^z"^, ■/^^AO MJJi r\or^'^ :'fzsr>rv^^ i I^^Hh E ^^fesfkaJ^ XflPR ^ R^^BIHH^^ ^^ ^ - f r sM^Hl^T^Mii fs fS ^^ Mî. z»"*^ ;/'^-. M ^^./3. ■^MM^^. f^îï^''- ^'/O: >>^^ ,m''il ^v^rN^Ndril . ^'a^^r-^do^s^'^/^ FOR THE- PEOPLE FOR EDVCATION FOR SCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY c MÉMOIRES DE LA SOCIKTÉ ZOOLOGIOUE DE FRANGE POUR L'ANNÉE 1903. MÉMOIRES 4,è^^ DK LA r r SOCIETE ZOOLOGIQUE DE FRANCE lIRecon.xi"u.e d. 'TUtilit-é 1= la. !b 1 i cï u. e) ANNEE 1905 TOME XVIII PARIS (VI«) AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ ZUOLOGIQUE DE FRANCE 28, Rue Serpente (Hôtel des Sociétés Savantes) leos ■^/-^fZ/tïM^/? TUNICIERS RECUEILLIS EN 1904, PAR M. Ch. GRAVIER, DANS LE GOLFE DE TADJOURAH (Somalie Française). PAR C. PH. SLUITER pnoFEssKiR i)E zooi-or.iF. A l'cniversîté d'amsterpam (l'ianchos I et II.) La collection de Tuniciers que M. Ch. Gravier a recueillie sur la côte de la Somalie française, bien quelle ne soit pas très considé- rable, renferme cependant plusieurs espèces nouvelles intéressan- tes, et, de plus, quelques formes décrites par Savigny et non^ retrouvées depuis l'expédition d'Egypte. Elle complète ainsi d'une manière heureuse la collection de M. Max Weber faite dans l'Afri- que du sud et que j'ai décrite en IcSDS*. Je tiens à signalerparticulièrement lesformes suivantes qui sont d'un intérêt particulier à cause de leur structure anatomique : Polyandrocarpa ziolacea n. sp., Stijela proliféra n. sp. et Ilalocynthia spinosa n. sp. Ci-joint enfin la liste entière des formes obtenues, avec leur habitat exact : 1. EcteinascUHa Moord Herdman ; 2 colonies ; récif de la Clochet- terie, Obock. 2. EcteinaxcidiaThuratoni Herdman ; 1 colonie; Djibouti. 3. Ascidia nigra Savigny ; o exemplaires ; Djibouti. 4. Ascidia Ohocki n. sp. ; 2 exemplaires ; Djibouti et Obock. "). Ascidia somalienais n. sp. ; 1 exemplaire ; Djibouti. 6. Botrylloides mseandrium Sluiter ; 1 colonie ; Obock. 7. Botrylloides yreyalis Sluiter ; 1 colonie ; Ambouli, cS. Polyandrocarpa riolacea n. sp. ; 1 colonie ; Djibouti. 9. Styelaminiata n, sp. ; plusieurs exemplaires ; ile xMusha. 10. Styela proliféra n. sp. ; 1 colonie; récif de la Clochetterie, Obock. il. Rhabdocynthia pallida Heller ; '.\ exemplaires ; ile Musha, Obock, Djibouti. 12. Halocynthia gangelionSaxigny, 1 exemplaire; récif du Mé- téore, Djibouti. (1) ZoologUche Jahrbûcher, (i;, X, p. 1 04. 6 G. PH. SLUITER 13. Ilalocipithiamomtis Savif^ny: 1 exemplaire; récif des Messa- geries, Djibouti. 14. Halocynthia spinosa n. sp. ; 1 exemplaire; récif du Météore, Djibouti. 1."'). Aplidium africannm n. sp. ; 1 colonie ; récif du Météore, Djibouti. 16. Leptoclinum hhtratum n. sp. ; quelques colonies ; Obock. 17. Leptoclinum psammatodes Sluiter; 2 colonies, récif de la Clo- chetterie, Obock. 18. Leptoclinum albidum Verrill; 1 colonie; Djibouti. Les annotations sur la couleur des animaux vivants sont dues à M. Ch. Gravier. EcTEiNAScmiA MooREi Herduian. Herdman. On the genus Ecteinascidia, etc. {Trans. Biol. Soc. of LirerpooL, V, 1890, p., loo). Deux colonies, provenant du récif de la Clochetterie à Obock, s'ac- cordent très bien avec la description que donne Herdman de la forme du port d'Alexandrie. Il y avait des larves caudées bien déve- loppées dans la cavité cloacale. Ecteinascidia Thurstoni Herdman. Herdman. On the genus Ecteinascidia, etc. {Trans. Biol. Soc. of Lirerpool. V, 1890, p. 151). Une petite colonie de six individus seulement, provenant de la baie de Djibouti, semble correspondre à l'espèce que Herdman a décrite de la baie de Manaar. Le sac branchial montre la même particularité anatomique : deux côtes longitudinales manquent de chaque côté du raphé dorsal et une de chaque côté de l'endostyle. Les côtes transversales ne sont pas aussi larges que Herdman les décrit. Tous les autres organes concordent avec la description de Herdman. AsciDiA nigra Savigny. Savigny. Mém. anim. sansvert., II, p. 163, 1816. Lesson. Journ. Se. Nat. Se. Philadelphia, III, p. 2, 1823. Traustedt. Vidensk. Medd. franaturh. Foren. i Kjôbenhaim, p. 278, 1881. TUNICIERS RKr.lEILLIS DANS LE COM'K DE TADJOIRAH / Hekdmax, Challcnfjcr Report on the Tunkata, I, p. 210. Sliiter. J/m. Soc. Zool. (le France, XI, p. 5, IHDS. Les 5 échanlillons de la ])aie de Djibouti correspondenL très ijieii aux descriptions de Savigny. Lesson, Tracstedt et Herdman et ne ditïèrent f^uère des animaux du même genre que je connais des Indes occidentales. Je crois donc quil ny a pas de raison de sépa- rer les animaux des Indes occidentales sous le nom de A. atraLess. de ceux de la mer Rouge et de l'océan Atlantique, comme je l'ai cru moi-même autrefois. Parmi les éciiantillons de la baie de Djibouti, il y en a deux dans lesquels les papilles intermédiaires sur les côtes longitudinales font défaut, ce qui concorde absolu- ment avec ce que j'ai observé chez les individus des Indes occi- dentales. AsciDiA Obocki n.sp. (PI. I, lig. 1-1'.) Caractères extérieurs. Le |)lus grand des deux échantillons qui ont été recueillis mesure 42mm de longueur et 18mm de largeur; il est lixé par le côté gauche tout entier sur des polypiers. La surface est glabre, sans corpuscules élrangei's, d'une couleur violette ti'ès vive, les deux siphons encore plus foncés que le reste du corps. Le siphon branchial, situé tout en avant, a une longueur de 10mm, son orifice a neuf lobes. Le siphon cloacal beaucoup plus court est situé bien loin en arrière, à I7mm de lextrémité postérieure; son orifice a huit lobes. La tunique externe molle, gélatineuse, peu transparente, présente la structure ordinaire. La tunique interne médiocrement musculeuse, est beaucoup plus forte à la face droite qu'à la face gauche. Les siphons sont bien marqués et longs, aussi le siphon cloacal est-il beaucoup plus distinct qu'auprès de la tunique externe. Le sac t;ra»t7ans lk (îolkk im: tadjoirah \) mailles sont en outre partagées en deux parties inégales par des côtes longitudinales secondaires. 11 y a des papilles de trois ordres dilïérents de grandeur sur les côtes longitudinales. Des grandes sur les entrecroisements avec les côtes transversales larges, des moyennes sur les entrecroisements avec les côtes transversales étroites et enlin de toutes petites sur les parties intermédiaires entre deux côtes transversales, où souvent se trouvent les côtes transversales secondaires. L'endostyle est assez étroit. Le tubercule . 3.-3I'). Caractères extérieurs. La colonie unique forme une masse cohérente assez grande, fixée sur des branches d'Antipathes mort. Les ascidio- zooïdes sont longs de 2 à 4 mm, larges de 1 à 2 mm 5 et sont placés immédiatement les uns contre les autres. Ils s'élèvent plus ou moins en forme de dôme au-dessus du niveau général. Les deux orifices situés sur des siphons courts sont quadrilatères et à une distance l'un de l'autre de 1 à 1 mm 5. La couleur en alcool est violet clair. La tunique externe est mince, mais consistante; peu transparente, de manière qu'on ne peut pas discerner l'intérieur de l'animal. La tunique interne est pourvue dune musculature bien dévelop- pée spécialement auprès des siphons, qui sont bien distincts et forts, quoiqu'on ne les voit guère à l'extérieur. Les deux siphons sont striés longitudinalement et d'un violet assez vif. Le sac branchial est pourvu de quatre plis sur chaque côté, mais ceux-ci sont très Inégaux. Le premier et le troisième sont plus larges et présentent 6 côtes longitudinales ; le second et quatrième plis sont rudimentaires et ne contiennent que 2 ou 3 côtes longitudiuales. Entre le raphé dorsal et le premier pli, il n'y a pas de côte longitu- dinale mais 4 (avant et arrière) à 8 (au milieu) stigmates. Entre les plis, se trouve toujours une côte longitudinale et 2 ou 3 stigmates dans chaque maille. Entre le 4' pli et lendostyle, il n'y a plus de côte longitudinale et seulement 3 ou 4 stigmates. Les stigmates sont allongés, du moins dans la région médiane. Dans les parties antérieures et postérieures, elle sont plus ovales ou même circulai- res. Les côtes transversales sont à peu près égales. L'endostyle est étroit mais bien proéminent dans la cavité branchiale. Le tubercule dorsal est petit, ovo'ide et l'entonnoir vibratile a une forme ovale, allongée. Le raphé dorsal est médiocrement large et avec le bord lisse. Le tube digestif est situé dans la partie postérieure du corps, à gauche du sac branchial. L'estomac, avec dix plis bien distincts, possède un cœcum recourbé à la partie pylorique. Le rectum croise l'œsophage. L'anus à bord entier, est- situé à peu près à la même hauteur que l'entrée de l'œsophage. TIMCIKHS HKCl KII.IJS DANS I,K CiOLFE l»R TAD.rOlinAH II \jei> leittacuh's sont au nombre de IS; les givinds alternent régu- lièi'enient avec les petits. Les gonades sont en l'orme de |)olycarpes assez petits et peu nom- breux. Je n'en compte que (juatre de cliaquecôtéde l'endostyle. Ils sont ovoïdes; l'ovaire, avec plusieurs œufs, plus ou moins grand, tourné vei-s la tuni(|ue interne est couvert par les vésicules testicu- laires, i)ressées l'un contre l'autre et pourvues chacun de son vas elTerens. Les vésicules testiculaires sont tournées vers la face libre du j)olycarpe. L'oviducle et le vas defei'ens sont courts, avec les orilices l'un à côté de l'autre. Plusieurs endocarpes, plus grands que les polycarpes sont attachés à la tunique interne. Habite Djibouti à une profondeur de 15 mètres. D'après la conception de Michaelskn, la forme décrite ci-dessus appartient au genre Polyandrocarpa, quoiqu'il n'y ait que quatre polycarpes de chaque côté. Pourtant, la situation de l'ovaire et des vésicules testiculaires est en sens inverse de celle qu'on observe chez P. lapidosa Herdm. d'après la description de MicHAfiLSEN (1). Stvela MixiATA n. sp. (PI. I, lig. 4-4 c.) Caractères extérieurs. Les animaux n'ont que 5 mm de longueur, .3 mm de largeur et 2 mm o d'épaisseur. Ils ont une forme ovoïde, allongée mais tout à fait aplatie à la face ventrale, par laquelle ils sont fixés largement sur le Corail mort. Plusieurs individus se trouvent l'un à côté de l'autre, sans former pourtant des colonies, parce que chacun d'eux reste totalement isolé des autres. Les deux orifices sessiles à la face dorsale libre, sont situés à une distance de 2 mm 5 l'un de l'autre, toutes deux circulaires, sans incision. La surface nue, sans corps étrangers, assez lisse, d'une couleur vermillon d'après une notice de Ch. Gravier. La tunique externe est mince, mais consistante et coriace. La tunique interne est pourvue d'une musculature assez faible, aussi les siphons internes sont peu développés. Le sac branchial a quatre plis de chaque côté, mais ils sont alter- nativement plus larges ou plus étroits. A la face ventrale, se trouve d'abord un pli étroit contenant seulement 3 ou \ côtes longitudi- nales. Entre ce pli et l'endostyle, se trouve une côte longitudinale et respectivement o et 3 stigmates. Le deuxième pli est beaucoup (1) MicHAELSEN, Rcvision dcr compositcn Styelidcn odGrPolyzoinen {Mitt. aiis den Naturh. Sluseum, Hamburpr, XXI, 1904). 1% c. \'\\. su iTi:i{ plus larçe, rontenant G à 7 côtes lonj^itudinales. Le troisième pli ressemble au premier et le quatrième au second. Entre tous ces plis, il y a partout deux côtes longitudinales et un ou deux stig- mates seulement dans les mailles. Entre le quatrième pli et le raphé dorsal, il n'y a qu'une seule côte longitudinale et dans les deux mailles, respectivement 2 et 5 stigmates, qui pourtant, sont souvent partagés en deux petits. Les vaisseaux transversaux sont à peu près de la même largeur. L'endostyle est assez étroit quoique bien proéminent. Le tubercule dorsal est oblong, allongé, avec une fente étroite, droite et allongée longitudinalement. Le raphé dorsal est large et à bord lisse. luintestin est court, situé dans la partie ventrale du corps, où celui-ci est attaché au Corail. Il ne présente qu'une simple courbure, de manière que le rectum est recourbé vers l'estomac, et l'anus, au bord lisse, se trouve sur le même plan que le milieu de l'estomac. L'estomac a douze plis, se montrant bien distinctement au côté extérieur. A la partie pylorique, se trouve un cœcum assez large et un peu courbé. Les tentacules du nombre de 16, sont filiformes et alternativement plus grands et plus petits. Les gonades forment plusieurs polycarpes ovoïdes et hermaphro- dites. Habite l'île Musha. Sous plusieurs rapports cette forme ressemble au Monandrocarpa tritonis Michaelsen, qui fut placé par Michaelsen, sous réserve, dans la famille des Polyzoines. Seulement, il n'y a que 16 tentacules, la structure du sac branchial est difterente et les tentacules cloacaux font défaut. D'autre part, l'intestin, avec son cœcum, le tubercule dorsal et les polycarpes se ressemblent beaucoup dans les deux espèces. Cependant notre espèce n'est certainement pas une forme coloniale, mais solitaire, tout au plus agrégée, parce que les indi- vidus sont absolument séparés l'un de l'autre. En tout cas elle re- présente une forme bien intéressante, intermédiaire entre les Styélines et les Polyzoines. StOLONICA PROLIFERA n. Sp. (PI. II, fiff. 5-^^) Caractères extérieurs. Les animaux sont assez petits, cylindriques, longs de 5 mm et avec un diamètre de 2 mm 5. Ils sont réunis TlM<;ih;US RECUEILLIS DANS LK GOLFE DK TAD.JOLn AH I ."3 par un stolon vnii qui a la faculté de bourgeonner. Le stolon est attaché çà et là à des débris dei)olypiers iixés sur les rochers et les animalcules prennent leur naissance sur le stolon à des distances (le :\ à 7 mm. Toute la colonie ne se compose que de sept individus seulement. Le stolon est assez mince avec un diamètre de Omm.'i environ. Les deux orilices sont situés sur des siphons courts et tous deux quadrilatères. La surface est ridée assez irrégulièrement. La couleur dans l'alcool est gris pâle, jaunâtre. La tunique externe est peu épaisse, coriace, opaque, nacrée en dedans. L'd tunique interne esl ii^^ev. musculeuse, pourtant transparente, de manière que les intestins sont visibles. Elle se prolonge dans le stolon et se continue dans la paroi des autres animaux de la colo- nie, de manière qu'il ny a pas de doute ({uant à la naissance des individus par prolification sur le stolon. Le .sac branchial est pourvu de trois plis assez étroits. Entre le raphé dorsal et le premier pli il y a 10 stigmates; entre les plis, il n'y a que ;> stigmates et 8 entre le dernier pli et lendostyle. 11 n'y a pas de côtes longitudinales entre les plis. Lendostyle est assez large. Le tubercule dorsal forme une proéminence très étroite, mais longue, avec l'entonnoir vibralile en forme d'une fente étroite et longue. Le raphé dorsal en forme d'une lame étroite et avec le bord lisse sans languettes ou denticules. Le tube digestif est repoussé vers l'extrémité postérieure du corps, n'atteignant au plus que le tiers de la longueur du corps; il est placé à gauche du sac l3ranchial. L'estomac avec douze plis longitu- dinaux bien prononcés. Le rectum est court, de manière que l'anus n'est situé que très peu en avant de l'œsophage. Le cercle coronal porte 40 tentacules filiformes, tous de même longueur à peu près. J^es gonades sont en forme de petits polycarpes de sexes séparés. Les petits ovaires, disséminés à la face ventrale, à côté de l'endos- tyle, ne contiennent qu'un seul œuf de grande taille et quelques autres beaucoup plus petits. L'oviducte est court et large. Les petits testicules sont distribués surtout derrière les ovaires, mais il y en a quelques-uns un peu plus en avant, entre les ovaires. Ils sont piriformes avec un vas deferens un peu plus long et plus étroit que l'oviducte et avec une bouche en forme de trompette. Plusieurs endocarpes sont distribués entre les polycarpes. 14 C. vu. SLIITER Hal)ite le récif de la Cloclietterie à Obock, où il a été recueilli à marée basse. C'est sans doute une forme bien intéressante que nous avons de- vant nous, car c'est un Styélide, qui se multiplie par bourgeonne- ment au moyen d'un stolon vrai. Par son faciès la colonie a une ressemblance parfaite avec les conditions que l'on trouve chez les Clavelinides. Spécialement, notre forme rappelle le Stolonica so- cialis Hartm. décrit en détail par L.\c.\ze Dithiers et Delage (1) sous le nom de St. aggregata Forbes et Hanl. dont Hartmeyer (2) a établi clairement la synonymie. Pourtant les gonades de notre es- pèce sont différents et rappellent mieux les conditions qu'on trouve chez le Metandrocarpa Michaelsen, mais, par contre, chez ce genre, le sac branchial n'a pas de plis et aussi le faciès tout entier est complètement différent. Que doit-on faire de cette espèce d'Obock? Je crois que le plus convenable serait de classer notre nouvelle espèce dans le genre Stolonica et de modifier un peu la diagnose de ce genre, touchant les polycarpes; ceux-ci pouvant être herma- phrodites ou unisexués. Dans les autres caractères anatomiques, notre espèce se rapproche tellement du genre Stolonica, que je ne crois pas justifié de créer pour elle un nouveau genre. Il est vrai, que l'autre espèce, la St. socialis Hartm. vit dans l'Atlantique, sur les côtes d'Angleterre et de France, mais aussi cette distribu- tion ne soulève pas de difficultés insurmontables. Rh.ybdocynthia i'Allida Heller. Heller. Sit:;. ber. Kais. Ak d. Wiss. Bel, XVII, p. 96. Herdman. Challenger Report on Tunicata, I, p. 14o. Sn:nER Die Tunicaten der Sihog?i Expédition, 1894, p. .">4 et au- tres publications. Un échantillon de 1 île Musha, un second d'Obock, récif de la Clochetterie, fixé sur le rocher à mer basse, et un troisième de la baie de Djibouti, sur des Madrépores vivants. Le sac branchial du plus grand écJiantillon, c'est à dire celui d'Obock, avait neuf plis sur la partie gauche, au lieu de huit, comme ordinairement. Pour le reste, il n'y a aucune particularité à signaler. D'après une note de Gravier, la couleur est rose vif. (1) Faune de CynlhiadéesdeRoscofl. {Mém. de l'.ic. cl. Se. de l'Institut de France, XLV, 1899, p. 250). (2) Hartmeyer Fauna Arctica (Die Ascidien dcr Arktis, 1903, p. 215). TUNIGIERS HKCLEILLIS DANS Lli GOLFE DE TADJOURAH 1 i) Halogynthia ganoelion Savij^ny. (PI. 11, li;^. (Ml) Savigny. Mémoires sur les animaiu sans vertèbres, II, p. \'û. Le seul exemplaire recueilli par (Ihavieu sur le récildu Méléore, ù lî> mètres de profondeur, esl un peu plus grand ([ue celui de Savi- gny, ayant C.O ni ni de loni^ueur et autant de largeur. Les autres (•araetérisli(|ues concordent assez bien avec la description de Savi- gny. J'ajouterai seulement quelques remaniues. Je trouve ^(i ten- tacules, tandis que Savigny en trouve ii environ, mais ils sont bien inégaux. Ceux qui sont en avant du raplié dorsal et de l'endostyle sont bien petits, les autres assez grands, mais tous à peu près égaux environ, sans alternance dans les dimensions. Les bran- chettes sont courtes et peu nombreuses. Le sac branchial a six plis de cba(|ue cùlé, comme ledit Savigny. Entre deux plis, il y a 8 côtes longitudinales. Les côtes transver- sales sont assez inégales, mais sans succession régulière. Cà et là, il y a des côtes transversales beaucoup plus larges (|ue les autres. Dans les mailles on trouve de 5 à S stigmates, quehiuefois moins. Les stigmates sont coupés régulièrement par des côtes secondaires, et souvent les stigmates sont divisés en deux par cette côte secon- daire. Lentonnoir vibratile a deux spires involutées, mais asymé- triques, de manière que l'extrémité gauche s'étend plus en avant que la droite. Les deux volutes sont aussi assez irrégulières. L'intestin et les gonades sont conformes à la description de Savi- gny, seulement je trouve l'anus avec (J incisions, tandis que Savigny dit ; « anus à trois divisions tronquées, non dentées ». Les G lamelles que je trouve sont bien réunies deux à deux, mais pourtant on ne pourrait pas dire : trois divisions tronquées. Ces petites différences ne me semblent pas d'une assez grande iinpor tance pour séparer les deux formes. Halogvnïhia momls, Savigny (PI. il, lig. 7 7^'). Savigny. Mémoires sur les animaux sans vertèbres, 11, p. 147. Les caractères extérieurs sont décrits exactement par Savigny, et lanatomie des organes intérieurs s'accordent bien aussi avec les IG <:. l'Il. SLLITEH indications de cet auteur. Seulement Savkixy mentionne : (( liiets tentaculaires, douze ou environ, ramifiés, sub-bipinnés, très inégaux, six généralement plus grands ([ue les autres, et alternant avec eux, » tandis que je tiouve 24 tentacules dont au moins 10 sont plus grands que les autres, qui sont très inégaux. quel(|ues uns même très i)etits. Pourtant, c'est le seul point, sur lequel je ne suis pas d'accord avec vSavigny ; peut-être cela dépend-il de la plus petite taille des exemplaires étudiés par cet auteur. D'ailleurs les animaux de Savigny étaient attachés aux Fucus et ceux de la collec- tion de Gravier étaient fixés sur des Polypiers. Le sac branchial a. comme le trouve Savigny, neuf plis de chaque côté. Entre deux plis on trouve 3 côtes longitudinales à des distances dilïérentes, l'une, à une distance plus grande, les deux autres, plus rapprochées. La surface entre les côtes longitudinales est faiblement plissée comme on le trouve chez plusieurs espèces d'Ascidia. Il y a de 4 à 8 stigmates dans les mailles. Les cotes transversales sont larges, mais irrégu- lières et souvent ne sont pas rectangulaires sur les côtes longitu- dinales. Un seul exemplaire a été recueilli au récif des Messageries, à Djibouti. Halocynthia splnosa n. sp. (PI. II, fig. 8-8''.) Caractères extérieurs. Le corps est ovoïde long de 28 mm, large de 18 mm, épais de l;j mm, tixé par la plus grande partie de la face droite, sans pédoncule quelconque. Le siphon branchial terminal, longde 6 mm, eslassezlargeavecundiam.de 7 mm. Le siphon cloacal s'étend sur le tiers antérieur du corps ; il est aussi long que le siphon branchial, mais un peu plus étroit. Les deux orifices nesontquin distinctement quadrilatères. La surface sans corps étranger, est à peine ridée ou sillonnée ; seulement le siphon branchial est sillonné transversalement, et il est couvert sur toute sa surface de proémi nences écailleuses très caractéristiques d'un diamètre de 0 mm ij. portant à son bord 5 à 7 épines recourbées longues de 0 mm 2o, avec les pointes vers le centre, et au centre même, une épine droite, longue de 0 mm o. Cà et là, particulièrement à la face gauche, il y a des écailles et des épines beaucoup plus grandes, visibles à l'œil nu, longues de 1 mm et plus. Sur le bord des orifices branchial et cloacal, se trouvent des épines beaucoup plus longues et plus compliquées. Elles atteignent une longueur de 2mm 5 à 3mm et portent ordinairement trois paires de petites épines secondaires. A TUNlCIliUS lïKGl KILLIS DANS LE GOLFE DE TADJOURAH 17 hi hase, elles sont entourées (ré|)ines recourbées vers le centre. Sur le bord des deux orilices, elles sont entièrement égales. La couleur dans ralcool est pâle grisâtre. La tunique externe est médiocrement épaisse, coriace et tenace. Les proéminences écai lieuses ne sont que des excroissances directes de la tuniqne, dans lesquelles pénètrent des vaisseaux. Les derniers ne pénètrent pourtant ])as dans les épines. La tunique externe est forte et pourvue d'une musculature vigou- reuse, disposée comme elle l'est ordinairement chez les Cyntliia. Le sac branchial, est pourvu de neuf plis si larges qu'ils se touchent quand ils sont couchés sur le plan du sac. Seulement le neuvième, près du raphé dorsal est plus étroit. Sur chaque pli, se trouvent 10 côtes longitudinales et les mailles sont percées de 7 à 8 stigmates, ou de 4 à 5, selon la situation dorsale ou ventrale. Les deux mailles les plus dorsales en ont 7 à S, les plus ventrales, 4 à 5 seulement. Il n'y a pas de papilles sur les angles des côtes longitudinales et trans- versales. Les côtes transversales sont alternativement plus étroites et plus larges. Les stigmates sont régulièrement coupés par des côtes tranversales secondaires. Le tubercule dorsal est rond; l'entonnoir vibratile est en forme de fer à cheval, avec les deux extrémités contournées en volutes, toutes deux dirigées en dedans. Le raphé dorsal est en forme de languettes grêles. Le tube digestif iorme une anse assez large, comme ordinairement chez le genre Cyntliia. L'anus a son bord non découpé. I^es tentacules au nombre de 1(5 seulement, sont presque égaux, composés; mais les branrhettes sont peu nombreuses et courtes. Les gonades, comme d'ordinaire, forment de chaque côté une masse lobée ; celui de gauche, sous lanse de l'intestin. Habite le récif du Météore, Djibouti. C'est une espèce bien curieuse à cause des écailles qui, avec les épines, couvrent le corps. Chez C. echinata L. et 6\ hispida Herdm. il y a de même des épines, mais celles-ci sont bien dillérentes de celles que nous venons de décrire; et aussi ces deux espèces s'écar- tent beaucoup de celles dont il est question ici par la structure des autres organes. La forme appartientdu reste au groupe des Cynthia pourvues de neuf plis dans le sac branchial. Al'LmiUM AFRIC.\NUM U. Sp. (Pi. 11, Jig. 9.) Caractères extérieurs. La colonie forme une masse lobée Irréguliè- Méin. Soc. Zool. do Fr., 190.'i. xvin — 2 18 C. PH- SLUITER rement, épaisse de o à (5 mm, d'une couleur grise-jaunàtre dans l'alcool. Les ascidiozooïdes visibles comme des lignes blanc-jaunà- tres à travers la tunique cartilagineuse, et plus ou moins transpa- rente. Les ascidiozooïdes, sont longs de 4 mm. Le tliorax n'a qu'un mm ; l'abdomen et le postabdomen, chacun I mm o de longueur. Lab domen et le thorax sont larges de 0 mm 5, le postabdomen un peu plus étroit. Le siphon branchial distinct et son orifice a six lobes assez grands. L'orifice cloacal est pourvu de trois languettes unies seulement à leur base; celle au milieu est la plus grande. La tunique externe gélatineuse, est assez molle, mais imprégnée de nombreux grains de sable. Quanta la structure histologique, on rencontre dans la matrice seulement les petites cellules en for- me dastérique (testazellen). La tunique interne est pourvue d'une musculature assez forte, du moins dans le thorax. Le .sac branchial compte 10 rangées de stigmates arrondis, peu allongés. 11 y a environ 12 stigmates dans chaque rangée de chaque côté. L'endostyle n'est pas large, mais bien distinct et médiocrement proéminent dans l'intérieur du sac branchial. Le raphé dorsal est pourvu de 10 languettes. ho, tube c/iV/es///" commence par un œsophage dirigé en arrière, l'estomac situé également dans l'axe longitudinal du corps est incisé par quatre cannelures profondes, de manière que la surface montre quatre plis arrondis et bien saillants. Après l'estomac, l'intestin se continue encore en arrière, puis se recourbe en avant sans croiser l'œsophage et se termine à l'anus placé au milieu du thorax. Les tentacules sont nombreux et assez longs. Les gonades forment le postabdomen comme d'ordinaire. Dans la cavité cloacale, se trouvent parfois quelques larves appendiculaires. Habite Djibouti : récif du Météore. Les grains de sable dans la tunique externe placeraient cette espèce dans le genre Psammaplidium de Herdmax, mais comme je l'ai dit déjà auparavant, il ne me semble pas justifiable de séparer les deux genres ApUdium et Psammaplidium. LePTOCLINUM BISTRATLM 11. Sp. (PI. II, fig. 10-101') Caractères extérieurs. Les colonies forment des plaques minces, oblongues dont la longueur maxima est de l.'i mm et largeur maxima de 5 mm iixées sur une coquille de Pinna. TUNICIERS lli;Cri:iLLIS DANS LK (lOLFK DE TADJOIIÎAH 11) Les bords sont tout blancs comme de la craie, la surface sui)é- rieure libre, un peu plus foncée, grisâtre. Les bords blancs pourtant se courbent un peu encore sur la surface supérieure. Les orifices branchiaux hexagonaux sont à peine visibles à la loupe. Les Ascidiozoides sont distribués régulièrement, les orifices cloacaux communs sont circulaires relativement grands et au nombre de trois sur les colonies les plus grandes. Les ascidiozoides sont perpendiculaires à la surface, long 0 mm 8 et divisés distinctement en thorax et abdomen. Le thorax est un peu plus grand que l'abdomen. L'orifice branchial présente six lobes. La tunique externe commune est divisée distinctement en deux couches. La couche inférieure, fixée sur la Finna, est pourvue de corpuscules calcaires si nombreux qu'il ne reste que très peu de tissu de tunicine. Les corpuscules calcaires ont de 0 mm 025 à 0 mm Oo en diamètre ; ils sont à peu près globulaires, seulement, la surface est dentelée par les extrémités arrondies des piquants qui constituent le corpuscule. Dans le centre, il y a un noyau de matière organique, d'où rayonnent les piquants calcaires. La couche centrale et supérieure est séparée assez distinctement de la couche inférieure. Elle est colorée, grisâtre et ne renferme qu'un très petit nombre de corpuscules calcaires. La tunique interne possède une musculature assez forte pour un Leptoclinum Le sac branchial est pourvu de 4 rangées de stigmates, assez longs et arrondis ; l'endostyle est large. Le tube digestif a les caractères habituels ; pourtant il est assez court comparativement au thorax. Les gonades aussi ont la structure normale. Le vas deferens forme une spirale à plusieurs tours. Habite le port d'Obock à une profondeur de 10 à 20 mètres. Quoique l'anatomie ne dilïère guère de plusieurs autres espèces, c'est spécialement la configuration de la tunique externe qui est bien typique pour cette forme. Seulement chez le Leptoclinuiu Moseleiji Herdman, on trouve la même distribution des corpuscules calcaires et, sans doute, les deux formes sont proches parentes. Le L. Moseleyi pourtant provient des Philippines et aussi son faciès d'ensemble est un peu différent. Des orifices cloacaux communs semblent faire défaut chez le L. Moseleiji ; et les corpuscules calcaires sont différents de ceux du Leptoclinum d'Obock. Chez notre espèce on ne trouve que les formes globulaires, mais je n'ai jamais observé 20 C. PU. SLUITER déformes en astérique. En outre, le sac branchiaK (|uoique grand, n'atteint pas la taille que HiinnMAN a signalée. Leptoclinum psammatodes Sluiter. Slliter. Tunicaten. Semon Zoolog. Forscluingsreisen. [Jenaische Denkschriften), Vlll, p. 171. Deux colonies, provenant d'Obock, du récif de la Clochetterie, à mer basse, lîxés sur les rochers correspondent dans leur anatomie complètement avec la forme que le professeur Semon a recueilli dans le détroit de Torres à Thursday-lsland. Les vésicules remplies de grains de sable se retrouvent ici avec les mêmes caractères ; elles sont seulement un peu plus grandes 0 mm 15. Les colonies sont beaucoup plus petites que l'échantillon de Thursday-lsland, proba- blement parce quelles étaient attachées par toute leur surface sur les rochers, taudis que l'échantillon de Semox formait une masse lamelleuse, fixée seulement pour une petite partie sur les polypiers morts. Quoique les deux localités soient fort loin l'une de l'autre, je crois pourtant qu'on ne saurait séparer les deux formes pour en faire deux espèces distinctes. Seulement le faciès externe est un peu différent, mais la couleur et l'aspect de la surface examinée à la loupe sont bien semblables. Leptocli.nl.m ALiuDi.M Vcrrill var. llteollm \'errill. Verrill. Amer. Journ. of. Se. and. Arls., (.'3), I, p. 443 1871. Herdmax. Tunkaia Challenger Expédition, p. 290, 188(). Un échantillon provenant de Djibouti ressemble en tout pointa la forme décrite par Herdman, de la baie de Tanger (Maroc). Les lignes, sur lesquelles se trouvent les orifices branchiales, sont très distincts. Une note de (îravucr mentionne que la couleur de la colonie vivante était d'un rouge orangé ; les échantillons du Chal- lenger sont tous conservés dans l'alcool, de sorte qu'on ne connaît pas la couleur de la forme du Maroc. L'es^jère L. albidum est donc nien cosmopolite, parce qu'on la connaît à présent dans l'Amérique du nord, au ca|) Vert, au cap de Bonne Espérance, aux Philippines et maintenant aussi à Djibouti. Uèm. Soc. Zool.de France, Vllii, 190 5. Pl.I. C.Pli.Slmter, del. Tuniciers du Golfe de Tadjourah. Ittijj. d'Art, A- Cloi, Paris. Ch.RicharA-,lith lèTr..Soc.Zooi.cLe France, IVIU, 1905. Pl.Jl. C.Ph.Sluiter.del. CK. Richard, l;tk. Tuniciers du Golfe de TadiouraK. y^ Imp. d 'Art, A. Clôt, Pans TINICIKHS liF.r.rr.lMJS DANS LE l,()L\-K l>E TADJOIRAH 2\ F^XI'LICATIOX ni'.S PLANCHES I ET IL Fig. I. Ai^cidia Obochl n. sp.; animal séparé de la lunique externe. Fig. 1" « fragment dn sac branchial. Fig. 1'' « tnhercule dorsal et partie anlérienre du raplié dorsal. Fig. !'■ « partie dn cercle coronal avec quelques teidacules. Fig. 2. Ascidinsomaliensi>i n. sp.; animal séparé de la liniiipie externe. Fig. 2'' « fragment dn sac branchial. Fig. 2'' c( tubercule dorsal et partie antérieure du raphé dorsal. Fig. ;i. l'otijandrocarpa violacea n. sp.; la colonie à peu près en gran- deur naturelle. Fig. 3" « l'intestin. Fig. 3'' « un des polycarpes. Fig. 4. Stjiela miniala n. sp.; (|uelques animaux de différentes tailles en grandeur naturelle. Fig. 4'' (( cercle coronal, tubercule dorsal et ganglion nerveux. Fig. V' « l'intestin. Fig. 'i' (( fragment du sac branchial. Fig. i). Shjela proliféra n. sp.; fragment de la colonie avec le stolon. Fig. o" « fragment du sac branchial avec le tubercule dorsal et partie du raphé dorsal. Fig. .')'' « l'intestin. Fig. ;■)' « partie de l'endostvle avec les polycarpes de sexes séparés. l^ig. G. Halocynthia gangelion Sa\'.; tubercule dorsal avec la partie antérieure du raphé dorsal. Fig. G'^ « le rectum avec l'anus lobé. Fig. 7. Halocynthia niomus Sav. ; fragment du sac branchial. Fig. 7=^ « tubercule dorsal avec partie antérieure du raphé dorsal. Fig. S. Halocynthia spino>ia n. sp. ; l'animal en grandeur naturelle. Fig. 8" (( fragment du sac branchial. Fig. H^ « tubercule dorsal avec partie antérieure du raphé dorsal. Fig. 8'= « écailles épineuses de la tunique externe. Fig. 8'' « épine du bord de l'orifice branchial. Fig. '.t. Aplidium africanuni u. sp. ; un ascidiozooide. Fig. 10. Leptodinum bistratum n. sp. ; deux colonies, grandeur naturelle. Fig. 10" « coupe transversale de la colonie, montrant les deux couches de la tunique externe et quelques ascidozooides. Fig. 10'' « corpuscule calcaire de la tunique externe. DESCRIPTION DE DEUX ELÉDONES PROVENANT DE L'EXPÉDITION DU D-^ CHARCOT DANS L'ANTARCTIQUE PAR M. L. JOUBIN. Professeur au Muséum d Histoire uaf un-Ile. (Fauche III.) Parmi les Céphalopodes recueillis au cours de l'expédition du I)r Charcot dans l'Antarctique se trouvent deux Elédones capturées par le D^ Turquet à l'île Wandel par 65" O.'j de latitude sud. Ces deux Céphalopodes sont intéressants parce que jusqu'à présent aucun Céphalopode de l'Antarctique appartenant aux Octopodes n'a été décrit, et aussi parce que ces Elédones présen- tent des caractères tout à fait spéciaux. Cesontlespremiers-éléments de la faune teuthologique de cette région, car les documents que j'ai eu entre les mains, provenant de l'expédition de la Behjica se réduisent à quelques débris digérés absolument indéterminables. Ceux-ci au contraire sont en très bon état et constituent des pièces de grande valeur au point de vue faunistique. Je ferai connaître un peu plus tard d'autres Céphalopodes, dont un Of?o/m.s- intéressant; pour le moment, je me borne à ces deux Elédones qui forment la caractéristique de la petite collection de l'expédition du Français. Je dédie lune de ces espèces au D^' Charcot, chef de l'expédition ; l'autre au D'' Turquet. Eledone Charcoti n. sp. (Planche III, figures 1 et 2.) Ce très curieux Céphalopode a été trouvé à l'île Wandel, par 65° 05 de latitude sud, sur la plage, parmi les Algues et les galets, le 3 septembre 1904. Un seul échantillon, encore vivant, en parfait état. Le séjour dans l'alcool lui a fait perdre des lambeaux de peau sur la face dorsale du corps. Ce Céphalopode appartient au genre Eledone; il ne porte en effet qu'un seul rang de ventouses surles bras. Cependant la contraction produite par le séjour dans l'alcool a occasionné un chevauchement DKSr.UlPTlON DE DEUX ELEDONKS PROVENANT DE l'aNTARCTTIQUE 23 partiel des ventouses du '>V bras {gauche, de soito que sur le tiers proximal de cet organe elles ont l'air dôtre disposées sur deux rangées alternantes. Mais partout ailleurs elles sont sur une seule ligne. Ce qui caractérise à première vue ce Céphalopode c'est la grande quantité de tubercules granuleux qui recouvrent sa face dorsale. Quand on le regarde normalement par le dos, on voit qu'il est par- tout, sans interruption aucune, couvert de tubercules (pl.lll,fig. 1); au contraire ([uand on le regarde normalement i)ar la face ventrale on ne voit aucun tubercule et la peau est absolument lisse sur toute la face inférieure du corps de l'animal (fig. 2). Cette Ekdonc est de taille moj'enne; l'échantillon conservé avait 90 millimèti'es mesurés de l'extrémité postérieure de l'abdomen à la pointe d'un des bras ventraux. C'est une femelle, car on n'observe aucune trace dhectocotylisation sur aucun des bras. Le corpa est arrondi, aussi large que haut, légèrement bilobé en arrière. Il présente sur la ligne médiane ventrale un sillon peu profond qui s'arrête au dessous du bord du manteau, à un demi centimètre environ de l'ouverture, dans une petite fossette peu profonde. La peau de la face ventrale montre des chromatophores très fins sur les cotés, de très petite taille, à peine visibles à l'œil nu. Ils manquent à peu près complètement sur le milieu de l'abdomen et sous le bord de l'ouverture palléale. Du côté dorsal la peau est entièrement couverte de tubercules serrés dont je décrirai plus loin la structure. La région dorsale et la région ventrale sont très nettement séparées sur les côtés du corps (pi. III, lig. 2,) par une ligne de démarcation très tran- chée. C'est celle au-dessus de laquelle il y a des tubercules et au- dessous de laquelle ils manquent totalement. Cette ligne va du tiers externe du bord de l'ouverture palléale au sommet postérieur de l'abdomen en suivant le contour en forme de demi-cercle de cette partie du corps. Il est important de noter cette séparation si marquée car elle contribue à séparer cette espèce d'une autre, boréale, qui en est assez voisine. Le corps se confond dorsalement avec la tête sans délimitation précise; une légère dépression de chaque côté résultant plutôt de la saillie des yeux, les sépare seulement ; les tubercules cutanés céphaliques et dorsaux se continuent sans interruption. Du côté ventral, le corps est limité par l'ouverture palléale. Celle ci a la forme d'un demi-cercle dont les extrémités s'avancent 24 M. L. .loriîiN sous les ypAix mais sans les atteindre. 11 en résulte que la fente palléale n'est pas visible dorsalemeut. Les deux bouts de la fente portent des tubercules très nets qui cessent brusquement au milieu de l'espace compris entre le siphon et la commissure, de sorte que la moitié médiane du bord palléal étant lisse, diffère beaucoup de ses deux quarts extrêmes qui sont tuberculeux. Cette différence est importante à noter. Le sipJion est assez peu développé (fig. 2); il est court, coni- que, et ne monte guère qu'au tiers de la hauteur de la membrane interbrachiale. Au contraire, ses clapets latéraux et sa membrane ventrale sont bien développés et obturent la totalité de l'ouverture palléale. La contraction de la peau, due probablement à l'action de l'alcool, a déterminé une petite crête de chaque côté du tube siphonal, partant de sa petite ouverture pour descendre le long de son tube. L'intérieur du siphon est garni de plis épithéliaux longi- tudinaux très marqués dans toute sa longueur. La tête est plus petite que le corps et les yeux qui sont fort gros se rejoignent presque sur la face dorsale de la tête; ils ne sont séparés que par une rainure médiane très atténuée. Une légère dépression se remarque au-dessus et au-dessous des globes oculai- res. Toute la face dorsale de la tête et le pourtour des yeux sont entièrement couverts de tubercules qui sont sensiblement plus gros, plus serrés et plus développés que sur le corps. Au-dessus de chacun des yeux, un de ces tubercules est beaucoup plus gros et plus anfractueux que les autres ses voisins ; il forme comme un gros cirrhe unique surmontant le milieu de la paupière dorsale. Sur le dessus des globes oculaires, les tubercules sont particulièrement abondants et serrés; ils se touchent tous, laissant entre eux un sillon très étroit; plusieurs d'entre eux sont comme mamelonnés et sur le vivant devaient être légèrement bourgeonnes et rameux. La face ventrale de la tête est lisse; les tubercules cessent sous l'œil au niveau de la commissure palléale, et les chromatophores sont peu abondants sur le pourtour du siphon. La fente palpébrale est ovale et bordée par les tubercules. La couronne brachiale est très développée, bien que les bras ne soient pas très longs. La membrane qui les relie les uns aux autres atteint au moins le tiers de leur longueur, peut-être la moitié. La masse de la région palmée de la couronne est aussi grosse que le corps et la tête ensemble. Les bras sont peu différents les uns des autres. La palmure des bras se continue sur leurs bords; elle y forme DESCRIPTION i)i: r>r-;i\ ki.f.donks imjon kna.nt ih: l'antarctiqif. 2l\ deux arèles très marquées; la surface de la peau du côté dorsal, depuis le bord des ventouses et la crête supérieure sont absolument couvertes de tubercules jus([u'à la pointe des bras. Au contraii'e, du côté ventral, il n'y en a pas un seul; cest absolument trancbé et tout à fait caractéristique. Les ventonsen sont au nombi'e de 32 à 3(5 sur chaf[ue bras ; les plus grandes, sur cbacun deux se trouvent de la 4" à la 8''; elles sont fort régulières, profondes, et entourées de plusieurs bourrelets cutanés concentriques. Sur le vivant elles doivent être assez forte ment protractiles. Les tubercules cutanés du côté dorsal s'avancent jusqu'au bord même des ventouses qui ont lair entourées chacune d'un demi-cercle de petites perles qui n'existent pas sur leur bord ventral. Avant de passer à l'étude de la structure des tubercules, il est nécessaire d'indiquer les dimensions des principales parties du corps de cette Elédone. Longueur totale % mm Longueur du bras 1 (dorsal) . o8 mm Longueur du l)ras 2 i)2 mm Longueur du bras 3 60 mm Longueur du bras 4 (ventral; 34 mm Nombre des ventouses du bras 1 (dorsal). . . 33 mm Nombre des ventouses du bras 2 32 mm Nondire des ventouses du bras 3 34 mm Nondjre des ventouses du bras 4 (ventral) . . 36 mm Diamètre de la tète, au niveau des yeux. . . 2o mm Diamètre du sac viscéral 36 mm Hauteur du sac viscéral, dorsalement .... 32 mm Hauteur du sac viscéral, ventralement 26 mm Diamètre de l'ouverture palléale 23 mm Structure des tubercules cutanés . Comme on l'a vu pour la descrip- tion qui précède, le caractère le plus frappant de cette Elédone est le grand nombre de tubercules qui recouvrent la face dorsale du corps. Ces organes sont très serrés les uns contre les autres ; ils donnent à la peau un aspect chagriné, et comme ils sont assez durs ils produisent la sensation de grains de sable collés sur toute la peau. Les plus gros de ces tubercules sont placés entre les yeux et au-dessus d'eux, sur la base de la couronne brachiale. Quand on les regarde à la loupe on voit que la |)lupart d'entre eux sont hémisphériques et recouverts par l'épithélium cutané. Les autres, les plus gros, sont mamelonnés et étaient probablement rameux; l'usure a enlevé sur une étendue plus ou moins grande de leur 26 M- I- loi HI.N surface, l'épitliélium mou qui les recouvre, ce qui permet de voir la masse centrale et solide de ces tubercules, recouverte de très petits chromatophores nains. Le tubercule en forme de cirrhe qui surmonte chacun des yeux est probablement construit comme les autres, il est seulement plus développé et plus rameux. FiG. 1. — Coupe d'un tubercule cutané. Si l'on fait des coupes dans ces organes, qui se détachent très facilement du derme sous-jacent, on peut les colorer à l'hémato- xyline (|ui donne de bons résultats. On constate que la masse d'un tubercule est constituée par une sorte de tissu conjonctif, tout à fait analogue à du tissu caverneux. L'organe hémisphérique est recouvert par réjjiderme, sous lequeLest une couche de petits chromatopho- res. L'axe est occupé par une sorte de colonne spiralée d'où partent des fibres périphériques à peu près parallèles entre elles. Vers la surface on trouve des faisceaux de libres musculaires ; le tout est creusé de nombreuses lacunes remplies de très petites cellules poly- gonales, de noyaux ronds, longs et ovales qui par place donnent à ce tissu l'aspect lymphoïde lacuneux. La présence des mus- cles, la disposition spiralée de i'axe, me font penser que cet appa- reil est susceptible de turgescence et l'animal doit pouvoir hérisser considérablement son revêtement papillaire. En somme, cette dis- position n'est que l'exagération très remarquable des papilles que l'on voit sur la peau de divers Octopodes. Comparaison avec Eledone verrucosa Verrill. En 1881, Verrill a décrit (1) une Elédone qui se rapproche de celle-ci par divers ca- (1) Verrill A. E. Reports on the ResuUs of dredging, under the Supervision of Alexander Agassiz, on the East Coast of the United States, during the Summer of 1880, by the U. S. Coast Survey Steamer a Blake ». — Report on the Cephalo- pods, and on some additional species dredged by theU. S. Fish Commission stea- mer « Fish Hawiv » during the Season of 1880, page 105, planches V et VI. DESCRIPTION DK DKIX KLKDONKS l'KOVKNAXT l)K I. ANTAUCTIQfKj 21 ractères; mais d'autres l'en éloigiu'iil très nelteiiient. Il s'agit àlUedone verrucosa Verrill ; deux exemplaires ont été examinés parce naturaliste ; ils ont été recueillis l'un par 'M)" ;')()' MV l'autre par 41" 3.")' 