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En 1888, ont paru les /nsectes, les Poissons, les Priapu- lides, les Bryozoaires ; en 1889, les Mollusques, les Protozoaires ; en 1890, les Mammuferes; en 1891, les Échinodermes, l’Anatomie comparée, les Oiseaux, les Crustaces. Aujourd'hui toutes ces Parties forment trois Volumes comprenant : Premiere Partie : Maumirères, par À. Milne-Edwards. Oiseaux, par E. Oustalet. Porssows, par L. Vaillant. ANATOMIE cOMPARÉE, par H.-Paul Gervais. Deuxième Partie : Insectes, par L. Fairmaire (Coléoptères), Signoret (Æémiptères), J. Mabille (Vévroptères), P. Mabille (Lépidoptères), J.-M.-F,. Bigot (Diptères). ARACENIDES, par E. Simon. Crusracés, par À. Milne-Edwards, Mocquart et Dollfus. Morzusques, par de Rochebrune et J. Mabille. Troisième Partie : PrraPuines, par J. de Guerne. Bryozoaines, par J. Jullien. Écmnopenus, par E. Perrier. Prorozoatres, par A. Certes. Mission du cap Horn, NI. b VI AVANT-PROPOS. Voici la Liste des Planches de chacun de ces trois Volumes : PREMIÈRE PARTIE (23 planches dont 14 en couleur; 3 Cartes : baie Orange, archipel du cap Horn, détroit de Magellan). Mammifères. PI, 1. — Conepatus Humboldtii. PI. ?. — Reiïthrodon cuniculoides. PI. 3. — Hesperomys Edwardsii. — Reithrodon chinchilloides. PI. 4. — Hesperomys longicaudatus. — Hesperomys Coppingeri. PI. 5. — Hesperomys olivaceus. — Hesperomys longipilis. PI, 6. — Hesperomys xanthorhinus. — Hesperomys xanthopigus. PI, T. — Conepatus Humboldtii. PI. 8. — Hesperomys Edwardsii. — Hesperomys Coppingeri. Oiseaux. PI. 1. — Tinamotis Ingoufi. PI. 2. — Rallus rhytirhynchus. PI. 3, — Larus Scoresbyi. PI. 4. — Micropterus cinereus. PI. 5. — Micropterus patachonicus. PI. 6. — Phalacrocorax carunculatus. Poissons. PI, 1. — Scyllium chilense. — Acanthias Lebruni. PI. 2. — Raja brachyura. — Clupea arcuata. — Maurolicus parvipennis. PI. 3. — Lycodes latitans. — Nothotenia macrocephala. : PI. 4. — Cottoperca Rosenbergii. — Murænolepis orangiensis. — Enantioliparis pallidus. Anatomie comparée. PI. 1 et 2. — Balænoptera Sibbaldii. PI. 3 et 4. — Balænoptera Schlegeli. DEUXIÈME PARTIE (29 planches dont 12 en couleur). Insectes. PI. 1 et 2. — Coléoptères. PI, 1. — Névroptères. Pl, 1 à III. — Lépidoptères. PI, 1 à IV. — Diptères. AVANT-PROPOS. VI Arachnides. PI. I. — Araneæ. PI, II. — Araneæ. — Opiliones, Crustacés. PI, 1. — Libinia Habni. PI, 2. — Munida gregaria. — Munida subrugosa. PI. 3. — Bernhardus barbiger. — Anchistiella Seneuili. PI, 4. — Anchistiella Hyadesi. — A. Hahni. PI. 5. — Hippolyte Romanchei. — H. Magellanicus. — H. Dozei. — H. Consobrinus. PI. 6. — Hippolyte Martiali. — Pasiphæa forceps. PI. 7. — Squilla armata. PI. 8. — Isopodes. Mollusques. PL. 1. — Céphalopodes. PI. ? à 6. — Gastéropodes. PL. T et 8. — Lamellibranches. PI, 9. — Chitons. TROISIÈME PARTIE (36 planches). Priapulides. PI, 1 et 2. — Priapulus tuberculato-spinosus. — Priapuloïdes australis. Bryozoaires. PI. 1. — Buffonella rimosa. — Lacerna de Carforti. — Osthimosia otopeta. — Osthimosia evexa. — Aimulosia australis. — Phonicosia Jousseaumei. PI. 2. — Smittia monacha. — Smittia purperea. — Smittia sigillata. PI. 3. — Exochella longirostris. — Porella Hyadesi. — Porella malouinensis. — Lepralia collaris. — Lepralia monoceros. PI. 4. — Cellepora hyalina. — Hippothoa patagonica. — Diazeuxia reticulata. — Adonea punctu- lata. — Fenestrulina Hyadesi. — Inversiula nutrix. — Micropora uncifera. PI. 5. — Romancheina Martiali. — Flustra spinosa. — Membranipora galeata. PI. 6. — Membranipora Hyadesi. — Flustra ramosa. — Eschara gigantea. PI. . — Diachoris Hyadesi. — Diachoris maxilla. — Bugula Hyadesi. — Ætea fuegensis. — Menipea fuegensis. PI, 8. — Menipea benemunita. — Pedicellina australis. — Membranipora Hyadesi. PI, 9. — Flustra margaritifera. — Exochella longirostris. — Aïmulosia australis. VIII PI. PI PI. DIE PI. ID? PI. PI. PI. PI. T7 PI. IA PI. PI. PI. PI. PI. AVANT-PROPOS. 10. — Diachoris inermis. — Diachoris costata. 11. — Diachoris magellanica. — Diachoris maxilla. 12. — Menipea fuegensis. — Diachoris magellanica. 13. — Ostimosia evexa. — Cristia Boryi. 14. — Micropora uncifera. 15. — Cellepora Malusii. — Flustra spinosa. Échinodermes. 1. — Asterias Spirabilis Bell. — Gestation et jeunes. ? à 6. — Organisation des jeunes Asterias spirabilis Bell. 7. — Organisation des jeunes Asterias spirabilis. 8. — Asterias spirabilis Bell et Labidiaster radiosus Lutken. ù 9. — Cribrella Hyadesi. — C. Stüderi. — Lophaster pentactis. — Lebrunaster paxillosus. 10. — Crossaster australis. — Poraniopsis echinasteroïdes. — Anasterias minuta (var, Astero- derma papillosum ). 11. — Ganeria robusta. — Cribraster Sladeni. — Ganeria Hahni. — Asterodon granulosus. 12. — Ganeria papillosus. — Goniopecten Fleuriaisi. — Pentagonaster austrogranularis: — Pteraster Ingoufli. — Asterina fimbriata. 13. — Asterodon pedicellaris. — Astrogonium patagonicum. — Asterodon singularis. — Pteraster Lebruni. | * Protozoaires. 1. — Infusoires. — Rhizopodes. 2. — Rhizopodes. 3 à 6. — Radiolaires. En même temps que ces trois Volumes de Zoologie, parait le Tome VII et dernier de la Mission scientifique du cap Horn, consacré à l’Anthropologie et à l'Ethnographie. Cette publication est donc entiè- rement terminée; nous pouvons maintenant en présenter l’ensemble et jeter un rapide coup d'œil sur les travaux mis à jour. Ï | La Commission chargée par l’Académie des Sciences de préparer la Mission du cap Horn se composait de : MM. J.-B. Dumas, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, Pré- sident, J. Benrran», Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, Croué, Vice-Amiral, Membre du Bureau des Longitudes, AVANT-PROPOS. IX MM. | ALexonse Mure Enwarps, Membre de l’Académie des Sciences, Fouqué, Membre de l’Académie des Sciences, Perrier, Colonel, Membre de l’Académie des Sciences, Lowy, Membre de l'Académie des Sciences, Mascarr, Directeur du Bureau central météorologique, Ereurrais, Capitaine de frégate, Axcor, Météorologiste au Bureau central météorologique, secrétaire. Au mois de juin 1882, cette Commission avait réglé tous les points concernant l’organisation de l'expédition et arrêté le programme des recherches confiées à chacun des membres de la Mission du cap Horn qui, dès leur retour, le 19 novembre 1883, présentèrent à l’Académie des Sciences les Rapports préliminaires établissant la réussite complète de leurs travaux. La Commission du cap Horn s’occupa immédiatement d'organiser la publication des documents scientifiques résultant de la Mission du cap Horn. Son président M. J.-B. Dumas, qui avait donné à la Mission tant de marques précieuses d'intérêt, mais que la maladie devait tenir éloigné de l’Académie jusqu’au moment de sa mort, eut du moins la satisfaction de voir revenir l'Expédition tout entière, après une tâche bien remplie. Il fut remplacé à la présidence de la Commission par M. J. Bertrand, qui dirigea avec le plus grand zèle les délibérations relatives à la publication des documents de la Mission du cap Horn. Le Tome |, Histoire du Voyage, avait été préparé par M. le capitaine de frégate Marriar, commandant la Romanche pendant l'expédition du cap Horn; la mort prématurée de cet officier distingué l’empêcha de terminer cet Ouvrage que nous avons été chargé de publier au moyen des papiers du Commandant Martial communiqués par sa famille, sous le contrôle de la Commission du cap Horn et avec le concours des offi- ciers qui avaient été embarqués sur la Romanche. Ces détails sont exposés dans l’avant-propos du Tome I, qui contient aussi la liste du X AVANT-PROPOS. personnel ayant pris part à l'expédition du cap Horn. L’Zntroduction du même Volume renferme les renseignements relatifs aux origines de l’expédition et à l’organisation de la Mission du cap Horn. Le Tome I, outre l'Histoire du voyage par M. L.-F. Martias, con- tient les Observations météorologiques faites à bord de la Romanche par les soins de M. ne LA Monneravr, enseigne de vaisseau, et les Observa- tions de marées par M. CourceLLE-SeNEUIL, lieutenant de vaisseau. Il est accompagné de trois Cartes (Baie Orange, archipel du cap Horn, détroit de Magellan), et de 9 planches en héliogravure (photogra- phies prises pendant l’Expédition). Il à été publié en 1888, il est le quatrième en date des volumes de la Mission du cap Horn. Le Tome II, Météorologie, a paru le premier de cette série, en 1885. Il a été rédigé par M. J. Lepnay, lieutenant de vaisseau, et se divise en deux parties : Observations régulières, considérées comme obligatoires dans le programme des expéditions polaires, — Observations comple- mentaires, qui répondent aux recherches considérées comme faculta- tives dans le même programme. Il se termine par 12 planches dont les 10 premières sont relatives aux courbes des éléments météorolo- giques observés à la baie Orange, les deux dernières planches repré- sentant l'archipel du cap Horn, et le plan des bâtiments et des obser- vatoires de la Mission. Le Tome III, Magnétisme terrestre, par M. Le CanneLuter, lieutenant de vaisseau, a été publié en 1886. Il contient toutes les observations magnétiques recueillies au cap Horn d’après le programme tracé par la Commission polaire internationale qui avait été complété par l’en- registrement photographique continu; la première Partie renferme les déterminations absolues de la valeur des éléments magnétiques, et la AVANT-PROPOS. XI seconde les variations de ces éléments relevées d'heure en heure. M. Pavex, lieutenant de vaisseau, avait été chargé de la rédaction de cette deuxième Partie, dont il avait arrêté le plan pendant son séjour à la baie Orange. Cet excellent officier, dont le souvenir reste cher à tous ses camarades, a été emporté par une cruelle maladie en juin 1884, quelques mois après le retour de la Mission, et M. Le Cannellier, com- pagnon de ses travaux scientifiques au cap Horn, est resté seul pour mettre la dernière main à cette importante partie de la publication, qui est suivie de ro planches de courbes des éléments magnétiques. Le Tome III contient encore les Recherches sur la constitution chi- mique de l’atmosphère, par MM. À. Muxrz et E. Ausw, d’après les expé- riences que nous avons effectuées à la baie Orange et, en mer, à bord de la Romanche. Ce travail est principalement relatif au dosage de l’acide carbonique de l'air du cap Horn et de l’océan Atlantique. Xl est complété par une Note sur la détermination de la quantité d'oxygène contenu dans l'air, au cap Horn, et par une planche reproduisant les appareils employés pour les recherches sur les proportions d'acide carbonique contenu dans l’air. Le Tome IV, Géologie, par le D' Hyanes, médecin principal de la Marine, a paru en 1887. Nous l'avons rédigé en entier au Collège de France, dans le laboratoire de M. le professeur Fouqué qui, nous témoi- gnant une bienveillance inépuisable, a bien voulu vérifier lui-même la structure de tous les échantillons rapportés par la Mission du cap Horn. Dans cette région, l’enchevêétrement des roches, la nature du terrain et le manque de moyens de transport, ne nous ont pas permis de recueillir les éléments d’une carte géologique, si incomplète qu’elle dût être. Notre étude est donc limitée à la description pétrographique des XII AVANT-PROPOS: roches en suivant l’ordre des explorations, méthode qui, à défaut d'autre avantage, offre celui de fournir aux naturalistes voyageurs un moyen de retrouver les gisements des roches que nous avons exa- minées au laboratoire. Cette recherche est encore facilitée par les Tables analytiques placées à la fin du volume pour les localités parcou- rues et pour les roches de ces localités. Nous avons donné en appendice la description des roches rapportées de la Terre de Feu, en 1882, par M. Lovisato, professeur à l’Université de Cagliari. L'examen de cette série complète les documents recueillis par la Mission du cap Horn. À ce volume sont annexées trois cartes (baie Orange, archipel du cap Horn, détroit de Magellan), 14 héliogravures (photographies prises dans les environs de la baie Orange), 6 reproductions de dessins com- muniqués par M. Lovisato, ro planches de dessins de coupes miero- scopiques de roches. Le Tome V, Botanique, publié en 1889, est l'œuvre de plusieurs auteurs. Les Cryptogames ont été décrits par MM. Paur Harror, Algues, Champignons; Pauz Perir, Diatomacées ; Énice Bescuerezte, Mousses, Hépatiques (celles-ci en collaboration avec C. MassaLoNGo). M. A. Franouer a étudié les plantes phanérogames rapportées par la Mission du cap Horn, après une « introduction » dans laquelle il à établi la part considérable qui revient aux botanistes français dans la connaissance de la flore magellanique. Trois cartes (baie Orange, archipel du cap Horn, détroit de Magel- lan) et 33 planches sont jointes à ce Volume (pour la Cryptogamie, AVANT-PROPOS. XII 21 planches dont 7 en couleur; pour la Phanérogamie, 12 planches dont 4 en couleur). Le Tome VI, Zoologie, signalé au commencement de cet Avant- Propos, a été commencé en 1887 et terminé en 189r. Il devait, primi- tivement, être complet en un Volume; l’abondance et l'intérêt des matériaux recueillis par l'Expédition, le zèle des savants chargés de les étudier ont amené la Commission du cap Horn à autoriser la publi- cation de trois Volumes de Zoologie avec 87 planches dont un grand nombre en couleur. Enfin, le Tome VII et dernier, Anthropologie, Ethnographie, par MM. Hvanes et Denixer, a été publié en 189r. Il est réservé à l’étude minutieuse, sous le rapport physique et sous le rapport moral, des Fué- giens que nous avons observés dans les environs du cap Horn. Le Volume est accompagné d’une carte ethnographique en couleur et de 34 planches dont 21 héliogravures représentant des photographies, 8 dessins d’après nature relatifs à l’anatomie (Ostéologie) et 5 planches de dessins d'objets concernant l’ethnographie fuégienne. Il ne nous appartient pas de juger la valeur du monument scienti- fique constitué par les neuf Volumes de la publication du cap Horn. Si nous avons cru devoir le présenter nous-même au publie, c’est qu'après l'apparition des Tomes IT (Weteorologie) et II (Magnétisme terrestre), nous avons été chargé, par la Commission du cap Horn et sous sa sur- vetllance, de la direction matérielle pour la publication des autres Volumes. Nous avons consacré tous nos efforts à cette lourde tâche, dans laquelle nous avons été aidé par la bienveillance continuelle Mission du cap Horn, NI. C XIV AVANT-PROPOS. de la Commission. Qu'il nous soit permis de lui en témoigner ici notre profonde reconnaissance. C’est aussi un devoir pour nous de remercier nos éditeurs, MM. Gau- thier-Villars et fils, pour le soin qu'ils ont apporté à l'exécution aussi parfaite que possible de la publication des documents scientifiques résultant de la Mission du cap Horn. Paris, 1° seplembre 18917. D' Hyapes. MAMMIFÈRES. CE n + 4 ec “e “ SL RES ï MAMMIFÈRES, PAR A. MILNE-EDWARDS. Les instructions zoologiques rédigées par les soins de l’Académie des Sciences ont été suivies par les membres de la Mission du cap Horn et les résultats obtenus à la suite des explorations qu'ils ont accomplies, soit à terre, soit à bord de la Romanche, sont considérables et augmen- tent beaucoup nos connaissances relatives aux productions naturelles des terres qui appartiennent à l'extrême Sud de l'Amérique. Si les Mammifères terrestres de ces régions sont peu nombreux, leur étude n’en offre pas moins un grand intérêt, et les collections faites à Santa Cruz de Patagonie et à la baie Orange peuvent donner une idée très exacte de cette partie de la faune. Les grands Mammifères marins ont été attentivement recherchés, et une belle série de Phoques à oreilles ainsi que deux squelettes de Baleine ont été préparés par les membres de la Mission. Nous donnons la liste des espèces recueillies, en y ajoutant quelques détails de nature à mieux les faire connaître. Orpre pes CARNASSIERS. 1. Fezis GEOFFROI. A. d’Orbigny et P. Gervais, Bulletin de la Société philomathique, 181, À .4 MISSION DU CAP HORN. p. 40, et Voyage dans l'Amérique méridionale, t. IV, p. 21, pl. XIT et pl. XIII, fig. 1, 1847. Cette espèce, de formes plus grèles et à pattes plus longues que l’Ocelot, est plus forte que le Chat Margay. C’est, après le Puma, le carnassier le plus robuste de l'extrémité Sud du continent américain. D'Orbigny l’a trouvée sur les bords du Rio Negro en Patagonie et ce voyageur signale sa présence dans les pampas jusqu'au 44° degré de latitude Sud ; M. Lebrun l’a observée aux environs de Santa Cruz etil a pu s’en procurer un bel exemplaire. Ce voyageur n’a jamais vu dans cette région une autre espèce indiquée par Ch. Darwin, le Chat pampa de d’Azara ou Felis pajeros de Desmarest, dont la queue est plus courte et les taches disposées en bandes longitudinales. Le Chat de Geoffroy est, comme toutes les espèces du même genre, sujet à des variations de taille et de pelage assez considérables, et l’exemplaire provenant de Santa Cruz diffère notablement de ceux rap- portés par d'Orbigny. Chez ces derniers, la teinte générale est plus fon- cée, les taches sont très petites, ce sont plutôt des mouchetures répan- dues en très grand nombre sur les épaules, le corps et les cuisses; au contraire, dans le premier, ce sont des taches plus espacées, irrégu- lières de formes, les unes arrondies, d’autres affectant l’apparence d'une demi-rose, d’autres allongées; elles sont d’une teinte noire intense et non brunes comme chez le Chat du Rio Negro. La disposition des bandes de la tête, du cou et des pattes n’offre rien de particulier à noter. La queue, au contraire, offre de grandes différences : elle est longue et grêle chez le Chat adulte rapporté par d'Orbigny et l'on compte 13 anneaux noirs occupant les trois quarts de sa longueur dans la portion terminale; près de l’origine de la queue, ce ne sont plus des anneaux, mais des mouchetures seulement. Chez le Chat de Santa Cruz, la queue est plus grosse, plus courte, et ne porte que 9 anneaux qui se succèdent à partir de sa base, sans laisser d'espace pour les mou- chetures. Un des Chats du Rio Negro, plus jeune que celui qui a été figuré par d'Orbigny, ressemble davantage à l’exemplaire dont il est ici question, car sa queue est plus longue et plus grêle et l’on y compte 10 annelures dans sa portion terminale. MAMMIFÈRES. A.5 Le Chat que Gray a désigné sous le nom de Felis Warwick, et qu'il supposait originaire de l'Inde, n’est que celui de Geoffroy, ainsi que l’a montré le D' Selater. J’ajouterai qu’il est probable que l'animal dont parle Molina sous le nom de Guigna, et qui appartient à la faune du Chili, doit être rapporté aussi au Felis Geoffroyt. Longueur du Chat de Santa Cruz, mesuré du museau à la base de la queue D an DO AO ERA DR CE GE UE R 0,62 DONCUEUTEEMQUEUC EEE EE CRE 0,29 Longueur du pied postérieur jusqu’au talon.......... 0,12 92, CANIS MAGELLANIGUS. Gray, Proceedings of the zoological Society of London, 1836, p- 88. Vulpes magellanicus Gray, Magazine of natural History, 1837, p. 578. Ganis magellanicus Waterhouse, ir Darwin, Zoology of the voyage of H. AM. S. « Beagle »; Mammalia, p. 10, pl. V. Pseudalopex magellanicus Burmeister, Fauna brasiliensis, p. 24-57. — Gray, Catalogue of Carnivorous Mammalia, 1869, p. 199. Ganis magellanicus Cunningham, Votes on the natural history of the straits of Magellan and West coast of Patagonia, 1871, p. 110. Le Cars magellanicus n’est pas rare à la Terre de Feu. Les ofti- ciers de la Mission à terre en ont tué à la baie Orange et les officiers de la Romanche en ont constaté la présence sur les bords du canal du Beagle, à l’anse Banner. Cet animal est beaucoup plus grand et plus fort que notre Renard. La tête et le cou sont d’un roux grisâtre, les oreilles d’un roux vif en dehors, ainsi que les pattes antérieures à partir du coude et les pattes postérieures. Le dos et les flanes sont d’un roux plus gris, l'extrémité des poils étant noire; cette teinte tend à dominer, surtout sur la ligne médiane. La queue est médiocre, très touffue, terminée par un bout noir précédé d’un anneau de poils roux. Longueur du corps, du museau à la base de la queue.. o",79 Lonstieur do là Qe@s-vo0ovo0occocoenoceuodoessec 022 Le Musée britannique possède le Chien rapporté de Port-Famine A.6 MISSION DU CAP HORN. par le capitaine King et qui a servi de type à Gray pour la description de l’espèce. Il ressemble entièrement à ceux de la baie Orange; peut- être cependant, sa teinte générale est-elle plus sombre. Le commandant Martial, dans son séjour aux iles Malouines, n’a vu aucune trace du Chien antarctique qui au commencement du siècle était encore fort abondant, et il nous apprend que cette espèce a com- plètement disparu de ces îles (!). Genre GONEPATUS (?). Gray, Charlesworth Magazine of natural History, t. 1, pe °81, 1837: Marputius Gray, op. cit, p. 581. Thiosmus Lichtenstein, Abhandlung. Akademie Berlin, 1836. Les animaux de ce genre sont les Moufettes de l'Amérique du Sud: ils se distinguent de ces dernières par les caractères très tranchés de leur dentition, par la forme de leur crâne et par plusieurs autres carac- tères ; au lieu de 34 dents, ils n’en ont que 32, les prémolaires supé- rieures n'étant qu'au nombre de 2 et non de 3 comme dans le genre Mephitis. La tête, osseuse, est tronquée en avant et la crête sagit- tale à une forme régulièrement arquée. Le museau est avancé et les narines s'ouvrent en bas. La queue est plus courte que celle des Moufettes. La coloration des Conépates est généralement du noir le plus intense ou d’un brun plus ou moins teinté, traversé par des bandes blanches dont la largeur et l'étendue varient dans des limites assez étendues. Aussi la délimitation des espèces est-elle fort difficile à faire, et 1l serait nécessaire pour y arriver de pouvoir comparer entre eux un très grand nombre d'individus pris dans des localités différentes. 3. ConeparTus HumBoLpru. (PL. 1 et PL. VII.) Gray, Magazine of natural History, t. 1, 1837, p. 581. Blainville, Ostéographie, genre Mustela, pl. XIIT. (1) Mission scientifique du cap Horn, t. I. Histoire du voyage, p. 151. (2) Ce nom est dérivé du nom local (Conepatl) donné au Mexique à l’un de ces animaux. MAMMIFÈRES. A.7 Mephitis patagonica Lichstentein, Abhandl. Akad. Wissenschaft. Berlin, 1836. ÿ Mephitis castaneus Gervais, dans le Voyage de d'Orbigny, t. IV, p. 29, 1846. Deux Conépates adultes capturés aux environs de Santa Cruz de Patagonie par M. Lebrun diffèrent à quelques égards des individus rapportés par d'Orbigny et décrits par P. Gervais sous le nom de Mephitis castaneus. Toutefois, les différences ne sont pas assez grandes pour qu'il y ait lieu de les séparer spécifiquement. Chez ceux de la collection d’Orbigny, la tête, le dessous du cou, le menton, la gorge, la poitrine, le ventre, les côtés du corps et les pattes ont une couleur marron clair. Le dos est garni de longs poils raides, assez rigides, rap- pelant par leur nature les soies d’un pore, et d’un roux pâle. Une bande blanche étroite naît de chaque côté de la tête, au-dessus des oreilles, parcourt les côtés du cou, passe sur les omoplates et se prolonge laté- ralement sur le corps, pour se terminer en avant des cuisses, ne se prolongeant pas sur la queue. Celle-ci est longue et revêtue de poils gris brun à la base, bruns à la pointe; son extrémité constitue un pin- ceau effilé. Chez les Conépates de Santa Cruz, les parties inférieures sont d’un brun foncé, le dessus du cou et du corps est un peu plus clair, les poils du dos sont doux au toucher et un peu roussâtres; les bandes blanches latérales, au lieu de naître au-dessus des oreilles, prennent leur ori- gine plus en avant, sur le dessus de la tête, formant là, par leur réunion, une sorte de bandeau; elles se dirigent ensuite en arrière, parcourent le corps dans toute sa longueur, puis se prolongent sur la queue. Celle-ci est courte, remarquablement fournie, blanche dans sa partie moyenne, rousse en dessus vers son tiers postérieur. Les jeunes ont le poil presque ras et presque noir, mais les carac- tères de la coloration sont d’ailleurs les mêmes. Dimensions du Conepatus castaneus de d’Orbigny. Longueur mesurée du museau à la base de la queue.... 0,36 Lonaronr ce lé MEME oacs-cc00c00e0os00cc000060000 0,18 Longueur du pinceau terminal de la queue............ 0,05 Longueur du pied postérieur........................ 0,05 A.8 MISSION DU CAP HORN. Dimensions du Conepatus de Santa Cruz. Longueur mesurée du museau à la base de la queue... o,41 Loncuour doll qQUENG.: 50 0500000000000023200c606600 Oo, 11 Longueur du pinceau terminal de la queue............ 0,08 PoneueundupiediPoSténeUTE ere ee CCE EE 0,06 La comparaison de ces dimensions indique de grandes différences dans les proportions relatives de la queue et du corps chez ces animaux, et peut-être aurais-je été disposé à les considérer comme spécifiquement distincts si l'examen du crâne n’était venu, au contraire, affirmer leur identité. Effectivement, les crânes de Conépates tués à Santa Cruz, comparés à ceux du Conepatus castaneus provenant du voyage de d’Or- bigny, ne different que par des caractères peu importants et l’on ne peut les attribuer à des espèces différentes ('). Nous donnons ici les dimensions principales des têtes osseuses, en indiquant sous le n° 1 celle qui provient du Conépate de Santa Cruz et sous les n° 2, 3 et 4 celles qui appartiennent aux exemplaires rapportés par d’Orbigny et décrits comme Conepatus castaneus. N°1. N°2. N° Nour. m m m m Longueur totale de la tête osseuse.. 0,068 0,062 0,065 0,058 Largeur du crâne au niveau des apo- physes mastoïdes.............. 0,038 0,032 0,032 0,033 Rapport entre ces nombres, le der- nier étant pris comme diviseur... 1,789 1,937 1,890 1707 La recherche du rapport entre la longueur de la tête et la largeur du crâne conduit à des nombres très voisins. Nous n’avons pu mesurer le développement de la tête au niveau de la partie la plus saillante des arcades zygomatiques et le rapporter à la plus grande longueur de la tête que sur un unique échantillon de Conepatus castaneus. Le nombre que nous avons trouvé est presque identique à celui que nous avons constaté, d’autre part, sur le Conépate de Santa Cruz. (1) Voir P/. VIII. MAMMIFÈRES. A.9 N°1. N°2 Plus grande longueur de la tête (mesurée comme il a m m été indiqué précédemment)....................... 0,068 0,0620 Plus grande largeur de la Lête, au niveau de la plus grande saillie des arcades zygomatiques ................... o,041 0,0355 Rapport entre ces deux nombres, le dernier servant de TIVISEUR EEE Ce eee ere eee de mie Lee 1,058 1,653 Le développement en largeur de la face au niveau des trous sous- orbitaires (les pointes du compas touchant la paroi interne de ces ori- fices) est également tres sensiblement le même, entre ces différentes têtes comparées entre elles : NE N°2. N°3. N°4: m Lui nl e m Fr Plus grande longueur de la tête.... 0,068 0,062 0,0605 0,058 Largeur de la face au niveau des trous sous-orbitaires................. 0,023 0,020 0,02 0,019 Rapport entre ces deux nombres, le dernier servant de diviseur...... 2,996 Set 3,029 3,092 Le rapport entre la plus grande longueur de la tête et sa largeur en arrière du front, au niveau du point où elle est rétrécie, varie très peu suivant les Conépates qu'on observe, et les animaux rapportés de Santa Cruz sont compris dans la série des variations constatées : N°1. N°2. NAS! N°4. , m m m mi Plus grande longueur de la tête.... 0,068 0,062 0 ,0605 0,058 Largeur de la tête au niveau de sa portion la plus rétrécie.......... 0,017 0,016 0,0160 0,017 Rapport entre ces deux nombres, le dernier servant de diviseur...... 4,000 3,875 3,781 4,11 Le même fait s’observe lorsqu'on recherche le rapport entre la plus grande longueur de la tête et la largeur du front au niveau des apo- physes sus-orbitaires : No N°. N°5, NO Lu m In A in Plus grande longueur de latête.... 0,068 0,062 0,0605 0,058 Largeur de la tête au niveau des apophyses sus-orbitaires........ 0,021 0,019 0,020 0,017 Rapport entre ces deux nombres, le dernier servant de diviseur...... 3,238 3,263 3,025 3,411 Les proportions relatives de la face et du cràne sont différentes, la Mission du cap Horn, VI A.2 A.10 MISSION DU CAP IHORN. première de ces parties étant un peu plus développée sur le Conépate rapporté par M. Lebrun : N°1 N°2 N°3 N°» Longueur de la face, mesurée enligne droite, depuis l’espace inter-incisif jusqu’à une ligne passant par le m m m m point le plus rétréci de la tête.... 0,038 0,034 0,034 0,032 Longueur du crâne mesurée à partir du dernier point indiqué jusqu'à la ligne occipilale ......:....... 0,030 0,030 0,029 0,028 Rapport entre ces deux nombres, le dernier servant de diviseur...... 1,266 PSS TE 2 1,14 Les rapports existant, au point de vue de la largeur, entre les diffé- rentes parties de la tête indiquent, comme les précédents, les plus grandes affinités spécifiques : NON N°2. N°3 N° Largeur de la tête au niveau des om m mn m orifices sous-orbitaires.......... 0,023 0,020 0,020 0,019 Largeur de la tête au niveau des apo- physes mastoïdes...... "1" 0,038 0,032 0,032 0,033 Rapport entre ces deux nombres, le premier servant de diviseur..... 1,652 1,0 1,6 1,736 Largeur de la tête au niveau des apo- physes sus-orbitaires........... 0,021 0,019 0,020 0,017 Largeur de la tête au niveau des apo- physes mastoïdes .............. 0,038 0,032 0,032 0,033 Rapport entre ces deux nombres, le premier servant de diviseur..... 1 ,809 1,681 1,6 1,941 La crête sagittale existe sur certains Conépates dont nous avons les crânes sous les yeux, tandis qu’elle fait absolument défaut sur d’autres. Ainsi, sur le crâne n° 2 elle apparait sous la forme d’une mince lame osseuse, ayant 0,22 d'étendue, alors que sur le crâne n° 4 la portion supérieure de la boîte cranienne est complètement lisse. Sur le crâne n° 3 les crêtes frontales à partir de la portion antérieure du crâne se portent directement en arrière, restant indépendantes l’une de l’autre, et atteignent ainsi le bord occipital supérieur. L'espace compris entre ces saillies est de 0,007. Cette disposition ressemble à celle que l’on observe sur les Zorilles parmi les animaux actuels, et à celle qui était MAMMIFÈRES. A.11 propre aux Plesictis parmi les animaux fossiles. Sur les Conépates de Santa Cruz, on retrouve cette dernière disposition, mais les crêtes sont moins espacées et elles tendent à se réunir au moment où elles atteignent le bord occipital supérieur. L'étude de la face inférieure de la tête ne révèle que des variations de peu d'importance. Le rapport entre la longueur de la tête et la lon- gueur de la voûte palatine coïncide presque sur certains échantillons : Longueur de la lêle, mesurée à sa face inférieure, Ma à Fe depuis l’espace inter-incisif jusqu’au bord in- m m m IÉHEUMAUMROUNOCCIPIAIER EEE EEE EEE CEE 0,058 0,051 0,051 Longueur de la voûte palatine, mesurée sur la Jeneimédiane ere re Te Cet 0,026 0,023 0,024 Rapport entre ces deux nombres, le dernier ser- VAN CO CMECIPosacccccecoscocpocsoobobe 2,230 2,217 2,125 L'écart assez grand qui existe entre le crâne n° 3 de notre série et les deux autres que nous lui comparons tient au mode de terminaison de la voûte palatine, qui se prolonge en arrière sur la ligne médiane en formant une sorte de petit lobe dans le premier de ces échantillons. Ce petit lobe est absolument indépendant de la cloison de séparation des fosses nasales, qui se termine en avant de lui. Sur les deux autres pièces, la voûte palatine donne naissance à une petite épine osseuse se confondant par sa face-inférieure avec la cloison interne des fosses nasales qui se prolonge tres en arrière, formant ainsi une crête divisant en deux parties la fosse gutturale. Les proportions de la voûte palatine ne varient presque pas, ainsi qu'on le verra par l’examen du Tableau suivant : LA m mn m Longueur de la voûte palatine . .. 0,026 0,023 0,024 0,022 Plus grande largeur de la voûte pa- latine (les pointes du compas pla- cées en dehors de la racine anté- rieure de la tuberculeuse)....... 0,026 0,024 0,023 0,023 Rapport entre cesmesures,lenombre correspondant à la seconde d’entre elles servant de diviseur...... +. 1,000 0,998 1,043 0,99 A.12 MISSION DU CAP HORN. L'aspect de la face postérieure du crâne parait être fort variable sur les Conépates, et ce fait tient probablement à l’âge des sujets. Les modi- fications qu’on observe sont dues à la plus ou moins grande saillie des crêtes occipitales. Nous avons recherché le rapport existant entre la hauteur et la largeur de cette partie de la tête et nous n'avons trouvé, comme on le verra en se reportant aux nombres suivants, aucune différence notable entre les crânes de Conépates décrits par d'Orbi- gny et ceux de Patagonie : : N°1. N°2. N°3. Hauteur de la face postérieure de l’occipital, mesurée à partir du bord supérieur du trou m ni m COR oc oos0000veco00ovcacobbaoocasos 0,018 0,016 0,015 Plus grande largeur de la face postérieure de POSE 00 o900000002000000200000000060 0,025 0,021 0,023 Rapport entre ces mesures, le nombre corres- pondant à la première d’entre elles servant de diviseur tente bin Re Re 1,388 1,312 1,533 La forme du trou occipital est différente sur le crâne de Santa Cruz; le diamètre transversal l'emporte sur le diamètre antéro-postérieur, ce qui est l'opposé sur les têtes rapportées par d'Orbigny : N°1. APE N°3. Diamètre transversal . . . ................. o",010 0", 008 0",009 D'ametrevVentiCal RE FPE E EP EE Er CECe 0", 009 0,009 0",010 L'examen qui précède montre de la manière la plus nette qu'il n'existe aucune différence importante dans la structure de la tête des animaux que nous venons de comparer. Le système dentaire supérieur possède le même développement sur les différentes pièces que nous avons comparées les unes aux autres, et nous n’avons pu reconnaitre aucune particularité distinctive dans les éléments qui le composent, si ce n’est pour la tuberculeuse. Cette dent, sur les Conépates de d’'Orbigny, possède dans sa partie interne un fort talon prenant naissance au niveau de la partie antérieure de la pointe interne de la couronne. Sur le Conépate de Santa Cruz, ce talon naît plus en arrière et il se projette en même temps plus en arrière et en dedans. Il résulte de cette disposition une modification dans la MAMMIFÈRES. A-13 forme de la couronne, qui dans le dernier cas possède un aspect plus ovalaire. Le maxillaire inférieur a des proportions semblables, ainsi que l’ac- cusent les mensurations suivantes : N°1. N° 2. NES N°: Longueur du maxillaire inférieur, mesuré du bord incisif à la partie m m m m la plus reculée du condyle ...... 0,043 0,040 0,038 0,044 x Hauteur du maxillaire mesurée ver- ticalement à partir du sommet de l’apophyse coronoïde........... 0,020 0,018 0,019 0,021 Rapport entre ces deux nombres, le dernier servant de diviseur...... 2,15 2,22 2,000 2,09 Les proportions relatives de différentes parties du système dentaire inférieur ont également les plus grandes analogies. Nous transcrivons le rapport existant entre l’espace occupé par les prémolaires et l’espace occupé par la carnassière et la tuberculeuse. N°1. N°2. 2 m ni Espace occupé par les prémolaires.. 0,009 0,008 Espace occupé par la carnassière et laMiuberculeuse tree ce rrecree 0,012 0,012 Rapport entre ces deux nombres, le premier servant de diviseur..... 1,33 1,5 Il existe une similitude absolue de structure entre les dents infé- rieures des Conépates de Santa Cruz et celles des individus rapportés par d’Orbigny, si ce n’est pour la tuberculeuse qui est un peu plus développée en dedans, fait qui correspond à celui dont nous avons parlé au sujet de la tuberculeuse supérieure. En examinant les maxil- laires de ces derniers, nous avons noté sur l’un d’entre eux (n° 2) une structure très singulière de la troisième tuberculeuse. Cette dent, au lieu de former une pointe simple, présente une pointe principale externe et une petite pointe interne plus abaissée, mais bien détachée. Le reste du système dentaire est normal, et il n’existe aucune ano- malie de la dentition supérieure. Il résulte de la série d'observations que nous venons de rapporter qu’il n'y a aucune différence spécifique entre les Conépates recueillis A.14 MISSION DU CAP HORN. par M. Lebrun et ceux de d’Orbigny et, d’autre part, que chez les ani- maux de cette espèce on ne constate que de bien petites variations individuelles. Les seules particularités distinctives des premiers con- sistent dans la forme du trou occipital, dont le grand diamètre est transversal, et dans la disposition un peu différente de la tuberculeuse supérieure. | 4. LUTRA CHILENSIS. Bennett, Proceedings of the zoological Society of London, 1832, p. 1. Waterhouse t2 Darwin, Zoology of the voyage of H.M.S. « Beagle » ; Mammalia, p. 22, 1839. Cette Loutre, signalée d’abord sur les côtes du Chili, paraît avoir une aire de répartition géographique étendue, car elle habite jusqu’à l’extré- mité de l'Amérique et elle a été tuée par les membres de l’expédition du cap Horn sur les bords de la baie Orange. Cet animal est de la taille de notre Loutre d'Europe; comparé à la Lutra brasiliensis, 11 en diffère non seulement par ses proportions, mais aussi par sa coloration. Chez cette espèce, le poil est de longueur médiocre et peu fourni de duvet; au contraire, la fourrure de la Loutre de la baie Orange est plus fournie, le jars est long et le duvet fort épais. La coloration générale est d’un roux jaunâtre en dessus et plus clair en dessous. Le museau, la tête, le cou, le dos et la face externe des membres sont d’un brun chocolat; les pieds et la queue, plus foncés. Le duvet caché sous le jars est légèrement bleuté, au lieu d’être roux. La queue est plus courte que chez les Loutres qui habitent plus au nord de l'Amérique méridionale; elle est forte et renflée à sa base. m Longueur du corps, mesuré du museau à la base de la queue. 0,63 Lonsrenr do IE QUEME,,s 2 0006000%000200c00200900000002000 o,31 Longueur du pied postérieur jusqu’au talon ................ 0,08 Cette espèce a été décrite par Bennett d’après un exemplaire pro- venant du Chili. Elle est très commune dans les innombrables canaux de l’archipel Chonos où Darwin l’a observée; elle n’est pas moins abondante dans la MAMMIFÈRES. A.15 région magellanique, et sa peau constitue généralement le vêtement des Fuégiens. Les officiers de la Romanche l'ont observée à la baie Orange, à l'ile Grévy, à l’anse Banner (canal du Beagle) et à la Terre des États. Les exemplaires rapportés au Muséum ont été tués à la baie Sea-Gull, au nord de Wollaston. Cette Loutre se nourrit de poissons et de crustacés qu’elle prend à la nage ou qu’elle ramasse sur le rivage. Les indigènes la chassent avec ardeur et à l’aide de leurs chiens. Dès qu’ils aperçoivent la tête d’une Loutre au-dessus des goémons, ils la poursuivent en pirogue jusqu’à ce qu’elle se réfugie sous les pierres du rivage. Les chiens se lancent alors à sa suite et cherchent à la saisir; si elle fuit, les hommes placés à l'entrée des trous la harpon- nent au passage. Parfois les chiens reviennent cruellement déchirés, mais ils attaquent néanmoins leur ennemi avec fureur; s'il parvient à s'échapper, la chasse recommence en pirogue jusqu’à ce que la Loutre épuisée succombe. On la dépouille et on tend la peau jusqu’à ce qu'elle soit sèche et puisse servir de vêtement. Orpre DES AMPHIBIES. Au commencement du siècle, le Phoque à trompe ou Eléphant de mer, désigné aussi sous le nom de Macrorhine ('), se montrait fréquem- (2) En 182f, Frédéric Cuvier plaça l’Éléphant à trompe ( PAoca proboscidea de Péron) dans le genre Macrorhine (Mémoires du Museum, t. XI, p. 200, pl. XII) qu'il traduisit, en 1826, en celui de Macrorhinus (Dictionnaire des Sciences naturelles, t. XXXIX, p. 552). Aussi a-l-on peine à comprendre pourquoi, en 1827, Gray, tout on adoptant le groupe générique reconnu par Fr. Cuvier (Gréffith's Anirnal hingdom, 1, 1, p. 80, 1827), en ait changé le nom pour l'appeler Aérouga, mot emprunté à la langue des indigènes de l’Aus- tralie, et que, quelques années plus tard, il ait transformé ce nom en celui de Aorunga (List of osteological specimens of British Museum, 1847, p. 33, et Catalogue of Seals and Whales 1866, p. 38). On s'étonne plus encore que d’autres auteurs aient accepté ce changement si contraire aux règles basées sur le droit de priorité. La confusion a encore été augmentée par un zoologiste allemand, J. Wagler, qui a donné au même animal le nom nouveau de Rhënophora (Nat. Syst. Amphib., 1830, p. 27). Ces changements peu. vent prêter une apparence de nouveauté à des choses anciennes, mais ils ne seront jamais légitimement adoptés. A.16 MISSION DU CAP HORN. ment à l'extrémité Sud du continent américain. Cet animal colossal, dont la taille atteint jusqu’à 8" ou ro" de long et 6" de circonférence, peut être considéré comme le géant de la famille des Phoques. Le museau des mâles se termine par un prolongement proboscidiforme qui n’est pas un organe de préhension, et leur corps est tellement chargé de graisse que parfois il suffit de 3 ou 4 individus pour obtenir une tonne d'huile (*). Cette espèce est répandue tout autour du globe entre les glaces circompolaires antarctiques et le 35° degré de latitude Sud. À l’époque de la reproduction, les Macrorhines viennent à terreet se réunissent en troupes très nombreuses sur diverses iles, mais ils n’y restent que le temps nécessaire à l'éducation des jeunes et ils rega- gnent ensuite la mer. Leurs principales stations étaient la Terre de Palmer ou de Louis-Philippe (?), la Géorgie australe (*), les Shetland du Sud (*), les Sandwich australes (*), les iles Malouines (°) et dif- férents ilots de la côte adjacente de l'Amérique. Les poursuites inces- santes dont ces Phoques étaient l’objet en ont beaucoup diminué le nombre et les ont chassés de toutes les stations dont l’abord est relati- vement facile. Déjà en 1860, le capitaine C.-C. Abbott constatait leur rareté et remarquait que le nombre des peaux que l’on voit entre les mains des pêcheurs est peu considérable. Il dit cependant que ces animaux se montraient souvent dans une ou deux des baies situées au nord des Malouines orientales où les rivages sont d’un accès dangereux et, par conséquent, rarement visités par les navires. Les Éléphants de mer s’éta- blissent alors, prétend cet auteur, dans les grottes dont l’ouverture est (1) En général, il faut 7 de ces Phoques pour obtenir cette quantité de graisse. (2) MorRez, À narrative of four voyages to the South sea, p. 69. L'auteur désigne ces îles sous le nom de Groenland du Sud. (3) FANNING, Voyages round the world, p. 440. (*) En 1822, Weddell trouva un si grand nombre de Phoques à trompe réunis aux Shetland australes que les matelots placés sous ses ordres purent en tuer plus de 2000 et obtinrent ainsi un chargement considérable d'huile. (5) MoRRELL, op. cit., p. 66. (5) FANNING, 0p. cit, p. 93. — ABBorr, On the Seals of the Falkland islands (Procee- dings of the zoological Society of London, 1868, p. 189). Ce dernier voyageur n’a jamais : observé de Macrorhine vivant, il a vu leurs dépouilles entre les mains des pêcheurs. MAMMIFÈRES. A.17 baignée par la mer. On ne les voit plus qu’accidentellement dans l’ar- chipel fuégien ou aux îles Malouines, et les naturalistes de l'expédition du cap Horn les y ont vainement cherchés : il est probable qu’ils dispa- raitront complètement de ces parages (‘). Les Sténorhynques, appelés vulgairement Léopards marins ©), n’ont pas été moins pourchassés, quoique la quantité de graisse qu'ils four- nissent soit peu considérable et que leur dépouille ne puisse être employée comme fourrure. Ils se montrent dans les iles qui sont éparses entre la pointe de l’Amérique et la grande banquise australe, mais on ne les voit guère à la Terre de Feu et sur les côtes de la Pata- gonie. Abbott, pendant le séjour qu'il fit aux Malouines, ne vit qu’un (1) Un arrêté du gouverneur des Malouines a mis un terme à cette destruction regret- table; il est maintenant défendu aux pêcheurs de poursuivre les Phoques du 1° octobre au 1° avril de chaque année dans les eaux de l’Archipel. Toute contravention à cet arrêté est punie d'une amende qui peut atteindre 2500!', elle entraîne en outre le payement de la somme de 125" par chaque Phoque tué. La moitié de l'amende est versée au Trésor, l’autre moitié est acquise à celui qui a dénoncé le délit. Pendant les six mois d'interdiction de chasse, la division navale de l'Atlantique Sud détache un de ses bâtiments pour assurer l'exécution de l’arrêté du gouverneur (voër MARTIAL, Hést. du voyage, p. 15r et 154). Plusieurs ten- tatives de ce genre avaient déjà été faites pour réglementer l'exploitation des Lions marins, mais sans succès; ainsi, en 1830, le gouverneur des Malouines, qui relevait alors de Buenos Ayres, fit emprisonner plusieurs pêcheurs américains qui, malgré sa défense, continuaient leurs chasses; mais, par représailles, une corvette des États-Unis détruisit l'établissement et rendit toute liberté aux baleiniers. (2) Lesson désigne cette espèce sous le nom d’'Oraria Weddelli (Bulletin des Sciences naturelles de Ferrussac, t. NIX, p. 438, 1826) el plus tard sous celui de Stenorhynchus Weddelli (Manuel de Mammalosie, p. 200, 1827). C'est aussi le Leptonyx Weddelli de Gray (Annals and Magazine of natural History, t. X, p. 582, 1836, et Zooloey of « Erebus» and « Terror », Mammalia, p. 2, pl. N et VI). I existe d’ailleurs beaucoup d'incertitude quant à la distinction qu’il y a lieu d'établir entre les Léopards de mer de la Terre de Feu, ceux des mers situées plus au Sud et ceux de la Nouvelle-Zélande. Ces derniers, autrefois appelés Phoca leptonyx par de Blainville (Journal de Physique, 1820, p. 288), ont été rangés par Fr. Cuvier dans le genre Stenorhynchus, que Peters a débaptisé et nommé Ogmorhinus, parce que le nom employé par Cuvier avait déjà été appliqué à un Crustacé décapode (Peters, MWonatsb. Akad. Berlin, 1875, p. 393). En même temps, le mot Leptonyx, ayant déjà servi en Ornithologie, a été remplacé par Gill par celui de Zepronychotes (Arrang. fam. Mamm., 1872, p. 70). Il résulte de tous ces changements une confusion d'autant plus regrettable que les différences entre ces prétendus genres sont loin d’être nettement établies et qu'il y a sinon identité, du moins une grande ressemblance entre tous les Léopards des mers du Sud. Mission du cap Horn, NI. A.3 A.18 MISSION DU CAP HORN. seul exemplaire de cette espèce échoué près de Port-Louis; les pêcheurs lui en apporterent ensuite une peau (‘). 1. OTARIA JUBATA. Phoca jubata Schreber. Otaria jubata Desmarest, MWammalogie. — D'Orbigny et Gervais, Voyage dans l'Amérique méridionale, Mammi- Jfères, p. 17. L'Otarie à crinière ou Lion marin de la plupart des auteurs est encore fort commune dans la région magellanique; les officiers de la Romanche en ont vu un grand nombre et en ont rapporté au Muséum une belle série d'individus de sexe et d'âge différents qui furent tués au mois de février sur la côte Est de la Malouine de l'Est. Une troupe de ces animaux avait élu domicile sur un ilot de la baie Edwards, au milieu de touffes de tussac (?). Quelques vieux mâles, dont le corps couvert de cicatrices attestait les luttes violentes livrées au moment du rut, étaient entourés par de véritables harems de femelles; celles-ei, effrayées à la vue des hommes, se précipitaient à l’eau, appelant leurs petits avec des cris plaintifs; un mâle blessé chargeait les assaillants ; un jeune fut capturé vivant, mais il était tellement sauvage qu’on fut obligé de le tuer. On prépara la dépouille de six individus qui font aujourd’hui partie des collections du Muséum et parmi lesquels on remarque deux mâles complètement adultes, mesurant 2%, 50 de longueur et pourvus d’une crinière bien développée. Leur pelage est d’un brun foncé, mélangé de gris; le dessus de la tête et les membres sont roux, ainsi que le dessus du cou. Une femelle très adulte mesure près de 2" de longueur, mais elle est beaucoup moins grosse que les précédents et elle ne porte aucune trace de crinière. Sa couleur générale est beaucoup plus claire et tire sur le jaune. Les jeunes, dont la taille varie de 1" à 1,50, ont une teinte brune (1) A8Borr, Proc. Zool. Soc., 1868, p. 192. (2) Voir Histoire du voyage, p. 142. MAMMIFÈRES. A.19 souvent mélangée par places de poils d’un gris jaunâtre formant des taches plus ou moins étendues; leur fourrure, entièrement dépourvue de duvet comme celle des parents, est cependant plus douce. D'autres Lions marins ont été observés par les naturalistes de la Romanche dans le canal du Beagle, à l'anse Banner et à l'ile Picton. Les cadavres de trois mâles furent trouvés échoués sur la plage de la baie Lort (Saint-Joachim), dans la presqu’ile Hardy. Enfin, la présence de ces mêmes animaux a été constatée par le D' Hahn sur les plages de l'ile des États. Buffon et la plupart des naturalistes de la fin du siècle dernier ou du commencement du siècle actuel réunissaient sous la dénomination générale de Lions marins toutes les Otaries à crinière, dont Frédéric Cuvier forma plus tard une division générique particulière appelée Platyrhinque ('). Aujourd'hui, les zoologistes sont généralement d’ac- cord pour les considérer comme constituant deux espèces, et ils réser- vent le nom d'Otaria jubata pour les Otaries des mers antarctiques, tandis qu'ils appellent Otaria Stelleri le représentant boréal du même type organique (?). Peters a poussé ces distinctions plus loin et il à réparti Les Otaries à crinière de l'hémisphère austral en 3 ou 4 espèces, pour l’une desquelles il emploie la désignation Ovaria leonina (*) considérée d'ordinaire comme synonyme d’Ofaria jubata, tandis que, à l'exemple de Blainville, il en appelle une autre Otaria Byron (*) et qu'il donne le nom d’Otaria Godefroy à une espèce qu’il considérait comme non décrite (°). Enfin l'Otarie rapportée du cap Horn en 1862 par le matelot Leconte et qui vécut quelque temps à la Ménagerie du Muséum de Paris, puis au Jardin zoologique de Londres, et qui fut identifiée par (1) Mémoires du Muséum, t. XI, p. 208, 1824. Le nom de Platyrhinque appartenait déjà à un genre d'oiseau et, par conséquent, n’a pu être conservé à ces Phoques qui, dans le système de classification de Gray, constituent le genre Otaria proprement dit (Catalogue of Seals and Whales). (2) LEsson, Dictionnaire classigne d'Histoire naturelle, t. XII, p. 420, 1828. — PeTERs, Monatsb. Akad. Berlin 1866, p. 274 et671. — Eumetopias Stelleri Gray, Ann. and Mas. of nat. Hist., 3° série, t. XVIIL, p. 233, 1866. (3) PETERS, op cit., p. 269. (4) Brave, Journal de Physique, t. XCI, p. 287, 1820. — PETERS, 0p. cit., p. 264 à 271. (5) PETERS, 0p. cit., p. 264 à 271. A.20 MISSION DU CAP. HORN. le D' P.-L. Sclater à l’Otaria Hookert ('}), n’était qu'une Otaria jubata mâle et non completement adulte, comme le reconnut plus tard le savant secrétaire de la Société zoologique de Londres (?). Ces diver- gences d'opinion suffisent pour établir que les différences organiques entre les Phoques à crinière sont peu tranchées et que les caractères assignés aux formes zoologiques que les naturalistes classificateurs sont convenus d'appeler des espèces n’ont peut-être pas dans ce groupe naturel la signification qu’on leur attribue; j'incline à penser que ces types réputés spécifiques ne sont que des races locales ou des modifi- cations d’une même espèce primordiale amenées par des conditions biologiques différentes. Leur distribution géographique vient à l’appui de cette opinion; en effet, ils sont répartis de distance en distance le long du continent américain et ils semblent différer d'autant plus entre eux qu'ils s’éloignent davantage du pôle Sud. Ainsi l’Otaria Jubata de Peters ou Otaria Forsteri de Lesson, qui est le représentant principal de ce petit groupe zoologique, occupe la pointe australe de l'Amérique et les iles avoisinantes. L’Ozaria Pernettyt de Lesson (*}, ou Otaria leornina de Peters, se trouve à l'embouchure de la Plata, sur les parties adjacentes du littoral de la Patagonie, et un peu plus au Nord vers le Brésil. Or j'ai pu constater, en étudiant un exemplaire femelle et adulte tué par M. Lebrun, que cette prétendue espèce différait à peine des Otaries des iles Malouines et qu'évidemment elle appartenait au même type spécifique. Les Phoques à crinière du versant opposé de l’Amérique ne me paraissent pas pouvoir être distingués avec certitude de l’Otaria jubata ; tels sont l’Oraria chulensis (*) des rivages du Chili et l'Oraria Ulloæ (*) des côtes du Pérou et des iles Gallapagos (°). \ (1) SezarTEr, Proceedings of the zool. Soc., 1866, p. 80. (2) SCLATER, op. cit., 1868, p. 190 (en note). (3) Loup de mer ou Lion marin. PERNETTY, Histoire d'un voyage aux îles Malouines, t. Il, p- 37. (*) Phoca leonina. MouiNA, Histoire naturelle du Chili, p. 261. — Otaria chilensis, . Muzrer, Archio für Naturgeschichte, 1841, p. 333. (5) Tsonupr, Fauna peruana, x842-1844, p. 135, pl. VI. (5) FaNNING, op. cit., p. 352, et Expédition du « Hassler ». Voir ALLEN, History of north american Pinnipeds, 1880, p. 208. ee MAMMIFÈRES. A.21 Ces animaux, si nombreux dans la région antarctique, semblent être remontés vers le Nord sur les côtes de l'Amérique, à l'Est et à l'Ouest: mais dans l’océan Pacifique ils ont été aidés dans leur mouvement d'extension par le courant austral ou courant de Humboldt qui en refroidit les eaux jusque sous l’équateur, tandis que dans l'Atlantique ils ont rencontré les eaux plus chaudes du Gulf-Stream qui ont constitué pour eux une véritable barrière. 2. ARCTOCEPHALUS AUSTRALIS. Phoca australis Zimmermann, Geograph. Geschichte, t, 1, p. 276, 1782. Phoca falklandica Shaw, General Zoology, 1. 1, p. 256, 1800. Otaria falklandica Desmarest, Dictionnaire d'Histoire naturelle, t. XX, p- 601, 1817. Arctocephalus falklandicus Gray, Peters, etc. Arctocephalus australis Allen, Zistory of N. american Pinnipeds, p.210, 1880. Le Phoque à fourrure, nommé par les marins anglais Fur Seal, est l’un des plus intéressants sous le rapport zoologique et sans con- tredit le plus important au point de vue commercial de tous ceux qui habitent ces parages. Autrefois il était très commun et, pour donner une idée du nombre de ces animaux, je ne saurais mieux faire que de rappeler les résultats obtenus par divers navires frétés en vue de la pêche ou plutôt du massacre de ces amphibies qui, lorsqu'ils sont à terre, ne peuvent ni fuir ni se défendre et se laissent assommer sans résistance. Ce fut vers la fin du siècle dernier que les marins américains com- mencèerent à expédier dans les mers australes des navires spécialement destinés à la chasse des Phoques à fourrure, dont les peaux étaient pour la plupart vendues en Chine et dont on tire une huile abondante. Plusieurs des découvertes géographiques accomplies dans les régions antarctiques sont dues à ces expéditions commerciales, et l’on a peine à comprendre qu’elles n'aient pas déjà amené la destruction complète de ces animaux; car ils ne produisent généralement qu’un seul petit à chaque portée, la gestation est longue et la croissance très lente. Il A"22 MISSION DU CAP HORN-. faut que leur nombre ait été incalculable pour que l’espèce ne soit pas éteinte. En 1808, lorsque Fanning visita les iles de la Géorgie aus- trale, un navire venait de quitter ces parages emportant 14000 peaux de Phoques; il s’en procura lui-même 57000 et il évalue à 112000 le nombre de ces animaux tués pendant les quelques semaines que les marins y passèrent cette année-là. En 1822, un autre capitaine, Weddell, visita ces îles et il constata que les produits de la chasse n'avaient pas diminué; il évalue à r200000 le nombre des peaux déjà obtenues dans cette localité dont l'étendue est peu considérable. La même année, 320000 Phoques à fourrure furent tués aux Shetland australes. Ces animaux abondaïent aussi à l’ile Beauchêne située à une vingtaine de lieues à l’est des îles Malouines. Dans ces iles ils étaient très communs ('), et le capitaine Abbott nous apprend qu'il y a un quart de siècle environ ils se montraient en grand nombre à l’entrée du détroit de Berkeley, où les rochers sont d’un accès difficile. Aujour- d'hui ils sont devenus plus rares et, quoique les naturalistes de la Romanche en aient aperçu plusieurs, il leur a été impossible de les cap- turer; ils en ont vu dans le canal du Beagle, à l’anse Banner et à l’ile Picton, ainsi que sur les bancs de goémons de la pointe Sud-Est de la baie de Packsadlle (iles Guffern). Il est très difficile de les atteindre, car la guerre acharnée qui leur est faite les a rendus méfiants. Ils se jettent à l’eau et disparaissent dès qu'ils voient arriver une embar- cation. On ne peut les approcher qu’en débarquant à l'abri de quelque anfractuosité du rivage et en leur coupant la retraite du côté de la mer. Le commandant Martial nous apprend que, pendant son séjour, les mate- lots d’une goélette américaine, le Thomas Hunt, chassaient les Phoques aux iles Diego Ramirez et que, dans la saison, ils en tuèrent 1300 (2). À Punta-Arenas, l'exportation de ces peaux s’élève à environ 300000" par an. On peut espérer que les mesures de protection qui ont été prises par le gouverneur des Malouines, et dont il a été question pré- cédemment, hâteront le repeuplement de ces iles et faciliteront la reproduction des Phoques à fourrure. (1) HamivroN, On the Fur Seal of commerce ( Annals and Magazine of natural History, t. II, p. 80, 1838). (2) Histoire du vo) age, p. 44. MAMMIFÈRES. A.93 Cette espèce remonte sur la côte de l'Amérique jusqu'au rio de la Plata, d’une part, et, d'autre part, jusqu’au Chili; elle a été trouvée par les naturalistes de l'expédition du Æassler aux iles Gallapagos. ORDRE DES RONGEURS. Les Rongeurs recueillis par M. Lebrun en Patagonie et par les offi- ciers de la Romanche à la baie Orange sont nombreux sinon en espèces, du moins en individus. M. Olfield Thomas, aide-naturaliste au Musée britannique, a bien voulu se charger d'étudier cette belle série de Murides et d’en déterminer les espèces. Il a pu les comparer à ceux pro- venant du voyage du Beagle, et décrits autrefois par Bennett et par Waterhouse, et à ceux rapportés par l'expédition de l’A/ert qui font partie des collections du Musée britannique. M. O. Thomas a reconnu une forme nouvelle du groupe des Hesperomys, qu'il a désignée sous le nom de Notomys. Genre HESPEROMYS. Sous-genre NOTIOMYS (1). Olfield Thomas, Description manuscrite : Forme cricetine (?), queue courte, poilue; oreilles petites, pieds antérieurs à griffes très allongées, comme chez les Orychomys; pouce pourvu d’une griffe au lieu d’un ongle (*); pieds postérieurs assez courts, à doigts proportionnellement longs, face plantaire nue à six pelotes. Crâne court et large (‘), interpariétal, très petit et étroit; espace (1) De vdruos, méridional. (2) Poir pour les diagnoses des autres sous-genres les Proceedings of the zoological Society, 1884, p. 448. (3) Les mots ongle (zail) et griffe (claw) ont été transposés par erreur dans la diagnose de l'Oxymycterus (loc. cit., p. 450), dans ce sous-genre le pouce étant armé d'une griffe et non d’un ongle. (*) Voir PL VIII, fig: 1. A.24 MISSION DU CAP HORN- interorbitaire large à arêtes arrondies; trou préorbitaire large, trian- gulaire, son bord externe très court et ne s’avançant pas en une lame saillante, trou palatin allongé, narines postérieures très étroites. Dents ayant les caractères essentiels de celles des Habrothrix, mais la dernière molaire supérieure petite, ayant à peine À des dimensions de la seconde et également de forme ovale, le grand axe de l’ovale étant disposé transversalement. 1. Hesperomys (Noriouys) Enwarps Olfield Thomas. (PI. LI, fig. x, PL. VIII, fig. 1.) Cette espèce ressemble beaucoup par sa taille et son aspect général à l’Hesperomys (Calomys) bimaculatus Waterh. et surtout à la variété lepidus Thomas (‘), mais elle s’en distingue sans peine par les griffes extrémement longues et puissantes des pattes antérieures. La couleur de l'animal est en dessus d’un fauve grisâtre, en dessous blanche. La base des poils est partout d’un gris ardoisé. La queue est revêtue de poils courts et serrés, cachant entièrement les écailles; elle est fauve pâle en dessus et blanche en dessous. Les pieds antérieurs sont armés de griffes longues et fouisseuses, semblables à celles de l’Æes- peromys (Habrothrix) megalonyx Waterh. Le pouce porte aussi une petite griffe. Les pieds postérieurs ont la portion tarso-métatarsienne assez courte, mais les doigts sont bien développés et leurs griffes sont plus longues que d'ordinaire. Le pouce s'étend jusqu’au niveau de la base du second doigt, le cinquième doigt atteint le milieu de la première phalange du quatrième; les faces plantaires sont rues, excepté au talon, elles sont couleur chair, lisses et dépourvues de gra- nulations. Les pelotes plantaires sont au nombre de six, lisses et arrondies. Les oreilles semblent petites, malheureusement elles sont imparfaites sur l’exemplaire unique connu jusqu à présent. (1) Cette variété est décrite et figurée dans Proceedings of the zool. Soc., 1884, p. 454, pl. XLII. MAMMIFÈRES. A.95 Mesures de l'échantillon type emparllé et probablement un peu trop étendu. m MÉFETeCONDS Eee ere eee mener cree 0,080 DUETOR EE EE En ne ane ee ne eine ie 0,035 Pet Made dbcbooncmedossebseococe eco es Ua 0,016 Duifalontnlaibaseldus Aloe REPARER EP EC ER EEE PE ECS 0,012 Du talon en avant de la dernière pelote plantaire. ......... 0,0071 Hrosiemercnfelanténieune REP EEE EC EE CC cree 0,004 NSÈNE AE TOMÉRELNNE STE OS MNT EEE 0 0,003 Dimensions du créne. m ÉGDEUEUNR AN ANRAS CE ARENA A EN ATEN TER RT 0,020 Plus erande A ReeUT EE Eee En ee Le 0,013 Ponsveurideanboitelcérébrale PERFECT EEE CCE 0,010 Larsour de A bot céomle. 656080200000 0e 008 o,07118 LOMTENr COIN oc ocondacoscdoacpescaooseoucce 0,013 PORCUEUMAESTOSINASAUX EE EE CE CC PE CC 0,0097 LARSONP CES CS MARS 2 o0ecocc02Boderocstescobeuces 0,0031 Largeur de. l'espace interorhitaire..""""" "0 RO CO Lonsmetr ce Mmes 02e 00e 02e 000 0,010 Latour de Pinto ss ooncubsoaooacscocosane 0,006 Largeur mesurée entre les angles supéro-externes des trous SOUS-OLDLAITOS RER EP tete ce ee mn ee eee 0 ,0083 Longueur de la racine zygomatique antérieure. ........... 0,016 Longueur du palais...... SCO ÉDAPO DE Don po eue besace o,01I1 Largeur en dehors de la première molaire. .......... PC CON 0008 LEON ON CAMES sac dot sr ceovacseoaonc booter 0,0032 Distance entre les incisives et la 1° molaire.............. 0 ,0067 PONS UEUIUNTTOURPaIA NP EEE CE CE CS 0,005 Longueur de la sérieides Molaires-- "M NN 0,0032 LonouevaderaRrEMOlAILe PERRET EC EE 0,0017 Lonenene de la SMOANE,L460800000eodoccoc0sevsouaue 0,001 Lonarenr don mA, 400200 d020Meco00te-croucos 0 ,0004 Longueur dela mâchoire inférieure..." O,0141 Longueur jusqu'à l'extrémité des incisives................ 0,0156 Un seul exemplaire de cet intéressanf Muride a été recueilli par M. Lebrun dans la Patagonie, au sud de Santa Cruz, vers le 5o° degré de latitude Sud. Le Nouomys offre dans son organisation une combinaison de carac- tères empruntés à divers sous-genres d’Hesperomys. Ainsi, par son Mission du cap Horn, NI. A.4 A.26 MISSION DU CAP HORN. aspect extérieur il ressemble aux Calomys, par ses grifles allongées aux Onychomys, par la griffe dont le pouce est pourvu aux Scapteromys et aux Oxymycterus. D'autre part, par la structure de son crâne et de ses dents, il se rapproche des Habrothrix dont on doit le considérer comme très voisin, malgré les différences extérieures que l’on constate. La nécessité d'établir pour cet animal une distinction subgénérique ne peut être mise en doute et peut-être même, quand on aura pu étu- dier des exemplaires conservés dans l’esprit-de-vin, reconnaïitra-t-on la nécessité de le placer au rang de genre distinct. 2. Hesperomys (CaLomys) CoPPINGERI. (PI. IP, fig. 2, et PL, VII, fig. 2) Olfield Thomas, Account of the zoological collection made during the survey of H. M.S. « Alert » in the straits of Magellan and on the coast of Patagonia (Proceedings of the zoological Society, 1887, p. 4). Ce petit Rongeur est très commun à la baie Orange, où les natura- listes de la Mission en ont capturé un grand nombre. Les poils sont longs et doux. Sur la tête et sur le dos ils sont de couleur ardoise à leur base et dans presque toute leur longueur, leur extrémité est noire précédée d’un anneau jaunâtre. Quelques poils noirs et plus longs sont mélangés à la fourrure générale, donnant au pelage une grande ressemblance avec celui du Rat d’eau (Arvicola amphibius). La face externe des membres est de la même teinte foncée, les pieds sont cou- verts de poils courts, blanchâtres et brillants. Sur les flancs le pelage : est plus clair, et sur le ventre il est d’un blanc presque pur, quoique la base des poils soit aussi ardoisée. La queue est longue et peu velue; les écailles qui la couvrent en dessus sont grises et Les poils d’un brun roux. Les écailles inférieures sont d’un jaune pâle et les poils sont blanes, à l’exception de ceux qui garnissent la ligne médiane et qui forment une étroite-ligne d’un brun foncé contrastant avec la couleur blanche des côtés. Les oreilles sont courtes, arrondies sous leur bord et presque cachées par la fourrure; elles portent vers le tiers de la hau- teur de leur bord interne un petit lobule qui existe chez beaucoup NAMMIFÈRES. A.27 d'espèces du même genre et qui semble très constant chez celles où il se trouve. Les pieds postérieurs sont étroits et la face plantaire est garnie de cinq pelotes petites et séparées par une peau granuleuse. Le crâne présente tous les caractères propres aux Hesperomys, il montre une faible trace des crêtes susorbitaires que l’on considère comme caractéristiques du sous-genre Calomys auquel cette espèce appartient certainement. Les espèces qui se rapprochent le plus de l’Æ. Coppingert sont l'A. lutescens Gray et l’Æ. Phahippu Landb., originaires du Chili. Le premier est plus grand, la queue plus courte et le crâne est pourvu de crêtes susorbitaires plus fortes. L’A. Phihippu se distingue par la grande brièveté de la portion tar- sienne du pied et par ses poils plus courts et plus fins. 3. HESPEROMYS (ORYZOMYS) LONGICAUDATUS. (PI. IF, fig. 1.) Mus longicaudatus Bennett, Proceedings of the Comnutiee of Science and Correspondence of the zoological Society of London, 1832, p. 2. — Waterhouse, Zoology of the voyage of H. M. S. « Beagle »; Manrmatia, P--29,pl--XT: ; Cette espèce a d’abord été décrite par Bennett en 1832 d'après des exemplaires recueillis au Chili par Cuming; elle a été capturée égale- ment dans la même région par Darwin lors de l'expédition du Beagle et elle s'étend plus au Sud puisque la Mission française l’a trouvée à la baie Orange, où elle semble d’ailleurs fort rare. Ce Rongeur se distingue facilement par le développement de la queue qui est le double de la longueur du corps; cet appendice porte quelques poils épars, sa cou- leur est brunàtre en dessus, plus päle en dessous où les poils sont blancs. Le pelage du corps est long et doux, d’une couleur brune tirant sur Le jaune, les poils laineux étant de cette dernière teinte vers leur extrémité, le jars est brun. Le jaune domine sur les flancs et sur la face externe des membres; les parties inférieures du corps et internes des membres sont blanchätres. Les oreilles sont petites et velues en A.98 MISSION DU CAP HORN. dessus. Les moustaches sont longues et noires. Les pieds sont blancs, leur portion tarsienne est allongée. 4. Hesperomys (HABROTHRIX) OLIVACEUS. CAR LS Es 0) Mus olivaceus Waterhouse, Proceedings of the soological Society, 1837, p. 16. Cette espèce est très commune à la baie Orange. Les collections de la Mission en comprennent 28 exemplaires, provenant pour la plupart de cette localité; quelques-uns ont été trouvés à la baie Cook. Elle se distingue facilement de l’X. Coppingert, si abondante dans les mêmes parages, par sa taille moindre, sa queue relativement plus courte et ses oreilles moins développées. 5. HEspEromYs (HABROTHRIX) XANTHORHINUS. (PL FI, fig. 1.) Olfield Thomas, Proceedings of the zoological Society, 1881, p. 5. Mus xanthorhinus Waterhouse, Proceedings of the ‘zoological Society of London, 1837, p. 17. — Zoology of the voyage of H. M. S. « Beagle »; Mammalia, p. 53, pl. XVI, fig. r. Ce Muride, découvert par Ch. Darwin à la Terre de Feu (péninsule Hardy), a été trouvé par M. Lebrun à Santa Cruz de Patagonie, où il paraît peu abondant. La description très exacte qui en a été donnée par Waterhouse nous dispense d’insister sur ses caractères extérieurs. G. Hesprromys (HABROTHRIX) LONGIPILIS. (PL P, fig. 2.) Mus longipilis Waterhouse, Proceedings of the soological Society, 1837, p. 16. — Zool. of the voyage of « Beagle », p. 55, pl. XVI. Cette espèce fait aussi partie des collections formées par M. Lebrun à Santa Cruz de Patagonie; elle n’est représentée que par un seul exem- plaire, remarquable par sa fourrure aux poils doux et tres longs. MAMMIFÈRES. AÀ.99 7. Hesperomys (PuyLLotis) XANTHOPYGUS. (PI. VI, fig. 2.) Mus xanthopygus Waterhouse, Proceedings of the soological Society of Lon- don, 1837, p. 28. — Zoology of the voyage of H. M. S. « Beagle »; Mam- malia, p. 63, pl. XXII. Cet Hesperomys, découvert à Port-Désiré et à Santa Cruz par Ch. Darwin, a été capturé par M. Lebrun dans cette dernière localité; il est à peu près de la taille du Mus rattus. Son pelage est d’un jaune gri- sätre. La queue est beaucoup plus velue que chez les espèces dont il vient d’être question; elle est blanche en dessous, fauve en dessus, et ces deux teintes sont nettement séparées. Les oreilles sont grandes et revêtues de poils assez longs. 8. Mus MAGELLANICUS. Bennett, Proceedings of the zoological Society, 1835, p. 197. Waterhouse, Zoology of the voyage of H. M. S. « Beagle »; Mammalia, ne din DIONINE Ce Muride, plus grand que la Souris, a été découvert à Port-Famine par Darwin; les naturalistes de la Mission de la baie Orange n’en ont capturé qu’un exemplaire, ce qui semble indiquer que l’espèce est rare dans cette région. 9. RELTHRODON CHINCHILLOIDES. (PI. III, fig. 2.) Waterhouse, Zoology of the voyage of H. M. S. « Beagle »; Mammalia, D: 92 Ie Ce Reithrodon provient de la baie Orange, où deux exemplaires seu- © . , lement ont été capturés pendant le long séjour qu’y fit la Mission fran- çaise. A.30 MISSION DU CAP HORN. 10. REITHRODON GUNICULOIDES. (PL. IL.) Waterhouse, Proceedings of the zool. Soc., 1837, p. 30. Zoology of the voy. of « Beagle »; Mammalia, p. 69, pl. XXVI. M. Lebrun a recueilli deux exemplaires de cette espèce à Santa Cruz de Patagonie ; elle est de plus forte taille que la précédente; ses oreilles sont plus développées, sa queue est plus longue. La forme de sa tête rappelle celle d’un petit Lapin. CÉTACÉS. Les grands Mammifères pisciformes ne sont pas rares dans les mers antarctiques, et les officiers de la Romanche ont eu à plusieurs reprises l’occasion de les observer. Des troupes de Dauphins, d'Orques et des Baleines ont été vues en mer, mais il était difficile d'approcher ces ani- maux et ils échappaient aux poursuites dont ils étaient l’objet; deux squelettes de Baleinoptères échoués sur la côte ont été préparés avec soin et rapportés par la Mission du cap Horn. Ces squelettes sont décrits par M. H. Gervais dans un autre Chapitre de cet Ouvrage; nous n’avons donc pas à nous en occuper ici. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANGHE 1. Conepatus Humboldiü Gray, individu femelle et provenant de Santa Cruz de Patagonie (réduit de moitié). MAMMIFÈRES. A.31 PLANCHE 2. Reithrodon cuniculoides Waterhouse, provenant de Santa Cruz (représenté de grandeur naturelle). Fig. Fig. Fig. Fig. CT & 00 PLANCHE 3. . Hesperomys (Notiomys) Edswardsi Olf. Thomas, de Santa Cruz, (représenté de grandeur naturelle). . Reilhrodon chinchilloides Waterhouse, de la baie Orange (représenté de grandeur naturelle). PLANCHE 4. . Hesperomys (Orysomys) longicaudatus Bennett, de la baie Orange (représenté de grandeur naturelle). . Hesperomys (Calomys) Coppingeri O. Thomas, de la baie Orange (représenté de grandeur naturelle). PLANCHE 5. . Hesperomys (Habrothrix) olivaceus Waterhouse, de la baie Orange (représenté de grandeur naturelle). . Hesperomys (Habrothrix) longipilis Waterhouse, de Santa Cruz (représenté de grandeur naturelle). PLANCHE 6. . Hesperomys (Habrothrix) zanthorhinus Waterhouse, de Santa Cruz (représenté de grandeur naturelle). . Hesperomys (Habrothrix) xanthopygus Waterhouse, de Santa Cruz (représenté de grandeur naturelle). PLANCHE 7. . Crâne du Conepatus Humboldtit Gray, vu en dessus, de grandeur natu- relle ainsi que les figures suivantes. . Le même vu en dessous. . Face occipitale du même. . Màchoire inférieure. . Crâne du Conepatus provenant du voyage de d’Orbigny, vu en dessus. A.32 MISSION DU CAP HORN. Fig. 6. Le même vu en dessous. Fis.'T. Kace occipitale du même. Fis. 8. Mâchoire inférieure. P£ANCHE 8. Fig.1. Crâne de l’Æesperomys (Notiomys) Edwardsi O. Thomas, vu en des- sous et grossi. Fig. 1. Face supérieure du même. Fig. 1°. Le même vu de côté. Fig. 1°. Dents molaires de la mâchoire supérieure. Fig. 11. Dents molaires de la mächoire inférieure. Fig. 1°. Crâne représenté de grandeur naturelle. Fig. 2. Cràne del'Æesperomys Coppingeri O0. Thomas, vu en dessous et grossi. Fig. 24. Face supérieure du même. Fig. 2. Le même vu de côté. Fis. 2%. Dents molaires de la mâchoire supérieure. Fig. 2%. Dents molaires de La mâchoire inférieure. Fig. 2%. Cràne représenté de grandeur naturelle. Mission da Cap Horn . x Marmafères. DT PBidearut Lithr. Zmplemercier ebCFFarés Conepatus Humboldu , PAT De, Marnrapères. Le. Bidectuie Lith. mp lemercrer et CParis. l. Hesperomys Edwardsn. 2H Coppinéer:. de Æ OISEAUX, PAR E. OUSTALET, DOCTEUR ÈS SCIENCES, AIDE NATURALISTE AU MUSEUM. Immédiatement après l'arrivée au Muséum des riches collections formées par M. le D' Hyades, M. le D' Hahn et M. Sauvinet, je m'étais occupé de la détermination des Oiseaux, dont chaque spécimen pût figurer, avec son étiquette, dans l'exposition générale des objets rap- portés par la Mission du cap Horn. Je m'étais livré en même temps à un travail analogue pour les Oiseaux recueillis dans la Patagonie aus- trale par M. Lebrun et par les officiers du Volage, de telle sorte que, dès les premiers mois de l’année 188/, j'avais entre les mains les élé- ments nécessaires pour dresser des listes d’Oiseaux de la Patagonie, de la Terre de Feu et des Malouines. Mais je n’ai pas tardé à reconnaitre qu'une simple énumération d'espèces, accompagnée de quelques indi- cations de provenance, constituerait un travail singulièrement aride et presque entièrement dépourvu d'intérêt. Profitant de la latitude qui m'était laissée par la Commission de publication des documents de la Mission du cap Horn, j'ai donc cru devoir donner à cette étude sur Les Oiseaux de l'Amérique australe une certaine extension, en comparant aux spécimens obtenus par la Mission française en 1882 et 1883 les exemplaires que le Muséum avait reçus précédemment d’Alcide d'Or- bigny et des naturalistes attachés aux expéditions de l’Urante, de la Coquille, de l’Astrolabe et de la Zelee. Il m'a paru également nécessaire B.4 MISSION DU CAP HORN- de tenir compte des travaux publiés en France et à l'étranger sur la faune ornithologique des mêmes régions par lillustre Darwin et MM. Sclater, Salvin, Sharpe, de Pelzeln, Giglioli, Alph. Milne Edwards, ete.; de mettre à profit les documents fournis par les expé- ditions du Beagle, de la Novara, du Nassau, du Challenger et de l’ Alert, et d'essayer, en les combinant avec les observations que j'avais faites, de tracer les limites de l’aire d'habitat de chaque espèce. Les notes manusérites et les croquis qui m’avaient été remis par MM. Hyades, Hahn, Lebrun et Sauvinet, renfermaient sur la date de capture, le contenu de l’estomae, la coloration des yeux, du bec et des pattes, des renseignements qui venaient corroborer ou compléter les renseigne- ments fournis par les naturalistes anglais, et que je ne pouvais laisser de côté, pas plus que je ne devais omettre de décrire les espèces nou- velles ou peu connues dont j'avais sous les yeux d'excellents spé- cimens. Enfin, quoique mon travail eût surtout pour objet l’étude des Oiseaux rapportés par les naturalistes de la Mission du cap Horn, il m'a semblé qu'il y aurait un certain intérêt à le compléter en y joi- gnant, en appendice, une liste aussi complète que possible des espèces qui ne figuraient pas dans la collection. 1. CoNurus SMARAGDINUS. La Perruche émeraude Buffon, Æist. nat. des Oiseaux, t. NI, p. 262. La Perruche des terres magellaniques Daubenton, Planches enluminées de Buffon, 1770, pl. LXXXWV. Psittacus smaragdinus Gmelin, Syst. nat., 1788, t. 1, p. 322. La Perruche émeraude Levaillant, Æist. nat. des Perroquets, 1801-1805, pl. XXI. Conurus smaragdinus G.-R. Gray et Mitchell, Genera of Birds, 1844-1849, t. II, n° 42. — O. Finsch, Papageien, 1867, t. I, p. 525, n° 72. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nomenclator Avium neotropicalium, 1873, p. 112. — Birds of Antarctic America ( Voy. « Challenger »), in Proceed. sool. Soc. Lond., 1878, p. 434, n° 20. — Report on the Birds collected in Antarctic America, in Report on the scientific results of the voyage of H. M. S. « Challenger », Zoology, t. 1, 1881, p. 104, n° 20. OISEAUX. B.5 Pyrrhura smaragdinea A. Reichenow, Conspectus Psiltacorum, Journ. of Ornith., 1881, p. 286, n° 50 (tirage à part, p. 194, n° 50), et Vôgelbilder, pl. XXII, fig. 3. Cette espèce est assez répandue dans le sud du Chili et en Patagonie et s’avance jusque sur la Terre de Feu où elle est connue des indigènes sous le nom de Xinarh. L'expédition du passage de Vénus en a fourni dix-neuf individus de sexes différents, savoir six spécimens obtenus au mois de janvier 1883, par M. Lebrun à Agua Fresca, et treize spécimens obtenus par les naturalistes de la Mission du cap Horn, le 11 no- vembre 1882 sur les bords de la baie Orange, le 2 mars 1883 sur les bords des Murray's narrows (passes de Murray), et le 16 août de la même année à Packewaïa au sud de la Terre de Feu. Ces spécimens étaient accompagnés des indications suivantes qui concordent par- faitement avec les renseignements recueillis par les naturalistes du Challenger : « Iris rouge; bec noirâtre passant au jaune corne à l’ex- trémité des mandibules: tarses d’un gris foncé en dessus, d’un blanc jaunâtre sur la face inférieure; cire et parties nues d’un gris noirâtre; estomac contenant des graines. » On ignore si les Perroquets observés par Bougainville dans les mêmes parages se rapportaient au Conurus smaragdinus ou s'ils appar- tenaient au Conurus patagonus N., espèce de taille plus forte et plus voisine des Aras, qui a été signalée récemment par M. Burmeister et par plusieurs naturalistes anglais sur divers points de la Patagonie et de la République Argentine (voir Selater et Salvin, On the Birds col- lected in the Strauts of Magellan by D' Cunningham, in Ibis, 1868, p- 187, n' 16; H. Durnford, Notes on the Birds of central Patagonia, in Ibrs. 1978, p. 400; W.-H. Hudson, On patagonian Birds, in Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 549, n°31; H. Burmeister, Notes on Conurus hilaris and others Parrots of the Argentine Republic, in Proceed, zool. Soc. Lond., 1878, p. 75, etc.), et dont le Muséum possède quelques spécimens pris au Chili par MM. Lesson et Garnot (voyage de la Coguille) et par M. Gay. Le Conurus smaragdinus et le C. patagonus habitent à peu près les mêmes contrées; toutefois, la dernière espèce parait plus largement répandue. B.6 MISSION DU CAP HORN. D. CATHARTES AURA. Vultur aura Linné, Systema Naturæ (édit. 1766), t. [, p. 122. — Vieillot, Oiseaux de l’Amér. septentr., pl. I bis. — Wilson, Arner. Ornith., 1814, t. IX, p. 96, et pl. LXXV, fig. 2. Cathartes aura Illiger, Prodromus, 1811, p. 236. — J.-J. Audubon, Birds Amer., in-fol., pl. CLI, et 1839, édit. in-8, t. I, p. 15, pl. IT. — J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. IN, Birds, 184r, p. 8. Œnops aura R.-B. Sharpe, Cat. Birds Brit. Museum, 1874, t. 1, Accipitres, Dr20: Rhinogryphus aura Rideway, Æist. N. Amer. Birds, 1. IE, p. 335. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Museum, t. 1, p. 455 (Addenda). ? Cathartes aura Ph.-L. Sclater, Cac. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 383, n° 1. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, in This, 1869, p. 284, n° 10. Cathartes aura Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Birds of Antarctic Amer., in Proceed. 3001. Soc. Lond., 1878, p. 435. — Report on the Birds collect. in Antarctic Amer., in Rep. scient. Results of the voy. of A. M. S. « Chal- lenger », Zoology, t. I, 1887, p. 185, n° 26. — Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 300. ?Œnops falklandica R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1874, t. I, Accipitres, p.27. Dans quelques Ouvrages modernes on trouve cette espèce dési- gnée sous le nom générique de Rhinogryphus, qui a été proposé par M. Ridgway et adopté par M. R.-B. Sharpe; mais j'ai cru devoir, à l'exemple de M. Sclater, restituer au Vulur aura de Linné le nom générique de Cathartes, sous lequel il est généralement connu. En effet, comme le disent fort bien MM. Sclater et Salvin (Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 435), dès 1816, Vieillot (Analyse, 1816, p. 21) crut devoir établir deux genres aux dépens de l’ancien genre Cathartes d’'II- OISEAUX. B.7 liger : il nomma Catharista le Vuliur aura et le Vultur atratus, et Gypagus le Vultur papa. Néanmoins, on conserva l'habitude d'appeler Cathartes le Vultur aura et les espèces voisines, tandis que l’on associa quelquefois le Vultur papa au Condor, dans le genre Sarcorhamphus. Si donc on veut suivre rigoureusement les lois de la nomenclature, il faut donner au Ro des Vautours le nom générique de Gypagus et au Vautour aura le nom de Catharista ; mais il n’y a pas lieu de transporter au premier de ces oiseaux le nom de Cathartes, qui convient tout aussi bien au second. Enfin, il ne parait pas nécessaire de distinguer sous le nom d’OEnops ou de RAt- nogryphus les Cathartes à tète rouge des Cathartes à tète noire qui seraient appelés Catharista où Catharistes. Comme MM. Sclater et Salvin, je conserve aussi quelques doutes au sujet de la valeur spécifique de l’OEnops ou Cathartes falklandica, qui serait propre aux iles Falkland ou Malouines et qui, d'après M. R.-B. Sharpe, se distinguerait du Cathartes aura par la nuance grise des cou- vertures médianes et des pennes secondaires de ses ailes, par la teinte rose des parties dénudées de sa tête et par les dimensions un peu plus faibles des diverses parties de son corps. En effet, si j'ai constaté qu'un Catharte rapporté des Malouines, en 1820, par l'expédition de l’Uranie a les pennes secondaires et les couvertures moyennes distinc- tement bordées de gris (‘), comme les spécimens décrits par M. Sharpe et provenant de l'expédition antarctique anglaise; si j'ai reconnu que les dimensions de cet oiseau des Malouines étaient un peu plus faibles que celles des autres Cathartes de la collection du Muséum, je n'at- tache pas une grande importance à ces différences de taille et de colo- ration, puisque, parmi les Cathartes adultes de l'Amérique continen- tale, on observe certaines variations de grosseur et de plumage. M. Sharpe lui-même a vu, dans la collection recueillie par le natura- liste de l’expédition de l’A/ert, une femelle de Cathartes aura dont la tête était d’un rouge clair, dont les pennes alaires étaient plus dis- tinctement lisérées de gris que chez un mâle tué dans la même localité (1) Quant à la coloration des parties nues, il est impossible de dire ce qu’elle était chez l'oiseau vivant. La tête et les pattes ont élé teintées récemment, et peut-être à tort, en rose chair sur l'exemplaire monté d’après les indications fournies par M. Sharpe dans son Cata- logue. B.8 MISSION DU CAP HORN. (Tom Bay) à la même époque, et qui offrait, par conséquent, une tran- sition vers le Cathartes ou Rhinogryphus falklandicus (*). D'un autre côté, on ne peut soutenir que le Cathartes falklandicus soit strictement confiné dans l'archipel dont il porte le nom et qu’il y représente l’es- pèce ordinaire, puisque certains spécimens obtenus par le D° Cunnin- gham, et attribués par R.-B. Sharpe à son OEnops falklandica, pro- viennent d'Hasleyn Cove (Messier Channel), c'est-à-dire d’un point de la côte orientale de la Patagonie (?). Il est d’ailleurs aujourd’hui bien établi qu’on avait assigné au véri- table Cathartes aura une aire géographique encore trop restreinte, en disant qu’il se trouvait sur le continent américain depuis le 49° degré de latitude Nord, sur le versant du Pacifique, et depuis le Nouveau- Brunswick, sur le versant de l’Atlantique, jusqu’au Brésil et peut-être jusqu’au Chili (*). En effet, d'après M. P.-W. White (*), le Cathartes aura est commun aux environs de Conception, dans la République Argentine, et je n’ai constaté aucune différence digne d’être signalée entre un spécimen de la collection du Muséum, provenant de Virginie, et les spécimens rapportés de Patagonie par la Mission du cap Horn. Ces spécimens, au nombre de huit, avaient été obtenus, les uns dans la baie Orange, les autres à l’ile Horn, et portaient tous le même costume noir, avec quelques lisérés bruns peu distincts sur les plumes des ailes. Tous avaient l'iris brun, le bec d’une teinte jaunâtre, couleur corne blonde ou griffe de lion avec la pointe plus ou moins noire, les pattes d’un gris noirâtres ou d’un gris blanchätre sale; mais ils offraient, dans la coloration de la cire et des parties nues, certaines différences, dépendant sans doute de la saison. Ainsi un mâle, tué le 5 avril 1883 sur les bords de la baie Orange, avait la cire d’un gris perle foncé et les parties nues de la tête d’un gris nuancé de rouge vineux, tandis (1) R.-B. Sxarpe, Zoological collections made during the Survey of H. M. S. « Alert », Birds, n° 26, in Proceed. zool. Soc. London, 1881, p. ro. (2) CunninGnam, Zbis, 1868, p. 494, et Séraits of Magell., 1871, p. 355. — ScrATER et SALVIN, Zbës, 1869, p. 284, n° 10 (sous le nom de Cathartes aura). (3) SHarPe, Cat. B. Brit. Mus., t. I, p. 26. (*) On Birds from the Argentine Republic, in Proceed. zool. Soc. Lond., 1882, p. 624, n° 165. OISEAUX. B.9 qu'un mâle et une femelle tués, l’un perché, l’autre au vol, dans la même localité, le 22 septembre et le 24 novembre 1882, avaient ces mêmes parties d’un rouge framboise. Il est probable que les Cathartes ne visitent pas seulement à cer- taines époques la pointe méridionale de l'Amérique, comme on le supposait primitivement, mais qu'ils y séjournent pendant toute l’année, puisque les exemplaires rapportés par les naturalistes de l'expédition du cap Horn portent des dates diverses des mois d’avril, juin, septembre et novembre. On sait, du reste, que des Cathartes (Cathartes aura ou ©. falklandicus) se reproduisent dans les îles Ma- louines (!) et que leurs œufs sont d’un blanc jaunâtre avec quelques taches plus ou moins larges et des stries d’un brun rouge, exactement comme ceux des Cathartes aura de l'Amérique du Nord. J'ajouterai que, d’après les indications fournies par les étiquettes des individus que j'ai eus sous les yeux, l'estomac d’un de ces Cathartes de Patagonie était complètement vide et que celui d’un autre ne renfer- mait que des herbes, tandis que l'estomac d’un Catharte tué dans les iles Malouines par les naturalistes de l’expédition du Challenger conte- naitles débris d’un petit oiseau. Le Cathartes aura porte chez les Fuégiens du Sud le nom vulgaire d’Jloër. 3. POLYBORUS THARUS. Falco tharus Molina, Saggio St. Nat. Chil., 1782, p. 264. Falco plancus et F. brasiliensis Gmelin, Sysé. nat., 1788, t. I, p. 262. Polyborus vulgaris Spix, Aves brasil., 1. I, p. 3, et pl. I. — Vieillot et Oudart, Gal. des Ois., 1825, t. I, p. 23, et pl. VII. — D'Orbigny, Voy. Am. mérid., Zoologie, Oiseaux, 1835, p. 55, et pl. L, fig. r. Polyborus brasiliensis J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. NI, Birds, 'CÉPENNE (1) J. Gourn, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 93 (List of the Birds from the Falk- land Islands, with descriptions of the eggs of some of the species, from the specimens collected by capt. C. C. Abbott). — Scrarer, Loc. cit., Proceed. zool. Soc. Lond., 1879, p. 309 (Zgss collected during the « Challenger » expedition). Mission du cap Horn, VI. B.2 B.10 MISSION DU CAP HORN. Polyborus tharus Slrickland, Ornith. Syn., 1855, p. 18. — Cunningham, Zbrs, 1868, p. 120. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected by D' Cunningham in the Straits of Magellan, Ibis, 1868, p. 188, n° 18, et 1870, p. 499. — Birds from the Argentine Republic, Proceed. zool. Soc. Lond., 1869, p. 634, n° 2%. — Nom. Av. neotrop., 1873, p. 123. — Report on the collections of Birds made during the voyage of H. M. S. « Challenger », n° IX; Birds of antarctic America, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 435. — Birds from Bolivia, Proceed. zool. Soc. Lond., 1879, p. 639, n° 465. — Voyage of H. M. S. « Challenger », 1881, Zoology, t. I; Report on Birds antarctic America, p. 105, n° 25. — Ph.-L. Sclater, Votes sur le Mémoire de M. Hudson, On the patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 536. — Additions to the Mena- gery, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 333, et pl. XXV. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1854, Accipitres, |. À, p. 31, n° 1. — H. Durnford, Notes from the neighbourhood of Buenos Ayres, in Zbts, 1876, p. 161. — On the Birds of the province of Buenos Ayres, Ibis, 1877, p. 188. — /Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1838, p. 398. - Polyborus vulgaris H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley (Patagonia), Ibis, 1878, p. 398. Polyborus tharus L. Taczanowski, Supplément à la liste des Oiseaux recueillis au nord du Pérou occidental par MM. Jelski et Stolzmann, Proceed. zool. Soc. Lond., 1877, p. 749, n° 12. — Ornithologie du Pérou, 1884, t. T, P- 92. — H. Gurney, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 230. — E. Gibson, On the Ornithology of the Cape San Antonio (Buenos Ayres), Ibis, 1879, p. 415, n° 8. — R.-B. Sharpe, Zoological collections made during the Survey of H. M. S. « Alert », Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 10, n° 28. Le Polyborus tharus ou Caracara de l'Amérique méridionale habite la partie de ce vaste continent située au sud de la République de l'Équateur et du fleuve des Amazones; mais il est déjà beaucoup moins répandu dans le nord du Pérou que dans le sud de cette contrée, dans la République Argentine et en Patagonie, où il séjourne toute l’année et se reproduit régulièrement. Son nid, dont M. Durnford et M. Stolz- OISEAU X. B.11 mann ont donné la description, est placé tantôt sur des arbres entourés de lianes, tantôt sur des buissons élevés, et contient parfois, à côté des œufs ou des jeunes, des arêtes de poissons, du cuir, de la paille, etc. Les œufs, dont le Muséum possède plusieurs spécimens, rapportés jadis par M. d'Orbigny et par M. Gay, sont d’un brun rou- geâtre ou chocolat fortement tacheté de brun foncé et ressemblent un peu à certains œufs de Percnoptères, avec des formes plus ramassées et plus arrondies. Cette espèce est sujette à de très grandes variations sous le rapport des dimensions des ailes et des pattes, des teintes du plumage et de la coloration des parties nues, variations sur lesquelles Ch. Darwin, M. Sclater et M. Gurney ont déjà appelé l'attention des naturalistes. L'aile, par exemple, peut mesurer 38%, 4o°%, 43°? ou même 45° de long, le tarse 7°%%ou 9°, le doigt médian 5° "à Gt; la livrée prend parfois des teintes grises ou jaunâtres à peu près uniformes, comme cela a été observé chez deux Caracaras provenant de Patagonie, qui ont véeu aux Zoolopical Gardens à Londres, et la cire change de couleur, passant du rouge carmin au rose, à l’orangé et au jaune, chez le même individu et presque dans la même journée, ainsi qu’on peut s’en con- vaincre en observant les Polyborus vivant dans les jardins zoologiques. Il n’est donc pas étonnant qu’à défaut de grandes différences de plu- mage il y ait eu, chez les neuf Caracaras tués en Patagonie et sur la Terre de Feu par les naturalistes attachés à la Mission du cap Horn, de notables différences dans la coloration du bec, des pattes et de la cire, différences qui sont indiquées sur les maquettes, sur les catalogues et sur les étiquettes que j'ai sous les yeux. Je vois, par exemple, que deux mâles tués à l’ile Pavon, le 29 septembre 1882, et un autre individu tué à Santa Cruz par les officiers du Volage avaient les yeux jaunes; qu’un mâle tué le 1% janvier 1883, sur les bords de la baie Orange, avait le bec d’un blanc sale et la cire rose; une femelle tuée presque à la même époque, le 4 janvier, le bec couleur de corne tirant au bleuâtre à la base et au verdâtre à la pointe, la cire d’un jaune orange, les pattes de la même couleur, mais d’une nuance moins foncée, et les yeux d’un gris brun; une femelle tuée le 12 mars 1883, dans la même localité que les deux premiers individus, le bec couleur de corne B.12 MISSION DU CAP HORN. blonde, un peu grisètre sur les bords et à l'extrémité, légèrement bleuâtre sous la mandibule inférieure et à la base de la mandibule supérieure, la cire d’un jaune rougeûtre, les tarses d’un jaune citron clair avec les écailles de la face antérieure d’un jaune citron pur, les phalanges également d’un jaune citron pur, les parties dénudées tirant au jaune rougeâtre au-dessus de la mandibule supérieure, au jaune citron sous la mandibule inférieure et offrant une légère tache jaune citron en avant et au-dessous des yeux qui étaient de couleur brune. Je vois aussi que chez un mäle, tué le 20 mars 1883, sur le bord de la plage à la baie Orange, le bec était d’un blanc bleuâtre, avec les com- missures d’un blanc grisâtre et l'extrémité des mandibules d’une teinte corne blonde, la cire rougeûtre, l’iris brun, les tarses d’un gris blan- châtre à écailles opalines, la pulpe des phalanges blanchätre, légère- ment teintée de jaune, les parties nues tirant au rougeâtre clair au- dessus de la mandibule supérieure, au gris clair, un peu rosé, sous la mandibule inférieure, et offrant une nuance framboisée dans la partie antérieure de la région infra-oculaire. Enfin, je trouve encore les indi- cations suivantes dans les notes qui me sont communiquées par M. le D'Hyades et par M. le D' Habn : 1° Mâle tué sur les bords du New Year Sound, le 17 avril 1883 : iris brun, bec jaune, cire rose; pattes grises. 2° Mâle tué le 21 juin 1883 sur les bords de l’Anse aux Canards, à la baie Orange : iris brun clair, cire rouge orangé, bec corne blonde tirant au bleuâtre à la base; tarses d’un jaune pâle sur la face anté- rieure, d’un jaune très clair sur la face postérieure; phalanges d’un jaune citron, plus foncé en avant; parties nues rouge orange vif au- dessus du bec et autour des yeux. 3° Jeune femelle tuée près de la plage, à la baie Orange, le 25 juil- let 1883 : iris brun clair, cire jaune peau d'orange, bec corne blonde nuancé de gris perle; parties nues à la base du bec d’un jaune peau d'orange clair; tarses d’un jaune citron. 4° Mâle tué à la pointe Sauvinet, près de la baie Orange, au bord de la mer, le 29 juillet 1883 : iris brun marron, cire jaune orange, bec corne brune avec la pointe blanchâtre; tarses jaune citron; parties nues d’un jaune orangé vers la base du bec. OISEAUX. B.15 5° Individu de sexe indéterminé, tuëé le 29 juillet 1883, sur les bords de la baie Fleuriais, dans le canal du Beagle : yeux bruns, bec d’un ton jaunâtre pàle, nuancé de bleuâtre en arrière, cire et parties nues des côtés de la tête d’un jaune orangé; pattes jaunes, ongles bruns. 6° Jeune femelle tuée à la baie Orange le 28 septembre 1882 : yeux bruns, bord des paupières jaune pâle, cire orangée, bec gris verdâtre; pattes jaunes. Chez les deux individus (màles) obtenus par l'expédition anglaise du Challenger à Isthmus Harbour et à Port Churrucha (Magellan), les yeux étaient bruns; mais chez l’un le bec était bleu et la cire et les pattes offraient une teinte chair, tandis que chez l’autre le bec était bleuâtre, la cire jaune orange, les pattes jaunes. Des trois individus rapportés de Patagonie par l'expédition de l’A/err, l’un (une femelle adulte tuée à Tom Bay en mars 1879) avait le bec gris, la cire jaune orange, les tarses gris, les pieds jaunes et les ongles noirs; un autre (une jeune femelle tuée à Port Henry le 25 janvier 1879), la cire orange, les tarses gris ct jaunes; le troisieme (un jeune mâle tué le même jour et dans la même localité que l'individu précédent), la cire d’une teinte grisâtre tirant au rose chair et les yeux noirs. Chez les Caracaras à plumage anormal qui ont vécu au Jardin zoolo- gique de Londres, la cire passait seulement du rouge carmin au rose päle, les pattes étaient d’un jaune uniforme et les mandibules d’un jaune bleuâtre. Enfin les mâles adultes de la même espèce, envoyés du Pérou par M. Stolzmann au musée de Varsovie, offraient de leur vivant les teintes suivantes : bec cendré à la base, passant graduellement au gris jaunâtre pâle; cire et pattes orangées ; iris d’un gris bleuâtre assez clair, tandis que les jeunes avaient les pattes d’une nuance bleuätre. On voit par les documents que je viens de citer que le Polyborus tharus s’avance jusque sur les îles situées au sud de la Terre de Feu, entre le 55° et le 56° degré de latitude Sud, et l’on peut conclure du nombre des spécimens qui ont été obtenus par les expéditions anglaises et françaises que l'espèce doit être très répandue dans les iles Malouines et surtout en Patagonie (‘); elle fréquente les plaines marécageuses et le (1) Un individu de cette espèce avait déjà été rapporté, en 1879, du détroit de Magellan B.14 MISSION DU CAP HORN. bord de la mer et se nourrit de toutes sortes d'animaux, vivants ou morts. L’estomac de quelques-uns des Caracaras tués par M. le D' Hahn à l’île Wollaston renfermait des débris de petits oiseaux. Katéla est le nom vulgaire par lequel les Fuégiens désignent cette espèce de Rapace, qui est appelée Carrancho par les habitants de la République Argentine. 4. IBYCTER AUSTRALIS. Statenland Eagle et New-Zealand Falcon Latham, Gen. Syn., 1781, L. I, p. 4o, et pl. IV. Falco australis Gmelin, Syst. nat., 1788, t. [, p. 259. Morphnus Novæ-Zelandiæ Cuvier, Règn. anim., 1"e édition, 1819, t. I, p. 318. Falco Novæ-Zelandiæ Temminck, PL. col., 1823, t.1, pl. CLXXXXII et CCXXIV. Circaetus antarcticus Lesson, Trait. d’'Orn., 1831, p. 49. Polyborus Novæ-Zelandiæ Darwin, Journ. et Ado. « Beagle », 1839, p. 66. Milvago leucurus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. IL, Birds, 1841, n° 15 (ex Forst. Icon. ined., n° 34). Vultur plancus Forster, Descr. anim., éd. 1844, p. 323. Milvago australis G.-R. Gray, Cat. Accip., 1848, p. 30. — Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 383, n° 2. Milvago leucurus J. Gould, List. of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 92. Milvago australis Abbott, Zbis, 1861, p. 150. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 122. — À. v. Pelzeln, On Birds in the imp. collection of Vienna, Ibis, 1853, p. 17. Ibycter australis R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1874, t. 1, Accipitres, p.38. ? Milvago australis Ph.-L. Sclater, On eggs of Birds, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1879, p. 309. L'Ibycter australis, il est presque inutile de le rappeler, n'appartient par M. l'amiral Serres et un autre avait été rapporté, en 1820, des iles Malouines par l’expé- dition de l'Uranie. OISEAUX. B.15 pas, comme le supposaient Gmelin, Latham, Temminck et Lesson, à la faune de la Nouvelle-Zélande, où sa présence n'a été indiquée que par erreur, peut-être par suite d’une confusion avec l’Æeracidea ou Harpa Novæ-Zelandiæ. I est même fort douteux que cette espèce bien distincte du genre Zbycter se trouve sur le continent américain ("), et tout porte à croire que son aire d'habitat, des plus restreintes, ne comprend que l'archipel des Malouines, la Terre des États et quelques petites iles voisines. C’est des Malouines (Berkeley Sound, San Sal- vador, etc.) que proviennent les spécimens dontil est fait mention dans les Catalogues de J. Gould, de Gray et de R.