FOR THE PEOPLE FOK EDVCATION FOR SCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY A.M.I MÉMOIRES SOCIÉTÉ ZOOLIKilQlIK l)K l^RA^CE POUR LANNEE 1910 MÉMOIRES SOCIÉTÉ ZOOLOGIOIJE DE FRANCE (Reconnue d'Utilité Publique) ANNÉE 1910 TOME XXIÏI PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE 28, Bue Serpente (Hôtel des Sociétés savantes) 1910 v^9. (^^/^ t^^(^,^i^ LES NOUVEAUX COURANTS D'IDÉES EN ZOOLOGIE AU DÉBUT DU XX' SIÈCLE PAR N. G. de ZOGRAF Professeur à l'iiou-ersilé de Mofdju Discours prononce a /'ouv>'.rtiire de la Section zoolor/K^ne du Xlh Conférés des naturalistes et des médecins n Moscou, le 2'J décembre 190!) {Il janvier Î9t> dirigés par des savants pleins d'énergie et de talent, tels que Cuénot et Bateson (1), on n'est pas encore parvenu à dégager les [jriucipes fondamentaux. Cependant il est à noter que l'espoir éveillé par ces expé- riences chez les partisans de la constance des espèces, pour lesquels les modilications des espèces ne sont que des varia- tions instables, ne fut pas réalisé. On observe des cas d'héré- dité conformes aux lois de Mendel non seulement en croisant des variétés, mais aussi en croisant des espèces. On obtient aussi des cas d'hérédité mosaïque où une partie des caractères est héritée du père, l'autre de la mère, non seulement si l'on croise entre elles des espèces distinctes, mais aussi en croisant différentes races, ce que Ton voit encore dans les cas d'hérédité mélangée où les caractères des deux parents se confondent dans l'organisme du descendant (2). Ainsi nous voyons, dans ce domaine de la science, une mul- titude de recherches et d'essais tendant à donner une inter- prétation théoriijue des faits, mais en vain. Les phénomènes si intéressants de l'hérédité mendeléenne attendent encore l'esprit universel qui parviendra à leur donner une interpré- tation satisfaisante. « Le plasma germinatif » de Weismann souleva les violentes protestations d'un grand nombre de savants, de ceux surtout qui travaillaient dans le domaine de Tembryologie. Selon Weismann, c'est un élément stable et fixe ; voilà pourquoi la théorie de la sélection germinale, basée sur la notion du plasma germinatif, fut considérée comme un retour aux an- (1) W. Bateson, M. A., F. R. bl., 11. M. H. Mendel's Principles of Heredity (Cambridge, 1909). (2) Cf. les expériences de Davknport et de Toyama, décrites par Godi.kvski : Df Einil GoDLKVSKt jun. Das Verfrbungsproblem iai Lichte der EiUwickliiiigsrne- chanik betrachiet. (Leipzig, 1909'. NOUVEAUX COURANTS D IDÉES EN ZOOLOGIE 11 ciennes notions de préformation. En effet, nombre d'adeptes de Weismann voyaient dans l'œuf et son plasma un ensemble d'ébauches des diverses régions du corps, plus que cela — de ses divers organes et parties. Ainsi se posa la question de la prédétermination du germe futur dans l'œuf. Cette opinion sembla confirmée dès les premières expé- riences faites par Wilhelm Roux sur des œufs de Grenouilles (1). Le développement d'un demi-germe d'un œuf, dont l'une des moitiés avait été tuée, confirmait l'opinion que les moitiés droite et gauche, antérieure et postérieure, sont prédéterminées dans l'œuf. Cette certitude fut corroborée encore par les obser- vations de Driesch, Morgan, Fischel et Ziigler sur le développe- ment de l'œuf du Cténophore Beroë ovata, pendant sa division_, démontrant que ses divers segments deviennent, en se déve- loppant, des parties déterminées de la larve complètement formée. Mais en même temps Driesch entreprenait ses expériences sur chaque segment de l'œuf des Oursins au cours de sa segmentation, Wilson sur le développement de la moitié d'un œuf à'Amphioxtis en une demi-larve^ du quart d'un œuf en un quart de larve; on démontrait la possibilité d'obtenir d'un œuf de Triton, coupé en deux, deux germes indépendants. Toutes ces expériences firent chanceler la théorie de prédétermination établie par Roux lors de ses premiers travaux dans le domaine de la mécanicjue du développement, fondée par lui. Il fut forcé de recourir à une autre interprétation, développée avec succès par Driesch et expliquant le développement d'une moitié d'œuf en un demi-germe, d'un quart d'œuf en un quart de germe, etc., par un pouvoir inhérent au plasma, l'autorégulation ou autodétermination. La notion de ce pouvoir est déduite d'hypo- thèses, et son introduction dans Tétude du réel marqua une première étape sur le chemin de la construction de nouvelles conceptions hypothétiques^ de nouveaux termes souvent presque inintelligibles qui depuis quelque temps encombrent la biologie théorique. Le succès des expériences de Driesch, de Hertwig, de Morgan, de Wilson fut l'inauguration de toute une série de nouvelles expériences qui souvent n'étaient pas dignes de ce nom, car, d'accord avec Morgan, nous ne donnons le nom (1) Roux. Ueber die kiinslliche lïervorbringung a halber Embryonen » durch Zerstôrung einer der beiden ersten F''iirchungszellen, sowie ilber dieNachentwi klung (Postgeneratioiij der fehlendea Korperhàifte. yVi ehow's Arcliiv, CXIV, 1888). 19 N. G. DE Z0r7RAF d'expériences qu'à des essais tendant à la solution raisonnée d'un problème rigoureusement construit et défini, et non à des tentatives pour observer ce (jui arrivera, si un germe donné est exposé à telle ou telle autre iuiluence. Néanmoins, ces recherches qu'on peut dire gouvernées par le hasard ont enrichi la science d'un grand nombre de faits intéressants. Il suffit d'ouvrir un recueil quelconque d'embryologie expéri- mentale, même un petit livre comme « I^ 'embryologie expéri- mentale » de JkxNKImson» professeur agrégé à l'Université d'Oxford (1), pour trouver une foule d'observations du plus haut intérêt concernant l'influence exercée sur le germe par la pesanteur, les agents mécaniques, l'électricité et le magné- tisme, la chaleur, la pression atmosphérique, la pression osmo- tique, les agents chimiques, etc. Il est vrai que ces faits inté- ressants ne sont pas encore ramenés à un principe fondamental ni éclairés par une idée générale, ce qu'il serait difficile d'exi- ger, puisque l'embryologie expérimentale est une science née seulement d'hier. L'hypothèse de Darwln expliquait, dans la mesure du possible, des phénomènes tels qu'une patte d'Ecrevisse repous- sant après avoir été cassée, un Lézard reformant sa queue arrachée, une Actinie ou une Hydre, un tentacule coupé. La théorie de Wkismanm n'oli'rait pas une explication suffisante de ces phénomènes, rSombre de savants tentèrent de définir expérimentalement la portée de ces reconstitutions et leurs causes et conditions. C'est là qu^est l'origine de nombreuses expériences relatives à la régénération (2). L'interprétation de WeismaNiN, considérant ces phénomènes de régénération comme une adaptation à l'influence du milieu ambiant, comme un résultat de la lutte pour la vie, ne satisfit pas les savants. Certes, Driksch a parfaitement raison en affir- mant que cette interprétation nous force d'accepter l'argumen- tation suivante. Les Triclades actuelles peuvent se régénérer d'un petit fragment de leur corps, les Hydres se régénèrent d'un petit_ morceau à la seule condition qu'il contienne des parcelles d'ectoderme et d'entoderme ; un pluteus peut pro- venir d'un morceau d'œuf d'Oursin qui n'est qu'un fragment (1) .1. W. Jenkinson, m. a., D. Se. Expérimental Embryology. (Oxford, 1909.) (2) Les phénomènes de régénération et de transplantation (gretTe) sont très bien décrits, élucidés et criiiqiiés dans Je livre du D"- E. Korschelt : Régénération uiid Transplantation (.Tena. VUT!. NtUIVF.AIX lorK.VNTS |t IhKKS KN ZOorjuilK IS d'un œuf intact. Donc, les ancêtres de ces auiniaux, au cours de leur développement phylogénétique, ont dû passer par des états correspondant à ces états de régénéralion. Cette hypo- thèse serait trop hardie même pour notre époque, si riche en hypothèses, et ne pourrait être contirniée par d'autres faits. On fut obligé d'admettre l'existence d'autres causes déter- minant ces phénomènes. Mais la recherche de ces causes n'aboutit qu'à de nouvelles hypothèses. Ce sont : le pouvoir autorégulateur inhérent à l'organisme et l'existence d'excitants formateurs spéciaux, que nous avons déjà vus incitant le germe, qui se développe de Tœuf, à se constituer en une forme déterminée. Ces excitants formateurs ou, d'après le ternie allemand formatiie Reizp, excitants formatifs, furent introduits dans la science par Rutlolph Virchow. Virchow emploie ce terme dès 1858, avant l'apparition de F « Origine des espèces» ; c'est par leur influence qu'il explique le développement de tumeurs malignes dans l'organisme des malades, etc. Dans certains cas on crut découvrir ces excitants. Ainsi Kurt Hkrbst, lors de sa fameuse expérience sur l'extirpation de l'œil de Pa/i/iurus, voyait se régénérer, à la place de l'œil mutilé, un œil tout pareil, si le ganglion optique restait intact; en extirpant le ganglion optique, on obtenait, au lieu d'un œil, une excroissance en forme de tentacule ilj. Morga.n déta- chait la partie antérieure d'un Ver de terre et, en extirpant les ganglions nerveux dans les parties touchant à la blessure, obtenait une régénération iri-égulière de cette partie, tandis qu'en laissant les ganglions nerveux à leur place, il voyait la régénération suivre son cours normal (2). Il en ressort que les processus de régénération sont réglés par le système nerveux. Mais un morceau d'Hydre, n'importe lequel, régénère un animal entier; le bout postérieur du corps de Planaria niacu- lata, qui n'est traversé que pai* les branches terminales des troncs nerveux pairs, régénère son extrémité antérieure. Ces faits nous font supposer d'autres causes quelconques, et Ton cherche toujours ces autres causes parmi des conceptions hypothétiques et non dans les images du monde réel. Certains auteurs comptèrent, non sans raison, la faculté de régénération au nombre des propriétés de toute matière ;1) Hkrbst. Ucber die Regeueratioii diiteanenâhnlicher Organe an S telle von Augen. (Archio. Entwickmech., IX, 1899.) (2) Thomas Hunt Morgan. Régénération. (New-York, 1901.) 14 N. G. DE Z0(ÎRAF vivante. En eti'et. un Infusoire ne régénère-t-il pas, après sa division, dans son segment antérieur, son extrémité posté- rieure, et dans Je segment postérieur, la partie antérieure avec son péristome complexe, sa couronne de cils vibratiles et des flagellums d'une structure compliquée, souvent même ingé- nieuse? Le professeur Ralber réduit même le développement normal à un processus de régénération^ en argumentant comme il suit : chaque cellule, se divisant en deux, produit des cellules de dimensions deux fois moindres, et ces dernières, en croissant, régénèrent les parties leur manquant (I). Mais dans ce cas on élargit trop la notion de régénération et l'on confond la reconstitution avec les processus d'assimilation. En raisonnant sur les phénomènes observés au cours du développement et de la régénération, Driesch a construit un système de la philosophie de l'organique fort harmonieux, mais qui nous ramène aux systèmes du genre des anciens philo- sophes de la nature — systèmes qui encombraient la philo- sophie et la science dans la première moitié du xix* siècle. Ce système fort vaste et détaillé remplit deux grands vo- lumes contenant Texposé du cours fait par Driesch en 1906- 1907 à x\berdeen, à la suite d'une invitation du comité des cours Gifï'ord, organisés grâce au capital donné par feu Lord GiFFORD aux Universités d'Ecosse (2). Driesch aftirme qu'il est possible, en observant le développe- ment d'un œuf d'animal, de prédire dans bien des cas ce qui proviendra de telle ou telle autre région de l'embryon. 11 appelle cette propriété d'une région sa potentialité prospective, en indiquant que cette potentialité prospective est souvent beaucoup plus grande que l'importance, à un moment donné, de cette partie pour la vie de l'œuf ou de l'embryon. Si, dans certaine partie de l'œuf ou de l'embryon, tous les éléments sont de valeur égale ou équipotents, c'est-à-dire donneront naissance à des parties équipotentes, cette région est appelée système équipotentiel, sinon inéquipotentiel. Les potentialités sont divisées en potentialités primaires, provoquant le développement dans des conditions normales, et en potentialités secondaires déterminant le développement d'éléments formés dans des conditions anormales, pur exemple quand il s'agit de compenser une mutilation, de reconstituer (Ij A. Rauber. Onlogéuese als Régénération betrachtet. (Dorpat, 1908.) [2] Loc. cit. N()l!VKAi;X COURANTS d'iDÉKS EN ZOdLddlK 15 une partie perdue, de rediliéi-encier des parties ou l'organisme par suite de lésions, en un mot dans tous les cas où nous parlons de régénération. Driesch divise en outre les potentialités en potentialités explicites, déterminant ce qui se développe immédiatement d'une certaine région de l'embryon, et en potentialités impli- cites^ c'est-à-dire potentialités déterminant ce qui peut se développer dans l'avenir d'une région de l'embryon. De plus, les potentialités peuvent être simples ou complexes. La notion du système équipotentiel complexe joue un rôle important dans l'interprétation des phénomènes embryonnaires par Driesch. Par exemple, cette notion sert à expliquer pour- quoi l'Ascidie Clavellina^ coupée transversalement^ de manière que l'une de ses moitiés conserve l'appareil respiratoire avec les organes environnants, l'autre le reste du corps, reconsti- tuera dans la première moitié la partie postérieure, dans la deuxième la partie antérieure. L'une et l'autre moitiés sont munies de potentialités complexes (de second ordre), équipo- tentes dans les deux systèmes et donnant les mêmes résultats lors de la régénération. Je n'ai fait qu'effleurer une des questions examinées par Driesch, atin de montrer les métliodes (ju'il emploie dans ses raisonnements. Mais nous le voyons déjà formant des concep- tions peu propres à des naturalistes, des conceptions qui ne sont pas directement puisées dans la vie, mais créées par la pensée d'un philosophe en quête d'interprétations. C'est ainsi que Driesch arrive à la conclusion suivante : « Il est impossible d'admettre, dit-il, qu'une architectonique si compliquée, formée de multiples parties spéciales, d'une structure typique, différenciées dans les trois dimensions, puisse être répartie dans les éléments d'un système équipotentiel par des moyens matériels. Celui même qui adopterait le point de vue matérialiste de Weismann ne pourrait le nier. » Et Driesch affirme qu'il ne nous reste plus qu'à admettre une « hétérogénéité intensive » déterminant la « création spécifico-ty pique de formes ». Cette hétérogénéité est une « entéléchie », c'est-à-dire la faculté « de donner dans des conditions extérieures suffisantes un résultat justement propor- tionné. » Driesch donne à cette faculté inhérente à l'org'anisme le nom d 'entéléchie, parce que ce système porte son dut en liii-?nême. Ainsi Driesch revient à la téléologie, revient au vitalisme, et 16 N. r,. 1>K ZOGRAF il ne s'en détend pas. affirmant ne pas pouvoir s'expliquer autrement Jes phénomènes de la vie organique. iNous partageons Topinion de Godlewski (1) qui trouve que l'entéléchie marque une limite encore infranchissable à l'ana- lyse. Les savants revinivnt aussi ;ui vitalisme par une autre voie. Déjà Darwin moue, daus uik^ de ses dernières lettres à Moritz Wagner, n'avoir pas suffisamment tenu compte, dans l'origine des espèces, du rôle de l'exercice ou du non-usage des par- ties, c'est-à-dire de l'un des principes de la doctrine de Lamarck. Plus tard ces phénomènes attirèrent l'attention des savants, et des écoles néo-lamarckiemies se fondèrent. Cependant, parmi les néo-lamarckiens, il faut nettement dis- tinguer deux écoles : l'une américaine, l'autre allemande. Les Américains, développant les théories de Copk sur la phy- siogénèse et la cinétogénèse (2)^ ne quittèrent pas le territoire des sciences naturelles et introduisirent dans la théorie du transformisme des faits d'une haute importance. Les néo- lamarckiens allemands s'engagèrent dans une voie tout opposée. Ils s'appuyèrent de préférence sur la seconde partie de la « Philosophie zoologique » de Lamarck, sur la partie où Lamarck quitte le rôle de naturaliste pour devenir^ non pas psychologue, mais philosophe de la nature. La doctrine des fluides subtils, de leurs fluctuations à travers les nerfs, de leur relation au cerveau, à l'âme, sa division du règne animal, basée sur un principe de psychologie, en animaux apathiques, sensibles et intelligents, présentent le grand intérêt d'une hy- pothèse née dans un esprit profond. Mais ces idées sont si peu conformes à la nature_, sont si loin d'elle, qu'elles furent sup- primées dans la récente édition de la » Philosophie zoologique » par des personnes respectant la mémoire de Lamarck (3). Néanmoins le chef de l'école uéo-lamarckienne allemande Pauly (4) et l'ardent préconisateur de cette doctrine^ le docteur France (5), s'appuyant sur cette partie du livre de Lamarck, construisirent toute une théorie concernant une sorte d'âme (M Vortrkge und Aufsàtze ùbei- Kiilwicklungsuir'chauik der Orgauismen ; heraus- i^ej^eben von Wilhelm Rouv. Dr. Emil Godi.kw ski jiin. Das Vererbungsproblem iin Liohte der En(\vickliingsmechanik beirachtet. ; Leipzig, 1909 ) (2) E. D Copk, Ph. D. Tiie primary Factors ot organic Evolution. iChicago, 1904). (3) L'édition de Schlwcher, 1908. (4) Dr. August P.a.ulv, Darwinismus und Lamarckismus. Mlinchen, 1905). [5] Dr. H. France. Der heutige Stand der Darwin'schen Fragen. (Leipzig, 1907). NOUVEAUX COURANTS d'iDÉES EN ZOOLOGIE 17 liée à la matière organique ; ils ne distinguent pas entre cette âme et l'énergie, la situant non seulement dans l'organisme entier, mais dans chacune de ses parties, dans chacune de ses cellules. Nous voyons réapparaître ce que H^ckel a déjà décrit, vers 1874, dans sa brochure « Perigenesis der Plastidulen ». Ce sont des réminiscences du fameux savant et philosophe LeiBiMtz, qui rattachait le principe de la vie à la matière et n'en faisait pas une force spéciale, comme renseignaient les vitalistes orthodoxes allemands depuis Stahl. Le xix° siècle a légué au xx® encore une théorie que les en- nemis du darwinisme utilisent souvent en guise d'arme envers ce dernier. C'est la théorie des mutations de de Vries. Le botaniste d'Amsterdam affirme que les variations sur lesquelles Darwin s'appuyait pour démontrer la variabilité des espèces ne sont rien autre chose que des modifications ins- tables, appelées par lui fluctuations. Les espèces, selon lui, proviennent de modifications brusques apparaissant par sauts ; ces modiiications sont appelées par de Vries mutations (1). La cause des mutations n'est ni l'influence du milieu am- biant, ni l'adaptation à de nouvelles conditions, ni la lutte pour la vie ; elles sont provoquées par des causes cachées dans l'organisme même, qui nous sont encore inconnues. Toutes les belles expériences de Standfuss, de Merryfield, de Fischer et de Plateau qui, en élevant des chenilles de Papillons suivant difiérentes méthodes, sous l'influence du froid ou de la chaleur, ont obtenu des formes identiques aux formes polaires et méridionales (2), tous ces phénomènes ne sont que des fluctuations. Elles ne donnent guère de variétés stables et en les replaçant dans leurs anciennes conditions, habituelles dans la contrée donnée, on obtient de nouveau des formes ordinaires. De plus, ces formes, si elles s'éloignent beaucoup des formes ordinaires, restent pour la plupart stériles, ce qui est un signe de leur état anormal, pathologique. Quant aux mutations, celles-ci sont stables; elles ont une descendance ressemblant aux parents. Elles présentent une grandeur constante, formant aisément une entité taxonomique [V. DE Vries (Klrbahn). Arten iind Varietâten uiid ihre Entstehung cliirch Muta- tion (Berlin, 1906.) — Dans ces leçons, faites en 1905 à l'Université de Californie et traduites en allemand par Klebahn, db Vries expose nettement sa théorie. (2> Ces expériences sont très bien décrites dans le livre de Morgan : Thomas Hunt Morgan. Expérimental Zoology. (New-York, 1907.) Mém. Soc. Zool, de Fr.. 1910. xxm — 2 18 N. G. DE ZOGRAF qui est fi\o^ mais se distingue fort peu de l'espèce dont elle est issue. Cette entité est appelée par de VaiES « espèce élé- mentaire ». De Vries a fait ses expériences sur VOEnothera lamarckiana^ espèce étrangère à l'Europe^ importée d'Amérique. En éten- dant ses expériences sur d'autres plantes, il n'obtint pas de si brillants i-ésultats. Depuis quelque temps rO£'wo?/i(?ra elle-même ne donne plus les mêmes résultats qu'auparavant, dans les dix dernières années du siècle passé. Ou tenta d'obtenir des mutations d'animaux, mais ces expé- riences furent couronnées d'un succès beaucoup moindre que les expériences entreprises sur les plantes. Les exemples des Moutons d'Ancône, relatés par Morga^n, portent sur un troupeau éteint, malade, les modifications de la laine chez les Brebis de Mochan et celles du plumage des Paons du Japon parlent d'animaux domestiques, trop éloignés des conditions normales de la vie animale. 11 n'y a que les belles ex[)ériences de l'Amé- ricain Tower sur le Scarabée de la Pomme de terre, Leptino- tarsa decemlineata et Leptinotarsa multitœjiiata , qui donnèrent des faits assez importants en faveur de l'instabilité des fluc- tuations (1). Tower éleva, dans le cours de onze années, 207.891 Scarabées et n'obtint parmi eux que 118 représentants de neuf mutations, variétés fixes ou sous-espèces, et une forme seulement, Lepti- notarsa pallida, se trouva être au nombre de 08 exemplaires. Cette forme se rencontre dans les conditions ordinaires; elle est si stable qu^en la croisant avec un Leptinotarsa decemli- neata typique on obtient dans la deuxième génération une descendance récessive régulière. Toutes les autres formes s'écartant du type primaire étaient instables, et leur descen- dance présentait des Leptinotarsa decemlineata parfaitement typiques. Ainsi dans le règne animal nous voyons aussi apparaître des mutations, quoique extrêmement rares. Cependant voilà ce qui est remarquable. On reprocha et on reproche encore à Darwin d'avoir pris pour objet de ses expé- riences des animaux et des plantes domestiques ou trop proches de l'homme. (1) Je conuais ces expérieuces, citées dans les publications de la Carnegie Institu- tion, d'après leur exposé chez Thomson et Laxg : J. Arthur Thomson. Heredity. (London, 1908.) — Prof. Dr. Arnold Lang. Ueber Vererbungsversuche. (Verh. deutsch. zool. Ges., XIX, 1909. j NOUVKALX COURANTS d'iDÉKS KN ZOOLOGIE 19 Mais les mutationistes n'agissent-ils pas de même? UOEno- thera est presque de la mauvaise herbe croissant dans les ar- rière-cours d'Amsterdam et de ses faubourgs, transportée en outre dans de nouvelles conditions de vie; Draba verna, Cap- sella bursa-pastoris, le Trèfle, sont tous des plantes fouchanl directement à la culture humaine. 11 n'y a que Linaria viilgaris^ donnant des résultats peu précis, qui soit une j)lante éloignée de l'homme. C'est ce qu'on peut dire aussi des Brebis, Paons, Vers à soie; et même le Leptinotarsa decemiineala est un habitant des champs de Pommes de terre, le fameux Scarabée de Colorado des potagers d'Allemagne. C'est pourquoi nous ne pouvons encore considérer les muta- tions comme quelque chose de nettement défini. Elles étaient connues de Darwin ; il les appelait « sport » et n'y attachait pas l'importance que leur attribue dk Vries. Il faut attendre avant de se prononcer sur leur compte d'une manière décisive,, d'autant plus que des expériences récentes démontrent l'héré- dité de formes que de Yries appelle fluctuations. Ainsi notre époque voit renaître les idées de vitalisme, réap- paraissant dans l'entéléchie de Driesch, dans l'âme cellulaire des néovitalistes allemands, dans les mutations de de Vriës, qui nous restent incompréhensibles. Cette attaque du vitalisme devint si impétueuse que les mécanistes, assaillis à l'improviste, allaient battre en retraite. Mais rassemblant leurs forces, s'or- ganisant pour la lutte, ils entreprirent de nouvelles recherches, se munirent d'armes en découvrant de nouveaux faits et lut- tèrent contre la nouvelle doctrine ou plutôt la vieille doctrine ressuscitée des vitalistes. Les travaux de savants tendant à l'interprétation mécaniste des phénomèmes de la nature peuvent être répartis en deux groupes. Dun côté seront les recherches entreprises sur des matières qui, n'étant pas le produit d'organismes, peuvent produire des phénomènes semblables à ceux que nous obser- vons dans la matière vivante; de l'autre, les observations di- rectes sur la matière vivante et les organismes vivants. Les essais de Bijtschli, qui parvint à imiter les structures écumeuses du protoplasma, les expériences si intéressantes de Quincke sur les mouvements d'une goutte d'huile à la surface de l'eau en présence d'alcalis saponifiant la surface de cette goutte, de multiples expériences sur une goutte de chloroforme s'emparant d'un fil de schellack, sur une goutte d'émulsiou rejetant ses particules vers sa périphérie et un grand nombre 20 N. G. DE ZOGRAr crexpériences analo.çues, faites pom- la plupart par Rhumbler — toutes ces expériences appartiennent au premier groupe. Les critiques des uiécanistes affirment, non sans raison, que ce ne sont guère des phénomènes identiques, mais seulement sem- blables aux phénomènes vitaux. Bien plus d'importance doit être attachée aux observations directes des organismes. Parmi les savants travaillant dans ce domaine, au premier rang se trouve assurément Jacques Lœb, dont les idées sont exposées dans ses livres : Sur la dynamique des phénomènes de la vie, paru en 1906 ,1^ et : Sur les excitants chimiques du développement de l'œuf, paru récem- ment en 1909 (2). LcEB rompt en visière et déclare hautement que selon son opinion l'organisme est une machine chimique, se composant essentiellement de malières colloïdales et possédant la pro- priété de se développer, de s^entretenir et de se reproduire automatiquement. En examinant les processus chimiques, ayant lieu dans l'or- ganisme, et en étudiant les phénomènes de la pression osmo- tique^ de la tension superficielle, de l'électricité, de la chaleur, Lœb réussit fort bien à démontrer ses idées, quoique sous bien des rapports il reste encore dans le domaine des hypo- thèses. Cependant depuis quelque temps il s'exprime d'une manière plus exacte et plus précise. LoEB a découvert dans les organismes le phénomène de la réversibilité des réactions ; telles sont les réactions de la hpase, dissociant les graisses et les reconstruisant, ou les réactions, se manifestant sous la forme de processus du développement, susceptibles de réversibilité, constatées par notre compatriote, le docteur Schulz, professeur agrégé à l'Université de Péters- bourg (3). Cette découverte fournit à Lœb de nouvelles mé- thodes d'interprétation qu'il applique à un grand nombre de processus, dont Texplication semblait jusqne-là impossible. Enfin la considération de l'action catalytique des enzymes et l'introduction de cet élément dans la chimie de la vie pér- il) Jacques Lceb. Vorlpsuiigen Uber die Dynamik der Lebeiiserscheinungen. (Berlin, 1906., (2) Jacques Lu'.b. Die cheinische Entwickliingsepreguiig des tierischenEies. (Kiinst- liche Parthénogenèse) ^Berlin, 1909.) (3) Dr. Eugen Schui.z. Ueber umkehrb-ire Rntwicklungsprozesse iind ilire Be- doutung fur eine Tlieorie der V'ererijung. \ oi-tràge iind A.ufsâtze iiber Entwi- cklungsmechanik der Organismen; heraussegeben voa Wilholin Roux. (Leipzig, 1908.; NOUVEAUX COURANTS d'iDÉES EN ZOOLOGIE 21 mettent à Lûeb de construire un système haimonieux des idées mécanistes sur la nature vivante. Ses recherches sur les causes déterminant la fécondation, ce processus naguère si mystérieux et inaccessible à l'observation, sont particulièrement intéressantes. Pendant plus de dix ans, Lœb poursuivit ses expériences sur la parthénogenèse artifi- cielle, ayant dans ce domaine d'aussi dignes rivaux que Yves Delagk, Herbst et d'autres savants. Longtemps il chercha à expliquer ces phénomènes par la pression osmotique et une modification de la tension superficielle, jusqu'à ce qu'il entrât dans la bonne voie conduisant à l'interprétation de ce phéno- mène. LoKB emploie des acides gras en guise d'excitants, provo- quant la sécrétion d'une membrane par l'œuf; il laisse agir ces réactifs dissolvants si peu de temps, que leur action ne va pas plus loin que la surface de l'œuf. Il soumet ensuite ces œufs à l'action d'un autre excitant, d'une solution hypertonique d'eau de mer. Il en résulte un développement normal de l'œuf^ semblable au développement de l'œuf fécondé par un spermatozoïde. Et Lœb découvre dans le spermafozo'ide un agent dissolvant analogue aux acides gras. C'est un enzyme, la lysine. L'autre substance apportée par le spermatozoïde et dont l'action est parallèle à celle de la solution hypertonique d'eau de mer n'est pas encore trouvée. En employant tel ou tel autre excitant, on peut effectuer la fécondation de l'œuf d'un animal par les spermatozoïdes d'un autre. Godlewski féconda des œufs d'Oursin par le sperme de Crinoïdes, Lcikb par celui de Vers marins, et les œufs se déve- loppèrent jusqu'à un certain point. Il se trouve qu'il est pos- sible de produire des combinaisons de deux animaux différents, d'une espèce et même d'mi genre d'Oursin avec un autre, et souvent on obtient des larves présentant les caractères de l'un et de l'autre animal. Ces larves ne se développent pas en des animaux adultes ; en employant ces procédés on ne peut parvenir à résoudre une question fort importante : savoir si elles sont capables de se reproduire. C'est pourquoi les savants cherchent à résoudre cette question en usant d'un autre procédé expérimental, la transplantation. Ce procédé, qui consiste à transporter des parties d'un organisme sur un autre, se pratiquait déjà depuis longtemps : 22 N. G. DR ZOGRAF mais ce n'est qu'à la fin du xix° siècle, après les expériences merveilleuses de Born qui soudait ensemble, grâce à de curieux procédés, des têtards de Grenouille dans les attitudes les plus bizarres, que ce procédé fut admis par les savants. Toute une série d'essais sur les greffes, faits par Driesch, Morgan, Jest, Korschelt, fournirent des données d'un grand intérêt relatives à la plasticité et à la faculté d'adaptation des organes et des tissus de divers animaux. Mais ces expériences furent dépassées de beaucoup par les succès des botanistes. Ces derniers, par exemple Winkler, réussirent non seule- ment à obtenir des chimères, c'est-à-dire des plantes naissant avec une moitié semblable à l'une des deux espèces soudées ensemble, taudis que l'autre moitié ressemblait à l'autre espèce^ mais à en obtenir de nouvelles formes issues de ces individus soudés (1). La forme Solanum tubingense^ dérivée de deux formes soudées : Solarumi nigrwn et, la Tomate Sola- num lycopersicum, fleurissait et donnait des graines qui, cependant, ne continuaient pas la nouvelle espèce, mais pro- duisaient pour la plupart la forme Solanum nignitn ou plus rarement Solanum lycopersicum. On a réussi parfois à obtenir des chimères d'animaux, mais non par la méthode des transplantations ; ainsi le Ver à soie fut transformé en une chimère bilatérale parToYAMA. En appli- quant la méthode des greffes, on obtient des formes ressemblant à une nouvelle espèce. Le savant américain Harrison souda la partie antérieure du têtard de Rana sijlvatica à la partie pos- térieure de Ba?}a paliistris; il réussit à développer un de ces individus jusqu'au stade d'une petite Grenouille présentant les caractères de l'une et de l'autre forme (2). Mais cette jeune Grenouille n'était pas viable et ses éléments sexuels étaient très faiblement développés, ce qui fait supposer qu'elle aurait été peu apte ou complètement inapte à se reproduire, ce que nous observons très souvent chez les hybrides issus du croise- ment de différentes espèces. Les éléments sexuels des plantes et des animaux ont servi aussi de matériel A d'autres essais tendant à déterminer les causes de l'apparition de l'un ou de l'autre sexe. Dans cette sphère, les derniers travaux du botaniste Correns (1) N. Winkler. Solanum tubingense, ein echter Propfbastard zwischen Tomate und NachtschMtWn. {Ber. deulsch. bot. Ges., XXVI-a, 1908.) (2) Pr. G. Harkison. The growth and régénération of the tail of the Frog larva. {Arch. Entwick mech. VII, 1897.) iNOUVKAI.X COURAMTS I) IDEKS KN ZOOLOGIE 23 et des zoologistes Bateson et Domcaster sout d'une grande valeur, CoRRENS fit ses recherches sur deux espèces de Bryone, Bryonia alha et Bryonia dioica, dont la première a des fleurs distinctes, mais monoï(|ues, et l'autre est dioiipie. Il fut amené à cette conclusion intéressante, que rhérédité du sexe res- senible beaucoup à l'hérédité discontinue de Mendel (1). Don- CASTER et Bateson, qui ont fait des recherches sur les l*apilIons. Abraxas grosst/lariata, dont la variété Abraxas lacticolor ne présente souvent que des femelles, affirment déjà plus nettement que l'hérédité du sexe est soumise aux lois de Meîsdel (2). Ainsi nous voyons s'éclaicir cette question primordiale si inquiétante. Mais il faut avouer que les recherches de ce genre sont à peine commencées. Les mêmes méthodes expérimentales nous rapprochent de la solution d'un autre problème, celui des causes déterminant l'apparition de caractères sexuels secondaires. Dans ce domaine de la biologie expérimentale, les belles expériences du profes- seur Meise.nheimer doivent être placées au premier rang (31. MeiseiNHELMer a choisi pour objet de ses recherches le Bombyx impair, Lima?itria ou Ocneria dispai\ qu'il est aisé d'observer_, car chez ce Papillon le dimorphisme se manifeste dès le stade de chenille. Les ébauches des organes sexuels sont situées chez ces che- nilles dans le cinquième segment du futur abdomen et, la chenille ouverte, peuvent être facilement reconnues. Meisenhei- MER commença par la castration de chenilles mâles et femelles, les soumettant à partir du troisième âge à une opération chi- rurgicale et en détruisant les ébauches sexuelles de larves plus jeunes à l'aide d'un galvanocautère. Les Papillons éclos ne s'écartaient nullement du type mâle et femelle ordinaire. Alors Meisenheimer essaya de transplanter, de greffer les ébauches des glandes mâles sur les chenilles femelles, et celles des glandes femelles sur les chenilles mâles. La première de ces opérations réussissait foit rarement, mais l'autre s'effectuait très bien, et iMeiseiNhkimer put obtenir des Papillons mâles avec des ovaires bien développés et parfaitement normaux; pourtant 1) C. CoRiiENS. Dip Bestimmiing iiiid Vererbiing des Geschlechtes nach neuen Versuchen mi hôheren Pflanzen. i Berlin, 1907.) (2) L. DoNCASTER. On t-ex-Inhentance in the Motli Abraxas grossula>iata and its var. lacticolor. (Reports to the Evolution commitee, Report IV London, 1908). — Bateson, loco rilafo. (3) Prof. Johannes Meisenhrimi'R. Experimentelle Studie zur Soma- und Geschlechts- differenzierung. Ersier Beitiag. (.Jena, 1909.) 24 N. G. DE ZOGRAF ce^ mâles ne pouvaient pondre d'œafs à cause de l'étroitesse extrême des conduits excréteurs extérieurs. Mais ces mâles aussi ne perdaient pas leurs caractères distinctifs. La coloration des ailes du Papillon, possédant déjà des ébauches d'ailes au stade de larve de troisième âge, peut avoir déjà subi l'influence des glandes sexuelles naissantes. Envisageant cette possibilité MEisENHEiMiiR éloignait les ébauches d'ailes du deuxième et troisième segments du futur thorax, après la greffe des ébauches femelles à la chenille mâle. Les nouvelles ailes, pensait-il, pourront se développer sous rintluence des ébauches sexuelles nouvellement introduites. Mais les nouvelles ailes régénérées se trouvèrent être aussi des ailes de mâle. Ces faits font conclure que les caractères sexuels secondaires ainsi que le sexe sont prédéterminés déjà dans l'œuf. Dernièrement nous avons vu aussi paraître des travaux ré- tablissant la thèse des anciens transformistes relative à la trans- missibilité héréditaire des caractères acquis. Il est vrai que ces essais n'ont pas encore, la durée des recherches de Tower sur le Leptinotarsa ; mais ils ont été poursuivis durant trois à quatre années. L'une de ces expé- riences, celle du professeur Wolterecr, portant sur des ani- maux donnant jusqu'à 10 générations en une année, peut aller de pair, quant au nombre des générations, avec les recherches de Tower. Un autre investigateur, le docteur Kammerer, de Vienne, choisit les Salamandres pour objet de ses recherches : la Salamandre maculée, Salamandra maculosa, habitant les val- lées, les plaines, les collines, assez fréquente dans la Russie occidentale, et la Salamandre noire, Salamandra atra, ne descendant pas à une altitude moindre que 800 mètres au-des- sus de la surface de la mer, qu'on rencontre en Suisse, dans le Tyrol et dans les Carpathes (1). La Salamandre maculée met bas de nombreuses larves qu'elle laisse tomber dans l'eau ; elle pond même parfois des œufs contenant un germe mùr. La Salamandre noire donne nais- sance à deux animaux tout formés, ne les fait pas tomber dans l'eau, mais les abandonne dans un endroit humide entre les pierres. (1) P. Kammerer. Vererbung erzwungener Fortpflanzungsanpassungen {Arch. Entwick meuh. XXV, ms . NOUVEAUX COURANTS D'IDÉES EN ZOOLOGIE 25 En élevant des Salamandres noires dans les conditions des maculées, et des maculées dans celles des noires, Kammkrer réussit à obtenir des premières cinq à six larves développées. Ces propriétés lurent si bien assimilées par les Salamandres, que leurs petits même, placés dans des conditions normales pour l'une et l'autre espèce, continuaient à se reproduire de la manière à laquelle les avait habituées Kammeueh. Il est vrai que les critiques de Kammkrer lui objectent qu'il est impossible de tii'er des conclusions d'un si petit nombre de générations, que les Leptinotarsa de Tower donnaient aussi pendant 4 à 5 générations des formes fort ressemblantes aux variétés dont elles étaient issues, mais finissaient par revenir, à la 5« ou 6" génération, au type primitif. Cependant nous devons admettre que si les milieux où Kammeuer plaçait ses Salamandres, survenaient dans des conditions naturelles, ils n'auraient pas été d'une durée si éphémère ; ces conditions seraient devenues fixes, et alors le nouveau mode de repro- duction des Salamandres serait aussi devenu constant. Une autre objection indique que les deux Salamandres ont une origine commune, mais que celles qui devinrent noires furent séparées des maculées par le soulèvement des mon- tagnes. Cette objection n'est pas fondée, car ces montagnes s'élèvent depuis si longtemps — depuis l'époque tertiaire — qu'une nouvelle espèce aurait eu tout le temps nécessaire pour se former. Les recherches expérimentales de Woltereck sont plus exactes et donnèrent des résultats encore plus remarquables (1). Woltereck effectua ses recherches sur les Cladocera d'eau douce, particulièrement sur Hyalodaphnia cucullata et Daphnia longispina, qu'on trouve dans deux lacs près de Lunz, au bord desquels se trouve une station hydrobiologique expérimentale. Les expériences sur Byalodaphnia cucullata ont surtout réussi. Il y a dans la vie de ce Crustacé un cycle de différentes formes succédant les unes aux autres. Pendant les mois d'hiver, ces Hyalodaphnies ont une extrémité antérieure courte, arrondie, pendant les mois d'été allongée, pointue, en forme de casque. En 1904, Wolfgang Ostwald (2), plaçant les Hyalodaphnies (1) R. Woltereck. Weitere expenmentelle Untersuchungen uber Artverânderung, speziell ùber quantitativp Artunterschiede bei Daphnien. (Verh. deutsch. zool. G es. 1909). (2) Wolfgang Ostwald. Experimentelle (Jntersuchungen ttber den Saisondimor- pliismus bei Daphniden {Arch. Enlwick mech., 1904.) 26 IN. r,. PK zoctBaf dans un endroit froid, vit apparaître en été des formes d'hiver; en élevant les Hyalodaphnies dans une chambre chaude ou dans une serre, il obtint en hiver des formes dété. Wolfgang- OsTWALD essaie d'expliquer ce phénomène, l'accroissenient du casque dans l'eau tiède et son raccourcissement dans l'eau froide, par l'intervention de causes mécaniques. Selon son opinion, l'eau froide, plus dense, déterminerait un rétrécissement de la surface de contact_, ce qui à son tour diminuerait le frottement; tandis que, inversement, l'animal doit agrandir la surface de son corps pour se maintenir dans l'eau tiède, plus légère. Mais WoLTKRECR démontra que cette modification de la gran- deur de la tête est provoquée non par l'influence de l'eau, mais par l'abondance de nourriture. Pourvu de nourriture en plus grande quantité_, l'animal dispose d'un matériel de cons- truction plus ample et agrandit la surface de son corps. Arrivé à cette conclusion, Woltereck se mit à élever des séries entières de générations de Hijadolaphn'm ciicullala dans des conditions permettant aux animaux de se nourrir abon- damment. Après avoir étudié la nourriture préférée des Hya- lodaphnies, Woltereck apprit à élever ces Algues et nourrit les Daphnies en dosant leurs portions de nourriture. Cette alimentation régulière et abondante provoqua, aussi bien dans l'eau tiède que dans l'eau froide, Tapparition d'une foime ne présentant pas les variations de saison. Été comme hiver, les Hyalodaphnies eurent la partie antérieure de leur corps allon- gée, en forme de casque, et ces formes fnrent si bien assimi- lées par ces Crustacés que, replacés dans leurs conditions naturelles, ils ne présentaient plus le polymorphisme de saison, mais conservaient une tète allongée, en forme de casque. Ils conservaient aussi d'autres modifications corrélatives à celte forme de la tête. Ainsi apparut, d'après les termes de de Vries et des mutationistes, une nouvelle espèce élémentaire. Dès lors on peut comprendre que dans un petit lac au fond du cratère à demi éteint d'Astroni, près de Naples, les Daphnies, pourvues d'une nourriture abondante, s'habituent à la repro- duction parthénogénétique, de sorte que, transportées dans un milieu artificiel où elles devraient se multiplier par reproduc- tion sexuelle, elles meurent, mais ne se reproduisent pas de cette manière (1). N. V. Bogojavlensky, professeur agrégé à. (1) Woltereck, loco citato. NOUVEAUX COURANTS d'iDÉKS RN ZOOLOlilE 2T l'Université de Moscou, observa ces animaux dans les lacs du Pamir, où ils n'ont qn'uae reproduction sexuelle, car à la surface de ces lacs nagent des morceaux de glace qui ne fondent pas pendant la saison la plus chaude de l'année (1). Ainsi mécanistes et transformistes, partisans du darwinisme orthodoxe, peuvent disposer d'un nouveau matériel, qui leur permet de s'unir pour repousser l'ennemi sur toute la ligue. Ce n'est pas sans raison (ju'un élève de HjEckel, le professeur ZiEGLER, s'écria après avoir entendu le rapport de Woltereck : « Nihil est in selectione, qnod no?i fnerit in variatione » (2). Comme vous le voyez, le xx" siècle nous promet un grand nombre de nouveaux travaux, de nouvelles interprétations. Il nous ramène au domaine de la réflexion, vers les sphères de la philosophie ; mais nous devons nous efforcer de retenir celte philosophie dans les limites des sciences naturelles, afin qu'elle ne puisse nous entraîner vers les abimes attrayants, mais dangereux, de la métaphysique. D'autre part il nous fait entrevoir une nouvelle sphère d'activité, celle des recherches expérimentales. Et ces recherches n'ont rien d'inattendu. Dès 1900, dans un discours tenu à une séance de la section d'his- toire naturelle de la Société de pédagogie de Moscou, qui aujourd'hui n'existe plus, j'ai exprimé la conviction que « notre attention doit se porter vers l'étude de doses homéopathiques de telle ou telle autre substance chimique, forces minimes relativement à l'énergie manifestée, modifiant souvent par leur influence une matière stable et constante » (3). Les dix années qui seront bientôt révolues depuis ces paroles montrent quelle est la force de ces substances chimicjues, catalysateurs, en- zymes, quelle est l'importance pour les matières vivantes de toute une série d'excitants mécaniques et physiques. Ces questions contiennent le problème fondamental des recherches de l'avenir, et leur solution est d'une si haute portée que toutes les autres questions leur sont subordonnées. Notre pays n'a qu'une part fort modeste dans les travaux consacrés à la solution de ces problèmes. A l'exception de l'école de Pétersbourg avec son chef V. M. Schimkevitsch, nous ne pouvons guère désigner d'autres écoles travaillant dans cette direction. Ceci est d'autant plus fâcheux que dans (1) Communiqué à moi privalim par N. V. Booojavlenskt. (2) Verh. dtutsch. zooK Ces 1909. (3 Nicolas ZoGRAF. La matière vivante. (Sciences naturelles et Géographie, 1901, n» 6, en russe.) 2» N. G, DE Z06RAF la période de 1870 à 1890, les zoologistes russes réunirent leurs efforts pour travailler au progrès de la science, ce dont témoignent des noms tels que ceux de A. 0. Kowalkwsky, I. I. Metschnikoff, N. y. Bobretzky et autres. Notre grand savant A. 0. Kowalewsky fut un des premiers zoologistes expérimentateurs. Mais on ne pourrait en accuser les zoologistes russes. Bien des circonstances : géographiques (la distance des mers), cii- raatériques et historiques entravent ce travail. Qui aurait pu travailler tranquillement pendant les cinq dernières années du xix" et les cinq premières du xx" siècle? Maintenant les circonstances changent, il est plus aisé de penser et de travailler, et les recherches expérimentales com- mencent à se propager dans d'autres villes de la Russie. Le Congrès qui vient de s'ouvrir et auquel seront lus plusieurs rapports sur des recherches de zoologie expérimentale, nous en fournit la preuve. Et nous, de la génération qui s'en va, répétons les paroles d'Arnold Lang : « On voudrait rajeunir pour travailler avec plus d'intensité », et, non sans envie, considérons les champs fertiles attendant les travailleurs. Mais s'il nous reste une con- solation, c'est celle de savoir que ces champs seront cultivés par nos successeurs, par nos élèves, auxquels nous rattache une affection profonde et sincère, auxquels nous confions la réalisation de nos espoirs. Que leurs travaux soient féconds et couronnés de succès ! C'est ce que nous leur souhaitons, avec l'espoir qu'ils feront avancer l'humanité de quelques pas encore vers la solution de problèmes qui la préoccupent depuis si longtemps. Croyons avec Jacques Lœb que si Dubois-Reymond, dans son célèbre discours si plein de scepticisme, avait tenu compte non seule- ment de la physique et de la mécanique, mais encore de la chimie, il aurait eu plus de confiance en l'avenir et n'aurait pas prononcé son célèbre : ignorabimus^ mais l'aurait remplacé par : ignoramus. ÉTUDES ZOOLOGIQUES ET ZOOTECHNIQUES DANS LA LITTÉRATURE ET DANS L'ART. LA FAUNE D'HOMÈRE PAR L. MOULÉ Vétérinaire délégué, Contrôleur de secteur honoraire du service vétérinaire-sanitaire de Paris et du département de la Seine. DEUXIEME PARTIE Classe V. — Mammifèrks. Quatrième ordre. — Cétacés. 51. — -ce Knxoç. Ktîtoç sert en général à désigner les gros Animaux de mer, les Cétacés, et par extension la Baleine. Mais il ne s'agit pas de Baleine quand Homère montre PoseidaAn, entouré de toutes parts de «Cétacés (/.tits), émergeant de l'abîme, bondis- sant, joyeux, et reconnaissant leur roi » (II. XTIT^ 27. — L. p. 229). Il est probable que, par cette expression, il a voulu parler de tous les hôtes volumineux de la mer. Mais, en fait, ce sont pour lui des monstres marins mythiques. En effet, dans VOdyssée (V, 42t, — L. p. 82), Odysseus naufragé craint de devenir le jouet des flots ou la proie « d'un monstre marin (^/.tîtoç), de ceux que l'illustre Ainphi- « tritè nourrit en grand nombre ». Dans le chant XII (v. 97, — L. p. 182), il est question de Skyllé qui « saisit les Dauphins, « les Chiens de mer et les autres monstres (jc^toç) innom- « brables qu'elle veut prendre et que nourrit la gémissante « Amphitritè ». — Dansl7/w(/, vers 5 et suivants. La première personnequ'Odysseus, de retour dans sa patrie, rencontre dans Tlle d'Ithakè, c'est son fidèle porcher Eumaios, qui ne le reconnaît pas sous les haillons dont il est revêtu. « Il le trouva assis sous le portique, en un lieu découvert où il avait construit de belles et grandes étables autour desquelles on pouvait marcher. Et il les avait construites, pour ses Porcs, de pierres superposées et entourées d'une haie épineuse, en l'absence du Roi, sans l'aide de sa maîtresse et du vieux Laertès. Et il avait planté au dehors des pieux épais et nombreux, en cœur noir de Chêne ; et, dans l'intérieur^ il avait fait douze parcs à Porcs. Dans chacun étaient couchées cinquante femelles pleines ; et les mâles couchaient dehors ; et ceux-ci étaient 82 L. MOULÉ beaucoup moins nombreux, car les divins prétendants les diminuaient en les mangeant, et le porcher leur envoyait tou- jours le plus gras et le meilleur de tous ; et il n'y en avait plus que trois cent soixante. Quatre Chiens, semblables à des bêtes fauves, et que le prince des porchers nourrissait, veillaient toujours sur les Porcs .. Od. XIV. 5 et suiv., — L. p. 206-207). Les traducteurs d'Homère sont loin d'être tous d'accord sur la manière d'interpréter ce passage. Il y a de nombreuses variantes. Mais il nous semble qu'en examinant attentivement le texte grec, on peut en déduire ce qui suit. Odysseus trouve Eumaios assis devant la maison (svi Tupo^ojj-w), bâtie en un lieu élevé, d'où l'on pouvait voir de tous côtés (jçspi.nyJ'Krod svî ytôpw), sans doute sur un monticule, afin de rendre la surveillance plus facile, en mettant les animaux à l'abri des incursions des pillards. Devant cette cabane, il y avait une cour [ccltlri), grande, spacieuse, circulaire (TcepîSpofxo;), entourée de pierres superposées (Lecointe de Lisle) ou, ce qui parait se rapprocher plus du texte, de pierres tirées des carrières (Bitaubé) (puToïdiv Xàecct) ; d'une haie épineuse (i/^sp^w) ; et enfin, comme troi- sième enceinte, de poteaux, nombreux et serrés, de cœur de Chêne. La haie d'épine devait être probablement placée en dedans du mur de pierres, afin de le protéger contre le groin fouisseur des Cochons, et de les empêcher d'y pratiquer des ouvertures, par où ils auraient pu s'échapper. C'est en dedans de cette triple enceinte qu'Eumaios avait disposé douze étables à Porcs (cu^soù;), contenant chacune cinquante femelles ayant mis bas, soit six cents en totalité. Les mâles, au nombre de trois cent soixante, séparés des femelles, campaient au dehors ; ce qui porte à neuf cent soixante têtes le troupeau d'Odysseus, sans compter probable- ment les femelles stériles et les Cochons de lait. Quatre por- chers et quatre Chiens, semblables à des bêtes fauves, étaient préposés à la garde de ce troupeau de l'Ile d^Ithakè. Odysseus avait en outre, sur le continent, douze autres trou- peaux de Porcs (Od. XIV, 100, — L. p. 209). Les porchers sont désignés, sous quatre noms différents, dans les poèmes homériques. Le plus communément employé est cuêwTYiÇ (Od. XIV, 7, LS, 22, 420, 427, 432, 449, — XV, 38, — XXil, 103). Après viennent : ûcpopêo; (Od. XIV, 3. 401, 410, — XV, 301, — XVI, 1, 20); auçopêo; (Od. XVI, 154, — XVII, 551 ; — II. XXI, 282) ; Oùv ÈTrioupoç (Od., XV, 39, — XIII, 40ë). LA FAUNE D 'HOMÈRE 33 Les Porcs ne rentraient à l'étable (nie pour y passer la nuit, ainsi (pie nous l'apprend Homère dans le passage suivant : « Les Porcs et les porchers arrivèrent. Et ils enfermèrent les Porcs, comme de coutume, pour la nuit, et une immense rumeur s'éleva du milieu des animauxqui allaient à l'enclos. » (Od. XIV, -410. -• L. p. 218). — Ces Porcs, à l'étable, pre- naient le nom de (ju£<; aùXt'C6[jt.£vat (Cochons dans l'enclos), tandis qu'on réservait celui de aus; àypojj'.îvot (Cochons dans les champs) pour ceux qui étaient conduits au dehors. A l'étable, on leur donnait comme aliments des glands de Cliène {x/jAùs Sà>.av6v) et des fruits de Cornouiller (/.apxôv ts y.pavsroç), « ce que mangent toujours les Porcs qui couchent sur la terre » (Od. X, "242, — L. p. 149). C'est ainsi que Kirké nourrissait les compagnons d'Otlysseus transformés en Cochons. Les Pourceaux étaient conduits aux champs, dès la pre- mière heure du jour, ainsi que le prouve ce passage de rOdyssée : u Au lever d'Eôs, Odysseus et le divin porcher préparèrent le repas, et ils allumèrent le feu, et ils envoyèrent les pâtres avec les troupeaux de Porcs » (Od. XVI, 1, — L. p. 239). — « Et ceux-ci se nourrissent auprès de la roche du Corbeau et de la fontaine Aréthousè, mangeant le gland qui leur plaît et buvant l'eau noire » (Od. XIII, 408, — L. p. 204). La viande de Porc entrait pour une grande part dans l'alimentation des Grecs primitifs. Même encore aujourd'hui, dit BucHHOLZ, c'est un aliment recherché des Hellènes (jui, dans certaines contrées, vivent dans la plus grande intimité avec ces animaux. Dans beaucoup de villes de la Grèce, les Porcs fourmillent dans .les rues, qu'ils salissent de leurs dé- jections. — L'âme d'Agamemnôu, évoquée, raconte que lui et ses compagnons ont été égorgés « comme des Porcs aux dents blanches (àoytôS6v~3ç), qui sont tués dans les demeures d'un homme riche et puissant, pour des noces, des festins sacrés ou des repas de fête » (Od. XI, 413, ~ L. p. 172). En général, les Grecs des temps héroïipies ne sacrifiaient que des Porcs gras à7:oc>.OTpc(p7)ç, "(arps^/x;, délicatement nourris, engraissés avec soin, ou oCko\o'n, enduits de graisse, ce qui indique de leur part une certaine connaissance dans l'engrais- sement de cet omnivore. C'est un Porc gras qu'Eumaios égorge en l'honneur de son hôte, Odysseus, déguisé en mendiant. Mém. Soc. Zool. de Fr., 1910. xxin-3 34 L. MOULÉ «( Les porchers amenèrent un Porc très gras ayant cinq ans. Et ils retendirent devant le foyer. Mais Euniaios n'oublia point les Immortels, car il n'avait que de bonnes pensées; et il jeta d'abord dans le feu les soies de la tète du Porc aux dents blanches, et il pria tous les dieux, afin que le subtil Odysseus revint dans ses demeures. Puis, levant les bras, il frappa la victime d'un morceau de Chêne qu'il avait réservé, et la vie abandonna le Porc. Et les porchers l'ég-orgèrent, le brillèrent et le coupèrent par morceaux. Et Eumaios, retirant les entrailles sai- gnantes, qu'il recouvrit de la graisse prise au corps, les jeta dans le feu après les avoir saupoudrées de fleur de farine d'Orge. Et les porchers, divisant le reste, traversèrent les viandes de broches, les firent rôtir avec soin et les retirèrent du feu. Puis ils les disposèrent sur des disques. Eumaios se leva, faisant les parts, car il avait des pensées équitables; et il fit en tout sept parts. 11 en consacra une aux Nymphes et à Hermès, fils de Maié, et il distribua les autres à chacun ; mais il honora Odysseus du dos entier du Porc aux dents blanches. Et le héros, le subtil Odysseus, s'en glorifia » (Od. XIV, 420 et suiv., — L. p. 218). Est-ce qu'il ne vous semble pas assister à l'abatage d'un Porc dans les campagnes ? D'abord, l'assommeinent avec un instrument contondant, datis le cas présent avec un morceau de bois de Chêne {a/JCiti ^p'jo;), réservé à cet usage; puis, aussi- tôt après, regorgement (c'px^av), pour donner écoulement au sang; le flambage (suaav, aoriste de soco), pour débarrasser la peau des soies, et enfin le dépeçage (Su'y£'ja,v, de Siaysoi). PiERRON fait remarquer qu'Homère ne parait pas avoir eu une idée bien exacte de la nature du Porc, en considérant comme animal de choix un Porc de cinq ans, dont la chair devait être dure et coriace. Mais pouvons-nous, raffinés que nous sommes, comparer notre goût à celui de ces hommes frustes, plutôt grossiers, tels que nous les montrent diverses scènes de V Iliade et de V Odyssée'^ Il est possible, après tout, qu'ils aient préféré, à la chair d'un jeune Porc, celle d'un Cochon plus âgé, d'une consistance plus ferme, mais d'un goût plus relevé. Ne les voyons-nous pas manger la chair pante- lante d'animaux qu'ils viennent de sacrifier ! Un fait qui choque encore bien plus nos habitudes culinaires, c'est la préférence que les Grecs homériques accordaient à la chair du Verrat. Peut-être y trouvaient-ils plus de goût, ou bien n'immolaient- ils ces animaux que pour conserver plus de femelles à la LA FAUNE D HOMÈRK 35 reproduction? En tout cas, ils ne paraissent pas avoir connu les l)ons effets de la castration. La viande des Pourceaux jeunes semble avoir été moins esti- mée. Odysseus et son fils immolent un Porc d'un an, aîjv iviauciov (Od. XVI, 454), Le -lolooç, petit Cochon, et probablement un Cochon de lait, était réservé à la nourriture des serviteurs. « Mang-e maintenant, ô étranger, cette nourriture destinée aux serviteurs, car les prétendants mangent les Porcs gras, n'ayant aucune pudeur, ni aucune bonté » (Od. XIV, 81, — L. p. 208). De toutes les parties du Porc, la plus recherchée était le dos. C'est un dos entier de Porc (vc^TO-.ctv) qu'Eumaios sert, en signe de déférence, à son hôte Odysseus, qui s'en réjouit (Od. XIV, 437). C'est un dos de Brebis, de Chèvre grasse et de Porc qu'Akhilleus fait griller, en l'honneur des messagers d'Agamemnôn (II. IX, 207, — L. p. 15G). C'est ainsi que cela se passe encore dans certaines provinces de l'est, où, sous le nom de grillade, on vend comme morceau de choix l'ilio-spinal du Porc détaché des apophyses vertébrales. Les Porcs étaient offerts en sacrifice à diverses divinités ; mais surtout à Neptune (Od. XXIII, 276; — 11. XIX, 266). D'après Theil, on sacrifiait de préférence les Cochons mâles à l'occasion d'une alliance. Les Pélasges immolaient des Porcs, et, à Olympie, les athlètes et gymnastes sacrifiaient un Verrat en l'honneur de Jupiter, protecteur des serments (Pierron). 54 . — ô Ktiîspoç. Kâ-nrpo;, /.aTirp'.o;, tu; ocypoTapo;, n\jç -/.âTrpoç désignent le San- glier, dont Homère parle fréquemment par métaphore, quand il veut vanter le courage de ses héros. De nombreux exemples nous font aussi assister à la chasse au Sanglier, et nous mon- trent le courage qu'il déploie, en tenant tête aux chasseurs et aux Chiens. Diomedès et Odysseus combattent contre les Troiens « comme deux Sangliers audacieux qui reviennent sur les Chiens chas- seurs » (II. XI, 324, — L. p. 198). « De même que les Chiens vigoureux et les jeunes chasseurs entourent un Sanglier, dans l'épaisseur d'un bois, et que celui- ci leur fait tête en aiguisant ses blanches défenses dans ses mâchoires torses (Xe'jxov oSovto. [asto. yvafxTrTT^fj'. yÉvjGG'.v), et que tous l'environnent malgré ses défenses furieuses et son aspect horrible, de même les Troiens se pressaient autour d'Odysseus » (II. XI, 414 et suiv., — L. p. 201). 