L , | X e É "AP €. - 4 L] ' s - | * » + W L1 hd 2 ^ , hs L - : ; as > w LI " "Cm 4^ | Lai » 4. Eu — de E do Eua . aa + " Lé "wp : , d ew SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES From the Library of JOHN A. STEVENSON Doublet extrait des Bibliothèques Bois- sier et de Candolle lors de leur fusion N MyCoLOGICAL LIBRARY SO - ) iie an Institution Smithsoni HERBIER MULLER ARG. 1896 MÉMOIRE POUR SERVIR A L'HISTOIRE ORGANOGRAPHIQUE ET PHYSIOLOGIQUE DES LICHENS. RÀ a o der LEE PARIS. — IMPRIMERIE DE S UO Ue evel MARINIS UN DNE . rue Mignen,2 x ke . ; ^) À j ; ANE ; ; | - : Bored NE TE 1 B ; 5 4 * W : EY j / : } ; " i 1 Je y : x5 MR Á ^ i 1 À C 1 j " » 1 ! À ri * "We ] 0 m RA] í . LOW ; A " j p ; Y J y fs A! 4 a » TA dy j / MÉMOIRE A L'HISTOIRE ORGANOGRAPHIQUE Ac. s E ET PHYSIOLOGIQUE ERU d DES LICHENS, PAR M. L.-R. TULASNE, Aide-naturaliste au Muséum d'Histoire naturelle; de la Société philomathique. (Extrait des ANNALES DES SCIENCES NATURELLES , 3 série, t. XVII.) PARIS. VICTOR MASSON, PLACE DE L'ÉCOLE- DE-MÉDECINE , 17. 1852. MÉMOIRE A L'HISTOIRE ORGANOGRAPHIQUE ET PHYSIOLOGIQUE DES LICHENS. M. le docteur Meisner, qui a fait (1) pour les lecteurs de la Ga- zelle botanique de MM. Mohl et Schlechtendal, l'analyse du mé- moire intéressant de M. Buhse (2) sur les Lichens , commence sa notice en disant qu'il y a lieu de bien accueillir tout travail con- sciencieux consacré à cette famille de plantes, dont l'étude parait avoir été jusqu'à présent ou plus négligée ou plus stérile en résul- tats scientifiques, que celle d'aucun autre groupe de végétaux cryptogames. Cette remarque de M. Meisner m'engage à faire connaitre ici avec plus de détails des observations, dont les princ i- (1) Voy. Mohl et Schl., Bot. Zeit., t. VI (1848), p. 88-91. (2) Voy. le Bulletin de la Soc. imp. des natur. de Moscou, t. XIX (1846), 2° part., p. 319. 6 | k.-R. TULASNE. | paux résultats ont déjà été consignés ailleurs (1). La valeur des faits qu'il m'a été donné de constater, quelle qu'elle soit du reste, s'accroit de l'intérét qu'il y aurait à pouvoir prendre sûrement le meilleur parti dans la question relative au rang que doivent occuper les Lichens parmi les plantes cryptogames. Intermé- diaires naturels entre les Algues et les Champignons, ils cèdent, au gré des divers auteurs, plusieurs de leurs genres, soit à l'une, soit à l'autre de ces classes , si méme ils ne sont pas en- tiérement absorbés par elles, comme c'était leur sort dans les Genera plantarum de Linné, ceux d'A.-L. de Jussieu, le T'ableau du règne végétal de Ventenat, les écrits de Bosc, etc., etc., et comme il leur arrive encore dans les systémes de classification les plus récemment publiés. Àu fond, que les Lichens soient une part intégrante des Algues, ainsi que le veulent, entre autres auteurs, MM. Fries (2) et Næ- geli (3), ou des familles particulières de Champignons, comme, aprés Adanson (Fam. des Plant., M, 6-7), M. Payer (4) le demanderait, il importerait peu à certains égards, pourvu que les rapports naturels de leurs différents genres étant bien com- pris, on les tint groupés entre eux, sans y mêler des alliances étrangères, Néanmoins il serait assurément préférable d'avoir à leur sujet le sentiment d'Acharius (5), de ne leur point refu- ser d'étre une famille distincte, au méme titre que le sont les Mousses, les Hépatiques ou tel autre ordre de plantes crypto- games de même valeur, surtout s'il est vrai que les raisons qui s'y (1) Voy. le journal l'Institul, xvi année (1850, 10 avril), n° 849, p. 116,0u le Bulletin de la Soc. philomaih. pour l'année 1850, p. 26 (séance du 23 mars) : et les Comptes rendus de l’Académie des sciences , t. XXXII , p. 427 (séance du 24 mars 1851). (2) Voy. Summ. veg. Scand. , p. 82 et suiv. (3) Dieneuern Algensyst., p. 468 (Zurich, 1847).—Le genre Lichen est aussi placé parmi les Algues dans larrangement. systématique proposé par Cassel, Lehrb, der naturl, Pflansenordn. (1817), p. 126. (4) Botaniq. cryptog., p. 87 et suiv. (5) Acharius termine l'introduction à sa Lichenographia universalis par ces mots : «... Uti ratum habeo : Licuenes ordinem naturalem peculiarem et a reli - quis plantis cryptogamis distinctum constituere... » (Op. cit., p. 4&.) 5 MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 7 opposeraient, n'ont d'autre base que la double affinité naturelle des Lichens, pour les Algues et les Champignons (1), ou mieux la nature ambiguë, ou supposée telle, de quelques uns de leurs genres ; car il est vraisemblable que ces motifs perdront de leur autorité dans la mesure des progrés, que la connaissance des Lichens, le temps aidant, ne saurait manquer de faire. Dans les études multipliées qui ont été faites de ces plantes jusqu'à ce jour, l'attention des observateurs s'est surtout appliquée à l'examen des formes diverses , réguliéres ou anor- males, du thalle et de ses fructifications. Les écrits de MM. Meyer, Wallroth et Fries, les plus importants , sans contredit, qui aient été publiés postérieurement à ceux d'Acharius , montrent toute- fois que cet examen n'est point habituellement descendu à l'ana- tomie précise ou histologique des organes ; sous ce rapport spé- cial, ils ont laissé quelque chose à faire aux lichénographes de ce temps, qui sont en possession d'instruments d'observation plus parfaits que ceux dont leurs dévanciers pouvaient user. Malgré cet avantage, il n'est pas douteux, ainsi que M. Bayrhoffer vient de le reconnaître (2), qu’on rencontrera dans la nature du sujet beaucoup de difficultés à surmonter ; car on pourrait encore dire aujourd'hui, avec vérité, ce qu'Hedwig écrivait il y a déjà plus de soixante ans : « Mulla certe habet LicHENUM familia quce botanieorum patientiam cque ac solertiam perbelle exerceant , si seeundum fructificationis partes rite coordinare species ac exacte (^) M. Schleiden, en associant aux Lichens toute l'immense tribu des Cham- pignons thécaphores (voy. ses Grundz. der wissensch. Bot, [3* édit., 1850], t. LI, p. 41 et suiv.), s'est attiré les justes critiques de M. Fries, qui écrit à ce sujet : « ... DiscouycErEs LicuexiBus disciferis ita analogi sunt ut nulla inter hos exslel fructificationis variatio , cujus eclypum Discowyceres quoad. fructum melius explicati non offerant. Hcc tanta est (analogia) ut cel. SCHLEIDEN priscam opinio - nem Ascomycetes ad Licnenes esse transferendos resuscilavit, cum collega ipsius NuseEL: Licaenes in media PuyvcEAnvw classe collocavit, Fons oppositorum horum errorum est in nimia atlentione ad, micrologicas nolas nec ad morphosin el biologi- cas raliones. Quo magis systemata ad micrologicas notas reformare studemus, eo magis a, natura, iv evolutione libera, aberramus. » ( Fries , Sum. veg. Scand. , p. 343-344. ) On peut ne pas admettre sans réserve cette dernière proposition. (2) Voy. la préface de son mémoire intitulé : Eimiges über Lichenen u. deren Befruchtung (in-4°, Berne, septembre 4851). 8 |: LR. TULASNE, definire voluerint, » (Hedw., T'heor. sg. el inueni pl. erypt., p:4296:) into Afin de faciliter l'intelligence de ce que je me propose d'écrire ici, je n'omettrai point certains détails qui paraitront à quelques lecteurs manquer de nouveauté ; mais je me crois suffisamment autorisé à ne les point négliger par cette circonstance, qu'il est. rarement question des Lichens dans ce recueil, et que ces mémes détails sont une introduction en quelque sorte obligée aux déve- loppements qui pourront mériter plus d'attention, S — DES ORGANES DE LA VÉGÉTATION. Je parlerai donc d'abord, en quelques pages, des organes de la végétation chez les Lichens, et spécialement de la structure du thalle et de son mode d'accroissement. I. Structure du thalle. . Qu'il soit pulvérulent, crustacé, foliacé ou fruticuleux, le thalle (thallus Ach. et plerisq.; frons Willden. (1); blastema Wallr.) des Lichens est généralement composé de trois couches, l'une corticale ou épidermique , l'autre moyenne, ordinairement verte et dite go- nimique (Gonimonschicht Bayrhoff.) (2), et la troisième inférieure ou médullaire (stratum medullare Eschw.), comme la nomment un grand nombre d'auteurs (3). Cette derniére couche n'est pas tou- jours homogène et est fréquemment recouverte en dessous par une zone épidermique. D'autres botanistes qualifient, au contraire, de médullaire la couche des cellules vertes (voy. A. de Juss., Elém., p. 952). Les appendices fibrilleux de la faceinférieure des Lichens . constituent des rhizines, ou ce qu'on a appelé hypothalle. (1) Vov. son Grundr. der Krauterkunde (2° édit., 4799), p. 42. (2) « Stratum gonimon, ein farmliches Brutorgan, welches aus lauter Brutkær- nern od. Brutsellen, Gonidien, besteht.» Wallr. cité par Martius, Flora, tom. IX (1826), p. 210. (3) Voy. l'article de M. Montagne sur les Lichens dans le Dict. univ. d'hist. nat. de M. d'Orbignv, t. VII (1846), p. 342, et son Coup d'œil général sur les Byss. el les Lich., dans V Hist. de l'ile de Cuba de M, de la Sagra, win p. 121, * E MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 9 = Les couches épidermique et gonimique, prises ensemble, forment pour M. Montagne (1), la couche corticale (stratum corti- cale Eschw.); tandis que, par ce méme nom, M. A. de Jussieu désigne à la fois les tissus inférieurs et supérieurs à la zone gonimique (op. cit.,p. 551 et 552, fig. 513). Acharius ne distinguait aussi dans le thalle que deux natures de tissus (dupleæ substantia) : le parenchyme cortical (substantia corticalis, exterior, durior, etc. ), qui comprenait les couches inférieures et supérieures de la fronde (stratum supremum et infimum thalli); et le tissu médullaire (substantia. medullaris, mollior stuppea fibrosa vascu- losa, etc.), dont il regardait les éléments fibrilleux comme des sortes de vaisseaux (ductuli) ; mais il méconnaissait évidemment la structure ordinaire à ces filaments, puisqu'il les croyait simples et formés d'une membrane trés mince. Les gonidies (corpuscula minulissima sparsa) , qui n'ont point à ce qu'il semble fixé parti- culiérement son attention en tant que récipients pour la chloro- phylle, et qu'il tenait pour analogues aux gongyli contenus dans - les apothécies, faisaient partie intégrante de la substantia corti- calis (per se proligera). (Voy. Achar., Lichenogr. univ. , p. et 4.) Les thalles de l'organisation la plus simple appartiennent sans contredit à ces Lichens corticicoles ou terrestres que sans un exa- men attentif on dirait privés de cet organe. À l’œil nu, par exemple, on ne voit des J"errucaria epidermadis « Ach. (2), F7. ato- maria DC. (3), et autres semblables, que leurs périthéces noirs, ombonés, dont la surface semble faire corps avec la cuticule de l'écorce qui leur sert de matrice (A). Mais à l'aide du microscope on découvre sous cette enveloppe mince et transparente , qui voile les conceptacles, des filaments rameux et irréguliers à (1) Loc. sup. citatis. (2) Moug. et Nestl., Stirp. Vogeso-Rhen., tom. IV, n° 363, — Desmaz., Pl. crypl. de Fr., 2* édit., tom, XXXII, n? 4579. (3) Moug. et Nestl., op. cit., tom. IV, n° 364, e. (4) « Perithecia (Stigmatearum Fr. ) cum epidermide foliorum ita confluunt. ut superficialia appareant. Frequens est ratio, etiam inter Licaenes, has plantas ma- tricis subsiantiam in suam texluram mutare. » (Fries, Summa, veget. Scand., p. 421, en note.) 10 ij L.-R. TULASNE. cloisons rares et cavité centrale fort étroite, sur lesquels sont épars cà et là de petits groupes de gonidies. Celles-ci sont des cellules sphériques intérieurement tapissées ou méme remplies de matiére verte , et qui n'adhérent que faiblement soit les unes aux autres, soit aux filaments dont elles procèdent. Ces gonidies sont trop rares pour donner à l’œil privé d'instrument grossissant la sensation d'une surface verte ; aussi concoit-on sans peine que le F’errucaria epidermidis et ses analogues, paraissant tout à fait dépourvus de thalle, aient été placés par quelques auteurs parmi les Sphéries, puisqu'il semble fréquemment vrai, comme le fait remàrquer M. Fries (Summa veg. Scand. , p. 375), que le thalle est pour certains Lichens angiocarpes le seul signe sür auquel on les puisse distinguer des Pyrénomycétes (1). D'autres Lichens offrent un thalle analogue par la simplicité de sa structure à celui du F'errucaria epidermidis. Parmi eux . 02 peut ranger beaucoup d'Opegrapha, desquels A.-L. de Jussieu disait que leurs lirelles les constituaient tout entiers (2), tandis que d'autre part leur ressemblance avec les Hysterium , Tribli- dium et autres Champignons, les fit placer plus tard par De Candolle, en compagnie des Verrucaires et du genre Pertusaria, à la suite des Hypoxylons (voy. sa Fl. Franc., 9* éd. [1815] , tom. El, p. 307-320). ! Ce n'est, par exemple, qu'avec beaucoup d'attention qu'on découvre en quoi consiste le thalle hypophlæode de l'Opegrapha atra Pers. (Moug. et Nestl. ,Stirp. Fog.-Rhen., tom. VII, n°649), (1) M. Fée a même dit d'une manière générale que la présence du thallus est «le caractère absolu qui fait reconnaître un Lichen ; » et c’est pour ce motif, ajoute-t-il, qu'on « ne peut se dispenser de le choisir pour première base d’une méthode. » (Fée, Essai sur les Crypt. des écorc. exot. off., p. xxav.— Voyez aussi ses Mémoires lichénographiques dans les Nova Act. Acad. N. Cur., tom. XVIII, suppl. I [1844], p. 3). On ne saurait oublier cependant que certains Lichens parasites, tels queles Abrothallus, plusieurs Calicium, et quelques autres espéces dont j'aurai occasion de parler plus loin, n'ont point de thalle appréciable ; cet organe y est vraisemblablement composé d'éléments dissociés et irréguliers, tels, sans doute, que ceux du mycelium de bien des Champignons parasites. (2) « Tubercula linearia Opegraphæ plantam eg integro constituunt. v Juss. , Gen, plant., p. 7. | MÉMOIRE SUR LES LICHENS. li si commun dans notre pays sur les jeunes troncs et les branches lisses du chêne. Partout où il se développe il détermine la dis- jonction des couches les plus superficielles de la zone de cellules tabulaires incolores et transparentes qui recouvrent l'écorce ; de cette facon toute mécanique il donne naissance à des taches blanches qui n’ont point de limites précises comme en possèdent les véritables thalles. C'est entre les feuillets désunis de la cuti- cule, au-dessous de la troisième ou quatrième couche de cellules tabulaires, qu’il faut chercher les organes de la végétation de ce Lichen, organes épars comme ceux du Y’errucaria epidermidis et de même très mal définis. Le plus apparent est la matière verte qui, tantôt très rare, tantôt plus abondante, est renfermée dans des cellules globuleuses peu régulières et plus cohérentes entre elles que ne le sont d'ordinaire les gonidies ; elle semble aussi sur certains points étre tout à fait diffuse ; là elle imbibe ou pénètre le tissu cortical nourricier , comme le ferait un muci- lage (1). Quant aux éléments fibreux ou médullaires du thalle , ils sont amorphes et trés peu distincts. Les lirelles brisent, en s’accroissant, la couche de deux ou trois cellules tabulaires sous laquelle elles sont nées , et ne prennent tout leur développement qu'aprés s'être dépouillées de cette sorte de voile. Je ne puis m'empécher de mentionner encore comme un exem- ple remarquable de thalle imparfait celui de l’Arthonia galactites Duf. (Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 27^ éd., tom, XXIII, n* 4125), Lichen qu'on a voulu à tort rapporter aux Verrucaires (1). Son thalle, qui se développe entre les couches cellulaires les plus superficielles de l'écorce de certains arbres, du Peuplier blanc, entre autres, consiste simplement en une matiére rare , amorphe ou cà et là irréguliérement fibrilleuse, et en chapelets courts et très (^) Il est vraisemblable que tel est l'état de l'élément végétatif de beaucoup de Champignons entophytes, au moins partiellement ou à un moment donné de leur développement; la vie, en effet, qu'on me pardonne cette remarque, ne peut-elle pas aussi bien résider dans une matiére liquide que dans un solide, dans un corps de forme définie que dans une substance qui nous paraît amorphe? : (2) C'est en effet le Verrucaria galactites DC., Fl. fr., t. II, p. 315, et le Verrucaria cinereo-pruinosa G galactites Schær., Enum. crit. Ligh., p. 221. 12 L.-R. TULASNE. peu abondants de petites cellules vertes ou gonidies analogues à celles que M. de Flotow aurait vues dans certains /"errucaria (1). Les éléments épars de ce thalle épuisent à leur profit les sucs verdâtres contenus dans le tissu qu'ils habitent, ils le décolorent, dissocient les diverses couches de cellules tabulaires dont il se compose, et y facilitent l'introduction de l'air, de facon que le parenchyme épidermique de vert, humide et transparent qu'il est naturellement, devient opaque et d'un blanc éclatant (2); plus tard il se désagrége peu à peu, tombe par minces fragments et entraine la mort du Lichen. Des éléments organiques semblables à ceux des Verrucaires et des Opégraphes précitées, associés en quantité plus abondante, constituent la majeure part du thalle dans le F’errucaria muralis Ach. et beaucoup d'aütres Lichens, chez lesquels les organes de la végétation deviennent peu à peu d'une structure plus complexe. Ainsi les gonidies y cessent d'étre nues ou simplement protégées par une membrane étrangère; au-dessus d'elles s'étend une couche plus ou moins épaisse de petites cellules globuleuses, pri- vées de chlorophylle et transparentes , laquelle représente la portion corticale des Lichens foliacés. Les thalles de cette nature prennent place parmi les plus simples d'entre ceux qui recoivent l'épithéte de crustacés (thalli crustacei, tartarei, leprosi) ; les divers aspects sous lesquels ces derniers se peuvent présenter, les modifications multipliées auxquelles ils sont soumis, ont fourni la matière de plusieurs gros livres : je n'en citerai donc ici , à titre d'exemples, qu'un trés petit nombre. | Tandis que les taches blanches sur lesquelles reposent les scu- telles de l’Arthonia galactites Duf. ne sont pour ce lichen qu'un thalle apparent ou d'emprunt, le Lecanora subfusca Ach. , qui vit fréquemment près de lui, possède , au contraire, en propre un (4) Voyez Kerber, Einige Bemerk. üb. individ. Fortpfl. der Flecht., dans la Flora, XXIV* année (1841), p. 12. (2) Acharius (Lich. wniv., p. 441 [Arthonia punctiformis B galactina]), M. Léon Dufour {Révis. du genre Opégraphe, dans le Journ. de phys., etc., de M. de Blainville, tom. LXXXVII [1818], p. 203) et De Candolle (loc. sup. cit.), décri- vent à tort cet épiderme altéré comme une cruste appartenant au Lichen parasite, MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 13 thalle épiphlæode, qui est aussi trés souvent d'une blancheur éclatante. Son développement, comme celui du précédent, est centrifuge, et il représente un disque irrégulier, mince, à surface inégale, et de plus intimement appliqué à l'écorce qui le porte. Le tissu blanc ( médullaire) dont il se compose en trés grande partie est friable et se réduit sous le moindre frottement en molécules fort ténues ; mais on peut facilement s'assurer qu'il est presque exclusivement formé de filaments très fins et très fragiles , entrelacés de mille manières, et qui admettent beau- coup d'air daus leurs interstices (1). Les gonidies y sont des. cellules sphériques et épaisses , dans lesquelles la matière verte est condensée en grumeaux peu nombreux, et la zone étroite et inégale qu'elles occupent est entièrement voilée par un cortex épais, blanc comme la médulle, mais doué de plus de consis- tance. Cette structure ou une organisation peu différente appartient à un trés grand nombre de Lichens corticicoles, dont les thalles ge différent guère entre eux que par l'étendue, l'épaisseur, la teinte extérieure, une surface presque lisse ou plus ou moins inégale ct verruqueuse, continue ou aréolée, et autres caractéres de moindre valeur pour la systématique. Une foule de Lichens qui vivent sur la terre nue ou sur les roches ressemblent extrêmement à ces espèces épiphlæodes, et (^) M. Montagne et d'autres auteurs (voy. Schær., Enum. crit. Lich., p. xw) attribuent, ce me semble, avec moins de fondement, la friabilité des thalles crustacés à ce qu'ils seraient presque en totalité composés de cellules sphériques remplies d'une matière granuleuse (voy. d'Orbigny, Dict. univ. d'hist. nat., t. VII, p. 344, col. 1). IL ne m'a pas paru que la proportion des éléments fibrilleux füt beaucoup moindre dans les Lichens crustacés que dans les thalles foliformes; mais ces éléments y prennent des caractéres différents. Aussi, à mon sens, Acharius n'était-il pas fondé à dire, en parlant de ces filaments (fibre, tubuli Ach.) médullaires : « Apud crustaceos LicmewEs fere omnino desiderantur, evanidi vel minutissimi sunt et pulvere substantiæ interioris commiæti ac obvallati. » (Ach., Lichenogr. univ., p. 4.) M. Fée qui, comme Acharius, n'aümettait dans le thalle des Lichens que deux régions différentes, l'une corti- cale ou supérieure, l'autre inférieure ou médullaire, aurait également eu tort d'écrire que cette dernière manque dans les Lichens crustacés uniformes. (Voy. le Dict. class. d' hist, nat., t. IX [41826], p. 361.) Ah LR. TULASNE. | en reproduisent sous des formes supe tous les ts d'or- ganisation. Aprés le J'erruearia muralis Ach. déjà cité, on peut noter parmi les plus rudimentaires, quant aux organes de la végétation, le Biatora decolorans Fr. (4). Sur des filaments incolores et fra- giles, presque privés de cavité intérieure, et dont les plus gros dépassent à peine 0"",003 en diamètre, sont épars, dans ce Li- chen, les éléments cellulaires d'un thalle amorphe ou presque pulvérulent ; cà et là se voient en outre de petits coussinets blan- châtres, formés, à l'intérieur, de gonidies sphériques à mem- brane trés mince, et extérieurement d'utricules épidermiques, qui ont la méme forme que les gonidies, mais des parois fort épaisses, Ces utricules, dont le diamètre égale cinq à huit millièmes de mil- limétre, sont remplis d'une matièré solide et blanchátre que l'iode colore en brun; ils sont liés les uns aux autres par une abondante matière intercellulaire qui se dissout partiellement dans l'acide sulfurique, et se teint ensuite en bleu sous l’action de l'iode. Au lieu de demeurer ténue et imparfaite comme dans cette sorte de Biatora et ses analogues (tels que les D. pachycarpa Fr. (2), B. icmadophila Fr., Lecidea sabuletorum Flk. ,et autres qui s'éten- dent sur leurs supports comme une lèpre, à la manière de certains mycelium, de celui en particulier de plusieurs Trichiacées), la trame fibreuse ou médullaire du thalle acquiert chez d'autres Lichens crustacés terrestres une très grande épaisseur et semble parfois les constituer tout entiers. Dans les Lecanora ventosa Ach. (3) et. L. Villarsi Ach. (4), par exemple, les couches corticale et goni- mique réunies forment moins que la trentième partie de l'épaisseur totale du Lichen , laquelle atteint trois ou quatre millimètres. La médulle de ces espéces est un tissu blanc, spongieux, formé exclusivement de filaments cylindriques solides, et qui égalent environ trois ou quatre millièmes de millimètre en diamètre. Ce parenchyme feutré retient beaucoup d'air dans son sein et pour ce (1) Lecidea decolorans Ach.—Moug. et Nestl. Stirp. Vog.- Rhen, t. VI, n° 554. (2) Desmaz., op. cit., vol. XI, n° 537 (sub nr (3) Moug. et Nestl., Stirp. V.-Rh., t. HT, n^ 258. (4) Desmaz., PI. crypt. de Fr., 2° édit,, t. XI, n° 542. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 45 motif est difficilement mouillable par l'eau; à beaucoup d'égards il imite le mycelium de certains Polyporus terrestres. Sa région supérieure est partagée par des sinus plus ou moins profonds, mais tous très étroits, en une multitude soit d'aréoles irrégulières, soit plutót de petites colonnes, de tubercules prismatiques, ou simplement de tubérosités variées , sur lesquelles s'étendent uni- formément les zones gonimique et corticale. La majeure partie du thalle d'uné multitude d'espéces saxicoles, telles que les Lecidea sulfurea Ach. , L. armeniaca Duf., L. Morio Schær,, Urceolaria opegraphoides DG., U. cinerea Ach., Leca- nora Parella Ach., Lichen esculentus Pall., Endocarpon te- phroides Ach., etc., etc., est aussi due à la couche médullaire dont le tissu blanc, dense et friable, ressemble peu à celui des thalles foliacés, quoique également formé de filaments entrelacés. Il en est cependant parmi ces derniers qui sont doués d'une plus grande solidité que les autres, ce sont les plus inférieurs, ceux qui rampent sur la pierre nourricière et supportent toute la plante. Ces filaments primaires, souvent colorés, ou se terminent - tous aux bords épais et entiers du thalle, comme dans les Lecidea atro-brunnea Schær., Patellaria Morio Dub. et d'autres sem- blables, ou ils les dépassent et ajoutent au Lichen une zone mar- ginale confervoide, sur laquelle les couches diverses du thalle s'étendent ensuite peu à peu en la recouvrant, On observe trés bien ce mode de végétation dans le Lecanora Parella , V'Urceola- ria cinerea (voy. pl. IID), le Lecidea atrovirens Ach. et une foule d'autres espéces. Les filaments dont il s'agit prennent sur- tout un extréme développement dans le Lecidea confervoides Scheer. (1), où par leur ténuité, leur élégante ramification et leur couleur d'un vert sombre, ils ressemblent beaucoup à certaines Oscillaires. Quelquefois, en conservant la méme organisation que dans les précédentes espèces , le thalle semble vouloir imiter le mycelium des Champignons et, comme lüi, fuir la lumiére; il s'insinue dans les plus étroites fissures des roches , il en suit tous les acci- (4) Rhizocarpon confervoides DC. Desmaz., PI, crypt, de Fr., 2* édit, , t. V, n* 244. 16 L.-R. TULASNE. dents et ne se développe que là; ses fructifications seules naissent au grand jour et, par leur disposition linéaire obligée , trahissent son existence. Des exemples de ce genre de végétation se ren- contrent en divers Lecidea (1), et à plusieurs égards Flint - pon smaragdulum Wahlenb. en est également un. Certains Lichens, crustacés-aréolés comme la plupart des espèces précitées, s'étendent dans leur zone marginale en lobes plus ou moins considérables (v. gr. Lecidea oreina Schær., Par- melia chlorophana Yr. (2), Squamaria chrysoleuca Dub., etc., etc.), mais qui demeurent appliqués au rocher quiles porte de ]a méme: manière que les aréoles centrales. Chez d’autres ces lobes ac- quièrent de plus grandes dimensions et contractent moins d'adhé- rence avec leur support (ex. c. Placodium murorum DC., P. ochroleucum ejusd. , etc.) ; enfin il en est qui, bien qu'appliqués au sol dans presque toute leur étendue , présentent. des frondes lobées-ondulées sur les bords (Placodium | fulgens DG. ; Lichen. lentigerus Web. (3), Squamaria crassa Chev. (4), Sq. rubina Hoffm., Biatora decipiens Fr. (5), etc.), et peuvent être pris pour des intermédiaires entre les Lichens crustacés proprement dits et les espèces à thalle foliacé, auxquelles ils conduisent naturelle, ment par des transitions ou modifications insensibles. Les thalles foliacés appartiennent à des Lichens trés élevés dans l'échelle organique de l'ordre; les types les plus parfaits en sont offerts par les Jmbricaria et autres grandes espèces de Parmélies , par les Sticta et les Peltigera ; les frondes des Umbi- licaria et de quelques Endocarpon en sont aussi des formes re- marquables. Dans le Parmelia parietina Ach., le plus commun de nos Li- chens indigènes, le thalle n'a guère plus de 1/10 de millimètre (4) Je citerai en particulier à ce sujet les espèces qui, dans les collections de Lichens des Pyrénées faites par M. Philippe, se trouvent, à tort, sous les noms de Lecidea confluens Dub. et L. biformis Ram, | (2) Lecanora chlorophana Ach. — Desmaz., PI. crypt. de Fr., 9° édit,, t. XXIV, n° 1198. (3) Lecunora lentigera Ach.—Desmaz., op. cit., t. XXIII, no 4432. (4) Lecanora crassa Ach. — Desmaz., op. cit., t. XXIV, n? 4200. (9) Lecidea decipiens Ach. — Desmaz. , op. cit., t. XT, n? 541. MÉMOIRE SUR LES LiCHENS. 1j d'épaisseur ; cependant il présente quatre régions trés distinctes. À sa partie supérieure est une couche de cellules épaisses, in- timement soudées , et qui est colorée en jaune à sa surface seule- ment ; à la face inférieure du thalle est une autre couche cellu- laire blanche, assez semblable à la première (stratum inferius pseudo-corlicale Eschw.); puis entre ces deux épidermes sont emprisonnées les gonidies , et la médulle qui s'étend au-dessous d'elles et renferme de l'air au milieu de ses filaments constitutifs. Tous ces tissus sont colorés en brun par l’iode ; la membrane des gonidies prend seulement cà et là quelques teintes bleues. La région inférieure du thalle est plus avide d'eau que ses autres parties, et donne naissance à des appendices tant laminaires que fibreux , à des sortes de crampons ou soutiens de la plante. L'Imbricaria aipolia DC., dont nous donnons l'analyse dans les planches ci-jointes, n'offre point une autre structure que l'espéce précédente. Là, comme dans la plupart des thalles folia- cés , les relations de la zone moyenne ou médullaire , láchement tissue et remplie d'air, avec les couches corticales, rappellent à beaucoup d'égards celles qui existent, chez les feuilles aériennes des Dicotylédones, entre le parenchyme central lacuneux et, les épidermes inférieur et supérieur du limbe. (Voy. pl. I.) Il n'y a dans le thalle du Peltigera canina Hoffm., et de ses congénéres, qu'une seule couche épidermique définie ; elle est placée à la face supérieure du Lichen et composée dans toute son épaisseur, qui est relativement trés considérable, de cellules globuleuses polyédriques intimement unies entre elles , pourvues de parois transparentes peu épaisses, et privées de tout contenu solide, Cet épiderme est faiblement coloré en bleuátre ou en brun à sa surface, et il porte un tomentum fugace, formé de gros filaments grisâtres et ramifiés. Quand il est humide, sa teinte apparente , eu égard à sa transparence, est partiellement due à la couche des gonidies qu'il recouvre. Gelles-ci renferment chacune deux ou trois grains d'un vert sombre , solides, peu ré- guliers et faiblement cohérents entre eux. Traités par l'acide sulfurique et l'iode, ces grains deviennent d'un bleu violet ou p lissent, se dissolvent en partie et semblent tout à fait se com- 9 A | 2 18 E.-R. TULASNE, porter comme des grains de fécule ou de cellulose, Au-dessous du siratum gonimon, s'étend la couche médullaire ou fibreuse, plusépaisse que lesprécédentes et due à l'enchevétrement de longs tubes cloisonnés et rameux, à parois épaisses et incolores. La face inférieure de cette région moyenne du thalle n’est protégée par aucun épiderme, elle est parcourue par de nombreuses veines ou nervures saillantes anastomosées (1) , et émet cà et là des processus étroits et rigides, au moyen desquels. le Lichen, en S'accroissant, se fixe sur les corps qui le portent ; ces nervures et appendices sont composés de filaments semblables ou analogues à ceux de la couche médullaire elle-même. rem p —^ fig. 8.) Le JVephroma resupinatum Âch., que quelques auteurs ne $ parent pas génériquement du Lichen précédent, porte une iiidhe épidermique sur ses deux faces ; la supérieure, épaisse de 5 à 7 centièmes de millimètre, est formée d'autant de rangs superposés de cellules polyédriques , tellement jointes les unes aux autres, que leurs parois réciproques se confondent ; l'inférieure est plus mince et composée d'éléments plus irréguliers. La couche go- nimique dépasse à peine en épaisseur l'épiderme supérieur ; ses utricules constitutifs ont des parois fort épaisses et ressemblent assez aux gonidies du Peltigera canina, dont ils ont toute la trans- parence, quoique peut-étre sous une forme moins bien définie. Six à huit grains solides, qui ont à peine plus de six milliémes de millimètre de diamètre, et dont la teinte foncée imite le vert-de- - gris, sont renfermés dans chaque gonidie, à peu prés comme les jeunes grains de pollen dans les cellules-méres qui les en- gendrent. Ces gonidies naissent des filaments du feutre médul- laire , filaments rameux, entrelacés, presque solides tant leur canal intérieur est étroit , et d'un diamétre assez uniforme , qui égale environ quatre millièmes de millimètre. La teinture d'iode qui les colore en jaune brun, y fait voir des cloisons trés distantes et épaisses ; le méme liquide communique aussi une teinte brune (1) Il est question de ces veines, ou vaisseaux, ainsi que M. De Candolle les appelle, dans le mémoire de cet auteur Sur la nutrition des Licuens (Journ. de phys., etc, , de Delamétherie, tom. IVe [XLVIT. — 1798], p. 414). MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 19 à l'épiderme du Lichen , et aux gonidies , surtout aux globules verts qui y sont contenus. Le thalle du Solorina saccata Ach. a la méme structure que celui des Peltigera : il porte à sa face supérieure une couche de grandes cellules globuleuses inégales, et à parois trés irréguliéres dans leur épaisseur; ces cellules sont si parfaitement soudées entre elles, qu'elles auraient pu étre citées avec avantage par M. de Mirbel, à l'appui de sa dernière manière de concevoir la formation du tissu cellulaire (Voy. A. de Juss., Elém. de Bot., p. 25, et de Mirb., Nouv. notes sur le Camb. , dans les Mém. de l Acad, des sc., tom. XVIII [4852], p. 727.) (4). Immédiatement au dessous de cette sorte de cortex transparent et presque incolore, s'étend uu tissu trés dense de cellules polygonales plus petites et à parois minces et diaphanes; en ces cellules prennent naissance des grains ovoides d'un vert gai, de A à 6 millièmes de millimètre de diamètre, et moins solides que ceux qui s'engendrent dans la couche gonimique des Pelti- gera et des Nephroma. Ces grains sont, comme ces derniers, libres dans leurs cellules-méres réciproques, et la moindre pres- sion les en fait sortir ; je les ai souvent aussi trés bien vus associés ou soudés en un globule triédre, ainsi qu'il arrive pour les jeunes spores de plusieurs Cryptogames , et les grains de pollen de diverses plantes; c'est une circonstance qui dénote leur mode de multiplication, et qui n'a point échappé à l'observation de M. Bayrhoffer (Einig. ub. Lich., p. 5). Elle justifie également, dans une certaine mesure, ce que cet auteur dit des eonidies , à savoir que ce sont des organes indépendants (sellette Organe), ou sans union intime avec les couches corticale et fibreuse , entre lesquelles ils reposent (op. cit., ibid.). Mais évi- demment ce dernier caractère n'est pas celui des gonidies les plus ordinaires , si, comme il est juste, on donne ce nom aux cellules mêmes, dans lesquelles se produit la matière verte ; car (1) M. H. Mohl a parlé, dans son mémoire sur la matière intercellulaire des végétaux, de la structure de l'épiderme du Solorina crocea Ach. , et il en a figuré la coupe horizontale, (Voy. Ann. des sc. nat., 2° sér., t. VIII [1837], p. 313; et Mohl, Erlœut, u. Verth. mein. Ans. v. der Pflanzensubst., p. 8, pl. H, fig. 3.) 20 LR. TULASNE. il est manifeste que ces cellules naissent directement des fila- ments de la médulle , ou continuent le tissu cortical à l'intérieur du thalle. Et quant à la chlorophylle, elle y est le plus souvent à l'état muqueux et sans forme précise; ce serait, si je ne me trompe, beaucoup plus rarement qu'elle se présenterait telle qu'on la trouve dans les Peltigera et leurs alliés (1). A la suite des Lichens précédents, je puis citer encore comme de beaux exemples de thalles foliacés les Sticta herbacea Ach. ( Parmelia læte-virens «x simplex Schær., Lich. helv. exs., n° 560), etS. sylvatica Ach. Le premier, surtout, acquiert parfois de très grandes dimensions ; il possède à sa face supérieure une couche corlicale épaisse d'environ A centièmes de millimètre, et formée de cellules globuleuses intimement jointes ; sous ce rap- port, donc , il ressemble beaucoup aux Peltigera et Nephroma déjà cités. La couche des gonidies est contigué à la zone corticale et d'un tiers environ moins épaisse ; les cellules globuleuses qui la constituent ne dépassent guère 6 millièmes de millimètre en diamètre : elles sont trés pressées les unes contre les autres, et la matiére verte qui les remplit en partie n'a pas de forme pré- cise. Au dessous des gonidies s'étend la médulle filamenteuse , d'un blanc grisátre , et qui atteint environ 15 centièmes de millimétre en épaisseur ; puis cette zone porte à sa face inférieure un mince épiderme brunátre, analogue à la couche cortieale su- périeure du thalle, comme elle plus hygrométrique que le feutre médullaire, et couvert d’appendices fibrilleux ou d'une sorte de duvet , formé de filaments cloisonnés et associés parallèlement entre eux. Le thalle du Sticta sylvatica Ach. offre, comme le précédent, une médulle fibreuse et une région gonimique emprisonnées entre deux épidermes inégaux et brunátres, mais dont le supérieur est coloré dans presque toute sa masse. Ses gonidies ressemblent (^) Les cellules gonimiques du Solorina saccata Ach. se développent souvent d'une manière exagérée en divers points de son thalle, et forment dans son sein des sortes d'agglomérats épars , trés denses, et d'un vert noir ; on observe, mais plus rarement, de pareils noyaux gonimiques dans les tissus du Sticta pulmonacea Ach. et du S, herbacea ejued. (voy. notre pl. IT), » MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 21 plus à celles des Peltigera qu'aux gonidies du Lichen ci-dessus décrit. Ce sont, en effet, des utricules globuleux difformes , de 19 à 20 centiémes de millimètre, très cohérents entre eux , et dont les parois hyalines et épaisses laissent voir dans leur sein quatre à six grains ovoides, solides, homogénes , et d'un vert bleu trés foncé. Ces grains, qu'on isole aisément , ont de à à 7 millièmes de millimètre de diamètre. Le Sticta sylvatica possède en outre des cyphelles, organes qui manquent habituellement au précédent , et dans lesquels je n'ai pu découvrir que de petites cellules blanches et transparentes, se multipliant par divisions successives (1). | On ne saurait omettre tout à fait, en parlant des Lichens folia- cés, les Gyrophora et les Endocarpon, qui, pour la plupart, pré- sentent parmi eux un genre de thalle trés particulier. Observé dans le Gyrophora pustulata Ach. , cethalle offre une double enveloppe corticale ; le cortex supérieur est formé de petites cellules polygo- nales intimement unies, et sa teinte brune superficielle est voilée par une sorte de poussière furfuracée, dont les éléments celluleux, trés irréguliers, sont inégalement répartis et diversement associés entre eux. La couche corticale de la face inférieure du thalle est environ le double en épaisseur de la précédente , et forme à peu prés à elle seule le quart de l'épaisseur totale du Lichen, que l'on peut évaluer à un cinquième de millimètre. Cette partie de la plante est grise, de consistance cornée et trés hygrométrique ; elle est constituée, comme presque tous les tissus de cette sorte, par des uiricules globuleux, à parois extrêmement épaisses, et tellement soudés les uns aux autres, que les contours extérieurs de chacun d'eux sont indistincts. Cette couche cornée porte sur sa face libre une infinité de petites papilles de forme conique ou pyramidale, et qui lui sont continues , c’est-à-dire formées d'un tissu entiè- rement pareil au sien propre, mais d'une teinte brune trés foncée. (^) « De usu cyphellarum nil certi novimus, » écrivait Acharius en 4810 (Lichenogr. univers., p. 12) ; je ne sache pas qu'on soit aujourd'hui plus instruit à cet égard. (Voy. l'histoire du genre Sticta [1822] par Delise, et les observa- tions de M. de Notaris sur les mêmes Lichens, dans le tome XII, encore inédit, des Memorie della R. Accad, delle sc. di Torino, sér. II.) 22 LR, TULASNE. La médulle fibreuse qui tient le milieu du thalle est ici , comme . dans le plus grand nombre des Lichens foliacés, un tissu lâche rempli d'air ; au-dessus d'elle , des gonidies sphériques , sem- blables à celles des Parmelia (Imbricaria) , forment une couche continue peu épaisse. (Voy. notre pl. V, fig. 8.) La fronde des Endocarpon est surtout remarquable à cause de son homogénéité et de sa densité. Celle de l' E. miniatum Ach., qui est lisse et nue sur ses deux faces, acquiert presque un demi-milli- mètre d'épaisseur ; sa consistance imite un peu celle du liége, et il est facile d'en obtenir des fragments d'une extrême ténuité. La région supérieure de ce thalle est formée de cellules globuleuses polyédriques trés cohérentes , dont le diamétre décroit vers la surface dela plante. Dans ces cellules s'engendre de la chloro- phylle qui les remplit en partie, et il en résulte une zone goni- mique d'un vert pâle , trés mal définie, dont les éléments, con- irairement à ce qui a lieu d'ordinaire , ne se dissocient pas à la rupture du thalle. Un tissu cellulaire semblable, mais à mailles plus grandes et privé de matière verte, forme la région inférieure du Lichen, tandis que son centre est occupé par des cellules étroite- ment linéaires, diversement associées, et qui ne laissent entre elles que de trés rares lacunes aériennes. Cette sorte de médulle com- pacte s'observe également dans l’Endocarpon Hedwigu Ach. , dont toute la masse semble encore plus homogène ou plus uniforme dans ses éléments que la fronde de l'E. miniatum Ach, C'est en outre un Lichen remarquable, à cause de la couche transparente cornée et épaisse qui recouvre sa face supérieure et rappelle la cuticule de certaines feuilles coriaces, telles que celles des Pro- iéacées, Cycadées, etc. (voy. notre pl. XIT). On trouve encore une médulle homogéne et presque sans la- cunes dans le Pannaria plumbea Del.; elle y est composée de cellules linéaires cylindriques et flexueuses, soudées en un tissu compacte qui forme presque le tiers de l'épaisseur totale du Lichen. Les gonidies de ce Pannaria sont bleuátres comme celles des Peltigera, Les Cetraria, comme M. Fries en fait la remarque (Lich. europ, ref. , p. 94), tiennent en quelque facon le milieu entre les MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 23 Lichens à thalle ascendant fruticuleux , et ceux dont la fronde foliiforme s'étend horizontalement sur le sol, ou rampe paral- lèlement au corps qui la porte. Ainsi, tandis que les Cetraria glauca Ach., C. Pinastri Sommerf. et C. juniperina Ach. , ont tout le port des Parmélies, les Cetraria islandica Ach. , C. acu- leata Fr. , C. nivalis Ach., et autres semblables, imitent celui des Cenomyce fruticuleux. Cependant si le C. aculeata est divisé, comme ces derniers, en branches ténues et arrondies, pour for- mer des sortes de petits buissons épineux, les C. nivalis, C. cucul- - lata Ach. et leurs analogues, tout en ayant le méme port, conser- vent la forme laminaire. En faisant une coupe transversale du thalle jaunátre, mince et comme cartilagineux du Cetraria niva- lis Ach. , on voit sur ses deux faces un épiderme semblable, épais de 3 à 4 centièmes de millimètre , trés uniforme , et composé de cellules polyédriques à parois excessivement épaisses; ce tégument cortical a pour ce motif une consistance cornée, et il parait devoir 8a teinte jaune pále à une matiére résinoide, composée de grains très fins et dont il serait pénétré dans toute sa masse. Un feutre trés lâche de filaments blanchátres est disposé entre les deux pa- rois épidermiques du Lichen , et l'on en voit naitre cà et là, au contact de ces parois, des groupes de gonidies trés pâles, c’est- à-dire de cellules sphériques , renfermant plus ou moins de chlo- rophylle amorphe. Tous les éléments de ce thalle se colorent en jaune brunâtre dans la teinture d'iode. Les Cetraria Pinastri Sommerf. et C. jupiperina Ach. offrent la méme structure que le précédent, mais les filaments médullaires y sont d'un jaune doré trés vif, exacternent comme dans le S/icía aurata Ach. La poussière sorédique de même couleur , qui se développe si fréquemment à la marge du thalle, où l'épiderme se détruit, procède de la médulle , et se compose de glomérules formés en trés grande partie par de petits. utri- cules intimement joints; les gonidies, quoi qu'on en ait dit, ne prennent pas plus de part à la génération de cette efflorescence de propagules, que dans les autres sorédies (1), (1) En général, la poussière sorédique (soredia Ach.) des Lichens n'est pas 21 Es. "WULASNE. Sous Jeur forme cylindroide , les branches inégales du Cetra- ria aeuleata Fr. (1) ont la même organisation que le thalle foliacé de ses congénéres. Leur teinte brune appartient seulement à la région la plus extérieure de leur revétement cortical, dont le tissu corné est trés homogène: quant à leur lacune centrale, elle est très imparfaitement remplie par un lacis de filaments blancs. Aussi bien que les Cetraria, les Cenomyce sont à certains égards intermédiaires entre les Lichens horizontaux et ceux qui possèdent un thalle dressé. La plupart d'entre eux, en effet, présentent à la fois des expansions laminaires étendues sur le sol et des produc- tions ramiformes, qui en naissent verticalement. C'est ce qu'on peut voir aisément dans les C. pyæidata, bacillaris, furcata, composée de gonidies libres et nues comme quelques uns semblent l'avoir cru ; les grains trés inégaux (coccia Wallr., pro parte) qui la constituent sont le plus souvent des agrégats de gonidies enveloppés d'une couche irrégulière de petites cellules assez analogues à celles de la zone corticale dont elles ont fréquemment la cou - leur. Telle est, pour citer d'autres exemples que le Cetraria Pinastri, la structure des grains dorés dans lesquels se décomposele thalle du Placodium murorum DC., lorsqu'il devient le Lecanora citrina Ach., et de ceux aussi qu'on observe sur le thalle altéré du Parmelia parietina Ach. quand il passe à cet état dont Acharius avait également fait un Lecanora (L. candelaria Ach.—Moug. et Nestl., op. cil., t. VIII, n° 743). Les propagules du Borrera tenella Ach. n'ont pas non plus une organisation différente, et l'on ne voit pas que Cassini, qui en a suivi la végétation après leur séparation de la plante-mére, fût bien fondé à les distinguer des autres sorédies ; en tout casl'analogie qu'il trouvait entre les frondes gorgées de ces pro- pagules et les conceptacles ou apothécies des Spherophoron est fort contestable. (Voy. H. Cassini, Opusc. phytol., t. IT [1826], p. 391.) M. Kærber, auquel on doit une dissertation spéciale sur les gonidies des Lichens, aurait été, à ce qu'il parait, moins heureux que Cassini; malgré ses nombreux essais, il ne serait point parvenu à voir les globules sorédiques isolés végéter, et reproduire le Li- chen dont iis auraient été détachés. Toutefois cet auteur ne doute pas que ces organes ne soient pour les Lichens des agents de multiplication analogues aux bourgeons ou bulbilles des végétaux cotylédonés; mais, sije ne me trompe, il ne s'élait pas formé une idée trés exacte de leur structure la plus ordinaire. (Voy. Ann, des sc. nat., 2e sér., t. XIV [1840], p. 465, et la Flora, t. XXIV [1841], p. 7, 9, 14 et 20.) Les sorédies des Collema sont formées de globules juxtaposés qui sont vraiment, quant à leur structure, autant de petits thalles en miniature. (1) Cornicularia aculeata Ach, — Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen. , t. IT, n°4108: MÉMOIRE SUR LES LICHENS. : 25 coccifera, elc., et il est extrêmement probable que l'état primitif de toutes les espèces du genre appartient à la manière d’être des thalles foliacés horizontaux. " Les jeunes frondes du Cenomyce pyaidata Ach., quand elles ont à peine 2^" de longueur, sont déjà formées des trois élé- ments essentiels qui constituent les thalles adultes. À leur face supérieure est une couche épidermique, composée de cellules glo- buleuses, incolores, trés adhérentes entre elles, à parois fort épaisses, et dont le diamètre varie entre 0"",003 et 0,006. Au- dessous sont disposées des gonidies , utricules sphériques remplis de chlorophylle, qui mesurent en diamètre 0"",0065-0125, et reposent sur un feutre épais de filaments rameux, blancs, très fins, (car la plupart ont moins de 0"",003 en diamètre) , et entre les- quels une grande quantité d'air est retenue emprisonnée. Dans la teinture alcoolique d'iode, ces filaments, les cellules épidermi- ques et surtout la chlorophylle des gonidies se colorent en brun, tandis que la membrane cellulaire des mémes RE prend seule une teinte d’un bleu très foncé. Les branches rameuses du Cenomyce rangiferina Ach. (1), sem- blable'en cela à un grand nombre de ses congénères, ne possè- dent point de couche cellulaire épidermique bien caractérisée. Ce sont des tubes creux, entiérement vides et sans diaphragmes intérieurs, constitués par une membrane cartilagineuse , épaisse d'environ 15/100 de millimétre, et dans laquelle on nedistingue, à proprement parler, que deux zones. La zone intérieure, qui forme la partie la plus solide et comme la charpente du thalle, est un tissu corné et blanchátre, composé de filaments presque simples, paralléles, intimement soudés entre eux par l'intermédiaire, ce semble, d'une gangue muqueuse, et dont le canal interne est en- tièrement oblitéré. La couche externe , moitié moins épaisse que l'autre, est un feutre lâche et inégal dà à des fibres également solides, mais rameuses , divariquées , et dont le diamètre varie entre 7 et 9 millièmes de millimètre, À ces filaments se mêlent (^) Cladonia rangiferina DC. — Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. I, nid 26 L.-R, TULASNE, cà et là des groupes de gonidies, tellement épars et voilés que le Lichen n’en recoit qu'une coloration verte extrêmement pâle. Les tiges ligneuses du Stereocaulon denudatum Sommerf. sont, au contraire , absolument pleines et exclusivement composées, dans toute leur masse, de longs filaments soudés parallélement entre eux. Ceux-ci, en raison de l'épaisseur de leurs parois en- durcies , n'ont tous qu'un canal intérieur à peine visible ; les plus gros, dont le diamètre atteint 40 à 43 millièmes de millimèe- tre, sont disposés à la périphérie des tiges, et ceux que j'ai me- surés vers le centre de celles-ci ne m'ont pas semblé avoir plus de 2 milliémes de millimétre d'épaisseur. eiie Parmi les Lichens fruticuleux, le Ramalina scopulorum Ach. est aussi d'une structure trés simple. Ses branches inégales et irrégulières sont entièrement tissues de filaments cylindriques, dont le diamètre assez uniforme ne dépasse guère 1/100 de millimètre, Vers la surface des rameaux, et cà et là, sous une épaisseur très variable, ces filaments sont presque solides, leur canal intérieur est à peine perceptible, et ils sont pressés et appli- qués les uns contre les autres, comme le sont fréquemment les fibres libériennes dans l’écorce des plantes cotylédonées. Plus intérieurs, ces mêmes filaments ont des parois moins épaisses, et, làchement unis entre eux, ils admettent beaucoup d'air dans leurs interstices. Au-dessus ou en dehors des fibres périphériques soli- difiées, on ne voit point habituellement de gonidies, mais une couche, épaisse d'environ 0"",03, d'une matière cornée sans texture appréciable, une sorte d’excrétion endurcie à la surface de la plante et lui tenant lieu de membrane épidermique. Toutes les parties de ce thalle se colorent en jaune brun dans l'eau iodée. On peut encore mentionner ici les Évernia aux rameaux fili- formes diversement entrelacés. Dans lE. flavicans Sw., ces rameaux sont autant d'étuis épais de matiére cornée, teints en jaune à leur superficie, et dans la structure desquels l'analyse microscopique ne fait découvrir que des filaments cylindriques de 5 à 10 millièmes de millimètre de diamètre, presque solides, et joints entre eux de facon à ne laisser aucun interstice appré- ciable, À l'intérieur de ces cylindres creux sont d'autres fils MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 27 pareils aux premiers, mais désunis et láchement anastomosés , desquels naissent, au contact du corteæ, des groupes épars de páles gonidies qui ne doivent avoir presque aucune part à la coloration générale du Lichen. La teinture d'iode communique subitement une coloration bleue trés vive à tout le parenchyme corné du thalle, mais elle jaunit seulement ses fibres centrales dissociées. i L'Evernia vulpina Ach., remarquable par sa belle teinte d'un jaune verdátre, est, à certains égards, autrement organisé que le précédent. On y distingue d'abord une couche corticale presque solide ou du moins dont la texture cellulaire est fort obscure; c'est une sorte d'enduit de consistance cornée, et tout pénétré d'une matière colorante verte , disséminée en petits grains d'apparence résinoide et très différente de la chlorophylle. Au-dessous sont làchement entrelacées des fibres blanches et libres; puis entre elles et l'enveloppe corticale naissent cà et là des gonidies. Mais la partie la plus solide du thalle est constituée par un axe central ou cylindre plein formé de filaments associés comme l'étui corné que nous avons décrit dans l'Evernia flavicans. Tous les éléments de ce thalle se teignent en bleu dans une solution aqueuse d'iode ; seule la matiére colorante verte de l'épiderme y change à peine de couleur. Pour en finir avec les Lichens fruticuleux, je dirai quelques mots des Usnées qui atteignent parmi eux les plus grandes di- mensions, . M, de Notaris a écrit (4) que les Usnées se distinguaient en outre, entre tous les autres Lichens gymnocarpes, par un thalle d'une structure plus complexe ; cependant, si je ne me trompe, la plupart des espéces de ce genre différent peu, à cet égard, des Lichens précédents. Les branches cylindriques de l'Usnea bar- bata (florida) Fr. , le type du genre, sont revétues à l'extérieur d'un tissu corné , formé de cellules polyédriques globuleuses, à parois extrémement épaisses. Sous cette sorte d'épiderme on irouve une couche de filaments blancs, làchement entrelacés , et (4) Voy. Giorn, bot, ital., ann. 3, t, IF, part, 4, p. 178 (fasc. 9). 258 L.-R. "UUULASNE, qui emprisonnent beaucoup d'air; c'est à la surface extérieure de cette couche médullaire que sont épars des groupes de goni- dies vertes. L'axe trés épais de la branche est un cylindre plein, fort dur, et dans la structure duquel il n'entre que des cellules linéaires ou fibreuses, parallèles entre elles, et dont le canal in- térieur est très étroit, sinon même tout à fait oblitéré. Chez d'autres espèces du méme genre, telles que l'Usnea. flaccida Hoffm. (1), les éléments fibreux du cylindre central (ou longs fils solides, dont le diamètre varie de 3 à 6 millièmes de milli- métre) sont en partie dissociés, et dans leur agencement repré- sentent trés bien un cordonnet fait en tissu de coton. Quant aux Collema , dont il me reste à parler, personne ne doute qu'ils ne différent beaucoup des autres Lichens à cause de la structure de leur thalle et de sa nature muqueuse qui les a fait appeler par les auteurs allemands des Gallertflechten ou Lichenes gelatinost, La plupart des lichénographes les considèrent aujour- d'hui comme les principaux types d'une famille ou tribu spéciale dite des Byssacées (Fries [2])ou des CorLémacées (Montagne [3|), et que M. de Flotow , qui l'a particulièrement étudiée en ces der- niers temps , tient pour intermédiaire entre les vrais Lichens et les Algues d'eau douce (voy. la Linnea, tom. XXIII [1850], p. 148) (I). | Des diverses espèces de Collema qui croissent autour de Paris, les pius communes peut-étre, et celles que nous prendrons pour exemples, sont les C. cheileum Ach. et C. jacobeæfolium DG. La fronde du premier est divisée en lobes arrondis et tient au sol par des houppes de rhizines blanches, rameuses, et formées de séries simples de trés longues cellules (d'environ 0"",008-00/t endiamétre), dontla membrane semble très épaisse. (1) Evernia divaricata Ach.— Fries, Lich. ref., p. 25. — Moug. et Nestl., op. cit., t. VE, n. 545. — Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 2* éd., t. XI, no 545. (2) Voy. Fries, Syst. orb. veget., p..291 ; et Summ. veget, Scand., p. 121. (3) Voy. d'Orbigny, Dict. univ. d'hist. nat., aux mots Byssacées (t. II, p. 790) et Licuens (t. VII, p. 351). (4) « Plante (Byssacr) hinc Pmuvcgm, presertim infimis, structura, vitaque » amphibia , illinc Licnenisus vita interrupta fructificationeque affines. » Mon- taz ne, in Ram, dela Sagra, Hist. de Cuba, Bot., p. 195. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 29 Ce thalle est mince et uniformément vert dans toute son épais- seur ; il se compose de filaments ou tubes rameux et incolores , noyés dans un abondant mucilage ( 1). Le, C. jacobeæfolium DC. doit son nom à sa fronde laciniée , qui offre dans sa structure, de plus que le précédent, des grains verts très nombreux et disposés presque tous en longs chapelets; ces grains, parmi lesquels il en est de plus gros que les autres, sont aussi plongés dans une gangue muqueuse commune, et mélés à des filaments continus. L'adhérence du lichen au sol est également obtenue à l'aide de nombreux filaments incolores , ra- meux , presque vides de matières solides, à peine cloisonnés , et dont le diamètre varie entre 0"",008 et 0"",005. La matière mucilagineuse , qui forme la plus grande part de la masse de ces plantes, n'a point de texture appréciable ; bien qu'elle ne se colore pas trés sensiblement , elle devient cepen- - dant plus visible quand elle est plongée dans une solution d'iode; celle-ci teint en jaune brun tous les autres éléments du thalle, La fronde des mémes Collema a en quelque maniere la con- sistance et l'aspect. d'un /Vostoch, mais elle en diffère dans son organisation intime par la présence des tubes rameux et continus dont il vient d'étre parlé ; car ce sont en elfet des organes trés distincts des filaments moniliformes , qui se trouvent seuls dans la gangue muqueuse des Vosioch. Néanmoins on n'est pas surpris que plusieurs auteurs aient confondu ces Algues avec les Col- lema (2), et qu'aujourd' hui encore M. Fries les leur associe dans (1) Telle serait aussi, suivant M. Koerber, l'organisation du Collema hema- leum Sommerf. (Voy. la Flora, t. XXIV [1841], p. 48.) , (2) Cassini regardait les Nostoch comme des formes stériles des espèces du genre Collema , mais il déclarait prudemment n'être pas complétement satisfait des observations quil'avaient conduit à cette opinion (voy. le Journ. de phys., etc., de Delamétherie et de Blainville, t. LXXXIV [1817], p. 395 ; et le Bull. des sc. par la Soc. philom., année 1817, p. 81-82 [5 avril]). Ventenat, au con- traire, se demandait si « les Lichens gélatineux ne seraient pas des Nostoch qui auraient changé de forme » (Tabl. du règne vég., t. II [an VII], p. 36); et ter- mine par cette réflexion un résumé ou extrait de la monographie qu'il dit avoir écrite, en 1793, « sur les plantes lichéneuses, » mais à laquelle il ne parait pas qu'on ait jamais rien emprunté, Les deux genres Nostoch et Collema servent, 20 L.-R. TULASNE. | la première section de ses BvssacEx (1). On justifie ce rap- prochement en attribuant aux /Vostoch une fructification concep- taculaire analogue à celle des Verrucariées; mais bien que M. Wallroth ait dit, il y a une vingtaine d'années (2) , avoir constaté ce mode de fructification dansle Vostoch commune Vauch: (Pirna Nostoch Wallr.), aucun autre botaniste, que je sache , n'a depuis renouvelé la méme observation. | L'analogie des Vostoch, et particulièrement du /Vostoeh com- mune, avec les Collema précédemment nommés, le C. pulposum Ach. et autres semblables, résulte tant de la structure que de l'homogénéité de la fronde dansces diverses plantes. En effet, chez les Collema, dont la consistance rappelle celle des IVostoch , les deux faces ou les régions épidermiques inférieure et supérieure du thalle, ne se distinguent guére des parties plus profondes que par une condensation particulière des chapelets verts ou des: filaments. continus incolores, et par une légére teinte br une qu'affecte la gangue muqueuse qui les enveloppe (3). Mais les Collema lacerum. kch. (Leptoqu sp. Vries, Flotow), C. cormcu- latum. Hoffm. ( Obryzum Wallr. olim) et autres analogues (4), qui se rapprochent davantage des Lichens foliacés ordinaires par la ténuité et la flexibilité de leur thalle, participent aussi à la structure de ces derniers , quant à la nature de leur épi- derme, qui est formé de cellules polyédriques intimement unies ; néanmoins le centre de leur fronde n'est pas autre - dans les Collema muqueux. | | Les détails dans lesquels nous venons d'entrer montrent que les frondes de la structure la plus simple sont encore assez disait M. Hornschuch, à unir les Algues d'eau douce aux Lichens (Nov. act. nal, cur., t. X, part. m, p. 536). (1) (3 sa Summ. veg. Scand., p. 421. M. de Flotow adopte cette classifi- cation (Linnea, t. XXIII, p. 460. — 4850). (2) Voy. sa Flora crypt. Germ., t. IT [1831], p. 295. (3) « Collemata kein gedoppeltes stratum, od. n nur beide strata in. Versch- melzung zeigen. » Martius in Flora, IX [1826], 2 (4) Voy. l'analyse du Leptogium marginellum iig publiées par M. Me tagne, Hist. de Cuba, Bot. cryptog., p. 445, pl. VI, f MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 51 complexes, quant au nombre et à la forme variée de leurs élé- ments, ce qui enlève beaucoup de valeur à la division proposée, des thalles des Lichens, en thalles homogènes { homæomerische oder gleichschichtige T halle Wallr., Martius, etc.), et en thalles hétérogènes (ungletichschichtige oder heteromerische T halle) (1). Car les Collema qui, suivant M. Wallroth, devraient former à eux seuls la première classe, sont loin d'offrir des frondes vraiment homogènes ou similaires , et ne sont point davantage privés abso- lument , comme le prétendait M. Martius (loc. sup. cit., p. 240), de couche grenue verte ou gonimique (grüne Kærnerschicht) ; si, en effet, ainsi que nous l'avons vu, la matiére verte est chez quelques uns dissoute dans le mucilage de la fronde, chez un plus grand nombre elle est concentrée en globules , qui pour étre réunis en chapelets(2), ou quelquefois dispersés sans ordre appa- rent dans toute l'épaisseur du thalle, n'en semblent pas moins des organes analogues aux gonidies des autres Lichens (3). Il résulte en outre des observations contenues dans les pages précédentes, que le plus souvent la surface du thalle possède une couleur propre, qui appartient aux cellules extérieures de la couche corticale ; mais dans ce cas méme, à raison de la trans- parence ordinaire de cette écorce, si elle est humide , la couleur verte ou bleuátre des gonidies contribue trés souvent d'une ma- nière sensible à la teinte générale du Lichen. Aussi M, Eschwei- ler soutenait-il trop absolument , contre l'opinion commune , que (4) Voy. Martius dans la Flora, t. IX (1826), p. 213, et Wallroth cité par lui. (2) M. Eschweiler a cru reconnaître dans le Collema oblique-peltatum Eschw. que ces chapelets procédent des filaments tubuleux et continus, à l'intérieur desquels il aurait observé quelques uns des grains verts dont il s'agit, qu'il qua- liie de spores. (Voy. Eschw., Icon. selectæ plant. crypt. Bras., p. 28, tab. xr, fig. 4-6.) M. Korber, au contraire, semble penser (voy. la Flora, loc. sup. cit., p. 18) que ce sont les chapelets qui engendrent les filaments incolores. (3) C'est aussi le sentiment qu'a exprimé M. Kærber dans ses remarques sur la multiplication individuelle des Lichens. Suivant cet auteur, les séries monili- formes de grains verts seraient des sortes de sorédies issues d'une gonidie isolée (« Mutterzelle..., gonidium in der Periode wo es ein soredium geworden ist. » — Voy. la Flora, t, XXIV [1841], p. 42, 43 et 17). 22 L.-R. TULASNE. la couche gonimique ne prend point part à la coloration du tnalle, laquelle, suivant lui, serait toujours exclusivement due aux utricules superficiels du Lichen. (Voy. Eschw., loc. sup. cit.) A une époque où l'organisation des Lichens était. encore trés peu connue, MM. Lamarck et De Candolle écrivaient dans leur Flore francaise : « Si l'on frotte un Lichen de manière à déchirer ses cellules, sa substance interne de blanche qu'elle était, devient verte. Ce phénomène, qui est particulier à cette famille, parait dü, suivant les observations de M. Ramond, à l'extravasa- tion d'un suc propre (1), contenu dans des cellules particulières, » (Ouvr. cité, t. II, p. 231.) Je ne sache pas qu'on ait jamais ob- servé de véritables sucs propres dans les Lichens ; celui dont il est ici question n'est évidemment que la chlorophylle contenue dans les gonidies. Cette substance ne semble point en général y diffé- rer, de ce qu'elle est habituellement dans les tissus des végétaux phanérogames (2), et l’on conclurait à tort, qu'elle y présente une consistance moins solide de ce que M. Wallroth la qualifie de lympha vegetabilis viridis (Conf. Wallr., Fl. erypt. Germ., t. II, p. 285). M. Bayrhoffer la désigne sous le nom de matière gommeuse ( gummiartige Masse) (3). II. Développement du thalle. | Considéré dans son mode de développement, le thalle des Lichens offre des faits intéressants à signaler, Dien que ces végétaux soient privés de racines véritables , que : (^) M. Léman a dit aussi « que le tissu spongieux et blanc des Lichens verdit à l'air, ce qui est dû saris doute à un suc propre décoloré par l'action de l'air; » et « qu'ils donnent de l'oxygéne, lorsque, mis sous l'eau, on les soumet à l'action du soleil. » (Voy. le Dict. d'hist. nat., de Levrault et Le Normant, t. XXVI [1823], p. 259, v? Licuens.) Les mêmes remarques ont été consignées à peu près dans les mêmes termes ci M. Fée. CAP le Dict. class. d'hist. nat., t. IX [1826], p. 369.) (2) Les doutes que M. Kerber exprime à cet égard semblent peu fondés. (Voy. ses Bemerk. ueb. individ. Fortpfl. der Flecht., dans la Flora, t. XXIV [1841], p. 8.) (3) Einig. ub. Lich. uw. deren Befrucht., p. 5. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 33 les appendices inférieurs de leur fronde offrent plutôt le carac- tère de crampons ou d'organes de sustentation, que celui d'organes de nutrition, et imitent en quelque manière les racines de certaines phanérogames fausses parasites, néanmoins, eu égard aux relations de position de la fronde et des appendices dont il s'agit, et à la direction opposée de leur végétation, on peut comparer l'aecroissement des Lichens à celui des végétaux les plus complets, et leur accorder, à certains égards, la double pola- rité qui caractérise les tiges et les racines (1). De méme que, relativement au collet, ces deux parties de l'axe végétal ont un développement centrifuge , et que l'accroissement particulier de chacune d'elles en largeur l'est également, de méme la végéta- tion des Lichens est à la fois acrogène et amphigéne , expressions qui suffisent à définir l'accroissement d'un être organisé dans les trois dimensions de l'étendue. | Ce double mode de développement ne donne qu'au plus petit nombre des Lichens des thalles caulescents ou fruticuleux (éhalli centripeli Fr.), c'est-à-dire des tiges ou rameaux cylindriques, comme en possèdent les Cladonia, Stereocaulon, Roccella, Usnea, et autres genres ; habituellement il n'engendre que des organes minces, laminaires, comparables aux feuilles des plantes supé- rieures (thalli centrifugi Fr.) , et dans lesquels, en raison de cela, on ne considère plus guère que le développement amphi- gène ou en largeur. Du mode de germination propre aux Lichens, et dont je par- lerai bientôt , on tire la conséquence nécessaire , confirmée d'ailleurs par les faits, qu'un Lichen, qui n'est point provenu d'un organe de prolification, a commencé d'étre par son hypo- thalle, ou mieux par le plexus filamenteux initial (protothallus (4) IL n'est évidemment question ici que d'analogies, et c'est pour avoir pris dans un sens trop absolu les termes appliqués aux plantes supérieures, qu'Acha- rius écrivait : « Nullam plantam acaulem esse predicavit Hgpwic... sed minus cer- tam (hanc opinionem) esse docent omnes LicugwEs, quorum thallus receptaculum quoddam universale gongylorum et apotheciorum potius est, trunci v. caulis faciem lantum habens... validiores subsunt rationes (que) Licuexes acaules esse potenter (testantur). » (Ach., Lichenogr. univ., p. 4.) c» oh L.-R. TULASNE. Meyer et aliis), qui a engendré et porté les premiers rudiments du thalle (1). J'ai déjà comparé, comme l'avait fait M. Mon- tagne (2), cet état primordial du Lichen avec ie mycelium des Champignons (2); ilest constitué comme celui-ci par des fila- ments rameux , articulés, tantôt transparents et incolores , tantót teints de couleurs plus ou moins foncées. E Chez les Lichens foliacés comme les Peltidea , les Gino di Parmelia et autres grands types, les appendices inférieurs du thalle sont bien distincts de la couche médullaire ou de la paroi épidermique, qui peut la recouvrir ; au contraire, dans la plu- part des Lichens crustacés ou pulvérulents, ces appendices hypo-- thalliens manquent ou se confondent avec les éléments fibreux de la zone médullaire, qui, en ce cas, est habituellement. dé- : pourvue d'épiderme , et s'applique intimement à son support. Observe-t-on, par exemple, l'Urceolaria scruposa Ach. ou telle autre espèce crustacée analogue, on trouve que les filaments médullaires de son thalle servent à le fixer au corps qui le porte, en méme temps, sans doute, qu'ils remplissent d'autres fonctions plus parliculièrement essentielles à la vie de la plante. Quand celle-ci végète sur le sable, on peut voirles mêmes filaments s'y enfoncer exactement comme le mycelium de divers Champi- gnons (Hyménomycètes) terrestres. ll existe même, comme on sait, beaucoup d’espèces (ex. gr. Lecidea rupestris Ach. , Ferru- caria immersa Pers., P. purpurascens Hoffm., Lichen exan- thematicus Sm., etc.) qui exercent sur les roches calcaires les plus dures une action telle que leurs apothécies s'y enchássent (V) & usa Insignis vulgo observatur differentia, in individuis e sporidiis et e gonidiis orlis ; illa statu hypothallino incipiunt ; hec. conglutinando plura gonidia immediale in thallum explicantur... » (Fries, Lich. europ. reform. , p. Lvu.)Cet état nématoide du Lichen est ce que M. Bayrhoffer appelle aussi prothallus ; «le pro- thallus, dit-il, naittant des spores parfaites que des spores imparfaites ou andro- spores; il est fugace chez beaucoup de Lichens, c'est-à-dire qu'il se recouvre très vite d'une couche secondaire; chez d'autres, il est plus persistant et prête à plu- sieurs des bords blancs ou diversement colorés... » (Conf. Bayrhoff., Einig. ub. Lich., p. 4.) j (2) Hist, de Cuba, BoraniQ., p. 121. (3) Voyez le journal l'Institut, xvim* ann. (1850), no 849, p. 117. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 39 profondément, tandis que les filaments fragiles et irréguliers de leur thalle se mêlent aux molécules à peine désagrégées de la pierre. — Si le Lichen crustacé se développe sur un sol qu'il ne puisse pénétrer, comme sur un silex, par exemple, alors ses éléments filiformes s'étalent dans toutes les directions autour du point oü le thalle a pris naissance; c'est ce que montrent très bien plu- sieurs des Lichens que nous avons déjà cités, tels que le Leci- dea confervoides Scheer. , 'Urceolaria cinerea Ach., la plupart des F'errucaria silicicoles, le Parmelia pallescens Fr., et une foule d'autres espéces. Dans de telles conditions, la rencontre des fila- ments hypothalliens de deux ou plusieurs thalles voisins déter- mine la formation de ces lignes faiblement saillantes, qui dessi- nent si fréquemment sur les rochers, ou l'écorce des arbres, une sorte de tracé géographique au travers des Lichens variés dont leur surface est couverte. En ces exemples , les filaments hypothalliens se voient presque toujours dans la dépendance immédiate d'un thalle plus ou moins développé, qui semble contemporain de leurs premiers commencements, mais qu'ils ont dà précéder cependant, puisque c'est d'eux que procéde le parenchyme utriculaire et gonimique du Lichen; lequel ne prend d'accroissement qu'au fur et à mesure qu'ils en acquièrent eux-mêmes. i: Ce développement simultané et centrifuge engendre le plus souvent un thalle circulaire ou disciforme. Ce thalle est simple Qu continu , s'il n’a qu'un centre de végétation, comme dans le Parmelia parietina Ach., les Placodium murorum DC., Squa- maria lentigera DC. et autres espèces semblables, chez lesquelles le disque central de la fronde en est la région la plus âgée, celle qui se détruit la première, tandis que tous les phénomènes de l'accroissement se passent dans la zone marginale. Mais il est aussi des Lichens , dont le thalle adulte se compose souvent de la réunion de plusieurs petites frondes qui ont eu chacune leur centre particulier de végétation , et pris naissance simultané- ment sur des points différents d'un méme hypothalle; plusieurs des Lichens à fronde tesselée, surtout parmi les RA?zocarpon DC. , 26 L,-R. TULASNE. et un grand nombre d'autres espèces crustacées reconnaissent une pareille origine. Chez les Lichens foliacés proprement dits , cette cou des frondes nées sur un même hypothalle byssoïde ne saurait avoir lieu, car celles-ci n'ont avec lui qu'un point de contact, qui est celui de leur origine; de toutes les autres parts, elles en sont compléte- ment libres et indépendantes, et par suite elles ne peuvent non plus contracter entre elles des soudures ou des anastomoses, capables de tromper l'observateur sur leur véritable nature. On a des exemples faciles à rencontrer de ces sortes de Lichens dans les genres Peltidea , Cenomyce et autres analogues. L'hy- pothalle primitif ou protothallus de ces Lichens imite entière- ment le mycelium des Champignons; il rampe indifféremment à la surface de tous les corps, et les couvre d'un voile arachnoide presque incolore, qui parait avoir échappé à l'observation de la plupart des lichénographes. Celui du Peltidea polydactyla Ach. s'étend parfois jusque sur les tiges et les feuilles des mousses vivantes, et, sous la loupe, on l'en peut détacher sans endommager celles-ci; il s'obtient dela sorte sans mélange de corps étrangers, et l'on constate qu'il sert de base commune à une multitude de jeunes thalles nés de ses filaments constitutifs, et qui semblaient, au premier abord, tout à fait étrangers les uns aux autres. La méme chose a lieu pour les Cenomyce pyxidata Ach., cocci- fera Ach. et autres semblables. On sait que les jeunes individus de ces espèces de Lichens forment par leur réunion des sortes de gazons d'un vert pále, trés communs dans les bruyéres, les pelouses ombragées des bois, etc.; or il est facile de s'assurer qu'ils naissent tous d'un plexus filamenteux, d'une sorte de rhi- zome byssoide, comme celui qui est figuré dans la planche XI ci-jointe. On doit, pour l'observation facile de cet organe, le prendre de préférence sur des pierres dures, desquelles, aprés quelques lavages faits avec soin, onle détache dans un grand état de pureté; puis à l'aide de la loupe et du microscope, on étudie à sa surface comment les jeunes thalles en procèdent. Gà et là sur ses filaments élémentaires s'engendrent de petites cellules sessiles, sphéroides et incolores, qui après s'être multipliées, donnent MEMOIRE SUR LES LICHENS. 97 naissance à leur tour à des cellules plus grandes , où s'amasse de la chlorophylle. C'est ainsi que s'organisent lentement les pre- miers rudiments ou plutót la base pulvinée d'autant de nouveaux thalles ; car bientót aprés, chacun de ces coussinets verts s'allonge horizontalement sous une forme laminaire , d'abord spathulée, et devient une fronde, qui éloigne sans cesse davantage son sommet du réseau filamenteux, sur lequel elle est implantée, sans jamais contracter avec lui d'autre adhérence. ll arrive méme au bout d'un certain temps de végétation, que son union avec le byssus générateur est détruite, en sorte qu'elle devient libre ou n’adhère plus aux corps qui la portent, que par les rares appendices de sa face inférieure. Chez nos Cenomyce indigènes, cette fronde acquiert quelquefois, sous une forme rubanée et diversement ramifiée, d'assez grandes dimensions (ex. gr. C. endivi- folia Ach., C. alcicornis Ach., etc.) ; plus souvent elle reste très petite, et pousse de sa face supérieure des sortes de tiges fistu- leuses, cyathiformes ou cylindriques, presque simples ou trés ramifiées , suivant les espèces. Dans les Peltidea , les jeunes frondes procèdent du rhizome nématoide déjà signalé, de la méme maniére que celles des Ceno- myce; elles ne lui adhérent aussi que par leur point d'ori- . gine, et leur développement est toujours horizontal ou parallèle au sol, vers lequel elles envoient de leur face inférieure un grand nombre de crampons linéaires. Ces frondes, en outre, gagnent incessamment en largeur, à mesure qu'elles s'allongent, de sorte qu'elles acquiérent la forme plus ou moins réguliére d'un triangle isoscéle , ayant pour base un arc de cercle. Le som- met de ce triangle, qui correspond à la base de la fronde, se détruit peu à peu aprés s'étre détaché du byssus générateur; sa base , au contraire, est la zone marginale et terminale du thalle, celle qui s'accroit sans cesse et fructifie. Une pareille fronde re- présente un secteur de cercle, pris dans le thalle disciforme du Parmelia parietina Ach., et reproduit sur une grande échelle le mode de végétation qu'affecte le prothallium des Fougéres. On retrouve le méme genre d'accroissement plus ou moins caracté- risé, chez d'autres Lichens foliacés, et en particulier chez plu- 38 L,-R. TULASNE. sieurs Sécta et Parmelia à fronde multipartite, qui rappellent de tout point la végétation de diverses espèces de Jungermannes (v, gr. J. epiphylla) et autres Hépatiques (ex. g. Marchantiæ). Si, au lieu d’être horizontal, ce moded' accroissement s' exerce dans le sens vertical, il produit un thalle fraticuleux et cespitiforme , . comme est celui des Evernia , Ramalina , Cetraria , etc. ; il se. confond alors avec le développement propre aux Cladonia. De tout ce qui précéde, il suit que les organes dela végétation consistent pour les Lichens de la structure la plus complexe, dans. une sorle de rhizome byssoide indéfini, souvent à peine visible, que l'on peut comparer au mycelium des Champignons, ou mieux aux protonemata des Mousses, puis dans leur thalle proprement. dit, plus ou moins distinct de ce byssus, et plutót analogue, en général , à la fronde des Algues ou à celle des Hépatiques qu'au méme mycelium des Champignons, quoi qu'en aient pensé autre- fois Cassini et Duchesne. (Voy. le Bull. des sc. par la Soc. Philom., ann. 1817, p. 100.) Cette analogie justifie à la fois l'affinité que A.-L. de Jussieu estimait exister entre les Lichens et les Hépa-. tiques (« Hepaticis analogi sunt. Lichenes. » Juss., Gen. Plant. , p. 7 ), et celle qui unit aussi les Lichens et les Algues, comme le rappelait M. Martius , lorsque comparant ces deux ordres de vé- gétaux , il les disait exactement parallèles dans la série de leurs genres respectifs, de facon que les Lichens seraient des sortes d'Algues aériennes (Lufialgen) (4), et les Algues en quelque manière des Lichens aquatiques (Flechten des W aesara) (2). (Voy. la Flora, ann. 1826, t. IX, p. 248.) (1) « Un lichen est, à proprement parler, une abis émergée, » a dit M. Mon- tagne, qui donne aussi la qualification d'Algæ æreæ aux ByssACÉES. (Voy. Hist. de Cuba, BorAwiQ. , pag. 105 et 119. ) (2) Suivant M. Hornschuch, le Parmelia parielina Ach. et quelques -— analogues correspondraient aux Algues d'eau douce, tandis que les Usnea, Evernia, Roccella , Spherophoron et autres seraient plus analogues aux Algues marines. (Voy. Nov. act. Acad. nat. cur., t. X, part. n, p. 948 et 549.) MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 99 SS — DES ORGANES DE LA REPRODUCTION. Micheli reconnaissait parmi les Lichens des individus femelles, pourvus de fleurs nues et stériles (spore recentior.), portées sur des réceptacles de formes diverses, lesquels recoivent aujourd'hui les noms de scutelles, lirelles, etc. ; et des individus máles, qui étaient privés de ces organes. Maisil attribuait aux deux sexes de produire des semences ou propagules, qu'il dit avoir vues se dé- velopper sur des pierres et méme sur les tiges de certains Lichens : à la description qu'il donne de ces organes, il est impossible de n'y pas reconnaitre les éléments pulvérulents des sorédies. (Voy. Mich. , Gen. Plant., p. 73. ) | Suivant Linné (Gen. Plant., éd. VI [1764], p. 566), la poussière blanchátre des mêmes sorédies représentait l'organe femelle ou reproducteur proprement dit ; et les apothécies carac- térisaient les individus de l'autre sexe. Hedwig, au contraire, tenait les scutelles pour les réceptacles des véritales semences des Lichens, mais attribuait à tort le caractère de la masculi- nité aux sorédies. (Voy. sa Theor. gener. et fruct. pl. erypt., p. 120 et suiv., pl. XXX et XXXI [ann. 1784].) Lamarck, qui placait les Lichens parmi les Algues, sembla adopter le méme sentiment que Linné sur leur appareil reproducteur (voy. Dict. encyclop. méthodiq., Botaniq. , t. HT [4789], p. 470) ; etau temps de Poiret, aprés les travaux d'Acharius (1), c'est à peine si les (1) On doit regretter que, loin de poursuivre ses observations dans la direc- tion qu Hedwig avait si heureusement su donner aux siennes, méme en ce qui regardait les Lichens, Acharius n'ait tiré aucun parti des travaux de son devan- cier, e& semble avoir cherché à les amoindrir par une contradiction qu'il n'appuie pas toujours sur de solides raisons. La Lichenographia universalis du botaniste suédois montre suffisamment quelle connaissance imparfaite il avait de l'appareil reproducteur des Lichens. Sous le nom de gongyli , cet auteur confond les goni- dies, dont il ne mentionne pas la couleur verte, et les spores proprement dites ou leur contenu (Lich. univ., p. 9 et 40). Aussi n'a-t-il bien reconnu la forme de ces derniéres que dans un pelit nombre de cas. Pour n'en citer qu'une preuve, les figures quil publie des spores du Borrera ciliaris Ach. (op. cit., tab. IX, fig. 6, B, f, g) sont beaucoup moins exactes que le dessin donné par Hedwig des mêmes corps, vingt-cinq ans auparavant. Aux expressions si bien choisies de ho -— L.-R. CÜLASNE. véritables semences des Lichens étaient connues. (Voy. la méme Encycl. méth., Bot., Suppl., tom. HT [1813], p. 347.) D'aprés Hornschuch (1), dont les observations sur la généra- tion et les métamorphoses des végétaux inférieurs ont été publiées en 1821, les Lichens seraient dépourvus d'organes sexuels. Les moins parfaites de ces plantes se multiplient seulement, dit-il, au moyen de gongyles (Keimkærner ), qui forment de petits amas entre les deux couches de tissu, dont se composele thalle. D'autres d'une organisation plus complexe possédent des réceptacles ou fruits particuliers qui sont des apothécies excipuliformes ou de petits tubercules. Ces organes, plus analogues à des sortes de fleurs qu'à des fruits véritables, contiennent soit seulement une poussière reproduetrice (Keimpulver, Conidium), soit en outre de petites cellules ouspores{Blæschenoder Zellchen, Sporen, Saamen), qui sont tantót géminées, tantót disposées en séries moniliformes. Ces spores proviennent de la décomposition du Lichen en ses or- ganes élémentaires et correspondent aux segments désunis d'une conferve articulée ; les conidia représentent plutôt des cellules ordinaires. (Conf. op. cit. , p. 94M, 549 et 550) (2). thèques et de spores employées par Hedwig, il substitue les dénominations com- munes de cellules et de vésicules, et ne voit même pas de différence essentielle entre les organes désignés de la sorte, car il donne indifféremment aux spores les noms de vésicules et de cellules, suivant qu'il les croit munies ou privées d'enveloppe particulière (Lich. univ., p. 7). Ailleurs les spores sont appelées des gongyli (op. cit., p. 33, 37, 88 et passim), mais il applique également cette dé- nomination tant aux gouttelettes huileuses, ou nucléoles contenus dans les spores (op. cil., p. 52-57 et passim), qu'aux gonidies ou cellules constitutives des sorédies (ibid., p. 100, 121 et passim). Quant aux raisons qu'il allégue pour dé- montrer que ces spores ou gongyles ne méritent point le titre de graines, et que les organes qui les renferment ne constituent pas pour les Lichens des fruits dignes de ce nom, attendu qu'on ne saurait dire que les unes et les autres résul- tent d'une fécondation réelle, analogue à celle qui s'observe chez les plantes pha- nérogames, ces raisons, dis-je, auraient la méme valeur contre les autres végé- taux cryplogames auxquels Àcharius reconnaissait des graines véritables, puisque même chez ceux-ci, les relations des organes sexuels, ou supposés tels, sont restées, jusqu'à présent, un phénomène fort obscur, sinon tout à fait inexpliqué. (4) Voy. Nov. act. Acad. nal. cur., ki X; part.^n,"p: 513, (2) Les divers articles que MM. Léman et Fée ont consacrés aux Lichens, le MÉMOIRE SUR LES LICHENS. A Depuis les perfectionnements apportés à la construction des microscopes, il a été possible d'acquérir des notions beaucoup plus exactes sur les organes de la reproduction des Lichens , et aucun lichénographe ne serait aujourd'hui recu à les négliger à cause de leur petitesse ou de la difficulté de leur étude, ainsi que Dillen (Hist. Musc. [A741], p. 56), Bosc (Nouv. Dict. d' hist. nat. [| Déterville] , t. XVII [1817], v' LicugNs) et d'autres au- leurs , s'y sont crus jadis autorisés par ces motifs. Ges organes sont seulement de deux sortes, si l'on veut pour l'instant écarter ceux qui ne sont que des propagules , gonidies ou gemmes de diverses formes que M. Wallroth a particulière- ment étudiées. Les uns sont connus sous les noms d'apothécies (apothecia Achar., cymatia Wallr.), scutelles, orbilles, lirelles, périthèces ou conceptacles (1), etc. ; j'ai appelé les autres, en ces derniers temps , du nom de spermogonies (antheridien ltzigs. , Bayrhoff. ). I. Des apothécies. La forme, sans contredit, la plus générale qu'affectent chez les Lichens les réceptacles oü sont placés les organes femelles de lareproduction, est celle d'un disque ou écusson sessile ou stipité, premier dans le Dict. des sc. nat. (Levrault, — 1823 [t. XXVI. — Art. Lr- cHENS]), et le second dans le Dict. classiq. d'hist, nat. (1826), ne font guère que traduire les écrits d'Acharius, et notamment sa Lichenographia universalis. (4) Sprengel distinguait neuf formes principales dans les réceptacles fructi- fères (Saamenbeheltnisse) des Lichens; c'étaient : 1° les Scutellæ propres aux Parmelia , Urceolaria, Sticta, etc. ; 2° les Patellule des Lecidea ; 3? les Peltæ, qui ont valu aux Peltigera le nom qu'ils portent ; 4° les Orbillæ ( Usnea) ; 5° les Pilidia ou Cephalodia, qui appartiennent aux Cladonia, Bæomyces et autres Li- chens analogues; 6° les Tricæ particulières aux Gyrophora ; T° les Lirelle ca- ractéristiques des Opegrapha; 8?les Thalamia propres aux Endocarpon ; 9? et enfin les Tubercula, qu'offrent les Verrucaria et Tripethelium. (Spreng., Anleit. 3. Kennin. der Gewæchse, t. HI (1804), p. 332-334.) Acharius (Meth. Lich., p. XILet suiv.) et M. Fée (Ess. sur les crypt. des éc. off., p. XXV) ont encore distingué certaines formes particulières de réceptacles par les noms de Cupule, Gyromata, Globuli, Cistule, etc. ; mais le premier de ces auteurs a reconnu posté- rieurement (voy. sa Lichenogr. univ., p. 5) qu'il y avait avantage à remplacer tous ces termes par la dénomination commune d'apothécie, A49. L.-R. TULASNE. plane, convexe (pulviné), ou creusé à la manière d'une coupe peu profonde. On trouve de jai réceptacles, scutelles ou apothécies, dans les Lecidea, Parmelia , Sticta , Collema, Usnea, Cladonia, etc. ; les réceptacles globuleux et clos, analogues à ceux des Sphéries, appartiennent aux Lichens angiocarpes, tels que les Endocarpon , Pertusaria, F'errucaria , etc. ; ils sont linéaires, sillonnés, simples ou rameux dans les Graphidées , pulvinés et multiples dans les Chiodecton, ete; ete. | t De l'hymenium en général. Le tissu hyménial (speiremadochium Wallr.; Ms mina proligera Ach. et aliis ; Saamenschicht Spreng.; Frucht- schicht Bayrhoff.), qui revêt le disque de l'apothécie ouverte des Parmeha et autres Lichens semblables, repose sur une trame de cellules trés fines et d'une structure habituellement moins régulière que celles de la couche épidermique. Cette trame elle- méme, qui constitue l'Aypothecium , et dans laquelle on pourrait quelquefois distinguer plusieurs régions, procède généralement des filaments de la médulle, ou s'applique immédiatement sur eux; plus rarement (ex. c. in Parmelia À cetabulo Ach. , P. stel- lari Wallr., Physcia fraxinea DC. , etc.), elle a au-dessous d'elle une couche de gonidies. La lame proligère ou le disque de la sculelle n'admet dans sa composition que des paraphyses et des thèques (asci Eschw.) (1) entremélées, les unes et les autres im- plantées verticalement, comme dans l'Aymenium des Champi- gnons thécaphores (2), sur le tissu qui leur a donné naissance. Ces organes varient peu dans leur forme générale, et, sauf quelques exceptions, ils sont intimement soudés les uns aux autres , de facon méme qu'ils ne peuvent guère être facilement dissociés pour l'étude qu'au moyen d'agents chimiques (3). (4) « Mutlerzellen die durch freie Z ellenbildung mehrere. Keimzellen, in bestim- mier Zahl, erzeugen. » Nægeli, Neuern Algensyst., p. 168. (2) Bose attribue à Palissot de Beauvois d'avoir montré le premier , dans un mémo re lu à l'Académie des Sciences en 1780, que les seutelles des Lichens offraient la structure des Pézizes. (Voy. le Nouv. Dict. d'hist. nat., t. XVII: [Déterville, 1817]. v» Licurws.) | (3) Suivant M. Bayrhoffer (Einig. ub. Lichen.), les scutelles auraient une struc- MÉMOIRE SUR LES LICHENS. . 43 . Dans le Parmelia parietina Ach. , le tissu hyménial mesure, par son épaisseur, de 6 à 8 centièmes de millimètre. Les paraphyses linéaires-claviformes y sont composées de cinq à six cellules oblongues associées par leurs extrémités ; elles sont simples ou rarement fourchues, et sont colorées en jaune à leur sommet. Les théques sont obovales, incolores, plus courtes que les paraphyses, larges de 0"^,01 à 6°",0195, et renferment huit spores (speire- mata Wallr., sporidies Mntgn. et aliis) ovales ; la membrane dont elles sont faites est épaisse de 0"",0015 environ, ce dont on peut s'assurer en pratiquant une coupe parallèle à la surface de la scu- telle. La teinture d'iode employée seule colore en bleu foncé le tissu amorphe sous-hyménial, la membrane des théques et les paraphyses , à l'exception cependant des cellules terminales de celles-ci qui conservent à peine altérée leur couleur naturelle jaune. Si l'on enléve à l'apothécie du Parmelia aipolia Ach., Meth., p. 209 (Imbricaria aipolia DC.), une lame mince de son hymé- nium , par une coupe parallèle à sa surface, on obtient ainsi une sorte de dentelle ou de crible dont les mailles sont fort inégales (voy. pl. D); les plus grandes, qui ont 0"",01 à 0°*,013 en dia- mètre, correspondent à la cavité desthèques : elles sont largement ouvertes ou affaissées sur elles-mêmes ; les plus petites ouvertures ture plas complexe que je ne semble ici le supposer. Cet auteur distingue , en effet, dans ces organes, indépendamment du réceptacle commun ( Gehœuss ) qui leur est fourni par le thalle ou sa couche corticale, 1° un réceptacle plus inté- rieur (Spermatheka), et un corps celluleux (Schlauchboden) dont la réunion com- pose ce que j'ai nommé la région de l'Aypothecium ; 2° des prosphyses femelles (weibliche Prophysen) et des paraphyses; 3° enfin des théques avec ou sans sac - interne (Sporensack). J'avoue qu'il m'a été impossible de reconnaitre deux sortes d'organes parmi les paraphyses qui sont mélées aux thèques , el je crains que les distinctions établies par M. Bayrhoffer ne reposent sur des observations in- complétes ou fautives. De méme il ne me parait aucunement nécessaire de par- tager l'Aypothecium, comme M. Eschweiler l'a fait aussi quelquefois, en deux ou plusieurs régions particuliéres qui recevraient des noms spéciaux : ce serait le supposer beaucoup plus hétérogène qu'il ne l'est habituellement ; et, d'autre part, il y aurait trop souvent impossibilité à fixer des limites précises aux zones diverses qu'on v voudrait voir. 4^ | L,-R. TULASNE, donnent le diamètre fort étroit du canal intérieur des paraphyses. ll est assez difficile d'apercevoir la limite externe des membranes qui constituent, soit les cellules des paraphyses, soit les théques elles-mêmes. La matière qui réunit ces organes a été regardée - comme une excrétion intercellulaire (1) ; mais elle n'est peut-étre, en quelques cas, que le résultat de l'épaississement de leurs parois extérieures, dont elle ne se distingue par aucun caractère particu- lier. Plongé, en effet, dans l'eau iodée , le fragment que nous examinons se colore sur-le-champ, et d'une manière uniforme, en bleu trés vif, Si c'est une coupe verticale de la scutelle qui est sou- mise à l'action du méme agent chimique , l'Aypothecium se colore aussi en bleu et conserve cette teinte pendant plusieurs jours, - ainsi que le sommet des théques , tandis que les autres régions du parenchyme hyménial qui avaient bleui se décolorent plus rapidement. L'acide sulfurique employé aprés l'iode convertit le tissu proligére en une gelée bleue, et le dissout entièrement peu à peu; mais il ne fait point passer au bleu les parties du Lichen que l'iode avait seulement teintées en jaune ou en brun. L'étude des apothécies du Peltigera horizontalis Hoffm. présente à peu prés les mémes faits à observer. Les paraphyses, à cause de l'abondante matiére agglutinante dans laquelle elles sont plon- gées, n'ont point, quand on parvient à les isoler, des contours nets et précis ; cependant on y reconnait la présence de quel- ques cloisons à peine visibles. Toutes sont trés fines, longues de 0"",08 à 07",1, épaissies et colorées en brun au sommet, où leur diamètre égale environ 0"^,005 ; leur transparence est parfaite , et elles renferment une matière plastique que l’iode teint en jaune brun , tandis que leur membrane prend sous l'influence de cet (1) M. Hugo Mohl l'a désignée autrefois sous le nom de matière gélatineuse (gelatinose Masse), dans son travail sur l'appareil reproducteur des plantes eryp- togames (voy. la Flora, t. XVI [1833], p. 55), et plus récemment par celui de substantia intercellularis, dans une dissertation spéciale à ce sujet (Erlœæute- rung u. Vertheidig. meiner Ansicht. v. der Struct. der Pflansensubst. [1836], p. 7, pl. I, fig. 3 et 4). On trouve une matière semblable en apparence, mais qui n'est pas colorable en bleu par l'iode , dans plusieurs espéces de Champignons, et en particulier dans les Bulgaria, Tremella, etc.; toutefois elle.est bien moins abondante dans les végétaux de cet ordre que dans les Algues. MÉMOIRE SUR LES LICIIENS. A5 agent une belle couleur bleue. Les théques sont sensiblement plus courtes que les paraphyses , et ne dépassent guère 0"",04 en largeur ; dans la solution d'iode elles bleuissent plus rapide- ment que les paraphyses, et leur sommet surtout se colore d'une teinte trés foncée , ce qui peut être dû à l'épaisseur plus grande que possède en ce point leur membrane constitutive. A l'extrémité supérieure de leur cavité, l'iode colore en bleu presque noir un point déterminé, qui correspond au lieu de la déhiscence ou de la déchirure de la thèque lorsqu'elle émet les spores; car après cette déhiscence, il ne reste plus du point en question qu'une trace plus ou moins effacée ou détruite. (Voy. pl. VIII.) Dans le Peltigera horizontalis, aussi bien que dans le Parmelia parietina, le tissu sur lequel repose la lame proligére, c'est-à- dire l'hypothéce, procède immédiatement du feutre médullaire, et il est formé de petites cellules très irrégulières. La jeune apo- thécie du Pelligera horizontalis est recouverte par un voile brun, qui n'est autre chose que la couche épidermique du thalle éten- due au-dessus du disque hyménial (voy. pl. VIII, fig. 8) (4). Celui-ci représente d'abord une sorte de gangue muqueuse inco- lore que l'iode teint en jaune; sa coupe horizontale y fait voir une multitude de petits trous qui sont les cavités d'autant de paraphyses linéaires à peine susceptibles d'étre distinguées les unes des autres; les théques n'apparaissent que plus tard au milieu d'elles. ! Les éléments de l’hymenium du Peltigera aphtosa Hoffm. se teignent en bleu dansla solution d'iode, à l'exception des spores, ainsi que cela a lieu pour les autres espéces du méme genre, et celle en particulier dont il vient d'étre parlé. Si l'on soumet l'apothécie du Collema jacobeæfolium DC. au méme examen que les précédents Lichens, on découvre aussi que les paraphyses y sont linéaires (sous un diamétre d'environ (^) Ce voile existe aussi avec les mémes caractéres dans les Solorina , ainsi que M. Montagne l'a reconnu (voy. Ann. des sc. nat., 2° sér., t. XVI, p. 84). M. Bayrhoffer (Ub. Lichen. , page dernière, fig. 6) suppose à tort qu'il est formé dans le Pelligera polydactyla Hoffm, par le tissu filamenteux de la couche mé- dullaire ( Faserschicht Bayrhoff, ). h6 | E.-R, TULASNE. | 0"",002), trés renflées et colorées en brun au sommet, qu'elles adhérent fortement les unes aux autres dans leur partie supérieure, enfin qu'elles ne sont point ordinairement colorées en bleu , mais en jaune pâle par l'iode, méme après une immersion, prolongée - plusieurs jours, dans une teinture aiguisée d'acide sulfurique. Ses théques, dans les mêmes circonstances , deviennent au con- traire d'un trés beau bleu, surtout vers le sommet : ces organes, plus courts que les paraphyses, ont une longueur de 0"",11 en- viron, sur 0"",016 à 0"",02 de diamètre, (Voy. pl. VI, fig. 2.) On peut répéter les mémes observations sur le Collema pulpo- sum Ach., dont l'appareil reproducteur diffère peu de celui du Collema jacobeæfolium DC. (Voy. pl. VIT, fig. 3.) aw Les scutelles du Collema lacerum Ach.; DC. (Moug. et Nest]. , Crypt. V .-Rh., n° 4061), qui peut être pris pour type du genre Leptogium Fr. , sont longtemps presque urcéolées (1), et la lame proligére y reposesur un hypothéce formédecellules polyédriques trés distinctes. Les spores qui sont au nombre de6 à8dans chaque théque sont ellipsoides, acuminées ou simplement aigués aux deux bouts, et renferment plusieurs rangées transversales de nu- cleus, que séparent des cloisons peu distinctes , et dont la symé- trie n'est pas constante. Chaque spore mesure environ 0"^,035 en longueur et 0*",01 en épaisseur. (Voy. pl. VI, fig. 40-12.) Quant au Collema corniculatum Hotfm. (2), duquel De Candolle écrivait,en 1815, que ses fructifications étaient encore incon- nues (3), son appareil reproducteur est resté jusqu'à présent, si je ne me trompe, trés problématique, du moins relativement à sa structure intime, M. Schærer attribue à cette espèce des apothé- cies patelliformes, assez grandes, superficielles et de couleur brune (voy. Schær., Enum. erit. Lich. europ, [4850], p. 249) (A) ; (1) M. de Flotow les qualifie à la fois de biatorines et d'imparfaites (in Linnæa, t. XXIII [1850], p. 149). Je ne vois point dans leur forme et leur structure ce qui peut légitimer cette double épithéte. | (2) Moug. et Nestl, Stirp. Vog.-Rh., t. XI, ne 1053 (sub titulo Collematis palmati Ach.). TT EM (3) Voy. Fl. frang., t. II (3° édit.), p. 384. (4) J.-J. Bernhardi, auquel on doit une Illustratio Lichenum gelalinosorum, MÉMOIRE SUR LES. LICHENS. A1 tandis que le docteur Wallroth avait dit qu'elle possédait des apo- thécies incluses dans son thalle et comparables à celles des J7ndo- carpon (voy. Wallr., I Vaturgesch. der Flecht., V [1825], p. 255, et Fl. erypt. Germ., t. 11 [1831], p. 296). M. de Flotow , faisant , l'an passé, la revue des Collema, tient pour vraisemblable que le méme Lichen offre à la fois des scutelles et des apothécies closes et imparfaites analogues à celles des T'hrombium Wallr. (1) ; c'est pourquoi il pense qu'il pourrait bien appartenir au genre Lepto- gium (voy. la Linnea , t. XXIII [1850], p. 184). Au milieu de cette divergence d'opinions, la vérité est plutôt du cóté de M. Wallroth ; cet auteur était certainement fondé à faire du Collema corniculatum Hoffm. le type d'un genre particu- lier, car ce Lichen est réellement angiocarpe. Ses apothécies figurent de petits tubercules perforés au sommet, et groupés en grand nombre vers la partie inférieure des segments principaux de sa fronde. La coupe de ces organes y montre des théques et des paraphyses disposées comme chez les Endocarpon ; les spores, au nombre de six à huit dans chaque thèque, sont ovoides et assez longuement acuminées aux deux extrémités : leur longueur totale dit à propos du, Lichen palmatus Huds. (Collema corniculatum Hoffm.) : « Scu- tellas Hupsow et Swanrz observurunt (ille fulvas, hic rufas), in Germania frustra ad huc quæsitas. » (Voy. Schrad., Journ. fur die Bot., V. 1 [1799], p. 23.) Acharius déclare aussi (Lich. univ.,p. 643) n'avoir pas vu les scutelles du même - Lichen (Collema palmatum Ach.). (1) C'est dans ce genre Thrombium que M. Wallroth a rangé en dernier lieu le Collema corniculatum Hoffm., dont il avait fait précédemment le type du genre Obryzum (voy. sa Nalurgesch. der Flecht., 1, 251). Il parle en ces termes des apothécies de ce Lichen : « Cymatiis exiguis sparsis fuscis immersis..., dein poro » pertusis, prominulis. — Cymatia Endocarpi Weberi fructificationibus junioribus » nondum ostiolo hiantibus salis similia , ia persistere nec in scutellas inverti vi- » dentur. » (Wallr., Fl. crypt. Germ., t. II, p. 296.) M. Fries fait du méme Li- chen une espèce de Nostoch, genre auquel il attribue une fructification angiocarpe, puisqu'il la compare à celle des Pyrenothea (voy. sa Summa veg. Scand., p. 122). En ce point donc, le célébre professeur d'Upsal suit l'opinion du docteur Wall- roth qui, dans son genre Thrombium, associe le Nostoch commune Vauch. au Col- lema corniculatum Hoffm., et rend ainsi ces Lichens congénères de plusieurs d'entre les Pyrenothea de M, Fries. (Voy. Wallr., Fl. crypt. Germ,, t. II, p. 237-297.) A8 |o K.-R. TULASNE. est d'environ 0"",0195, et leur diamètre au milieu de 0"7,0065. (Voy. pl. VI, fig. 15-18.) | Contrairement à ce que nous avons observé jusqu'à présent , la lame proligère de l'Urceolaria seruposa Ach., plongée dans la teinture d'lode, méme aiguisée d'acide , n'y acquiert qu'une co- loration jaune plus ou moins foncée , qui affecte surtout les para- physes et le contenu des théques ; ni celles-ci, ni la matière inter- cellulaire abondante qui les enveloppe et joint les paraphyses entre elles, ne manifestent de nuances bleues. On peut aussi faire la méme remarque à propos des scutelles de l'4rthonia galactites Duf. , qui offrent en outre cette particularité qu'elles se détachent naturellement du Lichen aprés avoir mûri leurs spores (1) , en laissant à la place qu'ellesoccupaient des taches lenticulaires où l’on ne trouve plus que quelques filaments hypothalliens incolores. L'apothécie close des Pertusaria communis DC. et P. Wul- fenii DC. renferme de grandes thèques remarquables par l'épais- seur de leur membrane constitutive, et qui sont jointes à des paraphyses linéaires d'une extrême longueur. Ces organes sont tous plongés dans une sorte de gelée incolore que l'eau distend extrêmement, et ne sont point pressés les uns contre les autres comme dans les espéces précédemment analysées; soumis à l'action de la teinture aqueuse d'iode, ils se teignent sur-le-champ en bleu trés vif, mais la gangue muqueuse qui les enveloppe reste incolore (2). (1) C'est sans doute un phénomène de cette nature que M. Montagne a ob- servé dans le Biatora Peziza Mntgn. , décrit dans ce recueil, t. XI ( 3° série), p. 58-59. | Les spores de l'Arthonia galactites Duf., qui sont ovoides et biloculaires, mesurent 0", 043 en un sens et 0?»/0065 dans l'autre; ses théques obovales ont environ 0"",06 de hauteur. (2) On pourrait citer d'autres Lichens angiocarpes oü le mucilage contenu dans les apothécies ne manifeste aucune sensibilité à l'action colorante de l'iode ; le Verrucaria gemmata Ach. serait de ce nombre. 1l est au contraire des espèces, telles que le Verrucaria immersa Hoffm. et | Endocarpon tephroides Ach., chez lesquelles le méme mucilage prend sur-le-champ dans l'eau iodée une tres belle teinte bleue, exactement comme les théques et les paraphyses entre lesquelles il est épanché. ; MÉMOIRE SUR LES LICHENS. A9 C'est aussile lieu de dire quelques mots de deux Lichens que plusieurs auteurs ont rangés parmi les Ændocarpon , à cause des analogies qu'ils présentent avec quelques uns d'entre eux : je veux parler des Endocarpon sinopicum Wahlenb. { Wallr., Fl. crypt. Germ., 1, 916) et E. smaragdulum ejusd. ( Parmelia cer- - vina, var. discreta Fries, Lich. ref. , p. 127 ; P. squamulosa Ach., Meth. , 181 ; Wallr., ouvr. cité, p. 474). Le premier rappelle à certains égards l'£. hepaticum Ach. ; son thalle se compose d'un grand nombre de petites plaques arrondies juxtaposées , et remarquables par la teinte rouge de brique que possède leur couche cellulaire superficielle. L’œil armé de la loupe y découvre cà et là des points brunátres, déprimés si la plante est sèche , mais qui cessent de l'être au méme degré si on l'humecte. Ils sont pour la plupart les ostioles , ou la face supérieure rétrécie d'autant d'apothécies urcéolées plongées dans la substance du Lichen, à la manière de celles des Endocarpon. Les thèques et les paraphyses que renferment ces organes naissent presque tous de la partie inférieure de leur cavité. Les paraphyses sont d'une ténuité capillaire , dressées, longues d'environ 16/100 de milli- métre, presque simples, inarticulées, et plongées dans une abon- dante matiére agglutinante ; les plus centrales sont, en outre, soudées entre elles d'une manière particulière à leur sommet qui atteint celui de l'apothécie, et colorées dans ce point en brun rougeátre. Au milieu de ces paraphyses se voient des spo- ranges obovales, longs de 8 à 11/100 de millimètre, sur une épaisseur qui ne dépasse guère 15/1000 de millimètre. Leur membrane élémentaire conserve longtemps une épaisseur con- sidérable, surtout au sommet ; mais elle finit ordinairement par s'atténuer beaucoup , souvent méme au point de sembler dispa- raitre, et laisser à nu la tunique immédiate de la masse fructi- fere. Celle-ci d'abord demi-solide , d'un jaune verdátre , presque homogène et transparente, finit par se transformer en un nombre incalculable de trés petites spores ovales, qui ne dépassent pas 0"7,0035 dans leur plus grand diamètre, et s'agitent dans l’eau du mouvement brownien, lorsqu'on a détruit par le froissement leur cohésion naturelle. Chaque thèque est en- ^ 90 L.-R. TULASNE. tierement remplie de ces corpuscules, auxquels la teinture d'iode communique une couleur foncée de brun jaunâtre; la membrane du sporange, quand elle est distincte de. son con- tenu, n'est point colorée en bleu par cet agent chimique, qui ne communique cette teinte qu'à l'hypothéce, aux paraphyses , et surtout, semble-t-il, à la matière anhyste interposée entre elles. L'oeclusion de l'apothécie est évidemment moins parfaite dans cet Endocarpon sinopieum que dans les espèces plus typiques, telles que les E. miniatum Ach. et E. fluviatile DC., chez les- quels les paraphyses restent toutes incluses et incolores; à cet égard, le Lichen dont il s'agit serait intermédiaire entre les Per- tusaria et les Endocarpon. Sous le méme rapport de la structure et de la position dt ses apothécies , l'Endocarpon smaragdulum Wahlenb. est aussi trés digne de fixer l'attention. Ce Lichen est regardé , par quelques auteurs, comme un état du précédent (1) ; cependant, d’après les échantillons que j'en ai pu examiner, il en différerait assez notable- ment. Les petites squames polygonales-arrondies, dont se compose son thalle, n'excédent guère , ce semble, 4 millimètre de dia- mètre ; elles naissent, libres entre elles, d'une sorte d'hypothalle ou de couche médullaire épaissie , ordinairement plus ou moins cachée dans les anfractuosités ou les fissures des rochers ; et de leur rapprochement résultent des séries linéaires, qui sont d'une couleur brun olivätre. Si la plante est sèche, les squa- mules fertiles offrent de larges et profondes dépressions cupu- liformes qui imitent tout à fait, sous de moindres dimensions, les excavations scutigères des Solorina; mais ces petites cupules disparaissent presque entiérement , et la squamule devient plane ou même légèrement convexe, quand on l'humecte. À la place de chaque dépression se voit une tache circulaire mal définie par sa teinte trop peu différente de celle propre au reste du thalle; cette tache ne fait, d'ailleurs, aucune saillie, et ne posséde aucun bord appréciable. Cependant elle n'est autre chose que le disque nu d'une apothécie dont les éléments sont entièrement plongés (1) Conf. Schærer, Enum. crit. Fes) p. 986, sub titulo Lecanoræ cere vine Sch. MÉMOIRE SUR LES LICIENS. 51 dans la substance du lichen; l'hymeniwm y forme une couche épaisse d'environ 12/100 de millimètre, et il est composé tant par des paraphyses linéaires, toutes soudées et colorées en brun foncé à leur sommet, que par des thèques semblables à celles de l’Æn- docarpon smaragdulum, et contenant chacune, comme elles, une innombrable quantité de spores. Celles-ci sont étroitement oblongues, obtuses aux deux bouts, et ne dépassent pas 0"",0032 dans leur plus grande dimension. De tous les Lichens angiocarpes, les J^errucaría sont ceux dont les apothécies ressemblent le plus aux périthéces des Cham- pignons Hypoxylés, c'est-à-dire des Spheria, Dothidea et autres genres analogues. La paroi de ces organes globuleux est formée de cellules polyédriques noirátres, et leur pertuisterminal est primitivement fermé par une mince membrane brune, en manière de tympan ; cette ouverture, dans le /"errucaria muralis Ach., a environ 0"*,0/ de diamètre. L'hymenium qui tapisse in- térieurement ces conceptacles n'admet non plus dans sa compo- sition que des paraphyses et des sporanges obovales, plus courts. Les thèques du J'errucaria atomaria DC. ont en longueur 6 à 8/4100 de millimètre, et 13 à 16/1000 de millimètre en largeur au sommet. Quand elles sont jeunes, elles sont presque solides, ou leur cavité est fort étroite; mais au fur et à mesure qu'elles grandissent, la matière plastique s'engendre plus abondante dans leur sein, et leur membrane élémentaire perd incessamment de son épaisseur. Cependant elles renferment déjà des spores que toute leur moitié supérieure est encore par- fois comme solide, ou parcourue seulement dans son milieu par un canal linéaire. Ces organes, soumis à l'action de l'iode , se colorent en bleu pàle mêlé de jaunátre. tt Des paraphyses e£ des thèques. . MM. Fries (Lich. ref., p. LXIV) et Montagne (1) ont consi- déré les paraphyses des Lichens comme n'étant le plus souvent (1) Voy. Ann. des sc. nat., 2° sér., t. XV (1841), p. 150 (Spherophoron) ; l'Hist. de Cuba, Bot., p. 123; et l'art, Licaex du Dict, univ. d'hist. nat, de ^ 92 L.-R. TULASNE. que des sporanges stériles ou abortifs; M. Bulise (4), au con- iraire , n'accorde pas qu'on les puisse attribuer à un avortement normal et régulier des thèques, quelle que soit d'ailleurs leur nature véritable sur laquelle il ne s'explique pas. M. Schleiden (2) et M. Meisner ont aussi depuis partagé ce sentiment (3). Quant à leur structure, ce dernier auteur refuse à M. Buhse qu'elles soient souvent cloisonnées et rameuses ; cependant il m'est presque toujours arrivé , quand j'ai tenu à constater, d'une ma- nière précise, l'organisation de ces filaments, de découvrir qu'ils étaient réellement formés de plusieurs cellules, dont les supé- rieures seules étaient courtes et colorées ; mais il convient, pour acquérir sürement cette connaissance, d'employer quelque acide qui désagrége les éléments cohérents de la lame proligère. Ceite structure articulée des paraphyses est peu favorable à l'opinion sus-énoncée de MM. Fries et Montagne. | M. Meisner oppose à la même opinion une autre raison tirée de ce que les paraphyses seraient formées d’une seule mem- brane, tandis que les sporanges, ceux mêmes qui demeurent stériles , posséderaient un double tégument. Je ne sais jusqu'à quel point cette distinction est fondée. Les cellules constitutives des paraphyses sont probablement, aussi bien que les théques, composées d'une membrane primaire ou intérieure (4), récipient M. d'Orbigny, t. VII, p. 344, col. 2. Les paraphyses du Paulia pullata FF. sont de méme pour M. Fée des thèques stériles (voy. la Linnea, t. X, p. 472, pl. IV). M. Léveillé a dit aussi des paraphyses des Helvelloidées qu'elles parais- sent être des théques stériles ; qu'on « peut les comparer aux cystides, aux- quelles elles ressemblent..., par la diaphanéité et la vacuité apparente. » (Voy. Ann. des sc. nat., 2° sér.. t. VIII [décemb. 1837], p. 331.) | (1) Voy. le Bull. de la Soc. imp. des natur. de Moscou, t, XIX (1846), 2* part. , p. 325. (2) Voy. ses Grundz. der iss. Bot., t. II, p. 47 (3° édit., 1850). (3) M. Mohl a donné aux paraphyses du Borrera ciliaris Ach. le nom de Faserzellen (faserige Zellen), expression plus souvent employée par les auteurs allemands pour désigner les filaments de la couche méduliaire du thalle. (Voy. Mohl, dans la Flora, t. XVI [1833], p. 78, pl. n, fig. 45 b; aes Vermischte Schriften, p. 83, pl. 1u, fig. 15 b; et son mémoire intitulé : Erleuter. u. Verth. m. Ans.v. der P(lanzensubst., p. 8, pl. IL. fig. 4.) (4) Cette membrane ou cellule interne correspond à l'utrieule primordial des | MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 09 immédiat de matiére plastique , et d'une enveloppe externe ou secondaire de nature amyloide. Seulement dans les paraphyses, cette dernière est souvent très mince (1), et se confond avec la membrane interne ; au lieu que dans les théques elle est extréme- ment épaisse, surtout dans leur jeune âge. M. Meisner s'explique autrement l'aspect des jeunes sporanges; ce que j'y considère comme l'épaisseur de la cellule externe n'est, suivant lui, qu'un liquide mucilagineux et transparent interposé entre elle et le sac intérieur. Mais l'homogénéité de toute la couche transparente qui enveloppe l'utricule primordial (à peine distinct de la matière muco-granuleuse qu'il renferme), la solidité de cette couche, et sa coloration uniforme en bleu par la teinture d'iode (2), ne me sem- blent pas permettre d'y distinguer, autrement que par la pensée, deux choses différentes, à savoir un sac et son contenu. L'amin- cissement graduel de cette membrane externe du sporange, à mesure que les spores grossissent, n'a point échappé à M. Meisner, et il l'attribue naturellement à la résorption successive du liquide qu'il suppose exister entre les deux sacs constitutifs de la thèque, cellules ordinaires, et comme lui se teint en jaune dans l'eauiodée, de la méme manière que la matière organisable qui s'amasse en sa cavité. La présence de cet endosuc (evdocoxxog ; Endosack Bayrh.) dans les théques n'est pas toujours facile à constater , mais quelquefois il s'isole sans peine du tégument épais dont il est recouvert. En ce cas il conserve habituellement son intégrité, et demeure soudé aux spores ou au protoplasma qu'il renferme. Les spores ainsi réunies composent ce que M. Fée a appelé des glomeruli(voy. ses Mém. lichénogr. , dans les Nov. Act. Acad. Nat. cur., t. XVIII, suppl. E [1841]). Souvent en analysant les périthéces du Verrucaria immersa Hoffm. , j'ai de la sorte expulsé hors des théques (qui se brisaient vers le sommet) l'endosac entier, et intimement uni à son contenu ; l'iode qui teint en beau bleu l'enveloppe vide du sporange, et en jaune brun le glomerulus qui en sort , ajoute à l'évidence du phénoméne. (1) Elle a aussi fréquemment une épaisseur notable, et qu'on peut rendre encore plus appréciable en faisant usage de l'acide sulfurique, comme nous l'avons constaté chez divers Lichens, et en particulier dans les Peltigera et les Collema (voy. pl. vri, fig. 5). (2) Habituellement les théques ne prennent pas une part appréciable à la coloration plus ou moins foncée qui affecte la partie supérieure des paraphyses : cependant en certains cas, dont le Lecidea Morio Duf. est un exempie, leur sommet est coloré de la même manière que le disque hyménial. * 5A L.