M étant la distance d'un point mobile M à un point fixe O, la condition O0 M=R définira la surface continue d’une sphère de rayon À, et la condition O M < R représentera tout l’espace compris dans l'intérieur de cette sphère. Les lieux géométriques déterminés par les mêmes condi- tions par rapport à deux sytèmes congruents sont con- gruents. En effet, si j’amène les deux systèmes en coïnci- dence, tout point du premier lieu satisfait aux conditions énoncées par rapport au deuxième système comme par rap- port au premier et coïncide avec un point du deuxième lieu, et inversement. C’est sans doute ce qu'il convient d'entendre quand on dit que l’espace géométrique est un milieu ssotrope. Axiome IV (de mesure). — Nous n'avons défini jusqu'ici que la charpente de notre édifice et tout au plus sa figu- re et sa forme; nous pouvons par des relations de distan- ces fixer les jalons qui doivent guider et limiter nos dé- placements ; mais il nous reste à évaluer en quantité les DE LA GÉOMÉTRIE PA ' grandeurs continues auxquelles ces déplacements donneront naissance. La mesure de ces continuités est basée sur les principes suivants : 1° En général, c’est-à-dire à moins de convention con- traire, le déplacement élémentaire d'un point est supposé se produire suivant la ligne de plus court chemin, en sorte que sur une courbe quelconque, dont on divise un arc en parties de plus en plus petites, la longueur de l'élément li- néaire tend à se confondre à la limite avec la distance entre ses deux extrémités. 2° Toute étendue géométrique développée par le dépla- cement continu d’un être (point ou étendue) antérieure- ment défini est la somme des étendues développées par les déplacements partiels et successifs, suivant lesquels peut se décomposer le déplacement total. Sa mesure est la som- me des mesures partielles. Le déplacement du point engendre la continuité Ligne et développe l’étendue longueur ; nous verrons de même le déplacement de la ligne engendrer la continuité de 2° es- pèce surface et développer une étendue appelée are ou superficie, et le déplacement de la surface donner lieu à la continuité de 3° espèce corps ou solide géométrique dont l'étendue est nommée volume. 3° Les mêmes déplacements appliqués à des êtres con- gruents, engendrent des continuités de même étendue dans tous les points de l’espace. Deux lieux géométriques con- gruents par définition ont des étendues égales indépen- damment de leur position relative. 4 Deux continuités peuvent être égales en étendue sans être congruentes, lorsqu'elles sont composées des mêmes sommes d'éléments égaux, mais diversement disposés. On dit alors qu'elles sont équivalentes. 272 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS Les axiomes IV formulent les conditions mêmes de toute mesure géométrique, c’est-à-dire, à proprement parler, de toute géométrie *. Si le déplacement demeure constamment le même, c’est- à-dire s’il peut se décomposer en éléments identiques aus- si petits que l’on voudra, toutes les étendues successives qu’il engendre sont comparables, et mesurables par rap- port à l’une quelconque d’entr’elles prise pour terme de comparaison ou pour unité de mesure. La quantité d’éten- due sera représentée par le nombre qui indique combien de fois l’unité doit être déplacée pour couvrir tout l’ensemble sans répétition, c’est-à-dire sans reproduire deux fois une même partie. Le 3° énoncé ne fait que compléter, en la précisant, la notion de congruence ; il définit l’espace comme un milieu homogène, dans lequel les mêmes déplacements engendrent en tous les points les mêmes grandeurs, égales en valeur asbolue ; il spécifie que les continuités géométriques sont toujours indépendantes du site, non-seulement comme for- me, mais aussi comme étendue. Cette conception est basée sur l’expérience *, qui nous permet d’en vérifier l’exacti- tude sur les continuités fermées représentées par des objets que leur construction même définit comme lieux géométri- ques ; mais nous l’étendrons jusqu’au cas où l'expérience ne peut plus nous venir en aide pour vérifier le bien fondé de nos hypothèses, c’est-à-dire au cas des continuités d’é- 1 Au sens étymologique du mot (yew-petptæ). 2Sans doute l'expérience pourrait nous induire en erreur, si, comme l'être pensant imaginé par M. Poincaré pour le monde Lobatschewskien, l’homme et les êtres contingents étaient variables dans toutes leurs dimensions d’après leur position dans leur milieu propre. Mais puisque notre espace géométrique est à notre conve- nance, nous pourrons le supposer exempt de cette singularité in- commode. DE LA GÉOMÉTRIE 24 tendue illimitée que suppose l'axiome III. Cette extension à l'infini de la notion de congruence n’est évidemment qu’une pure convention sans représentation contingente, mais cette abstraction est possible si l’on n’établit pas de contra- diction entre les deux termes étendue illimitée et éten- due définie c’est-à-dire à la condition de ne pas attribuer au mot défin le sens exclusif d’une grandeur finie, arrêtée par des contours apparents, mais le sens bien différent de grandeur nettement désignée, représentée sans équivoque ‘. Sous ces réserves, nous pourrons sans contradiction imaginer un symbole qui représente à notre esprit, d’une façon claire et certaine, lerapport entre deux étendues illimitées. Cette convention sera la dernière hypo- thèse, ou le dernier axiome que nous aurons à formuler pour donner au déplacement du point mobile une définition précise et complète qui n'admette aucun cas d'indétermi- nation, et qui sous l'énoncé du postulatum d’Euclide, ou sous toute autre formule, nous permette d’écarter de l’es- pace géométrique usuel les spéculations qui sortent de son cadre et les abstractions qui ne sont pas de son domaine. Conséquences des axiomes I, IT et IV. — 1° La ligne de plus court chemin entre À et B est la même qu’entre B et À ou plus simplement la distance À B est égale à la distance B À. Désignons par la notation d. À B la continuité suivant la ligne de distance et par /. AB celle qui correspond à tout autre cheminement. d. À B = d. BA (axiome de distance). 1 Une définition complète ne comporte que l'énoncé du genre commun et de la différence propre. Un lieu géométrique est entiè- rement défini, même sans limites. 18 274 ESSAI SUR L ORIGINE ET LES FONDEMENTS Le déplacement élémentaire ayant lieu suivant la ligne de plus court chemin, tous les déplacements élémentaires peuvent être supposés réversibles et alors l. AB=1 BA suivant un cheminement quelconque‘; donc foute conti- nuité linéaire a la même longueur dans les deux sens. 2° Pour tout point M intermédiaire entre À et B sur la ligne de distance, les éléments À M et B M de cette ligne sont aussi des segments minima ou des lignes de distance entre M et À d’une part, comme entre AZ et B d’autre part. En effet si /. A M diffère de d. À M, on pourra trouver un autre cheminement plus court, rt, qui constituera avec 1. MB un trajet moindre que d. À B entre les points À et B, ce qui est contraire à l'hypothèse. 3° Il en résulte que la ligne de distance À B est le lieu géométrique des points A7 tels que l’on ait: d. AM+d. MB = d.AB en ne considérant pour le moment que les points compris entre À et B. 4 On voit que la distance À M part de zéro pour croi- tre jusqu'à À B d’une manière continue. On peut donc la partager en ur nombre quelcon- que de longueurs égales. Les parties corres- pondantes de À B sont par suite égales et con- gruentes, par cette raison qu'il n'en peut exis- ter qu'une entre deux points de division con- sécutifs. 5° Soient deux points À et B et leur ligne de distance À B. Prenons le milieu A de cette ligne (fig. 1). Fig. 1. 1 Par application à l’axiome IV des principes d’associativité et de commutativité, généralisés par récurrence, = Se D à RS. An DE LA GÉOMÉTRIE 275 d. AM= d. MB=—d.AB Considérons deux points quelconques C et D dont la dis- tance à M soit égale à _ d. AB d:GDe dt CM d:MD <2d. AM C et D pourraient être disposés comme À et Ben CE, de telle sorte que leur ligne de distance passe en M. L’é- galité d. CE = 2 d. MA serait alors satisfaite. Je dis d'ailleurs qu'aucune autre disposition ne peut satisfaire à cette égalité. En effet, si C M et M D étaient disposés de telle sorte que M fût en dehors de la ligne de distance C D, on aurait d. CD = 24. AM = d. MC +d. MD et par suite deux cheminements tels que la longueur serait minima, ce qui est contraire à l’axiome de distance. De la ligne droite, lieu de distances. Le raisonnement ci-dessus est indépendant de la valeur de d. M À, qui n’est pas limitée. Si donc on donne deux points À et B, et leur distance d, on peut toujours imagi- ner deux autres points A'et C”, tels que leur distance soit double de la première, soit 2 d, puis prendre le milieu de la ligne de distance À’ C’, soit B’; ensuite porter sans déformation la ligne de distance A’ B” sur À B et alors le point C”’ viendra occuper une position C telle que AC est une ligne de distance passant par B. Donc étant don- nés deux points quelconques À et B je puis trouver un point C tel que la ligne de distance À C ait son milieu en 276 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS B, puis un point D tel que la ligne de distance À D ait son milieu en C, puis un point Æ tel que le milieu de d. AE soit en D et ainsi de suite indéfiniment. Tous ces points seront sur une même ligne de distance et les intervalles progressifs À B, À C, A D, À N de cha- que nouveau point à l’origine À, seront entr'eux comme les termes de la série 1, 2, 4... 2". On peut de même doubler la ligne de distances de l’au- tre côté de À ; à cet effet, imaginons deux points dont la distance soit double de À N; traçons leur ligne de distances et prenons-en le milieu; plaçons ce milieu en À et une ex- trémité en N. L'autre extrémité nous donnera le point cher- ché en NV”. On pourra ainsi doubler la ligne alternativement dans un sens et dans l’autre et cela indéfiniment, en sorte que les extrémités seront aussi éloignées que l’on voudra de l'origine et que leur distance pourra croître au delà de toute longueur désignée sans que la ligne de distance des points extrêmes cesse de passer par À et B. On forme ainsi une ligne continue indéfinie qui est entiè- rement déterminée par les deux points À et B. Considérons en effet un point sur cette continuité 1° Entre À et B; nous avons déjà vu qu'on a dans ce Cas : d. AM+d. MB =d.AB ou d. AM+d.MB+d. BA=0 en comptant les longueurs positivemeut dans le sens À B, et négativement en sens contraire ; 2° En dehors du segment À B : Soit P le point de la série qui le suit immédiatement. P A est une ligne de distance qui contient M entre P et A, On aura donc, comme ci-dessus : DE LA GÉOMÉTRIE OT d. AM + d. MP = d. AP de même d. BM +d. MP = d. BP. Retranchons membre à membre : d. AM-d. BM=d. AP-d. BP=d.AB et si nous comptons les distances positivement dans un sens et négativement dans l’autre : d. AM +d. MB +d. BA=0. Cette équation définit entièrement la ligne de distance par rapport à À et B. Proposition. — Za ligne de distance est déterminée par deux quelconques de ses points. Supposons deux autres points « et b sur la ligne de distan- ce À B. Quelle que soit la position du point 47, on pourra. toujours trouver deux points de la multiplication dans les deux sens de À B, tels que P" et Q, qui comprendront entr’eux les trois points a, b et M. Quel que soit le groupement de ces trois points, ils occupent trois positions que nous pouvons désigner par x, 8 et y suivant leur ordre dans le sens P'Q. | Considérons les segments P'7 et 7Q; ce sont des seg- ments minima, puisque y est compris entre les extrémités P'et Q de la ligne de distance P" Q. Le segment P”} est donc lui-même une ligne de dis- tance, que la position « partage en deux segments minima P'a et «y; on voit de la même manière que «y est aussi une ligne de distance sur laquelle la position 8 détermine deux segments minima +68 et 87; on a donc entre les trois positions +, 8 et y la relation: d.aB+d.8y+d.7a=0 278 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS et par suite entre les trois points a, b et M, quel que soit leur groupement, l'égalité : d.ab+d.bM+d. Ma=0 qui définit la ligne de distance À B par rapport aux deux points a et b. Il en résulte que toutes Les lignes de distance sont iden- tiques et congruentes et que si l’on en transporte une, À B, de façon que deux quelconques de ses points viennent se confondre avec deux points d’une seconde ligne de distance, C D, ces deux lignes coïncident entièrement, si loin qu'on les prolonge. On les nomme lignes droites. Conséquences. — La ligne droite est définie par deux points, indépendamment de leur distance. — Deux lignes droites qui ont deux points communs se confondent, aussi loin qu’on les prolonge. — La ligne droite est un lieu de plus court chemin entre deux quelconques de ses points. Remarques. — Z. On verra par la suite que la circonfé- rence passant par deux points À et Bet dont le rayon croît indéfiniment, se confond à la limite pour toute distance finie de À B, avec la droite À B ; mais elle ne devient pas le lieu des plus courts chemins entre ses points. Ce lieu est le plan qui contient la droite À B et le centre du cercle rejeté à l'infini. IT. Analysis sitüs. — La condition d. AM+d.BM>d. AB est applicable à tous les points de l’espace réel. La condition d. À M + d. M B < d. À B n’est applica- ble à aucun point de l’espace réel. La condition d. À M + d. M B — d. A B définit la ligne droite, quelle que soit la distance À B. DE LA GÉOMÉTRIE 279 Dans cette expression, d. À M et d. M B sont comptés positivement dans le sens À B et négativement dans le sens contraire. III. Nous verrons, au Titre III, par quel symbole con- ventionnel on peut caractériser la ligne droite pour l’assu- jettir à l’espace géométrique euclidien. TITRE IL. DÉPLACEMENTS CONIQUES DE LA DROITE. — LA SPHÈRE. — LA CIRCONFÉRENCE. — ROTATION AUTOUR D'UN AXE FIXE. Déplacement d'une droite qui passe par un point fixe. Définition du secteur conique. — Soit une ligne droite O À X indéfinie, passant par un point fixe © (fig. 2). Considérons une ligne continue quel- conque À À” suivant laquelle se déplace un point M, et, à chaque position de ce point, joignons-le au point O par la droite MO. Puisque toutes les droites sont congruentes, nous pouvons admettre que c’est la droite À O elle-même qui s’est déplacée d’une façon con- tinue pour venir en O MX”, en tournant autour de O et en glissant en même temps, soit dans le sens O X soit en sens contraire, suivant que la distance O M croît ou décroît. Si l’on considère à chaque instant le point de la droite mobile qui reste à une distance constante du point O, ce point décrit un cheminement continu. Hip 1228 280 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS En effet, s’il en était autrement, il présenterait au moins une interruption mm, et comme la trajectoire À A'est continue, cela exigerait que par un certain point M de A À’ et par le point O on pût mener deux droites différen- tes OmM et Om'M, ce qui serait contraire à l’axiome de distance. Il en serait de même pour tout autre cheminement suivi par le point M qui entraîne la droite mobile. : Cette continuité engendrée par le déplacement de OX constitue une surface que l’on appelle, en général, surface conique. Nous verrons plus loin que, dans le cas particulier où le point M parcourt une ligne droite, cette surface conique devient un plan; mais, pour le moment, adoptons cette désignation de surface conique même pour ce cas spécial, et appelons sec- teur conique la surface illimitée com- prise entre deux positions O X et O Y de la droite mobile (fig. 3). Enfin, considérons la portion de cette surface limitée à la droite À B et appelons cette portion de surface : Secteur © B Fig. 3. Maintenant, supposons les droites O X et O Y prolongées de l’autre côté du point O en O X’et O Y' et considérons les points A’ et B” sur ces prolongements. Nous formerons ainsi un contour fermé À B A'B'AÀ, composé de quatre lignes droites, et une surface continue constituée par quatre secteurs : A B 4 B: 0 p 9 4' 0) 0) D'autre part nous pouvons imaginer une droite OZ en à . mn “pos D die dt DES SR CT Se de cn, it romans 7 } | | 4 aient. A 46 Sd ÉD à Éd DE LA GÉOMÉTRIE 281 dehors de ces quatre secteurs. Sur cette droite, prenons de part et d'autre de O des longueurs quelconques OC et OC" et joignons C et C’ aux sommets À, B, A'et B”. Nous formons ainsi quatre secteurs : A B À° B° ne cu pa de issus de C, et quatre secteurs : YA NE INA pa NE cf ef off ef! issus de C”, qui constituent huit surfaces continues, se rac- cordant deux à deux suivant les douze éléments de lignes droites : E one 21 à nl Lo: mue DE: M CAES OMR EACAAT ER EE BR" ABIEABA I ANBE AB" A c’est-à-dire une enceinte continue à huit faces, qui sépare du reste de l’espace le point O et la région avoisinante, li- mitée de toutes parts par ces huit surfaces coniques. La Sphère. Description de la sphère. — Considérons un point M mobile suivant le périmètre À B A'B' A, et joignons-le à chaque instant par des lignes droites aux deux sommets C et C”; nous parcourrons ainsi toute la surface de l'enceinte, qui se M o trouvera refermée lorsque le point A7 sera revenu à son point de départ. P En outre, dans chaque position du point Cl M, supposons que l’on joigne le point O à toutes les positions que peut occuper un point mobile » sur C MC’, et sur chaque droite Om prenons Fig. 4. 282 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS un point > à une distance de O égale à une longueur don- née À. Le point r décrira une ligne continue Z, pendant que = décrira la ligne brisée C MC”; cette ligne Z abou- tira à deux points p et p' sur OC et OC”. Faisons dépla- cer M sur À B A°B"; nous aurons pour chaque position de M une nouvelle continuité L” distincte de la première, mais dont tous les points sont à la même distance de O et dont les extrémités sont également en p et p'. Il est facile de montrer qu’un point quelconque ‘de la première ligne Z peut être relié à un point quelconque de la deuxième par une infinité de cheminements continus dont les points appartiennent à des lignes intermédiaires entre ZL et L”. Il suffit de se reporter aux points correspondants de l’en- ceinte extérieure et de les joindre par des cheminements arbitraires tracés sur les secteurs compris entre ces points, puis de joindre au centre par des lignes droites tous les points de ces cheminements, et enfin de prendre sur cha- que droite, à partir du point O, une distance égale à À. Le lieu de toutes les positions du point 7 sera donc une suite continue de lignes continues Z passant par p et p’. Cette continuité constitue donc une surface continue et fermée, dont tous les points sont équidistants du point O. On pourrait penser que par construction les points p et p' sont des points singuliers de cette surface. Il suffit de remarquer que C et C” étaient arbitraires et que si on prend pour sommets deux points quelconques D et D” d’une au- tre droite passant par O, la surface décrite par la même méthode coïncidera avec la première, parce que sur une droite passant par O, on ne peut, de part et d'autre de ce point, trouver dans chaque sens qu'une seule position pour laquelle la distance à O soit égale à R. Les sommets de la première surface sont des points quelconques de la se- conde, et réciproquement. Ils ne présentent donc aucune particularité. | DE LA GÉOMÉTRIE 283 Les surfaces ainsi définies ont reçu le nom de sphères. La distance de chaque point au centre est le rayon. Toutes les sphères de même rayon sont congruentes. Quand la surface de la sphère se déplace d’une manière quelconque, son centre restant fixe, toutes les surfaces cor- respondant aux diverses positions coïncident avec la pre- mière etentre elles. C’est ce que l’on exprime en disant que la surface glisse sur elle-même. On appelle diamètre de la sphère toute droite passant par le centre. La longueur du diamètre entre les points où il traverse la surface, et qu’on nomme ses deux extrémités, est le double du rayon. La ligne droite qui joint deux points de la surface s'appelle corde. Toute corde est plus petite que le diamètre. Ceci résulte directement de l’axiome de distance ou de la définition de la ligne droite ABMA+AO MB > MA D'autre part: MB < MO + OB' ou < MO + OA’ MBLEM AT. Corollaire. — Par un point M pris hors d’une sphère, on peut mener une droite qui ne la rencontre pas. Considérons la sphère concentrique à la première et pas- sant par le point A. Menons-lui une corde plus petite que la différence des rayons. Aucun point » de cette droite, à l'intérieur de la grande sphère, ne rencontrera la première, _ puisque Mm est plus petit que À — r, c’est-à-dire plus petit que la plus courte distance du point M à la sphère intérieure. | Quant aux points extérieurs à la grande sphère, ils sont DE LA GÉOMÉTRIE 285 à plus forte raison en dehors de la petite, leur distance au centre étant supérieure au plus grand rayon. Analysis sitüs. — L’équation M O = R représente tous les points de la surface de la sphère de rayon R. La condition MO > R s'applique à tous les points de l'espace extérieur à la sphère. La condition MO < R s'applique à tout le solide inté- rieur. Il est d'usage de définir la circonférence par l’intersec- tion de la sphère et du plan ; mais il m'a paru plus logique de ne parler du plan qu'après avoir dit sur la sphère les choses essentielles. La Circonférence. Soient deux points O et 0” dont la distance O 0" est égale à D. Considérons une sphère de rayon donné À ayant son centre au point O, et une sphère de rayon variable R'ayant son centre en O0”. Tant que À’ sera plus petit que D — R, il n'y aura aucun point commun aux deux sphères. Quand R" égalera D — R, il se produira un point de contact uni- que (axiome de distance) ; on dit alors que les deux sphères sont {angentes en ce point. Dès que l’on a R°> D— 7 les deux sphères se coupent suivant une ligne d’intersection nommée ciyconférence, lieu des points dont les distances à O et O0” sont respectivement égales à À et à R°. Lorsque R°= D + R, la circonférence se réduit de nouveau à un point de contact ; les sphères sont tangentes intérieurement. Pour R°> D + R pas d'intersection. La sphère O est tout entière à l'intérieur de la sphère 0". 