36 L. MOULÉ « Alors, les deux Lapithes, se jetant devant les portes, com- battirent tels que deux Sangliers sauvages (àypoTÉpo'.c. gusgc.v) qui, sur les montagnes, forcés par les chasseurs et les Chiens, se retournent impétueusement et brisent les arbustes dont ils arrachent les racines. Et ils grincent des dents jusqu'à ce qu'un trait leur ait arraché la vie » (II. XII, 146, — L. p. 218). Ainéias s'avance pour combattre Idoméneus qui, cer- tain de sa force, l'attend de pied ferme, comme un Sanglier des montagnes attend les chasseurs. « Sou dos se hérisse, ses yeux lancent du feu, et il aiguise ses défenses pour repousser aussitôt les Chiens et les chasseurs » (II. XIII, 471, — L. p. 241.) Celte chasse n'était pas sans danger. On eu a la preuve dans la cicatrice indélébile qu'Odysseus porte au genou, blessure qu'un Sanglier lui fit autrefois, alors qu'il chassait sur le Parnèsos. « Là, dans le bois épais, était couché nu grand Sanglier. Et la violence humide des vents ne pénétrait point ce hallier, et le splendide Hèlios ne le perçait point de ses rayons, et la pluie n'y tombait point, tant il était épais ; et le Sanglier était couché là, sous un monceau de feuilles. Et le bruit des Hommes et des Chiens parvint jusqu^à lui, et, quand les chasseurs arrivèrent, il sortit du hallier à leur rencontre, les soies hérissées sur le cou et le feu dans les yeux, et s'arrêta près des chasseurs. Alors, le premier, Odysseus, levant sa longue lance, de sa forte main, se rua, désirant le percer; mais le Sauglier, le prévenant, le blessa au genou d'un coup oblique de ses défenses et enleva profondément les chairs_, sans atteindre jusqu'à l'os » (Od. XIX, 43!> et suiv., — L. p. 299-300). A plusieurs reprises, Homère décrit le « Sanglier {cuç /.xttooç) féroce, dont l'àine est toujours furieuse dans sa vaste poi- trine » (11. XVli, 20, — L. p. 314), en lutte avec les animaux féroces, voire même avec le Lion qu'il n'hésite pas à attaquer, quand tous deux se rencontrent pour boire aux bords des ruisseaux (II. XVI, 823, — L. p. 310-311). Nous venons de voir, par ce qui précède, que la chasse du Sanglier était très en honneur chez les Grecs primitifs. Par ce moyen, ils se débarrassaient de ces animaux qui causaient de grands ravages dans les champs (II. IX, 538), eu même temps qu'ils se préparaient un aliment de choix. 11 n'est nullement indiqué dans les poèmes homériques que la chair du Sanglier ait été utilisée dans l'alimentation, mais on peut le supposer LA FAUNE d'hOMÈRK 37 par les exemples suivants. « De môme qu'un vase bout sur un grand feu qui fond la graisse d'un Sanglier gras, tandis que la flamme du bois sec l'enveloppe ; de même le beau cours du Xanthos brûlait et l'eau bouillonnait » (II. XX.1, 361 et suiv., — L. 391). « La hure du Sanglier et sa dépouille hérissée » étaient, la récompense de celui qui l'avait tué. Ainsi, en Aitolie, un Sanglier, aux blanches défenses, dévas- tait les champs d'Oiueus. Son fils Méléagros fit appel aux chasseurs des villes voisines, et le tua. Au partage, un désac- cord survint au sujet de la répartition de la hure au vainqueur, d'où s'ensuivit une guerre civile entre les Kouiètes et les Aitoliens (II. IX, 543 et suiv., — L. p. 165). Le Sanglier servait aussi aux sacrifices; on l'offrait de pré- férence à Zeus et à Hèlios. Ses dents et ses défenses servaient d'ornementation au casque d'Odysseus, casque de peau « que les dents blanches d'un Sanglier hérissaient de toutes parts au dehors » [lvr/.ol ôSovtô; àpyioSovroç ûoç ^y.[JÂzq) (II. X, 263, — L. p- ns). Comme caractères distinctifs du Sanglier nous signalerons les épithètes suivantes : àypoTepoç, sauvage, qui vit dans les champs ; Xsu/coç ôSooç, aux dents blanches, en parlant probablement de ses défenses ; yevuç yva'xxTT), à la mâchoiie recourbée ou torse ; à/cotjxaç, infatigable ; ôXoôçpov, malfaisant (11. XVII, 21) ; />.o6v7]ç, dont les significations sont nombreuses. D'après les lexiques, il pourrait se traduire mot à mot par « qui couche sur la verdure », d'où par extension Cochon sau- vage, Sanglier. Selon d'autres, il s'appliquerait au « Sanglier qui s'est châtré en se frottant contre des arbres, d'où eunuque^ efféminé » (Alexandre). La première interprétation me parait seule admissible, car -/loù^rtç, dont la racine est /.^ôt), herbe verte, verdure, gazon, et sOvy), gîte, repaire, désignerait ici la bauge du Sanglier, et par extension l'animal même (II. IX, 539). Akisïote (l) cite Homère à propos de ce Pachyderme, et lui fait dire : « il nourrissait, sur une litière, un Sanglier qui ressemblait njoins à une bète nourrie de grains qu'à une roche couverte de bois ». Or, cette citation n'est pas exacte, (1) H. A., liv. \I, ch. XXV, § 3. . 38 L. MOULÉ soit qu'ARiSTOTE ait connu nn texte d'Homère autre que le nôtre, soit qu'il ait fait une citation erronée. 11 semble, d'après son traducteur Barthélémy Saint-Hilaire, qu'il ait confondu deux passages d'Homère, l'un de V Iliade (IX, 539), l'autre de Y Odyssée (X, 190- 191) ; et d'ailleurs, dans ce dernier, il est question du Cyclope et non du Sanglier. Le Sanglier (iyp'.ô/o'.poç et ayp-.oyoypo'jvo) est encore assez commun dans les parties montagneuses et boisées de l'Atlique, de l'Eubée et du nord de la Grèce (Heldrekh). Deuxième sous-ordre. — Ruminants. Famille des Cervidés. 35. — ô "E^aôoç. 'EXacpoi; est l'expression générale pour désigner le Cerf ; mais il en est d'autres, basées sur l'âge de l'animal. — Ainsi vsêpoç se traduit par Faon, jeune Cerf ou jeune Biche. Dans VOdijssée (IV. 336, - L. p. 54 ; — XVll, 127, - L. p. 258), il signifie « des Faons nouveau-nés et qui tettent encore ». Dans V Iliade (YllI, 249, — L. p. 140), il est question du rejeton d'une Biche agile qu'un Aigle enlève dans ses serres. — 'E}.X6c, de même signification que vsêpoç, n'est employé qu'une seule fois par Homère, non comme animal vivant, mais comme représentation d'une œuvre d'art (Od. XIX, 228, — L. p. 294). 11 s'agit de l'agrafe du manteau d'Odysseus, sur laquelle était gravée la scène suivante : un Chien tenant sous ses pattes de devant un jeune Cerf tremblant (-o'.y-îXov k\\6v). L'expression 7) x,îaàç qui, d'après les lexiques, signifierait aussi Faon, jeune Biche, n'est également mentionnée qu'une seule fois par Homère. Bichholz pense qu'il s'agit d'un animal plus âgé, tenant le milieu entre le nouveau-né et l'adulte (II. X, 361). D'après Wegener, ce serait un Cerf de deux ans. Au point de vue zoologique, de nombreuses expressions caractérisent la nature même de ce Cervidé. 1° Son bois : èXacpoç x-epao;, Cerf cornu (II. 111, 24, — L. p. 46 ; — 11. XVI, 158, — L. p. 292) — O'Iixspojç : qui a de hautes cornes (Od. X, 158, — L. p. 147). 2° La rapidité de sa course, son agilité, d'après l'épithète Ta^eivi;, prompt, rapide (11. VIII, 248). 3° Sa timidité. Nombreuses sont les citations d'Homère LA FAUNE d'hOMÈRE 39 comparant certains des combattants à des Cerfs timides ou poltrons. AgamemnAn, pour stimuler les Argiens, les compare à de jeunes Biches qui, «. après avoir couru à travers la vaste plaine, s'arrêtent épuisées et n'ayant plus de force au cœur » (II. IV, 242, — L. p. 65). — Akhilleus, furieux contre Agamem- nôn, lui crie ces uiots qui, pour lui, ont la valeur d'uue grave insulte : « Lourd de vin, œil do Chien, cœur de Cerf » (11. I, 225, — L. p. 8) ; c'est-i\-dire : lâche, toujours disposé à fuir. 4° Son habitat. C'était un animal sauvage (àypÔTcpoç), vivant dans les bois, d'où il ne sortait que poussé par la soif. Odysseus, dans l'ile Aiaiè, près des demeures de Kirkè, ren- contre un « grand Cerf au bois élevé qui descendait des pâtu- rages de la forêt pour boire au fleuve » (Od. X, 157, — L. p. 147) ; il le tue, lie les pieds de l'énorme bête et, le portant à son cou, va retrouver ses compagnons. Cette citation et d'autres encore prouvent que le Cerf était chassé par l'homme et recherché bien certainement comme aliment. Antilokhos est comparé à un Chien qui se jette sur « un Faon, qu'un chasseur a percé tandis qu'il bondissait hors du gîte » (II. XV, 579, — L. p. 282). Mais il était surfont la proie des bêtes fauves, des Lions (II, 111, 24, — L. p. 46 ; — XI, 113, — L. p. 192 ; — XVI, 756, — L. p. 309), des Loups (II. XVI, 156). En dehors de sa chair comme aliment, les anciens Grecs utilisaient aussi sa peau comme vêtement. Quand Athènè trans- forme Odysseus en un vieillard indigent, « elle lui donna un vêtement en haillons, déchiré, sale et souillé de fumée ; elle le couvrit ensuite de la grande peau nue d'un Cerf rapide » (Od. XIII, 436, — L. p. 205). Le Cerviis e/aphus L,, dont le nom vulgaire est iXâ^p',, est beaucoup moins commun dans la Grèce actuelle ((ue dans la Grèce antique. Il a à peu près disparu de l'Aftique, mais on le rencontre encore en Eubée, en Acarnauie et dans d'autres parties boisées du nord de la Grèce (Heldreich). ■rf6. — ô on h IIpôÇ. On n'est pas absolument d'accord sur la valeur de cette expression. C'est une espèce de (ïerf (Auteinrieth) ; un Faon (Alexandre) ; un Daim (Capel, ('amus) ; un Chevreuil (Alexandre, Theil). On ne connaît qu'une seule citation du substantif xpoc. employé par corruption pour S6p; : c'est quand il est question 40 L. MOULÉ du Chien d'Odysseus, Argos, qui, dans sa jeunesse, avait chassé h'S (ïhèvres sauvages, les Lièvres et les Chevreuils (Trpôx-aç) (Od. XVll, 295) — Buchholz pense que c'est un Che- vreuil, car, d'après Aubert et Wimmer, l'animal décrit dans Aristote, sous le nom de xpôç, doit vraisemblablement se rapporter à ce Mammifère. Famille des Bovidés. Sous-famille. — Ovines. 57. — ô ou h OÎç. I. — Dénominations. — Epithètes. — Plusieurs vocables ont été mis en avant par Homère pour indiquer le Mouton. '0 ou 7) otç est le terme le plus communément employé pour désigner le Mouton ou la Brebis, suivant Tarticle qui le précède. Le substantif oiç servait aussi à caractériser le Bélier, tantôt seul, tantôt suivi de l'adjectif àp(7-/^v, mâle, comme on en voit un exemple dans le vers 451 du chant XII de V Iliade (àpcrsvoç O'.ôç). Oîç suivi de radjectit' 0'^>.'jç, femelle, est parfois utilisé pour désigner la Brebis (II. X, 216, — Od. X, 527). '0 /txO.oç, qui adjectivement signifie doux, apprivoisé, pris sul)stantivement_, caractérise le Mouton et par extension le Bélier. On en voit un exemple dans VJliûde, chant III, vers 196. D'après Pieuron, ce pourrait être aussi bien un Bouc. 'G xp'.ôç, d'après les lexiques, seuible plutôt se rapporter au Bélier. Mais, comme le fait remarquer Buchholz (p. 158)^ l'ex- pression y-xiXoç n'est employée que dans VIliade, tandis que celle de xpioç figure seulement dans VOdyssée : xpiè ttéttov. mon cher Bélier (Od. IX, 447). "Evopy o;, mis ici pour iso^yriq « qui a les organes génitaux », a été une seule fois employé j)ar Homère en parlant d'un Bélier ou d'un Bouc (11. XXIH, 147, — L. p. 419). 'Apvsio; est un Agneau déjà grand et par extension un Béher (II. H, 550, — Od. X, 527). Ta tj.-^Xa est la forme pluriel de t6 p.7i>.ov, qui peut s'appli- quer tout aussi bien au Mouton qu'à la Brebis, voire même à la Chèvre. Mais, en général, il s'agit plutôt du petit bétail. C'est ainsi que la ville d'Oi-choménos (II. II, 605) est considérée comme riche en petit bétail (7vo);'J;j.rj>.ov) ; ainsi (|ue celles de Pthia (II. IX, 479), d'ithône (II. H, 696), de Pylos (Od. XV, 226) ([/YîTÉpa [;.7)Xoiv), mères du petit bétail. LA FAUNE d'hOMÈRE 41 D'autres formes substanlives ont été utilisées suivant Tâge des animaux, ce sont les suivantes (Od. JX, 220, 245) : 'H i^GT, ou £prr7î_, Agneau ou Chevreau qui vient de naitre. Tô è'iy.êp'jov, jeune Agneau ou jeune Chevreau. Ai [X£TaGC7a'. , Brebis d'un âge moyen, ni jeunes, ni vieilles; vient de {^iraiO, nioven, intermédiaire. O ou 7) -poyovôç: c'est plutôt une épithète servant à dési- gner un individu plus âgé, un ancêtre, un ascendant. Les poèmes homériques renferment un choix d'épithètes très variées se rapportant au Mouton, Les unes s'appliquent à la couleur de leur toison dont nous parlerons plus loin. Les autres sont relatives : 1° A leur allure : Ta.va'j-:rouç, à marche i-apide ; trotlinement du Mouton mis en opposition avec le pas lent du Bœuf Quel- ques traducteurs ont traduit par : aux jambes grêles, sèches, allongées ; mais Pierron prétend que cette interprétation est inadmissible (Od. IX, 464) ; 2° A leur emboupoint : sÙTpscpriç pour £''jTpacp7i(;, bien nourri, gras, succulent (Od. IX, 425); ï^ioç, poétique pour '19'.;, même signification (Od. XII, 263) ; 'kIcùv, gras ; 3° A leur voix : xAutoç, à voix bruyante, qui bêle (Od. IX, 308); [JAiJ.x'/Mq, de [j.riyAou.y.'., qui bêle (II. IV, 435) ; 4° A leur manière de se réunir en troupeaux : â(^tv6<;, dru, serré (Od. I, 92). II. Extérieur. — Il n'est guère possible d'identifier des races, car Homère est sobre de descriptions zootechniques ; mais il y a dans VIliade et ÏOdyssée de nombreuses épithètes se rappor- tant à la coloration de la toison. 1. Blanchp. — A£u>c6; (II. 111, 103) ; apyjcpo^ (Od. X, 85) ; àpy£vv6;(Il. VI, 424, — XVIII, 529, 588), blanc, d'un blanc éclatant. 2. Noire. — M^aiva (II. III, 103). Nestor promet que chacun de ses guerriers donnera une Brebis noire allaitant un Agneau (o'.v Soicrovcii y.cla.f.vav — br,l'r/ 07r6ppr,vov) à celui qui con- sentira à espionner le camp des Troiens ; et il ajoute qu'il n'y a pas de bien qui vaille celui-là (11. X, 215, 216, — L. p. 177). En effet, dit Pierron, les Brebis de couleur noire étaient les plus recherchées, parce qu'on les croyait plus robustes et plus fécondes. IlxajjiXaç, tout à fait noire, très noire (Od. X, 525). 42 L. MOULÉ 3. Rousse. — 'loSvEcpriç. Les Moutons du géant Polyphémos sont décrits comme étant de grande et forte espèce. Odysseus et ses compagnons, enfermés dans la caverne du Cyclope, auquel ils viennent de crever l'unique œil, sont bien embar- rassés pour en sortir, car le géant, aveuglé, s'est placé à l'entrée et, pour empêcher leur fuite, làte au passage tous ses Moulons. Odysseus use de ruse, réunit les mâles trois par trois^ et lie sous celui du milieu un de ses compagnons. Lui-même se suspend sous le ventre du Bélier le plus grand. « Les mâles des brebis étaient forts et laineux, beaux et grands, et ils avaient une laine de couleur violette. » àp(7SV£ç oteç Y|(jav âurpe^ée; oaffu'/aXÀot, xaXot T£ [j(.£Y(xXot T£, toov£!^£ç Itpoç £/ovTe; : (Od. IX, i25, - L. p. 137). "Io^v£(p7)<; qui vient de ïov, tleur de violette, et de Svsçoç, pour SvoçEoç, obscur, se traduit généralement par violet foncé. Mais un autre adjectif, qui en dérive, îosiStiç, et qui a la même signification, poétiquement peut être interprété par : sombre, noir, et parfois même par : semblable à la rouille. Il se pourrait donc que l'adjectif loovsa^riç désigne des Moutons à toison noire, brune ou de couleur rouillée, roussâtre. Ou trouve encore d'autres épithètes relatives à la longueur, à l'épaisseur de la toison. Aacô^aaXXo;, à toison épaisse (Od. IX, 425). KaXXîOpiç, qui a une belle toison (Od. L\, 469) AàG'.oç, qui a le poil épais, touffu (11. XXIV, 125). îlnysa'.fxâXXo;, à laine épaisse (II. III, 197). Oîôç àcoTOv, tleur de brebis. Télémakhos était couvert d'une toison de Brebis, d'une fine laine de Brebis, ce qu'il y avait de meilleur comme laine (Od. I, 443). Les Moutons du Cyclope Polyphémos devaient avoir, dit PiEBRON, une toison extraordinairement épaisse, puisqu'eu pal- pant ses Béliers il ne sent pas les liens retenant les compagnons d'Odysseus, suspendus sous leur ventre. IIL Elevagk. — Centres d'élevage — Homère mentionne beaucoup de contrées où on se livrait à l'élevage du Mouton ou du petit bétail (Moutons tt Chèvres). En Grèce, sur le continent : Élis, ancienne ville de TElide, d'où Nestor, dans une razzia, revint avec 50 troupeaux de Bœufs et autant de Brebis (11. XI, 686] ; - [ton, en Thessalie LA FAUNE D'HOMÈRE 43 (II. II, 696) ; — Plithiè, ville de Thessalie, près de Pharsule (II. IX, ï79) ; — Pi/los, ancienne ville du Péloponèsc (Od. XV, 226) ; — rhèbes, en Béotie, an.\ blanches Brebis (11. VI). Parmi les iles grecques : Ithaque, la patrie d'Odysseus, une des iles ioniennes, entre Céphalonie et Sainte-Maure. C'est aujourd'hui Théaki (Od. XIV, 100) ; — l'ile de Syré, au-dessus d'Ortygié, riche en pâturages qui nourrissent une grande quan- tité de Moutons et de Chèvres (Od. XV, 403). Dans les contrées voisines de la Grèce : Orchomène, ville d'Arcadie, un peu au nord de Mantinée (11. Il, 605). — Le pays des Lest/i/goiis, que les uns placent dans la Sicile orientale, et les autres sur le rocher de Terracine, en Italie, sur le g'olfe du n)êuie nom. « Là_, le pasteur qui rentre appelle le pasteur qui sort en l'entendant. Là, le pasteur qui ne dort pas gagne un salaire double, en menant paître les Bœufs d'abord, et, ensuite les troupeaux aux blanches laines (àpyufpa [XYily.), tant les chemins du jour sont proches des chemins de la nuit ». (Od. X, 85, — L. p. (45). Chez les Lestrygons, dit Pierron, la journée est tellement longue que la besogne du berger est terminée quand celle du bouvier commence. Les Bœufs pais- saient le soir, après la grande chaleur, et les Moutons, le matin et dans la journée. Dans l'Ile de Thrina/dé, où paissaient les troupeaux du Soleil, on comptait sept troupeaux de Bœufs et autant de Brebis (;7/?}Xa), cinquante par troupeau (Od. XII, 127). Peut-être s'agit- il de Trinakrie, aujourd'hui la Sicile. Eu Afrique (Lybie), les Agneaux viennent au monde encornés et les Brebis mettent bas trois fois l'an (Od. IV, 85), Dans la pensée du poète, il s'agit bien là d'un fait véritablement extraordinaire. Aristote (t) dit de même et cite à ce propos Homère. Diverses expressions ont été employées pour caractériser la richesse de certaines contrées en Ovidés : Holuii.riloç, qui a beaucoup de Moutons ou possède de nom- breux troupeaux. IloX'jafvoi;. riche en Agneaux, en troupeaux. My)T-/ip p.rAwv, mère des Moutons. EuSoTo;, abondant en pâturages. Ej|j,yiàoç, ([ui a de belles ou de nombreuses Brebis. L'expédition scientifique de Morée constatait, en 1832, que le Mouton était encore une grande source de richesse eu Morée. (1) H. A., hv.^VlIl, ch. XXVII, § 5. 44 L- MOULÉ Les bergers les font paître l'été sur le Ménale, le Lycée et les ramènent sur le littoral en hiver. IV. Hygiène. Soins. — Homère compare les Troiens suivant Ainéas à « des troupeaux de Brebis qui suivent le Bélier hors du pâturage, pour aller boire » (IL XHl, 491, — L. p. 242). Le géant Polyphémos, dès la pointe du jour, après avoir trait les mères et placé les petits sous elles, menait paître ses Mou- tons et ses Chèvres, pour ne les rentrer qu'à la tombée de la nuit. Alors il laissait dehors, dans l'enclos (aù>.7i), tous les mâles, et ne renfermait dans la caverne que les Brebis qu'il voulait traire, ou qu'il destinait à allaiter les petits,, enfermés pendant que les mères étaient au pâturage. Son antre constituait donc la bergerie proprement dite. « C'était une haute caverne («TTr/oç), ombragée de lauriers, près de la mer » (Od. IX, 182, 184). « Les claies étaient chargées de fromages, et les étables étaient pleines d'Agneaux et de Chevreaux, et ceux-ci étaient renfermés en ordre et séparés, les plus jeunes d'un côté et les nouveau-nés de l'autre ». . . . ytoptç [X£v Trpoyovot, /wptç Se [xÉxacffat, ywplç'S' a59' epaat. (Od. ÏX, 221, — L. p. 131). Selon PiERRON, [;.£Ta(7(7a'. seraient les petits d'âge moyen ; £p(7at les rosées, c'est-à-dire les plus tendres, les nouveau-nés. Chacune de ces catégories avait donc son emplacement parti- culier. Les mères et leurs petits réunis, le Cyclope fermait l'entrée de son antre au moyeu d'une lourde pierre et s'endor- mait au milieu de ses troupeaux. Il semble avoir méconnu les notions les plus élémentaires de propreté, car la caverne était rarement mondée. Odysseus trouve en efiet moyen de cacher « sous le fumier (Otco /toxpto), qui était abondamment répandu dans toute la caverne », la grande massue du géant, qu'il vient d'équarrir et tailler en pointe, afin de crever l'unique œil du Cyclope. Nous avons vu que les mâles étaient laissés au dehors dans l'aùXT). L'aùV/i était donc un parc à Moutons et à Chèvres, enclos de blocs de pierres, plantés dans le sol entre les inter- stices des grands Pins et des Chênes au feuillage élevé. Cette partie était à découvert, ce qui expliiiue la vigilance que les bergers devaient déployer pour préserver leurs troupeaux des attaques des Lions (n° 72), des Loups (n"'70).En effet, les sen- tinelles vigilantes, veillant en armes au camp des Grecs, sont LA FAUNK D HOMÈRK 45 comparées à des Chiens qui g-ardent activement les Brebis dans l'enclos (iv aùXvî) (II. X, 183). rioifAriv est le nom qu'on donnait aux bergers (II. VIII 559 — XII, 451, — XIII, 493). V. Utilisation. — 1. Sacrifices. — Le Mouton était fréquem- ment offert eu sacrifice aux divinités ; à Apollon : en son hon- neur on ég-orgeait une hécatombe d'Agneau\ pris parmi les plus âgés (àpvùv TTooj-oyovcov) (II. I, 05, — IV, 120, — XXIII, 864) ; à Hèlios, auquel on vouait un Agneau blanc ; à Gaia, à laquelle un Agneau noir était réservé (II. III, 103) ; à Zeus, à Athènè (II. II, 550). 2. Laine. — Nous avons déjà parlé de la laine à propos de la robe ou toison des Moutons. Elle était utilisée pour faire des vêtements. Homère lui donne les noms de 6 ttox-oç, laine brute, non encore travaillée (II. XII, 451) ; de tô sl'piov. à'piov, slpoç (11. III, 388), laine proprement dite ; de to àwTOv, flocon de laine (Od. I, 443). On donnait aux Moutons chargés de laine l'épilhète de sipoTrô/.oç (II. V, 137). On se servait encore de la laine du Mouton pour faire des cordes de fronde (II. XIII, 599, 716). 3. Peaux. — Les peaux revêtues de la laine servaient à divers usages : matelas, couvertures de lit, de sièges, vête- ments, etc. Eumaios fait coucher Odysseus sur un lit de peaux de Chèvres et de Brebis (Od. XIV, 519). Odysseus rentrant incognito dans ses foyers se couche « dans le vestibule, et il étendit une peau de Bœuf encore saignante, et, par-dessus, les nombreuses peaux de Brebis que les Akhaiens avaient sacrifiées (Od. XX, 1 à 5, — L. p. 305). — Télémakhos, se couchant, se couvre d'une toison de Brebis (Od. 1,443). — La nourrice d'Odysseus, Eurynomé, lui présente un siège qu'elle recouvrit d'une peau de Mouton (x.ûaç) (Od. XIX, 100). — Patroklos commande aux servantes de préparer le lit de Phoinix. Elles le firent de peaux de Brebis, de couvertures et de fin tissu de lin. 4. Viande. — La viande de Mouton était un mets recherché. Nous la voyous figurer dans les banquets des prétendants, au banquet des funérailles de Patroklos, Le dos de l'animal parait avoir été le morceau le plus délicat. Nous en avons un exemple au banquet offert par Akhilleus aux Akhaiens envoyés par Agamemnôn. « Akhilleus étendit sur un g-rand billot, 46 L. MOULÉ auprès du feu, le dos (vcotoç) d'une Brebis, celui d'une Chèvre grasse et celui d'un Porc gras. Et taudis qu'Automédon main- tenait les chairs, le divin Akliilleus les coupait par morceaux et les embrochait. VA le Ménoitiade, homme semblable à un dieu, allumait un grand feu. Et quand la flamme tomba et s'éteignit, il étendit les broches au-dessus des charbons en les appuyant sur des pierres et les aspergea de sel sacré » (II. IX, 207, — L. p. 156). 5. Lait. — Le lait d«!S Brebis et des Chèvres était utilisé comme boisson. 11 servait aussi A la confection des fromages. Nous en avons la preuve dans le passage relatif à la descrip- tion de la caverne du Cyclope Polyphéuios, qui ne possédait que des troupeaux de Chèvres et de Moutons. « Les claies étaient chargées de fromages... Tous les vases à traire étaient pleins, dans lesquels la crème flottait sur le petit lait... Il commença de traire les Brebis et les Chèvres bêlantes, comme il convenait... Et il fit cailler aussitôt la moitié du lait blanc qu'il déposa dans des corbeilles tressées, et il versa l'autre moitié dans les vases, afin de la boire en mangeant et qu'elle lui servît pendant sou repas » (Od. IX, 240 et suiv., — L. p. 132). — llékamèdè prépare à Nestor et à Makaôn « une boisson de vin de Pramneios, et sur ce vin elle râpa, avec de l'airain, du fromage de Chèvre, qu'elle aspergea de blanche farine » (II. XI, 639, — L. p. 207). Encore aujourd'hui, en Grèce, on consomme beaucoup de lait et de fromage de Chèvre. 6. Intestins. — Avec les intestins des Moutons (i'vxspov oloç) on préparait des cordes pour les (popfj-tyC, sorte de lyre ou petite harpe qu'on portait suspendue au cou et qui servait aux aèdes (Od. XXI, 408). 7. Pi'ésents. — Par suite de l'utilisation de leurs diverses parties, les Moutons étaient très estimés. On s'en servait comme présents (s^va). Parmi les présents, qu'Iphidnmas destinait à sa fiancée, figuraient mille Chèvres et Moutons (II. XI, 244). î)8. — o on n AU. I. Dénominations. — Épithètes. — '0 ou ■'/] a't'E, suivant le sexe. 'G ou 7} âpiçoç, Chevreau mâle ou femelle. 'G Tpàyoç, le Bouc. Enfin nous venons de voir, à propos du Mouton, qu'Homère LA FAUNE D'hoMÈHE 47 désignait parfois, sous le terme géuéral de [j-t'ax, les Moutons et les Chèvres, les auinailles du moyeu Age. La Chèvre est caractérisée par les épithètes suivantes : M-/)xâ<;, hélante ([j-rix-i^sç aiyeç) qui, prise suhstaQtivement, désigne parfois la Chèvre et la Brebis (II. X[, 883. — XXIII, 31 ; — Od. IX, 244). 'lovôa;, velue, poilue (îovOxSo; y-ypio-j aîyo;) (Od. XIV, 50). 'Ayptoç, sauvage (Od. XIV, 50). nicov, grasse (II. IX, 207). EOrpscp^ç, "CaTpsor/;, bien nourrie (Od. XIV, 106, 530). II. Élevage. — A) Centres d'élevage. — Élide. — Dans Vliiade, ou ne trouve que deux indications relatives aux Chèvres. C'est quand Nestor raconte ses exploits eu Elide, d'où il revient chargé d'un riche butin : cinquante troupeaux de Bœufs, autant de Brebis, autant de Porcs et autant de Chèvres (II. XI, 686, — L. p. 208). Ithakè. — Il est plus souvent question de Chèvres dans VOdyssée, mais presque tontes les citations se rapportent à l'Ile d'Ithakè où paissaient d'immenses troupeaux de Chèvres. Télé- makhos, en refusant les Chevaux dont Ménélaos voulait le gra- tifier, s'écrie : u Je ne conduirai point de Chevaux dans llhakè... Dans Ithakè, il n'y a ni routes pour les chars, ni prairies ; elle nourrit plutôt les Chèvres que les Chevaux et plait mieux aux premières. Aucune des îles qui s'inclinent à la mer n'est grande, ni munie de prairies, et Ithakè par dessus toutes » (Od. IV, 601, — L. p. 62). Athènè vante en ces termes l'île d'Ithakè A Odysseus, ne reconnaissant pas tout d'abord sa patrie, où il vient d'aborder. « Certes, elle est âpre et non faite pour les Chevaux ; mais elle n'est point stérile, bien que petite. Elle possède beaucoup de Froment et beaucoup de Vignes, car la pluie et la rosée y abondent. Elle a de bons pâturages pour les Chèvres et les Vaches, et des forêts de toute sorte d'arbres, et elle est arrosée de sources qui ne tarissent point » (Od. XIII, 246, — L. p. 200). Plus loin, Eumaios, énumérant les richesses d'Odysseus, dit : « Ici, à l'extrémité de l'île, onze g'rands troupeaux de Chèvres paissent sous la garde de bons serviteurs ; et chacun de ceux-ci mène tous les jours aux prétendants la meilleure des Chèvres engraissées » (Od. XIV, 103, — L. p. 209). Il énumère aussi douze troupeaux de Chèvres sur le continent. 48 L. MOULÉ B) Pacage. — Nous avons mentionné, à propos du Mouton, l'élevage des Chèvres dans les pâturages et leur rentrée, le soir, au bercail, car les Moutons et les Chèvres paissaient le plus souvent ensonihie. Une comparaison nous fait voir que, dans les pâturages, de noml)reux troupeaux étaient réunis, confondus, bien qu'appartenant à des propriétaires différents, et que le soir, à la rentrée, les chevriers arrivaient aisément k les débrouiller. « Comme les bergers reconnaissent aisément leurs immenses troupeaux de Chèvres confondus dans les pâtu- rages, ainsi les chefs rangeaient leurs hommes » (II. 11,474, — L. p. 33). Les Aies, allant au combat, sont comparés à des troupeaux de Chèvres. « Comme une nuée qu'un chevrier a vue d'une hauteur, s'élargissant sur la mer, sous le souffle de Zéphyros, et qui^ par tourbillons épais, lui apparaît de loin plus noire que la poix, de sorte qu'il s'inquiète et pousse ses Chèvres dans une caverne » (II. IV, 275, — L. p. 66). Les hommes chargés de conduire ces troupeaux étaient désignés sous les noms d'aÎ7î6>,oç a-.yôJv, rxl-izô^oi^ àvyjp. C'est ainsi que s'appelle Mélanthos, le chevrier d'Odysseus (Od. XVII, 369, — XXI, III. Utilisation. — A) Sacrificps. — La Chèvre était offerte en sacrifice à Hermès (Od. XIX, 397) ; à Apollon (II. I, 66) \ aux Nymphes (Od. XVII, 240) ; aux mânes des héros (funé- railles dePatroklos) (II. XXIII). B) Peaux. — Les peaux servaient â la confection de divers objets : des outres, pour conserver le vin ou l'eau en voyage (àaxoç £v aîysiw, a'i'ysov à<7y,ôv) (0>I. VI, 78, — IX, 196 ; — II. III, 247) ; — des vêtements : pour se préserver du vent Eumaios se couvrait de la peau d'une grande Chèvre (Od. XIV, 530, — L. p. 221) ; — des chapeaux : pour se garantir des rayons du soleil. Laertès revêt un casque de peau de Chèvre (aîysir/v xuveV) (Od. XXIV, 231, — L. p. 365). Enfin, de même que les peaux de Moutons, les peaux de Chèvres étaient utilisées comme literie (Od. XIV, 518, — L. p. 221), ou comme sièges (Od. XIV, 50, — L. p. 207). C) Lait et viande. — Il en était de même du lait et de la viande qui entraient pour une grande part dans l'alimentation des Grecs primitifs. Nous renverrons pour plus de détails à ce que nous avons dit à ce sujet à propos du Mouton. Mais le mets LA FAUNE d'hOMÈRE 49 le plus estimé des héros dilomère était un estomac de Chèvre (yacTTip) rempli de graisse et de sang- et cuit à la broche sur le feu (£|j-X£Î'/]v -/.vicrviç ts xal œlu.y.TOç) (Od. XX, 25, 26 L. p. 306). Dans VOdyssée (XYIIl, 44, 45, — L. p. 274), des « poitrines de Chèvres » pleines de sang et de graisse cuisent sur le feu pour les prétendants : ^(^aïk^zq aiyàiv xy.TOEij.sOa xv!(7y,ç tî xal at^aro; £[i.TrX-^(iavT£ç. D'après Didyme, ce serait le boudin. Mais Pierrun estime que les intestins des Chèvres sont trop grêles pour qu^on puisse les utiliser comme enveloppes 11 croit qu'il s'agit du ventre pro- prement dit, de panses garnies. FacTryp est surtout un estomac, bien que ce mot désigne à la fois le ventre et les tripes d'un animal. En Allemagne, et dans certaines contrées de l'est,, on confectionne du boudin composé de sang, entremêlé de damiers de graisse, enveloppé dans un estomac de Porc. 59. — Il Aï^ ttypioç. Le substantif ai,'^ est plusieurs fois mentionné avec l'épithète àypîoç, sauvage, qui semble bien différencier cette espèce de la Chèvre domestique. Pandaros se sert d'un arc fait avec les cornes d'une Chèvre sauvage qu'il avait tuée à la chasse. « Ses cornes étaient hautes de seize palmes. Un excellent ouvrier les travailla, les polit et les dora à chaque extrémité. » (II. IV, 105, — L. p. 62). Cette longueur, bien entendu, était cal- culée d'une extrémité à l'autre de chaque corne, soit environ 1"' 30. Ailleurs, l'épithète d'iovOiç, velue, poilue, lui est attribuée, c'est quand Eumaios fait asseoir Odysseus « sur des branches épaisses qu'il recouvrit de la peau d'une Chèvre sauvage et velue » ('.ovÔâSoç àypîou ocîyoç) (Od. XIV, 50, — L. p. 207). Enfin, nous la trouvons encore mentionnée avec les adjectifs qualificatifs suivants : tçocXoç, bondissante, grimpeuse (II. IV;, 105), — ôpsGxûoç, sauvage, qui habite dans les montagnes (Od. IX, 155). Toutes ces épithètes conviennent bien à l'espèce caprine, mais ce n'est certainement pas d'une Chèvre domes- tique qu'il s'agit, car elle n'a pas les cornes assez déve- loppées, ni assez étendues, pour qu'on puisse les utiliser comme arc. Les uns ont voulu voir dans cet animal soit le Bouquetin Mém. Soc. Zool. d& Fr.^ 1910. xxm — 4 50 L- MOULÉ des Alpes [Capra ibex L.), soit le Bouquetin du Caucase (Capra œga(/rus h.) ou Paseng-, espèces connues en Grèce et en Asie Mineure. D'autres supposent que c'est une Antilope. Sans prendre parti pour l'une ou l'autre de ces opinions, toutes justifiées, nous ajouterons que, dans certaines contrées de la Chine et de la Turquie, on se sert encore de cornes à'Iôex pour fabriquer des arcs. Pour Kums, ce serait le Chamois. D'après Hkldreich, la Chèvre sauvage ou Capra œgagnis Ginel. se trouverait encore sur i'ilot très escarpé et presque inaccessible d'Antiinéios, près de l'île de Mélos. Elle serait identique au Bouquetin de Crète. Le D'' Erhard a voulu recon- naître dans cette Chèvre sauvag-e une espèce différente, à laquelle il a donné le nom tVyEgocerus pictus. Sous-famille des Bovines. 60. — ô ou lï lioifç. I. Dénominations. —Épithètes. — '0, -/) [iooç. Est le ternie le plus commun pour désigner le Bœuf; la Yache, quand il est précédé de l'article féminin. 'O Taijpoç, [ioOi; TocOpoç, [iouç àpc/iv caractérisent plus particu- lièrement le Taureau. '0 ou vjxopTiç (II. V, 162) ; TCopxoc^ (11. XVll, 4); T^opiç (Od. X, 410), désignent un jeune Bovidé, un Bovillon ou une Génisse, un Veau. "H r\viq |îio'j; serait, d'après Wegiînkr, une Génisse d'un an (Od. 111, '6^-2 ; — II. VI. 94, 275, 309, — X, 292) ; tandis que d'autres traduisent par brillant, bien nourri, au poil brillant. Bowv àyaXai ou simplement àyéXai s'applique à des troupeaux de Bœufs, rarement à des troupeaux composés d'autres animaux. II. Extérieur. — A) Robes. — Homère mentionne seulement quatre épithètes relatives à la couleur des Bovidés, et encore deux d'entre elles sonl-elles contestées. Oïvod/, qui a la couleur du vin, d'un rouge foncé, noir ([ioe oi'vo7:£)'(ll. XIII, 703; — Od. XllI, 32). AïOwv, noir, noirâtre, (juelquefois brillant comme le feu, vient de aï6w, brûler. Leconte de Lisle le traduit par gras, alors que dans un autre vers, où ai^wv s'applique au Lion, il lui donne la signification de fauve. Pierron traduit par poil luisant, et il L.V FAUiM': D HO.MÈRE OÎ ajoute que traducteurs et comnicntateuis sont loin d'être d'ac- cord sur le sens de cette expression, surtout en ce qui concerne la couleur. Dans ce cas, il s'agirait du rouge brun. 'Apyôç, est le blanc, la robe éclatante de blancheur. Cepen- dant tel n'est pas l'avis de tous les commentateurs d'Homèi-e. Ainsi, disent l*iERHON,W£Gb:NKR, les Bœufs ([iôêç àpyoi) (ju'Akhil- leus destine au repas funèbre de Patroklos (II. XXIII, 30, — L. p. 410), ne peuvent être des Bœufs blancs, car dans ces sortes de cérémonie on n'immolait que des animaux de couleur noire. 'Apyoç aurait dans cette circonstance le sens de bien nourri, brillant de graisse, gras et luisant, riay-jj-éXaç. TaOpoç 'KCf.[j.[j.i\jq, (pii tourne les jambes en marchant (II. VI, 424", — XV, 547 - XVI, 488 ; — Od. VIII, 60). D'autres fois cette épithète est suivie d'une autre, Taixoç : vXiizolrj.^ a-.xaç (3où; (Od. 1, 92, — IV, 320, — IX, 52 L. MOULE 46 . — II. XXIII, 166), et, dans ce cas, on pourrait traduire par Bœufs aux cornes recourbées et tournant les jambes en mar- chant, ou bien Bœufs aux pieds tortus. 3. Yeux. — L'épithète de poù-'.;, aux yeux de Bœuf, aux grands yeux, est employée comme qualificatif de Klymènè (11. III, 144), — de Philomédusa (II. Yll, 10) et surtout de Hère (II. I, 551, — IV, 50 - XIV, 159, - XVI, 439, - XX, 309j. C'était l'épithète des déesses et des belles femmes ; les yeux de Bœuf, à cause de leur couleur foncée et de leur grosseur, passaient, à cette époque, pour être très beaux. 4. Voix. — 'Eptp>co; (OlI. XV, 235 ; - II. XXIII, 775), âoÛYa'/i).oç (11. XVllI, 580), mugissant fort. Le poète compare le mugissement du Bœuf au grincement d'une porte qui n'a pas été ouverte depuis longtemps (Od. XKI, 48) ; au bruit d'une porte qu'Hector fait sauter du jet puissant d'une pierre (II. XII, 460) ; au bouillonnement du Xanthos débordé (II. XXI, 237). Ces bruits sont cependant bien différents les uns des autres, et il est probable qu'Homère ne les a comparés au mugissement du Bœuf qu'à cause de leur puissance, de leur sonorité. III. Élevage. — Contréks. — L'élevage des Bœufs, aux temps héroïques, devait avoir une certaine importance, car, dans les poèmes homériques, nous voyons les Grecs sacrifier à la fois jusqu'à cent Bœufs (sxocT-ôfxêT)). De nombreuses contrées sont mentionnées comme centres d'élevage des Bovidés. Iles de la Grèce. — Ithakè. — L'Ile d'ithakè ne paraît pas avoir beaucoup connu l'élevage du Bœuf. Les troupeaux d'Odysseus étaient, en grande partie, entretenus sur le conti- nent. Cependant nous avons vu, à propos des Chèvres, que l'ile d'ithakè possédait de bons pâturages pour les Chèvres et les Vaches (Od. XIII, 242, — L. p. 200.) Céphalonie. — Philoitios, chef des bouviers, dit en s'adres- sant à Odysseus qu'il n"a pas reconnu : « Je gémirai toujours au souvenir de l'irréprochable Odysseus qui m'envoya, tout jeune, gariler ses bœufs chez le peuple des Képhalléniens. Et maintenant ils sont innombrables, et aucun autre ne possède une telle race de Bœufs aux larges fronts » (Od. XX, 210, — L. p. 311). Céphalonie, la plus grande des iles ioniennes, possède de nombreuses sources, d'où sa merveilleuse fertilité. L\ FAUISE n HOMÈRE o3 Syra (l'jpix), an dessous rFOrtyg-iè. — Homère la sij^nale comme riclie en Bœul's et en Brebis. (Od. XV, 40i — L p. 233). Crète (Kpr~r,). -— Odysseiis, causant avec son éponse Péné- lopeia, lui raconte, sans se faire reconnaître, qu'il a vu Odys- seus dans l'île de Krètè, « ttu-re qui s'élève au milieu de la sombre mer, belle et fertile, où habitent d'innombrables hommes et où il y a quatre-vingt-dix villes... Alors, je con- duisis Odysseus dans mes demeures et je le reçus avec amitié, et je le comblai de soins à l'aide des richesses que je possédais, et je lui donnai, ainsi qu'à ses compagnons, de la farine, du vin rouge et des Bœufs à tuer, jusqu'à ce que leur âme fut rassasiée » (Od. XIX, 172 et sq., — L, p. 292 et suiv.). Thrinakié. — C'est dans l'île de Thrinakiè que paissaient les troupeaux du Soleil. « Là, paissent les Bœufs et les gras troupeaux de Ilèlios. Et il a sept troupeaux de Bœufs et autant de Brebis, cinquante par troupeau. Et ils ne font point de petits, et ils ne meurent point, et leurs pasteurs sont deux Nymphes divines, Phaélhousa et Lampéliè » (Od. XII, 127, — L. p. 183). —C'étaient des « Bœufs noirs au large front (sXixsç zaXat ^osç £Ùpu[j,£Tco7wO'.), aux cornes dressées » (Od. XII, 335, — L. p. 189). Bien que nous soyons en plein domaine de la fiction, puisque les chairs pantelantes de ces Bœufs, sacrifiés par les compagnons d'Odys- seus, rampent comme des Serpents et mugissent autour des broches, il nous semble que cette fiction pourrait bien sup- poser l'élevage d'une race spéciale, entretenue en l'honneur du Soleil. Mais il est impossible d'en préciser les caractères; car Leconte de Lisle traduit é'Xtxsç par noirs, alors que dans d'autres passages il donne à cette épithète le sens de « aux cornes recourbées ». D'après André Lefèvre, il faut reconnaître en eux les Bœufs de l'Ether, « ces nuées fécondes ou stériles que se disputaient les puissances du ciel védique, ces Bœufs idéalisés qui, dans les temps lointains des migrations indo-européennes, constituaient le butin, la richesse des dieux comme des hommes » (p. 107). Grèce continentale . — Eumaios, chef des porchers, en par- lant des troupeaux d'Odysseus, énumère douze troupeaux de Bœufs, sur la terre ferme, surveillés par des pasteurs étran- gers (Od. XIV, 100, — L. p. 209). Homère mentionne encore 54 L. MOULÉ d'autres contrées où les Grecs des temps héroïques se livraient à l'élevage du Bœnf. Élis. — Ancienne ville de l'Élide, aujourd'hui Belvédère-Elis ou Kaloscopi. Nestor en revint d'une razzia avec cinquante trou- peaux de Bœufs et surtout de Brebis (II. XI, 676 et suiv., — L. p. 208). Côtes messénienaes. — Agamemuôn, pour se réconcilier avec Akhilleus, énumère les dons dont il entend le gratifier : « Je lui donnerai sept villes très illustres : Ivardamylè, Enopè, Hira aux prés verdoyants, la divine Phèra, Authéia aux gras pâtu- rages, la belle Aipéia et Pèdasos^ riche en Vignes. Toutes sont aux bords de la mer, auprès de la sablonneuse Pylos. Leurs habitants abondent en Bœufs et en troupeaux » (II. IX, 150, — L. 154). Perkôtè. — Dans les plaines de Perkôtè, dans la Troade, Ménalippos faisait paitre avant la guerre ses Bœufs aux pieds flexibles (II. XV, 548, — L. p. 282). Tlu'hes. — Thèbè « aux portes hautes ». Dans cette ville, Akhilleus tua les sept frères d'Andromakhé, « auprès de leurs Bœufs aux pieds lents et de leurs blanches Brebis » (II. VI, 424, — L. p. 114). Conlrèes voisines de La Grèce. — A signaler le pays des Lestrygons, dont nous avons déjà parlé dans le paragraphe relatif au Mouton. En Asie Mineure, nous citerons : Ismaros, chez les Kikônes ((yicones), dont les compagnons d'Odysseus égorgèrent les Brebis et les Bœufs noirs aux pieds flexibles (sîXiTïoSaç î'kiy.a.c, (ioùç) (Od. IX, 46, — L. p. 126) ; — Ida, petite chaîne de monta- gne, aujourd'hui Kas-dagh, où Phoibos menait paitre, sur ses nombreuses cimes couvertes de forêts, les Bœufs aux pieds tors et aux cornes recourbées (II. XXI, 448, — L. p. 393-394). IV. Hygiène. Soiiss, — Les troupeaux de Bovidés, apparte- nant à des propriétaires dilTérents, étaient conduits aux pâtu- rages, sous la conduite de bouviers et de Chiens. Nous en avons la preuve dans la description du bouclier d'Akhilleus. « Héphaistos représenta un troupeau de Bœufs aux grandes cornes. Et ils étaient faits d'or et d'étain, et, hors de Tétable, en mugissant_, ils allaient au pâturage, le long du fleuve sonore qui abondait en roseaux. Et quatre bergers d^or conduisaient LA. FAUNE d'hOMÈRK 59 les Bœufs, et neuf Chiens rapides les suivaient » (II. XVIII, 575 et suiv., — L. p. 351). Quand arrivait le soir, on les rentrait à Tétable. « De niènie que les Génisses, retenues loin de la prairie, s'empressent autour des Vaches qui, du pâturage, reviennent à l'étable après s'être rassasiées d'herbes, et vont toutes ensemble au- devant d'elles, sans que les enclos puissent les retenir, et mugissent sans relâche autour de leurs mères » (Od. X, 410 et suiv., — L, p. 154). — Ce passage montre clairement que les Veaux de lait restaient à l'élable, pendant que Taureaux et Vaches étaient conduits au dehors. Les épithètes à-ypatoXoç, qui passe la nuit dans les champs, àuli^oy.svoç, qui passe la nuit en plein air, laissent également supposer que certains troupeaux séjournaient jour et nuit dans les champs, notam- ment pendant la belle saison. Plusieurs bouviers expérimentés et des Chiens robustes, d'une grande vigueur, étaient nécessaires pour la garde de ces troupeaux, fréquemment en butte aux attaques incessantes des animaux féroces, notamment des Lions. Ces Félidés devaient pulluler en Grèce, en Asie Mineure, à cette époque reculée, car Homère compare frcciuemment ses héi'os à des Taureaux attaqués par des Lions. En voici plusieurs exemples, en dehors de ceux énumérés dans le chapitre qui leur a été consacré (u" 72) : « Et la multitude fuyait dispersée à travers la plaine, comme im troupeau de Vaches qu'un Lion, brusquement sur- venu, épouvante au milieu de la nuit: mais une seule d'entre elles meurt chaque fois. Le Lion, l'ayant saisie de ses fortes dents, lui brise le cou, boit son sang et dévore ses entrailles » (II. XI, 172, — L. p. 194). — (( Quand il arrive qu'un Lioû désas- treux tombe au milieu de Bœufs innombrables qui paissent dans un vaste marécage, de môme que le bouvier, ne sachant point combattre les bêtes fauves pour le salut de ses Bœufs noirs, va tantôt à un bout, tantôt à l'autre bout du troupeau, tandis que le Lion bondit au milieu des Génisses qui s'épou- vantent et en dévore une » (II. XV, 630 et suiv.,— L. p. 284). — Diomèdès saisit les deux fils du Dardanide Priamos « comme un Lion bondissant sur des Bœufs, brise le cou d'une Génisse ou d'un Taureau paissant dans les bois « (II. V, 162, — L. p. 80). En général, les personnes chargées de la surveillance des Bovi- dés étaient désignées sous les noms de [iou/c6)vOç, [iioux6>o<; àv'/;p, 56 L. MOULÉ ^oùv sTïcêo'jxoXo; àv/ip. Pour les conduire, ils avaient leurs Chiens et un bâton recourbé qu'ils lançaient sur les animaux récalci- trants, ainsi qu'il appert d'une comparaison employée parllomère, à propos du lancement du disque aux funérailles de Palroklos. « Mais quand le belliqueux Polypoitès l'eut saisi, il le lança plus loin que tous, de l'espace entier que franchit le bâton recourbé d'un bouvier (/.a>.a6po7:a ^O'jxoXoç àv'/]p), que celui-ci fait voler à travers les Vaches vagaljondes » (II. XXIII, 845, — L. p. 439). Ils se servaient aussi d'un aiguillon nommé liiouTrV;]^ (II. V, 135). V .Utilisation ou emploi des Bovidés vivants. — A) Sacrifices. — Les Bœufs étaient fréquemment immolés en l'honneur des divini- tés, soit seuls, soit associés à d'autres animaux. Ou sacrifiait tantôt des Taureaux, tantôt des Bouvillons n'ayant pas encore senti l'aiguillon (-/i/csGTai), des Bœufs indomptés (à^[j.r;TO'.), ou des Vaches stériles ((JTSipa), c'est-à-dire n'ayant pas encore mis bas. Ces dernières étaient des victimes de choix, A Poseidaôn (Neptune) on immolait fréquemment des Tau- reaux pour se le rendre favorable (Od. I, 25, — L. p. 2 ; — III, 6, — L. p. 28 ; — XI, 130, — L. p. 164 ; — XIII, 181, — L. p. 198 ; — II. XX, 403, — L. p. 377). Il en était de même pour Apollon (II. 1, 41, — L. p. 2 ; II. 316, — L. p. 15) ; pour Jupiter (Zeus-Kroniôu). Le plus souveut on sacrifiait à ce dernier un Taureau âgé de 5 ans (II. VU, 314, — L. p. 127), et les scholiastes font remarquer que c'est l'âge où les Bœufs immolés semblent plus favorables aux dieux. Aux divinités femelles on offrait plutôt des Génisses. Ainsi, à Pallas Athènè on sacrifiait de préférence des Génisses « d'un an, au front large, indomptées, et (jue nul autre n'a soumises au joug » (Od. III, 382, — L. p. 39; — II. II, 550, — L. p. 35 ; — VI, 93, — L. p. 105 ; — X, 292, - L. p. 179). On trouve dans les poèmes homériques de nombreux délails sur la façon dont ces victimes étaient sacrifiées. Au préalable, on leur dorait les cornes pour que l'offrande fût plus riche et plus agréable aux dieux, puis on répandait sur elles des graines d'Orge pilées. Cela fait on renversait en arrière le cou des vic- times et on les égorgeait (II. I, 316, — L. p. 15). Cependant dans un passage de V Odyssée (111, 440 et suiv. — L. p. 41) que nous allons reproduire, nous voyons que parfois on les frappait de la hache, avant de les égorger. LA FAUNE d'hOMKRE 57 u FA !e brave Thrasytiièdès se tenait prêt à tuer la Génisse, avec une hache Iranchante {7:ilîy.^jç) à la main, et Perseus tenait un vase (àaviov) pour recevoir le sang, Alors^ le vieux cavalier Nestor répaiulit l'eau et les Org-es, et supplia Athènè, en jetant d'abord dans le feu quelques poils arrachés de la tête. « Et, après ([u'ils eurent prié et répandu les Orges, aussitôt le noble Thrasymèdès, fils de Nestor, frappa, et il trancha d'un coup de hache les muscles du cou (7t:£>.s-/jjç S'àTvéx.o'J/ï TsvovTaç aùysvîo'jç); et les forces de la Génisse furent rompues... « Puis, relevant la Génisse qui était largement étendue, ils la soutinrent, et Peisistratos, chef des hommes, l'égorgea. Et un sang noir s'échappa de sa gorge, et le souffle abandonna ses os. Aussitôt ils la divisèrent. Les cuisses furent coupées, selon le rite et recouvertes de graisse des deux côtés. Puis, on déposa, par-dessns, les entrailles saignantes. Et le vieillard les brûlait sur du bois, faisant des libations de vin rouge. Et les jeunes hommes tenaient en mains des broches à cinq pointes. Les cuisses étant consumées, ils goûtèrent les entrailles ; puis, divisant les chairs avec soin, il les embrochèrent et les rôtirent tenant en mains les broches aiguës. » B) Charroyage. Dépiquage. — Les Bœufs, comme les Mulets^ étaient par excellence des animaux de trait. Ainsi les Akhaiens demandent une suspension de combat pour enlever les cada- vres à l'aide de leurs Bœufs et de leurs Mulets (II. VII, 332, — L. p. 127). — Les Troiens^ allant couper le bois nécessaire à l'incinération d'Hector, « attellent aux chars les Bœufs et les Mulets » (11. XXIV, 782, — L. p. 464). Mais ils étaient surtout, notamment les Taureaux, employés à tirer la charrue ; Vltiade et VOdyssée en fournissent de nom- breux exemples. « Comme deux Bœufs noirs traînent ensemble, d'un souffle égal, une lourde charrue dans une terre nouvelle, tandis que la sueur coule de la racine de leurs cornes, et que, liés à distance au même joug, ils vont dans le sillon, ouvrant du soc la terre profonde, de même les deux Aias allaient ensemble » (II. XllI, 703. — L. p. 247).— Odysseus dit à Eurymakhos : « Plût aux Dieux que j'eusse à conduire deux grands Bœufs gras, rassasiés de fourrage, et de force égale, dans un vaste champ de quatre arpents ! Tu verrais alors si je saurais tracer un profond sillon et faire obéir la glèbe à la charrue » (Od. XVIII, 371, — L. p. 284). 58 L. MOULÉ Le dépiquage des grains se faisait aussi à l'aide de Bovidés, coiniue cela se pratique encore dans certaines contrées de TEurope. « De même qu(^ deux Bœufs au large front foulent, accouplés, Torge blanche dans une aire arrondie, et que leS tiges frêles laissent échapper les graines sous les pieds des Bœufs qui mugissent ; de môuie, sous le magnanime Akhilleus, les Chevaux aux sabots massifs foulaient les cadavres et les boucliers » (II. XX, 495, — L. p. 380). C) Valeur comme monnaie. — Ou trouve dans Bomère de nombreux exemples de Bœufs employés comme monnaie, en échange de divers objets, ou donnés en présent. Eurykiéia, nourrice d'Odysseus, avait été achetée et payée du prix de vingt Bœufs (Od. 1, 429-31, — L. p. 13). Lykaôn vendu comme esclave par Akhilleus, au prix de cent Bœufs, fut racheté pour trois fois autant (11. XXI, 79. — L. p. 383) Les (Irecs homé- riques prati(|uaieut souvent l'échange des objets en nature et la valeur du Bœuf était prise pour unité. Ainsi un chaudron valait un Bœuf ; un grand trépied d'airain douze (II. XXIIl, 705, — L. p. 435). Cilaukos, dont l'esprit était troublé, « donna au Tydéide Diomèdès des ariiiès d'or du prix de cent Bœufs pour des armes d'airain du prix de neuf Bœufs » (II. VI, 235, — L, p. 109). Les Akhaiens au siège de Troie achetaient du vin « ceux-ci avec de l'airain, ceux-là avec du fer brillant; les uns avec des peaux de Bœufs, les autres avec les Bœufs eux- mêmes ,) (11. YII, 474, — L. p. 131). Les Bœufs étaient donnés en présents en maintes circons- tances. Iphidamas donna comme entrée de noce à sa fiancée, cent B^ufs (II. XI, 241 et suiv., — L. p. 196). Pour ces raisons, les Bœufs étaient, donc très recherchés. Alissi les Grecs homéri(jues qui, dans leurs guerres, n'oubliaient pas le côté pratique, s'empressaient-ils de razzier les vaincus. C'est aitisi que Nestor ramène de cbez les Elidiens, cinquante tii-oupeàux de Biaeufs, autant de Brebis, autatit de Porcs (II. XI, 675, — L. p. 208). Odysseus demande aux mânes d'Agamem- riôn : « Des hommes ennemis t'ont-ils frappé sur la terre ferme, tandis que tu enlevais leurs Bœufs et leurs beaux troUpeadx dia Brebis? » (Od. XI, 401, — L. p. 171). VI. — Utilisation dks Produits. — A) Viamle. — Nous venons de voir, dans les citations précédentes, que les Bœufs immolés en sacrifices étaient rôtis sur les charbons ardents et inangés par les assistants. Les convives, dit Pieîiron, dans tous les fés- LA FAUNE D HOMÈRE 59 tins sacrés commençaient par mang-er le cœur, le poumon, le foie des victimes, ou tout au moins y goûtaient. Après on mangeait la chair proprement dite. Ce qu'on brûlait en offrande était relativement insignifiant : des morceaux de cuisse (;j/^pîa), rarement des cuisses entières, et jatnais un ;inimal entier. Mais, en dehors des sacrifices, le BœuF entrait pour une grande part dans l'alimentation des Grecs homériques. C'est ainsi que les prétendants à la main de Pénélopeia praticpiaient de lai'ges coupes (Uins les troupeau.x de Bovidés d'Odysseus. Ils sacrifiaient indistinctement des Génisses, des Taureaux, souvent même peu de temps avant le repas auquel ces viandes étaient servies. Un dos (vcôxa Boôç) de Bœuf rôti était considéré comm«i un morceau de choix. C'est la portion qu'on présentait à la personne qu'on voulait honorer. Ménélaos offrant l'hospi- talité à Télémakhos et au fils de Nestor, leur fait servir la plus honorahle portion, le dos succulent d'un Taureau (Od. IV, Oo, — L, p. 46). Agamemnùn, pour honorer Aias, lui sert le dos entier d'un Bœuf (II. VII, 321, — L. p. 127). PiERRON pense qu'il s'agit du filet de Bœuf. Il me semble que le substantif vwtoç représente plutôt ce que nouf^ appe- lons, en terme de boucherie, l'aloyau, c'est-à-dire la partie du dos comprenant l'ilio-spinal et probablement, à cette époque reculée, aussi le filet. H va de soi que, quel que soit le robuste appétit des Grecs héroïques, une masse aussi volumineuse ijue le dos entier d'un Bœuf ne pouvait être offerte à une seule per- sonne. Ici, le tout est pris pour la partie. On ne leur présen- tait sans doute qu'une portion plus ou moins considérable, soit du filet, soit de l'ilio-spinal, avec ou sans os, soit même ces trois parties réunies sous forme d'une entrecôte plus ou moins épaisse. B) [.ait. — Il n'est nulle part mention de l'utilisation du lait de Vache, alors que celui des Brebis et des Chèvres était si souvent employé. Cela n'a pas lieu de nous étonner, car, d'après HKLDREice, l'usage du lait et du beurre de Vache n'a été intro- duit cjue depuis un petit nombre d'années dans les g-randes villes comme Athènes. C) Peaux. — Les peaux (pivoç) des Bœufs servaient <\ divers usages. Plusieurs peaux de Bovidés, placées les unes sur les autres, formaient une excellente couche (II. XI, 843, — L. p. 213 ; — X, 154 ; — Od. XX, 1 et suiv., — L. p. 305). 60 L. MOULÉ Dans y Odyssée (XXIII, 201, — L. 35*2), nous voyons Odysseus se servir d'une peau de Bœuf comme sommier ou sangle de lit. Diomèdès met « sur sa tête un casque fait d'une peau de Taureau (rauper/iv), terne et sans crinière, tel qu'en portaient les plus jeunes guerriers » (II, X, 258, — L. p. 178). Le vieux Laertès s'en servait comme jambières (,8osia<; -/.vt)- [jÛxç) pour préserver ses jambes des ronces et des épines (Od. XXIV, 228, — L. 364). Eumaios « adaptait à ses pieds des sandales qu'il taillait dans la peau d'une Vache coloriée » (Od. XIV, 24, — L. p. 207). La peau de Bœuf trouvait surtout son emploi dans la fabri- cation des boucliers, formés parfois de sept peaux de Bœufs superposées, recouvertes de lames d'airain (II. VII, 220, — L. p. 12o; — XII, 296, — L. p. 222). Cette arme défensive est plusieurs fois mentionnée dans Homère sous le nom de p.ocxypiov. Le poète, dans une comparaison, indique de quelle façon ces peaux étaient préparées. « De même qu'un homme ordonne à ses serviteurs de tendre une grande peau de Bœuf toute impré- gnée de graisse liquide, et que ceux-ci la tendent en cercle, et que, sous leurs efforts, la graisse pénètre dans la peau... » (II. XVII, 389, -L. 324). La peau servait aussi à la confection d'outrés de grandes dimensions. C'est dans une outre faite d'une peau de Bœuf de neuf ans, c'est-à-dire de forte taille, qu'Aiolos « enferma le souffle des vents tempétueux » (Od. X, 19, — L. p. 143). Elle était aussi utilisée comme cordage dans la marine. « Le màt avait été rompu à la base, mais une courroie de peau de Bœuf y était restée attachée » (Od. XII, 422, — L. p. 191). D'autres parties étaient encore utilisées. La corde de l'arc de Pandaros était un tendon de Bœuf (veopa pcsioc) (II. IV, 122, — L. p. 62). La corne du Bœuf, ou plutôt des morceaux de corne, servaient à tendre le fil dans la pêche à fond et l'empêchaient d'être entraîné par les flots (voy. n° 16). Le fumier devait être utilisé au fumage des champs. Dans un passage de V Odyssée (XVII, 296, — L. p. 262), Argos, le chien d'Odysseus, est couché « sur l'amas de fumier de Mulets et de Bœufs qui était devant les portes, et y restait jusqu'à ce que les serviteurs d'Odysseus l'eussent emporté pour engrais- ser son grand verger ». LA FAUNE d'hoMÈRE (Jl Septième ordre, — Jumentés Famille des Équidés. 61. — 6 "lîtîroç. I. — Dénominations. — Épithètes. — X), ■'/] ï-ttg; est la forme la plus commune pour désiguer le Clievai uiàle ou feuielle ; àpicrToç, le plus beau. MsytGTo;, le plus fort, le plus grand. 'Eg0}.6?, habile, courageux. Il'/iyôç, bien nourri, et, par extension, fort. 'lSp6(ov, suant (II. VIII, 543). II. Extérieur. — A) Robes. — « La constatation de l'existence des quatre sortes de robes, blanches, noires, rouges et jaunes, chez les Chevaux des temps héroïques de la Grèce et de l'Asie Mineure, suffit pour indiquer qu'on rencontrait déjà chez eux une aussi grande variété de robe que chez nos Chevaux actuels » (1). 1° Robe blanche. — L'existence des ('hevaux à robe blanche est prouvée par plusieurs exemples. Les Chevaux de Rhésos, roi des Thrékiens, dont s'emparent Odysseus et Diomèdès, « étaient plus blancs que la neige (T^su/.OTspot /lovoç), et sem- blables aux vents quand ils courent » (II. X, 437, — L. p. 183), Nestor les compare aux rayons du Soleil (âoi,-/,6T£ç T,£Aioto) (11. X, 547, — L. p. 187), ce qui signifie probablement que leur robe était éblouissante de blancheur, (1) Piètrement, p. 266. LA FAUNE d'hOMÈRE 63 La robe blanche est encore démontrée, ajoute Piétremknt, par la mention des ancêtres aux blancs coursiers du Thessalien Jason, chef de Texpédition des Argonautes (I) ; et enfin par les noms pro[)res de Leucippe, atlr-ibués à diverses personnes de sexe difféîent, et dont on retrouve plusieurs exemples dans Homère. Leucippe (As'jx.i7û7wOç), dérivé de Xsux.ôç, blanc, et ïtctco^, cheval, signifie monté sur un Cheval blanc, ou attelé de Chevaux blancs, ou possesseur de un ou plusieurs Chevaux blancs, 2° Robe noire. — Nous ne trouvons aucune indication pré- cise de Chevaux à robe noire dans les textes grecs. Mais, d'après Piètrement, l'existence de cette robe ne peut être mise en doute. Elle est caractérisée par le nom propre Mélanippe, attribué à plusieurs personnages. Mélanippe (MsXocvtTCTCOç), de [j.sXaç, noir, et ÏTTTToç, Cheval, qui a des Chevaux noirs ; ce qui, comme le fait judicieusement remarquer Piètrement, n'implique pas du tout que les porteuis de ces noms possédaient un ou plusieurs Chevaux noirs, pas plus que les noms propres Morel, Moreau, ne signifient que les personnes ainsi dénommées doivent avoir forcément des cheveux noirs ou être de couleur noire ou foncée. 