-R, TULASNE, -" de sorte qu'à l'époque de la maturité des cor ps reproducteurs ces deux sacs deviendraient contigus (1). | M. Buhse regarde aussi bien que nous la magia externe du sporange comme susceptible d'acquérir beaucoup d'épaisseur, surtout vers son sommet, avant ia naissance des spores; c'est un fait que nous avons également constaté chez plusieurs Champi- gnons, et, en particulier, dans les Hysterium. On ne saurait méconnaitre l'analogie que l'atténuation successive de celte mem- brane présente avec celle des cellules-méres des grains polli- niques, D'abord fort épaisses dans leurs parois constitutives, et méme presque solides , à la manière des jeunes thèques des Lichens et des Champignons que nous citions tout à l'heure; ces cellules, comme on sait, cédent peu à peu leur substance aux utricules polliniques qu'elles engendrent, et finissent méme le plus souvent par s'annihiler ou se détruire tout à fait, ce qui a pa- reillement lieu pour les sporanges de quelques Lichens et de cer- taines espèces de Champignons, surtout parmi les Pyrénomycètes. Eu égard à leurs rapports avec les tissus ambiants, les spo- ranges des Lichens ou des Champignons et les cellules-méres du pollen diffèrent davantage. Ces dernières , associées entre elles de manière à former un tissu continu, représentent mieux le pa- renchyme dans lequel prennent naissance les spores des crypto- games foliigéres. Les théques des Lichens et des Champignons sont, au contraire, des organes terminaux libres entre eux (sauf de trés rares exceptions, dont le Genabea , parmi les Champi- gnons (2), est un exemple), et ne tiennent que par un point trés circonscrit de leur surface à la cellule qui les a produites. Il est plus facile de vérifier le fait, d'isoler la théque et son support , dans les Sphériacées que dans les Lichens, en raison de l'extréme cohérence d petites cellules de l’hypothèce chez ces derniers ; pour arriver à cet égard à une analyse satisfaisante des apothé- cies, il faut ordinairement s'aider de l'action dissolvante des acides, et l'on reconnait alors, comme M. Buhse, que M. Mohl ne (^) Voy. Meisner in Mohl et Schlecht., Bot. Zeit., VI (1848), 88. (2) Voy. nos Fungi hypogæi, p. 128,tab. XVI, fig. 11. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 55 s'était pas rendu parfaitement compte des rapports des théques avec le tissu qui les porte (1). L'analyse anatomique que nous avons exposée dans les pages précédentes, tant des diverses régions du thalle que des éléments variés des apothécies , suffit à montrer ce qu'il y a d'exagéré dans là maniére dont M. Schleiden concoit la structure des Li- chens. À ses yeux, en effet, la couche épidermique du thalle se- rait due à un feutrage dans le sens horizontal des filaments con- stitutifs de la couche centrale ou médullaire, ce qui ne semble pouvoir être dit avec vérité que d'un petit nombre de Lichens (2) ; et il faudrait aussi reconnaitre dans les éléments de l'Aymenium les extrémités de rameaux spéciaux des mémes filaments, dont les unes conservant leur volume naturel constitueraient les para- physes, tandis que les autres se dilateraient extrêmement pour prendre la forme de thèques (3). Ceci rappelle la théorie organo- génique que M. Ehrenberg appliquait aux Champignons (4); c'est (1) C'est au moins ce qu'on peut inférer du dessin publié par M. Mohl dans la Flora, t. XVI (1833), pl. 1, fig. 14, dessin qu'il a reproduit depuis, sans modification, dans le recueil de ses mémoires (Vermischte Schrift. , pl. ru, fig. 44). (2) Le Borrera ciliaris Ach. est un de ces Lichens; le cortex épais (de 0 ",15environ), étendu à la surface supérieure de son thalle , n'est en effet qu'un lacis trés serré de filaments blancs, soudés entre eux, dont le diamétre uniforme n'excède guère 0"'",003, qui ont des parois fort épaisses, et sont en un mot très peu différents des éléments constitutifs de la médulle. Cette couche corticale est revétue de papilles linéaires, solides, longues de 2 à 3/100 de millimètre, et trés faiblement colorées en brunátre; elle prend dans l'eau iodte une teinte d'un jaune vert. (Voy. pl. i.) (3) Voy. Schleiden, Grundz. der wiss. Bot., 3* édit., t. I, p. 47 à la fin. (4) . Voy. sa dissertation de Mycetogenesi, dans les Nova Act. Acad. nat. cur., t. X, part. 1 (1820), p. 175 et 176, pl. xv. M. Fries s'appuie aussi abusivement sur la figure que M. Nees d'Esenbeck a donnée de son Acrothamnium violaceum (Nees, Syst. der Pilze, p. 75, pl. v, fig. 71), sorte de moisissure fort mal connue (Conf. Fries, S. veg. Scand., p. 524), pour dire que les cellules cylindriques du thalle des Lichens abeunt in uscos, et que leur identité typique avec ces asci ou thèques est manifeste (Lichen. europ. ref. , p. Lxvi). Le dessin publié par M. Greville dans sa Scot. crypt. Flora, vol. V, tab. 242, et que M. Fries invoque également, montre, en effet, les éléments de l'hymenium du Thelephora Sambuci Pers, (supposés être des théques ) tou! 56 L.-R. TULASNE, une synthése également abusive, et qui confond, sans profit réel pour la science, des objets que la nature a faits trés distincts pour tous nos moyens d'observation. Quoiqu'il soit possible parla pen- sée de ramener tous les éléments du végétal le plus complexe au à fait continus et assez semblables aux filaments de la trame du champignon í mais si dans les Lichens il y a une égale continuité entre les sporanges et les utricules de l'hypothéce, d'autre part il n'y a entre ces organes aucune parité de forme. Les motifs de ressemblance soit de structure, soit de fonctions, sur lesquels M. Bayrhoffer ( Einig. ub. Lich., p. 18) s'appuie pour prouver que l'apothécie répéte le thalle, et qu'une parfaite similitude existe entre l'une et l'autre, me semblent bien contestables. Toutefois , cet auteur ne fait en cela que reproduire l'opinion d'Acharius, qui a dit dans sa Lichenographia universalis (p. 43) : « Apothecia in genere tantum ut modificationes ipsius. thalli s. ejusdem . increscentiæ peculiares sunt cstimanda, non raro ejusdem cum thallo nature et fabrice. .. in his eque ac in thallo ipso gongyli s. propagines homogenec occurrunt.» M, Fée a également partagé cette manière de voir (Conf. Dict. class. d'hist. nat., t. IX [1826], v^ Lau ProrGÈRE et Licens) ; et M. Fries a dit depuis dans le méme sens : « Est itaque singulum apothecium thallus integer in nuce... . » (Lich. europ. ref. [1831], p. 1xvi.) j On sait qu'Acharius prétend avoir trouvé dans le thalle du Borrera ciliaris Ach. des spores semblables à celles qui naissent en ses apothécies (voy. la Lichenog. univ., p. 9 et 95, tab. 1x, fig. 6, D); et, suivant les auteurs de la Flore d' Algérie, la fronde des Collema furvum et thysanæum Ach. , recèlerait aussi cà et là des corps reproducteurs particuliers, différents de ceux que contiennent les scutelles de ces Lichens. (Voy. l'Explor. sc. de l'Algérie, Bot., t. I, p. 207 et 208.) En ce qui touche cette dernière assertion, j'ai pu me convaincre qu'elle avait été le résultat d'une méprise ; car M. Durieu ayant bien voulu me per- mettre d'examiner les échantillons mémes qui avaient été l'objet de son étude, j'ai reconnu que les prétendues spores endothalliennes signalées dans les Collema précités étaient des corps étrangers à ces Lichens, et rien autre chose que des propagules ou gongyles détachés des tiges et feuilles de certaines mousses qui croissaient avec eux. Le thalle du Collema furvum en particulier était tout par- semé de ces corps, qui, pour la forme, imitaient plusieurs de ceux que M. Schim- per a figurés dans ses Recherches anatomiques et physiologiques sur les Mousses (pl. II, fig. 6, 12, 13, 24 et 25); j'en vis également un grand nombre, à tous les états de développement, dans le lieu méme de leur origine, c'est-à-dire atta- chés encore aux tiges de la mousse, qui leur donnait naissance en l'aisselle de ses feuilles. Je crains qu'il ne faille expliquer par quelque erreur semblable ce qu'a dit M. Fée de trois autres espéces de Collema (voy. son Ess. sur les Crypt. des écorc. off.; Suppl. et révis., p. 8). Quant à l'observation d'Acharius, on peut aussi en rendre raison par une erreur facile à commettre ; il suffit, en effet, de MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 97 type cellulaire le plus simple, il n’en est pas moins évident qu’on tend ainsi à identifier des choses trés disparates. Quand on consi- dère les végétaux supérieurs, le type élémentaire auquel on rap- porte toutes les sortes d'utricules, les fibres et les vaisseaux, est la cellule globuleuse ; or rien n'oblige à choisir une autre forme primordiale lorsqu'il s'agit des Lichens ou des Champignons, puisque les végétaux de ces deux ordres admettent presque tous dans leurs tissus une proportion considérable des mémes cellules globuleuses. Ainsi pour ce qui est des Lichens qui nous occupent spécialement ici, sans parler de leurs gonidies qui sont constam- ment des utricules arrondis, la face supérieure du thalle est presque toujours formée de cellules polyédriques ou globuleuses ; et il en est de méme de l’hypothèce, toutes circonstances qui combattent le sentiment du célèbre professeur d'Iéna. Ttt Des spores. 1. — Leur structure, De méme que les théques des Lichens différent extrémement peu, sous tous les rapports, des sporanges des Champignons ascophores, de méme aussi lesspores de ces deux classes de végé- taux ont généralement entre elles la plus grande analogie de forme et de structure. Cependant il semble fort rare que les spores des Lichens soient manifestement épineuses ou verruqueuses (1), comme il arrive si fréquemment aux corps reproducteurs des Champignons, et je n'en ai jamais vu de réticulées. Dansle J/ errucaria muralis Ach, , qui appartient à un genre de supposer que cet auteur a cru voir dans l'intérieur du thalle du Lichen ciliaris ' des spores qui n'étaient répandues qu'à sa surface, comme cela a lieu trés fré- quemment, en raison de la maniére dont ces corpuscules s'échappent de leurs théques, ainsi que ie le dis plus loin. (1) De toutes les spores de Lichens que j'ai examinées, celles du Solorina sac- cata ch. m'ont seules offert, dans leur tégument épais et trés brun, une surface obscurément ponctuée-granuleuse. Les spores étroitement lancéolées et trés pâles du Thelotrema exanthematicum Ach. sont hérissées de pointes fines, distantes, et d'une extrême diaphanéité, 58 L.-R. TULASNE. Lichens qu'on a, à diverses reprises, associé aux Champignons du groupe des Pyrénomycètes, les spores sont ellipsoides, incolores, parfaitement lisses et semi-transparentes ; elles mesurent environ 0*",023 en longueur et 0"",013 en largeur, et leur contenu est une matiére muqueuse granuleuse que l'eau iodée colore forte- ment en jaune brun. La membrane constitutive de ces cellules reproductrices est mince et insensible à l'action de l'iode, méme. après avoir été traitée par l'acide sulfurique, agent qui la distend sans la dissoudre, s'il n'est trés concentré. de Les J'errucaria epidermidis Ach. et / . atomaria DC. passiüllett | des spores différentes des précédentes; ce sont des corps bilocu- laires doni chacun représente deux cellules obovales légèrement rétrécies dans leur milieu, et associées par leur extrémité la plus épaisse. Dans les premiers temps de leur développement, ces spores semblent solides et homogènes, plus tard on y voit naitre quatre nucléoles ou gouttes huileuses qui occupent autant de cavités sphériques distinctes ; la membrane de la spore perd en- suite beaucoup de son épaisseur, et il en résulte la confusion en une seule des deux cavités creusées d'abord dans ses deux moi- tiés. Parvenues à leur maturité, ces spores ont environ 0*»,016 de longueur et 0"",0065 de largeur ; elles sont au nombre de huit dans chaque sporange, et pendant longtemps on les y peut voir enveloppées chacune séparément d'un revétement épais de ma- tiére muqueuse transparente (1). Celte sorte de gangue s'observe aussi chez plusieurs Pyrénomycètes, par exemple dans les SpAze- ria, Perisporium et autres genres (2). Elle disparait peu à peu avec la maturité de la spore, ou elle se conserve en grande partie ; c'est une enveloppe analogue, sans doute, du moins quant à l'origine, à celles que nous avons décrites dans les Ela- phomyjces et les Hymenogaster, et qui pourrait bien rendre aux (^) M. Montagne a vu ce tégument muqueux autour des spores de plusieurs Lichens angiocarpes ; il en parle notamment à propos des Glyphis labyrinthica Ach. et G. heteroclila Mntgn. (Voy. Ann. des sc, nat , 2° sér., t. XIX [1843], p. 82 et 84.) | | (2) MM. Montagne et Berkeley l'ont observée dans les spores des Spheria pseudo-bombarda Mntgn. et S. pedunculata Dicks. (voy. Ann des sc. nat., 2* sér., t XIV, p. 323, décembre 1840). MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 59 spores les mêmes offices que certaines graines, comme celles des Lins , des Podostémées, des Plantains, etc., doivent à la couche externe de leur test. . ' Le genre Pertusaria DC. (Porina Ach.), qui renferme des Li- chens angiocarpes, comme les précédents, présente les spores les plus volumineuses que j'aie rencontrées dans nos Lichens indi- genes. Elles sont ellipsoides ou ovales-allongées, uniloculaires et formées d'une membrane trés épaisse. Celles du P. JJ ulfenii DC. ont depuis 8 jusqu'à 11/100 de millimètre en longueur, sur 0*7,032 à 0"",039 de largeur au milieu ; mais aussi ne s'en dé- veloppe-t-il habituellement que deux ou trois dans chaque théque. Quoique leur tégument offre le même aspect que la membrane épaisse de la thèque, il n'est point coloré par l'iode qui teint en beau bleu cette dernière ainsi que les paraphyses. (Voy. pl. XVI.) Les spores du Pertusaria communis DC., éparses sur une lame de verre, à sec, sont visibles et peuvent être comptées à l'oeil nu. Observées dans l'eau, peu de temps aprés leur sortie naturelle des théques, elles n'ont pas moins de 16 à 19/100 de millimètre de longueur, sur 0"",065 de largeur ; quel- ques unes méme, sans avoir plus de largeur, mesurent dans l'autre sens jusqu'à 22/100 de millimètre. Leur cavité simple est entièrement remplie par une matière assez uniformément grenue, faiblement transparente, et ordinairement jointe à des gouttes huileuses inégales. L'épispore trés épais, et transpa- rent comme du verre, est manifestement formé de plusieurs cou- ches inégales en épaisseur et en densité, et qui ont leur plus grande puissance vers les pôles de là spore où souvent les plus extérieures se dissolvent, se détruisent, en s'isolant des couches plus profondes et plus solides. La spore entiére est en outre en- veloppée d'un épais enduit d'un mucilage grenu qui, traversé par la lumière, a, en quelque sorte, l'aspect d'un verre dépoli. Ce revétement muqueux se confond quelquefois avec les couches externes de l'épispore, et se dissout plutót qu'elles dans l'eau ; aprés que celle-ci s'est évaporée , on le retrouve étendu autour de là spore en une mince lame à bords irréguliers, et intimement appliquée au verre porte-objet. (Voy. pl. XI.) 60 L.-M. TULASNE. Aprés les spores des Pertusaires , on peut citer parmi les plus volumineuses celles du T'helotrema lepadinum Ach., qui, le plus souvent, au nombre de deux ou trois seulement dans chaque théque, mesurent environ 8/100 de millimétre en longueur et 2/100 de millimétre en largeur. Les spores blanches du Leca- nora Parella Ach. ont une longueur qui atteint pareillement 7 à 8/100 de millimètre, mais leur diamètre transversal mesure pres- que 5/100 de millimètre (voy. pl. XVI). Les spores du Leca- nora tartarea, Ach. (1) ont 7/100 de millimètre en un sens, et 5/100 de millimètre environ dans l'autre. 1l n'est pas nécessaire que les spores des Lichens soient T VO- lame des précédentes pour qu'on les puisse examiner isolément sous une loupe simple , et les y saisir et disséquer méme sur le corps qui les porte , avec les petits instruments appropriés à leur étude. Les spores blanches des Pertusaires, du Lecanora Parella, des Collema, de beaucoup de Lecidea, etc. , se distinguent par- faitement sur des pierres de couleur obscure, et je les ai souvent déposées sur des schistes polis pour les observer. Les spores de couleur brune, celles, par exemple, de l'Urceolaria scruposa Ach. (pl. IV), se voient naturellement mieux sur des surfaces blanches. Malgré leur petitesse, car elles ont à peine plus de 1/100 de millimètre de longueur sur 1/100 de largeur, les spores de cette Urcéolaire se reconnaissent trés nettement sous une loupe de à lignes de foyer, elles se laissent enlever avec la pointe d'une aiguille, et l'on peut les porter d'un point sur un autre pour l'étude et les expériences auxquelles on les veut sou- mettre. Il en est de méme des belles spores du Solorina saccata Ach. qui se répandent si abondamment soit sur le disque des scutelles de ce Lichen, soit sur son thalle, et dont la couleur sombre contraste avec la teinte d'un vert gai, propre à celui-ci. Les Parmélies offrent à la fois, comme les Verrucaires , des spores simples et des spores biloculaires. Parmi les premières , celles du Parmelia parietina Ach., et quelques autres analogues, méritent une attention p particulière, Ge sont, dans le P. partetina, (1) Desmaz., PI. crypt. de Fr;, 8* éd. tom. XXIV, n» 4497; MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 64 des corps solides ellipsoides et presque sans couleur propre, dont . Ja longueur n'excéde guère 0"",015, et la largeur 0"",0065. Dans chacune de leurs extrémités, quand elles sont müres , est habituellement logée une petite masse globuleuse de matière plastique , quelquefois sans limites bien précises, et que l'iode colore en jaune brun; ces deux nucleus sont souvent reliés par une trainée étroite de matiére qui leur est identique et occupe le grand axe de la spore. Celle-ci, à part l'étroit espace qu'y tient le protoplasma, est faite tout entière d'une sub- stance transparente et homogène qui est, sans doute, de la na- ture de la cellulose, et semble un épaississement exagéré de l'épispore (voy. pl. I). Cette substance, en effet, n’est aucune- ment colorée par la solution alcoolique d'iode, mais elle y prend une légére teinte bleue si l'on ajoute de l'acide sulfurique. Ce dernier agent la distend à l'égal de la cellulose , la dissout peu à peu, ou la transforme en une sorte de gelée, La matière du nucleus acquiert dans le méme liquide plus d'homogé- néité ; elle y devient plus ou moins fluide, si elle était encore à l’état grenu, et prend la forme sphérique; mais cette forme n'est peut-étre que celle de son récipient immédiat, comme il arrive à d'autres spores en pareil cas (1). Les spores citriformes du Placodium murorum DC. ont tout à fait la méme structure que celles du Parmelia parietina Ach. ; comme elles ce sont des corps solides, creusés à chacune de leurs extrémités d'une trés petite cavité renfermant de la matière plas- tique; plongées dans une solution aqueuse d’iode extrêmement faible , elles y prennent une légère teinte bleue, tandis qu’une solution moins étendue les colore en jaune brun, ainsi que leurs (^) Ilest difficile de reconnaitre la structure des spores du Parmelia parietina dans la description qu’en a faite M. Schleiden. « Quelques spores de Lichens, dit-il à ce sujet, ont positivement un tégument externe d'une substance mucila- gineuse endurcie. Dans le Parmelia parietina , par exemple, ce tégument forme les deux calottes creuses qui recouvrent les extrémités de la spore , et qui sont reliées par une strie étroite de substance semblable (laquelle est analogue à la fovilla du pollen des Pins). » ( Voy. Schl., Grundz. der wiss, Bot, , 3* édit. , t. II, p. 46.) ND E.-R. TULASNE. nucleus. Quelquefois ceux-ci avor tent, et les cavités qu TS devaient occuper restent vides. Dans le Lecanora citrina Ach. bug et Nestl. , Stirp. pe -Rh., t. VIIT, n° 749), qui n'est qu'un état altéré du précédent Lichen, les spores sont aussi un peu modifiées dans leur forme ; elles sont obtuses-arrondies aux deux bouts, et ressemblent side duri à celles du Parmelia parietina Ach. T Le nucleus des spores des Lichens n'est pas constamment homogène, et M. Meyer l'a comparé avec assez d'exactitude à la fovilla du pollen (1), quoiqu'il soit le plus souvent moins finement granuleux et d’une consistance plus épaissie. Son apparence et sa nature changent d'ailleurs avec l’âge de la spore , et MM. Mohl et Buhse ont également été fondés à le dire muqueux-granuleux et oléagineux. Ce dernier état parait géné- ralement précéder le premier, ainsi qu'il arrive pour beaucoup de Champignons (2) ; mais il caractérise pareillement la maturité parfaite d'un trés grand nombre de spores. Aussi, chez les Lichens comme dans les Champignons, trouve-t-on presque toujours une énorme quantité d'huile dans les spores qui ont achevé leur . développement; cette huile seule en remplit quelques unes en- tièrement , telles que les spores des T'uber, des Balsamia, d'une multitude de Pézizes, etc., et, parmi les Lichens, celles des Leci- dea parasema, L. sabuletorum , Lecanora subfusca , Squamaria rubina, des Sticia, d'une foule de Parmélies, etc., etc. ; ou bien elle est mélée à une matiére plastique muqueuse-granuleuse, ce qui s'observe, par exemple, dans les corps reproducteurs des Pertusaires et du Lecanora Parella dont j'ai déjà parlé. En ces derniers néanmoins, la proportion du liquide oléagineux par rap- port au protoplasma granuleux est encore extrémement considé- rable. Il suffit de briser ces corps entre deux lames de verre pour exprimer toute la matiére huileuse mélangée aux substances solides du nucleus, et quelquefois inapercue au milieu d'elles. On fait ainsi facilement du contenu de la spore deux parts distinctes : (4) Voy. Meyer, Die Entwick., Metam. u. Fortpfl. der Flechten (1895), p. 133. (2) C'est ce que M. Montagne a constaté en particulier dans le Sphæropsis Hypoglossi Mntgn. ( Voy. Ann, des sc. nat., 3° sér., t. XII [1849], p. 308.) MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 63 l’une est une huile limpide très faiblement teintée de jaunâtre ; l'autre demi-solide est moins homogene , et il semble que l'eau iodée qui la colore en jaune brun ou en jaune verdátre y exerce sur certains points une action plus énergique que sur d'autres. Les rapports de quantité entre les éléments liquides et solides contenus dans les spores des Lichens sont , sans doute, trés va- riables ; cependant on peüt établir qu'en général la composition de leur nucleus est telle que dans les spores ci-dessus décrites; mais l'on se tromperait le plus souvent si , se fiant à l'aspect du corps reproducteur, on jugeait que la matiére oléagineuse y fait dé- faut, car une foule de spores dont le contenu semble solide ne se trouvent au contraire, quand on les brise, renfermer que de l'huile. 5 ll arrive parfois de rencontrer des spores de Parmelia parietina pourvues au milieu d'une cloison transversale peu apparente; ce qui n'est pour elles qu'un accident est l'état normal des spores du Parmelia stellaris Ach. (4). Au lieu d’être blanches comme les premières, celles-ci sont d'un vert noir trés foncé, de méme que le disque de la scutelle qui les engendre ; elles sont ovoides, faiblement courbes, et mesurent 16 ou 19/1000 de milli- métre en longueur, sur 6 à 8 en largeur. La membrane con- stitutive de ces corps n'est pas moins épaisse que dans le Par- melia parietina, et malgré sa faible transparence, on s'assure par l'emploi des acides que les deux moitiés de la spore n'ont vraiment qu'une très petite cavité, placée à leur extrémité libre, et où s'amasse une matière plastique grenue d'abord, puis plus homogène. Quand on brise la spore traitée par l'acide sulfurique, ces nucleus mis en liberté prennent l'aspect d'une petite sphére, et bien qu'ils imitent également autant de gouttes oléagineuses, on reconnait avec quelque attention qu'ils ne se peuvent confondre plusieurs en un seul , qu'ils se heurtent aux corps solides sans se déformer, en un mot qu'ils ont tous les caractères de véritables vésicules; caractéres qui sont encore mieux accusés par la ger- mination de la spore , ainsi que je le dirai plus loin. Les spores du Parmelia ciliaris Fr., qui ont été l'objet d'une (^) Moug. et Nestl., Stirp, Vog.-Rhen., t. II, n° 163. 65 — LE.-CR. TULASNE. étude trés attentive de la part de M. de Holle(1), n'ont point une autre structure que celles du P. stellaris, auxquelles elles ressem- blent extrêmement ; et, quoi qu'en ait dit M. Schleiden (3), il n'est pas difficile de s'assurer que l'intensité de leur coloration est due à leur tégument, et n'appartient point à son contenu plastique. | | & 3] edd Les spores du Peltidea hor ixontalis Ach. sont linéair cdi gues, atténuées aux deux bouts, et mesurent 3 ou A/100 de milli- mètre en longueur, sur environ 0"",0065 de largeur. Elles sont formées d’une membrane transparente partout très mince, et leur cavité est ordinairement partagée en quatre logettes par trois cloisons transversales qu'il est souvent difficile de distinguer de la matière granuleuse abondante dont tout le corps reproducteur est rempli, ll résulte ici de la ténuité de l'épispore que l'endo-- spore, s'il en existe, est tout à fait indistinct ; quant aux cloisons elles sont très visibles dans les spores avorlées , où, pour une cause quelconque, il ne s'est point développé de protoplasma. La nature de l'épispore est encore telle que dans l'acide sulfurique il se distend et se déforme très peu, et qu'il s’y colore en brun jaune sous l’action de l’iode, de la même manière que son contenu, qui devient parfaitement homogène. Le Peltigera canina Hoffm. possède des spores de la méme forme que les précédentes, mais plus longues ; elles mesurent, en effet, de 5 à 7/100 de millimètre, quoique leur diamètre ne dépasse guére 39 10/1000 de millimétre. Leur épispore, qui est trés mince, se colore en jaune brun dans l'eau iodée de la méme maniére que son contenu, et je n'ai point remarqué les épaississements intérieurs qu'on lui attribue (voy. Schleid., Grundz. , t. 1, p, 47 ; 9*édit.). Le nucleus est peu homogène, et renferme des glomérules plus sensibles à l’action de l'iode que la matiére ambiante. Les spores des Collema sont aussi du nombre des corps repro- (4) Voy. sa dissertation inaugurale ayant pour titre : Zur Entwickelungsgesck, von Borrera ciliaris. Gottingue, 1849, in-4° avec 2 pl. . (2) Grundz. der wiss, Bot., 3* édit., t. II, p. 46. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 65 ducteurs cloisonnés transversalement et formés d'une membrane trés mince , que l'acide sulfurique distend à peine et que l'iode ne colore pas sensiblement. Celles du C. jacobeæfolium DC., qui ont 20 à 25 milliémes de millimétre de long sur une largeur environ moitié moindre, sont partagées assez réguliérement en quatre logettes (1). Le Collema cheileum Ach. est un Lichen trés remarquable à cause des inégalités de forme et de grandeur qui s'observent dans ses spores, Communément elles présentent sous un plus grand volume la méme forme que les précédentes ; mais il en est de simples et de cloisonnées, d'obtuses et d'aigués, de linéaires el d'ovales. On en voit aussi parmi elles un grand nombre de folles ou d'avortées, dont la cavité simple ne contient que trés peu de protoplasma , tandis que les spores fertiles, ordinairement plus grosses, sont partagées en trois ou quatre logettes, et rem- plies entièrement de matière granuleuse. ll importe encore de noter que souvent plusieurs de ces spores sont soudées entre elles, et semblent des portions d'un méme corps reproducteur trés irrégulier qui se fragmenterait ; quelquefois deux ou trois spores tiennent ainsi, par une de leurs extrémités, à une méme grande cellule allongée en spore imparfaite (voy. les fig. 42 à 16, pl. VID. Je ne sache pas que de pareils faits aient encore été observés, soit dans les Lichens, soit dans les Champignons thé- casporés. Des spores plus complexes que les précédentes s'observent dans plusieurs Lecanora ou Lecidea, les Urceolaria et un grand nombre de Lichens angiocarpes. Leur structure est telle qu'à des dia- phragmes transversaux s'ajoutent des cloisons longitudinales qui partagent la cavité de la spore en plusieurs séries de logettes, (1) On peut voir, pl. VI et VII, les figures de ces spores et de celles des Collema cheileum, C. pulposum, C. corniculatum (Obrysi sp. Wallr.), C. lacerum (Leptogii sp. Fr.), C. saturninum (Mallotii gener. typus), etc. Les spores anguiformes du C. thysanœum Ach., dont le diamètre n'excède guère 5 millièmes de millimètre, sont partagées par de fines cloisons transversales en 20 ou 25 logettes à peu prés égales, qui mesurent chacune environ 0*"",0032 dans le sens longitu- dinal, 66 L.-R. TULASNE. | Les spores ellipsoides et fuligineuses-verdátres de l'Urceolaría scruposa Ach. sont divisées de la sorte (1) en huit ou dix compar- timents disposés sur deux séries , et remplis chacun d'une ma- tiére plastique muqueuse et assez homogène ( voy. pl. IV, fig. 7 et 8). Les spores dites müriformes, telles que celles du Lecanactis urceolata Fr. (2), du T'helotrema lepadinum Ach. et de beaucoup d'autres Lichens, présentent, par suite d'une partition plus (1) Suivant M. de Notaris, les spores des Urcéolaires offriraient des loges unisériées; de sorte que l'espèce commune que nous citons ici serait une exceplion parmi ses congénères. (Voy. de Nirs., Giorn. bot. ital., année II, fasc. 9, pag. 180, note 1.) Il en serait de méme de l'Urceolaria actinostoma Pers., dont je donne quelques figures analytiques dans la planche IV ci-jointe (fis. 1-4, que la légende attribue par erreur à l'U. calcaria Ach.). (2) Cette espèce intéressante paraît n'avoir encore été observée que dans le midi del'Europe(voy. Fries, Lich. europ. ref., p. 376) ; elle croit assez fréquem - ment autour de Paris (Meudon, Versailles, Jouy, etc.) sur l'écorce des Chénes et du Hêtre. Son thalle dissocié imite celui des Opégraphes ; il se développe sous une couche infiniment mince des cellules tabulaires de l'écorce qui le porte, et sur laquelle il détermine de cette manière la formation de taches irrégulières, d'un blane cendré. Les apothécies urcéolées, orbiculaires ou oblongues, petites et enfoncées, ressemblent assez à celles du Lecanactis confluens var.calcea Mntgn., et sont d'abord recouvertes , puis seulement bordées par une matiére blanche (thallodique), et comme pulvérulente. Le disque hyménial est noirâtre. Primitive- ment et pendant assez longtemps, les paraphyses filiformes , extrémement té- nues, simples, et non épaissies au sommet, sont, ainsi que les jeunes théques, tout à fait libres entre elles, aucune matière intercellulaire n'a été sécrétée, et la membrane épaisse des sporanges se teint en bleu dans l'eau iodée. Vers le temps de la maturité des spores, au contraire, une sorte de mucilage solide et abon- dant (substantia intercellularis Mohl.), s'est interposé entre les éléments de l'Aymenium , dont il a fait une masse compacte. Alors la membrane externe des thèques, devenue presque insensible à l'action de l'iode , est tellement amincie qu'elle se brise sous le moindre effort ; ses fragments, soudés à la matière am- biante, échappent facilement à la vue, et j'imagine qu'une circonstance pareille a pu, chez d'autres Lichens, faire croire, à tort, à une destruction absolue de la théque. Les spores, au nombre d'une ou deux seulement dans chaque conceptacle , sont elliptiques, allongées ou ovoides - oblongues , mucronées aux deux extrémités, et longues de 5 à 6 centièmes de millimètre avec une largeur de 25 à 30 milliémes de millimétre. Des cloisons transversales les partagent en 12 ou 15 étages, subdivisés eux-mêmes par des diaphragmes verticaux en lo- gettes nombreuses, presque cubiques, et d'environ 5 millièmes de millimètre de MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 67 compliquée, un bien plus grand nombre encore de petites cavités dont chacune contient un nucleus distinct. 2, — Disséminalion des spores. La question de savoir comment les spores des Lichens s'échap- pent de leurs enveloppes, et sont disséminées pour la propaga- tion de l'espèce qui les a produites, a exercé la sagacité de la plupart des lichénographes. Acharius attribuait cette dissémination à une sorte de disso- lation que la lame proligére éprouverait en certaines circon- stances : « Substantiam , écrit-il, laming v. nuclei humifica- tam, demum in gelatinam fluxilem solutam , quasi vehiculum quoddam idoneum subministrare, quo gongyli inclusi et hocce modo liberi facti facilius germinare possint, verosimile est. » (Lichenogr. univers., p. 9, not. 1). Ailleurs il oppose aux opinions d'Hedwig que les spores ne sauraient sortir au travers du disque hyménial, qui n'est point percé de trous pour leur livrer passage, ni par- couru intérieurement par des canaux propres à faciliter leur élar- issement ; que s'il existe des pertuis à la surface de l'Aymenium, ils sont trop étroits pour donner issue aux spores ; en un motque ces dernières composant presque à elles seules toute la masse de la lame proligère, il est facile de concevoir qu'elles soient mises en liberté par sa dissolution. (Voy. Op. cit., p. 8.) MM. Lamarck et De Candolle écrivaient dans leur Flore fran- caise, en 1815, que « les réceptacles ( des Lichens ) en forme de tubercules, ou, le plus souvent, en forme d'écussons, de consistance membraneuse ou charnue, renferment des graines sans les expulser au dehors. » (Ouvr. cité, 3° édit., t. IL, p. 321.) cóté. Chacune de ces logettes, qui a, comme la spore entiére, des parois incolores et très minces, est entièrement remplie d'une huile homogène. J'ai aussi fréquemment observé sur l'écorce vivante des Saules- Marseaux et celle des Platanes, qui ont été semés à Meudon au milieu des Hétres, un Lichen que je ne puis distinguer du précédent, autrement qu'à son thalle épiphlæode, des bords duquel rayonne un byssus blanc, qu'on prendrait aisément pour celui 'une moisissure. 68 ; E.-R. TULASNE. . « Sous l'influence. de la lumière, dit M. Meyer, les spores des Lichens se rapprochent, tantót isolément, tantót par petits grou- pes, de la surface de la lame proligére..... Aprés leur sortie des thèques, ces mêmes corps reproducteurs, devenus plus petits et opaques, se déposent comme une fine poussière sur le disque de l'apothécie. Je n'ai jamais à cette occasion, continue l'auteur cité , observé cette force élastique de projection que présentent communément les espèces variées de quelques tribus de Cham- pignons assez analogues aux Lichens; toutefois, chez certains Lichens , l'émission des spores a lieu beaucoup plus rapidement que chez d'autres : il en est aussi dont les spores se répandent ou se disséminent trés vite , d'autres où ces corps demeurent long- temps sur le disque de la scutelle. Le lieu oü croit le Lichen , et l'état de l'atmosphére , ont d'ailleurs une grande influence sur le phénomène dont il s'agit. » (Meyer, Entw. u. Metam. der F'lecht. , p. 4184.) Quant à la dissémination des spores que M. Meyer qualifie de gélatineuses, à cause de la nature de la couche proligère où elles naissent , spores qu'on trouve particuliérement dans les apothé- cies closes des Endocarpon, des F'errucaria et genres analogues, elle aurait lieu par le fait de l'hygrométricité du tissu fertile qui, sous l'influence de l'humidité, s'épanche, dit-il, en forme de pulpe gélatineuse hors de l'étroite ouverture du conceptacle, et entraîne les spores avec elle. De ce que ce phénoméne peut étre suspendu par la sécheresse de l'air et reprendre son cours si l'atmosphére redevient humide, M. Meyer induit que la puissance germinative des spores des Lichens doit vraisemblablement se conserver trés longtemps. (Voy. Op. supra cit., p. 130.) M. Buhse établit aussi qu'en général, les spores des Lichens demeurent renfermées dans leurs enveloppes jusqu'au moment où, ayant atteint leur maturité, elles viennent à la surface de la lame proligère (thalamtum , Fruchtkerper, Schlauchschicht), ou s échappent du sein des réceptacles clos des Lichens angiocarpes. Quelquefois cependant , comme chez plusieürs Lecidea , il a vu les théques se détruire prématurément, c'est-à-dire avant la par- faite maturité des spores, qui demeurent engagées entre les pa- MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 69 raphyses et y complétent leur développement (1). 1l ignore d'ail- leurs d'aprés quel mode habituel les corps reproducteurs sortent des sporanges ; parfois, dans les Pertusaria, il a rencontré des spores isolées au sommet des thèques et qui se détachaient avec une partie de cet organe, mais il ne saurait de ce fait rien conclure de général. Ce qui lui parait le plus admissible , c'est que les sporanges se dissolvent à un instant donné et laissent les spores libres au milieu des paraphyses, ou qu'ils se déchirent à la fois sur plusieurs points pour leur livrer passage, comme il arrive des sporanges des cryptogames supérieures. Il est moins vrai- semblable, ajoutele méme auteur, que les spores sortent de leurs conceptacles par une ouverture qui serait pratiquée à la base de ceux-ci, et qu'elles imitent en cela les spores du Leolia lubrica Pers., si tant est (ce dont on peut justement douter) que M. Phoebus (2) soit fondé en ce qu'il dit de la dissémination des corps reproducteurs de ce champignon (voy. le mémoire cité de M. Buhse, p. 344-346) (3). L'observation directe des faits m'a montré que les Lic hens, dans l'émission de leurs spores, imitent entiérement les Pézizes, les Helvelles, les Sphéries et le plus grand nombre des Champi- gnons ascophores que renferment les deux tribus des Discomy- cètes et des Pyrénomycètes. Une manière commode de s'assurer qu'il en est ainsi, consiste à placer le thalle humecté du Lichen dans un flacon de verre blanc, en ayant soin que la face supé- rieure ou scutigère de la plante soit parallèle aux parois les plus voisines du vase. Les choses étant ainsi disposées, il arrive ordi- (^) Voy. le Bull. de la Soc, imp. des naturalistes de Moscou, t. XIX (1846), 2* part., p. 343 et 344. (2) Voy. Nov. act. Acad. nat. cur., t. XIX, p. post., p. 236. (3) M. Desmaziéres, qui est également cité par M. Buhse, a vu aussi les spores du Lophium elatum Grev. sortir deleurs théques par l'extrémité inférieure de ces organes (voy. le Bull. de la Soc. linn. du nord de la Fr., t. I, p. 330, cum icone, et les Ann. des sc. nat., 2* sér., t. XVII [1842], p. 415, pl. V, fig. 2). La même chose se peut observer dans les Sphæria ophioglossoides Ehrh., S. pur - purea Fr. et autres semblables; mais cela n'a lieu que lorsqu'on brise la thèque dans sa partie inférieure en la détachant du tissu qui la porte, et il parait douteux que l'émission naturelle des spores s'effectue par cette voie. 70 L.-R. TULASNE. : nairement qu'au bout de huit à dix heures, chaque scutelle a pro- jeté au-dévant d'elle sur le flacon une énorme quantité de spores qui y dessinent des taches irrégulières blanches, brunes, fauves, roses, etc., suivant la couleur naturelle propre à ces corps. On peut encore laisser les Lichens étendus horizontalement sur un sol humide, et placer au-dessus de leurs scutelles des lames de verre sur lesquelles les spores projetées se déposeront. J'ai con- staté que, à l'air libre ou dans un vase clos, ces lames pouvaient être éloignées d'un centimètre de la surface hyméniale , et rece- voir encore une immense quantité des spores qu'elle émet inces- samment. Cette expérience a été faite avec le méme succès , tant en hiver qu'au milieu de l'été, sur un grand nombre de Lichens, tels que les Parmelia parietina, aipolia , pulverulenta , lentigera ; Lecanora subfusca et L. Parella, Lecidea fumosa , Peltigera hori- zontalis et polydactyla, Collema cheileum , nigrum et jacobeæfo- lium, Borrera ciliaris , F errucaria muralis , Endocarpon hepati- cum, Pertusaria communis et P. W'ulfenui, Urceolaria scru- posa et U, cinerea, Opegrapha atra, etc., etc. À cet égard, les Lichens angiocarpes ne différent aucunement des espèces scutigères, et il n'y a point lieu de faire pour eux les distinctions qu'établissait M. Meyer. Il en est des conceptacles clos de ces Lichens comme des périthèces des Sphéries , qui pro- jettent certainement leurs spores à la manière des Pézizes , mais peut-être avec une force élastique moins grande. Au reste l'émis- sion des spores dans les Lichens , à quelque groupe qu'ils appar- tiennent, semble toujours s'effectaer d'une manière lente et in- sensible; du moins jamais je n'ai vu s'élever au-dessus de leurs apothécies des vapeurs ou nuages de spores comme ceux qui sortent inopinément de la coupe des Pézizes, des alvéoles des Morilles, ou méme de l'Aymenium des plus humbles Discomy- cètes, tels que le Ahytisma acerinum Fr. S'il est permis de chercher dans l'organisation des Lichens quelque explication du phénoméne de la dissémination de leurs spores , on remarquera que le disque hyménial se contracte sous l'influence de l'humidité en sens inverse des parois extérieures de la scutelle. Pour s'en convaincre, il suffit d'obtenir par une MÉMOIRE SUR LES LICHENS. n coupe verticale, pratiquée au milieu de l'apothécie, une lame mince que l'on partage ensuite de facon à isoler l'Aymentum des tissus sous-jacents. Ces parties ainsi disséquées étant plongées dans une goutte d'eau, l'Aymentum se courbe extrêmement en présen- tant en dehors sa surface extérieure ; au lieu que le fragment qui représente le corps ou l’excipulum de l'apothécie se courbe avec une égale force, mais dirige ses extrémités supérieures en dedans l'une vers l'autre. Ces effets opposés prouvent que la lame proligère et l'eceipulum, ou paroi externe de la scutelle, sont également trés avides d'eau, tandis que les tissus qui les séparent le sont beaucoup moins ; de sorte que si l'apothécie entière est humectée, le disque hyménial tend à se bomber en méme temps que les bords qui l'en- tourent se resserrent davantage. Les éléments de a couche fertile se trouvent ainsi pour une double cause soumis à une pression qui doit mécaniquement amener la rupture des thèques et la pro- jection des spores qu'elles renferment (1). 11 semble naturel de supposer que les théques se brisent vers leur sommet ; en effet , j'ai constaté dans le Peltidea horizontalis Hoffin., le Pertusaria communis DC. et quelques autres Lichens , qu'elles se fendent à leur extrémité, et donnent ainsi passage aux corps reproducteurs. Le mode de la dissémination des spores des Lichens étant connu , on en profitera pour déterminer sürement la couleur de ces corps, ainsi qu'on: a coutume de le faire pour les Agarics ; ce genre d'examen, qu'il sera sans doute à propos d'étendre un jour à l'étude de beaucoup d'autres Champignons, pourra rendre aussi quelques services aux lichénographes. Chez les Lichens comme dans les Champignons, la couleur de l'Aymentum ne traduit pas (1) M. Thuret a constaté que , dans certaines Algues, la rupture du concep- tacle qui enveloppe les spores est principalement due à un liquide mucilagi- neux qui s'y développe extraordinairement au moment de la maturité de celles-ci, et qui donne yraisemblablement lieu à un phénomène d'endosmose. (Voy. Aun. des sc. nat., 3* sér., t. XIV [1850], p. 245.) On pourrait peut-étre invoquer ici une semblable cause avec autant de raison; car il est aussi trés probable que le liquide qui baigne les spores des Lichens est d'une autre densité que l'eau plu- viale qui, en humectant le disque des scutelles, y détermine la rupture des thé- ques et la projection des corps reproducteurs, 12 Lt, "FTULASNE, "1 toujours exactement celle des spores. Si dans le Borrera ciliaris, l'Urceolaria scruposa, le Parmelia stellaris , les Lecidea calcaria Schær. et L. Parmeliarum Sommerf., les Gyrophora et beaucoup d'autres Lichens, les spores, vues isolément dans leurs thèques, ont une teinte très obscure comparable à celle du disquehyménial, il en est différemment d'une foule d'autres espèces. Ainsi la scutelle du Parmelia parietina , quoique d'un jaune vif, projette des spores qui sont parfaitement blanches, lors méme qu'elles forment des couches assez épaisses sur le verre qui a servi d'écran pour les re- cueillir, Il en est de même des spores des Collema cheileum etC. ja- cobeæfolium, quoique l'Àymentum de ces Lichens soit de couleur brune, Les spores des Peltidea canina et P. horizontalis semblent incolores vues isolément ; mais lorsqu'elles sont accumulées très abondamment sur une lame de verre, elles y forment des taches fauves d'une couleur aussi intense que le disque des scutelles dont elles sont sorties. Laméme chose s'observera probablement parmi les Champignons chez plusieurs Pézizes; beaucoup d'entre elles, quoique trés colorées, n'émettent que des spores blanches comme celles de la Morille communeou del' Helvella leucophea Pers.; mais quelques unes de ces spores blanches, si elles sont accumulées en grand nombre , se teignent de couleurs qui rappellent celles de l'Aymentum : c'est ce que j'ai trés bien constaté pour le Pe- ziza coccinea Jacq., dont les spores, vues en masse, sont d'un rose assez vif. Lorsqu'on à eu soin de tenir renfermés quelques heures dans un flacon une Pézize, une Morille, un Ahytisma acerinum par- venu au dernier terme de son développement, ou tout autre Champignon discomycéte , et qu'on vient ensuite à l'en retirer doucement , le contact de l'air extérieur détermine sur-le-champ une abondante explosion de spores qu'on peut recueillir sur des lames de verre, pour les soumettre aussitôt à l'examen microsco- pique. Si ces petites manœuvres sont faites avec la diligence né- cessaire , on découvre que les spores ont été projetées avec une quantité assez abondante d'un liquide incolore (4) qui tient en (1) Bien que ce phénomène soit peut-être resté ignoré jusqu'ici, il est facile MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 73 suspension de petites molécules, et s'évapore très rapidement en laissant sur le verre une tache plus ou moins apparente. Ge liquide n'est autre évidemment que celui qui baigne les spores dans les théques ; il entraine avec lui tout ou partie des molécules plasti- ques qui n'avalent point été résorbées au profit des corps repro- ducteurs, et mouille un instant la surface de l'hymeniwm après la sortie de ces derniers. La lenteur de l'émission des spores dans les Lichens rend plus difficile de constater si ces corps sortent également avec le liquide nourricier renfermé dans les sporanges; cependant je me suis convaincu qu'il en est ainsi pour plusieurs d'entre eux, et, en par- ticulier , pour le Collema jacobeæfolium ; car ses spores se dispo- sent sur le verre-écran oü elles sont recues en groupes circulaires, et accolées les unes aux autres dans une symétrie qui n'a pu se produire qu'avec le concours d'un liquide (voy. pl. VI, fig. 3). Les spores du Pertusaria communis sont aussi habituellement projetées avec un liquide gommeux ou mucilagineux trés recon- naissable. L'exemple remarquable du Collema cheileum montre qu'avec les spores müres il en est quelquefois rejeté un grand nombre d'imparfaites, et que les thèques qui s'ouvrent pour donner issue à de bonnes spores se vident aussi en méme temps de presque tout leur contenu (voy. fig. 10-16, pl. VID). C'est, sans doute, en partie pour ce motif que dans la coupe horizontale de l’hyme- nium d'une scutelle parfaite , on voit tant de thèques affaissées sur elles-mémes et dont la cavité est plus ou moins oblitérée (voy. pl. D). Des scutelles de l'Urceolaria scruposa s'échappent aussi des spores imparfaites que l'on trouve mélées aux spores müres qui se distribuent sur les verres-écrans placés pour les recevoir. On s'explique cette circonstance par le fait que souvent il se rencontre à la fois dans le méme sporange des spores müres et d'autres qui n'ont point achevé de croitre, et que vrai- d'en constaler la réalité ; toutefois le liquide dont il s'agit s'échappe plutôt en gouttelettes trés fines qu'à l’état de vapeur, comme on l'a supposé (voy. Lé- veillé, Recherch. sur l'hymén. des Champign., p. 12 [Ann. des sc, nat., 2° sér., t. VIII, p. 332] ). 7h LR, TULASNE. | semblablement le conceptacle ne saurait, en s'ouvrant, laisser échapper les premieres et retenir les secondes (1). 3. — Généralion des spores. Dans l'histoire d'un étre organisé ou celle de quelqu'une de ses parties, la question la plus difficile à traiter est généralement celle de son origine premiére. Ainsi en est-il des spores des Li- chens ; leur génération (2) est enveloppée des mêmes obscurités qu'ont rencontrées ceux qui ont voulu surprendre la cellule végé- tale au début de son développement, M. Buhse n’a pu, dans sa dissertation sur les Lichens, omettre ce sujet. Au sein du 'proto- plasma contenu dans le jeune sporange , se forment, écrit-il, de petits corps ou cellules (Kærperchen, Blæschen), tantôt arrondis, tantót irréguliers ; puis autour de ces corps se dépose bientót une membrane. Cette opinion correspond tout à fait à la théorie or- ganogénique de la cellule végétale professée par M. Schleiden , et à celle que M. Unger applique à ce qu'il appelle évolution intra-utriculaire (Grundz. der 4nal. u. Phys., p. A3). Mais tan- dis que le cytoblaste , générateur des cellules ordinaires, ne prend aucun accroissement et n'occupe qu'un espace très circonscrit de l'utricule qui le renferme, le contenu de la spore au contraire en remplit la cavité entiére, grandit avec elle, et semble ne pouvoir être exactement pris pour son cytoblaste , ainsi que M. Buhse le reconnait lui-méme. Néanmoins M. Schleiden dit en termes gé- néraux des spores des Lichens, que leur membrane se développe autour de nucleus qui prennent naissance dans la matière plas- tique de la thèque , et que parfois dans ces spores s'organisent (^) M. Léveillé (loc. sup. cit.) dit cependant des thèques des Helvelloidées, que leur «extrémité libre, qu'on ne voit jamais ouverte, l'est néanmoins pour laisser échapper trois ou quatre spores dans un moment et le reste dans un autre. » (2) Dans ses Remarques sur le développement et la structure des spores des végé- taux cryptogumes , M. Mohl se borne à dire en parlant des Lichens, que leurs spores s'engendrent dans des cellules-mères de la méme manière que celles des cryptogames plus élevées en organisation ; que ces cellules-mères ou sporanges sont d'abord remplis d'une matière trouble et grenue qui, plus tard, se trans- forme en un nombre déterminé de spores. (Voy. la Flora, t. XVI [1833], p. 56.) MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 19 encore deux ou plusieurs nucléoles qui engendrent autant de cel- lules nouvelles, ce qui donne lieu aux spores complexes (Grunds. der wiss, Bot. , t. IT, p. 4h, 47 et 579, 8» édit.). M. Nægeli ne pense guère différemment, quoique le nucleus des spores simples lui semble moins rigoureusement tel dans son intégrité que les nucleus partiels des logettes d'une spore composée. (Voy. Zeitschr. für wissensch. Bot., 1, A6.) I! nous paraît fort douteux, comme à M. Buhse, qu'on soit au- torisé à identifier le nucleus des spores avec le cytoblaste des cellules ordinaires ; et il n'est certainement pas inoins abusif de prendre, ainsi que le fait M. Schleiden ( op. cit. p. 579), tout le contenu plastique du sporange pour le cytoblaste de cet utricule générateur. Le róle du cytoblaste dans les cellules ordinaires est souvent assez problématique ; il en est tout autrement des pré- tendus cytoblastes de la théque et de la spore , qui ne sont tous les deux que des amas de matiéres plastiques dont la destination est connue et facile à constater. La transformation de la spore simple en spore complexe a lieu , suivant M. Buhse, par le fait de la production de deux ou plusieurs cellules secondaires distinctes à l'intérieur de la cellule- spore primitive ; cellules secondaires susceptibles elles-mémes de se subdiviser par une nouvelle génération utriculaire : de facon qu'une spore multiloculaire devrait étre comprise comme un agrégat de cellules emboitées les unes dans les autres ( voy. Buhse, mém, cité, p. 351-355). M. Schleiden ne s'explique pas non plus différemment la formation des spores biloculaires du Borrera ciliaris (Grundz. der wiss. Bot., t. LE, p. A7 et 579, pl. 1, fig. 9), spores dont la formation se trouve ainsi rapportée au mode de multiplication cellulaire que M. Unger qualifie de mé- rismatique (Op. cit., p. 12 et 43, fig. A4). Toutes ces opinions supposent que la spore complexe est né- cessairement d'abord un utricule creux et simple, et que sa par- tition est successive et emboitante , c'est-à-dire que les dernières cellules formées sont enveloppées par les parois de toutes celles qui sont nées précédemment, enfin qu'un nucleus muaueux-gra- nuleux préexiste toujours à la membrane cellulaire. 16 LR, TULASNE, Quelques exemples donneraient à penser que ces diverses sup- positions ne sont pas toujours également fondées. Aïnsi, comme je l'ai déjà dit, les spores trés jeunes de certaines Verrucaires (F7. epidermidis , F^. atomaria), bien que déjà divisées par une cloison transversale, sont vraiment des corps solides et sans cavité interne, ce qui montre qu'elles ne doivent point ce qu'elles sont à la génération de deux spores secondaires dans une cellule uni- loculaire primitive. En second lieu, chaque moitié de ces corps solides se creuse intérieurement de deux cavités sphériques oü s'engendre un nucteus d'apparence oléagineuse ; puis peu à peu ces logettes, en grandissant, se confondent en une seule. Ici donc la cavité cellulaire a vraisemblablement précédé le nucleus , ou bien elle est née tout au moins en méme temps quelui. - L'observation attentive des spores de l'Urceolaria seruposa, qui sont multiloculaires à leur maturité, fait aussi découvrir que les corps reproducteurs de cette sorte ne sont pas toujours dus à une division binaire répétée. Ces spores, en effet, semblent dans leur jeune âge des corps solides de nature gélatineuse ; elles sont transparentes, et l'on voit se former à la fois, dans l'épais- seur de leur masse , distribués avec symétrie, plusieurs nucleus piacés dans des cavités qu'ils remplissent toujours entièrement , et qui grandissent dans la méme mesure qu'eux- mémes. Il ne paraît point que ces cavités possèdent tout d'abord des parois membraneuses, c'est-à-dire que la matiére qu'elles renferment soit enveloppée dans une cellule proprement dite distincte de la spore entiére. Ce qui est certain, c'est que dans les cas ana- logues à celui-ci, l'utricule qui sert de récipient immédiat au nucleus devient surtout distinct au moment de la germination de la spore, comme s'il ne prenait réellement naissance qu'à cet instant. : On peut proposer comme un fait généralement vrai, que la genèse des spores des Lichens ne diffère point de celle des corps reproducteurs des Champignons ascophores; c'est-à-dire que, dans ces deux ordres de végétaux, les spores n'ont aucun rapport appréciable de continuité organique, soit entre elles, soit avec l'utricule qui les engendre (evolutio cellularum ntra-utricula- MÉMOIRE SUR LES. LICIIENS. LE ris Ung. [1] ). Cependant, aussi bien parmi les Lichens que dans la classe des Champignons , quelques espèces font, dans une certaine mesure , exception à la loi commune; je veux parler, quant aux Lichens, des Calicium, des Sphærophoron, de l' Acros- cyphus, des Lichina et du Paula. L'analogie des Calicium et des Sphærophoron se tire des ressemblances qu'ils offrent dans leur appareil reproducteur. Les uns et les autres présentent plus ou moins distinctement, suivant . les espéces , cette circonstance singuliére que leurs spores, à l'in- star de celles de certaines Algues, semblent ne point atteindre leur maturité parfaite à l'intérieur des théques (2), et continuer à croitre aprés en étre sorties ; mais si, comme on l'affirme (3), il en est ainsi dans quelques cas, je suis porté à croire que le fait n'est le plus souvent qu'apparent. Ces spores s'accumulent à la surface de l'Aymentum , mélées aux débris des cellules généra- trices, et plus ou moins liées entre elles et avec ces débris par le mucilage intercellulaire si abondant dans les apothécies ; elles sont l'élément principal de la matiére scobiforme pulvérulente ou cornée que tous les observateurs ont vue dans les scutelles des Calicium et des Spherophoron , mais dont ils ne se sont pas tou- jours expliqué l'origine. ( Voy. le Mémoire de M. Montagne « sur le nucleus des Sphærophoron et des Lichina » dans ce recueil, 2° sér., t. XV [1841], p. 146, et ses observations sur le même sujet dans l' Hist. nat. des Canaries de M. Webb, Botaniq., t. MT, 2° part. [1840], p. 124, 127 et 128.) À une certaine époque de leur développement qui précède l'apparition de toute forme analogue à celles des spores, les thè- ques étroitement linéaires du Calicium turbinatum Pers. (A) et (4) Grundz. der Anat. u. Phys. der Pfl., p. 43. (2) M. Montagne dit la méme chose des spores du Cladosporium arundinaceum Mntgn. (Ann. des sc. nat., 2° sér., t XII, p. 299). (3) Voy. Mntgn. dans d'Orbigny, Dict. univ. d' hist. nat., t. IL (1843), p. 47 (v? Cariciux) ; Bayrhoff., Einig. ub. Lich., p. 21 ; etc, (4) Les Calicium ont été souvent placés parmi les Champignons ; mais il semble qu'on soit aujourd'hui d'accord à les regarder comme des Lichens (Conf. de Notar,, Giorn, bot, ilal., ann, |l, part, t, p. 299). Qu'ils appartiennent, en a 18 L.