286 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS Les sphères étant des surfaces continues et fermées, la circonférence, lieu de leurs points communs, est une ligne continue et fermée. Analysis sitüs. — Quand deux sphères se coupent, elles partagent l’espace en quatre régions VU, V, V'et W, défi- nies par un des quatre groupes d’inégalités Dies > R ue >R 2. R MOCR' (MO PR MO" < R° Il est évident que ces quatre systèmes de conditions com- prennent tous les points de l’espace. Le 1° représente les points extérieurs aux deux sphères ; le 2° et le 3° les points intérieurs à une seule sphère, et Le 4° les points communs aux deux solides sphériques, c’est-à-dire intérieurs à la fois aux deux sphères. Les surfaces des sphères sont parta- gées en quatre calottes définies par Es k fe so MR —- MR. RR' peut être pris aussi petit qu'on voudra, ilen sera de même à fortiori de l'accroissement de 17 À qui peut être plus petit que toute quantité donnée. La variation de HA est donc continue. Elle part de H Q < M P et peut devenir plus grande que DE LA GÉOMÉTRIE 1 20% toute longueur donnée. Quelle que soit la loi suivant la- quelle elle varie, cette variation étant continue, il arri- vera nécessairement au moins une fois que M R passera par une valeur égale à M P. Considérons doncun point 17 quelconque en dehors d’une droite fixe X°Ÿ sur laquelle nous avons déterminé deux points O et O0” équidistants de M (fig. 7). Pre- nons ces points pour centres de deux sphères de rayon égal MO — MO” passant par le point A7. Leur intersection est une circonfé- rence qui passe aussi par le point M. Prenons le milieu w de O 0’. Nous pouvons retourner la droite O0 O0” sur elle-même en entraînant toute la figure, sans que le point A change de position. En effet considérons la sphère w > O (centre w, rayon w O) et la sphère M + O (centre M, rayon A 0). Leur intersection est une circonférence lieu des points dont les distances à 47 et à w sont respectivement égales à O7 et à Oo. Le point 0’ est sur cette circonférence. Je peux prendre cette circon- férence pour directrice du point O dans le retournement. Alors M restant fixe, le point O" occupera à chaque ins- tant l’autre extrémité du diamètre de la sphère w + O. Il arrivera donc en O quand © sera en O0”. À ce moment les sphères O0 + Met O"— MT ont pris la place l’une de l’autre et leur circonférence d’intersection s’est retournée sur elle- même et coïncide avec sa première position. Dans ce re- tournement, tout point Q de l'axe O 0” vient occuper une position Q° telle que wQ'—wQ et que HQ'— MQ, en sorte que deux points équidistants de w sur O O0” sont éga- lement équidistants de M et par suite de tout point de la circonférence. Fig. 7. pre pe 294 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS Je me propose de démontrer que MT est le plus court chemin de M à X Y. Pour rendre notre exposition plus simple et plus claire, nous résoudrons d'abord un petit problème élémentaire d’a- nalysis sitûs basé sur le lemme suivant. | Lemme. — Lorsque deux surfaces continues et fermées enveloppant des espaces V et V” distincts et extérieurs l’un à l'autre ont une partie commune C, on ne peut pas- ser de la région V à la région V' sans sortir de l’en- semble V + V' qu'en traversant la cloison C. Soient en effet S et S’les parties distinctes des deux surfaces. S, S'etC partagent l’espace en trois régions. V, V' et le reste U de l’espace. V est séparé de U par S etde V' par C. V'est séparé de U par S'et de V par C. Tout cheminement qui sortira de V sans rencontrer C traver- sera S et entrera dans la région U, c’est-à-dire quittera l’ensemble V + V”. Problème de position. — Considérons maintenant la circonférence d’intersection de deux sphères O et O0”. Joi- gnons à chaque instant à un point fixe A] de cette inter- section un point mobile qui décrit toute la circonférence. La droite Mm décrira une surface conique C qui formera une cloison continue. Tout point de cette cloison appar- tient à une corde M m commune aux deux sphères, c’est-à- dire à la région de l’espace W caractérisée par le couple de conditions : MO MM ce qui signifie que Av est le plus court chemin de la cir- conférence à l’axe. | La droite M est dite perpendiculaire où normale à XY. Les autres droites AZQ sont dites obliques. On voit que deux obliques également écartées du pied de la perpench- culaire sont égales. Il est aisé de voir que les obliques vont en croissant à mesure qu'elles s’éloignent du pied de la perpendiculaire. En effet, soient Q et Q’ deux points sur l’axe, du même côté de w, et tels que wQ'>wQ (fig. 9). Considérons un point #' mobile sur la circonférence M M” et joignons-le à chaque instant à Q”’. Nous décrirons une surface coni- que continue qui sera rencontrée par MQ quelque part en R suivant la génératrice m' RQ, et on aura : MQ+Q'R>MR ou INOEONRE MO RO: D'autre part : mR+RQ>Qn. ; Ajoutons les deux dernières inégalités membre à membre ; il vient : | MQ'+Q'R+Rm > Qm+MAQ ou MQ' + Q'm > MQ+Qn. DE LA GÉOMÉTRIE 297 Mäis M et m' étant sur la même circonférence, dont l’axe passe par Q et Q'on a: MQ—Qm et MQ'—Q'm. Donc 2MQ:< 2M0Q: ou -MQ'> MAO: D'ailleurs HQ' — MQ < QQ', c’est-à-dire que l’ac- croissement est aussi petit que l’on voudra. Réciproquement, XY est perpendiculaire sur Mw.— En effet, M et M' peuvent être pris pour centres de deux sphè- res se coupant suivant une circonférence qui passe par O et O'et qui a pour axe MM", dont le milieu w sera de même le pied de la perpendiculaire abaissée de O sur MM" (fig. 10). On peut l’établir aussi comme conséquence. En effet, soit Mw perpendiculaire à 00". Fai- sons tourner Mw autour de O0”, jusqu'à ce que M vienne en M’; à ce moment tous les points de Mv s'appliquent sur ceux de M et l'on a: QN — QN'en même temps que wN = vN'et QNQ'> QQ' d'où NQ > Qu Fig.10. C'est-à-dire que Qw est perpendiculaire sur MM. Cette propriété est donc réciproque. Le point M ayant été pris arbitrairement en dehors de X Y, on peut énoncer ainsi la proposition : Par un point quelconque d’une droile, on peut mener à _cette droite une perpendiculaire et une seule. Il en résulte que deux perpendiculaires à une mème droite ne peuvent pas se rencontrer à distance finie. Quand deux droites sont perpendiculaires l’une à l’autre au point w, toute perpendiculaire menée d’un point de l'une sur l’autre se confond avec la première. Deux points équi- 298 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS distants du point w sur l’une des droites sont équidistants de tout point de l’autre. Revenons à la circonférence décrite par la rotation d’un point A7 autour d’un axe X°Y. Du point A] abaissons la perpendiculaire Àf% sur À Y. M6 est dit rayon de la cir- conférence et w son centre : voilà donc la circonférence en- tièrement définie, indépendamment de toute notion du plan. Lieu des normales à X Ÿ au point w. — Pour élever une perpendiculaire à À Y au point w, il suffit de prendre sur X Y deux points O et O’tels que w O — w 0” et de consi- dérer la circonférence d’intersection des deux sphères éga- les O M et OT. Tout point A] de cette circonférence joint à w donnera une normale à X Y. Le lieu de toutes ces normales est donc la surface conique décrite par la rotation de Mw. Appelons-la surface conique des normales à X Y en w Où pour abréger surface Q. Cette surface est réversible de facon à coïncider avec sa première position après retournement de l’axe, le point w étant ramené à son point de départ. En effet cela revient à interchanger les sphères O et 0”. Comme elles sont éga- les, la circonférence d’intersection n’est pas modifiée. D’ail- leurs le point w milleu de O O0” devient milieu de 0"O sans changer de position et la surface Q vient après retourne- ment appliquer ses génératrices sur celles de la première position. Il y a donc coïncidence complète. Toute corde de la circonférence généra- trice est contenue entièrement sur la sur- face Q. En effet soit la corde À B. On a (fig. 11) AO AO BD E 0: Par suite, O et O° sont sur la circonférence d'intersection des deux sphères À O et BO, qui a DE LA GÉOMÉTRIE 209 pour axe À B, pour centre le milieu D de la ligne des centres et pour rayon D O = D O'et l’on sait que tout point M de l'axe À B est équidistant de tous les points de la cir- conférence. Donc: HO — MO’, ce qui veut dire que le point A1 appartient à une normale à O O' en w, c'est-à-dire à la surface Q. On voit en passant que w D et O D sont perpendiculaires sur À B en son milieu D, et appartiennent à la surface des normales à À B en D. Toute droite qui a deux points quelconques sur la sur- face Q, y est contenue entièrement. Soient deux points M et M’ sur la surface (fig. 11). La sphère MO (centre M, rayon M O) passe par 0’, puisque MO = M0. De même la sphère M'O, passe par 0”. Or, la ligne des centres M M” jouit de cette propriété, (voir : Rotation - Proposition I), que chacun de ses points est équidistant de tous les points de la circonférence d’inter- section des deux sphères, et en particulier de O et de 0”. On aura donc pour tout point m de cette ligne la rela- tion m0 = m 0° qui signifie que le point # appartient à la surface Q. Remarque. — Quand le point A7 parcourt la circonféren- ce, à chacune de ses positions correspond une valeur de l'arc et une longueur de la corde qui le joint au point de départ. Ces longueurs sont indépendantes de l’origine du mouvement. Donc à des arcs égaux correspondent des cordes égales et réciproquement. Si l’on prend deux arcs à partir d'une même origine, il est facile de voir que le plus grand est sous-tendu par la plus grande corde. Soit 3 rc Ab are AC (ie. 12), AB L M B. II. — Une droite indéfinie XY partage le”plan en deux régions telles que pour tout point M de l’une, la distance à un point quelconque de cette même région est plus petite que la distance de M au point Q symétrique de O par rapport à X Y. Considérons en effet dans le plan donné une droite XY indéfinie et un point O quelconque en dehors de cette droi- te; abaissons de O la perpendiculaire O P sur XY et pro- longeons-la d'une longueur PQ = PO. Le point Q est dit symétrique de O par rapport à la droi- te xXY. Le plan lieu des points équidistants de O et de Q coupera le plan donné suivant X Y. Cette droite partage doncle plan donné en deux régions définies par les inégalités : MO MQ pour tous les points situés de l'autre côté de A7. On voit maintenant d’une façon précise ce qu’il faut en- tendre quand on dit qu’un point est de tel ou tel côté d’un plan dans l’espace, et de tel ou tel côté d’une droite dansle plan ; et pourquoi dans l’un et l’autre cas on ne peut envisa- ger que deux situations ainsi définies. TITI. — Deux droites X Y et X' Y' partagent le plan en Br: —- 316 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS quatre secteurs illimités tels que si l’on prend un point O dans un secteur quelconque et ses symétriques Q et Q" par rapport à X Y et à X° Y”, tout point de l’un des secteurs satisfait à l'un des couples de conditions : MO-MQ (MO-MAQ OM D VO MO 0 Les points du 1° groupe sont dans le même secteur que le point O ; ceux du 2° sont du côté de X Y, mais de l’autre côté de XX”; ceux du 3°, du même côté de Y'’ X”, mais de l'autre côté de X Ÿ, et ceux du 4° appartiennent au secteur opposé au premier. IV. — Trois droites qui se coupent deux à deux en des points distincts partagent le plan en sept régions diverse- ment défimes. Considérons en effet trois droites X Y, X'Y ‘et X” Y”, un point O et ses symétriques Q, Q' et Q” par rapport aux trois droites. On peut former avec la distance 47 O et cha- cune des trois distances MQ, MQ'et MQ”, huit combi- naisons de trois inégalités. MOMAQ' MO-MQ' (MOMQ (MO-MQ OP ue MO>MQ SMOMQ' mocma luo-mo lmo-mo luo-ma" Un de ces groupes de conditions ne représente aucune région de plan. En effet, la 3° droite ne peutrencontrer chacune des deux premières qu’en un seul point ; soit À le point d’intersection des deux premières droites, B celui de la 3° avec la 1° et C celui de la 3° avec la 2°. Faisons tourner un vecteur Se nés Le, con déteste on à nb ns it euh à Ms di mn DE LA GÉOMÉTRIE 310 indéfini À Z en partant de la position À B eten allant vers AC ; ce vecteur rencontrera constamment le segment BC c'est-à-dire la droite X”7Y”; il ne peut donc rencontrer cette même droite dans le secteur opposé sur son prolongement À Z'ce qui revient à dire que la droite À” Y” n’a aucun point dans le secteur opposé à B AC. Il y a donc au plus trois secteurs suceptibles d’être par- tagés par À” Ÿ” en deux régions différenciées par les con- ditions MO > MQ"ou MO MQ" ce qui réduit à sept le nombre maximum des régions dis- tinctes déterminées par trois droites dans un même plan. À Proposition. — Par trois points non en higne droite, on peut toujours faire passer un plan et on n'en peut faire passer qu'un. Observons d’abord qu'étant donné une droite quelconque X Y et un point P sur cette droite, si l’on considère la nor- male à X Y en ce point et qu'on la fasse tourner autour de cette droite, la rotation engendre un plan normal à X Y en P. Il en sera de même si l’on donne un point M à l’ex- térieur de X Y, puisque par ce point on peut mener à X Y une perpendiculaire et une seule. Un plan est donc défini par une droite et un point. Soient donc À, B et C les trois points donnés. Je dis d’a- 318 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS bord que par ces trois points on peut faire passer un plan. En effet les plans normaux à À B et À C au point À se coupent suivant une droite qui passe par le point À, et qui, étant commune à deux plans dont l’un est le lieu des nor- males en À à À B et l’autre le lieu des normales en À à AC, sera par conséquent normale à la fois à ces deux droites. Soit 4 N cette normale commune. Si nous faisons tourner À B ou À C autour de À N, cette rotation engen- drera un plan qui contiendra les trois points À, B, C. Nous aurions pu de même engendrer un plan en faisant tourner À B ou B C autour de la normale commune en B, ou encore À C ou C B autour de la normale commune en C. Je dis que ces trois plans se confondent. Désignons-les respectivement par les notations (A), (B) et (C). Le plan (B) contient les points À et C. La droite À C y est donc contenue tout entière. Abaissons du point B la perpendiculaire B P sur À C et prolongeons-la d’une longueur P B'=— PB. Le point P appartient à À C et par suite au plan (B). La droite B P ayant ainsi deux points dans le plan (B) y : est contenue tout entière. Donc le point B' appartient au plan (B). Il est facile de voir de la même manière que le point B' appartient aussi au plan (A). Maintenant prenons un point quelconque A7 dans le plan (B). Il sera par rapport à À C, soit du côté B, soit du côté B'. Quoi qu’il en soit, le plan (B) est partagé par À C'en deux régions telles que pour tous les points de l’une on a: MB > M B'et pour tous les points de l’autre : M B < MB. Pour éviter toute confusion, appellons 8 celui des deux points B et B' qui est du côté opposé à A par rapport à AC, et &’ celui qui est du même côté. | Joignons le point 4 à 6. Sur la ligne droite M 6, un point mobile m, allant de 8 vers M, appartiendra d’abord à la 1 | | DE LA GÉOMÉTRIE 319 région m6 < mb’ puisque mÊË part de zéro. Quand le point m est venu en M, on a au contraire m8 > m£'. Le point "= passera donc par une position pour laquelle mê=m £&", c'est-à-dire par un point de la droite À C qui est le lieu d’équidistance à B et B° dans le plan. Soit m' ce point, m' étant sur AC appartient au plan (A). La droite m'B a donc deux points communs avec le plan, et par suite y est contenue tout entière. En consé- quence, le point M appartient au plan (A); or M est un point quelconque du plan (B). Donc les plans (B) et (A) se confondent. On serait arrivé à la même conclusion avec le plan (C) ou tout autre plan construit sur trois points quelconques de A B, BC et C A ou de droites joignant ces points entre eux deux à deux. On ne peut donc par les trois points À, B et C faire passer cut un seul plan. C’est ce qu’on exprime en disant qu'un plan est déter- miné par trois points non en ligne droite ou par deux droites quise coupent ou par une droite et un point exté- rieur à cette droite. Conséquences. — 1° Dans le 1‘ cas, étant donnés trois points, À, B et C, joignons-les deux à deux par les lignes droites À B, BC et C A ; puis joignons le sommet C âun point quelconque m entre À et B sur AB * (fig. 22), enfin joignons un point w pris entre Cet” sur Cm à un point 4 mobile sur le pé- ” rimètre C A B. Quand le point & parcourra le périmètre en- Fig. 2 tier, la droite w p décrira toute la surface du plan ; 2° Il en est de même dans le cas où l’on donne deux droites qui se coupent, À Xet À Y. En effet d’un point A 320 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS quelconque sur une sécante commune BC, menons les per- pendiculaires M P et MQ et prenons Q 4” = Q A sur À X EPA = Pure (Gs. 23) Les trois points À, A’ et A” étant équidistants du point M, appartiennent à la circonférence qui a pour centre M et pour axe la normale commune à MP et 8 à MQ en ce point, circonférence qui définit la surface plane. Il en résulte que la droite M m, qui joint le point AZ à un point m mobile sur cette circonférence, décrira toute la sur- face du plan ; 3° Considérons maintenant une droite indéfinie XX’ et un point extérieur M. Décrivons dans le plan x Y MXX (fig. 24) une circonférence de centre M et de rayon r < M P. Joignons à M un TN point # mobile sur XX" et prenons à chaque instant les intersections #'° de Mm avec la cir- conférence. Si dans son mouvement continu le point »° ne décrit pas une demi-circonfé- rence complète, la droite A7 Y laissera un sec- teur du plan inexploré. Le plan ne serait donc pas entière- ment déterminé par une droite X X° et un point H en de- hors de cette droite. Nous verrons ce qu’il faut en penser quand nous préciserons la notion du parallélisme, qui est en effet la caractéristique dernière et définitive de la sur- face plane. Pour le moment, nous nous bornerons à remarquer que pendant sa rotation autour du point M, Mm'a en général un point d’intersection avec X X°de part ou d'autre de la per- pendiculaire MP. Or si l’on considère la position M Y pour laquelle la droite mobile est elle-même perpendiculaire à MP, il n'ya plus d'intersection à distancefinie; car du A d Fig. 23. P X Fig. 24. DE LA GÉOMÉTRIE 321 point de rencontre on pourrait mener deux perpendiculai- res à M P, ce qui entraînerait, comme nous l’avons vu, une contradiction avec l’axiome de distance. Il en résulte né- cessairement que pendant la rotation de M Y définie par le déplacement continu d’un point mobile m', qui décrit une circonférence autour du point 7 dans le plan, le point d’intersection # de Mm' avec PX', après s'être éloigné au delà de toute distance assignable, quitte la continuité XX”; c'est ce qu'on exprime en disant que le point » est rejeté à l'infini; on représente la distance cor- respondante par le symbole conventionnel Pm = . Or deux droites quelconques sont congruentes au delà de toute distance, dans les deux sens, à partir d’un point quelconque arbitrairement choisi sur l’une comme surl’au- tre; il n y a donc aucune distinction à établir entre les continuités infinies développées sur une droite fixe quel- conque à parür d’nn point fixe P, par le déplacement su point mobile A7, quand la distance P M varie de JE à Ce sont des 2ndiscernables. Axiome V. — Nous admettrons en conséquence que les étendues linéaires infinies, considérées ainsi dans les deux sens à partir d'une origine fixe arbitraire sur une droite quelconque, sont toutes égales entre elles ; nous appellerons demi-droites les continuités ainsi désignées et nous con- viendrons que toutes les demi-droites sont d’égale étendue. Le symbole P X— « aura donc une représentation unique pour tout notre espace géométrique. Je montrerai plus loin que cette convention équivaut précisément à celle qui définit le plan et l’espace eucli- diens. Mais il convient d’abord d’énoncer rapidement les quel- ques propositions de Géométrie plane qui sont indépendan- 21 27 322 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS tes du parallélisme, en exceptant toutefois les propriétés projectives des figures, qui sont indépendantes de toute idée de grandeur et doivent constituer une étude à part (Homographie). Proposition. — Toute ligne continue fermée qui enve- loppe un polygone rectiligne convexe est plus longue que le périmètre de ce dernier. J'entends par polygone rectiligne une figure fermée composée seulement de lignes droites. Les points d’inter- section sont les sommets, et les portions de droites entre deux sommets consécutifs s'appellent côtés. La figure est dite convexe, si aucun côté prolongé n’en rencontre un autre entre les sommets qui limitent ce der- nier. Prolongeons les côtés dans le même sens jusqu’à rencon- trer la ligne enveloppante. Soient b,, b:, b:, etc., les prolon- gements (dans le même sens) des côtés 4, @, as, etc., et Ca, ©, Ca, etc., les portions de ligne enveloppante intercep- tées successivement par ces prolongements ; on aura: a+ db <0,+c: ay +0: <0,+ ec; En additionnant membre An + b, € br Fer « à membre, nous aurons : Ea+2b MQ. Dans la rotation +, le point À vient quelque part en R° sur MZ (fig. 27). Considérons d'autre part un déplacement par transla- DE LA GÉOMÉTRIE 331 tion de X’ Y”’ le long de M Q. Dans ce déplacement, le point À décrit une ligne Rr'r”. Je dis que cette ligne est tout entière en dehors de la circonférence décrite par la rotation du point À. En effet soit r un point quelconque de cette ligne. La perpendiculaire r q abaissée du point r sur Q M n’est autre que la position de MR lorsque la translation amène le point R en r. Cette perpendiculaire, égale à M R par hypothèse, est plus courte que Fig. 27. l'oblique r M, ce qui signifie que le point r : est en dehors de la circonférence. Il en sera de même des points r’ et r” où la ligne Rr rencontre MZ et X Y. D'autre part MR est plus grand que MQ par hypothè- se. Il en résulte que la circonférence coupera Q Y en un point À” compris entre Q et r"". La surface de translation: JR r”"Q est donc plus grande que le secteur RMR" augmenté même de la surface