3° Robe jaune. — Il n'est fait nullement mejition de cette robe dans Homère ; mais elle était connue bien certainement à cette époque. La preuve nous en est fournie par les noms pro- pre^ de Chrysippe (XpuciTJTCo;), possesseurs d'un ou plusieurs Chevaux jaunes, dont parlent Pausanias et Thucydide. Il s'agit probablement ici de Chevaux fauves ou isabellcs. 'A^ Robe rouge. — Plusieurs épithètes ont été employées pour désigner les nuances rouges des robes des Chevaux, expres- sions probablement basées sur le plus ou moins d'intensité du coloris. Ec/.v06;, qui signifie jaune, d'un blond foncé ou d'un jaune rougeâtre, couleur d'or ou de feu, était le nom d'un des chevaux d'Akhilleus et d'Hector. Il pouvait signifier que ces deux Che- vaux étaient de couleur rouge, tout comme chez nous le Noir ou le Gris servent à dénommer des animaux de couleur noire ou grise. Toutefois ce nom pouvait être attribué à des Chevaux à allures rapides, bondissauts_, par comparaison avec le cours torrentueux du Xanthos ou Scamandros, rivière de la Troade, qui devait son nom à la couleur jaunâtre de ses eaux, ou, (1) PiNDARE, IV* Pythique, vers 117. 64 L. MOULÉ selon quelques écrivains, à la propriété quelles avaient de teindre en roux la laine des Brebis qui en buvaient. 11 est probable que cette expression devait se rapporter au roug"e clair ou au roux fauve. C'était la couleur des cent cinquante Juments (ïtïttoui; ^avOàç) ravies par Nestor à l'Eléen Ityoménée (11. XI, 680, — L. p. 208). <ï>oïvi^. — Ce mot, qu'on traduit par rouge, pourpre, a été employé pour dépeindre la couleur d'un des Chevaux attelés au char de Dionièdès « dont toute la robe était rouge (ooîvi^), et qui avait au front un signe blanc (Xsuzov (7'^|j/), rond comme Torbe de Sélénè » (11. XXlll, 454 et suiv., — L. p. 428). Ce serait le rouge cerise ou acajou, car le substantif çoïviE, de même que l'adjectif latin phœniceus , qui en dérive, « désigne le rouge le plus brillant et le plus vif, tel que celui qui éclate sur les fruits du Palmier avant leur complète maturité » (l). AÎ6ÔÇ. Enfin a-.Goç qu'on peut traduire par ardent, et au figuré, rouge comme le feu, brillant comme le feu, et, par extension, brûlé, noirâtre, pourrait se rapporter à notre brun. AiOcov était le nom d'un des Chevaux d'Hf^ctor (II. YllI, 185, — L. p. 138). Ce nom était aussi porté par Tun des Chevaux du Soleil dans la mythologie grecque. La jument AïOv) appartenait à Aga- memnon (11. XXllI, 295, — L. p. 423). Des confusions regret- tables existent parmi les traducteurs sur la valeur de ce mot. GiGUET l'a traduit par superbe; Pessonneaux, par bouillant; Leprévost, par noir ; et le traducteur latin de l'édition Didot p-AV rutiliis, qui, selon Piètrement, serait le véritable sens, c'est- à-dire rouge. Les chevaux (ïtctïoi a'îOcovsç) d'Asios Hyrtakide (11, Xll, 96, — L. p. 217), étaient donc de couleur rouge. Ces trois variétés de rouge pouvaient également s'appliquer aux Chevaux bais ou alezans. Elles pouvaient même désigner l'un et l'autre « car il est douteux, dit Piètrement, que les anciens Grecs aient distingué, comme nous, les Chevaux de nuances rouges d'après la couleur de leurs crins et de leurs extrémités; rien n'indique du moins qu'ils l'aient fait » (p. 264). Cependant certaines épithètes relatives à la crinière permet- traient d'admettre que cette différenciation était déjà connue. Ainsi les coursiers à la blonde crinière (^ocv6à xâpviva) d'Akil- leus (II. IX, 407, — L. p. 161) sont incontestablement des Chevaux alezans. Doit-on voir aussi des alezans, dans les Chevaux aux crinières d'or mentionnés dans les passages sui- (1) Aulu-Gelle, Nuits attiques, II, 26. LA FAUNE d'hOMÈRE 65 vants? — Chevaux de Poseidaôn (Neptune) « dont les pieds étaient d'airain et les crinières d'or (^(^p'jaETiciv sOsîgy.g-.v) » (II. XIII, 21, — L. p. 229] ; — deZeus « aux pieds d'airain, rapides, ayant pour crinières des chevelures d'or » (II. VIII, 42, — L. p. 134). Mais ce sont des Chevaux mythiques, les montures des dieux, appartenant au domaine de la fiction. L'Etalon à la noire crinière (/tuavo/xiTYi), dont Borée piit la forme pour féconder les juments d'Rrichtonios (II. XX, 224) ; le Cheval Arion, aux crins noirs (/.'j7-vo/aÎTr,)(l), sont hien cer- tainement des Chevaux bais. Les particularités relatives à la robe sont malheureusement peu nombreuses, nous n'en pouvons signaler que trois. Un des Chevaux d'Akhilleus s'appelait BaXto; (II. XVI, 149) que les uns traduisent par impétueux, rapide, et d'autres par moucheté, tacheté, particularité qui pourrait convenir aux Chevaux de robe blanche. Un des Chevaux attelés au char de Diomédès, aux courses qui suivirent les funérailles de Patroklos, était de robe rouge, avec une marcjne ovalaire, blanche, au front, une pelote. (11. XXIII, 454). Il n'est pas fait mention de balzanes dans l'antiquité grecque ; mais nous savons qu'un des Chevaux d'Hector et de Ménélaos s'appelait Podargos (II. XXIII, 295, — L. p. 423). Or nôSapyoç peut se traduire par « qui a les pieds blancs », et par agile ; c'est sous ce dernier sens qu'il est le plus employé dans les œuvres homériques. Enfin pour terminer nous pouvons signaler l'importance que les anciens Grecs attachaient à la crinière de leurs Chevaux. Plusieurs épithètes en font mention. EjOp-.;, x.aA>;i6pt;, signifient qui a une belle crinière. Le passage suivant montre quel soin ils en prenaient. ••- Ils (les Chevaux d'Akhilleus) ont perdu l'irrépro- chable vigueur de leur doux conducteur (Patroklos) qui baignait leurs crinières d'huile liquide, après les avoir lavées dans une eau pure ; et maintenant ils pleurent, les crinières pendantes, et ils restent immobiles et pleins de tristesse » (II. XXIII, 280 à 285, — L. p. 423). B) Noms. — Homère mentionne neuf noms de Chevaux ; dénominations basées, tantôt sur la couleur de leur robe, tantôt sur leurs qualités prédominantes (l) Hésiode. Bouclier d'Hecaklès, vers 120. Mém. Soc. Zool. de Fr., 1910. xxiii-5 66 L. MOULÉ l.AïOri, aux beaux crins, était une Jament appartenant à Agamemnôn. Elle figure dans une course de chars donnée en l'honneur des funérailles de Patroklos (11. XXIII, 295-525). Elle paraissait avoir une certaine vigueur, car Antilokhos, exhortant les Chevaux de son père, leur crie ; « Atteignez les chevaux de l'Atréide, et ne faiblissez point, de peur qu'iVithé, qui n'est qu^une Jument, vous couvre de honte » (II. XXIIl, 409, — L. p. 427). Cette Jument avait été donnée à Agamemnôn par l'Ankhisiade Ikhépôlos, afin de n'avoir pas à le suivre à llios. Nous avons vu, à propos des robes, combien multiples étaient les significations du mot a!66ç. 2. AïBcov, qui a la même sens que al'Oo, mais au masculin, était un des Chevaux d'Hector. Hector, chef des Troiens, arrêté devant le fossé creusé devant les murailles élevées par les Grecs pour protéger leur fiotte, excite ainsi les quatre coursiers attelés à son char : « Xanthos, Podargos, Ailhôn, et divin Lampos, payez-moi les soins infinis d'Andromakhè, fille du magnanime Eétiôn, qui vous présente le doux froment et vous verse du vin, quand vous le désirez, même avant moi qui me glorifie d'être son jeune époux. Hâtez-vous donc, courez ! » (II. VIII, 185, — L. p. 138). 3. Apetwv peut se traduire par vaillant^ belliqueux; c'est le Cheval d'Adrestès. A la course des chars dont nous venons de parler, Nestor le Nèlèiade encourage ainsi son fils Antilokhos, que des concurrents serrent de près : < Mais nul ne te devancera, quand même on pousserait derrière toi le divin Areiôn, ce rapide Cheval d'Adrestès, qui était de race divine, ou même les illustres Chevaux de Laomédôn qui furent nourris ici » (II. XXIII, 346, — L. p. 425). Ce Cheval était célèbre pour avoir sauvé la vie d'Adrestès, en le mettant hors de la poursuite de ses ennemis. Il serait né, d'après la tradition, de Neptune et d'Erinys. Neptune Taurait donné à Coprée, Coprée à Hercule, et Hercule à Adrestès, roi d'Argos. 4. BaXîoç. Balios et Xanthos étaient les deux Chevaux d'Akhilleus, tous deux immortels, tous deux issus de l'union du Zéphyr avec la Harpie Podargè. Automédôn, le conducteur du char d'Akhilleus,, sur l'ordre de Patroklos, " soumit au joug les Chevaux rapides Xanthos et Balios, qui, tous deux, volaient comme le vent, et que la Harpye Podargè avait conçus de LA FAUNK d'hOMÈRE 67 Zéphyros, lorsqu'elle paissait clans une prairie aux bords du fleuve Okéauos. Et Automédôn lia au delà du timon l'irrépro- chable Pédasos (prAkhilleus avait amené de la ville saccagée de Eétiôn. Et Pèdasos, bien que mortel, suivait les Chevaux immortels » (II. XVI. 149 et suiv., — L. p. 292). « Xanthos et Balios, illustres enfants de Podargè, s'écrie Akhilleus en les conduisant au combat, ramenez cette fois votre conducteur parmi les Danaens, quand nous serons rassasiés du combat, et ne l'abandonnez point mort comme Patroklos ^> (II. XIX, 400, — L, p. 364). D'après la tradition,, Neptune aurait donné Xan- thos et Balios à Pelée. Abstraction faite de toute cette fiction, nous pouvons voir, dans ces deux coursiers d'Achille, deux Chevaux très estimés pour la rapidité de leur course^ puisque le poète leur donne pour parents, ce qu'on considérait alors comme étant le plus rapide, le vent et la Harpie Podargè. BaXioç est traduit tantôt par le moucheté, le pommelé; tantôt par le rapide, ce qui, d'après ce que nous venons de dire, serait le sens le plus litté- ral (voir : rio^xpyo;). 5. Aâ[jt.7voç était un des quatre Chevaux d'Hector (voir : AïOtov). C'était aussi un des Chevaux de l'Aurore. « Elle (Athènè) retint la longue Nuit sur Thorizon et elle garda dans rOkéanos Éôs au trône d'or, et elle ne lui permit pas de mettre sous le joug ses Chevaux rapides qui portent la lumière aux hommes, Lampos et Phaélôn qui amènent Eôs » (Od. XXHI, 246, — L. p. 353). Axarroç signifie brillant, éclatant, et par extension illustre. 6. IIv;Sx(70ç, comme nous venons de le voir à propos de BûtX'.o;, était un des trois Chevaux d'Akhilleus ; mais il n'était pas d'essence divine comme les deux autres, car, blessé à l'épaule par la pique de Sarpédôn, « il hennit, tomba dans la poussière et rendit fàme » (II. XVI, 467, — L. p. 301). Ce Cheval avait été pris par Akhilleus à Eétiôn, roi de Thèbes, en Cilicie ; c'était donc un Cheval d'Asie Mineure. U.r,^xaoç vient de tttiSioj, sauter, bondir ; on pourrait donc le traduire par le sauteur. 7. <ï>a£Oo>v. Phaétôn est un des Chevaux de l'Aurore (voir : Axij.Tzoç). Ce mot signifie brillant, et, par extension, le jour. 8. rioSxpyOi; est le nom d'un des quatre Chevaux d'Hector (voir : AïOwv). C'est aussi celui du Cheval de Ménélaos, un des 68 L. MOULÉ cinq concurrents à la course aux chars donnée aux funérailles de Patroklos, Podargos était attelé avec la Jument Aithè, appar- tenant à son frère Agamemnôn (II. XXIU, 295, — L. p. 423). L'adjectif xoSâpyoç, que les lexiques traduisent par : aux pieds blaucs ou agiles, pourrait être un Cheval à balzanes. Mais Piètrement pense que Tépithèle agile doit être préférée, car Podargè est le nom donné à l'une des Harpies qui, dans Hésiode, sont des êtres aux ailes aussi rapides que le vent. C'est cette Harpie Podargè qui aurait conçu de Zéphyros, Xanthos et Balios (II. XVI, 150, — L. p. 292). A ce sujet, PiERRON fait remarquer que, dans Homère, les Harpies sont la personnification de la tempête. Or, ici, il s'agit d'une Jument, fécondée par le veut, croyance assez répandue dans l'antiquité. Xanthos et Balios auraient donc été les descendants de la Jument-tempête aux pieds rapides et de Zéphyr, le plus violent des vents décrits par Homère. 9. Sa.v06<; est un des quatre Chevaux d'Hector (voir : A'i'Ocov) 5 un des trois Chevaux d'Akhilleus (voir : BotXto; et rioSàpyoç). Pour plus de détails sur la valeur de cette expres- sion, nous renverrons au passage qui lui a été consacré dans le paragraphe relatif aux robes. III. Contrées d'élevage. — Chevaux renommés — Les peuples des temps homériques faisaient grand cas du Cheval, ainsi (jue le prouvent de nombreux passages dllomère, et les noms employés, tant en Asie Mineure qu'en Grèce, dans les- quels entre le mot lr:-o^, comme radical ou terminaison : Chry- sippe, Ilippologue, Hippodamos, Leucippe, Ménalippe, etc., etc. Presque tous ceux qui combattirent sous les murs de Troie possédaient des chars de guerre, attelés de deux, trois ou quaire Chevaux. A) Grèce continentale. — La Grèce, en général, pays mon- tagneux par excellence, était peu propice à l'élevage du Cheval, considéré alors comme un objet de luxe. Les travaux des champs, les transports se faisaient ordinairement à l'aide de Bœufs, de Mulets, les Chevaux étant réservés à des travaux plus nobles. Ils étaient le plus souvent attelés aux chars des princes ou des chefs de tribus, qui s'en servaient également dans les combats. 1° Péloponèse. -■ UA/'go/ide, (jui forme aujourd'hui avec la Corinlhie une province de la Grèce méridionale, entre le golfe LA FAUNE D HOMÈRE 69 d'Égine et de Nauplie, est dite féconde en coursiers, surtout la ville d'Argos, au pied du mont Larissa, dont les plaines sont riches en cours d'eau. Elle est le plus souvent mention- née avec l'épilhète [t.tzô^jozoç, qui nourrit des Chevaux (11. II, 287, — III, 75, — YI, lo-2, — IX. 246, — XV, 30, - XIX, 329; — Od. lY, 562, — XV. 239), Oreslès, fils d'Agamemnôn, roi de Mycènes, près d'Argos, reçut le surnom de iz'Xri^nzTzoç, qui frappe les Chevaux, et, pai' extension, qui les dompte, bon cavalier, bon écuyer (II. V, 705). Diomèdès, aussi d'Argos puis(ju'il succéda à Adrestès, roi d'Argos, est souvent désigné avec l'épithèle i7ir7ro^7.|/oç, dompteur de coursiers, habile à dompter les chevaux (11. IV. 370, — V, 781, — VllI, 194, — IX, 711). Les Danaens, probablement les Argiens, sont dits : Ta./u7rcoÂ0'., qui ont des Chevaux, des coursiers rapides (11. IV, 232, - VllI, 161,- XIV, 21). VÉlide, entre l'Achaïe et l'Arcadie, au nord du Péloponèse, à l'opposé d'Argos, sur le bord de la mer Ionienne, était aussi renommée pour ses Chevaux. Noèmôn, fils de Phronios, dit qu'il a dans la grande Élis, douze Cavales Brilzicf.i (Od. IV, 636, — L. p. 62). Nestor raconte que, dans sa jeunesse, il enleva A Ilymonée, habitant de l'Elide, de nombreux troupeaux, dont cent cinquante Cavales rouges et leurs nombreux Poulains (II. XI, 680, — L. p. 208). L'épithète d'ÏTTT^orioTOç a été aussi donnée à Elis (Od. XXI, 347). Pi/lus, de Messénie (aujourd'hui Palseo-Avarino, Palaeo- kaslro), près de l'Arcadie, était la capitale de Nestor. Cette contrée, voisine de l'Elide, devait aussi produire de bons Chevaux, car Nestor est fréquemment surnommé îtctuoto, pour ÎTTTïOTViç, couducteur de Chevaux ou de chars, bon cavalier (II. YII, 170, - YllI, 112, 151, — IX, 52, — XI, 516, 655). Parmi les cinq héros grecs qui se disputaient le prix de la course aux funérailles de Patroklos, se trouvait Antilokhos, dont les Chevaux étaient nés à Pylos (11. XXllI, 301, — L. p. 424). La Laconie. — Ménélaos, roi de Sparte ou Lacédémone, dans la Laconie, au sud du Péloponèse, était aussi un concurrent sérieux à la course des chars. Il avait attelé à son char son Cheval Podargos et la Jument Aithè, qui avait été donnée à son frère Agamemnôn par Ekhépolos, fils d'Anchise, de Sicyone, ville située au nord du Péloponèse, non loin du golfe deCoriuthe. Les environs de Lacédémone étaient évidemment propices à 70 L. MOULÉ l'élevage des Solipèdes, car c'étaient « de vastes plaines où croissent abondamment le Lotos, le Souchet et le Froment, et l'Avoine et l'Orge » (Od. IV, 603, 604, — L. p. 62). 2. Grèce septentrionale. — Phthiotide. — Pélée, roi d'une colonie de Myrmidons, fixés dans la Phthiotide (Achaie), au sud de la Thessalie, avait reçu le surnom d';.7:-riXâTa, habile cavalier (11. VII, 125, — IX, 438, — XI, 772). Les Myrmidons, sujets d'Akhilleus, fils de Pélée, sont désignés sous le nom de Myrmidons aux Chevaux rapides, ry.y'JTzoilrjf. (II. XXllI, 6, — L. p. 415). Nous avons vu qu^Akhilleus possédait trois Che- vaux renommés pour leur vitesse : Balios, Xaulhos et Pédasos, mais ces Chevaux étaient étrangers à la Grèce. Pédasos avait été ravi à Eétiôn, roi de Thèbes, en Cilicie, contrée de l'Asie Mineure. Quant aux deux autres, Pélée les avait reçus de Neptune. Or, dit Piètrement, un présent de Neptuuo, dieu de la mer, est sûrement un objet venant d'oulre-mer. 11 ne serait pas étonné qu'Homère eût voulu faire allusion aux Chevaux de la Lusitanie (ancienne division de l'Espagne) qui, comme Xanthos et Balios, étaient, selon la légende, engendrés du souffle du vent. Thessalie. — « Dis-moi, Muse, quel était le plus brave, et qui avait les meilleurs Chevaux parmi ceux qui avaient suivi les Atréides (Agamemnôn et Ménélaos). « — Les meilleurs Chevaux étaient ceux du Phèrètiade Eumè- los. Et ils étaient rapides comme les Oiseaux, du même poil, du même âge et de la même taille. Apollon à l'arc d'argent éleva et nourrit sur le mont Piérè ces Cavales qui portaient la terreur d'Ares » (11. 11, 763, — L. p. 41). Eumèlos était fils d'Admète, roi d'une contrée de Thessalie. Les Chevaux de Thessalie étaient très estimés dans l'antiquité et la cavalerie thessalienne considérée comme la meilleure de la Grèce. Locride. — Patrôklos, roi des Locriens, contrée située sur le bord du golfe de Corinthe, est plusieurs fois désigné sous le nom d'îTTTrsOç, cavalier, qui monte à Cheval ou combat à Cheval, qui monte à char ou combat à char (II. XVI, 20, 812, 843). B) Iles grecques. — Ithakè. — Les lies grecques se prêtaient peu à l'élevage du Cheval. Ainsi Télémakhos se voit dans la nécessité de refuser trois Chevaux dout voulait le gratifier Ménélaos. « Dans Ithaké il n'y a ni roules pour les chars, ni LA FAUNE d' HOMÈRE 71 prairies ; elle nourrit plutôt les Chèvres que les Chevaux et plait mieux aux premières. Aucune des lies qui s'inclinent à la mer n'est grande, ni munie de prairie, et Ithakè par dessus toutes » (Od. IV, 600 et suiv., — L. p. 62). Échinades. — Les Echinades, iles de la mer Ionienne, à l'est de Céphallénie, à l'entrée du golfe de Corinthe sont aujourd'hui, les (Airzolaires, Rien n'indique qu'elles aient possédé des Chevaux, mais nous voyons dans l'Iliade (il, 628, — L. j). 37) que « ceux qui habitaient Doulikiùn et les saintes iles Ekhiuades qui sont à l'horizon de la mer, en face de l'Elis, étaient com- mandés par Mégès Phyléide. .. fils de Phyleus, habile cavalier (ÎTTTrÔTa) )) . Actuellement, dit Heldreich, l'élevage du Cheval est très limité et ne suffit pas aux besoins du pays; on en importe de la Thessalie, de l'Asie Mineure, de Syrie et même d'Italie. Les Chevaux vraiment indigènes sont petits, à grosse tète, k robe souvent crépue, à crinière assez longue et grossière et à queue longue. Ou trouve aussi dans l'ile de Skyros une race de Poneys assez semblable à celle de Corse et des lies Shettland. Ce petit Cheval est d'un tempérament très fougueux et difficile à dompter; il serait originaire de l'Ile de Samothrace. Tous ces Chevaux sont du reste élevés en liberté et on ne peut les prendre qu'au lasso. C) Contrées voisines de la Grèce. — I. Asie Mineure. — h' Iliade fournit de précieux renseignements sur l'histoire des Chevaux en Asie Mineure. Presque tous les peuples venus au secours de Troie étaient d'origine asiatique et faisaient usage de chars de guerre. Troade. — Les plaines de la Troade étaient surtout renom- mées pour l'élevage du Cheval. Chaque fois qu'Homère parle des Troiens, il leur donne l'épithète d ÎTîxoSiy.ot, dompteurs de coursiers, habiles à dompter les coursiers (II. III. 127, 343, — IV, 80, 509, — VI, 461, — VII, 361, — VIII, 71, 110, 516, 525, — XII, 440. —XIX, 237, 318). Ilion, ancien nom de Troie, est suivie de l'épithète èoTirtoXo;, qui produit beaucoup de Chevaux (11. V, 551, — XVI, 576). IdaÇllric)^ aujourd'hui Kas-dagh, est une petite chaîne de montagnes de l'Asie Mineure (Mysie) qui s'étend de la mer de Marmara au golfe d'Adramyte, au nord de Troie. De nombreux fleuves s'en écoulent : « le Rhèsos, le Heptaporos, le Karèsos, le 7â L. MOULÉ Rhodios, le Grèoikos, l'Aisèpos, le divin Skamandros et le Simoïs » (II. XII, 18, — L. p. 215). Cette contrée, si riche en cours d'ean, devait être abondamment pourvue de pâturages et par consé- quent propre à l'élevage du Cheval. Ainéias vante ainsi à Akhilleus sa généalogie : « Zeus qui amasse les nuées engendra d'abord Dardanos, et celui-ci bâtit Dardaniè (au nord de la Messie).. . ces peuples habitant aux pieds de Tlda où abondent les sources (77oX'j-î^a.x.oç). Et Dardanos engendra le roi Erikh- thonios, qui fut le plus riche des hommes. Dans ses marécages paissaient trois mille Juments fières de leurs Poulains. Et Boréas, sous la forme d'un Cheval aux crins bleus ()tuavo/aiT7)), les aima et les couvrit comme elles paissaient, et elles fitent douze Poulines qui bondissaient dans les champs fertiles, cou- rant sur la cime des épis sans les courber. Et quand elles bon- dissaient sur le large dos de la mer, elles couraient sur la cime des écumes blanches » (II. XX, 215 et suiv., — L. p. 372). Pandaros, fils de Lykaôn, venu de Zélie, au pied du mont Ida, à l'extrémité de la Trôade, dit à Ainéias : « J'ai, dans les demeures de Lykaôn, onze beaux chars tout neufs... auprès de chacun d'eux sont deux Chevaux qui paissent l'Orge et l'Avoine » (II. V, 195, — L. p. 80). Le nom du Dardanien Panthoïde Euphorbos est suivi de l'épithète tTr-rroTÔvoç, conducteur de Chevaux ou de chars. — Hector, le plus vaillant des chefs Troiens, a reçu l'épithète d't7îTCoSà[j.oç, dont nous avons déjà indiqué la signification (11. VII, 38, — XVI, 717, — XXII, 161, 211, — XXIV. 804). Les Chevaux d'Hector étaient très renommés. C'étaient : Xanthos, Podargos, Aithôn, Lampos (Voy. ces noms). Diomèdès fait à Sthénélos l'éloge des Chevaux d 'Ainéias, dont il cherche à s'emparer. « Mais je te le dis, et souviens- toi de mes paroles : si la sage Athènè me donnait la gloire de les tuer tous deux (Pandaros et Ainéias), arrête nos Chevaux rapides, attache les rênes au char, cours aux Chevaux d'Ainéias, et pousse-les parmi les Akhaiens aux belles knèmides. Ils sont de la race de ceux que le prévoyant Zeus donna à Trôs en échange de son fils Ganymèdès, et ce sont les meilleurs Chevaux qui soient sous Eôs et Hèlios. Le roi des hommes, Ankhisès, à l'insu de Laomédôu, fit saillir des Cavales par ces Etalons, et il en eut dix rejetons. Il en retient quatre qu'il nourrit à la crèche, et il a donné ces deux-ci, rapides à la fuite, à x\inéias. Si nous les enlevons, nous remporterons une grande gloire » (II. V, 260 et suiv., — L. p. 82). — Démokoôn d'Abydos, fils LA FAU^E DHOMÈRK 73 naturel de Priâmes, était venu au secours des Troiens, avec ses Chevaux rapides (11. IV, .'iOO) Ahydos, sur l'emplacement de laquelle s'élève Bovali-Kalehsi, était située au nord de FAsie Mineure, en Mysie, sur la rive méridionale de THelles- pont. L'aspect des plaines de la Troade est tel que l'a conçu Homère. Selon Prrp.ot, la plaine de Mendérès est un vaste pâturage, légèrement marécageux, dans lequel paissent encore de nombreux troupeaux de bètes à cornes et de Chevaux. Perrot y a trouvé les plantes que les Troiens donnaient à leurs Chevaux, l'Aclie et le Lotos (Bougot). Phryqie. — Les Phrygiens sont désignés tantôt avec l'épi- thète d'iTC7ï6^a,;j.oi, dompteurs de coursiers (11. X, 431), tantôt avec celle d'aioXoTroiXot, dont les Chevaux ont le poil bigarré (11. m, 185), ou aux Chevaux rapides. Lydie. — Les Maiones, peuples de la Méonie, nom poétique de la Lydie, sont signalés, parmi les tribus venues au secours de Troie, comme combattant sur des chars t-Tûoy.opuaxai (Il X, 431). Le roi Pélops est dit tvXio^îtïttoç. qui dompte les Chevaux (II. II, 104). La Lydie était située entre la Carie et la Mysie. Paphlagouie. — Les Paphlagonieus, habitant le nord de l'Asie Mineure, le long du Pont-Euxin, avaient également des Chevaux, ou tout au moins leurs chefs étaient montés sur des chars de guerre. Pylémènos qui les conduisait fut tué par Ménélaos et Antilokhos qui s'emparèrent de son char et de ses Chevaux. Lycie, — Sarpédôn commandait les Lykiens avec Glaukos : « Us étaient venus de la lointaine Lykiè et du Xanthos plein de tourbillons » (II. II, 876, — L. p. 44) : c'est-à-dire du fond de la Lycie, contrée située au sud de TAsie Mineure, au-dessous de la Carie, sur le bord de la Méditerranée. Sarpédôn et Glau- kos étaient montés sur des chars. Thrace. — Les limites de la Thrace sont assez difficiles à déterminer, car elles sont imprécises, ayant beaucoup varié suivant les époques. Aux temps héroïques, elle comprenait des peuplades d'origine pélasgique, campées au nord de l'Asie Mineure, dans la plupart des contrées que nous venons d'énu- niérer, et. en Europe, dans la partie comprise entre le Pont- Euxin et la mer Egée. Xous ne nous occuperons que de ces dernières. La Thrace produisait de bons Chevaux dont les Thraces s'occupaient beaucoup (îtcttotcôXoi) (II. XIII, 4). 74 L. MOULÉ Leur roi Rhésos possédait de magnifiques coursiers « plus blancs que la neige et semblables aux vents quand ils courent » : ToO Bt| xaXXi'ffToui; tTnrou; toov y|5£ [xsyi'axo'jç Xeuxdxepoi ytôvoç... (II. X, ^Sô, — L. p. 183). Diomèdès et Odysseus s'en emparèrent et les ranjenèrent au camp des Grecs. Nestor s'écrie, en les voyant : « Ils sont sem- blables aux rayons de Hèlios ! » (II. X, 547, — L. p. 187). Au vers 491 du même chant, Homère leur donne l'épithète de ■/.xlliTor/iç, aux belles crinières, et, au vers 498, celle de ij.wvu^, aux sabols massifs. Péonie. — Les Paiones, habitant au nord de la Grèce, à Test de la Thrace, prirent parti contre les Hellènes dans la guerre de Troie. « Ils étaient venus de la terre lointaine d'Amy- dôn et du large Axios (aujourd'hui Vardar, en Turquie) (jui répand ses belles eaux sur la terre » (II. II, 849, — L. p. 43- 44). Ces peuplades, d'origine pélasgique, sont dites par Homère ÎTUTvoîtop'jCTYiç, qui combat du haut d'un char (II. XXI, 205). IV. HYGIÈ^K. — Il est plusieurs fois question dans l'Iliade et l'Odyssée de la façon dont les Chevaux étaient nourris. Nous pouvons en citer plusieurs exemples. Quand Télémakhos arrive au palais de Ménélaos, è Lacédé- mone, sur un char trainé par des Chevaux, le premier soin des serviteurs est de les dételer, de les attacher devant les mangeoires (y) /Ar.-/]) « en plaçant devant eux TOrge blanche et rÉpeautre mêlés ». Tràp o' l&ixlov C^'ocç, àvà Se xpï Xeuxbv £(xtçav. (Od. IV, 41, — L. p. 45). Dans les plaines de cette contrée croissaient abondamment le Lotos, le Souchet, le Froment, l'Avoine et l'Orge. . . . co evi [xàv /(oToç TToX'jç, âv oe xÛ7C£tpov TTUOOt T£ ^£ia( T£ to' EUpUCpuÈç Xpi X£tJXOV. (Od. IV, 603-604, — L. p. 61-62). Pandaros avait dans sa patrie vingt-deux Chevaux qui pais- saient l'Orge et l'Avoine, (>cpï Xeux-ov... -/.yÀ oXûpaç). (II. V, 196, — L. p. 80-81). Les Chevaux des Troiens, campés près du Xanthos, man- geaient l'Orge et l'Avoine {-/.cl Xeuxov. . . ôXûpaç) (II. VIII, 564, — L. p. 149). Le pays des Kjklopes était considéré comme propice à l'éle- LA FAUNE D HOMÈRE 75 vage du Cheval, à cause du Blé et de rOrgc (x-jpoî >tai xpiGaî) croissant en abondance_, sans culture (Od, IX, 110, — L. p, 128). Andromakhé présentait le doux Froment ([xsX'/ppovx Trupov) aux Chevaux d'Hector [U. VUI, 188, — L. p. 138). Les Chevaux du roi Rhésos, ravis par Diomédès et Odysseus, sont nourris de doux Froment {ij.'c\:n^cy. 7:upov) (II. X, o69, — L. p. 187). 1. K'jTTsipov. — C^est une espèce croissant avec le Lotos sur les bords du Skaniandros (il. XXI, 8ol) Pour Sprkngel, c'est le Cypcrus longt(s, si commun en Grèce. Billehbeck croit qu'il s'agit des Cyperus fmciis et flavescens. Quant k Euchholz, il déclare que c'est une Cypéracée, la même que celle encore actuellement désignée en Grèce sous le nom de xoxs-.poç (Bur.HHOLZ, p. 230). 2. Zc'.â. — Le "^c'.à, pour (j'y-, est indiqué deux l'ois comme croissant en abondance dans les plaines de Lacédénione. Pour EucBHOLZ, c'est le Triticum spella ; pour Sprengkl. le Triticuni zea, tandis que Billerbkck et Link supposent (ju'il s'agit du Triticum monococcon. Pour d'autres enfin c'est une Graminée quelconque. 3.Kpï. — T6 /.pf, poétique pour t) /tp'.Oy), signifie quelquefois grain, mais le plus souvent Orge, Homère lui a donné les épi- thètes de sùpui^uèç, qui croît, s'étend au loin, d'où abondant (Od. IV, 604) ; et de Xe'j/.ôç, blanc (Od. IV, 41). C'est bien la couleur que l'Orge acquiert à maturité. Les Chevaux de la Grèce actuelle sont nourris avec de l'Orge en grains et avec de la paille d'Orge séchée. 4. Acotôç. — Deux espèces de Iwtoç sont mentionnées dans Homère : le >.(i)toç des Lotophages, qui est^ sans aucun doute, le fruit du Rhamnus lotus ou Zizyphus lotus Lam., et le >.ojTO<; servant à la nourriture des Chevaux. Au siège de Troie, les Chevaux d'Akhilleus « auprès des charSj broyaient le Lotos et le Sélinos des marais « (II. II, 776, — L. p. 41). 11 croissait abondamment autour de Lacédémone (Od. IV, 603); sur les bords du Skamandros (11. XXI, 351); aux environs du mont Ida (II. XIV, 348). Dioscoride décrit deux espèces de Lotos : le Lotos cultivé, qu'il nomme rpiç-jA^ov, et le Lotos sauvage Xcorôç àyptoç, (ju'il appelle lî^-jov, croissant de préférence en Lybie. Le X(otÔç d'Homère, qu'on donnait en nourriture aux Che- vaux, était, sans aucun doute, une espèce de Trèfle : le Trifo- 76 " L. MOULÉ lium mesmnpme {Lotus argolica Liok) et le Trifolium alpestre pour EucHHOLZ ; le Trifolium fragiferum pour Lenz. Koliadès pense que c'est, du Sainfoin. D'après Kruse, le Trèfle serait très communément répandu en Grèce, notamment dans les endroits humides. Ou le nomme actuellement rpicpoXXi (Buchholz). o. 'OX'jpx. — Dans le pays de Lykaôu, les Chevaux paissent jcpïXs'jîtôv. . -/.ry.i ôyyjçixç (II. V, 196^ — L. p. 80-81), L'ôXopo. serait donc une plante tout à fait diff'érente du xpi, bien que la plupart des traducteurs les aient souvent prises l'une pour l'autre. Buchholz, après mûr examen, déclare que la différen- ciation de ces deux espèces est extrêmement difficile, sinon impossible. 6. llupoç — ('e substantif est le plus souvent accompagné des épitliètes ij.r^loj^^ jaune doré, [j.elîcppcov, (lui fait plaisir, [xsXir.^rjÇ, semblable à du miel, doux comme le miel, qui font bien ressortir sa couleur et sa bonté comme aliment. C'est le Blé ou l'Epeautre. 7. Se'Xivov. — Nous avons vu précédemment que les Che- vaux d'Akhilleus, au siège de Troie, broyaient le Lotos et le Sélinos des marais (II. II, 776). Le gH'.voç croissait aussi autour de la grotte de Kalypso (Od. V, 72). L'épiihète gXsôOpeT^TOç, nourri dans les marais, indique bien sa station. On croit que c'est VApiiwi graveolensL., Céleri, encore abondant en Grèce. 8. Oivôç. — Il s'agit ici du vin qu'Andromakhè, épouse d'Hector, donnait à ses Chevaux (II. YIII, 189. — L. 138). Evidemment ce n'était pas comme aliment, mais à titre d'exci- tant, pour redonner de la force, de la vigueur aux Chevaux fatigués. Ce serait donc une pratique analogue au doppiiig (1). Dans les pays vignobles, dit Lemz, maitites gens donnent, dans ce but, à leurs Chevaux du pain tiempé dans du vin, de même que certains cochers allemands leur présentent de la bière additionnée d'eau-de-vie (Buchholz). V. Utilisation. — i . Le Cheval de guerre. — A) Kquitation. — Il n'est qnestion que du Cheval de guerre, nullement de Chevaux montés, mais de Chevaux attelés à des chars. On ne voit en eff'et au .siège de Troie aucun combattante Cheval. Tous, lorsqu'ils ne combattaient pas à pied, étaient montés sur des (1) Le dopping est une fraude qui consiste à injecter au Cheval de course une substance excitante pour lui donner plus de vigueur et partant plus de vitesse. LA FAUNK n HOMÈRE 77 chars, ce qui du reste était l'apauag-e tles «[■raiuls et des chefs. Mais si la cavalerie n'était pas utilisée dans les combats des temps héroï(jiies, il ne s'ensuit pas que réipiitation était totale- ment inconnue à cette époque. Ainsi Odysseus, naufragé, monte sur une poutre comme sur un Cheval {ySkrfi' w; ït^ttov), qu'on dirige (Od. V, 370, — L. p. 80). Or vSkt^ç, dit Pierhon, signi- fie un Cheval de selle. Odysseus et Diomèdès, après s'être emparés des Chevaux de Rhésos, sautent dessus (ï-xcov ï-k-'ot^gî-o). pour revenir au camp des Grecs (II. X, 513, — L. p. 186). Enfin Aias est comparé à « un habile cavalier qui, ayant mis ensemble quatre Chevaux très agiles, les pousse vers une grande ville, sur le chemin public, et que les hommes et les femmes admirent, tandis qu'il saule dé l'un à l'autre, et qu'ils courent toujours. . . » (II. XV, 679-684, — L. p. 285). L'épithète î-nrro^aaoç. dompteur de Chevaux, n'implique pas que ceux auxquels elle s'appliquait, montaient A Cheval, car elle pouvait convenir aux dresseurs de Chevaux destinés à être attelés aux chars de guerre. Celles d'irrro/copucTri;, d'I-Tcsuç, d'iTTTiroT'^ç peuvent être utilisées aussi bien pour les cavaliers que pour ceux (|ui dirigeaient des chars, car le radical itctwo; est souvent employé dans la poésie pour désigner un char de guerre, ce ijui précisément est le cas dans Homère. B. Attelarje, Harnachement. — Les Chevaux étaient le plus souvent attelés par deux aux chars, placés de chaque côté du timon. On donnait à ces deux Chevaux ainsi accouplés le nom d'IzTiroi Si^'jyEç. Ils étaient soumis au joug (^uyoç) comme les Bœufs. Ce joug, excavé, de chaque côté, de façon à s'emboiter au cou de l'animal, qui tirait par le poitrail et les épaules, était fixé au cou par des courroies. Il faisait corps avec l'extrémité du timon au moyen d'une excavation médiane (ôaoaAÔ;), dans laquelle on introduisait une cheville ; puis ou le maintenait en place au moyen de lanières, dites liens de joug (^'jyoSsTv.ov). Un mors, plus ou moins ornementé, et des rênes passant dans des anneaux fixés sur le joug, complétaient l'attelage. Quelquefois on ajoutait un Cheval de volée (TTscp-^opo;;) attaché à un des Chevaux du timon, au timon même, ou suivant Pierron, aux bouts saillants de l'essieu (II. XXIII. 603). Il était destiné à remplacer immédiatement un des Chevaux blessé ou tué. Cela n'allait pas sans quelque inconvénient. Ainsi dans la lutte, le cheval de volée Pédasos est tué « et ses compagnons se cabré- 78 L. MOULÉ rent, et le joug cria, et les rênes fureut eûtremêlées. Mais le brave Aulomédôn mit fin à ce trouble. Il se leva, et, tirant la long-ue épée qui pendait sur sa cuisse robuste, il trancha les traits qui étaient au-delà du timon. Et les deux autres Chevaux, se remettant au joug, obéirent aux rênes, et les deux guerriers continuèrent le combat lamentable. » (II. XVI, 465 et suiv., — L. p. 301). Homère mentionne à trois places des chars attelés de quatre Chevaux (TSTpàopoO ; mais c'était une rareté (II. VIII, 185, — Od. XIII, 81). Enfin disons pour terminer que l'emploi des chars était aussi utilisé dans la pratique civile pour les voyages, les visites des grands, ainsi que dans les courses de chevaux attelés, dont Homère donne une fidèle description dans l'Iliade (ch. XXIII). Un fouet de cuir [fjAafiln servait à activer la course de ces Chevaux (II. XIII, 25, — Od. XIII, 82). C) Bapt de Chevaux dans les combats. — S'emparer des Chevaux ou d'un char de guerre,, après avoir tué l'écuyer, était le plus bel exploit, le plus beau fait d'armes. Aussi Grecs et Troiens ne s'en faisaient pas faute, Diomèdès, après avoir tué Ekhémôn et Khromios, montés sur un même char « les dépouilla de leurs armes et remit leurs Chevaux à ses compagnons pour être conduits aux nefs » (II. V, 160, — L. p. IG-H^O). ■■■ Auparavant, il avait déjà culbuté à\m même char les Troiens Phygeus et Idaios, et s'était emparé de leurs Chevaux, « qu'il remit à ses compagnons pour être conduits aux nefs creuses » (II. V, 25, — L. p. 76). Le fils de Kapaneus, sur l'ordre de Diomèdès, « se précipita vers les Chevaux aux longues crinières d'Ainéias. . . et les remit à son cher compagnon Deipylos... afin que celui-ci les conduisît aux nefs creuses » (II, V, 320, — L. p. 84). Nous avons vu Diomèdès et Odysseus pénétrer dans le camp des Thraces, pendant la nuit, s'emparer des Chevaux de leur roi Rhésos, et les conduire au camp des Grecs (II. X, 485 et suiv., — L. p. 185). Antilokhos tue ses adversaires et entraîne leurs Chevaux du côté des Akhaiens (II. XIII, 400, — L. p. 239). Les héros grecs et troiens prenaient un soin extrême à éviter ce rapt. Au plus fort de la mêlée, ils laissaient leur char en arrière sous la garde des conducteurs, et combattaient à pied. LA FAUNK D'hOMÈRK 79 Ces exemples, qu'où pourrait multiplier, montrent A quel point les Chevaux étaient considérés comme de bonne prise. D) Divers. — Les Chevaux étaient rarement offerts en sacri- fice. Homère en signale de rares exemples. « Il ne vous sau- vera point, (dit Akhilleus, en s'adressant aux Troiens), le fleuve au beau cours (Skamandros), aux tourbillons d'arg-ent, à qui vous sacrifiez tant de Taureaux et tant de Chevaux vivants que vous jetez dans ses tourbillons » (II. XXI, 132, — L. p. 385). Aux funérailles de Patroklos, Akhilleus « jeta sur le bûcher quatre Chevaux aux beaux cous » (II. XXIII_, 171, — L. p. 420). Les Chevaux étaient fréquemment donnés en présents, en cadeaux. Ag-amemnôn, pour apaiser la colère d'Akhilleus, lui promet « douze Chevaux robustes qui ont toujours remporté les premiers prix par la rapidité de leur course ■» (11. IX, 123, — L. p. 154). Hector promet eu récompense à celui qui ira espionner le camp des Grecs « un char et deux Chevaux au beau col, les meilleurs entre tous ceux qui sont auprès des nefs rapides des Akhaiens » (II. X, 305, — L. p. 180). Enfin ils étaient souvent le prix de la course. La crinière et la queue du Cheval ornaient le casque des combattants de marque. Hector tend les mains vers son fils, mais l'enfant se rejette en arrière « épouvanté à l'aspect de son père bien-aimé, et de l'airain et de la queue de Cheval ({r-iT'.oyaiTrjv) (jui s'agitait terriblement sur le cône du casque » (II. VI, 469, — L. p. 1 15). Mégès frappe « de sou épée le cône du casque d'airain à crinière de Cheval (îtvtcoSxcsitiç), et l'ai- grette rompue tomba dans la poussière, ayant été teinte récem- ment d'une couleur de pourpre » (II. XV, 535, — L. p. 281). Aias Télamônien « frappa le cône du casque (d'Akamas) à l'épaisse crinière de Cheval (ï-TroSxdsÎYi?) (II. VI, 9, — L. p. 102). 62. — ô "Ovoç. ?s^ous ne trouvons qu'une seule indication sur l'Ane, c'est dans la comparaison suivante. « De même un Ane têtu (ovoç... vw^v).;) entre dans un champ, ma:lgré les efforts des enfants qui brisent leurs bâtons sur son dos. Il continue à paître la moisson, sans se soucier des faibles coups qui l'atteignent, et se retire à grand'peine quand il est rassasié. Ainsi les magnanimes Troiens et leurs alliés frappaient de leurs lances Aias, le grand fils de Télamôn. Ils frappaient son bouclier, et le poursuivaient ; mais Aias, reprenant parfois ses forces impétueuses, se retournait et 80 L. MOULÉ repoussait les phalanges des cavaliers Troiens ; puis, il reculait (le nouveau, les empêchant ainsi de se précipiter tous à la fois vers les nefs rapides » (II. XI, 558 à 568, — L. p. 205). Les commentateurs allemands, désirant réhabiliter l'Ane d'Orient, sons prétexte qu'il est plus noble, plus actif, plus courageux que le nôtre, s'efforcent de trouver un autre sens à vwOtjç qui signifie lourd, paresseux, et qu'on peut traduire également par têtu. Ils admettent que cette dernière significa- tion est un signe de mépris qui ne peut s'appliquer à Aias, dont la valeur est bien connue. Mais il n'est nullement question dans la pensée d'Homère, d'émettre un doute sur le courage d'Aias. Bien au contraire, il le présente, dans le passage pré- cédent, faisant face avec flegme aux non)breux Troiens qui l'assaillent de toutes parts, ne reculant pas devant leurs coups, comme un Ane, paissant dans un champ, reste insensible aux coups des enfants qui veulent l'en déloger, et continue fleg- matiquement son repas. Nous pouvons constater une fois de plus le talent du poète qui, ayant à dépeindre un Ane, le caractérise d'un mot, par un de ses défauts les plus connus, l'entêtement. L^Ane servait à l'industrie mulassière, comme nous allons le voir dans le paragraphe suivant. Il est très commun actuellement en Morée. 63. — 'Hiiiovoç, Otrpeirç. Deux substantifs sont utilisés pour désigner le Mulet, /laiovot; et o'jps'j;. 1° L'expression 7)aiovo; est la plus employée, suivie ou pré- cédée des épithètes suivantes : KpaTspwvu^, à la corne forte, solide, massive (Od. VI, 253). 'EvTSGispyoç, qui travaille à l'aide d'un harnais (II. XXIV, 277). TaXaspyÔ!;, laborieux, courageux, infatigable (II. XXIIl, G54). ASaTiTo;, indompté, non encore soumis au joug(ll. XXIIl, G55). Le Mulet, sous le nom d'/iv-iovoç, est signalé dans plusieurs contrées de la Grèce antique. Ile d'ildklté. — Le Chien d'Odysseus est étendu sur un amas de fumier de Mulets et de Bœufs (-/}p.'.6v(ov ts ^oàjv) (Od. XVII, 298, - L. p. 262). Élide. — Noémôn avait dans la grande Elis, douze Cavales et de patientes Mules encore indomptées (StôSs/ca Or.Xstat, ùtïtô S'r/ixtovoi Tx^aspyoi... àSjy/oTsç (Od. IV, 635, — L. p. 62). LA FAUNE D HOMÈRE 81 Lacedémone. — Iphitos de Lacédémone était à la recherche de « douze Cavales qu'il avait perdues et autant de Mules patientes » (Od. XXI, 23, — L. p. 319). Ile de Corcyre (Coifou). — Dans le chant VI de VOdyssée, il est fréquemment question des Mules de Nausicaa, fille d'Alcinoos, roi des Phéaciens. Mysie. — Priâmes, allant chercher, dans le camp des Grecs, le corps de son fils Hector, attelle à son char des Mules que les Mysiens lui avaient données (II. XXIV, 268. — L. p. 449). Paphlcujonie. — Homère dit que les Paphlagoniens étaient du pays des Enètes, où naissent les Mules sauvages (r/f7.i6v(ov ysvo; aypOT£p7.o)v) (H. II, 851, 852). La Mysie était voisine de la Paphlagonie, et le chemin pour aller chez les Paphlagoniens passait par la Mysie. Hehn (p. 132) dit que le Mulet provient de l'Asie Mineure pontique, et à la vérité, comme le dit fort bien Homère, du pays des Enètes. Mysiens et Paphlagoniens n'habitaient pas loin les uns des autres. Comme aliment Homère signale l'Agrostis, doux comme le miel (àypcoGTtv \}.€K\:t^ia) que les Mules de Nausicaa paissent sur le bord de Teau (Od. VI, 90, — L. p. 88). D'après Biller- BECK, ce serait le Panicum dactylon L. — Netolicka pense qu'il s'ag'it du Triticum repens, Chiendent, qui croît en abondance dans les terrains humides. Le Mulet servait surtout comme bête de somme. C'est avec des Bœufs et des Mulets ([iouc'. x.ai 7)j7.t6votciv) que les Troiens, après le combat, enlevaient leurs morts (11. VII, 333, — L. p. 127). C'est avec un char attelé de Mulets ((^uyov r,[Ai6vsiov), que Priamos va chercher le corps de son fils Hector (II. XXIV, 268, — L. p. 449). G''est sur un char traîné par des Mules que Nausicaa se rend au fleuve pour laver ses vêtements (Od. VI, 37, 82, 88, 253, 317 et suiv., — L. p. 86 et suiv., etc.). C'est avec des chars attelés de Bœufs et de Mulets, que les Troiens vont chercher du bois pour brûler le corps d'Hector (II. XXIV, 782, — L. p. 464). L'attelage de Mulets se nommait àjxaCa ■hu.ioviin (II. XXIV, 189). Ils étaient aussi utilisés à traîner des fardeaux. Mérionès et Ménélaos, emportant hors de la mêlée le cadavre de Patroklos, sont comparés à des « Mulets vigoureux qui, se hâtant, malgré le travail et la sueur, traînent par l'âpre chemin d'une montagne, soit une poutre, soit un mât » (II. XVII, 742, — L. p. 333). Mém. Soc. Zool. de Fr., 1910. xxiii — 6 82 L. MOULÉ Ils servaient aussi aux labours et pour ce travail étaient plus estimés que les Bœufs. Dôloa fuyant devant Diomèdès et Odys- seus s'éloigne de la lougueur « d'un sillon que tracent deux Mules, qui valent mieux que les Bœufs pour tracer un sillon dans une terre dure » (II. X, 352, — L. p. 181). l-'fj[Ji.tovoç est bien un Mulet, ainsi que cela semble clairement ressortir du passage suivant. Parmi les prix offerts aux vain- queurs des jeux qui suivirent les funérailles de Patroklos, figure, comme deuxième prix, une Jument de six ans, indomp- tée, et pleine d'uu Mulet. àxàp au Tw osurépo) 'tTTTrov 'ÉOvixev £;£TS à8[x-/ÎT7)V, Ppécpoç •î][Jt.t'ûvov xuÉouffav. (II. XXIII, 265, 266,— L. p. 423). Il s'agit dans ces vers d'une Jument fécondée par un animal d'une autre espèce, car elle porte dans la matrice, non pas un Poulain^ mais un fœfus de Mulet. Ce produit ne peut donc être THémione, comme certains l'ont supposé, à cause de la similitude du nom, et parce que, dans un vers de l'Iliade (II, 852, — L. p. 44), le substantif vîp.iovoç est suivi de l'épitlièLe àypoTspoç, que certains traduisent par sauvage. Mais cet adjectif n'a pas le sens exclusif de sauvage, il peut également se traduire par qui vit dans les champs, c'est- à-dire élevé dans les champs. D'après Kœrner, cette épithète ne désignerait pas un ani- mal sauvage, mais un animal indompté, c'est-à-dire non encore soumis au joug. Toutefois ce passage a soulevé de nombreuses polémiques. Les uns, comme les Alexandrins, Strabon. voient dans les Mulets du pays des Enètes, des Mules farouches, d'un dressage difficile. D'autres (Ghosbans, Netolicka, Pierron, Piètrement) prétendent qu'il s'agit ici d'Hémiones {Equiis hemio- nus). 2. — Oùps'jç parait être le synonyme d''y)j;.i6vo(;, car dans Vlliade, chant XXIV, ces deux mots sont employés indifférem- ment pour désigner le même animal. Ainsi au vers 277, quand Priamos s'apprête à aller chercher le corps de son fils Hector, il met au joug des Mules aux sabots solides (7)fxt6vouç KpaTspc!)- vujç^aç). De retour, ramenant le cadavre (vers 716), il dit à ses sujets venus au-devant de lui : « retirez-vous, afin que je passe avec les Mulets » (oùpjucn)- Dans le chant XXIII, même synonymie. Mérionès va avec ses guerriers chercher sur le mont Ida du bois pour le bûcher LA FAUNE D HOMÈRE 83 de Patroklos. Le roi Ag-amemiiôn presse les hommes et les Mulets (oùp'Tioci;) de sortir des tentes et d'amener le bois (vers 111). Et les Mulets (oùpT^sç) marchent devant eux (vers 115). «Et. fran- chissant les pentes et les rudes montées et les précipices, ils arrivèrent aux sommets de l'Ida où abondent les sources. Et aussitôt, de leurs haches pesantes, ils abattirent les Chênes feuillus qui tombaient è grand bruit. Et les Akhaiens y atte- laient les Mulets (Yitj.'.ovwv) qui dévoraient la terre de leurs pieds, se hâtant d'emporter vers le camp leur charge à travers les broussailles épaisses» (II. XXIII, 121, — L. p. 418). Lors de l'épidémie qui éclata dans le camp des Grecs, où tous, hommes et animaux, furent frappés, les premiers atteints furent les Mulets (oùpTiacç) et les Chiens (II. I, 50^ L. p. 3). Le mot oùpeuç pour ôpsoç, employé primitivement comme adjectif, avec la signification de montagnard, a bien pu tout d'abord être l'épithète d'7][7-'.6vo^, puis petit à petit prendre la forme substantive et devenir le Mulet. Nous en avons un exemple dans l'adjectif tttwç, timide, peureux, craintif, qui d'épithêle du Lièvre, s'est petit à petit substitué au mot Xaycooç, pour désigner cet animal. Le Mulet est actuellement en Grèce un des animaux les plus précieux servant à la selle et aux transports. Il est indispen- sable dans un pays montagneux par excellence. On en élève d'assez renommés à Naxos, à Skyros, en Laconie, à Zante, en Acarnanie. Mais leur nombre n'est pas suffisant pour les besoins. On en fait venir de la Thessalie, des îles de lArchipel, de la Candie, de l'Asie Mineure. On les désigne sous le nom de [y.ouXâpi (Heldreich). Neuvième ordre. — Proboscidiens. 64. — 6 'E^ié^aç. On peut citer l'Eléphant comme faisant partie de la faune homérique, bien qu'il ne soit nullement décrit dans les œuvres d'Homère. Mais, si les Grecs de cette époque n'avaient pas connaissance de l'Eléphant, en tant qu'animal, du moins se servaient-ils de l'ivoire de ses défenses, dans leurs diverses manifestations de Tart et de l'ornementation. Nombreux en sont les exemples. La demeure de Ménélaos était rehaussée d'ornements d'ai- rain, d'or, d'émail, d'argent et d'ivoire (Od. IV, 71, — L. p. 84. L. MOULÉ 46). Le trône de Pénélopeia était incrusté d'ivoire et d'argent (^ÉtpavTi xoti àpyopco) (Od. XIX, 56, — L. p. 289) Le lit d'Odys- seus portait des incrustations d'or, d'argent et d'ivoire (Od . XXllI, 200, - L. p. 332). Euryalos donne à Odysseus une épée d'airain, dont la poig-née est d'argent et la gaine d'ivoire (âXscpocvTOç) récemment travaillé (Od. VIII, 404, - L. p. 119). La clef avec laquelle Pénélopeia ouvre la chambre renfermant les trésors d'Odysseus est une clef d'airain à poignée d'ivoire (Od. XXI, 7, — L. p. 318). Mydôn conduisait les Chevaux, attelés à son char de guerre, avec des rênes incrustées d'ivoire {■hvioL Xeux' iXéçavTi) (H. V, 583, — L. p. 92). Le mot skéd^oiç, employé dans ces diverses citations, servait aussi comme terme de comparaison. Ainsi le sang, coulant de la blessure de Ménélaos, est comparé à de l'ivoire teint de pourpre. « Comme une femme maionieune ou karienne teint de pourpre l'ivoire destiné à orner le mors des Chevaux, et qu'elle garde dans sa demeure, et que tous les cavaliers dési- rent, car il est l'ornement d'un roi, la parure du Cheval et l'orgueil du cavalier » (11. iV, 141 et siiiv., — L. p. 63). La déesse Athèné pour rendre la beauté à Pénélopeia, la fit paraître plus grande, plus majestueuse, et lui donna un ton plus blanc que l'ivoire récemment travaillé (Od. XVIII, 196, — L. p. 279). Pénélopeia dit en s'adressant à son époux, Odys- seus, qu'elle n'a pas reconnu, que les songes sortent par deux portes; l'une de corne et l'autre d'ivoire. Ceux qui sortent de l'ivoire bien travaillé sont trompeurs et ne s'accomphssent pas (Od. XIX, 563, — L. p. 303). Thkil pense que l'ivoire, qui par son éclat semblerait faire espérer de la lumière, trompe cette attente par Topacité de sa substance. Dixième ordre. — Rongeurs. 65. — 6 AciYMÔç. Aaywoç, terme poétique pour Xocywç, désigne le Lièvre qui prend parfois le nom de -tw^ (de tttwggco se blottir, se tapir de peur) signifiant timide, peureux, craintif (II. XXII, 308). C'est bien là la caractéristique propre du Lièvre qui, dans Homère, est le symbole de la couardise. Dolon, fuyant pour échapper à Diomèdès et à Odysseus, est comparé à un Lièvre poursuivi de près par des Chiens de chasse .< qui les devance en criant (asar;/.^?) » (H- X, 362, — L. p. 181). Msa-ox-o); LA FAUNE d'hOMÈRE 85 viendrait du verbe a7]/.xo|/a'., bêler, pousser un cri semblable au bêlement. Homère connaissait donc bien cette particularité du Lièvre, ce glapisseuient, ce piaulement bien connu de tous les chasseurs, poussé sous l'influence de la peur. Il avait pour échapper à ses ennemis divers procédés ; tantôt il recourait à la fuite, et dans ce cas il est désigné comme un animal aux pieds rapides (tto^xç toc/o;) ; tantôt il se gitait sous un arbuste feuillu, surtout pour échapper au regard perçant de l'Aigle qui le découvrait quand même (II. XVII, 676, — L. p. 331). Une citation (Od. XVII, 295, — L. p. •262) à propos du (^hien d'Odysseus qui, dans sa jeunesse, chassait les Chèvres sauvages, les Cerfs et les Lièvres, nous montre, en plus des précédentes, que les Grecs homériques se livraient à la chasse de cet animal, encore très répandu en Asie Mineure. Désigné encore aujourd'hui sous le nom de Xy-ywôç, le Lièvre est très fréquent en Grèce. Onzième ordre. — Pinnipèdes. 66. — il «PwKii. •I^wx-Y) est bien l'origine du mot Phoque, dont Homère a voulu parler dans les passages suivants : « Quand Hèlios (le soleil) atteint le milieu de l'Ouranos (c'est-à-dire à midi), alors le véridique vieillard marin sort de la mer.... Etant sorti, il s'endort sous les grottes creuses. Autour de lui, les Phoques sans pieds (vétto^sç) de la belle Halosydnè, sortant aussi de \a blanche mer, s'endorment, innombrables, exhalant l'acre odeur de la mer profonde » (Od. IV, 404 et suiv., — L. p. 56). Lëconte de Lisle traduit vsTvo^eç par Phoque sans pieds, alors que littéralement il est employé dans les lexiques grecs pour désigner le Phoque. Les épithètes çarpîç'/);, xX'.OTpscpr,;, bien nourris, font allusion à l'embonpoint de ces animaux recouverts d'une épaisse couche de graisse. Dans VOdijssée (IV, 442, — L. p. 57), il est fait allusion à l'odeur repoussante qu'ils exhalent. Eidothée, pour qu'Odysseus et ses compagnons puissent s'emparer plus facilement de Pro- teus, les place en embuscade sur le rivage, en recouvrant chacun d'eux d'une peau de Phoque fraîche, a C'était une embuscade très dure, car l'odeur affreuse des Phoques nourris dans la mer nous affligeait cruellement ». Heureusement la déesse leur vint encore en aide, en mettant « dans les narines de chacun de nous„ Pambroisie au doux parfum qui chasse l'odeur des bêtes marines *. Enfin Homère présente ces hôtes de la mer comme capables de dévorer la chair humaine. C'est quand les nautonniers phéniciens tuent et jettent à la mer « pour être mangée par les Poissons et par les Phoques », la femme qui venait de quitter son époux, Eumaios (Od. XV, 480, — L. p. 235), Est-ce le Phoca vitidina ou le Phoca monachus ? Groshans penche pour ce dernier. Du reste Ehrard dit qu'on trouve presque exclusivement cette dernière espèce dans la Méditer- ranée. On désignerait encore aujourd'hui sous le nom de cpw/COxp'jTuai ces cavernes curieuses servant d'asile aux Phoques. Douzième ordre. — Carnivores. Famille des Ursidés. 67. — ô "ApK-coç. Il n'est fait qu'une seule fois mention de l'Ours en tant qu'animal, c'est à propos du baudrier d'Héraklès sur lequel étaient représentés des Ours, des Sangliers et des Lions (Od. XI, 609, — L. p. 177). Mais, dans V Iliade (XVIII, 487) et V Odyssée (V, 273), l'Ours (àpjcxoç), est une étoile sur laquelle Odysseus se guidait pour naviguer. C'est la Grande Ourse ou le charriot étoile, constellation de 7 étoiles, voisine du pôle nord. Elle est près de l'étoile polaire et pour les habitants de l'hémisphère boréal toujours visible. D'après une tradition récente ce serait Callistro métamorphosée en Ourse (Theil). BucHHOLZ en conclut que l'Ours n'était pas moins fréquent en Grèce et en Asie Mienure que le Sanglier et le Lion. Kœrner s'en étonne, car il pense qu'à cette époque l'Ours devait être rare dans ces contrées. S'il avait été très répandu, dit-il, le poète s'en serait plusieurs fois servi comme terme de comparaison. Ce n'est pas une raison, car nous avons vu, à propos des Oiseaux, qu'Homère n'a pas une seule fois men- tionné la Poule, dont l'élevage était cependant déjà connu. Dans les hymnes homériques (II, 401, — III, 413, 416), pubhées beaucoup plus tard, l'Ours est plusieurs fois cité avec l'épithète Xadiauj^r^v, à la nuque poilue. D'après MiJhle, VUrsus LA. FAUNE d'hOMÈRE 87 lûxtos L. (Ours brun) se trouverait encore actuellement sur l'Olympe et le Pindaros. Mais Homère a-t-il réellement parlé de l'Ours? D'après Kœrner, le passai^e où il est question de l'ap/cro; n'aurait été ajouté que beaucoup plus tard à VOdf/ssée. D'après MiiHLK, l'Oiirs existerait encore en Grèce et on en trouverait, parait-il, encore quelques-uns, peu nombreux, dans les montagnes des régions limitrophes entre la Grèce et l'Épire ou la Thessalie (Heldreich;. Famille des Mustélidés. 68. — ô Kxiç ou 'iK-ciç. Ce substantif ne nous est connu que sous sa forme adjective x.Tt^£-/;, à propos de Dôlon qui se revêt d'une peau d'un Loup blanc et met sur sa tête un casque de peau de xtiç : ytoocTt S' £7:1 'Azili-n^ x'jvsYiv (11. X, 335 et 458, — L. p. 180, 181, 184). Kt'.Sst) est pris ici pour Ijcti^st), peau de Furet ou de Belette, de même que vj>jvir, est employé pour x.uvy;^ peau de Chieu ou casque de cuir. BucHHOLZ dit qu'il est impossible qu'on puisse trouver, dans la peau d'une Belette, la matière d'un casque d'Homme. Aussi pense-t-il qu'il s'agit plutôt du Putois, animal beaucoup plus gros. L'hypothèse émise par Buchholz n'est nullement fondée. Il n'est pas prouvé que le casque de Dôlon était fait d'une seule peau d'animal, il devait entrer dans sa composition plu- sieurs peaux, de même que de nos jours les fourrures de nos élégantes peuvent se composer d'un assemblage de plusieurs peaux d'animaux de même espèce ou d'espèces différentes. D'après Aubert et Wimmer, ce serait la Fouine qui, selon Ehrakd, est très commune dans les Cyclades et en Grèce, où elle est con- nue sous le nom commun de pillarde de nids {-r.o'-'Cx) et même sous celui d'ty.Tiç. L'accord est loin d'être établi sur l'interpré- tation adonner à ce dernier substantif, et parmi les nombreuses opinions émises on a le choix entre Belette, Furet, Putois, ou Marte. En l'absence de tout caractère, il est impossible de rien préciser. Cependant Aristote. dans son Histoire des Animaux, donne plus de détails : « Le Putois ('!x.tîç) est à peu près de la gros- seur d'un des plus petits Chiens de Malte. Son pelage velu, sa forme, son ventre blanc en dessous et la méchanceté de son caractère, le rapprochent de la Belette. On l'apprivoise très aisément, mais il ravage les ruches d'Abeilles, dont il aime beaucoup le miel. Il mange aussi les Oiseaux, comme les Chats » (liv. IX, ch. vu, § 7). D'après Buffon, qui traduit Uzii; par Putois, le Chien de Malte serait de la grosseur d'un Chien bichon. Pour Pline (XXIX, 16), (^ il y a deux espèces de Belette, l'une sauvage, plus grande, nommée par les Grecs ictis l'autre, qui erre dans nos maisons. . » D'après Heldreich, \'ly.Tiç, serait la Fouine {Mmtela foina L.), assez commune en Attique, en Parnasside, dans les Cyclades, en Péloponèse. Sa fourrure est très estimée. Famille des Canidés. Gewe Caïds. 69. — 6 ©.'jxoç ; le premier ne peut donc être com- paré au Loup, comme l'ont pensé certains traducteurs. Aubert et Wimmer pensent qu'ARiSTOTE a décrit, sous le nom de 6a)ç, un Animal d'une tout autre espèce que celui d'Homère. Le ôwç d'Homère serait un Chacal, tandis que celui d'ARiSTOTE serait la Civette. Or, dit Kcerner, le Owi; des poèmes homé- riques ne peut être une Civette, car la couleur, jaune brun, rousse ou iauve (Sa(poivo<;), que le poète attribue au ôûç, ne LA FAUNE d'hOMÈRE 89 saurait convenir à la robe de la Viverra zivetta. D'un autre côté, cette dernière espèce ne se nourrit que d'Oiseaux ou de petits Mammifères, tels que la Souris, et nullement de Cerfs. MiLLiN DE Grandmaison, daus un asst'Z long article, considère le Oco^ d'ARisïOTE comme identique au Canis aureus. C/est du reste l'opinion la pins généralement admise, bien que quelques-uns aient pensé au Lynx, au Loup-cervier, A l'Hyène même. BucHHOLZ, reprenant en partie les considérations de Millin de Grandmaison, indique les motifs qui l'ont déterminé à identifier le Owç au Chacal. 