15 " de latitude nord ; le l''' venait d'environ 900 mètres de profondeur, le second d'environ 1000 mètres. Ayant été capturés par 65" et 70" de longitude ouest, ce sont des animaux de la région de rAHanti(|ue nord de la latitude de New York approximative ment. Le fait intéressant est la i-essemblance de cette espèce avec Elcdone Vharrnti. Sans entrer dans de longues explications à ce sujet il suflira de jeter un coup d'oeil sur la ligure ci-dessous qui est la reproduction du dessin original de Verrill. Dn voit que dans les deux espèces il y a sui- le dos des tubercules nombreux, au-dessus des yeux un développement plus considérable de ces organes, une membrane interbracbiale bien développée. Ce sont deux espèces évidemment voisines l'une de l'autre. FiG. 2. ^ Eledone cerrucosa Verrill. L'animal vu do, prolil, réduit de moitié environ. Mais elles diffèrent par des caractères importants dont voici les principaux : 1" les tubercules sont beaucoup plus serrés dans l'es- pèce Antarctique; 2" ils recouvrent toute la face dorsale du corps, y compris la membrane interbracbiale et les bras eux-mêmes. Dans l'espèce de Verrill, la plus grande partie de la membrane et la totalité des bras sont dépourvus de tubercules; 3" dans/i. Cliar- coti il n'y a qu'un seul grand cirrbe au-dessus de l'œil, tandis que dans K. Verrncosa il y a tout un cercle de ces cirrlies rameux autour de l'œil ; 4" l'espèce de Veîirill a les bras beaucoup pluslongs et plus grêles que l'espèce de l'Antarctique ; dans cette dernière ils sont au moins moitié plus courts. Verrill n'indique pas le 28 M. L. .iniBl.V nombre des ventouses, mais d'après les figures il doit y en avoir au moins oO sur chacun des bras. Ces caractères suffisent à différencier les deux espèces. Elles pa- raissent être localisées, l'une au nord, l'autre au sud du continent américain, cette dernière étant de 25 degrés plus polaire que l'es- pèce du nord. Mais il y faut noter un autre fait très intéressant. Ce n'est pas de E. verrucosa que se rapproche le plus E. Charcoti, mais bien d'un Octopus qu'elle copie dans tous ses détails. S'il n'y avait pas chez ce dernier les deux rangées de ventouses caractéristiques sur chaque bras on dirait le même animal. Dans le même travail de Verrill se trouve la description de Octopus Jialrdii Verrill (fig. 3, pi. 111;. (le Céphalopode esl couvert FiG. o. — Octopus Bairdii Verrill. L'animal vu de profil grossi deux fois environ. de papilles sur toute la face dorsale de son corps ; il a un seul gros cirrhe au-dessus de chaque œil, ses tubercules sont limités par un bourrelet saillant latéral de l'abdomen ; ses bras, presque égaux sont plutôt courts et portent une double série de 3o à 40 ventouses de chaque côté. — J'ai fait reproduire la figure de V^ERRiLLpour que l'on puisse comparer avec les miennes. S'il n'y avait pas cette diffé- rence capitale que dans un cas il s'agit d'un Octopus et dans l'autre d'un E/et/oxt' on croirait qu'il s'agit de deux varié tés du même animal. U Octopus Bairdii décrit par Verrill provient de 33° de latitude nord, et 75° de longitude ouest; c'est-à-dire plus près de la côte améri- caine et un peu plus au sud que VE. verriicosa. Il m'a paru intéressant de faire ressortir ces affinités qui mon- DESCRIPTION bE DEUX ELEDUNES l'HOVEXA.NT DE l'aNTAHCTIQLE 29 trent les rapports de ces trois formes, leurs dilïérenres et leurs resseniblances. Eledone Ti uniETi n. sp. (Planche III, ligures '.) à 0.) Tu seul exemplaire de ce Céphalopode a été pi'is à la drague le I.") mars iOOi, à lîle Wandel, haie Carthage, par (i.'i'J 0.") de latitude Sud, à 25 mètres de profondeur. Ce Céphalopode est remarquable par suite d'une disposition spéciale des ventouses sur les hras. Si l'on n'examine (|ue h's bras dorsaux on constate que ses ventouses sont nettement disposées sur deux rangées dans la plus grande partie de leur longueur. Si au contraire on observe les liras ventraux on remarque (jue les ven- touses sont sur un seul rang, et que {[uelques-uncs seulement, pro- bablement par suite de la contraction due au contact de l'alcool, ont chevauché et présentent ra et là une duplicature de rangée. Ce fait anormal est intéressant car la distinction des deux genres Octopiis et Eledone repose sur la disposition des ventouses en deux rangées dans le premier, en une seule dans le second ; on voit ici un mélange des caractères fondamenteux qui tend à diminuer la démarcation, si nette habituellement, entre les deux genres. On pourrait penser à mettre sur le compte de la contraction due à l'alcool cette disposilion en double série; mais alors elle se serait produite partout et on ne trouverait pas sur le môme animal des régions où elle s'est produite à côté d'autres où elle n'a pas eu lieu. En outre on remarque dans les parties ou il y a deux rangées une sorte de crête eu zig-zag, entourant le bord externe d'une ventouse de droite, pour passer au bord externe d'une ventouse de gauche, l'evenant à droite, etc.. Cette disposition est trop régulière pour qu'elle soit le simple effet d'un accident de préparation. Après avoir examiné avec grand soin tous lesdélailsde celte or- ganisation, je crois ce|)endant devoir rangerce Céphalopode parmi les Elédones; même dans les bras où il y a deux rangs de ventouses on distingue à la base et à la pointe deux régions où elles sont net tement sur un seul rang ; sur les autres bras elles sont sur un seul rang, avec ca et là des traces, de double série. Dans ces conditions, la grande majorité étant en rapport avec la caractéristique du genre Eledone, je me décide à faire entrer ce Céphalopode dans ce ifeure. 30 M. L. .lOUBlN Voici toul d'abord le tableau des mesures que Ion peut relever sur cet échantillon : Longueur totale 42 niiii Longueur du bras 1 (dorsal) 24 mm Longueur du bras 2 26 mm Longueur du bras '.\ 27 mm Longueur du bras 4 (ventral) 28 mm l^iamètre de la tèle au niveau des yeux ... 13 mm Diamètre du sac viscéral iï) mm Hauteur du sac viscéral (dos) 15 mm Hauteur du sac viscéral (ventre) 12 mm Diamètre de l'ouverture palléale 11 mm Le corps est arrondi, globuleux, court, presque sphérique, il pré- sente un léger sillon médian ventral. Il se continue directement avec la tète et l'on ne voit entre ces deux parties aucun rétrécisse- ment appréciable. La face dorsale du corps est foncée et l'on y dis- tingue une très grande quantité de tout petits Cbromatophores arrondis, tous de la même taille. Leur nombre diminue sur les côtés, ce qui éclaircit la teinte et sur le milieu de la face ventrale ils manquent à peu près complètement, de sorte qu'il y a là une grande tache blanche. Quand on laisse un peu évaporer l'alcool on voit se prononcer de petits élevures, très peu marquées sur la peau. Elles ne sont pas sensibles lorsque l'animal est mouillé et il parait alors absolument lisse. Ces petits saillies existent seulement sur la face dorsale du corps, de la tête et des bras, elles manquent complètement sur la face ventrale; on les trouve surtout bien nettes entre les yeux et un peu au-dessus d'eux. La tête est aussi large que le corps, elle se continue directement avec lui; de même, du côté des bras, il n'y a pas d'étranglement bien prononcé; la tête, le corps et les bras forment un tout sans séparations bien tranchées. La face inférieure de la tête est occupée par le siphon qui est extrêmement petit; il est vrai que la courbure et la contraction de l'échantillon ne permettent pas de le voir dans son entier. La membrane interbrachiale est peu développée; elle occupe à peine un cinquième de la hauteur du bras. Elle est presque nulle entre lesbrasventraux,elleatteint son maximum entre les dorsaux. J'ai indiqué la disposition des ventouses sur les bras, aussi je n'y reviens pas; les plus grandes sont situées sur le 8'' ou le Kl" rang; mais elles ne dépassent pas beaucoup leurs voisines, et les Méin S oc Z ool de France , XYIll , 1305 . PI m. CliRickard, del. &.I1II1. liap d'art K.Clot, Paris. Elèciones de rExpèdition Cnarcoti Antarctir dont deux côtés sont défendus par les pentes très escarpées de la montagne; le troi- sième côté, qui regarde le nord, est de niveau avec la plaine et était protégé par un haut épaulement encore conservé, au centre duquel est une ouverture large de 14 mètres, qui a dû être la porte prétorienne. Pendant que César attendait son heure dans ce camp (|ui mettait ses cohortes à l'abri de toute surprise de la part de l'ennemi, les Gaulois, séparés seulement par les marais impraticables occupant l'étroite vallée de la Nonette, campaient sur les hauteurs situées au levant où l'on retrouve encore la désignation, qui s'est perpé tuée à travers les siècles, de champ de l'Alouette, par corruption, pour cani]) de l'Alouette, cet Oiseau étant, ainsi, que j'aurai l'occa- sion de le démontrer plus loin, remhlème national des Gaulois. Après s'être observés longtemps, les deux armées finirent par en venir aux mains; lorsque les Gaulois, changeant de position pour gagner les hauteurs de la forêt de Carnelle, les Komains pas sèrent les marécages sur des claies et des fascines et vinrent leur livrer le suprême combat. La tactique des vieilles légions, qui avaient vaincu Vercingétorix, eut raison encore une fois de l'hé- ro'ique résistance des Bellovaques commandés par le jeune et vaillant chef Corréus et l'armée gauloise, qui un instant avait in- quiété César, fut irrévocablement anéantie. Comme on le voit, Gouvieux mérite la courte notice que je viens de lui consacrer en tête de cette étude sur les Oiseaux qui ont adopté ses bois et ses plaines pour se reproduire. 38 XAVIliK RASl'AtL TABLE METHODIQUE DES 103 ESPÈCES D'OISEAUX AYANT NICHÉ A COUVIEUX. Oiseaux de Proie diurnes. Buse vulgaire (Buteo tulgaris). Bondrée apivore {Pernis apivorus). Faucon hobereau {Falco subbeteo). Faucon cresserelle (F. tinnunculus). Ppervier ordinaire [Accipiternisns). Epervier majeur [A. major). Busard cendré {Circus cincraceus). Oiseaux de Proie nocturnes. Chevêche commune {Noctiia minor). - Hulotte chat-huant {Syrnkim aluco). Effraye commune [Strix flammea). Hibou vulgaire {Otus vulgaris). Scops d'Aldrovande [Scops Aldrovandi). Passereaux zygodactyles. Pic épeiche [Picus major). Pic épeichette {P. minor). (îécine vert {Gecinus viridis). Torcol vulgaire (Yimi; torquiUa). Coucou gris [Cuculus canoris). Passereaux syndactyles. Martin-pêcheur vulgaire (Alcedo ispida). Passereaux déodactyles. Sitelle torche-pot (SiUacœsia). Grimpereau familier {Certhia familiaris) Huppe vulgaire [Upupa epops). Corbeau corneille {Corvus corone). Corbeau mantelé [C. cornix). Corbeau freux (C. frugilegus). VSE STATION ORNITHOLOGIQIE DANS l'oISK 39 Corbeau choucas (C. monedula). Pie ordinaire {Pica caudata). Cieai ordinaire {Garrulus glandarius). TMe-grièche j^rise {Laitim excubitor). Pie-grièclie rousse (L. rufus). Pie-grièche écorcheur [L. coUurio). Elourueau vulgaire [Sturnm milgaris). Moineau doniesticiue (Passer domesticus). Moineau friquet (P. montanus). Bouvreuil vulgaire (Pyrrliulavulgaris). dros-bec vulgaire {Coccothrmistes vulgaris). Verdier ordinaire {Ligurinus chloris). Pinson ordinaire (Fringilla cœlebs). Chardonneret élégant {Carduelis elegans). Linotte vulgaire [Camiabina linota). Linotte à bec jaune {C. flavirostris). Proyer d'Europe {MUiaria Europœa). Bruant jaune (Emberiza citrineUa). Bruant zizi {E. cirlus). Cynchrame schœnicole {Cynchramus schœniclus). Alouette des champs (Alauda arvensis). Alouette Lulu (A. arborea). Cochevis huppé (Galerida crlstata). Pipi de arbres (Antkus arboreus). Pipi des prés {A. pratensis). Bergeronnette printanière (Budytes flava). Hochequeue grise {MotaciUa alba). Hochequeue d'Yarrel [M. yarrelii). Loriot jaune (Oriolus galbula). Merle noir (Turdus merula). Merle draine [T. viscivorus). Merle grive [T. musicus). Rouge-gorge familier {Rubecula familiaris). Rossignol ordinaire [PhUomela luscinia). Rouge-queue de muraille (Ruticilla phœnicura). Rouge-queue Tithys {R. Tithys). Traquet motteux {Saxicola œnanthe). Tarier ordinaire (Pratincola rubetra). Tarier rubicole [P. rubicola). Mouchet chanteur {Primellamodularis). Fauvette à tète noire (Sylvia atricapilla). 40 XAXIER RASPAIL Fauvette des jardins {S. Iiortcnsis). Babilla rde grisetle (Curruca cinerea). Hypolaïs polyglotte [Hypolais polyglotta). Roiisserolle turdoïde {Calamoherpc turdoides). Rousserolle elïarvatte (C. arundinacea). Phragniite des joncs [Calamodijta phragmatis). Troglodyte mignon {Troglodytes parmilus). Pouillot fitis (Phyllopneuste trochilus). Pouillot véloce (P. veloce). Roitelet huppé (Regidus cristatus). Roitelet triple bandeau {R. ignicapellus). Mésange charbonnière (Parus major). Mésange noire (P. ater). Mésange bleue (P. cœruleus.). Nonnette des marais (Pœcile palustris). Orite longicaude (Orites caudatus). Butalis gris [Butalis grisola). Hirondelle rustique (Hirundo rustica). Ghélidon de fenêtre [Chelidon urbica). Cotyle riverain (Cotyleriparia). Passereaux anomodactyles. Martinet noir {Cypselusapus). Engoulevent d'Europe [Caprimulgus europœus). Figeons. Colombe ramier [Columba palumbus) . Colombe colombin (C. œnas). Tourterelle vulgaire [Turtur auritus). Gallinacés. Starne grise [Starna cinerea). Caille commune [Coturnix communis) . Faisan vulgaire {Phasianus colchicus). Echassiers coureurs. QEdicnème criard {Œdicnemus crepitans). Vanneau huppé (Vanellus cristatus). Bécasse ordinaire (Scolopax rusticula). Guignette vulgaire {Actitis hypoleucos). UNE STATION ORNITHOLOGTQIE DANS LOISE 41 Echassiers macrodactyles. Râle d'eau {fiaUus aquaticus). Crex des prés [Cre.v pratensift). Galliiiule ordinaire [Gallinula cliloropus). Foulque noire {FuUca atra). Palmipèdes longipennes. Guifïette fissipède {Hijdrochelidon fissipes). Palmipèdes lamellirostres. Canard sauvage {Œnas boschas). OISEAUX DE PROIE DIURNES. I. Buse vulgaire. Buteo culgaris. En réalité, le nid de cette Buse na jamais été trouvé sur le ter- ritoire de Ciouvieux, tandis que dans la forêt de Chantilly, ainsi que dans la forêt dUallatte voisine de celle-ci, elle niche fiéquem- ment. Je la compte néanmoins dans ma liste à cause dun nid que j'ai découvert, en 1884, sur un gros Hêtre, à une centaine de mètres à peine de la partie de la forêt de Chantilly située sur Cou- vieux, au lieu dit le bois S* Denis et qui est séparée des bois des Aigles par la route nationale de Paris à Amiens. La femelle fut tuée sur le nid par un garde avant la fin de la ponte. i. BONDRÉE AIMVORE. Peruis apivoris. La Bondrée a régulièrement niché dans les bois de la Plaine- Basse, quelquefois dans les Aigles. Elle choisit les arbres les plus élevés et les mieux disposés pour y dissimuler son aire qu'elle construit dans les |)remiers jours de juin avec des bûchettes entre- mêlées de feuillage vert, ce qui lui donne un diamètre plus étendu que celui de l'aire de la Buse. La ponte est de deux œufs. Degland et Cerbe en donnent une excellente description sauf pour les dia- jnètres indi(|ués qui sont plus forts que ceux des œufs recueillis à (îouvieux. La moyenne est de 4(j millimètres sur 38 au lieu de 50 sur M'} donnés parées auteurs. La femelle tient fortement le nid et ne se décide à l'abandonner 42 XAVIER HASl'AIL qu'à linstanl où l'Homme qui monte à larbre, parvient à l'attein- dre. Je l'ai vue fondre sur le ravisseur au point de le toucher de son aile avant de se décider à s'éloigner. J'ai lieu d'admettre qu'elle enlève ses jeunes, pour les transpor- ter ailleurs, lorsqu'elle les croit menacés par l'Homme et je me base sur les faits suivants : un vieux hùcheron, dont je n'avais pas lieu de suspecter les dires, me l'avait assuré ; il lui était arrivé plusieurs fois de surveiller ainsi une aire de Bondrée pour prendre les jeunes à point et, lorsqu'il revenait, de les trouver disparus. Une fois, il avait découvert les jeunes déposés dans un vieux nid de Corneille, à une distance de plus de 500 mètres. Eiî 1891, je fis monter mon aide à un nid de Bondrée que nous venions de découvrir dans un Hêtre très feuillu de la Plaine Basse ; les deux jeunes venaient de sortir de la coquille ; huit jours après, ayant voulu constater leur développement, nous trouvâmes l'aire vide. Nous pûmes nous assu- rer que personne nélait monté à l'arbre, ce qui ne pouvait se faire qu'à laide de griiïes et, d'un autre côté, il ne paraissait pas admis- sible qu'un Oiseau ou un animal quelconque eût osé s'attaquer à ces jeunes toujours sous l'œil vigilant des parents. Néanmoins, malgré toutes nos recherches, nous ne pûmes découvrir l'endroit où ils avaient été transportés. La Bondrée apivore est un Oiseau des plus utiles par l'énorme consommation qu'elle fait de Guêpes, dont elle met le nid à découvert avec son bec et ses serres ; elle détruit également des Insectes, des Reptiles et de petits Mammifères; aussi, est il regret- table de constater, à cet égard, l'ignorance des garde-chasse qui la tuent sans pitié. Depuis que la forêt du Lys appartient à un haut baron de la finance qui fait garder ses parquets à Faisans par une quinzaine de gardes, cette malheureuse Bondrée n'a pu échapper à une telle armée de destructeurs, elle a subi le sort d'autres Oiseaux non moins utiles, comme le Hibou vulgaire, le Faucon cresserelle et le Coucou. Depuis trois ans, je n'ai plus entendu le sifflement si caractéristique que la Bondrée fait entendre, en décrivant ses cercles dans le haut des airs, lorsque ses jeunes sont prêts à quitter le nid. 3. Faucon hobereau. Falco subbuteo. Je n'ai constaté qu'une seule fois la nidification de ce Faucon à Gouvieux. L'Oiseau avait pris un vieux fond de nid de Corneille l NK STATION ()i;MTII()L(»(ilOli; DANS l/oiSK 4.*{ qu'il avait coinplétô et élari-i avec des bûchettes sèches. Le l.'i juin IScS.'J, la femelle couvait deux œufs très-dissemblables. L'un, cou- vert de petites taches et de nonibi-eux petits points très serrés d'un brunâtre sombre avec des taches plus grandes et conlluantes au gros bout ; l'autre, avec des taches et des points plus rares lais- sant à découvert le fond jaunâtre de la coquille et portant aux deux bouts des taches conlluantes d'un brun rougeatre plus clair. Ces œufs dilïèrent de ceux du Faucon cresserelle en ce qu'ils sont plus uniformément pointillés, d'un volume plus fort et plus allongés. Ils mesurent 42 millimètres sur. ')2, Degland et (îerbe leur donnent 3o millimètres sur 'M. 4. Faucon cresskrelle. Fako tinnmiculis. Très commune, la Cresserelle nichait aussi bien en plein centre des bois que sur les arbres des prés des bords de la Nonette, par- tout où elle trouvait à s'emparer d'un nid de Corneille ou de Pie. Un seul couple a dérogé à celte règle constante, dans notre localité, en s'établissant dans une crevasse des rochers qui bordent l'Oise, au-dessous du camp de César. Pendant la belle saison, je voyais toute la journée des (h'esserelles faire le Saint-Esprit au dessus de mes pelouses, puis tomber d'aplomb pour saisir les Crillons sur le bord de leur trou. Or, depuis sept ans, je n'en ai plus aperçu une seule ni de près, ni de loin, pour la même raison que j'ai expliquée à propos de la Bondrée apivore. La Cresserelle pond cinq œufs, rarement six, ils sont très varia- bles comme coloration ; dans une même ponte, il arrive souvent qu'on n'en trouve pas deux semblables. J'ai vu ainsi un œuf d'un jaune fauve avec quelques rares taches brunâtres |)resque noires, à côté d'autres dont le fond disparaissait sous des taches d'un brun rougeatre. Thienemann a porté à neuf le nombre des variétés prin- cipales qu'il avait cru pouvoir établir. Les mensurations d'une quarantaine d'œufs m'ont donné 87 à 40 millimètres sur 80 à 82. Degland et Cerbe indiquent un plus grand écart pour les grands diamètres : 80 à 40 milli- mètres. La Cresserelle est classée, bien à tort, dans beaucoup d'arrêtés préfectoraux, parmi les animaux nuisibles; à ce sujet, on ne peut être mieux éclairé que |)ai' les Oiseaux eux-mêmes qui, loin de manifester aucune inquiétude à son approche, restent tranquille- 44 XAVIER RASPAIL ment sur rmbreoù elle vient se poser. Bien souvent, je lai vue fondre pour enlever un Grillon, à côté d'un nid de Pipi des arbres, d'Alouette ou de Bruant jaune, sans que la mère, si elle couvait, s'en préoccupât, sans que, de son côté, la Cresserelle touchât aux jeunes qu'elle ne pouvait manquer d'apercevoir, quand la mère ne les couvait pas. Cependant, je dois signaler le fait dune femelle qui, à l'époque où elle nourrissait ses jeunes, vint enlever, sous mes fenêtres, plu- sieurs poussins de Faisan Agés de quelques jours, alors qu'elle ne toucha pas à de jeunes poussins de Poule de même grosseur que j'avais mis à la place des premiers. Ya-t-il là un cas particulier et anormal ? Je ne puis que poser la question sans la résoudre, mais, toujours est-il que sur vingt et une Cresserelles que jai autopsiées, tant en Belgique qu'en France, je n'ai jamais trouvé dans l'estomac, le moindre débris d'Oiseaux. Je reste donc con- vaincu que cette espèce se nourrit d'Insectes surtout d'Orthoptères, de Reptiles, de petits Mammifères rongeurs et qu'ainsi elle peut être classée parmi les Oiseaux utiles. 5. EpERVIER ORDINAmE. Accipiter nisus. 11 y a une quinzaine d'années, l'Epervier nichait relativement en nombre dans les bois de la Plaine-Basse, des Aigles et, quelque- fois sur le plateau de la Coursaule. J'ai trouvé, au cours d'une de mes excursions, quatre nids. En mai, l'Epervier construit son aire à la bifurcation des maî- tresses branches des Chênes avec des bùohettes qui en forment la grosse charpente ; il en garnit la cavité avec des brindilles courtes de Bouleau et des racines. L'aire est souvent terminée longtemps avant la ponte, il m'est arrivé de découvrir un nid complètement achevé le lo mai 1885, dans lequel le premier œuf ne fut déposé que le 8 juin. De même, la femelle ne pond pas régulièrement cha- que jour et espace les cinq ou six œufs qui forment sa ponte ordi- naire. Pour le nid précédent, le deuxième œuf ne fut pondu que le 11 juin et le troisième le 13; c'est la raison probable pour laquelle, dans les pontes, on trouve des œufs dontles taches super- ficielles brunes sont en partie effacées comme si elles avaient été lavées; ce sont les premiers pondus qui subissent cette décolora- tion par suite de leur exposition trop piolongée a l'humidité des nuits et à la lumière du jour. Dans un nid, j'ai trouvé un œuf nain ISE STATIUN UUMTHOLiXiigUK DANS L OISK 40 presque sphérique mesurani 2S millimètres sur :2(), tandis que les autres œufs de la même poule, dune forme légèrement ovoïde avalent 37 millimètres sur .'M. (>. El'HKVlEU MAJIil U. Accipiter major. Je trouvai, en mai 1880, un nid d'Epervier, à l'extrémité des bois de la Plaine-Basse, près de l'Oise; les œufs qu'il contenait et la femelle que je réussis à abattre d'un coup de fusil, présentaient des dilTérences telles avec le nid, les (l'ufs et la femelle de l'Eper- vier ordinaire que je songeai immédiatement à l'Epervier majeur signalé par plusieurs auteurs depuis le commencement du siècle dernier. Une étude plus complète, dont j'ai publié les résultats dans les Mémoires de la Société Zoologique de France (l), me confirma dans cette opinion et m'amena à conclure non à l'existence d'une simple race, comme l'admet Degland, mais à celle dune véritable espèce. Les œufs sont plus gros que ceux de l'Epervier ordinaire, ils mesurent i4 millimètres sur3o, tandis que ceux de celui-ci donnent comme mesures extrêmes : 37 à 40 millimètres sur 30 à 33. La forme des œufs de l'Epervier majeur (fig. 1, A. et B) est intermé- diaire entre les formes ovalaire et ovée renflée, peu acuminée, tandis que ceux de l'Epervier ordinaire (lîg.l, Cet D) sont d'un ova- laire court se rapprocbant de la forme spbérique. Le fond de la coquille est d'un blanc légèrement azuré et les taches, par leur disposition et leur teinte, rappellent la coloration de certains œufs de Balbuzard. Ils subissent également une décoloration qui est d'autant plus accusée par les couleurs vives du dernier œuf pondu. La description respective de la femelle de l'Epervier majeur que jai capturée en 1889 et de l'Epervier ordinaire présente des carac- tères différentiels qui viennent donner une grande valeur à la spécificité du premier. Je la reproduis à titre de document: (I) Tome VI, page 226, 1893. 46 XAVIER RASPAIL Fk;. 1. — A ot B : (pufs de I'Epervier majeur, Accipiter major. — C el D : œufs de I'Epervier ordinaire, Accipiter nisus. Grandeur naturelle. UNE STATION OHNITHOLUGIQUE DANS L OISE 47 Accipiter major. (Femelle) Dessus de la tète brun varié de roussàfre; de chaque côté, à partir du sourcil et rejoignant la nucpie, une bande striée de brun. Plumes de la nuque et du commencement du dos mélangées de brun et de blanc roussàtre. Les autres parties d'un brun légèrement nuancé de roussàtre avec les plumes des épau- les et les petites couvertures nette- ment bordées de roux pâle et de cendré. Parties inférieures d'un blanc lavé de cendré, ondulées transver- salement de brun avec un trait lin sur la tige des plumes et une tache d'un roussàtre pâle au centre de la barre brune, mais seulement sur la poitrine. Régions paroticjucs variées de brun clair et de blanchâtre. (Jorge et devant du cou blanc avec des stries brunes. Rectriccs latérales avec sept ban- des transversales, celle de l'extré- mité aussi marquée en dessus (ju'en dessous. Bec ayant la partie crochue delà mandibule supérieure plus courte que chez le nisus, la dent formatât un feston arrondi. Cire jaune dans sa moitié anté- rieure et jaune légèrement verdâtre vers le front. Iris orange vif. Pieds d'un jaune pâle livide. Accipiter nisus. (Femelle). Plumage des parties supérieu- res d'un brun cendré avec quel- ques taches blanches à la nuque. Parties inférieures d un blanc légèrement lavé de cendré, ondu- lées transversalement de brun clair; un trait plus foncé sur la tige des plumes et une tache d'un rous- sàtre pâle au centre de la barre brune très accentuée sur toute lé- tendue des flancs. Régions parotiques variées de brun et de roux. (jiorge blanche avec quelques stries brunes; devant du cou blanc nuancé par places et surtout en bas de roux clair, ce qui, avec la région parotique, dessine une sorte de hausse-col. Rectrices latérales avec cinq à six bandes transversales moins foncées et moins larges, celle de l'extrémité à peine indiquée en dessus et pres- (|ue nulle en dessous. Bec, avec la dent plus saillante, formant presque un angle droit. Cire jaune verdâtre. Iris jaune citron ou jaune légè- rement orangé. Pieds jaune citron pur. 48 XAVIKK HASPAIL L'Age, dans l)ien des cas, étant considéré comme une cause de modification dans le |)iumaf;e chez les Oiseaux de proie diurnes, il y avait intérêt à en tenir compte; or, cette femelle avait l'ovaire contenant un grand nombre d'oeufs à tous les degrés de développe ment; elle était donc jeune. Dans tous les cas, si l'Epervier majeur existe réellement, c'est un Oiseau bien rare, car, pas plus que ses œufs, il ne paraît figurer dans beaucoup de collections. Néanmoins, du moment qu'il serait admis sans conteste ce ne serait plus à titre de race, mais comme une espèce qu'il devrait prendre rang dans le catalogue des Oiseaux d'Europe; il y aurait certainement autant de droit que l'Hypolaïs ictérine, le Grimpereau brachydactyle et le Bouvreuil ponceau. 7. Busard cendré. Circus cineracem. Niche fréquemment dans le marais du Dozet, sur les bords de l'Oise, dans un petit bois d'Aulnes où poussent des Joncs et des Boseaux. Il est très dilTicile de découvrir son nid que l'Oiseau ne gagne qu'en suivant sous les herbes une sorte de galerie quil trace souvent sur une longueur de plus de cent mètres. OISEAUX DE PROIE NOCTURNES 8. Chevêche commune. Noctua minor. Sur le territoire de Gouvieux, la Chevêche niche exclusivement dans les trous des vieux arbres des vergers et des champs de la côte des Vignes. Je n'ai jamais rencontré son nid dans l'intérieur des bois. Elle pond, dans le courant d'avril, quatre œufs presque sphériques; j'en possède un oblong, exactement semblable à un œuf de Pigeon colombin; il faisait partie dune ponte dont les trois autres œufs avaient la forme typique. Il mesurait 37 millimètres sur 28, tandis que les mensurations de plusieurs pontes m'ont donné 33 à 3o millimètres sur 28 à 30. La femelle se tient dans le trou dès le premier œuf pondu, mais elle ne couve qu'après le quatrième et dernier. Chaque fois que j'ai fait sortir une femelle dun trou avant la fin de la ponte, les œufs étaient froids. La Chevêche vole souvent dans le courant de la journée; en automne, il n'est pas rare de la trouver le matin dans les champs posée sur une motte de terre. LIXE STATION ORNITHOLOC.IQrK DANS l'OISE 49 0. IIl LOTTK CHAT-HUANT Syrnium aluco. Persoimelleiiieut, je n'ai pas pu constater la nidification de cette espèce sur le territoii'e de fîouvieux, mais d'a|)rès les renseigne- ments ([ue j'ai recueillis auprès de vieux bûcherons, je ne puis douter, quil y a u"ne cinquantaine d'années, on trouvait fréquem- ment le nid du (-hat Huant dans la forêt du Lys et les bois de la IMaine-Basse. Cependant, il niche régulièreuient chaque année à peu de distance, dans les bois de Bâillon et le parc de Royaumont qui ne sont séparés de la forêt du Lys que par l'étroite vallée delà Thève, petite rivière qui sépai'e le département de l'Oise de celui de Seine-et Oise. Le Chat Huant fait sa ponte dans les nids abandonnés de Cor- beaux et de IMes. C'est un grand destructeur de Lapereaux, de Levrauts et surtout d'Ecureuils. Je le considère comme un Oiseau d'autant plus nuisible qu'il détruit aussi beaucoup de Chauves- Souris. 10. Effhair commune. Strix flammca. LEIÏraie se reproduit chaque année dans le clocherde l'église et dans les greniers de plusieurs habitations, notamment dans celui d'une ferme de Chaumont, hameau de (îouvieux, où le propriétaire protège avec un soin jaloux le couple qui est venu s'établir chez lui. C'est un de nos Oiseaux les plus utiles par la destruction con- sidérable ([u'il fait de Souris et de Mulots; ces petits Mammifères forment pour ainsi dire sa nourriture exclusive. On ne saurait donc trop éclairer, à ce sujet, les habitants de la cauii)agne qui, dans beaucoup de localités, font preuve d'une ignorance complète de leurs propres intérêts en tuant ce précieux Oiseau et en le clouant à la porte de leur grange. Sa ponte est de quatre œufs qui se difïérencient des (cufs des autres Strigidés par leur forme toujours d'un ovoïde plus ou moins allongé, alTectant, quel(|uefois la forme nettement ovale; ils sont mats bien que je possède quelques (rufs légèrement lustrés. Leur mensuration m'a donné 37 mm 3 à 31) mm 6 sur 28 mm à 30 mm 4. Deffland et Cerbe leur attribuent : 40 millimètres sur 32 à 34. Mom. Soc. Zool. ilo Fr., I90i> 50 xavii:k kaspail I I . IllHOi: VIILGAIUE. Otus ruUjam. C"esl dans un vieux nid de Pie ou de Corbeau (jue le Hibou, à la fin de mars, dépose seso'ul's. au nombre de sept. La plupart des auteurs ne lui attribuent (|u"uiie i)onte de ((uatre à cin(| (l'ui's, ce que je n'ai jamais vu, |)our ma part; j'ai même trouvé un nid où j'en ai compté huit. * Les œufs sont oblonj^s, courts, ils. mesurent 40 à 41 millimètres sur 32 à 33. Les diamètres donnés par Degland et Gerbe sont bien inférieurs : 34 millimètres sur 2.9. La différence est si considérable quelle fait supposer que ces auteurs n'ont eu à leur disposition que des œufs exceptionnels comme volume, bien, qu'à la vérité, chez beaucoup d'espèces d'Oiseaux, le volume des œufs est variable suivant les contrées où il sont pondus. Généralement, le Hibou niche dans l'intérieur des bois, mais il s'établit également dans les nids qu'il trouve à sa convenance dans les Peupliers des prés qui avoisinent la Nonette. Contrairement aux autres espèces, la femelle couve aussitôt son premier œuf pondu, de sorte que lorsqu'elle pond le septième, le premier a déjà subi une inculjafion d'autant de joui's. L'éclosion est donc échelonnée, c'est-à dire que lorsque le dernier œuf éclot, il y a déjà, dans le nid, des jeunes de sept, six, cinq, quatre, trois et deux jours. J'ai le premier, je crois, signalé cette particularité, dans une note publiée en 1890, dans le Bulletin de la Société Zoolofjique de France. Le fait est nettement établi par un nid trouvé le 10 avril de la même année, dans lequel il y avait quatre poussins présentant des différences de taille accusées par leurs poids respectifs : 1" 19 grammes 20 2^' oO — 70 3^ 84 — 50 4" 103 — Je n'ai jamais rencontré de nid contenant plus de cinq jeunes, souvent leur nombre était réduit à trois; sur ce point, les rensei- gnements que j'ai recueillis auprès des bûcherons et des gardes concordent tous avec mes observations personnelles. Cette diffé- rence entre le nombre déjeunes et le nombre d'œufs est donc cons- tante. 11 ne m'a pas été possible d'en découvrir la raison; la pré- sence d'un œuf clair que j'ai trouvé dans un nid, avec des poussins déjà forts, m'a fait abandonner l'idée que ce seraient les parents UNE STATION ORNITHOLOGIQUE DANS l'oISE SI qui rejetteraient hors du nid les œufs n'ayant pas réussi. Par suite, je me suis demandé s'il ne faudrait pas incriminer le pre- mier né qui, déjà très développé lorsque ses frères viennent à sor- tir de la coquille, ne verrait, dans ce petit corps charnu qui appa- raît tout i)alpilant entre ses pattes, qu'une proie olïerteàsa voracité, pour peu que ses parents le laissent pâtir un instant. De même que l'ElIraie, le Hibou est un destructeur acharné de petits Rongeurs; on ne saurait trop blâmer les garde-chasse qui le détruisent le plus souvent sur le nid toujours à découvert à cette épo(iue où les arbres sont encore complètement dépouillés, la tête de la mère, avec ses deux aigrettes, s'apercevant facilement lorsqu'elle s'est étaldie dans un vieux fond de nid de Corbeau. 12. Scoi's d'Aldrovande. Scops AUlrorandi. II y a une quinzaine d'années, ce petit Rapace nocturne nichait communément à Gouvieux; parles soirées de juin, on entendait les mâles se répondant de tous les points du territoire et souvent je prenais plaisir à les faire venir tout près de mon habitation en imitant leur cri uniformément le même, qu'on parvient à imiter parfaitement en aspirant fortement à travers les lèvres disposées comme pour silller, tout en prononçant la syllabe (( iup » d'une façon particulière. Depuis 1890, je n'ai ])lus entendu que rarement le Scops et je ne saurais alïirmer, que tous les ans, il s'est reproduit dans les para- ges où jadis, je trouvais jusqu'à cinq nids dans une seule excur- sion. D'après les auleui's, le Scops niche dans les Irons des murs et des vieux arbres; à (îouvieux, c'est exclusivement dans les trous d'ar- bres, souvent dans ceux creusés par le (lécine vert, que j'ai décou- vert son nid, aussi bien en plein bois que dans les prés, la côte des Vignes et sur les bords de la Nonette où il s'établit dans les Saules vermoulus. H fait sa ponte dans la première quinzaine de juin, elle se com- pose de cinq œufs presque sphériques; dans une ponte (|ue je pos- sède, il s'en trouve un qui a la forme d'un œuf de Pigeon mesurant 34 millimètres sur 26,5. Mes mensurations m'ont donné 29 à 32 millimèlres, sur 25 à 27; Degland et (ierhe ne leur attribuent que 2.S à 29 millimètres sur25. Il est assez dillicile d'expliquer la rareté du Scops que je remar- que depuis quelques années à (îouvieux, je ne pense pas, qu'au o2 XAVIER RASPAIL cours de ses niif^ralions, il soit l'objet dune destruction comijara- ble à celle qui atteint dans le midi de la France et surtout eu Italie, tous les Passereaux etd'autre part, il n'est certainement pas détruit dans nos bois, comme les autres Oiseaux de proie. i*eut-ètre, la cause de sa diminution viendrait-elle de la disparition de beaucoup de vieux arbres troués et aussi du vagabondage des enfants qui, avec les gardes-champétres actuels, ont toute latitude pour commettre leurs déprédations. Le braconnage et le dénicbage des couvées s'o- pèrent en toute liberté dans les campagnes; il en sera malheureu- sement ainsi tant que les gardes-champêtres ne seront pas embri- gadés comme les gendarmes et soustraits à l'autorité des maires; le mot d'ordre que reçoivent ces modestes fonctionnaires est de ne rien voir des actes délictueux commis par les naturels du pays. Le Scops ne craint pas la lumière et il vole en plein jour pour peu qu'il se voie découvert sur la branche ou il se tient droit près du tronc de l'arbre; souvent dans le cours des plus chaudes journées, il fait entendre son cri qu'il répète de temps à autre. C'est un grand destructeur de Hannetons et, à ce titre, il doit être considéré comme un Oiseau utile. PASSEREAUX ZYGODAGTILES 1.3. Pic Epeiche. Picus major. Ce Pic niche aussi communément sur le territoire de Gouvieux que le Gécine vert, on le voit en toute saison; l'été, il ne quitte pas les grands bois. Les arbres qu'il choisit de préférence pour y creu- ser le trou destiné à recevoir ses œufs, sont les différentes essences de Peupliers. (Tremble, P. blanc ou P. suisse) qui se trouvent dans l'intérieur ou en bordure des bois; cependant, j'ai trouvé quelque- fois ce trou creusé dans un Bouleau ou un Tilleul. La ponte se compose de sept œufs dune forme ovée un peu courte, d'un blanc pur lustré laissant, à l'état frais, transparaître la teinte jaune du vitellus. Ils mesurent 25 millimètres sur 19. De- gland et Gerbe ne leur donnent que 23 millimètres sur 18. Le volume des œufs chez cet Oiseau est très régulier, sur six pontes, je n'ai pas trouvé d'écart appréciable dans les diamètres. Vieillot n'avait probablement jamais vu d'œufs de ce Pic, pas plus du reste que du Gécine vert, car il décrit ainsi les premiers : (( La femelle du Pic Epeiche pond de cinq à six œufs d'un blanc grisâ- tre mélangé de petites tâches noires » et, à propos des seconds, il l'N'K STATION OUMÏMOLdCinrh: DANS L()[SI<; 53 (lit : (( Le nid est composé de Mousse et de laine et la ponte est de quatre à six œufs verdàtres avec de petites taches noires », D'après une ol)servation faite en mai 1887 et dont j'ai donné la relation à propos de raugmenlation de la ponte résultée de l'enlè- vement des premiers œufs pondus (1), l'incubation est de quatorze jours chez cette espèce. La femelle commence à pondre dans la première semaine de mai ; en 1!)()2, j'ai vu les jeunes (juitter le nid le G juin. Au printemps, le IMc Epeiche a l'habitude, pendant des heures entières, de produire des vibrations sonores en passant, par saccades, son bec sur les surfaces de bois mort; bien des habitants de la campagne ne se rendent pas compte de la cause de ce bruit de ràclement qui s'entend à de grandes distances. Je ne l'ai jamais vu descendre à terre pour chercher sa nourri- ture. Celle ci consiste eu larves, chrysalides et Insectes qu'il trouve, en grimpant à tous les arbres, sous l'écorce qu'il fait sauter à coups de bec; en hiver, faute d'Insectes, il se contente de certaines grai- nes à amandes, notamment celle des Conifères. En somme, c'est un Oiseau utile auquel on peut pardonner le trou qu'il creuse dans les arbres pour s'y réfugier l'hiver et pour y procréer au printemps. 14. Pic Epeichette. Picus minor. Bien qu'on le rencontre en toute saison, le Pic Epeichette est rela- tivement rare. Contrairement à l'assertion de Le Maout, il ne choi- sit pas pour établir son nid un trou d'arbre naturel qu'il dispu- terait souvent à la Mésange charbonnière; il creuse lui-même sou nid, comme le Pic Epeiche, mais presque toujours dans des bran- ches mortes. Le trou d'entrée, très petit, présente une circonférence parfaite. En dix-huit ans, je n'en ai trouvé que deux nids, l'un dans un Pommier, dans les prés bordant la Nonette, avec quatre œufs, l'autre, dans un vieux Merisier de la côte des Vignes, avec six œufs couvés. Ces œufs ont exactement la forme de ceux du Pic Epeiche. Ils mesurent en moyenne 17 millimètres sur 14. (I) Sur l'augmentation de la ponte par l'enl^^vemcnt de leurs œufs chez deux Picidôs. Bull, de la Soc. Zool. de France, XVI, page 139, 1891. 54 XAVIER RASPAIL 15. GÉCINE VERT. Gecinus viridis. Sédentaire et très commun, le Gécine vert creuse les vastes trous qui lui servent de refuge et pour nicher, aussi bien dans les arbres pleins de sève que dans ceux qui sont morts ; souvent, il se contente de rafraîchir les parois d'un ancien trou pour y déposer, à même le fond, à la fin davril ou au commencement de mai, sept à huit œufs d'un beau blanc pur sans taches; ces œufs, dont le grain de la coquille est encore plus fin et plus lustré que chez les autres Pi- cidés, ont, lorsqu'ils sont frais, une jolie teinte rosée par suite de la transparence du vitellus; vidés, ils olïrent l'aspect brillant de l'é- mail de la porcelaine. Leur forme est ovée allongée; ils mesurent : 30 millimètres sur 23. Sur une vingtaine d'œufs mesurés, le petit diamètre n'a pas varié; chez deux seulement, il avait respec- tivement 22 et 22 mm o. Degland et Gerbe leur donnent : 28 milli- mètres sur 20. De même que chez le Pic Epeiche, j'ai obtenu, chez cette espèce, une augmentation de la ponte en enlevant successivement les œufs sans que la femelle cessât de pondre régulièrement : 12 œufs du 21 mai au 2 juin. Elle couva ensuite les quatre derniers que je lui laissai. Malheureusement, je ne pus suivre cette observation jus- qu'au bout et obtenir la durée de l'incubation (1). Le Gécine vert recherche autant sa nourriture à terre que sur les arbres. Souvent, on le voit frapper sur l'écorce, puis vivement contourner le tronc et regarder le côté opposé. Il veut voir s'il a percé l'arbre, dit-on dans les campagnes. En réalité, il manœuvre ainsi uniquement pour saisir l'Insecte que la répercussion des coups de bec fait sortir de son refuge, comme le Lombric terrestre appa- raît à Heur de terre quand on frappe sur le sol. 11 est très friand de Fourmis dont il s'empare à l'aide de sa longue langue lombriciforme, sur laquelle elles s'engluent au fur et à me- sure qu'elles sortent des trous qu'il a attaqués à coup de bec. Pen- dant la mauvaise saison, il creuse de véritables galeries dans les dômes de brindilles de bois qu'amasse au-dessus de son nid sou- terrain, la Formica rufa, cette grosse Fourmi si commune dans nos bois et dont on recherche les nymphes (auxquelles on donne improprement le nom d'œufs de Fourmis) pour l'élevage des Faisans. Le Gécine cherche ainsi à s'emparer, non seulement des Fourmis qui ne sont pas encore descendues dans leur retraite (1) Voir la note précédente. UNE STATION OFiNITHOLOGIQUE DANS LOIRR 55 souterraine et liiveriiale, mais également de certains Insectes myr- mécophiles ou autres qui vivent ou s'abritent dans ces nids. Cette occupation lui est souvent fatale, en ce sens quelle le fait surpren- dre par l'Épervier ou rÉmérillon (|ui i)araissent avoir une prédilec- tion pour sa chair; néanmoins, il se défend vigoureusement et j'ai lieu de croire qu'il parvient souvent à échapper aux serres de son ennemi. Un jour, j'entendis tout à coup, à peu de distance, en plein bois, des cris stridents de détresse poussés par un Hécine, qui, sans nul doute, était aux prises avec un redoutable adversaire; je courus dans la direction et, en me dégageant d'un taillis épais, j'aperçus un Emerillonselïorçant de venir à bout de la résistance acharnée que lui opposait sa victime; tous deux roulaient littéralement à ferre, les i»liimesdu malheureux (îécine volaient de tous côtés sous les coups (le bec du Rapace (jue j'aurais pu tuer d'un coup de canne, si je n'avais craint d'atteindre en même temps celui que je je voulais sauver. Je tentai de saisir les deux lutteurs, mais l'Emérillon ([ui, jus(jue-là, dans l'ardeur de la bataille, ne m'avait pas aperçu, lAcha prise et prit la fuite, tandis que, de son côté, le (îécine délivré d'une aussi chaude alarme, s'en allait de son vol onduleux en jetant aux échos d'alentoui', son cri aigu, comme un chant d'allégresse et de victoire. Un peu plus loin, je trouvai une fourmilière où, sur le bord d'un de ces trous dont j'ai parlé, il y avait quekjues plumes du Gécinequi s'y était laissé surprendre par l'Emérillon. On a beaucoup disserté sur la question de savoir si le Gécine vert devait être considéré comme un Oiseau utile ou nuisible; tout en reconnaissant que les trous qu'il creuse dans les arbres, pour y établir sa demeure et son nid, leur sont préjudiciables et peuvent amener leur rupture par les grands vents, je ne le consi- dère pas moins comme un de nos Oiseaux à protéger en raison de la destruction incessante quil fait d'insectes les plus nuisibles aux végétaux. En somme, il rend des services qui compensent au centuple le toit qu'il peut causera quelques arbres, du reste, d'e.ssence de peu de valeur. I(i. ToRcoL vuLGAmi:. ïiuix toTfjuiUa. Le Torcol vit solitaire; sans être commun à (iouvieux, il y niche régulièrement tous les ans. Il choisit de préférence les trous des arbres fruitiers situés aussi bien dans les jardins attenant à des •)6 XAVIF.H lîASI'AlL habitations, que dans les vergers et la cote des Vignes pour y dépo- ser, en mai juin, six à huit œufs, d'un bhinc i)ur, qu'on pourrait con- fondre avec ceux de lEpeichelte, s'ils n'étaient naturellement plus gros. Comme moyenne de mensurations, j ai obtenu 19 millimètres sur J.j; certains, qui ont la forme de l'œuf du (îécine vert, attei- gnent^! millimètres sur 1;"). tîrand mangeur de P'ourmis, le Torcol détruit également un certain nombre d'espèces d'Insectes, ce qui lui donne droit à une protection sévère. 