-B. Sharpe, et ceux qui figurent depuis bien des années dans les galeries du Jardin des Plantes. Ces derniers ont été rapportés soit par Lesson et Garnot (voyage de la Coquille, 1825), soit par Quoy et Gaimard (voyage de l’Uranie, 1820), et deux d’entre eux, ceux du voyage de l’Urante, sont précisément les types du Circaëte funèbre (Circaetus antarcticus) de Lesson. Ils res- semblent entièrement aux quatre individus qui ont été obtenus par les officiers de la Romanche soit à la baie Edwards (Malouines), soit sur les bords du New Year Sound ou à la baie Cook, sur la Terre des États. ; Cette espèce porte, d’après M. Hahn, le nom fuégien de Ouina/fkara. 5. MILYAGO CHIMANGO. Chimango d'Azara, Apunt., 1802, t. I, p. 47. Polyborus chimango Vieillot, Mouv. Dict. d’Hist. nat., 1816, t. V, p. 260. — D'Orbigny, Voy. dans l'Am. mérid. Zool., Oiseaux, 1835, p. 60, et pl. HW, fig. 3 et4. Milvago chimango et M. pezoporus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. LIL, Birds, 1841, p. 13 et 14. Milvago chimango Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, n° 17. (1) Les quelques spécimens qui portent, dans les collections publiques, la mention Pata- gonieou Amerique du Sud ont été acquis à des marchands, et leur provenance est incer- taine.. B.16 MISSION DU CAP HORN. Milvago chimango Ph.-L. Sclater, Votes sur le Mémoire de M. Hudson, Or patagonian Birds, in Proceed. zoo, Soc. Lond., 1872, p. 536. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotrop., 18793, p. 122. Ibycter chimango R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., Accipitres, p. 41. Milvago chimango H. Durnford, Zbis, 1876, p. 161; 1877, p. 4o et 188, et 1875, p. 398. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Birdsof antarctic America, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 435, n° 2%; Birds from Bolivia, Ibid., 1879, p. 638, n° 462, et Voy. of « Challenger », Zool., t. Il, Report on Birds; On the Birds col lect. in ant. America, 1881, p. 105, n° 2#. — E. Gibson, On the ornithology of cape San Antonio (Buenos Ayres), in bis, 1870, p. 420. Ibycter chimango R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert», in Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1881, p. 10, n° 27. Milvago chimango L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 97, n°7. Ce Rapace, auquel je conserve le nom générique de Mkago qui doit s'appliquer, d’après Gray, à toutes les espèces plutôt terrestres qu'arboricoles de l’ancien genre Zbycter ('), occupe toute la région australe de l’Amérique du Sud, y compris la Terre de Feu. Il remonte, vers l'Ouest, un peu plus haut que ne l'indique R.-B. Sharpe, puisqu'il a été observé par d’Orbigny en Bolivie et sur la côte péruvienne, aux environs d’Arica (?), par 16° de lat. Sud; mais dans les régions cen- trales et orientales il ne dépasse guère le tropique du Capricorne. Il est extrêmement répandu dans la République Argentine et en Pata- gonie (*), dans les plaines découvertes, où d’Orbigny, M. Durnford et M. Gibson ont pu successivement étudier ses mœurs, son régime et son mode de nidification. Les renseignements fournis par ces diffé- rents naturalistes ont été publiés dans des Recueils et dans des Ouvrages assez répandus pour que je puisse me contenter à cet égard (1) Gurney, Notes on R. B. Sharpe's Cat. of Accipures, Ibis, 1873, p. 95. (2) D'ORBIGNY, op. cit., el TAGZANOWSKI, 0p. cit. (3) En 1877 et en 1859, le Muséum d'Histoire naturelle avait déjà reçu de M. l'amiral Serres plusieurs individus de cette espèce, tués à Puerto Bueno et sur les bords du détroit de Magellan. OISEAUX. B.17 d'un simple renvoi. Je me bornerai donc à relever les indications relatives à la coloration des yeux, du bec, des pattes et de la cire, qui ont été recueillies par les naturalistes attachés soit aux expéditions anglaises de l’Alert et du Challenger, soit à l'expédition française du cap Horn : 1° Deux femelles tuées à Porto Bueno, en face de l’ile de Hanovre, du 8 au ro janvier 1876 (Challenger) : Yeux bruns; pattes d’un gris bleuâtre. 2° Mâle tué à Sandy Point (détroit de Magellan), du 14 au 17 janvier 19706 (Challenger) : Yeux bruns; bec jaunätre; pattes bleues. 3° Mâle tué à Cockle Cove (détroit de Magellan), le 9 février 1879 (Alert) : Yeux d'un gris foncé; cire grise; pattes d’un vert olive; ongles noirs. 4° Mâle tué à Talcahuano (Chili), en septembre 1839 (Alert) : Yeux d’un brun clair; bec gris et blanc; pattes grises. 5° Mâle tué à Agua Fresca par M. Lebrun : Yeux bruns. 6° Mâle tué sur les bords de la baie Gretton, au nord des iles Wol- laston, le 24 décembre 1882 (expédition du cap Horn) : Yeux d’un gris terne; cire jaune; bec couleur de corne pâle; pattes d’un gris pâle. 7° Mâle pris à la baie Orange, au fond de l’Anse aux Canards, le 9 janvier 1883, dans un piège posé pour les Renards (expédition du cap Horn) : Yeux d’un brun clair; cire gris perle; bec jaune verdâtre; tarses gris perle sur la face supérieure, gris en dessous. 8° Deux mâles tués le 27 janvier, dans la même localité (expédition du cap Horn) : Yeux bruns; cire gris perle: bec blanc verdâtre; pattes gris perle. 9° Mle tué à Oushouaïa, sur les bords du canal du Beagle, le 2 février 1883 (expédition du cap Horn) : Yeux bruns; cire d’un blanc sale; parties nues d’une teinte bleuâtre ; bec bleuâtre; pattes d’un gris bleuté. Mission dn eap Horn, NI. B.3 B.18 MISSION DU CAP HORN. 10° Femelle provenant de la même localité (expédition du cap Horn) : ù Yeux brun clair; cire jaune citron; bec d’une teinte cornée tirant au bleu; parties nues jaunâtres; pattes jaunes. 11° Femelle tuée le 9 avril 1883, à la baie Orange, dans un petit bois près de la plage : Iris d’un brun très clair; cire gris perle; bec couleur corne brune sur la mandibule supérieure, corne blonde sur l’extrémité et gris perle foncé sur les trois quarts postérieurs de la mandibule inférieure; tarses gris perle; doigts gris blanchâtre. 12° Femelle tuée au New Year Sound, le 9 avril 1883 (expédition du cap Horn) : Yeux bruns; cire d’un rose pâle; bec jaunâtre; pattes d’un gris bleuàtre. 13° Femelle de la même localité (expédition du cap Horn) : Yeux bruns; cire d’un gris päle; bec couleur de corne blonde; pattes gris perle. 14° Femelle tuée Le G mai 1883 sur les bords de la baie Orange (expé- dition du cap Horn) : Yeux bruns; cire couleur de chair; bee brun légerément verdâtre avec la pointe couleur corne blonde; pattes gris perle avec une légère teinte jaunâtre sous les doigts; parties dénudées au-dessus du bec, gris perle. De la comparaison de ces documents, il ressort : 1° que la coloration de la cire, du bec, des parties nues et des pattes n’est nullement con- stante chez les Milvago chimango; 2° que ses variations ne corres- pondent pas à des différences de sexe; 3° qu’elles sont indépendantes de la saison. Le Chimango, que les Fuégiens connaissent sous le nom de Foakala, se nourrit de toutes sortes de proies vivantes ou mortes, et même de substances végétales : l'estomac des individus disséqués par M. le D' Hyades et par M. le D' Hahn renfermait des pelotes de poils de petits Rongeurs (esperomys?), des débris d’Oiseaux (notamment les frag- ments de la patte d’un jeune Huitrier), des Insectes coléoptères ou diptères, tantôt seuls, tantôt associés à des baies sauvages. OISEAUX. B.19 G. CIRGUS CINEREUS. Ceniciento d'Azara, Apunt., 1802, t. I, p. 145, et G. Hartlaub, Znd. d’Azara, 1847, pe 3° Circus cinereus Vieillot, Vous. Dict. d’Hist. nat., 1816, t. IV, p. 454. Falco histrionicus Quoy et Gaimard, Voy. del’ « Uranie ». Zoologie, Oiseaux, 1824, p. 93, et pl. XV et XVI. Circus histrionicus King, Zoo!. Journ., 1827, t. IE, p. 425. Circus cinereus d'Orbigny, Voy. dans l’Amér. mérid. Zoologie, Oiseaux, 1835, P- 110. Circus cinereus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., 1. III, Birds, 184, p. 30. Circus poliopterus J. Cabanis et V. Tschudi, Faun. peruana, Aves, 1845, p.113, et pl. II. Circus cinereus J. Gould, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1859, p. 94. -— Abbott, Zbis, 1861, p. 192. — Ph.-L. Sclater, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1860, p. 384, n°5, et 1867, p. 330 et 338. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Proceed. zool. Soc. Lond., 1868, p. 143; 1869, p- 155; 1870, p. 636, n°438, et VNomencl. Av. neotr., 1873, p. 118. — W.-H. Hudson, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 536 (note). — W.-B. Lee, Votes from Argentine Republic, Ibis, 1873, p. 13r, n° 2. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1894, t. I, Accipitres, p. 57. — H. Durnford, Zbis, 1877, p. 38 et 187, et 1878, p. 397. — E. Gibson, Zbis, 1879, p. 411. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, &. I, p. 171, n° 52. Le Busard cendré habite toute la portion méridionale de l'Amérique du Sud. Sa limite septentrionale se trouve, du côté de l’Ouest, au niveau du 25° degré de latitude Sud (Sharpe) ou vers le tropique du Capricorne (d’Orbigny) et, du côté de l'Est, au niveau du 32° degré de latitude, dans les provinces méridionales du Brésil. Quant à sa limite méridionale, elle dépasse certainement le 52° degré de latitude (Jelski), puisqu’un exemplaire de cette espèce, qui fait partie des collections du B.20 MISSION DU CAP HORN. British Museum, provient du détroit de Magellan et qu'un autre spécimen a été obtenu, au mois de février 1883, à Punta-Arenas, par les officiers de la Romanche (*). Le Circus cinereus est commun au Chili, au Pérou, dans la République Argentine, aux iles Malouines et en Patagonie, au moins à certaines saisons. Il est probable, en effet, que ce Rapace ne séjourne que pendant quelques mois ou pendant une saison dans les mêmes localités et qu’en Patagonie, par exemple, il ne réside que pen- dant l'été, se retirant ensuite, à l'approche des grands froids, dans des régions moins éloignées de l'équateur. Cette circonstance nous expli- querait la rareté ou même l’absence totale de cette sorte de Busard dans des collections formées sur divers points de l'Amérique australe. En tout cas, nous savons par M. Durnford qu’en Patagonie le Bu- sard cendré niche au mois d'octobre et qu’il dépose dans une simple dépression du sol, au milieu des grandes herbes des terrains maréca- geux, ses œufs qui sont d’un blanc sale et au nombre de deux ou trois par couvée. Un individu de cette espèce, disséqué par M. Durnford, avait dans l’estomac les restes d’un Thënocorus rumicivorus et un autre individu, examiné par M. Gibson, avait dévoré un Zuco-Tuco, Rongeur du genre Ctenomys. Ceci concorde parfaitement avec ce que d’Orbigny rapporte des instincts du Circus cinereus qui, dit-il, fait la chasse aux petits Mammifères et aux Tinamous, aussi bien qu'aux Reptiles, aux Mollusques, aux Insectes. Les individus adultes de cette espèce ont, pendant la vie, les yeux jaunes ou orangés (Durnford), le bec ardoisé (Whitely) ou noir avec la base cendrée (Jelski), la cire jaune, les pattes d’un jaune de chrome (Whitely) ou d’une teinte orangée pàle (Durnford ). D’après MM. Sclater et Salvin (Jbes, 1868, p. 188, n° 22, et Nomencl. A9. neotrop., 1873, p. 118), un individu encore jeune d’une autre espèce de Busard (Cercus micropterus V.) aurait été obtenu par M. Cunningham à Sandy Point (détroit de Magellan). (1) Un autre spécimen de Circus cinereus avait été tué et préparé à Santa Cruz (Pata- gonie) par M. de Lartigue, enseigne de vaisseau, au mois de décembre 1882. OISEAUX. B.21 7. ACCIPITER CHILENSIS. Accipiter chilensis Philippi et Landbeck, Arch. f. Naturg., 1864, p. 43. Accipiter Gooperi v. Pelzeln, Reis. Novar., Vôügel, 1865, p. 13. Accipiter chilensis Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 329. — Æxot. Ornith., 1867, p. 73, 170, et pl. XXX VIL. — Birds collected inthe Straits of Magellan by D' Cunningham, Tbis, 1868, p- 188, n° 20. — Womnencl. Av. neotrop., 1853, p. 120. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1874, t. 1, Accipitres, p. 195. — H. Gurney, Notes on R.-B. Sharpe’s Catal. of Accipitres, Ibis, 1895, p. 460. L'Accipiter chilensis appartient au groupe des Éperviers à plumage plus ou moins tacheté sur les parties inférieures du corps. Dans la livrée du premier âge, il rappelle beaucoup l’A. Coopert Bp., de l'Amé- rique du Nord, avec lequel il a été parfois confondu, et il se rapproche encore davantage de l’A. pileatus Tem., du Brésil et du Pérou, espèce à laquelle il pourrait même être rattaché à titre de simple race (voir Sclater et Salvin, Exot. Ornuh.; Gurney, loc. «t., et A. Newton, Zbis, 1868, p. 336). Il habite le Chili et la Patagonie; mais, dans cette der- nière région, il doit être moins répandu, au moins à certaines saisons, puisqu'il n’a pas été rencontré par les naturalistes attachés aux expé- ditions anglaises du Beagle, de l’Alert et du Challenger. Le Musée bri- tannique possède cependant deux exemplaires de cette espèce qui ont été obtenus dans le détroit de Magellan par King, et j'ai eu sous les veux les dépouilles de huit autres individus rapportés des mêmes pays par les naturalistes attachés à la Mission française du cap Horn. Sur ces huit individus, tous mâles, il y en a six qui proviennent de Punta- Arenas (février 1883), un qui a été tué à la baie Orange (13 juin 1883) et l’autre à l’ile Gable (17 mars 1883). L'Épervier tué à la baie Orange avait les yeux d’un jaune citron, avec un petit fragment de pigment noir sur l'iris en dehors, à l’œil droit; le bec noir à la pointe et gris perle foncé à la base; la cire d’un jaune verdätre et les pattes d’un B:22 MISSION DU CAP HORN-. jaune citron. Son estomac renfermait un Passereau tout entier, de l'espèce appelée Toutou par les Fuégiens (*). Les Fuégiens donnent à cette espèce de Rapace le nom de Chouhchoul. 8. Bureo PoLiosomus. Falco polyosoma Quoy et Gaimard, Voy. « Uranie », Oiseaux, 1824, p. 92, et pl. XIV. Astur poliosoma G. Cuvier, Règne animal, 2° édit. 1829, t. I, p. 332. Buteo poliosoma Lesson, 7raité d’Ornithologie, 1831, p. 82. Buteo poliosomus Ph.-L. Sclater, Proceed. sool. Soc. Lond., 1860, p. 384. — Abbott, Zbis, 1861, p. 151. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nomenclator Avium neotrop., 1873, p. 119. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus.,t. 1, Accipitres, 1874, p. 171. — J.-H. Gurney, Votes on M. R.-B. Sharpe's Catalogue of Accipitres, Ibis, 1876, p. 68 et suiv. Le type de cette espèce a été rapporté au mois de décembre 1820, des îles Malouines, par l'expédition de l'Uranie, commandée par M. de Freycinet. Il figure encore dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle et portait les indications suivantes : « Épervier gris des Ma- louines ; espèce nouvelle; Buteo polyosoma Lesson, type; Falco polyo- soma Quoy et Gaimard, type. Pieds d’une teinte plombée jaunâtre. » Dans cet oiseau, dont le sexe nous est malheureusement inconnu, le plumage est, en majeure partie, d’un gris cendré tirant au gris noirâtre sur les lores et le tour des yeux et relevé par quelques taches blanches sur les couvertures des ailes et les pennes secondaires; mais les sous- caudales sont d’un blanc jaunâtre, légèrement rayées de gris, et la queue offre une teinte analogue, avec des raies transversales fines, d’un gris brunâtre, et une bande ante-apicale noirâtre, de 2°" de large; le bec est brun à la pointe, jaunâtre à la base, et les pattes, actuel- lement décolorées, paraissent avoir eu la nuance marquée sur le pla- teau du spécimen empaillé. (1) Scytalopus magellanicus Lath. OISEAUX. ; B293 Les dimensions principales sont : m Loneuanr IHilec :-cococcosevrececcoodsoocerccoeeos 0,54 environ » CE Be suc PO Son Rose RATE eo 0,37 » Ce la GENE: -c0000000va9caeccovocécctee 0,21 » UNTATS CRE RP An rte 0,08 » du doigt médian (sans l’ongle)............. 0,04 » du bec, mesuré en dessus (cire comprise)... 0,35 En comparant à ce type du Falco polyosoma ou Buteo polyosomus les quatre Buses, en divers plumages, qui ont été tuées sur différents points de la Fuégie par les naturalistes attachés à la Mission fran- çaise du cap Horn, j'ai reconnu que deux de ces Rapaces, provenant l'un des bords de la baie Orange (6 juin 1883), l’autre d'Oushouaïa, sur les bords du canal du Beagle (18 août 1883), offraient avec le type en question unc identité presque complète, les dissemblances ne portant que sur la largeur de la bande eaudale (3 au lieu de 2°") et sur la vivacité des teintes du plumage, naturellement plus fraiches et plus pures chez les oiseaux de Patagonie récemment obtenus que chez l'oiseau des Malouines, dont la dépouille est conservée depuis longtemps dans notre Musée. La même livrée d’un gris presque uniforme se retrouve chez un mâle adulte qui fait partie des collections du Musée britannique et qui a été décrit par M. R.-B. Sharpe sous la rubrique Buteo poliosomus. Ce spécimen, obtenu à Port-Famine (Patagonie), ne diffère des deux Buses rapportées par la Mission française que par la teinte blanchâtre des lores (‘}, par la présence de quelques vestiges de barres transversales noirâtres sur la base des pennes primaires et par les dimensions un peu plus fortes des diverses parties du corps. La détermination des deux Rapaces tués sur les bords du canal du Beagle et de la baie Orange, en 1883, ne présente donc aucune incertitude. IL n’en est pas de même de celle d’un autre oiseau du même genre, qui a été tué, Le 1% octobre 1882, par M. le D' Hahn sur les bords de la baie Orange et qui, d’après l'étiquette, serait un jeune mâle. Ce spécimen provient de la même localité que l’un des individus que j'ai rap- portés sans hésitation au Buteo poliosomus, mais 11 porte une tout autre (1) Le type du Zuteo poliosomus offre déjà un peu de blanc dans la région frontale. B.24 ° MISSION DU CAP HORN. livrée. Les parties supérieures du corps sont d’un gris cendré assez clair, avec une raie noirâtre au centre de chaque plume, et la région frontale tire même fortement au blanc, mais les lores et le tour des yeux sont noirâtres comme chez le Buteo poliosomus typique; quelques plumes d’un roux vif se montrent sur la région interscapulaire et dans le voisinage des ailes et quelques raies d’un brun grisâtre coupent les pennes secondaires et même certaines rémiges; en revanche, les raies transversales de la base de la queue sont presque entièrement effacées, de telle sorte que la bande ante-apicale, qui, elle, subsiste dans son intégrité, se détache encore plus nettement et mesure 5° de large. La longueur totale de l'oiseau est de o",600 environ; celle de l'aile, de 0",/00; celle de la queue, de 0",235; celle du bee, de 0,058 à o",040; celle du tarse, de 0,075 à 0,080 et celle du doigt médian, de o",035 (sans l’ongle). D'autre part, il existe de notables différences entre l’oiseau que je viens de décrire et un spécimen provenant des iles Malouines et con- servé au musée de Norwich, que M. Gurney considère comme repré- sentant le premier âge du Buteo poliosomus. « Ce spécimen, dit M. Gurney ('), offre dans son ensemble une grande ressemblance avec les individus de même âge, de l’espèce erythronotus, mais son plumage a des teintes plus fuligineuses. Sur les scapulaires, les interscapu- laires et principalement sur les couvertures alaires les taches brunâtres sont plus nombreuses, les taches fauves plus clairsemées que chez le jeune Buteo erythronotus, et il existe sur la nuque une marque d’un jaune d’ocre clair, avec des traits d’un brun foncé sur le centre des plumes. » Les parties inférieures du corps du jeune Buteo poliosomus (à l'exception de la gorge) sont incontestablement plus foncées en cou- leur que chez le 2. erythronotus, teintées presque uniformément de brun fuligineux, la gorge, les flanes, les cuisses et la région sous-cau- dale offrant seuls des bordures étroites ou des taches fauves. La queue offre dans les deux espèces le même système de coloration. » Le spécimen décrit par M. R. Sharpe comme étant une femelle (en (1) Zbés, 1856, p 69. OISEAUX. B.25 plumage de transition ?) parait plutôt, si l’on en juge par les dimen- sions, être un mâle qui n’a pas encore revêtu sa livrée définitive (!), et comme, d'autre part, un individu presque adulte, provenant du Chili (musée de Norwich}), conserve encore des taches rousses au bout de quelques-unes des plumes des côtés du cou, je suis porté à croire que, chez le Buteo poliosomus, comme chez le B. erythronotus, le mâle pré- sente entre la livrée du jeune àge et la livrée définitive une phase de plumage qui correspond à la livrée d’adulte de la femelle. » Je crois également que la livrée décrite par M. Sharpe comme la livrée d’adulte appartient au mâle seulement, la femelle adulte offrant toujours une teinte rousse sur le dos et même sur une étendue plus ou moins considérable de la région inférieure du corps. » En admettant cette hypothèse, voici quelles sont les dimensions principales des deux mâles et des quatre femelles qui figurent dans la collection du musée de Norwich et qui sont presque adultes ou complè- tement adultes : 8 Mûles. Femelles. Longueur de l'aile, à partir de l'articulation AUPCALDE SEE EE CN 14P,9 à 15P 15P,8 à 16,4 LONMENT Gi (HAS ce 205000000000620009000 37,9 à 3P,5 3P,25 à 3,5 = Longueur du doigt médian. ............... 1,6 à 17,8 11,6 à 1,8 » Une de ces femelles a toute la tête, la gorge, les côtés et le devant du cou et le haut de la poitrine d’un gris ardoisé clair et uniforme, la nuque, le manteau et les scapulaires supérieures de couleur rousse, les scapulaires inférieures d’un roux mélangé de gris ardoise; la plupart de ces dernières plumes étant de deux couleurs et offrant le long de leur tige une teinte gris ardoise, qui s'étend du côté droit de la tige sur les plumes les plus rapprochées de l'aile, et du côté gauche de la tige sur les plumes voisines du dos. Chez le même individu, le reste des parties supérieures du corps ressemble par son mode de coloration aux parties correspondantes du mâle adulte, si ce n’est que les bandes « (1) La teinte noirâtre qui rabat les teintes grises du plumage de cet individu dénote d’ailleurs un oiseau qui n’est pas tout à fait adulte, puisque, chez les individus des deux sexes parvenus à leur développement complet, les parties supérieures du corps sont d’un gris clair. y Mission du cap Horn, NI, B. 4 B.26 MISSION DU CAP HORN. comprises entre les barres transversales foncées, sur les pennes ter- tiaires, sont blanches au lieu d’être d’un gris pâle. Le bas de la poitrine, l'abdomen et les flancs sont d’une teinte brunâtre légèrement mélangée de gris et plus foncée que celle du manteau; les sous-caudales, d’un gris ardoise barré transversalement de blanc, et les cuisses, d’un gris ardoise uniforme. » Une autre femelle, tuée près de son nid, au mois d’octobre, diffère de la précédente par la coloration brunètre foncée de toutes les parties inférieures de son corps, depuis le menton jusqu’à l'anus, cette teinte étant cependant mélangée de gris ardoise foncé sur le haut de la poi- trine et sur l’abdomen, mais non sur le bas de la poitrine. » Une troisième femelle ressemble à la deuxième, mais présente un mélange de gris encore plus accusé sur les parties inférieures de son corps. L’indication relative au sexe de cet oiseau a été fournie par la personne même qui l’a tué, et l'étiquette porte en outre que, chez cet oiseau, l'iris était d’un brun rougeûtre. » La quatrième femelle, enfin, ne diffère pas beaucoup de la deuxième, mais conserve encore sur les couvertures alaires la teinte fuligineuse du premier plumage. » Évidemment, la Buse à plumage gris et blanc tuée sur les bords de la baie Orange n’est identique à aucun des spécimens dont je viens d’em- prunter la description à M. Gurney; elle ne l’est pas davantage à la prétendue femelle de la collection du British Museum, femelle que le même naturaliste considère comme étant plutôt un mâle n'ayant pas encore revêtu sa livrée définitive. Cette femelle, ou ce mâle, est en effet d’un gris ardoise tirant au noirâtre, avec la nuque, le dos, les scapulaires, le milieu de la poitrine et de l'abdomen d’un brun roussâtre plus ou moins rabattu de gris ardoise; ses rémiges sont noires sur la plus grande partie de leur étendue, d’un gris argenté avec des barres noires dans leur portion basilaire, et d’un blanc grisàtre légèrement barré de brunâtre sur leur face inférieure; ses reins et les couvertures inférieures de sa queue sont d’un gris cendré, avec une légère teinte roussätre du côté du dos, et sa queue, d’un blanc grisâtre, est marquée de neuf raies transversales étroites et d’une large barre subterminale grise, plus ou moins distincte sur la face inférieure. Les dimensions OISEAUX. B.27 mêmes ne concordent pas absolument avec celles de notre spécimen, la longueur totale de l'oiseau étant de 22,5 pouces (0®,57 environ), la longueur de l'aile de 15 pouces (0",38), celle de la queue de 9 pouces (0,228), celle du tarse de 3,5 pouces (0%,089) et celle du bec seule- ment de r,75 pouce (0,044). D'autre part, si la Buse de la baie Orange ressemble à la femelle adulte du Buteo erythronotus par la teinte rousse qui tend à envahir sa région dorsale, elle en diffère par la teinte grise de sa gorge, cette région étant, chez le Buteo erythronotus adulte, d'un blanc aussi pur que le reste des parties inférieures du corps. Elle conserve d’ailleurs certains traits caractéristiques du plumage du Buteo polosomus, et, tout étant bien pesé, jé crois qu'il faut la considérer non comme un jeune mâle, ainsi que le porte l'étiquette, mais comme une femelle, en plumage de noces presque complet, du Buteo poliosomus. Plusieurs raisons militent _en faveur de cette hypothèse. On sait, en effet, que, chez le Buteo erythronotus, la livrée du jeune âge est, somme toute, plus foncée que celle de l'adulte, et que la femelle en plumage de noces diffère du mâle par la présence d’une large tache rousse sur le dos, aussi bien que par ses dimensions. Il ne serait done pas étonnant qu'il en fût de même chez le Buteo poliosomus; le jeune serait de teintes foncées, le mâle adulte d'uu gris plus clair et plus uniforme et la femelle adulte, qur r'aurait pas encore été décrite, aurait les caractères du spécimen que j'ai sous les yeux, c’est-à-dire qu’elle offrirait entre les épaules une large plaque rougeàtre, comme celle du B. erythronotus. I] faut remarquer, d’ailleurs, que l'oiseau qui fait le sujet de cette discussion a été tué sur les bords de la baie Orange au mois d'octobre, précisément à la même époque de l’année où une femelle, dont la dépouille est conservée au musée de Norwich, a été tuée près de son nid, tandis que les Buteo poliosomus à plumage gris ont été obtenus au mois de juin ou au mois d'août. Ceux-ci peuvent, par conséquent, être des oiseaux plus jeunes ou en livrée d'hiver, tandis que le premier individu doit porter le costume de noces. Enfin, ce qui tend à prouver encore que la Buse à plumage gris et blanc et à dos roux est une femelle adulte, c’est qu’elle offre des dimensions supérieures à celles des autres individus de notre musée, qui sont incontestablement des mâles. B.98 MISSION DU CAP HORN. 9. BuTEO ERYTHRONOTUS. Haliætus erythronotus King. Zool. Journ., 1827, t. II, p. 424. Buteo varius J. Gould, Proceed. zool. Soc. Lond., 1837, p. ro. Buteo tricolor et B. unicolor d'Orbigny et de Lafresnaye, Synops. Ao., 1838, p.6 et 7; et d’Orbigny, Voy. Amér. mérid. Zoologie, Oiseaux, 1840, p. 69 et 106, pl. XXX. Buteo varius et B. erythronotus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zoo- logy, t. III, Birds, 1841, p. 26. Buteo varius Cassin, Unit. Stat. expl. Exped., Ornith., 1858, p. 92, pl. HE, fig. 1. B. varius et B. erythronotus J. Gould, Proceed. sool. Soc. Lond., 1859, p. 93 et 94. — Ph.-L. Sclater, Proceed. sool. Soc. Lond., 1860, p. 384, n°° 3 et k. Buteo erythronotus Ph.-L. Sclater, Zbis, 1860, p. 25, pl. I, fig. 3. — Abbott, Zbis, 1861, p. 11. Buteo poliosoma Schlegel, Muséum des Pays-Bas, Accipitres, 1862, p. 1°, et Rév. Accipil., 1873, p. 109. Buteo erythronotus Ph.-L. Sclater, Proceed. =ool. Soc. Lond., 1867, p. 329, et 1872, p. 536 (note). Buteo erythronotus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, et 1869, p. 284, n° 12, — Nomencl. Av. neotrop., 18793, p. 119. — K.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., t. 1, Accipitres, 1874, p. 172. — H. Gurney, Votes on M. R. B. Sharpe’s Catal. of Accipitres, in 1bis, 1856, p. 68 et suiv. — H. Durnford, Zbis, 1877, p. 38, et 1878, p. 397. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 115, n° 18. Je rapporte à cette espèce une Buse qui a été tuée par M. Lebrun à Punta-Arenas, au mois de février 1883, el qui, d’après les indications fournies par ce voyageur, comme d’après les dimensions et l'aspect du plumage, paraît être un jeune mâle. Ce spécimen ne diffère pas d’un OISEAUX. B.29 oiseau qui à été rapporté en 1877, précisément de la même localité, par M. l’amiral Serres. Le Buteo erythronotus est d’ailleurs assez répandu en Patagonie et, s’il ne se trouve point mentionné dans les listes d'oiseaux recueillis, dans le sud de cette région, par les naturalistes attachés aux expéditions anglaises de l’Alert et du Challenger, il figure, en revanche, dans le Catalogue des collections du D' Cunningham, qui l’a rencontré à Sandy Point (détroit de Magellan). Il est sédentaire et se reproduit réguliè- rement dans la Patagonie centrale, où M. Durnford a trouvé à plusieurs reprises des nids de cette espèce, en octobre et en novembre. Le 15 octobre, un de ces nids renfermait deux œufs d’un blanc bleuître, légèrement striés et mouchetés de roux, principalement au gros bout. Un autre nid, trouvé le 18 novembre, au sommet d’un buisson, à neuf pieds du sol environ, renfermait deux poussins, probablement nés de la veille et couverts d’un duvet blanc, parsemé sur le dos de quelques petites plumes rousses. La cire de ces jeunes oiseaux était d’un gris ardoise foncé; les yeux étaient d’un brun sombre et les pattes d’un jaune orangé pâle. Le nid, qui mesurait trois pieds anglais de diamètre, se composait de branches entrelacées auxquelles étaient associés les matériaux les plus divers, tels que des morceaux de cuir, des touffes de poils de lièvre, des fétus de paille et même du crottin de cheval. C’est également en Patagonie (41° degré de latitude Sud) qu'ont été tués les deux oiseaux, mâle et femelle, que MM. d’Orbigny et de Lafresnaye ont pris pour types de leur Buteo tricolor et qui figurent encore dans la collection du Muséum d'Histoire naturelle. Le mäle, complètement adulte, a les parties supérieures de la tête et du corps d’un gris clair, passant au blanc sur le front et au gris noirätre sur les ailes, avec de nombreuses rates longitudinales foncées marquant le milieu des plumes du vertex, de la nuque et de la région interscapulaire; les pennes secondaires sont légerement bordées de gris blanchâtre à l'extrémité et les rémiges sont d’un brun très foncé à la base, sur les barbes internes, où de petites raies transversales brunes se détachent sur un fond blanc ou gris perle. Les rectrices sont d’un blanc légèrement lavé de gris très clair, avec une large bande B.30 MISSION DU CAP IORN. subterminale noire et quelques vestiges de petites raies transversales dans leur portion médiane et basilaire. Ces raies s’effacent même com- plètement sur la face inférieure des pennes caudales. Toutes les parties inférieures du corps, depuis le menton jusqu’à la région sous-caudale inclusivement, sont d’un blanc de neige, sans aucune trace de cette teinte grise qui occupe la gorge chez l’exemplaire, précédemment décrit, du Buteo polosomus. C’est tout au plus si chez le mâle adulte du 8. erythronotus quelques taches grises, se rattachant à la teinte géné- rale du manteau, descendent sur les côtés de la poitrine, près des ailes, dont les couvertures inférieures sont elles-mêmes d’un blane pur. Les dimensions de cet oiseau sont les suivantes : longueur totale, o",550; longueur de l'aile, 0,400; de la queue, 0",250; du bec (culmen), cire comprise, 0,035; du tarse, 0,080; du doigt médian (sans l’ongle), o®,04o. La femelle, non moins adulte, obtenue dans les mêmes parages par M. d'Orbigny, offre exactement les mêmes teintes que le mâle sur les ailes, sur la tête, sur les parties inférieures du corps ct sur la queue, les raies transversales des pennes caudales étant seulement un peu plus marquées; quelques vestiges de raies semblables à celles de la queue apparaissant sur les jambes et sur l’abdomen, et les pennes secondaires étant recoupées par des barres transversales foncées; mais le dos est couvert par une large plaque d’un roux vif qui envahit même les côtés de la poitrine, en se mélangeant de gris noirâtre. Les dimen- sions principales sont aussi, en général, sensiblement plus fortes chez cette femelle que chez le mâle précédemment décrit : la longueur totale de l'oiseau étant de 0,620; la longueur de l’aile, de 0", 420; celle de la queue, deo”, 270; celle du bec (culmen, cire comprise), de o",0357; celle du tarse, de o0",083 et celle du doigt médian, sans l’ongle, de 0",040. En revanche, je ne trouve aucune différence à signaler dans la colo- ration du bec et des pattes, le bec étant, chez le mâle comme chez la femelle, d’un brun foncé, avec la base de la mandibule inférieure jaunâtre, les tarses et les doigts d'un jaune plus ou moins brunûtre et les ongles noirâtres; mais il importe de remarquer que ces teintes sont relevées sur des spécimens desséchés et conservés depuis longtemps dans nos galeries. OISEAUX. B.31 Les deux types du Buteo tricolor portent exactement le même costume que les deux Buses, mâle et femelle, tuées près de leur nid, dans la vallée de Chuput, en Patagonie, par le voyageur anglais H. Durnford ; ils ressemblent non moins complètement par leur plumage aux deux spécimens adultes, mâle et femelle, de 8. erythronotus que M. R.-B. Sharpe a décrits dans son Catalogue des Accipitres du Musée britannique et qui sont, je crois, originaires des îles Malouines, les différences entre les exemplaires du Musée de Paris et ceux du British Museum ne por- tant que sur les dimensions de certaines parties du corps et ne dépas- sant pas la limite des variations que l’on observe dans une même espèce (!). D'autre part, il y a une identité presque complète, sous le rapport du plumage, entre la Buse femelle tuée en Patagonie par d’Or- bigny et une Buse du Chili donnée par M. Gay au Muséum, en 1845. Cette Buse, toutefois, qui, à en juger par les dimensions, doit être une femelle, offre des raies transversales un peu plus marquées sur les flancs. Ce caractère est encore plus accusé sur un autre spécimen, provenant également du Chili et envoyé par l'amiral Du Petit-Thouars en 1849, spécimen dont la taille concorde assez bien avec celle du mâle adulte tué par d’Orbigny, et qui doit par conséquent être un mâle. Mais chez cet oiseau, le manteau est en même temps assez foncé, d’un gris noirâtre, comme le vertex, et offre des bordures d’un roux vif sur toutes les plumes de la région interscapulaire. Trois autres Buses, tuées dans la même région que les types du Buteo tricolor, c’est-à-dire en Patagonie, avaient été considérées primi- tivement comme appartenant à une autre espèce; mais, en examinant deux de ces oiseaux qui figurent encore dans les galeries du Muséum, j'ai pu me convaincre facilement que c’étaient seulement de jeunes indi- vidus du Buteo erythronotus. Ces spécimens, en effet, ressemblent tout à fait à ceux qui ont été obtenus plus récemment en Patagonie par M. l'amiral Serres et par M. Lebrun, et par M. Fronsacq dans une autre partie de l'Amérique du Sud, et ils portent précisément la livrée (:) La longueur totale du mâle adulte du Britisth Museum est de 0",530; celle de la femelle, de 0",630; la longueur de l’aile est, chez le premier, de o",380, chez la seconde, de 0,047; la longueur de la queue, de 0",230 et de 0",255, etc. B.32 MISSION DU CAP HORN. qui est assignée au jeune Buteo erythronotus par M. R.-B. Sharpe dans son Catalogue des Accipitres du Musée britannique, par M. Taczanowski dans son Ornüuhologie du Pérou et par M. Durnford dans ses Notes sur les Oiseaux de Patagonie. Ils ontles parties supérieures du corps d’un roux maculé de brun ou plutôt d’un brun foncé varié de roux, le brun, qui occupe le centre des plumes, l’emportant de beaucoup sur le roux, qui dessine les bordures; le front blanchâtre, les oreilles rousses, la gorge et la poitrine d’une teinte café au lait, avec des flammèches brunes tres larges du côté du menton; l'abdomen et les sous-caudales de la même nuance, avec des marques brunes, confluentes, et dessinant une sorte de treillis; la queue grise, avec de nombreuses raies transversales brunes ; les ailes brunes avec la base des primaires d’un gris pâle barré de brun, les dernières pennes secondaires grises, rayées de brun noi- râtre ; les couvertures inférieures colorées et tachetées comme l’ab- domen, et quelques-unes des axillaires plus ou moins teintées de rouge brique. Je crois encore devoir rapporter au Buteo erythronotus deux jeunes oiseaux qui ont été tués par d'Orbigny en Bolivie et dont les dépouilles sont conservées dans la galerie d’Ornithologie. Ces oiseaux avaient été attribués au Tachytriorchis ou Buteo albicaudatus N.; mais ils offrent bien plus d’analogies par leur système de coloration avec les spéei- mens envoyés de Patagonie par l’amiral Serres et par M. Lebrun qu'avec les jeunes 7. albicaudatus envoyés jadis du Brésil par A. Saint-Hilaire. La Bolivie se trouve d’ailleurs comprise dans les limites de l'aire d'habitat que l’on assigne au B. erythronotus. C’est également de Bolivie (Chiquitos) que vient le type du Buteo unicolor d'Orb. et Lafr. Cet oiseau, qui figure également dansles galeries du Muséum, ‘porte, comme son nom même l'indique, une livrée de teintes à peu près uniformes, la tête, le corps et les ailes étant en général d’un brun très foncé, tirant au noir. Cependant quelques taches d’un blanc pur, correspondant à la base des plumes, se montrent sur la nuque, les lores sont presque entièrement blancs; les pennes secon- daires et même quelques-unes des primaires, d’un brun plus clair que le reste de l’aile, sont recoupées par des barres transversales d’un brun noirâtre; quelques-unes des grandes couvertures alaires sont légère- OISEAUX. B.33 ment maculées de blanc; les premières rémiges elles-mêmes présentent à la base, sur leurs barbes internes, une téinte blanche, traversée par de larges bandes brunes; enfin la queue, d’un brun grisâtre en dessus et d’un gris assez clair en dessous, est ornée d’un grand nombre de raies transversales brunes. Le bec est brun avec la base de la mandibule inférieure jaunâtre, et les pattes sont jaunâtres, avec les ongles bruns. Le sexe de cet individu n’est malheureusement pas indiqué; mais, à en juger par les dimensions et par la gracilité des formes, c’est probable- ment un mâle. La longueur totale de l'oiseau est de 0,52; la longueur de l’aile, de o®, 38; celle de la queue, de o", 25; celle du tarse, de 0", 08; celle du doigt médian, de 0,035 et celle du bec (culmen, eire com- prise), de 0,035. En d’autres termes, la taille et les proportions de ce spécimen sont un peu plus faibles que celles du mâle, type du Buteo tricolor de d’Orbigny et de Lafresnaye; mais les longueurs de l'aile, de la queue et du tarse sont exactement les mêmes que chez le mäle du Buteo erythronotus décrit par M. R.-B. Sharpe, et généralement un peu plus fortes que celles de l'individu de même nom décrit par M. Tacza- nowski. En résumé, le type du Buteo unicolor ne dépasse point, dans ses proportions, les limites des variations que l’on observe chez les mâles du Buteo erythronotus et il ne diffère des individus adultes que par son mode de coloration; mais comme chez les Buses, celles d'Amérique ainsi que celles d'Europe, on rencontre de temps en temps des individus mélanisés, comme dans le groupe auquel appar- tient le B. erythronotus les jeunes ont généralement des teintes plus sombres que les adultes, comme enfin le Buteo unicolor offre dans ses proportions, dans ses formes générales, dans la coloration et dans le dessin de ses rémiges, de ses rectrices, de ses pennes secondaires et de ses plumes frontales, des caractères distinctifs du Buteo erythronotus, je crois, malgré les doutes exprimés à cet égard par M. Gurnev, que M. Sharpe a été bien inspiré en identifiant les deux espèces et en leur réunissant encore le Buteo tricolor. En adoptant cette manière de voir, on est conduit à assigner au Buteo erythronotus une aire d'habitat beaucoup plus vaste que celle qui est indiquée par M. Sharpe et à lui donner pour limite septentrionale une ligne allant obliquement du nord du Pérou à l'Uruguay, en embrassant la Bohvie et la République Mission du cap Horn, NI. B.5 B.34 MISSION DU CAP HORN. Argentine. En Patagonie et aux îles Malouines, cette espèce rencontre le Buteo poliosomus et du côté du Nord elle cède la place au Buteo albicaudatus N., qui habite Le Brésil, la Guyane, la Colombie et l'Amé- rique centrale. De ces trois formes, les deux premières présentent, l’une par rapport à l’autre, de telles ressemblances qu’elles pourraient facilement être confondues dans certaines phases de leur plumage; la troisième est un peu plus distincte, grâce à la longueur relative des ailes, qui au repos atteignent ou dépassent l'extrémité de la queue, grâce aussi à la disposition de la teinte rousse qui, chez les adultes des deux sexes, dessine une simple bande le long des ailes et n’en- vahit jamais l’espace interscapulaire; toutefois, je ne vois pas de motif pour la placer, comme le fait mon ami R.-B. Sharpe, dans un autre groupe que le Buteo erythronotus. Je crois au contraire, avec M. Gur- ney (!), que le Buteo albicaudatus, le 2. erythronotus, le B. poliosomus, le B..hypospodius Salv., de la Colombie, du Venezuela et du Brésil, et le Buteo exul Salv., de Mas-afuera, appartiennent à une même section du grand genre Buteo, pour laquelle on peut adopter le nom de Zachy- triorchis, proposé par Kaup en faveur du B. albicaudatus. Peut-être même faudra-t-il placer sinon dans la même section, au moins dans une section très voisine, la grande espèce que l’on a prise d’abord pour un Pygargue, le Buteo melanoleucus V. qui se trouve irrégulièrement répandu depuis la Colombie jusqu’en Patagonie (?). En dépit de la grande différence des dimensions, cette espèce rappelle-en effet les Buteo erythronotus, albi- caudatus, ete, par les teintes noirâtres et fauves du plumage des jeunes, par les raies grises qui recoupent la couleur blanche des flancs chez les adultes, en même temps que par les barres transversales des pennes secondaires et de la base des primaires. Pour terminer ce qui est relatif au Zuteo erythronotus, nous dirons que cette espèce est souvent désignée par les colons européens en Patagonie sous le nom de Cheval blanc, à eause de la couleur blanche immaculée des parties inférieures du corps chez l'adulte, couleur qui est seule apparente quand l’oiseau se présente de face, perché sur un (1) Notes on R.-B. Sharpe's Catalogue of Accipitres, Ibis, 1876, p. 76. (2) Durnrorp, Zbis, 1877, p. 38. OISEAUX. B.35 rocher. Lorsqu’elles sont parvenues à leur développement complet, les Buses à dos roux ont la mandibule supérieure d’un brun corné, la man- dibule inférieure d’un gris ardoisé, les pattes d’un jaune orangé clair et les yeux d’un jaune orangé foncé, tandis que dans leur jeune âge elles ont le bec et les pattes d’un gris ardoisé et les veux d’un jaune orangé clair (Durnford). Ces Rapaces ont à peu près les mêmes habi- tudes que nos Buses d'Europe, planent comme elles et s'arrêtent de temps en temps pour se reposer ou pour dévorer une proie sur un buisson ou sur un quartier de rocher. Leur nourriture consiste en Lézards, en Serpents, en Batraciens, en Oiseaux de différentes espèces (notamment en Tinamous) et probablementaus si en petits Rongeurs du genre Cobaye ('). Cette espècese reproduit aussi dans les iles Malouines, où M. Abbott a recueilli ses œufs il y a une trentaine d'années (?). 10. Burro MELANOLEUCUS. Aquila obscura y blanca et Aquila parda d’Azara, Apunt., 1802, t. I, p. 61 et 65. Spizaetus melanoleucus et Sp. fuscescens Vieillot, Nouv. Dict. d’Hist. nat., 1819, t. XX XII, p. 57. Falco aguia Temminck, P/. col., 1824, t. I, pl. 302. Haliaetus aguia G. Cuvier, Règn. anim., 2° édit., 1820, t. I, p. 327. Haliaetus melanoleucus d'Orbigny et de Lafresnaye, Synop. Av., 1838, p. 3, et d'Orbigny, Voy. Amér. mérid. Zoologie, Oiseaux, 1847, p. 76. Haliaetus aguia Bridges, Proceed. zool. Soc. Lond., 1843, p. 108. Buteo aguia J. Cabanis et de Tschudi, Arch. für Naturgesch., 1844, p. 264, et Faun. peruan., 1844, p. 89. Geronaetus melanoleucus Strickland, Orn. Syst, 1855, p. 55. — Ph.-L. Sclater, Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1867, p. 320, et Notes ajoutées au Mémoire de M. Hudson, On patagonian Birds (Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 236). — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vomnencl. Av. neotrop., 1873, D. 119. (2) D'OrBrGNy, op. cit, et Jecskt, 2 Taczanowskr, Orrithologie du Pérou, t. I, p. 116, (2) Goucn, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 93. B.36 MISSION DU CAP HORN. Buteo melanoleucus R.-B. Sharpe, Cat. B. Bric. Mus., t. |, Accipitres, 1854, ;p- 168. Geranoaetus melanoleucus J.-H. Gurney, Votes on M. R.-B. Sharpe’s Cata- logue of Accipitres, 1856, t. I, p. 66. — H. Durnford, On some Bürds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 38, et Notes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, P. 397. — Ph.-L. Sclater et O. Salviu, On the Birds of antarctic America, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 434, n° 9, et Voy. of the « Challenger », Zoo- logy, Report on the Birds, p. 104, n° 22. — FL. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 124, n° 24. , on Cette espèce, beaucoup trop connue pour que j'aie à rappeler ses caractères, est largement, mais inégalement répandue sur la plus grande partie de l'Amérique du Sud, depuis la Colombie jusqu’en Patagonie. Dans cette dernière contrée cependant, elle est beaucoup moins commune que dans les régions équatoriales, et dans les parages du détroit de Magellan elle devient si rare qu’elle a pu échapper aux recherches du D'Cunningham et des naturalistes attachés à l'expédition anglaise de l’Alert. L'expédition anglaise du Challenger n’en a rapporté qu'un seul spécimen, une femelle tuée à l'ile Élisabeth dans le détroit de Magellan, et les naturalistes attachés à la Mission française ne l'ont point observée dans les parages du cap Horn. Les trois spécimens qui nous sont parvenus ont été tués par les officiers du Volage et par M. Lebrun plus au nord, à Santa Cruz (21 et 29 septembre 1882), à Salinas (15 décembre 1882) et à la pointe Delgada (juin 1883). Parmi ces oiseaux, il y avait deux mâles qui n'étaient pas tout à fait adultes et qui avaient les yeux d’un jaune foncé, la cire d’un brun orangé et les pattes d’un jaune citron. Ces indications, fournies par M. Lebrun, ne différent pas beaucoup de celles que nous trouvons dans les notes de M. Durnford, ce dernier auteur assignant au jeune Buteo melanoleucus des yeux d’un jaune orangé clair et des pattes d’un jaune primevère. D'après M. Taczanowski, les adultes ont, au contraire, les yeux d’un brun noisette, la peau dénudée au-dessus des yeux d’un gris noirâtre, la cire et l’angle de la bouche d’un jaune sale et les pattes d’un jaune pâle avec les ongles noirs. Telles étaient en effet les couleurs de la OISEAU X. B.37 femelle obtenue par l'expédition du Challenger. L’estomac de cette femelle renfermait des débris de jeunes oiseaux. Les Rapaces de cette espèce se nourrissent en effet de Rongeurs et de volatiles sauvages ou domestiques. Au Pérou ils commettent, dit-on, de fréquentes dépréda- tions dans les basses-cours, et en Patagonie ils font la chasse aux bandes de Pigeons migrateurs. Dans cette dernière région, ils se repro- duisent dans les derniers mois de l’année, en novembre ou décembre, et établissent sur des rochers escarpés leurs nids qui contiennent géné- ralement deux œufs d’un blanc sale, très légèrement mouchetés de brun et mesurant 2 pouces 6 lignes (0%,065) de long sur 2 pouces (0%,050) de large. Tels sont du moins les renseignements qui nous sont fournis par M. Durnford; car, d’après les informations recueillies auprès des indi- gènes et consignées dans l’Orrnithologie du Pérou de M. Taczanowski, le Buteo melanoleucus nicherait parfois au sommet des arbres et pondrait deux œufs d’un rouge brun foncé. Je dois constater, d'autre part, qu'un œuf envoyé au Muséum par M. Morelet, en 1840, et attribué au Gera- noaetus agua où Buteo melanoleucus, est d’un blanc sale uniforme et mesure 0%,080 sur 0,055. 11. TINNUNGULUS SPARVERIUS Var. CINNAMOMINUS. Falco sparverius Linné, Systema Naturæ, 1566, t. I, p. 128 (part.). Bidens sparverius et B. dominicensis Spix, Ae. Bras., 1824, p. 16. Falco sparverius Max, Bertr. orn. Bras., 1830, t. III, part IL, p. 116. — D'Orbigny et de Lafresnaye, Synops. Av., t. I, p. 8. — D'Orbigny, Voy. Am. mérid., Zool., Oiseaux, p. 119. — J. Cabanis et de Tschudi, Faun. peruan., Vôg., 1845, p. 110. — Burmeister, Thier. Bras., 1856, t. II, p. 93, et Reis. La Plata, 1861, t. IL, p.437: Falco cinnamominus Swainson, Anim. în Menag., 1837, p. 281. Tinnunculus sparverius J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zoology, t. WE, Birds, 1841, p. 41. — Bridges, Proceed. zool. Soc. Lond., 1843, p. 109. B.38 MISSION DU CAP HORN. Tinnunculus sparverius Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 330 et 338, et Notes ajoutées au Mémoire de M. Hudson, Or Patagonian Birds, Proceed. z0ool. Soc. Lond., 1872, p. 536. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On Peruvian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 988, n° 42. — On Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, n° 21, et 1870, p. 499. — Nomencl. Avium neotrop., 18393, p. 121. — Birds of antarctic America, Proceed. of the zool. Soc. of London, 1858, p. 434, n° 93, et Voy. of the « Challenger », Zoology, Reports on Birds, antarctic America, p. 104%, n° 23. — Birds from Antioquia, Procced. zool. Soc. Lond., 1859, p. 541, n° 400. — Birds from Bolivia, Ibid., p. 638, n° 457. — W. Hudson, Proceed. zool. Soc. Lond., 1871, p. 260. — W.-B. Lee, Ornithological Notes from the Argentine Republic, Ibis, 1875, p. 191, n° 4. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1855, p. 59. — On the Birds of the province of Buenos Ayres, Ibid., p: 188, n° 81. — Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 398. — E. Gibson, On the ornithology of cape San Antonio, Buenos Ayres, Ibis, 1879, p.412, n°6: Tinnunculus sparverius var. cinnamominus et var. australis Ridgway, Proceed. Philad. Acad., 1870, p. 149. Tinnunculus cinnamominus L. Taczanowski, Bérds of Central Peru, Proceed. zool. Soc. Lond., 1874, p. 500, n° 7. Cerchneis cinnamomina R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., t. 1, Accipitres, 1854, p. 437. — Zool. coll. made during the survey of the H. M. S.« Alert», Proc. zool. Soc. Lond., 1881, p. 10, n° 30. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, 1. I, p. 194, n° M. Tinnunculus sparverius O. Salvin, On South American Birds collected by the late H. Durnford, Ibis, 1880, p. 363. — H. Gurney, Votes on M. R. Sharpe's Catalogue of Accipitres, Ibis, 1881, p.45, 013 et 554. Le Muséum d'Histoire naturelle possède de nombreux représentants de cette variété, à laquelle je restitue, avec M. Gurney, le nom de Tinnunculus sparverius Var. cinnamominus et qui est largement répandue dans l'Amérique méridionale depuis la Colombie jusqu’au canal du OISEAUX. B.39 Beagle. Aux spécimens obtenus précédemment dans le Paraguay par M. Cochelet, en Bolivie par M. d'Orbigny et sur les bords du Tocantins par M. de Castelnau, sont venus en effet s'ajouter, dans ces derniers temps : 1° un spécimen rapporté du détroit de Magellan par M. l'amiral Serres en 1879; 2° quatre mâles et une femelle tués à Punta-Arenas et à Agua Fresca, en janvier et février 1883, par M. Lebrun; 3° trois spéci- mens (femelle adulte, mâle adulte et jeune femelle) pris à l’entrée du détroit de Magellan le 11 novembre 1882, à Oushouaia le 29 janvier et le 18 août 1883 par M. le D' Hahn et M. Sauvinet. Les notes prises par les membres de la Mission française nous four- nissent les renseignements suivants au sujet de quelques-uns de ces spécimens : Mâle et femelle de Punta-Arenas et d’Agua Fresca, tués en janvier et février : yeux jaunes ou jaunâtres. Jeune mâle de l’entrée du détroit de Magellan, tué le 11 novembre : yeux bruns; bec jaune päle; bec gris; pattes Jaune orange. Femelle tuée à Oushouaïa le 29 janvier 1883 : yeux bruns; bec bleu foncé; cire jaune orange; paupières jaunes; pattes jaunes. Ces renseignements concordent parfaitement avec les notes fournies par M. Stolzmann, par M. Durnford et par les naturalistes du Challenger. Un mâle adulte tué au Pérou par M. Stolzmann avait, en effet, l'iris d’un brun foncé, le bec d’un cendré bleuûtre à la base, passant au noi- âtre à l'extrémité, la cire orangée, le tour de l'œil d’un jaune plus pâle ainsi que les pattes. Une femelle adulte, provenant de la même région, avait la cire d’un jaune verdàtre. Un mâle tué le 29 janvier, à Salta, dans la République Argentine, par M. Durnford avait l’iris d’un brun chocolat, le bec d’une teinte cornée, avec la pointe d’un brun très foncé, la cire d’un jaune orange pâle, les pattes d'un jaune orange. Enfin les deux femelles tuées à Sandy Point et à l'île Élisabeth par les naturalistes attachés à l'expédition du Challenger avaient les yeux bruns, le bec bleuètre, la cire et les pattes jaunes. Au contraire, les pattes étaient grises chez la femelle tuée à Coquimbo, au mois de juin, par les naturalistes de l’Alert. B.40 MISSION DU CAP HORN. Tous les spécimens adultes de cette variété que j'ai sous les yeux ont des marques très nettes et assez nombreuses sur les parties infé- rieures du corps; mais les uns offrent sur le vertex une tache rousse assez étendue, tandis que d’autres n’ont que quelques plumes rousses sur le sommet de la tête ou sont coiffés d’un capuchon gris uniforme. Le même fait avait été constaté par M. Taczanowski sur des Cresserelles tuées aux environs de Lima et par M. Gurney sur une nombreuse série d'individus provenant de diverses localités de l'Amérique du Sud, de sorte qu'un des caractères au moins que l’on a invoqués pour dis- tinguer le Tinnunculus cinnamominus du T. sparverius ne paraît nulle- ment constant. Quant à la largeur de la bande caudale, elle est égale- ment sujette à varier dans les deux formes, quoique chez les Cresserelles des États-Unis et de l'Amérique centrale elle reste, en général, nota- blement plus large que chez les Cresserelles du Pérou, du Paraguay, de la Bolivie et de la Patagonie. J'ai, en effet, sous les yeux un mäle du Mexique, donné par M. Biart, mâle chez lequel la bande subter- minale noire des rectrices ne mesure que 0,020, comme chez un autre mâle tué à Albuquerque, sur les bords du Tocantins; et de son côté M. Gurney a cité dans ses Tableaux comparatifs (Zbis, 1881, p. 553 et 55) un mäle tué sur les pentes du volean de Chiriqui (Centre-Amé- rique), chez lequel ladite bande n’avait que 0,90 pouce ou 0,022, comme chez un oiseau de même sexe provenant de la République Argentine, Comme le disent MM. Sclater, Salvin et Gurney, le Tirnun- culus cinnamominus constitue done tout au plus une variété méridionale du T. sparverius. Il est probable que les Cresserelles de Patagonie émigrent à l’ap- proche de l'hiver, comme nos Cresserelles d'Europe, mais en sens inverse, c'est-à-dire du Sud au Nord, ce qui d’ailleurs revient au même, puisque dans les deux cas les oiseaux se rapprochent de l'équateur. A l'appui de cette hypothèse, M. Gibson a rappelé que, sauf une femelle tuée à la fin de mars, c’est-à-dire en automne, tous les spécimens qu'il a eus sous les yeux avaient été pris dans les mois d’août et de juillet, c’est-à-dire en plein hiver. D'autre part, comme le dit le même auteur, un nid de Ténnunculus sparverius Var. cinnamomi- nus a été trouvé par M. Durnford dans la vallée de Chuput, en Patagonie, OISEAUX: B.41 au mois de novembre, et des oiseaux de la même espèce ont été observés, également pendant l’été,sur le territoire de la Patagonie par M. Hudson. Je dois faire observer cependant que, si la plupart des spécimens obte- nus à l'ile Élisabeth, à Punta-Arenas et à Oushouaïa par l’expédition du Challenger et par la Mission française du cap Horn ont été pris de novembre à février, c’est-à-dire au printemps et en été, un spécimen provenant d’Oushouaïa porte la date du 18 août, ce qui correspond à l'hiver. Il faut en conclure que toutes les Cresserelles ne quittent pas la Patagonie à l'approche de la mauvaise saison. 12. BuBo MAGELLANICUS Hibou des terres magellaniques Daubeuton, PL. enl. de Buffon, 1770, 1. , pl. CCCEXXXWV. Bubo magellanicus Gmelin, Syst. Vat., 1788, L. I, p. 2 Nacurutu d’Azara, Apuntiam., 1803, t. Il, p. 192. Strix nacurutu Vieillot, Voe. Dict. d’Hist. nat., &. VIE, p. 44. Bubo magellanicus d'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Zoologie, Oiseaux, 1833- 1844 D. 137. — À. de Pelzeln, Voy. der üster. Fregatte « Novara », Vüg., 1865, p. 26. Bubo crassirostris C.-H. Burmeister, Sysé. ueb. d. Thière Brasiliens Vôgel, 1855, t. IE, p. r2r, et Syst. Verseichn. d. in La Plata Staaten beobacht. Vôgelarten, Journ. f. Ornith., 1860, p. 242, n° 16. Bubo magellanicus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, bis, 1868, p. 188, n° 24. Bubo virginianus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Von. Av. neotr., 1873, p. 116 (pare). Bubo magellanicus R.-B. Sharpe, Cat. B.-Brit. Mus., 1.11, Sériges, 1875, p. 29, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S.« Alert », Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 10, n° 31. — L. Taczanowski, Orn. du Pérou, 1884, (. E, p. 189, n° 61. Deux femelles de cette espèce ont été tuées à l’Anse de la Forge (baie Orange), le 18 mars, et à l'ile Scott, le 7 juillet 1883, par les naturalistes de la Mission française du cap Horn; un autre individu avait été pris à Port Désiré, au mois de décembre 1882, par les officiers Mission du cap Horn, NI. B.6 B.42 MISSION DU CAP HORN. du Volage; trois spécimens, deux mâles et une femelle, avaient été obtenus, au mois de janvier 1870, au cap Gregory, à Port Henry et à Mayne Harbour (détroit de Magellan), par le D' Coppinger, naturaliste de l'expédition anglaise de l’A/ert; enfin, deux autres spécimens ont été obtenus dans la baie de Santiago et à Sandy Point, dans les mois de février 1867 et de décembre 1866, par le D' Cunningham, attaché à l'expédition du Nassau. On peut en conclure que le Bubo magellanicus séjourne pendant toute l’année dans les régions australes de la Pata- gonie, où il est connu sous le nom fuégien de Yapoutela (de Fapou, Loutre et téla œil), tandis qu'il est appelé Nacurutu au Paraguay. Sa nourriture se compose principalement de petits Rongeurs (!). Les femelles difièrent, dit-on, des mâles non seulement par leur taille un peu plus forte, mais encore par le nombre un peu plus considérable des bandes claires qui recoupent leurs pennes caudales; mais l'iris à la même couleur d’un jaune d’or dans les deux sexes; le bec est noir, avec la mandibule inférieure blanchâtre et la cire noire, et les parties visibles des pattes d’un gris bleuâtre, avec les ongles noirs. De la pointe méridionale de l'Amérique, le Bubo magellanicus remonte jusque dans le Chili, le Pérou, la République Argentine, le Paraguay et les provinces méridionales du Brésil, peut-être même plus haut encore, jusque dans l'Équateur (2), la Colombie et la Guyane, de facon à rencontrer la forme septentrionale Fubo virginianus. 13. Orus BRAcuyoTus var. CASSINI. La Grande Chouette Brisson, Ornaithologie, 1. I, p. 511 (part.). Strix accipitrina Pallas, Reis. Russ. Reichs., {. 1, p. 455 (part.). (1) Une femelle de cette espèce dont M. le D' Hyades a fait l’autopsie avait dans l’esto- mac des poils d'un Rongeur paraissant appartenir au genre Ctenomys. (2) Une femelle de l’Équateur occidental, tuée en juillet r883 par M. Siemiradski et décrite par M. Taczanowski(Orn. du Pérou, t. 1, p. 190), différait d’un individu de même sexe, pris au Pérou, par sa coloration en général plus foncée et par le défaut presque absolu de teintes rousses, ces teintes étant remplacées ordinairement par du blanc pur. Les mêmes particu- larités se retrouvent chez un Grand-Duc, provenant également de l’Équateur, qui m'a été communiqué par M. le D' Jousseaume. Néanmoins je ne crois pas possible de séparer ce dernier oiseau du Z. magellanicus. OISEAUX. B.:3 Strix brachyotus Forster, Philos. Trans., 1770, t. LXII, p. 384 (part... — Wilson, American Ornithology, 1808-1814, t. IV, p. 6, et pl. XXXIIE, fig. 3. — J.-J. Audubon, Birds America, p. 4ro, et Orn. biogr., t. V, p. 273. Strix palustris Bechstein, Vaturg. Deutsch., 1804-1809, t. I, p. 906 (part.). Otus brachyotus d'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Oiseaux, p. 134. Brachyotus Cassinii Brewer, . Am. Ool., t. I, p. 68. — Cassin, Un. St. expl. Exped., p. 108. — Baird, B. N. Amer., p. 54. Otus palustris J. Gould et Darwin, Voy. « Beagle », Zoology, Birds, t. III, p. 33. — J. Gould, Proceed. sool. Soc., 1859, p. 94. Otus brachyotus Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. sool. Soc. Lond., 1860, , p. 384, n° 6. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, n°93, et Nomencl. Av. neotrop., 1873, p. 116. Asio accipitrinus R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., t. IL, Sériges, 1875, p. 234 (part.) et 238. Otus brachyotus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds of antarctic Ame- rica, Proceed. sool. Soc. Lond., 1878, p. 434, n° 91, et Voy. of the « Challen- ger ». Zoology, Rep. on Birds, ant. Amer., p. 104, n° 21. — H. Durnford, Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 396. — E. Gibson, On the ornithology of cape San Antonio, Buenos Ayres, Ibis, 1879, p. 133, n° 10. — L. Taczanowski, Ornithologie du Pérou, 1884, t. I, p. 196, n° 63. Trois spécimens de la variété américaine du Hibou brachyote ont été rapportés en 1879 du détroit de Magellan par M. l'amiral Serres et deux autres (femelles) ont été obtenus en 1883 à Oazy Harbour et à la baie Orange (5 mai) par M. Lebrun et par M. le D' Hahn. Ces oiseaux avaient, comme les spécimens (mâles) rapportés de Sandy Point et de l’ile Élisabeth par l’expédition du Challenger, les yeux d’un jaune d’or, la cire d’un jaune pâle, les pattes d’un gris jaunâtre et le bee noir, et leur estomac renfermait les restes de petits Rongeurs. L’Otus bra- chyotus var. Cassini est répandu sur tout le continent américain, depuis B.44 MISSION DU CAP HORN. le Canada et la Colombie britannique jusqu’au cap Horn et à la Terre de Feu, et se retrouve également aux iles Malouines. il est sédentaire en Patagonie, ainsi que M. Hudson l'avait déjà constaté. Les spécimens auxquels je viens de faire allusion ont en effet été pris aux époques les plus diverses, en mai, en juin, en janvier, etc. 14. ATnExE (SPEOTYTO) GUNICULARIA. La Chouette de Coquimbo Brisson, Ornith., 1760, L. I, p. 525. Strix cunicularia Molina, Compendio della storia geogr. nat. e ci. del regno del Chile, 1756, p. 343. Urucurea d’Azara, Apuntiam., 1803, t. Il, p. 21r. — G. Hartlaub, Zadex d'Azara, p. 4. Strix grallaria Spix, Av. Bras., 1. I, p. 21. — Temminck, Planches coloriées, 1829-1839, pl. CXLVI. Noctua cunicularia Darwin, Journ. Nat. « Beagle », p. 145. — d'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Zoologie, Oiseaux, 1835, p. 128. — Burmeister, Syst. ueb. d. Th. Bras. Vigel, 1855, t. IT, p. 149, et Syst. Ver- zeichn. d. in La Plata staaten beobacht. Vôgelarten, Journ. f. Orn., 1860, DA249 an0nt0; Athene cunicularia J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Birds, 1841, p. 30. Pholæoptynx cunicularia Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Onthe Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, n° 26, et Nomencl. Av. neotrop., 1873, p. 117. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 174. Speotyto cunicularia R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., t. Il, Striges, 1855, p. 142, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. Alert, Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 10, n° 32. Noctua cunicularia H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 38, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 397. Un individu de cette espèce, qui se trouve répandue depuis les États- Unis jusqu’à la pointe de l'Amérique méridionale, est tombé à bord de OISEAUX. B.15 la Romanche au mois d'août 1882, à 5° de latitude au sud de Montevideo, pendantla traversée de France au cap Horn, et trois autres spécimens (mâles et femelle) ont été capturés par M. Lebrun, au mois de décembre de la même année, à Salinas (Patagonie). Ces trois oiseaux avaient les yeux d’un jaune d’or, comme la femelle obtenue à Coquimbo par Le D' Coppinger, naturaliste de l’A/ert, et comme les indi- vidus, mâle et femelle, tués au Pérou par MM. Jelski et Stolzmann. Chez les adultes, le bec est d’un brun grisâtre ou d’un brun de corne, pas- sant au jaunâtre vers la base et sur la mandibule inférieure, et les pattes sont grisâtres en avant et jaunes en arrière, avec une teinte verdàtre sur la face plantaire (D' Hahn). La Chouette des terriers est sédentaire en Patagonie et fort commune sur certains points de cette vaste région, tandis que sur d’autres points elle se montre beaucoup plus rarement. 15. GLAUCIDIUM NANUM. Strix nana King, On the animals of the Straïtsof Magellan, Zool.Journ., 1827, t. LIL, p. 427. Glaucidium nanum Boie, Zsis, 1826, p. 970. Athene nana Gray et Mitchell, Genera of Birds, 1844, 1. E, p. 35, pl. XIT. — Hombron et Jacquinot, Voy. au pôle Sud, Zoologie, 1841-1845, t. LL, p. 54. Glaucidium nanum Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Séraits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, n° 5, et Von. Ap. neotrop., 1873, P. 117. — Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. 300l. Soc. Lond., 1872, p. 549. = R°B. Sharpe, Cat. B Brit. Mus.,t'AT Siriges 1879, p.190, 1015, 197, p. 41 et 259, et Zool. coll. made during the Survey of H. M.S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 1r, n° 33. La Mission française a rapporté de la Terre de Feu deux Chouettes naines dont l’une, prise à Oushouaïa sur les bords du canal du Beagle, le 26 novembre 1882, avait le bec d’un gris verdâtre, la cire grise, les pattes grises en avant et jaunes en dessous, et l’autre, tuée près des mares, à la baie Orange, au sud de la Mission, le 5 février 1883, avait B.46 MISSION DU CAP HORN. la cire verdâtre, le bec verdâtre, passant au blanc verdâtre à la pointe, les yeux d’un jaune d’or et les tarses d’un jaune verdâtre. D’autres individus de la même espèce avaient été capturés précédemment, au mois de mai et au mois de janvier, à Sandy Point par le D' Cunningham et par le D' Coppinger, chirurgien de l’Abert. Le type décrit par King a été pris à Port-Famine, de même qu’un spécimen signalé dans le Voyage au pôle Sud. On peut donc supposer que la Chouette naine est sédentaire et assez répandue dans les parages du cap Horn et sur la Terre de Feu où elle porte le nom de Lafkgouia. Il est certain, d’autre part, que ce petit Rapace habite le Chili, comme le dit M. Sharpe, puisque le Muséum en possède deux spécimens venant de cette région et donnés par M. Gay et par M. Hénault (‘). Enfin, les galeries du Jardin des Plantes renferment encore un exemplaire tué dans la République Argentine et donné, il y a quelques années, par l’Université de Cordova. L’aire d'habitat du Glaucidium nanum s'étend, par conséquent, jusque vers le 30° degré de latitude Sud. 16. Picus (Mecaricus ou CAMPEPHILUS) MAGELLANICUS. Picus martius Molina, Stor. Nat. Chil., 1789, p. 209. Picus magellanicus King, Zoo. Journ., 1827, t. IX, p. 430. Picus jubatus de Lafresnaye, Rev. et Mag. de Zool., 1841, p. 242 (fem.). Picus magellanicus À. Malherbe, Mag. de Zool., 1843, pl. XXXI. Dryocopus magellanicus Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1850, t. I, p. 137. Megapicus magellanicus A. Malherbe, Monogr. des Picidés, 1862, t. I, p.8, et pl. I, fig. 1-3. — R. Cunningham, Lettre £n Zbis, 1868, p. 128. Picus (Ipocrantor) magellanicus G.-R. Gray, andlist of genera and species of Birds, 1871, t. IF, p. 86, n° 8619. Campephilus magellanicus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Av. neotrop., 1873, p. 98. — Birds of antarctic America, Proceed. zool. Soc. Lond., (1) Le spécimen donné par M. Hénault est de taille notablement plus forte que les spécimens de la Terre de Feu. OISEAUX. B.47 1878, p. 434, n° 18, et Voy. of the « Challenger », Report on Birds, ant. JE) | ) ) ) (o] 70 America, p. 103, n° 18. Le Megapicus magellanicus paraît être plus commun au Chili et dans les parages du détroit de Magellan et sur la Terre de Feu que dans le centre de la Patagonie. La Mission française du cap Horn n’en a pas rapporté moins de sept spécimens, mâles et femelles, d’ailleurs com- plètement semblables aux spécimens provenant du Chili qui avaient été donnés précédemment au Muséum par M. Gay. Une femelle, obtenue au mois de février 1883, à Punta-Arenas, par M. Lebrun, avait les yeux rouges; chez un mâle, tué à Oushouaïa au mois de décembre 1882, le bec et les pieds étaient noirs, et un couple, mâle et femelle, tué le 11 avril 1853, à la baie Orange au nord du lac de la Mission, à 158" d'altitude, ne présentait pas de différences, d’un sexe à l’autre, dans la coloration des yeux, du bec et des pattes, l'iris étant d’un rouge brique, les mandibules d’une teinte noirâtre, plus foncée à l'extrémité, et les tarses d’un gris verdàtre. Au contraire, un mâle et une femelle obtenus à Porto Bueno par l’expédition du Challenger avaient les yeux jaunes, le bec et les pieds noirs. Lana (") est le nom fuégien de cette espèce, qui se nourrit non seu- lement d'insectes, mais aussi de graines, ainsi que M. le D' Hyades à pu s’en assurer en faisant l’autopsie du mâle et de la femelle tués le 11 avril 1883 à la baie Orange. 17. CERYLE TORQUATA Var. STELLATA. Alcedo stellata Meyen, Voe. Act. Acad. Leopold., t. XVI, Suppl. 93, pl. XIV. Alcedo torquata J.-J. v. Tschudi, Faun. peruan., 1844, p. 254. Ceryle stellata R.-B. Sharpe, À Monograph of the Alcedinidæ, 1867-1869, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc., 1881, p. 9, n° 23. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 327. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Second List of Birds collected during the Survey in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 283, (1) Lan, en fuégien, signifie langue. B 48 MISSION DU CAP HORN. ee n° 7. — VNomencl. A+, neotrop., 1873, p. 103. — Birds of antarctic Ame- rica, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 434, n° 19, et Voy. of the « Chal- lenger », Report on Birds, antarct, Amer., p. 104, n° 19. Le Ceryle stellata ne me paraît constituer qu’une race locale du Ceryle torquata L., race qui habite le Chili, la Patagonie et la Terre de Feu, tandis que la forme typique se trouve depuis la République Argentine jusqu’au Mexique. Comme M. Scelater l’avait fait avant moi, j'ai constaté, en effet, que certains individus qui, par leur origine, devraient être attribués au Ceryle torquata avaient le dos et les ailes aussi fortement mouchetés de blanc que les individus du Chili, et, en revanche, j'ai vu un spécimen de Patagonie chez lequel les points blancs tendaient à disparaître et dont les teintes du manteau et de l’abdomen étaient presque aussi pures et aussi vives que chez des oiseaux pris au Guatémala par M. Bocourt ou au Brésil par MM. de Castelnau et Deville. Le spécimen de Patagonie auquel je viens de faire allusion a été tué par M. Tracou, enseigne de vaisseau, sur les bords de la baie Butler (détroit de Magellan), le 2 février 1883, et a été préparé par M. de Lar- tigue, enseigne de vaisseau à bord du Volage. Un autre Ceryle, un mâle, a été pris au mois de février 1882 par M. Lebrun, à la Terre de Feu; cinq autres individus ont été tués successivement par les natura- listes de la Mission du cap Horn, les 5, 7et ro février, sur les bords du anal du Beagle, sur les iles Burnt et O’Brien le 31 mars, et le 10 avril 1583 à la baie Orange. Huit exemplaires de la même espèce avaient été obtenus précédemment à Fortescue, à Port Grappler, à Eden, au Havre Gray (sud-ouest de la Patagonie), dans le cours de la croisière effectuée par la Magicienne, sous les ordres de M. l’amiral Serres; enfin, trois spécimens avaient été pris précisément dans les mêmes parages, à Port Otway, à Cove Harbour et à Gray Harbour (Havre Gray) et à Sandy Point, en décembre 1875, janvier 1876 et janvier 1869, par les naturalistes de l'expédition du Challenger et par le D' Cunningham; de telle sorte qu'on peut affirmer que les Ceryle de la variété stellata sont très répandus, au moins pendant le printemps, l’été et le commence- ment de l’automne, dans la portion australe de la Patagonie et à la Terre de Feu, où ils se nourrissent principalement, sinon exclusive- OISEAU X. B.49 ment de poissons. Chez ces oiseaux, le bec est toujours noir, mais la couleur de l'iris et celle des pattes sont sujettes à certaines variations : ainsi, une femelle tuée le à février 1883 sur les bords du canal du Beagle (Mission française) avait les yeux bruns et les pattes ver- dâtres; une femelle tuée le o février à la baie Orange, sur la plage (Mission française), le bec noir passant à la couleur corne blonde à la pointe et à la base de la mandibule inférieure, l'iris brun et les pattes d'un jaune verdâtre avec le dessus des doigts noir; un mâle tué à l'ile O'Brien (Mission française), le ro février, les yeux d’un gris bleuâtre et les pattes d’un jaune sale; un mâle tué à Port-Otway (Challenger), à la fin de décembre, les yeux noirs et les pattes d’un vert jaunâtre; un autre mâle tué à Cove Harbour (Challenger), les yeux bruns, et un mâle tué à Gray Harbour, au mois de janvier (Challenger), les yeux noirs. Le nom fuégien du Ceryle stellata est Chakatakh. 18. Hiruno (TACHYGINETA ) MEYENrI. Hirundo leucopyga Meyen, Voe. Act. Acad. L. C. Nat. Car., 1834, t. XVI, Suppl. 73, pl. X. Hirundo Meyeni Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1867, p. 321 et 337. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 185, et 1870, p. 499, n° 3. — Nomencl. Ao. neotrop., 1873, p. 114. — Report on the collections of Birds made during the voyage of H. M.S. « Challenger », n°1X, Birds of antarct. Amer., Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 432, n° 2, et Voy. of the « Challenger », 1881, 1. II, Rep. on the Birds, antarct. Amer., p. 100, n° 2. Tachycineta Meyeni R.-B. Sharpe, Cac. B. Brit. Mus., t. X, Fringilliformes 1885, p. 116. Cette espèce, qui avait déjà été signalée au Chili, en Bolivie et en Patagonie, s’avance, au moins pendant l’été, jusque dans la Terre de Feu, où elle est connue des indigènes sous le nom de Lazikh. La Mis- sion française en a rapporté sept exemplaires, savoir : Mission du cap Horr, NI, B. 7 B.50 MISSION DU CAP HORN. Un jeune mâle et une jeune femelle, tués le 6 novembre 1882 à Punta-Arenas (détroit de Magellan ); Un jeune mâle, une femelle et un individu de sexe indéterminé, tués les 8, ro et 14 janvier 1883, sur les bords de la baie Orange; ces oiseaux avaient le bec et les yeux noirs et les tarses d’un gris noirâtre (l'estomac de l’un d’eux renfermait quelques débris d'insectes) ; Une femelle trouvée morte, le 16 janvier 1883, sur l'herbe dans la vallée, auprès du lac (Terre de Feu); cet individu avait le bec et les yeux noirs et les tarses d’un gris noirâtre; Une femelle, aux yeux d’un brun clair, tuée à la fin de l’année 1882 par M. Lebrun, à Santa Cruz, lorsque le navire le Volage a touché en ce point de la Patagonie. D’autres individus de la même espèce avaient été obtenus précé- demment à Sandy Point (ou Punta-Arenas) par le D° Cunningham et par les naturalistes attachés à l'expédition du Challenger. Ces derniers oiseaux avaient été tués au mois de janvier et ceux qui ont été rapportés par l'expédition française ont été abattus en novembre, décembre et janvier : on peut en conclure que c’est durant l'été seule- ment que l’on peut rencontrer dans les parages du cap Horn les Hirondelles de Meyen, qui remontent sans doute, à l'approche de l'hiver, dans les contrées plus voisines de l’équateur. 19. AGRIORNIS STRIATA. Agriornis microptera et A. striataJ. Gould, 2 Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. III, Bérds, p. 56 et pl. XII. Agriornis microptera Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 185. — G.-R. Gray, Aandlist of Birds, 1850, t. IL, p. 34r, n° 5154. Agriornis striata Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. AV, p. 5. Cette espèce paraît être spéciale à la Patagonie, où elle a été ren- contrée par Darwin et d’où M. Lebrun en a envoyé, en 1883, un spé- cimen au Muséum. Dans la même contrée vit une autre espèce d’Agriornts, l’A. maritima, qui parait être plus commune que la pré- OISEAUX. B.ÿ1 cédente (!) et qui remonte jusque dans le Chili, où se trouve aussi l'A. lvida (?). L'oiseau envoyé par M. Lebrun a été pris à Santa Cruz dans les der- niers mois de l’année 1882. Il avait les yeux d’un jaune de chrome. 20. MYIOTHERETES RUFIVENTRIS. Tyrannus rufiventris Vieillot, Nour. Dict. d'Hist. nat., t. XXXN, p. 93, et Encycl. méthod., p. 856. Pepoaza variegata Lafresnaye et d'Orbigny, Synops. Ae., t. I, p. 63. — D'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Zool., Oiseaux, 1835-1844, p. 349 ct pl. XXXIX. : Xolmis variegata G.-R. Gray, ër Darwin, Voy. « Beagle », Zool. Birds, 1841, t. IL -p-.»5*et-pl. XT° Myiotheretes rufiventris Ph.-L. Sclater, Cat. of Amer. Birds, 1862, p. 106, n° 1202. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, n° 10. — VNomencl. Av. neo- trop., 1873, p. 394. — H. Durnford, Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 391. — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t XIV, p. 8. Dans les collections réunies par les soins de M. Lebrun, naturaliste voyageur, de M. de Lartigue, enseigne de vaisseau, et des autres offi- ciers du Volage, se trouvent trois Mytothereles rufiventris (äont deux mâles) tués à Missionares en octobre et novembre 1882, et dans le Catalogue des collections formées par le D' Cunningham figure égale- ment un de ces Tyrannidés à ventre roux, tué à Possession Bay, en janvier 1867. Les époques de ces trois captures concordent fort bien avec les renseignements fournis par M. Durnford, qui nous apprend que les Myiotheretes rufiventris arrivent en petit nombre en Patagonie au printemps et y séjournent jusqu'à la fin de l'été. En revanche, (1) Serarer et SALviN, Zbis, 1868, p. 185, el H. Durnronp, bis, 1878, p. 394. (2) Scrarer, Proc. 001. Soc. Lond., 1867, p. 325, et R.-B. Sarre, Proc. zool. Soc. Lond., 1881, p. 8, n° 14. B.52 ! MISSION DU CAP HORN. M. Durnford dit que les oiseaux de cette espèce ont le bec, les pattes et les ongles noirs et les yeux d’un brun foncé, tandis que M. Lebrun porte dans ses notes la mention « iris jaune de chrome », pour les spé- cimens obtenus à Missionares. Le Muséum possédait déjà une dépouille de Myriotheretes rufiventris provenant de Yungas, en Bolivie (voyage de d'Orbigny). C'est sans doute dans cette contrée et dans la République Argentine queles oiseaux de cette espèce se retirent à l'approche de l'hiver. 91. TÆNIOPTERA PYROPE. Muscicapa pyrope Kittlitz, Ueber einige Vogel von Chili, Mém. Acad. Saint-Pétersbourg, 1831, p. 191, pl. X Pepoaza pyrope de Lafresnaye et d'Orbigny, Synops., p. 63, n° 6. — D'Orbigny, Voy. Amér. mérid., 1835-1844, p. 348, n° 72. Xolmis pyrope J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. XII, Birds, p. 55. Tænioptera pyrope G.-R. Gray, Genera of Birds, 1847, t. I, p. 241. — Ph.-L. Sclater, On the Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1865, p. 326. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 185. — Nomenclator Av. neotrop., 1893, p. 42, n° 6. — Birds of antarct. America, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 433, n° 11, et Voy. of the «Challenger », Rep. on the Birds, antarct. Amer., p. 102, n° 11. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. sool. Soc. Lond., 1881, p 8, n° 13. — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIN, p. 1r. Cette espèce doit être très commune, au moins à certaines époques de l’année, en Patagonie et à la Terre de Feu, où elle a été observée successivement : par le D° Cunningham, à Port-Famine; par les natura- listes attachés à l'expédition du Challenger, à Sandy Point; par Île D' Coppinger, chirurgien de l’Aert, à Skyring Water (détroit de Magel- lan), et par les membres de la Mission du cap Horn, sur divers points de l'Amérique australe. L'expédition française n'a pas procuré au OISEAUX. B.55 Muséum moins de 15 spécimens de Tænioptera pyrope, parmi lesquels nous citerons : 1° Plusieurs mâles, tués à Punta-Arenas par M. Lebrun, au mois de janvier 1883. Yeux d’un rouge vermillon. 2° Une femelle, tuée sur les bords de la baie Orange, à 200" d’alti- tude, par M. le D' Hahn, le 26 septembre 1882. Iris rose; pattes et bec d’un brun foncé. 3° Un mâle, tué par le même voyageur, dans la même localité, le 23 octobre 1882. Iris rouge brique. 4° Une femelle, de même provenance. Iris rose. 5° Une autre femelle, tuée par M. Hahn à Oushouaïa, sur les bords du canal du Beagle, le r7 mars 1883. 6° Un mâle tué par M. le D' Hyades à la baie Orange, le 14 avril 18853. Iris rouge brique; tarses noirs, face inférieure des doigts jaune. 7° Deux mâles et une femelle, tués par M. Hahn à Punta-Arenas, le 22 mai 1883. 8° Un mâle, tué par M. Hahn sur les bords de la baie Orange, Île 14 avril 1883. Iris rouge brique; bec et tarses noirs. 9° Une femelle, tuée par M. Hahn dans la même localité, le 25 mai 1883. Iris rose brique; bec et tarses noirs. Je ferai remarquer qu'il existe une concordance remarquable entre ces divers renseignements pour ce qui concerne la coloration de l'œil chez le Tænioptera pyrope : V'iris est toujours indiqué comme étant rouge, la nuance variant d’ailleurs du rose au rouge brique. Au con- traire, les naturalistes du Challenger attribuent des yeux notrs à un Tœænioptera pyrope mâle tué à Sandy Point, et le D' Coppinger donne au sujet d’une femelle tuée à Skyring Water (détroit de Magellan), au mois de janvier 1879, les indications suivantes : «Bec, tarses et pieds noirs; iris jaune clair.» Il semble donc que, dans cette espèce, la coloration de l’iris n’est pas constante. Le Tœænioptera pyrope est, du reste, sujet à de grandes variations sous le rapport du plumage, des dimensions et même de la forme des rémiges. En effet, si beaucoup d’oiseaux de cette espèce se font remar- quer par leurs deux premières rémiges brusquement rétrécies et effi- lées à l'extrémité, comme celles de certains Pigeons du genre Ptlopus, B.54 MISSION DU CAP HORN. d’autres Tœænioptera pyrope ne présentent pas ce caractère qui n’a point, par conséquent, comme on l'avait admis primitivement, une valeur spécifique. Cette particularité, très accusée chez un spécimen envoyé de Valparaiso par d’'Orbigny et chez un autre exemplaire du Chili donné par M. Gay, disparait au contraire chez trois autres individus de la même région, donnés par le même voyageur en 1845; elle manque également, ou est à peine indiquée, sur trois individus provenant du voyage de l’Assrolabe et de la Zélée (voyage au pôle Sud) et pris, l’un dans les parages du détroit de Magellan, les autres à Taleahuano. Elle n'existe pas davantage chez cinq Tænioptera de la baie Orange et de Punta-Arenas, rapportés par la Mission du cap Horn, tandis qu’elle se retrouve à un degré très marqué sur deux oiseaux originaires des mêmes localités et obtenus dans le cours du même voyage. Entre ces types extrêmes, l’un à ailes normales, l’autre à ailes découpées, on trouve d’ailleurs des gradations : ainsi un spécimen de Talcahuano, provenant de l'expédition de l’Astrolabe, a les deux ou même les trois premières rémiges légèrement échancrées, du côté interne, depuis le milieu jusqu'à la pointe. Il en est de même chez un oiseau faisant par- lie des collections de la Zélée et obtenu à Port-Famine, de même encore chez trois oiseaux tués à la baie Orange et à Punta-Arenas et rapportés par la Mission française du cap Horn. En d’autres termes, on voit net- tement le processus par lequel s'effectue cette découpure bizarre des rémiges, qui n’estaucunement en rapport avec le sexe des individus (!), mais qui s'accentue probablement par les progrès du développement. Il faut noter, du reste, que la même particularité, tantôt très marquée, tantôt à peine accusée, peut être observée chez d’autres Tyrannidés de l'Amérique australe, notamment chez les Myiotheretes rufiventris. J'avais cru constater d’abord que les Tænioptera pyrope du Chili étaient de taille constamment plus faible que ceux de la Patagonie; mais il n’en est rien : cela résulte clairement du Tableau suivant : (1) Un spécimen de Zæioptera pyrope ayant les ailes normales avait, pour ce motif, été considéré comme étant peut-être une femelle (voir Zbés, 1868, p. 185). OISEAUX. B.55 BEC TÆENIOPTERA PYROPE. QUEUE. (culmen). LU] mm De Valparaiso (d'Orbigny, 1830) Du Chili (Gay, 1837) » De Magellan De la baie Orange (exp. Cap Horn) D'Oushouaïa De Punta-Arénas Enfin, si chez les individus de Patagonie et de la Terre de Feu la coloration générale est un peu plus foncée, si Le dos est plus fortement nuancé de verdâtre, et si le ventre est d’un gris plus accusé que chez les individus du Chili, on remarque aussi parmi ces derniers certaines variations qui tendent à effacer les différences de plumage. Les Fuégiens désignent le Tæntoptera pyrope sous le nom de Xac/poul. En Patagonie, on rencontre encore deux autres espèces du même genre, le Tœænioptera murina Lafr. et d’Orb. et le Tænioptera rubetra Burm. ('). 929, MuscISAXICOLA MACGLOVIANA. Sylvia macloviana Garnot, Voy. de la « Coquille », Zoologie, Oiseaux, 1826, t. 1, p. 540. (1) Voir Hupson, Proceed. zool. Soc. Lond,, 1852, p. 541, et Durnronn, Ibis, 1878, p: 394: B.56 MISSION DU CAP HORN. Muscisaxicola mentalis de Lafresnaye et d’Orbigny, Synops. Av., 1837, p. 66, n° 2. — d'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Oiseaux, 1835-1844, p. 355 et pl. LXI, fig. 1. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 326. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, n° 12, et VNomencl. Av. neotrop., 1873, p- 44e — H. Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 541. — R.-B. Sharpe, Zoo!. Coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 8, n° 15. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. IE, p. 218, n° 560. Muscisaxicola macloviana Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV’ p. 56. Cette espèce, dit d’Orbigny, est de celles qui paraissent habiter l’été les régions les plus méridionales du continent américain. « En Pata- gonie, elle arrive en juin et y reste jusqu’en septembre, se tenant sur le haut des coteaux dans les lieux sablonneux;..... elle y est par troupes de trois à quinze individus, vit familièrement avec l’homme, saute à terre, sur les points élevés, les murailles, les mottes de terre, reste longtemps à la même place et fait souvent balancer sa queue, puis court à terre avec vivacité, cherchant les insectes dont elle se nourrit. » M. Hudson constate, de son côté, qu'il n’a jamais vu de Muscisaæicola mentalis en Patagonie avant le mois de juin, c’est-à-dire avant l'hiver, etil suppose que ces oiseaux arrivent du Sud au moment où les grands froids commencent à se faire sentir. Cette hypothèse est confirmée par les renseignements plus récents fournis par les naturalistes attachés aux expéditions françaises et anglaises, qui ont rencontré la Muscisaxt- cola mentalis sur les bords du détroit de Magellan et à la Terre de Feu précisément dans la saison où elle manque dans le centre et le nord de la Patagonie, c’est-à-dire en été. Un individu de cette espèce a été tué en effet, au mois de mai, à Sandy Point par le D' Cunningham, etles OISEAUX. B.57 spécimens rapportés par la Mission du cap Horn portent les dates et les indications suivantes : N° 16. Fauvette des montagnes. Màle tué à la baie Orange, à 200" d'altitude, le 15 septembre 1882. N° 29. Mâle tué à une altitude de 200" à 500, le 26 septembre 1882. OEil brun foncé. N° 30. Femelle tuée dans la même localité, à la même date. N° 198. Mâle tué à la baie Cook, sur la Terre des États, le 19 novembre 1882. N° 363. Femelle tuée sur la plage de la baie Bourchier (à l’ouest de la presqu'ile Hardy, près du faux cap Horn) le 25 janvier 1883. Nom fuégien Chkanakooko. Iris brun; tarses noirs; mandibule supé- rieure noire avec l'extrême pointe couleur corne blonde; mandibule inférieure d’un jaune orange, sauf à l'extrémité antérieure qui est noire avec un peu de jaune corne blonde à la pointe. N° 616. Mâle tué à Punta-Arenas, au mois de février 1883. OEil brun. On peut donc admettre que la Muscisaxicola macloviana habite pen- dant la plus grande partie de l’année l’extrémité méridionale du con- tinent américain et la Terre de Feu, où elle doit se reproduire, et qu’elle ne se retire dans le centre et le nord de la Patagonie, en Bolivie, au Chili et au Pérou, que pendant la mauvaise saison. En Patagonie, on trouve encore une autre espèce du même genre, Muscisaxicola macult- rostris Lafr. et d'Orb. (voir Sclater et Salvin, Nomencl. Av. neotrop., 1873, p. 44, et Durnford, Jbes, 1878, p. 395), sans compter les autres espèces propres au Pérou,au Chili et à l'Équateur. 93. CENTRITES NIGER. Alouette à dos roux Daubenton, PL. enl. de Buffon, 1770, p. 738. Alauda nigra Boddaert, Table des PI. enl. de Daubenton, 1783, p. 788. Alauda rufa Gmelin, Syst. nat., 1788, L. [, p. 792. Mission du cap Horn, NI. B.8 B.58 MISSION DU CAP HORN. Alondra espalda roxa d'Azara, Apunt., 1803. Sylvia dorsalis King, Zool. Journ., 1827, t. II, p. 428. — Gay, Hist. fisic. Chil., Zool., 1847, t. I, p. 318. Anthus variegatus F. Eydoux et P. Gervais, Voy. « Favorite », 1839, t. V, Zoologie, Oiseaux, p.38 et pl. XV. Muscisaxicola nigra J. Gould, x Darwin, Voy. « Beagle », Zool. Birds, p. 84. Centrites rufus J. Cabanis, Wiegmans Arch., 1847, t. XII, p. 256. Centrites niger J. Cabanis, Mus. Hein., t. I, p. 48. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1867, p. 326. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, n° 13. — Nomencl. Av. neotr., 1853, p. 44. — Birds of antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 432, n° 7, et Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, antarct. Amer.., p. 101, n° 7. — H. Durnford, On the Burds of the Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 392. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. I. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 8, n°9. — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV, n° 61. Ch. Darwin a observé le Centrites niger jusqu’à Copiapo, dans le nord du Chili, contrée où M. Gay et M. Hénault se sont procuré plusieurs spécimens qu’ils ont donnés au Muséum d'Histoire naturelle ; d'Orbigny a rencontré la même espèce à Corrientes, dans l’est de la République Argentine, aux environs de Buenos Ayres et dans les Pampas d'Orugo (Bolivie); M. Hudson l’a trouvée fréquemment dans le centre de la Pata- gonie, où, parait-il, elle est sédentaire. Enfin, MM. Hombron et Jac- quinot, naturalistes attachés à l'expédition de l’Astrolabe et de la Zélee, le D' Cunningham, le D' Coppinger et, plus récemment encore, les membres de la Mission française du cap Horn en ont obtenu d'assez nombreux exemplaires à Port-Famine, à Sandy Point et à Cape Gregory, dans la Patagonie australe, sur les bords de la baie Orange et du canal du Beagle, à la Terre de Feu. Dans cette dernière région, le Centrites niger est connu des indigènes sous le nom de Ski/ouchanoa. Les spécimens rapportés par la Mission française ont été tués du OISEAUX. | B.59 12 octobre 1882 au 9 janvier 1883, et quelques-uns d’entre eux portent les indications suivantes : 1° Mâle tué à la baie Orange le 12 octobre 1882, près des mares, sur les buissons : bec noir, tarses d’un noir de jais; 2° Femelle tuée dans la même localité le 27 novembre 1882 : iris brun, bec et pieds noirs; estomac renfermant des restes de mouches; 3° Femelle tuée dans la même localité le 1° janvier 1883 : iris gris brun, pieds noirs. Les individus rapportés par les naturalistes du Challenger avaient . été tués également au mois de janvier, de même que l'oiseau rapporté par le D' Coppinger; ils avaient aussi les yeux noirs et leur estomac contenait également des débris d'insectes. On peut conclure de ces renseignements que les Centrites sont des Passereaux essentiellement insectivores, qui sont fort répandus pendant la belle saison dans les régions australes du Nouveau-Monde et qui, pendant l'hiver, se con- tentent de changer de canton, sans remonter beaucoup vers le Nord. Il est mème certain que l'espèce se reproduit dans ces contrées désolées, puisque M. Sauvinet a obtenu sur les bords de la baie Orange non seu- lement un couple de Centrites en plumage de noces, mais encore le nid de ces oiseaux. Ce nid, découvert le 4 décembre 1882, renfermait trois œufs blancs, à peine piquetés au gros bout et au milieu de quelques points d’un brun foncé, et mesurant plus de 20" de long sur 14%% à 158 de large, c’est-à-dire très volumineux par rapport à l’oiseau. Il était placé sur le sol, entre des chaumes, et ses parois, assez épaisses et faites de lichens et de racines entrelacés, étaient tapissées intérieurement avec des plumes parmi lesquelles j'ai reconnu facilement des plumes de Bernaches. Au Pérou, le Centrites niger est remplacé par une espèce ou plutôt par une variété, Centrites oreas Scl. et Salv., qui ne diffère de la forme typique que par ses rémiges largement bordées de blanc du côté interne (‘), et qui fait son nid exactement dans les mêmes conditions (1) Deux spécimens de cette variété avaient été envoyés, dès 1847, des Andes du Pérou par M. de Castelnau. B.60 MISSION DU CAP HORN. et avec les mêmes matériaux, mais à une autre époque de l'année. « Le 23 juin, dit M. Jelski (‘), en pêchant des pimélodes pendant la nuit, J'ai aperçu un petit oiseau s'envoler dans la prairie d'un endroit labouré par les cochons et j'ai eu la chance d’y trouver son nid sous une motte de gazon renversée. Ce nid est petit, mais profond, composé à l'extérieur et en dessous de duvet de synanthères, mélangé à de la mousse et à des radicelles, tapissé à l’intérieur de plumes de canards, de poules d’eau et d'ibis. Il contenait trois œufs blancs, tachetés plus ou moins de brun pres du gros bout. Un de ces œufs avait une tache assez grosse. Longueur 21°" sur 15%" de largeur. » Le 31 septembre, plusieurs paires construisaient leurs nids dans une prairie labourée par les cochons. » 24. KELAINEA ALBICEPS. Muscipeta albiceps de Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Ap., p. 47, n° 5. — D'Orbigny, Voy. Amér. mérid., 1835-1844, Oiseaux, p. 319. Elainea modesta Tschudi, Consp. Ae., n° 7h, et Faun. per., p. 150. Elainea albiceps Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 71, et On the Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 327. Elainea modesta Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 185. Elainea albiceps Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vomencl. A6. neotrop., 1873, p. 48. — Birds of antarct. Amer., Proceed zool. Soc. Lond., 1858, p. 433, n° 10, et Voy. of the « Challenger », Rep. on the Birds, antarct. Amer., p. 102, n° 40. — L. Taczanowski, Orn. du Pérou, 1884, t. 1, p. 263, n° 611. — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, 1. XIV, p. 141. L’'Elainea albiceps habite une partie du Brésil, le Chili, le Pérou, la République Argentine, la Patagonie et la Terre de Feu, où elle est connue sous le nom de Pouyou. Elle a tout à fait les mœurs de nos Fauvettes, vit sous bois, dans les jardins ou dans les broussailles, (1) Taczanowskt, Ornith. du Pérou, 1884, t. Il, p. 222. OISEAUX. B.61 suivant les localités, et sautille de branche en branche à la poursuite des insectes. Le 21 janvier 1883, MM. Hyades et Sauvinet ont trouvé à la baie Orange, sur une branche de Fagus betuloides, un nid de cette espèce, renfermant deux œufs que la mère venait de quitter quand elle fut tuée. Ce nid, qui figure dans la collection rapportée par la Mission du cap Horn, mesure environ 10% de diamètre extérieur sur 5° de pro- fondeur et affecte la forme d’une coupe dont les parois sont faites de brindilles et de radicelles grossièrement entrelacées et dont l’intérieur est tapissé de plumes (de Bernaches ?). Il ressemble exactement aux nids d'£lainea albiceps trouvés au Pérou et décrits par M. Taczanowski; seulement ces derniers offraient, dans la texture de leurs parois, des brins de laine et quelques crins de cheval, matériaux que l'oiseau ne pouvait se procurer dans les parages du cap Horn. Les œufs sont d’un blanc légèrement rosé, marqués, principalement au gros bout, de points d’un brun marron foncé (au lieu de points d’un rouge de rouille plus ou moins päle, comme les œufs décrits par M. Taczanowski) et mesurent environ 20% ou 21%% sur 13m, La femelle tuée le 21 janvier 1883, et à laquelle ce nid appartenait, avait les veux bruns, le bec noir, nuancé de rougeûtre en dessus, et les tarses noirâtres. Elle avait dans l'estomac les restes de petites chenilles vertes. Une autre femelle, tuée le 14 janvier dans la même localité, avait les yeux gris, le bec d’un gris brunâtre et les pattes brunes; un mâle, tué le 16 janvier, également à la baie Orange, les yeux, le bec et les pattes d’un gris brun. Un quatrième spécimen, un jeune mâle, a été tué sous bois à Punta-Arenas, le 11 novembre 1882. Une Elainea albiceps, aux yeux noirs, avait été obtenue précédem- ment à Port Churrucha par les naturalistes attachés à l'expédition anglaise du Challenger. 25. CINCLODES NIGROFUMOSUS. Uppucerthia nigrofumosa d'Orbigny, Voy. Amér. mérid., 1835-1844, Oiseaux, p. 372, n° 314, et pl. LVIL, fig. 2. B.62 MISSION DU CAP HORN. Opetiorhynchus nigrofumosus G.-R. Gray, ir Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. III, Birds, p. 68 (part.). Cinclodes nigrofumosus G.-R. Gray et Mitchell, Genera of Birds, 1844, t. I, P. 192. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1867, p. 324 - (part.). — Ph.-L. Sclatér et O. Salvin, Vomencl. Av. neotrop., 1873, p. 62 (part.). — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. IL, p. 110, n° 443 (part.). Sous le nom de Cénclodes nigrofumosus, la plupart des auteurs et d'Orbigny lui-même ont confondu, sinon deux espèces, au moins deux races distinctes, dont l’une correspond au C. lanceolatus Gould (ms.), tandis que l’autre peut conserver le nom de C. rigrofumosus d'Orb. En effet, en étudiant les spécimens envoyés au Muséum par d’Orbigny, en 1830 et 1831, j'ai reconnu qu'il n’y en avait qu’un seul, venant de Valparaiso, qui répondit exactement par ses dimensions et par sa colora- tion à la description et à la figure de l'Uppucerthia rigrofumosa publiées par d’Orbigny dans son Voyage dans l'Amérique méridionale (p. 372, pl. LVIT, fig. 2). Tous les autres spécimens obtenus par le même voya- geur, soit dans la même localité, soit à Cobija, en Bolivie, spécimens dont il est également fait mention dans la deseription de l’Uppucerthüa nigrofumosa, sont de plus forte taille, portent une livrée d’un brun plus foncé, offrent sur la poitrine des stries blanches plus nettes et plus accusées et ressemblent tout à fait à l’oiseau figuré dans la Zoologie du Voyage du « Beagle » sous le nom de Cénclodes lanceolatus et assimilé par feu M. Gray au C. nigrofumosus. Je rapporte, d'autre part, à la première race ou espèce, c’est-à-dire au C. nigro/umosus proprement dit, d’abord un spécimen rapporté du Chili par M. de la Narde et donné au Muséum en 1877, ensuite deux oiseaux tués à Port-Famine par les naturalistes attachés à l'expédition de l’Astrolabe et de la Zélée, en 1847, et enfin les spécimens, au nombre de 10, rapportés de la baie Orange par la Mission du cap Horn. Quelques-uns de ceux-ci portent les indications suivantes : Femelle tuée le 23 septembre 1882 : yeux d’un brun foncé; bord des paupières et pattes Jaunes; OISEAUX. B.63 Femelle tuée le 11 décembre 1882: bec noir, yeux bruns, tarses d’un brun noirâtre; estomac renfermant du gravier fin; Mile tué le 14 janvier 1883 : bec et tarses noirs; iris brun; nom fuégien Tatçigh. D'autre part, les deux spécimens obtenus à Port- Famine par l’expé- dition de la Ze/ée portent ces indications : Bec et pattes noirs; yeux noirs. Ces deux derniers individus sont de teinte plus franchement brune, moins lavés de gris fuligineux que les individus de la Terre de Feu. J'ignore si les Cenclodes nigrofumosus séjournent pendant toute l’année dans cette dernière région; mais, en tous cas, ils paraissent y être com- muns pendant l'été et y vivent dans les mêmes conditions qu’au Chili et au Pérou où, d’après d'Orbigny, ils se rencontrent par couples sur le littoral maritime. 