R"Q M, qui croît à mesure que le rayon augmente. Donc, à fortiori MRr”Q RMR” D'autre part, les secteurs plans sont entre eux comme les arcs : 4 RMR”' _ RR” RMR' RR Or ce rapport est plus grand que l'unité, puisque par hy- pothèse À” R” n’est jamais nul (MZ ne rencontrant pas AXE. Considérons la surface de translation décrite du côté de 1 Tracer le rayon vecteur MR”, qui a été omis sur la figure 27, 332 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS M X° par une portion de droite égale à MR soit Mo; dé- signons par 7” l’ensemble des deux aires de translation décrites par MR et M», et appelons S’ l'aire du secteur RMR',ona: ‘'é RMR” RMR” EE RMR’ Cette inégalité est indépendante de la valeur du rayon M R. Elle subsiste quand ce rayon croît au delà de toute distance et devient infini. ê à EF ROULE 2 On aurait donc — > 2; or S = —, d'où — > —:de S n à n >1; d'où e. > 2 sorte qu'en répétant la translation un nombre de fois égal à _. on engendrerait une surface dont l'étendue serait au moins égale à l'étendue totale du plan, proposition sinon absurde, du moins incompatible avec notre axiome IV, à moins que # ne soit infini, ce qui signifie que la rotation est nulle, c’est-à-dire que A7 Z se confond avec M Y”. Il en résulte que dans un plan 47 X Y on ne peut, par le point M pris en dehors de la droite X Y, faire passer qu’une seule droite qui ne rencontre pas cette dernière. C’est celle qui a avec X Ÿ une perpendiculaire commune en M P. Cette droite est dite parallèle à X Y. DE LA GÉOMÉTRIE 390 TITRE IV. LA MESURE ET LES DIMENSIONS DE L'ESPACE GÉOMÉTRIQUE. Le parallélisme euclidien. Comparaison avec l'axiome V. — Nous avons montré au Titre IIT que le postulatum d’Euclide ne contient pas autre chose que l'extension à l'infini ‘ de l'hypothèse sur l'homogénéité de l’espace; par le mot espace nous enten- dons désigner le lieu géométrique de toutes les posi- tions que peut occuper un point qui se déplace librement sans aucune condition de milieu, et quand nous supposons l’espace homogène pour toute distance de O à œ, nous exprimons simplement, sous une forme concise, que les continuités géométriques, diversement étendues sont suppo- sées indépendantes du milieu et entièrement déterminées de forme et de grandeur par les seules conditions arbitraires du mouvement, même au cas où ces conditions comportent des distances infinies. La définition de la droite d. AM +d. MB=d. AB est valable, quelque petit que soit AB, que l’on peut réduire à un déplacement élémentaire, ou, en quelque sorte, à un point double orienté ; les continuités qui résultent de cette définition sont congruentes de part et d'autre du point et congruentes avec toutes celles de même définition. Elles constituent des lieux géométriques identiques de for- me et de grandeur, qui ne diffèrent entre eux que par leur position relative et auxquels l'application de l’axiome { Par l’axiome V, 334 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS IV généralisé assigne une seule et même étendue de 0 à oo. Les continuités qu’elles engendrentpar leurs déplacements sont congruentes et égales en étendue, à la seule condition que les déplacements soient les mêmes; ainsi tous les sec- teurs plans de même angle ont la même grandeur, et en particulier tous les plans sont égaux en étendue; d’autre part l'étendue du plan est indépendante du mode de géné- ration de la surface, pourvu que la surface engendrée soit congruente avec le plan défini comme lieu d’équidis- tance à deux points fixes; c'est ainsi que sont identiques en étendue les surfaces engendrées par une rotation égale à quatre angles droits d’une demi-droite autour d’un axe qui lui est perpendiculaire, ou par la translation de — à + d’une droite illimitée, le long d’une droite fixe per- pendiculairement à un plan fixe passant par cette droite. Cette invariabilité de l'étendue du plan entraîne le paral- lélisme euclidien. Réciproquement, l'hypothèse d’Euclide entraîne l’inva- riabilité de la somme des angles d’un triangle, l'étendue unique et définie de la surface plane, la similitude des figu- res et par suite l’homogénéité de l’espace géométrique, sans aucune restriction ni limite. Nous avons vu qu’en effet l'hypothèse de Lobatschewsky suppose une indétermination dans l'étendue illimitée du plan et n’est pas conciliable avec l’axiome IV généralisé : nous reviendrons ailleurs ‘ sur cette hypothèse. Mais il convient d’abord de préciser la notion du parallé- lisme euclidien et de passer rapidement en revue ses prin- cipales conséquences. On voit d’abord qu'étant donnée une droite XX”, la per- ! Etude de l’'Homographie et de ses rapports avec la Mesure des continuités géométriques. DE LA GÉOMÉTRIE | 390 pendiculaire M P et la sécante mobile Mm, si l’on éloigne indéfiniment le point m (fig. 28), l'hypothèse de l'égalité ÿy des demi-droites infinies PX"et M Y'a £leZ pour conséquence directe l'égalité, dans #" les mêmes conditions, des angles X' P M et PMY"; c'est-à-dire que la parallèle à X Y menée par le point M est perpendi- . culaire à M P. C’est l'extension à l'infini so. de la propriété du triangle isocèle. Il en résulte que le point à l'infini sur X X' est commun à toutes les parallèles à XX” et que de ce point spécial on peut mener une infinité de perpendi- culaires à la droite MP, prolongée dans les deux sens. Au lieu de considérer la perpendiculaire à X X”, menons une sécante fixe quelconque W N. Les points d’intersection M et V sont toujours du même côté de la perpendiculaire MQ à cette sécante; or les obliques Mm et Nm sont égales à la limite; c'est-à-dire quand le point m s'éloigne à J'infini, il en résulte que les angles Z'N'X" et Z'M'Y' formés par les parallèles avec la sécante sont égaux et que par conséquent: Les angles déterminés par une sécante sur deux droites parallèles sont égaux entre eux lorsqu'ils occupent la position de correspondants, comme 1-5, 2-6, 3-7 et 4-8; d’alternes 1nternes, comme 1-7 et 6-4, ou d’al- ternes externes, comme 3-5 et 2-8. Ils sont supplémentai- res dans les autres cas (internes ou externes d’un même côté). Conséquences. — Le quadrilatère formé par quatre segments rectilignes, tels que les segments opposés sont égaux deux à deux, est un parallélogramme. Les côtés opposés sont parallèles. — Si tous les côtés sont égaux, la figure est un losange. 336 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS Réciproquement, dans le quadrilatére dont les côtés op- posés sont parallèles, ces côtés sont égaux deux à deux et les angles opposés sont égaux. — Si un angle est droit les trois autres le sont aussi ; la figure s'appelle alors rectangle. Le carré est un rectangle dont les quatre côtés sont égaux. Corollaire. — La distance entre deux parallèles est constante. L'hypothèse d’une valeur unique et déterminée pour l'étendue infinie du plan permet également de donner une démonstration directe du théorème sur la somme des an- gles d’un polygone. Lemme. — Le rapport de l'aire d'un polygone fermé convexe à l'étendue totale du plan est un infiniment petit du second ordre. Soient deux droites rectangulaires, telles que le polygo- ne soit tout entier dans l’un des angles droits qu'elles déterminent (axes Y Y' et ZZ' et angle Y CZ). Don- nons à chaque droite un déplacement perpendiculaire à l’autre, jusqu'à ce que le polygone soit entièrement con- tenu dans le quadrilatère À BC D rec- tangle en B, C et D (fig. 29). Je puis reporter À BCD autant de fois que je le voudrai le long de Y Y” sans sortir de la bande plane indéfinie XX" Y Y’, parce que, dans l'hypothèse d'Euclide, l’écar- tement des droites X X'et Y Y” est constant, et que, dans l'hypothèse contraire, cet écartement augmente à mesure que l’on s'éloigne de la perpendiculaire commune BC. La surface du polygone est donc un infiniment petit par rap- port à l'aire illimitée de la bande plane. Fig. 29. ref DE LA GÉOMÉTRIE D Br D'autre part, cette bande elle-même est une surface de translation engendrée par le déplacement de Y Y” perpen- diculairement à ZZ”. Le rapport de son aire à la surface totale du plan est égal au rapport du paramètre BC à la longueur totale de l'axe ZZ”, c’est-à-dire un infiniment pe- tit. L'aire du polygone est donc un infiniment petit du 2° ordre par rapport à l'étendue totale du plan. Théorème. — La somme des angles intérieurs d’un poly- gone est égale à autant de fois deux droits qu'il y a de côtés, moins 2. Parcourons le périmètre du polygone dans un sens quel- conque et prolongeons indéfiniment chaque côté dans le sens du mouvement. Soient Æ,, &,, E., etc., les secteurs illimités détachés dans le plan par ces côtés. Appelons P l'étendue totale du plan et p l'aire du poly- gone. AE = P. ="). Chaque secteur intérieur est la différence entre deux sec- teurs droits et le secteur extérieur correspondant. Donc en appelant D le secteur droit,et Z,, Z,, J,, etc., les secteurs plans intérieurs, on aura: A RE PS DCR 1=2D-E et en totalisant: 2. 1=2nD—-2E Donc E T[=£2nD-41D+9 = 2 (n—-2) D +p HER 0) 2 D = est un infiniment petit du 2° ordre, puisque D est le quart de l'étendue totale du plan. 22 2 338 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS Donc la somme des angles intérieurs est égale à autant de fois deux angles droits qu'il y a de côtés moins 2. En particulier la somme des angles d’un triangle est égale à deux angles droits. Réciproquement, de la somme des angles d’un triangle on peut déduire la somme des angles d’un polygone quel- conque en décomposant ce dernier en triangles. Ainsi, la convention de l'égalité des demi-droites ou d’une étendue unique et déterminée pour le plan, l'hypo- thèse du parallélisme euclidien, ou bien encore l'égalité à deux angles droits de la somme des angles d’un triangle, sont des propositions équivalentes, que l’on peut invoquer à son choix, suivant les commodités de la démonstration. Conséquences. — 1° Le lieu des points équidistants de trois points donnés est une ligne droite perpendiculaire au plan des trois points et passant par le centre de la circon- férence que ces trois points déterminent. 2° Il existe en général un point équidistant de quatre points donnés. Ce pointest commun aux six plans perpen- diculaires aux milieux des droites définies par les points pris deux à deux, ou aux quatre perpendiculaires élevées sur les plans déterminés par les points pris trois à trois, aux cen- tres des circonférences définies par les trois points. 3 Quatre points quelconques (c'est-à-dire non situés dans un même plan) déterminent une sphère. Pour caratériser le rôle de l'hypothèse d'Euclide nous allons montrer par un exemple comment son emploi peut simplifier une démonstration, dans certains cas où la pro- position énoncée est cependant indépendante du parallé- lisme. Théorème. — Un triangle qui a deux bissectrices éga- les est isocèle. DE LA GÉOMÉTRIE 339 Je vais d’abord démontrer cette proposition sans recourir au postulatum d’Euclide. Je m'appuierai pour cela sur les deux lemmes suivants : Lemme I. — Si l'on joint un point À à un point mobile sur une continuité linéaire quelconque située dans le même plan, il peut arriver que À A{ devienne tangente. Soit T le point de contact le plus voisin de l’origine O du mouvement. Tant que M est compris entre O et T, la variation de la longueur de l'arc est de même sens que la à variation de l'angle O À M (fig. 30). . Lemme II. — Si le point À, au lieu d’être T fixe, se déplace sur O À en entraînant avec lui Fig. %0. une droite À M dont l'angle avec O À reste constant, on voit de même que la longueur d'arc OM varie dans le même sens que la distance O A, dans les A A IMnêmes limites, c'est-à-dire tant que le point M est entre O et le point de contact le plus voisin (fig. 31). M M\r 0 Ces deux lemmes sont basés uniquement Fig. 51. sur l’axiome de continuité. Dans le déplace- ment de A7 À, si nous ne considérons pas au delà du point de contact le plus voisin du point O, tout accroissement de l'angle O À M ou de la longueur O À déplace la droite mobile À M et l'amène dans une région non parcourue ; par suite tant que O M ne deviendra pas tangente, c'est-à- dire ne quittera pas la continuité, le point M qui appartient à la fois à la droite et à la courbe sera amené lui aussi dans une région encore inexplorée; cela signifie que le déplacement de M s'effectue dans le sens de l’accroisse- ment de l'arc OM. Soit maintenant un triangle À BC dont jes deux bissec- trices des angles À et B sont égales ; soit / leur longueur. Si du point À pour centre avec / pour rayon je décris une 340 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS circonférence, l'extrémité de la bissectrice de l'angle À sera à l'intersection de cette circonférence avec le côté BC. De même la circonférence de rayon / décrite du point B comme centre coupera le côté À C à l'extrémité de la bissectrice de l'angle c HARK B (fig. 32). NE Considérons le cas le plus compliqué, or où chacune des circonférences coupe le 7, na x A 2 ! . \ . y . ES IN côté opposé en deux points à l'intérieur / DIE 5 du triangle, ce qui suppose les trois an- 4 > TS gles aigus et À B > 1 > la plus grande Fig. 32. des deux hauteurs. La bissectrice de l'angle À sera À D ou À D”. La bissec- trice de l'angle B sera BE ou BE. _ Soient d’autre part P et Æ les intersections de la cir- conférence de centre B avec les côtés AB et BC, et soient Q et H les intersections de la circonférence de centre À avec les côtés À Bet AC. Si le triangle n’est pas isocèle, les angles à la base sont inégaux. _ Soit B > À. Voyons si les bissectrices peuvent être À D et BE. L'angle B étant plus grand que l'angle À, l'arc Q D sera plus grand que l’arc PE d’après le Lemme T, puisque les circonférences sont égales et que Q B — À P. Or ces arcs mesurent, dans des circonférences égales, les angles au centre D À B — _ Awt£ BP — + B. On aurait donc À > B, ce qui est contraire à l'hypothèse. A fortiori, on aurait arc Q D' > E P, c'est-à-dire que BE ne peut pas être bissectrice avec À D’, pas plus qu’a- vec À D. Essayons B E"avec À D’. B étant plus grand que À, le côté À C opposé à B est plus grand que le côté BC opposé à À, et si l'on retran- DE LA GÉOMÉTRIE 341 che de chaque côté la longueur de la bissectrice X B= H À = |, il reste HAC> KC. Par conséquent, l'arc £"K, vu sous l'angle C de la hau- teur ÆC, est plus petit que l’arc À D'vu sous le même angle de la hauteur A C, par application du Lemme IT. Or ces arcs mesurent les angles au centre £"BX ou B À ; à n Tr et H À D'ou cn dans des circonférences de même rayon. On aura donc B <À, ce qui est contraire à l’hypo- thèse. A fortiori, on aurait arc Æ" K < arc HD. Par consé- quent la bissectrice B Æ"ne peut s'associer ni avec À D’ ni avec À D. L'hypothèse de l’inégalité des angles à la base n’est donc pas admissible, ce qui veut dire que le triangle est isocèle. Démonstration basée sur le parallélisme d'Euclide. Soit un triangle À BC quelconque, ayant deux bissectri- ces égales BD=AE,. Menons par D et par Æ les parallèles D D et £ E” à la base À B (fig. 33). Les triangles £ £"A et B D D” sont iso- cèles par suite de l’égalité des angles en Æ et À, comme d’autre part en D et B. On a donc : 8 A D'D'=BD\ ee EE SET A. Fig: %. Maintenant supposons B > À. Le triangle isocèle B D'D ayant son angle à la base plus grand que le triangle isocèle Æ £' 4, le côté opposé DD’ est plus grand que Æ°Æ”, et par suite BD" > À E"”. Pour que D D'soit plus grand que £Æ” qui lui est paral- lèle dans l'angle C, il faut qu'il soit plus près de la base, ce qui s'exprime par les inégalitésB £>BD'et E"A > D À. C 342 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS "? Dans la première remplaçons B D’ par son égale D D”, on aura BE > DD'> EE"; mais Ê EE" — E"’A. Donc: BE >E'A, et comme E’A > D À, on aurait enfin BE > D À, ou en comparant les triangles BE À et A B . ° « ? A DAB, > >, ce qui est contraire à l'hypothèse. Donc B= À, les parallèles se confondent et le triangle est iso- cèle. Mesure des continuités diversement étendues. C’est principalement dans l’étude des relations métriques entre les lignes et dans la mesure des surfaces et des volu- mes en fonction de leurs éléments linéaires, que l'hypo- thèse du parallélisme intervient comme principe fondamen- tal de la Géométrie. Nous nous bornerons 1ci à résumer succinctement la suite des propositions basées sur ce prin- cipe. Géométrie à deux dimensions. — Mesure des angles. — Angles inscrits. — Angles de deux sécantes quelcon- ques. — Segment capable d'un angle donné. — Figures semblables. — Propriétés des bissectrices. — Triangles semblables. — Polygones semblables. — Puissance d'un point par rapport à un cercle. — Relations métriques entre les éléments d’un triangle. — Problèmes sur les lignes proportionnelles. — Polygones réguliers ; leur ins- cription dans un cercle. — Rapport de la circonférence au diamètre. — Aires du rectangle, du parallélogramme, du triangle, du trapèzse. — Aire du cercle en fonchon du diamètre. Géométrie à trois dimensions. — Mesures des angles dièdres. — Plans parallèles. — Projections. — Angle d’une droite et d'un plan. — Distance de deux droites quelconques. DE LA GÉOMÉTRIE 343 Angles polyèdres. — La somme des faces est moindre que quatre secteurs droits. Si dans un trièdre deux dièdres sont égaux, les faces op- posées sont égales; s'ils sont inégaux, au plus grand diè- dre est opposée la plus grande face, et réciproquement. Mesure des volumes. — Parallélipipède. — Dans un parallélipipède, deux faces opposées quelconques sont éga- les et parallèles. Les quatre diagonales se coupent mutuel- lement en parties égales. Parallélipipède droit rectangle. Cube, unité de volume. Le parallélisme d’Euclide a pour conséquence de permettre la décomposition d’un cube en cubes plus petits dont le côté est une partie aliquote du côté du premier. Le rapport des volumes de deux cubes quelconques est le nombre obtenu en élevant à la 3*° puissance le rapport des côtés. Le rapport des volumes de deux parallélipipèdes rec- tangles qui ont même base est égal au rapport de leurs hauteurs. — Le rapport des volumes de deux parallélipi- pèdes rectangles qui ont même hauteur est égal au rap- port de leurs bases. Le volume du parallélipipède rectangle à pour mesure le produit de la mesure de la base par la mesure de la hau- teur, les unités de volume et d’aire étant le cube et le carré construits sur l'unité de longueur. — Tout parallé- lipipède droit est équivalent au parallélipipède rectangle, de base équivalente et de même hauteur. Prisme. — Le volume du prisme droit a pour mesure le produit de l'aire de sa base par sa hauteur. Tout prisme oblique est équivalent au prisme droit qui a pour base la section droite du prisme oblique et pour hauteur une de ses arêtes latérales. 344 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS Le volume d’un parallélipipède quelconque a pour mesure le produit de l'aire de sa base par sa hauteur. Les deux prismes triangulaires déterminés par les dia- gonales des bases d’un parallélipipède sont équivalents. Le volume d’un prisme quelconque a pour mesure le pro- duit de sa base par sa hauteur. Pyramides. — Deux pyramides triangulaires sont équi- valentes, lorsqu'elles ont des bases équivalentes et des hau- teurs égales. Le volume d’une pyramide a pour mesure le tiers du produit de sa base par sa hauteur. Le volume du tronc de pyramide est la somme des volu- mes de trois pyramides dont la hauteur commune est celle du tronc et dont les bases sont B, b et VBb. Le volume du tronc de prisme triangulaire est la somme des volumes des trois pyramides qui ont pour base commu- ne l’une des bases du tronc et pour sommets chacune un des sommets de l’autre base. Tétraèdres semblables. — Polyèdres semblables. — A- res et volumes des corps ronds, cylindre, cône et sphère. Telles sont les propositions principales, fondées sur le postulatum d’Euclide, qui servent de base à la mesure des grandeurs géométriques usuelles, aussi bien qu’à la théo- rie générale des surfaces. De la forme et de la position. Nous avons vu que la ligne droite, la sphère, le plan et les diverses figures formées par leurs combinaisons sont définis au moyen de points fixes qui servent de repères aux mouvements, et de relations entre ces points et les points mobiles dont le déplacement engendre les figures. DE LA GÉOMÉTRIE 349 La Géométrie est l’étude de toutes les figures, systèmes ou lieux ainsi définis par des relations entre des éléments fixes et des éléments mobiles, engendrés eux-mêmes par le déplacement du point géométrique. Ces relations contien- nent des coefficients dont la détermination définit entière- rement le système. Si l’on fait varier d’une façon continue un coefficient quelconque, le système se déplace ou se déforme d’une manière continue. Ainsi se déforme la sphère dont on fait varier le rayon en laissant son centre fixe. Lorsque la forme est indépendante des coefficients, com- me pour la ligne droite et le plan, le système est indéfor- mable ; dans ce cas, toutes les figures de même définition sont congruentes et ne diffèrent que par le choix des points pris pour origine du mouvement, c’est-à-dire par leur po- sition respective. Les coefficients dont la variation modifie la grandeur ou la forme d'une figure, sont dits coefficients de forme ou de congruence ou de déformation. Ceux dont les variations n’intéressent pas la grandeur ni la forme du système, sont dits coefficients de déplacement ou de position. Des dimensions en Géométrie. La considération de l’équivalence permet de ramener toutes les continuités géométriques à trois ordres ou trois espèces de grandeurs comparables entre elles dans les limites d’une même espèce, chaque espèce pouvant être considérée comme engendrée par les précédentes et com- portant une nouvelle dimension pour sa détermination. Si dès lors, en outre de ces trois dimensions, nous fai- sons entrer, dans la genèse des êtres idéaux, de nouvelles variables, densité, temps, etc., nous constituerons des es- 346 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS pèces nouvelles, à quatre, cinq, etc., dimensions auxquel- les les mêmes principes sont applicables et qui paraîtront, par leur diversité croissante, se rapprocher de plus en plus des choses contingentes, éléments constitutifs du monde physique dont