1. — L'épithète ^oc^oivoç, que les uns traduisent par couleur roug("âtre, les auties par avide de sang, convient bien, sous l'une et l'autre forme, au Chacal, 2. — Le Lion prend sa proie au Chacal, que l'on a surnommé le « commissaire des vivres du Lion ». C'est aussi Topinion d'ARisTOTE qui considère le Lion et le Ocoç comme ennemis. Ce n'est pas volontairement que le Chacal abandonne sa proie au Lion, mais par peur. C'est ainsi du reste qu'Homère représente une bande de Chacals et de Loups se repaissant d'un Cerf blessé et fuyant épouvantés à l'approche d'un Lion. 3. — Le Chacal est ordinairement vorace. Or, Homère donne au Gcoç l'épithète de œfj.oçayoç, mangeur de viande crue, car- nassier. 4. — Le Chacal vit en troupes, et Homère n'emploie jamais le substantif 6cô<; (ju'au pluriel, OôJsç. 5. — Le poète nous le dépeint comme hôte des contrées montagneuses, ce qui est exact poui' le Chacal. 6. — D'après les auteurs de l'antiquité, le 6cô<; aurait beau- coup de ressemblance avec le Loup ; il en est de même du Chacal, plus petit que le Loup. 7. — D'après Aristote, le corps du Gcôç est plus aminci vers la queue. C'est une particidarité qu'on observe chez le Chacal et surtout le Chacal de Syrie. 8. — Enfin, le Chacal est très répandu en Asie Mineure, en Turquie, en Grèce et dans lile d'Eubée. D'après Opp[en {/La Chasse, 111,336), le Owç serait un bâtard du Loup et de la Panthère. D'autres naturalistes voient dans cet animal l'Once, le Jaguar... (Lkwysohn, p. 317). Le Chacal est encore assez fréquent en Attique, en Eubée, et surtout dans le Péloponèse. 11 a été aussi observé aux lies d'xAndros et de Naxos (Erhard) ; en Morée (G. Salm-Hilaire). 90 L. MOULÉ 70. — 6 AvKoç. Le Loup sert le plus souvent de terme de comparaison pour caractériser la soif de carnage dont sont possédés les combat- tants. C'est ainsi que, dans VIliade (IV^ 471, — L. p. 72), nous voyons les Troiens et les Achaiens se ruer au combat, se jeter les uns sur les autres comme des Loups. Plus loin, les Mirmi- dones sont comparés à « des Loups mangeurs de chair crue (>>'jxot tojj.oçâyoi) et pleins d'une grande force qui, dévorant un grand Cerf rameux qu'ils ont tué sur les montagnes, vont en troupe, la gueule rouge de sang et vomissant le sang, lapper de leurs langues légères les eaux de la source noire, tandis que leur ventre s'enfle et que leur cœur est toujours intrépide » (II. XVI, 156 et suiv., — L. p. 292). Cette image est frappante et caractérise bien le Loup, vorace (co|jt,o(p(xyoç), vivant en troupe (ày£>.Yi§6(;), et mangeant avec une telle gloutonnerie que son ventre enfle et que le trop plein de son estomac se déverse au dehors. Mais il est d'autres épithètes qui s'adaptent très bien au genre Liipua : tîoXioç, gris, pour désigner le pelage d'un vieux Loup (II. X, 334) ; xpaxspwvw^, aux fortes griffes (Od. X, 218) ; crivrioç, qui nuit, qui ravage, meurtrier (II. XVI, ii52) ; ôpeaTepoç, habitant la muntagne. Le Loup est donc considéré comme l'emblème de la férocité, de l'avidité. Il se repaît de Moulons et de Chèvres, dont il ravage les troupeaux, mais il n^hésite pas à s'attaquer, en bandes, à de plus grands animaux, tels que le Cerf (II. XIII, 102, — XVI, 156) Le poète présente le Loup comme un ennemi irréconciliable du Mouton. Ainsi Akhilleus répond à Hector qu'aucun pacte n'est maintenant possible entre eux. « De mêtne qu'il n'y point d'alliances entre les Lions et les Hommes, et que les Loups et les Agneaux, loin de s'accorder, se haïssent toujours ; de même il m'est impossible de ne pas te haïr » (Il XXH, 262, — L. p. 407). Plus loin Homère nous montre des Loups se dévorant entre eux. Il dépeint ainsi un combat furieux entre Troiens et Akhaiens : « et, comme des Loups, ils se jetaient les uns sur les autres, et chaque guerrier en renversait un autre » (II. IV, 471, — L. p. 72j. Sa peau était utilisée dans l'habillement des guerriers. Le Troien Dôlon, s'équipant pour aller espionner le camp des Grecs, se couvre de la peau d'un Loup gris (pivôv -koIioIo Xu/toio) (II. X, 334). LA FAUNE D HOMÈRE 91 BuCHHOLZ conclut, de tout ce que nous venons de dire, que les Loups devaient être fréquents en Asie Mineure, au temps d'Homère. Us y sont encore actuellement très communs dans les contrées montagneuses. Le Canis lupus, encore connu sous le nom de A-Jx-o;, est assez fréquent dans le nord de la Grèce jusqu'en Atticjue et en Eubée, surtout pendant les hivers rudes (Hkldreich); en Morée (Expé- dition scientifique de Morée). 71. — 6 on 11 Ktfwv. 1. Désinences, épiïhètes, naturk. — '0, tj xôcov, (",hien, Chienne. ^'/.■okoL^ est un jeune Chien. On en trouve la preuve dans le passage suivant. Le Cyclope, après avoir saisi, dans sa caverne, deux des compagnons d'Odysseus, « les écrasa contre terre comme des petits Chiens {G//AcLy.y.<;) . Et leur cervelle jaillit et coula sur la terre » (Od. IX, 289, — L. p. 133). Le Chien est caractérisé par diverses épithètes, se rapportant: les unes, à la rapidité de son allure, telles que : ra/jç, rnpide (11. I, 50, — m, 26, — XVIII, 584); /.uvéç àpyot, aux pieds agiles (Od. II, 11, — XX, 145, — XVII, 62); àpyiTrouç, qui a les pieds rapides, à la marche rapide (II. XXIV, 211) ; — les autres, à sa nature : xa.p;(^ap6Souç, aux dents aiguës, pointues (II, X, 360, - XIII, 198); àpytoSouç, aux dents blanches (II, XI, 292); wp/ocTio?, carnassier (II. XXII, 67); — d'autres, enfin, à ses aboiements répétés : OXxxôawpo;, qui aboie sans cesse (Od. XIV, 29). De nombreuses citations prouvent à quel point la domesti- cation du Chien était parfaite, en nous montrant la fidélité, la reconnaissance de ces animaux envers leurs inaitres. Ainsi Argos reconnaît au bout de vingt années son maître Odysseus qui n'était cependant pas reconnaissable sous son déguisement; il remua la queue et dressa les oreilles, mais, mouiaut, ne put quitter le fumier sur lequel il était étendu (Od. XVII, 307, — L. p. 263). A l'approche de Télémakhos, les Chiens de son porcher Eumaios n'aboient pas et remuent la queue en signe de joie (Od. XVL 4, — L. p. 239). Par contre, les Chiens se montraient féroces envers les étran- gers. Les Hommes que Kirkè avait métamorphosés en Lions, en Loups, « ne se jetaient point sur les Hommes, mais ils les approchaient en remuant leurs longues queues, couime des Chiens caressant leur maître qui se lève du repas, car il leur 9^ L. MOULÉ donne toujours quelques bons morceaux » (Od. X, 216 et suiv., — L. p. 148). Les Chiennes surtout étaient intraitables quand elles avaient des petits. Le cœur d'Odysseus « aboyait dans sa poitrine, comme une Chienne qui tourne autour de ses petits aboie contre un inconnu et désire le combattre » (Od. XX, 14, — L. p. 305). 2. — Utilisatioin du ChiexN. — A) Chien de luxe, — Ce sont les Tpa-Tûs^-^sç XÙV2Ç, mot à mot Chiens de table, fidèles com- mensaux du logis, assistant aux repas du maitre, et l'accom- pagnant dans ses pérégiinations. Odysseus, faisant semblant de ne pas reconnaître Argos, son fidèle compagnon d'antan, demande à Eumaios à qui il appartient : « Je ne sais si, avec cette beauté, il a été rapide à la course, ou si c'est un de ces Chiens que les hommes nourrissent à leur table et que les rois élèvent à cause de leur beauté (Od. XVH, 309, — L. p. 263 ) Akhilleus_, aux funérailles de Patroklos, tua deux des neuf Chiens familiers qui mangeaient autour de sa table et les jeta sur le bûcher de leur maître (11. XXIII, 173, — L. p. 420). Les deux Chiens qui suivaient Téléujakhos (Od. Il, 11, — XVII, 62 — XX, 145) étaient bien certainement des Chiens rentrant dans cette catégorie, B) Chiens de garde des maisoîis. — Les Chiens de luxe étaient probablement aussi utilisés pour la garde du logis, comme le prouve le passage suivant. Le vieux Priamos, se lamentant sur la funeste destinée qui attend son fils Hector, s'écrie : ;< Et moi-même, le dernier, les Chiens mangeurs de chair crue me déchireront sous mes portiques, après que j'aurai été frappé de l'airain, ou qu'une lance m'aura arraché l'âme. Et ces Chiens, gardiens de mon seuil et nourris de ma table dans mes demeures (Tpaxe^rjO.; Oupawpou;), furieux_, et ayant bu tout mon sang, se coucheront sous mes portiques ! » (II. XXII, 69 et suiv., — L. p. 401). - ©upawpoç, employé poé- tiquement pour Gupwpoç signifie gardien des portes, concierge. C) Chiens de garde des troupeaux. — Nous en avons de nombreux exemples dans les poèmes homériques. La plupart ont été reproduits dans les paragraphes relatifs aux animaux domestiques (Moutons, Chèvres, Bœufs, Porcs) et à leurs enne- mis (Loups, Lions, etc.). Ainsi Eumaios, le porcher, avait quatre LA FAUNE d'hOMÈRK 93 Chiens semblables A des bêtes fauves pour la garde de ses Porcs (Od. XIV. 21, — L. p. 207). Homère dit des sentinelles du camp des Akhaiens qu'elles veillaient, en armes, avec vigi- lance « comme des Chiens qui gardent activement des Brebis dans l'étable » (II. X. 181, — L. p. 176). Aias recule pas à pas, faisant face à l'ennemi, « comme un Lion fauve cjue les Chiens et les pâtres chassent loin de l'étable des Bœufs, car ils veillaient avec vigilance » (II. XI, 548-49, — L. p. 205). D) Chiens de chasse. — Le Chien de chasse est désigné par l'expression /.owv G7]psuT7iç (II. XI, 325), et ses qualités men- tionnées à propos d'Argos, symbole du Chien de chasse par excellence, car « les jeunes hommes l'avaient autrefois conduit à la chasse des Chèvres sauvages, des Cerfs et des Lièvres »... (0(1. XVII, 294, — L. p. 262)... a S'il était encore, dit Eumaios, par les formes et les qualités, tel qu'Odysseus le laissa en allant à Troie, tu admirerais sa rapidité et sa force. Aucune bête fauve qu'il avait aperçue ne lui échappait dans les profondeurs des bois, et il était doué d'un flair excellent » (Od. XVll, 315, — L. p. 263). Les Chiens étaient employés à la chasse du Sanglier, du Cerf, du Lièvre, voire même du Lion. Pour ne pas nous répéter, nous renverrons aux citations faites à propos de chacun de ces animaux (n°' 54, 55, 65, 72). Il n'est pas question de race, mais il est bien certain qu'à cette époque, il devait y avoir déjà de nombreuses variétés. Les Chiens de chasse n'étaient certainement pas de même nature que ceux qui gardaient les troupeaux. D'après Cougny, rien n'indiquerait que les Chiens de berger fussent de telle ou telle race. Il pense qu'à l'épocjue homérique, la race dominante était sans nul doute l'Épirote ou le Molosse, Chien de forte taille, capable de tenir tête aux animaux sauvages, comme le Lion. De fait, les quatre Chiens du porcher Eumaios étaient semblables A des bêtes fauves. D'après la Commission de l'Expédition scientifique de Morée, on trouve en Morée un grand nombre de Chiens, très grands, très vigoureux, très féroces, appaiteuaut à la race des Chiens de berger. E) Chiens de voirie. — Les Chiens partageaient avec les Cor- beaux et les Vautours le soin de débarrasser la voie publique des cadavres abandonnés. Ces animaux devaient être déjà très nombreux dans les centres habités, comme ils le sont encore 94 L. MOULÉ actuellement en Orient, car nous relevons dans Homère de nombreux exemples de leur voracité. « Ah ! malheureux chefs et princes des Danaens, s'écrie Palroklos, serez- vous donc, loin de vos amis, loin de la terre natale, la pâture des Chiens qui se rassasieront de votre graisse blanche dans Ilios » (II. XI, 817, — L. p. 212). « Certes, dit Akhilleus à Ménélaos, je crains moins pour ie cadavre de Patroklos, que les Chiens troiens et les Oiseaux carnassiers vont bientôt dévorer, que pour ma tête et la tienne » (II. XVII, 255, — L. p. 320). Hector, s'adressant à Aias, lui crie : « Tu rassasieras les Chiens d'Ilios et les Oiseaux carnassiers de ta graisse et de ta chair, auprès des nefs des Akhaiens » (H. XIII, 831, — L. p. 251). Hector, après avoir dépouillé Palroklos de ses armes, cherche à s'emparer de son corps pour lui couper la tète et livrer son cadavre aux Chiens troiens (II. XVII, 127, — L. p. 317). « Chante, déesse, du Péléiade Akhilleus la colère désastreuse, qui de maux infinis accabla les Akhaiens, et pré- cipita chez Aidés tant de fortes âmes de héros, livrés eux-mêmes en pâture aux Chiens et à tous les Oiseaux carnassiers o (11. 1, 1, - L. p. 1). On pourrait multiplier les exemples, mais ceux-ci suffisent pour montrer quelle était la voracité des Chiens à l'époque héroïque. F) Emploi de la peau. — La peau de Chien servait à fabri- quer des casques, mais des casques particuliers, qui souvent étaient de toute autre matière, tout en conservant leur nom primitif. Kuvsv) pour xuvv), sous-entendu Sopoc, est une peau de Chien_, un casque ou un chapeau confectionné avec une peau de Chien, et par extension, un casque ou un chapeau de cuir quelconque. Dans ce dernier cas, le substantif xuvey) est précédé ou suivi d'un qualificatif se rapportant à l'animal, dont il était fabriqué. Ainsi Diomèdès met sur sa tête un casque fait d'une peau de Taureau (y-uven^' Ta-jpsiviv) (II. X, 257, — L. p. 178). De même Dôlon, se couvre le chef d'un casque de peau de Belette (xtISêV y.uvsYiv) (H. X, 335, — L. p. 180). 3. — Chien., terme de méprU. — Traiter quelqu'un de Chien était déjà, au temps d'Homère, une insulte grave, un terme de mépris. C'est ainsi que Diomèdès insulte Hector (II. XI, 362) ; qu' Akhilleus interpelle Hector (II. XX, 449) ; qu'Odysseus traite les prétendants (Od. XXII, 35). Junon dit à Artémis qu'elle est une Chienne hargneuse LA FAUNE d' HOMÈRE 95 (>cuov oL^dç) (II. XXI, 481, — L. p. 394). Pénélopeia, répriman- dant sa servante Mélanlho, la traite de Chienne audacieuse (xuov iSse,') (Od. XIX, 91, — L. p. 290). Ménélaos appelle les Danaens des mauvais Chiens (>cax.xi x-jvs;) (II. XIII, 623, — L. p. 245). Dans tous ces passages, c'est le substantif )tuwv qui est employé ; mais, dans d'autres, Homère se sert de Tadjectif xuvsoç ou du comparatif /.ûvTspoç. Ainsi Zeus déclare à la déesse Hère qu'il n'y a rien de plus impudent qu'elle (11. V^III, 483, — L. p. 147). Dans trois endroits il est fait allusion aux yeux du Chien. Klytaimnestrè est désignée sous le nom de « femme aux yeux de Chien » (xuvûttiç) (Od. XI, 424, — L. p. 172). Akhilleus traite Agamemnôn d'œil de Chien (/.uvôinra.) (II. 1, 159, — L. p. 6). Dans V Iliade (I, 225, — L. p. 8), débordant de colère, il l'interpelle par ces âpres paroles : « Lourd de vin, œil de Chien ()tuvà<; oa|j.aT' â'/wv), cœur de Cerf. » 4. — Malndiefi. — Parmi les maladies, nous mentionnerons des Insectes parasites de nature douteuse, dont Argos, le Chien fidèle d'Odysseus, était couvert : le xuvopaiGTi^ç (voir : no 3) et la JcuvocjAuia (voir : n° 6). Le mot Xu^tx n'a pas encore, dans Homère, le sens qu'on lui attribuera plus tard. Le Jtuva >.uG(77)T7ipa de Vlliade (VIII, 299) n'est qu'une métaphore pour exprimer la fureur belliqueuse d'Hector. « Il faut, dit Cougny, arriver jusqu'à Aristote pour trouver le mot Xuacra avec le sens de rage canine. » Famille des Félidés, Genre Felis. 72. — ô Aiç. — ô Aéov. De nombreuses épithètes ont été ajoutées par Homère au substantif XJç ou >>£cov. 'Qy,o(pàyo(;, qui mange de la chair crue, et par extension féroce (11. V, 782). 'Huyévetoç, poétique pour suyevîioç, qui a une belle barbe ou une belle crinière (Od. XV, 275). Xapo-oç, aux yeux clairs, au regard terrible (Od, XI, 611). 'Opscirpocpoç, poétique pour ôpsiTpocpoç, nourri dans les mon- tagnes, habitant des montagnes (II. XII, 299). A'iGcov, que quelques-uns traduisent par couleur d'un rouge feu ; d'autres, par caractère vif et ardent. 9B L. MOULÉ Axoo'.vô;. roug-e, roiissâtre (II. X, 23). Mé'vy.;, grand. Akhilleus est comparé à un Lion qui, « excité par sa grande force et sa rage {•j.î''i.'/r, tî 'i'.r^y.7.'. à-r/ivos*. 6'jy.oj), se jette sur Jes troupeaux des hommes pour les dévorer» (II. XXI\\ 42, — L. p. 442). Ménélaos, abandonnant le corps de Patroklos, recule, « mais en se retournant, comme un Lion à longue barbe (y.'jvc've'.oç) que les Chiens et les bergers chassent de l'étable avec des lances et des cris, et dont le cœur farouche est troublé, et qui ne s'éloiffne qu'à regret de Tenclos » (II. XVII, 109 et suiv., — L. p.'3in). Dans V Iliade (XX, 164 et suiv., — L. p. 371). dans une très belle image, Homère décrit un Lion blessé tenant tête aux chasseurs. « Et il avance, méprisant ses ennemis : mais, dès qu'un des jeunes hommes l'a blessé, il ouvre la gueule, et l'écume jaillit à travers ses dents, et son cœur rugit dans sa poitrine, et il se bat les deux flancs et les reins de sa queue, s'animant au combat. Puis, les yeux flambants, il bondit avec force droit sur les hommes, afin de les déchirer ou d'en être tué lui-même, » Sarpêdon s'avance « comme un Lion nourri sur les monta- gnes, qui, depuis longtemps affamé, est excité par son cœur audacieux à enlever les Breljis jusque dans Tenclos profond, et qui, bien quelles .soient gardées par les Chiens et par les pasteurs armés de lances, ne recule point sans tenter le péril, mais d'un bond saisit sa proie, s'il nest d'abord percé par un trait rapide » (II. XII, 299 et suiv., — L. p. 222). De nombreuses comparaisons dans les poèmes homériques montrent les Lions dévastant les étables ou s'altaquant aux troupeaux dans les pâturages. Aussi étaient-ils très redoutés des bergers ou des pâtres, dont la vigilance n'arrivait pas toujours à préserver les animaux qui leur étaient confiés. Krèthôn et Orsilokhos, fils jumeaux de Dioklès, sont tués par Ainéias « comme deux jeunes Lions nourris par leur mère sur le sommet des montagnes, au fond des épaisses forêts, et qui enlèvent les Bœufs et les Brebis, et qui dévastent les étables jusqu'à ce qu'ils soient tués de l'airain aigu, par les mains des pâtres ; tels ils tombèrent tous deux, frappés par les mains d'Ainéias, pareils à des Pins élevés » (II. V, 554 et suiv., — L. p. 91). Diomédès est « comme ua Lion qui. dans un champ où LA FAUNE I) HOMÈRE 97 paissaieut des Brebis laineuses, au moment où il sautait vers l'étahle, a été blessé par un pâtre, et non tué. Ci^tte blessure accroît ses forces. Il entre dans 1 etable et disperse les Brebis, qu'on n'ose plus défendre. Et celles-ci gisent égorgées, les unes sur les autres; et le Lion bondit hors de l'enclos » (II. V, 135 et suiv., — L. p. 79). Diomédès et (Jdysseus font un carnage de Thrékiens, tpi'ils surprennent la nuit dans leur camp, « comme un Lion, tombant au milieu de troupeaux sans gardiens, se rue sur les (-bèvres et les Brebis » (II. X, 48"), — L. p. 185). Odysseus se bâte « comme un Lion des montagnes, confiant dans ses forces, marcbi; à travers les pluies et les vents. Ses yeux luisent ardemment, et il se jette sur les Bœufs, les Brebis ou les Cerfs sauvages, car son ventre le pousse à attacpier les troupeaux et à pénétrer dans leur solide demeure » (Od. VI, 130 et suiv., — L. p. 89). « De cnème qu'un Taureau magnanime (pi'un Lion fauve a saisi parmi les Bœufs aux pieds flexibles, et qui meurt en mu- gissant sous les dents du Lion, de même le roi des Lykiens porteurs de boucliers gémissait, dompté par Patroklos » (II. XVI, 489, — L. p. 301). Les bergers assistaient souvent impuissants aux dégâts com- mis par ces Carnassiers, tant étaient redoutables leur force et leur courage. L'exemple suivant en est la preuve : « Quand un Lion montagnard, sûr de sa force, enlève la meilleure Vacbe d'un grand troupeau qui pait, lui brise le cou avec ses fortes dents, boit son sang et mange ses entrailles, les Chiens et les bergers poussent, de loin, de grandes clameurs et n'approchent point, parce que la blême terreur les a saisis » (II. XVII, Gl, — L. p. 31o). Pour leur faire la chasse, ils employaient des Chiens de taille élevée, de grande force, et se réunissaient en troupe, comme cela se faisait encore, il y a cinquante ans, dans les douars arabes de l'Algérie. Ainsi Ménélaos s'éloigne « comme un Lion qui, fatigué d'avoir, lutté contre les Chiens et les hommes, s'éloigne de l'enclos ; car, toute la nuit, par leur vigilance, ils ne lui ont point permis d'enlever les Bœufs gras. Il s'est rué sur eux, plein du désir des cliairs fraîches ; mais la foule des traits a volé de leurs mains audacieuses, ainsi que les torches ardentes qu'il redoute malgré sa fureur; et, vers le matin, il s'éloigne, le cœur attristé » (II. XVII, OoG et suiv., Mém. de la Soc. Zoul. de Fr., l'JlO. xxiii-7 98 L. MOULÉ — L. p. 331). Cette crainte du feu est aussi signalée par Aristote (1), qui cite à ce propos Homère. Le plus souvent les Chiens s'altaquaieut intrépidement au Lion, <( le touchant aux cuisses et aux fesses, épiant Pinstant où il se retournera » (11. Vlil, 338, 339, — L. p. 142). D'autres fois la peur les paralysait, car Sarpèdon, se moquant d'Heclôr et de ses compagnons, leur dit qu' « ils tremblent tous comme des Chiens devant le Lion » (II. V, 476, — L. p. 89). Héphaistos représente, sur le bouclier d'Akhilleus, un trou- peau de Bœufs allant au pâturage. Surviennent deux Lions qui saisissent, en tète des Vaches, un Taureau beuglant et l'en- traînent. « Les Chiens et les bergers les poursuivaient ; mais les Lions déchiraient la peau du grand Bœuf et buvaient ses entrailles et son sang noir. Et les bergers excitaient en vain les Chiens rapides, qui refusaient de mordre les Lions et n'aboyaient de près que pour fuir aussitôt » (II. XVIII, 583 et suiv., — L. p. 351). Homère mentionne aussi le Lion s^attaquant aux animaux sauvages, tels que le Cerf, le Sanglier. Ainsi Ménélaos éprouve de la joie à la vue d'Alexandros, « comme un Lion se réjouit, quand il a faim, de rencontrer un Cerf cornu ou une Chèvre sauvage, et dévore sa proie, bien que les Chiens agiles et les ardents jeunes hommes le poursuivent » (II. III, 23, — L. p. 46). « Ainsi un Lion brise aisément, dans son autre, les saisissant avec ses fortes dents, les faibles petits d'une Biche légère, et arrache leur âme délicate. Et la Biche accourt, mais elle ne peut les secourir, car une profonde terreur la saisit; et elle s'élance à travers les fourrés de Chênes des bois, effarée et suant d'épouvante devant la fureur de la puissante bête féroce » (II. XI, 113 et suiv., - L. p. 192). Le Lion s'attaquait aussi au Sanglier. « De même un Lion dompte dans le combat un robuste Sanglier, car ils com- battaient ardemment sur le faîte des montagnes, pour un peu d'eau qu'ils voulaient boire tous deux ; mais le Lion dompte avec violence le Sanglier haletant » (II. XVI, 824, — L. p. 310-311). La peau du Lion était utilisée comme vêtement de dessus. Dans une des scènes de VIliade, Nestor et Diomédès revêtent (1) H. A. IX, sxxi, §4. LA FAUNE D HOMÈRK 99 une tunique, puis s'enveloppent « de la peau rude d'un Lion grand et fauve » (II. X, 23, — L. p. 172). Ou voit d'après les citations précédentes qu'Homère connais- sait bien le Lion, (|u'il a dépeint d'une touche très sûre. Ainsi il le représente comme un animal carnassier, mangeur de viande crue, habitant les montagnes, û la crinière bien développée, au pelage fauve, au regard terrible. Fréquemment il le cite comme doué d'un grand courage, bondissant parmi les troupeaux de Bœufs, de Moutons, de Chèvres, n'hésitant pas à pénétrer dans les enclos, malgré la présence des Chiens, des hommes, auxquels il lient souvent tête, ne se retirant qu'à regret. N'est-ce pas une très fidèle image que celle où Homère représente un Lion blessé, fronçant les sourcils, fouetfaut ses flancs de sa queue, les yeux flamboyants et s'apprètant à bondir au milieu des chasseurs qu'il déchirera de ses grifïes puissantes'^ Et cependant Fierron, pour une faute légère qu'aurait commise Homère, n'hésite pas à conclure qu'il n'aurait eu connaissance de ces terribles Félins que d'une manière vague et très inexacte. Et cela parce que le poète aurait mis en scène deux Lions allant de concert à la chasse (II. V, 554, — L. p. 91) et représenté « deux Lions, arrachant une Chèvre aux dents aiguës des Chiens, l'emportant à travers les taillis épais en la tenant loin de terre dans leurs mâchoires » (II. XIII, 198, — L. p. 233). Cette image est peut-être quelque peu exagérée, mais il n'est pas rare de voir le Lion mâle et sa femelle fondre ensemble sur les troupeaux Comment Homère n'aurait-il pas mieux connu les Lions, qui, suivant Hérodote et Aristotb, vivaient aux temps historiques dans le nord de la Grèce ? Comme complément de cette étude sur le Lion, voir : le Cerf, n° 55 ; le Chien, n° 71 ; le Chacal, n" 69 ; le Sanglier, n" 54. 73. — n nâpôtt^iç. Le 7càpSa>.i<; ou Tzâ^^oCXiç «st plusieurs fois signalé comme emblème du courage et de la férocité. Agénôr, ne voulant pas reculer devant Akhilleus, est comparé à une Panthère qui, (( du fond d'une épaisse forêt, bondit au-devant du chasseur, et ipie les aboiements des Chiens ne troublent ni n'épouvantent, et qui, blessée d'un trait ou de l'épée, ou même percée de la lance, ne recule point avant qu'elle ait déchiré son ennemi ou qu'il l'ait tuée (II. XXI, 573, — L. p. 397). Ménélaos s'écrie : « Ni la rage du Léopard (xapSàAioç (aevoç), ni celle du Lion, ni 100 L. MOULÉ celle du Sanglier féroce ue surpassent Torgueil des iils de Panthos >. (II. XVII, W, — L. p. 314). Dans VIliade (XIII, 103, — L. p. 231). les Troiens sont comparés à des Cerfs fuyards, « pâture des Lynx, des Léopards et des Loups (Otowv 7:a.ûSaXta)v tî ^'jx-wv). y> Enfin d'autres citations montrent que les guerriers grecs et troiens aimaient à se parer des peaux de ces animaux. Paris apparaît, eu tête des Troiens, « ayant une peau de Léopard (7:apSaAïY;v) sur les épaules » (11. III, 17, — L. p. 46). Ménélaos couvre h son large dos de la peau tachetée d'un Léopard (7rapSaX£'(j. . . 7:oiy.ilri) » (II. X, 29, — L. p. 172). Qu'est-ce que le Trap^aAiç traduit tantôt par Panthère, tantôt par Léopard? Il est d'jiutant plus difficile de se prononcer que le seul caractère sur lequel nous puissions nous appuyer, l'épi- thète xoïKiAoç, varié, tacheté, peut s'appliquer aussi bien à l'une qu'à l'autre espèce. Du reste, la plupart des traducteurs ou commentateurs d'Homère restent indécis, et, non sans raison, hésitent à se prononcer entre le Felis pardnlis L. et le Felis leopardiis. D'après Koerner et Kkllkr, dans l'antiquité, la Pan- thère n'aurait pas été r;ire en Asie Mineure. CicÉRON écrit k Cokdus que, suivant son désir, il a donné, dans sa province de Cilicie, les ordres les plus formels, pour qu'on capture quatre Panthères pour les combats du cirque, et lui fait observer que ces animaux sont moins nombreux dans cette province qu'en Carie. Cœlius, en lui répondant, se plaint du petit nombre de Panthères qu'il lui promet. Il doit^ dit-il, avoir cependant des occasions nombreuses de s'en procurer en Kibyra (Grande Phrygie), ainsi qu'en Pamphylie, où elles sont très fréquentes (Cic. Ad. fam., Il, II; — VllI, 4, 5, 9. — PuTARCH., Vit. Cic. y 36). Quatorzième ordre. — Chiroptères. 74. — n NvKTcpiç. Ce Mammifère n'est mentionné que deux fois. Dans VOdyssée (XII, 433, — L. p. 191, 192), Odysseus raconte comment il a échappé au naufrage, en saisissant les branches d'un haut Figuier. « J'étais suspendu en l'air, comme un Oiseau de nuit ((oç vuîiTspi;,) ne pouvant appuyer les pieds, ni monter, car les racines étaient loin. » — Dans un autre chant de VOdyssée (XXIV, 6, — L. p. 358), les âmes des prétendants massacrés LA FAUNE d'hOMÈRE 101 sont comparées à des Cliauves-soui'is. « De même que les Chauves-souris (vjxTspi^sç), au fond d'un antre divin, volent en criant quand l'une d'elles tombe du rocher où leur mul- titude est attachée et amassée, de même les âmes allaient, frémissantes. » La position de ces animaux suspendus au plafond des grottes, à Tétat de repos ; leur accumulation dans les cavernes obscures ; le nom même qu'on leur donne (vjy.TSfiç), dérivant de vuE. nuit, tout concourt pour nous permettre d'affirmer qu'il s'agit là d'iuj animal de l'ordre des Chiroptères. Actuellement, dit Buchholz, la Chauve-souris est encore désignée en Grèce sous le nom de vu/.Tîpi^x. Ehrard (p. 5) mentionne la présence fréquente de Chauves-souris en Syrie. BoRY Saint-Vincent distingue les Chauves-souris du Péloponèse en VespertUio imirimis L. et VespertUio pipistrellus. D'après Heldreich, il faudrait ajouter le RInnolophus farnmi-equinmn L., le R. Iiippocrepis L., observés en Attique. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE Alexandre, Dictionnaire grec-français. (Paris, Hachette.) Ameis et Henze, Homeri Ilias. (Leipzig, 2 vol., 1884-86.) — — Odyssea. Leipzig, 2 vol., 1880.) Arbois de Jubainville, La Civilisation des Celtes et celle de l'Épopée homérique. (Paris, Fontemoing, 1 vol. in-S", 1899.) Aristote, GEuvres. Traduction française de J. Barthélemy-Saint- HiLAiRE. (Paris, Hachette.) — [Cf. Histoire des animaux; Traité des parties des animaux et de la marche des animaux.) — Tier- kunde. Kritisch berichtigter Text, mit deutsche Ubersetzung. . . von Dr H. Aubert und D' Fr. Wimmer. 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VII. \ 26 Kr.f ? Vertébrés . .3. Échassiers.. ^ 27 ' 28 Pîpavoç 'EpOjôlOÇ Grue Héron ^ 29 lléyeia Pigeon 4. Oiseaux.../ b. Colombiiis.. ( 30 'l'icrcra Pigeon ramier 31 StpovjÔÔ; Moineau 1 32 ^V,p Ètourneau 33 Ko).oidç Choucas 1 34 KôpaE Corbeau 7. Passereaux. 35 Ki/M Grive 30 'AriStov Rossignol , 37 XsXiSojv Hirondelle \ \ 38 "Opvi; âvoTcaïa ? (1) Les numéros d'ordre renvoient au numéro précédant chaque espèce. 106 L. MOULÉ 4. Oiseaux . .\ 8. Rapace VTI. Vertèbres 5. Mammifères 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 14. Chiroptères. |i_74 4. Cétacés J 5. Bisulques. . . 7. Jumentés . . . . 9. Proboscidiens. 10. Rongeurs . . . H. Pinnipèdes . . 12. Carnivores Mopcpvô; iiç-Ku[j.ivôti; KopcôvY) Ktitoç KaTrpo; "EXaçoç np6ï Ot'oç Ai'l aypio; Boù; "Innoç "Ovo; 'H(xiovo; 'E),£-4;aç AaYtoô; •tlÔXY) "Apy.To; Kxt'î 0w; Ayxoç Kywv Aéo.v nâpôa)i; Nuy.Tcpt; Hibou (?) Chouette (?) Vautour Id. Aigle IJ. Id. ? Autour Épervier ? Corneille (?) Cétacé Dauphin Cochon Sanglier Cerf Chevreuil, Daim Mouton Chèvre Bouquetin (?) Bœuf Cheval Ane Mulet Éléphant Lièvre Phoque Ours Belette ou Fouine Chacal ? Loup Chien Lion Panthère ? Ciiauve-souris LE TERMITE A LATEX DE CEYLAN COPTOTERMES TRAV/ANS HAVILAND, Avec un appendice comprenant la description des Coplotermes Gcslrot Wasm. et fiavus nov. sp. PAR E. BUGNION et N. POPOFF Ce Termite offre une particularité curieuse. Le soldat, long de 4 1/2 millimètres, distinct de l'ouvrier par ses longues mandibules en forme de sabre et son abdomen d'un blanc de lait, émet_, lorsqu'on le moleste, une gouttelette blanche qui apparaît brusquement au-dessus du labre et, semblable à du latex de caoutchouc, demeure assez longtemps sans s'écouler. On se convainc, en examinant la tète à la loupe, que le latex suinte par une ouverture arrondie {pore frontal) placée on arrière de l'épistome. Observé au microscope, ce liquide offre une quantité de concrétions réfringentes, les unes arrondies, les autres anguleuses ou triangulaires, de dimensions diverses. Nous avons reconnu, en examinant la collection d'E. Grken à Peradeniya (déterminée par Desneux), puis en confrontant divers ouvrages, que le Termite à latex de Ceylan répond au C. travians de Malacca. décrit par Haviland en 1898, Le soldat et l'ouvrier sont identiques. Seule l'imago offre quelques différences qui, si elles se confirment, feront de la forme singhalaise une race ou variété du G. travians. Les nids du Termite à latex se trouvent dans les arbres creux, parfois dans la terre au pied d'un tionc. Les soldats, qui se montrent en grand nombre au moment où l'écorce est en- taillée et prennent tous ensemble une attitude agressive, se reconnaissent facilement, grâce à la sécrétion lactée qu'ils ex- pulsent aussitôt. Ayant rencontré le 12 décembre 1909, près d'Ambalangoda, dans un Manguier sec, un nid qui renfermait des individus ailés, nous avons constaté que le Termite à latex n'est autre que le soldat de V Arrhinoternies Heimi décrit par^WAS- 108 E. BUGNION ET N. POPOFF MANN (1902, p. 103), d'après des imagos reçues des Indes. Tou- tefois comme les Termites (soldats) pourvus d'uo pore frontal ont été antérieurement déjà placés par Wasmann dans son genre Coptotermes (1896, p. 629), notre espèce doit, d'après les règles usuelles, s'appeler Coptotermes travians. Un autre nid du Termite à latex fut observé le 3 février 1910, dans le tronc d'un Cashewnut {Anncardium occidentale), au cours d'une excursion faite en compagnie du Prol'. Escherich. L'arbi-e, creux à l'intérieur, ayant été fendu à coups de hache, nous vîmes que le nid occupait l'intérieur du tronc sur une hauteur de 70 centimètres environ et se prolongeait encore en dessous au milieu des racines et du terreau. Outre les couches ligneuses à disposition concentrique qui eutouraient la cavité, nous trou- vâmes au-dessus de celle-ci une masse compacte de couleur brun foncé paraissant formée de crottes agglutinées, et plus profon- dément un système de lamelles brunes, friables, faites de car- ton de bois. L'ensemble de la construction rappelait un peu un nid de Lasiiis fidiginosus (1). Partout se voyaient des centaines d'ouvriers de grosseurs di- verses, ainsi que des soldats prêts à mordre, montrant, pour la plupart, leur goutte de latex au-devant du pore frontal. Dans les parties profondes se trouvaient eu outre un grand nombre de larves blanches récemment écloses, marchant lentement au milieu des racines. Espérant découvrir aussi la reine, nous nous mimes à piocher avec ardeur au pied de l'arbre, mais sans succès; la précieuse matrone resta pour cette fois com- plètement introuvable. Une troisième colonie du Termite à latex fut rencontrée le 8 février sur un gros Cashewnut attaqué en même temps par Calotennes Greeni Desn. au niveau des branches. Le tronc étant encore sain, les Coptotermes se tenaient à la surface tout autour de l'arbre sous une croûte de terre durcie. 11 suffisait de gratter cette croûte sur une largeur de quelques centimètres pour voir apparaître les soldats en quantité. Le C. travians n'ayant jusqu'ici pas été signalé à Ceylan, nous donnerons d'abord la description des exemplaires des trois castes, afin que l'on puisse, d'après notre texte, comparer la forme singhalaise avec le type original. Quelques détails relatifs à la (1) Le rôle de la masse compacte parait être de boucher hermétiquement la par- tie supérieure de la cavité, de manière à empêcher l'accès des Fourmis ou autres intrus. LE TERMITE A LATKX DE CEYLAN 109 poche à latex et aux Infusoires de l'iatestin serviront A com- pléter cette étude. Soldat. Loug-ueui" : 4""" 1/2 A 4'"'":î/4; la tAte seule avec les mandibules : l'"'"3/4. — Tôte jaune, grande, hombée, rétrécie eu avant, arrondie sur les côtés. Le poi-e frontal, placé eu arrière de l'épistome, est limité par un bord cbitiiieux de couleur brtnie. Ou voit par transparence eu arrière du pore une tache opa(|ue renflée en forme de gourde, indiquant les contours du segment cépliarujue de la poche à latex. Les antennes, aussi longues que la tête sans les mandibules,, sont foruiées de 14 articles : le 1" deux fois plus long que le 2 , le 2* un peu plus court que 3 et 4 en- semble, les suivants graduellement un peu plus longs. Labre obloug, rétréci vers le sommet, avec deux poils divergents in- sérés près du bord. Mandibules longues, courbées eu forme de faucille, sans dent sur le bord interne; la gauche, dont la pointe croise pardessus la droite, offre 3 ou 4 petites créuelures dans son tiers postérieur, en avant de l'apophyse basale. Menton allongé, soudé (comme chez les soldats en général) à la face inférieure du ciâne, rétréci en arrière du milieu, élargi à la jonction du tiers antérieur et des 2/3 postérieurs; la partie élargie forme de chaque côté une saillie angulaire sur laquelle s'appuie un renforcement du tégument chitineux prolongé jus- qu'à l'articulation ventrale de la mandibule (pilier meulo- mandibulaire). Maxilles petites, articulées sur le tiers antérieur du menton, en avant de la dilatation angulaire, au moyen de deux cardos 1res petits. Palpes maxillaires bien développés, formés comme toujouis de 5 articles. Lacinia terminé par 2 dents aiguës, le peigne avec 5 cils rigides. Lèvre inférieure, glosses et paraglosses plus petits que ceux de l'ouvrier. Palpes labiaux de grandeur moyenne, formés de 3 articles (1). Pro- thorax 2 1/2 fois plus large que long, élargi en avant (un peu cordiforme), de couleur jaunâtre; ses bords antérieur et pos- térieur légèrement échaucrés. Abdomen blanc, opaque, plus étroit que celui de l'ouvrier, mais toujours distendu par le liquide crémeux qui remplit la poche. La structure de la poche à latex a été étudiée au moyen de coupes sériées pratiquées à Lausanne par i\. Popoff. La figure 3 (coupe sagittale) montre que ladite ampoule n'est pas limitée (\) La soudure du iiieiiton, la situation antérieure des articulations des cardos et la réduction des maxilles distinguent nettement le soldat-termite d'aveu l'ouvrier et indiquent une mobilité moindre et une atrophia relative de l'appareil maxillo- labial. 110 E. BtGNION lîT N. POl>0FP à la tête, comme CAtWo. des Eule7'7nes, mais s'étend A travers le thorax jusqu'à l'extrémité do l'ahdomen. On peut donc lui dis- tinguer 3 segniciils (céphaliquc, tlioracique et abdoniinal). Le segment céphaliqnc, renflé en forme de bouteille, occupe la partie médiane de la tète au-dessus de l'œsophage et du cerveau et se prolonge en arrière entre les muscles adducteurs des mandiliulcs (fig. 4); le segment thoraciqiu', de forme cylindri- que, traverse le thorax d'un bout A l'autre; le segment abdomi- nal, de nouveau plus large, remplit la plus grande partie de l'abdoujen, refoidant en dessous de lui l'estomac et l'intestin. La paroi de la poche est formée par une membrane mince, ininterrompue, peut-être revêtue d'épithclium sur les exem- plaires intacts (1), niais vraisemblablement privée de muscles, l'action de muscles abdominaux suffisant sans doute A l'excrétion. (Voyez la description du C. /lavus). 11 ressort, en somme, de l'étude des coupes, que la poche A latex est un sac énorme remplissant A lui seul la plus grande partie du corps. C'est bien la présence de cet appareil qui dis- tingue de tous les autres les Termites de ce genre (soldats) et les place dans la classification A la suite des Eiitermes. Quoicpie de petite taille, le soldat du Ctravimis mord d'une façon assez sensible, sans réussir toutefois A percer la peau des mains. Sa ténacité est si grande, (pi 'au lieu de lAcher prise, il se laisse souvent arracher le corps, la tète seule restant accro- chée A l'endroit mordu. Le latex qui s'écoule du pore frontal a un tel pouvoir agglutinant que, collant A toutes les surfaces, le Termite lui-même reste parfois englué. Serait-ce lA un moyen de défense ? Le Coptotermes^ (soldat) arrêterait- il ses agresseurs (Fourmis, etc.) en les engluant? La supposition est plausible. 11 serait étiauge tout de même que la nature eût donné A ces Insectes un procédé défensif qui les paralyse eux- mêmes dès le début du combat. Ouvrier. Longueur A 1/2 A o°"", tète seule 1 1/4. Tête courte arrondie, d'un jaune plus pAle «pie celle du soldat. An- tenues aussi longues (jue la tête avec les mandibules, formées de 14 articles ou parfois de 15 (exemplaire dessiné); le 1" deux fois aussi long (pie le 2", le 2^ un [)eu plus court (jue 3 et 4 ensemble, les suivants graduellement un peu plus longs. Labre (1) L'épithélium étant bien plus distinct cliez C. ftaviis que chez C. (ravians, il se peut que celui de cette dernièi-e espèce subisse une sorte de foute en rapport avec la formation du latex. LE TERMITK A LATEX DE CEYLAN lll large, arrondi en avant, beaucoup moins rétréci que celui du soldat; sa face dorsale garnie de quelques poils. Mandibules larges et fortes, rembrunies sur le bord interne; la gauche avec 4 dents (y compiis Tapicale), acérées, à peu près égales (la 2' un peu plus faible), son apophyse basale plus petite que celle de droite; la droite avec deux dents acérées, un tranchant rectiligne proéminent un peu en arrière de celles-ci et une apophyse basale forte, de couleur foncée, crénelée sur le bord. Menton beaucoup plus court et plus large que celui du soldat, mobile, articulé par deux petits crochets en avant du trou occipilal; les bords à peu près parallèles. Maxilles bien déve- loppées, articulées près du trou occipital, snr les bords du lentorium et du menton, au moyen d'un cardo long et mobile, formé de deux pièces. Stipes large avec une apophyse muscu- laire bien développée. Galea débordant un peu le lacinia, son sommet arrondi avec une petite échancrure, couvert de petites aspérités. Lacinia terminé par deux dents plus fortes, son peigne avec une douzaine de cils rigides. Palpes bien déve- loppés; de même, la lèvre inférieure avec les glosses et para- glosses. Abdomen plus large que celui du soldat, d'un blanc jaunâtre, ne montrant aucune trace d'une poche à latex. In- testin postérieur gorgé d'une matière brunâtre visible par transparence à travers les parois. Imago, prise dans le nid (12 décembre 1909), Longueur : 6 à 7""° ; avec les ailes, 11 à 12'"'". Longueur de la tête ; 1,7°""; largeur au niveau des yeux : 1,45. Largeur du prono- tum : 1,3 sur 0,78. Insecte brun brillant, hérissé de poils jau- nâtres, surtout sur l'abdomen. La tèle nu peu plus foncée, ovalaire, régulièrement arrondie en arrière des yeux. Yeux grands, proéminents. Ocelles ovalaires rapprochés des yeux. L'ouverture microscopique mentionnée par quelques auteurs sous le nom de fontanelle paraît être un pore sensoriel médian, privé de poil (fig, 7). Antennes longues, assez épaisses, formées de 21 ou 22 articles (19 d'après Haviland cbez C. travia?is) ; le 2* aussi long que large; 3, 4, 5 et 6 courts, prescpie transverses; les suivants gra- duellement un peu plus longs, subglobuleux. Labre en forme de pelle, dépassant un peu le sommet des mandibules, portant sur la face dorsale quelques poils clairsemés. Mandibules larges et fortes, rembrunies sur le bord interne, semblables à celles de l'ouvrier ; la gauche avec 4 dents acérées à peu près égales; 112 E. BUGNION ET iN. POPOFF la droite avec 2 dents acérées, un tranchant rectiligne et une apo()hyse basale forte, distinctement crénelée. Menton court, mobile, d'un tiers environ plus long que large. Appareil maxillo-labial bien développé, bord du lacinia garni de 10 à 12 cils ffig. 8.) Pronotum de la largeur de la tète sans les yeux, transverse, d'un tiers plus large que long, légèrement échancré en avant et en arrière, arrondi sur les côtés. Méso et métanotum un peu plus larges, arrondis sur les côtés, écailles des ailes anté- rieures rembrunies, plus grandes que les postérieures, recou- vrant celles-ci jusqu'au delà du milieu; ailes longues de 10 à H"™, larges de 3; blanchâtres, couvertes de petits poils régu- lièrement espacés. Costale et subcostale brunâtres garnies de petits poils ; les autres nervures peu marquées, parfois difficiles à voir, indiquées néanmoins par l'alignement des poils. Pas de branches transverses dans le champ marginal. Médiane non ramifiée, 3 fois plus éloignée de la subcostale que la submé- diane. La submédiane émet une douzaine de branches sur son bord interne (6 environ d'après Hwiland chez C. travians type). Segments abdominaux, transverses, environ 3 fois plus larges que longs. Les bords surmontés de quelques poils. Pattes courtes, n'atteignant pas le bout du corps. Cerques et papilles abdominales présentes, mais petites. Reine du C. traviruis (d'après Haviland). Abtlomen long de 27mm. 7e sternile semi-circulaire; cuticule latérale avec des poils insérés sur de petites verrucosités incolores. Les plaques de chitinisatiou secondaire grandes. 11 ressort de la description qui précède que la forme singha- laise (imago) diffère du type malais par deux caractères. Les antennes auraient chez C. travians vrai 19 articles au lieu de 21-22; la nervure submédiane donnerait G branches environ au lieu de 12. Toutefois, comme les antennes sont parfois in- complètes, les nervures indistinctes, il faudra, avant de se prononcer, comparer les uns avec les autres des individus intacts (1). Le tube digestif (ouvrier) comprend : 1° le pharynx, piri- forme, atteignant à peu près le bord du labre; 2° l'œsophage, (1) Il importe, pour étudier les nervures des ailes, de prendre des préparations sèches. En effet, si l'on sort un C. travians de l'alcool pour le monter à la glycé- rine ou au baume, le liquide qui pénètre dans les trachées rend les nervures in- âistiacles. LE TERMITK A LATKX DK CKYLAN 113 rectilig-ne, traversant la tète et Je thorax ; 3" une dilatation (jabot) plus ou moins marquée, suivant la quantité du contenu ; 4" le gésier avec ses 12 lames chitineuses, suivi d'un rétrécisse- ment ; 5° l'estomac, allongé, replié en anse, plus large du côté cardiacjue que du côté pylorique ; 6° l'insertion des tubes de Malpighi. ces derniers très longs, au nombre de 4 ; 7o une partie rétrécie ; 8" l'intestin postérieur, très gros, replié en anse, offrant une partie initiale fortement dilatée à contours arrondis (caecum) et un segment allongé continu avec le rec- tum. Il n'y a pas, comme chez Calotermes Greeni, de caecum en forme de diverticule (inséré latéralement), mais une simple dilatation ovoïde placée sur le trajet du canal. L'intestin postérieur est, chez l'ouvrier adulte, toujours rem- pli d'une bouillie brune rappelant du chocolat par sa consis- tance et sa couleur. Observée au microscope, cette masse se montre formée d'une multitude d'Infusoires ciliés (Trichonym- phides), semblables à ceux qui ont été observés par Leidy (1877-81) chez Leiicotermes flavipcs et par Grassi et Sandias (1893) chez Leucotermes luci/ngus et Calotermes flavicollh. La forme (adulte) que l'on rencontre chez notre espèce est caractérisée surtout par son col allongé, transparent, terminé par la bouche, et son corps ovalaire, opacjue, bourré de débris de bois. Sa longueur, lorstjue le col proémine au dehors, est de 0.3""" (0,1-0, 2 seulement, lorsque le col est retiré à l'intérieur). D'autresindividus ovalaires ou piriformes, mesurant à peine 0,05, paraissent représenter des formes jeunes. Ces animalcules, qui se voient sur le porte-objet comme des points brunâtres (visibles à l'œil nu), donnent lieu par leur agglomé- ration à la bouillie brune déjà mentionnée. Ce sont eux, en effet, qui forment dans cette partie de l'intestin la masse presque totale du contenu. Le rôle des Infusoires est vraisemblablement d'aider à la digestion des débris de bois (jusqu'à ce que ces animalcules soient digérés eux-mêmes?), leur présence profitant au Termite par une sorte de symbiose. Les cils longs et fins qui revêtent la surface des Trichonymphides sont, suivant l'état de Tanimal, tantôt immobiles, tantôt animés d'un mouvement vibratile d'une grande élégance. L'intestin du soldat est conformé comme celui de l'ouvrier, mais avec des dilatations moins prononcées. Le contenu du Mém. Soc. Zool. de Fr., 1910. xxiii —8 lU E. BUGNION ET N. POPOFF caBCuni (examiné le 12 février) sur un exemplaire vivant s'est montré l'orme : 1" d'un grand nombre dlnfusoires ciliés sem- blables à ceux de l'ouvrier, offrant un léger battement des cils; 2° d'un amas de filaments allongés (détachés de la membrane d'enveloppe des Trichonymphides?) caractérisés par de petits grains brillants disposés en série; 3° d'une petite proportion de débris jaunâtres. Il est probable, à en juger par la structure des mandibules, que le soldat ne s'attaque pas lui-même au FiG. 1. — Infusoires ciliés (Trichonymphides) observés dans l'intestin postérieur du Coptotermes travians (ouvrier). X 164. Ambahingoda, 25 décembre 1909, bois, mais consomme surtout la pâte brune (crottes des ou- vriers) qui se trouve dans le nid en abondance. Les germes des Infusoires seraient transmis par cette pâte des ouvriers aux soldats. Les genres chez lesquels la présence des Trichonymphides a été constatée sont, jusqu'à ce jour : Leucotennes, Calotermes et Coptotermes. L'intestin des Termites vrais [T. Redemannl, obscuriceps, LE TKIIMITE A LATEX DE CEYLAN 115 Horni), n'eu renferme pas. Des détails plus complets au sujet de ces intéressants organismes seront publiés dans un antre article intitulé : « Les Calotermes de Ceyian ». APPENDICE CoPTOTERMEs Gestroi Wasmanu, de Malacca. Les figures que nous donnons de cette espèce ont été dessi- nées d'après quelques individus conservés dans l'alcool, mis à notre disposition par E. Grken. Les travaux antérieurs de Wasmann (1896), Haviland (1898), Desneux (1904) et Pratt (1909) nous ont servi à compléter la description. Soldat. Longueur : 5"". Tête avec les mandibules, 2,6 ; sans les mandibules, 1,6 sur 1,4 de largeur. Tête grande, presque ronde, jaunâtre, garnie de quelques poils. Pore frontal large, arrondi, supporté par une petite proéminence, bordé d'un cercle rembruni. Antennes formées de 15 articles, le 2^ un peu plus long que le 3°, les suivants graduellement plus allongés, subglobuleux. Labre lancéolé, atteignant les 2/5 à peu près de la longueur des mandibules, son sommet membraneux surmonté de deux poils. Menton soudé à la face inférieure de la tête, élargi en avant du milieu, puis notablement rétréci, bordé d'un renforcement brunâtre (pilier mento-mandibulaire, semblable à celui de C. Iravians). Mandibules longues de 1°"°, minces, arquées en forme de faucille, la droite privée de dents, la gauche avec 3 ou 4 petites crénelures placées sur le bord interne, en avant d'une apophyse basale bien développée. Baguettes des muscles adducteurs visibles par transparence au côté ventral. Pronotum d'un tiers environ plus étroit que la tête, large de 0.9 sur 0,6 de longueur, légèrement cordiforme, avec les bords antérieur et postérieur distinctement échancrés. Mésonotum presque aussi large que le pronotum, métanotum un peu plus large. Pattes postérieures dépassant l'abdomen. Abdomen oblong, blanchâtre. Papilles abdominales bien développées. Distinct du C. traviam par sa taille un peu plus forte, sa tête plus large, arrondie, ses mandibules plus longues et ses antennes formées de 15 articles (au lieu de 14). Le pore frontal, un peu plus grand que celui de C. travians, laisse échapper un latex blanc et gluant, « a white sticky fluid », d'après Haviland. Ouvrier. — Longueur 5'""' 1/3 ; tête seule 1 1/2. Tète tl0 E BUGNION ET N. POPOFF arrondie, d'un blanc jaunâtre. Antennes formées de 13 articles (15-16 d'après Haviland); 3, 4 et 5 petits, globuleux, les sui- vants graduellement un peu plus longs. Echancrure sous-occi- pitale large. Menton à peu près quadrilatère, d'un tiers plus long que large, inséré sur le bord antérieur du trou occipital. Labre arrondi en forme de pelle ; son bord antérieur garni de quelques poils. Mandibules rembrunies, la droite avec 3 dents (l'apicale comprise) en avant du milieu, la gauche avec 4 dents (la 2" plus petite) occupant tout le bord interne, de la pointe à l'apophyse basale. Apophyse petite. Baguettes des muscles adducteurs très distinctes. Appareil maxillo-labial bien déve- loppé, articulé au moyen des cardos aux angles postérieurs du menton. Pronotum petit, beaucoup moins large que la tète, rétréci en avant et en arrière, avec sa plus grande largeur à peu près au milieu, presque deux fois plus large que long ; ses bords antérieur et postérieur assez profondément échancrés. Mésonotum aussi large que le pronotum, deux fois plus large que long, arrondi sur les côtés. Abdomen oblong, de couleur blanche. Pattes postérieures n'atteignant pas le bout de l'abdomen. Nymphe (d'après Haviland) avec la tête convexe (vue de profil). Antennes formées de 19 articles, le 2'= long, le 3'' court. Pronotum subréuiforme, avec les angles antéro-latéraux proéminents. Péninsule de Malacca, Bornéo (Sarawak), Birmanie, Tonkin (d'après un renseignement donné par un planteur). — Nuisible aux Arbres à caoutchouc {Heveau au Manguier, à la Canne à sucre, surtout dans les plantations voisines de la jungle. S'at- taque aux arbres vivants. Entoure le tronc d'une épaisse croûte de terre, puis, rongeant par dessous, pénètre jusqu'au cœur du bois et fait un nid de fibres de bois (Haviland). — Pratt (1909) rapporte encore que le nid principal, établi dans un arbre creux, communicpie d^ordinaire au moyen de canaux souterrains larges et aplatis (pouvant admettre un petit couteau à papier), avec des nids accessoires installés dans les troncs voisins. La reine se trouve au fond du nid principal. — Un planteur des « Straits settlements » nous a rapporté qu'ayant un jour insufflé des va- peurs de soufre dans un arbre creux attaqué par ce Termite, il vit la fumée ressortir d'autres arbres situés à plusieurs mètres de distance de lautre côté de la route (1), (1) Le Copt, marabitunas s'attaque de même aux Arbres à caoutchouc du Brésil (d'après Silvestki 1903). LE TKRMITK A LATEX DK CKYl.AN 117 Coptotermes tlavus nov. spec, de Ceylan Cette espèce, reconnaissable à son soldat, d'un jaune uni- forme, allongé et aplati, a été trouvée le 17 janvier 1910 au bord du lac d'Ambalangoda (Ceylan), sous l'écorce d'un arbre mort incliné au-dessus de Teau. Il y avait sous l'écorce des soldats et ouvriers en assez grand nombre, mais pas de nymphes ni d'imagos. Soldat. Longueur : 6"'". Tête avec les mandibules, 2 1/2""°. Tète, thorax et abdomen d'un jaune ambré uniforme, assez brillant. Tête à peine un peu plus jaune que le reste du corps. Antennes aussi longues que la tête sans les mandibules, for- mées de 18 articles (parfois de 20), le 3" presque aussi long que le 2^, les 4^ et 5^ petits, les suivants un peu plus gros, arrondis, hérissés de longs poils. Tête relativement petile, un peu aplatie, un peu rétrécie d'arrière en avant avec les côtés légèrement arrondis, sauf dans le tiers antérieur où ils sont presque droits. A l'union du tiers antérieur et des 2/3 posté- rieurs, à quelque distance en arrière de l'épistome, se voit un pore arrondi indiquant la présence d'une poche glandulaire. La chitine ofïre autour de l'orifice des rides concentriques en forme de fer à cheval, ouvertes en avant. H y a une petite rainure au-devant du pore. Le Termite jeté dans une solution de potasse caustique laisse échapper par le pore frontal, au moment de mourir, une gouttelette transparente qui se coagule bientôt en une masse de couleur citrine flottant à la surface du liquide. Chez un sujet immergé dans l'alcool et observé au microscope avant la coagulation des muscles, on voyait par transparence, dans la moitié postérieure de la tête, le contour très net du segment céphalique de la poche. — Labre petit, arrondi en avant en forme de pelle, avec deux poils rigides près du bord antérieur. Mandibules rembrunies, longues, étroites, courbées en forme de sabre, sans dents (sauf une petite saillie succédant à une échancrure . placée en avant de l'apophyse basale, sur la mandibule gauche). Après la mort, les mandi- bules sont croisées d'ordinaire comme des branches de ciseaux, la gauche par-dessus la droite. Trou occipital placé en arrière, près du bord postérieur. Menton étroit et allongé, rétréci dans sa partie moyenne. Cardos insérés en avant de la dilatation angulaire, près du bord antérieur. Lèvre inférieure quadri- latère, transverse, 1 1/2 fois plus large que longue. Appareil 118 E. BUGiMON ET JN. POPOFF maxillo-labial réduit. Palpes maxillaires bien développés, atteignant aux 3/4 de la longueur des mandibules, palpes labiaux atteignant à la moitié. Face dorsale de la tête avec quelques poils clairsemés visibles sur les bords. Pronotum presque aussi large que la tête, deux fois plus long que large, échancré en avant, légèrement cordiforme. Mésonotuni d'un tiers, métanotum de moitié plus courts que le pronotum. Abdomen légèrement dilaté dans sa partie moyenne, en ovale allongé. Neuf tergiles abdominaux visibles sur la face dorsale. Leurs angles postéro-externes saillants, arrondis. Leurs bords postérieurs hérissés de quelques poils. Papilles abdominales bien développées, composées de trois articles, saillantes à droite et à gauche en dessous du 9« tergite. Vaisseau dorsal visible comme une ligne blanche tout le long de l'abdomen et du thorax. Les exemplaires tués dans la potasse caustique montrent un organe de forme oblongue (rectum évaginé), proéminent en arrière de l'anus. Les plaques chitineuses du gésier se voient par transparence au niveau du bord postérieur du métanotum. Des coupes sagittales pratiquées dans C. /lavxs (fig. 16, soldat) ont montré un appareil glandulaire semblable à peu près à celui de C. travians. S^ouvrant en avant au niveau du pore frontal, la poche s'étend ici encore jusqu'au bout de l'abdomen. L'ampoule du C. flavus se distingue toutefois : 1" par sa forme plus aplatie; 2° par le bel épithélium cubique qui la revêt à l'intérieur; 3° par le fait qu'au lieu de renfermer un contenu crémeux, elle sécrète probablement un liquide à peu près fluide. L'aplatissement du segment abdominal, très marqué dans la figure, s'explique en partie par la forme déprimée de notre espèce (en rapport avec la vie sous les écorces), en partie par le relief des anses intestinales dilatées chez notre sujet, très proéminentes à l'intérieur. Peut-être enfin nos exemplaires avaient-ils, au moment de leur capture, vidé plus ou moins complètement leur ampoule glandulaire. L'épithélium qui tapisse la face interne de la membrane est formé d'une assise de cellules cubiques hautes de 16[x, renfermant chacune un petit noyau arrondi. A la face externe de la membrane se voient çà et là quelques noyaux aplatis. Des fibres musculaires n'ont, même à un fort grossissement, pas pu être démontrées d'une manière certaine. La présence d'un épithélium tapissant la face interne de la LE TERMITE k LA.TEX DE CKYLAN 119 membrane jette un nouveau jour sur la signification de la poche des Coptotertiies L'opinion d'après laquelle l'ampoule à latex serait un diverticule de la cavité somatique (Voy. Bull. Soc. Zool. 1910, p. 103) doit être nécessairement abandonnée. II est clair en effet qu'une ampoule tapissée d'épithélium représente bien plutôt un organe d'origine ectodermique inva- giné à l'intérieur. L'invagination doit se faire au niveau du pore frontal à l'époque où se différencie l'organisme du soldat, c'est-à-dire, suivant notre manière de voir, dans la phase de l'embryon. Le latex ne peut, en suite de ces constatations, plus être considéré comme un dérivé des corps g-raisseux, mais comme un produit de sécrétion de l'épithélium, compa- rable, malgré la différence décomposition, à celui des Eutei^mes. L'homologie de la poche à latex avec l'ampoule des Nasuti ne fait désormais plus de doute. Il y a bien quelques différences. L'ampoule des EiUermes est limitée à l'intérieur de la tête; elle est entourée d'un muscle puissant ; le canal excréteur s'ouvre à l'extrémité d'une corne ; l'épithélium cylindrique porte une bordure en brosse (Voy. Bugnion, 1909); mais ce ne sont là en somme que des divergences de détail, n'impliquant nullement une différence d'origine. Le C. flavus se distingue des deux espèces précédentes en ce qu'il émet une sécrétion moins abondante. Ce n'est, si nos souvenirs sont fidèles, pas à l'instant de la capture, mais le lendemain seulement, qu'examinant à la loupe, nous reconnîimes chez ces Termites l'existence d'un pore fron- tal. Mais comme la récolte dut se faire dans une position peu commode, à coups d'écorçoir (les Termites étaient reçus dans une boite en même temps que les débris d'écorce), il se peut que l'émission du latex ait passé inaperçue. Quant à la nature du liquide sécrété, tout ce que nous pouvons dire, c'est que le C. flaviis (soldat), immergé dans une faible solution dépotasse caustique, émet, au moment de la mort, une gouttelette trans- parente de couleur citrine. Observée au microscope, cette gout- telette ne montre pas de concrétions. L'abdomen du soldat étant lui-même de couleur brun jaune, nous pensons que la teinte citrine mentionnée ci-dessus n'était pas due à l'action de la potasse, mais est la couleur naturelle du liquide sécrété. En résumé, le soldat du C. flavus diffère de celui du C. tra- vians : 1» par sa taille plus grande (G""™ au lieu de 4 1/2) et sa forme plus aplatie; '2° par sa couleur d'un jaune presque uniforme; 3° par ses antennes, qui comptent 18-20 articles au 120 E. BUGNION ET N. POPOFF lieu de 14; 40 par son pore frontal plus petit, placé plus en arrière, entouré de rides concentriques; 5° par la sécrétion delaglande céphalique qui est transparente (non laiteuse) et probablement de couleur citrine. La structure des mandibules, à peu près identique, et la présence d'une poche glandulaire s'ouvrant par un pore frontal permettent toutefois de placer les deux espèces dans un genre unique. Nous verrons tout à l'heure que les ou- vriers des deux espèces sont plus rapprochés encore que les soldats. Ouvrier. Longueur 5""" 1/4, la tète seule 1 1/4. Tête courte, arrondie_, offrant des deux côtés une légère échancrure, d'un blanc sale, avec l'épistome et les pièces buccales rem- brunies. Le reste du corps à peu près de même couleur. L'intestin, rempli d'une matière brunâtre, se voit par transpa- rence à travers Tabdomen. Antennes aussi longues que la tête avec les mandibules, formées de 17 articles, les 3' et 4« (à peine séparés lun de l'autre) ensemble pas plus longs que le 2% les suivants un peu plus gros, presque ronds. Labre large, son bord antérieur arrondi, garni de quelques poils. Mandibules absolument semblables à celles du C. travians (ouvrier). Men- ton court, mobile, inséré un peu en avant du trou occipital. Appareil maxillo-labial bien développé. Pronotum d'un tiers environ plus étroit que la tète, 11/2 fois plus large que long, légèrement cordil'orme, méso et métanotum de même largeur et un peu plus courts que le pronotum. iVbdomen dans sa partie moyenne notablement plus large que le thorax, ovoïde, modé- rément renllé. Papilles tactiles bien développées. Tube digestif conformé comme chez l'ouvrier de C . travians. L'intestin postérieur d'un individu examiné le 22 janvier (après 3 jours de jeûne) était littéralement bourré d'organismes ciliés (immobiles) semblables à ceux qui ont été décrits ci-des- sus. Un soldat disséqué le 23 janvier renfermait également une quantité dTnfusoires dans son caecum. Deux individus (soldats) débités ultérieurement en coupes sériées montrent aujourd'hui encore un csecuni dilaté, proéminent à la face ventrale de la poche glandulaire et entièrement rempli de Trichonymphides. Imago inconnue. Les espèces de Coptotermes décrites jusqu'à ce jour sont au nombre de huit d'après Desneux, 1904, p. 34 : LE TERMITE A LATEX DE CEYLAN 121 1. C. Gestroi Wasmann 1896, Haviland 1898, Pratt 1909. — Malacca, Birmanie, Sumatra, Bornéo, Tonkin? 