26. CINCLODES FüSCUS. Alondra parda d’Azara, Apunt., t. IX, p. 1. Anthus fuscus Vieillot, Encycl. méthod., p. 325. — De Lafresnaye et d'Orbigny, Syn., p. 22, n° 8. Uppucerthia vulgaris d'Orbigny, Voy. dans Ares mérid., Zool., Oiseaux, 1839-1844, p. 372, n° 313, et pl. LVIT, fig. Opetiorhynchus vulgaris Gray, c2 Darwin, ui « Beagle », Zool., Birds, 1841, p. 67. Ginclodes vulgaris G.-R. Gray et Mitchell, Genera of Birds, 1844, t. I, p. 132. — Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland islands, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1860, p. 385, n° 13. Cinciodes fuscus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 186, n°6. — VNomencl. Ap. neotrop., 1873, p. 62. — R.-B. Sharpe, Zoo!l. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 8, n° 16. Cette espèce est largement distribuée à travers la républiqne de l’'Équateur, la Bolivie (?), le Pérou (?), la République Argentine, la Pata- B.64 MISSION DU CAP HORN. gonie, les iles Malouines, et s’avance même, au moins à certaines sai- sons, jusqu'à la Terre de Feu, où elle est connue des indigènes sous le nom de Zoularatatçigh (*) ou de Tatçigh (?). De cette dernière région, la Mission française du cap Horn a rapporté six individus, mäles et femelles, de Cinclodes fuscus, tués tous sur les bords de la baïe Orange, les 10 et 17 octobre 1882, 3 décembre 1882, 27 janvier et 13 mars 1883. Ces oiseaux avaient les yeux bruns, le bec et les pattes noirs, et l’es- tomac de l’un d’eux renfermait des débris d'insectes. De son côté, M. Lebrun à envoyé au Muséum cinq individus de la même espece, tués en Patagonie et portant sur leurs étiquettes les renseignements suivants : Mâle et femelle, tués le 26 décembre 1882 à l'embouchure du rio de los Gallegos; Mâle et femelle, tués au mois de janvier 1883 à Punta-Arenas : œil brun ; Mâle, tué au mois de juin 1883 au cap Negro. Antérieurement, le Muséum d'Histoire naturelle avait déjà reçu, de diverses contrées de l’Amérique du Sud, un grand nombre de Cénclodes Juscus, parmi lesquels je citerai seulement les spécimens suivants : Mäle et femelle, tués à Talcahuano et rapportés, en 184r, par l’expé- dition de l’Astrolabe et de la Zélée : yeux, bec et pattes bruns; Deux spécimens, sans indication de sexe, provenant du Chili et donnés par M. Gray en 1843; Un spécimen du Chili, rapporté par l'expédition de la Bonte (1838 ); Quatre spécimens provenant de Santa Fé et de Buenos Ayres (juil- let 1829) et envoyés par M. d'Orbigny; Un spécimen de Patagonie (février 1831), envoyé par le même voya- geur. Enfin, parmi les exemplaires obtenus récemment par les naturalistes anglais, je mentionnerai : Un spécimen provenant de Sandy Point (mai 1867) et rapporté par le D' Cunningham; (1) Zoulara, en fuégien, signifie montagne. (2) Ce dernier nom s’applique également à l’espèce précédente. OISEAUX. B.65 Un mâle tué à Peckett Harbour, le 4 janvier 1879, par le D' Coppin- ger, chirurgien de lAlert; Un mâle tué à Coquimbo, sur les falaises, au mois de janvier 1879, par le même voyageur; Un spécimen acquis de M. Fronsacq, en 1864, et provenant peut-être de l’Équateur. Les spécimens du Musée de Paris offrent, en général, une assez grande uniformité sous le rapport des teintes du plumage; cependant, chez quelques-uns, et notamment chez des spécimens de la République Argentine, on voit déjà les taches fauves des grandes rémiges et des pennes secondaires s’éclaireir et acquérir plus d'importance, en un mot manifester une tendance vers la disposition en large et double bande blanche qui a valu son nom au Cnclodes bifasciatus (Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 448; Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 234, 1874, p. 6798, et Nom. Av. neotr., p.62; L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. II, p. 111, n° 444). De cette dernière espèce, ou plutôt de cette dernière race, du Cénclodes bifasciatus, le Muséum possède d’ailleurs trois exem- plaires typiques, savoir : un spécimen du Pérou ou de Bolivie, donné par M. Pentland, en 1839; un spécimen de La Paz (Bolivie), envoyé par M. d'Orbigny, en 1834, et un spécimen en très mauvais état tué dans la région des Andes du Pérou, entre Arequipa et Cuzco, par M. de Castelnau, en 1846. Je n’ai pas sous les yeux de spécimens de l’autre espèce ou race péru- vienne, Cénclodes rivularis (Cabanis, Journ. f. Ornith., 1873, p. 319; L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. Il, p. 112, n°445); maisj'at pu examiner, en revanche, quatre exemplaires de Cenclodes patagonicus [Motacilla patagonica Gmelin, Syst. nat., 1788, t. I, p. 958; Furnarius chilensis Lesson, Zool. du Voyage de la « Coquille », 1.1, p. 677, et Manuel d'Ornith., 1829, t. Il, p. 17; Fournier de Lesson Dumont, Duct. des Sc. nat., et Lesson, Trait. d'Orn., 1831, Atlas, pl. LXXV, fig. r (inexacte); Uppucertha rupestris de Lafresnaye et d’Orbigny, Syn. Ae., p. 21; Cin- clodes patagonicus G.-R. Gray et Mitchell, Genera of Birds, 1844, t. I, p. 132; Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 62]. Ces spécimens ont été envoyés ou rapportés au Muséum, soit du Mission du cap Horn, NI. B.9 B.66 : MISSION DU CAP HORN. Chili par d’Orbigny en 1830 et par M. l'amiral Dupetit-Thouars en 1845, soit de Patagonie (Havre Grey) par M. l'amiral Serres en 1877. Ils portent une livrée généralement un peu plus foncée que le Cn- clodes fuscus et offrent, sur les parties inférieures du corps, des stries blanches assez apparentes; en un mot, ils sont, par rapport aux Cn- clodes fuscus, à peu près dans la même situation que les Cnclodes lanceolatus par rapport aux Cinclodes nigrofumosus : ils représentent une race à plumage plus rembruni, sur le fond duquel les raies et les marques blanches se détachent plus nettement. La Mission du cap Horn n’a rencontré ni en Patagonie ni à la Terre de Feu aucun Cinclodes qui puisse être rapporté à cette race; mais de vrais Cénclodes patagonicus ont été obtenus, suivant MM. Sclater, Sal- vin et Sharpe (bis, 1868, p. 186, n° 5; Proceed. zool. Soc. Lond., 1978, p. 433, n° 12; Voy. of the « Challenger », p. 102, n° 12; Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 8, n° 17), à Sandy Point, au mois de mai 1867, par le D' Cunningham, à Port Otway et dans le Messier Channel, au mois de janvier 1876, par les naturalistes de l'expédition du Challenger. Les oiseaux adultes des deux sexes rapportés par l’expé- dition du Challenger avaient les pattes d’un brun corné et les yeux d’un brun noisette. Dans la même collection se trouvait un jeune Cinclodes patagonicus, pris au mois de janvier à Cold Harbour (Messier Channel) et pouvant à peine voler. Ceci nous prouve péremptoirement que cette espèce ou cette race du C. fuscus se reproduit en Patagonie; mais, en l'absence de renseignements analogues pour la Terre de Feu, je doute encore que le C. patagonicus franchisse en été le détroit de Magellan. Aux iles Malouines, le genre Cinclodes est représenté non seulement par le vrai Cënclodes fuscus (C. vulgaris Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 385, n° 13), mais encore par une espèce voisine, Cinclodes antarcuicus (Certhia antarctica Garnot, Ann. des Sc. nat., 1826; Furnarius fuliginosus Lesson, Zool. de la « Coquille », t. 1, p.670 ; Opetio- rhynchus vulgaris G.-R. Gray, ir Darwin, Voy. « Beagle », zool. Birds, p. 67; Cinclodes antarcticus Ph-L. Sclater, Proceed. Zool. Soc. Lond., 1860, p. 385, n° 14). Si l’on ajoute aux espèces ci-dessus mentionnées deux espèces du OISEAUX. B.67 Pérou et de la Bolivie, Cénclodes montanus (Uppucerthia montana d'Or- bigny et de Lafresnaye, Syz., p. 22, n° 4; d’Orbigny, Voy. Am. mérid., Os 1p 71 Rn00 MEN pl. LVI, fig. 1; Cinclodes montanus L. Tacza- nowski, Orn. du Pérou, &. Il, p. 108, n° 441) et Cénclodes palhatus (Cillurus palliatus Tschudi, Faun. per., p. 235, et pl. XVI, fig. 2; Cenclodes palliatus L. Taczanowski, Proceed. zool. Soc. Lond., 1874, p. 526, et Ornith. du Perou, t. 11, p. 109, n° 442), on obtient un total de huit espèces ou races pour le genre Crrclodes. Toutes ces formes appar- tiennent à la portion de l'Amérique méridionale située au sud de l'Équateur et quelques-unes d’entre elles s’avancent jusque sur les iles Malouines et la Terre de Feu. Toutes ont à peu près les mêmes mœurs et le même régime. Ce sont des oiseaux insectivores, se plaisant sur les plages ou dans les endroits rocailleux, courant avec une grande rapidité sur le sol et ne se perchant jamais. 97. UPUCERTHIA DUMETORIA. Uppucerthia dumetoria Is. Geoffroy et d'Orbigny, Ann. du Mus., p. 393 et 394. Uppucerthia dumetorum d'Orbigny et de Lafresnaye, Synops. Ao., t. [, p. 20. — J. Gould #2 Darwin, Voy. « Beagle », Zool. Birds, p. 66, et pl. XIX. Ochetorhynchus dumetorius H. Burmeister, Syst. Verz. der in La Plata- Staaten beob. Vogelarten, Journ. f. Ornith., 1860, p. 249, n° 90. Upucerthia dumetoria Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 324. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, n° 7, et Nom. Av. neotr., 1873, p. 62. — H. Hudson, On Patagon. Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 544, n° 19. — H. Durnford, Votes on some Birds observed in the Chuput Valley, Pata- gonia, Ibis, 1897, p. 35, et Notes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 399. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert » Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 9, n° 18. B.68 MISSION DU CAP HORN. L'Upucerthia dumetoria habite les régions stériles ou montagneuses de la République Argentine, du Chili et de la Patagonie. Dans cette dernière région, M. Lebrun et M. de Lartigue, officier du Volage, ont obtenu quatre individus de cette espèce, tués au mois de novembre à Missioneros et à Santa Cruz. L’un de ces oiseaux, une femelle, avait les yeux bruns et un autre, quoique de même sexe, les yeux jaunes; mais tous portent le même plumage, tous ont le bec à peu près de la même longueur et ne diffèrent pas des spécimens qui ont été envoyés de Pata- gonie, en 1831, par d’Orbigny et qui constituent les types de l'Upucer- thia dumetoria. Au contraire, Ch. Darwin a remarqué qu'un spécimen obtenu par lui à Coquimbo (Chili) avait le bec plus long de À de pouce qu'un spécimen provenant de Port-Désiré (Patagonie), et qu'un troi- sième individu provenant des bords du Rio Negro était intermédiaire entre les deux autres sous le rapport du développement des mandibules. De son côté, le D' Cunningham a tué à Possession Bay une Upucerthia à bec court, semblable au spécimen du Chili signalé par Darwin. On voit donc que, si, dans cette espèce, les dimensions des mandibules sont sujettes à certaines variations, ces variations ne sont en rapport ni avec le sexe des individus ni avec leur provenance, des oiseaux à bec court et à bec long se trouvant en Patagonie. Il paraît du reste, d’après les renseignements recueillis jadis par Latham et communiqués par M. Gray à J. Gould, que des modifications analogues s’observent chez le Cinclodes patagonicus. Une Upucerthia dumetoria femelle, tuée au mois de janvier 1879 à Coquimbo par le D' Coppinger, chirurgien de l’Alert, avait les pattes d’un rose grisâtre. Le 7 novembre 1876, M. H. Durnford a trouvé, dans la vallée de Chuput, un nid d'Upucerthia dumetoria, placé dans une excavation, au bord d’un marais desséché, et construit avec des herbes, garnies inté- rieurement de poils de Cavia aperea. Ce nid renfermait trois œufs, de couleur blanche, mesurant environ 3% de long sur 2°%,5 de large ct déjà fortement incubés. Il est donc parfaitement certain que l’Upu- certhia dumetoria se reproduit dans les régions australes de l'Amérique, mais rien ne prouve jusqu’à présent qu'elle visite la Terre de Feu. Je suis même porté à croire qu’elle ne séjourne en Patagonie que pendant OISEAUX. B.69 la belle saison et qu’elle se retire pour passer l'hiver dans le Chili et la République Argentine. 28. OXYURUS SPINICAUDA. Motacilla spinicauda Gmelin, Syst. Nat., 1788, t. I, p. 978. Synallaris Tupinieri Lesson et Garnot, Voy. de la « Coquille », Zool. Oiseaux, 1829, pl. XXIX, fig. 1. | Oxyurus spinicauda Reichenbach, Handb. spec. Ornith., 1854, t. I, p. 165, pl. DXXIIT. — Ph.-L. Sclater, On Chiliun Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 324. Oxyurus Tupinieri Cunningham, Lettre, Ibis, 1868, p. 125. Oxyurus spinicauda Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 187, n° 8. — Nomencl. Av. neotr., 1873, P. 62. — Birds of antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 433, n° 15. — Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, antarct. Amer., p. 102, n° 15. — R.-B. Sbarpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M.S. « Alert», Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 9, n° 19. Cette espece habite le Chili, les côtes de Patagonie et la Terre de Feu; mais, chose curieuse, manque ou du moins n’a pas été observée jusqu’à ce jour dans la Patagonie centrale. Elle a été rencontrée à Sandy Point, au mois de février 1867, par le D' Cunningham ; à Port Otway, à Porto Bueno et à Port Churrucha, dans les mois de décembre 1855 et de janvier 1876, par l’expédition du Challenger ; à Port Rio Frio et sur les bords du canal de la Trinité, au mois de février 1879, par le D' Coppinger, chirurgien de l’A/ert ; enfin sur les bords de la baie Orange par l'expédition française du cap Horn. Sur 18 spécimens rapportés par cette dernière expédition, il y en avait plusieurs qui portaient des indications circonstanciées que je crois devoir transcrire : Jeune mâle tué le 19 novembre 1882 : iris brun; bec noir; tarses d'un jaune verdâtre; estomac vide. Nom fuégien Tatsighachana. Ce jeune oiseau a été pris sortant du nid. Mâle tué le 11 décembre 1882 sur les branches d’un Fagus betu- B.70 MISSION DU CAP HORN. loides : iris d’un brun clair; bec noir; pattes d’un brun olive très foncé ; estomac renfermant des débris d'insectes. Mâles et femelles, tués les 9, 1 r et 24 janvier : mêmes renseignements que le précédent; estomac renfermant des restes de Dipteères. Mâle pris à la baie Orange, le 9 avril 1883, dans la chambre du bâtiment magnétique; mêmes caractères que le jeune mâle du 11 dé- cembre. Mâle tué à la baie Orange le 29 mai 1883 : iris brun; bec noir, avec les trois quarts postérieurs de la mandibule inférieure rougeûtres; tarses d’un brun olive. Quelques-uns des oiseaux obtenus par l’expédition du Challenger avaient aussi les yeux bruns ou noirs et renfermaient dans leur estomac des débris d'insectes. Le jeune oiseau tué le 19 novembre, au sortir du nid, ne diffère des adultes que par quelques plumes duveteuses émergeant encore, sur les côtés de la tête, du milieu du plumage normal et par ses pennes caudales à peine développées. Les adultes à leur tour ressemblent aux individus que le Muséum avait reçus précédemment du Chili (par M. Gay, en 1843); mais ils ont en général des teintes un peu plus rembrunies, du roux un peu moins vif sur le croupion et les pennes caudales, par suite sans doute de l’action d’un climat froid et humide. Les Fuégiens donnent à l’Oxyurus spinicauda le nom de Tatçigha- chana. 29. PYGARRHICHUS ALBIGULARIS. Dendrocolaptes albigularis King, Proceed. zool. Soc. Lond., 1830-1831, p. 30. Dendrodromus leucosternus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. I, Oiseaux, p. 82, et pl. XXVII. Pygarrhichus albigularis J. Cabanis et Heine, Mus. Hein., t. I, p. 34. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. sool. Soc. Lond., 1867, p. 324 et 33. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Ar. neotrop., 1873, p. 67. — Birds an- tarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 433, n° 14. — Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, ant. Amer., p. 103, n° 14. OISEAUX. B.71 — R.-B. Sharpe, Zoo!. coll. made during the Survey of 4. M.S. « Alert », Pro- ceed. zoo. Soc. Lond., 1881, p. 9, n° 20. Ch. Darwin assignait au Pygarrhichus albigularis (Dendrodromus leu- costernus) une aire d'habitat extrêmement restreinte. « L'île de Chiloë au Sud et quelques forêts voisines de Rancagua (localité située à 1° de Valparaiso) au Nord sont, disait-1l, les deux points extrèmes où l’on rencontre cette espèce, qui n'existe point dans la Terre de Feu. » Les découvertes récentes permettent de corriger sur ce point les rensei- gnements fournis par l’illustre naturaliste. Quatre spécimens de Pygarrhichus à gorge blanche ont été obtenus, en effet, par M. le D' Hahn sur les bords de la baie Orange, ainsi qu'à Packsaddle et à Pakewaya sur le canal du Beagle, au sud de la Terre de Feu, les 5 mai, 7 mai, 11 Juillet et 16 août 1883. Deux de ces oiseaux (mâles) avaient les tarses noirs, Le bec brun en dessus et blane sous la mandibule infé- rieure et les yeux bruns, tandis qu’un autre individu, de même sexe que les précédents, obtenu à Porto Bueno, en Patagonie, par l’expédi- tion du Challenger, avait les yeux gris. En revanche, un oiseau de même espèce, tué à Skyring Water par le D' Coppinger, au mois de mars 1880, avait les yeux noirs comme les spécimens de la Terre de Feu, le bec et Les pattes d’un brun de corne. Le Pygarrhichus albigularis parait être beaucoup moins répandu dans la Patagonie australe et surla Terre de Feu que dans les forêts de l'ile de Chiloë. Il se nourrit d’insectes et, suivant Darwin, a tout à fait les mœurs et les allures de notre Grimpereau. D’après M. le D' Hahn, les Fuégiens désignent cette espèce par le nom de Tatzicourouch . 30. SGYTALOPUS MAGELLANICUS. Magellanic Warbler Latham, Synops., IL, p. 464, n° 72. Sylvia magellanica Latham, /ndex Ornith., Ip 02S Motacilla magellanica Gmelin, Syst. Nat., 1788, p. 979. Platyurus niger Swainson, Zivo Cent and a quarter, p. 323. — Pucheran, Voy. au pôle Sud, Zoologie, 1. A, p. gr, et pl. XIX, fig. r. Scytalopus fuscus J. Gould, Proceed. zool. Soc. Lond., 1836, p. 89. B.72 MISSION DU CAP HORN. Scytalopus magellanicus G.-R. Gray, ër Darwin, Voy.« Beagle », Zool. Birds, 1841, p. 74. Scytalopus niger et S. fuscus Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ae., 1850, t. I, p. 206. Pteroptochos albifrons Landbeck, Wiegman’s Arch. /f. Naturg., 1855, p.273. Scytalopus magellanicus Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 385, n° 15, et 1867, p. 325. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 96. — Birds antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 433, n° 13, et Voy. of the « Chat lenger », Rep. on Birds, antarct. Amer., p. 102, n° 13. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 529, n° 329. Le Scytalopus magellanicus a été rencontré dans le nord du Pérou, à Tambillo et dans d’autres localités, par M. Stolzmann; dans le sud du Chili, près de Valdivia et de Colchagua, par MM. Philippi et Landbeck et à Talcahuano par MM. Hombron et Jacquinot, naturalistes de l’expé- dition française de l’Astrolabe et de la Zélee; à Chiloë, aux iles Chonos, aux iles Malouines, à Port-Famine, à Porto Bueno, à Isthmus Bay (Patagonie), par Ch. Darwin et par les naturalistes de l'expédition du Challenger; sur la Terre de Feu par Ch. Darwin, et sur cette dernière terre ainsi que dans les iles Hoste et Button par les membres de la Mission française du cap Horn. Sur trois spécimens rapportés par l'expédition anglaise du Chal- lenger, 1 y en avait deux (un mäle et une femelle tués le 8 ou le 9 jan- vier 1876 à Porto Bueno) dont l'estomac renfermait des débris d’in- sectes et qui avaient les yeux noirs, tandis que le troisième (un mâle tué le 10 janvier 1856 à Isthmus Bay) avait les yeux bruns. Parmi les spécimens, beaucoup plus nombreux (onze), obtenus par la Mission française, sept sont accompagnés des indications suivantes : Mâle tué le 26 octobre 1882 à la baie Orange. Individu tué le 15 décembre 1882, à la baie Orange, dans les buis- sons. Femelle tuée le 8 janvier 1883 dans la même localité : iris brun, bec d’un gris foncé; pattes jaunes. Individu pris par le chien (européen) de la Mission, à la baie Orange, le 18 mars 1885. OISEAUX. B.73 Mâle pris le 26 avril r883 dans la même localité et apporté par les Fuégiens : iris brun; bec noir; pattes couleur de corne blonde et un peu jaunûtre. : Mâle et femelle tués Le 29 avril et le 22 mai 1883, à la baie Orange (anse de la Forge) : iris d’un brun foncé; bec noir; pattes d’un jaune verdàtre foncé. Mâles tués le 14 juillet 1883 dans la baie du Dimanche ou du 1/ Juillet (ile Button) et à Packsaddle. De ces indications:il ressort d’abord que lé Scytalopus magellanicus se trouve aux époques les plus diverses de l’année dans les régions australes de l'Amérique et qu'il y est probablement sédentaire; ensuite que l'espèce peut offrir, dans la coloration des veux, du bec et des pattes, certaines variations individuelles, indépendantes du sexe. Les femelles de Scytalopus rapportées par la Mission française por- tent la livrée brune, rayée de roux et de noir, de certains Troglodytes, etles mâles ont les parties antérieures du corps d’un gris fuligineux, avec un peu de brun sur la nuque, et les parties postérieures, y compris les ailes, d’un brun roussâtre, orné çà et là de raies transversales fon- cées analogues à celles qui recoupent le plumage des femelles. Ils ont, en outre, d’une facon plus ou moins accusée, les plumes frontales lisérées de blanc argenté; en un mot, ils portent le même costume que le Pteroptochos albifrons Landb. et ils fournissent une nouvelle preuve à l’appui de l'identification, déjà faite par M. Sclater (Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 325), de la forme décrite par M. Landbeck et de la Sylera magellanica de Latham. Il est évident, en effet, que les Scyta- lopus mâles obtenus par l'expédition française sont des oiseaux qui n’ont pas encore atteint leur complet développement et qui retiennent sur leur plumage des restes de la livrée du jeune äâge, consistant en des teintes brunes, rousses et noires, disposées généralement sous forme de raies transversales. Or j'ai cru remarquer que plus ces teintes sont étendues relativement à la couleur schisteuse qui occupe le reste du corps, et par conséquent plus l'oiseau est jeune, plus les bordures blanches des plumes du front sont apparentes. II faut donc, je crois, considérer la plaque frontale blanche, signe caractéristique du Scytalopus où Preroptochos albifrons, comme une marque transitoire qui Mission du cap Horn, NI. B.10 B.74 MISSION DU CAP HORN. s’effacera avec l'âge, en même temps que les raies des flancs et des ailes, si bien que, dans sa livrée définitive, le mâle adulte du Scytalopus magellanicus offrira la teinte d’un gris schisteux noirâtre, uniforme, que M. Taczanowski a observée sur des spécimens du Pérou (Orrith. du Pérou, t. II, p. 29) et qui se rencontre aussi sur les deux oiseaux du Chili rapportés par MM. Hombron et Jacquinot. Il peut arriver, cepen- dant, que quelques taches blanches subsistent plus longtemps que d'ordinaire, et alors se produit la phase de plumage signalée par M. Gould chez son Scytalopus fuscus ( Proceed. zool. Soc., 1836, p. 89). Le Scytalopus magellanicus vit, suivant les régions, dans les forêts ou au milieu des broussailles à la façon de notre Troglodyte, dont il à les mœurs et les allures. Il court et sautille avec une grande rapidité à la poursuite des araignées et des insectes, en tenant sa queue relevée, et fait entendre de temps en temps un cri singulier. Son nid, placé dans un creux de rocher, renferme des œufs de forme arrondie et d’un blanc sale. Les Fuégiens le connaissent sous les noms de Toutou et de Toulou yakamouch (*). 31. TROGLODYTES HORNENSIS. Troglodytes hornensis Lesson, L’Znstitut, 1834, p. 316, et Voy. de la « Thétis », Zool., p. 327. Troglodytes magellanicus J. Gould, Proceed. zool. Soc. Lond., 1836, p. 88, et Darwin, Voy. « Beagle », t. IT, Birds, p. 74 (part.). — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1863, p. 321. —Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Third List of Birds collected during the Survey in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1850, p. 499, n°2. Troglodytes hornensis R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1881, t. VI, p A côté du Scytalopus magellanicus, qui ressemble au Troglodyte d'Europe par ses mœurs, mais qui se rapporte à un tout autre groupe, on trouve en Patagonie et dans la Terre de Feu un vrai Troglodyte dont (1) Le mot yakamouch désigne un sorcier ou guérisseur qui se blanchit les cheveux avant de commencer ses cérémonies et fait ici allusion à la tache blanche qui orne le front des jeunes Scytalopus. OISEAUX. B.75 la Mission française n’a pas obtenu moins de 16 spécimens, d’âges et de sexes différents. Quelques-uns de ces oiseaux étaient accompagnés des indications suivantes : Mâle tué à la baie Orange, le 25 octobre 1882. Femelles tuées à Punta-Arenas, le 11 novembre 1882 et en jan- vier 1883. Individu tué le ro décembre 1882, à la baie Orange, dans les buis- sons, à côté de l'emplacement d’un nid qui figure dans la collection. Mâles adultes et jeunes tués sur les bords de la baie Orange, le 11 dé- cembre 1882 : iris brun; bec noir teinté de jaune paille sur la mandi- bule inférieure; pattes couleur de corne blonde; estomac renfermant des débris d'insectes diptères. Mâle tué le 30 décembre 1882, dans la même localité: iris brun; bec noir; tarses d’un gris pâle, presque gris perle; estomac renfermant des débris d'insectes. Jeune mâle pris à la baie Orange, dans un nid, sur un buisson : mêmes caractères que les màles adultes du 30 décembre; estomac ren- fermant des débris d’insectes diptères. Un spécimen de Troglodytes hornensis avait été obtenu antérieure- ment à Sandy Point (ou Punta-Arenas), au mois de janvier 1869, par le D' Cunningham, et d’autres exemplaires provenant du Chili avaient été envoyés au British Museum par M. E.-C. Reed et au Muséum d'Histoire naturelle de Paris par M. Gay (1843) et par M. de la Narde (1879). J'avais d’abord, à l'exemple de mon ami R.-B. Sharpe, rapporté éga- lement au Troglodytes hornensis l'oiseau de Patagonie signalé par MAT. de Lafresnaye et d'Orbigny (Mag. de Zool., 1837, cl. Il, p. 25 )sous le nom de Troglodytes palhdus ; mais, après avoir examiné le type de cette espèce, qui figure encore, à l’état de dépouille non montée, dans les collections du Muséum, j'ai reconnu que ce n’était qu'une variété, à plumage pâle et décoloré, du Troglodytes furvus où musculus. Les dimensions de cet oiseau, sensiblement plus fortes que celles du Troglodytes hornensis, et surtout la longueur plus grande du bee ne me laissent aucun doute à l'égard de cette assimilation. Je suis donc B.76 MISSION DU CAP HORN. disposé à admettre que les Troglodytes signalés dans la vallée de Chuput et dans la Patagonie centrale par M. H. Durnford appartiennent bien au Zroglodytes furvus (") et que, par conséquent, MM. Ph.-L. Sclater et O. Salvin ont parfaitement raison d’attribuer (Nom. 4e. neotr., p.17) à cette dernière espèce une aire d'habitat s'étendant sur une grande partie de l'Amérique méridionale. Le Muséum d'Histoire naturelle de Paris possède d’ailleurs, outre le spécimen de Patagonie auquel je viens de faire allusion, de nombreux exemplaires de Troglodytes fureus provenant du Brésil (M. de Castelnau, 1844 et 1847), de la Bolivie (Yungas, La Paz et Sicasica, par M. d'Orbigny, 1834), de la République Argentine (Corrientes et Buenos Ayres, M. d’Orbigny, 1829) et même du Chili (Valparaiso, M. d'Orbigny, 1830). Il parait done y avoir dans cette dernière région, comme en Patagonie, deux espèces ou deux races de Troglodytes, Troglodytes furvus où musculus et T. hornensis. Cette dernière forme serait toutefois beaucoup moins largement répandue que l’autre, puisqu'elle ne dépasserait pas, au Chili, la hauteur de Men- doza etqu’elle fréquenterait surtout, en Patagonie, les parages du détroit de Magellan. Elle serait en revanche, à en juger par le nombre de spécimens obtenus par la Mission française, très commune à la Terre de Feu. Ch. Darwin, qui l’a du reste confondue avec le 7Zroglodytes Jurvus, nous apprend qu’elle niche au Chili, dans le courant d'octobre, et que son nid, placé dans une excavation de rocher, ressemble à celui de notre Troglodyte d'Europe. Si j'en juge par les documents que j'ai sous les yeux, dans les parages du cap Horn la nidification se fait deux mois plus tard; le nid est placé dans un arbre creux et les œufs ne ressemblent pas du tout à ceux du Troglodyte mignon. L'expédition française a rapporté en effet sept nids, dont six appartiennent certaine- ment au Zroglodytes hornensis et ont été recueillis à la baie Orange et à Oushouaia, sur les bords du canal du Beagle, le 15 novembre 1882, le 3 décembre et le ro décembre de la même année et le 10 janvier 1883. Le nid pris à cette dernière date renfermait déjà un jeune oiseau; celui du 10 décembre, trouvé dans un tronc d'arbre sous le vent, contenait des œufs près d’éclore, et les autres, recueillis dans les mêmes condi- (1) Zbis, 1877, p. 32, et 1878, p. 392. OISEAUX. B.77 tions, des œufs moins avancés. Or ceux-ci, au lieu d’être blancs, avec quelques points d’un brun rougeâtre au gros bout, comme ceux du Troglodytes europœus (Anorthura troglodytes Sharpe ex L. ), sont criblés sur un fond rougeàtre de nombreux points bruns, comme les œufs des Zroglodytes aëdon (ou domesticus ) et tessellatus dont le Muséum pos- sède quelques spécimens (!). Ils mesurent environ 17%" de long sur 132% de large et sont renfermés, au nombre de 6 ou 7, dans un nid grossièrement construit avec des herbes sèches, mais chaudement garni à l’intérieur avec des plumes de Passereaux (Cnclodes fuscus), d'Échas- siers (Gallinago Paraguaiæ) et de Palmipèdes (Micropterus cinereus ou M. patachonicus). D'après les renseignements fournis par M. le D' Hyades, le Troglo- dytes hornensis est connu des Fuégiens sous le nom de Zchuikh. 32. ANTHUS CORRENDERA. Alondra correndera d’Azara, Apunt., 1825, t. IL, p. 2. Anthus correndera Vieillot, VNoue. Dict. d’'Hist. nat., 1818, t. XX VI, p. 491, et Encycl. méthod., 1. À, p. 325. — D'Orbigny, Voy. dans l’Amér. mérid., 1834-1844, Zool. Oiseaux, p. 225. — J. Gould in Darwin, Voy. « Beagle », 1841, t. ILE, Bérds, p. 85. — G. Hartlaub, Zad. d’Azara, 1847, p. 10. — J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1859, p. 95. — Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 384, n° 9; 1867, p. 321 et 337, et 1872, p. 548 (note). — Abbot, Zbis, 1861, p. 153. — Hudson, Proceed. zool. Soc. Lond., 1853, p. 371. — Pb.-L. Sclater et O. Salvin, Vomencl. Av. neotr., 1873, p. 8. — H. Durnford, On some Btrds etc., Ibis, 1877, p. 32 et 168. — Notes on the (1) Cette différence dans la coloration des œufs pourrait fournir un argument en faveur de la distinction générique, admise par M. Sharpe, du Troglodytes europæus et des Tro- glodytes américains, si un œuf de Troglodyte de la Trinité faisant partie de la collection du Muséum n’offrait pas de nouveau les caractères des œufs de Troglodytes européens. B.78 MISSION DU CAP HORN. - Birds of Central Patagonia, Ibis, 1838, p. 392, et Exped.t6 Tucuman, Ibis, 1880, p. 424. Anthus correndera O. Salvin, Zbis, 1837, p. 32 (note). — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 458. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1885, t. X, p. 610. Le Pipi correndera, qui se trouve depuis les provinces méridionales du Brésil jusqu’au sud de la Terre de Feu et quis’avance même jusque dans les iles Malouines, dans la Géorgie australe et les Orkneys méri- dionales, est représenté, dans les collections formées par M. Lebrun et M. le D' Hahn, par trois individus mâles dont deux ont été tués, dans le cours des mois de janvier et de février 1883, à Punta-Arenas, tandis que le troisième a été obtenu, le 29 janvier 1883, à Oushouaia, sur les bords du canal de Beagle. Ce dernier individu avait les tarses d’un gris brunätre, la mandibule supérieure brune et la mandibule infé- rieure fauve. À en juger par les dates des captures, cette espèce se reproduit probablement chaque année sur la Terre de Feu et dans les parages du cap Horn, comme elle fait aux iles Malouines. Ses œufs, mesurant environ ro" sur 13%, sont {achetés de brun ou de roux sur un fond d’un blanc grisätre et sont déposés dans un nid très soi- gneusement construit avec des tiges et des feuilles de graminées. Les exemplaires rapportés par la Mission du cap Horn ne différent point de ceux qui avaient été envoyés précédemment au Muséum : de Patagonie par d'Orbigny en 183r, de la République Argentine (Buenos Ayres) par le même voyageur en 1820, du Chili par M. Gay en 1843, du Paraguay par M. Tamberlick en 1861 et du Pérou (Lima) par M. de Castelnau en 1847. Dans cette dernière contrée, les Pipis cor- renderas sont d’ailleurs, suivant M. Jelski, très nombreux dans les marais, où ils nichent probablement deux fois par an. D'après M. H. Durnford, ces oiseaux sont sédentaires dans la Pata- gonie centrale et se montrent particulièrement communs sur les col- lines et dans les vallées, où, pendant l’hiver, ilsse rassemblent en petites troupes; ils ne sont pas rares non plus dans les environs de Buenos Ayres, et c’est même de cette dernière région que provenaient Îles spécimens envoyés par M. Durnford et étudiés par M. Salvin. OISEAUX. B.79 De toutes les espèces de Passereaux, l’Anthus correndera est peut-être celle qui se rapproche le plus du-pôle austral, puisqu'elle a été signalée dans les Orkneys méridionales, par 61° de latitude Sud. Une autre espèce de Pipi, l'Anthus fuscatus, que d'Orbigny a décou- verte en Patagonie (de Lafresnaye et d'Orbigny, Syr. Av., 1837, p. 27, et d'Orbigny, Voy. Am. merid., Oiseaux, p. 227) et qui a été retrouvée plus tard par ce même voyageur en Bolivie (Cochabamba et Yungas, 1834), par Ch. Darwin dans la République Argentine et par Jelski au Pérou, ne figure pas dans les collections rapportées soit par l’expédi- tion française du cap Horn, soit par les expéditions anglaises du Chal- lenger et de l’Alert. Elle parait donc avoir une distribution géogra- phique moins étendue et s’avancer moins loin vers le Sud que l’Anthus correndera. Elle représente, dans l'hémisphère austral, notre Azthus arboreus, comme l’A. correndera représente notre A. pratensis (voir Darwin, loc. cit.). 33. TURDUS MAGELLANICUS. Turdus magellanicus King, Proceed. zool. Soc. Lond., 1830, p. 14. Turdus Falklandiæ (Q. et G.) d'Orbigny, Voy. Armér. mérid., 1835-1844, p. 202 (rec Quoy et Gaimard, Voy. « Uranie »). Turdus falklandicus Ch. Darwin, Voy. « Beagle », 1841, t. IE, Zoo!., Birds, p. 59 (part.). — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 320 (part.). — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, VNomencl. Ae. neotr., 1873, p. 2 (part.). — On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 431, n° 1 (part.). — Birds of antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 4371, n° 1 (part.), et Voy. of the « Challenger »; Rep. on Birds, antarct. Amer., p. 100, n° { (part.). Merula falklandica (Q. et G.) Cassin, Untt. St. Expl. Ezxped., Mamm. and Ornith., 1858, p. 197. Turdus magellanicus H. Durnford, Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 392. — H. Seebohm, Cat. B. Brit. Mus., t. V, Turdidæ, 1881, p. 223. — R.-B. Sharpe, Zoo!. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 3. B.80 MISSION DU CAP HORN-. Cette espèce, qui habite les iles de Mas Afuera et de Juan Fernandez, le Chili, la Patagonie ct la Terre de Feu, serait représentée aux iles Malouines, suivant M. Seebohm, par une espèce distincte, le Turdus falklandicus, qui aurait été généralement confondue avec le Turdus ma- gellanicus ; mais qui se distinguerait de celle-ci par son capuchon d’un brun chocolat, son manteau d’un brun roux très intense, légèrement lavé d'olive sur la croupe, son menton et sa gorge d’un brun roussâtre pàle marqués de stries moins distinctes et sa poitrine d’un roux plus vif. Des différences existent, en effet, entre les Grives des Malouines et celles du continent américain : j’ai pu m’en assurer en comparant le type même du Turdus Falklandiæ de Quoy et Gaimard (Turdus falk- landicus des auteurs modernes) avec de nombreux spécimens qui pro- viennent les uns du Chili, d’autres de la Patagonie, d’autres de la Terre de Feu, et qui ont été rapportés, envoyés ou donnés au Muséum par d'Orbigny, par M. Gay, par M. de la Narde, par M. Secbohm et par les membres de la Mission du cap Horn. Mais ces différences ne sont pas tout à fait aussi tranchées qu'on pourrait le croire d’après l’examen des figures du Turdus magellanicus et du Turdus falklandicus publiées par M. Seebohm (Cat. B. Brut. Mus., t. V, pl. XII et XIII), et le Turdus magellanicus offre en réalité des teintes plus brunes et moins verdâtres sur le manteau et sur la poitrine. Je crois donc qu'il est préférable de considérer le Turdus falklandicus comme une simple race locale du Turdus magellanicus. Une douzaine de spécimens de Turdus magellanicus ont été rapportés par l'expédition française du cap Horn. Parmi ces spécimens, qui dif- férent les uns des autres sous le rapport de l’âge et du sexe, je citerai les suivants : | 1° Mâle et jeune mâle tués au mois de janvier 1883, à Punta-Arenas, par M. Lebrun : yeux bruns. 2° Jeune mâle tué à la baie Orange par M. Hahn, le 1°* octobre 1882 : yeux bruns; bec d’un brun jaunâtre ; pattes jaunes. 3° Femelle tuée sur les bords de la baie Bon-Succès, au nord-est du canal du Beagle, par M. Hahn, le 29 octobre 1882. 4° Jeune mâle tué le gnovembre 1882, à Punta-Arenas, par M. Hahn. 5° Jeune femelle tuée au vol, près d’un buisson, sux les bords de la OISEAUX. B.81 baie Orange, le 30 novembre 1882 : yeux bruns, bec et pattes jaunes; estomac renfermant des débris d'insectes. 6° Mâle adulte obtenu le même jour, à la baie Orange, à l'entrée de la rivière de la Mission, dans un petit bois, offrant les mêmes couleurs d’yeux, de bec etde pattes que le spécimen précédent et ayant en outre la membrane de la base du bec colorée en jaune. 7° Jeune femelle tuée à la baie Orange, dans les buissons, au bord de l’anse aux Canards, le 25 décembre 1882, portant encore la première livrée avec des stries jaunes et des bordures noires sur les plumes dor- sales et des taches d’un brun noirâtre sur les plumes de la poitrine et de l’abdomen : yeux bruns; bee brun-noirâtre à la base, brun clair à l'extrémité, jaune sur les bords de la mandibule inférieure, surtout à la base, où la membrane du bec passe au jaune citron; pattes d’un brun clair en dessus, d’une teinte jaunàtre en arrière; estomac renfer- mant des baies et des fragments d’élytres de coléoptères. 8° Jeune mâle tué le 26 décembre 1882 : yeux bruns; bec et pattes jaunes; estomac renfermant des débris d'insectes diptères. 9° Femelles tuées par M. le D' Hahn le 27 décembre 1882, à la baie Orange : yeux gris, bec jaune. 1 10° Mâle tué le 7 janvier 1883, par le même naturaliste et dans la même localité : yeux bruns; bec jaunâtre; pattes brunes; débris de baies et d’élytres dans l’estomac. 11° Jeune mâle tué à la baie Orange, sur le sable au bord de la plage, le 8 janvier 1883: mêmes caractères que la jeune femelle tuée le 25 décembre, sauf que les couleurs du bec sont plus claires. (Les spécimens n° 5, 6, 7, 8 et 11 ont été obtenus et préparés par M. le D' Hyades et M. Sauvinet.) Le D' Coppinger, chirurgien du navire anglais /’Alert, a rapporté de son côté trois spécimens de Turdus magellanicus, savoir : 1° Un màle tué à Cockle Crove (détroit de Magellan) et ayant le bec et les yeux jaunes; 2° Une femelle adulte tuée dans la même localité, le r7 octobre 1879 : bec et pattes jaunes; yeux de couleur foncée; 3° Un mâle, encore jeune, tué à Tom Bay (détroit de Magellan) le 24 février 1879 : bec et pattes jaunes, ongles noirs. Mission du cap Horn, NI. B.rt B.82 MISSION DU CAP HORN. Quelques années auparavant, M. J. Murray avait obtenu également, dans le cours de l'expédition du Challenger, plusieurs spécimens de la même espèce dont voici l’'énumération : 1° Plusieurs mâles et femelles, tués à l’ile de Juan Fernandez du 13 au 15 novembre 1875 : yeux bruns; bec et pattes jaunes avec les pieds d’une teinte un peu plus foncée; 2° Mâle et femelle tués à Gray Harbour, Messier Channel, le 1° jan- vier 1876 : yeux bruns; estomac renfermant des baies; 3° Mâle et femelle tués à Port Churrucha : mêmes indications que les individus précédents. Trois de ces derniers individus étaient encore revêtus de leur pre- mière livrée et avaient les parties inférieures du corps criblées de taches noires, les plumes du dos rayées de fauve le long de la tige et marquées de noir à l'extrémité; ils offraient, par conséquent, exacte- ment la même phase de plumage que l'individu, précédemment cité, obtenu par la Mission française sur les bords de la baie Orange. Telle devait être aussi la livrée de la jeune Grive tuée, le 26 décembre 1866, à Sandy Point par M. le D' Cunningham. Il faut noter cependant que ce dernier oiseau avait les yeux bleus. Au contraire, les yeux étaient d’un brun couleur bois, les pattes et le bec d’un jaune orangé pâle chez une Grive de Magellan, tuée le 16 no- vembre 1877, dans la vallée du Sengel (Patagonie orientale), par M. H. Durnford. Je constaterai encore que le Muséum d'Histoire naturelle possède, depuis le mois de février 1831, deux spécimens de Turdus magella- nicus envoyés de Patagonie par d’Orbigny et que les collections du Musée britannique renferment un exemplaire de la même espèce, provenant de l'ile l’'Hermite (Expédition antarctique). Des renseignements qui nous sont fournis par les voyageurs français et anglais, de la comparaison des dates de capture et de l’étude des spécimens, on peut conclure : 1° que les Grives de Magellan sont très communes, au moins pendant les saisons correspondant à notre prin- temps et à notre été, c’est-à-dire d'octobre à février, dans les régions australes du continent américain, sur la Terre de Feu et sur quelques iles voisines; 2° qu’elles doivent nicher de très bonne heure, comme OISEAUX. B.S3 les Grives de nos pays, puisqu'on trouve, dès la fin de décembre, des jeunes capables de voler; 3° que la période de nidification doit se prolonger pendant un ou deux mois, puisque quelques jeunes indi- vidus tués au mois de février ne sont pas dans une phase de plumage plus avancée que des individus pris à la fin de décembre; 4° que les Grives de Magellan portent d’abord une livrée fortement tachetée, analogue à celle des jeunes Zurdus pallidus, les plumes du dos étant marquées d’une tache noire à l'extrémité et d’une strie jaune le long de la tige et Les plumes des parties inférieures du corps offrant des taches sombres de forme arrondie; mais que, dès leur premier âge, elles ont déjà les mêmes teintes générales que les adultes et présentent déjà des vestiges du capuchon brun; 5° que dans cette première phase les yeux sont d’un gris bleuâtre ou d’un bleu grisàtre, les pattes et le bec d’un bruu jaunàtre, tandis que chez l’adulte les veux sont bruns, le bec et les pattes d’un jaune assez vif. En revanche, je ne puis décider, d’après les documents que j'ai sous les veux, si la Grive de Magellan est sédentaire ou migratrice. M. See- bohm la croit sédentaire, et, à l’appui de cette opinion, on peut citer ce fait que des màles et des femelles de Turdus magellanicus ont été tués à l’île Juan Fernandez, c’est-à-dire à peu près sous le 33° degré de lati- tude Sud, au mois de novembre, précisément dans la même saison où d’autres individus étaient obtenus à la Terre de Feu; on peut ajouter encore que les habitants de la Patagonie ont affirmé à d'Orbigny que quelques couples de Grives des Malouines nichaient dans les bois de saules voisins du Rio Negro; mais, d'autre part, d'Orbigny a remarqué que l’espèce était particulièrement abondante en hiver sur les rives du Rio Negro, dans la Patagonie septentrionale, ce qui semble indiquer que beaucoup de Grives de Magellan quittent, à l'approche des grands froids, les parages du cap Horn et la Terre de Feu, où, comme je le disais tout à l'heure, elles sont très communes durant la saison d’été, pour venir s'établir dans des régions plus tempérées. J’ajouterai enfin que M. le D' Hyades pense que ces oiseaux ne séjournent que fort peu de temps dans les régions australes de la Terre de Feu. IT me fait observer à ce propos que ni M. Sauvinet ni lui-même n’ont rencontré dans ces régions les Grives de Magellan pendant la période comprise B.84 MISSION DU CAP HORN. entre le 15 janvier et le mois de novembre; tous les spécimens obtenus par la Mission à terre portent des dates correspondant aux deux der- niers mois de l’année ou au commencement de janvier. Les Fuégiens désignent cette espèce d'oiseaux sous le nom d’Afagikh. 34. ParyciLus Ga. Fringilla Gayi Eydoux et Gervais, Mag. de Zool., 18: Voy. de la « Favorite », 1. V, Zoologie, Oiseaux, 18 4, p. 27, pl. XXIIL, et CT ® I Chlorospiza Gayi Gay, Faun. chil., Zool., p. 356. Fringilla formosa J. Gould, Darwin, Voy. «Beagle», 1847, t. II, Birds, p.93. Phrygilus Gayi Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1850, t. 1, p. 475. Phrygilus Gayi Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 28. — Nom. Are. neotrop., 1873, p. 31. — Birds of antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 432, n° 3. — Voy. of the « Challenger », Rep. on the Birds, ant. Amer., P. 100, n°3. — R.-B. Sharpe, Zoo!. coll, made during the Survey of 4. M.S, «Alert», Pro- ceed. sool. Soc. Lond., 1881, p. 7, n° 3. — Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XII, p. 781. Phrygilus formosus R. Ridgway, Proceed. U. St. Nat. Mus., 1885, p. 432. On trouve dans les mêmes régions de l'Amérique du Sud, c’est-à-dire en Patagonie, au Chili et peut-être aussi au Pérou, plusieurs sortes de Phrygilus à ailes et à capuchon gris, à dos et à ventre jaunes. Deux de ces espèces, ou plutôt de ces races d’une même espèce, qui ont été nommées par MM. Eydoux et Gervais et par M. Gay Fringilla Gayi et Chlorospiza Aldunatei et qui ont été transportées plus tard dans le genre Phrygilus, ne different l’une de l’autre que par la taille et les nuances du plumage; il n’est donc pas étonnant qu’elles aient été fréquemment confondues et que certains auteurs aient appelé Phrygilus Gayi ce que d’autres ont nommé PA. Aldunat (ou Aldunatei), et vice versa. Ainsi, Ch.-L. Bonaparte a réuni les deux formes sous le nom de Phryguus Gayi, tout en mentionnant, dans son Conspectus Avium (p. 455), un Phrygilus formosus (Fringilla formosa Gould) qui n’est autre chose, M. Sclater s’en est assuré, que le Phrygilus Gayi (Fringilla Gayt Eyd. OISEAUX. B.85 et Gerv.). Tout récemment, M. Taczanowski a décrit cette dernière race ou espèce, Phrygulus Gayi, comme un oiseau d’assez forte taille, à la tête grise, aux ailes et à la queue variées de brun noirâtre et de gris, au corps d’un jaune olivâtre lavé de roux et aux sous-caudales blanches ('), tandis qu’il a dépeint le PA. Aldunatu comme un oiseau plus petit, au corps d’un jaune olivätre, tirant à peine au roussâtre sur le dos. Au contraire, dans l’article qu’il a consacré à ces deux espèces (Ibis, 1869, p. 285), M. Ph.-L. Sclater a nommé PA. Gayi la race ou espèce de petite taille, au corps d’un jaune orangé, aux sous-caudales blanches, et PA. Aldunati la race ou espèce de taille plus forte, au corps plus fortement teinté d’olivètre, au ventre entièrement blane (=). Je suis porté à croire que ce dernier ornithologiste est dans le vrai, et si je ne suis pas plus affirmatif à cet égard c’est que le type de la Frin- gilla Gayt n'existe pas et n’a probablement jamais existé dans les galeries du Muséum. Tous les spécimens de la collection publique éti- quetés Phrygilus Gayti et inscrits sous ce nom sur les registres ont été, en effet, donnés par M. Gay, de 1835 à 1843, et sont, par conséquent, postérieurs d’un an au moins à la description de MM. Eydoux et Ger- vais, et parmi les spécimens en peau de la même espèce il n’y en a qu'un seul qui soit antérieur à 1834 : c’est une femelle tuée à Coquimbo et donnée par M. Gaudichaud en mai 1832. Deux autres individus ont été rapportés de Port-Famine par l'expédition de l’Assrolabe et de la Zélee, en 1841. Je me suis même assuré, en recourant aux catalogues originaux, que les Phrygilus Gayi provenant de Valparaiso, auxquels MM. Eydoux et Gervais ont fait allusion dans la Zoologie du Voyage de la « Favorite » (p.46), n’ont pas été remis au Muséum. Dans le Catalogue de la collection donnée par M. Eydoux en r832, je n'ai trouvé men- tionné qu'un seul Gros-Bee, et ce Gros-Bec est indiqué comme originaire de Tasmanie. Comme l’a supposé M. Ridgway (*), c’est donc par erreur (1) Ce PArygilus Gayi de M. Taczanowski et de Tsehudi (Aaun. per., p. 218) parail être le PA. punensis de M. Ridgway (Proceed. U. St. Nat. Mus., 1887, p. 434), le Ph. Aldunatii subsp. punensis de R.-B. Sharpe (Cat. B. Brit. Mus., 1887, t. XII, p. 785). (2) Il faut évidemment, pour compléter la diagnose du Ph. 4ldunatii donnée par M. Scla- ter (Zbés, 1869, p. 286) ajouter le mot albo après les mols veztre toto. (3) Op. cit., p. 437. B.86 MISSION DU CAP HORN. que M. Sclater indique le type du Phrygilus Gayi comme se trouvant au Muséum, et l'oiseau examiné par ce savant ornithologiste doit être un spécimen qui a été rapporté par M. Gay en 1838, mais qui porte sous le plateau une date mal transcrite (1830). Les discussions à ce sujet n’ont pas d’ailleurs, à mon avis, une grande importance, car je suis persuadé qu'enayantsousles yeux une série nombreuse de Phrygilus on trouverait des formes de transition entre le PA. Gayiet le Ph. Aldunatü, comme il en existe entre ce dernier et le PA. atriceps (d’Orb. et Lafr.). M. Sharpe déclare en effet que les spécimens de Bolivie et du Pérou qu'il désigne sous le nom de PA. Aldunatu subsp. saturatus ressemblent au Ph. Aldu- nali var. punensis du Pérou, mais ont le capuchon d’un gris beaucoup plus foncé et le dos d’un brun orangé à peu près comme chez le PA. atriceps de Bolivie; 1l fait remarquer aussi que le PA. Aldunatuü subsp. punensis offre des ressemblances d’une part avec le P*. Aldunatü var. cariceps (Burm.) qui ne représente probablement qu'une livrée parti- culière du PA. Aldunati, de l’autre avec le PA. Gayr. I serait done fort possible qu'il n’y eût qu’une seule espèce de Phrygilus à tête grise ou noirâtre, à dos olivâtre et à poitrine jaune, et que cette espèce, répandue sur le Pérou, la Bolivie, le Chili, la République Argentine, la Patagonie et la Terre de Feu, offrit, suivant les régions, de légères différences de tatlle et de coloration. Quoi qu’il en soit à cet égard, je puis affirmer qu'à l'exception de quelques spécimens et entre autres de celui qui a été examiné par M. Sclater et qui porte le nom manuscrit de Phkryguus Aldunatit (?), tous les Phrygilus donnés par M. Gay au Muséum se rap- portent à la forme appelée Phrygilus Gayt par M. Gay et par M. R.-B. Sharpe. C'est également à cette race, de petite taille, qu'appartiennent treize spécimens qui ontété rapportés par l’expédition française du cap Horn, et dont voici l’énumération : Femelle tuée à Santa Cruz (Patagonie) par M. Lebrun, le 15 no- vembre 1882; Male tué sur les bords de la baie Banner, à l’entrée orientale du canal du Beagle, par M. le D' Hahn, le 23 novembre 1882 : yeux gris, bec gris perle foncé; OISEAUX. B.S7 Individu, de sexe indéterminé, tué à Oushouaïa, sur les bords du canal du Beagle, le 27 novembre 1882; Individu tué le 8 janvier 1883, sur les bords de la baie Orange; Mâle tué sur les bords de la baïe Lort, dans l'ile Hoste, le 15 jan- vier 1883; Mâle et femelle tués sur l’île Picton, à l'entrée du canal du Beagle, le 15 mars 1883 : yeux bruns; bec couleur de corne; pattes d’un gris foncé ; Femelle tuée le 21 janvier 1883, sur la plage, à la baie Orange : yeux bruns; bec brun; pattes couleur de corne blonde; estomac ren- fermant des baies de Berberis ilicifolia ; Femelle tuée le 13 mai 1883, dans un petit bois, à la baie Orange yeux d’un brun foncé; bec couleur de corne brune; pattes d’un brun verdâtre avec le dessous des doigts jaunâtres ; Femelle tuée le 25 mai 1883, dans la même localité : yeux d’un rouge brique; bec d’un gris noirâtre; pattes couleur de corne brune foncée ; Mâle tué le même jour, dans la même localité : même caractère que l’individu précédent; Mâle tué le 14 juin 1883, à la baie Orange, au sud de la Mission : yeux bruns; bec couleur de corne brune sur la mandibule supérieure, d’un gris perle foncé sur la mandibule inférieure, sauf à la pointe de celle-ci qui est couleur de corne brune; pattes d’un brun clair; Femelle tuée le r4 août 1883, par M. Hahn, sur les bords de la baie Banner, dans l'ile Picton. C'est encore au PArygtlus Gayi qu'ont été attribués, par M. Sharpe, les types du PA. formosus, obtenus par Ch. Darwin sur la Terre de Feu, un spécimen recueilli sur l'ile l’'Hermite par l'expédition antarctique anglaise, un mâle tué à Tom Bay, le 18 janvier 1879, par le D' Cop- pinger, chirurgien de l’Afert, et deux femelles tuées à Porto Bueno, au mois de janvier 1876, par les naturalistes de l’expédition du Chat lenger. Les yeux de ces femelles étaient rouges et leur estomac ren- fermait du sable et des débris de chrysalides. Quant au spécimen obtenu à Gregory Bay, le 13 mai 1867, par le D' Cunningham, il à été rapporté définitivement par M. Ph.-L. Sclater à la grande race PAry- gulus Aldunatrx. B.88 MISSION DU CAP HORN. Le Phrygilus Gayiest connu des Fuégiens sous le nom de Zachourh. I parait résider pendant toute l’année dans la Patagonie australe, sur la Terre de Feu et les iles avoisinantes, car les spécimens rapportés par la Mission française ont été pris aux époques les plus diverses; cepen- dant, comme je n’ai pas eu entre les mains d’œufs, de nids ou de jeunes individus, je ne puis affirmer que ces Gros-Becs se reproduisent au sud du 5o° degré de latitude. Je constaterai seulement que beaucoup d'individus capturés par MM. Hyades, Hahn et Sauvinet, sont en plu- mage de noces et sont indiqués comme ayant eu les yeux d’un rouge brique plus ou moins vif, couleur analogue à celle que M. L. Tacza- nowski attribue, d’après les notes de M. Jelski, aux yeux des mâles adultes de la race qu'il appelle Phrygilus Gayt (Ph. Aldunatü var. punensis Ridgw.). 39. PHRYGILUS FRUTIGETI. Emberiza fruticeti Kittlitz, Xüpfertaf. Vog.. pl. XXII, fig. r. Emberiza luctuosa Eydoux et Gervais, Mag. de Zool., 1836, Oiseau, pl. LEXXL et Voy. de la « Favorite », 1. V, 1839, Oiseaux, p. 5o et pl. XIX. — De Lafresnaye et d'Orbigny, Synops. Ae., p. 80, n° 18. Fringilla fruticeti J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », t. II, Birds, p. 94. Phrygilus fruticeti Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1850, t. I, p. 476, n° 995, 1. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. z0ool. Soc. Lond., 1867, p. 322. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 185. — Nom. A6. neotr., 1873, p. 31: — W.-H. Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1852, Dar — H. Durnford, Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1872, p. 393. — R.-B. Sharpe, Zoo!. coll. made during the Survey of H.M.S. « Alert», Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1881, n° 4. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, t. HI, 1886, p. 57, n° 946. Cette espèce habite, d’une façon plus ou moins constante, le Pérou, le Chili, la Bolivie, la République Argentine et la Patagonie, mais ne OISEAUX. ; B. [2] 9 franchit probablement pas le détroit de Magellan, ce qui nous explique qu'elle ne soit pas représentée dans les collections formées par le D' Cunningham, par les naturalistes du Challenger, par M. le D' Hyades et M. Sauvinet, ou par M. le D' Hahn, tandis qu'elle se trouve dans les collections recueillies par le D' Coppinger et par M. Lebrun sur les côtes du Chili et de la Patagonie. Dans cette dernière région même, le Phrygilus fruticeti paraît être irrégulièrement distribué ou être plus ou moins commun suivant les saisons. Ainsi Darwin déclare que les oiseaux de cette espèce, qu’il a observée dans le nord du Chili et dans la Cordillère du Chili central, à une élévation de 8000 pieds au moins, près de la limite supérieure de la végétation, sont beaucoup moins répandus dans la Patagonie méridionale où ils se montrent en petites troupes de 6 à ro individus, dans les vallées couvertes de broussailles. M. Hudson nous apprend que ces Passereaux sont très communs sur les bords du Rio Negro, aux environs de Carmen, mais qu’ils deviennent beaucoup plus rares le long du cours supérieur du fleuve. Enfin M. H. Durnford a remarqué que, dans la vallée de la Chuput (ou Chupat), ils se tiennent constamment dans le voisinage de l’eau et sont particulière- ment communs au printemps et en été. Le 20 septembre 1877, ce voyageur a trouvé sur les coteaux, dans le voisinage de la colonie de Chuput, un nid de Phrygilus fruticeti qui renfermait deux œufs, d’un vert pâle, tout couverts de stries et de taches d’un brun chocolat foncé. Le nid, placé au milieu d’un buisson épais, à un pied du sol, était formé de brins de laine, de plumes, de fleurs de graminées artistement entrelacés. Une dizaine de Phrygilus fruticett ont été tués et préparés par M. £ebrun et M. de Lartigue, officier du Volage, à Santa Cruz et à Missioneros, dans les mois de novembre et de décembre 1882. Ces oiseaux avaient les yeux d’un brun foncé, le bec et les pattes jaunes, comme un mâle tué à Coquimbo, le 25 août 1879, par le D' Coppinger, tandis que les individus tués par M. H. Durnford dans la Patagonie centrale avaient les yeux d’un brun boss, le bec couleur de chair, avec la pointe des deux mandibules et toute la mandibule supérieure d’une teinte foncée, et les pattes d’une couleur de chair tirant au rougeûtre. Par leurs dimensions et par leur plumage, les spécimens obtenus Mission du cap Horn, NI. B.r2 B.90 MISSION DU CAP HORN. par M. Lebrun ne diffèrent pas, en général, des spécimens que le Muséum possédait antérieurement et qui ont été pris en Patagonie et en Bolivie (La Paz) par d'Orbigny, en 183r et 1834, au Chili par M. de la Narde (1879) et par M. Gay (1843), et dans la vallée de Santa Anna par MM. de Castelnau et Deville. Parmi ces derniers spécimens se trouve cependant une femelle, provenant du Chili, chez laquelle les côtés de la tête et la gorge sont d’un blanc presque pur (albinisme partiel). 36. PHRYGILUS XANTHOGRAMMUS. Chlorospiza xanthogramma G.-R. Gray, Darwin, Foy. of the « Beagle », Zoo- logy, t. UT, Birds, n° 96 et pl. XXXIII. Melanodera xanthogramma Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1850, t. I, p. 470, n983,.1- — J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 95. Phrygilus xanthogrammus Ph.-L. Sclater, Catal. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. 3001. Soc. Lond., 1860, p. 385, n° 12. La Chlorospiza (?) xanthogramma de Gray appartient certainement, comme M. Sclater l’a reconnu, au genre Phrygilus et se place tout à côté de l’Emberiza melanodera de Quoy et Gaimard ( Voy. de l « Uranie », Zool., t. 1, p. 109, et Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. II, Birds, p- 95 etpl. XXXIT) ou Phrygilus melanoderus de Sclater. Elle ressemble beaucoup à cette dernière espèce, mais s’en distingue facilement, moins facilement cependant qu'on ne pourrait le supposer d’après l'examen des planches du Voyage du « Beagle ». En effet, en comparant à la planche qui représente le Phrygilus xanthogrammus |Chlorospiza (?) xantho- gramma | plusieurs spécimens qui ont été rapportés par l'expédition française du cap Horn et qui appartiennent évidemment à cette espèce, je trouve que les parties supérieures du mâle ne sont pas toujours d’une teinte aussi verte et aussi uniforme que sur la figure; souvent toute la région comprise entre le vertex et la naissance de la queue est fortement glacée de gris, de même que les flanes et la partie antérieure des ailes, de telle sorte que l'oiseau n’est plus, comme le dit la des- OISEAUX. B.91 cription (p. 96) et comme Île représente la figure, en majeure partie d’un vert olive tirant au grisâtre et très légèrement mélangé de roux, mais d’un gris clair nuancé, de vert. Ce n’est guère que chez un individu rapporté par M. Lebrun que je trouve le manteau coloré comme sur le spécimen décrit et figuré par M. Gray. D'un autre côté, la teinte jaune qui borde le front et entoure la tache gulaire noire, tout en étant aussi vive que sur la planche, est moins tranchée dans la nature, plus fondue sur ses bords et passe graduellement à la teinte grise ou verte du sommet et des côtés de la tête et de la poitrine; la teinte jaune qui couvre les flancs est aussi moins nettement définie; quelques raies noires extrêmement fines qui occupent le rachis des plumes dorsales ont été également omises par le dessinateur, qui, de même que l’auteur de la description, me paraît avoir mal indiqué le mode de coloration des rectrices externes. Sur tous les spécimens que j'ai examinés, ces pennes, en effet, sont Jaunes sur la plus grande partie de leur longueur et blanches seulement vers l'extrémité; elles ont la tige d’abord noire, puis blanche, et présentent en outre deux légères taches grises ou noi- râtres situées l’une sur la marge externe, l’autre sur la marge interne, près de la pointe. C’est done à tort que l’oiseau a été décrit et repré- senté par M. Gray comme ayant les pennes caudales externes blanches (cauda cinerascenti nigra, plumis externis albis; the tail greyish black, œith the outers tail feathers hate). Dans la description de la femelle, qui n’a pas été figurée par M. Gray, je relève aussi certaines différences avec les spécimens que j'ai sous les yeux. D'après M. Gray, en effet, la femelle aurait les parties supé- rieures du corps d’un blanc brunâtre avec une tache brune au milieu de chaque plume, et la tête et la gorge de teintes plus pâles. Or, les femelles rapportées par la Mission française sont, en dessus, d’un brun rougeâtre, largement strié de noir avec les côtés de la tête d’un brun plus clair, tirant au fauve, mais également striés, de même que la gorge, dont la teinte fondamentale est un blane sale. Chez deux autres spécimens de la même collection qui sont indiqués comme étant des femelles, mais que je crois plutôt être de jeunes mâles, les parties supérieures sont d’un brun moins franc, plus forte- ment nuancé de jaune, et les parties inférieures d’un jaune olivâtre, B:92 MISSION DU CAP HORN. avec de nombreuses stries semblables à celles du dos, du sommet et des côtés de la tête; enfin, les pennes caudales externes ne sont marquées de blanc que sous leurs barbes internes et offrent en dehors un étroit liséré jaune, tout le reste de la plume étant brunûtre. Du reste, en comparant à la pl. XXXII de la Zoologie (Oiseaux) du Voyage du « Beagle », les types mêmes de l’Emberiza melanodera (Q. et G.) qui font encore partie des collections du Muséum d'Histoire natu- relle, je constate des différences analogues. Le mâle capturé dans les iles Malouines par MM. Quoy et Gaimard a les parties supérieures du corps d’une teinte moins pure, plus fortement mélangée de roux et de gris, le capuchon moins nettement dessiné, les flancs lavés de roux brunûtre, les rectrices externes d’un jaune moins vif avec un peu de blanc vers l'extrémité. L'autre spécimen provenant du même voyage et décrit par MM. Quoy et Gaimard comme la femelle de l’Emberiza melanodera diffère encore davantage de la femelle décrite et figurée par Gray : il a, en effet, les parties supérieures du corps et la poitrine moins nette- ment mouchetées, la gorge irrégulièrement maculée de brun, surtout au milieu, le ventre teinté de jaune verdàtre et les flancs brunûtres. Mais est-ce bien une femelle? J'en doute et, à en juger par la teinte jaunâtre de l’abdomen et des petites couvertures des ailes et par les taches brunes de la gorge qui représentent probablement les premiers vestiges du rabat noir de l’adulte, je crois avoir plutôt affaire à un jeune mâle. Voyons maintenant si, pour ce qui concerne le Phrygilus xantho- srammus, l'étude des onze spécimens rapportés par la Mission fran- aise permet d'expliquer les dissemblances que je viens de signaler. Sur l'étiquette de quelques-uns de ces spécimens et sur les Catalogues des voyageurs, j'ai relevé les indications suivantes : 1° Individu de sexe indéterminé, sous le nom de Pinson de mon- tagnes, tué à la baie Orange, dans les Sentry Boxes, à une altitude de 450", le 7 décembre 1882; 2° Mâle et femelle tués le même jour dans la même localité; 3° Femelle tuée Le 1° janvier 1883 dans la même localité ; 4° Individu de sexe indéterminé tué le même jour dans la même localité ; OISEAUX. B.93 5° Mäles et femelles (cinq) tués le 17 juillet 1883 dans l'ile Vauver- landt, par M. le D' Hahn; 6° Mâle et femelle tués à Oazy Harbour au mois de juin 1883, par M. Lebrun. L'un de ces derniers individus, le mâle, est, commeje l'ai dit plus haut, le seul qui réponde par son plumage à la description et à la figure publiées par M. Gray; or cet individu a été tué au mois de juin, c’est- à-dire à la fin de l'automne; au contraire, la plupart des mâles à livrée fortement teintée de gris ont été tués au mois de juillet, c’est-à-dire en hiver, et si un individu tué au mois de janvier, c’est-à-dire au commen- cement de l'été, porte à peu près le même costume, il a cependant déjà la gorge et les lores d’un noir franc, le milieu du ventre d’un jaune vif et la tête fortement nuancée de vert. J’en conclus que la livrée verte et jaune représente le plumage de noces du mâle, que cette livrée n’ap- parait qu'assez tard, au printemps, qu'elle subsiste jusqu’à la fin de l'automne et que pendant l'hiver elle est remplacée par une livrée grise. D’après les dates des captures, je crois aussi pouvoir affirmer que le Phrygilus xanthogrammus séjourne pendant la plus grande partie de l’année, sinon pendant toute l’année, dans la Terre de Feu et dans la Patagonie méridionale. Il doit même s’y reproduire comme il le fait aux îles Malouines, où il est très commun et forme de petites troupes en se mêlant parfois à des individus de l’espèce melanoderus. 37. DIUCA GRISEA. Fringilla diuca Molina, Æist. nat. Chili, p. 221. — Kitulitz, Mém. Acad. Pétersb. 1831, p. 192, pl. II. — EF. Eydoux et P. Gervais, Mag. de Zool. 1837, pl. LXIX, et Voy. de la « Favorite », t. V, 1839, Oiseaux, p. 44 et pl. XVII. Emberiza diuca d'Orbigny et de Lafresnaye, Synops. av., part. I, p. 77, n° 12. Diuca diuca Ch.-L. Bonaparte, Consp. av., 1850, t. I, p. 476, n° 99%, r. Diuca grisea Ph.-L. Sclater, Cat. amer. Birds, 1862, p. 111, n° 669 et On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 332 et 337, n° 14. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Third List of Birds collected during the Sur-- B.94 MISSION DU CAP HORN-. vey of the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1850, p. 499 et Nomencl. Av. neotr., 1873, p. 31. — R.-B.: Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H.M.S.« Alert», Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 7, n° 6. Je rapporte sans hésitation à cette espèce un oiseau (mâle) qui à été pris à Missioneros (Patagonie) au mois de novembre 1882 par M. Lebrun, et qui ne se distingue par aucun caractère essentiel des einq spécimens du Chili que le Muséum avait reçus précédemment de MM. Gay et d'Orbigny. Deux de ces derniers oiseaux ont, il est vrai, le manteau plutôt brun que gris et les parties inférieures du corps d’une teinte plus claire que le spécimen de Missioneros; mais ce sont là des différences sans importance qui doivent dépendre du sexe et de la saison. Deux spécimens de Diuca grisea ont été obtenus également à Co- quimbo (Chili) par le D' Coppinger, chirurgien de l’A/ert, au mois de juin 1879 et à Ancud (ile de Chiloë) par le D' Cunningham au mois de novembre 1868. L'espèce parait être plus rare en Patagonie qu’au Chili et ne descend probablement pas jusqu’à la Terre de Feu. 38. DIUcA MINOR. Diuca minor Ch.-L. Bonaparte, Consp. av., 1850, (. 1, p. 476, n° 99h, 3. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, VNomencl. Av. neotr. 1873, p. 31. — H. Durnford, Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1858, p. 393. La Diuca minor, qui peut être considérée comme une race naine de la Diuca grisea, doit être fort rare en Patagonie, seule région de l’'Amé- rique du Sud où cette forme ait encore été signalée : le Muséum d'histoire naturelle de Paris n’en possède en effet que deux spécimens, savoir le type même de l'espèce envoyé de Patagonie par d'Orbigny en février 1831 et une femelle tuée aux environs de Santa-Cruz, à la fin de l’année 1882 par M. Lebrun. De son côté, M. H. Durnford n’a pu se procurer et n’a même eu l’occasion de voir qu’un seul exemplaire de Diuca minor, à Tombo Point, le 31 décembre 1877. OISEAUX. B.95 39. ZONOTRICHIA CANICAPILLA. Zonotrichia canicapilla J. Gould. Darwin, Voy.ofthe « Beagle », Zool., t. VI, P- 91. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straiüts of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. r85 et 1869, p. 284. Zonotrichia pileata Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Third List of the Birds collec- ted during the Survey of the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1870, p. 499. Zonotrichia canicapilla H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 33. — Ph.-L. Sclater, Zbis, 1877, p. 46 etpl. I. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Birds of Antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 432, n°5, et Voy. ofthe « Challenger », Rep. on Birds, Ant. Arner., p. 101, n° 5. — R.-B. Sharpe, Zool. Coll. made during the Survey of H. M.S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 7, n° 5. La Zonotrichia canicapilla de Gould, dont l’expédition française du cap Horn n’a pas rapporté moins de douze spécimens, n’est probable- ment qu’une race locale de la Z. pileata Bodd. qui est extrêmement répandue dans toute l'Amérique tropicale, depuis le Guatemala jusqu’au sud du Chili et de la République Argentine. Suivant M. Ph.-L. Sclater (Ibis, 1877, p. 465), qui d’ailleurs a longtemps hésité à admettre la validité de cette prétendue espèce, la Zonotrichia canicapilla ne se distinguerait guère à l’âge adulte de la Z. pileata que par ses pattes un peu plus grêles et par le dessus de sa tête d’un gris uniforme, sans le moindre vestige de bandes latérales noires. Or, en examinant une très nombreuse série de spécimens que possède le Muséum d'histoire natu- relle et qui proviennent de l'Amérique centrale, de la Colombie, du Brésil, du Chili et de Patagonie, j'ai remarqué que les bandes latérales sont loin d’être également prononcées chez tous 1es exemplaires que l’on a coutume d'attribuer à la Z. pieata. Vres accusées chez divers spécimens obtenus au Guatemala par M. Bocourt, en Colombie par MM. Lindig et Fontanier et au Pérou (Arica) par d'Orbigny, ces bandes B.96 MISSION DU CAP HORN. sont irrégulières et incomplètes en arrière chez un spécimen du Chili donné par M. Hénault; elles sont plus réduites encore chez un individu envoyé de Valparaiso par d’Orbigny; chez deux individus tués en Patagonie par le même voyageur elles ne sont plus représentées que par deux lignes interrompues par quelques taches isolées; enfin parmi les spécimens rapportés par la Mission française, les uns n’offrent plus que deux ou trois taches noirâtres sur la nuque, tandis que les autres ont le dessus et le derrière de la tête d’un gris pur comme l’exem- plaire figuré par M. Sclater. Quelques-uns des spécimens obtenus en Patagonie et à la Terre de Feu par MM. Lebrun, Hyades, Hahn et Sauvinet étaient accompagnés des dates et des renseignements suivants : Mäle tué à Missioneros en septembre 1882; Mâle tué à Missioneros le 24 octobre 1882; Mâles et femelles tués dans les parages de la baie Orange, à 180" d'altitude, le 15 septembre 1882; Très jeune mâle pris à Punta-Arenas, le 9 novembre 1882; Très jeune individu pris sur les bords de la baie Orange, le 5 décem- bre de la même année; Spécimens, de sexe indéterminé, tués à la baie Orange, le 11 dé- cembre 1882. Mâle tué dans les mêmes parages le 10 décembre 1882; yeux bruns; bec d’un gris brunâtre; pattes d’un gris pâle. Jeune mâle tué à la baie Orange sur un buisson, le 30 décem- bre 1882 : bee gris brun, plus clair en dessous qu’en dessus; tarses d’un gris pâle, iris brun; cire d’un gris noirâtre; estomac renfermant des baies. Mâle tué le 15 juin sur les bords du Rio Gallegos (Patagonie); yeux bruns. La présence dans cette collection de deux tres jeunes oiseaux pris à Punta-Arenas et sur les bords de la baie Orange et d’un nid conte- nant trois œufs, recueilli à Oushouaïa (canal du Beagle), au commen- cement de novembre 1882, confirme les renseignements fournis par Darwin et M. Durnford, et montre que la Zonotrichia canicapilla se reproduit sur la Terre de Feu et en Patagonie. Dans cette dernière OISEAUX. B.97 région, ou toutau moins dansla vallée de la Chuput, suivant M. Durnford, l'espèce est d’ailleurs aussi commune que le Moineau dans notre pays, et se montre non seulement dans les champs, mais jusque dans les vil- lages. Elle niche au milieu des herbes et des broussailles, et le nid dont j'ai sous les yeux un spécimen authentique (sans compter deux spécimens que je n’attribue qu'avec une certaine réserve à la même espèce) est construit avec des herbes grossières et tapissé à l’intérieur d'herbes plus fines. Il renferme trois ou quatre œufs qui mesurent environ 0,022 sur 0,013 et qui sont d’un vert pâle avec desstries et des taches brunes ou rougeûtres, plus ou moins confluentes au gros bout. Par leurs marques moins nettes, plus confuses et de couleur plus claire, ces œufs différent un peu de ceux de la Zonotrichia pileata, tandis que le nid est exactement semblable à celui de cette dernière espèce. Quant aux jeunes, comme M. Selater l'avait déjà constaté et comme j'ai pu m'en assurer, ils ne peuvent être distingués de ceux de la forme tropicale. Quelques spécimens et des œufs de Zonotrichia canicapilla avaient été capturés par Darwin à Port-Désiré (Patagonie) et sur la Terre de Feu; d’autres ont été pris par M. Durnford dans la vallée de la Chuput (Patagonie centrale), par le D' Cunningham à Punta-Arenas, en Jan- vier 1860, par les naturalistes de l’expédition du Challenger dans les mêmes localités, du r4 au 17 janvier 1876, et par le D' Coppinger à Puer- to-Bueno, en novembre 1879. L'individu provenant de cette dernière localité avait les yeux bruns, le bec noir et les pattes d’un gris clair, et les spécimens rapportés par l'expédition du Challenger étaient deux jeunes femelles dont l'estomac renfermait des débris d'insectes. Les Fuégiens donnent à la Zonotrichia caricapilla Ve nom de Tcha- moukh. Une autre espèce du même genre, le Zonotrichia strigiceps Gould (Voy. « Beagle », Zool., t. I, p.92, et Ph.-L. Sclater, bis, 1877, p. 47 et pl. I, fig. 2), beaucoup plus distincte, a été découverte par Darwin à Santa-Fé (République Argentine), mais est restée jusqu'ici extré- mement rare dans les collections. 1818 Mission du cap Horn, NI. B.98 MISSION DU CAP HORN. _ 40. PseunocaLoris LEBRUNI, 206. sp. M. Lebrun a fait parvenir en 1883 au Muséum un Pseudochloris mâle qu'il avait tué quelques mois auparavant, en novembre 1882, à Missio- neros (Patagonie), et que je ne puis rapporter à aucune des espèces précédemment connues du genre Pseudochloris. Chez cet oiseau en effet, dont la dépouille laisse beaucoup à désirer sous le rapport de la conservation, mais qui paraît complètement adulte, les parties supé- rieures, c’est-à-dire la tête, le dos et les petites couvertures des ailes, sont en effet d’un jaune olivàtre, comme chez le Pseudochloris lutea (Sycalis lutea Lafr. et d'Orb.; Crithagra chloropsis Bp.) de Bolivie et du Pérou, mais les pennes primaires et les rectrices externes sont ornées d’un liséré jaune qui passe rapidement au gris à partir du tiers ou de la moitié de la longueur de la plume, et les pennes secondaires sont largement bordées de gris, comme chez le Pseudochlorisuropy gialis(Syca- lis uropy gialis Lafr. et d’Orb.; Crithagra Pentlandi Bp.) de Bolivie. C’est avec cette dernière espèce d’ailleurs que le Sycaks de Missioneros a le plus d’affinités; mais chez le Ps. uropygialis, comme chez le Ps. luteo- cephala Lafr. et d'Orb., le dos est gris, plus ou moins nuancé de bru- nâtre. Chez le Ps. aureiventris Ph. et Landb., le dos est d’un jaune oli- vâtre nuancé de gris et strié de brun, et les ailes sont brunes avec des lisérés plus clairs; enfin chez le Ps. pratensis Cab., comme chez le Ps. citrina Pelz., les rectrices externes sont marquées d’une grande tache blanche, le dos étant d’ailleurs fortement rayé de noir. J'ajouterai que le Pseudochloris de Missioneros a le bec relativement plus fort que le Ps. uropygials et le Ps. luteocephala, et les pennes secondaires relativement moins allongées que le Ps. lutea, ce qui m’em- pêche de considérer ce spécimen comme un individu de l’une ou de l'autre de ces deux espèces, revêtu d’un plumage anormal ou d’une livrée particulière. Quoique j'hésite un peu à me prononcer d’après l'examen d'un seul exemplaire, je crois done que le Sycalis envoyé de Patagonie par M. Lebrun peut être le type d’une espèce nouvelle que je proposerat d'appeler Sycalis Lebrun et que je caractériserai en ces termes : OISEAUX. B.99 PseupocaLoris LEBRUN, noP. sp. Ps. uropygtali affinis, sed dorso et alarum tectricibus minoribus capili concoloribus, virescentibus distincta. Long. tot. 0,150; alæ 0,085, caudæ 0,060, tarsi 0,019, rostri(a fronte) 0,010. Typ. Mas, oculs fuscis. D'après les indications de M. Lebrun, c’est à cette espèce qu’appar- tiendrait un uid, obtenu en Patagonie, dans la même région. Ce nid, qui est fait de radicelles et d'herbes sèches grossièrement entrelacées et dont l’intérieur est tapissé d’une épaisse couche de laine, entremêlée de poils (de Rongeurs?) et de erins, renfermait deux œufs, l’un brisé, l’autre intact, à coquille d’un bleu pâle parsemée, principalement au gros bout, de nombreux points brunâtres et grisätres. Le grand axe de l'œuf mesure 0",023 etle petit axe 0",018, et les dimensions sont sen- siblement supérieures à celles des œufs de Zonotrichia canicapilla et de Zonotrichia pileata dont le Muséum possède des spécimens qui sont d’un bleu pâle piqueté de brun rougeûtre. 41. CHRYSOMITRIS BARBATA. Fringilla barbata Molina, Saggio sulla Storia nat. del Chile, p. 243. Chrysomitris campestris Gay, Faun. Chil., 1847, p. 352. — J. Gould in Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. ILL, Birds, p. 89. Chrysomitris barbata Philippi, Wriegm. Arch., 1860, part. I, p. 28. Chrysomitris marginalis Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1850, t. L., p. 513. — Cassin, Gilliss’s U. S. N. A. Exp., t. IL, p. 181 et pl. XVII. Chrysomitris magellanica (err.) Ph.-L. Sclater, On Birds from the Falk- land Islands, Proc. zool. Soc. Lond., 1861, p. 46, n° 2. Chrysomitris barbata Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proc. zool. Soc. Lond., 1867, p. 322 et 338. — PI.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits, etc., Lbrs, 1868, p. 185, p. 189, n° 3, et Third List, Ibis, 1870, p. 499. — Nom. Av. neotr., 1873, p. 34. : Cette espèce de Tarin, qui habite l'Équateur, le Pérou, la Bolivie, la B.100 MISSION DU CAP HORN-. République Argentine, la Patagonie, la Terre de Feu et les îles Malouines, était représentée, dans les collections recueillies par les membres de la Mission du cap Horn, par neuf spécimens portant les indications suivantes : Mâle tué le 7 novembre 1882 à Punta-Arenas (détroit de Magellan). Cinq mâles tués au mois de janvier 1883, dans la même localité, yeux bruns. Mâle tué le r4 juin 1883 à la baie Orange, dans le sud de la Mission : iris brun; bec corne brune sur la moitié antérieure de la mandibule supérieure, corne blonde sur la moitié postérieure de celle-ci et sur les quatre cinquièmes postérieurs de la mandibule inférieure; tarses d’un brun noirâtre. Femelle tuée en même temps que l’individu précédent : iris brun; bec corne blonde sur la moitié postérieure de la mandibule supérieure, corne brune sur la moitié antérieure de celle-ci, avec une tache d’un blanc d’argent sur les parties latérales, vers le milieu du bec, plus prononcées du côté droit; tarses d’un brun marron foncé. Mâle tué le 15 août 1883 sur les bords de la baie Banner, dans l'ile Picton. Ces spécimens offrent les plus grandes ressemblances avec une paire de Chrysomitris barbata envoyée du Chili par M. Reed et acquise par le Muséum d'histoire naturelle; les mâles cependant sont, en général, plus brillamment colorés, et l’un d’eux se distingue particu- lièrement par la vivacité des teintes de sa livrée : sa calotte est d’un noir profond; son rabat noir se prolonge jusque sur la poitrine et tranche sur la couleur jaune intense des parties inférieures; les bandes de ses ailes sont très accusées, ete. Or, fait digne de remarque, cet individu, qui rappelle notre Tarin d'Europe en plumage de noces, a été tué vers le milieu du mois d'août, c’est-à-dire pendant l'hiver antarc- tique, dans la saison correspondant à celle où notre Chrysomutris spinus porte au contraire une livrée rembrunie. Deux mâles de la même collection n’ont encore ni ecalotte, ni rabat noirs et sont probablement des jeunes âgés d’un an. Un màle commençant à prendre la livrée définitive de son sexe avait été envoyé de Patagonie au Muséum par d’Orbigny, dès le mois de OISEAUX. B.101 février 1831, et une femelle aux yeux noirs, au bec et aux pattes d’un brun verdâtre avait été obtenue à Port-Famine par MM. Hombron et Jacquinot, naturalistes attachés à l'expédition de l’Asérolabe et de la Zélee. Deux individus encore jeunes pris à Gregory Bay le 19 mai 1887 et deux spécimens, capturés à Ancud (Chili) et à Punta-Arenas en janvier et en novembre 1869, figuraient d’autre part dans les collections for- mées par le D' Cunningham; quelques spécimens avaient été obtenus par Darwin à Valparaiso au mois de septembre et dans les forêts de la Terre de Feu au mois de février, de 1832 à 1836. Enfin, dans les collec- tions formées par le capitaine Abbott aux iles Malouines et étudiées par M. Sclater en 1861, se trouvait la dépouille d’un Tarin à gorge noire tué au mois de septembre 1860. Cet oiseau faisait partie d’une bande de cinq ou six individus, les seuls Chrysomatris barbata que M. Abbott ait eu l’occasion d'observer aux îles Malouines. Il paraîtrait cependant que l'espèce est très commune sur l'ile Keppel, à une soixantaine de milles au nord-ouest des Malouines. Des renseignements que je possède il résulte que le CArysomuris barbata se rencontre sur la Terre de Feu non seulement au mois de février, comme le dit Darwin (‘), mais à d’autres époques de l’année et même en hiver. Il ne doit cependant pas être très commun dans ces régions australes, puisque plusieurs voyageurs ne l'ont pas rencontré et que les Fuégiens le confondent avec le Phrygilus Gayt sous le nom de Tachourh. Peut-être faut-il admettre que si certains individus de cette espèce sont sédentaires en Patagonie et sur la Terre de Feu, beaucoup d’autres émigrent au Chili, au Pérou et en Bolivie à l'ap- proche des grands froids. 49, CURÆUS ATERRIMUS. Turdus curæus Molina, Æist. Nat. Chili (1782), p. 345. Sturnus aterrimus Kittlitz, Mém. Acad. Sc. Saint-Pétersb., 1835, p. 467 et pl. IT. (!) Foy. of the « Beagle », Zoology, t: NI, Burds, p. 47. B.102 MISSION DU CAP HORN. Psarocolius curæus Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ae.,1850, t. I, p. 425. — Cassin, Gidiss's U. St. Exped., t. I, p. 178 et pl. XV. Curæus aterrimus Ph.-L. Sclater, Cat. Am. Birds, 1862, p. 139. — On Chi- lian Birds, Prooc. zool. Soc. Lond., 1867, pp. 323 et 338. — Zbrs, 1884, p. 21. Cat. of the Birds of the Brit. Mus., 1886, t. XI, p. 354. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Second List of Birds collected during the Sur- vey of the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 283. — Nomencl. Av. neotr., 1873, p. 38. — Birds of Ant. Amer., Proceed. 3001. Soc. Lond., 1878, p. 432, n° 6, et Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, Antarct. Amer., p. 101, n° 6. ‘s — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 7, n° 8. Une vingtaine d'exemplaires de cette espèce ont été rapportés par la Mission française du cap Horn. Ils proviennent des localités sui- vantes : Baie Orange (bords de la riviere de la Mission, fond de l’anse aux Canards; plage du canal Shopenham, dans l’Anse mauvaise, ete.), 21 et 26 septembre; 17 et 26 octobre; 24 et 51 décembre 1882; 1* et 14 jan- vier, 10,23 et 26 mars; 10 avril et 12 mai 1883. Ile Gable ou Gabel, 17 mars et 31 avril 1883. Punta-Arenas, 22 mai et 7 juin 1883. Baie Wollaston, 18 juin 1853. Tous ces individus, parmi lesquels on compte un peu moins de femelles que de mâles, paraissent bien adultes et avaient l'iris brun foncé ou noir, le bec et les pattes noirs; l’estomac de quelques-uns d’entre eux renfermait soit des débris d'insectes, soit du gravier et des fragments de petits Crustacés appartenant à des espèces communes sur les plages. Les mêmes renseignements sur la couleur des yeux, du bec et des pattes et sur le contenu de l'estomac accompagnaient trois spécimens (màles) obtenus à Gray Harbour le 3 janvier 1875 par les naturalistes du Challenger, à Isthmus Bay et à Tom Bay (Magellan), le 11 janvier el le 6 mars 1879, par le D° Coppinger ('). Ce dernier naturaliste a (1) Dans le catalogue des Ictéridés du Musée britannique, dressé par M. Sclater, les deux spécimens rapportés par le D' Coppinger sont indiqués comme venant de True Bay. OISEAUX. B.105 rapporté en outre un œuf de Curœus aterrimus, malheureusement brisé, qui était de couleur blanche et mesurait r pouce + sur # de pouce anglais. Un individu de la même espèce avait été pris antérieurement le 26 novembre 1867 au cap Negro (Patagonie) par le D' Cunningham, et deux autres, provenant de Port-Famine (Magellan), avaient été rap- portés en 18/41 au Muséum par l'expédition de l’Astrolabe et de la Zelee. Je crois encore pouvoir attribuer au Curæus aterrimus les Troupiales noirs (Black Icterus) observés par le D' Cunningham à Sandy Point et à Port-Famine ('). A en juger par le nombre de spécimens, originaires du Chili, que possèdent le Briush Museum et le Musée de Paris, les Curœus ater- runus doivent être également très répandus au Chili; mais jusqu’à présent on n’en a point signalé dans la République Argentine. D’après les dates des captures mentionnées ci-dessus, ces oiseaux, auxquels les Fuégiens donnent le nom de Tetapou, doivent séjourner pendant la plus grande partie de l’année dans toute la Patagonie australe et sur la Terre de Feu. S'ils quittent cette région, ce doit être seule- ment pendant deux ou trois mois, de la fin de juin au milieu de sep- tembre. 43. TRUPIALIS MILITARIS. Sturnus militaris Linné, Montissa, 19771, p. 527. Sturnus loyca Molina, Æist. nat. Chili, édit. 1, 1782, p. 345. Étourneau des terres magellaniques Daubenton, PL. enl. de Buffon. n° 113. Sturnus albiflorus Boddaert, Table des PL. enl., 1983, p. 3. Sturnella militaris Vieillot, Encycl. méthod., p. 635. — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool, t. III, 1841, Bérds, p. 110 et List of Birds from the Falkland Islands. Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 94. — Ph.-L. Sclater, Proceed. 5001. Soc. Lond., 1860, p. 385 et 1867, pp. 323 et 338, n° 22. — Abbott, Zbis, 1861, p. 153. 1) Zbis, 1868, p. 126. B.10% MISSION DU CAP HORN. Sturnella militaris Cunningham, Zbis, 1868, p. 126. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 185 et p. 186, n°4. — Nom. Av. neotr., 1873, p- 38. — Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond. 1872, p. 548, n° 12. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 38, et Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 394. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M.S.« Alert», Pro- ceed. zool. Soc. Lond. 1881, p. 7, n° 7. Trupialis militaris Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1850, t. I, p. 420. — Ph.-L. Sclater, Species of the fam. Icterid, Ibis, 1884, p. 23, et Cat. B. Brit. Mus., t. XI, 1886, p. 356. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. IT, p. 428. Le Troupiale militaire habite une grande partie de l'Amérique australe. Sur la côte occidentale ilremonte, d’après Darwin, jusqu'à la hauteur de Lima et sur la côte orientale jusqu’au 31° degré de latitude sud, et il se trouve aussi dans l'archipel des Malouines, mais il ne franchit probablement pas le détroit de Magellan. Les naturalistes français attachés à la Mission à terre ne l’ont, en effet, pas observé pendant leur longue station à la baie Orange, et les huit spécimens mâles et femelles de cette espèce obtenus par l'expédition du passage de Vénus ont été pris par M. Lebrun sur les bords de l’Aroyo Moreno, près de Santa-Cruz et à Missioneros, du 19 septembre au 22 no- vembre 1882, et par M. le D' Hahn à Punta-Arenas, le 14 février 1883. Dans cette dernière localité, les Troupiales militaires, que les colons d’origine espagnole désignent sous le nom de Petche ou Pescho colo- rado, étaient assez communs lors du passage de M. Hahn : il paraît du reste, d’après les renseignements fournis par M. Durnford, qu'ils sont au nombre des oiseaux les plus répandus de la Patagonie, et qu'ils se trouvent presque toujours dans le voisinage immédiat des cours d’eau. Le spécimen obtenu par M. Hahn avait le bec noir en dessus, blanc en dessous; ceux qui ont été recueillis par M. Durnford, le bec d’un brun corné foncé avec la mandibule inférieure plus elaire, les pattes d’un gris pâle avec les ongles d’une teinte plus sombre. OISEAUX. B.105 D’autres Troupiales militaires ont été tués par le D' Cunningham, près du Cap Possession, au mois de janvier 1867, par M. Hudson sur les bords du Rio Negro et par le D' Coppinger à Peckett Harbour (Magellan) le 4 janvier 1879. Enfin, des nids et des œufs de cette espèce ont été trouvés dans les iles Malouines par le capitaine Abbott, dans la vallée de la Chuput, le 4 novembre 1896, par M. Durnford, et à Gregory Bay, au mois de décembre 1867, par le D' Cunningham. Un de ces nids, décrit par M. A. Newton, mesurait à l'extérieur plus de 5 pouces anglais et 3 pouces environ à l’intérieur, et était artistement construit avec des racines et des tiges de graminées; il renfermait des œufs longs de r pouce + sur - et offrant des taches et des lignes d’un brun rougeàtre, avec une sorte de nuage de même couleur, mais plus clair, sur une portion considérable de leur surface. Il n’y a d'ordinaire que deux œufs par nid, et le nid est généralement placé près de la rive d’un fleuve ou sur le bord d’un ruisseau, au milieu d’une touffe d'herbe des Pampas. 44. Tinamonis Incourt, sp. noë. (Z27, n). Tinamotis ». sp. T. Pentlandi digttorum numero, corporis structura ros- | trique forma similis, sed tarsorum scutellis inferioribus latis plumarumque coloribus et lineamentis valde diversa, remigibus unicoloribus intense rujis, pennis secundariis rufis, vix nigro signatis, vertice albo et fusco striato, collo cinerascente, nigro striato et vittis quatuor albis adornato, corporis el alarum parte superiore cinereis lineamentis et maculis fuscis, rufis albisque signatis, rostro fusco-olivaceo, pedibus plumbeis, oculis flavrs. Long. tot. 0",400; long. alæ 0®,205, caudæ 0%,050, tarsi 0,032, digili medii (sine ungue) 0®,029, rostri (culm.) 0®,023. Dans une des premieres collections envoyées par M. Lebrun au Muséum se trouvait une femelle adulte de Tinamou, tuée aux environs de Santa-Cruz (Patagonie) le 18 octobre 1882. Des le premier abord, cet oiseau m'avait paru différent de tous les oiseaux du même groupe que j'avais eus sous les yeux, et en l'étudiant je n’ai pas tardé à recon- naitre : 1° qu'il appartient au genre Tinamotis par la forme de son bec, la disposition de ses narines, le nombre de ses doigts et la struc- Mission du cap Horn, NI. B.14 B.106 MISSION DU CAP HORN. ture de ses pattes, quoiqu'il ait la partie inférieure des tarses garnie en avant de cinq larges écailles superposées remplaçant les écailles polyédriques qui existent chez le Tinamotis Pentlandi; 2° qu'il ne pouvait être rapporté à la seule espèce connue du genre Tinamous, au Tinamotis Pentlandi Vig. de la Bolivie et du Pérou. En effet, chez le Tinamotis Pentlandi, dont le Muséum pessède deux individus cap- turés à La Paz (Bolivie) par d’Orbigny, en 1834, la tête et la nuque sont rayées de brun sur fond roux, la gorge est d’un blanc sale et les côtés du cou sont ornés de deux raies blanchâtres (quatre en tout) assez mal définies; le corps et le dessus des ailes sont couverts de plumes qui, pour la plupart, sont rayées transversalement ou du moins marquées de taches allongées dans le sens perpendiculaire à l’axe, mais dont la teinte de fond varie suivant les régions, les plumes dor- sales étant d’un brun plus ou moins glacé de gris avec des raies trans- versales d’un fauve rougeàtre, les plumes du croupion et les sus-cau- dales d’un vert olivâtre avec des raies transversales interrompues ou des taches latérales jaunâtres, les plumes des côtés et la poitrine et les couvertures des ailes colorées et marquées comme celles du dos, les plumes du sternum blanchâtres avec des zébrures foncées, celles des flancs d’un roux presque uniforme, les rémiges et les pennes secondaires brunes avec des raies ondulées d’un fauve rougeñtre. Au contraire, chez le Tinamotis Ingoufi, le sommet de la tête est brun, rayé de blanc et de fauve, et la nuque grise, rayée de brun; les côtés du cou sont ornés de deux raies blanches (quatre en tout) très nettes, quoique striées légèrement de brun; la gorge estblanche, mouchetée de brun; les plumes du dos et du croupion sont grises, avec un liséré blanc et une tache centrale brune ou rousse, bordée elle-même de jaunâtre ou de blanc ou recoupée par des raies claires, disposées en chevron; les plumes de la poitrine et de l'abdomen et les couvertures alaires d'une teinte grise plus franche, mais offrant le même dessin que les plumes dorsales, les rémiges et les pennes secondaires d’un roux ardent, ces dernières avec quelques taches brunes. La découverte de cette espèce permet de reculer de plus de 10 degrés vers le sud la limite inférieure de l'aire d'habitat du genre Tinamotis, fixée jusqu'ici au niveau du 4o° degré. OISEAUX. B.107 45. ATTAGIS MALUINA. La Caille des Isles Malouines Daubenton, PL. ent. de Buffon, 1750, pl. COXXII. Tetrao maluinus Boddaert, Table des PI. enl., 1983, pl. COCXXII. Tetrao falklandicus Gmelin, Syst. Nat., 1788, t. I, p. 762. Attagis falklandica G.-R. Gray, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. IE, 18/1, Birds, p. 117. Attagis falklandicus Ch.-L. Bonaparte, Tabl. des Gallinacés, C. R. Ac. Sc., 1856, t. XLIII, p. 420, n° 120. Attagis malouina Ph.-L. Sclater, On Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1861, p. 46, n°3. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, n° 27. — Vomencl. Av. neotr., 1873, p- 1/44. M. Sclater est disposé à rapporter à cette espece un Aagis qui a été rapporté par le capitaine Abbott des Malouines orientales il y a une trentaine d'années. D’après Darwin, l’Atragis maluina ne serait pas rare non plus sur les montagnes de l'extrémité méridionale de la Terre de Feu, où elle se trouverait par paires ou en petites troupes, dans la zone des plantes alpestres, immédiatement au-dessus de la zone forestière. Elle a été observée au mois de mai 1867, à Sandy Point, sur la rive septentrionale du détroit de Magellan par le D' Cunningham, enfin elle a été rencontrée sur les hauteurs voisines de la baie Orange par les naturalistes attachés à la Mission française qui ont obtenu et préparé une vingtaine d’Attagis mâles et femelles. Un de ces spécimens, tué le 1% octobre 1882, à 400% d'altitude, avait, d’après M. le D' Hahn, les yeux d’un brun foncé et les pattes grises, teintées de jaunâtre. Deux autres mâles tués par le même voyageur, le 7 décembre 1882, à 450 et à 500" d'altitude, en même temps que des jeunes figuraient dans la collection sans être accompagnés d'indications de couleurs. Au contraire, pour d’autres individus, M. le D' Hyades me fournit les renseignements suivants : « Mâle tué le 18 décembre 1882 à la baie Orange, près d’une mare, dans les montagnes, au sud de la Mission, à 100" environ d’al- B.108 MISSION DU CAP HORN. titude, en mème temps qu’on prenait à la main trois femelles qui furent gardées vivantes pendant deux jours dans le laboratoire d'Histoire naturelle de la Mission. Ces quatre sujets présentaient les mêmes carac- tères : iris brun; bec d’un brun noirâtre; pattes d’un gris blanchätre. » Un couple d’Attagis ou Perdrix des montagnes fut encore abattu d’un coup de fusil à la baie Orange, le 1° janvier 1883, par M. le D' Hahn, et de leur côté M. le D' Hyades et M. Sauvinet tuërent le 16 mars 1883, sur les Sentry Boxes, à la baie Orange, à une altitude 45o" à 5oo, onze Attagis des deux sexes, offrant les mêmes caractères que le spé- cimen mâle du 18 décembre. L’estomac d’un de ces oiseaux renfermait des herbes et du gravier fin. Au contraire, aucun spécimen d’Attagis maluina ne figurait dans les collections rapportées par les expéditions anglaises de l’Alert et du Challenger, et, comme d’autre part MM. Hudson et Durnford ne font pas mention de cette espèce dans leurs Catalogues des Oiseaux de la Pata- gonie, on peut supposer qu’elle est cantonnée et probablement séden- taire dans l’archipel des Malouines, sur les bords du détroit de Magel- lan et sur la Terre de Feu, où elle doit nicher de très bonne heure, presque au sortir de l'hiver, puisqu’un spécimen tué le 18 octobre 1882 par M. Sauvinet porte encore du duvet sur la gorge et sur la nuque. L’Atagis maluina est connue des Fuégiens sous le nom de Toulara- bambeul. Elle se distingue facilement des autres espèces du même genre, À. GayiGeolf. et Less. du Chili, A. Latrerllei Less., de Bolivie et A. chimborazensis Sel. de l'Équateur par les teintes et par le dessin de son plumage. Ainsi les parties supérieures du corps sont beaucoup plus foncées en couleur que chez l'Attagis Gayi; l'abdomen est d’un blanc pur au lieu d’être d’un roux cannelle comme dans cette dernière espèce (dont le Muséum possède le type) et dans l’Atagis chimbora- zensis (Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 82). 46. THINOCORUS RUMICIVORUS. Thinocorus rumicivorus Eschscholtz, Zoo!. Atl., pl. II. Thinocorus Eschscholtzii (Geoffroy) Lesson, Cent. 50ol1., pl. L. Thinocorus Swainsoni Lesson, Z{{ust. Zool!., pl. XVI. OISEAUX. B.109 Thinocorus rumicivorus J. Gould, Darwin, Voy.«Beagle», Zool., Birds, p. 1137. — Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. II, p. do. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. :0ol. Soc. Lond., 1867, p. 337, n° 339. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, n° 98, et 1869, p. 284, n° 18. — Third List, Ibis, 1870, p. 499, n° 22. — Nomencl. A6. neotr., 18973, p. 144. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1857, p. 42, et Notes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 403. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. III, p. 283, n° 116%. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. I, p. 176, n° 393. Cette espèce habite le Pérou, le Chili, la République Argentine et la Patagonie, mais n’a pas encore été signalée au sud du détroit de Magellan. En Patagonie, elle doit être fort répandue, car elle a été observée d’abord par Ch. Darwin dans les plaines voisines de Santa- Cruz, par 50 degrés de latitude sud ; ensuite par le D' Cunningham à Peckett Harbour au mois de mars 1867, à Gregory Bay le r2 décembre de la même année, et à Sandy Point au mois de mars 18069; puis par M. H. Durnford qui l’a rencontrée communément dans la vallée de la Chuput et sur les plateaux voisins et qui a obtenu d’abord des œufs de cette espèce au mois d'octobre et ensuite des jeunes au mois de mars; enfin par M. Lebrun, à qui nous devons sept exemplaires de sexes et d’âges différents de Thinocorus rumicivorus, plus deux œufs recueillis aux environs de Santa-Cruz, à la lagune de la Lionne et à Missioneros, en octobre et novembre 1882. Parmi les oiseaux tués par M. Lebrun se trouve un très jeune individu, dont les pennes alaires ne sont pas encore complètement poussées. Il est done bien établi que les Thino- cores se reproduisent régulièrement au mois d'octobre ou de novembre dans le centre etle sud de la Patagonie et que cette première portée est quelquefois, sinon toujours, suivie d’une seconde, quelques mois plus tard. Dans cette région ces oiseaux sont sédentaires, selon M. Durnford, tandis que dans le nord de la Patagonie, d’après M. Hudson, ils émigrent à l'approche de l'hiver du côté du nord et ne reviennent qu’en avril. B.110 MISSION DU CAP HORN. Les œufs, singulièrement volumineux par rapport à l'oiseau, mesu- rent 0,033 sur 0,022 et sont de forme ovoido-conique. Ils sont d’un gris ou d’un jaune verdâtre très clair, avec de très nombreux points bruns qui se rapprochent pour former une couronne au gros bout. Leur couleur n’est donc pas exactement celle que Darwin avait indiquée d’après les renseignements qui lui avaient été fournis (!). Chez les individus adultes tués par M. Lebrun, les yeux étaient de couleur brune, le bec était probablement noir, avec les bords de la mandibule supérieure et la mandibule inférieure tirant au rose clair, et les pattes étaient sans doute jaunes, avec les ongles noirs, comme chez les Thi- nocores tués au Pérou par MM. Stolzmann et Jelski. L’estomac de ces derniers oiseaux renfermait des graines de graminées mélangées à du sable. Darwin nous apprend de son côté qu’il n’a trouvé le plus sou- vent, dans le gésier des nombreux Thinocores dont il a fait l’autopsie à Maldonado, que des fragments de quartz, des débris de feuilles et de l'herbe hachée menu, et qu’une seule fois il a découvert une Fourmi au milieu d’une masse de semences, dans l'estomac d’un oiseau de même espèce, tué un peu-plus au sud et dans une autre saison. On peut donc affirmer que les Thinocores sont des oiseaux essentielle- ment herbivores et granivores. D’après Darwin, comme d'après M. Durnford, si ces Échassiers nichent dans le voisinage de l’eau, ils fréquentent en temps ordinaire les plateaux arides, en petites troupes de six à quarante individus. Au vol ils rappellent les Bécassines, mais sur le sol ils ont les allures des Cailles, ou plutôt, comme le dit M. Durnford, celles des Sanderlings. C’est en Patagonie qu'ont été capturés, en 18371, par d'Orbigny, les types du Zhinocorus Eschscholizu de Geoffroy Saint-Hilaire, espèce qui a été assimilée plus tard au Th. rumicivorus d'Eschscholtz et qui se distingue facilement par sa taille plus faible et par son mode de colo- ration du TA. Orbignyanus (Geoff. et Less.) du Chili (Gay, 1831 et 1836), du Pérou et de Bolivie (d’Orbigny, 1834), dont le Muséum pos- sede également les types. (1) Suivant ce naturaliste, les œufs seraient bleus, tachetés de rouge (7oy. « Beagle », loc. cit., p. 118). Ceux que j'ai sous les yeux sont au contraire exactement semblables à ceux qui ont été décrits par M. Durnford (Zbis, 1878, p. 403). OISEAU X- B.111 47. Cnaraprius (EUDROMIAS) MODESTUS. Gharadrius modestus Lichtenstein, Ver:z. Doubl., 71. Tringa Urvillii Garnot, Ann. des Sc. nat., 1826, t. VII, p. 46. Charadrius rubecula King, Zoo!. Journ., 1828, IV, p. 96. Vanellus cinctus Lesson, Manuel d'Ornith., 1820, t. I, p. 300. — Lesson et Garnot, Voy. de la « Coquille », Zool., t. I, p. 720, pl. XLIII. Squatarola cincta Jardine et Selby, Z{lust. Ornith., pl. CX. — J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1859, p. 95. Vanellus modestus Burmeister, Syst. Ueb. Thier Bras., 1854-1856, t. TI, p.363. Eudromias Urvillii Ph.-L. Sclater, Catal. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 386, n° 18. Eudromias modesta Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 33r et 330. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Onthe Birds collected in the straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, n° 29, et Third List, 1870, p. 500, n° 26. — Vomencl. Av. neotr., 1873, p. 143. — Birds Antarct. Amer., Pro- ceed. sool. Soc. Lond., 1878, p. 438, n° 39, et Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, Antarct. Amer., p. 109, n° 39. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M.S.« Alert», Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 15, n° 59. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith.,1880,t. 11, p.171,n°388. Eudromias modestus H. Durnford, Votes on the Birds of central Patagonia, Tbis, 1878, p. 402. Charadrius modestus H. Sechohm, The geogr. Distrib. of the Charadrüde, 1888, p. 109. La présence de cette espèce de Pluvier a été constatée dans la République Argentine, au Chili, en Patagonie, aux iles Malouines (') et (1) Les Charadrius modestus arrivent dans l'archipel des Malouines au mois de sep- tembre, c'est-à-dire dans les premiers jours du printemps austral et en repartent en avril, c'est-à-dire en automne (Seebohm). Les grandes troupes d'oiseaux de cette espèce que M. Durnford a vu arriver, par un vent violent de sud-est, au milieu d'avril, dans la vallée de la Chuput et qui étaient composées en majeure partie de jeunes individus, venaient évidemment des Malouines. B:112 MISSION DU CAP IORN. sur la Terre de Feu, en un mot dans toute la région située au sud du 30° degré. En Patagonie, le Charadrius modestus doit être très commun, . au moins pendant le printemps et l’été, car de nombreux spécimens ont été obtenus dans cette contrée par d’Orbigny en 1834, par le D' Cunningham à Sandy Point au mois de décembre 1866 et au mois de mars 1867, à Peckett Harbour en janvier 1867, par les naturalistes du Challenger à Gray Harbour, à Tom Harbour, à Puerto-Bueno et à Port-Famine du 3 au 13 janvier 1876, par M. l’amiral Serres dans les environs de Port Churrucha en 1877, par le D' Coppinger à Port Henry le 28 Janvier 1879, à Tom Bay et à Porto del Morro en février 1879 et à Cockle Crove le 16 octobre de la même année. Le Charadrius modestus a été observé fréquemment, d’autre part, aux environs de Buenos-Ayres par M. H. Durnford qui a tué, le 30 mars 1855, sur l’île Flores, un individu de cette espèce, faisant partie d’une petite troupe. De l’autre côté du continent américain des Pluviers modestes ont été rencontrés par Darwin à l'ile Chiloé, où ils s’abattaient par grands vols sur les champs, loin des côtes. Le même naturaliste les a trouvés dans les endroits marécageux, sur les plateaux des iles Malouines et sur les côtes aussi bien que sur le sommet dénudé des montagnes de la Terre de Feu. C'est des iles Malouines qu'ont été rapportés par Lesson et Garnot les deux types du Vaneau (sic) à écharpe (Vanellus cinctus) qui figurent encore dans les collections du Muséum, et c’est encore du même archipel que proviennent un mâle signalé dans le catalogue du Chal- lenger, un mâle et une femelle rapportés par M. Abbott Stanley et conservés au Musée de Leyde, quelques œufs obtenus par le capitaine Abbott et décrits par M. Gould (‘} et un mâle tué le 3 mars 1883 à Port Stanley par M. le D' Hahn, médecin à bord de la Romanche (Mis- sion française du cap Horn). Avec ce Pluvier provenant des Malouines, l’expédition française a rapporté encore une quinzaine de spécimens de Charadrius modestus, (1) Ces œufs, d’un vert olive pâle, fortement tachetés et striés de brun noirâtre, mesu- raient 14 de pouce sur 157 de pouce (anglais). OISEAUX. B.113 pour quelques-uns desquels M. le D' Hyades a eu l’obligeance de me communiquer les renseignements suivants. 1° Femelle tuée le 18 novembre 1882, à la baie Orange, sur la plage, à l'embouchure de la rivière de la Mission; iris brun, bee noir, tarses grisàtres. 2° Mâle tué sur la plage de la baie Bourchier, près du faux cap Horn, le 26 janvier 1883; mêmes caractères que l'individu précédent. 3° Jeune mâle tué le 15 février 1883, dans la baie Orange, sur l'ile Burnt; mêmes caractères que la femelle du 18 novembre. 4° Mâle tué à la baie Orange, le 6 mars 1533; mêmes caractères. 5° Mâle tué le 9 mars dans la même localité; mêmes caractères, avec cette seule différence que l'iris est d’un brun plus clair que chez les premiers spécimens. 6° Femelle tuée à la baie Orange le ro mars 1883; couleur des veux, du bec et des pattes comme chez Le premier spécimen. 7° Mâle tué le 8 avril 1883, à la baie Orange près de l’anse aux Canards : iris brun foncé, bec noir, tarses d’un jaune verdâtre. 8° et 9° Femelles tuées à la baie Orange, le 14 juin 1883, près de l’anse aux Canards : iris brun, bec noir, tarses d’un gris noirâtre. Parmi les autres spécimens, je citerai particulièrement un mâle et une femelle, portant la date du 14 septembre, qui sont déjà en livrée de noces, tandis qu’un autre Pluvier, un mâle tué le 14 juin, porte la livrée d'automne, avec la poitrine brune, l’écharpe noire presque effacée, etc. D’autres individus, enfin, ne paraissent pas avoir revêtu completement la livrée d’adulte, et l’un même, obtenu le 26 janvier, présente encore, quoiqu'il ait toute sa taille, quelques touffes de duvet sur la nuque. Deux mâles rapportés de Puerto del Morro et de Port Henry par l'expédition de l’A/ert et tués Le 28 janvier et Le 5 février, étaient également de jeunes individus, tandis que deux oiseaux, tués à Sandy Point et à Peckett Harbour en décembre et en janvier, étaient en plumage d'été. De ces observations, on peut conclure que les Chara- drius modestus nichent de très bonne heure dans ces régions, probable- ment dès le mois d'octobre. Je dois dire cependant que je trouve dans les notes de M. le D' Hyades la mention d’un œuf qui aurait été rapporté le 21 janvier 1853 par trois Fuégiens et attribué par eux à cette espèce Mission du cap Horn, NI. B.1ù B.11% MISSION DU CAP HORN. de Pluvier. Cet œuf, emballé avec des œufs d’Elainea, a dù être brisé et n’a point été retrouvé lors du déballage des collections. Le Charadrius modestus représente dans l’Amérique australe le Cha- radrius morinellus de l’Europe septentrionale; et il est connu des Fuégiens sous les noms de Aouch bihkh (') et de Biich ou Piich. 48. CuaraDriuS (ÆGIALITIS) FALKLANDICUS. Charadrius falklandieus Latham, /nd. Orn., 11, 745. Charadrius pyrocephalus Garnot, Remarques sur la zool. des iles Malouines, Ann. des Sc. nat., 1826, t. VIT, p. 46. — Lesson et Garnot, Voy. de la « Coquille », Zoologie, 1826-1830, t. I, p.719. — Lesson, Manuel d'Ornithologie, 1820, t. IF, p. 331. Charadrius falklandicus Ch.-L. Bonaparte, Zabl. des Échassiers, in C. R. Acad-Sc:, 1896, 1--XIEIL n°59; — H. Seebohm, The geograph. Distrib. of the Charadriidæ, 1888, p. 155. Ægialites falklandicus Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 386, n° 19. — Abbott, Zbis, 1861, p. 155. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 188, n° 30. Ægialitis falklandica W.-H. Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1872, p. 540. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Von. Av. neotr., 1873, p. 143. — H. Durnford, Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 402. — Pb.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, 1. I, p. 172, n° 309. Le Pluvier des Falkland a été rencontré non seulement dans l’ar- chipel de ce nom (iles Malouines), mais encore sur le continent américain, dans l'Uruguay, au Chili et en Patagonie et à la Terre de Feu. Parmi les spécimens provenant des iles Malouines, je ne citerai que pour mémoire les Pluviers observés par les naturalistes de l'expédi- (1) Aouch est le nom fuégien de l’Algue géante (Macrocystis pyrrifera). OISEAUX. B.115 tion française de la Coquille, car les types du Pluvier à calotte rousse (Charadrius pyrocephalus) de Lesson et Garnot n’existent pas et n'ont probablement jamais existé dans la collection publique du Muséum ("). Je signalerai en revanche un spécimen acquis à M. Gerrard et figurant, dans les galeries du Musée de Paris, divers oiseaux rapportés par l'expédition anglaise antarctique et par le capitaine Pack et conservés au Musée britannique, et enfin deux individus mâle et femelle, tués le 7 mars 1883 sur les bords de la baie Française (Malouines) par M. le D' Hahn. Parmi les exemplaires de la même espèce obtenus en Patagonie, Je mentionnerai d’abord deux oiseaux, l’un en plumage d'été, l’autre en plumage d’hiver, tués par le D' Cunningham à Sandy Point et à Gregory Bay, en décembre 1866 et en mai 1867, puis deux oiseaux tués par M. Lebrun sur les bords de l’Aroyo Moreno et à Port Désiré, dans les derniers mois de l’année 1882. Enfin j'indiquerai encore deux Pluviers, mâle et femelle, tués le 13 novembre 1882 à l'ile Élisabeth, dans le détroit de Magellan, par M. le D' Hahn et appartenant incontestablement à la même espece, qui est désignée des Fuégiens sous le nom de Haouchpich', appliqué parfois aussi, selon M. Hahn, au Charadrius modestus. Un de ces Plu- viers était en plumage de noces. Lesson ayant observé, en novembre et en décembre, des jeunes qui n’étaient encore couverts que de duvet, en avait conelu que l'espèce nichait probablement dès Le mois d'octobre. Il en est ainsi en effet; la ponte a lieu en septembre et octobre aux iles Malouines et à la même époque dans la vallée de la Chuput, où M. Durnford a recueilli des œufs et un jeune en duvet le 29 septembre. (1) Dans son Manuel d'Ornithologie, Lesson donne, il est vrai, des détails circonstanciés sur cette espèce, dont il a dû voir plusieurs exemplaires, mais il ne la mentionne plus dans son 7raité d’Ornithologie, où il indique cependant de préférence les types qui existaient alors dans les galeries du Muséum. D'autre part, si j'ai trouvé dans le Catalogue manuscrit du voyage de la Coguille trois Pluviers des Malouines, je n’ai découvert aucune mention du montage de ces individus, d’où je conclus que c’étaient des spécimens en assez mauvais état qui n’ont pu être utilisés et qui ont dû être réformés il y a plus de cinquante ans. En revanche, j'ai trouvé parmi les spécimens en peau de la collection du Muséum un Chara- drius falklandicus envoyé de Rio Grande en 1822, ce qui pourrait faire remonter la limite de l’espèce jusqu'au 50° degré. B.116 MISSION DU CAP HORN. 49. OREOPHILUS RUFICOLLIS. Charadrius ruficollis Wagler, sis, 1829, p. 653. — Burmeister, Syst. Ueb. Thier. Bras., t. IX, p. 367. Oreophilus totanirostris Jardine et Selby, Zl{lust. Orn., t. LE, p. 151. — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. INT, 1841, Brrds, p. 125. Oreophilus ruficollis Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected by D' Cunningham in the straits of Magellan, Ibis, 1868, p. 189, n° 81 et Third List, 1870, p. 499, n° 25. — Nom. Av. neotr., 1873, p. 143. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1857, p. 42, et Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1858, p- 402: — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. IIL, p. 347, n° 1218. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1880, t. IL, p. 174, n° 391. Charadrius totanirostris H. Seebohm, The geograph. Distrib. of the Chara- driüdcæ, 1888, p.111. L'Oreophilus ruficollis, que M. Schlegel (Mus. des Pays-Bas, Cursores, p.47) a réuni aux Guignards ( Worinellus), mais qui se rapproche aussi, à certains égards, des Court-vite (Cursorius) et qui mérite, somme toute, de constituer le type d’un genre particulier, se trouve dans la Répu- blique Argentine, au Chili, au Pérou et en Patagonie, mais ne franchit probablement point le détroit de Magellan. Le Muséum possède actuellement six spécimens de cette espèce d'Échassiers. Un de ces spécimens, qui a été donné jadis par Lesson et qui est le type du Dromicius Lessont de cet auteur (?), espèce nomi- nale (!) identifiée par la suite au Charadrius ruficolls de Wagler, pro- vient des environs de Valparaiso. Deux autres spécimens, qui figurent à côté du premier dans les galeries du Muséum, et deux autres exem- plaires, en peau, et malheureusement incomplets, ont été pris en Patagonie par d'Orbigny en 1831; enfin le cinquième a été envoyé de Patagonie par M. Lebrun en 1883. Ce dernier exemplaire, qui doit (1) Je n'ai pu découvrir où elle a été décrite. Elle est souvent citée, mais sans réfé- rences bibliographiques. OISEAUX. B.117 avoir été pris dans les derniers mois de l’année 1882, est aussi en très mauvais état, ce qui est d'autant plus regrettable que c’est un mâle en plumage de noces. Plusieurs spécimens d’Oreophilus ruficollis ont été obtenus par M. Jelski et par M. H. Whiteley dans le centre et le sud-ouest du Pérou en 1867, par Ch. Darwin et par MM. Philippi et Landbheck au Chili, par le D' Cunningham sur les bords du Rio Gallegos (Pata- gonie australe) au mois de mars 1860, par M. H. Durnford dans la vallée de la Chuput (Patagonie orientale) le 29 novembre 1876. A une date plus récente, ce dernier voyageur a même trouvé des nids de cette espèce de Pluvier sur les collines qui bordent la vallée du Sengel, et le 30 décembre 1877 il a capturé deux petits en duvet à Tombo Point, sous le 54° degré environ de latitude australe, etc. Les oiseaux tués par Darwin avaient les tarses d’un rouge vermillon, les doigts d’un gris plombé avec la face plantaire remarquablement grasse et charnue etles yeux d’un brun foncé, et ceux qui furent abattus par M. Jelski et par M. Durnford offraient à peu près les mêmes couleurs, leurs pattes étant d’une teinte chair, tirant au jaunâtre, avec les doigts noirâtres, leurs yeux étant couleur bots ou d’un brun noi- sette foncé et leur bec noirâtre, avec la base de la mandibule infée- rieure brune. Suivant les régions ou les saisons, les Oreophilus ruficollis fréquentent le lit desséché des marais, les plateaux arides ou les plaines décou- vertes, où leurs petites troupes se mêlent à celles des Troupiales. Leurs œufs, dontM. Lebrun a envoyé deux spécimens au Muséum, ressemblent par leur mode de coloration aux œufs de Vanneau huppé et d’Avocette. Ils sont d’un gris jaunâtre, d’une teinte mnastic, parsemés, principa- lement au gros bout, de taches, les unes teinte neutre, les autres brunes ou noirâtres, et mesurent o",/42 sur o",32. 50. VANELLUS OCCIDENTALIS. Vanellus cayennensis Gay, Faun. Chil., 1847, t. I, p. 410 (nec Gray). — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1867, p. 331 el 339 (rec Gray). B.118 MISSION DU CAP HORN. Vanellus cayennensis Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 284, n° 16, et Nom. A9. neotr., 1873, p. 147 (part.). — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 42, et Notes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 402. Vanellus occidentalis Harting, Proceed. zool. Soc. Lond., 1874, p. 451. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Birds of Antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 437, n° 36, et Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds; Antarct. Amer., p. 108, n° 36. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert», Pro- . ceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 14, n° 58. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. III, p. 335, n° 1209. Vanellus cayennensis chilensis H. Seebohm, 7he geographical Distrib. of the Charadridæ, 1888, p. 218. Cette espèce ou cette race remplace le Vanellus cayennensis sur la côte du Pérou, au Chili, en Patagonie, sur quelques petites iles du détroit de Magellan, sur la Terre de Feu et peut-être dans l'archipel des Malouines. Elle est commune au Chili, où elle a été observée par Molina, par Gay, par le D' Coppinger et par d’autres voyageurs, et elle est peut-être encore plus répandue en Patagonie, non seulement sur les côtes, mais aussi le long des rivières et des petits étangs des val- lées de la Chuput, du Sengel et du Sengelen, où elle niche et réside durant toute l’année. Le 12 décembre 1867, un individu de cette espèce a été tué à Gre- gory Bay par le D' Cunningham; un autre a été obtenu le 18 jan- vier 1896 à l’ile Elisabeth (détroit de Magellan) par les naturalistes du Challenger; un troisieme a été tué le 4 janvier 1879 à Peckett Harbour par le D' Coppinger; un quatrième a été envoyé au Muséum par M. Lebrun, qui l’avait pris à l’ile Leones, à la fin de l’année 1882; enfin deux autres individus ont été tués le 13 novembre de la même année par M. le D' Hahn sur l'ile Elisabeth. L'un de ces derniers oiseaux, le mâle, avait les yeux rouges et les paupières bordées de rouge; un mâle rapporté de la même localité par l'expédition du Challenger avait les yeux et les pattes roses, le bec OISEAUX. B.119 noir à la pointe et rose à la base; un autre mâle pris à Talcahuano (Chili) par le D' Coppinger, le 22 septembre 1879, avait l'iris d'un rouge foncé, les paupières lilas, le bec lilas, avec la pointe noire, les tarses roses et les pieds gris; un mäle adulte, tué au Chili par M. Jelski, avait les yeux d’un brun foncé, le bec rouge foncé avec l'extrémité noire, les pattes rouges et l’épine alaire jaune. Enfin le spécimen envoyé par M. Lebrun aurait eu, d’après les notes de ce voyageur, les yeux bleus et les paupières rouges. Les mœurs des Vanellus occidentals ont été décrites par Molina et par Gay qui le nommaient Parra chilensis et Vanellus cayennensis (voir Harting, loc. cit. ), et ses œufs ont été dépeints (sous le nom de Vanel- lus chilensis) par Yarrell (Proceed. zool. Soc., 1847, p. 54) qui leur à trouvé beaucoup de ressemblance avec les œufs du Vanneau d'Europe. 9 Ils mesurent t pouce + ou 0",048, sur 1 pouce + ou 0,043, et sont tachetés de noir et de brun grisâtre sur fond brun olivâtre. 51. Hæxmaropus ATER. Hæmatopus ater Vieillot et Oudart, Galerie des Oiseaux, 1825-1834, t. U, p- 88, et pl. COXXX. Hæmatopus niger Quoy et Gaimard, Voyage de l’« Uranie », Zoologie, 1874, p- 120, et pl. XXIV (nec Pallas). Ostralega atra Lesson, Traité d'Ornithologie, 1831, p. 548. Hæmatopus unicolor J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 96. Hæmatopus ater Ph.-L. Sclater, Catal. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 386, n° 21. — On Chilian Birds, Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 331 et 339. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Third List of Birds collected during Survey of the straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1870, p. 499, n° 24. — Nom. Av. neotrop., 1873, p. 143. — Birds of Antarct. Amer., Proceed. sool. Soc. Lond., 1878, p. 438, n° 38, et Voyage of the «Challenger», Rep. on Birds. Antarct. Amer., p. 109, n° 33. — H. Durnford, Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1877, p. 403. B.120 MISSION DU CAP HORN. Hæmatopus ater R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. Alert, Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 19, n° 64. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. III, p. 351, n° 1222. L’Hæmatopus ater a été rencontré dans toute la portion australe du continent américain, au Pérou, au Chili, en Patagonie, ainsi qu’à la Terre de Feu et dans l’archipel des Malouines. En Patagonie cependant l'espèce est loin d’être universellement répandue, car M. Durnford ne l’a jamais observée dans la vallée de Chuput et n’en a pris qu’un seul spécimen à Tombo Point, au mois de décembre 1876. Un deuxième individu a été tué à Port Laguna, en novembre 1868 par le D' Cun- ningham, un troisième (femelle) à l'ile Elisabeth, le 18 janvier 1856 par les naturalistes du Challenger, et un quatrième (femelle) à Port Henry, le 29 janvier 1879 par le D' Coppinger. Enfin sept Huitriers noirs ont été rapportés plus récemment encore au Muséum d'Histoire naturelle par la Mission française du cap Horn. Un de ces oiseaux a été pris à Port Désiré à la fin de l’année 1882 par M. Lebrun; deux autres, mâle et femelle, ont été capturés par M. le D' Habn sur les iles l’Her- nite et Wollaston, le 17 décembre 1882; un mâle a été tué le 1° fé- vrier 1883 à Oushouaia; enfin trois individus, deux femelles et un mâle, ont été obtenus le 3 février et le 29 avril 1883 sur l'ilot de la pointe Lephay et sur la plage d'une autre petite ile de la baie Orange. Chez tous ces Huitriers le bec était rouge vermillon, et chez la plupart d’entre eux les yeux étaient d'un jaune bouton d’or avec l'iris cerculaire, les pattes d’un blanc légèrement rosé avec la plante des pieds couleur de chair; mais chez le mâle tué à Oushouaïa, l'iris était, par exception, d'un rouge tirant au brun, le bec gris avec la base rouge, et les pattes offraient une teinte grisätre D'un autre côté, M. Durnford nous apprend que le seul Huitrier noir qu'il ait réussi à tuer à Tombo Point avait l'iris d’une teinte orangée foncée, le bec rose foncé et les pattes d’un jaune verdâtre. La femelle tuée par les naturalistes du Challenger sur l'ile Élisabeth avait les yeux jaunes, les paupières rouges, le bec rouge et les pattes couleur de chair; celle que M. Coppinger a obtenue à Port Henry, les yeux noirs, les paupières d’un jaune orangé, le bec d’un rouge orangé, les pattes grises; enfin chez le mâle et la femelle OISEAU X. B.121 adultes décrits par M. Taczanowski, le bec et les pattes étaient jaunes, les yeux d’un rouge orangé. On voit donc que chez l’Hæmatopus leucogaster l'iris, le bec et les pattes offrent d'assez grandes variations de couleur, qui dépendent sans doute de la saison et du sexe des individus. Pillouch est le nom fuégien de cette espèce. 52. HÆMATOPUS LEUCOPUS. Hæmatopus luctuosus Cuv. ms. Hæmatopus leucopodus Garnot, Ann. des Sc. nat., 1826, t. VIT, p. 45. Ostralega leucopus Lesson et Garnot, Voy. de la « Coquille », Zoologie, 1826-1830, t. 1, p. 721. ; Hæmatopus leucopus Lesson, Manuel d'Ornith., 1820, t. I, p. 301. — Traité d’'Ornith., 1831, p. 548. Hæmatopus luctuosus Ch.-L. Bonaparte, Tableau des Gallinacés (in C.R. Ac. Sc., 1856, t. XLIIL), p. r2. — Schlegel, Mus. Pays-Bas, Cursores, 1865, p. 74. Hæmatopus leucopus Ph.-L. Sclater, Cat. B. Falkl. isl., Proceed. zool. Soc. Lond., 1850, p. 386, n° 20. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. A6. neotr., 1873, p. 143. — Birds Ant. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 437, n° 37. — Voy. of the « Chal- lenger », Rep. on Birds Antarct. Amer., p. 108, n° 37. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M.S. «Alert», Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 19, n° 63. L'Huitrier aux pieds blancs n’est pas, comme on le supposait jusqu’à ces derniers temps, spécial aux iles Malouines, où il a été observé il y a plus d’un siècle par Bougainville (Voyage autour du Monde, 1766- 1769, p. 71), et plus récemment par MM. Lesson et Garnot et par MM. les capitaines Pack et Abbott. Il se rencontre aussi en Patagonie, sur quelques petites îles du détroit de Magellan et sur la Terre de Feu. C’est ce que prouve la liste suivante des spécimens recueillis par les naturalistes attachés à diverses expéditions récentes, anglaises et fran- caises : Mission du cap Horn, NI. B.16 B.122 MISSION DU CAP HORN. A. Voyage du « Challenger ». 1° Mâle tué sur l’ile des Pingouins (Messier’s Channel), le 1°’ jan- vier 1876 : bec rouge; pattes rouges; iris orange; 2° et 3° Femelle et jeune tués à Tom Harbour, le 5 janvier 1876; bec rouge chez l’adulte, brun chez le jeune; yeux orange chez l'adulte, bruns chez le jeune; pattes couleur de chair; estomac contenant des restes de mollusques ; 4° Femelle prise dans la même station; 5° Mâle tué sur l'ile Elisabeth, le 18 janvier 1876 : yeux jaunes, pattes couleur de chair, bec rouge, paupières rouges; estomac ren- fermant des restes de mollusques. - B. Voyage de l’« Alert ». 6° Femelle, tuée au cap Sambo (Trinidad Channel) le 3 mars 1859 : iris jaune vif, paupières jaunes, pattes couleur de chair, ongles noirs; 7° Mâle tué à Tom Bay, le 16 janvier 1879 : tarses gris, bec orange: 8° Mâle tué dans la même localité : bec rouge orange; 9° Jeune mâle, tué le 27 décembre 1870, à Hugh Bay : iris orange, pattes grises, bec orange avec la base noire; 10° Squelette provenant d’un spécimen tué sur la côte occidentale de Patagonie. C. Campagne du « Volage » et Mission française du cap Horn. 11° Mâle tué par le quartier-maitre charpentier du Vo/age à Missio- neros, en novembre 1882; œil jaune de chrome clair avec une tache noire en avant; paupières jaune de chrome, bec rouge ; 12° Mâle tué, le 1° octobre 1882, sur les bords de la baie Orange; iris jaune, bec d’un rouge tirant au jaune; pattes d’un gris jaunûtre; 13° Femelle tuée, le 13 novembre 1882, à l’île Elisabeth (ou Sainte- Elisabeth ) ; OISEAUX. B.1923 14° et 15° Male et femelle tués, le 24 novembre 1882, à Packewaïa (canal du Beagle); 16° et 17° Mäle et femelle très jeunes tués, le 17 décembre 1582, sur les iles Wollaston et l’Hermite ; 18°, 19°, 20° et 21° Mâle et femelles (trois) tués, le 25 janvier 1883, sur la plage de la baie Bourchier : bec d’un rouge intense à la base et d’un rouge un peu moins vif à l'extrémité; pattes d’une teinte blan- châtre nuancée de rose chair sous les doigts; ongles noirs; iris d’un jaune bouton d’or, avec une petite tache notre de 1"®4 en bas et en avant (!); 22° Jeune mâle tué, le 12 février 1883, sur l'ile Burnt, dans la région occidentale du canal du Beagle ; œil gris brunâtre; bec brun foncé à la pointe, brun en dessus, rouge jaunàätre en dessous et à la base; pattes blanchàtres; estomac renfermant des restes de moules. Je mentionnerai enfin, pour clore cette liste, un jeune Huitrier qui a été tué le 15 août 1883, mais dont la dépouille, égarée, n’a’pas été rapportée par la Mission et sur lequel je ne possède que les rensei- gnements suivants, communiqués par M. le D'Hyades : bec d’un rouge vif; tarses d’un gris perle blanchâtre; bord des paupières d’un jaune citron; iris d’un jaune citron, avec une tache notre, située, comme chez les individus précédemment cités, en bas et en avant. M. le D' Hyades considère cette tache, qu’il a observée chez plusieurs spécimens et qui n'avait encore été signalée par aucun auteur, comme une inci- sure de l’iris, comme un coloboma. Un œuf de cette espèce a été trouvé par le capitaine Abbott sur l’une des iles Malouines. La présence dans la collection formée par la Mission française du cap Horn de plusieurs jeunes qui sont revêtus encore du duvet sur divers points du corps, et qui ont été tués par M. le D' Hahn sur les iles l’Hermite et Wollaston vers le milieu de décembre, prouve d’autre part que les Huitriers à pieds blancs se reproduisent également vers le mois de novembre sur d’autres petites iles encore plus rapprochées du pôle antarctique. (1) D’après une note qui m'a élé remise par M. le D' Hyades, les yeux des trois femelles ont été placés dans le liquide de Müller et remis au laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum sous le n° 1053. B.12% MISSION DU CAP HORN. Chez les jeunes, les parties supérieures du corps sont mouchetées de roux, et le bec et les pattes sont toujours beaucoup plus foncés que chez les adultes; l’œil lui-même paraît changer de couleur avec l’âge et passer du gris brunâtre au jaune clair. Les débris trouvés dans l’estomac des Huitriers, dont M. Le D' Cop- pinger et MM. les D'“ Hyades et Hahn ont fait l’autopsie, confirment pleinement ce que disent Lesson et Garnot du régime de ces oiseaux. Il est aujourd'hui absolument démontré que les Huitriers du pôle sud vivent sinon d’huitres, au moins de mollusques bivalves et univalves, aussi bien que de vers marins. Fait digne d’être noté, les Fuégiens distinguent parfaitement l’Aæmatopus leucopus de VA. ater, et donnent au premier de ces oiseaux le nom de Chouelikh ou Chkouelikhr. 53. GALLINAGO PARAGUAIE. Gallinago longirostris Cuv., ms., Musée de Paris. Scolopax Paraguaiæ Vieillot, Vouv. Dict. d'Hist. nat., 1816, &. IT, p. 356. Scolopax magellanica King, Zoo!. Journ., IV, p. 93. Scolopax ( Telmatias) magellanicus Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. A, Birds, p. 131. Gallinago Paraguaiæ Ch.-L. Bonaparte, Tableau des Échassiers (C. R. Ac. Se. 1856, 1. XLIIL), p. 19, n° 186. Gallinago magellanicus Ph.-L. Sclater, Catal. Birds Falkland Islands, Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 387, n° 24. Gallinago Paraguaiæ Schlegel, Aus. des Pays-Bas, Scolopaces, 1864, p. ri. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. sool. Soc. Lond., 1867, p. 332 el 339. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On Birds of Conchitas, Proceed. zool. Soc. Lond., 1868, p. 144, n° 76. — On the Birds collected in the straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n° 32. — Vom. Av. neotr., 1873, p. 144. — Birds Antarct. Amer., 1878, p. 438, n° 40, et Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, Antarct. Amer., p. 109, n° 40. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 15, n° 65. OISEAUX. B125 Gallinago Paraguaiæ Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith.. 1880, t. II, p. 1871, n° 397. Scolopax frenata magellanica H. Seebohm, The geograph. Distrib. of the Charadriidæ, 1888, p. 496. La Bécassine du Paraguay n’habite pas seulement le pays de ce nom, mais la République Argentine, le Paraguay, le Chili, la Bolivie, la Patagonie, la Terre de Feu et les îles Malouines. Elle a souvent été confondue avec la Gallinago frenata Max., qui est plus largement répandue et qui se distingue par sa taille plus faible et les teintes plus foncées de son plumage, et, comme le dit Schlegel, elle ressemble beaucoup à la G. australis Lath. de l’Asie méridionale, de l'Australie et du Japon. C’est probablement l'espèce que Darwin a rencontrée aux environs de Maldonado et dans les Malouines orientales et que J. Gould appelle Scolopax magellanicus, tandis que le Scolopax Paraguaiæ de cet auteur parait être la Galinago frenata. I] dit en effet que le Sco- lopax magellanicus a les plumes du dos d’une teinte beaucoup moins foncée, moins largement tachées de noir que le Sc. Paraguaiæ et ce signalement convient bien à la vraie G. Paraguaiæ; mais il ajoute, il est vrai, que le Sc. magellanicus a le bec de + de pouce plus court et en même temps plus large au niveau de la carène dorsale que chez le Sc. Paraguaiæ, ce qui est en contradiction avec l'hypothèse que j’émets. C'est aussi la Gallinago Paraguaiæ qui a été trouvée dans l'archipel des Malouines par le capitaine Pack, et plus récemment par les natura- listes de l'expédition du « Challenger », sur les bords du Berkeley Sound par l’expédition antarctique anglaise, à Porto Bueno (9 janvier 1876) par l'expédition du « Challenger », à Cokle Crove (7 février 1879) par le D' Coppinger, à Sandy Point (1° décembre 1866), par le D'Cunnin- gham; c’est à elle enfin que se rapportent six Bécassines des deux sexes obtenues par MM. Lebrun, Hyades, Hahn et Sauvinet à Missio- neros (Patagonie) le ro octobre 1882, sur les bords de la baie Orange les 13 septembre et 13 octobre 1882 et 9 mars 1883, et à Packewaïa (canal du Beagle) le 25 novembre 1882. D'après les indications portées sur les étiquettes, ces oiseaux avaient pour la plupart les yeux d’un brun plus ou moins foncé, le bec noir et les pattes d’un jaune verdàtre. Les yeux étaient également bruns et les B.126 : MISSION DU CAP HORN. pattes jaunâtres chez plusieurs spécimens rapportés par l'expédition du Challenger; mais une femelle avait les pattes bleuâtres. Il est probable que cette espèce vient nicher sur les terres australes et se retire pendant l'hiver au Chili, en Bolivie, au Paraguay et dans la République Argentine. Tous les exemplaires pris aux Malouines, en Patagonie et sur la Terre de Feu que j’ai eus sous les yeux, ou dontj'ai trouvé la mention dans des voyages récents, portent en effet des dates comprises entre septembre et avril et correspondant au printemps et à l'été de ces régions. D'un autre côté, M. Durnford a constaté que les Bécassines du Paraguay émigraient pour la plupart de la République Argentine au mois d'août et ne revenaient qu'en avril, et que si quel- ques-unes nichaient dans la région, le plus grand nombre n’y restait pas durant la belle saison. Au contraire, ces Échassiers étaient extré- mement communs dans la province de Buenos-Ayres pendant l'hiver, c’est-à-dire précisément pendant la saison où ils manquent en Patagonie et sur les terres australes. La Bécassine du Paraguay est confondue par les Fuégiens avec la Bécassine noble sous le nom de Tsakaoa. 54. GALLINAGO NOBILIS. Gallinago nobilis Ph.-L. Sclater, Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1856, p. 31, n° 22. ?Gallinago granadensis Ph.-L. Bonaparte, Brit. Mus. (ms), et Tabl. des Échassiers (C. R. Ac. Sc., 1856, t. XLIIL), p. 15, n°° 183 et 184. Gallinago nobilis Schlegel, Mus. des Pays-Bas, Scolopaces, 1864, p. 9. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Zæotic Ornithology, 1869, part. XII, pl. — Nom. Av. neotn., 1873, p. 144: Cette espèce, découverte en Colombie et retrouvée depuis dans la République de l'Équateur, n’avait pas encore été signalée dans l’Amé- rique australe; cependant je n’hésite pas à rapporter à la Gal/inago nobilis sept Bécassines de forte taille qui ont été rapportées par l’expé- dition française du cap Horn et dont voici l’énumération : Mäles tués, le 13 octobre 1882, sur les bords de la baie Orange : pattes d’un gris jaunâtre; yeux d’un brun foncé. OISEAUX. B.127 Femelle tuée, le 16 janvier 1853, à la baie Orange, dans les buissons, au sud de la Mission : iris brun; bec brun foncé, tirant au noir à la base de la mandibule supérieure et passant au jaune blond à la base de la mandibule inférieure; tarses d’un noir grisâtre. Femelle tuée, le 21 février 1883, à la baie Orange, près des mares, au sud de la Mission : mêmes caractères que l'individu précédent, sauf que la mandibule inférieure est noire à la pointe et de couleur corne blonde à la base, et que les tarses sont d’un gris sale, légère- ment nuancé de jaune ; Femelle achetée, le 27 mars 1883, aux Fuégiens de la baie Orange, qui l’avaient tuée à coups de pierres sur l’isthme de la pointe Lephay : iris d’un brun très foncé; bec d’un brun noirätre dans sa moitié posté- rieure, noir dans sa moitié antérieure; tarses d’un gris verdàtre; Mäle et femelle tués, le 20 juin 1883, sur les bords de la baie Wol- laston. Les dates des captures de ces oiseaux semblent indiquer que la Ga/- linago nobilis, que les Fuégiens désignent, comme l'espèce précé- dente, sous le nom de Zsakaoa, séjourne pendant la plus grande partie de l’année sur les terres australes. G.-R. Gray (Handlist, t. TI, p. 33, n° 10337) et M. Schlegel (Wus. des Pays-Bas, Scolopaces, p. 15) ont assimilé à tort à cette espèce la Gal linago longirostnis, qu'ils ont attribuée à Ch.-L. Bonaparte, mais qui a été nommée en réalité par Cuvier. Le type, en fort mauvais état, de Scolopax longirostris (Cuv. ms.) qui figure encore dans les collections du Musée de Paris, et qui vient des iles Malouines, ne diflère point de la Gallinago Paraguaie. 55. TRINGA FUSCICOLLIS. Tringa fuscicollis Vieillot, Nouv. Dict. d’'Hist. nat., 1819, t. XXXIV, p. 461. Tringa Schinzii Ch.-L. Bonaparte, Syn., 1828, p. 249, et Amer. Ornith., 1833, t. IV, p. 69, pl. XXIV, fig. 2. Pelidna Schinzii Darwin, Voy. « Beagle », Zool., 1. IX, Birds, p. 131. Pelidna cinctus var. Schinzii Ch.-L. Bonaparte, Tabl. des Échassiers (C. le. Acad. Se., 1856, t. XLIIL), p. 171, n° 214 à. B.128 MISSION DU CAP HORN. Tringa Bonapartei Schlegel, Revue crit., 1844, p. 89, et Mus. des Pays-Bas, Scolopaces, 1864, p. 42. Pelidna melanotos Degland et Gerbe, Ornith.europ., 2° édit. 1865, t. IL, p. 2o1. Tringa Bonapartii Ph.-L. Sclater, Cat. Birds Falkl. Isl., Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 387, n° 95, et On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 332 et 339. Tringa fuscicollis Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 145. — BPirds Antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 438, n° ki, et Voy. « Challenger ». Rep. on Birds Antarct. Amer., p. 109, n° M. — Elliott Coues, Birds of the N. W., 1854, p. 487. — H. Durnford, Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 404. — B.-B. Sharpe, Zool. collect. made during the Survey of H. M. S. « Alert», Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 16, n° 68. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. IL, p. 360, n° 1228. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, L. IL, p. 185, n° 40. Tringa Bonaparti H. Seebohm, 7he geograph. Distrib. of the Charadriidæ, 1888, p. 445. Cette espèce, qui s’égare parfois jusqu'en Europe, a été signalée sur une foule de points du nouveau monde, depuis le Canada jusqu’à la Patagonie australe, et a été rencontrée à certaines saisons, d’une part au Groënland, de l’autre dans l’archipel des Malouines et sur la Terre de Feu. La Mission française en a rapporté cinq spécimens, savoir : 1° Une femelle tuée le o septembre 1882, sur les bords de la baie Orange; 2° Un individu de sexe inconnu, pris le 30 octobre de la même année sur les bords de la baie Bon-Succes, dans le sud de la Terre de Feu; 3° Une femelle tuée Le 7 novembre 1882 à Punta-Arenas (détroit de Magellan ); 4° Deux mâles tués le 7 mars 1883 sur les bords de la baie Française (Malouines) et ayant le bec d’un gris foncé et les pattes noires (). (!) Les spécimens du Pérou décrits par M. Taczanowski avaient aussi les pattes noires, mais leur bec était tout uni; leurs yeux étaient d'un brun foncé comme ceux des mâles tués aux Malouines par les naturalistes du CAallenger. OISEAUX. B.129 L'un de ces derniers oiseaux était en plumage de noces, comme les spécimens obtenus au Pérou par M. Jelski, tandis que deux individus, tués à Maldonado et à Montevideo par M. d'Orbigny en novembre 1827, étaient en livrée de transition, et que le spécimen tué à la baie Bon- Succès en novembre portait le costume d'hiver. D’après ces observa- tions et les renseignements fournis par les naturalistes américains, je crois pouvoir émettre l'hypothèse que les Tringa fuscicollis qui visitent pendant l’hiver le sud des États-Unis et l'Amérique tropicale viennent, les uns du Canada et du Groënland, les autres de la Patagonie, de la Terre de Feu et des iles Malouines, où quelques-uns d’entre eux doivent nicher régulièrement. Suivant M. Durnford on rencontre, en toutes saisons, de petites troupes de ces Bécasseaux dans les vallées du Sengel et du Sengelen. Les Fuégiens, d’après M. le D' Hahn, donnent à cette espèce d’Échas- siers le nom de Prrh. 56. TOTANUS MELANOLEUCUS. Scolopax melanoleucus Gmelin, Syst. nat., 1788, t. I, p. 650. Totanus melanoleucus Vieillot, Encycl. méthod., p. 1098. — Darwin, Voy. « Beagle », Zoolog., t. II, Birds, 1841, p. 130. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. IX, p. 186, n° 403. Gambetta melanoleuca Ch.-L. Bonaparte, Tabl. des Échassiers (C. R. Acad. Sc., 1856, t. XLIIT), p. 17, n° 239. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1865, p. 332 et 339. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nomencl. A+. neotr., 1873, p. 145. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert», Proceed. sool. Soc. Lond., 1881, p. 16, n° 70. Totanus melanoleucus Schlegel, Mus. des Pays-Bas, 1864, Scolopaces, p. 63. — Elliott Coues, Birds of the N. W., 1874, p. 496. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. III, p. 365, n° 1232. Comme le Tringa fuscicolhs, le Totanus melanoleucus a été observé sur une foule de points de l'Amérique septentrionale et méridionale, et, Mission du cap Horn, VW RB17 B.130 MISSION DU CAP HORN. comme lui, il doit, après s’être retiré pendant l'hiver dans les États-Unis, dans l’Amérique centrale, au Brésil et dans la République Argentine, gagner au printemps d’une part le Canada, les bords de la baie Hudson et le Groenland, de l’autre le Pérou, le Chili, la Patagonie et la Terre de Feu, où, je crois devoir le rappeler, ils n’avaient pas encore été signalés. A l’appui de cette hypothèse, je constaterai que les oiseaux tués par M. Jelski aux environs de Callao étaient en plumage de noces et qu'un des trois spécimens obtenus par la Mission française sur les bords de la baie Orange portait précisément la même livrée. Je rappel- lerai enfin une observation de M. Hudson qui présente un grand inté- rêt. Cet observateur a remarqué que des couples ou de petites troupes de Totanus melanoleucus arrivaient dans la province de la Plata à la fin de septembre ou au commencement d’octobre et en repartaient en mars, sans avoir niché (?) et qu’à ce moment arrivaient probablement, de régions situées plus au sud, d’autres oiseaux de la même espèce qui venaient hiverner dans les pampas, de telle sorte que l’on voyait, durant toute l’année, des Chevaliers noirs et blanes dans cette partie de la République Argentine. M. Durnford avait d’ailleurs déjà noté antérieurement que les Totanus melanoleucus se montraient pendant toute l’année aux environs de Buenos Ayres, mais y devenaient plus communs pendant les mois d'août, septembre, octobre et novembre, c’est-à-dire au printemps. Ce spécimen, un mâle, tué le 7 mars 1883, c’est-à-dire en été, avait le dos fortement tacheté de noir et de blanc, la poitrine ornée de flam- mèches noires, les yeux bruns, le bec noir, les pattes d’un jaune citron. Un autre spécimen, une femelle, tuée le 18 novembre 1882, à la baie Orange, au fond de l’anse aux Canards, avait au contraire le dos bru- nätre, strié et légèrement moucheté de noiràtre avec quelques petits points blancs, la poitrine à peine tachetée, le bec noir, les yeux bruns et les pattes d’un jaune citron moins vif que chez le màle. Telles étaient aussi à peu près les couleurs du troisième spécimen, tué le 22 octobre. Ces deux derniers individus doivent être, à mon avis, considérés comme des oiseaux venant d’effectuer leur migration et n'ayant pas encore revêtu leur livrée de noces. Le nom fuégien du Totanus melanoleucus est Tayakaka. OISEAUX. B.131 57. RALLUS RHYTHIRHYNCHUS. (20) Ipacaha pardo d'Azara, Apunt., III, p. 220, n° 372. Rallus rhythirhynchus Vieillot, Mouo. Dict. d’'Hist. nat., t. XII, p. 921, et Encycl. méthod., p. 1060. Rallus setosus King, Zoo!. Journ., t. IV, p. 91. Rallus sanguinolentus Swainson, Antm. in Menag., 1838, p. 355. — Darwin, Voy. « Beagle », Zool., 1. III, Birds, p. 133. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 333. Rallus cæsius J. von Tschudi, Faun. peruan, 1845, Aves, p. 52 et 301. — Schlegel, Mus. des Pays-Bas, 1865, Ralli, p. 8. Aramides rhythorhynchus Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. II, p. 504. Rallus rhythirhynchus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On Peruvian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 990, n°55. — On Birds from Conchitas, Proceed. zool. Soc. Lond., 1868, p. 149, n° 79. — On the american Rallideæ, Ibid., p. 446. — Nomencl. Av. neotr., 1873, p. 139. — H. Durnford, On the Birds of the province of Buenos Ayres, Ibis, 1878, p- 65, n° 38. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1880, t. IE, p. 149, n° 37. ?Rallus cæsius L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, 1. IIL, p. 316, n° 1191. | On savait déjà que le Rallus rhythirhynchus habitait, au moins à cer- taines saisons, diverses contrées de l'Amérique du Sud, telles que le Brésil méridional, le Paraguay, les montagnes et les côtes du Pérou, le Chili et la République Argentine; mais on n’avait pas encore signalé sa présence en Patagonie, et MM. Sclater et Salvin n'étaient pas dis- posés à attribuer à cette espèce un Râle tué sur l'ile l’Hermite, au sud de la Terre de Feu, et conservé dans les collections du British Museum ("). Je crois cependant devoir rapporter au Rallus rhythirhynchus d’abord (1) Voyez Proceed. zool. Soc. Lond., 1868, p. 446, n° 7. B.132 MISSION DU CAP HORN. un spécimen pris à Port Churrucha (Patagonie), en 1877, et donné au Muséum par M. l'amiral Serres, et ensuite quatre spécimens, mâles et femelles, obtenus par la Mission française le 25 décembre 1882, le 27 et le 22 juin 1883 sur l’ilot Otarie, du groupe de Wollaston, dans la baie Gretton, et le 26 juin 1883 sur l’ile Maxwell. En comparant ces spécimens les uns avec les autres ou avec d’autres Räles qui faisaient déjà partie des collections du Muséum et qui étaient confondus avec des spécimens du Brésil sous les noms de Rallus nigri- cans V. et Rallus bicolor Cuv., j'ai constaté, il est vrai, certaines dif- férences dans la longueur du bec. Ainsi le bec, qui mesure, à partir du front, 0,050 chez un individu tué sur les bords de l'Uruguay par M. A. Saint-Hilaire en 1822, atteint 0,055 chez le Ràäle de Port Churrucha, 0,056 chez un individu tué à Sicasica par M. d’Orbigny en 1334, 0",057 et o®,059 chez les spécimens (femelles) de l’ilot Otarie, 0,065 chez le mäle de l’ile Maxwell et 0,069 chez une femelle rap- portée de Talcahuano par l'expédition de l’Astrolabe et de la Zelée, en 1841. Mais des différences du même ordre ont été constatées par MM. Sclater et Salvin sur des Râles obtenus au Chili et au Pérou par M. Whitely (!) et n'ont point été considérées par ces savants naturalistes comme assez importantes et surtout assez constantes pour caractériser plusieurs races parmi les Rallus rhythirhynchus. D'autre part, si l'oiseau pris à l’ile Maxwell est de taille plus forte et ales ailes plus développées etles doigts plus allongés que les autres Râles capturés par les naturalistes de la Mission française, et s’il peut être probablement comparé, sous le rapport de la grosseur, aux Räles de l’île l’'Hermite signalés par MM. Sclater et Salvin, l'individu pris à Talcahuano par les naturalistes de l’Assrolabe dépasse également par ses dimensions les spécimens de Sicasica et des bords de l'Uruguay, et MM. Sclater et Salvin parlent aussi d’un Räle du Chili qui était bien plus gros que des Râles du Chili, appartenant pourtant à la même espèce. Enfin, j'ai remarqué que l'oiseau de Port Churrucha, auquel je faisais tout à l’heure allusion, avait le dos et les ailes d’un brun plus uniforme (1) Voyez Proceed. 001. Soc. Lond., 1867, p. 990, et 1868, p. 145. OISEAUX. B.133 que les spécimens de l’Uruguay et de Sicasica, et qu'il ressemblait, sous ce rapport, au spécimen de Talcahuano qui présente, en revanche, une tache blanche sur le menton, analogue à celle qui existe chez le Rallus nigricans. On voit qu’il peut y avoir dans les dimensions et dans les nuances du plumage du Rallus rhythirhynchus de légères variations auxquelles il ne faut pas attacher d'importance. En revanche, les couleurs du bec paraissent être constantes chez l’adulte, et une maquette exécutée d’après nature par M. le D' Hahn concorde parfaitement avec les indi- cations fournies à M. Taczanowski par M. Stolzmann et à MM. Sclater et Salvin par M. Whitely. Les deux mandibules sont vertes sur la plus grande partie de leur longueur, mais la supérieure tourne au bleu vio- lacé du côté du front, tandis que l’inférieure est marquée à la base d’une tache rouge très apparente. L'iris est rouge carmin foncé et les pattes offrent, d’après M. le D' Hahn, une teinte rouge vermillon foncé et, d’après M. Stolzmann, une teinte rouge carotte tournant au brun du côté postérieur du talon et au gris clair sur la face inférieure des doigts. Chez le jeune au contraire, écrivait M. Stolzmann, l'iris est couleur terre de Sienne, le bec olive brunâtre, et les pattes sont d’un brun gri- sâtre. Le Rallus rhythirhynchus porte chez les Fuégiens le nom d’Achoun- näbillouch, d'après M. le D' Hahn. 58. RALLUS ANTARCTICUS. Rallus antarcticus King, Zool. Journ., t. IV, p. 05. Rallus uliginosus de Philippi, Wrzegm. Arch., 1858, p. 83. Rallus antarcticus Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 333 et 330. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the american Rallidæ, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1868, p. 445, n° 5. — Nom. Av. neotr., 1873, p. 139. — Birds Ant. Armer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 437, n° 35. — Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, Antarct. Amer,, p. 108, n° 35. — R.-B. Sharpe, Zool!. collect. made during the Survey of H. M.S. « Alert», Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 14, n° 56. B.134 MISSION DU CAP HORN. Rallus antarcticus Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. II, p. 148, n° 370. L’aire d'habitat de cette espèce est beaucoup moins étendue que celle du Rallus rhythirhynchus, et ne comprend probablement que le Chili et la Patagonie. De cette dernière région la Mission francaise du cap Horn n’a rapporté qu’un seul spécimen, tué à Punta-Arenas (détroit de Magellan) le 28 février 1883. Cet oiseau, dont le sexe n’a pu être déterminé, avait l'iris d’un brun rougeûtre, le bec gris brun et les pattes jaunes. Une femelle tuée vers le 15 janvier 1876 dans la même localité, par les naturalistes du Challenger, avait les yeux rouges, le bec noir et les pattes jaunes; un mâle tué au mois de mars 1880 à Mayne Harbour, par M. le D' Coppinger, chirurgien de l’Alert, les yeux rouges, le bec d’un vert sombre et les pattes rouges; enfin une femelle tuée à Tom Bay, le 13 février 1879, par le même naturaliste, les yeux d’un rouge sombre, le bec à reflets verts et les pattes rouges. Ces renseignements sont, on le voit, assez concordants. 59. FuLICA LEUCOPTERA. Focha d'Azara, Apunt., t. IIL, p. 472. Fulica leucoptera Vieillot, Nouv. Dict., t. XIT, p. 48, et Encycl. méthod., p.343: — G. Hartlaub, /nd. d’'Azara, p. 28. — Burmeister, La Plata Reise, 1867, t. II, p. 50. Fulica gallinuloides King, Zoo. Journ., t. IV, p. 96. Fulica Stricklandi G. Hartlaub, Journ. f. Ornith., 1853, extrah., p. 86. — Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. sool. Soc. Lond., 1867, p. 330. Fulica chloropoides Landbeck, Wriegm. Arch., 1862, p.218. Fulica leucoptera Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the american Rallidæ Proceed. 300l. Soc. Lond., 1868, p. 468, n° 6. — Æxot. Ornith., 1868, part. VIIL, pl. — Von. Av. neotr., 1873, p. 140. — H. Durnford, On the Birds of the province of Buenos Ayres, Ibis, 1857, p.195, n° 117, et 1878, p. 67, n° A. ‘ OISEAUX. B.135 Fulica leucoptera Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1880. t. LL, p. 158, n° 381. La Fulica leucoptera n'avait été signalée jusqu'à ce jour que dans l’Uruguay, la Bolivie et la République Argentine; aussi je ne m'atten- dais pas à la trouver représentée dans les collections formées par la Mission française du cap Horn; cependant c’est bien à cette espèce que doivent être attribuées trois Poules d’eau qui ont été tuées le 27 juillet 1653 à Lapataya (canal du Beagle) par M. Le D' Hahn. Ces trois oiseaux ont en effet les ailes lisérées de blanc, les pennes secondaires mar- quées de blanc à l'extrémité et la plaque frontale arrondie supérieure- ment etressemblant tout à fait à un spécimen du Chili donné par M. Gay en 1843. J'ai du reste trouvé, parmi les spécimens en peau de la collec- tion, deux dépouilles en fort mauvais état, qui ont été envoyées de Patagonie par M. d'Orbigny au mois de février 1831 et qui se rap- portent au même type ('). Il me parait done absolument démontré que l’aire d'habitat de la Fulica leucoptera doit être prolongée au moins aussi loin vers le sud que celle de la F. leucopygia (Licht. ms. in Mus. Berol. — Hartlaub, Journ. f. Ornith., 1853, extrah., p. 84. — Sclater et Salvin, Proceed. Zool. Soc. Lond., 1868, p. 467, n° 5 et Exot. Ornith., Part. VIT, p. 8). On sait en effet que cette dernière espèce a été indiquée par MM. Sclater et Salvin (Nom. Av. neotr., 1873, p. 140) comme se trouvant au Chili, dans l'Uruguay, aux iles Malouines et en Patagonie, où d’après M. Durnford (Jbis, 1877, p. 402), elle se rencontrerait princi- palement dans les vallées de la Chuput, du Sengel et du Sengelen. La distribution géographique de la Fulica leucoptera et celle de la F. leu- copygia sont donc à peu près les mêmes, et l’on peut se demander si, dans bien des cas, les deux formes n’ont pas été prises l’une pour l’autre. Elles ne diffèrent, en effet, que par des caractères saillants fournis par la longueur des ailes, la coloration du bout des pennes secondaires et la forme de la partie supérieure de la plaque frontale ; elles nichent dans les mêmes contrées et construisent leur nid de la même façon (H. Durnford, Zb:s, 1878, p. 66). (1) C'est probablement aussi de Patagonie que provenait le type de la Æulica gallinuloides dont M. Sclater a démontré (Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 591) l’identité avec la Fulica leucoptera. B.136 MISSION DU CAP HORN. Suivant M. le D' Hahn, la Fulica leucoptera est appelée Achouwabich par les Fuégiens. Une maquette, exécutée par le même naturaliste, nous montre que les trois Foulques tuées à Lapataïa avaient l'iris d’un rouge feu, la plaque frontale d’un jaune de chrome, le bec de la même couleur avec la pointe des mandibules verdâtre, et les pattes d’un vert d’eau très pâle, avec les palmures et les articulations noirâtres et les ongles noirs. 60. FuLICA ARMILLATA. Focha de ligas roxas d’Azara, Apunt., t. IL, p. 474, n° HS. Fulica armillata Vieillot, Vouv. Dict. d’Hist. nat., t. XII, p. 49, et Encycl. méth., p. 343. — G. Hartlaub, Znd. d’Asara, p. 28, et Journ. f. Ornith., 1853, extrah., p- 82. — Burmeister, Syst. Ueb., t. IIL, p. 390, et La Plata Reise, t. II, p. 505. Fulica chilensis Laudbeck, Wiegm. Arch., 1862, p. 221. — ? Schlegel, Mus. des Pays-Bas, Ralli, 1865, p. 63. Fulica armillata Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1867, p. 334 et 330. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the american Rallidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1868, p. 465. — Exot. Ornith., 1868, Part. VIII, pl. — VNomencl. Av. neotr., 1873, p. 140. — H. Durnford, On the Birds of the province of Buenos Ayres, Ibis, 1877, p. 195, n° 118, et 1878, p. 66, n° 39, et Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 4or. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. IL, p. 157, n° 379. La Fulica armuüllata, qui se rencontre dans les provinces méridionales du Brésil, au Chili, au Paraguay, dans la République Argentine et en Patagonie, se distingue facilement, comme le dit M. Sclater, des autres espèces de Foulques à sous-caudales blanches par sa forte taille et par le grand développement de ses tarses et de ses doigts. Je rapporte donc sans hésitation à cette espèce deux Foulques dont l’une (mäle) OISEAUX. B.137 a été prise au mois de décembre 1882 par M. Lebrun sur les bords du Rio Gallegos, tandis que l’autre (femelle) a été tuée le 14 février 1883 par M. le D° Hahn sur les lagons de Skyring Water, qui commu- niquent avec le détroit de Magellan. Ce dernier oiseau avait le bec d’un jaune verdâtre, taché de rouge en dessus et les pattes d’un jaune sale. Les individus adultes de la même espèce que M. Durnford a observés communément sur les lacs de la Patagonie centrale et sur les bords du Sengel et du Sengelen offraient à très peu près les mêmes nuances, savoir du jaune prime- vère sur la majeure partie du bec et de la plaque frontale, du rouge sang sur la base de la mandibule supérieure et sur la portion immé- diatement contiguë de la plaque frontale et une teinte olivâtre sur les pattes avec une jarretière d’un rouge päle autour de la jambe. Dans leur Mémoire sur les Rallidés de la faune américaine (Proceed. £ool. Soc. Lond. 1868, p. 465, n° 4), MM. Sclater et Salvin font allu- sion à des spécimens de Fulica armillata qui auraient été rapportés de Patagonie par d’Orbigny; mais c’est une erreur, car les deux seules Foulques que ce voyageur ait envoyées de cette région au Muséum, en 1537, se rapportent, comme je l'ai dit, à la Fukca leucoptera. 61. Nycricorax opscurus. Ardea obscura Lichtenstein, Vers. Doubl., Berl. Mus. — Reichenbach, Vollständ. Naturg. Grallat., 1844, pl. CLI, fig. 484. Nycticorax obscurus Ch.-L. Bonaparte, Tabl. synopt. de l’ordre des Hérons, (OMR ACATMNSC., 1859, XL), p.5;-n0 133, et Consp. Av, 1857, t. I, p. 141. ? Nycticorax americana J. Gould, List of the Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 96. ? Nycticorax Gardeni Ph.-L. Sclater, Cat. Birds of the Falkland Islands, Proceed. 3ool. Soc. Lond., 1860, p. 387, n° 96. Nycticorax obscurus Ph.-L. Sclater, Zbës, 1861, p. 312. — On Chilian Birds, Proceed. sool. Soc. Lond., 1867, p. 334 et 330. — Ph:-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the straits of Mission du cap Horn, NI. B.18 B.138 MISSION DU CAP HORN. Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n° 33, et 1869, p. 284. nos 13 et 14. — Nom. Av. neotr., 1873, p. 126. — Birds antarct. Amer.. Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 436, n°27, et Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, Antarct. Amer., p. 106, n° 297. Nycticorax obscurus H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley (Patagonia), Ibis, 1877, p. 40. — On the Birds of the province of Buenos Ayres, Ibid., p. 189, n° 91. — Notes on the Birds of Central Pata- gonia, tbis, 1878, p. 399. — A. Reichenow, Syst. Uebers. Schreitvôg., Journ. f. Ornith., 1877, p. 238. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. IE, p. 406, n° 126%. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. Il, p. 109. n° 323. Le Bihoreau obscur habite le sud du continent américain, les iles Malouines et la Terre de Feu. De ces deux dernières régions la Mis- sion française n’a pas rapporté moins de onze spécimens, savoir : 1° Une femelle tuée le 7 septembre 1882 sur un arbre, au bord de la mer, à l’anse de la Forge (baie Orange); iris rouge; bec verdàtre, tirant au jaunâtre à la base; tarses d’un jaune verdûtre ; 2° Une autre femelle tuée dans la même localité, le 2 décembre 1882: partie interne de l'iris rouge; partie externe noire; pattes jaunes et grises ; 3° Une femelle tuée le 21 décembre 1882 à la baie Orange, dans le bois à l’est de la Mission; iris rouge; bec noir avec la pointe couleur de corne blonde, cette couleur étant plus marquée sur la mandibule inférieure; tarses d’un jaune elair en dessous, d’un gris brunätre en dessus, d’un jaune verdàtre en dedans et sur les articulations tarso- phalangiennes ; 4° Un mâle tué au vol, sur la plage, près de la pointe Lephay (baie Orange) le 26 décembre 1882; mêmes caractères que l'individu pré- cédent; trois plumes à l'aigrette ; 5° Un mäle tué le 16 janvier 1883, à la baie Orange, sur un arbre, dans le bois à l’extrémité du lac de la Mission; iris d’un jaune clair; bec noir en dessus, jaune rougeàtre en dessous; tarses d’un vert olive foncé sur la face supérieure, jaunes sur la face inférieure ; G° Une femelle tuée le 17 février 1883, à la baie Orange, dans OISEAU X. B.199 l’Anse aux Canards; iris rouge, bec verdàtre, tarses d’un jaune ver- dâtre : 7° Deux mâles tués le 26 février 1883 sur les bords de la baie Edwards (Malouines); poissons dans l'estomac ; 8° Un mâle tué le 7 mars 1883 sur les bords de la baie Française (Malouines) ; 9° Un mâle tué le 18 mars 1883 à Oushouaïa; 10° Un mâle tué le 20 juin 1883 sur l'ile Wollaston ; 11° Une femelle tuée le 16 août 1883 à Packewaïa, sur l'ile Gable. Deux oiseaux de la même espèce avaient été déjà rapportés au Muséum, il ÿ a plus de soixante ans, par l'expédition de l’Uranie, qui les avait pris dans l'archipel des Malouines; enfin d’autres spécimens ont été obtenus par le D' Cunningham à Oazy Harbour (mars 1865), à Even Harbour (28 avril 1868) et sur les iles Tyssen, dans le Falkland Sound (30 janvier 1868) et par les naturalistes du Challenger à Tom Harbour (5 janvier 1876), à Puerto-Bueno (9 janvier 1856) et sur l’une des iles Malouines (fin janvier 1876). Les pattes étant d’un jaune verdàtre, les yeux étaient d’un jaune orange chez l'oiseau (femelle) tué à Tom Harbour, comme chez l’oi- seau (femelle) tué à Puerto-Bueno, ct d’un jaune citron chez l'oiseau (femelle) tué aux iles Malouines. L’estomac de ce dernier renfermait des restes de Crustacés, tandis que celui d’un des Hérons obtenus par la Mission française contenait des débris de Poissons. Enfin les individus observés dans la République Argentine par M. H. Durnford avaient les yeux d’un rouge foncé, la mandibule supé- rieure noire, la mandibule inférieure d’un vert jaunâtre avec la pointe noire, et les pattes d’un vert pois clair, passant au jaunâtre sur la face inférieure. Dans la République Argentine, le Bihoreau obseur est sédentaire et encore plus répandu qu’en Patagonie où, d'après M. Durnford, il est connu, à cause de son cri retentissant, sous le nom d'oiseau aboyeur. Les Fuégiens l’appellent Taoukh où Taouko. B.140 MISSION DU CAP IHORN. 62. [Bis (THERISTICUS) CAUDATUS. Courly à col blanc de Cayenne Daubenton, P£. Col. de Buffon, 1770, pl. 976. Scolopax caudatus Boddaert, Tabl. des Pl. enlum. de Daubenton, 1755, P- 97- Black faced Ibis et White necked Ibis Latham, Gen. Syn., 1783, t. II, p. 108 et 109 et pl. LXXIX. Tantalus melanopis et T. albicollis Gmelin, Sysé. nat., 1588, p. 655, sp. 19, etp. 652, sp. 20 (juv.). — Latham, Znd. ornith., 1790, t. IL, p. 704, sp. 8, et p. 904, sp. 6. Ibis albicollis et I. melanopis Vieillot, Nouv. Dict. d’Hist. nat., 1819, t. XVI, p-17rel 20: Ibis melanopis Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 334 et 339. — A. Reichenow, Syst. Ueb. Schreitvüg, Journ. f. Ornith., 1875, p. 194. Theristicus melanopis Wagler, /sis, 1832, p. 1230. Theristicus melanopis et Th. albicollis Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1857, oulE Ds Ho Cine) Theristicus melanops Darwin, Voy. « Beagle », Zool. 1. III, Birds, 1841 p. 128. — Cunningham, Ibis, 1868, p. 1928. Theristicus melonopis Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n° 3k, et Third List, Ibis, 1850, p. 499, n° 15. : , — À. Newton, On the nests and eggs collected by D" Cunningham, in Zbis, 1870, p. 902. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vomnencl. Av. neotr., 1873; p. 127. — H. Durnford, Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 400. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Birds Antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 436, n° 98, et Voy. « Challenger », Rep. on the Birds, Antarct. Amer., p. 106, n° 98. Theristicus caudatus D.-G. Elliot, On the Ibidinae in Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1877, p. 498. OISEAUX. B.1%1 Theristicus caudatus L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. LI, p. 417, n° 1273. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. IL, p.110, n°328. L'Ibis à face noire est répandu sur la plus grande partie de l'Amé- rique méridionale, où il est désigné vulgairement sous le nom de Ban- duria où Vanduria. Deux individus de cette espèce, un mâle et une femelle, ont été tués par M. Lebrun sur l'ile Leones, située en face de la côte orientale de Patagonie, par 46°6/20” de lat. sud. Un autre indi- vidu (femelle) a été tué par M. le D' Hahn le 25 décembre 1882 sur les bords de la baie Gretton, au nord de l'ile Wollaston. Enfin, pour ne citer que les spécimens provenant des régions australes, d’autres exemplaires ont été obtenus par le D' Cunningham sur l'ile Elisa- beth, au mois de février 1867 et à Sandy Point, au mois de jan- vier 1869, et par les naturalistes du Challenger dans cette dernière localité, au mois de janvier 1876. L'oiseau tué par M. le D' Hahn avait les yeux d’un jaune rosé, le bec brun, passant au verdâtre à la pointe, et les pattes rouges; la femelle rapportée par l'expédition du Challenger les yeux rouges, les pattes roses et le bec noir, et le màle les yeux jaunes, le bec vert, les pattes roses avec les scutelles noires. Ces indications ne diffèrent pas sensi- blement de celles qui nous sont fournies par M. Taczanowski, d’après les notes prises au Pérou par M. Jelski. Suivant M. Taczanowski en effet, le becest, chez le Theristicus caudatus (ou melanopis), d’un noir brunàtre passant au jaunâtre à l'extrémité; les pattes sont rouges avec les ongles noirâtres; l'iris est d’un brun noisette foncé intérieurement et d’un rouge brique tirant au brunâtre extérieurement; les lores sont dénudés et papilleux et les yeux sont entourés d’une peau rugueuse de couleur noire, comme celle qui forme une pendeloque sur le devant de la gorge. Dans l'estomac des Ibis qu'il a tués dans la région de la puna, au Pérou, M. Jelski a trouvé des larves de Diptères, des débris de Curecu- lionides, de Lycoses, de Hannetons, etc. Dans les collections formées par le D' Cunningham se trouvaient des œufs de Theristicus melanopis, recueillis au mois de novembre 1867 sur l'ile Élisabeth. Ces œufs, d’après M. L. Newton, étaient à surface terne, B.142 MISSION DU CAP HORN. d’un blanc verdàtre clair, parsemés de quelques petites taches d’une teinte neutre et de quelques mouchetures d’un brun foncé et rayés de stries capillaires-au gros bout. Ils mesuraient 2 pouces anglais 71 (environ 7%) sur 1 pouce 86 (4°" 2) et ressemblaient, au premier abord, plutôt à des œufs de Goélands qu’à des œufs d'Ibis. Cette description convient assez bien à deux œufs qui ont été rapportés par M. Lebrun et que ce naturaliste croit pouvoir attribuer à l’Ibis à face noire; en effet, les dimensions sont exactement les mêmes que celles qui sont données par M. Newton, et si la couleur du fond est d’un blanc jaunàtre et ne tire pas au verdätre comme dans les exemplaires recueillis par M. Cunningham, si l’on n'aperçoit aucune trace de stries capillaires au gros bout, en revanche on retrouve les taches brunâtres entremélées de quelques mouchetures plus pâles, d’une teinte neutre. Des œufs tout à fait analogues ont d’ailleurs été décrits par Darwin comme apparte- nant à l’Ibis à face noire. Il est donc parfaitement établi maintenant que l’Ibis à face noire séjourne pendant le printemps et l'été et se reproduit, comme le sup- posait M. Hudson, dans les régions australes du nouveau monde etqu'il remonte en hiver, dans la République Argentine, au Chili et dans d’autres contrées plus voisines de l'Équateur. 63. PirALAGROCORAX BRASILIENSIS. Puñfinus brasiliensis Brisson, Orntth., 1760, t. VI, p. 138, n° 4. Procellaria brasiliana Gmelin, Syst. Vat., 1588, 1. I, p. 564, n° 19. Phalacrocorax brasilianus Lichtenstein, Nom. Ar. 1854, p. 104. Carbo brasilianus Spix, Are. Bras., t. I, p. 83, et pl. CVI. Graculus brasilianus Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ae., 1855, 1. I, p. 172. Phalacrocorax brasilianus Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 540, n° 26. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Thcrd List of Birds collected by D" Cunnin- gham, Ibis, 1850, p. 499, n° 14. — Nom. Av. neotr., 1873, p. 124. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput valley, Patagonia, OISEAUX. B.1% 1bis, 1835, p. 4o, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1858, p. 398. Phalacrocorax brasilianus L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. III. p. 429, n° 1281. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. IL, p. 91, n°314. L'expédition de la Wagicienne, sous les ordres de M. l’amiral Serres, avait déjà rapporté au Muséum, en 1877, de Port Churrucha (Magellan) trois individus de cette espèce qui occupe toute l'Amérique méridio- nale et l'Amérique centrale et qui, d’après M. Durnford, est commune et sédentaire dans la région du Sengel et du Sengelen (Patagonie orientale). Trois autres exemplaires ont été capturés par M. Lebrun sur l'ile Leones (') le 20 octobre 1882 et dans le New Year Sound, le 3 avril 1883; un quatrième a été pris par M. de Lartigue, officier du Volage, à Missioneros, à la fin de 1882; trois femelles ont été tuées par M. le D' Hyades et M. Sauvinet dans la baie Orange, le 19 mai, le 1% et le 8 juillet 1883; enfin une femelle et quatre mâles ont été abattus par M. le D' Hahn dans la baie Orange et dans la baie Pack- saddle, le 29 mars, le 1r juillet et le 28 août 1883. Les mâles de la baie Packsaddle avaient les yeux d’un vert d’émeraude, comme les Ph. brasiens.s en plumage de noces rapportés par M. Jelski de la côte _du Pérou et décrits par M. Taczanowski. La couleur de l'iris parais- sait seulement un peu plus pâle (vert d’eau clair) chez une des femelles de la baie Orange (1° juillet 1883), tandis qu’elle était complètement différente (brun clair, légèrementblanche) chez les deux autres femelles de la même localité (19 mai et 8 juillet 1883), qui étaient cependant revêtues de la livrée de l’adulte. Enfin M. Jelski nous apprend que chez les jeunes l’œil est d'un gris verdätre assez foncé. La femelle obtenue le 19 mai 1883 avait en outre la mandibule supérieure noire en dessus, couleur de corne brune sur les côtés, la mandibule inférieure couleur de corne blonde foncée, tirant légère- ment au noirâtre sur les bords, les parties nues des côtés de la face bleuätres vers la paupière inférieure et d’un jaune clair à la base de (1) Cette île est siluée près de la côte orientale de Patagonie, par 45°6'20" de lati- tude sud. B.144 MISSION DU CAP HORN. la mandibule inférieure, et les tarses noirs. Chez la femelle tuée le 1 juillet, les pattes étaient de la même couleur, mais le bec était blan- châtre sur les côtés et en dessous, noirâtre sur le dos de la mandibule supérieure; les parties nues étaient d’un jaune citron près de la com- missure du bee, et la membrane comprise entre les branches de la man- dibule inférieure offrait une coloration d’un brun rougetre. Enfin chez la femelle tuée le 8 juillet, le bec était noirâtre le long de l’arête, jaune citron très pâle sur les bords de la mandibule supérieure et sur la mandibule inférieure; les tarses étaient noirs etles parties dénudées d’un blanc jaunàtre autour des yeux et d’un jaune citron pâle à la base du bec. Les Fuégiens donnent à ce Cormoran le nom de Yéyachah. 614. PHALACROCORAX CARUNCULATUS. (PL. 6.) Pelecanus carunculatus et P. cirrhatus Gmelin, Syse. Val, 1 n°5 25 et 28. Phalacrocorax imperialis Ph.-P. King, Proceed. sool. Soc. Lond., 1830, 1. I, p. 30. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 652, m8, et Voy. of the « Challenger », Report on Birds, Steganopodes, p. 120 et pl. XXV. — R.-B. Sharpe, Zool. collect. made during the Survey of H. M. S. « Alert», Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 11, n° 35. Carbo albiventer Lesson, 7raité d'Ornith., 1831, p. 604, n° 2. Carbo cirrhatus et C. purpurascens Brandt, Bull. Acad. Sc. Saint-Pétersb., 1838, 1. LIT, p. 56. Hypoleucus cirrhatus, Urile (Leucocarbo) carunculatus et U. (L.) purpu- rascens Ch.-L. Bonaparte, Consp. Aoe., 1855, t. IT, p. 174, 196 et 177. Phalacrocorax carunculatus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., Birds, 1841, p. 145. — Ph.-L. Sclater, Cat. Birds Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 391, n° 56, OISEAUX. B.145 Phalacrocorax carunculatus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Thërd List of Birds collected by D' Cunningham, Ibis, 1850, p. 499, n° 12, et p. 504, n° 19. — Nom. Av. neotr., 1873, p. 124. Phalacrocorax cirrhatus et Ph. purpurescens Ph.-L. Sclater, On Chilian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 340, n°; 27 et 29. Phalacrocorax cirrhatus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected ir the straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n° #1, et Second List, Ibis, 1869, p. 284, n° 27. Phalacrocorax carunculatus Alph. Milne Edwards, Faune des régions aus- trales, Ann. Sc. Nat., Zool., 1882, 6° série, t. XIII, art. n° 4, p. 27. ’Haliaeus (Hypoleucus) verrucosus J. Cabanis, Journ. f. Ornith., 1855, p. 450. 5 — J. Cabanis et A. Reichenow, Zbid., 1856, p. 359 et pl. I. ?Phalacrocorax verrucosus R.-B. Sharpe, Zoo!. of Kerguelen, p. 49. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Zool. collect. of « Challenger », Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 652, n° 9, et Voy. of the « Challenger », Rep. on the Birds, Steganopodes, p. 122, n° 9 et pl. XXVI. — H. Filhol, Wässion de l'ile Campbell, 1885, p. 82. Le Cormoran à caroncules a été rencontré au Chili par M. Gay et par les naturalistes de l'expédition de l’Assrobabe ( Voyage au pôle sud), à Chiloé par les naturalistes de l’expédition autrichienne de la Norara, aux Malouines par Quoy et Gaimard (‘) et par le capitaine Abbott, à Port Saint-Julien (Patagonie) par Ch. Darwin, à Santa-Magdalena et dans le détroit de Magellan par le D° Cunningham, dans l'été 1867- 1868, à Punta-Arenas par M. l'amiral Serres, commandant la HMagi- cienne, qui a rapporté trois exemplaires de cette espèce au Muséum en 1877, à Missioneros et sur les bords du Rio Gallegos par MM. Lebrun et de Lartigue au mois de novembre 1882 et en juin 1883, dans les parages de la Terre de Feu, sur la Terre des États et à l’ile Dawson (1) Lors du voyage de l’Uranie. C'est de cette expédition et de cette localité que provenait le type du C. «lbiventer Less., qui a dû être réformé il y a quelques années. M. le D' Hyades mentionne également dans ses notes la capture d’un Phalacrocorax carunculatus faite au sud des Malouines par le capitaine Willis, de l’4Zen Gardiner qui a donné à la Mission française la dépouillé de ce spécimen (femelle ?). Mission du cap Horn, NI. B.19 B.116 MISSION DU CAP JHORN. en 1882 et 1883 par MM. les D' Hyades et Hahn et par MM. Sauvinet, Steimann et Lebrun. La Mission du cap Horn a même obtenu un nombre si considérable de Phalacrocorax carunculatus que l’énumération en deviendrait fastidieuse. Je dirai seulement que ces oiseaux, d’âges et de sexes différents, ont été tués, les uns dans la baie Bon-Succès, au sud de la Terre de Feu, le 4o octobre, d’autres dans la baie Cook (Terre des États) le 17 etle 19 novembre 1882, d’autres à la baie Orange, à la baie Lort et à la baie Stockwell, Le 6, le 8, Le 16 et le 17 février, le 5, le 10, le 16 et le 24 mars, le 17 et le 25 mai et le 29 juin 1883; d’autres, dans l’anse Indienne, dans la baie Doze et dans le canal Hahn (New Year Sound), le 4 et le 9 avril et le 29 juillet r883, d’autres enfin dans la baie du 14 Juillet (ile Button), le 14 juillet 1883. En outre, je relèverai sur les étiquettes ou sur les carnets de notes des naturalistes attachés à la Mission du cap Horn les indications sui- vantes, relatives aux couleurs des yeux, des pattes et des parties nues, et au contenu de l’estomac chez quelques-uns des oiseaux abattus : 1° Mäle tué Le 30 octobre 1882, dans la baie Bon-Succès : iris brun clair, bec d’un gris sale, pattes couleur de chair. 2° Mâle tué le 17 novembre 1882, dans la baie Cook (Terre des États) : iris gris foncé, paupières et parties nues bleues; pattes cou- leur de chair. 3° Femelle tuée le 8 février à la baie Orange : iris jaune, peau dénudée jaune citron sur les côtés de la face et bleue à la base du bec ; mandibules noires passant au brun à l'extrémité; tarses noirâtres, avec des plaques grisätres sur leur face antérieure. 4° Jeune mâle tué à la baie Lort, au sud de la baie Orange, le 16 février 1883 : iris jaune; peau nue à la base du bec bleue; mandi- bules noires avec l’extrémité brune; tarses couleur de chair. 5° Femelle tuée en même temps que l'individu précédent : mêmes caractères, sauf que la peau nue au-dessus du bec est rose, la mem- brane sous la mandibule inférieure jaune citron; en outre, les mem- branes interdigitales sont d’une teinte grisàtre foncée. 6° Mâle tué le 5 mars 1883 à la baie Orange : iris brun; bec noir, passant à la couleur corne blonde à l’extrémité des deux mandibules, et au gris perle foncé à la base de la mandibule inférieure; tarses d’un OISEAUX. B.147 blanc grisàtre; parties nues d’un rouge brique à la base de la mandi- bule inférieure et autour des yeux et d’un gris noirâtre au-dessus de la mandibule supérieure; estomac renfermant des restes de Poissons. 7° Mâle tué le ro mars 1883 à la baie Orange : mêmes caractères que chez la femelle de la baie Lort, sauf que l'iris est brun et la mem- brane sous la mandibule inférieure d’un gris perle foncé. 8° Mâle tué le 24 mars 1883 à la baie Orange : iris gris; bec noir en dessus, gris perle sur la mandibule inférieure et couleur corne blonde foncée sur la lisière de la mandibule supérieure; tarses d’un brun marron; parties dénudées d’un brun marron foncé au-dessus de la base du bec, et d’une teinte jaunâtre au-dessous de la mandibule inférieure. 9° Femelle tuée le 30 mars 1883 dans l’anse Indienne : iris brun; bec blanchâtre; tarses couleur de chair: estomac contenant des restes de petits Poissons et de Crevettes. 10° Mâle (?) tué et apporté à la baie Orange par les Fuégiens, le 27 avril 1883 : iris brun; bec de couleur corne blonde, plus foncée sur la mandibule supérieure; tarses d’un gris blanchätre un peu rosé; parties nues brunâtres autour des yeux et brunes au-dessus du bec. 11° Femelle tuée et apportée à la baie Orange par les Fuégiens, le > mai 1883, iris brun; bec noir, tarses blanchätres tirant au rose chair; membranes interdigitales grisètres; peau nue d’un rouge tirant au jaune autour des yeux et noire au-dessus du bec. 12° Femelle tuée le 17 mai 1883 à la baie Orange : iris d’un brun très clair, bec brun passant à la couleur corne blonde à l’extrémité des deux mandibules; tarses blanchâätres nuancés de rose; peau nue colorée en violet autour des yeux, en brun au-dessus de la mandibule supé- rieure, en jaune clair à reflets dorés sur les côtés de la face, en jaune un peu verdâtre au-dessous de la mandibule inférieure. 13° Femelle tuée à la même date, dans la même localité : iris brun; bec brun, plus clair à l'extrémité que dans le reste de sa longueur; tarses grisètres, nuancés de rose sur leur face antérieure ; parties nues colorées en brun au-dessus du bec, en bleuâtre autour des yeux, en marron jaunâtre sur Les côtés de la face, en rose chair sous la man- dibule inférieure. 14° Femelle tuée le 29 juin 1883 dans la même localité : iris brun; B.148 MISSION DU CAP HORN. bec noirâtre passant à la couleur corne blonde à l'extrémité des man- dibules; tarses blanchâtres, légèrement nuancés de rose sur le dessus des doigts; parties nues colorées en rouge autour des yeux, en noirâtre au-dessus du bec, en jaune verdâtre clair au-dessous de la mandibule inférieure. 15° Femelle tuée le 29 juillet 1883 dans la baie Stockwell, près de la baie Orange, avec trois autres femelles qui portaient également une huppe et offraient exactement les mêmes caractères : iris d’un brun clair, bec noirâtre avec la pointe couleur de corne brune; tarses d’un gris blanchâtre nuancés de rose en dessus, d’un gris noirâtre en des- sous; peau nue colorée en jaune d’ocre sur les côtés de la face et en noirâtre au-dessus du bec. 16° Mäle tué sur l’ile Dawson par M. Steimann :iris jaune orange clair. 17° Femelle tuée sur les bords du Rio Gallegos par M. Lebran : pau- pières bleues et pattes roses. D'un autre côté, Darwin nous apprend que les Cormorans à caroncules qu'il a trouvés nichant en grand nombre à Port Saint-Julien, au mois de janvier, avaient la peau nue autour des yeux d’un bleu campanule, les caroncules d’un rouge safran mélangé de rouge cambodge, les marques entre les yeux et l’angle du bec couleur orpiment et les tarses d’un rouge écarlate. Enfin je relève sur des notes manuscrites de J. Verreaux : Femelle prise à Talcahuano (Voyage de l’Astrolabe, Musée de Paris) : iris noir vert; bec et pattes rouges (‘). Il résulte de ces renseignements que la couleur des pattes chez le Phalacrocorax carunculatus est d’un blanc tantôt grisàtre, tantôt rosé, que la couleur de l'iris varie du gris au jaune et au brun, et que celle de la peau dénudée autour des yeux et des caroncules voisines du bec passe du brun au jaune, à l’orangé, au rouge et au bleu. Ces différences de coloration dépendent de l’âge et des saisons et, d’une façon géné- rale, toutes les teintes sont beaucoup plus vives chez l'adulte pendant la saison de la nidification, qui correspond à notre automne (?); c’est (2) Par ec il faut entendre probablement /a base du bec. (2) Des œufs de PA. carunculatus ont été recueillis le 4 octobre 1867 par M. le D' Cun- ningham sur l'ile Santa-Magdalena. .149 _ In- OISEAUX. alors que le tour des yeux est d’un bleu vif, que les caroncules jectent, que les membranes se colorent en jaune orangé et que les pattes prennent des tons clairs, en même temps que de petites plumes blanches se montrent sur le cou et sur les tempes; au contraire, pen- dant l'hiver austral, qui correspond à notre été, les membranes se décolorent, les caroncules s’effacent et les pattes deviennent grisâtres. Le nom fuégien de cette espèce est Ouçanim, Ouçanim Chatoukh (") ou bien encore Ouçanim Chatouckh. Beaucoup d’auteurs (?) rapportent à une seule et même espèce qu'ils appellent Phalacrocorax carunculatus, des Cormorans qui vivent les uns sur les îles Malouines ou sur les côtes de l'Amérique australe, d’autres aux îles Crozet (*), à l'île Pitt, par le travers de la Nouvelle-Zélande, d’autres encore sur l’ile Kerguelen. Certains ornithologistes au con- traire (*) reconnaissent parmi ces oiseaux plusieurs espèces distinctes, appelant Phalacrocorax imperialis (King) les Cormorans du cap Horn, Ph. albiventris (Lesson) ceux des iles Malouines, PA. verrucosus (Cab.) ceux de Kerguelen, et réservant le nom de Ph. carunculatus aux Cormo- rans de la Nouvelle-Zélande. Quoique la question ne puisse être résolue que par l'examen d’un grand nombre de spécimens, de diverses pro- venances, la première opinion, celle qui n’admet l'existence que d’une seule espèce largement répandue, me parait, dès maintenant, de beau- coup la plus vraisemblable. Quels sont en effet les motifs que l’on invoque pour séparer les Cormorans de la Patagonie et du cap Horn de ceux de la Nouvelle-Zélande? C'est l’absence de huppe, chez le Ph. unperials, ainsi que l'étendue plus grande de la teinte blanche des parties inférieures qui remonte sur les joues et la présence d’une large n € (1) Ce deuxième nom s'applique spécialement aux individus adultes, en plumage de noces et pourvus d’une huppe, Chatoukh en fuégien signifiant huppe ou aigrette. (2) Alph. Milne-Edwards, op. cit., p. 28. — Schlegel, Mus. des Pays-Bas, Pelecani, p. 21. — Elliott Coues, Zull. Un. St. Nat. Mus., n° 2, p. 7. — Buller, Birds of Now Zealand, p. 33 et pl. XXX, fig. r, ete. (3) Alph. Milne-Edwards, Loc. cit., d’après une note manuscrite de J.Verreaux qui avait eu sous les yeux deux spécimens des îles Crozet envoyés par M. Layard à M. Edouard Verreaux, en 1859. (*) Voyez notamment Ph.-L. Sclater et O. Salvin, y. of the « Challenger », Report on the Birds, Stezanopodes, p. 120. B.150 MISSION DU CAP HORN. tache blanche sur le milieu de la région dorsale. Or un individu mâle rapporté de Patagonie (Missioneros) par la Mission française de Santa- Cruz et tué par l’un des officiers du Volage offre déjà quelques plumes blanches sur la région dorsale, et d'autre part plusieurs individus obte- nus par les naturalistes de la Mission du cap Horn ont une huppe très développée et recourbée en avant ('). Par l’absence de tache blanche sur le dos, ces Cormorans ressemblent aux PA. verrucosus de Kerguelen, mais ils en different, en revanche, parce qu’ils possèdent des bandes obliques, d’un blanc pur, sur la partie antérieure de l'aile. Toutefois, ces bandes blanches varient de largeur d’un spécimen à l’autre, et même d’une aile à l’autre chez les mêmes individus, de telle sorte que l’un des caractères invoqués pour séparer le Ph. verrucosus du Ph. imperialis ne semble pas constant. D'un autre côté, chez certains Cormorans de l'Amérique australe, les plumes remontent jusque vers le menton en dessinant une pointe, tandis que chez d’autres elles laissent à découvert un espace demi-circulaire, de façon qu'il est impossible d’attacher la moindre importance au caractère tiré de la disposition des plumes de cette région, caractère que M. Cabanis fait intervenir dans la distinction du PA. verrucosus et du PA. carunculatus. Enfin, s’il fallait réserver un nom spécial aux Cormorans de la Nouvelle-Zélande, ce serait certainement celui de Phalacrocorax cirrhatus (Gm.), puisque, sous le nom de PA. carunculatus, Gmelin a confondu des oiseaux de la Nouvelle-Zélande et de la Terre des États. 65. PHALACGROCORAX MAGELLANIGUS. Pelecanus magellanicus Gmelin, Syst. Nat., 1788, 1. I, p. 576, n° 26. Carbo magellanicus Forster, Descr. Anim., p. 356, et Zcon. tnéd., p. 105. (1) Il faut remarquer d’ailleurs que si MM. Sclater et Salvin disent que les Cormorans rapportés de l'Amérique australe par l'expédition du Challenger n’ont pas de huppe (having no crest, crista nulla), King, dans sa description originale du Phalacrocorax impe- rialis, écrit au contraire Phalacrocorax capite cristuto. De même MM. Sclater et Salvin (Por. of the « Challenger », loc. cit.) rangent parmi les espèces dépourvues de huppe le Phalacrocorax verrucosus, qui sur la planche du Journal! für Ornithologie (1876, pl. 1) est représenté avec une petite touffe de plumes redressées. OISEAUX. B.151 Garbo magellanicus Hombron et Jacquinot, Voy. au Pôle sud, Zoologie, Oiseaux, pl. XX XI bés, fig. r. Phalacrocorax sarmentiosus et Ph. erypthros King, Proceed. sool. Soc. Lond., 1830, p. 30. Garbo leucotis Cuvier, Mus. de Paris (nec auct.). Carbo leucotis Pucheran, Étude sur les types peu connus du Musée de Paris, Rev. et Mag. de Zoologie, 1850, p. 536. Phalacrocorax erythrops King, Proceed. zool. Soc. Lond., 1831, p. 30. Phalacrocorax magellanicus Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ao., 1857, t. II, p. 177. — Ph.-L. Sclater, Cat. Birds Falkland Islands, Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1859, p. 391, n° 57. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Third List of Birds collected by D' Cunnin- gham, Ibis, 1870, p. 499, n° 13. — Vom. Av. neotrop., 1873, p. 124. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, op. cit., ch. V, p. 26. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 11, n° 34. Le Cormoran de Magellan, que les marins connaissent sous Îles noms de Mgaud et de Minnie, est très commun dans les parages du cap Horn et dans l’archipel des Malouines, où il niche en colonies nom- breuses et où il a été observé successivement par Pernetty ('), par Quoy et Gaimard (?), par Lesson et Garnot (°), par le capitaine Abbott (*) et par le D' Coppinger, chirurgien de l’A/ert (°). L'expédition commandée par Dumont d'Urville a rapporté quelques individus de cette espèce pris à l’ile Magdalena et à Port Famine; le D' Cunningham a rencontré ces oiseaux à Port Churrucha et à Port . Tasseras, en 1869; d’autres spécimens, provenant d’Eden (Patagonie), ont été donnés au Muséum, à une date beaucoup plus récente, en 1877, par M. l'amiral Serres, commandant la Magicienne; enfin la Mission (1) Joyage aux Malounes, t. A, p, 23. (2) Voyage de Z’Uranie. Muséum d'Histoire naturelle de Paris : 1 spécimen. (3) Voyage de la Coguille. Muséum d'Histoire naturelle de Paris : 1 spécimen. (#) Por Ibis, 1861, p. 167. (5) R.-B. SuarPe, Op. cit., P. z. S. 1881, p. 11, n° 34. Trinidad Channel, 27 fév. 1879. B.152 MISSION DU CAP HORN. du cap Horn a pu réunir une série très nombreuse de ces Cormorans, capturés dans les localités suivantes : 1° Baie Orange, 26 et 28 septembre, 1, 7 et 12 octobre, 21 et 30 décembre 1882; 1% février, b, 7, 10, 13, 19, 18, 23 et 25 mars, 27 avril, 7, 12 et 27 mai, 23 juin, 3, 8, 10, 15 et 26 juillet 1853; 2° Anse Saint-Martin, dans l'ile l'Hermite, 15 et 16 décembre 1882; 3° Anse Louise, canal de la Romanche, 9 et 15 avril 1883; 4° Baie Maxwell, dans le nord-ouest de l’archipel du cap Horn, 27 juin 1863. Le Cormoran pris à l'ile Magdalena par MM. Hombron et Jacquinot avait les yeux noirs, le bec noir, les caroncules orangées et les tarses rouges; au contraire, chez trois femelles tuées au vol ou posées sur l’eau, à la baie Orange, le 28 septembre, le 1% et le 8 oc- tobre 1882, le bec était toujours noir; la peau nue, autour des yeux et au-dessus du bec, était également de couleur noire, etles tarses offraient une couleur très foncée, noire ou brune. Chez un mâle tué au vol, le 1 décembre 1882 dans le sud de la Mission, durant une excursion en baleinière, les caractères étaient les mêmes que chez la femelle tuée le 28 septembre; seulement les tarses, noirs en dessous, étaient mar- brés en dessus de rose chair et de noirâtre, cette dernière teinte allant en augmentant d'intensité du dedans en dehors; en outre, l'iris était jaune. Un mâle, tué à la baie Orange le 5 mars 1883, avait le bec noi- râtre, passant à la couleur corne blonde à l'extrémité des mandibules, les parties nues des côtés de la tête d’un rouge brique, la membrane au-dessus du bec noire, les tarses noirs et les yeux bruns. Mêmes caractères chez six mâles tués le 7, le ro, le 13 et le 15 mars 1883 ‘dans la même localité; seulement, chez un de ces individus, la couleur corne blonde de la base des mandibules était beaucoup plus foncée, et, chez un autre, l'iris était d’un jaune tirant sur le rouge, et la base des doigts ainsi que les membranes interdigitales offraient une teinte rouge chair foncée. Quatre femelles, tuées le 18 mars 1883, à la baie Orange ne présentaient que de légères différences avec les spécimens précédents ; toutefois, chez deux d’entre elles, les parties nues étaient d’une teinte noirâtre foncée, et, chez les deux autres, la membrane au- dessus du bec était d’un brun marron, le bec noir, avec l’extrémité OISEAUX. B.153 couleur de corne brune, les yeux bruns, les pattes d’un brun noirâtre avec les membranes interdigitales noires, la peau nue au-dessous des yeux d’un brun marron, et celle de la région au-dessous de la mandi- bule inférieure d’un brun rougeàtre. Une autre femelle, tuée le 23 mars, à la baie Orange, avait le bec noir, passant à la couleur corne brune à l'extrémité des mandibules, la membrane au-dessus du bec d’un marron tirant au noir, la peau nue des côtés de la face, au-dessous de la paupière inférieure, de couleur rose, et celle de la région située sur le bec de couleur noire, les pattes noires et les yeux bruns. Un autre individu, qui a été tué Le 27 avril par les Fuégiens, et dont le squelette a été seul conservé, portait un plas- tron blanc et offrait de petites taches blanches à la naissance de la gorge; son bec était noir, de même que la membrane adjacente, mais la peau nue autour des yeux était d’un rouge vermillon; les yeux étaient bruns et les pattes noirâtres. Chez une femelle prise le 27 mai 1883, toujours dans la même loca- lité, les pattes étaient d’un gris blanchâtre, passant au noirâtre sur les doigts, la partie externe des tarses et les parties nues d’un rouge framboise, tandis qu’un mâle tué le 23 juin avait les yeux d’un brun clair, le bec et les tarses noirs et les parties dénudées noires au-dessus du bec et un peu rougeûtres autour des yeux. D’après une maquette exécutée par M. le D' Hahn, la couleur rouge était beaucoup plus vive et s’étendait jusque dans le voisinage du bec chez une femelle tuée le 27 juin 1853 dans la baie Maxwell; mais les yeux étaient bruns et le bec noir, comme chez le mâle de la baie Orange. Mème coloration rouge intense (rouge vermillon) des parties nues autour des yeux chez un autre mâle tué le 8 juillet 1883 à la baie Orange, et ici encore l'iris était brun, le bec noir, avec une peau noire dans le voisinage de la mandibule supérieure ; quant aux pattes, elles offraient une teinte noire sur la face inférieure des tarses, blanchâtre ou un peu rosée sur la face supérieure et sur les membranes interdigitales. Une femelle, tuée le ro juillet à la baie Orange, avait la tête sur- montée d'une aigrette, le bec noir, passant à la couleur corne brune à la pointe, les yeux bruns, les pattes blanchâtres, nuancées de rose chair, avec une teinte noire sur la face postérieure des tarses et sur la Mission du cap Horn, NI]. B .20 B.15% MISSION DU CAP HORN. pulpe des phalanges. Un mäle, tué cinq jours plus tard au même endroit, présentait la même coloration du bec et des pattes; mais la membrane voisine du bec était plutôt noirâtre que noire et la peau nue des côtés de la face était d’un brun marron foncé. Au contraire, cette peau offrait une couleur rouge fraise clair chez une femelle tuée le 17 juillet; les tarses, noirätres en arrière, étaient d’un gris noirâtre sur leur face antérieure, et le bec, de couleur noirätre, allait en s’éclair- cissant vers la pointe de la mandibule inférieure. Chez une autre femelle qui fut tuée le 26 juillet 1883, à la baie Orange, et qui excita l’admiration des Fuégiens, la nuance rouge du ton des yeux était un peu différente et tirait au rouge framboise; mais les pattes étaient encore d’un gris noirätre, les mandibules noires avec la pointe couleur de corne brune foncée; enfin, chez une femelle prise dans le canal de la Trinité par le D' Coppinger, le 27 février 1879, les yeux étaient d’un brun rougetre, les paupières et la peau verruqueuse voisine du bec rouge sang, les pattes grises en avant et noirâtres en arrière. On voit par cette longue énumération que la coloration du bec, des pattes, des yeux et des parties nues des côtés de la face est sujette, chez les Cormorans de Magellan, à de grandes variations qui ne paraissent pas toujours dépendre de l’âge ou du sexe, puisqu'on observe des diffé- rences sur des individus, tous mâles ou tous femelles, tués à quelques jours de distance dans la même localité. A ces variations se joignent d’ailleurs des modifications individuelles dans les couleurs du plu- mage, Ainsi, parmi les spécimens rapportés par la Mission du cap Horn, il y en a qui portent un costume de transition, avec la région abdominale mouchetée de blanc sur fond noir, et d’autres qui ont le ventre d’un blanc pur; en outre, parmi ces derniers, et même parmi les autres, on observe quelques individus qui, au lieu d’avoir le cou d’un noir bleuâtre uniforme, portent une tache blanche sur le devant de la gorge, tache accompagnée parfois de deux marques blanches sur les oreilles et de quelques plumes blanches piliformes sur les tempes ou sur la région postérieure des flancs. Un exemplaire, obtenu à l’ile Magdalena par MM. Hombron et Jacquinot (Voyage au pôle Sud), a mème toute la partie antérieure du cou largement maculée de blanc. Or le Graculus Bougainvillt qui a été décrit par Lesson dans la Zoo- OISEAUX. B.155 logie du Voyage de la « Thétis » ('), et qui est identique au Carbo albi- gula de Brandt (?), a précisément pour caractères une grande tache blanche sur le menton, tache à la rencontre de laquelle s’avance, sans l’atteindre cependant, la teinte blanche de l’abdomen. On signale encore, il est vrai, chez le Cormoran de Bougainville, qui serait propre, dit-on, aux iles du Chili et du Pérou, un développement considérable du bec et la présence de lisérés noirs sur les couvertures des ailes. Mais cette dernière particularité existe aussi chez le Cormoran de Magellan. En tous cas, les caractères indiqués ont peu d'importance, et, comme l'a fait observer M. Alph. Milne-Edwards, il est bien difficile de distinguer le P.. Bougainvillu du Ph. magellanicus, lorsque le plu- mage n’a pas encore atteint son développement ultime. Le Phalacrocorax Campbelli, décrit par M. le D'H. Filhol (?) d’après deux individus, mâle et femelle, rapportés de son voyage à l’ile Camp- bell, est intermédiaire aux Ph. Bougaineillx et magellanicus ; ne diffère même pas autant de ce dernier que le supposait M. Filhol, qui avait eu sous les yeux une série de Cormorans beaucoup moins complète que celle que j'ai pu examiner. Parmi les Cormorans de Magellan, j'ai vu en effet plusieurs spécimens qui avaient la tache gulaire blanche aussi nette et la face presque aussi dénudée que les oiseaux de Campbell; en revanche, ceux-ci, je dois le reconnaitre, ont le bec et les tarses nota- blement plus courts que les Cormorans de Bougainville; mais sous ce rapport encore, ils ressemblent à l’espèce de Magellan, dont, à mon avis, ils représentent une simple race, à plus forte raison encore que le Ph. Bougainvillir. Ainsi que M. Alph. Milne-Edwards l’a fait remarquer (*), c’est à cette race qu'appartiennent les Cormorans dont M. Hutton a parlé sous le nom de Phalacrocorax magellanicus (*) et probablement aussi (1) P. 33r. — Compl. à Buffon, 2° édit., p. 331. — Phalacrocorar Bougainvillii Tacza- nowski, Oruith. du Pérou, t. AIT, p. 430, n° 19282. (2) Bull, Acad, Saint-Pétersbourg, t. UE, p. 57. (3) Bull. de la Soc. philomathique, 1858, 2° série, t. II, p. 132, et Mission à l'ile Camp- bell, p. 55. (+) Faune des régions australes, in Ann. des Sc. nat., Zoologie, 6° série, t. XIIL, art. n° 4, p. 29. (5) Trans. N. Zealand. Inst, t. XI, p. 338. B.156 MISSION DU CAP HORN. quelques spécimens obtenus à l'ile Auckland par l'expédition de l'As- trolabe (Voyage au pôle Sud). Quant au Carbo leucotis de G. Cuvier, dont le type, originaire des Malouines, se trouve encore au musée de Paris, c’est tout simplement un Ph. magellanicus ayant la gorge et les côtés de la tête tachetés de blanc, comme certains spécimens rapportés par la Mission du cap Horn. La présence de débris de petits Poissons dans l’estomac de plusieurs de ces oiseaux nous indique clairement quel est le régime habituel du Cormoran de Magellan. Cette espèce est appelée par les Fuégiens Alaouo et Alaouo chatoukh, ce dernier nom s’appliquant aux individus munis d’aigrettes. 66. Pnaracrocorax GAMARDI. Pelecanus Gaimardi Garnot, Zoo!. du Voy. de la « Coquille », pl. XXXVHI. Carbo Gaimardi Lesson, 7raité d'Ornith., 1831, p. 6os. Phalacrocorax Gaimardi G.-R. Gray, List B. Brit. Mus., 1844, p. 186. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Av. neotr., 1873, p. 124. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. III, p. 431, n° 1283. Sticticarbo Gaimardi Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ao., 1857, t. Il, p. 174, n° 162, 1. — Alpb. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. VII, p. 30. M. Lebrun a obtenu à Port-Désiré (Patagonie) un individu de cette espèce, qui s’avance par conséquent plus loin vers le Sud qu'on ne le supposait. Le type du Ph. Gaimardi de Garnot a été pris dans le sud de Lima par les naturalistes attachés à l'expédition de la Cogurlle. C'est également du Pérou (ile San Lorenzo) que proviennent trois spécimens donnés au Muséum par M. l'amiral Serres et plusieurs exemplaires conservés au musée de Varsovie. Il est assez remarquable que, le Phalacrocorax magellanicus étant représenté dans les parages de la Nouvelle-Zélande par une race peu distincte, le Ph. Gainardr ait de son côté des proches parents dans la OISEAUX. B.157 même région, savoir les Ph. Feathersont Buller (') et punctatus Gray (°). 67. DIioMEDEA EXULANS. L’Albatros Brisson, Ornith., 1760, t. VI, p. 126. L’Albatros du cap de Bonne-Espérance Daubenton, P1. en. de Buffon, 1770, DIACCXX XVI Diomedea exulans Linné, Syst Wat, 1766, 1.1, p 214. — Vieillot, Galerie des Oiseaux, p. 231 et pl. CCXCIIT. — J. Gould, Birds Austral., t, VI, pl. XXXVINT. — Fanning, Voyage round the world, p. 85. — Abbott, Brrds of the Falkland, Ibis, 1861, t. LT, p. 165. — E. Coues, Proceed. Acad. Philad., 1866, p. 171. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Onthe Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 284, n° 93. — O0. Salvin, Zool. coll. made during the voyage of H. M.S. « Challenger », Rep. on Birds, Procellariidæ, Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1878, p. 540, et Voy. of the « Challenger », Procellariidæ, p. 147, n° 19. — R.-B. Sharpe, Trans. « Venus » Exped., Birds of Kerguelen, p. 45. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, op. cit, 1882, ch. HET, p- >, et carte. — H. Filhol, Wission de l'ile Campbell, 1885, p. 44. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. IL, p. 461, n° 4309. Chacun sait que l’Albatros géant, ou Mouton du Cap, ne se rencontre pas seulement dans les parages du cap de Bonne-Espérance, mais qu'il fait le tour du globe, et qu'ilesttreès commun autour desiles Saint-Paul et d'Amsterdam et dans les parages de l'Australie et de la Nouvelle- Zélande. I niche sur les iles Campbell, Kerguelen, du Prince-Édouard, de Tristan d’Acunha, ainsi que dans la Géorgie australe (?), visite assez (1) Zbis, 1873, p. go, et Zirds N. Zealand, p. 338 et pl. XXXII. (2) Dieffenbach's Travels in N. Zealand, 1. M, p. 201. — Buzrer, Birds N. Zealand, p. 334 et PI. XXXI. — Arpu. MIzNe-EDpWaARDS, 0p. cit., p. 30. (3) Poyez, au sujet de la nidification de cette espèce, Fiznoz, op. cit, el Foy. of « Chal- lenger », Procellariüidæ, p. 147. B.158 MISSION DU CAP HORN. régulièrement les Sandwich et s’égare parfois, dit-on, sur les côtes de l'Amérique septentrionale; enfin, il ne doit pas être rare dans les parages de la Patagonie australe. En effet, plusieurs individus de cette espèce ont été tués ou observés par Fanning aux iles Malouines, par le D' Cun- ningham sur les iles Chonos (le 27 mai 1868), par M. l'amiral Serres dans le golfe de Penas (1877), et par les naturalistes attachés à la Mis- sion du cap Horn dans l’anse Saint-Martin (ile l'Hermite), le 16 dé- cembre 1882, à la baie Orange (27 mars 1885), à Port-Maxwell (30 juin 1883 )et sur l’ile Button (26 juillet 1883). L’Albatros tué à la baie Orange avait la base du bec blanchätre, l'extrémité des mandibules rose chair, les tarses d’un blanc mat et les yeux bruns. Le Diomedea exulans est appelé Karapou par les Fuégiens. 68. OSSIFRAGA GIGANTEA. Giant Petrel Latham, Gen. Synops., t. VI, p. 390, et pl. C. Procellaria gigantea Gmelin, Syst. Nal., 1788, p. 563. — J. Gould, Birds Austral., 1. VII, p. 407, et Darwin, Voy. « Beagle », Zoo- logy, t. IT, Birds, p. 139. Ossifraga gigantea Reichenbach, Syst. Av., Tubinares, pl. XX, fig. 350. — Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1857, t. Il, p. 186. — R.-B. Sharpe, Zoo. of Kerguelen, Trans. « Venus » Exped., Birds, p.32, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 11, n° 40. — O.Salvin, Zoo!. coll. made during the voyage of H. M. S. « Challenger », Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1878, p. 937, et Voy. of the « Challenger », Pro- cellariidæ, p. 143, n° 9. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. V, p. 2. Ce grand Pétrel, qui appartient presque exclusivement à la zone antarctique, a été signalé pour la première fois par les navigateurs dans les parages des Malouines, de la Terre de Feu et du cap Horn. C’est le Quebranta Huesos de Bougainville (*), le Mouton de Pernetty (?), le (1) Voyage autour du monde en 1766-1769, p. 29. (2) Histoire d'un voyage aux les Malouines, \. U, p. 15, pl. VI, fig. 3. OISEAUX. B.159 Mother Cary's Goose de Cook (‘), le Nelly des marins anglais, le Cor- donnier ou Puant des marins français. Il niche dans l'archipel des Malouines (?) et sur les iles voisines de la pointe australe de l'Amé- rique, près de la côte orientale de la Patagonie, notamment sur l'ile des Lions marins, ile Leones (?), ainsi que sur la terre de Palmers, dans l’île du Prince-Édouard et à Kerguelen (‘), visite les iles Saint-Paul et Amsterdam (°), l’île de la Réunion, les côtes de la Tasmanie et de l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'ile Campbell (®), et remonte parfois le long des côtes occidentales de l'Amérique jusqu’au niveau du 30° degré ou du 40° degré de latitude (7). Quatre individus de cette espèce, tous mâles, ont été capturés par M. le D' Hahn, dans la baie Orange le 8 octobre 1882, à Port-Maxwell le 20 décembre 1882 et le 27 juin 1883, et dans le New-Year Sound le 15 ayril 1883. Un cinquième individu de même sexe a été tué sur l'ile Dawson par M. Steimann, au mois de février 1883. L'oiseau pris dans la baie Orange avait l'œil brun avec des taches plus claires irrégulières sur l'iris, le bec d’un gris verdâtre et les pattes grises, maculées irrégulièrement. Telles étaient aussi, à peu de chose près, les couleurs d’un mâle tué à Tom Bay, le 13 avril 1879, par le D' Coppinger, chirurgien de l’A/ere. Les Fuégiens connaissent le Pétrel géant sous le nom d’Owichalam. 69. DAPTION CAPENSIS. Le Pétrel tacheté vulgairement appelé Damier Brisson, Ornith., 1700, t. NI, p- 146: Procellaria capensis Linné, Syse. Nat., 1566, 1. I, p. 213. Daption capensis Stephens, Gen. Zool., t. NILT, p. 241. (1) Foyase towards the South Pole in 1772-1775, t. I, p. 205. (2) Assorr, Birds of the Falkland Islands, in Ibis, 1861, p. 164. (3) DarWIN, Voyage of the « Beagle », Zool., L. III, Birds, p. 139. (4) R.-B. Snarpe, Zoo. of Kerguelen, Birds, p. 42. (5) Cu. VÉLAIN, Faune des iles Saint-Paul et Amsterdam, 1878, p. 49. (5) H. Frznoz, Mission à l'ile Campbell, p. 57. (7) Azpx. MIzNE-Epwarps, Faune des régions australes, in op. cit., ch. V, $ 2. B.160 MISSION DU CAP HORN. Daption capensis J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Birds, p. 140, et Birds Austral., t. VIT, pl. LIN. — E. Coues, Proc. Acad. Philad., 1866, p. 163. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Av. neotr., 1873, p. 149. — O0. Salvin, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Challenger », Procellariidæ, in Proc. z0ol. Soc. Lond., 1878, p. 337, et Voy. « Challen- ger », Rep. on the Birds, Procellariidæ, p. 144, n° 11. — R.-B. Sharpe, 7rans. « Venus » Exped., Zool. of Kerguelen, Birds, p. 18, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond. 1881, p. 12, n° 43. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, Ann. des Sc. nat., Zool., 6° série, t. XIII, art. n° 4, p. ro, et carte pl. XV. —_ KL. Taczanowski, Orn. du Pérou, 1886, t. II, p. 465, n° 1315. Il résulte des recherches de M. Alph. Milne-Edwards que le Pétrel damier a ses principales stations de reproduction au delà du cerele glacial et dans les parties les plus reculées de l'océan circompolaire austral, mais qu'il se plait aussi sur les côtes de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, à Kerguelen, dans les parages du cap de Bonne- Espérance et sur les côtes de la partie méridionale du Nouveau-Monde ; mais qu'il ne fréquente nulle part les mers très chaudes. Aussi ne remonte-t-il pas aussi haut sur les côtes de l'Amérique dans l’Atlan- tique que dans le Pacifique, où un courant froid, venu du pôle, vient rafraichir l'Océan. Aux nombreux exemplaires de cette espèce que le Muséum d'His- toire naturelle possédait dejà et qui provenaient de quelques-unes des régions précitées, sont venus s'ajouter deux spécimens tués par les offi- ciers du Volage, et sept spécimens rapportés par la Mission du cap Horn. Ces derniers ont été tous pris à la ligne entre le détroit de Lemaire et l'entrée du détroit de Magellan, sur les côtes orientales de la Terre de Feu, ou en plein océan, du mois d'octobre 1882 au 19 septembre 1883. Des deux premiers, l’un a été capturé près des côtes de Patagonie, le 3 septembre 1882, tandis que l’autre a été tué en pleine mer par 38° 50" de latitude Sud et 58° 26’ de longitude Ouest. | OISEAUX. B.161 70. PROCELLARIA (MAJAQUEUS) ÆQUINOGTIALIS. Le Puffin du cap de Bonne-Espérance Brisson, Ornith., 1760, t. VI, p. 137. Procellaria æquinoctialis Linné, Sysé. Nat., 1966, t. I, p. 213. Majaqueus æquinoctialis Reichenbach, Syst. Av., Longipennes, pl. XI, fig. 340-341. — Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1857, t. IL, p. 200, n° 194, r. — Coues, Proceed. Acad. Philad., 1864, p. 118. — Coues et Kidder, Bull. Un. St. Mus., n° 9, p. 25. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1833, p. 149. — R.-B. Sharpe, Trans. « Venus » Exped., Zool., Birds of Kerguelen, p. 19, et Zool. collection made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 12, n° 44. — O. Salvin, Report on the collection made during the voyage of H. M. S. « Challenger », Procellarüdæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 737, et Voy:. of the « Challenger », Procellariideæ, p. 143, n° 8. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. V, Ann. des Sc. nat., Zool., 6° série, t. XII, art. n° 4, p. 6, et pl. XV (carte). Ce Pétrel, qui est commun aux environs du cap de Bonne-Espérance, vient nicher sur les iles Crozet et Kerguelen etse montre aussi dans les parages de l'ile Saint-Paul, sur les côtes du Chili etsur d’autres points de l'Amérique australe. Un individu de cette espèce (mâle) a été tué le 1° mars 1883, à l'entrée de la baie Ponsonby, par M. le D' Hyades. Cet oiseau avait les yeux noirs, le bec d’un blanc verdàtre et les tarses noirs, et offrait par conséquent à peu près les mêmes couleurs que le mâle et la femelle qui ont été tués à Valparaiso, au mois de mars 1870, par le D' Coppinger, et chez lesquels le bec était gris et brun, les yeux d’un brun foncé et les pattes noires. Le Majaqueus æquinoctialis est désigné par les Fuégiens sous le nom de Yakatachoulo ("). (1) Faka veut dire petit. Mission du cap Horn, NI. B.2r B.162 MISSION DU CAP HORN. 71. Purrnus (NECTRIS) FULIGINOSUS var. CHILENSIS. Nectris fuliginosus var. chilensis Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ao., 1857, t. I, p. 202. Nectris amaurosoma E. Coues, Proceed. Acad. Philad., 1864, p. 124. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vomencl. Av. neotrop., 1873, p. 149. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, 1. III, p. 463, n° 1315. J'attribue à cette variété du Puffin fuligineux de l'océan Atlantique quatre spécimens rapportés de la baie Orange par les naturalistes de la Mission française. Ces oiseaux, que les indigènes désignaient sous le nom de Zaouçioua, ont été tués le 6 novembre 1882. L'un d’eux avait dans l’estomac de petits Crustacés. Par leurs dimensions et par leur mode de coloration, ces Puffins se rapportent assez exactement à la description du Nectris amaurosoma que donne M. Taczanowski d’après les individus, mâle et femelle, tués à Chorillos (Pérou) par M. Jelski. Ils ont, en effet, le corps, les ailes et la tête d’un brun fuligineux, avec des bordures un peu plus claires sur les plumes scapulaires et dorsales, la gorge d’un brun grisâtre, la poitrine et l’abdomen bruns, les sous-alaires blanchâtres avec des stries brunes le long de la tige, le bec d’un blanc verdàtre, les pattes d’un rouge sombre tirant au noir. Leur longueur totale est de 5o°* environ, sur laquelle 9°" reviennent à la queue et 55"® au bec. L’aile mesure 29%, le tarse 0%", 53 et Le doigt médian 0%, 55. Je vois par une note manuscrite de Verreaux que cette variété a été rencontrée également au Pérou par les naturalistes de l’expédition de la Bonite, mais je ne la trouve point mentionnée sur les Catalogues récents des voyages de l’Aert, du Challenger, etc. 72. THALASSOECA TENUIROSTRIS. Procellaria tenuirostris J.-J. Audubon, Ornith. biogr., 1831-1844, t. V, p. 333, et B. N. Amer., t. NII, p. 210. — Cassin, Un. Sta Expl. Exped., p. 400. OISEAUX. B.163 Procellaria glacialoides Smith, {lustr. zool. S. Afr., pl. LI. — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., 1. UT, Birds, p. 140, et B. Austr., t. VII, pl. XLVIII. — Cassin, Un. St. Expl. Exped., Birds, p. 400. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. V, p. 5, et pl. XV (carte). Priocella Garnoti Hombron et Jacquinot, Voy. au pôle Sud, Zoologie, t. I, Oiseaux, p. 148, et pl. XXXII. Thalassæca glacialoides Reichenbach, Aandb., Longipennes, pl. XIU, fig. 789. — Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ae., 1859, 1. IL, p. 191. — E. Coues, Proceed. Acad. Philad., 1866, p. 31. Fulmarius glacialoides Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n° 44. Thalassæca glacialoides O. Salvin, Reports on the collection of Birds made during the voyage of H. M. S. « Challenger », Procellariüidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 736, et Voy. of the « Challenger », Procellariideæ, Do no — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. INT, p. 464, n° 1314. Thalassæca tenuirostris R.-B. Sharpe, Trans. « Venus » Exped., Birds of Ker- guelen, p. 23, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 11, n° 37. La Thalassæca tenuirostris a été observée dans la Géorgie australe, sur la Terre Louis-Philippe (‘), à l'ile Kerguelen, autour du cap Horn, dans le détroit de Magellan, sur les côtes de la Patagonie, du Chili, du Pérou, dans les parages de la Nouvelle-Zélande et du cap de Bonne-Espérance, même dans le nord du Pacifique jusqu'à la hauteur de l’Orégon et de la Colombie. Son principal centre de reproduction se trouve dans la Géorgie australe, où, d’après les renseignements recueillis par Ch. Darwin, elle arrive en septembre pour nicher sur les falaises surplombant la mer. Le spécimen étudié par M. Ch. Darwin avait été pris à la ligne à la (1) Un spécimen de cette région a été rapporté au Muséum par MM. Hombron et Jac- quinot (Voyage au pôle Sud). B.16% MISSION DU CAP HORN. hauteur de la baie San-Mathias, par 43° de latitude Sud; les quatre indi- vidus mentionnés dans le Catalogue du Challenger provenaient de la barrière de glaces antarctiques et avaient été capturés le 14 février 1874; enfin, les six individus que j'ai sous les yeux et qui ont été rap- portés par la Mission française du cap Horn ont été tués, les uns vers le 30 octobre 1882 sur les bords de la baie Bon-Succès, au sud de la Terre de Feu; d’autres, le 29 novembre, sur les rives du Beagle, à Oushouaia; un autre enfin dans la baie Orange. Ce dernier spécimen fut apporté à la Mission, le 29 juin 1883, par les Fuégiens qui l'avaient probablement pris au harpon sur l’eau. Il avait les yeux bruns, les pattes d’un gris perle clair, le bec rose, passant au gris perle à la base et au noirâtre à l'extrémité des mandibules. Cette espèce porte le nom fuégien d'Ahlaoi. 73. PRION DESOLATUS. Procellaria desolata Gmelin, Syst. Nat, édit. XIII, 1788, t. I, p. 562. — Kubhl, Beitr. Zool., pl. XI, fig. 7. ? Prion vittatus J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. UT, Birds, p. 141. Pseudoprion desolatus E. Coues, Bull. Un. St. Mus., n° 2, p. 32. Prion desolatus R.-B. Sharpe, 7rans. « Venus» Exped., Birds of Kerguelen, p. 37 (part. ?) — 0. Salvin, ?eports on the collection made during the voyage of H. M.S. « Challenger », Procellariidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 738, et Voy. of the « Challenger », Procellariidæ, p. 145, n°15. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. V, loc. cit., p. 13 (part. ?). Le Prion desolatus est extrêmement commun sur l'ile Kerguelen, où il niche dans des trous et forme des colonies innombrables. C'est probablement à cette espèce qu’appartenaient les bandes de Pétrels que Ch. Darwin a observées, durant son voyage à bord du Beagle, au sud du 35° degré de latitude et des deux côtés de la pointe australe de l'Amérique, mais dont il n’a pu se procurer un seul individu; c’est sans doute aussi au même type qu'appartenaient les Pétrels que M. Stokes, OISEAUX. B.165 un des officiers du Beagle, observa surtout en grand nombre sur l'ile Landfall, en face de la côte occidentale de la Terre de Feu, et c’est sans aucune hésitation que j'attribue au Prion desolatus un spécimen rap- porté de la baie Orange par les naturalistes de la Mission française du cap Horn. En revanche, je ne puis, faute de matériaux suffisants, exprimer mon opinion sur la question encore débattue de l'identité du Prion turtur, du Prion brestrostris, du Prion aritel et du Prion desolatus. M. Sharpe admet que chez le Prion desolatus le bec subit, suivant l’âge, le sexe ou les localités, de légères variations dans les dimensions, et conséquemment 1] réunit sous une même rubrique des Pétrels de Madère, du cap de Bonne-Espérance, des côtes de l'Australie, de l'ile Kerguelen, etc.; tandis que M. Salvin estime, d’après l'examen des spé- cimens rapportés par le Challenger, que le bec présente sensiblement les mêmes dimensions dans les deux sexes chez le Prion desolatus comme chez le P. Banksw, ce qui conduit à maintenir la séparation de quelques espèces réunies par M. Sharpe. Encore une fois, c’est là une question que je dois laisser de côté, le Musée de Paris ne possédant qu'un très petit nombre de Prion et la plupart de ces oiseaux se rap- portant plutôt au type du Prion vittatus qu’au type du 2. desolatus. Le spécimen qui figure dans les collections de la Mission du cap Horn fut apporté, le 7 mars 1883, par un Fuégien qui l'avait trouvé mort sur la plage. C'était un mâle, ayant les yeux bruns, les tarses d’un gris perle, les membranes interdigitales blanches, le bec noir passant au gris perle à l’extrémité, au gris terne sur la mandibule inférieure. D'après M. le D' Hyades, cette espèce de Pétrel est appelée Tataouya par les Fuégiens. 74. OCEANITES OCEANICA. Procellaria oceanica Kuhl, Beitr. Zool., p. 136, pl. X, fig. r. Procellaria Wilsoni Ch.-L. Bonaparte, Proceed. Acad. Philad., 1. WI, PartIl, p. 231, pl. IX, fig. 2. Thalassidroma WilsoniJ.-J. Audubon, Z. Amer., pl. CCCCLX, et éd. in-8e, t. VIII, p. 106, pl. CCCCELX. B.166 MISSION DU CAP HORN. Thalassidroma Wilsoni J. Gould, B. Austr., t. VII, pl. LXV. Thalassidroma oceanica Schinz, Eur. Faun., p. 397, et pl. I. — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. IN, Birds, p. 141. — Degland et Gerbe, Ornith. europ., 2° édit. 1867, t. II, p. 386. Oceanites oceanica Ch.-L. Bonaparte, C. R. Acad. Sc., t. XLII, p. 760. — Giglioli, Faun. Vertebr. Ocean., p. 33. — Coues, Proceed. Acad. Philad., 1864, p. 82. — Coues et Kidder, Bull. Un. St. Nat. Mus., t. II, p. 30. — R.-B. Sharpe, 7rans. « Venus » Exped., Birds of Kerguelen, p. 32, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond, 1881, p.11,n039. = 0. Salvin, Ornith. Misc., t. IL, p. 227. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. V, loc. cit., p. 18. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. III, p. 463. n° 1312. Oceanites oceanicus O. Salvin, Reports on collect. made during the voyage of 4. M.S. « Challenger », Procellariidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 735, et Voy. of the « Challenger », Procellariidæ, p. 141, n°1. Cette petite espèce de Pétrel, appartenant à la catégorie des oiseaux connus des marins sous le nom d’Oiseaux des tempêtes a été, rencontrée depuis les parages de la Terre Louis-Philippe jusque sur les côtes de la Grande-Bretagne, de la Gascogne et de l'Amérique du Nord. Elle s’égare de temps en temps dans la Méditerranée et se montre beaucoup plus fréquemment dans les mers australiennes, près du cap de Bonne- Espérance, aux Antilles, sur les côtes du Brésil, du Chili et de la Pata- gonie. La Géorgie australe, l'ile de Kerguelen et peut-être aussi les iles Malouines (') constituent ses principaux centres de reproduction. Dans la première de ces localités, les Oiseaux des tempêtes arrivent, dit-on, dès le mois de septembre (2), tandis qu’à Kerguelen ils ne se montrent qu'à la fin de novembre, la ponte s’effectuant seulement en décembre ou janvier (*). (1) ABBorr, Zbës, 1861, p. 164. (2) DARWIN, op. cit., p. 147. (5) R.-B. SHARPE, op. cit., p. 33. Ce dernier auteur a donné, d'après les notes du Rév. OISEAUX. B.167 Dans les collections fournies par la Mission française du cap Horn, l’Oceanites oceanica était représentée par six spécimens, des deux sexes, pris l’un Le 16 mars 1883 sur l’île Gable, les autres le 17 octobre de la même année, à la sortie du détroit de Magellan. Les spécimens rapportés par l'expédition du Challenger avaient été capturés dans le voisinage des glaces antarctiques, Le 14 février 1874, et celui de l’AZert avait été pris en mer, par 9°47' latitude S. et 35°5’ longitude O. 75. PELECANOIDES URINATRIX. Diving Petrel Forster, Voy., t. I, p. 180. , — Latham, Gen. Syn., t. IL, Part IL, p. 413, et Gen. Hist., X, p. 194. Procellaria urinatrix Gmelin, Syst. Vat., 1788, t. I, p. 360. Pelecanoides urinatrix de Lacépède, M#ém. de l'Institut, 1800, p. b17. — Gray, Voy. « Zrebus » and « Terror », Birds, p. 13. — Coues, Proceed. Acad. Philad., 1866, p. 190. — Coues et Kidder, Bull. Un. St. Nat. Mus., t. A, p. 36. — 0. Salvin, Reports on the coll. of Birds made during the voyage of H. M. S. « Challenger », Procellartidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 739, et Voy. « Challenger », Procellartidæ, p. 146, n° 17. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. V, loc. cit., p. 21, et pl. XVI (carte). — R.-B. Sharpe, Trans. « Venus» Ezxped., Birds of Kerguelen, p. 14, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zoo. Soc. Lond., 1881, p. 12, n°42. Halodroma urinatrix Illiger, Prodr. Syst. Mamm. et Ap., p. 274. — Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ap., 1859, t. IL, p. 206. Puïfinuria urinatrix J. Gould, B. Austr., t. VII, pl. LX. Pelecanoides Berardi Quoy et Gaimard, Voy. de l’ « Uranite », Zool., p. 135, et pl. XXX VII. — J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. IT, Birds, p. 135, et A.-E. Eaton, des détails circonstanciés sur les mœurs et la nidification des petits Pétrels de Kerguelen. B.168 MISSION DU CAP HORN. List of the Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1899, p. 98. Pelecanoides Berardi Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. 3001. Soc. Lond., 1860, p. 398. — Abbott, Zbis, 1861, p. 164. Procellaria Berardi Garnot, Ann. Sc. nat., 1826, t. VIL, p. 54. Puifinuria Berardi Lesson, Trait. d'Ornith., 1831, p. 614. Halodroma Berardi Reichenbach, Æandb. Longip., pl. IX, fig. 76 — Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ao., t. II, 1857, p. 286. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Av. neotr., 1873, p. 149. JS Il résulte des recherches de MM. Kidder, Coues et Sharpe que le Pelecanoides Berardi Q. et G. et le P. urinatrix Gm. ne repré- sentent que deux âges d’une seule et même espèce qui est assez répandue dans les régions australes et qui niche sur les iles Crozet et Kerguelen ('). On la trouve communément près des côtes de la Tas- manie, de la Nouvelle-Zélande, de l'ile Auckland, du Chili et du Pérou, sur les îles Chonos, sur les îles Malouines, près des côtes occidentales de la Patagonie et dans les baies et les canaux de la Terre de Feu. Trois individus de cette espèce, male et femelles, ont été tués le 19, le 2ret le 25 octobre 1882, dans la baie Orange, par les naturalistes de la Mission française du cap Horn. Ces spécimens ne different par aucun caractère important de ceux que le Muséum possédait déjà et qui ont été rapportés de Port Churrucha par M. l'amiral Serres en 1877, de Port- Galant (Magellan) par MM. Hombron et Jacquinot (voyage au pôle Sud) et des Malouines par MM. Quoy et Gaimard (voyage de l’Uranie) (?). D’après Ch. Darwin, le Pelecanoides urinatrix est des plus répandus entre les Malouines et la Terre de Feu et il est également fort commun à Port-Famine. Il a été observé également, à une date plus récente, dans les mêmes parages, par le D' Coppinger qui en a obtenu deux spécimens, deux femelles tuées l’une sur les iles Antonio, dans le Tri- (1) R.-B. SxarPe, Zirds of Kerguelen, p. 16. Dans cette dernière localité, la ponte a lieu à la fin d'octobre et en novembre, (2) Ce dernier spécimen est le type même du Pelecanoides Berardi. OISEAUX. B.169 nidad Channel le 17 février 1839, et l’autre à Cockle Cove le 16 octobre de la même année. L'un de ces Pétrels avait l'estomac rempli de peüts Crustacés. Ses yeux et son bec étaient noirs, ses pattes d’un gris ardoisé. Telle était aussi la couleur des individus que j'ai eus sous les yeux ("). Le Pelecanoides Garnoti (?), dont le Muséum possède plusieurs spé- cimens, parmi lesquels.le type même de l'espèce, n’est pas aussi distinct du précédent qu’on le supposait primitivement. Peut-être même faut-il le considérer comme une simple race, de taille un peu plus forte, du Pelecanoïdes urinatrix (*). I habite d’ailleurs les mêmes régions que le 2. urinatrix, et s’il ne figure pas dans les collections de la Mission française du cap Horn, il est mentionné en revanche dans le Catalogue de l'expédition anglaise du Challenger (*) et dans une des listes des oiseaux de Magellan recueillis par le D' Cunnin- gham (°), et il a été rencontré par Lesson et Garnot (Voyage de la Coquille) dans l'archipel des Malouines (°), où se trouve aussi et où niche le P. urinatrix. 76. STERCORARIUS ANTARCTICUS. Lestris cataractes Quoy et Gaimard, Voy. de l’ « Uranie », Oiseaux, p. 13 et pl. XXX VIII (rec L.). — J. Gould, 2. Austr., pl. XXI. 75 (1) Ch. Darwin dit que, chez le Pelecanoides urinatrix où Berardi, les pattes sont, pen- dant la vie, d'un gris bleu (couleur fur de lin); Gould leur assigne une coloration d’un bleu clair, teinté de brun, le D’ Kidder une couleur bleu lavande et le D' Buller une couleur bleu cobalt, nuancé de vert. (2) Puffinuria Garnoti Lesson et Garnot, Joy. de la « Coquille », Zoologie, Oiseaux, pl. XL; Pelecanoides Garnoti E. Coues, Proceed. Acad. Philad., 1866, p. 190. (3) Couss et Kinper, Bull. U. S. Mus. N.-H., t. IL, p. 36. — SnaArPre, Zrans. « Fe- nus » Exped., Birds of Kersguelen, p. 16, et Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proc. zool. Soc. Lond., 1881, p. 12 à 42. (*) O. Sazvin, Report on the collection of Birds made during the voyage of H. M. S. « Challenger », Procellariidæ, Proceed. zoo. Soc. Lond. 1878, p. 739, et Joy. of the « Challenger », Procellariidæ, p. 140, n° 18. (5) Pu.-L. Srarer et O. SALwIN, Third List of the Birds collected by Dr Cunningham, ete., Ibis, 1870, p. 500, n° 300. (5) Voir Azpx. MIrzNE-EnwarDs, Faune des régions australes, Ch. V., loc. cit., p. 22. L'individu rapporté par l'expédition de la Coquille est le type même du 2. Garnoti. Mission du cap Horn, NI. B.22 B.170 MISSION DU CAP HORN. Lestris antarcticus Lesson, Traité d’'Ornith., 1831, p. 616. — Abbott, Zbis, 1861, p. 165. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On neotrop., Laridæ, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1871, p. 579, et Nom. Av. neotr., 1873, p. 148. Stercorarius antarcticus Gray, List Anser., B. Mus., p. 167. — Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ap., 1857, t. II, p. 207. — A. Saunders, Proc. zool. Soc. Lond., 1856, p. 321. — Rep. on the coll. of Birds made during the voyage of H. M. S. « Challenger », n° 5. — Onthe Laridæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1855, p. 799, n° 15, et Voy. of the « Challenger », Laridæ, p. 139, n° 15. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. IV, Ann. des Sc. nat., Zool., 1882, t. XXV, art. n° 9, p. 25, et carte n° 3. — R.-B. Sharpe, Zoology of Kerguelen, Birds, p. 9, et pl. VIE, fig. r et2. Megalestris antarctica J. Gould, List of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 98. Lestris antarctica Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 390, n° 51. Comme l’a fait observer M. Alph. Milne-Edwards (‘), les deux spé- cimens de la collection du Muséum qui ont été rapportés par l’expé- dition de l’Uranie, et d’après lesquels Lesson a établi son Stercorarius antarcticus, sont notablement plus petits que les Stercorarius recueillis à l’île Campbell par M. le D' Filhol et ils offrent une coloration un peu moins sombre, tirant davantage au roussâtre. Par leurs dimensions et par les nuances de leur plumage, ils doivent ressembler aux indi- vidus des Malouines que M. Saunders a étudiés et qu’il dépeint égale- ment comme étant plus petits que les Stercorarius de Campbell, et comme ayant les plumes lancéolées du cou et des épaules distincte- ment striées de blanc jaunätre. Ces mêmes stries se retrouvent sur un spécimen provenant du voyage de l’Astrolabe et de la Zelee et capturé dans les parages de Magellan, spécimen qui me parait devoir être attribué plutôt au Stercorarius chulensis. Trois spécimens obtenus par l'expédition de l’Erebus et de la Terror, près des glaces antarctiques, et (CDR ETS pe 2e OISEAUX. B.171 examinés par M. Saunders, ont les parties supérieures de teintes encore un peu moins sombres que chez les oiseaux des Malouines, les plumes de la poitrine nuancées de jaune dans leur portion terminale et les plumes acuminées du cou fortement teintées de jaune d’or, de façon à dessiner une sorte de capuchon en limitant nettement la couleur noi- râtre de la tête. « Sous le rapport des dimensions, ces trois individus, dit M. Saunders, sont un peu inférieurs aux Stercoraires des Malouines; leur bee est plus court et plus obtus; mais les caractères généraux de l'espèce sont conservés, et la teinte claire sur les parties inférieures du corps n’affecte que l’extrémité des plumes, de telle sorte que cette modification dans les couleurs peut être attribuée à des influences climatériques. Par l’aspect légèrement tacheté de leur plumage. par la disposition serrée des plumes qui couvrent la base de leur bec, ces Stercoraires ont la physionomie des oiseaux qui sont destinés à vivre constamment dans les régions inhospitalières voisines du pôle, tandis que les Stercoraires des Malouines semblent établir la transition entre la forme circompolaire et celle qui vit dans un climat plus tempéré, dans des régions où l’existence est plus facile (!). » Le Stercoraire tué à Kerguelen par le Rév. Eaton et déerit par M. Sharpe (*) avait la même taille et la même livrée sombre que nos Stercoraires de l’ile Campbell; mais deux autres oiseaux en peau, con- servés au Musée britannique et provenant de Christmas Harbour (Expédition antarctique), se distinguent par leur manteau moucheté de jaune et par leur cou strié de fauve. Les exemplaires obtenus sur l'ile Saint-Paul par M. Lan(z, et rapportés au Muséum d'Histoire natu- relle de Paris par la Mission du passage de Vénus, sont, d’autre part, un peu moins grands que ceux de l’île Campbell, mais colorés dè même. Enfin, en passant en revue les spécimens rapportés par les naturalistes de la Mission du cap Horn, je me suis convaincu que ces spécimens se rapportaient, les uns, ceux de M. Lebrun, au Stercorarius chilensis, dont je parlerai tout à l’heure; les autres, ceux de MM. Hyades, Hahn (2) Une femelle rapportée des Malouines par l'expédition du Challenger (voir ?. 3. S., 1875, p. 800) avait également les plumes du cou lisérées de jaune. (2) Birds of Kerguelen, p. 10. B.172 MISSION DU CAP HORN. et Sauvinet, au Stercorarius antarcaicus. Ces derniers exemplaires, au nombre de cinq(‘),ont été pris, le premierà la baie Orange, le deuxième sur l’île Elizabeth, deux autres (mâle et femelle) dans la baie Edwards, le 27 février 1883, et le cinquième, une femelle, dans la baie Française (iles Malouines), le 7 mars de la même année. Le spécimen de la baie Edwards est encore jeune et conserve quelques légers flocons de duvet, mais il offre déjà la livrée sombre et à peu près uniforme des Stercoraires antarctiques de Campbell, tandis que le spécimen de la baie Francaise est d’un brun fuligineux légèrement roussâtre, avec de très nombreuses mouchetures et des raies fauves sur le haut de la poitrine, le cou et le dos. Dans la région des oreilles et sur la nuque, ces raies prennent un ton plus vif, d’un jaune d’or, comme chez les individus des Malouines décrits par M. Saunders. Avec son plumage rayé et tirant faiblement au roux, ce Stercoraire se rapproche déjà de ceux de Santa Cruz que je rapporte à la forme Sc. chilensis (Saund.). 77. STERCORARIUS CHILENSIS. Lestris antarcticus, var. b. chilensis Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1857, t. I, p.207. Lestris antarctica Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Second List of Birds collected by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 284, n° 20. Stercorarius chilensis H. Saunders, On the Stercorariinæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 323, et pl. XXIV. — Rep. on the coll. of Birds made during the voyage of H. M.S. « Challenger », n° 5. — On the Laridæ, Pro- ceed. sool. Soc. Lond., 1857, p. 800, n° 16, et Voy. of the « Challenger », Laridæ, p. 140, n° 16. — R.-B. Sharpe, Zoo!. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1881, p. 17, n° 11. — À. Milne-Edwards, Faune des régions australes, 2° Partie, ch. IV, p. 21 et carte n° {. 1 Quatre spécimens, mâles et femelles, capturés par M. Lebrun à Missioneros, près Santa Cruz (Patagonie), au mois de novembre 1882, (1) Sans compter quelques spécimens dans l'alcool ou réduits à l’état de squelettes. OISEAUX. B.173 ressemblent complètement par leurs couleurs et le dessin de leur plu- mage à l'oiseau figuré par mon ami M. Saunders. D’autres individus appartenant à la même forme ont été obtenus ou observés par le D' Cunningham à Santa Magdalena (Magellan), le 2 mars 1868; par les naturalistes du Challenger à l'ile Élisabeth, le 18 janvier 1876; par le D: Coppinger, chirurgien de l’A/ert, sur les bords du détroit de Magellan, en décembre 1839 (!), et à Talcahuano (Chili), au mois de septembre de la même année; par M. Gervase Mathew, de la Marine royale anglaise, à Valparaiso (Chili) au mois de janvier, et à Coquimbo au mois de février et par M. J.-R. Denison à Mejillones (côtes de la Bolivie), par 25°5° de latitude Sud, à la fin de février ou au commencement de mars. On sait enfin que le type de cette race ou de cette variété, qui se trouve au Musée de Berlin, provenait du Chili. Le Séercorarius chilensis se rencontre donc sur la côte orientale de l'Amérique du Sud au moins jusqu’au 50° parallèle, et sur les côtes occidentales jusqu’au 23°. 78. LARUS DOMINICANUS. Larus dominicanus Lichtenstein, Verz. Doubl., 1823, p. 82. — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. IX, 1841, p. 142. — J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1859, p. 97. — Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of Falkland Islands, Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1860, p. 390, n° 52. | — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On the Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n° 43. — Second List of the Birds, Ibis, 1869, p. 284, n° 21. — On the nest and eggs collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1870, p. 503, n° 8. — On neotrop., Laridæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1871, p. 576, n° 6. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Tbis, 1897, p. 45, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibid., 1878, p. 405. — R.-B. Sharpe, Zoology of Kerguelen, Birds, p. 7, et Zool. coll. made (1) Un Stercoraire mâle pris dans le détroit de Magellan en décembre avait le bec et les pattes noirs et les yeux bruns. B.174 MISSION DU CAP HORN- during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond , 1881, p.17, n° 76. Larus Dominicanus H. Saunders, Reports on collect. of Birds made during the voyage of H. M. S. « Challenger », n° 5, Laridæ, Proceed. s0ol. Soc. Lond., 1877, p. 799, n° 14. — Voy. of the « Challenger », Reports on Birds, Laridæ, p. 139, u° 14. — On the Laridæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p- 180. — A. Milne-Edwards, Faune des régions australes, 1882, ch. IV, p. 20. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. II, p. 447, n° 1297. Larus littoreus Forster, Descr. anim., 1844, p. 46. Larus antipodus Gray, Cat. Anseres Brit. Mus., 1844, p. 160. Dominicanus antipodus, D. pelagicus, D. vetula, D. vociferus, D. antipodum, D. Verreauxii et D. Fritzei Bruch, Journ. f. Ornith., 1853, p. 100, et 185», p. 281. Dominicanus Fritzei, D. vetula, D. Azaræ, D. pelagicus et D. antipodum Ch.-L. Bonaparte, Consp. Av., 1857, 1. IL, p. 214. Le Goéland dominicain, qui remplace notre Goéland marin dans l'hémisphère austral, se rencontre sur les côtes méridionales de l’Aus- tralie, en Tasmanie, à la Nouvelle-Zélande, dans les iles Chatham, Auckland, Campbell, Crozet et Kerguelen, fréquente les parages du cap de Bonne-Espérance et niche même sur quelques ilots voisins de la pointe méridionale du continent africain. Il se reproduit également sur la Terre Louis-Philippe aussi bien que dans l’archipel des Malouines et remonte d’une part jusqu'aux environs de Rio de Janeiro, sur la côte du Brésil, d’autre part jusqu’au Pérou. Dans les pampas de la Répu- blique Argentine il s’avance, suivant Darwin, jusqu'à 50 ou 60 milles de la mer, et aux environs de Buenos Ayres il se mêle aux troupes de Cathartes et de Caracaras pour se nourrir de détritus de toutes sortes. M. Durnford avait cru constater que les Goélands marins de Patagonie (vallée de la Chuput) différaient de ceux de Buenos Ayres par les dimen- sions de leur bec et de leurs pattes, les individus de la République Argentine étant en général plus forts; mais, suivant M. Saunders, on observe des différences de ce genre sur les oiseaux provenant d’une même région, de sorte qu'il ne faut pas y attacher d'importance, pas plus qu’à la présence ou à l'absence du miroir blanc près de l’extrémité OISEAUX. ; B.175 de la première rémige, cette tache n’apparaissant qu'à un moment donné et augmentant avec l’âge. Aux spécimens que le Muséum avait reçus autrefois du cap de Bonne- Espérance (Delalande, 1820), du Brésil (A. Saint-Hilaire, 1820), du Paraguay (Bonpland, 1833), de la Nouvelle-Zélande (Verreaux, 1845) sont venus s'ajouter dans ces derniers temps quatre exemplaires donnés par M. l'amiral Serres et provenant d'Éden (Patagonie), quatre autres individus, mâles et femelles, obtenus par M. Lebrun sur les bords du Rio Santa Cruz (!) et à Missioneros au mois de septembre et d’oc- tobre 1882, et enfin toute une série d'oiseaux obtenus en 1882 et 1853, sur les côtes de la Terre de Feuet des terres avoisinantes, par la Mission du cap Horn. Parmi ces derniers spécimens, je citerai seulement les suivants dont les étiquettes portaient des renseignements ou sur les- quels M. le D' Hyades m'a transmis des indications manuscrites : 1° Jeune mâle tué le 19 septembre 1882 à la baie Orange. Iris jaune päle; bec jaune et rouge; pattes grises à reflets jaunâtres ; 2° Femelle tuée le 26 octobre 1882 à la baie Orange, à l’entrée de la rivière de la Mission. Iris jaune paille; base du bec jaune citron, avec l’extrémité de la mandibule inférieure d’un rouge vermillon; tarses d’un jaune verdàtre; 3° et 4° Jeunes mâles pris vivants à la baïieOrange le 23 décembre 1882. Iris brun foncé; bec noir, avecl’extrémité des deux mandibules couleur de chair sur une longueur d’un demi-centimètre; tarses d’un gris noi- râtre ; 5° et 6° Femelles adultes et jeunes tuées le 16 avril 1883 dans le New Year Sound; 7° Femelle tuée à la baie Orange, le 14 mai 1883. Iris brun; bec noir, passant à la couleur corne blonde à l'extrémité de la mandibule supérieure et à la base des deux branches de cette mandibule; tarses d’un gris blanchâtre (? ); (1) Un des spécimens (une femelle, tuée le 11 septembre 1882 et donnée à M. Lebrun par les naturalistes de l'expédition australe argentine) avait les yeux bruns, les pattes d’un gris plombé et le bec couleur corne. (2) D’après M. le D' Hyades, les Fuégiens considéraient cet individu comme le jeune d’une espèce dont l'adulte serait d’un blane pur. Toutefois, je n’ai rien observé qui puisse B.176 MISSION DU CAP HORN. 8° Femelle tuée le 20 mai 1883 dans la même localité. Iris brun; bee noir; tarses d’un gris brunâtre tirant au noir sur leur fâce antérieure: 9° Mile tué le 23 juin 1883 à la baie Orange, à l’entrée de l’anse aux Canards. Iris d’un brun très clair, un peu jaunâtre; bec noir dans la partie antérieure et sur les bords de la mandibule supérieure, ainsi que dans la portion antérieure de la mandibule inférieure, couleur corne brune claire à la base et à la pointe; tarses d’un gris perle très foncé; 10° Femelle tuée le 10 juillet 1883 à la baie Orange, sur les bords de l’anse aux Canards. Iris brun avec un très léger reflet mordoré; bec notirâtre avec la pointe couleur de corne blanche; tarses d’un gris perle pèle; 11° Femelle tuée le 11 juillet 1883 dans la même localité. Iris jaune paille; bec d’un jaune citron très pâle, avec une tache rougeâtre occu- pant une longueur de o",or environ sur la mandibule inférieure, au niveau de l’éminence de cette mandibule; tarses d’un gris perle clair; 12° Femelle tuée le 26 juillet 1883, à la baie Orange, dans l’anse aux Canards. Iris d’un jaune très clair; bec d’un jaune citron pâle, avec une tache rouge sur la protubérance de la mandibule inférieure ; tarses d’un gris perle clair. En recourant, d’autre part, au Catalogue dressé par M. Sharpe des spécimens rapportés en Angleterre par l'expédition de l’Atert, je trouve les indications suivantes : 1° Mâle adulte tué à Tom Bay le 5 avril 1879. [ris d’un gris clair; paupières rouges; pattes olivätres; 2° Jeune mâle tué à Cockle Cove le 14 février 1879. Iris noir; bec noir; pattes d’un gris foncé; 3° Jeune mâle tué à Tom Bay le 8 mars 1879. Iris brun foncé; pau- pières noires; bec noir; pattes grises ; 4° Femelle en changement de plumage, obtenue à Valparaiso le 13 avril 1879. Bec gris avec la pointe noire; iris foncé; pattes d’un gris clair avec les ongles noirs; »° Femelle adulte tuée à Peckett Harbour (détroit de Magellan), justifier une telle hypothèse, et l’individu en question ne m'a paru différer par aucun carac- tère des autres Zarus dominicanus en premier plumage. OISEAUX. B.177 le 4 janvier 1879. Bec jaune avec le bout de la mandibule inférieure rouge; paupières rouges; yeux d’un gris clair; pattes verdâtres ; 6° Jeune mâle tué à Porto Bueno, le 21 février 1870. lris brun foncé; paupières noires; pattes grises; 7° Individu tué à Porto Bueno, le 20 février 1879. Bec noir; pattes d’un gris foncé; 8° Mâle tué à Port Henry, le 28 janvier 1870. Iris gris; paupières rouges; bec jaune avec la pointe rouge; pattes olivâtres avec les ongles noirs. Enfin je vois encore mentionnées, dans les catalogues des collections fournies par le D° Cunningham, les localités et les dates suivantes : Sandy Point, juin 1867, et Halt Bay, 24 avril 1868; dans le catalogue du voyage du Challenger ces autres indications : Màle: Nassow Harbour (détroit de Magellan), r1 janvier 1896; yeux gris; bec jaune; angle de la mandibule inférieure rouge. De l’ensemble de ces renseignements on peut tirer quelques conelu- sions, SaVoir : 1° La coloration des yeux, du bec et des pattes se modifie avec l’âge chez le Larus dominicanus : ainsi l'iris, qui est brun foncé (ou noir chez le jeune, devient d’un gris clair chez l'adulte, en même temps que les pattes, d’abord grises, prennent une teinte olivätre, et que le bec noir ou grisâtre passe au jaune à la base et au rouge sur l’extré- mité de la mandibule inférieure. 2° Le Larus domunicanus séjourne pendant toute l’année dans la Patagonie australe et dans les parages du cap Horn. Nous savons du reste qu'il s’y reproduit, car un jeune de cette espèce a été rapporté des Malouines par le capitaine Abbott, et des œufs ont été obtenus à l'ile Élisabeth par le D' Cunningham, à la baie Orange par M. le D' Hyades, et aux environs de Santa Cruz par M. Lebrun. Les œufs rapportés par ce dernier voyageur sont d’un brun olivâtre et par- semés de nombreuses taches généralement assez petites (sauf sur un exemplaire), les unes d’un brun de sépia, les autres d’une teinte neutre. Ils mesurent 0",075 (grand axe) sur 0", 050 (petit axe); 07,072 sur 0,046; 0%,070 sur 0,091 et 0,074 sur 0",0/7 et, par conséquent, tout en ayant des formes plus ou moins allongées, plus ou moins effi- Mission du cap Horn, NI. B.23 B.178 MISSION DU CAP HORN. lées à une extrémité, ils dépassent généralement en grosseur les œufs recueillis par M. Cunningham de l'ile Élisabeth, œufs dont le grand axe mesurait 2,7 et 2,82 (0%,068 et o",071) sur 1P,89 et 1P,9 (0,047 et0%,048). D'un autre côté, ils diffèrent notablement par leur forme, et surtout par leur coloration, des quatre œufs rapportés d'Ou- shouaïa par la Mission du cap Horn. Ceux-ci sont en effet les uns (trois) d’une teinte vert eau tachetée de brun de sépia et de gris teinte neutre, l’autre (le quatrième) d’un blanc bleuâtre à peine marqué de quelques taches et points bruns, et ils offrent les dimensions suivantes : grand diamètre 0",069; 0,068; 0",068 et 0",076; petit diamètre 0o",052; 0,047; 0%,049 et o",051. Mais il ne faut pas attacher d'importance à ces différences, que je retrouve sur des œufs de la même espèce rap- portés précédemment de l'ile Campbell et de la Nouvelle-Zélande par M. le D' Filhol. Le Larus dominicanus se reproduit également dans la Patagonie orien- tale, où M. Durnford a rencontré, à Tombo Point, une colonie d’une cinquantaine de paires de Goélands nichant au mois de décembre. J'avais déjà remarqué que tous les oiseaux de cette espèce recueillis par la Mission du cap Horn ne portaient pas le même nom fuégien inserit sur l'étiquette, les uns, à plumage gris et brun, étant dénommés Kalala, les autres, à plumage blanc et noir étant appelés Aouakou. Mon attention a été de nouveau appelée sur ce fait par M. le D' Hyades, qui avait pu constater combien les Fuégiens sont habiles à recon- naître une espèce sous ses différentes livrées et qui était étonné de les voir imposer ici deux noms complètement dissemblables à une seule et même forme de Goéland; mais une étude attentive n’a pu que me confirmer dans ma première opinion : les Kalala ne sont que les jeunes des Xiouakou. L'erreur des Fuégiens est d’ailleurs bien excusable en raison des changements considérables qui se manifestent par les pro- grès de l’âge chez le Larus dominicanus comme chez le Larus marinus. Dans la série des Goélands dominicains rapportés de la Nouvelle-Zé- lande et de l'ile Campbell par M. le D" Filhol j'ai d’ailleurs trouvé des phases de plumage correspondant exactement à celles que présentent les Goélands dominicains du cap Horn. OISEAUX. B.179 79. Larus ScorEsBil (PI. 3). Larus Scoresbii Trail, em. Wern. Soc., 1823, t. IV, p. 514. — A. von Pelzeln, Voy. « Novara », Vôg., p. 151. — Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 361, n° 53. — H. Saunders, On the Laridæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 184, n° 95. — À. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. IV, p. 37, et carte. Larus hæmatorhynchus (Vigors), Xing’s Zool. Journ., 1828-20, t. IV, p. 103. — Jardine et Selby, Ælust. Orn., t. IL, pl. CVI. : — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. WI, 1841, Birds, p. 142. Leucopheus hæmatorhynchus Bruch, Journ. f. Ornith., 1853, p. 108, et 1899, p. 287. — Ch.-L. Bonaparte, Nauman., 1854, p.211. Procellarus negletus et Leucophæus Scoresbii Ch.-L. Bonaparte, Vauman., 1894, p. 211 et 213, et Consp. Av., 1857, t. II, p. 211 et 2317. Leucophæus Scoresbii Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotrop., 1873, p. 148. D'après M. H. Saunders, cette espèce se trouve dans les îles Malouines et sur les côtes orientales de Patagonie, au sud du 45° degré de latitude, s’avance jusqu'aux Nouvelles-Shetland, par 65° de latitude sud, fré- quente les parages du détroit de Magellan et remonte sur la côte ocei- dentale jusqu’à la hauteur de Chiloe (‘). Elle niche et paraît assez commune sur divers points de l’aire comprise entre les limites que je viens d'indiquer; mais, comme cette aire est relativement peu étendue, et qu'elle n'avait été qu’imparfaitement explorée jusqu’à ces derniers temps, les exemplaires de Larus Scoresbi sont encore rares dans les collections. Le Muséum n’en possédait encore qu’un seul spécimen, donné par mon ami M. Howard Saunders, quand est arrivée la belle série recueillie par M. Lebrun et par les membres de la Mission du cap Horn. (1) Sur la foi de Peale (Un. St. Expl. Exped.Ornith., p.337), M. A.Milne-Edwards(op. cit.) étend même jusqu'au Pérou la limite du Zarus Scoresbi; cependant je ne trouve pas l'espèce mentionnée dans l'Orrithologie du Pérou de M. L. Taczanowski. B.180 MISSION DU CAP HORN. Dans cette série je mentionnerai spécialement les individus suivants : 1° Une femelle obtenue par M. Lebrun sur les bords du rio Santa Cruz, au mois d'octobre 1882; 2° et 3° Un mâle et une femelle tués le 17 mars 1883 sur l’île Gabble, où, d’après les Notes de M. le D' Hahn, les Mouettes de cette espèce vivent en bandes sur les rochers (ces deux individus avaient les yeux bruns, les paupières et le bee d’un rouge vif); 4° Un mâle tué à Packsaddle le r2 juillet 1885. D’après les maquettes de M. Hahn, cet individu avait la tête blanche, l'iris d’un brun foncé, le bord des paupières, le bec et les pattes d’un rouge vermillon vif, tandis qu’un autre oiseau de la même espèce, mais beaucoup plus jeune, tué le 17 juillet 1883, sur la Voverland, avait la tête d’un gris plombé, le bord des paupières rose, l'iris brun, le bec couleur chair à la base et noirâtre à la pointe; 5° Femelle (jeune au dire des Fuégiens) tuée à la baie Orange, dans l’anse aux Canards, le 26 juillet 1883; iris d’un gris très clair, blan- châtre; bec d’un rouge clair avec une tache noirâtre sur la partie ren- flée ; tarses d’un rouge clair avec les écailles de la face antérieure des tarses et du dessus des phalanges d’un brun marron clair; 6° Un mâle tué le 15 août 1883 sur les bords de la baie Banner; 7° et 8° Deux individus, un adulte et un jeune, tués le 23 août 1885 sur les bords de la baie Orange. Les indications de couleur inscrites sur les étiquettes de ces indi- vidus ou fournies par les notes de M. le D' Hyades et par les maquettes de M. le D' Hahn concordent parfaitement avec les renseignements donnés par M. Saunders et par Ch. Darwin. Les Fuégiens désignent cette espèce par le nom de Thakacha. Quant au nom d'Oulaoul que nous croyons d’abord désigner le jeune de cette espèce, il doit probablement être reporté au Szercorarius antarcticus. Ce nom en eflet avait été indiqué par les Fuégiens pour un très jeune Laridé (femelle ?) encore couvert de duvet, qu'ils avaient apporté vivant à la Mission, le 1°" janvier 1883. Ce poussin mourut dans la nuit suivante, après avoir mangé avi- dement de la chair d'un Renard qui venait d’être mis en pièces, et sa dépouille, qui figurait dans la collection rapportée par les naturalistes OISEAUX. B.181 de la Mission, fut attribuée à tort au Larus dominicanus. Mais, après une étude attentive de ce spécimen, je suis disposé à le considérer plutôt comme un jeune Stercorarius antarcticus ; il est revêtu, en effet, d’un duvet brun passant au jaune ocreux sur les parties inférieures du corps et au blanchâtre sur les joues et rappelle par conséquent les teintes des poussins du Stercorarius longicaudus décrits et figurés par M. A. Marchand dans sa Monographie des Poussins d'Europe (Revue et Magasin de Zoologie, 1875, p. 144 et pl. IV). Les Stercoraires antarctiques se reproduisent d’ailleurs probable- ment dans les parages de la baie Orange, où ils ne sont pas rares. 80. Larus GLAUGODES. Larus glaucodes Meyen, Obsere. zool., p. 115 et pl. XXIV, et Beitr. zool., 1834, p. 239 et pl. XXXIV. — Gay, Faun. Chil., Aves, 1847, t. I, p. 480. — Cossin, Un. St. Astr. Exped., Birds, 1855, p. 204. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On neotrop. Laridæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1871, p. 578, n° 10, et Nom. Av. neotrop., 1873, p. 148. — H. Saunders, Rep. on the coll. of Birds made during the voy. of H. M.S. « Challenger », n° V, On the Laridæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1837, p- 799, n° 12. — Voy. of the « Challenger », Rep. on the Birds, p. 138, n° 12. — On the Laridæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1838, p. 203. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the survey of H. M. S. « Alert », Proceed. sool. Soc. Lond., 1881, p. 16, n° 74. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. III, p. 454, n° 1303. Xema cirrocephalum J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. IX, Birds, 1841, p. 142 (part. rec Vieillot). Chroicocephalus glaucotes Blasius, Journ. f. Ornith., 1853, p. 105, et 185, P. 291. Gavia roseiventris J. Gould, List of the Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 95. Larus roseiventris Ph.-L. Sclater, Car. of the Birds of the Falkland Islands. Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 391, n° 54. — Abbott, Zbis, 1861, p. 66. B.182 MISSION DU CAP HORN. Le Larus glaucodes, qui a été souvent confondu avec le Larus cirrhoce- phalus (Vieillot) des côtes du Pérou, du Brésil et de la République Argentine, fréquente des latitudes plus méridionales que cette dernière espèce et se trouve dans les iles Malouines, où il niche, sur les bords du détroit de Magellan et sur la Terre de Feu, sur les côtes occidentales de la Patagonie et sur les côtes du Chili. Suivant M. Saunders, 1l man- querait sur les côtes orientales de la Patagonie où il seraitremplacé par le Larus maculipennis ; et en effet, je ne trouve pas l'espèce représentée dans les collections formées par M. Lebrun aux environs de Santa Cruz. En revanche, j'ai sous les yeux un spécimen adulte (!) de Larus glaucodes tué le 13 août 1883 par M. le D' Hahn, sur les bords de la baie Sloggett (côte sud-ouest de la Terre de Feu). D’après une maquette exécutée par M. Hahn cet oiseau avait l’œil brun, le bec d'un rouge vif à la base et d’un brun foncé à l'extrémité. L’étiquette portait le nom fuégien de Waïmarrk kipa (?). Dans le catalogue de l’AZert, il est fait mention d’un individu de la même espèce (mâle) tué à Cap Gregory, le 1% janvier 1870, et dans le catalogue du Challenger je trouve cité un autre individu (mäle), tué le 4 janvier 1876 sur les bords du Messier Channel (Magellan). D'après les notes prises par les naturalistes de l'expédition, les yeux étaient bruns et les pattes et le bec rougeâtres, ce qui montre que cet indi- vidu était moins adulte que l'oiseau de la baie Slogett; M. Saunders nous apprend d’ailleurs que, si la bande foncée qui caractérise les tres jeunes individus était complètement effacée, quelques plumes brunes subsistaient encore sur Les épaules de cet oiseau, qui était âgé d’un an environ. Les œufs de cette espèce, décrits par M. Gould, mesurent environ 0,050 sur 0",035 et sont marqués, sur un fond vert olive clair, de taches de couleur terre d'ombre. Ces taches, plus nombreuses au gros bout, où elle dessinent une zone, sont les unes en forme de V, d’autres en forme de fer de flèche, ete. (*). (1) Ce spécimen est malheureusement en trop mauvais état pour pouvoir êlre montré. (2) Aipa en fuégien signifie femelle. (3) Joy. Gourp, Proceed. 2001. Soc. Lond., 1860, p. 97. OISEAUX. B.183 81. STERNA HIRUNDINACEA. Sterna hirundo Garnot, Ann. des Sc. nat., 1826, t. VII, p. 55. Sterna hirundinacea Lesson, Traité d'Ornithologie, 1831, p. 62r. — H. Saunders, On the Sterninæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 643. — Rep. on the collect. of Birds made during the voy. of H. M. S. « Chal- lenger », n° V; On the Laridæ, Proceed. sool. Soc. Lond., 1877, p. 796, n° h. — Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, Larideæ, p. 135, n° 4. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley (Patagonia), Tbis, 1877, p. 43 et Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 404. — R:.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. sool. Soc. Lond., 1881, p. 16, n° 72. : — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. IV, p. 34. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. IL, p. 440, n° 1290. Sterna antarctica Peale, Un. St. Expl. Exped., 1848, p. 280 (nec Less.). Sterna meridionalis Cassin, Un. St. Expl. Exped., 1858, p. 385. Sterna Gassini Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. sool. Soc. Lond., 1860, p. 391, n° 55. — Abbott, Zbis, p. 166, 1861. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, On neotrop. Laridæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1870, p. 570. 2 ; Sterna Cassini Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Second List of the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 284, n° 19. — Third List of the Birds, etc., Ibis, 1870, p. oo, n° 28. La Sterna hlirundinacea se rencontre principalement dans les régions australes de l'Amérique du Sud : elle remonte cependant sur la côte orientale jusqu’à la hauteur de Rio de Janeiro et sur la côte occidentale jusqu’au 35° degré de latitude'et peut-être même un peu plus loin ('). M. H. Durnford l’a observée en troupes assez nombreuses, au mois de novembre, à l'embouchure de la rivière Chuput, en Patagonie, et (1) Voyez H. Saunpers, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1876, p. 648. B.184 MISSION DU CAP HORN. M. Lebrun en a rapporté au Muséum cinq exemplaires, tous màles, pris dans la même contrée, mais plus au sud, à Missioneros et sur l’ile Leones, par 45°6'20" de latitude sud, au mois de novembre 1882, et à Punta Arenas au mois de février 1883. D’autres spécimens ont été obtenus par MM. Pack et Abbott dans l'archipel des Malouines, par le D' Cunningham dans la baie de San Yago (détroit de Magellan) le 7 décembre 1867, par les naturalistes du Challenger le 4 janvier 1876, dans le Messier Channel (Magellan) le 18 et le 19 janvier 1876, sur l'ile Elisabeth, par le D' Coppinger, chirurgien de l’Alert, à Cockle Cove le 16 octobre 1879 et à Tom Bay (détroit de Magellan) le 29 et le 30 novembre 1879, et enfin par la Mission française du cap Horn sur les bords de la baie Orange le 6 novembre et le 17 décembre 1882, et à Oushouaïa le 29 novembre de la même année. Une femelle tuée dans cette dernière localité et une autre femelle tuée au vol le 17 décembre 1882, devant l’anse de la Forge, à la baie Orange, au milieu d’une bande d’oiseaux de la même espèce, avaient l'estomac rempli de débris de petits poissons, comme les individus mentionnés dans le catalogue du Challenger. Ceux-ci étaient complètement adultes et avaient le bec et les pattes rouges. La même coloration rouge (rouge sang ou rouge vermillon) du bec et des pattes a été notée par M. Lebrun sur les spéci- mens de Missioneros et par M. le D' Hyades sur un mâle et deux femelles, tués le 6 novembre 1882, au dessus d’un vol de Puffins fuligineux dans la baie Orange, au sud de la pointe Lephay, dans le cours d’une excursion en baleinière. L'une de ces femelles avait l’œil d’un brun marron foncé, l’autre couleur lie de vin, et l’un des spécimens de Mis- sioneros offrait la même coloration de l'iris, ce qui ne concorde pas avec l'indication yeux notrs fournie par les naturalistes du Challenger. Des notes que je viens de citer, des observations de M. Durnford et de l'examen des oiseaux qui ont été rapportés par l'expédition française on pourrait déjà conclure que la saison de la nidification, pour cette Hirondelle de mer, commence vers le mois de novembre et se continue jusqu’en janvier. Les naturalistes du Challenger qui se trouvaient, durant cette période de l’année, correspondant à notre printemps, dans les parages du détroit de Magellan, ont en effet recueilli un assez grand nombre d'œufs de Sterna hirundinacea, que M. H. Saunders a pu étudier OISEAUX. B.185 et qui lui ont offert les mêmes variations de couleur et de dessin que les œufs des Sterna macrura et fluviatilis. Ces variations ont été con- statées également par M. H. Durnford qui a visité, à la fin du mois de décembre 1877, une colonie de Sterna hirundinacea située à Tombo Point, à 6o milles environ au sud de la station de Chuput (ou Chupat). Cette colonie dont on lui avait signalé l’existence, dépassait en étendue tout ce qu'il avait pu imaginer. Les nids couvraient un espace de 150 yards carrés, ce qui, à raison de 3 nids par yard et de 5 œufs par nid (chiffres sans doute au-dessous de la vérité, puisque, dit M. Durn- ford, on ne pouvait guère faire un pas sans écraser des œufs), donnait un total de 67500 nids, 135000 oiseaux et 102500 œufs! Une autre espèce de Sterne, le Noddi niais (Anous stolidus L.) est représentée par deux spécimens dans la collection remise au Muséum par la Mission du cap Horn; mais cette espèce n’a aucun droit à figurer dans mon catalogue, les spécimens en question ayant été pris à bord de la Romanche, avec un troisième spécimen, dans la nuit du 14 août 188», par 19° 15’ de latitude sud et 38°4'de longitude ouest, c’est-à-dire tout à fait en dehors des limites de la région que j'ai à considérer. Le Noddi mais est d’ailleurs un oiseau des mers tropicales, qui ne s'égare proba- blement jamais dans les parages de la Patagonie et du cap Horn. C’est également d’une localité voisine des tropiques, des parages de l’ile Saint-Ambroise, que provenait un Noddi d’une autre espèce (Anous cinereus Gould) capturé par le D' Coppinger à bord du navire anglais l’Alert (!). 82. CYGNUS NIGRICOLLIS. Anas nigricollis Gmelin, Syst. nat., 1788, p. 102. CGygnus nigricollis Stephens, in Shaw’s Zool., t. XIT, p. 17. — Eyton, Monogr. Anat., 1838, p. 98. — Gay, Faun. Chil., 1848, p. 445 et pl. XIV. — J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 98. (1) Voyez R.-B. SHARPE, Zoo!. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zoo1. Soc. Lond., 1881, p. 16, n° 73. Mission du cap Horn, NI, B, 24 B.186 MISSION DU CAP HORN. Cygnus nigricollis Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. sool. Soc. Lond., 1860, p. 388, n° 30. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Second List of Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 284, n° 29. — Vests and eggs collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1870, p. 504, n° 143. — Vomencl. Av. neotrop., 1873, p. 139. — MVeotrop. Anatidæ, Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 370, n° 1. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia. Ibis, 1877, p. 41, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 400. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 14, n° 52. — Alpb. Milne-Edwards, Faune des régions australes, 1882, ch. IX, p. 40. D'après MM. Sclater et Salvin, l’ile Sainte-Catherine, située en face de la côte du Brésil, par 28° environ de latitude Sud, se trouve, du côté de l'Est, à la limite septentrionale extrême de l'aire habitée par le Cygnus rigricollis qui, du côté de l’Ouest, remonte jusqu'à Valparaiso et peut-être jusqu'aux frontières de la Bolivie et qui, vers le Sud, s’avance jusque dans l'archipel des Malouines et jusqu’à la Terre de Feu. Sans être aussi communs que dans les Pampas de Buenos-Avres, les Cygnes à col noir sont encore fort répandus en Patagonie, dans les vallées de la Chuput, du Sengel et du Sengelen; ils nichent même à l'embouchure de cette dernière rivière et 1ls ne sont pas très rares non plus aux Malouines, où ils séjournent pendant toute l’année, mais où ils se montrent très farouches, et ne nichent guère que sur les ilots voisins de l’ile principale. Six individus de cette espèce, qui est aujourd'hui bien connue et qui se trouve représentée dans la plupart de nos jardins zoologiques, ont été rapportés par la Mission du cap Horn. Tous ont été tués par M. le D' Hahn le 18 février 1883 dans les lagons de Skiring Water, qui se rattachent par le canal Fitzroy à la vaste baie connue sous le nom d’Ot- way Water et située elle-même à l’ouest de Punta Arenas et de la baie Laredo. L'un de ces oiseaux, un mâle adulte, avait les yeux d’un brun foncé, la cire rouge, surmontée d’un tubercule d’un rouge violacé et les OISEAUX. B.187 pattes blanches. Un autre mäle plus jeune avait les pattes d’un blanc sale et une femelle offrait une teinte violacée, moins accentuée sur le tubercule de la mandibule supérieure. De son côté le D' Coppinger, chirurgien de l’A/ert, attribue à un Cygne mâle, tué le 20 décembre 1879 à Hugh Bay, sur la côte occiden- tale de Patagonie, des yeux bruns, des pattes d’un gris clair et un bec bleu surmonté d’une crête rouge, et il semble au premier abord que ces indications ne concordent pas exactement avec les renseignements fournis par le D' Hahn et entièrement conformes à ce que l’on observe sur les Cygnes à col noir vivant dans nos ménageries; mais il faut observer que le D' Coppinger, en notant la couleur du bec, ne veut parler que de la partie antérieure et visible des mandibules, qui est, en effet, bleuâtre ou, pour parler plus exactement, d’un gris légèrement ardoisé avec un liséré et un onglet couleur de chair, et qu'il désigne sous le nom de créte le double tubercule et la membrane naso-oculaire. Celle-ei est, comme le dit M. Hahn, d’un rouge plus ou moins vif, plus ou moins nuancé d’orangé. Trois œufs recueillis par le D' Cunningham sur l’île Elisabeth, au mois d'octobre 1867, et appartenant très probablement au Cygnus nigricollis étaient d’un blanc jaunâtre sale et mesuraient 4P,06, 4P, 13 et 4P,3r (c'est-à-dire de o%,10 à o®,11), sur 2P,71, 2P,69 et 2P,63 (c’est-à-dire de 0,05 à o",07). Cette couleur et ces dimensions sont en effet celles des œufs de Cygnes à col noir qui ont été pondus à diverses reprises dans la ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle. Sous notre climat la ponte se fait généralement au mois d’avril ou dans les pre- miers jours de mai, c’est-à-dire dans la même saison qu’en Patagonie, notre mois de mai correspondant à peu près au mois d'octobre des antipodes. D'après M. le D' Hahn, Wanouma est le nom fuégien et Xokord le nom chilien du Cygnus rigricollis. 83. BERNICLA (CHLOEPHAGA) MAGELTANICA. Painted Duck Cock, Ztn., I, p. 96. Oie des terres magellaniques Daubenton, PL. ent. de Buffon, 1730, pl. XVI. B.188 MISSION DU CAP HORN. Anas picta, A. magellanica, A. leucoptera Gmelin, Syst. nat., 1788, t. 1, p. 504 et 505, n° 55, 56 et 59. Anser pictus, A. magellanicus, A. leucopterus Vieillot, Encycl. méthod., 1823, p. 113 el 117. Chloephaga magellanica Eyton, Monogr. Anat., 1838, p. 82. — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., 1. III, Birds, 1841, p. 134. — List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1850, P- 96. | — Ph.-L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1857, p. 128, et 1858, p. 280, et Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1860, p.389; n27- — Abbott, Zbis, 1861, p. 157. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, List of Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n° 36. — Third List, Ibis, 1850, p.499. — MVests and eggs collected in the Straits of Magellan by D' Cun- ningham, Ibis, 1870, p. 504. — Nomencl. Av. neotrop., 1873, p. 128. L'Oce des Terres magellaniques, ainsi que la nommait Buffon, est assez commune dans les parages du détroit de Magellan, sur la Terre de Feu, sur la Terre des États, aux Malouines et sur quelques petites îles de la mème région. Peut-être même faut-il étendre l'aire d'habitat de la Bernicla magellanica vers le Nord jusqu'au centre du Chili et à la République Argentine, car la Bernicla dispar, que MM. Philippi et Landbeck ont considérée comme une espèce distincte ('), ne parait constituer qu'une variété locale assez mal définie. Comme l'ont fait remarquer MM. Sclater et Salvin (?), le principal sinon l'unique carac- tère distinctif de cette prétendue espèce consiste dans la présence, (1) Voiei la synonymie de cette Bernicla dispar : Bernicla magellanica Cassin, Gilliss's Expedit., 1856, t. Il, p. 207 et pl. XXIV; Gay, Faun. Chil., 1848, p. 443. — Bernicla dispar Philippi et Landbeck, #iegm. Arch., 1863, p. 190 et Cat. Av. Chil., p. 40; Ph. I. Sclater, Ibis, 1864, p. 122; Burmeister, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 366. — CAloephaga dispar Ph. L. Sclater, Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 320 et 334. — Bernicla dispar Ph. L. Sclater et O. Salvin, Proceed. zool. Soc. Lond., 1856, p. 364, n° 4. — Bernicla ma- gellanica H. Durnford, Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 400. (2) Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 365. OISEAUX. B.189 chez le mâle, de nombreuses barres noires rayant la surface inférieure du corps. Or ce caractère n’est point spécial aux Bernaches du Chili; MM. Selater et Salvin l'ont déjà vu se manifester, à un certain degré, chez un jeune mâle de Bernicla magellanica provenant des îles Ma- louines, et je l’ai retrouvé, assez prononcé, mais plus d’un côte du corps que de l’autre, chez un mâle de la même espèce rapporté par la Mission du cap Horn, et tres accentue chez un autre mâle de même provenance. Ce dernier spécimen est aussi complètement rayé sur les parties infé- rieures du corps que le mâle de la Bernicla dispar typique, et comme dans la même collection je trouve un autre mäle d’un blanc absolu- ment pur sur la poitrine et l’abdomen, je suis forcé d'admettre, ou bien que la Zernicla dispar s’avance vers le sud bien au delà des fron- tières du Chili et de la République Argentine, jusque dans les régions occupées par la Bernicla magellarica (') avec laquelle elle se croise, à l'état sauvage, comme elle fait en captivité, pour donner des indi- vidus à livrée intermédiaire, ou bien, ce qui me parait beaucoup plus probable, que la présence de raies transversales noires n’est qu’un caractère local, ou peut-être même individuel. Ce caractère peut d’ail- leurs être plus fréquent chez les Bernaches du Chili et de la République Argentine que chez celles du cap Horn, des iles Malouines et de la Terre de Feu qui vivent sous un climat plus froid. Parmi les Bernaches de Magellan qui ont été rapportées par la Mis- sion du cap Horn je citerai seulement les spécimens suivants : 1° et 2° Un mâle et une femelle tués le 13 novembre 1882 sur l’ile Elisabeth. Le mäle est précisément l’un des individus auxquels je fai- sais allusion tout à l'heure et, par son plumage régulièrement barré de noir sur les parties inférieures du corps, répond à la description de la Bernicla dispar Ph. et Landb. M. le commandant Martial, dans l’Ærs- totre du voyage de la Mission scientifique du cap Horn (1885, €. I, p. 83), nous apprend que les chasseurs rapportèrent à bord de la Romanche une ample provision d’Oies et d’autres oiseaux, ainsi que des (!) Ainsi, c'est à la Bernicla dispar qu'ont été rapportés par la suite les spécimens obtenus par M Durnford dans la Patagonie centrale et orientale et attribués primilivement par ce naturatiste à la 2. magellanica. B.190 MISSION DU CAP HORN. nids remplis d'œufs que l’on trouve en abondance sur l'ile Élisabeth, à cette époque de l’année; et, en effet, je trouve, dans la série d'œufs rapportés par l'expédition française, trois œufs de Zernicla magellanica provenant de l'ile Élisabeth, ce qui concorde parfaitement avec un ren- seignement qui nous est fourni par MM. Sclater et Salvin, qui ont eu entre les mains un œuf de Bernicla magellanica recueilli par le D' Cun- ningham précisément sur la même ile, et dans le même mois de l’année (en novembre 1867). L'époque de la nidification et l’une des stations de reproduction de la Bernache de Magellan se trouvent ainsi parfaite- ment fixées. J'ajouterai que les trois œufs rapportés par les membres de la Mission française sont exactement semblables à celui qui a été obtenu par M. le D' Cunningham : ils sont d’un jaune crème uniforme et mesurent 0",08 sur 0,05. 3°, 4° et 5° Un mâle adulte et deux femelles jeunes tués le 18 dé- cembre 1882 à la baie Orange, dans les montagnes, à 100" environ d'altitude. Le mâle, par la teinte blanche uniforme des parties infé- rieures de son corps, correspond à la forme typique de la Bernicla magellanica; il avait le bec noir, les yeux bruns, les tarses noirâtres avec quelques écailles d’un jaune verdâtre, les ongles complètement noirs. Les femelles avaient, au contraire, le bec d’un vert très foncé, tirant au noirâtre, les veux bruns et les tarses d’un vert olive noirûtre; 6° Femelle prise le 10 janvier 1883 à la baie Orange, dans un piège à renards posé au bord du lac de la Mission. Bec noir, iris brun; tarses noirs sur la face interne, jaunes sur la moitié de leur face externe. Les Fuégiens considéraient cet individu comme étant un jeune mâle; 7°, 8°, 9° et 10° Femelles apportées vivantes par les Fuégiens, à la baie Orange, le 20 et le 21 janvier 1883. Mêmes caractères que chez le mâle tué le r8 décembre, à cette exception près qu’une des femelles avait les tarses grisätres ; 11° Jeune mâle apporté vivant par les Fuégiens à la baie Orange, le 21 janvier 1883. Mèmes caractères que chez la femelle prise le 10 janvier; 12° Une femelle tuée le 27 février 1883 à la baie Edwards; 13° Un mâle tué le 6 avril 1883 à la baie Orange. Sans être aussi for- OISEAUX. B.191 tement rayé que le mâle tué sur l'ile Élisabeth, cet individu offre des barres transversales nombreuses sur la poitrine et l’abdomen, prin- cipalement du côté gauche. Il représente une forme de transition entre la Bernicla magellanica typique et la Bernicla dispar. Son bec et ses yeux étaient d’un noir franc; ses pattes de la même couleur avec des taches jaunâtres sur la face inférieure des doigts. Je rappellerai encore, pour compléter ce que je viens de dire relati- vement aux variations de plumage de cette espèce, qu’une Oie de Magellan, capturée sur l’île Élisabeth par M. le D' Cunningham et examinée par MM. Sclater et Salvin, avait, comme un des oiseaux pris dans la même localité par M. le D' Hahn, les parties inférieures aussi fortement ou même plus fortement rayées que les Bernaches du Chili. En comparant avec deux Bernaches de Magellan (mâle et femelle) rapportées des Malouines, en 1820, par l’expédition de l’Urante la série des spécimens obtenus par la Mission du cap Horn, j'ai reconnu d'autre part que ces derniers, toutes choses étant égales d’ailleurs, âge, sexe, etc., offraient constamment une taille un peu plus faible. Ainsi la longueur moyenne d'un mâle adulte de Bernicla magella- nica étant de 0%,757, l'aile mesurant chez cet oiseau 0,435, la queue 0%, 190, le bee (culmen) 0,042, la tarse 0,075 et le doigt médian 0o",075, la longueur totale du mâle des Malouines atteint 0,680; l'aile a 0",/460, la queue 0,200, le bec (culmen) 0",047, le tarse 0",097 et le doigt médian o®,090 (ongle compris). J'avais cru en conséquence pouvoir distinguer, dans les galeries du Muséum, les Bernaches des iles Malouines, au moins à titre de variété locale, sous le nom de Bernicla magellanica var. leucoptera Gm. ('); mais cette dis- tinction est peut-être aussi imutile que celle de la variété dispar. En tout cas, c’est un fait qui mérite d’être signalé que cet accroissement de taille, joint à une netteté admirable du plumage que semblent offrir les Bernaches de Magellan dans l’archipel des Malouines, où elles trouvent sans doute une nourriture plus abondante que sur la Terre de (2) Buffon et après lui Gmelin et Latham avaient en effet distingué l’Oie des Malouines (Anas leucoptera) de l'Oie de la Terre des États (4ras picta) et de l'Oie des terres magel- laniques (Ænas magellanica), qui ne représentent que les deux sexes d'une même espèce. B.192 MISSION DU CAP HORN, Feu. A l’époque où Ch. Darwin visita ces iles, il y a une cinquantaine d'années, les Bernaches de Magellan vivaient en petites troupes dans l’intérieur des terres et ne se rapprochaient que rarement des rivages de la mer ou des lacs d’eau douce; mais elles ne nichaient guère que sur les ilots écartés, sans doute pour mettre leur progéniture à l’abri de la dent des Renards. Depuis lors, les Renards ayant été exterminés, les habitudes de ces Oies, que les marins anglais désignent sous le nom d’Oves des plateaux (Upland Geese), se sont quelque peu modifiées, et vers 1860 le capitaine Abbott a trouvé ces oiseaux nichant çà et là sur toute l’étendue de la contrée. Les jardins zoologiques de l'Europe ont recu à diverses reprises, depuis une trentaine d’années, des Bernaches de Magellan qui se sont reproduites soit entre elles, soit avec des Bernaches du Chili de la forme dispar. Les œufs qui ont été pondus dans la ménagerie du Jardin des Plantes étaient tantôt un peu plus gros, tantôt un peu plus petits que ceux qui ont été rapportés par la Mission du cap Horn; parfois aussi ils offraient une forme plus régulièrement ovale; mais ils avaient la même couleur. La Bernache de Magellan est appelée XÆëmoa par les Fuégiens. 84. BERNICLA (CHLOEPHAGA) POLIOCEPHALA. Anas inornatus (fern.) King, Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1830-1831, p. 19. Bernicla inornata Gray et Mitchell, Gen. of Birds, 1844, pl. CLXV. — Gay, Faun. Chil., LE, p.444. Chloephaga poliocephala Gray, List Gall., Grall. et Anser. in Brit. Mus., 1844, p. 127. — Ph.-L. Sclater, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1857, p. 128; 1858, p. 290; 18617, p. 46; 1867, p. 335. — J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 96. — Abbott, Zbis, 1861, p. 159. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, List of Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n° 37. — Third List, Ibis, 1870, OISEAUX. B.193 p. 299, n° 18. — Nomencl. Av. neotrop., 1873, p. 128 et Bérds of the Antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 436, n° 30. Bernicla chiloensis Philippi et Landbeck, Wiegm. Arch. für Naturgesch., 1863, p. 149. Bernicla poliocephala Burmeister, Lamellirostres of the Argentine Republic, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 366. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Revision of the neotrop. Anatidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 366, n° 5, et Voy. of the « Challenger », Reporton Birds Antarct. Amer., p. 107, n° 30. — H. Durnford, Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 400. Chloephaga poliocephala R.-B. Sharpe, Zoo!. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 13, n° 48. Chloephaga poliocephala Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. IX, p. 43. La Bernache à tête grise ne se montre qu’accidentellement dans les iles Malouines, mais est fort commune en Patagonie et dans l’ile de Chiloë, où, d’après MM. Philippi et Landbeck, se trouve l’un des centres de reproduction de l’espèce. Vers le Sud, elle franchit le détroit de Magellan et s’avance jusque sur la Terre de Feu. A côté des spécimens de Bernicla poliocephala que le Muséum pos- sédait déjà, et qui avaient été envoyés de la Patagonie orientale par d'Orbigny en 183r, ou rapportés d'Éden (Patagonie australe) par M. l'amiral Serres en 1877, j'ai pu examiner deux individus vivants de la même espèce, qui ont été rapportés du canal du Beagle par la Mission du cap Horn et les dépouilles de quatorze individus tués dans les localités et aux dates suivantes : Baie Orange le 20 octobre, le 12, le 18 et le 26 novembre, le 3 et le 4 décembre 1882, le ro, le 21 et le 28 janvier 1883; Anse Banner, ile Picton, le 23 novembre 1882; Oushouaïa, le 28 novembre 1882. Un mâle tué le 20 octobre avait les yeux bruns, le bec noir et les pattes d’un jaune orangé, avec des taches noires sur les tarses et les tibias. Chez un autre mâle, tué au vol au-dessus de l’eau, près de l’isthme Mission du cap Horn, NI. B.25 B.19% MISSION DU.CAP HORN. de la pointe Lephay, le 12 novembre 1882, chez un mâle et chez une femelle abattus le 18 et le 26 novembre dans la même localité et chez un mâle tué le 28 janvier dans l’intérieur des terres, pres de Red Hill, à la baie Orange, le bec avait la même couleur noire, mais les yeux étaient d’un brun marron plus clair et les tarses étaient rouges en dehors et noirs en dedans, la séparation de ces deux couleurs suivant une ligne longitudinale aboutissant à l’ongle du premier doigt externe; en outre, quelques taches d’un noir moins profond apparaissaient sur la couleur noire intense des membranes interdigitales. Quelques-uns des spécimens obtenus par l'expédition anglaise de l'Alert présentaient à peu près les mêmes caractères. Les notes du D' Coppinger, naturaliste de l’expédition, renfermaient en effet les renseignements suivants, qui ont été relevés par M. Sharpe : Femelle tuée à Nestam Cove, Trinidad Channel, le 28 février 1879 : bec couleur de corne; iris d’un brun foncé; pattes noires en avant, d’un jaune orange en arrière ; Mâle tué le 3 décembre 1879 à Alert Bay : bec noir; yeux d’un brun foncé, pattes d’un jaune orangé, teintées de noir sur leur face anté- rieure ; Femelle très jeune, tuée à Port Henry, le 3 décembre 1879 : bec couleur de corne, yeux bruns, pattes d’un gris foncé. De son côté, M. Durnford attribue aux femelles adultes de Bernicla poliocephala un bec noir, des yeux jaune orange, des tarses jaune orange, marquées de noir en-dessus, des pieds noirs, légerement tachetés d’orangé et des ongles noirs. On voit par là que la coloration des pattes varie peu chez les adultes des deux sexes, mais qu’elle est beaucoup moins vive chez les jeunes. Nous savons enfin que le D' Cunningham a obtenu successivement deux individus de la même espèce à Oazy Harbour en mars 1867 et à Port Grappler en décembre 1868. De l’ensemble de ces documents nous pouvons conclure que les Bernaches à tête grise qui arrivent dans la Patagonie centrale avec d’autres Bernaches et qui y nichent sur les bords du lac Colguape séjournent pendant la moitié de l’année au moins, durant la période correspondant à notre printemps et à notre été, dans les parages OISEAUX. B.195 du cap Horn; nous pouvons même affirmer qu’elles s’y reproduisent, puisqu’un jeune se trouvait dans la collection du D' Coppinger, et que des œufs et de très jeunes individus ont été rapportés plus récem- ment par la Mission française. Les œufs m'ont paru un peu plus petits que ceux de la Bernache de Magellan : ils ne mesurent que 0",078 sur 0,090, et la différence est encore plus frappante quand on consi- dère les œufs de Bernache à tête grise pondus dans la ménagerie du Jardin des Plantes en 1885. Ceux-ci n’ont en effet que 0",068 ou 0®,070 sur 0",047 ou 0,048. Les Fuégiens désignent cette espèce sous le nom de Zouroukh. 85. BERNICLA (CHLOEPHAGA) ANTARCTICA. Antarctic Goose Forster, Z£., p. 495 et 518. Anas antarctica Gmelin, Syst. nat., 1788, t. I, p. 50». Bernicla antarctica Stephens in Shaw’s Gen. Zool., t. XIL, p. 59. — Lesson et Garnot, Voy. de la « Coquille », Zool. Oùis., pl. L. — Eyton, Monog. Anat., 1838, p. 84. — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. WII, Birds, 1841, p. 134. — Gay, Faun. Chil., 1848, p. 442. | — Cassin, in Gilliss's Exped., 1856, p. 200, pl. XXII. — J. Gould, List of Birds of the Falkland Islands, Proceed. sool. Soc. Lond., 1859, p. 96. — Ph.-L. Sclater, Cat. of Birds of the Falkland Islands, Proceed. zoo, Soc. Lond., 1860, p. 388, n° 29. — Abbott, Zbis, 1861, p. 150. — Philippi et Sandbeck, Wiegm. Arch., 1863, p. 199, et Cat. Av. Chil., p- 40. — Ph.-L. Sclater and O. Salvin, Second List of the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 284, n° 30. — Third List, Ibis, 1870, p. 499, n° 16. — Nomencl. Av. neotrop., 1873, p. 128. — Revision of the neotrop. Anatidæ, Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1876, p. 367, n° 7. — Birds of Antarct. Amer., Proc. zool. Soc. Lond., 1858, p. 436, n° 29, et Voy. of the « Challenger », Rep. on the Birds, Antarct. Amer., p. 106, n° 29. B.196 MISSION DU CAP HORN. Bernicla antarctica Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. IL, p. 514, et Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1852, p. 361. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 13, n° 47. Les Bernaches antarctiques ont été rencontrées communément par Darwin, par Abbott et par Lesson et Garnot, naturalistes de l’expédi- tion française de la Coquille, et par les naturalistes du Challenger dans l'archipel des Malouines, où elles se tiennent constamment sur les rochers voisins de la mer, ce qui a valu à l'espèce le nom de Rock Goose (Oie de rocher) de la part des marins anglais. Elles ont été trouvées également dans la Patagonie orientale par MM. Burmeister et Hudson, dans les parages du détroit de Magellan, à Port Otway (16 avril 1868), à Goods Bay (12 avril 1869), à Port Henry (février 1879), sur l'ile des Pingouins (Messier Channel) (janvier 1876), à Port Churrucha (1833) par MM. Cunningham et Coppinger, par les naturalistes du Chat lenger et par l'expédition française de la Magicienne sous les ordres de M. l’amiral Serres; enfin sur la Terre de Feu d’abord par Forster, ensuite par Darwin et enfin par les naturalistes de la Mission française du cap Horn. D'autre part, suivant MM. Sclater et Salvin, qui ont résumé les documents que l’on possédait en 1856 sur la distribution géographique de l'espèce, la Bernicla magellanica, remonterait sur la côte occidentale de l'Amérique jusqu'à la hauteur de Valdivia (Chili), tandis que sur la côte opposée elle ne dépasse guère la région du Rio Santa Cruz. Comme pour la Bernicla magellanica, j'ai constaté des différences de taille entre les individus provenant de l’archipel des Malouines et ceux qui sont originaires de la Patagonie australe et de la Terre de Feu. Les premiers sont plus grands : ainsi chez un mâle, rapporté par l'expédition de la Coqulle, la longueur totale atteint 0",790; l’aile mesure 0",370; la queue 0,195, le tarse 0",080 et Le bec o",041; tandis que chez les individus de même sexe obtenus par la Mission du cap Horn la longueur totale peut être évaluée, en moyenne, à 0", 705; celle de l’aile à 0", 390, la queue o", 190 à 0", 200, le tarse 0",070 et le bec 0,038. J'avais même cru remarquer que ces différences dans les OISEAUX. B.197 dimensions étaient accompagnées de très légères différences dans le dessin du plumage des femelles, et javais, provisoirement, désigné les Oies des Malouines de ce type sous le nom de Berricla antarctica var. falklandica ; mais, tout bien considéré, je ne crois pas qu'il soit néces- saire de maintenir cette distinction. Les spécimens très nombreux rapportés par la Mission française étaient accompagnés des renseignements suivants : 1° Femelle tuée par M. Hahn à la baie Orange le 10 septembre 1882: yeux bleus; bec bleuâtre avec une tache d’un blanc rosé au milieu, à la hauteur des narines; pattes jaunes; 2° Femelles et mâles tués par le même naturaliste dans la même localité, le 20 septembre et le 16 novembre 1882; 3° Femelles tuées par le même naturaliste à la baie Saint-Jean (Terre des États) le 21 novembre 1882; 4° Adulte et jeunes en duvet provenant de deux couvées, pris par le même naturaliste, à l’anse Saint Martin (ile l'Hermite) le 15 dé- cembre 1882: 5°, G° et 7° Jeunes femelles apportées vivantes par les Fuégiens à la baie Orange, le 22 décembre 1882 : iris brun foncé; bec noir passant à la couleur corne blonde à l’extrémité des deux mandibules ; tarses d’un gris noirâtre ; 8° et 9° Jeunes femelles tuées par MM. Hyades et Sauvinet dans la même localité, le 20 et le 21 janvier 1883 : iris et bec noir; tarses grisàtres ; 10° Mâle tué par les mêmes naturalistes à la baie Skotchwell, le 6 février 1883 : iris brun; bec noir avec une petite tache blanchàtre entre les deux narines; tarses jaune citron; 11° et 12° Femelles adulte et jeune tuées par M. le D' Hahn à la bate Désolée (ile Burnt), le 11 février 1853; 13° et 14° Mäles tués par MM. Hyades et Sauvinet à la baie Orange, le 16 février 1883 : iris brun; bec noir avec une petite tache blanchâtre entre les narines; tarses jaunes ; 15° et 16° Femelles tuées parles mêmes naturalistes à la baie Orange, sur l’ilot de l’anse aux Canards, le 11 mars 1883 : iris brun; bec rose chair clair, nuancé de gris perle au-dessus des narines et passant à la B.198 MISSION DU CAP HORN. couleur corne blonde très claire à l'extrémité des mandibules; tarses jaune citron; 17° Mâle tué à la baie Orange, par un Fuégien, le 14 avril 1883 : iris brun foncé; bec noir avec des taches blanches entre les deux narines, près de l’extrémité de la mandibule supérieure et près de l'extrémité de la mandibule inférieure; tarses d’un jaune citron; 18° Femelle tuée à la baie Orange, par un Fuégien, le 17 avril 1883 : mêmes caractères que chez la femelle tuée le 11 mars, avec la nuance gris perle du bec moins prononcée; estomac renfermant du gravier fin et des débris d'algues communes; 19° Mâle tué à la baie Orange, par un Fuégien, le 27 avril 1883 : mêmes caractères que chez le mâle tué le 14 avril, sauf que la mandi- bule inférieure est très légèrement mouchetée de blanc près de l’extré- mité antérieure, au lieu de présenter une tache unique dans cette régION ; 20° Màle tué le 28 avril 1883, sur la plage de l’anse aux Canards :- mêmes caractères que chez le mâle tué le r4 avril, à cette exception près qu'il n’y a qu’une seule tache blanche entre les narines et que l'extrémité de la mandibule inférieure tire seulement au blanchätre ; 21° Femelle tuée le 1°* mai 1883, à la baie Orange, par un Fuégien : iris brun marron foncé; bec rose chair; tarses jaune citron; 22° Femelle tuée le 27 mai 1883, sur l’ile Jaune, à la baie Orange : mêmes caractères que chez l'individu précédent; bec rose chair très pâle ; 23° Femelle tuée le 30 juin 1883 sur l’isthme de la pointe Lephay, à la baie Orange : iris brun; bec d’une teinte rose chair très elaire avec deux plaques d’un blanc rosé à la pointe; tarses jaune citron; 24° Femelle tuée par M. Hahn à l'ile Horn, le 30 juin 1885; 25° Mâle tué à la baie Orange, le 8 juillet 1883 : iris brun tres foncé; bec noirâtre, passant au blanchâtre à la base et marbré de blanc à la pointe de la mandibule supérieure et sur la mandibule inférieure; membrane de la mandibule inférieure noire; tarses d’un jaune citron foncé ; 26° Femelle tuée le 8 juillet r883, à la baie Orange, sur l'ile Jaune : mêmes caractères que chez la femelle tuée le 1° mai; membrane inter- OISEAUX. B.199 digitale présentant un trou en losange produit probablement par le passage d’un grain de plomb, anciennement; 27° Mâle tué le 17 juillet 1883, à la baie Orange, sur la plage (cet individu ne pouvait s'envoler lorsqu'il a été tiré, ayant reçu une blessure antérieure : il avait du reste un grain de plomb dans le cou et un dépôt sanguinolent dans l’abdomen) : iris brun très foncé ; bec noirâtre avec une large tache couleur de chair au milieu de la mandibule supérieure, une plaque d’un brun noirâtre rayé de blane à la pointe de cette man- dibule et des marbrures couleur chair sur les côtés de la mandibule inférieure, pres de l’extrémité; tarses d’un jaune citron; ongles cou- leur de corne blanchâtre. M. Lebrun a rapporté en outre deux œufs de cette espèce qui sont d'une teinte crème pâle et uniforme et qui mesurent 0",073 sur 0,053, ayant par conséquent la même coloration et, à très peu de chose près, les mêmes dimensions que les œufs recueillis aux Malouines par M. Abbott (*). La Bernache antarctique est appelée Chakouch par les Fuégiens de la baie Orange. 86. ANAS CRISTATA. Crested Duck Latham, Synops., t. III, p. 543. Anas cristata Gmelin, Syst. Vat., 1788, t. I, p. 540. — Gay, Faun. Chil., 1848, p. 449. — J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1859, p. 96. — Ph.-L. Sclater, Cat. of Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 389, n° 35. — Abbott, Zbés, 1861, p. 160. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Third List of the Birds collected in the Stracits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1870, p. 499, n° 19. — Womencl. Av. neotrop., 1873, p. 129. — Revision of the neotrop. Anatidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 38r, n° 4. (1) Ceux-ci mesuraient 2 pouces 7, soit o",073 sur r pouce +, soit 0",048. B.200 MISSION DU CAP HORN. Anas cristata R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. 1. S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 13, n° 50. — L. Taczanowski, Ornithologie du Pérou, 1886, t. IL, p. 473, n° 1393. Anas specularoides King, Zool. Journ., 1838, t. IV, p. 98. Anas pyrrhogaster Meyen, Voe. Act., t. XVI, suppl., p. rr9 et pl. XXV. Dafila pyrrhogaster Eyton, Monogr. Anal., 1838, p. 113. D’après MM. Sclater et Salvin l’Anas cristata remonte vers le Nord: jusque dans le Pérou méridional où M. Whitely l’a trouvé à Salinas, sur les bords d’un lac salé situé dans la Cordillère, au-dessus d’Are- quipa, à une altitude de plus de 4000. Au Chili, il habite également les hauts plateaux des Andes pendant l'été, mais il vient hiverner dans les plaines. Sur la côte opposée il se rencontre aussi dans la Patagonie méridionale, d’où le Muséum en a recu deux spécimens, le premier obtenu en 1831 par d'Orbigny, et le second en 1883 par M. Lebrun. De leur côté, les naturalistes de l’expédition anglaise de l’A/ert ont rapporté des bords du détroit de Magellan deux femelles et un mâle tués à Cockle Cove le 7 février, à Port Rosario le 15 mars et à Tom Bay le 29 novembre 1879 et dans le catalogue de la collection formée anté- rieurement dans les mêmes parages par le D' Cunningham, pendant la croisière du Vassau, figure aussi un spécimen d’Anas cristata pris à Tuesday Bay en décembre 1868. Les Canards huppés paraissent être encore plus communs en Fuégie, car la Mission du cap Horn n’en a pas rapporté moins de 15 individus, d'âges et de sexes différents, tués soit à la baie Orange du 17 sep- tembre 1882 au 12 juillet 1883, soit à la baie Bon-Succès le 30 octobre 1882, Parmi ces spécimens, je mentionnerai seulement les suivants : 1° Mâle tué le 17 septembre 1882, à la baie Orange : yeux d’un rouge rubis; bec d’un gris noirâtre; pattes noires; 2° et 3° Mäles tués le 15 et le 21 décembre 1882, à la baie Orange, sur la plage de la Mission : iris rouge doré; bec noir en dessus, Jaune rougeâtre bordé de noir en dessus; tarses noirs à reflets gris foncé; 4° Mâle tué le 4 février 1883 à l’entrée de la baie Ponsonby; mêmes caractères que chez l'individu précédent ; s, OISEAUX. B.201 5° Mâle tué le 8 février 1883, à la baie Packsaddle, près la baie Orange : mêmes caractères que chez les mâles tués le 15 et le 21 dé- cembre; 6° Mâle apporté vivant à la baie Orange par les Fuégiens, le 10 février 1883 : iris brun clair; bec noir en dessus, jaune rougeûtre clair sur la mandibule inférieure; tarses d’un gris noirâtre ; 7° Mâle tué le 8 mars 1883, à la baie Orange, au bord de l’anse aux Canards : mêmes caractères que chez les mäles tués le 15 et le 21 décembre; 8° Mâle tué le 12 mars 1883, à la baie Orange, sur la plage de la rivière de Mission : iris rouge; mandibule supérieure noire, passant au bleuâtre à la base; mandibule inférieure d’un rose chair, bordée de noir dans les sept huitièmes postérieurs; tarses d’un gris noirâtre à reflets plombés ; membrane interdigitale d’un gris noirâtre foncé avec une petite bordure d’un blanc jaunâtre le long des phalanges, en avant et surtout en dedans; 9° Mâle tué le 3 avril 1883, à la baie Orange : iris d’un jaune citron, passant rapidement au rougeûtre après la mort; bec noir en dessus, bleu noirâtre sur les quatre cinquièmes postérieurs des bords de la mandibule inférieure, jaune clair sur la membrane intermédiaire et couleur corne blonde à l'extrémité de la mandibule inférieure; tarses d’un noir grisâtre avec les écailles de la face antérieure du même bleu noir que la base du bec; phalanges offrant une étroite bordure grise en avant; en somme, mêmes caractères que chez le mâle tué le 12 mars ; 10° Mâle tué le 5 avril 1883, à la baie Orange : iris rose brique; bec noir avec les bords postérieurs de la mandibule inférieure d’un noir bleuâtre et la membrane de cette même mandibule rougeûtre (rouge chair); pattes d’un noir grisâtre à reflets plombés; 11° Femelle tuée le 14 avril 1883, à la baie Orange, près de la plage : iris d’un jaune clair au moment de la mort, d'un rouge brique cinq ou six heures après; bec noir avec la membrane de la mandibule inférieure rougeûtre ; tarses noirâtres à reflets plombés; 12° et 13° Femelle et mâle tués le 13 juin 1853, à la baie Orange, sur les bords de l’anse aux Canards : iris rouge brique vif; bec noir sur la mandibule supérieure, passant au noir bleuté à la base, couleur de Mission du cap Horn, NI. 3.26 B:202 MISSION DU CAP HORN. chair sur la mandibule inférieure, sauf latéralement et en arrière où il passe au noir bleuté; tarses d’un gris noirâtre foncé; 14° Mâle tué le 1r juillet 1883, dans la même localité : iris rouge brique; bec noirâtre sur la mandibule supérieure, jaune clair sur la mandibule inférieure sauf sur les deux tiers postérieurs des bords, qui sont noirâtres; tarses d’un gris de plomb. Chez une femelle tuée à Cockle Cove par les naturalistes de l'expé- dition anglaise de l’AZert, les yeux étaient d’un rouge sang, la mandi- bule supérieure couleur de corne et l’inférieure d’un rose chair, et les pattes d’un gris foncé; chez un mâle pris à Tom Bay, les veux étaient d’un rouge jaunâtre et le bee noir; enfin, d’après les notes de M. Lebrun, le mâle tué aux environs de Santa Cruz, et auquel j’ai fait allusion ci- dessus, avait les yeux jaunes. Il résulte de ces observations que l'iris, chez l’Anas cristata, varie du jaune au rouge rubis, en passant par le rouge jaunâtre et le rouge brique, la teinte s’altérant d’ailleurs rapidement après la mort; que les pattes sont d’un gris plus ou moins foncé suivant les individus et peut-être suivant les saisons, et que le bec peut aussi passer du brun corne au gris noiràtre. Les dates de captures que j'ai citées montrent, d'autre part, que les Canards huppés se rencontrent à toutes les époques de l’année dans la Patagonie australe, sur la Terre de Feu et sur les terres avoisi- nantes, et que, par conséquent, ils se reproduisent dans ces parages, comme ils le font dans l’archipel des Malouines, où ils sont aussi très répandus (*). La présence dans la collection formée par la Mission du cap Horn d’un jeune Anas cristata, pris au mois de février à la baie Orange, nous indique d’ailleurs que la nidification doit se faire là vers la même époque qu'aux Malouines, où elle a lieu du commencement d'octobre au commencement de novembre. Suivant MM. Sclater et Salvin, le nid renferme ordinairement cinq œufs, qui sont d’un blanc crémeux, (1) Dès 1820, l'expédition de l'Uranie, commandée par M. de Freyeinet, avait rapporté des iles Malouines deux oiseaux de cette espèce qui font encore partie des collections du Muséum. OISEAUX. B.203 tirant plus ou moins au rougeàtre et qui mesurent de 0",06 à o",07 SUAOD AO AIO, 01 (0) Le nom fuégien de l’Anas cristata est Ouyén. 87. QUERQUEDULA CYANOPTERA. Anas cyanoptera Vieillot, Mouv. Dict., 1816, t. V, p. 104, et Encycl. méthod., 1823, p. 392. — Burmeister, La Plata Reise, t. II, p. 516, et Journ. f. Ornith., 1860, p. 226. Querquedula cyanoptera Cassin, Z/!. Ornith., p. 84, pl. XV, et Gülliss's Exp. 1896, t. IL, p. ro2. — J. Gould, List of Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 96. — Ph.-L. Sclater, Cat. of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 389, n° 38. — Abbott, Zbis, 1861, p. 161. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, List of Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 119, n° 39. — Nom. A6. neotrop., 1873, p. 129. — Revts. of the neotrop. Anatidæ, Proceed. :ool. Soc. Lond., 1870, D.38/4; 02; — H. Durnford, On some Birds observed on the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 4x, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 400. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert », Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1885, p. 14, n° 5%. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. IX, p. 46. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. II, p. 474, n° 132k. Anas cœruleata Lichtenstein, us. Berl. — Bibra, Denksch. Akad. Wien., 1853, t. V, p. 131. Querquedula cœruleata Gay, Faun. Chil., 1848, p. 452. — Philippi et Landbeck, Cat. Av. chil., p. 42. — J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. :0ol. Soc. Lond., 1859, p. 96. (1) Quelques-uns de ces œufs ont été recueillis par le capitaine Abbott (voyez J. Gourp, Proceed. 2001. Soc., 1859, p. 96). B.20% MISSION DU CAP HORN. Anas Raîflesi King, Zool. Journ., 1828, t. IV, p. 97. — Jardine et Selby, Z{lustr. Ornith., pl. XXIIT. La Sarcelle aux ailes bleues a été rencontrée par différents voyageurs sur une grande partie de continent américain, depuis la Californie jusqu’au détroit de Magellan, où l’espèce a été observée à Sandy Point par le D' Cunningham, chirurgien du Nassau, pendant la campagne 1866-1867. Elle a été trouvée également par MM. Pack et Abbott dans l'archipel des Malouines où elle niche probablement, mais où elle est beaucoup moins commune que dans les lagunes de la République Argentine et du Chili. C’est de cette dernière contrée que proviennent deux spécimens donnés par M. Gay au Muséum d'Histoire naturelle, en 1843. D’autres exemplaires de la collection du Muséum ont été envoyés du Paraguay par Bonpland en 1833, et de Patagonie par d’Or- bigny en 1831 et par M. Lebrun en 1883. En Patagonie toutefois, l'espèce parait être assez rare, car M. Durnford n’en a vu qu’une seule fois quelques individus, sur une lagune dans la vallée de la Chuput et à l'embouchure du Sengel. C'était le 6 novembre 1876, et comme d'autre part le spécimen obtenu par M. Lebrun à Suzanne Cove porte la date de juin 1883, on peut supposer, avec assez de vraisemblance, que de petites bandes de Sarcelles aux ailes bleues ne visitent les côtes de la Patagonie orientale et méridionale qu'aux époques corres- pondant à notre printemps et à notre automne, alors qu’elles se rendent du Chili et de la République Argentine aux Malouines, et vice versa. Si ces migrations s'effectuent réellement et dans le sens que je viens d’in- diquer, on comprend facilement que les naturalistes de la Mission française n'aient pas observé la Querquedula cyanoptera sur la Terre de Feu. Le spécimen obtenu à Suzanne Cove par M. Lebrun est indiqué comme étant du sexe mäle et comme ayant eu les yeux d’un rouge vermillon et les pattes jaunes. Au contraire, une Sarcelle à ailes bleues, femelle, rapportée jadis de Talcahuano (Chili) par MM. Hombron et Jacquinot (voyage au Pôle Sud), portait sur l’étiquette la mention yeux marron, et les individus pris dans la même localité, c’est-à-dire à Talcahuano, à une date récente, par le D' Coppinger, chirurgien de OISEAUX. B.205 l'expédition anglaise de l’Alert, étaient accompagnés des indications suivantes : Mâle tué le ro septembre 1879 : iris jaune; bec noir; pattes jaunes avec les ongles de couleur foncée; Mâle tué également au mois de septembre 1879 : iris jaune; bec noir et pattes jaunes; Femelle tuée le 22 septembre 1879 : yeux bruns; bec de couleur foncée avec des taches grises; pattes d’un brun clair. Un mâle adulte, en plumage de noces, pris au Pérou et décrit par M. Taczanowski, avait les yeux d’un brun foncé, le bec noir, les pattes jaunâtres avec les membranes rembrunies à l’extrémité; une femelle, originaire de la même contrée, le bec noir avec la mandibule inférieure brune et les pattes d’un jaune brunâtre avec les membranes noires; enfin chez un jeune mâle, mentionné par le même auteur, l'iris était d’un rouge orangé. Cette dernière indication se rapproche déjà beau- coup du renseignement donné par M. Lebrun, et l'on peut admettre que chez le Querquedula cyanoptera, V'iris passe du rouge (jeunes oiseaux) au brun foncé (oiseaux adultes) et que les pattes varient du brun clair (femelles) au jaune plus ou moins vif (mâles). 88. QUERQUEDULA FLAVIROSTRIS. Anas flavirostris Vieillot, Vous. Dict. d’'Hist. nat., 1816, t. NV, p. 105, et Encycl. méthod., 1823, p. 353. Querquedula flavirostris Burmeister, Journ. f. Ornith., 1860, p. 226, et La Plata Reise, t. I, p. 516. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotrop., 1873, p. 129. — Rev. of the neotrop. Anatidæ, Proceed. sool. Soc. Lond., 1876, p. 386, n° 5. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 41, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1858, p- 4or. Anas creccoides King, Zool. Journ., 1828, 1. IV, p. 99. Querquedula creccoides Eyton, Monogr. Anat., 1838, p. 128. — Gay, Faun. Chil., 1848, p. 453. B.206 MISSION DU CAP HORN. Querquedula creccoides Cassin, Gélliss’s Exped., 1856, t. IT, p. 203, etpl. XXVL. — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. III, Birds, p. 135. — Listof Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 96. — Ph.-L. Sclater, Cat. of Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 389, n° 36. — Philippi et Landbeck, Cat. Av. Chil., p. 42. — Abbott, Zbis, 1861, p. 161. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. IX, p. 46. La Sarcelle à bec jaune représente dans l'Amérique australe, au Chili ("), en Bolivie (?), au Paraguay (*), dans la République Argen- tine (*), en Patagonie et aux iles Malouines (°}, notre Sarcelle d'hiver, le Querquedula crecca. Dans l'archipel des Malouines, elle est particu- lièrement commune et niche en septembre et même au mois d'août. Son nid, caché dans l’herbe sèche, au fond de quelque vallée écartée, renferme ordinairement cinq œufs que M. Gould décrit comme étant de forme ovale allongée (2 pouces + de long sur r pouce - de large) et offrant une coloration d’un jaune ocreux uniforme. Elle se reproduit également dans la vallée de la Chuput, en Patagonie, où, d’après M. Durnford, on la voit communément seule ou associée au Daÿila spinicauda. Ch. Darwin et les naturalistes de l'expédition francaise commandée par Dumont d'Urville l’ont rencontrée sur les bords du détroit de Magellan, notamment à Port-Famine, et c’est également d’une localité de cette région, d'Éden que provenaient deux spé- cimens donnés au Muséum par M. l'amiral Serres, en 1877. Un autre individu de la même espèce a été tué par M. Lebrun plus au nord, sur la côte orientale de Patagonie, à Santa Cruz, au mois d’oc- tobre 1882. Ce spécimen (mäle) avait les yeux bruns, tandis qu'un autre individu, pris à Port-Famine par MM. Hombron et Jacquinot, avait (1) Muséum d'Histoire naturelle de Paris, deux spécimens donnés par Gay en 1843. (2) Un spécimen envoyé au Muséum par Weddell en 1852. (3) Muséum d'Histoire naturelle, un spécimen envoyé par Bonpland en 1843. (*) Muséum d'Histoire naturelle, deux spécimens des rives de la Plata envoyés par A. Saint-Hilaire en 1822. (5) Muséum d'Histoire naturelle, deux spécimens rapportés par l’Uranie en 1820. OISEAUX. B.207 les yeux fauves, le bec étant brun avec une tache jaune à la base, de chaque côté, et les pattes brunes. Dans la collection rapportée par la Mission du cap Horn figuraient neuf autres Sarcelles à bec jaune, mâles et femelles, adultes et jeunes, tuées ou prises vivantes à la baie Orange le 25 septembre, le 24 et le 26 octobre 1882 et le 16 mars 1883, et à la baie Cook (Terre des États) le 19 novembre 1882. L'un de ces oiseaux, un mäle tué le 25 sep- tembre avait, d'après M. Habn, l'iris d’un rouge rubis, le bec brun avec une double tache jaune à la base et les pattes d'un gris verdâtre, tandis que d’autres individus, un mâle et trois femelles tués le 24 et le 26 octobre 1882 dans la même localité, avaient, d’après M. Hyades, l'iris d’un brun marron foncé, le bec noir, marqué d’une tache rouge cadmium à la base et les tarses d’un jaune verdâtre. L’estomac de ces derniers oiseaux renfermait quelques larves d'insectes aquatiques et du gravier. Enfin chez un mâle pris vivant le 16 mars 1883 à la baie Orange, pres des mares, par le chien européen de la Mission, l'iris était d’un brun foncé, le bec noir sur la partie médiane de la mandibule supé- rieure, à partir des narines jusqu'à la pointe, jaune citron sur les côtés et sous la mandibule inférieure, complètement noir à l'extrémité de cette mandibule et verdâtre dans la portion intermédiaire; les tarses étaient d’un gris noirâtre tirant au noir vers les articulations des doigts, et la membrane interdigitale était noire. La Sarcelle à bec jaune est appelée Weélapa par les Fuégiens. 89. QUERQUEDULA VERSICOLOR. Anas versicolor Vieillot, Mouv. Dict. d'Hist. nat., 1816, t. NV, p. 109, €t Encycl. méthod., 1823, p. 353. Querquedula versicolor Cassin, Gélliss's Exped., 1856, t. IE, p. 203. — Ph.-L. Sclater, Cat. of Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 389, n° 37. — Abbott, Zbis, 1861, p. 161. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Third List of the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1870, p. 499, n° 20. — Nomencl. B.208 MISSION DU CAP HORN. Av. neolrop., 1873, p. 129. — Revis. of the neotrop. Anatidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 388, n° 7. Querquedula versicolor H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 4x, et Votes on the Birds of central Pata- gonia, Ibis, 1878, p. 4or. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. IX, p. 46. Anas maculirostris Lichtenstein, List Doubl., 1823, p. 84. — Burmeister, Journ. f. Ornith., 1860, p. 266, et La Plata Reise, 1. I, p. 16. Querquedula maculirostris Gay, Faun. chil., p. 452. — Philippi et Landbeck, Cat. Av. chil., p. 42. Anas fretensis King, Proceed. zool. Soc. Lond., 1830-1831, p. 15. — Jardine et Selby, ZE: Ornith., t. IV, pl. XXIX. Cyanopterus fretensis Eyton, Monogr. Anat., 1838, p. 131. Cette espèce de Sarcelle parait avoir une aire de dispersion au moins aussi étendue que le Querquedula flavirostris, puisqu'elle a été signalée non seulement au Chili("), dans la République Argentine (?), en Patagonie et dans les iles Malouines, mais encore au Brésil (*°), au Paraguay (*) et dans les iles Galapagos, d’après Sundewall (°). Elle se reproduit certainement dans l'archipel des Malouines, puisque le capitaine Abbott a trouvé des jeunes en duvet, mais elle ne s’y montre que de temps en temps en grandes bandes, et elle n’est pas non plus très commune au Chili, ni en Patagonie où elle niche cepen- dant sur les bords du Sengelen (°). Dans le sud de cette dernière (1) Puucippi el LAnDseck, Loc. cit., et Muséum d'Histoire naturelle de Paris, deux spé- cimens montés donnés par M. Gay en 1843 (Santiago), et un spécimen un peu en mauvais état, pris à Chiloé par M. Dervaux, officier de l’4riane et rapporté par l'expédition com- mandée par Dumont d'Urville. (2) Hupsow, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 367, n° 15 (sous le nom de Querquedula maculirostris), et Muséum d'Histoire naturelle, un spécimen envoyé par d'Orbigny en 1829, de la province de Buenos-Ayres. (3) Muséum d'Histoire naturelle de Paris, deux spécimens donnés par M. A. Saint- Hilaire en 1822. (*) Muséum d'Histoire naturelle, un spécimen envoyé par Bonpland en 1823. (5) Proceed. zoo. Soc. Lond., 1851, p. 126 ( {nas maculirostris). (5) Voir Durnrorp, Zbis, 1877, p. 41 et 1878, p. 401. OISEAUX. B .209 région, un spécimen a été pris par le D' Cunningham à Sandy Point, en janvier 1870, et un autre a été tué par M. Lebrun à Suzanne Cove, en juin 1883. Ce dernier oiseau avait les yeux d’un jaune gristre, le bec d’un jaune orangé à la base et les pattes noires. 90. DArILA SPINICAUDA. Anas spinicauda Vieillot, Mouv. Dict. d’'Hist. nat., 1816, t. V, p. 135, et Encycl. méthod., p. 356. — Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. IX, p. 515. Anas oxyura Meyen, Vor. Act., 1838, t. XIV, suppl., p. 122. — Gay, Faun. chil., 1848, p. 449. — Cassin, Gilliss's Exped., 1856, t. II, p. 202. — Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. II, p. 515. — Philippi et Landbeck, Cat. Av. chil., p. 41. Dafila urophasianus Ph.-L. Sclater, Cat. of Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 389, n° 33. — Abbott, Zbis, 1861, p. 160. Dafila sp. Ph.-L. Sclater et O. Salvin, List of the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, in Ibis, 1860, p. 189, n° 40. Dafila spinicauda Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Proceed. 3001. Soc. Lond., 1870, p. 665, et pl. XXXVIIL. — Third List of the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1870, p. 5o1. — Nomencl. A9. neotrop., 1873, p. 130. — Rep. of the neotrop. Anatidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 392, n° 2. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 41,et Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 4or. — R.-B. Sharpe, Zoo!. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert», Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 14, n° 53. Dafila spinicauda et D. urophasianus Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. IX, p. 45 et 46. Dafila spinicauda L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. IL, p. 487, n° 1398. Le Dafila spinicauda, qui a été souvent confondu avec le D. baha- Mission du cap Horn, NI. B.27 B.210 MISSION DU CAP HORN. mensis, se rencontre à peu près dans toutes les régions de l'Amérique situées au sud de l’équateur, c’est-à-dire dans les provinces méridio- nales du Brésil (!), au Pérou (?), dans la République Argentine (°), dans l’Uruguay (‘), au Paraguay (5), au Chili (*) et en Patagonie où, d'après M. Durnford, il est sédentaire et très commun sur les bords de la Chuput, du Sengel et du Sengelen. Dans cette même région, il a été observé un peu plus au sud sur la côte orientale, aux environs de Rio Santa Cruz par M. Lebrun, en 1882, et sur les bords du détroit de Magellan, à Sandy Point, en décembre 1866. Aux îles Malouines, l'espèce, qui avait déjà été signalée en 1861 par le capitaine Abbott, a été retrouvée récemment par M. le D' Hahn, qui en a tué deux femelles de Dafila spinicauda sur les bords de la baie Edwards, le 20 février 1835. L'une de ces femelles avait les yeux de la même couleur qu’une femelle envoyée par M. Lebrun, c’est-à-dire d’un rouge rubis, le bec d’un jaune clair en dessus (T) et les pattes brunes. Un mâle adulte du Pérou, décrit par M. Taczanowski, avait au contraire les yeux d'un brun foncé, le bec noir avec les côtés de la base de la mandibule supé- rieure d’un jaune sale, la mandibule inférieure jaune et les pattes d’une teinte plombée. OL. MARECA SIBILATRIX. Anas sibilatrix Poeppig, Fror. Not., 1829, n° 59, p. 10. Anas chiloensis King, Proceed. sool. Soc. Lond., 1830-1831, p. 15. — Burmeister, Journ. f. Ornith., 1860, p. 227, et La Plata Reise, 1861, Gone Die (1) Sczarer et SALVIN, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 392. (2) Scrarer et SALVIN, Loc. cit., et Taczanowski, Ornith. du Pérou, t. HI, p. 48r. (3) D'Azara, 4punt. n° 429 ( Pato cola aguda); SaLATER et SALVIN, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 392. — Muséum d'Histoire naturelle de Paris, un spécimen envoyé par d'Orbigny en 1829. (*) SazaTER et SALVIN, loc. cit. (5) Muséum d'Hisioire naturelle de Paris, un spécimen envoyé par Bonpland en 1833. (5) Parcrpr et LanpBEck, Cat. Av. chil., p. 14. Muséum d'Histoire naturelle de Paris, un spécimen tué à Santiago et donné par M. Gay. (7) Dans cette indication fournie par les Notes de M. Hahn, le dessus du bec signifie pro- bablement wre partie du dessus du bec (les côtés de la base), car l’arête et le bout de la mandibule supérieure paraissent avoir été noirs. OISEAUX. B.211 Mareca chiloensis Eyton, Monogr. Anatide, 1838, p. 117, pl. XXI. — Gay, Faun. chil., 1848, p. 447. — Cassin, Gulliss's Exped., 1856, t. II, p. 207. — J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 96. — Ph.-L. Sclater, Cat. of Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 389, n° 32. — Philippi et Landbeck, Cat. A. chil., p. 41. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Second List of Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 284, n° 31. — Nom. A6. neotrop., 1873, P. 399. — Al. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. IX, p. 45. Mareca sibilatrix Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Rev. of the neotrop. Anatideæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 395, n°2. — Birds of Antarct. Amer:., Proceed. sool. Soc. Lond., 1878, p. 436, n° 31. — Voy. of the « Challen- ger », Rep. on the Birds, Antarct. Amer., p. 107, n° 31. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 41, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878,p-.401. — R.-B. Sharpe, Zoo!. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert», Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 13, n° 51. M. Lebrun a obtenu au mois de décembre 1582, en Patagonie, sur les bords du Rio Gallegos, un couple de cette espèce dont un spécimen avait déjà été tué dans la même saison (le 12 décembre 1867), sur les bords de la baie Gregory (détroit de Magellan) par M. le D° Cun- ningham. La Mareca sibilatrix a été rencontrée également par l'expé- dition antarctique anglaise et par le capitaine Abbott dans l'archipel des Malouines, où elle niche probablement, mais je ne crois pas qu’elle s’avance jusque sur la Terre de Feu, car elle ne figure point dans la collection rapportée par la Mission du cap Horn. En revanche, elle remonte d’un côté jusque dans le Paraguay et la République Argen- tine, de l’autre jusque dans le Chili austral, et c’est une des espèces de Canards les plus communes dans la Patagonie orientale. M. Durnford a observé un grand nombre de ces oiseaux nichant à l'embouchure du Sengelen. B.212 MISSION DU CAP HORN. 92. MICROPTERUS CINEREUS. (PL. 4.) Anas cinereus Gmelin, Syst. nat., 1788, p. 506. Micropterus cinereus Lesson, Traité d'Ornithologie, 1831, p. 630. — Gay, Faun. Chil., 1848, p. 457. — Philippi et Landbeck, Cat. Ao. chil., p. 43. — Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. 001. Soc. Lond., 1860, p. 39, n° 389, et Suppl., Proc. zool. Soc. Lond., 1867, p. 46. — Cunningham, bis, 1868, p. 127 (part.). — Notes on the natural history of the Straits of Magellan, 1871, p. 94 et suiv. (part.). — Trans. s0ol. Soc. Lond., 1873, t. VIL p. 493 (part.). — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, List of Birds collected in the Straits of Magel- lan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n° 38 (part.). — Third List, Ibis, 1870, p. 499, n° 21 (part.). Tachyeres cinereus Ph.-L. Sclater et O.Salvin, Vom. av., 1873, p. 130 (part.). — Revision of the neotrop. Anatidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 402 (part.). — Birds of Ant. America, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, pP: 437; n° 33 (part.). — Voy. of the « Challenger », Rep. on the Birds, Antarct. Amer., p. 107, n° 33 (part.). Anas brachyptera Latham, Znd. Orn., t. II, p. 831. — Quoy et Gaimard, Voy. de l’« Uranie», Zoologie, p. 139 et pl. XXXIX. Micropterus brachypterus Lesson, Traité d'Ornith., 1831, p. 630. — Eyton, Mon. Anat., 1838, p. 143. — J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », 1841, Zool., 1. I, Birds, p. 136. Tachyeres brachypterus Owen, Trans. zool. Soc., 1875, t. IX, p. 254. YŸ a-t-il une ou deux espèces de Canards microptères, de ces o1seaux que les anciens voyageurs anglais (Cook, Byron, etc.) ont appelés Race- horses-Ducks et auxquels le capitaine King a donné le nom plus signifi- catif de Steamers-Ducks que nous traduisons par Canards à vapeur? En d’autres termes, le Micropterus patachonicus de King qui vole bien n’a- OISEAUX. B.215 t-il été décrit, comme le prétend le D' Cunningham (‘), que d’après des individus adolescents du Micropterus cinereus Gm., qui ne se sert de ses ailes que pour progresser rapidement à la surface de l’eau, ou bien, au contraire, comme le pense le capitaine Abbott, les deux espèces sont-elles distinctes? Je crois devoir adopter cette dernière opinion en m'appuyant, d’une part sur Le témoignage des naturalistes de la Mission du cap Horn, de l’autre sur l’étude attentive des squelettes et des trés nombreuses dépouilles que j'ai eus sous les yeux. Les arguments invoqués par M. le D' Cunningham pour justifier la réunion de Mrcropterus patachonicus au Micropterus cinereus peuvent être résumés en ces termes : 1° Les individus qui volent et ceux qui ne volent pas se voient fré- quemment associés ; 2° Les premiers sont plus petits que les seconds; 3° Les squelettes des individus qui volent présentent constamment des traces indéniables d’inmaturité, tandis que les squelettes des indi- vidus qui ne volent pas ont toutes les pièces de leur charpente complè- tement ossifiées. M. Cunningham ajoute : « Je crois en conséquence que, à mesure que l'oiseau augmente en grosseur et en poids, par suite du dépôt dans ses os d’une quantité de plus ou plus grande de substance minérale et par d’autres causes de nature diverse, il perd graduellement l'habitude de voler, se sentant suffisamment protégé contre le danger, à la fois par la vitesse avec laquelle il peut progresser dans l’eau, grâce aux mouve- ments rapides de ses ailes, et par la facilité avec laquelle il plonge. » Examinons la valeur de ces arguments avec tout le soin que récla- ment les travaux d’un naturaliste dont la compétence et l'expérience sont incontestables et qui, pendant la croisière du Nassau dans le détroit de Magellan, a eu souvent l’occasion d’observer des Canards à vapeur dans leur élément. Nous constatons d’abord que le fait de l’association des Microptères qui volent et de ceux qui ne volent pas ne fournit qu’un argument à (1) Notes on the natural History of Magellan, p. 94, et Trans. zool. Soc. Lond., 1873, t. VIT, p. 493 et suiv. B.214 MISSION DU CAP HORN. peu près sans valeur. En effet, les associations d'individus d'espèces différentes sont tres communes parmi les Échassiers de rivage et parmi les Oiseaux d’eau, en dehors de la saison des amours. Elles sont parti- culièrement fréquentes parmi les Canards et les Oies. Ainsi, dans nos pays, on tire souvent pendant l'hiver des Canards milouinans dans des bandes de Canards morillons (‘}, etles seuls exemplaires des Bernaches à tête grise que le capitaine Abbott put obtenir durant son séjour aux Malouines furent abattus au milieu de volées d’Oies de Magellan (?). D'un autre côté, si le mélange des Micropterus cinereus et des Micropterus patachonicus se produit souvent, il ne s’effectue pas constamment, loin de là. Je puis invoquer à cet égard le témoignage formel de M. Sauvinet, l’un des membres de la Mission du cap Horn, qui a vu en maintes cir- constances des bandes uniquement composées de Canards appartenant soit à l’une, soit à l’autre espèce. La seconde raison, la différence de taille, est plutôt en faveur de la thèse que je soutiens. S'il y a deux espèces, il est naturel qu’elles n'aient pas les mêmes proportions. Or c’est précisément ce qui existe en général, ainsi qu’on peuts’en rendre compte en parcourant le Tableau suivant, où j'ai consigné les principales dimensions de la série nom- breuse des Microptères que possède le Muséum d'Histoire naturelle de Paris : (1) Crespon, Ornithologie du Gard, p. 529. (2) Pu.-L. Sccarer et O. Sazvin, Revision of the neotropical Anatidæ, Procced. zoo!. Soc. Lond., 1876, p. 366. OISEAUX. B.215 LONGUEUR LONGUEUR DU BEC LONGUEUR LOCALITÉS. D $ se etàges. . : : Totales de de be, laté- du doigt mé- l'aile. | la queue ralement, | tarse. dian (sans l’ongle). A. MICROPTERUS CINEREUS. m Port Churrucha.…...| Adulte. 5 0,135 Havre Molyneux...| Adulte. 9 0,130 Baie Orange Qu (7) 0,8 2 0,140 Canal Shapenham (Anse mauvaise). 2 0,135 Canal du Beagle.... c £ 0,150 Baie Orange 5 0,120 Terre des États... Ù ; 0,130 Pointe Divid (Canal 4 du Beagle). 2 0,120 Détroit de Magellan. É 0,130 Baie Orange 7 0,150 . MICROPTERUS PATACHONICUS. Malouines 0,695 Baie Orange 0,739 0,140 Baie Orange. 0,740 0,135 Baie Française (Ma- louines)FEEEErEe 20,790 0,130 Baie Française (Ma- louines)........ ® lo,700 0,135 Baie Fleuriais Adulte. |0,705 5 0,125 Baie Orange... 8 Vlo,780 0,140 Baie Fleuriais Jeune. |o,6r0 0,09 Canal du Beagle ...| Jeune femelle.|o,54o 0,080 (1) La peau de cet individu parait avoir été fortement étendue. B.216 MISSION DU CAP HORN. Ce Tableau montre que les Micropterus cinereus sont en général de plus forte taille que les M. patachonicus, qu’ils ont les ailes absolument et relativement plus courtes, le bec plus long, les tarses plus élevés et le doigt médian plus développé. A ces différences dans les dimensions se joignent des différences de plumage, qui sont faciles à apprécier chez les adultes et qui ressorti- ront de la description que je donne ci-dessous des 19 spécimens dont les dimensions se trouvent consignées dans le Tableau précédent. A. Micropterus cinereus. 1° Individu de sexe indéterminé donné par M. l'amiral Serres au Muséum, en 1877 et provenant de Port Churrucha : Parties supérieures du corps d’un gris cendré avec les plumes du dos et celles de la poitrine distinctement bordées de gris noirûtre, ces dernières étant en outre légèrement nuancées de roux, mais à un bien plus faible degré que chez les Micropterus patachonicus ; tète d’un gris un peu plus clair que le dos, avec un peu de blane dans le voisi- nage de l'œil; gorge grise, sans aucune trace de roux; ailes ornées d'une bande transversale blanche assez large, occupant une partie des plumes secondaires; flancs gris; partie inférieure de la poitrine et milieu du ventre blancs. 2° [ndividu de sexe indéterminé donné par M. l’amiral Serres et provenant du Havre Molyneux : mêmes caractères que l'individu pré- cédent; un simple cercle blanc autour de l’œil et une large bande blanche sur l’aile. 3° Femelle (?) complètement adulte, tuée le 26 mai 1883 sur l’ilot de la pointe Lephay (baïe Orange) : tête d’un gris bleuâtre, avec une tache blanche peu étendue dessinant un cercle autour de l'œil; cou et côtés de la poitrine d’un gris blanc, sans mélange de roux; dos d’un gris plus foncé que la tête et assez uniforme, avec les bordures des plumes à peine indiquées; flancs gris; partie inférieure de la poitrine et milieu du ventre blancs; ailes ornées chacune d'une bande transver- sale blanche de largeur médiocre, occupant une partie des plumes OISEAUX. B.917 secondaires et armées en avant d’une double callosité saillante, for- mant éperon. Iris brun foncé; bec d’un rouge orangé (couleur peau d'orange) avec une plaque noire sur l'extrémité de chaque mandibule ; pattes d’un jaune orangé tirant au rouge sur les membranes interdigi- tales noires et quelques écailles rougeûtres. 4° Femelle tuée dans une excursion sur baleinière dans le canal Shapenham (Anse mauvaise), au sud-est de la baie Orange, le 14 jan- vier 1883 : plumage gris en dessus, avec les bordures foncées des plumes assez nettement marquées; teinte de la tête se fondant par des nuances insensibles dans celle du dos; pas de cercle blanc autour de l’œil, mais une bande blanche sur l’aile. 5° Mâle tué dans le canal du Beagle, le 1% mars 1883 : plumage analogue à celui de l'individu précédent : bec jaune avec l'extrémité des deux mandibules noires: pattes jaunes avec les membranes inter- digitales grises et unc tache grise sur chaque phalange; éperons des ailes jaunes. 6° Femelle tuée à la baie Orange, le 3 janvier 1881 : plumage sem- blable à celui de l'individu n° 1; tête d’un gris assez clair passant au blanc sur le front, le vertex, la nuque et autour de l’œil, la teinte blanche ne dessinant pas cependant une raie distincte dans la région oculaire; poitrine marquée de raies ondulées formées par le bord foncé des plumes, mais n’offrant pas une teinte rousse ; bande blanche des ailes de largeur médiocre; éperons des ailes bien accusés, celui du bas étant en forme de pyramide triangulaire tronquée, de couleur jaune. 7° Femelle tuée dans la baie Cook (Terre des États) le 16 novembre 1882 : tête et cou gris avec le tour de l’œil blane; poitrine grise avec une bordure foncée sur chaque plume; ailes ornées d’une large bande blanche. 8° Femelle tuée à la pointe Divid, dans le canal du Beagle, Île 28 juillet 1883 : tête et cou gris; poitrine et flancs d’un gris plus foncé, avec des ondes noirâtres; ailes ornées d’une large bande blanche; paupières rouge orangé; bec jaune orangé foncé avec l'onglet et le bout de la mandibule inférieure noirs (d’après une maquette de M. le D° Hahn). 9° Individu tué sur les bords du détroit de Magellan et donné par Mission du cap Horn, NI. B.28 B.218 MISSION DU CAP HORN. M. le commandant Martin : tête grise, avec quelques plumes claires et le tour de l’œil blanc; poitrine avec des raies ondulées comme chez l'individu précédent; ailes ornées d’une bande blanche; bec jaune et noir. 10° Femelle tuée à la baie Orange, à l’entrée de la rivière de la Mis- sion, le 7 novembre 1882 : tête grise avec la partie inférieure du cou et la nuque blanchâtres, cette teinte claire se prolongeant latéralement sous la forme d’une raie qui rejoint un cercle blanc autour de l'œil; côtés de la face d’un gris rouan; milieu de la gorge d’un roux vif; dos gris, flancs gris avec les bordures des plumes d’une nuance plus fon- cée; poitrine marquée comme les flanes, mais nuancée de gris rouan; milieu du ventre blanc; ailes ornées d’une bande blanche et armées d’éperons très saillants, de couleur jaune; iris d’un brun marron clair; bec et pattes d’un jaune orangé. B. Micropierus patachonicus. 11° Individu tué aux iles Malouines et rapporté par l'expédition de la Coquille : vertex et base du cou presque blancs; reste du cou d’un gris très clair; côtés de la face et cou fortement nuancés de roux vineux: manteau gris, légèrement nuancé de roux, avec des reflets argentés sur les plumes; poitrine et flanes également de couleur grise, mais beau- coup plus fortement nuancés de roux; milieu du ventre d’un blanc pur, ailes ornées d’une bande blanche et armées d’un double éperon dans leur partie antérieure qui est dénudée. 12° Femelle tuée devant la Mission, à la baie Orange, le 15 décembre 1882 : tête grise, fortement lavée de roux veineux sur les côtés et marquée d’un trait latéral et d’un cercle blane autour de l'œil; dos, poitrine et flancs gris avec les plumes bordées de gris foncé; poitrine d’un gris nuancé roux avec des bordures foncées dessinant des sortes d’écailles ; ailes grises, avec une bande blanche; éperons alaires sail- lants, mais moins accusés que chez l’individu précédent : iris noir ou brun marron très foncé, bec noir, passant au brun verdätre à la base de la mandibule supérieure et sur Le milieu de la mandibule inférieure; tarses jaune indien. OISEAUX. B.219 13° Mâle tué au vol Le 12 juillet 18853, dans l’anse aux Canards, à la baie Orange : même livrée que l'individu précédent, avec les bandes blanches des ailes un peu plus larges; éperons très saillants, l’inférieur surtout (!'); iris brun, bec d’un jaune orangé très clair avec une plaque d’un noir luisant à la pointe; pattes d’un jaune citron avec les membranes interdigitales noires, ponctuées de jaune. 14° Femelle tuée dans la baie Française (Malouines), le 7 mars 1883: tête et cou d’un gris foncé, tirant au rougeûtre sur les joues, les tempes et sur la gorge; dos, aïles et flancs d’un gris foncé, avec une teinte argentée sur le milieu et du gris bleuâtre sur le bord des plumes; milieu de l'abdomen blanc; larges bandes alaires blanches; éperons visibles, mais peu saillants; bee d’une teinte verdàtre uniforme. 15° Femelle (mère de plusieurs jeunes qui ont été pris en même temps) tuée le 25 novembre 1882, dans la baie Française (Malouines): tête grise avec une raie blanche très apparente en arrière de l'œil et une teinte roussätre sur les joues et les tempes; membrane d’un gris souris, à reflets argentés; devant du cou teinté de roux; poitrine cou- verte de plumes bordées de gris bleuâtre foncé et par suite nettement dessinées, quelques-unes laissant voir en outre la teinte saumonée qui s'étend sur leur base; flancs revêtus de plumes analogues, mais brillant d’un éclat argenté; milieu de l’abdomen blanc; ailes recou- pées transversalement par une large bande blanche qui envahit une grande partie des plumes secondaires et des couvertures, et armées en avant de deux pêtits tubercules coniques; bec d’un noir verdàtre uniforme avec les lamelles très saillantes; pattes d’une nuance un peu plus claire, avec quelques taches jaunûtres. 16° Individu bien adulte, tué dans la baie Fleuriais et donné par M. l’amiral Serres en 1877 : tête d’un gris lavé de roux sur les côtés et recoupé derrière l’œil par un trait blanc; menton et gorge d’un roux plus blanc; poitrine grise, lavée de roux; dos couvert de plumes grises argentées, bordées de gris foncé; ailes ornées d’une très large bande blanche et pourvues de deux éperons, dont l'inférieur est particu- (1) D’après une Note de M. le D' Hyades, le double éperon de chaque aile est appelé Tamila en fuégien. B.220 MISSION DU CAP HORN. liérement saillant; ventre blane; bec d’un noir verdâätre uniforme. 17° Femelle tuée le 4 mai 1883 à la baie Orange, sur le bord de l’Anse aux Canards : plumage rappelant un peu celui du M. cénereus, mais s’en distinguant par les bordures très nettes des plumes du dos et de la poitrine, cette dernière région étant en outre lavée de roux; côtés de la tête nuancés de roux; trait blanc en arrière de l’œil peu visible, et fondu dans la teinte grise environnante; bande blanche de l’aile très apparente; iris d’un brun très foncé, bec d’un jaune peau d'orange foncé à la base, plus clair entre les narines et sur le milieu de la man- dibule supérieure, qui se termine par un onglet noir et qui présente de chaque côté, au-dessous des narines, un espace triangulaire teinté de bleuâtre; pattes d’un jaune citron clair, avec les membranes interdi- sitales et le dessous des doigts d’une teinte moins pure, tirant au noir. 18° Jeune individu pris dans la baie Fleuriais et donné par M. l’ami- ral Serres en 1877 : plumage encore mélangé de quelques touifes de duvet sur le dos et sur les ailes, mais offrant déjà les principales teintes du plumage de l’adulte et la nuance rousse des côtés de la tête et de la poitrine; bordures foncées des plumes du dos de la base du cou et des flancs peu distinctes; pas de bande blanche sur l'aile, pas d’éperons distincts. 19° Femelle encore plus jeune que l'individu précédent, tuée le 9 février 1883 dans une baie du canal du Beagle : plumage d’un gris foncé, varié de brun noirâtre sur le bord des plumes; tête d’un gris uniforme, sans trait blanc dans le voisinage de l'œil; pas de bande blanche sur l'aile. De l'examen comparatif de ces spécimens il ressort, en résumé : 1° Que chez le Micropterus cinereus et chez le M. patachonicus les couleurs fondamentales de la livrée de l'adulte sont les mêmes, le gris dominant sur les parties supérieures du corps, sur le cou, la poitrine et les flancs, le blanc pur occupant le milieu de l’abdomen, le milieu des ailes et parfois Les côtés et le dessus de la tête; 2° Que chez le M. patachonicus les teintes sont généralement plus tranchées que chez le HZ. cinereus ; 3° Que chez le M. patachonicus le blane peut envahir parfois une OISEAUX. B.221 grande partie de la tête et du cou, tandis que chez le H. cinereus, il reste confiné dans le voisinage de l'œil; 4° Que chez le M. patachonicus la teinte grise du plumage est plus foncée que dans l’autre espèce, et qu'en même temps les plumes du dos, de la poitrine et des flancs offrent un aspect écailleux, grâce à la bordure foncée qui les encadre et qui contraste avec les reflets argentés de leur portion médiane; 5° Que chez le . patachonicus on observe généralement, sur les côtés de la tête, la gorge et la poitrine, une teinte rousse ou même rougeàtre très accusée qui manque presque toujours chez le #. cinereus et qui, sur la poitrine, provient de la coloration saumonée de la base des plumes ; 6° Que chez le M. patachonicus la coloration du bec est générale- ment moins vive et plus uniforme que chez le M. cinereus. J'arrive maintenant à l'examen d’une autre catégorie d'arguments invoqués par M. le D' Cunningham, je veux parler de ceux qui sont fournis par l’étude de la charpente osseuse. M. Cunningham nous apprend qu’il a eu à sa disposition : 1° Deux squelettes presque entiers de Canards microptères adultes, provenant des îles Malouines et conservés dans la collection du Collège des chirurgiens, à Londres; 2° Deux crânes d'individus adultes qu'il a obtenus lui-même sur la côte occidentale de Patagonie et dans le détroit de Magellan ; 3° Deux squelettes de jeunes Canards microptères volants, prove- nant des mêmes régions ; 4° Deux crânes de jeunes oiseaux, encore incapables de voler, qui ont été tués en compagnie de leurs parents, dans une des baies du Messier Channel. - Soit en tout quatre squelettes et quatre erànes. De mon côté, J'ai eu sous les yeux trois squelettes complets de Canards microptères rapportés par la Mission du cap Horn; je n'ai donc pas eu autant de matériaux d’études que M. Cunningham, mais la dit- férence à cet égard n’est pas aussi grande qu'elle le parait au premier abord, deux des squelettes examinés par M. Cunningham étant incom- B°222 MISSION DU CAP HORN. plets et les cränes des jeunes ne pouvant fournir d'éléments pour la discussion. Des trois squelettes rapportés par la Mission du cap Horn, l’un A (n° 445, Cat. voyag.) est celui d’un mâle tué le 29 juillet 1888 dans la baie Fleuriais, mâle qui, d’après la maquette de la tête de l’oiseau prise par M. le D' Hahn, appartenait certainement à la forme M. cine- reus; le second B (n° 234, Cat. voy.) est celui d’un mäle tué le ro jan- vier 1883 à la baie Orange et se rapportant, selon moi, également au M. cinereus; le troisième C (n° 448 Cat. voy.) est celui d’une femelle qui a été tuée dans la même localité que le spécimen auquel appartient le squelette À, mais que j’attribue néanmoins à l’autre forme, W. pata- chonicus. Ce dernier squelette C est en effet plus grêle de formes et se com- pose d'os généralement moins robustes que les squelettes À et B, cer- taines pièces offrant même des différences considérables avec Les pièces correspondantes, ainsi qu’on peut en juger par le Tableau suivant, donnant les dimensions de quelques os. Sq. A. Sq. B. Sq. C. R : " a 3 m m m Longueur de l’humérus, mesuré en ligne droile..... 0,132 0,128 0,120 Longueur du cubitus, mesuré en ligne droite....... 0,098 0,098 0,092 Longueur de lamain(carpe, mélacarpeetdoigtmédius). o,121 0,123 o,110 Longueur du fémur, mesuré en ligne droite ........ 0,092 0,092 0,083 Longueur du tibia, mesuré en ligne droite......... 0,140 0,138 0,130 Longueur du tarso-métatarsien, mesuré enlignedroite. 0,075 0,074 0,062 Longueur du doigt médian, y compris la phalange CAM ooasdensonooococonodouodeotondo0beceo G,105 0,104 0,093 Longueur du sternum, du milieu du bord inférieur au milieu du bOTAMSUPÉTIEUT. meme 0,132 0,132 0,128 Longueur du sternum, du milieu du bord inférieur AU SOMMENAUMTÉChEL EE eee ee eee 0,105 0,104 0,093 Écartement des branches de la fourchette ou distance d’une apophyse coracoïdienne à l'autre........... 0,060 0,060 0,050 Il y a donc entre les deux premiers et le troisième squelettes des différences assez considérables, pouvant aller jusqu'à 10%" ou 12P® pour le même os. Ces différences sont-elles attribuables à l’âge ? Évi- demment non. En effet, le squelette C, qui, dans l'hypothèse du D' Cun- ningham, devrait appartenir à un jeune individu, offre tous les carac- OISEAUX. B.223 tères d’un individu adulte. Ainsi la crête qui limite la région occipitale est aussi marquée que sur le crâne de l'oiseau adulte figuré par M. Cunningham ('); la crête médiane de cette même région est aussi bien dessinée; les fontanelles occipitales sont encore plus petites, les surfaces voisines de ces fontanelles sont aussi rugueuses, et les diffé- rentes pièces qui entrent dans la constitution de l’occipital (supraocci- pital, exoccipitaux et basioccipital) sont parfaitement soudées, au lieu de se montrer distinctes comme chez le jeune oiseau représenté par M. Cunningham (°). La cloison interorbitaire est mince, transparente, mais ne présente pas ces grands pertuis que M. Cunningham indique dans la cloison interorbitaire des Microptères adolescents ; son aspect est exactement le même que dans les deux autres squelettes. Les pariétaux sont complètement soudés avec les pièces voisines. A la mandibule inférieure les branches ne montrent que deux traces de sutures presque effacées, exactement comme chez les Microptères adultes (°). Le sternum du squelette C est aussi complètement ossifié que ceux des squelettes A et B, dont il ne diffère que par ses dimensions un peu plus faibles; il présente également en arrière une double échancrure très profonde, recouverte d’une membrane, et son bréchet est relative- ment aussi saillant. La fourchette est en forme d’U dans les trois spécimens, avec les branches un peu plus rapprochées dans le spécimen C que dans les deux autres; partout elle est mince, mais solide et largement séparée du sternum. Les os de l’épaule, du bras et de la main sont conformés dans les trois squelettes exactement sur le même modèle et ne diffèrent que par leurs dimensions. J'en dirai autant des os du bassin et des membres inférieurs. Vu par sa face supérieure, le bassin du squelette C ne laisse apercevoir que quelques trous réduits à de simples pertuis, ou bien des nombreuses (2) Op. cit., Trans. zool. Soc. Lond., t. MIX, pl. LX, fig. 18. (2) Op. cit., Trans. zool Soc. Lond., t. NII, pl. LX, fig. 20. (3) Trans. zool. Soc. Lond., t. VII, pl. LX, fig. 37. B°224 MISSION DU CAP HORN- et larges perforations figurées par M. Cunningham sur le bassin de l'oiseau adolescent et capable de voler ('}, et vu par la face latérale 1] montre, comme les squelettes À et B, un trou obturateur étroit et tres allongé, et un trou sciatique ovalaire qui se rétrécit un peu en arrière, et dont le bord postérieur est mince et transparent, mais n’offre aucune trace de trou accessoire indiqué par M. Cunningham (°). Comme je suis convaincu de la parfaite exactitude des descriptions et des figures publiées par M. Cunningham, je ne puis expliquer que d’une seule façon, mais d’une facon fort simple, le désaccord qui existe entre nous. Si nous n’arrivons pas aux mêmes résultats, cela provient uniquement, selon moi, de ce que nous n'avons pas comparé des termes de valeur correspondante. J'ai mis en regard deux individus adultes du MWicropterus cinereus et un individu également adulte du Micropterus patachonicus, et M. Cun- ningham a sans doute étudié comparativement deux crànes et deux squelettes du Micropterus cinereus adultes et deux squelettes du Yicro- pterus patachonicus n'ayant pas encore acquis tout leur développement. Voilà pourquoi il a constaté entre les Canards qui volent et d’autres qui ne volent pas non seulement des différences dans les dimensions des os, mais encore des différences dans le degré d’ossification et dans la fusion de certaines pièces, en même temps que dans le développe- ment des saillies qui donnaient attache aux tendons des principaux muscles. Par suite, il a mis sur le compte de l’âge les différences de dimensions qu'il observait, et il a rapporté à des individus adoles- cents du Micropterus cinereus des squelettes et des crânes appartenant en réalité à de jeunes Wicropterus patachonicus. Je crois avoir démontré au contraire : 1° qu’il existe chez les Canards microptères des différences de dimensions qui peuvent être relevées non seulement sur la dépouille, mais encore sur le squelette; 2° que ces différences coincident avec certaines particularités dans la colora- tion du plumage; 3° qu’elles se manifestent chez des individus qui ne diffèrent point d’ailleurs sous le rapport de la solidité et du degré de (1) Op. cit., pl. LXIT, fig. 58. (2) Op. cit., pl. LXIL, fig. 59. OISEAUX. B°295 fusion des pièces osseuses. J'en conclus qu'il y a réellement deux espèces, ou tout au moins deux races de Microptères, l’une plus petite, aux teintes plus vives et plus tranchées, Micropterus patachonicus, l’autre plus grande, aux teintes plus fondues, Micropterus cinereus. À l'appui de cette opinion j’ajouterai que les Fuégiens, généralement fort babiles dans l’art de distinguer les espèces ornithologiques (‘) donnent à ces deux formes deux noms différents, appelant A/akouch le Micro- pterus cinereus et Tachka le Micropterus patachonicus. M. Bridges, qui dirige depuis plus de vingt-cinq ans la Mission évangélique du canal du Beagle, a confirmé le fait à M. le D' Hyades en lui donnant les indica- tions suivantes : A/akouch, Steamer Duck who does not fly; Tachka, Steamer Duck flying, who can fly, et j'ai trouvé sous ce rapport, à une ou deux exceptions près, une concordance remarquable entre les Notes prises soit par M. le D' Hyades, soit par M. le D' Hahn et mes propres déterminations. La question me parait donc jugée; mais, en présence de la confusion qui a été faite entre les deux espèces, je me trouve naturellement dans l'impossibilité de reconnaitre si les spécimens cités dans le Catalogue récent du voyage du Challenger sous la rubrique Micropterus cinereus appartiennent tous au Mcropterus cinereus proprement dit, ou si quel- ques-uns doivent être attribués au Micropterus patachonicus. Ces spéei- mens sont au nombre de 8, savoir : 1° Une femelle (jeune) provenant du Messier’s Channel : yeux bruns; estomac contenant des crustacés ; 2° Un jeune de la même localité : yeux bruns; bec et pattes noirs; 3° Une femelle de Tom Harbour : yeux bruns; bec jaune à pointe noire; pattes jaunes; estomac renfermant du gravier; 4° Un mâle du détroit de Magellan ; 5° et 6° Deux femelles de Port Churrucha, pesant 8 livres anglaises et 8 livres À; 7° et 8° Deux mâles (jeunes) des Malouines : estomac renfermant des coquilles; bec noir; pattes d’un beau noir. (1) En consultant le vocabulaire fuégien dressé par M. le D' Hyades, il est facile de voir que les Fuégiens appliquent un nom particulier, non seulement à chaque genre, mais à chaque espèce d'oiseau. Mission du cap Horn, NI. B.29 B.226 MISSION DU CAP HORN. J'en dirai autant des spécimens qui sont mentionnés dans le Cata- logue du voyage de l’A/ert et dont voici l’énumération : 1° Femelle tuée à Puerto Bueno sur un lac d’eau douce, près de la mer : yeux noirs; bec d’un vert olivâtre; pattes jaunes; 2° Individu tué à Walney Sound, le 4 février 1879 : poids ro livres ;; gésier rempli de Moules entières et de Crevettes; 3° Individu tué sur l'ile Élisabeth, le 3 février 1879; 4° Poussin pris à Tom Bay, le 30 novembre 1879; 5° Cràne rapporté de Cockle Crove; 6° Squelette d’un individu tué à Tom Bay, le 24 février 1879. Je suis porté à supposer cependant que le spécimen provenant de Walney Sound et pesant plus de ro livres anglaises était un Wicropte- rus cinereus, de même que les femelles de Port Churrucha, pesant 8 livres et 8 livres +, tandis que la femelle de Puerto Bueno rapportée par l’Alert, la jeune femelle du Messier’s Channel et les jeunes mâles des Malouines rapportés par le Challenger, étaient des Wicropterus patachonicus. Chez plusieurs de ces individus, le bec est en effet indi- qué comme étant noir ou vert olivâtre, couleurs qu'offrent plusieurs exemplaires de Mécropterus patachonicus que j'ai sous les yeux, et d’autres individus, par leur poids considérable, qui a été noté avec soin, ressemblent à nos Micropterus cinereus. En revanche, d’après les indications manuscrites qui m'ont été four- nies par M. le D' Hyades et par M. le D' Hahn, je puis rapporter avec certitude au Micropterus cinereus un certain nombre de jeunes indi- vidus et de poussins qui ont été rapportés par la Mission du cap Horn et dont voici l’énumération : 1° Femelle tuée le 19 novembre 1882 dans la baie Cook (Terre des Etats ); 2° Mâle tué le 20 novembre 1882 dans la baie Basill Hall (Terre des États) Ds 3° et 4° Jeunes pris vivants à la baie Orange, dans l’anse aux Canards, le 3 décembre 1882; 5° Jeune mâle tué le 6 février 1883 dans la baie n° 3 du canal du (1) Ce spécimen et le précédent n'ont pas été conservés par le Muséum. OISEAUX. B.297 Beagle : tête et corps encore revêtus en moyenne partie par du duvet, mais offrant déjà des indications des couleurs et du dessin du plu- mage de l'adulte, les parties supérieures étant brunes, la poitrine d’un gris brunâtre, le ventre blanc, les côtés de la tête d’un gris brunâtre avec une ligne blanche très nettement marquée en arrière de l'œil: ailes, réduites à des moignons, offrant une petite raie transversale blanche; bec et pattes d’un brun noirâtre, avec quelques taches jau- nâtres au bord des doigts; 6° et 7° Individus encore plus jeunes que le précédent, pris le 10 février 1883 à la baie des Baleines (ile Burnt) : bec et pattes noi- râtres, tête et corps revêtus de duvet, mais offrant déjà les teintes dominantes du plumage de l'adulte et une large raie sourcilière blanche, descendant un peu en arrière le long du cou (! ); 8° Très jeune femelle, apportée vivante à la baie Orange par les Fuégiens, le 26 janvier 1883 : iris brun; bec noir, avec l'extrémité des mandibules couleur de corne blonde; tarses noirs, avec quelques plaques vert olive foncé, ongles d’un jaune rougeâtre, tête et Corps entièrement couverts d’un duvet brun en dessus, blanc sur le menton, sur l'abdomen, en dessus et en arrière des yeux et sur les côtés du cou, où l’on remarque une large bande recourbée en croissant et venant rejoindre la teinte claire du menton; 9° et 10° Femelles encore plus jeunes (poussins) apportées vivantes à la baie Orange par les Fuégiens, le 12 janvier 1883 : iris brun foncé, bec noir passant à la teinte acajou foncé à la pointe des mandibules: membrane de la mandibule inférieure jaune; tarses noirs tirant au ver- dâtre ; duvet de la tête et du corps offrant déjà les couleurs et le dessin du plumage de l’adulte ; large bande blanche recourbée en arrière de l'œil et sur les côtés du cou; moignons d'ailes marqués d’une petite raie blanche ; 11° et 12° Poussins apportés vivants par les Fuégiens, le 10 fé- vrier 1893 et morts le même jour; (1) L'un de ces spécimens offre exactement les mêmes dimensions (0",036 ou 14 pouces anglais), les mêmes couleurs, les mêmes taches qu’un jeune oiseau du détroit de Magellan décrit par M. Cunningham (Wotes or the Natural History of the Straits of Magellan, 1871, p. 97). B-22$ MISSION DU CAP HORN. 13°, 14° et 15° Poussins apportés vivants par les Fuégiens, le r1 fé- vrier 1883. Grâce à la présence, dans la collection fournie par la Mission du cap Horn, de plusieurs jeunes d’âges différents, pris dans les derniers et les premiers mois de l’année, et d’un certain nombre d'œufs recueillis le 16 novembre sur la Terre des États (!), on peut affirmer que le Micropterus cinereus se reproduit non seulement aux environs de la baie Orange, mais sur la Terre des États et sur Les bords du canal du Beagle, et que la ponte s'effectue du mois de novembre à la fin de janvier, de telle sorte que des jeunes ont déjà atteint au milieu de février les deux tiers de leur taille, alors que d’autres n’ont que 0", 20 ou 0,25 de long (?). Les œufs sont bien tels que M. Cunningham les a décrits : leur coquille étant de couleur crème et leur grand axe ayant o",085, tandis que le petit axe mesure 0%,052 à 0,055. Ils sont déposés par nombre de 4 ou 5, dans un nid construit avec des herbes et placé sous un buisson, sur le rivage. En l’absence de la mère, ils sont recouverts d’une couche de duvet brun. Les jeunes restent pendant longtemps sous la surveillance de leurs parents, à la suite desquels on les voit souvent nager avec beaucoup d’aisance. Ils plongent aussi facilement et peuvent rester quelque temps immergés. Quant aux adultes, ils méritent bien leur nom de Szeamer Ducks par la rapidité étonnante avec laquelle ils progressent à la surface de l’eau, en s’aidant à la fois de leurs ailes et de leurs pattes et en laissant derrière eux un long sillon d’écume. Lorsqu'un danger les menace, ils filent ainsi avec une vitesse de 12 à 15 milles à l’heure, ou bien ils plongent brusquement pour reparaitre quelques mètres plus loin et recommencer aussitôt le même manège (*). La rapidité de leurs mouvements est telle qu'ils sont fort (1) Je trouve mentionnée à la mème date, dans les Notes de M. le D' Hahn, la capture d’une femelle ayant pondu. C’est probablement à cette femelle qu'appartenaient les œufs, au nombre de trois, recueillis par M. Hahn. (2) Aux îles Malouines, selon M. Abbott, la ponte s'effectue un peu plus tôt, de la fin de septembre à la fin de novembre, et chaque couvée comprend de 7 à 9 œufs. (3) CuxninGuaAm, Notes on the Natural History of the Straits of Magellan, p. 93, 96 et 97. OISEAUX. B.229 difficiles à atteindre, à moins qu'on ne parvienne à les acculer au fond de quelque baie, et leur plumage est si serré que le petit plomb glisse à la surface. Les adultes de cette espèce atteignent un poids considérable, 15 ou même 29 livres anglaises, soit 7k6 à 13"8, poids qui est hors de propor- tion avec les dimensions des ailes, de telle sorte que celles-ci ne peuvent plus soutenir l'oiseau dans les airs et ne servent que comme organes de locomotion aquatique. Les ailes ne sont cependant pas tout à fait aussi réduites que le dit le D'Cunningham. En outre, il n’est pas complètement exact d'affirmer que les Microptères cendrés ne volent jamais, car M. le D' Hyades a vu un individu de cette espèce prendre son essor après avoir reçu un coup de feu à la tête. La présence de débris de Poissons dans l'estomac de plusieurs indi- vidus tués par MM. Hyades et Sauvinet prouve enfin que le régime de ces Canards est un peu plus varié qu’on ne pensait, et ne se compose pas seulement de Mollusques recueillis sur les algues flottantes. Outre le nom de Steamer Duck, le Microptère cendré ou A/akouch porte encore le nom anglais de Loggerhead ("), employé surtout par les colons des Malouines. —93. MIcROPTERUS PATACHONICUS. (PL. 5.) ï Micropterus patachonicus King, Proceed. zool. Soc. Lond., 1830, p. 15. | ?Micropterus cinereus J. Gould, List of Birds from the Falkland Islands. Proceed. 3001. Soc. Lond., 1859, p. 96. — Ph.-L. Sclater, Cat. of Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 389, n° 39 (part.). Micropterus patachonicus Ph.-L. Sclater, Add. and. corr. of the List of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. :0ol. Soc. Lond., 1861, p. 46. — Abbott, Zb:is, 1861, p. Micropterus cinereus R. Cunningham, bis, 1868, p. 127 (part.). — Notes on (1) Lourdaud. B.230 MISSION DU CAP HORN. the nat. Hist. of the Siraits of Magellan, 1871, p. 94 et suiv. (part). — Trans. sool. Soc. Lond., 1893, t. VIL, p. 493 et suiv. (part.). Micropterus cinereus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, List of Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n°38 (part.). — Third List, Ibis, 1870, p. 499, n° 21 (part.). | Tachyeres cinereus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Ao., 1873, p. 130 (part.). — ievis. of the neotrop., Anatidæ, Proceed. zool. Soc. Lond., 1876, p. 4o2 (part.). — Birds of Antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1858, p. 437, n° 33 (part.). — Voy. of the « Challenger », Report on the Birds, Antarct. Amer., p. 107, n° 33 (part). ? Fuligula cinerea Schlegel, Mus. des Pays-Bas, Anseres, 1866, p. 13 (par!t.). Les considérations exposées ci-dessus, à propos du Mricropterus cine- reus, me permettront d'être tres bref au sujet du Micropterus patacho- ricus qui à été parfaitement caractérisé par King. La diagnose, en quel- ques lignes, rédigée par ce voyageur d’après des spécimens provenant de la partie occidentale du détroit de Magellan s'applique exactement aux exemplaires des Malouines, de la baie Fleuriais et de la baie Orange que j'ai mentionnés plus haut et dont je ne reprendrai pas l’énuméra- tion. À ces spécimens j’ajouterai seulement les suivants qui sont cités dans les notes de M. le D'Hyades ou de M le D' Hahn, et dont quelques- uns seulement ont été conservés par le Muséum d'Histoire naturelle : 1° Mâle tué sur l’eau près de la rivière de la Mission, à la baie Orange, le 27 octobre 1882 : iris brun marron très foncé tirant au noir; mem- brane au-dessus du bec jaune; bec noir; estomac renfermant des débris de coquilles (entre autres des Photinula ); 2°, 3°, 4° et 5° Femelle tuée avec ses jeunes, le 23 novembre 1882, à la baie Banner (île Picton }); 6°, 7° et8° Individus de sexe indéterminé, tués, le 15 décembre 1882, au bord de la baie Saint-Martin (ile l’'Hermite ); 9° Très jeune femelle (poussin) encore en duvet, apportée vivante par les Fuégiens de la baie Orange, le 11 février 1883 : iris brun clair; bec noir, passant au rougeätre sur les bords de la mandibule supé- rieure, en arrière, et à la couleur corne blonde à l'extrémité qui porte encore le petit tubercule saillant des poussins qui viennent de briser OISEAUX. B.231 | leur coquille; membrane au-dessous de la mandibule inférieure de couleur jaunètre; tarses d’un vert olive très foncé, tirant au noirâtre: ongles rougeâtres; duvet offrant déjà la distribution des teintes du plumage de l’adulte et notamment les bandes blanches des côtés de la tète, en arrière des yeux; 10° Jeune mâle (?) encore en duvet, pris avec le précédent et ayant la même taille (o",215) et les mêmes caractères; 11° Jeune femelle prise avec les deux individus précédents et ayant les mêmes caractères ; 12°, 19° et 14° Mâles et femelles tués, le 8 mars 1883, sur la Terre des États ; 15° et 16° Mâles tués, Le 28 et le 29 juillet 1883, à la baie Fleuriais (ile Gordon). Le WMicropterus patachoricus, que les Fuégiens désignent sous le nom de Tachka et qui est appelé Flying Loggerhead par les Anglais établis aux îles Malouines, Flying Steamer Duck par le Rév. Bridges, ne se trouve done pas seulement aux iles Malouines et sur les bords du détroit de Magellan, mais aussi sur la Terre des États, sur les bords du canal du Beagle, à la baie Orange, sur l’ile Picton et certainement aussi sur d'autres iles situées au sud de la Terre de Feu. Sur divers points de la Fuégie, l'espèce se reproduit régulièrement et probablementaux mêmes époques que le Micropterus cinereus, c’est-à-dire dans les derniers et les premiers mois de l’année, puisque des jeunes, rapportés par la Mission du cap Horn et paraissant âgés au plus d’une dizaine de jours, portent les dates du 23 novembre et du 11 février. Enfin les observations faites par les naturalistes français confirment pleinement l’assertion du capi- taine Abbott; elles montrent que les individus capables de voler con- struisent des nids, pondent, couvent et élèvent leurs petits exactement comme les individus privés de la faculté de s’élever dans les airs, et c'est là encore un argument contraire à la thèse soutenue par M. le D' Cunningham. Le Micropterus patachonicus niche certainement sur l’ile Picton et aux environs d'Oushouaia, car la Mission du cap Horn a rapporté des œufs et des jeunes de ces deux localités. Les œufs ne diffèrent pas, en général, de ceux du Wicropterus cinereus sous le rapport de la teinte et des dimen- B.232 MISSION DU CAP HORN-. { sions. Un seul est notablement plus petit que les autres, et en même temps plus blanc et plus brillant. Il ne mesure que 0", 080 sur 0,055. 94. Popicers Mayor. Colymbus major Boddaert, Tabl. PI. ent. de Buffon, 1783, pl. CCCCIV, fig.r. Colymbus cayennensis Gmelin, Syst. Val., 1788, €. I, p. 593. Podiceps bicornis Lichtenstein, Vers. Doubl., p. 88. — Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. IT, p. 520. Podiceps major G.-R. Gay et Mitchell, Genera of Birds, 1844, t. LI, p. 633. — H. Schlegel, Mus. des Pays-Bas, 1867, Urinatores, p. 58. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Third List of Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1870, p. 500, n° 32. — R. Cunningham, Votes on the Natural History of the Straits of Magellan, 1871, p. 498. — W.-H. Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 549, n° 45. Æchmophorus major Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Ae. neotrop., 1873, P. 190. — H. Durnford, Votes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 40». — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. LI, p. 492, n° 1335. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. II, p. 202, n° 419. La Mission du cap Horn a rapporté les dépouilles de trois mâles du Grand Grèbe américain qui ont été tués par M. le D' Hahn le 16 mars 1885 sur l’ile Gabble, et le 27 juillet de la même année dans la baie Lapataiïa, sur Le canal du Beagle, au sud de la Terre de Feu. De son côté M. Lebrun a obtenu dans la Patagonie australe, à Port-Désiré et dans un autre point de la côte, voisin de Missioneros, deux exemplaires de cette espèce dont le D' Cunningham n'avait pu se procurer qu'un individu, tué le 4 janvier 1869 dans la baie Saint-Nicolas, mais qu’il avait eu OISEAUX. B.233 l'occasion d'observer à diverses reprises, durant la croisière du Nassau dans le détroit de Magellan. Jusqu'à présent le Podiceps major n'a jamais été signalé dans l’archipel des Malouines; mais, d’après M. Durnford, il est sédentaire dans la Patagonie centrale et fort commun sur les étangs et les marais des vallées de la Chuput, du Sengel et du Sengelen et sur le lac Colguape; ila été rencontré également sur divers points du continent américain. Ainsi M. Taczanowski, dans sa Faune du Pérou, à décrit un jeune individu de cette espèce tué par M. Stolzmann au nord de Pascamayo (Pérou) et un autre individu, un mâle adulte, venant du Chili et conservé dans la collection Godman et Salvin. Feu Schlegel indique, d’autre part, la présence au Musée de Leyde de spécimens de Podiceps major originaires du Chili, du Paraguay et du Brésil, et le Muséum d'Histoire naturelle de Paris ne possède pas seulement les exemplaires auxquels j'ai fait allusion ci-dessus, car il a reçu autrefois quelques-uns de ces oiseaux tués au Brésil par Aug. Saint-Hilaire (1822), au Paraguay par Bonpland (1833), au Chili par Gay (1845) et en Patagonie par d’Orbigny (1831). Le spécimen envoyé par d'Or- bigny est malheureusement en mauvais état, mais il porte la livrée complète de l'adulte, avec les joues d’un gris fuligineux, le sommet de la tête et la nuque d’un noir glacé de vert, le devant et les côtés du cou d’un roux châtain vif. Un des Grèebes tués par M. Hahn est revêtu à peu près du même costume; il n’a été l’objet d'aucune remarque particu- lière de la part du voyageur; mais un autre exemplaire, obtenu avec le précédent, est accompagné de ce renseignement : « œil rubis, bec gris brun, pattes marron » qui complète ou rectifie les indications prises par M. Taczanowski sur l'oiseau mort. 95. Poprcgps RoLLANDI. Podiceps Rollandi Quoy et Gaimard, Voy. de l’ « Uranie », Zool., p. 133 et pl. XXXVI. — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. TX, Birds, p. 137. — List of Birds from the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1859, p. 98. — Ph.-L. Sclater, Cat. Birds Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 389, n° #1. ; Mission du cap Horn, N1. B.30 B.234 MISSION DU CAP HORN. Podiceps Rollandi Gay, Faun. Chil., t. UT, p. 463 (?). — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, List of the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1868, p. 189, n° 42. — Second List, Ibis, 1869, p. 284, n° 24. — Nom. Av. neotrop., 1873, p. 190. à — KR. Cunningham, Votes on the Natural History of the Straits of Magellan, p. 348. — W.-H. Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 549, n° 46. $ — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Jbis, 1897, p. 45. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of H. M. S. « Alert», Proceed. zool. Soc. Lond., 1881, p. 17, n° 79. — Alph. Milne-Edwards, Faune des régions australes, ch. VIII, p. 39. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1886, t. III, p. 494, n° 1337. Rollandia leucotis Ch.-L. Bonaparte, Zabl. des Palmipèdes, C.R. Acad. Sc., 1896, t. XLIT, p. 775. La Grèbe de Rolland, décrit par Quoy et Gaimard d’après des spé- cimens qu'ils avaient rapportés des iles Malouines, et qui se trouvent encore dans les collections du Muséum d'Histoire naturelle, a été retrouvé dans le même archipel par des voyageurs plus récents et notamment par les naturalistes de l'expédition antarctique anglaise, par le capitaine Pack, par M. Abbot Stanley (‘), par Ch. Darwin et par la Mission du cap Horn. Il a été signalé également dans diverses régions du continent américain, au Chili, au Pérou, dans la Répu- blique Argentine et en Patagonie. Parmi les spécimens provenant de cette dernière région, je citerai d’abord ceux qui ont été pris par le D' Cunningham à Sandy Point et à Halt Bay (21 avril 1868) et ensuite ceux qui ont été obtenus par le D' Coppinger, durant la campagne du navire anglais l’Alert, et qui étaient accompagnés des indications sui- vantes : $ 1° Individu en plumage d'été, tué dans la baie Portland, le 20 mars 1879 : iris rouge, bec noir, pattes noires; 2° Mäle tué dans le havre Peckett, le 4 janvier 1879: (1) EH. Scncecez, Mus. des Pays-Bas, p. 42. OISEAUX. B.235 3° Individu tué dans le canal Picton, le 31 mars 1879 : iris rouge, paupières noires, pattes d’un gris foncé; 4° Individu tué à Swallow Bay, le 14 mars 1880 : bec couleur de corne, pattes d’une teinte olive verdàtre; 5° Individu tué à Port Rio-Frio, sur la côte ouest de Patagonie, au mois de mars 1880 : iris rouge, bec couleur de corne, pattes grises; 6° Individu tué à Talcahuano, au mois de septembre 1859 : bec noir, yeux rouges, pattes grises. Le Grèbe de Rolland rapporté par la Mission du cap Horn a été tué dans la baie Française (Malouines) par M. Lebrun, le 8 février 1883. Cet oiseau, un jeune mâle, porte déjà une livrée aux couleurs vives, mais n’a pas encore les grandes plumes des ailes sorties de leurs étuis. Son tube digestif renfermait un Ténia. ÿ 96. PoDICEPS AMERICANUS. Podiceps americanus Garnot, Voy. de la « Coquille », 1829, Zool., Oiseaux, P. 299. — H. Schlegel, Mus. des Pays-Bas, 1867, Urinatores, p. 42. Podiceps albicollis Lesson, Traité d’Ornith., 1831, p. 594. — Pucheran, Types du Musée de Paris, Rev. et Mag. de Zoologie, 1851, p-. 9571. Tachybaptes americanus Ch.-L. Bonaparte, Tabl. des Palmipèdes, C. R. Acad. Sc., 1856, t. XLII, p. 755. Le Podiceps americanus, que mon savant prédécesseur au Muséum, le D' Pucheran a le premier identifié avec le P. albicollis de Lesson, ne figure que très rarement dans les Catalogues de voyages ou dans les Mémoires consacrés à l’Ornithologie de l'Amérique du Sud. Ce n'est pas pourtant que l’espèce soit rare dans les régions méridionales du nouveau monde, car le Muséum d'Histoire naturelle de Paris en possé- dait déjà une dizaine de spécimens recueillis au Brésil (Rio Grande) par M. Saint-Hilaire en 1822, en Patagonie et en Bolivie par d'Orbi- gny, en 1831 et 1834, à Talcahuano par les naturalistes de la Zé/éc B.236 MISSION DU CAP HORN. (Voyage au pôle Sud, 1841) et à Yungas par M. de Castelnau, en 1846 (), avant que M. l'amiral Serres, M. Lebrun et les naturalistes de la Mis- sion du cap Horn rapportassent toute une série d'exemplaires pris sur divers points de la Patagonie australe et de la Terre de Feu. Je crois donc qu’il faut attribuer ce défaut de mention du Podiceps americanus à une confusion qui s’est établie entre cette espèce et le P. Rolland et qui à fait attribuer à ces derniers plusieurs renseignements qui auraient dù appartenir au premier. Dans leur plumage de noces, le Podiceps Rollandi et le P. americanus se ressemblent, en effet, d’une facon extraordinaire. Même livrée d’un roux vif sur la poitrine, d’un noir glacé de vert sur la tête, le cou et le dos, avec une large tache blanche, rayée de noir, sur les côtés de la tête et beaucoup de blanc sur les ailes; mais, comme l’a fort bien remarqué M. H. Schlegel (?), les proportions ne sont pas identiques, le P. americanus étant constam- ment plus petit que le ?. Rollandi. En outre, en y regardant de pres, on peut découvrir de légères différences dans le plumage des adultes : ainsi chez le P. americanus la teinte des parties inférieures du corps est moins uniforme, les plumes de la poitrine étant irrégulierement marquées de raies ondulées d’un blanc argentin et celles de l'ab- domen tirant au gris rouan, à reflets soyeux. En outre, chez les jeunes du P. americanus, la gorge est d’un blanc pur, contrastant avec la teinte rousse de la partie inférieure du cou. C’est un individu dans ce premier plumage, venant du Brésil (*), qui a servi de type à Lesson pour sa dia- gnose, par trop succincte, de son ?. albicollis. La description que M. Taczanowski donne, dans son Ornithologie du Pérou (*), de deux femelles, l’une adulte et l’autre jeune, de Podiceps Rollandi envoyées du Pérou par MM. Jelski et Whitely convient, à mon sens, plutôt à des exemplaires de P. americanus. J’y retrouve, en effet, la mention des raies ondulées peu distinctes sur les parties inférieures du corps de l’adulte, ainsi que celle de la large plaque blanche de la (1) D'après H. Schlegel, le Musée de Leyde possède aussi des exemplaires de P. ameri- canus venant du Brésil (Voyage de Natterer) et du Chili. (2) Musée des Pays-Bas, Uriratores, p. 42. (3) Envoi de M. A. Saint-Hilaire au Muséum (1822). (+) T. II, p. 494, n° 1337. OISEAU X. B.237 gorge du jeune : c’est pourquoi j'ai placé avec un point de doute dans la synonymie du P. americanus l'indication bibliographique relative aux oiseaux du Pérou, cités par M. Taczanowski. Parmi ces Grèbes du Pérou, l’un, l’adulte, avait le bec noirâtre, les pattes d’une teinte olive noirätre et l’iris d’un beau rouge carminé, varié de veines noires ramifiées, tandis que l’autre, le jeune, avait le bec brun, passant au jaunâtre sur la base des mandibules, les pattes olive, avec une raie jaune sur le devant et sur la face postérieure du tarse, des mem- branes digitales plus ou moins jaunètres et l'iris brun. Ces indications de couleurs correspondent fort bien avec les renseignements qui m'ont été fournis par MM. Hyades, Hahn et Sauvinet, renseignements que je transceris intégralement : 1° Femelle tuée le 26 novembre 1882, à Oushouaia : iris rubis, pattes jaune päle ; 2° Femelle tuée le 29 janvier 1883, à Oushouaïa : iris rouge rubis, bec d’un brun noir, tarses bruns; 3° Femelle tuée le 18 février 1885, à la baie Orange, sur le bord du lac de la Mission, dans une troupe de douze individus de même espèce : iris brun, bec noir, pattes noires avec des écailles d’un vert noirâtre sur la face antérieure des doigts; 4° Mâle tué à Packsaddle, le rx juillet 1883 : iris rubis. Outre ces spécimens, j'ai pu étudier encore, dans les collections for- mées par la Mission : 5° Un Grèbe de sexe indéterminé, tué par M. Sauvinet le 18 fé- vrier 1883, à la baie Orange; 6° Une femelle tuée par M. Hahn le 17 mars 1883, sur l'ile Gabble ; 7° Deux mâles tués par le même naturaliste le 28 et le 30 juillet 1883, sur les bords de la baie Fleuriais, dans l’île Gordon. Enfin j'ai rencontré, parmi les oiseaux envoyés par M. Lebrun, un jeune Podiceps americanus mâle tué à la Portad, près du Rio Gallegos, le 27 décembre 1882 et dans les collections rapportées par l’expédi- tion de la Wagicienne, dirigée par M. l’amiral Serres, un mâle et une femelle de la même espèce, tués à Eden (Patagonie) en 1877. Ces der- niers spécimens n’élaient accompagnés d'aucun renseignement, mais B.238 MISSION DU CAP HORN. l’oiseau tué par M. Lebrun est indiqué comme ayant eu les yeux d’un rouge brique. Selon M. le D' Hyades, Aowiama est le nom fuégien du Podiceps ame- TiICAnUS. 97. Eupyrtes carvsoconus. Le Manchot huppé de Sibérie Daubenton, PL Ent. de Buffon, 1770, pl. CMLXXXIV. Le Manchot huppé Buffon, Æist. nat. des Oiseaux, t. IX. Le Manchot sauteur Bougainville, Voy. autour du monde par la frégate « la Boudeuse », édit. in-4°, 1771, p. 69. Aptenodytes chrysocome Forster, Vos. Comment. Gætting., t. II, p. 139 et pl. I, et Descr. anim., p. 99. Pinguinaria cirrhata Shaw et Miller, Cémelia physica, 1796, pl. XLIX. Pinguinaria cristata Shaw et Nodder, Vévarium Naturæ, or the Naturalist's Miscellany, t. XI, pl. CCCCXXX VII. Chrysocoma saltator Stephens, Gener. Zool., 1826, t. XIII, p. 58 et pl. VIII. Cataractes chrysocomus Brandt, Bull. Acad. Sc. Saint-Pétersbourg, 1837, CLIP ND- 310 Eudyptes chrysocome J. Gould, Bérds Aust., 1. VIL, pl. LXXXIII. Eudyptes pachyrhynchus G.-R. Gray, Zool. of the Voy. of H. M. S. « Erebus», and « Terror », Birds, p. 17, et Genera of Birds, t. NI, p. 641. Eudyptes pachyrhynchus O. Kinsch, Aevis. d. Vôügs. Neuseelands, Journ. f. Ornith., 1872, p. 26r, et 1874, p. 217. Eudyptes chrysolopnus G.-R. Gray et Mitchell, Genera of Birds, t. I, p. 641 (nec Brandt). — Abbott, The Pinguins of the Falkland Islands, Ibis, 1860, p. 338. — Ph.-L. Sclater, Add. and correct. in the List of Birds from the Falkl. Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1861, p. 45. — H. Schlegel, Mus. des Pays-Bas, 1867, Urinatores, p. 7. — GR. Gray, Handlist oy Birds, 1871, t. I, p. 98. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Av. neotr., 1873, p. 191. — Coues, Bull. Un. St. Nat. Museum, n° 9, p. 45. OISEAUX. B.239 Eudyptes chrysolopnus Kidder, Bull. Un. St: Nat. Museum, n° 3, p. 19. — J. Cabanis et A. Reichenow, Journ. f. Ornith., 1876, p. 330. Chrysocoma cataractes, Ch. pachyrhynchus et Gh. chrysolopha Ch.-L. Bona- parte, Consp. Ptilopt. system., C. R. Acad. Sc., 1855, t. XLI, p. 77 et tirage à part, p. 29, n° 5, 6 et7. Chrysocoma cataractes J. Gould, Æandb. B. Austr., t. AE, p. 517. Eudyptes nigrivestris J. Gould, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 478. — Ph.-L. Sclater, Add. and correct. to the List of the Birds of the Falkl. Isl., Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 46. Spheniscus chrysocome H. Schlegel, Mus. des Pays-Bas, 1867, Urinatores, D0: Eudyptes nigriventris (err.) G.-R. Gray, Æandlist of Birds, 1871, t. WE, p. 98. Eudyptes chrysocome von Pelzeln, Novara Exped., Zoolog. Theil., t. 1, Vügel, p. 140 et pl. V. Eudyptes chrysocomus Buller, Bérds New Zealand, p. 345, pl. XXXUE, t. L. Eudyptes chrysocoma et E. saltator R.-B. Sharpe, Birds of Kerguelen (Trans. Venus Ezxped.), p. 58 et 6o et pl. VII, fig. r, et Philosoph. Trans., t. CLXVIIT, 1879, p. 152 et suiv. Eudyptes chrysocoma Alph. Milne Edwards, Faune des régions australes, 1880, ch. IE, p. 46 et suiv., et pl. EL. Eudyptes chrysocome Ph.-L. Sclater, Cat. of the Birds of the Falkland Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 390, n° kk. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Rep. on the collect. of Birds made during the ‘Voy. of H. M.S. « Challenger », n° 11, Steganopodes and Impennes, Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 654, n° 6, et Voy. of the « Challenger », Rep. on the Birds, Steganopodes and [mpennes, 1881,p. 178,n°6,etpl.XXX. Comme on le voit par la synonymie longue et compliquée que je donne ci-dessus, j'accepte entièrement l'opinion exprimée par M. le professeur Alph. Milne Edwards dans ses Recherches sur la faune des régions australes, et je reconnais maintenant, comme l'ont fait aussi MM. Ph.-L. Slater et O. Salvin, l'identité spécifique des formes décrites sous les noms d’'Eudyptes chrysocome (ou mieux chrysocomus), Pingur- narta cristata où cirrhata, Eudyptes pachyrhynchus, E. nigriVesULs B.240 MISSION DÜ CAP HO. Chrysocoma cataractes, ete. Déjà dans ses études sur les Oiseaux de Kerguelen, M. Sharpe avait réduit à trois les espèces du genre Eudyp- tes, savoir : Eudyptes chrysolopha, E. chrysocoma et E. saltator, et il avait commencé à débrouiller la confusion qui s'était introduite par suite des transpositions des noms faites par différents auteurs de l’Eudyptes chrysocoma à VE. chrysolopha ('); mais M. Milne Edwards, par l’exa- men d’une nombreuse série d'individus et par de patientes recherches bibliographiques, a pu aller encore plus loin et ramener à deux espèces seulement, Eudyptes chrysolophus où Macaront et E. chrysocomus ou Bockhopper, les Manchots du genre Eudyptes qui sont répandus sur différentes terres de l’hémisphère austral. Il a montré notamment que les Manchots empanachés et à front noir qui se trouvent à l'ile Ste- vart, qui se montrent parfois sur les côtes de la Nouvelle-Zélande et que l’on rencontre aussi sur les îles Malouines, ne constituent point une espèce distincte (Eudyptes pachyrhyncha Gr.), mais sont de véri- tables Chrysocomes, se distinguant seulement par la grosseur de leur bec, particularité qui ne constitue même pas un caractère de race, puisque les dimensions du bec ne sont pas constantes chez les Man- chots de Campbell et augmentent probablement avec l’âge de l’indi- vidu. M. Milne Edwards a montré également que l'Eudyptes nigrivestis qui, d’après Gould, se distinguerait de l’Eudyptes saltator par sa taille plus faible, sa bande sourcilière moins développée, son menton et ses ailes d’une teinte plus foncée, ne représente en réalité qu’une variété de l’'Eudyptes chrysocomus, variété à laquelle appartient un spécimen de la collection du Muséum, acquis à M. Lennier en 1840 et provenant des îles Malouines. L'étude que jai faite de deux Eudyptes rapportés par la Mission du cap Horn (?) confirme absolument cette manière de voir. En effet, chez (1) Adoptant l'opinion du savant directeur du musée de Leyde, feu H. Schlegel, j'avais moi-même, dans ma Vote sur différents oiseaux de l'ile Sairt-Paul( Bulletin de la Société philomathique de Paris, 1875, t. XI, p. 74) commis l'erreur d'appeler Zudyptes ehrysolo- pha des Manchots qui ne constituent qu'une race de l’Z. chrysocomus. (2) Le nombre des spécimens recueillis par la Mission est en réalité plus considérable; mais plusieurs de ces spécimens, ayant été réduits à l’état de squelettes, n’ont pu être uli- lisés pour mes études, puisqu'il est impossible de dire s'ils appartiennent à l'espèce OISEAUX. B.21 ces olseaux, qui ont été tués tous deux à la baie Orange, le plumage est d’une couleur presque aussi foncée, au moins sur la tête, la nuque et le dos, et la raie sourcilière est encore moins accusée que chez l’£u- dyptes nigrivestis (*), mais Le corps est aussi robuste et le bee aussi fort que chez l'E. pachyrhynchus (?). L’embarras dans lequel on se trouve pour rapporter le Manchot de la baie Orange à l’une ou à l’autre des deux prétendues espèces que je viens de nommer fournit encore un argument en faveur de leur identification. En réalité, cet Eudyptes n’est qu'un de ces Manchots chrysocomes aux formes robustes, comme on en rencontre dans la zone australe correspondant au conti- nent antarctique (?), et qui doivent peut-être leur forte taille à l’abon- dance de leur nourriture et aux conditions favorables dans lesquelles ils se trouvent. D’après les renseignements consignés sur l'étiquette d’un de ces oiseaux, tué le ro avril 1883 à la baie Orange, l'iris était d'un rouge brique, le bec rouge, les tarses bleus sur leur face supé- rieure, noirs sur leur face inférieure. Dans les collections réunies par la Mission du cap Horn figurait aussi un œuf de cette espèce de Manchot qui, d’après M. le D' Hyades, est connue des Fuégiens sous le nom de Kalaouina. Cet œuf, provenant d’Oushouaïa, est à peu près de la grosseur de certains œufs d’Eudyptes chrysocoma de l'ile Saint-Paul (*), de forme ovoido-conique et d’un chrysocomus ou à l'espèce chrysolophus. incline cependant à penser que ces oiseaux étaient des Manchots chrysocomes, car ils sont tous désignés dans les Notes de M. le D' Hahn par le même nom fuégien (Xallouina) que les spécimens en peau. D'après ces notes, sept Man- chots, mâles et femelles, auraient été pris le 23 et le 27 février 1883 sur les bords de la baie Edwards dans les îles Malouines. L’un de ces oiseaux, un mâle, capturé vivant le 27 février sur une petite ile du même archipel, dans un trou ereusé entre les touffes de zussac-grass, était en mue et avait les yeux d’une teinte un peu plus claire que le Manchot ordinaire ou Choucha des Fuégiens (Spheniscus magellanicus). (2) Acpu. Mizxe EpWarps, Faune des régions australes, Chap. I, Manchots (Biblio- thèque des hautes Études, 1880, t. XXL, art. n° 4). (2) Azes. Mrexe Epwanps, Loc. cit. pl. Il, fg- 5 (d’après un spécimen rapporté de l’ile Stewart par M. le D' Filhol). (5) Azps. Mie Epwanrps, Faune des régions australes, Chap. Il, Manchots, p. 51, (*) Les œufs des Manchots de l'ile Saint-Paul (ÆZudyptes chrysocomus Pelz.) varient beaucoup sous le rapport de la forme et des dimensions. Parmi ceux qui ont été rapportés Mission du cap Horn, NI. B,37 B.222 MISSION DU CAP HORN. blanc légèrement bleuté. Son grand axe mesure 0®,065 et son axe transversal maximum 0",050. Je n’ai pas à retracer ici la distribution géographique de l’Eudyptes chrysocomus, les détails les plus circonstanciés à cet égard se trouvant dans le Mémoire de M. Alph. Milne Edwards sur la Faune des régions australes. Je ferai remarquer seulement que, si la présence de l’Eu- dyptes chrysocomus sur la Terre de Feu n’a rien de surprenant, l'espèce ayant déjà été signalée dans l'archipel des Malouines et dans la Nou- velle-Géorgie du Sud, elle n’en constitue pas moins un fait digne d’être noté, les seuls genres indiqués sur la Carte de M. Milne Edwards comme se trouvant dans les parages du cap Horn étant les genres Aptenodytes, Microdyptes et Spheruscus. — 98. MICRODYPTES SERRESIANUS. Eudyptula serresiana E. Oustalet, Descript. d’une nouvelle espèce de Man- chot, Ann. des Sc. nat., 1878, Zool. et Paléont., 6° série, t. VILLE, art., n° 4. Microdyptes serresianus Alph. Milne Edwards, Faune des régions australes, (Bibl. des Hautes Études, 1880, Sc. nat., t. XXI, art. n° 4), ch. IE, p. 54, et DIPAIVE La Mission du cap Horn a rapporté trois exemplaires de cette jolie petite espèce de Manchot que j'ai décrite en 1878 d’après un individu tué à Port Churrucha, sur l'ile de la Désolation, pendant la croisière de la Magicienne, commandée par M. l'amiral Serres, et qui a été placée, quelques années plus tard, par M. Alph. Milne Edwards dans un nouveau genre, le genre Microdyptes. Ces trois exemplaires, qui offrent de la manière la plus accentuée les caractères distinctifs de l'espèce et du genre, étaient accompagnés des annotations suivantes : 1° Mâle tué sur l’île Burnt, dans la baie Désolée, le 11 février 1883 : iris brun foncé, estomac contenant des débris de Poissons; en 1874 par l'expédition du passage de Vénus, j'en trouve de globuleux et d’allongés : les uns mesurent 0,070 sur 0",055, les autres 0",065 sur 0",050, mais Lous sont d’un blanc bleuâtre uniforme. OISEAUX. B.243 2° Mâle tué le même jour, dans la même localité; estomac renfer- mant des débris de Crevettes ; 3° Mâle tué le 20 avril 1883, dans la baie Louise (New Year Sound): is brun, tarses noirs en dessous et blancs sur la face supérieure. M. le D' Hahn, dans ses Notes, donne pour le Mrcrodyptes serre- sianus les deux noms fuégiens d’Aowriya et de Kallouina ou Kalaouina, ce dernier étant appliqué aussi à l’Eudyptes chrysocomus. 99. SPHENISCUS MAGELLANICUS. Aptenodytes magellanica Forster, Voe. comm. Soc. Gætting., 1780, L. I, D 19, DE Vo Aptenodytes demersa (err.) Abbott, Zbrs, 1860, p. 336. Spheniscus magellanicus Ph.-L. Sclater, Cat. B. Falkl. Islands, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 390, n° 43 et Add. and correct. to the List of the Birds of the Falkl. Isl., Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 47. Spheniscus demersus H. Schlegel, Mus. des Pays-Bas, 1863, Urinatores, p. 10 (par't.). Spheniscus magellanicus Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Second List of the Birds collected in the Straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 284, n° 33. — Vom. Ay. neotrop., 1873, p. 151. — Rep. on the collect. of Birds made during the voyage of H. M. S. « Challenger », n° 11, Steganopodes and Impennes, Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 653, n° 4. — Voy. of the « Challenger », Rep. on the Birds, Steganopodes and Impennes, p. 125, n° #, et pl. XX VIII. — R.-B. Sharpe, Zool. coll. made during the Survey of 4. M. S. « Alert », Proceed. 3001. Soc. Lond., 1881, p. u7, n° 78. Aptenodytes magnirostris Peale, Un. St. Expl. Exped., Birds, p. 263. Sphenicus demersus, var. magellanicus, E. Coues, Proceed. Acad. Philad., 1872, D. 2110" — Alph. Milne Edwards, Faune des régions australes, ch. Il, Manchots, p. 63. La Mission du cap Horn a obtenu une vingtaine de spécimens de cette sorte de Manchot que M. Alph. Milne Edwards et M. Elliot Coues considèrent comme une race locale d’une espèce largement répandue 19 B.244 MISSION DU CAP HORN. et comprenant en outre le Spheruscus demersus du cap de Bonne-Espé- rance, le Sph. Humboldiü des côtes du Chili et du Pérou et le Spk. mendicatus des îles Gallapagos. Sur ces vingt spécimens, onze seule- ment sont entrés dans les collections ornithologiques du Muséum; néanmoins dans la liste suivante, jai cru devoir tenir compte des ren- seignements afférents à quelques-uns des exemplaires qui n’ont pas été conservés ou qui se trouvent réduits à l’état de squelettes. 1° Femelle tuée à la baie Orange, le 8 octobre 1832 : iris brun, bord des paupières couleur de chair, pattes brunes en dessous, d’un blanc rosé tacheté de brun en dessus; 2° Mâle tué le 20 octobre 1882 dans la même localité : iris brun, bec noir, tarses bruns en dessous et d’un blanc rosé tacheté de brun en dessus ; 3° Femelle tuée le 18 novembre 1882 dans la baie Cook (Terre des États); 4° Màle tué le même jour dans la même localité; 5° Femelle tuée le 13 décembre 1882 dans l’anse Saint-Martin (ile l’Hermite ); 6° et 7° Mâles tués le 4 et le G janvier 1883 à la baie Orange; 8° Mâle tué le 4 février 1883 dans la même localité : iris brun, bec noirâtre, pattes grisätres ; 9°, 10°, 11° et 12° Mäles et femelle tués les 6 et 16 février, 5 et 7 mars 1883 dans la même localité ; 13° Mâle tué le 7 avril 1883 sur l’ile Choungoungou (New Year Sound ). Plusieurs de ces exemplaires (et entre autres la femelle tuée le 15 décembre 1882 sur l’ile l'Hermite) offrent les signes caractéris- tiques de l'espèce ou de la race, c’est-à-dire le large collier noirâtre entourant la partie inférieure du cou et séparé de la tache gulaire foncée, ainsi que son ruban pectoral de la même teinte, par deux bandes blan- ches dont l’une est le prolongement de la bande temporo-sourcilière, tandis que l’autre se continue avec les bandes blanches des flancs com- prises entre le noir du dos et le ruban pectoro-ventral (‘). D’autres, au (1) Azpa. MIzne Epwanrps, Faune des régions australes, ChAI, Manchots, p. 63. Voyez OISEAUX. B.245 contraire (et notamment le mâle tué Le 5 mars à la baie Orange), n’ont point de ruban pectoral foncé et portent seulement un collier noirâtre assez large séparé de la tache gulaire par une bande blanche moins nettement définie que chez les individus adultes; d’autres enfin (et notamment le mâle tué le 6 février à la baie Orange) ressemblent à une jeune femelle rapportée par l’expédition anglaise du Challenger et figurée dans la Zoologie du Voyage ('}), c’est-à-dire qu’ils offrent un bandeau pectoral mal défini et sont dépourvus de tache gulaire, le menton et les joues étant ombres seulement par une teinte grisätre. Outre le spécimen auquel je viens de faire allusion et qui vient des iles Malouines, l’expédition du Challenger a rapporté un mâle pris à Port Churrucha. Cet oiseau avait l’iris d’un brun noisette, le bec noir ou d’un gris ardoise, la face supérieure des pieds blanche (comme les oiseaux tués à la baie Orange par M. le D' Hahn), et son estomac ren- fermait des morceaux de poisson, de dimensions considérables. D'autre part, l'expédition anglaise de l’A/ert a obtenu dans la Pata- gonie australe trois oiseaux de la même espèce, dont les dépouilles sont accompagnées des renseignements suivants : 1° Jeune mâle tué à Tom Bay (Patagonie australe) le 17 février 1879 : icis brun; paupières noires; bec noir; pattes grises, tachetées de noir; ongles noirs ; 2° Individu tué le 7 avril 1879 dans la même localité : iris brun; paupières noires et non couleur de chair; bec couleur de corne; pieds noirs avec des mouchetures blanches sur la face antérieure et complè- tement noirs sur la face postérieure ; 3° Femelle tuée le à avril 1879 dans la même localité : iris brun; bec couleur de corne; pattes grises mouchetées de noir sur la face anté- rieure, noires sur la face postérieure. Pendant la croisière du navire anglais le Nassau, le D' Cunningham aussi 7oy. du « Challenger », Rep. on the Birds, Stesanopodes and Impennes, pl. XXVNT, fig. 1. Si le sexe de l'individu déerit ci-dessus a été exactement déterminé, on peut en conclure que les femelles adultes ne diffèrent pas des mâles par leur livrée, comme on le supposait (Acpx. MILNE EpwaARDS, op. cit., p. 62). (1) Zoc. cit, pl. XXVIIT, fig. 2. B.2:6 MISSION DU CAP HORN. a pris également un Sphénisque de Magellan, à Santa Magdalena, le 4 décembre 1863. Le Spheniscus magellanicus avait été observé antérieurement dans l’archipel des Malouines par les capitaines Pack et Abbott. Enfin le Muséum d'Histoire naturelle de Paris a reçu en 1877, de M. l'amiral Serres, un exemplaire de la même espèce capturé à Port Churrucha, et en 1883, de M. Lebrun, trois spécimens dont l’un, une femelle aux yeux d’un brun grisâtre, a été tué sur l’île Leones (Patagonie orientale) au mois de novembre 1882, tandis que les deux autres, un mâle et une femelle aux yeux bruns, ont été tués, également au mois de novembre, à Missioneros. Il résulte de l’analyse de ces documents que les Sphénisques séjour- nent dans la Patagonie australe et sur la Terre de Feu pendant sept mois de l’année, du mois d'octobre au mois d'avril inclusivement. L'absence dans la collection de la Mission du cap Horn de spécimens portant des dates postérieures au milieu d'avril, semble indiquer que ces oiseaux quittent alors les parages de la Fuégie, comme les Manchots chrysocomes quittent l'ile Saint-Paul à une époque toutefois un peu moins tardive (). L'époque de l’arrivée des Sphénisques ne peut être indiquée avec certitude; il est probable cependant qu’elle ne coïncide pas exactement avec celle des Manchots dans l'ile Saint-Paul, et qu’elle doit être placée plutôt en septembre qu’en août. On a remarqué en effet que les oiseaux du groupe des Manchots ne viennent à terre que pour nicher et élever leurs petits pendant un mois environ après leur arrivée dans leurs stations et reproduction. C’est ainsi qu’à l’île Saint-Paul, les Aptenodytes, arrivés au mois d'avril pondent en sep- tembre (?). Inversement on peut établir approximativement l’époque de l’arrivée des Sphénisques en Fuégie d'après une observation de M. le D' Hahn qui a trouvé, en faisant l’autopsie d’une femelle tuée le 8 octobre, des œufs ayant déjà o",or de diamètre, ce qui permet de supposer que la ponte s'effectue à la fin d'octobre ou en novembre, (1) M. Cu. Vérain (Faune des iles Saint-Paul et Amsterdam, p- 61) nous apprend que les Manchots de Saint-Paul prennent la mer au mois de mars pour ne revenir qu'au mois d'août suivant. (2) CH, VÉLAIN, op. cit,, p. 57, OISEAUX: B.247 c’est-à-dire beaucoup plus tard qu’au cap de Bonne-Espérance (‘) et dans la même saison que la ponte des Aptenodytes des îles Campbell et Stewart (2). Cette hypothèse se trouve confirmée par ce fait que les Sphénisques tués à la fin de l’année par les naturalistes de la Mission du cap Horn étaient revêtus de leur livrée de noces. Les Fuégiens désignent le Spheriscus magellanicus par le nom de Choucha. 100. Raea Darwin. Rhea pennata Alc. d'Orbigny, Voy. dans l’Amérique méridionale, t. 1, p. 76, (sans descript.). Rhea Darwinii J. Gould, Proceed. zool. Soc. Lond., 1837, p. 35, et Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. II, Birds, p. 123, et pl. XLVII. — Ph.-L. Sclater, On the Rheas in the Soctety's Ménagerie, Proceed. zool. Soc. Lond., 1860, p. 207 et 209, fig. 3. — Trans. zool. Soc. Lond., 1862, t. IV, p. 69, pl. LXX. Rhea Darwinii H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 46, et Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 406. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, L. IE, p. 219, n° 43/4. Pterocnemis Darwinii Ph.-L. Sclater et O. Salvin, VNom. Ae. neotrop., 1893, De moe Quoique MM. Hyades, Hahn et Sauvinet n'aient pas eu l’occasion d'observer le Nandou de Darwin, qui ne franchit pas le détroit de Magellan, je crois devoir néanmoins mentionner dans mon Catalogue cette espèce, dont M. Lebrun a obtenu plusieurs dépouilles et dont M. le Commandant Martial a même ramené deux individus vivants (*). Le (1) E.-L. Layarp (Ze Birds of South Africa, édit. R.-B. Sharpe, Londres, 1875, p. 789, n° 769) rapporte qu'au Cap les Sphénisques nichent sur les îlots, en août, septembre et octobre. (2) H. Ficnoc, Miss. de l'ile Campbell, 1885, t. IN, 2° Part., p. 38. (3) Ces oiseaux ont vécu pendant deux ans à la Ménagerie. Antérieurement la Ménagerie avait déjà reçu un autre Nandou vivant de M. le baron Arnous de Rivière. B.248 MISSION DU CAP HORN. Nandou de Darwin est d’ailleurs une des formes caractéristiques de la faune de l'Amérique australe. Vers le nord, les Nandous de Darwin ne dépassent qu'accidentellement le Rio Negro; ils sont même déjà fort rares dans les plaines situées au sud de ce fleuve où d’Orbigny a vai- nement cherché à s’en procurer; mais ils deviennent beaucoup plus communs à partir du 42° degré de latitude sud, et ils sont très répandus sur les plateaux qui dominent la rivière Chuput, où M. Durnford a eu l’occasion d’en tuer plusieurs individus et de trouver fréquemment des œufs. D’après ce naturaliste, la ponte commence en septembre, et chaque nid peut contenir jusqu’à vingt-sept œufs. C’est certainement au Rhea Darwinit que se rapportait le Nandou tué par M. Martens à Port-Désiré, par 48° de latitude sud, et mentionné par Ch. Darwin (‘), qui a vu lui-même à Santa Cruz plusieurs oiseaux de cette espèce. C’est du reste aux environs de cette dernière localité, ainsi que de Missioneros et de Cerro de la Picane que proviennent les neuf dépouilles de Nandous mâles et femelles, adultes et jeunes, et les six œufs rapportés par M. Lebrun. Les œufs ont été recueillis dans les derniers mois de l’année en novémbre et décembre (?). | Vers le sud, à mesure qu’on se rapproche du détroit de Magellan, la Rhea Darwint devient plus rare, et le D' Cunningham n’a pu rapporter aueun exemplaire de cette espèce dont il a pu voir cependant les œufs et les dépouilles (*) et qui, selon Darwin, est bien connue des Indiens vivant dans ces parages. D’après le même naturaliste, les Gauchos donnent à la Rhea Darwinu le nom d’Arestruz Petise. OL. SARCORHAMPHUS GRYPHUS. Le Condor Brisson, Ornith., 1560, t. I, p. 473. Vultur gryphus Linné, Syst. nat., 1766, £. I, p. 121. — D. Humbolt et Bonpland, Obs. Zool., 1811, p. 26, pl. VIH. Vultur magellanicus Shaw, Mus. Lever., 1992, t. 1, p. x, pl. I. (1) Voy. of the « Beagle », Zool., t. II, Birds, p. 194. (2) Voyez, au sujet de ces œufs, CANnING, Proceed. zool. Soc. Lond., 1871, p. 54. (3) The natural History of the Straits of Magellan, 1871, p. 134. OISEAUX. B.249 Vultur condor Shaw, Gen. Zool., 1809, t. I, p. 2, et pl. I, IL, IV. Gypagus gryffus Vieillot, Mouv. Dict. d’Hist. nat., 1819, t. XXXV, p. 450. Cathartes gryphus Temminck, PL. col., 1823, t. I, pl. CXXXIIT, CCCCVII et CCCCXCIX. Gypagus condor Vieillot, Galerie des Oiseaux, 1825, t, I, p. 11. Sarcorhamphus gryphus Stephens, Gen. Zool., 1826, t. XII, p. 6. — Alc. d'Orbigny, Voy. dans l’Amérique mérid., 1835-1844, Zool., t. AN, Pants AOrSeAUL ID AUE — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle », Zool., t. I, 1841, Birds, p. 1. — Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. II, p. 433. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, VNom. Ap. neotrop., 1873, p. 123. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 29 et 4o, et Notes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 398. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. I, p. 79, n° {. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. II, p. 90, n° 313. Sarcorhamphus condor Lesson, Zraité d’'Ornith., 1831, p. 25, — Gay, Faun. Chil., Zool., 1847, t. L, p. 194, et pl. I. Sarcorhamphus papa (err.) R. Cunningham, The Nat. Hist. of the Straits of Magellan, 1871, p. 114 et 303. Si cette grande et belle espèce de Rapace n’occupe pas dans mon tra- vail le rang que lui assignent ses affinités zoologiques, en d’autres termes, s’il ne figure pas entre le Conurus smaragdinus et le Cathartes aura, c’est que j'ai hésité quelque temps à lui assigner une place dans le Catalogue des Oiseaux du cap Horn. Sa véritable patrie se trouve en effet dans la région des Andes. Toutefois, après réflexion, j'ai pensé qu'il avait autant de droit à être mentionné que la Rhea Darwin, le Tinamotis Ingoufi, le Pseudochloris Lebrunr, en un mot, que diverses espèces qui n’ont pas été rencontrées par MM. Hyades, Hahn et Sau- vinet, mais dont un ou plusieurs exemplaires ont été obtenus par M. Lebrun, préparateur au Muséum, qui, après avoir fait des collections aux environs de Santa Cruz, avec le concours des officiers du Vo/age, Mission du cap Horn, NI. B.32 B.250 MISSION DU CAP HORN. est venu rejoindre la Mission à terre, à la baie Orange. Ce naturaliste a tué sur les bords du Rio Gallegos, le 15 juin 1883, une femelle de Condor qui avait les yeux jaunes, la cire jaune et les pattes noires. Le Sarcorhamphus gryphus à été rencontré à l'embouchure de la même rivière à Port Gallegos, ainsi que sur divers points de la côte de Pata- gonie, le long de la partie orientale du détroit de Magellan par M. le D' Cunningham, durant le croisière du navire anglais le Nassau. I y a donc lieu de reporter beaucoup plus au sud (") la limite méridionale de l’espèce que Ch. Darwin fixait au niveau du Rio Santa Cruz, tandis qu'il fixait du côté de l’est la limite septentrionale au niveau du Rio Negro. Entre ces deux points, Ch. Darwin avait d’ailleurs observé des Condors sur les rochers du Port-Désiré, et plus récemment M. H. Durn- ford a noté la présence de l'espèce à Ninfas Point, près Chuput, le 1» novembre, et il l’a trouvée nichant sur les rochers au-dessus de la vallée du Sengel le 16 novembre. Le Sarcorhamphus gryphus se trouve done sur tous les points de la Patagonie où des falaises se dressent le long des côtes ou sur le bord des rivières. À l'Ouest, il remonte, le long de la chaine des Andes, dans le Chili, la Bolivie, le Pérou et jusque dans la République de l’Équa- teur, des observations récentes ayant montré que la limite septentrio- nale de l'espèce, fixée par d’Orbigny au niveau du 8° degré de latitude méridionale, devait être remontée de cinq ou six degrés vers le nord. D'Orbigny nous apprend que le Sarcorhamphus gryphus est appelé Buytre par les Espagnols, Mauké par les indigènes du Chili et Chanana par les Puelches. 102. IBYCTER ALBIGULARIS. Polyborus albigularis J. Gould, Proceed. zool. Soc. Lond., 1837, p. 9. Milvago albigularis J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. I, 1841, Birds, p. 18 et pl. r. î — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 122 (1) Dans l’Æistoire du voyage de la Mission du cap Horr (p. 174), M. le commandant Martial rapporte que, le 18 avril 1883, durant l'exploration du New Year Sound, un oiseau qui, à en juger par son envergure, devait être un Condor, fut aperçu planant au-dessus de l'île Pothuau. OISEAUX. B.251 Ibycter albigularis R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1874, t. I, Accipitres, D 37- Une femelle de cette espèce a été tuée par M. Lebrun le 16 juin 1883 sur les bords du Rio Gallegos. Elle avait les yeux d’un jaune foncé et la cire d’un jaune orange. Au contraire, le type de l’Zbycter albigularrs qui avait été obtenu sur les bords du Rio Santa Cruz, par 50° de lati- tude Sud, a été représenté avec les yeux bruns, la cire et les pattes d'un jaune gomme-gutte. L’Ibycter albigularis, qui d’ailleurs ne se trouve pas ici à sa place naturelle, clôt la longue série des oiseaux rapportés par la Mission du cap Horn. Je vais maintenant, pour compléter autant que possible mon travail, passer rapidement en revue un certain nombre d'espèces qui ont échappé aux recherches des naturalistes de l'expédition fran- caise, et qui ont été observées par d’autres voyageurs dans l’archipel des Malouines, sur les bords du détroit de Magellan ou sur divers points de la Patagonie (‘). Chacune de ces espèces portera un double numéro, le premier correspondant à la place que l’oiseau occupe dans cet Appendice, le second à celle qu’il devrait occuper dans un Cata- logue systématique. 