17. Coucou GRIS. Cuculus canoris. Le Coucou se trouve à Gouvieux dans la même proportion où je l'ai vu dans toutes les localités que j'ai habitées, aussi bien en Bel- gique qu'en France. 11 y revient tous les ans ni plus ni moins nom- breux, autant qu'on peut s'en rendre compte par son chant qu'on entend sur plusieurs points à la fois, car c'est l'Oiseau qui sait le plus adroitement se dérober aux regards dans la feuillée des bois, on ne peut guère l'apercevoir que lorsqu'il traverse les clairières et les plaines où souvent on le confond avec l'Epervier. A Gouvieux, les femelles paraissent préférer les nids de l'Etïar- vatte pour y déposer leurs œufs et c'est grâce au grand nombre de ces nids, établis dans les Roseaux des bords de l'Oise, que j'ai pu faire des observations rigoureuses pour déterminer la durée de l'incubation de l'œuf et de l'éducation du jeune, non pas dans le nid, car ce dernier ne tarde pas à être aplati sous le poids de ce gros nourrisson, mais pendant le temps que les parents adoptifs mettent à le nourrir sur place avant qu'il soit en état de partir. Jusque-là, on ne possédait sur la reproduction du Coucou, qu'on peut appeler l'Oiseau des légendes, que des données tout hypo- thétiques. Je ne m'étendrai pas sur mes recherches et mes observations poursuivies en vue d'éclairer la biologie encore si obscure du Cou- cou, ce serait sortir du cadre de ce travail et reproduire ce que j'ai déjà consigné dans mes publications antérieures (1); je me,con- (i) Recherches et considérations sur l'adoption, par les Passereaux, de l'œuf du Coucou. Méiit. de la Soc. Zool. de France, VII, page 77; 1894 — Durée de l'incuba- tion de l'œuf du Coucou et de l'éducation du jeune dans le nid. Méiii. de la Suc. Zool. de Fi., VIII, page tiU; 1895. — Les légendes sur le Coucou. Omis. IX, page 243, 1901. — Le Coucou devant l'enquête administrative de 1885-86. Reçue scien- tifique, XVIII ; page 142, août 1902. — La légende de Jenner sur l'isolement du jeune Coucou dans le nid. Bull, de la Soc. Zool. deFi:, XXX, page 29, 1905. l XK STATION OHXITHOLOdKJl E DANS L OISR O/ tenterai de donner ici un couil résumé des résultats les plus im- portants que j'ai obtenus touchant la reproduction. La durée de 1 incubation de l'œuf du Coucou est en moyenne de H jours et demi; les termes extrêmes ont été de 11 jours 7 heures et de [2. jours. Etant donnée la petitesse exai^érée de cet oeuf, par rapport à la taille de l'Oiseau, il n'y a rien d'anormal dans cette durée. Sur une vini»taine d'œufs récoltés à (îouvieux, j'ai relevé les mensurations suivantes : il, ;> à 24 millimètres sur 17, ce qui cor- respond au volume d'œufs de Passereaux, tels que le Bruant jaune et l'Alouette des chami)s. L'éducation du jeune sur place exige 18 à 19 jours pour qu'il soit en état de voler. Un seul s'est décidé à quitter, le seizième jour, le plateau informe et tout désagrégé sur lequel il ne pouvait plus se tenir, pour se percher à un mètre de distance, sur une branche de buisson. La présence de l'œuf du Coucou dans le nid des Passereaux, dont les œufs sont plus i)etits, amène un retard dans l'éclosion de ceux- ci, de sorte qu'à durée égale d'incubation, l'œuf du Coucou éclot toujours le [>remier. Ce retard est dû à la différence de volume des œufs des deux espèces. On sait, en eiïet, que lorsqu'on place sous une Poule, des œufs de différentes grosseurs, l'éclosion des plus petits subit un retard parce que les plus gros reçoivent plus de chaleur de la couveuse dans les plumes de laquelle ils pénètrent plus avant. Contrairement à ce qui était admis par un grand nombre d'Or- nithologistes qui avaient accepté l'explication absurde de Jenner, ce n'est pas le jeune Coucou qui est le meurtrier de ses frères de couvée, car pendant plus de 48 heures après sa naissance, alors qu'il est déjà seul à occuper le nid, il est si faible qu'il fait à peine quelques mouvements sans pouvoir se soulever et se tenir en équi- libre (Jig. 2). C'est le Coucou femelle qui, loin de se montrer indifférent, après l'abandon de son œuf qu'il a substitué à l'un de ceux contenus dans le nid sur lequel il a jeté son dévolu, en surveille attentivement l'incubation et vient enlever les œufs légitimes aussitôt que le sien est édos. J'ai constaté deux fois (|u'il ne laisse i)as éclore les œufs lé- gitimes et c'est pour cette raison qu'il dépose indifféremment le sien à côté d'œufs frais ou couvés. Dès qu'il s'aperçoit que les petits com- mencent les premiers efforts qui doivent amener leur délivrance, il frappe les œufs d'un coup de bec, tuant ainsi les jeunes dans la :;s XAVIKR RASPAIL coquille à moitié aplatie, jjuis les laisse dans le nid pour ne venir les enlever que lorsque son jeune est né. Si un certain nombre d'observateurs ont pu citer des nids où le jeune Coucou se trouvait avec les jeunes de ses |)arents adoptifs, cest que le Coucou mère avait été accidentellement détruit avant l'éclosion de son œuf. Cette explication, que javais admise par le raisonnement seul, a été pleine- ment confirmée par une très intéres- sante observation d'un naturaliste cons- ciencieux, M. A Mansion (1). On sait que plusieurs auteurs ont altiibué, au Coucou femelle, la préoc- cupation de rechercher des nids con- tenant des œufs similaires par la colo- ration, de ceux qu'elle pond, dans le but de donner le change aux Passe- reaux qui sont chargés en son lieu et place de la conservation de l'espèce. Ce serait également pour que ces derniers ne trouvent rien de changé dans leur ponte que le Coucou femelle enlève toujours un des œufs qu'il remplace par le sien. Ce ne sont là que de sim- ples hypothèses. Si, en effet, dans bien des cas, on a pu trouver des exemples as.sez curieux de cette tendance à une assimilation de couleur et, pour ma part, j'en ai rencontré quelques-uns, dans le plus grand nombre d'autres, la dissemblance est complète (fig. 3). Je citerai particulièrement les nombreux nids d'Eft'arvatte où l'œuf de Coucou était d'une couleur complètement différente de celle des œufs légitimes : par exemple, d'un gris lilas pâle pour le Coucou et d'un gris sale chargé de larges taches d'un brun ver- dàtre pour l'Elïarvatte. Du reste, mes nombreuses expériences mont démontré que jamais la mère adoptive ne peut être trompée sur les œufs étran- gers introduits dans son nid, même sur ceux de sa propre espèce d'une ressemblance tellement grande qu'il ne m'était pas possible de les distinguer une fois mélangés avec les autres : elle les recon- FiG. 2. — Jfiiine Coucou âgé de 30 heures; grandeur naturelle. (1) Revue scientifique, n" du 22 décembre 1900. UNE STATION ORNITHOLOGKJCK DANS L OISE :>!) naît toujours et les rejette invariablement après les avoir tolérés plus ou moins longtemps, mais sans jamais les laisser venir à terme. Aussi, le coté le plus mystérieux [)our moi, ne réside pas tant dans le fait que le Coucou femelle ne couve pas et remet à des étrangers le soin de perpétuel- son espèce, que dans la raison inex- FiG. 3. — Ces lij^iuos, cxaclciui iiL de yrainlcui' naturelle, inoiilri'iit dcsd'ufsdo Coucou à côté d'un des œufs du nid dans lequel les premiers ont été déposés par les femelles Coucous: A, Coucou et Effarvatte; B, Coucou et Effaiivattk; C, Cou- cou et RouGE-CoKGE ; D, Coucou et Thoglouyte. pliquée jusqu'ici qui amène les Passereaux à adoi)ter l'œuf du Cou- cou à l'exclusion de tout auti"e, à le couver et, apiès la disparition brutale de leur progéniture à élever, avec un dévouement inlassable, cet étranger qui devient si rapidement pour eux un véritable géant. Sur cette question, contentons-nous d'admettre que, du moment que les Passereaux n'acceptent que du Coucou seul, l'œuf étranger, ils obéissent à une loi naturelle immuable, tenant sa place dans la nature où tout forme une harmonie parfaite. Le Coucou est un de nos Oiseaux les plus utiles et que l'on doit 1)0 XAVrKU HASE'AIL sauvegarder avec la ])lu8 grande soUicilude; s'il cessait de venir pendant une seule saison dans nos contrées, l'année suivante on ne verrait pas une feuille aux arbres de nos forets, dépouillés qu'il seraient par la vertigineuse reproduction des Noctuelles, Cnetho- campa proc<>îiiiionna, Li paris dispar et moiiaclia. Grâce à une appropriation toute spéciale de son estomac, le Cou- cou peut seul manger ces Chenilles velues et lanigères; or il en fait une telle consommation qu'à certains moments, il est bien difficile de rencontrer un individu de ces espèces. Aussi, est-il déplorable de voir encore de nos jours d'aussi grands services méconnus et ce pauvre Coucou accusé de crimes dont il est bien innocent. Au Congrès ornithologique international tenu à Paris en 1900, j'ai cité une de ces ineptes accusations, qui avait eu les honneurs de la publicité d'un journal à grand tirage. « A peine arrivé dans le pays, écrivait un observateur! cet Oiseau cruel a tué un de mes Canaris que j'avais en cage : je lai vu essayant d'attirer sa victime à travers les barreaux pour la manger. » Et alors qu'il s'agissait tout simplement d'un Epervier, le rédacteur scientifique de ce jour nal ajoutait « qu'il est bien convaincu que le Coucou jouit à juste titre dune abominable réputation; c'est l'Oiseau de tous les crimes et de toutes les perfidies. » Enfin, dans le Chassevr français (numéro du l^r octobre 1903), sous la rubrique: A propos du, Coucou, j'ai trouvé cette stupéfiante déclaration de guerre lancée par un correspondant : « Les chas- seurs ne doivent pas épargner le Coucou; pour ma part, je tue toujours le petit que je trouve daus un nid. Il est à remarquer que c'est presque toujours au moment où les Oiseaux chanteurs nous égaient de leurs notes mélodieuses que le Coucou profite pour s'abattre comme une trombe et saisir entre ses griffes les pauvres petits Oiseaux qui se trouvent surpris au moment où ils s'y atten- dent le moins. Il n'attaque jamais les Oiseaux au-dessus de la taille de l'Alouette. » Ici encore, les crimes de l'Epervier étaient mis sur le compte du Coucou et c'est ainsi qne se sont établies tant de lége::Jes sur cet Oiseau, par suite de l'outrecuidante ignorance de prétendus obser- vateurs. UNE STATION UHMTHOLOGlorE DANS l'oISK 6i PASSEREAUX SYNDAGTYLES 18. MaHTIN PKCHKIU. Alcedo ispida. Le Martin-J'ècheiir commence à pondre de bonne lieui'e, j^énéra- menl dans la première quinzaine d'avril. Il choisit de préférence les parties à pic des berges de lOise et plus rarement de la Nonette pour y creuser un trou profond d'environ (10 à 27. Geai glandivore. Garru hia glandarius. Le Geai est sédentaire, dans le sens qu'on donne à ce mot en Orni- thologie, c'est-à-dire qu'on le trouve sur le territoire de Gouvieux eu toutes saisons, excepté cependant lorsque les hivers sont par trop rigoureux. A l'automne, on voit des Geais de passage se diri- geant toujours de l'est à ^oues^, alors que la direction suivie par tous les Oiseaux, qui se déplacent ou émigrent à l'approche de l'hiver, va du nord-est au sud-ouest. Il est difficile de connaître la cause qui amène les Geais à suivre, lors de leurs déplacements en bandes à l'automne, une direction transversale par rapport à celle du grand courant de l'émigration, mais ils ne sont pas les seuls qui fassent exception à la règle; on peut citer, en effet, l'Otocoris alpestre, qui quitte l'Asie orientale pour aller nicher dans les ré- gions du cercle arctique, après avoir séjourné sur le littoral de la Belgique et de la Hollande. Le Geai niche à mi-hauteur des arbres, de préférence dans une charmille. Son nid se compose exclusivement de petites branches entrelacées à l'extérieur et de radicelles qui garnissent l'intérieur. La ponte est de cinq à sept œufs, d'une forme ovée plus ou moins allongée; quelquefois, on en trouve qui sont presqu'oblongs. Sous le rapport de la teinte du fond, ces œufs sont très variables ; cette teinte passe par des nuances insensibles du gris foncé au brun, au bleu, au verdàtre et au roux vif, ils sont même parfois unicolores, mais le plus communément, ils se rapportent à la description gé- nérale qu'en donnent Degland et Gerbe : « d'un gris olivâtre pâle, avec un grand nombre de taches roussàtres peu foncées et presque confondues vers le gros bout. » J'ajouterai qu'ordinairement, ces taches confondues et agglomérées dessinent soit une calotte, soit une couronne au gros bout qui porte, en outre, dans certaines pontes, un trait plus ou moins fort, linéaire ou en zig zag, d'un noir profond. Quant au volume, les mesures indiquées dans Degland et Gerbe sont inférieures à la moyenne que j'ai obtenue par la mensuration des œufs d'un grand nombre de pontes. Elle ma donné : 33,3 milli- mètres sur 23,9. Je possède une ponte d'un blanc bleuâtre très clair, cette teinte plus accentuée à la transparence, avec un semis, espacé sur toute la surface de l'œuf, de points et de petites taches arrondies d'un roussâtre peu apparent. Sur deux de ces œufs, on retrouve le trait 76 XAVIER HASI'AIL irréguliernoir, dont j'ai parlé plus haut, quon rencontre sur les œufs de certaines pontes de Geai. La chair de cet Oiseau parait très appréciée par les petits Oiseaux de proie qui réussissent à le capturer fréquemment. Un jour que je chassais au bois, j'ai abattu, passant au-dessus de ma tête d'un vol lent, alourdi par le poids de sa victime, un Épervier mâle cer- tainement plus petit que le Geai mort qu'il tenait dans ses serres. Je citerai un trait de mœurs de.cet Oiseau que je n'ai vu men- tionné nulle part et dont j'ai donné l'observation détaillée, dans la note précédemment citée (1), à propos de la Pie. De même que chez cette dernière, lorsqu'un couple de Geais est désuni, par la destruction de l'un d'eux, le survivant ne tarde pas à former une nouvelle union à laquelle assistent tous ses congénères du voisi- nage. Le Geai est certainement, après le Lérot le plus grand destruc- teur de couvées. Il ne mange que très rarement les œufs, mais lorsqu'il a découvert un nid où couve une femelle de Passereau, il le surveille chaque jour et dès que les jeunes naissent, il les enlève successivement tout palpitants, eu les prenant par la tête, pour les porter à ses petits. C'est un cruel assassin contre lequel on ne sau- rait trop exercer une inexorable répression. 28. PlE-GRIÈCHE GRISE. Lanius cxcnbitor. Cette Pie-grièche se montre assez rarement à Gouvieux; je suis resté plusieurs années sans l'apercevoir et je n'ai trouvé son nid qu'une seule fois, en 1883. Ce nid, établi au centre, d'une énorme touffe de Gui implantée sur une maîtresse branche d'un très haut Peuplier des près bordant la Nonette, était construit, à l'extérieur, avec des bûchettes, des racines, des herbes sèches et quelques paquets de laine et garni de plumes à l'intérieur. Je lavais vu commencer dès les premiers jours d'avril. Le 25 de ce mois, le premier œuf était pondu, le 2 mai, la femelle couvant depuis la veille, je pris la ponte complète de six œufs très réguliers, d'une forme ovée assez courte, d'un blanc légèrement verdàtre sale avec des taches d'un gris olivâtre et d'un olivâtre foncé, sur les uns plus nombreuses au gros bout, concentrées, au contraire, au petit bout chez les autres Ils mesurent : 25 millimètres sur 20. (1) Cérémonie de secondes noces cliez les Garrulicns. Bull, de la Soc. Zool. de France, XXVI, page 104, 1901. UNE STATION ORNITHOLOGIQUK DANS L OISE 77 !29. PlE-CiRlKCHE ROUSSE ïjniius nifiis. Depuissept à luiilans, la Piegrièche rousse semble avoir déserté le territoire de riouvieuxoii auparavant, elle nichait très régulière- ment souvent même très \)ves de mon habitation. Je n'ai jamais trouvé son nid dans les bois, pas même sur leur lisière; elle l'établil assez haut dans les arljres isolés des près, des vergers et des jardins ; j'en ai li-ouvé un dans un (lui végétant dans les hautes l)raiiches d'uu livs gros Peuplier. Elle le construit en parlie avec des plantes fraîches auxquelles elle entremêle des radicelles, de la laine et (|uel(|ues plumes surtout pour en garnir l'intérieur. Je conserve deux de ces nids très intéressants : l'un est entièrement formé de tiges de — 7 — 30 m. pour le dernier. C'est là un terme élevé et peu ordinaire, car de toutes les obser- vations que j'ai pu faire parmi les Passereaux de petite laille, il il n'est approché que par (;elui de l'iiu-ubation chez le lîouvreuil vulgaire et dépassé seulement par un de nos plus petits Oiseaux, rOrite longicaude, chez lequel l'incubation dure de L'i jours 12 heures à I G jours. Les jeunes ayant été en partie dévorés par un rongeur, vers leur dixième jour, je n'ai pu compléter celte observation par la durée de l'éducation des jeunes dans le nid. La ponte est de cim| (eufs dont Degland et derbe oui donné une excellente description. Le Verdier fait partie des Oiseaux essentiellenieid granivores 88 XAVIER RASPAIL qui ne touclient pas aux Insectes pour en nourrir leurs petits. Aussi, les quelques services qu'il rend, en détruisant les graines de certaines mauvaises herbes, ne peuvent lui faire pardonner les dégâts qu'il cause dans les jardins potagers, les cliennevières et les champs où l'on cultive les plantes oléagineuses. 37. Pinson ordinaire. Fringilla cœlebs. Après le Moineau, c'est le Pinson qui se montre le plus fami- lier dans le voisinage de l'Homme. On le trouve dans les jardinets de la ville aussi bien que dans ceux du village et tout le monde connaît le nid qu'il construit si artistement, mais malheureuse- ment trop souvent à la portée des Chats. A ma connaissance, il n'existe pas, dans les auteurs, une seule description de lœuf de Pinson permettant de le reconnaître si on n'est par avance fixé sur son identité. Cet œuf, tout en variant dans la teinte du fond, du cendré roussà- tre au cendré bleuâtre et même olivâtre, conserve dans l'ensemble de sa coloration un aspect qui fait qu'on le reconnaît immédiate- ment; presque toujours, ce fond est surchargé de grandes taches d'un rougeàtre pâle formant comme un glacis qui arrive souvent à dominer et à donner à l'œuf, à première vue, cette dernière cou- leur atténuée ou accentuée par celle du fond même de la coquille; par-dessus, se trouvent quelques taches arrondies, très clairsemées, ainsi que quelques petits traits couleur de café brûlé superposés et formant le centre de taches d'un brun rouyeâtre clair. Ces taches, dont ne parlent pas les auteurs, constituent le meilleur caractère spécifi que de l'œuf de Pinson, je dirai même générique, en constatant ({u'on les retrouve presque identiques sur l'œuf du Pinson des Ar- dennes (Fringilla monti fringilla). La forme de l'Œ'uf du Pinson ordinaire est généralement oblon- gue et la moyenne des mesures de ses diamètres donne 2.0 millimè- tres sur 15. Dans les Mémoires de la Société Zoologique de France (1), j'ai décrit trois pontes très intéressantes, tant au point de vue de la coloration, que de la forme et du volume. Dans l'une de ces pontes les œufs paraissaient unicolores, sauf l'un d'eux sur lequel existait vers le petit bout, une tache irrégulière d'un brun noirâtre foncé. Leur couleur était d'un cendré faiblement bleuâtre, avec de larges (1) Description d'une série de pontes d'Oiseaux anormales au point de vue de la coloration et de la forme des œufs. Méni. Soc. Zool., V, pa^e 174; 1892. rXE STATION OHMTHOLOGIQUE DANS I. OISE 89 macules roussalres à peine distincles, mais doniiaiil un reilel sem- blable à la teinte du fond. Dans une autre ponte, également de cinq œufs, c(!ux-ci, dune forme franchement ovée, mesuraient : 17, o à 18, 5 millimètres sur 13, 0. D'un volume bien inférieur à la moyenne, ils ressemblaient aux (l'ufs de la Linotte à bec jaune [Cannab'ma fïarirostris). La durée de l'incubation chez cette espèce, parait très irrégulière, non seulement par rapport aux couvées entre elles, mais aussi pour l'éclosion des œufs dune même ponte, éclosion échelonnée dont la dilïérence de temps a atteint, dans une observation, jusqu'à 35 heures. Je reproduis comparativement les résultats que m'ont donnés trois observations minutieusement poursuivies : Ecart Mois i'ONTE I.NCUBATIO.N APPROXIMATIF »ANS l'éci.osion avril-mai 4 œufs 11 j. et 11 j. 12 h. 12 h. environ. mai o œufs 10 j. et 11 j. 6 h. 30 heures. mai 4 œufs 11 j.et 12 j. 11 h. 3;) heures. Les termes attribués par les auteurs à cette incubation sont beau- coup plus élevés : Brehm indique 15 jours; Tiedemann, et Thiene- mann, 14 jours; OAven et P. Roux, 13 jours. Par exemple, la durée de l'éducation des jeunes dans le nid ne varie pas; pour ces troix couvées, elle a été exactement de 10 jours. Je ne connais pas de durée plus courte chez les Oiseaux dont j'ai étudié la reproduction; elle nest également de dix jours que chez le Bruant jaune, la P'auvette des jardins et la Babillarde grisette. Le mâle Pinson est plein d'attentions pour sa femelle; il l'aide dans lédilication du nid en lui apportant surtout les matériaux qui lui servent à édiher un véritable petit chef-d'œuvre et s'occupe avec dévouement à pourvoir à la nourriture des jeunes; mais, con- trairement à l'afTirmation de Brehm, il ne la remplace pas sur les œufs lorsqu'elle les quitte pour aller manger. Pour ma part, je ne l'ai jamais vu sur le nid pendant les courtes absences de la femelle. Aussi, le fait de voir couver un mâle Pinson était-il de nature à mamener à en relever l'observation. Dans les derniers jours de mars 1891, un couple de Pinsons, qui achevaient de construire leur nid dans la fourche d'un baliveau 90 XAVIEU KASPAIL de Chêne, virent leur travail brusquement anéanti par les fortes bourrasi|ues qui marquèrent la lin de ce mois : le nid fut jeté à terre. Quelques jours après, ils le reconstruisirent à proximité sur un Cerisier mahaleb, en se servant des mêmes matériaux qu'ils allaient reprendre au premier gisant à terre, habitude du reste assez com- mune chez le Pinson quand il fait sa seconde ponte. Mais, outre tout l'ensemble des matériaux ordinairement employés par l'espèce, nos Oiseaux avaient mélangé dans le feutrage, quantité de bouts de lil qu'ils avaient dû ramasser près de la maison; on en aperce- vait tout autour et, plus tard, en examinant ce nid, j'ai trouvé de ces lîls, ayant jusqu'à 40 centimètres, enchevêtrés en tous sens, après avoir contourné les branches servant d'appui à la construc- tion. A n'en pas douter, cette innovation intelligente avait eu pour but de donner une plus grande cohésion à l'édifice et d'éviter une nouvelle catastrophe. Le 10 avril, la ponte terminée, la femelle commence à couver. Le 17, je fus tout surpris de voir le mâle sur le nid;. toute la jour- née, jusqu'à la tombée de la nuit, il resta sur les œufs; il en fut de même le lendemain et, les jours suivants, je ne le vis s'absenter que quelques instants pour aller manger. Nul doute que la femelle, ayant disparu, ce mâle exceptionnel, avait continué à poursuivre l'œuvre commencée. Le 26, je trouvai les jeunes éclos depuis un à deux jours et, comme la température était très basse, le pèresetint presque toute la journéesur eux. De même le 30, par un vent glacial et fort, il ne les quitta que pour aller chercher leur nourriturre et rien n'était touchant comme l'activité affairée de ce pauvre veuf et toute la peine qu'il se donnait pour poursuivre cette rude tâche de pourvoir, à lui seul, aux besoins de ces cinq affamés. Le 5 mai, à quatre heures et demie du matin, je l'aperçus couché sur le bord du nid trop petit pour contenir les jeunes prêts à le quitter. Ce même jour, une nouvelle surprise m'était réservée : l'après- midi, je vis, pour la première fois, une femelle donnant la bec- quée aux jeunes de concert avec le père de famille. C'est donc seu- lement après avoir accompli le plus fort de sa tâche que ce mâle Pinson put reformer une nouvelle union avec une femelle rendue libre de son côté peut-être, comme il l'avait été lui-même, par les hasards et les dangers qui guettent les Oiseaux dans leur existence . Le Pinson est un Oiseau à protéger : en toutes saisons, il mange i xi: station oumthologique oans l'oise 91 plus de mauvaises giaiues (jue de Lounes el durant la période de reproduction, il détruit beaucoup d'Insectes et des Chenilles vertes surtout pour en nourrir ses petits. 38. Chardonneret élégant. Carduelis clegans. Le Chardonneret ne se tient pas dans l'intérieur des bois; ilaiine à fréquenter les jardins, les parcs; on le trouve sur le bords des routes et le plus souvent sur les Chardons qui poussent le long des chemins de terre de la campagne, où il recherche activement les graines de cette plante nuisible qu'il retire avec son bec long et l)ointu. Cet Oiseau atïectionne tout particulièrement le Marronnier d'Inde pour y établir son nid dans le sommet ou à l'extrémité d'une haute branche, au cœur d'une rosace de feuilles terminales. Ce nid est très difficile à découvrir tellement les constructeurs savent le dissi- muler adroitement; il est très artistement et solidement construit et rappelle en petit celui du Pinson. Jusqu'à présent, je n'ai pu encore en rencontrer un placé dans des conditions assez favorables pour pouvoir étudier la durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes dans le nid. Les descriptions qu'on trouve dans les auteurs, sje rapportent exactement aux trufs (|ue j'ai récoltés et me dispensent de m'en occuper. Au même titre que le Pinson, le Chardonneret doit être protégé. Les services qu'il rend en détruisant les graines des mauvaises herbes, des Chenilles vertes et de petites larves pour nourrir ses jeunes le classent parmi les auxiliaires de l'agriculture en même temps qu'on doit le considérer comme un de nos plus beaux Oi- seaux. 39. Linotte vulgaire. Cannabina linota. La Linotte se montre sur le territoire de Couvieux, au cours de l'automne et de l'hiver en grandes bandes auxquelles se trouvent quelquefois môles d'autres Passereaux: Friquets, Pinsons, Verdiers. Au printemps, de nombreux couples s'y fixent pour se reproduire; ils se plaisent auprès des habitations. Le nid est toujours établi à une faible hauteur du sol, dans les haies d'Aubépine, les massifs de Lilas, les Genévriers, les Buis épais, les charmilles et jusque dans les haies sèches et les tas de fagots. Dejjuis quelques années, 92 XAVIEK RASPAIL leur nombre augmente; dans mon parc où je ne trouvais que deux à trois nids, j'en compte dei)uis 11)01, cinq ou six. La ponte est de cinq œufs, généralement ovés courts, d'un blanc plus ou moins azuré avec des taches et des petits points d'un rouge vineux pâle, d'autres points et des traits d'un brun foncé, le tout en plus grand nombre au gros bout. Ils mesurent en moyenne 17 millimètres sur 13. J'ai trouvé, le 4 juillet 1S!)3, dans un nid, contenant cinq œufs du type ordinaire, un ravissant œuf nain, véritable miniature dans son genre (lig. 7) ; il a une forme ovalaire régulière et sa co(|uille, dont FiG. 7. — OEuf nain et œuf ordiiuiire do la Li.notte vulcaiue. (Grandeur naturelle.) le grain est moins tin que celui des œufs normaux delà Linotte, ne porte aucune taclie; la coloration bleu pâle en est seulement un peu plus accentuée ; il mesure 10 millimètres sur 8, mais ces chiffres mis en regard de ceux indiqués plus haut pour l'œuf de la Linotte ne sauraient donner une idée de la diflérence considérable qui appa- raît lorsqu'il sont placés à côté l'un de l'autre; il esta noter qu'il a été pondu le même jour que le dernier œuf et à la suite de celui-ci. Cet œuf nain, ne contenant pas de vitellus, m'a permis de trouver l'explication de la formation des œ^ufs nains similaires. J'en ai donné une démonstration dans le Bulletin de la Société zoo- logique de France (l),qui m'a conduit à déterminer ainsi les causes de cette formation : « Il peut arriver que, sous l'inlluence d'une excitation quelconque, la muqueuse exsude, soit avant, soit après le passage d'un œuf une certaine quantité d'albumine qui, prenant la forme ovoïde par l'impulsion rotative qu'elle reçoit, joue le rôle d'un œuf ordinaire. Parvenue dans la partie rétrécie, cette petite masse appellera autour d'elle la formation de la membrane coquillière sur laquelle, à son tour, se déposeront la couche calcaire et la matière colorante comme sur l'œuf normal. (1) A propos d'un œuf nain de Linotte vulgaire, Bull. Soc. Znol. de Fr., XXIII, p. 94 ; 1898. r.NE STATION OHNlTIlOLOdlQLE DANS LOISF-: 93 (( NoliHMi'uf nain a exaclenienl eetlcconiposilion. 8i nous l'exami- nons en elïet, on procédant de l'exlériour à rintérieur, nous trou- vons l)ien : dahoid, la couclic ('pidennoïde, la ('o(]uille, la niem- braneà double leuilleL,enliii lalhuniineet uni(|ucinentralbumine. « Les œufs nains ne contiennent donc rien de lovaire; ils ne sontqu'un produil accidenlel éiiiaiiani direcUMuenl de l'ovidiicfe. » Ce n'est {|u"en l!)(»'i (jue je suis arrivé à obtenir la durée de lin cubatioii et de l'éducation des jeunes dans le nid ebez cette espèce. Juscpie là, tous les nids (|ue j'avais li'ouvés à temps pour noter le point de départ de l'iiicubation avaient toujours été aban- donnés dès le début de mes observations, .l'en avais conclu qu'il y avait de fortes i)résom|»ti()ns d'admellre ([ue la Linotte, aussi susceptible sur ce ]»oint ({ue la Tourterelle et le Verdierdont j'ai parlé plus haut, abandonne son nid pour peu quelle s'aper- çoive qu'on a touché à ses œufs. Quatre expériences, faites en lî)04, m'ont démontré qu'il en était bien ainsi. Je les ai données en détail, dans une note sur la durée de l'incubation et de l' éducation des jeunes dans le nid chez la Linotte vulgaire (1), durée que je suis par- venu à obtenir, grâce à deux nids dans lesquels je pouvais voir sans y poi'ter la main, ni même écarter le feuillage. Maintes fois, les femelles se sont échappées de dessus leurs œufs à mon approche ou lorsque je m'attardais à chercher une éclaircie pour mieux les voir; elles ne pouvaient i)as se tromper sur ma surveillance et ce- pendant elles n'en prirent aucun ombrage. C'est donc le fait seul du contact des doigts sur les œufs qui les détermine à abandonner leur devoir maternel. Ce sentiment particulier qui détourne la mère de sa couvée chez un Passereau, la Linotte vulgaire, et probablement chez un autre, le Verdier ordinaire, de même (|ue chez un Pigeon, la Tourterelle, n'existe pas chez le plus grand nombre des espèces qui nichent dans nos contrées et dont j'ai eu l'occasion de manier les œufs soit pour les étudier sous le rapport de la forme, de la coloration de l'état de la co(|uille. suivant le degié de l'incubation, soit pour en prendre les mensurations ; toujours les femelles qui, pendant mes recherches, .se tenaient inquiètes dans quelque fourré voisin, revenaient reprendre leur place sur le nid, dès ((ue je m'en étais éloigné. Deux observations très complètes m'ont donné, pour la durée de l'incubation, 12. jours et 3 à 9 heures et pour l'éducation des jeunes dans le nid, l\ jours. (I) lifill. (Ir (a Soc. /ool. (le /->., XXIX, puiio I9H; IO(H. 94 XAVIEK HASPAIL Les jeunes sont assez paresseux pour se décider à quitter leur Jjereeau. Dans l'une de ces observations, leur départ sest éche- lonné de la matinée à 7 heures du soir; dans l'autre, les premiers jeunes ont dû partir dès le lever du soleil et le dernier ne s'y est décidé que passé 9 heures du matin. Dans les derniers jours, ils sont toujours prêts à sauter hors du nid, si on fait mine de vouloir les approcher de trop près. Bien qu'elle soit granivore et qu'il ne soit pas prouvé qu'elle détruise des Insectes, je ne crois pas qu'il y ait lieu de classer la Linotte dans les Oiseaux nuisibles. 40. Linotte a bec jaune. Cannabinaflanirostris. La Linotte llavirostre, citée comme n'étant que de passage en France, venait encore, il y une trentaine d'années, se reproduire sur le versant escarpé et rocheux de la haute colline qui borde, au nord-est, l'étroite vallée de la Nonette et qui accidente si pittores- quement la commune de Gouvieux. Mais, alors qu'on trouvait com- munément son nid dans les buissons poussant sur les parties arides de cette côte exposée en plein midi, surtout aux hameaux des Carrières et de Chaumont, il était fort rare de rencontrer celui de la Linotte vulgaire. Le fait a été d'autant plus remarqué, qu'à cette époque, cette dernière désignée dans la contrée sous le nom de Linotte rouge, pour la distinguer de l'autre, était très recherchée pour son élevage en cage par certains habitants du village dont plusieurs existent encore. Or, les choses ont bien changé depuis; la Linotte à bec jaune a complètement cessé de nicher ici et, pour ma part, je ne l'ai jamais vue même à l'époque de son passage régulier dans le nord de la France; elle a donc déserté le coin de terre où elle se plaisait jadis à passer le temps de ses amours; en revanche, la Linotte vulgaire y est devenue presque aussi abondante que le Pinson. 41. Proyer d'Europe. Miliaria europea. Le Proyer, que l'on rencontre communément en Picardie, est relativement rare à Gouvieux. Je suis resté plusieurs années sans l'apercevoir même lors du passage d'automne. Cependant, il y niche quelquefois, dans la plaine située au-dessus du hameau de la Chaussée, du côté du viaduc de la Canardière. J'ai trouvé là, en UNE STATION OHNlTllOLOCIOl i: DANS LOISK 95 1893, dans le commencement de juin, un nid établi dans les hautes herbes d'une friche, avec quatre petits prêts à senvoler. 42. Briant .lAi ne. Emberiza citrinella. Le Bruant jaune niche à terre, au commencement de la saison; il place son nid au pied d'un arbrisseau et souvent sur le bord d'un fossé garni de broussailles en bordure des bois. Il aime aussi les clairières, les terrains incultes où poussent de maigres buissons et fleurit la Bruyère, l'ius tard, quand il fait sa seconde et sa troisième ponte, il préfère établir son nid à une petite élévation du sol, soit dans une haie, une charmille, soit au milieu des bois, dans un tas de fagots ou de ramiers. Dans les jardins, il n'est pas rare de lui voir choisir les branches basses d'un Epicéa ; mais alors, il le garnit extérieurement de Mousse et lui donne plus d épaisseur que lors- qu'il le construit à terre où il n'emploie que des herbes sèches, des libres radicales et des crins pour en tapisser l'intérieur. La ponte normale est de quatre (pufs pour la première fois et généralement de trois pour les pontes suivantes. Ces œufs, toujours très reconnaissables, à première vue, varient cependant, tant sous le rapport de la distribution des taches et des traits sur la coquille, que sous celui de la forme tantôt ovée allongée, tantôt presque sphérique avec le petit bout accusé. Ils sont d'un blanc grisâtre ou roussàtre, nuancé d'une teinte violacée plus ou moins accentuée avec des taches d'un roux violet, les unes profondes et éteintes, les autres superlicielles et plus vives, puis d'autres taches et des traits déliés en zigzag d'un brun noir. Quelquefois, ces traits se trouvent seuls sur le fond de la coquille où ils forment, surtout au gros bout, un véritable réseau de fines veines enchevêtrées. Us jnesurent selon leur forme : '23 millimètres sur 10 et 20 à 21 millimètres sur 17. Trois observations poursuivies dans les mêmes conditions, deux en mai et la troisième en juin- juillet, m'ont permis de fixera 13 jours et 2 à 3 heures, la durée de l'incubation et à 10 jours, le temps nécessaire à l'éducation des jeunes dans le nid. Le Bruant jaune m'a fourni une nouvelle preuve de cet amour paternel qui avait poussé le mâle Pinson, que j'ai cité précédem ment, à remplacer sa femelle pour couver les œufs. Le IS juin, un nid établi à terre, au pied d'un buisson sur la li- sière d'un bois, contenait deux œufs, trois le lendemain malin et, le soir de ce même jour, ayant eu à passer auprès de ce nid, j'y aperçus le mâle. A partir de ce moment, jusqu'au premier juillet 96 XAVIER RASPAIL OÙ les œufs, à la veille d'éclore, furent mangés par un Mulot, je n'ai jamais vu couver que le mâle quelle que fût l'heure à laquelle j'ar- rivais. Incontestablement, la femelle, ayant été détruite après la ponte de son troisième œuf, le mâle resté seul désormais, avait immédiatement pris la place de l'absente et accompli l'œuvre dé- volue à la mère. Il est évident que ce sont là des exceptions et que les mâles des Passereaux, en général, n'agissentpas tousde même quand ils per- dent brusquement leur compagne au cours de la couvaison. Les nids sont nombreux, en effet, dont les œufs sont abandonnés lors- que la femelle est devenue victime d'une des causes si fréquentes de la destruction des Oiseaux. Mais, on peut conclure de ces exceptions, qu'il y a chez les ani- maux autre chose que de l'instinct et que chez eux, comme chez l'Homme, il faut bien le reconnaître dut-il encoùter à notre amour propre, il existe des degrés dans le développement de l'intelligence aussi bien que dans les manifestations des sentiments. Le Bruant jaune est un Oiseau à protéger parce qu'il nourrit ses jeunes d'Insectes. 43. — Bruant Zizi. Emheriza cirlm. Le Bruant Zizi s'est toujours reproduit à Gou vieux; c'est un fait intéressant à noter, vu que cet Oiseau, répandu et sédentaire dans les contrées méridionales de l'Europe, ne vient se reproduire que très rarement dans le nord de la France. Il doit être inconnu en Allemagne, car Brehm l'a omis dans son histoire des Oiseaux fai- sant partie de son grand ouvrage : Les Merveilles de la nature. Du reste, de Sélys-Longchamps, dans sa faune Belge, publiée en 1842, l'indique comme très rare en Belgique où il ne l'a observé que deux fois dans les environs de Liège. De même, en Alsace-Lorraine, il se- rait tout aussi rare; un excellent observateur, René Paquet (Nérée Quépat), dans son ornithologie du Val de Metz, dit, en effet, qu'il ne l'a rencontré qu'une fois en septembre. Le territoire de la commune de Gouvieux semble lui convenir tout particulièrement; depuis quelques années, je le vois devenir de plus en plus commun et même se montrer en hiver mélangé aux bandes de Bruants jaunes. Du reste, dans mon parc, en 1903 et en 1094, cinq et six couples ont niché remplaçant ainsi le même nombre de nids du Bruant jaune qui, durant ces deux années, n'en a pas construit un seul. En fait, il m'apparaît nettement que le UNK STATION ORNITHOLOCIOIK DANS L OISK 97 Bruant jaune se rarélie au lur et à mesure que le Zizi devient plus nombreux; il me semble donc qu'un changement se prépare, dans l'habitat de ces Oiseaux, semblal)le à celui (|ue j'ai signalé pour la Linotte vulgaire et la Linotte tlavirostre. Le Bruant Zizi établit son nid assez bas, — jamais je ne l'ai ren- contré à plus de I m ."iO du sol. — dans les es|)aliei's ou le Lierre qui garnissent les murs, les petits arbustes verts, les Cienévrieis, les haies, les buissons ou le pose entre les fourches d'arbres qui se ra- mifient près du sol, tels que le Sureau. Ce nid est formé, à l'exté- rieur, d'un amas entrelacé d'herbes sèches, de trames de feuilles mortes, de racines et, à l'intérieur, d'une couche épaisse de très fines radicelles fortement matelassées. La ponte est de trois à quatre œufs qui, à })remière vue, pour- raient être pris pour certains œufs de Bruant jaune auxquels il manquerait le glacis violacé. Ils sont grisâtres avec des taches su- perficielles ainsi que de nombreux traits et raies, les unes droites, les autres en zigzag, d'un brun noir profond se croisant et s'enche- vètrant sur certains points. Ils mesurent 21 millimètres sur 10. Quatre observations m'ont donné les résultats suivants pour la durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes dans le nid. La première a été incomplète, les jeunes ayant été mangés par un Bon^eui'. Mois Fonte Incubation El UCATIOX DES JEUNES DANS LE NID. 20 avril 3 œufs 12 jours 12 heures — mai (3-28) 4 (Kufs (un de cassf') ^ 12 — 4 - ^12 — 12 - 13 jours juin-juillcl (24-21) 3 œufs M2 - 4 - ^!2 - 14 - \ 12 — 18 h. 12 - 8 - juillol-aoïlt (31 2r,) 3 (pufs (un clair) 12 - 8 — 12 — 13 ~ Les deux dernières observations sont intéressantes parce qu'elles m'ont été fournies par la même femelle qui s'est servie du même nid établi dans un petit Biota aurea isolé sur une pelouse, pour elTectuer ses deux dernières pontes. L'œuf cassé indiqué dans la .seconde observation, l'a été par moi pour constater le degré de l'incubation, ayant trouvé le nid, une après-midi, la femelle couvant. Ses o'ufs étaient frais, le dernier pondu du matin même.. Malgré .M( in. Soc. Zool. (le l-r., UN).!. 7 98 XAVIEH HASPAIL l'enlèvenient de cet œuf, la femelle reprit sa place sur le nid aus- sitôt après mon départ et continua à mener à bien l'incubation. Ceci est à noter, étant donné l'abandon constant de sa couvée par la Linotte aussitôt qu'on a touché à ses œufs. D'après le tableau précédent, on pourrait admettre que le Bruant Zizi peut faire quatre couvées, mais, en considérant que la couvée observée au mois d'août est tardive et que celle, dont le premier œuf a été pondu le 20 avril, est au contraire liàtive, que, de plus, la même femelle a mis deux mois pour élever ses deux dernières couvées en les espaçant dune dizaine de jours, temps nécessaire pour terminer l'éducation des jeunes après leur sortie du nid, je suis porté à admettre que trois pontes par an sont le maximum du résultat des amours du Bruant Zizi. 41. — CVNGHRAME SCHŒXICOLE. Ciinchramus schœnidus. Le Cynchrame ou Bruant de Roseaux ne se montre i)as souvent à (iouvieux ; lors des passages de l'automne, je ne l'iii vu qu'à de rares intervalles et seulement par unités ou par couples. (;e|)endaut. je le compte dans la liste des Oiseaux qui se sont reproduits dans cette localité parce que j'ai rencontré, en juin 18S3, un mâle et une femelle fréquentant un grand massif de Roseaux, au centre de l'un des canaux de la Ganardière. La présence de ces Oiseaux en cette saison ne pouvait s'expliquer que par leur nidification sur ce point. 