FOR THE PEOPLE FOR EDVCATION FOR SCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY MEMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE POUR L'ANNÉE 1913 MÉMOIRES DE LA '"^ f T SOCIETE ZOOLOGIOUE DE FRANGE RECONNUE D'UTILITE PUBLIQUE ANNEE 1913 TOME XXYl PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIETE ZOOLOGIQUE DE FRANCE 28, RUE Serpente (Hôtel des SociÉTÉa savantes) 1913 /s éé fi (^0 ^/uxiél I RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT DU PANCRÉAS CHEZ PETROMYZON PAR Le D-- Robert PICQUÉ Docteur ùs sciences. Agrégé du Val-de-Orâce. L — IllSTORlQIE Le pancréas des (ùyclosloiiics est i'(^sl('' loiii^trniii- iiii'Cdinni. Dès 1821, BOJANUS cntrfvr.it, ù la liinili' (te l'inlrstiii iiiilrriciir et de l'intestin moyen, un ofi^anc (|u"il lirsile à considérer connue une glande ou comme nu uuisde. En 1826, Ratukk décrit, chez Prfrointjzon fhiviatilis, une ix'tite glande située sur l'intestin (intestin moyen), derrière la valvule qui le sépare de l'œsophage (intestin aidérieur). Loin de former un renllement ammlaire complet autour de l'intestin conmie le pensait Bo-iams, c'est une masse ellipsoïdale, liniilée au côté gauche, d'aspect granuleux et de consistance plus molle que celle des glandes salivaires. Cette glande semble dé- verser sa sécrétion dans Tintestin par plusieurs oritices. Mais, (|uant à sa signilication, IIavhkI': considère comme peu vraisem- blable qu'il s'agisse d'un pancréas, en raison de cette opinion, alors en cours, que là oi^i existent, chez les Poissons, des glandes salivaires on ne rencontre ni pancréas, ni appendices pylo- riques. Après A. MuLLER (1851), Lanueriians (1873), chez /^ Pbuirii. considère cette glande comme un pancréas, en raison de ses rapports immédiats avec le canal cli()lédo(|ui'. H l;i décrit connue forinant, autour de l'origine de l'intestin nioyiMi, une sorte de bague clievalière, dont le chaton regarderait en dehors et à gauche et l'anneau à droite. C'est une masse acineuse, comprise entre ta séreuse et la couche circulaire de la musculeuse. au uulieu d'un tissu très vascularisé d'apparence caverneuse. Mais, Laxceruans ne parle ni des voies d'excrétion ni de la structure interne de celte glande. ScH\i-:!DF,u, en 1879, revoit le même organe, non seulement chez Prlro)nijzon, ni;us aussi chez l'.Xmmocète. sa larve. .Mais, liuidis que chez l'Ammocète. il décrit connue rate un auias de follicules groupés dans la paroi intestinale remplis de cellules rondes et dépourvus de canal excréteur, il considère, chez 6 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT Pelromyzon, cette même formation, incluse dans la masse du l'oie et soudée à l'intestin à la base de la valvule spirale, comme représentant le vestige des canaux hépatiques oblitérés. Rappelons, en effet, cette particularité singulière de ce Gyclos- tonie dont la larve Ammoccte est pourvue d'une volumineuse vésicule biliaire intra-hépatique et de nombreux canaux hépa- tiques collectés en un cholédoque ouvert dans l'intestin, tandis que l'adulte Petromyzon montre un foie totalement dénué de voies d'excrétion. DuiMÉRiL, dès 1812, signalait l'absence de conduits hépatiques chez P. marinus. J. MÛLLER, en 1833, qui, après Baldner, sut reconnaître dans l'Ammocète la larve de Petromyzon, constatait l'absence chez l'adulte de la vésicule biliaire observée chez la larve. Legouis, en 1881, dans des recherches consciencieuses sur le pancréas des Gyclostomes, démontre l'existence, chez P. ma- rinus, d'un pancréas bien différencié, auquel il distingue nette- ment une portion principale massive, située au niveau oij l'intestin adhère au foie, et une portion accessoire, diffuse dans la paroi de l'intestin. D'autre part, il conlirme l'absence de tout conduit excréteur, non seulement hépatique, mais aussi pancréatique. Nestleh, en 189U, suit, chez l'Ammocète, la transformation progressive de la vésicule et des conduits hépatiques et cholé- doque en un amas de follicules répondant à ceux décrits par Schneider au niveau de la zone d'adhérence intestino-hépatique et qu'il considère comme un pancréas. Lauuesse, en 1890, retrouve chez de jeunes Lamproies le pancréas massif de Langerhans, de Legouis et de Nestler. Le pancréas, découvert chez Petromyzon, était bientôt, en 1896, décrit par Maas chez Myxine et chez BdcUostoma. Et l'exis- tence de cet organe se trouvait ainsi confirmée dans trois genres de Gyclostomes. Mais son développement restait inconnu. Gotte, qui, en 1890, montre avec netteté, chez P. lluviatUis, l'origine du foie aux dépens d'une ébauche ventrale de l'intestin 'moyen, et la migration du canal cholédoque autour de la paroi de l'intestin par suite de la torsion de celui-ci, n'observe aucune formation pouvant être assimilée à un pancréas. G'est Kupffer qui, le premier, en 1893, décrit le développe- ment et les rapports réciproques du foie et du pancréas chez l'Ammocète. DU PANCnÉAS CHEZ l'ETROMYZON 7 D'après cet auteur, l'cbauclic licpaliquc ventrale se scinde de bonne heure en trois diverticules, l'un médian et les autres latéraux. Pendant quo l(>s latéraux bourgeoinicnt des tul)es tié- patiques, le médian, restant simple, forme une vésicule biliaire, et la portion counnune sert de conduit excréteur à la glande. Mais, en regard de rél)auclie hépatique ventrale, sV-st formée en même temps une évaginalion dorsale. Bifurfpiée dès Torigine, elle progresse sur les côtés de rinlestin. mais inégalenieiil. Plus active vers la droite, elle rejoint ])i(Mit(M le diverticule latéral droit de l'ébauche hépati(iue. se fusiomie à lui et, se creusant d'une lumière, devieid canal ''xci'élenr du foie destiné à rem- placer le conduit hépaticpie primitif oblitéré. Ainsi s'explique, pour KrerrHi;, le débouché dorsal du canal hépatique primitivement ventral. Vers la gauche, au contraire, le diverticule dorsal se dissocie en un amas de cellules lymphoïdes. Malgré cette destinée curieuse et différente des deux diverti- cules de cette ébauche dorsale, KiiM'fkii n'hésite pas à considérer celle-ci comme pancréatique. Mais Brachet, en i807. re|)renaiil t'(Mii(le du di'velopixMiient du foie et du pancréas chez r.\nnnocèt.e. retrouve l'ébauche hépatique trilobée, il voit ses diverticules latéraux fournir exclu- sivement du foie, comme chez les Sélaciens, et peut suivre les différentes étapes de la migration ventro-dorsale du canal cho- lédoque. Mais il n'observe aucun diverticule pancréatique, ni dorsal ni ventral. Aussi en arrive-t-il à douter ûc l'existence même d'un pancréas chez rAnmioccte. Il a bien suivi le développement des follicules de Langerhans. qu'il considère comme des proliférations épi- théliales se produisant en assez grand nombre aux dépens des couches profondes de l'épithélium du tube digestif, sans parti- cipation de la cavité intestinale, s(> montrant exclusivement sur tout le pourtour du point où l'intestin antérieur se continue dans l'intestin moyen. Mais il ne croit pas qu'ils représentent un pancréas; tout au plus pourraient-ils rappeler les îlots de Langerhan;? du pancréas des Vertébrés supérieurs. En somme, chez l'Ammocète, « le pancréas ne s'est pas encore isolé en une glande spéciale », d'après cet auteur. Et cei)êndant. à ce résultat négatif Giaconum vient op])Oser. en 1900, la confirmation de l'existence d'un pancréas adulte chez 8 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DEVELOPPEMENT P. marinus et P. Plancri. C'est un organe dépourvu de canaux excréteurs, constitué de glandules isolées incluses dans la paroi intestinale et d'une masse principale poussant du sommet de la valvule spirale jusque dans le hile du foie. GiACOMiNi y reconnaît deux variétés de cavités sécrétantes : les unes sont des tubes peu ramifiés, à épithélium pancréatique ordinaire, les autres des vésicules à épithélium sécréteur élevé, comparables aux ilôts de Langerhans des Vertébrés supérieurs. Laouesse, qui avait déjà vu, chez la Lamproie, le pancréas massif de Gl\co\iini, se rallie, en 1906, à la description de l'au- teur, après examen d'une de ses préparations. Il discute la signification des vésicules épithéliales. qui forment une partie de cet organe et furent considérées par Schneider et par Nestler comme résultant de la transformation des canaux hépatiques atrophiés, et pose la question de leur homologie avec les pancréas accessoires décrits chez le Rat par son élève Debeyre. M. le professeur Julin nous a fourni l'occasion d'étudier, à l'Institut zoologique de ITIniversité de Liège, la structure et le développement du pancréas chez Petromyzon. Nous sommes profondément touché du dévouement avec lequel il a bien voulu nous offrir l'appui de sa haute expérience et les précieuses ressources de son laboratoire, pour l'exécution de ce travail. M. le professeur Henneguy nous y a aidé de ses conseils éclai- Vés : nous lui sommes vivement reconnaissant du bienveillant accueil qu'il nous a réservé au Laboratoire d'embryogénie comparée du Collège de France. M. le professeur Pruvot nous fait l'honneur d'accepter la présidence de notre thèse : c'est une dette de reconnaissance bien agréable pour nous s'ajoutant au souvenir profond que nous conservons de l'enseignement de ce maître. II. — MATERIEL D'ETUDE Nos observations ont porté d'abord sur une série de larves de Petromyzon Plancri^ cultivées et préparées à la Station zoolo- gique de Naples par M. le D" Robert Legros, et mises obligeam- ment à notre disposition par M. le professeur Julin, qui en était possesseur, savoir : 1. Jeunes Ammocètes de 35 jours, de longueur variant de 3 mm. 4 à 6 mm. 85. 2. Ammocètes de 40 jours, longues de 5 mm. 25 à 7 mm. 65. DU PANCRÉAS CHEZ PETROMYZON 9 Nous avons utilis»'" craiitrr pari loiil un uiah'i'icl di; larves de P. lluvialilis recueilli aux euvu-ons de Lièi^e et prépai-é par M. le professeur Jii.ix, et eonipreiiaul : 3. Amniocètes de 11 mm. i. Amniocètes de 20 et de 21 mm. 5. Amniocètes de 34 mm. 6. Grandes Amniocètes de 12 cm. 7. Grandes Amniocètes de l'i cm. l']nnn, nous avons étudié la strueinro du i)ancréas adulte : d'une part, sur des préparations de /^ Plancri, (pie nous remer- cions vivement M. le professeur ViALi.irutx d'avoir bien voulu nous conuuuniquer et de nous autoriser à ntiliser pour notre description; d'autre part, sur un individu de P. marinus recueilli à Visé, près de Liège. Nous indiquerons, en cours de route, pour chacun des élé- ments de ce matériel, les particularités de conservation et de coloration. III. — STRUCTURE DU PANCRÉAS CHEZ L'ADULTE DlvSCRnn'loN ANATOMIQUE 1" Chez Pcti'omyzon Plancri. Nous devons à robligeance de M. le professeur 'Vialleton d'avoir pu étudier le pancréas de P. Planeri adulte sur diverses [)réparations appartenant à trois séries d'individus, débités en coupes transversales, frontales et sagittales. Comme nous l'a signalé M. Vialletox, il s'agit d'un matériel ancien et tixé totalement, malgré la grosseur de l'animal, au formol ou au liquide de Muller. Bien que ne permettant pas d'observations cytologiques lines, il permet de décrire la disposition d'ensemble et la structure générale du pancréas. Sur une coupe frontale (fig. i), dans la profonde échancrurc qui sépare en arrière les deux lobes du foie (/), apparaît l'intestin moyen (int.m.) libre à la partie inférieure, intimement uni. au contraire, à la partie supérieure du lobe droit par un pont de substance dont l'aspect diffère nettement de celui du foie et qui représente le pancréas [paner.]. Il s'agit d'une niasse, triangulaire à la coupe, reposant par sa base légèrement festonnée sur le foie, plongeant par son sommet dans la paroi contiguë de l'intestin qu'elle déprime vers sa lumière. 10 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT ù COA^./tC l . '/ru/r^ FiG.i. - PetromyzoH Planeri adulte (Liquide de Millier, hémafoxvline éosiiie) 20 diamètres. Coll. Vialleton. Coupe frontale intéressant la région du pan- créas. — cari, ver., cartilage péricardique; cav.per., cavité péricardique; cav. péril., cavité péritonéale; cpd., épiderme; epp., espace post-péricardique; /., foie; inl.m.. intestin moyen; m. sp., muscle spinal ou de la paroi du corps; or., oreillette; paner., pancréas; pgt., pigment; sv., sinus veineux; l., testicule; val. s., valvule sinuauriculaire; vp-, veine porte; vtr., ventricule DU PANCRÉAS CHEZ PETUOMYZON 6- 11 Cav.ruÏAA^. FiG. II. -- /'. l'Laiiiri adiillc (Luiuide de Millier, hématoxyliiie. (Rosine), -20 dia- mètres. Coll. ViALLETuN. Coupe .sagittale intéressant la portion cran ia le du pancréas. — art. br.. artère branchiale; rait. br., cartilage hraïuhiai: aiil.iicr . cartilage péricardi(iuo; rar. [leiit., cavité péritonéale: c/k/., épiderme; cpp.. espace p()st-i)éricardi(|iit': f , foie; L bi., lamelle branchiale de la 7" poclie bran- chiale; m. /)((/(., muscle de la paroi antérieure du péricarde; w. s/' . muscle spinal ou de la paroi du corps; n.pn.. 3 néphrostomes pronéphrotiques; or., oreillette; vaiur.. pancréas; [igt., pigment; png., pronéphros gauche; v., vaisseau. A faible grossissement (20 diamètres), elle tranche nettement sur le parenchyme hépatique voisin par sa coloration différente, et par un aspect vacuole s'opposa nt au caractère dense du tissu du foie. On constate d'ailleurs aisément qu'elle eu reste séparée, ici par une mince fente, prolongement de la cavité péritonéale, là par 12 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT une bande conjonctive, en sorte qu'en aucun point il n'existe de continuité. II s'agit donc bien d'un organe distinct. A V. FiG. ni. — P. Planeri adulte (Liquide de Millier, hématoxyline, éosine), 20 dia- mètres. Coll. ViALLETON (figure 12 de la pi. iv). Coupe transversale intéressant la portion crâniale du pancréas. — ao., aorte; cart. iicr., cartilage péricar- dique; cav. péril., cavité péritonéale; c/i. d., chorde dorsale; epp., espace post- péricardique; /., foie; iiit.m., intestin moyen; in.sp.. muscle spinal ou de la paroi du corps; oi., oreillette; paner., pancréas; v., vaisseau; v-juy.d., veine jugulaire droite; v.jwj.y., veine jugulaire gauche; v. p., veine porte; vtr., ventricule. 2" Gliez Peivomyzon marinus. Nous avons étudié un individu adulte, recueilli dans la Meuse au moment de la ponte et fixé au formol. La région duodéno- hépatique extraite a été débitée en coupes transversales, colorées alternativement par l'hématoxyline au fer et par les méthodes de Mallory et de Gurtis. Le pancréas présente des dispositions analogues à celles que nous avons rencontrées chez P. Planeri. DU PANCRÉAS CFIEZ PETROMYZON 13 Grânio-caiidalement suivons l'organe. D'abord situé eutrc le foie et l'intestin, il constitue une masse volumineuse, arrondie dans l'ensemble, mais tantôt régulière et tantôt découpée en lobes inégaux. Partout entourée d'un tissu conjonclif abondant que les mé- thodes de Maliory et de Curtis mettent remarquablement en J) FiG. IV. — P. Plaiiert adulte (formol, hématoxyline. éosine), 20 diamètres. Coll. V'IALLETON. Coupe transversale intéressant la portion moyenne para-liéi)ati(jne du pancréas. -— ao, aorte; cav. périt., cavité péritonéale; cli.d.. clinnle dorsal; /., foie; int. lit., intestin moyen; iianci., piuicréas; v. jug. il., veine jufîulaire droite; v.jufj II . veine jugulaire gauche; v.p., veine porte. évidence, le pancréas est uni par lui, d'un côté au foie, de l'autre à rintestiii, donl la lumière, aplatie et frangée en des plis mul- tiples, s'étale en disque à son pourtour. Plus caudalement, nous voyons l'organe, s'éloignant un peu du foie, séparer en deux la cou|)e de rintestin. 11 en déprime donc la paroi et jilonge dans sa lumière. En nirine temps, pénétré par les vaisseaux et par les cloisons émanées du tissu conjonclif aud)iant, il se scinde en lobules de plus en plus nombreux, et finit en s'essaimant en ilôts séparés au point où commence le pli spiral. La longueur totale de l'organe, mesurée dans le sens crânio- caudal, est de 7 mm. 5. 14 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT 3° Description d'ensemble. Si nous comparons nos recherches sur la topographie du pancréas d'une part chez P. Planeri, d'autre part chez P. ma- rinus^ nous constatons qu'il y a lieu de lui distinguer trois portions ; crâniale, moyenne et caudale. Cjfvt^A >ve^i.L . FiG. V. — P. marhius adulte (sublimé acétique, hématoxyline ferrique, éosine), 20 diamètres. Coll. Julin. Coupe transversale intéressant la portion para-hépa- tique du pancréas. — caps, héi)., capsule hépatique; cav. périt., cavité péri- tonéale; épith. péril., épithélium péritonéal; /., foie; int.m., intestin moyen; paner., pancréas. La portion moyenne adhère ù la fois à l'intestin moyen et au lobe droit du foie (fig. i, iv et v). La portion crâniale, surtout bien individualisée chez P. Pla- neri, est séparée du lobe droit du foie par une fente cœlomique (cavité péritonéale) (fig. ii et m). Elle n'est pas conséquent adhérente qu'à l'intestin moyen (fig. ni). La portion crâniale, de même que la portion moyenne qui lui fait suite, constituent le pancréas massif (fig. i à v). Par contre, la portion caudale, surtout bien développée chez P. marinus (fig. vi), constitue un pancréas disséminé {paner.), DU PANCRÉAS CHEZ PETROMYZON 15 qui est uniquonioiit en rapport avec la portion initiale de l'intes- tin moyen. Elle est composée de lobules isolés, logés contre répitliélium intestinal, dans le tissu conjonctil du pli spiral. Ces deux parties, pancréas massif et disséminé, avaient été {léj;\ distinguées par Legouis, chez P. mnrinns. FiG. VI. — p. niariiius adulte (sublimé acétiiiuo, hématoxyline ferrique. éosine), 20 diamètres. Cuil. Jiîlin. Coupe transversale intére-ssant la portion caudale (disséminée) du pancréas. — épith. périt., épitliélium péritonéal; Int. m., intestin moyen-, paner . pancréas. Gomme on le sait et ainsi que nos observations le confirment, le pancréas de Petromyzon est dépourvu de tout conduit excré- teur. C'est donc une glande purement endocrine. TEXTURE Les données que nous avons pu recueillir sur la texture de Petrutiiyzon chez l'adulte sont fort incomplètes, ce qui est dû en grande partie à la nature des réactifs fixateurs (liquide de iMiiller et sublimé acétique) qui ont servi à la préparation du matériel. Nous les croyons cependant suffisantes pour établir qu'il s'agit bien d'un organe glandulaire. Chez P. Planeri adulte, le pancréas consiste en une série de lobules et de lobulins essentiellement formés par des tubo- 16 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT alvéoles sécrétants. Ces tubo-alvéoles sont logés dans un tissu conjonctif abondamment pourvu de capillaires sanguins. La figure 12 (pi IV) représente, examiné à 800 diamètres, un frag- ment de la coupe représentée par la figure m dans le texte (P. Planeri). Si on la compare à la figure 11 pi. IV), qui représente un frag- ment du pancréas de l'Ammocète de même espèce et examiné au même grossissement, on est frappé par ce fait que les tubo- alvéoles ont un diamètre moindre. Il en est de môme du foie : la cavité, dite vésicule biliaire, que nous voyons chez TAmmocète, si développée sur certaines coupes (fig. xii, ves.bil.), les conduits hépatiques que nous rencontrons sur la figure vni (c./iép.), et le canal cholédoque dont nous connaissons la migration périintestinale si intéressante pendant les premiers stades du développement et dont nous voyons le débouché au côté gauche de fintestin moyen; toutes ces voies d'excrétion ont disparu chez Petromyzon. Le processus en est malheureusement inconnu, comme beaucoup des phénomènes qui accompagnent la métamorphose de rAmmocète. Quoi qu'il en soit, le l'oie de l'adulte fonctionne donc comme glande endo- crine. Ce caractère des glandes annexes de l'intestin moyen, chez Petromijzon, est un des points les plus remarquables de l'orga- nisation de ces Gyclostomes, si particuliers à tant de points de vue. La cause doit en être cherchée, évidemment, dans leur éthologie et, en particulier, dans le semi-parasitisme qui a produit leur dégradation. Ce fait est dû sans doute, ainsi qu'on peut aisément s'en apercevoir, à ce que la lumière des tubo-alvéoles est beaucoup plus restreinte, et qu'elle ne renferme que peu ou point de pro- duit de sécrétion. L'épithélium sécrétant est prismatique simple et le cytoplasme de ses cellules apparaît homogène, bien qu'il renferme de très fines granulations uniformément réparties. La fig. 13 (pi. IV) représente un fragment de coupe trans- versale du pancréas de P. mannus adulte, qui, comme nous l'avons dit, avait été fixé au sublimé acétique. Il est dessiné au même grossissement (800 diamètres). Ce fragment comprend deux cordons pleins et une dilatation vésiculeuse. L'un des cordons, a, est formé par des cellules claires dont le cytoplasme renferme de très lins granules colorés en bleu par DU PAXCRKAS CHEZ PETROMYZON 17 le Mallory, irrégulièreineiit tlisséiiiinés dans le cytoplasme, mais surtout aboiidanls tiaiis une zone périnucléaire. Dans la majeure partie de son étendue, ce cordon de cellules sécrétantes est très inlimenient appliqué contre la membrane basale. Toutefois, «mi un i)oint de son étendue, il existe, entre la membrane basait' et la l'ace profonde des cellules sécrétantes, un petit espace péricellulaire parcouru par un réliculum de fila- ments granuleux dont les graïuilalioiis 1res fines sont colorées en bleu. Le cordon b, est, dans toute son étendue, circonscrit par un espace péricellulaire traversé par un réliculum de filaments granuleux colorés en bleu. Dans les cellules de ce cordon, les lincs graïuilatious bleues sont beaucoup plus abondantes que dans celles du cordon a. Elles remplissent tout l'espace cellulaire. Aussi ces cellules paraissent-elles plus foncées. La dilatation vésiculeiise offre des caractères tout spéciaux. Délimitant la lumière centrale, un bel épithéliuni de cellules pyramidales, l^armi ces cellules, quelques-unes (trois) ont, comme les cellules du cordon b, la totalité de leur cytoplasme remplie de fines granulations que le Mallory a teintées en bleu. Les autres cellules offrent à distinguer une zone apicale et une zone basale. Leur zone apicale, comprise entre la lumière et le noyau, est chargée de fines granulations colorées en bleu, (jui même, dans quelques cellules, longent les parois latérales de la zone basale. Cette dernière est très nettement colorée en jaune et apparaît homogène. Dans la lumière de la dilatation vésiculeuse aussi bien que dans l'espace péricellulaire très large, on distingue une sorte de coagulum formé par un réseau de filaments sur lesquels sont disséminées de fines granulations colorées en bleu. Ces granu- lations constituent même de véritables petits amas contre la face profonde des cellules sécrétantes, dans l'espace péricellu- laire seulement. 11 eonxient de faire ifiiiariiiier (jue tie n()iiii)reiix capillaires sanguins existent dans la trame conjonctive qui sépare cordons et vésicules. Par la méthode de Mallory, toute la ch>arpente conjonctive apparaît en bleu très foncé. Et rien ne rappelle, dans celte structure, les ilùts de Langer- hans des Vertébrés supérieurs. Mém. Soc. Zuol. de i-raitic, 1913. XXVI. — 2 18 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT En résumé, les tubo-alvéoles pancréatiques semblent disposés, ici, de façon à recevoir dans leur lumière le produit de sécrétion des cellules qui en forment les parois. Or, nous savons l'absence de canaux excréteurs. Nous observons donc, chez Pctroinyzon, ce fait bien particu- lier d'une glande bâtie sur le type exocrine et fonctionnant suivant le mode endocrine. Mais la structure histologique de cet organe mériterait, avons- nous dit, de plus amples recherches. IV. DÉVELOPPEMENT DU PANCREAS Nous avons d'abord étudié toute une série de larves recueillies et préparées de jour en jour, à partir du JO* jusqu'au 40" après la fécondation. Ce sont des larves de 35 à 40 jours qui nous ont montré les premières ébauches du pancréas. Il s'agit du matériel préparé par M. le D"" Legros à la Station zoologique de Naples. Il avait été fixé au sublimé acétique : Solution saturée de sublimé 100 parties. Eau distillée iOO parties. Acide acétique JO parties. Les coupes ont été colorées sur porte-objet par la double colo- ration hématoxyline ferrique et éosine. I. — Larves de P. Plancri (Ammocète) de 35 à 40 jours (5 mm. 4 à 7 mm. 65) (pi. I, fig. i et 2). Nous avons étudié deux séries d'individus de 35 et de 40 jours. Comme il arrive fréquemment, les individus d'une même série, bien que de môme âge, ont présenté des longueurs assez dissemblables. Bien plus, des embryons d'âge différent se rap- prochent par leurs dimensions équivalentes. Série de 35 jours : 1" individu 5 mm. 4 2'' individu 5 — 36 3" individu 6 — 85 Série de 40 jours : 1"'' individu 5 mm. 25 2" individu 5 ^ — 42 3« individu 6 — 66 4« individu 7 — 65 Aussi étudierons-nous simultanément ces deux séries. Les résultats de leur étude peuvent être rapprochés. DU PANCRÉAS CIIKZ l'RTROMYZON 19 Nous nous ui'ciiiicniM,- des dispnsitidiis i'i'';ilis(''('s clic/, un ui eenlrale encore virtuelle : il s"agit dès lors d'un cordon (lig. 1, i)l. 1, c.ixincr.inl.v.) dont le bourgeon plein, observé sur la coupe précédente, n'était que le fond. IjCS coupes suivantes nous conduisent en plein bourrelet. Ici, les noyaux iinioinlirahles traiiclient aljsolument sur ceux de réj)ithéliuin intestinal p;u' leur nucléole uni(iue, gros et de volume croissant vers le dehors. Or, à la périphérie du iMnirrelet. ciitro les éléments à nucléole énorme (pie nous venons de décrire, s'en montrent d'autres à noyau linement granuleux, les uns isolés en bordure, les autres déjà groupés en îlots. Il est facile de suivre leur continuité avec les amas précédemment décrits. Ils en sont l'origine. Mais, en même temps, commence à se montrer le bourrelet dorsal et, à son niveau, d'abord amas conglomérés puis éléments isolés marquent fébauche pancréatique, moins développée comme le bourrelet lui-même 'lig. 2, pi. 1). Les ébauches intestinales iirocèdent donc, au niveau des bour- relets, d'une sorte de bande de prolifération continue, étalée à la périphérie, et j)oussanl crànialement en bourgeons pleins. Sur un individu de '.u} j(tiirs, long de ."') mm. 'i, nous surpre- nons, en el'Iet. le (!('■! ml de cette prolifération. Ici, les cellules de l'assise profonde de lépithélinm intestinal commencent à se différencier, pour constituer la première ébauche des deux bandes i)ancréatiques intestinales. Mais il n'existe pas encore de dilatation, et toute la bande fait encore partie, dans toute sa longueur et dans les deux bourrelets, de l'épithélium intestinal. 22 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT Une disposition semblable se voit sur la figure 2 (pi. I) {cell. paner.), qui représente une coupe intéressant le bourrelet dorsal de la même larve (40 jours) que celle de la figure 1. Remarquons que les bandes pancréatiques sont ici situées à la périphérie des bourrelets, en dehors d'eux par rapport à l'axe de l'intestin. Nous les verrons, plus tard, se disposer en dedans des bourrelets, c'est-à-dire vers l'axe de l'intestin. En résumé, chez P. Planerl les premières ébauches du pan- créas apparaissent simultanément chez des larves de 35 à 40 jours après la fécondation. Ces ébauches sont au nombre de trois : deux s-ont intestinales, la troisième cholédocienne. L'ébauche cholédocienne est un cordon plein qui se forme aux dépens de l'épithélium du cholédoque à la face ventrale de ce canal, au voisinage de son débouché dans l'intestin moyen. Les deux ébauches intestinales procèdent, par délamination do l'assise des cellules basales, de deux bourrelets que forme Tépi- thélium de l'intestin moyen au voisinage de sa continuité avec l'intestin antérieur. A ce stade donc, les formations que nous considérons comme le pancréas dérivent : D'une part de la face ventrale de la paroi du cholédoque au voisinage du débouché ; D'autre part, de l'épithélium des bourrelets d'invagination de l'intestin antérieur dans l'intestin moyen. L'ébauche, unique sur' le cholédoque, est double sur l'intestin. Les deux sont contem- poraines. De ces deux bourrelets intestinaux, l'un est dorsal et l'autre ventral, celui-ci plus étendu. Les ébauches pancréatiques intestinales correspondantes qui, comme nous le verrons dans la suite, deviendront les deux cor- dons pancréatiques intestinaux, sont par conséquent, par leur situation, l'une dorsale moins étendue, l'autre ventrale plus étendue. Elles regardent en dehors de l'axe des bourrelets. Ces dénominations n'ont rien à voir avec les expressions con- sacrées de pancréas ventral et de pancréas dorsal ; elles sont purement topographiques. D'ailleurs, et nous discuterons ce point dans la suite de ce travail, à notre avis les expressions de pancréas dorsal et pancréas ventral sont défectueuses et les termes de pancréas intestinal et pancréas cholédocien doivent leur être préférés. DU PANCRKAS CFIEZ PETROMYZON 23 II. Lauvks ni; P. lluviatilis (Ammocètl:) Il iiiiii. (fig. vu dans le texte et pi. II fig. 3). Cette larve, de môinc que les autres AmiuocMos de P. lluv'uitiUs que nous allons cxaiiiincr, ont été recueillies libremeiil dans la vase. Klles ne provioiinciil. donc, pas, comme nos larves de P. Phincri, (runc ciilhu'ç organisée ni('lliodi(|uciii(Mit. D '/umct.vn^.v FiG. VU. Larvo de /'. fluridliUs (Amnioccte), longue de 11 mm. isublimc, carmin l)()r;ui(iue). KKl diamètres. Coll. Julin (figure 3 de la pi, U). Coupe transversale intéressant l'oiigine de l'intestin moyen. — On distingue, dans le bourrelet intestinal dorsiil. l'ébauche du cordon pancréatique correspondant, que la coupe intéres.se dans presque toute son étendue. L'ébauche du cordon pancréatique intestinal ventral, par contre, n'est intéressée qu'à l'extrémité gauche du bourrelet correspondant. — ao., aorte; brt.int. d., bourrelet intestinal dorsal; brt.iiit.v., bourrelet intestinal ventral; c- paner, int. tl., cordon pancréatique intestinal dorsal; c. ixtiicr. inl.v., cordon i>iuicréati(jue intestinal ventral; r. IV'i.. iX)rtion du canal de Wollf interposée entre le proncpliros et le méso- néphros; cav. pciif., cavité péritonéaie: eh. (t., chorde dorsale: cixl.. épiderme; /., foie; y.sp., ganglion spinal; int. ni., intestin moyen; l. lymi'li, tissu lymphoide; v., vaisseau; v. p., veine porte. Bien que ses organes soient scnsiblcincnl au nicme stade df développement que ceux de la larve de 'lO jours, longue de 5 mm. 25, de P. PInncri que nous venons de décrire, la larve tic P. iluviatilis qui nous occupe maintenant, non seulement est de 2i RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT taille double, mais son ébauche pancréaLique cholédocienne ne . se montre pas encore. D'autre part, ses ébauches pancréatiques intestinales dorsale et ventrale sont à peine aussi développées que chez la larve de 40 jours de P. Planeri. L'une et l'autre ne nous montrent encore, indépendante et détachée de l'épithélium de l'intestin moyen, que l'extrémité gauche du futur cordon pancréatique, dirigée vers le canal cholédoque (fig. 3, pi. II, c. paner. int.v.). Dans le reste de leur étendue, les deux ébauches ne sont encore rejirésentées, sur les coupes, que par des groupes de cellules différenciées [celLpancr.) de l'assise profonde des deux bour- relets ventral et dorsal {brt. int.v. et brt.int.d.) de l'intestin moyen (int.m.). Néanmoins, ces groupes cellulaires forment dans leur en- semble une bande à peu près continue, ce dont on peut s'assurer en comparant toutes les coupes successives qui les intéressent. Nous sommes tenté de considérer cette différence comme un caractère spécifique. Si notre manière de voir est exacte, d'en résulterait que, chez P. iluviatilis, les ébauches des deux cordons pancréatiques intes- tinaux apparaissent d'une façon plus précoce que l'ébauche cholédocienne; ainsi que nous le verrons, cette dernière existe, manifestement et déjà bien formée, chez l'Ammocète de P. flu- viatiUs, longue de 20 à 21 mm. III. Larves de P. lluviatUis (Ammocète), de 20 et 21 mm. (fig. VIII, IX, x, XI et XII dans le texte; planche II, flg. 4, 5 et 6; pi. 111, fig. 7 et 8). Les individus, fixés au sublimé puis coloré en masse au carmin boracique, ont été débités en coupes transversales, sagittales et frontales. Les coupes transversales (fig. vin) donnent, à faible grossis- sement (66 diamètres), une idée el'ensemble de la topographie des organes. Le foie occupe la partie droite de la cavité péritonéale et dé- borde ventralement la ligne médiane vers la gauche. Le tube intestinal, au niveau de la zone de passage de l'intestin antérieur à l'intestin moyen, montre simultanément à la coupe : 1° Dorsalement, face à la chorde et à l'aorte, l'intestin antérieur {inl. a.) reconnaissable à la hauteur et au plissement de son épithélium ; DU PANCRKAS CHEZ l'HIUuMV/oN 23 2" Les diui.N 1m»iiii('I('Is (riiiviiginalioii dr riiilcslin inoycii [hrl.iiil.r.) l'iiii Nriilro-di'dil plus (l(''V('l(i|)|i(''. (•(•sl-ù-dirc appiini ])lii.s cràiiiiili'iiiriit. l'aiitrc ilijrsn-uaiiclir [hil.iiil.il.]. en rdiail. u. Fk;. VIII. — Larve de /'. fliividUlis (Aramocète), longue de 20 mm. (siiblimô. carmin lioraciqiic), 00 diamètres. Coll. JuLiN. Coupe transversale intéressant tangen- llellement les Liourrelets ventral et dorsal de l'intestin moyen, ainsi (ine le.s cordons iian(rêati(iues correspondants. Ces derniers proéminent dans le tissu conjonctif (pii remplit le sillon interposé entre le déliouclié de l'intestin anté- rieur dans l'intestin moyen. — ao., aorte; brt. tnt.v , bourrelet intestinal dorsal: bit. lut. v.. bourrelet intestinal ventral; c. ch., canal cholédociue; c. hcji., conduits hépatiques; r. iiaitcr. irit. d., cordon pancréatique intestinal dorsal: c. pniur. hit. v.. cordon pancréatique intestinal ventral: c. W^., portion du canal de Wolff interpo.sée entre le pronéphros et le mésonéphros ; cav. périt., cavité péritonéale: ch.d., chorde dor.sal; c/>d., épiderme; /., foie; int.a.. Intestin antérieur; in.sp.. muscle spinal ou de la paroi du corps; t. lijinpii., tissu lymphoïde; v.. vaisseau; v. rard. p. d., veine cardinale postérieure droite; v cuid.p.y., veine cardinale postérieure gauche; v. p.. veine porte. L"iin et l'autre sont coupés tangenliellenient. 3" Kntre les bourrelets, rextréinitc antérieure du tissu lym- phoïde {t.lijinph.) entoure complètement la veine porte et eiii- 26 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DEVELOPPEMENT brasse on demi-anneau le cholédoque avant son débouché dans rintestiji moyen. , La topogTaphie d'ensemble connue, étudions maintenant les coupes sagittales (fig. ix, x et xi dans le texte, pi. Il, fig. 4, 5 et 6). a. d.t> V C c FiG. IX. — Larve de /'. fluvitilHis (Ammocète), longue de 21 mm. (sublimé, carmin Ijoraci(iue), 5i diamètres. Coll. JuLiN (flg. 4 de la planche II). Coupe sagittale intéressant le cordon pancréatique intestinal dorsal et l'ébauche cholédocienne du pancréas. — hr.int.d., bourrelet intestinal dorsal; brt.iitt. v., bourrelet intestinal ventral ; c. eh., canal cholédoque ; c. paner, int. d., cordon pan- créaticiue intestinal dorsal; c. W^.. partie du canal de Wolff correspondant au mésonépliros; car. ttciit., cavité péritonéale; ch. d., chorde dorsale: cb. paner, cil., ébauche cholédocienne; epd., épiderme; /., foie; int. a., intestin antérieur; int. m.., intestin moyen; m. sp., muscle spinal ou de la paroi du corps; rncson., mésonéphros; s. v., sinus veineux; t. lymph., tissu lymphoïde; v., vaisseau; V. card. p. g., veine cardinale postérieure gauche ; v. hep., veine hépatique ; V. p., veine porte. DLi l'.WCHKAS C.IIK/, PF/IUf )MV/,()N 27 Nous y voyons la pariio du Iracdis inlostinal i-époiidaiil à l'iii- lestin anlrricur [inl.d.) et à riiUesUii moyen [uti.m.). iiitcii)()séo a e.c — X /ui/ti.c-% i 71,1 J cat'd fia. FiG. X. — Larve de /'. lUirialilis (Ammocète), longue de -21 mm. (sublimé, carmin Iji)raci(iue), Si diamètres. Coll. Julin (fig. 5 de la pi. II). Coupe sagittale inté- ressant le cordon pancréatique intestiiuil dorsal et lébauclie cholédocienne du pancréas. Cette figure représente la coupe immédiatement voisine de la pré- cédente (fig. ix). — M. /((•/)., artère liéi)ati(iue; bit. inl . i\. bourrelet intestinal ventral; c.vh., canal cholédoque; c. tidiirr. vit. d , canal pancréalicpie intes- tinal dorsal; r. H'2.. partie du canal de Wolff correspondant au mésonéphros; (•(IV. iiciit.', cavité péritonéale ; cli.d., chorde dorsale; ch. puiicr. ch., ébauche cliolédocienne : e/nl. épidcrme ; f., foie; iiit.a., intestin antérieur; inl. m., intestin moyen; //(. si)., muscle spinal ou de la paroi du corps; iiicson., méso- néphros; t. lympli., tissu lymphoide; v., vaisseau; v. tard. ii. i.(j., proiiéphrus gauche; v.a.v., valvule auriculo-ventriculaire; V. card. p.d., veine cardinale postérieure droite; ves. bil., vésicule biliaire: v.p.. veine porte; vtr., ventricule. la mise en évidence des ébauches cliolédocienno et intt^stinnles, dont relflorescence est, à ce stade, complète. no RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT A. Ebauche choléclocienne (fig. ix et x dans le texte ; pi. II, Jig. 'i (H 5, éb. paner. ch.). Elle apparaît comme un diverticule plein de l'épithélium de la paroi ventrale du cholédoque, sorte de cordon qui pousse crànialement en entourant toute la demi-circonférence du canal. Dans sa partie initiale (pi. II, fig. 'i), ce cordon se soulève en pente douce; puis sa saillie s'accentue progressivement, au point de surplomber en cimier la partie antérieure du canal. Son extrémité terminale, devenue très volumineuse, est pé- nétrée par un capillaire sanguin {cap. s.) qui la clive en deux parties. Le bourgeon qui apparaît, sur la pi. II, lig. 4, accolé à la paroi dorso-cràniale du cholédoque, n'est que l'extrémité avancée de ce long cordon ansiforme. Les rapports de cette ébauche avec la paroi cholédocienne méritent d'être précisés. A son origine, elle se détache nette- ment de l'épithélium dont les noyaux semblent faire éruption pour la former, sans qu'aucune membrane puisse être décelée entre les deux. Vers l'avant, au contraire, la limitante externe de l'épithélium reparaît, et le bourgeon pancréatique ne lui est plus qu'accolé, jusqu'à le surplomber franchement à sa terminaison. D'où l'impression d'un bourgeon qui, né d'un point limité de la paroi cholédocienne ventrale, a contourné, en s'accroissant, la face dorsale du canal. Quant à sa texture, cette ébauche consiste en un cordon d'élé- nients ôpithéliaux assez mal limités, dont les noyaux, peu chro- matiques, tranchent par leur état clair sur ceux plus foncés de l'épithélium cholédocien. Il est très remarquable que, sur deux coupes successives, nous observions, dans l'épithélium du cholédoque, quatre cinèses répondant toutes à la zone de prolifération '. c'est un indice uianifeste de l'activité formatrice de ces éléments. En somme, à ce stade, une ébauche pancréatique, déjà assez allongée, se détache d'un point limité du cholédoque et pousse de là en un cordon qui en contourne la paroi dorsale. B. Ebauches intestinales. Les mêmes coupes sagittales nous montrent, à des niveaux différents, les ébauches naissant de l'un et l'autre bourrelet in- testinal. Ces ébauches qui : 1° au stade de 5 à 7 mnu, occupaient la périphérie des bourrelets, orientées par conséquent en dehors de l'axe, et se rejoignaient presque à leurs contins; 2° qui, au stade de li nnn., tendaient déjà à converger vers le cholédoque; m' PANCRKAS CHEZ PETROMYZON 31 se iiKtiiliviil, au stade de 20 el 21 imii., d'une paii localisées au puui'luur ci'ùiiial de ces l)()Ui'releLs, d'aulic [lart orientées vers, l'axe dans la direcUuii du canal choléduque, et cela d'autant plus que la proéminence du bourrelet est plus accentuée; c'est ainsi (pic nous observons cette conversion plus nette au niveau du Ijourrclet veidral, en avance nous le savons sur le bourrelet dorsal. Cette topogi'apliie très reniar((ual)le des él)au(hes intestinales est en relation cvidente avec le (h'vcloppcMuent des bourrelets (pii leur donnent naissance. Il laid iiiiat^iner, en elTet, (pie les ébauches nées à leur pourtour se sont trouvées peu à peu eii- traîné(!s vers l'axe par leur invagination même. Elles se présentent sous la l'orme d'une calotte occupant le culmcn du bourrelet, et constituée par une série d'éléments ana- logues aux bourgeons isolés des stades précédents, mais rap- prochés ici en un cordon moniliforme, irréguli(''i'einent l)our- souflé vers l'extérieur, fondu au contraire sur le bourrelet, auquel il s'adapte en le déprimant légèrement suivant une ligne sinueuse (Cf. fig. ix, x et xi dans le texte; iîg. 4, 5 et G, pi. II). Leur texture est la même que celle de l'ébauche pancréatique : il s'agit de bourgeons pleiiis. Sur la pi. Il, fig. 5, le plus volumineux des renflements semble creusé d'une lumière; il ne s'agit en réalité, comme nous l'avons obsiTvé au niveau de l'ébauche cholédocienne, que de la tra- versée du cordon par un capillaire sanguin dont l'endothéliimi est reconnaissable. Mais, sur les coupes sagittales que nous venons d'étudier, les cordons pancréatiques se sont montrés, sur l'un et l'autre bour- relet, séparés de l'épithélium intestinal par une membrane limi- tante nette, et rien ne nous a permis de préciser leur origine. Les coupes frontales vont être, à ce point de vue, plus instruc- tives (fig. XII dans le texte). La première observée (pi. III, lig. 7) montre déjà sur le bour- relet intestinal ventral {brt.int.v.), à côté d'un bourgeon péri- phérique régulièrement arrondi, très nettement contouré et sans coidinuité avec l'épithélium sous-jacent, tout le reste du cordon à peine séparé de l'épithélium par une limite extrêmement vague et, en tout cas, entamant celui-ci d'une façon évidente. Sur la coupe suivante (fig. 8), toute trace de limitation a dis- paru. Bien plus, les éléments du cordon sont connue incorporés à l'épithélium dont la membrane profonde passe maintenant nettement à leur surface, vallonnée par leur soulèvement même. 32 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT Le cordon pancréatique donne donc l'impression nette d'émaner de l'épitliélium intestinal. L'étude de sa texture va nous le démontrer (flg. 7 et 8, pi. III). Partons, en effet, de l'épitliélium intestinal. A distance du bour- relet, celui-ci apparaît formé d'une assise unique de cellules très élevées, parmi lesquelles il est aisé de reconnaître deux variétés; les unes, à protoplasma clair et à noyau ovalaire allongé suivant l'axe; les autres, à protoplasma granuleux et à noyau arrondi pourvu d"un gros karyosome. Or, en une zone répondant strictement au cordon pancréa- tique, brusquement Tépithélium change de caractères. Il se stratifié en une bande d'éléments cellulaires qui semble s'irradier en gerbe de la lumière de l'intestin vers son pourtour, s'alignant même sur les confins en rangées plus ou moins régulières et parallèles. Et, à ce niveau, les noyaux présentent tous le même aspect : arrondis ou ovalaires, ils sont clairs et pourvus d'un nucléole petit et unique. Certains d'entre eux, voisins de la sur- face, petits et très chromatiques, semblent au stade de télophase. Et l'on passe insensiblement de ces éléments, appartenant encore à l'épithélium intestinal, à ceux qui constituent l'ébauche pan- créatique et ne s'en distinguent que par le volume plus consi- dérable des noyaux. Nous nous sommes demandé si une obliquité de coupe ne pouvait pas produire cette apparence de stratification de l'épi- thélium du bourrelet; mais, nous voyons celle-ci s'édifier en une zone répondant au cordon pancréatique, strictement limitée à ses extrémités et, à son niveau, les noyaux présenter les carac- tères très particuliers que nous venons de décrire. Nous nous trouvons donc en présence d'un « cône d'émission » pancréatique caractérisé par une prolifération active des élé- ments de l'épithélium intestinal, sans participation aucune de la lumière du canal et limité exactement aux bourrelets d'inva- gination. Tel est le mode de ces ébauches pancréatiques d'origine intestinale. Chez l'Ammocète de P. Iluviatilis, longue de 20 à 21 mm., le pancréas est donc caractérisé : 1" D'une part, par le développement progressif des deux ébauches pancréatiques intestinales observées chez la larve de 11 mm.; 2° D'une part, par la présence d'une ébauche cholédocienne distincte de celle observée au stade de 5 mm., déjà bien déve- DU PANCRÉAS CHEZ PETROMYZON 33 loppéc et ayant dû apparaître chez les larves de longueur supé- rieure à 1 1 et intérieure à 20 mm. iNûus avons niriiic nbsorvé l'ébauche cholédocienne sur une larve de IS rniii. ddiit nous ne doinion.s pas IMniage. IV. Lau\i; 1)i: 1\ Huvialilis (.A.mmocète), longue de 34 mm. (fig. 9, pi. III et lig. 10, pi. IV). Ce stade est intéressant en ce qu'il montre, le processus de bourgeonnement une lois achevé du cùté de l'intestin comn>c du côté du cholédoque, la disposition d'ensemble de l'organe pancréatique. Sur les coupes transversales successives, on distingue des cordons pleins, les uns plus rétrécis, les autres plus volumineux. On les voit fréqucnnnent en continuité les uns avec les autres. Ils encadrent dillérents points du pourtour du canal digestif, à la limite entre l'intestin antérieur et l'intestin moyen. Plongés dans une trame de conjonctif lâche interposée entre le derme de la nuiqueuse intestinale et l'épithélium péritoiiéal (fig. 10, pi. IV), mais sans continuité avec l'épithélium, ces cordons sont en rapport immédiat avec de nombreux capillaires sanguins. Ils sont circonscrits par une couche à peu près con- tinue de cellules pigmentaires. Une reconstruction graphique (pi. III, fig. 9) en précise la signiOcation, ainsi que la disposition générale du pancréas à ce stade du développement. Cette reconstruction montre, en effet, que, loin de constituer des éléments distincts, les renflements ne sont que les bourgeons collatéraux de deux cordons pancréatiques continus répondant l'un, toujours plus développé, au bourrelet ventral, l'autre moins étendu au bourrelet dorsal (fig. 9, pi. III). Ces deux cordons, à ce stade, restent encore distincts. Ils se rapprochent à droite, au point de devenir presque contigus. Ils restent séparés à gauche par toute la largeur du tissu lymphoïde (jui, entourant le canal cholédoque au voisinage de son débouché et la veine porte, constitue l'extrémité antérieure du tissu lym- phoïde du pli spiral de l'intestin. Ces deux cordons, sinueux et à diverticules renflés, sont manifestement le produit de la transformation des deux ébauches intestinales primitives qui se sont complètement et délinitivement détachées de la partie de l'épithélium intestinal dont elles procèdent. Remarquons que les cordons pancréatiques, dont Tébauche s'est formée sur le pourtour externe des bourrelets intestinaux, Mém. Soc. Zool. de France, 1913. XXVI. — 3 34 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DEVELOPPEMENT sont devenus, à ce slacle, internes à ceux-ci, en raison de leur développement progressif, et forment une collerette répondant topograpliiquement au sillon d'invagination du débouché do l'intestin antérieur dans la portion pyloriciue de l'intestin moyen. Mais qu'est devenue, à ce stade, l'ébauche cholédocienne ? A-t-elle été englobée par l'expansion vers elle des cordons intes- tinaux. Ou faut-il en voir la trace dans la masse pancréatique pleine que nous trouvons, sur une seule coupe, ventralement au cholédoque, isolée et nettement circonscrite (fig. 9, pi. Ifl, éb.pancr.ch.y} Nous ne pouvons trancher ce point. Néanmoins, en raison de l'importance de l'ébauche cholédo- cienne constatée au stade de 20 à 21 mm., comparée à la petitesse (le l'amas que nous voyons au voisinage du cholédoque au stade de 34 mm., nous sommes plutôt porté à admettre que la première s'est unie à l'un des deux cordons pancréatiques intestinaux, et que le bourgeon paracholédocien isolé représente un bourgeon cholédocien tardif, né à un stade intermédiaire, sorte de pancréas accessoire, notion que nous aurons à développer ultérieurement. Dès ce stade, l'organe pancréatique est complètement ébauché. Il l'orme un amieau à peu près complet de cordons pleins. Les modifications ultérieures vont avoir trait à la texture de l'organe et à l'agencement topographique résultant de son accroissement. (Juant à la texture de ces cellules sécrétantes, elle n'est guère modifiée. Leur noyau est volumineux, leur cytoplasme, d'aspect homo- gène, est en réalité uniformément formé de très fines granula- tions (hg. 10, pi. IV). \'. Larve de P. lluviatUis (Ammocète), de 12 cm. (fig. xiii dans le texte; fig. 11, pi. IV). La disposition générale des cordons pancréatiques n'a pas varié : dans l'ensemble, ils occupent les 4/5 du pourtour de l'intestin, ne laissant libre que la zone de pénétration du cholé- doque sur le côté gauche. Mais ils se sont considéra])lement accrus et, sur chaque coupe, se montrent entassés en deux ou plusieurs couches. De ce fait, leur forme est devenue irrégulière. Ils sont enchevêtrés les uns dans les autres et offrent à dis- tinguer des dilatations parfois très volumineuses et creuses, réunies par de courts tubes plus étroits dont la lumière peut même être effacée au point de les faire apparaître comme des cordons pleins. DTI PANCRÉAS CHEZ PETROMYZON 35 Tout cet oiisoniblc du |);iucr(';is, qui loruic, autour de la partie initiale de l'intestin moyen, un amas massif (fig. xiii dans le texte), a rasjiect d'une i-iande tubo-alvéolaire. Les tubo-alvéoles sont nettement séparés par luh' trame de tissu conjonctif {Cig. Il, pi. IV) parcourue par de nombreux capillaires sanguins. La texture des Uibo-alvéoles s'est en même temps profondé- ment modillée au niveau des rcnllcments. ils se sont creusés d'un(^ lariZ'e lumière. Fio. XIII. — Larve de P. tluvialilis (Ammocète), longue de 12 cm. (sublimé, carmin bnraciquo). .so diamùtres. CoU. Julin (flg. Il de la pi. IV). Coupe transver.sale int.