nous sommes des organismes cons- cients. | L'objet des sciences positives est la recherche et la dé- termination de ces diverses dimensions, ou variables indé- pendantes, à l’aide desquelles nous représentons les phé- nomènes complexes de la nature, entités multiples et chan- geantes, impénétrables dans leur essence, dont nous ne percevons que les rapports et dont la mesure seule nous in- téresse en effet. Jusqu'à ces dernières années, il n’était venu à l'esprit de personne de faire entrer dans le domaine de la Géomé- trie d’autres entités que celles dont la représentation exige seulement trois variables indépendantes. On ne concevait pas qu'il pût être intéressant d'étendre la Géométrie au delà de l’espace à trois dimensions. Il n’en est plus de même aujourd’hui; et s’il faut en croire certains précurseurs, la perception d’une quatriè- me dimension ne demanderait qu’un peu d'exercice et ne serait qu'une affaire d'habitude. ({ Voir À New Era of thought, par Ch. Howard Hinton ; Londres, 1883). Bien que nous considérions l’espace comme le simple cadre des déplacements du point géométrique, et non com- me un milieu particulier ayant une essence propre, nous ne voyons aucune raison pour que toutes les relations ana- lytiques soient susceptibles d’être représentées sous forme de continuité appartenant à quelque lieu géométrique. Tant que cette représentation simplifie le travail de l’es- prit et donne plus de clarté ou de précision à nos idées, il y a intérêt à y recourir ; mais un fait expérimental domi- ne toute hypothèse concernant les dimensions des êtres géo- DE LA GÉOMÉTRIE 347 métriques ; c’est que toute continuité dont nous pouvons nous figurer simultanément l’ensemble et les détails est définie par des paramètres qui ne comprennent pas plus de trois variables indépendantes, alors que l’idée d’un être géométrique distinct suppose la conception de son exis- tence dans l'instant, avec toutes les propriétés qui le carac- térisent ; il semble donc qu’au delà de trois dimensions, ce n’est plus un être que nous analysons, mais un phéno- mène géométrique ou supposé tel. Considérons en effet la fonction f (x, y)=0; on peut la figurer aisément dans le plan, sous la forme d’une courbe rapportée à deux axes de coordonnées. Chaque forme de fonction caractérise une famille de courbes. Dans chaque famille, une courbe diffère d’une autre par quelque paramètre ; ainsi la variation continue des demi- axes d’une ellipse représente toutes les ellipses que l'on peut imaginer. Supposons que dans l’équation = — _ — =1 (1) z représente un paramètre variable. Pour chaque valeur de z, portons cette longueur sur un axe perpendiculaire au plan des æy à l’origine des coordonnées ; menons en ce point un plan parallèle au plan des æ y et projetons à cha- que instant sur ce plan la courbe qui correspond dans la fonction (1) à la valeur déterminée de 3. L'ensemble de toutes les courbes décrira ainsi un ellip- soïde, solide à trois dimensions, dont nous pouvons avoir une représentation instantanée complète, en considérant comme simultané l’ensemble continu des projections suc- cessives. L'idée d’une telle représentation nous est suggérée par le fait expérimental de la persistance des impressions lu- mineuses sur la rétine, qui nous fournit en effet un moyen de réaliser cette représentation à l’aide d’un appareil de projection. 348 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS Supposons que l’on projette sur un même tableau d’abord l'image d’un ellipsoïde sur lequel on a tracé une série régu- lière de sections planes parallèles, suffisamment rappro- chées, puis la succession rapide des images de ces diver- ses sections planes. Ce second mode de projection nous donnera la même sensation que le premier, à condition que les images des diverses sections planes se succèdent assez vite et assez régulièrement pour produire sur la rétine une impression uniforme et continue. Considérons maintenant la fonction : (2) .: - - eu — — 1. À chaque valeur de # cor- respondra un ellipsoïde que l’on pourra représenter par la première méthode, c'est-à-dire par la projection simultanée de toutes les sections parallèles obtenues en le coupant par une série de ” plans régulièrement espacés et convena- blement choisis. Supposons que la série des divers ellipsoïdes correspon- dants à des valeurs régulièrement croissantes de #, soit projetée successivement de la même manière. Nous aurons ainsi, grâce à la persistance des impressions visuelles et à la mémoire, la représentation du phènomène de la défor- mation de l’ellipsoïde exprimée en fonction de é par l’équa- tion (2). C’est ainsi que le cinématographe nous donne l'illusion du mouvement et de la vie, au moyen d'images successi- ves dont chacune ne représente qu’une phase instantanée d'une même action ou d’un même ensemble d'actions simul- tanées. Ce que nous avons exposé en prenant é pour paramètre de déformation peut être répété en choisissant de même l'une quelconque des autres variables, ce qui donne quatre représentations différentes et définit les quatre espaces conjugués de la Géométrie quadridimensionnelle. On voit qu’il est possible, en faisant appel au concours DE LA GÉOMÉTRIE 349 de la mémoire, d'imaginer une représentation complète de la fonction de quatre variables indépendantes; mais si réduite que soitla durée de la succession des images, il est nécessaire que le temps y intervienne, parce que notre organisation physique et intellectuelle est incompatible avec le concept simultané de plus de trois coordonnéesin- dépendantes pour déterminer un point quelconque ou en d’autres termes avec la perception d’une étendue à plus de trois dimensions *. Si l’on résume en effet la suite des considérations par lesquelles on passe de l’idée du point à celle de l’espace, on voit qu'un point étant donné, on peut imaginer un autre point en dehors de lui et relier ces deux points par la con- tinuité ligne droite; puis un point fixe étant pris en dehors de cette ligne, un point mobile assujetti à la parcourir tout entière peut être relié au point fixe par une infinité d’au- tres lignes droites dont l’ensemble constitue la continuité du plan; enfin un point étant pris en dehors du plan, on peut le joindre par un plan à chacune des droites mobiles pré- cédentes et explorer ainsi toute la continuité de l’espace. Mais pour aller plus loin, il faudrait tout d’abord prendre un point en dehors de l’espace; et c’est précisément ce que nous ne savons pas faire. Notre seule manière de conce- voir un tel point est de le supposer quittant la continuité linéaire pour disparaître à l'infini, comme le point d’inter- section d’une sécante qui devient parallèle ; mais à distan- ce finie et déterminée d’un point fixe donné, nous ne pou- vons pas nous représenter d’autres points que ceux dont la surface de la sphère est précisément le Zew géométrique. Cela n'empêche pas que les méthodes de la géométrie soient applicables à l’étude de la fonction de x variables 1Il y a lieu d'observer que le temps intervient déjà par l’idée de succession dans la définition et l'analyse des trois premières con- tinuités géométriques. 390 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS indépendantes etmême que l’on puisse, si l’on y tient beau- coup, appeler cette étude une Géométrie à n dimensions. Quant à rechercher si les étendues à quatre dimensions et au-delà peuvent avoir une existence concrète, et si leur découverte doit éclairer d’une vive lumière les mystères de la nature, voilà certes un problème tout à fait étranger à la science qui nous occupe. Mais le propre de l'imagination n'est-il pas d'attribuer une apparence de vie aux êtres idéaux qu’elle enfante, et faut-il s'étonner que certains explorateurs n’aient pu se lancer à pleines voiles sur l’océan insondé de l'Hypergéométrie, sans toucher de temps en temps sur les hauts-fonds de la Métaphysique, écueil inévitable des nou- velles hypothèses qui entr’ouvrent des horizons où le regard se perd et suggèrent d’abord des espérances illimitées ? Les parages les plus fréquentés ne sont pas à l'abri de ces surprises. Noustraiterons, dans une autre étude, de l’'Homographie et de ses rapports avec la mesure des continuités géomé- triques. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. DE LA DÉFINITION DÉGUISÉE QUE CONTIENT L'AXIOME FONDAMENTAL SUR LE PARALLÉLISME. Sans doute il n’est pas indispensable, pour les progrès de la Géométrie, que les axiomes contiennent autre chose que de simples conventions ou, si l’on veut, des définitions dé- guisées. Une telle opinion dépend évidemment de l'idée que l’on se fait de la Géométrie elle-même, et si l'on est déterminé à envisager cette science comme un groupe DE LA GÉOMÉTRIE JO plus ou moins complexe de spéculations purement abstrai- tes, ses axiomes ne sont plus, en effet, que des hypothèses arbitraires. Que peut-on dès lors demander à ces hypothèses, sinon d'être distinctes et surtout de ne pas comporter des affir- mations incompatibles ? Ce serait déjà une faute, au point de vue didactique, d’énoncer un même principe fondamen- tal sous deux formules présentées comme indépendantes; mais une incompatibilité aurait des conséquences autre- ment graves, par les contradictions qu’elle entrainerait entre les diverses propositions qui peuvent se déduire de ces hypothèses. J'avoue que dans la théorie du parallélisme de Lobat- schewsky, certains enchaïînements ne sont pas sans présen- ter à mon esprit quelque obscurité; mais la plupart des géomètres s'accordent à reconnaître que la nouvelle doc- trine forme une suite logique dont les déductions sont aussi rigoureuses que les théorèmes basés sur le postulatum d'Euclide. Elle constituerait, en quelque sorte, une géo- métrie plus générale; et ses développements, exempts de toute contradiction, auraient autant de raison d’être et de validité que la doctrine euclidienne, qui n'en serait, au besoin, qu'un cas particulier. Il y aurait lieu peut-être de se demander si l’on à bien défini ce qu'il convient de comprendre sous le terme géné- rique de Géométrie, et si les théories nouvelles répondent précisément à cette classification fondamentale. Mais définir la Géométrie n’est pas chose facile, à l'heure actuelle, même en s’éclairant des aperçus de Chasles sur l’ordre et la mesure, et sur le principe de dualité ; et ce n'est pas en quelques lignes qu’un tel sujet peut être appro- fondi. D'autre part, l'intelligence humaine est douée d'une décevante et dangereuse faculté, qui est la liberté de nier 352 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS jusqu'aux données de l’expérience, jusqu'aux lois mêmes de la pensée, à la seule condition de supposer à quelque être imaginaire une organisation appropriée, dans un mi- lieu spécial. On ne saurait dès lors assigner au libre essor de l'imagination d’autres bornes que le principe de contra- diction ; et toute proposition indépendante, que l’on pourra concevoir et énoncer dans ces limites, aura le caractère d’une hypothèse légitime. Je me bornerai donc à poser la question eo Pour qu'une doctrine soit valable, suffit-il qu’elle soit basée sur des énoncés arbitraires, distincts et compatibles entre eux, et ne faut-il pas en outre qu'aucun de ces énoncés ne con- tienne un contre-sens, ou une antinomie entre les termes qui l’expriment. Que l’on analyse le postulatum d’Euclide, ou l’hypo- thèse de Lobatschewsky, l’on aboutira toujours à cette conclusion que l’axiome fondamental sur le parallélisme n’est qu'une « définition déguisée » de ce qu’il faut enten- dre par les mots « distance infinie ». Sur une droite quel- conque, à partir d’une origine arbitraire, la longueur me- surable entre O et o est-elle un tout invariable qui ne dépend d'aucune condition de position ou de milieu ? Ou bien peut-on traiter ce symbole comme une variable sus- ceptible d'augmentation ou de diminution en fonction de quelque paramètre arbitraire ? Deux droites quelconques étant, par définition, superposables entièrement et sans li- mite, peut-on admettre quelque distinction de grandeur entre les continuités illimitées qui s'étendent sur l’une com- me sur l’autre, de part et d'autre d’une origine quelcon- que? Et si ces continuités sont indiscernables, ne faut-il pas les concevoir comme des identités et poser en principe que toutes les demi-droites sont égales en étendue ? Or l'hypothèse de Lobatschewsky est incompatible avec une telle conception de la demi-droite. DE LA GÉOMÉTRIE 515} M En effet, dans cette hypothèse, l'angle de parallélisme diffère d'autant plus de l’angle droit que le point d'où l’on mène la parallèle est plus distant de la base, c’est-à-dire que si l’on considère le triangle formé par une droite fixe, la perpendiculaire À P et une sécante mobile À A, l'angle P À M diffère encore de l’angle droit à la limite, lorsque la sécante devient parallèle, et la différence croît de 0 à == lorsque la distance p — À P varie de 0 à ©. Il en résulte nécessairement que les côtés À M et P M demeurent iné- gaux à la limite et que leur différence-limite croît avec p. Il faut pourtant choisir : ou bien À M est moindre qu'une longueur donnée, et alors les deux droites sont encore sé- cantes ; ou bien À M est plus grand que toute longueur concevable, et dès lors ü n'est plus susceptible d'aucun accroissement. Il est vrai que la Géométrie de Lobatschewsky est cons- truite, comme la Géométrie usuelle, sur une droite et un plan qui ne sont pas désignés avec une précision mathéma- tique. Cherchons donc à établir des définitions plus satis- faisantes. Je puis d’abord déterminer le concept de distance par l'hypothèse d’un minimum de continuité entre deux points distincts, cette continuité minima unique de forme et de grandeur constituera la seule relation nécessaire entre les deux points donnés, relation mutuelle indépendante de toute condition extérieure de milieu ou de position; ensuite je puis considérer la droite comme le lieu des points tels que la somme algébrique de leurs distances à deux points fixes À et B soit égale à la distance de ces points, les distances étant comptées positivement dans le sens À B et négative- ment dans le sens contraire. On voit que si l’on prend sur la continuité ainsi définie deux autres points quelconques C et D, la définition est valable avec ces deux points pour origine, en sorte que la droite est définie par deux points, 23 354 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS indépendamment de la grandeur de la distance qui les sé- pare. Elle constitue d’ailleurs un lieu de moindre conti- nuité entre deux quelconques de ses points ou, en d’autres termes, un lieu de distances. Nous admettrons que sur tou- tes les droites la longueur intégrale, d’un point quelconque à l'infini, est un symbole unique et invariable, c’est-à-dire que toutes les demi-droites sont égales en étendue vir- tuelle”. D'autre part, ayant établi préalablement que la sphère, lieu d’équidistance à un point fixe, est une surface conti- nue et fermée, et que par suite le lieu des points communs à deux sphères, ou leur intersection, dénommée circonfé- rence, est une courbe continue et fermée, je puis concevoir le plan soit comme le lieu des points équidistants de deux points fixes O et 0”, c’est-à-dire comme le lieu des circon- férences d’intersection de deux sphères de centres O et O0’ dont les rayons croissent indéfiniment en demeurant tou- jours égaux entre eux, soit comme la surface décrite par la rotation, autour de O O”, de la demi-droite qui joint, au milieu w de OO”, un point quelconque AZ équidistant des deux points fixes. En comparant les deux modes de génération, et en observant que les deux sphères égales sont interchangea- bles, il est facile de montrer par cette permutation que la demi-droite Mv estle plus court chemin d’un quelconque de ses points M à O0’, et que deux sécantes MQ et MQ' menées à OO, sont égales lorsque Q et Q”sont à égale distance de w. Nous appellerons cette droite normale ou perpendiculaire à OO" en w, Imdépendamment de toute idée d'angle. Ces notions préliminaires étant acquises, on démontrera aisément que : 4 En définitive, tous les axiomes de la Géométrie se ramènent a une détermination complète de 0 à 8 du concept de distance. DE LA GÉOMÉTRIE 329 1° Une surface ainsi définie est indépendante de la dis- tance entre les points fixes O et O'qui la déterminent. 2° Elle est le lieu de toutes les droites qui ont avec elle deux points communs ; ce qui signifie que chacune de ces droites y est contenue tout entière. Le plan est donc un lieu de distances, ou de continuité minima. 3° Deux surfaces planes sont congruentes, indépenda m- ment des points choisis pour centres d’équidistance ; en sor- te qu’elles peuvent glisser l’une sur l’autre, avec ou sans retournement, de toutes les manières imaginables ; elles coïncideront entièrement dès que trois points de l’une seront sur l’autre. Le plan est donc complètement défini par trois points. 4 Le même lieu peut être décrit entièrement par la translation d’une droite mobile perpendiculaire à une droite fixe. La surface ainsi engendrée est dentique à celle définie par la rotation d’une demi-droite. Tout point de la première peut être considéré comme appartenant à l'autre et réciproquement. 9° Lorsqu'on fait tourner une demi-droite dans le plan autour d’un point fixe, cette rotation est entièrement déter- minée par la longueur de l'arc de circonférence tracé par un point quelconque ; à chaque position de la demi-droite, les arcs décrits par les divers points sont tous dans un même rapport avec la circonférence correspondante ; la rotation est donc définie par le rapport de cet are à la circonférence entière, ou à son quadrant, indépendam- ment de la grandeur du rayon. Nous désignerons sous le nom d'angle un paramètre de rotation proportionnel à ce rapport et nous appellerons angle droit le paramètre qui correspond au quadrant; en sorte que toute rotation sera définie par son angle, multiple ou sous-multiple de l'angle droit. 396 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS Les aires de deux secteurs de cercle de même rayon seront entre elles comme les angles correspondants, indé- peudamment de la grandeur du rayon; parsconséquent il en sera de même des secteurs infinis compris entre deux demi-droites. Si maintenant nous considérons l'étendue infinie décrite par une rotation complète de la demi-droite, c'est-à-dire par une rotation de quatre angles droits, cette étendue, composée de quatre secteurs droits, constituera l'aire totale du plan, puisque nous ne pouvons concevoir aucun point du plan en dehors de cette surface. Nous convien- drons, bien entendu, de ne comprendre sousle nom d’aire totale du plan que l’ensemble des éléments qui y figurent sans répétition, c’est-à-dire sans qu'un même élément puisse être compté deux fois dans l'ensemble ; cette con- vention écartera toute possibilité, pour un tel ensemble, de se contenir plusieurs fois lui-même, et ainsi l'étendue vir- tuelle du plan, quoique infinie, sera représentée d’une ma- nière unique, sans indétermination et sans équivoque. Ceci posé, décrivons le plan par la translation d’une droite mobile perpendiculaire à une droite fixe, et décom- posons le déplacement en une série de translations partielles, à paramètre constant, tels que À 4’ — A'A”, etc. (fig. 34). Ces déplacements partiels détermi- nent des aires congruentes et égales. Le plan sera ainsi partagé en une infi- nité de bandes de translation, en sorte Fig. 34. que la superficie de chaque bande sera infiniment petite par rapport à l'aire totale; une telle bande ne saurait donc contenir le moindre secteur plan, puisque l'aire de ce dernier représente une fraction finie et déterminée de l'aire totale du plan. DE LA GÉOMÉTRIE BH Supposons cependant, avec Lobatschewsky, que lon puisse mener de À’ une demi-droite autre que A’ X”, ne rencontrant pas À X; cette demi-droite fera donc un angle avec A’ X'. Ilen sera de même du côté À Y. Soit — le rapport de cet angle à l'angle droit; le secteur plan cor- respondant aura de même pour aire + de l'aire du sec- teur droit, qui est le quart de l’aire du plan. Soit D l'aire du secteur droit, P l'aire du plan, et B l’aire de la bande de translation. L'ensemble des deux secteurs plans contenus dans cette bande a pour superficie : LÉ EEE donc B > n 2n 2n Répétons 2 n fois la translation À 4’, suivant À’ A”, etc. Nous aurons ainsi un ensemble de 2# bandes de transla- tion dont la superficie serait plus grande que l’aire totale du plan, et comme cette opération peut se répéter sans fin, le plan se contiendrait ainsi lui-même autant de fois que l’on voudrait. Que faut-il en conclure ? Rien autre chose que ce que nous avons énoncé au dé- but, à savoir que le postulatum d'Euclide équivaut à notre hypothèse sur l'étendue virtuelle dela demi-droite, et n’est qu'une définition de la « distance infinie ». Tandis que l’axiome euclidien suppose ce symbole constant, l'hypothèse de Lobatschewsky admet sa varia- tion, qui entraîne l’indétermination de l'étendue virtuelle de la droite et du plan. La question reste donc de savoir s’il n’y a point, dans les termes mêmes de ces définitions, quelque raison pure- ment logique de préférer l’une à l’autre. Sans doute, l’idée d’infini entraînera toujours quelque contradiction, lorsqu'elle sera énoncée comme représen- tant la limite d’une grandeur finie dont on a supposé préci- sément que l'accroissement n’est susceptible d'aucune limite 328 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS et peut se poursuivre indéfiniment comme la série des nombres. — Dans l'analyse algébrique, l’infiniment grand est la quantité inverse de l’infiniment petit, qui a lui-même une valeur essentiellement relative, déterminée seulement de telle sorte que son introduction dans les calculs, ou sa suppression, reste sans influence sur les résultats finis. Il peut y avoir ainsi des infiniment petits et des infiniment grands de différents ordres. Mais si l’on admet l'infini comme symbole de la limite d'une grandeur finie, il en résulte nécessairement, si je ne m'abuse, que l’on doit s’interdire toute comparaison de mesure entre cette limite et la grandeur elle-même. Il faut le représenter comme in- compatible avec les caractères de la contingence et