4o. — Alouette des champs. Alauda arvcnsis. L'Alouette des champs est essentiellement sédentaire à (îouvieux, les familles qui sont nées sur son territoire ne le quittent même pas par les froids rigoureux, lorsque la terre, couverte de neige, ne leur permet plus de trouver leur nourriture dans les champs ; ce sont elles qui forment ces petites bandes qui viennent jusque dans les cours des fermes et dans les rues du village, cherchant dans le crottin une maigre pitanceenattendant des jours meilleurs. Tout le monde connaît le passage considérable de cet Oiseau à l'automne, alors qu'il descend vers les contrées tempérées à l'ap- proche des neiges qui, ]jendant cinq mois, recouvrent la terre dans les régions boréales où il s'est reproduit en paix. Mais, si dans le courant de l'hiver, il survient, en décembre et janvier, de grandes tombées de neige venant du nord-est, il se produit une seconde r.NK STATION OUNITHOLOGIQUli DANS l'oISK 99 émijïration presque aussi importante que la première et suivant la jnèuie direction. On voit alors les bandes se succéder sans interru])tion, quelque- fois assez tard dans la soirée, passant à une faible hauteur, d'un vol plus lent qu'à lordinaire et comme fatigué; de temps à autre sen échappe un cri d'effroi, comme celui ([ue pousse l'Alouette effrayée, fuyant devant l'Epervier, mais qui, dans la circonstance, est un cri de détresse de la faim qui commence à se faire sentir. Ces bandes sont formées des Alouettes qui, lors de rémigi-afion de l'automne, se sont arrêtées en route dans les plaines de ITk rai- ne, de l'Allemagne où elles séjournent jusqu'au moment où la neige vient de nouveau les chasser plus loin, vers des plaines libres où elles peuvent se reposer et apaiser leur faim. C'est alors que les pauvrettes deviennent les victimes de l'homme qui en fait d'ef- froyables hécatombes, sur les cotes de la Seine-Inférieure et dans certains déparlements du centre de la P'rance, terre peu hospi- talière pour cet Oiseau si intéressant et si utile. T.'Alouette niche dans les Céréales, les prés, lesguérets, les jachè- res; son nid est placé dans un enfoncement, de façon ((ue le bord ne dépasse pas le niveau du sol et toujours soigneusement dissimulé par des herbes, à l'abri d'une motte de terre ou d'une pierre. Sa ponte est de quatre o'ufs, un peu ventrus, d'un blanc gi'isàtre, poin tilles et tachetés de gris foncé et de brun sur toute la surface, mais plus fortement au gros bout. I.e volume de l'œuf est régulier dans cette espèce, j'ai relevé i)eu de différence en prenant les diamètres des œufs d'un assez grand nombre de pontes. Ils mesurent 23 mil- limètres sur 17. Ce sont exactement les diamètres donnés par Degland et Gerbe. L'Alouette des champs est le seul Passereau qui ne perche pas, tout au plus, peut-on la voir placée en vedette sur une motte ou sur une taupinière. Parmi les autres Alaudidés qui hml partie de la Faune française, il y a bien le Cochevis huppé qui se tient égale- ment à terre, mais il n'est pas rare de le trouver posé sur le cha- peron d'un mur, voire môme sur le toit d'une chaumière. l/Alouette ne quitte le sol que pour s'élancer dans les airs et se livrer à ses joyeux ébats si bien décrits par Linné : « Alauda volatu perprudiciilari in acre Hiispensa, cantillans, in crcatoris laudem ecce situm tirile, tirile, auiim tirile iractat. » Aussi, le fait d'un mâle se perchant m'a-t-il paru intéressant à noter. Le 7 mai J81)l, je découvris un nid d'Alouette des champs, dans une prairie artificielle poussant maigrement sur un tei-rain 100 XAVIER IIASPAIL sablonneux; à quelque distance du nid, il y avait, d'un côté, un petit Epicéa isolé, dune hauteur de deux mètres cinquante envi- ron et, à l'opposé, un massif de buissons sur le bord duquel crois- sait un jeune Merisier. Dès le commencement de la ponte, le mâle, à tout instant, sélan çait dans les airs pour dire sa cantilène, puis, lorsqu'il redescen- dait vers la terre, il se posait tantôt sur la flèche de VEpicca, tantôt sur l'extrémité feuillue dune des branches du Merisier, toujours la même. Après une pose plus ou moins longue sur ses perchoirs favoris, il se laissait tomber dans l'herbe auprès de sa compagne. L'Alouette se nourrit de graines et d'Insectes; lorsque la terre est gelée, elle mange les feuilles du Blé. Si, à la vérité, elle ramasse les grains de Blé ou d'Avoine insuffisamment enterrés au temps des semailles ou restés sur le sol après l'enlèvement des récoltes, elle ne cause aucun tort à l'agriculture ; bien au contraire, elle lui rend d'inappréciables services en détruisant des Insectes redou- tables pour les Céréales. Je citerai, entre autres, des Elatérides, VAgriotes striatus et le Corymbites latus, dont les larves rongent les racines du Blé et dont le bec de l'xilouette arrête les ravages; puis un petit Longicorue, YAgapanthia gracilis, dont la larve vit dans la tige du Blé, et descend en rongeant l'intérieur du chaume jusqu'au niveau du sol où elle attend sa métamorphose. L'épi est stérilisé et, certaines années, la perte que cause cet Insecte, contre l'action du- quel l'Homme est impuissant, va quelquefois jusqu'au quart de la récolte; elle irait jusqu'à la totalité s'il n'y avait pas l'Alouette pour percer le chaume et enlever la larve ou la nymphe qui s'y abrite. Quand on songe à la quantité d'Insectes détruits par un couple d'Alouettes pour élever ses trois couvées annuelles, avec quelle réprobation ne doit-on pas juger ces hécatombes qui en sont faites sous le couvert administratif et qui se chilïrent par des millions d'individus! Quel mince aliment leurs petits cadavres fournissent à la sensualité de quelques-uns, en comparaison du puissant con- cours que ces petits êtres auraient apporté à la richesse nationale, en protégeant nos récoltes contre d'insatiables destructeurs! Pour excuser ces massacres qui s'opèrent avec les engins les plus perfectionnés et les plus prohibés par la loi, en dépit des circulaires ministérielles toujours inobservées dans les contrées où il faut ménager avant tout les intérêts électoraux, on répète que les Alouettes ne diminuent pas et que, tous les ans, elles reviennent du nord en bandes aussi nombreuses. Hélas, tous ceux qui parcourent nos campagnes ne peuvent INK STATION OUMTHOLOClQri: DANS LOISE 101 donner créance à celte atlirmaliou inléressée. 11 est incontestable que l'Alouette sédentaire se raréfie un peu partout et que celle qui nous ai'rivc des pays septentrionaux, à rajjproche de l'iiiver, n'y remonte plus qu'en bandes de plus en plus espacées et de moins en moins nombreuses. Comment en serait-il autrement quand la destruction va tou- jours en augmentant et que la reproduction se trouve de plus en plus limitée. J'en ai sous les yeux un témoignaji;e éloquent. Depuis 181)7, sur le vaste plateau où se Irouvait placé, à la jonction de la vallée de la Nonette avec celle d'Oise, le camp occupé pai- Jules César. lors de sa dernière campagne contre les Bellovaques, je ne compte guère plus d'une demi-douzaine de couples qui sy reproduisent, alors qu'il y en avait plus de cinquante en été, dans les preuiières années de mon séjour à (îouvieux. Ainsi, sur ce point, la reproduc- tion qui pouvait être de GOO individus est tombée à 72; ces cliilïjes étant calculés sur les trois couvées de l'Alouette, composées en moyenne de quatre œufs. L'Alouette devrait-étre considérée comme lOiseau national et, à bien des titres, je la préférerais au Coq dit Gaulois, batailleur et paillard, qui ferail meilleure ligure sur l'enseigne de bandes de reitres et c'est bien ainsi quelle fut considérée dans les temps les plus reculés. Jules César, lorsqu'il leva une légion de Gaulois, lui donna le nom d'Alauda; plus tard, une femme qui, vers 205, domina la Gaule par son courage, ses vertus et ses talents militaires, que ses soldats nommaient la mère des camps et Victoria la grande, portait pour cimier, à son casque, une modeste Alouette. Que voir dans le choix d'un tel emblème, si ce n'est que, dans la pensée de Victoria, il était la personnification la plus pure de la terre gau- loise. 40. Alouette Lilu. Alauda arborea. (Chaque année, cet Oiseau se reproduit sur le territoire de Gou- vieux, mais en petit nombre. Je n'ai jamais eu la satisfaction de rencontrer son nid malgré mes recherches dans les endroits où. pendant tout l'été, j'entendais le mâle chanter ses amours, i)erché sur un arbre. J'ai vu deux fois les jeunes quelques jours à peine après leur sortie du nid, alors que les parents les nourrissaient encore. De petites bandes de Lulu séjournent assez tard eu saison, prin- cipalement dans la plaine de la Charbonnière enclavée dans les bois de la Plaine-Basse et limitée par les habitations. 102 XAVIER RASPAIL 47. COCHEVIS HUPPÉ. Gakrida cristaia. Le Cochevis huppé est sédentaire. Jamais je nen ai vu de pas sage en automne; sans être commun, on le trouve dans toutes les plaines, mais principalement près des habitations et des fermes isolées. On ne le voit que par couples, tout au plus, à iii Un de la saison de reproduction, se réunit-il par petites familles. Il établit et construit son nid à terre dans les mêmes conditions que celui de l'Alouette des champs. La ponte est de quatre œufs, très rarement de cinq, d'un cendré plus ou moins clair avec un semis de points et de taches d'un brun légèrement nuancé de roussatre, répartis sur toute la surface de la coquille, mais plus agglomérés au gros bout où se trouve souvent dessinée une couronne. Comme forme et comme volume, les œufs du Cochevis présen- tent peu de différence avec ceux de l'Alouette des champs. 48. Pipi des Arbres. Anthus arboreus. Ce Pipi se reproduit communément à Gouvieux. Il niche aussi bien dans les bois que dans les champs, les prés, sur les pentes des talus herbeux et broussailleux ; son nid, assez grossièrement bâti, est toujours placé à terre, sous une touffe d'herbe, au pied d'un petit buisson ou à l'abri d'une rocaille. Sa ponte est de quatre œufs, rarement de cinq, présentant une telle variation dans la coloration qu'il m'a été impossible de rencontrer deux pontes sem- blables. Ils n'ont pas même l'air de famille que l'on retrouve tou- jours chez les œufs du Coucou pourtant presque aussi variables sous le rapport de la coloration. Les œufs du Pipi sont tantôt d'un gris pur ou légèrement verdàtre, tantôt d'un gris rose ou violet, avec des taches plus ou moins grandes et de forme irrégulière, ou des points et des stries distribués sur toute la surface de la co- quille, rougeâtres, bruns ou d'un noir violacé. Quelquefois on trouve des variétés qui paraissent entièrement d'un brun rouge assez vif. Ceci ne peut donner qu'une très faible idée de ces œufs dont on pourrait faire autant de descriptions qu'on possède de pontes. Ils mesurent assez régulièrement 22 millimètres sur Lj. r.NK STATION OHMTHOLOfilQI F, DANS l'oISR 103 J'ai trouvé, le 7 juin 181Kk une ponte exceptionnelle de six œufs, ressemblant pour la coloration à certains œufs de Moineau ; ils sont d'un blanc j^risàtre avec des taches profondes cendn''es et des taches d'un biunàtre clair distribuées uniformément sur toute la coquille. Le Pipi des arbres ma servi à faire une expérience intéressante à l'époque où je cherchais les raisons qui amènent les Passereaux à accepter Icruf de Coucou à l'exclusion de tout autre cruf étranger introduit dans leur nid à la place d'un des leurs. Ayant trouvé, en même temps, un nid de Pii)i des Arbres, établi dans mon parc, au milieu d'un pré et un oi à quelque distance, pour voir si la couveuse ne se montrerait pas dans les environs ; mon attente ne fut pas trompée, ([uelques minutes ne s'étaient pas écoulées que nous viuies une Hoclie(|ueue grise se poser non loin de là et se diriger jusqu'à l'endroit où se trouvait le nid. H ne pou- vait donc subsister aucun doute. lOO XAVIKR RASI'AIL Par exemple, les six œufs de ce nid, tout en présentant la colo- ration caractéristique des œufs de la Hochequeue grise, avaient une forme ovée allongée (fij];-. 8, C) indiquée par les mesures sui- vantes des diamètres : 21 millimètres sur 14, tandis que les œufs provenant des nids placés dans les conditions ordinaires, ont une forme ovée ou légèrement ovahiire et mesurent 20 millimètres sur i:} (fig. 8, A et B). La ponte ordinaire est de six œufs à coquille mince, ainsi que je lai dit plus haut. Quant à leur description, je la donnerai à pro- pos de la Hochequeue d'Varrell en regard de lœuf de cette der- Kk;. n. — A, B oX C œufs tle la Hochequeue grise. D, œuf de la lIocHEQUEiE d'ÏAUBELL. (Graiitlcur naturelle.) nière (tig. 8, D) que la plupart des Ornithologistes considèrent comme une simjjle race locale et qui, pour moi, constitue une véritahle espèce. o2. Hochequeue dVarrell. MotaciUa Yarrellu. En raison de l'opinion que je viens démettre sur la spécificité de la Hochequeue d'Yarrell, je crois nécessaire de reproduire ce rXE STATION ORNMTHOLOC.IQCE DANS LOISF, 107 que disent Degland et (ierbe (jui ne 1 iuscriveiil que C(.>niuie une race. « Elle habite l'Angleterre et visite périodiquement d'autres par- ties de l'Europe occidentale. On la trouve rarement dans le nord de la France, où cependant elle doit nicher quelquefois, car un beau mâle en amour a été tiré près de Lille dans le mois de juin. Elle est commune en Bretajine et en Anjou où elle arrive vers le milieu de l'automne et en repart vers la tin de mars. Elle se repro- duit en Angleterre. » Brelim, dans l'article qu'il consacre à la Hochequeue grise, n'en fait que cette simple mention : « Dans la drande-Bretagne, on trouve, à côté d'elle, une espèce \o\sine (M otacilla ïarrellu) qui, d'après plusieurs Ornithologistes, ne serait (fu'une variété locale. » Je dois rappeler qu'avant moi, un certain nombre d'Ornitholo- gistes ont admis la Hochequeue d'Varrell comme une véritable espèce. D'abord. Temminck, qui lui a donné le nom de Molacilla lu(juhrh (I8:i0) ; puis. Vieillot, qui l'a admise sous celui de Hoche- queue lugubre avec la mention qu'on ne connaissait encore Jii son nid, ni ses u'ul's ; (iould et après lui Charles Bonaparte, sous la désignation de MotaciUa YarrclUi. De Sélys Longciiamps, tout en l'inscrivant également dans sa faune belge (1), sous ce dernier nom, émet un doute sur la légitimité de cette espèce. (( Peut-être, dit-il, n'est-ce qu'une race locale, n Enfin, plus près de nous, le professeur Ambroise Gentil l'a éga- lement comptée comme espèce en lui maintenant le nom de Mota- ciUa biguhris donné par Temminck (2). Jusqu'ici, on ne paraît s'être appuyé, d'un côté comme de l'autre que sur l'examen seul de l'Oiseau, se basant uniquement sur la modilication importante de son plumage pour l'élever au rang d'espèce ou ne lui donner qu'une place .secondaire sous la dénomi- nation de race. Je n'ai pas connaissance, en effet, qu'on se soit préoccupé de tenir compte des caractères ditïérentiels très accusés que ses œufs présentent avec ceux de la lIoche(|ueue grise. C'est ce que l'heureuse découverte d'un nid de la Hoche(iueue d'Yarrell, le 8 mars 1894, placé presque à lleur d'eau, dans un trou du mur construit pour maintenir les berges du canal de Chantilly, m'amène à établir. (I) Promiorc partio, pajîc 90; 1842. (2 Amb. (iKNTiL. Oinitliologie de la Sitrtlie, paj^o IftS; 1882. 108 XAVIER RASPAIL Je ne crois pas me tromper en alliiinant que c'est la première lois que la reproduction de cet Oiseau est constatée en France ; Degland et (lerhe l'ayant seuls présumée à cause du mâle en amour tué au mois de juin, dans les environs de Lille. Auparavant, je n'avais vu, dans l'Oise, qu'un seul individu, dans le courant de mars 1889, un beau mâle en habit de noces. Ce gracieux Oiseau venait à tout instant évoluer sur une terre fraîche- ment labourée, n'hésitant pas à s'approcher à quelques mètres seulement du jardinier pour saisir les Vermisseaux mis à décou- vert à chaque coup de bêche. A côté de l'intérêt qu'oiïrait par elle-mêuie la découverte de ce nid, contenant cinq œufs à un degré d'inculjation déjà avancée, il y avait là pour moi le moyen d'être fixé sur la légitimité de l'attri- bution à la Hochequeue d'Yarrell, d'œufs de provenance anglaise que, jusqu'à ce jour, je tenais en suspicion, comme ne rappelant aucunement ceux de la Hochequeue grise. Je ne pouvais admettre que ceux de la prétendue race n'eussent pas, avec ceux du type, un air de famille qui manquait totalement sur mes exemplaires et qu'on retrouve invariablement chez le Bouvreuil vulgaire et sa variété ponceau, chez la Bergeronnette printanière et ses variétés, enfin, chez le Moineau domestique et ses deux variétés, Italiae et Impaniolerisis. Mes doutes subsistaient toujours, malgré l'envoi d'un œuf, en tout semblable aux miens, que m'avait adressé un collectionneur, dont je connaissais cependant le soin jaloux avec lequel il s'entourait des garanties les plus sérieuses pour l'authen- ticité des œufs qu'il se procurait. Cet œuf étiqueté « Bergeronnette d'Yarrell » avait pour indication de provenance Suffolk (Angle terre) ; or, les œufs trouvés au canal de Chantilly, près delà Canar- dière, présentent le volume, la forme et la coloration de cet œuf (fig. 8, D) et de ceux d'une autre ponte provenant également d'An gleterre. Ils sont tellement identiques que, mis à côté les uns des autres, il serait difficile de ne pas les confondre, je dirai même qu'on pourrait croire qu'ils proviennent dune même ponte, si ceux de Gouvieux n'étaient d'une teinte plus foncée en raison de leur état d'incubation qui n'a pas permis de les vider. Cette régularité qu'offrent les œufs de la Hochequeue d'Yarrell, de dates très éloignées et de provenances différentes est très impor- tante car elle fait entièrement défaut chez la Hochequeue grise dont je n'ai pas encore trouvé deux pontes assez semblables pour permettre la confusion lorsque les œufs de plusieurs nids ont été mélangés. UNE STATION ORNITHOLOGIQUE DANS L OISE 109 Voici, du reste, les descriptions respectives des œufs de cesdeux espèces : HOCHEQUKUE DÏAIUIKLL Volume : 17. iJ à IS niillimèlres sur llii) à 14. Forme : Ovéc un pou obtuse. Couleur : d'un gris pâle légèrement a/uré, parsemé assez uniformé- ment sur toute la surface de la co- quille de nombreux petits points et de petites taches, la plupart punctiformes, d'un gris cendré pour les profonds et d'un brun noirâtre pour les superficiels. Hochequeue guisk Volume : 20 millimètres sur l.'i. Forme : ovée ou légèrement ova- laire. Couleur : d'un blanc grisâtre ou faiblement azuré, tantôt avec des taches irrégulières, les unes pro- fondes d'un gris cendré, les autres superlicielles d'un brun rous- sàtre terne, très espacées, laissant dominer le fond de la co(pnlle ; tantôt, au contraire, couvert uni formément d'une nndtitude de points et de taches confondues, les unes profondes d'un gris cen- dré, les autres superficielles d'un brun rougeàtre plus ou moins sombre ; quelques-uns de ces œufs portent au gros bout un trait lin en zigzag d'un brun noi- râtre. Outre une coloration très différente, ce qui frappe surtout dans l'œuf de la Hochequeue d'Yarrell, c'est son volume constamment plus petit que celui de la Hochequeue grise ; à ce point de vue, Degland et (ierbe commettent une erreur en attribuant le même volume aux œufs de l'une et de l'autre espèce : 20 millimètres sur lo à IG. Aussi, étant donné, d'une part, son plumage trop connu pour qu'il soit nécessaire de le décrire ici et qui est, sur certaines par- ties du corps, très dilïérent de celui de la Hochequeue grise ; d'autre part, le caractère nettement spécifique de son œuf, il y a lieu d'admettre la Hochequeue d'Yarrell comme espèce dans l'Ornithologie européenne; elle y a certainement plus de droits que le Grimpereau brachydactile et l'Hypola'is ictérine. ")'S. Loriot jaune. Oriolus galbula. De tous les Oiseaux qui viennent dans nos contrées uniquement pour se reproduire, le Loriot est un de ceux qui nous arrivent le plus tard, dans les premiers jours de mai, pour repartir dans le courant du mois d'août. Jai tout lieu d'admettre, comme Riehm, 110 XAVIER RASI'AIL que cet Oiseau ne fait qu'une ponte qu'il recommence seulement si on lui enlève ses premiers œufs, mais jaiuais après rjuil a perdu ses jeunes. Aussitôt arrivé, le Loriot ne jierd {ias de temps et s'occupe de rétal)lissement de son nid (|u'il suspend, attaché par les bords, à l'enfourcliure de deux petites branches. Ce nid, si intéressant par sa construction a été parfaitement décrit par les auteurs ; cependant, j'en possède un établi sur un Negundo, dans une propriété mitoyenne de la Nonette, qui mérite une mention spéciale. Composé d'herbes sèches entremêlées de paquets de boui"re de laine, de plumes assez fortes de Coq et de plusieurs morceaux de journaux, il est attaché aux deux bran- chettes, à la bifurcation même, par des tiges d'herbes et de la laine entortillées tout autour. L'intérieur est fortement tapissé des fines tiges supportant les inflorescences du Roseau, qui sont contournées Fi(i. 1). — Niil anormiil île Loriot .iaine. de façon à ce que les épillels soient ramenés à droite et à gauche, en avant, sur le bord libre du nid où ils forment une houppe avan- çant de 7 à 8 centimètres (lig. 9). VSE STATION OKNlTIlULtXilOlK DANS LOISE 111 J'ai trouvé à plusieurs reprises cet emploi de morceaux de pa|)ier dans les nids de plusieurs Oiseaux. La ponte est de quatre œufs, d'un blanc j)ur, ayant à l'état de fraîcheur une jolie teinte beurre frais due à la transparence qui laisse api)araître le vilellus, avec des poinis et des faciles en j'énéral rondes d'un brun noir en très petit nombre et répandues inéj;ale- ment aussi bien vers le gros (|ue le petit bout. Ces taches sont très fragiles et s'eiïacent au moindre lavage. La forme de ces œufs est ovée, souvent allongée. La forme ovée la plus ordinaire mesure 29 millimètres sur 22 ; la forme ovée allongée, 32 millimètres sur 20. J'ai remarqué plusieurs fois (|ue le Loriol, loi-s(pi'il aperçoit un Cirillon sur le bord de son trou, exécute autour de lui la nuMue mano'uvre ([ue la (]resserelle, c'est-à-dire (pi'il fait le S;iint-Ks|)rit une seconde ou deux avant de foncer poui- saisir sa proie. Le Loriot détruit beaucoup d'Insectes, Chenilles, Papillons, etc. par contre, il aime tout [)articulièrement à varier sa nouri-iture en absorbant (juantité de> Cerises et de Ijaies, mais, tout bien pesé, les services qu'il rend com|)ensent ses dégâts; aussi, en tenant comi)le en outrede la beauté de son plumage et de sa rei)roduction restreinte, doit-on lui assui'er la plus large h()S|)ilalité. "A. Merle noih. Turdm merula. L'étymologie de incnilama paru assez intéressante à i-echercher, la délinition (|ui en a été donnée jus([u'ici par les auteui's ne se l'aj)- portant aucunement au caractère de l'Oiseau. Montbeillard dit: (( Merula vient de mera qui veut dire seule, solitaire, et cette dénomi- nation convient assez au Merle qu'on ne voit jamais voler en troupes (l). )) 11 a adopté ainsi l'oiiinion émise par Feslus, philo- logue du v" siècle, (fue les auteurs latins avaient désigné le Merle noir sous le nom de Merula « quodsollraf/aest et solitariapascitur ». Depuis, celte ([ualilicalion d'ami de la solitude a été maintenue à cet Oiseau par tous les naturalistes. Or, la véritable traduction de merus est pur, sans mélange et ce n'est qu'en remontant dans l'antiquité latine qu'on trouve à merus la même signilication (pi'à soins, ainsi cpie nous l'apprend l-'eslus par cette i'euuu'(iue (pie I) i/ts/,. nat. des Ui>^cini.i\ tU- l?iillun. (. III, p. 3;J(), i74'.)ISOi. 112 XAVIER HASPAIL merum, wliim, aîitiqnk, (•"est-à-dire c|ue les anciens se servaient indistinctement des mots merm et aolus. J)ès lors, il est permis d'émettre un doute sur la véritable signification du mot merula et de se demander si cest bien dans le sens admis par Montbeillard que les premiers dénominateurs de cet Oiseau l'ont appelé avis merula ou, au contraire, s'ils n'ont pas voulu lui attribuer simple- ment le mot meruii dans le sens le plus moderne et faire ainsi uniquement allusion à son plumage, au beau noir pur, sans mélange du mâle ? Je n'hésite pas, connaissant les mœurs du Merle noir à adopter cette dernière hypothèse. En eflet, si cet Oiseau ne vit pas en troupes nombreuses à l'instar du Mauvis et de la Litorne, ses habitudes de sociabilité ne diffèrent en rien de celles du Merle grive et, par conséquent, elles sont loin de contirmer la réputation de solitaire qu'on lui a spécialement attribuée. En effet, le Merle noir, qui est un de nos Oiseaux les plus séden- taires, se rencontre par petites bandes, descendant des contrées du nord, à l'approche de la mauvaise saison, ainsi du reste que la plupart de nos Passereaux sédentaires dont on voit apparaître régulièrement, chaque automne, de grandes bandes de passage. Ces Merles émigrants sont nioiXis pétulants et moins farouches que nos indigènes ; ils descendent pWs rarement à terre pour chercher leur nourriture qu'ils limitent eii quelque sorte aux fruits de l'Au- bépine dont ils paraissent très friands. Sous le rapport des manifestations phonétiques, le Merle noir peut compter parmi les Oiseaux les plus favorisés, car, outre son chant agréable que tout le monde connaît, à la ville comme à la campagne, il émet une série de cris plus ou moins fréquents selon les saisons ou même qu'il ne fait entendre qu'à certaines époques de l'année ; j'en ai donné un essai de notation dans une note parue dans l'Omis (1) à propos dune observation sur son chant matinal. Je crois intéressant d'en reproduire la partie qui montre le Me-rle noir comme étant le plus matinal à chanter ses amours, alors que le petit jour n'a pas encore succédé à la nuit : « En 1900, le 28 février, un Merle, établi dans un massif de bois en face de ma fenêtre, commença à chanter exactement à 6 h. 15, plus d'une demi-heure avant le lever du soleil. Par la suite, j'y fis attention et chaque fois que je fus certain de ne pas avoir manqué l'heure exacte, j'en pris note. (1) Le cliant matinal du Merle noir ; Otnù, t. IX, p. 433. UNE STATION OKNITIIOLOGIQUK DANS L OISE Je réunis ces observations dans le tableau suivant: 113 MOIS ET JOUllS I,K MERLE COMMENCE A CIIANTEK A : I.E LEVER DU SOLEIL ÉTANT A : SOIT AVANT : 1 2 (■) 3 31 3 43 3 12 4 33 4 41 4 2t 3 38 4 1(5 4 20 h. m. » 32 )) 42 )) 3(5 » 31 )) 43 » 33 » 3.3 .) 31 » 40 ! » 1 3 .) 32 10 mars 20 — 27 — 30 — lîj avril 23 — 2 mai 13 — IC) juin 17 juillet 21 — Le résultat obtenu n'a pas été celui que je présumais en com- mençant celte observation, c'est à-dire que l'intervalle de temps entre le début du chant du Merle et le lever du soleil n'a pas la même durée et qu'au contraire, il présente des oscillations qui ne permettent d'en tirer aucune indication précise. Cependant, il est à remarquer que l'intervalle le plus long se produit dans les mois de juin et de juillet, alors que les nuits sont les plus courtes. Le li) juin, j'entendis un Merle chanter encore à 8 h. i)0 du soir, le soleil s'étant couché à 8 h. 3 ; à ce moment, l'Alouette seule l'accompagnait de ses tirilés aériens et quelques coqs Faisans donnaient de-ci delà, dans les bois, leurs notes gutturales. De sorte que le Merle, ayant commencé à chanter le IG à 2 h. l'}H du matin, avait eu à peine six heures, sinon de sommeil, tout au moins de repos. C'est là un des points intéressants à noter. En efïet, en février, au début de ses amours, le Merle paraît plus paresseux à s'éveiller, bien que son sommeil dure près de douze heures, le double de ce qu'il est en juin ; mais ce réveil tardif est dû certainement à la dillérence de température des deux saisons, dont il faut tenir compte. Le Merle noir niche de bonne heure, souvent, la femelle com- mence à couver dans le courant de mars. Pour sa première ponte, elle choisit, dans les jardins, les Lierres, les arbres verts et, dans les bois, les tas de fagots et les ramiers; pour les suivantes, son nid est construit dans les massifs de buissons, mais jamais à plus de .Mém. Soc. Zool. de Fr., 1905. 8 114 XAVlliU HASI'AIL quelques mètres de hauteur, très rarement, on le trouve au pied dun arbuste occupant le revers d'un fossé boisé. Cependant, le 12 mai 1890, j'en ai rencontré un placé à terre dans une petite clairière assez nue ; il occupait une petite cavité naturelle de sorte que le bord ne dépassait pas le niveau du sol, au milieu des feuilles mortes et sans herbes autour pour le masquer. Le pied du taillis le plus près était à 1 m oO de là. La ponte est de quatre œufs d'un vert bleu pâle, couverts de points et de petites taches les unes profondes et elïacées, les autres superlîcielles d'un roux de rouille. Je possède une ponte dont les œufs portent des taches plus clair- semées, certaines assez grandes, dun brun roux assez vif, faisant ressembler ces œufs à ceux de la Litorne. Ils mesurent : 2.1 à 29 millimètres sur 21. Degland et Gerbe leur donnent IM) uiillimètres sur 21. Le Merle noir fait trois couvées par an, le mâle participe à l'incubation: il se tient sur les œufs une partie de la journée. Jai vu un couple qui, ayant réussi, en avril, une couvée dans un Epicéa, reconstruisit successivement deux autres nids sur le premier; il fit ainsi toutes ses couvées sur le même emplacement où il avait trouvé une sécurité exceptionnelle pour ses œufs et ses jeunes. Trois observations très rigoureusement poursuivies m'ont donné pour l'incubation et l'éducation des jeunes dans le nid, les résultats que je réunis dans le tableau suivant: MOIS PONTE INCUBATION ÉCART APPROXIMATIF DANS l'ÉCIjOSION ÉDUCATION DES JEUNES DANS LE NID mars-avril mars-avril juin 4 œufs 4 œufs(i clair) 4 œufs 12 j. \-> h. (le soir) 12j.6h. I2i.àl2.j. 12h 4 heures .3 heures 12 heures 13 j. quittent le nid le soir 13 jours 11 jours. Pour l'observation du mois de juin, l'éducation des jeunes dans le nid offre une différence de deux jours avec les deux autres. Les jeunes étaient nés le 14, deux à 8 heures du matin et le quatrième seulement à 7 heures du soir; le 30, ils étaient dans le nid à 7 heures du matin et en partirent à 10 heures certainement sans que rien ne soit venu les effaroucher et leur faire devancer leur départ. UNt: SÏATIUN OlJMïHOLOGiniK DANS lOisE llo Le Merle noir rend des services inappréciables en détruisant les larves, les chrysalides, les nymphes d'Insectes, d'Orthoptères, etc, ((u'il ne cesse de rechercher sous les feuilles mortes et dont il sait également déceler la présence sous terre, f;ràce au développe- ment de son odorat; il sulïit d'examiner un Merle qui circule sous bois, sur une pelouse, une |)late bande ou dans une allée pour s'en convaincre; on le voit tout à couj) sarréter, puis, à coups de bec, faire sauter la terre entre ses pattes, où se forme un petit monti- cule, jusqu'à ce qu'il soit arrivé à la proie convoitée. Au moment où le Hanneton est remonté à la surface du sol, attendant l'heure d'en percer la dernière couche qui le recouvre i)our prendre son vol, le Merle noir aime à lerechercJier ainsi et en fait une consom- mation dont on |)eut jui;er l'importance par les élytres et les corselets laissés à côté des trous vides. De même, lorsque le Ver blanc est arrivé à son entier dévelop- pement, il remonte généralement vers la surface du sol, à la fin de juillet, avant de redescendre jusqu'à la profondeur où il accomplit sa métamorphose nymphéale; c'est alors que le Merle en détruit un grand nombre. Longtemps, je fus intrigué par ces trous bordés d'un petit amoncellement de terre que je rencontrais par les allées; ayant remarqué sur cette terre fraîchement remuée des empreintes de pattes d'Oiseaux, je voulus en avoir le cœur net et je me postai dans un endroit où j'avais remarqué de ces petits terrassements, de façon à avoir vue sur l'allée sans en effaroucher l'auteur inconnu. Je ne tardai pas à entendre un Merle et à reconnaître dans les buissons environnants des jeunes nouvellement sortis du nid. Au bout de quelques instants, je vis la mère apparaître, sautillerdans l'allée de-ci, de-là, puis tout à coup s'arrêter et se mettre avec ardeur à piocher le sol à coups de bec, amoncelant la terre détachée entre ses pattes; elle retira bientôt du trou qu'elle venait de creuser un Ver blanc avec lequel elle s'empressa de rentrer sous les Lilas pour le donner à ses jeunes. La profondeur du trou, du niveau du sol au fond de la loge qu'occupait la larve, mesurait près de cinq centimètres. A moins d'attribuer à la vue de cet Oiseau lesprojjriétésdes rayons X, force est bien d'admettre (lu'il avait découvert sous terre la pré- sence de cette larve par le fait seul de l'odorat. C'est après avoir constaté, chez d'autres Oiseaux, des exemples tout aussi |)robants que je suis arrivé à conclure que les Oiseaux sont doués du sens de l'odorat à un degré au moins égal à celui du Chien, pour ne citer ([u'un exemple connu de tout le monde. (]'est 11(5 XAVIER RASPAIL donc une grosse erreur qui subsiste dans la lilléralure scientifique que celle qui représente ces animaux comme incapables de dé- couvrir leur nourriture auli'ement que par la vue. A tous ces titres, le jMerle noir doit être sérieusement protégé, on ne saurait lui tenir rigueur pour les quelques Fraises, Groseilles, Cerises qu'il prélève en été et qui ne sauraient payer les services incalculables qu'il nous rend toute l'année. 55. Merle draine. Turdus viscivorus. La Draine est sédentaire au même titre que le Merle noir. Comme ce dernier, on ne la voit jamais réuniequ'en petites bandes de 8 à 10 individus. Dès le mois de janvier, on ne la rencontre plus que par paires et le mâle commence déjà par les belles mati- nées ensoleillées à chanter ses amours. Perché alors sur la cime des grands arbres, il ne fait entendre que par intervalles son chant composé de quelques notes seulement, revenant toujours dans le même ordre et d'une grande sonorité, suivies d'un gazouillement faible, mais harmonieux, qui ne peut se percevoir qu'à la condition de se trouver à peu de distance de l'Oiseau. Le Merle draine construit son nid de bonne heure, dès les pre- miers jours de mars, avec les mêmes matériaux qu'emploie le Merle noir, mais il ne met de terre gâchée qu'extérieurement, à la base, comme pour lui servir d'assise, de sorte que son nid enlevé est moins lourd que celui du Merle noir. Il l'établit à la bifurcation des maîtresses branches, mais jamais à une grande hauteur et rarement dans les gros arbres; je l'ai trouvé souvent dans des Pommiers, à la hauteur de la main. La ponte est de quatre œufs d'un blanc grisâtre, légèrement nuancé de bleuâtre ou d'un roussâtre clair avec quelques taches profondes comme étendues dans l'épaisseur du test et d'autres superficielles, certaines formant de véritables macules, plus rares, d'un brun rouge plus ou moins foncé (fig. 10, B). J'ai découvert, le 17 mai 1885, un nid construit exactement comme celui de la Draine et placé sur la bifurcation des maîtresses branches d'un Poirier isolé, dans une prairie, sur les bords de la Nonette; il contenait cinq œufs qu'il m'eût été de tonte impossi- bilité d'attribuer au Merle draine, si, pour sortir d'incertitude, je ne m'étais décidé à capturer la femelle sur le nid. Un instant même, j'avais espéré qu'une de ces bonnes fortunes, qui font le bonheur des naturalistes, me faisait trouver la reproduction ines- VyV. STATION ORNTrHOLOr.IQCF. DANS I. OISR 117 pérùe (lu Merle doré ((ui, eiietïet, vuàdislance. jxMit cMre confondu avec le Merle draine. Cette ponte anoi'niale de cinq œufs, d'une forme et d'un volume totalement dilïérents de ceux des O'ufs ordinaires, était bien faite pour me l'aire émettre cette supposition. Ces OMifssontd'une forme ovée très renflée, ce qui fait paraître le petit bout plus acuminé: ils mesurent 30 à 31) A .") mm sur î\ mui ."> (lii;-. 10, A). I*'it;. 10. — (tKiifs de Mkkle draink : A anormal ; lî, ordinaire. (Plus f^rands (jue nature (le 2 millimètres.) Sous ce rapport, ils se différencient totalement des œufs ordi- naires, dont la forme est toujours oblongue ou ovée plus ou moins allongée et dont la moyenne des diamètres est de 29 millimètres sur 20. La coquille, tout en ayant le même test est moins unie et peu luisante; la transparence seule est exactement de la même belle teinte verte. Comme coloration, ils sont d'un blanc grisâtre, légèrement nuancé de bleuâtre avec quelques points et taches dis- persés semblables à ceux des œufs ordinaires. Les jeunes sont très turbulents dans leur nid, aussi n'est-il pas rare d'en voir tomber à terre avant d'être en état de voler, ce qui les met à la merci des animaux carnassiers. Les parents apportent une grande ardeur à protéger leurs œufs contre les entreprises des Pies ; j'ai vu souvent ces dernières fuir devant les attaques des Draines (|ui se ])récipilaient sur elles à lire-d'ailes, les frap|»ant à coui)s de bec. Du reste, pour défendre leurs jeunes, elles deviennent audacieuses au point de braver la présence de l'Homme; un jour que j'avais ramassé un jeune tombé hors du nid, le père et la mère 118 xavii:k hasi'ail arrivèrent, à ses cris de détresse, se percher près de moi et là, les plumes hérissées, la queue en éventail, le cou tendu, ils poussaient des cris de colère, ne se décidant que difficilement à s'envoler plus loin. La Draine est très friande de baies de (lui et je ne crois pas que d'autres Oiseaux lui fassent concurrence; c'est elle seule qui pro- page ce végétal parasite en laissant tomber, sur l'écorce des arbres, sa fiente renfermant les graines non altérées par leur séjour dans l'estomac ou l'intestin, qui, au contraire, favorise la ger- mination. A part les fruits du Gui, le régime de la Draine est le même que celui du Merle noir. Elle détruit, comme lui, à la saison, un grand nombre de Hannetons et j'ai tout lieu de croire quelle procède de la même manière. 06. Merle grive. Turdus musicus. Le Merle grive, vulgairement connu sous le nom de Grive de vigne, arrive dès le mois de mars, quelquefois dans le courant de février, pour se reproduire sur le territoire de Gouvieux; en 1904, je l'ai entendu chanter le 15 de ce mois. Il repart à la fm d'octobre avec les individus de son espèce qui effectuent leur passage d'au- tomne et durant les mois de novembre, décembre et janvier, je ne l'ai jamais rencontré comme cela arrive pour le Merle mauvis, qui lui pourtant ne se reproduit pas en France. Au commencement de lautomne, on le trouve réuni par petites familles, mais jamais par grandes bandes ; sous ce rapport, ses mœurs sont identiques à celles des Merles précédents. On le ren- contre alors dans les jeunes taillis de deux à trois ans, ce qui ne l'empêche pas de fréquenter les jardins boisés et les prairies. Cette espèce établit son nid dans les taillis, mais jamais dans les arbres élevés, souvent, je l'ai trouvé dans des Aubépines très four- rées; artistement construit, ce nid est composé extérieurement d'une épaisse couche de Mousse reliée avec quelques herbes et de fines brindilles de bois; l'intérieur est formé d'une couche d'argile ou de sciure de bois agglutinée comme par une couche de gomme qui doit être fournie par la salive même de l'Oiseau. C'est dans cette cavité, sans autres matériaux pourservirde coussin, quesont déposés les cinq œufs d'un bleu assez foncé avec quelques taches d'un beau noir plus nombreuses vers le gros bout où néanmoins elles ne sont jamais confluentes. (lig. Il, A). Je possède une ponte INK STATION OllMTHOLOGIQl'K DANS L OISK 119 trouvée le l;) mai ISS."), provenant d'un nid élahli sur une cliar- niille. i\ 2 m '2'.') du sol, au centre d'un faraud taillis du bois des Aigles, dont les quatre œufs d'un beau bleu azuré, verdâtre à la transparence, ne portent que quelques rares et très petits points noirs au gros bout; sur l'un deux, on ne compte même que quatre de ces points presque imperceptibles (fig. 11, H). Les mesures des Fui. il. — OEufs de Mf.hle giuye. (Grandeur naturelle.) diamètres d'un grand nombre d'œufs m'ont donné une moyenne de 28 millimètres sur 21. Bien que le Merle grive se reproduise communément à Gou- vieux, je n'ai jamais vu réussir un seul des nids que je rencontrais ou que je surveillais; toujours avant le terme de l'incubation, j'apercevais, à la place du dos de la couveuse, un petit dôme de Mousse, qui m'indiquait la présence d'un Lérot lequel, après avoir mangé les œufs, s'installait commodémentdans le nid qui luiolTrait un confortable séjour. J'ai noté ainsi vingt et un nids occupés par ce terrible destruc- teur de couvées et j'ai la conviction que tous les nids du Merle grive ont le même sort, car, au cours de mes excursions, pendant la saison de la reproduction, je n'ai pas une seule fois aperçu un jeune de cette espèce ! Je pose en principe que i)lus des trois quarts des couvées dé- truites peuvent être mises à l'actif du Lérot. Il passe les nuits à se livrera la recherche des nids et, grâce à sa petite taille et à son Incomparable agilité, il sait les atteindre, quel que soit l'endroit oîi ils sont établis. Il visite les trous d'arbres, des murailles dans lesquels nos |)lus petits Oiseaux indigènes s'établissent pour nicher, explore les buissons les |)lus fourrés, les arbres les plus élevés, les lid XAVIEK HASI'AIL tas de bois, les ramiers, inspecte les toits des maisons, où pas un nid ne lui échappe. Je l'ai vu détruire jusqu'à un nid d'Hirondelle rustique placé dans l'intérieur d'une cheminée s'élevant de .3 mètres au-dessus du toit. Je ne connais que les nids se trouvant en plein champ qui ont chance d'échapper à ses recherches. Malheureusement, non seulement on ne se préoccupe pas de prendre des mesures pour le détruire, mais les gardes, en tuant les Oiseaux de proie nocturnes, le préservent de ses destructeurs naturels et lui permettent ainsi de se multiplier en toute sécurité. Le Merle grive, la Grive musicienne de Linné, dont le chant si bizarrement mélodieux a inspiré les bardes écossais dans leurs poétiques invocations en l'honneur de Marie Stuart, dont la voix, selon Walter Scott, était aussi harmonieuse que celle de la Grive, occupe une place importante dans l'antiquité romaine au point de vue gastronomique. Sa chair était estimée au point que Martial s'écriait : fr inter aves, gloria prima Turdusj). Lucullus en faisait ses délices et de nombreuses volières servaient, à Rome, à engraisser ces Oiseaux avant de les livrera la sensualité des cdones romains. Aussi, en me rappelant les temps éloignés de mes débuts cyné- gétiques où je trouvais tant d'attrait à chasser la Grive dans les vignes des environs de Paris, après les vendanges, j'émets l'opinion que cet Oiseau doit être considéré comme un excellent gibier mal- gré sa petite taille et, à ce titre, traité comme tel, c'est à-dire protégé eu tout temps contre les engins destructeurs quels qu'ils soient, le fusil seul devant être employé pour sa capture pendant le temps normal de la chasse. // ne saurait être soulevé aucun doute sur l'utilité de tous les Passe- reaux qui vont suivre. Ce sont des Insectivores par excellence, de précieux auxiliaires de nos cultures, aussi la plus rigoureuse protection doit-elle leur être assurée. 57. Rouge-gorge familier. Rubicula familiaris. S'il est un Oiseau à qui puisse convenir la désignation de soli- taire, qui a été attribuée à tort au Merle noir, c'est bien au Rouge- gorge. Le nom de Merula lui aurait convenu beaucoup mieux qu'au premier, suivant le sens donné à ce mot par les ornithologistes anciens. Lorsqu'il a adopté un arbuste, il s'irrite de la présence d'autres UNE STATION ORNITIIOLOCilQL E DANS LOISE 121 Oiseaux et encore plus contre un individu de sa propre espèce; c'est à cause de ce naturel insociable que les (îrecs l'avaient dé- nommé Erithacns, d'où était passé en proverbe: unoarbornon capit duos Erithacos, c'est-à-dire que deux Rouf^es-gorges ne peuvent pas demeurer dans un même buisson. Par contre, le Rouge-gorge se plaît dans le voisinage de l'Homme envers lequel il se montre sans défiance. 