érps.sant. à rorigirie de l'iiitestiii moyen, l'anneau pajicréatique. Le pancréas est représenté par des cordons pleins, creusés, sur certains points de leur étendue, en tubo-alvéoles. Le tissu lymphoïde est constitué par une masse prin- cipale entourant la veine porte et par un réseau de cordons irréguliers dis- tribués entre les cordons et tubo-alvéoles pancréatiques. Dans la masse prin- cipale du tis.su lymphoïde, e.xistenl de nombreux capillaires sanguins, dont nous n'avons repré..\it\Ks Di: P. lluvialiUs (A.m.mocète), de 14 cm. {l\'^. xiv et XV). Elles nous niunli'eiit la subdivi.^ioii du pancréas en une portion __ tixcJ-^.pfyi-oé t-nf. '7, J / i ùymji/i. tu/> (X^-if /l^yru^ FiG. XIV. — Larve de /'. Ihtviiililis (.^rninocéte). longue de l'i cm. (formol, lionia- toxyline et éosine). GO diamètres. Coll. Julin. Coupe transversale intéressant la portion cràniale du iiancréas. Le pancréas est pres(iue totalement représenté par des tul)o-alvéoles. Le tissu lymplioido est beaucoup plus réduit f|ue chez l'individu de 12 centimètres, 11 n'est plus repré.senté que [tar sa masse principale entourant la veine porto. Les capillaires (aii'-) logés dans la trame conjonctive, interposée entre les tubo-alvéoles pa.ncréatiiiues, se sont fortement dilatés et sont bourrés de nombreux lymphocytes. Nous navons représenté ([ue les plus volumineux d'entre eux. — c.ch., canal cholédoque; caji. s., capillaire sanguin; él>i(li. i)ciit , épitbélium péritonéal; /.. foie; int.a., intestin antérieur; t.luini'h-, tissu lymplioide; tub. (i(v. t'^i'i'i' , tubo-alvéoles pancréatuiues; r. />., veine porte. antérieure et une portion postérieure telles que nous les trou- verons réalisées chfv. r;i(liilt(\ En effet, une coupe transversale, passant par la partie anté- rieure ou cràniale de Torgane (fig. xiv), nous montre les tubo- 38 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DEVELOPPEMENT alvéoles entassés autour de la demi-circonférence droite de l'intestin. Par contre, dans la partie postérieure ou caudale (fig. xv), les tubo-alvéoles sont répartis en deux amas ventral et dorsal. La face latérale droite de l'intestin moyen est libre de iid. f Il i ù a il 'na net. . tuv. UCV /Ul-n\. FiG. XV. — Larve de /'. fluviatUis (Ammocète), longue de 14 cm. (formol, héma- toxyliiie et éosine), so diamètres. Coil. Julin. Coupe transversale intéressant la portion caudale du pancréas. Le pancréas est subdivisé en deux masses latéro- intestinales gui convergent vers le tissu lymphoide prolongeant vers l'avant le pli spiral. Ce tissu présente la même disposition que dans la figure xiv. Il en est de même pour les capillaires dilatés cjui entourent les tubo-alvéoles pan- créatiques. — c. (h., canal cholédoque; cap. s., capillaire sanguin; épith. périt., cpitliélium péritonéal; /., foie; int.a., intestin antérieur, tub. alv. paner., tubo- alvéoles pancréatiques.; v. p., veine porte. toute connexion avec le tissu pancréatique et n'est plus séparée du foie que par la cavité péritonéale réduite à l'état d'une mince fente. Di; PANCRÉAS CHEZ rETnOMVZON 39 Nous (levons Vdir, évidciiiiiiciil. dans rcUf disposilion riiidicc do la subdivision du panc['(''as en iiiif poiiion inassivo et un(! portion disséminée, telle que nous robscrvons chez l'adulte. Dans les deux parties de Toi gane, les luljo-alvéoles plongent dans une trame conjonctive, parcourue pir de nombreux capil- laires sanguins, mais dépourvue de ces cordons de tissu lym- plioïde que nous observions au stade précédent (fig. xui). Ce stade se caractérise donc, non seulement par le fait que les tubo-alvéoles sont devenus coniijlèleinenl ei-eux. mais encore par l'énorme développement des capillaires cpii les entourent. Ces capillaires, de calil)re très irrégulier, sont bourrés de lym- phocytes, (pi'ils ont sans doule puisés dans le tissu lymplioïde qui précédennneid les entourait de toutes parts sous l'orme de cordons. Ils semblent donc fonctiomier ct)mme de véritables capillaires lymphatiques, et c'est, à notre avis, de cette façon que nous nous expliquons la disparition des cordons lyniphoïdes. Sur les figures xiv et xv, nous n'avons représenté que les plus volumineux de ces vaisseaux. Le tissu lymphoïde n'est plus représenté que par sa masse l)rincipale entourant la veine porte et en continuité en arrière avec l'amas lymphoïde du repli spiral. Le tissu conjonctif forme actuellement une cloison épaisse circonscrivant le cholédoque. Quant aux cavités des tubo-alvéoles, elles sont maiidenanl considérablement distendues. Sur l'individu que nous avons étudié et qui avait été fixé au formol, l'épithélium sécrétant est plus dissocié qu'au stade précédent, et de nombreuses cellules s'en sont plus ou moins complètement détachées, pour proé- miner dans la lumière qu'il délimit-e. Toutefois, on est en droit de se demander s'il s'agit d'un état normal ou plutôt dun défaut de conservation du tissu glandu- laire pancréatique, il convient cependant de remarquer que les tissus voisins, intestin et foie notamment, ont conservé un aspect bien normal. Sur un exemplaire de P. Planeri adulte qu'a bien voulu nous confier AL le professeur Vialleto-N, et qui lui aussi avait été conservé au formol, on retrouve une disposition semblable de l'épithélium sécrétant du pancréas. 40 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DEVELOPPEMENT V. — CONCLUSIONS GENERALES RELATIVES AL DEVELOPPEMENT DU PANCREAS DE PETROMYZON Nos études relatives aux premières phases du développement du pancréas de Pctroimjzon ont porté, d'une part sur des em- bryons et des larves provenant d'une culture de P. Planeri, d'autre pai't sur des larves de P. Iluviatilis. Tout ce matériel était en excellent état de conservation. Dans un premier paragraphe du présent chapitre, nous expo- serons les considérations générales résultant de nos études sur les premières phases du développement de l'organe qui nous occupe. Le second paragraphe sera consacré à des considérations gé- nérales concernant les phases ultérieures. I, — ■ Premières phases du développement C'est au stade de 5 mm., chez P. Planeri, le foie déjà complè- tement séparé de l'intestin sauf au niveau de l'abouchement du cholédoque, qu'apparaissent, tardivement par conséquent, les trois ébauches de l'organe que nous considérons comme le pancréas. Elles se forment sinmltanément. Deux d"entre elles, les ébau- ches intestinales, dorsal^ et ventrale, naissent respectivement d'une zone ventrale et d'une zone dorsale de l'intestin moyen, à la partie initiale de ce dernier. Le troisième, l'ébauche cholédocienne, naît d'un point bien déterminé de la paroi épithéliale ventrale du cholédoque. Chez P. Iluviatilis, les ébauches intestinales ventrale et dorsale se montrent chez une larve de 11 nmL Quant à l'ébauche cholé- docienne, elle apparaît plus tardivement encore, mais pourtant avant que la larve ait atteint 18 mm. A. Ebauches intestinales. Les ébauches intestinales émanent de l'origine de l'intestin moyen, au niveau de deux zones répondant aux bourrelets d'in- vagination de l'intestin antérieur dans l'intestin moyen. Elles débutent par une différenciation des cellules profondes de l'épithélium intestinal, qui, d'abord plus ou moins isolées, se groupent ensuite en deux bandes, l'une dorsale l'autre ven- trale, qui croissent plus tard caudo-crànialement. En se développant, ces deux bandes deviennent de véritables cordons pleins, qui prennent un aspect moniliforme. DU PANCRÉAS CHEZ PETROMVZON il Au fur et à mesure de leur acci'oisseuieiil, ces cordous su- bissent une sorte de rotation de dehors en dedans (i)ar rapijori à l'axe de la lumière intestinale), qui, de la périphérie des bour- relets, les porte d'abord à leur souimet (stades de 20 et 21 nnu.), puis en dedans dans le fond du sillon (riuvagination (stade de .j'i mm.). Ce déplacement des cordons pancréatiques est tonction du développement nirine des bourrelets, accru peut-être par la différenciation de la i)orlion terminale de rintostin antérieur en estomac. La poussée se fait d'une façon continue pendant une assez longue période du dévelopi)ement. si nous nous en référons du moins à ce qui se passe chez P. iluvintilis, où nous avons pu la poursuivre depuis le stade de il mm. jusqu'à 21 mm. Au stade où la larve est longue de 34 mm., elle a cessé et les deu.x cordons pancréatiques intestinaux sont complètement détachés de leur lieu de formation. La formation des cordons pancréatiques d'origine intestinale résulte de la différenciation, au niveau des bourrelets, d'un véri- table (( cône d'émission » nettement localisé. Au niveau (]u lieu d'origine des ébauches pancréatiques intes- tinales, l'épitlK'liuni des cônes d'émission se délamine en une assise profonde di^ cellules claires, dont les noyaux moyenne- ment chromatiques sont intermédiaires entre les noyaux à gros karyosome et les noyaux pâles des cellules de l'épithélium avoisinant. Il est impossible de dire si les éléments cellulaires pancréatiques proviennent des cellules à gros karyosome ou des cellules à noyau pâle qui constituent l'épithélium intestinal l)rismatique simple. Nous sommes pourtant assez tenté d'admettre qu'ils pro- viennent plutôt des cellules à gros karyosome. Les ébauches pancréatiques sont donc, dès le début, des ébauches pleines et non des diverticules creux de l'épithélium de l'intestin moyen. B. Ebauche cholédocienne. L'ébauche cholédocienne iMuane de la paroi ventrale du cho- lédoque, au voisinage de ral)ouchement de ce conduit. Rlle atteint son apogée. chez les larves de 20 à 21 nun. de P. fluiùntilis, au moment même oi^i les deux ébauches intestinales sont le plus développées. Enfin, à cette ébaïu'he cholédocienne principale s'en ajoute-t-il ultérieurement une autre ? Nous le pensons, pour avoir constaté, 'l2 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT au stade de 34 mm., une vésicule paracholédocienne isolée, née sans doute précédemment du conduit hépatique. C'est, en tout cas, hypothèse vraisemblable, en considération des faits observés chez d'autres Vertébrés, où ces formations ont reçu le nom de pancréas accessoires. Gomme les cordons d'origine intestinale, l'ébauche cholédo- cienne constitue un bourgeon plein résultant de la prolifération de l'épithélium du canal hépatique. En aucun cas, il n'y pénètre de diverticule de la lumière de ce conduit. Nous avons pu croire le contraire au début de nos observations, en remarquant, sur certaines coupes transversales au stade de 20 mm., une légère pointe de la lumière du canal vers le bourgeon pancréatique. Il ne s'agissait, en réalité, que de vagues échancrures ou failles, impossibles à interpréter dans le sens de diverticules vrais, et attribuables sans doute à un étirement artificiel du mince épithélium canaliculaire par le volumineux bourgeon proliférant. II. — Phases ultérieures du développement Que se passe-t-il, du stade de 2i mm. qui nous montre la formation des deux groupes d'ébauches pancréatiques : cholé- docienne et intestinales, jusqu'à celui de 12 cm. oi^i nous obser- vons la constitution d'une colerette périintestinale occupant, dans le sillon d'invagination, les 4/5 du pourtour de l'intestin. Evidemment, la jonction et l'interpénétration par croissance des deux ordres d'ébauches, que nous voyons déjà se dessiner, au stade de 21 mm., par la progression des cordons intestinaux vers le canal cholédoque. Mais, nous n'avons pas saisi sur le fait ce processus, qu'il serait intéressant d'étudier ultérieurement. Quoi qu'il en soit, l'anneau pancréatique, à la formation. duquel nous venons d'assister, va en se compliquant anatomiquement et en se différenciant histologiquement. Anatomiquement, les cordons pancréatiques se multiplient et, bourrant l'intervalle entre l'épithélium intestinal et la splanchno- pleure, se groupent topographiquement : partie du côté du foie, où ils formeront, chez l'adulte, le pancréas massif; partie du côté du tissu du pli spiral, où ils s'essaimeront en îlots séparés. Bien que très éparses et fort incomplètes soient les données que nous avons pu recueillir sur la sécrétion dans les tubo- alvéoles du pancréas chez FAmmocète de P. Iluviatilis et chez DU l'ANCRÉAS CHEZ PETROMYZON ^l3 radulLo (le /^ Phninl cl de P. niarinus^ elles sunl ccpeiukinl suffisantes poui' nmis permettre de conclure que, dans les cel- lules épithéiiales, se forment de Pmes granulations. Kn dépit de la sécrétion purement endocrine de l'organe, les cellules sécré- tantes du pancréas de P. marinus montrent, dans les alvéoles dilatés, un cône apical Ixiu rré de Pmes granulations, ra|»i)elanl les grains de zymogène des cellules pancréatiques, tels qu'on les observe chez la i)liip;n'l des antres Vertébrés. Le matériel que nous avons en à notre disposition ne nous a pas permis de résoudre la question de savoir comment s'exécute le foncfiiinncmont de cette glande si particulière : construite sur le type exocrine, et pourtttre un doute sur l'existence d'un pancréas chez l'Ammocète, et conclure que cet organe « ne s'y est pas encore isolé en une glande spéciale. » Mais, depuis, GIAC0^nNI a, en 1900, décrit avec précision, chez P. marinus^ un organe cjui est un pancréas par sa situation et 44 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DEVELOPPEMENT par ses rapports autant que par sa structure. Laguesse, après examen d'une préparation de Giacomini, croit que « l'organe est bien le représentant du pancréas. » Nous constatons une structure identique sur l'individu de P. marinus que nous avons examiné. Et nous retrouvons le même organe chez P. Planeri. Un pancréas existe donc chez les Pétromyzontides. Bien plus, Maas décrit, en 1896, un organe pancréatiforme chez les Myxinoïdes : Mycine et Bdellostoma. Anatomiquement, le pancréas des Gyclostomes adultes est donc hors de conteste à l'heure actuelle. Il est, dès lors, logique d'en chercher l'homologue, embryo- géniquement, dans l'organe que nous voyons se dessiner topo- graphiquement en la même région, et dont nous suivons les principales étapes jusqu'à la constitution de l'organe adulte. Considérons à ce point de vue le développement morpholo- gique de l'organe. considérations MORPHOLOdlQUES L'organe que nous décrivons apparaît, à l'origine de l'intestin moyen, en la zone de différenciation, habituelle chez tous les Vertébrés, des glandes annexes, et il y forme avec le foie une zone annulaire hépato-pancréatique, suivant l'expression de Weber. Bien plus, il y naît par deux groupes d'ébauches : intestinales et cholédocienne, qui nous rappellent aussitôt les pancréas, dit dorsal et ventral, des autres Vertébrés. Nous savons, en effet, que dans tout le phylum des Vertébrés, le pancréas se développe par deux sortes d'ébauches : 1° Les unes, évagination de la paroi dorsale de l'intestin ; 2° Les autres, émanation du canal cholédoque ou de la portion contiguë de la paroi ventrale de l'intestin. Chez les Sélaciens, l'ébauche intestinale ou dorsale existe seule, comme s'accordent à le démontrer les travaux de Balfour, de Hammar, de Brachet, de Mayr, et de Choronshitzky chez Torpédo, ceux de Laguesse chez Acanthias. Il en est de même chez un Ganoïde {Acipenser rutlicnus) (Nicolas). Chez tous les autres Gnathostomes, une ébauche dorsale, intestinale simple ou double, et deux ébauches ventrales, le plus souvent cholédociennes, parfois intestinales (Laguesse, chez Truttn), l'une d'elles, la gauche, parfois atrophiée (Brachet, chez Lacerta et chez le Lapin), s'unissent pour former le pancréas. DU PANCRl^.AS CHEZ PETROMYZON 45 Nous observons doiic, drs les Cyelostonies, les deux groupes (l'ébauclies paiicrciitKiin's (pif nous retrouverons chez tous les (jîuathoslonies sanl les SrUu-ieiis i;l VAcipcnser (seules exceptions connues jusqu'à présent). lOtudions donc, chez les Cyclostonies, chacune d'elles au poinl de vue de son liuniologie avec celle des autres Vertébrés. Les ébauches pancréalupics sunl lialiiLuellenieiiL dénommées : dorsale et veidralc, en raison de leur topugrapliie preniièr(;. Kt ces termes équivalent aussi respectivement à ceux de : ébauches intestinales et cholédociennes. Or, nous avons vu cpie, chez les Gnathostomes, les ébauches ventrales pouvaient dériver, non du cholédoque, mais de la portion contiguë de Tintestin (Laguessi-:, chez Trutta) ; dans d'autres cas, leur i)oinl d'inii)lantation précis est dil'licile à dé- terminer. D'autre paiL nous avons observé, chez P. Plancri ei llufialilis, la naissance des ébauches pancréatiques à une période relati- vement tardive du tlévelojjpement où la torsion de l'intestin et la rotation du cholédoipie se sont faites, de telle façon que les dénominations topographiques : dorsal et ventral n'ont plus de signilication. Nous proposons donc de désigner, chez les Gyclostomes et chez les autres Vertébrés, les ébauches connue intestinales et cholédocienne, et de substituer aux dénominations de pancréas dorsal et ventral celles, plus morphologiques, de pancréas in- testinal et cholédocien. Etudions maintenant la valeur de chacune d'elles chez les Gyclostomes. A. Panci'éas inteslinal. A une époque du développement où le foie est formé et déjà isolé, la torsion de l'intestin effectuée et la rotation du choh'doque achevée, le pancréas apparaît par différenciation de la portion initiale de l'intestin moyen sous forme de deux bourrelets d'épaississement orientés dans le sens dorso-vehtral, se rejoi- gnant presque à droite, restant au contraire séparés à gauche par l'épaisseur du pli spiral. L'épithélium s'y stratifié, y prend des caractères particuliers que nous avons définis, et les cordons pancréatiques y naissent de cellules spéciales, d'abord disséminées sous la membrane propre, puis conglomérées en amas pleins. Il semble de plus que, des deux variétés de cellules qui cons- tituent l'épithélium intestinal, les cellules granuleuses à gros ^S RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT karyosome, vraisemblablement de fonction glandulaire, donnent naissance à des cellules pancréatiques. Nous observons donc, cliez les Gyclostomes, ou tout au moins chez les Pétromyzontides, le passage des cellules de Tépitliélium intestinal aux cellules pancréatiques. Mais, déjà chez ces Ver- tébrés considérés comme les plus inférieurs, nous voyons la l)i'olifération pan créa togène, non point « étendue à tout le pour- tour du point où l'intestin antérieur se continue dans l'intestin moyen » connue le pense Braciiet, mais localisée en deux zones ])ien déllnies, les cônes d'émission ou pseudo-bourrelets d'inva- gination. La différenciation de l'organe pancréatique s'est donc déjà affirmée et nous éloigne du type primitif conçu par Mayr, dans lequel, chez les ancêtres des Sélaciens, aurait existé non une glande pancréatique distincte, mais un épithéliuui différencié dans le sens sécrétoire, une « zone pancréatique » de l'intestin. C'est cette conception que Kupffer a étendue à toutes les glandes annexes de l'intestin moyen, issues, pour cet auteur, d'une différenciation fonctionnelle et morphologique d'une for- mation fondamentalement unique, s'étendant le long de l'intestin moyen, et à laquelle Laguesse a donné corps en appliquant aux ancêtres des Vertébrés le terme d' a hépato-pancréa§ » qui désigne, chez les Invertébrés, une glande semble-t-il corres- pondante au foie et au pancréas. Néanmoins, nous retrouvons, chez Petromyzon, la trace très évidente de cette extension primitive de la région pancréatique. Kupffer, tout en décrivant chez l'Ammocète trois ébauches pancréatiques dorsale et ventrales, a éloigné les Gyclostomes du type primitif qu'il avait conçu, en limitant ces ébauches à des évaginations localisées, l'intestinale en particulier à la partie médiane de la paroi dorsale de l'intestin. Au contraire, en constatant l'existence de deux zones de pro- lifération, étendues d'abord aux trois quarts de la circonférence intestinale, puis massées dans les bourrelets dorsal et ventral, nous surprenons sur le fait le processus initial de différenciation glandulaire de l'épithélium intestiniil en voie de localisation. Les Gyclostomes nous offrent, dès lors, une transition inté- ressante entre le type primitif supposé et celui des autres Vertébrés. Chez tous lès Gnathostomes, en effet, le pancréas intestinal naîtra désormais d'une ébauche dorsale miique et localisée. DU PANCRÉAS CHEZ PETROMYZON M Hâtons-nous cepcnihml de signaler les reslrictions ù ce schéma classique. D'abord au point de vue du nombre : eu elTet, dans certains cas, il est dillicile de saisir la part qui revient au cholédoque ou à l'intestin lui-même dans la formation des ébauches ventrales; chez Trulta, Lacuesse montre celles-ci naissant l'raiichement de l'intestin. I^nsuite, ;ui \)o\\]l di' mic de la localisation : il fiiul imayinci'. en ('Het, (pi'imc cNagination limiléo de l'inLcslin c.sl pi'écédr»' par un épaississement de sa paroi parfois fort étendu. Laguesse montre, chez les Sélaciens, l'ébauche dorsale du pancréas constituée, au début, par un épaississement de la paroi épithéliale sur une certaine longueur, précédant l'apparition d'une gouttière, d'abord sans limites nettes, puis creusée en diverticule. C'est le « stade prcdivcrticnlaire » (Weuer). Weber est parti de cette notion i)0ur rechercher, chez les Amniotes, à une période où le rudiment de l'organe n'est pas encore isolé sous forme de diverticule, les traces de la dilTéron- ciation glandulaire de l'épithélium. C'est ainsi qu'il a pu melli'e en évidence, dans rontogénèse des Vertébrés supérieurs, l'exis- tence d'une « zone anmilaire-hépalo-pancréatique » analogue à la zone hépato-pancréalique admise par Mayp. et Kupi fku comme le typ(; phylogénique des 'Vertébrés. Poussant pins loin l'analyse, cet auteur est parvenu à déceler une disposition segmentaire des ébauches hépato-pancréatiques : le pancréas dorsal des Amniotes, en particulier, dériverait de quatre paires de segments. Remontant de ces constatations à une conception d'ensemble, il imagine, hypothétiquement, que la formation indifférenciée considérée par Klpffeu connue représentant, chez les ancêtres des 'Vertébrés, les glandes annexes de l'intestin moyen, était essentiellement constituée par des séries d'unités glandulaires, segmentaires ou « adénomères, » diverticules de la région anté- rieure de l'intestin moyen, en rapport soit avec la corde, soit avec le cœlome, soit avec le système veineux intestinal. II serait peut-être possible de retrouver, chez les Cyclostomes, un arrangement segmentaire dans les cellules basâtes que nous voyons à l'origine des cordons pancréatiques. Nos études n'ont pas été poussées dans ce sens. Quoi qu'il en soit, les ébauches intestinales doubles des Pétro- myzontides nous apparaissent connue les homologues du pan- créas dorsal des autres Vertébrés. 48 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT Aussi proposons-nous de substituer à cette dénomination topographique celle morphologique de pancréas intestinal. Elles en diffèrent en ce qu'il s'agit, chez les Cyclostomes, de bourgeons pleins sans participation aucune de la lumière intes- tinale, par opposition aux diverticules creux qui les constituent chez les autres N'ertébrés. Mais la différence s'atténue si l'on considère, chez ces derniers, la période prédiverticulaire. B. Pancréas cholédocien. Tandis que, chez les Gnathostomes, les ébauches pancréa- tiques, dites ventrales, se présentent comme deux évaginations creuses du canal cholédoque, nous nous trouvons en présence, chez P. Planeri et chez P. Iluviatilis, de bourgeons pleins déve- loppés sur la paroi. Considéré à un stade déterminé, le bourgeon est unique et constitue une ébauche contemporaine des ébauches intestinales. Bien plus, nous observons, à un stade tardif (3i mm.), une vésicule panacholédociennc isolée, qui nous donne l'impression d'un de ces bourgeons pancréatiques accessoires tardifs décrits par Debeyhe chez le Rat. Quelle est sa destinée ? Sépiirée de ses connexions cholédociennes, s'ajoutera-t-elle à la masse principale ou fonctionnera-t-elle isolément comme masse endocrine ? Nous ne pouvons naturellement le préciser. Quoi qu'il en soit, nous voyons dans cette particularité un rapprochement entre le mode de développement de la glande des Cyclostomes et celui du pancréas de certains Vertébrés supé- rieurs, qui resserre encore l'homologie. Nous savons que, chez Mijjine et chez BdcUostoma^ le pan- créas cholédocien est, à l'état adulte, le seul existant. Or, chez Myxine, il se montre formé d'une série de vésicules abouchées isolément dans le cholédoque, et appendues à sa paroi d'une façon qui rappelle singulièrement les figures de Debeyre concernant les bourgeons accessoires. Chez Bdellostoma^ un degré de plus s'est produit dans la différenciation de l'organe : les vésicules se sont groupées en lobules et lobulins s'ouvrant dans des conduits diverticulaires du cholédoque. Ces variétés sont encore intéressantes à rapprocher des faits précédents. Au point de vue topographique, les ébauches pancréatiques se produisant, chez P. Planeri et fluviatilis, à une époque où la rotation du cholédoque s'est effectuée et a reporté à gauche DU PANCRIÎAS CIIKZ PETROMYZON ''i9 rabouchenieiit du canal, il ne peut cire question de pancréas ventral, et la dénomination morphologique de pancréas cliolé- docien est ici aussi préférable. CONCLUSIONS Le pancréas, chez les Cyclostomes, est resté longtemps ignoré. A l'heure actuelle, sa structure reste imprécise et son dévelop- pement méconnu. C'est à son étude chez Pelroimjzon (]ue nous nous sommes attaché. I. — Le pancréas, chez Pctioinijzon, est un organe glandulaire, situé à l'origine de l'intestin moyen et l'orme de deux portions : L'une, antérieure ou cràniale, conglomérée, logée dans une échancrure du foie et séparée de cette glande, soit par un pro- longement du péritoine, soit par une mince lame conjonctive : c'est le pancréas massil, intra-hépatique. L'autre, postérieure ou caudale, dissociée en lobulins épars dans les plis de la muqueuse intestinale et Unissant en îlots séparés dans le tissu lymphoïde qui prolonge en avant le pli spiral : c'est le pancréas disséminé, périintestinal. Cette disposition topographique se retrouve chez beaucoup de Poissons osseux. llistologiquement, c'est une glande formée de tubo-alvéoles sécrétants, logés dans un tissu conjonctif abondamment pourvu de capillaires sanguins : ils sont tapissés d'un épithélium pris- matique simple, disposé de façon à déverser le produit de sécré- tion dans la lumière des alvéoles. R,ien ne rappelle les îlots de Langerhans du pancréas des Vertébrés supérieurs. Cette glande, construite sur le type exocrine, est cependant totalement dépourvue de conduits excréteurs. Elle fonctionne donc sur le mode endocrine et rappelle, à cet égard, le corps thyroïde. Des recherches spéciales seraient d'ailleurs nécessaires pour en préciser la structure. Nous avons eu surtout en vue le développement morpholo- gique. IL — Le pancréas, chez l'Ammocète, se développe par doux groupes d'ébauches : intestinales et cholédocienne. Les ébauches intestinales, résultant d'une différenciation des cellules basales de l'épithélium intestinal, se condensent en deux cordons, dorsal et ventral, réi)ondant aux bourrelets d'invagina- tion de l'intestin antérieur dans l'intestin moyen. Mém. Soc. Zoul. de France, 1913. XXVI — * 50 RE,CHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT L'ébauche cholédocienne se forme par bourgeonnement de la paroi du cholédoque, au voisinage de l'abouchement de ce conduit dans l'intestin moyen. A cette ébauche principale s'ajoutent peut-être un ou plusieurs bourgeons accessoires tardifs, analogues à ceux décrits par Deueyre, chez le Rat. Nous pensons en avoir observé un chez la larve longue de 34 mm. Toutes ces ébauches sent pleines, sans aucune participation de la lumière du canal. En se réunissant, elles forment une collerette pancréatique périintestinale, qui pousse crànialement (pancréas massif) et caudalement (pancréas disséminé), en même temps que les cor- dons, pleins à l'origine, se creusent secondairement d'une lumière plus accentuée en certains points, d'où la glande tubo- alvéolaire de l'adulte. III. — L'organe que nous décrivons, chez Petromijzon, est morphologiquement un pancréas parce qu'il naît, distinct du foie, à l'origine de l'intestin moyen, en la zone de différenciation habituelle des glandes annexes de l'intestin moyen, par deux ordres d'ébauches, intestinales et cholédocienne, analogues aux pancréas dorsal et ventral des autres Vertébrés, qu'il vaudrait mieux dénommer pancréas intestinal et pancréas cholédocien Mais rien ne nous permet d'affirmer que cet organe, évidem- ment glandulaire, fonctionne réellement comme un pancréas : son étude histo-physiologique est à faire. IV. — En résumé, les faits que nous apportons, concernant le pancréas chez Petromyzon. sont, en dehors de la confirmation de l'existence de cet organe encore insuffisamment connu chez l'adulte, son mode de développement aux dépens de deux groupes d'ébauches intestinales et cholédocienne. Les ébauches intestinales, inexactement interprétées par KupFFER, entrevues depuis par Braciiet, n'avaient pu être affir- mées par cet auteur comme représentant le pancréas chez l'Am- mocôte. Les divers stades de leur développement n'avaient pas été suivis. L'ébauche cholédocienne n'avait pas été décrite (une ligne de GiACOAnM permet seule de penser que cet auteur en connaissait l'existence). DU PANCRKAS CHEZ PETROMV/.ON 51 De la connaissance de ces deux groupes d'ébauches, nous concluons morphologiquement à l'homologie entre l'organe de Pctrouuizon el le pancréas des autres Vertébrés. De plus, une ébauche cholédocienne tardive semble pouvoir être rapprochée des bourgeons pancréatiques accessoires décrits par Dkmkvkk die/ le Rat. EXPLIGx\TION DES PLANCHES I.-IV. Lettres ronnivims à toiitfs It'x fîgvres. 0-0 aorte. art. br artère braiir'iiale. a. hèp artère hépatique. lirt.int.d bourrelet intestinal dorsal. brt.int.v bourrelet intestinal ventral. c.ch canal cholédoque. c. }rei) canau.x hépatiques. c. paner, int. ft... cordon pancréatique intestinal dorsal. c. paner, int.v.. cordon paii:réatique intestinal ventral. e r. s cellule rouge du .sang. c.W^ portion du canal de Wolff interposée entre le pronéphros et le mésonéphros. C.W^ partie du canal de Wolff correspondant au uiésonép.'iros. cap. s capillaire sanguin. caps, hép capsule hépatique cart. br cartilage branchial. cart. pér cartilage péricardi()iil. — 30. — airo-FischciiUW-j;. (^.YPRiNonoNTiD.E. . 31. h'iiiidulus taeniopvgus ïïilg. — .. 32. Haplochilus pumilus Boul. Anabantid.e *33. Anabas Murici Boul. (5). (I) M. BouLENCER (The Fishes of the Mie, 1907, p. 153) regarde les Pdissums rapportés par moi à ceUe espèce comme intermédiaires à G. macrolc-indotus Pcters et G. cyprinoides L. (9) Cette espèce est tout à fait voisine de linrhus marequensis A. Smith du sud de r.\frique à laquelle j'avais primitivement rapporté l'exemplaire de M. Alli'.mid. (3) Cette espèce est intimement liée au B. intcrmedius Rùppell du lac Tsana, des liauts tributaires du Nil bleu, de l'Omo et du lac .Abaia. (4) M. lîoiLENGER (Cat. Fresh-wat«r FLshes Africa. II, 1911, p. 11.5), se rangeant à ma manière de voir, fait rentrer dans le B [laludinosus son B. tnacroiiristis du lac Victoria. (5) Cette espèce a été .séparée par M. Boulenger {Aiin. Nat. Hisl. (7) XVIII. 1906, p. 3'i8) de l'Aunbns Petlicrici Oiinther, au(iuel j'avais rapporté en 1905 l'exemplaire récolté par M. Alluaud. 60 D'' J. PELLEGRIN CiCHLiD/E *34. Paratilapia longirostris Hilg. — *35. — prognatha Pelleg. — *36. — maculipinna Pelleg. — 37. — Bayoni Boul. — 38. — parvidens Boul. — *39. — serranus Pfeffer. — 40. — pectoralis Boul. — .. *41. — irictoriana Pelleg. — *42. — Granti Boul. — 43. — cinerea Boul. — 44. — bicolor Boul. — 45. — vetrodens Hilg. — 46. — poiyodon Boul. — 47, — cvdssilabris Boul. — 48. — (icstri Boul. — 49. — chïlotes Boul. — 50. Pelmatochromis caviirons Hilg. — 51. — Speki Boul. — 52. — llavipinnis Boul. — 53. — microdon Boul. , — 54. — riponianus Boul. — 55. — obesiis Boul. — 56. Platylœniodus Degeni Boul. — *57. Astatotilapia Jeanneli Pelleg. — *58. — Guiarti Pe\\eg.{i). — *59. — Boherti Pelleg. — 60. — percoides Boul. (2). — *6l. — nigrescens Pelleg. — 62. — strigigena Pfeffer. — 63. — Desfontainesi Lacépède. — *64. Astatoreochromis Alluoiidi Pelleg. — *65. Tilapia Stanlcyi Boul. (3). — *66. — Ishmaeli Boul. — *67. — nucliisquamulala Boul. — *68. — Martini Boul. — 69. — Bayoni Boul. — 70. — pallidaBoul. . — *71. — lacrimosa Boul. (1) M. BouLENGER met cette espèce dans le genre Paratilapia. (2) M. BoiiLENGER place cette espèce et les sept suivantes dans le genre Haplo- chromis Hilgendorf. (3) J'ai distingué dans cette espèce en dehors des formes typiques une variété spéciale la var. unilormis Pellegrin, 1909. POISSONS DU I,AC VICTORIA 01 CiniiLiDK 72. 'I'il;)|)i;i macrops Boni. — *73. — Perrieri Pellc{5^ — 74. — liumiLior Boni. — *75. — nubila Boul. — 76. — nigricans Boul. — 77. — simotes Boul. — *78. — nilotica L. — *79. — galilaea Artédi (1). — 80. lleinitilapia Bayoni Boul. — *81. — materlamilias Pell('l,^ — 82. Bayonia xenodonta Boul. Mastacembelid/E. 83. Mastacembelus Victori[v Boul. On arrive ainsi aujourd'hui, non plus comme en 1909, au total de 05 espèces de Poissons habitant le lac Victoria, mais bien de 83, dont 64 spéciales. Il n'est pas sans intérêt d'examiner maintenant comment les l'ornies se répartissent proportionnellement à rimportance de chaque famille et de comparer la faune du Victoria (2) à celle du reste de rAfrique (3). La petite l'amille des Lépidosirénidés qui ne compte en Afrique que trois espèces, est normalement représentée dans le Victoria |)ar une forme de l'Afrique orientale à habitat assez étendu, le Protoptère éthiopien. Ces animaux semi-terrestres, — puis- (ju'ils passent la saison sèche enfouis dans la vase, — ne présentent d'ailleurs que peu d'intérêt au point de vue de la distribution géographiiiue ; leurs mœurs, en effet, leur per- mettent daller assez facilement d'un bassin dans un autre. Les Mormyridés particuliers à l'Afrique et si différenciés dans le bassin du Congo sont assez réduits dans le Victoria avec \ genres et 5 espèces. Les Gharacinidés sont encore plus pauvres avec i genr(> cl 2 espèces seulement. C'est un fait ijui mérite d'attirer l'altention car les Characinidés sont excessivement réi)andns el \ariés dans les grands fleuves africains tropicaux. (1) BotiLENOER considère comme une espèce spéciale au Victoria le T. variabilis Uoiil. qui serait une forme intermédiaire entre le T. uilotira et le T. gaUlifa. U mo semble (pie ce Poisson ne peut guère constiiue4' qu'une variété de colorât ion de la dernière de ces deux espèces. (2) Dr J. Pellegrin. — Nouvelle contribution à la faune iclityologique du lac Victoria (C. R. Ac. Sci., CLV, 23 décembre 1912. p. l^M). (3) l)r J. Pellegrin. — Les Poissoits d'eau douce d'.\fri(pie et leur distribution géographiciue \('. R Ass. fr. Av. Sci), Dijon, 19(1. Publications séparées. 62 D'' J. PELI.EGRTN Les Cyprinidés présentent un développement relativement médiocre avec 4 genres et 12 espèces. Il n'est pas étonnant de voir arriver en tête le genre Barbeau, avec 9 espèces dont 7 spéciales; ce genre, en effet, est encore à l'heure actuelle en pleine évolution en Afrique où on en compte près de 200 espèces. Les Siluridés, également si nombreux dans les grands fleuves africains tropicaux ne sont pas mieux partagés que les Cypri- nidés avec 4 genres et 10 espèces. Les Clarias aux habitudes semi-terrestres dominent avec 5 espèces dont une seulement spéciale, le Clarias Alluaudi. Les migrations à terre de ces Poissons expliquent, comme i)0ur les Protoptères, leur disper- sion plus ou moins étendue. Les Cyprinodontidés sont très réduits avec 2 genres et 2 es- pèces banales, les Anabantidés avec une espèce aussi non par- ticulière au lac, les Mastacembelidés avec une espèca spéciale. A noter jusqu'ici l'absence dans le Victoria des Polyptéridés, Notopléridés, Ostéoglossidés, Gromeriidés, Ophiocéphalidés, Serranidés, Gobiidés, Tetrodontidés, qui existent pourtant dans le bassin du Nil. . Ce sont les Cichlidés seuls qui présentent un développement extraordinaire dans le lac. Le genre Paratilapia y compte, en effet, maintenant 1(3 espèces spéciales ; les Pelmatochromis, 6 ; les .[sUitotilapia, 7, dont 5 particulières; les Tilapia. 15, dont 13 propres au lac; les Uemitilapia, 2, aussi localisées. Enfin 3 genres ne comprenant qu'une espèce, Platylseniodus, Daijonia et Asta- toreochromis^ sont jusqu'ici particuliers au lac. C'est donc un total de 8 genres et de 49 espèces parmi lesquelles 4 seulement se retrouvent ailleurs; la famille des Cichlidés constitue à elle seule plus de la moitié des formes connues du lac. La conclusion qui se dégage de ces faits, c'est que le nombre des familles représentées dans le lac Victoria est relativement faible. Des familles très importantes en Afrique, connue les Mor- myridés, les Characidinés, les Cyprinodontidés n'y comptent que (juelques espèces, les Cyprinidés et Siluridés ne sont guère plus favorisés. La différenciation porte presque exclusivement sur les Cichlidés qui, là comme dans le Nyassa et surtout le Tan- ganyika, semblent n'avoir pas encore atteint un état d'équilibre stable et sont en quelque sorte demeurés en pleine évolution actuelle, comme je l'ai déjà remarqué dans mes précédents mémoires. Ainsi se trouve justifiée, pour les trois grands lacs de l'Afrique orientale, la création d'une sous-région zoogéogra- POISSONS or I.AO VICToiUA 63 phique parliculicre, ou incydiimniquc cquatoriale (jul' j'ai pro- posée en 1911 (I). Ces coiisidéraliûiis générales une l'ois (lonné(.'s sut' la fainic iclilyologiquc du lac. Victoria, il y a lieu d'aborder inainlcnani r(''lii(lc particidicre des matériaux rapportés de leur dernier voyage par MM. Alluai d et Jfannkl. Tous les Poissons ont élé capturés dans la baie de Kavirondo, à Port-Florence, gare ter- minus de riiganda raihvay, au nord-est du lac. ClLVRACLNlDyE. *1. Alesfks Sadleri Boulenger. li»0() (2). pix-luiit spécimens de 05 f 15 = 8U à 70 h 18 = 88 milli- mètres (3). Cette espèce est spéciale au lac Victoria et à son émissaire. Klle a été signalée, en elïet, récemment par Boulenger (4) à Jinja (Ripon falls), Kakindu (Nil Victoria) el Bululo (Lac Kioga). CYPRIN ID.E *2. BAiiurs Bayoni Boulenger, !i)ll. Vn spécinuMi de 82 + 10 (caudale mutilée) = 92 millimètres. D. III 9; A. III 5; Sq. ^^/'S'i/o^ Ce Poisson n'était juscpi'ici connu que par les 3 exemplaires types provenant de Jinja et de Kakindu. 11 est intéressant de le retrouver dans le lac même, dans la baie de Kavirondo. *3. Barbus Macdalene Boulenger, 1900. Quatre spécimens de 'lO + 10 -=50 à 43 -i- 11 = 54 millimètres. Celle petite esjjèce n'a élé rencontrée jusqu'ici que dans le lac même. *4. Neoroi.a aruentea Pellegriii. 190'». Cent soixanle-dix-sept spécimens de 17 + 3 = 20 à 'i8 + 9 = 57 millnnètres. {\) J. Pellegkin. — La ilistrihiition des Poissons d'eau douce en Africpie {(". li. Ac. ScL, 2'. juillet. 1911). (2) Les espèces figurant déjà dans les deux premiers envois de M. Alluaui) sont I)récédées du signe *. (3) Le premier chiffre indique la longueur du corps, le second celle de la nageoire caudale, le troisième la longueur totale. (4) Cl. -A Bui^LENGEH. — On a third collection of FIslies made by D"" K. Bayon in Uganda, 1909-1910 (Ann. Mus. Geiwva (3) V. (XLV), % maggio I9il, p. 64). 64 D'' .1. PELr.EGRIN Ce joli petit Poisson parait excessivement abondant à certaines époques dans le nord du lac Victoria et constitue une ressource alimentaire importante pour les indigènes. GIGHLID^. *5. Paratu.apia longirostris Hilgendorf, 1888. Un spécimen de 85' + 18 = 103 millimètres. M. BouLENGER vlcnt de signaler cette espèce à Jinja et Bululo. *6. Paratilapia prognatha Pellegrin, 1905. Deux spécimens de 128 + 27 = 155 et 90 +. 18 - 108 milli- mètres. Des individus rapportés par M. Boulenger à cette espèce ont été recueillis par le D"" E. Bayon à Bussu (lac Victoria), à Jinja (Ripon faits) et à Kakindu (Nil Victoria). 7. Paratilapia maculipixna Pellegrin, 1912. (PI. V, fig. 1). La hauteur du corps égale la longueur de la tête et est con- tenue 2 fois 3/4 dans la longueur sans la caudale. Le diamètre de l'œil égale la longueur du museau et est contenu 3 fois 1/5 dans la longueur de la tète, l'espace interorbitaire ne fait que les 3/4 du diaïnètre de l'œil, qui dépasse notablenieiit la hauteur de la partie écailleuse de la joue. La mâchoire inférieure est très fortement proéminente. Le maxillaire s'étend juste sous le bord antérieur de l'œil. Aux mâchoires se trouvent une rangée externe de dents pointues, plus volumineuses, suivies de deux rangées de petites dents coniques. 11 y a 3 rangées d'écaillés sur la joue, de grandes écailles operculaires. Les branchiospines modérées sont au nombre de 10 à la base du premier arc branchial, les inférieures sont coniques, les supérieures en forme d'enclume. Les écailles cténoïdes sont au nombre de 33 en ligne longitu- dinale, 6/12 en ligne transversale, 16 autour du pédicule caudal. La ligne latérale supérieure perce 19, l'inférieure 13 écailles. La dorsale comprend 15 épines à peine croissantes à partir de la sixième, la dernière faisant le 1/3 de la longueur de la tête, et 8 rayons mous. L'anale possède 3 épines croissantes, la dernière plus forte, mais pas plus longue que la dernière dorsale et 8 rayons mous. La pectorale pointue égale presque la longueur de la tête et atteint l'anale. Le rayon externe de la ventrale arrive à l'anale. Le pédicule caudal est 1 fois 1/3 plus long que haut. La caudale est subtronquée, légèrement arrondie. POISSONS DU LAC VICTORIA Go La coloration est brunâtre au-dessus, argentée sur les cotés et au-dessous avec une tache loncée operculaire fort nette et des traces de 5 barres foncées transversales sur les flancs ainsi qu'une ligne longitudinale médiane dans la moitié postérieure du corps. Sur la membrane interradiaire, dans toute l'étendue de la dorsale, on distingue deux rangées longitudinales de i>etites taclies noires arrondies. 11 en existe une rangée transversale sur la caudale et une sur l'anale molle. D. XV 8; A. III 8; P. 13; V. I 5; Sq. 6/33/12. N° 12 - 258. Coll. Mus. — Porl-I-'Iorcncc (Victoria Nyanza) : Alluaud et Jeannel. Longueur : 125 + 31 = 150 millimètres. Par sa mâchoire très proéminente, ce Poisson se rapproche de P. longirostris Hilgendorf et de P. prognatha Pellegrin, mais son œil est beaucoup plus grand proportionnellement, sa pec- torale plus longue, sa coloration différente; la dentition offre des rapports également avec celle de P. parvidcns Bout, de Jinja (Ripon falls), mais chez ce Poisson les mâchoires sont égales, l'œil plus petit. Le prognatliisine de notre espèce ne semble pas anormal, mais il peut être rapproché dans une certaine mesure de ce que l'on observe d'une façon tératologique chez divers Poissons domes- tiques (Carpes, Perches, etc.), déformation que l'on désigne sous le nom de Poissons à tète de Dogue ou à tête de Dauphin et pour laiiuelle j'ai proposé le terme de dclpltinisme {[). Il y aurait, chez certains Paralïhipia du Victoria, une différen- ciation dans le sens du prognathisme dont les termes seraient P. serranus Pfeffer, P. longiroslris Ililg., P. prognolha Pelleg., P. iiutcuUpinua Pelleg. 8. Paratilapia Oranti Boulenger, lOOtî. Deux spécimens de 90 + 20 = 110 et 80 + 20 = 100 milli- mètres. Chez ces individus les dents sont coniques, au nombre de 5 ou G rangées â chaque mâchoire. Il existe trois taches ocellées sur l'anale molle. Cette espèce spéciale au lac Victoria est connue de BimjaKo, d'Kntebbé et de liuganga. Elle est aussi citée de Jinja (Bipon falls). (1) Df J. Peli-Ecrin. — Sur uiio race nioiistnieuse de Perclios ilauphins observée en Seine à Pyrt-Vine/ (Bull. Soc. .l(iui(uUiiri-. l'JOS, p. 42). Mém. Soc. Zoûl. de France, 1913. XXVI — :. 66 D"" J. PELLEGRIN *9. AsTAToTii.APiA Gliarti Pellegriii, 1905. Un spécimen de 114 + 26 = 140 millimètres. L'individu porte une couvée entière dans la gueule; c'est une femelle mais à ovaires excessivement réduits. Les petits alevins à vésicule ombilicale complètement résorbée occupent toute la cavité bucco-branchiale, étroitement, pressés les uns contre les autres et dans les positions les plus diverses. Ils sont tous de grandeur sensiblement égale et mesurent 12 + 3 = 15 milli- mètres de longueur. Ils sont exactement au nombre de 26. J'ai déjà eu l'occasion de signaler l'incubation buccale dans cette espèce (1) chez une femelle de 147 mm. à deiits bi- et tricus- pides prédominantes. Chez l'individu étudié ici les dents de la série externe sont aussi bicuspides, les internes tricuspides. C'est là une raison de plus pour ranger ces Poissons dans le genre AstatotHapia et non Paratilapia, comme le fait M. Bou- LENGER. Je ne serais pas éloigné, d'ailleurs, de penser que chez la femelle il y ait tendance marquée au bi- ou tricuspidisme, mais le matériel n'est pas encore suffisant pour se prononcer avec certitude. Ce Poisson a été mentionné par M. Boulenger à Kidumino (6 milles de Bussu, lac Victoria), à Jinja et à Kakindu (Nil Vic- toria). Il atteindrait une longueur de 200 mm. 10. AsTATOTiLAi'iA RoBERTi Pellcgrin, 1912, (PI. V, fig. 2). La hauteur du corps est égale à la longueur de la tête et est comprise 2 fois 4/5 dans la longueur sans la caudale. Le diamètre de l'œil égale l'espace interorbitaire et la hauteur de la partie écailleuse de la joue et est compris 3 fois 1/2 dans la longueur de la tête. Le museau -est un peu plus long que l'œil. La mâchoire inférieure est très légèrement proéminente. Le maxillaire visible quand la bouche est fermée atteint presque le dessous du bord antérieur de l'œil. Les dents sont au nombre de 4 rangées aux mâchoires, la rangée externe plus volumineuse composée gé- néralement de dents bicuspides, les trois internes de dents tri- cuspides. On compte 5 rangées d'écaillés sur les joues; il y a de grandes écailles operculaires. Les branchiospines coniques sont au nombre de 7 à la base du premier arc branchial. Les écailles sont clénoïdes, au nombre de 32 en ligne longitudinale, 5/12 (1) Mém. Soc. Zool. France, 1909, p. 291. POISSONS nr i,.\c Victoria 67 en ligne transversale, IG auluur du ])éaicuk; caudal. La ligne latérale supérieure perce 20 écailles, Tinférieure 13. La dorsale comprend 15 épines légèrenieiit croissantes et 10 rayons mous, la dernière épine est contenue 2 fois i/3 dans la longueur de la lète. L'anale est lorniée de 3 é[)ines fortes et croissantes, la dernière aussi longue que la dernière dorsale et de 9 rayons mous. La pectorale pointue fait les -'i/o de la longueur de la tête et atteint l'anale. La ventrale à premier rayon mou lilamenteux arrive aussi à l'anale. Le pédicule caudal est l fois 1/2 aussi long que haut. La caudale est tronquée. La coloration est olivâtre sur le dos, argentée sur les côtés, blanc jaunâtre sur le ventre. 