comme la notation de quelque concept intégral, définitif et absolu, qui n'a pas de rapport à la grandeur finie et échappe à toute idée de forme ou de variation. On s’en rendra compte en se reportant à l’origine de cette notion et en analysant les conditions dans lesquelles elle a pris naissance. Or c'est précisément dans la défini- tion du parallélisme que ce symbole intervient pour la première fois avec sa véritable signification spatiale. Considérons en effet le mouvement illimité d’un point dans un même sens sur une continuité linéaire. Si la continuité est fermée, le point mobile repassera périodiquement par les mêmes positions. Dans le cas con- traire, il parcourra sans cesse des régions nouvelles, et c'est tout ce que nous pouvons en dire. C'est le cas de la ligne droite, et rien ne fait supposer que le point puisse quitter la continuité en poursuivant sans fin sa route. Cependant, imaginons deux points tels que le produit de leurs distan- ces X et Ÿ à un point fixe sur la droite demeure constant; soit XY—=K*. Lorsque æ passera du positif au négatif, en s’annulant, y changera de signe en même temps et passera par la DE LA GÉOMÉTRIE 399 valeur = ou œ. Comme le point y ne quitte la continuité de la ligne que pour une seule valeur particulière de la variable æ, on peut dire qu’il n’y a pas là, à proprement parler, de discontinuité. Supposons maintenant un point À en dehors de XY. Joignons-le à chaque intant, par une droite AM, à un point M mobile sur X Y, et soit AP la perpendiculaire à X Y. L'angle P À M augmente constamment à mesure que M s'éloigne de P. Mais il tend vers une limite qu'il ne peut franchir tant que M reste sur la continuité. [l ne peut en effet atteindre l'angle droit P À Y”. Joignons un point quelconque B de À Y” à un point Q sur X Ÿ et prenons un point mobile N sur BQ, pour déter- miner la sécante AM. À mesure que N se rapproche de B, le point Ms’éloigne sur X Yetsur À N. Il arrivera néces- sairement un moment où À M ne rencontrera plus XY; on dit alors que le point d’intersection est rejeté à l'infini, et la distance est dite infinie, comme y dans la fonction æy = k*, quand la variable passe par zéro. L'hypothèse la plus conforme aux propriétés générales et à la définition même de la droite et du plan serait sans doute celle qui conserverait cette même continuité à l'intersection des deux droites, et qui ferait correspondre une seule valeur de la distance à chaque valeur de l’angle P A M, sans admettre aucun cas d’indétermination. Mais bornons-nous à préciser notre notion de l'infini. Quand nous disons que les deux droites deviennent paral- lèles et que le point d’intersection est rejeté à l'infini, nous supposons évidemment que ce point quitte la continuité finie en même temps sur la droite fixe et sur la sécante mobile, après avoir, par définition, effectué tout le trajet possible et parcouru toute la longueur concevable sur l’une comme sur l’autre. Est-il admissible que la longueur concevable sur À Y” diffère de la longueur concevable sur 360 ESSAI SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS P Y et que la différence, toujours inférieure à À P, varie avec cette distance ? Sans doute une telle hypothèse ne saurait être en con- tradiction avec les autres axiomes de la Géométrie, puis- qu’elle n’a avec eux aucune corrélation ; maïs cela suffit-il pour qu'elle soit acceptable, et ne comporte-t-elle pas en elle-même une opposition de termes en impliquant une variation pour ce qui est, par sa définition même, en dehors de toute variation ? Si l’on ne veut pas appeler cela une contradiction, il faut tout au moins y reconnaître une certaine inconsé- quence, un défaut de suite dans les idées, qui nous écarte du véritable terrain et de l’objet même de notre étude. Et ce n’est pas sans raison, ou par le simple effet d’une illusion habituelle, que je préfère considérer la longueur virtuelle d’une demi-droite comme une constante, limite invariable de la distance, à l'égard de laquelle toutes les différences finies disparaissent, et que j’admets une même étendue, unique et invariable, pour toutes les surfaces planes qu'engendre la demi-droite quand elle fait une ro- tation complète autour d’un axe qui lui est perpendiculai- re, sans m'inquiéter de la position qu’elle occupe dans un espace qui ne serait rien sans elle et que son seul déplace- ment objective et définit. —sehe— EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. Séance du 9 octobre 1903. Présidence de M. Le Jours, directeur. M. Nicozcer fait une communication relative à des insectes océaniens qu’il a reçus récemment de M. Picquenot, de Tahiti, et qu'il dépose sur le bureau. Ce sont : un Bupreste (sp. ?) de Fatou- Hiva (îles Marquises), un longicorne {Ptychodes trilineatus) de Tahiti, un papillon (Danais plexippe) des Marquises, et enfin, à titre comparatif, le Buprestis gigantea de l'Amérique du Sud. M. Corpière annonce que M. de Baissé et lui, dans une excur- sion faite le 23 septembre dernier à la mare de Gatteville, ont constaté que l'unique station pour la Normandie du Crambe ma- ritima est fortement compromise, par suite de l'enlèvement du sable entre Gatteville et Gouberville : il ne reste plus guère, à l'heure actuelle, qu'une vingtaine de tout jeunespieds n'ayant pas encore fleuri. D'autre part, M. l’abbé Anfray, curé de Tocqueville, leur a montré, aux environs de l'église de Gouberville, une abon- dante station de Gnaphalium undulatum L., et M. Corbière a trouvé, près du château de Gouberville, et en assez grande quan- tité, le Riccia sorocarpa Bisch., hépatique assez rare, dont le R. Raddiana, précédemment signalé (séance du 13 juin 1902), sem- ble bien n'être qu'une forme robuste. Séance du 13 novembre 1903. Présidence de M. le D' Gozzi6ow, président. A la demande de M. Autran, membre correspondant, et sur la proposition de M. Le Jolis, transmise par M. Corbière, M. le D' Do- MINGUEZ, de Buenos-Ayres, est élu membre correspondant de la Société. ù M. Morrez annonce qu'il compte présenter à la séance de dé 362 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX cembre un mémoire dont il est l’auteur et qui aura pour titre : « La matière, l'éther et les forces physiques », dans lequel se trouve développée une théorie générale des forces physiques de la nature. M. Mottez indique les grandes lignes de son travail, promettant de revenir sur ce sujet à la prochaine séance. M. Nicozzer dépose sur le bureau de curieuses cristallisations de sulfate de chaux, connues sous le nom de « rose du Sahara », qu'il a reçues d'Algérie. M. le D' Cozcicnox fait passer sous les yeux des membres de la Société deux photographies d’un objet en plomb, trouvé il y a quelques mois près de Jaulny (Meurthe-et-Moselle), au lieu dit « Granfontaine », lors des fouilles pratiquées en cet endroit. L'u- sage de cet objet reste énigmatique. A propos du nom de Gran- fontaine (ou Grand Fontaine), M. le D' Collignon rappelle qu’an- térieurement (séance du 10 mars 1899) il avait signalé l'opinion de M. Lièvre, d’après laquelle une racine gauloise, igoranda, signifiant frontière, se rencontrait dans une foule de mots géo- graphiques, tels que Ingrande, Eygurande,Yvrandes, Délivrande, etc., et que deses propres recherches, comme de celles de M. Liè- vre, il résultait que de tels noms se rencontraient, en effet, en. grand nombre sur les limites des civitates romaines. Il avait pensé que ce nom de Granfontaine, au lieu de signifier « grande fontaine », pourrait bien avoir une origine tout autre et se ratta- cher à quelques frontières territoriales romaines. La découverte de l’objet en question, et de beaucoup d’autres vraisemblable- ment romains, est un argument de plus en faveur de la thèse de M. Lièvre. Séance du 11 décembre 1903. Présidence de M. le D' CozzrGnon, président. Lecture est donnée d’une circulaire de M. le Ministre de l’Ins- truction publique relative à la réunion des sociétés savantes qui se tiendra à la Sorbonne le 5 avril 1904. M. GRANDIN DE L'EPREVIER, capitaine au 95° de ligne, présenté par MM. Coccrenon et CorBièRe, est élu membre titulaire de la Société. M. Berri, secrétaire honoraire de la Société, vient d’être nom- DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 363 mé membre de l'Institut (Académie des Sciences). La Société est heureuse et légitimement fière de cette haute distinction accordée à l’un de ses membres les plus anciens et toujours fidèle, et elle décide que mention sera faite au procès-verbal de la séance de la vive satisfaction que lui a fait éprouver cette bonne nouvelle. Sur le rapport très élogieux de M. Tresouz, la Société vote l'impression dans le 34° volume de ses Mémoires du travail dont l’auteur, M. Mottez, l'avait entretenu dans sa dernière séance, et qui a pour titre: « La matière, l’éther et les forces physi- ques ». Le SecréraIREe dépose sur le bureau deux exemplaires du 33° volume des Mémoires de la Société, dont l'impression vient d’être terminée. La distribution de ce volume commencera dans quelques jours. M. Le CaxneLcier fait le récit d'une éruption volcanique dont il a été le témoin il y a quelques mois, pendant son séjour en Islande. Étant donnés la direction du nuage de cendres qui s’est abattu sur le pont du navire que commandait M. Le Cannellier, et le jalonnement de sa marche par le dépôt noirâtre laissé sur les montagnes des environs couvertes de neige, il s’agit d’un volcan bien distinct de tous ceux qui sont actuellement connus. Au reste, ajoute M. Le Cannellier, l'Islande n'ayant jamais été traversée de part en part, dans aucun sens, toute la partie cen- trale est encore inconnue. M. Marrix présente quelques mousses intéressantes récoltées par lui dans un voyage fait en 1902 aux environs de Cauterets (Hautes-Pyrénées) : Orthotrichum obtusifolium en belles fruc- tifications, Audreæa petrophila et sa variété alpestris, puis Andreæa rupestris var. falcata forma minor; ces deux der- nières espèces recueillies près de Gavarnie. Le scrutin pour le renouvellement du Bureau donne les résul- tats suivants. Sont élus pour 1904 : Vice-président, M. Le CANNELLIER ; Secrétaire, M. CoRBIÈRE ; Trésorier, M. BÉNaRr. M. Jacoues-Le Seraxeur, vice-président en 1903, devient de droit président. . 364 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX Sur la proposition de MM. Le Jouis et Cozzienon, M. Corbière est, à l'unanimité, élu secrétaire perpétuel de la Société. M. CorBièrs, très touché de cette marque de haute estime de la part de ses collègues, les remercie vivement de leur confiance et les assure de son dévozement le plus complet aux intérêts de latSociété. Séance du 15 janvier 1904. Présidence de M. Jacques-Le SEIGNEUR, président. Les ouvrages reçus pendant l’année 1903 sont inscrits au cata- logue de la Bibliothèque du n° 72.436 au n° 75.156. Sont élus membres titulaires de la Société : M. Caazurour, pharmacien principal de la marine, présenté par MM. Collignon et Corbière, et M. Sorneix, colonel de l'artillerie coloniale, pré- senté par MM. Treboul et Le Cannellier. M. le D' Cozzrexon entretient la Société de la réunion à Cher- bourg en 1905, du Congrès de l’Association française pour l’avan- cement des sciences et des entrevues à cet effet qui ont déjà eu lieu à l'Hôtel de Ville entre les présidents des diverses Sociétés locales particulièrement désignées. M. le D' Turgerr présente : 1° un exemplaire de Filaria oculi, ver nématode dont il a pratiqué récemment l'extraction de l'œil de l’un de ses clients ; 2 un échantillon d'uranite, minéral extrêmement rare, qu'il a rapporté du département de Saône-et-Loire. M. le D' Arpoux montre le dessin d’un botryomicome qu'il a observé au Dispensaire de la Croix-Rouge le 4'janvier 1904.I1 s’agit d’une petite tumeur ressemblant fort à un simple bourgeon char- nu, néoplasie inflammatoire bénigne, siégeant sur l'éminence Thénar de la main gauche. Cette petite tumeur a débuté il y a trois mois, sans cause nette, chez une femme âgée de 54 ans, et actuellement elle présente le volume d'un gros pois, est à peu près hémisphérique, gris rosé, très vasculaire, séparée par un sillon d’un bourrelet d’épiderme épaissi, comme c’est l’ordinai- re. Elle a résisté aux divers traitements institués jusqu’à présent et le D' Ardouin a dû en faire l’ablation le 14 janvier. Un exa- men histologique sera pratiqué et communiqué à la Société. Les DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 365 petites tumeurs de ce genre furent décrites chez l’homme pour la première fois comme affection spéciale en 1897 par MM. Pon- cet et Dor (de Lyon), qui constatèrent la structure d’un adénofi- bromesudoripare et la présence d’amas müriformes analoguesau botryomyces du champignon de castration du cheval. Depuis lors divers travaux ont été publiés sur la question, et les obser- vations avec examen histologique et bactériologique (au nombre de 20 environ) ont permis de discuter les opinions de MM. Pon- cet et Dor. [1 semble acquis à l’heure actuelle qu'il s’agit d’un fibropapillome muqueux vasculaire et que cette prolifération n’est pas due chez l'homme à un parasite spécifique, mais à des microbes vulgaires ne différant pas par leur aspect du staphylo- coque. M. le D' ArpouIN dépose ensuite deux notes destinées aux Mé- moires de la Société et qui, selon le règlement, sont soumises, pour rapport, à l'examen de M. le D' Hugserr. M. Lepxay, capitaine de vaisseau, est, sur la proposition de MM. Le CanneLzier et CorBière, élu membre correspondant de la Société. M. Béxano lit une lettre de M. Léoxar», qui se rappelle au bon souvenir de ses collègues et exprime tout le plaisir qu’il éprou- vera, s'il lui est possible de revenir à Cherbourg lors du Congrès de l'Association française en 1905. M. Le CaneLLier expose la situation particulière des officiers de marine en activité faisant partie de la Société. Forcés par leur service de s'éloigner, ordinairement pour deux ans, ils hésitent à venir à nous, précisément à cause de ces absences périodiques. Ne serait-il point possible de les mettre en congé, c’est-à-dire de les dispenser de toute cotisation pendant ces périodes d'absence ? — Sur la demande de M. Trepouc cette question est renvoyée à l'examen du Bureau. M. le colonel SorneN fait connaître les grandes lignes d’un travail destiné à nos Mémoires et qu’il dépose sur le bureau. Ce travail, intitulé Essai sur l'origine et les fondements de la Géo- métrie, est renvoyé à l'examen de M. Tresouz, conformément aux Statuts. 366 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX Séance du 11 mars 1904. Présidence de M. JacQues-Le SEIGNEUR, président. Sur le rapport très favorable de M. Trepouz, la Société vote l'impression, dans le 34° volume de ses Mémoires, du travail présenté par M. le colonel Sornen à la dernière séance. D'après les conclusions de M. le D' Hugerr, elle vote également l'impression, {ans le même volume, d'un travail de M. le D' Ar- DouIN sur trois cas de chirurgie présentés en séances : deux cas intéressant les voies biliaires, et le troisième la voüte crânienne. Un mémoire, récemment reçu par la Société et intitulé Theo- ria geometrica de las lineas alabeados, par M. Ed. Torroja y Caballé, est renvoyé à l'examen de M. le colonel Sorxenx. M. Béarn fait part d'une lettre de M. De Baissé, qui, en en- voyant sa cotisation, charge M. le Trésorier de présenter à ses collègues ses meilleurs compliments et son bon souvenir persis- tant. Séance du 15 avril 1904. Présidence de M. Jacoues-Le SEIGNEUR, président. Comme suite à la proposition faite par M. Le CANNELLIER à la séance du 12 février, au sujet des officiers de marine en activité, la Société adopte, à l'unanimité, le projet ci-après de règle- ment rédigé par M. le PRÉSIDENT : « Les membres de la Société qui quittent temporairement Cherbourg peuvent, s'ils le demandent, obtenir un congé. » Aucune cotisation n'est due par les membres en congé lors- que leur absence s'étend sur une ou plusieurs années entières, de 1°" janvier à 1°’ janvier ; maisils nereçoivent pas les volumes de Mémoires afférents aux années pendant lesquelles ils n’ont pe payé de cotisation. » Il n’est pas tenu compte, pour l'admission de nouveaux membres, du nombre des Sociétaires en congé. Si, au retour de ceux-ci, la section à laquelle ils appartiennent est complète, il n’y reprennent place qu'au fur et à mesure des vacances qui viennent à se produire, tout en conservant le droit d'assister aux séances ». DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 301 M. le D' Arpounx fait hommage à la Société de deux brochures dont il est l’auteur : 1° Enchondrome de l'annulaire droit : amputation ; 2% Enorme angiome de la paroi abdominale ; ablation, qué- rison. Séance du 13 mai 1904. Présidence de M. Jacoues-Le SEIGNEUR, président. Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL annonce à la Société la perte récente qu'elle a faite de six de ses membres correspondants : M. le professeur Karl ScHuMANx, conservateur du Museum de Berlin; MM. Foucaun, botaniste à Rochefort-sur-Mer; Fouqué, professeur au Collège de France ; Marey, membre de l'Institut; Saxur, pré- sident de la Société d’Horticulture de Montpellier, et Zrrrez, professeur à l'Université de Munich. M. le colonel Sorxeix analyse le travail de M. Eduardo Torroja y Caballé sur la Théorie géométrique des courbes gauches et des surfaces développables, qui avait été soumis à son examen à la séance du 11 mars. À la suite de ce Compte-rendu très élogieux, M. Ed. TorroyA Y CABALLÉ est élu membre correspondant. M. GRanDiN DE L'EPRevIER dépose sur le bureau et fait passer sousles yeux de ses collègues les échantillons les plus remarqua- bles de sa collection de mollusques gastéropodes recueillis aux environs de Cherbourg. Il promet de faire apporter à l’une des prochaines séances la série des lamellibranches. Séance du 10 juin 1904. Présidence de M. Le CanNeLLier, vice-président. En son nom et en celui de M. le D' Cozzienon, M. CorBière présente, comme membre titulaire, M. le capitaine Chaudron, de l'Infanterie coloniale. M. le Présinenr entretient la Société de la mort récente de M. Eynaup, ancien directeur des constructions navales, décédé inspecteur général dela marine. M. Eynaud, qui avait à un de- gré éminent toutes les qualités de l'esprit et du cœur, fut long- 368 EXTRAITS DES PROCÈS-VEBAUX DES SÉANCES temps membre de notre Société et la présida en 1898. Sa mort a causé les plus vifs regrets à tous ceux qui l'ont connu. Les membres présents examinent ensuite la question de la bibliothèque de la Société et décident que M. le Président, em- pêché d'assister à la séance, sera prié d'écrire à M. le Maire pour l’engager à hâter de tout son pouvoir la solution de cette ques- tion, si intéressante pour la Société, et qui reste pendante depuis plus de quatre ans. Séance du 8 juillet 1904. Présidence de M. Jacques-Le SEIGNEUR, président. Les ouvrages reçus depuis le 1° janvier dernier jusqu’au 30 juin sont inscrits au catalogue de la Bibliothèque du n° 75.157 au n° 75.930. M. le Présinenr annonce à la Société la mort de l'un de ses membres titulaires, M. Em. Sorez, ex-ingénieur des manufactu- res de l’État, décédé tout récemment, et il exprime les sentiments de regret que la Société éprouve de la disparition de ce savant très distingué. M. le PrÉsIDENT donne ensuite connaissance de la correspon- dance qu'il a échangée, depuis la dernière séance, avec M. le Maire de Cherbourg, conformément au mandat qu'il avait reçu à cette même séance. Lecture est ensuite donnée d'une lettre par laquelle la Société botanique de France invite notre Société à envoyer un délégué aux fêtes de son jubilé cinquantenaire, qui auront lieu à Paris le 1° août et jours suivants. M. Corsière, secrétaire perpétuel, est désigné à cet effet. M. le capitaine CxHAuDRoN, présenté à la précédente séance, est élu membre titulaire de la Société. M. GRANDIN DE L'EPREVIER fait passer sous les yeux des membres de la Société les principaux types de sa collection de coquilles de lamellibranches provenant de notre littoral. —LeÈe— OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ. Octobre 1903 à Juillet 190%. EUROPE: France. SA a Ouvrages publiés par le Gouvernement. MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE. — Comptes rendus du Con- grès des Sociétés savantes de Paris et des départements en 1903. Section des Sciences. 1904. 8o. MINISTÈRE DU COMMERCE. — Annales du commerce extérieur. 1903 (10-12), 1904 (1-5). 80. 8 2. — Publication des Sociétés correspondantes. ANGERS. Société d’études scientifiques. — Bulletin, XXXII. 1902. 8e. ANGERS. Société d’horticulture de Maine-et-Loire. — Annales, 1903 (3-4). 80. ANNECY. Société florimontane. — Revue Savoisienne, XLIV (3-4), XLV (1-2). 1903-1904. 8. - AUTUN. Société d'histoire naturelle. — Bulletin, XVI. 1903. 8°. AUXERRE. Société des sciences historiques et scientifiques de l'Yonne. — Bulletin, LVII (1). 1903. 80. AVRANCHES. Sociélé d'archéologie, de littérature, sciences et arts. — Revue de l’Avranchin, VIII (3), XI (3-4, 7-8), XII (1). 1896- 1904. 8°. BESANÇON. Académie des sciences, belles-lettres et arts. — Procès- verbaux et mémoires, 1903. 8. BESANCON. Société d’émulation du Doubs. — Mémoires, 7° série, VII. 1902. 8°. Béziers. Société d’études des sciences naturelles. — Bulletin, VII, VIII, IX, X. 1882-1887. 8°. Boxe. Académie d’'Hippone.— Bulletin, XXX. 1899-1900.80.— Comp- tes rendus, 1901, 1902. &. BORDEAUX. Académie des sciences, belles-lettres et arts. — Actes, 3e sér., LXIII. 1901. 8. BorDEAUX. Société Linnéenne. — Actes, LVIITI. 1903. 8. a 24 310 OUVRAGES REÇUS BORDEAUX. Société des sciences physiques et naturelles. — Mémoi- res, 6e sér., III. 1903. 8. — Procès-verbaux des séances, 1902- 1903. 80. — Observations pluviométriques et thermométriques, 1902-1903. 8°. BourG. Société des naturalistes de l'Ain. — Bulletin, IX (14). 1904. 8e. BourGESs. Société historique, littéraire, artistique et scientifique du Cher. — Mémoires, 4° sér., XVI, XVII, XVIII. 1904-1903. 8. BREST. Société Académique. — Bulletin, 2e sér., XX VIII. 1902-1903. 8. CAEN. Académie des sciences, arts et belles-lettres. — Mémoires. 1903. 8. CAEN. Assises scientifiques, 'Hbraires et artistiques fondées par A. de Caumont. — Compte rendu de la 2e session tenue à Caen les 4-6 juin 1903, I-II. 8. — Rapport sur le mouvement littéraire et artistique. 