11 s'éloigne peu de la cahute de terre du bûcheron dont il est le compagnon, aninuint. par sa pétulance, la solitude de cet Homme des bois qui se garde- rait bien de lui faire le moindre mal. Tout bruit inusité le fait accourir; il sufïit de casser de petites branchettes mortes pour le voir tout à coup apparaître à (pielques mètres, perché sur une branche d'où il semble demander, de ses petits yeux brillants et curieux, ce que l'on fait là. Le nom de familier lui a été justement donné. Mais, tandis que pendant la mauvaise saison il se rapproche des habitations, pénétrant dans les greniers, les bûchers dont les portes sont ouvertes, pour y faire la chasse aux Insectes qui y hiver nent, il s'en éloigne lors(|ue la période des amours arrive et gagne les bois pour y établir son nid, qu'il place dans le pied des buissons, bien dissimulé sous les herbes qui forment comme un dôme au- dessus du nid, ce qui rend sa découverte assez difficile. La ponte ordinaire est de six œufs d'un blanc quelquefois jau- nâtre avec des points et des taches d'un roux rougeàtre souvent plus nombreux vers le gros bout où ils forment calotte. Sur cer- tains œufs d'une même couvée, le fond de la coquille disparaît presque sous les points d'un rouge fauve effacé. Ils mesurent 18 à 20 mm 5 mm sur 14 mm u à lo mm. 58. Rossignol onoiNAmE. Philomela luscinia. Dans une Monographie du Rossignol, publiée en 1879, j'ai donné une explication très complète de l'étymologie de Rossignol, qui dérive du latin lusciniola adopté par Plante et Varon et qui est lui- même le diminutif de luscinia, nom sous lequel Horace et Pline désignèrent le même Oiseau. Je n'y reviendrai pas ici, mais je rappelerai seulement la signitication de luscinia, telle que je l'ai admise. D'après les étymologistes modernes, l'origine de luscinia est tirée de luscinus qui veut dire myope, borgne et, d'ai)rès Juvé- nal, qui a les yeux creux comme ceux d'une statue. Si on réfléchit que les premiers nomenclateurs ont dû donner aux Oiseaux des 122 XAVIEIl KASI'AIL noms qui se rapijoi'laieiit à Jeiirs lial)itu(les, à leur caractère ou à quelque particularité dans leur plumage, ou arrive ainsi à s'expli- quer qu'en raison du chant nocturne que le Rossignol est seul à émettre, ces nomenclateurs l'aient tout naturellement désigné par une sorte de métaphore, Avis Imcinia, c'est-à-dire l'Oiseau qui semble n'avoir plus d'yeux pendant un temps et qui ne s'aperçoit pas de la disparition de la lumière, puisqu'il continue à chanter avec autant déclat sous la voûte étoilée de la nuit qu'aux heures les plus ensoleillées de la journée. Le Rossignol nous arrive dans la première quinzaine d'avril, mais il est difficile de préciser exactement la date de cette arrivée, par la raison que l'on ne s'aperçoit généralement de sa présence qu'en entendant les premiers coups de gosier par lesquels il pré- lude aux roulades brillantes qu'il ne discontinuera plus d'émettre, nuit et jour, pendant des semaines. La femelle seule s'occupe de la construction du nid et de l'incu- bation. Lui, chante et ne se préoccupe pas autrement de sa compa- gne qu'il recherche d'abord avec ardeur, mais qui ne tient qu'une place éphémère dans son existence d'égoïste solitaire. Rrehm, d'après Naumann, je crois, commet une erreur en disant qu'il par- tage les soins de l'incubation. Cependant, le sentiment paternel s'éveille chez lui à l'éclosion des œufs, il cesse alors de chanter et vient aider sa compagne à nourrir les jeunes et à faire leur édu- cation. Le Rossignol construit son nid tout près du sol, au pied des buis- sons, dans le Lierre courant à terre, entre des touffes d'herbe, d'Or- ties, au milieu des broussailles, aussi bien dans les bois que dans les jardins, tout près des habitations. J'ai cependant trouvé, le 2 juin 1898, un nid placé en élévation, à 1 m 30 du sol, dans un Genévrier commun pyramidal; il était construit dans les mêmes conditions de forme et avec les matériaux ordinairement employés par 1 espèce. Le nid, très profond, très peu solide, est composé princi- palement de feuilles sèches, d'herbes, de bourre et de quelques crins à l'intérieur; la femelle ne met guère plus de deux jours pour l'achever. La ponte est de cinq œufs olivâtres ou couleur de bronze plus ou moins foncé, quelquefois même avec une nuance verdàtre ou bleuâtre. Certains ont une teinte plus foncée au gros bout où elle forme comme une calotte. Les œufs vidés subissent, au bout de quelque temps, une décoloration assez sensible. Ils mesurent : 20 à 21 millimètres sur 15 à 16. VSl: STATION OHNITHOLOGIQUE PANS l/oiSK 123 Mes ol)sorvations sur la durée de l'incubai ion et de l'éducation des jeunes dans le nid mont donné les résultats suivants : Incubation: 12 jours 12 beures à 13 jours, avec un écart dans l'éclosion des œufs de 2 ou 3 beures. Éducation des jeunes : 1 1 jours 12 beures. D'après les auteurs, la durée de l'incubation serait de 12 jours (Bree), 14 jours (Tiedeniann) et l.'i jours (Montbeillard, Vieillot et Oudard). Tous ces termes ne sont établis ([ue sui- des bypotbèses. Les jeunes quittent le nid avant d'être en état de voler: pendant plusieurs jours, ils courent à terre et deviennent ainsi une proie facile, non seulement pour les Cbats, mais j)Our les Cbiens qu'on laisse circuler librement dans les jardins et les bois où, sans cesse en quête dans les fourrés, ils ne peuvent manquer de découvrir et de bapper quebiues-uns de ces jeunes sans défense. L'amour maternel est très dévelopjjé cbez la femelle Rossignol : elle ne se décide que très difficilement à quitter le nid en présence d'un danger. J'ai vu certaines femelles me laisser approcber la main jusqu'au bord du nid avant ([ue le sentiment de la conser vation ne les décidât à en faire l'abandon ; elles voletaient alors à trois ou quatre mètres de distance et, toutes pantelantes d'elîroi, se réfugiaient dans un épais fourré. Elles deviennent également bruj'antes et audacieuses dès qu'on approcbe des buissons où leurs jeunes se tiennent tapis après leur sortie du nid. Un jour, l'une d'elles, ne làcbant pas la becquée qu'elle apportait, s'approcha à deux mètres au plus de moi en poussant sans interruption les cris suivants : Srrei, uit, uit, erra. Le mâle, de son côté, se montre aussi très inquiet, il répète sans cesse les mêmes cris, tout en observant plus de prudence et se tenant à une assez grande distance. Le Rossignol est un précieux indicateur de la présence d'un Chat; il le suit, l'accompagne de ses uit uit crrâ et on peut ainsi savoir exactement où se trouve ce maraudeur. 59. RoUGE-QUEUE DE MURAILLE. Rutidlla phœnicura. Le Rouge-queue de muraille arrive généralement dans notre contrée dans la première quinzaine d'avril. En 1905, je l'ai vu pour la première fois le 10 de ce mois, mais il ne chante guère avant le commencement de mai, lorsque son nid est prêt à recevoir les œufs. Il se perche alors sur le sommet des arbres élevés ou à l'ex- trémité des girouettes et des poinçons ornementés qui dominent 124 XAVIKK HASPAIL les toits des maisons et ne quitte un instant son poste que pour venir prestement saisir un Insecte ik terre. Il place son nid dans les trous des arbres, dans ceux des AÏeux murs, des carrières ou des talus escarpés en bordure des chemins, sous les toits des chaumières, ou les chéneaux des maisons. Jen ai vu un construit dans une épaisse toulïe de Genévrier, à 40 centi- mètres du sol, mais ce qui lui plaît beaucoup, ce sont les cavités artilicielles que l'on suspend aux murs ou au tronc des arbres ; il les adopte immédiatement. La ponte est ordinairement de six œufs d'un beau bleu céleste, sans la moindre apparence de taches. Ils mesurent : 10 millimètres sur 15. Degland et Gerbe ne leur donnent que IS millimètres sur 13. Chez cette espèce, la durée de l'incubation des œufs d'une même ponte est variable, ainsi que le prouve l'observation sui- vante : Nid placé dans un pot à fleur hxé sur une planche et accroché derrière une cabane à Poules. Un premier œuf y est déposé le 30 avril; le o mai, il y a six œufs, la femelle couve. Chaque œuf avait été pondu avant six heures et demi du matin. Le 17, à 9 heures du matin, il y a trois jeunes; il en est de même à 7 heures du soir; le 18, à 6 heures et quart du matin, un quatrième jeune, sorti tout récemment de la coquille, est encore humide. Les deux derniers œufs n'éclosent pas ; l'un est clair et dans l'autre, l'embryon est à moitié de son développement. Le 31, les jeunes sont tout prêts à partir, ils quittent leur nid à 4 heures 10 du soir. Ainsi, la durée de l'incubation a été, pour les trois premiers œufs éclos, de 12 jours et au moins trois heures et, pour le quatrième, 13 jours. Malgré cet écart dans l'éclosion de 21 heures environ, les jeunes quittèrent le nid en même temps, de sorte que les trois premiers nés y étaient restés 14 jours et 8 heures environ et le quatrième 13 jours, 10 heures. Toutes les femelles du Rouge-queue de muraille ne se comportent pas de la même manière, lorsqu'on veut voir ce qui se passe dans leur nid; en voici deux exemples. Pendant la durée d'une incubation, je n'ai jamais pu surprendre la femelle sur ses œufs; elle s'échappait toujours du pot à fleur où était son nid, du plus loin qu'elle m'entendait venir, mais elle se tenait dans les arbres et les buissons, à peu de distance, ne cessant de crier pendant tout le temps que je passais à en examiner l'inté- UNE STATION OHMTHOLOGIQUE DANS LOISE 125 rieur. Au oontraire, j'ai dû renoncer à suivre une autre incubation parce que la femelle sobstina constaniuient à ne pas (|uitter ses (eufs malgré le déplacement et le balancement du pot et même lorsque j'essayai de la soulever avec une baguette. Du reste, j'ai relaté (1) un fait qui peut èti'e considéré comme une véritable manifestation de l'amour maternel de la part d'une femelle Rouge-queue. Un matin, mon jardinier, attiré par les cris poussés par le père et la mère ([ui voltigeaient alïolés dans les branches des arbres, trouva, dans un nid établi dans une cavité artificielle, formée d'un vieil entonnoir adapté sur une planche fixée à la palissade d'une volière, des jeunes l{ouges-(|ueues de muraille, déjà âgés d'une dou- zaine de jours, morts au milieu du bouleversement des matériaux du nid mélangés de nombreuses plumes des victimes; deux avaient la cervelle mangée, la tète des autres était ensanglantée, et comme mâchée. L'auteur de ce massacre n'avait pu pénétrer par l'ouver ture à laquelle il n'aurait jamais pu parvenir, mais il s'était introduit à l'intérieur en faisant un trou dans le bois vermoulu delà planche à un point où le bord de l'entonnoir laissait justement un jour de quelques centimètres. Une Souris seule avait pu y passer. Aussi, pensant qu'elle reviendrait manger les cervelles quelle n'avait pas eu le temps d'entamer, le jardinier eut l'idée, après avoir retiré les cadavres, d'amorcer un petit piège à ressort avec une des têtes des jeunes Rouges-queues et il lixa ce piège près du trou pratiqué parla Souris, pendant que la mère redoublait ses cris. A peine venait-il de s'éloigner, (|u'il entendit le bruit caractéristique que fait le piège en se détendant; il revint sur ses pas pour le remettre en place et resta stupéfait de trouver la femelle Rouge-queue, la tète prise en- tre les deux branches du piège et agitée des dernières convulsions de l'agonie. 11 m'apporta le piège ainsi garni de la tête du jeune fixée sur l'aiguille de détente et du cadavre de la pauvre mère dont le bec touchait cette petite tète décapitée, comme si, dans son aiïo- lante douleur, elle s'était i)réci[)itée pour la reprendre ou lui don- ner une dernière caresse. 00. ROLGE-QUEUE TiTHYS. Ruticilla Tithiis. Le Tithys est une récente acquisition pour la faune ornithologi- que locale dont j'ai entrepris l'inventaire. Il a fait sa première (1) Bull, (le la Soc. Zool. de France, X.\, pago 1S3, 1895. 12() XAVIER RASPAIL apparition sur le territoire de (îouvieux, le 1'^ mai 1S94; jamais antérieurement un seul individu n'y avait été vu, môme lois des époques de passage. Aussi fut-il vite remarqué et je fus immédia- tement informé de la présence d'un petit Oiseau tout noir qu'on prenait pour un Oiseau exotique échappé de volière. Le 3 mai, j'a- perçus l'Oiseau en question qui n'était, ainsi que je lavais supposé, qu'un mâle Tithys, perché sur un pieu, dans une petite plaine qui sépare ma propriété des dernières maisons du village ; à tout ins- tant, après être descendu à terre pour s'emparer de quelque In- secte, il revenait se poser à la même place, malgré lesattaques d'un Rouge-queue de muraille qui paraissait vouloir le chasser de ces parages. Le 4 mai, je le vis accompagné de sa femelle et tous deux charriaient des matériaux pour confectionner leur nid établi pro- bablement dans un des vieux bâtiments de ferme qui donnent sur cette petite plaine. Cette première couvée réussit; le 2H, en elïet, la mère donnait la becquée à quatre jeunes nouvellement sortis du nid et qui se tenaient réunis dans le centre d'un petit Cerisier. Dans le courant de juin, le couple lit une seconde ponte dont les jeunes apparurent dans les premiers jours de juillet. Le 17 juillet, la femelle déposa le premier œuf d'une troisième ponte dans un nid placé au fond dun large trou du mur de clôture d'une cour, à 80 centimètres du sol; le 20, après que le quatrième œuf eût été pondu, un Chat, en voulant surprendre la mère, ne réussit qu'à tirer le nid hors du trou et à briser tous les œufs. Depuis, tous les ans, le Tithys vient se reproduire à Gouvieux. En 1904, jai trouvé dans une allée de mon parc les plumes d'un mâle qui avait été capturé par un Epervier. La ponte est de cinq œufs d'un blanc pur. Ils mesurent : 18,5 millimètres sur 13. Degland et Gerbe n'attribuent au Tithys que deux couvées par an; or, on a vu par mes observations de 1894 que l'unique couple arrivé pour la première fois dans la localité a fait trois pontes successives en mai, juin et juillet. Du reste, Brehm dit bien qu'après avoir réussi une première cou- vée, le Tithys en fait une seconde et même une troisième. 61. Traquet motteux. Saxkola œnanthe. Bien qu'en très petit nombre, le Traquet motteux se reproduit régulièrement sur plusieurs points du territoire. Il se tient solitaire et se plaît dans les lieux découverts, arides, pierreux, surtout dans LNK STATION OKMTIIOLOdlQUE DANS l'oISK 127 les frichesqui avoisineiil les carrières àciel ouvert. 11 nichedansles pierres, dans les cavités des petits murs en pierre sèche établis comme parapets sur les bords à pic des carrières; jamais jene l'ai vu choisir un tas de fagots ou de bois, ainsi que l'indiquent les orni- thologistes. J'ai trouvé un nid entièrement construit avec du poil de Cerf; il était placé au fond d'un trou creusé par un Lapin, dans un éboulis de gravois d'une carrière située en enclave dans le bois des Aigles, autour de laquelle ces grands animaux passaient nom breux toutes les nuits. Souvent dans leurs rencontres, ceux-ci se livraient quelques assauts et laissaient sur place des paquets de poils enlevés par les dagues, dans leur rude fourrure. La ponte normale est de cinq œufs d'un joli bleu azuré très pâle, sans taches. Je n'en ai jamais rencontré i)ortant vers le gros bout des petits points clairsemés brun ou d'un roux de rouille, ainsi que l'indiquent Degland et Gerbe pour certains œufs de cette espèce. Ils mesurent : 20 millimètres sur 16. D'après les auteurs ci-dessus, ces œufs seraient d'un ové un peu allongé mesurant : ï'I millimètres sur 16. 62. Tarier ordinaire. Patrincola rubctra. Le Tarier vulgaire, dit Brehm, construit son nid dans les prai- ries, au pied dune toufie d'arbres, sous un petit buisson, ordinaire- ment dans une légère dépression du sol. Il le cache si bien qu'il est fort diflicile de le découvrir. J'ai jugé par moi-même de la justesse de cette assertion; malgré mes plus actives recherches, malgré les longues heures que j'ai passées à observer les allées et venues de cet Oiseau, j'ai toujours fait buisson creux, il ne m'a pas été possible de trouver une seule fois son nid. Le Tarier ordinaire se re[)roduit pourtant en assez grand nombre sur le territoire de Gouvieux; on le trouve établi dans toutes les prairies et, malgré cela, ce n'est que très exceptionnellement que les faucheurs et les femmes qui vont faire de l'herbe dans les prés découvrent son nid toujours adroitement dissimulé, et vers lequel l'Oiseau ne se dirige jamais directement. Naumann, cité par Brehm en fait ainsi la remarque : « Les fau- cheurs le trouvent moins souvent que ceux qui ramassent ensuite le foin avec des râteaux. J'ai môme vu des nids échapper aux uns 128 XAVIER RASPAIL et aux autres et, malgré la fenaison, le niàle et la femelle élever heureusement leurs petits. » Je possède cependant une ponte trouvée à Gouvieux, sur le Lord d'un petit fossé, dans les prés des Aulnes; cest en coupant à la faucille l'herbe épaisse qui croissait en cet endroit, qu'une jeune fille découvrit ce nid. Il contenait cinq œufs déjà incubés de trois à quatre jours, d'une forme ovée et d'un bleu verdàtre pâle. Ils mesurent : 11) millimètres sur 14, tandis (|ue Degland et Gerbe ne leur attribuent que 17 à 1(S millimètres sur 13. A première vue, ces œufs paraissent unicolores; mais, en les examinant de près, on découvre, éparses sur la coquille, de petites taches roussâtres à peine visibles. 63. Tarier rubicole. Pratincola rubicola. Ce joli Tarier est moins commun que le précédent, mais il est plus facile à remarquer à cause de son plumage et parce qu'on le rencontre souvent le long des fossés broussailleux qui bordent les routes dans leur traversée des bois. Il niche régulièrement dans la cote escarpée au pied de laquelle se trouvent les hameaux de Chaumont et des Carrières et place son nid dans les broussailles qui poussent entre les rochers. Je ne l'ai trouvé nulle part ailleurs; c'est sur cette côte également que jadis nichait communément la Linotte à bec jaune. La ponte du Tarier rubicole est de cinq œufs d'un blanc azuré avec des taches roussâtres peu apparentes rapprochées au gros bout oîi elles dessinent une couronne. Les mensurations que j'ai obtenues présentent un grand écart avec celles qui sont indi([uées par Degland et Gerbe. Les œufs trouvés à Gouvieux ont 18 millimètres surl4, alors que ces auteurs indiquent seulement : 15 à Kî millimètres sur 13 pour les œufs de cet Oiseau dont la taille diffère peu de celle du Tarier ordinaire. 64. MOL'CHET CHANTEUR. Prunella modularis. Vulgairement connu sous le nom de Traine-Buisson et de Fau- vette d'hiver, le Mouchet chanteur est sédentaire et commun à Gouvieux. Il est très précoce dans ses amours, souvent, j'ai trouvé des jeunes prêts à quitter le nid dans la première quinzaine d'avril. Il place son nid dans les tas de fagots, de ramilles, dans UNE STATION OHNITHOLOr.IQL'K DANS LOISE 129 les buissons à feuillaj'e persistant comme les Buis, les petits arbres verts, tels que le Biota et surtout, de préférence, lorstju'ii en trouve dans son voisinage, dans les Genévriers, au milieu de l'épaisseur desquels il se sent plus à l'abri de ses ennemis. Son nid est com- posé de Mousse entremêlée de feuilles sècbes et de brins d'herbe et, à l'intérieur, garni de tines radicelles et de crins. La ponte est de quatre à six œufs d'un joli bleu verdàtre sans taches, presque semblables à ceux du Houge-queue de muraille. Ils mesurent 18 millimètres sur 14. Chez cette espèce, les œufs non fécondés paraissent très fréquents ; j'ai, en effet, rarement vu un nid qui ne contînt au moins un œuf clair après le départ des jeunes. J'en ai même trouvé un contenant six œufs sur lesquels un seul est éclos, les autres étaient clairs. Le Mouchet chanteur semble avoir une tendance à faire de nou- velles pontes dans le nid qui lui a servi à élever une première couvée. Je reproduis ici deux observations qui le démontrent net- tement. Le 18 avril 1898, un nid établi dans un (îenévriercontenaitquatre œufs incubés de plusieurs jours; il y eut trois éclosions, un œuf clair. Le 22 mai suivant, a^ant visité l'intérieur de cet arbuste très compact et de forme pyramidale, je trouvai, dans le même nid, six œufs que la femelle couvait. L'observation suivante est encore plus caractéristique, puisque la même femelle a fait trois pontes successives dans le même nid. Le 28 avril 1899, je découvris au centre d'une forte toulïe de Ge- névrier, un nid avec cinq œufs que la femelle devait couver dei)uis quelques jours et dont je ne m'occupai pas. Le 28 mai, visitant de nouveau cet arbuste isolé sur une pelouse et offrant un abri pro- tecteur contre les Chats et les Oiseaux de rapine, je vis dans le nid précédent, qui ne paraissait avoir subi aucune réparation après le départ des jeunes, un œuf dont l'aspect de la coquille me fit le considérer comme nouvellement pondu; je revins le lendemain et je trouvai, en effet, un second o'uf. Le l^r juin, la femelle couvait avec cinq œufs. Enfin, le 18 juillet suivant, passant près de ce Genévrier, l'idée me vint d'en examiner l'intérieur; il y avait, dans le même nid, une troisième couvée dont les cinq jeunes venaient de naitre. " Ce fait n'est pas particulier au Mouchet chanteur; j'ai vu, en elïet, repondre dans le même nid, la Fauvette des jardins et le Bruant Zizi. Je ne mentionne pas le Moineau qui, on le sait, fait volontiers Mcm. Soc. Zoo!, do Kr., t9()5. 9 130 XAVIKR RASl'AIL toutes ses couvées de laiinée dans le même nid, sans s'inquiéter de la vermine qui y prospère et dont les jeunes sont souvent cou- verts. Mais, en règle générale, les Oiseaux font autant de nids que de couvées ; il y a à cela une raison majeure, c'est que, la plupart du temps, les jeunes en se développant et aussi par leur turbulence en désagrègent les parois quand ils ne les aplatissent pas totalement. En second lieu, chez certaines espèces, les Fringillidés par exemple, les jeunes se dépouillent d'une telle quantité de pellicules farineuses, couvrant le fond et imprégnant toute l'épaisseur des parois du nid, que celui-ci ne pourrait sans inconvénient, même pour la mère, servir une seconde fois à cause de la quantité d'In- sectes etd'Acaresqui trouvent là un terrain favorable à leur pullu- lation. Je reproduis les résultats que j'ai obtenus sur la durée de l'incu- bation et de l'éducation des jeunes dans le nid, chez le Mouchet chanteur. ÉDUCATION MOIS POME INCUBATION DES JEUNES DANS LE NID. / 3 h. . ) ÎJh. juin-juillet 4 œufs 11 11 jours. ( 9 h. avril- mai 3 œufs (2 clairs) llj. 3 h. 12 jours. Il est intéressant de remarquer que tandis que les quatre jeunes de la première observation ont mis II jours pour terminer leur éducation dans le nid, le jeune de la seconde observation, bien que seul et par conséquent plus copieusement nourri, est resté cependant un jour de plus avant de quitter son berceau. Si on s'en tenait à la première observation, on en conclurait que les écarts dans les éclosions chez le Mouchet chanteur sont faibles comme cela a lieu chez les Turdiens et les Sylviens; en etïet, ici, l'écart entre la première et la dernière éclosion n'est que de six heures. Mais cela ne paraît pas être une règle chez cette espèce, témoin l'observation suivante que j'ai faite en 1900 : ayant trouvé un nid avec cinq œufs fortement incubés, le 8 juillet, je le sur- veillai néanmoins pour noter l'éclosion. Le 10, un jeune naquit à midi; à 5 heures, pas d'autre éclosion; à 6 heures, deux jeunes UNE STATION OHMTUOLOGIQUE DANS LOiSK 131 vieiinentcle sortir de la ('0(|uille; à 8 heures, rien de nouveau ; le M, à sept heures du matin, un quatrième jeune est né |)rohal)lement dans le courant de la nuit; le cinquième œuf est encore intact, à 2 heures de l'après-midi et je le croyais clair, lorsquétant revenu, par acquit de conscience, à 4 heures, je le trouve éclos. Ainsi, dans ce cas, l'écart entre la première et la dernière éclo- sion a été de 28 heures. En raison de ce ([ue le Mouchet chanteur niche de bonne heure, souvent dans la seconde quinzaine de mars et qu'il continue à couver encore dans le courant de juillet, il y a lieu d'admettre qu'il fait quatre couvées par an. Dans tous les cas, on a pu voir précé- demment qu'il en lait tout au moins trois. En 1904. partout où le Mouchet chanteur avait l'habitude d'éta- blir son nid, c'est celui de la Linotte vulgaire qui en oc(;upait la place et cette usurpation semblait avoir éloigné le premier de ces Oiseaux au point que je n'ai pas rencontré un seul de ses nids, aussi nombreux que ceux du Pinson les années précédentes. Je note ici, à titre de document que, d'après Brehm, le Mouchet chanteur ne fait que deux couvées : la première en mai, la seconde en juillet et que la durée de l'incubation est de 13 à 14 jours. G5. Fauvette a tète nouîe. Sylvia airicapUla. Commune ici, comme elle l'est, du reste, dans tous les environs de Paris, la Fauvette à tète noire niche de préférence auprès des habitations, dans les buissons, à une hauteur du sol qui varie entre un et deux mètres et ne se préoccupe pas de dissimuler son nid qui, souvent, est exposé à la vue du passant. Elle n'apporte aucun art dans sa construction et n'y consacre que peu de maté- riaux : des herbes sèches, ((uelques débris de feuilles pour la charpente à l'extérieur et (|uel(|ues crins à l'intérieur. Sa ponte ordinaire est de cinq œufs, tantôt oblongs, tantôt d'un ové un peu ventru, d'un gris le plus ordinairement glacé de jaunâtre, mais quelquefois d'un rougeàtre assez vif, surchargés de taches ])rofon- des peu apparentes et portant superliciellement et épars quelques traits bruns et des taches punctiformes. Ils mesurent 19 à 20 millimèlres sur l-'i à 1(5. Le mâle partage avec sa femelle le temps de l'incubation, il lient le nid une partie de la journée. Ces Oiseaux montrent la plus vive sollicitude pour leur couvée et usent d'un stratagème intelligent 132 XAVIER RASPAIL pour éloigner le (langer que rapproche de l'Homme leur semble devoir être pour leur nid. Vient-on à s'arrêter, au cours dune promenade champêtre, à coté d'un massif renfermant un nid de cette espèce, on voit tout à coup tomber devant soi, à quelques mètres de distance, un Oiseau comme si le plomb du chasseur l'avait jeté là mourant, battant la terre de ses ailes étendues et comme agitées par les convulsions de l'agonie. Si on s'approche pour le ramasser, l'instinct dominant de la conservation semble lui faire faire un suprême effort; à défaut de ses pattes qui paraissent inertes, il se soulève de la pointe de ses ailes pour s'enlever péniblement et retomber dans la même posture, à une distance cette fois un peu plus éloignée. On continue naturellement la poursuite, pensant que ce dernier effort qu'il vient de tenter ne peut qu'en faciliter la capture; mais, au moment de l'atteindre, on reste naïvement surpris du tour inconvenant que cette infime bestiole s'est permis de vous jouer: se relevant alerte, la Fauvette à tête noire sesquive d'un vol léger, dans les buissons et, par un adroit mouvement tournant, revient auprès de son nid s'applaudir avec sa compagne de l'heureux succès de sa ruse qui a éloigné et dérouté l'ennemi. Mais si, en dépit de son stratagème, le mâle voit qu'on s'approche quand même de son nid, il revient en se faufilant dans les buissons, poussant des mè, cri qui sort de son gosier avec une expression plaintive et douloureuse. C'est ce même stratagème qu'emploie la Perdrix grise, lorsque sa couvée, à peine sortie de la coquille, se trouve menacée par un animal quelconque, pour attirer ce dernier à sa suite et le détour- ner de ses jeunes qui, pendant ce temps, se tiennent tapis dans l'herbe ou les replis du terrain jusqu'au retour de leurs parents. D'une observation restée incomplète, les jeunes ayant été pris par un Chat, trois jours après leur naissance, j'ai obtenu 12 jours, pour la durée de l'incubation, chez la Fauvette à tête noire. Le nid que j'avais trouvé établi dans un Syringa, le 0 mai, con- tenait 2 œufs; le 8, il y en avait quatre et pendant l'après-midi, le mâle se tint sur le bord du nid, comme s'il le gardait; le 9, la femelle couvait après avoir pondu un cinquième œuf. Le 21, trois œufs éclorent successivement de 7 à 8 heures du matin ; les deux autres étaient clairs. Tiedemann fixe à 14 jours l'incubation chez cette Fauvette. La Fauvette à tête noire est un de nos plus agréables sylvains chanteurs, seulement, elle n'est pas prodigue de son chant mélo- dieux, elle ne le fait entendre qu'à de rares intervalles, soit dans UNE STATION ORNITHOLOGIQUE DANS L OISE 133 la matinée, soit dans la soirée, mais encore pas tous les jours, pen- dant la durée de l'incubation. 60. Fauvette des .iardins. Sylvia liortensis. Cette Fauvette est plus commune que la précédente; elle niche aussi bien dans les jardins qu'en plein bois, dans les jeunes taillis. Le nid, construit sans solidité, presque à claire-voie, est composé uniquement de tiges d'herbes à l'extérieur et de quelques crins à l'intérieur; il est placé à une petite élévation du sol, dans les buis- sons, souvent dans les broussailles entourées d'herbes épaisses. Je l'ai cependant trouvé dans des arbustes : Lilas, Symphorine, Lau- rier-amande, etc, à une hauteur atteignant 1 m (50. La ponte est de quatre à cinq œufs dun blanc grisâtre plus ou moins glacé de fauve avec des taches répandues presque uniformément sur toute l'étendue de la coquille, les unes profondes, brunâtres, peu appa- rentes, les autres superficielles, couleur café au lait ou roussàtre et quelques points ainsi que des traits d'un brun noir bordant les taches superiicielles. Ils mesurent 19 à :21 mm 5 sur 14. Les œufs qui ont pour grand diamètre ^1 mm 5 ont naturellement la forme ovée allongée. Des quatre observations sur la durée de l'incubalion, dont je donne les résultats dans le tableau suivant, je reproduis succinte- ment celle qui a présenté le plus grand écart dans l'éclosion des œufs, soit 7 heures environ. Nid construit dans un Laurier amande, à 1 m (iO du sol et à l'abri d'un mur. Le premier œuf y est déposé le î) juin, le qua- trième et dernier, le 12 et la femelle couve aussi tcM. Le i.'J, de 7 à 8 heures du matin, trois jeunes naissent; le quatrième œuf est in- tact, il n'éclot qu'à 2 heures. Le5juillet, les jeunes sont encore dans le nid à 8 heures du matin, mais à 11 heures, ce dernier est vide. ÉCAHT ÉDUCATION MOIS PONTE INCUBATION APPUOXIMATIK DANS l'éclosion DES JEUNES DANS LE NID. mai 0 œufs 12 jours 12 h. (I ([. houros marKjue le dé- part (les jeunes i(l. 4 œufs 13 jours 2 heures jeunes détruits par un Chat juin 4 OHlfs 13 jours 7 heures 10 jours ici. 4 œufs (\) clHir 12 jours 3 heures 10 jours I31r XAVIKH RASPAIL Ainsi, ciiez cette espèce, la durée de l'incubation peut varier de 12 à \-\ jours; quant à celle de léducation des jeunes dans le nid, elle ne paraît pas dépasser 10 jours. Or, là encore, ces résultats sont en désaccord avec ceux donnés par quelques auteurs qui se sont occupés du temps que les œufs des Oiseaux mettent pour éclore ; Bechstein. Casseli et Brehni fixent à quinze jours la durée de l'in- cubation et ce dernier ajoute, en ce qui concerne les jeunes : «Quinze jours plus tard, ils quittent déjà le nid quand un ennemi en appro- che ». Une autre assertion de Brehm est tout aussi erronée: « Lors- que, dit-il, on ne détruit pas sa première ponte, l'espèce ne niche qu'une fois par année ». En réalité, la Fauvette des jardins fait deux couvées par an et même une troisième, si l'une des premières a été détruite; c'est ce qui explique qu'on trouve encore, à la fin de juillet, des nids avec des œufs fraîchement pondus. D'après Naumann, la Fauvette des jardins se montrerait extrê- mement capricieuse dans le choix de la place qu'occupera son nid, le commençant à un endroit, l'abandonnant pour travailler à un autre et finalement achevant celui qui paraît le plus mal situé. Il attribue ce fait à la prudence de l'Oiseau et à ce que la présence de l'Hoinine près du lieu où elle construit son nid, le lui ftiit immé- diatement délaisser. S'il en était ainsi, cette Fauvette abandonnerait d'autant plus son nid quand on touche à ses œufs, or, je n'ai jamais vu cet aban- don se produire, bien que j'aie pris et remis dans le nid des œufs dont je voulais vérifier l'état de fraîcheur ou d'incubation. ()7. BaBILLAHDE GRISETTE. Curruca cinerea. Cette gracieuse Fauvette n'a pas de préférence pour nicher; elle s'établit aussi bien dans les bois, les jardins et les vergers que dans les plaines. Son nid est toujours placé à une très faible hauteur du sol, dans les broussailles, les buissons entourés d'herbes épaisses au milieu desquelles il se trouve mieux dissimulé. Quelquefois, cependant, elle le construit dans les champs de Pois, de Féverolles, de Colzas, mais toujours dans les parties les plus fourrées. Ce nid est plus soigné que ceux des Fauvettes précé- dentes; il a la forme dune coupe et est composé d'herbes sèches, de radicelles, de cocons d'iVraignées, de laine et de crins à l'inté- rieur. La ponte ordinaire est de cinq œufs qui varient beaucoup sous le rapport du volume, de la forme et de la coloration, bien qu'ils aient toujours entre eux un air de famille qui les fait recou UNE STATION ORNITHOLOOiyrt; DANS L OISE 135 naître facilpinent. Le fond est d'un blanc j-risàtre plus ou moins glacé de jaune verdàtre, tantôt linenient pointillé, tantôt portant des taches assez grandes cendrées et brun noirâtre. Ces points et ces taches sont ((uelquefois tellement serrés (juils couvrent presque tout le fond de la coquille, d'autres fois, l'œuf ne porte que des points clairsemés cendrés à peine distincts du fond de la coquille. En fait, il serait difficile de trouver deux pontes exactement sem- blables. J'ai réuni ainsi dix neuf types très caractéristiques. Pendant que sa femelle couve, le mâle ne cesse de chanter pen- dant la i)lus grande partie de la journée; de même que le Pipi des arbres, on le voit à tout instant s'élever perpendiculairement dans l'air, exécuter une pirouette en chantant, retomber dans le buisson d'où il est parti ety disparaître en terminant les dernières modulations de son ramage. Je réunis dans le tableau suivant les quatre observations que j'ai faites sur la durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes dans le nid; trois des nids étaient placés dans le centre de touffes de iMahonia, l'un reposant pres((ue sur le sol; le quatrième, égale- ment posé près de terre, se trouvait dans de petites broussailles sur le bord d'un chemin. MOIS mai id. mai-juin juin PONTE INCUBATION ÉCART APPHOXI.MATIF DANS l'éclosion ÉDUCATION DES .lEU.NES DANS LE NID 3 œufs oœufs(2clairs) ."> (l'Ufs 4 œufs (1 clair) 12 jours M - G hcuros 1 h. environ 2 hcuros 2 à 3 heures 10 jours jeunes détruits par un Cliat enlevés par un Oiseau (Pie). 9 jours. Dans la quatrième observation, les jeunes ont quitté le nid un jour plus tôt; à mon approche, ils avaient brusquement sauté à terre et s'étaient enfuis en courant comme des souris sous les herbes, n'étant pas encore en état de voler; à mon arrivée, la mère .se tenait sur le bord du nid. Tiedemann lixe à 14 jours la durée de l'incubation chez cette espèce et Bree seulement à 10 jours. 68. HvPOLA'iS POLYGLOTTE. Hypolah pobiçjlotta. C'est bien la Fauvette à ventre jaune de Builon, connue égale- ment des anciens ornithologistes sous le nom de Lusciniole, en un 136 XAVIER RASPAIL mot, la Motacilla hypolaïs de Linné que j'inscris ici. Or, si je m'en nipportais aux auteurs modernes, ce serait de l'Hypolaïs ictérine qu'il s'agirait, la Polyglotte étant l'espèce dédoublée à laquelle ils donnent pour habitat plus spécialement le midi de la France. Je n'ai jamais admis cette coupe spécifique dont, à ma confusion, je n'ai pas encore trouvé la raison plausible. Les différences, que je pourrais qualifier d'infinitésimales et qu'on s'est efforcé de me faire découvrir à la loupe sur des sujets que je m'entêtais à considérer comme appartenant à une seule et unique espèce, difïérences qui se retrouvent chez des individus, comparés entre eux, dans les espèces d'Oiseaux en général, n'ont pu ébranler mon scepticisme et, jusqu'ici, mes recherches person- nelles sur les mœurs de cet Oiseau n'ont pas modifié mon opi- nion. Je ne m'étendrai pas davantage sur ce sujet que j'ai déjà traité longuement dans un travail publié dans les Mémoires de la Société Zoologiqne de France (1) et dont je ne pourrais que réé- diter les arguments. L'Hypolaïs niche sur les petits arbustes, les Lilas de préférence, jusque dans les jardins des villes. On trouve également son nid dans les bosquets et même dans les bois. Il est en général construit en forme de coupe profonde et composé de tiges d'herbes sèches, de coques d'Araignées ou de chrysalides, de laine, de trames de feuilles sèches et garni à l'intérieur de duvet cotonneux de diverses plantes, d'herbes très fines et de quelques crins. La ponte est de cinq œufs généralement oblongs, d'un rose grisâtre ou lilacé, avec des taches punctiformes noires assez rares et quelques traits irréguliers de même couleur ou d'un rougeàtre foncé. Ils mesurent 17 à 18 millimètres sur 13. J'ai trouvé un nid assez différent de ceux que je connaissais, contenant des œufs d'une coloration anormale dont je crois intéres- sant de donner la description. A première vue, ce nid, établi dans un Cornouiller sanguin, à Im .^0 du sol, au milieu des roches de la côte escarpée des Carrières offre une forme allongée, mais plus conique que celle des types ordinaires; il a 0,13 de hauteur et 0,08 de largeur au niveau de l'ouverture qui n'en a que 0,05. Mais en l'examinant, on ne tarde pas à s'apercevoir qu'il est composé de deux parties distinctes, à peu près à la moitié de la hauteur. Tune, formée grossièrement (I) Description d'une série de pontes anormales, Méiii. Soc. Zool. de France, V, page 174, 1892. UNE STATION ORNITHOLOGIQL'E DANS LOISE 137 d'un amas de Mousse, de brins d'herbes mélang:és à quelques plumes, sert de soutien à la partie supérieure qui constitue le véri- table nid assez régulièrement construit en forme de coupe profonde avec de fines tiges d'herbes sèches, des radicelles, des coques de toiles d'Araignées, quelques plumes et de nombreux crins servant à tapisser les parois de la cavité. Dans ce nid, la femelle couvait depuis un à deux jours quatre œufs identiquement les mêmes comme coloration, d'une forme plutôt ovalaire quovée et mesurant 17, o à 18 millimètres sur 13,5. Ils sont d'un blanc à peine nuancé de lilas clair, sans aucune tache noire, portant seulement, au gros bout, un ou deux petits traits d'un brun noirâtre très déliés; on y trouve égaleuient des mar- brures à peine visibles et comme fondues dans l'épaisseur de la coquille, d'une teinte plus rembrunie que celle du fond. Jusqu'ici, je n'ai pu obtenir la durée de l'incubation chez cette espèce; deux observations m'ont seulement permis de constater que la durée de l'éducation des jeunes dans le nid est de 12 jours. Je reproduis l'une d'elles qui montre le développement des plu- mes chez ces derniers. Nid placé sur une branche de Symphorine et contenant cinq œufs très couvés, le 3 juin, au moment où je le trouvai. Le 4, à 3 heu- res du soir, il y a quatre jeunes dans le nid avec un œuf encore intact qui éclot à 6 heures. Le o, dans la matinée, ils sont encore nus, sans trace de duvet ; le 7, à 9 heures du matin, les gaines cap- sulaires ne se sont pas encore montrées, elles n'apparaissent que le 8; le 11, les plumes n'en sortent pas encore, mais à partir du 12, leur développement se fait rapidement, car le 14, les jeunes possè- dent toutes leurs plumes. Le 12, deux sont debout sur le nid à 11 heures ; à 7 h. 1/2 du soir, ils y sont tous tassés, mais, le 16. ils l'abandonnent définitivement, à 8 heures du matin. 69. ROUSSEROLLE TL'RDOÏDE. Calamoherpe turdoïdes . Niche tous les ans dans les Roseaux des canaux de la Canardière et des bords de l'Oise, mais toujours en petit nombre. Sur un parcours de 4 kilomètres, je n'ai jamais constaté la présence de plus de deux couples et cette estimation était facile à faire à cause des quelques notes bruyantes, s'entendant dans la campagne à une grande distance, qui constituent le chant du mâle et qu'il ne cesse d'émettre du matin au soir, toujours dans le voisinage de son nid. 138 XAVIEU HASPAIL Dans la contrée, on le nomme à cause de son cri, le j^^rand Crâ- crâ. Son nid, profond et artistement construit, est fixé à plusieurs tiges de Roseaux et, par suite, se trouve pour ainsi dire suspendu; il est composé de feuilles sèches de Roseaux et de quelques herbes aquatiques et fortement garni et rembourré dans toute l'épaisseur des parois de la cavité, avec des épillets de l'inflorescence restés aux Roseaux de l'année précédente. La ponte est de quatre œufs, rarement de cinq, d'un blanc grisâtre, verdàtre et quelquefois bleuâtre avec des points et des taches d'un cendré roussàtre et, plus superficiellement, des taches plus ou moins larges d'un brun noir. Ils mesurent 22 à 24 millimètres sur lo à 17. Degland et Gerbe indiquent 23 millimètres sur 19, ce qui donne- rait à ces œufs une forme ovée ventrue. Chez cette espèce, la durée de l'incubation est de 13 jours, 22 heures et l'éducation des jeunes dans le nid, de 12 jours ainsi que l'établit l'observation suivante : Nid dans un épais massif de Roseaux sur les bords de l'Oise, trouvé le 30 mai avec deux œufs ; le 2 juin, la femelle couve avec cinq œufs. Après une visite, le 14 au soir, je trouve le 15, à 1 1 heu- res du matin, les cinq jeunes, dont lun vient de sortir de l'œuf à l'instant même de mon arrivée. Pendant leur éducation, le père et la mère se montrent d'une hardiesse extraordinaire pour défen- dre leurs petits ; ils s'approchent jusqu'à moins d'un mètre de moi. Le 27, à 3 heures du soir, deux jeunes sont encore dans le nid, les trois autres se tiennent sur les Roseaux ; à mon approche, ceux du nid le quittent précipitamment et tous les cinq s'éparpillent dans l'épaisseur des Roseaux. Cette observation a été complète, mais on n'arrive pas toujours à obtenir un tel résultat en raison de la longueur du chemin qu'il faut parcourir journellement pour se rendre à l'endroit où est placé le nid ; celui-ci se trouvait à près de cinq kilomètres de mon habitation. 70. RoussEROLLE Effarvatte. Calamoherpe arundinacea. L'Efïarvatte se reproduit en grand nombre sur le territoire de Gouvieux; j'ai compté dans les Roseaux qui bordent la rive gauche de l'Oise, jusqu'à 26 nids et cela sur un parcours de 1500 mètres. UNIi STATION ORXiTHOLOCIQIE DANS L OISE m Elle commence à niclier à la lin de mai; certaines années, on ne trouve les premières |)ont('s qu'en juin. Ainsi que je lai dit précédemment, le Coucou choisit de préfé- rence ces nids suspendus au-dessus de l'eau pour y déposer son œuf et c'est grâce à la facililé avec laquelle on les trouve et on peut les inspecter que je suis parvenu à observer la durée de l'incuba- tion de l'oHif du Coucou et à rectifier quelques-unes des erreurs qui étaient admises dans la biologie de cet Oiseau. Mais, alors que les Oiseaux en général construisent leur nid sur un type invariable, ceux de l'Elïarvatte affectent deux formes bien tranchées : lune (fig. 12, H) la plus fréquente, oblongue comme Fie. 12 le nid de la Turdoïde, mais avec moins de correction, l'autre sphéri- que (fig. 12, A); ils sont construits presque invariablement avecles paniculesde Roseaux de l'année précédente, on en trouve qui, tout en conservant la forme de panier oblong, sont d'un volume qui dépasse celui du nid de la RousseroUe Turdoïde et sont composés de matériaux assez variés ; j'en ai rencontré dont les parois étaient entremêlées de laine de Mouton. 140 XAVIF.R RASPAIL La ponte normale est de quatre œufs; sur une vingtaine de nids visités, deux seulement contenaient cinq œufs. En 1892, j'ai compté sept œufs dans un nid très volumineux et mal confectionné, mais c'est là un cas tout à fait exceptionnel. Ces œufs étaient couvés de plusieurs jours et ne paraissaient pas provenir de la même femelle, non seulement par leur volume, mais surtout i)ar la colo- ration ; quatre étaient bien semblables, d'un gris légèrement ver- dàtre, avec des taches plus ou moins grandes dun brun olivâtre, mesurant 18 mm 5 sur 14; les trois autres, ayant le fond dispa- raissant sous un glacis d'un jaune verdâtre obscur, avec des taches peu apparentes, mesurant 17 millimètres sur 13. En général, les œufs de l'Efïarvatte se reconnaissent très facile- ment bien que le fond de la coquille varie beaucoup, il est gris verdâtre, olivâtre ou bleuâtre, ces teintes étant plus ou moins obscures, avec de grandes taches d'un brun olivâtre souvent con- tinentes vers le gros bout et quelques points noirs. Ils mesurent 17 à 19 millimètres sur 13 à 14. Cette Fauvette présente cette intéressante particularité que cer- tains individus abandonnent, pour se reproduire, les Roseaux d'où lui est venu son nom spécifique, pour nicher dans les arbres et les buissons des jardins jusque dans l'intérieur de Paris, ainsi que mon regretté et vénérable collègue M. Jules Vian, Président hono- raire de la Société Zoologique de France, l'avait constaté vers 1830, alors qu'il était élève dans une pension située en haut de la mon- tagne Sainte-Geneviève, près du Panthéon. Dans la cour de cette pension existaient une vingtaine de Tilleuls dont les grosses bran- ches étaient coupées à deux mètres au-dessus du tronc et donnaient lieu à des pousses annuelles. Chaque été, M. Vian dénichait dans ces Tilleuls deux à trois nids d'une petite Fauvette qu'il n'a jamais vue descendre à terre. Le petit nid, en forme de coupe profonde, était placé entre de jeunes tiges perpendiculaires et solidement fixé à ces tiges, exactement comme le sont les nids d'Eiïarvatte entre les Roseaux. M. Vian se convainquit plus tard que sa petite Fau- vette delà montagne Sainte-Geneviève n'était autre que l'Eiïarvatte. De mon côté, en mai 1863, j'eus, pour la première fois, la surprise de rencontrer dans un parc situé à Cachan (Seine), où il n'existait aucune pièce d'eau, une petite Fauvette qui, de prime-abord, me parut en tout semblable à la Rousserolle Elïarvatte; je ne trouvai aucune différence comme taille et plumage, comme disposition et forme du nid, comme volume et coloration des œufs ; son chant même, qu'elle émettait comme l'Efïarvatte des Roseaux, tout en UNE STATION ORNITHOLOGIQUE DANS LOISE 141 grimpaiil le long des brancheltes quelle parcourait en sautillant, pour se dérober à mon approche dans l'épaisseur du feuillage, était identique à celui que javais entendu tant de fois sur les bords des cours d'eau et des élangs garnis de Roseaux. Dans ce parc de trois hectares, je comptai jusqu'à dix couples chaque année, quelques- uns nichant dans les jeunes pousses des Tilleuls, formant une avenue, coninie dans ceux de la montagne Sainle-lieneviève, mais le plus grand nombre dans les Lilas, les Symphorines, arbustes dont les branches se prêtaient mieux à la suspension du nid. Jusqu'aloi's, aucun ornithologiste, à ma connaissance, n'avait signalé ce fait curieux de la Calamoherpc arundinacca nichant loin de l'eau, dans les arbres et les buissons. Je pensais être seul à l'avoir constaté, car je ne connaissais pas encore l'observation, antérieure de 'i^ ans, de M. Jules Vian qui, d'ailleurs, ne l'avait pas j)ubliée, lorsquen 1884, M. (h"etté de Palluel, dans son étude des Oiseaux des environs de Paris (1), inséra le mention suivante : (( RousseroUe des arbres {Calamohcrpe arhorea C. P.) Nous avons ainsi nommé une espèce très-voisine de la précédente (RousseroUe EtTarvatte) qui arrive toujours plus tard, en mai et repart en août ; elle habite les endroits boisés, niche dans les buissons et quelque- fois même sur les arbres élevés. Elle se trouve dans tous les jar- dins même à Paris » Ainsi, M. Cretté de Palluel avait observé la nidification jusque dans les jardins de l'intérieur de Paris, dans les mêmes conditions que Jules Vian et moi l'avions déjà remarquée, d'une Fauvette très voisine de l'ERarvatle et dont il avait cru pouvoir faire une espèce distincte. En fait, existe-t-il deux espèces d'Efïarvatte, ainsi que je posais récemment cette question, comme titre d'une note publiée dans le Bulletin de la Société Zoologique de France [2,]. Pour la résoudre, je me suis appuyé justement sur cette constatation ((uel'Elïarvatte des Roseaux et lElïarvatte des arbustes donnent, à leur nid, deux formes bien tranchées avec cette circonstance que ces deux formes sont communes à Tune et à l'autre. J'ai (iguré, en elTel, par la photo- graphie, le nid sphérique (lig. 12,, A) et le nid oblong (lig. 12, R) de l'ElIarvatte des Roseaux, en regard de ceux similaires (lig. 13, A et B) de l'Elïarvatte qui se reproduit dans les arbustes et les (1) Notes pour servir à la faune des environs de Paris, Le Naturaliste, l" .luin 1884. (2) Existet-il deu.v espèces d'EITarvattc? Dali, de la Soc. Zool. de Fra)ice,\S.