11 existe une tache opercuiaire bien nette et 10 fasciatures noires sur les côtés. La dorsale molle et la caudale sont ponctuées de foncé, les ventrales et l'anale jaunes. D. XV 10; A. III 9; P. 14; V. I 5; Sq. 5/32/12. N° 12 - 265. Coll. Mus. — Port-Florence (Victoria Nyanza) : Alluaud et Jeannel. Longueur : 94 + 21 = II") millimètres. Cette espèce que je me fais un plaisir de dédier au dévoué secrétaire général de la Société zoologique de France, M. Robert, se rapproche de VAstatotUai)la Guiarll Pellegrin, mais son corps est plus court et plus élevé, ses branchiospines moins nom- breuses à la base du premier arc, sa coloration dilférenle. Elle offre aussi des affinités avec Tilapia nucliisqiunnulidii Ililgen- dorf, mais dans cette espèce les branchiospines sont en plus grand nombre (8-10), le pédicule caudal plus court, les fascia- tures moins nombreuses. il. AsTATOTiLAPiA Jeanneli Pellegrin, 1912. (PI. V, fig. 3). La hauteur du corps égale la longueur de la tète et est com- prise 3 fois environ dans la longueur sans la caudale. Le diamètre de l'œil, un peu supérieur à la largeur interorbitaire, fait près du double de la i>artie écailleuse de la joue et est contenu 3 fois dans la longueur de la tète ou presque. Le museau est plus court que l'œil. Les lèvres sont développées; l'inférieure est interrompue en dessous. Los mâchoires sont de même longueur. Le maxillaire, à peine visible quand la bouche est fermée, s'étend jusqu"un peu au delà du bord antérieur de l'œil. Aux mâchoires les dents sont en 5 ou G rangées, les externes plus 68 D'" J. PELLEGRIN volumineuses ; les dents sont généralement coniques, mais peuvent être bi- ou tricuspides ; leur disposition présente aux deux mâchoires la l'orme d'un fer à cheval. Il y a 4 rangées d'écaillés sur les joues, de grandes écailles operculaires. Les branchiospines modérées, coniques, sont au nombre de 8 à la base du premier arc. Les écailles sont cténoïdes. On en compte 32 à 34 en ligne longitudinale, 6/12 en ligne transversale, 16 au- tour du pédicule caudal. La ligne latérale supérieure perce 20 ou 21 écailles, l'inférieure 12 ou 13. La dorsale est composée de 15 épines subégales à partir de la 5^ ou 6^ la dernière contenue 2 fois 1/2 dans la longueur de la tête, et de 9 rayons mous. L'anale comprend 3 épines croissantes, la troisième plus forte et égalant la dernière dorsale et 8 ou 9 rayons mous. La pec- torale pointue égale presque la longueur de la tête et atteint l'anale. Le rayon mou externe de la ventrale arrive aussi à l'anale. Le pédicule caudal est 1 fois 1/5 plus long que haut. La caudale est tronquée. La coloration est fort jolie. Le dos est olivâtre, les flancs et le ventre argentés. Il existe 2 lignes longitudinales noires sur les côtés, l'une en haut un peu au-dessus de la ligne latérale supérieure, l'autre médiane, nette et régulière s'étendant de la tache operculaire au milieu de la caudale. Les pectorales, les ventrales, l'anale et la caudale sont d'un beau jaune citrin. Il existe mie ou deux taches ocellées à la partie molle de l'annle. D. XV 9; A. III 8-9; P. 13; V. I 5; Sq. 6/32-34/12. N" 12 — 2(52 et 263. Coll. Mus. — Port-Florence (Victoria Nyanza) : Allu.\ud et Jeannel. Longueur : 75 + 18 = 93 et 70 + 17 = 87 millimèlres. Chez les jeunes, les séries de dents bi- ou tricuspides sont moins nombreuses, la disposition en fer à cheval beaucoup moins nette. L'œil est compris 2 fois 1/2 à 2 fois 3/4 dans la longueur de la tète. Les deux lignes longitudinales noires existent déjà, mais elles sont barrées transversalement par 8 à 10 fas- ciatures foncées. N° 12 — 264. Coll. Mus. 7 ex. — Port-Florence (Victoria Nyanza) : Alluaud et Jeannel. Longueur : 20 + 4 = 24 à 40 + 8 = 48 millimètres. Ce Poisson offre certains rapports d'aspect et de coloration avec Tilnpia Martini Boni., mais la dentition est différente, le pédicule caudal plus court. La disposition des dents chez l'adulte indique des afflnités avec le Platytœniodus Degeni Boulenger, POISSONS I)L LAC VICTORIA 69 1UU(). l'^ncoi'c mie de ces formes de passage si nombreuses dans le lac Victoria 1 Je diVlio bien volontiers celte espèce à M. Jrannki. qui accom- pagnait M. Alluaiu dans sa dernière expédition. 12. TiLAPiA IsiiMAKi.i Boulenger, 1906, Quatre spécimens de no + 12 = G2 à 91 + 23 = ll'i milli- mètres. Cette espèce i\\\r M. lioi LKNCioex md dans \(\ geni-c llaplo- cluomis, mais (|ue je crois mieux à sa i)lace avec les TUa\na, habite le Victoria Nyanza où elle a été recueillie à Buiijako, Va\- tebbé, aux îles Sesse, à Bussu. à Jiuja, et le Nil Victoria où elle a été rencontrée à Kakiudu. KUe {iratique rineubalioii buccale. *lo. Tu.APiA Stam.kvi Boulenger, var. uNn"0u>ns Pellegrin, 1909. Un spécimen de 05 + 15 = 80 n.iillimètres. Cette variété avait déjà élé recueillie par M. Alli aid lors (.le SCS deux précédents voyages. *l-'i. Tn.APiA Nrc.uisQiiAMir.ATA Ililgendorf. 1S,S8. Cinq spécimens de 78 + 17 = 95 à 95 + 22 =^ 1 17 millimètres. ('ctte espèce est une tics loianes spéciales du lae \ictoria les plus anciennement coimues et elle y est des plus comnmnes. *15. TiLAPiA LACHiMo.^ Rouleugcr, 1900. Un spécimen de 90 + 20 = 110 millimètres. Ce Poisson a élé signalé récemiiifiil par Bonjv\(;i;it à lUissu, Kidumino, Jiuja et Bululo (lac Kioga). *16. Tn.M'IA NILOTFCA LiiMié, I7()(i. Un spiM-imen de .'lO + 7 = 'i'\ millimèlres. Je crois pouvoir raiiporhu' à celle espèce ce tout jeune individu. 17. Hii>UTU.AeiA MATi;iuA.MU>iAs Pellegrin, 1912. (PI. V, fig. 4). La hauteur du corps est contenue 2 fois 1/2 à 2 fois 'i/^ (\'à\\)r, la longueur sans la caudale, la longueur de la tète 2 fois 3/''i à 3 fois. Le profil supérieur est arrondi. Le diamètre de l'oeil égale 70 D"" J. PELLEGRIN FiG. 1. — Dentition û'Hctnitilaina niaterfainilias. OU est un peu inférieur à l'espace interorbitaire et à la longueur du museau et est contenu 3 fois à 3 fois 1/2 dans la longueur de la tête. Les lèvres sont bien développées, l'inférieure largement interrompue en dessous. La mâchoire supérieure est légèrement proéminente. Le ma- xillaire visible quand la bouche est fermée s'étend jusque sous le bord antérieur de l'œil. La mâchoire infé- rieure, vue en dessous, est arrondie, non aiguë. On compte 5 ou 6 rangées de dents à la mâchoire supérieure, 4 ou 5 à l'inférieure (fig. 1); l'externe constituée par des dents plus volumi- neuses en forme de massue, à cou- ronne oblique, dirigée vers l'extérieur; les intei'nes de même forme surtout sur le côté ou coniques ou plus ou moins bicus- pides. Le nombre des dents est de 15 à 17 de chaque côté à la rangée externe de la mâchoire supérieure. 11 y a 3 ou 4 rangées d'écaillés sur la joue, de grandes écailles operculaires. Les bran- chiospines coniques sont au nombre de 8 ou 9 à la base du premier arc branchial. Les écailles sont cténoïdes, au nombre de 31 à 33 en ligne longitudinale, 6-7/11-12 en ligne transversale, '16 autour du pédicule caudal. La ligne latérale supérieure perce 19 à 22 écailles, l'inférieure 12 à 14. La dorsale est composée de 15 ou 10 épines légèrement croissantes, la dernière comprise 2 fois 1/4 à 2 fois 1/2 dans la longueur de la tète et de 9 rayons mous. L'anale comprend 3 épines fortes, croissantes, la troisième à peine plus courte que la dernière dorsale et 8 ou 9 rayons mous. La pectorale pointue atteint les rayons mous de Tanale et est égale ou un peu supérieure à la longueur de la tête. La ventrale à rayon externe filamenteux arrive à l'anale. Le pédi- cule caudal est 1 fois 1/4 aussi long que haut. La caudale est tronquée. La coloration est olivâtre sur le dos, argentée sur les côtés et le ventre, avec 7 ou 8 fasciatures foncées sur les flancs et une ligne longitudinale médiane noire plus marquée eu arrière. La tache operculaire est très nette. La dorsale et la caudale sont grisâtres, cette dernière plus ou moins maculée de foncé. Les pectorales, les ventrales sont jaunes, ainsi que l'anale dont la partie molle est souvent marquée de quelques ocelles. POISSONS Dr I.AC VlCTdHIA 71 D. X\-X\l '.»; A. III S-'.): i\ 13: V. 1 5; S({. G-7/;3l-3:]/l 1-J2. N° 12 — 278 à 281. Cx.ll. Mus. i- ex. — Porl-FIoroiice (Vicluti.i Nyanza) : Ai.i.i'AUD et .Ieannel. Lon{,'ueiir : 110 i 28 = 138, lUO + 22 = 122, llX) + 22 = 122 et •JG + 21 = 117 iiiilliiiiùircs. (^cttc espèce, la troisième connue du genre, se rapproche de l'Hcinililapia IJtiijoni Boulcnger (1) de Bugala, dans les îles Sesse (Victoria Nyanza). Elle en diiïère cependant par sa dentition (15 ù 17 dents de chaque côté en haut, an lieu de 27-.'5()), son proTil supérieur arrondi, sa pectorale plus longue, son pédicule caudal plus court. Chez 17/. o.rijiliijiiclnts Boulenger (2) du lac Nyassa le museau est très pointu. L'un des individus types de noire espèce (12-278) a encore dans le fond de la cavité buccale 15 alevins de 10 + 1 = 11 millimèlrcs. à vésicule ombilicale presffue résorbée ; ceux-ci ne constiluenl ([u'une couvée incomplète. L'autopsie montre une femelh^ à ovaires médiocrcMuent développés, les ovules les plus volumi- neux atteignant au plus 1/2 millimètre de diamètre. J'ai donné le nom de nintcrfamilias (8) à cette intéressanle espèce pour rappeler la particularité physiologi(ine curieuse qu'on retrouve chez bon nombre de femelles de Cielilidés afri- cains ou syriens et qui consiste à assurer le dévelnpi^'uicnt des lenl's et des jeunes en les abritant dans la cavité bucco-bran- chiale. En dehors de ces Poissons du lac Nictoria. MM. Almai n et jE.\N.MiL ont recu(Mlli dans l'île de Zanzibar, aux grottes de Man- gapwani, une Anguille. C'est ['AïKjuUhi vircsccns Peters, que dans son travail récent Max Welîer ('i) place dans la synonymie de \'An(juiU(i anslnilis Pxirhardson, espèce indo-pacilique à ha- bitat très étendu. (1) Ann. Mus. Genovu (3i, IV (XLIV), 10 novembre 1908, p. 6. (2) Ann. Nat. llist. 7 (X) 1902, p. 70. (3) LoRTKT (C. R. Ac. Sci., LXXXI. 1S75. p. 1197) avait donné le nom de Chroinis tidlrrfwiiiilhts à une Tilapie, le THaitid Simonis Cîunther du lac de Tibériade. J'ai montré {.M cm. Soc. Zool. France, 19<>3 ( 190/1). p. 70) que dans cette espèce, ain.si que dans l'immense ma,jorité, sinon la totalité des Cichlidés africains incubateurs, c était la femelle et non le mâle (|ui se chargeait des œufs et des jeunes. (4) Max Weder. — Versuch einer Revision der indopaciflschen Anguillidae (Zool. Jahrb. Supi). XV-I, 1912, p. 5931. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES NEREIS DE LA RÉGION DE ROSCOFF PAR Emile REGNARD INTRODUCTION Dans ce travail, je n'ai pas la prétention de donner une liste complète des espèces de Nereis vivant dans la région de Roscoff, étant donné le peu do temps, un mois environ, que j'ai pu passer dans cette station. Je ne pouvais non plus, dans un si court laps de temps, compter faire une révision systématique avec les matériaux forcément assez restreints que je recueille- rais, ni trouver des espèces ou variétés nouvelles à la région, étant donné, d'autre part, que la faune des Nereis a déjà été étudiée d'une manière très approfondie dans la Manche . Je citerai en particulier les travaux de de Saint- Joseph (1888, 1895, 1898, 1906) portant sur la région de Dinard et sur divers points de la côte bretonne dont certains très proches de Roscoff, Pem- poull et Brignogan, par exemple, A Roscoff même, la faune des Vers et en particulier celle des Nereis a été également étudiée par plusieurs auteurs dont voici les principaux : Grube (1870), dans une liste des Invertébrés marins de Saint- Malo et Roscoff, cite Nereis irrorata, N. DumeriU, N. cultrilera, N. Marioni. M. le professeur Pruvot (1897) cite pour la région de Roscoff la Nereis Dumerili dans les Gystosires, la N. cultrilera dans le faciès sableux de la zone littorale (horizon supérieur) et éga- lement dans le faciès d'estuaire de la même zone, enfm la A^. Vaillanli dans la région côtière Dans le tableau général qu'il a annexé à son travail, il cite en réalité un plus grand nombre d'espèces, mais ce tableau porte sur toute la Manche occidentale et non spécialement sur Roscoff. AuGENER (1910) énumère plusieurs espèces qu'il a étudiées dans la collection de Roscoff et qui sont Nereis pelagica, N. fucata, N. dwcrsicolor, N. cullrifeva, M. (Leonnates) pusillus Lang'li. et identifie cette dernière espèce avec celle que de S.MNT-JosErn a décrite sous le nom de Loptonerr.is Vaillanti. Je me propose simplement d'étudier, au point de vue de leur répartition et de leur fréquence, les Nereis que j'ai trouvées tant à Roscoff que dans ses environs immédiats. Je crois utile d'y adjoindre un exjiosé rapide des principaux caractères différen- tiels de ces espèces, en revenant avec un peu plus de déUiil sur quelques points, où mes observations m'ont conduit à un résullul différent de celui des observations antérieures. Je ferai précéder l'étude de chaque espèce d'un résumé de sa synonymie, en citant, outre les créateurs de nouveaux noms de genres ou d'espèces, les principaux auteurs d'ouvrages de déter- mination et ceux (fui ont fiiit iiorlor leurs études sur la Manche. Cei)en(lant ces quelques données ne suffiraient pas à justifiei- ce travail. Aussi ai-je adjoint à ce dernier une étude morpholo- g-ique et anatomique plus approfondie de la Micronereis varic- tjat'a, sur laquelle peu de travaux ont été faits jusqu'ici. J'espère avoir i)lus tard l'occasion de compléter ce travail tant par la recherche de nouvelles espèces que par l'étude de la métamorphose si curieuse dos Ncrcis en Helcronereis, exception faite pour la Nereis Dumerili étudiée par IIempelmann (1911). Je n'ai pu, en effet, examiner les formes hétéronéréidiennes recueillies qu'au point de vue de leur morphologie externe. <>i- il serait très intéressant de suivre les transformations internes ;iu moment de la métamorphose, parallèlement à l'étude de M. C.MLr.EKY et Mesn'u, (1898) sur les formes de Dodccaceria concharum évoluant vers la forme épitoque. Qu'il me soit permis, en terminant, d'exprimer toute in;i re- connaissance envers mes excellents maîtres. iMM. Delage et HÉROi'ARi) pour le bienveillant intérêt qu'ils n'ont cessé de me témoigner au couis de mes études, et envers MM. Pruvot et Robert, qui ont bien \oulu accepter de juger ce travail. Je tiens à exjjrimcr également toute ma reconnaiss;ince à M. P. DE BEA^c^A^n' dont l'expérience et les conseils m'ont été si utiles j)our mes recherches. 74 EMILE REGNARD Nerels (s. str. Kbg.) pelagica L. Ncreis pckujica Linné, 17i6; Joiinston, 1830, 18'i0, J865; Grube, 1851, 1870-2, 1874; Quatrefages, 1865; Malmgren, 1867; Ehlers, 1868; Mac Intosh, 1874, 1885, 1902, 1910; Giard, 1890; Malaquin, 1890; de Saint-Joseph, 1895, 1898, 1906; Fauvel, 1900; Elwes, 1909; Augener, 1910. Lycoris margaritacea Leach, Johnsïon, 1828, 1834. Nereis niargarilacca Audouin et Edwards, 1833; Qlatrefages, 1865; Grube, 1870-2. Lycoris viridis Johnston, 1828. Nereis renalis — 1840. Heteronereis renalis Johnston, 1865; Quatrefages, 1865. Nereis iulgens Dalyell, 1853. — diversicolur JoimiiTON, 1865 (excl. syn.). — limbriata — — Nereilepas fimbriatus Quatrefages, 1865 (excl, syii.)- Nereis Rcynaudi — — — Bowerhanki — — arctica — — ■ — assiiïiilis OErst. — — — (jrandifolia Maum, 1865, 1874. procera Ehl., de Saint-Joseph, 1888. Aspcet extérieur. — A première vue, cette espèce se reconnaît facilement par le grand allongement de la tête et des palpes terminés par un article globuleux. Le segment buccal est éga- lement allongé, cylindrique, sensiblement plus étroit que les I)remiers segments sétigères, séparant ainsi nettement la tête et ses appendices du reste du corps. Les cirres tentaculaires sont très courts, les plus longs atteignant à peine le bord supérieur du second segment sétigère. Le corps long de 70-90 mm. comprend environ 70 segments. Dorsalement il est brun rougeâtre. La surface ventrale est pâle et irisée. Trompe. — Le groupe V de paragnathes manque seul. Parmi les groupes présents, quatre sont importants à consi- dérer : 1° Le groupe I qui est constitué par 2-4 paragnathes disposés les uns derrière les autres. Le plus souvent il n'y en a que deux et un certain nombre d'auteurs donnent exclusivement ce M':iit:is w: uoscoff 75 iioiiibic. Kii LoiKs cds les jciragnaUics suiiL tmijoiirs en lile cl c'est la seule espèce (jne j'aie vue présenter une disposition constante du groupe I. Mais celle-ci ne saurait rli'c prise comme caractère spccirupie absolu, car certains ccliiiiilillons d";iutrcs espèces possédant ce groupe peuvent la ré.ilisor : .V. divrrsi- color, N. cultriicrd. 2" Le groupe M (jui es! représente de chaipie cnlé sous les palpes par '1-5 |)aragnatties. 3" Les gron})es VII et \'II1 réunis en une bande de denlicuies dont les anléi'ieui's sonl sensiblem(Mit plus gros, les suivants devenant de |)lus en pins pelits d'avani en arrière. P(ty(i\t()(U's. ■ — Peu de \.iii.di(ins d'un Ixuit à l'aulre du corjis. (lirre dorsal dépassant beaucoup la languelte sujtériciu'c, l'iné- galité s'accroissant dans la région postérieure du corps. Cirre ventral dépassant légèrement la languette ventrale. Les soies en serpe hétérogomi)hes appartenant aux faisceaux sujiérieur et inférieur de la rame ventrale sont très fortes et colorées en jaune ambré. Leur article terminal est court, obtus à son extrémité et n'est pectine que sur un peu plus de la moitié de son bord concave. A j)artir du 20-25® segment sétigère, une grosse soie homogomphe de forme spéciale apparaît an faisceau de la rame dorsale à côté des soies en arête homogomphes, qui, en avant, constituaient uniquement le faisceau supérieur. Cette soie, d'un jaune ambré, est constituée par une forte hampe souvent un peu renflée vers son milieu et dans l'extrémité de Ia(juelle s'enchâsse profondément un court article terminal aplati, obtus à son extrémité libre et qui ne dépasse la hampe que du tiers environ de sa longueur; sa surface est légèrement striée, mais je ne retrouve pas les quatre on cinq cils signalés par DK Saint-Joseph (1898). Plus loin, on trouve deux de ces soies, puis trois ou (jiialie, constituant tout le faisceau de la l'ame dorsale. Cette soie est très caractéristique de la N. pelagico. La N. divri- sicolor présente bien aussi une soie particulière, mais sa situa- tion n'est pas la même, et. connue je le montrerai, elle appartient au type hétérogomphe. Hi'parliliun. — J'ai recueilli un assez grand nombre d'exem- plaires de cette espèce pendant les grandes marées de mi-sej)- tembre, dans les Laminaires, à Perroch et aux roches Duon. Elle se cache en compagnie de \. IJumerili à l'intérieur des replis lamelleux du bulbe de Sacchorhiza bulbosa. Elle y est d'ailleurs 76 EMILE REGNARD assez abondante et l'on trouve presqu'à coup sûr deux ou trois exemplaires dans chaque Algue. Elle habite aussi les crampons de Laminaria llexicauUs au milieu des débris de coquilles et du gravier pris dans ses crampons. Enfm, M. de Beauchamp m'en a remis un exemplaire qu'il avait trouvé dans des Corallines à Estellen. Aucun de ces exemplaires ne contenait de produits sexuels; d'autre part, je n'ai pas trouvé la forme hétéronéréidienne. Cette espèce a été signalée un peu partout dans des points très différents du globe. Elle est, en particulier, connue du Groenland à la Méditerranée. Nereis (Hediste) diversicolor Miill. Ncreis diversicolor Mûller, 1776 ; Grube, 1851 ; Quatref\ges, 1865 ; Ehlers, 1868; Grube, 1870-2 ; Mac Intosh, 1902, 1910 ; Mendthal, 1889 ; Giard, 1890 ; Fauvel, 1900 ; Augener, 1910. Hediste diversicolor Malmgren, J867; Mac Intosu, 1874; Mala- Qi;iN, 1890. Nereis versicolor L., Dalyell, 1853. Lycoris viridis Johnston, 1829. Nereis viridis — 1840, 1865. Lycoris margaritacea Johnston, 1834. Ncreis pclagica — 1839. Nereis hrevimanus — 18'j0, 1865; Quatrefages, 1865. Nereis Sarsii Rathke, Quatrefages, 1865. Aspect extérieur. — Cette espèce se distingue très nettement de la précédente par sa partie antérieure large et ramassée. La tête, de faible longueur, est tricuspide sur son bord antérieur, les cavités comprises entre les pointes servant à l'insertion des deux petites antennes. Les palpes présentent un article basilaire épais et court dont la large extrémité distale supporte un article terminal petit. Le péristomium, peu élevé, déborde largement la tête et porte de courts cirres tentaculaires, les plus longs attei- gnant le cinquième ou sixième segment sétigère. Cette Nereis est d'un brun verdâtre, mais avec des tons va- riables, suivant que le brun ou le vert prédomine. Ce dernier cas explique le nom de N. viridis qui lui a été donné. Quelquefois la couleur est uniforme, mais très souvent aussi le corps et les parapodes présentent des tons différents, d'où le nom de diver- sicolor. Le corps est alors foncé, brun ou brun verdâtre et les parapodes d'un vert clair tirant sur le Jaune. NEREIS DE ROSCOFF 77 Les cxenii)l;tiics ciiic j'ai recueillis ont 8 à 10 cm. de long. Trompe. — Les luàclioires sont grêles et transparentes. Les paraynathes sont petits. Le groupe V manque. Le groupe I est représenté par 2-6 paragnathes affectant une disposition trrs variable; lorsqu'ils se montrent en file, il devient difficile, i)ar le seul examen de la trompe, de différencier cette Nereis de A^. pcUujica; les autres groui)es affectent, en effet, des disi)Ositions analogues chez l'une et l'autre. Il est vrai que les paragnathes sont plus petits chez N. diversicoloi\ mais on ne peut guère se fonder sur ce caractère, si l'on ne possède simultanément les deux espèces. Même remarque pour la légère différence de dis- position dans la cciiiliire basilaire ventrale formée par les groupes MI et \III; cette différence consiste en ce (lue, chez N. (licersicolôr, un certain nombre de denticules se disposent sur un rang, les autres de même taille ou un peu plus forts s'éi)arpillant au-dessus, tandis que, chez N. pelagica, les para- gnathes sont disposés sur plusieurs rangs avec diminution pro- gressive de taille des supérieurs aux inférieurs. En deiiors des différences signalées plus haut dans l'aspect extérieur, il faut chercher les caractères distinctifs des deux espèces dans les parapodes et dans les soies. Parapodes. — Dès le troisième segment sétigère, la rame dorsale comprend nettement trois languettes, tandis que chez N. polagica, elle n'en possède que deux. A l'aide des soies on peut aussi facilement distinguer les deux espèces. Les soies en serpe hétérogomphe de N. diversicolor ont, en effet, un article tei-minal allongé, rectiligne et se recourbant légèrement en crosse à son extrémité, le bord tourné vers le côté dorsal tie ranimai étant 1res Onement pectine sur prescpie toute sa longueur. Un autre caractère très important peut être tiré des soies spé- ciales (jui, VOIS le quarante-ciiHjiiième segment, apparaissent à la i)arli(' inférieure du faisceau supérieur de la rame ventrale. Llles sont d'un jaune ambré et, au premier abord, semblent d'une seule pièce. Un examen plus attentif permet d'y distinguer une hami)e et un article terminal, mais ces deux pièces sont pres(|ue entièrement soudées et il est impossible de voir nette- ment le mode d'articulation. De S.\iNT-J(tsEPU (1898) la considère comme soie homogom[)he, en la comparant à la soie i>articulière de A', pclagica et il la dis- 78 EMILE REGNARD tingue de cette dernière simplement par un article terminal plus allongé. Mais j'ai pu observer tous les passages entre cette soie et les grosses soies en serpe hétérogomphe (fig. 1) qui existent avant le quarante-cinquième segment dans la même position. Ces der- nières ont la même forme générale que les soies en serpe hété- rngomphes du faisceau inférieur, mais elles sont beaucoup plus fortes et plus foncées. Xevs le quarante-deuxième segment, ces soies se modifient de façon très intéressante. La serpe se rac- courcit et son extrém'ité en crosse s'épaissit en englobant peu ^. J. 2. 1. Fio. 1. — Passage de la soie en serpe hétérogomphe (1) à la soie spéciale (4), chez Nereis diversicolor (x510). à peu d'avant en arrière les dents devenues transparentes et incolores. On arrive ainsi à la formation d'un article massif non pectine, sur le bord concave duquel on distingue nettement une zone plus claire correspondant aux dents englobées. En même temps l'article terminal se soude à sa hampe et la soie semble bientôt d'une seule pièce, bien qu'au niveau de la soudure un changement de direction des lignes marginales permette encore de distinguer les deux articles. NEREIS DE ROSCOFF 79 Celte soie n'esl donc pas homogomi)he, c'est une soie dérivée d'une soie en serpe hétérogoinphe. Répaitilion. — N. dircrsicvlor est une espèce d'eau saumàtre. Je la trouve eu extrême abondance, habitant des galeries en forme d'U, dans la vase et lo sable vaseux constituant les bords du ruisseau i|iii coule derciric la digue de Per Ilaridy, dans des endroits recouverts de végétation piianérogamique. De là elle accompagne le ruisseau sur le sable de l'anse de Per ilaridy et s'étend d'abord de part et d'autre jusqu'à 30 m. environ, les individus les plus éloignés étant les plus enfoncés. Dans les sinuosités du ruisseau, elle est plus abondante sur le bord situé du côté de la digue. Ces animaux peuplent ainsi une bande contiiuie jusqu'à 350 ou 400 m. de la digue, endroit où la bande s'amincit et se termine en pointe enserrée par du sable à Arénicoles, avec au (contact un léger mélange de ces deux Vers. Mais les N. diversi- color reparaissent par places dans tous les îlots formés par le ruisseau, et quelquefois en grande abondance, jusqu'à un kilo- mètre de la digue, endroit où elles disparaissent pour faire place définitivement aux Arénicoles. Je l'ai trouvée aussi en très grande quantité dans les bancs de vase du lit de la Penzé que j'ai exploré du viaduc au village de Penzé. Je l'ai retrouvée partout sur ce parcours. M. le professeur Pruvot (1897) n'ayant signalé dans le lit de cette rivière que la N. cultrile.ra que je n'ai pas trouvée dans ce parcours, je pense que cette dernière espèce remplace N. diversicolor en aval du viaduc, mais je n'ai pu constater le fait, faute de temps. Les échantillons recueillis contenaient des produits sexuels. La répartition géographique de cette espèce est très étendue dans les eaux saumâtres d'Europe. D'autre part, de Saint- Joseph (i898) signale sa présence dans des marais salants. C'est donc surtout une espèce adaptée aux variations de salure. NeREIS (PeRINEREIS) CUr.TRIFERA Gr. Nereis cultri(era Grube, 1840, 1851, 1870-/; Qi atrefages, 18(55; Ehlers, 1868: Mac Intosh, 1874, 1902, 1910; Pai'VEL, 1900; Eiaves, 1909; Ai'oener, 1910. Perinercis — Lanoeriians. 1879; de Saint-Joseph, 1898, 190(5. Lipephik — Ci.aparède, 1870; de Saint-Joseimi, 1888, 1895; GlARD, 1890. 80 EMILE REGNARD Nereis bilineata Johnston, 1840; Quatrefages, 1865. Nereis margaritacea Leach, Milne-Edwards, 1849; Rour.E, 1890. Lipephiie — Malmgren, 1867. Nereis lobulata (Lycoris) Sav., Grube, 1851. Heteroncreis lobulata Johnston, 1865. Nereilepas lobulaius Quatrefages, 1865. lledyle lobulata Malmgren, 1865, 1867; Ehlers, 1868. Nereis Beaucoudrayi Kef., Quatrefages, 1865. Nereis cœrulœa L,, Johnston, 1865. Nereis fulva (Lycoris) Sav., Quatrefages, 1865. Nereis ventilabrum {Spio) Del. Chiaje, Quatrefages, 1865. Nereis incerta Quatrefages, 1865. Nereis viridis (Lycoris) Johnst., Quatrefages, 1865. Aspect extérieur. — La tète est piriforme, arrondie antérieu- rement, portant deux courts tentacules et de forts palpes dont l'article basai présente une ronstriction vers son tiers distal; l'article terminal est petit. Le péristoinium large et assez haut (deux fois plus haut que les segments suivants) déborde lar- gement la tête de chaque côté et porte deux paires de cirres ten- taculaires assez courts, les plus longs atteignant le 5" segment. La couleur variant avec rhabitat, je l'étudierai à propos du paragraphe de répartition. La longueur de mes é&hantillons varie de 15 à 20 cm. Trompe. — Les groupes de paragnathes sont au complet et certains sont intéressants à considéi'er. Cette espèce, très com- mune, se caractérise en effet aisément, même sans avoir recours à la loupe, par les groupes VI, VII et VIII. Le groupe VI consiste de chaque côté en un seul gros para- gnathe transversal et cultriforme. Mais cette disposition est également réalisée chez N. Marioni ; je n'ai pas trouvé person- nellement cette espèce, mais Grube (1870) la cite dans la faune de Roscoff et c'est elle, sans doute, qui a été retrouvée en 1911 dans des tubes de Sabellaria par M. Attems, le nom de A^. lon- çjipes attribué à l'échantillon en question étant synonyme, d'après Mac Intosh (1910), de N. Marioni. C'est aux groupes VII etVIII que nous devons alors nous adresser. Tandis que N. Marioni possède plusieurs rangées de paragnathes inégaux en grandeur et en nombre. A', cultrifera présente deux rangées régulières comprenant le même nombre ou des nombres presque égaux de paragnathes tous de même taille. NEliEIS DE ROSCOFF g| En dehors des groupes pi'écédenls, il peut ôti'e utile de men- tionner que le gcoupe \' présente assez constannnent trois para- ynalhes disposés en triangle. Parapodes. — Les i)arapodes comprennent deux languettes à chaque rame. Ces languettes, très arrondies anlérieurenicnl, deviennent assez aiguës vers rextrémité du corps. Les soies en serpe ont un article terminal assez allongé et pectine sur pres(iu(' toute sa longueur. Répartition. — Cette espèce est très abondante. Aussi les pécheurs l'emploient-ils souvent sous le nom de Ver de roche. Elle habite surtout Thorizon supérieur à Fucus de la zone litto- rale, dans le sable à gros éléments et entremêlé de pierres qui forme le substratum des régions parsemées de blocs déplaçables à la main et recouverts de Fucus. Il suffit de déplacer un de ces rocs pour apercevoir les orifices de nombreuses galeries conte- nant des individus de cette espèce. Ceux-ci se trouvent géné- ralement à deux ou trois décimètres de profondeur, mais ils s'enfoncent très rapidement et disparaissent entre les pierres, sitôt qu'on les a découverts. C'est l'espèce la plus mobile que j'aie rencontrée. Elle est particulièrement abondante au voisinage du laboratoire et surtout à fouest de celui-ci. Dans ces conditions d'habitat, elle présente une couleur rose sur laquelle tranche vivement le vaisseau dorsal et une légère teinte veite se manifeste seulement sur la partie antérieure du corps. Je l'ai trouvée aussi de temps en temps en compagnie de A', irrorafa dans le sable vaseux et la vase recouverts de Zostères de l'horizon moyen. Mais dans ce cas sa partie dorsale est colorée en vert très foncé et le vaisseau dorsal n'est plus visible. .luuNSTON en lit une espèce à part, la N. bilineata^ parce que, sur l'échantillon qu'il décrit, deux lignes blanches dorsales tran- chaient sur le fond sombre; ces bandes sont d'ailleurs générale- ment absentes. Enlm j'ai recueilli de petits exemplaires dans les fentes des rochers, à Primel notamment, et dans une vase formée en grande partie de débris de coquilles de Moules au Beclem. Je ne lai jamais trouvée dans le sable pur. Les exemplaires recueillis ne contenaient pas de produits sexuels; d'autre paît je n'ai pas rencontré la forme hétéronéréidi-i^nne. Cette espèce se construit un iube muqneux transparent, trop fragile pour que l'on puisse constater son existence dans le sable Uém. Soc. Zool. de France. 1913. XXVI. — tj 82 EMILE REGNARD OU dans la vase, mais que j"ai observé nettement avec des échan- tillons placés dans des Liihothamnion du mœrl, au laboratoire de zoologie à la Sorbonne. Au moment où je termine ce travail, un de ces échantillons, vivant depuis deux mois et demi environ au laboratoire, s'est métamorphosé en Heteronereis. Cette espèce est connue depuis la Norvège jusque dans la Méditerranée. Nereis (Praxitheâ) irrorata iMgrn. Praxithea irrorata Malmgren, 1867; de Saint-Joseph, 1888, 1895. Nereis irrorata de Saint-Joseph, 1898, 1906; Fauvel, 1900; Mac JNTOSH, 1902; Elwes, 1909. Heteronereis Schmardœi Qfgs., Grube, 1868, 1870-y et 2. Nereis Schmardœi Mac Intosh, 1910. Nereis rubicunda Ehlers, 1868. Aspect extérieur. — Cette espèce présente un corps large attei- gnant presque sa plus grande largeur dès sa partie antérieure. Les parapodes sont serrés en raison de la faible hauteur des segments. La tête tronquée en avant porte, outre ses deux tentacules assez longs, deux gros palpes ovalaires à article terminal bien distinct. Le segment buccal est élevé, embrassant largement la tête, et son bord inférieur est moins large que son bord supérieur, ce qui produit une échancrure à l'extrémité antérieure du corps. Les cirres tentaculaires sont longs, les plus longs atteignant les 14^-15* segments. Le corps est coloré d'un fin pointillé rouge. On voit nettement à partir du 15^ segment environ, une, puis deux glandes blanches annexées au pied. L'animal est long de 12 à 15 cm. Trompe. — Les groupes de paragnathes I et V sont absents. Nous aurons un très bon caractère distinctif de cette espèce par la considération des groupes VII et VIII. Ces groupes com- prennent, en effet, une rangée supérieure très régulière d'une dizaine de gros paragnathes espacés et facilement visibles à l'œil nu et au-dessous une seconde ligne de paragnathes plus petits et quatre à cinq fois plus nombreux. Parapodes. — Les parapodes varient fortement de forme sui- vant le niveau des segments. Tandis qu'en avant ils présentent des rames à languettes arrondies en gros lobes avec un mamelon NEREIS DE ROSCOFF 83 sétigère assez développe pour la rame dorsale, en arrière ces laiigueUes s'étireiil et s'aiiiiiicis.seiiL coiisidérubleiiit'iiL surlout il la rame dorsale et reusemble présente une l'urnie très caracté- ristique. Les soies en taux possèdent une liamijc l'ortemenl renllée à son extrémité articulaire qui porte un appendice court et trapu dont le crochet s'amincit en lame sur le bord concave. Forme hrtéiouriridii'iiiie. — J'ai trouvé également deux formes hétéronéréidiennes mâles de cette espèce. De SaiiNT-Joseimi (1895) donne une description détaillée de ces l'ormes. Dans les exemplaires que j'ai recueillis, la différenciation liétéronéréidienne est moins avancée que celle des individus recueillis par de Saint-Joseph. En effet, les pieds de la région liétéronéréidienne ne présentent que des soies néréidiennes jusqu'au 32^ segment (7^ de la région liétéronéréidienne), où apparaît le faisceau dorsal des soies natatoires; d'autre part, on trouve des soies néréidiennes jusqu'à l'extrémité postérieure. De plus la région antérieure occupe beaucoup moins que le tiers du corps; elle n'en occupe guère en effet que le cinquième. Au point de vue de l'aspect extérieur, je ferai observer que le contraste si frappant entre les deux régions de cette forme ne tient pas seulement à des différences de couleur et de largeur du corps, ni au changement de la forme générale des parapodes (ce changement ne se fait d'ailleurs pas brusquement comme on pourrait le supposer); il tient beaucoup aussi à ce que, dans la seconde région, le bord dorsal des parapodes se prolonge en un pli saillant jusqu'au voisinage de la ligne médiane qui est occupée par une étroite bande lisse laissant apparaître le vaisseau dorsal. En examinant par transparence les parapodes de la région antérieure du corps, j'ai constaté un renforcement de l'appareil de soutien qui comprend trois, quatre et même cinq acicules. Peut-être faudrait-il attribuer ce renforcement au fait que les deux tiers des parapodes sont devenus inutilisables pour la reptation. En effet, malgré la présence des soies natatoires, cette forme ne doit nager qu'un temps très court. Je l'ai d'ailleurs trouvée dans des tubes enfoncés dans la vase, comme les formes néréidiennes. A propos des pieds hétéronéréidiens, de Saint-Joseph men- tionne que le cirre dorsal est subulé. En réalité, les preiniiM-s pieds hétéronéréidiens, jusqu'au quarantième environ, portent un cirre dorsal présentant un brusque rétrécissement vers son 84 EMILE REGNARD tiers distal. Au delà le cirre s'elTile régulièrement. Enfin le grand lobe suborbiculaire annexé à la languette supérieure de la rame ventrale n'entoure pas, à proprement parler, cette languette, mais lui est accolé postérieurement. Des coupes transversales dans ces parapodes montrent une disposition intéressante des soies natatoires qui prennent nais- sance en arrière de l'acicule et des soies néréidiennes dans les segments, où celles-ci persistent encore. La coupe de leur hampe présente une forme de 6 et c'est suivant le grand axe de ce 6 que s'insérera plus tard la palette natatoire. Ces 6 sont alignés très régulièrement sur des rangées transversales superposées. Dans la rame dorsale, le faisceau a une forme ovale et les rangées, superposées au nombre d'une vingtaine, comprennent dans la plus grande largeur sept à huit soies et, comme direction géné- rale le petit axe du 6 coïncide avec le plan de symétrie du para- pode. Au contraire, dans la rame ventrale, le faisceau a la forme d'une bande et chacune des rangées superposées également au nombre d'une vingtaine comprend trois soies; mais ici c'est le grand axe du 6 qui coïncide avec le plan de symétrie du parapode. Les palettes des soies sont donc respectivement perpendicu- laires dans les deux rames. Il est intéressant d'ailleurs de cons- tater que cette disposition s'accompagne d'une séparation très nette des rames qui se sont pédiculisées, la languette supérieure de chacune d'elles entraînant dans ce mouvement la languette inférieure, qui ne semble plus qu'une dépendance de la première. Bien que je n'aie pas constaté le fait sur le vivant, il y a lieu de supposer que la rame dorsale sert ainsi aux mouvements en profondeur, tandis que la rame ventrale servirait à la progres- sion. Tout au moins les palettes supérieures, par leur large surface, s'opposeraient à la chute de l'animal en natation. Sur la coupe, le grand lobe suborbiculaire se montre très lacuneux et sert sans doute à la respiration. Répartition. — Celte espèce est commune dans le sable vaseux recouvert de Zostères, entre les racines desquelles elle se cons- truit un tube membraneux noir et épais dans lequel elle englobe des grains de sable, arrivant à lui donner ainsi une assez grande consistance. . Je l'ai trouvée dans cette situation à Primel et au pied des rochers du Cerf et du Beclem. Quelquefois aussi, mais plus rare- ment, on trouve son tube accolé à la face inférieure des pierres. SfllElS DE ROSCOFF 85 J'iii été assez étonné de ne pas retrouvci' celle espèce devant le laboratoire, où les sni-faces recouvertes de Zostères ne man- (juent pas. Peut-être celte absence ou tout au moins cette rareté tiennent-elles à ce que le sable ne contient pas une assez forte proportion de vase, les courants du chenal emportant les matières organiques en décomposition. Cette Screis est extrêmement fragile et j'ai eu beaucoup de peine à obtenir un ou deux échantillons entiers, d'autant plus qu'à cette époque de l'année, ils étaient bourrés de i)roduils sexuels. Pour les avoir entiers il est nécessaire de les prendre avec leur tube. D'après Mac Intosu, ce serait plutôt une forme méridionale. Elle a été trouvée cependant en Suède. Nereis (Platynereis) Dlmerili Aud. et Edw. S'crcis huwnilii Aroorix cl Kdwards, J833. 183'i ; Johnston, 18iO-I8iJ5; Grube, 18i0, 1851, 1870-/ et 2 ; Quatre PAGES, 1865 ; Ehlers, 1868 ; Mac Intosu, 1874, 1885, 1902, 1910; Marion et BoiiRETZKY, 1875; llACOvrrzA, 1896; Fauvel, 1900; Elwes, 1909; Hempelmann, 1911. Plnlfjuercis - - (Kbg. 1865) de Saint-.Iosepu, 1898, 1906. Lconlis — Malmgren, 1867 ; Claparèue, 1870 ; Langer- HANS, 1881 ; DE Saint-Joseph, 1888, 1895 ; Malaquin, 1890. Nereis zostcricohi OErsted, 1843. Heteronercis lucicuhi OErsted, 1843 ; Quatrefages, 1865 ; Cla- parède, 1870. Nereis — Grube, 1851. Iphinereis — Malmgren, 1865-1867. Nereilepns vnriabilis OErsted, 1843. Nereis periloncalis Glaparède, 1868. Ucteronereis Mnlmarcni Glaparède. 1868. — viridis Malm, 1874. Aspect extérieur. — La tête porte sur son large bord antérieur des antennes assez longues; les palpes sont bien développés et leur article terminal est grand et ovale. Le péristomium, deux fois aussi haut que les segments suivants, a la forme d'un tronc de cône dont la grande base donne insertion au prostomium, la petite au premier segment du corps. Il en résulte que l'en- semble de la tête et du péristomium est nettement séparé du 86 EMILE REGNARD reste du corps, d'autanl plus que les premiers segments séti- gères croissent rapidement en largeur. Le péristomium porte de longs cirres tentaculaires dont les plus longs atteignent généralement le 12*'-t3'' segment. Il est à noter que certaines descriptions, comme celle de Mac Intosh (1910), donnent une longueur plus grande pour les tentacules atteignant 1/5 et pou- vant aller jusqu'à 1/3 de la longueur du corps. Certaines formes de cette espèce ne dépassent pas 2-3 cm., tandis que d'autres vont jusqu'à 5-7 cm. Trompe. — La trompe est très caractéristique par la dispo- sition de ses paragnathes qui diffère sensiblement de celle des autres espèces. En effet, les paragnathes très petits, aigus et de couleur claire, sont disposés les uns contre les autres en lignes serrées, constituant ainsi des peignes. Le nombre des groupes est d'ailleurs assez variable : la face dorsale ne présente généralement qu'une ou deux petites lignes transversales de paragnathes sous les palpes, correspondant au groupe VL La face ventrale est plus riche. Le groupe IV est toujours repré- senté de chaque côté par un certain nombre de lignes obliques ou curviformes. C'est le groupe le plus facilement visible. Le groupe III présente généralement quelques peignes épars. Enfm les groupes VII et Mil sont généralement représentés par cinq peignes disposés sur une ou deux lignes transversales. Parapodes. — Les parapodes varient peu de forme d'un bout à l'autre du corps. Ils présentent une rame dorsale avec deux languettes .allongées, tandis que la rame ventrale a des lan- guettes courtes. Ils sont munis de glandes peu visibles sur le vivant, mais très nettes dans les échantillons conservés dans l'alcool qui les fait noircir. Ces glandes sont au nombre de deux, l'une en dessous du cirre dorsal, l'autre en arrière et, à partir du tiers antérieur du corps environ, il apparaît une troisième glande en arrière et au-dessus du parapode, glande qui peut se dédoubler dans les segments postérieurs. Les soies en serpe hétérogomphes possèdent une forte hampe portant un article terminal court et pectine seulement sur une certaine fraction (souvent la moitié) proximale de son bord concave; au point où s'arrête la pectination, prend naissance une lame qui rejoint le sommet du crochet. Cette lame très mince s'épaissit sur son bord externe, de sorte que l'on a l'apparence d'un très fm diverticule du crochet tendu comme une corde entre celui-ci et les dernières denticulations. \Efli:iS OK ROSCOFF XI Ôii trnuvc souvonl, uiitrc les soies en sor])e hétérogomphcs, une soie en serpe liomofromphe à article terminal en forme d'S au faisceau de la rame dorsale. Ci-aparède CI870) signale son aj)parition vers le vingtième segment. Sur les divers échantillons examinés, je n'en ai rencontré que beaucoup i»lus loin (trente- neuvième segment chez une petite forme de cin(iu;inte-('inij segments environ et mesurant un centimètre et demi, et soixante dixième chez une forme bien plus grande de ({uatre-vingts seg- ments environ). Cette soie est intéressante en raison de la rareté des soies en serpe homogomphes. Forme hctéronrréidicnnc . ~ Il existait dans lii collectidu do Roscoff de petites formes épitoques de Nercis indéterminées recueillies en août 1908 dans les lignes de débi'is de varech du courant du flot, près d'Astan. J'ai reconnu qu'elles appartenaient à l'espèce A'. DumcrWi et qu'elles correspondaient à la petite forme hétéronéréidienne décrite par Glaparède (I8f)8) sous le nom û'Hete- roncrcis Malmgreni et reconnue plus tard par kii-même (1870) comme forme hétéronéréidienne de N. Dumerili. Les échan- tillons en question sont mâles. Sur un dessin donné pour Vlleleronereis Malm- greni, Glaparède figure les palpes rabattus sur la bouche comme d'un seul tenant. En réalité les deux articles restent bien distincts et l'article ter- minal prend un dévelop- pement énorme , deve- nant aussi important que l'article basilaire. Il est vrai que, dans un imuxcau dessin dnnné cette fois pour la forme hétéronéréidienne de A'. Dumerili, la séparation est indiquée, mais l'article terminal a un développe- ment plus grand qu'il ne le figure. Les premiers parapodes n'ont pas été représentés par Gla- parède, mais plus tard, Mac Intosh (1910) a donné une figure FIO. 2. Premier iiarapode de la forme hétéronéréi- dienne mâle de N. Duinerili (xl20). 88 EMILE REGNARD du premier. Cette figure n'est en réalité qu'une silhouette. Il dessine, en effet, la languette médiane, c'est-à-dire la languette supérieure de la rame ventrale, comme simple, alors qu'elle est très nettement bifurquée en deux lobes, l'un antérieur court et renfermant l'acicule, l'autre postérieur et environ deux fois plus long (fjg. 2). Cette disposition persiste jusqu'au cinquième pied, où la branche postérieure devient plus courte que l'antérieure. De plus, dans les deux premiers parapodes et surtout dans le second, la languette supérieure est généralement contournée, formant ainsi une sorte de crochet. Comme autres différences avec la description de Claparède, je signalerai que, sur mes échantillons, le cirre ventral prend la forme subulée dès le cinquième segment au lieu du sixième, et que le grand cirre dorsal bifurqué n'existe que sur le septième segment, au lieu d'exister sur les deux segments 7 et 8. Enfm, contrairement à ce que figure Claparède (1868), les palettes des soies rémigères extrêmement transparentes ne sont denticulées que sur un bord, comme j'ai pu m'en rendre compte en regardant à l'immersion des soies colorées par un produit qui m'a été indiqué par M. Hérouard et dont voici la formule : Iode 0gr.05 lodure de potassium 0 gr. 50 Eau 4gr.OO Chlorure de calcium 16gr. 00 Eoolutioii de la N. Dumerili. — Hempelmann (1911), précisant les données de Claparède (1870), a fait une étude très intéres- sante sur le cycle évolutif de Nereis Dumerili. Il distingue di- verses formes et les caractérise par des lettres grecques. 11 donne d'autre part des figures du cycle évolutif. Forme a. — Le jeune provenant soit de parents ncréidiens, soit de par'ents hétéronéréidiens arrête sa croissance de très bonne heure et devient mûr sexuellement. Forme ê. — L'animal grandit un peu plus que dans le cas précédent et se transforme en petite forme hétéronéréidienne pour acquérir la maturité sexuelle. Certains individus qui s'étaient déjà reproduits en tant que forme a peuvent aussi subir cette métamorphose. Forme y- — La croissance dure beaucoup plus longtemps ou reprend à partir de la forme a et nous arrivons à une grande N EH El s DK ROSCOKF X9 forme néréiclicniic qui ne se reproduiia (iir;i|)rcs luétainorphnsc en grande forme liétéronéréidienne y. Forme licnnaphrodilc 5. — D'aprrs Tauleiir, cl'IIc. foiiiii' ii(.' serait sans doulc (luiiiie variété. J'ai trouvé à Roseoff de petites formes néréidicnnes. miiis n'ayant pas constaté de façon certaine la présence d'éléments reproducteurs, je n'ai \)u ni'assurer que j'avais bien affaire à la forme %. J'ai eu aussi entre les mains de petites formes hétéronéréi- diennes €, comme je l'ai déjà signalé. Knfin j'ai recueilli un grand nombre de grandes formes néréi- dicnnes de 5 à 6 cm. de long. Ces échantillons étaient i)res(iue tous dépourvus d'éléments sexuels; mais les exceptions sont l)articulièrement mléressantes. Déjà Glaparède (1870) n'admettait de reproduction directe sans stade hétéronéréidien que pour les petites formes possédant nu maximum cinquante segmenis, les formes plus grandes ét.'int toutes destinées à se transformer en lléléronéi'éides i)our la reproduction et il fait remarquer que, si les grandes formes néréidicnnes renferment parfois des éléments sexuels, ceux-ci n'arriveront à maturité que lors de la phase hétéronéréidienne. Hempelmann, comme on a i)U 1(^ voir ci-dessus, conserve les idées de Glaparède, mais il signale (jue de Saint-Josepii a trouvé en Bretagne des formes néréidicnnes mûres mesurant 60 à 65 mm. et, d'après les observations de quelques autres auteurs, il conclut à une a'ugmentation de la taille des foi'mes a (celles de Naples ne dépassent pas 35 mm.) lorsqu'on remonte du sud vers le nord. Or, comme je l'ai dit, j'ai trouvé à Roscoff des individus néréi- diens de 60 mm. environ (ce qui correspond à la taille donnée par les auteurs précédents pour la grande forme), présentant des produits sexuels et j'en ai même trouvé un qui abritait dans son tube un grand nombre de jeunes. Il ne saurait être question d'individus c. plus grands à Roscoff qu'à Naples, car, d'après le cycle d'IlEMPELMANN, la forme 6 résultant d'individus plus grands que les individus a. il serait nécessaire que cett^ forme 6 fût, elle aussi, sensiblement plus grande à Roscoff qu'à Naples. Oi' les échantillons fjue j'ai observés ont la même taille que ceux de cette dernière station. A moins qu'il n'y ait là qu'une différence locale, il semble donc que la forme a puisse grandir au delà de la taille où 90 EMILE REGNARD s'opère la transformation en Ileteronereis 6, sans pour cela perdre la faculté de se reproduire directement, ou bien, puisque Hempelmann pense que la grosse forme hétéronéréidienne y, qu'il n'a pas eue entre les mains, peut provenir d'individus s'étant déjà reproduits directement, on pourrait supposer que cette reproduction a lieu à une taille plus grande que celle des individus devant aboutir à la forme 6. lUpartUion. — Cette forme, très répandue à Roscoff, habite toujours un tube muqueux transparent. Dans l'eau peu aérée, elle détermine un courant dans son tube par des ondulations transversales. Sa répartition en hauteur est la plus étendue que j'^iie observée {)our les Nereis. Les petits exemplaires se trouvent très abon- damment dans les touffes d'Algues, principalement dans les Gystosires, de sorte que l'on en a à volonté en laissant pourrir des Gystosires dans l'eau de mer. De plus gros échantillons peuvent être pris à la face inférieure des pierres recouvertes de varech, quelquefois aussi, mais plus rarement, dans le sable. La plus grande que j'aie recueillie sous les pierres mesure entre 57 et 60 mm., la partie postérieure du corps manquant. Dans cet habitat la couleur est jaune orangé. J'en ai trouvé également en assez grande abondance à Perroch et à Duon dans les grandes Laminaires qu'elles habitent en compagnie de A', pclagica. Elles sont là aussi de grande taille, mais présentent une couleur franchement rouge. Ayant rapporté un de cQs échantillons avec son tube, j'ai vu sortir de ce dernier une très grande quantité de jeunes possédant treize paires de rames et l'ébauche de la (juatorzième, tandis que Hempelmann les a vus quitter le tube maternel avec dix paires de rames seu- lement. Une dernière remarque sur la forme hétéronéréidienne 6. — Hempelmann signale qu'à Naples son essaimage se fait de février à avril et que l'on renconti'e des exemplaires isolés d'octobre à février. Il est à remarquer qu'à Roscoff les époques où l'on rencontre cette forme doi^•ent être différentes, iniisque les échan- tillons de la collection du laboratoire ont été recueillis au mois d'aoïjt. La répartition géographique de cette espèce est très étendue. Elle est abondante en particulier en Europe et surtout dans la région méditerranéenne. NEREIS DE ROSCOFF 9| Nereis (Nereilepas) fucata Sav. Lycoris fucata ^avigny, 1820. Nereis — Audouin et Euwaiujs, 1833, 1834; JoiiiNsnix, iS'iO; Grube, 1851, 1869, 1870-2; Quatrefages, 1865; Ehlers, 18(58, 1908; {D. inqriUina) Wirk.n, 1888; Malaquin, 1800; ije Saint- Joseph, 1898; Fage, lOO'i; Giard, 1908; Aiigeneu, 1910; Che- VREIJX, 1910. Nereilepas — Jomnston, 1865; Mai.mgren, 1807; Mac Intosii, 1874, 1902, 1910; Goupin, 1895; Elwes, 1909. Nereis podopJujUa Audouin et Edwards, 1833, 183i. — bilineata Johnston, 1839; Grure, 1870-2. Nereilepas [imbriatus Olathefages, 1865. — ■ margaritaccus — — Ileteroncreis marcjaritacea Johnston, — Nereis imbecillis — — Heteronereis renalis — — — glaucopis Malmgren, 1865, 1867. Cette espèce commensale du Pagure est très rare à Rnscoff. Le seul échantillon que j'aie entre les mains provicnl de la plage de Pempoull et mesure 8 cm. J'ai cherché à me procui'(îi' de nouveaux exemplaires, mais, pour une centaine cVEupdiju- rus bernhardus examinés, je n'ai pu en trouver un seul. Celte rareté avait été d'ailleurs déjà constatée à Roscoff. N'ayant donc qu'un seul échantillon, je me bornerai aux quel- ques caractères donnés dans le tableau d'ensemble (p. 107). La A^. fucata est signalée depuis la Norwège JLis(}ue dans h\ Méditerranée. MICRONEREIS A'ARIEGATA Clpd. La Micronereis variegata a été peu étudiée jusqu'ici. Les pre- mières descriptions sont dues à Claparède. Celui-ci fonde le genre et l'espèce, en 1863, à Saint- Vaast-la-Hougue et doime une étude de la morphologie externe de l'animal. Dans une seconde description (1864) à Port-Vendres, il signale avoir retrouvé la Micronereis, qui diffère par quelques caractères de celle obser véc à Saint-Vaast. Cette Micronereis a été citée ensuite dans un certain nombre de travaux, mais seulement d'après la description de Clapa- rède. De Saint- Joseph (1888) la trouve à Dinard dans des Corallines et précise quelques détails sur la structure des soies. 