-R. TULASNE. cellesdu Sphærophoron coralloides Pers. , sont entiérement remplies par une matière plastique d'un jaune pâle ou verdâtre, assez solide et presque homogène. Bientôt au sein de cette masse compacte se dessine une série de nucléoles également espacés, uniformes dans leur volume, et qui indiquent la cavité centrale d'autant de spores dont les contours sont encore indistincts. Peu à peu ces contours sont tracés dans l'épaisseur de la substance organisable qui remplit le sporange, et d'abord par des lignes transversales paralléles; puis tout le contenu de la thèque brunit lentement , et les choses se passent de telle sorte que les spores demeurent longtemps jointes les unes aux autres suivant leurs premiéres lignes de déinarcation , c'est-à-dire par des faces aplaties , tandis qu'elles s'arrondissent peu à peu sur les autres côtés. Dans les Sphærophoron elles ne semblent devenir habituellement libres que par le fait du morcellement et de la destruction partielle des thèques (1), dont elles retiennent à leur surface des débris plus - effet, à cette dernière classe de plantes, c'est ce que démontrent pleinement le caractère du thalle de beaucoup d'entre eux, et la nature amyloide des éléments de leur /ymenium qui se colore en bleu dans la teinture d'iode ; aussi sommes- nous surpris que M. Fries admette au nombre des Discomycétes le Calicium turbinatum Pers. ( Sphinctrina turbinata Fr.) dont il s'agit ici, en méme temps qu'il laisse tous les autres Calicium parmi les Lichens. On peut également se demander pourquoi , malgré cette appréciation particulière des affinités du Cali- cium turbinatum, le même auteur continue à lui donner place dans le genre Calicium. (Voy. Fries, Summa veg. Scand., p. 119 et 366.) M. de Notaris, qui reconnait aussi le Sphinctrina turbinata Fr. comme le type d'un genre distinct des Calicium (voy. le Giorn. bot. ital. , ann. IL, part. n,p. 34 4), lui attribue à tort des spores elliptiques-lancéolées ou rhomboidales ; elles sont telles seulement dans le Calicium microcephalum Ach., qui est fréquemment con- fondu avec le précédent auquel il ressemble. Les spores du Calicium turbina- tum Pers. sont sphériques, simples, et ne dépassent pas 0,004 en diamètre ; tandis que celles du C. microcephalum Ach. (Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rh., t. IV, n^366, sub falso nom. C. turbinati Pers. [saltem ap. exempl. Musei par.]), qui sont assez souvent biloculaires, mesurent 10 à 43 millièmes de millimètre dans leur longueur, et environ 0"",0065 en largeur. (Voy. la pl. XV.) (1) Les thèques de notre Sphæwrophoron coralloides Pers. ne renferment ha- bituellement que huit spores ; celles du S. tenerum Laur., suivant les auteurs de la Flora antarctica, en contiendraient de huit à trente et même davantage ; mais je crains qu'elles n'aient été sous ce rapport l'objet d'une méprise, telle que MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 19... ou moins reconnaissables (voy. la fig. 4 dela pl. XV). Mais dans le Calicium turbinatum, il n'est pas rare de voir les spores müres el noircies sortir de thèques incolores qui ne sont pas autrement brisées que celles des Lichens les plus ordinaires. Cette derniére circonstance, qui s'observe aussi chez plusieurs autres Calicium stipités (Calycia et Cyphelia DNrs.), atteste que la membrane de la théque peut demeurer en ces Lichens distincte de son contenu, bien que le contraire ait plus souvent lieu, c'est- à-dire que le sporange se soude à la masse fructifére en telle manière qu'il soit presque impossible de reconnaitre si celle-ci possède réellement une enveloppe continue. J'ai surtout remarqué cette apparente disparition de la théque chez les Calicium de la tribu des Acolium , tels que les C. tympanellum Ach. , C. stigo- nellum Ach. , C. tigillare Ach. , etc. , dont les théques ne sont reconnaissables comme telles que dans leur extréme jeunesse. Bien différentes en cela des thèques des autres Lichens qui attei- enent à peu près leur grandeur normale avant d'engendrer des spores dans leur sein, celles des Calietum dont il s'agit renfer- ment déjà des rudiments bien caractérisés de corps reproduc- teurs alors qu'elles n'ont pas encore la dixiéme partie de leurs dimensions futures. Aussitôt en quelque sorte qu'on les peut dis- tinguer les uns des autres, ces corps reproducteurs, dans le Calicium tympanellum Ach. (4) et le C. stigonellum Ach. (2), sont déjà partagés en deux loges par une épaisse cloison, et ils sont si étroitement unis entre eux et aux parois de la théque , que celle- ci semble s'évanouir entiérement dés qu'ils commencent à se co- lorer. À partir de cet instant , ils représentent un filament nu, composé de huit articles 2-loculaires, souvent obliques ou inclinés celle à laquelle on est exposé dansl'étude des Calicium. (Voy. l'ouvr. cité de M. J.-D. Hooker, part. xxv [la dernière, 1847], p. 530, pl. CXCVII, fig. 4.) (1) Moug. et Nestl., Stirp. Vog. -Rh., t. IX, n° 859. Les échantillons de cette collection n'appartiennent pas exactement à la méme espéce que ceux qui ont été communiqués sous le méme nom à M. Adolphe Brongniart par M. Wahlen- berg (Herb. du Mus. de Par.). (2) Moug. et Nestl., op. cit., t. IX, n° 858. J'ai recueilli ce Lichen parasite à Rambouillet, surle tronc des Marronniers du parc. 80 L.-R. TULASNE. diversement les uns sur les autres, et porté par un | appendice capillaire (voy. pl. XV, fig. 18). Ce système grandit ensuite ex- trémement dans toutes ses parties ; les spores deviennent peu à peu obscures, et en mürissant se détachent successivement les unes des autres à la manière des spores des Æcidium. La disso- ciation de ces corps commence naturellement par les plus élevés de la série, qui ont ordinairement achevé leur développement avant les autres; et grâce à l'élongation du fil sur lequel il s'ap- puie, le chapelet entier se trouve souvent à cette époque de sa maturité notablement éloigné du point où il a commencé d'être. C'est encore là une particularité de l'organisation propre aux Calicium ; elle explique pourquoi la couche hyméniale acquiert dans leurs apothécies beaucoup plus d'épaisseur que chez la plu- part des autres Lichens; car, par le fait de l'allongement va- riable de leur support linéaire, les chapelets de spores qui repré- sentent les théques primitives s'étagent à des hauteurs diverses les uns au-dessus des autres ; et, les plus jeunes semblant pour ce motif continus aux plus âgés, un observateur inattentif dirait chacun d'eux plus long et plus riche en spores qu'il ne l’est réel- lement. Une autre cause contribue à la fois à accroître l'épais- seur et à prolonger l'existence de la couche fertile des Calicium , et spécialement des ÆAcolium ; je veux parler du phénomène qui consiste dans le développement de nouvelles thèques au fur et à mesure que les chapelets proligères arrivés à leur maturité se désagrégent et disparaissent, ne laissant dans le tissu hyménial que leur pédicelle ténu qui se confond désormais avec les para- physes. Chez les autres Lichens oü les théques vidées continuent à occuper un espace assez considérable dans l'hymenium , on concoit qu'il n'y ait bientót plus place pour de nouveaux organes de cette nature. Les spores des Acolium tympanellum DNrs. et 44, stigonellum ejusd. sont habituellement dans chaque théque soudées en une méme série linéaire, bien que leur symétrie soit souvent troublée en diverses façons. Celles de 4. tigillare Fée (1) s'associent pres- (4) Calicium tigillare Schaer,, Enum. crit, Lich., p. 465, tab. VI, fig. 1. — Moug. et Nestl., Stirp, Vog.-Rhen,, t. XI, n° 4067. MÉMOIRE SUR LES LICIENS. 81 que toujours en un groupe obovale, el la loi de leur arrangement est trés confuse; mais elles conservent leur forme didyme et bilo- culaire. Au contraire, chez un autre 4 colium (4. INotarisii Nob.) assez semblable au méme .4. tigillare , et remarquable comme lui par un thalle vert épais et continu, les spores müres sont pluri- loculaires et trés inégales de forme et de volume. M. de Notaris a pensé que cette espèce n'était autre chose que I A. tigillare habité par un Sporidesmium ( voy. DNrs., Giorn. bot. ital., ann. If, part. 1 [fasc. 5-6 ; 1847] , p. 308) (1). Dans l’Acroscyphus spherophoroides Lév. (2), qui généri- quement diffère peu de notre Sphærophoron coralloides, les premiers indices de la naissance des spores consistent aussi en (1) Je dois à l'obligeance de M. Durieu de Maisonneuve un bel échantillon re- cueilli dans le Velay de l'espéce d'Acolium dont il est ici question, et qui peut étre caractérisée ainsi : Acorrum Norarisit +, thallo crasso continuo rugoso-inæquali, nitide luteo- virente, ex utriculis globosis gonidiisque paribus inprimis compacto ; apotheciis immersis, tuberculis thalli prominentibus singulatim impositis, disco orbiculari plano v. concaviusculo, atro immarginato, strato et fructifero crasso ; sporis glo- bosis v. oblongis, crassis (0"".015-022 long., dimidioque angustioribus), multi- locularibus, septis scil. 2-7 aut pluribus tum transversis tum longitudinalibus divisis, forma ideo magnitudineque maxime variis (e pluribus consociatis factis), atris pulveremque densum tandem sistentibus. —. Acolium tigillare DNrs., Giorn. bot. ital., ann. II, part. 1, p. 176. Crescit in arborum cortice; specimen quod suppetit in trunco pinus cujusdam epiphlæodes vigebat. Ab A. tigillari Fée cui ob thalli colorem inprimis affine est, ejusdem blaste- matis crassitudine et, fabrica rugoso-tuberculosa, amplitudine apotheciorum multo majore , præsertimque sporarum forma recedit; has inter quæ globosæ crucialimque 4-loculares (immature pleraeque) occurrunt, præ caeteris symme- tria qua pollent oculos alliciunt. (2) J'ai lieu de croire que les échantillons de ce Lichen , qui ont été vus et décrits par M. Léveillé dans ce recueil (3* sér., t. V, p. 262 ), comme apparte- nant à un Champignon du groupe des Sphériacées, provenaient de l'herbier de M. Bonpland , où il s'en trouve de très nombreux ( sous le n. 4468), qui ont été recueillis par ce voyageur, en compagnie de M. de Humboldt, prés de Perote au Mexique. (Voy. ce que M. Montagne dit du méme Lichen dans le Dict. univ. d'hist. nat. de M, d'Orbigny, v^ SruEsoPHonÉEs, et dans ces Annales, t. XI [1849], p. 243 et 244.) 82 L.-R. TULASNÉ. des nucléoles ou vacuoles qui se forment au centre du contenu plastique du sporange; deux de ces nucléoles entrent dans la composition de chacune des spores qui sont biloculaires. La di- vision de la gangue commune de laquelle ces corps sengendrent est lente, de sorte qu'on les rencontre facilement soudés en séries moniliformes ; dans leur état parfait ils sont didymes, trés noirs, et mesurent 25 à 30 millièmes de millimètre de longueur, sur 16 environ de diamétre transversal. (Voy. pl. XV, fig. 10.) Les spores des Lichina naissent de la méme manière que les précédentes ; elles proviennent également du fractionnement de la substance plastique contenue dans la théque, et leurs parois semblent se former pour une grande part aux dépens de la membrane méme qui constitue cet utricule générateur. Tou- jours est-il qu'elles sont longtemps soudées les unes aux aütres par des faces planes, et qu'elles se laissent quelquefois briser plutôt que de se disjoindre ; on arrive cependant au moyen des acides à les désunir, et c'est alors seulement qu'elles sont devenues libres, soit par l'effet d'un agent chimique , soit naturellement au temps de leur maturité, qu'on leur voit prendre une forme elliptique réguliére. Ces observations ne présentent pas de grandes difficultés dans le Lichina confinis Ag., dont les spores, au nombre de 6 à 8, ne forment habituellement qu’une seule série dans chaque thèque. Cependant il arrive parfois que cet ordre est troublé vers le haut du sporange , où quelques corps reproduc- teurs se déplacent et se soudent à leurs voisins aussi bien par leurs extrémités que par leurs faces latérales (voy. pl. IX, fig. 3-5, et pl. X, fig. 16-18) (1). Les spores des Lichina ne s'amassent (1) Les spores du Lichina pygmæa Ag. ne diffèrent guère que par le volume, comme nos figures l'indiquent, decelles du Lichina confinis Ag.; aussi avons-nous peine à comprendre que M. Bayrhoffer les dise trés incomplétes et pourvues de cloisons transversales (sehr unvollkommene , querwændige od. zellige Sporen ). Le même auteur prétend, en outre, que les théques de ce Lichina pygmæa ne sont point formées, comme la plupart des autres sporanges, de deux membranes emboîtées, mais qu'elles n'en possèdent qu'une seule qui correspond à la tunique interne (Sporensack Bayrh.) des théques les plus ordinaires. M. Bayrhoffer cite d'autres exemples de cette prétendue simplicité de structure. ( Voy. Bayrhoff., Einig. ub. Lichen., p. 24.) : * MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 83 point dans l'intérieur du conceptacle comme il arrive pour. les Calicium et les Sphærophoron , elles paraissent être entrainées au dehors au fur et à mesure de leur maturité , mais je n'ai pu m'assurer qu'elles fussent projelées de la méme manière que celles des Lichens discigères. Quant aux Calcium et aux Sphe - rophoron, la dissémination de leurs corps reproducteurs n’a point lieu par le fait d’une force élastique propre aux éléments de l'Aymenium, ou si elle est due, pour une part quelconque, à cette cause, c'est d'une facon trés obscure. Par son mode de fructification , aussi bien que par sa station prés des rivages de la mer, le Paulia pullata Fée (Gyrophora ? per- forata Pers. , Freycinet, F’oyag. aut. du monde, sur l' Uranie, etc. , Botaniq. , p. 202) est tout à fait analogue aux Lichina ; ses spores uniloculaires et à parois épaisses naissent soudées entre elles et à la membrane de la théque qui les contient, de manière à figurer un seul corps reproducteur claviforme et à huit compar- timents (1). : ! Avant de quitter ce sujet, je ferai remarquer qu'eu égard à la soudure originelle et constante des spores dans les genres dont il vient d'étre question, celle des corps reproducteurs du Collema cheileum Ach. qu'on a parfois lieu d'observer (voy. supra, p. 65) n'est plus un fait si anomal qu'il semble au premier abord ; car (1) Cette structure est trés différente de celle qui a été représentée par M. Fée dans la Linnæa (t. X [1836]. tab. 1V); elle justifie l'affinité soupconnée jadis par Persoon et reconnue depuis par M. Decaisne (Bull. de l'Acad. des sc. el bell.-lettr. de Bruxelles, V. VII, part. 1, p. 409), du genre Paulia (Pasithoe Dne, loc. cit.), avec les Lichina, affinité plus étroite que celle qu'il pourrait avoir avec les Endocarpées. Le thalle du P. pullata Fée a, d'ailleurs, tout à fait la consistance de celui des Lichina, mais il parait privé à sa surface du ré- seau finement celluleux qui appartient à ces derniers; on y voit des grains verts, isolés ou groupés deux ou trois ensemble, et placés au centre de globes muqueux, qui, d'abord incolores , brunissent ensuite extrémement. Tous ces globes, sortes de gonidies, sont plongés dans un ordre symétriqne au sein d'une gangue commune, muqueuse, transparente , et qui contient cà et là de vagues indices de filaments. Quant aux apothécies que Persoon n'avait pas su recon- naître , elles ressemblent beaucoup plus à celles des Urcéolaires qu'aux thala- mies des Endocarpes. | Sh L.-R. TULASNE,. si dans cette espèce il ne constitue qu'une exception, il est parmi les Calicium et leurs analogues la règle commune (1). De méme qu'on voit souvent les téguments de la graine des phanérogames prendre seuls quelque accroissement malgré l'avor- tement de l'embryon qu'ils eussent dà contenir, de méme aussi n'est-il point rare de rencontrer dans les Lichens des spores sté- riles qui ont acquis un certain volume. L'imperfection de ces or- ganes porte en général sur les matières qu'elles renferment et sur leur structure intérieure. Bien que leur épispore se colore de la méme manière que celui des spores fertiles (v. gr. Urceolaria scru- posa et U. actinostoma [pl. IV, fig. 2 et 9], les Calieium, etc.) , il est beaucoup plus mince et chiffonné ; les cloisons intérieures, s'il en doit exister, font plus ou moins défaut (voy. les fig. citées plus haut et celles relatives au Collema cheileum , pl. VII, fig. 12-16); mais ce qui dénote surtout le caractére abortif de la spore, c'est la nature de son contenu, qui n'est habituellement qu'un liquide aqueux trés pauvre en matiéres granuleuses ou hui- leuses (2). On a signalé dans le Lecidea sanguinaria Ach. la présence (1) A une époque où le défaut de microscopes suffisamment amplifiants lais- sait les botanistes dans l'ignorance de la structure réelle des apothécies, Spren- gel n'admettait la présence des thèques (Seckchen) que dans quelques Lichens , tels que les Pertusaria et les Endocarpon ; il croyait les spores (Saamen) nues ou disposées en séries moniliformes chez d'autres, les Verrucaria, par exemple; ou bien il les supposait placées entre les appendices ou éléments tubuleux de la couche fertile, et il citait les Peltidea et les Parmelia comme des types de ce genre de fructification. (Voy. Kurt Spreng., Anleit. zur Kenntn. der Gewæchse, III'* Samml. [1804], S. 335. ) Quoique aucun observateur n'eüt encore vu de jeunes Lichens tirer leur origine de ces spores, on ne pouvait guére douter, pen- sait-il, qu'elles ne fussent réellement des semences reproductrices. (Ibid.) (2) On observe aussi fréquemment dans les Discomycèles octospores l'avorte- ment accidentel de quelques uns des corps reproducteurs que leurs thèques doivent produire; parfois cet avortement prend le caractère d'une loi constante, et rappelle tout à fait ce qui arrive aux ovules surabondants du Chêne, de l'Oli- vier et autres dicotylédones. Je citerai, pour exemple de ce fait, le Bulgaria in- quinans Fr. , dans les théques duquel quatre spores fertiles et très colorées sont presque toujours accompagnées d'autant de spores avortées ou imparfaiteinent développées, incolores et évidemment impropres à germer. | MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 35 fréquente de ces spores stériles, et l'on suppose qu'elles se sou- dent aux spores fécondes dont elles altérent ainsi la. forme régu- lière. (Voy. Buhse, mém. cité, $ 5; et Schleiden, Grundz. der iss. Dot. , t. II, p. «45-46, 3° édit.) J'ai déjà mentionné la grande quantité de spores anomales qui sont rejetées par les thèques du Collema cheileum ; leurs adhé- rences avec les spores normales ne sont pas, sans doute , un fait du même ordre que celui qui a été remarqué dans le Lecidea sanguinaria Ach. Les spores que j'ai vues dans ce dernier Lichen sont ellipsoides , uniloculaires , fort grosses (car elles mesurent environ 8/100* de millimétre en longueur sur une largeur moitié moindre), et elles sont généralement solitaires dans chaque thèque. La plupart des lichénographes sont d'accord pour regarder le chiffre 8 comme exprimant le nombre normal des spores qui se développent dans les thèques; et c'est à la méme loi qu'est soumise , comme on sait, la fécondité des Pyrénomycètes et des Discomycètes parmi les Champignons. Mais de méme qu'il existe des Champignons ascophores qui échappent àla régle commune, et dont les sporanges , comme ceux du T'ympanis saligna Tode, des Spheria quercina Pers. , Leveillei Tul., verruciformis Ehrh. , venti Tul., etc. , renferment une innombrable quantité de corps reproducteurs, de méme aussi trouve-t-on quelques Lichens qui imitent complétement ces Champignons exceptionnels. De ces Lichens anomaux nous avons pu soumettre à l'analyse, outre les Endocarpon sinopicum Wahlenb. (4) et E. smaragdulum ejusd. (2) dont nous avons parlé plus haut, le Lecidea albo-ccrulescens Fr. , qui eroit fréquemment sur les tufs calcaires de l'Anjou (3). Ses (1) Parmeliæ badiæ status Friesio, Lich. reform., p. 148. (2) Parmelia cervina (discreta) Fries, op. cit., p. 127. (3) Le thalle crustacé et continu de ce Lichen contient des globules sphé- riques (de 13 à 16 millièmes de millimètre de diamètre), solides, transparents, entiérement formés de cellulose, et qui semblent dus à une métamorphose des cellules-gonidies. Un autre Lecidea, tout à fait semblable au précédent par la forme, la couleur et la structure interne de ses scutelles, se trouve souvent sur les calcaires durs du Poitou ; il n'a point de thalle apparent, car les éléments 86 L.-R. TULASNE. spores sont dans chaque théque en nombre trés considérable, et impossible à déterminer d'une manière sûre ; ellessont ellipsoides, obtuses, et ne dépassent guère 0"",005 en un sens, et 0""003 dans l'autre. M. de Notaris parle en termes généraux de Lichens à thèques polyspores, et il en donne pour exemples le Parmelia cervina Fr. (1) dont nous avons déjà fait mention, le P. Schlei- cheri Fr. (Urceolariæ sp. Ach.) (2), et le Lecidea Morio Schær. (voy. ses Framm. lichenogr., Giorn. bot. ital., ann. 9, t. I, part. 1, p. 176 [fasc. 3-4], et ann. 2, t. II, part. r, p. 181, en note [fasc. 9]). Nous avons eu l’occasion de vérifier qu'en effet tous ces Lichens produisaient aussi dans chacune de leurs théques des spores trés ténues en quantité tellement considérable, qu'il serait bien difficile de reconnaître si leur nombre est ou non un multiple des nombres normaux quatre et huit. | Que dans les théques des Lichens on rencontre souvent moins de huit spores , c'est ce que prouvent beaucoup d’espèces , telles que les Gyrophora et Pertusaria , le Lecidea sanguinaria, etc. , qui sont ordinairement mono- ou dispores ; les Ælectoria et cer- tains Urceolaria, qui offrent de deux à quatre spores dans chaque thèque , etc. Mais il serait évidemment inexact d'admettre avec M. Henfrey (3), comme le fait le plus général, que les théques des Lichens ne mûrissent qu'une ou deux des spores qui naissent dans leur sein. dissociés de cet organe sont cachés entre les molécules de la pierre nourricière, et ses apothécies sont elles-mémes enfoncées ou plongées dans ce support. (1) Ce Lichen curieux, dont plusieurs échantillons provenant les uns des Pyré- nées, les autres des Cévennes, existent dans les herbiers du Muséum d'histoire naturelle de Paris, me parait bien suffisamment distinct spécifiquement des Endocarpon smaragdulum et E. sinopicum, avec lesquels il a en effet par la fructification beaucoup d'analogie. | (2) Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 2* édit., t. XXIV, n° 1190. Cette espèce est décrite et figurée dans la Flore d'Algérie de M. Durieu (p. 248, pl. XIX, fig. 5). Le Biatora Rousselii D. et Mntgn., que le méme ouvrage fait également connaître (p. 266, pl. XIX, fig. 4), présente de méme des théques polyspores. . (3) Voy. ses Outlines of struct. and phys. bot., p. 115 (1847). MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 87 4, — Germination des spores. Jusqu'ici on a manqué d'exemples et de renseignements précis sur la germination des spores des Lichens ; du moins les pages écrites sur ce sujet par MM. Meyer et Fries, privées qu'elles étaient de figures explicatives et justificatives, n'ont point entrainé la conviction du plus grand nombre de leurs lecteurs (1). Les essais de multiplication que M. Meyer rapporte ont eu principalement pour objet, comme il le dit lui-méme, les Lichens foliacés pourvus d'apothécies ouvertes ; ils n'ont point amené de résultat satisfaisant quand ils ont été tentés avec les Graphidées , les Verrucaires et autres espèces angiocarpes (voy. Meyer, F'lechten, p. 170). Suivant cet auteur, la germination de la spore a lieu de la manière suivante : ce corps s'allonge sans se briser, tantôt dans un sens seulement, tantôt dans deux sens opposés ; si plusieurs, spores sont réunies et pressées par groupes , les pro- cessus qu'elles émettent rayonnent autour du groupe, et ceux qui, par suite de la direction de quelques spores, devraient s'al- longer vers le centre de l'agglomération , ne prennent qu'un trés faible accroissement. Là où ces élongations de plusieurs spores se rencontrent, elles s'unissent et se confondent ; en ces points d'union naissent des nodosités qui se gonflent peu à peu, se co- lorent , et deviennent insensiblement de peiites apothécies. Les processus-germes qui n'ont point eu part à la formation de ces nodosités , ceux-là spécialement qui s'étendent vers le centre des groupes de spores, prennent l'aspect de filaments, surtout près des jeunes conceptacles, à la production desqueis la force génératrice semble s'être épuisée, et, changeant en même temps de couleur, ils constituent ensemble le thalle du Lichen | {'lecht., p. 175 et 176). (1) « Ueber das Keimen der Sporen sind bis jetz nur bei Borrera ciliaris unge- nügende Beobachtungen angestelll » , a dit M. Huch dans le Jahresber. des na - lurwiss. Vereines in Halle (II Jahr, 1849, Berlin, 1850). Mais, en faisant cette remarque , il parait oublier le travail publié par M. G. de Holle sur les organes de la reproduction de ce méme Parmelia ciliaris (zur Enlwick, - Gesch. von Borrera ciliaris, inaug. dissert. ), travail dans lequel la structure des spores et leur germinalion sont étudiées avec soin. 88 L.-R. TULASNE. Trés fréquemment la végétation de la spore ou plutót l'élon- cation de son germe est arrêtée par le fait du développement d'une apothécie, soit à l'extrémité de ce processus, soit vers son milieu : en ce cas le thalle avorte complétement, et c'est pour ce motif qu'on rencontre souvent des groupes de conceptacles sans thalle qui les unisse (Zbid., p. 177 et 179) (1). De ces extraits qui sont à peu prés tout ce que M. Meyer a écrit de plus précis sur la question dont il s’agit, on pourrait induire que cet auteur établissait une trés grande analogie entre la repro- duction des Lichens par leurs spores et celle des Champignons , desquels on pense généralement que leur mycelium est dû au con- cours de plusieurs spores germant dans un méme lieu. M. Fries écrit que ses observations sur la reproduction des Lichens par leurs spores sont parfaitement d'accord avec celles de M. Meyer, auquel revient l'honneur d'avoir le premier constaté le fait par des expériences suivies ; car Micheli, qui se flattait d'avoir vu germer et croitre les semences des Lichens (2), n'a certainement désigné par ce nom que leurs gonidies, et non leurs véritables spores qu'il tenait, comme nous l'avons dit plus haut, pour des fleurs stériles. Faire macérer l'apothécie du Lichen dans l'eau pure, et répandre ensuite ce liquide en un lieu approprié, tel est le procédé suivi par M. Fries dans ses recherches actives sur la multiplication des Lichens, procédé qui lui aurait appris, comme ill'assure, que les spores des Lichens s'allongent en filaments, de la méme manière que celle des autres plantes nématoides (plante homonemeæ) (3). Les observations faites par M. Buhse sur la germination des (1) M. Wallroth reconnaît aussi comme possibles ces diverses circonstances de la végétation des spores, au sujet de laquelle il s'exprime ainsi : « Pro- pagalio primaria (Licugxun)... speirematica veluti pseudo-cotyledonaris ex speire- malibus (sporis) sive primitus in cymatiorum (apotheciorum) rudimenta, eblaste- matica (athallina) deliquescenlibus, sive producendo, in fila, byssoidea nigrescentia radiantia (hypothema) excurrentibus, periblastesin, raro primitus cymatia infor- mantibus.... » (Fl. crypt. Germ., part. 1, p. 286.) (3) « ... Geauina semina (Lichenum) a nobis observata germinare et incremen- » lum capescere deprehendimus... » (Mich., Nov. pl. gen., p. 73.) (3) Voy. Fries, Lichen Europ. reform., p. Lv et vi. MÉMOIRE SUR LES LICHENS, 89 Lichens n'ont porté que sur les spores biloculaires du Calieium adspersum FItw. et celles du Parmelia ciliaris Fr. Il a vu les pre- miéres s'allonger par un bout d'une manière sensible, et les se- condes, aprés un certain séjour dans l'eau, émettre par une seule de leurs extrémités, ou par les deux à la fois, un court prolonge- ment ou une protabérance évidemment caractéristique d'une ger- mination commencante (voy. Buhse, Mém. cité, S 6, p. 348et349). M. Meisner doute que M. Buhse ait réellement assisté, comme il le pense , aux premiers moments de la germination des spores des Lichens ; il a vu lui-même, dit-il, de pareilles germinations prétendues ; mais les spores qui les offraient, il venait de les expulser de leurs théques, ce qui l'empécha de croire qu'elles fussent réellement surprises dans l'acte de leur germination (voy. Meisner dans Mohl et Schlechtend., Bot. Zeit., t. VE[4848]) (1). La dissémination des spores des Lichens ayant lieu de la ma- niére qui a été expliquée plus haut, on concoit qu'il est facile d'en recueilir de chaque espéce des quantités considérables exemptes de tout mélange, soit avec des corps étrangers, soit avec des spores d’espèces différentes. J'ai tenu plusieurs fois ces spores dans l'eau, entre deux lames de verre, sans obtenir de la sorte, sinon trés rarement, leur germination ; mais il m'a réussi davantage de les répandre sur du sable fin et humide, ou sur des fragments de pierres calcaires ou schisteuses. A cette fin , je les recueillais ordinairement sur le verre-écran , oü elles s'étaient déposées, au moyen d'une petite estompe de liége, de laquelle je les détachais ensuite avec une goutte d'eau pour les faire tomber sur le sol ou elles devaient croitre. J'ai semé de cette manière, entre autres espèces, les Peltidea canina et P. horizontalis, les Parmelia parietina, et P. stellaris, V Endocarpon hepaticum, le Lecanora Pa- rella, le Lecidea fumosa, le J"errucaria muvalis, les Collema chei- leum et C.jacobeæfolium ; et quoique je n'aie pu suivre bien long- temps la végétation première de toutes ces plantes, quelques unes * (1) M. Meyen, après avoir rapporté les expériences de Meyer sur la multipli- cation des Lichens au moyen de leurs spores, ajoute que , malgré ses tentatives réitérées de diverses maniéres, il n'a pu parvenir à voir ces corps germer. (Meyen, Physiol. der Gew, , t. ILI, p. 472.) 90 KR. TULASNE. cependant m'ont permis suffisamment d'étudier le phénoméne de la reproduction des Lichens par leurs spores. Les spores de l'Endccarpon hepaticum Ach. s'épanchent frs de ses apothécies sous la forme d’une gelée grumeleuse de cou- leur rosée ; elles sont mêlées à une quantité considérable de mu- cilage excrété par l'Aymenium , et dans lequel beaucoup d'entre elles commencent à germer. Ce sont des corps ellipsoides, trans- parents, à peine colorés , longs de 0"",0096-0128 , et larges de 18 à 65 dix-milliémes de millimètre ; ils sont formés d'une mem- brane trés mince, et leur contenu est finement granuleux. Le filament-germe que ces spores émettent naît de l'une de leurs extrémités ou bien il est latéral, sa couleur est celle de la spore, etil n'en diffère point non plus par la nature de son contenu; il se ramifie promptement, mais je n'ai pu suivre son développe- ment jusqu'au moment oü il se partage en cellules. (Voy. pl. AM, fig. 12-15.) | Les spores du F'errucaria muralis Ach. qui, avec la forme et la couleur des précédentes, ont des dimensions deux fois plus grandes, germent tout à fait de la même manière. Elles furent semées très abondamment au mois de février à la surface apla- nie d'une petite pierre calcaire, qui fut mise sous un verre de montre à l'abri de la poussiére, et humectée d'eau à des inter- valles de temps fort irréguliers. De temps en temps j'enlevai avec un pinceau quelques unes de ces spores pour constater les progrès de leur végétation. En germant elles n'augmentérent pas sensiblement de volume, et se vidérent peu à peu de toutes les molécules solides qu'elles contenaient. Au mois d'avril, c'est-à- dire environ deux mois après avoir été semées , on les retrouvait encore non déformées, attachées aux filaments qu'elles avaient produits, mais leur membrane était devenue d'une extréme té- nuité. Ces filaments se ramifiérent beaucoup, et leur diamètre décroissait sensiblement de leur base à leur soinmet. Après être restés assez longtemps privés de cloisons, ils se partagèrent à la fin en un très grand nombre de cellules régulières, au moyen de diaphragmes transversaux qui parurent d'abord prés de la spore à l'origine du filament-germe, et se formèrent ensuite de proche MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 01 en proche dans ses branches principales jusque vers leurs extré- mités. En méme temps qu'avait lieu cette division, le filament gagnait évidemment en volume, et ses cellules, qui d'abord n'étaient rigoureusement que des cylindres trés courts, s'arron- dissaient peu à peu dans une certaine mesure et lui prétaient un aspect moniliforme. Ces filaments celluleux , dans leur plas grand diamètre, ne dépassaient guère 1/100* de millimètre, c'est-à-dire qu'ils restérent toujours beaucoup plus étroits que les spores; ils étaient incolores ou faiblement brunátres, et renfermaient trés peu de molécules solides. Par leur enchevétrement, ils formaient un plexusassezserré ( protothallus Huch, l. sup. cit. ; hypothema Wallr.) sur lequel il se développa, vers la fin d'avril, une couche blanchátre de petites cellules arrondies, de 4 à 6 dix-milliémes de millimètre de diamétre, intimement unies entre elleset aux filaments desquels elles procédaient , les unes vides en apparence , les autres rem- plies de matière plastique. Bientôt après on vit cà et là sur cette premiére assise d'utricules apparaitre des cellules remplies de matière verte, et il ne fut plus permis de douter qu'un nouveau thalle de F’errucaria muralisétait né des spores mises en expé- riences ; ces cellules vertes étaient, en effet, telles par leur aspect, leur volume, leur agencement et leurs rapports avec les utricules placés au-dessous d'elles , qu'il était impossible de les confondre avec des cellules de Protococcus ou autre Algue inférieure unicel- lulaire; et d'ailleurs elles ne différaient aucunement des go- nidies du thalle adulte du Ferrucaria muralis (voy. pl. XM, fig. 4-12) (1). (^) M. Bayrhoffer conçoit la reproduction des Lichens et la végétation de leurs spores d'une facon tout autre que celle qui est exposée dans les lignes précédentes. Suivant lui, la membrane externe de la spore fournit une sorte de couche primaire ou de pellicule celluleuse (hautige-zellige Unterlage) sur laquelle s'ordonnent ou à laquelle s'associent les cellules intérieures du méme corps (Inhaltzellen der Spore); celles-ci, par l'effet d'une végétation centrifuge, développent d'autres cellules rondes ou ovales, puis enfin des cellules fibro- ra- meuses, et le prothallus du Lichen prend ainsi naissance. Plus loin le méme auteur , parlant encore de la première formation de ce prothallus , répète « que ce sont les cellules particulières contenues dans le sein de la spore qui, multi- pliées par des partitions centrifuges , engendrent tout d'abord une couche cellu- 99 E.-X, "TÜULASNE. On remarquera au sujet du filament-germe ci-dessus décrit , que dans son développement initial ou son élongation en un tube continu simple ou rameux, et dans sa métamorphose ultérieure en une série moniliforme de cellules arrondies, il imite assez exactement le suspenseur de l'embryon des végétaux phané- rogames, qui n'est aussi qu'un tube plus ou moins long, à cavité continue , avant de devenir un chapelet celluleux (1). La végé- tation du méme filament-germe diffère au contraire beaucoup de celle des jeunes Conferves, pourvu toutefois que ces plantes, quand elles sont naissantes, ne croissent pas autrement que les individus adultes de leur espèce, c'est-à-dire qu'elles ne gran- laire simple, sur laquelle s'avance ensuite une seconde couche procédant du contenu de la spore (Sporeninhalt), et qu'enfin de la première couche en naît une troisième qui recouvre la première. » Aussi « se croit-il autorisé à présumer que la spore d'un Lichen monoique ou hermaphrodite contient des corpuscules de natures différentes destinés d'avance à produire, par un développement séparé, les deux couches principales ( màle et femelle) constitutives du thallus. » (Conf. Bayrhoff., Lichen., p. 4 et 2.) Les faits sont malheureusement peu d'accord avec ces diverses opinions et supposilions. D'un autre côté , comme l'annoncent ces citations, M. Bayrhoffer voit dans le thalle plus de choses que ses devanciers ; ce quil explique mieux encore dans le passage suivant, où il fait la synthèse de l'évolution du thalle, de sa nature sexuelle, et de ses deux modes principaux d'organisation. « Sur le prothallus ( qui nait comme on l'a vu plus haut), il se forme ultérieurement une couche mâle ou une couche femelle , ev c'est ainsi que se produit l'Aypothallus , lequel appartient aux Lichens dioïques, tels que les Clio-: stomum, Pyrenothea, Spiloma, etc. Cet hypothallus ne peut produire que des an- théridies avec des spores incomplètes ( androspores ) , ou des sortes d'apothécies stériles. Mais les deux sexes sont-ils réunis sur le méme prothallus , alors c'est un thallus proprement dit qui s'est organisé. Par suite, ce dernier se compose de deux régions ou couches principales : 1? la couche mâle, subdivisée elle-même en couche rhizoide (Rhizonschicht) et couche filamenteuse (Faserschicht); 2° et la couche femelle, dans laquelle on distingue aussi la région gonimique ( Gonimon- schicht) et la partie corticale (Corticalschicht). Les Lichens les plus parfaits pos - sédent seuls toutes ces couches différentes ; les autres manquent, soit de la couche rhizoide , soit de la couche fibreuse, soit enfin de la partie corticale ou Cortical- schicht ;la couche gonimique ne fait jamais défaut. » ( Conf. Bayrhoff., Lichen. , p. 1 et 2.) Cette dernière affirmation est peut-être trop absolue. (^) Voyez nos observations sur l'embryogénie des Crucifères et des Scrofula- rinées, dans ces Annales, 3* sér., t. XII (1849), p. 21. | MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 93 dissent comme eux que par leur extrémité ou la division sans cesse répétée de leur cellule terminale, accrue, en deux cellules de volume ordinaire. (Voy. Mohl, Uber die F'ermehr. der Pflan- zenzell. d. T heil., dans ses F'ermisch. Schrift., p. 362, pl. xu.) S'il ne convenait pas d'étre extrémement sobre d'analogies et de comparaisons entre des choses aussi dissemblables que le sont les Lichens et les végétaux phanérogames, on pourrait voir dans les filaments-germes des premiers , qui ne sont en définitive que les rudiments de leur hypothalle primitif (1), une sorte de sus- penseur ( fuleimentum ) engendrant à ses extrémités ou latérale- ment l'embryon du Lichen, c'est-à-dire un Lichen rudimentaire qui, comme l'embryon de certaines graines, n'aurait point besoin de demeurer quelque temps dans un état d'imperfection défini, pour grandir et devenir une plante achevée. Cette analogie est celle qu'on peut établir aussi entre les protonemaíta des Mousses, le prothallium des Fougères et le suspenseur de l'embryon coty- lédoné ; elle conduirait à regarder les spores comme des espèces de vésicules embryonnaires. En soumettant à l'analyse au moyen des acides des spores ger- mées de Parmelia stellaris , on parvient à briser leur tégument coloré qui est fort épais, et à mettre en liberté l'endospore ou cel- lule sphéroide et transparente contenue dans chacune de leurs deux loges. On constate alors d'une facon précise que les germes filiformes émis par ces spores ne sont vraiment qu'une extension de leurs endospores, et qu'ils n'empruntent rien , en apparence du moins, à l’épispore , qui seulement se brise pour leur livrer passage. (Voy. pl. T.) La germination des spores blanches du Parmelia parietina a lieu de la méme manière, mais leur transparence laisse mieux voir ce qui se passe à ce moment dans leur intérieur. La matière plastique, comme je l'ai dit plus haut, y est ordinairement agglo- mérée aux extrémités du grand axe de la spore, ou en méme temps éparse dans le méme sens; et, si peu abondante qu'elle soit , elle parait cependant occuper tout l'espace que laisse libre (^) « Hec sunt (fila) que explicata vulgo hypoihallum primarium efficiunt, » (Fries, Lichen, Europ, vef., p. Lv-1vi.) Oh (0 ko. "DUEASNE. l'épaisseur inégale et considérable de l'épispore. Par l'une ou l'autre de ses extrémités ou par les deux à la fois, la spore émet un filament-germe ordinairement renflé à son origine, trés trans- parent, et qui fréquemment se bifurque presque aussitôt. Au fur et à mesure que ce filament s'allonge , la matière plastique con - tenue dans la spore disparaît et est remplacée par un liquide inco- lore ; mais en inéme temps la cavité qu'elle occupait dans la spore s'agrandit peu à peu aux dépens des couches internes de l'épi- spore qui se résorbent insensiblement, pour servir aussi, sans doute, à l’accroissement du filament-germe. Évidemment cette épaisse membrane épisporique subit alors une altération dans sa nature ou composition chimique, car elle se colore en jaune brun dans ia teinture d'iode, tandis qu'elle n'en recevait aucune colo- ration auparavant. On reconnait par le méme moyen que cette modification de l'épispore s'opére d'abord là oü il est traversé par les germes naissants , c'est-à-dire au-devant des nucleus , et que de ces points elle se propage à toute sa masse. | Ici comme dans le Parmelia stellaris, le filament-germe ne peut être attribué qu'à l'élongation de l'endospore ou de la membrane ténue qui enveloppe la matière plastique interne; il est extréme- ment probable que cette membrane acquiert surtout de la consi- stance au moment de la germination, et qu'elle croit dans la me- sure de l'amincissement de l'épispore dont elle tapisse lacavité peu à peu agrandie. On ne peut méme se refuser à voir là un phé- noméne trés analogue à ce qui se passe dans la germination de beaucoup de graines périspermées. Pourquoi, en effet, ne com- parerait-on pas notre endospore à un cotylédon unicellulaire trés petit agissant sur un endosperme corné, dont ilamène peu à peu l'atténuation ou la dissolution, et aux dépens duquel il acquiert un plus grand volume, de la méme manière que le cotylédon simple d'un Palmier, celui de l'Asperge, ou les cotylédons gé- minés d'un Melampyrum , absorbent à leur profit le périsperme énorme qui les enveloppe , et finissent par occuper sa place sous les téguments de la graine? Si ces rapprochements étaient admis, il y aurait chez les Lichens des spores analogues aux graines apérispermées; ce seraient celles qui, trés riches en matière MÉMOIRE SUR. LES LICIENS. 05 plastique, comme sont les spores du F’errucaria muralis, du Le- canora Parella, etc. , possèdent un épispore partout très mince et se distinguant à peine de l'endospore ; et d'autres , moins bien pourvues de protoplasma , mais couvertes d'un tégument trés épais, telles que celles des Parmelia parietina Ach., Placodium murorum DC., P. elegans DC., Lecanora salicina Ach. (Moug. et Nestl., Stirp. P .-Rh., t. XII, n° 1151), L. flavo-virescens Duby, Dorrera chrysophthalma Ach., E. villosa Ach., Patellaria cerina Hoffm. (1), P. ferruginea DC., etc. (2), seraient comparables aux semences périspermées. Les spores de Parmelia parietina , dont il est ci-dessus ques- tion, avalent été semées sur un fragment poli de bois de Peuplier ; leurs filaments-germes s'allong?rent trés peu , et au bout de quel- que temps, il se développa sur le réseau byssoide qu'ils formaient de trés petites cellules blanchátres, puis plus tard des cellules d'an beaucoup plus grand diamétre qui se remplirent de chloro- phylle ; cette végétation n'eut pas d'autres suites, et je ne pus , à mon grand regret, voir le thalle prendre la forme foliacée. Les spores du Lecanora subfusca Ach. , qui sont ovales ou (1) Les spores de la plupart de ces Lichens, ainsi que celles du Borrera ca- pensis Ach. qui leur ressemblent, ont été figurées par M. de Notaris dans les Memorie della reale Accad. delle sc. di Torino, sér. II, t. X (1849). (2) Les Lichens que je cite ici offrent tous (à l'exception du dernier) des scutelles jaunes ou orangées à la surface du disque , ce qui a fait supposer que celte coloration coincidait ordinairement avec la structure qui caractérise leurs spores. Mais il est facile de s'assurer que chez beaucoup d'autres Lichens, dont le disque hyménial est semblablement coloré en jaune ou en jaune doré, les spores possèdent un tégument mince, et sont de structures et de formes très variées. Je me contenterai de citer pour exemples de ces Lichens le Biatora pyrophthalma Mntgn. (Ann. des sc. nat., 2* sér., t. XX, p. 357) et le Palel- laria ulmicola DC. (Moug. et Nestl., Stirp. Vog. - Rh., t. XII, n° 4150), dont les spores sont biloculaires ; le Squamaria rubina Hoffm. et le Lecidea rupestris Ach. (Parmelia aurantiaca y calva Fr., Lich. ref., p. 167), qui ont de petites spores ovoides, uniloculaires, et entièrement remplies d'huile; le Biatora verna- lis Fr., pourvu de spores linéaires-claviformes et cloisonnées , analogues à celles des Stereocaulon; et enfin le Squamaria electrina DC., dont chaque thèque, comme dans le Parmelia cervina Fr., renferme un trés grand nombre de spores extrêmement étroites, et longues seulement de 3 à 4 millièmes de millimètre, 96 L.-R. TULASNE. elliptiques , toutes remplies d'une huile homogène à leur matu- rité, et dont l'enveloppe est uniformément mince, germent à peu près de la méme manière que celles du Parmelia parietina (voy. pl. XHI, fig. 18 et 19). Il en est de méme des spores très petites du Lecidea fumosa Ach. et du Lecidea immersa ejusd. (Moug. et Nesll., Stirp. Fog.-Rh., t. X, n° 945). » : J'ai vu les spores linéaires du Peltidea canina se renfler et gran- dir d'une facon singuliére à l'une de leurs extrémités , rarement aux deux bouts ; mais leur végétation s'interrompit (voy. pl. VIII, fig. 15). Celles du P. horizontalis, semées au commencement de février sur du sable humide, produisirent au contraire des fila- ments-germes extrémement déliés, longs et rameux, qui parais- saient comme la prolongation de leurs articles terminaux. (Voy. pl. VIII, fig. 10-14.) | Les spores ellipsoides biloculaires et trés brunes du Solorina saccata Ach. germent, en émettant de chacune de leurs extrémités obtuses un filament incolore, trés ténu par rapport à leur propre diamètre , et que j'ai vu s'allonger extrêmement et se ramifier (voy. pl. XVI). La couleur obscure de l'épispore met ici hors de doute, de méme que dans le Parmelia stellaris , la non-par- ticipation de ce tégument à la formation du filament-germe, lequel ne procéde évidemment que de l'endospore. Quant aux spores des Collema jacobeæfolium et C. cheileum qui sont, comme celles des Peltigères, cloisonnées et formées d'une membrane trés mince, leur germe filiforme sort habituelle- ment d'une de leurs cellules terminales ; souvent aussi la méme spore produit à la fois deux ou trois filaments qui se ramifient promptement, Ceux-ci ont à peine dans le principe 0"",005 en diamètre. (Voy. pl. VI et VII.) Placées dans les mémes circonstances que les précédentes , c'est-à-dire dans une atmosphère humide, les spores pluri-locu- laires de l'Opegrapha atra Pers. germent d'une manière toute pareille, en produisant des fils trés ténus qui naissent le plus souvent des cellules extrêmes; les cellules moyennes émettent aussi fréquemment de semblables filaments, méme lorsque déjà les articles terminaux ont germé. Je n'ai pas vuces germes Jinéaires MÉMOIRE SUR LES LICIHENS. 97 acquérir plus de trois ou quatre fois la longueur de la spore. De toutes les spores de Lichens dont j'ai obtenu la germina- tion, celles du ZLecanora Parella Ach. méritent peut-être le plus d'intérêt. Un Lichen de cette espèce abondamment fructifié fut placé sous une cloche de verre sur du sable humide, et des schistes polis, disposés autour de lui ou à sa surface , recurent pendant plusieurs jours les spores, qui furent projetées par. ses scutelles en quantité trés considérable. Ces corps , vus sous une loupe simple à leur sortie des théques , brillent comme des perles de rosée , ils sont incolores et d'une parfaite limpidité ; mais deux ou trois jours plus tard beaucoup d'entre eux ont perdu cette transparence; ils sont devenus de couleur opaline , puis peu à peu blancs et opaques : changements que je crois pouvoir attribuer à l'altération que subit leur tégument, et particuliére- ment à sa déduplication , c'est-à-dire à la désunion des deux membranes dont il se compose. Bientót aprés , de tous les points de leur surface et en premier lieu, ce semble, de ceux qui regar- dent la pierre sur laquelle ils reposent , naissent des filaments blancs qui rayonnent dans tous les sens. Ces filaments soni d'abord plus déliés que les germes nématoides des autres Li- chens dont il a été parlé jusqu'à présent, car leur diamétre parait à peine égaler deux millièmes de millimètre ; ils sont simples et presque solides. Aprés quelque temps de végétation, ils gagnent un peu en volume, et poussent vers leur extrémité et sous des angles trés ouverts des rameaux qui leur ressemblent de tout point ; à cet instant les plus développés d'entre eux ont environ trois ou quatre fois la longueur de la spore (voy. pl. XVI). Pen- dant que celle-ci s'est ainsi hérissée, elle à à peu prés conservé son volume primitif; mais les matières huileuses qu'elle contenait sont devenues peu à peu moins abondantes, et se sont. trans- formées en une sorte d'émulsion analogue au protoplasma mu- queux-granuleux qui leur était uni dés le temps oü la spore fut lancée hors de la thèque. Au reste le liquide oléagineux et le protoplasma , qui se voient. dans les spores germées, pos- sedent les caractères chimiques propres à ces sortes de matières ; du moins l'iode et l'acide sulfurique semblent exercer sur eux les mJ 4 98 LL ER. TULASNE. mêmes actions que sur le contenu dessporesnon germées, L'acide sulfurique dissout partiellementles filaments ou poils qui hérissent la spore et permet aisément de l'en dépouiller complétement ; la spore elle-méme persiste néanmoins dans son intégrité, sans pré senter la moindre perforation , d’où l’on peut déjà induire que les poils-germes procèdent uniquement de sa surface et n’ont point de cavité en rapport avec la sienne. Mais on peut aussi , sans faire usage d'aucun agent chimique, froisser la spore germée entre deux verres, et, par cette petite manœuvre pratiquée con- venablement, en détacher les processus radiciformes qui la cou- vrent ; habituellement ceux-ci quittent tous à la fois le-corps de la spore , et la raison en est qu'ils restent solidement attachés à l'épispore duquel seul ils procèdent, et qui dans cet instant se sépare complétement de l'endospore et le laisse à nu. ll serait difficile de constater d'une manière plus satisfaisante que le tégu- ment du corps reproducteur, malgré sa ténuité apparente, est formé de deux membranes cellulaires d'abord intimement soudées. Ici, contre l'ordinaire , l'endospore parait beaucoup plus épais et de nature plus solide que l'épispore. Qu'elle soit ou non traitée par l'acide sulfurique , cette membrane interne ne se teint habi- tuellement qu'en jaune brun dans l'eau iodée ; celle-ci employée: seule colore, au contraire , en bleu pále (du moins en certains cas) tant l'épispore que les appendices-germes qui en sont nés. Mor n iie | DRE du J'ai renouvelé bien des fois toutes les observations que je viens de rapporter au sujet de la germination des spores du Lecanora Parella ; j'en possède qui végétent depuis prés de trois mois, et cependant je n'ai pas encore pu voir le corps méme de la spore subir de notables changements de forme ou de volume. Il est bien vraisemblable néanmoins que le thalle doit résulter ici de l'aecroissement et de la division successive de la spore elle- méme ; car si les courts processus qui naissent de tous les points de sa surface constituent les premiers rudiments de l’hypothalle, c'est elle qui, placée au centre de ce disque byssoide , doit natu- rellement commencer les strates cellulaires qu'il est destiné à. porter. On ne concevrait pas qu’elle eût le même sort que les RE i MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 99 spores qui ne produisent qu'un ou deux filaments-germes (1? , dans lesquels passe bientót toute la vie de la jeune plante. . Les spores du Pertusaria H^ ulffenii DC. me semblent devoir germer de la méme manière que celles du Lecanora Parella ; jai vu leur tégument présenter des plis réguliers, puis se héris- ser d'aspérités qui devaient, sans doute , s'allonger plus tard en vrais filaments protothalliens (voy. pl. XVI). Or il m'a paru que le contenu de ces spores prenait une teinte verdátre, et se par- tageait en cellules sphériques libres pendant que l'épispore per- dait de son épaisseur. Cette transformation du nucleus devait, sans doute, étre un fait durable ; il préludait trés probablement à un changement d'état essentiel et permanent , à la génération d'un véritable parenchyme cellulaire ; en un mot, je suis porté à croire que le phénoméne dontil s'agit avait une autre valeur que la conversion du protoplasma des spores des Helvelles en un tissu utriculaire apparent, sans consistance ni durée, tel enfin que M. Meyen l’a comparé à un flocon d'écume (2). On ne saurait guére douter qu'on rencontrera dans les Lichens, par rapport au phénoméne de leur germination, les mémes va- riétés qu'ont présentées les autres groupes de cryptogames. Si, par exemple, leurs spores , en certains cas, deviennent de petits globes de tissu cellulaire , elles imiteront en cela le développe- ment propre aux spores de quelques Hépatiques, de plusieurs Fougères et des Équisétacées (ex. c. Equisetum fluviatile et E. Li- (1) Parmi les spores que j'ai vues germer de la sorte, il ne s'en est point ren- contré qui aient à ce moment sensiblement augmenté de volume, ce qui arrive au contraire aux spores de plusieurs Champignons , à celles, par exemple, du Morchella semi-libera DC. et du Spheria Laburni Pers. , ainsi que j'ai eu occasion de le constater. (2) Voy. Meyen, PAysiol. der Gewechse, t. III, p. 460. M. Fée s'est évidem- ment mépris en annoncant que les sporidies , c'est-à-dire les véritables spores des Pertusaria, étaient « remplies d'une prodigieuse quantité de spores; » en cela il s'est exagéré la valeur des molécules diverses et des gouttelettes oléagineuses qu'elles renferment (voy. son Suppl. à l'Ess. sur les Crypt. des Ec. exot. off., p. 7, dans les Mém. de la Soc. du Mus. d'hist, nat. de Strasbourg, t. M [4885]). L'Umbilicaria pustulata Hoffm., des théques duquel il dit la méme chose (ibid., p. 8 et 148), a des spores muriformes, et le plus souvent solitaires dans chaque sporange. (Voy. notre pl. V.) LE 100 |» EL.eR, ŒULASNE. mosum ), à celles, en particulier , des Jungermannia epiphylla , J. complanata, Osmunda regalis, etc., lesquelles, ainsi que je l'ai observé , au lieu de s'allonger en un tube cloisonné, comme les spores de la plupart des Mousses et des Fougères (ex. gr. Hypnum. cupressiforme, Fissidens tacifolius, Scolopendrium officinale, etc.) et d’autres Hépatiques (v. gr. Jungermannia polyanthos ) , grossissent extrêmement, de sphériques deviennent ellipsoides , se cloisonnent intérieurement , et prennent l'aspect d'une petite fronde multicellulaire et indivise; de facon que, contre l'ordi- naire, le tégument externe , dans les spores des Jungermannes précitées, ne parait point se briser (1), mais grandit au fur et à mesure des progrès de la génération cellulaire qui s'effectue dans son sein , en méme temps qu'il perd beaucoup de son épaisseur et acquiert une extréme transparence. | Quelque incomplétes ou peu nombreuses que soient les chère vations qu'il m'a été possible de faire jusqu'ici relativement à la germination des spores des Lichens et à la reproduction de ces végétaux , elles ne laisseront peut-étre pas que d'amoindrir le crédit de certaines idées qui ont été en divers temps émises sur ce sujet. Une interprétation abusive de l'ordre et de la TIRENA qui existent entre tous les étres de la création , a fait souvent croire qu'ils sortaient tous ou étaient sortis les uns des autres, chacun d'eux marquant un degré différent du progrés de la nature en travail. La génération des Lichens avait lieu , pensait M. Horn- schuch, de la méme manière que celle des Algues, par l'effet de la décomposition de l'eau et de l'organisation de la matiére végétale dissoute en ce menstrue. La forme primitive (Urtypus) du Lichen était celle d'un globule muqueux ( Sehleimkugel ) qui, sous l'in- fluence combinée du sol, de l'air, de la lumière et de la chaleur, se revétait d'une enveloppe, se dilatait peu à peu, et gagnait en épaisseur et en solidité de facon à devenir un Lecidea, un Fer- (1) L'épispore des séminules de l'Osmunda regalis est épais et se brise au moment de la germination, pour permettre à l'endospore de grandir et de se frac- tionner en cellules; la première cellule tubuleuse allongée qui naît de cet endo- spore, presque aussitôt qu'il entre en végétation, est une radicelle. : MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 101 rucaria, ou, si l'humidité ne lui faisait point défaut, un Col- lema. (1), etc. Le Parmelia parietina représentait aux yeux du méme auteur un type parfait du mode de végétation propre au plus grand nombre des Lichens, parce que l'eau et l'air semblant suffire à son développement, il croit indifféremment sur toutes sortes de corps. Néanmoins M. Hornschuch supposait que le méme Lichen, modifié quelquefois par son substratum , devenait un Parmelia d'une autre sorte, de méme que les Lecanora n'étaient pour lui que des Lecidea, favorisés dans leur accroissement par le lieu et une humidité plus abondante ; les Peltidea des Parmelia , égale- ment développés dans des circonstances spéciales ; les Collema des JVostoch plus parfaits, etc. (Conf. , op. cit. , p. 536 et 547-548). Il n'est peut-être pas inutile de traduire ici le passage de son Mémoire, où il expose la genèse du Parmelia parietina. « Désireux , écrit-il, de m'éclairer sur le mode de la reproduc- tion des Lichens, je dirigeai mon attention sur le Parmelia pa- rietina. À son début, quand il s'offre aux regards comme. un simple point de couleur obscure, ce Lichen se compose de grains verts et muqueux enveloppés d'un tégument, et qui, par leur forme et leur structure, ressemblent tout à fait à un Linkia. Sous l'influence prolongée de la lamiére, ces grains se durcis- sent de plus en plus, la substance muqueuse qui les enveloppe devient coriace, et, à mesure qu'elle s'élargit, se colore insensi- blement en jaune; finalement elle se présente comme le thalle foliacé du Parmelia parietina, qui, exposé plus longtemps à la double influence de l'air et de la lumiere, montre au bout de quelque temps de petites apothécies, et se développe insensi- blement davantage. J'ai répété cette observation trés souvent et en différents lieux, toujours avec les mémes résultats ; aussi suis-je convaincu de son exactitude... » ( Hornschuch , in Wow. Act. Nat. Cur. , 1. X , part. 1 [4821], p. 524 et 525.) M. Kützing aborda plus tard le méme sujet (2) que M. Horn- schuch , avec les mémes vues quant à la doctrine. 