[\, page &'3, 4ÎK)4. 142 XAVIER UASPAIL buissons, loin des cours d eau et en mappuyant sur la similitude absolue des deux Oiseaux sous tous les rapports, j'ai conclu qu'il n'existe qu'une seule espère d'Efîarvalte, laquelle présente cette particularité que, pour des motifs que naturellement nous ne pouvons connaître, certains individus dérogent, pour se repro- duire, aux habitudes de leurs congénères. A FiG. 13. B Or, cette dissidence est nettement déterminée par la rencontre que j'ai faite, trois fois, à Gouvieux même, de nids d'Elïarvatte établis dans des arbustes : en 188.3, un nid dans un massif de Ronces et d'Epines, près de la Nonette; en 1885, un nid dans un Cornouil- ler en arbre qui avait poussé au milieu des Peupliers et des Saules, sur les bords de lOise garnis en cet endroit dun épais rideau de Roseaux ; enfin, en 1888 et, ici, nous rentrons dans les conditions de la nidification de lEfïarvatte dans le département de la Seine, je découvris une petite colonie de six nids établis dans les Lilas qui avaient envahi un ancien jardin attenant à un moulin construit sur la Nonette et alors abandonné. Ce terrain inculte se trouvait bordé de deux côtés par les canaux de la Canardière, dont les bords sont également garnis de Roseaux. Ces six couples d'Efïarvatte UNE STATION OHNITIIOLOGIQUE DANS l'oISE 143 qui avaient délaissé les Roseaux à leur portée pour établir leurs nids dans les arbustes doivent être considérés comme similaires de ceux qui choisissent, poui' se reproduire, les jardins intra et extra mjtros de Paris. Par une observation que j'ai faite d'un nid trouvé le 31 mai, avec deux œufs, la femelle couvant le 2 juin, avec ses quatre œufs, j'ai pu déterminer, chez cette espèce la durée de l'incubation qui est de 11 jours 8 heures : le 13, entre 1 heure et 3 heures, les jeunes sor- tirent de leur coquille. J'ai dit que le Coucou femelle préfère les nids d'Efïarvatte pour y déposer son œuf. Or, cet (euf dilïère tellement de ceux au milieu desquels il est déposé en remplacement de l'un d'eux enlevé par le Coucou, qu'il n'est pas possible que l'Elïarvatte soit trompée sur cette substitution, non seulement à cause du volume de l'œuf étranger, mais surtout de sa coloration qui est souvent d'un gris lilacé alors que les œufs légitimes sont d'un gris verdàtF-e surchargé de larges taches d'un brun olive. Cependant, elle l'accejjte toujours, comme le font, du reste, tous les autres Passereaux, alors que j'ai acquis la certitude, par les trois expériences suivantes, que l'Efïar- valte n'adopte jamais d'œufs de sa propre espèce, même ceux choisis parmi les plus semblables aux siens, comme coloration, pour les échanger au cours de sa ponte. 1» Dans un nid d'Elïarvatte, trouvé le 2 juin avec deux œufs, je remplace l'un deux par un autre aussi frais pris dans un nid voi- sin et présentant une coloration presqueidentique; la femelle achève sa ponte et commence à couver le 4 juin. Le 7, je constate qu'il ne reste que trois œufs dans le nid ; celui mis par moi a disparu. Le 18, les trois jeunes sont éclos. 2'^ Le 6 juin, je renouvelle la même expérience sur une ponte ter- minée la femelle tenant le nid. L'œuf substitué disparut le lendeinain- 3" Enfin, le 7 juin, dans un nid dont la ponte venait d'être ter- minée, je remplace deux œufs par deux autres également frais et choisis comme dans les expériences précédentes. Vers la fin de l'incubation, je constate que le nid ne contient plus que deux œufs appartenant bien à la mère. D'après ces résultats, il est donc permis de conclure qu'en adop- tant l'œuf du Coucou, l'Etïarvatte ne peut se laisser tromper et que, si elle consent à couver et ensuite à élever avec dévouement l'étranger qui s'est substitué à sa |)ropre progéniture, elle accom- plit une mission obligatoire, à laquelle elle ne cherche i)as à se soustraire et qui lui est imposée comme une loi naturelle. 144 XAVIKR RASl'AIL 71. Phragmite des joncs. Calamodyta phragmitis. Peu commune, si je dois m'en rapporter au nombre restreint des nids que j'ai pu découvrir; trois en tout, deux placés sur des mas- sifs d'Orties brisées, enchevêtrées, dans une ile de la Nonette et le troisième, dans un fouillis de rameaux de Houblon rampant dans les herbes épaisses de la partie des bords de lOise où atteignent les eaux lors des grandes crues de la rivière. Le nid proprement.dit repose sur une couche matelassée de tiges d'herbes sèches, de racines de chiendent mélangées d'un peu de Mousse, ses parois sont composées d'herbes et de chaume et l'inté- rieur est garni de fines tiges herbacées, d'épillets de panicules de Roseaux et de quelques crins. La ponte est de cinq œufs d'un cendré fauve surchargé de petites taches plus foncées peu apparentes, en partie continentes et unifor- mément réparties sur toute la coquille, avec un trait délié d'un brun noir vers le gros bout; ces œufs rappellent exactement ceux de la Bergeronnette printanière avec une teinte plus foncée. Ils mesurent 17 à 18 millimètres sur 13 à 14. 72. — Troglodyte mignon. , • Troglodytes parvulus. Généralement connu en France sous le nom de Roitelet, le Troglo- dyte a reçu dans la contrée le nom de Petit Bœuf. Ce charmant petit Oiseau est sédentaire; on le trouve partout dans l'intérieur des bois comme dans le voisinage des habitations, dont, l'hiver, il devient un des familiers. Il pénètre comme chez lui dans les serres, les écuries, les greniers où il donne la chasse aux Insectes qui s'y sont réfugiés pour hiverner. Souvent même, il y passe plusieurs jours trouvant ainsi, avec une alimentation pré cieuse pour la saison, un gîte agréable qui le met à l'abri des intem- péries. Son nid assez volumineux, d'une forme globuleuse ou ovale est fer- mé; l'ouverture étroite et parfaitement arrondie est placée un peu en renfoncement sur le côté, vers la partie supérieure. Construit géné- ralement avec de la Mousse, solidement matelassée, puis revêtu extérieurement de tiges d'herbes et de feuilles mortes, il est garni à l'intérieur d'une couche de plumes (fig, 14). Cependant l'Oiseau y fait entrer quelquefois d'autres matériaux qu'il choisit pour mieux le dissimuler dans l'endroit qu'il a adopté pour l'édifier LNK STATION OnMTIIOLOr.IQUK DANS l/oiSK 145 {\\<^. 15). car il n'a pas de préféicnn» pour siiislallci'. L'énuniéra Fk;. l'i. — ■ Xitl lo [)lus DidiiKiirf du Tro(;loi)Vtk .mignon lion serait longpe de tous les emplacements (ju'il choisit depuis FiG. l.'i. — .Nid d(> TuoGLODYTK plact'î sur un*^ solive du piiifuiul d'une remise et uni(|uement construit de débris de paille et de glumcs d'.\voine. le sol, les troncs d'arbres, les arbustes, jusqu'aux toits de chaume Mém. Soc. Zool. de I-r., 1903. 10 146 XAVllill KASI'AIL et aux huiles de charbonniers. On peul se résumer en disanlquon trouve ce nid partout où lOiseau est parvenu à ladapter. Le Troglodyte construit son nid assez h)ngtenips avant de com- mencer sa ponte rpii est de six à huit œufs d'une forme ovée allon- gée, d'un blanc pur, finement pointillés et tachetés de brun rougeàtre, surtout au gros bout. Ils mesurent : 17 millimètres sur 12, et sont relativement gros par rapport à la petite taille de l'Oiseau. Plusieurs observations que j'avais entreprises en vue de déterminer la durée de lincubation n'ont pu aboutir par suite de la destruction de la couvée par le Lérot. 78. POUILLOT FlTIS. Phyllopncuste trochilus. Depuis quatre à cinq ans, le Fitis est devenu moins commun; je ne trouve plus que rarement son nid là où habituellement j'en comptais souvent cinq ou six dans une étendue de quatre hectares. Ce nid, toujours placé à terre, est admirablement dissimulé au pied d'un buisson, au milieu des feuilles mortes, sous la Mousse et les herbes; assez grand, il est construit en forme de four, l'ouver- ture étant placée au milieu de la liauteur de la paroi latérale, et composé de feuilles, d'herbes et de beaucoup de plumes à linté- rieur (lig. 16). G IG. Nid du FouiLLoT Fins. La ponte est de cinq œufs dun blanc pur, quelquefois légère- ment jaunâtre, avec des points et de petites taches d'un rouge bri- U.NK STATION ORNITHOLOdIQl'E DANS LOISE 147 que pâle répandus uiiiforuiénienl sur toute la coquille. La l'orme est ovée courte. Ils mesurent 14 millimètres sur 12. Je repi'oduis les deux observations eomplètes ([ue j'ai pu faire sur la nidilication de cette espèce. Obs. a. — Nid placé en bordure d'une partie de bois, dans un en- droit où il n'avait poussé aucune lierbe et dissimulé sous des feuil- les mortes dans un creux du terrain. La ponte est commencée le 23 avril et teiininée le 2H; dans la nuitinéc, la femelle n'occu])e |)as le nid, mais, à o beui'cs du soir elle est sur ses 5 œufs qui sont chauds; contrairement à la règle chez les Passereaux, elle navail pas commencé l'incubation aussi- tôt le dernier œuf pondu. Le 1 1 mai, à 1) heures et demie du ma- tin, la moitié des œufs sont éclos; à midi, il reste encoie un œuf qui éclot à 2 heures. Le 213, les jeunes sont encore dans le nid à H heures du soir; le 24, à 8 heures du matin, celui-ci est vide. Ors. b. — Nid au pied d'un Sureau sur le bord d'une allée, trouvé, le 5 juin, avec un œuf. Le 20, deux jeunes sont sortis de la coquille entre S et 11 heures du matin; les deux autres, entre 3 et o heures du soir. Le 3 juillet, les jeunes sont prêts à pailir lors de ma visite à quatre heures; le 4, de grand matin, le nid est vide et glacé par l'humidité de la nuit;le départ a dû avoir lieu le 3, dans la soirée. Ainsi, la durée de l'incubation a été dans l'observation a, en comptant le début à i)artir de 7 heures du matin, bien que la femelle n'ait pas tenu le nid aussitôt son dernier œuf pondu, de 13 jours et 7 heures jtour le dernier éclos. Dans l'observation b, elle a été de 12 jours et 7 heures environ pour les derniers éclos. La durée de l'éducation des jeunes dans le nid a été la même dans les deux observations, soit de 13 jours. 74. POUILLOT VÉLOCE. Pkyllopîieuste rufa. Moins commun que le PMtis, le Pouillot véloce ne se lient que dans l'intérieur des bois où il niche au milieu des jeunes taillis de deux à trois ans, dans les parties envahies par les Laîches. Son nid globuleux (llg. 17) fermé, avec l'ouverture sur le côlé. est composé de tiges et de feuilles d'herbes sèches et de jjlunu's à l'intérieur. Jamais je ne l'ai trouvé à terre ainsi que l'indiquent les auteurs, mais toujours placé dans un petit buisson cntouié de 148 XAVIER RASPAIL Laîches, à 30 ou 40 centimètres du sol ; la ponte est généralement de six œufs d'un blanc pur, avec de petites taches punctiformes dun FiG. 17. Nid de Pouillot véloce. brun noirâtre, plus nombreuses vers le gros bout. Ils ont la forme des œufs du Fitis et mesurent, comme ces derniers, 14 millimètres sur 12. 7;"). Roitelet huppé. Begulus cristattis. De tous les Oiseaux d'Europe, les Roitelets sont les plus petits et certainement les plus gracieux. Les deux espèces que nous possé- dons et dont, pendant longtemps, on n'avait fait que deux races, ne présentent comme différence bien appréciable que celle qui leur a fait donner leur nom spéciiique : le premier, sa huppe parfaite- ment dessinée, le second, ses deux bandes blanches au-dessus et au- dessous de l'œil qui est traversé par une autre bande noire. Tous les deux ont des mœurs identiques, la même nidification; les œufs seuls, bien qu'ayant une forme et un volume semblables, diffèrent par la coloration. Le Roitelet huppé est le plus commun dans nos parages; au pas- sage d'automne et souvent jusqu'à l'approche de l'hiver, on le UNE STATION ORNITHOLOGIQUE DANS L OISE 149 rencontre par petite bandes de huit à dix individus occupés à ex- plorer toutes les branches de Conifères; il est rare de les voir sar- réter sur d'autres arbres forestiers. Ils sont sans cesse en mouvement, voltij^eant de branche en branche, se tenant indilTéremment dans toutes les positions pour récolter les petits Insectes, les œufs, les larves dans les gerçures de l'écorce des branches ou entre les feuilles et les aiguilles de Sapin. Les deux espèces ne construisent leur nid que dans les Conifères : Epicéas et Pins noirs d'Autriche. Ces nids sont difliciles à aperce- voir, ils sont établis en dessous d'une branche d'Epicéa entre les rameaux qui retombent réunis par des toiles d'Araignées et qui forment souvent la charpente du nid (lig. IS). ou bien dans un FlG. 18. — Nid (lo HoiTELF.T miPLE UA.NUEAL. Pin d'Autriche, cachés au milieu des longues aiguilles. Ouverts eu dessus, presque sphéii(|ues, très arlistement construits, ils sont composés de Mousse, de Lichen, reliés par des toiles d'Araignées et à l'intérieur, chaudement garnis de plumes dont certaines sont disposées de façon à se recourber pour recouvrir la cavité. laO XAVIKH RASI'AIL La ponte du Roitelet huppé est de huit à dix œufs obtus, d'un blanc jaunâtre, couleur café au lait très pâle, avec des points plus foncés formant vers le gros bout une couronne peu apparente. Ils mesurent 13 millimètres sur 9. Le Roitelet huppé niche communément dans les arbres verts des propriétés situées même dans le centre du village. Il commence à pondre dans les premiers jours de mai. 76. Roitelet triple bandeau. Regulus ignicapillus. Moins commun que le précédent, ce Roitelet niche cependant régulièrement à Gouvieux qui est ainsi privilégié, car on ne cite pas beaucoup de localités dans le nord de la France où ce petit Oiseau se reproduit. J'ai trouvé, le 10 mai 1887, dans le même Epicéa, deux nids appartenant à chacune des deux espèces et placés à quelques mètres seulement l'un de lautre, ce qui prouve que les deux Roitelets vivent en bonne intelligence. Les œufs, qui ne diffèrent de ceux du cristatus que par la colo- ration, sont d'un blanc couleur de chair ou rosé, avec des petits points d'une teinte plus rembrunie, dessinant au gros bout, tantôt une calotte, tantôt une couronne. Ils mesurent également 13 mil- limètres sur 9; ce sont de véritables miniatures. 77. MÉSANGE CHARRONNIÎmE. Parus major. On peut dire que toutes les cavités où elle peut abriter son nid conviennent à la Mésange charbonnière : trous de vieux arbres, crevasses des murs, des vieux bâtiments, des parois des carrières, dessous de toits de chaume, enhn, tous les objets quelconques dans lesquels elle trouve une place suffisante pour s'installer. J'ai trouvé son nid dans un arrosoir accroché sous un hangar, dans une vieille boîte aux lettres suspendue à une porte charretière, dans le sommet du corps d'une pompe à purin, etc ; du reste, tous les ustensiles et les vases que je dispose en vue de servir de cavités artificielles, sont toujours adoptés par elle, ce qui m'a permis de faciliter une plus grande reproduction de cette espèce dans mon parc. Le nid, comme la plupart de ceux qui sont construits dans des cavités closes, se compose dun amas de matériaux au centre du- quel est ménagée la cavité chaudement capitonnée de plumes et UNE STATION OHNITIIOLOfilOrK DANS l/oiSK 151 d'un duvet de provenances diverses, mais le |)lus souvent formé de poils de Lapins et de Lièvres, dans les couti-ées bien entendu où ces animaux existent. La ponte est de dix à douze œufs, je n'en ai jamais rencontré de supérieure à ce nombre, bien (|ue Degland et (ierbe parlent de quatorze et même de dix-huit. Ils sont d'un blanc quekiuefois très léj^èrement nuancé de jau- nâtre avec des taches et des points répandus sur toute la coquille, mais plus nombreux et plus rapprochés au gros bout, d'un rouge brique clair, les uns profonds et comme à demi elïacés, les autres superficiels et dune leinle assez vive ; ces ouifs sont ovés courts et mesurent 17 à IS millimètres sur l-'{. Deux observations, faites en avril-mai et en juin, m'ont permis d'établir la durée de l'incubation (|ui est de 11 jours et celle de l'éducation des jcuiu's dans le nid (|ui a été ])()iir l'observation d'avril-mai. de :i(> jours, tandis que |)our celle de juin, elle n'a été que de LS jours. Mais je ci'ois que pour cette dernière, les jeu- nes sont partis plus tôt par suite de mon arrivée le soir, ce qui les effraya au point que l'un d'eux s'échappa du trou pour aller se percher sur une l)ranche. Je crois intéressant de reproduire la première de ces observa- tions. Cette Mésange avait choisi pour établir son nid, un grand enton- noir en fer-blanc appliqué contre une palissade en planches, et dont le tuyau avait été supprimé. Le 19 avril, convaincu que le nid devait être terminé depuis plusieurs jours, je découvris, en effet, qu'il contenait déjà huit œufs que la mère recouvrait chaque jour après sa ponte, d'une couche de duvet, ce qui m'avait empêché de les apercevoir à mes visites journalières précédentes. Le 23, elle tient le nid avec douze œufs ; l'incubation a donc commencé dès le der- nier œuf pondu le matin même. Le 4 mai, à une heure de l'après- midi, je trouve trois jeunes qui viennent de sortir de la coquille ; mais à partir de ce moment, il m'est impossible d'éloigner la mère qui s'obstine à rester sur le nid malgré le déplacement de l'enton- noir et bien que je la taquine avec une baguette. Le 6, la tête d'un jeunesortde dessous son aile, demandant la becquée; ce n'est que le 7 que j'arrive enfin en l'absence de celle entêtée et que je puis voir dix jeunes encore sans duvet ; le li, à mon approche, toutes les têtes se lèvent, le bec grand ouvert ; les jeunes commencent à s'emi)lumer; le i."), leur tête l'est complètemenlet le moindre bruit les fait déjà s'aplatir en se tassant les uns contre les autres. Le 23, 132 XAVIER RASPAIL ils sont prêts à partir; à 1 heure, l'un deux est à moitié sorti du trou ; le 24, à 6 heures et demie du matin, le nid est vide, mais les jeunes y ont encore passé la nuit, car deux œufs clairs restés dans le fond sont encore chauds. La Mésange charbonnière, qui peut être considérée comme un de nos Oiseaux sédentaires les plus utiles, se montre toujours vive, alerte ; sans cesse en mouvement, elle explore les arbres, se pen- dant aux rameaux dont elle inspecte l'écorce, les feuilles, les bour- geons pour y découvrir les petits Insectes, les larves qui s'y cachent et surtout les œufs de Lépidoptères qui y sont collés et dont elle est très friande. Elle recherche également certaines graines pour en extraire l'amande en les perçant avec son bec, après les avoir préa- lablement assujetties contre une branche à l'aide de ses pattes. C'est ainsi qu'elle arrive à perforer la coquille de la noix pour en atteindre le contenu. Elle a un goût tout particulier pour le fro- mage de Gruyère, dont l'odeur lattire de loin et quelle sait décou- vrir dans les pièges qui en sont amorcés, ce qui lui coûte parfois la vie, car elle s'est souvent fait prendre sous les assommoirs que j'amorçais avec du Gruyère pour y attirer les Chats et les Héris sons. La Mésange charbonnière, sociable en liberté, car on la voit en automne mêlée avec des individus des autres espèces qui fréquen- tent nos parages, devient querelleuse et féroce en captivité, atta- quant et tuant des Oiseaux quelquefois plus gros qu'elle, pour leur manger la cervelle. Au printemps, elle annonce le renouveau et ses futures amours en répétant sans cesse, au cours de ses explorations dans les arbres, un cri qui, par onomatopée, lui a fait donner, dans la contrée, le nom de Télrcic. 78. MÉSANGE NOmE. Parus ater. Connue sous le nom de Petite Charbonnière, la Mésange noire niche irrégulièrement sur le territoire de Gouvieux ; certaines années, je ne lai pas aperçue une seule fois pendant la saison de reproduction. Au passage de l'automne, elle se montre communé- ment en compagnie des autres Paridés. Les quelques nids que j'ai trouvés étaient toujours dans un trou des vieux Saules élêtés des prés Concierge et des bords de la Nonette et composés en grande partie de bourre et de poils de Lièvre. La ponte est de six à huit œufs assez courts, d'un blanc pur, avec de UNE STATION OHNITHOLOOrQL'E DANS l'oISE 1o3 petits points d'un brun rougeàtre clairsemés sur toute la coquille. Ils mesurent la millimètres sur 12. 79. MÉSANGE BLEUE. Parus cœruleus. La Mésange bleue nicbe dans les trous d'arbres qu'elle nbésite pas à disputer aux autres Oiseaux qui en ont déjà piis possession, mais souvent elle creuse elle-même dans les branches mortes, des Saules principalement, où le bois ofïre peu de résistance, une cavité tout juste suflisante pour contenir son petit nid dont elle matelasse les parois avec de la bourre, des poils, des toiles d'Arai- gnées, mélangés de petits copeaux de bois. Quelquefois, elle le place dans une crevasse de mur et, deux fois, je l'ai vue l'établir dans un espace qui s'était produit sous le zinc de recouvrement d'une volute terminant le côté en bois du haut pignon d'une villa récem- ment construite. Jamais elle n'adopte les nids artificiels comme le font avec tant d'empressement le Rouge-queue de muraille et la Mésange charbonnière. Sa ponte est de huit à dix œufs, ayant exactement la forme des espèces précédentes, d'un blanc pur avec des taches quelquefois assez grandes, duu rouge brique, au gros bout et quelques rares points de la même teinte sur le reste de la coquille. Ils mesurent II') millimètres sur 12. Le joli plumage et l'allure gracieuse de la Mésange bleue sont bien faits pour vous charmer, quand on la voit évoluer dans les arbres qu'elle explore pour les débarrasser des Insectes qu'ils abritent, mais pour peu qu'on l'observe, on ne tarde ])as à découvrir (fu'elle se montre encore plus acariâtre et batailleuse que la Mésange charbonnière. En captivité, elle exerce toute sa cruauté sur les Oiseaux plus faibles qu'elle ; elle les attaque avec acharnement et parvient à les tuer en les frappant sur le crâne, de son bec acéré, pour atteindre la cervelle. 80. NONNETTE DES MARAIS. Pœcile palustris. Je serais plutôt tenté d'inscrire cette Mésange sous le nom de Nonnette vulgaire qui lui conviendrait mieux, car si j'ai quelque- fois trouvé son nid dans les vieux Saules des prés, elle niche bien plus fréquemment dans les trous des vieux arbres fruitiers de la côte des Vignes et dans les arbres troués en bordure des bois de la lo4 XAVIKR RASPAIL Plaine-Basse, par conséquent à une grande distance des marais et des cours d'eau. De même que i)Our l'Hypolaïs, on a fait pour la Nonnette une coupe spécifique tout en reconnaissant que les rap- ports qui existent entre la palustris et la communis sont bien étroits ; les différences relevées sont tellement minimes qu'à mon avis, il y aurait lieu de ne les attribuer qu'à des individus plus torts comme cela se présente du reste chez toutes les espèces d'animaux. Tout au plus pourrait-on s'en autoriser pour en faire des races locales. Néanmoins, je me conforme à la coutume admise par les orni- thologistes en conservant le nom que Linné avait donné à la Non- nette, c'est à-dire celui de palustri^. La Nonnette se montre encore plus entêtée que la Mésange char- bonnière pour rester sur ses œufs quand on veut la forcera quitter son nid. C'est l'unique raison qui m'a empêché d'obtenir la durée de l'incubation chez cette espèce. 11 y a quelques années, vers le 30 avril, un couple vint faire son nid près de mon habitation, dans un baliveau de Chêne presque entièrement creusé dans l'intérieur, n'ayant plus pour ainsi dire que l'écorce; le nid setrouvait placé à peu près à 30 centimètres de l'ouverture située à plus de 2, mètres du sol. Dès son premier œuf pondu, la femelle se tint dans l'inté rieur sans qu'il me fût possible de la décider à en sortir. J'en vins à guetter les moments où elle allait manger et dès que je la voyais s'éloigner dans le bois, je me précipitais vers une petite échelle que je tenais à proximité et, avec toute la célérité dont j'étais capa- ble, je courais l'appliquer contre le Chêneau, mais je n'avais pas mis le pied sur le premier éclielon que la gaillarde, qui devait me surveiller, arrivait comme une flèche et disparaissait dans la cavité où elle se serait laissé tuer plutôt que de se décider à aban- donner la place. Vers l'époque qui me parut coïncider avec léclo- sion des œufs, je multipliai mes tentatives, mais toujours sans plus de succès. La ponte est généralement de huit œufs un peu allongés, d'un blanc pur avec des tâches punctiformes tantôt d'un rouge brique, tantôt d'un brun rougeàtre, plus nombreuses au gros bout où, sur certains œufs, elles forment une couronne. Ils mesurent 17 millimètres sur 12. 81. Orite longicaude. Orites caudatus. Plus connue sous le nom de Mésange à longue queue, l'Orite peut être considérée comme sédentaire dans notre région, car si on [TNE STATION OMMTIIOI.Or.lQl'K DANS l'oISK loî) reste parfois un certain temps sans l'apercevoir, cela tient unique- ment à ses déplacements incessants motivés par la recherche de sa nourriture exclusivement composée d'Insectes sous leur trois états: en efïet, on la rencontre en toutes saisons même au cours des hivers les plus rigoureux. Son nid est une petite merveille d architecluie (tig. lil), mais :>•-. FiG. 19. — Nid (I'Okite longicaude placn dans la fourcho des maîtresses branches d'un Pommier. d'un volume qui, à première vue, parait dispoportionné à la taille minuscule de l'Oiseau, elle consacre à sa construction de longs jours avant qu'il ne soit en état de recevoir la ponte, généralement, elle le commence dans la première quinzaine de lévrier et elle met plus d'un mois à le terminer. 11 a la forme d'un grand ovoïde plus large du bas et est complè- tement fermé, sauf vers le sommet où se trouve une petite entrée parfaitement circulaire, la paroi extérieure est composée de Mousse agglomérée à l'aide de toiles d'Araignées et recouverte de Lichen également soutenu par des toiles d'Araignées aux({uelles se trou- vent mélangées quelques fines pelures décorce de Bouleau ; l'inté- rieur est fortement matelassé de plumes duveteuses et il faut avoir défait un de ces nids, pour a|)précier l'énorme (|uantité de plumes que ces petits Oiseaux parviennent à y faire entrer. Plusieurs auteurs ont mentionné que le nid de l'Oritelongicaude 156 XAVIER RASPAIL avait deux ouvertures vis-à-vis l'une de l'autre, de façon à permet- tre à l'Oiseau d'entrer et de sortir sans froisser sa queue. C'est là une erreur que ces ornithologistes auraient évitée, s ils avaient vu des nids de cette espèce sur place. Il n'y a jamais qu'une seule ouverture et l'Orite, en entrant dans l'intérieur, se tourne de façon que sa longue queue s'applique sur les parois du nid en décrivant une courbe. Chez l'Orite longicaude, la durée de l'incubation est de 15 jours 1/2 à 16 jours et celle de l'éducation des jeunes dans le nid, de 17 jours 12 heures à 20 jours. Ce dernier terme m'a été fourni par l'observation d'un nid dont je n'avais pu surveiller l'incubation. Je reproduis l'observation complète faite en mars-avril. Le nid fut commencé le 15 février à la jonction d'une maîtresse branche avec le tronc d'un jeune Cèdre du Liban. Le 5 mars, il n'était encore qu'à moitié construit, mais à partir de ce jour, le couple accéléra son travail et le 10 suivant, le nid était presque terminé avec la petite ouverture circulaire réservée sur la face sud. Ces Oiseaux garnirent ensuite l'intérieur de plumes que je leur vis transporter jusqu'au 18 mars. Le 19, je trouvai le premier œuf et la ponte se continua réguliè- rement jusqu'au 2S, soit en tout 10 œufs, puis la femelle se tint toute la journée dans le nid, c'était donc le premier jour de l'incu- bation. Le 12 avril, à 10 heures du matin, il n'y avait encore au- cune éclosion, mais à 5 heures et demie je trouvai un jeune, le lendemain 13, à 8 heures du matin, tous les œufs étaient éclos, sauf un qui ne l'était pas encore à 6 heures du soir; le 14, à 7 heures du matin, je ne le sentis plus, mais je ne pus compter s'il y avait bien dix petits, ne pouvant introduire qu'un seul doigt par l'ouverture si étroite et obligé à de grandes précautions pour ne pas faire écla- ter les parois. Le 23, le nid est crevé à l'opposé de l'ouverture, ce sont les jeu- nes très turbulents qui ont causé la rupture par laquelle font saillie les plumes de l'intérieur. C'est probablement sur un exemple semblable que s'est accréditée la prétendue existence de deux entrées opposées l'une à l'autre. Le 28, le nid sefïondre de plus eu plus à cause de cette brèche par laquelle sort un énorme paquet de plumes. Le 30, à 7 heures du matin, les jeunes sont toujours dans le nid, mais à 10 heures, il est complètement vide. J'aperçois, dans le voisinage, les jeunes sur une branche d'arbre, à l'abri du vent, tous serrés les uns con- tre les autres. UNE STATION ORNITHOLOGIQUE DAlvS LOISE IS? Dans les derniers jours qu'ils passent dans leur berceau, les jeunes, très lurhulents, ne cessent de gazouiller, mais ils s'arrêtent instantanément et ne font plus le moindre bruit dès qu'ils vous entendent approcher. Un petit détail intéressant à noter : les parents, aussitôt la nais- sance de leurs petits, disposent à rentrée du nid une grande plume qu'ils ramènent devant l'ouverture comme une portière lorsque la température baisse ou qu'ils écartent lorsqu'ils jugent nécessaire de donner plus dair aux jeunes. La ponte est de 10 à 12 œufs un peu courts, blancs avec de petits points d'un gris rongeàtre presque etïacés. réunis au gros bout où ils forment une étroite couronne. Ils mesurent ï\ millimètres sur 11. Les œufs récoltés à Gouvieux ont un volume un peu supérieur à celui de ceux que je possède d'autres pays, notamment de Cachan (Seine) et qui n'ont que 13 millimètres sur 10, De plus, ces derniers portent sur toute la coquille des points d'un brun rougeàtre assez accentué, plus nombreux au gros bout où ils forment une couronne apparente. 82. Bltalis guis. Butalis grisola. X partir de 18ÎKÎ, je crus que le Butalis, vulgairement appelé Gobe-Mouche, et ([ui était antérieurement très commun à Gouvieux avait cessé de venir s'y reproduire. Cette année là, on me signala encore un couple qui avait établi son nid sur une treille, dans un jardin de l'intérieur du village, mais depuis, je n'avais plus jamais aperçu un seul individu soit chez moi, soit au cours de mes excur- sions et sa présence ne fut plus remarquée sur aucun point de la localité. J'attribuais cette disparition, non sans raison, à sa destruc- tion qui se fait, à l'automne dans lest, et au printemps dans le midi, lors de ses pa.ssages. C'est l'Oiseau, en etïet, qui donne le plus facilement dans les pièges comme celui qui sert à la « tendue » autorisée en violation de la loi par certains préfets. Il sulïit de planter un bâton, au milieu d'une pelouse, pour voir le Butalis s'y percher aussitôt et attendre, sur cet observatoire, le passage des Piérides et des Noctuelles dont il fait une énorme consommation. Si on remplace le bâton par la raquette, on comprend avec quelle facilité, ce précieux protecteur de nos cultures se laisse capturer. Je ne comptais donc plus cet Oiseau dans la petite faune locale dont je m'occupe ici, lorsqu'en 1901, je trouvai un nid appliqué le 158 XAVIKH RASPAIL long d'un tronc de Chêne qui, par sa construction, ne pouvait appar- tenir qu'au Butalis ; il contenait, en effet, les débris des œufs de ce dernier quun Lérot avait mangés. Depuis, je constate régulièrement la présence du Butalis dans mon parc et, ayant découvert, en juin 1903, un nid en construction dans un petit Poirier, bien placé pour être observé sans difficulté, j'ai pu l'aire une observation complète sur sa reproduction, ce nid ayant échappé aux causes de destruction habituelles. La durée de l'incubation a été de 12 jours 2 heures pour les deux premiers œufs éclos ; de 12 jours 8 heures, pour le troisième et de 12 jours 13 heures pour le quatrième, la ponte n'ayant été que de quatre œufs. L'éducation des jeunes dans le nid a été exactement de 14 jours. De toutes les observations que j'ai faites jusqu'ici sur l'incubation c'est aux termes appartenant au Rouge-queue de muraille que se rapportent presque exactement ceux fournis par le Butalis gris, ainsi qu'on peut s'en rendre compte par le petit tableau suivant : ESPÈCES INCUBATION ÉCART APPROXIMATIF DANS l'éclosion ÉDUCATION DESJEUNES DANS LE NID - DU DERNIER OEUF PONDU AU DÉPART DES JEUNES Rouge-queue de muraille Butalis gris 12 jours 3 h. à 12 j. 23 h. 12 j. 2 h. à 12 j. 13 h. 20 heures 11 heures 14 jours 14 jours 26 jours 26 jours Ces deux Oiseaux, faisant partie de deux familles distinctes, ont à peu près la même taille, mais les œufs du Butalis gris ont, pour le grand axe, 2 mm de plus que les œufs du Rouge-queue de mu- raille et ce qui est à noter, c'est l'emplacement totalement différent qu'ils choisissent pour établir leur nid : le premier construit le sien à l'air libre, dans les espaliers, les treilles ou adossé contre le tronc d'un arbre, tandis que le second le place dans des cavités closes et le confectionne avec des matériaux plus denses et plus chauds. Le nid du Butalis, étant habituellement appliqué contre un mur ou une branche d'arbre, a la forme d'une demi-circonférence dont l'appui formerait le diamètre. 11 est composé de Mousse, de tiges de Graminées, de racines et garni à l'intérieur de fines radicelles et de fibres corticales, rarement on y trouve quelques plumes ou des crins. La première ponte est de cinq œufs, la seconde de quatre; UNK STATION ()H.MTHOLO(;iQL'E DANS l'OISK 1o9 ces œufs assez courts sont d un blanc grisâtre nuancé de bleuâtre ou de verdàtre, avec des taches d'un roux nuancé de laque carmi- née sur lœuf fraîchement pondu, les unes profondes et elïacées,les autres superficielles répandues sur toute la coquille, tout en étant plus nombreuses au gros bout, ils mesurent I!) niilliniètres sur 14. Je possède une ponte trouvée le 12. juin IHS.'J, dans un nid placé sur une vigne en espalier, dont les cinq œufs dilTérent non seulement de ceux ordinaires à l'espèce, mais à un tel point entre eux que pas un ne ressemble à l'autre, llssojit si variés de teinte, dans leur coloration, que faute d'indication précise sur leur origine, on croi- rait qu'ils proviennent d'autant d'espèces différentes ou inconnues. I^e fait est lellement anormal tju'il me paraît intéressant d'en faire une mention spéciale et de les décrire séparément en commençant par celui qui se rapproche le plus de la coloration typique de l'œuf de Butalis gris. A. — D'un blanc grisâtre, avec des petites taches d'un rougeàtre sombre nuancé à l'état frais de laque carminée, très nombreuses et uniformément distribuées sur toute la surface de l'œuf, sauf vers le gros bout où, |)lus rapprochées, elle forment une légère cou- ronne. fi. — D'un blanc roussàtre, avec une multitude de petites taches d'un roux rembruni régulièrement semées sur toute la coquille, mais plus rapprochées vers le gros bout où elles forment une cou- ronne plus accusée que sur l'œuf précédent. C. — D'un blanc sale parsemé de très petits points assez espacés et d'une demi douzaine de taches d'un brun rougeàtre pâle comme à moitié essuyées. D. — D'un fauve rembruni, avec des taches assez nombreuses vers l'extrémité du gros bout et quelques-unes seulement d'une teinte ])lus foncée éparses sur le reste de la co(iuille; ces taches peu apparentes sont profondes et comme surchargées de la teinte même du fond. E. — D'un beau blanc azui'é, avec une dizaine de i)etites taches profondes grises et siqjerliciellement une tache et trois ou quatre points bruns. Ainsi, dans cette poule d(^ Butalis, il est inconsteslable (|ue la femelle qui a produit en ciiui jours consécutifs, ces cin(| nnifs si absolument dissemblables a eu chaque jour dans ses organes repro- ducteurs, des modifications qui leur ont fait élaborer des sécrétions dilïérentes et distribuer dilTéremment les taches. Il y a bien là de 1()0 XAVIEH HASPAIL quoi dérouler toutes les idées que les auteurs ont pu émettre jusqu'ici sur la formation des matières colorantes qui se déposent si diversement sur les œufs des Oiseaux. Certaines espèces, à la vérité, peuvent produire odinairement des pontes variées, tels le Coucou et le Pipi des arbres, mais si les individus ont des pontes qui diffèrent entre elles du tout au tout, du moins, chacun deux produit toujours des œufs exactement semblables. Ces œufs si disi)arates, de forme. plutôt oblongue que vraiment ovée et mesurant 18 à 19 millimètres sur 14 à 14,5, offrent un in té rêt qui ne pourra échapper aux ornithologistes et surtout aux phy- siologistes. PASSEREAUX ANOMODACTYLES 83. HmONDELLE RUSTIQUE. Uirundo rusiica. Depuis une quinzaine dannées, je constate àGouvleux une dimi nution progressive des Hirondelles qui, jadis, venaient s'y repro- duire par centaines; il n'était pas rare de compter quarante à cinquante nids fixés aux solives sous le passage des portes charre- tières des fermes et, aujourd'hui, tout au plus voit-on quelques couples y revenir. Comment pourrait-on s'en étonner après la sauvage destruction à laquelle se livrent les populations misérables de certaines provinces de l'Italie qui recherchent avidement, dans la capture de ces Oiseaux, un moyen d'apaiser leur faim et les hécatombes qu'on en fait dans le midi même de la France, à l'aide de fils de fer dans lesquels on fait passer un courant d'électricité, lorsqu'ils sont bien garnis des pauvres voyageuses qui trouvent là une perfide invitation à se reposer. Aussi, à l'arrivée, chaque année, les rangs sont ils de plus en plus clairsemés et la plupart des nids de l'année précédente restent-ils inoccupés, car les Hirondelles, qui ont échappé aux pièges qui leur sont tendus dans le parcours de leurs migrations de l'automne et du printemps, reviennent toujours fidèlement à leur ancien nid qu'elles se contentent de réparer pour recevoir les nouvelles couvées. Cette constatation s'applique à IHirondelle rustique autant qu'à la suivante, l'Hirondelle de fenêtre, et on ne saurait trop vouer à l'exécration les destructeurs de ces gracieuses et si utiles bestioles UNK STATION ORXITHOLOGIQUE DANS l'oISE 161 qui ne trouvent protection et une amicale hospitalité rjue dans nos contrées où on les laisse faire leur nid dans tous les endroits qu'il leur plaît de choisir, même lorsque ce choix n'est pas sans présen- ter certains inconvénients. L'année dernière, une Hirondelle rustique, trouvant ouvert le vasistas d'une fenêtre de l'étude du notaire de Chantilly, entra dans la pièce, alla se percher sur une moulure de la corniche et, ayant trouvé l'endroit à sa convenance, revint aussitôt avec son conjoint. Tous les deux alors se mirent à construire leur nid dans un anj^le, sans se préoccuper autrement des personnes qui séjour- naient dans l'étude, pas plus que du va et vient des clients. Non seulement, on se garda bien de les troubler dans leur travail, mais le vasistas fut laissé ouvert jour et nuit pour leur permettre de circuler à leur guise dès le petit jour, ce qui obligea l'un des clercs à changer sou bureau de place pour éviter le courant d'air occa- sionné par ce vasistas béant au-dessus de sa tête. J'ai de même constaté avec plaisir le soin que mettait un culti- vateur de la localité à protéger les nids établis sous la voûte de l'entrée de sa ferme, à l'aide de planches disposées de façon à per- mettre aux Oiseaux le libre accès de leurs nids tout en empêchant ceux-ci d'être emportés au moment du passage des voitures char- gées de récoltes. L'Hirondelle rustique fait très souvent son nid dans l'intérieur des cheminées d'où a dû lui venir son nom vulgaire d'Hirondelle de cheminée. J'ai vu ce nid ainsi placé à plus d'un mètre au-dessous de l'ouverture, construit également en forme de coupe et composé extérieurement de petites boules de terre glaiseuse quelle enduit d'une salive qui les agglutine les unes aux autres en les entremê- lant de poils et de paille pour en consolider les parois. L'intérieur est tapissé de quelques plumes et de niatériaux doux. La ponte ordinaire est de six œufs d'un blanc rosé à l'état frais par suite de la transparence du vitellus et d'un blanc pur (|uaud ils sont vidés, avec des points et des taches disséminés sur la coquille, plus nombreux au gros bout, (|uel([ues uns plus profonds, d'un brun roussàtre et les autres superhciels d'un brun noir. Ils mesurent 2.0 millimètres sur 14. 8i. Chklujon dk l'ENKTur:. Cliélidon urbica. L'Hirondelle de fenêtre arrive toujoui's après sa congénère rustica mais elle repart plus tard. Elle ne niche jamais, comme cette der- M»'m. .Soc. Zool. de Fr., l'.