92 EMILE REGNARD Racovitza (1893) fait à Banyiils un travail très intéressant sur le dimorphisme sexuel de cette Annélide, avec observations sur la fécondation et la ponte. L'année suivante (1894) le même auteur étudie les amibocytes, rovogénèse et la ponte. Caullery et Mesnil (1898) mentionnent la présence de la Micronereis au cap de la Hague. Pauvel (1900) la signale à Cherbourg. Elwes (1909) la trouve entre Oddicombe et Babbicombe et en donne une étude morphologique. Enfin, Mac Intosh (1910) signale qu'elle a été trouvée, en 1868, à Guernesey, et donne, lui aussi, une étude de l'animal. Je dois les exemplaires qui m'ont servi à faire ce travail à mon camarade et ami M. Zachs, qui les a trouvés au rocher du Cerf, dans les Gorallines, entre le laboratoire et l'île Verte, D'après le travail de M. Racovitza, les exemplaires que j'ai entre les mains sont des femelles. Celles-ci ne contiennent d'ail- leurs pas de produits sexuels. L'animal. est de petite taille, ne dépassant pas 4 mm. Il porte à la partie antérieure du corps quatre paires de cirres tentacu- laires et quatre yeux. L'échantillon que j'examine possède vingt-deux segments sétigères, ce qui est contraire aux données de Glaparède, de Racovitza et d'ELWES qui n'en signalent que vingt-et-un, mais ce qui est conforme aux observations de de Saint-Joseph. Il semble donc bien que le nombre de segments ne soit pas rigoureusement constant. Enfin, le corps se termine par deux cirres anaux. Morpholo{iiie externe. — Le prostomium, à bord antérieur rétréci, à bord postérieur large et hémisphérique, ne possède ni tentacules, ni palpes. A première vue cependant il semble bien que l'on ait deux palpes ventraux immédiatement sous le prostomium et accolés l'un à l'autre suivant le plan de symétrie de l'animal. Mac Intosh (1910) signale ainsi des formations qui lui semblent être des palpes rudiment-aires (traces of palpi). Il fait cependant la restriction que ces formations pourraient être en rapport avec la trompe. Sur des coupes, on peut se rendre compte que c'est la dispo- sition suivante qui donne cette apparence. Le prostomium est légèrement bifurqué à son extrémité antérieure; de plus, le sillon qui sépare les deux lobes latéraux se prolonge sur la face ventrale suivant le plan de symétrie et se voit par transparence du côté dorsal; il vient se perdre en s'élargissant aux environs NEREI.^ DE ROSCOFF 93 de la bouche, isolant à droilo ul ù. gauche deux surfaces proémi- nentes. Le péristomiuni mérite également de nous rc^tenir quelque temps. Jusqu'ici, en effet, on a considéré qu'il portait, outre les cirres tenl>aculaires, une paire de parapodes uniramés et les auteurs se sont basés pour la délimitation de ce segment sur les sillons de l'extrémité antérieure. Mais si l'on regarde de très près, au microscope binoculaire, l'animal i)ar la face dorsale (fig. 3), on constate que les cirres tontaculaires s'insr- rent tout près de la tète sur une surface légèrement (lé[)rimée qui l'entoure latéralemejit et inférieuremeut. Cette surface Fio. 3. — Extrémité antérieure de MicTonerels varief/nta, vue par la face dorsale. — p, prostoniiunr, sb, segment buccal; t, cirres teiUaculaires; / i)remipr segment du corps (>c70 environ). extrêmement mince inférieurement, et à peu près réduite à un sillon bordant la base de la tète, s'élargit latéralement pour don- ner insertion aux cirres tentaculaires. A la suite vient un seg- ment qui, sur les côtés, se délimite nettement de la surface précédente et au niveau duquel s'insère ventralement la pre- mière paire de parapodes. En examinant par la face ventrale, les choses sont moins nettes car les sillons séparant les segments sont, en général, bien moins marqués. Je dois signaler cependant qu'un léger sillon, visible latéralement seulement, semble bien séparer le bord de la bouche de la première paire de parapodes, mais je ne saurais être affirmatif sur ce point. Je divise donc l'ancien segment péribuccal en segment péri- buccal proprement dit, très réduit, donnant insertion aux cirres tentaculaires et formant ventralement une étroite bande bordant la bouche, et en premier segment sétigère portant une paire de parapodes uniramés. 94 EMILE REGNARD Le second segment sétigère (premier jusqu'ici) porte égale- ment une paire de parapodes uniramés. Cette manière de voir est d'ailleurs absolument conforme à la morphologie des appendices chez les Néréidiens. Chez ceux- ci, en effet, le segment péribuccal résulte de la fusion de deux segments dont les parapodes se transforment, chacun donnant deux cirres tentaculaires. Jamais ce segment ne porte de rames, qui ne pourraient provenir que d'un troisième segment fusionné Fifi. 4. — Partie antérieure de Micronereis varicgata, vue par la face ventrale. i, pièce impaire médiane (x70 environ). aux deux précédents. Enfm, chez les Néréidiens, les deux pre- mières paires de parapodes sont également uniramées. La rame unique des deux premiers paraj)Odes, chez la Micro- nereis, correspond, non pas à la rame dorsale des parapodes biramés, comme le dit Ci.aparède (1863), mais bien à la rame ventrale. D'ailleurs, en décrivant les parapodes biramés, cet auteur les a renversés en donnant pour rame supérieure la rame inférieure et vice-versa. Il est facile de s'en rendre compte en examinant l'insertion très différente des cirres ventral et dorsal sur leurs rames respectives. NKIIhlS DK ROSCOFF 95 Ce renversement a amené une certaine confusion entre la description de Glaparède et l'un de ses dessins. En effet, la description concorde bien avec le dessin de parapode isolé, la rame dite supérieure contenant seule un acicule, mais elle ne s'accorde plus avec le dessin général de la partie antérieure du corps où Facicule est llgiiré dans la rame inférieure. Enlln, en dehors de ce renversement, les rapports dos rames supérieure et inférieure sont inexacts, aussi je crois utile de refaire la description et le dessin des parapodes. Fio. 5. — Parapode 7 gauche. a c, acicules; c d, cirre dorsal; c v, cirre ventral (xl20). Les deux rames bien développées et sensiblement égales, sont nettement séparées. Chacune d'elles possède un acicule bien développé, mais transparent, ce qui explique que l'un d'eux ait échappé à Claparède. Ces acicules très longs tendent fortement les rames et déterminent dans leur contour extérieur un angle très marqué. Le cirre dorsal s'insère dans une échancrure du bord externe de la rame et se trouve en dessous et en arrière du point d'émergence de plusieurs soies du faisceau supérieur. Le cirre ventral s'insère vers le milieu du bord inférieur de la rame ventrale. Il se trouve au niveau et un peu en arrière du point d'émergence de plusieurs soies du faisceau inférieur. 96 EMILE REGNARD Ces deux cirres n'ont donc pas la situation morphologique des cirres des Nereis et Claparède les considère comme représen- tant plutôt des languettes. Gomme je l'ai dit plus haut, la rame unique des deux pre- miers parapodes représente non pas une rame dorsale, mais une rame ventrale. En effet, cette rame s'insère au niveau des rames ventrales des parapodes biramés et elle porte son cirre exactement dans la même position que les rames ventrales. Les soies transparentes sont très fines et très longues; elles sont toutes semblables et appartiennent au type homogomphe. Contrairement aux soies des Nereis, leur hampe n'est pas striée; leur article terminal, beaucoup plus long sur mes échantillons que ne le figure Claparède, n'est pas pectine, ou "du moins je ne vois pas de pectination même aux plus forts grossissements. En effet, de Saint-Joseph en signale une sur les échantillons qu'il a recueillis à Dinard. Ces soies forment quatre faisceaux, deux par rame de part et d'autre de l'acicule. Elles sont au nombre de six à dix par faisceau. Mâchoires et inèce impaire médiane. — En examinant par transparence la partie supérieure du corps, on constate la pré- sence de deux fortes mâchoires fortement incurvées vers la face ventrale et munies, à leur extrémité, de cinq dents. Un peu au-dessus d'elles, se trouve une formation chitine-use. Clarapède ne l'avait pas observée dans l'échantillon de Saint-Vaast, d'après lequel il a créé le nouveau genre et la nouvelle espèce. Mais il la mentionne, l'année suivante (1864), sous le nom de pièce impaire médiane dans un échantillon recueilli à Port-Vendres. Depuis les auteurs ne l'ont pas revue. Or, chez les cinq échantillons que j'ai pu examiner, cette pièce était très nettement visible. Ce n'est pas une dent bifur- (juée, comme le figure Claparède, mais plutôt une barre chiti- neuse transversale dont je préciserai la position dans la suite. En examinant un échantillon vivant, j'ai pu constater cer- tains mouvements exécutés par les mâchoires. Celles-ci à l'état de repos sont légèrement dressées; au début du mouvement, on voit leurs pointes s'écarter, ce mouvement étant accompagné d'un rétrécissement du pharynx. Puis les pointes s'abaissent, s'affrontent et, le mouvement continuant, les deux pièces arc- boutées déterminent l'élargissement du pharynx. Enfin les mâchoires reviennent à l'état de repos. Mais à aucun moment on ne constate la projection d'une trompe portant les mâchoires NEREIS DE ROSCOFF 97 au dehors comme chez les Nereis. Il est à nolur, d'diilre part, qu'aucun auteur ne signale avoir observé la protraction de ce qui est généralement appelé la trompe, et que les dessins de la partie antérieure de l'animal figurent toutes les mûchoires vues par transparence à l'intérieur du corps. L'étude anato- mique nous montrera aussi qu'il est peu probable (|U(.' hî pharynx V... a^ z[ Fio. G. — Coupe sagittale médiane. — n. muscles abaisseurs; b, bouche; r, cer- veau; d, denticules en diaflôme: e. épithélium du tube digestif; i, pièce impaire médiane: / //*. intestin moyen;. )ii, mâchoires,- v, enveloppe externe du pharynx; p, prostomium; s s, ganglion sous œsophagien. soit dévaginable, au moins dans sa totalité comme chez les Nereis. Cette non-protractilité du pharynx et les mouvements des mûchoires pouvaient donner l'idée d'un rapprochement avec les Euniciens; mais une élude plus approfondie ne confirme pas Mém. Soc. Zool. de 1 nince. 1912. xxvr. 98 EMILE REGNARD cette manière de voir. Le pharynx est, en effet, directement superposé à l'intestin moyen et la masse musculaire l'entoure complètement, tandis que chez les Euniciens le pharynx n'est qu'une dépendance ventrale du tube digestif. Cavité buccale, pharynx. — Le tiibe digestif est entouré d'un parenchyme qui comble la cavité générale du corps. Au-dessus Fio. 7. — Coupe sagittale paramédiane. — Mêmes lettres que précédemment. En plus : dp, adducteurs de la pointe; dp, processus dorsal; pv, processus ventral. de l'intestin moyen, il se divise nettement en deux parties, l'une supérieure que j'appellerai cavité buccale, l'autre inférieure à parois très musculeuses à laquelle je réserverai le nom de pha- rynx. La pièce impaire médiane se trouve exactement à la limite de séparation de ces deux parties (fig. 6). La cavité buccale fait suite à une bouche en forme de fente sagittale. Elle est très surbaissée et présente de nombreux replis surtout dans son plafond. Une épaisse cuticule, dont dépend NiïniaS DK ROSCOFF 1)9 une assez grande quantité de formations chitineuses spéciales, la revêt. Ces t'orniations chitineusi!S, non décrites jusqu'ici, con- sistent en une courte colonnette à la partie supérieure de laquelle s'insèrent des épines aiguës; celles-ci forment une sorte de diadème, quatre d'entre elles étant plus développées (pie les auti-es. Ces rniiiiiilioiis. (|ii(' nous apixellerons denticules en diadème^ jKiuiraient étie envisagées comme homologues des paragnathes, mais ils ne semblent pas avoir de disposition bien régulière. Un processus ventral pair et un processus dorsal impair viennent bientôt limiter cette première cavité et le pro- cessus dorsal porte dans une échancrure médiane la pièce cliiti- neuse impaire (fig. 8 A et 10). Le pharynx, occupant presque toute la largeur de la partie antérieure du corps, est limité extérieurement par une enve- loppe se colorant en vert par le Litchtgrun, probablement de nature chitineuse, et se refermant en haut et dorsalement sur la pièce impaire médiane. II possède une important(> nmscula- ture dont une grande partie est annexée aux mâchoires. Sa lumière très étroite, réduite presque tout le temps à une fente sagittale, est revêtue comme la cavité buccale d'une cuticule é|iaisse, mais ne jtrésentant pas de différenciation spéciale. A la partie supérieure, on trouve l'extrémité dentée de chaque mâchoire qui fait seule saillie dans la lumière, celle-ci s'élar- gissant un peu dorsalement à ce niveau. Tout le reste de la mâchoire est contenu dans la paroi du pharynx et la base vient jusqu'à l'enveloppe externe. Sur des coupes, les mâchoires sont creuses avec des parois assez minces. Elles sont ouvertes à la base au voismage de laquelle leur paroi devient sinueuse, comme on peut s'en rendre compte sur la coupe transversale n" 2 (fig. 8 B). Le pharynx débouche dans un caecum ventral de l'intestin moyen. Nous avons vu qu'il était peu probable que le pharynx fût entièrement dévaginable comme chez les Nereis. Cette hypo- thèse s'appuie sur le fait que le pharynx n'est pas libre dans la cavité générale, mais qu'il est relié à la paroi du corps par un tissu conjonctif assez lâche qui peut lui permettre certains mouvements, mais non, semble-t-il, une protraction complète. La partie buccale seule, avec ses denticules en diadème, doit être capable de se dévaginer. Musculature annexée aux mâchoires. — Les mâchoires sont, comme nous l'avons vu, munies d'une forte musculaluro, dont 100 ÉMTLE REGNARD j'ai fait l'étude pour me rendre compte des mouvements observés sur le vivant. Quelques coupes montreront la disposition de cette musculature. A. niy FiG. 8. — A. Coupe transversale au niveau de la pièce impaire médiane. — Mêmes lettres que précédemment; en plus: en, chaîne nerveuse. — B. Coupe trans- versale au niveau de la base des mâchoires : d h, adducteurs de la base. La figure 7 représente une coupe sagittale paramédiane inté- ressant deux faisceaux musculaires importants, l'un dorsal, NEItFlS DE ROSCOFF -JOl l'aulro ventral cl réunissant chacun la niàclioiro droilc ;"i in partie inférieure du pharynx, où ils s'insèrent sur rciivclôppc cxtcrno. Ces muscles, s'insérant d'autre part non loin de la partie libre des mâchoires, ont pour effet d'abaisser la pointe (1(; ces dernières; aussi les nommerai-je muscles abaisseurs. Un voit aussi sur cette coupe, à la partie tout k fait inférieure du pharynx, l'amorce de nouvelles rd)res musculaires (pii, un peu |)his i)rès de la liyne médiane, iront s'insérer sous la mâchoire, réunissant ainsi les deux faisceaux abaisseurs ventral et dorsal. L'amorce d'autres faisceaux ayant les mômes rapports, mais s'insérant plus haut que les faisceaux précédents et vcntrale- ment, se voit également sur cette coupe. Ces nmscles, cjui s(>r- vent à coucher les mâchoires sur leur face ventrale, se verront mieux sur une des couiies suivantes. En dehors de la musculature, la coupe passe ;iu travers d'un dos replis de la cavité buccale et montre la disposition des den- ticules en diadème. La coupe transversale représentée par la figure 8 B est pra- tiquée au niveau de la base des mâchoires. Celles-ci sont sinueuses, comme je l'ai dit plus haut, et donnent insertion à de forts faisceaux musculaires se rendant vers l'étroite lumière sagittale du pharynx. Par leur contraction, ces faisceaux atti- rent vers le plan de symétrie la base des mâchoires en rétrécis- sant le pharynx et en ouvrant sa lumière. Par ce mouvement, la pointe des mâchoires se trouve redressée. C(>s muscles existent sur toute la longueur de la base et, l'animal étant regardé par transparence, ou les voit formant un éventail s'épa- nouissant du plan de symétrie vers la périphérie. Je les nom- merai adducteurs de la base. Je représente également une coupe transversale pratiquée cette fois au-dessus des mâchoires au niveau de la pièce impaire médiane (lig. 8. A) pour montrer la disposition de cette pièce. La musculature qui remplit toute la partie dorsale n'a pas d'in- sertion sur les mâchoires. La coupe coronale (fig 9), pratiiiuée entre les processus ventraux et le processus dorsal, montre la conmiunication de la cavité buccale avec la lumière du pharynx. Elle intéresse les mâchoires qui sont coupées tout près de leur bord supérieur. L'autre coupe coronale (fig. 10) intéresse les mâchoires à un niveau moins élevé. Ici le processus dorsal est coupé au niveau de la pièce impaire médiane. 102 EMILE REGNARD Dans l'échantillon qui m'a servi pour ces coupes, les mâ- choires étaient couchées sur la face ventrale. Cette position est due au jeu de faisceaux musculaires qui vont de la partie inférieure de la section des mâchoires, c'est-à-dire de leur face ventrale vers la ligne médiane et vers la paroi ventrale du pha- rynx. On peut les appeler adducteurs de la pointe. Ils ont pour antagonistes des fibres dorsales ne semblant pas avoir de dispo- ^-- cl/) FIG. 9 Coupe coronale passant entre les processus dorsal et ventraux. — Mêmes lettres. sition bien régulière. On voit aussi sur ces coupes l'amorce des abaisseurs et, vers la périphérie, la coupe des adducteurs de la base. La première coupe nous montre en outre un faisceau reliant le bord supérieur des mâchoires à la paroi externe. Ce faisceau, relevant la pointe des mâchoires en l'écartant du plan de symétrie, mérite le nom d'abducteur supérieur par opposi- tion aux muscles que je nomme abducteurs intérieurs et qui, de la paroi externe du pharynx, vont en remontant s'insérer à N EU El s DE ROSCOFF i(i;{ riiid'Ticiir (le la hase des inàclioires. Ces derniers, ikmi i'(>|ii(''- seiilés sur les coupes, servent égalemeiil ù relever la pouiU; des fiiàchoires. La seconde coupe comprend une série de muscles rciiKuilanl de la face dorsale des mâchoires à la partie supérieui'c du pha- rynx. Ils ont sans doute pour effet d'élever FenscMuhle de la mâchoire que le jeu des adducteurs de la base a fait descendre. rf n V '//j FIG. 10. Ctjupe CDronale au niveau de la ]>ièce impaire. — INIêmes lettres et c l, muscles ôlérateurs. J'ai essayé sur un schéma d'ensemhle de représenter les prin- cipales directions musculaires. Bien qu'en réalité les l'aisceau.x ne soient pas bien distincts, nous séparerons les muscles de la façon suivante : Adducteurs : 1° Adducteurs ventraux. — Adducteurs de la base relevant la pointe des mâchoires et rétrécissant le pharynx. 104 EISIILE REGNARD Adducteurs de la pointe couchant les mâchoires sur leur face ventrale. 2° Adducteurs dorsaux. — On retrouve à peu près les muscles symétriques de ceux de la face ventrale, mais leur distinction en faisceaux n'est guère possible à établir. Ahaisseurs : Faisceau ventral et faisceau dorsal abaissant la pointe des mâchoires. Elévateurs : Faisceau dorsal élevant les mâchoires dans le pharynx. Abducteurs : Abducteur supérieur et abducteurs intérieurs relevant la pointe des mâchoires. Le reste de la musculature pharyngienne, réparti surtout du côté dorsal, comprend essentiellement des fibres transversales FiG. 11. — Schéma montrant la disposition de la musculature annexée aux mâchoires. — Mêmes lettres : b i, abducteurs intérieurs; b s, abducteurs supérieurs. servant à rétrécir le pharynx et des fibres longitudinales ser- vant au contraire à l'élargir en diminuant sa hauteur. D'autres fibres, se rendant de la paroi à la lumière, servent sans doute à ouvrir et fermer cette lumière. NEIiElS DE ROSCOFF 105 Exléricuremcnl, In iiiusculature longitudinale du corps :5'iii- sère en partie sur le pharynx. CONCLUSIONS Je résume dans les i)aragraphes suivants les résiill;i!s iiu\- qiiels m'a conduit l'étude des quelques Nercis que j'ai trouvées à Roscoff. Systématique. J'ai donné une diagnose pour chaque espèce rencontrée par moi, en j)récisant les caractères pouvant servir le plus commo- dément h sa détermination. Pour une détermination rapide sur place, j'ai essayé de préciser la forme du péristomium, lorsque la trompe est invaginée. J'espère que ces données, jointes aux caractères des tentacules, des palpes et du prostomium, pour- ront être utiles. Les paragnathes fournissent certainement les meilleurs carac- tères dont on puisse se servir dans la systématique, attendu qu'ils ne sont pas atteints par la métamorphose héléronéréi- dienne. Kinberg (1805) s'en servit le premier. De Saint-.Iosei'u (1898) et Gravier (1901) les ayant utilisés pour établir des genres et sous-genres d'après leur disposition générale, leur forme, la présence ou l'absence de certains groupes, je me suis efforcé, dans la mesure du possible, d'en tirer encore parti pour les divi- sions spécifiques, en examinant la disposition particulière dans chaque groupe. Je n'ai pu malheureusement me borner à ce oaractcre. En effet, la disposition des paragnathes n'est jamais identique dans deux espèces, mais les différences sont quelquefois trop faibles pour permettre de les séparer à coup sûr. Dans ce dernier cas, je me suis adressé aux parapodes et surtout aux soies. Ainsi la présence des soies de forme particulière chez N. pclagica et A^. diversicolor m'a été très commode pour séparer ces deux espèces. Je reconnais d'ailleurs que, lorsqu'on ne peut s'adresser aux paragnathes, il faudrait, pour être complet, ajouter une dia- gnose pour la forme hétéronéréidienne. Malheureusement, comme je l'ai dit plus haut, mon court séjour à Roscoff ne m'a permis de rencontrer que la forme hétéronéréidienne de N. irro- rata. 106 EMILE REGNARD Je donne ci-dessous un tableau pouvant servir à une déter- mination rapide sur place, en me servant, autant que possible, des caractères extérieurs les plus faciles à constater sur le vivant. Ces caractères seront en italique et je complète par d'autres caractères plus rigoureux, mais aussi moins visibles, que le lecteur devra rechercher pour une détermination plus précise. Ces derniers seront en lettres ordinaires. Je donne ci- dessous, d'après Mac Intosh (1910), des figures indiquant le numérotage des groupes de paragnathes que je ne désignerai que par leur numéro (fig. 12). Je fais figurer dans ce tableau trois espèces que je n'ai pas trouvés personnellement à Roscoff, et je donne leur diagnose D. V. FiG. n. Numérotage des groupes de paragnathes (d'après Mac Intosh). D, face dorsale; V, face ventrale. d'après la littérature. Leurs noms sont suivis d'un astérisque. Parmi elles, deux ont été trouvées de façon certaine à Roscoff. Ce sont A^ Mniioni (1) qui ne serait autre, d'après Mac Intosh, que la N. longipes St-Jos., qui avait été signalée d'autre part à Roscoff, et A^. Vmllnnti que je n'ai pas eu l'occasion de ren- contrer dans les différents dragages auxquels j'ai assisté pen- dant mon séjour. Quant à la N. floridana, j'introduis cette espèce d'après un échantillon de la collection, en assez mauvais état, déterminé avec doute par M. Pruvot, et provenant du dragage n° 37. (1) Au moment où je termine ce travail, je reconnais deux exemplaires de cette espèce dans des échantillons de Nereis que me remet M. de Beauchamp et qu'il a recueillis dans une tourbière de l'anse des Roches Jaunes. Nh:nFlS DK HOSCOFF 107 D Tj i M ■w + a. : ^ . = > es ■~ tJO 2 Ç 3 V, ^ §"•§ (3 S :2 -i> *î 9 3 g S f:^ ^ a g e« -- • i S 3 îu o 5 o a 5 o- = c« ce o, o- Il es =« a 03 ce "^ w (2S- a-a <5 c ^ s s. * l'a -S -S ~ '-^ ^ a, es a rs - ? S!> S S a "^^ c3 o a « ri S q a «s cS in y «H .-1 a< o 'S T3 î^ C3 -* *-• S '2 ce 9 s H J3 o « OJ o, :« "^ ■" a «^ s «> o s C .s 2 o ^ o su ^ ~, - es ?> c a 5 o M 0-^ _1 f-l S- i£ s-Sf 0) fcr <^ a r- ;5 tû ^ = p s I r tJO es _ I ^ •r^ oj a s; c ^ M a a s ce . , y =! ^ es 3 a t; 3 ûh'^ ^ àS^HOOC)'^ O'^^ Il O Il 00 2 S ïi t* o 3 «rs K •«J 00 c a. =0 a S; g^ S 0 *«i* ^ -S S os ce s « îi «J 5 . 4: « >0 .«s ec ,S -f^ >: s^djDd s\^p ;^ s,mwi}xm s.^p pa)]uod ummofso.i,f ^ hn -„ 0 a ' 0 Xi s 0 «o 0) S s -2 ^ S b S « s s 108 EMILE REGNARD Ethologie. Au point de vue de la répartition des espèces recueillies, je suivrai les divisions bionomiques établies par M. Pruvot (1897). Toutes ces espèces appartiennent à la zone littorale et c'est A^. Dumerili qui a la plus grande répartition verticale. N. pela- gica appartient aussi à des niveaux assez différents, mais les autres sont assez étroitement cantonnées à des niveaux et dans des faciès bien déterminés. Voici cette répartition. A. — Faciès rocheux. 1° Horizon supérieur. — On y trouve en très grande abon- dance A^. crdtrifera dans les graviers grossiers entremêlés de blocs de pierres. A^. Dumerili se trouve aussi très abondante à ce niveau sous les blocs déplaçables à la main et recouverts de Fucus; c'est la grande forme qui se trouve dans ces condi- tions. Enfm, N. pelagica habite les Corallines, c'est-à-dire la partie inférieure de cet horizon. 2° Horizon moyen. — Les Gystosires abritent en grand nombre des petites formes de A^. Dumerili. 3° Horizon inférieur. — Les Laminaires contiennent A'. Dume- rili (grande forme) et A', pelagica. B. — Faciès sableux. En bêchant dans les herbiers de Zostères, on rencontre sur- tout N. irrorata, quelquefois aussi A^. cultrifera. C'est aussi au niveau moyen habité par Eupagurus bcrnhanlus qu'il faut rap- porter N. fucata. G. — Faciès d'estuaire. N. diversicolor forme une population extrêmement dense dans la vase des bords des ruisseaux ou rivières, même assez loin au-dessus de leur embouchure et également sur une certaine distance au-dessous, dans des endroits recouverts par les marées. Evolution. J'ai signalé que certains échantillons de N. Dumerili^ appar- tenant à la grande forme néréidienne décrite par Glaparède (1870) et Hempelmann (1911) dans le golfe de Naples, possédaient des produits sexuels et qu'une femelle, trouvée dans les Lami- naires, présentait même de nombreux jeunes dans son tube. Gett« forme peut donc se reproduire directement sans passer par une phase hétéronéréidienne, contrairement à l'opinion des auteurs précédents. NEREIS DE ROSCOFF 109 Morphologie. J'ai insisté particulièrement sur les rectifications ou complé- ments que j'ai cru devoir apporter à des descriptions antérieures notamment au sujet de la soie spéciale de N. divcisicolor (soie considérée comme homogomphe par de Saint-Joseimi et qui est en réalité dérivée d'une soie en serpe hétérogomphe), au sujet du cirre dorsal et de la disposition des soies natatoires chez A^. irrorata, forme épitoque, enfin au sujet du premier parapode et des soies natatoires de N. Dumerili, forme épitoque. Morphologie et anatomie de la Micronereis variegata. Au point de vue du prostomium, sa légère bifurcation supé- rieure continuée par un sillon médio-ventral ayant été assimilée à une ébauche de palpes, cette assimilation ne m'a pas semblé justifiée. Je reconnais d'ailleurs qu'une étude minutieuse du système nerveux pourra seule trancher définitivement la ques- tion. J'ai montré aussi que le segment buccal tel qu'il a été décrit jusqu'ici, c'est-à-dire portant à la fois des cirres tentaculaires et une paire de rames, devait être divisé en deux parties, l'une segment buccal proprement dit portant les cirres tentaculaires et l'autre premier segment du corps portant une paire de rames. La séparation de ces deux segments est bien visible, au moins sur la face dorsale de l'animal. J'ai dû rectifier la description de Glaparède (1863) au sujet des parapodes qui avaient été retournés, et j'ai retrouvé la pièce impaire médiane signalée par cet auteur (1864), pièce qui n'avait pas été revue depuis. Après une description des mouvements des mâchoires sur le vivant, l'étude de la partie supérieure du tube digestif m'a amené à faire une distinction en cavité buccale munie de denti- cules en diadème non décrits jusqu'ici et en pharynx propre- ment dit. L'étude de ce dernier m'a fait penser qu'il n'était pas protractile. La description de la musculature du pharynx et, en parti- culier, de la musculature annexée aux mâchoires termine ce travail. Je distingue essentiellement des faisceaux adducteurs (•adducteurs de la pointe et adducteur de la base), des faisceaux abaisseurs, élévateurs et abducteurs (abducteurs supérieurs et abducteurs intérieurs). En somme, la Micronereis variegata n'est pas aussi différente des Nereis qu'on aurait pu le croire au premier abord. 110 EMILE REGNARD INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1!)10. AuGENER (H.). — Bemerkungen tiber einige Polychâten von Roscoff {Zool. Anz. XXXVI, pp. 232-239). 1898. Caullery (M.) et F. Mesnil. — Les formes épitoques et l'évo- lution des Cirratuliens {Ann. Univ. Lyon^ XXXIX, 198 p., G pi.). 1863. Claparède (Ed.). — ^ Boobaclitungen uber Anatomie und Ent- wicklungsgeschichte wirbelloser Tliiere (Leipzig, 110 p., 18 pi.). 1864. Claparède (Ed.). — Glanures zootomiques parmi- les Annélides de Port-Vendres {Mém. Soc. 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La répartition de chaque espèce vivante dans une contrée est un fait bien établi, et l'association de genres et d'espèces, considérés au point de vue de leur distribution géo- graphique, a pour résultat la constitution de régions ou pro-. vinces géographiques plus ou moins étendues, suivant des limites ou des barrières déterminées par les conditions phy- siques de la contrée. Dans sa récente et admirable monographie des Mollusques terrestres et fluviatiles des îles Britanniques (année 1900 et sui- vantes), M. John Taylor a consacré tout un chapitre au déve- loppement de ses idées à ce sujet mais, avant d'en donner le résumé, je crois utile et nécessaire d'indiquer les travaux de ses devanciers et de rappeler comment Fischer, dans son Manuel de conchyliologie et de paléontologie conchyliologique de 1887, définit les provinces zoologiques. Il y a lieu de faire remarquer, tout d'abord, qu'il est téméraire actuellement de discuter un problème aussi sérieux et aussi complexe. On sait que la distribution géographique actuelle des espèces est à peine ébauchée et que l'histoire géographique de l'époque quaternaire et de la fin de la période nummulitique sont choses encore mal élucidées; on en est réduit à des hypo- thèses plus ou moins hasardées. Celles que je présente sont dans ce cas. Une province zoologique (i) est un espace dans lequel il y a eu une véritable manifestation de la puissance créatrice, c'est- (1) Extrait du Manuel de conchyliologie du docteur Fischek. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MOLLUSQUES 113 à-dire un espace où uiiL été appelés à vivre les types premiers des animaux el des plantes. Pour qu'on puisse lui donner le nom de région un ])i(iviiice zoologique, on considère comme nécessaire que la nioilié au moins des espèces (plantes et ani- maux) lui soient spéciales. Certaines espèces sont restreintes à de petites aires, tandis que d'autres sont plus largement répandues. Les espèces qui caractérisent des régions spéciales sont appelées endémiques. VAles ne possèdent que de faibles moyens de développement. Celles appelées sporadiques possèdent de grandes facilités pour se répandre. L'espace sur lequel une espèce est distribuée s'appelle un centre, ou mieux, une aire spécifique. Les centres spéciliques sont les points dans lesquels on suppose que les différentes espèces ont été créées lorsqu'on adopte l'hypothèse de ceux qui croient que chacune d'elles provient d'une souche commune. Les groupes naturels d'espèces, que ce soient des genres, des familles, ou des ordres, sont distribués d'une manière tout à fait semblable aux espèces. Les aires subgénériques ou sous- centres sont ordinairement plus petites que les aires génériques. Les subdivisions du globe en régions zoologiques terrestres ont d'abord été établies par Swainson, en 1835. Les divisions de Woodward datent de 1856 ; celui-ci admet, })our la région paléarclique, deux divisions : i° région germa- nique: 2° région lusitanienne . La région germanique comprend toute la France, à l'exception de la côte océanienne, jusqu'au Finistère, l'Angleterre et l'Irlande, ainsi que toute l'Europe septentrionale. La région lusitanienne est formée de tout le nord de l'Afrique jusqu'au Sahara, du Portugal et de l'Espagne jusqu'à la ligne de faîte des Pyrénées françaises; de l'Italie, y compris la Corse et la Sardaigne; de la péninsule hellénique; de la Turquie d'Eu- rope et la Turquie d'Asie. Pour Schlater (1857), la région paléarctique embrasse toute l'Europe, l'Afrique septentrionale, i'Asie-Mineure, la Perse, les régions de l'Asie situées au sud de l'Himalaya, la Chine septen- trionale et le Japon. Ces divisions sont trop étendues, ainsi que nous le verrons plus loin. BouRGUiGNAT, daus sa Malacologie de l'Algérie (186i), admet trois centres de création pour le système européen : 1° le centre taurique (T); 2" le centre alpique (A); 3° le centre hispanique (H). Mém. Soc. Zool. de France, 1913. XXVI. — 8 H4 E. CAZIOT Chaque centre possède une faune spéciale. Au nord du centre, Taréa des espèces est immense; au sud, au contraire, il est très borné. Au nord des centres, le rayonnement s'est effectué du midi au nord; le rayonnemoni du centre A a embrassé presque toute l'Europe, celui du centre H a été très faible; celui du centre T a été presque nul. Au midi des centres, au contraire, l'espèce se trouve localisée; de plus, elle est spéciale. L'espèce est tellement spéciale à une contrée, qu'elle ne peut se rencontrer dans une autre, à moins qu'elle n'ait été soumise à rinfluence maritime ou à une acclimatation accidentelle. L'intluence maritime est nulle dans les régions du nord et du centre (à l'exception des côtes françaises de l'ouest où, sous l'action des vapeurs tièdes du Gulf-Stream, l'influence maritime se fait encore sentir). Au midi des centres, au contraire, l'influence maritime se fait sentir avec une telle énergie, que ces Mollusques sont de- venus les témoins irrécusables d'un littoral au sud des centres. Les espèces transportées accidentellement, à l'exception tou- tefois des espèces soumises à l'inlluence maritime, ne peuvent être acclimatées : i° que du nord au midi, et non du midi au nord; 2° que d'orient à occident, et non d'occident en orient, en raison inverse de la rotation de la terre. La population conchyliologique des grands centres de création est toujours bien moins nombreuse que celle des centres insu- laires; enfin toute île séparée dès l'origine du continent possède des espèces qui lui sont propres. D'après ces principes, en les appliquant au nord de l'Afrique et notamment à l'Algérie, Boi'Hguignat reconnaît : 1° Que le nord de l'Afrique, ne possédant pas de types parti- culiers de forme, mais seulement des espèces ou des modifica- tions de types de Mollusques espagnols, dépend, par conséquent, du centre hispanique; 2° Que le nord de l'Afrique n'a jamais formé une île à l'ori- gine, puisque sa population conchyliologique est bien inférieure à celle des centres insulaires, mais qu'elle est, au contraire, dans les proportions réelles d'une faune continentale; 3° Que les espèces soumises à l'influence marine, en se retrou- vant sur tout le littoral méditerranéen et à la limite septen- trionale du Sahara, au sud de la chaîne du grand massif de DISTRllU TION (JKOlWiAIMnuUK DES MOLF.LSQUES 115 TAllas, sont les léiiiuiiis irrécusables que le nord de l'Afrique l'oniidiL une presqu île, de l'Espagne; 4° (jue le Sahara, ne possédant pas de faune spéciale, mais seulement des espèces acclimatées accidentellement, est une preuve qu'à l'origine de la période actuelle de vastes régions étaient recouvertes par les eaux. BouRuuiGNAT énoiice, ici, une particularité qui a été tranchée négativement par M. Pojmel (1). Celui-ci, en effet, indique que, si cette submersion a eu lieu, elle n'a porté que sur une très petite partie du Sahara, celle qui avoisine les grands chotts. Dans ses contributions à l'étude de la faune malacologique du N.-O. de l'Afrique, M. Pali.miy a fait aussi rem.irquer que, malgré les éléments hétérogènes de la faune marocaine, encore incomplètement connue, les particularités qu'elle présente ne sont pas suflisantes pour constituer une faune spéciale. Comme tous les malacologistes qui se sont occupés du Maroc, il recon- naît l'absence complète de types qui peuvent être rapportés à la faune africaine proprement dite. Il résulte de ces données, qu'au commencement de la période actuelle, le nord de l'Afrique (Tunisie, Algérie, Maroc) était une presqu'île de l'Espagne; qu'à cette époque, le détroit de Gibraltar n'existait pas, et que la Méditerranée communiquait avec l'Océan par le Sahara, qui était alors une vaste mer. Il y a lieu de faire remarquer qu'à l'époque néogène, la com- nmnication de l'Ucéan avec la Méditerranée avait lieu par la vallée du Cnadalquivir, par le sud des montages contiguës de la province de Murcie et au sud du Rif, au Maroc. A l'époque plaisancienne, la communication se faisait par le détroit de Gibraltar, plus largement ouvert qu'à notre époque (2). Au plio- cène supérieur, un grand mouvement négatif offrit le larges communications entre l'Europe, l'Afrique et les grandes îles méditerranéennes. Elles expliquent la diffusion des faunes et des races humaines. Pendant le piéistocène la mer subit de nouvelles vicissitudes. Un les constate aux différents niveaux marins de cette époque sur certains points de la Méditerranée. C'est le moment de la grande extension des glaciers et de la grande activité des agents d'érosion et d'alluvionnement. D'après Bourgluinat (3), à l'origine de cette époque, aucune des espèces qui vivent actuellement en Europe n'existait : l'Eu- (1) Voir Rolland, Rev. scL, 6 décembre I8S4. (2) Gentil et Hergeron, Bull. Soc. géol. France (4), IX, 1909, p. 220 et sulv. (3) Boi:rguignat. Statigraphie malacogique des espèces du département de l'Hérault, iii Hist. malacol. du département de l'Hérault par A. Moitessier, 1868, ln-80. H6 E. CAZIOT rope n'avait pas, rrailleurs, la configuration de no? jours, ajoute cet auteur, qui indique que la presque totalité du continent, surtout sa partie septentrionale était sous les eaux, ou commen- çait à émerger ; mais, en revanche, une longue série de mon- tagnes s'étendait de l'Asie à l'Atlantique et formait une puissante arête, presque continue, et il arriva alors que cette puissante arête devint le chemin des espèces, la ligne d' acclimatation qjie suivirent, peu à peu, les êtres, à la suite des siècles. Parties des montagnes ouest du grand plateau central de l'Asie, les espèces s'avancèrent et se propagèrent petit à petit, d'orient en occident, en suivant la ligne montuense, se modifiant peu à peu, suivant la climatologie du pays, suivant l'influence des milieux nouveaux, dans lesquels elles étaient forcées de vivre. Ce fut ainsi que, de modifications en modifications, l'espèce finit par présenter une rjuantité de formes possédant, il est vrai, toujours leur caractère atavique, mais offrant des signes dis- tinctifs différents ; de telle sorte que depuis l'extrémité des Pyrénées jusqu'aux hautes montagnes de l'Asie, on peut suivre la dégradation d'un type et reconstituer la filière de ses accli- matations successives. Mais, lorsque, à la suite des siècles, des ruptures comme, par exemple, celle des Dardanelles, eurent lieu, amenant des solu- tions de continuité dans cette puiss-ante arête montueuse, il advint que les espèces, arrêtées dans leur marche incessante d'orient en occident, demeurèrent, par ces causes majeures, internées dans certaines parties de la chaîne de montagnes. Les espèces, forcément localisées, prirent donc, à la suite des siècles, les caractères nécessaires à leur genre de vie et finirent par acquérir des signes distinctifs tout spéciaux à leur nouvelle patrie. De là, pour Bourgukïnat, trois grands centres de création correspondant à la chaîne anatolique du Taurus, à la chaîne alpique, enfin à la chaîne hispanique. En dehors de ces centres, quelques autres petits existaient encore, témoin le centre gallique, pour le massif de l'Auvergne et des Cévennes; mais, comme les espèces de ce centre, ou celles des autres, ont été détruites ou presque anéanties, le grand malacologiste regarde ces petits centres comme tout à fait se- condaires. Chez chacun de ces trois centres, les espèces se propagèrent de tous côtés, se modifiant suivant les milieux, sélectant les DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MOLLUSQUES 117 caractères les plus appropriés à leur existence; au nord, elles s'étendirent jusqu'aux parties les plus scpl'Mitrionales de l'Eu- rope, au sud, jusqu'aux dernières ramifications montueuses de la chaîne d'acclimatation. Mais il advint (|ue les espèces qui s'étaient jiropagées au nord de ces centres ne purent s'y perpétuer indéfiniment. Plusieurs fois obligées de reculer devant renvahissoment des glaces, aux phases glaciaires, maintes fois, elles furent détruites par de grands courants, alors qu< , par suite de défauts d'équilibre entre les glaces boréales et australes, une partie de la masse liquide, sollicitée par les lois de l'attraction, se projeta d'un hémisphère à l'autre. Ces grands courants, résnilaiil d'une déhaelo boréale, balayè- rent toutes les contrées basses, surmontèrent tous les petits ol»stacles, anéantissant tous les êtres et ne s'arrêtèrent que contre les grandes chaînes de montagnes dont ils ne purent surmonter les puissantes sommités (I). Toutes les espèces acclimatées au nord de cette grandi; ligne montueuse furent détruites, tandis que les autres, au sud, pro- tégées par les montagnes, furent préservées. De là l'uniformilé de la zone septentrionale, de là la cause de la constante variation des espèces méridionales. Au nord, en effet, les espèces périodiquement détruites par les grandes débâcles, se réacclimatant toujours, lorsque le calme renaissait, n'avaient pas un assez grand laps de temps, entre chaque extinction, pour se modifier de localité en localité. Au sud, au cojitraire, les espèces, à ral)ri des débâcles boréales, acclimatées dès l'origine, eurent le temps de se modifier et de reprendre des caractères plus nets et plus tranchés. Ainsi, au nord, les Hélix incamata, frulicum, par exemple, existaient avec les mêmes signes distinrtifs. des Alpes jusqu'en Laponie. Elles occupent un aréa inanense. Au sud, au contraire, (U L'hypothèse, présentée par Bourguignat est plus qu'audacieuse, elle est en contradiction avec idées actuellement en cours. L'ép' divise la province palrarct'uiur de Schlateii en ([nafre sous-régions. C'est sensiblement la même classilica- tion (jue celle adoptée par ce dernier auteur. Les grandes divi- sions sont identiques : 1" Sous-rc{iion europémiie, comprenant toute l'Europe septen- trionale, bordée au sud par les Pyrénées, les Alpes, les Balkans, la mer Noire, le Caucase, la Caspienne (y compris l'Islande) ; 2" Sous-région méditerranéenne, comprenant l'Espagne, l'Ita- lie, la Grèce, l'Asie Mineure, le nord de l'Arabie, la Perse, l'Afghanistan, le nord de l'Afriffue, l'Egypte, le Sahara ; 3° Sons-région sibérienne : Asie septentrionale et centrale, Turkestan, Thibet, jusqu'à la Mongolie et la Mandchourie, avec une sous-division mnndcliourienne : nord de la Chine, territoire de l'Amour; Japon. La même année, 1876, A. Fischer (1), dans sa Répartition des Mollusques dans les Pyrénées, divise ainsi ({u'il suit le domaine de la l'aune malacologique des espèces vivantes du système européen (terrestre et lluviatile). Ce domaine comprend quatre zones parallèles : 1° province arctique boréale; 2" province germanique (Scandinavie, Russie moyenne); 3° province alpique, comprenant le Tau rus, la chaîne des Alpes en entier et la sous-province ibérique; A° province méditerranéenne, divisée en : A, méditerra- néenne (nord de l'Afrique, sud de l'Espagne); B, sub italique; G, dalmate; D, grecque; E, d'Asie Mineure; F, levanto-syrienne. Six ans après, en 1882, Paul Fischer, dans son a Manuel de conchyliologie », p. 196, subdivise la région terrestre paléarc- tique de la façon suivante : 1, septentrionale; 2, circa-méditer- ranéenne; 3, asiatique centrale; 4, chinoise; 5, japonaise; 6, atlantidienne. La région septentrionale comprend tout le nord de l'ancien continent et se divise en deux sous-régions : européenne et asiatique. Le nord, le centre et l'est de la France appartiennent à la région septentrionale. L'ouest, le midi, la plus grande partie des Pyrénées ai)partieniient à la région circaniéditcrranéeiuie; cette dernière est divisée en : (1) A. Fischer, 1876, J. ConchyL, p. 51-54. 