1897. 8. CHALONS-SUR-MARNE. Société d'agriculture, commerce, sciences et arts. — Mémoires, 2° sér., V. 1901-1902. 8. CHAMBÉRY. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie. — Mémoires, 4° sér., X. 1903. 80. — Tableau de tous les mem- bres de l’Académie et table des noms et des matières contenus dans chacun des volumes des mémoires et des documents. 1903. 8. CHERBOURG. Société Artistique et Industrielle. — Bulletin, nos 25- 26, 27. 1901-1903. 80. CHERBOURG. Société d’'horticulture. — Bulletin, no 35. 1903. 8o. CLERMONT-FERRAND. Académie des sciences, lettres et arts. — Bul- letin historique etscientifique de l'Auvergne, 2° sér., 1903 (5-9). 80. Dax. Société de Borda. — Bulletin, XXVIII (3-4), XXIX (1). 1903- 1904. 8°. GuÉRET. Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse. — Mémoires, 2e sér., IX (1). 1903. 8°. LE HAvRE. Société havraise d'études diverses. — Recueil des publications, LX VIII (4), LXIX (1-4). 1901-1902. 8°. — Bibliogra- phie méthodique de l’arrt du Havre. n° 5. 1902. 8. — Bio-biblio- graphie des écrivains de l'arrt du Havre, nos 1-3. 1902. 80. — Notice sur la société, suivie du catalogue de ses publications. 1903. 80, LE HAvRE. Société géologique de Normandie. — Bulletin, XXII. 1902. 8°. Lyon. Société d'agriculture, sciences et industrie. — Annales, 8° sér., I. 4903. 80. Lyon. Société Linnéenne. — Annales, L. 1903. 80. ACON. Académie. — Annales, 3 sér., VII. 1902. 80. ARSEILLE. Académie des sciences, lettres et beaux-arts. — Mémoi- res, 1901-1903, 80. PAR LA SOCIÉTÉ 371 MARSEILLE. Faculté des sciences. — Annales, XIIL. 1903. 4°. MONTBÉLIARD. Société d'émulation. — Mémoires, XXX. 1903. 80. MoNTrELLIER. Académie des sciences et lettres. — Mémoires, 2e sér., sect. des sciences, III(3); sect. des lettres, IV (2). 1903-1904. 8°, — Séance publique de l’année 1847. 40. — Rapports de M. de Bonald. 1856, 1858. 40. — Mémoire historique et biographique sur l’ancienne société royale des sciences de Montpellier par Junius Castelnau. 1858. 40. Nancy. Société des sciences. — Bulletin des séances, 3° sér., IV (4), V (1). 1903-1904. 80. NanTEs. Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure. — Annales, 8 sér., IV. 1903. 8. NANTES. Société des sciences nalurelles de l'Ouest de la France. — Bulletin, ?° sér., III (2-4). 1903. 80. NImEs. Société d'étude des sciences naturelles. — Bulletin, XXX. 1902: 80. ORLÉANS. Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts. — Mémoires, 3° sér., III (1-2), IV (1). 1903-1904. 8e. Paris. Association française pour l'avancement des sciences. — Comptes-rendus, XXX (2), XXXI (1-2). 1901-1902. 8. — Bulletin de l’'AFAS, nos 108-109. 1903-1904. 8. — Bulletin mensuel, n9s 1 à 7 supplt. 1904. 8°. Paris. Comité ornithologique international. — Ornis, XIL (2-3). 1903-1904. 80. Paris. Ecole polytechnique. — Journal de l’Ecole polytechnique, 2e sér., n° IX. 1904. 40. PARIS. Feuille des jeunes naturalistes, nos 397 à 404. 1903-1904. 8°. Paris. Société d'anthropologie. — Bulletins et mémoires, 5° sér., IV (4-6). 1903. 8o. Paris. Société botanique de France. — Bulletin, XLVI (10), XLVIII (8-9), XLIX (sess. extr.), L (7-9), LI (1-7). 1899-1904. 8e. Paris. Société de géographie. — La Géographie, VIII (4-6), IX (1-6), X (1). 1903-1904. 8°. — Rapports annuels sur les progrès de la géographie, 1867-1892, par C. Maunoir. I, II, III. 4895-4898. 8o. Paris. Société nationale d’horticulture de France.— Journal, 4: sér.., IV (9-12), V (1-6). 1903-1904. 80. — Liste des membres, 1904, 8. Paris. Société philomathique. — Bulletin, 9° sér., V. 1902-1903. 80. Paris. Société de secours des amis des sciences. — Compte-rendu du 46° exercice. 1903. 8°. Paris. Société zoologique. — Bulletin, XXVIII. 1903. 8e. ROCHEFORT. Société de géographie. — Bulletin, XXV (3-4), XXVI (1). 1903-1904. 80. ROUEN. Académie des sciences, belles-lettres et arts. — Précis an'a- 372 OUVRAGES REÇUS lytique des travaux, 1902-1903. 8°. — Liste générale des mem- bres, 1903. 8o. ROUEN. Société des amis des sciences naturelles. — Bulletin, XXX VIII. 1902. 8. St-ETIENNE. Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres. — Annales, 2° sér., XXIII (3-4), XXIV (1). 1903- 1904. 80. St-Lô. Société d'agriculture, d'archéologie et d'histoire naturelle. — Notices, mémoires et documents, XXI. 1903. 8°. TouLOusE. Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres. — Mémoires, 10° sér., III. 1903. 8. TouLousE. Société d'histoire naturelle. — Bulletin, XXXVI (8-9), XXXVII (1-2). 1903-1904. 80. TROYES. Société académique d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube. — Mémoires, 3° sér., XL. 1903. 80. VALOGNES. Société archéologique, artistique, littéraire et scienti- fique. — Mémoires, VI. 1900-1903. 8°. Iles Britanniques. CAMBRIDGE. Société scientifique. — Transactions of the Cambridge Philosophical Society, XIX (3). 1904. 4. — Proceedings, XII (3-4). 1903. 80. — List of fellows. 1903. 80. Duin. Académie Royale d'Irlande. — The Transactions of the Royal Irish Academy, XXXII (A. 7-10; B. 3-4; C. 2-3). 1903. 40. — Proceedings, XXIV (A. 3-4; B. 4-5, C. 4-5). XXV (C. 1-4). 1903- 1904. 80. DugLin. Société Royale. — The scientific Transactions of the Royal Dublin Society 24 ser., VIII (2-5). 1903. 8°. — The scientific Pro- ceedings, new ser., X (1). 1903. 80. — The economic Procee- dings, I (4). 1903., 80. EpiMBourG. Société botanique. — Transactions and Proceedings of the Botanical Society, XXII (1-2). 1901-1902. 80. EpimBouRG. Société Royale. — Proceedings of the Royal Society, XXIII. 1899-1901. 8. EniMBOURG. Société Royale de Physique. — Proceedings of the Royal Physical Society, XV (2). 1902-1904, 8. GREENWICH. Observatoire Royal. — Astronomical and Magnetical and Meteorological Observations made atthe Royal Observatory of Greenwich, in the year 1900. (1902). 4. LivERPOOL. Sociélé littéraire et scientifique. — Proceedings of the Literary and Philosophical Society, LVI. 1901-1902. 8, PAR LA SOCIÉTÉ d1 LonDRes. Société Royale. — Proceedings of the Royal Society, LXXII (482-487), LXXIII (488-496), LXXIV (497). 1903-1904. 80. — Reports to the Malaria Committee, VIII. 1903. — Reports of the Sleeping sickness Commision, n°5 2-4. 1903. 80. — Obituary notices of fellows, I (3). 1904. 8e. LONDRES. Société Royale astronomique. — Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, LXIII (9), LXIV (1-8). 1903-1904. 8°. LONDRES. Société Linnéenne. — The Journal of the Linnean Socie- ty : Zoology, XXIX (188-189). — Botany, XXXV (247-248), XXXVI (252-253). 1903-1904. 8. — Proceedings, 115° session. 1902-1903. 80, — List of members, 1903-1904. 80. LonDREs. Société Royale de microscopie. — Journal of the Royal Microscopical Society, 1903 (5-6), 1904 (1-3). 8°. LONDRES. Institut des Ingénieurs civils. — Minutes of Proceedings of the Institution of Civil Engineers, CLI, CLII, CLIII. 1903. 8°. — Subject-Index, vol. CXIX-CL. 1894-1902. 80. MANCHESTER. Société littéraire et scientifique. — Memoirs of the Literary and Philosophical Society, 4th ser. XLVIII (6), XLVIII (1-2). 1902-1904. 8. Belgique. BRUXELLES. Académie Royale de Belgique. — Bulletin de la classe des sciences, 1903 (8-12), 1904 (1-2). 8°. — Annuaire, 1904. 18° BRUXELLES. Musée du Congo. — Annales. Botanique : 5° sér., I (2); 6e sér., I (1). 1904. Fo. — Zoologie : 3° sér., I (1), II (1). 1903. Fo. — Annexe aux Annales. Ethnographie et Anthropologie : 4° sér., fasc. 1-5. 1903-1904. Fo. BRUXELLES. Société Royale de botanique. — Bulletin, XL (1-3). 1904. 8. BRUXELLES. Société entomologique de Belgique. — Annales. XLVII. 1903. 8°. — Mémoires. X, XI. 1903. 8°. BRUXELLES. Société Royale Linnéenne. — Bulletin, XXIX (1-8). 1903-1904. 40. Liège. Société géologique de Belgique. — Annales, XXX (2), XXXI (1). 1904. 8o. Pays-Bas. AMSTERDAM. Académie Royale des sciences. — Verhandelingen der Koninklijke Akademie van Wetenschappen. Eerste Sectie : VIII (3-5). 1903. 8° ; Tweede Sectie : IX (4-9). 1903. 80. — Verslag van de gewone Vergaderingen der Wis-en Natuurkundige Afdeeling, 374 OUVRAGES REÇUS XI (1-2).1902-1903, — Proceedings of the Section of Sciences, V (1-2). 4904. 80. — Jaarboek, 1902. 80. AMSTERDAM. Société mathématique. — Nieuw Archief voor Wis- kunde, ?e sér., VI (2). 1903. 8. — Wiskundige opgaven met de oplossingen, IX (1). 1904. 80. — Revue semestrielle des publica- tions mathématiques, XII (1). 1904. &o. GRONINGUE. Société des sciences naturelles. — Verslag van het Natuurkundig Genootschap. CII. 1902. &o. Harzem. Société Hollandaïise des sciences. — Archives Néerlandai- ses des sciences exactes et naturelles, 2e sér., VIII (5), IX (1-3). 1903-1904. 8°. HarLem. Musée Teyler. — Archives du Musée Teyler, 2° sér., VIII (4-5). 1903-1904. 40. — Catalogue de la bibliothèque, III. 1888- 1903. (1904). 40. MiDDELBOURG. Société des sciences de la Zélande. — Archief. Vroe- gere en latere mededeelingen voornamelyk in betrekking tot Zeeland. VIII (5). 1902, 1908. 80. — Zelandiaillustrata, 3 vervolg. 1902. 80. UTRECHT. Société provinciale des arts et des sciences. — Verslag van het verhandelde in de algemeene vergadering van het Pro- vinciaal Utrechtsch Genootschap van Kunsten en Weten- schappen, 1903. 8°. — Aantekeeningen van het verhandelde in de sectie-vergaderingen, ter gelegenheid van de algemeene vergadering. 1903. 8. Danemark. COPENHAGUE. Académie Royale des sciences. — Det Kongelige Danske Videnskabernes Selskabs Skrifter, 6° série, Naturvidens- kabelig och mathematisk afdeling, XI (5-6), XII (3-4) ; 7e sér, II (1). 1903-1904. 40. — Oversigt over det Kongelige Danske Videns- kabernes Selskabs Forhandlinger, 1903 (2-6), 1904 (1-3). 8°. COoPENHAGUE. Société botanique. — Botanisk Tidsskrift, XXV (3). 1903. 80. COPENHAGUE. Société d'histoire naturelle. — Videnskabelige Med- delelser fra Naturhistorisk Forening i Kjôbenhavn, 6° sér., V. 1903. 8. Suède et Norvège. CHRISTIANIA. Société des sciences naturelles. — Nyt Magazin for Naturvidenskaberne, XLI (1-4). 1903. 8o. GŒTEBORG. Société des sciences. — Gütebogrs Kungl. Vetenskaps och Vitterhets Samhälles Handlingar, 4° sér., V-VI. 1903. 8. PAR LA SOCIÉTÉ 375 Lunp. Université. — Acta Universitatis Lundensis. IT. Fysiografis- ka Sällskapets Handlingar, XXXVIII, XXXIX. 1902-1903. 4e, STOCKHOLM. Académie Royale des sciences. — Kongliga Svenska Vetenskaps-Akademiens Handlingar, XXXVII (4-8). 1903-1904. 40. — Arkiv fôr botanik, I (1-4), II (1-3). 4903-1904. 80. — Arkiv fôr zoologi, I (1-2). 1903. 80. — Arkiv für kemi, mineralogi och geo- logi, I (4-2). 1903-1904. 80. — Arkiv für matematik, astronomi, och fysik, 1 (1-2). 1903. 80. — Arsbok für 4r 1903. 8. — Sveriges offen- tliga Bibliotek. Accessions-katalog, I, II, III, IV, V, VI. 1887- 1892. 80. TRONDHJEM. Société Royale des sciences. — Det Kongelige Videnska- bers Selskabs Skrifter, 1902. 8o. UpPsaL. Observatoire. — Bulletin météorologique mensuel de l’Ob- servatoire de l’Université d'Upsal, XXXV. 1903. 40. Russie. HELSINGFORS. Société finlandaise des sciences. — Observations pu- bliées par l’Institut météorologique central, XVI, XVII. 1897- 1898. Fo, — État des glaces et des neiges en Finlande pendant l'hiver 1892-1893. (1904). Fo. Moscou. Société Impériale des Naturalistes. — Bulletin, 2e série, 1902 (4), 1903 (2-3). 80. RiGA. Société des Naturalistes. — Correspondenzblatt des Natur- forscher-Vereins zu Riga. XLVI. 1903. 8. SAINT-PÉTERSBOURG. Observatoire physique central de Russie. — Annalen des physikalischen Central Observatoriums. 1901 (1-2). 1903. 4°. SAINT-PÉTERSBOURG. Société Impériale russe de géographie. — Izviéstiia Imperatorskago Rousskago geographitcheskago Ob- chtchestva, XXX VII (6), XXX VIII (5), XXXIX (1-5). 1901-1903. 80. — Ottchett, 1902 (1-2). 80. Allemagne. ANNABERG. Société des sciences naturelles. — Bericht über den Annaberg-Buchholzer Verein für Naturkunde, XI. 1898-1903. 80. BERLIN. Académie Royale des sciences. — Sitzungsberichte der kô- niglich preussichen Akademie der Wissenschaften, 1903 (40-53), 1904 (1-24). 4e. BERLIN. Société botanique. — Verhandlungen des botanischen Ve- reins der Provinz Brandenburg, XLV. 1903. 8o. 376 OUVRAGES REÇUS BERLIN. Société de géographie. — Zeitschrift der Gesellschaft für Erdkunde, 1903 (7-10), 1904 (1-6). 80. BERLIN. Société géologique. — Zeitschrift der deustchen geologi- schen Gesellschaft, LV (2-4). 1903. 8o. BERLIN. Société de physique. — Verhandlungen der deutschen phy- sikalischen Gesellschaft, neue Folge, V (3-24), VI (1-2). 1903- 1904. 8o. BERLIN. Société des Naturalistes. — Sitzungsberichte der Gesell- schaîft Naturforschender Freunde, 1903. 8°. Bonn. Société d'histoire naturelle. — Verhandlungen des naturhis- torischen Vereines der preussischen Rheinlande und Westfa- lens, LX (1-2). 1903. 8e. Bonn. Société des sciences naturelles et médicales. — Sitzungsbe- richte der Niederrheinischen Gesellschaft für Natur- und Heil- kunde, 1903 (1-2). 8. BRÊME. Société des sciences naturelles. — Abhandlungen heraus- gegeben von naturwissenschaftlichen Vereine, XVII (3). 1903. 8e. BruNswicx. Société des sciences naturelles. — Jahresbericht des Vereins für Naturwissenschaft zu Braunschweig, IX, XII, XIII. 1893-1903. 8e. CHEMNITZ. Société des sciences naturelles. — Bericht der naturwis- senschaftlichen Gesellschaft, XV. 1899-1903. 8. DARMSTADT. Sociétés géographique et géologique. — Notizblatt des Vereins für Erdkunde und der Grossh. geologischen Landesan- stalt, 4e Folge, XXIII. 1902. 8e. DRESDE. Société Isis. — Sitzungsberichte und Abhandlungen der naturwissenschaftlichen Gesellschaft Isis, 1903. 8. DRESDE. Société des sciences naturelles et médicales. — Jahresbe- richt der Gesellschaft für Natur- und Heïlkunde, 1902-1903. 8°. DRESDE. Société de géographie. — Verein für Erdkunde. Mitglieder- Verzeichnis, 1904. 80. — Litteratur der Landes-und Volkskunde des künigreichs Sachsen. Nachtrag, IV. 1903. 8e. ERFURT. Académie des sciences. — Jahrbücher der kôn. Akademie gemeinnütziger Wissenschaften, neue Folge, XXX. 1904. 8. ERLANGEN. Société physico-médicale, — Sitzungsberichte der phy- sikalisch-medicinischen Societät, XXXIV. 1902. 8°. — Verhand- lungen, I, 11. 1865-1870. 8o. FRANCFORT-SUR-MEIN. Société des sciences naturelles. — Bericht über die Senckenbergische naturforschende Gesellschaft, 1903. 80, — Abhandlungen, XXVII (2-3), XXIX (1). 1903-1904. 40. GOERLITZ. Société des sciences. — Neue Lausitzisches Magazin herausgeseben von der Oberlausitzischen Gesellschaft der Wissenschaîten, LXXIX. 1903. 8. — Codex diplomaticus Lusa- tiæ superioris, II (4). 4903. 8°. PAR LA SOCIÉTÉ 311 GOETTINGUE. Société Royale des sciences. — Nachrichten von der küniglichen Gesellschaft der Wissenschaîften. Geschäftliche Mittheilungen, 1903 (2), 1904 (1), Mathematisch-physische Klasse, 1903 (5-6), 1904 (1-2). 8°. HALLE. Académie des Curieux de la Nature. — Nova Acta Acade- miæ Cæsareæ Leopoldino-Carolinæ germanicæ Naturæ Curioso- rum, LXXI, LXXII, LXXIV, LXXV, LXXVI, LXXX, LXXXI. 1898-1903. 40. — Leopoldina, XXXV, XXXVII, XXX VIII, XXXIX. 1898-1903. 4°. HAMBOURG. Société des sciences naturelles. — Abhandlungen aus dem Gebiete der Naturwissenschaften, herausgegeben von naturwissenschaftliche Verein, XVIII. 1904. 40. — Verhand- lungen, 3° Folge, XI. 1903. 8e. . HAMBOURG. Société d'Histoire naturelle. — Verhandlungen des Vereins für naturwissenschaftliche Unterhaltung, XIT. 1904. 8. Hanau. Société des sciences. — Bericht der Wetterauischen Ge- sellschaft. 1899-1903. 80. HEIDELBERG. Sociélé d'histoire naturelle et de médecine. — Ver- handlungen des naturhistorisch-medizinischen Vereins, neue Folge, VII (3-5). 1904. 8. KaAssEL. Société des sciences naturelles. — Abhandlungen und Bericht des Vereins für Naturkunde, XLVIII. 1902-1903. 8. KIEL. Commission pour l'exploration scientifique des mers d’Alle- magne. — Wissenschaftliche Meeruntersuchungen, herausge- geben von der Kommission zur wissenschaftlichen Untersu- chung der deutschen Meere in Kiel und der biologischen An- stalt auf Helgoland, VII, VIII. 1903. 4°. KOENISBERG. Société physico-économique. — Schriften der physi- kalisch-ükonomischen Gesellschaft, XLIV. 1903. 80. LEIPZIG. Journal botanique. — Botanische Zeitung, LXI (I. 10-12; IL. 20-24). 1903. 40. LEIP1Z26. Société Royale des sciences. — Abhandlungen der mathe- matisch-physischen Classe der küniglich-sächsischen Gesell- schaft der Wissenschaften, XXVIII (4-7). 1903. 8°. — Berichte über die Verhandlungen, mathematisch-physische Classe, LV (3-6), LVI (1-3). 1903-1904. 8. LEïrPpziG. Société Jablonowski. — Jahresbericht der fürstlich Jablo- nowski’schen Gesellschaft, 1904. 8°. LEIPzIG, Société de géographie. — Mittheilungen des Vereins für Erdkunde. 1903 (41). 8. — Wissenschaftliche Verôffentlichun- gen, VI. 1904. &. ni LEIPziG. Société des sciences naturelles. — Sitzungsberichte der Naturforschenden Gesellschaft. 1901-1902. 8. 318 OUVRAGES REÇUS » ” LUNEBOURG. Société des sciences naturelles. — Jahresheîfte des naturwissenschaftlichen Vereins für das Fürstenthum Lüne- burg, XVI. 1902-1904. 8e. METZ. Académie. — Mémoires de l’Académie, 3e série, XXX. 1900- 1901. 8e. | MULHOUSE. Société industrielle. — Bulletin de la Société indus- trielle, LXXIII (8-12), LXXIV (1-4). 1903-1904. — Enquête décen- nale sur les institutions d'initiative privée destinées à favoriser l’amélioration de l’état matériel et moral de la population dans la Haute-Alsace. 1878. 8e. Muxnicx. Académie royale des sciences. — Sitzungsberichte der matematisch-physikalischen Classe der kôn. bayerischen Aka- demie der Wissenschaften, XXXIII (3-5), XXXIV (1). 1903-1904. 80. — Abhandlungen, XXII (1). 1903. 40. — Rede, 1902. 40. —Fes- trede. 1903. 40. NUREMBERG. Société d'histoire naturelle. — Jahresbericht der na- turhistorischen Gesellschaft, 1902. 8. — Abhandlungen, XV (1). 1903. 8. RATISBONNE. Société des sciences naturelles. — Berichte des natur- wissenschaftlichen Vereines zu Regensburg, IX, 1901-1902. 80, RATISBONNE. Société Royale de botanique. —]Denkschriften der Kgl. botanischen Gesellschaft in Regensburg, neue Folge, II. 4903. 8e. STUTTGART. Société des sciences naturelles. — Jahreshefte des Ve- reins für vaterländischen Naturkunde in Württemberg, LX.1904. 80. — Verzeichniss der mineralogischen, geologischen, urge- schichtligen und hydrologischen Litteratur von Württemberg Hohenzollern und der angrenzenden Gebieten, III. 1904. 8. WIESBADEN. Société des sciences naturelles. — Jahrbücher der Nas- sauischen Vereins für Naturkunde, LVI. 1903. 8e. WURZBOURG. Société physico-médicale. — Verhandlungen der physikalisch-medicinischen Gesellschaft, neue Folge, XXXV (4-8), XXXVI (1-7). 1903-1904. 80. — Sitzungsberichte, 1902 (1-6), 1903 (1-8). 8°. Autriche-Hongrie. AGRAM (ZAGREB). Société d'histoire naturelle de Croatie. — Glasnik hrvatskoga naravostovnoga drüstva, XIV (1-2), XV (1-2). 1902- 1904. 8. BRUNN. Société des sciences naturelles. — Verhandlungen des Na- turforschenden Vereines, XLI. 1902. 80. — Bericht der meteorolo- gischen Commission, XXI. 1901. 8e. BUDAPEST. Institut central ampélologique hongrois. — Annales, III (4). 1904. 8e. PAR LA SOCIÉTÉ 379 CRACOVIE. Académie des sciences. — Bulletin international, 1903 (7-10), 1904 (1-3). 8. — Sprawozdanie komisyi fizyograficznej, XXXVII, 1903. 8. — Katalog literatury naukowej polskiej, III (1-3). 1903. 80. Graz. Société des médecins. — Mitteilungen des Vereines der Ârzte in Steiermark, XL, 1903. 8e. HERMANNSTADT. Société des sciences naturelles de Transylvanie. — Verhandlungen und Mitteilungen des Siebenbürgischen Ve- reins für Naturwissenschaften, LIT. 1902. 80. — Abhandlungen, I, II. 1901-1902. 8°. INNSBRUCK. Muséum. — Zeitschrift des Ferdinandeums für Tirol und Vorarlberg, 3° Folge, XLVII. 1903. 8°. KLAGENFURT. Muséum d'histoire naturelle. — Meitteilungen des naturhistorischen Landesmuseums für Kärnten. Carinthia, II, XCXIII (4-6), XCXIV (1-3). 1903-1904. 8°. KOLOZSvART. Muséum d'histoire naturelle. — Ertesitô az Erdélyi Muüzeum-Egylet. Orvos-természet tud. zettudomänyi szakosztà- lyäbol. IT. Természettudomänyi szak, XXV (1-2). 1903. 8e. PoLa. Bureau hydrographique de la Marine Impériale. — Mitteil- ungen aus dem Gebiete des Seewesens, XXXI (11-12), XXXII (1-8). 1903-1904. 80. — Verôffentlichungen des Hydrographischen Amtes der kais.-kônigl. Kriegs-marine in Pola, Fortlaufende nos 46, 17, 18, 1903-1904. 40. — Meteorologische Termin-Beoba- chtungen in Pola, Senebico und Teodo, 1903 (9-12), 1904 (1-5). 40. PRAGUE. Observatoire. — Magnetische und meteorologische Beo- bachtungen an der k.k. Sternwarte, LXIV. 1903. 4. PRAGUE. Société d'histoire naturelle « Lotos ». — Sitzunsgberichte des deutschen naturwissenschaftlich-medicinischen Vereines für Bühmen « Lotos », neue Folge, XXIII. 1903. 8o. ROVERETO. Académie des sciences, lettres et arts. — Atti dell’ I. R. Accademia di scienze, lettere ed arti degli Agiati, serie 32, IX (3-4), X (1). 1903-1904. 8c. VIENNE. Académie Impériale des sciences. — Sitzungsberitchte der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften : Mathematisch-na- turwissenschaftliche Classe, CX (1-10, II2. 4-10, Ip. 2-10, III. 1- 10), CXI (I. 1-9, Il2. 1-10, Ilb. 1-10, III. 1-10). 1901-1902. 80. — Anzeiger, XLI (18-27, XLII (1-13). 1903-1904. 8°. — Register, XV. 1902. 8°. — Mittheilungen der Erdbeben. Commission, neue Fol- ge, nos I-XIIS. 1901-1902. 8. VIENNE. Institut géologique. — Jahrbuch der k. k. geologischen Reichsanstalt, LII (3-4), LIII (1-3). 1902-1903. 4. — Verhand- lungen, 1903 (12-18), 1904 (1-8). 4°. 380 OUVRAGES REÇUS VIENNE. Musée d'histoire naturelle. — Annalen der k. k. naturhis- torischen Hofmuseums. Jahresbericht für 1902. 8e. VIENNE. Société de zoologie et de botanique. — Verhandlungen der k. k. zoologisch-botanischen Gesellschaft, LIII. 1903. 8°. Suisse. BALE. Société des sciences naturelles. — Verhandlungen der Natur- forschenden Gesellschaft, XV (2). 1904. 8o. l BERNE. Société de botanique. — Berichte der Schweizerischen bo- tanischen Gesellschaft; XIII. 1903. 80. Core. Société des sciences naturelles. — Jahres-Bericht der Na- turforschenden Gesellschaft Graubündens, neue Folge, XLVI. 1902-1904. 8. FRIBOURG. Société Fribourgeoise des sciences naturelles. — Bulle- tin, XI. 1902-1903. 8. GENÈVE. Société de physique et d'histoire naturelle. — Mémoires, XXXIV (4). 1904. 40. LAUSANNE. Société vaudoise des sciences naturelles. — Bulletin XXXIX (147-148), XL (149). 