2. C. travians Haviland 1898. — Malacca, Bornéo, Inde, Ceylan. 3. C. marabitanas Hag-eu 1858, Silvestri 1903. — Brésil. 4. C. testaceus Linné 1735, Burmeister 1839, Hagen 1858. — Brésil, Guyane ; aussi à l'isthme de Panama, d'après DuDLEY 1888-89. ^■. C. lacteus Froggatt 1897, 1905, 1907. — Australie. 6. C. australis Walker 1853, Hagen 1858, Froggatt 1897. — Australie. 7 C. Raffrayi Wasmann 1900, Froggatt 1905. — Australie (Swan River). 8. C. truncatiis Wasmann 1897, SjOstedt 1900. — Madagascar. A cette liste doivent s'ajouter encore : 9. C. lateralis Walker 1853, Hagen 1858, SjOstedt 1900. — Sierra Leone, Cameroun. 10. C. acinaciformis Froggatt 1905. — Australie, région N. 0. il. C fluvus Bugnion et Pojjolf. — Ceylan. 122 E. BUGNION ET N. POPOFF OUVRAGES CITÉS 1735. Linné, Systema naluree. lO^ éd. 1839. BuRMEiSTER, Haiidb. der Entomologie. II. 1853. Walker, Catal. Neuropt. of tbe Brit. Mus. 1858. Haqen, Monograph of the Termilidae. Linn. Ent. XII. 1877. Leidy, On intestinal parasites of Termes flavipes [P. Ac. Philad., p. 146j. 1874.-81. Leidy. The parasites of Termites [J. Ac. Philad. (2) VIII, p. ^25). 1888-89. DuDLEY et Beaumont. The Termites or white Ants of the Isthmusof Panama (/. N. York Mïcr. Soc. V-VI. — /. N. York Ac. VIII, p. 85). 1893. GRASsi et Sandias. Goslituzione e sviluppo délia Socielà dei Termitidi [Atti Ace. Gioen., p. 119). 1896. WaSMANN. Ann. Mus. Genova. (2i,XVI, (36), p. 629). 1897. Wasmann. Abh. Senckenb . Ges. XXI, p. 151 et 164. 1898. Haviland. Observations on Termites. (J. Linn. Soc. XXVI, p. 358). 1900. Wasmann. P. Liyin. Soc. N. S. Wales. 1900. SjÔstedt. Monographie der Termiten Afrikas [Svenska Ak. Handl. XXXIV.) 1902. "Wasmann. Termiten, Termitophilen und Myrmecophilen ges. auf Geylon von D"" Horn (Jena). 1903. SiLVESTRi. Redia, I. 1904. Desneux. Isoplera, in : Gênera Inseetorum, fasc. 25, p. 34. 1905. Froggatt. White Anls [Dep. of agric. N. S. Wales. Mise. publ. no 874). 1907. Froogatt. Australian lusecls. (P. Linn. Soc. N. S. Wales, p. 22). 1909. EsGHERiCH. Die Termiten uder Weissen Ameisen. Leipzig. Cop- lolermes, p. 82, 162, 176. 1909. Pratt. Bull, entom. Inst. Kuala Lumpur (Straits Settlemenls), n» 1, July. 1909. Holmgren. Madagassische Termiten ges. von V. Kaudern (Arklu ZooL, V). 1909. Holmgren. Termitensludien. I. Anatomische Untersuchun- gen {Svenska Ak. llandl, XLIV). 1909. Bugnion. Le Termite noir de Geylan [Entérines monoceros). {Ann. Soc. ent. France, LXXVIII). Mi'm. S. Z. B \ PI. î, Bugn.o, ^,P^^ Mn„. S. /. /■"., XXIII, COPTOTERMF.S TKA\IANS Mail. S. Z. 1 PI. II. Bugnion et l'o[n)tT del ^ 18 19 i 20 f ;>^ H MM. S. Z. /••., -VA///, ;?/ \x^)i \ /V\ ^ / 16 A-- /« =.,.=^^Ç^-2i^' ,>fe^v COI'lOl'EKMKS LE TERMITE A LATEX DE CEYLAN 123 EXPLICATION DES PLANCHES Fm. l. FiG 2. FiG. 3. FiG. 4. Planche I. Coptotermes Iravlans Hav. — Soldat. Tète et pronotuiu. Face dorsale, x 25. — Soldai. Tête et prothorax. Face ventrale, x 26. — Soldat. Coupe pagiltale. x 30, — Soldat. Coupe transverse de la tête. x44. — arf, lame d'insertion du muscle adducteur de la mandibule ; g\ base du gan- glion cérèbroïde ; ^% ganglion sous-œsophagien ; i, intestin postérieur bourré d'Infusoires; la, labre ; iè, lèvre inférieure ; m, menton ; œ, œso- phage ; p, pore frontal ; ph, pharynx ; po, poche à latex; po\ pli de la paroi représenté fig. 17; s, canaux salivaires; i, tentorium;^, orifice du tentorium ; v, vaisseaux malpighiens. FiG. 5. — Ouvrier. Tête. Bace dorsale. X 25. On voit par transpa- rence les deux muscles adducteurs avec les expansions membraneuses et les baguettes d'insertion. FiG. 6. — Imago, x 6. Fig. 7. — Imago. Tête et pronotum. X 25. FiG. 8. — Imago. Menton avec la lèvre inférieure et les maxilles. X25. Planchr II. Fig. 9. — Coptotermes travians Hav. — Tube digestif de l'ouvrier. X 12. L'intestin postérieur renfermait une bouillie brune formée d'Infusoires (Triçhonymphides). Fig. 10-13. — Coptotermes Gestroi Wasm. Fig. 10. — Soldat. Tête et pronotum, face dorsale, x 17. Fig. 11. — Soldat. Tête. Face ventrale. X 17. Fig 12. — Ouvrier. Tête. Face ventrale. X 17. FiG. 13. — Ouvrier. Menton avec la lèvre inférieure et les maxilles. X 17. Fig. 14-20. — Coptotermes flavus nov. sp. Fig. 14. — Soldat. Face dorsale. X 16. Fig. 15 — Soldat. Tête et thorax. Face dorsale. X 30. Fig. 16. — Coupe sagittale du soldat. X 23. Lettres comme Gg. 4. Fig. 17. — Paroi de la poche glandulaire. X 188. Le pli de la i)aroi représenté sur la figure se voit dans nos deux séries sagittales au niveau du mésothorax du côté dorsal. Fig. 18. — Ouvrier. Face dorsale, x 16. Fig. 19. — Ouvrier. Têle. Face ventrale. X 26. On voit par transpa- rence le tentorium, le muscle abducteur droit et les baguettes d'in- sertion des muscles adducteurs des mandibules. FiG. 20. — Ouvrier. Menton avec la lèvre inférieure et les maxilles. X26. LES CALOTERMES DE CEYLAN PAR E. BUGNION AVEC LA COLLABORATION DE N. POPOFF Les Calotermes diffèrent des autres Termites en ce qu'ils n'offrent pas une caste d'ouvriers nettement tranchée. Les larves qui forment le gros de la colonie et remplissent (en taillant le bois, peut-être en nourrissant les jeunes) la fonction des ouvriers, sont, parait-il, capables de se transformer en nymphes, donnant les unes des mâles et les autres des femelles. Il se peut toutefois qu'une partie de ces larves persiste à l'état neutre (asexué), repré- sentant ainsi une caste d'ouvriers en voie de formation. Lltnago ayant (chez les Termites en général) les mêmes mandibules que l'ouvrier, la même structure de la tête, on peut facilement conce- voir sa transformation graduelle en ouvrier, eu suite d'atro- phie des glandes sexuelles durant la phase larvaire. Le vol au dehors étant désormais inutile, l'atrophie des glandes sexuelles aurait comme conséquence celle des ailes et des yeux. Chez le soldat, dont la tête diffère entièrement de celle de l'imago, la différenciation doit être beaucoup plus précoce. Mon opinion, bien que je ne puisse pas encore en faire la preuve, est que la différenciation du soldat remonte à la phase embryonnaire (eu suite d'un mode spécial de fécondation), de même que la détermination du sexe. E. Green (1907), qui a observé des Caloterynes dans l'Arbre à thé, pense qu'une partie seulement des nymphes deviennent des imagos ailées, volant au dehors. Les autres (9 néotènes pourvues de rudiments d'ailes) resteraient dans le nid et seraient capables de pondre, sans jamais parvenir à l'état par- fait. Le fait est qu'au lieu d'une seule grosse reine ventrue, il y a dans chaque colonie plusieurs femelles pondeuses à peine plus grosses que les nymphes, ne donnant chacune qu'un petit nombre d'œufs. Ayant disséqué moi-même une femelle de Calotermes Greeni LES CALOTERMES DK CETLAN 125 Desn,, long'Lie de 8 Va """? ^^ couleni' ferrugineuse, offrant des rudiments d'ailes, capturée par E. Grken dans l'Arbre à thé, j'ai trouvé près du bout de l'abdomen deux ovaires relative- ment petits comprenant chacun une dizaine de gaines. Chaque gaine montrait une série d'ovules de grosseur dé- croissante. L'œuf de la dernière chambre, encore entouré d'épi- thélium, mesurait 430 p.. Il y avait en outre dans la prépara- tion deux œufs beaucoup plus gros, longs de 1°"", échappés de leurs gaines, entièrement remplis de grains vitellins (1). Cette dissection, bien qu'ayant porté sur un exemplaire unique (conservé dans l'alcool), confirme, comme on voit, les intéres- santes conclusions de M. Green. Les Calotermes taillent des galeries étroites dans le bois dur (voire même dans le bois vert) et vivent exclusivement à l'in- térieur. Les soldats, relativement peu nombreux, se distinguent par leur belle taille, leur grande tête jaune et leurs fortes mandibules. Les jeunes larves ont chez quelques espèces une forme élargie et portent des expansions thoraciques qui rap- pellent quelque peu Taspect des Blattes. — Fritz Muller (1875j, qui a décrit ces expansions chez deux espèces du Brésil (C. ru- gosus et nodulosiis), les tient pour le dernier vestige d'une forme ancestrale aujourd'hui disparue. — Voy. Escherich, 1909, p. 20. On s'accorde d'ordinaire à considérer les Calotermes comme un groupe de Termites inférieur et primitif. La structure des soldats indique toutefois une différenciation spéciale, déjà très avancée de cette caste. Le genre Calotermes (xaXo'v, bois), établi par Hagen en 1853, comprend, d'après Desneux (1904. ô), 54 espèces répandues dans toutes les parties du globe. J'ai rencontré à Ceylan deux espèces de ce genre : 1. C. Greeni Desneux, dans le bois du Cashewnut (d'abord observée par E. Green, à Peradeniya, dans l'Arbre à thé) ; 2. C. dilatatiis nov. sp., dans le bois du Thé. Une troisième espèce, C. militaris Desneux,, a été trouvée par E. Green dans le bois du Thé. 1, — C. Greeni Desneux (1907). Cette espèce remarquable a été capturée le 23 janvier 1910, sur une lie du lac d'Ambalangoda, dans une branche à demi (1) Les œufs mûrs de T. Redemanni mesurent exactement 645 (x. 126 E. BUGNION ET N. POPOFF desséchée du Cashewnut [Anacardiiim occidentale)^ arbre rési- neux originaire de l'Amérique du Sud, connu par ses feuilles odorantes et ses amandes comestibles. Ayant scié cette branche à 2 mètres environ au-dessus du sol, je vis que le bois était creusé de galeries longitudinales, en partie comblées décrottes brunes, et trouvai à l'intérieur de nombreux Termites (larves) longs de 4 à 6 72 ""» caractérisés par leur allure lente et leur corps dodu, avec la tête et Je thorax d'un blanc jaunâtre (couleur soufre) et l'abdomen brun rouge bariolé de blanc. La couleur de l'abdomen est due au contenu de l'intestin posté- rieur, une bouillie brune, essentiellement formée d'organismes ciliés (lufusoires) remplis de débris de bois, accumulés surtout à l'intérieur du caecum. Les taches blanches sont formées par quelques parties du corps graisseux, vues par transparence à travers la peau. Le soldat (je n'en vis ce jour-là qu^un seul) frappe d'abord par sa belle taille (10 à 11 '/a'"'")' sa grosse tète jaune à bords parallèles et ses fortes mandibules pluri- dentées. Une autre branche, sciée le 7 février, me fournit quelques cen- taines de larves et une dizaine de soldats. Ces derniers étaient malheureusement réduits pour la plupart à l'état de têtes vivantes qui cherchaient encore à mordre avec leurs grosses mandibules, mais n'avaient plus d'antennes et plus de corps. Ayant eu l'im- prudence de déposer sur le sol les tronçons de bois qui renfer- maient ces Termites, je m'aperçus trop tard que de petites Fourmis [Pheidologeton diversus Jerdon) avaient pénétré dans les galeries et, non contentes de dévorer les larves, avaient en moins d'une demi-heure décapité mes beaux soldats. Ce détail, que je rapporte en passant pour l'instruction des naturalistes, montre à quels dangers les Termites sont exposés dès que leurs galeries sont ouvertes. Bien protégés par devant, ils sont, lorsque les Fourmis les attaquent par derrière, incapables de résister. On sait que les espèces hypogées ne s'aventurent jamais au dehors du nid sans se protéger au moyen d'un couvert de terre durcie. Les Termites qui vivent dans le bois (Crt/o^erwe^, Coptotermes) ferment leurs galeries au moyen de crottes accumulées en masses compactes. Les arbres (Cashewnut) attaqués par C. Greeni se recon- naissent à ceci qu'une ou plusieurs branches se terminent par un tronçon à demi mort, privé de feuilles, recouvert à la sur- LES CALOTERMES DE CEYLAN 127 face d'une masse l)rune (résine souillée de détritus). Un de ces arbres, observé sur Panapitiya Estate, m'a fourni un grand nombre de ces Termites. La piincipale colonie habitait une branche brisée, épaisse de 20 centimètres environ au niveau de la cassure, gisant sur le sol depuis 11 à 12 mois. La branche ayant été fendue à coups de hache, je trouvai non seulement sousl'écorce, mais daus l'intérieur du bois, un vrai labyrinthe de cavités et de canaux (la plupart longitudinaux) en partie remplis de crottes, s'ouvrant les uns dans les autres, s'étendant sur une longueur de plusieurs mètres. Les Termites étaient accu- mulés surtout dans les cavités encore humides au milieu des nœuds les plus durs. Je recueillis des centaines de larves de grosseurs diverses, une soixantaine de soldats disséminés çà et là, des nymphes blanches montrant des tronçons d'ailes, des nymphes plus jeunes, sans ailes, mais avec des yeux visibles, et une vingtaine d'imagos ailées de couleur brun rouge. Il y avait aussi dans les galeries profondes de petites larves blanches fraîchement écloses, caractérisées par leur Ihorax étroit, privé d'expansions. Le tronçon brisé ayant été scié (détaché de l'arbre) à 3 mètres de hauteur et fendu lui aussi à coups de hache, je vis, sur une longueur de 1 mètre environ, les gale- ries qui, continuant le premier nid (l'année précédente), Rivaient peu à peu empiété sur le bois vert. Il y avait, outre de nom- breuses cavités taillées sous l'écorce, occupées par des larves et des soldats, deux canaux juxtaposés, vides, de couleur noire, creusés au milieu du bois, prolongés dans la direction du tronc. Ou voit d'après ces données que le C. Greeni ne fait pas son nid dans un arbre creux et ne le garnit pas de carton de bois à la manière du Coptotermes travians ou de VEutennrs mono- ceros^ mais que, semblable aux Coléoptères xylophages_, il taille lui-même ses galeries dans le bois dur. Les branches attaquées étant d'ordinaire élevées de plusieurs mètres au- dessus du sol, il faut admettre que les cf et 9 se portent d'eux-mêmes (en volant) sur l'arbre de leur choix, s'y accou- plent, et, taillant une galerie, y déposent les premiers œufs. L'attaque du Termite commençant au bout des branches (plus ou moins desséchées) et gagnant peu A peu du côté du bois vert, le C. Greeni, peut causer de grands dommages non seulement au Cashewnut, mais aussi à l'Arbre ;\ thé. E. Green indique, dans sa brochure (1907), les meilleurs moyens de détruire ces Insectes. 128 E, BUGNION ET N. POPOPF Soldat (pi. III, fig. 1-3). Long-ueur : 10 V, à 11 Y,""; tête avec les mandibules 4 Ya 5 mandibules seules 1 Ya- Tête grande, allongée, non rétrécie en avant, avec les bords latéraux à peu près droits ; d'un jaune d'ambre plus foncé en avant. La face dorsale bombée, avec le déclivum frontal en pente douce (moins abrupt que chez C. dilatatti^) et deux saillies rembrunies au niveau des articulations mandibulaires dorsales. Antennes courtes (plus courtes que la tête, sans les mandibules) formées de lo (parfois de 16) articles, le 3' un peu plus long que le 2% 4 et o globuleux, les suivants oblongs, le dernier un peu plus étroit que le pénultième. Eu arrière des antennes se voient deux yeux à facettes (déjà signalés par Desneux chez le soldat de C. militaris), mal Fia. 1 bis. — Calotermes (Ireeni. Tête du soldat vue de profil. X 15. délimités, faiblement pigmentés, en voie d'atrophie (1). Labre petit, arrondi en forme de pelle, portant sur son bord anté- rieur 4 à o poils; sa face ventrale sans lignes de rugosités bien apparente». Mandibules très fortes, d'un noir de jais, avec la base élargie prismatique à 3 faces et le sommet recourbé en forme de faucille ; bords internes fortement asy- (1) Des coupes sériées pratiquées par N. Popoff montrent deux yeux peu déve- loppés, presque dépourvus de pigment, mais pourtant bien distincts. On distingue, en allant de dehors en dedans : 1" la cornée (cuticule) épaisse de 16 (j, colorée par l'hémalun-éosine en rose pâle, formant une couche continue ; 2° les cônes, hauts de 20 (A, transparents, ovoïdes, partiellement masqués par des noyaux violets ; 3» les rétinules, offrant chacune une massue volumineuse, placée en dessous du cône et un filament mince prolongé jusqu'à la membrane basais. Chaque massue comprend un corps homogène, rose, de forme ovoïde, avec une dizaine de petits noyaux superposés. Les filaments, séparés par des espaces clairs, forment au niveau de la basale un plexus large semé de noyaux. Observé sur les mêmes coupes, le cerveau offre à droite et à gauche un prolongement conique, formé d'une masse blanche (ponctuée) et d'une zone périphérique de petits noyaux. Un nerf optique grêle et délié, aussi long que la moitié du ganglion cérébroïde, se porte du prolongement conique jusqu'au plexus sous-rétinien. Le ganglion optique paraît dans le cas particulier remplacé par ce plexus. LES CALOTERMES DE CEYLAN 129^ métriques, celui de la mandibule droite avec deux dents très fortes (la 1" asse» exactement à mi-longueur), suivies de quelques sinuosités, celui de la mandibule gauche avec une dent assez forte placée près du sommet et, en arrière de celle- ci, 5 dents plus petites diversement inclinées. La mandibule, examinée obliquement, montre en outre une crête longitudinale séparée des dentelures par un sillon. Face inférieure de la tête creusée d'une rainure longitudinale renfermant le menton, manifestement relevée des deux côtés de ce dernier. Trou occipital, petit, placé en arrière. Menton allongé, soudé, élargi en avant et en arrière, sa partie moyenne très amincie, avec un épaississement chitineux le long des bords. Le bout anté- rieur du menton, bombé et dilaté, offre sur sa lace profonde une excavation arrondie répondant au ganglion sous-œsopha- gien et à Torifice du teutorium. Maxilles réduites, insérées très en avant, au niveau de la partie dilatée du menton, au moyen de deux petits cardos ; palpes courts ; galea relativement moins atrophié que le lacinia. Lèvre inférieure peu développée, de même les glosses et paraglosses ; palpes labiaux courts et épais. Pronotum privé de lobe antérieur, jaune, très large, transverse, visiblement plus large que la tête, 2 72 fois plus large que long, arrondi sur les côtés ; ses bords antérieur et postérieur faiblement échancrés, sa face dorsale avec 3 petites impressions. Mésonotum d'un tiers plus étroit que le prono- tum, métanotum de nouveau un peu plus large; tous deux plus clairs que le pronotum. Abdomen allongé, presque cylin- drique, semblable à celui de la larve, mais un peu plus long, de couleur jaunâtre (brun rouge chez le vivant à cause du contenu intestinal). Deux papilles pilifères et deux cerques terminaux. Quelques poils clairsemés sur toutes les parties du corps. Pattes robustes. Cuisses blanches, renflées, clavi- formes ; tibias jaunâtres, légèrement renflés dans leur partie moyenne, armés de trois épines au bout inférieur. Différent en cela des vrais Termites, le soldat est, à en juger par la denture des mandibules, capable de tailler le bois aussi bien que la larve. Larve des futurs sexués jouant le rôle d'ouvrier (pi. m, fig. 5 â 8). — Longueur maxima, 672°'°'; longueur de la tête, 17^'"°'. Remarquable par sa marche lente, sa grosse tête jaune soufre et son abdomen presque cylindrique, semblable à un saucisson brunâtre. Tête grosse, arrondie, fortement bombée, jaune pâle, Mém. Soc. Zool. de Fr., 1910. xxiii-9 130 E. BUCNION ET N. POPOFF avec les quatre articulations et les bords des mandibules à peu près noirs. Région frontale distinctement excavée. Antennes plus courtes que la tète, jaunâtres, formées de 14 articles; 3 et 4 incomplètement séparés, ensemble aussi longs que 2. Articles moyens globuleux, aussi longs que larges^ les suivants un peu plus longs. Labre en forme de pelle^ plus large que celui du soldat,, son bord antérieur arrondi et rebordé, garni d'une dizaine de poils ; les deux lignes de rugosités indistinctes, moins régulières que chez Termes. — Mandibule gauche avec 3 dents triangulaires (en comptant Tapicale), séparées de l'apo- physe basale par une échancrure bien marquée. Mandibule droite avec 3 dents (en comptant l'apicale), la 3" non sépa- rée, suivie d'un tranchant droit; bord de l'apophyse basale finement crénelé (1). Echancrures sous-occipitales relativement petites, placées plus en avant que chez Termes, limitées par un bord rembruni. Menton plus long que celui des Termites vrais (imagos et ouvriers), partiellement soudé, offrant, au lieu de crochets, un bord postérieur arrondi appliqué sur le bord antérieur du trou occipital. ïentorium, en forme d'Y, soudé en arrière sur le bord antérieur du trou occipital, appuyé en avant au moyen de ses deux piliers sur les condyles articulaires dorsaux. Cardos assez larges, articulés sur les bords du tento- rium et du menton à Tunion du tiers postérieur et des -/s si"" térieurs de ce dernier, visibles au niveau des echancrures à droite et à gauche. — Appareil maxillo-labial bien développé; lacinia large avec une douzaine de cils; palpes relativement courts et épais. Pharynx presque cylindrique, à peine rembruni vers le bout antérieur. Thorax et pattes blanchâtres. Pronotum transverse, un peu moins large que la tète, deux fois plus large que long, son bord antérieur arrondi, le postérieur à peu près droit, légèrement échancré. Méso- et métanotum un peu plus larges que le pronotum. Abdomen de même largeur que le thorax, à peu près cylindrique, avec 2 papilles tactiles et 2 cerques terminaux. Les jeunes larves, longues de 2 à 3°"" entièrement blanches, n'ont pas d'expansions thoraciques. Antennes formées de 11 articles : 3 incomplètement divisé, presque aussi long que 2, les suivants graduellement plus longs, le dernier étroit et allongé. Les larves un peu plus âgées ont, eu suite des divisions (1) On remarque, en comparant les figures, que les mandibules du C. Greeni (larves) ont une grande analogie avec celles des Coplolermes (ouvriers ou nymphes). Les mandibules des soldats sont par contre bien différentes. LES CALOTERMES DE CEYLAN 131 successives de l'article 3, des antennes de 12-13-14 segments. Les larves qui vont se transformer en nymphes subissent une mue du tégument, en même temps qu'une mue de l'intestin, en suite de laquelle, l'abdomen devenu plus aplati, prend une couleur blanc jaunâtre. Il faut, je suppose, une deuxième mue pour faire passer la nymphe à l'état d'imago, mais je n'ai pas eu jusqu'ici l'occasion de l'observer. Une larve de cette phase, sans yeux ni rudiments d'ailes, mais avec un corps graisseux déjà assez riche, n'a, malgré une dissection minutieuse, montré au- cune ébauche des glandes sexuelles. Nymphe. — Longueur S"""". Corps entièrement blanc, plus allongé que celui des larves. Le bord interne des mandibules, les quatre articulations maudibulaires et l'extrémité des maxilles de couleur brune. Ailes jaunes, atteignant la moitié de la lon- gueur du corps. Tète grande, arrondie, un peu plus rétrécie en arrière qu'en avant. Yeux à facettes petits, incolores, mais déjà distincts. Pas d'ocelles visibles. Antennes un peu plus longues que la tête, formées de 18 articles. 3, 4 et o courts, à limites peu distinctes, les suivants globuleux, les derniers un peu plus longs, le dernier plus étroit que le pénultième. Labre grand, dépassant les mandibules, semblable à celui de la larve, avec le bord antérieur arrondi et rebordé. Mandibules sem- blables à celles de la larve. Menton à bord postérieur arrondi et soudé. Echancrnres sous-occipitales, placées à mi-longueur de la face inférieure, bordées d'un liseré rembruni. Appareil maxillo-labial bien développé. Pronotum aussi large que la tête au niveau des yeux, transverse, deux fois plus large que long ; bord antérieur échancré embrassant l'occiput, bord pos- térieur arrondi. Abdomen gonflé, chargé de graisse ; 2 papilles pilifères et 2 cerques bien distincts. J'ai observé quelques nymphes qui n'avaient pas encore d'ailes, mais possédaient déjà de petits yeux brunâtres et des antennes de 18 articles. Une nymphe blanche allongée (long. 10 72°'°')) 3-vec des yeux noirs et des rudiments d'ailes, m'a montré deux petits ovaires fusiformes, chacun avec une vingtaine de tubes offrant déjà des ovules distincts en série décroissante. Imago (pi. m, fig. 9). — Longueur 7™°", avec les ailes 12 7j°"°. De couleur ferrugineuse, assez brillante, avec la partie anté- rieure de la tète et la moitié postérieure de Tabdomen plus foncées. Tête grande, arrondie, un peu bombée, avec une im- 132 E. BUGNION ET N. POPOFF pression transverse au niveau du front. Yeux noirs, peu saillants. Ocelles petits, peu distincts. Antennes atteignant à mi-longueur du mésonotum, formées de 18 articles ; 2"" un peu plus court arve de 7^2*"™' offrant encore des tergiles thoraciques très courts et très larges :iqu 13. LlîS CALOTERMES DE GEYLAN 143 3° par ses antennes formées de 12 articles (parfois 13) au lieu de 15; 4° par son menton moins rétréci dans sa partie moyenne (relativement moins dilaté en avant de celle-ci). La rainure profonde, dans laquelle le menton est enfoncé chez C. Greeni, est un trait distinctif de cette espèce. La denture des mandi- bules offre, comme le montrent les figures, une disposition bien différente. OUVRAGES CITÉS 1853. IIagen. Abh. Ak. Berlin, p. 480 (G. Kalolermes). 1858. Haoén. Linn. Eut., XII, p. 33 (G. Calotermes] . 1873. MÙLLKR (Fr.). Die Gesehlechtslheile der Soldateii von Galotermes. [Jcna. Zeitsohr. VII). 1875. MiJLLER (Fr.). Uie Larven von Catolcrmes rugosus (Jena. Zeitschr. IX, p. 241). 1877. r,KiDY (I.). On intestinal Parasites of Termes ftavipes [Leuco- termes). (P. Ac. Philad., p. 146). 1893. Grassi 6 SandiaS. Gostituzione e sviluppo délia società dei Ter- mitidi (Galania). 190'.. a. Dksneux (I.), Ann. Sor. ent. Belgique. XLVIIl, p. 146 [Galo- termes milUaris). 190'f. h. DaSNEUX (I), Uoplera, dans : Gênera Inseclonunde Wytsman. 25« fasc. 1907. Desneux (I). Ann. Soc. ent. Belgique, LI, p. 388 [Galotermes Greeni). 1907. Green (E.). Enlomological Notes [Tlie tropical açiricuUurisl, p. 181). [Galotermes militaris). 1909. EscHERiCH (K.). Die Termiten oder weissen Araeisen, (Leipzig). 1910. Emery (G.). Il poliinorQsiuo e la fondazione délie socielà negli Inselti soeiali {Scientia, VII, Bologna). t44 E. BUGNION ET N. POPOFF EXPLICATION DES PLANCHES Planche III Galotermes Greeni Desn. 1. Soldat, face ventrale de la tête et du thorax. X25. 2. Le même. Menton isolé avec l'appareil maxillo-labial. X 25. 3. Le même. Labre isolé. X 2o. 4. Larve de S"»'". Intestin incolore. Antennes formées de 1 1 articles. X20. 5. Larve de 6 '/.<"""• (Iniestia postérieur bran, bourré d'Iufusoiies. Anteunes formées de 14 articles). P'ace ventrale de la tète. X 20. G. La môme. Menton isolé avec l'appareil maxillo-labial. X 20. 7. Larve de 6 Vs'"'"- Le tentorium avec l'épistome, le labre et les mandibules. X 2L 8. Larve de G'""», vue de côté. Système trachéen. xG. 9. Imago. X 7. 10. La même. Ecailles de l'aile au niveau de la bifurcation de la subcostale. X 230. 11. Larve de 6 Vs"""- Tube digestif isolé. Intestin postérieur brun, bourré d'Infusoires. x7. 12. Nymphe blanche. Mue du tube digestif, x 8. On voit dans l'in- testin postérieur le boudin brun foncé, formé par des débris d'Infusoires agglutinés. Planche IV Galotermes dilatatus nov. sp. 13. Soldat. Face dorsale. X 20. Antennes de 12 articles. 14. Soldat. Face ventrale de la tête. X 2S. 15. Soldat. Le menton isolé avec l'appareil maxillo-labial, x33. 16. Nymphe de 5""". X 18. 17. Aile^antérieure de cette nymphe. x3î). 18. Larve de 1 Va'"'"- (Antennes de 10 articles), x 19. 10. Larve de 3""». (Antennes de 11 articles). X 19. 20. Larve de 4 V.,m™. (Antennes de 1-2 articles). x20. 2L Larve de 7 Vomm. ^A.nlennes de 12 articles). X21. 22. La môme. Les mandibules avec le labre et l'épistome. Face dor- sale. X 45. 23, La même. Le menton isolé avec l'appareil maxillo-labial. x21. Planche V Infusoires (Trichonymphides) tirés du cœcum de Calolermes Greeni, X 330. Les individus des deux premières rangées provenaient d'un ouvrier, ceux de la troisième provenaient d'un soldat. Mém. S. Z. F., XXIIl PI. m. lugnion et Poroff d .Wm. S. Z. F., XXIII, 79, CALOTERMES GREEM Méni. S. Z. F., XXI PI. IV. iugnion et Popoft" d M.-w. S. Z. F., XXI If, / ^ ^ ^ ^^ ^^ iT IV > ^ M fl Si 1» V) 1 V Il r> ^ \\^ "f I » ^1 1 V 1 \ 0 w \ ! \ n m. CALOTERMKS DILATATUï Mém. S. Z. F., XXIII -1910. PI. V. 7\V i \ \ / ? .m (m>. (■ Wl 1 i •> ^^ï" rf-h'M^'^' É jnion et Popoff del. IMP. LKCKRF, ROUEN. TRICHONYMPHIDES DU CALOTERMES GREENI DESN. CAMPAGNES DE LA MELITA LES AMPHIPODES D'ALGÉRIE ET DE TUNISIE PAR Ed. CHEVREUX Premièrk partik. Gammarina La plupart des Ainphipodes qui font l'objet du présent travail ont été obtenus au cours d'un voyage zoologique efiectué eu 1892, à bord du yacht Melita. J'étais parti de Nantes le 27 mai. Après quelques recherches sur les côtes d'Espagne et de Portugal, le yacht passait le détroit de Gibraltar et arrivait à Alger le 2 juillet. J'en repartais quel- ques jours plus tard pour consacrer la fin du mois à des dragages dans les parages de Majorque et de Minorque (lies Baléares). Il ne sera pas question ici du résultat de ces opérations. De retour à Alger, je quittai définitivement ce port le 10 août, pour me diriger, en suivant la côte, vers la Tunisie. Le trajet d'Alger à Bizerte, effectue par de grosses brises de vent d'est, qui m'obligèrent à un louvoyage pénible, fut coupé par quelques relâches à l'abri du cap Tédlès, à Bougie et devant La Galle. Au cours de ces relâches, plusieurs opéra- tions de dragage et de pose de nasse me procurèrent des animaux intéressants. A Bizerte, en dehors de mes dragages en rade, j'ai pu faire des recherches dans le lac salé et dans le lac d'eau douce (lac Iskel) grâce à l'obligeance du direc- teur de la Compagnie des travaux du port, qui voulut bien mettre un remorqueur à ma disposition pour conduire ma yole jusqu'à l'entrée de l'Oued-ïindja, canal qui relie les deux lacs. J'effectuai ensuite quelques opérations en rade de LaGoulette et dans le lac de Tunis, puis, je me dirigeai vers le golfe de Gabès, tout en profitant des circonstances favorables pour Mém. de la Soc. Zool. de Fr., i9l0. xxiii-10 146 ED. CHEVREUX faire des dragages au large du Ras Dimas, dans le canal des Kerkennahs et en rade de Sfax. La faune des iLponges du golfe de Gabès m'intéressait tout particulièrement, ces Cœlentérés contenant toujours de nom- breux Crustacés et Mollusques commensaux. Huit coups de chalut, sur les fonds de 20 à 38 mètres du golfe, me procu- rèrent de nombreux exemplaires de l'Eponge du commerce [Hippospongia equina Schulze, var. elastica Lend.) ainsi que plusieurs formes nouvelles de Spongiaires. Au point de vue des Amphipodes, celte faune est malheureusement de peu d'intérêt, les exemplaires_, qui habitent en grand nombre les oscules des Hippospongia, appartenant tous à deux espèces fort communes : Lgsianassa longicornis Lucas et Leiicolhoe spinicarpa (Abildg.). Je séjournai dans le golfe de Gabès, tant aux mouillages de la Skhira et de la baie des Surkennis qu'à celui de Sidi-Jamur (île Djerba), jusqu'au 28 septembre. Puis, après avoir touché à Sousse, je regagnai Bizerte, où je voulais faire encore quelques recherches en rade et dans les lacs. Pendant mon retour à Alger, où j'arrivai le 22 octobre, j'effectuai encore quelques dragages. Le plus fructueux, au point de vue spécial qui m'occupe ici, eut lieu sur le plateau qui sépare le cap Serrât de l'ile de la Galite, par une profon- deur de 170 mètres. Le chalut ramena dix-sept espèces d'Am- phipodes. Quatre de ces espèces étaient nouvelles et huit autres n'avaient jamais été rencontrées en Méditerranée. Enfin, pendant mon voyage de retour, je profitai des nuits calmes pour traîner le chalut de surface et pour recueillir les nombreux animaux pélagiques qui quittent les profondeurs après le coucher du soleil. Ce mode de pêche, dont les résultats sont à peu près nuls en été sur la côte d'Algérie, commençait à devenir fructueux. La plupart des résultats de ce voyage ont été depuis long- temps publiés. M. TopsENT (39), a étudié les Spongiaires; M. Ad. DoLLFUS (19), une partie des Isopodes, les Tanaidœ; M. Dautzembkrg (17), les Mollusques testacés; M. Joubin (22), les Céphalopodes. J'adresse ici à ces Messieurs mes meilleurs remerciements. Je mentionnerai dans le présent travail, en même temps que les Amphipodes recueillis en 1892, ceux (jue j'ai trouvés à Cherchell pendant l'hiver de 1884-1885 et dont une liste pré- liminaire a déjà été publiée (5), et ceux que j'ai dragués dans LES AMPHIPODES d'ALGÉRIE ET DE TUNISIE 147 le golfe de Bône et dans ses environs, à partir de 1899, avec le petit yacht Melita II. Enfin, j'y joindrai les Amphipodes dragués dans la baie d'Alger par TIsis, bateau de la Station zoologique dirigée par M. le professeur Viguier, Amphipodes que M. Seurat, chef des travaux pratiques de zoologie à la Faculté des sciences d'Alger, a bien voulu recueillir à mon intention, et quelques espèces trouvées par mon ami M. Bariteau, sur la côte de Kabylie. Le nombre des espèces recueillies est de cent-quarante-deux. Quatorze de ces formes sont nouvelles pour la science et j'ai été conduit, au cours de mon travail, à proposer l'établissement de cinq genres nouveaux. Liste des stations d'Algérie et de Tunisie dans lesquelles des Amphipodes ont été obtenus (1 Stn. 10, Cherchell. Recherches sur le littoral pendant l'hiver de 1884-1885. Stn. 503, 3 juillet 1892. Alger, ravin de la Femme sauvage, au bord de TOued Khrenis, sous les pierres. Stn. 504, 7 juillet 1892. Au large de la côte d'Algérie, (lat. 37055' N.; longit. 0°40' E.), sur une Tortue {Tkalassochelys caretta L.). Stn. 513, 2 août 1892. Au large de la côte d'Algérie (lat.37°26' N. ; longit. 0°50' E.), sur une Tortue {Tkalassochelys caretta L.). Stn. 515, 8 août 1892. Alger, baie de l'Agha, dragage, sable vaseux^ 10 mètres. Stn. 516, 8-9 août 1802. Port d'Alger, dans une nasse, vase molle, 15 mètres. Stn. 517, 13 août 1892. Cap Tédlès, côte de Kabylie, sur les Algues du littoral. Stn. 519, 13 août 1892. Cap Tédlès, filet fin de surface. (1) Pour la commodité de mes travaux, j'ai réuni, dans une liste générale de stations, les pèches efiectuées à bord de mes yachts : Actif, sur la côte océanique de France; Melita, dans l'Atlantique (golfe de Gascogne, côtes d'Espagne et de ' Portugal, Canaries, côtes du Sahai'a et du Sénégal) et dans la Méditerranée ; Melita il, dans le gohe de Bône et dans ses environs. 148 ED. CHEVREUX Stn. 520, 13 août 1892. Cap Tédlès, dragage, sable fin, 12 mètres. Stn. 522, 13-14 août 1892. Mouillage du cap Tédlès, dans une nasse, sable, 10 mètres. Sln. 524, 6 août 1892. Au large de Bougie (lat. 36o51' N. ; longit. 2° 48' E.), filet fin de surface, 6 heures du matin. Stn. 525, 17 août 1892. Bougie, sur la plage de Sidi-Yaya. Stn. 526, 18 août 1892. Dans les gorges du Chabet-el-Akra, au bord d^un ruisseau, sous les pierres. Stn. 527, 19 août 1892. Bougie, plage de TOued-Marsa, dans le sable. Stn. 528, 22 août 1892. Au large du cap Rose (lat. 37° 01' N; longit. 50 56' E.), filet fin traîné à 10 mètres de profondeur, 8 heures du matin. Stn. 530, 23 août 1892. Rade de La Galle, chalut, sable et Posido?ua, 20 mètres. Stn. 531, 24 août 1892. Au large du cap Roux (lat. 36° 58' 20" N. ; longit. 6" 15' 30" E.), traînage de fauberts sur un fond de Corail rose, 70 mètres. Stn. 535, 29 août 1892. Bizerte, au bord du lac salé, sous les amas de Fosidonia rejetées. Stn. 537, 3-4 septembre 1892. La Goulette, dans une nasse mouillée en rade, vase, 6 mètres. Stn. 538, 4 septembre 1892. Canal de La Goulette à Tunis, dans les toufTes d'Algues fixées sur les pilotis. Stn. 540, 4 septembre 1892. Pêche au filet fin dans le lac de Tunis (salure de l'eau, 55 gr. par litre). Stn. 541, 7 septembre 1892. Au large du RasDimas (lat. 35° 37' 30" N.; longit. 8» 46' 30" E.), chalut, subie et Posido?iia, 21 mètres. Stn. 542, 8 septembre 1892. Sur la bouée lumineuse verte, à l'entrée nord du chenal des Kerkennahs, sur des Alcyonaires. Stn. 543, 9 septembre 1892. Sfax, sur le banc de sable de- vant la ville, marée basse, sous les pierres. Stn. 545, 10 septembre 1892. Plage de Sfax, dans un mor- ceau de bois rejeté par la mer. Stn. 546, 11 septembre 1892, Plage au nord de Sfax, sous les pierres, au niveau des pleines mers. Stn. 547, 13 septembre 1892. Au large de Maharès (lat. 34° 27' N.; longit. 8° 13' 15" E.), chalut, NuUipores, 22 mètres. Stn. 549, 14 septembre 1892. Baie des Surkennis, Ras-el- Freshat, sous les Posidonia rejetées. LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 149 Stn, 551, 15 septembre 1892. Baie des Snrkennis, chalut^ sur Jes fonds de Posidonia du mouillage, 6 à 8 mètres. Stn. 552, 15 septembre 1892. Baie des Surkenois, dragage dans le chenal du nord, entre les bancs, sable vaseux et gravier, 10 à 12 mètres. Stn. 553, 15 septembre 1892. Baie des Surkennis, presqu'île Khédine, sous les pierres et les Posidonia rejetées. Stn. 554, 16 septembre 1892. Dragage dans la fosse du chenal nord, fond de coquilles brisées, 20 mètres. Stn. 555, 16 septembre 1892. Baie des Surkennis, dans les Eponges ramenées par le tramail placé dans le chenal par 20 mètres de profondeur. Stn. 556, 17 septembre 1892. Au large de la Skhira (lat. 34vl5' N.; longit. 7° 48' E.), chalut, sable vaseux, 22 mètres. Stn. 557, 17 septembre 1892. Golfe de Gabès (lat.34o03' N.; longit. 1" 53' E.). chalut, sable, 19 mètres. Stn, 558, 18 septembre 1892. Gabès, au bord de TOued-el- Bey, petit lac formé par le barrage de l'Oued-Gabès, en amont de Toasis de Mendel. Stn. 560, 19 septembre 1892. Golfe de Gabès (lat. 33« 53' N. ; longit, 7° 52' E.), chalut, sable et Posidonia, 15 mètres. Stn. 561, 19 septembre 1892. Golfe de Gabès (lat. 33°53'N,; longit. 7° 55' E,), chalut, sable, 23 mètres. Stn. 562, 20 septembre 1892. Golfe de Gabès (lat. 34" 02' N. ; longit. 8" 20' E.), filet fin de surface, 4 heures du matin. Stn. 563, 20 septembre 1892. Djerba, près du marabout de Sidi-Jamur, basse mer de syzygie. Stn. 564, 21 septembre 1892, Marée, même localité que la précédente, Stn. 566, 23 septembre 1892, La Skhira, marée basse. Stn, 567, 24 septembre 1892. La Skhira, marée basse, près de la pêcherie. Stn, 568, 25 septembre 1892. Golfe de Gabès (lat. 34° 18' N.; longit. 8° 18' E.), chalut, Corallines et Éponges, 38 mètres, Stn. 570, 28 septembre 1892. Sousse, sur les Algues du quai. Stn. 571, 2 octobre 1892, Au large du cap Farina (lât. 37" 12' N. ; longit. 7^58' E.), filet fin de surface, 11 heures du matin. Stn. 576, 5 octobre 1892. Bizerte, au bord de l'Oued-Tindja, qui relie le lac salé au lac d'eau douce, sur les Polysiphonia. Stn. 577, 7 octobre 1892. Bizerte, dragage dans la rade, sable et Posidonia, 10 mètres. Stn, 579, 8 octobre 1892. Au large des Fratelli(lat. 37'2 0' N. ; 150 ED. CHEVREUX long-it. 7' 04' E.), filet fin traîné à quelques mètres de la sur- face, au coucher du soleil. Stu. 580, 9 octobre 1892. Entre la Galite et le cap Serrât (lat. 37"27' N.; longit. 6° 45' E.), filet fin de surface, 8 heures du matin. Stn. 581, 9 octobre 1892. Même localité, pêche au haveneau, à la surface, pendant le calme, 9 heures du matin. Stn. 582, 9 octobre 1892. Entre la Galite et le cap Serrât (lat. 37^20' N. ; longit. 6° 51' E.), chalut, 170 mètres, vase. Stn. 584, 11 octobre 1892. Au large du cap de Fer (lat. 37» 37' N. ; longit. 4° 20' E.), filet fin de surface, 6 heures du soir. Stn. 585, 11 octobre 1892. Au large du cap de Fer (lat. 37° 36' N. ; longit. 4° 18' E.), filet fin de surface, 8 heures 1/2 du soir. Stn. 586, 12 octobre 1892. Au large de Djidjelli (lat. 37° 01 'N. ; longit. 3" 27' E.), pêche au haveneau le long du bord. Stn. 587, 12 octobre 1892. A deux milles au nord de la sta- tion précédente, même mode de pêche. Stn. 588, 13 octobre 1892. Djidjelli, dragage dans la rade, sable roux, 23 mètres. Stn. 589, 13-14 octobre 1892. Djidjelli, dans une nasse mouillée au pied des roches du phare, par 20 mètres. Stn. 590, 15 octobre 1892. Djidjelli, canal d'écoulement des eaux du marais, sur les Algues (eau saumâtre). Stn. 591, 16 octobre 1892. Au large de Bougie (lat. 36° 56' IN.; longit. 3° 01' E.), filet fin de surface, 9 à 10 heures du matin. Stn. 592, 16 octobre 1892. Même localité que la précédente, dans des Salpes à bandes violettes, prises au haveneau le long du bord. Stn. 593, 17 octobre 1892. Au nord du cap Carbon (lat. 36° 59' N. ; longit. 2° 48' E.), filet fin de surface, 3 heures du matin. Stn. 594, 18 octobre 1892. Bougie, dragage en rade de Sidi- Yaya, vase molle grise, 18 mètres. Stn. 596, 19 octobre 1892. Golfe de Bougie, chalut, vase, 65 mètres. Stn. 597, 20 octobre 1892. Plage au sud de Bougie, dans le sable. Stn. 599, 18 février 1893. Saint-Eugène, près Alger, sur les Algues du littoral. Stn. 600, 10 mars 1893. Alger, baie de Mustapha, sur les Algues ramenées par la senne. LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 151 Stn. 601, 12 avril 1893. Alger, sur les Algues du littoral. Stn. 602, 30 avril 1893. Saint-Eugène, près Alger, au bord d'un ruisseau, à 20 mètres de la mer. Stn. 603, 19 mai 1893. Saint- Eugène, près Alger, sur les Algues du littoral. Stn. 628, 5 juillet 1894. Bône, baie du Fort-Génois, sur les Algues du littoral. Stn. 633, 10 juin 1895. Bône, sur les Algues du littoral. Stn. 652, 20 mai 1897. Bùne, sur une bouée du port. Stn. 653, 28 mai 1897 Bône, sur une bouée du port. Stn. 654, 8 juin 1897. Bône, baie du Caroubier, dragage, vase, 22 mètres. Stu. 655, 8 juin 1897. Bône, baie du Caroubier, dragage, sable et Posidonia, 10 mètres. Stn. 656, 11 juin 1897. Bône, plage Chapuis, dans une touffe d'Algues. Stn. 657, 15 juin 1897. Bône, baie du Caroubier, dragage, sable et Posidotiia, 10 à 12 mètres. Stn. 658, 19 juin 1897. Bône, baie du Caroubier, dragage, vase, 20 mètres. Stn. 659, 19 juin 1897. Bône, baie du Caroubier, dragage, sable, 15 mètres. Stn. 660, 26 juin 1897. Bône, au large de la plage Toche, dragage, vase, 25 à 30 mètres. Stn. 661, 26 juin 1897. Bôoe, baie du Caroubier, dragage sable et Posidonia^ 8 à 10 mètres. Stn. 662, 30 octobre 1897. Bône, dragage dans l'avant- port, vase molle, 8 mètres. Stn. 663, 12 mai 1898. Bône, au bout de la digue sud, sur des Algues brunes. Stn. 664, 10 juin 1898. Bône, dans la Seybouse, à 5 kilo- mètres et à 12 kilomètres de l'embouchure, haveneau, au pied des roseaux. Stn. 665, 12 juin 1898. Golfe de Bône, près Calle Traverse, dragage, sable, 10 mètres. Stn. 666, 13 juin 1898. Bône, plage Luquin, sur les Algues, Stu. 667, 6 juillet 1898. Bône, plage Luquin, sur les Algues. Stn. 668, 7 juillet 1898. Bône, cap de Garde, sur les Algues. Stn. 669, Il juillet 1898. Bône, côte de Sidi-Aïssa, sur les Algues. Stn. 670, 28 septembre 1899. Bône, à trois milles dans le 152 ED. CHEVREUX uortl-est (lu cap de Garde. Filet bathypélagique, 10 heures du matin, profondeur environ 50 mètres. Stn. 671, 29 décembre 1899. Bône, à deux milles dans le nord- est du cap de Garde, filet bathypélagique, 1 heure du soir, profondeur 60 à 100 mètres. Stn. 672, 27 mars 1900, Bône, à un mille dans le nord- ouest du cap de Garde^ filet bathypélagique, 1 heure du soir, profondeur, 5 à 10 mètres. Stn. 673, 14 avril 1900. Bône, plage du Caroubier, sur les Algues. Stn. 674, 17 avril 1900. La Galle, plage ouest, sous les pierres recouvrant du gravier. Stn. 675, 20 avril 1900. La Galle, sur les Algues de l'avant- port. Stn. 676, 28 avril 1900. Bône, à un mille dans le nord- ouest du cap de Garde, filet bathypélagique, profondeur environ 10 mètres. Stn. 677, 4 mai 1900. Bône, sur les Algues et dans les^ Rponges fixées aux blocs de béton retires du port. Stn. 678, 5 mai 1900. Bône, plage du Caroubier, sous les pierres. Stn. 679, 19 mai 1900. Bône, plage du Caroubier, sous les pierres, à 1 mètre au-dessus de la ligne de l'eau. Stn. 680, 15 juin 1900. La Galle, sur les Algues du chenal, côté ouest. Stn. 681, 7 novembre 1900. Bône, à 1 mille dans le nord du cap de Garde, filet bathypélagique, 10 heures du matin, profondeur 10 mètres. Stn. 682, 14 décembre 1900. Golfe de Bône (lat. 36° 38' N., longit. 50 42' E.), fauberts (engin des corailleurs), fond de Corail rose, 65 mètres. Stn. 683, 17 décembre 1900. Golfe de Bône, près du cap Rose, filet bathypélagique, profondeur 10 mètres. Stn. 684, 19 décembre 1900. Dans le nord-ouest du cap Rose, fauberts, fond de Corail rose, 70 mètres. Stn. 685, 2 février 1901. Golfe de Bône, dans l'est du port, chalut et fauberts, vase molle grise, 22 mètres. Stn. 686, 4 mai 1901. Golfe de Bône, au nord de la plage du Caroubier, fauberts (engin des corailleurs), roches, 12 mètres. Stn. 687, 1" juin 1901. Golfe de Bône, au nord de la plage du Caroubier, fauberts (engin des corailleurs), roches, 12 mètres. LES AMPHIPODES d'aLGÉRIK ET DK TUNISIE 153 Stn. 088, 8 jniu 1901. Golfe de Bône, à l'est de la plage du (>aroubier, chalut et fauberts, vase molle grise, 30 mètres. Stn. 689, 14 juin 1901. Port de Bône, dragage, sable vaseux ei Posidonia, 6 mètres. Stn. 690, 13 juillet 1901. Au large du cap Rose, sur une Tortue morte. Stn. 693, 16 juillet 1901. Ile de la Galite (côte nord de Tu- nisie), au bord d'une mare, dans le village, altitude 100 mètres environ, Stn. 696, 16 juillet 1901. Ile de la Galite, sur des Scyllmm caniciila et un Sçuaiina (nigelns rapportés par les pêcheurs. Stn. 697, 17 juillet 1901. Ile de la Galite, au bord de la fontaine de la plage des galets, altitude 20 mètres envirou. Stn. 698, 17 juillet 1901. Ile de la Galite, sur les Algues. Stn. 699, 11 janvier 1902. Entre le cap de Garde et la Voile noire, pêche au filet fin, un peu au-dessous de la surface, 10*> 50 à 11 h 10 du matin. Stn. 700, 29 janvier 1902. Golfe de Bône, au large du Fort- Génois, à environ deux milles de terre, filet bathypélagique, à environ 15 mètres au-dessous de la surface^ 11'' à IP 15 du matin. Stn, 701, 4 février 1902. A deux milles dans l'est du cap de Garde, filet bathypélagique, à environ 20 mètres au-dessous de la surface. Quatre opérations, entre 11'' du matin et 2'' 15 du soir. Stn. 702, 7 février 1902. De un k trois milles dans le nord- est du cap de Garde, filet bathypélagique, à 20-25 mètres au-dessous de la surface. Quatre opérations, entre 10'' 20 du matin et 2'' 30 du soir. Stn. 705, 4 mai 1902. Golfe de Bône, fauberts (engin des corailleurs), roches, 46 mètres. Stn. 706, 18 mai 1902. Au large de la Voile noire (ouest du cap de Garde), sur une épave. Stn. 707, 18 mai 1902. Au large du cap Axine, près Her- llor bord. Stn. 709, 14 juin 1902. Bône, dragage dans l'avant-port, sable vaseux et Posidonia, 6 mètres. Stn. 710, 14 juin 1902. Bône, dragage dans l'avant-port, vase molle grise, 8 mètres. Stn, 711, 14 juin 1902. Bône, sur les Algues de la première bouée noire de l'avant-port. 154 ED. CHEVREUX Stn. 712_, 21 juin 1902. Bône, dragage clans Tavant-port, vase molle grise, 8 mètres Stn. 713, 24-25 juin 1902. Bône, nasse mouillée sur les roches au nord de la digue du Lion, profondeur environ 5 mètres. Stn. 716, 4 mai 1903. Bône, dans une pièce de bois épave, percée par les Tarets. Stn. 719, 17 février 1904. Bône, baie du Caroubier, dragage, sable, 10 mètres. Stn. 720, 15 mai 1904. Golfe de Bône, plage Toche, sur des Algues, profondeur 2 à 3 mètres. Stn. 721, 20 mai 1904. Golfe de Bône, baie du Caroubier, dans les racines de Posidonia, profondeur 3 à 5 mètres. Stn. 722, 25 mai 1904. Sur des bouées du port de Bône. Stn. 723, 30 mai 1904. Au large du cap de Garde, sur un morceau de liège. Stn. 724, l" juin 1904. Bône, dragage dans Tavant-port, sable vaseux et Posidonia^ 6 mètres. Stn. 725, 5 juin 1904. Bône, dans le nord-est du cap de Garde, chalut, gravier et coquilles brisées, 75 mètres. Stn. 726, 12 juin 1904. Bône, dans le nord-est du cap de Garde, chalut, gravier et Algues calcaires, 65 mètres. Stn. 727, 15 juin 1904. Golfe de Bône, plage Toche, sur des Algues, profondeur 2 à 3 mètres. Stn. 728, 17 juin 1904. Golfe de Bône, dans Test du Fort- Gênois, chalut, vase molle grise, 45 mètres. Stn. 729, 19 juin 1904. Bône, dans le nord-est du cap de Garde, chalut, coquilles brisées et Madrépores, 83 mètres. Stn. 730, 26 juin 1904. Golfe de Bône, plage Chapuis, dans les Algues et les racines de Posidonia ramenées de 2à 3mètres de profondeur. Stn. 731, 27 juin 1904. Golfe de Bône, baie du Caroubier, sur les Algues du littoral. Stn. 732, V' juillet 1904. Golfe de Bône, baie du Caroubier, sur les Algues retirées du fond. Stn. 732''i% 2 juillet 1904. Golfe de Bône, baie du Fort- Gênois, dans le byssus des Pinna nobilis ramenées par un plon- geur, d'une profondeur de 7 à 8 mètres. Stn. 735, 2 mars 1906. Golfe de Bône, filet fin de surface, nuit. Stn. 737, 17 mai 1907. Golfe de Bône, près la plage Chapuis, dans les paquets de racines de Posidonia retirés du fond. LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 155 Stii. 740, 26 avril 1909. Golfe de Bône, baie du Caroubier, sur les pierres garnies d'Ulves vertes. Stn. 741, 1" mai 1909. Djidjelli, plage est, au bord de l'eau, sous les pierres. Stu. 742, 4 mai 1909. Hammam-Berda, entre Bône et Guelma, bains romains, source saline carbonatée, température variant de 29° à 35° centigrades. Stn. 743, 19 mai 1909. Bône, jetée sud, sur les Algues. LYSIANASSIDAE Nannonyx propinquus nov. sp. (Fig. 1 du texte et pi. VI, fig. 1 à 8) Femelle. — Corps obèse, atteignant 3""" de longueur dans la position où l'exemplaire est figuré. Mésosome et métasome Fio. 1. — Nannonyx propinquus nov. sp. — Femelle vue du côté gauche. lisses. Premier segment de l'urosome présentant une petite dépression dorsale, suivie d'une carène arrondie. Tête courte dans sa partie dorsale, mais prolongée latérale- ment par des lobes très développés, subaigus, qui atteignent l'extrémité du pédoncule des antennes supérieures. 156 ED. CHEVREUX Plaques coxales remarquablement hautes, celles des quatre premières paires atteignant à peu près le double de la hauteur des segments correspondants du mésosome. Plaques coxales de la cinquième paire beaucoup moins larges que hautes. Plaques épimérales du dernier segmeut du métasome terminées en arrière par un angle droit. Yeux très grands, ovalaires, comprenant chacun une cin- quantaine d'ocelles. Antennes supérieures très courtes, ne dépassant pas en lon- gueur Tensemble de la tête (lobes latéraux non compris) et du premier segment du mésosome. Premier article du pédoncule très volumineux, aussi large que long. Ensemble des deuxième et troisième articles n'atteignant que la moitié de la longueur du premier article. Flagellum principal n'atteignant que la moitié de la longueur du pédoncule et composé de quatre arti- cles. Premier article aussi long que l'ensemble des deux articles suivants et garni de nombreuses tigelles sensitives. Flagellum accessoire triarticulé, atteignant la moitié de la longueur du flagellum principal. Antennes inférieures à peine plus longues que les antennes supérieures. Troisième article très développé, un peu plus long que le cinquième article, qui n'atteint guère plus de la moitié de la longueur du quatrième. Flagellum à peine plus long que le dernier article du pédoncule et comprenant cinq articles. Pièces buccales ne différant pas sensiblement de celles du type du genre : Nannonyx Goësi (Boeck). Gnathopodes antérieurs courts, mais robustes. Article basai volumineux, deux fois aussi long que large. Article méral trian- gulaire, prolongé le long du bord postérieur du carpe, qui est également triangulaire et très dilaté à son extrémité. Propode ovalaire, plus court et plus étroit que le carpe. Dactyle très petit. Bord postérieur de l'article méral, du carpe et du propode portant de longues soies spiniformes. Gnathopodes postérieurs beaucoup plus longs que les gnatho- podes antérieurs. Article basai un peu rétréci dans sa partie médiane. Article ischial très développé, atteignant la moitié de la longueur de l'article basai. Article méral dilaté dans sa partie distale et finement cilié au bord postérieur. Carpe aussi long que l'article ischial et finement cilié sur ses deux bords. Propode beaucoup plus étroit que le carpe et n'atteignant que la moitié de la longueur de ce dernier article. Bord postérieur LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 157 du pi'opode prolongé inférieurement et formant, avec le dac- tyle, un petit organe chéliforme. Péréiopodes robustes, mais très courts. Péréiopodes des deux premières paires à peine plus longs que leurs plaques coxales. Article basai presque aussi long que l'ensemble des trois articles suivants. Article méral dilaté, bord antérieur convexe, se prolongeant inférieurement le long du carpe. Propode dépassant d'un tiers la longueur du carpe. Dactyle petit_, légè- rement courbé. Péréiopodes de la troisième paire beaucoup plus courts que les péréiopodes précédents. Article basai plus large que long. Article méral prolongé en arrière et dépassant l'extrémité du carpe. Propode atteignant le double de la longueur du carpe. Dactyle courbé. Péréiopodes des deux dernières paires de même forme, ceux de la cinquième paire étant un peu plus longs que les précé- dents. Article basai à peu près aussi long que large, crénelé au bord postérieur. Article méral moins fortement prolongé que cliez les péréiopodes de la troisième paire. Propode attei- gnant le double de la longueur du carpe. Dactyle petit. Lobes branchiaux bien développés, plus longs que les lamelles incubatrices. Branche externe des uropodes de la première paire un peu plus courte que le pédoncule, mais notablement plus longue que la branche interne. Branche interne des uropodes de la deuxième paire aussi longue que le pédoncule ; branche externe un peu plus allongée. Uropodes de la dernière paire très réduits. Branche externe un peu plus courte que le pédoncule et portant un petit article terminal. Branche interne très grêle, beaucoup plus courte que la branche externe. Telson aussi large que long, présentant, au bord distal, une large échan- crure arrondie, garnie, de chaque côté, d'une forte épine et d'une soie. Espèce voisine de Namionyx Goësi (Boeck), des mers de Norvège, mais, chez cette dernière forme, les yeux sont de taille moyenne, les plaques épimérales du dernier segment du métasome sont crénelées au bord postérieur, le propode des gnalhopodes antérieurs est aussi long que le carpe, l'article méral des péréiopodes de la troisième paire n'est pas très pro- longé, le telson ne présente pas d'échancrure au bord distal. , Provenance. — Stn. 661, golfe de Bône, profondeur 25 mètres. 