120 E. CAZIOT A. — Sous-région occidentale ou atlantique, ou mieux encore lusitanienne (Woodward, 1856). — On rencontre, on le sait, sur la bordure occidentale de l'Europe, du Portugal à l'Irlande et à la Grande-Bretagne, les restes d'une faune ancienne qu'on a appelée, faute d'une meilleure détermination, atlantique ou lusi- tanienne. Cette faune est probablement originaire du sud-ouest de l'Europe, ou, plus vraisemblablement, du continent disparu, l'Atlantide de Platon, dont MM. NEoms (1), L. Germain (2) et Termier (3) certifient l'existence en rattachant sa disparition aux divers épisodes de l'époque glaciaire. L'Atlantide nous a envoyé, probablement à l'époque tertiaire, peut-être miocène, en tout, cas anté-glaciaire, la faune lusitanienne qui s'est étendue depuis le Maroc jusqu'à l'Irlande et l'Angleterre. Quelques représentants sont restés cantonnés sur la bordure océanique, par exemple les Geomalacus, Testacella Maugei, Hélix quimperiana, Hélix revelata, Hélix lusca, Hélix ignota, Lauria anglica. D'autres se sont étendus plus ou moins vers l'est, tels que les Arions, plusieurs Testacelles et peut-être aussi la Lauria umbilicata. Les vestiges de cette faune ont encore une certaine importance. Leur dispersion est discontinue, ce qui est une preuve d'ancienneté. Ce sera le sujet d'un travail particulier. Le D' Fischer, dans son Traité de conchyliologie, a relaté les espèces qu'on trouve en Portugal et aux Asturies, en mention- nant que les versants français et espagnols, ainsi que le bassin de la Garonne, possédaient des espèces lusitaniennes : je ferai remarquer à ce propos que les Pyrénées ont certainement eu aussi un ou plusieurs centres de création. Des Mollusques terrestres rayonnant vers le sud sont allés peupler la péninsule hispanique et n'ont envoyé que peu d'émigrants dans les plaines qui s'étendent à leurs pieds, dans la direction du nord. Le versant espagnol est exposé au midi et appartient au bassin de l'Ebre, qui se jette dans la Méditerranée; sa faune est plutôt méridionale qu'occidentale. Le versant français se divise, lui, en trois régions naturelles : a) les Pyrénées occidentales (bassin de l'Adour); b) les Pyrénées centrales (bassin de la Garonne); c) les Pyrénées orientales (bassin du Tech et du Têt). (r) Ph. Negris, 1905. La question de rAUantide de Platon (Congrès international d'archéologie, session d'Athènes). (2) L. Germain, c. B. Ac. Sci., 20 novembre 1910. (3) Termier, 1912 (30 novembre). Conférences faites à l'Institut océanographique de Paris (tirage à part). DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MOLLUSQUES 121 Les Pyrénées orientales seules, appartiennent à l.i région méridionale; les autres se rattachent à la région occidenlale. PArmettait de se masquer et d'attendre, pour les tirer à bonne portée lorsqu'elles venaient franchir l'estacade, les bandes d'Echassiers et de Pal- mipèdes (pii se suivaient sans interruption pendant la durée des vents d'est. Les Migrations des Oiseaux Trois causes principales amènent les Oiseaux à émigrer . le besoin de trouver en toutes saisons leur nourriture, les condi- tions favorables à la reproduction et la température atmos- j)hérique. Mais il serait plus juste de les résumer en une seule formule : la nécessité jiour les Oiseaux de trouver les conditions nécessaires à leur existence et par suite à leur reproduction. Les migrations se font à l'automne et au printemps uniquement dans ce but. Les oiseaux abandonnent les contrées septentrionales à l'approche de l'hiver, parc(» (qu'ils savent que, couvertes de neige et de glace, elles ne leur offriraient ni nourriture, ni abri contre l'intensité (\u froid. Beaucoup de ceux qui ne sont point insec- tivores ni baccivores. s'arrêtent pour hiverner dans nos contrées tempérées, alors que de nombreuses espèces, qui y sont venues pour s'y reproduire et dont l'aire de dispersion est limitée plus ou moins vers le nord, les quittent à leur tour beaucoup plus tôt, certaines dès le mois d'août, pour gagner l'Afrique qui leur 136 XAVIER RASPAIL fournira la nourriture animale que l'hiver ne leur aurait pas permis de trouver en Europe. La même cause agit en sens inverse pour le retour, c'est-à- dire alors des migrations du printemps. Les Oiseaux, qui sont allés hiverner en Afrique, quittent ce continent quand l'ap- proche des chaleurs torrides y stérilise pour ainsi dire la vie animale; ils traversent de nouveau la Méditerranée, remontent vers le nord pour s'arrêter et se disperser selon les habitudes ancestrales et les besoins de chaque espèce, à des latitudes différentes. Mais ce qui est remarquable, c'est cette grande poussée, vers les immenses espaces qui s'étendent jusqu'aux Monts Oural, de certaines espèces qui sont sédentaires en France, comme l'Alouette des champs, le Pinson ordinaire, la Linotte vulgaire, qui vont se reproduire dans ces solitudes hospitalières oîi elles trouvent plus de sécurité pour procéder à la reproduction; la cause de cette dualité dans les mœurs d'une même espèce serait bien difficile à déterminer, mais elle doit s'être perpétuée de temps immémorial. Pour effectuer ces migrations, les individus qui ont passé sur un point de territoire à l'automne, y repassent ensuite au prin- temps, suivant ainsi la même route à l'aller et au retour. Mais, il ne s'ensuit pas que le même chemin soit suivi par l'espèce tout entière. Ne sait-on pas que, de l'ouest à l'est, suivant u'ne ligne allant des côtes de la Manche jusqu'au pied des Vosges, on constate, lors des migrations d'automne, le passage d'une espèce sur tous les points de cette étendue, en suivant une direction identique, celle du nord-est au sud-ouest. 11 faut en trouver la raison dans ce que toutes les bandes de cette espèce quittent directement la région où elles se sont reproduites, dans les contrées septentrionales, à différentes latitudes, pour suivre le même itinéraire adopté par leurs ancêtres, mais toujours parallèlement aux modes réguliers de leurs congénères. J'ai dit en débutant, et très intentionnellement, que les Oiseaux savent reconnaître l'époque où ils doivent entreprendre leur voyage, pour s'assurer les moyens d'existence et les meilleures conditions pour se reproduire, alors que bien des naturalistes ne voient en cela qu'un instinct inconscient, parce que, depuis longtemps, je pense avec Palmen, auteur d'un livre estimé sur cette question, que ce qui ne semble à certains esprits qu'un instinct merveilleux et aveugle, n'est en réalité qu'une connais- sance des lieux que les générations se transmettent comme une OBSERVATIONS ORMTHOLOGIQUES 137 Iciidiliiin ('( lin soiiNciiir (|iii les r.iiiiriic !;"i m'i elles nul [X'ocréé, là où elles sont nées. C'est ainsi (juc leurs migrations se fonl siiivani la même direetion invariahlcmcnl adoptée par leurs anccMres el qu'ils profitent loujonr's pour' cnti'cprrnilrc de Iimiiîs par'rours. ries vents d'est qui facilitent leur vol. l'n savant ornitlniloyiste de la honne (m^oIc. (Vu le hiiron n'll.\Mo.\vn>f.K, a noté dans la ré.yion qu'il habitait en Meurthe- et-iMoselte, einquante-trois espèces (|ui toutes ont effectué leurs migrations par ces vents d'est. J'ai traité très succinctement la question des passages, les observations que j'ai faites sim' le lilloral belge ayant snrluut porté sur les Echassiers et les Palmipèdes, les(|uels. IduI en se conformant aux mêmes règles qui président aux migra- tions des Oiseaux en général, sufvent pour le plus grand nombre les bords de la mer. Ainsi, les grands passages du printemps ne se font que par les vents d'est, (pii sont les moins fréquents et souvent de très courte durée. Pour en profiter, il est de toute nécessité de se trouver en permanence sur place. Dès le petit jour, depuis la fin de mars jusqu'aux premiers jours de mai, ma première préoccupation, en me levant, était de regarder la girouette» qui surmontait l'Hôtel de la Plage, et si j'avais la bonne surprise, attendue quelquefois pendant des semaines, de la voir pointée à l'est, j'emplissais un sac de car- touches et j'allais en toute hâte prendre position sur l'estacade où je ne tardais pas à voir apparaître des bandes d'Rchassiers et de Palmipèdes qui arrivaient en rasant la vague venant s'étaler sur la plage, pour faire un crochet sur le sable avant de s'élever et de franchir l'estacade; tandis que les Canards et autres Palmipèdes ne quittaient pas la mer et ne passaient au- dessus que si le niveau de l'eau au flux ou au retlux, se trouvait au tiers de la longueur de l'estacade: autrement ils passaient au delà du Musoir, hors de portée de fusil. Par contre, je devais recourir à la longue-vue pour distinguer au large, des Oies, des Grèbes, des Macreuses, des Spatules blanches et des Avocettes. Quant aux Rapaces et aux Passe- reaux, ils suivaient la crête de la dune. Ces grands passages ne duraient quelquefois qu'une demi- journée; ils cessaient instantanément dès que le vent changeait de direction, même s'il remontait seulement au N.-N.-E. ou s'il descendait vers le S.-E. 138 XAVIER RASPAIL Ainsi que je l'ai fait remarquer, ces journées g-ratifiées du vent d'est sont plutôt rares et voici les quelques-unes dont il m'a été donné de profiter : 98 mors. — A deux heures de l'après-midi, le vent tourne brusquement à l'est; à partir de quatre heures, commencent à passer des Pelidnes, des Gravelots, des Goélands rieurs dont les bandes se succèdent jusqu'à la nuit. 29 mars. — Le vent s'est maintenu à l'est-nord-est; pluie fuie persistante mélangée de neige fondue. Fort passage depuis le petit jour; c'est une procession ininterrompue de bandes nom- breuses d'Echassiers et de Palmipèdes. Je citerai Pelidne cincle, à collier, Cocorli, Gravelot hiaticule, de Kent, Chevalier gam- bette, Barge égocéphale, Goéland rieur, Canard sauvage, Sar- celle d'été, Sarcelline, Marèque Pénélope, Chipeau bruyant. En mer, passaient des Oies, d'autres Oiseaux dont je ne pus reconnaître l'identité et dans l'après-midi, alors qu'une éclaircie s'était produite dans le ciel, deux petites bandes ^'Avocettes. A cinq heures, le vent saute au N., instantanément, tout passage s'arrête. 9 au 12 avril. — Vents E. et E.-S.-E. modérés; temps superbe, printanier. Passage moins fourni et plus espacé qu'au 29 mars, mais plus varié. Aux espèces précédemment citées, s'ajoutèrent : Combattant ordinaire, Sanderling des sables, Maubêche canut, Bernache cravant ; parmi les Rapaces : Faucon hobereau, F. crécerelle. Buse changeante; le 11, j'abats un Balbuzard. Plusieurs espèces de Passereaux passent également en grand nombre : Corbeau mantelé, C. corneille. Pinson ordinaire, Linotte vulgaire, Alouette des champs, Pipi des arbres, P. des prés, Hochequeue grise. Bergeronnette printanière. Le 12, à deux heures de l'après-midi, plus rien ne passe, le vent s'étant mis au nord-ouest. 21 avril. — Vent variable le matin avec pluie; vers dix heures, il se fixe à l'est et à une heure, un passage commence : bandes de Gravelots hiaticules^ de Kent, Pelidne cincle, à collier, minute, Chevalier gambette, quelques Courlis corlieux, divers Goélands, quelques Sarcelles. Mais, vers quatre heures, les nuages viennent de l'ouest et le vent souffle de l'ouest-nord- ouest, immédiatement, cessation de tout passage. OBSERVATIONS oiiM ii|( tLOCiQUES i39 l/iiilliii'iicc des vents d'csl sut' les grandes nuLTidions des Oiseaux est dune nettement démontrée. Cependant, en deliurs de ces vents, qui sont assez, rares ( nmme on vient de le voir et don! les Oiseaux prontenl [loui' ellecluer d'une seule ti'aitc de loiij^s pareonrs, rémii^ralion ne se l'ait pas moins; mais alors elhî s'opère lent,(Mneni. par 6ta{)es, à j)etit<^'s journées, les Oiseaux s'arrèlant pour se l'eposer et pour manger. Ce qui le prouve, c'est que j'ai rencoidré jus- ipi'au nnlieu lie mai, sur la i)lag'e et sur la plaine de vase, le long (\\\ che"nal de .N'ieuport, ainsi (piaux Zwiii. de petites ti'oupes d'P^chassiers qui allaient se reproduire dans les régions les plus septentrionales et dont il était pourtant passi' un nombre considérable pendant les quelques journées où le veid avait donné de l'E.-N.-K. au S.-R. Il faut noter que. lors des migrations accidentelles occasion- nées, surtout en hiver, par les grandes tombées de neige qui chassent devant elles les Oiseaux vers des parages plus clé- ments, jusque dans les premières heures de la nuit, les bandes d'Alouettes des champs se succèdent, fuyant toujours du N.-E. au S.-O., en même temps que j)assent, par petites troupes, les quelques espèces qui, comme le Pinson, étaient également restées, jusqu'alors, dans les mêmes contrées du nord. Cette direction, suivie par les oiseaux dans leurs migrations régulières de l'automne et du printemps ou accidentelles, par suite des perturbations atmosphériques qui les chassent des contrées où jusqu'alors ils trouvaient leur nourriture, est donc une règle immuable. Par exemple, les migrations d'autonnic des Echassiers ne se font pas comme celles du printemps; je ne les ai jamais vus descendre du nord comme ils y étaient remontés par les vents d'est en bandes n()nd)reuses et se succédant sans relâche. J'ai du reste constaté que i)res<|ue toutes les espèces d'Echassiers, (jui passent en avril pour aller se reproduire dans les contrées septentrionales, ramenaient leurs jeunes dès la fin de juillet, et dans le courant d'août. C'est ainsi que certains jours, la plaine de vase du chenal était peuplée de petites bandes d'Echassiers variés qui avaient dû s'y arrêter après avoir voyagé de nuit. La descente des jeunes, qui ne pourraient supporter les fatigues de longs parcours d'une seule traite, comme les adultes au prin- temps, doit donc se faire par étapes pour leur permettre de s'arrêter sur les points favorables à la recherche de leur nourriture. 140 XAVIER RASPAIL Du reste, les passages, en automne, se font principalement la nuit, ce dont témoigne le nombre considérable d'Oiseaux de toutes sortes qui viennent se tuer sur les phares. Bien souvent. la nuit, j'entendais les cris de Passereaux passant dans l'air. Je dois mentionner également, vu qu'on pourrait peut-être y trouver les indications pour l'avenir de l'aviation, qui n'a cer- tainement pas encore acquis tout ce que le gé'nie de l'homme peut lui apporter d'améliorations pour en faire le similaire du vol des Oiseaux, comment les Goélands passaient en bandes nombreuses de plusieurs centaines d'individus en suivant exac- tement la crête de la dune. On les voyait s'avancer de très loin, les ailes étendues sans exécuter le moindre battement ; ils approchaient comme s'ils glissaient dans l'air. La tempête avait beau redoubler de violence, les rafales se succéder, ils ne déviaient pas d'une ligne de leur route, se tenant toujours à la même hauteur. Le vent, en les prenant de biais, sous un angle de 45° environ, les portait et les faisait naviguer, comme ne pourrait le faire un bateau pour passer à mi-travers du vent, malgré l'orientation de sa voile et de son gouvernail, sans être obligé de louvoyer et ce qu'on appelle tirer des bordées. Il est vraiment merveilleux de voir ces gros Oiseaux se soutenir ainsi dans l'air, malgré la violence de la tempête, sans faife le moindre mouvement, ni des ailes, ni de la queue. Mais, lorsque, posté dans une anfractuosité de dune, je les voyais arriver de loin et que je tirais le premier qui apparaissait au-dessus de ma tête, il en résultait une débandade et, en un clin d'œil, ils se trouvaient rejetés à plus de cent mètres en arrière, mxalgré leurs vigoureux coups d'ailes pour reprendre leur équilibre; il leur fallait lutter un certain temps contre le vent avant de reconquérir leur vol plané et de poursuivre leur route, que j'avais si malencontreusement interrompue. Liste des Oiseaux dont fai constalé la présence et le passage de janvier 1877 à juin 1878. Pour établir cette liste, j'ai adopté la classification de Degland et Gerbe que j'ai toujours considérée comme la plus simple et la plus rationnelle. Je me suis contenté d'inscrire sous le titre de chaque ordre, les Oiseaux selon leur rang dans la classifi- cation, de façon à ne pas augmenter inutilement le texte. OBSERVATIONS ORNITHOLOGIQUES iM Bien que mou IjiiL rl.nl de iiroccuper plus spécialciucul des Echassiers et des Paliuipùdes, j'ai néanmoins mentionne quol- (|nes Oiseaux de proie et des Passereaux, de façon à citer (|uelqucs particularités les concernant. D'autre part, pour indiquer les mois pendant les(]uels j;ii tiré les Oiseaux dont j'établis la liste, j'ai pensé qu'il seruil i)lus simple de désigner ces mois en les nnméroUmt de 1 pour janvier à 12 pour décembre. OISEAUX DE PROIE DIURNES PVliAHOlE ORDINAUiE. — UaluFtUS (llbicilluS. il. Cette Pygarguc lit un séjour de deux semaines en novembre 1877, dans les dunes entre Nieuport-Bains et Uoxyde. Elle avait adopté une haute éminence d'où (»ii l'apercevait de très loin. Elle lit une grande consommation de Lapins de garenne. Je n'ai jamais pu arriver à l'appro- cher à portée de fusil, malgré toutes les précautions que je prenais pour dissimuler ma présence. Baijuzaud FLUVIATU.E. — Pandlou halùvtus. 5. Passait par un temps calme, vent à l'est, se dirigeant vers le nord, au-dessus de la plage, en suivant une ligne droite, à égale distance de la mer et de la dune. Bi;sE VULGAIRE. — Httteo vulgaris. 5, 12. La Buse, tirée en déeembre, était en train de manger un lapin. Faucon hobereau. — Falco subbuteo. 4, 5. Le 8 mai 18'77, par une très belle journée, j'ai vu passer neuf Hobereaux, dont quatre que j'ai pu tirer, avaient chacun un Oiseau dans leur estomac : deux Alouettes des champs, un Pipi des arbres et une Bergeronnette. — cresserelle. — F. tinninculus. 3, 4. Se dirigeant, comme le Hobereau, vers le nord, suivant en partie la crête de la dune, en partie le bord de la mer, j'en ai compté 42 le 25 mars 1877. Journée ensoleillée et temps calme. ErERViER ORDINAIRE. — Acclpiter nisus.* 5. Passait en suivant la crête de la dune, se dirigeant vers le nord. 142 XAVIER RASPAIL PASSEREAUX (loi cou GRIS. — Cuculus canoris. 5. Venait fréquemment voltiger au-dessus de la mer, même assez loin de la plage. iMartin-pècheur vllcaire. — Alcedo ispida. Passant souvent, en toutes saisons, d'un vol rapide, le long- de la plage dans les environs du canal débouchant en mer à Heyst, je ne l'ai jamais vu ,se poser le long de la dune ni sur les brise-lames. Corbeau corneille. — Curvus corone. 4. Il s'en faisait un passage en avril, par grandes bandes, suivant la dune, sans jamais s'arrêter sur la plage. — freux. — C. irugilegus. Gomme le précédent. — MANTELÉ. — C. cornix. 1, 2, 3, 4, 5, 10, 11, 12. Pendant ces huit mois, ce Corbeau, véritable familier de la plage, y arrivait de bonne heure pour n'en quittei' que le soir, mais se tenait toujours solitaire. — CHOUCAS, c. monedula. Plusieurs couples venaient établir leur nid dans les cheminées des villas qui sont en front de mer à Nieuport- Bains, ce qui obligeait à faire de véritables travaux pour arriver à déblayer l'amas de bûchettes qu'ils y avaient entassées et pouvoir ainsi faire du feu. PiE-GRiÈCHE écorcheur. — Lanius collurio. 5, 8. Commune dans les dunes. Etourneau VULGAIRE. — Stumus vulgaris. Sédentaire. Passe par grandes bandes en octobre, en môme temps que les Alouettes et en suivant la même direction. Plusieurs couples nichaient sous le toit du hangar où était remisé à Heyst le bateau de sauvetage. Plectrophane des neiges. — Plectrophanus nivalis. 11, 12. Commun tous les ans et souvent formant des bandes nombreuses sur les prairies submersibles à Nieuport- Bains. Je ne l'ai pas rencontré dans les Zwin et il m'a été assuré qu'on ne l'y avait jamais vu. — M0NTAIN. — PL lapponicus. 2. Tiré un jeune mâle qui se trouvait avec des Otocoris alpestres, le long du chenal de Nieuport. OnSERVATlONS ORNITHOLOGIQUES 143 AlikeitI': des champs. - Maudd an-i'unls. On en rencojilrc en lii\er de gi-andes bandes dans les Zwin el le long du chenal de Nieuporl on elle se mêle sonvent avec rotocoris alpestre, Ontr.oHis ALPESTRE. — Otocovis alpestris. 1, 2, 3, 4, 11, 12. Je ne Tai jamais renconti'é dans les Zwin. Par contre, pendant six mois, de nuvcmbii' ii avril, je Tai suf ii Nieuport-Hains où elle formait soiivciil des bandes assez nombreuses. Klle se mêlait avec rAlnuetle des champs et le Plectropliane des neiges. Les vieux chasseurs du pays m'ont assuré qu'ils avaient toujours vu l'Alouette hausse- col dans la prairie et même sur la gi-ève de Nieuport durant l'hiver et jusqu'au commencement du printemps. Tous les auteurs ont considéré cette Alouette comme ne faisant que de rares apparitions en Belgique. De Sélys- LoNGCHAMPS, dans sa u Faune belge », dit : « Bien que je ne possède pas d'individus de cette espèce tirés en Belgique, je crois devoir la mentionner ici parce qu'il est impossible qu'elle n'y soit pas de passage accidentel. » De leur côté, Degland et Gerbe font remarquer que cette espèce « se trouve dans toutes les collections de France, mais très peu des sujets qui y figurent ont réellement été tués en Europe, souvent môme la vraie Otocoris alpestre s'y trouve représentée par celle de l'Amérique du Sud. » Enfin, 71 ans après la publication de la u Faune belge », de DE SÉLYS-LûNGCHAiMPS, ct 35 aus après l'observation que j'ai faite de la présence de l'Utocoris alpestre à Nieu- port, le D"" Alph. Duuois. dans sa « Nouvelle revue des Oiseaux de la Belgiiiue M) », en parle ainsi : « Assez rare, mais se montre régulièrement dans les Flandres en au- tomne et en hiver; on en prend tons les ans dans les prairies de Nieuport-Bains, dans le Limbourg belge et parfois aux environs de Bruxelles. » Je crois me souvenir que j'ai signalé au D'' Alph. Dubois cette présence de rotocoris alpestre pendant six mois à Nieuport-Bains. Pour ma part, j'aurais pu la fournir à tous les musées et collections de France, car il m'est arrivé, lorsque je voulais en mettre quelques-unes en peau, d'en abattre une demi-douzaine à la fois. CocHEVis HUPPÉ. — Galerida cristata. Toute l'année. (1) Mémoires Soc. zool. de France, XXV, 1912. 144 XAVTER RASPAIL De SÉr.YS-LoNGCHAMPS le donne comme rare et de pas- sage accidentel dans la plus grande partie de la Belgique; j'ai constaté, ainsi que l'indique le D'' Alph. Duoois, que cet Oiseau est sédentaire et comnmn tout le long du littoral belge, mais il se tient solitaire, excepté au moment de la reproduction. Pipi obscur. — Anthus obscurus. 3, 4, 5. Pendant ces trois mois, je l'ai rencontré assez commu- nément, mais toujours solitaire et se tenant au pied de la dune où il devait clierclier sa nourriture au milieu des débris amenés par la mer. Hochequeue d'Yarrell. — Motacilla Yarrelli. 4. Rencontrée le 25 avril 1878, à iNieuport-Bains, le long de la dune. De Sélys-Longchamps dit que deux ou trois individus seulement ont été vus en Belgique, dans la Campine anversoise ou en Flandre. Dans sa récente «Nou- velle revue des Oiseaux de la Belgique, » le D"" Alph. Dubois la signale comme se montrant très accidentelle- ment en I:ielgique où on en a prjs plusieurs fois dans les Flandres. Dans le Bulletin de la Société zoologique de France de 1891, j'ai signalé la reproduction de cette espèce dans rOise; on la rencontre du reste fréquemment en France, au printemps. ECHASSIERS Pluvier doré. — Pluvialis ajmcarius. 9. Ce Pluvier s'est montré très rare pendant tout mon séjour sur le littoral belge, bien que le D'" Dubois le donne comme commun aux passages et qu'un certain nombre hiverne quand l'hiver n'est pas rigoureux; or, ce n'est pas la cause de la rareté que j'ai constatée, car les hivers de 1877 et 1878 ont été extrêmement doux. — VARIÉ. — Fluvialis varius. 4, 5, 10. Connu sur le bord de la mer sous le nom de Vanneau suisse, le Pluvier varié y était commun pendant ces trois mois. Il se tenait généralement, par petites troupes de cinq à six individus, sur le sable encore humide après le retrait de la mer. Je l'ai vu surtout se poser sur la plage d'Heyst. t>Hsi:ii\.\ri(t.\s (lUMiiiDi.odiunvs 145 GUIGNARU l»!:: SlMRRlE. — Moiilirilus sihii iciis. '.). •le liai rciiconiré cet Oiseau iiiriiiie seulo l'ois, le 10 septcnihic 1(S77. liic petite bande de six individus s'était posée sur la prairie i)ur(iant le chenal. Kii ayani abattu un, tous les autres revinrent tourner autour et se seraient tait tuer jusqu'au dei-nier sans s'épouvanter des coups de fusil. (iC l'ait a été signalé i)ar Dkgi.and et Gerije. Gravei.ut iiiAiir.iLE. - Clinindiiiis hiiiiiniln. 3, 4, 5, 0, 7. S, 9, 10, 12. Commun i)res(iue toute raiinée. An printemps, il passe en bandes nombreuses par les vents d'est. — DE Kent. — Cli. canlianas. j, 3, 'i, 5. 7, 8. Psiclie régulièrement, mais en petit nombre, à Nieuport- Bains, parmi les coquillages de la grève (1). Les poussins courent avec une vélocité telle et font de si brusques cro- chets qu'il est presque impossible de les capturer à la main. Van.neai m fpe. — Vanellus crislalus. 3. 5, 6, 8. Niche dans les Zwin. IIurHiEu PIE. — Ha'inatopus ostnilegus. 1, 9, 10. Commun toute l'année. TOIÎRNE-IMERRE VILGAIRE. — StiepsUds inlfipiCS . 8, 9. Assez commun i)endant ces deux mois. Courus cendré. — .Wniwnius arqunta. 1, 2, 3, 'i, 7, 9, 10, 12. Un habitué des plag'(\s. — CoRLiEi . — .\'. })1ur()i)}is. 4, 5, 7, 8, 10. Au mois de mai, vers la tombée de la imit, des bandes de Corlienx venaient, en suivant le bord du chenal de l'intérieur des terres pour g-agnei' la plage. Barge égocéphale. — JÀuiosd n'fiarcjtluihis. 3. '». — rousse. — Limosa ruia. 3, 5. Moins commune, lors des passages, que la précédente. (1) Plusieurs auteurs disent que le Pluvier à collier inteirompu ou Grauelot de Kent dépose ses œufs à même le gravier ou les coquillages de la plage, or je les ai invariaMemenl ti'ouvés au centre d'une petite surface circulaire de douze centi- mètres environ de diamètre, légèrement concave et préparée avec des débris extrê- mement fins de coquillages. Ces œufs m'ont toujours paru abandonnés pendant le jour à la seule influence de la température de l'air, car malgré toute l'attention que j'y ai apportée en surveillant de loin avec la longue-vue l'emplacement où se trouvait le nid, je n'ai jamais surpris ces Oiseaux occupés à couver. Peut-être le font-ils la nuit. Ce qui est à noter, c'est la vive sollicitude que ces Oiseaux montrent pour la protection de leurs œufs; elle les Jette dans un trouhle extrême lorsqu'on s'en approche, ils courent, volent, crient devant vous, comme s'ils cherchaient à se faire poursuivre et à vous éloigner des parages de leur nid. Mem. Soc. Zool. de trance, 1913. XXVT — lo 146 XAVIER RASPAIL Dans le courant de mai, j'ai tiié une Barge rousse qui se tenait en compagnie d\in Courlis corlieu le long d'un brise-lames. BÉCASSINE ORDINAIRE. — GaUinafjo scoLopacinus. 12. Pendant les 17 mois de mon séjour sur le littoral belge, je n'ai rencontré que trois Bécassines, alors qu'un chas- seur de Nieuport-ville m'affirmait, qu'une dizaine d'années auparavant, il lui arrivait d'en tirer, certains jours, dans les marais autour de la ville, jusqu'à quarante. Cette rareté devait être générale en 1877 et 1878, dans toute la Belgique et même dans le département du Nord, car je les ai vu payer 5 et 6 francs chez les marchands de gibier de Tournai. Mais ce ne devait être qu'une éclipse passa- gère; le D' Alph. DuROis indique qu'elle est commune aux passages. — SOURDE. — G. gallinula. 5. Assez commune dans les marais autour de Nieuport- Ville. Sanderling DES SABLES. — CoUdris arenavia. t, 5, 8. Se tient sur la plage humide. Maubêche canut. — Tringa cunutus. 4, 5, 8, — maritime. — Tr. maritima. 12. Piare; je n'ai rencontré qu'un individu le l^*" décembre. Il était posé entre les pilotis du musoir de l'estacade sur les gros blocs de pierre qui servent à amortir le choc des vagues, lorsqu'elles déferlent par les fortes marées. Je ne l'ai jamais vue, lors du passage des I^]chassiers au prin- temps. Pelidne cocorij. — Pelidna subarquata. 3, 5, 9. Dans le courant de mars 1877, j'ai vu, dans les Zwin, de fortes bandes de (^ocorli volant en masses serrées en exécutant, avant de se poser, des circuits analogues aux ébats qu'exécutent les Pigeons autour de leur colombier. D"une bande qui me passa ainsi à portée, j'en abattis du premier coup 19 et du second 7. — ciNCLE. — p. cinclus. 1, 3. 4, 5. 7, 8, 9, 10, J 1, 12. Les Pelidnes, vulgairement appelés Bécasseaux, Bécots, Alouettes de mer, sont excellents à manger, mais à la con- dition de savoir les préparer, autrement ils sont abso- lument immangeables. Après les avoir écorchés et vidés, on les plonge, pendant une minute, dans l'eau bouillante OBSERVATIONS OHM I ll< iLOUIOLîES 147 à la surface de laquelle monte aussitùl iinc écume ver- dàtre; on les relire de l'eau, on les entmiic dniic [y.inU^ de lard et on les fait rolir. C'est alors un tii(Ms dclicieux. La variété à collier du Pelidiie cinclc {Pi-lidna loi(nuila) est aussi commune. Pelipne au m le. — P. minuta. 2. 3, 7. 8, 9. Commune en seplembrc. — TEMNIA. - P. Triinninckii. 3, 4, 8. Je ne l'ai jamais rencontré isolé, tous ceux que j'ai tirés faisaient partie de bandes de Pelidnes cincles. Combattant ordinaire. — Machetes pugnax. 4, 8. A la lin de juillet, les jeunes redescendent et on les trouve par petites troupes sur les vases découvertes du chenal de Nieuporl. Chevalier gris. — Totanus fjriseus. 7, 9. Assez rare le long du chenal; cependant j'entendais assez fréquemment, à la tombée de la nuit, le silllement très reconnaissable d'individus passant, au vol, au-dessus des dunes. — brun. — T. iuscus. 4, 7, 8. De Sélys-Longchamps, (lui considérait le Chevalier gris ou à pieds-verts comme rare en Belgique, a indiqué le Chevalier brun comme commun sur les côtes de la Bel- gique à son double passage. De son côté, le D"" Alph. Dubois l'indique comiiie généralement commun. Pour ma part, je n'ai rencontré qu'un individu à la fm d'avril et trois pendant les mois de juillet et d'août. — gambette. — T. calidHs. ?>. 4, 5, 7, 8, 9, 10, il. Très commun. Il se tient surtout sur les vases salées. On le fait venir de loin en imitant son sifllemeni, ce qui est très facile. On attire de même, avec cetlc note de rappel, plusieurs autres Echassiers qui ont un cri à peu près analogue, tels que le Chevalier brun, les Barges, le Pluvier varié. — cuL-BLANC. — T. ochropus. 4, 9, 10. Jamais rencontré sur le bord de la mer ni sur le chenal. A son double passage, se tient sur les petites mares d'eau qui subsistent assez longtemps après les pluies dans les bas fonds des dunes. Guignette vulgaire. — Actitis hypoleucos. 4, 5, 7, 8. Mém. Soc. Zool. de France, 1913. XXVL — 10» 148 XAVIER RASPAIL Recurvirostre avocette. — Recurvirostra avocelta. 4, 6. C'est aux Zwiii que j'ai eu roccasion d'en tirer plusieurs en les surprenant , sur le bord d'une petite lagune entourée de monticules de sable. A Nieuport-Bains, je ne l'ai jamais vue le long- du chenal, mais lors des passages du prin- temps, par les vents d'est, j'en voyais, à l'aide de ma longue-vue, des bandes passer au loin, en mei', en même temps que des Spatules blanches. HÉRON CENDRÉ. — Ardeo. cinerea. Levé souvent dans les Zwin et, une seule fois, le long du chenal de Nieuport. Aigrette garzette. — Egretta garzetta. 4. Excessivement rare en Belgique. Tirée en avril 1878 sur le bord du chenal de Nieuport. M. le D^Alph. Dubois cite cette capture en même temps que deux autres à Heyst en mai 1895 et sur l'étang de Viselle,s en 1897. Blongios nain. — Ardeoln minuta. 6. Assez commun à Nieuport, sur les ruisseaux qui re- çoivent les eaux des plaines au delà des dunes. Butor étoile. — Botaums steUaris. 3. Rencontré le 24 mars 1878, sur le chenal, près de Nieu- port-Ville. Spatule blanche. — Platalea leucorodia. 4. Au printemps, par les vents d'est, passe au large, ne se rapprochant pas de la côte: exceptionnellement, j'ai pu en avoir une à portée de fusil, en face le miisoir de l'esta- cade, à la marée haute. l^ALMIPEDES Fou de Bassan. — Sula bassona. 1 . Le lendemain de la forte tempête du 25 janvier 1878, j'aperçus, péchant en face du musoir de l'estacade, trois Fous, dont un jeune en plumage de première année. J'eus la chance d'arriver à les avoir à portée et d';ibattre ce dernier. Les naturalistes belges, à qui j'en parlai, furent d'avis de considérer cette capture d'un jeune Fou comme rarissime sur les côtes de Bclgi(|ue, où jusqu'alors on n'avait vu que des adultes. Les pêcheurs en rapportent souvent, qui se sont pris dans les filets à Harengs. oi!si;i{\ \riM\s (iisMiiiDi.dcint'Es IV.) (l'iliMoiîAX DitDI.NAIlti;. Plidlorrocordi ((iiho. I. Tiiô i'i rciilico (lu clienal de i\i(Mi|Mtil |m'ii(I;iiiL la Irm- ptMc (ToLicsl (lu y jaiivi(M' 1878. Goiii.AM) itdi ucMKSTUK. LdiHS fjJaucus. :]. AIjallii à ll('\sl. le 8 mars 1877, au milieu (riinc ^^randcî bande do (loClands marins. ar^'(Mit(>s et rieurs se dirigeant vers le nord en suivant la eix'le des dunes, .leune de deux ans. — MAIU.N. — L. indrinus. 1, 2, 3, 'i, 5, 0, 10, II, 12. Très connu un. — nm N. — L. fnscus. o. 5, 7, 9, l<\ II. I2. Hemonle souvent le chenal pniii' voler jusqu'aupi'ès des quais de la \ il le. — ARfJENTÉ. !.. (ir(jftll(llus. 1, 2, 3, 'i. 11. 12. — CENDUi':. — L. raniis. 1. 2, 3, 4, 7, 8. 9, 10, 11. Très commiMi. depuis raulnnuie jus(in"au prinleinjjs. — TKID.VCTYLE. - /.. Iiidaclijlus. 1, 3, il, 12. — HiEUU. — /.. rulihumlus. 1, 2, 3, 4, 7, 9, J2. Très conmnni, de l'automne au printemps. — PYGMÉE. — L. minuliis. 1. Le 25 janvier 1878, à Nieuporl-Bains. \y,\v une l'oi'le leni- pèle de sud (micsI, li'ois individus volaient contr(> le vent entre la nier e! la dinie. En les poursuivant, je jiai'vins à en abattre deux. Les ehasseiirs dn pays, à qui je les montrai, ne connaissaient pas cette espèce. De SÉi.YS-IjONfiCiiA.xu's et le D"" Alpti. Dubois lindifiueiit comme étant de passage très accidentel sur les cotes belges et en petites ti'oupes. Ces trois individus étaient adultes. SiEUNE iiANsEL. — Stcma anfjlica, 6. lienconli'ée sur la plage entre Middeikerke et Nieuport- Bains, je parvins à la tirer après l'avoir poursuivie l'es- pace de doux kilomètres. — C.\UJEK. — Stcnia cunlidca. 6, 7, 8. Lorsqu'on abat une Sterne canjek, celles qui évoluent au loin en mer, viennent directement sur le chasseur (jui » peut ainsi en fusillei- tout à son aise. Un mouchoir blanc que Ton jette en l'air et (|ue le vent roule sui' le sable, produit le même elïel , 10. Il, 12. Extrèmcmciil abondante, de r;iulniiine au commence- ment du y)rinlemps, elle se tient ;in liii'ge en mer où elle forme souvent une ligne noire occiqtant juscpi'à des Ivilo- mètres en largeur. M.4CREUSK nRiNE. — Oidcmid fusca. 2, 12. Rencontrée ;issez rré(]uemment pendant ces deux mois, nageaid à marée hante, an milieu i\\i chenal. IIarle hièvrk. Mn-gits ningansar. 2, 12. .\ssez commun. — IMETTE. — Mcrgas albcUits. 3, 10. Grèbe huppé. — Podiccps crislalus. I, 2. 12. Ce Grèbe se tient au large, jam;iis il ne vient sur le chenal. Pour le tirer, il faut lui donner la chasse en mer. J'ai pu fain; plusieurs captures, en montant des barques de pêche. — oreillard. — P. auritus. 3. Passait au bout du niusoir de l'estacade, à portée île fusil. — castagneux. — P. ilunatilis. H. Tiré au vol, comme il traversait le chenal près de Nieu- port-Ville. Commun sur les canaux ((ui viennent se déverser dans le port. Plongeon cat-marin. — Colymbus septeiUrionalis. 2. Bien que oe Sélys-Longcramps, en 1842, et le D"" Alph. Dubois, en 1912, s'accordent à le donner comme commun 152 XAVIER RASPAIL en hiver sur les côtes belges, je ne l'ai rencontré (iirune seule fois. Guillemot troïle. — Uria troile. 3, 12. Mergule nain. — Mergulus aile. 1. Trouvé, après la tempête du 2."5 janvier 1878, mourant sur la grève au pied de la dune. Macareux arctique. — Fratercula artica. 2. Tiré en mer, le 10 février 1878. Pingouin torda. — Alca torda. 1. N'est pas rare sur le littoral belge, mais se tient tou- jours au large et ce n'est que très rarement qu'on peut avoir la chance de le tirer, par les grandes tempêtes; c'est ce qui m'est arrivé à Heyst, lors de la grande marée du 24 janvier 1877, la plus forte du siècle. Pendant ce séjour de dix-sept mois, sur le littoral belge, au cours duquel je n'ai fait que de rares et -courtes absences, je suis convaincu que bien peu des espèces indiquées, par les auteurs, comme rares pour la Belgique, auraient pu échapper à mon attention, si elles étaient venues faire des apparitions durant cette assez longue période où je me suis tenu en perma- nence à surveiller le bord de la mer. Malheureusement, je n'ai pas été favorisé par les deux hivers passés à Heyst et à Nieuport-Bains; ils ont été exceptionnelle- ment doux, ce qui m'a enlevé les chances de trouver des Oiseaux que les grands froids seuls amènent sur le littoral. C'est à peine, si j'ai compté deux ou trois gelées blanches: quant à la neige, elle ne tomba que pendant une matinée, à la fin de février 1877 et fondit au fur et à mesure que les flocons touchaient la plage. Par contre, l'hiver de 1875 avait été très rude; les fortes gelées faisaient se congeler la vapeur d'eau à l'endroit où venait s'éteindre la vague et il s'était formé des blocs de glace attei- gnant, en certains endroits, plus d'un mètre de hauteur. Les Palmipèdes qui tenaient la mer et surtout les Canards, ne trou- vant plus les animaux qui servaient à leur nourriture, lesquels s'étaient retirés de la surface par suite du froid et enfoncées hors de leur atteinte, venaient dans le chenal s'abattre sur les vases que le reflux découvrait; tirés par les chasseurs de Nieu- port-Ville, ils retournaient en pleine mer pour revenir bientôt, poussés par la faim. M. Prévost que j'ai déjà eu l'occasion de citer précédemment et un de ses amis, appelé par dépêche pour OBSERVATIONS ORNlTHOr^OGlQUES 153 jinilitcr (iiiiir (le ces occasions cynégétiques qui ne se rencon- trent pas souvent dans lu vie d'un chasseur, se postèrent sur Testacade, à l'entrée du clienal et ne cessèrent de brûler des cartouches sur les bandes qui passaient et repassaient en suivant le cours du clienal. Jls abattirent en deux jours 290 pièces, dont plus de 200 Canards; parmi ces derniers, ils trouvèrent plusieurs espèces rares pour la liel,L;i(|ue d d'inté- ressantes variétés du Canard sauvage. M. I^uévost dut passer une partie des nuits à préparer les plus intéressantes captures. J'en ai vu de très beaux spécimens dans sa collection d'Oiseaux tués et adniirablemenl naturalisés par lui. Grand amateur de chasse, ce qui le faisait passer Thiver à Nieuport-Bains, mais peu versé en (»rnithok)gie, des espèces, pouvant présenter de l'intérêt par leur rareté en Belgique, ont pu lui échapper. J'ai donc eu à regretter de ne pas avoir été favorisé d'ini iiiver rigoureux semblable. La chasse à la hutt€ ne se pratique pas sur le littoral de la Belgique qui, du reste, ne se prêterait pas lacilement à son établissement. Elle aurait très probablement pu me procurer des Oiseaux qui ne s'arrêtent la nuit, que pour disparaître avant le jour. C'est grâce à cet affûtage que le D"" Marmottan a pu fornu^r cette belle et précieuse collection dont il a fait le don magni- fique au Muséum d'histoire naturelle de Paris. M. Meneoaix, assistant au Muséum, en a dressé un superbe catalogue en 1912. Le plus grand nombre des Kchassiers et des Palmipèdes qui y ligurent en spécimens nombreux, a été tué dans la baie de la Somme, principalement au Crotoy où se pratique, dans tous les envii'ons, cette chasse à la hutte. Tous les huttiers ne man- (juaient jamais d'apporter au D"" Marmottan ou de lui faire envoyer à Paris, tous les (jiseaux qu'ils tuaient sur leur mare, se conformant sciiipuleusement à ses instructions. IMPRIMERIE OBERTHUR, Rennes— Paris (685-13) ÉTUDES SUR LES LÉMURIENS II RECHERCHES SYSTÉMATIQUES SUR QUELQUES ESPÈCES APPARTENANT AUX GENRES CHIBOGALE ET MICROCEBUS (I) l'AK Max KOLLMANN SOMMAIRE Etude rritiqne des genres Chirogalo et Microcebus ir»(; Remarques sur les mesures crâniennes 159 Chirogale major E. Geoffroy : Caractères extérieurs 1 < > 1 Caractères dentaires I • >- Caractères osléologiqu s 103 Diagnose 104 Distrihu I ion géograpliique 1 05 Microcebus {urcifcr Blainville : Caractères extérieurs 1()5 Caractères dentaires 1 07 Caractères osléologiqu( 's 1 07 Diagnose 108 Distribution géographique 10!) Microcebus coquereli (Grandidier) : Caractères ext érieurs 1 09 Caractères dentaires 1 70 Caractères ostéologiques 170 Diagnose 17'2 Distribution géographique 172 Microcebus saiiiati (Grandidier) : Klude critique de Tespèce I7ti Caractères ext érieurs 1 75 Caractères de la dentition 17() Caractères o-stéologiqucs 17() Diagnose 177 Distribution géograpiiiquc Il 7 (1) Voir : Etudes sur les Lémuriens. I. — Le larynx et le pliarynx piir Max KoLLMANN et Louis Papin (Anii. Sci. mil.. Zoolouie. 191/i. p. i3r)-3-2I, -2 pi.). Mém. Soc. Zool. de France, 1913. XXVL — 11 J5G MAX KOLLMANN Microcebus minor Geoffroy : Etude critique de Tespèce 178 Caractères extérieurs 183 Caractères dentaires 183 Caractères ostéologiques 184 Description des sous-espèces 185 Index bibliographique 187 Explication de la planche 189 Le grand et intéressant groupe des Lémuriens est presque entièrement confiné à Madagascar. Aussi, en raison de cette distribution restreinte, est-il resté très mal connu, tant au poinl de vue anatomique qu'au point de \ue systématique, jusqu'à l'apparition de la monographie magistrale de A. Milne- Edvvards et A. Grandidier (1875-1890). Malheureusement, ce grand travail est resté inachevé. Un certain nombre de genres n'ont pas été revisés et c'est le cas de ChiTorjale, Microcebus et Opolemur. Les espèces comprises dans ces trois genres sont assez peu nombreuses. Mais, des descriptions imparfaites et hâtives, des confusions multiples avaient prodigieusement embrouillé la question. Dans un travail publié il y a près de vingt ans, Forsyth- Major (1894), s'est efforcé de remettre un peu d'ordre dans ce chaos. On trouvera dans son mémoire l'historique et la syno- nymie complète de chaque espèce. A mon tour, j'ai pu disposer d'une assez nombreuse série de spécimens conservés dans les collections du Muséum. Je suis donc en mesure de compléter et de rectifier sur quelques points le travail de P. -Major. Enfm, pendant l'impression de ce travail, nous est parvenue une « Review o/ the Primates » par D. G. Ei.liot, sur laquelle nous aurons à revenir plus loin. L'auteur admet la validité des trois genres précédents avec cette restriction que, selon lui, le terme dOpolemur n'est pas acceptable ; il le remplace par celui (ïAUilUemur. ETUDE CRITIQUE DES GENRES CIIIROGALE ET MICROCEBUS. Dans son travail déjà cité, 1". -Major s'arrele à rétablissement de trois genres, Cliirogalc, Opolemur et Microcebus, com- prenant environ 12 espèces. Ces trois genres sont extrêmement ÉTUDES SUR LES LÉMURIENS 157 voisins les uns des autres, de leile surit' ({iTil est à peu près impossible d'en donner iiiic diagnose dilTérentielle. F.-AIa.iok a cherché dans les particularités crâniennes des caractères pernuittant de les distinguer. Mais il résulte du tableau (pi'il a dressé (jue le Liciire Opoletiinv est cxaclemenl Intcnncdianç entre les deux autres. iJe fait, F.-Ma.ior ne cite aucun caractère qui lui soit propre ; de sorte qu'en bonne loyi(|ue, il l'aiidrait réunir (li'tnxiale^ Opolemur et Microccbus en un seul geiu't!. . Ei.i.ioT (1912) ne justille i>as davantage Tinstilution du genre Opoloimv (Alt'dilemur) : « Queue coinque, rostre très large com- parativement à sa longueur, boite crânienne longue, large en arrière... etc., etc. », fp. 111) rien de tout cela n'a quelque valeur générique. Et en effet, nous verrons plus loin que les formes ('raniennes varient énormément et qu'elles peuvent être diffé- rentes dans les animaux id('nli({ues quant aux caractères extérieurs. ('ependant, considérant d'une part, (pi'on ne peut conserver le genre Opolemnr pour lequel il est impossible de citer un seul caractère particulier, et d'autre part, que Opolemur samati semble se rapprocher davantage de Microccbus, nous admettrons ici deux geyres : Chiro(jale et Microccbus s. s. {Microccbus s. s. + Opolemur). Montrons d'abord qu'on doit rapprocher. Opo- lemur et Microccbus. Gomme nous le verrons plus loin, VOpoIcmur samali présente une assez grande variabilité dans ses formes crâniennes. Ce l)hén(imrne se retiouve identique dans M. ininor, mais jamais chez les Cltirodalc. Tandis que les molaires de Chirogcde sont pourvues de tuber- cules mousses, au contraire, chez Opfdvniur comme chez Micro- ccbus les tubercules sont tranchants et pointus. Chez Opolemur, la largeur des frontaux mesurés inmiédiatement en arrière des apophyses post-oi'bitaires atteint un peu plus du doul)le de la moindre largeur mesui'ée entre les orbites. La disproiiortion est plus grande che;^ MicroceJ>iis ; eli(! l'est beaucou[> moins chez Cliirogale. Les prolongements aliformes qui limitent les fosses ptéry- goïdes sont à peu près parallèles chez ChiroQalc. Au contraire, dans Opolemur, connue dans Microccbus, les prolongements externes divergent, les internes sont convergents et les fosses ptérygoïdes sont larges. lOnfin, le trou occipital atteint en avant le ni\eau postérieur des bidles auditives ou le dépasse chez 158 MAX KOLLMANN Opolemur ; il le dépasse ioiijoiirs chez Microcebus, tandis qu'au contraire il existe toujours un intervalle cliez Cliirogaie, Il faut donc rapprocher Microcebus et Opolemur. Le nom de Microccbus ayant la priorité, c'est celui qui doit être adopté DiAGNOSES DE CIIIROGALE ET DE MICROCEBUS. — Les diagnoses ne peuvent être établies que sur des caractères crâniens. C'est bien ce que P. -Major avait nettement reconnu. Mais, parmi les caractères qu'il invoque il en est qu'il faut éliminer parce qu'ils n'ont pas de valeur différentielle. La forme du profil est extrêmement variable dans une même espèce {V. Microcebus samati et minor). La largeur des trous palatins antérieurs et postérieurs est dans le même cas. Les apophyses paraoccipitales ne peuvent fournir de caractère différentiel, car leur développement varie, surtout avec l'âge. Enfm, la hauteur de l'apophyse coronoïde, sa forme et ses dimen- sions sont variables, et ne sauraient servir à caractériser deux genres. C'est ainsi que dans deux Ch. major ayant l'un et l'autre 53 mm. de longueur condylo-basale, l'apophyse coronoïde mesurait respectivement il mm. et 7 mm. de hauteur. En ce qui concerne la dentition, je crois qu'il faut faire des réserves sur un point. Il est bien vrai, en effet, que chez l'adulte les deux premières molaires supérieures de Micro'cebus s. l. (= Opolemur + Microcebus) possèdent des tubercules supplé- mentaires dont Chirogale est dépourvu. Mais il convient de faire remarquer que les jeunes Ckirogale major ont des molaires à tubercules beaucoup moins mousses que les adultes car chez ces animaux, les dents subisssent une usure précoce. Si, d'autre part, nous remarquons que le cingulum de la deuxième molaire supérieure de Chirogale présente à son angle postéro-interne un épaississement net, il semblera bien probable que l'absence du tubercule supplémentaire est uniquement due à l'usure précoce. Je n'ai malheureusement pu examiner de spécimen assez jeune pour pouvoir afiirmer catégoriquement le fait. Avec ces réserves, on peut continuer à dire qu'il n'y a pas de tubercule supplé- mentaire chez Chirogale adulte. CHIROGALE. — Taille en général grande. — Largeur minima des frontaux égalant plus de la moitié de la largeur maxima. — Fosses ptérygoïdes étroites. Prolongements aliformes internes un peu convergents, externes parallèles. — Bulle auditive rela- tivement petite, plus ou moins sphérique. — Région mastoï- dienne et parties voisines du squamosal plates ou même ÉTUDES SUR LES LÉMURIENS 159 coiicnvcs. INiiiil !<• plii^ iiiih'TiiMir du Iroii occipital ii'aLl('ig"iiaiit jamais la liiiiilc pdsh'iiciin' «les ImiIIcs auditives. Chez ïddidlc, dénis à Lubcrciiles mousses. Les trois molaires supérieures trituberculcuses, avec un très grand tubercule intci-nc. Pas de tiilxM'ciilc accessoire. MlCHOCKIiL'S s. 1. (= Microccbiis + Opolemnr). — Taille moyenne ou faible. — f.argeur minima des frontaux égalant au plus la moitié de la largeur maxima, généralement beaucoup moins. - Fosses ])lér\goïdes larges. Prolongemenls aliformes internes convergents ou au moins iiarallôles, les externes forte- ment divergents, (("lie/. M. luvciler les prolongements externes sont relativement peu di\ergents, mais cette espèce est d'ailleurs facilement reeonnaissable à ses caraclères très particuliers). — Huile auditive ovalaire. — Région mastoïdienne et parties voi- sines du squamosal plus ou moins convexes. — Point le plus antérieur du trou occipital dépassant en avant ou au moins atteignant la limite postérieure des bulles auditives. Dents à tubercules tranchants et pointus même chez l'adulte. Les deux premières molaires supérieures ont au moins un tubercule sujiplémentaire, en itosition postéro-interne. La troisième molaire est seule trituberculeuse, car elle est dé- pourvue de tubercule supplémentaire. REMARQUES SUR LES MESURES CRANIENNES Rien de plus variable cpie les mesures crâniennes adoptées par les différents auteurs. Rien de plus imprécis que la manière dont ces différentes mesures sont prises. H en résulte que les comparaisons sont souvent diniciles et que les mesures crâ- niennes, loin de constituer des caractères facilitant la distinction des espèces, ne font qu'augmenter l'incertitude et la confusion. C'est pour remédier à ce fâcheux état de choses que Thomas (1895) a proposé une série de mesures à points de repère bien définis dont j'ai fait usage dans le présent travail. Mais ces mesures ne suffisent ])as. Les longueurs basale, basilaire, etc., définissent seulement la grandeur générale du crâne. Elles permettent de préciser par des chiffres les expres- sions vagues de grande taille, petite taille, etc., etc. Mais elles ne permettent pas en général de distinguer entre des crânes d'animaux voisins dont la taille à l'état adulte est sensiblement la même. C'est pourquoi il faut adjoindre aux mesures que j'appellerai générales une autre série de mensurations destinées 160 MAX KOLLMANN à délinir d'une manière précise les caractères que la simple observation permet de constater. Gesmesures sont naturellement différentes suivant les groupes et on ne saurait proposer une série absolument universelle. En ce qui concerne les Chirogale et les Microcehus, les caractères à préciser sont au nombre de deux : 1" le degré de divergence des arcades dentaires pour lequel j'ai mesuré la distance trans- versale des canines supérieures et des secondes molaires ; c'est en ce dernier point, en effet, que les arcades dentaires présentent leur maximum d'écartement ; 2° le rapport entre la moindre largeur et la largeur maxima des frontaux. Voici donc la série des mesures que j'ai relevées, avec leurs points de repère : Longueur basale. — Du point le plus antérieur du trou occi- pital jusqu'à l'extrême pointe des prémaxillaires. Longueur condylo-bnsale. — Du plan postérieur des condyles à la pointe extrême des prémaxillaires, parallèlement au plan de symétrie. La différence entre cette longueur et la précédente varie avec la forme du trou occipital et l'inclinaison du plan occipital. Elle est donc assez caractéristique d'un crâne donné. Longueur maxima. — Parallèlement au plan de symétrie entre les points extrêmes antérieur et postérieur. 