1l estime que (1) Conf. Nov. act. Acad. nat. cur., t. X, part. 11, p. 545-549. (2) Voy. la Linnea, t. VIIU (1833), p. 335, et Ann. des sc. nat. , 2* sér., t. HE (1834), p. 129 et 217. 102 L.-R, TULASNE. le Linkia dont Hornschuch a vu la transformation en Lichen doit être le Palmella botryoides. 1l a, observé, lui aussi, tous les degrés que parcourt le Parmelia parietina depuis son origine jusqu'à son entier développement ; mais il fait procéder ce Lichen du Proto- coccus viridis , qu'il considère comme identique avec les gonidies ou cellules vertes qui entrent dans la composition de son thalle (1). Le Parmelia parietina ne tire, sans doute, pas plus son origine du Protococcus viridis que le Barbula muralis n'en procède aussi lui-méme, comme le voulait encore M. Kützing : ce sont là des assertions dont une observation plus attentive des faits démontre l inexactitude ; et si l'emploi du microscope, qui a dû enlever ces arguments à la théorie de la métamorphose des étres les uns dans les autres, lui en a fourni de nouveaux plus spécieux , ceux, par exemple, qu'elle peut aujourd'hui tirer de la ressemblance singu- lière qui existe entre les spores de certaines Algues et plusieurs Infusoires : c'est aussi pour en faire justice presque en méme temps (2). | | Bien que M. Meyer eût partagé les opinions de Hornschuch sur la génération spontanée (ursprüngliche elementarische Zeugung) des Lichens (3), il n'entraina point à cet égard la conviction de M. Fries (4). Ce dernier auteur n'admet pas davantage la géné- ration équivoque des mémes végétaux , celle qui aurait lieu par hypermorphose ou résulterait de la transformation de quelque (4) Dans son Traité de Phycologie générale, M. Kützing maintient son opinion sur le défaut d'autonomie du Protococcus viridis , qu'il dit pouvoir se transformer suivant les circonstances dans lesquelles il se trouve placé, en di- verses sortes d'Algues ou de Lichens (ex. gr. Parmelia subfusca et P. parietina). Cependant il le conserve au nombre des Algues, attendu, dit-il, que ses transfor- mations sont souvent nulles ou incomplètes. (Voy. Kütz. , Phycol. gen. [1843], p. 167.) | PM (2) Voy. à ce sujet le rapport de M. de Jussieu sur un fort beau mémoire de M. Thuret, Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. XXX , séance du 4 mars 1850 , et le travail méme de M. Thuret imprimé dans ce recueil, t. XIV (1850), p. 250. (3) Voy. Meyer, Entwick. u. Metamorph. der Flecht., p. 137. (4) « De Lichenum generatione originaria. ipsi experientice via nil comperimus, » Fries,L ichen.ref., p. Lu. j MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 108 Algue ou de quelque Mousse (1) ; mais il croit que le Protococcus viridis n'est qu'une gonidie de Lichen devenue libre et végétant d'ane vie propre, aprés la destruction d'un thalle quelconque, sans qu'elle puisse jamais néanmoins reproduire un Lichen normal; au lieu que le Palmella botryoides est au contraire susceptible d'ac- quérir une organisation plus élevée, et de devenir le Biutora ver- nalis ou un autre Lichen (2). Les algologues de ce temps n'ont point, pour la plupart, confirmé les doutes du célébre botaniste suédois sur l'autonomie du Protococcus et du Palmella, qui de- meurent des Algues inférieures bien caractérisées (5), tandis qu'ils n'étaient à ses yeux que des états différents d'une méme pro- duction, à savoir le Chlorococeum , c’est-à-dire un Lichen com- mencant d'étre ( Palmella), ou un Lichen désagrégé et réduit à ses éléments gonimiques (Protococcus) (4). 5. — Des spores multiples. - Les exemples de germination que nous avons donnés montrent que les spores pluriloculaires , par suite d'un cloisonnement transversal, obéissent à la méme loi que les spores simples, en cé sens que les premiers efforts de la végétation, dans les unes et les autres, se manifestent d'ordinaire à leurs extrémités. Cette circonstance , jointe à celle que les cellules moyennes des spores complexes germent plus rarement, est une preuve queles éléments utriculaires de ces derniers corps reproducteurs ne sont point in- dividuellement autant de spores particulières au fiême titre que (4) « Nec facile agnoscimus generationem istam. LicuesUum liypermorphosi or- lam e transmutatione Musconuw, PnuycEAnUM, elc, » ... « Non possum non testari me infimarum plantarum propagalionem... eque normalem et legibus definitam ac inter perfectiores plantas invenisse. » Fries, op. cit., p. tiv et uv. (2) Voy. Fries, Lich. eur. ref. , p. 1vin. (3)8Voy. Nægeli, Die neuern Algensyst. (1847), p. 252, et M; Thuret, l. sup. cit. (&) Voy. Fries, Lichen. europ. reform. , M. cit., et p. xx, lignes 2 et 3 et note-6. Ailleurs M. Fries définit le Protococcus et autres Chaodinées par ces mots « Omne in potestale » (Syst. orb. veg., part. 1 [1825], p. 356); mais il à reconnu depuis sétre mépris au sujet du Paolmella botryoides , lequel « im aliam plantam non transit » (S. veg. Scand., p. 134). 104 .. LR, CULASNE. le sont les spores naturellement isolées et simples , puisque plu- sieurs de ces éléments perdent par leur association non seulement leur liberté de végétation, mais peut-être encore la faculté même de germer. À ces obsérvations il faut ajouter que malgré les exemples cités par MM. Eschweiler et Fée (1), nous ne connais- sons point encore précisément, comme le dit très bien M. Meisner (loc. cit., p. 91 ), de spores complexes dont les parties consti- tuantes se désagrégent au moment de la germination pour jouir de l'indépendance des spores simples (2). Et cependant il n'y a pas lieu de penser, pour toutes ces spores composées , sans distinction, que leurs cellules intégrantes sont toujours ren- fermées dans un sac commun , comme l'ont supposé MM. Buhse et Meisner ; il se peut trés bien que ces cellules, dans les spores précitées des Collema, des Peltigera et autres semblables, n'aient point d'enveloppe commune, et soient simplement unies entre elles comme le sont les utricules composants d'un vaisseau moni- liforme. La végétation de ces spores multiples démontre seu - lement que leurs éléments cellulaires sont solidaires les uns des autres, qu'ils sont sous l'empire d'une méme force ou d'une méme vie qui se traduit par le développement de quelques uns d'entre eux aux dépens du plus grand nombre. J'ai écrit ailleurs « que la. spore cloisonnée peut étre regardée comme formée de plusieurs spores simples associées, comme un embryon à germes multi- ples ou une graine à plusieurs embryons (3). » Les réflexions précédentes appuieraient peut-étre davantage l'opinion que cette (1) Cités par M. Buhse, loc. cil., 8 6. ( ) M. Montagne avoue, à propos m la « désagrégation régulière des spores que Bgure M. Fée pour toutes les sporidies composées sans distinction, » «qu'il n'a pas été assez heureux ou assez habile pour l'observer » ( Ann. des sc. nat., 2e sér., t. XVIII [1842], p. 275). Parmi les Champignons, les Cordyliceps capitata Fr. et C. ophioglossoides Fr. offrent des exemples remarquables de cette division des spores au moment de leur dissémination ; on sait, en effet, que les spores linéaires de ces pyrénomycétes se tronconnent en une multitude de trés petits fragments, : qui sont évidemment autant de corps reproducteurs particuliers. (3) Vay. le Bull. de la Soc. phil., ann. 1850, p. 27. M. Hugo Mohl est aussi disposé à prendreles cellules composantes des spores multiples pour autant d'em- brvons. (Voy. la Flora, t. XVI [1833], p. 57, à la note.) o3 MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 105 méme sorte de spore est plutôt un embryon pluricellulaire com - parable à certains égards aux embryons indivis de quelques phanérogames , à ceux , par exemple , de la Cuscute, des Orchi- dées, des Balanophorées, etc. Proposer ce rapprochement, c'est, sans doute , beaucoup s'écarter de l'opinion commune , qui veut que l'embryon des Acotylédones soit simple et indivis ; mais on pourrait , je crois , l'étayer du sentiment de M. Buhse, qui répu- gnait à voir, dans les loges des spores pluriloculaires, autant de spores particuliéres véritables, quoiqu'il ait cependant réservé son jugement jusqu'au moment oü il verrait germer des corps reproducteurs de cette sorte. (Voy. Buhse, mém. cité, $ 6.) M. Meisner ne pensait pas non plus différemment sur cette question. (Voy. la Bot. Zeit., l. c.) L'opinion que les spores complexes représentent autant de spores proprement dites qu'elles ont de loges, était celle d'Esch- weiler, qui d'aprés cette interprétation leur donnait , de méme qu'aux spores simples, le nom de thèques (thecæ) (1), parce qu'il regardait comme la spore méme ce qui est son nucleus aux yeux des autres lichénographes (2). Pour MM. Fée et Montagne , la spore composée est une sporidie aussi bien que les spores sim- ples, et ses loges (Znnenzellen Buhse) sont autant de spores parti- culiéres. M. Montagne donne aussi souvent le nom de spores aux nucleus solides ou aux gouttelettes oléagineuses qui en tiennent lieu (3). J'ai fait ailleurs (voy. nos Fungi Hypog., p. 19) la cri- tique de cette appellation à propos des spores des Champignons (1) M. Fée donne aussi le nom de théques aux spores composées de son Hel- minthosporium secalis, dont les loges sont pour lui autant de sporidies, et les noyaux granuleux-oléagineux autant de spores. (Voy. son Mémoire sur l'Encor , dans les Mém. de la Société du Muséum d'histoire naturelle de Strasbourg, année 1843.) (2) Il dit en parlant des spores polymorphes du Parmelia comosa Eschw. : « Quibus variis formis iterum iterumque demonstratur h&c corpuscula ovata pro- pullulantia thecas nec sporas, ut nonnulli perhibent, nominari debere. » ( Icon. select. Plant, crypt. Bras., p. 26.) . (3) Voy. Ann. des sc. nat., 2* sér. , t. XIX (1843), p. 64 ( Pyrenastrum? seminudum Mntgn.), p. 77 (Astrothelium conicum Eschw.), etc. ! 106 -^ E.HR. TULASNE. ^ dont la structure a donné m à la même erreur d'interpréta- tion (4). D APUD VIO VTOBITS ED ka - Attn lee * phare M. de Flotow, qui dit avoir vu pipi fois les spores pluri- loculaires du Collema lacerum var. tenue Fr. s'allonger bn ati lules tubuleuses, en prend occasion pour faire remarquer que-les . sporidies de M. Fée sont les véritables graines des Lichens (Flech- tensaamen ) et doivent recevoir le nom de spores, tandis que les corps appelés spores parle méme lichénographe (2) ne sont que le contenu celluleux trés variable (der sehr vercnderliche zellige Inhalt) des vraies spores (voy. Flotow, in Linnea, t. XXIIT; p. 168). Dans tous les cas, il ne serait pas exact de qualifier, comme le fait M. Buhse (Mém. cité, S 5), du nom de petites cel- lules (Blæschen) tous les noyaux granuleux, toutes les apparences globuleuses qui se voient dans les spores des Lichens ; le plus souvent, en effet, il est possible de s'assurer que ces noyaux ne sont que des gouttes de liquides oléagineux, ou du moins qu'ils sont privés d'enveloppe propre et -— es. pe - un méme nucleus fragmenté. ! ters Fastitege La germination des spores des Lichens et des: Champ ! montre d'ailleurs clairement ce qu'on doit penser de la nature et des fonctions de la matiére muqueuse granuleuse ou des liquides y m Nod do (1) Voy. Léveillé, Rech. sur l'hym., p. 12 et passim, et in Ann. des SC: nat. , 3* sér., t. V, p. 253, 273, 274, etc.; Desmazières, Pl. crypt. de Fr. ; passim ; etc. (2) -M. Fée n'a point de nomenclature uniforme en ce qui. touche les spores des Lichens ; tantôt il les qualifie de gongyles (gongyli) avec Acharius ; tantôt il suit Eschweiler, et les appelle des théques (thece) ou thèques partielles ; enfin, en d'autres cas, il les nomme spores ou sporidies. Les divers articles ou loges des spores complexes recoivent indifféremment de cet auteur les mémes noms de spores , sporidies ou gongyles ; enfin les gouttelettes huileuses contenues dans la cavité de ces logettes sont encore appelées par luides spores ou gongyles. Ce sont ces gouttelettes, ou globules muqueux, que M. Fée a isolés en brisant les spores ; mais il ne semble pas, d'aprés les dessins qu'il a publiés, avoir réellement vu la dissociation des cellules constitutives des spores multiples. (Voy. son Essai sur les Crypt. des écorc. off., p. XXV; ses Mém. lichénogr. dans les Nova act. Acad. nat. cur., t. XVIII, suppl. E [1841]; et le Suppl. à l'essai sur les Crypt. des écórc. emot. off., dans le tome IE |1835]!des Mémoires de la yo du Mus. d'hist. nat. de Strasbourg.) MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 107 oléagineux qu'elles renferment; sous quelque aspect que ces matiéres se présentent, elles ne constituent que des éléments plastiques analogues à l'endochrome vert ou amylacé des spores des autres Cryptogames , et sont manifestement destinées à faci- liter le développement futur de l'endospore , c'est-à-dire son élongation en un ou plusieurs germes filiformes. - La production de ces filaments ayant lieu, comme nous l'avons vu, soit par une seule des extrémités de la spore, soit par les deux à la fois, ou encore par une foule de points différents, le partage qu'aurait voulu faire M. Fries des corps reproducteurs des Li- chens en sporc mononemeæ et s. dinemeæ (1), n'eüt pas reposé sur une base trés solide. Cependant il est extrémement probable que les spores simples, dans lesquelles les matiéres du nucleus sont divisées en deux glomérules terminaux (v. gr. Parmelia parietina, Lecanora cerina, Placodium murorum, etc.) , émettent plus fréquemment deux filaments germes que celles dont l'endo- .chrome est central. Les spores composées, multicellulaires , et celles qui germent à la manière des spores du Lecanora Parella, auraient obligé M. Fries à former au moins un troisième ordre de spores, celui des polynemea. ttti Des stylospores. Aprés avoir consacré les pages qui précédent aux spores nor- males, il me reste à dire quelques mots de certains organes de reproduction fort rares, à ce qu'il parait, chez les Lichens, puis- qu'aucun observateur que je sache ne les y a encore signalés. Je veux parler de ces propagules sporoides auxquels, dans les Cham- pignons , j'ai donné le nom de stylospores (2) , parce qu'ils nais- sent isolément sur des styles ou. supports cylindriques simples et peu allongés. La présence de ces organes dans les Lichens four- nira une nouvelle preuve de l'extréme affinité qui existe entre ces (1) Voy. Fries, Lichen. europ. ref., p. rwr, note 6, à la fin. — Montagne, Hist. de l'ile de Cuba, Bor., édit. frang., p. 125. | - (2) Voy. ma Note sur l'appureil reproducteur des Champignons, dans les Compt. rend, de l Acad. des sc,, t, XXXII, p. 427. (Séance du 31 mars 1854.) . 108 L.-R. TULASNE. végétaux et les Champignons ascophores, pour tout ce qui touche à l'appareil reproducteur. Dien que les stylospores prennent naissance dans des périthéces ou conceptacles fermés, on ne sera cependant pas trop surpris de les rencontrer chez des Lichens gymnocarpes, car pareille circonstance s'observe dans les Disco- mycètes ; et, d'un autre côlé, les spermogonies des mêmes Li- chens gymnocarpes, possèdent de véritables périthéces. (Voy. infra.) | Jusqu'ici je n'ai observé de stylospores que dans les 4 brothal- lus, et un autre Lichen parasite comme eux, mais que je crois devoir proposer comme le type d'un nouveau genre. Les Abro- thallus sont connus depuis longtemps sous le nom de cépha- lodes , d'apothécies monstrueuses ou subsidiaires , de points noirs, etc. Acharius crut en tirer de bons arguments pour com- battre le sentiment d'Hedwig sur la nature des apothécies des Lichens (1) ; mais plus tard, à l'exemple de Smith et de Sowerby, il les a regardés comme des Lichens su? generis. Sommerfelt et M. de Notaris ont partagé la méme maniére de voir. Néanmoins, tout récemment (voy. le tome précédent de ce recueil, page 78), M. Montagne a cru devoir leur contester la qualité de Lichens , et émis l'opinion qu'ils appartiennent plutôt à la classe des Cham- pignons. Ce sentiment semblerait devoir étre confirmé par cela, que les Æbrothallus présentent des stylospores ; mais il a contre lui, si je ne me trompe, la structure, la consistance et la durée de ces végétaux qui sont tout à fait celles des Lichens, et , de plus , la nature amyloide de leurs tissus, que l'iode teint habi- tuellement en bleu, ce qui n'a jamais lieu, que je sache, pour le parenchyme des Champignons. L'existence des stylospores dans les Lichens dont il s'agit me fournit l'occasion de proposer un nom pour désigner le concep- tacle qui renferme ces corpuscules; celui de pycnide (pyenidis , is, ou pycnodis, itis) (2) pourrait étre employé à cet effet, tant (1) Voy. sa Lich. univ., p. 8, 14 et passim. (2) La racine de ces mots sera æox,ès ( dru, serré) ou œuxvérns (multitude de choses serrées les unes contre les autres) ; les Latins avaient le mot pycnitis, qui a la méme étymologie que ceux proposés ici. | MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 409 ici que dans le groupe des Champignons ascophores, où il serait d'un plus fréquent usage. En effet, les conceptacles oü naissent les stylospores de ces Champignons, celles en particulier des Hypoxylés, different si peu des pycnides des Æbrothallus, qu'il n'y aurait aucunement lieu de leur imposer une dénomination différente. Les pycnides des .4 brothallus ont probablement été déjà obser- vées par les lichénographes, de méme que les apothécies pulvini- formes de ces petites plantes. M. Fries, en particulier, parait bien désigner celles de l'4. Smithit Nob., quand il parle des puncta verrucarioidea nigra du Parmelia sacatilis (1), et son opi- nion que les cephalodia de cette Parmélie (c'est-à-dire notre A brothallus Smithii, infra descript.) ne sont qu'un état plus par- fait, mieux développé, des mémes points verruciformes (voy. Fries, Lich. europ. ref., p. LxxvI, not. 12), n'est pas trop en désaecord avec celle qui, pour nous, résulte d'une étude anato- mique attentive. Le petit Lichen parasite, que nous décrivons plus bas sous le nom de Seutula W'allrothii, possède à la foistrés positivement des pycnides d'une structure tout à fait semblable à celle des mémes organes chez les 4 brothallus, et des spermogonies trés bien ca- ractérisées ; il ne saurait donc rester aucun doute sur l'exactitude de l'interprétation que nous donnons aux conceptacles stylospo- riqués qui accompagnent les scutelles des A4 brothallus. L'existence de ces divers Lichens, parasites d'autres plantes de la méme famille, contredit évidemment le sentiment trop absolu de M. Fries, suivant lequel les Lichens qui vivent en parasites sur d'autres Lichens ne constitueraient point des espéces sut generis (2); car on ne voit pas en effet pourquoi il n'en serait pas de ces plantes (3) comme des Champignons, parmi lesquels (1) H se peut cependant que M. Fries n'ait observé que l' Abrothallus oxyspo- rus (infra descript.) , qui croît parfois avec l'A. Smithü, et dont les apothécies ponctiformes imitent assez bien celles de quelques Verrucaires. (2) « Licuexes in aliis parasitici normaliter nulli genuini. » ( Fries, Lichen. europ. ref., p. xxxvi.) (3) M. de Flotow a décrit avec soin le Lecidea talcophila Ach., qui croit para- 140 (Ks. TULASNE. | on sait qu'il existe une foule d'espèces, normalement. Mossnites de végétaux de la méme classe naturelle. |. ri sa : C'est, encore ici le lieu de nat une. P bain très curieuse consignée il y à quelques : semaines, par M. Berkeley, dans le Gardener's Chronicle (ann. 1851, n° 54 [Samedi, 20 dé- cembre] , p. 803), publié à Londres par M. Lindley. Si l'ha- bile cryptogamiste de King's Cliffe n'a point été victime de quelque illusion, les stylospores que nous venons de signaler ne seraient pas les seules que posséderaient les Lichens: les para- physes de ces plantes seraient susceptibles, en certains cas ou dans certaines espèces, de devenir des sortes de basides analo- gues à celles des Hyménomycètes, c'est-à-dire de donner nais- sance à des corps sporoides solitaires ou groupés. Cette découverte, dont le Lecidea sabuletorum Flerk. (Moug. et Nestl.) a fourni le sujet, aurait sans doute pour conséquence d'accroitre d'une nouvelle espéce la liste des propagules ou gemmes reproduc- trices des Lichens. Toutefois, je demande pardon à M. Ber- keley si je conserve quelque doute touchant les corps singu- liers dont il s'agit; peut-être, en effet, ne seraient-ils pas différents des véritables spores du Lecidea sabuletorum, et je l'explique en cette manière. Ces spores, comme celles de bien d'autres Lichens, se répandent en grand nombre à la surface du disque hyménial, lors de leur sortie des thèques , et plu- sieurs d'entre elles restent souvent engagées partiellement entre | les éléments de l'hymentum ; d'autres germent à la même place, dans cet acte, émettent un filament par lune ou l’autre de leurs extrémités, ou par les deux à la fois. Or, il arrive souvent que ces germes linéaires, au lieu de ramper seulement sur l’hymenium, pénètrent plus ou moins profondément. dans son tissu, et se soudent de la sorte trés intimement aux para- site sur l' Urceolaria scruposa, et dont le thalle propre est souvent indistinct (voy. la Bot. Zeit., t. VIII, p. 556); M. le docteur Montagne a recueilli le Lecidea squa- lida Ach. croissant sur le thalle du Pertusaria Wulffenii DC. ( herb. du Mus. de Paris); toutefois il me paraît que ce ne sont point là des exemples de parasitisme nécessaire, tel qu'est celui des Abrothallus DNrs.,des Celidium. Tul,, du Scutula Tul. et de divers Calicium. MÉMOIRE - SUR LES: LICHENS. 111 physes ou-aux thèques. J'ai observé plusieurs de ces spores ainsi fixées qui semblaient tout à fait procéder des paraphyses sur les- quelles elles étaient portées, parce queleur moyen d'union avec ces organes échappait facilement à la vue, bien que cette adhérence füt telle, que j'avais peine à la détruire; les spores, dont l'extré- mité libre n'avait point germé, ressemblaient tout à fait à des stylospores, et je ne serais pas surpris qu'elles eussent été prises en effet pour des organes de cette nature (1). | Quelques figures, publiées par les auteurs de la Flora antarc- tica, sembleraient indiquer que les paraphyses de certains Lichens seraient aussi susceptibles de se transformer en des sortes de gongyles. Ces figures représentent, parmi les éléments de l’hy- menjuin des Stereocaulon Argus Hook. fil. et Tayl., et S. ramu- losum Ach., des corps sporoides, ovoides-allongés, cloisonnés et portés sur un long fil aussi délié que les paraphyses. MM. J.-D. Hooker et Babington ne s'expliquent pas sur la naturede ces « fila- ments cloisonnés, » ainsi qu'ils les appellent. S'il m'était perinis de faire. une conjecture à à leur sujet, je me hasarderais à suppo- ser que ce ne sont que des spores normales engagées dans le tissu de l'Aymeniwm , et auxquelles une illusion d'optique ou une observation inattentive aura fait préter un pédicelle. Une erreur de cette nature serait assez facile à commettre dans notre Stereo- caulon paschale Ach. , dont les grandes spores linéaires-claviformes et h-loculaires ressemblent beaucoup aux filaments cloisonnés, mentionnés par les botanistes anglais précités. (J^oy. la Flora aníarctica , p. 196, pl. rxxix, fig. 2, et pl. rxxx, fig. 1.) J'ai dit plus haut (p. 56, en note) ce qu'on devait, je crois, penser des théques et des spores, que certains auteurs ont dit avoir vus dans le sein du thalle de quelques Lichens, hors de leurs (1) Les échantillons du Lecidea sabuletorum Schreb. (sub Lichenis tit.) que j'ai étudiés ont été communiqués autrefois par MM. Mougeot et Nestlerà M. le doc- teur Mérat, et sont identiques avec ceux publiés dans les Stirpes Vogeso -Rhenanwæ (tom. VI, n* 548) que cite M. Berkeley. Les spores de ce Lichen sont habituelle- ment lancéolées , et partagées en 3, 4, 5 ou méme 6 logettes ; leur longueur varie de 0?*,022 à 0"",032;leur largeur entre 5 et 7 millièmes de milliméetre, Si le dessin de M, Berkeley est exact, il s'applique évidemment à un autre Lichen. 119 L.-R. TULASNE. apothécies normales ; mais je ne sais s'il faudrait interpréter au- trement ce que M. Fée rapporte des corps reproducteurs particu- liers qui se trouveraient dans la fronde des Cénomycées (4). La description que M. de Notaris a donnée du genre Abrothallus, tant dans les Mémoires de l’Académie des sciences de Turin que dans le Jour- nal botanique italien publié par M. Parlatore, n'est exacte, comme M. Mon- tagne l'a déjà fait remarquer, qu'en ce qui touche les apothécies ; il con- vient d'en retrancher tout ce qui a trait au thalle, puisque les Lichens que ce genre comprend sont tous privés de fronde qüi leur soit propre. Je dois à l'obligeance de M. Montagne d'avoir pu étudier des échantillons authentiques des espèces décrites par M. de Notaris ; je les ai recueillies moi-même plusieurs fois autour de Paris, et je me suis pleinement con- vaincu que les Abrothallus étaient uniquement constitués par des apothé- cies pulviniformes parasites sur diverses Parmélies. Le thalle que M. de Notaris leur attribue ajipartibat évidemment à ces dernieres agnam ment. Puisque l’occasion m'en est offerte, je présenterai ici le caractère du genre curieux dont il s'agit, tel qu'il est donné par les espèces qui m'en sont connues, et j'ajouterai les notes propres à faire distinguer celles-ci les unes des autres, ce qui n'est pas chose exempte de difficultés. ABROTHALLUS DNrs. ( Charactere aucto et emendato. ) Abrothallus DNrs. , in Mem. della reale Accad. delle sc. di Torino , ser. 2*, t. X (1849), p. 351; et in Giorn. bot. ital., ann. m, fasc. 3-4, part 1, p. 192 (1846). — Montagne, in Ann. des sc, nat., ser. 3*, t. X, p. 129, et t. XVI, p. 77-79. Puncta aterrima et Parmeliarum variarum apothecia abortiva Schær., Enum. crit, Lich. (1850), p. 45 (Parmelia conspersa c. abortiva) et 46 (B. sazatilis 9 parasilica). Cephalodia ; apothecia PAnwELIACEARUM monstrosa ; Parmeliarum status v. abortus LrcipiNEAnUM apothecia imitantes, simul et puncta verrucarioidea nigra Friesio, Lich. europ. ref. (4834), p. xxv, Lxxvi et 412. (^) « Le thalle des Cénomycées montre des sporidies succinoides , ovoides ou presque rondes, bi- ou tétraspores. Ce sont évidemment des corpsesporigères, et non de simples cellules de tissu. La découverte des sporidies dans les Collématées et les Cénomycées est un fait physiologique que nous croyons fort curieux. » Fée, Suppl. à l'Ess. s. les crypt. des écorc. exot. off., p. 9 (voy. les Mém. de la Soc. du Mus. d'hist. nat, de Strasbourg, t. IT [18351 ). MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 113 Parmeliarum proles peculiares Borrero, Meyero et Friesio ipsi (Lich. vef., p. 61). Lecidearum species Sommerf., Suppl. Fl. lapp. (1826), p. 176. Endocarporum spec. Achario, Syn. method. Lich. (4814), p. 100. Cephalodia s. apothecia accessoria, secundaria et inferioris ordinis (pro parte) eid. Achario, Lich. univ. (1810), pp. 5, 14, 12, 16, 87, 88, 92 et passim. - Lichenum sp. (parasiticæ) Smithio et Sowerb.. Engl. bot., t. xxvi (1808), tab. 4866 (1). A»orHECIA normalia e matrice aliena ( Lichene vivo) erumpentia, in principio deplanata, postea sepius pulviniformia v. globoso-capitata, levia, extus intusque spisse fucata, glabra v. furfuracea, sessilia, in ambitu tan- dem libera sed margine annuliformi aut excipulo quolibet distincto des- tituta. Asci clavati, octospori, e membrana crassa quoad naturam cheini- cam sæpius imperfecte amyloidea. PARAPHYSES stipatissimæ in vertice maxime incrassatæ et coalitæ. SPon£ ovato-oblongæ s. ellipticæ et utrin- que obtusæ, vel lanceolatæ, spisse fucatæ (fusco-fuligineæ), 2-loculares, loculis inæqualibus crassioreque asci verticem spectante, rarius simplices. SPERMOGONLE ignotæ. PYCNIDES utriformes, immersæ, e membrana initio pallida crassiusculaque, ore simplici atro aperte, simplices; styli s. sterigmata brevissima v. subnulla ; stylosporce obovatæ, simplicesque. Lichenes athallii suis in contribulibus foliaceis parasitantes , nullibi frequentes. Titulum Lichenibus de quibus agendum est clar. Notarisio impositum merito carpsit cl. Montanæus, quando thallum tenuem: significans, ad Lichenes thallo penitus destitutos apte cadere nequit. CepAalodio, voce scilicet quo Abrothallos nonnulli designarunt, uti potius fuisset, ni id ob- tasset quod res diversissimæ sub hoc signo commiste sunt. Verbum Phymatopsis (a græcis vocibus eüya, tuber, et àb«), ejusdem fere signi- ficatus, haud incongruum fortassis haberetur ; attamen cum vix quid- quam e nominibus jure quidem mutatis ad scientiam profici pateat, Abrothallum retinere, Montanæum secutus, debui. 1. ABROTHALLUS SMITHII. À. apotheciis pulviniformibus, prominentibus, sparsim virenti-pulve- rulentis aut glabris , cuticulæ matricis in ambitu subadglutinatis ; thecis vix amyloideis; sporis 2-locularibus, ovatis, fuscis ; stylosporis ovatis pallidis. Abrothallus Bertianus DNrs., in Mem. dell’ Accad. delle sc. di Torino, |. c., cum icone, (1) Animadvertendum est hos omnes auctores, Norarisium nempe, Souua - FELTIUM, ÁcHARIUM el Surrmivu, qui Abrothallos pro Lichenibus genuinis habue- runt, eis quamdam thalli matricis partem perperam tribuisse. 417 L.-R. TULASNE. Abrothallus Buelliauus ejusd., in Giora. bot. ital., ann. u, fasc. 3-4 (1846), p. 193. | | Lecidea Parmeliarum Sommerf., loc. cit., n° 4360. Endocarpon parasiticum Ach., Syn; utes Lich., p. 400. Cephalodia Parmeliæ saxatilis eidem, Lich. univ, , p. 92, tab, ix, fig. : À, B, C. | MENT. Lichen parasiticus Sowerb., loc. cit. (1). APOTHECIA aterrima quandoque pulvere chlorello parce conspersa, at sepius glabra, discoidea pulviniformia tandemque maxime convexa, 077,35 diametro (majora) metiuntur, et e matrice lente ac tali modo emergunt ut ejus cutem vix effringere illique e contrario primum : mar- ginibus adglutinari videantur. Horumce parenchyma intus etiam spisse fucatur, ac in iode saturatius venit. Asct clavati, e membrana crassissima (sursum praesertim), obtusissimi, 6-8-spori, 0",05-07 longi et rg 013 circiter lati, paraphysibus paulo longioribus, in vertice incrassato ater- rimis arctissimeque consociatis, obvallantur; in iode soluto immersi, nonnisi apice et dilute, quandoque etiam vix conspicue cærulescunt. SPoRz obovatæ, utrinque obtuse, atre v. spisse fuscæ, 07" ,0128 (rarius 077,016)1ongz, 0"%,0065 vulgo lata, et 2-loculares, DM DUNT UE inæ- qualibus, majore verticem thecæ spectante, reperiuntur. Guttula oleosa in utroque cujusvis sporæ maturæ locello includitur. PyCNIDES sparse, interdum copiosissime , imo apotheciis multo frequentiores (imprimis in Parmelia tiliacea circa Parisios), punctiformes, atre, penitus immersæ nec prominentes cavitatem simplicem exhibent ; primum clauduntur, postea vero ore pro ætate minuto vel late hiante ac margine nonnihil pro- minente donato aperiuntur ; quarum interni parietes pallidi, e contextu denso mec filamentoso, stylis brevissimis stipatissis quandoque | vix conspicuis crassis ac monosporis vestiuntur. SrvrosPorz obovato-glo- bosæ et obtusissimæ 0"7»,01 vix longitudine adipiscuntur, plurimae enim 0*".0065 non excedere videntur ; de latitudine 0?»,005 interet 07,0065 variant, atque nunc protoplasma subliquidum fereque homogeneum, nunc guttulas oleosas 2-3 fovent. Horumce corpusculorum congeries in pyenidis sinu albescit copiosumque admittit aerem; singulatim spectata dilute flavida diceres. lode protoplasma fucatur , Te autem utriculi vix mutatur. | Parasitatur in pagina superna Parmeliæ saxatilis, P. onáaiosil - torib. Smithio et Sommerfeltio) et P. tilacee. Eum legi (tum in P. ti/ia- cea cum in P.saxatili) prope Parisios (Meudon, Chaville, Rambouillet); vidi etiam (in herb. cl. Montanæi) specimina ligurica a cl. Notarisio (4) Sub hoc titulo praesens species et quædam e sequentibus verisimiliter apud varios auctores eomniscentur. tomes aio. dur MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 1415 ipso accepta (in P. ti/iacea (A. Buellianum DNrs.} et P. olivacea [A. Bertianum ejusd.]), olimque cl. Lebai/ly Falesanus mecum alia (in P. saxatili) benevole communicavit. Quaedam (Badensia) exstant in herbario europeo Musæi parisiensis a cl. A. Braun accepta. Discrimen certum A. Bertianum DNrs. inter et A. Buellianum ejusd. re- perire nequivi, proptereaque plantulæ modo descriptæ nomine facilius mutato, illam cl. Smithio qui primus, ut opinor, notam fecit, dicare volui. 2. ABROTHALLUS WELWITZSCHI +. A. apotheciis pulvere chlorino velatis, cuticulæ ( matricis) segmentis erectis obvallatis ; thecis vix amyloideis; sporis ovatis 2-locularibus crassis , atris. | "gy Abrothallus Welwitzschii Mntgn., in Ann. sc, nat., ser. 3*, t. XVI, p. 79. Cephalodia Stictæ limbatæ Ach., Lichen. univ., p. 88, tab. viu, fig. 8, A, B. Abrothallo Smithii species hæc proxima accedit sed fortassis affatim ab eo discrepat ut sejungatur; discrimina præsertim in eo versantur quod A. Welwitzschii apothecia, magis vulgo deplanata, sepius copiosiusque furfuribus aureo-virentibus conspersa sint, ac matricis cuticulam ita in erumpendo effringant ut istius frustula erecta hymenii discum quasi vallo ambiant. Ascr clavati, e membrana crassissima (in vertice præ- sertim) , ac 6-8-spori, de magnitudine latitudineque thecas A. Smithii prorsus æmulantur , nec nisi dilutissime in iode soluto cærulescunt. SroRæ saturate fusce ab illis ejusdem lichenis forma crassitudineque non differunt. ParaPayses itidem claviformes, ascos quadamtenus ex- cedunt , illisque et sibi invicem arctissime cohaerent; e membrana con- stant cornea, crassissima et iodis ope sordide flavescente seu fusca eva- dente, angustissimumque canaliculum in centro exhibent. PycwipEs . desiderantur. Nascitur e pagina superiore Séictæ sylvaticæ in Lusitaniæ montibus qui Serra de Cintra dicuntur; repertus est a cl. Z. Welwitzsch vere 48^0. (Herb. Mus. par., Duriæanum et Montancanum.) Quod ad Aébrothallos quos cel. Friesius in Parmelia conspersa, P. re- curva aliisque observasse videtur (conf. illius. Zichenog. europ. ref. , p. 61) attinet, utrum a precedentibus aut sequentibus discrepent nec ne, plane nescire fateor; Friesii Lichenes exsiccatos qui ab eo qua de causa citantur (n"" scil. 326) , examini subjicere nequivi. 3. ABROTHALLUS MICROSPERMUS +: (Tab. XVI, fig. 22-26.) A. apotheciis pulvinatis, vulgo nudis, cuticule hospitali in ambitu ad- glutinatis; ascis imperfecte amyloideis ; sporis ovatis 2-loculatis exiguis et pallescentibus ; stvlosporis ovatis minoribus. 116 .L.-R. TULASNE. Abrothailum Sinithit, et hunc presertim qui in Parmelia tiliacea pa- rasitatur, summopere æmulatur; attamen puncta atra latiora et depres- siora vulgo sistit, nec pulverem virentem ei inspersum vidi. E matrice pedetentim emergit, cujus cuticulam fractam non sublevat, et isti e con- trario toto ambitu adnasci s. conglutinari diu videtur. Asct clavati et 6-8-spori 0"®,045-06 in longitudinem obtinent ac 077,01 vix lati offen- duntur ; membrana crassa qua fabricantur in iode soluto tantum sordide flavescit, eodem scil. modo ac sPonx que vulgo pallide , forma au- tem obovate et inæqualiter 2-loculares , 0"7,0095-011 longitudine ac 077.00352-0048 latitudine metiuntur. Pycnines copiosissime globosæ penitus immerse uniloculares et poro apertæ, sryLosPonas fovent innu- ineras obovatas subsessiles (rarius stylis linearibus et longiusculis sufful- tas), exiguas, 0"",0065 longas, 0"",0035 latas, materieque oleosa et ho- mogenea fœtas. E corticula Parmeliæ caperatæ Ach. ortum, julio exeunte (1851) bi, in truncis ZEsculi Hippocastani (Parc de Rambouillet). Speciei criterium in seminum utriusque generis exiguitate presertim ponitur. ^. ABROTHALLUS OXYSPORUS +. (Tab. XVI, fig. 27.) A. apotheciis deplanatis, pro maxima parte immersis vixque promi- nentibus; thecis e membrana crassissima penitus amyloidea ; pis lanceolatis pallidis et unilocularibus. Lichen parasiticus quibusd. (Berkelæo nempe in suopte herb. ; Montanæo in Ann. sc. nat., ser. 3», t. XVI, p. 79, etc.). APOTHECIA punctiformia s. potius discoidea , atra, diametro 0"",2 ut - plurimum vix adæquantia, glabraque modice aut vix prominent, de- planantur, pro maxima parte in matricis parenchymate demerguntur, et e contextu densissimo paginam hymenii supernam versus saturate fusco, ceterum autem pallido compinguntur. Taecæ clavatæ obtusis- sime, subito deorsum acutate et cuneiformes facte, longitudine 0"",04-065 , latitudine vero (in vertice) 0"7,013-016 circiter explent; membrana qua struuntur, crassissima et achroa, quum iode soluto ro- ratur statim tota amœne spisseque cærulescit, talique modo tincta diu (scil. 20 horas et quod excedit) consistit. SPoRÆ octo lanceolatæ, utrinque scilicet acutatae , 0"",013-019 longe , 07",0045-0065 latæ, pallide, uniloculares, nucleo inæquali heterogeneo vixque (saltem de specie) oleoso gravidæ, in sinu cujuslibet asci inordinate generantur; iode agente luteo-fuscæ evadunt. Pararuyses deformes in vertice fucato summopere incrassantur , arctissime sibi invicem coherent, thecasque longivscule (0"7,0415-025) excedunt ; materie amorpha cujus ope adglu- MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 117 tinari videntur abundat cæruleoque colore in iode confestim inficitur PycNobiTEs nondum innotuerunt. Crescit in pagina antica thalli tum Cetrariæ glaucæ Ach. cum Parme- lic saxatilis, solitarius in illa, comes autem in posteriore Abrothalli Smithii. Specimina habeo Neustrica e clar. Le Bailly (in Parmelia saxatili) ; alia vidi (in Cefraria glauca parasitantia) ex Anglia (Dolgelly), in herbario cl. Montanæi (a cl. Ralfset Berkeley olim accepta). 4 P3 * Species recedens : 3. ABROTHALLUS INQUINANS +. (Tab. XIV, fig. 4.) A. epiphlæodes, apotheciis convexis, circinatis, liberis aut partim confluentibus ; hypothecio atro ; sporis ellipticis unilocularibus. Lecidea parasitica Flærk., pro parte (?). APOTHECIA admodum sessilia, superficialia, exigua, majora tertiam circiter millimetri partem diametro æquantia, convexa , pulviniformia , margine destituta, aterrima, irregulari modo supra maculam sordide fucatam (dilute fuligineam)in orbem disposita, exteriora. remota libera, centrica approximata, imo confluentia proptereaque deformia ; Aypo- thecium integrum e parenchymate densissimo sordide fuligineo atrove factum ; Aymenium vero multo dilutius fucatum. Ascr clavati, e mem- brana crassa, 0"",04-05 longi, 0"",011-013 in vertice lati, et 4-8-spori, paraphysibus paulo longioribus sibique adglutinatis stipantur, quibus- cum iodis ope facillime amæne cærulescunt. SporÆ breviter elliptica, utrinque obtusissimæ, 0"",0096-0128 longa, 0"",0048-0065 circiter . late, pallidæque, oleo quod primum in guttulas plures contrahitur, tandem ex toto replentur; iode adfuso dilute fucantur. PvcwipEs frustra quæsivi. | Parasitatur in crusta sterili Pœomycis cujusdam (aut potius Biatoræ decolorantis Fr.), eamque maculis vagis dilute fuligineis inficere videtur. Prope Versalias, secus calles sylvarum, æstivo tempore mihi fratrique occurrit. | Ab Abrothallis genuinis vegetatione epiphlæode sporarumque forma recedit, et cum Celidio ob apothecia in orbem sæpius disposita et fre- quenter partim coalita quamdam affinitatem demonstrat. Quid sit certo Lecidea parasitica Flærk., quam nonnulli(v. gr. Schære - rusin sua Enum. crit. Lich., p. 136, et Wallrothius in F2. crypt. Germ., pp. 353 et ^58) pro scutellis athallinis Zecideæ Parasematos Ach. (Pa- tellariie punctatæ Wallr.) habere volunt, propter defectum speciminum 118 | ER. TULASNE. authenticorum eruere nequivi. Laudati auctores ldasan Florkeanum in Pertusaria communi DC. (1), Bæomyce rufo Ach. et Parmelia subfusca Fr. (tunc Lecanora Turneri Ach. dicta, ex Wallr.) oresehpero equae : | Indépeñdamment des Abrothallus ci-dessus énumérés, j'ai rencontré, sur les divers Lichens qu'il m'a fallu étudier pour la rédaction dec ce mémoire, plusieurs. autres parasites, productions végétales trés peu. con- nues ou entièrement négligées j jusqu' ici, et que je demande la liberté de décrire de la même manière queles précédentes. — | SCUTULA o Pezizæ sp. Wallr. APOTHECIA in matrice aliena (lichene vivo) mee biet aie s. discoidea et emarginata, balteo nempe vix distincto nullove, hymenio plano repando aut vix concavo. Æypothecium.e cellulis exiguis interdum saturate fucatis compactum et obsolete definitum. Ascr clavati hexa- v. octospori, e membrana crassissima et amyloidea. PanaPHYsEs stipatis- sime consociate indistincte, in vertice pallide aut spisse coloratæ: SPoR E ovato-oblongæ, utrinque obtuse, simplices oleoque repleta homogeneo (1) Lecideam genuinam in Pertusaria communi DC. parasitantem autumno praeterito in Neustria (Vire) reperi, quam paucis hic adumbrare fortassis expedit. Huic Licheni (Lecidea inspersa, si volueris, dicatur) prorsus athallio scutellæ erant orbiculares, ex omni parte aterrimæ, dimidiam millimetri partem (majores). vix excedentes, subsessiles, sparse discretz aut rarius approximatæ et quidem contigua, cireumcirca crasse marginatæ admodumque liberæ, in disco leviusculo primitus nitide atree planae repandæ aut concaviusculæ, postea autem convexa Lumentesac sordide fuligineæ tuncque marginem tenuatum reclinantes. Hymenium e thecis obovatis octosporis paraphysibusque immixtis (paulo longioribus, inter se æqualibus, in vertice atratis et arctissime adglutinatis) constipatissimis factum, 0"".05-06 crassum pallidum et pellucidum est, hypothecio atro crassissimo (nempe 0"",95-35) ex utriculis polygoniis majusculis dense compacto matri- cemque alte et inequo modo intranti sternitur, ac iode soluto roratum subito integrum nitide cærulescit. Spore oblongo-cylindrice, vulgo nonnihil curvulæ , utrinque obtusissimæ, septis angustissimis in loculos 4 (rarius 2) divisæ, Qm 91 3 in longitudinem , et 0"7,0035 in latitudinem maturescendo obtinent, fuligineoque in ascis, quorum in sinu inter se libera et sparse generantur, colore infuscantur. - Acolium quoddam v. gr. À. stigonellum DNrs. : inni el Pyjtalla/ióg. atr atam F P. mentitur, sed de structura Lecidea admodum legitima reperitur. Ob crescendi rationem sporasque fncatas et septatas facile, ni fallor, inter congeneres di- gnoscetur, | MÉMOIRE SUR. LES 4LIGHENS. 119 et. pallido. SPERMoGONIÆ globosæ, perexiguæ , itidem superticiales, -cavernula simplici cavatæ, ore exiguo et terminali aperte , et in parie- tibus crasse. SPERMATIA linearia exilissima brevia curvula, e summis sterigmatibus simplicibus et oblongo-acutis solitarie nata, mucoque immersa. Pycnopites globosæ in matrice , eque superficiales ,, ver- tice nonnihil deplanatze , uniloculares , parietibus crassis instructis, atque basidiis.s. stylis brevibus fimplici umque in interna pagina cooperte. SryLosPon oblongo-cylindricæ, curvulæ, painqua obtusa, simplices aut rarius 1-septate. m Lichen athallius in superficie Lichenis cujusdam foliacei parasitans. Differt Scutula ab Abrothallo nonnisi crescendi modo s. vegetatione epiphlæode et apothecii forma quz Patellariam potius quam Cephalo- dium imitatur. Species unica hactenus innotuit. SCUTULA WaLLROTHII Nob. (Tab. XIV, fig. 14-24.) S. apotheciis exiguis disciformibus subplanis, late matrici adnatis, in disco primum pallidis posteaque fucatis; sporis 1-locularibus. Peziza miliaris Wallr., Fl. crypt. Germ., p. post., p. 499. APOTHECIA omnino epiphlæodia s. superficialia, disciformia, plana, crassa, in margineobtuso haud incrassata omnique baltei specie destituta, tertiam millimetri partem diametrocirciter (adulta) metiuntur et de cras- situdine 0"",13 vulgo adæquant ; pleraque sessilia aut subsessilia sunt, quadam vero pedicello lato nonnihil supra matricis cutem efferuntur. Initio nitide pallida subinde flavescunt ac tandem fucantur. STRATUM FERTILE s, hymenium, licet in extima superficie fuscatum , intrinsecus pallidum est, ac iode soluto adfuso, confestim amœæne ex integro cæru- lescit. Tagcæ 6-8-sporæ et paraphyses de more stipatissimæ arctissime coalescunt ; ille clavatæ et subtruncatæ, e membrana crassa facte, disci superficiem. ferme vertice tangunt, atque 0"".05 in longitudinem et ag 013 1 in latitudinem vulgo obtinent. PAnAPHYsES ut solet sursum ver- sus incrassatæ ita adglutinantur ut forma cuique propria egre dignosca- tur. SPORE ovatæ s. ellipsoideæ, utrinque obtusz, leves, pallidæ, pellu- cidæ, in asco libere, e membrana tenui fabricantur oleoque homogeneo penitus (maturæ) a illis diametros majus 0"",009-011, minus 0"",0065 plerumque explet. SPERMocoNLE superficiales globosa minutis- simzeque demum fuscantur, spermatiis linearibus curvis exilissimis palli- dis et 0"7,008-009 longis intus referciuntur, eaque quum aqua emol- lite comprimuntur ex óre terminali et angustissimo largiter fundunt. PycNipES super forma et situ spermogonias imitantur, eas autem crassi- tudine longe præstant ; principio sicuti apothecia pallida sunt, posteaque 130 L.-R. TULASNE. pari modo licet dilutius fucantur; vertice nonnihil deplanato digito: que perforato, parietibus crassiusculis, nec non cavitate simplici do- nantur. SryLosPonu oblonge , utrinque obitisiskhdd à rectae vel quadam- tenus curvule, simplices (rarius biloculares) levesque, e membrana. tenui achroa et pellucida constant , oleoque duntaxat aut simul proto+ plasmate parco, nunc pro parte nunc integre, replentur. Quoad ma- gnitudinem similiter variant, modo enim 0"",013-016 longitudine ac 077.004 latitudine, modo hinc 07",016-019, illinc vero 0"",003 adæ- quant; stylis præterea lineari-conicis, simplicibus, brevibus s. Pate culis, denseque stipatis solitaria suffulciuntur. Adnascitur pagina superne thalli Peltigere canine Hoffm., primum- que, ut videtur, cl. Wallrothio in Germania occurrit. Apud nos in locis - aridis graminosisque Pictaviæ (Chiré-en- Montreuil agri Vogliacensis) cl. Delastro reperta est, quo duce eam ego ipse fraterque meus, mense septembri 1850, copiosam legimus. Plantula modo descripta certe, ut opinor, ad LICHENES spectat ; idem super Celidio fusco-purpureo Tul. cujus adumbratio sequitur, etsi lichen minus legitimus jam videatur, dixerim. Quod autem ad caetera Celidia et Phacopses attinet, vegetabilia ambigue nature, pari modo fere Licas- NIBUS et FunGis affinia, in utriusque ordinis limitibus versantur; pleraque tamen propius ad Lichenes accedere suspicor, quapropter ea omnia hoc - in loco recensere statui. CELIDIUM + (4). Lecanoræ sp. Flœrk., Deutsch. Lich., n° A74 DEN Wallrothii). Dothideæ sp. Sommerfeltio, Suppl. fl. lapp. (1825), p. 224. Spherie sp. Notarisio, in Mem. dell' Accad. delle sc. di Torino, ser. ut. XII (nondum edito). | TaaLLus proprius nullus. APOTHECIA parasitica epiphlæodia, MI E exigua (microscopica) pulvinata, absque marginibus, contigua et in soros maculiformes nudosque creberrima consociata, modo omnia modo cen- traliora tantum coalita et indiscreta, exteriora duntaxat tunc libera et distincta, cuncta e parenchymate tenui similari fuscoque. TukcE cla- vatæ A-8-spore, ‘paraphysesque arcte consociatæ. Spon simplices : aut loculatæ, ovatæ oblongæque, pallide, nucleo oleoso et tandem homoge- neo farctæ. SPERMOGONIÆ globose centrum imum sori vulgo tenentes, uniloculares spermatiisque exilibus rectis et brevibus simul et muco hyalino referta. Pycnipes desiderantur. Lichenes (plerique paradoxi s. incerti) athallit, maculiforines, à in thallo ct apotheciis lichenum foliiformium apud nos parasitantes. (1) «4:39; maculam significat. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 121 1. CELIDIUM FUSCO-PURPUREUM +. (Tab. XIV, fig. 9-13.) C. thallicola, orbiculare vel ellipticum, fusco-purpureum, planum, tenuissimum , granulosum aut subcontinuum et quandoque areola pal- lida (e matrice) cinctum ; sporis ovato-oblongis unilocularibus. MacuLas sistit ellipticas aut circulares, areola decolore interdum cinc- tas, 07?7,5-27" diametro metientes, nunc leves nunc oculo armato gra- nulato-rugulosas, semper vix prominentes aut admodum planas, principio fusco-spadicinas postea saturatiores et atro-purpureas; parenchyma quo macula iste conficiuntur intus eodem modo atque in superficie fucatur, matricis corticulæ cui adplicatur penitus externum est, totumque hyme- ninum s. proligerum reperitur. Etenim qualibet macula nonnisi ex apo- theciis exiguis (microscopicis) pulvinatis (haud marginatis) et stipatissi- mis constat, centralibus majoribus conniventibus , 0»»,07-09 latis, et totidem crassis, reliquis plus minus globosis et discretis ac minoribus (027,03-04 latis). Asct clavati 6-8-spori et ranaPnysEs paulo longiores quibus stipantur arctissime consociantur. SpoRÆ libere ovato- oblonga utrinque obtuse uniloculares pallidæque 0"",012- 013 in longitudinem et 0?»,0035 in latitudinem obtinent, materieque oleosa et subhomogenea replentur. SPERMOGONLE paucae in centro maculae s. apotheciorum sori depresso aut cavato ut plurimum collocantur, vel hinc et illinc apothe- ciis miscentur ; globose sunt ejusdemque parenchymatis ac reliqua sori elementa , nec non, ni erraverim, uniloculares ; sPERMATIUIS denique re- ferciuntur rectis linearibus exilissimis 0?»,0035 longis mucoque hya- lino, ut solet, innatantibus. Corpuscula ista nunc motu Browniano maxime trepidant nunc immota consistunt. Creberrimum hospitatur in pagina superna frondis Peltigeræ canine Hoffm. , mihique et fratri multoties circa Parisios (Meudon, Chaville, etc.) occurrit. Apothecia vulgo plane superficialia in matrice manent ; spermogoniæ autem qua in sori centro generantur quandoque corticem Peltigeræ non- nihil intrant. | 2. Cecmium SricrARUM. (Tab. I, fig. 17, c, et tab. XIV, fig. 5-8.) C. hymenicola maculiforme orbiculare atrum continuum , in centro tamen frequenter excavatum ; sporis oblongis 4-locellatis. Lecanora parasitica Flærk., Deutsch. Lich., n° 174 (auctoribus Wallro- thio, Fl. crypt. Germ., p. priore, p. 508, et Friesio, Lich. europ. re- form., p. 54). | Apothecia fungosa abnormia Stictæ pulmonaceæ Wallr. et Friesio, loc, laud. 199 L.-R. TULASNE. Dothidea Lichenum Sommerf., Suppl. Fl. Lapp., p. Was n? 1498. pres, Elench. Fung., t. II (1828), p. 123. Sphæria (concrescens) Stictarum Notar. , 1. cit. te Ves illius ani- ^ madversionum de Stictarum- genere), tab. 1, f. xvn. "ndi. . LICHEN phus ineo de quo agitur in Stictæ sou pas (Lich. univ., h49) apotheciis deformatis (scil. in S. pulmonacea « pleuro- carpa Ach., op. cit., p. 450; Delise, Hist. des Lich. , g. Sticta , p- Au, tab. xvir, hip. 61; Lobaria TT B DC. FI. p II, 402), loco hymenii abortientis provenit a Apothecia ista pagina thalli me pleraque ex es à superficie plana, Pa autem ex éldem in modum cavi angusti alte depressa ( unde verruca crassa in adverso frondis latere'valde prominet) exeunt. A principio disciformia planaque sustentaculo late adnascuntur et quidem in ambitu cum eo concrescunt. Adulta stipitulo centrali brevi et crassiusculo innituntur, extrorsum rugis exarantur, coloreque rubro- fusco in corticula levi insigniuntur. Disci margo obtusissimus balteoque prominente destitutus, linea tamen an- gusta et corticulæ externæ concolore definitur ; modo integer est, modo varie incisus crenatus repandusque. Discus ipse ab initio ater levis et gla- ber, tandem repandus ille etiam efficitur, ac diametro 2-3 millim. et quod excedit obtinet. Apothecium (quod millimetrum aut quidem amplius crassum est) constat intrinsecus , pro parte maxima , e medulla fibrosa albida et densissima intra corticulam densam corneamque coercita, nec non medullae matricis continua, gonidiis subtus nullis; huie super- sternitur Aypothecium Lichenis parasitici s. Celidii crassum aterrimum, deorsum linea repanda definitum, atque ex utriculis exiguis deformibus et quoad parietes nigros crassissimis conflatum: HYMENIUM tenue , in superficie aterrimum leveque aut frequentius minutissime tubereulo- - sum, intus decolor est et isthmis s. processibus hypothecii atris crassitu- dineque variis veluti in locellos dividitur, unde facile consequitur discum ipsum apotheciis creberrimis et minutissimis coalitis compingi. Varia istius hymenii elementa substantiaque intercellularis qua copiosa aretis- sime adglutinantur, iode soluto rorata nunc una carulescunt, nune luteo-fusco rubeove inficiuntur colore. Asct pallentes clavati 4-6-spori, 07»,05-07 longi, 075013 circiter crassi, paraphysibus longioribus stipa- tissimis cohærentibusque commiscentur; harumce vertex incrassatus aterque hymenii faciem simul cum hypothecii cristis productioribus (1) Generatur etiam in scutellis Sticiæ serobiculalæ Ach. (Conf. Notarisii commentatiunculam cit.), cujus rei certior factus sum ex autopsia speciminum Scoticorum qua cl. Grevillei gratia nunc in ‘herbario Musæi parisini conti- nentur, ; MÉMOIRE SUR: LES LICHENS. 128 struunt. Spor& oblongo-ellipticæ, utrinque obtusissimæ, 0,016 lon- gitudine metiuntur, nec 0%",0065 latitudine excedere videntur; e membrana crassa fabricantur, intusque isthmis tribus in loculamenta quatuor æqualia oleoque homogeneo repleta dividuntur. SPERMOGONUE globosæ exiguæque in centro (sæpe fossula irregulari cavato) disci natalis s. maculae hymenicolæ (id est Lichenisipsius) congregantur et simul coa- lescunt , parietibus crassis atrisque struuntur, et parenchyma pallidum ac tenuissime fibrosum includunt ; ex hujusce elementis nascuntur sPER- MATIA exilissima recta et vix 07,003 longiora. Premissam descriptiunculam scripsi ex autopsia tum speciminum in botanophylacio Lessertiano (Schæreri Lich. exsice., n° 550) contento- rum, tum eorum quæ olim in sylvis Galloprovinciæ “re ( La Verne, Collobrières) , comitante fratre, collegi. Plurima Musæum parisiense a variis botanolegis accepit; splendida quoque a cl. Mourlon presbytero e sylva Peloponnesia, quam Greci hodierni Dervena nuncupant, nuper relata sunt, mecumque benevole communicata. Pyrenæa exstant in col- lectaneis a cl. Philippo bigerrensi evulgatis. Toto ccelo differunt apothecia supra descripta quæ Celidium fovent a scutellis rite informatis Séicræ pulmonaceæ Ach. ; spore itidem hujusce Stictæ lanceolatæ, utrinque acutæ, vulgoque 1- 2- loculares omnino dis- similes sunt illis parasiti. His ideo perpensis, clarissimo Floerkeo pro parte assentior qui apothecia in disco fucata, modo adumbrata, Lichenem peregrinum sui generis statura arbitrabatur. Ea enim pro Lichenis vel fungilli parasitici sustentaculis s. habitaculis duntaxat æstimanda cen- seo; namque spermogoniarum in centro disci presentia hymeniumque locellatum rem, ut opinor, extra dubium affatim ponunt (1). Stictæ apothecia simul acnascuntur et punctiformes e thallo prodeunt, jam colore nigro in fronte s. disco, id est parasiti primordiis infuscan- tur, nec raro in eodem thallo sparsim occurrunt apothecia typice evoluta fertilia omnisque maculæ v. Lichenis alieni expertia. Hac autem tunc in lobis extremis thalli (illiusque marginibus presertim ) vulgo nascun- tur; que vero parasitum alunt inferiora sunt et thallo ubique inspersa. Rarissime acciditut Celidium discum natalem totum non teneat, istiusque facies repanda hinc et illine nuda pallida sterilisque conspiciatur. (^) Quam ob plantulam ambiguæ nature, mirum in errorem inciderat clar. Notarisius qui typicam Sticte fructus structuram in ea reperisse sibi videbatur, ac propterea Stictas vulgo sanas, v. gr. Shctam herbaceam, Stictamque glomuli- feram sub signo novo Ricasoliæ segregaverat. Seipsum autem ingenue confi- tentem recens emendavit (Conf. Notarisium in Giorn. bot. ital., anu, 1, part. 1, p. 178et 179 [fasc. 3-4], et in Mem. della reale Accad. delle sc. di Torino, ser. n, t. XII, p. 164 et 162 [Osservazioni sul genere Sticta] ). 124 L.