158 ED. CHEVREUX Lysianassa longicornis Lucas (PI. VI, fig. 9) Lysianassa loiigicoimis Slebbing- (38), p. 39 (1). Provenance. — Golfe de Bône (Lucas). Stns. 531_, 684, au large de La Galle. Stns. 556, 557, 561, 568, golfe de Gabès. Stns. 654, 726, golfe de Bône. Baie d'Alger (Isis). Profondeur 19 à 70 mètres. Les exemplaires du golfe de Gabès ont été trouvés, en grand nombre, dans les oscules des Éponges du commerce, Hippo- spongia eqidîia (Scfhm.), var. elastica Lend. Couleur. — Chez une femelle ovigère, provenant de la sta- tion 556, le corps, translucide, était d'un blanc verdâtre, ma- culé de petites taches jaunes en forme d'étoiles, le flagellum des antennes était teinté de brun, les yeux étaient d'un brun rougeâtre et quelques petites taches de même couleur se trou- vaient sur l'article basai des péréiopodes des deux dernières paires. Les œufs étaient d'un jaune orangé. Distribution. — Golfe deNaples (Costa, Della Valle). Adriatique (Grube, Heller). Villefranche (Alpes-Maritimes), Ile Rousse, Calvi, Bonifacio (Corse), golfe de Saint-Tropez (Var), baie d'Alcudia (Majorque), profondeur 10 à 50 mètres (Melita). Lysianassa ceratina (A. 0. V^alker) (PI. VI, fig. 10) Lysianax ceratimts A. 0. Walker (40) p. 200, pl. x, fig. 1 à 8. Stebbing (38, p. 39) considère, avec quelque doute il est vrai, L. ceratina comme synonyme de L. longicornis. A mon avis, les deux formes sont spécifiquement distinctes. Dans un travail antérieur (9, p. 16, pl. v, fig. 1 et 2), j'ai montré que les an- tennes étaient bien différentes. D'autre part, Walker (44, p. 327) a fait observer que le telson, régulièrement arrondi chez L. longicornis^ était tronqué chez L. ceratina. J'ajouterai que, chez L. longicornis, le telson (Pl. vi, fig. 9) est beaucoup plus long que large, tandis qu'il est presque aussi long que large chez L. ceratina (Pl. vi, fig. 10). (1) Pour la synonymie, je renvoie le lecteur à l'ouvrage de Stebbing (38), qui est entra les mains de tous les zoologistes s'occupant de la systématique des Amphipodes. LES AMPHIPODES d'alGÉRIE ET DE TUNISIE 159 Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stn. 517, cap Tédlès. Stn. 551, golfe de Gabès. Stn. 603, Alger. Stns. 666, 731, Bône. Profondeur 0 à 6 mètres. DiSTRiHUTiON. — lies Britanniques (A. 0. Walker, Norman). Jersey, Guernesey (Walker et IIornell, Norman). Grandcamp- les-Bains, Omonville-la-Rogue, îles Saint- Marcouf, Gran ville (Gadeau de Kerville). Saint-Vaast-la-IIoiigue (Chevreux et Bouvier). Perros-Guirec. Roscoff. Côte océanique de France (Chevreux). Port-Vendres, Cette, Bandol, Saint-Tropez, Saint- Raphaël, Antibes, Villefranche_, sur les Algues du littoral ; Porto-Vecchio, Corse, sur Pinna nobilis ; La Luz, Canaria, marée basse; Dakar, Sénégal, profondeur 5 mètres (Melita). Mer Rouge, océan Indien (A. 0. Walker). Couleur. — Mes exemplaires de Bône étaient quelque peu translucides, d'un gris jauaâtre, avec quelques grandes taches brunes sur le inésosome et sur le métasome et de nombreuses petites taches jaunes, en forme d'étoiles, sur tous les segments du corps et sur l'article basai des péréiopodes des deux der- nières paires. Les yeux étaient d'un rose pâle. Lysianassa rispinosa (Délia Valle) Lysianassa bispinosa Stebbing (38), p. 38. Provenance. — Stn. 721, golfe de Bône, profondeur 5 à 6 mètres. Deux grandes femelles, mesurant 11 millimètres de longueur. DisTRiRUTiON. — Golfe de Naples (Della Valle). Lysianassa plumosa Boeck. (PI. YI, fîg. 11 à 20). Lysimiassa plumosa Stebbing (38), p. 38. Une femelle de cette espèce a été draguée par la Melita sur la côte nord de Tunisie. La présence de L. plumosa en Méditerranée vient à l'appui de l'opinion de Bâte et Westwood (1, I, p. 74) et de G. 0. Sars (33, p. 42, pi. xvi, fig. 1), qui assimilent la forme des mers du nord de l'Europe à l'Amphipode recueilli par H. Milne-Edwards dans le golfe de Naples et décrit par lui sous le nom de Lysianassa Coslae (24, p. 365, pi. x, fig. 17). Cette description est malheureusement très incomplète et 160 ED. CHEVRETJX l'absence d'une dent au bord postérieur du dernier segment du métasome, sur la figure du mémoire de H. Milne-Edwards, a engagé Della Valle (18, p. 788), puis Stebbing, à nier l'iden- tité des deux formes. Ou pourrait objecter à cela que la forme de l'angle postérieur du dernier segment du métasome, souvent difficile à voir sans un examen approfondi, semblait de nulle valeur à l'époque où H. Milne-Edwards écrivait son mémoire sur les Crustacés Amphipodes, tandis qu'elle est considérée actuellement comme un caractère d'une grande importance chez les Amphipodes de la famille des Lysianassidae. Quoi qu'il en soit, je crois devoir apporter ma contribution à cette ques- tion si controversée, en décrivant ici la femelle que j'ai prise sur la côte de Tunisie et en y joignant la description d'un mâle, dragué par la Melita dans la baie de Villefranche. Mes exemplaires de la côte océanique de France ne diffèrent de ceux de la Méditerranée que par leur taille beaucoup plus grande. Chez tous ces exemplaires, de provenances diverses, les angles postérieurs du dernier segment du métasome sont moins prolongés en arrière et le lobe interne des maxilles antérieures est plus allongé que sur les figures de l'ouvrage de G. 0. Sars. Femelle. — Exemplaire ne semblant pas adulte, mesurant seulement /f^^S de longueur. Corps très comprimé. Tête beaucoup plus longue que le premier segment du mésosome, rostre très court, aigu, lobes latéraux prolongés, étroits. Plaques coxales des quatre premières paires atteignant plus du double de la hauteur des segments correspondants du mé- sosome. Plaques coxales de la première paire prolongées en avant et formant un large lobe arrondi. Plaques coxales de la quatrième paire profondément échancrées en arrière. Plaques coxales de la cinquième paire un peu -plus larges que hautes, lobes subégaux. Angle postérieur des plaques épimérales du dernier segment du métasome prolongé en arrière et terminé par un petit crochet aigu. Yeux assez grands, subréniformes, plus larges dans leur partie supérieure. Premier article du pédoncule des antennes supérieures un peu plus long que large, portant quatre grosses soies ciliées au bord postérieur, qui se termine inférieureinent par une petite dent. Deuxième et troisième articles relativement grands, atteignant presque, à eux deux, la longueur du premier article. Flagellum principal beaucoup plus court que le pédoncule et LES AMPHIPODES D ALGÉRIE ET DE TUNISIE 161 comprenant sept articles garnis de longues soies sensitives. Flagellum accessoire biarticulé, ne dépassant pas l'extrémité du premier article du flagellum principal. Antennes inférieures un peu plus courtes que les antennes supérieures. Dernier article du pédoncule à peine plus long que l'article précédent. Flagellum comprenant seulement quatre articles. Lobe interne des maxilles antérieures très développé, attei- gnant au niveau de la base des dents du lobe externe. Lobe externe portant six grandes dents crénelées et quatre petites dents fourchues. Gnathopodes antérieurs assez développés. Article basai robuste, un peu plus long que l'ensemble des trois articles suivants. Propode beaucoup plus long que le carpe. Dactyle très petit. Propode des gnathopodes postérieurs subchéliforme, attei- gnant les deux tiers de la longueur du carpe. Dactyle forte- ment courbé. Péréiopodes des deux premières paires assez allongés, article méral dilaté au bord antérieur et portant, ainsi que le carpe, quelques longues soies simples au bord postéi'ieur. Propode beaucoup plus long que le carpe. Dactyle grêle, peu courbé, atteignant les deux tiers de la longueur du [)ropode. Péréiopodes des trois dernières paires courts et robustes, augmentant progressivement en longueur, de la troisième à la cinquième paire. Article basai très diialé, portant quelques crénelures au bord postérieur. Article méral plus dilaté dans les péréiopodes des troisième et quatrième paires que dans ceux de la cinquième paire. Propode atttMgnant près du double de la longueur du carpe. Dactyle grêle et allongé, atteignant les trois quarts de la longueur du propode. Branches des uropodes de la première paire subégales, un peu plus courtes que le pédoncule. Branches des uropodes de la deuxième paire aussi longues que le pédoncule; branche interne présentant, vers son extrémité, un brusque rétrécisse- ment, garni d'un cil. Uropodes de la dernière paire beaucoup plus courts que les uropodes précédents. Branches ne portant ni soies ni épines. Branche externe uniarticulée, aussi longue que le pédoncule ; branche interne beaucoup plus courte. Telson ovalaire, sa largeur égalant les deux tiers de sa longueur. Bord distal arrondi, n'atteignant pas tout à fait le milieu du pédoncule des uropodes de la dernière paire, Mém. Soc. Zool. de Fr., 1910. xxiii — 11 162 ED. CHEVREUX • Male. — Longueur du corps, G""*. Lobes latéraux de la tête plus étroits et plus allongés que chez la femelle. Yeux très grands, quelque peu réniformes, occupant presque toute la hauteur de la tète. Antennes supérieures différant un peu de celles de la femelle. Flagellum principal aussi long que le pédoncule et composé de neuf articles, Flagellum accessoire triarticulé. plus long que le premier article du flagellum principal. Antennes inférieures aussi longues que le coi-ps. Dernier article du pédoncule beaucoup plus long que l'article précédent. Bord antérieur du flagellum portant des calcéoles. Péréiopodes des deux premières paires portant de longues soies ciliées au bord postérieur de l'article méral, du carpe et du propode. Uropodes de la dernière paire beaucoup plus longs que chez la femelle. Bord interne du pédoncule et de chacune des branches portant de longues soies ciliées. Branche interne notablement plus courte que la branche externe. Provenance. — Stn. 582, côte nord de Tunisie, profondeur 170 mètres. Couleur. — Chez l'exemplaire de Villefranche, le corps, translucide, était d'un blanc rosé, maculé de larges taches d'un jaune brun sur les trois premiers segments du mésosome et sur le métasome. Les yeux étaient bruns. Distribution. — Côte occidentale de Norvège (Boeck, G. 0. Sars). Iles Britanniques (Sp. Bâte, Norman, Robehtson, A. 0. Walker). Boulonnais (de Guerne, Barrois, Bonnier). Guernesey (Walker et Hornell, Norman). Jersey, Roscoff. Côte océanique de France (Chevreux). Baie de Villefranche (Melita). Perrierella audouiniana (Sp. Bâte) Perrierella audouiniana Stebbing (38), p. 41. Provenance. — Stn. 684, au large de La Calle. Stns. 705 et 725, golfe de Bône. Profondeur, 46 à 75 mètres. Couleur. — Une femelle ovigère, de la station 705, avait le corps d'un blanc opalescent, teinté de jaune verdàtre sur le mésosome. Les yeux étaient d'un blanc mat, sur lequel les LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 163 ocelles, peu nombreux, se détachaient en noir. Les œufs étaient roses. Distribution. — Norvège (G. 0. Sars). Kattég-at (Meinkrt). Iles Britanniques (Sp. Bâte, Norman, Robertson, A. 0. Wal- ker). Pas-de-Calais (Bonnier). Graudcamp-les-Bains (Gadkau DE Kerville). Saint-Vaast-Ia-Houg-ue (Chevreux et Bouvier). Jersey (Walker et Hornell). Côte océanique de France (Che- vreux). Port-Vendres, golfe de Saint-Tropez, baie de Villefran- che, g-olfe d'Ajaccio, profondeur 40 à 100 mètres, (Melita). Princesse-Alice, port de Porto-Conte, Sardaigne (Chevreux). Orchomene HUMiLis (Costa). Lysianassa humilis Costa (15), p. 172. Orchomene Batei Stebbing (38), p. 45. Ppovenance. — Stn. 10, Cherchell. Stn. 517, cap Tédlès. Stns. 726 et 729, golfe de Bône. Baie d'Alger (Isis). Profon- deur, 0 à 83 mètres. Stkbbing met en doute l'identité à'Orchomene humilis (Costa) et d^Orchomene Batei G. O. Sars, tandis que cette identité est admise par Della Valle, par Norman et par A. 0. Walker. J'ai été conduit à me ranger à l'opinion de ces derniers auteurs, non seulement parce que je ne trouvais pas de différences sensibles entre mes exemplaires de la Manche et ceux de la Méditer- ranée, mais aussi parce que j'ai rencontré cet Amphipode dans plusieurs stations intermédiaires. Distribution. — Norvège (G. 0. Sars). Iles Britanniques (Sp. Bate, Norman, Robertson, A. 0. Walker). Le Havre, Luc-su r-Mer (Chevreux). Saint- Vaast-la-Hougue (Chevreux et Bouvier). Jersey, Guernesey (Walker et Hornell, Norman). Grandcamp-les-Bains, Gran ville (Gadeau de Kerville). Roscoff. Côte océanique de France (Chevreux). Setubal, Cadiz, La Luz (Cunaria), golfes de Saint-Tropez, de Calvi et d'Ajaccio (Mëlita). Cannes (A. 0. Walker). Princesse-Alice, au large de Monaco (Chevreux). Golfe de Naples (Della Valle). La distribution bathymétrique de cette espèce est extrême- ment étendue. Elle a été prise par des profondeurs de 1 000 mètres, dans le golfe de Naples, et de 1 474 mètres, au large de Monaco (13, p. 90). 164 El». CHEVREUX Aristias iNEGLECTUS Hansoiî. Aristias necjlectus Stebbing (38), p. 50. Provenance. — Baie d'Alger (Isis), 30 à oO mèlres. Distribution. — Norvège (Boeck, (i. 0. Sars, Norman). Suède (Bruzelius). Kattégat (Meinert). Iles Shetland (Norman). Poit-Vendres (Melita). Environs de Monaco, dragages de I'Eider (exemplaires communiqués par M. Richard). Golfe de Naples (Della Valle). Adriatique (Grube, Heller). Socarnopsis nov gen. Corps comprimé. Plaques coxales très hautes. Antennes de la femelle subégales, flagellum multiarticulé dans les deux paires. Epistome débordant sur la lèvre antérieure. Bord tran- chant des mandibules simple, palpe situé plus près de la base de la mandibule que le processus molaire. Lobe des maxilles postérieures très étroit. Lobe externe des inaxillipèdes très allongé, atteignant presque le milieu du troisième article du palpe. Gnathopodes antérieurs non subchéliformes, Péréio- podes des deux dernières paires d'égale longueur. Lobes bran- chiaux possédant des lobes accessoires des deux côtés. Branches des uropodes de la dernière paire subégales, branche externe uniarticulée. Telson profondément fendu. Genre intermédiaire entre Ichnopus et Socarnes. Diflère (.VIchnopus par l'absence d'une dent au bord postérieur des plaques épimérales du dernier segment du métasonie, par la position du palpe des mandibules, par la forine de la lèvre postérieure, dont les prolongements postérieurs sont à peine divergents, par l'absence de spinules au bord interne du dac- tyle des gnathopodes antérieurs et par ses péréiopodes des deux deruières paires d'égale taille. Diffère de Socarnes par la forme de sa lèvre antérieure, par la grande longueur du lobe externe de ses maxillipèdes, par ses péréiopodes des deux dernières paires d'égale taille et par ses lobes branchiaux portant, des deux côtés, des lobes acces- soires. LES A^fPHfPODKS DALGÉRIK ET DK TimrSIE 165 Socarnopsis crenulata nov. sp. (Fig. 2 du texte et pi. VII, fig-. 1 à 13). Socarnes Schmardai Chcvreux (11), p. 693. Femelle. — (iorps comprimé, atteignant .^"""o de longueur, dans la position où l'exemplaire est figuré. Mésosome et Fio. 2. — Socarnopsis crenulata nov. gen. et sp. — Femelle vue du côté droit. métasome lisses. Premier segment de l'urosome présentant une légère dépression dorsale. Tête assez volumineuse, beaucoup plus longue que le pre- mier segment du métasome, portant des lobes latéraux très développés, largement arrondis au bord distal. Plaques coxales des quatre premières paires très grandes, atteignant à peu près le double de la hauteur des segments correspondants du mésosome. Plaques coxales de la cinquième paire un peu plus larges que hautes, lobe antérieur beaucoup plus étroit que le lobe postérieur. Angle postérieur des plaques épimérales du dernier segment du métasome prolongé en arrière et largement arrondi. Yeux très étroits, plus de trois fois aussi hauts que larges. 166 ED. CHEVREUX affectant un peu la forme de croissants et présentant de nom- breux ocelles. Antennes supérieures un peu plus longues que l'ensemble de la tète et des deux premiers segments du mésosome. Premier article du pédoncule volumineux, un peu plus long que large. Deuxième et troisième articles très courts. Flagellum principal comprenant dix-sept articles. Premier article aussi long que l'ensemble des quatre articles suivants et garni de cinq ran- gées transversales de soies. Flagellum accessoire attteignant à peu près la moitié de la longueur du flagellum principal et composé de six articles. Antennes inférieures très grêles, de même longueur que les antennes supérieures. Dernier article du pédoncule n'atteignant que la moitié de la longueur de l'article précédent. Flagellum plus long que le pédoncule et comprenant quinze articles. Epistome débordant sur la lèvre antérieure, dont il est séparé par un sinus assez profond. Mandibules présentant un bord tranchant lisse et arrondi. Processus molaire très saillant, dentiforme, séparé du bord tranchant par trois grosses épines. Palpe robuste et allongé, situé plus près de la base de la mandibule que le processus molaire; troisième article n'atteignant qu'un peu plus de la moitié de la longueur de l'article précédent. Lobes latéraux de la lèvre postérieure étroits. Prolongements postérieurs courts, à peine divergents, tronqués à l'extrémité. Lobe interne des maxilles antérieures triangulaire, portant quelques cils très fins au bord interne et deux soies à l'extré- mité. Lobe externe obliquement tronqué, armé de sept dents crénelées. Palpe large et court, finement crénelé au bord distal. Lobes des maxilles postérieures longs et étroits. Lobe interne un peu plus court que le lobe externe et portant une rangée de soies au bord interne. Maxillipèdes courts et grêles. Lobe interne obliquement tronqué au bord distal. Lobe externe atteignant presque le milieu du troisième article du palpe et crénelé au bord interne. Palpe modérément développé. Article basai des gnathopodes antérieurs robuste, presque aussi long que l'ensemble des quatre articles suivants. Article ischinl plus large que long, bord antérieur formant une dent aiguë. Article méral triangulaire. Propode aussi long que le carpe, non subchéliforme, bord postérieur concave dans son LES AMPHIPODES d'aLGÉRJE ET DE TUNISIE 167 tiers inférieur. Dactyle court., presque droit, portant'uuc petite dent au bord interne. Gnathopodes postérieurs beaucoup plus longs que les gna- thopodes pré3édents. Article ischial atteignant un peu plus de la moitié de la longueur de Tarticle basai. Carpe aussi long que l'article ischial, Propode atteignant à peine la moitié de la longueur du carpe, un peu plus long que large, dilaté à l'ex- trémité, mais ne présentant pas de prolongement de l'angle inféro-postérieur. Péréiopodes des deux premières paires assez allongés. Articles médians portant de longs cils au bord postérieur. Article méral prolongé le long du bord antérieur du carpe. Propode plus long que le carpe. Dactyle légèrement courbé, n'atteignant pas tout à fait la moitié de la longueur du propode. Péréiopodes de la troisième paire courts, mais robustes. Article basai plus large que haut, crénelé au bord postérieur. Article méral fortement dilaté en arrière et se prolongeant jusqu'au milieu du bord postérieur du carpe. Propode atteignant le double de la longueur du carpe. Dactyle légèrement courbé. Péréiopodes des deux dernières paires beaucoup plus longs que les péréiopodes précédents, d'égale taille, ne différant en- tre eux que par la forme de leur article basai, qui présente un bord postérieur droit, dans les péréiopodes de la quatrième paire, tandis qu'il est largement arrondi dans les péréiopodes suivants. Bord postérieur de l'article basai crénelé. Article méral et carpe plus grêles que dans les péréiopodes de la troisième paire. Carpe atteignant les deux tiers de la longueur du propode. Lobes branchiaux très développés, portant, des deux côtés, des lobes accessoires. Branches des uropodes de la première paire d'égale taille, un peu plus courtes que le pédoncule. Uropodes de la deuxième paire n'atteignant pas tout à fait l'extrémité des uropodes précédents ; branches d'égale taille, aussi longues que le pédoncule. Uropodes de la dernière paire ne dépassant pas l'extrémité des uropodes précédents. Branches étroitement lancéolées, portant quelques soies. Branche externe uniarticulée, à peine plus longue que la branche interne. Telson deux fois aussi long que large, fendu sur les deux tiers de sa longueur. Lobes très divergents, terminés par une petite échancrure garnie d'une épine. 16^ ED. CHKVREUX ^XLE. —^ Premier segment de l'urosome présentant une profonde dépression dorsale. Lobes latéraux de la tête plus étroits et plus allongés que chez la femelle. Yeux plus larges. Antennes supérieures ne différant de celles de la femelle que par leur llagellum accessoire un peu plus allongé, comprenant sept articles, et par la présence de calcéoles au bord posté- rieur du flagellum principal. Antennes inférieures plus longues qne le corps. Pédoncule très robuste, le dernier article n'étant qu'un peu plus court que l'article précédent. Articles du flagellum portant des calcéoles au bord antérieur. Branches des uropodes de la dernière paire portant des soies plus longues et plus nombreuses que chez la femelle. Autres appendices ne différant pas de ceux de la femelle. Dans une liste d'Amphipodes du littoral de la Corse (11, p. 693), j'ai assimilé, par erreur, l'espèce décrite ci-dessus à une forme de l'Adriiitique, Anonyx Schmardae Heller (20, p. 21, pi. ii, fig. 29 à 33), Chez ce dernier Amphipode, la taille est plus grande (7 à 8°""), les yeux, oblongs, sont de taille moyenne, le premier article du pédoncule des antennes supérieures se pro- longe pour former une petite dent, le premier article du flagel- lum de ces antennes est plus long que le pédoncule, les péréio- podes de la dernière paire sont plus longs que les péréiopodes précédents, les branches des uropodes de la dernière paire sont bordées d'épines, le telson n'est fendu que jusqu'en son milieu. Della Valle (18, p. 803, pi. v, fig. 4 et pi. xxvn, fig. 23 à 32) a décrit, sous le nom d'Ichnopiis Schmardae (Heller), un mâle de Lysianasside qui ne me semble pas pouvoir être assi- milé à l'espèce de Hkller, mais qui diffère encore davantage du mâle de Socarnopsis crenulata. Chez l'xXmphipode du golfe de Naples, les lobes latéraux de la tête ne sont pas prolongés, les plaques coxales sont beaucoup moins hautes, les yeux sont de forme différente, il n'existe pas de dent à Tarticle ischial des gnathopodes antérieurs, non plus qu'au bord interne du dactyle de ces gnathopodes ; le propode des gnathopodes posté- rieurs est de forme différente^ l'article basai des pattes des trois dernières paires n'est pas crénelé, les branches des uro- podes de la dernière paire sont absolument glabres. Provenance. — Stn. 522, cap Tédlès. Stn. 582, côte nord de Tunisie. Stn. 589, Djidjelli. Côte de Kabylie, nombreux exem- LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 169 plaires dévorant un Poissou pris au palaocre (envoi de M. Ba- riteau). Profondeur, 10 à 170 mètres. DiSTiiiBUTiois. — Salins d'IIyères, cap d'Antibes, Ile-Rousse (Corse), nasse, protondeur 6 à 15 mètres (Melita). Couleur. — Chez les exemplaires des Salins d'Hyères et du cap d'Antibes, le cojps et les appendices, translucides, étaient d'un blanc opalescent, sans taches; les yeux étaient d'un rouge vif. HiPPOMEDON DENTICULATUS (Sp. Bâte). Hippomedon denticulatiis Stebbing (38), p. 59. Provenance. — Stn. o56, golfe de Gabès. Stns. 661, 688, 729, golfe de Bône. Profondeur 10 à 83 mètres. Couleur. — Chez les exemplaires de la station 661, le corps, translucide, était d'un blanc opalescent, avec quelques taches rouges sur l'urosome. Les yeux étaient rouges. Distribution. — Norvège (Boeck, G. 0. Sars, Norman). Suède (Bruzelius). Mer du Nord, Skagerrak (Reibisch). Iles Britanniques (Sp. Bâte, Robertson,, Norman, A. 0. Walker). Jersey (Norman). Côte océanique de France (Chevreux). Détroit de Gibraltar et au large de Tetouan, dans les nasses de la Princesse- Alice (Chevreux). Golfe de Naples (Costa, Della Valle). ScoPELOCHEiRus HoPEi (Costa). Scopelocheirus Hopei Stebbing (38), p. 62. Provenance. — Stn. 582, côte nord de Tunisie. Stn. 726, golfe de Bône. Profondeur 65 à 170 mètres. Distribution. — Norvège (G. 0. Sars). Suède (Bruzklius). Mer du Nord (Reibisch). lies Britanniques (Norman, A. 0. Walker). Jersey (îVorman). Côte océanique de France (Che- vreux). Fosse du cap Breton, près Bayonne (Norman). Golfe de Naples (Costa, Della Valle). Princesse-Alice, près l'île de Monte Cristo (Chevreux). Aroui (1) nov, gen. Corps robuste, peu comprimé. Pédoncule des antennes supérieures très volumineux. Antennes inférieures beaucoup (1) Nom arabe du Mouflon à manchettes [Ovis tragelaphus Desm.). Allusion aux longues soies dont le type du genre est orné. 170 ED. CHEVREUX plus longues que les antennes supérieures. Epistome ne débor- dant pas sur la lèvre antérieure. Processus molaire des mandibules dentiforme, très saillant, palpe peu développé, plus court que le corps de la mandibule. Lobe interne des maxilles antérieures triangulaire, portant une rangée de soies ciliées, lobe externe armé d'épines striées, palpe large et court. Maxilles postérieures très développées, lobe interne portant de nombreuses soies au bord distal et au bord interne, lobe externe plus court et plus large que le lobe interne et portant, au bord distal, une épaisse rangée de soies d'une longueur inusitée. Lobe interne des maxillipèdes atteignant Textrémité du deuxième article du palpe, dernier article du palpe dacty- liforme, assez court. Gnathopodes antérieurs grêles, propode terminé par des touffes de soies, dactyle rudimentaire. Gnathopodes postérieurs plus longs et plus robustes que les gnathopodes antérieurs, propode chéliforme. Articles basai et méral des péréiopodes de la troisième paire très dilatés. Péréiopodes des deux dernières paires d'égale taille. Uropodes de la dernière paire dépassant à peine les uropodes précédents, branche externe biarticulée, plus longue que la branche interne. Telson assez large, profondément fendu. Très voisin de Scopelochelrus Sp. Bâte, mais, dans ce dernier genre, l'épistome déborde sur la lèvro antérieure, le palpe des mandibules est très développé, le lobe externe des maxillipèdes est loin d'atteindre l'extrémité du deuxième article du palpe, dont le quatrième article est long et grêle, les gnathopodes antérieurs et postérieurs sont de même longueur, les péréio- podes de la dernière paire sont les plus longs, le telson est étroit. Aroui setosus nov. sp. (Fig. 3 du texte et pi. VII, fig. U à 27). Femelle. — Corps obèse, atteignant 7°"° de longueur dans la position où l'exemplaire est figuré. Mésosome et métasome lisses. Premier segment de l'urosome présentant, au bord dorsal, une profonde et étroite échancrure, suivie d'une carène arrondie. Tête beaucoup plus longue que le premier segment du méso- some. Lobes latéraux saillants, subaigus à leur extrémité. Plaques coxales des quatre premières paires un peu plus hautes que les segments correspondants du mésosome et garnies, au bord inférieur, d'une épaisse rangée de soies. Plaques coxales LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 171 de la première paire prolongées en avant pour former un lobe arrondi, atteignant presque l'extrémité des lobes latéraux de la tète. Plaques coxales de la quatrième paire profondément échancrées en arrière. Plaques coxales de la cinquième paire plus larges que hantes, à peine échancrées au bord inférieur, bord postérieur ondulé. Angle postérieur des plaques épimérales du dernier segment du métasome un peu prolongé en arrière et largement arrondi. Yeux grands, ovales, près de deux fois aussi hauts que larges. Antennes supérieures aussi longues que l'ensemble de la tète et du premier segment du mésosome. Pédoncule très volu- mineux. Premier article aussi large que long, deuxième et FiG. 3. — Aroui setostis nov. gen. et sp. — Femelle vue du côté droit. troisième articles très courts. Flagellum atteignant près du double de la longueur du pédonculeet comprenant dix articles. Premier article aussi long que l'ensemble des trois articles sui- vants et garni de nombreuses soies. Flagellum accessoire tri- articulé. Premier article beaucoup plus long que l'article correspondant du flagellum principal et atteignant deux fois la longueur de l'ensemble des articles suivants. Antennes inférieures atteignant près de la moitié de la lon- gueur du corps. Premier article du pédoncule très développé. Dernier article beaucoup plus long que l'article précédent. Flagellum composé d'une trentaine d'articles. Epistome ne débordant pas sur la lèvre inférieure. Mandibules robustes. Bord tranchant droit. Processus molaire 172 KD. CHEVREUX étroit et allongé, dentiforme. Palpe un peu plus court que le corps de la mandibule et fixé à peu près an niônie niveau que le processus molaire. Deuxième article dilaté dans sa partie proximale. Troisième article atteignant les deux tiers de la longueur de l'article précédent. Lèvre postérieure présentant des prolongements postérieurs grêles et divergents. Lobe interne des maxilles antérieures triangulaire, portant onze soies ciliées au bord interne. Lobe externe armé d'un rang d'épines striées au bord distal. Palpe bien développé, dilaté à son extrémité,, qui est garnie d'épines fourchues. Maxilles postérieures remarquablement développées. Lobe interne ovalaire, garni de soies au bord distal et au bord interne. Lobe externe plus court que le lobe interne, mais plus large et fortement dilaté à son extrémité. Bord distal garni d'une épaisse rangée de soies très fines et beaucoup plus longues que le lobe qui les porte. Lobe interne des maxillipèdes très large, obliquement tron- qué au bord distal. Lobe externe très développé, atteignant l'extrémité du deuxième article du palpe et portant une rangée d'épines au bord interne. Palpe assez grêle, quatrième article dactyliforme, n'atteignant que la moitié de la longueur de l'article précédent. ' Gnathopodes antérieurs assez grêles. Article basai aussi long que l'ensemble des trois articles suivants. Propode atteignant à peu près la longueur du carpe et terminé, comme chez les Scopelocheirus, par des toufîés de soies qui cachent un dactyle rudimentaire. Gnathopodes postérieurs beaucoup plus longs et plus robustes que les gnathopodes antérieurs. Article basai dilaté dans sa partie distale. Article ischial plus long que l'article méral. Propode atteignant les deux tiers de la longueur du carpe, fortement dilaté dans sa partie distale et prolongé au bord postérieur, de façon à former, avec le dactyle, un petit organe chéli forme. Péréiopodes des deux premières paires très courts. Article méral présentant un bord antérieur fortement convexe. Pro- pode atteignant près du double de la longueur du carpe. Dac- tyle peu développé. Péréiopodes de la troisième paire un peu plus courts que les péréiopodes précédents, mais très robustes. Article basai beaucoup plus large que long, portant une épaisse rangée de soies LES AMPHIPODES DALGÉRIE ET DE TUNISIE 173 sur ses bords antérieur et postérieur. Article ischial cilié au bord antérieur. Article méral très volumineux, aussi large que long, fortement dilaté en arrière, bord antérieur finement cilié et portant quatre épines, bord postérieur garni de longues soies dans sa partie médiane. Carpe court, portant quatre épines au bord antérieur. Propode notablement plus long que le carpe. Dactyle gros et court. Péréiopodes de la quatrième paire un peu plus longs que les péréiopodes précédents. Article basai moins large que long. Articles suivants portant quelques petites épines et quelques soies. Carpe et propode d'égale longueur. Péréiopodes de la cinquième paire à peine aussi longs ijue les péréiopodes précédents, dont ils diffèrent seulement par leur article basai, qui est aussi large que long et crénelé au bord postérieur. Lobes branchiaux simples, extrêmement développés, aussi longs, dans les gnathopodes postérieurs, que l'ensemble des articles basai, ischial et méral. Pédoncule des uropodes des deux premières paires portant de nombreuses épines au bord postérieur. Branches subégales, plus courtes que le pédoncule. Uropodes de la dernière paire dépassant à peine l'extrémité des uropodes précédents. Branche externe biarticulée, portant deux épines au bord externe. Branche interne un peu plus courte que la branche externe et por- tant deux épines au bord externe et huit longues soies ciliées au bord interne. Telson un peu plus long que large, fendu sur les quatre cinquièmes de sa longueur, chacun de ses lobes étant terminé par une petite échancrure garnie d'un cil et d'une épine. Mâle. — Dimorphisme sexuel peu prononcé. Premier article du flagellum des antennes supérieures plus allongé, aussi long que l'ensemble des quatre articles suivants. Antennes infé- rieures dépassant un peu la moitié de la longueur du corps. Flagellum garni de calcéoles dans les antennes des deux paires. Bord interne de la branche interne des uropodes de la der- nière paire portant une vingtaine de soies ciliées. Provenance. — Stn. 726, au large de Bône, profondeur 65 mètres. Nombreux exemplaires, sur des Oursins [Spatangus sp.). Couleur. — Ces Amphipodes étaient colorés en gris rosé, 174 ED. CHEVREUX comme les Spatangues dont ils sont commensaux. Les yeux étaient d'un rouge orangé. Tryphosa minima nov. sp. (Fig. 4 du texte et pi. Vlll, fig. 1 à 14). Femelle, — Corps très comprimé, mesurant 2""" 5 de lon- gueur dans la position où l'exemplaire est figuré. Mésosome et métasome lisses. Premier segment de l'urosome terminé en arrière par une carène dorsale arrondie, qui déborde un peu sur le segment suivant. ïête un peu plus longue, au bord dorsal, que le premier Fio. 4. — Tryphosa minima nov. sp. — Femelle vue du côté droit. segment du mésosome. Lobes latéraux très développés, largement arrondis. Plaques coxales très hautes, celles de la quatrième paire atteignant trois fois la hauteur du segment correspondant du mésosome. Plaques coxales de la première paire triangulaires, portant quelques petites épines à l'angle inférieur et au bord postérieur. Plaques coxales de la cinquième paire aussi larges que hautes. Angle postérieur des plaques épimérales du dernier segment du métasome un peu prolongé en arrière, presque droit. LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 175 Yeux grands, étroitement ovales, comprenant de nombreux ocelles. Antennes supérieures aussi longues que l'ensemble de la tête et des deux premiers segments du métasome. Premier article du pédoncule un peu plus long que large, atteignant le double de la longueur de l'ensemble des deux articles suivants. Flagellum principal aussi long que le pédoncule et composé de onze articles portant des tigelles sensitives. Flagellum accessoire n'atteignant pas tout à fait la moitié de la longueur du flagellum principal et comprenant quatre articles. Antennes inférieures un peu plus longues que les antennes supérieures. Dernier article du pédoncule n'atteignant que la moitié de la longueur de l'article précédent. Flagellum com- prenant neuf articles. Epistome ne débordant pas sur la lèvre antérieure. Dernier article du palpe des mandibules très court, n'attei- gnant pas la moitié de la longueur de l'article précédent. Lobe externe des maxilles antérieures carrément tronqué. Autres pièces buccales ne différant pas sensiblement de celles de Trijphosa Sarsi Bounier (= T. nana G. 0. Sars (33), p. 76, pi. XXVII, fig. 1). Gnathopodes antérieurs grêles et allongés. Propode un peu plus court que le carpe, bord palmaire légèrement écbancré, formant un angle obtus avec le bord postérieur. Dactyle robuste, fortement courbé, portant une petite dent au bord interne. Gnathopodes postérieurs un peu plus longs que les gnatho- podes antérieurs. Bord antérieur de l'article ischial armé d'une petite dent obtuse. Propode atteignant un peu plus de la moitié de la longueur du carpe et se prolongeant en arrière, pour former un petit organe chéliforme avec le dactyle. Péréiopodes des deux premières paires assez allongés. Article méral et propode d'égale longueur. Dactyle atteignant la moitié de la longueur du propode. Péréiopodes des troisième et quatrième paires mutilés, les péréiopodes de la quatrième paire devant être plus long» que les péréiopodes suivants, à en juger par le grand développement de leur article méral. Article basai des péréiopodes de la cinquième paire plus long que l'ensemble des articles suivants. Bord postérieur crénelé. Article méral dilaté, un peu prolongé en arrière le long du bord postérieur du carpe. Propode 176 ED. CHEVREUX presque aussi long que l'ensemble des deux articles précédents. Dactyle atteignant la moitié de la longueur du propode. Uropodes robustes et très courts. Branche externe des uropodes de la dernière paire biarticulée, aussi longue que le pédoncule. Branche interne très grêle, un peu plus longue que le premier article de la branche externe. ïelson plus long que large, fendu sur les quatre cinquièmes de sa longueur, portant deux paires d'épines marginales et une paire d'épines terminales. Espèce voisine de Tryphosa insignis Bonnier, draguée par le Caudan dans le golfe de Gascogne, par une profondeur de 950 mètres (2, p. 619, pi. xxxvi, fig, 1), mais s'en distin- guant par la forme des lobes latéraux de la tète, par la forme de l'angle postérieur des plaques épimérales du dernier segment du métasome, par le lobe externe, carrément tronqué, de ses maxilles antérieures et, à en juger d'après la figure du mé- moire de BoNMER, par ses uropodes postérieurs plus réduits. Provenance. — Stn. 599, Saint Eugène, près Alger. Une femelle, portant sept œufs entre ses lamelles incubatrices. On n'a signalé, jusqu'ici, l'habitat en Méditerranée d'aucun Amphipode du genre Tryphosa. J'en ai dragué, en baie de Villefranche, une autre espèce, très remarquable par les créne- lures qui garnissent l'angle postérieur des plaques épimérales du dernier segment du métasome. Tmetonyx ExiGUUs (Chcvreux). Tmetonyx exiguiis Stebbing (38), p. 720. Provenance. — Stn. 522, cap Tédlès. Stn. 713, Bône. Pro- fondeur 5 à 10 mètres. Distribution. — Salins d'Hyères (Var). Cap d'Antibes, baie de Villefranche (Alpes-Maritimes). Ile Rousse (Corse). Profon- deur, 6 à 20 mètres (Melita). Couleur. — Les exemplaires du cap d'Antibes étaient d'un blanc jaunâtre translucide, avec quelques petites taches d'un rouge vif sur le mésosome et sur le métasome. Les yeux étaient rouges. Lepidepecreum longicorne (Bâte et Westwood). Lepidepecreiun longicorne Stebbing (38), p. 80. Provenance. — Stns. 654, 658, 660, 662, 666, 686, golfe de Bône. Profondeur 0 à 30 mètres. LES AMPHIPODES D ALGÉRIE ET DE TUNISIE 177 Couleur. — Chez un mâle de la station 654, le corps, trans- lucide, était d'uu blanc violacé, lég-èrement teinté de jaunâtre sur le mésosome. Quelques petites taches d'un rouge brun existaient sur la carène dorsale et sur les segments du méso- some et du niétasome. Le flagellum des antennes supérieures était d'un roug-e brun, les yeux, d'un rouge vif. Distribution. — Norvège méridionale (G. 0. Sars). Dane- mark (Meinert). Mer du Nord (Reibisch). Helgoland (Soko- LOwsKi). Iles Britanniques (Sp. Bâte, Norman, A. 0. Walker). Jersey, Guernesey (Walker et Hornell, Norman). Côte océa- nique de France (Chkvreux). Setubal (Melita). La Spezzia (G. 0. Sars). Cap d'Antibes (Melita). STEGOCF.PHALIDAE Stegocephaloides christianiensis (Boeck) (Fig. 5 du texte et pi. VJII, fig. 15 à 28). Stegocephaloides christianieîisis Stebbiog (38), p. 92. Je rapporte, avec quelque hésitation, à cette espèce un Anqihipode dont j'ai dragué un unique exemplaire sur la côte de Tunisie et dont je donne ici la description. Femelle. — Corps très obèse, mesurant 4°"° de longueur. Bord dorsal de la tête plus court que le premier segment du mésosome, lobes latéraux prolongés, aigus. Plaques coxales de la première paire triangulaires. Plaques coxales de la quatrième paire presque aussi larges que hautes. Plaques coxales de la sixième paire quadrangulaires, rétrécies inférieurement, moins larges que hautes. Angle postérieur des plaques épimérales du dernier segment du métasome prolongé en arrière, aigu, échancré à l'extrémité. Organes de vision non apparents. Antennes supérieures aussi longues que l'ensemble de la tête et du premier segment du mésosome. Premier article du pédon- cule un peu plus large que long. Ensemble des deux articles suivants atteignant les trois quarts de la longueur du premier article. Flagellum composé d'un premier article très allongé, finement cilié, atteignant presque la longueur du premier article du pédoncule, suivi de deux articles assez courts et d'un qua- trième article spiniforme, beaucoup plus long que l'ensemble des deux articles précédents. Deuxième article portant une longue Méin. Soc. Zool. de Fr., 1910. xxm— 12 178 ED. CHEVREUX épine^ fixée à l'extrémité de son bord interne. Flagellum acces- soire uniarticulé, n'atteignant pas tout à fait la moitié de la longueur du premier article du flagellum principal. Antennes inférieures un peu plus longues que les antennes supérieures. Dernier article du pédoncule aussi long que l'article précédent. Flagellum plus long que le dernier article du pédon- cule et composé de huit articles. Lèvre antérieure bilobée, lobes très inégaux. Lobe tranchant des mandibules armé de neuf dents. Lobe accessoire de la mandibule gauche finement denticulé. Lobes latéraux de la lèvre postérieure surmontés d'une dent Steqocephaloides clirisLianiensis (Boeck). — Femelle vue du côté gauche. recourbée, crénelée à l'extrémité. Prolongements postérieurs peu divergents. Lobe interne des maxilles antérieures très développé, portant douze soies ciliées au bord distal. Lobe externe armé de nom- breuses épines crénelées. Palpe uniarticulé, ne dépassant pas l'extrémité du lobe externe, terminé par trois épines barbelées. Lobe interne des maxilles postérieures très large ; lobe ex- terne étroit, un peu plus court que le lobe interne et portant, au bord distal, huit épines longues et grêles, terminées par un crochet aigu. Maxillipèdes larges et courts. Lobe interne profondément échancré au bord distal. Lobe externe très développé, crénelé au bord interne. Palpe grêle. LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 179 Gnathopodes antérieurs assez allongés. Article basai aussi long- que l'ensemble des cinq articles suivants. Propode non subchéliforme, beaucoup plus long que le carpe. Dactyle très petit, n'atteignant que le tiers de la longueur du propode, Gnathopodes postérieurs ne différant des gnathopodes anté- rieurs que par les dimensions de leur article basai, qui est plus court et n'atteint pas la longueur de Tensemble des quatre articles suivants. Péréiopodes des deux premières paires robustes. Article méral et propode d'égale taille, un peu plus longs que îe carpe. Article basai des péréiopodes de la troisième paire étroit, un peu dilaté dans sa partie distale et presque aussi long que l'ensemble des quatre articles suivants. Article basai des péréiopodes de la quatrième paire plus court, mais un peu plus large, que celui des péréiopodes pré- cédents. Propode plus allongé. Dactyle long et grêle, atteignant la moitié de la longueur du propode. Article basai des péréiopodes de la dernière paire beaucoup plus long que large, crénelé au bord postérieur. Lobe prolongé inférieurement pour former un angle un peu arrondi, qui atteint au niveau de l'extrémité de l'article méral. Uropodes des deux premières paires atteignant au même niveau. Uropodes de la dernière paire n'atteignant pas tout à fait l'extrémité des uropodes précédents ; branches subégales, plus longues que le pédoncule et ne portant ni soies ni épines. Telson ovalaire, fendu sur un peu plus de la moitié de sa longueur. Cet Amphipode ne diffère du S. christianiensis, des mers de Norvège, que par les dimensions relatives des articles du pédoncule des antennes supérieures et par la fente un peu plus prononcée du telson. Ces légères différences, constatées sur un exemplaire unique, ne m'ont pas semblé suffisantes pour l'éta- blissement d'une nouvelle espèce. Provenance. — Stn. 582, côte nord de Tunisie, profondeur 170 mètres. Distribution. — Norvège (G. 0. Sars, Norman). Danemark (Meinert). Iles Britanniques (Robertson, Norman, A. 0. Wal- ker). Golfe de Gascogne, profondeur 160 et 180 mètres (Melita). 180 ED. CHEVREUX AMPELISCIDAE Ampelisca BREvicoRNis (Gosta). Ampelisca brevicornis Stebbing (38), p. 100. Provenance. — Stn. 594, golfe de Bougie. Stns. 654, 662, 685, 688, 728, golfe de Bône, profondeur 8 à 45 mètres. Couleur. — Chez les exemplaires de la station 685, les mâles étaient d'un blanc rosé translucide, avec quelques petites taches noires en forme d'étoiles sur les plaques coxales et sur le métasome et quelques petites taches d'un jaune d'or sur la tète et sur les gnathopodes. Une grande tache rouge_, de forme ronde, existait de chaque c6té du bord postérieur de la tête. Les femelles présentaient une teinte générale moins claire, jaunâtre, et ne possédaient pas de taches rouges sur la tête. Distribution. — Norvège (G. 0. Sars). Suède (Lilljeborg). Kattégat (Meinert). Mer du Nord (Rkibisch). Helgoland (Soko- lowsky). Hollande (Hoek). Iles Britanniques (Sp. Bâte, Robert- son, Norman, A. 0. Walker). Saint- Yaast-la-Hougue (Cbevreux et Bouvier). Jersey (Walker et Hornell). Guernesey (Norman). Perros-Guirec, Roscofï. Cote océanique de France (Chevreux). Golfe de Gascogne (Cbevreux). Setubal (Melita). Côte du Sé- négal (Melita). Cap de Bonne-Espérance (Stebbing). Ceylan (A. 0. Walker). Golfe de Naples (Costa, Della Valle)-. Port- Yendres (Melita). Ampelisca rubella Costa. Ampelisca rubella Stebbing (38). p. 104. Provenance. — Stn. 666, golfe de Bône, littoral. Distribution. — Saint-Jean-de-Luz (Chevreux). Golfe de Naples (Costa, Della Valle). Port-Vendres, cap d'Antibes (Melita). Couleur. — Chez un exemplaire du cap d'Antibes, le corps, à peine translucide, était d'un blanc rosé, avec quelques taches rougeâtres sur les plaques coxales des quatre premières paires. Les yeux, très petits, étaient d'un rouge foncé. Ampelisca serraticaudata Chevreux. Ampelisca serraticaudata Stebbing (38), p. 107. PHOVENA^CE. — Stn. lOj, Cherchell. Stn. 735, Bône, surface. LES AMPaiPODES d'ALGÉRIE ET DE TUNISIE 181 Distribution. — Baie Confitale (Ganaria), cap d'Antibes (Melita). Ampelisca diadema Costa. AmpelUca diadema Stebbing- (38), p. 107. Provenance. — Stn. 515, baie d'Alger. Stn. 684, au large du cap Rose. Stn. 725, au large du cap de Garde. Profondeur 10 à 75 mètres. Distribution. — Norvège (Boeck, G. 0. Sars, Norman). Suède (G. 0. Sars). Helgoland (Sokolowsky). Iles Britanniques (Robertson, Norman). Guernesey (Norman). Côte océanique de France (Chevreux). Golfe de Naples (Costa, Della Valle). Baie de Villefranche, ile Rousse, Ajaccio, Bonifacio (Melita). Cannes (A. 0. Walker). Ampelisca typica Sp. Bâte. (PI. IX, fig. 1 à 8). Ampelisca typica Stebbing (38), p. 109. Femelle. — Longueur d'une femelle ovigère, de la sta- tion 688 : 5'"". Premier segment de l'urosome portant une carène dorsale anguleuse. Tête à peu près aussi longue que l'ensemble des trois pre- miers segments du mésosome et tronquée presque carrément au bord antérieur. Plaques coxales de la première paire dilatées dans leur partie distale. Plaques coxales de la quatrième paire beaucoup moins larges que hautes, échancrure postérieure peu profonde. Plaques épimérales du dernier segment du métasome terminées en arrière par un angle droit. Yeux inférieurs situés tout près du bord antérieur de la tête. xA.ntenues supérieures un peu plus courtes que Tensemble de la tête et du premier segment du mésosome, leur extrémité n'atteignant pas le milieu du dernier article du pédoncule des antennes inférieures. Deuxième article du pédoncule beaucoup plus long que le premier article. Flagellum aussi long que le pédoncule et comprenant cinq articles. Antennes inférieures n'atteignant pas tout à fait la moitié de la longueur du corps. Quatrième et cinquième articles du pédoncule d'égale taille. Flagellum comprenant dix -sept articles. 182 ED. CHEVREUX Gnathopodes antérieurs peu développés. Propode un peu plus court que le carpe. Gnathopodes postérieurs plus grêles et beaucoup plus longs que les gnathopodes antérieurs. Propode n'atteignant pas tout à fait la moitié de la longueur du carpe. Dactyle grêle, presque droit. Dactyle des péréiopodes des deux premières paires plus long que l'ensemble du carpe et du propode. Dactyle des péréiopodes des troisième et quatrième paires triangulaire, aigu. Article basai des péréiopodes de la dernière paire plus long que Tensemble de tous les articles suivants ; lobe s'étendant inférieurement un peu au delà de l'extrémité de l'article ischial. Propode et dactyle d'égale taille, un peu plus longs que l'en- semble de l'article méral et du carpe. Branches des uropodes de la dernière paire n'atteignant pas tout à fait le double de la longueur du pédoncule. Branche externe épineuse sur ses deux bords. Branche interne portant une longue épine distale et quelques petites épines au bord interne. Telson deux fois aussi long que large, fendu sur les trois quarts de sa longueur, chacun de ses lobes portant une rangée de trois épines médianes et deux épines terminales. Majle. — Plaques épimérales du dernier segment du méta- some régulièrement arrondies en arrière. Carène du premier segment de l'urosome plus élevée que chez la femelle et pré- cédée et suivie d'une profonde dépression dorsale. Antennes supérieures un peu plus longues que le pédoncule des antennes inférieures. Antennes inférieures aussi longues que le corps. Branches des uropodes de la dernière paire garnies, sur leurs bords contigus, d'une rangée de longues soies ciliées. Provenance. — Stns. 515, 516, Alger. Stns. 654, 658, 660, 661, 688, golfe de Bône. Stn. 725, au large du cap de Garde. Profondeur 10 à 75 mètres. Espèce nouvelle pour la Méditerranée. Distribution. — Côtes occidentale et méridionale de Norvège (BoECK, G. 0. Sars, Norman). Suède, Kattégat (G. 0. Sars). Skagerrak (Reibisch). Iles Britanniques (Sp. Bate, Norjlan, A. 0. Walker). Jersey (Walker et Hornell). Guernesey (Norman). Trégastel (Gôtes-du-Nord). Côte océanique de France (Che- VREUx). Setubal (Portugal), baie de Villefranche (Melita). LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 183 Ampelisca tenuicornis Lilljeborg (PI. IX, fig. 9 à 16). Afnpelisca tenuicornis Stebbing (38), p. 110. Femelle. — Longueur du corps, 4"". Premier segment de Furosotne présentant une très légère dépression dorsale, suivie d'une petite carène arrondie. Tête plus longue que l'ensemble des trois premiers segments du mésosome, courbée en avant, obliquement tronquée à l'extrémité. Bord antérieur des plaques coxales de la première paire concave dans sa partie proximale. Plaques coxales de la qua- trième paire profondément échancrées en arrière. Angle pos- térieur des plaques épimérales du dernier segment du méta- some peu prolongé en arrière, presque droit. Antennes supérieures n'atteignant pas tout à fait le milieu du dernier article du pédoncule des antennes inférieures. Deuxième article du pédoncule un peu plus long que le premier article. Flagellum composé de huit articles. Yeux inférieurs situés un peu en arrière de l'angle inférieur de la tête. Antennes inférieures aussi longues que le corps. Quatrième et cinquième articles du pédoncule très allongés, d'égale taille. Propode des gnathopodes antérieurs un peu plus court que le carpe et très dilaté en son milieu. Propode des gnatho- podes postérieurs atteignant un peu plus de la moitié de la longueur du carpe. Dactyle des péréiopodes des deux premières paires aussi long que l'ensemble du carpe et du propode. Article basai des péréiopodes de la dernière paire un peu plus court que l'ensemble des cinq articles suivants et n'attei- gnant pas tout à fait l'extrémité de l'article ischial. Article ischial très développé, aussi long que le propode. Dactyle un peu plus court que le propode. Branches des uropodes de la dernière paire n'atteignant pas tout à fait le double de la longueur du pédoncule. Branche ex- terne un peu plus étroite que la branche interne et portant cinq soies au bord interne et trois petites épines au bord externe. Branche interne portant quelques soies au bord externe. Telson étroit, un peu rétréci dans sa partie antérieure et fendu sur les trois quarts de sa longueur, chacun de ses lobes ne portant que deux petites épines distales. 184 ED. CHEVREUX Malk. — Carène dorsale du premier seg-ment de l'iirosome h peine plus accentuée que chez la femelle. Antennes supérieures atteignant Textrémité du pédoncule des antennes inférieures. Antennes inférieures notablement plus longues que le corps. Cette forme, que je considère comme une variété du type du nord de l'Europe, en diffère par sa taille beaucoup plus petite, par ses antennes supérieures ud peu plus courtes, par l'article ischial de ses péréiopodes de la dernière paire plus développé et par son telson moins épineux. Provenance. — Stn. 552, golfe de Gabès. Stns. 658, 660, 661, golfe de Bône. Profondeur 10 à 30 mètres. Espèce nouvelle pour la Méditerranée. Distribution. — Côtes occidentale et méridionale de Norvège (G. 0. Sars, Norman). Suède (Lilljeborg). Danemark (Meinert). Mer du Nord (Reibisch). Helgoland (Sokolowsky). Iles Britan- niques (Sp. Baie, Norman, Robertson, A. 0. Walker). Jersey, Guernesey (Walker et Hornell, Norman). Omonville-la-Rogue (Gadeau de Kkrville). Perros-Guirec (Côles-du-Nord). Côte océanique de France (Chevreux). HAUSTORIIDAE Batbyporeia megalops nov. sp. (Fig-. 6 du texte et PI. X, fig. là 11). Mâle. — Corps robuste, modérément comprimé, atteignant tj mm jjg longueur dans la position où l'exemplaire est figuré. Métasome très développé, presque aussi long que le mésosome. Tête aussi longue que l'ensemble des deux premiers segments du mésosome. Lobes latéraux peu prolongés, arrondis. Plaques coxales de la première paire moins prolong-ées en avant que chez les autres espèces du genre Bathyporeia. Plaques coxales des trois paires suivantes un peu plus hautes que les segments correspondants du mésosome. Plaques coxales des trois premières paires portant une petite dent à Tangle inféro-postérieur. Angles postérieurs du troisième segment du métasome à peine prolongés en arrière, largement arrondis. Premier segment de l'urosoine présentant une profonde dépres- sion dorsale, suivie d'un renflement qui porte une paire de soies et une paire d'épines. LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 185 Yeux très grands, réaiformes, occupant presque toute la hauteur de la tète et se touchant à sou sommet. Antennes supérieures aussi longues que l'ensemble des quatre premiers segments du mésosome. Premier article du pédoncule atteignant près de trois fois la longueur de l'ensemble des deux articles suivants. Premier «-t deuxième articles portant de petites épines. Flagellun) un peu plus court que le pédoncule et composé de dix articles portant des calcéoles au bord anté- rieur et de longues tigelles sensitives au bord postérieur. Fla- Fn. 6. — Bathyporei a megalops nov sp. — Mâle vu du côté droit. gellum accessoire biarticulé, aussi long que Tensemble des quatre premiers articles du flagellum principal. Antennes inférieures beaucoup plus longues que le corps Quatrième article du pédoncule plus gros et plus long que le cinquième article. Flagellum grêle, chacun de ses articles por- tant une calcéole et une petite soie au bord antérieur. Gnathopodes antérieurs grêles et courts. Article basai con- tourné, très dilaté à son extrémité. Propode ovalaire, presque aussi long que le carpe. Dactyle fortement courbé. Gnathopodes postérieurs très robustes, atteignant le double de la longueur des gnathopodes antérieurs. Article basai for- tement dilaté dans sa partie distale et portant, à l'extrémité du bord postérieur, quatre longues soies ciliées. Carpe presque 186 ED. CHEVREUX aussi long- que l'article basai. Propode atteignant les deux tiers de la longueur du carpe. Péréiopodes des deux premières paires plus courts que les gnathopodes postérieurs. Article méral très dilaté. Carpe attei- gnant à peine les deux tiers de la longueur du propode. Article basai des péréiopodes de la troisième paire garni de soies spiniformes sur ses bords antérieur et postérieur. Article méral très dilaté en son milieu, beaucoup plus long que l'en- semble des deux articles suivants et portant de longues soies ciliées au bord antérieur et deux grandes épines au bord pos- térieur. Propode plus court que le carpe. Article basai des péréiopodes de la quatrième paire un peu plus long que large, n'atteignant pas la moitié de la longueur de l'ensemble des articles suivants. Article méral portant deux grandes épines à l'extrémité du bord antérieur et trois épines au bord postérieur. Propode un peu plus long que Tarticle méral. Dactyle rudimentaire, caché au milieu de la touffe de longues épines qui l'entourent. Péréiopodes de la dernière paire de même longueur que les péréiopodes précédents. Article basai modérément dilaté, près de deux fois aussi long que large, beaucoup plus court que la moitié de la longueur de l'ensemble des articles suivants. Pro- longement de l'article ischial formant une dent remarquable- ment longue et aiguë. Carpe et propode d'égale longueur. Dactyle rudimentaire. Branche interne des uropodes des deux premières paires plus courte que la branche externe. Branche interne des uro- podes de la dernière paire un peu plus longue que large, por- tant trois épines distales. Branche externe biarticulée, portant, au bord interne, une rangée de longues soies ciliées. Bord externe ne portant ni soies ni épines. Deuxième article attei- gnant le tiers de la longueur du premier. Telson plus long que large, fendu jusqu'à sa base, chacun de ses lobes portant un groupe de trois épines au milieu du bord externe et sept épines distales. Femelle inconnue. Cette espèce se distingue de presque toutes les autres formes connues du genre Bathyporeia par la grandeur de ses yeux. Seul, le mâle de B. ginllia?nsoniana possède des yeux presque aussi grands, mais il est bien différencié de la forme nouvelle par la petite dent qui existe à l'angle postérieur des plaques LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 187 épimérales du dernier segment du métasome. Le prolongement dentiforme aigu de l'article ischial des péréiopodes de la der- nière paire est aussi un caractère spécifique bien net. ProveiNANce. — Stn. 665, golfe de Bône, profondeur 10 mètres. Deux mâles. Urothoe pulchella (Costa). Urothoe jmlchella Stebbing (38), p. 130. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stns. 659, 661, 682, golfe de Bône. Profondeur 0 à 65 mètres. Distribution. — Firth of Forth (Stebbing, Th. Scott, Nor- man). Jersey (Walker et Hornell, Norman). Perros-Guirec (Côtes-du-Nord). Roscoff, Morgat (Finistère). Côte océanique de France (Chevreux). Téuérife, Canaria, Dakar (Melita). Princesse-Alice, rade de Melilla (Chevreux). Cap d'Antibes (Melita).' PHOXOCEPHALIDAE Paraphoxus maculatus (Chevreux). (Pi X, fig. 12-13). Paraphoxus maculatus Stebbing (38), p. 138 et p. 723. Provenance. — Stn. 582, côte nord de Tunisie, profondeur 170 mètres. Une femelle mesurant 2"™ 6 de longueur. Distribution. — Une femelle de 3 milHmètres de longueur, draguée par I'Hirondelle dans le golfe de Gascogne, par une profondeur de 180 mètres. J'ai figuré ici les péréiopodes des troisième et quatrième paires, qui étaient mutilés chez l'exemplaire de l'Océan. Metaphoxus pectinatus a. 0. Walker (PI. IX, fig. 19 et 20) Metaphoxus pectinatus Stebbing (38) p. 139. Provenance. — Stn. 557, golfe; de Gabès. Stn. 684, au large de La Calle. Profondeur 19 à 70 mètres. Distribution. — Iles Britanniques, Guernesey (Norman, A. 0. Walker). Perros-Guirec (Côtes-du-Nord). Côte océanique de France (Chevreux). Ile Rousse, Ajaccio (Corse), baie de Villefranche (Melita). Cannes (A. 0. Walker). Couleur. — Chez mes exemplaires de la baie de Villefranche, 188 ED. CHEVREUX les mâles avaient le corps d'un rouge orangé, les yeux d'un brun rougeâtre. Le corps des femelles était d'un jaune verdâ- tre, leurs œufs étaient rouges. Les exemplaires de Perros-Guirec avaient le corps d'un rouge orangé, les yeux rouges ; tous les appendices, translucides, étaient d'un blanc violacé. Dansun mémoire récemment paru, Patience (31, p. 116, pi. m et pi. iv), ayant eu occasion d'étudier de nombreux exemplaires de Metaphoxus pectinatus et de Metaphoxus Fultoni, a été amené à conclure de leur examen que le dernier de ces deux Amphipodes n'était autre qu'un stade de développement du premier. A. 0. Walker, dans une lettre annexée au mémoire de Patience, discute ces conclusions et présente d'excellents arguments pour la séparation spécifique des deux formes. Je suis absolument de son avis. L'une des pêches de Patience dans le Firth of Glyde lui a procuré 50 mâles de M. pectinatus et 47 mâles de M. Fultoni. Une autre pêche a ramené 6 mâles de M. pectinatus et 12 mâles et 2 femelles de M. Fultoni. Ces pèches ont été effectuées au filet fin entre deux eaux, à environ une brasse du fond. Dans ces conditions, on ne pouvait capturer que des mâles et je suis très porté à croire que les deux femelles de la dernière pêche ont été prises â un moment où le filet a effleuré le fond. Puisque les deux espèces sont très communes dans la localité explorée, un dragage sur le fond aurait sûrement ramené de nombreux exemplaires des deux sexes et de tout âge de ces Amphipodes et l'examen des jeunes eût permis de trancher la question. On a vu plus haut que j'ai pris des exemplaires de M. pectinatus en de nombreuses localités des côtes de France. Au cours de l'été de 1903, en cherchant, à marée basse, dans le sable vaseux de la rade de Perros-Guirec, j'ai trouvé 37 exem- plaires de M. pectinatus'. 8 mâles, 12 femelles et 17 jeunes. Quelques-uns de ces derniers sont très petits. J'ai figuré ici (pi. IX, fig. 19 et 20) les gnathopodes de l'un de ces jeunes Amphipodes, qui mesurait 1""° 3 de longueur. Ils ne diffèrent pas sensiblement de ceux des adultes. J'ai fait la même cons- tatation en examinant de jeunes spécimens de M. pectinatus dragués dans la baie du Groisic en même temps qu'une cinquantaine d'adultes des deux sexes. J'ai figuré également (pi. ix, fig. 17 et 18) les gnathopodes d'un jeune exemplaire de M. Fultoni, de 1°""4 de longueur, dragué à Antibes. LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 189 Metaphoxus Fultoni (Th. Scott). (PI. IX, fig. 17-18). Metaphoxus FuUoiii Stebbing (38), p. 139. Provenance. — Sto. 582, côte nord de Tunisie, profondeur 170 mètres. Distribution. — lies Britanniques (Th. Scott, Robertson, Norman). Jersey, Guernesey (Norman, Walker et Hornkll). Luc-sur-Mec (Calvados). Roscoff (Finistère). Côte océanique de France (Cuevreux). Golfe de Saint-Tropez, cap d'Antibes, baie de Villefranche (Melita). Cannes (A. 0. Walker). Couleur. — Les exemplaires de la baie de Villefranche avaient le corps d'un blanc translucide, sans taches ; les yeux étaient rouges. Harpinia crenulata Boeck. (PI. X, fig-. 14 et 15) Haiyinia crenulata Stebbing (38), p. 141. Provenance. — Sln. 725, au large de Bône, profondeur 75 mètres. Distribution. — Norvège (Boeck, G. 0. Sars, Schneider, Norman). Suède (G. 0. Sars). Danemark (Meinert). Iles Bri- tanniques (Norman, A. 0. Walker). Roscofl" (Finistère). Côte océanique de France (Chevreux). Golfe de Gascogne, par 950 mètres de profondeur (Bonnier). Baie de Villefranche, golfe d'Ajaccio (Melita). Cannes (A. 0. Walker). Harpinia pectinata G. 0. Sars. (PI. X, fig. 16 et 18) Harpinia pectinata Stebbing (38), p. 142. Provenance. — Stns. 515 et 516, Alger. Stn. 719, golfe de Bône. Profondeur, 10 à 15 mètres. Distribution. — Norvège (G. 0. Sars, Norman). Suède (G. 0. Sars). Mer du Nord (Reibisch). Ouest de l'Irlande (Porcu- pine). Guernesey (Norman), (^ôte océanique de France (Che- vreux). Cote du Sahara, baie de Villefranche (Melita). 190 ED. CHEVREUX Harpinia Délia Vallei nov. nom, (PI. XI, fig. 1 à 8) Harpinia neglecta Délia Valle (18), p. 747, pi, v, fig. 6, pi. XXXV, fig. 1 à 18, et pi. Lx, fig. 19. Dans un travail antérieur (10, p. 36), j'ai admis l'identité de l'Amphipode décrit par Dklla Valle, comme étant VHarpinia neglecta G. 0. Sars, et de Tespèce du nord de l'Europe ainsi nommée par le savant professeur norvégien. Un examen plus attentif de la forme méditerranéenne m'a conduit à la consi- dérer comme distincte, et je propose pour elle le nom à'Har- pinia Délia Vallei. Je signalerai simplement ici les caractères qui différencient les deux formes. Chez une grande femelle ovigère d'Harpinia Délia Vxilleiy mesurant 5°""4 de longueur : Les angles postérieurs de la tête se terminent par un crochet moins allongé en avant que chez H. neglecta. La partie dorsale du métasome est couverte de petites soies, comme chez l'espèce voisine, mais quelques longs cils existent parmi ces soies. L'angle postérieur des plaques épimérales du dernier seg- ment du métasome est de forme un peu différente et se termine par un crochet plus court et plus recourbé. Les plaques coxales des trois premières paires portent une petite dent à l'angle inféro-postérieur. Les gnathopodes sont de forme un peu différente. Le propode des gnathopodes antérieurs est presque ovalaire, le bord pal- maire formant un angle extrêmement obtus avec le bord pos- térieur. Le propode des gnathopodes postérieurs est nettement quadrangulaire. Dans les deux paires de gnathopodes, le bord palmaire est un peu plus court que le bord postérieur. Le bord postérieur de l'article basai des péréiopodes de la dernière paire présente de nombreuses petites crénelures, garnies chacune d^un long cil. Le premier article de la branche externe des uropodes de la dernière paire porte cinq épines au bord interne. Le deuxième article n'atteint que le tiers de la longueur du premier. Provenance. — Stn. 594, golfe de Bougie, profondeur 18 mètre». Distribution. — Golfe de Naples (Della Valle). Golfes de Saint-Tropez, de Villefranche et d'Ajaccio (Melita). LES AMPHIPODES DALGÉRIE ET DE TUNISIE 191 Comme plusieurs autres espèces méditerranéennes, tiarpinia Délia Vallei remonte dans l'Océan jusqu'à la côte sud-ouest de France. La Melita l'a draguée dans la rade de Saint-Jean-de- Luz. Cette forme ne semble pas dépasser l'embouchure de la Gironde et c'est la véritable H. antennaria Meinert (= H. neglecta G. 0. Sars) que j'ai draguée dans la baie de Concar- neau (8, p. 477) et que I'IIihondelle a draguée près de. Belle- Ile (10, p. 36). AMPHILOCHIDAE Amphiloghus neapolitanus (Délia Valle). Amphilochus neapolitamis Stebbing (38), p. 150. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stn. 517, cap Tédlès. Stn. 547, golfe de Gabès. Stn. 551, baie des Surkennis. Stns. 677 et 689, port de Bône. Profondeur 0 à 22 mètres. Couleur. — Le dragage de la station 689 a ramené cent- soixante-cinq exemplaires de cette espèce. Leur couleur était très variable. Beaucoup d'entre eux avaient le corps d'un vert jaunâtre, avec les plaques coxales des quatre premières paires d'un jaune orangé, maculé de petites taches brunes. Les plaques coxales suivantes, l'urosome et tous les appendices étaient d'un blanc opalescent, le métasome était rayé et tacheté de jaune. D'autres exemplaires étaient d'un rose violacé, finement ponc- tué de rouge vif. Tous les exemplaires avaient les yeux bruns. Chez les exemplaires de la station 677, la tète et les quatre premiers segments du mésosome étaient verdâtres, avec des raies transversales d'un brun violacé. L'urosome était d'un vert olivâtre. Les yeux et tous les appendices étaient roses. Distribution. — Naples (Della Valle). Villefranche, Antibes, Caiiûes, Saint-Raphaël, Saint-Tropez, Sanary, Cette (Melita). Hyères, Ceylan (A. 0. Walker). Canaria, côte du Sahara (Melita). Côte océanique de France (Chevreux). Roscofï. Mer du Nord (Reibisch). On sait qu€ cette espèce diffère surtout des formes voisines par la grande longueur du prolongement du carpe des gnatho- podes postérieurs. Tous mes exemplaires, quelle que soit leur taille, présentent ce caractère et, chez de très jeunes spécimens, mesurant 1""" de longueur, le prolongement du carpe atteint, comme chez les adultes, l'extrémité du bord postérieur du propode. 192 ED. CHEVREUX Amphilochus brunneus Délia Valle. Amphilochus melanops A. 0. Walker (41), p. 298, pi. xviii, fig. 12 et pi. XIX, fig. 13 à 15. Amphilochus bnmneus Stebbing (38), p. 151. Provenance. — Stn. 515_, Alger. Stns. 657 et 686, Bôae. Profondeur 10 à 12 mètres. Couleur. — Les exemplaires de la station 657 avaient les segments antérieurs du mésosome et le métasome d'un brun verdâtre ; les segments postérieurs du mésosome et l'urosome étaient blancs. Distribution. — Liverpool (A. 0. Walker). Jersey, Guernesey (A. 0. Walkkr, Norman). Setub.il (Portugal), Ajaccio, Caivi (Corse), Villefrauche, Antibes (Mklita). Naples (Della Valle). Les exemplaires de Calvi avaient le corps d'un brun foncé, tacheté de blanc ; les yeux étaient roses. Les exemplaires d' Antibes avaient le corps d'un jaune pâle, tacheté de brun foncé. Chez mes exemplaires, la longueur du prolongement du carpe des gnathopodes postérieurs n'est pas constante. Elle varie entre la moitié et les deux tiers de la longueur du bord postérieur du propode. C'est ce qui m'a conduit à assimiler A. melanops à A. brunneus, la longueur du prolongement du carpe étant le principal caractère distinetif des deux formes (A. 0. Walker, 42, p. 301). Amphilochoides serratipes (Norman). Amphilochoides serratipes Stebbing (38), p. 723. Provenance. — Stn. 582, côte nord de Tunisie, profondeur 170 mètres. Distribution. — Norvège (G. 0. Sars), Shetland (Norman). Mer du INord (Reibisch). Iles Britanniques (Norman, Robertson, A. 0. Walker). Côte océanique de France (Chevreux). Amphilochoides longimanus (Chevreux). Amphilochoides loiigimahus Stebbing (38), p. 723. Provenance. — Stn. 582, côte nord de Tunisie, profondeur 170 mètres. LES AMPHIPODES D ALGÉRIE ET DE TUNISIE 193 Distribution. -- Golfe de Gascogne (Chevreux). Cette espèce diffère bien nettement des autres formes connues du genre Ampliilochoides par ses yeux énormes, par la grande longueur du premier article du pédoncule de ses antennes supérieures, relativement aux dimensions des articles suivants, et par le manque d'une dent à la base du bord interne du dactyle des gnatliopodes. 11 ne m'est malheureusement pas possible de compléter la description de cette rare espèce, les péréiopodes des trois dernières paires et les uropodes de Ja dernière paire étant mutilés chez les deux exemplaires de la station 582, de même que chez runi(pie exemplaire du golfe de Gascogne. GiTANA Sarsi Boeck. (PI. XI, fig. 9à 10). Gitana Sarsi Stebbing (38), p. 155. Provenanck. — Stn. 658, golfe de Bône. Profondeur, 20 mètres. Distribution. — Spitzberg, Norvège (G. 0. Sars). Kattégat (Meinert). Iles Britanniques (Norman, Robertson, Stebbing, G. 0. Walker). Côte française de la Manche (Chevrkux et BouviKR, Gadeau de Kerville). Côte océanique de France (Che- vreux). Golfe de Gascogne (Chevreux). Naples (Della Valle). Port-Vendres, Antibes (Melita). Cannes (A. 0. Walker). Chez mes exemplaires méditerranéens, les plaques coxales de la deuxième paire ne présentent que deux dents, au lieu de trois, au bord distal et le dactyle des gnatliopodes n'est pas cilié au bord interne. Ce sont les seules différences que j'ai constatées entre eux et la forme de TOcéan ; je ne les crois pas suffisantes pour motiver la création d'une espèce nouvelle. Peltocoxa Marioni (iatta (PI. XI, fîg-. 11 et 12). Peltocoxa Marioni Stebbing (38), p. 160. Provenance. — Stn. 551_, golfe de Gabès. Stns. 655, 657, 659, 661, 686, golfe de Bône. Profondeur, 6 à 15 mètres. Distrihution. — lies Britanniques (Stebbing, Norman, Ro- bertson, A. 0. Walker). Jersey (iNorman). Côte océanique de France (Chevreux) Côte du Sahara (Melita). Golfe de Marseille .Méin. Soc. Zûol. de Fr., 1910. xxiu-13 194 KD. CHKVREUX (Catta). Cannes (Chkvreux). Golfe de Naples (Délia Vallk). Cap d'Antibes, baie de Villefranche (Melita). Cette espèce est assez commune dans le golfe de Bône et le dragage de la station 657 en a ramené 31 exemplaires. Ledimor- phisme sexuel, peu accentué, ne porte que sur la forme du propode des gnathopodes postérieurs^ dont le bord palmaire est légèrement convexe chez la femelle, tandis qu'il est un peu concave chez le mâle, mais les deux sexes se difiérencient très nettement par leur coloration. La femelle est d'un jaune clair maculé de brun. Le corps du mâle est d'un jaune verdâtre, avec de grandes taches noirâtres, et les plaques coxales de la quatrième paire sont moitié jaunes et moitié noires. Cette couleur noire^ très rare chez les Amphipodes, persiste après un long séjour dans l'alcool et les sexes sont encore recon- naissables à leur coloration chez mes exemplaires dragués en 1897. LEUCOTHOIDAE Leucothoe spiiMCARPA (Abildgaarcl). Leiicothoe spinicarpa Stebbing (38), p. 165. Provenance, — Stn. 541, côte est de Tunisie. Stns. 547, 551, 556, 557, 560, 561, 563, 568, golfe de Gabès, dans les ©seules des Eponges. Stns. 705, 7-26, golfe de Bône. Profondeur 0 à 65 mètres. Distribution. — Groenland (Hansen). Norvège (Boeck, G. 0. Sars, Norman). Danemark (Abildgaard, Meinert). Iles Britan- niques (Montagu, Leach, Norman, Th. Scott. A. 0. Walker). Iles Anglo-Normandes (K'Ehler, Walker et Hornell, Norman). Côtes françaises de la Manche et de lOcéan (Chevreux). Baie de Vigo (Melita). Açores (Barrois). Nouvelle Angleterre (Hol- mes). Baie d'Alcudia (Majorque) Port-Vendres, Saint-Tropez, Villefranche (Melita). Corse (Chevreux). Princesse- Alice, port de Porto Conte, Sardaigne (Chevreux). Mer Bouge, océan Indien (A. O. Walker). Leucothoe incisa Robertsou (PI. XI, fig. 13 à 17). Leucothoe incisa Stebbing (38), p. 167. Je ne puis me ranger à l'opinion de Norman (26, p. 47) et de Reibisch (32, p. 179), qui assimilent Leucothoe incisa Rob. I,ES AMPHIPODES D ALGKIIIK KT DK TUINISIE 195 à Leucothoe LUljebovgt Boeck. J'ai eu occasion d'examiner un grand nombre d'exemplaires de la première de ces deux espèces, exemplaires recueillis tant sur la côte d'Algérie (jue sur les cotes françaises de la Manche et de l'Océan, et je n'ai aucun doute sur sa validité. Il m'a été possible de comparer celte forme aux exemplaires de L. Lilljeborgi que j'ai dragués sur la côte méditerranéenne de France et dont j'ai figuré ici quelques caractères dislinctil's (PI. xi, fig. 18 à 20). Eu dehors de caractères d'une importance secondaire, tels que la forme et le nombre des dents qui garnissent le propode des gnatho- podes, il est facile de distinguer les deux espèces par l'examen des gnathopodes postérieurs, des plaques coxaies de la qua- trième paire et du telson. Bien entendu, il importe de comparer entre eux des animaux ailultes, c'est à-dire des mules de grande taille, présentant bien les caractères sexuels du genre, ou mieux, des femelles ovigères. Chez L. incisa, le bord antérieur du propode des gnathopodes postérieurs se prolonge pour former une petite dent qui dé- borde sur l'extrémité du dactyle. Cette dent a été figurée par Stebbiisg (36, pi. X, fig. gn. 2). Il n'en existe aucune trace chez L. Lilljeborgi. Chez L. incisa., l'angle inféro-antérieur des plaques coxaies de la quatrième paire est arrondi. Cet angle est aigu chez L. Lilljeborgi. Le telson de L. incisa est exactement deux fois aussi long que large. Le telson de L. Lilljeborgi est beaucoup plus court et sa largeur atteint les deux tiers de sa longueur. Provenance. — Stn. 588, rade de Djidjelli. Stn. 594, rade de Bougie. Stns. 685, 686, 719, golfe de Bône. Stn. 710, port de Bône. Prolondeur, 8 à :^3 mètres. Couleur. — Chez les exemplaires de la station 685, le corps, translucide, était d'un blanc verdàtre. Quelques petites taches d'un rouge vif existaient sur les plaques coxaies et quelques raies transversales de même couleur se trouvaient sur les seg- ments du mésosome et du métasome. Les yeux étaient rouges. Distribution. — Firth of Clyde (Robertscn). Grandcamp-les- Bains, Jersey, Perros-Guirec, Roscoff. Côte océanique de France (Chevreux). Port de Mahon, Iles Baléares (Melita). 196 ED. CHEVREUX Lelcothoe RicHiARUii Lessoiia. Leucolhoe RicJdardii Stebbiiig- (38), p. 107. Provenance. — Stns. 731 et 737, golfe de Bône, littoral. Couleur. — L'exemplaire de la station 731 avait la tête et le inésosoine d'un blanc jaunâtre, les troisième, quatrième, cin- quième et sixième segments du mésosome étant rayés trans- versalement de rouge vif. Le métasome était maculé de taches roses. Le pédoncule des antennes supérieures était rose, les yeux, d'un rouge orangé. Chez l'exemplaire de la station 737, le corps_, translucide, était d'un blanc rosé. Les troisième, qua- trième et cinquième segments du mésosome étaient entièrement d'un rouge vif_, ainsi que les antennes et le carpe des gnalho- podes postérieurs. Les yeux étaient roses. Distribution. — Gênes (Lessona). Naples (Dklla Valle). STEiNOTHOIDAE StENOTHOE MONOCULOIDES (Mout.) Stcnothoe monoculoides Stebbing (38), p. 196. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stn.520, cap Tédlès. Stus. 628, 65o, 686, golfe de Boue. Stn. 698, La Galite. Profondeur 0 à 12 mètres. Distribution. — Côtes occidentale et méridionale de Norvège (G. 0. Sars). Kattégat (Meinert). Iles Britanniques (Sp. Bate, Norman, Robertson, A. 0 Walker). Iles Anglo-Normandes (KoEULER, Walker et Hornell, Norman) Le Havre, Saint-Lunaire (Chevueux). Grandcamp-les-Bains (Gadeau de Kerville). 8aint- Vaast-la-llougue (Chevreux et Bouvier). Cherbourg, Perros- Guirec, Roscotf. Côte océanique de France (Chevreux). Açores (Chevreux. Barrois). Ténérife, Canaria (Melita). Côte méditer- ranéenne de France : Cette, Bandol, Sanary, Sainte-Maxime, cap d'Anlibes, Yillefranche (Melita). Ceylan (A. 0. Walker). La forme typique, qui habite, en Méditerranée comme dans l'Océan, sur les Algues du littoral, atteint environ 3 millimètres de longueur. J'ai dragué (Stns. 655 et 686) de nombreux exemplaires, parmi lesquels se trouvaient beaucoup de femelles ovigères, d'une petite forme dont la longueur variait entre 1 millimètre et l'^'^S. Je l'avais prise, tout d'abord, pour une espèce nouvelle, mais un examen attentif ne m'a montré LKS AMPHII'ODES d'aLGÉIUK KT 1)K TUNISIK 107 aucune différence entre elle et la forme bien connue du littoral. Ces petits Aniphipodes étaient d'un blanc violacé trans- lucide, avec une tache rouge au centre des plaques coxales de la quatrième paire. J'en ai pris quelques exemplaires dans l'Océan, aux environs du Groisic, en traînant des fauberts sur le plateau rocheux de Basse-Kikerie, par une profondeur de 18 mètres. Stenothoe spinimana nov. sp. (Fig-. 7 du texte et pi. XII, fig. 1 à 12). Femklle. — Corps modérément comprimé, mesurant 3"""5 de longueur dans la position où l'exemplaire est figuré. Fig. 7. — Stenothoe siiinimana nov. sp. — Femelle vue du côté droit. Tête aussi longue que l'ensemble des deux premiers seg- ments du mésosome. Lobes latéraux peu saillants, subaigus. Plaques coxales des deuxième et troisième paires bien développées, d'égale taille. Plaques coxales de la quatrième paire une fois et demie aussi longues que hautes. Angle pos- térieur des plaques épimérales du dernier segment du méta- some fortement prolongé en arrière, subaigu à l'extrémité. Yeux assez grands, arrondis,. Antennes supérieures aussi longues que l'ensemble de la tête et des cinq premiers segments du mésosome. Premier article du pédoncule assez volumineux, un peu plus long que l'ensemble des deux articles suivants. Flagellum atteignant plus du double de la longueur du pédoncule et comprenant vingt-quatre^articles. 198 KD, CHEVRKUX Antennes inférieures de même longueur que les antennes supérieures. Dernier article du pédoncule presque aussi long- que l'article précédent. Flagellum comprenant vingt articles. Pièces buccales conformes aux caractères du genre Steno- thoe. Lobe interne des maxillipèdes atteignant le quart de la longueur de l'article contigu. Gnatbopodes antérieurs relativement robustes, Arlicle basai aussi long que Tensemble du carpe et du propode. Prolonge- ment de l'article méral n'atteignaut pas tout à fait l'extrémité du carpe, qui est court et triangulaire. Propode atteignant près du double de la longueur du carpe et remarquable par les grandes soies spiniformes qui existent sur sa face exteriie, au voisinage et vers le milieu du bord antérieur. Bord pal- maire très oblique, à peine distinct du bord postérieur. Dac- tyle robuste, atteignant un peu plus de la moitié de la lon- gueur du propode. Article basai des gnathopodes postérieurs à peine courbé, d'égale largeur dans toute son étendue. Article méral trian- gulaire, extrémité distale aiguë. Lobe postérieur du carpe peu prolongé, n'atteignant pas l'extrémité de l'article métal. Propode subovale, un peu plus de deux fois aussi long que large. Dactyle modérément courbé, atteignant les deux tiers de la longueur du propode. Péréiopodes robustes, modérément allongés, garnis de nom- breuses épines. Arlicle basai des péréiopodes de la troisième paire non lobé. Lobe de l'article basai des péréiopodes des deux dernières paires ne présentant pas de crénelures au bord postérieur. Article méral dilaté, prolongé inférieuremenl. Propode très développé, près de deux fois aussi long que le carpe, un peu dilaté à son extrémité. Dactyle robuste et courbé, atteignant plus de la moitié de la longueur du propode. Uropodes des deux premières paires armés de nombreuses épines. Branches des uropodes de la première paire subégales, un peu plus courtes que le pédoncule. Branches des uropodes de la deuxième paire d'égale taille, aussi longues c(ue le pédoncule. Pédoncule des uropodes de la dernière paire armé de cinq épines" et atteignant les deux tiers de la longueur de la branche. Premier article de la branche armé de trois épines. Deuxième article de la longueur du premier. Telson ovalaire, un peu aigu à l'extrémité, armé de quatre paires d'épines latérales. LES AMI'HIPOOES d'aLGÉUIK KT DK TUNISIE 199 Pkovenanck. — Stii. 10, Cherchell. Stns. 628, 656, Bône. Stn. 698, L;i Galite. Littoral. Distribution. — Côte méridionale de France : Port- Vendras, Antibes, Villefranche (Mklita). Stenothoe dentimana nov. sp. (Fig-. S du texte et pi. XII, fig-. Kî à 23). Fkmkllk ovigère. — Corps assez fortement comprifné, me- surant 3™'"2 de longueur dans la position où l'exemplaire est figuré. Téguments minces et peu consistants. Femelle vue du côté gauche. Tète beaucoup plus courte que l'ensemble des deux pre- miers segments du mésosome et portant un rostre assez sail- lant. Lobes latéraux peu prononcés, arrondis au bord distal. Plaques coxales de la troisième paire beaucoup plus grandes que les plaques coxales de la deuxième paire. Plaques coxales de la quatrième paire modérément prolongées en arrière, à peine plus longues que hautes. Angle postérieur des plaques épiniérales du dernier segment du métasome fortement pro- longé en arrière, subaigu. Yeux petits, arrondis, assez éloignés du bord antérieur de la tète. Antennes supérieures un peu plus longues que l'ensemble 200 KU. CBKVREUX de la lêle et du mésosome. Premier article du pédoncule aussi long- que la tète et atteignant les trois quarts de la longueur du deuxième article. Flag-ellum deux fois aussi long que le pédoncule et comprenant quinze articles très allongés, presque glabres. Antennes inférieures beaucoup plus courtes que les antennes supérieures. Dernier article du pédoncule un peu plus long que l'article précédent. Flagellum composé de dix articles. Lobe interne des maxillipèdes atteignant près de la moitié de la longueur de l'article contigu. Gnathopodes antérieurs assez grêles. Article méral prolongé seulement jusqu'au milieu du carpe. Propode de la longueur du carpe, ovalaire, deux fois aussi long que large. Dactyle grêle, à peine courbé. Gnathopodes postérieurs très robustes. Bord antérieur de l'article basai formant un angle droit avec le bord inférieur. Propode très développé, plus long que l'article basai, très large à la base, étroit à l'extrémité. Bord postérieur très court. Bord palmaire irrégulièrement denticulé. Bord antérieur se prolongeant pour former une petite dent qui déborde sur la base du dactyle. Dactyle irrégulièrement courbé, aussi long- que le bord palmaire. Péréiopodes de la première paire un peu plus longs et plus grêles que les péréiopodes de la deuxième paire. Article méral et propode d'égale taille. Bord postérieur du carpe et du propode épineux. Péréiopodes de la troisième paire semblables aux péréio- podes précédents. Péréiopodes de la quatrième paire dissem- blables, le péréiopode droit différant à peine du suivant, tandis que le péréiopode gauche, beaucoup pluscouit, possède un article basai presque aussi large que long et notablement plus large que Tarticle basai du péréiopode droit (1). Article basai des péréiopodes de la dernière paire presque aussi large que long. Article méral très développé, prolongé en arrière jusqu'à l'extrémité du carpe. Propode atteignant le double de la longueur du carpe et garni^ comme les deux articles précédents, de nombreuses petites épines. Dactyle robuste, atteignant les trois quarts de la longueur du propode. Uropodes de la première paire grêles et allongés, dépassant l'extrémité des uropodes suivants. Pédoncule des uropodes de (1) Ce caractère rend douteuse l'hypothèse d'une régénération de la palte brisée. LKS AMIMIII'UDKS u"aL(1K111I': KT DK TUÎNISIK 201 la dernière paire beaucoup plus long cpu; la branche, dont le premier article est notablement phis court que le second. Telson portant deu\ paires d'épines latéi'ales. Provenanck. — Stn. 582, côte nord de Tunisie, profondeur 170 mètres. Un exemplaire. PFILIASIDAE Pereionutus tesïuuo (Montagu). (PI. XIII, fig. l à o). PereiujioUis testudo Stebbing (38), p. 201. Je possède depuis longtemps, dans ma collection d'Amphi- podes méditerranéens, deux formes de Phliasidae. L'une est le Pereionotus testiido typique, tel qu'il a été décrit et figuré par Della Valle (18, p. 559, pi. ni, fig. 7, et pi. xxxi, fig. 1-19). L'autre se rapproche du genre Plilias par la présence de deux branches aux uropodes de la dernière paire. Récemment, il m'a été possible d'obtenir un assez grand nombre d'exemplaires de ces deux formes et leur examen m'a montré que toutes les femelles présentaient les caractères du genre Pei'eioiiotus Bâte et Weslwood, tandis que tous les mâles, de même provenance, possédaient, comme les Phlias, deux branches aux uropodes de la dernière paire. Il y a donc lieu d'admettre que ces der- niers sont les mâles de Pereionotus testudo. Le dimorphisme sexuel porte sur les antennes supérieures, sur les gnathopodes postérieurs et sur les uropodes. Les an- tennes supérieures du mâle sont plus robustes que celles de la femelle. Le premier article du pédoncule est pins large que long, le flagellum est garni de longues et nombreuses soies. Les gnathopodes postérieurs sont notablement plus longs et plus robustes que les gnathopodes antérieurs. La branche interne des uropodes de la dernière paire, un peu moins longue que le pédoncule, se termine par une courte épine, accom- pagnée d'une soie. La branche externe, plus courte que la branche interne, ne porte qu'une soie distale. L'embryon, assez différent du type adulte, n'est pas déprimé. Son corps, bien que très épais, est quelque peu comprimé. Le bord dorsal est lisse et régulièrement courbé. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stns. 667, 668, 705, 713, golfe de Bône. Côte de Kabylie (envoi de M. Bariteau). Pro- fondeur, 0 à 46 mètres. 202 ED. CHKVUKUX Couleur. — Chez les exemplaires de la station 6(38 (Alg-ues du littoral), le corps était d'un jaune verdâtre, avec une grande tiiclie d'un blanc nmt sur le sommet de chacun des trois pre- miers segments du mésosome et quelques petites taches blan- ches éparses, plus grandes sur les plaques coxales que sur les segments. Les antennes et les pattes étaient d'un vert clair, le flagellum des antennes supérieures présentait des anneaux violets. Les yeux étaient rouges. Chez les exemplaires de la station 705 (profondeur, 46 mètres), le corps, d'un brun ver- dâtre, portait deux ou trois petites taches bleues et une tache rouge sur chacun des segments du mésosome. Les plaijues coxales et tous les appendices étaient tachetés de bleu. Les yeux étaient rouges. Distribution. — Salcombe, Devonshire (Montagu, Sp. Bâte, Norman). Jersey (Sinel). La Luz, îles Canaries (Melita). Cette_, Bandol, Anlibes, Villefranche (Melita). Marseille (Catta). Naples (Della Yalle). Adriatique (Grube). Abd-el-Kuri, océan Indien (Walker et A. Scott). COLOMASTL\IDAE COLOMASTIX PUSILLA Grubc. Colomastix pusilla Sfcebbing (38), p. 207. Provenance. — Stns. 555, 560, golfe de Gabès. Stn. 684, La Calle. iStns. 687, 705, golfe de Bône. Stns. 725, 726, au large de Bône. Profondeur, 12 à 75 mètres. Distribution. — Iles Britanniques (Sp, Bâte, Norman, Steb- BLNG, A. 0. Walker). Jersey (Walker et Hornell), Sark (Kqehler). Le Havre, Luc-sur-Mer (Chevreux). Saint- Vaast-la-Hougue (Chevreux et Bouvier). Omonville-la-Rogue (Gadeau de Ker- ville). Côte océanique de France (Chevreux). Baie de Vigo (Melita). Port-Vendres, Cette, Bandol, Saint-Tropez, Villefranche (Melita). Golfe de Naples (Della Yalle). Adriatique (Grube). Mer Rouge (A. 0. Walker), sous le nom de C. crassijrianiis (Heller). Les nombreux mâles de cette espèce, que j'ai recueillis à Vigo (Espagne) et à Conearneau (côte ouest de Bretagne), pos- sèdent bien tous les caractères du Cratippits crassinjanua Heller et ne diffèrent en aucune façon de mes exemplaires méditerra- néens. 11 est vrai que je n'ai pas trouvé cette forme parmi mes Colo?nastix de la Manche, mais les quelques exemplaires de LES AMI'HIPODES d'aLGÉRÎE ET DE TLiMSIE 203 celte proveuance que je possède sont des ftMiielles ou des jeunes. Je ne puis me ranger à l'opinion de Walkkr (40, p. 332), qui reprend le nom de Coloiiiaslix crassimanus (lleller) pour ACANTHONOTOZOMIDAE Panoploea minuta (G. 0. Sars). Panoploea mmuta Stebbing- (38), p, 213. Phovenance. — Stns, 657, Go9, 661, 705, golfe de Bône. 8tn. 684, La Galle. Port d'Alg-er (envoi de M. Seurat). Profondeur 8 à 46 mètres. GouLEUR. — Très variable. La plupart des e.vemplaires de la station 657 avaient le corps d'un brun violacé, maculé de taches jaunâtres. Les yeux étaient d'un rose vif. D'autres avaient le corps et les pattes d'un jaune citron, sans taches, les antennes étaient brunes, les yeux, d^in blanc rosé. Ghez d'autres exemplaires, le corps était jaunâtre, avec des raies transversales brunes. Enfin, chez quelques spécimens, le corps et tous les appendices étaient d'un blanc mat, ponctué de nombreuses petites taches noires. Les exemplaires de la sta- tion 705 avaient le corps d'un vert clair, tacheté de brun ver- dâtre, les yeux étaient roses. Les exemplaires de la station 684 afiectaient la couleur du Corail sur lequel ils se trouvaient. DiSTRiBUTiOiN. — Gôtes occidentale et méridionale de Norvège (G. 0. Sars). Mer du Nord (Reibisch). Iles Britannicjues (Steb- bing, A. 0. \Yalker, Norman). Gnernesey (Norman). Granvilîe (Gadeau de Kerville). Garteret_, Roscofï, Belle-Ile, le Groisic (Chevreux). Baie de Dakar, très commun (Mklita). Port-Vendres, Villefranche (Melita). Cannes (A. 0. Walker). La Spezzia, Messine (G. 0, Sars). Iphimedia obesa Rathke. (PI. Xlll, fig. 6). Iphimedia obcsa Stebbing (38), p. 214. Provenance. — Stn. 582, côte nord de Tunisie, profondeur 170 mètres. Une femelle ovig'ère, mesurant 5""" de longueur. Distribution. — Norvège (Rathke, Boeck, G. 0. Sars, Nor- man). Suède (Bruzelius). Kattégat (Kroyer, Meinert). Mer du 204 KD. CHEVRKUX Nord (Rkibisch). Helgoland (Sukolowsky). Iles Britanniques (Sp. B\TK, Stkrring, Norman, A. 0. Walker). Guernesey (Walker et Hornell). Jersey (Sinel). Grandcamp-les-Bains (Gadeau de Kerville). Saint-Vaast-la-IIougne (Chevrkux et Bou- vier). Côte océanique de France (Chevreux). Cette espèce, nouvelle pour la Méditerranée, n'a jamais été trouvée, dans l'Atlantique, au sud de la Bretagne. LILLJEBORGIDAE (PI. XIII, %. 7 à 11). Lilljeborgia Délia Vallei Stebbing (38), p. 234. Lilljeboryia paliida Chevreux (II), p. 695. Mes exemplaires, de diverses provenances, s'écartent du type décrit pai' Della Valle (18, p. 658, pi. i, fig. 1, et pi. xix, fig. 35-52) par leur telson, qui est presque entièrement fendu, chez la femelle principalement, tandis que, chez la forme du golfe de JNaples, le telson n'est fendu que sur les deux tiers de sa longueur. Le mâle de cette espèce diffère de la femelle par ses an- tennes plus robustes et comprenant un plus grand nombre d'articles (ving-cinq articles au flagellum de chacune des deux paires d'antennes), par les dents, au nombre de seize, du dac- tyle des gnathopodes postérieurs, par les uropodes de la der- nière paire, dont les deux branches portent des épines, et par le telson^ plus développé. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stu. 541, côte orientale de Tunisie. Slns. 686, 705, 725, 727, golfe de Bône. Herbillon (envoi de M. Bariteau). Profondeur_, 0 à 75 mètres. Couleur. — Les exemplaires de la station 705 avaient les six premiers segments du mésosome, leurs plaques coxales et les gnathopodes d'un beau rouge carmin. Le reste du corps et des appendices était d'un blanc opalescent. Les yeux étaient d'un blanc mat, sur lequel les ocelles se détachaient en noir. DiSTRiHUTiON, — Golfe de Naples (Della Valle). Ajaccio, Porto- Vecchio (Chevreux). Port-Vendres (Melita). LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 205 ŒDICEROSIDAE Përioculodes longimanus (Bâte et Westwood). Perioculodcs lo?ighnaiii(s Stebbing (38), p. 237. Provenance. — Stn. 530, La Galle. Stns. 657, 659, 661, 662, 719, g'olfe de Bùne. Profoiideui" 8 à 20 mètres. Couleur. — Chez les exemplaires du golfe de Bôiie, le corps était d'un blanc violacé translucide, sans taches, les yeux, d'un rouge vif. Les œufs des femelles étaient bleus. DiSTRiRUTiON. — Norvège (G. 0. Sars, Norman). Kattégat (Meinert). Mer du Nord, Skagerrak (Ueibisch). Iles Biitanni(|ues (Sp. Bâte, Norman, A.O. Walkkr). Jersey, Guernesey (Walker et Hornkll). Perros-Guirec (Côtes-du-Nord). Morgat (Finistère). Côte océanique de France (Chi':vreux). Golfe de Gascogne, Açores (Chevreux). Setubal, Dakar (Melita). La Spezzia (G. 0. Sars). Naples (Della Valle). Corse (Chevri^ux). Villefranche, Antibes, Cette (Melita). PONTOCRATES NORVEGICUS Boeck. (PI. XIII, fig. 12 a 18). Pontocrates norvégiens Norman et Scott (29j, p. 68, pi. VI, fig. 1-8. Stebbing (38, p. 241) considère Pontocrates norvégiens Boeck comme synonyme de P. arenarius Sp. Bâte. Les caractères distinclifs des deux espèces ont été décrits et figurés, par Norman et Scott. Mes exemplaires méditerrané plus haut que le lobe postérieur. Plaques Fio. \'2. — Ehismopiis hrasiliensis (Dana), — Mâle vu du côté droit. épimérales du dernier segment du métasome assez fortement prolongées en arrière et terminées par une dent aiguë. Yeux petits, ovales, bien conformés. Antennes supérieures un peu plus courtes que l'ensemble de la tête et du mésosome. Pédoncule robuste. Premier et deu- xième articles d'égale taille. Troisième article atteignant plus de la moitié de la longueur de l'article précédent. Flagellum aussi long que le pédoncule et comprenant vingt-trois articles abon- damment ciliés. Premier article un peu plus long que l'ensemble des deux articles suivants, Flagellum accessoire biarticulé, aussi long que le premier article du flagellum principal. Antennes inférieures beaucoup plus courtes que les antennes supérieures Pédoncule grêle, garni de longues et nombreuses soies. Quatrième et cinquième articles d'égale taille. Flagellum 224 ED. CHEVREUX un peu plus long- que le dernier article du pédoncule et com- posé de neuf articit's fortement ciliés. Pièces buccales ne différant pas sensiblement de celles du type du genre, Elasmopus rapax (Costa). Gnathopodes antérieurs modérément robustes. Propode ovalaire, plus long que le carpe, bords antérieur et postérieur garnis de longues soies. Dactyle grêle. Gnathopodes postérieurs très développés. Propode piriforme, aussi long que l'ensemble des articles basai et ischial. Bord palmaire se confondant avec le bord postérieur, tous deux étant garnis d'une double rangée de soies longues et touffues. Face interne du propode garnie de nombreuses rangées de soies et présentant une légère excavation. Dactyle robuste, brusquement coudé près de sa base et atteignant plus de la moitié de la longueur du propode. Péréiopodes des deux premières paires assez grêles. Péréio- podes de la troisième paire un peu plus courts que les péréio- podes précédents. Péréiopodes des deux dernières paires beau- coup plus longs, d'égale taille. Article basai crénelé au bord postérieur. Article méral et carpe très robustes, d'égale lon- gueur, garnis de fortes épines. Propode plus long, mais moins robuste, que les articles précédents. Dactyle très robuste, peu courbé, portant un petit cil au bord interne. Uropodes de la dernière paire dépassant un peu les uropodes précédents. Branche interne ovalaire, un peu plus longue que le pédoncule, portant quelques épines aux bords interne etdis- tal. Branche externe beaucoup plus longue que la branche interne, armée de grandes épines aux bords interne et distal. Telson aussi large que long, presque entièrement fendu. Lobes échancrés au bord distal, qui est armé de trois épines d'inégale taille. Femelle ovigère. — Plus petite que le mâle et ne dépassant pas 5"" de longueur. Antennes supérieures plus courtes, pédon- cule beaucoup moins robuste. Gnathopodes antérieurs sem- blables à ceux du mâle. Gnathopodes postérieurs plus déve- loppés que les gnathopodes antérieurs. Propode étroitement ovale, beaucoup plus de deux fois aussi long que large. Bord palmaire confondu avec le bord postérieur. Dactyle court et grêle. Provenance. — Stn. tO, Cherchell. Stn. 669, environs de Bône. Sln. 675 et 680, La Galle. Herbillon (envoi de M. Bariteau). Littoral. LES AMPHIPODES D ALGÉRIE ET DE TUNISIE 225 Couleur. — Corps d'un jaune verdàtre, avec une large bande longitudinale violette, transversalement rayée de blanc, cou- vrant la partie dorsale de la tête et du mésosome. Pédoncule des antennes supérieures rouge, flagellum jaune. Pattes macu- lées de taches violettes. Yeu.\ roses. Distribution. — Rio de Janeiro (Dana). Elasmopus pocillimanus (Sp. Bâte) (PI. XVI, fig. 1 et 2). Elasmopus pocillimamis Stebbing (38), p. 443. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stn. oGi, Djerba. Stn. G67, golfe de Bône. Stns. 675, 680, La Calle. Stn. 698, La Galite. Herbillon (envoi de M. Bariteau). Littoral, Couleur. — Les exemplaires de la station 667 avaient le corps et tous les appendices d'un gris verdâtre assez pâle, ponctué de petites taches d'un blanc mat. Quelques taches vertes existaient le long de la ligne dorsale et quelques taches violettes, sur les appendices. Les yeux étaient d'un rouge brun. Distribution. — Gènes (Sp. Bâte). Golfe de Naples (Della Valle). Corse (Chevreux). Villefranche, Antibes (Melita). tïannes (envoi de M. Ad. DoUfus). Les plaques épimérales du dernier segment du métasome sont crénelées au bord postérieur et se terminent en arrière par une dent quelque peu crochue. Les gnathopodes postérieurs de la femelle sont plus robustes que chez la femelle d'^". bra- siliensis] l'article méral, plus allongé, se termine inférieurement par un angle aigu. Le propode, quadrangulaire, est à peu près deux fois aussi long que large et son bord palmaire forme, avec le bord postérieur, un angle un peu obtus, armé d'une épine. Cette espèce se distingue encore facilement de la précé- cédente et de la suivante par ses yeux, plu? grands et subré- niformes, et par ses antennes supérieures beaucoup plus longues. Elasmopus rapax Costa. Elasmopus rapax Stebbing (38), p. 444. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stn. 517, cap Tédiès. Stn. 538, canal de Tunis. Stn. 570, Sousse. Stns. 711, 722, Méra. Soc. Zool. de Fr., 1910. xxiii — 15 226 ÈD, CHEVREUX port de Bùne, Port d'AIg-er (envoi de M. Seurat). Littoral et sur les bouées. Distribution. — Golfe de Naples (Costa, Dklla Vallk), Adria- tique (Hellkh). Villefranche, Saint- Raphaël, Saint-Tropez (Me- lita). Marseille (envoi de M. Marins Auberi). Alexandi-ie (envoi du D' Jiillien). Mer Kouge, océan Indien (A. 0. Walker). Téné- l'ift', Gauaria, Dakar, Rufîsque (Melita). Açores (Crevredx, Barrois). Cadiz (envoi de M. Bolivai). Côte occidentale de France (Chevreux). Flyinouth, Moray Firtli (Sp. Bâte). Chris- tiania (G. 0. Sars). PnERUSA FucicoLA Leacli. Pheriisa fncicola Stei)bing- (38), p. 449. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stns. 580, 680, La Galle. Stn. 603, Alger. Stns. 657, 661, golfe de Bône. Profondeur, 0 à 20 mètres. Distribution. — Iles Britanniques (Sp. Baie, Norman, Ro- BERTSON, Stebbing, A. 0. Walker). IIcs Anglo-Normandes (Kœh- LEK, Norman, Walker et IIornell). Très commun sur les côtes françaises de la Manche et de TOcéan. Setubal, Cadiz (Melita). Açores (Barrois). Ténérife (Melita). Celte (envoi de M. R. Lad- miraiill). Saint-Tropez, Autibes, Villefranche (Melita). Corse (CoEVREUx). Golfe de Naples ^Della Valle). Adriatique (Heller). Gammarus rhipidiophorus Catta (PL XV, fig. 21 à 2o). Gammarus rhipidiophorus Catta (4), p. 257. Gammarus rhipidiophorus Chevieux (12), p. 216, fîg. 1 et 2 du texte. Niphargus rhipidiophorus Stebbing (38), p. 410 et p. 732. Cette espèce n'est sûrement pas un Niphargus. Elle présente tous les caractères assignés au genre Gammarus par Stebbing, sauf que la lèvre antérieure n'est pas échancrée au ])ord distal. Les deux premiers segments de l'urosome portent des spinules dorsales. Les plaques coxales des quatre premières paires sont l)ien développées. Les yeux sont bien conformés. Le flagellum accessoire des antennes supérieures est triarticulé. La lèvre postérieure ne possède pas de lobes internes. Le lobe interne des maxilles antérieures porte sept grosses soies ciliées. Le palpe de la maxille droite, très large, porte cinq grosses épines LES AMPHIPODKS d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 227 au bord distal, tandis que le palpe de la maxille gauche, beaucoup plus étroif, se termine par un bouquet de huit petites épines. Enfin, le telson est fendu jusqu'à la base. Ce Gammariis présente de nombreux caractères com- muns avec G. Gueniei Chevreux (10, p. 76, pi. x, tig-. 2), de Flores (Açores). Les péréiopodes de la première paire sont semblables chez les deux espèces, mais les uropodes de la pre- mière paire de G. Guernei sont normaux et les placpies épimé- rales du dernier segment du métasome sont rectangulaires. Provenance. — Stns. 693 el 697, La Galite. Distribution. — Dans un puits dont l'eau est saumâtre en été, à La Ciotat, Bouches-du-Rh6ne (Catta). Grotte de la Cersuta, territoire de Lagonegro, Basilicate, Italie méridionale : Deux exemplaires, un mâle et une femelle ovigère, trouvés par le D"' Andreiui, en mai 1909. Ces exemplaires m'ont été en- voyés, pour examen^ par M. Gestro, directeur du « Museo civico di Storia Naturale di Genova ». Gammarus pungens h. Milne Edwards. Gammarus piingens Stebbing (38), p. 471. ? Gammarus tunelaniis Simon (34), p. 6. Provenance. — Oiied-el-Amor, près Tabarca (Gadeau de Kerville). Stn. 742, Hammam Berda, près Guelma. Constan- tine_, dans les gorges du Rummel (Gurnëy), Distribution. — Italie (Milne Edwards, Della Valle). Sicile, près Syracuse (envoi de M. Ad. Dollfus). Chypre (Helleu). Syrie (Chevreux). Celte, Montpellier (envoi de M. Ladmirauit). La présence de cette espèce dans les eaux chaudes d'Ham- mam Berda, où elle se trouve en grande quantité, confiinie la provenance du type de Milne Edwards, rencontré dans des eaux thermales, en Italie. Gammarus marinus Leach. Gammarus marinus Stebbing (38), p. 472. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stn. 535, lac de Bizerte. Stn. 67 i, La Galle. Alger, Bône (Lucas). Distribution. — Toutes les côtes d'Europe, depuis l'ouest de la Norvège jusqu'à la mer Noire. Canaria (Melita). Cote orien- tale des Etats-Unis d'Amérique (Holmes). 228 ED. CHEVREUX Gammarus SiMONi Chevreux. Gammanis Simoni Stebbiiig- (38), p. 473. Provenance. — Sbeitla, Djebel Zagoiiun (Tunisie), Batna, Boii-Sanda, Aïii-Banian, Biskra , Zaatcha, Boii-(>ha^roiiD^ ('habet-el-Akra, environs (VAlger, Ouarsenis (Ciievrrux). Mout- Edoiigh, près Bône. Stns. 693, 697, La Galite. Couleur. — Les exemplaires de la station 693 avaient le corps d'un jaune verdâtre, avec de petites taches roug-es sur les plaques épimérales ; ceux de la station 697 étaient d'un vert foncé. Gammarus pulex (Linné). Gammanm piilex Stebbing (38), p. 474. Provenance. — Tlemcen (envoi de M. Eugène Simon). Je n'ai jamais rencontré cette espèce dans les départements d'Alger et de Conslanline, non plus qu'en Tunisie, et les exem- plaires de Tlemcen sont les seuls spécimens africains que j'ai eu occasion d'examiner. Distribution. — A peu près toute l'Europe. L'Asie centrale. Gammarus locusta (Linné). Gammarus locusta Slebbing (38), p. 476. Provenance. — Stu. 10, Cherchell. Stn. 535, lac de Bizerte. Stu. 576, Oued Tindja, près Bizerte. Stn. 600, baie de Mus- tapha. Stn. 657, golfe de Bùne. Alger (envois de M. Eugène Simon et de M. Seurat). Djerba (envoi de M. x\d. Dollfus) Alger (Lucas). Lac Iskel, près Bizerte (Gurney). Profondeur, 0 à 12 mètres. Distribution. — Océan glacial arctique : Groenland, Spitz- berg. Toutes les côtes d'Europe. Açores (Chkvrkux). Canaries (Melita). Côte orientale des Etats-Unis d'Amérique (Holmes). Chez mes exemplaires d'Algérie et de Tunisie, comme chez ceux de la côte océanique de France, les épines de l'urosome sont accompagnées de quelques soies. Ces soies n'existent pas chez le G. locusta du nord de l'Europe et de l'Océan arctique. Sur la côte méditerranéenne de France, une variété de G. locusta se trouve dans un habitat analogue à celui du G. Dueheni de rOcéan. On la trouve dans les étangs salés, dans Peau saumâtre de l'embouchure des rivières et j'en ai rencontré une nombreuse colonie à Rognac, près l'étang de Berre, dans une mare d'eau LKS AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 229 douce, en compagnie de Têtards et de Nautonectes. Cette va- riété, d'assez grande taille (jusqu'à 20"'"), porte une profusion de soies mêlées aux épines de l'urosome. DEXAMINIDAE Dexamine sPiNOSA (Moutagu), Dexamine spinosa Stebbing (»38), p. 515. Provenance. — Stn. 10, Clierchell. Stn. 530, La Calle. Stns. G5o, 657, 659, 661, 735, golfe de Bône. Profondeur 0 à 20 mètres. Distribution. — Océan glacial arctique et toutes les côtes d'Europe, depuis le nord de la Norvège jusqu'à la mer Noire. Campagne de I'Hirondelle, Fayal, Açores (Chevreux). SaO Miguel, Açores (Barrois, Melita). Ténérife, Canaria (Melita). Dexamine spiniventris (Costa). Dexamine spiniventris Stebbing (38), p. 516. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stn. 603, Alger. Stns. 666> 743, Bône. Stn. 680, La Calle. Littoral. Couleur. — Les exemplaires de la station 743 avaient le mésosome d'un gris rosé ponctué de blanc. Les plaques coxales des trois premières paires étaient roses dans leur moitié dis- taie, les plaques coxales des deux paires suivantes étaient d'un vert jaunâtre, ponctué de blanc. Le métasome et l'urosome étaient d'un vert clair maculé de rose, avec quelcjnes taches noires sur leur partie dorsale. Le premier article du pédoncule des antennes supérieures était rose, le deuxième article vert, le troisième article et le flagellum d'un rose tacheté de blanc. Les pattes afTectaient une coloration d'un gris rosé, maculé de noir. Le pédoncule des uropodes était d'un vert olivâtre, les branches roses. Les yeux, étroitement réniformes, étaient d'un blanc rosé. Distribution. — Naples (Costa, Della Yalle). Adriatique (Grube, Heller). Corse (Chevreux), Yillefranche, Antibes, Cannes, Saint-Aigulf, Bandol, Port-Vendres (Melita). Cette (envoi de M. R. Ladmirault). Portugal : Granja, Sines (envoi de M. P. d'Oliveira). Santander (envoi de M. Bolivar). Côte sud-ouest de France : Saint-Jean-de-Luz, Guéthary (Chevreux). 230 lîD. CBEVREUX Tritaeta gibbosa (Sp. Bâte). Tritaeta gibbosa Stebbing (38), p. 517. Provenance. — Stn. 555, golfe de Gabès. Stii. 564, ile de Djerba. Profondeur 0 à 10 mètres. Distribution. — IVorvège occidentale (G. 0. Saks). Iles Bri- tanniques (Sp. Batk, Norman, Robeutson, A. 0. Walker). Jersey (^Walkei\ et Hornell). Luc-sur-Mei', Saint-Lunaire (Ghevreux). Saint- Vaast-la-Houg-ue (Ghevreux et Bouvier). Grandcamp-les- Bains (Gadeau de Kerville). Hoscoff. Gôle océanique de France (Chevreux). Sines^ Portugal (envoi de M P, d'Oliveira). Açores (Barrois). Sénégal (Melita). Port-Vendres, Bandol, Saint-Tropez (Melita). Gette (envoi de M. K. Ladmirault). Gannes (A. 0. Walker). Messine (G. 0. Saks). Patience (30, p. 117, pi. \) a démontré que Dexamine deli- chonyx INebeski avait été assimilée à tort, par la plupart des auteurs, à Tritaeta gibbosa. Guernea coalita (Norman). Gueniea coalita Stebbing (38), p. 5'21. Provenance. — Stn. 551, golfe de Gabès. Stn. G03, Alger. Stn. 659, golfe de Bône. Profondeur, 0 à 15 mètres. Distribution. — lies Britanniques (Norman, Robertson, A. 0. Walker). Jersey, Guernesey (Nokman). Saint-Vaast-la-Hougue (Ghevreux et Bouvier). Giierbourg, Perros-Guirt c, Roscoff. Gôte océanique de France (Ghevreux). Gannes (Ghevreux, A. 0. Wal- ker). Antibes, Yillefranclie (Melita). Gorse (Ghevreux). Golfe de Naples (Della Vallk). Couleur. — Les femelles d'Antibes avaient le corps d'un blanc opa(jue, légèrement teinté de verdâtre et finement ponc- tué de rouge. Les yeux étaient rouges. Les mâles^ plus forte- ment colorés, avaient le corps d'un jaune brun. TALITRIDAE Talitrus saltator (Montagu). Talitrus lucusta, forma medilerranea Ghevreux (6), p. 124. Talitrus platycheles Ghevreux (6), p. 124 et 125, Talitrus saltator Stebbing (38), p. 525. LKS AMPHIPODKS d'aLGÉRIE ET DE TUMSIE 231 Provenance. — Stu. 10, Cherchell. Stns. 52o, 527, 597, Bou- g-ie. Stns. 549, 550, golfe de Gabès. Plages de Mustapha et d'Hussein Dey, pi'ès Alger. Toutes les plages de sable tin des environs de Bône. Distribution. — La forme méditerranéenne, dont le corps est plus comprimé que celui de la forme océanique, est très commune dans le sable fin des plages de la Corse et du midi de la France. Elle se trouve aussi aux iles Canaries (Mklita). La forme du nord de l'Europe est commune partout, depuis le sud de la Norvège jusqu'au Portugal et aux Açores (Bar- rois, Chevreux). Orchestoidea Fischeri (H. Milne Edwards). Orchestoidea Fischeri Stebbing(38), p. 528. Provenanck. — Environs d'Alger (Lucas). Littoral. Distribution. — Baie de Kalamata, golfe de Koron, Grèce ((ttUérin). Cadiz (envoi de M. Bolivai'). Cap de Bonne-Espé- rance (Muséum de Madrid^ collection Guériu). Orchestia mediterranea Costa. OvcheUia mediterranea Stebbiug (38), p. 53 L Provenance. — S(n. 10, Cherchell. Bône, sous les pierres du littoral. Iles Kerkennah, Tunisie (envoi de M. Eugène Simon). Habitat. — INaples (Costa, Della Valle). Syracuse (envoi de M. Ad. Dollfus). Adriatique (Heller). Mer Noire (Czkrniawski). Corse (Chevreux). Yillefranche, Saint-Tropez, La Ciotat, étang de Berre (Melita) Cette (envoi de M. R. Ladmirauit). La Co- rog-ne (envoi de M. Bolivar). Côte océaniipie de France (Che- vreux). Roscoff, Perros-Guirec. Cancale, Jersey (Kœhler, Walkek et Hornell). Saint-Vaast-la-Hougue (Chevreux et Bou- vier). Saint-Lunaire (envoi de M. Dautzenberg). Iles Britan- niques (Sp. Bâte, Robertson, Scott, Norman). Orchestia gammarellus (Pallas). Orchestia gammarelbis Stebbing (38), p. 532. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stu. 602, Alger. Stns. 693 et 697, La Galite. Cap de (iarde, près Bône, au bord d'une source, à environ 15 mètres d'altitude. Gabès (envoi de M. Simon). Oran (envoi de M. Ad. Dollfus). Entre Biskra et 232 KD. CHEVRELX Tougoiirth, à environ 500 kilomètres de la mer (envoi de M. Raphaël Blanchard). Distribution. — Toutes les côtes dT^urope, depuis la Norvège occidentale jusqu'à la mer rSoire. Madère, Açores^ Canaries. Rabat, Maroc (envoi de M. Schlumberger). Lac de Pergusa, Sicile, à environ 800 mètres d'altitude (envoi de M. Ad. Dollfus). Orchestia Montagui Audouin. Orchestia Montagui Stebbing (38), p. 533. Provenànck. — Stn. 10, Cherchell. Stn. 535;, lac de Bizerte. Stns. 549, 550_, golfe de Gabès. Oran, Djerba (envoi de M. Ad. Dollfus). Littoral. Distribution. — Egypte (Audouin). Mer Noire (Czerniawski). Adriatique (Grube, IIeller). Golfe de Naples (Della Valle). Antibes, Bandol, Sanary, La Ciotat, l'Estaque (Melita). Cette, étang- de Thau (envoi de M. R. Ladmirault). Orchestia Bottae H. Milne Edwards. Orchestia Bottae Stebbing (38), p. 534. Provenance. — Stn. 558, Gabès. Distribution. — Mer Rouge (H. Milne Edwards). Mer Noire (Czerniawski). Chypre, à 1 235 mètres d'altitude (Heller). Syrie (Chevreux). Trieste, dans un jardin (Nebeski). Lac de Garde (envoi de M, Garbini). Nantes, dans un puits (Chevreux). Chi- non (Indre-et-Loire), au bord de la Vienne (Barrois). ('anal de Saint-Quentin^ près Cambrai (envoi de M. Godon). Hollande (IIoek). La liaye^ dans une serre du Jardin zoologique (envoi de M. Ad. Dollfus). Orchestia platknsis Krôyer. Orchestia platensis Stebbing (38), p. 5ï0. Provenance. - Stn. 10, Cherchell. Stn. 679, Bône. Oran (envoi de M. Ad. Dollfus). Distribution. — Rio de la Plata, prêt» Montevideo (Ivroyer). Tristan da Cunha (Sp. Batk). Côte orientale des Etats-Unis d'Amérique (S. 1. Smith). Iles Sandwich (Stebbing). Iles Tua- motu (Chevreux). Iles Maldives (A. 0. Walker). Fayal, Açores (Chevreux). Minorque (îles Baléares), au bord d'un ruisseau LKS AMPHIPODKS d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 238 d'eau douce, à 2 kilomètres de la mer (Melita). Marseille. Golfe de Naples (Costa, Della Valle). Lac Mariout, Basse- Eg-ypte (envoi de M. Eugène Simon). Lac de Tibériade, Syrie (Chrvreux). Talorchestia Deshayesei (Audouin). Talorchestia Deshayesei Stebbing (38), p. 545. Provenance. — Stn. 10, CherchelL Stn. 527, Bougie. Stn. 535, Bizerte. Stn. 549, golfe de Gabès. Bône, Alger, Oran (envoi de M. Ad. Dollfus). (^iOULEUR. — Mes exemplaires d'Alger avaient le corps d'un jaune verdàtre, avec de grandes taches violettes sur le méso- some et sur le métasome. Les plaques coxales et tous les ap- pendices, translucides, étaient plus ou moins teintés de jaune ou de vert. Les yeux étaient noirs, les œufs des femelles, vio- lets. Distribution. — Eg-ypte (Audouin). Mer Noire (Czeuniawsri). Adriatique (Heller). Golfe de Naples (Della Valle). Cette (envoi de M. R. Ladmirault). Tavira, Portugal (envoi de M. P. d'Oli- veira). La Corogne (envoi de M. Bolivar). Le Croisic (Chevreux). Saint-Yaasl-la-Hougue (Chevreux et Bouvier). Baie d'Authie, Pas-de-Calais (Barrois). Angleterre (Norman, Stebbing). Hol- lande (Hoek). Danemark (Meinert). ÏALORCHESTLV BRiTO Stebbing". Talorchestia brito Stebbing (38), p. 552. Provenance. — Tabarka, Kroumirie (Gadeau de Kerville). Distribution. — North-Devon, Angleterre (Stebbing). Plage de Malo-les-Bains, près Dunkerque. Plage du Verdon, embou- chure de la Gironde (Chevreux). Hyale carinata (Sp. Bâte). tbjale carinata Stebbing (38), p. 561. Provenance. — Stn. 517, cap Tédlès, une femelle, dont les antennes supérieures dépassent un peu l'extrémité des antennes inférieures. Distribution. — Italie (Sp. Bâte). Adriatique (Grube, IIelleii)- 234 Kl). CHEVRKUX Hyale NiLssom Rathke, Hi/ale Prevoili Stebbiog- (38), p. 565. Hyale Stebbinç/i Chevrenx (10), p. 8, pi. ii, fig. 1. J'ai longtemps considéré H. Stebbingi comme une espèce dis- tincte de //. Niis.'iO}iieii\Ynn\, pour habitat exclusif, les Açores, les Canaries ei 1,1 Méditerranée. La rencontre de cette forme sur la côte océani(|ue de France, à Guéthary et à Pontaillac, près Royan, puis, la capture récente dans une même localité, à Morgat, baie de Douarnenez, d'exeujplaires des deux formes, habitant les mêmes Algues du littoral, m'avaient déjà conduit à douter delà validité de l'espèce dédiée au savant carcinologiste anglais quand, en revoyant ma collection de Hyale pour le présent travail, j'ai retrouvé quelques exemplaires du Croisic offrant des caractères intermédiaires entre les deux formes. Ces exemplaires proviennent de la côte ouest du Croisic, expo- sée à la mer du large, tandis que la forme typique est com- mune dans les Pelvctia fixées sur les murs des quais du port. J'ai été amené ainsi à considérer H. Stebbingi comme une simple variété de H. N/lssoni. Il ne m'est pas possible d'admettre, avec Stebbing, l'assimila- tion de H. Nilsso ni -dyec H. Prevosti M. Edw. Ce que ditMiLNE Edwards des gnathopodes postérieurs du mâle de l'espèce du golfe de ?^aples : « la forme générale de la main est ovalaire », s'applique plutôt à //. Perieri (Lucas) (I), qui est^ du reste, Tes- pèce la plus commune du genre Hyale, dans la Méditerranée occidentale. Provenance. — Stn. 663, Bône. Stn. 675, La Calle. Distribution. — Toutes les côtes d'Europe, depuis le nord de la Norvège jusqu'en Méditerranée. Açores (Barrois, Chevreux). Canaries (Melita). La forme typique, telle que l'a caractérisée C 0. Sars (33, p 26, pi. u, fig. 1) est commune sur nos côtes de la Manche et de rUcéan, jusqu'à l'embouchure de la Gironde (Royan). Je ne l'ai jamais trouvée sur la côte sud-ouest de France, non plus que sur les côtes d'Espagne et de Portugal et en Méditerranée. La variété Slebhingi a été trouvée à Morgat, Pontaillac, Gué- thary (côte océanique de France), aux Açores, aux Canaries et, en Méditerranée, A Celte, à Antibes et sur les côtes de Corse. (1) Voir Chevreux (10), pi. I, fig. 3-^. LES AMPHIPODKS DALGÉRIK ET DK TUNISIE 235 (>0ULEUR. — Tandis que la forme typicjue est d'un beau vert métallique, la variété Stebbiugi offre une coloration extrême- ment variable, dans une même localité. J'ai noté les couleurs suivantes, chez des exemplaires de la station 603 : cf. Partie supérieure du corps brune, plaques coxoles et épimérales d'un violet clair, appendices d'un gris opalescent, yeux rouges. cf. Corps d'un vert clair uniforme, yeux d^in rouge sombre. cf. Corps entièrement d'un violet clair, yeux d'un rouge vif. 9- Corps verdAtre, teinté de brun sur la ligne dorsale, yeux violets, œufs d'un jaune orangé. Hyale GiUMALDii (Mievreux. Hyale Grimaldii Stebbing (38), p. 507 et p. 73(5. Provenance. - Stns. 504, 513. 