>0o. 1 1 162 XAVIER lîASPAIL nière, dans liiilérieur des habitations, mais toujours à l'extérieur dans l'encoignure des fenêtres, sous les grandes portes et les cor- niches qui supportent les chéneaux, sous les chapiteaux des colonnes des monuments, etc. F. A. Pouchet, en comparant une collection de nids conservés au Muséum d'histoire naturelle de Rouen, avec des nids plus récem- ment construits, a constaté que l'Hirondelle de fenêtre avait nota- blement modifié son ancien mode de construction. Au lieu de se FiG. 20. Nid de Chélidon de fenêtre présentant l'entrée telle que l'a indiquée F. -A. Pouchet. rapprocher de la forme globulaire signalée par les ornithologistes, avec une ouverture circulaire ménagée pour l'entrée, les nouveaux nids avaient une forme représentant le quart d'un demi-ovo'ide creux ayant ses pôles fort allongés et dont les trois sections adhé- raient totalement aux murailles à lexception de celle d'en haut où se trouvait pratiquée l'entrée. Cette entrée est une longue fente transversale formée en bas par une échancrure du bord de la section et en haut par le bandeau de pierre sous lequel s'applique le nid. F. A. Pouchet résumait ainsi ses observations : « Ces nids étant fort déprimés, par leur forme, ressemblent exactement à une section de coupe antique qu'on aurait appliquée contre une paroi de muraille et dont on aurait simplement échancré le bord pour en pratiquer l'entrée ». UNE STATION ORNITHOLOGIQUR DANS LOISK 163 Les Ornithologistes ne semblent pas avoir admis celte manière de voir de Pouchet; pour eux, il ne s'agissait là que d'exceptions et ils restent convaincus que les nids de cette espèce sont aujour- d'hui les mêmes qu'il y a cent ans et plus. Or, tous les nids que j'ai examinés et celui que j'ai sous les yeux faisant partie de ma collection (lig. 20), donnent raison à Pouchet, surtout en ce qui se rapporte à l'entrée qui est bien telle qu'il l'a décrite et dont la hauteur, à la partie la plus concave, atteint à peine deux centimètres, juste l'espace suffisant pour permettre à l'Oiseau de se glisser dans l'intérieur du nid. En réalité, ce nid a ])lut()t la forme d'un bénitier dont le bord parfaitement circu- laire a un diamètre de 10 centimètres à l'intérieur des parois et s'applique étroitement à la bande de pierre qui lui sert de pla- fond, sauf à partir de i'échancrure servant d'entrée. Le nid de l'Hirondelle de fenêtre est uniquement construit avec des boulettes de terre ou de boue que les Oiseaux ramassent avec le bec et les pieds sur les chemins et au bord des eaux stagnantes, surtout de celles fréquentées i)ar les bestiaux. Après avoir gâché ces boulettes avec leur salive, ils vont les poser avec leur bec, comme un maçon le fait |)our les moellons, en laissant saillir ex- térieurement le coté l'ond. Le fond du nid reçoit ensuite un lit de mousse, de fine paille et de quelques plumes ou copeaux de bois. La ponte est de quatre à cinq œufs allongés, d'un beau blanc pur. Ils mesurent : 2.0 millimètres sur 13 à 14. Sans m'arrêter aux légendes, qui ont eu si largement cours depuis l'antiquité, concernant l'hibernation des Hirondelles, je rappellerai ici l'observation que j'ai faite à Gouvieux d'une Hiron- delle de fenêtre qui a passé toute la mauvaise saison dans cette localité, dont le climat est au-dessous de celui de Paris, d'environ 4" centigrades. Cette Hirondelle, probablement arrêtée accidentellement dans son émigration, avait établi ses ([uartiers d'hiver dans une écurie du château de la Cave. Elle se montrait vive et gaie, donnait la chasse aux Diptères, aux Araignées, aux Phalénites et aux Tinéites que fournissent les mois de décembre et janvier. Insectes qui tous trouvaient là une excellente retraite contre les rigueurs de l'hiver. Dès que la température s'adoucissait, elle s'empressait d'aller vagabonder, trouvant dans ses courses aériennes à glaner quelques moucherons prenant leurs ébats aux faibles rayons du soleil. Elle 164 XAVIKU RASPAIL rentrait de hoiine heure au domicile et allait se percher sur une traverse reliant les pièces de charpente de la toiture. Jamais les domestiques n'auraient fermé les ouvertures sans s'assurer que la petite solitaire était rentrée. Souvent même, si le temps était favorable, on laissait la porte de la serre ouverte pour lui permettre d'y faire une fructueuse incursion. Mais, malgré toutes les attentions, j'allais dire toute l'amitié qu'on lui avait prodiguées pendant cinq mois, l'ingrate disparut au commencement d'avril, dès l'apparition de ses congénères; elle allait sans doute rejoindre lune délies pour se reproduire loin du lieu hospitalier qui lui avait permis de vivre dans des condi- tions anormales et exceptionnelles. 11 ne pouvait y avoir aucun doute à ce sujet car, cette année-là, aucun nid d'Hirondelle de fenêtre ne fut habité sur les bâtiments de la propriété. Cette observation prouve : d'une part, qu'une Hirondelle peut vivre tout un hiver dans nos contrées ; d'autre part, qu'il faut rejeter dans le domaine de la fable, tout ce qui a été rapporté par quelques auteurs sur l'hibernation des Hirondelles, c'est-à-dire sur la faculté qu'auraient ces Oiseaux de passer Ihiver dans un état d'engourdissement léthargique, semblable au sommeil hiver- nal de certains Mammifères. 80. COTYLE RIVERAINE. Cotyle riparia. L'Hirondelle de rivage parait échapper à la destruction qui atteint si fortement ses congénères et le Martinet noir, lors de leur pas- sage de l'automne et du printemps dans le midi de la France et de l'Italie. Elle se montre tous les ans en nombre sensiblement le même, lorsqu'elle vient se reproduire sur les bords de l'Oise et dans les carrières à sable de la plaine de Crosne. Elle établit son nid au fond d'une sorte de terrier à entrée étroite qu'elle creuse, à l'aide de ses ongles et de son bec, daus les berges taillées à pic. De l'ouverture à la chambre plus spacieuse qui doit recevoir la ponte, la galerie a généralement un mètre de longueur et n'est pas toujours creusée en ligne droite. Les œufs sont déposés sur un amas de paille ou de foin recouvert d'une couche de plumes et de poils. J'ai trouvé ainsi, sur les bords de l'Oise, cinq nids sur un espace de deux mètres carrés à peine. La première ponte a lieu dans les derniers jours de mai, quel- quefois même certaines femelles ne commencent à pondre que i:ne station ohnithologioik dans l'oise 16f) dans le courant de la première quinzaine de juin. Celte ponte est ordinairement de cinq œufs semblables, comme l'orme, à ceux de l'Hirondelle de fenêtre, mais d'un volume plus petit; ils sont d'un blanc pur et mesurent IS millimètres sur 12 à l.'î. La Cotyle riveraine arrive, dans notre contrée, plus tard et en repart plus tôt que les deux Hirondelles précédentes. Dans la der- nière quinzaine d'août, elle a déjà presque complètement disparu. 8{). Maiitinkt Nom. Cypsclns a pus. De tous les Oiseaux qui viennent se reproduire en France, c'est le Martinet qui y fait le plus court séjour ; il apparaît le dernier et disparaît le premier; déjà, vers le milieu du mois d'août, on cesse de le voir traverser latmospbère de son vol rapide. Jadis très comnmn, il se raréfie d'année en année.; il est en efïet l'objet d'une destruction tout aussi active que celle qui atteint les Hirundinidés. En Italie et en Espagne, on tend sur les voies publiques, de fines lignes, dont le très petit hameçon est amorcé dune Mouche qui flotte au gré du vent ; le Martinet, en la happant au passage, reste suspendu accroché à l'hameçon et se débat jus- qu'à ce qu'une main cruelle vienne l'en retirer et l'étoufïer. C'est là un des exemples qui montrent l'Homme comme un des êtres les plus jnalfaisants de la terre. Le Martinet niche dans tous les trous, qui lui servent du reste de refuge pour la nuit, dont l'accès lui permet de s'y engoufïrer comme une flèche, les ailes repliées juste à temps pour lui conserver toute l'impulsion qui le porte directement jusqu'au fond, car lorsqu'il s'arrête au bord de l'entrée où il se cramponne à l'aide de ses ongles acérés, il lui faut ensuite parcourir l'espace qui le sépare de son nid en se traînant péniblement, comme le lui permettent ses tarses aussi mal faits que ridiculement proportionnés. Pour en sortir, il est obligé d'utiliser les faibles moyens de locomotion dont il dis- pose afin d'atteindre l'orifice du trou d'où, en se laissant tomber dans le vide, il prend le vol puissant que lui confèrent ses ailes d'une longueur exceptionnelle. En lS8o, dans la première quinzaine de juin, j'ai compté treize nids dans le colombier de la ferme d'une propriété située à l'en- trée du village où, depuis, je n'en ai plus trouvé un seul. Le Martinet nichait encore régulièrement dans le clocher de l'église et souvent aussi dans les crevasses de la masse de pierre 166 XAVIKB HASPAIF. des parois des carrières à ciel ouvert. La femelle dépose, sur un faible lit de paille et de plumes, trois œufs allongés d'un blanc pur. Ils mesurent 24 à 26 millimètres sur 17. Degland et (îerbene leur donnent que 24 millimètres sur lo à 16. Les Oiseaux, en général, pour senvoler, prennent un élan qui doit les écarter du sol à une hauteur sulTisanle pour que les ailes puissent se développer librement et trouver, sous elles, une couche d'air assez épaisse pour qu'en la refoulant dun battement rapide, la résistance qui en résulte donne la première impul- sion permettant à l'Oiseau de se soutenir dans l'atmosphère. On peut comparer le saut qu'ils exécutent à celui que fait l'Homme, lorsqu'il veut franchir une distance ou un obstacle. Seulement, tous les Oiseaux n'ont pas besoin de prendre un élan égal, les uns, comme les Corbeaux, ne font que se baisser légèrement en avant, d'autres, tels que la Perdrix grise s'aplatissent contre le sol de fa çon à avoir un élan propulseur plus énergique, nécessaire pour prendre leur vol en raison de leurs ailes médiocres, arrondies, sub-obtuses qui sont en disproportion avec leur poids. Le Marti- net seul est dans l'impossibilité de sauter; en effet, à la brièveté du tarse, tout à fait spécifique chez lui, se joignent une conformation et une disposition des doigts que l'on ne retrouve chez aucune espèce d'Oiseaux de la faune européenne : d'abord les trois doigts antérieurs courts et séparés sont égaux, puis le pouce, articulé sur le côté interne du tarse, est dirigé en avant, de sorte que l'ensemble représente assez bien l'aspect d'une main à laquelle manquerait le petit doigt. Entin, les ongles sont étroits, arqués, aigus et possèdent une rétractilité qui n'appartient qu'aux Oiseaux de proie. Les extenseurs et les fléchisseurs sont faibles, ils se bornent presque uniquement à actionner la rétraction des ongles, l'Oiseau utilise celle-ci pour se maintenir contre les surfaces verticales, les aspérités et se cramponner sur le sol de façon à aider les mouvements en avant qu'il peut accomplir, non sans efforts, en s'appuyant sur ses tarses. Cette conformation toute particulière est la raison qui fait que le Martinet évite d'atterrir; il n'existe pas d'observation, du moins à ma connaissance, permettant d'admettre que cet Oiseau, si puis- samment organisé pour le vol, se pose à terre de son plein gré, un accident seul peut l'y contraindre. Est-ce cette constatation seule ou les résultats d'expériences qui ont amené les ornithologistes, parmi lesquels je citerai Vieillot, Degland, Gerbe, Le Maout, le baron d'Hamonville, etc, à admettre \SF. STATION Olt.MTHOLOdlQrr, DANS [/oiSK 167 que « la longueur de ses ailes peu en lapport avec la brièveté de ses tarses met le Martinet dans riinpos.sil)||ité de re|)rendi'e son essor, lorsque, par cas fortuit, il tombe à terre ». Je n'ai pu trouver de renseij^nienients à ce sujet, mais ayant eu deux fois l'occasion de vérilier cette assertion, j'obtins deux résultats qui me firent accep- ter sans réserve l'opinion émise par ces auteurs. Aussi, je les publiai (I) à la suite d'un article inséré dans la Revue scicntifKiuc du 30 novembre 11)01, dont l'auteur M. Mansion, le naturaliste dont j'ai déjà eu l'occasion de i)arler précédemment, était d'un avis tout contraire et concluait : « Les Martinets adultes, sains et sans blessures parviennent tou- jours à s'envoler iu)n sans quehjue effort, {(uand ils ont dû ou voulu atterrir. )). Il s'appuyait sur un exemple d'un Martinet ramassé par lui, dans la cour de l'Atliénée d'Atli (Belgique) et qui, blessé à la patte, s'efforçait en vain de (juitter le sol; nuiis, placé sur rap[)ui d'une fenêtre élevée, l'Oiseau se laissa tomber dans le vide et prit vigou- reusement son vol. Je ferai remanjuer tout d'abord que le Martinet, ne pouvant uti- liser ses pattes pour s'aider à prendre son essor, ce n'est pas la blessure du sujet de M. Mansion, qui aurait pu l'empêcber de s'en- lever du sol. Ma première expérience fut faite à Gachan (Seine) en 1878; on m'apporta de Paris un Martinet mâle adulte, ramassé quelques heures auparavant sur la chaussée de l'un des quais qui bordent Notre-Dame, (let individu ne présentait aucune trace de blessure, ni le moindre indice capable d'expliquer la raison qui l'avait mis dans cette fâcheuse situation; il paiaissait vigoureux et en posses- sion de tous ses moyens de vélocité, s'il avait \n\ prendre son vol. Je le posai au milieu d'une large allée, n'offrant aucun objet pou- vant lui permettre de se hisser dessus et de s'envoler en se laissant tomber. Deux heures après, il était toujours là; à peine avait-il changé de place, comnu^ s'il avait jugé que tout effort de sa part était inutile. Ne voulant pas le laisser souffrir de la faim, je le ramassai et le tenant sur l'une de mes nuiins où je sentais s'imprimer ses ongles acérées comme des griffes,, je le poussai peu à peu jusqu'à ce ((u'il tombât dans le vide, mais la chute fut courte : ses larges ailes déployées, il s'élança dans res[)ace, d'un vol rapide dans la dii'ec- (1) Le MarUni't, po.s<' à lorrc, pout-il prcndro son vol? DuU. de la Soc. Zoul. de France, -XX.WII, puadi, 1902. 168 XAVIKR RASPAIL tion du nord qui le menait vers Paris où il nllait sans doute retrouver son nid et sa compagne. Ma seconde observation, qui fut encore plus concluante, date de mon séjour à Gouvieux. Ayant réussi à capturer une femelle sur son nid placé dans les combles d'un colombier, je la posai à terre où, de même que le mâle de Cachan, elle resta jusqu'à ce que je jugeai l'épreuve suffi- sante et la lançai moi-même dans l'air. La communication, que l'assertion de M. Mansion m'avait amené à faire à la Société Zoologique de France, fut reproduite par la Revue Scientifique et le Cosmos et donna matière à de nombreux articles dans la presse française et étrangère. Ces publications eurent pour résultat de soulever de nombreuses controverses, les unes pour, les autres contre la tlièse que mes expériences m'obli- geaient à soutenir et qui étaient venues corroborer l'opinion émise par de nombreux et éminents ornithologistes du dix-neuvième siècle. Dans un travail publié (1) en collaboration par MM. Jules Gai, professeur au lycée et Galien Mingaud, conservateur du Muséum de Nîmes, je fus pris à partie. Ces messieurs, après avoir rappelé que j'avais a expliqué longue- ment, nettement et avec rigueur(!) » (je conserve ce point d'excla- mation ironique) pourquoi le Martinet posé à terre ne peut prendre son vol, se crurent permis d'ajouter : « Ces aflirmations, ces con- clusions, si soigneusement étudiées et établies quelles paraissent, sont fausses. L'opinion générale est fausse, c'est un préjugé popu- laire et c'est une erreur scientifique qu'il faut rejeter. » Je ne ferai pas, à mon tour, l'injure à ces auteurs de mettre en doute les observations qu'ils ont faites; je remarquerai simplement qu'ils auraient dû les. expliquer plus scientifiquement, avec plus de rigueur (sans point d'exclamation) et rechercher la raison qui fait que les Martinets trouvés à terre dans les salles du Muséum de Nîmes, comme d'ailleurs tous ceux qui sont dans le même cas, se sont laissé saisir sans chercher à fuir, ainsi que le font tous les Oiseaux, même blessés grièvement, lorsqu'on s'approche pour les capturer. MM. Gai et Mingaud disent, en effet: ((Souvent les Marti- nets, entrés par les tuyaux en poterie servant pour l'aération, ont été trouvés dans les salles du Muséum. Ils étaient posés à terre et se laissaient saisir aisément, » Voilà donc bien établi que les (1) Bulletin de la Société d'étude des Sciences Naturelles de Nlme?, 1902. LNK STATION Oll.MTHOLOC.IQl't: DANS lOisK 469 ^[artinets, trouvés à terro, dans les salles du Muséum de Ninies, au nombre de onze, se sont laissé saisir sans la moindre ditlicullé. Maintenant, pourquoi ces mêmes Oiseaux, ont ils pu prendre leur essor aprèf;, dans des conditions qui permettent à .MM. Gai et Mingaud de conclure accc rigtieur que le .Martinet, posé à terre, reprend son vol sans ellort, avec la plus grande facilité! Ces messieurs n'en donnent aucune explication, ni longue, ni courte. Ils ont constaté que les Martinets trouvés sur le sol et qui s'étaient laissé prendre sans tenter un efïort pour s'échapper, pouvaient s'envoler plus tard facilement et ils ne se sont pas demandé pour quelle raison ce pliénomène pouvait se produire; ils n'ont pas recherché si une inodilication survenue chez l'Oiseau, modification résultant soit de l'amaigrissement, soit de toute autre cause le rendant plus léger, lui permettrait alors de se servir de ses ailes pour prendre un élan sulïisant pour vaincre la résistance de l'air. Mes deux expériences ont été faites sur des Oiseaux qui n'avait pas pàti, ayant conservé par conséquent tout leur poids, il me reste à expérimenter avec des Oiseaux trouvés dans les conditions de ceux de MM. Gai et Mingaud et c'est ce que j'ai cherché à faire, mais en vain depuis trois ans, m'étant trouvé dans l'impossibilité de me procurer des Martinets devenus presque introuvables à Gouvieux. En fait, la question du .Martinet n'est pas résolue, elle reste ouverte et j'ai la conviction que c'est dans une plus grande légèreté qui se produit à un moment donné dans certains organes de cet Oiseau, et dont je soupçonne la genèse, qu'il faudra scientifique- ment et avec rigueur rechercher la solution. 87. Engoi'lkve.m d'Europe. Caprimnlgus eiiropeus. L'Engoulevent me paraît être essentiellement crépusculaire et je ne crois pas qu'il vole en pleine nuit poui- chercher sa nour- riture : le jour, il se tient immobile sur une branche dans son sens longitudinal et souvent à terre, au milieu des Fougères, des Bruyères et des Genêts. Tous les ans, il revient en nombre à peu près égal, car je le vois à la tombée de la nuit chasser régulièrement les Insectes dans les mêmes parages, à la manière des Hirondelles ou se poser sur les chemins pour s'emparer des Coléoptères qu'il aperçoit. Je l'entends 170 XAVIER RASPAIL également dans les mêmes endroits où généralement j'ai trouvé ses œufs, produire, étant perché sur le sommet d'un arbre, son ronronnement continu, semblable à un bruit de crécelle particulier et qui se perçoit à grande distance. La femelle ne fait pas de nid, elle dépose ses œufs à même la terre, sans aucune préparation de la place, le plus souvent dans un endroit découvert, au milieu dun taillis de dix à quinze ans. Jamais jenai vu ces œufs dans de jeunes taillis. La ponte est de deux œufs ovalaires presque également obtus aux deux bouts, blanchâtres, lustrés, avec des marbrures profondes cendrées et des taches brunâtres, quelquefois noirâtres superficielles. Certains d'entre eux ont absolument l'aspect d'un joli marbre. Ils mesurent 32 millimètres sur 11. J'ai trouvé une ponte dont l'un desœufs mesurait 33 sur 11, l'autre seulement29sur21 milliiuètres. L'Engoulevent est un grand destructeur de Hannetons, surtout des espèces crépusculaires dont les individus sont presque introu- vables dans le jour, comme Rhizotrogus rufeacens, qui, certaines années, cause les plus grands ravages dans les prairies. PIGEONS 88. Colombe ramier. Columba palumbus. Tout en étant essentiellement migrateur, le Ramier peut être également considéré comme un Oiseau sédentaire, car on en voit un certain nombre eu toute saison et il niche régulièrement dans les bois et jusque dans les parcs attenant aux habitations. Dès la fin de mars, commence la période de ses amours; il recherche alors les arbres verts, les grands Lierres qui entourent les Chênes pour établir son nid et où il peut plus facilement le dissimuler; je lai vu le superposer sur de vieux nids de Pie, même sur ceux qui avaient, pendant l'hiver, servi de demeure aux Ecureuils, évidem- ment pour qu'il échappe plus facilement aux regards. Lorsque les arbres sont revêtus de leurs feuilles, il le construit à mi-hauteur, sur des bifurcations de branches qui lui servent d'assise et de soutien, car la construction en est très rudimentaire, sans art et sans grande résistance; elle consiste en un plateau à claire-voie composé de bûchettes, de brindilles que la femelle entrelace après les avoir reçues du mâle qui va les chercher sur les arbres, très rarement à terre où il ne descend que pour ramas- ser quelques racines. L'.NK STATION ORNITHOLOCIOIK DANS l/oiSK 171 On se demaiule, (|u;m(l on Irouvo nn de ces nids, comment les œufs que lou aperçoit souvent à ti'avers, peuvent rester en équi- libre sur cette espèce de claie, dès que le vent soufïle tant soit peu. La légèreté de cette construction, qui ne garantit pas les œufs contre les intempéries, est indisiiensahle pour que cette espèce mène à bien l'incubation et est un exemple qui permet de com- prendre que les Oiseaux construisent leur nid suivant la chaleur que la couveuse est en élat de foui'uir et selon qu'elle doit être plus ou moins concentrée autour des œufs. Certains Oiseaux re- cherchent les éléments les plus chauds, duvet et plume, pour mate- lasser et garnir les parois formées elles-mêmes de matériaux épais; d'autres ne se contentent pas de confectionner un chaud réduit, ils le placent encore dans les trous de murs, d'arbres, dans des cavités closes pour le protéger contre les changements de tempé- rature qui, autrement, rendraient insuffisante, la chaleur fournie par la couveuse. Or, chez les Colombiens, il y aurait excès de chaleur s'ils cou- vaient leurs Qiufs dans des nids à |»arois épaisses et l'incubation serait impossible; il faut que lœuf, en contact avec le corps de la couveuse, le soit en même temps avec l'air extérieur (jui vient atténuer la haute tempéi-ature (|ue dégagent ces Oiseaux et qui, sans ce correctif, en amènerait rai)id(;inent la cuisson. La ponte est de deux œufs oblongs également obtus aux deux bouts et d'un blanc pur. Us mesurent : 40 à M millimètres surIJO. Le Uamier qui, d'après les auteurs, ne ferait ([ue deux couvées, est certainement plus prolifique, j'ai la certitude qu il n en l'ait pas moins de trois. Deux Œ'ufs frais de llamier, que je trouvai dans le courant de mai, au pied d'un Chêne et qu'un coup de vent avait dû faire tomber du nid placé sur une bifurcation de branches, me per- mirent de réfuter l'opinion émise par 0. des Murs, sur l'origine de la coloration des œufs des Oiseaux (1). Un de ces œufs, étant cassé, je remarquai qu'une partie du blanc, sur un côté, au niveau du petit diamètre, présentait une teinte d'un brun noirâtre parais- sant diluée dans la masse albuniineuse. Cette particularité me lit ouvrir le deuxième œ'uf qui contenait également, sur un des côtés, une petit masse glaireuse de la gros.seur d'un pois et d'une cou- leur noirâtre. Evidemment, la |)résence(le celte matière ne pouvait provenir que dune altération morbide, soit sur un point du trajet (1) A propos de l'origine de la couleur des œufs des Oiseaux. Bull, de la Soc. Zool. de France, tome XVII, page 212, 1892. 172 XAVIER RASI'AIL (le roviducte où se secrète lalhumine autour du vitellus, y chemi- nant par un mouvement de rotation, soit de lovaire même. 11 y avait là un cas analogue à celui cité comme unique, par 0. des Murs, dans son Traité doologie ornithologique au point de vue de la classitication. En 1829, il avait trouvé, dans une prairie de la (Champagne, un nid de Vanneau contenant trois œufs, dont deux présentaient les couleurs ordinaires à l'espèce et le troisième dilïérait totalement des deux autres sous ce rapport : il était d'un vert deau uni, légè- rement parsemé, surtout au gros bout, de petits points noirâtres. En le vidant, au moyen de linsuftlation, 0. des Murs, après la sortie de lalbumine et du jaune, s'aperçut qu'il n'était pas entièrement vidé et en l'insufilant de nouveau, il en fit sortir une espèce de caillot noirâtre et glaireux. Il crut alors reconnaître, à son grand étonne- ment, que « c'était une agglomération de la matière colorante formée des deux teintes communes à cette espèce, c'est-à-dire de brun verdàtre noyé dans un mélange dalbumine et de gluten animal qui fait adhérer entre elles les particules constituantes de la coquille ». Or, le même fait se serait produit si on avait procédé à linsuffla- tion de mes deux œufs de Pigeon ramier qui sont invariablement du blanc le plus pur. La présence de cette matière colorante dans un œuf de Vanneau sur la coquille duquel manquaient les grandes et les petites taches variables et confuses, d'un noir sépia, fit tirer à 0. des Murs cette conclusion que cette matière devait préexister dans l'intérieur de l'oviducte, avant le passage de l'œuf et, par conséquent, avant le dépôt sur celui-ci de la substance calcaire. En présence de cet œuf d'une décoloration très prononcée et contenant intérieurement une matière se rapprochant de la teinte qui manquait à la sur- face de la coquille, 0. des Murs fut séduit par la pensée d'avoir découvert l'origine de la matière colorante qui orne la coquille des œufs d'un grand nombre d'espèces d'Oiseaux. La simple réflexion lui aurait vite fait reconnaître son erreur. Comment admettre, en effet, que l'oviducte puisse contenir, toute formée, cette matière colorante sans que celle-ci ne se mélange plus souvent à l'albumine venant successivement entourer le vitellus par couches concen- triques et qu'enfin, restant en arrière, elle puisse attendre que l'œuf soit arrivé à l'extrémité de ce long conduit et qu'il se soit revêtu de sa couche calcaire pour venir se déposer sur cette der- nière en taches plus ou moins profondes ? UNR STATION ORNITHOLOOIQUE DANS L OISK 17.3 Tous ceux qui se sont occupés des œufs des (Jiseaux, ont été à même de constater qu'il n'est pas rare de trouver dans une ponte des œufs différentiels comme celui cité par 0. des Murs. Or, jamais on ne trouve dans ces œufs anormaux la matière colorante qui fait défaut sur la coquille. Cette constatation suffit pour démontrer que, par suite dune simple coïncidence, l'oMif de Vanneau trouvé par 0. des Murs ne contenait ([u'un produit morbide analogue à celui trouvé par moi dans des (pufs de Ramier. Les Hamiers se montrent certaines années, vers la fin de l'automne, en bandes considérables. L'hiver, i)ar les grands froids, lorsque la terre est couverte d'une épaisse couche de neige, les Pigeons viennent jusque dans les jardins de l'intérieur du village pour manger les tôles des clioux de Bruxelles. 89. Colombe colombin. Colomba œnas. Je ne connais que deux arbres sur l'étendue du territoire dont les trous pouvaient être adoptés par le Colombin pour nicher ; deux Peupliers situés l'un dans les prés bordant la Nonette, l'autre sur la lisière des bois de la Plaine-Basse. Tous les ans, j'étais assuré de trouver un couple établi dans l'un ou l'autre de ces trous ; une année même, ils furent tous les deux occupés. Le dernier de ces Peupliers ayant été abattu, ce Pigeon a cessé de se reproduire àGouvieux. Sa ponte est de deux œufs exactement de la forme de ceux du Ramier, mais d'un blanc très légèrement nuancé de bleuâtre. Us mesurent 37 millimètres sur 21 à 28. Deglaud et Cerbeleur don- nent 38 à 40 millimètres sur 28 à 29. J'ai constaté que le Colombin fait trois couvées successives tou- jours dans le même trou. La chair de ce Pigeon, contrairement à celle du Ramier, est excel- lente, même celle des sujets de plus d'un an ; on peut donc lui attribuer la qualité de gibier. 90. Tourterelle vuLGAn{E. Turliir aurilus. La Tourterelle arrive dans nos parages vers les derniers jours d'avril et en repart à la fin de septembre. Elle s'établit aussi bien dans le centre des grands bois qu'aux abords des habitations, lorsqu'elle y trouve des parties boisées à sa 174 XAVIER RASPAIL convenance. Généralement, elle niche à peu de distance du sol, soit dans les buissons épais, soit sur une branche d'Epicéa, de Charme: mais je l'ai vue également faire son nid dans le sommet des grands arbres où on est étonné qu'il puisse résister aux grands vents, tellement il est confectionné grossièrement avec quelques brin dilles de bois auxquelles sont entremêlées de menues racines et même quelquefois des aiguilles de Pins ; il forme un petit plateau encore plus à claire-voie que celui du Ramier, sur lequel les Fig. 21. — Nid de la Tourterelle avec sa ponte. œufs ne sont maintenus que grâce aux intervalles qui existent entre les intersections et qui les empêchent de rouler à terre, car à peine s'il existe, vers le centre, une légère dépression (fig. 21). La ponte de la Tourterelle, comme du reste celle de tous les Colombidés, est de deux œufs oblongs, également obtus aux deux bouts, d'un blanc pur. Ils mesurent 31 millimètres sur 23. Pour les raisons que je vais exposer, il est difficile de se rendre compte du nombre de couvées que fait la Tourterelle, car on ne peut savoir si sa seconde ponte est normale ou si elle n'a lieu que UNE STATION OlîNITHOLOGIQUE DANS DOISE 175 par suite de la non-réussite ou de la disparition de la première. Ce qui est certain, c'est que la période de reproduction est tardive, car j'ai vu souvent des jeunes qui venaient de sortir du nid dans les premiers jours de septembre. On sait que la Tourterelle symbolise, pour les Ames poétiques, les amours tendres et fidèles et c'est ainsi (|u'un cbarmant cbroni- queur de la vie et des scènes champêtres, doublé d'un naturaliste distingué, M. de Cherville, en a fait le portrait: « La Tourterelle est un modèle de bonnes monirs ; il semble ([u'elle n'ait été créée que pouraiuier, que la tendresse lui ait été assignée comme l'unique objectif de son existence ; séparés, le mâle appelle sa compagne sans trêve et sans relâche; réunis, les deux Oiseaux ne cessent guère de donner des témoignages du feu qui les embrase. Ce sont des époux exemplaires. » Mes oI)ser\alions sont loin de confirmer cette bonne opinion si admirablement exprimée par M. de Cherville ; elles m'ont fait constater que l'amour maternel manque à la Tourterelle ou, tout au moins, est bien atténué chez elle. En élevant ses jeunes, elle semble n'obéir qu'à la nécessité qui lui est imposée par la nature de veiller à la reproduction de son espèce, mais elle accomplit ce devoir sans paraître éprouver les enthousiasmes et les joies de la maternité. Le moindre prétexte lui suffit pour abandonner sans pitié sa couvée, et voler immédiatement, sans remords, à de nou- velles amours. Ainsi dépouillée de son auréole poétique, la Tour- terelle n'est plus « un modèle de bonnes mœurs », mais une vulgaire hétaïre. Un habitant de la campagne, dont j'ai eu plus d'une fois l'occa- sion de contrôler la justesse et la sagacité des remarques sur les mœurs des animaux, m'avait assuré qu'il suflisait de toucher aux œufs ou aux jeunes de la Tourterelle pour les lui voir abandonner; à plusieurs reprises, il lui était arrivé de prendre de jeunes Tourte- reaux pour juger si leur degré de développement lui permettrait de les nourrir en cage et, chaque fois, il les avait trouvés morts dans le nid quelques jours après. Ce fait me parut aussi monstrueux qu'inacceptable, ce|)en(lant il me fit souvenir ([uantérieuiement, j avais trouvé deux ou tiois nids de Tourterelle abandonnés quelques jours après que j'y avais touché; mais, loin de supposer que j'étais la cause de cet abandon, je l'avais attribué à la disparition accidentelle de la mère. Et com merit en aurait-il été autrement ; jus(iue-lc'», jamais, en effet, je n'avais vu un Oiseau faire l'abandon de ses œufs lorsque je les 176 XAVIER RASPAIL avais maniés pour en étudier soit la coloration, soit le volume et la forme ; or, cette manipulation plus ou moins longue qu'ils avaient subie surtout pour la mensuration, n'empêchait pas la mère d'en continuer l'incubation, avec le môme dévouement, malgré que, bien souvent, elle avait assisté à mes^opérations, mani- festant par ses cris sa douloureuse appréhension pour le sort de sa couvée. Plus tard, j'ai rencontré un exemple aussi caractéristique que celui de la Tourterelle, chez la Linotte vulgaire ainsi que je l'ai mentionné précédemment. , Toujours est-il que je fis jjlusieurs expériences qui toutes eurent le même résultat : l'abandjon immédiat du nid dès que j'avais à peine touché du doigt un des œufs. Et ce n'est pas seulement lors- que ces œufs sont frais que la Tourterelle se désintéresse si cruel- lement de sa couvée, l'observation suivante démontre qu'elle les délaisse aussi froidement alors même que les jeunes sont entière- ment développés, sur le point déclore, qu'ils vivent par conséquent sous la mère qui les couve. Le 19 mai, j'aperçus une Tourterelle sur son nid placé à 1 m 50 de hauteur, au centre d'une charmille. L'ayant surveillée, je profitai du moment où elle était allée manger pour prendre un des œufs dont la coloration noirâtre de la coquille Indiquait un degré très avancé d'incubation et je le replaçai aussitôt à côté de l'autre. Le 20, au matin, je constatai l'absence de la femelle et le refroi- dissement des œufs, il en était de même le lendemain après une nuit pluvieuse; mouillés et glacés, ils étaient définitivement aban- donnés bien que les petits fussent sur le point de percer la coquille, ils seraient certainement éclos dans la matinée du 20, si je ne les avais touchés le 19. Les jours suivants, le couple roucoulait amoureusement et ne tarda pas à construire un nouveau nid dans le même bosquet. D'après cela, on peut admettre que la Tourterelle est bien capa- ble d'abandonner ses jeunes qu'elle a déjà nourris et de les laisser mourir dans les tortures de la faim, pour peu qu'une main profane les ait touchés. La mort des petits dans la coquille, par privation de la chaleur de la mère, au moment où ils allaient briser leur enveloppe en est une preuve suffisante, car, pour les Oiseaux, l'incubation est une véritable gestation; la femelle qui couve doit percevoir la vie qui se manifeste dans ces petits êtres qui se déve loppent sous elle et ressentir les mêmes impressions que la femelle des Mammifères en les sentant palpiter dans ses entrailles. r.\i: STATION OIlNITHOLOGIQUi: DANS L UISIO 177 Dans CCS conditions, il était assez dilïicile d'ent reprendre, ave«' chance de succès, la reciierche de la durée de rincubatioii chez cette espèce. Je crois cependant être parvenu à h» déterminer par induction, ^vùd' à deux observations dans des circonstances aussi intéressantes (ju'exceptionnelles. Kn IS!)7, quelques jours après l'arrivée des Tourterelles, j'en reinar(|uai trois ([ui s'installèrenf chez moi, restant presque tou- jours ensemble, d'où je conclus (|uelles n'étaient pas encore accou- plées, mais la poursuite acharnée dont l'une ne tarda pas à devenir l'objet de la i)art des deux autres, me démontra clairement qu'il y avait compétition entre deux mâles pour la |)Ossession d'une femelle. Le JI mai, dans le coin du parc que ces Oiseaux avaient adopté et où ils ne cessaient de faire entendre leurs roucoulements amou- reux, j'aperçus, sur un Epicéa, un nid ne contenant encore qu'un œuf que je distinguai parfaitement en-dessous. Le lendemain, la femelle couvait, après en avoir pondu un second. Pendant ce temi)S, les deux amoureux roucoulaient à l'envi, souvent perchés sur le même arbre. Il devenait évident que tous deux s'étaient attachés à la même femelle et que, ni l'un ni l'autre ne voulant céder la place, ils en étaient arrivés à faire ménaj^e à trois, fait très curieux chez un Oiseau qui, comme tous les (]olom})idés, est essen- tiellement monogame. Lorsque la femelle quittait le nid pour aller manger, les deux mâles l'accompagnaient; si, parfois, ils montraient l'un contre l'autre quel(|ue velléité d'hostilité, ils restaient cependant modérés dans leurs manifestations et dès que la femelle retournait sur ses œufs, ils regagnaient les branches mortes d'un vieux Peuplier qu'ils avaient adopté de préférence et où ils se toléraient mutuel- lement. Le 25), la couveuse ne ([uitta pas le nid à son heui'e habituelle; à 4 heures du soir, elle lit seulement une .courte absence qui me per- mit d'apercevoir les deux œufs eiu'ore intacts; à (i h. du soir, elle nu! parut toujours très actionnée à couver, juais le lendenuiin, '.U). ayant, à plusieurs reprises, trouvé le nid inoccupé, je me décidai le soir à prendre les œufs." ils étaient complètement froids et clairs tous les deux. La femelle les avait donc abandonnés juste le 18" jour de l'incu- bation. Quelques jours après, les deux mâles recommencèrent leur pour- suite après la femelle qu'ils ne laissaient poui- ainsi dire pas en MtMii. Sue. Zitol. ilr l'r., l'.KJ.'). 12 178 XAVIER RASI'AIL repos, indice que la seconde ponte se préparait et, le (î juin, jeus la bonne fortune de lapercevoir, dans la matinée, i)énétrant dans l'intérieur d'un Epicéa voisin du premier, tenant au bec une petite bûchette; en m'approchant avec précaution, je la vis posée sur le bord du nid à claire-voie dont, elle était occupée à terminer la rudimentaire construction. Le 7, en efïet, elle y déposait le premier œuf et. le rivilèire en faveur dune caste de chas seurs ploutocrates. Ceux-ci, en effet, sont ainsi assurés que, non seulement les Fai- sans de leurs bois échapperont au plomb des manants qui les ont nourris en partie, mais (|u'ils profiteront encoie d<;s couvées nées sur le territoire de ces derniers. (|ui, sans cesse tourmentées pen- dant le mois de septembre, finissent par f»afîner les bois des barons de la haute linance qui trouvent ainsi, gratis, un surcroit de gibier pour leurs chasses. L'injustice est d'autant plus criante que ces privilégiés ne se font pas faute de fusiller, dans leurs jeunes taillis, les Perdreaux ([ui s'y réfugient en septembre et qui sont, pour la chasse communale, ce que les Faisans sont pour les clmsses réservées. Rien n'est curieux comme les s(»pliismes mis en avant |)oiir motiver un tel état de choses : « Au mois de septembi-e, dit-on, les jeunes Faisans ne sont même i)as Faisandeaux, ils ne sont i>as encore gibier au point de vue de la chasse; au point devuealimen taire, ils ne sont ni vendaldes, ni comestibles. Mange-t-on les Pou lets avant (|u'ils ne soient adultes. » C'est à l'aide d'aussi jnètres arguments qu'on est parvenu à obtenir une loi spéciale en faveur des privilégiés de la fortune. Or, tout le monde sait qu'on mange des Poulets avant qu'ils ne soient devenus adultes, car après ils seraient trop coriaces, et (|ue depuis ([uelques années, les grands restaurants parisiens ont inau- guré la mode de les manger à l'état de gros poussins. La vérité est qu'au 1."} août, les Faisandeaux des jjremières cou- vées ont déjà atteint leur complet développement et constituent un excellent gibier supérieur au Coq faisan adulte, auquel la Poule est également bien préférable comme finesse et comme délicatesse de chair. Pourquoi se garde-t-on de faire valoir les mêmes raisons pour la Perdrix qui est un gibier de plaine et tout aussi recommandable sinon i)lus que le Faisan? Cependant, les Perdreaux naissent un mois plus tard (|ue celui-ci et n'ayant, le F'' septembre, que deux mois et demi au plus, ne sont par comparables aux Faisandeaux qui, à la même date, ont plus de trois mois. Les Perdreaux des premières couvées sont, à la lin d'août, identiques comme taille à leurs pa- rents, exige-ton qu'ils aient le fera cheval pour permettre de les chasser? Enfin, tient-on compte qu'à l'époque ordinaire de l'on- 18fi XAVIER RASPAII- verlure, on trouve presque la moilié des compagnies provenant de recoquetaji^es, formées de pouillards de la grosseur d'une Alouette qui sont totalement perdus, le père et la mère étant presque tou- jours tués dès la première heure. Non, il aurait donc été bien plus simple d'avouer sans détour qu'on a voulu, en haut lieu, êtreagréa- ble aux détenteurs de grandes chasses, sans se préoccuper des petits chasseurs qui sont le nombre et par conséquent les plus intéressants. La durée de l'incubation de l'œuf du Faisan n'est pas la même, lorsqu'il est couvé par une Poule de basse-cour, que lorsqu'il l'est par la mère en liberté : dans le premier cas, elle est de 24 à 25 jours, dans le second de 27 jours. J'ai relevé deux fois ce dernier terme sur des nids trouvés dans mon parc et que j'ai pu surveiller rigoureusement. En général, lorsqu'on surprend une Faisane qui a des poussins, elle s'envole et va à distance où elle les rappelle, car ils s'éparpil- lent en tous sens à l'approche du danger. Cependant, un jour, en me baissant pour cueillir une plante dans une clairière, j'eus à subir les assauts dune Poule faisane, dont les petits,' récemment éclos, se chauffaient au soleil, blottis les uns contre les autres et que ma main avait presque et bien involontairement touchés. Les ailes pendantes, les plumes hérissées, elle se jeta pour ainsi dire sur moi, risquant audacieusement sa vie, car il m'eût été facile de la saisir ou tout au moins de l'atteindre d'un coup de canne. ÉGHASSIERS COUREURS. 9i. ŒlDICNfeME CRIARD. Œdicncmm recepitans. L'CEdicnème, vulgairement connu sous le nom de Courlis de terre, à cause de son cri à peu près semblable à celui du grand Courlis {Numenim arquata) nichait encore, il y a quelques années, dans une petite plaine aride, pierreuse, entourée de carrières, située sur les contins du territoire de Gouvieux et de I^amorlaye, au point où se termine la forêt de Chantilly. J'ai trouvé là, le i''^' juin 1888, les deux œufs qui forment la ponte de cet Oiseau placés dans un petit enfoncement; ils étaient au cin- quième jour de l'incubation. Ces œufs, comme tous ceux des Echas siers, sont très gros relativement à la taille de l'Oiseau, d'un gris jaunâtre, avec des maculatures et des taches irrégulières, les unes rXE STATION OHMTHOLOr.KjrK DANS LOISK |S7 profondes, diin gris brun légèrement roussâtre, les autres super- firielles, d'un brun foncé. Les deux œufs que j'ai récoltés dans la plaine, dite des Usages, tout en ayant celle coloration, présentent de notables dilïérences comme forme, volume et dimensions des tacbes; l'un, le plus fort, parfaitement ovalaire, mesure : 52 millimètres sur 37,5; le second, ventru, court na que 48 sur 37,5. Sur le premier, les taches sont plus j)etiles que sur le deuxième ou quelques-unes formentde lar- ges marbrures. f/(H^dicnèir:e n'est pas un Oiseau diurne, il ne sort de sa retraite, pour se livrer à ses courses à travers la plaine, à la recherche de sa nourriture, quà la tombée de la nuit. 11 se nourrit d'Insectes, d'Es- cargots, de Limaces et s'attaque aux Mulots et aux Campagnols qu'il parvient à tuer à cou|)s de bec et à dépecer i)our les manger. Bien que, d'autre part, il détruise des animaux utiles tels que le Lézard et la drenouille, on doit le considérer comme un Oiseau utile qu'il y auiait intérêt à voir cioitre et prospérei' dans nos campagnes. 95. — Vannkai: hupi'i':. Vanellus cristatus. Le Vanneau se reproduit l'égulièrement dans les plaines qui entourent les marais du Dozet et des Prés Concierge. Tous les nids que j'ai trouvés étaient toujours dans les jachères, surtout dans celles où avaient été imparfaitement enfouis, de la paille et du fumier, dcmt l'Oiseau se sei't généi'alement pour faire son nid. Sa ponte qui a lieu, à la lin d'avril ou dans les premiers jours de mai, est de quatre œufs pyriformes, d'un gris jaunâtre, quelquefois nuancé d'olivâtre avec des points profonds d'un gris sombre et de nombreuses taches superticielles répandues sur toute la coquille, d'un brun foncé tirant sur le noir. Ils mesurent : 47 millimètres sur 31. Il m'a toujours été impossible de surprendre la mère sur ses œufs; dès qu'elle s'aperçoit qu'on s'avance dans la direction de son nid, elle se sauve en courant et ne prend son vol qu'à une certaine distance, le mâle la rejoint alois et tous deux exécutent leur vol capricieux en tournant autour de l'intrus, poussant sans inter- ruption un cri uniforme (|ui semble expiimer les deux syllabes dix huit. A la fin de l'été, toutes les familles de Vanneaux se réunissent en une bande qui excite la convoitise des chasseurs, mais toutes '.I8S XAVIER nXSPAIL leurs tentatives pour en approcher à dislanre favorable et les tirer, restent sans succès. 90. — Bkcassr ordinaire. Scolopax rusiioila. Gouvieux n'est pas un séjour recherché par la Bécasse, car si de tout temps on la voit régulièrement au passage de l'automne, ce n'est (]uen très petit nombre et quelques chasseurs seulement ont la bonne fortune d'en tirer une de temps à autre, mais toujours d'une façon tout à fait imprévue. Néanmoins, elle s'y est reproduite trois fois, à ma connaissance: ^:^ff^v-~'^i\'. résence a été constatée au moins une fois sur le territoire. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE des travaux de l'auteur concernant l'Ornithologie. Histoire naturelle des Merles. — Mœurs et chasse des espèces qui fréquentent les environs de Paris, in 8", 1878. Monographie dit Bossigjiol. — Nouvelles recherches sur les mœurs de cet Oiseau, principalement en ce qui concerne la nidification, in 8", 1871). Note sur un œuf tacheté d'Upupa Epops. (Bull, de la Soc. Zool. de France, 1888). Note sur le nid de la Pie et la destruction de ses œufs par la Cor- neille (CorcM.s corone). (Bull, de la Soc. Zool. de France, 1888). Réflexions au sujet de l'adoption de l'œuf du Coucou par les Pas- sereaux. (Hull. de la Soc. Zool. de France, 1889). A propos des Hirondelles. (Bull, de la Soc. Zool. de France, 1890). De l'incubation chez le Hibou vulgaire (Otus vulijaris). (Bull, de la Soc. Zool. de France, 1890). La diminution des Oiseaux par la destruction de leurs nids. (Bull. de la Soc. Zool. de France, 1 89 1 ) . Sur l'augmentation de la ponte, par l'enlèvement de leurs œufs, chez deux Picldés. (Bull, de la Soc. Zool. de France, 1891). Note sur une Alouette des champs se perchant. (/?(///. (/e la Soc. Zool. de France, 1891). Description d'une série de pontes d'Oiseaux anormales au point de vue de la coloration et de la forme des œufs. (Mém. de la Soc. Zool. de France, 1892). Destruction des Oiseaux insectivores autorisée dans plusieurs départements. (Lettre au Ministre de l'Intérieur, in 8", 1892). Note sur une incubation continuée par un mâle Pinson (Fringilla coelebs) (Bull, de la Soc. Zool. de France, 1892). 