4903-1904. 8e. NEUCHATEL. Société neuchâteloise des sciences naturelles. — Bul- letin, XXVIII. 4899-1900. 8. SAINT-GALL. Société des sciences naturelles. — Bericht über die Thätigkeit der St. Gallischen Naturwissenschaftlichen Gesell- schaît. 1900-1901. 8. — Jarbuch, 1901-1902. 8. SION. Société Murithienne.— Bulletin des travaux, XXXII. 1903. &. Zuricx. Société des sciences naturelles. — Vierteljahrschrift der Naturforschenden Gesellschaft, XLVIIL(3-4). 4903. 8o. Italie. CATANE. Académie des sciences naturelles. — Bullettino delle se- dute dell’ Accademia Gioenia di scienze naturali, fasc., 78, 79. 4903. 8e. FLORENCE. Académie des Géorgophiles. — Atti della Reale Accade- mia economico-agraria dei Georgofili, 42 ser., XXVI (3-4) ; 52 ser., I (1). 4903-1904. 8. FLORENCE. Société entomologique italienne. — Bullettino della So- cietà entomologica italiana, XXXV (1-4). 4903. 8e. GÊNES. Malpighia. Rassegna mensuale di Botanica, XVII (9-19), XVIII (1-5). 1903-1904. 8. MiLan. Institut Royal des sciences et lettres. — Rendiconti del Reale Istituto Lombardo di scienze e lettere. Classe di scienze PAR LA SOCIÉTÉ 381 matematiche e naturali, XXXVI (10-20), XXX VII (1-3). 4903-1904. 8. — Memorie. Classe di scienze matematiche e naturali, XIX (9-11), XX (1-2), 1903-1904. 4°. MILAN. Observatoire. — Osservazioni meteorologiche eseguite nell’ anno 4902. 4. - MILAN. Société italienne des sciences naturelles. — Atti della So- cietà italiana di scienze naturali, XLII (3-4), XLIII (4-2). 1903- 1904. &. MOpÈNE. Académie Royale des sciences, lettres et arts. — Memorie della Regia Accademia di scienze, lettere ed arti, 32 ser., IV. 1902. 4°. NaAPLes. ;Société des naturalistes. — Bullettino della Società dei naturalisti, XVII. 1903. 8. PISE. Société des sciences naturelles. — Atti della Società toscana di scienze naturali. Processi-verbali, XIII (9j, XIV (1-4). 1903- 4904. 80. — Memorie, XIX. 1903. 4. ROME. Académie Pontificale des Nuovi Lincei. — Atti dell’ Acca- demia Pontificia de’ Nuovi Lincei, LVI (1-7). 1903. 4e. RoME. Académie Royale des Lincei. — Rendiconti della Reale Ac- cademia dei Lincei, 52 ser., XII (II; 6-12), XIII (I ; 1-12), XIII (IL; 1). 1903-1904. 40. — Rendiconto dell’ adunanza solenne del 5 giugno 1904. 4°. ROME. Revue d'artillerie et génie. —"Rivista di artigliera e genio, XX (ottobre-dicembre), XXI (gennaio-giugno). 1903-1904. 8°. SIENNE. Académie. — Atti della Reale Accademia dei Fisiocritici 4a ser., XV (7-1U). 1903. 8e. SIENNE. Jardin botanique. — Bullettino dell laboratorio ed orto botanico, VI (1-4). 1904. 8°. TuriN. Académie Royale des sciences. — Atti della R. Accademia delle scienze, XXXVIII (8-15). 1903. 80. VENISE. Institut Royal vénitien des sciences, lettres et arts. — Atti del Reale Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, LXI (10), LXII (1-10). 1902-1903. 8°. — Memorie, XX VII (1-2). 4902-1903. 4°. Roumanie. BOUCAREST. Académie roumaine. Discursurile de receptiune ale Membrilor Academiei Române, XXV. 1903. 4. BOUCAREST. Institut météorologique de Roumanie.— Analele Insti- tutului meteorologic al României, XVI. 1900. 4°. — Buletinul lunar al observatiunilor meteorologice din Romänia, XI, XII. 1892-1903. 4°, — Index des publications de l'Institut, 1885-1903. 8°, 382 OUVRAGES REÇUS Espagne. Maprip. Académie des sciences. — Revista de la Real Academia de ciencias exactas, fisicas y naturales, I (1-4). 4904. 80. — Anuario, 1904. 160. SAN-FERNANDO. Observatoire de la Marine. — Anales del instituto y Observatorio de Marina. Secc. 22. Observaciones meteorolo- gicas, año 1901, año 1902, año 1903. Fo. — Almanaque nautico, 1905. 8°. Portugal. CoImBre. Société botanique. — Sociedade Broteriana. Bolletim, XIX. 1902. 4. AFRIQUE. Egypte. LE CAIRE. Institut FOUDRE — Bulletin, 4e sér., III (5-8), IV (1-2). 1902-1903. 8°. Cap de Bonne-Espérance. LE Cap. Association pour l'avancement des sciences. — Report of the south African Association for the advancement of science, I. 1903. 8. Le CAP. Observatoire. — Annals of the Cape Observatory, II (3), XI (4). 4904. 4°. AMERIQUE. AMÉRIQUE DU NORD. Canada. OTTAWA. Société Royale du Canada. — Proceedings and Transac- tions of the Royal Society of Canada, 24 ser., VIII. 1902. 8°. États-Unis. ALBANY. Université de l’État de New-York. — New-York State Li- brary. Annual Report, LXXXIV, LXXXV (1-2). 1901-1902. 8°. — New-York State Museum. Annual Report. LIV (1-4), LV (1). 4900-1901. 8. — Bulletin, n° 44, 52-62, 64-67. 1901-1903. 80. — College Department. Annual report, IV, V. 1901-1902. 8, PAR LA SOCIÉTÉ 383 BALTIMORE. Université. — American Journal of Mathematics. XXV (2-4). 1903. 4. — John Hopkins University circulars, XXII (163). 1903. 40. BERKELEY. Université de Californie. — Publications of the Lick Observatory, II, IV, V, VI. 1901-1904. 40. — Bulletin, II (48-57). 1903-1904. 4°. Boston. Académie des arts et sciences. — Proceedings of the Ame- rican Academy of arts and sciences. XXXVIII (26), XXXIX (1- 21). 1903-1904. 80. — Memoirs, XIII (1). 1904. 4°. BROOKLYN. Institut des arts et sciences. — Cold Spring Harbor Mo- nographs, I, II. 1903. 8o. CAMBRIDGE. Muséum de zoologie comparée. — Mémoirs of the Mu seum of comparative Zoology at Harvard College XXIX, plates. 1903. 4°. — Bulletin, XXXIX (9), XL (7), XLI (2), XLII (5), XLIII (1), XLIV, XLV (1-2), XLVI (1). 1903-1904. 8°. — Annual Report of the Keeper, 1902-1903. 8o. CAMBRIDGE. Observatoire. — Annals of the Astronomical Observa- tory of Harvard College, XLIII (3), XLVI (1), XLVIII (5-9), LI 1903. 4. — Annual Report of the Director, LVIIT. 1903. 8°. — Cireulars, nos 72-75. 1903-1904. 40. CHAPEL HILL. Société scientifique. — Journal ofthe Elisha Mitchell scientific Society, XX (1-2), 1904. 8o. CINGINNATI. Bibliothèque Lloyd. — Bülletin of the Lloyd Library. VI. 1903. 8e. COLORADO SPRINGS. Société scientifique. — Colorado College Studies, XI. 1904. 8. GRANVILLE (Ohio). Université. — Bulletin of the scientific laborato- ries of the Denison University, XII (5-7). 4902-1903. 80. LAWRENCE. Université. — Bulletin of the University of Kansas. Science Bulletin, II (1-9). 1903. 8. MapisoN. Académie des sciences, arts et lettres. — Transactions of the Wisconsin Academy of sciences, arts and letters, XIII (2), XIV (1), 1901-1902. 8. MINNEAPOLIS. Exploration du Minnesota. — Geological and natural history Survey of Minnesota. Zoological series, III, IV. 1897- 1903. 80. MissouLa. Université de Montana. — Bulletin of the University of Montana, VII, IX, XIII, XIV, XVI, XVII, XVIII, XX. 1902- 1903. 8. NEw-YoRK. Académie des Sciences. — Annals of the New-York Academy of science, XIV (3-4), XV (1). 1903-1904. 8o. New-York. Musée d'histoire naturelle. — Bulletin ofthe American Museum of natural history, XVIII (2), XIX. 1903-1904. 80, — An- nual Report, 1903, 8, — Memoirs, I (8). 1903. 40, 384 OUVRAGES REÇUS NEew-Yorx. Société de géographie. — Bulletin of the American geo- graphical Society, XXXV (4-5), XXXVI (1-7). 1903-1904. 8. NEw-YORKk. Société mathématique. — Bulletin of the American Mathematical Society, 24 ser., X (8-10). 1904. 8. PHILADELPHIE. Académie des sciences naturelles. — Proceedings of the Academy of natural sciences, LV (1-3). 1903. 8o. PHILADELPHIE. Société scientifique américaine. — Proceedings of the American Philosophical Society, XLII (173-174), XLIII (175). 1903-1904. 8°. ROCHESTER. Académie des sciences. — Proceedings of the Roches- ter Academy of science, IV (2-7). 1901-1903. 8. SAINT-LOUIS. Jardin botanique. — Missouri botanical Garden, An- nual Report, XIV, XV. 1903-1904. 80. SAN-FRANCISCO. Académie des sciences. — Proceedings of the Ca- lifornia Academy of sciences, 34 ser., Zoology, II (5) ; Botany, II (10); Geology, II (1); Math.-Phys., I (8). 1902-1903. 8. ToPEKA. Académie des sciences. — Transactions of the Kansas Academy of science, XVIII. 1903. 80. WASHINGTON. Département de l'Agriculture. — Yearbook. 1903. 8. WASHINGTON. Département de l'Intérieur. — U. $. Geological Sur- vey. Professional Paper, nos 9-15. 1902-1903. 40. — Water supply and Irrigation Paper, n°° 80-87. 1903. 8. WaASHINGTON. Bureau hydrographique. — Report of the Superin- tendent of the U. $S. Coast and geodetic Survey, 1902-1903. 4°. WASHINGTON. Observatoire de la Marine. — Publications, 24 ser., V. 1903. 4°. — Report of the Superintendent of the U. S. Naval Observatory for the year 1903. 8e. WASHINGTON. Académie nationale des sciences. — Memoirs of the national Academy of sciences, VIII (7). 1902. 4. WASHINGTON. Institution Smithsonienne.— Smithsonian Contribu- tions to Knowledge, XXIX (1413). 1904. 40. — Miscellaneous Col- lections, XXX VII (856), XLIV (1374), XLV (1419). 1893-1904. 80. — Annual report of the Board of Regents. 1902. 8e. WASHINGTON. Bureau d'Ethnologie. — Annual Report of the Bureau of American Ethnology, XX. 1898-1899, 4o. WASHINGTON. Musée national. — Proceedings of the U. $S. National Museum, XXV, XXVI. 1903. 80. — Annual Report 1901, 1902. 8. Mexique. Mexico. Institut géologique. — Boletin del Instituto geologico de Mexico, n° 7-9, 1897. 40. — Parergones, I (1). 1903. 80. Mexico. Observatoire météorologique central. — Boletin mensual del Observatorio meteorologico central de Mexico, 1902 (3-5). 4, PAR LA SOCIÉTÉ 385 MEx1C0. Société scientifique. — Memorias de la Sociedad cientifica « Antonio Alzate », X VIII (3-6), XIX (1-7), XX (1-4). 4902-1903. 80. AMÉRIQUE CENTRALE. Salvador. SAN SALVADOR. Musée national. — Anales del Museo national, I (3-8). 1903-1904. 80. AMÉRIQUE DU SUD. Brésil. R10 DE JANEIRO. Observatoire national. — Annuario publicado pelo Observatorio, XIX, XX. 1903-1904. 12°. — Boletin mensal, 1903 (1-6). 4. République Argentine. BUENOS-AIRES. Musée national. — Anales del Museo nacional de Buenos-Aires, ser., 3, II. 1903. 80. BUENOS-AIRES. Institut géographique. — Boletin del Instituto geo- graphico argentino, XXII (1-6). 8. BUENOS-AIRES. Observatoire météorologique. — Boletin meteorolo- gico del Observatorio Mñor. Lasagna del Colegio Pio IX de Ar- tes e Oficios en Buenos-Aires-Almagro, V (9). 1899-1900. 8o. BUENOS-AIRES. Société scientifique Argentine. — Anales de la Sociedad cientifica Argentina, LVI (4-6), LVII (1-4). 1903-1904. 80. LA PLATA. Musée. — Anales del Museo. Secciôn botänica, I. 1897. Fo. Uruguay. MONTEVIDEO. Musée national. — Anales del Museo nacional. V (1). 1903; ser. 2, no 1. 1904. 40. MONTEVIDEO. Observatoire météorologique. — Boletin mensual del Observatorio meteorologico del Colegio Pio de Villa Colon, XV (10-12), XVI (1-6), XVII (7-12). 1902-1903. 4°. ASTE.. Inde. CALCUTTA. Société asiatique du Bengale. — Journal of the Asiatic Society of Bengal, part 2: LXXII (1-4); part 3: LXXII (1-2) 1903. 8°. — Proceedings, 1902 (11), 1903 (1-10). 8e. 29 386 OUVRAGES REÇUS * KoDAIKANAL. Observatoire. — Report of the Kodaïkanal and Ma- dras Observatories for the period 15t January to 315 December 1903. Fo. OCGEHANTE.:. Java. BATAVvIA. Observatoire. — Regenwaarnemingen in Nederlandsch- Indië, XXIV. 1902. 8. Australie. MELBOURNE. Société Royale de Victoria.— Proceedings of the Royal Society of Victoria, XVI (1-2). 1903-1904. 8e. SYDNEY. Société Linnéenne de la Nouvelle-Galles du Sud. — The Proceedings of the Linnean Society of New South Wales, 24 ser., XXIV (1-3). 1899. 8°. SYDNEY. Jardin botanique. — Botanic Gardens and Domains. Report of Director for the year 1902. Fe. $ 3. — Ouvrages divers. ARDOUIN (P.). — Enorme Angiome de la paroi abdominale. Ablation. Guérison. Caen. 1904. 8. — Enchondrome de l’annulaire droit, Amputation. Caen. 1904. 8e. ; BIGOT (A.). — Notes sur l’histoire physique de la vallée de l'Orne. I. Les anciennes terrasses de Feuguerolles (Calvados). Rouen. 4903. 8°. — Progrès des Sciences géologiques en Basse-Nor- mandie de 4875 à 1895. Caen. 1897. 8°. — Contribution à l'étude de la faune jurassique de Normandie. 2° mémoire. Sur les Opis. Caen. 1895. 4°. — Sur les dépôts pléistocènes et actuels du litto- ral de la Basse-Normandie. Paris, 1897. 40. — Leçon d'ouverture du cours de géologie de la Faculté des sciences de Caen de l’an- née 1896-97. Caen. 1897. 8. — Echinodermes bathoniens du Cal- vados. Caen.1898. 8°. —La vallée de l'Orne aux environs de Caen. Caen. 1898. 8. — Sur le projet d'alimentation de la ville d’Ar- gentan en eaux potables. Caen. 1898. 8°, — Observations à pro- pos d’un travail de M. Masse sur le Synclinal de la Brèche-au- Diable et le Silurien normand. Caen. 1903. 8°. — Voir DESLONG- CHAMPS, ŒHLERT. BODENHEIMER (C.). — Le bill Mac-Kinley. Ses origines et ses effets, Mulhouse. 1891. 80, PAR LA SOCIÉTÉ 387 Bois (D.).— Contribution à l'étude de l’Oligostemon pictus Benth. Paris. 1903. 80. — Visites de cultures. Paris. 1903. 8°. — Une nouvelle espèce de pommier, le Pirus Doumeri originaire du Lang Bian (Annam). Paris. 1904. 8. — Les plantes potagères à cultiver dans les pays chauds. Paris. 1904. 80. BUREAU (Emile) et Camus (Fernand). — Les sphaignes de Bretagne. Nantes. 1896. 80. CABALLÉ. — Voir TORROJA (Eduardo). Camus (Fernand). — Catalogue des sphaignes de la flore parisien- ne. Paris. 1903. 8°. — Muscinées recueillies en Corse en mai et juin 4901. Paris. 1902. 8°. — Notice sur M. Em. Bescherelle. Pa- ris. 4903. 80. — Le Sphagnum Russowi Warnst. aux environs de Paris. Paris. 1903. 80. — Voir BUREAU. CARDOT (J.) et THÉRIOT (1.). — Mousses du Kouy-Tcheou (Chine) ré- coltées par Em. Bodinier. — Mousses de la Nouvelle-Calédonie récoltées par le Dr de La Combe. Le Mans. 1904. 80. CAULLERY (Maurice) et MESNIL (Félix). — Sur un organisme nouveau (Pelmatosphæra polycirri n. g., n. sp.) parasite d’une Annélide (Polycirrus hæmatodes Clap.) et voisin des Orthonectides. Pa- ris. 1904. 8. — Sur un type nouveau {Sphæractinomyxon stolci n. g., n. sp.) d'Actinomyxidies, et son développement. Paris. 1904. 8°. CHIABRERA (C.). — Voir PENZIG. DESLONGCHAMPS (J.-A. Eudes). — Histoire d’une vocation. Décou- verte du premier individu du Teleosaurus cadomensis. Manus- crit inédit communiqué par M. A. Bigot. Caen. 1896. 8. DomiINGUEZ (Juan A.).— Datos para la materia médica argentina, I. Buenos-Aires. 1903. 8°. — Nota sobre Tagetes glandulifera Schr. Buenos-Aires. 1901. 8°. — Contribucion al estudio micro- gräfico de los medicamentos simples de origen vegetal. Buenos- Aires. 1902. 8. DOLLFUS-AUSSET. — Matériaux pour la coloration des étoffes. Paris. 1865. 2 vol. 80. FAUVEL (Pierre). — Une expérience d'alimentation. Paris. 1903. 8°. —Un nouvelOligochète des puits/Trichodriloides intermedius n. g., n. sp.). Paris. 1903. 80. — Les prétendus Otocystes des Al- ciopiens (Annélides polychètes). Paris. 1903. 8°. Forir (Henri). — Voir LOHEST. Foucaup (J.). — Note sur le Spergularia rubra var. pinguis Fenzl. Rochefort. 1903. 80. GADEAU DE KERVILLE (Henri). — Notes de tératologie mammalogi- que et ornithologique. Rouen. 1902. 8°. — Matériaux pour la faune des hyménoptères de la Normandie, 47, 2e, 39 et 4° no- 388 OUVRAGES REÇUS tes. Rouen, 1903. 80. — Allocution prononcée à la séance du 9 janvier 1902 de la Société des amis des sciences naturelles. Rouen. 1902. 80 — L'accouplement des hémiptères. Rouen. 1902. 80. — I. L’accouplement des forficulidés (orthoptères). —. II. Description de coléoptères anomaux des genres Mecinus et Galerita, et de lépidoptères albins du genre Ocneria. Paris. 1903. 8. — Veau et poulain à double tête. Paris. 1903. 8°. — Quelques réflexions sur l'intelligence du cheval domestique. Paris. 1903. 80. — Sur les moyens employés par les oiseaux pour se faire comprendre de l’homme. Paris. 1903. 85. GrARD (Alfred). — Bulletin scientifique de la France et de la Belgi- que, XXXVIII. Paris. 1904. 80. GopLEWskI (Emil). — Ein weiterer Beitrag zur Kenntnis der Intra- molekularen Atmung der Pflanzen. Cracovie. 1904. &o, GRUNER (H.). — Les égouts de la ville de Mulhouse. Mulhouse. 1898. 80. HABETS (Alfred). — Voir LOHEST. HALLOCK-GREENEWALT (Mary). — Pulse and rhythm. Philadelphia. 1903. 8°. HEPITES (Stefan C.). — Esquisse historique des travaux astronomi- ques exécutés en Roumanie. Bruxelles. 1903. 8°, HiNriCHS (Carl Gustav). — First course in microchemical analysis. Saint-Louis. 1904. 80. HusNor (T.). — Revue bryologique, XXX (6), XXXI (1-3). Caen. 1903- 1904. 80. ISTvANFF1I (Gy de). — Sur l’hivernage de l’oidium de la vigne. — Sur la perpétuation du mildiou de la vigne. Paris. 1904. 8. KARAMZINE. — Voyage en France. (1789-1790). Traduit par A. Le- grelle. Paris. 1885. 18°. KLUNZINGER (C. B.). — Zum Andenken an Dr. med. Wilhelm Steu- del. Stuttgart. 1904. 8. — Entgegnung auf Nüsslin's Ausfüh- rungen in der Gangfisch — Blaufelchen — Frage vom Septem- ber 1903. Stuttgart. 1904. 8o. LEGRELLE (Arsène). — Le Volga. Notes sur la Russie. Paris. 4877. 18c. — Marcus Ulpius Trajan. Paris. 1868. 12. — Le Mont Alaric. Gand. 1888. 80. — La révolte des Camisards. Braine-le-Comte. 1897. 8. — Rapport sur la visite faite au jardin des plantes de Montpellier. Paris. 1893, 80. — Voir KARAMZINE, OSTROVSKII. LiINDELÜF (L.). — Sur les polygones au plus petit périmètre, cir- conscrits à une ellipse donnée. Helsingfors. 1903. 4°. LOHEST (Max.), HABETS (Alfred) et ForIR (Henri). — La géologie et la reconnaissance du terrain houiller du Nord de la Belgique. Liège. 1904. 8, PAR LA SOCIÉTÉ 389 MAIDEN (J.-H.). — A critical revision of the genus Eucalyptus, IV. Sydney. 1904. 40. MASTERS (Maxwell T.). — A general view of the genus Pinus. Lon- don. 1904. 8o. MESNIL (F.) et MouTox (H.). — Sur une diastase protéolytique extraite des infusoires ciliés. Paris. 1903. 80. — Voir CAULLERY. MouToN (F.). — Voir MESNIL. ; OEHLERT (D.-P.) et BIGOr (A.). — Note sur le Massif silurien d’Hes- loup. Paris. 1898. 80. OSTROVSEN (A.-N.). — L’orage. Traduit par A. Legrelle. Gand. 1885. 120. PENNINGTON (Miles-Stuart). Uredineas del delta del Rio Paranë. 22 parte. Buenos-Aires. 1903. 8e. PENZIG (O.) et CHIABRERA (C.). — Contributo alla conoscenza delle piante acarofile. Genova. 1903. 8°. PENOT (Dr. A.). — Les cités ouvrières de Mulhouse. Leurs bains et lavoirs, 4° édition. Mulhouse. 1902. 8°. PoLMAN Moov. — La tulipe. Son histoire et sa culture. Haarlem. 1889. 120. ROSENSTIEHL (A.). — Les premiers éléments de la science de la couleur. Mulhouse. 1884. 8o. RouxEL (Georges). — Les « pierres encouplées » de Tourlaville. — Cherbourg. 1904. 80. [SAHUT]. — Félix Sahut (1835-1904). Notes bibliographiques et bio- graphiques. Montpellier. 1904. 8o. ScHopp (H.). — Beiträge zur Kenntnis der diluvialen Flussschotter im westlichen Rheïinhessen. 40. STAXL (Ernst). —Die Schutzmittel der Flechten gegen Tierfrass.Jena. 1904. 4o. Tassi (Fl.). La ruggina dei crisantemi {Puccinia chrysanthemi Roze). Siena. 1903. 8e. THÉRIOT (J.). — Voir CARDOT. THIEULLEN (A.). — Le mammouth et le renne à Paris. Paris. 1903. 40, — Hommage à Boucher de Perthes. Paris. 1904. 4°. TORROJA Y CABALLÉ (Eduardo). — Teoria geometrica de las lineas alabeadas y de las superficies desarrollables. Madrid. 1904. 80, — Tratado de geometria de la posicion y sus aplicaciones a la geometria de la medida. Madrid. 1899. 8°. URBAN (Ign.). — Flora Portoricensis. Lipsiae. 1903. 8. WILDEMAN (Emile de).— Icones selectæ Thenensis, IV (5-8). Bruxel- les. 1903-1904. 8. — Notice sur des plantes utiles ou intéres- santes de la flore du Congo. I. Bruxelles. 1903. &e. see LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES SCIENCES NATURELLES ET MATHÉMATIQUES DE CHERBOURG. Fondateurs. MM. + Aug. LE JOLIS, I. £ÿ, directeur et archiviste perpétuel. (+ 20 août 1904). + Emm. LIAIS, %, secrétaire honoraire. (+ 5 mars 1900). + Comte Th. pu MONCEL, O. %, de l’Institut. (+ 16 février 1884). Bureau pour 190%. MM. JACQUES-LE SEIGNEUR, %, président. LE CANNELLIER, ©. &, vice-président. L. CORBIÈRE, I. £}, secrétaire perpétuel. BÉNARD, O. %, trésorier. Membre honoraire. M. le Dr Ed. BORNET, %, I. #}, membre de l'Institut, à Paris. Nr LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 391 Membres titulaires. 4" section. Sciences médicales. MM. LÉONARD, O. %, [. 4}, pharmacien en chef de la Marine, à Paris, D: R. COLLIGNON, %, I. &}, médecin-major de 1"° cl. au 25° de ligne. Dr LE DUIGOU, médecin. D' MICHEL, O. %, I. #}, directeur du service de santé de la Marine. D' LEFRANÇOIS, médecin spécialiste. D' ARDOUIN, chirurgien. Dr HUBERT, A. $}, médecin. D" Paul RENAULT, médecin. D: DELISLE, %, médecin de la Marine en retraite. D: TURBERT, médecin. D: FOLEY, médecin-major de ?° cl. au ?° zouaves, El Aricha (Alg.). D' BONNEFOY, %, médecin de 1"° cl. de la Marine. Dr DESLANDES, médecin. CHALUFOUR, %, pharmacien principal de la Marine. 2% section. Histoire naturelle et Agriculture. MM. Baron Arthur de SCHICKLER, au château de Martinvast. L. CORBIÈRE, I. $}, professeur au Lycée. DUTOT, I. $}, ancien adjoint au maire de Cherbourg. NICOLLET, I. #ÿ, ancien professeur. Émile LE MAOUT, imprimeur-éditeur. Pierre FAUVEL, professeur à l’Université catholique d'Angers. L. A. MARTIN, commis principal de la Marine. JACQUES-LE SEIGNEUR, %, commissaire principal de la Marine. F. PICARD, entomologiste. | GRANDIN DE L'ÉPREVIER, capitaine au 25e de ligne. 392 LISTE DES MEMBRES 3e section. Géographie et Navigation. MM. H. JOUAN, O. %, A. #}, capitaine de vaisseau en retraite. ARNAULT, %, lieutenant de vaisseau en retraite. Lucien MOTTEZ, %, capitaine de frégate. LE CANNELLIER, O. %, capitaine de vaisseau. FÉPOUX, enseigne de vaisseau. GAUCHET, %, capitaine de frégate. CHAUDRON, capitaine d'infanterie coloniale. 4e section. Sciences physiques et mathématiques. MM. L. L. FLEURY, physicien. E. BERTIN, C. $, I.