-R. YULASNE. — De Dothideis qua, Friesio (.Elench. Fung., II, 123) et Sommerfeltio (loc. cit.) auctoribus, in Gyrophoris et Cladoniis vigent nil novi. Nec itidem vidi Friesii Rihobed exsice., n°" 131 qui, ut aiunt, tj vdd: modo descriptum sub Pezizæ nomine exhibet. PHACOPSIS + (1). THALLUS proprius nullus. APOTHECIA primitus hypophlæodia, postea nudata aut veli diffracti causa furfuracea, matrici tota innato-adnata, effusa, indeterminata s. marginibus propriis destituta, atra, maculas aut verruculas deformes sistentia. Asct obovati crassi 6-8- -spori, cum paraphysibus longioribus coaliti. SPon;E oblongæ pauci-septatæ palli- deque. SPERMOGONIÆ in apotheciorum centro vulgo immersa, SPER- MATHS exilibus rectis et brevibus fœtæ. PYCNIDES ignotæ, Lichenes (paradoxi, fungiformes) athallii in variis Europe occidentalis contribulibus, foliiformibus, fruticulosis crustaceisque parasitantes. | Phacopsis a Celidio affatim differre videtur non eo tantum quod certe initio hypophlæodes est, sed etiam ob stratum hymenii ubique, ni fallor, continuum nec (saltem non evidenter ut in Celidio) ex apotheciis cre- ' berrimis consociatis factum. Attamen spermogoniarum locus centralis (ni erraverim), crescendi modus universusque habitus maxime proxi- mam eam inter et Celidium exstare Bose demonstrant. 1. PHACOPSIS CLEMENS + (2). P. hymenicola effusa atra tenuissima continua nuda en sporis 2-locularibus. | Insrar Celidii Stictarum maculam atram nud anions refert, sed super- ficie magis æquali continua levique gaudet, adeo ut e singulis hymeniis s. apotheciis (immarginatis et absqueexcipulo) singulæ maculæ constent ; praterea discum. matricem integrum vulgo non invadit, illum vero maculis orbicularibus vix regularibus magnitudineque variis duntaxat signare solet. Dummodo apothecium in quo parasitatur lichen noster cul- tro incideris, huncce nonnisi e strato s. hymenio tenuissimo (5-6 cente- simis millimetri partibus crasso) pallido , inextima autem superficieatro- fuligineo, et hospite stirpis hypothecio (sterili facto, prorsusque velato) late imposito s. incumbente , constare, lentis ope videbis ; lamina hec (1) À graecis vocibus gaxoz, nævus, lentigo, et ds, derivatur. | (2) Clemens dico hoc vegetabile , quia partem tantum frontis scutellæ hospi- talis plerumque tenet. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 125 .proligera parenchyma quo alienà excipitur nullomodo inquinat atque in -e0 transire nec ullo, saltem perspicuo, discrimine separari videtur. Para- PHYSES stipatissimæ Ascique obovato-globosi, illis breviores, scilicet 0" ,02-03 longi, hexa- aut octospori, insimul arctissime coalent ægreque ab invicem disjunguntur ; quod ad chemicam naturam cuncta indiscri- ininatim colore luteo-fusco in iode inficiuntur, nec nisi multo rarius pro parte cærulescunt. SPomz in ascis singulis conglobantur ac proto- plasmate copioso diu obvolvuntur; matura facte sporas Abrothallorum imitantur, obovatæ nempe, 2-loculares, modice fucatæ, pellucidæ, oleo homogeneo farcte, interdumque quadam velaminis mucosi sorte invo- _lutæ reperiuntur; episporium crassum cavernulæque nueleiferz inæqua- les sunt ; supremus enim loculus, is scilicet qui thecæ verticem spectat, inferiorem amplitudine nonnihil prestare solet. SPERMOGONIÆ ovato-glo- bosæ sparsim in disco penitus immerguntur, 077,07-08 altitudine me- tiuntur ac propterea ultra quidem hymenii limites in hypothecio matrice infiguntur ; cortice gaudent crasso et fuligineo oreque angusto; intus so- lito more sterigmatibus brevissimis muco immersis vestiuntur, tandem- que sPERMATIS linearibus rectis brevissimis (0"",003-004 longis) in- mumerisque opplentur. | . Crescentem plantulam reperi in apotheciis cum Squamariæ rubinæ DC., e Delphinatus alpibus, tum P/acodii albescentis DC., ex agro Fale- sano Neustriæ. Utriusque harum specierum exemplaria quæ analysi sub- jeci olim a viris clariss. A/pA^. de Brébisson et Le Bailly benevole nobis- cum sunt communicata. Exstant etiam in lichenophylacio Musæi pari- siensis specimina Prostiana (e regione Ligericina) P/acodii murorum DC. cujus apothecia parem nutriunt hospitem. Sphæria qusedam perexigua ibidem viget , qua a Sphæria lichenicola Sommerf. vix differre videtur. Thallo eorumdem Placodii albescentis DC. speciminum qua Celidium clemens modo adumbratum suis in scutellis alunt, passim insperguntur macule atre Celidio de specie penitus consimiles, quibus autem causa subest longe aliena. Eas enim non nisi e filamentis angustis brevibus articulatisque in cæspitulos aggregatis et Antennariam quamdam fingen- tibus constare reperies. Fibrille articulate vage ramosæ brevissimæque item in variis thalli Squamariæ rubinæ DC. partibus maculas diversiformes constituunt, quibus pari modo Celidium prorsus alienum esse videtur. Phacopsis clemens propius fortassis quam cæteræ ejus congeneres ad C'elidium accedit. ! 2. Pnmacoprsis vaRiA i. (Tab. XIV, fig. 1-3.) P. thalli- simul et hymenicola , maculiformis , deformis, atra; sporis oblongis, utrinque obtusis, ^- loeularibus et pallidis. 196 _ L.-R. TULASNE. Varias matricis partes, eujus sub extimiore corticis strato generatur , colore atro infuscat, ac postquam velum alienum quo primodum tegitur frustulatim periit , tumet, dilatatur, verrucas tuberculaque deformia aut maculas diversimode effiguratas refert. E parenchymate s. strato proli- fero fusco, hypothecioque subjacente aterrimo et medulla hospitis plus solito densate induratequeadplicato constat, atque crassitudine0"",44-44 integrum metitur. THecÆ obovato-elliptiez et 6-8-sporæ ,07",203 - 038 longitudine et 0"",016-019 latitudine adæquant, paraphysibus longio- ribus stipantur eisque materie interposita arcte conjunguntur ;:mem- brana crassissima qua struuntur iode soluto humefacta, colore nunc sor- dide fusco-luteo, nunc dilute cæruleo aut etiam rubido-violaceo tingitur. ParaPayses lineares canaliculum angustissimum in centro exhibent, 0"",0035 vix. diametro excedere videntur et intra mucum erassissimum pari modo ac thecæ iode fucatum cum hisce nidulantur; earumdem pars verticalis incrassata maximeque indurata corticem atrum corneum- crassumque (07",03 circiter) hymenio instratum efficit. SPorus oblongæ, utrinque obtusissimæ, rectae, 0"",0128-0161ongze, 0"",004. circiter late, pallidæque vulgo isthmis tenuissimis transversim dispositis in loculos quatuor dividuntur. SPERMOGONLÆ immersæ hymenit verruciformis cen- trum vulgo tenere videntur, sæpeque desiderantur. SPERMATIA recta exiliaque 0"7,0045 ut plurimum longitudine non excedunt. : Crescit in Parmelia parietina Ach. , tum in illius superna thalli pa- gina, tum in marginibus et quidem disco apotheciorum. Speeimina hujusce lichenis examini subjecta e Mauritania, ubi in truncis Cacti Opuntiæ creverant, a cl. Duriæo relata sunt; alunt quoque in disco ipso scutellarum Sphæriam lichenicolam Sommerf. (Dur. et Mntgn., #7. d'Alg., t. I, p. 529, n°130) quæ peritheciis punctiformibus diseretis, structuraque interna a PAacopsi nostra primo obtutu diseriminatur. Cum sublente hymenium attento spectaveris oculo, fragmina corticis hospiti illi inspersa haud. ægre recognosces. Stratum Parmeliæ gonimon subter parasitum desideratur. Color hymenii ex iode vi hee mu- tatur; rubidus diutius consistit. | 3. PHACOPSIS VULPINA +. P. thallicola , sparsa, atra, maculi- s. verruciformis, ‘obsolete furfu- racea ; sporis oblongis. P. variam æmulatur; nodos, verrucas deformes, maculas, sr culaque forma varia, atra et furfure luteo- virenti parcissimo (vix sub lente conspicuo) tenuissimoque conspersa sistit; quo modo autem se exhi- beat, e parenchymate denso sordide fusco, amyloideo (iode adfuso statim cæruleato) ac pertenui, nempe vix 0"7,05 crassiore, constat. Hocce constituunt Ascr obovati e membrana crassissima , 0"",016-022 sursum 1 MÉMOIRE SUR. LES LICHENS. | 427 lata, ct paraphyses paulo productiores quibuscum de more prorsus coa- lescunt. Sroræ oblongæ utrinque obtuse 0"",016 longitudine circiter metiuntur, atque protoplasmate referciuntur ; uniloculares, ni fallor, con- sistunt, eas vero nonnisi immaturas aut imperfectas vidi ; ceterum pari modo atque in Phacopsibus et Celidiis fere omnibus, ac imprimis C. Stic- tarum, inter protoplasma densum cujus ope diu conglutinantur pe videntur. SPERMOGONIAS non reperi. elio Nascitur in ramis Æverniæ vulpinæ Ach. cujus habeo specimina e Valesia ; alia vidi e Neustria in herbario quod inscribitur P/antes crypt. de Fr., auctore cl. Desmazières (ed. alt., t XI, n°546) f furfures tamen luteo-virentes 1 bodiotil eum intra £verniæ corticulam ien saltem sub illius extima superficie prima habuisse incunabula declarant. Ceterum lichen recens natus sub hospitis cortice evidentissime latet, cujus pellucidi colorem luteo-virentem macula nigricante inquinat. Parenchyma plante hospitalis corneum | Phacopsi suppositum similiter cerulescit cum iodis vires in eo La ute Alia til vegetabilia ejusdem ac præcedentia sortis, Vae natura plus minus affinia, in herbariis que penes me fuerunt exstant, ac sane plura consimilia hactenus etiam latuerunt, sed nec spatium reperta om- nia adumbrandi nec tempus ut latentia inquiram dantur ; itaque sint saltem exemplo priora qui supra describuntur nedubitemus, quin Liche- nes genuini in sibimet contribulibus parasitari, et qua in sede rite et perfecte sese explicare possint. Nec præterea tacere queo Coccocarpias Pers. (Circinarias Fée, partim ; Lecidearum species Kunthio), ni me omnia fallunt, istius esse loci (de his duntaxat dico quæ mihi innotuerunt, scilicet C. ?ncisa Pers., C. mo- lybdæa Pers., C. polyphylla Pers. et C. smaragdina Pers. [1]) ; thallusenim Sie dietus Coccocarpiæ Parmelias quasdam Pannariis maxime affines, ejusque apothecia Lichenes parasiticos athallios Abrothallis simul et Celidiis analogos sistunt (2). Idem enim de Coccocarpi:s accidit quod postea de Abrothallis; e planta nimirum matrice simul et ex aliena parasitante unum duntaxat vegetabile finxerunt lichenologi. Vox Cocco- (4) Conf. ill. Freycineti librum qui inscribitur, Voyage aut. du monde sur les corv. l'Uranie et la Physicienne, Botaniq. (1826), p. 206 et 207. (2) Coccocarpias inter et Abrothallos non multum interesse suspicatus est cl. Notarisius (vid. Giorn. bot. ital., ann. n, part. 1, fasc. 3-4 [1846], p. 495), Montanæusque Abrothallum ad CoccocampiEAnUM gregem ducendum æstimavit (vid. Orbinii Dict. univ. d'hist, nat., t. VII, v? Licuens [in fine], et Ann. sc. nat., ser. 3*, t. X, p. 429). ; T NU 20 k.R. TULASNE. carpia , Si voluerint magistri, licheni solo athallio deinceps impo- netur, sed omnia. fere Coccocarpiarum admissa cognomina incongrua evadent nec retineri poterunt. Coccocarpiæ decipientis mihi (C. in- cis Pers.) apothecium disciforme planum tenue lateque adnatum spermogonias 3-6 exiguas globosas prominentes, spermatiis linea- ribus rectis brevissimisque (0"",003 circiter longis) farctas, in medio gignit, ejusque substantia iode soluto madefacta statim ammae cæru- lescit. . Genus Lenormandiarum Deliseo (msc. in herb.) , cujus celeber. plan- tarum agamarum collector nonnulla verba fecit (conf. Desmaz. , PI. erypt. de Fr., ed. princip. tom. XXIII, n° 113^, et edit. alt., tom. XI, n* 5A4 ), eosdem , quos sub Coccocarpiæ signo illustr. Persoonius consociaverat, Lichenes amplectere videtur, quod ill. Montanæo jam. dubitanter ad- missum (in Ann. des sc. nat., ser. n, tom. XVI [1844], p. 85-87), cla- riss. Notarisius, cum Pannariam plumbeam Lenormandiæ Delisei con- ferret (vid. Giorn. bot. ital., ann. II, part. 1 [fasc. 9 ; 1851], p. 479, not. 4) . manifesto comprobavit. Præterea Lenormandam Jungermannic Del. (Des- maz., loc. cit.) nequaquam ab Zndocarpo pulchello Hook. (1) (Verrucaria pulchella W. Borr., in Suppl. to the Engl. Bot., tom. I [4831], n. 2602, fig, 1) discrepare contendit Montanæus (in Orbinii Dict. univ. d'hist. nat., tom. VII [1846], p. 3^7, v° LicHens), nec ei assentiri nequeo postquam erga me ut solet maxime benevolus, Borreri Lichenem ab ipso acceptum pre oculis ponere voluerit. De vera autem Verrucariæ pulchelle Borr. quam cl. Leighton recens iterum adumbravit (vid. ejus opuscul. inscript. Angiocarp. Lich. of the Great Brit.) natura, ut opinor, ambigitur, ac si quid de illa conjectare licet, ejus fructus pro Sphæria quadam parasitica merito habendos, suadente crassissimo carbonaceoque horumce tegmine, libenter arbitrarer, etsi analytica speciminum autopsia mihi hactenus - defuerit. Itaque, ni erraverim, Verrucaria pulchella Borr. Lichenem - vulgo apud nos sterilem Pannariisque affinem (2), simul et Sphæriam (S. Borreri Nob.) hospitem sparsim suis in penetralibus i immecsam exhi- - beret. (1) Videas Sali English Flora, vol, V, part. I (1833), p. 158. E (2) Verrucaria pulchella Borr. crescit tum in Lichene plumbeo Lighft. cum. in Jungermannia dilatata, ait Borrerus, loc. cit. » MÉMOIRE SUR LES LICHENS. — 153—199 Li ky li. — Des spermogonies. Si l'on écarte par la pensée les diverses sorles de prolifica- lions ou d'innovations qui naissent du thalle, — telles que les sorédies pulvérulentes (Coccia Wallr., Soredia Ach. ), qui parais- sent. habituellement le résultat d'un développement monstrueux ou d'une désagrégation maladive des couches épidermique et gonimique ; les végétations rameuses en buisson (ramuli pythme- nomorphi, Pythmenes, Phymata , Stauromata , etc., Wallr. ) ou isidiomorphes, comme en portent certains Umbilicaria (v. gr. U. pustulata), des Parmélies et quelques Sticla (ex. c. S. glo- mulifera), les tubercules de diverses natures ct excroissances solides . Cephalodiorum sortes Achario) des Peltigera aphtosa, Le- canora gelida, Ramalina fraxinea, Evernia Prunastri, etc., et: autres productions analogues dont plusieurs semblent être, ainsi que les sorédies, des agents accessoires et secondaires de pro- pagation, mais non réellement des sortes d'apothécies subsi- diaires, comme le voulait Acharius ; — on trouve encore sur le Lichen , indépendamment de ses apothécies vraies, des organes ponetiformes épars ou groupés , souvent colorés en noir, tantót saillants, tantôt plongés dans l'épaisseur du thalle. Ces organes, qu'il ne faut point confondre avec les Sphéries assez nombreuses, el autres Champignons qui vivent sur les Lichens, non plus qu'avec plusieurs des petits Lichens parasites que j'ai décrits plus haut, ont été certainement observés depuis longtemps par beaucoup de lichénographes ; mais comme leur étude réclamait l'emploi de microscopes assez puissants, leur structure et leur valeur n'ont point été convenablement appréciées jusqu'en ces derniers temps. ; Ils sont compris dans ce que M. Fries désignait sous le nom. d'anamorphoses des apothécies, et spécialement dans cette caté- sorie de prétendues transformations qui donnaient, suivant lui ,. aux Lichens gymnocarpes l'aspect propre aux Lichens angiocarpes (status angiocarpi Lichenum gymnocarporum) , et faisaient , par exemple, de certains Parmelia des Endocarpon, de quelques 9 130—151 * L.-R. TULASNE. Porina des Sagedia, ou métamorphosaient plusieurs Lécidées en Verrucaires ou Pyrénules. (Voy. Fries, Lich. ref.,p. 1xxv.) Ce sont ces mémes organes qui , répandus à profusion sur certains échantillons de diverses Parmélies, telles que les P. conspersa, ca- perata, physodes, encausta, etc. , lesfont qualifier de nigro-punctata, et sont considérés par M. Fries comme des apothécies avortées (loc. sup. cit., not. 10), tandis que d'autres auteurs, et M. Wall- roth en particulier, les ont pris pour des Sphéries (Sphæriæ epi- -blastematice varie Wallr. ; Spheria Lichenum Rebent. ), ou pour les fructifications d'un Ændocarpon parasite et privé de thalle (Endocarpon athallum Spreng. , N. Entd., Y. 217) (1). On ne saurait douter, en effet, que quelques unes des ponc- tuations noires dont il s'agit n'aient été souvent regardées comme des espèces particulières de Lichens , et décrites surtout sous les noms de Pyrenothea (Fries) et de T'hrombium (Wallroth). M. de Flotow, qui a publié l'an passé d'intéressantes études microscopiques sur les Lichens, dit de ces Pyrenothea et T'hrom-. bium que ce sont tous des Lichens infimes dont le thalle, sans couches distinctes , est hypophléode ou vit sur des pierres et des bois dépouillés de leur écorce ; leurs apothécies sont des périthéces carbonacés ou membraneux, dont le nucleus, privé de thèques et de paraphyses, ne renferme que des sporidies ( Link ) atomiques innombrables, souvent rejetées au dehors sous la forme d'un glo- bule blanchátre ou faiblement coloré. On a surtout vu naître de telles productions des Lecidea, Diatora, Opegrapha, Arthonia et J’errucaria, et M. de Flotow qualifie de pyrenodes les indivi- dus de ces divers genres qui les présentent. Il y a cependant, ajoute cet auteur, plusieurs Pyrenothea, tels que le P. stictica, le D. incrustans , et d'autres que M. Wallroth a fait connaitre sous le nom de T'hrombium, dont l'origine est obscure, si tant est qu'ils procèdent de Lichens d'un ordre plus élevé ; et comme il ne parait point absolument démontré à M. de Flotow que les Pyrenothea soient, toujours des formes secondaires, ou qu'elles ne (1) Voy. Fries, Lich. europ. ref., Introd., p. txxv et 1xxvi, et Wallroth, Flora erypt. Germ., p. prior, p. 490, 498 et passim (inter Licugxzs). MÉMOIRE SUR LES LICHENS. à 155—131 puissent jamais être des espèces végétales complètes sut generis, ce lichénographe estime que le genre Pyrenothea a encore sa raison d’être. Il en exclut seulement les espèces qui, comme les Pyrenothea leucocephala Fr. et P. lilacina Stenh. (in Fries, Lich. Suec. exsicc. , n° 272 ), ont été trouvés avec des scutelles disci- formes , et dont il tient conséquemment les formes pyrénodiques pour des états abortifs. (Voy. Klotow, én Bot. Zeit., t. VIII, p. 557 et 558, 25 juillet 1850). A notre sens, le genre Pyrenothea, tel que le dé(init M. de Flotow, est destiné à subir le méme sort que le genre F’ariolaria, dont on ne saurait plus aujourd'hui tenir les espèces pour légi- times , après les judicieuses remarques de MM. Wallroth (5) et Fries à leur sujet (2). C'est ainsi que, parmi les Champignons, les Sclerotium , défendus encore par quelques mycologues , fini- ront par étre tous rangés, à mesure qu'ils seront mieux étudiés, au nombre des organes de la végétation d'espéces connues seu- lement jusqu'ici dans leur appareil reproducteur. Mais si l'on veut citer dans la classe des Champignons des genres compléte- ment analogues aux Pyrenothea, il'faut désigner lesCytispora, les Melasmia, les Phylloshcta, les Polystigma privés de théques, les- Phoma (saltem pro parte), et une foule d'autres productions qui, d'après notre manière de voir (3) récemment confirmée , par- tiellement du moins, par les recherches de MM. Berkeley et Broome ( voy. Hook. Journ. of Bot. and Kew Gard. miscell., t. IT [cahier 35, novembre 1851], p. 319, pl. 1x et x), appar- tiennent à des espèces végétales composées au moins de deux termes , et conséquemment ne les représentent pas tout entières. Quelques mois avant la publication des observations précitées de M. de Flotow, un de ses compatriotes, M. Hermann Itzigsohn,. rencontrant sur lethalle du Lichen ciliaris Linn. les ponctuations- noires dont il s'agit, ne put s'empécher d'y reconnaitre les anthé- Voy. sa Fl. erypt. Germ., t. EL, p. 314-316. Voy. Fries, Lich. europ. ref., p. 421 etsuiv., et Elench. Fung., t. IL, p. 8f. 182 156 - L.-R. TULASNE. ridies des Lichens. « Dans l'état actuel de la physiologie, écrivait- il, aucun organe ne mérite le nom d'anthéridie, s'il ne renferme dans son sein des spermatozoïdes ; » et ce fut d’après ce crite- rium qu'il qualifia l'objet de sa découverte. Il y a vu, en effet, des animalcules entièrement semblables à ceux des Polytrics ou des Marchantia, et. qui, un quart d'heure aprés être sortis de leur conceptacle , se mouvaient dans l'eau avec agilité ; cepen- dant il ne voulut d'abord rien dire de la structure intime et de la genèse de ces anthéridies (voy. la Bot. Zeit., t. VIH, p. 393-394 ; 17 mai 1850). Postérieurement, M. Itzigsohn a fait savoir que M. Kützing avait inutilement cherché à se rendre té- moin du mouvement vital des corpuscules contenus dans les or- ganes ponctiformes en question, mais que M. Rabenhorst, après des essais infructueux, avait fini par se convaincre de la réalité de ce mouvement (voy. la Dot. Zeit., t. VI, p. 913; et t. IN, p. 153-154 [21 fév. 1851] ). Dans la seconde de ses communications à la Gazette botanique de Berlin, M. Itzigsohn explique comment il conçoit l'organisa- tion des anthéridies du Borrera ciliaris. A ne faut point, dit-il,les assimiler entièrement aux anthéridies des Chara ou des Mousses ; ce ne sont pas à proprement parler des organes clos , mais des sortes de protubérances de la couche corticale du Lichen , sous lesquelles se sont rassemblés d'innombrables spermatozoides. Ceux-ci s'engendrent trés probablement dans des cellules lenti - culaires placées au-dessous des couches superficielles du thalle , au milieu, sans doute, du parenchyme coloré en vert; et peut- être que tous les éléments de ce méme parenchyme sont appelés en certains cas à produire des spermatozoïdes. Ges derniers, en outre, ne se montrent ce qu'ils sont, ne manifestent toute leur vitalité, qu'aprés plusieurs Jours de macération du Lichen dans l'eau; pendant cette immersion prolongée, ils grandissent, et viennent former une couche brillante à la surface du liquide ; les rayons du soleil dirigés sur eux, aussi bien que l'action d'une chaleur artificielle, activent leurs mouvements. (Voy. la Bof. Zeil., t. VIIL, p. 917-019; 97 déc: 4850.) | MÉMOIRE SUR LES LICIIENS. 157 —1395 J'ai déjà dit ailleurs (1) qu'aprés un examen attentif des cor- puscules dont il s'agit, il m'avait été impossible de les voir s'agiter autrement que d'un mouvement moléculaire ou brownien, et que l'organe qui les contient ne m'avait offert aucune structure com- parable à celle des anthéridies des Cryptogames supérieures. C’est pour ce double motif qu'il m'a semblé inexact ou téméraire de qualifier d'anthéridie la part en question de l'appareil repro- ducteur des Lichens , et j'ai été conduit à proposer les mots spermogonie (spermogonia) et spermaties (spermatia) pour désigner par le premier l'organe ponctiforme en lui-méme, et par le se- cond les corpuscules qu'il dissémine. : La présence de ces spermogonies sur le thalle de presque tous les Lichens, leur aspect particulier, la structure assez variée qu'elles présentent, s'opposent tout à fait à ce qu'on les tienne aujourd'hui pour des organes accidentels et sans importance , pour des apothécies avortées, des parasites d'une nature quel- conque , ou des Lichens sui generis ; de facon que si M. ltzigsohn nous semble s'étre mépris sur la structure de ces organes, on doit d'un autre côté lui accorder d’être le premier peut-être (2), parmi les botanistes de ce temps, qui ait convenablement appré- cié leur valeur, quand il a supposé qu'ils correspondent par leur rôle et leurs fonctions aux anthéridies des Hépatiques et des Mousses. Toutefois, en rendant cette justice à M. Itzigsohn, on ne peut s'empécher de faire remarquer que Dillen, il y a plus d’un siècle, avait constaté l'existence dans le Borrera ciliaris Ach. des tuber- cules noirs, sur lesquels l'attention vient d'étre attirée de nouveau (voyez son Hist. Musc. [A7 |, p. 150, tab. XX, fig. 45 B,C), et que Hedwig, en l'année 1764, voyait dans les mêmes corps l’une des formes de l'appareil du sexe masculin chez les Lichens (flores (1) Voy. les Comptes rendus de l Acad. des se., séance du 24 mars 4851. (2) Je m'exprime ainsi avec doute, parce qu'il se pourrait que M. Itzigsohn eut été devance par M. Link. (Voy. Schleid., Grundz. der wiss. Bot., 3° édit., t. IE, p. 45, et la première communication de M. Itzigsohn à la Gasette bota- nique de Berlin sur les anthéridies des Lichens.) oh —155 L.-R. TULASNE. masculi Hedw.). Ce dernier auteur en parle dans ces termes : « ses Apparet distinctus sub vertice loculus, modo simplex, modo quasi duplicatus , granulosa massa refertus. Quamprimum vero summilas hujus protuberantig nigricans punctum accipit. (quod omnino emissarium intus contentorum est), evanuit granulosa. massa , ejusque loco quas? gelalinosi quid. inest. Quod. tamen. aein etiam corrumpilur et disparet, cum nigredine et induratione tolius tubercult. » Puis il ajoute plus loin : « Crediderim sane neminem , nisi prajudicüs occœæcalum, fore qui, cunctis rite perpensis, ver- rucis nigro punctulo notatis masculum..... munus non adjudicet. » Hedwig a été moins bien inspiré en assimilant à ces tubercules noirs du Lichen ciliaris les petits amas pulvérulents, qu'on a de- puis désignés par le nom de sorédies, et dont chaque cellule serait, suivant lui, un spermalo-cystidium ; cette assimilation lui fit révoqueren doute le résultat des expériences dans lesquelles Micheli aurait vu sortir de nouvelles plantes de cette poussiére sorédique (farina Mich. ; Hedw.), résultat qu'il explique, en supposant que , à l'insu de l'illustre Florentin, des spores véri- tables se trouvaient mélées à la poussière en question. (Voy. Hedw., T'heor. generat. et fructif. pl. crypt., p. 120 et suiv., pl. XXX et XXXI.) Acharius a cru ne devoir admettre aucune des opinions émises par Hedwig au sujet des Lichens, dans le livre célébre que nous venons de citer : « F'ateor, écrit-il, miht in structuram organorum huic operi (fæcundationt) ut videbantur et ab Hedwigio aliisque putabantur inservientium inquirenti, haud. contigisse mascularum v. femancarum partium , nedum fructus veri , vel ulla certiora vestigia. apud LicuwEs detegere... ; quod. detegere potui... me do- cuil parles illas quas pro organis masculis vw. fructu habuerunt aliqui, propagationt LicugNUM quamvis inservientes, neque ila intus. formatas nec alio quocumque respectu adeo comparalas ut pro talibus tuto haberi queant. » (Ach., Lichen. univ., p. 2.) M met les petits tubercules noirs du Lichen. eiliaris au nombre des Cephalodia (Op. cit., p. à et 497) (1), c'est-à-dire qu'il les re- (1) Le Lichen ciliaris chargé de spermogonies est dislingué par Acharius en MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 159—135 garde comme des sortes d'apothécies accessoires {apolhecia acces - soria, secundaria , inferioris ordinis) remplies de gongyles : « (quorum) substantia solidiuscula subgelatinosa gongylos in mas- sulas congestos continet. » (Op. cit., p. 95, tab. IX, fig. 6, 47.) Si Hedwig s'était mépris en confondant les spermogonies du Bor- rera ciliaris Ach. avec les sorédies des autres Lichens, on voit qu'Acharius, son critique, n'est pas tombé dans une moindre erreur au sujet des mémes organes ; car, sous la dénomination commune d'apothecia accessoria (nec spuria tamen), il a réuni les choses les plus dissemblables tant pour l'organisation que pour les fonctions physiologiques (2). M. Itzigsohn a surtout parlé des spermogonies du Borrera ci- liaris Ach.; il a vu aussi celles du Cladonia alcicornis Ach. (3). Je dirai pareillement quelques mots de ces deux Lichens , et je commencerai par le premier l’énuméralion des espèces que j'ai examinées sous le méme rapport. ces termes : « Zorrera ciliaris y melanosticta Ach. ; laciniis... punctis elevatis ni- gris adspersis Dill.: Hist. Musc., tab. xx, f. 49 B, C.... Puncla nigra cephalodia sul.... » (Op. cit., p. 497.) ! (2) Acharius avait antérieurement, dans sa Methodus Lichenum , conjecturé que S'il y a lieu d'admettre quelque phénomène fécondateur chez les Lichens, il doit avoir pour siége le sein méme du thalle; il dit à ce sujet : « Fœcundatione intra substantiam et superficiem thalli peracta,... sensim increscunt... apoLhe— cia, elc.; » et ailleurs : « ... potius concederemus nuptias LicugNUuM, more aphro- diLicarum, clam celebrari per organa. apta masculine et feminina intra substantiam ipsam thalli inque ipso momento quando formari incipiunt apothecia... (Vov. Me- thod. Lich., p. 1x et xxr.) Malgré ses doutes sur la sexualité des Lichens, il soup- connait entre les sporæ et les propagula (sorediorum elementa) une notable diffé— rence : Pularem, écrivait-il, propagula ad multiplicationem thalli unice conducere, sporas vero originem et thallo et-apotheciis simul prebere, vel his lantum...; hinc concludere possumus duplicem forte propagandi facullatem , per sporas DW el per propagula, LicnExisUs concessam esse. » (Method. Lichen., p. xxi.) «(3) Voy. sa première note, dans la Bot. Zeit., t. VIII, p. 393. 136 — 160 LR. FULASNE, |I. — Borrere. Rien de plus facile que de reconnaitre la présence des sper- mogonies du Borrera ciliaris Ach. (Moug. et Nestl., Stirp. J^0g.- Rhen. , n° 654 [1] ) dans les individus qui en possèdent. Ce sont des tubercules trés saillants, arrondis et obtus, répandus jusque sur les plus étroites divisions du thalle, principalement vers leur partie supérieure ; ils sont sessiles, habituellement distincts les uns des autres, bruns ou noirátres, surtout au sommet, et les plus gros atteignent environ 1 millimètre en diamètre (2). Examinés sous la loupe, la plupart présentent supérieurement des pores ou des crevasses irrégulières. Ils sont formés à l'intérieur d'une substance grisätre cornée et dense, dont on obtient aisément des lamelles très minces, Par des coupes pratiquées en divers sens, et en s'aidant du microscope composé , on reconnait que leur organisation con- siste surtout en un système de filaments courts (c'est-à-dire longs de 3 à 5 centiémes de millimètre), étroits (leur largeur dépassant à peine 0"",00/), obtus, droits, pleins et obscurément articulés. Ces filaments, basides ou stérigmates (3) (mænnliche Prosphysen (4) Desmaz., Plant. crypt. de Fr., 2° édit., 1. IX, n^ 423. (2) Ces corps ont été regardés par Rebentisch comme appartenant à une Sphé- rie, et décrits par lui sous le nom de Sphæria Lichenum Rebent. en ces termes : « SPHÆRIA LICHENUM, simplex, sparsa, nigro-fusca, ostiolo subperforata.—JIn Par- melia ciliari.— Omni tempore, —Spherulc foliis laciniisque immersæ, minulissime, nigro-fuscæ v. nigri, poro impressæ aut perforata. » (Voy. J. Fr. Rebent., Pro- drom. Flore neomarch. | Berol., 1804], p. 339, n° 1152. ) M. Fries tient ce Sphæria Lichenum Rebent. pour un lichenosum productum ( Syst. myc., Ind., p. 468 [t. III]). C'est, dit-il ailleurs, un Endotarpon athallum , un végétal sans antonomie. (Jbid., t. IT, p 527.) (3) Cette dernière expression, qui signifie support, soutien (cezrypa), a déjà été employée par M. Corda pour désigner les filets déliés plus ou moins longs - qui servent comme de pédicelles aux spores des Agaricinées ; mais elle pourrait à aussi bon droit étre utilisée dans la description du tissu fertile des spermo- gonies. Elle serait. en tout cas, préférable au mot prosphyses, que M. Bay- rhoffer a cru devoir emprunter à la langue d'Hedwig et d'Ehrhart, en étendan le sens que ces auteurs lui accordaient; c'est un terme qui na jamais été for heureusement emplové, car il voudrait dire proprement. adhérence , connexion (cirque). , (] MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 161—137 Bayrhoff. ), libres entre eux, sont implantés sur les parois internes de là spermogonie qui sont flexueuses, et circonscrivent des sinus multipliés où s'accumulent les innombrables spermaties nées laté- ralement des filaments pariétaux. Ces spermaties sont des cor- puscules cylindriques , obtus aux deux bouts, droits, longs de 0®*,004 (sous un diamètre qu'on peut évaluer cinq fois moindre), blancs , trés transparents , et agités dans l'eau d'un mouvement moléculaire. (Voy. pl. H, fig. 17, s.) De méme qu'on rencontre trés fréquemment des individus sté- riles du Borrera tenella Ach. (Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 2*édit., t. IX, n°424 ; Moug. et Nestl., Stirp. erypt. P og.-hhen., t. V, n° 450), de méme aussi ceux qui présentent des spermogonies sont-ils plus rares que dans l'espéce précédente. Cesorganes y sont épars et indiqués par un tubercule trés noir de inoindre volume, obtus et trés saillant ; mais ils offrent dans leur substance d'un gris noirâtre la méme structure pluricellulaire. Les spermaties sont également droites, et atteignent à peine à millièmes de millimètre en longueur. Ces corpuscules, unis au mucilage exsudé par la spermogonie, en sortent sous la forme d’une sorte de gomme transparente qui recouvre l'orifice du petit appareil. 2. — Parmeliæ. Quelques auteurs (1) regardent le Lichen précédent comme une forme particulière du Parmelia stellaris Ach. { Moug. et Nestl., op. cit., n° 163), qui se reconnait à son thalle plus intimement appliqué au corps qui le porte , et dépourvu de cils ou d'appendices marginaux linéaires, longs et divergents. On rencontre assez rarement des spermogonies (2) sur cette espèce ; mais le Parmelia aipolia Ach., qui est aussi regardé comme une de ses manières d’être, en offre fréquemment..Ce dernier Lichen, (4) Voy. Fries, Lich. europ. ref., p. 82. (2) Ces spermogonies ne différent pas , que je sache, de celles du Parmelia cæsia Ach., qui ont été décrites par K. Sprengel comme un végétal particulier sous le nom d'Endocarpon athallon Spreng. ( Voy. ses Neue Entdeck. in ganz, Umfange der Pflanzenk., I'" Band [Leipzig, 1820], p. 247, n° 13.) 10 138—162 | LR. TULASNE. qui est parliculièrement corticicole, possède un thalle générale- ment plus étendu, beaucoup moins lacinié, et d'une teinte glauque particulière. Les spermogonies y sont solitaires, ou groupées trois à cinq ensemble vers le milieu des lobes; on dirait, à les voir sous une loupe de 5 lignes de foyer, que ce sont autant de sphéries | parasites dont les ostioles obtus feraient seuls saillie hors du thalle ; leur couleur extérieure d’un noir foncé et la nature crustacée de leurs parois (qui grisâtres d'abord finissent aussi pas noircir) ajoutent d'ailleurs à la similitude. Le tissu qui les remplit n'offre cependant pas une structure autre que. celle décrite plus haut dans le Borrera tenella ; il est de même composé d'éléments extré- mement ténus et pressés, Les spermaties y sont plongées dans un mucus incolore et avide d'eau ; elles sont droites et longues de 3 à 4 millièmes de millimètre. Le diamètre de la spermogonie elle-même est d'environ 1/5 de millimètre. (Voy. pl. I, fig. 8 s,s, 9 et 10.) J'ai pareillement étudié les spermogonies ^ dn iced vat thriæ Ach. ( P. obscura B Fries, Lich. ref., p. 85) (1), qui n'est pas sans analogies avec les Lichens précédents à cause des longs cils noirs qui bordent son thalle, etse voient méme au-dessous de l'eccipulum de ses scutelles. Ces spermogonies sont de petits tu- bercules charnus d'un brun pâle, obtus, isolés, et épars cà et là sur la partie moyenne des divisions de la fronde ; leur substance in- terne estblanche, solide, et creusée de plusieurs logettes sinueuses exactement comme celle des spermogonies des Borrera précé- demment cités. L'appareil générateur des spermaties y a la méme structure, mais ces derniers corpuscules sont presque ovoides et trés courts, caril m'a semblé que leur longueur atteignait à peine 0"".0025. On constate aisément qu'ils sont plongés dans un mucilage incolore fort abondant et d'une parfaite transparence. Le nombre des espéces de Parmelia sur le thalle desquelles j'ai reconnu la présence des spermogonies est trop considérable pour que je fasse ici de chacune d'elles une mention particu- lière ; cependant je citerai encore quelques unes de celles où ces organes sont le plus abondants ou le plus faciles à observer. (^) Moug. et Nestl., Stirp. crypt. Vog.-Rhen., t. V, n° 448. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 165—139 Parmi les Lichens qui croissent aux environs de Paris, l'un des plus vulgaires est le Parmelia pulverulenta Ach. ( Moug. et . Nestl., Crypt. J^ og.-Rhen., t. Y, n° 62), et j'en parlerai pour ce motif. Quand on l'observe sous une loupe, on voit cà et ]à, vers le milieu des lobes de son thalle, de petits cônes couverts d’une poussière blanche (la plante étant sèche ), et ouverts par un pore étoilé et rosé, ou bien des tübercules pruineux de grosseurs diverses et plus ou moins crévassés au sommet. Ceux-ci résultent de l'association de plusieurs spermogonies ; les cónes, au con- traire, sont ces organes isolés. Les uns et les autres sont formés d'une matière blanche, hygrométrique, compacte et solide , dont on obtient facilement des tranches trés minces dans tous les sens. Ge genre de dissection y fait voir de nombreuses logettes ou ca- vités sinueuses , fort analogues à celles que présentent les sper- mogonies des Borrera, et dont les parois sont aussi tapissées par les petits filaments générateurs des spermaties. Celles-ci, qui sont linéaires, droites et longues de 5. à 6 millièmes de milli- mètre, troublent aussitôt, par leur multitude innombrable , la goutte d'eau dans laquelle a été placée la parcelle observée au microscope. De méme que les spermogonies des Borrera , celles du Parmelia dont il s'agit n’ont point habituellement de parois colorées. | Les spermogonies du Parmelia .4cetabulum Vries (Desmaz. , Crypt. de Fr., 2 édit., t. XXXII, n° 1587 ; P. corrugata Ach. : Moug. et Nestl., op. cit.,.n* 256), sont de trés petits tubercules noirs et obtus, souvent répandus très abondamment jusque sur les plus petites folioles ou divisions du thalle, et ce sont elles, très vraisemblablement, que M. Wallroth a vues et prises pour une Sphæria epiblastematica (4). Quand il est humide, le thalle me- sure. environ 1/5 de millimétre en épaisseur, et sur ses deux faces il présente une couche de cellules polyédriques arrondies trés cohérentes entre elles et à parois endurcies. Entre ces deux , zones épidermiques, dont l'épaisseur à peu prés égale varie entre (1) Voy. la Fl. erypt. Germ., t. E, p. 504. ( « Phyllis [ varietatis Parm. cor- rugatæ quce tephrophænæ dieitur | ex Spheria epiblastematica punctiformi in- sculpla cinerascentibus, » ) 140—164 L.-R. TULASNE. 16 et 2 millièmes de millimètre, s'étend le tissu médullaire qui est blanc et rempli d'air, puis la couche des gonidies. Les sper- mogonies, quand on en fait la coupe verticale, s'étendent presque d'un épiderme à l'autre, elles sont ovales-globuleuses et rare- ment de forme moins réguliére. Une enveloppe corticale d'un tissu corné, tout à fait analogue à celui de l'épiderme du Lichen, circonscrit leur cavité qui est simple, et ouverte par un pore im- perceptible à la surface du thalle. De leur paroi interne s'éléve une infinité de petits rameaux cloisonnés qui convergent tous vers le sommet de l'organe, et produisent de l'extrémité de chacun de leurs articles des spermaties solitaires. Celles-ci qui s 'accamulent vers l'ostiole, et les rameaux qui les ont produites, sont plongés dans un mucilage d'une transparence parfaite , et se colorent en jaune brun dans la teinture aqueuse d'iode. D'ailleurs les sper- maties sont linéaires, droites, et longues de 3 à 5 millièmes de millimètre ; leur diamètre transversal est tel qu'on ne saurait l'apprécier exactement. Quoique habituellement plus clair-semées que bellbs du Lichen précédent, lesspermogonies du Parmelia tiliacea Ach. (Imbricaria quercina DC. ) (1) sont aussi extrêmement faciles à reconnaitre. Ce sont de méme extérieurement des ponctuations noires éparses, ou plus souvent groupées sur les lobes du thalle; leur section y montre un tissu dense, grisátre et trés hygrométrique. En les analysant avec soin, on leur reconnait exactement la structure que nous venons de décrire dans le P. Acetabulum ; leur cavité est simple, et les ramuscules, qui les remplissent en très grande partie, ont 5 à 6 centièmes de millimètre de hauteur, avec un diamètre qui dépassé à peine à millièmes de millimètre. Ces sortes de petits filaments sont formés de cinq ou six articles linéaires et solides, du sommet desquels, et souvent d'un seul côté, naissent les spermaties. Celles-ci sont droites, et j'en ai mesuré qui, étant en- core fixées à leur cellule génératrice, avaient environ 13 à 16 mil- liémes de millimétre, mais elles devaient, sans doute, se partager plus tard en deux ; car les spermaties libres n'ont guère plus de 8 à (^) Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. V, n°445, MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 165—141 10 millièmes de millimètre de longueur. Quand la spermogonie est adulte et farcie de spermaties, on peut, à cause de la solidité de ses parois, l'énucléer tout entière à l'aide d'une aiguille ; cette petite opération est surtout facile lorsqu'elle a vieilli, car sa cavité s’oblitère tout à fait, et elle se transforme en une petite sphère d'un tissu corné et de couleur rouge bai; on y chercherait vainement alors la moindre trace de spermaties. Je n'ai vu dans tout cet appareil, à quelque époque que je l'aie exa- miné , rien qui puisse donner à penser , comme le veut M. Bay- rhoffer, qu'il doit engendrer une scutelle. On peut d'ailleurs s'as- surer directement que les apothécies ne procèdent en aucune maniére des spermogonies , lesquelles ne sont nullement distri- buées sur le thalle de facon à rendre cette supposition probable. Alors qu'avant la formation de la lame proligére, le tissu solide et homogène de l'Aypothecium est encore complétement enveloppé par la couche épidermique du thalle, et constitue à lui seul la jeune scutelle qui n'est qu'un tubercule déprimé et parfaitement clos, celui-ci, eu égard à son volume, devrait occuper la place de plusieurs spermogonies, et l'on ne trouve absolument rien dans son sein qui rappelle la structure de ces organes (1). (4) C'est en effet ici le lieu de faire remarquer que M. Bayrhoffer qualifie d'an- théridies anamorphosées les petits appareils que nous venons de décrire , c'est- a-dire ce que nous regardons comme des spermogonies parfaitement normales. Cet auteur suppose que les anthéridies réguliérement organisées précédent dans le plus grand nombre des cas, et engendrent, en quelque facon, les apothécies ; que les appareils des deux sexes se confondent à une certaine époque de leur développement, et tirent leur commune origine d'un méme point du thalle. Tl n'en serait différemment que chez les Lichens monoiques ou dioiques qui paraitraient devoir étre bien moins nombreux que les Lichens hermaphrodites , dont le Par- melia tiliacea est donné comme le type. Ainsi dans cette dernière classe de Li- chens, ce sont, suivant M. Bayrhoffer, les prosphyses máles (stérigmates, basides) qui, après avoir produit les androspores ( spermaties ), se soudent et s'associent pour constituer la Spermateka ou la couche la plus inférieure de l'hypothéce , tandis quela région supérieure de cette zone sous-hyméniale ou le Schlauchboden devra sa formation aux gonidies femelles ( weibliche Gonidien), que M. Bayrhoffer sait distinguer d'autres gonidies qu'il dit étre du sexe masculin. J'avoue qu'à part quelques Verrucaria où j'ai cru rencontrer à la fois des thèques fertiles et des spermaties dans le méme conceptacle ou périthèce, il m'a toujours été impossible Pu e WIS. 1) EN = 142—106 _ LR, TULASNE. | Le Parmelia conspersa Ach. (Moug. et Nestl., Stirp. Fog.- Rhen., n* 460) pourrait devoir son nom à l'innombrable quan- tité de points noirs, c'est-à-dire de spermogonies dont il est émaillé ; ces organes sont d'ailleurs d'un trés petit volume, gris à l'intérieur, globuleux et à cavité simple comme dans les Parmé- lies précédentes ; les spermaties qui sont droites, et en quantité immense dans chaque spermogonie, ne dépassent guère 0"",0035. de trouver dans les scutelles des plus jeunes des autres Lichens la moindre trace de l'organisation propre aux spermogonies. D'un autre cóté, je n'ai jamais vu ces derniers organes, du moins ceux que je décris sous ce nom , devenir des apo- thécies , et M. Bayrholfer ne l'a pasvu davantage puisqu'il les suppose anomales ( amamorphotische Antheridien), c'est-à-dire non susceptibles de transformation en organes sporophores. Il faut dire à ce sujet que le travail de M. Dayrhoffer sur les Lichens a été, ' dans le Journal botanique de Ratisbonne , l'objet de critiques dont on ne saurait méconnaitre la justesse. « Nous accordons volontiers, dit l'auteur anonyme de ces critiques, que M. Bayrhoffer ait fait preuve de talent et de capacité dans l'ex- position des idées qu'il s'est formées de la fécondation et de la fructification des Lichens; cependant nous ne pouvons ne pas conserver quelques doutes, soit sur l'existence réelle de plusieurs des organes qu'il a décrits, soit sur les fonctions qu'il leur assigne. La présence dans le thalle de gonidies mâles et de gonidies . femelles, le concours nécessaire de trois des premières avec trois des secondes pour. la formation d'une apothécie , la qualité masculine et fécondatrice des an- drospores, ainsi que toute l'histoire de la fécondation, sont autant de choses qui manquent de preuves et ne s'appuient sur aucune observalion ou expérience di- recte; ce qu'en dit M. Bayrhoffer, si vraisemblable et si bien conçu que ce soit, ne repose manifestement que sur des conjectures, de pures imaginations , et ne saurait faire autorité dans la science. » Plus loin on ajoute : « La division des Lichens en hermaphrodites, monoiques et dioiques, n'est vraiment pas recevable ; car, quant aux deux premières catégories, c’est à peine si leur distinction, fondée sur la différence de volume entre les gonidies màles et les gonidies femelles (à supposer que celles-ci existent réellement), mérite d’être examinée ; et ce qui est affirmé des Lichens dioiques éveille peut-étre autant de doutes dans l'esprit que la nature notoirement problématique des espèces (v. gr. Pyrenolhec, Cliostomum, Lecidea Ehrhartiana) désignées comme telles. » (Voy. la Flora, ann. 1852, n° 4 [7 janvier ], p. 44 et 15.) M. Bayrhoffer, dans la réponse toute récente qu'il a faite à ces critiques, n'en atténue, ce me semble, aucunement la portée ; il répète que ses observations microscopiques l'ont parfaitement convaincu de l'existence d'une fécondation chez les Lichens , et annonce que ces végélaux peuvent, au point de vue de la sexualité, se partager en deux groupes princi - MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 167—143 en longueur. ll arrive parfois dans ce Lichen que la scutelle se développe sans Aymentum ; c'est alors une sorte de réceptacle vert entièrement de la nature du thalle et sur le disque duquel les spermogonies naissent aussi bien que sur les autres points du Lichen. Eu égard au grand nombre de spermogonies, dont ils sont habituellement pourvus, les Parmelia physodes Ach. (Desmaz., Pl. erypt. de Fr., 2 édit., t. XXVI, n» 1288) et P. encausta paux. Chez les uns ( wunterschlechtige Lichenen ), les organes du sexe mâle sont placés à la base de l'apothéc ie (ex. c. Parmelie); chez les autres (qualifiés pour ce motif d'oberschlæchtige), ils prennent naissance à son sommet (v. gr. Pertusa- rie, Thelotremata , Verrucariæ et Calicia pro parte). Dans les deux groupes, l'ap- pareil mascülin varie peu quant aux prosphyses et aux androspores ; mais il pré- sente en son développement certaines dissemblances que l'auteur fait connaitre. L'histoire des anthéridies se complique encore ici de nouvelles observations. M. Bayrhoffer distinguedans les modifications qu'il leur suppose pouvoir subir, des anamorphoses féminines et des anamorphoses masculines (weibliche u. menn- liche anamorpholische Antheridien). Les premiéres, dont les Pertusaires , les Verrucaires , les Calicium et autres Lichens offrent des exemples , « consistent en un Aypothecium (Schlauchboden), duquel naissent des spores stériles ou gyni- spores (Gyncsporen) ; la partie supérieure de ces anthéridies féminines est entié- rement vide, et l'on n'y voit aucune trace d'hypothéce inférieur (Spermatheka.). Les anamorphoses masculines des anthéridies du Parmelia tiliacea (et autres Lichens du même groupe), lesquelles ne se rencontrent que vers le milieu du thalle, là où il n'existe plus aucune gonidie femelle, ne différent en rien des prétendues apothécies des Pyrenothea , pour la forme et la nature tant des pros- physes que des androspores; mais un examen superficiel , qui n'a méme point besoin d'interroger la structure intérieure, suffit pour les faire distinguer des vraies anthéridies qui sont toujours closes, tandis qu'elles sont, elles , constam- ment ouvertes, comme l'est une Verrucaire trouée. » Ces nouvelles remarques de M. Bayrhoffer font beaucoup regretter qu'il n'ait point ajouté à son mémoire sur les Lichens, comme il dit en avoir eu quelque temps l'intention, un chapitre spécial relatif aux anamorphoses des anthéridies et des apothécies; mais elles prouvent que cet auteur croit encore plus que par le passé à l'union originelle et nécessaire de l'appareil de la masculinité avec l'apothécie chez la plupart des Lichens. ( Voy. la Flora, ann. 4852, n° xi (21 mars], p. 173-176.) On peut lire dans la Botanische Zeitung , 1x° ann., cah. 46 ( 14 novembre, 1851), p. 814, et x* ann., cahiers 9 et 10 (27 févr. et 5 mars 1852), p. 158 et 173, des appréciations du mémoire de M. Bayrhoffer, peu différentes de celles du collaborateur anonyme de la Flora. 144 —168 L.-R. TULASNE. ejusd. (4) peuvent être comparés au P. conspersa dont il vient d’être question. M. Wallroth ne fait de ces deux Lichens qu'une seule espèce sous le nom de Parmelia ceratophylla Wallr. , et re- garde les points noirs répandus sur leur fronde comme une Sphé- rie parasite (Spheria epiblastematica) , qui serait, suivant lui, le Spheria Lichenum Rebent, ou V Endocarpon athallwm Spreng. ; toutefois il qualifie de monstra stigmatea les individus qui sont particulièrement munis des ponctuations dont il s'agit. L'examen attentif de celles-ci montre que ce ne sont pas plus des Sphéries que dans les autres Lichens , et que leur organisation est celle ordinaire aux spermogonies unicellulaires. Forme sphérique : parois crustacées , d'abord grisátres, puis partout d'un noir pro- fond ; tissu intérieur brunátre, uni à un mucilage abondant; spermaties linéaires droites, d'environ 0"",0065 de longueur : tels sont les caractéres principaux que ces spermogonies pré- sentent. On les voit accumulées en grand nombre sur la partie moyenne des lobes du thalle, où chacune d'elles ne fait qu'une saillie imperceptible, et sous la loupe on reconnaît facilement aux plus âgées un ostiole largement ouvert , par lequel elles se sont vidées de tout leur contenu. A l'aide d'une aiguille, on isole sans peine les périthéces endurcis de ces vieilles spermogonies , mais on n'y trouve plus de spermaties. On peut voir dans la planche H (fig. 18-23) l'analyse de ces organes. Quand, sous une loupe de 4 ou 5 lignes de foyer, on examine attentivement le thalle du Parmelia parietina Ach. (Desmaz., Crypt. de Fr., 2* éd., t. XXVI, n° 1289), distendu par l'humi- dité, on découvre vers sa périphérie, éparses ou rapprochées par petits groupes , des tubérosités faiblement saillantes de 1/10 de millimétre de diamétre environ, et que distingue en général une teinte assez vive de jaune orangé : ce sont là les spermogonies du Lichen (voy. pl. I, fig. 1, s,s). En ces points, la mince cuticule jaune du Lichen ne recouvre pas de gonidies; elle est percée d'un pore de 3/100 de millimètre de diamètre, et au-dessous d'elles'est accru un corps sphérique, dont le tissu transparent qui repose (4) Desmaz., op. cit., t. XXXII, n° 1593. C'est le Parmelia ceratophylla, var. multipuncta Schær., Enum. crit. Lich, europ., p. 42. | MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 469—115 immédiatement sur la couche médallaire du thalle, se compose de fines cellules cubiques associées en filaments courts, rameux et très irréguliers, Chacun des articles de ces filaments a d’abord de minces parois ; mais ils finissent plus tard par devenir presque solides, à raison de l'épaississement de celles-ci; ils donnent naissance extérieurement à des spermaties, qui ont à peu prés la forme et les dimensions de celles du Parmelia aipolia Ach., et s’amassent non seulement dans le centre de la spermogonie , mais encore dans tous les interstices que les éléments de son tissu laissent libres. entre eux. En pressant modérément sous l'eau cet appareil reproducteur, on en fait sortir par son pore ter- minal , et sous la forme d'un long cirrhe qui se contourne diver- sement, un mueus incolore qui agglutine d'innombrables sper- maties. Ge mucilage n'est pas tout d'abord dissous par l'eau, ni coloré sensiblement par la teinture d'iode , qui Jaunit, au con- traire, les spermaties, ainsi que le tissu solide de la spermogonie. ( Voy. pl. I, fig. 1-3.) » 3. — Sticlæ. Des Parmelia je passerai aux .Sticta, qui sont, parmi les Li- chens foliacés de notre pays, au nombre-de ceux qui atteignent les plus grandes dimensions. Chez l’un des plus connus, le Sticta pulmonacea Ach. (Parmeliu pulmonaria Wallr., Fl. crypt. Germ., 1, 507) (1), la présence des spermogonies est indiquée . par de trés petites ponctuations déprimées (2), de couleur brune, et qui sont éparses à la face supérieure du thalle, principalement vers l'extrémité de ses lobes ; rarement les voit-on comme dispo- sées en séries linéaires , mais jamais elles ne sauraient étre con- fondues avec les premiers rudiments des apothécies qui, comme on sait, sont habituellement marginales. Chacune de ces ponctua- tions est l'ostiole à peine visible, par lequel s'épanchent les sper- (1) Desmaz., PI. crypt. de Fr., 2* édit., t. XIII, n° 641. (2) J'imagine que ce sont ces points que M. Wallroth ( op. cit., t. 1, p. 508) regarde comme une Sphérie parasite (Spheria epiblastematica), laquelle lui fait noter une variété stigmatea du Parmelia pulmonacea Ach., Method. Lich., p. 220. 146—170 LR. TULASNE. maties au temps voulu de leur dissémination. La spermogonie est une sorte de noyau globuleux-déprimé , unicellulaire , et formé d'un tissu blanc rosé qui, s'il est sec, à la dureté de la corne j son diamètre horizontal (le plus grand) atteint 7 ou 8 dixièmes de millimètre. Ce noyau, bien que moins épais que le thalle, dé- termine à sa face inférieure une faible protubérance; on peut facilement l'énucléer dans son intégrité , ou en obtenir pour l'examen microscopique des tranches trés ténues. Le cortex con- tinu qui l'enveloppe est incolore , et j'évalue son épaisseur à en- viron 4 centièmes de millimètre ; il est formé de cellules que leurs parois fort épaisses font ressembler à celles de la couche épider- mique du Lichen. De la face interne de cette écorce partent une infinité de branches, épaisses de 4 à 6 millièmes de millimètre, simples ou rameuses sous des angles très aigus, pressées les unes contre les autres , atteignant presque le centre de l'organe, et formées toutes d'articles ou cellules cubiques, arrondies, courtes, el à cavité fort étroite, Ce sont ces articles qui , à l'extérieur , engendrent les spermaties, corpuscules linéaires, droits, longs de h à 5 millièmes de millimètre, tronqués carrément aux deux bouts, implantés sous un angle peu ouvert, vers le sommet. des cellules génératrices , et en si grand nombre qu'ils hérissent les branches que celles-ci composent par leur association. En deve- nant libres, les spermaties s'amassent entre les rameaux dont elles procèdent et dans le centre de la spermogonie, auquel elles communiquent une teinte d'un rose plus intense que n'est celle des autres parties du conceptacle. (Voy. les fig. 17-24 de la pl E) | terea Le Sticta sylvatica Ach., qui fructifie si rarement dans notre pays, porte cependant quelquefois des spermogonies ; ces organes y présentent tout à fait la méme structure que dans le Sticia pul- monacea Ach., et sont pareillement indiqués à la face supérieure du thalle par des points épars, modérément enfoncés et tellement fins qu'on a beaucoup de peine à les apercevoir. En entamant la fronde par. des coupes parallèles à sa surface, on voit sous ces points le noyau solide de la spermogonie, dont la teinte jaune tranche sur celle du tissu médullaire du Lichen, Les sper- MÉMOIRE SUR : LES -LICHENS. 171—447 maties n'ont guère plus de 3 millièmes de millimètre de lon- gueur. : f Autant les spermogonies des deux Lichens précédents sont peu visibles, autant celles des Séicta herbacea Delise (4) et Sticta glomulifera ejusd. (2) s'apercoivent aisément. Ce sont, en effet, dans ces deux espèces de gros tubercules mammiformes très saillants, larges de prés d'un millimétre, au sommet trés obtus , déprimé et marqué d'une aréole brunátre. Il faut une certaine attention pour ne les point confondre avec les apothécies nais- santes (3), qui sont des tubercules de méme forme, mais beaucoup moins déprimés au sommet, et dépourvus d'aréole ou ponctuation obscure. On distingue aussi ces derniers à leur couleur jaune, et aux gercures qui indiquent de trés bonne heure la rupture du voile, au-dessous duquel se cache le disque de l'hymentum ; il suffit d'ailleurs d'en faire la coupe verticale pour reconnaitre aussitót leur nature. Les tubercules-spermogonies, à part la teinte foncée de leur ostiole, conservent la couleur propre au thalle , et ils sont très abondamment répandus à sa surface, principalement en de- hors de la région occupée par les scutelles. Quant à leur structure intérieure, elle est de tout point la méme que celle des spermogo- nies du Sticta pulmonacea Ach.; c'est aussi un tissu corné, très bygrométrique, semi-transparent, d'un gris rosé, et au sein duquel se voient d'innombrables spermaties linéaires et droites, plongées dans un mucilage incolore. (Voy. pl. IT, fig. 1-^.) Lesspermogonies du Sticta glomulifera Del. m'ont semblé habi- tuellement un peu moins saillantes que celles du Sttcta herbacea ; les spermaties qu'elles renferment ont de méme 4 à 5 millièmes de millimétre de longueur. Ces corpuscules et tout le tissu solide (1) Desmaz., PI. erypt. de Fr., 2° édit., t. XIII, n° 640. (2) Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. IV, n° 346. — Desmaz., Crypt. de Fr., 2° édit., t. XIII, n° 639. (3) Il me paraît que M. de Notaris aura commis une méprise de cette nature, et que la figure qu'il a publiée de la coupe d'un jeune appareil de fructification , dans le Sticta glomulifera , appartient plutôt à une spermogonie qu'à une scutelle. (Voy. DNrs., Osservazioni sul genere Sticta, p. 16; dans les Memorie della r, Accad, delle sc. di Torino, sér, n , t, XII, p. 176, pl. 1, fig. xt, a.) 148—472 | ER, FULASNE. de la spermogonie sont faiblement colorés en jaune par la tein- ture d'iode. TUNE Parmi les espèces exotiques du genre Sticta, dont le Muséum d'histoire naturelle de Paris possède des échantillons, beaucoup présentent des spermogonies. Ces organes, dans le Sticta endo- chrysa Delise, qui croit aux iles Malouines, ont la méme forme que ceux du Sticta herbacea Ach. , et sont semblablement distribués. On en doit dire autant du Sticta Freycinetii Del., qui a pareille- ment été rapporté des terres australes, et dont M. J.