103 (r &). CoNURUS PATAGONUS. Psittacus patagonus Vieillot, Mouv. Dict. d’Hist. nat., 1823, t. XXV, p. 367. Psittacara patagonica Lesson et Garnot, Voy. de la « Coquille », 1825, Zool., t. 1, -p--625, et pl XX X VW br. (1) Je tiens à déclarer que j’emploie dans tout le cours de mon travail le mot de Pata- gonie dans un sens purement géographique. J'appelle ainsi la vaste région qui s'étend entre le détroit de Magellan, l’océan Pacifique, le golfe d’Ancud, la chaîne des Andes, le Rio Negro et l'océan Atlantique, tandis que je nomme Æuégie ou Terres magellaniques les iles situées au sud du détroit de Magellan, et que je désigne plus spécialement sous le nom de République Argentine l'ancien territoire de la Plata. Ces divisions sont d’ailleurs celles qui sont admises encore sur des cartes récentes et entre autres sur celles de l’Atlas de Stieler; mais elles ne correspondent point, je ne l'ignore pas, avec les divisions poli- tiques actuelles, puisqu’aujourd'hui le Chili et la République Argentine se sont partagé la Patagonie. B.252 MISSION DU CAP HORN. Conurus patachonicus J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool.,t NII, 1841, Birds, p. 113. Conurus patagonus Burmeister, La Plata Reise, 1861, 1. IL, p. 447. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Av. neotr., 1873, p. 111. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 37. — On the Birds of the Province of Buenos Ayres, Ibid., p- 186, n° 79, et Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 396. — À. Reichenow, Conspectus Psittacorum, 1882, p. 165, n° 31, — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. Il, p. 4r, n° 276. Ch. Darwin a rencontré communément cette espèce aux environs de Concepcion (Chili), et il l’a trouvée également sous la même lati- tude à Bahia Blanca (République Argentine) au milieu d’une contrée stérile et complètement dépourvue d’arbres. Sur ce dernier point, les Perruches patagones nichaient, au mois de septembre, côte à côte avec des Hirondelles (Firundo cyanoleuca) dans des trous creusés dans des sortes de falaises de terre et de sable. À une date plus récente, M. H. Durnford a observé une petite colonie de ces oiseaux beaucoup plus au sud, dans la vallée de Chuput, et il a constaté que dans cette localité les Conurus avaient choisi, pour établir leurs nids, les crevasses des rochérs qui dominent le cours de la rivière. Le même naturaliste a vu aussi un vol de ces Perruches sur les rives du Sengel, en novembre. Le Conurus patagonus s’avance donc au moins jusqu'au 4/° degré de latitude Sud dans la Patagonie proprement dite, mais sans doute il ne s’y montre qu’au printemps et en été. 2104 (7 a). HARPYHALIÆTUS CORONATUS. Aquila coronata d’Azara, Apunt., 180, t. I, p. 36. — G. Hartlaub., Zndex d'Azara, 1867, p. 1. Harpyia coronata Vieillot, Vous. d’Hist. nat., 1817, t. XIV, p. 237. Falco coronatus Temminck, PL. Col., t. I, pl. CCXXXIV. Harpyhaliætus coronatus De Lafresnaye, Rev. Zool., 1842, p. 173. OISEAU X: B.253 Harpyhaliætus coronatus Ph.-L. Sclater ë? Hudson, On Patagonian Birds, 1872, p. 236 et 549, n° 32. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 119. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1874, 1. I, Accipitres, p. 222. — Ph.-L.Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. IT, p.66, n°301. Ce grand Rapace, qui a été observé au Chili, dans le Brésil méri- dional et dans la République Argentine, ne doit pas descendre beaucoup au delà du Rio Negro, sur les bords duquel il a été rencontré par M. Hudson. ? 105 (9 a). Burro BOREALIS. Falco borealis Gmelin, Syst. Nat, 1788, t. I, p. 266. — Wilson, 4m. Ornith., 1812, t. VI, p. 55, et pl. LIL, fig. 1. — J.-J. Audubon, Birds Amer., pl. LI, et Ornith. biogr., 1831, t. I, p. 265. Buteo borealis Vieillot, Nouv. Dict. d’'Hist. nat., 1816, t. IV, p. 478. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Ac. neotr., 1873, p. 118. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1874, t. 1, Accipitres, p. 188. Buteo ventralis J. Gould, Proceed. 30ol. Soc. Lond., 1837, p. 10, et Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., 1841, t. ILE, Bérds, p. 27, n°3. MM. Sclater et Salvin paraissent considérer le Buteo borealis comme une espèce propre au Mexique, à l'Amérique centrale et à Panama; de son côté, M. R.-B. Sharpe ne cite parmi les régions habitées par cette espèce que les États de l’est de l'Union américaine et les Antilles; mais en même temps, mon savant ami inscrit parmi les synonymes du Buteo borealis le B. ventralis Gould dont le type a été pris à Santa Cruz, en Patagonie, sous le 50° degré de latitude. Si cette assimilation est exacte, il faut évidemment étendre bien loin vers le Sud l'aire assi- gnée au Buteo borealis. 106 (ro a). FALCO FUSCO-COERULESCENS. Alconcillo aplomado et Alconcillo obscuro azulejo d’Azara, Apunt., 180», tp. 170. Falco fusco-cærulescens Vieillot, Vouv. Dict. d’Hist. nat., 1817, t. XI, p. 90. B.254 MISSION DU CAP HORN. Faleo fusco-cœrulescens R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1874, t. 1, Acct- pitres, p. 4o1, n° 19. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1880, t. I, p. 69, n° 304, Falco femoralis Temminck, Planches coloriées, 1823, t. I, pl. CXXI et CCCXLIIT. — D'Orbigny, Voy. Amér. mérid., 1835, Zool., Oiseaux, p. 116. — J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. IL, 1841, Birds, p. 26. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. A+. neotr., 1873, p. 121. — H. Durnford, Votes on the Birds of central Patagonia, 1bis, 1878, p. 398. L’aire d'habitat du Falco fusco-cærulescens est extrêmement vaste et s'étend depuis le Mexique jusqu’au milieu de la Patagonie et peut-être même plus loin encore vers le sud. Darwin à observé en effet cette espèce à Port-Désiré, par 47°44' de latitude sud, et il s’est assuré qu’elle nichaïit dans la région. M. H. Durnford a trouvé le 3 novembre, dans la Patagonie centrale, un nid du même Faucon qui est, dit-il, sédentaire, mais plus commun en hiver. 107 (12 @). SYRNIUM RUFIPES. Strix rufipes King, Zoo!. Journ., t. II, p. 426. Ulula rufipes J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. III, 184r, Birds, p. 34. Ulula fasciata Des Murs, Zconogr.ornith., pl. XXX VII. Syrnium rufipes G.-R. Gray, Æandlist of Genera and Species of Birds, 1860, t. I, p. 48, n° 508. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Von. Av. neotr., 1873, p. 116. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1855, t. Il, Striges, p. 261, n° 10. M. Sharpe assigne pour habitat au Syraium rufipes le Chili et la Pata- gonie, et Darwin rapporte qu'il a obtenu un exemplaire de cette espèce de Fuégiens qui l'avaient tué dans les iles situées à l'extrême sud de la Terre de Feu. Peut-être cette donnée n'est-elle pas tout à fait exacte, car les naturalistes de la Mission du cap Horn, qui ont exploré OISEAUX. B.255 avec tant de zèle les iles auxquelles Darwin fait allusion, n’ont jamais rencontré le Syrrium rufipes. D'autre part, cette espèce n’est pas citée dans les Notes sur les oiseaux du Chili de M. Sclater (Proceed. zool. Soc. Lond., 1867, p. 319 et suiv.); mais elle se trouve certainement dans la Patagonie australe, sur les bords du détroit de Magellan, car le type décrit par King vient de Port-Famine. ? 108 (16 a). Picus Lienarius. Picus lignarius Molina, Stor. Nat. Chil., 1789, p. 209. — Malherbe, Monogr. Picidés, 1862, pl. XXVI, fig. 9-12. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, D. 99. Picus melanocephalus King, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1830, p. 14. Picus Kingii G.-R. Gray, Darwin, Voy. of the « Beagle », 1841, Zool., t. WI, Birds, p. 113. Picus puncticeps d'Orbigny, Voy. Am. mérid., 1835-1841, Oiseaux, p. 379 et pl. LXIV, fig. r. Dendrocopus lignarius Edw. Hargitt, Cat. B. Brit. Mus., 1890, t. XVII, p-257- Je doute beaucoup que cette espèce se trouve, comme le dit King, dans les parages du détroit de Magellan. M. Ph.-L. Sclater et O. Salvin la considèrent comme propre au Chili, et M. Hargitt ne signale sa pré- sence qu’au Pérou, en Bolivie, dans la République Argentine et au Chi. C’est d’ailleurs du Pérou et du Chili seulement que proviennent les spécimens qui figurent dans les collections du Muséum d'Histoire naturelle. 109 (16 D). CoLAPTES AGRICOLA. Geopicus campestroides Malherbe, Rev. Zoo!., 1849, p. 541. Geopicus agricola Malherbe, Monogr. Picidés, 1862, t. IE, p. 254, et pl. CVIII. Colaptes australis Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. IE, p. 445. Colaptes agricola Ph.-L. Sclater &? Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 549, n° 30. B.256 MISSION DU CAP HORN. Colaptes agricola Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Av. neotr., 1873, p. 101. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. LI, p. 24, n° 260. — Edw. Hargitt, Cat. B. Brit. Mus., 1890, t. XVII, p. 25. Le Colaptes agricola à été rencontré dans le sud du Brésil, dans l’Uruguay, sur les bords du Rio Negro et sur divers points de la Répu- blique Argentine. Le Muséum d'Histoire naturelle en possède un exemplaire envoyé de Patagonie par d’Orbigny en 1831. L'espèce ne doit pas cependant descendre au delà du 42° degré de latitude, car elle n’a pas été signalée par M. Durnford dans la vallée de la Chuput. 110 (17 a). STENOPSIS BIFASCIATA. Caprimulgus bifasciatus J. Gould, Proceed. zoo. Soc. Lond., 1837, p. 22, et Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., 1. I, 1841, Birds, p. 37. Stenopsis bifasciata Ph.-L, Sclater, Proceed, zool. Soc. Lond., 1866, p. 140. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 96. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 37, et Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 396. : — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, p. 221, n° 80. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1889, t. II, p. 14, n°245. Signalé d’abord au Chili, l’Engoulevent à double bande a été re- trouvé plus récemment au Pérou et dans la Patagonie, sur les bords de la rivière Chuput et sur les collines voisines du Sengelen. Il parait être sédentaire, mais assez rare dans cette dernière région (Hudson). 111 (17 D). EusTEPHANUS GALERITUS. Trochilus galeritus Molina, ist. Chil., p. 219. — Gmelin, Syst, Nat., 1788, t. I, p. 484, sp. 23. Melisuga Kingii Vigors, Zool. Journ., t. I, p. 430, Eustephanus galeritus Reichenbach, Aufs. d. Colib., 1853, p. 14. — J. Gould, Monogr. Trochil., t. IV, pl. 265. OISEAUX. B.257 Eustephanus galeritus Mulsant, Æüst. nat. des Oiseaux-Mouckhes, t. IT, p. 246. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Ae. neotr., 1873, p. 90. — Rep. on coll. made during the Voy. of H. M.S. « Challenger », Rep. on Birds, Proceed. sool. Soc. Lond., 1858, p. 433, n° 16, et Voy. of the « Challenger », Rep. on Birds, Antarct. Amer., p. 103, n° 16. — D.-G. Elliott, À Classif. and Synops. Trochil., 1879, p. 93. — R.-B. Sharpe, Zoo!l. coll. made during the Survey of H. M.S. « Alert », Proceed. zool. Soc. Lond., 1887, p. 9, n° 21. Après avoir été signalé d’abord au Chili et dans l'ile Juan Fernandez, l'Eustephanus galeritus a été rencontré récemment en Patagonie. Un male de cette espèce a été tué à Puerto Bueno par les naturalistes du Challenger, et une femelle a été obtenue à Cockle Cove, le 9 fé- vrier 1870, par le D' Coppinger, chirurgien de l’Afert. Il est vraiment fort intéressant de constater la présence d’un Trochilidé jusque dans les parages du détroit de Magellan. 112 (18 a). Hiruxro (TAGHYCINETA) LEUCORRHOA. Hirundo leucorrhoa Vieillot, Voue. Dict. d’'Hist. nat., 1817, & XIV, p. 519. — W.-H. Hudson, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 606, 845 et 846. — Ph:.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 14. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 32, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 392. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. E, p. 247. Hirundo frontalis J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. I, 1841, Birds, p. 4o. Tachycineta leucorrhous R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1885, t. X, p. 114. Tachycineta leucorrhoa Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, t. [, p. 30. La Tachycineta leucorrhoa habite en hiver le Brésil méridional, le Pérou et le Paraguay et, pendant le printemps et l’été, la République Argentine et la Patagonie australe. M. Durnford a vu, le 24 février, de grandes troupes d’Hirondelles de cette espèce réunies dans la vallée Mission du cap Horn, NI. B.33 B.258 MISSION DU CAP HORN. de la Chuput; le lendemain elles avaient toutes disparu. Ces observa- tions concordent parfaitement avec celles de M. Hudson qui déclare n'avoir plus rencontré aucune Hirondelle à croupion blanc sur les bords du Rio Negro durant la période comprise entre mars et août. Dans les environs de Buenos Ayres, suivant ce dernier naturaliste, la migration des Tachycineta s'effectue généralement encore plus tôt, des la mi-février (c’est-à-dire à une époque beaucoup plus hâtive que la migration d'automne de nos Hirondelles européennes), et à partir de cette date on peut voir chaque jour de nombreuses troupes de ces oiseaux se dirigeant vers le nord. Dans la province de Buenos Ayres, quelques individus séjournent cependant durant tout l'hiver dans des endroits abrités. 113 (18 b). Hiruxno (PROGNE) FURCATA. Progne purpurea J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. I, 1841, Birds, p. 38. — W.-H. Hudson, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 675. — Ph.-L. Sclater 2 Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 548, n° 5, et Zbid., p. Go. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., p. 14. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 32, et Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1858, p. 392. Progne furcata Baird, Rev. Amer. Birds, 1864, p. 278. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1885, t. X, p. 195. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, t. 1, p. 24. La Progne furcata, qui ne me parait être qu’une race australe de la Progne purpurea, se trouve au Chili, au Paraguay et, pendant quelques mois de l’année, dans la Patagonie. M. Hudson nous apprend que les Hirondelles pourprées traversent les provinces orientales de la Répu- blique Argentine dans leurs migrations, et qu’elles arrivent dans la région du Rio Negro au mois de septembre, qu’elles nichent sous les toits des maisons ou dans les berges des rivières, dans des crevasses OISEAUX. B.259 naturelles ou dans les trous creusés par les Perruches patagones, et qu'elles repartent avant le milieu de février. Ce voyageur naturaliste a vu, le 14 février, une troupe de ces oiseaux volant dans la direction du Nord, mais c'était, dit-il, la dernière bande d’émigrants. Au contraire, M. Durnford, qui a observé les mêmes Hirondelles dans la vallée de Chuput et qui a recueilli quelques-uns de leurs œufs le 30 décembre, à Tombo Point, indique le 1° mars comme la date ultime de leur départ. Cette date doit correspondre à peu près à la fin de notre été. 114 (18 c). HiruNDo (ATTICORA) CYANOLEUCA. Hirundo cyanoleuca Vieillot, Vouv. Dict. d'Hist. nat, 1817, 1. XIV, p. 500. — J. Gould, Darwin, Voy. « Beagle», Zool.,t. IL, Birds, p. 41. Hirundo patagonica De Lafresnaye et d'Orbigny, Synops. Av., 1837, p. 69. Atticora cyanoleuca Cabanis, Mus. Heën., 1850, part. E, p. 47. — Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. IL, p.439. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Ave. neotrop., 1873, p. 14. — H. Durnford, On some Biürds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 32, et Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, P- 392. — R.-B. Sharpe, Cat. B. Brit. Mus., 1885, t. X, p. 186. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, t. I, p. 35. L'Atticora cyanoleuca est largement répandue depuis l'État de Costa Rica jusqu’à la Patagonie centrale. Dans cette dernière région toutefois, selon MM. Durnford et Hudson, les Hirondelles de cette espèce ne séjournent, pour la plupart, que pendant une partie de l’année et arrivent régulièrement en septembre pour repartir au commencement de mars, immédiatement après les Hirondelles pourprées (Progne Jurcata). 115 (19 a). AGRIORNIS MARITIMA. Pepoaza maritima De Lafresnaye et d’Orbigny, Synops. Av. t. 1, p. 65. — D'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Oiseaux, p. 353. B.260 MISSION DU CAP HORN. Agriornis maritimus Gray, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. WI, Birds, po. — H. Durnford, Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1858, p. 394. Agriornis maritima Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Von. A+. neotr., 1873, p. 4r. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, 1. I, p. 112, n° 110. — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV, p. 6. Agriornis leucurus Burmeister, La Plata Reise, 1861, t, IE, p. 459. Cette espèce découverte en Bolivie par d’Orbigny, a été retrouvée depuis au Chili, dans la République Argentine et en Patagonie, à Port- Désiré, sur les bords du Rio Santa Cruz et à Tombo Point. 2116 (21 a). TÆNIOPTERA CORONATA. Pepoaza coronada d'Azara, Apunt., t. II, p. 168. Tyrannus coronatus Vieillot, Vouo. Dict. d'Hist. nat., & XXXV, p. 92, et Encycl. méthod., p. 855. Pepoaza coronata D'Orbigny, Voy. Amér. mérid., Oiseaux, p. 350. 2 Tænioptera coronata G. Hartlaub, /ad. d'Az., p. 13. — Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. Il, p. 459. — Pb.-L. Sclater &2 Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 248, n° 29, et Cat. B. Brit. Mus., 1888, 1. XIV, p. 12. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Ao. neotr., 1873, p. 42. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, L. 1, p. 115, n°113. La Tœænioptera coronata ne doit peut-être pas être considérée comme faisant partie de la faune de la Patagonie, car, si elle est très commune dans les parages de Buenos Ayres, il n’est pas sûr qu'elle franchisse le Rio Negro. Elle se trouve, en revanche, au Paraguay et dans l'Uru- guay. 117 (21 b). TænloprERA MuRINA. Pepoaza murina De Lafresnaye et d’Orbigny, Synops. Av., p. 63, n° 7. — D'Orbigny, Voy. Am. mérid., Oiseaux, p. 348. OISEAUX. B.261 Tænioptera murina Ph.-L. Sclater :2 Hudson, On Patagonian Birds, Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 541, n° 9, et p. 548, n° 2k, et Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV, p. 15, n°8. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. A+. neotr., 1873, p. 42. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, t. 1, p. 119, noMHIGE C’est de Patagonie que provient le type de cette espèce, qui a été rencontrée plus tard dans l’ouest de la République Argentine. D’après M. Hudson, la Tænioptera murina fait son apparition dans la région du Rio Negro au mois d'octobre. 118 (21 c). TÆNIOPTERA RUBETRA. Tænioptera rubetra Burmeister, Journ. f. Ornith., 1860, p. 247, et La Plata Reise, 1861, t. IE, p. 461. — Ph.-L. Sclater 2 Hudson,On Patagonian Birds, Proceed. :ool. Soc. Lond., 1872, pe 541, n° 8; et p. 548, n° 93, et Cat. B: Brit. Mus:, 1858, de SUN pe 10, me) — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 42. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 34, et Notes on the Birds of Central Patagonia, Ibis, 1878, p. 394- — Ph.-L. Sclater et H. Durnford, Argentine Ornith., 1888, t. I, p. 120, n° 117. Cette espèce se trouve dans la République Argentine et sur divers points de la Patagonie, notamment sur les bords du Rio Negro où M. Hudson la croit sédentaire, et dans la vallée du Sengel, où, d’après M. Durnford, elle est très commune au mois de novembre. Le même voyageur l’a rencontrée aussi, mais plus rarement, dans la vallée de la Chuput, au mois de septembre. Un des oiseaux tués par M. Durnford avait les yeux d’un fauve clair, le bec et les pattes noirs. ?119 (21 d). Cxiozseus Hupsoni. Cnipolegus Hudsoni Ph.-L. Sclater é2 Hudson, On Patagonian Birds, Pro- ceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 54r, et pl. XXXI, et Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV, p. /5. B.262 MISSION DU CAP HORN. Cnipolegus Hudsoni Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Ao. neotr., 1893, p. 43. — Pb.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, t. I, p. 126. Cet oiseau, qui habite les provinces occidentales de la République Argentine, arrive au mois de septembre ou d'octobre dans la Patagonie septentrionale, sur les bords du Rio Negro et y passe l’été; mais peut- être ne franchit-il pas ce fleuve pour pénétrer dans la Patagonie pro- prement dite. 120 (2r e). LICUENOPS PERSPICILLATA. Motacilla perspicillata Gmelin, Sysé. nat., 1788, t. I, p. 969. Muscicapa nigricans et Œnanthe perspicillata Vieillot, Mouv. Dict. d’Hist. nat., t. XXI, p. 454. Ada perspicillata d'Orbigny, Voy. Am. mérid., Oiseaux, p. 330. Lichenops perspicillatus (Gr.) et L. erythropterus J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool. 1. I, 18471, Birds, p. 5r et 52, et pl. IX. Lichenops perspicillata Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ao., t. I, p. 194. — Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. Il, p. 457. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, VNom. Av. neotr., 1873, p. 43. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, t. I, p. 129, n° 131. — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV, p. 48. Lichenops perspicillatus H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 34, et Notes on the Birds of central Pata- gontia, Ibis, 1878, p. 394. L’aire d'habitat de cette espèce comprend le Brésil méridional, le sud de la Bolivie, le Paraguay, l'Uruguay, le Chili, la République Argentine et la Patagonie. Dans la vallée de la Chuput, la Lichenops perspicillata est fort commune et sédentaire, d’après M. Durnford. 121 (2r f). HAPALOGERGUS FLAVIVENTRIS. Tachiuri vientre amarillo d'Azara, Apunt., t. L, p. 89. Alecturus flaviventris De Lafresnaye et d'Orbigny, Synops. Aov., part. I, p. 55. OISEAUX. B,263 Alecturusflaviventris D'Orbigny, Voy. Am. mérid., Oiseaux, pl. XXX VE, fig. 1. Arundinicola flaviventris d'Orbigny, Zbid., p. 335. Hapalocercus flaviventris Cabanis, Wzegm. Arch., 1847, 1. 1, p. 254. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., 1873, p. 46. — Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. IT, p. 456. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 34 et 177, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis. 1878, p. 395. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, 1. E, p. 157, n° {h1. — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, 1. XIV, p. 94. L’Hapalocercus flaviventris habite les mêmes contrées que la Zichenops perspicillata, à l'exception peut-être de la Bolivie. Il est assez commun dans les vallées de la Patagonie orientale, où M. Durnford le considere comme une espèce sédentaire, tandis que M. Hudson déclare que cet oiseau arrive au mois de septembre, venant du nord, dans la province de Buenos Ayres, où il est très répandu et niche en octobre. 2122 (21 g). STIGMATURA FLAVO-CINEREA. Phylloscartes flavo-cinerea Burmeister, La Plata Reise, 1861, t. I, p. 455. Stigmatura flavo-cinerea Ph.-L. Sclater #2 Hudson, On Patagonian Birds. Proceed. zool. Soc. Lond., 1872, p. 542 (note), et p. 549, n° 27, et Car. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV, p. ro1. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Av. neotr., 1873, p- 40. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, t. |, p. 159, n° 145. Cette espèce habite la République Argentine proprement dite et peut- être le nord de la Patagonie. M. Hudson l’a rencontrée en toutes saisons sur les bords du Rio Negro, mais je ne crois pas qu'elle des- cende beaucoup au sud de ce fleuve. B.264 MISSION DU CAP HORN. 123 (21 À). Cyanoris Azaræ. El Rey d’Azara, Apunt.,t. Il, p. 72. Sylvia rubrigastra Vieillot, Vouv. Dict. d’Hist. nat., 1817, t. XI, p. 277, et Encycl. méthod., p. 480. Regulus Azaræ (Lichtenstein) Naumann, Vôgel Deutschl., 1823, t. IIT, p. 966. Regulus omnicolor Vieillot, Galerie des Oiseaux, 1825, t. I, p. 271, et pl. CEXVI. Tachuris omnicolor De Lafresnaye et d'Orbigny, Synops. Av., p. 55. Tachuris rubrigastra d'Orbigny, Voy. Am. mérid., Oiseaux, p. 333. Gyanotis omnicolor Ch.-L. Bonaparte, Consp. Ap., t. I, p. 185. — H. Durnford, On some Birds observed in the Chuput Valley, Patagonia, Ibis, 1877, p. 34, et Notes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 399. Cyanotis Azaræ Cabanis et Heine, Aus. Hein., t. AL p. 54. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Vom. Av. neotr., 1873, p. 47. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. II, p. 243, n° 589. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, t. [, p. 142. — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus:, 1888, t. XIV, p. rro. Le Muséum d'Histoire naturelle de Paris possède plusieurs spéei- mens de cette espèce rapportés du Pérou par Bonpland en 1833, du Chili par l’amiral Du Petit-Thouars en 1845 et même du Brésil (Rio Grande) par A. Saint-Hilaire, mais aucun exemplaire venant de la République Argentine ou de la Patagonie. Cependant le Cyanotis Azaræ n'est pas rare, au moins pendant une partie de l’année, dans ces der- nières contrées. M. Durnford le croyait même sédentaire dans la Pata- gonie centrale; mais, selon M. Durnford, les quelques individus de cette espèce que l’on peut voir en toutes saisons dans la République Argentine et même au sud du Rio Negro constituent une exception, et la plupart émigrent régulièrement. On les voit apparaître brasque- ment à la fin de septembre, venant sans doute de contrées plus voi- sines de l’équateur. OISEAU X. B.265 12% (22 a). MuscisaxICOLA MACULIROSTRIS. Muscisaxicola maculirostris De Lafresnaye et d’Orbigny, Synops. A+., p. 66. — D'Orbigny, Voy. Am. mérid., Oiseaux, p. 356, et pl. XLI, fig. 2. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Nom. Av. neotr., p. 44. — H. Durnford, Votes on the Birds of central Patagonia, Ibis, 1878, p. 59. — L. Taczanowski, Ornith. du Pérou, 1884, t. Il, p. 219, n° 561. — Ph.-L. Sclater et W.-H. Hudson, Argentine Ornith., 1888, t. I, p. 134, n° 134. — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV, p. 59. Ptyonura maculirostris Burmeister, La Plata Reise, 1867, t. IL, p. 462. Trouvée d’abord en Bolivie, par d’Orbigny, la Muscisaxæicola maculi- rostris a été rencontrée ensuite au Pérou, dans l’Équateur occidental, au Chili et dans la République Argentine par différents voyageurs et dans la Patagonie centrale, sur les bords du Sengelen, au mois de décembre 1877, par M. H. Durnford. 2125 (22 b). MuscisaxICOLA BRUNNEA. Muscisaxicola brunnea J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. LE, 1841, Birds, p. 84. — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, L. XIV, p. 53 (note). Je ne cite qu'avec un point de doute cette espèce qui est inconnue à M. Selater, et qui a été décrite par Gould d’après un jeune oiseau tué à Port-Saint-Julien (Patagonie). 126 (24 a). SERPOPHAGA PARVIROSTRIS. Myiobius parvirostris J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., 1. MX, 1841, Birds, p.48. — Gay, Faun. Chil., Aves, p. 341. Mission du cap Horn, NV]. B.34 B.266 MISSION DU CAP HORN. Serpophaga parvirostris Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Yom. Av. neotr., 1873, D: 47e — Ph.-L. Sclater, Cat. B. Brit. Mus., 1888, t. XIV, p. 105. D'après M. Selater, le British Museum possède, outre Le type de l'espèce provenant de Santa Cruz (Patagonie orientale), un autre spécimen obtenu dans la même contrée, à Saint Martin’s Cove, par le lieutenant A. Smith, de la marine royale, et plusieurs exemplaires recueillis au Chili et en Bolivie par Ch. Darwin et d’autres voyageurs. Darwin dit de son côté qu'il a rencontré le Myiobrus parvtrostris non seulement sur les rives de la Plata et aux environs de Valparaiso, mais dans les forêts de la Terre de Feu, et il croit même que ce Tyrannidé doit être séden- taire dans l'Amérique australe, parce qu’il s’en est procuré des exem- plaires au mois de juin. Toutefois je crois pouvoir conclure de l’ab- sence de l'espèce dans les collections de la Mission du cap Horn que la Serpophaga parvirostris ne se rencontre au contraire qu’à certaines saisons, peut-être même d’une façon tout à fait accidentelle dans les parages du cap Horn. 127 (24 b). ANÆRETES PARULUS. Muscicapa parulus Kittlitz, Mém. prés. Acad. Sc. Saint-Pétersb., 1831, p. 190 et pl. IX. Culicivora parulus De Lafresnaye et d'Orbigny, Synops. Av., part. I, p. 57. — D'Orbigny, Voy. Am. mérid., Oiseaux, p. 332. Serpophaga parula J. Gould, Darwin, Voy. of the « Beagle », Zool., t. I, 1841, Birds, p. 49. Anæretes parulus Cabanis et Heine, Mus. Heun., 1. 11, p. 54. — Ph.-L. Sclater et O. Salvin, Second List of Birds collected in the straits of Magellan by D' Cunningham, Ibis, 1869, p. 283, n° k. — Von. Av. neotr., 1873, p. 47. — Rep. on the collect. made during the Voy. of H. M.S. « Challenger », Antarct. Amer., Proceed. zool. Soc. Lond., 1878, p. 432, n° 8, et Voy. of the « Challenger », Rep. on the Birds, Antarct. Amer.., p. 101, n°8. -— Burmeister, La Plata Reise, 18615, t. II, p. 455. OISEAUX. B.267 Anæretes parulus Ph.-L. Sclater 2 Hudson, On Patagonian Birds, Proceed. C'2 C.10 MISSION DU CAP HORN. la faune abyssale; mais ici, à côté de rapports incontestables, se ren- contrent d'importantes différences. Nous retrouvons les Squales spina- ciens, les Chimères, bon nombre d’Anacanthini, parmi lesquels des Lycodide, des Macruridæ encore plus abondants, peu de Pleuronec- toidei, enfin des Cyclostomata du genre Myxine. Par contre, tandis que les Acanthoptérygiens sont relativement très rares dans les grandes profondeurs, les Abdominaux s’y rencontrent au contraire en grand nombre. Ajoutons que, dans la faune abyssale, la multiplicité des types génériques et spécifiques, malgré l’homogénéité que nous pou- vons lui supposer sur de grands espaces, d’après ce qui en est connu aujourd’hui, doit porter à penser que les conditions de la vie y sont plus faciles et plus variées que dans les régions polaires. Pour la faune ichtyologique de celles-ci, on peut être frappé en effet du nombre rela- tivement restreint des espèces et non moins de celui des groupes d'ordre supérieur représentés; mais la quantité des individus peut compenser cette pénurie apparente, à en juger par la quantité prodigieuse d’exem- plaires recueillis par la Mission. ÉNUMÉRATION DES ESPÈCES FAISANT PARTIE DES COLLECTIONS ICHTYOLOGIQUES RAPPORTÉES PAR LA MISSION DU CAP HORN (:). 1. ScyLLium cHiLeNse Guichenot. CRM ne CCE ee) Ce Squale appartient aux Scylhum chez lesquels les valvules nasales ne sont pas confluentes, ne présentent pas de cirrhes, chez lesquels on observe en même temps un sillon labial très distinct, s'étendant sur la moitié de la longueur de l’une et l’autre mâchoire. Ces caractères ne se trouvent réunis que sur les Scylium bivium Smith et Scyllium chilense Guich. Ces deux espèces ne nous sont malheureusement connues que (2) Il n’est pas inutile de rappeler que cette énumération est incomplète par suite de la perte d’un certain nombre d'exemplaires arrivés en trop mauvais état de conservation pour pouvoir être déterminés avec certitude. POISSONS. Cu par les descriptions données par M. Smith et M. Günther; le Muséum possède, il est vrai, l’exemplaire décrit par Auguste Duméril sous le nom de Scyllium bivium Smith, mais on ne peut le regarder comme un type réel. Voici le résumé comparatif, qu’on peut établir, des caractères diffé- rentiels de ces deux espèces. Valvules nasales Dents. Sclérites cutanés dorsaux. Seconde dorsale. Base de l’anale. Couleur. SexLLium BIvIum Smith. Tournées en dehors et en haut. Non (rès petites; celles de la mächoire inférieure à pointes latéralesnullesou très peu distinctes. Égaux à ceux du tronc. Généralement plus grande que la première. Supérieure à la moilié de la distance, qui la sépare de la caudale. Noir brun uniforme (Gün- ther). Brun jaunâtre en dessus avec de grandes taches brunes sur le dos (deux) et sur la queue (quatre); les espaces in- termédiaires, plus petits que les taches elles- mêmes, couverts de pe- tites taches sombres. (Müller et Henle). SCYLLIUM CHILENSE Guich. Avec une torsion vers le bas. Très petites; celles de la mâchoire inférieure à pointes latérales nulles. Formant deux bandes un peu plus fortes que celles du tronc. Egale à la première. Notablement moindre que la moitié de la distance, qui la sépare de la cau- dale. Des taches noires trans- verses, irrégulièrement rhombiques, aux parties supérieures, deux sur le tronc, quatre sur la queue, avec un semé de petites taches noires in- termédiaires. in l’absence de figures, le premier de ces caractères n’est pas très C.12 MISSION DU CAP HORN. facile à interpréter; chose d'autant plus fâcheuse que, dans les des- criptions données par M. Günther, il est écrit en italiques pour indi- quer son importance comme caractère différentiel. Je ferai remarquer aussi que, Les exemplaires examinés, un pour chaque espèce, étant des animaux secs, la forme des valvules nasales a pu être singulièrement altérée; au moins sur les spécimens, rapportés par la Mission du cap Horn, observe-t-on une grande différence sous ce rapport entre les ani- maux en peau et ceux conservés dans la liqueur. Pour la constitution des dents à la mâchoire inférieure, on trouve de très grandes variations suivant la taille et peut-être le sexe. Sur les grands exemplaires, tous mäles, elles sont plutôt longues, grandes, avec des pointes latérales nulles ou peu développées, excepté les médianes, qui sont plus petites et nettement tricuspides. Pour les individus moins grands, tous femelles, ces mêmes dents sont nette- ment tricuspides sur toute l'étendue de la mandibule. Un individu d'assez grande taille, en si mauvais état que le sexe n’a pu être déter- miné, et dont les dents détachées des cartilages ont été recueillies sans qu'il fût possible de reconnaitre le point préeis des mâchoires sur lequel chacune d'elles était placée, présente ces organes (!) ayant de chaque côté une forte dentelure et des sortes de festons à la partie basilaire échancrée. Nos exemplaires se rapprocheraient done plutôt sous ce rapport du Scylhium bivium Smith. La même remarque s'applique à la disposition des selérites, qu’on ne trouve pas sur nos exemplaires plus développés à la partie dorsale. Ils sont pédonculés; la lamelle présente une faible carène médiane se prolongeant en pointe en arrière. La seconde dorsale est à très peu près égale à la première et la base de l’anale est sensiblement plus grande que la moitié de la distance qui la sépare elle-même de la caudale, chez les mâles au moins, car chez les femelles elle est presque égale à cette même dimension. Les mesures sont données d’après les individus conservés dans l'alcool; pour les individus en peau, par suite de la rétraction inégale des tis- sus, les résultats de l'examen sont contradictoires. (1) PL, fig. ve. POISSONS. C.13 Quant à la disposition des taches, elle est conforme à la description donnée, pour le Scyllium chilense Guich., par M. Günther, ou à celle donnée par MM. Muller et Henle pour le Scylum bivium Smith, ces deux espèces ne paraissant pas différer sous ce rapport. D’après les maquettes coloriées, prises sur le frais, la teinte du fond est gris-souris aux parties supérieures, päle lavé de rose, surtout pour les nageoires, aux parties inférieures; iris doré, pupille en fente verticale, noire. C’est en résumé au Scyllium chilense Guich. que doivent être, je crois, rapportés ces animaux, et les quelques caractères mixtes qu'ils pré- sentent peuvent faire penser que le Scyllium bivium Smith n’est pas une espèce distincte. Des réserves doivent cependant être faites, jus- qu’à ce qu'on ait pu comparer les exemplaires types. Les œufs (*) rappellent beaucoup par leur forme et leurs dimensions ceux des Roussettes de nos côtes : les stries des bords sont peu mar- quées. D'ailleurs ceux que j'ai pu examiner n’ont peut-être pas revêtu tous leurs caractères, car ils ont dù être pris dans l’oviducte : on peut le présumer, du moins, d’après l’état encore filamenteux des prolonge- ments filiformes, attachés vers Les coins postérieurs répondant à l’ori- fice de sortie du petit. Le Scyllium chilense Guich. est commun dans ces régions; une douzaine d'individus, dont dix en parfait état (sept dans l'alcool), ont été rapportés. Leur taille varie de o", 5o à 0,75; les plus petits exemplaires, on l’a vu, sont tous des femelles. Baie Orange. Nom fuégien : Kayacnar ou Kavacæava. 3. ACaAnTHIAS LEBRUNI OP. sp. (CAM 0e, 26) 0) Cette espèce se rapproche beaucoup, pour la forme et l'aspect général, de l’Acanthias vulgaris (L.) Risso, mais s’en distingue suffi- samment par la dentition. Si les dents inférieures à pointe couchée rappellent celles de l’espèce typique, les supérieures font passage à (1) PL 1, fig. 17. C.14 MISSION DU CAP HORN. celles des Spënax ou des Centroscyllium, la pointe médiane étant plus ou moins redressée et les parties latérales bombées formant de chaque côté une élévation, qui rend la dent en quelque sorte tricuspide. Cette particularité, bien visible sur un grand exemplaire long de 7007, l’est beaucoup moins sur les petits individus où les dents sont tran- chantes à l’une et l’autre mâchoires, sauf une médiane nettement tri- cuspide. Les aiguillons n’offrent pas de sillon latéral et le second est à peu près de même hauteur que la nageoire. La coloration, d’après la maquette, est lie de vin, passant au sombre sur le dos, avec quelques taches claires. Iris jaune d’or ("). Outre l'individu décrit comme type, la collection en renferme six petits, dont la grandeur varie de 280" à 230", Baie Orange : Punta-Arenas. Nom fuégien : Kaïss ou Kaïcrs. 5. Rasa pRAcHyYURA Günther. (CA ss ue be) La détermination des espèces du genre Raja offre de si grandes dif- ficultés que, malgré certaines différences, je crois devoir rapporter à ce type les exemplaires, au nombre de deux (& et © ), recueillis par la Mission du cap Horn. Ces individus étant en peau, on se serait trouvé assez embarrassé pour juger des proportions, importantes à connaitre chez ces animaux, si heureusement il n'avait été pris une photogra- phie sur le frais, laquelle a servi fort utilement. M. Günther n'in- diquant point le mode de conservation des spécimens par lui obser- vés, il est possible que plusieurs des différences énoncées plus bas proviennent de ce fait. Le museau de notre individu est plutôt pointu; la largeur, au niveau des évents, étant à peine d’un quart plus longue que la distance (2) Un autre croquis, représentant un petit Squale désigné sous même nom fuégien, indique, avec l'iris brun, une pupille vert-émeraude, comme chez les Squales des grandes pro- fondeurs. Est-ce la même espèce ? Cela ne paraît pas probable, d’après ce que nous con- passons de l’Æcanthuas vulgaris (L.) Risso de nos côtes. Ne serait-ce pas plutôt le Spirax granulosus Günt.? POISSONS. C.15 spiraculo-rostrale ('}) et le bord antérieur du disque nettement con- cave. Espace inter-orbitaire supérieur au diamètre de l’œil plus l’évent et un peu moindre que la demi-distance oculo-rostrale (?). Dents aiguës, courbées, supportées par une base arrondie; au nombre de vingt-trois environ sur une rangée transversale pour le mâle, de trente et une pour la femelle. Queue, mesurée de la naissance des ventrales à l'extrémité libre, plus courte que la distance du premier point au bout du museau. Tête, ligne dorsale, bords du disque et partie supérieure de la queue semés de sclérites granuleux, aigus, à base profondément et radiaire- ment cannelée; une ligne de boucles sur la partie dorso-médiane de la queue et, de plus, chez le ©, quelques boucles le long de la ligne dor- sale, avec deux plaques en cardes, de trois rangées d'épines sur environ vingt et une en longueur, vers l’extrémité des ailes. La pré- sence de ces boucles et le volume des appendices copulateurs indi- quent un sujet certainement adulte. Couleur à la partie supérieure bistre ou sépia, plus accentuée chez la femelle, qui présente, en outre, des taches de même teinte, mais fon- cées, assez régulièrement disposées en quinconce; dessous blanc, lavé de rose aux nageoires ventrales et aux appendices copulateurs. Iris couleur chair, cerclé de brun, avec la palmette bleuâtre. Il serait impossible d’après les empaillés de donner les dimensions absolues d’une manière assez précise; tout ce qu’on peut dire, c’est que l'individu femelle parait d’un cinquième environ plusgrandequele mâle. Cette espèce diffère du Raja Lempriert Rich. par l'absence de boucles sus-oculaires. Baie Orange. Nom fuégien : Oucaëcuia. 6. Psammogaris runs Gunther. , Un petit exemplaire, dont le disque mesure 176%" de large, a été dragué à bord de la Romanche; il porte le n° 112. (1) Les termes spéraculo-rostrale, oculo-rostrale s'appliquent aux distances mesurées par une perpendiculaire abaissée du bout du museau sur la ligne qui joint soit les évents, soit les bords orbitaires antérieurs. E (2) La fig. x, faite d’après le sec, est fautive sous ce rapport. C.16 MISSION DU CAP HORN. 7. CaLLornyxcnus anrarcricus Lacépède. Un individu, long de 300", a été rapporté par M. Lebrun. Une ma- quette coloriée, due à M. Heimsch et remise par M. le lieutenant Ignouff, montre que ce Poisson est rosé sur le corps et les nageoires, blanc argenté à la partie ventrale; la teinte devient violet foncé le long du dos, à la base des nageoires paires, aux bords libres des nageoires impaires; quatre taches de cette même couleur se voient : deux sur chaque côté de la tête, dont une sous l’œil, l’autre au bord du battant operculaire, les deux dernières sur les flancs, l’antérieure étant au niveau de la dorsale à aiguillon. Cette teinte violet foncé se fond par- tout insensiblement avec le rose. Estuaire de Santa-Cruz de Patagonie. 8. Leproxorus BLainviLLEanus Eydoux et Gervais. Ce Poisson paraît très commun à la baie Orange. Il en a été rapporté une très belle série de douze exemplaires, parmi lesquels un mäle et deux femelles bien caractérisés, les autres étant de jeunes individus. Ceux-ci, d’après une maquette coloriée, sont annelés de blanc et de brun, ces derniers anneaux plus larges; l’opercule est rouge; iris blanc. Nom fuégien : Haoucn APPOuRRH 10. CLUPEA ARGUATA Jenyns. (PI. 2, fig. 2.) Le mauvais état des individus faisant partie de la collection du cap Horn rendrait la détermination de l’espèce assez difficile. Ils sont au nombre de quatre. Tous ont l'appareil branchial enlevé, opération qui à démonté les mâchoires; l'abdomen a été fendu pour enlever les viscères; ils ont subi un commencement de dessiccation. Cependant, si l’on a égard aux proportions du corps et de la tête, à la situation de la dorsale et de la ventrale, il est évident que ces Pois- sons se rapprochent du Clupea arcuata Jenyns et qu'on peut les POISSONS. C.17 regarder comme appartenant à cette espèce, surtout en les comparant à des individus bien conservés rapportés des mêmes régions par M. Lebrun. Pour les formules j'ai trouvé les nombres suivants, qui ne doivent être regardés que comme approximatifs : D To A T8 Te. lat. 43 Ces animaux ont été achetés dans cet état aux Fuégiens et pro- viennent de la baie Ponsonby (26 juillet 1883). M. le lieutenant Ingouff à trouvé en abondance ce même Clupea à Santa Cruz de Patagonie; « il se pêche à l’étale de la marée haute dans l'estuaire. Lors des grandes marées, il s’en échoue une grande quantité d'individus poursuivis par un poisson de forte taille », dont l’espèce n’a pu être déterminée. 11. MAUROLICUS PARVIPINNIS ROP. sp. (PI. 2, fig. 3, 32.) DAGEPAT ET Corps assez élevé, la hauteur ayant les deux neuvièmes de la lon- gueur (sans compter la caudale), l'épaisseur, le onzième. Tête un peu plus longue que le corps n’est haut : le museau en occupe le tiers, l'œil les deux septièmes. Bouche grande; l’inter-maxillaire allongé, comme soutenu par le maxillaire élargi, l’un et l’autre munis de dents fines au bord libre. Intervalle inter-orbitaire près de moitié du diamètre de l'œil. Origine de la dorsale vers les trois cinquiemes de la longueur, sa hauteur égale aux trois quarts de la hauteur du corps; adipeuse très basse, mais fort longue, plus de moitié de cette même dimension. Anale ayant son origine en arrière de celle de la dorsale. Caudale entièrement fendue en son milieu, précédée de petits rayons ful- croides. Pas d’écailles réelles, bien que le tégument porte un dessin hexa- gonal tres visible. Taches photodotiques légèrement enfoncées, for- Mission du cap Horn, VI. C.3 C.18 MISSION DU CAP HORN. mant, de chaque côté de la ligne ventrale, deux rangées très régulières sur la tête et le tronc, une seule sur le pédoncule caudal. Dans l’état actuel de conservation, la couleur est brun rougeûtre à la partie tout à fait supérieure, argentée sur le reste du corps; les nageoires sont incolores, sauf la caudale à la base de laquelle se voit une ligne verticale foncée. D’après une note prise par les membres de la Mission, l’iris est jaune mordoré. min ILORETEUP 6 0000000005000009%00000000040-0000020%200 44 HAUENPo o0obo0voedooonoubro00oo%en0 000000000000 00 10 ÉPAISSEUR 2 EUR INTERNE TEE, AR EANE REP A ere Re PR ONE j Loncrenr de If es cs c0606250600oa0a0bsouovsovavane 12 Longueur delanageoire Caudalie 8 ILOMENIEUNR CT MEANS 0 000005001000060000h0505000a000 4 Diamètre de l'@ile AREA RARE RENE PRE 9,5 2 N° 84-878 Coll. Mus. Ce petit Maurolicus ressemble beaucoup à ses congénères et se rap- proche en particulier du Maurolicus amethystino-punctatus Cocco. Il se distingue toutefois des espèces jusqu'ici connues par le petit nombre des rayons de ses nageoires dorsale et anale, aussi bien que par les dimensions de son adipeuse. Deux exemplaires ont été trouvés à la baie Orange, l’un, en mé- diocre état, sur la plage. Nom fuégien : VoaLaAkAGI. 14. Garaxias macuLaTus Jenyns. Corps entièrement bistre très clair, avec les taches de même teinte plus foncées, presque noires à la région antérieure; ventre blanc argenté; une ligne jaune de chrome longitudinale vers le tiers infé- rieur de la hauteur, partant de l’opercule, qui est lavé de cette couleur, et finissant avant l’anale. Iris rouge mordoré. Ce Poisson paraît excessivement commun à la baie Orange, dans les eaux douces, où il a été trouvé en octobre et décembre 1882, en mai 1853. Les plus grands individus mesurent 110% à 120". POISSONS. C°19 45. GaLaxias ATTENUATUS Jenyns (?). Les nombres des rayons pour la dorsale et l’anale, la forme générale rapprochent du Galaxtas attenuatus Jen. cinq individus trouvés à la baie Orange avec les précédents; mais ils sont si petits (le plus grand mesure 9% de longueur totale), l'aspect est tellement celui d’un fretin, presque celui d’un alevin, que la détermination ne peut être faite d’une manière précise. En tous cas, ils ne peuvent être confondus avec les individus de même taille du Galaxias maculatus Jen. Ces animaux sont, dans la liqueur, uniformément grisâtres, la ligne latérale indiquée par une série de ponctuations noires; des ponctua- tions analogues forment deux sortes de bandes, l’une médio-dorsale, l’autre médio-ventrale. 18. GExYPTERUS CHILENSIS Guichenot. Quatre exemplaires, deux conservés dans la liqueur, deux en peau, font partie des collections de la Mission du cap Horn. Ils sont d'assez grande taille, car un des individus ne mesure pas moins de 450". D’après la meilleure des maquettes rapportées, la couleur générale du Poisson serait rouge, devenant orange sous la gorge et le ventre; des marbrures noires et blanches, nombreuses surtout aux parties supérieures, couvrent tout le corps et le dessus de la tête. Nageoires brun foncé; barbillons rouge pâle. Iris rouge vif, cerelé de blanc. La coloration pourrait d’ailleurs subir de notables variations, car un autre individu est figuré presque uniformément chair pâle. Sur un des exemplaires je compte six cæcums pyloriques d’un côté, quatre de l’autre. La ligne latérale est bien visible. Ces poissons proviennent de la baie Orange; le premier des dessins cités porte : baie Indienne, île Hoste (30 mars 1883). Nom fuégien : Ymakara ou Himaknara. C.920 MISSION DU CAP HORN. 19, MuRÆNOLEPIS ORANGIENSIS 20. Sp. (PL. 4, fig. 2, 24, 26.) Ce petit Poisson, quoique un peu jeune, si on en juge par la taille, me paraît cependant devoir être regardé comme distinct du type géné- rique de l’ile Kerguelen décrit par M. Günther sous le nom de Muræno- lepis marmoratus. Ses proportions sont assez différentes, la hauteur n’étant que le neu- vièeme de la longueur, au lieu du cinquième ou du sixième; la tête est un peu supérieure au sixième de cette même dimension. Malgré la petitesse de l'individu, les dents sont bien distinctes aux mâchoires. L’œil est visiblement plus grand que l’espace inter-orbitaire. L'anus se trouve à une distance de la tête un peu supérieure à la longueur de celle-ci. On compte quatre rayons à la ventrale, deux plus développés bien visibles. Il n°y a pas trace d’écailles : cela peut tenir à ce que l'individu est encore trop peu développé. Dans l’état actuel de conservation, le corps est gris rougeûtre, cou- vert d’une multitude de ponctuations noires, visibles seulement à la loupe; abdomen d’un noir profond, ce qui dépend, sans doute, de la teinte du péritoine. L'iris, d’après une note prise sur le frais, est d’un jaune pâle. mu ILONAMENP, socooocoooo000v0ovogoro00a0dovo2000300000 63 REURENP o0aosoosvoododaeso co ele Cie ie ee tele 7 ANR ooocococoodoscavot ANNALES MERE RIT 3 Lonsour de le (IE: 0 0o109201020050000vaboa9p0vcuce 11 Longueur de la nageoire caudale ..... daogoëagbe 5090000 ? Longueur du museau............. ee retail UT 3,5 Diamètre de l'œil............... SOS AS UNS 3-2 SAC IEC ENEL08 00 00 5062 5o000000005000%0p008 2 N° 84-819, Coll. Mus. Baie Orange. Nom fuégien : Vazuien Lir ou Vakoucaur. POISSONS. C.21 20. MerLucarus Gavr Guichenot. Les couleurs de ce Poisson les rapprochent beaucoup de notre Her- luccius vulgaris (L.) Flem.; peut-être plus pâle sur le dos, il est argenté sur tout le reste du corps; tête lavée de bistre; nageoires dorsale et anale d’une teinte sépia. Iris blanc, argenté, cerclé de brun ou doré. L'intérieur de la bouche ne semble pas être d’un noir intense comme dans l’espèce commune. Le Merluccius Gayt Guich. ne parait pas rare dans ces parages : plusieurs exemplaires, dont quelques-uns mesurent plus de 550% de longueur totale, ont été capturés à la baie Orange. Nom fuégien : Yaparkama. 24. Lycopes Lariraxs Jenyns. COS NES) Une fort belle série d'exemplaires, mesurant : les plus petits 6o"", le plus grand 360%, a été rapportée par la Mission du cap Horn, ce qui nous permet de figurer ici l'animal adulte. Le plus gros était cou- vert d’une mucosité épaisse concrétée par l'alcool, ce qui indique chez ces Poissons une sécrétion cutanée très abondante. Ils proviennent de la baie Orange, du New Year Sound et de diffé- rents dragages. 25. Lycones rIMBRIATUS Jenyns. Deux individus, mesurant 124"" de longueur totale. Baie Orange, sans doute, car ils ne portent pas indication de localité précise. 26. Lycones variEcarTus Günther. Quatre individus, dont trois en médiocre état, représentent cette espèce; tous sont de petite taille : environ 70 de longueur totale. La teinte prise d’après le frais est sépia clair sur la tête, un peu plus G°22 MISSION DU CAP HORN. foncé sur le dos, la partie postérieure du corps, les nageoires dorso- anale et pectorales ; des taches disséminées çà et là sont de cette même teinte, mais encore plus accusée; enfin, sur la tête, une ligne horizon- tale oculo-operculaireetuneautre, obliquement descendante antérieure, oculol-abiale, sur le bord de la dorsale antérieurement cinq à six taches marginales, sont presque noires; ventre pâle. Iris jaune d’or. Dragués par la Romanche en décembre 1882. 32. ATHERINICHTHYS LATICLAVIA Cuvier Valenciennes. Deux individus ont été rapportés de Rio Pesca (Patagonie) par M. Lebrun. ENANTIOLIPARIS nov. gen. ("Evarrt, à l’opposite; Ziparis, Liparis.) Liparidibus persimules, nist impares pinnæ continuæ sunt et radu infe- riores liberi pectoralhbus haud reperiuntur. M. Fischer a dernièrement décrit, sous le nom de Ziparis Steineni, un Poisson qui, avec l'espèce décrite ci-après, me parait devoir constituer un genre particulier des Discoboli et représenterait, dans la faune antarctique, les Liparis des régions polaires boréales, fait d’équiva- lence géographique fort intéressant, sur lequel cet auteur a déjà fixé l'attention. Ces Poissons doivent être distingués des vrais Liparis Art. Chez ceux- ei les nageoires verticales peuvent être contiguës, mais ne sont pas réellement continues et ils présentent des rayons pectoraux inférieurs libres et prolongés. Ce dernier caractère se rencontre également chez les Careproctus Kr., lesquels ont les nageoires verticales continues comme les Enantioliparis. 34. ENANTIOLIPARIS PALLIDUS 20. Sp. (PL. 4, fig. 3, 34, 3b) Les dragages opérés par la Romanche ont rapporté deux poissons de petite taille, 40% à 5o%®, qu’on peut juger, quoiqu'ils soient en mé- 92 POISSONS. C:23 diocre état, comme se rapportant à une espèce différente de celle décrite par M. Fischer. Le corps est plus élevé, la hauteur étant supérieure au quart de la longueur; le museau ne fait pas le tiers de la tête et est presque double du diamètre de l'œil, qui est contenu près de trois fois dans l’espace inter-orbitaire. Les nageoires impaires sont complètement unies, sans qu'il y ait de caudale distincte; leur état ne permet pas d'apprécier exactement le nombre des rayons; la dorsale commence un peu avant l'extrémité de la pectorale, mais en tous cas, en arrière de sa base, l’origine de l’anale est encore plus reculée. Les pectorales, qui ne comptent pas plus de vingt rayons, se prolongent fort en avant sous la gorge, arrivant au contact l’une de l’autre; il n’y a pas de rayons inférieurs isolés et pro- longés: l'extrémité de cette nageoire est loin d’atteindre l’anale. Le disque ventral paraît très peu plus large que long, 5,7 sur 52,5, encore faut-il tenir compte de la mollesse de cet organe, dont le liquide conservateur a pu altérer la forme. La couleur était sur le frais d’un gris rosé ou blanchätre, lavé d’une teinte légère sépia sur la tête et à la base des pectorales. mm LORS à ooouonvcovcoodoovoscooococcosc net eo relle 42 ÉRMIENT.cooccocosconcooscacoooacooovcsooocorace TS Épaisseuc mere eee nc de Plone once 13 Longueur de 1 fli@ssocococoucovocoogoocoscovcoscoue 10 Ponsueurdelannageoirelcaudale.. "A ""re "ren 2 Loncuenr dit MUC, c20060000c00d000e00co0060ec00ce 3,5 Demetre dolls sconooocccsoccecbogocoseoeooococbe 2 BSpace unter ONDITAire meer FOOD CE 6 N° 84-841 Coll. Mus. Les deux exemplaires proviennent de la baie Orange et ont été pris en décembre 1882 par un fond de 28". Nom fuégien : OuKarA ALLA. 38. HarPAGIrER BIspinis Richardson. Cette jolie espece, dont la taille ne paraît jamais excéder 70" à 80%, semble excessivement commune sur tous les points explorés par \7 C.24 MISSION DU CAP HORN. la Mission et c’est par centaines que se comptent les exemplaires. Une fois quarante-quatre individus, une autre fois quarante-six ont été pris en même temps. On la rencontre sous les pierres à marée basse dans la baie Orange. 40. NoroTuENIA TESSELLATA Richardson. La coloration de ce Poisson serait marron plus ou moins rouge sur le dos, passant à cette dernière teinte ou à l'orange sur le ventre et la membrane branchiostège; les nageoires et la tête tirent sur le brun. Iris rouge plus ou moins vif, bordé de noir. Les maquettes n’indiquent pas les bandes ou taches, qui existent le long des flancs; elles n’ap- paraissent peut-être qu'après la mort de l'animal et l’action de la liqueur conservatrice. Ce Notothenia semble très abondant et une centaine environ d’exem- plaires ont été rapportés au Muséum, mais il est sans doute d’une con- servation difficile, car un bon tiers d’entre eux étaient en fort mauvais état. Nom fuégien : Srouxa. 41. NOTOTHENIA squamIrRONS Günther. C’est à cette espèce que je crois devoir rapporter deux grands exemplaires, dont un mesure 270%, confondus d’abord avec le précé- dent, mais l’œil est évidemment plus grand, le nombre des écailles de la ligne latérale plus considérable (75). L’écaillure répond bien à ce qu'indique M. Günther pour la tête, seulement l’espace inter-orbitaire est plus large, de très peu inférieur au diamètre vertical de l’œil, ce qui peut dépendre de l’âge de l'individu. C’est à cette même circon- stance qu'il faudrait attribuer, sans doute, la brièveté plus grande des pectorales, lesquelles se terminent bien avant d'atteindre l'anus. La comparaison avec les individus types de l’ile Kerguelen serait nécessaire pour décider d’une façon définitive si cette identité spéci- fique est réelle. Baie Orange. POISSONS. 6255 42. NoTOTHENIA LONGIPES Steindachner. Par l’ensemble de ses caractères, surtout l’acuité de son museau et son mode de coloration, un individu long de 60"", non compris la cau- dale, rappelle l'espèce décrite par M. Steindachner; seulement, les bandes noires transversales, étant interrompues en leur milieu par un espace clair, se décomposent en une tache dorsale et une ventrale. Pêché à bord de la Rormnanche, 26 juin 1883 (n° 119). 43. NororxeniA sima Richardson. Espèce assez abondante, draguée à bord de la Romanche (n° 41, 44, 85, 150, 152, 162) dans la baie Orange, rapportée aussi par la Mission à terre. D’après une maquette, sa teinte serait uniformément d’un brun rou- geâtre, plus foncé à la partie dorsale; ventre et gorge jaune orangé; deux bandes violettes partent de l’œil en rayonnant sur la joue et le battant operculaire; nageoires impaires sépia foncée; sur la queue, à chacun des bords supérieur et inférieur, trois ou quatre taches ou bandes verticales de cette même teinte; pectorales marron, ventrales grises ou brunes. [ris jaune rougeûtre. Nom fuégien : OucHounaya. 45. NoToTHENIA coRNucOLA Richardson. Espèce également fort commune; nombreux exemplaires provenant de la baie Orange, de la Mission à terre et des dragages. 45 bis. NoTOTHENIA coRNUCOLA (var. wrgata) Richardson. Variété moins répandue, semble-t-il, que le type, car la Mission n’en a rapporté qu’une dizaine d'exemplaires. M. Steindachner, le premier, a regardé le Notothenia virgata Rich. comme devant être réuni au Notothe- Mission du cap Horn, NI. C.4 C.26 MISSION DU CAP HORN. nia cornucola Rich., dont il ne diffère guère que par la coloration et sur- tout la présence d’une bande médiane longitudinale pàle.Cette opinion paraît d'autant plus justifiée que, chez le jeune, cette bande n'existe souvent pas, comme j'ai pu le constater. Baie Orange et Mission à terre. 45 ter. NoTOTHENIA coRNucOLA (var. narginata) Richardson. On est assez d'accord pour ne voir dans le Notothenia marginata de Richardson qu’une variété de coloration de son Notothenia cornucola, variété remarquable par sa nageoire sombre bordée de clair. Cette livrée se rencontre sur quelques individus pris à la baie Orange et par la Mission à terre. C’estencore au Notothenia cornucola Rich. que je crois devoir rappor- ter une série d'exemplaires pêchés au sud de l’ile Gable (canal du Beagle), dans le dragage n° 111 : leur état de conservation est trop imparfait pour qu’on puisse les déterminer exactement. D’après une maquette coloriée, 1ls sont uniformément d’un beau rouge carmin, sauf des espaces jaune clair sur la dorsale et l’anale, et une bande de même teinte parallèle au bord libre de la caudale. Iris gristre et argenté, avec un petit cercle intérieur rouge vermillon vif bordant la pupille. Nom fuégien : Oumoucn. 46. NOTOTHENIA CYANEOBRANCHA Richardson. Deux individus, assez différents de tous les autres, me paraissent devoir être rapportés à cette espèce; toutefois, comme ils sont de petite taille (le plus grand mesure 120" et l’exemplaire décrit et figuré par Richardson atteignait 267"), l’assimilation reste douteuse. Baie Orange. POISSONS. (Co 50. NoToTHENIA MACROCEPHALA Günther. (PL. 3 Jig. 2, 2€, DD, 26, 24.) Ce Notothenta se distingue à première vue de toutes les autres espèces par la petitesse de l’œil, qui équivaut environ au quart de l’espace inter-orbitaire et au tiers du museau; la tête a une forme globuleuse caractéristique, elle est finement écailleuse jusqu’au niveau des yeux. Bien que le Notothenia macrocephala ne soit décrit que d’une manière succincte par M. Günther, cependant je crois qu’il ne peut y avoir doute sur l'identité spécifique. Certains individus n’ont que quatre épines dorsales au lieu de cinq; la formule des écailles donne 8/63/17. Les exemplaires, au nombre de sept, proviennent tous de la baie Orange. Un certain nombre de maquettes, se rapportant à des espèces, qu'on n’a pu déterminer, du genre Notothenia, indiquent chez ces animaux des colorations d’une variété et d’une richesse dont les individus en collection ne peuvent donner aucune idée. 51. Caænicuravs Esox Günther. Malgré quelques légères différences, les individus dont il est ici question paraissent devoir être rapprochés de l'espèce établie par M. Günther. Sur ces exemplaires la mâchoire inférieure est à peine égale, plutôt un peu plus courte que la supérieure. Je ne vois sur l’opercule qu'une épine, bifurquée assez près de sa base et se dirigeant directement en arrière. La seconde ligne latérale commence plus en avant, au moins sous le huitième avant-dernier rayon de la seconde dorsale. Il faut d'autant moins avoir égard à ces particularités que la des- cription du savant ichtyologiste du British Museum a été faite sur un individu en peau. D’après une maquette prise à bord du Volage, la teinte est sépia sur le dos, bleuâtre aux parties inférieures, les nageoires et les taches de C.28 MISSION DU CAP HORN. la première teinte, claire pour celles-ci, foncée pour celles-là. Iris jaune doré. Canal du Beagle et baie Orange (23 mars 1883), cap Froward. Les plus grands exemplaires mesurent 260", non compris la nageoire caudale. Nom fuégien : Tsaraxr. 53. Corrorerca RoseNBERGI Steindachner. (CODE CO ONCE CON CES CN CE) Dans le premier classement, cette espèce avait été méconnue, la figure donnée par M. Steindachner (') paraissant indiquer un poisson plus allongé, à tête plus courte, que les exemplaires que nous pos- sédons, et surtout ne montrant pas les singuliers prolongements cutanés qui ornent les flancs et forment des groupes composés de un à cinq filaments blanc jaunâtre, espacés sur une ligne courant vers le tiers inférieur de la hauteur. Il est fait mention dans le texte de ces prolongements et de ceux qui ornent la tête; c’est le globe oculaire lui- même, écailleux en ce point, qui, chose singulière, supporte un tenta- cule, lequel n’est pas ici placé au-dessus de l'orbite comme chez les autres Poissons, les Scorpæna par exemple, où l’on rencontre des appendices analogues. La couleur de cet animal serait d’un beau rouge sur les parties supé- rieures, blanche ou jaunâtre sur le ventre avec des taches d’un brun sépia; c'est le système de coloration des Cottes, des Scorpènes, etc. Iris vert. é L'individu type provenait de la côte Ouest de la Patagonie; les nôtres, au nombre de cinq, viennent de l’île Gable, de la baie Orange et de la rade de Gorée (au sud-est de l’île Navarin). Nom fuégien : Yakouroum. 54. Errenus maczovnus Cuvier et Valenciennes. Ce Poisson peut atteindre une taille considérable, jusqu'à 750", et peser plus de 2'5. (1) Zchthyologische Beiträge, WI, PI. V, fig. 5. POISSONS. C.29 Les teintes présenteraient certaines variations, les parties supé- rieures étant bistre ou gris bleuâtre, parfois très clair, le ventre pâle; les nageoires sont plus foncées, sauf l’anale qui tire sur le rose; dans le cas où la teinte générale est claire, la ligne latérale apparait en sombre et un trait noir descend verticalement au-devant de l’œil pour gagner la commissure labiale. Iris rouge plus ou moins foncé. Baie Orange, Santa Cruz, Punta-Arenas. « Ce Poisson, très commun dans l'estuaire du Santa Cruz, se prend sur les bancs de sable et de vase à l’étale de haute mer; un coup de seine en rapporte parfois une centaine de kilogrammes. La chair, assez fade et molle, devient sèche à la cuisson. » Nom fuégien : Hramouon. 58. Tavrsires ATUN Cuvier et Valenciennes. Un exemplaire, long de près de 1°, a été pêché à la baie Orange et rapporté. A bord de la Romanche un individu, peut-être, de la même espèce, a été pris à la baie Tilly (détroit de Magellan), mais il était dévoré par des Myxines, renfermées avec lui dans le tramail, aussi le dessin, seule chose qui nous en soit connue, présente-t-il certaines inexacti- tudes et ne permet pas une détermination précise. 59. SERIOLELLA POROSA Guichenot. La Mission a rapporté de la baie Orange un Poisson scombriforme, mais en peau, ce qui en rend l'étude assez difficile; il se rapporte cependant, sans aucun doute, au genre Seriolella Guich. Cet animal est d’assez grande taille, ne mesurant pas moins de 440", non compris la caudale; la hauteur fait les deux neuvièmes de la lon- gueur; l'épaisseur est moitié moindre, d’après des mensurations faites sur le frais. La longueur de la tête égale la hauteur du corps; le museau, arrondi, en occupe les trois onzièmes; bouche médiocre transversale, le maxillaire dépasse de très peu le bord antérieur de l'œil, les mâchoires sont faibles, armées de petites dents mousses, voûte pala- C.30 MISSION DU CAP HORN. tine inerme. OEil assez développé, occupant le cinquième de la longueur de la tête; l’espace inter-orbitaire est de moitié plus grand. Les sous- orbitaires forment une bande, peu élargie, autour de l’orbite et ne se prolongent pas jusqu’au préopercule. Orifice branchial large, mem- brane branchiostège libre, supportée par sept rayons. Le préopercule s'étend fortement en bas donnant une courbe arrondie; l’opercule se prolonge légèrement en arrière en angle peu aigu. Le dessus de la tête est couvert d’une peau granuleuse; il est difficile de savoir si elle sup- portait ou non des écailles. On ne voit pas nettement celles-ci sur les joues, quoiqu'il y ait une sorte de réticulation pigmentaire indiquée sur l’une des maquettes. La ligne latérale est continue, placée vers le tiers supérieur du corps sur la plus grande partie de la longueur; tout à fait en arrière, sur le pédoncule caudal, elle gagne le milieu de la hauteur. Anus très reculé, quelque peu en avant du tiers postérieur. C’est surtout pour la disposition et la composition des nageoires que l’état de l'animal met obstacle à une étude un peu complète. En s’ai- dant des maquettes, dont une surtout est faite avec beaucoup de soin, on reconnait qu'il existe deux dorsales : l’antérieure, basse et très courte, est formée de quatre ou cinq épines, faibles, peu élevées, reliées par une membrane; la postérieure, dont l’origine se trouve très peu en arrière de la précédente et à une distance du bout du mu- seau égale environ à une fois trois quarts la longueur de la tête, est au contraire fort allongée, près de moitié de la longueur totale, et plus élevée. L’anale lui ressemble, mais est moitié plus courte, se terminant d’ailleurs au même niveau. Caudale fortement échancrée. Pectorales falciformes, dépassant l’origine de la seconde dorsale; ventrales peu développées, nettement en arrière des précédentes, sans être toutefois franchement abdominales. -Corps d’un beau bleu grisâtre sur le dos et les joues, argenté sur le ventre; le dessus de la tête et toutes les nageoires bistre, ainsi qu’une tache carrée au-dessus du pli operculaire. Iris bleuâtre. Une autre maquette indique les nageoires comme rougeâtres, ainsi que l'iris. Baie Orange, assez commun, en mai 1883. Nom fuégien : Laçarx” ou Lassaræ”. POISSONS. Cal 60. Aconus ciLoensis Jenyns. A l’état frais, ce Poisson est d’un bistre clair avec des teintes sépia foncée sur les côtés de la tête et six ou sept bandes verticales de même couleur entourant le corps; la première de celles-ci est immédiatement derrière la nuque et la plus étroite, la deuxième s’étend un peu sur la première dorsale, la troisieme répond à l'intervalle qui sépare les nageoires supérieures, les deux suivantes à la seconde de celles-ci, les deux dernières se trouvent sur le pédoncule caudal. Plusieurs individus ont été capturés, toujours dans des dragages. Baie Orange, canal du Beagle. Nom fuégien : AayakicH. 61. Acriopus mispipus Jenyns. Un individu, dragué par 26" de profondeur, le 4 janvier 1883, était d’une teinte sépia claire, sauf une bande plus foncée le long du dos, de petits traits rayonnants autour de l’œil et des ponctuations assez régulièrement alignées sur toutes les nageoires, les joues, la poitrine et le ventre; la teinte générale est lavée de rouge sur quelques points. Dans son état actuel de conservation, l’exemplaire mesure 42", dont 9% pour la queue. La maquette le figure un peu plus grand (682%, dont 13% pour la queue). Baie Orange. Nom fuégien : Tours MammAcnou. 64. Percicurays Lævis Jenyns. Le corps est brun verdâtre aux parties supérieures, blanc sous le ventre; les nageoires sont de la première de ces teintes. Iris rougeñtre. Santa Cruz. « Ce Poisson, d’un goût très délicat se pêche dans le haut du fleuve; on le trouve cependant de temps à autre à mer basse dans l'estuaire, aux grandes marées, alors que les eaux sont presque douces. » C39 MISSION DU CAP HORN. 66. MyxNE ausrrauis Jenyns. Je ne puis qu'insister ici sur la faiblesse des caractères qui distin- gueraient cette espèce du Wyxine glutinosa Lin., point sur lequel Jenyns a déjà attiré l'attention. M. Günther a indiqué dans son Catalogue une particularité, qui ne serait pas sans valeur, tirée du nombre aussi bien que de la disposition des odontoides composant les mâchoires : on en trouverait dix ou onze dans l'espèce antarctique, les trois postérieurs à la mâchoire externe, Les deux correspondants à l’interne Les plus déve- loppés et soudés à leur base. Ce caractère ne se vérifie malheureuse- ment pas sur nos exemplaires. Je ne trouve partout que deux odon- toides soudés, et le nombre de ceux-ci varie de huit à dix à l’une et l’autre mâchoire, comme pour le Myæine glutinosa Lin. La forme du corps, le plus ou moins d’écartement des trous bran- chiaux, l’élévation de la nageoire caudale, la coloration ne paraissant pas avoir une bien grande importance pour des animaux dont la con- tractilité est si grande, on doit regarder ce Poisson comme une simple variété de l’espèce linnéenne. Les œufs mûrs, pris dans le corps de l’animal, mesurent 17%" de long sur 4"%,5 de diamètre, leurs extrémités sont hémisphériques, encore simples. D’après une maquette faite à bord du Volage, la couleur est d’un beau violet, pâle sous le ventre. Très commun sur tous les points et rapporté de la baie Orange, du New Vear Sound, de Punta-Arenas. Certains individus mesurent au moins 600%, « Cet animal s’introduit dans les tramails et dévore les autres pois- sons, qui s’y trouvent pris; il s'attaque d’abord à l’abdomen et ne laisse subsister que la tête, la queue et les arêtes. » Nom fuégien : CakouraouÉLIK. POISSONS. C.33 APPENDICE. Tous les Poissons récoltés ou vus par la Mission du cap Horn, la remarque en a été déjà faite, n’ont pu prendre place dans cette liste, soit que les indi- vidus fussent en trop mauvais état de conservation pour être déterminés, ainsi un petit Pleuronecte, soit qu'il s'agisse de maquettes transmises sans exem- plaires à l’appui. Cependant je crois devoir signaler parmi ces dernières un croquis exécuté, sous la direction de M. Ingouf, commandant le Volage, par M. Heimsch, deuxième maître mécanicien. Il représente, vu de côté et de dos, un animal d'une forme assez caractéristique pour qu'on puisse le rapporter, sans trop de hardiesse, au genre Cyclopterichthys fondé par M. Steindachner pour le C. gla- ber Steind., pêché dans la mer d'Okhotsk. Le poisson pris par le Volage est également diodoniforme, avec une seule dorsale courte, très reculée, répon- dant à une anale de même aspect. Les proportions générales en sont très exactement données : la longueur totale était de 3602; la hauteur du corps et la longueur de la tête égales, 15o"®; celle-ci occupe donc un peu plus des deux cinquièmes de la première, tandis que dans l'espèce typique elle n’en fait que le tiers. Ce caractère paraît suffisant pour justifier une distinction spécifique et je proposerais d'appeler ce nouveau poisson le Cyclopterichthys amiss us. Tout le corps est de couleur lie de vin clair, parsemé de taches de la même teinte beaucoup plus foncée, passant sur la joue au brun. Iris jaune doré. Il provient de la baie Tilly (détroit de Magellan). TABLE ALPHABÉTIQUE DES ESPÈCES DÉCRITES. Pages Pages 3. Acanthias Lebruni n.sp......... 13 | 38. Harpagifer bispinis Rich. ........ 23 60. Agonus chiloensis Jen............ 31 | 8. Leptonotus BlainvilleanusEyd.etG. 16 61. Agriopus hispidus Jen........... 31 | 95. Zycodes fimbriatus Jen........ oo Ai 32. Atherinichthys laticlavia CG. V.... 22 | 24. — latitans Jen............. 21 7. Callorhynchus antarcticus Lacép.. 16 | 26. — variegatus Günt........ 21 51. Chænichthys esox Günt.......... 27 | 11. Maurolicus parvipinnis n. sp..... 17 10. Clupea arcuata Jen. ............ 16 | 20. Merluccius Gayi Guich.......... 21 53. Cottoperca Rosenbergü Steind.... 28 | 19. Murænolepis orangiensis n. Sp.... 20 54. Eleginus maclovinus C. V........ 28 | 66. Myxine australis, Jen....... 0000 34. Enantioliparis pallidus n.g.etsp. 22 | 45. Notothenia corrucola Rich........ 25 15. Galaxias attenuatus Jen......... 19 | 4bter. — — (var.marginata). 926 14. — maculatus Jen. ........ 18 | 4bis. — — (var. virgita)... 925 18. Genypterus chilensis Guich....... 19 | 46. — craneobrancha Rich... 26 Mission du cap Horn, VI. C5 C.34 MISSION DU CAP HORN. Pages 42. Notothenia longipes Steind....... 25 | 6. Psammobatis rudis Günt..!...... 15 50. — macrocephala Günt... 27 | 5. Ra brachyura Günt............ 14 43. — Gras RGiovoosocosoo 25 1. Scyllium chilense Guich.......... 10 41. — squamifrons Günt..... 24 | 59. Seriolella porosa Guich.......... 29 40. — tessellata Rich. ...... 24 | 58. Thyrsites atun Euph............. 29 64 Percichthys lævis Jen............ 31 EXPLICATION DES PLANCHES. (A moins d'indication contraire, les figures sont de grandeur naturelle). PLANCHE 1. Fig. 1. Scyllium chilense &, Guichenot. Réduit à moitié de la grandeur naturelle. Fig. 14. Tête vue en dessus. Fig. 1°. Tête vue en dessous. Fig. 1°. Dent prise à la màchoire supérieure. Grossiss. : 9 diam. Fig. 14, Dent prise à la mâchoire inférieure. Grossiss. : 9 diam. Fig. 1€. Dent prise sur un individu en mauvais état, de sexe indéterminé. Grossiss. : 9 diam. Fig. 17. Œuf. Fig. 9. Acanthias Lebruni n. sp. Réduit à moitié de la grandeur naturelle. Fis. 2%, Dent prise à la mâchoire supérieure. Grossiss. : 9 diam. Fig. 2. Dent prise à la mâchoire inférieure. Grossiss. : 9 diam. PLANCHE 2. Fig. 1. Raja brachyura ©, Günther. Réduit à moitié environ de la gran- deur naturelle; vu en dessus. Fig. 1. Le même, vu en dessous. Fig. 1°. Dents du même. Fig. 2. Clupea arcuata Jenyns. Fis. 3. Maurolicus parvipinnis n. sp. Grossiss. : 2,5 diam. Fig. 34. Dimensions réelles du même. POISSONS. PLANCHE 3. Fig. 1. Lycodes latitans Jenyns. # de la grandeur naturelle. Fig. 17. Tête du même, vue en dessus. # de la grandeur naturelle. Fig. 1°. Tête du même, vue en dessous. À de la grandeur naturelle. Fig. 2. Notothenia macrocephala Günther. Fig. 22. Tête du même, vue en dessus. Fig. 2. Tète du même, vue en dessous. Fig. 2e. Écaille des flancs. Grossiss. : 4 diam. Fig. 22. Écaille de la ligne latérale. Grossiss. : 9 diam. PLANCHE 4. Fig. 1. Cottoperca Rosenbergit Steindachner. Fig. 1*. Tète du même, vue en dessus. Fig. 1%. Tête du même, vue en dessous. Fig. 1°. Sagitta du côté droit, face supéro-interne. Grossiss. : 9 diam. Fig. 14. Le même: face inféro-interne. Grossiss. : 9 diam. Fig. 4°. Écaille du corps. Grossiss. : 9 diam. Fig. 17. Écaille de la ligne latérale. Grossiss. : 9 diam. Fig. 2. Murænolepis orangiensis n. sp. Fig. 24. Têté du même, vue en dessus. Grossiss. : 3 diam. Fig. 2. Tête du même, vue en dessous. Grossiss. : 3 diam. Fig. 3. Enantioliparis pallidus n. sp. Fig. 32, Le même, vu en dessus. Fig. 30. Le même, vu en dessous. ANATOMIE COMPARÉE. ANATOMIE COMPARÉE. I. MÉMOIRE SUR DEUX SQUELETTES DE BALEINOPTÈRES RAPPORTÉS DU CAP HORN, PAR Le D' H. Pauz GERVAIS, AIDE NATURALISTE, CHEF DES TRAVAUX ANATOMIQUES AU MUSÉUM DE PARIS. L'Anatomie des Cétacés à fanons, ou Mysticètes, quoique bien incom- plète sous beaucoup de rapports, a fait cependant de tels progrès depuis une vingtaine d'années que la question de savoir si les espèces de l’hémisphère Nord sont identiques à celles de l'hémisphère Sud, question posée depuis longtemps par les naturalistes et autrefois fort controversée, paraît aujourd'hui pouvoir être résolue d’une façon certaine. Nous savons, en effet, que les Baleines de notre hémisphère diffèrent des animaux du même genre fréquentant les mers du Sud; que la Balæna mysticetus, la Balæna biscayensis et le Rachianectes glaucus, d’une part, ont des caractères ostéologiques distincts de ceux de la M.4 MISSION DU CAP HORN. Balæna australs, de la Balæna antipodarum et de la Balæna marginata des régions australes. Quelques auteurs émettent l'opinion que le genre Mégaptère ne com- prend qu’une seule espèce, la Wegaptera boops, qui serait cosmopolite; nous croyons au contraire que ce Mysticète fréquente surtout l’hémi- sphère Nord et que le genre auquel il appartient est aussi représenté dans les mers du Sud par la Megaptera Lalandu, espèce fondée sur un jeune sujet et de laquelle se rapproche beaucoup par ses caractères le Cétacé que nous avons décrit sous le nom de Wegaptera indica (') et qui n’a été trouvé que dans l’océan Indien. : Mais si les vraies Baleines ne traversent point les régions équato- riales pour passer d’un hémisphère à l’autre, il n’en est pas de même des Baleinoptères, genre de Mysticètes dont les naturalistes avaient considérablement exagéré autrefois le nombre des espèces et qu'ils croyaient cantonnées, les unes dans l'hémisphère Nord, les autres dans l’hémisphère Sud. Les nombreux documents publiés depuis quel- ques années par d’éminents cétologistes ont en effet permis de rame- ner à cinq les espèces vivantes de ce groupe, et ces travaux viennent tous confirmer l’opinion émise autrefois par l’illustre collaborateur de mon père, le professeur Van Beneden, à savoir : que les Baleinoptères connues fréquentent toutes les régions du globe, franchissant dans leurs migrations la « mer de feu », pour nous servir de l’expression du capitaine Maury. Toutes les Baleinoptères du Nord, c’est-à-dire la Balænoptera rostrata, la B. Sibbaldu ou la B. musculus et même la 8. Schlegelii (B. laticeps ou boreals comme nous le prouve l’un des squelettes rapportés par la Mission du cap Horn), prises sur un point quelconque de notre hémi- sphère ou de l'hémisphère austral, présentent, pour chaque espèce, des caractères constants et que, si l’on trouve chez les animaux se rapportant à l’un de ces types pris sur différents points du globe des différences morphologiques appréciables, elles sont dues surtout soit au sexe, soit à l’âge du sujet que l’on étudie, mais ne vont pas jusqu’à (1) H.-P. GERVAIS, Comptes rendus de l’Académie des Sciences; 1883. — Nouvelles Archives du Muséum d'Histoire naturelle ; 1887. ANATOMIE COMPARÉE. M.5 avoir une valeur assez grande pour donner des doutes au point de vue de l'identification spécifique des sujets. L'étude comparative de ces animaux pris sur des points du globe très éloignés les uns des autres nous conduit aussi à cette conclusion, que l’action des milieux où ils ont vécu pendant longtemps n’a eu aucun effet sur leur organisation. On ne peut en dire autant des vraies Baleines et des Mégaptères, dont les espèces diffèrent d’un hémi- sphère à l’autre, à l’exception pourtant des B. australis et B. biscayensis, qui sont très voisines l’une de l’autre. Les ossements des Cétacés envoyés au Muséum de Paris par la Mis- sion du cap Horn, et dont la détermination ainsi que la description nous ont été confiées par M. le professeur Pouchet, se rapportent à deux espèces du genre Baleinoptère. Le genre Balæna n’est représenté que par quelques débris. Le premier de ces Mysticètes, dont le squelette est à peu près com- plet, a été trouvé échoué sur une petite ile à laquelle le commandant Martial a donné le nom d’#/e Pouchet. C’est une Balænoptera Sibbaldix. Le second squelette a été recueilli à la Terre des États : un crâne mutilé, les caisses tympaniques, une portion de colonne vertébrale, les deux omoplates, la première paire de côtes, le sternum sont les seules pièces qui aient été recueillies. Ces os nous ont pourtant permis de reconnaitre que l’animal auquel ils ont appartenu fait partie du genre Baleinoptère, et nous nous croyons autorisé à joindre, avec quelque certitude, à la liste des Baleinoptères fréquentant les mers du Sud cette quatrième espèce, la Balænoptera Schlegelü, qui n'avait été signa- lée jusqu'ici que sur les côtes du Japon ou dans le golfe du Bengale. Nous devons aussi citer, comme complétant l’envoi fait au Muséum par la même Mission, une portion de crâne de vraie Baleine que nous attribuons à la Balæna australis), ainsi que deux vertèbres et quelques côtes ayant appartenu au même sujet. I. — BALÆNOPTERA SIBBALDII. Physalus latirostris Flower, Proc. sool. Soc., 1865, p. 410-414. Physalus Sibbaldii Gray, Proceed. of zool. Soc., 1847, p. 92. M.6 MISSION DU CAP HORN. Physalus Sibbaldii Gray, Cat. of Seals and Whales, 1866, p. 160. — Flower, Proc. zool. Soc. Lond., 1866. Balænoptera Carolinæ Malm., Monogr. illustr. du Baleinoptère. Stockholm, 1867. Balænoptera intermedia Burmeiïster, Proc. zool. Soc. Lond., 1865, p. 713. Sibbaldius antarcticus Burmeister, Proc. zool. Soc. Lond., 1865. — Burmeister, Ann. Mus. Buenos Aires, 1866, p. 310. Sibbaldius sulfureus Cope, Proc. Ac. Sc. phil., 1860. Balænoptera Sibbaldii Van Beneden et Gervais, Ostéogr. des Cétacés, p. 209, pl. XII et XILL, fig. 1-10. Formule vertébrale : 9 G — 16D — 15 L — 27 CD — 65. D’après tous les naturalistes qui ont parcouru les mers du Sud ou ont séjourné dans l'hémisphère austral, les Mysticètes et surtout les Baleinoptères, auxquels on s’est fort peu attaqué jusqu'ici dans le but de recueillir l'huile qu'ils fournissent, sont très nombreux dans toutes les mers voisines du pôle austral et surtout dans les eaux du cap Horn. Malgré cette abondance, les squelettes de ces animaux qui figurent dans les musées sont peu nombreux et leurs caractères ostéologiques encore incomplètement connus. Pendant le courant du mois de mars 1883, le Fuégien qui avait été embarqué à bord de la Romanche, commandée par le regretté com- mandant Martial, voyant voler, dans la direction d’un ilot situé à peu de distance du point où se trouvait le navire, un grand nombre d’oi- seaux, et reconnaissant à ce signe qu’un grand Cétacé avait dû échouer non loin de là, signala ce fait aux membres de la Mission. Un Balei- noptère de grande taille gisait en effet sur la plage d’une petite crique de l’une des nombreuses iles qui se trouvent dans la région (New Fear's Sound). Le navire fut aussitôt dirigé vers le point signalé et son équi- page prit possession de l’animal dont s'étaient déjà emparés les Fué- giens. Voici ce que dit au sujet du Cétacé que nous allons décrire le journal du bord rédigé par le commandant de la Romanche : Ces Baleines pénètrent fréquemment dans les grands bras de mer qui prolongent le Ve Fear’s Sound. Elles y sont attirées par l’abondante nourri- ture que leur procurent les millions de larves d’une Galatée, répandues en ANATOMIE COMPARÉE. M.7 telle quantité à la surface de la mer que celle-ci semble colorée en rouge, quand le temps est calme. Dans l’un de ces fiords, nous avons assisté à la poursuite d’un de ces énormes Cétacés par une bande d’Orques. La Baleine fuyait rapidement, pour- suivie par ses ennemis qui s’élançaient hors de l’eau pour la frapper mortel- lement de leurs ailerons aigus, quand elle venait respirer à la surface. C’est à des luttes de ce genre qu'il faut attribuer le grand nombre de ces animaux qui viennent s’échouer sur l’archipel de Vew Fear’s Sound du cap Horn; la Baleine en fuyant pénètre parfois dans des criques peu profondes, où elle reste échouée quand la mer baisse et sert de pâture aux indigènes. C’est au mois de mars 1883 que la Romanche a trouvé une Baleine gisant sur la plage d’une petite crique de l’île Pouchet. La présence de cet animal dans les environs nous avait été signalée à l'avance par notre interprète fué- gien, qui l'avait devinée en voyant voler au-dessus de ces îlots un grand nombre d'oiseaux de la famille des Pétrels géants. Cette Baleine était dans un état avancé de décomposition, et sa mort paraissait remonter à trois semaines environ. Le cadavre était entier, à l'exception de quelques morceaux de lard que les Fuégiens avaient déjà déta- chés et d’un os de la mâchoire inférieure qu’ils avaient entaillé pour confec- tionner des pointes de harpon. J’obtins facilement d'eux l'abandon de la carcasse de l’animal, moyennant quelques sacs de biscuits; et, dès le lendemain, une corvée d’une trentaine d'hommes fut expédiée dans la chaloupe, remorquée par le canot à vapeur, pour commencer le dépecage. Grâce à l’activité de nos hommes, que dirigeait le D' Hahn, ce travail fut achevé en deux jours, malgré la pluie et la neige qui ne cessèrent de tomber. On s’aperçut au dernier moment que quelques os avaient été enlevés par les Fuégiens ; il fallut négocier de nouveau avec eux pour obtenir la restitution de toutes les pièces. On leur donna les couteaux qui avaient servi au dépeçage, moyennant quoi ils nous restituèrent les mor- ceaux disparus. Dès le retour de la Romanche à la baie Orange, un mois environ après, on creusa une large fosse qui fut vite remplie d’eau et dans laquelle on déposa les ossements de la Baleine rapportée. Le squelette de cet animal, dont nous allons donner la description, n’est malheureusement pas, comme semble l'indiquer le journal du bord, dans un état parfait de conservation. Plusieurs des os qui avaient été enlevés par les Fuégiens pour fabriquer des harpons ou autres instruments à leur usage n’ont pas été retrouvés. C’est ainsi que le maxillaire droit, débité en plusieurs fragments, n’a pu être complété; M.8 MISSION DU CAP HORN. * que les côtes droites, sauf les trois premières et Les deux dernières. ont été cassées ou enlevées. De plus, pendant le travail du dépecçage, l'os jugal du côté droit, les deux os lacrymaux, les os du bassin ont été perdus. Il en a été de même des dernières phalanges du membre gauche et de la plus grande partie du membre antérieur droit, dont il ne reste que l’omoplate, l'humérus et le cubitus. Toutes les autres parties du squelette ont été heureusement sauvées et sont encore aujourd’hui dans un état parfait de conservation. Quant aux fanons, ils avaient tous disparu. Les naturels recherchent beaucoup ces organes, qu'ils utilisent pour faire des liens qui leur ser- vent dans un grand nombre de travaux et surtout pour réunir entre eux les morceaux d’écorce d'arbres avec lesquels ils confectionnent leurs canots. Le D' Hahn a pu cependant obtenir des Fuégiens la restitution de deux de ces fanons; l’un d’eux seulement nous a été remis avec le squelette de l’animal, qui porte aujourd’hui le n° 1884-694 du livre d'entrée du laboratoire d’Anatomie comparée, où il a été déposé en attendant le jour où il pourra figurer dans les galeries publiques. Nous n’avons pu obtenir sur les caractères extérieurs et sur le sexe de l’animal dont nous allons déerire le squelette aucun renseignement précis, l’état de décomposition dans lequel se trouvait ce sujet au moment de sa découverte n'ayant pas permis de l’observer sous ce rapport et de noter les proportions des différentes régions de son corps. L'examen du squelette nous dit cependant que c’est à un jeune Balœ- noptera Sibbaldi que nous avons affaire, puisque ses os ne sont pas encore épiphysés et que la longueur totale de son corps n’était que de 18%. Nous savons que les sujets adultes de la même espèce pren- nent des proportions beaucoup plus grandes, puisque ceux que pos- sède le Muséum d'Histoire naturelle mesurent 23" et 247 de long. Les squelettes se rapportant à des animaux de la même espèce pris dans les mers du Sud et conservés dans les musées sont aujourd’hui, croyons-nous, au nombre de trois seulement. Le plus anciennement connu est celui du Musée de Buenos Aires, étudié par Burmeister; le deuxième fait partie des collections du Musée colonial de Wellington (Nouvelle-Zélande ); le troisième, et le seul qui ait été jusqu'ici apporté en Europe, estcelui qui fait le sujet du présent Mémoire. Il est beaucoup ANATOMIE COMPARÉE. M.9 plus jeune que celui de la Nouvelle-Zélande, auquel M. J. Hector donne, d’après M. Van Beneden (‘), 70 pieds de longueur. Quant à celui qui fait partie des collections du Musée de Buenos Aires, nous n'avons pu savoir quelles en étaient les dimensions. Voici quelles sont les proportions du squelette rapporté par la Romanche. Dimensions de la téte et des différentes parties. Longueur de la tête en ligne droite..." "0.0. 4,45 : Longueur de la tête en suivant la courbure supérieure. ...... 4,68 Distance entre les apophyses orbitaires du temporal (plus crandenlarceur) PAR Eee nee Dei o ono ne bio E 2,20 : Hauteur de la tête, suivant une verticale passant par la saillie de l’occipital et le bord interne du palatin..+...... HD 608 0,86 Largeur de la-tète à la base du rostre. "#5 00" 135 : Largeur du crâne entre les bords supérieurs des pariélaux... 0,57 ‘ Distance d’une apophyse mastoïde du temporal à l’autre... .... 1,86 * Distance d’un bord orbitaire du frontal à celui du côté opposé. 1,20 DPlnsierandelareeumdenoccipilal PRE E RCE CC 1,49 - Hauteur de l’occipital (à partir du bord supérieur du trou FACDIAIEN) Eee ee ces PM RIn ee rene Se 0,91 - Écartementdes bords externes des condyles del’occipital….. . 0,45 Hémienr ces comes ec cet cobvecasosoeroe Spocoocoecou 0,32 Largeur de l’un de ces condyles....... nc9000e060od00a066000 0,20 Lamour CE bron UNion coco 60000 CONSO PE 0,15 - Hemiour du fron mdnQlOn ss coooocoocusovcoocdoosocdoeevoes 0,14 : Distance des sommets des apophyses zygomatique et glénoïde On emo s6c00000000c0c0000cca00u Dave noo neo ovnat 0,98 “Hauteur tn ronilcoecomcecasoiandonacoococ concentre 0,60 - Largeur de la base de son prolongement orbitaire........... 1,34 . Longueur du prolongement orbitaire du frontal (bord posté- HER) 40608080 conne os DA OUR Ie 0,75 Longueur du bord orbitaire du frontal..................... 0,45 Longueur du bord interne de l’arcade orbitaire ............. 0,27 - Longueur du bord supérieur et interne du maxillaire (du bout du museau à l'extrémité postérieure de la branche mon- CARTON ARE ee ae Et ee ete nee Cie Dee els cs doocos #/f© - Longueur du bord externe du même os (du bout du museau AmlapophyseueAle) EEE ee ME PEAR RES 3,39 Longueur du bord inférieur du maxillaire.................. 150 (1) VAN BENEDEN, Relevé des principaux squelettes et ossements de Cétacés vivants et fossiles conservés dans les musées, etc., 1887. Mission du cap Horn, NI. M.2 M.10 MISSION DU CAP HORN. « Distance d’une apophyse jugale du frontal à celle du côtéopposé. 2,07 Distance de l'extrémité frontale de la branche montante à l’a- HoNEO MEAlE 300080000075 e00c00a80004000000000086000 1,10 Largeur de la branche montante du maxillaire.............. 0,17 Loncueundupalatin er" CECRE CCE CEE ECC CCE EEE 1,00 Plus grande largeur du palatin .-..-...................... 0,42 . Écartement des apophyses ptérygoïdes .................... 0,28 - Largeur de ces apophyses à la base........................ 0,16 Hauteur de l’apophyse du côté droit ....................... 0,14 Moneueurde incisif A" ere CET CEE EE EEE CEE 3,50 1 L'arSeUr ASONMMIIIEU. AO O,31 - Plus grand écartement de leurs bords internes.............. 0,31 Écartement des incisifs au niveau des os nasaux............. 0,25 Profondeur de la gouttière vomérienne..................... 0,24 Maxillaire inférieur. Lonsnene En Mae COTE doom onorcsobcsossovecocsco000s 4,77 Poneueunenilienetdroite er FE CEE ECS CE CEE CCC 4,27 Hatier du comtesse coousoosvenocosnsoaoosacenceogobos 0,29 Hauteur du bord inférieur au sommet de l’apophyse coro- : Does RER ne ee een ee nie ie . 0,64 Hauteur du maxillaire sur le milieu de sa longueur.......... 0,31 Hauteur à l'origine de la crête antérieure de l'apophyse coro- MO s 00000000 RO HE OS CORTE LC 0 D 0,36 De la face postérieure du condyle à l’orifice du canal den- HAITO Se Dee ee PNR Re ee eee C eee 0,41 Tête : aspect général. — La longueur de la tête, qui est de 4,45 en ligne droite, c’est-à-dire de l'extrémité antérieure du rostre à la partie la plus saillante des condyles, égale un peu plus du quart de la lon- gueur totale du corps de l’animal. Sa plus grande hauteur se trouve sur la verticale passant par le centre de l’'éminence située dans le voi- sinage du bord supérieur de l’occipital et aboutissant vers le milieu du bord interne du palatin. Elle est de 0,86. L'espace qui sépare les deux extrémités antérieures des apophyses zygomatiques du temporal repré- sente la plus grande largeur de la tête, soit 27, 20. Ce sujet ressemble par les formes générales de sa tête aux deux Baleinoptères de même espèce provenant des côtes de Laponie que pos- sède le Muséum de Paris. Si nous en faisions cependant une compa- raison plus minutieuse, nous aurions à signaler entre l'individu du ANATOMIE COMPARÉE. M.11 cap Horn et ceux du nord de l’Europe des différences assez nombreuses, mais n'ayant qu'une importance secondaire; carelles ne viennent, sui- vant nous, que de l’âge différent des sujets ('). Nous savons, en effet, que les proportions des différentes régions du cräne et de la face chan- gent notablement avec l’âge chez les Cétacés. Chez notre Baleinoptère du Sud, le plan de l’occipital fait avec la ligne qui suit le bord interne de l’incisif, ligne qui est presque droite, un angle très ouvert. Les contours inférieurs du rostre présentent de légères ondulations. Leur direction est presque horizontale dans toute la partie antérieure du rostre correspondant au bord inférieur du maxillaire, puis ils s’abaissent notablement au niveau des bords internes des palatins, où ils accusent une concavité assez marquée, s'étendant jusqu’au niveau des apophyses ptérygoides. En arrière de ces apophyses se trouvent les ouvertures des fosses nasales et enfin, sur un plan plus élevé et dirigé obliquement en arrière et en haut, appa- rait la portion basilaire de l’occipital que l’on ne peut apercevoir, masquée qu’elle est par les masses apophysaires dépendant du tempo- ral, lorsqu'on regarde la tête de côté. Le profil ainsi dessiné, et que nous avons représenté P/. I, fig. 1, donne à la tête de ce Cétacé un caractère particulier qui la fait distin- guer immédiatement de celle des autres Baleinoptères. Ce qui frappe surtout en l’examinant de profil, c’est, outre la lon- gueur du rostre, la grande étendue de la fosse temporo-pariéto-fron- tale, fosse limitée en avant par la crête terminant la face supérieure du maxillaire, en haut par le bord externe de la branche montante du même os, en dedans par la face externe du pariétal, la portion écail- leuse du temporal, en arrière par la face antérieure du pédicule des prolongements externes du même os, en dehors enfin par la face interne de l’apophyse zygomatique du même os et le bord externe du (:) Le cadre qui nous est imposé ne nous permet pas de faire ici une comparaison détaillée des différentes régions du squelette de la Balænoptera Sibbaldii du cap Horn avec celles des sujets provenant des côtes de Laponie. Les observations que nous avons pu faire sur les modifications apportées par l’âge dans les différentes régions du squelette de ces animaux appartenant à la même espèce présentant cependant un réel intérêt, nous nous proposons de les publier prochainement. M.12 MISSION DU CAP HORN. prolongement orbitaire du frontal. Cette fosse a pour plancher, en avant la face supérieure du prolongement du frontal que nous venons de nommer; en arrière, elle est largement ouverte (PL. II, fig. 1), lorsque le crâne a été débarrassé de ses parties molles. Entre le prolongement zygomatique du temporal et l’apophyse jugale du maxillaire supérieur, se trouve le cercle orbitaire, qui a la forme d’un ovale très allongé d'avant en arrière. La cavité orbitaire, que l’on aperçoit en partie, est limitée en haut par la face inférieure du prolongement externe du frontal, en bas elle est largement ouverte; Le cercle orbitaire est formé en haut par le bord externe du prolongement orbitaire du frontal. Le maxillaire supérieur forme à lui seul les faces latérales et infé- rieures du rostre; son bord externe court de l’extrémité antérieure de la tête de l’animal jusqu’à la région orbitaire, en décrivant une ligne légèrement ondulée séparant les deux faces dont nous venons de parler. Face supérieure de la tête. — Nue par la face supérieure, la tête de notre Baleinoptère (P/. I, fig. 1) présente sa plus grande largeur au niveau du sommet des apophyses zygomatiques du temporal. La face postérieure de l’oecipital étant très concave, les deux condyles sont situés en dedans d’une ligne qui passerait par la partie la plus saillante de la face postérieure des prolongements externes des temporaux. Les condyles sont très saillants; mais, en regardant la tête de profil, on ne peut apercevoir qu’une faible partie de leur région supérieure. Le rostre est large à sa base et se rétrécit progressivement jusqu’à son extrémité antérieure; sa forme est caractéristique. Il est propor- tionnellement moins étroit que chez les autres Baleinoptères et s'éloigne surtout de celui du B. rostrata, qui se termine en avant par une extré- mité très effilée. En comparant la g. 1 de la PL. II de ce Mémoire, qui représente la tête de notre Balænoptera Sibbaldi du cap Horn, avec celle qu’a donnée Reinhardt de son Steypireyde, sujet pris sur les côtes d'Islande et fai- sant partie des collections du Musée de Zoologie de Copenhague, dessin reproduit dans l’Ostéographie des Cétaces de Van Beneden et P. Gervais, il serait difficile de reconnaitre chez notre sujet un animal de la même espèce. Nous ne savons si la figure de Reinhardt représente exactement ANATOMIE COMPARÉE. M.15 l'animal décrit par ce savant naturaliste (!), ou si, les incisifs et les maxillaires supérieurs ayant été trop éloignés l’un de l’autre sur ce sujet, l’écartement anormal ainsi produit n’aurait pas donné à la tête de cet animal l'aspect tout particulier qu’elle présente et qui l'éloigne tant de la forme ordinaire de celle de tous les sujets connus jusqu'à ce jour. Toujours est-il que chez notre Baleinoptère le rostre présente, comme nous l'avons dit, sa plus grande largeur dans le voisinage de la base des apophyses externes des maxillaires, pour se rétrécir graduel- lement jusqu’à l'extrémité, sans présenter cet élargissement excessif de la région moyenne figuré par Reinhardt et que nous n'avons retrouvé ni sur les sujets de Laponie que possède le Muséum ni sur les pho- tographies ou dessins d'animaux de cette espèce que nous avons pu nous procurer. Comme nous le disions plus haut, les os incisifs se touchent par le bord interne de leur face supérieure, qui est presque plane dans la région antérieure du rostre. Cette face supérieure de l’incisif devient interne au niveau des évents où l’os, s’articulant avec le frontal, est très aplati, et compris entre les os nasaux et la branche montante du maxil- laire. L’écartement de ces os incisifs au niveau des évents est très grand. La gouttière du vomer, que l’on aperçoit entre leur écartement, est très profonde, comme le montre très bien le dessin que nous donnons de la tête vue par sa face supérieure. Quant à l’espace libre limité en avant par le bord postérieur du pro- longement orbitaire du frontal, en dedans par la face externe du pariétal, la portion apparente du sphénoïde, en arrière par le pédicule des masses externes du temporal, en dehors par la face interne du prolongement zygomatique du même os, il est très étendu et est de forme triangu- laire. Cette forme varie avec l’âge du sujet, puisque le bord postérieur du prolongement frontal est oblique de dedans en dehors et en arrière chez le fœtus ou le jeune animal, presque transversal chez les sujets plus âgés et enfin dirigé en avant et en dehors chez les animaux de cette espèce qui ont atteint leur entier développement. Face inférieure de la tête. — La face inférieure de la tête (P/. 