£}, directeur des Constructions navales, secré- taire honoraire de la Société. CARLET, C. $&, I. £}, ancien directeur des Constructions navales. MINARD, %, directeur des Travaux hydrauliques. JUIN DE BAISSÉ, %, lieutenant-colonel du Génie, à Grenoble. BÉNARD, O. %, sous-intendant militaire en retraite. TREBOUL, %, ingénieur en chef de la Marine. GUILLON, &, ingénieur civil. K JOMIER, ingénieur des Ponts-et-Chaussées. GELLÉ, professeur de mathématiques, à Paris. MÉTIVIER, architecte de la Ville. CARÉ, électricien. ROMAZZOTTI, O. $, ingénieur en chef de la Marine. SORNEIN, ©. %, colonel d'artillerie coloniale. DE LA SOCIÉTÉ 393 Membres correspondants. MM. ABELEVEN, secrétaire de la Société botanique, à Nymègue. ABENDROTH, secrétaire de la Société de géographie de Dresde. AGASSIZ (Alex.), directeur du Musée zoologique de Cambridge. AGUILAR, secrétaire de la Société « Antonio Alzate », à Mexico. AMEGHINO), directeur du Musée national de Buenos-Aires. AMMON, anthropologiste, à Carlsruhe. ARCANGELI, directeur du Jardin botanique de Pise. ARECHEVALETA, directeur du Musée de Montevideo ARDISSONE, professeur de botanique, à Milan. ARESCHOUG (F. W. C.), professeur à l’Université de Lund. ASCHERSON, professeur de botanique, à Berlin. AUTRAN, botaniste, à Cordoba (République Argentine). AVEBURY (John-Lubbork, Lord), Londres. BAIL, professeur à l’Université de Dantzig. BAKER, ancien conservateur des herbiers de Kew. BALFOUR (J. B.), directeur du Jardin botanique d'Edimbourg. BALL, professeur à l'Université de Dublin. BARANIECKI, professeur à l'Université de Kiew. BARBEY (W.), botaniste, à Valleyres-sous-Rances (Vaud). BARBOZA pu BOCAGE, directeur du Musée de Lisbonne. BARNABY (Sir Nathaniel), membre de la Société royale de Londres. BECCARI, directeur du Jardin botanique de Florence. BECK von MANNAGETTA, direct. du Jardin botanique de Prague. BERGEVIN (Ernest de), botaniste, à Paris. BERTHELOT, membre de l’Institut, à Paris. BERTHOLD, professeur à l’Université de Gœættingue. BERTRAND, professeur à la Faculté des sciences de Lille. BEZOLD, directeur de l’Institut météorologique de Berlin. BIESIADECKI, professeur d'anatomie à l’Université de Cracovie. BIGOT, professeur à la Faculté des sciences de Caen. BLANCHARD (Raph.), secrétaire de la Société zoologique de Paris. BLASERNA, professeur à l’Université de Rome. BLUMENTHAL, secrétaire de la Société des sciences de Francfort. +6. dd L 394 LISTE DES MEMBRES BOHNENSIEG, bibiothécaire du Musée Teyler, à Harlem. BOIS, assistant de la Chaire de culture au Muséum, à Paris. BOLAU, naturaliste, à Hambourg. BOLLE, botaniste, à Berlin. BONNET (D: Edmond), botaniste, à Paris. BONNIER, membre de l'Institut, à Paris. BORODINE, directeur du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg. BORZI, directeur du Jardin botanique de Palerme. BOULAY (abbé), professeur à la Faculté catholique de Lille. BOUSSINESQ, membre de l’Institut, à Paris. BOUTCHINSKI, président de la Soc. des Sciences nat. d'Odessa. BOUVIER, professeur au Muséum, Paris. BRAITH WAITE, botaniste, à Londres. BREDICHINE, directeur de l'Observatoire de Pulkowa. BRIOSI, directeur du Laboratoire botanique de Pavie. BRIQUET (J.), directeur du Jardin botanique de Genève. BRITTEN, naturaliste au British Museum, Londres. BROTHERUS (V. F.), botaniste, à Helsingfors. BUCHENAU, botaniste, à Brême. BUREAU (Ed.), professeur de botanique au Muséum, Paris. BUREAU (L.), directeur du Musée de Nantes. CALORI, professeur à l’Université de Bologne. CAMINHOA, professeur à l'Université de Rio-de-Janeiro. CAMPBELL, directeur de l'Observatoire de Lick, Californie. CAMUS (Edm.), botaniste, à Paris. CAMUS (Fernand), botaniste, à Paris. CAMUSAT, ingénieur, au Creusot. CANNIZARO, professeur de chimie à l'Université de Rome. CANTONI, professeur de physique, à Pavie. CARDOT, botaniste, à Charleville (Ardennes). CARPENTIER (J.), ingénieur, à Paris. CARRUTHERS, conservateur au British ruse, Londres, CARTAILHAC, naturaliste, à Toulouse. CAULLERY, maitre de conférences à l'Université de Lyon. CELORIA, astronome à l'Observatoire de Brera, Milan. CERRUTI, professeur de mécanique à l'Université de Rome. DE LA SOCIÉTÉ 395 CH ATENAY, secrétaire de la Société d’horticulture, à Paris. CHEVALIER (Auguste), botaniste explorateur, Paris. CHRIST, botaniste, à Bâle. CHRISTIE, directeur de l'Observatoire de Greenwich. CLERMONT (bE), chimiste, à Paris. CLOS, directeur du Jardin des plantes de Toulouse. COCCHI, professeur de géologie, à Florence. COLLIGNON (Ed.), inspecteur des Ponts-et-Chaussées, à Paris. COLNUET D'HUART, professeur de physique, à Luxembourg. CONIL, professeur à l’Université de Cordoba (Rép. Argentine). CONWENTZ, secrétaire de la Société des Sciences de Dantzig. COPELAND, directeur de l'Observatoire d'Edimbourg. CRIÉ, professeur à la Faculté des sciences de Rennes. CRISP, secrétaire de la Société de microscopie de Londres. CRULS, directeur de l'Observatoire de Rio-de-Janeiro. DANGEARD, professeur à la Faculté des Sciences de Poitiers. DARWIN (Francis), naturaliste à Cambridge. DAVEAU, conservateur du Jardin botanique de Montpellier. DE CANDOLLE (Casimir), botaniste, à Genève. DELOGNE, botaniste, à Bruxelles. DE SANCTIS, professeur à l’Université de Rome. DE TONI (G. B ), directeur du Jardin botanique de Modène. DEWALQUE, professeur de géologie, à Liège. DIXON, président de la Société des sciences nat. de Philadelphie. D'OCAGNE, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, à Paris. DOERING, professeur à l’Université de Cordoba. DOLLFUS (Adrien), naturaliste, à Paris. DOLLFUS (Gust.), géologue, à Paris. DOMINGUEZ, directeur du Musée de pharmacologie, à Cordoba. DORIA (marquis), directeur du Musée civique, à Gênes. DRUDE, directeur du Jardin botanique de Dresde. DURAND (Th.), directeur du Jardin botanique de Bruxelles. DUVAL (Mathias), professeur à l’École de médecine, Paris. DYER (Thyselton), directeur des Jardins de Kew. EHLERS, secrétaire de la Société des sciences de Gættingue. ENGLER, directeur du Jardin botanique de Berlin. 396 LISTE DES MEMBRES ERRERA, professeur de botanique, à Bruxelles. FALKENBERG, professeur à l’Université de Rostock. FAMINTZINE, professeur à l’Université de Saint-Pétersbourg. FARLOW, professeur à l’Université de Cambridge (E.-U.). FAUVEL, entomologiste, à Caen. FISCHER »E WALDHEIM, direct. du Jardin bot. de St-Pétersbourg. FLAHAULIT, professeur à la Faculté des sciences de Montpellier. FOLIE, ancien directeur de l'Observatoire de Bruxelles. FORREST, anc. secrétaire de l’Institut des Ingén. civils, à Londres. FORSTER, directeur de l'Observatoire de Berlin. FOSLIE, conservateur du Muséum, à Trondhjem. FRESENIUS, professeur de chimie, à Wiesbaden. FRIES (Th.), professeur à l'Université d'Upsal. FRITSCH, secrétaire de la Société zoologico-botanique de Vienne. GADEAU DE KERVILLE, naturaliste, à Rouen. GADECEAU, botaniste, à Nantes. GARIEL, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, à Paris. GAUDRY, professeur au Muséum, à Paris. GEMMELLARO, professeur de minéralogie, à Palerme. GESTRO, directeur du Musée civique de Gênes. GIARD, professeur à la Sorbonne, Paris. GILKINET, professeur à l’Université de Liège. GILL, directeur de l'Observatoire du Cap. GILLOT (D:}, botaniste, à Autun. GOBI, professeur à l’Université de Saint-Pétersbourg. GODLEWSKI, professeur à l’Université de Cracovie. GŒBEL, directeur du Jardin botanique de Munich. GOLTZ, professeur de physiologie, à Strasbourg. GOMONT, botaniste, à Paris. GOROJANKINE, directeur du Jardin botanique, à Moscou. GRAND'EURY, ingénieur des Mines, à Saint-Étienne. GRANDIDIER, membre de l’Institut, à Paris. GRECESCU, professeur de botanique, à Boucarest. GRUNOW, botaniste, à Bernsdorf. GUIGNARD, membre de l’Institut, à Paris. GUILLON, botaniste, à Angoulême. DE LA SOCIÉTÉ 397 GUIMARÂES, officier du génie, à Lisbonne. GUNTHER, naturaliste au British Museum, à Londres. HABERLANDT, directeur du Jardin botanique de Grätz. HAMY, conservateur du Musée ethnographique, à Paris. HANSEN, professeur à l’Académie d'agriculture, à Copenhague. HARIOT, botaniste au Muséum, à Paris. HATON pe La GOUPILLIÈRE, membre de l’Institut, à Paris. HAYDEN, géologue de l'État, à Washington. HECKEL, professeur à la Faculté des sciences de Marseille. HEGELMAIER, professeur à l’Université de Tubingen. HENRIQUES, directeur du Jardin botanique de Coiïmbre. HENSEN, président de la Société des sciences naturelles, à Kiel. HEPITES, directeur de l'Observat. météorologique, à Boucarest. HERIBAUD (frère), professeur de botanique, à Clermont-Ferrand. HERWAGEN, président de la Soc. des sc. natur. de Nuremberg. HIERONYMUS, botaniste, à Berlin. HILDEBRAND, directeur du Jardin botanique de Freiburg. HINRICHS, professeur de chimie à Saint-Louis. HOLMES, secrétaire de l’Institut des Naval Architects, à Londres. HOOKER (sir J.-D.), ancien dir. des jardins de Kew, à Sunningdale. : HOUZEAU DE LEHAIE, professeur à l'École des Mines, à Mons. HUBLARD, secrétaire de la Société des sciences de Mons. HUGGINS {sir William), astronome, à Londres. HULOT (baron), secrétaire de la Société de Géographie de Paris. HUSNOT, botaniste, à Cahan. HY (abbé), professeur à l'Université catholique d'Angers. HYADES, médecin en chef de la Marine, à Lorient. INOSTRANTZEFF, professeur à l’Université de Saint-Pétersbourg. ISTVANFFI, directeur de l’Institut ampélologique de Hongrie. JACKSON [B. Daydon), secrét. de la Société linnéenne de Londres. _ JAMSHEDJI EDALUJI, professeur de mathématiques, à Ahmedabad. JANCZEWSKI (Éd. DE), professeur à l’Université de Cracovie. JOLY (Emile), médecin-major de l'Armée. JORET, ancien professeur à la Faculté d’Aix. JOURDAIN, ancien professeur de Faculté, à Portbail. KAMIENSKI, professeur à l’Université de Varsovie. 398 LISTE DES MEMBRES KELVIN (William Thomson, Lord), Neterhall, Largs, Ayrshire. KINDBERG, professeur de botanique, à Linkôping. KINDEREN, président de la Société des sciences de Batavia. KJELLMAN, professeur à l’Université d’Upsal. KLUNZINGER, professeur à l'Université de Stuttgart. KNY, professeur de botanique, à Berlin. KOEHNE, professeur de botanique, à Berlin. KŒLLIKER, professeur d'anatomie à l’Université de Wurzbourg. KŒRNICKE, professeur de botanique, à Bonn. KOLTZ, inspecteur général des forêts, à Luxembourg. KORISTKA, secrétaire de la Société des sciences de Prague. KRAUS, directeur du Jardin botanique de Halle. KUNCKEL D'HERCULAIS, professeur au Muséum, à Paris. LANDOLT, professeur de chimie, à Berlin. LANGLEY, secrétaire de l’Institution Smithsonienne, à Washington. LANKESTER, professeur à l’Université d'Oxford. LAPOUGE, professeur à la Faculté des sciences de Montpellier. LAPPARENT (be), géologue, membre de l’Institut, à Paris. LAUSSEDAT, directeur du Conservatoire des Arts-et-Métiers, Paris. LAVOCAT, ancien directeur de l'École vétérinaire, à Toulouse. LEFEVRE (Th.), naturaliste, à Bruxelles. LENNIER, directeur du Musée du Havre. LEPHAY, capitaine de vaisseau. LEROUX, secrétaire de la Société florimontane, à Annecy. LÉVEILLÉ (Mgr), secrétaire perpétuel de l'Académie internationale de géographie botanique, au Mans. LEVIER, botaniste, à Florence. LEYDEN, professeur de pathologie, à Berlin. LIGNIER, professeur à la Faculté des sciences de Caen. LILLJEBORG, professeur de zoologie à l’Université d'Upsal. LINDELOPF, secrétaire de la Société des sciences de Helsingfors. LINDER, inspecteur général des Mines, à Paris. LINDSAY (Lord), Comte DE CRAWFORD, astronome, à Londres. LOEWY, membre de l’Institut, à Paris. LUDWIG, professeur à l’Université de Giessen. LUERSSEN, directeur du Jardin botanique de Künigsberg. + DE LA SOCIÉTÉ 399 MACALISTER, professeur de zoologie, à Dublin. MAC GREGOR, président de la Société des sciences de Halifax. MAGNUS, professeur de botanique, à Berlin. MAIDEN, directeur du Jardin botanique de Sydney. MAKOWSKY, professeur à l’Université de Brunn. MALARD, sous-directeur du laboratoire maritime de Tatihou. MALINVAUD, secrétaire de la Société botanique, à Paris. MAN (J. DE), naturaliste, à Middelbourg. MARCHAND, professeur à l’École de pharmacie, à Paris. MARTIN, géologue, à Dijon. MARTY, naturaliste, à Toulouse. MASCART, membre de l’Institut, à Paris. MASCLEF, botaniste, à Paris. MASSALONGO, directeur du Jardin botanique de Ferrare. MASSOL, directeur de l'École de pharmacie, à Montpellier. MASTERS (Maxwell T.), botaniste, à Londres. MATHIEU, directeur de la Station œnologique, à Beaune. MENDIZABAL JAMBOREL, professeur de géodésie, à Mexico. MERCKLIN, membre de l’Académie de Saint-Pétersbourg. MERINO, membre de l'Observatoire de Madrid. MESNIL (Félix), à l'Institut Pasteur, Paris. METSCHNIKOFF, présid. de la Société des naturalistes, à Odessa. MITTEN, botaniste, à Hurstpierpoint. MOHN, directeur de l'Observatoire, à Christiania. MOORE (Ch.), ancien directeur du Jardin botanique de Sydney. MORTENSEN, botaniste, à Copenhague. MORANDI, directeur de l'Observatoire de Villa-Colon. MOROT, aide-naturaliste au Muséum, à Paris. MUELLER (Albert), directeur du Jardin zoologique de Bâle, NACHTRIBB, zoologiste, à Saint-Paul (Minnesota). NEUMAYER, directeur de l'Observatoire maritime de Hambourg. NEWCOMB, astronome, à Washington. NIESSL von MEYENDORPF, professeur de bctanique, à Brunn. NORDSTEDT, conservateur du Musée botanique, à Lund. OLIVER, ancien conservateur des herbiers de Kew, à Londres, OUDEMANS, ancien directeur du Jardin botanique d'Amsterdam, 400 LISTE DES MEMBRES OUMOFF, président de la Société des naturalistes de Moscou. OUSTALET, professeur au Muséum, à Paris. PACKARD, naturaliste, à Providence. PAPPENHEIM, professeur à l’Université de Kiel. PARIS (général), botaniste, à Dinard. PASTRANA, directeur de l'Observatoire météorologique de Mexico. PAULSEN, directeur de l'Observatoire météorol. de Copenhague. PAULOW, secrétaire de la Société des naturalistes de Moscou. PAX, directeur du Jardin botanique de Breslau. PENZIG, directeur du Jardin botanique de Gênes. PEREIRA pA COSTA, naturaliste, à Lisbonne. PERRIER, membre de l'Institut, à Paris. PETIT, botaniste, à Saint-Maur-des-Fossés, près Paris. PFEFFER, directeur du Jardin botanique de Leipzig. PFITZER, professeur à l'Université de Heidelberg. PFLAUM, secrétaire de la Société des naturalistes de Riga. PICKERING, directeur de l'Observatoire de Cambridge (E. U.). PICQUENOT, commis à la Direction de l'Intérieur, à Tahiti. PIROTTA, directeur de l’Institut botanique de Rome. PLATEAU (Félix), entomologiste, à Gand. POINCARÉ, membre de l'Institut, à Paris. POISSON, assistant au Muséum, à Paris. PRENDEL, secrétaire de la Société des naturalistes d'Odessa. PREUDHOMME »E BORRE, entomologiste, à Bruxelles. PRILLIEUX, inspecteur de l'Enseignement agricole, à Paris. PUTNAM, directeur du Musée de Peabody, Cambridge. RADLKOFER, directeur du Jardin botanique de Munich. REED (sir Edw. James), membre de la Société royale de Londres. REIGNIER, ingénieur, à Paris. REINSCH, botaniste, à Erlangen. REINKE, directeur de l’Institut botanique, à Kiel. RENAULD, botaniste, à Nice. REUTER, professeur de chimie, à Luxembourg. REYE, professeur de mathématiques à l’Université de Strasbourg, RICHAVI, botaniste, à Odessa. RICHE (Alfred), professeur à l’École de pharmacie de Paris, DE LA SOCIÉTÉ AOI RICHET, professeur à la Faculté de médecine, à Paris. RICHTHOFEN (von), président de la Société de géogr. de Berlin. RINDFLEISCH, professeur à l’Université de Wurzbourg. RIPLEY, professeur à l’Institut technique de Boston. RŒNTGEN, professeur à l’Université de Wurzbourg. ROGEL,, professeur à l’École polytechnique de Hüxter. ROSENVINGE (Kolderup), botaniste, à Copenhague. ROSTAFINSKI, professeur à l'Université de Cracovie. ROUSSEAU, professeur, à Joinville-le-Pont. ROUY, botaniste, à Paris. RUBIERI, secrétaire de l’Académie des Géorgophiles, à Florence. RYKATCHEW, directr de l'Observatoire physique de St-Pétersbourg, SACCARDO), directeur du Jardin botanique de Padoue. SAINT-LAGER (Dr), botaniste, à Lyon. SARS (G. O.), professeur de zoologie, à Christiania. SAUSSURE (H. DE), professeur à l'Université de Genève. SAUVAGEAU, professeur à la Faculté des sciences de Bordeaux. SCHIAPARELLI, directeur de l'Observatoire de Brera. SCHIFFNER, professeur de botanique, à Vienne. SCHMELTZ, directeur du Musée d’ethnographie, à Leyde. SCHOUTEN, secrétaire de la Société mathématique d'Amsterdam. SCHRŒTTER, secrétaire de l’Académie des sciences de Vienne. SCHWEDER, président de la Société des naturalistes de Riga. SCHWENDENER, professeur à l’Université de Berlin. SCIUTO-PATTI, secrétaire de l’Académie de Catane. SEMENOW, président de la Soc. de géogr. de Saint-Pétersbourg. SEYNES (J. DE), professeur à l'Ecole de médecine, à Paris. SJŒGREN, secrétaire de l’Institut géologique d'Upsal. SMITH (C.-Michie), directeur de l'Observatoire de Madras. SNELLEN, directeur de l'Observatoire météorologique d'Utrecht. SOECHTING, secrétaire de la Société de géologie, à Berlin. SOLMS-LAUBACH (comte DE), prof, à l'Université de Strasbourg. SOMMIER, botaniste, à Florence. | SORONDO, directeur de l’Institut de Buenos-Aires. SPÂNBERG, entomologiste, à Stockholm. SPENCER, secrétaire de la Société des sciences de Victoria. | 26 "si Le LE eg = - A02 LISTE DES MEMBRES STAHL, professeur à l’Université de Iéna. STATUTI, secrét. de l’Acad. pontificale des Nuovi Lincei, Rome. STEPHAN, directeur de l'Observatoire de Marseille. STEPHANTI, botaniste, à Leipzig. STORY, professeur à l'Université de Baltimore. STRASBURGER, directeur du Jardin botanique de Bonn. SUESS, président de l’Académie des sciences, à Vienne. TASSI, directeur du Jardin botanique de Sienne. TERRACCIANO, directeur du Jardin botanique de Caserte. THAN, président de la Société des sciences naturelles de Pest. THEEL, naturaliste, à Upsa!. THÉRIOT, botaniste, au Havre. THOULET, professeur à la Faculté des sciences de Nancy. TILANUS, professeur de chirurgie, à Amsterdam. TODD, directeur de l'Observatoire de Washington. TOMMASI-CRUDELI, professeur à l’Université de Rome. TOPINARD, anthropologiste, à Paris. TORROJA Y CABALLÉ, professeur de mathématiques, à Madrid. TRAIL, professeur à l'Université d’Aberdeen. TRELEASE, directeur du Jardin botanique de Saint-Louis. TREUB, directeur du Jardin botanique de Buitenzorg. TROUESSART, naturaliste, à Paris. TSCHERMAK, directeur du Musée minéralogique de Vienne. UHLWORM, botaniste, à Berlin. URBAN, sous-directeur du Jardin botanique de Berlin. VAILLANT, professeur au Muséum, à Paris. . VAN DER MENSBRUGGHE, membre de l’Académie de Bruxelles. VAN DER STOXK, directeur de l'Observatoire de Batavia. VAN HEURCK, professeur de botanique, à Anvers. VAN MEEUVWEN, président de la Société de Bois-le-Duc. VAN NOOTEN, secrétaire de la Société des sciences d'Utrecht. VAN TIEGHEM, membre de l’Institut, à Paris. VEITCH, horticulteur, à Londres. VÉLAIN, professeur à la Faculté des sciences de Paris. VIDAL DE LABLACHE, professeur de géographie, à Paris. VINCENT, géologue, à Bruxelles. DE LA SOCIÉTÉ 403 VINES, professeur à l’Université d'Oxford. VOIT (C. von), professeur de physiologie, à Munich. VORDERMAN, naturaliste, à Batavia. VRIES, directeur du Jardin botanique d'Amsterdam. VUILLEMIN, professeur à la Faculté de médecine de Nancy. WAALS (Van der), secr. de l'Académie des sciences d'Amsterdam. WARTMAN, professeur de physique, à Genève. WATSON, membre de l’Académie des sciences, à Boston. WATERHOUSE, secrétaire de la Société asiatique, à Calcutta. WEINEXK, directeur de l'Observatoire de Prague. WEISS, directeur de l'Observatoire de Vienne. WETTSTEIN von WESTERSHEIM, dir. du Jard. bot. de Vienne. WILD, secrétaire de la Société des sciences de Melbourne. WILDEMAN (E. DE), botaniste, à Bruxelles. WILSER, naturaliste, à Carlsruhe. WINCHELL, géologue de l'État, à Minneapolis. WILLM, chimiste, à Paris. WITTMACK, secrétaire de la Société d’horticulture de Berlin. WITTROCK, professeur de botanique, à Stockholm. WOLF, astronome, membre de l’Institut, à Paris. WRIGHT (Perceval), professeur à l’Université de Dublin. ZAHLBRUCKNER, botaniste, à Vienne. ZININE, membre de l’Académie de Saint-Pétersbourg. —se he Fi Et AN AA GA ie dd ds TABLE. La Matière, l’Éther et les Forces physiques, par M. Lucien MoTTEz.......... LÉ NMANAEMCRT Deux cas de chirurgie des voies biliaires, par M. le. PDP: ARDODINE ORNE. à. PP ER Enfoncement de la voûte du cràne, ablation précoce d’une large esquille, accidents éloignés d’épilep- sie jacksonnienne et d'hémiplégie; trépanation, guérison, par M. le D' P. ARDOUIN............ Essai sur l’origine et les fondements de la géométrie, par. M. le colonel JASORNEIN : : :1, 22. LOENON Extraits des procès-verbaux des séances de la Société (Octobre 1903 à Juillet 1904), par M. L. CORBIÈRE. Ouvrages reçus par la Société (Octobre 1903 à Juillet ee -— Imprimerie Le Maour, %5, rue Tour-Carrée, Cherbourg. RACE ent) 0 Ar: ( Ce: \ : )e). M MÉMOIRES DE LA (f SOCIÉTÉ NATIONALE DES SGIENCES NATURELLES ET MATHÉMATIQUES À DE CHERBOURG ns | PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE lo : | f] e M. L. CORBIERE, ‘ L # # La L » t] SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE LA SOCIÉTÉ. : We UN - TOME XXXIV £ (Quarrième SÉRIE, — Tome [V) 1 A (| | | 1) PARIS, J-B. BAILLIÈRE er Fiss, Lisraires, RUE HauTErEuILLE, 19. CHERBOURG, ImPaiuerie Émicx LE MAOUT 1904 »S Ce A à “4 Na =), C ANÇ /à E LS SES LS, e Eee, SE dE NS EN CA LS mm om me pe à ns PE À 9) Vs si 7 TS. es DL se AUALREMANIE MQUILPENUTATEEN RNA « : à 15 1 ) + LEE ENT kS 1 * os 4 bé vraies ee 0e olbetotote LIRE EL de hirinhe eine ati miel iolai al ete) dde folsisieloisrelnisistore el steielorerets lof RL EL ICE ICONE ” ODODOOOOCNNPRRTE } rmsepeur e ALLIE 202 LILI RADIO vislototoiciesensietetoteleiel COPINE . opeioistelales to ro ter ehotoisisisbornte etirirbiotee DORALLILIE IC TON vonestetie nie ele niet tel: i steisiolots is! ste Maison e volent LUCHPICIPRE LICE CE DCUDOIER DCE 3 DICO tes isiois lie eee ter pti TT nn dti ihrte event diam rte rde database ARR letsie LION IOE RERO P2 lOltetel e: ME SLELICIEITIONIPOONNN tata tialnetet sels ete … tale bestioles md ce a mtet ROLE TPS ROLLER ’ LERELALE ET 1e a. Li siebotoheieinioie sise lei uk Li .. es sx CIC + ere LU , LL] heu . e .. L LL lstojetetef Tetstiotote ete 7 ue MALUS IRIILN E 7] .. COPIE EE terra QOUDOOCINO PIC CCI ETAT vont s mg el Mona tie ne vhote aie nous ee à ONE Mon e bionepe vioiateie kr LUNUNTIIIOMNONEE rSS DOUOUIELE NE "1e 00e = state ter CRE cher) Hi art dd CMOIPOICILIOENEE ROUES L nnteie ee » sin be DEP RCE DUICIOUIE TN MOI PICEOIETPNTPONS M01 0 Moinioisisipioiereie-v'oie Prhelele diooipttersiets sp LAL] OODOOOOON IN L, 1 LEUR) COPIE EE ve vetriatersistotrhe CII 1 NA ICONE HOLDERS NM IT iéieisisnietete :s:Stoiste rar DER] dites UTP PERTE déthntn de dise - es siosieie DL se slcoketqi ieie DRLEL IE IPICIPIENS DCIPIPIPIR étois e nhebelel slurphe 22 N Lu 6 L . e + "où où « re £ N ‘ v'ohoieiels nislolaie ess ots ototete LATE si D{s 0 ojohorehototeiniele enhenmieele ane tele minlolais care ee .. ve voue pie pishotsie ie vinnialshe nidierse sois leiete etèietele 2 et state 5 0 4 4 te es ete De 00/0008 Plat bste à mibie Dir shterrte LACICIOIC CIO nn ee te à . h ALICE . 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