-D. Hooker a pris les spermogonies pour des scutelles abortives. (Voy. la Flora antarct., part. XXV [ultima], p. 528, pl. cxcvi, fig. 4.) Le Shcta orygmæa Ach. vit avec les précédents, et comme eux possède un tissu médullaire d'une jaune d'or ; de très petits points noirs déprimés, semés très abondamment vers les bords sinueux. de son thalle, y indiquent la présence d'autant de spermogonies. Les Sticta damacornis Ach. , S. dichotoma Del. et S. macrophylla Ach., dont les formes analogues entre elles différent beaucoup de celles qu'affectent les espèces précitées, ne sont pas moins riches en spermogonies. Les bords et l'extrémité des lobes de leurs frondes, tels sont les points oü ces organes se rencontrent le plus abondamment; ils y déterminent des ponctuations éparses, très fines et peu apparentes, qui imitent tout à fait celles que nous avons décrites dans le SSticta pulmonacea. Enfin le Sticta hottentota Ach., que sa teinte obscure, jointe à la couleur testa- - cée de son tissu, fait aisément distinguer de ses congénéres, offre de petites papilles noirátres groupées à l'extrémité des divisions de son thalle, et dans lesquelles on reconnait des spermogonies normales. 4. — Pannariæ. Les Pannaria, que M. Fries range parmi les Parmelia, se rapprochent davantage des Sticta par la structure de leurs sper- mogonies, Ces organes, dans le Pannaria plumbea Delise (Da:- meliæ sp. Ach.; Wallr.; Fries, Lich. ref., p. 87) (1), forment (^) Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. X, n° 939 MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 178—149 des tubercules peu saillants isolés les uns des autres, et qu'on rencontre principalement vers la périphérie du Lichen ; parfois méme ils sont disposés en lignes arquées paralléles aux zones dessinées sur le thalle , et qui indiquent son mode de développe- ment. Ces tubercules n'ont d'abord que la couleur brune du Lichen; mais plus tard leur sommet se teint d'un noir presque aussi profond que l'épaisse couche rhizoide qui porte la fronde. Leur cavité est simple et ne dépasse guère 1/3 de millimètre en diamètre ; mais on ne saurait reconnaître son existence sans l’aide du microscope, car, sous une loupe simple, leur coupe ne laisse voir qu'un tissu trés dense, d'une couleur brune plus pâle que le tissu médullaire, dans lequel ils sont plongés. Une amplification suffisante montre que ce tissu est formé de petites branches peu rameuses, faites de cellules cubiques-arrondies , de la méme manière que les rameaux spermatophores dans les spermogonies des Sficía; mais ces branches sont ici plus dé- liées. Les spermaties, qui naissent en immense quantité de leurs divers articles, sont droites, à peine longues de 7| mil- lièmes de millimètre , et jointes à un épais mucilage. Lorsque ces corpuscules ont été projetés au dehors, et que la spermo- conie est devenue stérile, les filaments générateurs qui y per- sistent gagnent en volume; ils se soudent entre eux, et pren- nent une teinte brune foncée. Tel est à l'intérieur l'état des tu- bercules-spermogonies, qui au dehors sont devenus plus ou moins noirs; on n'y trouve plus qu'une cavité irrégulière en partie oblitérée, et qui ne renferme plus ni spermaties, ni ma- tière muqueuse. Le Pannaria myriocarpa Delise (1), qui ne semble qu’une variété du précédent, porte des spermogonies entièrement sem- blables à celles qui viennent d’être décrites ; ses spermaties n’ont guère aussi plus de 4 millièmes de millimètre de longueur. (1) Desmaz., PI. crypt. de Fr., 2° édit., t. XXXII, n° 1588. 450—174 20070 3.8R.CUTULASNE,S 000 |. 9. —. Squamariæ. . Un Lichen fort abondant autour de Poitiers, sur les coteaux argilo-calcaires découverts et exposés au soleil, c’est le Squa- maria crassa. DC. (Parmelie spec. Fries, Lich. ref. , p. 100; Lichen crassus Huds.) (1), aux scutelles planes, d'un jaune très pâle, sans bords, et qu'entoure parfois un liséré blanc plus étroit que celui qui borde les apothécies du Squamaria Smith DC. Avec quelque attention el à l'aide d'une bonne loupe, on découvre cà et là sur les petits disques, ou les expansions irré- guliéres plus développées qui composent le thalle de ce Lichen, soit des tubercules exigus d'un brun très pâle, entiers ou cre- vassés , Soit de petites excavations à bords irréguliers. Les uns et les autres dénotent la présence d'autant de spermogonies d'àges différents, et qui sont entièrement plongées dans la sub- stance du thalle. Ces organes ont une forme globuleuse, irrégu- lière, et présentent beaucoup de sinus et d’anfractuosités tant à l'extérieur qu'à l'intérieur ; ils mesurent dans leur plus grand diamètre jusqu'à 1/3 de millimètre, et environ 22/100 de milli- mètre dans le sens transversal. Quelquefois la couche verte des gonidies plonge autour d'eux dans la profondeur du tissu blanc médullaire , et semble les envelopper; d'autres sont immédiate- ment en contact avec cette médulle dans leur portion inférieure. Tous sont, au reste, comme nous les avons déjà vus ailleurs, faits d'une matière cornée, avide d'eau, de couleur de chair, puis bru- nâtre (parfois violette) , et qui semble homogène, vue sous une loupe de 5 lignes de foyer. On ne leur reconnaît point de corticule plus colorée que le reste de leur tissu. Les spermaties dont ces corps regorgent sont linéaires, et fortement courbées en arc ; leur longueur égale 32 ou 38 millièmes de millimètre; mais leur épaisseur ne dépasse peut-être pas 1 milliéme de millimètre. Le Lichen fulgens Swartz. (Parmelie sp. Vries, Lich, vef.. . p. 149; Placodii DC.) (2) croit dans les mêmes lieux que le pré- (1) Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 2* édit., à. XXIV, n» 4200. (2) Moug. et Nestl., Stirp. Vog,-Rhen., t. XT, ne 4052. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 175—451 cédent. Sur son thalle, parmi ses apothécies, mais surtout vers sa périphérie, se voient des tubercules dorés trés saillants, et qu'on à quelque peine à distinguer des scutelles naissantes. Une étude suffisamment attentive fait découvrir dans ces corps la structure ordinaire aux spermogonies; un tissu solide, d'un jaune blan- chátre et d'apparence homogène, en forme la masse intérieure , et quand on l'observe au microscope, ce tissu se compose d'une infinité de petites branches rameuses qui, des parois de la sper- mogonie où elles sont implantées, se dirigent toutes vers le centre de son unique cavité, qu'elles oblitérent presque entièrement. Ces branches sont formées de petites cellules à peu près cubiques, épaisses d'environ 5 millièmes de millimètre, et dont la cavité est excessivement étroite. De ces cellules naissent extérieurement des spermaties linéaires droites, qui ne semblent guére avoir que 2 milliémes de millimétre de longueur , et dont la quantité est immense, Les spermogonies n'ont point de paroi intérieure ou corlicale sensiblement colorée et distincte. 6. — Biatoræ. Je puis ici parler du PBiatora decipiens Vries (Lich. ref. p. 252) (1), sans trop rompre l'ordre méthodique que je tiens à conserver dans l'énumération des Lichens qu'il me faut citer en ce chapitre; c'est, comme on sait, une des espéces les mieux caractérisées, et qu'on trouve fréquemment en société du Psora vesicularis Hoffm. sur les coteaux arides. Le Biatora deci- piens n'est pas habituellement riche en spermogonies , mais on les reconnait facilement lorsqu'elles existent sur ses petites frondes, Tandis que les scutelles se développent à l'extrême bord de ces sortes de disques , les spermogonies , au contraire, pren- nent naissance vers leur centre, où elles sont ordinairement soli- taires, Les plus grandes frondes présentent cependant quelque- fois deux ou trois de ces organes, distants les uns des autres : ce sont au dehors de trés petits pores finement étoilés, teints de rose, (1) Psora decipiens Hoffm. (Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 2% édit., t, XI n? 541.) J 152—176 L.-R. TULASNE. et placés à la surface méme du thalle ; car le corps globuleux- irrégulier de la spermogonie est entièrement plongé dans l'épais- seur du Lichen, et ne détermine pas la moindre protubérance extérieure. La consistance du thalle et la nature cornée de l'appareil spermatophore permettent d'obtenir à la fois de l'un et l'autre des tranches trés minces. Si l'on en observe une section verticale sous l'eau, ce liquide imbibe aussitót la substance opa- line de la spermogonie , et fait de son pore dilaté une très large ouverture ; on voit le corps de l'organe traverser les couches corticale et gonimique, qui ont ensemble environ 13 milliémes de millimètre d'épaisseur , et pénétrer dans la région médullaire qui est blanche et compacte. La profondeur de la spermogonie égale à peu près 1/4 de millimètre, et sa dimension transversale est à peine moindre ; sa cavité offre plusieurs replis sinueux , et ses parois sont tapissées d'éléments linéaires trés fins et trés pressés, qui n'excédent guère 15 millièmes de millimètre en lon- gueur. Les spermaties en quantité immense sont droites, et longues de 6 à 7 milliémes de millimétre, avec la ténuité ordi- naire à ces corpuscules. 7. — Placodia. Les Placodium sont en quelque facon intermédiaires entre les Lichens foliacés, dont il est question dans les pages précé- dentes, et les espèces à thalle crustacé que je devrai bientót men- Gónner. Le Placodium ochroleucum DC. ( Lecanora saaicola Ach.) (1) porte en effet sur son thalle inégal, comme celui du Lecanora subfusca Ach., des expansions disciformes , assez ana- logues aux petites frondes du Biatora decipiens. Sur ces disques, les spermogonies sont aussi abondamment réparties qu'à la surface des autres parties du Lichen. Ces organes y sont indiqués par de trés petits points noirs et sans saillie appréciable , exacte- ment comme dans le Parmelia tiliacea. Ce sont effectivement des corps régulièrement globuleux , d'environ 1/5 de millimètre de diamètre, de couleur brune-violacée au dehors comme en dedans, (4) Voyez Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. 1, n° 67. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 171—459 et qui sont nichés dans l'épaisseur du thalle. Une mince tranche de leur substance solide vue dans l'eau montre une cavité indivise, tapissée de cellules simples, presque solides, étroitement li- néaires , dressées les unes prés des autres, et longues de 7 à 45 millièmes de millimètre, sous un diamètre qui n'atteint guère que 2 millièmes de millimètre. Chacun de ces éléments engendre à son sommet une spermatie solitaire, courbée en arc, et longue de 20 à 25 millièmes de millimètre. Ges corpuscules ténus sont accumulés en si grande abondance au centre de la spermogonie, qu’il y a lieu de croire que les basides, ou prosphyses périphé- riques, en produisent successivement plusieurs. Les spermogonies du Placodium murorum Chev. (Parmelia murorum Fr., Lich. ref., p. 115) ne se reconnaissent pas aussi sürement, bien qu'elles proéminent davantage à la surface du Lichen. La raison en est que leur couleur extérieure dorée, et la manière dont elles soulèvent ou brisent la couche corticale pour élever leur ostiole au dehors , leur donnent une grande ressem- blance avec les apothécies naissantes ; toutefois celles-ci sont habituellement d'un jaune pàle plus analogue à la teinte géné- rale du thalle, et laissent promptement voir le disque hyménial ; puis il suffit d'en faire la coupe verticale pour reconnaitre aussi- tót à quelles fonctions elles sont destinées. Les spermogonies sont isolées ou groupées deux ou trois ensemble ; elles naissent de la face supérieure de la fronde, principalement vers son pourtour, et leur pore étroit est entouré d'un rebord épais, parfois crevassé. | La forme qu'elles dessinent dans la substance du Lichen est celle d'un corps oblong et irrégulier, qui atteint souvent 1/2 millimétre dans sa plus grande dimension , et autour duquel la couche goni- mique s'étend quelquefois dans la profondeur de la médulle. La matière constitutive de ce corps est dure, blanchâtre-opaline, trés hygrométrique, et présente un assez grand nombre de petites loges sinueuses ou de replis variés. L'Aymenium spermatophore est composé de prosphyses rameuses , dont les cellules cubiques sont presque solides; et dans un mucilage abondant flottent d'innombrables spermaties linéaires, droites, et longues d'environ A millièmes de millimètre. 11 3. 15/.—178 ^ ER. TULASNE. | : On trouve les spermogonies du Placodium theicolytum DC. (Parmelia erythrocarpia Vr. , Lich. ref. , p. 119) (1) éparses entre les nombreuses scutelles rougeátres , qui couvrent le thalle des in- dividus adultes; elles dessinent autant de ponctuations noirátres, déprimées ou à peine saillantes; leur forme intérieure est oblongue, et leur cavité étroite parait simple. Une ligne noirátre, qui est leur région corticale , les définit dans la substance du Lichen, et les éléments spermatophores qu'elles contiennent dif- ferent peu de ceux que nous venons de décrire dans le Placodium murorum. Quant aux spermaties, elles mesurent à peine 3 mil- lièmes de millimètre de longueur, et semblent presque ovoides. Le Placodium canescens DC.7(2), qui est une sorte de Lecidea pour Acharius et Fries, et le type d'un genre spécial pour d'aü- tres auteurs (Buellia DNrs.; Diplotomma Fltw.), porte des sper- mogonies qui rappellent tout à fait celles de plusieurs Parmélies. J'ai eu occasion de les observer assez abondantes sur des indi- vidus fructifiés, recueillis l'automne dernier dans le Bessin. Leur existence dans le parenchyme du thalle est indiquée à Sa surface par de trés petits cónes ou points noirs, que la teinte pále du Lichen rend d'autant plus apparents. Si l'on pratique une coupe verticale de la plante au travers de ces proéminences, on voit qu'elles surmontent un corps solide et de forme ovale qui mesure 15. à 20 centièmes de millimètre dans le sens longitudinal , et seulement la moitié environ de cette dimension dans son épaisseur la plus considérable. Ce corps est rempli d'une substance trés dense, grisâtre, et plus pâle quand elle est humide; son écorce, qui, pendant longtemps , n'est pas colorée davantage , finit par devenir presque aussi noire que la protubérance externe. Un examen attentif montre dans cette spermogonie une cavité unique presque oblitérée par le tissu trés dense des stérigmates ; ces or- canes irréguliers , rameux et articulés, sont presque solides et très fins, car ils ne dépassent pas 3 millièmes de millimètre en diamètre ; quant à leur longueur, elle varie entre 2 et 3 centiémes (4Y Lecidea erythrocarpia Ach.; Desmaz., PI. erypt. de En. édit., lod; n° 48, (2) Desmaz,, PL erypt- de Fr. 2^ edit. , t. 1; Dv 50. d É MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 179—155 de millimètre. Les spermaties qui naissent en quantité innom- brable, portées chacune surun desarticles de ces sortes de basides, sont droites et longues d'environ 6 millièmes de millimètre ; on en voit parfois de plus grandes fixées sur leur stérigmate ; mais il est vraisemblable qu'elles se fragmentent plus tard , car celles qui sont libres ont toutes sensiblement la méme dimension. Ces cor- puscules sortent de leur conceptacle par un canal excréteur fort étroit qui traverse la téte de la spermogonie. 8. — Urceolariæ. Les spermogonies de l'Urceolaria seruposa Ach. (4), espèce commune autour de Paris, sont fort difficiles à apercevoir en raison de la faible coloration de leur ostiole. Elles sont éparses sur le thalle grisátre du Lichen, et nichées quelquefois dans les parois externes (excipulum thallodes) des apothécies. Leur masse entière , tant en dehors qu'en dedans, est blanchátre , presque incolore, de forme ovale-globuleuse, et mesure environ 16 cen- tièmes de millimètre de bas en haut, et un peu moins dans le sens transversal. La cavité centrale, qui parait le plus souvent simple, est tapissée de stérigmates étroits et presque comblée par les spermaties. Sous l'eau une légère pression suffit pour chasser ces dernières de leur retraite: ce sont des corpuscules linéaires, droits, et un peu plus épais peut-étre que ne le sont d'ordinaire les spermaties ; leur longueur ne surpasse guère /| millièmes de millimétre. (Voy. pl. IV, fig. 5 s, 13 et 14.) Je n'ai pas eu moins de peine à découvrir les spermogonies de l'Urceolaria actinostoma Pers. (2) que celles du Lichen précédent, auxquelles d'ailleurs elles ressemblent beaucoup ; seulement il m'a paru que leurs parois internes étaient fréquemment sinueuses, et qu'elles pouvaient méme circonscrire plusieurs cavités ou lo- geltes distinctes, sous l'enveloppe commune à tout l'appareil spermatophore. Celle-ci ne se distingue point par une coloration (1) Desmaz., op. cit., t. XXIV, n° 1193. (2) Urceolaria striata Dub., Bot. Gall., p. 671; Verrucaria actinostoma Ach. ; Desmaz., Pl. crypt. de Fr.,2* édit , t, XXXII, n° 1583. ARS M dido a rp 156— 180 L.-R. TULASNE. , plus foncée des tissus générateurs trés pâles qu'elle protége , et elle est entourée presque de toutes parts par les gonidies du Li- chen. Les spermaties , semblables pour la forme et le volume à celles de l'U. scruposa, sont portées comme elles, isolément, au sommet de stérigmates ou styles linéaires, dressés, à peu prés simples, et qui n'ont guère plus de 12 à 16 millièmes de milli- mètre de longueur (voy. pl. IV, fig. 1-3) (1). C'est encore ici le lieu de faire mention d'un beau Lichen que j'ai plusieurs fois rencontré autour de Poitiers, et qui a recu de M. de Candolle le nom d'Urceolarta ocellata (Lecanora V'illarsii Ach.) (2). Son thalle épais et homogène a quelque peu l'appa- rence du myceliwm de certains polypores, mais n'en a pas la con- sistance, car on le réduit sans peine en poussière entre les doigts. Sa surface est couverte d'une multitude de pulvinules inégaux erisátres et pruineux qui, sous un épiderme peu transparent , cachent une couche épaisse de petites gonidies. Un grand nombre de ces pulvinules engendrent des scutelles sessiles, entourées de grosses lèvres, et dont le disque est d'un brun fuligineux. Mais beaucoup d'autres, qui restent stériles , offrent vers leur centre un pertuis étoilé dont les bords ne sont ni déprimés ni saillants. Quelquefois deux ou trois de ces pertuis se rencontrent sur le méme pulvinule, soit isolés, soit rapprochés et comme confluents. Au-dessous de chacun d'eux se trouve , dans l'épaisseur du Li- chen, et au milieu des veines ou des taches rouges qui émaillent sa substance grise, un noyau couleur de chair qui n'est pas moins dense que le tissu qui l'enveloppe , mais qui est plus avide d'eau et contient beaucoup moins d'air. L'analyse microscopique y montre l’organisation d'une spermogonie multicellulaire , dont les logettes sinueuses rappellent celles de plusieurs Cytispora, et sont comme elles tapissées de courts filaments, simples et dres- sés , qui engendrent à leur sommet de fines spermaties. Ces sper- mogonies, dont l'enveloppe corticale n'a point de couleur plus (4) On trouvera aussi dans notre planche II! des dessins analytiques très grossis des spermogonies de l’Urceolaria cinerea. Ach. (2) Moug. et Nestl., Crypt. Vog.-Rhen., t. X, n^ 949.—Desmaz., PI. crypt. de Fr., 2*6dit., 4. XL, n? 512. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 181-—157 obscure que le reste de leur tissu, ont souvent près d'un demi- millimètre de diamètre ; les spermaties sont rectilignes et longues de 4 à 6 millièmes de millimètre. (Voy. pl. V, fig. 1,5, s, 2et 3.) 9. — Gyalecta. Le thalle crustacé et mince du Gyalecta cupularis Schær. (1), se moule exactement, comme on sait, sur les pierres calcaires qu'il recouvre, et ne semble faire qu'une seule chose avec elles ; mais aussi ses scutelles et ses spermogonies se distinguent-elles aisément sur sa surface nue et pâle. Ces dernières sont au- tant de petits tubercules presque sphériques qui reposent sur le Lichen par une large base, et sont presque tout entiers hors de lui; elles possèdent, comme l’excipulum des apothécies, une teinte rosée très pâle et une consistance cornée, due surtout à leur cortex épais et formé d’un tissu extrêmement dense. Leur sub- stance interne est homogène, également solide, mais avec une coloration blanchátre différente ; si l'on en observe dans l'eau une mince lame, on y découvre un labyrinthe de logettes trés étroites et entiérement remplies par les spermaties. Les éléments géné- rateurs de celles-ci, ou les cellules-stérigmates qui constituent les parois des sinus, sont fort ténus et d'une structure confuse ou au moins difficile à bien apprécier. Le diamétre de l'appareil entier égale 1/2 millimétre ou 2/3 de millimétre environ; la longueur des spermaties, qui sont droites et fort déliées, ne dépasse guére à ou /| millièmes de millimètre. Ces corpuscules s'agitent dans l'eau du mouvement brownien. Les spermogonies dont la description précède sont au nombre de celles qui prouvent le mieux que les organes de ce nom ne sont point des productions étrangéres au Lichen qui les présente, c'est-à-dire des parasites d'une nature quelconque, car elles offrent une extréme ressemblance avec les jeunes apothécies. Cette ressemblance, dont M. Bayrhoffer pourrait se prévaloir, n'est cependant pas telle que l'opinion de cet auteur sur la transformation des spermogonies en scutelles y trouvát de solides (1) Moug. et Nestl., Stirp. erypt. Vog.-Rhen., t. XII, n° 1153. 158— 189 L.-R. Wem arguments, car une pareille métamorphose n'a vraiment pas plus lieu ici que chez les autres Lichens dont nous avons fait l'étude jusqu'à présent. On remarquera dans le Gyalecta cupularis Schr. , indépendamment de la légère différence de couleur déjà notée entre les spermogonies et les jeunes apothécies, que celles- ci s'entr'ouvrent et laissent voir leur disque naissant avant d'avoir acquis le volume auquel parviennent les spermogonies. | 10. — Lecanora. Je ne citerai point le Lecanora Parella Ach. (1) comme un Lichen dont il soit facile de découvrir les spermogonies , mais parce qu'on pourrait à tort le croire privé de ces organes, à raison de la peine qu'on éprouve à les apercevoir. On y par- vient cependant en pratiquant de nombreuses coupes verticales du thalle, car on finit par entamer de la sorte le corps de quelque spermogonie dont la teinte jaunâtre fait tache sur la blancheur de la couche médullaire, Ges spermogonies ont un pore à peine visible , et ne proéminent point à la surface du Lichen ; leur forme est ovoide, et leur tissu corné a la méme consistance que la lame proligére des apothécies ; des logettes multipliées et sinueuses y sont tapissées de styles ou stérigmates linéaires , simples ou peu rameux, longs de 15 à 20 millièmes de millimètre, et qui engendrent à leur sommet des spermaties, dont la lon- gueur n'excède pas 5 millièmes de millimètre ( voy. pl. XVI, fig. 18-19). La zone corticale du petit organisme a la méme coloration que le reste de son parenchyme. Des nombreux pulvinules qui, par leur rapprochement, fone le thalle inégal et dissocié du Lecanora argopholis Ach. (Parmelia frustulosa Er., L. europ. ref., p. 441 ), les plus volumineux, réunis vers le centre du Lichen , portent des scutelles au disque bai noirâtre entouré d'un bord épais et plus ou moins flexueux ; rarement y voit-on des spermogonies, qui sont plus fréquentes. au pourtour du thalle. Des taches noires ponctiformes, visibles (^) Moug. et Nestl., Crypt. Vog.-Rhen., t. XII, n° 1145. — Desmaz., PI. crypt. de Fr., 2* édit., t. XXIV, n° 1196, MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 188—159 seulement sous la loupe, annoncent la présence de ces organes ; ces taches sont habituellement presque superficielles , et un faible rebord du thalle les circonscrit irrégulièrement ; mais souvent, au lieu d'étre planes , elles font une saillie suffisante pour imiter entièrement des périthèces de Sphæria, et dans ce cas ellessemblent avoir déchiré la couche de tissu qui les entoure. Elles sont iso- lées au sommet des coussinets constitutifs du blastéme , ou plus rarement elles se groupent plusieurs ensemble sur le méme point, et n’acquièrent alors que de moindres dimensions. Si l'on pra- tique une section verticale du thalle passant par l'un de ces points noirs, on voit au-dessous de lui un espace ellipsoide rempli d'un tissu gris rosé, distinct du parenchyme blanc et plus dense qui l'enveloppe. Ce tissu est aussi beaucoup plus hygrométrique, et devient semi-transparent quand on l'humecte. Soumis dans l'eau à l'examen microscopique, sous une amplification suffisante, on y découvre une multitude de sinus étroits et labyrinthiformes dont les parois, dues à des cellules de forme peu distincteet associées en un tissu trés dense, engendrent au-dessus de celles-ci d'innombra- bles spermaties, qui se détachentde leurssupports avec une extréme facilité pour flotter dans le liquide ambiant. Ces spermaties sont linéaires, tronquées à chaque extrémité, incolores, fortement courbées en arc, et absolument privées de mouvement; leur lon- gueur, mesurée sur celles d'entre elles qui, par exception, restent droites ou flexueuses, atteint généralement 49 millièmes de milli- mètre ; quant à leur diamètre transversal il est trés uniforme, mais trop faible pour étre évalué exactement. Par des coupes faites en différents sens, on s'assure que le corps de la spermo- gonie est assez régulièrement ovoide, et s'étend presque jusqu'à la face inférieure du thalle. Il est moins facile d'apprendre à dis- tinguer sürement ces petits appareils des apothécies naissantes ; celles-ci cependant se reconnaissent avec quelque attention au bourrelet épais qui borde leur disque et le voile d'abord entière- ment, puis à la couleur plus claire et simplement fauve de ce der- nier. Ces jeunes apothécies n'ont d'ailleurs dans leur structure intime.rien qui imite ou rappelle celle des spermogonies. Sur le thalle gris du Lecanora atra Ach. (Patellaria tephrome- 160—485 | LR, TULASNE. ES las DC. ) (4), espèce analogue à la précédente, les spermogonies émergent aussi sous la forme de petits tubercules noirs peu sail- lants, d'un noir aussi profond que le disque des apothécies , et autour desquels l'épiderme du Lichen est irrégulièrement soulevé et déchiré. La substance interne de ces spermogonies dessine une tache grisâtre dans le sein du parenchyme blanc du Lichen, et leur structure ne diffère point de celle propre aux mêmes or- ganes dans le L. argopholis ; seulement leurs spermaties, qui sont innombrables , restent toujours parfaitement droites, et ressem- blent à des aiguilles enchevétrées. Vues dans l'eau, ces sperma- ties sont incolores, et mesurent en longueur de 16 à 22 millièmes de millimétre, tandis que leur diamétre uniforme égale à peine celui des lignes tracées sur le micrométre ; je ne leur ai reconnu aucune sorte de mouvement. (Voy. pl. XIII, fig. 21, s, s, et 23.) Je n'omettrai point le Lecanora subfusca Ach. (2) (Parmeliæ sp. Fries, Lich. ref., p. 136), quoiqu'il ressemble aux deux espèces précédentes ; c'est un des Lichens les plus communs de notre Flore, et il sera facile d'y observer les organes dont nous parlons. On distinguera sans peine à l'aide d'une loupe, épars cà et là sur les tubérosités de son thalle, et souvent logés dansles anfractuo- sités ou sinus qui les séparent, des points noirs bien dessinés , trés peu saillants, ou méme placés dans une dépression cireulaire de la surface du Lichen. Goupe-t-on le thalle verticalement au travers de l'une de ces petites taches, on reconnait qu'elle servait comme d'opercule à un corps globuleux ou ellipsoide dont la cou- leur est tantôt grisátre, tantôt légèrement brune. Dans les pre- miers temps du développement de cet organe, sa teinte est unifor- mément pále; plus tard sa région extérieure ou corticale fort étroite acquiert une coloration brune plus ou moins foncée, quel- quefoisméme presque noire. La substance de cette spermogonie est comme dans les Lecanora précédemment décrits de nature cornée, hygrométrique , et sous la loupe simple on n'y apercoit point de cavité libre. Le microscope y montre des parois tapissées de fila- ments ( prosphyses Bayrhoff. ) dressés très fins et très pressés, qui (1) Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. V, n° 458. (2) Desmaz., PI. erypt. de Fr., 2* édit., t. XXIII, n» 1130. ————M ma nüà ————— MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 185—164 n'ont guère plus de 0"",03 de longueur , et du sommet desquels naissent des spermaties linéaires et courbes dont la longueur peut être évaluée à 19 millièmes de millimètre. (Voy. pl. XIII, fig. 20.) Ges corpuscules arqués s'amassent en quantité immense dans le centre du petit organe qui les engendre, et lui communiquent une teinte d'un gris cendré. Il m'a paru que la cavité de ces sper- mogonies était fréquemment simple, ou qu'elle ne présentait qu'un petit nombre de sinus; leur profondeur égale environ 1/4 de millimètre, et transversalement elles n'en ont guère que la sixiéme partie; il en est qui sont presque sphériques avec cette derniére dimension pour diamétre. Les spermogonies du Lecanora cerina Ach. ( Moug. et Nestl., op. cit., t. V, n° 460) ressemblent presque de tout point aux pré- cédentes. Le thalle gris cendré de ce Lichen corticicole est mince, et n’a guère jamais plus de 4 à 6 centièmes de millimètre d'épais- seur; aussi ses spermogonies, qui sont des tubercules noirs coniques et trés obtus, hauts de 40 à 12 centièmes de millimètre, avec un diamétre au moins égal (dans leur base), émergent-elles en grande partie hors de ce thalle. Elles sont généralement peu abondantes, éparses, et n'offrent pas la moindre ressemblance de forme et de structure avec les jeunes apothécies qui, avant la naissance du disque hyménial, sont déjà des coussinets épais et volumineux de la couleur du blastéme. Le tissu trés dense et d'un blanc grisátre qui remplit ces spermogonies est partout enveloppé par une corticule noire assez épaisse, ct est surtout formé de sté- rigmates solides rameux et trés irréguliers ; les spermaties qui en naissent à la maniére accoutumée sont droites, extrémement ténues, et longues de 8 miiliémes de millimétre. Quoique moins fréquent que le Lichensubfuscus L. , le Patellaria ferruginea DC. (Parmelice sp. Fr., Lich. ref., p. 170) (1) se ren- contre assez souvent autour de Paris, sur le tronc des Chénes, des Peupliers et autres arbres , et se reconnait de loin à ses scutelles testacées que porte un thalle grisâtre. Les individus que j'en ai examinés ne présentaient qu'un petit nombre de spermogonies ; (1) Lecidea cinereo-fusca Ach.; Moug. et Nestl. , Stirp. crypt. Vog.-Rhen., t. XI, n° 1055. 169—186 L.-R, TULASNE, ces organes, qui sont isolés ou réunis deux ou trois ensemble, s'of- frent à l'observateur comme autant de tubercules obtus , peu saillants, et teintés d'un rouge brun plus obscur que les apothé- cies, Leur tissu interne, blanchátre et trés solide, n'est point cir- conscrit par une zone corticale plus colorée, et il est parcouru dans sa masse par un grand nombre de sinus où s'amassent les spermaties. La profondeur de ces petits appareils qui sont oblongs atteint environ 1/2 millimètre, et leur largeur est moitié moindre, La longueur des spermaties, qui sont excessivement ténues , est à peine de 3 millièmes de millimètre. J'ai vu ces corpuscules altachés à des prosphyses rameuses et formées de cellules pres- que solides, comme en beaucoup d'autres Lichens; la cavité de la spermogonie sécrétait aussi trés abondamment une matière mu- cilagineuse incolore. Les scutelles naissantes, étudiées compara- tivement, ne m'ont pas offert la moindre ressemblance de struc- lure avec ces spermogonies. T Indépendamment des Lecanora saxicoles dont il est question plus haut, j'en ai examiné encore plusieurs espéces qui demandent à être signalées. De ce nombre est le Lecanora orosthea Ach. (Parmeliæ sp. Fr., Lich. europ. ref., p. 180), Lichen crustacé , remarquable par sa couleur jaunátre mêlée de vert, et qui croit communément sur les calcaires tendres aussi bien que sur les grés des environs de Saumur (Anjou). À sa surface sont épars des points assez gros, obtus et d'un noir profond, dont chacun représente la partie libre ou émergée d'une spermogonie glo- buleuse. Les parois inférieures de cet organe sont à peine co- lorées ; sa cavité est simple, et tapissée de styles ou stérigmates étroits et extrémement courts, les uns unicellulaires, les autres composés de deux ou trois articles. Les spermaties qui en nais- sent à la maniére ordinaire sont des fils déliés, longs de 13 à 16 milliémes de millimétre ; pendant leur accroissement ces fils sont presque droits , mais quand ils deviennent libres, ou méme avant de quitter leurs supports, ils prennent une courbure trés prononcée. Je les ai tenus plongés dans l'ammoniaque quelques instants, sans apercevoir qu'ils en éprouvassent une action sen- sible. (Voy. pl. IV, fig; 15, 5,s, 16, s, 20 et 21.) MÉMOIRE SUR: LES LICHENS. 187— 165 De ce que le Lecanora cenisia Ach. ( Parmelia cenisia Fr. ) est décrit par M. Fries dans sa Lichenographia reformata, immédia- tement aprés l'espéce précédente , il n'en faudrait pas conclure que ces deux Lichens eussent entre eux de grandes ressemblances extérieures, Le thalle du Lecanora cenisia Ach. est blanc d'argent, et les nombreuses tubérosités qu'il porte ont une surface remar- quablement lisse. Je n'ai point rencontré de Lichen crustacé qui füt plus riche en spermogonies, ni surtout d'espéce oü elles fussent plus faciles à apercevoir. Il n'est guère , en effet, de ces tubéro- sités dont je viens de parler qui ne recéle dans son tissu plusieurs spermogonies. Celles-ci sont indiquées au dehors par des ponc- tuations trés noires, faiblement enfoncées et souvent percées d'un ostiole ; leur forme oblongue est définie par un tissu cortical mince, et dont la teinte brunátre décroit trés vite du sommet de l'organe vers sa base. Par des coupes transversales qu'on pra- lique facilement sous la loupe, on reconnait que ces spermogonies possèdent une cavité indivise, dont le centre, en celles qui sont müres , est rempli de spermaties mélées à une matiére mucilagi- neuse avide d'eau. Le tissu qui tapisse leurs parois internes est formé d'éléments étroits et trés courts , simples ou composés seu- lement de quelques articles. Les spermaties , arrivées au dernier terme de leur développement, sont courbes et semblables à celles du Lecanora orosthea ; leur longueur ordinaire atteint 3 centièmes de millimétre, et je n'ai pas reconnu que l'ammoniaque exercát sur elles une action chimique appréciable, Quand les spermogo- nies épuisées ont cessé de produire de ces corpuscules, leur tissu Drunit et s'endurcit par la cohérence de ses diverses parties com- posantes, avant de se détruire ou d'étre résorbé par le paren- chyme ambiant. Tant qu'elles sont reconnaissables , ces vieilles spermogonies ne perdent rien de leurs dimensions primitives , c'est-à-dire qu'elles continuent à plonger dans la substance du thalle bien au delà de la couche gonimique , et que leur diamètre transversal varie entre 13 et 16 centiémes de millimétre, qui sont aussi les limites ordinaires du volume des spermogonies fertiles. Les spores du Lecanora cenisia ont la méme forme que celles du L. orosthea, mais elles sont un peu plus grosses, car elles me- 164—188. L.-R. TULASNE. surent de 13 à 16 milliémes de millimétre en longueur et 10 en- viron en largeur (4). | Le Lecanora glaucoma Ach. (Parmelia sordida | glaucoma | Fr., Lich. ref., p. 178) (2), Lichen saxicole assez semblable au précédent, posséde comme lui des spermaties linéaires et courbes. | jl Avant de passer aux Lecidea, je noterai encore parmi les Leca- nora, un très beau Lichen, le Lecanora alphoplaca Ach. (Parmelia alphoplaca Wahlenb., P. [psora] melanaspis « Fries, Lich. vef. , p. 122), dont le Muséum d'histoire naturelle possède plusieurs exemplaires : les uns recueillis en Norwége , et donnés autrefois par M. Wahlenberg à M. Adolphe Brongniart; les autres en- voyés des bords du lac bleu ( Pyrénées) par M. Philippe. Ce Li- chen ressemble extrémement peu aux Lecanora précédemment énumérés ; son thalle est fruticuleux, et forme un buisson bas et rampant dont les branches principales glissent à la surface des rochers sur lesquels il repose, tandis que les rameaux secondaires, irés raccourcis pour la plupart, sont dressés et tellement rappro- chés et serrés les uns contre les autres, que leurs sommets élargis et scutigères réalisent ensemble une surface presque continue. Les spermogonies se confondent aisément avec les apothécies naissantes, et occupent comme elles l'extrémité des branches thalliennes: ce sont à l'extérieur des taches ou points noirs, voilés d'une sorte de poussière cendrée, qui ne font aucune saillie et n'ont point de rebord, qui imitent beaucoup, en un mot, les spermo- gonies de l'Urceolaria ocellata DC. (Parmelie sp. Er. , Lich. vef. , p. 190). Le tissu interne de ces organes est blanchátre, et n'est point enveloppé d'un cortex coloré ; il se compose surtout de sté- rigmates fins, extrémement courts, et parait ne circonscrire habi- tuellement qu'une seule loge à parois sinueuses. Les spermaties (1) J'ai étudié le Lecanora cenisia Ach. sur des échantillons recueillis aux en- virons de Bagnères-de-Bigorre par M. Forestier, et que M. W. Nylander d'Hel- singfors a reconnus étre spécifiquement identiques avec ceux que les lichéno- graphes suédois appellent du même nom. (2) Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. VI, n° 547. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 189—165 linéaires et droites égalent en longueur 5 à 6 milliémes de milli- métre (1). j| 11. — Lecideæ. Parmi les Lecidea saxicoles, le L. calcaria Schær. (2) (Le- cidea contigua « calcaria Fr., Lich. ref., p. 302) se reconnait facilement à la blancheur de son thalle émaillé de scutelles noires et pruineuses. Des points noirs isolés, et saillants comme des pé- rithéces de Sphéries, y trahissent aussi la présence des spermogo- nies. Ces organes, parvenus au dernier terme de leur dévelop- pement, possèdent dans le parenchyme du Lichen une sorte de cortex d'une teinte noirâtre foncée, et renferment une infinité de spermaties droites, très ténues, et dont la longueur n’excède guère 4 millièmes de millimètre. Si l’on cherche les spermogonies du Lecidea armeniaca Duf. (3) ( Rhizocarpon armeniacum DC., Fl. fr., 11, 366), on les trou- vera exclusivement réparties, si je ne me trompe, sur les aréoles noires du thalle, et non sur les espaces qui y sont colorés en jaune brun. Il faut avoir l'ceil armé d'une bonne loupe pour dis- tinguer la petite cavité en forme d'entonnoir qui décéle habituel- lement leur présence. Le corps de l'organe est globuleux, et d'un blanc moins pur que celui du parenchyme solide dans lequel il est plongé ; il est partagé intérieurement par des sinus étroits à parois tapissées de petits bâtons irréguliers, si l'on peut (4) La thalle du Parmelia melanaspis Fr. contient dans son parenchyme une énorme quantité de cristaux octaédriques , sans doute de carbonate de chaux, presque plats, et tels qu'on les peut dire formés de deux pyramides quadrangulaires trés basses, appliquées l'une àl'autre par leur base qui esthabituellement un carré ; le côté de ce carré, qui n'a pas quelquefois 0"",002, ne dépasse guère 25 mil- lièmes de millimètre. Tous ces cristaux, quel que soit leur volume, se dissolvent promptement dans l'acide sulfurique, et y sont convertis en cristaux aciculaires. J'ai aussi trouvé dans le tissu des apothécies du Lecanora albella Ach. (Parmelia subfusca y albella Fries, Lich. ref., p. 139 ) , d'abondants cristaux octaédriques en tout semblables aux précédents, et sur lesquels l'acide sulfurique exercait la méme action. (2) Moug. et Nestl., Stirp. crypt. Vog.-Rhen., t. X, n° 943. (3) Schær., Lich. helv. exs., fasc. VII-VIIT, n° 174. E 166—190 L.-R. TÜLASNE. ainsi parler, et desquels naissent, en guisé de rameaux, une in- finité de spermaties linéaires, droites, obtuses, de 8 à 40 mil- lièmes de millimètre de longueur, blanches et sans mouvement. Les spores du Lichen dont il s'agit sont ellipsoides , et mesurent 077.0096 dans un sens et 0"",0048 dans l' autre: ("Voy *les fig. 14-17 de la planche XIII. ) UN LN Dans le Lecidea Morio Duf. que j'ai déjà cité à cause de ses théques polyspores, les spermaties sont également droites et li- néaires, mais longues seulement de 6 à 7 milliémes de millimétre. Elles sont portées , comme celles du L. armeniaca Duf., sur des cellules simples ou de petits appareils formés de deux ou trois ütricules étroits. \ Chez un autre Rhizocarpon, le R. confervoides DC. (Lecideæ sp. Schær.) (1), qui croît communément sur les silex autour de Paris, les spermogonies sont de trés petits conceptacles ponctiformes , noirs et mélés aux apothécies, sur un thalle extrémement mince. On y trouve des spermaties droites, fort déliées, et longues d'en- viron À centième de millimètre ; le système de styles ou stérig- mates rameux qui leur donnent naissance rappelle tout à fait, par sa structure et sa brièveté, celui du Rhizocarpon armeniacum DC. Après les détails qui précèdent, les spermogonies du Lecidea fusco-atra Fr. ( L. fumosa Ach. ; Moug. et Nestl. , Stirp. Fog.- Rhen., t. V, n° 561) ne réclament pas de description particü- lière ; je noterai seulement que les spermaties linéaires et droites qu'on y trouve mesurent environ 43 millièmes de millimètre. Je signalerai encore un Lecidea très différent des précédents, et qui se recommande à l'intérêt de l’observateur par la structure curieuse de son thalle que M. Scherer a fait connaitre: je veux parler du Lecidea conglomerata Ach. (2) (Fries, Lich. ref. , p. 287 ; (1) Le Lecidea Parasema v. crustulata Ach. (Desmaz., PI. erypt. de Fr., 2e édit., t. V, n° 242) ne paraît être qu'an état du Lecidea confervoides Schær., dont le thalle serait devenu moins apparent, surtout quant à l'hypothallus. C'est un Lichen également trés commun autour de Paris (Meudon, Versailles, etc ), et dont les spores ainsi que les spermaties ne semblent pas différer de celles des échantillons les mieux caractérisés du L. confervoides Scheer. (Desmaz., op. cit., n? 2441). un (2) Schær., Lich. helo. eæs., fasc. VII- VIII, n° 169. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 191—167 Mntgn. in Guillem. , Arch. de Bot., II, 299), dont le Muséum possède des échantillons recueillis dans les Pyrénées par M. Phi- lippe. Les petites tiges dressées, rameuses et anastomosées dont ce Lichen se compose sont tellement abondantes et pressées-fasci- culées les unes contre les autres, qu'elles forment des sortes de coussinets denses, épais et solides, analogues à ceux du Grimmia - pulvinata. Chacune de ces petites tiges est légèrement renflée à son sommet, comme celles qui constituent le thalle du Lecidea vesicularis Schær. ( Psoræ sp. Hoffm. ); mais elles ne noircissent pas, et la plupart sont marquées de taches páles que l'on prendrait pour des scrobicules. L'examen microscopique montre que ces taches sont dues à des épaississements semi-transpa- rents de la couche épidermique qui protége les gonidies. Ces sorles de noyaux cornés sont faits d'une matiére mucilagi- neuse endurcie et d'un lacis peu serré de filaments déliés , telle- ment qu'ils représentent le tissu solidifié d'un Collema qui serait privé de gonidies. D'autres sommités des mémes éléments thal- liens renferment dans leur tissu des spermogonies isolées qui se trahissent au dehors par une tache noire et un ostiole plus ou moins défini et reconnaissable. La coupe verticale de ces organes dessine une figure pâle, ovalaire ou oblongue, qui varie de 2 à 3 dixièmes de millimètre dans sa plus grande dimension : leur ca- vité est simple, et presque entiérement oblitérée par les sperma- ties et la couche de tissu qui les produit. Celle-ci repose sur une . corticule à peine colorée, et mesure 8à 10 centièmes de millimètre dans son épaisseur. Les spermaties linéaires, trés ténues et lon- gues de 13 à 16 millièmes de millimètre , sont courbes et en nombre immense. Après plus d'une heure d'immersion dans l'am- moniaque, elles ne m'ont paru y avoir rien perdu de leur volume ; l'iode les colore trés faiblement en jaune, mais seulement pour quelques heures ; l'acide sulfurique étendu n'exerce pas sur elles d'action apparente, si ce n'est qu'il parait aider à leur colora- tion par l'iode. La couche des stérigmates se comporte avec ces divers agents chimiques exactement comme les spermaties elles- mémes (1). (4) Le Lecidea decolorans Flærk., qui est mieux placé parmi les Biatora aux- 168—499 L.-R. TULASNE. 12. -— Arthoniæ. Les spermogonies éparses à la surface de l' 4rthonia galactites Duf. (Desmaz., Pl. erypt. de Fr., 2° édit., t. XXII, n° 1125), et qui abondent surtout à sa périphérie, sont des périthèces noirs, ponctiformes, accrus sous les couches superficielles du thalle, et qui finissent par élever au-dessus d'elles leur petit os- tiole dont le diamètre ne dépasse guère 0?",09. Ces sortes de con- ceptacles ont eux-mémes environ 8/100 de millimétre d'épaisseur, et renferment dans une cavité qui parait simple une trés grande quantité de spermaties linéaires, trés arquées, obtuses aux deux extrémités, et dont la longueur égale 13 à 16 millièmes de mil- limétre, tandis que leur diamétre est à peine mesurable. Elles sont absolument sans mouvement et sans coüleur propre. C'est sans doute la présence de ces spermogonies sur le thalle de l'4r- thonia galactites qui avait fait considérer ce Lichen comme une Verrucaire. (Voy. "Dam. et DC, Ft. fr., 89 edit, A TIS" Scherer , Enüm-" erit. Lich., p. 221, ete.) Je ne fais aucun doute que l'rthonia fuliginosa Fitw. ne possède aussi les mêmes organes, quand il recoit de M. de Flotow l'épithéte de microsticta ; suivant cet auteur, cette espèce nourrit alors un parasite, un Lichen sui generis,'qu'il décrit sous le nom de Pyrenothea gregaria Fltw., mais il est bien vraisemblable que ce prétendu parasite ne diffère point des spermogonies de l'4r-- thonia fuliginosa. (Voy. Bot. Zeit., VIL, 569-570.) 43. — Ramalinæ. Si, l'eil armé d'une loupe, on examine attentivement les branches minces et irrégulières du Ramalina calicaris Westr. (R. fraxinea Ach.) (1), on découvre cà et là, sur les reliefs si- quels M. Fries l'a associé ( Lich. ref. , p. 266 ), offre aussi des spermaties très déliées, courbes, et dont la longueur dépasse 2 centièmes de millimètre. (1) Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. 1T, n° 158. Il me semble bien que l'Evernia Prunastri Ach. (Desmaz., op. cit., t. IX, n° 427) n'est qu'une forme habituellement stérile de ce Lichen. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 193—169 nueux qui s'anastomosent à leur surface, des tubercules trés obtus, habituellement isolés, verdátres comme le reste du Li- chen, et que leur sommet semi - transparent fait surtout distin- guer d'autres éminences semblables qui sont des scutelles nais- santes. À l'intérieur, ces tubercules offrent un noyau globuleux ou ellipsoide d'un tissu blanchátre, dont la densité contraste avec la nature de la médulle trés peu épaisse qui l'entoure, Ce noyau qui, par son diamètre, atteint 3 ou 4 dixiémes de millimètre, n'est autre que le corps méme d'une spermogonie ; en en placant une mince tranche sous le microscope, on y voit nettement une enve- loppe corticale finement celluleuse, d'environ 2 centièmes de mil- limétre d'épaisseur , qui circonserit une cavité indivise, et que tapissent intérieurement une infinité de filaments trés déliés, sim- ples, dressés , pressés les uns contre les autres , et assez unifor- mément longs de 2 centiémes de millimétre environ. C'est du som- met de ces fils ténus que se détachent les spermaties , corpuscules droits qui ne dépassent pas 4 millièmes de millimètre en lon- gueur. La large cavité de la spermogonie renferme en outre un lacis peu serré de filaments rameux que leur moindre volume distingue seul de ceux qui composent la couche médullaire du thalle ; ces filaments naissent aussi des parois de la spermogonie, entre les prosphyses, et rien ne semble indiquer le róle qu'ils ont à remplir. (Voy. pl. II, fig. 13-15.) Chez le Ramalina scopulorum Ach. (Scheer. , Enum. crit. Lich. , p. 9) (1), autre Lichen fruticuleux , la présence des spermogo- nies rend toute la partie supérieure des branches du thalle tuber- culeuse et inégale. Chaque inégalité ou tubérosité saillante est marquée au centre d'un point noirátre qui est l'ostiole de la sper- mogonie ; au dedans elle est formée d'un tissu aussi dense que la médulle du Lichen et d'une couleur un peu différente, quoique très pâle comme elle. Le microscope y fait voir dans une cavité à peu prés sphérique, dont le diamètre varie de 2 à 3 dixièmes de millimètre, plusieurs compartiments plus ou moins distincts qui semblent dus à l’agencement particulier de fibres flexueuses, (1) Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 2° édit., t. XT, n° 549, 12 170-—191 _ L.-R. TULASNE. ramifiées et solides, implantées sur les parois internes de la spermogonie. Ges parois portent, en outre, un revêtement de fila- ments beaucoup plus ténus et dressés dont la longueur n'excéde pas à centiémes de millimètre, et qui engendrent à leur sommet les spermaties. De semblables filaments naissent aussi des cloi- sons mal définies qui divisent la spermogonie en cavités qu'un mucilage abondant et d'innombrables spermaties libres remplis- sent de bonne heure; ces spermaties sont des corpuscules oblongs qui mesurent par leur longueur environ 0"",0035, et dont la largeur ne saurait être précisée exactement. Je les ai vues plusieurs fois fixées sur leurs basides, et je ne doute pas que le méme stérigmate n'en produise successivement un grand nombre : elles se teignent en Jaune brun dans l'eau iodée, . lI faut se garder de confondre les spermogonies du Ramalina scopulorum, soit avec une sorte de Champignon noir punctiforme et trés fin dont les périthéces sont quelquefois épars à la surface du thalle , soit avec les taches noires qui signalent les premiers développements d'une trés petite Sphérie dont il ne parait pas qu'on ait jusqu'à ce jour publié la description (1). 14. — Corniculariæ. Le Cornicularia tristis Ach. ( Moug. et Nestl. , Surp. Vog.- Rhen., n° 656) (2), que M. Scherer (3) rapporte comme simple variété au Parmelia fahlunensis Ach. ( Moug. et Nestl. , op. cit. , t. IV, n° 550), mais que toute son organisation rapproche extré- mement du Ramalina scopulorum, quoiqu'il en soit spécifique- ment trés différent, posséde des spermogonies fort semblables , par leur forme et leur position, à celles de ce dernier Lichen. Ses petites branches comprimées , simples ou rameuses dans un méme plan, sont chargées vers le sommet, et seulement sur leurs bords obtus, de tubercules arrondis, saillants, ouverts par un (1) Pour ne pas accroître outre mesure l'étendue de ce Mémoire, je remets à un autre temps la description des Champignons parasites que j'ai eu occasion d'observer sur le thalle des Lichens. | | (2) Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 2* édit., t. XVIII, n° 898. (3) Voy. son Enumer. crit. Lichen. europ., p. #8. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 195—171 pore, et que l'on reconnait aussitót pour des spermogonies. Sur la coupe du thalle pratiquée en un sens quelconque , elles dessi- nent, dans la profondeur du tissu filamenteux médullaire (blanc à cause de l'air qu'il retient emprisonné), un petit noyau globu- leux et d'une teinte noirátre presque aussi obscure que celle de la région épidermique du Lichen. Si la spermogonie est observée trés prés du sommet d'un rameau thallien, on la trouvera farcie de mucilage ainsi que de spermaties linéaires, droites, et longues de 6 à 8 millièmes de millimètre. Les spermogonies situées plus bas, et qui sont naturellement plus àgées, se sont fréquemment vidées de leur contenu, et ne renferment plus alors que de l'air. 15. — Cladonic. Le Cladonia alcicornis Fr., Lich. ref., p. 948 (Cenomyce alci- cornis Ach.; Moug. et Nestl., Stirp. J^og.-Rhen. , n° 1062) (1), méme à l'état foliacé et stérile sous lequel on le rencontre habi- tuellement, présente quelquefois d'assez nombreuses spermo- gonies. Ces organes naissent, soit des bords, soit de la face supérieure de sa fronde laciniée ; ce sont des corps à peu prés sphériques , sessiles ou brièvement stipités, portés plusieurs en- semble au sommet de podéties rudimentaires. Bruns d'abord, ils deviennent noirs avec l'áge, atteignent jusqu'à 1/3 de milli- mètre en diamètre, et sont ordinairement alors percés au sommet d'un pore peu visible. Si on les humecte avec de l'eau , ils sont faciles à briser entre deux lames de verre, et le microscope fait voir que leurs parois , fibreuses dans leur texture , circonscrivent une cavité simple, et sont intérieurement tapissées d'une villosité très ténue qui est surtout abondante à la base de la cavité sper- mogonique. Observée plus attentivement, cette villosité se com- pose de filaments rameux courts et trés fins , dont les spermaties naissent comme des ramuscules avortés. Celles-ci, vues libres , sont courbes, cylindriques, et mesurent 6 à 9 millièmes de milli- mètre en longueur, mais leur largeur n'est pas appréciable d'une (1) Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 2* édit., t. XXIII, n° 4424. 179—196 L.-R, TULASNE. maniere süre. Elles s'amassent en immense quantité dans le sein de la spermogonie, mélées au mucilage qu'elle sécrète, et il suffit de la presser légèrement dans l'eau pour les en faire sortir, par son pertuis terminal, comme une gelée incolore et grenue, Rien dans toute cette organisation ne légitime l'opinion que M. Itzigsohn s'est faite des organes dont il s'agit. Les spermogonies du Cladonia rangiferina DC. (Desmaz., PI. crypt. de Fr., 2eédit., t. XXIII, n° 1440) terminent (deux à cinq ensemble) les dernières divisions de ses rameaux; ce sont les corps noirs que portent leurs extrémités réclinées , et qui abon- dent surtout chez les individus dépourvus d'apothécies, Observées avec attention , elles sont doliiformes , c'est-à-dire qu'à cause de leur sommet tronqué et aussi large que leur base, elles affectent presque la forme d'un petit tonneau ; leur diamétre, quand elles sont humides, égale environ 13 centiémes de millimètre, et leur longueur 16 centièmes. Une cavité simple contenant ordinairement. de l’air, et des parois tapissées à l’intérieur d’une villosité ténue, leur sont communes avec les spermogonies du Cladonta alcicor- nis. Les spermaties qu’elles engendrent très abondamment, au sein d'un mucilage incolore , sont aussi cylindriques, courbes , obtuses à chaque extrémité, longues de 6 à 9 millièmes de milli- mètre , et larges (par appréciation ) d'environ 07",0008 ; dans l'eau elles se meuvent d'un mouvement brownien trés marqué. Dans le Cladonia coccifera Ach. ; DC. (1), les spermogonies représentent tout à fait par leur forme, leur couleur et méme par leur consistance, les périthéces de certaines Sphériacées, mais elles ne diffèrent point de celles des Cladonia alcicornis et C . rangiferina en ce qui regarde leur structure interne (voy. pl. XI, fig. 11, s, s, 1^, 15 et 165; on les trouve au bord du petit entonnoir ou scy- phule qui surmonte le podetium. Les spermogonies ne sont pas moins faciles à rencontrer dans le Cladonia perfilata Hook. (2), l'un des Lichens les plus élé- gants que l'on connaisse ; elles y occupent, en effet, groupées (1) Desmaz., PI. crypt. de la Fr., 2° édit., n° 1137. (2) Cenomyce pagodina Delise, mss. in Herb. gen, Cenomycet. (ab ipso autore confecto Muscoque parisino dato), n° 220 (inter pyxidatas [sect. EX]). MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 197—173 deux ou quatre ensemble , l'extrémité des rameaux verticillés qui, par leur soudure, forment autour de l'axe du Lichen autant de coupes aux bords incisés-dentelés. Là elles sont globu- leuses comme celles du Cladonia coccifera , et leurs spermaties , faiblement courbes , ne dépassent guère en longueur 0"",0032. Nous avons dessiné, pl. X, fig. 8-11, les spermogonies du Cenomyce Nove - Anglie Delise (1), et les spermaties qu'elles renferment, 16. — Stereocaula. Les Stereocaulon sont assez analogues aux Cenomyce par leur forme générale et leur végétation ; aussi les spermogonies y occu- pent-elles à peu prés la méme place que chez ces derniers. Celles du Sfereocaulon paschale Ach. (Moug. et Nesil., Stirp. Foq.