17, (2) ReiNuarpr, Videnskab. meddels naherh foren, 1867, n° 8-11, 1868. M.14 MISSION DU CAP HORN. fig. 2) présente à considérer sur la ligne médiane, en allant d’arrière en avant, deux parties d’inégale étendue : l’une correspondant à la base du crâne, l’autre au rostre. D'abord apparaissent les condyles, séparés l’un de l’autre par une souttière intercondylienne très accusée; puis le basi-occipital, dont les bords s’abaissent pour convertir la face inférieure de cet os en une gouttière pourvue d’une crête médiane longitudinale que nous ne retrouvons pas chez les sujets adultes En avant du basi-occipital apparaît le vomer, dont le prolongement postérieur lamelleux recouvre l’articulation oceipito-sphénoïdale. Enfin, plus en dehors, se montrent les deux ptérygoidiens et leurs apophyses, dont l’extrémité arrondie et massive est dirigée en arrière, en bas et en dehors. Plus en avant et sur un plan plus inférieur, la tête étant supposée dans sa position naturelle, se trouvent les palatins, limitant, avec les ptérygoidiens, en bas et en arrière, les fosses nasales postérieures. Les palatins se touchent par leur bord interne et ce rapprochement ne permet pas d’apercevoir à ce niveau la carène du vomer qui apparait au contraire plus en avant entre les deux maxillaires, pour disparaître de nouveau dans toute la région antérieure du rostre, où ils sont cachés par les mêmes os. De chaque côté de la base du crâne, se trouvent deux expansions osseuses très puissantes, la plus volumineuse dépendant des tempo- aux, la seconde des frontaux. Cette dernière, qui n’est que le prolon- sement orbitaire de ces os, est creusée d’une gouttière profonde, la gouttière du nerf optique se continuant insensiblement par la voûte supérieure de l’orbite qui s’élargit de plus en plus. La face inférieure du rostre est formée presque exclusivement par les maxillaires supé- rieurs, en arrière desquels se trouvent les palatins, qui sont très étendus. Tel est l'aspect général de notre Balænoptera Sibbaldu, quant à sa tête. Nous allons dire quelques mots des différents os qui la constituent, limitant cette description sommaire aux caractères les plus saillants. Occipial. — L’occipital, qui forme à lui seul la face postérieure et ANATOMIE COMPARÉE. M.15 supérieure du crâne, est très large non seulement dans toute la partie correspondant aux occipitaux latéraux, mais aussi dans toute la région qui constitue l’occipital supérieur. Sa portion basilaire est, comme nous l'avons dit, creusée en gouttière à la face inférieure. L'union de cet os avec le sphénoiïde s'opère d’assez bonne heure chez les Cétacés. La face postérieure de l’occipital présente trois dépressions très marquées; les deux premières sont placées de chaque côté du trou rachidien en dehors des condyles, la troisième est située au-dessus du même trou, sur la ligne médiane, mais elle est peu étendue, à l’en- contre de ce qui a lieu chez le 2. musculus, où elle s’étend sur toute la face supérieure de l’écaille de l’occipital, qui est de la sorte excavé jus- qu'à son bord supérieur. Le bord antérieur et supérieur de l'occipital est très étendu; légère- ment convexe, il s'étend d’un bord externe d’un pariétal à l’autre, recou- vrant ainsi toute la face supérieure de l’interpariétal. En arrière de ce bord, se trouve sur la face externe la saillie dont nous avons déjà parlé et qui marque le point le plus élevé du cräne de lanimal. Les condyles de l’occipital sont très saillants, leur surface est dirigée un peu en haut et en dehors : leurs bords externes sont convexes ; leurs bords internes, concaves et séparés l’un de l’autre inférieurement par une gouttière assez profonde. Le trou rachidien mesure en hauteur 13%; son diamètre transversal est de 14° : il est donc presque cireu- laire. Les bords latéraux de l’occipital sont concaves dans toute la partie en rapport avec le pariétal, puis ils deviennent convexes en dehors sur toute la partie en rapport avec les temporaux. Le bord postérieur de l'os est dirigé obliquement en arrière, en bas et en dehors. Temporal. — La portion apophysaire du temporal est très développée, sa portion basilaire et écailleuse n’occupant qu’un volume plus restreint. La portion externe se divise en deux masses en forme de pyramides implantées par leur base sur un large pédicule qui rejoint la portion écailleuse de l’os. La masse antérieure ou apophyse zygomatique du temporal est dirigée en avant et en dehors; son sommet est recourbé en bas dans le voisinage de l’orbite et est en rapport avec l'extrémité M.16 MISSION DU CAP HORN. correspondante du jugal. La masse postérieure est plus courte que la précédente, elle est dirigée en bas et en dehors. Sa face antérieure présente une surface glénoïdale peu accusée. La portion écailleuse de l’os est peu développée et concourt pour une faible partie à former la paroi externe du crâne. Au niveau de son articulation avec la partie postérieure et externe des ptérygoidiens se trouve un canal dont l’orifice externe est de forme ovale. La gouttière qui loge le conduit auditif est très marquée; elle est située en avant d’une autre gouttière destinée à loger le prolongement externe du rocher. Pariétal. — Le pariétal forme presque seul la paroi externe du crâne. Sa face externe est très concave. Son bord supérieur, convexe, -se confond, comme nous l'avons déjà dit, avec le bord externe de l’oc- cipital supérieur; son bord antérieur recouvre une partie de la face externe du frontal et une portion de la base du prolongement orbitaire de cet os. Le bord inférieur s’articule avec l’os sphénoïde; le bord postérieur, avec le temporal, entre les deux lames duquel il s’engage profondé- ment. Son bord supérieur est en rapport avec toute la portion interne de l’écaille de l’occipital, avec lequel 1l s’articule. Frontal. — Le frontal, qui est recouvert en grande partie par les pariétaux, n'apparait en avant de ces os que sur une faible étendue; son prolongement orbitaire seul est à découvert et se dirige transver- salement en dehors sous la forme d’une lame large, épaisse, le bord antérieur est aminei, recouvert par le bord postérieur de la face supé- rieure du maxillaire; son bord postérieur est épais et arrondi. Le bord externe de cette lame que forme la partie supérieure de la voûte orbitaire est très arqué et est plus épais dans le voisinage du prolongement orbitaire du temporal qu’à son extrémité antérieure, en rapport avec le lacrymal et le jugal. Ce bord orbitaire mesure 42°. La face supérieure du prolongement orbitaire du frontal est presque plane; elle se relève en arrière et se continue avec la face externe de l'os recouverte par le pariétal, avec lequel elle forme une suture écailleuse. La face inférieure présente une gouttière profonde longeant le bord ANATOMIE COMPARÉE. M.17 postérieur du frontal. Cette gouttière, qui loge le nerf optique, s’élargit peu à peu pour se confondre imsensiblement avec la voûte de l'orbite. La plus grande portion de la face inférieure de ce prolongement frontal est en rapport avec le maxillaire supérieur, qui la masque lorsque l’on regarde la tête par la face inférieure. Ptérygoidiens. — Les ptérygoidiens apparaissent sur les faces laté- rales de la base du crâne. L’apophyse ptérygoïde est courte, massive, recourbée en arrière, et son sommet regarde un peu en haut. Le ptérygoidien est creusé d’une vaste cavité dans laquelle se loge une expansion membraneuse dépendant de l'oreille moyenne. Sphénoide. — Au fond de la fosse temporale, dans la partie la plus reculée, se montre une portion du sphénoïde. Cet os est en grande partie caché, aussi ne pouvons-nous en donner ici la description. Os nasal. — Les os nasaux chez la Balænoptera Sibbaldir (PI. IT, fig. 3 et 4) diffèrent considérablement par leur forme de ceux des autres Baleinoptères. Leur forme est tellement caractéristique qu'ils suffiraient à la détermination d’un sujet de cette espèce. Ils acquièrent chez notre Baleinoptère un grand développement, ils sont très longs, très hauts et très aplatis dans le sens transversal. Bien que leur épaisseur soit à peu de chose près la même, celle de leur région antérieure est pour- tant un peu plus grande. Si nous examinons à part un de ces os, nous voyons que sa face interne est plane et s'applique exactement sur celle de l’os du côté opposé; la face externe est irrégulièrement concave et se décompose en deux parties à peu près égales; l’une supérieure, en rapport avec la face interne de l'os incisif; l’autre inférieure, s’appliquant sur la partie la plus antérieure de la face interne de l'os frontal. L'os nasal ne me paraît pas avoir de point de contact avec le maxil- laire supérieur, comme cela se voit, par exemple, chez la Balænoptera rosiTat@ . La face supérieure du nasal est fortement convexe d’arrière en avant. Les bords externes et internes se relevant, elle est ainsi concave dans le sens transversal. Mission du cap Horn, NI. M.5 M.18 MISSION DU CAP HORN. Le bord interne, beaucoup plus relevé que le bord externe, forme, avec celui du côté opposé, une crête longitudinale médiane saillante, tout à fait caractéristique. La face antérieure de l'os nasal est très irrégulière, elle est limitée en haut par la saillie du bord interne de l’os qui se dirige obliquement en bas et en dehors pour aller rejoindre le bord externe de l’os. Cette face est convexe de haut en bas et concave transversalement. Les bords internes limitant cette face forment, comme à la face supérieure de l'os, une crête assez marquée occupant ses deux tiers inférieurs ; au-dessus, les deux nasaux forment une excavation. La face postéro-inférieure présente une série de lamelles osseuses parallèles, séparées par des sillons très profonds correspondant à des saillies et à des rainures semblables de la face antérieure des frontaux. Jugal. — Le jugal droit seul existe, il est même incomplet. Ce qui en reste rappelle exactement par sa forme le jugal des Baleines bleues du Nord. Les lacrymaux ont été perdus. Palatins. — Les palatins présentent chez la Balænoptera Sibbaldu que nous décrivons un grand développement et une forme caractéris- tiques; ils sont très longs, très larges et très aplatis. Leur face externe est libre, leur face supérieure est en rapport avec le vomer sur les deux tiers de son étendue. Elle forme en arrière le plancher des fosses nasales postérieures. La portion antérieure de la face externe est sen- siblement plane, puis l'os se déjette à sa partie postérieure en bas et en dehors. Les bords internes des palatins sont très rapprochés sur la ligne médiane ; ils cachent même le vomer situé au-dessus d’eux. Ils s’écar- tent pourtant l’un de l’autre en avant et en arrière. Maxillaire supérieur. — Les maxillaires supérieurs sont plus déve- loppés chez notre Baleinoptère que chez aucun autre Mysticète, ce qui donne au rostre de cette espèce un aspect qui lui est propre. Chaque maxillaire pris séparément a la forme d’une pyramide trian- ANATOMIE COMPARÉE:. M.19 gulaire, dont les faces interne et surtout inférieure seraient excavées, tandis que la face supéro-externe serait au contraire convexe. La face interne est presque verticale; elle est en rapport avec la paroi interne de la gouttière vomérienne et la face externe des incisifs. La face supérieure regarde en haut dans toute la partie antérieure du rostre, en dehors dans tout le tiers postérieur. La face inférieure est concave dans le sens transversal, presque droite dans le sens de la lon- gueur. Le sommet de la pyramide formée par cet os correspond à l’extré- mité antérieure du rostre; la base, très irrégulière, s'applique sur le frontal. L’arête qui forme le bord externe du rostre est mince, arrondie et convexe en dehors. Le bord supérieur du maxillaire apparait sous la forme d’une crête saillante qui suit les sinuosités du bord supérieur et externe de l’in- cisif. Le bord inférieur du maxillaire supérieur est légèrement ondulé. Dans sa moitié antérieure, où il est un peu convexe, il s'applique presque sur celui du maxillaire du côté opposé. En arrière, ces deux bords restent écartés l’un de l’autre, et dans leur écartement apparait la carène du vomer. Dans toute cette région, le bord inférieur de chaque maxillaire est concave. La base de la pyramide à laquelle nous comparons le maxillaire supérieur est recouverte en partie par le frontal; les bords en sont très irréguliers. Celui qui limite la face supérieure de cette base est lar- gement concave; la crête qui le surmonte recouvre un peu le bord antérieur du prolongement orbitaire du frontal et va rejoindre en dehors l’apophyse jugale du maxillaire. L’arête inférieure, ou bord infé- rieur, limite en arrière la face inférieure de l'os; elle est irrégulière- ment découpée. L’arête interne, ou troisième côté de cette pyramide, est presque verticale. L’apophyse jugale du maxillaire supérieur, prolongement qui cor- respond à l’angle externe de la base de la pyramide, est très massive. Son extrémité se recourbe en bas et en arrière. La face supérieure du maxillaire se prolonge en arrière, en dedans et M.20 MISSION DU CAP HORN. en haut, entre les incisifs et le frontal, pour constituer la branche mon- tante de los. L’angle interne et inférieur s’articule avec le bord anté- rieur du palatin. L’os incisif est très allongé; il présente ! trois faces nettement délimi- tées par des arêtes plus ou moins vives. La face supérieure, qui est sen- siblement convexe en avant, devient, par une sorte de torsion de l'os, interne dans la région postérieure de l’os, où elle limite d'abord les fosses et prend enfin contact avec la face externe de l’os nasal. La face interne de l'os incisif figure une gouttière concave, d’abord très large dans toute la région antérieure et diminuant progressivement détendue pour se terminer en pointe bien en avant de la place occupée par l'évent. La face externe, de forme irrégulière, s'applique contre la région supérieure de la face interne du maxillaire; elle occupe toute la lon- gueur de l'os. Appareil auditif. — L'appareil auditif de la Balænoptera Sibbaldu du cap Horn, que nous avons représenté en entier vu par sa face inférieure sur la 9. à de la PJ. II jointe à ce Mémoire, diffère peu par son aspect général de celui des sujets de la même espèce provenant des côtes de Laponie, conservés au Muséum de Paris. Cet appareil diffère au contraire de celui des autres espèces du genre Baleinoptere par la forme caractéristique de sa caisse tympanique, que nous avons figurée par ses faces antérieure, postérieure et supé- rieure (/g. 8, 9, 10 de la même Planche). Les apophyses antérieure et interne du rocher prennent ici un développement exagéré et tout à fait comparable aux prolongements osseux de la même région chez les Baleines bleues du Nord. La caisse auditive, tout en se rattachant cependant au type B. Sib- baldü, est sensiblement plus grande que toutes celles du grand Baleinoptère du Nord avec lesquelles nous avons pu la comparer, bien que notre sujet soit d’un âge moins avancé. L’extrémité antérieure de cette bulle auditive est plus relevée, et le bord qui la termine plus arrondi et plus saillant. L’extrémité posté- rieure est plus renflée, la face inférieure plus arrondie, la face supé- rieure plus large. ANATOMIE COMPARÉE. M.21 Le bord columellaire est proportionnellement plus large chez notre sujet dans toute sa région postérieure; il est plus étroit et plus droit dans la région antérieure de la caisse. La gouttière, qui verse en dehors, est creuse vers la région moyenne. L'apophyse articulaire du marteau est plus anguleuse que chez la Balænoptera musculus. Comme nous l’avons dit plus haut, la portion pétreuse de l’appareil auditif est massive dans toutes ses parties. Les apophyses antérieure et postérieure du rocher sont très allongées, surtout la postérieure ou temporo-occipitale, que l’on appelle aussi quelquefois mastoidienne et quiprend chez les Mysticètes de cette espèce un développement exagéré. L’apophyse temporo-occipitale, qui a une longueur de 0”, 42, consiste en une lame allongée et aplatie dont la face antérieure est creusée de deux gouttières longitudinales très marquées. La gouttière supérieure aboutit au trou vasculaire placé dans le voisinage de la fenêtre ovale. La face postérieure est légèrement convexe. L’apophyse antérieure du rocher est beaucoup plus courte que la postérieure, puisqu'elle ne mesure que o", 15. Sa forme est celle d’une pyramide et son volume peu différent de la portion pétreuse propre- ment dite. La face inférieure du rocher est très accidentée. Le promontoire y est très saillant et se prolonge par la pyramide, qui figure une sorte de bec séparant la fenêtre ovale de la fenêtre ronde. Nous avons représenté cette région de l’appareil auditif sur la fg. 7 de la P/. II. Fanons. — Les fanons de la Balænoptera Sibbaldu des mers du Sud ressemblent exactement par leur forme et leur couleur à ceux de l'espèce du Nord; ils sont aussi d’un très beau noir. Ceux du sujet que nous décrivons avaient déjà été enlevés par les Fuégiens, lorsque l'équipage de la Rornanche prit possession du cadavre de l'animal. Il fut pourtant possible d’en retrouver deux ou trois; un seul a été remis au laboratoire d'Anatomie comparée, c’est celui que nous figurons PILES 0: Ce fanon mesure 0,60 en hauteur; sa base a environ 0,22. Les filaments qui bordent son bord interne et son extrémité sont assez rudes et très noirs. M.22 MISSION DU CAP HORN. Appareil hyoidien. — Le corps de l'hyoïde (et nous comprenons sous ce nom la piece unique formée, chez l'adulte, par la soudure du basi- laire avec les thyro-hyaux) diffère très peu chez notre Baleinoptère de celui qui est figuré pl. XIE, fig. 27, de l’Ostéographie des Cétaces, et qui appartient au sujet décrit par Reinhardt. Nous possédons non seule- ment cette pièce, mais aussi les stylo-hyaux de notre sujet, aussi avons-nous pu faire représenter en entier l’appareil hyoïdien (PL. Z, fig. >). Nous avons disposé les différentes pièces qui le constituent dans des rapports différents de ceux adoptés jusqu'ici dans la plupart des ouvrages traitant de l’ostéologie des Mysticètes. Nous nous sommes guidés, pour cela, sur une dissection de la même région que nous avons pu faire sur un fœtus de la même espèce, venant de Laponie, dont nous avions entrepris la dissection il y a quelques années, travail que nous avons dù abandonner pour des raisons indépendantes de notre volonté. L’extrémité la plus large du stylo-hyal, sur les rapports de laquelle il y avait doute, est bien celle qui se dirige en dedans et doit se trouver en rapport avec les prolongements du bord antérieur du basi-hyal. Dans sa position normale, ce stylo-hyal est couché presque parallèlement au thyro-hyal, mais son extrémité externe se relève en arrière et en haut pour rejoindre la base du crâne. Le corps de l’hyoïde est aplati; sa face inférieure est convexe, sa face supérieure concave. Le bord antérieur présente deux prolonge- ments terminés par une extrémité mince, arrondie. Ces prolonge- ments, lorsqu'ils sont encore à l’état cartilagineux chez le fœtus, ne sont point séparés du corps de l’os, ils font corps avec le basi-hyal; nous ne pouvons donc reconnaitre en eux des apohyaux. Le bord postérieur du basi-hyal est échancré. De chaque côté du basi- hyal, et soudés de bonne heure avec lui, se trouvent les thyro-hyaux, dont la base d’insertion est très large et elliptique; ils présentent de chaque côté de cette base, au bord postérieur de l'os en dehors et au niveau de leur point de soudure avec le basi-hyal, deux tubérosités osseuses très marquées. Un peu en dehors de la base d’union avec le corps de l’hyoïde, chaque thyro-hyal se rétrécit notablement pour s’élargir de nouveau, tout en s’aplatissant, et venir enfin se terminer en dehors par une extrémité tronquée, revêtue à l’état frais par un prolon- gement cartilagineux. E] 19 C. ANATOMIE COMPARÉE. M. Le stylo-hyal est long. Son extrémité interne, reliée aux apophyses du bord antérieur du basi-hyal par des ligaments fibreux, est plus aplatie que cela ne se voit chez la Balænoptera musculus, mais à un moindre degré au contraire que chez la Balænoptera Schlegeli. L'extré- mité externe est presque cylindrique. Les extrémités interne et externe de cette pièce osseuse étaient revêtues de cartilages qui ont disparu par la macération prolongée. Colonne vertébrale. — La formule vertébrale donnée jusqu’à ce jour par les auteurs qui ont eu l’occasion d’observer et de décrire des sque- lettes appartenant à des animaux de l’espèce qui nous occupe est la suivante : 70 —16D — 15L — 26C — 64. C’est celle qui a été établie pour les squelettes de Hull et du British Museum, mais un examen minutieux des vertèbres des régions lom- baire et caudale de notre Baleinoptère du cap Horn est venu jeter à ce sujet quelques doutes dans notre esprit. Les deux dernières vertèbres attribuées à la région lombaire, tout en présentant les caractères généraux des os de cette région, en diffèrent cependant sous certains rapports : notamment, par la configuration de la face inférieure de leur corps sur laquelle apparaissent les traces de facettes articulaires. Le Muséum possédant deux très beaux sujets adultes rapportés de Laponie, j'ai été conduit à comparer les vertèbres de notre Baleino- ptère avec les pièces qui leur correspondent chez ces deux sujets, et J'ai pu constater que les mêmes caracteres s’y retrouvent d’une facon plus accusée encore. En mettant en rapport avec les vertèbres aux- quelles ils avaient appartenu une série continue de neuf os en V, j'ai pu me convaincre que les deux premiers de ces ares, dont les lames ne sont pas encore soudées par leur extrémité inférieure, s’adaptaient parfaitement à ces deux vertèbres, les suivantes se rapportant exacte- ment, par leur écartement et par la configuration de leurs facettes arti- culaires, aux parties correspondantes des vertèbres suivantes. Tout doute devait disparaitre pour moi lorsque, en examinant un fœtus envoyé au Muséum par M. Foyn, je pus retrouver en place la série des os en V, encore reliés aux corps vertébraux par les ligaments naturels. M.24 MISSION DU CAP HORN. Les deux vertèbres en question devant être rapportées à la région caudale et la région lombaire perdant deux vertèbres, la formule générale de la colonne vertébrale de l’espèce désignée par les Céto- logues sous le nom de Balænoptera Sibbaldi doit donc désormais s’écrire de la façon suivante : 7C — 16D — 13L — 28C — 64. Cette formule diffère encore chez l'animal qui fait le sujet de la présente description, puisque nous trouvons à la région caudale une et peut-être deux vertèbres de plus que chez les autres sujets, ce qui porterait le nombre total des vertèbres à 65 ou 66. Aspect des vertèbres. — L'aspect général des pièces qui constituent la colonne vertébrale diffère peu de celui des mêmes parties chez les autres Baleinoptères. Comme nous avons affaire à un sujet qui n’a pas atteint son entier développement, ces os sont spongieux dans plusieurs régions et les épiphyses des corps vertébraux ne sont pas encore sou- dées; cette réunion a seulement lieu, d’après les lois générales de l’os- sification chez les Cétacés, pour quelques vertèbres de la région caudale. Les diapophyses, parapophyses et neurépines, incomplètement déve- loppées, présentent encore à leurs extrémités libres les traces de l’adhé- rence des cartilages dont l’ossification devait plus tard compléter ces parties. La densité de la substance osseuse des vertèbres est différente suivant les régions. J'avais entrepris de donner le poids des principaux os qui constituent le squelette, mais j'ai dû y renoncer; car, malgré une macération pro- longée dans du fumier, ces os se sont dégraissés d’une façon inégale : ainsi, tandis que le tissu osseux qui constitue les vertèbres de la queue, qui sont les plus volumineuses, est encore rempli de matières grasses, celui des vertèbres cervicales et dorsales en est, au contraire, complè- tement débarrassé. Dimensions de l’ailas. m Hauteur totaletde lamventébre "ee" RP ENTER. 0,48 Fetes ER STÉM OP: 2000001000206000000090000000000 0,13 MERE GE ARS MNÉMOUE 0 aoncocovossasocodpodogosvebsoe 0,08 Hauteur AUMLOUTAChITIEN PAPE EEE EEE PETER T EC EE eee 0,27 ANATOMIE COMPARÉE. M.95 Largeur dans sa partie étranglée.""""""""""" ne 0,14 Hpaisone do l'enc HOÉCUToosocococececoonecococoococueec o,I1 Bpaisseundelliarcmeuralerse eee ee 0,16 Distance de l'extrémité d’une apophyse transverse à l’autre.... o,81 Longueur d'une apophyse transverse....................._. 0,16 : Hauteur de l’une des facettes articulaires antérieures........ 0,37 Sa Due ne IEP o000000000000000004000000602560000 0,20 Dimensions des vertèbres cervicales. D 3°. 4°. 5°. 6°. Te m m m in m m Hauteur totale de la vertèbre.... 0,54 0,44 0,42 0,49 0,49 0,52 ‘Hauteur du corps.............. 0,20 0,24 0,25 0,25 0,26 0,26 * Largeur du corps.............. 0,54 0,36 0,36 0,34 0,33 0,33 Épaisseur du corps............. 0,13 0,07 0,07 0,07 0,08 0,09 * Hauteur du trou rachidien...... OO 200 LOTO MO E LORO UE ‘ Plus grande largeur............ ON OR 20 O0 200 200 20 22) Dist. de l'extrémité des apophyses transverses supérieures....... 0,89 0,76. 0,76... 0,76. 0,76" 0,77 Distance des apophyses trans- verses inférieures............ D) 10,69 0 On C7 0,55 \ » Longueur de l’apophyse transverse SUPÉTIEUTO ere reCLCCC DO AN OL 20 OP 2 NO; 2H NO 2/4 Longueur de l’apophyse transverse MÉTRO oc oo obeooonodoe D). MDN 10220 ONE OA » ? Écartement de l’extrémité libre de CES APOphySES Er Ceee--r » 0,13 0,175 0,19 » » Atlas. — L’atlas prend chez notre Baleinoptère, dans le sens de la largeur, des proportions sensiblement plus grandes que chez les deux sujets adultes de même espèce conservés au Muséum de Paris. L’arc inférieur de cette vertèbre ne s'étant pas encore épaissi et la région moyenne du trou rachidien ne s’étant pas encore étranglée comme cela a généralement lieu chez les sujets plus âgés, cet orifice est plus vaste, surtout dans sa moitié inférieure destinée à recevoir l’apophyse odon- toide de l’axis. Les facettes articulaires antérieures, au contraire, sont moins profondes, leurs bords ayant perdu leurs cartilages d’encroû- tement. Les apophyses transverses de cette première vertèbre sont, au con- traire, plus courtes, mais très massives, et leur bord supérieur renflé en une sorte de tubérosité très accusée. Mission du cap Horn, NI. M.! M.26 MISSION DU GAP HORN. L'apophyse épineuse surmontant un are neural très ouvert est courte et massive. La vertèbre est relativement peu épaisse, et nous ne retrouvons pas sur ses bords inférieur et postérieur cette éminence osseuse que l’on observe presque toujours sur les sujets arrivés à l’âge adulte, sorte d’éperon osseux qui s’avance même quelquefois assez loin en arrière sous le corps de l’axis. Les facettes articulaires postérieures de l’atlas sont larges et con- fondues par leur région inférieure. Le bord postérieur de l'arc neural, qui est large, présente de chaque côté une tubérosité peu élevée s'appliquant sur une facette correspon- dante du bord antérieur de l’arc neural de l’axis. Axis. — Il est dit dans l’Ostcographie des Cetaces que les apophyses transverses supérieures et inférieures de l’axis, chez la Balænoptera Sib- baldu, sont réunies en are à l’âge adulte, mais que celles des vertebres qui suivent ont leurs extrémités libres. Il est probable que tous les individus observés jusqu'alors n'étaient pas arrivés à leur entier développement; car chez les sujets adultes de cette espèce dont les squelettes sont con- servés au Muséum les vertèbres cervicales qui suivent, c’est-à-dire les troisième, quatrième et cinquième cervicales, ont leurs arcs complets. Chez notre sujet, qui est beaucoup plus jeune, les parties ossifiées des diapophyses et des parapophyses n'étaient encore réunies entre elles que par des cartilages qui n'ont pas été conservés. L’axis lui-même n’a qu'un seul de ses arcs latéraux complètement fermé ; il est vrai que dans l’autre les deux apophyses sont presque en contact l’une avec l’autre. La vertèbre axis diffère beaucoup à cet âge, par son aspect, de celle d’un sujet adulte, chez lequel nous voyons, une fois ce travail d’ossifi- cation accompli, l’axis présenter de chaque côté de son corps de larges expansions osseuses dont le développement est en rapport avec l’âge plus avancé du sujet chez lequel on les observe. Les facettes articulaires antérieures du corps de l’axis, comme celles de l’atlas, se confondent par leur région inférieure. Elles figurent une sorte de fer à cheval, au centre duquel apparait l’apophyse odontoide, qui est peu saillante. ANATOMIE COMPARÉE. M:.27 Le trou rachidien est circulaire. L’arc neural, supporté par deux lames larges, mais peu épaisses, se termine par une apophyse épineuse massive, présentant deux tubercules : l’un dirigé en avant, surplom- bant l’apophyse épineuse de l’atlas, l’autre dirigé en arrière. La face postérieure du corps de l’axis ne présente rien de particulier à signaler. Vertèbres cereicales.. — Le corps des vertebres cervicales placées à la suite de l’axis augmente graduellement d'épaisseur, depuis la troi- sièeme vertèbre de cette région jusqu'à la septième: mais cette aug- mentation d'épaisseur est à peine sensible, puisque la troisième cervi- cale ne mesure que o",07 et la septième 0,095; il en est de même pour la hauteur du corps, ainsi que le montre le Tableau ci-joint. La largeur de cette même région de l’os va, au contraire, en décroissant à mesure que l’on s'approche de la région dorsale. Les vertèbres du cou les moins hautes occupent le troisième et le quatrième rang; cela vient, comme nous le verrons plus tard, de ce que leur arc neural n’est pas complètement développé et se trouve, par suite, incomplet. Cet arc est complet chez les animaux arrivés à l’âge adulte que nous avons sous les yeux. Le pédicule de l'arc neural est court et très aplati d'avant en arrière, sa coupe donnerait une ellipse. Les lames qui le surmontent pour compléter l’are sont larges, aplaties et disposées obliquement d'avant en arrière, de facon à se recouvrir comme les tuiles d’un toit; leur bord postérieur est très convexe et divisé par un sillon assez marqué qui manque à la septième vertèbre. Les facettes articulaires antérieures de ces lames regardent en haut eten avant; l’apophyse articulaire postérieure, en bas et en arrière. Ces surfaces articulaires ont une forme elliptique et leur grand axe est oblique de dedans en dehors et d’arrière en avant. Les apophyses épineuses ne sont complètement développées que sur les trois dernieres vertebres de cette région, l’atlas et l’axis mis à part. Les lames des deux premières ne se rejoignent pas sur la ligne médiane. Ces apophyses épineuses augmentent graduellement en hauteur. Le trou rachidien a la forme d’un triangle isoscèle dont les angles M.28 MISSION DU CAP HORN. seraient arrondis; il diminue de hauteur de la troisième à la septième cervicale, tandis que la largeur tend au contraire à augmenter. Ces deux dimensions varient, du reste, dans de faibles proportions. Les apophyses transverses supérieures et inférieures des troisième, quatrième et cinquième cervicales ne se rejoignent pas encore, le sujet étant relativement jeune. Celles de la septième restent indépen- dantes, comme cela se voit chez les Baleinoptères adultes. Les apo- physes transverses supérieures ont toutes la même hauteur; elles aug- mentent d'épaisseur jusqu'à la septième vertebre. Les apophyses transverses inférieures, au contraire, deviennent de plus en plus courtes; mais, à mesure qu'elles perdent en longueur, elles gagnent en épaisseur et en force, elles deviennent plus massives et présentent à leur bord inférieur un tubercule saillant, à sommet dirigé en avant. L'animal que nous déerivons n’ayant pas atteint l’âge adulte, aucune de ces apophyses ne rejoint celle qui lui correspond inférieure- ment. Les trous nourriciers des corps vertébraux sont disposés sur tout le pourtour du corps de la vertèbre, mais ils sont surtout abondants à la face supérieure de ce corps, limitant le trou rachidien. Il n’y a presque rien à dire de chaque vertèbre cervicale en particu- lier. La troisième se distingue cependant par l'inégalité de dévelop- pement des lames de l’arc neural; la lame du côté droit est plus développée que celle de gauche et montre à son sommet une petite tubérosité indiquant l’apophyse épineuse. Le bord inférieur du corps présente un sillon antéro-postérieur médian très prononcé, qui se con- tinue sur les faces antérieure et postérieure de los, en divisant le corps de la vertèbre en deux parties égales. La quatrième vertebre cervicale ne présente rien de particulier à signaler. L’apophyse épineuse de la cinquième cervicale est incomplète; cette saillie osseuse est massive, courte à son sommet qui est obtus et légè- rement incliné en avant. Le corps présente à la face inférieure une crête médiane assez marquée, que nous retrouvons également et encore plus accusée sur la vertebre suivante. Les apophyses transverses de la sixième cervicale sont légèrement ANATOMIE COMPARÉE. M.29 dirigées en avant; les inférieures, qui sont courtes et aplaties, ont leur extrémité libre dirigée en arrière. La septième cervicale se distingue de toutes celles qui précèdent par sa forme ; elle se rapproche davantage, sous ce rapport, de celles de la région dorsale. Ses apophyses articulaires antérieures ont leur surface plus concave et plus allongée. L’apophyse épineuse est élevée et aplatie. Sur la face externe, environ au niveau du tiers inférieur, on voit de chaque côté un petit tubercule saillant qui rappelle les parapo- physes des vertèbres précédentes. Vertèbres dorsales. — Les vertèbres de la région dorsale sont au nombre de 16; leurs dimensions, en général, augmentent depuis la première jusqu’à la dernière. l'ertèbres dorsales. Haut. totale de la vertèbre. ( ; 78 9 |0,79 Hauteur du corps Ù : 0 6 |o,2 2 0, 0,25 Largeur du corps £ o £ 2 4 |o,235/0,24 Hauteur de l’apophyse épi- neuse 0, auteur du trou rachidien. 5 52/0, Largeur du trou rachidien. 0 Distance de l'extrémité des apophyses transverses.. 7 50,915 Longueur de l’apophyse transverse 0,309 Largeur de la même apo- physe à sa base 5 5|0,12 0,109 Largeur à son milieu 30|0,140 0,165 Largeur à son extrémité. . 5 70|0,199 0,192 Hauteur à la base 8 og [0,08 ) 0,092 og [0,08 [0,085 Hauteur au milieu 85|0,075 0,055 5 5 |0,05 Hauteur à l'extrémité... £ 0,09 0,08 0,06 La forme du corps des vertèbres dorsales varie avec la place que la vertebre occupe dans la série des os qui constituent la colonne vertébrale. Cette forme rappelle, dans les premières vertèbres de la : , 3 0,42 |o,42 5 Ë É 5 155/0,155/0,155/0,155|0,195 45 A 6lo,r1 5[0,107|0,109|0,108 2 M.30 MISSION DU CAP HORN. région, celle des dernières cervicales; le corps devient plus circulaire au milieu de la région dorsale. Plus loin, la carène inférieure devient plus marquée à mesure que ses deux faces latérales s’aplatissent. La seizième dorsale présente, sous le rapport de la forme de son corps, un aspect tout particulier. Elle est très élargie et ses faces supérieures et inférieures sont déprimées. La longueur du corps de ces vertèbres croit jusqu’à devenir dans la dernière thoracique (P/. Z, fig. 15) plus du double de celle qui occupe le premier rang (PI. I, fig. 12). La largeur des centres vertébraux reste sensiblement la même. Les premieres different peu sous ce rap- port des vertèbres du cou, les suivantes augmentent peu à peu jusqu’à la seizième, qui mesure 39°* dans le sens transversal. La diaphyse du corps de l’os est creusée circulairement d’une gouttière large, s’éten- dant jusqu'aux épiphyses et interrompue seulement au point où s’in- sèerent les pédicules de l’arc neural et des apophyses transverses. Cette gouttière est surtout très marquée à la partie supérieure du corps limitant inférieurement le trou rachidien. Les trois premières dorsales portent sur les faces latérales de leur corps une tubérosité très marquée, donnant insertion au ligament qui relie la tête de la côte à la vertèbre correspondante. Les apophyses épineuses augmentent de hauteur et de largeur à mesure qu’elles appartiennent à des vertèbres occupant un rang plus reculé; elles ont une direction verticale dans les neuf premières ver- tèbres de cette région. Puis elles prennent une direction oblique en arrière, direction qui s’accentue encore dans le voisinage de la région lombaire. L’apophyse épineuse de la première dorsale (PL. TI, fig. 2) est courte et aiguë à son sommet. Celles des deux suivantes sont arrondies. Toutes les neurépines qui suivent sont épaisses, de forme rectangu- laire, et leur bord supérieur, dont la structure indique que leur déve- loppement est incomplet, dirigé d’abord horizontalement, devient de plus en plus oblique en arrière et en bas. Le pédicule de l’are neural dans les premières vertèbres de cette région dorsale est aplati d'avant en arrière; il donne, jusqu’à la sep- tième vertebre, insertion à l’apophyse transverse. Plus loin, cette apo- ANATOMIE COMPARÉE. M.31 physe abandonne le pédicule, qui devient libre, parallèle à l’axe du corps et s’aplatit transversalement, en même temps qu’il augmente de hauteur. Les lames des premières vertèbres dorsales fournissent des apo- physes antérieures et postérieures, dont les facettes articulaires sont d’abord presque horizontales, comme dans les vertèbres cervicales. En dehors de ces apophyses articulaires antérieures, commence à appa- raitre, de chaque côté, une saillie osseuse, premier indice des apophyses musculaires caractéristiques de l’are neural des Cétacés. Les apophyses articulaires véritables se redressent de plus en plus, pour devenir verticales et disparaitre complètement à la huitième dorsale. Les apophyses musculaires ou métapophyses, au contraire, persistent seules et prennent un développement de plus en plus exagéré à mesure qu'elles s’insèrent plus haut sur la lame de l’are neural. Les apophyses transverses, comme nous l’avons déjà dit, s’insèrent d’abord sur le pédicule de l'arc (P/. I, fig. 12 et 13), puis, abandon- nant insensiblement tout rapport avec lui (/g. 14), prennent leur insertion de plus en plus bas sur le corps de la vertèbre. A la dernière vertèbre de la région (J£g. 15) cette insertion se fait sur le prolonge- ment des extrémités du diamètre transversal passant par le centre du corps. Les apophyses transverses ont, dans les premières vertèbres du dos, une direction oblique en dehors, en bas et en avant. Leurs extré- mités libres se relèvent un peu au niveau de la septième dorsale, pour s'incliner ensuite en bas et en arrière, cette fois jusqu’à la derniere dorsale. Les apophyses transverses diffèrent beaucoup quant à leur forme, suivant le point de la région du dos où on les observe. Aplaties d’avant en arrière dans les deux premières vertèbres thoraciques, elles devien- nent prismatiques triangulaires dans les suivantes, et enfin aplaties de haut en bas dans les vertèbres qui occupent le dernier rang. Leur extré- mité libre présente des surfaces articulaires dont la concavité est sur- tout très marquée vers le milieu de la région du dos, mais qui s’atté- nuent bientôt dans les suivantes, pour disparaitre enfin à la dernière, qui porte la côte flottante. Les cavités articulaires, à partir de la troi- M.32 MISSION DU CAP HORN. sième vertebre, sont dirigées en bas et en arrière. Le canal rachidien augmente régulièrement de hauteur depuis la première vertebre jusqu'à la derniere. Ses dimensions transversales diminuent au contraire de telle sorte que le trou rachidien des vertèbres dorsales, figurant d'abord un triangle équilatéral dont les angles seraient émoussés, comme dans celles qui avoisinent la région cervicale, devient presque circulaire dans les quatrième et cinquième dorsales, puis plus haut que large dans les vertèbres suivantes. Les trous de conjugaison des vertèbres dorsales, d’abord peu élargis, tres élevés et cachés par l’apophyse transverse sur les deux premières vertèbres de cette région, deviennent de plus en plus apparents à mesure que l’apophyse transverse s’insère plus bas sur le pédicule. [ls deviennent tout à fait visibles à partir de la septième vertèbre du dos et sont limités, en avant par le bord postérieur concave de la vertèbre, en arrière par le bord antérieur de la vertèbre suivante, qui est beau- coup plus concave que le précédent et se continue en haut par le bord inférieur de l’apophyse musculaire. Le bord postérieur des corps et leurs épiphyses le limitent inférieurement. Nous avons figuré à part et de face, afin de bien montrer la forme du corps de ces vertèbres et la direction de leurs apophyses, les première, quatrième, huitième et seizième dorsales (fg. 12, 13, 14, 15). Nous voyons par ces figures combien le corps change de forme à mesure que les vertèbres occupent un rang plus éloigné de la région dorsale. La face inférieure du corps, d’abord arrondie, devient, comme le montre la fig. 14, beaucoup plus carénée à partir de la huitième dorsale, puis le corps lui-même s’élargit considérablement. Son dia- mètre transversal l'emporte de plus en plus sur le diamètre vertical. La face inférieure de la vertèbre s’aplatit dans les deux derniers os de la région et présente sur la ligne médiane une crête dont nous avons constaté la présence chez tous les sujets décrits. Elle est peu accusée, mais rappelle déjà celle que nous trouverons sur un certain nombre de vertèbres de la région lombaire. Cette figure montre aussi le changement de forme du trou rachidien qui, d’abord très élargi dans les fig. 12 à 15, s'élève graduellement, pour ANATOMIE COMPARÉE. M.53 conserver bientôt la même hauteur, mais devenir beaucoup plus étroit à sa base. La quinzième dorsale présente de chaque côté de la face externe de son corps, en avant de l'insertion de l’apophyse transverse, une tubérosité très marquée. Vertèbres lombaires. Hauteur de la vertèbre....|o,8 S65| 0,8 5 919 0,91 |0,91 Hauteur du corps 8 c 309 I Ë 2 |o 0,34 Largeur du corps O 30! l 40 L 42 |o,/ D ,/0 0,42 CORNE CAES Ca Longueur du corps ] 0, Ë 2 325 0,20 Hauteur de l’apophyse épi- neuse 0,46 8 lo,48 L D ,5 0,48 0,46 Hauteur du trou rachidien.|o, 155 0,199 45 / 390,135 43 0,135/0,139|0,13 Largeur du trou rachidien.|o,105 O,TI 0 o,11 [0,109 0,103|0,11 [0,105 © Distance des apophyses (TANSVELSES RER E TES ,03 3 D 150 5 99 [0,99 [0,805 Apophyses transyerses : —Longueur o,31 3 3 3: 32 3 30 lo,3r |o,325l0,32 |o,285/0,26 |o,25 — Largeur à la base (partie rétrécie) 0,115 5 0,12 |o,112|0,125 0,192 — Largeur au milieu 0,19 ; 0,18 0,182/0,17 |o,18 |0,19 |0,18 — Largeur à l'extrémité... |o, 14 350,015 0,16 |o,15 lo,16 |o,13 |o,14 —Epaisseur à la base....[0,055 5510,055|0,: 0,06 |0,058/0,065|0,06 |0,05 —Epaisseur à l'extrémité . |o,02 ; 0,02 |0o 0,02 |o,02 |o,02 |o,02 |0,02 Vertèbres de la région lombaire. — Tous les auteurs qui ont donné la formule vertébrale chez la Balænoptera Sibbaldi. accordent à cette espèce quinze vertèbres lombaires. Ce chiffre est celui de M. Van Bene- den; il le donne dans son Osteéographie des Cétaces pour les squelettes de Hull et du British Museum. Ce nombre de quinze vertèbres nous parait discutable; nous dirons même qu'il est inexact, puisque, chez tous les sujets de cette espèce que nous avons pu examiner, deux sujets adultes, l’un mâle, l’autre femelle, rapportés de Laponie, la région lombaire ne comprend que treize vertèbres. Ce chiffre doit, suivant nous, être admis désormais, puisque l’on retrouve ce nombre de treize vertèbres chez le fœtus que nous avons étudié, ainsi que nous l'avons dit plus haut, et dans lequel les différentes pièces étaient encore mainte- Mission du cap Horn, NI. M.5 M.54 MISSION DU CAP HORN. nues dans leurs rapports par leurs ligaments naturels. La vertèbre qui suit la treizième lombaire porte un os en V; elle doit donc être rapportée à la région caudale. Le squelette du cap Horn ne diffère pas, quant au nombre de ses vertèbres lombaires, des squelettes de l'hémisphère Nord. Sa région lombaire ne compte que treize vertèbres. Le corps des vertèbres de la région lombaire chez la Balænoptera Sibbaldü augmente graduellement de hauteur depuis la première jus- qu’à la dernière vertebre de la région. Il y a sous ce rapport entre ces deux pièces squelettiques une différence de plus de 0®,06. En même temps que les proportions du corps augmentent, l’are neu- ral se développe en hauteur. Les vertèbres prennent dans cette région une hauteur de plus en plus grande qui atteint son maximur à partir de la sixième vertebre, pour rester à peu près constante jusqu’à l’avant- dernière lombaire. La largeur est sensiblement plus grande que la hauteur pour chaque corps vertébral; la différence, sous le rapport de ces deux dimensions, est en moyenne de o", ro pour chaque os. Comme cela a lieu pour la première lombaire, elle peut même atteindre un chiffre plus élevé. La longueur du corps croit dans les mêmes proportions. Une coupe de l’un de ces corps donneraitune figure polygonale dont les cinq côtés correspondraient chacun à une des faces du pourtour du corps de la vertèbre : une face supérieure ou rachidienne, deux faces supéro- externes allant de la base de l’are neural aux apophyses transverses, deux faces latérales inférieures s’étendant des apophyses transverses à la crête antéro-postérieure située à la face inférieure du corps, sorte de carène allant d’une épiphyse à l’autre. La hauteur de l'arc neural reste sensiblement la même dans toutes les vertèbres de la région; il en est de même de sa largeur. Les lames forment avec la neurépine, dans toutes les vertèbres de la région, une sorte de voûte ogivale. à En même temps que le volume du corps des vertèbres lombaires augmente, leurs apophyses épineuses prennent un plus grand dévelop- pement. Elles atteignent leur hauteur maximum. Les apophyses épineuses sont larges, aplaties, à sommet rectangu- laire, à bords antérieur et postérieur tranchants. Leur direction est ANATOMIE COMPARÉE. M.35 très oblique en arrière. L’épaisseur de la neurépine à son sommet est en moyenne de 0%,06. Les trous de conjugaison sont largement ouverts et leur forme est différente de ceux de la région dorsale. Elle varie avec la direction de la métapophyse. Les métapophyses tendent à ne plus recevoir dans leur écartement le bord postérieur de l’épine de la vertèbre précédente. Elles l’aban- donnent même dans les cinq dernières vertèbres lombaires. Leur forme dans cette région mérite une mention particulière. D'abord assez semblables à celles des dorsales, elles tendent de plus en plus à se redresser, de telle sorte que le bord inférieur qui fait suite au bord antérieur du pédicule tend à devenir de plus en plus oblique en haut et en avant. Leur bord antérieur est tranchant et vertical; leur bord supérieur, horizontal. La face externe de ces mét- apophyses, généralement plane, est quelquefois convexe, d’autres fois concave. Leur face interne est divisée en deux parties par une crête saillante et contournée en haut et en dedans, pour aller rejoindre le bord antérieur de l’épine. La partie inférieure se continue avec la face interne du canal neural, tandis que la région supérieure concourt à former avec la face latérale de l’épine une gouttière profonde dirigée d'avant en arrière. Les apophyses transverses des trois premières vertèbres lombaires sont sensiblement dirigées transversalement en dehors. Les deux pre- mières sont peut-être un peu obliques en avant; puis elles prennent une direction inverse dans toutes les autres vertèbres de la région. Leur longueur est sensiblement la même, bien que la huitième et celles qui l’avoisinent soient un peu plus longues. Elles sont toutes aplaties, inclinées de haut en bas et en dehors; leur pédicule est rétréci, leur extrémité libre arrondie, leur bord antérieur convexe, leur bord postérieur plus droit. M.36 MISSION DU CAP PLACE OCCUPÉE par la vertèbre dans la région. PLACE OCGUPÉE dans la colonne vertébrale entière. HORN. Dimensions e Hauteur totale..,...... Hauteur du corps ..... Longueur du corps............ Largeur du corps ........ Hauteur du trou rachidien ..... Largeur du trou rachidien Distance d'une apophysetransverse à l’autre. Longueur de l'apophyse transverse... .. Barseuremlanbasetrreere cer Largeur au milieu............ Epaisseur à la base Epaisseur à l'extrémité ........... Hauteur de l’apophyse épineuse..... Écartement des facettes articulaires { Ant. des os"enV.... FT -AMPOST Écartement des branches de l'os | Face int. CAES os a00 Face ext. SaRRaUtEUr ET erEE ANATOMIE COMPARÉE. - M.37 bertèbres caudales. 65et66. M.38 MISSION DU CAP HORN. Vertébres de la région caudale. — Le nombre des vertèbres de la région caudale, d’après les descriptions données jusqu'à ce jour, serait de vingt-six. Ce chiffre, comme nous l'avons dit plus haut, est inexact, car nous devons rattacher à la queue les deux dernières vertèbres décrites autrefois comme appartenant aux lombes. Les caractères qui doivent les faire ranger parmi les caudales sont si nets, surtout pour la seconde, qu'ils apparaissent dès la première inspection. Ce qui frappe surtout en examinant les vertèbres de la région eau- dale, c’est la diminution rapide de la hauteur de leurs apophyses épi- neuses, qui diffèrent d’abord très peu par leur forme et leur direction de celles des vertèbres de la région lombaire. Ces apophyses ne tardent pas à s’incliner davantage en arrière et à se raccourcir de façon à ne se montrer vers la fin de la région caudale, à la cinquante-troisième ver- tébre, que sous la forme d’un petit tubercule à peine un peu plus saillant que les métapophyses du même are neural. L'are neural diminuant de hauteur dans les vertèbres de la région caudale, non seulement dans sa neurépine, mais aussi dans toutes ses autres parties, le canal rachidien de chaque vertèbre décroit dans les mêmes proportions. D'abord peu différent de ce qu'il est dans les ver- tèbres lombaires, il diminue progressivement de hauteur, puis de largeur, et ses deux diamètres finissent enfin par différer si peu l’un de l’autre qu'ils deviennent sensiblement égaux. Il arrive même que dans les dernières vertèbres de la région, qui sont encore pourvues d'un canal, ce canal devient cylindrique et de plus en plus étroit; il disparaît enfin à la cinquante-cinquième vertèbre, et dans les vertèbres suivantes, les lames s’arrêtant elles-mêmes dans leur développement, nous ne trouvons plus qu'une gouttière formée par les pédicules, qui disparaissent même complètement à leur tour. Les métapophyses, d’abord assez saillantes, mais n’enveloppant pas le bord postérieur de l’épine de la vertebre précédente, comme cela a lieu dans la région lombaire, se raccourcissent de plus en plus et deviennent massives, de façon à prendre à partir de la neuvième cau- dale l'aspect d'un tubercule arrondi de moins en moins apparent à mesure qu'on se rapproche de l’extrémité caudale. Les métapophyses ANATOMIE COMPARÉE. M.39 disparaissent même à la cinquante-quatrième vertebre, qui est la dix- huitième de la région caudale. C’est dans cette région caudale que les vertèbres présentent, quant au corps, le volume le plus considérable. Les centres vertébraux aug- mentent d’abord de hauteur jusqu’à la quarante-huitième vertebre. Le corps le plus large est celui de la quarante-troisième vertèbre; le plus long appartient à la quarante-quatrième. Les épiphyses de ces corps ne sont complètement soudées que sur dix vertèbres, de la quarante et unième à la cinquante et unième. Toutes les vertèbres de la portion moyenne de cette région présentent uue très grande densité, due en partie à l'énorme quantité d'huile qu’elles renferment et qu'il est très difficile de chasser complètement. Les apophyses transverses sont très peu développées dès les pre- mières vertebres de la région; elles diminuent rapidement et dispa- raissent dèslacinquantième vertèbre, pour n’être plus représentées dans les suivantes que par de petits tubercules à peine saillants, séparés l’un de l’autre par un sillon vertical peu marqué. Ces apophyses transverses sont aplaties et dirigées obliquement en avant à partir de la quarante- troisième vertebre; elles s’insèrent sur le milieu des faces latérales du corps. D'abord obliques en bas et en dehors, elles se relèvent peu à peu, pour devenir horizontales avant de disparaitre. Toutes les vertèbres caudales qui portent un arc hémal présentent à la partie inférieure de leur corps deux crêtes longitudinales et paral- lèles, terminées en avant et en arrière par deux tubercules présentant chacun une facette articulaire opposée à la facette articulaire qui occupe le point correspondant dans les vertèbres qui précèdent ou qui suivent. La première vertebre caudale seule présente sur la face inférieure et postérieure de son corps (PL. I, fig. 18) deux facettes articulaires. C’estelle qui porte les premiers os en V. Cette vertèbre que nous figurons est une de celles attribuées jusqu'ici à la région lombaire, dont elle ne serait, d’après la formule acceptée, que l’avant-dernière. La présence des deux tubercules pourvus de facettes articulaires et la présence de l'os en V qui s’y insérait sont des preuves suffisantes pour la rattacher à la région caudale. La vertèbre qui suit présente des caractères de M.40 MISSION DU CAP HORN. caudale encore plus marqués. Nous y voyons la double carène de la région inférieure du corps, carène terminée en ayant et en arrière par un tubercule pourvu de sa facette articulaire. Le nombre des vertèbres caudales doit donc être porté à 28, et ce n’est pas là une simple ano- malie, puisque, dans les deux Baleinoptères rapportés de Laponie, les vertèbres correspondantes présentent les mêmes caractères que celui du cap Horn. L’examen du fœtus envoyé par M. Foyn vient enfin lever tous les doutes à ce sujet, puisque la trente-sixième vertebre montre en place son os en V maintenu par les ligaments naturels. La trente- septième vertebre et les suivantes sont dans le même cas, et le nombre des vertèbres, comptées avec soin, est de 28. Les tubercules terminant les crêtes longitudinales de la partie infé- rieure du corps des vertèbres caudales deviennent surtout très saillants et se rapprochent de plus en plus à mesure qu’on les examine plus près de l'extrémité postérieure du corps. A la quarante-huitième ver- tèbre et à la quarante-neuvième ils sont à peine séparés par une échan- crure, dont les bords, en se rejoignant, constituent un véritable trou à partir de la cinquantième vertèbre jusqu’à la cinquante-quatrième. Ce trou s’oblitère ensuite et les tubercules sont confondus à partir de la cinquante-cinquième vertèbre. Sternum. — Nous avons représenté (PL. I, fig. 24) comme apparte- nant au sternum de notre Baleinoptère du cap Horn deux os aplatis, de forme presque circulaire, trouvés parmi ceux qui constituent le sque- lette de cet animal et que nous n’avons pu rapporter à aucune autre région du corps. Ces os ne sont pas exactement de même grandeur. Celui que je suppose appartenir au côté gauche mesure 0, 13 en lar- geur, sa hauteur est à peu près la même, son épaisseur est de 0,03 environ. Sa face antérieure est convexe dans le sens transversal; sa face postérieure, sensiblement concave. Les bords antérieur et posté- rieur sont plus épais que les bords interne et externe. Sauf le bord externe, tout le pourtour de chacun de ces os était en rapport avec des cartilages, ce qui me semblerait indiquer que le sternum de ces Cétacés et peut-être celui de tous les autres animaux du groupe des Mysticètes présentent dans le jeune âge deux points d’ossification ANATOMIE COMPAREE. M.41 distincts, l’un pour la partie droite, l’autre pour le côté gauche. Côtes. — Les côtes de notre sujet sont au nombre de 16 de chaque côté; la seizième paire, ou côte flottante, a été perdue, comme cela a presque toujours lieu lorsqu'un Cétacé est préparé par des mains inexpéri- mentées. Les côtes de la première paire sont les plus courtes, les plus longues correspondent à la cinquième paire. Ces os diminuent ensuite progres- sivement de longueur jusqu’à ceux de la dernière paire, qui ne s’articu- lent pas directement avec les apophyses transverses de la vertèbre dor- sale correspondante. La première côte est aplatie; celles qui suivent changent brusque- ment de forme. Elles sont moins larges et leur épaisseur est à peu près la même dans toute leur étendue. On peut dire que, d’une façon géné- rale, leur face externe ou antérieure est concave dans toute la région supérieure de l'os, convexe dans toute la moitié inférieure. Leur face postérieure est convexe dans la région moyenne, concave vers les deux extrémités. Toutes ces côtes subissent une sorte de double torsion qui fait que leur face antérieure devient externe à l'extrémité libre, la posté- rieure devenant au contraire interne inférieurement. Comme consé- quence de cette torsion, le bord interne de la côte devient antérieur dans le voisinage de l’extrémité sternale, le bord supérieur regardant par conséquent en arrière. L’extrémité inférieure de chaque côte, sauf dans la première paire, est rugueuse, large et arrondie, et porte les empreintes d’une insertion cartilagineuse. Nous avons vu que la première côte, comme chez tous les Cétacés, était la plus courte. Son extrémité supérieure est convexe en avant et la tubérosité articulaire qui la termine se dirige en dedans et en arrière. Elle n’a ni tête ni col. L’extrémité sternale de cette côte est large et aplatie; malgré sa grande largeur, nous n’y trouvons aucune trace d'extrémité inférieure de la côte cervicale dont nous constatons, au contraire, la présence sur le fœtus de Zalænoptera Sibbaldi dont nous avons déjà parlé. La face antérieure de la côte est légèrement excavée en gouttière Mission du cap Horn, VI. M.6 M.42 MISSION DU CAP HORN. dans sa partie inférieure, convexe dans la région moyenne. La région supérieure est légèrement concave et présente, dans le voisinage de l’angle de la côte, une tubérosité très marquée. La face postérieure de cet os ne présente rien de particulier à signaler. Le bord postérieur de la côte est convexe et arrondi, et se continue en haut par l’angle de la côte, qui est peu marqué. Le bord antérieur est concave et présente, dans le voisinage de l’extré- mitéinférieure, unesurface articulairerugueusesur laquelle s’inséraient les ligaments fibreux se reliant à la partie correspondante du sternum. La deuxième côte est beaucoup plus longue que la première; elle présente une tête séparée de l’angle de la côte par un col peu rétréci. La tubérosité est très saillante; l’angle, au contraire, peu marqué et assez éloigné de la tubérosité. Toute l’extrémité supérieure de l'os est aplatie, excavée en arrière, convexe en avant. La tête est dirigée en arrière. La troisième côte est encore pourvue d’une tête, son col est plus allongé que celui de la côte précédente. Sa tubérosité est plus saillante ; une crête épaisse s'étend de cette tubérosité à l’angle de la côte. Les côtes qui suivent n’ont ni tête ni col; leur tubérosité s’articule avec l'extrémité de l’apophyse transverse de la vertèbre correspondante. Dans les trois paires de côtes qui suivent, ces os ont une forme parti- eulière et leur région moyenne est surtout très aplatie. Nous ne pou- vons décrire les côtes de la seizième paire, elles ont été perdues. Membre antérieur. — Le membre antérieur gauche de notre Balei- noptère est seul à peu près complet. Omoplate. — L'omoplate diffère peu par sa forme de celle de l’ani- mal de même espèce conservé au musée de Gütenburg; l’acromion seul a son extrémité libre plus relevée chez l'individu du cap Horn et son apophyse coracoïde est sensiblement plus grêle. La face externe est irrégulièrement divisée en deux parties par une crête assez saillante partant du bord supérieur de l’acromion et remon- tant vers le bord supérieur de l’omoplate, en s’éloignant peu du bord antérieur de cet os. Cette ligne divise la face externe en deux parties : l’une, la plus antérieure, correspond à la fosse sus-épineuse; l’autre, ANATOMIE COMPARÉE. M.43 qui est la plus étendue, correspond à la fosse sous-épineuse. Chez les sujets très adultes, la face externe de l'omoplate est divisée en trois parties égales par deux crêtes longitudinales partant du col de l’omo- plate et rejoignant le bord supérieur de l'os. La face interne de l’omoplate est irrégulièrement concave. Le bord supérieur de l’os est contourné en une sorte d’S. Très épais en avant et en arrière, où 1l mesure o",05 environ, il s’amineit beau- coup en son milieu, de facon à ne plus mesurer que 0",015 d'épaisseur Le bord antérieur de l’omoplate est mince et presque tranchant, le bord postérieur est épais et arrondi. Ce dernier a une direction très oblique en arrière et en haut. L'acromion, dont la direction est horizontale, est large et aplati, con- vexe du côté externe, concave sur sa face interne. Son extrémité libre se recourbe un peu en dedans. Le bord supérieur est mince et concave, le bord inférieur épais et convexe. L'apophyse coracoïde égale en longueur le tiers environ de l’acro- mion; son extrémité libre, qui est arrondie, est dirigée en avant et en dedans. Son bord inférieur se trouve au niveau de la cavité glénoïde, qui à la forme d’une ellipse irrégulière dont le grand axe l’emporte de beaucoup sur le petit axe. L’épaisseur du bord de cette cavité, qui a perdu son revêtement cartilagineux, est de o®,03 environ. Dimensions de l’omoplate, [auteur de l'omoplate ......,.... AD ÉD EDS PO 0 Or NEC De 0,77 Larour Online CROSS o40Bosocovccouonoossavpoouacabdhe 129 Longueur du bord supérieur en suivant son contour.......... 1,66 FOnCUEUMAUMDOLAANtÉNEULT EEE ee EC CCC CL. 0,52 LonetouR duo DOSÉErE SEE Dodo ee 00 00bee A RE 0,54 Grandidiamètrede ancayité clénoide En ne 0,36 Petitidiametre dela cavité 2 lén0ide.. 0,23 Eoneueur de lapophyse coracoïde "ee 0,13 Hauteur ARSAIDASC SE EL tele ele ces eue lee eee 0,13 HENENE À ON CREUSE, OO RE M one ononn enr 0,08 ÉHAISSEUT AN AND aS ee Pen te RC Un 0,07 Énaieour À TOM NS ce cdocoooododeoncocenbaocosoccooeue 0,05 Longueur de l'acromion...... a oasis eric can elles 0,03 DNA M.4% : MISSION DU CAP HORN. Humérus. — L'humérus est court et aplati. Sa tête, qui est hémisphé- rique, se confond avec la tubérosité. Le corps est aplati transversale- ment et aminei dans la partie moyenne de la diaphyse. L’épiphyse supé- rieure commence à se souder avec la diaphyse, contre laquelle elle n’adhère pourtant que faiblement; les épiphyses inférieures ne sont pas encore soudées. q L’extrémité inférieure de l’humérus présente deux surfaces articu- laires : la première est en rapport avec le radius; la seconde, qui se décompose en deux surfaces secondaires, avec le cubitus. Les surfaces articulaires radiale et cubitale forment entre elles un angle très obtus dont le sommet correspond à l’espace interosseux de l’avant-bras. La surface de l’humérus s’articulant avec la région olécranienne forme aussi avec la surface cubitale un angle assez ouvert. Radius et cubitus. — Le radius est de beaucoup plus large que le cubitus. Ces deux os, qui sont aplatis, ont leurs faces internes con- caves, leurs faces externes convexes. Le bord inférieur de chacun de ces os décrit une courbure à convexité dirigée en bas; le bord supé- rieur est au contraire concave. Ces courbures sont plus exagérées sur le cubitus que sur le radius. Les épiphyses supérieures seules com- mencent à adhérer à la diaphyse; les inférieures, tout à fait libres, se sont détachées de l’os et restent adhérentes, sur notre pièce, à la région Carpienne. Carpe. — Le carpe est en partie ossifié. Les os qui le composent sont sur notre Baleinoptère du cap Horn au nombre de cinq. La comparaison que nous avons pu faire de cette région du membre antérieur avec la région correspondante chez les deux sujets adultes dont nous avons déjà parlé nous permet de dire que ces os ne sont pas en même nombre chez le jeune sujet et chez l'adulte. Les cinq os de notre Baleinoptère représentent, pour la première rangée : le scaphoide, le semi-lunaire et le pyranmudal. Les deux os de la seconde rangée sont le rapézoïde et l'os crochu. Or ces deux derniers os sont séparés l’un de l’autre par un espace cartilagineux relativement tres grand; c’est en ce point que va se développer chez l’adulte un nouveau noyau osseux, qui sera le ANATOMIE COMPARÉE. M.45 grand os. Enfin, entre le grand os, l’os crochu et le semi-lunaire, apparaitra un septième os au carpe qui représentera, suivant nous, le central. Le carpe des Baleinoptères peut donc être considéré comme formé par le même nombre d’os que celui des Mammifères qui en présentent le plus dans cette région : la première rangée comprenant le scaphoïde, le semi-lunaire, le pyramidal et le pisiforme (ce dernier se trouve déve- loppé chez la Balænoptera rostrata); la seconde rangée, le trapézoiïde, le grand os et l’os crochu; la rangée moyenne comprenant le central, le trapézoïde manquant seul chez les Cétacés où il disparait avec le pre- mier métacarpien. Les métacarpiens ressemblent exactement par leur forme à ceux de la Balænoptera Sibbaldu du Nord. Les doigts doivent présenter le même nombre de phalanges. Nous ne pouvons cependant rien affirmer à ce sujet, car le Baleinoptère que nous décrivons n’en possède que deux au second doigt, quatre au troi- sième et au quatrième, deux au cinquième, toutes les autres phalanges ayant été perdues pendant la préparation du squelette où emportées par les Fuégiens qui s'étaient emparés de ce Cétacé. II. — BALEINOPTÈRE DE SCHLEGEL DE LA TERRE DES ÉTATS. Le second squelette de Mysticète rapporté par la Mission du cap Horn appartient, comme le premier, au genre Baleinoptère. Il a été trouvé sur la côte de la Terre des États, où il était échoué depuis long- temps et complètement dépourvu de ses parties molles. Ce squelette est incomplet, et il est probable que les parties qui manquent ont été enlevées par les naturels du pays et utilisées par eux pour faire des instruments. La tête est, en effet, complètement mutilée. Sa partie gauche, comme toute celle du squelette du tronc, a été particulièrement endommagée. L'animal devait être, au moment où la mer l’a rejeté, couché sur son côté droit. Le crâne est incomplet et 1l ne reste de la face qu'une por- M.46 MISSION DU CAP HORN. tion du maxillaire supérieur droit, les deux os nasaux et la portion des incisifs comprise entre ces os et le frontal. Les maxillaires infé- rieurs n'existent plus. La série des vertèbres est complète jusqu’à la quatrième caudale inclusivement, les apophyses transverses gauches de la plupart d’entre elles ont été cassées et enlevées, les apophyses épineuses à partir de la septième dorsale sont presque toutes incomplètes. La tête de l’animal devait, si l’on tient compte de la portion anté- rieure du maxillaire supérieur qui a été cassée, avoir 3%, 25 environ. La série des vertèbres présentes mesurant 9", la longueur totale du squelette de ce Cétacé devait être comprise entre 157 et 16%, ce qui indique, comme le prouve du reste la soudure complète des épiphyses aux corps vertébraux, un sujet arrivé à l’âge adulte. La formule vertébrale est la suivante : 70 — 14D — 13L — 4 +?0C. Le nombre des vertèbres caudales de la Balænoptera Schlegeli étant de 20 environ, il manquerait à l’animal que nous décrivons 15 ou 16 vertèbres au plus. Nous allons donner une description sommaire des différentes parties du squelette qui nous sont parvenues. La tête, tout en rappelant par ses formes générales celle des autres Baleinoptères, en diffère cependant par la grande largeur de la région postérieure du crâne, qui fait paraître cette partie du corps plus aplatie que celle des autres Mysticètes du même genre. Le rostre est beau- coup plus effilé et rappelle celui de la Balænoptera borealis. L’occipital, qui forme à lui seul toute la partie supérieure du crâne, est vaste et sa face supérieure est séparée en deux parties égales par une sorte de crête sagittale allant du bord antérieur de l’os au trou occipital dont elle forme, en se bifurquant, tout le bord supérieur. Cette face supérieure de l’os occipital est divisée en trois fosses assez profondes par une série d’éminences allant d’un bord externe de l'os à l’autre et coupant verticalement la crête dirigée dans le sens sagittal. La région occipitale supérieure est moins excavée chez notre Balænoptera Schlegelu que chez la Balænoptera musculus. ANATOMIE COMPARÉE. M.47 Les condyles occipitaux sont petits, saillants, séparés par une gout- tière profonde. Le trou occipital est irrégulier, sa moitié supérieure subissant une sorte d’étranglement par suite de la production de deux saillies osseuses partant de chaque côte et allant au-devant l’une de l’autre. Le temporal est très développé, aussi bien dans sa portion écailleuse que dans sa portion apophysaire; son prolongement zygomatique est surtout très accentué, sa surface glénoïde peu accusée. La crête temporo-oceipitale et la crête pariéto-occipitale qui lui fait suite étant très saillantes, la fosse temporo-sphéno-pariétale est très profonde et le crâne est très rétréci en ce point. Mais ce qui distingue surtout le crâne du Baleinoptère que nous déerivons, c’est le grand développement que prennent les expansions orbitaires du frontal et la grande étendue du bord orbitaire de cet os, qui est terminé en avant et surtout en arrière par deux protubérances, en rapport, l’une avec le prolongement externe du maxillaire supé- rieur, l’autre avec le prolongement zygomatique du temporal, qu’elle recouvre sur une grande partie de son étendue. Nous ne décrirons pas la base du crâne, qui est ici fort incomplète. Notons seulement que la gouttière du nerf optique, d’abord très large dans le voisinage du cercle orbitaire, se rétrécit brusquement pour se convertir bientôt en un canal complet occupant toute la moitié interne du prolongement externe de l'os frontal. Le maxillaire supérieur est tellement incomplet que nous n’en don- nerons pas la description. Nous l’avons pourtant représenté sur notre Planche, et les figures (/g. 5 et 6) que nous en donnons montrent combien il se rétrécit dans le voisinage de l’extrémité du rostre. Les os du nez méritent une mention spéciale, car ils ont chez la Balænoptera Schlegelit une forme tout à fait caractéristique. C’est la forme d’un prisme quadrangulaire irrégulier. La face interne de l’os est plane; la face externe s'applique sur le bord interne du prolon- gement antérieur du frontal et ne touche l'os incisif que par une faible portion de la surface interne de cet os voisine de son bord supérieur. Cette face de l’os nasal ne se prolonge pas en avant en une sorte de lame aplatie, comme cela a lieu chez la Balænoptera musculus. M.48 MISSION DU CAP HORN. La face supérieure du nasal présente une gouttière s’élargissant jusqu'au bord antérieur; la face inférieure est convexe et coupée obli- quement de dedans en dehors et de haut en bas. Le bord antérieur de l’os est arrondi, la face postérieure présente des aspérités dirigées dans le sens vertical et s’articulant avec des sil- lons profonds leur correspondant et dépendant du frontal. Oreille. — La caisse tympanique de notre sujet ( PI. JH, fig. 9 et ro) semble présenter un plus grand développement que ne l’indiquent les auteurs qui ont décrit et figuré des animaux de ce groupe. Elle est allongée, un peu comprimée, à extrémités antérieure et postérieure peu renflées et d’un volume à peu près égal. Sa longueur est de o",13; sa largeur, de o",67. L'apophyse externe du rocher que nous avons sous les yeux est longue de 0®,55 et aplatie. Sa largeur est de 0",06 environ. L’atlas de ce Cétacé, tout en rappelant le même type que celui du Siütang Whale, décrit et figuré par Anderson, en diffère cependant par sa forme générale. Les moitiés droite et gauche de cette vertebre sont asymétriques, asymétrie que nous avons déjà sigalée à propos des con- dyles occipitaux. Les apophyses transverses sont plus massives, propor- tionnellement plus courbées, et leur extrémité plus tronquée que celle du Baleinoptère décrit par Anderson; leur bord libre est en outre assez étendu, presque droit et dirigé obliquement de haut en bas et d’avant en arrière. Toute l’apophyse transverse parait avoir subi un mouve- ment de torsion. L’arc neural de l’atlas est peu élevé et l’apophyse qui le surmonte se présente sous la forme d’une petite tubérosité conique dirigée verticalement en haut. Les facettes articulaires antérieures sont profondes et inégales en étendue; les surfaces articulaires postérieures diffèrent aussi l’une de l’autre par leur forme et par leur étendue; elles sont séparées l’une de l’autre par un sillon peu profond reporté sur le côté droit de l’axe de la vertèbre. La face inférieure de l’atlas présente la saillie osseuse que l’on retrouve chez tous les Baleinoptères avancés en âge. Les vertèbres cervicales qui suivent, jusqu’à la quatrième inclusive- ment, ont leurs apophyses transverses supérieures et inférieures réu- ANATOMIE COMPARÉE. M.249 nies en are, leurs extrémités libres étant complètement soudées l’une à l’autre. L'espace elliptique ainsi limité et destiné au passage de l’ar- tère vertébrale, d’abord peu étendu sur l’axis, prend dans les vertèbres suivantes un développement beaucoup plus grand, donnant à ces ver- tèbres, sauf sous le rapport des dimensions qui sont ici beaucoup plus considérables, une certaine ressemblance avec les vertèbres cervi- cales d’une Balænoptera rostrata adulte. La sixième vertebre cervicale a son apophyse transverse supérieure très développée et recourbée en bas et en avant; l’extrémité libre de cette apophyse est large et aplatie. Sa courbure est si prononcée que, si l’on place cette vertèbre sur un plan horizontal, l'os restant dans sa position naturelle, les extrémités des apophyses transverses se trouvent sur le même plan horizontal que le bord inférieur du corps. Les apophyses transverses inférieures de cette sixième vertebre sont beaucoup plus courtes, aplaties, pédiculées et dirigées obliquement de haut en bas et de dedans en dehors. La septième vertèbre cervicale, que nous représentons P/. IV, fig. 10 et 11, diffère peu par sa forme générale de la première dorsale qui lui fait suite. L’axis, que nous avons laissé pour un instant de côté, est remarquable par le grand développement de ses apophyses transverses, unies, comme nous l'avons déjà dit, pour former un are complet. Les expansions en forme d’ailes qui terminent ces apophyses sont larges, relativement épaisses, convexes sur leur face antérieure, concaves postérieurement. La portion correspondant à l’apophyse transverse inférieure est beau- coup plus large que l’apophyse transverse supérieure. Le corps de laxis, comme celui des autres cervicales, a une forme ovalaire. L’apophyse odontoide est à peine saillante. Quant à l’arc neural de cette vertèbre, il est large et peu élevé; l’apophyse épineuse qui le surmonte est forte et déviée à gauche. Les apophyses épineuses des vertèbres qui suivent augmentent de hauteur jusqu’à la septième; elles sont assez larges et dirigées vertica- lement. Les vertèbres dorsales de notre Balænoptera Schlegelir sontau nombre de quatorze. La hauteur du corps de chacune d’elles est sensiblement Mission du cap Horn, VI. M.7 M.50 MISSION DU CAP HORN. la même, puisque celui de la dernière dorsale mesure à peine o°",03 de plus que celui de la première. L’épaisseur des corps vertébraux augmente au contraire d’une façon notable, de façon à devenir à la quatorzième vertèbre plus du double de celui de la première. Les apophyses transverses présentent chez ce Baleinoptère une forme et un développement tout à fait particuliers; elles sont propor- tionnellement plus longues et surtout plus larges que chez n'importe quelle autre espèce. Les apophyses transverses des six premières dor- sales sont dirigées en avant. Elles tendent pourtant à se rapprocher de plus en plus de la verticale à mesure que l’on s'éloigne de la plus voi- sine de la tête, jusqu'à la septième dorsale qui a une direction tout à fait verticale. À partir de cette vertebre, les apophyses épineuses ont leur sommet incliné en arrière jusqu’à la dernière dorsale, chez laquelle l’apophyse commence à se redresser. Les apophyses transverses de la première dorsale sont aplaties d'avant en arrière et terminées par une tubérosité en forme de spatule arrondie. À partir de la deuxième vertèbre jusqu’à la septième, que nous figurons, ces apophyses ont une forme prismatique. Les cavités articulaires costales sont profondes et ouvertes en arrière, puis, au niveau de la septième vertebre dorsale, les apophyses transverses com- mencent à s’aplatir et à s’allonger de plus en plus. Leurs bords anté- rieur et postérieur deviennent tranchants et la cavité articulaire rece- vant la partie supérieure de la côte correspondante tend de plus en plus à s’effacer, pour disparaitre presque complètement dans les deux der- nières vertèbres dorsales. Les apophyses épineuses de toutes ces vertèbres sont hautes, larges et plates; leur épaisseur est très faible. Nous avons représenté (PI. IV, fig. 12, 13 et 14) la première dorsale, et sur les #g. 14 et 15 de la même Planchela septième vertèbre dorsale ; nous en donnons ici les proportions. Les #g. 16 et 17 de la même Planche représentent la quatorzième dorsale. HAUNENP CN CLOS se 0c00000c0000000060c00000060 0,20 LLONENENE CN QODS 66 Sobcobccoa0vovoucossse00cocog 0,26 HpalsseuNdUNCORPSR EE Eee CEOCE TC EEE CE EE CCC 0,21 Hauteur de l'arc neural 0,56 ANATOMIE COMPARÉE. M.5l FAviQue Cn fRON MONCNEN ccoooocecovoococsscobocdeo 0,09 Larcotr du iron MOMIE oocooo0ecooos-oscococcce 0,10 Largeur de l’apophyse épineuse à son milieu.......... o,17 Largeur de l’apophyse épineuse au sommet............ 0,20 Longueur de l’apophyse transverse................... 0,42 Largeur de l’apophyse à son milieu .................. 0,16 [Laser À HO ERÉNMÉ OS ebo sen bboccbosos ec be 0, 19 Les vertèbres de la région lombaire sont au nombre de treize. Leur corps augmente dans fous ses diamètres de la première à la dernière. La première lombaire ne diffère de la dernière dorsale que par la direction de ses apophyses transverses. Les apophyses épineuses de celles qui suivent augmentent progressivement de hauteur et tendent à se rapprocher de plus en plus de la verticale. Les apophyses trans- verses, qui sont larges et aplaties, diminuent au contraire de longueur en raison directe du plus grand développement que prend l’apophyse épineuse. Le trou rachidien devient de plus en plus étroit. Nous repré- sentons (P/. 1V, fig. 18 et 19 de notre Mémoire) la première vertebre lombaire, dont voici les proportions comparées à celles de la dernière vertèbre de la même région : 1° lombaire. 13° lombaire. HATQUP CU MOASo- 0oc00400c0000000000000 D 0,27 LareEne GT ED Bo coco noo ne 0,28 0,30 ÉMALSONT CI COBcococococdoconceenceos 0,24 0,32 Hauteur de l’are neural................... » 0,64 Hauteur du trou rachidien............ A OO 0,09 Largeur du trou rachidien ................ 0 ,08 0,05 Largeur de l’apophyse épineuse............ 0,21 0,15 Longueur de l’apophyse transverse........ 0,47 0,25 Largeur de l’apophyse transverse.......... 0,1% 0,25 Largeur de l’apophyse à son extrémité... ... 0,20 0,17 En comparant ces dimensions, on peut se faire une idée exacte du développement progressif dont nous avons parlé plus haut. Nous ne possédons que les quatre premières vertèbres de la région caudale. Le corps de ces os est massif et sa forme presque cylindrique. Les apophyses épineuses tendent dans cette région à se redresser graduellement. Les apophyses transverses commencent à se raccourcir M.52 MISSION DU CAP HORN. progressivement, tout en conservant, sur les vertèbres que nous possé- dons, une assez grande largeur. La troisième et la quatrieme vertebre ont ces apophyses percées d'un trou vasculaire, situé dans le voisinage de leur base et un peu plus rapproché du bord antérieur que du bord postérieur. Nous avons figuré (P/. IV, fig. 20 et 21) la deuxième vertèbre eau- dale de profil et par sa face antérieure; les trois premières caudales ont aussi été représentées sur la même Planche (g. 22%, 22°, 22°) vues par la face inférieure de leur corps. Nous donnons iei les dimen- sions de la deuxième caudale : Hlatioue dit GONDS © 20000400 -00000002000000080008000 0,28 leon CNED 066 000 o0oocboootobobeuboostoson 0,32 HARÉQUE CE EDR 0 à à coposcsooosdeocovsogonossbsee 0,32 Hauteur de l’apophyse épineuse..................... 0,52 Hetiour cela moules ocooccoendto5000d000-0000 0,60 RÉGIONS CN ro BONLIENSS- 80006 0090000000005d002 0,08 LRO CN fou oNlONS 6568 00 c00000000000000 0,04 Épaisseur de l’apophyse épineuse................... 0,18 Longueur de l’apophyse transverse.................. 0,23 Largeur de l’apophyse transverse..,................ 0,23 Nous voyons que le corps de la première caudale (PJ. IV, fig. 22°) présente sur sa face inférieure une carène très aceusée, de chaque côté de laquelle on remarque deux gouttières longitudinales. Les trois crêtes ainsi formées aboutissent à deux tubérosités inégales, montrantchacune une facette articulaire qui était en rapport avec la facette correspon- dante du premier os en V. Dans la deuxième vertèbre caudale ( fg. 22°), les deux gouttières sont à peine visibles et la crête médiane peu accusée; les deux tubérosités articulaires postérieures sont au contraire nette- ment séparées l’une de l’autre et leurs facettes très nettes. La troisième vertèbre (/g. 22°) présente à la face inférieure de son corps une gout- tière médiane très large, bordée de chaque côté par une crête très marquée, s'étendant de la tubérosité articulaire antérieure à la tubé- rosité postérieure. Ces vertèbres prennent donc de plus en plus les vrais caractères des caudales, caractères que nous retrouvons très accusés sur la quatrième vertèbre de la région. Nous ne possédons aucun os en V. ANATOMIE COMPARÉE- M.53 Omoplate. — Les omoplates sont les seules pièces des membres supérieurs que nous connaissions. L’un de ces os est en très bon état, c'est celui du côté droit; l’autre est en morceaux. Ces os se font remarquer par leur grand développement; c’est surtout le diamètre transverse qui est remarquable sous ce rapport. Nous savons que c’est là un des caractères ostéologiques les plus saillants de la Balænoptera Schlegel. La surface externe et la surface interne de l’omoplate sont presque planes; les bords antérieur et postérieur, très obliques; le bord supé- rieur, convexe et ondulé. L’apophyse coracoïde est longue et un peu aplatie. L’apophyse acromion prend surtout un développement exagéré, ainsi que l’indiquent les proportions que nous donnons ei-dessous. La cavité glénoïde est elliptique et peu profonde. hénienr © lomodhté..ceccs-5050ecocoesvccscoue 2.08 Larsonr co l'oncle, -soococcc:cooo0ooo0200cc0-024 1,20 LOC Cul SHDÉTENPs 0200 6-c0000900000420 1,49 PonsueunduRbord ant ÉneUn PEER EEE ECC Ce re 0,62 PonsueundMbordpos té Er CEE CE ERP Eee 0,60 Longueur de TAGROINON 20 cc00200o0c000ccngecec 0,30 Longueur de l’apophyse coracoïde.......,.......... 0,14 Fennec leeromon ere asso doc oooccdonetéoccos 0,14 Hauteur de l’apophyse coracoïde............,...... 0,05 Grand diamètre de la cavité glénoïde................ 0,22 Petit diamètre de la cavité glénoïde............... 0,14 Côtes. — Nous ne possédons que trois côtes de notre sujet : celles qui constituent la première paire et la troisième du côté gauche. Toutes les autres ont été perdues. Celles de la première paire sont toutes deux biceps à leur extrémité supérieure, comme cela à été signalé chez presque tous les Baleino- ptères de la même espèce décrits jusqu'ici par les auteurs. Cette dispo- sition anatomique, que quelques cétologues donnaient même comme un caractère propre à la Balænoptera borealis, a été retrouvée chez plusieurs autres Mysticètes et même chez des Cétodontes. Nous croyons devoir pourtant la signaler, car elle semble beaucoup plus fréquente chez les Balænoptera laticeps et Schlegelü qui ont tant de caractères communs et doivent être considérés comme étant la même espèce. Les M.54. MISSION DU CAP HORN-. deux côtes constituant un os unique sont, chez notre sujet, nettement distinctes l’une de l’autre bien au-dessous de leur angle. Les deux têtes sont à peu près égales en volume et nettement dessinées. Leur angle est très accusé; leur col, peu rétréci; la tête proprement dite, large, aplatie, convexe en avant, concave en arrière. Les faces antérieure et postérieure de la côte ne présentent rien de particulier à signaler. Le bord antérieur ou interne est la continuation de celui de la côte cervicale, il est presque tranchant; le bord posté- rieur est plus arrondi. L’extrémité sternale de cette côte, qui est élargie, présente deux facettes articulaires. L'une était en rapport avec le sternum, l’autre était encroûtée de cartilages. La seconde côte que nous possédons, et dont nous figurons seule- ment l'extrémité supérieure (PL. IV, fig. 24), se fait remarquer par un prolongement cervical peu développé et par un angle assez sallant et arrondi. La face antérieure de la côte elle-même est convexe; sa face postérieure présente dans toute sa moitié supérieure une large gout- tière tres profonde. Sternum. — Le sternum du Baleinoptère de la Terre des États rappelle assez par sa forme celui de la Balænoptera rostrata. N en diffère cepen- dant par le grand raccourcissement de son prolongement postérieur, qui est aussi proportionnellement plus épais et anguleux. La ace fantérieure de ce sternum est convexe; la face postérieure, concave ; les deux prolongements latéraux, asymétriques et arrondis à leur extrémité libre. Le bord antérieur de cet os est arrondi et devait êtreencore encroûté de cartilages. Le prolongement postérieur est épais, aplati dans le sens transversal et présente sur chaque côté, dans le voi- sinage de sa base, une facette articulaire qui était en rapport avec l'extrémité sternale de la première côte. Hyoïde. — L'hyoïde a, chez notre sujet, une forme tout à fait carac- téristique. La région correspondant au corps de l’os est très large et présente sur sa face antérieure deux larges tubérosités. Les deux pro- longements du bord antérieur supportant les stylo-hyoïdiens ont été cassés. Les thyro-hyaux, aplatis dans le voisinage de leur insertion sur le corps de l'os, s’arrondissent peu à peu pour devenir cylindriques à leur extrémité externe. ANATOMIE COMPARÉE- M.55 Les os styloides présentent la forme en croissant caractéristique de l'espèce, ou plutôt figurent une sorte de faux dont le manche cylin- drique serait placé en dehors, la portion large et aplatie en dedans. La face supérieure de ces os est plane, la face inférieure convexe; leur bord antérieur est tranchant, leur bord postérieur épais et arrondi. La découverte de ce squelette, appartenant à une espèce qui n'avait pas encore été signalée dans les mers du Sud, présente done un grand intérêt scientifique. Elle permet en effet de compléter la liste des Mys- ticètes qui vivent dans ces parages et d'établir d’une facon certaine que tous les Baleinoptères qui fréquentent les mers de l'hémisphère nord sont représentés dans l’hémisphère sud avec des caractères iden- tiques. Ce fait avait déjà été constaté pour les Balænoptera musculus et B. rostrata; il nous a été permis de le mettre en lumière pour la Balæ- noptera Sibbaldii ainsi que pour la 8. Schlegeli, espèce qui n’est autre chose que la Z. boreals, nom auquel on devrait substituer désormais celui de 2. laticeps, proposé autrefois par le D’ J. Gray et qui rappelle un des caractères saillants de ce Cétacé, celui d’avoir un crâne propor- tionnellement plus large que celui de tous les autres Baleinoptères. EXPLICATION DES PLANCHES. I. — Balænoptera Sibbaldii. PLANCHE Î. Fig. Là 4, réd. 35; fie. 5 à 24, réd. &- Fig. 1. Squelette de l'animal vu dans son entier et de profil. Fig. 2. Omoplate. Fig. 3. Membre antérieur. Fiz. k. Portion postérieure du maxillaire inférieur gauche vue par sa face interne, et section du même maxillaire. Fig. 3. Région hyoïdienne vue par sa face inférieure. M.56 MISSION DU CAP HORN. Fiz. 6. Atlas vu par sa face antérieure. 7. Atlas vu par sa face postérieure. Fig. 8. Axis vu par sa face antérieure. Fig. 9. Axis vu par sa face postérieure. Fig. 10. Quatrième vertèbre cervicale vue par sa face antérieure. Fig. 11. Sixième vertèbre cervicale Id. Fig. 12. Première dorsale Id. Fig. 13. Quatrième dorsale Id. Fig. 14. Huitième dorsale Id. Fig. 15. Seizième dorsale Id. Fig. 16. Première lombaire Id. Fig. 17. Huitième lombaire Id. Fig. 18. Première caudale vue par la face inférieure du corps. Fig. 19. Première caudale vue par la face antérieure. Fig. 194. Huitième caudale vue par la face inférieure du corps. Fiz. 20. Deuxième caudale vue par la face antérieure du corps. Fig.91. Huitième caudale Id. Fig. 22. Quinzième caudale Id. Fig. 93. Vingt-cinquième caudale Id. Fiz.934. Vingt-cinquième caudale vue par la face inférieure du corps. Fig. 24. Sternum ? PLANCHE 2. Fig. 1 et 2, réd. à 4; 3, 4 et 11, à 5; 5 à 10, à +; 19, à +. Fig. 1. Tête vue par la face supérieure. 2. Tête vue par la face inférieure. 3. Os nasaux vus par la face supérieure. Fig. k. Os nasaux vus par la face antérieure. . 5. Oreille vue dans son ensemble (face inférieure). 6. Longue apophyse du rocher, ou apophyse temporo-occipitale, vue par sa face antérieure. 7. Le rocher et ses apophyses vus par la face inférieure. Fig. 8. Caisse tympanique vue par la face supérieure. 9. La même caisse tympanique vue par la face postérieure. Fig. 10. La même caisse vue par la face antérieure. Fig. 11. Fanon vu dans son entier. Fig. 12. Harpon fabriqué avec une portion de maxillaire inférieur. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fix. (CS DHDuSUEc ae © © D IS #& w ND — ANATOMIE COMPARÉE. M.57 II. — Balænoptera Schlegelii. PLANCHE 3. Fig. 1 à 6, 5; 1 et 85; 9 et 10,2 Cràäne vu par la face supérieure. . Cràne vu par la face inférieure. Crâne vu de profil. Crâne vu par la face postérieure. Maxillaire supérieur gauche vu par la face supérieure. . Maxillaire supérieur vu par la face inférieure. Os nasaux vus par la face inférieure. Os nasaux vus par la face supérieure. Caisse tympanique vue par la face supérieure. Caisse tympanique vue par la face inférieure. PLANCHE 4. Atlas vu de profil. Id. vu par la face antérieure. Id. vu par la face postérieure. Axis vu de profil. Id. vu par la face antérieure. Id. vu par la face postérieure. Quatrième vertèbre cervicale vue de profil. Id. vue par la face postérieure. . Sixième vertèbre cervicale vue par la face antérieure. Septième cervicale vue de profil. Id. vue par la face antérieure. . Première dorsale vue de profil. Id. vue par la face antérieure. . Septième dorsale vue de profil. Id. vue par la face antérieure. Quatorzième dorsale vue de profil. Id. vue par la face antérieure. - Première lombaire vue de face. Id. vue de profil. Mission du cap Horn, VI. AIS M.58 MISSION DU CAP HORN. Fig. 20. Deuxième caudale vue par la face antérieure. Fig. 91. Id. vue de profil. Fis, 2at;e, Première, deuxième et troisième vertèbres vues par la face infé- rieure de leur corps. Fis. 23. Première côte vue par la face antérieure. Fig. 2k. Deuxième côte vue par la face antérieure (portion supérieure). Fis.95. Omoplate. Fi. 26. Omoplate vue par la cavité glénoïde. Fis. 27. Corps de l’hyoïde vu par la face inférieure. Fioe. 28. Cornes de l'hyoïde vues par la face inférieure. Fig. 29. Sternum vu par la face antérieure. Fig. 30. Id. vu par la face postérieure. Fig. 31. Id. vu de profil. IT. OBSERVATIONS SUR UN FŒTUS D'OTARIE, PAR LE D' H. BEAUREGARD, AIDE NATURALISME AU MUSEUM DE PARIS! = ——_——— 000 Nous reproduisons (P/. V) un très jeune fœtus mâle d'Otarie (Otaria Jubata?) qui a été remis au Cabinet d’Anatomie comparée du Muséum, où il est inscrit sous le n° A. 4371. Ce fœtus, rapporté de Punta-Arenas (détroit de Magellan) par M. le D' Hahn, est en bon état de conserva- tion et mesure 10%,6 de longueur. Sa plus grande circonférence, prise au niveau des membres antérieurs, égale ro‘, 2. Toute la surface du corps est d’un blanc presque pur ou à peine jaunâtre, et cette teinte est générale. Il n’y aurait peut-être lieu de faire une exception que pour la partie postérieure de la tête et du cou. Ces régions semblent en effet comme lavées d’une teinte grisâtre, très légère d’ailleurs. Il est difficile de savoir si la couleur blanche que nous observons est bien naturelle, car le séjour prolongé de la pièce dans l’alcool a pu modifier profondément la teinte primitive. C’est probablement aussi à la macération dans l'alcool qu'il faut attribuer les plissements que l’on voit en grand nombre à la surface de la peau. Ces plissements donnent lieu, en particulier, à trois grands sillons circulaires très accusés qui se font remarquer dans la région du cou. D’autres sillons cireulaires, incomplets et beaucoup moins pro- fonds, siègent sur la face abdominale du corps. Dans le reste de sa sur- M.60 MISSION DU CAP HORN. face, la peau est marquée de plissements qui s'entre-croisent irréguliè- rement en tous sens. A part les plis que nous venons de décrire, la peau est lisse et nue. C'est à l’extrémité du museau seulement que l’on observe des poils. Ceux-ci forment au-dessus de la lèvre supérieure, de chaque côté des narines, six rangées convergentes en dedans, comprenant chacune 4 à 6 poils raides, de couleur noire, dirigés obliquement en bas et en arrière. On voit encore au-dessus et un peu en dedans de l’œil 2 poils noirs, dirigés en haut et en arrière. Les ongles, de couleur grise, sont bien apparents et font saillie à la surface de la peau d’une longueur telle qu’ils paraissent, toutes pro- portions gardées, beaucoup plus développés que ceux de l’adulte. Ils offrent d’ailleurs les mêmes caractères que chez l’adulte; même nombre, même forme générale, mêmes rapports réciproques de longueur. Ainsi, au membre antérieur, où les ongles des quatre premiers doigts sont seuls développés, celui du pouce mesure 1"" de long et les trois sui- vants diminuent progressivement de taille. L’ongle du cinquième doigt fait complètement défaut. Au membre postérieur, les ongles des trois doigts médians mesurent 2", Ils l’emportent donc de beaucoup en volume sur ceux du membre antérieur et aussi sur les doigts interne et externe du membre postérieur, qui ont à peine 1". Ces ongles sont pointus à leur extrémité et leur face supérieure est bombée. Comme chez l'adulte, les ongles font saillie à une certaine distance du bord distal libre des nageoires. Cette distance est de 2"® environ. La tête, dont le diamètre antéro-postérieur égale 3,3, montre à l'extrémité du museau les narines bien dessinées, hautes de 3". Les oreilles se voient de chaque côté, très loin en arrière, sous forme d’un petit lobe conique, pointu, saillant de 4% à 5"® environ à la surface de la peau. Un cou cylindrique, court et épais, unit la tête au tronc. Celui-ci, après avoir présenté son plus grand diamètre au niveau de l’articula- tion des membres antérieurs, va peu à peu en diminuant de volume jusqu’à l'extrémité postérieure. Une queue conique, longue de 8", termine cette extrémité. Les nageoires n’offrent rien de particulier à noter. Elles sont bien ANATOMIE COMPARÉE. M.61 développées et présentent exactement les caractères qu’on leur voit chez l'adulte. Ainsi, au membre antérieur (P£. V, fég. 4), le bord libre distal de la nageoire est festonné et présente des encoches alternant avec de courtes saillies triangulaires qui correspondent aux doigts et aux espaces interdigitaux. Au membre postérieur (P/. V, fig. 5), le bord distal des nageoires est beaucoup plus profondément découpé en cinq lobes allongés répondant aux cinq doigts. Une portion du cordon ombilical est encore adhérente à l'abdomen. Le Tableau suivant donne les principales mensurations prises sur cet intéressant spécimen : Longueur totale (du vertex à l'extrémité postérieure du corps). 100 Plus grande circonférence du corps (au niveau de l'articulation CES MEN ANÉTENRS) Loos adecco dsdédodoccoc0cso0oo 10,1 Longue de lA É@oosoucooocoucogoovccsooesarecos PEU 3,3 Longueur du bord inférieur de la nageoire antérieure. ....... 2,8 » » supérieur » DRE 1,2 » » distal » DO ARTE Den F7 Longueur du bord inférieur de la nageoire postérieure. ...... 1,8 » » supérieur » SP ee 1,9 » » distal » DANSE 1,0 Loncnene de la lente palmes -066 505650000606 08600ecvuee 0,45 loncneur de l'odilés sccviseobéoceccousobcocacovnobocnaae 0,1 Distance de l'oreille à l'angle externe de l'œil................ 1,4 » » la commissure des lèvres.............. 1,9 uienr RENE sr soc decroceddovroonobecccocthensocec 0,35 Loncmonr de fa quenes.-350 00638502 600060800000 60e 0,8 Distance dedanns à lomilies see ce MO RE ee 00e 1.8 M.62 Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fis:. D — MISSION DU CAP HORN. EXPLICATION DE LA PLANCHE 5. FoETus D'OTARIE. . Fœtus vu de côté (grandeur naturelle ). . Fœtus vu par la face ventrale (grandeur naturelle). . Vue de la face supérieure de la tête (grandeur naturelle). Extrémité du membre antérieur vue par Ja face interne (échelle +). . Extrémité postérieure du tronc et face externe du membre postérieur (échelle ?). . Membre postérieur vu par la face interne (échelle ?). 54 OL D De : Mission ali 470 Lern mare TP Gervaës. der: Fig lt Oréd 5, 3. Balænopter 2 LUS _1natomie comparer 2 Paris Delahaye; del. et Ur. Sibbaldi. T æe #2 DA MON DA IOS, 12 TR Mission de (670 Zorr _{natomie Corparee. RTS LP Gervais, de: 12 Pecrtee, fr Paris Delahaye del er Chr Balænoptera Sibbaldi. T Kiglut Brét ©, 8 44110 BIO, 12 Z. e ÆP Gervais cer. lp Bec Balæ noptle De NES l'rg. l'a 0 ré 75. Pmparée. = JL 3. r Anatomie A PRÉ RE pen tt— REA Delahaye. del et Lie} Paris Anatomie comparés — Pl 3. Delahaye. deleë lit ÆLP Gervais dr Tmp Becquet Paris Balænoplera Schlegeli 3 se einer J l'rg la to ré 16. jet À. 10, 9 et 10,3. Mission de Cap Lorr A P Éervais, &r Anatomie compare. — 7. Z. Fares Delahaye, del et kil Mission de Lap Horn Anatome compare. — PI Z. Delahaye. del et dith 4? Gerouts, &r Znp. Bccuuct JE Faris Balænopiera Schlegeli 7 Lire 15, 1e HSE re era Mission de Cp Horn. Analorue vomparee. _/V. { Baruregand dir. {mp Becquet, ff, Paris. Delahaye; del: ei Lh . Fœtus d'otarie. / :fOtariæ jubata © | La publication des documents scientifiques résultant de la Mission du Cap Horn comprend les Volumes suivants : *Tome I. — Histoire du voyage. ‘Tome II. — Météorologie. "Tome III. — Magnétisme terrestre. — Recherches sur la constitution chimique de l'atmosphère. *Tome IV. — Géologie. Tome V. — Botanique. Tome VI. — Zoologie. A. Mammifères. *E. Arachnides. B. Oiseaux. F. Crustacés. C: Poissons. G. Annélides. *D. Insectes. H. Mollusques. Dr. Coléoptères. ‘I. Bryozoai Dir. Hémiptères. K. Dur. Névroptères. ÏL, Din "hé emueness M. Anatomie comparée. Dy. Diptères. s Tome VII. — Anthropologie. — Ethnographie. (Les parties marquées d'un astérisque sont publiées ; les autres sont sous presse.) CR RELEASES SRE NA AMIE TS LE RE RE MINISTÈRES DE LA MARINE ET DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. MISSION SCIENTIFIQUE DU CAP HORN. 1882-1883. TOME VI. LOULOGIE. MAMMIFÈRES, PAR A. MILNE-EDWARDS. PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, DU BUREAU DES LONGITUDES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1891 AAC NU) À FE) ARTE EN anal Re au ; Aa ou thus . © s JEUN nl in 0 MaAm Vi PAR ep il TA TER 4 2ITR MINISTÈRES DELA MARINE ET DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. _“#####"#% 7 4 = MISSION SCIENTIFIQUE CAP HORN. 1882-1883. ‘TOME VI. LOUULOGIE. OISEAUX, PAR ET: re JAN 5. 82) ÿ, CATTEION y NF E. OUSTALET. PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, DU BUREAU DES LONGITUDES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1891 | | MINISTÈRES DE LA MARINE ET DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. 2 —— MISSION SCIENTIFIQUE CAP HORN. 1882-1885. LOOLOGIE POISSONS, PAR LÉON VAILLANT. PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, DÜ BUREAU DES LONGITUDES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1888 : MINISTÈRES DE LA MARINE ET DE L’'INSTRUCTION PUBLIQUE. a MISSION SCIENTIFIQUE DU CAP HORN. | 1882-1883. TOME VE. LOUOLOGIE. ANATOMIE COMPARÉE, PAR le D'H.-PAUL GERVAIS. DRE PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, DU BUREAU DES LONGITUDES, Quai des Grands-Augustins, 55, 1891 AE té SET fe Ha AC TN Any RAR » FE ENT DRPPMETEE seen eee pt Lena pee epef DOI TES LL Lt 1 RHUME COL CL HOT HS AHSA DEEE (HAN CHEN tes HO Mi RE DRAP TUE CRE ATHNNE CRRERDN NT HENAUT CNP NN MÉMERE ME 4 ITINETET +: DAHEEPRRRER CTERDECTENENT itmrnient DRAM set (DETENTE DH [BAE (ROPTMENENT sed ni de HÉDHNAT MUR TIRIEN DRE OHHRÉINRE HARAS at AOC detegé ed Del HANSHHRN ANS ë DORE RHARE PRET HEREE RADRRAOE DEN TE ERNEEENrES RAARTETES HE DOTE SHETE DHEA DAT ANRT THEME f R'CICLETITENT AH DCOPMEP CMD PP COOPER DHAPOETE CHE QUO PARA HOMO CHR MONET DATE CTIPITE eu DRPMRTRONNN HR tctriste ndrlrrée siteir te RADNIE HUE PEN CATTTEN brésde er CHONN SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES € DUR Î { : ré HU t { # nur + . Ÿ / 4 \ . ! ; D 3 ir i \