11 est toujours fait abstraction des incisives quand elles sont proclives. Longueur des nasaux, frontaux, pariétaux. — La longueur palatine est inutile, car elle varie énormément d'un individu à l'autre. Largeur zygoinatique. — Largeur maxima du crâne prise entre des plans tangents aux arcades zygomatiques et parallèles au plan de symétrie. Largeur au niveau des canines et des secondes molaires. Largeur des frontaux entre les orbites et immédiatement en arrière des apophyses post-orbitaires. Longueur totale de la mandibule entre deux plans tangents aux condyles et au point le plus antérieur de la symphyse. Distance du condyle à Vangulaire. — Il n'est pas utile de relever la hauteur totale de la mandibule, car la forme et les dimensions de l'apophyse coronoïde varient beaucoup dans une. même espèce. Longueur de la symphyse mandibulaire. Longueur de la série des prémolaires et des molaires infé- rieures et supérieures. ÉTI DIvS SIR LES LKMIHIENS IGl ni! non A Lh: ma.ioh k. Geoffroy Muki lidiii KL (ii;i)i iiioy-Saint-IIilaihe et Fr. Cuvikr, 1821. Clieirogalcus maior E. Geoffroy, 1812 ; Elliot, 1912. Chcirofjaleus milii Et. Gkoffroy-Saint-IIilairk, 1828 ; Is. Gkof- froy-Saint-IIilairf, 1851; Gervais, 1854; Gray, 1883; Mivart, 186'i et 1867; Schlegel, 1876. (liirofidle mUii Forsytii-Ma.ior, 1894. Mijsi>itltf<:us tijpus Fr. Cuvier, 1833. Cheiro(jab;Lis tijpicus SMrrii, 1833 : J. E. Gray, 1843. 1863, 1870. Miciocchiis lijpicns Minaut, I86'i. Chirot 1876 ; Mivart, 1873. Lepilemur lurcifer Gray, 1863, 1870. Phanev lurcifer Gray, 1870, 1872 ; Schlegel, 1876. Microcebus furcifcr Mivart, 1864 ; Porsyth-Major, 1894 ; Elliot, 1912. Iconographie. — Extérieur : Schlegel et Pollen (1868), pi. xiv. — Gervais (1854), p. 172. — Crâne : Mivart (1867), flg. 1-4, Schlegel et Pollen (1868), pi. xvn. Cette espèce est une des mieux définies du groupe, non seule- ment par ses caractères extérieurs mais encore par son ostéologie. Aussi, n'a-t-elle jamais été confondue avec aucune autre. Elle a été fondée par de Blainville (1841) sur les caractères ostéo- logiques et décrite sommairement par Is. Geoffroy en 1850 ; jervais la figure en 1854. Retrouvée à Madagascar par Grandi- dier puis par Schlegel et Pollen, elle a été sommairemeni décrite par ces derniers (1868). Enfin, on doit quelques remarques osteologiques à Gray, à Mivart et à P. -Major. Ce=^ deux derniers auteurs ont distrait cette espèce du genre Chiro- gaJe pour la verser dans le genre Microcebus. Il semble que ce soit avec raison. Caractères extérieurs. — M. furcifer est immédiatement reconnaissable à la raie brune qu'il porte sur le dos. Cette raie débute à quelque distance de la base de la queue ; d'abord peu distincte et étroite, elle s'élargit progressivement et atteint son maximum sur les épaules. E;ile se continue sur le cou et la tête, 166 MAX KOLLMANN puis se bifurque au niveau des oreilles. Les deux branches s'écartent, s'élargissent, contournent en dedans la base des oreilles, puis se terminent au niveau des yeux qu'elles entourent complètement. La largeur de la raie dorsale varie entre cer- taines limites. Elle peut aussi s'effacer partiellement en certains points, surtout au niveau du cou. Iln'y a là que des différences individuelles, peut-être même saisonnières. J^'angle compris entre les deux branches de la fourche cépha- lique est occupé par une aire en forme de massue et de la même couleur que les lianes et parfois un peu plus claire. Les régions ventrales, gorge, cou, poitrine, ventre, ainsi que la face interne des membres sont d'un gris roux plus ou moins blanchâtre suivant les individus. La gorge et la mâchoire inférieure sont d'un blanc particulièrement pur. Les parties dorsales sont gris-jaunàtre, passant peu à jieu au blanc roussâtre du côté ventral et au noirâtre à mesure qu'on se rapproche de la ligne médiane dorsale. Enfm, les mains et les pieds sont presque toujours pl\is foncés que le reste des membres, d'une teinte d'ailleurs très variable, Brune, rousse ou simplement grisâtre. La queue, qui varie de grosseur suivant les spécimens (elle peut se charger de graisse), est couverte de poils assez longs, de la couleur du dos sur le dessus, plus clairs dessous. La teinte générale s'obscurcit à mesure qu'on s'éloigne de la base, de telle sorte que la moitié distale est brune comme la bande dorsale. D'après Schlegel et Pollen (1876), quelques individus ont le bout de la queue blanc. Enfm, les oreilles sont petites, nues du côté externe, à peine couvertes de quelques poils du côté interne. Mesures. — Deux mâles adultes conservés dans l'alcool. De l'extrémité du museau à la base de la queue. Queue y compris le pinceau terminal Longueur de l'oreille Largeur de roroille Bras Avant-bras Main Doigt le plus long {i") Cuisse Jambe Pied Doigt le plus long (4^) 280 270 290 320 27 27 23 23 43 45 47 48 3i 33 23 23 6:5 66 74 74 58 60 21 20 ÉTUDES SUR LES LÉMURIENS 167 Habitudes. — Nous soiiiincs fort mal rensoiyiK's sur les mœurs et habitudes des Cliirugales. Schlegel et Pollen rapportent quelques oJjservations sur M. lurciler. Cet animal est purement nocturne. Il niche dans le creux des arbres et ne craindrait pas, paraît-il, le voisinage des Abeilles. 11 est en effet assez friand de miel. Sun agilité à sauter de branche en branche est extraordinaire, aussi il est très dilTicile de s'en emparer. CaHAUTÈRES DENTAUIES (pi. \1, llg. 1, 2 Ct 3. — lls SOUt extrêmement nets. Les incisives supérieures internes sont au moins deux fois plus larges que les externes, très fortement proclives et convergentes. lueurs dimensions absolues sont plus élevées que dans les espèces de môme taille [Ch. milii et M. co- quercii) : 3 mm. de long sur 3,5 de large. Les canines sont gran- des et pointues mesuraiit 'i nun. a la base sur 7 ou 8 de long. La première prémolaire est très caractéristique, elle est canini- forme et plus de moitié aussi longue et aussi largo que la vraie canine. Les deux dernières j)rémolaires sont beaucoup plus petites, la troisième seule possède un tubercule interne. Les deux premières molaires sont égales, carrées, tritiiber- culeuses, et pourvues dim tubercule postéro-interne supplé- mentaire. Quant à la troisième molaire, elle est plus basse, mais ne possède pas de tubercule supplémentaire. A la mâchoire inférieure, les incisives et les canines sont très longues (6-7 mm.) et disposées presque horizontalement. La première prémolaire est remarcjuable par sa largeur (3 mm. au moins à la base) et par sa longueur (5-6 mm. quand la pointe n'est pas usée). \ peine la dernière pi-émolairc moutre-t-elle une vague indi- cation de talon. Les molaires sont carrées et quadritubercu- leuses. CAiiACTh:RES osTÉOLOGiQUES (pi. VI, llg. 1, 2 ct 3. — Le crâne a été dessiné par de Blainville, puis décrit sommairement et figuré de nouveau par Salnt-Georges Miv.xrt (1864 et 1867). A leur tour, Sculegel et Pollen en ont donné une figure d'ailleuis assez mauvaise (1868). Dans son ensemble, la tête osseuse est remarquable par sa faible largeur relative. Si on la compare à celle de Cli. maior par exemple, on constate que la différence entre les dimensions transversales est beaucoup plus marquée qu'entre les dimen- sions longitudinales. Le profil est très caractéristique. Les 168 MAX KOLLMANN fioiitaux forment une très forte saillie un peu en avant des apophyses post-orbitaires, immédiatement suivie d'une dépres- sion située dans la partie la plus étroite de l'intervalle orbitaire. A leur tour, les nasaux sont fortement convexes. Enfm le museau présente de chaque côté une forte saillie qui correspond à l'alvéole de la canine et de la première prémolaire. Les arcades dentaires sont à peu près parallèles, et c'est là une disposition très caractéristique. Une forte dépression est creusée dans le palais à la base de la canine et de la prémolaire. Elle loye la pointe de la première prémolaire inférieure. Les intermaxillaires sont fortement projetés en avant, de telle sorte que leur pointe dépasse de 2 mm. environ l'extrémité des nasaux. Enfm, la moindre largeur des frontaux égale la moitié au plus de la largeur maxima. Le trou occipital est arrondi. La mandibule est étroite et son bord inférieur est fortement concave. Les apophyses coronoïdes sont très déjetées vers l'exté- rieur de sorte que la région d'insertion du masséter est rorte- ment concave. La suture mandibulaire' est très inclinée en arrière et en bas. Mesures du crâne. — Les deux premières séries se rapportent au crâne des individus dont j'ai donné plus haut les dimensions extérieures. Longueur basale — condylobasale — maxima — des nasaux — des frontaux — des pariétaux Largeur zygomatique — au niveau des canines — au niveau des secondes molaires — des frontaux en arrière des a] o- physes postorbitaires — des frontaux entre les orbites Longueur totale de la mandibule Distance du condyle à l'angulaire.. Longueur de la symphyse mandibulaire Prémolaires supérieures Molaires supérieures Prémolaires inférieures Molaires inférieures 45 43 47. 0 46 53 53 IS 18 18 18 18 18 33,5 32,5 12 12 14 14 20 19 31 30 9 11 7 )) 7,5 8 8 S 7 7 7 7 42 47 52 18 18 16 32,5 12,5 14 19 7,5 29 10 7 7 7,5 7 7,5 DiAGNOSE. — On reconnaîtra facilement Microcebus furcifer à l'ensemble des caractères suivants. ÉTUDES SUR LES LÉMURIENS 109 Taille relativement grande (27 à 28 cm.). Queue toujours plus lunguo ({ue le corps de 2 à 3 cul Raie brune très apparente tout le long d(^ la ligne médiane dorsale, se bifurquant au niveau de la région occipitale. Parties dorsales gris jaunâtre ; vpntr|iles, blanchûtres. Crâne assez long ('i(j-'ir) iiini. de long. Cdiidylobasale) mais rt'IaliveuKMil étroit (82 mm. larg. zygomaliquc). Arcades dentaires supérieures parallèles. Première molaire supérieure grande et caiiiuit'oniie. Dlstruu'tion géourapiiique. — Sur toute la cùlc de xMada- gascar. sauf peut-être dans le sud. Mirnochiics coorEniuj (grandîdier). Chcirfujdlt'iis cùiiucrcli (\\\.\\\n\)\VÀ\, 18()7. M'uvorcbus coquercli Mivart, 18(37 et 1873 ; Schlegel et Pollen, 1808 ; Porsyth-Ma.tor, 181)'i : Klliot, 1912. Mirza coquercli Gray, 1870 et 1872 ; .Schlegel, 1876. Iconogniphic. — P^xférienr : Schlegel et Pollen (1868), pi. vl — Crâne : id., pL \ii. lig. 2 a, 2 d. Celle espèce est très bien caractérisée. Son altrdjulion au genre Mierocehus admise par Mivart et acceptée par F. Major ne fait aucun doute. Elle a été découverte par A. Grandîdier et décrite sunuMairemeut en 1807. Schlegel et Pollen, 1808, et Schlegel, 187(), en ont donné une description plus complète. Divers détails demandent à être précisés, notamment dans rosléologie. \ Caractères e^érieurs. — Le pelage est doux et touffu. La région fronlo-nasale est grisâtre. Toute la région dorsale ainsi que la face externe des membres, excepté les mains et les I)ieds, sont d'un roux brun, tirant souvent sur le grisâtre, un peu plus foncé sur la ligne médiane dorsale. La région ventrale, les joues et la face interne des membres, ainsi que les quatre extrémités sont d'un lilanc s;de roussùtre ou grisâtre. La queue est coiivert(> de longs, poils, de la couleur du dos, à sa base et devenant de plus en plus foncé à mesure cpi'on s'éloigne vers rextrémité. En général, elle est très notablement plus longue que le corps. Sans doute peut-elle comme chez les autres Microcebus se charger pendant la saison humide d'une abondante réserve de graisse. Mais aucun auteur n'a fait mention de cette particularité que nous n'avons pas observée 170 MAX KOLLMANN (iavanlage sur les spécimens que nous avons eu entre les mains. Enfin, les oreilles sont de taille moyenne, cle couleur claire et cle foi'me régulièrement ovale. Mesures. — Les mesures suivantes se rapportent à des spécimens montés conservés dans les galeries du Muséum. Les longueurs des membres sont donc approximatives. Du museau à la base de la queue. Queue Longueur de roreillc Largeur de l'oreille Avant-bras Main Doigt le plus long (4«') Cuisse Jambe Pied Doigt le plus long .* 260 270 260 270 320 350 360 330 20 27 27 26 19 17 17 20 47,5 42 » » 29 31 » » 20 18 18 18 50 56 )) » 71 70 70 70 53 55 55 54 22 21 21 21 260 310 29 20 18 » 70 55 21 Gauactères dentah^es (fig. 4 et 5). — Ils ont été sommaire- ment indiqués par F. -Major {ISWi). Les incisives internes sont seulement un peu plus grandes que les externes et très incurvées en dedans. Les deux premières prémolaires supé- rieures sont unituberculeuses. La troisième est pourvue d'un tubercule interne bien développé. Ce tubercule est parfois légèrement indiqué sur la seconde prémolaire. Les deux premières molaires supérieures sont semblables, trituberculeuses. entourées d'un cingulum, aux dépens duquel se développent à, l'intéiieur deux tubercules supplémentaires ; l'antérieur est généralement très petit ; le postérieur est beau- coup mieux développé. La première prémolaire inférieure est caniniforme et assez forte. Les deux suivantes sont également pointues mais munies d'un tubercule postérieur, formant presque talon à la troisième prémolaire. Les deux premières molaires inférieures sont carrées, qua- drangulaire et quadri tuberculeuses. La troisième est également pourvue de quatre tubercules. Mais le tubercule postéro-interne est développé eu une crête transversale chez le jeune. Chez l'adulte cette crête est arasée. Toute la partie postérieure de la dent forme alors une sorte de talon. Caractères ostéologiques (fig. 4 et 5). — Le crâne et la mandibule ont été figurés sans description par Schlegel et KTiDEs sru i,i:s i.kmi hie.vs ITi Poi.lI':n (1888), U'iiis ligures sont d'ailleurs Lits iinparfailos; F.-Ma.ioh (18i)'i). eu a ilomir iino doscriplion nipide. Contraire- ment à Scni.KiiKi. cl l'Di.i.KN, c[ il semble être dans le vrai, F. -Major pense iiiic rcsprcc (uii lunis occuj)e se ra{)proehe |)lus des Miciocchiis ijnc ilc:^ Cliiiotjtih'. La Ixiilc ('l'anicinK' i'.--l |)r('S(iue spliéri(.[ue. Le pdiiil le plus élevé du pi'ulil se trtju\e à {)eu i)rès au niveau de la lencuidre des sutures eoiouale et sagittale. La partie antérieure des fi'ontaux et aussi la pnilinn adjaceuh» i\e<: nasaux sont renllées (en raison ilu dévelo|)])eiuenl, dit Forsyth-Major, d(>s sinus aériféres sous-jaoents), de telle sorte que le prolil erànien présente en ce point un ri^ssaul assez caractéristique. Cette disposition existe non seuleuieiil chez les jeunes et les femelles, mais se rencontre aussi chez les mâles adultes. La largeur minima des frontaux est égale à un peu plus tiers, iainais à la moitié de leur largeur maxima. L'angle des arcades dentaires supérieures est peu accentué. A ce point de vue M. coquereli se place entre CJi. major et M. furcifer (Au niveau des canines iJ ;\ 12 mm. ; au niveau des seconde.-5 molaii-es 17 à 17,5). Les fosses ptérygoïdes sont larges, les prolongements ali- formes internes con\ergents, les externes très di\ergents. Enhn, le point le jtlus anlérieiu' du linu oceipilal dépasse |)eu eu a\ant le niveau postérieur des bulles auditives. Ajoutons (pie les trous palatins semblent pai'ticulièrement grands, surtout les antérieurs (3 nnn. environ). MESIRES CRANIENNES : Longueur basale — condylobasaie — maxima — des nasaux — des frontaux — des pariétaux: Largeur zygomatique — au niveau des canines — au niveau des secondes molaires — des frontaux en arrière des apo physes postorbitaires — des frontaux entre les orbites... Longueur totale de la mandibule Distance du condylo à fangulaire Longueur de la symphyse mandibulaire.. Mém. Soc. 7.01)1. de l-Knwe, 1913. 4'i il 48, 2 48 r)2 ;i3 18 18,:i i(),:i 17 17 17 32, :■) 32 ! L r. 17 12 17 10 17 G,;) 7 32 31 ii; k; S 7 44 i7, o :;2 18 18 14 33 12 17,:-. 17, :i () 3Ln i:; 8 xxvi. 12 10,5 8 8 8, ri 8 8 8,5 9 8 9,5 9 8,5 I t2 MAX KOI.LMANN Prémolaires supérieures Molaires supérieures Prémolaires inférieures Molaires inférieures DiAGNOSE. — Microcebus coqucreli est essentiellement carac- térisé par l'ensemble des particularités suivantes: Taille moyenne (26-27 cm.). Queue toujours plus longue que le corps de 3-6 cm. Régions dorsales, face externe des membres roux brun grisâtre. Régions ventrales, face interne des membres, mains et pieds blanc sale, roussâtre ou grisâtre. Oreille environ 28 mm. Crâne mesurant environ 48 mm. de longueur condylo-basale. Fosses ptérygoïdes très larges, prolongements aliformes de chaque paire très divergents ; moindre largeur de frontaux oscillant entre le 1/3 et la 1/2 de la largeur maxima. Arcades dentaires très peu divergentes. Distribution géographique. — Côte occidentale de Mada- gascar. MICROCEBUS SAM ATI (A. GRANDIDIER). ? Cheirogaleus médius E. Geoffroy, 1812 : Chirogaleus samatii A. Grandidîer, 1868 ; Opolemur milii Gray, 1872 (p. parte). Opolemur thomasi Forsyth-Major, 1894. Altililemur médius D. G. Elliot, 1912. AltHilemur thomasi D. G. Elliot, 1912. Iconographie. — Extérieur : Gray (1872), pi. Major (1894), pi. i, fig. 1. — Crâne et dents : fig. 2 et 11. -— Er.LiOT, vol. I, pi. xv. MiVART, 1873. SCHLEGEL, 1876. LXX, fig. 1 ; FORSYTH- FORSYTH-MaJOR, pi. II, Cette espèce a été découverte à Madagascar par A. Grandidîer (18()8). Elle se rapproche vaguement de Ch. m.aior par ses carac- tères extérieurs. Mais elle est de taille constamment plus faible et sa dentition est assez dissemblable. Il n'y a donc aucune confusion possible. Comme F. Major l'a montré (1894), YOpo- lemur milii de Gray (1872) se confond avec le M. samati. Nous rattachons également à cette espèce 0. thomasi de P. -Major (1894). Cette forme nouvelle a été décrite sur trois spécimens du Bristish Muséum dont deux seulement étaient adultes. Mais nos obsei-vntions sur les spécimens rapportés de F/rUDES SUR LES LÉMI'IUEN.S 1711 i\hi(l;if^iisc,.ir par (i. riUANDiuiEii inoiilrciit que O. Iliumusi no suLiraiL rÀiv i-u\\ j'ai observé : sur un crâne à profil « thomasi » il était bien dé\elo[)pé de cIkuiuc côté ; sur un autre il était com- plètement absent. Sur plusieurs « samati », le cingulum était JT'l MAX KOLLMANN réuni à la pointe de la dent par une crête interne bien marquée, possédant h sa base une indication de tubercule. Sur ini dernier (( saniati » entin, les tubercules étaient bien marqués. Tous ces caractères sont susceptibles de varier autour d'une forme d'équilibre moyenne. Ces variations n'étant pas concor- cordantes, on ne saurait caractériser deux espèces différentes. I^our donner une idée de la variabilité des formes crâniennes de ces animaux, je signalerai deux observations. Le profil « thomasi » s'accompagne en général d'un aplatissement de la boîte crânienne. Or, le crâne à profil intermédiaire dont j'ai parlé plus haut est pliis aplati (]ue les « thomasi » typiques. D'autre part, la limite postérieure du palais osseux peut varier depuis le niveau postérieur des dernières molaires jusqu'à trois millimètres en arrière de ce niveau sans que cette variation soit aucunement en concordance avec celle du profil crânien. En résumé, deux caractères seulement varient corrélative- ment : la forme du profil crânien et la taille. Il y a peut-être l'indication de deux sous-espèces en voie de formation. Mais en présence de l'identité parfaite des caractères extérieurs, nous estimons qu'il n'y a pas lieu de distinguer deux formes, et de créer deux noms différents. Le nom spéciiique prête ici à discussibn. Dans notre note de 1910, nous avons admis Microcebus samati (Grandidier 1868) ; Elliot (1912) restaure au contraire le nom plus ancien de Altili- lemur médius (E. Geoffroy 1812). Il nous semble que c'est bien à tort. Il est possible, presque probable, même que l'animal décrit par Geoffroy en 1912 soit en effet le Cheirorjaleus samati Grandidier, mais nous n'en avons nullement la preuve. D'une part, la description et la figure de Geoffroy ne sont point du tout démonstratives ; d'autre part, le type qui devait exister au Muséum de Paris est actuellement perdu; du moins, il n'y existe qu'un spécimen qui, en raison des indications confuses qu'il possède, est très suspect et qui semble plutôt être le type du Ch. samati Grand, que du Ch. mcfJius Geoff.; Elliot le reconnaît lui-même. En fait, cet auteur s"api)uie uniquement sur une phrase d'un mémoire de Mtvart (1873) oîi ce dernier rapporte que A. Milne- Edwards lui a affirmé que Ch. samati et Ch. médius sont iden- tiques. A supposer que cela soit exact (ce qui est presque pro- bable), il n'en est pas moins vrai que nous n'avons là qu'une afllrmation dépourvue de preuve, et que cette preuve est d'ail- leurs impossible à fournir. Nous ne savons donc pas exactement ÉTl DES KIR LES LEMLIUENS 175 quel aiiinial (ii'.oiiiîdv avait sous les yeux quand il a décril sou Ch. victliris. Il Ile iKiiis reste plus qu'à supprimer le vieux noui restauré sans raison par Ki.liot. C\HACTÈiu-:s E\TKiui:i us. — Micruccbus sanuiti [S. l.j est de la taille d'un Kcureuil. La tète est ronde et raiipolle celle d'un jcniu' Chat. Toutes les |)arties sui)érieures sont uniformément colorées en irris un i>eu roussàtre ou brunâtre. Selon l'incidence de la lunnère, la teinte paraît plus ferrugineuse ou plus grise. Cet effet est dû à la consliliilion des poils qui >oii! cendrés à la base, puis brun clair, enliii terminés par unt^ jioinle blanche. Selon ruicidence. la pointe l'ellète plus ou moins la lumière et la teinte du |)elage se modilie. La face externe des membres présente la même teinte que le dos. Toutes les parties inférieures, menton, gorge, cou, poitrine et abdomen, ainsi (jue la face interne des membres sont d'un blanc assez pur. II en est de même des quatre extrémités. Une sorte de collier blanc incomplet ouvert à la partie dorsale entoure le cou de l'animal. Les joues sont entièrement blanches, l'nc tache Iilanche, souvent peu distincte, est située sur le front au dessus des yeux. Klle se relie à une large bande blanche ipii occupe l'intervalle oculaire et se prolonge jus([u'à l'extrémité du nez. Les yeux sont enloiii(''s d'un cercle noir se reliant à une taclie noirâtre occu[tant tes côtés du museau et de ta lèvre supérieure. Les oreilles sont courtes, ovales, glabres, sauf une bande de poils jji'uns qui borde la eoncpie auditive du côté interne. La (jucue est assez longue, de la couleur du dos sur le dessus, s"éclaii'cissanl un peu vers l'extrémité. La face inférieure est couverte de poils entièrement blancs ou blanc grisâtre. Elle peut se charger de graisse et acquérir un diamètre considérable (30 nnn.). Elle est alors un i)eu conique et légèrement aplatie. Ce caractère avait déjà été signalé par Grandidier. Mesures. — Spécimens conservés dans l'alcool. 3 cf. De l'extrémité du mnsean à la base de la queue Queue '. Bras .•\vant-brns Main Doigt le plus long (4«) Cuisse Jambe Pied 33 210 170 26 26 23 13 39 li)0 100 2:> 23 2i 14 38 45 33 220 200 30 30 22 13 42 48 35 176 MAX KOLLMANN Caractères de la dentition (pi. VI, fig. 7, 8, 9). — Les incisives supérieures latérales sont extrêmement petites. Elles atteignent à peine 3/4 de mm. de largeur. Les canines sont faibles.. Les deux premières prémolaires sont unicuspides. En ce qui concerne le tubercule inconstant de la seconde prémo- laire, nous renvoyons à ce que nous avons dit plus haut. La troisième prémolaire, de même que les trois molaires, sont trituberculeuses. Mais les deux premières molaires sont munies dim tubercule accessoire postéro-interne dépendant du cin- gulum, mieux développé sur la première que sur la seconde. Les canines inférieures sont petites (4 mm. au plus). La première prémolaire est caniniforme. Les deux suivantes sont encore pointues, mais ont un talon bien développé. Chez l'adulle, des quatre tubercules qui constituent les molaires le postéro-interne est toujours plus usé que les autres. Caractères ostéologiques (pi. VI, fig. 6, 7, 8, 9). — Comme nous l'avons expliqué plus haut, les formes crâniennes de Microccbiis samati sont très variables. La longueur condylo- basale atteint emiron 38 mm. et la largeur zygomatique 27 mm. La racine des canines détermine une forte éminence à la surface des maxillaires. La longueur maxima des frontaux atteint un peu plus du double de la moindre largeur mesurée entre les orbites. Les arcades dentaires forment un angle peu accentué. Les fosses ptérygoïdes sont larges ; les prolongements internes sont parallèles, les externes très divergents. Enfin, la symphyse mandibulaire est peu inclinée en arrière (45°). Mesures du crâne. — Le premier et le dernier des trois crânes dont les mesures suivent appartiennent aux formes extrêmes. Trois individus cf. Longueur basale — condylobasale — maxima — des nasaux — des frontaux — des pariétaux Largeur zygomatique — au niveau des canines — au niveau des secondes molaires. — des frontaux en arrière des apo- physes postorbitaires des frontaux entre les orbites.... 34, 5 36,5 37 39,5 40, 5 42, 5 13 14 13 i:; 13 \o 27 29,5 8,5 9 14 24 il 13 6 6,5 35 38,5 41 14 14 14 26,5 8,2 14 13 6 ETUDES SLR LES LEMUKIEXS 177 Longnoiir tolalo de la niantlibul(> Dislance du coiidylt' à l'angulaire Longueur de la symphyse inandihiilaire. Prémolai res supéric u l'es Molaires supérieures Prémolaires inférieures Molaires inférieures 2ï S, ;■) <; "> s 8 2(1 23, i :i,s f'i DiAGNOSE. — Taille i!H»\('iino 17-21 cm. Queue égale au corps ou un i)eu plus couiie. Paiiics supériiMiros du corps gris roussàtre ou brunâtre. Face venirale, face interne des membres, pieds et mains blancs. Collier blanc incomplet autour du cou. Oreilles petites. Cercle noir autour des yeux. Queue de la couleur du dos, plus claire dessous. Crâne de \^'!^ nnn. environ de longueur basale. Caractères crâ- niens de Microcebus. Distribution géographique. — Madagascar, côte occidentale (Mouroundava). Côte sud-est (Fort Dauphin). MlCli()CI':miS MINOR (E. GEOFFROY). .1/. iniiior minor. Micioccbus ininor K. Ovjuvm^y. 1812. Microcebus murinus Maiitin, 1835 ; Watehuouse, 18:58 ; (Jkay, 1870, 1872 : Elliot, 1912. Galago minor Gray, 18')2, 18'iû. Chirogairns tninnr Mivart, 1873. OtolicHus miiior Wagner, 1855. Chirof/dlt IIS fjliroidcs A. Grani)U)IKI!, 18(58. Microcclms iniiinr P^()hs\ rn-M a.ior, 1894 (p. p.j. M. minor (jriseoruliis s. sp. nov. Cheirogaleus miio.dnus Schlegel, 1876. Microcebus minor F. Major, 1890 (p. p.). Microcebus murinus Ei.i.ioi'. 1012. M. minor miiorinus Peters. Microcebus mijorinns Peters. 1852 ; Elijot t912. M. minor smitlii Waterhouse. .1/. pusiUus Waterhouse. 1838; Peters, 1852; MiVAirr. 1807 (p. p.), Schlegel, 1876 (p. p.). Cheirogaleus smithu Gray. 18V2, 1843, 1863 : Wagner, 1855 ; Mivart, 1873. 178 MAX KOLLMANN Microcehus smilhii Mivart, 186'». 1867. Azema smithii Gray. '870, J872. Microcehus smilhi Forsyth-AIa-kir, 1894 (p. p.). Microcebus murinus Elliot 1912. M. minor ruius Wagner. (( Microcèbe roux » E. Geoffroy Saint-Hti.aire. Microcebus rulus Wagxer, 1840. Microcebus smitJii Forsyth-Major. 1894 fp. p.). Iconographie. — Voir plus loin ù la description des sous-espèces. Etude critiqi^e de e'espèce. — Comme on le voit, la syno- nymie de cette espèce est extraordinairement compliquée. Nous réunisssons ici trois espèces que F. -Major, dans le travail déjà cité, considère comme distinctes. Ce sont : Microcebus minor Gray, M. mijoxinus Peters, et M. smithi Gray. J'ai pu disposer d'une très nombreuse série de spécimens, pour la plupart conservés dans l'alcool. Je me suis convaincu qu'on peut trouver tous les passages entre les types les plus différents et qu'on doit réunir ces trois espèces en une seule. Ce travail était terminé depuis longtemps et envoyé depuis peu à rimprimerie quand nous reçûmes l'ouvrage de D. G. Elliot : .4 Review of the Primates. En ce qui concerne les Microcèbes. le résultat du travail d'ELLioT semble quelque peu incohérent et, fait plus grave, ne tient aucunement compte de ma note de 1910, pas plus que du travail antérieur de Forsyth-Major. et cela sans seulement les discuter. Elliot n'admet parmi les petit Microcèbes que deux espèces : Microcehus murinus (Miller) et M. mijoxinus (Peters). Les noms de pusiUus, smithi. minor, gliroides, rufus et d'autres encore tombent en synonymie. Cependant, les types auxquels s'appli- quent les decriptions originales correspondant <à certains au moins de ces noms sont loin d'être semblables. Aussi Elliot admel-il que l'espèce qui nous occoupe est très variable et peut présenter deux phases, l'une rousse, l'autre grise. Mais il ajoute en parlant de ma note de 1910 : ^ Evidently, Miller's description of murinus was unknown to the author, as was also the bibliography of the species of Microcebus, as some reinstated, e. g. smithi, ru(us^ which hâve been long since ÉTUDES SLR LES LÉMURIENS 179 relegated to the syiioptical lisl. The paper is one apt to lead inves- tigators astray, iiy the récognition vï individual exemples net eutitled to any dislindive rank, while Microcebus coquereli (Cîrandidier), Ihe tvjie ol' wiiieh is in the Paris Muséum, is not meidioned at ati. » M. I^LLiOT pourrait se (hspenser daflirmer que je ne, connais pas la b!l)liographie des Microcèbes. il n'a pas la prétention de m'apprendre «pie tout travail scientillque doit être précédé de IVxamen bil)tiographique de la question. Le présent mémoire était d'ailleurs terminé dès 1910 au moment de la |)Ublication de ma note, c'est-à-dire très longtemps avant l'apparition du livre d'ELLIOT. Mais lui-même use singulièrement des données bibliographi- ques. Je n'ai pas cru devoir retenir le nom de niuriiuis Miller, car, connue le dit 1". -Major, il y a un doute sur la nature réelle de l'animal examiné par Mu.ler. Cette description est si impar- faite qu'il est impossible (\'en tenir compte. D'autre part, il est bien vrai que les espèces smithi, ruius, ndnor, gliioicles, pusillus ont été considérées par Mivart (1873) connue identiques. Mais, comme dans le cas de Ch. samati et Ch. médius, c'est sur la simple opinion, non motivée, de A. MiLNE-l^DWARDs. Eufin et surtout, dans un travail très posté- rieur, F.-M.AJ0R (1894) rétablit les formes minor, mijoxinus, et smilhi entre lesquelles il existe, dit-il, des différences cranienn:s. Pourquoi Elliot semble-t-il considérer le travail de P.-M.\jor comm(> nul et non avemi ? Avant de réunir toutes ces formes sous un seul nom s{)écifique, au moins aurait-il dû montrer — ce que nous avons fait — que les variations crâniennes des petits Microcèbes n'ont aucune signalicafion spécifique. En même temps, Elliot aurait vu que l'espèce mijoxinus n"a pas plus de valeur que les autres et il l'aurait également supprimée. D'ail- leurs pourquoi l'a-t-il rétablie sans démontrer que les raisons pour lesquelles je l'avais supprimée en 1910 n'ont aucune valeur ? Et du reste, à s'en tenir à l'examen des formes extérieures et de la coloration, cette espèce apparaît comme plus qu'inconsis- tante. Elliot ne dit-il pas (p. 107) : « This species is about the size of Miciocebus niurinus and is not unlike that form in ils gênerai appearance. In fact, so neaiiy do they resemble each other that I hâve found wheii a Mammalogist had no personal Knowledge of .1/. myoriniis and depended entirely upon descrip- tion that the nanie ot this species had been given to examples 180 MAX KOLLMANN of M. murinus. » Voilà donc une espèce qui défie la description ! Une étude comparative des différentes formes nous montrera qu'on ne doit admeltre qu'une seule espèce. M. îiiijorinus de Peters est caractérisé par la couleur rousse de son dos et de sa queue et par ses grandes oreilles. Or, j'ai rencontré dans mes collections un assez grand nombre de spécimens qui, aux grandes oreilles de M. myoxinus, joignent une teinte grisâtre des parties dorsales. Il peut y avoir tous les passages entre le gris et le roux le plus franc. Par contre, tous ces individus, ont la queue plus ou moins rousse, et toujours plus claire que le dos. Ce sont ces formes qui ont été décrites par Schlegel (1876), sous le nom de M. myoxinus Peters. Il les décrit en effet comme ayant « le dessous d'un blanc presque pur et non lavé de rous- sâtre, les autres parties non pas d'un roux plus ou moins prononcé, mais d'un gris plus ou moins faiblement lavé de roussàtre. Cette dernière teinte prédomine toutefois un peu sur la queue ». Supposons uiainlenant que la queue à son tour devienne grise ou tout au moins ne conserve plus qu'une très légère teinte rousse. Alors, nous avons un animal qui répond point par point aux Cli. gliToides Grandidier, dont les types sont conservés dans les galeries du Muséum. Le M. gUroides Grandidier se relie donc par une série ininterrompue d'intermédiaires à M. myoxi- nus Peters. Or, F. -Major (1894), rapporte M. gUroides Grandidier et le M. rnyo.riruis Peters de Schi.egel au M. minor de Mivart et de Gray qui est certainement Fanimal qu'Et. Geoffroy désignait sous ce nom. Quels sont donc les caractères différentiels de M. minor et M. myoxinus ? ]I suffit d'examiner la ligure de P. -Major et de lire sa description pour constater que par leurs formes (taille, oreifles, etc.), M. minor et M . myoxinus sont parfaitement iden- tiques. Seule, la teinte est différente ; elle est grise, comme chez M. gliroïdes, au lieu d'être rousse. Les oreilles sont peut-être aussi un peu plus petites. Or précisément les oreilles de M. gli- roïdes sont un peu plus petites que celles de M. myoxinus. Il y a donc tous les intermédiaires entre M. myoxinus Peters et M. minor E. Geoffroy. P. -Major admet enfin une troisième espèce, M. smitM Gray ipii différerait de .1/. myoxinus par des oreilles beaucoup plus courtes, une teinte plus foncée, l'extrémité du nez noire, etc. Je n'ai pas rencontré dans nos collections de spécimen corres- ÉTUDES SUR LES LÉMURIENS 181 pondant exactement à cette description, mais j'ai pu examiner des individus à oreilles courtes et à teintes rousses qu'on ne saurait assimiler exactement soit à M. niijoxinus soit à M. smithi et qui sont réellement interm.édiaires entre les deux. Les collections du Muséum renferment des individus à oreilles courtes et à robe rousse désignés sous le nom de Cli. muiinus, var. rulus G. Saint-Hilaire. Or, P. -Major assimile, avec doute il est vrai, le « Microcèbe roux » de Geoffroy avec M. smithi Gray, bien que, d'après les descriptions originales, ce dernier soit plutôt gris. Mais il y a mieux, Schlegel (1876), décrit sous le nom de M. pusiUus E. Geoffroy, des animaux qui ont, dit-il, les oreilles courtes (4 lignes), le dessous et la face interne blanc roussâtre, et les autres parties du pelage d'un roux plus ou moins intense. Il n'y a pas de doute que les animaux de Schlegel ne soient identiques au « Microcèbe roux » de Geoffroy. Pourtant P. -Major assimile le M. pusillus de Schlegel à M. minor. Toutes ces divergences montrent combien ces prétendues espèces sont voisines. Résumons cette discussion forcément très confuse. On connaît : 1° des foi'mes entièrement rousses à grandes oreilles {M. mijoxinns Peters) ; 2° des formes à pelage roux grisâtre à queue rousse et à grandes oreilles (M. myoxinus Peters de Schlegel) ; 3° des formes entièrement grises, sauf la queue, qui est très légèrement roussâtre (M. gliroides Grandidier) ; 4° des formes à petites oreilles et à robe rousse [M. rufus "Wagner) ; 5" enfin des foi'mes à p(>(ites oreilles et à robe foncée [M. smithi Gray\ Tout cet ensem])le dont les divers termes sont reliés par des intermédiaires ne forme ([u'une espèce. La considération des caractères crâniens conduit à la même conclusion. D'après P. -Major, M. myoxinus Peters diffère de M. minor Gray par quelques particularités. Le museau est plus court, de même que la partie postérieure de l'arcade zygoma- tique ; le trou auditif externe ainsi que la bulle auditive sont reportés en avant. L'interpariétal est plus large et plus court, la région mastoïdienne et la partie avoisinante du squamosal sont plus rentlés ; enfin, la troisième prémolaire supérieure est plus carrée, son tubercule interne étant plus fort. .1/. smithi Gray à son tour se distingue des deux espèces pré- cédentes par les particularités suivantes. Le bord orbitaire est 182 MAX KOLLMANN très épais, de telle sorte que l'espace interorbitaire est assez fortement concave et que la dépression s'étend souvent jus- qu'aux nasaux. L'arcade zygomatique est plus large dans sa portion maxillaire. Les crêtes pariétales sont plus éloignées Tune de l'autre ; la capsule crânienne est large et sphéroïdale ; le plan occipital est à peu près vertical. Les incisives supérieures internes sont plus petites; la première prémolaire est séparée de la canine et de la seconde prémolaire par un petit intervalle. Chez M. minor et mijoxinus, existe seul l'intervalle canine- prémolaire. La différence de taille entre les tubercules antérieurs et postérieurs des molaires inférieures est plus grande chez .1/. smithi que chez .1/. rmjoxinus et M. minor, etc., etc. J'ai pu disposer d'une nombreuse série de crânes et constater qu'en présence de la variabilité des formes crâniennes toutes les différences sisnalées ci-dessus n'ont aucune importance. Si on classe la série de crânes suivant le degré de développement d'un caractère déterminé, on constate que la série ainsi réalisée ne correspond nullement à celle qu'on pourrait établir, soit avec les caractères extérieurs soit avec les autres caractères crâniens. Le crâne peut être bas et surbaissé dans la région pariéto- occipitale. Alors le j)oint le plus élevé du profil se trouve sur le frontal exactement au niveau des apophyses post-orbitairés (pi. VI, flg. 15). nuand. au contraire, la région pariéto-occi- pitale est renllée, le point le plus élevé du profil se trouve reporté en arrière à la jonction des sutures sagittale et coronale ou même au delà (pi. \'I, fig. 11). Entre ces deux formes si dissemblables, il y a tous les passages possibles (fig. 11 à 15) et on ne saurait tracer une ligne de démarcation nette. Je me hâte d'ajouter (ju'ii n'y a pas là de différence sexuelle. Ce n'est pas tout : la largeur du crâne dans la région pariétale est plus ou moins accentuée, mais la largeur ne varie nullement avec le profil crânien. Il en résulte en définitive que la forme de la boîte crânienne est tout à fait variable. Or, la longueur de l'arcade zygomatique, la position des bulles auditives, l'obliquité plus ou moins grande du plan occipital, tous ces caractères considérés comme spécifiques par Forsyth-Major dépendent de la forme générale du crâne. Si enfin on compare la forme du crâne avec les caractères exté- rieurs, on constate qu'ils ne varient pas corrélativement, autre- ment dit, que des animaux presque semblables par leurs couleurs peuvent avoir des crânes très différents et inversement. ETUDES SUR LES LEMURIENS 183 Caractères extérieurs. — l'etile Uiillo (au plus 150 mm.). Toutes les parties dorsales de même que la face externe des membres sont d'une teinte variant du roux franc au grisâtre en passant par tous les intermédiaires. Les poils sont toujours cendrés à leur base. Les parties ventrales, menton, gorge, poitrine et ventre ainsi .{ue la face interne des membres sont d'un blanc plus ou moins pur et parfois lavé de roussàtre. Les mains et les pieds sont toujours blancs. ('ne bande l)lan('lie prend naissance entre les yeux et se continue jus(ju"à l'extrémité du museau. La lèvre supérieure est entièrement blanche. Les yeux sont entourés d'un cercle noir souvent à peine visible. Les oreilles, de taille variable, sont blanches à l'intérieur, roussâtres à l'extérieur et parcimonieuse- ment recouvertes de quelques poils blancs ou brunâtres. La queue est couverte d'un bout à l'autre de poils assez courts, roux ou grisâtres, mais toujours plus claiis et plus roux que sur le dos. Mesures. — J'ai rassemblé dans le tableau ci-dessous des mesures se rapportant aux quatre sous-espèces que j'ai pu examiner. De la tête à la queue Queue j^nseo-ruliis niliis iiiiiiur 130 160 » » 20 8 » 28 10 20 15 lujoxiuiis 130 130 » 29 17 9 31 36 28 10 21 15 133 140 20 26 18 9 28 35 30 10 14 12 145 133 » 26 18 10 31 39 30 11 21 17 Bras Avant-bras Main Doigt le plus long (4^) Cuisse Jambe Pied Doigt le plus long (4^) Longueur de l'oreille Largeur de l'oreille.... Caractères dentah^es. — Les incisives supérieures sont très petites, les internes légèrement convergentes. Les canines sont assez larges à la base (2 mm. au moins), mais courtes (2 mm.). Les deux premières prémolaires sont unicuspides, mais entourées d'un cingulum parfaitement net. Un double inte^^- 184 MAX KOLLMANN valle plus ou moins inconslanl sépare la première prémolaire de la canine et de la seconde prémolaire. La troisième pi'é- molaire est munie d'un tubercule interne bien développé. La première molaire est tuberculeuse ; elle comporte de plus deux tubercules supplémentaires, l'un très petit antéro-interne, l'autre beaucoup mieux développé postéro-inierne. Ce second tubercule supplémentaire est seul développé à la seconde molaire. La troisième molaire est dépourvue de tubercule supplémentaire. Les incisives et canines supérieures sont horizontales, assez courtes. Les deux premières prémolaires sont unituberculeuses. La troisième présente de plus un talon plus ou moins développé. Les deux premières molaires sont quadrituberculeuses et de l'orme carrée. La troisième est allongée dans le sens antéro- postérieur et munie d'un cinquième tubercule, postérieur. Il est juste d'ajouter que, par l'usure, le tubercule postéro-interne et le cinquième tubercule confluent rapidement en une sorte de crête transversale. Caractères crâniens (pi. VI, lig. iO-15). — Taille toujours faible, la lontrueur condylobasale atteig-nant au maximum 33 mm., la largeur 'zyg-joniatique 24 mm. La capsule crânienne peut être, soit isodiamètrique et globuleuse, soit ellipsoïdale et aplatie dans le sens vertical. Dans le premier cas, le point le plus élevé du profil se trouve entre les apophyses post-orbitaires; dans le second il est rejeté en arrière. Il y a d'ailleurs tous les passages entre les deux types. La largeur minima des frontaux atteint au plus 1/3 et peut s'abaisser à 1/5 de la largeur maxima mesurée en arrière des apophyses post-orbitaires (fig. 10). Le bord postérieur des bulles auditives dépasse toujours en arrière le point antérieur du trou occipital. Ce dernier est arrondi ou plus long que large. Les prolongements aliformes internes sont convergents, les externes très fortement divergents. Les arcades dentaires forment un angle assez marqué. Mesures crâniennes. — Nous rassemblons dans le tableau ci-dessous plusieurs séries de mesures qui se rapportent la première et la seconde à deux crânes de M. minor griseorulus choisis parmi les plus différents, les autres à trois des sous- espèces que l'on trouvera décrites ci-dessous. ETL'DES SUR LES LEMURIENS 185 t/iiinir Longueur basale — condyloba sale — maxima — des nasaux — des frontaux — des pariétaux Largeur zygonialique — au nheau des canines — au niveau des secondes mo- laires — des frontaux en arrière des apophyses postorbitaires. — des frontaux entre les or- bites Longueur totale de la mandiblile... Distance du condyle à l'angulaire.... Symphyse mandibulaire Prémolaires supérieures Molaires supérieures Prémolaires inférieures Molaires inférieures 27,:; 30 32 9 12,5 y 21 5,5 11 11 3,8 18,5 5 4 4 5 4,5 ;)/. m. l/riseii- rufim 27 30,5 33,5 M 12 11,5 20 5 10 10,5 3 18,5 fi 4,5 4 6 M. m j/risra- rufus 28 31 33 9 12 12 21 G 10,5 11 3 19 5 4,5 4,5 5 5 5 M. m mi/u.ri- i/ns 26 27 31 9 10,5 11 20 11 3 17 ? 5 4,5 4,5 5 M. m. rii/'ii.i 29 32 35,5 11,5 13 11 23,5 6 12 13 4,5 20 5,7 4,5 4,7 6 4,7 Dlstribution géogr.aphique. Madaeascar. Probablement toute la côte occidentale. Surtout répandu dans la région méri- dionale. A été également rencontré dans l'intérieur. Description des sous-espèces. — Dans le cas de M. samati il nous a été impossible de distinguer des sous-espèces. Ici, il n'en est plus de même et M. minor peut être subdivisé au moyen des caractères extérieurs en un certain nombre de sous-espèces. Il faut d'ailleurs bien se rappeler qu'il y a toutes les transitions ])ossibies entre ces diverses sous-espèces qui représentent en quelque sorte des formes d'équilibre plus parti- culièrement f]'é(iuenles d'une espèce en voie de variation constante. D. G. Elliut n'admet pas ces sous-espèces. Pourtant, il conserve M. myoxinus comme une espèce spéciale. De plus, il distiingue dans M. muriniis {minor) deux c( phases », l'une grise, l'autre rousse. Cependant, quand on considère un nombre assez considérable de M. minoi\ on constate que l'espèce varie dans des sens divers 186 MAX KOLLMANN et qu'il existe des formes extrêmes qui, mises côte à côte, ne se ressemblent nullement. Il y a lieu de désigner ces formes extrêmes par un nom parti- culier ; c'est d'ailleurs à elles que, dans le principe, s'appli- quaient les qualificatifs de rulus, myoïinus^ etc. Nous les consi- dérerons comme autant de sous-espéces. Cette dernière unité de classification n'a pas été instituée pour autre chose. Je sais bien, qu'en général, on restreint les noms sous-spécifiques à la dési- g-nation de « variétés » géographiques. C'est qu'en effet l'in- lluence du climat est une des causes de variation les plus puis- santes. Mais en fait, il n'y a aucune raison pour réserver des noms particuliers aux formes déterminées par les conditions géographiques et à en refuser à celles qui sont le résultat de causes différentes. Quant à la forme inyo.rinus^ nous nous sommes suffisamment expliqués sur son cas. ci-dessus. 11 est impossible d'en faire une espèce particulière. Mais c'est l'une des formes extrêmes dont nous parlons ci-dessus et nous en ferons une sous-espèce. M. niinor minov (E. Geolfroy), 1812 Iconographie. — Extérieur : Forsyth-Major (189i), pi. i, fig. 2. — Crâne et dents : id., pi. n, flg. 5-7, 14 et 15. Correspond au M. niinor (îray de F.-Ma.ior. M. filiroides Grandidier appartient à cette sous-espèce. Greilles assez grandes. Régions dorsales et queue entièrement grisâtres. Parfois très légère teinte rousse à la queue. Côte sud et sud-ouest de Madagascar. M. ininor griseorufus s. sp. nov. Nous réunissons dans cette espèce tous les types à grandes oreilles à dos gris roussàtre et à queue également roussàtre, mais toujours plus claire que le dos. Le M. myoxinus de ScHLEGEL (1878) appartient à cette sous-espèce. Comme le nom de M. myoxinus est préoccupé par une autre espèce que nous abaissons au rang de sous-espèce ; nous avons dû créer une dénomination nouvelle. Côte sud-est, sud et sud-ouest de Madagascar; Fort Dauphin, A n te va mena, T u 1 1 e a r . M. niinor myoxinus Pelers, 1852. Iconographie. — Extérieur : Peters (1852). pi. ui. — Ciàne et dents, pi. IV, fig. 6-9. ÉTUDES SUR 1,ES LÉMURIENS 187 Cirandes oroillcs, eiititTorenl rtuix. Dc.sslis blanchâtre. C'est le type décrit par Peters. Côte sud-ouest de Madagascar. M. minor smithi Gray, 1842. Iconographie. — Crâne : Gray, 1872, flg. 4. — Crâne et dents : pi. ii, lig. 3, 4, 12, 13. C/esl le suiillii (le F.-Ma.ior. IJ'après la description de Peters, l'cproduile par Majoi{, les oreilles sont courtes, la couleur (!st foncée (,yrise ?r') et la (pieue est de la même teinte que le dos. Je n'ai i)as rencontré cette forme dans les collections qui ont été à ma disposition. Côtes sud-esl,. sud et sud-ouest de Madagascar et district de Betsileo. M. minor ruius Wagner, 1840. C'est le type môme du « Microcèbe roux » de G. Saint-llilaire, et des CJi. inurinus v. rulus des collections du Muséum. lilntièremeut roux sur les parties dorsales. Parties ventrales blanc roussàtre, queue rousse ; oreilles petites. Côte sud-ouest de Madagascar : Fort Dauphin. L'ex])loi'alion incomplète de Madagascar ne permet pas de décider si les cinq sous-espèces précédentes diffèrent dans leur distribution géographicpie. Mais, comme on a pu le voir, elles semblent exister côte à côte dans les mêmes régions. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE. On trouvera la bibliographie complète dans le travail de P\-Major (1894;. Le texte ci-dessous comprend seulement les (tuvrages que j'ai eu l'occasion de citer. Voir aussi: Elliot (1912). 1841. Blainville (de). — Ostéographie des Mammifères (f^ans). 1821. CuviER (Fr.) et Gegffroy-Saint-Hilaire (E.). — Histoire natu- relle des Mammifères (Paris). 1912. Elliot (D. G.). — A review of the Primates {Mouographs hf Ihc amer. Mus. nat. Hlst.). 1894. Forsyth-Major (C. I.). — Ueber die Malagassischen Lemuriden- Gattungen Microcebus, Opolemur und Chirogale {Novit. Zool., I, p. 7). 1795. Geoffrov-Saint-Hilaire (E.). — Observations sur une petite espèce de Maki {Bull. Soc. Philom.). Mém. Soc. Zool. de Fiance. 1913. KXVI. — 13 188 MAX KOLLMANN 1851. Geoffroy-Saint-Hilaire (Is.). — Catalogue des Primates du Muséum (Paris). 1854. Gervais (Paul). — Histoire naturelle des Mammifères (Paris). 1867a Grandidier (A.). — Mammifères et Oiseaux nouveaux décou- verts à Madagascar {Revue et Mag. ZooL, XIX). 1867b Grandidier (A.). — Notes sur les Mammifères et les Oiseaux observés à Madagascar {Revue et Mag. Zool, XIX). 1890. Grandidier (A.) et Milne Edwards (A.). — Histoire naturelle de Madagascar. Mammifères (Paris). 1842. Gray (J.-E.). — Descriptions of some new Gênera and fîfty unrecorded of Mammalia {Anu. Nat. Hist., X). 1843. Gray (J.-E.). — List of the spécimens of Mammalia in the collec- tion of the British Muséum (London). 1863. Gray (J.-E.). — Revision of the Species of Lemuroid Animais with the description of some new Species [P. ZooL Soc, London). 1870. Gray (J.-E.). — Catalogne of Monkeys, Lemurs, and Fruit catengu Bats in the Collection of the British Muséum (London). 1872. Gray (J.-E.). — Notes on Propithecus, Indris, and other Lemurs, in the British Muséum [P. Zool. Soc, Lo)idon), 1875. GiJNTHER (A.). — Notes on some Manmials froiu Madagascar (P. Zool. Soc. London). 1910. KoLLMANN (Max). — Note sur les genres Chirogale et Microcebus {Bull. Mus. Paris, XVI, p. 301). 1864. MiVART (Saint-Georges). — Notes on the crania and dentition of the Lemuridae (P. Zool. Soc, London). 18G7. Mivart (Saint-Georges). — Addilional notes on the Osteology of the Lemuridae (P. Zool. Soc, London). 1873. Mivart (Saint-Georges). — On Lepilemur and Chirôgaleus, and on the Zoological Pvank of the Lemuroidea (P. Zool. Soc. London). 1852. Peters (W.). — Naturwissonschaftliche Reise nach Mossam- bique. Zool. Saugethiere (Berlin). 1876. Schlegel (H.). — Singes du Musée de Leyde. 1868. Schlegel (H.) et Pollen (Fr.). — Recherches sur la faune de Madagascar et de ses dépendances, 2^ p., Mammifères et Oiseaux. 1879. Shaw (G. A.). — A few notes upon from Species of Lemurs, spécimens of which were brought above to England in 1878 (P. Zool. Soc. London). 1833. Smith (A.). — .\n epitome of African Zoology {South Alrican Quaterlij .Journal). KTIIDES SUR LES LÉMURIENS 189 EXPLICATIONS DE LA PLANCHE VI FiG. 1. — Microcebus luicifer (Blainville). Crâne face supérieure. FiG. 2. — 1(1., face inférieure. FiG. 3. — Id.. vue latérale, montrant la première prémolaire caninifoi'me. FiG. 'i. — Microcebus cuqucieli (Grandidier). Crâne face inférieure. FiG. 5. — Id., crâne face supérieure. FiG. 6. — Microcebus saniatl (Grandidier). Crâne face supérieure. FiG. 7. — Id., crâne face inférieure. FiG. 8. — Id., face latérale. FiG. 9. — Id., lace latérale; comparer le |)rofil de ce crâne à celui de la figure précédente. FiG. 10. — Microcebus minor yriseorufus M. Kollm. Crâne, face dorsale. FiG. 11 à 15. — Microcebus minor [E. Geoff.). Série de crânes montrant la transfor- mation progressive du profil. contribution a l'étude de l'urceolaria synapta: (guénot). PAK Nicolas-L. COSMOVICI. Pendant l'été 1912, faisant des recherches sur les Synaptes, notre attention fut attirée par un Urceolaire, qui vit à l'intérieur de la région digestive de l'intestin de ces animaux et s'y trouve parfois en nombre considérable. Nos observations furent établies d'une part in vivo — ayant recours à l'ultramicroscope — d'autre part sur des pièces fixées et sur des coupes. Technique. — Les Infusoires ont été fixés suivant les diffé- rentes méthodes : méthode de Schaudinn, méthode de Flemming et par un procédé personnel, avec lequel nous avons obtenu de très bons résultats, surtout pour la prépai'ation des Infu- soires in loto. Le dernier procédé a l'avantage de n'altérer en rien la forme du corps des arîimaux et de conserver intacts les cils les plus fins. Il consiste à : 1° tuer rinfusoire brusquement à l'aide d'une solution d'acide osmique à 1 % ou 2 % ; 2" fixer pendant 1-2 heures dans un mélange de 20 ce. formol à 6 % et 2 gouttes acide acétique glacial. Pendant la durée de fixation, renouveler une ou deux fois la sokition ; 3° suivre ensuite toute la série, alcool, xylol, paraffine ou baume, selon qu'il s'agit de faire des coupes ou des préparations in toto. 4" La coloration à l'hématoxyline ferrique, avant de passer à falcool, peut être très utile. C'est en suivant cette méthode que nous avons pu faire une élude cytologique très approfondie. Description. — L'intiisoire se présente avec la forme d'un tronc de cône et c'est la petite base qui répond à la région péri- stomienne, la grande base à l'appareil adhésif aboral. Ce dernier ayant une situation oblique par rapport à l'axe longitudinal du corps — comme chez Vrceolaria mitra — détermine deux faces inégales. L'Iiri'usoire, regardé par la face la moins étendue, CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L^'URCEOLARIA 191 présente son appareil adhésif aboral vers l'observateur et nous appellerons cette orientation : vue de face (fig. 2). La lorme du corps chuni^e d'un moment à l'autre, g-ràce à la contractilité qu'il possède, mais toujours il présente sept plis- sements assez visibles à l'extérieur. Grâce aux couronnes ciliaires qui entourent l'appareil adhésif aboral, l'Infusoire est doué de mouvements très vifs et peut se déplacer avec grande facilité, dirigeant toujours cet appareil eu a^ant. Le déplacement n'est jamais rectiligne; le plus souvent il est en spirale, ou bien l'animal tourne sur lui-même. Quand il se déplace rapidement, il évagine son appareil adhésif aboral (fig. 1) et la coui'oune ciliaire bat avec vivacité, le courant ciliaire étant en sens inverse des aiguilles d'une montre. Appareil adhésif aboral. — Il est très complii|ué et sert à l'Infusoire de ventouse pour se fixer aux parois de l'intestin de l'animal dont il est parasite (tig. I). Il a la l'orme d'une urne très développée, dont le bord est incurvé, portant une couronne de cils longs, fins, plus on moins coalescents par leurs bases, cils doués généralement de mouve- ments très rapides (c, fig. I, 2 et 3). Quand ces cils se meuvent lente- ment, ils apparaissent sous forme d'une membrane ondulante et les ondes régulièrement entretenues sont dirigées en sens inverse des aiguilles d'une montre. En allant vers le centre de l'excavation, nous rencontrons successivement : a) une région de protoplasma granuleux ; b) une autre striée radiairement. Les stries sont dues à la pré- sence de myonèmes {Hinghand des Trichodines) qui s'irradient du centre de la ventouse en suivant la paroi; ils sont situés sur plusieurs plans {m.r., fig. 2, 3 et 4). A la limite externe des myonèmes. sous la forme d'un cercle séparant cette région de la précédente, se trouve une deuxième couronne de cils bien développés, à proprement parler des cirres et qui correspondrait aux Kranzcirren {Urceolaria. Cijclochœta). Sur les myonèmes prennent appui tout un ensemble de pièces courbes, à direction très oblique par rapport aux myonèmes, formant un tore extensible. Ces pièces peuvent se rapprocher <5, FIG. I. . L'Infusoire fixé aux parois de l'intestin (mêmes lettres que dans la planche). 192 N. L. COSMOVICI ou s'écarter, l'écartement pouvant être très prononcé et dans ce cas l'ensemble prend l'aspect denticulé, la pointe des pièces tournée vers l'extérieur (périphérie) de la coupe, tandis que par leur extrémité interne elles se rapprochent à tel point qu'elles semblent former une ligne continue, un véritable cercle. Ces pièces donnent une grande résistance à la ventouse et forment la partie essentielle de l'appareil de fixation. Contrairement à la description donnée par Guénot, nous avons pu observer que les myonèmes ne s'arrêtent pas au niveau du cercle proximal de ces pièces, mais passent au-dessous d'elles tout en leur servant de point d'appui (fig. 4). Ainsi seulement peut s'expliquer le rôle physiologique des myonèmes qui, par leur contraction, facilitent plus ou moins le jeu des pièces. Le fond de la coupe est tapissé de cils vibratiles animés de mouvements actifs, surtout au moment où l'iufusoire évagine sa ventouse pour nager plus vite. Ces cils correspondent aux éléments hatonoïdes de Schneider. La question pouvait se poser : s'agil-il de véritables cils vibra- tiles, ou simf)lement de Spirilles ? Nous avons eu l'ecoui's à une série d'expériences (|ui nous ont permis de conclure qu'il s'agissait bien de cils : l" une goutte d'acide osmique, très dilué, ralentit les nu)uve- ments des cils qui couvrent la bordure, tandis qu'elle arrête complètement ceux du fond de l'urne : 2° un choc brusque porté sur la lamelle arrête ceux-ci en même temjos que les cils marginaux ; 3° tous les extMnplaircs observés en étaient pourvus ; 4° si nous détruisons un Infusoire par pression de la lamelle, nous n'avons jamais vu s'en détacher un cil pour aller nager librement ; 5° enfin il nous semble que s'il s'agissait de Spirilles, ceux-ci n'iraient pas se localiser seulement à l'intérieur de l'urne mais aussi à la .surface du corps, comme dans le cas de Trichodi- nopsis paradoxa. Il y a encore une membrane ondulée, constituée par des cils épais, isolés, à direction parallèle à l'axe longitudinal du corps, cils immobiles, ou animés de mouvements très vifs; elle entoure comme un collier la base de l'urne (c', fig. I, 2 et 3) et est homologue à la couronne ciliaire externe de Trichodinopsis paradoxa (voir c\ fig. 7 et 9, pi. L\, Cépède et Willem) ou à la membrane péripédieuse du Trichodina. Pour nous elle corres- CONTRIBUTION A L ETUDE DE L'URCEOLARIA 193 fîondrait aussi à la couronne qui apparaît temporairement à la même place chez les Vorticelles à l'état de zoo'ifl. En ce qui concerne les pièces de l'anneau do soutien, nous n'avons rien de particulier à signaler ; elles sont identiques à celles de Trichodinopsis paradoxa. Vestibule (cytopharynx ?). — De forme triangulaire plus ou moins oblique à l'axe longitudinal du corps, sa situation dépend de l'état de contraction du péristome. La paroi du vestibule, proximale par rapport à l'axe du corps, se soulève en une crête légèrement incurvée en S, cette crête — bilfurquée à son origine en X entre les branches duquel se trouve le cytostome (l'orifice buccal) — suit la paroi droite du vestibule, en le séparant ainsi en deux couloirs inégaux, le plus large qui sert au passage des aliments, l'autre, plus étroit, pour conduire au dehors les matières rejetées; crête pourvue de longs cils, agités d'un mou- vement ondulatoire continu (fig. II). Le cercle ciliaire péristomien très réduit forme une courte spire, plutôt un cei-cle. Les cils, en général immobiles, ne sont en mouveuient que lorsque l'animal reste immobile, mou- vement absolument indépen- dant de l'activité de la vacuole contractile et du vestibule, ne pouvant donc être interprété comme une action passive due au courant provoqué par l'éva- cuation de l'eau au moment de leur contraction. La vacuole contractile, très dilatable, s'ouvre à la base du vestibule par un très court canal. Le macronucléus^ moniliforme, s'étent dans l'axe du corps, terminé par une extrémité parallèle à l'appareil adhésif aboral, et s'appliquant par l'autre extrémité sur le fond du vestibule (fig, 2). Par les colorations au bleu de méthylène-éosine, il nous montre des masses claires comme des vacuoles qui prennent l'éosine et très souvent à leur intérieur se trouve encore un gros granule compact, réfringent, fortement coloré en rouge (éosinophile). /"--- a:--/-- FIG. II. Coupe longitudinale tlu vestibule. 194 N. L. COSMOVICI Nous avons eu la chance de trouver un stade de division, mais très avancé : la dernière phase (fig. 5). La coupe, dont nous donnons la figure (fig. 6), parle plutôt pour une conjugaison, que pour une division; les individus étant inégaux — le plus grand correspondrait au macrogamète et le petit au microgamète; — la forme des noyaux semble confirmer cette hypothèse. Le micronucléus apparaît au repos, comme une masse homo- gène, logée dans une excavation de l'extrémité aborale du macronucléus (fig. 3j. L'absence d'un corps péripharyngien (?), la présence de trois couronnes ciliaires, ainsi que la présence des cils au fond de l'urne s'expliquent aisément par la vie que mène notre Infusoire, vie toute différente de celle des autres Urceolaires, comme médium, car il nage plutôt entre les grains de sable du lumen du tube digestif de la Synapte, oii l'eau circule incessamment, qu'il ne se lixe sur la muqueuse intestinale. La présence des cils au fond de rurne. caractère ancestral, la forme très simple, triangulaiic du \estil)ule. comme le fait qu'il .s'agit d'un Infusoire mariu nous le font considérer comme une forme primitive paruii les Urceolaririiv. I^es travaux faits sur les Trichodina, Urceoiaria, Cyclo- chœta, etc., ne nous permettent pas d'établir les homologies et de faire les déductions que nous aurions souhaitées, car les observations des auteurs ,sont absolument insuffisantes pour un tel essai; toute leur attention étant concentrée sur l'appareil adhésif aboral, caractère secondaire, acquis par la vie parasitaire et non sur l'appareil péristomien, caractère essentiel chez les Protozoaires. Pour ces raisons nous nous sommes borné pour le moment à donner de notre animal une description rigoureuse, sans essayer de nous prononcer sur le nom qu'il faudrait lui donner et la place qu'il faudrait lui assigner dans le groupe des Urceo- larinœ. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L' URCEULARIA £95 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1805. Blochmann (H"" Fr.). — Uic niikroskopische Plaiizeii- nnd Thier- welt des Sûsswassers. 1855. BuscH (W.). — Ziir Analomie (1er Trichodina {Miillcfs Archiv, p. 357). 1883-1887. 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C, couronne ciliaire qui entoure comme un collier la base de l'urne. c", cils du fond de l'urne. cir, couronne des cirres. m. r., myonèmes radiaires. iV, macronucléus. 11, micronucléus P, péristome. p. a., pièces de l'appareil de soutien de la ventouse. pi, plissements de la paroi du corps. V, vestibule (cytopharynx). vc. vacuole contractile. ESQUISSE D'UNE MONOGRAPHIE BIONOMIQUE DE LA PLAGE DE TERRÉNÈS P. DE BEAUCHAMP et I. ZACHS (Planches VIII et IX). AVANT-PROPOS Parallèlement au travail d'ensemble de l'un de nous sur la zone des marées dans la région de Roscoff, qui sera paru eu même temps que ces lignes (de Beaucfiamp, 1914 6), il anrail. été désirable d'entreprendre une série de monographies détail- lées portant sur des points restreints, surtout en ce qui concerne les faciès non rocheux où les traits généraux des associations et les causes de leur extension ne se laissent pas aisément mettre en évidence. La petite an,se de Terrénès, située sur le liane K. de la baie de Morlaix, nous avait pai'u par la variété de ses sédi- ments, la richesse biologique de certains et la présence de quelques formes rares un des points désignés pour un travail de ce genre. Elle a, sur d'autres plages classiques de la région, celle de l'Aber à l'ouest de Roscoff ou celle de Penpoull au fond de la baie du même nom, l'avantage d'être relativement petite et bien délimitée naturellement par des promontoires rocheux vis-à-vis des autres plages et herbiers adjacents; en même temps elle paraissait, dès les premières explorations, ])lus variée qu'elles, plusieurs faunes de sable différentes s'y juxtaposant, ce qui pouvait faire espérer quelque découverte sur les causes inconnues de cette diversité. Comme toujours en pareil ca,s, il a fallu beaucoup rabattre des espérances et du programme primitifs ; le séjour sur place, indispensable pour une étude approfondie, n'a pu être aussi prolongé ni aussi commode qu'il eût été nécessaire. D'autre part, les différences entre les types de faune ont paru, examen fait, moins absolues que nous ne l'avions cru au premier abord et leurs relations peu nettes avec la nature des sédiments. Un projet qui dut aussi être abandonné était celui d'une analyse physique et chimique sommaire de ceux-ci à mettre en parallèle avec les données sur leur bios (proportion de sable et de vase, de calcaire, de matières organiques). En l'absence d'une tech- 198 p. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS nique déjà établie (celle employée par PRu^■OT, 1894, est très précise, mais beaucoup trop compliquée pour servir à un grand nombre d'échantillons), et d'un laboratoire spécialement outillé, elle eût entraîné une perte de temps disproportionnée aux résul- tats généraux qu'on en pouvait attendre sur un matériel aussi limité. C'est un ordre de recherches non encore effleuré et qui réserve des surprises à qui aura la patience de l'appliquer systé- matiquement dans une vaste région. L'anse de Terrénès (1) est située sur la côte N. du département du Finistère, au bord E. de la baie de Morlaix. Elle est le premier accident qui interrompe ce bord, quand depuis l'em- bouchure de la rivière de Morlaix, qu'on peut définir par celle de son dernier affluent, le Dourdu, on remonte vers le N. en le suivant dans la direction de Primel. L'anse est créée par la presqu'île de Barnenez, rattachée à la terre par un isthme étroit et faisant face à la pointe de Penn Lann sur la rive opposée de la baie; à elles deux elles séparent de celle-ci, ouverte et semée d'écueils, la rade proprement dite de Morlaix. L'apophyse ter- minale de la presqu'île, infléchie vers l'E. et qui porte le nom de pointe de Perrohan, limite l'entrée de l'anse qui nous occupe avec l'étroite pointe de Terrénès, détachée de la terre ferme et portant le hameau du même nom. Elle est très allongée du S. au N., et un épi de galets partant de la rive E. la sépare en deux parties inégales réunies par une passe étroite; le lit du ruisseau qui se jette au fond et la parcourt dans toute sa longueur à mer basse y trouve juste sa place. On compte en direction N.-S. 1 km. 250 de Terrénès a l'épi, et i km. 800 de Terrénès à l'extrême fond; la largeur maxima est de 0 km. 670 et celle de l'entrée 0 km. 310 seulement. Au point de vue géographique, la position exacte de la pointe de Terrénès en son endroit le plus rétréci est 48°40'36" lat. N. et 6°1J'23" long. W. Paris. Pétrographiquement, d'après les indications de la carte géo- logique au 80.000*" (feuille dressée par Barrois\ la presqu'île de Barnenez est constituée par les schistes cristallins et épidio- rites de Lannion, tandis (jue la rive E. l'est au niveau de l'arrière-fond par le granit porphyroïde de l'Aber-Ildut et à celui de la baie principale par l'épidiorite de Plougasnou (avec une intercalation de microgranulite). La pointe même de Terrénès (1) Orthographe de la carte marine, feuillet 9.50 au petit point et 951 au grand point : nous ne prenons pas sur nous de décider si elle est plus correcte que celle de la carte du Service géographique de l'armée (SO.OOOe, feuille 40, Lannion, S.-O.) qui porte » Térénez » ; ni Tune ni l'autre ne parait tout à fait exacte étymologiquement . MONOr.liAI'IIIK l»K L\ l'I.AfiF: DR TRMRKNI^S 100 l't la oùlit |)liis ;iii iN. stiiil roi'iiK'cs pai' lu giMiiiilitt' de VWf (Iraiulf, Mais les collines qui dominent l'arricTC-l'ond sunl lorniées ijonr une partie de sédiments fluviaux, sables et galets entremêlés, (|iii alleignent une puissance d'nne vingtaine de mèti-es et l(''moiynent de Tcxislence ancienne d'une rivière beaucoup plus nii[)uitante. Des deux côtés de l'entrée seulement, la roche «uinpacte descend un peu profondément dans la zone des niarées ; quant à la répartition des sédiments dans celle-ci, nous rétndierons en même temps que Inns associations or,t.'ani(|ucs. La carte ([ue nous doimons (pi. VIlli est pour le tracé un simple agrandissement à 3/2 de la carte marine au grand point (t'i-'iOCj; des teintes au lavis, de plus en plus foncées à mesure que les sédiments se rapprocheid de la vase pure, indiquent les varia- tions de ceux-ci, des signes spéciaux, le revêtement organique ou inorganique de la surface (gravier, Fucus, Zostères, coquilles vides). Ces indications ont été repoitées sur place à l'aide de points de repère et ne prétendent donc pas à la précision géo- désique ; les limites d'un sable plus vaseux à un sable moins vaseux, d'ailleurs modiliées par chaque marée ou crue un peu forte, celles de l'extension d'une Annélide fouisseuse, ne sont point par elles-mêmes assez précises pour justifier le travail considérable qu'entraînerait un levé par les méthodes usuelles. La rigueur est néanmoins très suffisante pour permettre d'ap- précier les changements à longue échéance : nous en indique- rons de notables par rapport à la carte, beaucoup plus petite, de l'ouvrage de Pruvot (1897). Il en est de même au point de vue hypsométrique : les lignes pointillées tracées dans la baie ne sont pas des courbes de niveau exactes, mais les aspects successifs du bord de feau au cours de la masse descendante, qui dépendent aussi du temps d'écoulement; quebjues chiffres enq)runté,s aux sondes de la carte marine ou obtenus par la méthode île l'iuMcr 1) serviroid de ]»oiiit de repère. .\u point de \ue [jropi'ement bionomique, nous nous limitons en jtrincipe à la plage, c'est-à-dire aux faciès non rocheux, le faciès rocheux étant d'ailleurs dans la baie banal et de i)eu d'intérêt ; mais bien entendu, outre les intermédiaires créés par les graviers de diverse taille, il a été souvent nécessaire de citer les Algues revêtant les cailloux et les animaux en partie fouis- seurs (jue l'on trouve à leur contact quand le sal)le les entoure. (1) Pour le calcul des marées et leur hauteur, nous avons pris les chittres fournis par l'Annuaire pour le Château du Taureau, situé en face de Terrénès dans la baie de Morlaix. 200 P. DE BEArCHAMP ET [. ZACIIS Le groupe sur lequel oiiL i)orté nos principaux efforts, comme le plus varié et le plus important en .semblable circonstance, est celui des Annélides Polychètes dont l'un de nous (I. Zachs) a spécialement assumé les déterminations ; quelques espèces d'ailleurs, récoltées antérieurement par nous au môme point, avaient déjà été identifiées par M. le professeur Pruvot et sont aujourd'hui dans la collection du Laboratoire de Roscoff. Nous devons aussi des remerciements spéciaux à MM. E. Lamy pour avoir revu et complété nos déterminations de Mollusques, Hariot pour nous avoir fixé sur l'état civil de quelques Algues î'ares, Ghevreux enfin pour avoir fourni les noms de trois Ampliipodes. Ceux-ci n'ont par malheur pas été recueillis sys- tématiquement partout, non plus que les formes submicrosco- piques dont il est d'ailleurs dif licite de tenir compte aujourd'hui pour établir les types généraux d'associations. Le travail sur place a été fait pour la plus grande partie aux grandes marées du milieu et de la fm de septembre 1913; mais l'un de nous (P. DE B.)avait déjà recueilli les premiers documents durant les étés 1910, 1911 et 1912. Bien entendu nous avons dû laisser entièrement de côté les variations saisonnières de la plage. Le plan suivi sera fort simple : nous décrirons successivement l'arrière-fond qui forme un tout à part, appartenant au mode saumâtre, puis les plages supérieures (zone II, voir de Beau- champ, 1914 a et h) qui bordent la jetée naturelle et tout le tour de la baie, puis la plage inférieure qui remplit le centre et l'entrée de celle-ci et nous conduit naturellement à celle située immédiatement au N. de ia pointe de Terrénès; ses caractères un peu spéciaux rendent utile de l'étudier par comparaison. Enfin, après des remarques systématiques et éthologiques sur quelques-unes des formes citées, nous résumerons les caractères des principaux » types » observés. Par type nous entendons un ensemble à peu près homogène défini à la fois par les modalités précises du niveau, du laciès et du mode (de B., loc. cit.) aux- quels il appartient et par la composition exacte de sa faune et de sa flore; un type donné peut évidemment être retrouvé dans des stations non continues entre elles et plus ou moins éloignées topographiquement : ainsi celui des herbiers vaseux de niveau supérieur à petits Zostères, etc. qui existe à la fois dans les angles N.-E. et S.-E. de l'anse de Terrénès et pourra, c'est vrai- semblable, être reti'ouvé en dehors. Mais on ne pourra rapporter au môme que des formations presque absolument identiques comme conditions physiques et composition du bios. Chacun MONoGRAr-MIE DE I.A PI.AGE DE TERMÉNÈS 201 des types princij»aiix que nous étuditins aujouidliui lecevra dès l'abord un numéro spécial, porté dans tous les points où il exisli' sur la carte et sur les photographies de la pi. IX. 1'' Uarrivre-fond. L'épi qui sépare en deux parties Tanse de Terrénès n'est point presque droit comme le feraient croire les cartes existantes ; partant de la rive abrupte de l'est, il se dirige d'abord vers le S.-W, puis se coude brusquement vers l'W. et finit par un cro- chet court et arrondi orienté en plein vers le S. (phot. 3, pi. IX). Il est uniquement formé, sauf le sable et la vase qui les empâtent en bas, de galets de taille médiocre et assez uniforme. La surface supérieure, parfaitement plane, est couverte d'un gazon assez maigre mêlé de Spergulaires et autres plantes halophiles ; il forme sur la phot. 3 une bande sombre bordée de deux bandes blanches et poi-te d'habitude quelques las de goémon; un lour à soude pour l'incinération des Laminaires y est creusé près de son extrémité. La pente des lianes, très régulière, est plus abrupte au S. et à l'extrémité, où elle fait face à la pente plus douce de l'isthme de Barnenez très surbaissé à ce niveau. Presque à toutes les marées basses il ne subsiste là qu'un luis- seau de quelques décimètres de profondeur. Le débit de ce ruisseau serait d'ailleurs insignifiant s'il ne drainait à ce moment toute l'eau dont la vase s'est imbibée à marée haute; en effet, les deux petits cours d'eau qui se réunis- sent au fond pour le constituer peuvent être franchis d'une enjambée pendant l'été et le seul affluent notable que reçoive le chenal principal, beaucoup plus sinueux que ne le ferait croire la carte marine (ses méandres ont été marqués sur la pi. \'IIIj paraît lui-même un simple ruisseau de drainage ne recevant l'eau de la terre ferme que par infiltration. C'est l'en- semble de ces dispositions qui donne à cet arrière-fond un caractère bionomique très particulier et bien à part dans la région : d'une part les vagues extérieures ne s'y font sentir à aucun degré, pas plus que dans les parties hautes des grands estuaires ; d'autre part, à l'inverse de ces derniers, le courant n'y est sensible que dans la passe et les parties adjacentes du chenal, et la dilution de l'eau de mer par les apports du ruisseau n'est notable, en dehors des mortes-eaux de la saison pluvieuse, que pour les parties qu'il arrose à mer basse. Son chenal se creuse à travers une surface uniforme de vase noirâtre à l'état humide, très molle, tout à fait analogue exté- 202 p. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS j ieureinent à celle de Testuaire de la Penzé et renfermant encore comme celle-ci (\oir Pruvot), une forte proportion de sable fin. Il est bordé par des talus incui'vés et ravinés où elle se trouve à nu et son fond, comme il est habituel en pareil cas, est tapissé de graviers, résidus du lavage par le courant; c'est le seul endroit où Ton puisse marcher sans enfoncer jusqu'au genou. Pourtant dans la partie W., près du conlluent, la vase ne forme qu'un mince revêtement superliciel et déchiré par place recouvrant un fond de sable grossier et rougeàtre, sorte d'arène peut-être formée par désagrégation sur place. C'est ce que Pruvot a représenté dans sa carte par une bande brun clair tranchant sur le gris de la vase. La surface, plane et à peu près horizontale à l'œil entre les méandres du ruisseau, présente de loin une teinte verte due à la présence d'un véritable herbier de Zostères d'une très petite taille — nous reviendrons sur eux en les retrouvant dans la baie proprement dite. Plus encore que dans celle-ci, ils se trouvent à un niveau très élevé par rapport à celui que cette association atteint d'habitude dans la région. Il ne nous a pas été possible de le fixer avec précision, car la méthode de Pruvot n'est pas applicable ici, l'écoulement des eaux montantes et descendantes subissant dans la passe un retard considérable. D'après les cotes inscrites sur la carte marine, il doit être compris entre 5 et 6 m. au-dessus du 0. Le revêtement n'est d'ailleurs pas dense et tout ce qui de loin paraît vert n'est pas Zostère : des surfaces assez étendues, surtout dans la partie W. au niveau du sable dont nous a\ons parlé, sont aussi couvertes d'un feutrage de filaments très fins d'Entéromorphes, Gladophoracées et Siphonées (sans préjudice des Algues bleues), fréquent dans des faciès analogues et qu"U ne nous a pas été possible d'analyser en détail. Un petit nombre de rochers émergent de la vase, le plus remarquable porté sur la carte marine dans l'angle N.-E.; de même que le bas de l'épi de galets, il porte les Fucacées des zones supérieures normalement développées ; quelques autres se trouvent dans le chenal même, baignés par l'eau douce toute la marée basse, et portent conformément à la règle que l'un de nous a indiquée, des Fucus ceranoides h. typiques, forme liée à l'existence d'un courant d'eau dessalée. Mais la même station nous offre, seule de la région, une forme beaucoup plus rare et plus intéressante, le F. lutarius Kiitz. en touffes abondamment ramifiées, étalées sur le plateau de vase où elles s'implantent sans aucun substratum solide; nous y reviendrons par la suite. MONUGIIAI'IIIK DR LA l'LAfiE DE TEimÉNÈS 203 Les paquets d'Kiitri'omoi-jjlios ne sont pas oxli-rnicrnciil nom- breux, sauf sur les cailloux du ruisseau. La faune des vases de Tarrièi'e-fond est, par rapport aux faciès analo^ nos de la baie proprement dite, d'une pauvreté, habituelle au mode saumàlre, mais qui ne sendjle pas en proportion avec la (|uan(i|{'' d'p.iu doiicc reçue par lui et la persistance des her- biers; il faul il csl \rai Iriiir compte aussi du niveau élevé auquel elles se trouxcnl. A la sinlace, de jeunes Liltorines des espèces citées plus l)as et d'innombrables l*<'riii(ii(i nioa' l'eMn.,se Irouveut seules parmi les Zostères; en i)iocliant on y découvre encore, près de l'entrée et jusque vers le milieu, quelques individus deMelinna cristala (Sars) [Polych.] que nous l'elrouverons dans la riche association des hei'biers de la baie. Sous les galets de la jetée, on peut encore ti()u\er la l'aune à Ajuluainhi et Pliascu(osoiiia que nous éludioi'ons. Dans la vase nue (jui borde le eliejial s'ob- servent de nondjreuses Scrobicuhirid piperata (Gmel.) [Lam. ] (1), forme d'eau saunifdi'e l)ien connue, des Cnrdium edule L., vivants jusqu'au tond, dont les coquilles vides se trouvent souvent en place dans la vase; des Carcinus mœnas (Penn.) y courent et s'y creusent des terriers. Les Polychètes sont repré- sentées, connue dans la vase de la Penzé avec laquelle l'analogie est très grande, par de petites Arenicula marina (L.) et Nephthys Ilombcrgi Aud. et Edw. et par la ^^el■c^■^ {llcdiste) diversicolor Millier qui ne s'écarte guère du ruisseau. Les formations vaseuses de l'arrière-fond forment une unité bionomique qu'il n'y a pas nécessité de subdiviser et à laquelle nous donnerons le n" 2, réservant le n° 1 aur bords, que la mer ne mouille qu'aux grandes marées. Le long- des deux rives se trouve une bordure, plus continue sur le bord Iv, de Juncus iiiaritiinus Lmk. insérée sur un gravier qui se mêle à la vase à ce niveau. Des brins décolorés d'Kntéromorphes s'accrochent à eux. Tous les cailloux un peu plus gros qui leur sont mêlés porterd de petites toulTes de Pelrctia canaliculata (L.) et Fucus platijcarpus Thur., tout à fait en place. Ce n'est qu'au fond de la baie que cette associalion devient un véritable schorre en saillie sur une slikkc sablo-vaseuse où la végétation gazonnante habituelle (voir de B., 19i'i) s'associe aux Joncs. Deux Algues (1) J()i:bin iiwis!) et Vlès (1909) indiquent tous deux dans le fond de la baie de Terrénès une station de Mua arenaiia L. que la carte du premier localise même dans la passe, à l'extrémité de l'épi ; nous avons cherché vainement à vérifier cette indication et n'avons même aperçu ni une coquille, ni un trou caractéi'lstique de l'espèce. On sait d'ailleui"s que de semblables gisements sont assez facilement anéantis. Mém. Soc. Zool. de France, 1913. XXVI. — 14 204 p. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS encore, Boslnjcliia scorpioidcs (Ag.) accrochée à cenx-ci et Grateloupia lurcala (forme jeune, dichotomisée deux ou trois fois), mêlée au gazon même y jouent un rôle important; bien entendu de nonjbreux filaments d'Entéromorphes prennent part au feutrage. A la surface se promènent encore des Péringies avec des Littorines, L. liiorea (L.) et L. saxatilis Olivi. La faune fouisseuse subterrestre, si développée sur les bords de la Penzé ou de rOdern, fait ici à peu près défaut; du moins n'avons nous rencontré qu'une Orchestie, sans doute 0. medlterranea Costa qui en fait partie habituellement. Bien entendu partout où la vase est maintenue humide par un filet d'eau abonde l'inévitable Nereis diversicolor. Au même niveau on observe aussi, dans l'angle de la jetée et le long de la rive W., des sables assez fins et sans végétation ; comme ils ne sont peuplés que par un Oligochète que nous n'avons pu étudier, nous n'y insisterons pas autrement. 2° Les zones supérieures au pourtour de la baie. Nous commencerons par examiner les types assez variés jux- taposés ,sur le flanc N. de l'épi de galets. Ce flanc porte à sa base, du moins sur une partie de sa longueur, une mince bande de Fucacées (bien visible sur la phot. 3), où prédominent les F. platycarpus Thur, et vesiculosus L. (peu de Pelvéties); au- dessus, quelques Chthamales épars sur les cailloux. De nom- breux suintements d'eau saumàtre, celle de l'arrière-fond qui s'égoutte, s'y font, bien entendu, sentir à marée basse. Un peu au-dessus des Fucus, là où se promènent quelques Trochoco- chlea crassa (Penn.), [Prosobr.] au milieu des Eiitéromorphes des suintements, et où il existe à peine un peu de sable entre les galets, on rencontre en écartant ceux-ci : DÉCAP. Carcinus mœnas (Penn.), jeune. Amphip. Gammarus cf. marinus Leach. Lam. Anomia ephippium h. (j.). Amphin. Lepidopleurus cincreus (L.). GÉPH. Pliascolosoma elongaiuni Ivef. PoLYCL. Leptoplana tremellaris (Mûller). NÉM. Lineus cf. ruher (Muller). PoLYCH. Nereis Dumerili Aud. et Edw. Ophiodromus llexuosus (Chiaje). Ghjcera convoluta Kef. Polyrnnia nebulosa (Mont.). MONOCUAPIIIb: DE F. A PI.AC.K DE TERRÉNÈS 20r) P. nesidensis (tlliiajc). Aialoiiinia tcnlucidald ^^Moiil.)- (ii'iiii K. \nii)liiiirti siiiKiiinilu (CJikijo). Si l'on descend au niveau des galets couverts de Fucus de rextréniité E., on les trouve beaucoup plus mêlés de sédiments nienbles, vase surtout, et reposant à une profondeur de 1 ou 2 dm. sur le limon jaune et compact si caractéristique des plages de la région. Les espèces non fouisseuses y dis[)araisseut à peu près; les plus conuuunes à ce niveau sont : FoLVCu. Util iin>lli()<' sijiiiiiiLi' S'-.Jos. Scrcis Duincriii Aud. et Edw. Glijccra convoluta Kef. Aniphilrite gracills (Gr.). Audouinia lenlaculata (Mont.). GÉFH. Phascolosoma elongaluin Kef. AcT. Gereus pedancalatus Penn. Edii-nrdsia Beaiilempsi Quatref. .\u même niveau, tout à fait dans l'angle de la jetée, les galets ont été recouverts par une couche de sable fin, micacé, dont la surface porte des graN iers épars et des traînées de ruissellement. De petits tortillons dWrenicola marimi (L.) qui l'habile à peu près seul s'y remarquent aussi. Si la faune des galets, qui fera partie de ce (jne nous appelle- rons le type 0, est très semblable à elle-même tout le long de l'épi, il n'en est pas de même pour la plage proprement dite qui lui fait suite et montre une juxtaposition remarquable de sédiments et de faunes. Je parle de la bande de quelques dizaines de mètres située entre la limite empirique de 3 m, au-dessus du 0 (moyenne des basses-mers de morte-eau) et le talus de galet dont la base est au plus de 1 m. à 1 m. 50 au-dessus de ladite limite. .V son extrémité, ce talus plonge directement dans la vase du ruisseau sur laquelle nous allons revenir, et recèle dans sa jiai'tie ennoyée une faune analogue à celle (jue Udus xcnons de signaler a\et' prédominance L\\\ud.). .\eplithys lloinbcrfji Autl. et Edw. Nematoncreis unicornis ((îr.). Aricia MuUeri Rathke. Arenlcohi marina (L.). Lcioclmnc cli/pcata S*-Jos. Notomastus lati-iiccus Sars. Pohjcinus aaianliacns Gr. Nous nous arrêtons pour le moment à la jetée du port qui descend jusqu'au chenal, assez profond en dehors d(>s basses mers exceptionnelles. Nous n'insisterons pas longtemps sur la bordure W. de la baie; elle présente des caractères analogues à ceux de la bordure E., mais avec beaucoup moins de gravier et de blocs à Fucus et beaucoup plus de sable, inégalement vaseux. Des traînées très pures alternent avec des platjucs de vase molle ; les coquilles roulées et leurs débris (Littorines et Trorpies aussi bien q'ue Lamellibranches) abondent par place, .surtout à une profondeur de 10 cm. environ. Comme exemple de faune nous pouvons rilcr : ycpJiflifis llnnibcrfji And. et Edw. Aricia Miillcri Rathke. Mai plnj^a sanguinea (Mont.). Leiochone clijpeata S*-Jos. M. Bclli (Aud. et Edw.). Notomastus latericeus Sars. Nerine foliosa Aud. et Edw. 212 p. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS Les Arénicoles apparaissent un peu partout, mais sont surtout gros et abondants dans les endroits purement vaseux, en se rapprochant du ruisseau. Les petits tubes rougeàtres, formés de sable agglutiné, de Pygospio seticornis (OErst.) qui existaient déjà près de la digue sont abondants en dessous de la saillie médiane de la côte qui porte quelques touffes de Joncs comme ceux de Farrière-fond. On voit également des plaques de quelques dmq. couvertes de petits Zostères ; ce sont les restes sans doute du grand herbier qui, sur la carte de Pruvot, occupe toute cette région (cet auteur n'a par contre point indiqué nos deux herbiers de TE., ni ceux de l'afrière-fond). Enfui, en face même l'extrémité de la jetée, un sable grisâtre, immédiatement noir en profondeur et mêlé de cailloutis à Fucus renferme : Glyccra convoluta Kef. Nerine cirratulus Glap. Bien entendu quelques .suintements à Nereis diversicolor se trouvent aussi dans ces points. 3° La plage inlérieure. La grande plage de sable qui remplit tout le centre de la baie est en apparence fort homogène et il est difficile de la décom- poser en types distincts, comme de lui trouver des limites nettes avec les faciès semblables des niveaux supérieurs. Dans sa partie S. le ruisseau, sortant de la passe, se partage en plu- sieurs bras irréguliers qui la sillonnent, le plus à gauche étant le plus important. Cette région est d'ailleurs pour une part au-dessus de notre limite de 3 m. Au N. du léger étranglement créé par les deux pointes rocheuses ({ui se font vis-à-\is, la structure est plus simple : la plage est régulièrement inclinée de rw. à l'E., de sorte que par les hauteurs d'eau de 2 m. 50 à 3 m., toute la moitié confluant au grand champ de blocs à Fucus paraît régulièrement couverte (phot. 1 et 2, pi. IX). Quand l'eau continue à baisser, elle se vide à son tour et l'on voit se dessiner le chenal du ruisseau longeant le champ en question, puis l'herbier, s'infléchissant enfm pour passer sous le port et doubler la pointe. 11 garde toujours en ces points une profondeur de 40-50 cm. Son coude principal est déterminé par la présence d'une pointe surélevée de sable pur, en dos d'âne, qui est l'ex- trémité de la plage occidentale, mais en relief même sur elle. Au contraire, un peu au S. de celle-ci, se trouve une partie plus creuse et subdivisée par plusieurs vallonnements ; la région située à l'W. s'égoutte mal, il y subsiste sur le sable des flaques MONOGHAPIIIK DK F. A l'I.AGK DK TERRÉNÈS 213 très pou [iiorondcs iT.iilUMii's, et les l'ipplo-inark.-^, conmiiiiis sur toute la plage, y sont très accentués. Toutes ces parlicularités se remar(|Mont fori bien sui' los phnt. 1 et 2. An |Hii!il (le \iic des sédiinciils, les l)ords du ruisseau à son drlxaiclir i\r la |)asse sont formés do la vase molle et mame- lonué(\ à piatuls Arénicoles, que nous connaissons déjà. A ce niveau les b'ucus qui poussent sur quelques blocs rocheux dans son lit sont couverts par le Bryozoaire Boirctlxinhid iniJninita (Adams) aussi dévelopj)é que dans la Penzé oîi les conditions sont analogues. I.a même vase se mélange irrégulièrement au sable, siirldiil |)rès du elienal. jusipie vers le milieu de la baie et disparaît à peu près dans le reste, en faisant abstraction de l'herbier N.-K., du port et des plaques de la rive gauche que nous avons signalées. Il est impossible de donner sur la carte une idée exacte de ce mélange qui varie à chaque instant par la lutt« entre le ruisseau et le (lot. La proportion des coquilles vides éparses à la surface, ou brisées et mêlées au sable (surtout dans la partie W.), croît régulièrement jusqu'à rentrée et la plage est partout criblée des trous des Lamellibranches, Clyméniens, Synaptes, etc., avec des proportions différentes suivant les points. Nous n'insistons pas sur les animaux errants à la sur- face [Carcinus marnas (Penn.), Pagures surtout Eupagurus bern- hnrdus (L.)], ou nageant dans les flaques et le lit du ruisseau (Mysidacés, Gnbiiis mimitus Pal!., petites Plies) parce qu'ils ne diffèrent en rien de ce qui s'observe sur toutes les plages de la région et que cette faune est nettement moins riche qu'à Pen- poull i)ar e\em|ile. Poui- arriver aux animaux fouisseurs, nous allons éuumérer d'abord les espèces comnumes sur toute l'étendue de la plage centrale et caractérisant le type 9, et insister ensuite sur les particularités de certaines et les formes plus localisées : Ami'Uii'. r>(itJuiporcia pelagica Sji. B. Lam. Cardiuui edule L. Lucina lactea L. TcUina crassa Peiin. T. sfjualida Pult. Tapes decussatus (L.). T. aureus Gmel. Cytherea chione (L.). 214 p. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS Dosinia cxoleta (1) L. Pau dora vostrata Lmk. (2). Solen vagina L. S. ensis (3) L. Latraria lutraria (L.). PoLYCH. Sigalion Mathildœ (Cuv.). Pliyllodoce maculata (L.). Nejdithys Hornbergi Aiid. et Edw. .4nc(rt Mûlleri Rathke. Arenicola marina (L.). Leiochone clijpeata S*-Jos. Notomastus latericeus Sars. Lanice conchilega (Pal].)- Polycirrus aurantiacus Gr. HoLOTH. Synapta Galliennei Herap. AcT. Ccreus pedunculatiis Penn. Les formes en question peuvent être rencontrées partout, avec de faibles variations dues au niveau. Comme il est naturel, les espèces que nous avons eu déjà à signaler. Cardimn edide, Aricia Mûlleri^ Arenicola marina prédominent surtout dans les points les plus élevés, et la dernière est spécialement abondante dans les endroits vaseux. Les autres variations paraissent très contingentes. Un tube unique de Lagis Koreni Malmgr., Anné- lide très rare aussi à Penpoull, a été recueilli vers le centre. Sur la pointe sableuse située en face du port que nous avons nieiitionnée tout à l'heure, la faune est très pauvre, les Lamelli- branches y manquent presque totalement, et ceci ne paraît pas dû uniquement à son niveau assez élevé. Au contraire, la partie plus creuse située au S. de celle-ci est le point où ceux-ci atteignent la plus grande abondance ; aux espèces déjà citées s'ajoutent Mactra solida L., Tellinn tennis da Costa qui s'éparpille un peu dans le reste mais est beaucoup plus abondante en une station dont nous allons reparler. 11 faut y joindre un Opistho- branche qui accompagne la même faune sur les plages clas- siques de Penpoull et d'An-neret, et paraît même plus constant d'année en année que dans ces localités, Philine aperta (L.). (1) Cette espèce est loin d'avoir la prépondérance numérique qu'elle possède dans l'Aber par exemple. (2) N'est bien entendu pas fouisseuse, citée ici pour compléter la faune des Lamellibranches. Aussi commune qu'à Penpoull où d'ailleurs elle se raréfie certaines années. (3) Plus abondant que l'autre dans la partie sud de la plage. MONOr.nAPFIIR DE \.\ IM.ACF, DE TERRÉNÈS 2i5 Gomme l'iil\ili('li's. deux Aricia de grande taille, .1. jn'lïda niap. et .1. Lalrrillri Aiid. et l-^dw. caractéi isenl une région un peu dilTéi'enle. Ce sniil deux espèce? fort semblables, très fragiles et très difriciles à obtenir entières, qu'on ne peut distinguer sur le vivant qu'à l'odeur très persistante et désagréable (analogue à celle de la Trarisia Forbesi dont nous parlons plus loin) de la première d'eiilic elles. Leur l'é.tiion d";d)oiidance maxima est le |)(iiiit ni;ir(iiié l(i' sur la eiirle et la [diol 1, au bord W. un peu au S. (le rcrrolian. où sur un sable grossier et très mêlé de co(pulles brisées subsistent les llaques d'eau dont nous avons parlé. Elles y sont associées à Sijnapta (iallicnnri plus abondante que partout ailleurs, dont les trous criblent les iipi)]e-marks (voir plus loin) et à quelques-unes des Annélides l)anales, sui-tout les Lriochont\ au contraire clairsemées. Les Lamellibranches vivants y sont rares {Solen). De ce poiiil les .\ricies l'ayonnent vers l'K. et. le S.-E. où elles vont jusqu'au ruisseau, mêlées à la faune énumérée tout à l'heure, mais disparaissent dans tout le tiers 8. de la plage; ce n'est pas une ([iiesdoii de iii\eau car le long de la rive W. elles remoulent nettement dans la plage supérieure. Comme beaucoup d'animaux fouisseurs, mais rela- li\ement moliiles, elles sont sujettes à des déplacements liés sans doute aux intempéries; le 15 septembre 1913 nous ne pûmes en ti'ouver une seule dans la région où elles abondaient la veille et réapparurent les jours suivants. Des localisations analogues, plus précises encore, nous sont olfei'tes par ce qu'on peut appeler le sable à Ophéliens (type 10), qui occupe toute l'entrée de la baie à l'W. du ruisseau et plus bas que le précédent qu'il continue sans démarcation nette. Il se ju'olonge, sans changer de caractère, au-dessous du niveau des plus basses mers. Sa surface est assez vallonnée, les creux l'estant humides et rassem.blant les petits débris de coquilles qui y sont mêlés. Ses formes caractéristiques sont : Lwi. TiUiiKi tennis da G. Uuua.i cillat)is da G. Maclni sulldu L. PoLYCu. Travisia Forbesi Johnst. OplirJia ncglecta \. Schn. Mais on peut y trouver, raréfiées, la plupart des Annélides citées dans la liste commune {\cpJitJiys, Sigalion, Pohjcirrus en particulier). Au même endroit ont été trouvés plusieurs Déca- podes fouisseurs (voir ScuLEOEr. 1012 et 1913) : Corijstes cassi- 216 P. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS velaunus (Penn.), Poriunus marmorcus Leach, Axius stirhyn- chus Leach, CalUanassa subtcrranea (Mont.), d'ailleurs assez rares de sorte qu'on ne peut affirmer qu'ils y sont localisés. Le Lançon Ammodijtes tanceolatus Lesauv. y est commun, mais remonte au delà; nous l'avons vu parfois pêcher à la senne en compagnie de quelques Loligo média (L.). Les Tellines et les Travisies sont surtout communes et celles-ci, qui ne se ren- contrent pas dans le reste de la plage, même aux niveaux coi- respondants, particulièrement caractéristiques. Elles ne remon- tent guère plus haut que 1 m. 50 du 0, où elles cèdent la place aux Aricies. Les Ophélies remontent moins — elles ne dépassent que peu i m. et sont sujettes à des variations : en 1913 nous avons eu grand peine à en trouver 2 individus là où on en ramassait des centaines les années précédentes. L'un de nous (de B., 1913), en publiant l'étude du curieux Sporozoaire Rlnjti- ducystis Henneguyi de B., par lequel elles étaient constamment infectées, a déjà fourni les données écologiques et systématiques intéressant cette espèce rare, bien décrite par de Saint-Joseph. Les Donax et les Mactres sont moins communs que les Tell, tennis^ et sujets également à des variations annuelles, mais s'irradient comme elles dans le reste de la plage. Avant de quitter ce point, nous devons faire une mention spéciale de la pai'tie N.