690, 706, 723, au large de la côte d'Algérie, sur des Tortues et sur des épaves. Distribution. — Campagne de I'Hirondelle, Atlantique (lat. 42°09'24"i\. ; longit. 23°33'0.), sur une épave (Chevreux). Couleur. — Les exemplaires des stations 504 et 513 avaient le corps d'un brun orangé, les appendices d'un rose violacé. Leurs yeux étaient noirs. Hyale pontica Ralhke. Hyale pontica Stebbing (38), p. 568. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stn. 633, Bône. Littoral, Distribution. — Mer Noire (Rathke). Villefranche, Port- Yendres (Melita). Ilyères (A. 0. Walker). Cette (envoi de M. R. Ladmirault). Grauja, Portugal (envoi de M. P. d'Oliveira). Pontaillac, embouchure de la Gironde (Melita). Iles Britan- niques (Sp. Bâte, Stebming, Norman). Côtes occidentale et mé- ridionale de Norvège (G. 0. Sars). Hyale Prevosti (H. Milne Edwards). Orcliestia Pcrieri Lucas (23), p. 52, pi. v, fig. 1. Hyale Prevosti Chevreux (10), p. 7, pi. i, fig. 3. Hyale Perieri Stebbing (38j, p. 570. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stn. 538, c;iiial de Tunis. Bône et environs, dans les Ulves vertes. Alger, Bône, La Calle (Lucas). Oran, île Djerba (envoi de M. Ad.' DoUfus). Littoral, 236 ED. CHEVREUX Distribution. — Mer Noire (Czernia.vski). Bosphore (Sowinski). Adriatique (Grube, Heller). Corse (Chevreux). Cannes (envoi de M. Ad. DoUfus). Salins d'Hyères, Sanary, Marseille, Port- Vendres (Melita). Celte (envoi de M. R. Ladmirault). Granja, Portugal (envoi de M. P. d'Oliveira). Santander (envoi de M. Bolivar). Saint-Jean-de-Luz (envoi de M. Ad. DoUfus). Guétliary, Saint-Gilles-sur-Vie, Le Croisic, Belle-De. Açores (Chevreux). Canaries, Dakar^ Rufisque (Melita.) Couleur. — Chez mes exemplaires de Bône, les mâles avaient le corps et tous les appendices d\u\ violet clair, tacheté de verdàtre. Les yeux étaient roses. Les femelles avaient le corps d'un blanc rosé, teinté de verdàtre dans sa partie dorsale; leurs œufs étaient verts. Mes exemplaires de Saint-Gilles-sur-Vie et du Croisic étaient d'un vert très foncé, avec des bandes transversales jaunes sur le mésosome. Les yeux étaient rouges. Cette espèce saute avec beaucoup d'agilité. Hyale camptonyx (Heller) (PI. XVI, fig. 3à 8) Hyale camptonyx Stebbing (38), p. 570. C'est à tort que, dans mon travail sur les Amphipodes de THiRONDELLE, j'ai assimilé H. Schmidti (Heller) à H. campto- nyx. Ce sont deux espèces bien distinctes. En dehors de la forme, assez différente, des gnathopodes, Stebbing a signalé un caractère bien spécial au mâle de H. camptonyx. Le quatrième article du palpe des maxillipèdes porte, à son extrémité, une soie beaucoup plus longue que lui. D'autre pait^ les péréiopodes de la dernière paire sont très remarquables par leur aspect extrêmement robuste. Le lobe de l'article basai se prolonge inférieurement au delà de Textrémité de l'article suivant. L'article méral et le carpe sont très dilatés dans leur partie distale. Les branches des uropodes de la dernière paire sont loin d'atteindre la moitié de la longueur du pédoncule. Les lobes du telson sont près de deux fois aussi longs que larges. L'espèce des Açores est II. Schmidti Heller et c'est cette même espèce que j'ai citée, sous le nom de H. camptonyx, dans une liste d'Amphipodes de la côte océanique de France (8, p. 47(3), comme halDitant Saint-Jean-de-Luz et Guéthary. LES AMPHIPODES D ALGÉRIE ET DE TUNISIE 237 Le véritable //. camplonyx n'a jamais été rencontré en dehors de ]a Méditerranée. Provenance. — Sln. 10, Cherchell. Stn. ."il", cap Tédiès Stn. 601, Alger. Stns. 663. 669, 731, Br.ne. Stns. 675 680 L;. Calle. Distribution. — Adriatique (IIeller). Corse (envoi de M. Eu- gène Simon). Bandol, Port-Yendres (Melita). Cette (envoi de M. Ladmirault). Littoral. Couleur. — Mes exemplaires de Bône avaient le corps et les appendices Iranslucides, d'un gris opalescent tacheté de vert. Les cinq derniers segments du niésosome étaient légère- ment teintés de violet. Les yeux étaient roses. La teinte vio- lette dominait chez mes exemplaires d'Antibes. Hyale Schmidti (Heller) (PI. XVI, fig. 9 à 1-2) Hyale camptonyx Clievreux (10), p. 12, pi, ii, fîg. 3, Hyale Schmidti Stebbing (38 , p. 571. J'ai figuré ici quelques-uns des principaux caractères de cette espèce pour compléter les figures de mon mémoire sur les Amphipodes de I'Hirondelle (10, pi. ii, fig. 3^ à 3']. Chez H. Schmidti, le propode des gnathopodes postérieurs est piriforme^ les péréiopodes des trois dernières paires sont plus allongés et moins robustes que chez H. camptonyx et l'article méral et le carpe sont peu dilatés dans leur partie distale^ la branche des uropodes de la dernière paire n'est pas beaucoup plus courte que le pédoncule, les lol3es du telson sont un peu plus larges que chez l'espèce voisine. Enfin, les gnathopodes postérieurs de la femelle de H. Schmidti sont beaucoup plus robustes que les gnathopodes antérieurs, tandis que les gnathopodes antérieurs et postérieurs de la femelle de H. camptonyx sont à peu près d'égale taille. Provenance. — Stn. 517, cap Tédiès. Stns. 633, 743, Bône. Stns. 675, 680, La Calle. Stn. 698, La Galite. Cap Rose et Herbillon (envoi de M. Baiiteau). Littoral. Distribution. — Adriati(|ue (Heller). Alexandrie (envoi du D' Jullien). La Ciotat, Marseille (Melita i. Granja, Portugal (envoi de M. P. d'Oliveira). Saint-Jean-de-Luz, Guéthary (envoi de M. Ad. Dollfus). Açores (Campagne de I'Hirondelle). Ténérife (Melna). 238 ED. CHEVEEUX Couleur. — Ces Amphipodes ont le corps d'un vert clair, plus ou moins teinté de jaune et souvent rayé transversale- ment de brun rougeâtre. Les yeux sont d'un rouge vif. Celte espèce, comme la précédente, ne semble pas posséder la faculté de sauter. H y aie Dolltusi nov. sp. (fig. 13 du texte et pi. XVI, ûg. 13 à 19). Mâle. — Corps robuste, mesurant 5°'°' de longueur dans la position où l'exemplaire est figui'é. Bord dorsal lisse. Fio. 13. — IJi/ule Dollfusi nov. sp. — Mâle vu du côté gauche. Tête un peu plus longue que le premier segment du méso- some. Lobes latéraux peu saillants, tronqués au bord distal. Plaques coxales des quatre premières paires plus hautes que les segments correspondanis du mésosome. Plaques coxales de la première paire un peu prolongées en avant, largement arrondies à l'angle antérieur. Loi)es des plaques coxales de la cinquième paire d'égale hauteur. Plaques épimérales des deux derniers segments du métasome terminées en arrière par une petite dent. Yeux irrégulièrement ovales, bord postérieur droit. LES AMPEUPODES D*ALGÉR1E ET DE TUNISIE 239 Antennes supérieures un peu plus longues que le pédoncule des antennes inférieures. Fl.igelluui comprenant treize articles. Antennes inférieures atteignant à peu près la longueur de l'ensemble de la tète et des six premiers segments du méso- some. Avant-dernier article du pédoncule atteignant les deux tiers de la longueur du dernier article. Flagellum comprenant une quarantaine d'articles finement ciliés. Palpe des maxilies antérieures dépassant un peu la base des épines du lobe externe. Palpe des maxillipèdes long et grêle, quatrièait' article beaucoup plus court (|ue l'article précédent. Gualho[)odes antérieurs robustes. Article basai très dilaté dans sa partie distale. Carpe triangulaire, aussi large (jue long, son lobe dépassant un peu le bord postérieur de l'article mé- ral. Propode atteignant le double de la longueur du carpe. Bord postérieur prolongé inlerieurement pour former un lobe arrondi, garni de petites épines. Bord antérieur l'ortemeut convexe. Bord palmaire court. Dactyle robuste, courbé, pou- vant se croiser avec le bord palmaire. Article basai des gnathopodes postérieurs gros et court, dilaté dans sa partie distale. Article ischial prolongé anté- rieurement pour former un grand lobe arrondi. Carpe très court, un peu plus large que long. Propode piriforme. Bord antérieur convexe, armé d^ine épine. Bord postérieur forte- ment convexe, beaucoup plus court que le bord palmaire. Dactyle courbé, pouvant se croiser avec le bord palmaire. Péréiopodes courts et robustes, garnis de nombreuses épines. Article basai des péréiopodes de la dernière paire beaucoup plus large que long, lobe postérieur garni de créue- lures arrondies. Propode un peu plus long que l'article méral, (|ui est beaucoup plus long que le carpe. Épines du bord an- térieur du propode non striées. Dactyle robuste, légèrement courbé, aigu à l'extrémité, portant un cil très petit au bord interne. Branche des uropodes de la dernière paire beaucoup plus courte que le pédoncule et portant un faisceau d'épines au bord distal. Telson fendu jusqu'à la base. Lobes triangulaires, plus longs que larges, aigus à l'extrémité. Femelle ovigère. — Gnathopodes antérieurs moins robustes que ceux du mâle. Article basai dilaté dans sa partie distale. Propode quadrangulaire, deux fois aussi long que large. Bord 240 KD. CHEVREUX antérieur convexe. Bord postérieur présentant, en son milieu, une concavité garnie d'une touffe de soies. Gnathopodes postérieurs de même forme que les gnatho- podes antérieurs, mais plus robustes et plus allongés. Espèce voisine de H. Schmidti, mais s'en distinguant par ses yeux irrégulièrement ovales, par la forme de ses gnathopodes antérieurs^ chez le mâle, et par la petite taille de la branche des uropodes de la dernière paire. J'ai dédié cette forme nouvelle h M. Ad. Dollfus^ qui m'en a envoyé des exemplaires provenant de Guéthary (Basses- Pyrénées). Habitat. — Stn. 10, Cherchell. Stns. 601, 603, Alger. Stns. 675, 680, La Galle. Bône, dans les Algues. Gap Rose (envoi de M. Bariteau). Littoral. Distribution. — Alexandrie (envoi de M. JuUien) ; Gette (en- voi de M. R. Ladmirault). Guéthary (envoi de M. Ad. Dollfus). Couleur. — Les exemplaires de la station 601 avaient le corps d'un vert jaunâtre, le flagellum des antennes d'un rouge vif ; les yeux étaient roses. Allorchestks aquilinus (Costa). (PI. XVI, fig 20 à 25). Hyale aquilina Stebbing (38), p. 565. Àllorchestes aquilina A. 0. Walker (42), p. 299, pi. xvii, fig. 19. AUorchestes aquilinus Chevreux (41), p. 693. Le genre Allorchestes, tel qu'il a été caractérisé par Stebbing, diffère du genre Hyale par la forme du carpe des gnathopodes postérieurs, qui se prolonge en arrière, chez le mâle, entre l'article méral et le propode. En 1901, Walker a montré que Nicea aquilina Costa présentait ce caractère et devait prendre place dans le genre Allorchestes. A la même époque et pour la même raison, je citais celte espèce, sous le nom d' Allorchestes aquilinus, dans une liste d'Amphipodes des côtes de Corse. Le lobe du carpe est tellement étroit chez certains exemplaires (pi. xvi, fig. 23) qu'il peut échapper à l'attention quand le pro- pode se trouve replié sur l'article méral. Les pièces buccales d'yi. aquilinus off'rent quelques particu- larités qu'il y a lieu de mentionner. Dans les deux sexes, le lobe externe des maxilles antérieures porte une rangée acces- soire d'épines pectinées. Le troisième article du palpe des LES AMPHIPODKS D ALGÉRIE ET DE TUNISIE 2 41 maxillipèdes, chez le mâle, est très dilaté dans sa partie dis- taie, qui porte une épaisse touffe de longues soies. Cette touflfe de soies n'existe pas chez la femelle. Provenance. — Stns. 673, 678, 740, Bône. Stn. 674, La Galle. Stn. 741, Djidjelli. Oran (envoi de M. Ad. Dollfus). Herbillon (envoi de M. Bariteau). Littoral. Distribution. — Naples (Costa, Della Valle), Adriatique (Heller). Corse, Villefranche, Saint-Raphaël, cap d'Antibes (Melita). Hyères (A. 0. Walker). Cette (envoi de M. R. Lad- mirault). La Luz, Canaria (Melita). Couleur. — Mes exemplaires de France et d'Algérie avaient le corps d'un vert clair, tournant au jaune sur la ligne dor- sale, et tous les appendices jaunes. Les yeux étaient d'un roug-e sombre. Ces Amphipodes, très communs sur les côtes de Provence et d'Algérie, n'habitent pas les Algues, mais se trouvent au bord de l'eau, sous les pierres. Ils sautent avec agihté. Allorcbestes plumicornis (Heller) (PI. XVII, %. 1 à 3) Allorchestes plumicornis Stebbing (38), p. 583. Allorchestes plumicornis A. 0. Walker (42), p. 299, pi. xxvn, fig. 20, 21. Heller et Stebbing ont décrit le mâle de cette espèce. Walker a fait connaître les caractères qui distinguent la femelle : An- tennes inférieures portant des soies moins abondantes que chez le mâle et n'existant, au flagellum, que sur les quatre ou cinq premiers articles, et gnathopodes postérieurs beaucoup moins robustes que ceux du mâle et dont le propode est quadran- gulaire, tandis qu'il est piriforme chez le mâle. Les gnatho- podes antérieurs diffèrent aussi dans les deux sexes. Chez la femelle, l'article méral ne présente pas de prolongement an- guleux au bord postérieur et le dactyle, assez grêle, s'amincit régulièrement de la base à l'extrémité. La figure 20, pi. xxvii, du mémoire de Walker, représente une antenne inférieure qui devait appartenir à une jeune femelle, le flagellum comprenant seulement quinze articles. La femelle dont j'ai figuré ici quelques détails était de grande taille, 10 '"°'. Elle portait vingt-deux œufs entre ses lamelles Mém. Soc. Zool. de Fr., 1910. x«ni — 16 242 KD. CHEVRKUX incubatrices. Ses antennes étaient presque aussi longues que celles des mâles, le flagelium des antennes supérieures compre- nant seize articles, tandis que le flagelium des antennes infé- rieures se composait de vingt-deux articles. Les quatre pre- miers de ces articles étaient seuls ciliés. Provi!;nance. — Stn. 678, Bône, littoral. DiSTRiBUTiOiN. — Adriatique (Heller). Naples (Della Valle) . Baie de Villefranche (Melita). Cannes (A. 0. Walker). Corse (Chkvreux). Cette (envoi de M. R. Ladmirault). J'ai toujours trouvé cette espèce au bord de l'eau, sous des pierres recouvrant du sable. Elle ne semble pas posséder la faculté de sauter. Couleur. — Chez mes exemplaires de Villefranche, la teinte gétiérale du corps était d'un jaune verdâtre, nuancé de brun rougeâtre dans la partie dorsale et sur les péréiopodes. Les yeux étaient noirs. Mes exemplaires de Bône avaient le corps d'un rose pâle. AORIDAE AoRA TYPiCA Kroyer Aora tijpica Stebbing (38), p. 587. Provenance. — Stn. 515, baie d'Alger. Stns. 658, 659, 662, golfe de Bône. Distribution. — Espèce cosmopolite, habitant toutes les mers d'Europe à partir de la côte occidentale de Norvège, les Açores, l'océan Indien, le Pacifique (Australie, Nouvelle Zélande, archipel des Gambier). La Melita l'a draguée sur les côtes de Corse, à Antibes, à Villefranche. à Port-Vendres, à Vigo (Espagne) et aux Canaries. MiCRODEUTOPUS GRYLLOTALPA Costa Microdeutopus gryllotalpa Stebbing (38), p. 590. Microdeutopus gryllotalpa Norman (27), p. 368, pi. xvi, fig. 3 et pi. XVII, fig. 6^ 7). Provenance. — Stn. 535_, lac de Bizerte, littoral. Distribution. — Naples (Costa, Della Valle). Adriatique (Heller). Sanary (Var), Porto Vecchio (Melita). Cette (envoi de M. R. Ladmirault). Sines, Portugal (envoi de M. P. d'Oli- veira). Commun sur les côtes françaises de la Manche et de LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 243 l'Océan et, en particulier, dans les marais salants de la Ven- dée et de la Loire-Inférieure. Jersey (Koeuleu, Walker et Hornell). Iles Britanniques (Norman, Robertson). Hollande (Hoek). Kattég-at (Meinert). Suède (Bruzelius). Norvèg-e méridionale et occidentale (Boeck, G. 0. Sars). Côte orientale des Elals-Unis d'Amérique (Smith, Holmes). Microdeutoplis stationis Délia Valle. Microdeiiiopus stationis Stebbing (38), p. 590. Microdeutoplis stationis Norman (27), p. 868, pi. xvi, fig. 4 et pi. xvn, fig-. 8 à I i). Provenance. — Stn. 530, La Galle. Stn. 551, golfe de Gabès. Stns. 658, 659, 661, golfe de Bône. Profondeur 8 à 20 mètres. Distribution. — Golfe de Naples (Della Valle). Adriatique (iXebeski). Corse (Chevreux). Arcachon (envoi de M. Ad. DoU- fus). Guernesey (Norman). Je pense, avec Norman, que l'Amphipode de la Mer Noire décrit par Sowinsky (35, p. 13, pi. iv, fig-. 1 à 6) sous le nom de M. stationis ne doit pas être rapporté à cette espèce. A mon avis, cet Amphipode n'est autre que M. anomalus Rathke et la figure 4 du mémoire de Sowinsky représente un gnathopode antérieur d'un mâle incomplètement adulte, chez lequel la dent du bord postérieur du carpe n'est pas encore bien développée. M. anomalus n'est pas rare à Villefranclie et à Cette (côte méditerranéenne de France). Microdeutopus danmoniensis (Sp. Bâte). Microdeutoplis danmoniensis Stebbing (38), p. 593. Provenance. — Stn. 554, golfe de Gabès. Stns. 658, 669, 732, 740, golfe de Bône. Profondeur 0 à 20 mètres. Distribution. — Angleterre méridionale (Sp. Bâte). Jersey, Guernesey (Walker et Hornell). Cadiz, Canaria (Melita). Cette (envoi de M. R. Ladmirault). Sanary, Bandol, Saint- Raphaël, Bonifacio, Porto Veccbio (Melita). Cannes (A. 0. Walker). Woods Hole, Mass., Etats-Unis d'Amérique (Holmes). Lembos Viguieri nov. sp. (Fig. 14 du texte et pi. XVII, fig. 4 à 20). Malk. — Corps modérément comprimé, mesurant 7 ""^ de longueur dans la position où l'exemplaire est figuré. 244 ED. CHEVREUX Tèle beaucoup plus longue que le premier segmeut du mé- sosome. Lobes latéraux assez saillants, carrément tronqués, leur bord antérieur étant quelque peu concave. Angles posté- rieurs saillants, très aigus. Plaques coxales beaucoup moins Rautes que les segments correspondants du mésosome. Angle antérieur des plaques coxales de la première paire fortement prolongé en avant, aigu. Lobe antérieur des plaques coxales de la cinquième paire beaucoup plus haut que le lobe postérieur. Plaques épimérales du dernier segment du inétasome non prolongées en arrière, FiG. 14, — Lembos Viguieri. — Mâle vu du côté droit. bord postérieur convexe, séparé du bord inférieur par une pe- tite dent. Yeux de taille moyenne_, ovalaires. Antennes supérieures très allongées, plus longues que le corps. Premier article du pédoncule plus long que la tète. Deuxième article atteignant une fois et demie la longueur du premier. Troisième article n'atteignant pas le quart de la lon- gueur du second, Flagellum près de deux fois aussi long que le pédoncule et composé de trente-huit articles. Flagellum ac- cessoire comprenant huit articles et atteignant la longueur des huit premiers articles du flagellum principal. Antennes inférieures beaucoup plus courtes que les antennes supérieures. Quatrième et cinquième articles du pédoncule LES AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 245 cVégale taille. Flagellum aussi long- que le deruier article du pédoncule et comprenant neuf articles. Bord libre de la lèvre antérieure régulièrement arrondi. Lobe tranchant accompagné, dans les deux mandibules, d'un lobe accessoire et de huit épines barbelées. Processus molaire modérément proéminent. Palpe très développé. Deuxième ar- ticle n'atteignant que les deux tiers de la longueur du troisième article, bord interne portant de longues soies spiniformes. Bord interne du troisième article garni d'une épaisse rangée de soies spiniformes, entremêlées de soies beaucoup plus longues. Bord externe portant cinq rangs de soies. Lobes latéraux de la lèvre postérieure garnis d'une rangée de cils, parmi lesquels on distingue sept petites épines. Pro- longements postérieurs très allongés et très aigus. Lobe interne des maxilles antérieures portant, au bord dis- tal, une longue soie ciliée. Lobe externe armé de neuf épines, fourchues pour la plupart. Palpe très développé, portant huit épines barbelées au bord distal. Lobe interne des maxilles postérieures un peu plus court que le lobe externe et portant une rangée de soies simples au bord interne et une rangée oblique de soies ciliées. Lobe interne des maxillipèdes bien développé, dilaté dans sa partie distale, qui est garnie de soies ciliées, mais ne porte pas de dents. Lobe externe très large, n^atteignant pas l'extré- mité du deuxième article du palpe, armé de fortes dents au bord interne. Palpe modérément développé, troisième article grêle, quatrième article très aigu, un peu plus court que l'ar- ticle précédent. Gnathopodes antérieurs robustes. Bord postérieur de Tarticle basai fortement convexe, portant deux soies en son milieu. Bord postérieur de l'article ischial portant quelques longues soies dans sa partie distale. Article méral bordé de longues soies. Carpe un peu plus long que large, atteignant les deux tiers de la longueur du propode et portant une rangée de longues soies au bord postérieur et une rangée de soies sur sa face interne. Propode volumineux, près de deux fois aussi long que large, portant de nombreuses rangées de soies sur sa face interne. Bord antérieur fortement convexe, garni d'une dizaine de rangées de longues soies. Bord palmaire régulièrement convexe et parfaitement lisse, séparé du bord postérieur par une dent longue et aiguë, non accompagnée d'une épine. Dac- 246 ED. CHEVREUX tyle grêle, légère m en l courbé, beaucoup plus long que le bord palmaire, denticulé au bord interne. Gnathopodes postérieurs aussi longs, mais moins robustes, que les gnathopodes antérieurs. Bord postérieur de l'article basai légèrement convexe, garni de courtes soies. Bord anté- rieur formant une petite dent avec le bord inférieur. Article méral assez allongé, garni de longues soies dans sa partie distale. Carpe plus de deux fois aussi long- que larg-e, garni de longues soies au bord postérieur. Propode quadrangulaire, aussi long que le carpe. Bord antérieur convexe, garni de six rang-ées de soies. Bord palmaire lisse, formant, avec le bord postérieur, un ang-le un peu obtus, armé d'une forte épine. Dactyle grêle, courbé, aussi long que le bord palmaire, denti- culé au bord interne. Péréiopodes des deux premières paires d'égale taille. Ar- ticle méral robuste, un peu dilaté antérieurement. Carpe assez robuste et presque aussi long que l'article méral. Dactyle grêle, peu courbé. Péréiopodes de la troisième paire aussi longs que les péréio- podes précédents. Article basai étroit, un peu dilaté en arrière dans sa partie proximale. Article méral et carpe à peu près d'égale taille, propode plus allongé. Dactyle assez forte- ment courbé. Péréiopodes de la quatrième paire dépassant de beaucoup en longueur les péréiopodes précédents. Article basai étroit, près de trois fois aussi long que large, bord antérieur convexe, bord postérieur un peu concave en son milieu, ('arpe n'attei- gnant que les deux tiers de la longueur de l'article méral. Propode atteignant le double de la longueur du carpe. Dac- tyle robuste et courbé. Péréiopodes de la cinquième paire manquant complètement chez l'unique exemplaire examiné. Uropodes des deux premières paires robustes. Pédoncule armé d'une forte épine à l'extrémité de son bord antérieur. Branches beaucoup plus longues que le pédoncule, épineuses au bord postérieur. Branche des uropodes de la première paire d'égale taille. Branche externe des uropodes de la deu- xième paire un peu plus courte que la branclie interne. Uro- podes de la dernière paire n'atteignant pas l'extrémité des uro- podes précédents. Pédoncule très court. Branches grêles, d'égale longueur, armées de nombreuses épines et terminées par une touffe de longues soies spiniformes. LES AMPHIPODES D ALGÉRIK ET DE TUNISIK 247 Telson aussi long que large^ porlaot deux paiies d'épines distales d'inégale taille. Femelle. — Longueur du corps, o°"". Lamelles incubatrices renfermant dix-huit œufs. Antennes et péréiopodes des quatre dernières paires mutilés. Ang-les postérieurs de la tête moins saillants que chez le mâle. Plaques coxales de la première paire non prolongées en avant. Propode des gnalhopodes antérieurs assez volumineux, ova- laire, beaucoup plus long- que le carpe. Bord palmaire plus long- que le bord postérirur^ dont il est séparé par une forte épine. Dactyle g-rèle, peu courbé, aussi long que le bord palmaire, denticulé au bord interne. Gnathopodes postérieurs presque aussi longs mais un peu plus grêles que les gnathopodes antérieurs. Propode beaucoup plus long que le carpe. Dactyle un peu plus long que le bord palmaire et denticulé au bord interne. Je prie M. le professeur Viguier, directeur de la Station zoologique d'Alger, d'accepter le dédicace de cette espèce, ({ui provient d'un dragage de son yacht Isis. Provenance. — Baie d'Alger (Isis). Un mâle, une femelle. Cette nouvelle espèce est assez voisine de Lembos phila- canthus (Stebbing), du Pacifique, dragué par le Challenger dans le détroit de Bass. Voici les principaux caractères (|ui dis- tinguent les deux formes : Chez L. philacanthiis^ les lobes latéraux de la tète sont aigus. Le bord libre de la lèvre antérieure est à peu près droit. Les mandibules portent une rangée de douze épines barbelées, le dernier article du palpe est plus court que l'ar- ticle précédent. Le lobe interne des maxillipèdes porte trois dents au bord distal, le troisième article du palpe présente un prolongement anguleux. La dent du propode des gnatho- podes antérieurs est accompagnée d'une forte épine, le bord palmaire est denticulé. Le pédoncule des uropodes de la première paire est plus long que les branches, qui sont de taille un peu inégale. Le pédoncule des uropodes de la deuxième paire est aussi long que les branches, qui sont d'égale taille. Les branches des uropodes de la dernière paire sont d'inégale longueur. Le telson porte, au bord distal, deux groupes de cinq épines. Lembos Vigiiieri possède aussi de nombreux caractères com- 248 ED. CHEVREUX muiis avec L. podoceroides A. 0. Walker (43), p. 279, pi vi, fig. 39. Cette espèce diffère de TAmphipode de la baie d'Alger, non seulement par la forme des gnathopodcs anté- rieurs du mâle, forme qui semble, il est vrai, très variable chez l'Amphipode de l'océau Indien, mais surtout par la forme du propode des gnathopodes antérieurs de la femelle, propode qui présente une échancrure au bord palmaire, et par les di- mensions des gnathopodes postérieurs, faibles et semblables dans les deux sexes, chez L. podoceroides, tandis qu'ils sont presque aussi robustes que les gnathopodes antérieurs, chez le mâle de L. Vigtiieri. Les uropodes très allongés de cette dernière espèce permettent aussi de la distinguer facilement de L. podoceroides, chez qui ces appendices sont semblables à ceux de l'espèce commune, L. Websteri (Sp. Bâte). Lembos Websteri (Sp. Bâte). Lembos Websteri Stebbing (38), p. 599. Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Littoral. Distribution. — Norvège occidentale et méridionale (G. 0. Sars). Helgolaud (Sokolowsky). Iles Britanniques (Sp. Bâte, Norman, Stebbing, A. 0. Walker). Sark (Kœhler). Très com- mun sur les côtes françaises de la Manche et de l'Océan (Luc-sur-Mer, Saint-Vaast-la-Hougue, Granville, Saint-Lu- naire, Perros-Guirec, Roscoff, Concarueau, Le Croisic, Gué- thary, à marée basse). Cadiz (Melita). Cette (envoi de M. R. Ladmirault). Cap d'Antibes, Villefranche (Melita). Naples (Dklla Valle). Alexandrie (envoi du B' JuUien). PHOTIDtE Microprotopus maculatus Norman. Microprotopus maculatus Stebbing (38), p. 604. Provenance. — Stn. 652, Bône, sur une bouée. Distribution. — Norvège occidentale et méridionale (G. 0. Sars). Skagerrak (Reibisch). Hollande (Hoek). Iles Britanniques (Norman, Stebbing, A. 0. Walker). Guernesey (Norman). Jer- sey (Walker et Hornell). Côtes françaises de la Manche et de l'Océan (Villers, Saint- Vaast-la-Hougiie, Cherbourg, baies de Mesquer, du Croisic, du Pouliguen, Pontaillac, Arcachon, Saint -Jean- de -Luz). Setubal (Melita). Açores (Barrois, LES AAIPHIPODES D^ALGÉRIE ET DE TUNISIE 249 Chevreux). Antibes, Bonifacio (Melita). ? Trieste(NEBESKi). Bos- phore (Sowinsky). Photis longicaudata (Bâte el Westwood). Photis longicaudata Stebbing (38), p. G08, Provenance. — Stn. 10, Cherchell. Stns. 054, 661, 726, 728, golfe de Bône, profondeur 8 à 65 mètres. Distribution. — Côte occidentale de Norvège (G, 0. Sars). Danemark (Meinert). Mer du Nord (Reibiscb). Helgoland (So- kolowsky). Iles Britanniques (Bâte et Westwood, Norman, A. 0. Walker). Guernesey (Norman). Jersey (Walrer et Hor- nell). Grandcanip-les-Bains (Gadeau de Kerville). Côte océani- que de France (Chevreux). Golfe de Saint-Tropez, baie de Villefranche (Melita). Hyères (A. 0. Walker) . Golfe de Na- ples (Della Valle). Océan Indien (A. 0. Walker). EuRYSTHEUs PALMATUS (Stebbiug et Robertson). (PI. XVIII, fig. 1 à 5) Ewystheiis pahnatus Stebbing (38), p. 616. ||^ Provenance. — Stns. 658, 686, 687, golfe de Bône, profon- deur 12 à 20 mètres. Distribution. — Fjord de Christiania (G. 0. Sars). Cumbrae» dans la Clyde (Stebbing et Robertson). Ile de Man (A. 0. Walker). Côte océanique de France (Chevreux) Bosphore (Sowinsky). Mes exemplaires d'Algérie, obtenus en grand nombre dans la station 686, sont plus petits que ceux de l'Océan et n'attei- gnent pas tout à fait 2™" de longueur. Chez le mâle, les antennes des deux paires possèdent six articles au flagellum. Le flagellum accessoire des antennes supérieures se compose de deux articles d'égale taille, suivis d'un article rudimen- taire. Le bord palmaire du propode des gnathopodes anté- rieurs est fortement échancré. Chez une femelle, portant huit œiils entre ses lamelles incu- batrices_, les antennes des deux paires ne possèdent que cinq articles au flagellum. Le flagellum accessoire des antennes supérieures est semblable à celui du mâle. Le bord palmaire du propode des gnathopodes antérieurs se confond avec le bord postérieur. Le bord palmaire du propode des gnathopodes pos- 250 ED. CHEVREUX térieurs est échaucré_, comme celui des giiathopodes antérieurs du mâle Dans les deux sexes, le dactyle des gnathopodes porte une petite dent au bord interne, EURYSTHEUS MACULATUS (Johuston) . Eurijstheus maculaliis Stebbing i38), p. 617. Provenance. — Stns. 682, 725, au large de Bône. Stn. 684, La Galle. Baie d'Alger (envoi de M. Seurat). Profondeur 65 à 75 mètres. Distribution. — Groenland (Hansen). Norvège (Boeck, Sparre Schneider, G. 0. Sars). Suède (Bruzf.lius). Kattégat (Meinert). Mer du Nord, Skagerrak (Reibisch). Hollande (Hoek). Iles Bri- tanniques (Sp. Bâte, Robertson, Norman, A. 0. Walker). Prin- cesse Alice, au large de Darmouth (Chevreux). Jersey (Kœhler Norman, Walker et Hornell). Gôte française de la Manche et de rOcéan : Luc-sur-Mer, Grandcamp-les-Bains, Saint- Vaast- la-Hougue, Dinard, Saint-Lunaire, Perros-Guirec, Roscoff, Concarneau, Belle-Ile, Le Croisic, Arcachon, Guéthary, 0 à 60 mètres. Hirondelle, golfe de Gascogne, 134 à 248 mètres (Chevreux). Portugal (envoi de M. P. d'Oliveira). Cadiz, Dakar, Rufisque (Melita). Açores (Barrois, Chevreux). Cette (envoi de M. R. Ladmirault). Port-Vendres, Villefranche, Calvi (Melita). Naples (Della Valle). EuRYSTHEUs DENTATUS (Chevreux). Eurystheus dentatus Stebbing (38), p. 738. Non Ewi/stheus dentatus Holmes (21), p. 541. Provenance. — Stns. 686, 725, 726, golfe de Bône, profon- deur 12 à 75 mètres. Distribution. — Açores, campagne de I'Hirondelle (Che- vreux). Canaiies (Melita). PoDOCEROPSis SophItE Bocck. Podoceropsis Sophia Stebbing (38), p. 620. Provenance. — Stn. 515, Alger. Stns. 725, 726, au large de Bône. Profondeur 10 à 75 mètres. Distribution. — Côtes occidentale et méridionale de Norvège (BoECK, G. 0. Sars, Norman). Kattégat (Meinert). Iles Britan- niques (Sp. Bâte, Robertson). Princesse Alice, au large de LES AMPeiPODES d'aLGÉRIE ET DE TUNISIE 251 Darmouth ; côte océanique de France ; Hirondelle, golfe de Gascogne (Chevreux). Setubal, Ténérife (Melita). Megamphopus longicornis nov. sp. (PI. XYin, fig. 6 à 11) Femelle. — Corps plus grêle et plus allongé que celui de l'unique espèce connue du genre, M. conmtiis Norman, et mesurant 5"'" de longueur. Lamelles inciibatrices contenant quarante-deux œufs. Tête plus longue que l'ensemble des deux premiers segments du mésosome, lobes latéraux très saillants, terminés en avant par une petite dent aiguë. Yeux grands, ovales, occupant à peu près toute la surface des lobes latéraux et comprenant un grand nombre d'ocelles. Antennes plus longues que celles de M. cornuiiis. Antennes supérieures atteignant un peu plus de la moitié de la lon- gueur du corps. Deuxième article du pédoncule deux fois aussi long que le premier article. Troisième article atteignant un peu plus de la moitié de la longueur de l'article précédent. Flagellum plus long que le pédoncule et comprenant treize articles très allongés. Flagellum accessoire uniarticulé, rudi- mentaire. Antennes inférieures beaucoup plus longues que les antennes supérieures. Pédoncule très allongé, dernier article un peu plus long que l'article précédent. Flagellum atteignant à peu près la longueur de l'ensemble des deux derniers articles du pédoncule et composé de dix-neuf articles. Pièces buccales, gnathopodes et péréiopodes différant à peine des organes correspondants chez la femelle de M. conmtus. Lobes branchiaux remarquablement petits. Uropodes de la dernière paire grêles, n'atteignant pas l'extré- mité des uropodes précédents. Pédoncule très court. Branche externe beaucoup moins longue que la branche interne et ter- minée par deux longues soies spiniformes. Branche interne portant de nombreuses épines latérah s et une grande épine terminale. Telson semblable à celui de M. cornutiis. Malk. — Ne diffère de la femelle que par la forme de ses gnathopodes. Article basai des gnathopodes antérieurs très dilaté dans sa 252 ED. CHEVREUX partie médiane. Bord postérieur du carpe droit, armé de nom- breuses soies spiniformes. Propode beaucoup plus court que le carpe, ovalaire, un peu plus de deux fois aussi long que large. Dactyle grêle, peu courbé, un peu plus court que le propode. Gnathopodes postérieurs très développés. Plaque coxale étroite, subtriangulaire, beaucoup plus haute que la plaque coxale précédente et que la suivante. Article basai presque aussi long que l'ensemble des quatre articles suivants, extrê- mement grêle au voisinage de la plaque coxale, fortement di- laté dans ses parties médiane et distale. Carpe triangulaire, aussi large que long, garni de longues soies au bord postérieur. Propode plus long que le carpe, piriforaie, bord antérieur présentant des crénelures garnies de longues soies. Bord pal- maire présentant, à partir de son articulation avec le dactyle, une dent arrondie, suivie d'une dent aiguë et de plusieurs crénelures garnies de touffes de longues soies. Dactyle aussi long que le propode, robuste, fortement courbé, son bord in- terne portant une dent arrondie qui correspond à l'échancrure séparant les deux dents du bord palmaire. Provenance. — Stn. 682, golfe de Bône. Baie d'Alger (envoi de M. Seurat). Distribution. — Baie du Croisic (côte océanique de France). Le type du genre, M. corniit us ISornmn, du nord de l'Europe, habite la Méditerranée. Il a été dragué par A. O.Walker, au large de Cannes et, par la Melita, sur la côte de Corse. Il se trouve aussi sur la côte océanique de France. Leptocheirus cornuaurei Sowinsky. (lig. 15 du texte ; pi. XVIII, fig. 12 à 17 et pi. XIX, fig. 1 à 4). Leptocheirus coniu-cmrei Sowinsky (35), p. 470, pi. ix, iig. 9 à 22. Leptocheirus cornuaurei Stebbing (38), p. 626. Leptocheirus suôsalsus ? sur les côtes occidentale et méridionale de Gor.se. (G. R. Ass. Franc., congrès d'Ajaccio, 1901.) 12. Chevreux (Ed.), Amphipodes des eaux souterraines de France et d'Algérie. (Bull. Soc. Zool. France, XXVI, 1901.) 13. Ghevreux (Ed.), Note préliminaire sur les Amphipodes de la famille des Lysianassidae recueillis par la « Princesse Alice » dans les eaux profondes de l'Atlantique et de la Méditerranée. (Bull. Soc. Zool. France, XXVIII, 1903.) 14. Ghevreux (Ed.), Sur trois nouveaux Amphipodes méditerranéens appartenant au genre Covophium LatreiUe. (fiuW. Soc. Zool. France, XXXIII, 1908.) 15. GosTA (A.). Relazione sulla memoria del Dottore Achille Gosta, di ricerche sui Grostacei Amfipodi del Regno di Napoli. (Soc. Real. Borbonica, Atti Ace. Napoli, 1853.) 16. 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CHKVREUX EXPLICATION DES PLANCHES Fig. 1. 0 Fig. 2. o Fig. 3. -J Fig. 4. — 2. Fig. 5. -?" Fig. 6. -?. Fig. 7. _ o, Fig. 8. ~i PLA.NCHE VI Nannony.T proplnquus nov. sp. Antenne supérieure x 72. Antenne inférieure x 72. Gnathopode antérieur x 50. Gnalhopode postérieur x 50. ] Péréiopode de la deuxième paire x 50. Péréiopode de la troisième paire x 50. Urosome, uropodes et telson x 72. Telson x 180. Lysianassa longicornis Lucas. Fig. 9. — Ç. Telson d'un exemplaire du golfe de Gabès x 37. Lysianassa ceratina A. 0. Walker. Fig. 10. — $. Telson d'un exemplaire du Groisic x 37. Lysianassa plumosa Boeck. Fig. 11. — $. Plaque épimérale du dernier segment du métasomex37, Fig. 12. — $. Têle et antennes x 37. Fig. 13. — $. Maxille antérieure x 72. Fig. 14. — $. Gnathopode antérieur x 37. Fig. 15. — ?. Derniers articles d'un gnathopode postérieur x 52. Fig. 16. — $. Uropodes de la dernière paire et telson x 72. Fig. 17. - (^. Tête et partie des antennes x 22. Fig. 18. — cJ. Péréiopode de la deuxième paire x 37. Fig. 19. — cî. Uropode de la deuxième paire x 37. Fig. 20. — (J. Uropode de la dernière paire et telson x 37. Pl\nche VII Socarnopsis crenulala nov. gen. et sp. Fig. 1. — ?. Antenne supérieure x 22. Fig. 2. — $. Antenne inférieure x 22. Fig. 3. — $. Épistome et lèvre antérieure x 37. Fig. 4. — $. Mandibule x 37. Fig. 5. — $. Lèvre postérieure x 37. Fig, 6.-2. Maxille antérieure x 37. Mem. S. Z. F., XXIII-iqio. PI. VI. LECERF, ROLEN. I à 8. Nannonyx propinquus. 9. Lysianassa longicornis. 10. Lysianassa ceratina. 1 1 à 20. Lysianassa plumosa. Mém. S. Z. F., XXIII -1910. PL VII Ed. Chevreux de IMP. I.ECERF, ROLEN. I à 13. Socarnopsis crenulata. 14 à 27. Aroui setosus. Mé}n. S. Z. F., XXIII -1910. PL VIII MP. LECERF, ROUEN I à 14 et 29. Tryphosa minima. 15 à 28. Stegocephaloides christianiensis. Mém. S. Z. F., XXIII -i^ 10. PI. [X. Ed. Chevreux del IMP. LECHKh, I à 8. Ampelisca typica. 9 à i6. Ampelisca tenuicornis. 17 et 18. Metaphoxus Fultoni. 19 et 20. Metaphoxus pectinatus. Mém. S. Z. F., XXIII -1910. PI. X. Chevreux del. I à II. Bathyporeia megalops. 12 et 13. Paraphoxus maculatus. IMP. LHCERF, ROLE 14 et 15. Harpinia crenulata. 16 à r8. Harpinia pectinata. Mém. S. Z. F., XXIII -19 10. PI. XI, Ed. ClIEVREUX Ac LKCERF, KOtliX. I à 8. Harpinia Délia Vallei. iiiCt i2. Peltocoxa IVIanoni. 9 et 10. Gitana Sarsi. 13 à 17. Leucothoe incisa. ~ 18 à 20. Leucothoe Lillieborsi- Méiii. S. Z. F., XXIII -icj 10. PL Xli. Ed. CllKVKKtX dcl. I à 12. Stenothoe spinimana. 13 à 25. Stenothoe dentimana. Mém. S. Z. F., XXIII -ic,io. PI. Xfll. Ed. Chevreux del I à 5. Pereionotus testudo. 7 à 11. Lilljeborgia Delhi Vnllei. 6. Iphimedia obesa. 12 à 18. Pontocrates norvegicus. 19 à 22. Westwoodilla rectirostris. Mém. S. Z. F., XXIII -1910. PI. XIV. Ed. Chevreux del. à 14. Apkerusa mediterranea. 15. Eusiroides Delhi Vallei. lé à 24. Melita aculeaia. Mém. S. Z. F., XXIII -1910. PL XV, Ed. Chevrecx dcl. I à 13. Maerella tenuimana. 14 à 20. Elasmopus brasiliensis. 21 à 25. Gammarus rhipidiophorus. Mém. S. Z. F., XXIII -1910. PI. XVI. Ed. Chevreux del. IMP. LECHKK, ROU I et 2. Elasmopus pocillimanus. 9 à 12. Hyale Schmidti 3 à 8. Hyale camptonyx. 13 ^^ i9- Hyale Dollfusi. 20 à 25. AUorchestes aquilinus. Mém. S. Z. F.. XXIII-ipio. XVII. I à 3. AUorchestes plumicornis. 4 à 20. Lembos Viguieri. Mém. S. Z. F., XXIII -19 10. PL XVIII. IMP. LECERF, ROUEN. I à 5. Eurystheus palmatus. 6 à 11. Megamphopus longicornis. 12 à 17. Leptocheirus cornuaurei. Mcm. S. Z. F., XXIII -1 910. PI. XIX. Ed. Chevkeux del. I à à 4. Leptocheirus cornuaurei. 5 '^ H- Leptocheirus bispi 15 22. Leptocheirus guttatus. Mém. S. Z. F., XXIII -1 910. PI. XX. Ed. Chhvreux del. l.MP. LKCERF, ROUEN. I à 4. Amphithoe Vaillanti. 5 à 16. Unciolella lunata. 17 à 27. Parunciola Seurati. Mém. S. Z. F. XXIII, igio. Bonnet phot. CYRTODELPHIS ( PI. XXI. -. — Ç. Urosome et ses appendices x 60. Ipliimedia obesa Halhke, exemplaire de Tunisie. Fig. 6. — $. Maxille antérieure x 45. LiUjeborgia Delhi Vallei Stebbing, exemplaire de Bône. Fig. 7. — c?. Gnathopode postérieur x 18. Fig. 8. — (j. Uropode de la dernière paire X 3i . Fig. 0. -S- Telson x 31. Fig. lu. - $. Uropode de la dernière paire X 45. Fig. II. — ?. Telson X io. LES AMPHIPODKS d'aLUKUIK KT 1>K TIMSIK 281 Ponlocraits uorvcgirus lioock, exemplaire ilolîùiie. Fig. 12. Ç. Antenne supérieure X •H. Fig. 13. Ç. Antenne inf.Mieure X iH. Fig. 14. - $. Gnalhopode anlérieiir >c .U . Fig. 11). Ç. Derniers articles (l'un gnalliopode antérieur 6"i. Fig. lit. V. Gnalhopode posléri» ur X 31 . Fig. 17. ' . . Extrémité d'un gnatlioi)ode postérieur \ 7"'. Fig. 1!^. — V. Premiers articles d'un péréiopoile de la dernière |)aire. X 31. Westwondilla rerlirostris (Délia Valle), exemplaire de Rùne. Fig. 11>. i'. Tôle et partie des antennes x 25. Fig. 20. - S. Gnalhopode antérieur X V6. Fig. 21. (J. Gnathopode postérieur X 45. Fig. 22. î. Tête et antennes X 25. ri.ANCUK XIV. Aphernaa ineilUerriaica iiov. sp. Tête X '«5. Antenne supérieure X 15. Antenne inférieure X i5. Mandibule X 71). Lèvre postérieure x 75. Maxille antérieure X 75. Maxille postérieure x 75. Maxillipède x 75 Gnathopode antérieur x -45. Gnathopode postérieur X 45. Péréiopode de la deuxième paire X 45. Péréiopode de la cinquième paire X 45. Dernier segment du métasome, urosome et ses appen- dices X 30. Fig. l 'i. V- Uropode de la dernière paire et telson X 45. Eusb'oides Délia Vallei Chevreux. Fig. 15. — .,?. Bord postérieur du dernier segment du uiétasome X 30. Melila aculeata nov. sp. Dernier segment du métasome X 31. '. Pédoncule et partie du llagellum d'une antenne supé- rieure X 34. — o\ Gnathopode antérieur X 31. — o- Gnathopode postérieur X 34. — (J. Péréiopode de la cincpuènie paire X 3'i. — o • Uropode de la dernière paire X 3i. — S. Telson x 81 . — ^ Gnalhopode antérieur X 3i. — 4?. Gnathopode postérieur X 34. Fig. 1. — ^• X?\rr o o b\g. — +• Fig. 3.' ~ -9 Fig. 4. ~ " + • Fig. 5. — V. Fig. 6. -?. Fig. 7. -¥. Fig. 8. -ç. Fig. 9. — ^'• Fig. 10. — ^'. Fig. 1 1 . — ? Fig. 12. - 9 Fig. t:i. — V Fig. 16, Fig. 17. Fig. 18, Fig. 19. Fig. 20 Fig. 21 Fig. 22 Fig. 23 Fig. 2 S o 282 ED. CHEVREUX Planche XV. Maerella lenuimana Sp. Bâte. Fig. 1 . — $. Plaque épimérale du dernier segment du métasome x 38. Fig. 2. -- Ç. Mandibule x 48. Fig. o. —S- Palpe mandibulaire d'un exemplaire du Croisic >< 63. Fig. 4. — Ç. Lèvre postérieure x 48. Fig. 5. — Ç. Maxille antérieure x 48. Fig. 6. — Ç. Maxille postérieure x 48. Fig. 7. — $. Maxillipède x 48- Fig. 8. — ^. Palpe d'un maxillipède d'un exemplaire du Croisic x 63. Fig. 9. — $. Gnathopode antérieur x 38. Fig. 10. — $. Gnathopode postérieur X 38. Fig. 11. — $. Péréiopode de la deuxième paire X 38. Fig. 12. — $. Uropode de la dernière paire X 38. Fig. 13. — $. Telson x38. Elasmopus brasiliensis (Dana), exemplaire de La Galle. Fig. it. — Q. Plaqueépimérale du dernier segment du métasome X 20. Fig. lô. — o*. Gnathopode antérieur X 20. Fig. 16. — ^. Gnathopode postérieur x 20. Fig. 17. -- S- Gnathopode postérieur, vu du coté interne. X 20. Fig. 18. — o . Uropode de la dernière paire x 34. Fig. 19, — J. Telson x 34. Fig. 20. — $. Gnathopode postérieur X 34. Gammarus rhipidiophorus Catta. Fig. 21. — ^. Mandibule X 48. Fig. 22. — Q. Lèvre postérieure X 48. Fig. 23. — 48. Fig. 24. — (J. Maxille postérieure x 48. Fig. 25. — cJ. Maxillipède X 48. Planohe XVI Elasmopus pocillimanus (Sp. Bâte). Fig. 1 . — Ç. Plaque épimérale du dernier segment du métasome x 19. Fig. 2. — Ç. Gnathopode postérieur x 19. Hyale camplonyx (Heller), exemplaire de Bône. Fig. 3. — S' Maxillipède x 48. ^ Fig. 4. — iérieur x 34. Fig. 6. — ^. Péréiopode de la dernière paire x 27. Fig. 7. — (J. Uropode de la dernière paire x 48. Fig. 8. — (J. Telson x 48. Hyale Schmidti (Heller), exemplaire de Bône. Fig. 9. — (J. Gnathopode antérieur x 27. Fig 10. — (J. Péréiopode de la dernière paire x 19. Fig. 11. — (J. Uropode de la dernière paire X 48. Fig. 12. - (J. Telson x 48. LKS AMPHIPODES d'aLGÉRIE ET DE Tl'NlSIE 283 Fig. 13. Fig. 14. Fig. 15. Fig. 16. Fig. 17. Fig. 18. Fig. 19. Fig. 20. Fig. 21. Fig. 22. Fig. 23. Fig. 24. Fig. 25. Ilyale Dollfusi nov. sp. Gnalbopode antérieur x 27. Gnathopode postérieur x 27. Péréiopode de la dernière paire X 27. Uropode de la dernière paire x 63. Telson x 03. Gnathopode antérieur X 27. Gnathopode postérieur X 27. Allorcliesles aquilinus (Costa), exemplaires de Bône. — o . Maxille antérieure x 48. — o- Maxillipède X '*8. — 3. Gnatliopode antérieur X 27, — <3. Gnathopode postérieur X 27. — $. Gnathopode antérieur X 27. — $. Gnathopode postérieur X 27. Planche XVII. Allorrhesles plinnicornis (Heller), exemplaire de Bône. Fig. 1. — $. Antenne supérieure x l'J. Fig. 2. — ?. Antenne inférieure x 19. Fig. 3. — $• Gnathopode antérieur x 27. Fig. 4 Fig. 5 Fig. 6 Fig. 7 Fig. 8 Fig. 9 Fig. 10 Fig. 11 Fig. 12 Fig. 13 Fig. 14 Fig. \o Fig. 16, Fig. 17 Fig. 18 Fig. 19 Fig. 20 Lembos Viguieri nov. sp. Tête et partie des aulennes X 19. ' Lèvre antérieure x 34. Mandibule X 34. Lèvre postérieure x 34. Maxille antérieure x 34. Maxille postérieure x 31. Maxillipède x 34. Gnathopode antérieur X 27. Gnathopode postérieur X 27. Péréiopode de la première paire X 19. Propode et dactyle d'un péréiopode de la troisième paire X 34. Péréiopode de la quatrième paire X 19. Uropode de la première paire X 34. Uropode de la deuxième paire x 34. Uropode de la dernière i)aire et lelson X 34. Gnathopode antérieur X 34. Gnathopode postérieur x34. Planche XVIII. Eurystheus palmatus (Stebbing et Roberlson), exemplaires de Bône. Fig. 1 . — c> • Tète et antennes X 48. Fig. 2. Gnathopode antérieur X 63. 284 ED. CHEVREUX Fig, 3. — 3. Gnalhopode postérieur x 63. Fig. 4. — Ç. Gnathopode antérieur X 63, Fig. 5. — $. Gnathopode postérieur X 63. Megamphopus longicornis nov. sp. Fig. 6. — cJ. Tète et antennes x 27. Fig, 7. — ^. Gnathopode antérieur x 27. Fig. 8. — (J. Gnathopode postérieur x 27. Fig. 9. — $. Gnathopode antérieur X 27. Fig. 10. — $. Gnathopode postérieur X 27. Fig. 11. — Ç. Uropode de la dernière paire X 48. Lepiocheirus cornuaurei Sowinsky, exemplaires de Saint-Gilles. Fig. 12. — (J. Tête et antennes X 27. Fig. 13. — cî- Gnathopode antérieur X 34. Fig. 14. — ^. Gnathopode postérieur x 34. Fig. 15. — S- Péréiopode de la deuxième paire x 27. Fig. 16. — (J. Péréiopode la troisième paire X 27. Fig. 17. -— (J. Péréiopode de la quatrième paire X 27. Planche XIX Lepiocheirus cornuaurei Sowin?ky, exemplaires de Saint-Gilles. Fig. 1. — cJ. Péréiopode de la dernière paire X 27. Fig. 2. — c?. Uropode de la première paire X 63. Fig. 3. — (J. Uropode de la dernière paire et telson x 63. Fig. 4. — $. Gnathopode antérieur x 34. Lepiocheirus bispinosus Norman, exemplaire de Bône. Fig. 5. — $. Plaque épimérale du dernier segment du métasome et premier segment de l'urosome X 15. Fig. 6. — ?. Antenne supérieure x 15. Fig. 7. — $. Antenne inférieure x 15. Fig. 8. — $, Gnaihopode antérieur x 19. Fig. 9. — Ç. Péréiopode de la deuxième paire X 15. Fig. 10. — Ç. Péréiopode de la troisièiue paire x 15. Fig. 11. — $. Péréiopode de la dernière paire x 15. Fig. 12. — ?. Uropode de la première paire x "24. Fig. 13. — ?. Uropode de la deuxième paire x 24. Fig. 14. — Ç. Uropodes de la dernière paire et telson x 24. Lepiocheirus gutlatus (Grube), exemplaire de Bône. Fig. 15. — $. Plaque épimérale du dernier segment du métasome X U. Fig. 16. — Ç. Antenne supérieure X 34. Fig. 17. — $. Gnathopode antérieur x 48. Fig. 18. — $. Extrémité d'un gnathopode postérieur x 81 . Fig. 19. — $. Péréiopode de la troisième paire X 34. Fig. 20. — Ç. Péréiopode de la quatrième paire X 34. Fig. 21. — ?. Péréiopode de la dernière paire X 34. Fig. 22. — ?. Urosome, uropodes et telson x 48. LES AMPHIPODES D ALGÉRIE ET DE TUNISIE 285 Planche XX Amphithoe Vaillanti Lucas, exemplaires de la Manche. Fig. \. — ^. Gnathopode antérieur x 10. Fig. 2. — cJ. Gnathopode postérieur x 10. Fig. 3. — Ç. Gnathopode antérieur x 10. Fig. 4. — $. Gnathopode postérieur x 10. Unciolella lunata nov. gen. et sp. Fig. 5. — Lèvre antérieure x 63. Fig. 6. — Mandibule x 63. Fig. 7. — Lèvre postérieure x 03. Fig. 8. — Maxille antérieure x 63. Fig. 9. — Maxille postérieure X 63. Fig. 10. — Maxillipède X ^3. Fig. 11. — Gnathopode antérieur x 48. Fig. 12. — Péréiopode de la première paire x 48. Fig. 13. — Péréiopode de la troisième paire x 48. Fig. 14. — Uropode de la première [laire X -iS. Fig. 15. — Uropode de la dernière paire X 81. Fig. 16. — Telson X 81. Parunciola Seuroti nov. gen. et sp. Fig.. 17. — $. Lèvre antérieure x 34. Fig. 18. — Ç. Mandibule X 34. Fig. 19. — $ Lèvre postérieure X 34. Fig. 20. — $. Maxille antérieure X 34. Fig. 21. — Ç. Maxille postérieure x 34. Fig. 22. — $. Maxillipède x 34. Fig. 23. — $. Gnathopode antérieur x 27. Fig. 24. — $ Gnathopode postérieur x 27. Fig. 25. — $. Uropode de la deuxième paire X 34. Fig. 26. — $. Uropode de la dernière paire X 34. Fig. 27. — $. Telson x 34. DESCRIPTION D'UN MOULAGE NATUREL DE LA CAVITÉ CRANIENNE D'UN CÉTACÉ DU MIOCÈNE DE SAINT-PAUL-TROIS-CHATEAUX PAR Amédée BONNET Docteur ès-sciences Préparateur de zoologie à la Faculté des sciences de Lyon Au cours d'une excursion aux carrières de pierres de Saint- Paul-Trois-Chàteaux (Drôniel, M. Morel, directeur de la Société générale des carrières du Midi, nous a remis un mou- lage naturel de la cavité crânienne d'un Cétacé. Ce moulage provenait des carrières de pierres de Sainte- Juste, qui sont constituées par un seul banc massif et compact de près de 20 mètres d'épaisseur. Ce banc, exploité soit en galerie, soit à découvert, sur une surface d'environ cinq kilo- mètres carrés, forme le couronnement de la colline de Saint- Paul et constitue un vaste plateau qui se prolonge vers l'est jusqu'à Saint-Restitut. Cette remarquable assise, comme l'indique M. Lory dans sa « Description géologique du Dauphiné », consiste en une molasse calcaire pure d'un beau blanc. Cette pierre, très poreuse et assez tendre, est entièrement composée de débris de Mollusques et de Zoophytes ; parmi les fossiles que l'on trouve le plus fréquemment, il faut signaler les Oursins, les Lamellibranches, les dents de Squales et les ossements de Cétacés. Située à 200 mètres environ au-dessus du village de Saint- Paul-Trois-Chàteaux, cette assise repose sur des couches sableuses avec débris de coquilles plus ou moins solidement réunies par un ciment calcaire conorétionné, entremêlées avec des couches rougeâtres argilo-sableuses désignées sous le nom de pijrnique dans la région. Toutes ces couches sont constituées par de la molasse mio- cène du burdigalien. MOILAGK DE LA CAVITÉ CRANIENNE d'uN CÉTACÉ 287 Nous avons pu, grâce aux indications que M. Depéret a bien voulu nous donner, rapporter le moulage intra-cr.\nien du Cétacé des carrières de Sainte-Juste au Cyrtodeiplùs {Schizo- delphis) sulcatus Gerv., dont les ossements sont assez fréquents dans la région. A la surface de cette pièce constituée, comme nous l'avons dit, par de la molasse burdig-alienne, étaient encore adhérentes plusieurs esquilles des divers os du erànc, surtout à la région inférieure et à la région postérieure. Malgré la grande friabi- lité de la roche, on distingue, toutefois, assez facilement les principales régions de la topographie crànio-céréhrale. A la face supérieure, les deux hémisphères sont très nette- ment visibles, et reproduisent exactement le moulage des os de la voûte crânienne, c'est-à-dire les sus-occipitaux, frontaux, nasaux et sus-maxillaires. Les deux lobes cérébraux sont séparés par une profonde scissure inter-hémisphérique. Cette séparation, comme dans tout le groupe des Odontocètes, est accentuée par la présence de la crête osseuse médiane de la voûte crânienne, qui descend très profondément entre les deux lobes cérébraux. Les hémisphères cérébraux recouvrent complètement le cer- velet et ne laissent voir derrière eux que la naissance du bulbe et de la moelle allongée. Le diamètre antéro-postérieur du cerveau dans la plus grande longueur, pris de l'extrémité antérieure à l'extrémité postérieure, est de 9 centimètres. La largeur du cerveau est de 7 centi- mètres à la région antérieure et atteint à la partie postéro- inférieure 11 centimètres. Tronqué nettement en avant et en arrière, et â côtés latéraux à peu près rectilignes, l'ensemble du cerveau a l'aspect d'un trapèze régulier. A la face inférieure, on distingue l'emplacement de la selle turcique, et, de chaque côté de celle-ci, des saillies plus ou moins eôacées, correspondant au moulage eu relief des trous de la base du crâne. Sur les côtés, les deux lobes temporaux-occipi- taux font une saillie arrondie assez prononcée ; le bord antéro- externe de ces lobes est marqué d^me série d'impressions parallèles répondant aux crêtes osseuses de la face interne du rocher. Le rocher occupe à la base du crâne un espace com- pris entre l'exoccipital, situé en dedans et en arrière de lui, et le squamosal ou écaille du temporal,, qui est situé en dehors et en avant. Plus en arrière et dans la région médiane, on distingue l'em- 2»» AMEDEE BONNET placement du cervelet ; mais ses limites sont difficiles à déter- miner, par suite de l'empâtement du moulage dans cette région. La partie postérieure montre le commencement de la moelle épinière, qui, à son origine, est dans le même plan que la base du cerveau, c'est-à-dire dans Taxe du corps, mais qui se relève suivant une direction de bas en haut dès sa sortie du trou occipital. Vu par ses faces latérales, le cerveau a la forme d'un cône tronqué à contours arrondis et à base supéro -postérieure. La partie la plus élevée de l'encéphale au-dessus du plan de la base du crâne est située au 5/8 de l'extrémité antérieure, ce qui donne à l'ensemble de l'encéphale un aspect fuyant, allongé et surbaissé des lobes frontaux, aspect qui contraste avec la faible longueur et la hauteur exagérée que l'on remarque chez les autres Platanistidés et surtout chez les Delphinidés. Le cervelet, vu de profil, parait peu séparé du cerveau par suite de la faible saillie que fait la crête osseuse sur laquelle s^insère la tente du cervelet; cette crête est au contraire assez développée chez les formes plus récentes, et surtout chez les Dauphins, où elle s'insinue profondément entre le cerveau et le cervelet, formant un véritable toit au-dessus des masses cérébelleuses. L^axe de la moelle épinière se dirige, comme nous l'avons dit, de bas en haut à sa sortie du trou occipital et fait avec le plan du plancher crânien un angle de 40 degrés environ. Si on compare ce moulage à ceux d'autres Cétacés Odon- tocètes, et particulièrement à ceux des Platanistidés actuels, on est frappé de la petitesse relative du cerveau et de l'aspect fuyant des lobes frontaux chez le Schizoddphis. Nous avons pu étudier comme point de comparaison un autre moulage de Schizodelphis sulcatus du miocène de Cas- tries, deux moulages de Platanistes vivant actuellement, Vlnia ^(?o^reyt5<.sBlainv., de l'Amazone et le Planista gangetica Lebeck, du Gange, et enfin un moulage de Delphinus delphis Lin. (1). (1) Les trois premiers moulages qui nous ont été confiés grâce à l'obligeance de M. Anthony, du Muséum d'histoire naturelle de Paris, portent les indications suivantes : A 3270 Schizodelphis sulcatus — forme encéphalique trouvée dans le miocène de Çastries (Hérault), moulage 1869, modèle du Muséum — moule intra-crânien. A 3267 hua geoffrensis — moule intra-crânien. A 3268 Platanista ç/angedca — moule intra-crânien. Le moulage du Delphinus delphis a été obtenu d'après un squelette que nous a remis M. Gaillard, conservateur du Muséum de Lyon. Nous n'avous pu nous procurer un moulage de Pontoporia Gray, du Rio de la Plata; on sait que cet animal est celui qui se rapproche le plus du Schizodelphis. MOULAGE DE LA CAVITK CRANIENNE d'uN CÉTACK 289 Le inoalag-c du Schizodelphis sulcatus de Castries grandes analogies avec celui cjue nous avons rapporté de Saint- Paul -Trois-Chàteaux ; il est un peu plus volumineux, mais très lortenient euipàté dans la région postérieure, ainsi que sur ses faces latérales et sur sa face infé- rieure, il est difficile d'en déli- miter les différentes régions. La cavité crânienne du Plata- niste du Gange présente un début de raccourcissement des lobes antérieurs du cerveau, corres- pondant à une très légère aug- mentation du diamètre vertical. Ces caractères s'accentuent chez Vlnia, qui constitue un ternie de passage entre le groupe des Platanistidés et des Delphinidés; en même temps, le cervelet n'est plus entièrement recouvert par les hémisphères cérébraux et commence à être visible lorsqu'on regarde le cerveau par sa face supérieure. Enfin, chez le Dauphin, le vo- lume du cerveau est considérable par rapport à la taille de l'ani- mal, l'aplatissement antéro-pos- térieur atteint sou maximum en refoulant les lobes antérieurs ; ceux-ci forment alors avec le plancher de la cavité crânienne un angle presque droit. Le cer- velet fait une forte saillie posté- rieure et se trouve dégagé en grande partie en arrière des hémisphères. Le trou occipital est fortement rejeté vers le haut, comme s'il se prodi suite du refoulement antéro-postérieur du cervean, Mém. Soc.Zool. de Fr., 1910. a de très 4, O o -^ ta ^ \ta ci o' 2- ïi «; 2 « e. — 2 — l'sf y) *** t« 2 « ir. lisait, par une rota- xxiu-19 290 AMÉDÉE BONNET tion de bas en haut du cervelet et du bulbe suivant un axe transverse passant par le centre des lobes cérébelleux latéraux. Il en résulte que l'angle que fait l'axe du trou occipital avec la base du cerveau dépnsse 50 degrés chez le Dauphin, alors que chez le Schizodelphis il atteint cà peine 40 degrés. Les mesures linéaires des différents diamètres de ces mou- lages nous ont donné les chiffres suivants : Diamètre Diamètre Diamètre vertical, antéro-postérieur. transversal. Sf/(i2ode/pAîsdeSt-Paul-Trois-Cliàteaux. 7,5 9 11 — de Caslries 8 9 H Plalanista gnngetica 'anl, A. ROBERT. RENNES, IMPRIMERIE FRANCIS SFMON I