198 XAVIER RASPAIL Durée de l'inciibalion et de réducatinn des jeunes chez le Bruant jaune [Emberiza citrineUa). {Bull, de la Soc. Zool. de France, 1892). A propos de l'origine de la couleur des œufs des Oiseaux. {Bull, de la Soc. Zool. de France, 1892). Nouvelles recherches sur l'existence de l'Epervier majeur {Accipiter major) {Mém. de la Soc. Zool. de France, 1893). Note sur un second exemple d'incubation commencé et continué par un mâle de Passereaux. {Bull, de laSoc.Zool.de France, [Hd3). Sur le transport des œufs dun nid dans un autre par une Perdrix grise. {Bull, de la Soc. Zool. de France, 189.3). Recherches et considérations sur l'adoption par les Passereaux de l'œuf de Coucou. {Mém. de la Soc. Zool. de France, 1894). Reproduction du Faucon hobereau dans le département de la Seine. {Feuille des jeunes Naturalistes , 1894). La Hochequeue dYarrell comme espèce et sa reproduction dans l'Oise. {Bull, de la Soc. Zool. de France, 1894). La protection des Oiseaux utiles. {Hull. de la Sol. Zool. de France, 1894). Durée de l'incubation de l'œuf du Coucou et de l'éducation du jeune dans le nid. {Mém. de la Soc. Zool. de France, 189.o). Changements observés dans l'habitat de quelques Oiseaux au point de vue de leur nidification, {Bidl. de la Soc. Zool. de France, 1895). Singulière manifestation de l'amour maternel chez un Oiseau {Bull, de la Soc. Zool. de France, 1895). De la facilité avec laquelle la Tourterelle vulgaire abandonne sa couvée. {Bull, de la Soc. Zool. de France, 1895). Examen comparatif de l'œuf de l'Effraie du Chili. {Actes de la Soc. scientifique du Chili , 1895). Durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes dans le nid chez les Passereaux. {Mém. de la Soc. Zool. de France, 1896). Durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes chez la Pie. • {Pica caudata). {Bull, de la Soc. Zool. de France, 1896). Les migrations des Oiseaux par les vents d'est. {Feuille des jeunes Naturalistes , 1896). L'Alouette au point de vue de son utilité et de sa destruction. {Bull. de la Soc. Zool. de France, 1897). La destruction de l'Alouette. {Bull, de la Soc. Nat. d'Acclimatation; 1897). A propos des cris de l'Eiïraie du Chili. {Actes de la Société Scientifi- que du Chili, 1897). UNE STATION ORNITHOLOGIQUE DANS l/oiSE 199 Les légendes de rhibernution des Hirondelles. {Ihill. de la Soc. lyat. (VA ccUma ta t ion , 1 S97 ) . Notion chez la Tourterelle du temps nécessaire à l'incubation de ses œufs. {RuU. de la Soc. Zool. de France, 1.S97). La diminution des Oiseaux en 1897. {Feuille des jeunes Naturalistes). A propos dun œuf nain de Linotte vulgaire, (Bull, de la Soc. Zool. de France, 1898). Le cas du Moineau. {Revue scientifique , 1898). Sur l'établissement anormal de quelques nids de Passereaux. {Omis, 1898). Le sens de l'odorat chez les Oiseaux, {linll. de la Soc. Zool. de France, 1899.) Reproduit en ani^lais dans Annnal report of the smithsonian institution; NN'ashington, 18!)9; page .'3(57. Le Lérot et son rôle dans la diminution des Oiseaux. {Bull, de la Soc. Nat. d! Acclimatation, 1899). Durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes chez le Bou- vreuil. {Omis, 1899). Les légendes sur le Coucou. {Omis, 1900). Le chant matinal du Merle noir. {Omis, 1901). (Cérémonie de secondes noces chez les Garruliens. {lUill. de la Soc. Zool. de France, 1901). Le Moineau envisagé au double point de vue de son utilité et de sa nocivité. {Reuic scientifique , 1901). Le Martinet posé à terre peut-il prendre son vol? {Bull, de la Soc. Zool. de France, 1902). Le Coucou devant l'enquête administrative de 1885-86. {Revue scien- tifique, 1902). Rapporta M. le Préfet de l'Oise sur un projet de destruction des Corbeaux à l'aide d'ap[)àts empoisonnés. {Co)iscil (iénéral de l'Oise, 2» session, 1902). La protection des Semailles contre les Corbeaux. (/?rtue.sf«'wf«^7i«c, 1902). Sur les moyens employés par les Oiseaux pour se faire comprendre par l'homme. {Bull, de la Soc. Zool. de France, 1903). Durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes dans le nid chez leMouchet chanteur. (Bull, de la Soc. Zool. de France, 1903). Durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes chez le Bruant zizi. {Bull, de la Soc. Zool. de France, 1903). Observations sur la durée de l'incubation etde l'éducation des jeunes dans le nid chez quelques Oiseaux. {Omis, 1903). 200 XAVIER RASPAIL Durée de lincubation et de l'éducation des jeunes chez le Butalis gris, (fhill. de la Soc. Zool. de France, iQO'S). Existe-t-il deux espèces d'Eftarvatte? [Bull, de la Soc. Zool. de France, 1904). Sur le développement asymétrique d'un crâne de Poulet. [Bull, de la Soc. Zool. de France, 1904). Durée de l'incubation chez le Verdier ordinaire. [Biill. de la Soc- Zool.de France, 1904). Durée de l'incubation et de l'éducation des jeunes chez la Linotte vulgaire. [Bull, de la Soc. Zool. de France, 1904). La légende de Jenner sur l'isolement du jeune Coucou dans le nid, [Bull, de la Soc. Zool. de France, 1905). MYRIAPODES DE LA MISSION DU CHEMIN DE FER THIÈS-KAYES RECUEILLIS PAR LE D-^ CONAN. PAR HENRY W. BRÔLEMANN. (Planches IV et V) 1. Rhysida togoknsis Kraepelin, 1903. . L'unique échantillon est en mauvais état. — L'une des antennes est de 17 articles, l'autre est incomplète ; les prolongements coxaux des pattes anales sont armés l'un de deux épines, l'autre d'une épine. Ces caractères s'accordent avec la description du type. Par contre, l'écusson céphalique est un peu plus large que long (2 "1"! 8 sur 2 '»'" a,) ce qui est un caractère de la R. immarginata. Quant au caractère des épines tarsales des pattes, il est peu net, plusieurs pattes manquant sur l'individu examiné. Il semble donc probable qu'il ne sagit là que d'une variété de Vimmarginata. 2. AsANADA BREVicoRNis Mcincrt, 1886. D'après Kraepelin {Revision des Scolopendriden, 1903), cette espèce n'était connue jusqu'ici que des Indes, des îles Andaman et de l'île Socotra. 3. ScoLOPENDRA MORSiTANs Linné, 1766. 4. Orthomorpha, sp. o. Orthomorpha, sp. De ces deux formes, l'une est représentée par un nombre consi- dérable d'individus immatures et l'autre par une femelle adulte. 6. Odontopygedilatata, n. sp. 9 : longueur environ 109""" ; diamètre au 2'' somite 7"^'", au 6'^ somite 5">"» 7, au 44o somite 7"""; 68 segments; 129 paires de pattes ; I segment apode. 202 HENRY BIIOLEMANN Coloration étroitement annelée; tête brun noir, avec la lèvre pas- sant au jaune d'ocre et les antennes brun terne, plus foncées h l'extrémité. Premier segment brun-maron lavé de jaune d'ocre dans ses deux tiers antérieurs, et une tache triangulaire de même couleur, à contours indécis, au centre. Sur les segments du tronc, le prozonite est blanchâtre dans la zone des stries concentriques, et brun noiren avant de la suture; le métazonite est brun marron avec un étroit liseré doré au bord postérieur et une étroite bande jaune d'ocre en arrière de la suture, rie descendant pas au-dessous des pores. Dernier segment et valves brunes. Pattes jaunâtres, ter- nies de brun. Corps robuste, assez élancé, dilaté dans les trois premiers seg- ments et rétréci au sixième. Segments cylindriques. Téguments mats, presque soyeux. Premier pore sur le 6'' somite. Tète lisse et brillante ; six fossettes sur la lèvre ; sillon occipi- tal très peu marqué et seulement entre les yeux. Antennes assez longues, dépassant le deuxième segment ; articles 2, 3 et 4 faible- ment dilatés à l'extrémité; o,6 étranglés à la base et, par suite, clavi- formes ; dernier article portant quatre bâtonnets courts, coniques. Yeux grands, triangulaires, écartés d'environ une fois leur grand diamètre, composés d'ocelles petits, mais distincts, au nombre de 63 en 8 rangées (13. 11. 10. 9. 7. 6. 4. 3). Premier segment (fig. 1) beaucoup plus large au bord postérieur qu'au bord antérieur. Celui-ci est rec- tiligne sur le sommet de la tête, fai- blement concave à partir des yeux ; les côtés sont taillés en trapèze, dont le bord externe est très faiblement convexe, avec l'angle antérieur plus ouvert que l'angle droit et très ar- rondi, et l'angle postérieur à peu près droit et arrondi. Le bord pos- térieur est un peu concave dans le voisinage de l'angle posté rieur. Surface indistinctement plicatulée au bord postérieur [an semper ?). Sur les segments du tronc, les stries concentriques sont nombreu- ses, elles envahissent plus de la moitié du prozonite (presque les deux tiers); elles sont fines, régulières et descendent jusqu'à la lame ventrale en se rapprochant de la suture, mais sans s'intléchir en arrière. Le reste du prozonite et le métazonite n'offrent d'autre MYRIAPODES TtE LA MISSION DU (.HKMIX UK VVAi THIKS-KAYKS 203 sculpture que des strioles courtes, assez denses, peu distiiicles. La suture est bien marquée, étroite. Les stries longitudinales du nié- tazouite sont fines, au nombre d'une douzaine environ ; elles remon- tent presque jusqu'au pore en s'espaçant et en s'elïaçant. Le pore est très petit ; il s'ouvre à mi-hauteur des tlancs, dans le premier tiers environ du métazonile. Le dernier segment (lig. 11) est assez court, mat; son bord postérieur est prolongé en angle moins ouvert que le droit, caréné sur la ligne médiane, et dont la pointe mousse butte contre les épines de l'angle supérieur jC \ \ des valves. Les valves sont saillantes, très peu ^ ^ > \ globuleuses, aplanies, sans compression dis- tincte sur la surface, sans sillon ni bourrelet au bord libre, qui est pres{|ue tranchant ; la surface des valves est extrêmement (inement chagrinée jusqu'au bord libre, ([ui n'est lisse que sur sa tranche. Les valves sont munies d'épines fines et bien développées à l'angle supérieur ; l'angle infé- rieur n'est pas émoussé, mais n'est pas épineux. L'écaillé ventrale est ogivale, grande, très faiblement carénée en son milieu. Les lames ventrales sont dépourvues de stries. Les fossettes stigmati-, fères sont médiocres, arrondies. Pattes assez courtes, fines, glabres à l'exception des soies termi- nales usuelles. Le mâle est inconnu. Etiqueté: « Mission du Ch. de f, Sénégal-Soudan sur la Falémé. — Juin lî)Oa. — D^' Conan ». 7. — Odontopyge Gonani, n. sp. cf : longueur, 83""" ; diamètre, ;>"> 5 67 segments ; 125 paires de pattes; 1 segment apode. '^ ^-^''' ''•'"'' Brun noir; les deux tiers antérieurs du premier segment et les prozonites jaune d'ocre, maculés de brun ; une tache irrégulière jaune d'ocre à la base du segment anal; valves jaunes, avec la base brune. Antennes rembrunies. Pattes jaunes, ternies de brun. Corps allongé, non aminci au 6" segment ; somites cylindriques, brillants. Premier pore sur le o'' segment. Tète glabre, lisse ou indistinctement ponctuée, brillante ; lèvre portants -i- 3 fossettes piligères. Sillon occipital représenté par une petite fossette allongée, entre la pointe des yeux. Antennes 204 HENHY BRÔLKMANN assez longues, dépassant le deuxième segment, écartées de la longueur des deux premiers articles, composées d'articles clavi- formes ayant tous le même diamètre ; 4 bâtonnets coniques, courts et gros, à l'extrémité. Yeux triangulaires, écartés d'environ 1. 1/2 fois leur grand diamètre, composés d'ocelles petits, mais distincts, au nombre de 63-66 en 8 rangées (14. 12. il. 9. 7. 5/6. 4. 2/4). Premier segment (fig. III) en tronc de cône, c'est-à-dire beaucoup plus étroit en avant qu'en ar- rière, long, brillant. Bord anté- rieur rectiligne jusqu'à la hau- teur des yeux, puis concave ; l'angle antérieur est plus fermé que l'angle droit, émoussé, for- tement proéminent ; les bords latéraux sont tronqués ou indis- tinctement concaves, et se fon- dent par une courbe avec le bord postérieur, sans former d'angle distinct. Les côtés tombent bas. perpendiculairement; leur surface est labourée de cinq larges et profonds sillons, d'au- tant plus coudés qu'ils sont plus rapprochés de l'angle antérieur. Sur les segments du tronc les stries concentriques du prozonite sont au nombre de 8-10; elles sont fines, non anastomosées ; elles occupent environ la moitié antérieure du prozonite et descendent droit jusque sous le ventre, où on remarque encore une strie isolée, sise à égale distance de la dernière strie concentrique et de la suture; cette dernière strie s'évanouit avant d'atteindre le niveau des pores. La partie postérieure du prozonite et le métazonite sont indistinctement sculptés ; sous le microscope on y reconnaît des strioles longitudinales courtes, entremêlées de ponctuations fines, les unes et les autres sont un peu plus distinctes sur le métazonite que sur le prozonite. La suture est étroite et bien marquée. Les pores sont très petits, situés à mi hauteur des tlancs environ ; ils s'ouvrent dans le premier quart du métazonite. Les stries longitu- dinales du métazonite sont fines, peu nombreuses (8-10), limitées au ventre; au-dessus on ne voit que de courtes amorces de stries le long de la suture. Le dernier .segment (fig. IV) est finement, mais distinctement et densément ponctué ; son bord postérieur est prolongé en angle aussi ouvert que l'angle droit et dont la pointe butte contre la base des épines de l'angle supérieur des valves. Celles-ci sont saillantes, MYRIAl'ODKS UE \.\ MiSSION DL' CUK.MI.N DK KKIl THIKS-K AYKS 2U.) peu globuleuses, philiM aplanies hiléralemeni, iiidislinclenient impressionnées avant le bord; pas de bourrelet ni de sillon marginal; l'angle supérieur seul est é|)ineux, les é[)ines sont assez robustes. L'écaillé ventrale est triangulaire, à pointe vive, sans parli(,'ularités. Lames ventrales non striées. Fossettes stignia tifères assez grandes. Pattes médiocres, fines, avec une ou deux soies aux articles jjroxiinaux en dessous. Clioz le mâle, les joncs sont dilatées infé rieurement formant un angle aigu ; le bord antérieur est bi-sinué. Les bancbes de la 1'^ j)aire sont proéminentes et tuberculées. Les deux premiers tarses des pattes ambulatoires ^^ sont pourvus de soles. Le 7'" segment est ouvert sous le ventre {iip;. V), la face interne de ses bords présente deux prolongements arqués dirigés l'un vers l'autre, et qui rétrécissent l'ouverture, servant en outre de point d'appui à des muscles. Pattes copulatrices de la paire antérieure (fig. 1 et 2.) fortement écartées, beaucoup plus longues que larges, faiblement dilatées à l'extrémité, qui est arrondie, le lambeau postérieur est à peine visible par la face antérieure, son bord interne est fortement sinueux, lamellaire ; le bord interne du lambeau antérieur est muni d'une forte dentelure arrondie, très chitinisée (a, fig. 2). Le talon (coxoïde) de la patte antérieure [ina] est peu développé, lamellaire ; celui de la patte postérieure {(np), au contraire, est volumineux. Le fut (fémur) de la patte postérieure (tig. .'3, 4, o) est grêle; sa branche distale {F') est assez longue, graduellement élargie ; on ne distingue sur sa surface aucune trace ^ ' d'articulation fémoro tibiale, mais, en éclaircissant l'organe à la potasse, on en distingue l'emplacement par transparence (h, fig. o). Le tibia est très réduit, condensé, par suite dillicile à reconnaître ; il ne se manifeste que par un pli ( T) le long de l'aréle interne. On ne distingue i)as de sinus distincts sur le trajet de la rainure. Le fiagellum (c, fig. 4) est court propor- tionnellement; il est épais à la base et muni d'un épanouissement trapézoïdal (c'); il est brusquement elfilé près de la pointe. Les pièces du tarse se composent d une forte épine (rao; 51 segments; 93 paires de pattes; 1 segment apode. Coloration brun-olivàtre (même gris-olivâtre, mais cette couleur provient certainement d'une conservation défectueuse, comme peut-être aussi la teinte olivâtre des parties brunes) ; prozonites marqués au bord antérieur d'une tache dorsale jaune, divisée par un fin trait brun, tache qui n'est apparente que lorsque l'animal est contracté; métazonites brun-noir linement ourlés de rouge doré au bord postérieur; lèvre supérieure et rebord des valves anales brun-rouge; antennes brunes; pattes brunâtres, ternes. Corps robuste, à peine rétréci au ()'' segment. Prozonites mats; métazonites brillants et faiblement dilatés. Mi'in. Soc. Zool. de Fr., 190a. 14 210 HENRY BRÔLEMANN Premier pore sur le 5« somite. Tête brillante à ponctuations fines sur la lèvre, obsolètes sur le vertex. Lèvre rectiligne, faiblement échancrée au centre; échan- crure comblée par les trois dentelures usuelles et surmontée de 4 fossettes piligères. Vertex divisé par un sillon très fin, plus accentué entre les yeux, point où il butte contre un sillon inter- oculaire également très fin et incomplet. xVntennes médiocres, atteignant à peine le bord postérieur du deuxième segment; à articles claviformes, aussi dilatés à la base qu'au sommet de l'an- tenne; 4 bâtonnets à l'extrémité. Yeux en demi-cercle étiré vers le sommet de la tète, écartés denviron une fois leur grand diamètre, composés d'ocelles distincts au nombre de 59 [63] en 7[8] rangées (12. 11. 10. 9. 7. 8. 2. — 12. 11. 10. [7]. 9. 7. a. 2); dans la seconde formule, la troisième rangée estbifurquée). Premier segment plus étroit au bord antérieur qu'au bord posté- rieur, à surface lisse sur le dos, striolé cuireux dans la région des stries. Bord antérieur rectiligne jusqu'à la hauteur des yeux, obli- due (en avant) au-dessous. Côtés presque perpendiculaires, en tra- pèze, à bord latéral faiblement convexe à angles antérieur et postérieur plus ouverts que le droit et très émoussés; leur surface est coupée en oblique par quatre forts sillons (en plus du sillon marginal) faiblement sinueux, c'est-à-dire n'épousant pas la forme qe l'angle antérieur; dans les interstries, près du bord postérieur, il peut encore exister un ou deux tronçons de strie. Sur les écussons du tronC; les stries concentriques sont rempla- cées par de fines arêtes, au nombre de 10 environ, qui occupent à peu près les deux tiers du prozonite ; ces stries sont régulières et atteignent la lame ventrale sans être infléchies en arrière (elles sont plutôt un peu arquées vers l'avant) et sans se rapprocher complètement de la suture. Le dernier interstrie et la partie posté- rieure du prozonite sont extrêmement finement chagrinés. La suture est étroite, bien marquée, très faiblement étranglée. Le métazonite est mat, avec des ponctuations entremêlées de rides longitudinales, dans le quart antérieur de sa longueur; le reste de la surface est brillant, les ponctuations étant extrêmement fines ou obsolètes. Les stries longitudinales, au nombre d'une quinzaine, sont confinées sous le ventre; elles s'arrêtent loin du pore qui est très petit et s'ouvre bas dans les flancs, au premier quart environ du métazonite. Le premier pore s'ouvre sur le 5'^ somite. La surface du dernier segment et des valves est finement cuireu- se-ponctuée. Le bord postérieur du dernier segment est très peu MYRIAI'ODKS DE LA MISSION DU CHEMIN DE FEU THIKS-KAYES 211 proéminent, il forme un anj^le très ouvert dont la pointe émoussée, atteint l'angle supérieur des valves, sans le recouvrir ; ce prolon- gement est séparé du reste du segment par un sillon transversal. — Les valves sont médiocrement saillantes, globuleuses, puis comprimées sur un étroit espace, près du bord, qui est légèrement épaissi en bourrelet. — Ecaille ventrale iinement chagrinée, très courte et très large de base, à bord postérieur à peine anguleux. — Lames ventrales non striées. — Fossettes stigmatifères trigono- punctifoi'uies. Pattes médiocres, sans pilosité spéciale. Chez le mâle, l'arête inférieure de la joue est épaissie en bourrelet et l'angle antérieur arrondi, légèrement proéminent. — Les deux premiers tarses des pattes ambulatoires sont munis d'une sole, dont la pointe dépasse un peu l'extrémité de l'article. — Le bord ventral du 7*' somite forme un bourrelet peu saillant refoulé en arrière. Les pattes copulatrices (fig. 8-12) sont d'un type un peu spécial. L'organe est tourné de telle sorte que, lorsqu'on l'examine par sa face antérieure (lig. 8), le lambeau postérieur (Ip) occupe une place prépondérante, et que la patte postérieure se dégage de l'aisselle de la patte antérieure sur la face latérale externe (fig. 10), en arrière de l'organe, et n'est pour ainsi dire pas visible. La lame ventrale [v) est large, sa pointe est coupée par deux échancrures séparées par un angle médian moins proéminent que les angles latéraux. Le lambeau postérieur présente, sur sa face interne, un puissant épaulement (a) qui maintient les deux pattes écartées ; le lam- beau postérieur (/;)), très allongé, est courbé vers l'intérieur, et son extrémité, tordue sur elle-même, forme des arêtes et des lambeaux disposés sur des plans différents; il se termine en palette arrondie. Le lambeau antérieur [la) est développé laté- ralement (parallèlement à l'axe du corps) et ne dépasse pas en hauteur le second tiers du lambeau postérieur, car son extrémité est complètement rabattue en arrière et vers la base de l'organe (/a, fig. 9), formant une sorte de collerette qui ceint la patte posté- rieure à sa sortie de l'aisselle. La partie postérieure, au sortir de la patte antérieure, est tordue sur-elle même formant un tour d'hélice complet; à ce point, elle émet un prolongement en forme de corne grêle {il, fig. Il), sans particularité. Au delà, elle présente un sinus (a) qui correspond à des plis longitudinaux. L'espace compris entre le sinus et le point d'où se détache la corne grêle, est à envi- sager comme l'homologue du tibia [t), ainsi que nous l'avons 212 HENRY BFOLEMANN constaté chez Odontopyge Sennae;cel espace est traversé en diagonale par la rainure séminale. Au delà, l'organe est constitué par une tige aplatie assez longue qui se termine par un faible épanouissement lamellaire {b), fortement échancré, de la base duquel se détache un petit llagellum court (c, fig. 12), courbé en faucille et tordu près de la pointe. — Le talon (coxoïde) de la patte antérieure est peu saillant latéralement; il est grand néanmoins et appliqué contre la base externe de l'organe ; le talon postérieur est très petit (propor- tionnellement) et dissimulé dans une échancrure anguleuse de la base du talon antérieur. — Il existe une poche trachéenne normale, dépendant de la P. G. postérieure. Étiqueté : (( Mission de Ch. de fer Sénégal-Soudan sur la Fa- lémé. — Juin 1903. — D^ Conan ». 11 semble qu'il y ait quelqu'analogie de structure des P. C. entre l'espèce ci-dessus et Y(Archi) spirostreptus guineensis Silvestri, qui, par contre, est très différent dans ses détails. Explication des Planches. Signes conventionnels. F., F'. = fémur ou fémoroïde. la. = lambeau antérieur des P. C. antérieures. Ip. = — postérieur — — P. P. =^ P. C. postérieure. pt. = poche trachéenne. T. = tibia (ou son homologue). ta. = tarse (ou son homologue). tna. = coxoïde de la P. C. antérieure. Inp. = — — — postérieure. V. = lame ventrale. (Pour les autres signes, voir le texte. — Les lignes brisées, sur les figures 3, 4, 5, 7, 11, et 12, indiquent le trajet de la rainure séminale). Figures du texte. Odontopyge dilatata ; extrémité antérieure, 9 — — ; — postérieure, $ — Conani; — antérieure, d^ — — ; — postérieure, cf — — ; section du 7' segment, cf — /"atomca; extrémité antérieure, Ç — — ; — postérieure, 9 /. - page 202 //. — « 203 III. - « 204 IV. — (( 205 V. — u 203 VI. - (( 207 VIL - « 207 Mèm Soc.Zoolde France, XVIIL 1905. Pl.V. Brolemaïaa, del J. Ctarlot ilitk. Imp. d 'Art, A. Clôt, Péiris . Mém, Soc Zool.de France , XVIII, 1305, PI. IV. irôleirLann, del. J. Chariot, litli. Imp d'Art, A Clôt, Paris. MYRIAPODES DE LA MISSION DU CHEMIN DE FEU THIÈS-KAYES 213 Planche IV. Odontopyge Conani, n. sp. Fig. 1. Pattes copulalriccs antérieures, face antérieure. — 2. Les mêmes, face postérieure. — 3. Patte copulalrice postérieure. — 4. La même, vue d'un autre côté. — 5. Portion de la figure précédente, plus grossie, montrant l'em- placement du tibia (T), Spirostreptus lugubris sudanicus, n. var. Fig. 6. Pattes copulatrices, face antérieure ; la P. C. postérieure droite est enlevée. — 7. Extrémité du flagelluni de la P. C. postérieure. Planchk V. Spirostreptus contortas, n. sp. Fig. 8. Pattes copulatrices antérieures, face antérieure. — 9. Les mêmes, face postérieure. — 10. Les mêmes, profil externe (pour plus de clarté, la patte pos- térieure est couverte de hachures). — 11. Patte copulalrice postérieure, déroulée. — 12. Extrémité de la même, plus grossie. LA CIRCULATION CHEZ LES DAPHNIES PAR E. HÉROUARD Maître de Conférences à la Sorbonne. Parler de la circulation des Cladocères peut paraître suranné, car la grande transparence de ces animaux et la facilité avec laquelle on se les procure, ont fait que cette étude à retenu depuis longtemps déjà l'attention des chercheurs et quïl semhle qu'après tant de travaux cette circulation doive être connue dans ses plus infimes détails. Mais si on consulte les diverses opinions, on recon- naît que malgré cette grande transparence elles présentent des divergences considérables et on verra, par ce qui va suivre, que le dernier mot n'était pas encore dit sur cette question. La connaissance de la circulation des Cladocères présente un intérêt dans ce sens, qu'elle éclaire la morphologie de ces êtres si spéciaux dans le groupe des Crustacés et que la morphologie est encore jusqu'ici, quoiqu'on en puisse dire, la seule base solide sur laquelle il soit permis d'établir les conceptions phylogéniques se rapportant au règne animal. Si la zoologie descriptive semble tombée dans un certain dis- crédit, par suite d'une interprétation exagérée des aspirations d'hommes éminents, elle n'en reste pas moins le point de départ de toutes les sciences en vogue se rapportant au monde animé et son utilité, un instant méconnue, finira bien tôt ou tard par re- prendre du crédit, parce que c'est elle qui est la base de tous les systèmes restreints que l'on croit pouvoir considérer comme des entités scientifiques et qui ne sont en réalité que des branches an- nexes d'une seule et même science : continuons donc, nous les admirateurs de la nature, à observer ses manifestations ou ses caprices, à les analyser et à les décrire et l'œuvre que nous ferons ne sera pas stérile, car le chemin le plus sûr pour avoir chance de découvrir les causes des phénomènes est de les bien connaître. Pour faire comprendre la circulation des Cladocères nous envi- sagerons : 1° la constitution propre des espaces où le sang circule ; 2° les courants sanguins déterminés par la disposition de ces espaces. LA CinClLATION C.HKZ LKS DAI'HNIF.S 21a /" Constitution propre dca capaccs on le mnçj circnle. Cœur. — Le cœur, en raison même de sa position sous-tégumen- taire en un point du corps non recouvert par les valves du test, se prête facilement à un examen direct, les opinions sur sa constitu- tion ont cependant varié. Pour Oruithuisen, Schœffer et Plateau, le cœur serait divisé en deux parties, une postérieure veineuse et une antérieure artérielle; pour Leydig et Claus, il n'y aurait qu'une seule poche cardiaque constituant dans son ensemble le ventricule, mais Leydig admettait l'existence d'une seule bouton- nière donnant accès au sang veineux dans le ventricule, tandis que Claus a signalé la présence de deux boutonnières et a montré en outre que le ventricule ne présentait pas de muscles longitudinaux comme le prétendaient les anciens auteurs, mais seulement des muscles fusiformes orientés comme des fuseaux autour d'un axe dorso-ventral. Le ventricule est suspendu au milieu delà chambre péricardique et Leydig a cru sans raison qu'il était relié à lintestin par des tractus conjonctifs; ces tractus existent bien, mais n'ont aucun rapport avec la partie sous-jacente du tube digestif. Le ventricule est séparé du tube digestif par une cloison conjonctive (cloison conjonctive dorsale) formant la paroi ventrale de la chambre péri- cardique, aussi est-ce à cette cloison que les suspenseurs ventraux du ventricule prennent insertion; il existe en outre des suspenseurs dorsaux qui sinsèrent à Ihypoderme. C'est par l'intermédiaire de ces suspenseurs ventraux que la cloison dorsale sur laquelle ils sinsèrent est animée de mouvements rythmiques synchrones aux contractions du ventricule et ces mouvements font un api)el de sang vers la cavité générale delà région moyenne du corps qui commu- nique au tube digestif un mouvement oscillatoire simultané, c'est évidemment ce mouvement ondulatoire qui a fait croire à Leydig que les tractus ventraux s'inséraient au tube digestif. C'est aussi à la traction exercée par ces suspenseurs qu'est due la forme pris- matique que Plateau attribuait au ventricule, mais cette forme n'existe que pendant le systole, tandis que pendant la diastole le ventricule est sphérique. Vaisseaux. — Schœdler (184(5) et Rahmdor (ISO.")), après Perty et Cruitiiuisen indiquèrent l'existence chez les Cladocères de vais- seaux à parois propres et décrivirent l'appareil artériel avec un grand luxe de détails. Il est certain que la description qu'ils en donnent est due, moins à une observation directe qu'à lintlueuce 216 E, HÉROUARD exercée sur eux par les beaux travaux d'AndouinetMilne-Edwards sur les Crustacés supérieurs ; on reconnaît en effet dans le travail de Schœdler sur Acanthocercus rigidus, le souci constant de sté- réotyper sa description sur les données d'Andouin et Milne- Edwards; il voit partir du cœur une aorte antérieure, une aorte dorso-ventrale et une aorte postérieure. L'aorte antérieure aurait donné : 1° un vaisseau médian oplithalmique ; 2" deux vaisseaux antennaires symétriques courant de chaque côté entre l'intestin et le releveur de la rame, et donnant chacun un rameau pour l'œil et pour la Ir" antenne et un autre desservant le cerveau, les glandes salivaires et les parties buccales ; 3° deux artères partant du même point que les précédentes et se bifurquant d'une part dans la rame, d'autre part dans le test. L'aorte dorso ventrale d'abord impaire, se diviserait en deux branches symétriques embrassant l'intestin, puis courant sur la face ventrale, elle enverrait un rameau dans chaque appendice. Elle était homologuée par Schœdler avec les artères hépatiques d'Andouin et Milne-Edvs^ards, mais adaptée aux fonctions de l'artère sternale. Une aorte postérieure, que Schœdler considérait, on ne sait trop pourquoi, comme homologue de l'artère sternale, courrait sur la face dorsale de l'intestin jusqu'à l'extrémité du corps. Toutes ces artères, à leur extrémité se perdraient pour Schœdler, dans les lacunes de parenchyme, et le sang passerait de ces lacunes dans les branchies des appendices. Cependant Schœdler reconnaît l'exis- tence de la membrane dorsale, limitant sous l'hypoderme dorsal un courant veineux retournant au cœur. Fischer décrit aussi des vaisseaux chez Sida cristallina. Leydig (1860) nie formellement l'existence des vaisseaux ; pour lui la circulation est uniquement lacunaire, mais il reconnaît que les espaces circulatoires sont toujours limités par du lissu con- jonctif, mais que ce tissu ne constitue pas une paroi propre des vaisseaux ; il ne cherche pas cependant à faire connaître les tra- jets des courants sanguins. Claus, en 1876, adopte les idées de Leydig dans leur ensemble, mais affirme que parfois il y a un commencement d'aorte faisant suite à l'orifice cardiaque. En outre il donne, dans une description détaillée, la physiologie de la circulation. C'est qu'en effet, si des observateurs de la valeur de Schœdler se sont crus autorisés à affirmer l'existence de vaisseaux, c'est que les courants sanguins que l'on aperçoit sur l'animal vivant ont une fixité telle dans leurs directions, qu'ils ont toute l'apparence d'être réellement endigués. LA CIRCULATION CHEZ LES DAPHiNIES 217 Pour Claus, le courant sanguin partant du cœur suit la ligne dorsale de l'intestin, passe entre les deux diverticules hépatiques et s'engage entre les pédoncules des ganglions optiques. 11 envoie apW's sa sortie du ventricule deux courants symétricjues qui se dirigent vers les antennes rames. Après avoir franchi les ganglions optiques le courant principal enverrait un rameau vers la pre- mière antenne et vers la lèvre supérieure et une branche vers la région maxillaire. Tous ces courants, après avoir irrigué les or- ganes de la tête se rassembleraient au point où le thorax vient s'in- sérer à la tête, en avant de la région cardiaque, et enverraient : i° un courant dans chaque valve du test ; 2" un courant de chaque côté du tube digestif et 3'» un courant ventral en avant du tube digestif. Les courants du test après avoir suivi les bords reviennent au cœur par la ligne dorsale, formant la suture des valves; les cou- rants latéraux et le courant ventral de l'intestin, après avoir-des- servi les appendices, courent sur la face ventrale du post-abdomen et arrivés à son extrémité reviennent par son côté dorsal i)Our remonter jusqu'au cœur en suivant la face dorsale du tube diges- tif; ce courant ascendant étant séparé des courants descendants par une cloison conjonctive qui se continue avec le péricarde. Telle serait, d'après (llaus, la physiologie de la circulation. Richard (189;')) adopte les idées de Claus. Toutes ces opinions, aussi bien celles qui aflirment l'existence de vaisseaux propres, que celles qui ont trait à la direction et aux rap- ports des courants sanguins, ont été basées sur des observations directes, mettant à profit la transparence des téguments. Aussi en ce qui concerne la circulation du sang ces opinions sont elles justes pour tous les points du corps où les courants san- guins ne se superposent pas, c'est-à-dire pour la direction des courants superficiels; mais dans la région thoracique supérieure, là où l'épaisjseur du corps est la plus grande et où la cavité géné- rale est plus complexe, il n'a pas été permis aux auteurs de suivre exactement le trajet des courants sanguins et la description qu'ils ont donnée n'est pas exacte. En procédant autrement, en étudiant la cavité générale, nous allons'montrer que la circulation se fait tout autrement et nous verrons que la façon dont elle s'accomplit permet de tirer des déductions, propres à montrer les homologies des différentes régions du corps et à éclairer la morphologie si spéciale de ces êtres. En étudiant les Daphnies par la méthode des coupes on constate 218 E. HÉHOUARD que la cloison conjonctive dorsale qui prolonge le péricarde et qui avait été vue par la plupart des auteurs, n'est pas la seule qui par- tage la cavité générale en compartiments distincts. Il existe, en effet, sur la lace ventrale, entre le tubedigestif et l'hypodermeune cloison ventrale s'étendant en arrière des appendices, qui a échappé aux observateurs, tant à cause de son accollement en certains points de son parcours à Ihypoderme que par suite de sa configu- ration complexe. Cette cloison (PL VII, fig. 2, cv), qui représente l'endosternite et ses ailes latérales chez les Crustacés décapodes, paraît exister dans toute la classe des Crustacés : elle l'ait partie du patrimoine mor- phologique de ce groupe. Chez les Lernœopodes eux-mêmes Miculi- cich a indiqué, sous le nom de mésentères, des cloisons conjonc- tives qui sont évidemment homologues de ces formations. Cette cloison ventrale s'étend en longueur depuis le cerveau jusqu'à l'extrémité inférieure du thorax ; ses bords supérieur et inférieur sont libres; ses bords latéraux, au contraire, sur les côtés du corps sont soudés à l'hypoderme. Le bord supérieur, situé sur la partie médiane au niveau de l'œsophage qu'il embrasse, remonte latéralement en contournant l'œsophage et les pédoncules des gan- glions optiques et se prolonge ainsi en deux cornes latérales dont les pointes s'insèrent à l'hypoderme, au dessus de l'extrémité an- térieure du cerveau et en a^ant des ganglions optiques. Dans la région céphalique, cette cloison (PL VI, cl. v.) s'insère par ses bords latéraux sur l'hypoderme des joues, puis le long de la gouttière ventrale, délimitant ainsi dans la région antérieure de la tête une loge qui communique avec les antennules et la lèvre supérieure et contenant : le cerveau proprementdit, le collier œso- phagien, le ganglion sous-œsophagien et les deux nerfs ventraux qui en partent. Arrivée au point de séparation de la tète et du tho- rax, la ligue d'insertion de la cloison au tégument» se détourne brusquement d'avant en arrière, presque jusqu'au niveau de la cloison conjonctive dorsale, puis descend de haut eu bas sur une longueur sensiblement égale à celle du ventricule, puis revient d'arrière en avant dans la direction du 4"!" appendice thoracique, ayant circonscrit dans ce trajet les bords du pédoncule d'insertion du test au thorax. II en résulte que la cloison dans cette région délimite une loge ventrale qui communique non seulement avec les cavités des premières paires d'appendices thoraciques, mais encore avec les cavités de la duplicature du test et, point important à noter, cette portion de la loge contient la glande du test tout entière. LA CIRCULATION CHEZ LES DAPHNIES 219 La cloison poursuit ensuite son trajet dans la partie libre du thorax en descendant verticalement en avant de l'intestin, sinsé- rant à la paroi au niveau de la limite externe des appendices (PL VII, lij;-. ()). Telle est, dans la forme ^éi^érale, la disposition de la cloison ventrale. Mais elle ne llotte pas librement dans toute son étendue, car dans la hauteur du thorax, sa ligne médiane est soudée à l'hy- poderme de la gouttière ventrale et l'espace qu'elle limite estainsi séparé en deux espaces symétriques ne pouvant communiquer entre eux que par l'extrémité supérieure au niveau desmàchoires et par l'extrémité inférieure dans l'abdomen, là où les cloisons s'arrêtent; il y a donc en réalité deux loges thoraciques ventrales symétriques. Mais il va plus, ces deux loges thoraciques ventrales sont divisées à leur tour en deux loges secondaires par une cloison verticale, sensi- blement parallèle au plan médian, et qui s'insère dorsalement sur la cloison ventrale dans toute la hauteur du thorax, tandis que son bord antérieur, au lieu d'être simple, pénètre dans la cavité de cha- que appendice par une sorte de dent dont les bords sont fixés à l'hypoderme (PL Vil, fig. 2 et 4], sauf à la pointe de la dent où le bord tronqué reste libre et permet ainsi la communication de la loge secondaire interne (fig. 1, Ig. v. i.) avec l'externe (/^. r. e.). Les cloisons formant les dents incurvent légèrement leur extrémité au niveau de ce que Claus a appelé le .sac branchial de l'appendice et c'est en ce point que se trouve l'orifice de communication entre les deux loges. 11 est formé par l'espace circonscrit par le bord tronqué de la dent et l'hypoderme du sac branchial. Par suite de cette dis- position, pour passer de la loge secondaire interne du coté droit par exemple dans la loge secondaire externe de ce même côté, il faut pénétrer par la cavité d'un appendice jusqu'à son sac branchial pour trouver l'orifice qui y donne accès. La cloison dorsale (PL Vil, fig. 2 et 6, c. 1. VI. E. HÉROUARD, (Ici. H. Dk.mouun, se. Coupe s.vp.ittale de D.vphnie. M KM. Stic. ZOOL. I)K FUANCi:. XVIII, l'.Kl.'i IM. vil. E. ITkrouard, di'l D.MMlNir.. LA CIRCILATION CHEZ LES DAPHNIES 231 1895. J. Richard. Révision des Cladocères ; 1"-- partie, Ann. des se. nat. p. 279 à 389. 1896. J. Richard. Révision des Cladocères; 2' partie ; Ibid, p. 186 à 363. 1846. J.-E. Schoëdler. L'ebcr Acanthocercus riqidus, Arch. f. Naturgesch., Xir Jalirg., p. 301 à 374, pi. XI et XII. EXPLICATION DES PLANCHES PI. VI Coupe sagittale, semi schématiinic, d'une Daphnie. au. anus; Ant. /. antonnule; A)tl. 2, antenne; b. bouche; ch.ific. chambre in- cubatrice; cl. d. cloison dorsale; cl.r. cloison ventrale; ch.iitc. chambre incuba- trice, ggl.opt. ganglion opti(|uo gauche; int. intestin; Ig.d. loge dorsale; Ig. i. loge intestinale; lg.j>- loge péricardi(]ue ; Ig.c. loge ventrale; li'. s. lèvre supé- rieure; J/f/i. mâchoire; i/(/. mandibule; or. ovaire ; rire, ventricule;!/ œil; y' œil complémentaire. PI. VII Fig. I. — Coupe transversale de l'extrémité inférieure du corps au niveau de la courbure du post-abdomen. L'extrémité inférieure libre de la cloison conjonctive ventrale est maintenue en place par les muscles dorso- ventraux (Mdv), latéro-ventraux (Mlv) et releveurs du post-abdomen- A ce niveau la cloison dorsale a disparu et la loge intestinale se fusionne avec la loge dorsale. /, intestin ; Mdi\ muscles dorso-ven- traux ; MU\, muscles latéro-ventraux; n, troncs nerveux; ov, ovi- ducte. Fig. 2. — Schéma de l'ensemble des courants sanguins chez la Daphnie. Dans cette figure la valve droite du test et la moitié droite des téguments ont été enlevés pour montrer la disposition des cloisons conjonc- tives. Les courants venant des quatre premiers appendices con- vergent vers le pédicule du test situé devant la lame réfléchie de la cloison ventrale et de là pénétrent dans le test pour retourner au péricarde. C, ventricule; or/, cloison dorsale; c/f, chambre incubatrice ; cp, cloison séparant la loge ventrale externe de la loge interne; cv portion ré- fléchie de la cloison ventrale au niveau du pédicule de la valve du test; I, tube digestif. Fig. 3. — Cellules de réserve en dégénérescence. Fig. 4. — Coupe transversale au niveau de la mâchoire. La coupe légèrement oblique montre à gauche de l'observateur les trois muscles pre- nant insertion sur la cloison ventrale et qui sont le muscle dorso- ventral, le muscle adducteur des valves, et l'adducteur des m<\- choires; du côté droit on voit la communication de la loge ventrale dans le pédicule du test avec la loge ventrale interne des appendices thoraciques. 232 EXPLICATION DES PLANCHES es. cul-dc sac de la cavité incubatrice ; cp, cloison séparant la logo ven- trale interne de la loge externe; ci?, cloison ventrale; d, conduit excréteur de la glande du test; GT, glande du test; gv, ganglions ventraux; /, intestin; /s, lèvre supérieure; Ma, muscle adducteur des valves; Mab, muscles abducteurs des appendices; iitd mandi- bule; inx, mAchoire; p, appendices thoraciques. Fig. o. — Coupe transversale des ailes latérales du fornix montrant les espaces circulatoires de l'hypoderme. Fig. 6. — Coupe transversale de la région moyenne du corps chez une femelle après la ponte. On voit sur les côtés les deux replis résultant du plissement de la paroi latérale du corps; crf, cloison dorsale; ov, ovaire. ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DÉCRITS DANS LES MÉMOIRES DE 190;; TUNICIERS Pages. Aplidinm africannm C. P. Sluiter 17 Ascidia Obocki S 7 A. somaliensis S 8 Holoajnthia spinosa 16 Leptodinum bistratum S 18 Polyandroca'rpa violacea S 10 Stolonica proliféra S 12 Styela miniata S 11 CÉPHALOPODES Eledone Charcoti L. Joubin 22 E. Ttirqueti J 23 Myriapodes Odontopyrje Conani H. Brôlemann 203 0. dilatataB 201 0. falemica B 206 Spirostreptus con(ortus B 209 S. lugubris var. sudanica B 208 TABLE DES MATIERES Pages. H. Brôlemann. Myriapodes de la Mission du cliemin de fer Thiès- Kayes recueillis par le D' Coiian; pi. IV et V 201 E. HÉitouARD. La circulation chez les Daphnies; pi. VI et VII . . . 214 L. JouBix. Description de deux Elédones provenant de l'expédi- tion du D' Charcot dans l'Antarctique ; planche III 22 X. Raspail. Une station ornithologique dans l'Oise : nouvelles ob- servations sur les Oiseaux ayant niché dans le périmètre du ter- ritoire de Gouvieux 32 G. Ph. Sluiter. Tuniciers recueillis en 1904 par M. Gh. Gravier, dans le golfe de Tadjourah (Somalie française) ; planche I et II . 5 Le Secrétaire général, gérant, Dr J. GUIART. École Professionnelle d'Imprimerie, à Noisy-le-Grand (Seine-et-Oise). 18^^ AxNki:, N'>* I et l^ I>aiu i.i: H) NuvK.Miiiu; I90;;. MÉMOIRES DK LA r r SOCIETE ZOOLOGIOUE DE FRANCE {I2,ecorLn.\ae d'TJtilité 1=» vi tolicrMe) ANNÉE 1905 TOME XVII f Feuilles I à 7. — Planches 1 à III PAHIS (\ 1) AU SIÈGE DE i.A SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE 28, Rue Serpente (Hôtij. uks Sociétés Savantes) !.<••* Mémoire!* paraissent Ions les deux mois IS'' Année, iN^^ '.] et \. Paru lr .31 Mai 1906 ."^ k MÉMOIRES DE LA ^;rF Jl/U DE FRANCE CReconniae d-'TJtilité ï* u.lDlicï-u.e ) ANNEE 1905 TOME XYIII Feuilles 8 à lo. — Planches IV à VII E PARIS iVl-; AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANGE 28, Rue Sehpente (Hôtel des Sociétés Savantes) L«'S M«'inoîr<'!* pai>ais»ii^ w ,si^ Ni/^^x/; AMNH LIBRARY 100125034 KjÙ^'-^: "^^mi- vw ^fÊ^à ï-^ if^\^- ^k:j' m # ^Pl ^w f, y^|( Èi M mû i Si ISs ■^^\ iHiw \è\i. :^'^v yv^ '^^'M WP^: -i2^xM^