-E. de la plage que nous venons de décrire, séparée d'elle par le débouché du ruisseau, élargi et peu profond. Immédiatement sous-jacente à la pointe de Terrénès, elle s'étend entre le début de l'herbier extérieur et la petite jetée du port contre laquelle remonte le sable poussé par le flot; elle est mêlée d'un peu de vase vers cette extrémité. Un ruisselet imperceptible perpendiculaire au chenal principal la partage elle-même en deux parties à peu près égales, absolument au même niveau et dont le sol ne présente pas dans sa nature de différence appré- ciable. Pourtant à l'E. de cette ligne c'est un sable à Ophéliens, avec .ses ripple-marks conservant un peu d'humidité, aux creux remplis d'une poussière de coquilles, hanté par une grande (luantité de Tellina tennis et de Travisia Forbesi {Aricia LatreiUei y a été aussi rencontrée). Chose plus intéressante, en août 1910 furent trouvés en ce point de nombreux Echinocardium cor- datum (Penn.) [Echin.] et quelques Sipunculus nudus L. [Géph.]. Nous reviendrons sur ce fait, que malheureusement nous n'avons pu véi'iller en 1913 où les recherches les plus minu- tieuses n'ont montré aucun individu de ces deux espèces. Le sable qui s'étend à l'W. du ruisselet, plus plan et plus sec MONdC.UAIMIIK l»K LA l'LAdK DK TKIlllÉNÈS 217 cl'app;ireiic(\ iii;iii(|iic, Inlulciiiciil di' 'l'iiiNisics cl de 'l'clliiies, mais sa siirlacc csl (•l'ildcc des pcLd.s iiioidiciilcs caracléi'isliques de Lcioclionr chuiciiia df S'-.lus., ([iii y est abondante avec les autres Aiuiélides de la plage centrale, et de trous des Luiuel- libranclies banals Tapes, Solen, Cijthcrea, etc., qui manquaient à peu près de l'autre côté. En sonmie nous avons là, côte à côte, sui- un espace (lui n'a pas ICM) m. de large, les deux types de plages auxquels nous avons alliil)iié les n"^ 9 et 10, et leur jux- tapositiim nous dcniuiUrc qu'il s'agit là récllemcut du deux associations distinctes dont nous entievoyons à peine les raisons d'occurrence : saus doute un écart (ju'une analyse approfondie uieltrait seule en évidence dans la nature du sédiment. Pour en Unir avec la plage centrale, nous n'avons plus à signaler que deux petits faciès secondaires. Le pi'emier est celui des herbiers de grands Zostères sur fond sableux, bien différents de ceux que nous avons décrits jusqu'à présent. Ils sont réduits dans la baie à quelques petites plaques dont les plus dévelopi)ées se trouvent sur la rive R., au ni\cau de la pointe rocheuse, sur le bord du cailloutis à Fucus et en saillie au-dessus du ruisseau. Leur niveau ne dépasse pas la limite normale des herbiers. Les Zostères y sont espacés, certains morts récemment avec leurs rhizomes à nu dans le sable, très noir et riche en matières orga- niques. Quelques pontes de Sepia oflicinalis L. [Géphal.], qui mamiuent sur les petits Zostères, y étaient adhérentes en sep- tembre 1913. La faune d'Annélides n'a pas à beaucoup près la richesse de celle des herbiers vaseux : \ephlhijs Ilombergi Aud. et Edw. \oloinastus latericeus Sars. Ghjceia convoluta Kef. Mij.iicola modcsta Ren. La dernière espèce, très caractéristique des cuvettes et bords d'herbiers où le sable se mélange a la vase, est seule à remar- quer. Un autre point à signaler est Tainas de co([uilles qui occupe le fond du chenal dans sa partie la i)lus [nofonde, juste au- dessous de la jetée du port, et remonltï un peu plus haut se mêler à la vase de celui-ci. (Juekiues touffes de grands Zostères et de nondii-eiix terriers de Poulpes, d'ailleurs coninmns snriout sur la plage en 1U13, se trouvent à ce niveau. Il renferme toutes \eà espèces que nous avons signalées dans la baie et quelques autres (pie nous n'avons jamais vues en place comme Cardium echi- naluin L., t\ nuricc(jicum Speugl., etc. En effet, il y a certai- luunent à ce niveau apport par le Ilot de débris venant d'une plus grande profondeur; on trouve aussi sur la plage à Ophéliens 218 p. DE BEArCHAMP ET 1. ZACHS adjacente de nombreuses coquilles, Pecloncles par exemple, souvent fixées à des Algues qui les ont entraînées, des Cystosires chargées d'Ascidies composées qui ne peuvent venir que de trous d'herbiers assez profonds, etc.; nous y avons même observé parfois des débris de mœrl comme ceux qui se mêlent au sable de Roc'h-Velen sur la côte de Penpoull, ce qui est assez remar- quable, car d'après Pruvot le banc de mgerl le plus rapproché se trouve dans l'axe de la baie de Morlaix, à près d'un mille de là. 3° La plage extérieure. Il nous reste à parler d'un ensemble de fonds situé en dehors de la baie proprement dite mais continu avec les précédents aux très fortes marées tandis que le pi'emier promontoire ro- cheux au N. de Terrénès, la pointe Saint-Samson, le sépare des autres petites plages de la côte de Primel. Par les différences mêmes qu'ils présentent avec l'intérieur de la baie, ils nous ont paru compléter heureusement notre étude. Si nous examinons cette région au bas de l'eau de la marée la plus forte dont nous ayions profité (30 septembre 1913, 0 m. 25 environ au-dessus du 0), nous voyons la passe émergée jusqu'à une ligne transversale sensiblement tangente à l'angle N. de la pointe de Terrénès (terre ferme). A l'E., la ligne s'incurve vers le N. et laisse à nu un grand herbier qui remplit, avec une plage sableuse qu'il entoure en partie et le cailloutis à Fucus qui le surmonte toute l'anse très ouverte dont nous avons parlé. On peut aisénient se rendre compte à ce moment que l'herbier se prolonge sous l'eau et qu'à un mètre peut-être au-dessous du 0 il va rejoindre celui qui entoure à l'W. l'île Sterec, continu lui-même avec les immenses herbiers plus ou moins vaseux de la baie de Morlaix. iMais cette partie n'exonde point, ou très exceptionnellement, et le sable à Ophéliens vient seul à sec au milieu de la passe. La limite de la zone des marées indiquée sur la carte marine ne paraît donc plus absolument exacte aujourd'hui; celle que nous avons tracée le 30 septembre est déjà plutôt au delà, surtout vers l'W. et la ligne du 0 (qui sur- passe encore de 1 dm. le minimum effectif de la région) doit l'être sensiblement plus. Au contraire nous n'avons pas aperçu l'amorce de sédiments meubles indiquée par elle sous Perrohan. Mais toutes ces mesures sont trop approximatives pour qu'on en puisse tirer quelque chose de précis quant aux modifications des fonds. Le grand herbier, qui commence à partir de la petite plage signalée plus haut sous la pointe et s'entremêle à ce niveau de Md.NnGlîAl'Illi: 1)1-: LA PLAGE DE TEItRÉNÈS 219 quelques graviers el blocs de roche (Ij, esl iuiplanlé sur un fond de sable inégalement vaseux; il l'est beaucoup sur cette bordure, notablement moins au centre où il apparaît sous forme d'une assez grande plage entourée par les Zostères. Ceux-ci sont des Z. marina L. typiques et de grande laillc, très fournis, qui, dans les parties les plus hautes et les moins lav orables passent insen- siblement à des échantillons petits, difliciles à distinguer de nos petits Zostères de tout à l'heure. Mais ils remontent beau- coup moins haut, ne dépassant guère i m. 50 au-dessus du 0. Cet herbier ne dilTère en rien comme aspect des herbiers clas- siques du chenal de Roscolï, sauf qu'on n'y observe pas le développement exubérant d'Ascidies qui caractérise ceux-ci. Aussi n'insisterons-nous pas sui' les espèces animales et végé- tales implantées à sa surface; la principale est l'Algue Chorda lilum (L.) qui forme de vastes traînées au milieu des Zostères. La faune fouisseuse, qui ne présente pas de différences appré- ciables suivant la proportion de vase, conii)rend : Amphip. Acidosloma laticorne G. 0. Sars. PoLYCFL SUienelaïs boa Johnst. Hdiinothoe sijnaptx S*-Jos. Plioioc minuta Malmgr. Glijcera convoluta Kef. Marphysa Belli (Aud. et Edw.). Nematonereis unicornis (Gr.). Opliiodromus [lexuosus (Ghiaje). Clymene OEistedi Clap. Notomastus latcriceus Sai'S. Amphitrite gracilis (Gr.). Polijcirrus aurantiacus Gr. TcrcbcUides Strômi Sars. Melinna cristata (OErst.). Branchiomma vesiculosum (Mont.). Spirorjrapliis Spallanzanii \iv. Géi'U. PhascoJosoma eJongatum Kef. AcT. Edwardsia Beautempsi Quatref. La plage qu'entoure cet herbier nous reporte, par son aspect, à la plage centrale de la baie. Elle renferme une abondance extrême de Lamellibranches à l'état vivant, leurs trous criblant le sol h l'état de coquilles vides ou brisées. Le sable y gagne (1) C'est à cet endroit qu'on observe la disparition brusque des HUnantlvilia, remplacées par une zone fort nette de Biiurcarui tuberciilata (Huds.) sur laquelle l'un de nous a insisté. Mém. Soc. Zool. de France, 1913. XXVL — 15 220 P. DE BEAUCHAÎMP ET I. ZACHS une haute teneur en calcaire et des gabares viennent en grande marée, comme au banc du Loup, le récolter en guise d'amen- dement. On peut établir comme suit la composition de la faune : Lam. Cardium edule h. Tellina crassa Penn. T. squalida Pult. Tapes decussatus (L.). î'. aureus Gmel. Mactra corallina L. Cytherea chione (L.), abond. Dosinia exoleta (L.), abond. Solen ensis L. S. vagina L. Thracia papijracea (Poli). Lutrarid lutraria (L.). PoLYCii. Pholoe -minuta Malmgr. NepJttiiijs cœca (Fabr.). Aricia Latreillei Aud. et Edw. Arenicala marina (L.), rare. Leiochone clypeata S*-Jos. Notomastus latericeus Sars. Pista crislata (Millier), abond. Gnjmœa Bairdi Malmgr. HoLOTH. Synapta inhœrens (Mûller). On remarr{ue tout de suite la présence d'un certain nombre de formes manquant dans la baie, en particulier Nephthys cœca, Pista cristata, Grymœa Bairdi. Synapia inhœrens. Au N. de l'herbier, entre lui et la pointe Saint-Samson, existe encore une portion de plage appartenant au même type; il ne nous a pas été possible de l'étudier en détail, mais nous y avons noté en 1911 l'existence de Philines. Enhn, pour en fmir avec cette côte, signalons contre la terre ferme et au-dessus du cailloutis à Fucus, une bande de sable très pur où abonde Nerinc cirratulus. 4° Remarques éccdorjiques et systématiques sur certaines des formes citées. AciDOSïOMA LATicoRNE G. 0. Sars. — M. Chevreux, auquel nous avions soumis un individu de cet Amphipode, recueilli dans riierbier extérieur où il n'est sans doute pas rare, nous envoie à son sujet les remarques suivantes : (( ... Sars Fa dragué près des îles Lofoten, par l.l.oO mètres. Della Valle en a MONOGRAniIE DE r,A PLAPiE DE TEimKNES 221 i-(^|ii'is l;i il('scii|ilMiii (liiiurs des exemplaires trouvés duns ie yijHe iU' Naph's, sur uue AcUuie : Cvrcaclis (iiuunliacd. .Feu ai dj'a/^ué mi jeuiu! exciniiiaire daus la baie de Nillelraucho. ]*eul- ètre avez vous aussi li'Ou\é le vôtre sur C. aurunliaca, cpii existe sur la cùte de lirelagne ?... Votre exemplaire dVl. taticorne corresj)ond à la foriue méditerranéenne, qui possède des org'anes |)arlic'uliers de vision, tandis que la forme aiclitiue est aveugle ». Nous n"a\()ns pas de données précises sur la présence dans la région de Roscolï, et siniout dans la zone des marées, de Cerpiiclis auranlincti (Cliiaje) ; elle doit au moins y être tort rare (voir Nafuaan, 1912). D'autre part il n'est point impossible que rAmpliipode soit en rapport avec une autre Actinie banale, Edicardaia Beautetapsi Quatref. ou Cereus pcdunculalus Penn. qui existent dans llierbier en question ; c'est à rechercher à l'occasion. Quant à la présence d'yeux dans notre échantillon, elle est évidemment liée au fait qu'il menait comme dans la Médileri'anée une existence littorale, tandis qne la forme de la station d'origine est abyssale. Hahmothoe svnapt/E de Saint-Joseph. — L'espèce que nous avons trouvée très fréquemment, quelquefois seule, au contact FiG. 1. — llniiiKittiix' sijimpLx S' Jos., tête, face dorsale; a, antennes; p. palpe; c, cirrhes tentaculaires. di; l'ulijcirvus auraiiltdcua Ur, appartient au groupe si intéressant et si confus î'i l'heure actuelle des Ilarmnthoe commensales de divers Invertébrés ; les élytres. la forme et la répartition des Mém. Sov. Zool. (/«' France, 1913. XXVI. 222 p. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS tubercules à leur surface, sont très semblables à ce qu'il en est chez Malingrenia castanea Mac-Intosh (1900, pi. XXXIII, ûg. 10), Acholoe astericola (Ghiaje) (ibid. ûg. 15), mieux encore chez H. marphysœ M. Int. (ibid. fig. 13) et H. LumUata (Ghiaje). GuÉNOT (1912) veut mettre en synonyme avec cette dernière espèce, commensale de Sijnapta Galliennei^ VHarmothoe synaptœ décrite par de Saint-Joseph (1900) sur un seul exemplaire trouvé à Sainl-Jean-de-Luz. Pourtant notre Harmothoe des Polycirrus se rapproche de cette dernière espèce plus que toute autre, et est certainement bien distincte de VH. lunulala que nous avons rencontrée également à Terrénès sur les Synaptes et qui semble avoir été signalée aussi sur des Polycirrus. Nous préférons donc la décrire jusciu'à plus ample informé sous le nom de de Saint-Joseph. L'animal ne dépasse pas la longueur de 20 mm. La tête, d'un rouge foncé, montre des palpes plus longs que dans H. lunulata, d'après Guénot, couverts de tout petits tubercules visibles à un très fort grossissement. L'antenne médiane est plus courte qu'eux, cylindrique et acuminée, les latérales, très courtes, avec la base renflée et l'extrémité ellîlée. Ces appendices ainsi que les cirrhes tentaculaires (qui ont la forme et la dimension de l'antenne médiane), les cirrhes dorsaux et les cirrhes ventraux sont couverts, sauf à l'extrémité, de papilles assez grandes, peu nombreuses, irrégulièrement réparties. De Saint-Joseph n'en indique pas sur les cirrhes ventraux, et c'est la principale diffé- rence entre notre description et la sienne, jointe au fait que dans la tête de nos échantillons le sillon longitudinal médian (pourtant bien développé) ne va pas jusqu'à la base de la plaque céphalique. Le corps, incolore sur le vivant, possède en tout 37 segments. Les élytres sont insérées comme d'habitude chez les Harmothoe, la dernière paire sur le 32^ laisse à nu les trois ou quatre derniers. Nous n'avons pas vu de cirrhes sur le segment anal, mais il est très probable que ces appendices fragiles s'étaient détachés. Les élytres sont insérées comme d'habitude chez i'es Harmothoe, la première est arrondie, les autres réniformes, quelques-unes plus étroites à. l'extrémité supérieure. Le bord concave est couvert sur une petite étendue de tubercules espacés. p]lles sont à peu près incolores (différence importante, reconnue par Guénot, avec H. Lunulata) ; la première seule dans un indi- vidu bien conservé porte un peu de pigment brun dont la répartition n'est pas caractéristique. MONOGRAPHIE DE I.A Pf.AGE DE TERRÉNÈS 223 niiaqiie parapode coiiiidciid : le cirrhe dorsal ou l'élytie, le notopodiiini réiliiil à une Ijotiisouflure, le rieuropodium beau- coup plus long avec une languelle rudimenlaire, un petit cirrlio ventral, beaucoup plus long sur le 2° parapode. Les soies noto- podiales sont légèrement recourbées, courtes, peu nombreuses ; les plus rapprochées du cirrhe ou de l'élytrophore (une ou deux seulement) sont plus courtes encore, leur partie terminale considérablement élargie, les rangées transversales d'écaillés FiG. 2. — Harmollioc sijikiiiIu' St Jos. I, soie normale du notopodium, x 454 II, l'extrémité de la môme, x 1524 (1); ITT, soie spéciale du notopodium, x 454 IV. soie dorsale ilu lu-uropudium {id.); V, soie médiane du neuropodium (id.) \l. extrémité de la même, x 1524. iprelles portent moins nombreuses. Les auties ont 21 à 23 de ces rangées qui vont jus([irau bout, sur une palette très peu élargie. Les soies neuropodiales, presque de la même grosseur que les dernières, sont deux ou trois fois plus longues, toutes bidentées avec la dent infiMieure droite et pointue. Il y en a deux vai'iétés : (1) C'est par erreur cpie la dernière rangée d'écaillés n'est pas figurée. 224 P. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS les dorsales ont la partie terminale plus longue et plus mince, la dent supérieure moins recourbée et moins forle, 12-14 ran- gées d'écaillés (de Saint-Josepu en indique jusqu'à 17). Les ventrales plus nombreuses et d'ailleurs reliées aux précédentes par des intermédiaires, sont plus robustes, avec 8 à 10 rangées d'écaillés. Les bords des élytres ne couvrent qu'une partie des soies notopodiales, laissant voir tout le reste du pied. La lon- gueur des cirrhes dorsaux dans les segments moyens ne dépasse pas celle des soies ventrales. Nous renvoyons aux figures de Mac-Intosh pour les différences très importantes que montrent les soies chez //. lunulata, entre autres la présence de soies unidentées au neuropodium et le nombre au moins double de rangées d'écaillés ; ces nombres étant très constants méritent d'être regardés comme spécifiques. Nous avons pu les constater chez nos échantillons de lunulata\ chez ceux-ci la dent inférieure des soies bidentées était plus courte et plus arrondie que d'après cet auteur. Grym/EA Bairdi Malmgren. — Nous avions pris d'abord ce Térébellien pour un Theiepus, mais les tubercules sétigères commençant sur le premier segment branchifère, qui est le deuxième du corps, en font sans contestation une Grymœa. Il est abondant sur la plage extérieure, mais la fragilité des segments abdominaux rend difficile d'en avoir un échantillon entier. 11 habite un tube peu consistant de sable fm auquel s'agglutinent parfois de petits graviers, doublé d'une membrane mince mais solide. Certains des tentacules peu nombreux, épais, mais plus longs que sur la figure de Malmgren, possèdent une coloration tirant sur le noir gris. En arrière d'eux on voit de nombreuses petites taches oculaires disposées comme chez Gr. persica Fauvel et qui n'ont point été signalées dans notre espèce. Les uncini commencent bien sur le 5° segment (4° séligère) comme le trouve Willey (1905) chez les individus de Norwège, non sur le 6° (5° sétigère) comme le figure Malmgren. Les écussons ventraux sont relativement plus larges que chez G7\ persica Fauvel et G. cespitosa Willey. Les branchies, très rouges sur le vivant, sont assez variables quant au nombre de leurs filaments. Les soies et les uncini sont identiques à ce que figure Malmgren, sauf que le limbe des premières est très légèrement strié dans le sens oblique. Le plus complet de nos échantillons a 44 mm. de long sur 2 2/3 de large (dans la portion thoracique) et possède MONOC.RAPHIR DE LA VL.\r,E DE TERRKNÊS 225 32 segments, y coni|M-is lo céphalique et le premier Ihoracique, achète. iMei-inna cïustata (Sars). — Les Ampharétiens, abstraction laite du TerebcUidrs Sliômi qu'on y a longtemps rangé et que nous avons égahMuont rencontré (il a été trouvé une fois ou deux déjà à lioscoff), sont très rares dans la Manche (voir ivauvel IS07), et la Mrlinna cristata n'y a pas encore été trouvée, alors que V. palmata Grube est connue de Saint-AIalo. Nous nous bornons à (juelques données écologiques, la morphologie ayant été bien étudiée par plusieiii's auteurs. C'est dans l'herbier de petits Zostôres du port que l'espèce est le plus abondante, mais nous l'avons rencontrée aussi dans le grand herbier exté- rieur et même dans l'arrière-fond saumàtre (deux individus dont les tubes émergeaient de 1 cm. 5 environ de la vase, près des Zostères), chose assez curieuse étant donné que cet animal a jusqu'ici été trouvé surtout à des profondeurs assez grandes. Les tubes ressemblent beaucoup à ceux de ïAmjiharete Gruhei Malmgr. décrits par Fauvel : couche interne mince de matière cuticulaire. couche externe beaucoup plus épaisse, de vase et de sable agglutinés, qui rend l'ensemble cassant et empêche l'orifice de se replier quand l'animal rentre comme chez certains Sabelliens. Près de lui différents débris d'Algues s'y mêlent, connue dans les tubes rapportés par la croisière arctique du Duc d'Orléans et décrits par Fauvel (1911). La partie inférieure au contraire est plus claire et plus mince. La longueur du tube dépasse considérablement celle de l'animal, son diamètre est à peu près égal au sien au niveau de la membrane thoracique. En le fendant attentivement, on trouve l'individu qui y est contenu avec son abdomen replié sous le thorax, ce qui permet de croire qu'il peut se retourner à l'intérieur conmic Fauvel l'a décrit pour Amjjharete. De ranima] lui-même, nous n'avons que peu de chose à dire : le bord de la lèvre supérieure est très légèrement découpé en 3 lobes, conti-airement à ce que trouve cet auteur chez des individus Scandinaves, mais le lobe médian n'est pas proé- minent. La membrane thoracique est nettement dentelée, ces denticules égaux et au nombre de 9-10. Celui des segments abdominaux est 'i9. I^es branchies, plus courtes que ne le figure MALMonEN, sont reliées par une membrane jusqu'au tiers de leur hauteur, colorées en vert olivâtre par 7 ou 8 taches quadrangulaires que coupe la mince bande rouge du vaisseau médian vu par transparence. La taille atteint 50 mm. sur 3 de largeur maxima. 226 p. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS Ajoutons enfin que ce même été 1913 un individu a été trouvé dans les herbiers vaseux de Penpoull et un autre à Locquémeau, dans un herbier plus sableux. Ce dernier a vécu un mois dans un cristallisoir avec un peu de sable ; il abandonnait fréquemment son tube pour en construire un nouveau. L'animal était capable de rabattre ses branchies sur son dos comme Ampharele d'après Fauvel et nous avons observé un jour l'émission d'un mince filet de sperme blanchâtre projeté avec force, pendant un peu plus d'une minute, entre les deux groupes de branchies. M. cristata paraît commune dans les mers froides ; Malmgren la cite de plusieurs points de la côte norwégienne, Webster la trouve en Amérique du N., enfin la Belgica la drague dans le port de Kara (Nouvelle-Zemble) en grande quantité à la pro- fondeur de 135 m. (Pauvei, 1911). Moore (1905) signale parmi les Annélides de l'Alaska une M. crisUito différente de celle de Sars et à laquelle il conserve néanmoins ce nom ! Elle se dis- tingue par la denticulation plus fine de la membrane thoracique, le nombre plus grand des segments, etc. Synapta inh/Erens (0. F. Mùller) et S. Galliennei Herapath. — C'est tout récemment (1912) que Cuénot a appelé l'attention FiG. 3. Plaques et ancres des deux Synaptes de Terrénès, x 220. I, S. inhœrens (Millier); II, S. Galliennei Herapath. sur l'existence le long des côtes de France de deux Synaptes très voisines généralement confondues sous le nom spécifique inhœrens, et démontré que la plus commune à Roscoff (où il met en doute la présence de l'autre) doit s'appeler S. Galliennei MONOGRAPHIR DE LA Pf.AGE OF- TERRKNRS 227 Herap. Depuis lors l'un de nous a eu l'occasion d'y trouver la vci'ital)lo .S. inh^rrens dans trois stations au moins (ju'il cite d'anlio pai(. l'iolitons de leur présence simultanée à Terrénès [inur insister sur ces deux formes, l'our un reil prévenu, la N. iiilucrcns se distingue assez lacileniont sur place de la S. Gnllicnnei par sa taille plus petite et sa teinle grisâtre au lieu d'èlre franchement rose. Sans parler d'une légère diffé- rence, dilTicile h constater avec précision, dans les pinnules des tentacules, et des caractères anatomiques indiqués par Cuénot, l'examen des plaques calcaires lève tous les doutes et permet l'identillcation sur ini fragment, si petit soit-il, de l'animal. L'auteur cité n'ayant llguré que celles de S. GaUiennei nous donnons côte à côte les ligures de deux plaques des individus de Terrénès. Malgré leur variabilité, surtout dans cette dernière, les dilïérences sont toujours nettes : S. Gallicnnei peut n'avoir (voir les ligures de Cuénot) qu'un nombre de trous principaux à peine supérieur à celui de S. inhxrens, mais ils restent tou- jours plus petits, moins régulièrement disposés, mêlés de trous accessoires ; la denticulation, du bord peut manquer sur une partie du pourtour, jamais sur la totalité. Les proportions de l'ancre sont également différentes. Au point de vue écologique les deux espèces ne montrent que de légères différences pouvant expliquer renchevètrement de leur répartition : S. GalUennci à Roscoff est un hôte constant de la plage inférieure et du bas de la supérieure, dans tous les sables, fins et gros, purs et vaseux ; elle se trouve exception- nellement dans les graviers (la baie de Terrénès en offre une station sur le bord E., à uh niveau élevé), jamais dans la vase pure ni sous les herbiers denses. S. inhœrens parait plus amie du gravier : c'est là qu'on la rencontre à Saint-Vaast d'après CuÉxoT, et nous l'avons trouvée de même dans un sédiment très grossier sur le liane E. de l'île (^allnl. Au contraire sur le banc de l'île de Bas elle vit dans le sable ordinaire mêlée à S. GaUicn- nei, tandis qu'à Terrénès nous voyons sans cause appréciable leur répartition s'exclure. Nous ne voulons bien entendu pas allirmer qu'il soit impossible ilo trouver celle-là dans la baie et celle-ci au-dessus de la pointe, mais l'opposition n'en est pas moins nette comme résultat de recherches assez minutieuses ; même si elle n'est pas constante au cours des années successives, le phénomène garde un grand intérêt, car là où il ne saurait être question de barrière à la répartition des larves il faut bien pailer de conditions de milieu qui nous sont inconnues. 228 P. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS Nous ajoutons quelques remarques au sujet du terrier des Synaptes. Guénot n'a signalé aucune saillie qui le fasse aper- cevoir à la surface du sol(l); les personnes habituées à la re- cherche des animaux fouisseurs en Bretagne (la chose avait été indiquée à l'un de nous, à son premier séjour à Roscoff, par le regretté Marty"), savent bien que sa présence y est décelée par un petit nu')nticule portant une fente irrégulière, vaguement cruci- forme. C'est l'apparence la plus commune, mais des observations approfondies montrent qu'elle n'est pas typique. Sur une plage de sable assez compact, et restant à peine humide au bas de Teau, conditions assez rares, on observe les apparences sui- vantes. Qu'on imagine un orifice à bords relevés, ayant presque le diamètre du pouce, à travers lequel a été exprimé un cylindre de sable de même calibre ; qu'on suppose de plus qu'un obstacle quelconque se soit opposé à la sortie du cylindre au niveau d'une de ses génératrices. On verra alors la base supérieure très oblique, touchant presque la terre de ce côté tandis que l'opposé est soulevé de 1 ou 2 cm. au-dessus d'un (lanc incurvé ; entre celui-ci et le rebord du trou suljsiste une fente linéaire, en croissant. Telle est l'apparence normale. Mais dès que le sable est un peu meuble ou garde à sa surface un millimètre d'eau, ce qui est le cas général, le cylindre s'éboule et se confond avec le monticule qu'il surmontait ; la fente en croissant persiste augmentée d'une ou deux fissures qui s'y sont formées, d'où l'apparence en T. en croix, etc., assez variable mais qu'un œil exercé ne confond jamais avec les trous circulaires et les tortil- lons des Vers et autres formes, les fentes allongées ou les trous géminés des Lamellibranches. Un accident nous empêche malheureusement de reproduire une bonne photographie de ces aspects. Le monticule que nous venons de décrire correspond, nous nous en sommes assurés à plusieurs reprises, à l'extrémité anale de l'animal; malgré son diamètre plus grand que celui du corps de celui-ci, il est formé, comme le tortillon de l'Arénicol'e, de sable ayant traversé l'intestin, moulé dans un orifice élargi par ses contractions répétées. Il semble y avoir une contradiction absolue entre cette observation et celle de Guénot qui parle d'un orifice oii viennent s'épanouir de temps en temps les tentacules U) Tout ce que nous allons dire se rapporte à i'. GuUiennei: nous n'avons pas eu le loisir d'approfondir les choses pour S. Inhiereiis, où elles paraissent très analogues. La description de Petit (ISSi) qui d'après Guénot aurait vu cette dernière indique des faits absolument semblables à ceux que nous allons exposer. MONOC.liAI'Illl'. liK l,\ ri.AOF- DE TERRl'îNÈS 229 de ranimai. Mais il existe un moyen de les ronrilier, c'est d'admettfe tiiie le torrior de la Synai)(e est en réalité en U, comme celui de IWiiMiirolc Iduidiirs, ol (|ue l'un ou l'autre de ses orilices attire Tallention sui\ant les circonstances. A Arca- chon. le monticule anal n'est sans doute pas développé (il suffit (Tailleurs pour cela que le sa,ble ne soit pas expulsé pendant la marée basse): à Hoscolï le trou céplialique est l'aroment observé (peut-être se bouche-t-il aisément), mais nous sommes cependant convaincus de l'avoir vu eu certaines stations. A Terrénès même, au niveau de la station des Aricies décrite plus haut, on observe un sable criblé à la lois des monticules caractéristiques et de petits trous à bords nets et un peu évasés, parfaitement ciicii- laires, 1res analogues à ceux (pii décèlent la présence de VEchi- nocarclium conhiluui. Pourtant, en bêchant, on ne trouve au- dessous rien d"autre (|ue les Synaptes, et il est très probable ({u'il s'agit de forilicc d'entrée. Nous n'avons malheureusement pas réussi, vu l'abondance tiuMue de l'espèce, à démontrer s(m rapport avec l'extrémité céiilialiiiue, ni à suiM'e dans sou entier le trajet d'un terrier. Nous fei'ons l'emarijucr encore (|u'à rinxerse de Ciénot. ([ui t l'Olive les .S. Galliennei d'Arcachon bourrées de produits géni- taux en août-septembre, nous n'avons jamais rencontré celte espèce sexuellement mûre à cette date, et qu'elle paraît se reproduire plus tôt dans la saison. Flcls lutarils Kiilzing. — Cette très intéressante forme a fait l'objet d'une monographie récente de M. le professeur Sau- VAGEAU à laquelle nous renvoyons ; il a bien voulu, avec M. Hariot. examiner notre échantillon et vérifier notre déter- mination. D'après lui, l'espèce n'est connue sur les côtes de France que des îles Chausey, du Morbihan et du Croisic, sur les données anciennes de Chauvin et de Lloyd; enfin du Bassin d'Arcachon où il l'a étudiée en détail. Nous-mêmes ne l'avons jamais observée ailleurs dans la région de Roscoff et il est assez aisé d'en deviner les causes. Sa présence est liée partout aux surfaces vaseuses, de niveau élevé et aux eaux légèrement des- salées; d'aiitie pail. dépourvue de crampon et toujoui's implantée à même le sol par de minces tilaments radiculaires, elle ne peut subsister cpie dans des points parfaitement calmes; les violents courants de marée qui balayent les estuaires comme celui de la Penzé l'entraîneraient innnédiatement. Il a donc fallu les conditions toutes particulières créées dans l'arrière-fond de Terrénès par l'épi de galet qui le sépare et le faible débit du 230 P. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS ruisseau pour lui permettre de s'implanter en ce point — ou peut-être d'y prendre naissance aux dépens d'une autre forme, car, comme les recherches de Stomps tendent aujourd'hui à le faire admettre pour F. platycarpus et F. ceranoides^ il se pour- rait qu'un germe de F. vesiculosus prît une forme différente et spéciale dans un ensemble de conditions bien déterminées. En tous cas nous serons heureux si ces lignes peuvent attirer sur une station intéressante l'attention du botaniste qui prendra la tâche d'élucider une des plus intéressantes questions de la biologie des Algues. CONCLUSIONS Les travaux de bionomie descriptive conduisent rarement à des résultats bien nets sur le point capital, la cause des faits de répartition qu'ils signalent, laquelle ne pourra être déduite que du rapprochement d'une grande masse de documents joint à des études expérimentales. A'oici en attendant comment nous pouvons résumer l'essentiel de ce travail. Notre description nous a conduit à distinguer dans l'anse de Terrénès un certain nombre de types bionomiques déllnis à la fois par leur niveau, mode et faciès et pai' les principales espèces animales et végétales qui s'y rencontrent. En schématisant un peu, nous pouvons numéroter ainsi les principaux (pour les animaux nous nous bornerons aux espèces fouisseuses). i . Schorre de l'arrière-fond (niveau très élevé, mode saumâtre. fond vaso-sableux ou petits graviers) : Juncus maritimus, Spergularia marginatn, Glijceria maritima^ etc., Pelvctia cdnaliculata, Fucus platycarpus, Orchestia mediterranea. 2. Vase molle et noirâtre, assez sableuse pourtant, de l'arrière- fond à tous ses niveaux, également saumâtre : petits Zostères (voir plus haut) clairsemés. Fucus lutarius, Scro- bicularia piperata, Cardium edule, Nephthys Homhergi (forma), Arenicola marina (forma), Nereis diversicolor, Melinna cristata. 3. Herbiers sur vase très analogue dans les coins de la baie même, de 4 m. 50 au-dessus du 0 jusque vers 2 m. ou 2 m. 50 : Petits Zostères confluents, Cardium exiguum., Tapes pullaster, Stheneloïs boa, Nephthys Hoinbergi, Glycera convoluta, Marphysa Belli, Lumbriconereis La- treillei, Nematonereis unicornis, Ophiodroraus llexuosus, Clymene lumbricoides, C. OErstedi, Johnstonia clyme- MONOGRAI'HIK DK L\ PI.AGE DE TERRÉNÈS 231 noides, Notomastus latericcus, Ainphitrite rjracUis^ Pohj- cirrus auranliacns, Terebellides Strômi, Mclinna cristata, Sobella pavonina, Dronchiotnma vesiculosian, Phascolo- soina vuUjarc^ P. clongaluin, Edivardsia licantnnpsi, Ilalcainpa chnjsanlhelluin, etc. I. Vase des bords du ruisseau (au-dessus do la limite de la plage inférieure) : Cardhim edidc, Arenicola marina (iioinbioiix et grands), Pygospio seiicornis, Aiicia MûUeri, \cplttlms Iloinbi'igi^ Glyccra convoluta^ Leiochone chj- pcala, i\otoniastus lalcriceus, etc. .-). Sable plus ou moins gros, au même niveau : Cardium edule, Tapes dccussatus^ Lucina laclea, T. aureus^ les mômes Annélides (moins d'Arénicoles), plus Ijinicr c()iichilcga{i), Sfinaptd GalUcnnei, etc. (). (iraviers et galets de taille diverse, plus ou moins mêlés de vase, toujours au même niveau : Phascolosomn elongatum, Aiidoninia lenlaciilala^ Glyccra conrohita, Amphilrilc gracUis, Ophiodionnis llcniosus, Polyinnia nebulosa^ P. nesidensis, Edicardsia licautcïnpsi, Ccrcus peduncu- latns^ etc. 7. (iraviers mêlés de sable et de vase, localisés près de l'extré- mité de l'épi : Lanicc conchilega très abondante, Sabclla pavonina, Nereis cidlrifera, Sthencla'is boa, Phascoîosoma clongatuni. S. Herbiers sur fond sablo-vaseux, ne dépassant pas la limite de 3 m., en dehors de la baie sauf les petiles plaques du bord E. : Sthenelaïs boa, Pholoe minuta, Glyccra convo- luta, Marphysa Belli, Nematonereis unicornis, Ophiodro- mus llexuosiis, Chjmene OErstedi, Notomastns latericeus, Amphitrite gracilis, Polycirrus aurantiacus, Mclinna cris- tata, Terebellides Strômi, Myxicola modcsta, Spirographis Spallanzanii, Branchiomma vesiculosum, Phascolosoma elongalum, Edwardsia Beautempsi, etc. 9. Sable légèrement vaseux, de Ja page inférieure au centre de la baie : Cardium edule, Lucina lactca, l^ellina crassa, T. sgnalida. Tapes decussatus, T. aiireus, Dosinia exoleta, Cyliicrea chione. Solen vagina, Solen ensis, Lutraria lu- Iraria, Sigalion Mathildœ. Phyllodoce tnaculata, Nephthys (1) U faudrait ajuiiter les deux Nerine, assez locaUsées et qui pourraient servir ultérieurement à la création de types nouveaux dans la zone supérieure. 232 p. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS Hombergi^ Aricia Mulleri, Arenicola inarina, Leioclione cUjpeala, Notomastiis latericeus, Lanice conchilega^ Po- lycirrus aurantiacus, Sijnapta Galliennei. iO. Sable plus pur, mêlé de débris de coquilles, de l'entrée de la baie, à un niveau ne dépassant pas 1 m. 50 : Tellina tenuis, Donax mttatus, Mactra solida, Travisia Forbesi^ Ophelia neglecta, MepJithys Hombcrgi., Ammodijtes lan- ceolalus^ et une partie des formes précédentes, plus rares. 10' Comme appendice à celui-ci dont il est la partie supérieure, sable à Aricia fœHda, A. Latreillei, Synapta Galliennei très abondante, et mélange avec le n° 9. 11. Sable de la plage extérieure, très analogue à 9. Mêmes l^amellibranches plus Thracia papyracea ; Pholoe minuta^ ^'ephtliys cœca, Aricia LatreiUei, Pista cristata, Grymœa Bairdi et les Annélides banales, Synapta inhœrens. Si nous cherchons à nous rendre compte de ce que suggèrent ces listes, nous aperce\ons d'abord qu'un grand nombre d'ani- maux sont communs à plusieurs d'entre elles ; nous avons d'ailleurs, en les rédigeant, opéré, par rapport aux listes primi- tives données dans le corps de l'ouvrage, un certain nombre d'éliminations : formes tout à fait ubiquistes ou formes résultant à coup sûr de la « contamination » d'une station peu étendue par celles qui l'entourent, phénomène très net : présence de Cardium edule, Tapes aureus et decussatus^ Arenicola marina, qui manquent dans les grands herbiers, au milieu du petit dans le coin S.-E., (TAmphitrite gracilis et Nematonereis unicornis dans le sable au voisinage des herbiers, faune des vases du port empruntant des éléments à la fois à l'herbier voisin et au sable de la plage inférieure, diffusion des formes localisées comme Tellina tennis, Aricia Latreillei et foetida, etc. Inversement il existe des différences qui sont certainement contingentes : nous avons inclus dans le type général des herbiers à grands Zostères la Myxicola modesta, observée seulement dans leur petite station de la baie, parce qu'elle existe à coup sûr dans le grand herbier extérieur, ayant été trouvée aussi dans sa prolongation auprès de l'île Sterec et dans tous les faciès analogues ; par contre nous n'avons pas osé y citer Phascolosoma vulgare, Lum- briconereis Latreillei, Chjmene lumbricoides, Sabella pavonina, qui paraîtraient d'après nos notes localisées aux herbiers à petits Zostères; ils y existent sans doute comme dans tous les ana- logues et la différence est imputable au fait que nous avons pu consacrer un temps insuffisant à ce gi'and herbier. MONOGli.MMIlK \)E LA IM,A(1E DE TEHRÉNÈS 233 Mais ces cas (îxcIus, il osL ccilaiii (jn'il y a une i^raiidc dilTc- reiice dans la rcpaitition de la plnpaiL des l'ui'nies : tandis (iiie Nephlhijs Uomhcrgi (à un moindre degré i\olomastiis lalcriceus) se trouve à i)eu près dans tous les niveaux et faciès, sauf pour la plage extérieure où N. ca'ca paraît la remplacer complètement, Mclinna cristata, lirancJiioinina vcsiculosu}n et quelques autres paraissent localisés aux herbiei'S quel qu'en soit la nature et le substratum. Ainj)liilril(' firarUis hante à la l'ois ceux-ci et les graviers plus (mi munis vaseux, Sigalion Mathildx caractérise le sable aux niveaux inlcricin^s, tandis que Polycirruf; aurantiacus est commun à lui et à l'hoi-bier, mais ne remonte pas dans la plage supérieure. A mesure qu'on s'avance vers les niveaux élevés ou les régions arrosées d'eau douce s'opère un appauvris- sement sélectif sur lequel il n'y a pas à insister et que ne com- pensent pas la plus grande abondance de quelques formes banales, ni rai)parition de rares espèces spéciales {Nereis diver- sicolor). Toutes ces paiticularités se rallaclicnt assez aisément aux conditions physiques requises .par chaque espèce et nous per- mettent de les soupçonnei'; beaucoup plus intéressants, parce qu'impossible actuellement à expliquer, sont les cas de faunes différentes développées en des points voisins et des conditions en appai-ence identiques : Terrénès nous en a offert des exemples en quelque sorte schématiques, soit qu'on considère l'ensemble de deux associations conbigues comme nos types 9 et 10, sable à Ophéliens et Tell, tenuis, sable à Lamellibranches et Annélides banales, soit qu'on s'attache au balancement entre certaines formes {Nephthijs cœca et N. margaritacea, Synapta inhœrens et 6\ Galliennei) et aux barrières qui paraissent limiter l'extension de quelques-unes (P/(o/oc minuta, Grymœa Bairdi, Pista cristata manquant dans la baie). Pour ces dernières et pour les Ophéliens on peut, il est vrai, faire valoir que ce sont des formes de niveau très bas, et que dans la baie les points correspondants sont léchés pendant la marée basse par l'eau un peu dessalée du chenal. Mais cette explication ne serait pas valable partout : elle ne s'appliquerait pas aux localisations analogues des Ophé- liens au banc du Loup ou à Roc'h-Velen, et ne saurait rendre compte de la raréfaction des espèces banales : on ne peut guère parler de concurrence. Nous nous sommes quelquefois demandé si la présence de ces derniers et de leurs associés n'était pas liée à celle de la poussière calcaire, formée de coquilles broyées, dont le sable renfeinie une forte proportion dans tous les points 234 p. DE BEAUCHAMP ET I. ZACHS OÙ nous les connaissons. C'est ce ({ue pourrait élucider une longue série d'analyses. En tous cas la diversité de l'aune entre des sables presque identiques comme aspect s'oppose à l'uni- formité relative de celle des herbiers dans son ensemble, uniformité qui paraît d'autant plus grande que chacun d'eux a été plus exploré. Ceci nous amène aux comparaisons qu'on peut faire entre les types de Terrénès et ceux des autres points de la région; elles devront malheureusement être superficielles; car, bien que l'un de nous ait cité ailleurs les formes communes dans la plupart de ces points, une étude méthodique comme la présente n'a encore été faite nulle part. En ce qui concerne les herbiers, comme nous venons de le dire, nos herbiers vaseux, diffèrent certainement peu des herbiers (vaseux aussi, mais à grands Zostères) de Penpoull et de la baie de Morlaix, dont l'immense étendue enferme d'ailleurs à coup siir plus d'un type. Il y a pourtant des différences : Polyninia ncbulosa et Audouinia ten- taculata jouent dans l'endroit le plus fréquenté de la baie de Penpoull un rôle considérable tandis qu'AmpIntrite gracilis et Johnstonia clytnenoides ont à Terrénès une importance qu'ils n'avaient pas là-bas; on ne saurait d'ailleurs affirmer l'absence de ces dernières formes à Penpoull et réciproquement, car elles existent dans chaque cas en des faciès contigus et il peut ne s'agir que d'une différence de proportions. De même les herbiers sablo-vaseux du chenal de Pioscoff et du pourtour de Callot ne montrent, on l'a dit ailleurs, que des particularités de cet ordre comme notre herbier extérieur. C'est par ces différences, mal- heureusement difficiles à bien évaluer, (ju'on pourra séparer de nombreux types d'herbier; ils resteront peu tranchés. Pour montrer que les proportions de chaque espèce suffisent à en caractériser un, rappelons que l'abondance extraordinaire de Lanice conchilega et de Sabclla paconina fait reconnaître un type de gravier absolument spécial et très délimité qu'on re- trouve avec de faibles modifications en un point restreint sur la plage de Penpoull. Pour les sables, en dehors des niveaux supérieurs qui sont très banals, on peut dire que la grande plage centrale est la plage à Lamellibranches classique de Penpoull et d'An-néret, qui tranche sur les autres plages inférieures de la région uniquement par la plus grande abondance de ceux-ci, le fond étant le même. Les quelques formes spéciales de ces stations, Pandora rostrata, Plnline aperla s'y trouvent de même et MONOGRAlMIIi; DK LA IM-ACU-] DE TERRÉNÈS 235 d'autres coniiiu' hrnhdiuni cuUtlc (Ij.), [Scai)li.J, Anureila ros- covita Lac.-Dulli. [Asc] y seraiont peut-être rencuiitiées. L'abon- dance si remarquable à Penpoull des gros Pagures et de leurs commensaux, Eponges, Ilydraires, Actinies, est sans doute en raj)port d"une part avec le grand nombre de coquilles de Buccins et de Natices, d"aulre part avec le voisinage de vastes herbiers. Vers TE. nous retrouvons encore un type analogue sur une grande partie de la plage de Locquirec. Pour les Annélides il est difficile actuellement d'établir des oppositions précises ; il semble que la plage de PeiipduU ait plus d'espèces comnmnes avec l'herbier voisin. La question la plus intéressante est celle de ce que nous avons appelé le sable à Ophéliens (et à Tellina tenuis), type bien délini dont les autres stations citées ailleurs (banc du Loup, banc de l'Ile de Bas, Roc'h Velen) présentent des caractères très ana- logues. L'étude minutieuse de la baie de Terrénès nous a montré de façon précise combien il se séparait du type précédent en général contigu. Nous avions espéré pouvoir démontrer là ses affinités avec un autre type, celui des plages de l'E. à Echino- cardiiDii covdatum, Sipunculus nudus, etc- (Locquijec, Locqué- nieau, voir ue B., Il)i4), affinités que nous soupçonnions depuis longtemps, vu l'abondance de Tel. tenids dans les deux cas et l'existence de ces deux formes sous la pointe de Terrénès; leur disparition actiielh; ne nous pernieL de rien affirmer. Quant à la plage extérieure, elle se distingue de la plage à Lamelli- branches par la présence de certaines formes rares, quelques- unes connues sporadiquement dans la région, dont une explo- ration minutieuse pourra faire connaître la véritable dispersion. La découverte des autres {Melinna cristata^ Gnjinu'a Bairdi, Acidostoiiia lalïconie)^ nouvelles pour la Manche et d'affinités arctiques ou abyssales, fournit de sûres prémisses des surprises ([u'une sendjlable exploration réserve à qui l'entreprendra. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1913. 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Recherches systématiques surquelques espèces appartenant aux genres Chirogaie et Microcehus (2) 155 Pellegrin (D'' J.). — Voyage de Ch. Alluaud et R. Jeannel en Afrique orientale (1911-1912). Poissons du lac Victoria (1)... 57 PicQUÉ (D"" Robert). — Recherches sur la structure et le déve- loppement du pajjcréas chez Petromyzon (1) 5 Raspail (X.). — Observations ornithologiques faites sur le littoral belge en 1877-1878 (1) 132 RÉGNARD (Emile). — Contribution à l'étude des Nereis de la région de Roscoff (1) 72 (1) Fascicules 1 et 2, parus le 8 septembre 1913. v{2) Fascicules 3 et 4, parus le 25 juin 1914. luip. Oberthur, Rennes-Paris (1345-14). D c.W. Fis. 1. DÉVELOPPEMENT DU PÂMÉ Mém. S. Z. F. t. XXVI. 1913. PI. I. D c. paner, iiit. d. ct'U. II. p. cil. paner. ciil. paner, (■pitli. périt. hn. inl. d. ^ /. lymph. Cfll. paner. bri. int. v. V. Fis. 2. ÉAS DE PETROMYZON Phototypie E. Hcllemans, L'rii.\i'lk's. Cr. cnv. périt. brt. in t. v. _ V. iv.pe'rit. t. lympli. c. paner, in brt. int Fig. 4. c.W cell. paner, ^rr Dr. cell. paner Fig. 3. —^' c.paner. int. brt. int. V. ■II. paner. DÉVELOPPEMENT DU PANC Méni. S. Z. F. t. XXVI. 1913. PL 11. Cr. brt. iiit. V. cb. paner, ch. t. lympli. V. j£È^^^- ë fis. o. cav. périt. Q. Cr. . int. V. . If' Fi". 6 Q. \S DE PETROiMYZON Cr. cav. périt. V tfa.a t^t.t o cocooooi ,-r -C. 0|© c^^- ? ■fe o ci^— r^o.(^ c. paner, int. -I brt. int. v. ««-«V'sv^ |>||** UM 5 ^^el4^ J'f .:,:$i;; \^ Dr, ï:}*^'''?^ Lfti. rti. ^/M^'^^.^ /•'/>. 7. Cr. rai'. /7<7-//. P raz'. /)f>7/. f. paner, int. v. /^/.e. 5'. Dr. /)/•/. int. V. Q. DÉVELOPPEMENT DU P/tf Mém. S. Z. F. t. XXVI. 1913. PI. III. D. c. paner, int. d. inl. m. l'pith. périt. ^ f'b. paner, eh. G. e. paner, int. v Fig. 9. :réas de petromyzon. Pliototypie E. Hclleman.<;, Bru.xelles. lymph. cell.pa t. lymph V*^ Mn oo( /■7e. IQ o s J O oo ,o^ /. lymph. 93 o o o - O ° 9900 ^ô. ?© aif »^ lymph. cap. s TEXTURE DU PANCRIS Méni. S. Z. F. t. XXVI. 1913. PL IV f'pitli. périt. Fis. 12 e'pith. périt. lié m. II. Fig. 13. ^ DE PETROMYZON. Phototypie E. Hellcmans. Bruxelles. Mcm. S. Z. F., XXVI, ipij. PI. V. -xTv:^, J. Pellegrin dir. E=SSK»Sâ2i F. Anghl ck-1. 1 . Panuilapia maculipiiina. 2. Astatotilapia Roberti. 3. Astatotilapia Jeanneli. 4. Hemitilapia mateifaniilias. Mnu.S.Z.F., XXVI 1913. H ^•S^ \-.é^3^t^ •^^ 11 12 10 «IIV 1 ECERF. HOUEN PI \l ■'^i^ 14 15 [em.S.Z.F. XXVI. 1813. PI VU. -TT"':il!'ll"vi''"'*^ Fuj. 0. p. a. % û. ^v/ ■-■ Fi^./. FÙ/.6. ../v. .V. Z . Cvs?notncb e> lll( ;l|,';i 1 ^>; )lll [>â mU 'iMCliii l'MUllll Mcni.S.Z.F., XXVI, ic)ij. PlK.T. 1. Phot. 2. Deux vues de l'entrée de la baie de Terieius, prises du point inanjui' di' deux (lèches sur la carte précédente. L'inférieure montre, au-dessus de la pointe et du hameau de Terrénès, la pointe Saint-Samson. Les chillVes indiquent les différents types de faciès et d'associations (voir le texte). Vue i)rise le 30 septembre 1913, à9h.40du matin; hauteur de la marée, descendante, 2 m. 70 environ à ce moment. p. UE BlîAVCHAMP PHOT. IX. l'iK.i. ;i. \ uo de I ,.p, ,i,. gj.lols Mra.uiit la bair .le ^iuii uii irie-l.,,..!, |,nM- du j.oii.t inarmu- .1 ..I... ( .-d,e snr la carte. Par-doss„s la p.vsqu'iio ,!.> Harnon.v., ..„ apo.ruil la l.aio do .Mo.laix. \iR. priso le ::Î0 soplnnl,,- l!li:;. a !H.. :!(. dn ...aliri; tn„„- .v.tr partie foinpiolpiiit'iit vidée, saiil' le clieiial. l'ia.i;.' a Laince du lyi'f Tfpliui. pi Vv.-d.Milf). iimmiIiiiiiI i.'s iii.ii.iMvii- salions des liil.cs de L. conihilef/n {'allas au milieu des pravieis. IM" LICfa' Rouil MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE (rtECOIVIVUE DUTILITÉ F»UBIL,IQLJE) ANNÉE 1913 TOME XXVI PARrS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE 28, RUE Serpente (Hôtel des Sociétés savantes) 1913