- Rhen. , n? 73 ) se rencontrent sur de petits capitules bruns voi- sins des apothécies , et peu différents , sinon par leur teinte, des sortes de tubérosités agrégées dont tout le Lichen est couvert, Les spermaties que ces organes produisent sont linéaires , presque droites, et ne dépassent guère 0"*,003 en longueur. 17. — Roccella. Je terminerai ici ce que j'avais à dire des Lichens fruticuleux discigères par quelques mots relatifs aux Roccella. On trouve dans l'herbier de Vaillant, qui est conservé au Muséum d'histoire natu- relle de Paris, des échantillons fructifiés du R. tinctoria Linn., recueillis jadis sur les côtes de l'ile d'Amorgos , l'une des Cy- clades (2). Avec quelque attention que j'y aie cherché des spermo- gonies, je n'ai point su en découvrir. Mais il y a aussi dans les (^) In Herb. sup. cit., n° 229. (2) Ces échantillons portent des scutelles de deux sortes : les unes, fort petites et les moins nombreuses , sont trés noires dans toutes leurs parties , régulière- ment patelliformes, sessiles, et bordées d'un anneau assez épais dû à un excipu- lum propre; en un mot, elles imitent presque entièrement les apothécies des Lecidea. Les autres fructifications, qui sont, ce semble, les seules que les lichéno- graphes aient décrites et observées jusqu'à ce jour dans les Aoccella (Conf. , v. gr. Achar., Lich. univ. p. 439), semblent un état monstrueux des premieres, qu'elles 175—198 . L.-R. TULASNE. collections du Muséum d'autres Roccella rapportés de Coquimbo (Chili) par M. Gaudichaud , et qui sont au contraire trés abon- damment pourvus de spermogonies. M. Montagne les a regardés comme appartenant à la méme espèce que les précédents, dont ils different cependant par leurs dimensions beaucoup plus ro- bustes (1). Plusieurs des branches cylindriques de ces Roccella chiliens sont entièrement couvertes, surtout dans leur bois su- périeure, de points faciles à voir, malgré leur petitesse, à cause du contraste que fait leur —€— noire avec la teinte d'un blanc erisátre qui appartient à tout le Lichen. Ges points sont autant de spermogonies globuleuses, uniloculaires, plongées dans la sub- stance du thalle, et dont le diamètre varie entre 45 et 90 cen- tièmes de millimètre. Les spermaties innombrables qui y naissent sont linéaires et faiblement arquées ; leur longueur égale environ 15 millièmes de millimètre (voy. pl. XVI, fig. 7 ). Quand elles ont cessé d’être fécondes, les spermogonies brunissent beaucoup intérieurement, et la structure celluleuse de leur enveloppe ou corticule devient plus manifeste. Le Roccella Montagner Bélang. (A oyage aux Ind. orient. , Botaniq., 9* part., Cryptog., p. 117, pl. XIII, fig. 4), qui croît, comme les précédents, prés des rivages de l'Océan, mais attaché à l'écorce des arbres, offre sur les mêmes rameaux de nombreuses scutelles et des spermogonies non moins abondantes. Celles-ci sont principalement semées sur les angles épais et obtus de ces rameaux ; là des points noirs, presque microscopiques , servent d'ostiolesà de petits conceptacles globuleux, uniloculaires, larges surpassent beaucoup en volume. Ce sont des sortes de tubérosités difformes qui naissent sous la couché épidermique du thalle, dont les débris soulevés autour d'elles leur prêtent un excipulum thallodique, et suppléent ainsi à l'enveloppe ou re- bord propre qui leur manque. Quoi qu'il en soit des différences existant entre ces deux espèces d'apothécies, des spores entièrement semblables naissent dans les unes et les autres; ces spores sont ellipsoides-oblongues, droites ou à peine courbes, généralement quadriloculaires, et mesurent environ 0"",016 dans un sens et 0"",0065 dans l'autre. (Voy. pl. XVI, fig. 1-5.) (1) Ce Lichen est le Roccella tinctoria var. porlentosa Mntgn. (msc. in herb. Mus. par. et in Cl. Gay, Flora chilena [parte nondum edita]) : il ne diffère pas, Je pense, du A. tinctoria var. Cumingiana Hook. fil. Lue e emm mes MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 4199 —175 de 6 à 8 centièmes de millimètre , et dans lesquels s'engendrent les spermaties. Ces derniers corpuscules sonttrés déliés, courbes, et longs d'environ 13 millièmes de millimètre, ce qui est environ la moitié de la longueur des spores du Roccella dont il s'agit (1). 18. — Celrariæ. L'appareil spermogonique des Cetraria aculeata et C. islandica ne mérite pas moins d'attention que celui des Cenomyce, qu'il imite à plusieurs égards ; aussi bien ce qu'on en peut dire ici complétera l'histoire organographique de ces Lichens dont il a déjà été parlé plus haut. Les branches très rameuses du Cetraria aculeata Ach.; Fr. (Desmaz. , PI. erypt. deF'r.,2* édi., t. IX, n° 428), se divisent au sommet en ramuscules fort ténus, courts et divariqués, dont plu- sieurs représentent des sortes de cils ou d'épines. Parmi ces der- niers il s'en trouve qui noircissent à leur extrémité épaissie et obtuse, et quand on les observe sous le microscope, on découvre qu'ils sont terminés par une spermogonie ovale ou ovale-tronquée trés analogue à celles du Cladonia rangiferina. Le diamètre de ce corps varie entre 5 et 6 centiémes de millimétre, et sa longueur n'excède guère la plus grande de ces dimensions ; son support épais mesure souvent à peine 1 cinquiéme de millimétre. Quant aux spermaties contenues dans ces spermogonies, elles sont ovales , trés transparentes, et paraissent avoir 6 à 8 millièmes de millimétre de longueur sur 3 milliémes de largeur. Les spermogonies du Cetraria islandica Ach. ( Physcia islan- dica DC. ; Moug. et Nestl., Stirp. Fog.-Rhen., n° 157) (2) sont (1) Les scutelles de ce Lichen different beaucoup de celles du Roccella tincto- ria L., et ressemblent peut-être davantage aux apothécies des Physcia. Cepen- dant, sous le voile gris qui recouvre le disque hyménial, on trouve un tissu noir comme dans les Roccella. Les spores sont linéaires-claviformes, légèrement cour- bes, rarement uniloculaires, et à peine larges de 0,004. On conserve au Muséum de beaux exemplaires du Roccella Montagnei Bel.,qui proviennent de l'herbier de M. Guillemin, auquel M. Bélanger les avait donnés. M. Scherer. (Enum. crit. Lich., p. 7) a identifié cette espèce, à tort peut-être, avec le Roccella fuciformis Ach., Lich. univ., p. 440. (2) Desmaz., PI, crypt. de Fr., 2* édit., t. XIIT, n° 643. 176—200 . L.-R. TULASNE. semblables aux précédentes, quoique souvent plus grosses. On les trouve au sommet des cils roides qui ornent le bord des frondes du Lichen, et elles y sont solitaires ou quelquefois réunies deux à trois ensemble ; la fonction de ces cils parait. étre spécialement de leur donner naissance; mais on en voit beaucoup demeurer stériles, de méme que, parmi les plantes phanérogames, il arrive souvent aux rameaux fructifères de manquer à leur but naturel et d'usurper d'autres fonctions. Une faible compression sous l'eau, entre deux verres, des spermogonies du Cetraria 1slan- dica fait sortir par leur ostiole terminal une infinité de spermaties linéaires, droites, longues d'environ 0"",0065, et enveloppées d'un mucilage limpide. La cavité des spermogonies qui se sont déjà en partie vidées est remplie d'air, ainsi que nous l'avons déjà signalé plusieurs fois en d'autres Lichens. (Voy. pl. X, fig. 1-5.) 19. — Peltigera. J'ai longtemps cherché inutilement les spermogonies des Pel- ligera, parce que les individus de ce genre de Lichens en sont trés souvent. dépourvus; cependant j'ai fini par les découvrir à l'extréme bord de leurs frondes. Elles y figurent, dans le P. ca- nina DC. (Desmaz., Pl. erypt., 2* édit., t. XVII, n° 842), de pe- tits tubercules trés obtus que l'on prendrait aisément pour des apothécies naissantes (voy. pl IX, fig. 7, s, s, 8 et 9), mais qui ont ordinairement une teinte brune plus foncée. Leur cavité simple et très étroite est tapissée de petits bâtons assez irrégu- liers, articulés et rameux à la base, longs de 5 à 8 centièmes de millimètre ou même davantage, et dont le diamètre moyen égale à peu près 0,01. Ils sont presque solides, et chacun d'eux en- gendre à son sommet une cellule ovoïde incolore, transparente et lisse, dont la. plus grande dimension mesure 0"",013-022, et la . moindre 0*",0065-0112. Il est vraisemblabie qu’après la chute de cette cellule, son support en produit successivement plusieurs autres ; mais ce qu'il est facile de constater positivement , c'est que le centre de la spermogonie est farcie de ces cellules libres que, malgré leur volume relativement considérable, on doit , ce MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 901—177 semble , regarder comme des spermaties plutót que comme des spores acrogènes ou stylospores. Leur contenu est semi-fluide , presque homogène , et se teint en brun foncé dans l'eau iodée, tandis que leur membrane, qui parait épaisse, se colore seule- ment en jaune. Les spermogonies du Peltigera polydactyla Hoffm. sont aussi tout à fait marginales, mais leur teinte brune est plus foncée ; elles sont arrondies ou oblongues, et varient dans leur diamétre de 15 à 18 centièmes de millimètre. Quant à leur organisation intérieure elles ne différent pas des précédentes, seulement leurs spermaties sont beaucoup plus petites; celles-ci sont des cor- puscules ovales, un peu courbes, trés obtus aux deux bouts , et. dont la longueur, qui est de 0"",0065, est double de la largeur. (Voy. pl. IX, fig. 16-17.) 20. — Nephromata. Un Lichen trés analogue aux précédents, le Nephroma resupi- natum Ach., Lich. univ., p. 522 (Peltidea resupinata ejusd. , Meth. Lich., p. 289) (1), paraît fournir la preuve que les or- ganes que nous venons de signaler chez les Peltidea seraient légitimement appelés leurs spermogonies. Ce Lichen, en effet, présente aussi cà et là sur l'extréme bord de sa fronde de trés petits tubercules bruns, lisses, tantôt arrondis et très obtus, tantôt presque coniques , percés d’un pore terminal à l’époque de leur développement parfait, et qui rejettent par cette ouverture une innombrable quantité de spermaties linéaires et très faiblement arquées , dont la ténuité ne le cède point à celle des spermaties bien caractérisées des Cetraria , des Cenomyce, des Parmelia et autres Lichens déjà énumérés. (Voy. pl. IX, fig. 18-21.) Bien que les affinités trés voisines des /Vephroma avec les Pel- ligera ne permettent guère de douter que les organes, considérés dans ceux-ci comme des spermogonies, ne correspondent réelle- ment par leurs fonctions physiologiques aux spermogonies mieux caractérisées des premiers, cependant on ne peut s'empécher (1) Desmaz., PI, crypt. de Fr., 2* édit., t. XVIII, n° 887 et 888, 178—202 LR. TULASNE. de remarquer les ressemblances singulières qui existent, quant à la structure intérieure, entre. ces spermogonies douteuses des Peltigera et les pycnides des Abrothallus et du ‘Seule | "- supra, p. 107 et suiv.) | 21. — Collemata. Les Collema ne font point exception à la régle commune , ils possèdent des spermogonies comme les autres Lichens et sem- blablement organisées. Dans le Collema cheileum Ach. (Moug. et Nestl., Stirp. Foy. -Rhen., n° 41056), ce sont de petits tuber- cules saillants, obtus, verts comme le reste du thalle , et ouverts par un pore terminal ( voy. pl. VIF, fig. 7-9, s ); leur tissu inté- rieur est aussi formé par un lacis de filaments rameux el articu- lés, qui engendrent latéralement de trés fines spermaties. Au lieu d'étre assises sur la fronde, les spermogonies du Col- lema pulposum Ach. (Moug. et Nestl. , op. cit., n° 1057)sont plon- gées dans l'épaisseur de son parenchyme et se trahissent par une sorte de tache peu visible (voy. pl. VII, fig. 4, 9, 4 et 5); leur tissu est blanchátre comme celui des précédentes. On peut dire encore la méme chose du Collema saturninum Ach. (Moug. et Nestl., Stirp. J'og.-Rhen., n° 45h ; C. myochroum à Schær., Enum. crit. Lich., p. 256), qui est devenu le type du genre Mallotium Fltw. (Voy. la Linnea , t. XXII, p. 1h49.) Les spermogonies du Collema jacobeæfolium DG. ( C. mulhfi- dum Scop.; Fltw.) sont également immergées dans sa fronde, et se présentent comme de petits points obscurs (voy. pl. VIT, fig. 4 et 7-9). 11 faut cependant se garder de les confondre avec une Sphérie parasite dont les périthéces épars sont quelquefois plongés dans l'épaisseur du Lichen. 1| ne serait pas impossible que le T hrombium bacillare de M. Wallroth (1) ne fût pas autre chose que le Lichen dont il s'agit qui aurait été vu par cet observateur, soit chargé de cette Sphérie parasite, soit pourvu d'abondantes spermogonies. M. de Flotow regarde, en effet, cette espéce ambi- guë de T'hrombium comme identique avec le Collema radiatum (^) Ce Lichen est décrit dans sa Flora crypt. Germ., t. E, p. 296. -cc crm ER NT NNI La P S LI mtt MÉMOIRE SUR LES LICHENS. . 203—179 Sommerf. (Fl. Lapp., p. 424), et comme une simple forme ou variété du C. multifidum Scop. (C. multifidum thamnodes Fliw., in Linn., t. VHT, p. 163 [1] . Les pseudo-périthéces que ce der- nier Lichen a offerts à M. de Flotow seraient ou ses spermogonies, ou la Sphérie parasite dont il est ci-dessus question. Ce que le méme auteur dit parailleurs d'une certaine variété pyrenodes du Collema flaccidum, prouverait que les spermogonies des Collema n'ont point entiérement échappé à ses recherches. 1l ne sera pas inutile pour l’histoire de ces organes de rapporter ici les textes dont nous parlons. « De méme, dit M. de Flotow, qu'on trouve des fructifications » pyrénodiques sur des espèces que l'on sait positivement possé- » der des scutelles normales, telles que le Lecidea abietina Ach., » qui est uni au Pyrenothea leucocephala Vr. , et le Lecidea lilacina » Ach., qui vit avec le Pyrenothea lilacina Stenh., de méme aussi » plusieurs espéces légitimes de Collema ont, auprès de leurs scu- » telles complétement développées, des thalamies (pseudoperithecia » Fltw. ) ; c'est ce que^j'ai observé dans les Collema Botrytis » y turgescens, le C. flaccidum Q pyrenodes ( pseudoperithecüis mi- » nulissimis fusco-atris, vertice poro pertusis. Fltw. an Linn, , VII, » 161), le €. multifidum « lacum et y thamnodes ( pseudoperi- » thecus lateralibus atris nitidis: pertusis. Vltw., 4. c., p. 163). » Peut-étre serait-il prématuré, d'aprés ces seuls faits, de rejeter » complétement les genres Obryzum, Pyrenothea et Nostoch: pour /» ma part, je pencherais plutôt à croire, et je tiendrais méme pour > vraisemblable, qu'il y a des espèces légitimes de ces derniers genres, de méme qu'il y a de vrais Piatora, Lecidea, Leca- » nora, etc., et d'autres prétendues espéces des mémes genres qui » doivent l'étre à des Parmelia , des Cetraria, etc. (2). Mais il » faut une grande circonspection et des observations multipliées » pour donner un Pyrenothea ou un /Vostoch pour une espèce sui » generis, En effet, la plupart des /Vostoch, comme c'était déjà » l'opinion d'Eschweiler, ne sont que des Collema imparfaits , et M MI (1) Voy. aussi les pages 191 et 192 du méme volume. (2) Les faux Biatora ou Lecidea dont parle ici M. de Flotow, comprendraient sans doute les Abrothallus et leurs analogues. 180---20/ L.-R. TULASNE. » leurs fructifications des organes avortés ; ce qu'on peut dire » aussi en général des fructifications pyrénodiques. Telle était » l'opinion de Meyer (Entwick. der Flecht., p. 212), et ce qu'il » dit du Lecidea abietina, chacun peut le vérifier à l'aide d'un » bon microscope. » ( Flotow, in Linnea, t. XXII, ann. 1850, p. 184 et 185. ) On voit que M. de Flotow n'avait qu'une foi médiocre dans la légitimité du genre Pyrenothea ; et s’il veut bien S'assurer, comme nous l'avons fait nous- méme , que de telles productions se rencontrent sur tous les Lichens avec les carac- téres et dans les positions plus ou moins déterminées que nous faisons connaitre, il les prendra aussi pour des organes propres à ces Lichens, et non pour des entités distinctes. Je puis encore citer au nombre des Collema dont j'ai vu et . étudié les spermogonies, le Collema nigrescens Ach. (Lich. univ. , p. 646) (1), dont je figure les spores dans la planche VI ci-jointe (fig. 91 et 99). Ses spermaties linéaires, droites et longues de lh à 5 millièmes de millimètre , avec une épaisseur à peine me- surable, naissent de filaments rameux et articulés comme dans les Collema cheileum , C. pulposum et autres précités. Le Col- lema pulvinatum Hoffm. (C. lacerum 3 pulvinatum Ach., Lich. univ., p. 658) (2), qui appartient au genre Leptogtum Fr., et dont j'ai recueilli l'an passé de beaux échantillons fructifiés sur les roches schisteuses des environs de Coutances ( Manche), m'a aussi présenté des spermaties trés courtes et trés fines. À l'égard du Collema corniculatum Hoffm. (€. palmatum f Ach. ; Moug. et Nestl., Stirp. crypt. P og.-Rhen., t. XI, n° 1058 : Obryzum corniculatum Wallr. et recentior.) dont nous avons dé- crit plus haut la fructification angiocarpe, ses spermogonies échappent encore plus facilement à l'ceil de l'observateur que ses (1) Desmaz., Pi. crypt. de Fr., 2° édit., t. XII, n° 587. (2) Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. VII, n° 637, Le Collema muscicola Ach. (Lich. univ., p. 660), qui se trouve dans la méme collection (t. X, n° 949), est aussi très analogue au Lichen dont je parle (voy. Schær., Enum. crit. Lich., p. 248, tab. X, fig. 1), et possède de méme un épiderme celluleux ; le Collema pubescens Scheer, (Ephebes sp. Fr.), qui leur ressemble, en est au con- traire privé. | MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 905—181 apothécies. Ce sont de trés fines ponctuations groupées vers l'ex- trémité des lobes du thalle. Vues au microscope, elles représen- tent de petits périthéces transparents, d'environ douze centiémes de millimètre de diamètre, nichés sous la couche des cellules épidermiques, et dont la moindre pression fait sortir une innom- brable quantité de spermaties qui ont la forme et la ténuité ordi- naires à ces corpuscules. (Voy. pl. VI, fig. 15, 19 et 20.) 29, — Gyrophoræ. Plusieurs Gyrophora sont fréquemment trés riches en sper- mogonies ; de ce nombre est le G. hirsuta Ach. (4) (Umbilicaria vellea y Fr., Lich. ref., p. 358), sur le thalle duquel , à raison de sa teinte d'un blanc cendré lorsqu'il est sec, les organes dont il s'agit sont très apparents, même à l’œil nu. Sortes de tubercules noirs, coniques (d'environ 1 dixième de millimètre de diamètre) ettrès saillants, ils semblent se faire jour au travers de la couche épidermique du Lichen dont ils hérissent la surface ; tantôt ils sont réunis sur divers points du thalle vers sa périphérie, tantôt ils sont distribués avec une abondance. uniforme sur presque toute son étendue. Le corps de la spermogonie est d'ail- leurs entièrement plongé dans l’épaisseur du Lichen, dont la con- sistance est telle qu’on en obtient facilement des lames très minces ; sa forme , qu'une ligne corticale noirátre définit exacte- ment, est régulièrement ellipsoide, et, quant à ses dimensions, les plus grandes qu'elle soit susceptible d'acquérir atteignent environ 1/A de millimètre dans le sens de la profondeur et 15 mil- lièmes de millimètre en largeur. Il n'y a dans la substance gri- sátre de l'organe qu'une seule cavité presque entièrement oblité- rée, tant par les fils articulés ou prosphyses rameuses et solides qui naissent de ses parois que par une immense quantité de sper- maties trés fines et droites dont la longueur ne dépasse guère à millièmes de millimètre. La fronde du Gyrophora proboscidea Ach. (2) (Umbilicaria pro- (1) Desmaz., PI. crypt. de Fr., 2* édit., t. XVIII, n° 885, (2) Desmaz., op. cit., t. XVIII, n° 882. 182—206 COLE. TULASNE. boscidea « Fries, Lich. ref. , p. 951) porte aussi fréquemment d'abondantes spermogonies. Elles y sont indiquées par de petits erains très noirs qui reposent sur une faible élévation circulaire, déterminée par le corps de l'argane lui-méme. Au moyen de coupes faites en ce point , lant dans le sens vertical que parallé- lement à la surface du Lichen , on reconnait que la forme de la spermogonie est globuleuse, ovoide, déprimée ou conique. Son corteo: est noirátre et peu épais, mais le reste de son tissu est d'un gris cendré ; elle s'imbibe facilement d'eau, et devient semi- . transparente; les spermaties qu'elle renferme et leurssuffulera sont exactement pareils aux organes de même nom que nous avons observés dans le Gyrophora hirsuta. Les spermogonies du G. pro- boscidea Ach. varient autant dans leurs dimensions que dans lear forme , car celles que J'ai vues fertiles avaient de 20 à 30 cen- tièmes de millimètre de diamètre ; on en rencontre beaucoup de stériles ou de vieillies dont le cortex est généralement plus épais et trés obscur, les unes presque vides , les autres remplies d'un tissu filamenteux assez lâche qui diffère beaucoup des prosphyses , et; qui, en effet, n'engendre ni spermaties ni corpuscules ana- logues : la bouche de ces organes anomaux ou vieillis est extré- mement noire et à peu prés close. ( Voy. pl. V; fig. 45, s; s; et 17-90. ) | Les spermogonies du Gyrophora erosa Ach. (Fr., op. cit. , p. 354) sont autant de petites proéminences obtuses pourvues d'un pore imperceptible, et, malgré leur grand nombre sur toute la surface du thalle, elles y sont peu apparentes à cause de leur couleur noire, qui est aussi celle du Lichen. Leur substance intérieure est d'un gris cendré, et leur forme globuleuse est limi- tée par une zone corticale noire assez épaisse ; la plupart ont de 10 à 15 centièmes de millimètre en diamètre. Leur cavité simple contient un appareil de prosphyses semblable à celui des espèces précédentes. J'ai observé des spermogonies pareilles à ces dernières, et dont les spermaties droites ne dépassaient pas en longueur à mil- lièmes de millimètre, dans un beau Gyrophora recueilli dans l'ile oo — — n ——gQ— —— — MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 207 —183. de Terre-Neuve, et communiqué à M. Maire, par M. pct n sous le nom de G. spadochroa Ach. (4). LeGyrophora pustulata Ach. (Umbilicariapustulata Hoffm.) (2), dont je veux dire quelques mots, pour en finir avec les Lichens de cette sorte, ne posséde que de rares spermogonies. Elles for- ment des tubercules isolés, obtus , trés saillants , et autour des- quels, de méme que dans le G. hirsuta Ach., la cuticule du Lichen est comme déchirée et soulevée. La masse de ces tuber- cules, enveloppée d’une écorce noirâtre et très mince, plonge dans l'épaisseur du thalle, et y occupe un espace arrondi d'en- viron un demi-millimétre de diamètre ; elle est grisâtre, de na- ture cornée, et en apparence sans aucune cavité; car le tissu de prosphyses rameuses et solides qui la compose est extrémement dense. De ces dernières naissent des spermaties innombrables, très fines, droites, et dont la longueur égale environ 3 millièmes de millimètre. ( Voy. pl. V, fig. 7 s, 44 et 12.) | 23. — Opegrapha. Après les Umbilicaires, parler des Opégraphes , c'est suivre l'ordre admis par M. Fries, dans sa Lichenographia reformata, pour l'énumération des genres des Lichens; toutefois, ce n'est point le lieu, et je n'ai aucunement le dessein d'examiner les affinités naturelles des unes pour les autres; il ne doit être ques- tion ici des Opégraphes que sous le rapport de leurs spermo- . gonies, Ces organes ne manquent point à plusieurs des espèces que j'ai étudiées ; mais je dois avouer que je les ai cherchés inuti- lement dans quelques unes. Les spermogonies de l'Opegrapha varia à diaphora Fr., Lich. ref., p. 365 (3), sont, à la surface de son thalle, des points noirs qui ne le cèdent en rien aux lirelles pour l'intensité de la coloration. Ges points correspondent chacun à une cavité globuleuse, profonde d'environ 13 centièmes de millimètre, et large de 8 à 10. La paroi cellulaire mince et brune (1) Ce Lichen, en effet, est spécifiquement identique avec les échantillons ainsi éliquetés dans les Stirpes Vog.sRhenanæ de MM. Mougeot et Nestler, t. VI, n° 540. (2) Desmaz., op. cit. , t. XVIII, n° 884. (3) Opegrapha diaphora Ach.; Moug. et Nestl., Stirp. V.-Rhen., n° 468. 184—208 L.-R. TULASNE. qui la circonscrit est intérieurement tapissée de stérigmates courts et linéaires, desquels naissent en trés grande abondance des sper- maties droites et non moins ténues; la longueur de ces corpuiacdles varie entre 3 et 5 milliémes de millimètre. | j Dans l'Opegrapha calcaria Ach. ( Moug. el Nesll. , Stir. F.-hh., t. IX, n° 856), les spermogonies ont la méme forme et la même structure que celles de l'espéce précédente : ce sont aussi, comme les figures ci-jointes l'indiquent, des conceptacles ordinairement uniloculaires d’où s'échappent des spermaties droites et très fines, Celles-ci mesurent environ 0"",0065. Ce pl.IL, fig. 9,40 set 12.) 24. — Chiodeclon. Je ne puis passer sous silence, dans cette énumération, l'un des Lichens les plus intéressants de notre flore, en ce qu'il y re- présente une tribu dont les espéces nombreuses habitent des cli- mats plus chauds que le nôtre; je veux parler du Chiodecton muyrticola Fée ( Fr., Lich. ref., p. 148) qui est figuré grossi dans une des planches ci-jointes. Ce Lichen ne fait point exception à tous ceux que j'ai déjà cités, et présente comme eux des spermo- gonies. Ces organes, toutefois, n'y sont pas aussi faciles à voir que mon dessin semble l'indiquer; il les faut chercher avec une bonne loupe, principalement. sur les espaces oü le thalle a la blancheur qui distingue les pulvinules hyménophores, sans pour cela offrir de saillie prononcée. Là on verra de nombreux points noirs faiblement proéminents, isolés les uns des autres, et dont chacun correspond à une sorte d'utricule presque sphérique, entiérement plongé dans la substance du Lichen. Cet utricule spermogonique , dépouillé du parenchyme am- biant, est blanchátre, et mesure environ 18 centiémes de mil- limètre en diamètre. Sa paroi assez dure est semi-transparente dans l'eau, peu épaisse, et tapissée de stérigmates courts et linéaires ; elle circonscrit en outre une cavité simple, qui, dans les spermogonies parvenues à leur complet développement, est littéralement remplie de spermaties linéaires courbées en arc, fort ténues, et dont la longueur parait égaler 16 à 19 milliémes MÉMOIRE SÜR LES LICHENS. 909—185 de millimétre. Quand on presse modérément l'organe dans l'eau entre deux verres, on en fait sortir le contenu par son étroit os- tiole, qui n'a pas, ce semble, plus d'un centième de millimètre en diamétre; les matiéres ainsi expulsées consistent uniquement dans des flots de spermaties qui entrainent avec elles un muci- lage incolore. (Voy. pl. X, fig. 24-27.) 25, — Calicia. On pourra s'assurer, par l'étude du Calicium turbinatum Pers. (Sphinctrina turbinata Fr.), que les Lichens de ce genre sont assujettis à la règle commune, et possèdent aussi un appa- reil spermatophore. Lorsque, sous la loupe, on examine un thalle de Pertusaria communis DC., habité par le Calicium dont il s'agit, on y découvre un plus ou moins grand nombre de petits points noirs mélés aux apothécies adultes et reconnaissables du Lichen parasite, mais qu'on distingue difficilement de celles qui n'ont encore pris qu'un faible développement. Ces corps, dont on peut voir des figures dans la planche XV jointe à ce mémoire, ne sont pas toujours aussi obtus que ces dessins les représentent, mais ils sont habituellement recouverts par un indusium trans- parent, qui semble continu à la couche épidermique du Pertusa- ria, et laisse voir la teinte noire des parois de leur cavité interne. Celles-ci sont tapissées de stérigmates linéaires presque simples, . longs de 10 à 15 millièmes de millimètre, et dont chacun en- gendre à son sommet une spermalie fortement courbée en arc, comme le sont celles du Lecanora subfusca, du Chiodecton myrti- cola, et de beaucoup d'autres Lichens. La longueur de ces cor- puscules, extrêmement ténus, atteint environ 2 centièmes de millimètre, ( Voy. pl. XV, fig. 16-17.) 26. — Sphærophora. J'ai vainement cherché jusqu'ici les spermogonies du Sphæro- phoron coralloides Pers. ; mais, d’après les indices imparfaits que jen ai cru apercevoir, ces organes auraient sur les branches du Lichen à peu prés la méme place que dans le Sphærophoron 13 186—210 Er. ÆULASNE. | compressum. Ach. (S. snelanocarpum Schær., ÆEnum., p. 477). Cette dernière espèce, qui parait fructifier plus rarement encore que la première, a été rappor ife des iles Auckland par M. Hom- bron, en échantillons pourvus à la fois d' apothécies .et de sper- mogonies très nombreuses (1). L'un et l'autre appareil reproduc- teur est placé à la face inférieure du thalle, les apothécies aux extrémités épaissies des branches primaires, les spermogonies tant au sommet que le long des rameaux les plus déliés. Ges der- niéres représentent, sous la loupe, de petits périthéces superfi- ciels régulièrement arrondis, trés noirs, et percés d’un pore, par lequel on fait aisément sortir dans l'eau une grande quantité de spermaties linéaires très ténues, droites, et qui n'excédent pas 3 millièmes de millimètre en longueur. (Voy. pl. XV, fig. 5-7.) 27. — Acroscyphus. Les spermogonies de l' 4croscyphus sphærophoroides Lév. occu- pent aussi la méme place que ses conceptacles sporophores ; elles sont , comme eux , portées au sommet renflé des dernières sub- divisions du thalle , entièrement plongées dans sa substance , et indiquées au dehors par une tache brune peu étendue. Si l'on pratique une coupe longitudinale de l'un de ces organes, on le trouve entièrement formé d’une matière très dense, grisâtre et avide d’eau. Sa forme est ovoide-globuleuse, et son enveloppe ou corticule ne se distingue point du reste de sa masse. En largeur | il mesure de 20 à 95 centièmes de millimètre, et sa profon- deur, égale à environ un tiers de millimètre, est telle que sa base atteint le feutre jaune doré qui constitue la partie centrale (1) Ces mêmes n OD ont été décrits par M. le RS m Montagne dans le Voyage au póle sud et dans l'Océanie , sur les corvettes l'Astrolabe et la Zélée, Bo- tanique, t. I, p. 171. La poussière noire et dense qui remplit les apothécies müres est exclusivement composée de spores libres et de filaments ou longues paraphyses dont la couleur noire-bleue se change en vert noirâtre dans l'agpmo- niaque. Les spores sont sphériques , et mesurent 6 à 9 millièmes de millimètre en diamètre. Leur épispore noir et épais peut être détaché (par le frottement) de l'endospore, cellule également on et brune, mais. pe and (TRE pl. XV, lig. 8-9, ) MÉMOIRE. SUR .LES--LICHENS. 211—187 et la plus considérable du thalle; de sorte qu'il traverse les - trois régions externes de celui-ci, à savoir : son tégument corti- cal de couleur brune, la couche gonimique, et une zone de tissu filamenteux blanc continuà la médulle colorée en jaune. Une ana- lyse microscopique attentive fait apercevoir dans la matiére de cette spermogonie une infinité de très petites cellules globuleuses dont le diamètre varie de8 à5 millièmes de millimètre, et qui sont associées de facon à laisser entre elles un grand nombre de lacunes à peine distinctes. Ges cellules, comme on l'a vu dans les sper- mogonies des Stcta et d'une foule d'autres Lichens , produisent chacune, de leur paroi externe, une spermatie droite, très fine, et qui n’excède pas à millièmes de millimètre en longueur. Il suffit de froisser entre deux lames de verre, dans l’eau, un fragment imperceptible du tissu de la spermogonie, pour obtenir une immense quantité de ces corpuscules , dont la forme et les dimensions sont tellement constantes, qu’on ne saurait leur re- La d’être réellement des organes su? generis. (Voy. pl. XV, . 41-12,) 98, — Lichinæ. Les Lichina, qui ont été récemment associés aux JVostoch dans la tribu des Collémacées (voy. Flotow in Linn., t. VIII, p. 150, et Fries, S. J^ eg. Scand. , p. 121 et 122) (1), offrent des spermogo- nies semblables à plusieurs de celles que nous avons déjà dé- crites. Dans le Lichina pygmæa Ag. (Duriei Pl. select. Hisp.- lusit. , Sect. I, Astur., n° 25), elles sont volumineuses et placées immédiatement au-dessous des apothécies sphériques qui termi- nent les branches du thalle ; par leur pore ou ostiole, dont la pré- (1) On sait que dans la Flora cryptogamica Germanie de M. Wallroth, le Nostoch commune Vauch. et le Lichina confinis Ag. font aussi partie du méme genre sous les noms respectifs de Thrombium Nostoch W . et T. glaciale W. , et qu'ils sont ainsi supposés des alliés trés proches des Verrucaria. ( Voy. Vouvr. cité , t. I, p. 295 et 227, ainsi que la Naturgesch. der Lich. du méme auteur, t. I, p. 233 et 722.) M. Montagne a fait l'histoire des divers sentiments qu'ont eus les botanistes, depuis Micheli, sur la nature des Lichina, et la place qu'ils doivent occuper dans la série des plantes crypiogames. ( Voy. Ann. des sc. nat., 2 sér. ,t. XV [1841 |, p. 150 et suiv.) 188—949 L.-R. TULASNE. sence est facile à reconnaitre, s'échappent d'innombrables sper- maties fort ténues et mêlées à un abondant mucilage. Quand on entame la spermogonie , on y voit un grand nombre de logettes plus ou moins définies qui rappellent celles de certam Cytispora, (Voy. pl. IX, fig. 2 s et 3 sl.) | Le Lichina confinis Ag. (Duriæi Pl. Hisp.- Lusit. , n° 26), qui est moindre que le précédent dans toutes ses parties, en differe surtout par la forme de ses spermogonies et la position qu'elles occupent. Ces organes sont habituellement de petits corps ovoides portés au sommet des ramuscules du Lichen, et très souvent aussi implantés sur les apothécies elles-mêmes. De leur cavité et par un ostiole terminal sort, quand on les presse légérement, une infinité de spermaties qui, avec le mucilage dont elles sont enveloppées , forment une pulpe blanchátre que l'iode teint en jaune pâle. Ces corpuscules sont ovoides, et mesurent 0"",0035 dans un sens et 0"",0025 dans l'autre ; ils naissent sur de petites colonnes ou basides irréguliérement cylindriques, dont la hauteur varie de 0"",016 à 0"7,026. (Voy. pl. X, fig. 12 à 15.) On peut faire remarquer ici que les Lichina, qui ont été sou- vent mis au nombre des Algues marines, et auxquels M. Fries et plus récemment M. Schærer ont refusé une place parmi les Li- . chens d'Europe, en décrivant ou énumérant ces végétaux (1), que les Lichina, dis-je, possèdent au contraire, dans un degré élevé, : tous les caractères qui distinguent les Lichens ; il suffit pour s'en convaincre de rapprocher des détails qui précédent ce que nous avons dit plus haut (p. 82 et83) de leurs apothécies et de la struc- ture de leur thalle. idi (1) Dans le mémoire qu'il a consacré aux Lichind, M. Montagne lui-même accorde à ceux qui les avaient étudiés avant lui « que la véritable nature de ces » plantes est ambigué, et que leur place est conséquemment incertaine. » (Voy. Ann. des sc. nat., 2° sér., t. XV, p. 451 [mars 1841 |. ) M. Decaisne inclinait à faire des Lichina et du genre Pasithoe Dne. ( Paulia Fée) un petit. groupe parti- culier (des Licuwées), intermédiaire entre les Lichens et les Algues. (Voy. les Bulletins de l' Acad, roy. des sc, et bell.-lettr. de Bruxelles, t. VIT, 4'* part. [1840], 5. 409.) . MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 213—189 29. — Perlusaric, - Jene saurais omettre de mentionner, parmi les Lichens angio- carpes de notre pays, le Pertusaria communis DC., l'un des plus communs et des plus intéressants à la fois au point de vue phy- siologique, je veux dire en raison des modifications diverses que son thalle peut subir. Dans la campagne qui entoure Paris, ce Lichen est trés rarement fructifié , et presque constamment à l’état de J'ariolaria ; tandis qu'à une plus grande distance de cette ville, par exemple à Versailles, à Rambouillet, à Fontaine bleau, etc. , il est habituellement riche en périthéces fertiles et beaucoup mieux développé. Je me suis demandé plusieurs fois si sa stérilité habituelle autour de Paris ne devrait pas être attri- buée à l'impureté de l'atmosphére. La présence des spermogo- nies dans le thalle de ce Lichen est à peine indiquée à sa surface par de trés fines ponctuations noirátres et éparses. La spermo- gonie elle-méme est complétement plongée dans la substance de la plante, et sa cavité simple, étroite, sinueuse, et d'un diamètre fort inégal, est limitée par des parois que leur faible coloration fait aisément confondre avec les tissus ambiants, Observée sous la loupe, cette cavité est totalement remplie par une matiére dense et de couleur rosée qui imite assez la pulpe contenue dans les apothécies, mais dont l'organisation intime est complétement différente. Le microscope permet, en effet, de voir au centre du - petit appareil dont il s'agit un lacis très lâche de filaments longs et rameux plongés dans un mucilage diaphane, et mélés à une quantité prodigieuse de spermaties. Celles-ci naissent des fils ténus , droits, et longs de 15 à 25 milliémes de millimétre, qui tapissent toute la paroi interne de la spermogonie ; elles sont droites, et semblent atténuées-aigués vers les extrémités ; leur lon- gueur atteint à peine un centième de millimètre. ( Voy. pl. XI , fig. 2 s,s, 9 o, et 10.) 30. — Endocarpa. Les Endocarpon sont dans notre flore le type le plus parfait des Lichens angiocarpes. Qu'ils soient, de la méme maniére que les 190—914 E.-B. TULASNE. Lichens gymnocarpes, pourvus de spermogonies, c'est ce qu'un examen attentif démontre pleinement. Chez l'Endocarpon minia- tum Ach. , par exemple , tandis que les conceptacles ascophores se trahissent par une petite papille saillante , les spermogonies ; plongées comme eux dans le parenehyme du Lichen , sont indi- - quées par une tache brune circulaire, plane, et faiblement dépri- mée dans son centre que traverse l'ostiole qui donne issue aux spermaties, Ces spermogonies se rencontrent presque exclusivez ment à la périphérie du Lichen , et leur masse a la forme d'un globule déptimé qui se crevasse irrégulièrement au milieu. Aussi bien que les conceptacles sporophores, elles déterminent une lé- gère tubérosité à la face inférieure du thalle, car leur épaisseur, atteignant souvent 1/2 millimètre, dépasse celle qui est ordinaire à celui-ci; Leur substance est d'un gris plus ou moins teinté de rose, mais ne prend jamais la belle couleur vermeille propre aux conceptacles femelles ; elle est, en outre, excessivement dense et solide, ce qu'elle doit à la nature des stérigmates rameux qui la. constituent pour la plus grande part. Au travers de ces basides articulées qui ne laissent entre elles que d'étroits instertices , s'amassent les spermaties et le mucus qui devra leur servir de véhicule. Ges derniers corpuscules sont droits, et ont à peine o millièmes de millimètre en longueur. (Voy. pl. XII, fig. 3 et 5.) L'Endocarpon fluviatile DO. (E. W'eberi ch.) (4) est regardé par plusieurs auteurs comme une forme du précédent ; cependant il en. parait suffisamment distinct à cause tant du caractère poly- phylle de son thalle que de la forme et du volume plus considé: -rable de ses spores; dont là longueur atteint 0"",013. Les échan- tillons qui m'en ont été obligeamment communiqués, par M. Le Baïlly de Falaise, ne portent sur toute leur surface que des spermogonies très nombreuses entièrement semblables à celles de FÆ, miniatum Ach:, et semblent complétement privés de con- - ceptacles sporophores ; mais d'autres exemplaires conservés dans. les herbiers du Muséum, et provenant de lieux trés divers, offrent en méme temps des apothécies et des spermogonies. (1) Degmaz,, PI. erypt. de Fr, 2* édit,,4, XXIV, n° 4487. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 215—191 Je ne sache pas néanmoins avoir jainais rencontré à la fois des spermogonies et des organes ascophores sur le méme individu d'Endocarpon hepaticum Ach. (1). Gette petite plante, que j'ai recueillie abondamment sur les coteaux arides dés environs dé Poitiers, ne présente sur chacune de ses frondes qu'un nombre trés limité, soit de conceptacles à théques, soit de spermogonies. Celles-ci sont indiquées comme les premiers par une tâche brunátre faiblement saillante, mais leur chair est beaucoup plus pâlé ; leur strücture ét leur densité sont d'ailleürs exactement telles que chez les Endocarpon miniatum et E. fluviatilé , les spermaties y sont droites ; presque ovales-allongées , et ont à peine 8 millièmes de millimètre de longüeur. (Voy. pl. XIE, fig. 7, 8, 10 et 41.) Comme le précédent, l'Endocarpon sinopicum Wahlenb. (Des- maz., Pl. erypt. de Fr., 9» édit, , t. XXIV, n° 1184) dont j'ai déjà parlé (voy. supra, p. 49), est.formé de disques d’une très petite étendue. Des points noirátres ; semblables, quoique plus petits, à ceux qui figurent l'orifice des apothécies, y dénotent la présence des spermogonies. On trouve dans ces derniers organes des cavités trés sinueuses tapissées de cellules linéaires irrégu- lières, desquelles naissent des spermaties droites dont la longueur n'excéde pas 0"",0065.. (Voy. pl. X, fig. 19-21.) . 81. — Verrucariæ. Dans les Verrucaires, les spermogonies sont généralement abondantes; et ne se distinguent guère des apothécies que par leur moindre volume. | Vers le temps où je commencais ce travail, je crus voir cer- tains périthèces du Ferrucaria atomariä DG. (Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rlien., n° 865 e) contenir à là fois des théques fer- tiles et de nombreuses spermaties, tandis que d'autres concep- tacles renfermaient exclusivement l'une ou l'autre de ces deux sortes d'organes. Les spermogories dans le sein desquelles les sporanges faisaient défaut, étaient beaucoup plus riches en sper- maties que les conceptacles mixtes , et leur tisstí était tellement (1) Desmaz., op, cit,, n° 4483 (t, XXIV). ; 192—216 | L.-R. TULASNE, dense, quoique mou, que je n'y pus voir aucune de ces spermaties encore attachée à sa baside génératrice. Je n'oserais dire que ces spermogonies pures étaient toutes destinées à produire plus tard des théques ; mais il me parut que, dans le sein de plusieurs, les sporanges succédaient réellement aux spermaties. Celles-ci sont plus ou moins courbes, sans dépasser 35 dix-millièmes de milli- mètre en longueur, et leur ténuité est telle qu'il serait fort diffi- - cile de déterminer d'une maniére précise leur épaisseur; l'eau iodée les colore en jaune brun, sans modifier le mouvement brownien dont elles sont agitées. Il est absolument impossible d'admettre que ces corps soierit destinés à devenir des spores or- dinaires , comme le voulait M. de Flotow (1) ; car il est facile de reconnaitre qu'ils ont tous et toujours la méme forme et le même volume, par quoi ils différent extrémement des véritables spp du Jerrucaria atomaria DC. | Quoiqu'il me semble bien n'avoir point été victime d'une erreur d'observation, ou de quelque méprise, en ce qui touche la pré- sence simultanée des thèques et des spermaties dans plusieurs des conceptacles de cette Verrucaire , cependant, malgré toutes mes recherches, et l'habitude plus grande que j'ai acquise de ce genre d'étude , je n'ai pu parvenir, en ces derniers temps, à vérifier de nouveau l'exactitude du fait dont il s'agit; exacti- tude que je serais aujourd'hui disposé à mettre en doute, attendu que je n'ai point encore rencontré d'autres Lichens oü les sper- maties et les spores soient renfermées sous le méme tégument général. Dans le 'errucaria epidermidis « Ach. (Betulæ), qui ressemble extrémement au #7. atomaria DC., les périthèces - spermogonies sont, confondus avec les conceptacles ascophores, mais, beaucoup moins gros qu'eux, ils sont faciles à reconnaitre. Ils contiennent exclusivement et en abondance des spermaties linéaires trés sem- blables à celles du Pertusaria communis DC. , c'est-à-dire droites et comme aigués aux deux extrémités. La longueur de ces corpus- . cules atteint environ 65 dix-milliémes de millimètre. (4) Voy. la'Bot. Zeit., t. VIII (4850), p. 916. n——— " MÉMOIRE SUR LES LICHENS, 217—198 . .… Les échantillons de F’errucaria gemmata Ach. (4) qu'il m'a été possible d'étudier m'ont tous paru, contrairement à ce qu'on en dit généralement (voy. Fries, Lich. ref., p. 444), posséder une cruste blanchâtre continue et épiphloeode , renfermant dans son sein une couche épaisse de gonidies vertes. Les spermogonies de ce Lichen sont des périthéces noirs, crustacés , très saillants au-dessus de son thalle, mais plus aigus et moins gros que les ihalamies. Leurs parois internes sont tapissées de stérigmates déliés , longs de 13 à 16 millièmes de millimètre, et du sommet desquels se détachent des spermaties solitaires , trés ténues, et à peine longues de 3 milliémes de millimétre. Au lieu d’être éparses et confondues avec les périthèces asco- phores , comme dans l'espéce précédente , les spermogonies du Verrucaria nitida Schrad. (Pyrenula nitida Ach.) (2) sont distri- buées sur ce Lichen d'une facon qui rappelle tout à fait le CAio- decton myrticola Fée. On les trouve, en effet, placées à peu près toutes aux bords de la cruste thallienne, c'est-à-dire le long des lignes noires sinueuses qui , si je ne me trompe, seraient dues à la rencontre de thalles voisins, ou qui, en d'autres cas, défini- raient un thalle isolé. Ce sont des périthéces trés déprimés, noi- râtres, et dont le diamètre dépasse à peine celui de l'ostiole des conceptacles sporophores. Les spermaties qui naissent dans ces spermogonies sont innombrables, incolores, linéaires, courbes, et mesurent 17 à 22 millièmes de longueur. Chacune d'elles . est primitivement portée par un stérigmate linéaire trés court, et presque aussi ténu qu'elles-mémes. De tels suffulcra tapissent d'une sorte de velours trés dense toute la cavité de la spermo- gonie. (Voy. pl. IT, fig. 6 et 8.) Je noterai encore ici deux Verrucaires, dont il a déjà été ques- tion plus haut (p. 155 et 203) ; elles méritent une attention particu- liére, en cequ'elles sont au nombre de celles qui ne présentent pas ou n'offrent que trés rarement des conceptacles ascophores ; aussi appartiennent - elles au genre Pyrenothea de M. Fries, et sont- LA (^) Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. XI, no 4064. (2) Moug. et Nestl. , op. cit., t. IV, ne 365. des 194—918 LR, MULASNE. elles regardées par M. Wallroth comme des espèces de Throm- bium. L'une est le F’errucäria leucocephala Ach. (Pyrenothed leu- eocephala « Fr. et P; vermicellifera ejusd.) (1), qui possède un thálle grisâtre, épiphlæode et riche en gonidies, Ses périthèces sont très saillants, tout à fait obtus, crustacés et noirs, mais longtemps recouverts d’une poussière furfuracée blanchátre. Inté- rieurement leur stíbstance est blanche, avide d'eau et formée prin- cipalement d'un tnuciláge incolore dahs lequel sont plongées des spermaties en nombre immense, droites, linéaires , obtuses , et longues de A à 6 milliémes de mitimetré, Oii attribue à ee Li- chen une forme lécidine, qui Serait le Lecidea abietina Ach. ( Li- chen. abietinus Sin., Engl. Bot., tab. 1682) ; mais j'avoue que le seul exemplaire de cette dernière sorte de Lichen qüe j'àie vu (in Schær. Lich. helv. ews., n° 948) ne m'a aucunement paru justifier un tel rapprochement ; d'ailleurs les périthèces du Py- renothea ——— ressemblent plus encore aux Mein ua des Verrucaires qu'à celles des Lecidea. | | Je n’ai également observé que des spermogonies dans le Pen ü- caria byssacea Ach. (Pyrenothea stichica Fries) (2). Le thallé épi- phlæode de ce Lichen est grisâtre, lisse, continu , solide ou pres- que crustacé ; il renferme en abondance des gonidies d'un vert jaunâtre , et Son épaisseur égale 8 à 10 millièmes de millimètre, Ses périthèces ovales-globuleux ne font hors de la crusté dans laquelle ils sont plongés qu'une saillie peu considérable, et sont - larges d'environ 8 centièmes de millimètre, Bien que j'aie ouvert un grand nombre de ces conceptacles, je n'y ai jamais rencontré que des spermaties ou corpuscules linéaires, courbes, longs de 12 à 16 millièmes de millimètre, et naissant sur des stérigmates pareils à ceux du F’errucaria nitida Schrad. M. Fries rapporte au Lichen dont nous parlons le Lecidea lilacina Ach. (Fries, Lich. suec., n° 272), qui en serait une forme plus parfaite ( voy. Fr. , Lich. europ. ref., p. 153) ou l’état ascophore; je süis encore obligé de dire que cette opinion me semble trés contestable, bien qu'elle s'appuie, comme on l’a vu plus haut, de l'autorité de (1) Moug. et Nestl.; Stirp. Vog.- Rhen., t. VITE, n» 797 b Weser (9) Moug. et Nestl,, ap. cit., t. EX, n, 858. + MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 219—195 M. de Flotow. Oh sait que, suivant M. Duby, le F’errucaria bys: sücea Ach. serait peut-être un Calicium. ( Voy. le Bot. Gall., t. IT, p. 639.) Je terminerai ici cette longue énumération dans laquelle j'ai voulu faire entrer presque tous les genres des Lichens de notre pays, afin de montrer pleinement, s'il se pouvait , que les sper- mogonies ne sont point des organes accidentels, et propres seu- lement à un petit nombre d'espéces, mais, au contraire, qu'elles: constituent un appareil PM de reproduction commun à une multitude de Lichens, sinon à tous, et étroitement lié, sans doute , quant à ses fonctions physiologiques , avec l'autre appa- reil fertile dont les apothécies sont l'expression variée. La revue que nous venons de faire nous a, je crois, donné lieu de signaler le plus grand nombre des formes diverses que les organes dont il s'agit peuvent revétir; et j'essalerai, en finissant ce travail, de résumer brièvement ce que leur Büruetüre: offre de plus saillant. Toutes les spermogonies que nous avons observées sont des réceptacles clos, imitant plus ou moins les périthèces des Cham- pignons de la famille des Hypoxylés , et aucune d'elles ne sau- rait étre comparée aux spermogonies béantes ou plus ou moins. effuses de certains Discomycétes. Le plus souvent ces conceptacles des spermaties sont plongés dans la substance du Lichen, et ne font au dehors que peu ou point de saillie : rarement sont-ils tout àfait libres, et portés au-dessus du thalle comme les apothécies des Lichens gymnocarpes (ex. c., Cladoniæ , Cetrariæ et Gya- leclæ quedam , eté;). Leür forme générale est habituellement globuleuse, ell'psoïde ou irrégüliérement oblongue, et quelquefois sinueuse en ses contours. Leur enveloppe externe, fréquemment dure et comme crustacée, varie beaucoup dans son épaisseur; souvent elle est noire ou de couleur sombre, surtout vers le haut de là spermogonie ; en d'autres cas, sa teinte pâle la fait con- fondre avec les tissus qui l'entourent, La spermogonie peut offrir une cavité simple, indivise ou multiple, et partagée de différentes manières en un nombre variable, soit de logettes particulières, 196—990 — LR. TULASNE, soit de sinus étroits communiquant tous avec un pertuis commun qui est l'ostiole du petit appareil. Gette structure, simple ou complexe, imite à beaucoup d'égards celle qui est ordinaire aux spermogonies des Pyrénomycètes et des Discom ycétes, c'est- à-dire aux productions rangées jusqu'à ce jour sous les titres divers de Cytispora , Sepioria, Phoma, Micropera, Melas- mia, etc., ce qui, comme je l'ai dit ailleurs (1), ne prouve pas tudo s Ree Uk en faveur de l'affinité naturelle qui existe entre les Lichens et les Champignons. | Quelle que soit l'organisation de la spermogonie des Lichens, le tissu qui la remplit est trés avide d'eau, et ses divers éléments sont ordinairement unis à un mucilage incolore analogue à la matière anhiste qui entre dans la composition du disque hymé- nial des scutelles. La forme et les dimensions des mémes éléments spermatophores sont ce qui varie le plus dans les spermogonies des Lichens. Les plus simples sont des sortes de styles courts et déliés, indivis (Urceolariæ, Lichinæ, etc.) ou rameux (Cladoniæ) ; en d'autres cas, ce sont des branches articulées , composées d'un erand nombre d’utricules cylindroides ou globuleux ( Parmelic, Endocarpa, Shctæ, etc.) ; souvent au contraire, comme chez divers Lecidea, ces branches sont réduites à deux ou trois articles allongés. Habituellement cet appareil de stérigmates et les sper- maties qui en naissent suffisent à remplir presque entièrement la cavité de la spermogonie ; quelquefois cependant il se développe en outre au sein de celle- ci un tissu filamenteux stérile qui affecte des dispositions et des formes variées (v. gr. apud Physciam fraæineam, Parmeliam physodem, etc.). Les spermogonies, considérées relativement aux positions di- verses qu'elles peuvent occuper sur le thalle, sont fréquemment éparses et distribuées sans ordre apparent , non seulement dans les Lichens crustacés ou foliacés, mais encore dans ceux qui sont dits fruticuleux. Chez un grand sam d'espéces à thalle hori- zontal ou centrifuge, elles sont surtout abondantes vers la périphé- rie de la fronde, et entourent ainsi d'une sorte de zone la région plus centrale du Lichen, de laquelle sont nées ou doivent naitre (1) Voy. les Ann. des sc. nat., 3* série, t. XV, p. 375. : MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 991—197 les apothécies. Les spermogonies sont méme tout à fait margi- nales dans les Peltigera et les Nephroma ; elles sont pareillement acrogènes chez divers Lichens fruticuleux, tels que les Cladonia, plusieurs Cetraria, les Lichina, les Spherophoron et V 4cro- scyphus. | Jamais, ainsi que je l'ai dit plus haut, je n'ai pu constater que les spermogonies fussent, comme le veut M. Bayrhoffer, l'origine des scutelles et leur servissent, en quelque facon , de matrice ; le K'errucaria atomaria DC. demeure jusqu'ici, pour moi, le seul Lichen chez lequel les spermaties et les théques semblent quelque- fois se développer dans le méme périthèce. Si cependant d'autres exemples d'un pareil fait venaient à se rencontrer, il n'y aurait pas lieu d'en étre trop surpris, car nous en pourrions citer d'assez analogues parmi les Champignons ascophores. Lorsque les sper- mogonies des Lichens ont achevé de remplir les fonctions qui leur sont dévolues et cessé de produire des spermaties, tantót leur tissu intérieur se détruisant, elles deviennent vides peu à peu, tantót ce tissu s'endurcit et se colore de facon à figurer uri Corps inerte étranger à la plante. Pour ce qui est des spermaties, toutes, on l'a vu, sont, commé celles des Champignons, des productions terminales ou acrogènes relaüvement aux organes qui leur donnent naissance. Sauf des cas trés rares oü elles présentent la forme de petits corps ovoides . ou oblongs (ap. Peltigeras), ce sont des organes linéaires d'une grande ténuité, trés courts ou plus ou moins longs, droits ou arqués , dépourvus d'appendices, privés de mouvement, et joints à un mucilage dont la présence est dissimulée par son extréme diaphanéité ; l'iode les colore en brun, et l'ammoniaque liquide ne semble pas habituellement exercer sur eux d'action sensible. Le mode d'attache le plus ordinaire de ces spermaties avec les utricules qui les produisent, ou la manière dont elles procèdent d'eux, rappelle entiérement les lois de la ramification des Con- ferves et de beaucoup d'autres Algues, chez lesquelles, en effet, les nouvelles branches naissent toujours isolément du sommet des articles du rameau principal. (Voy. Mohl, //ermischte Schrift, , Taf. 13.) | 198—992 LR, TULASNE. On peut aussi remarquer qu'elles occupent sur leur support la méme place que tient sur la cellule basilaire des Puccinies le filament- germe qui en sort (voy. Ann. des sc. nal., 3* sér., t. VH [1847], p. 68, pl. vir, fig. 20 et 21). Enfin, eh le méme rapport, elles offriraient une analogie véritable avec les anthé- rozoides de certaines Algues Floridées, telles que les Callitham- nion et les Griffithsia (voy. Thuret, in p des sc, nat., 3° sér., 4 AVE, play ei y ai elles n'étaient entièrement dus , tandis que chacun de ces anthérozoïdes parait s 'engendrer dans un utri- cule membraneux dont il se dépouille quand il devient libre. Les spermaties des Lichens ont en outre cela de commun ayec ces derniers corpuscules d’être comme eux privés d'appendices loco- moteurs , circonstance toutefois que M. Thuret (loc, cit., p. 18 et 3/4) ne juge pas suffisante pour leur refuser un róle physiolo- gique semblable à celui qu'on attribue aux anthérozoides ou sper- matozoïdes plus complets des Fucacées , des Muscinées et autres familles de Cryptogames. M. Léveillé a exprimé d'avance le méme sentiment à propos des Champignons (Ann. des sc. nat., 3* sér., t. XV [1851], p. 120), et je n'ai moi-méme aucune raison pour ne le point partager, puisqu'il s'accorde tout à fait avec ce que mes recherches sur l'appareil reproducteur de ces derniers vé- gétaux m'ont appris jusqu'ici. D'ailleurs, quel que doive étre un jour le résultat de ces recherches et de toutes celles de méme nature dont les Champignons et les Lichens pourront être l’ objet - de la part des botanistes, il vaut mieux sans doute aujourd’hui assimiler, quant aux fonctions, les spermaties ou anthérozoides PU avec les spermatozoïdes doués de motilité, plutôt qu'avec les spores ordinaires, M, Nægeli (cité par M. Thuret, loc. sup. cit., p. 11-12) a cru devoir, il est vrai, regarder les anthérozoides agiles des Fucacées comme des sortes de spores stériles ; mais cette manière de voir, si on l'étendait à tous les corpuscules analogues, obligerait à supposer, contre toute vrai- semblance , que chez tous les étres de huit ou dix familles végé- tales différentes existerait une méme imperfection, soumise à des lois certaines, et à laquelle nous ne saurions assigner une raison d'étre ou un but quelconque, | MÉMOIRE. SUR LES LICHENS. 223—199 Enfin et comme dernière remarque, j'ajouterai que si la con- naissance acquise des spermogonies des Lichens ne saurait abso- lument dispenser de toute recherche ultérieure ayant pour objet les organes reproducteurs dont ces végétaux pourraient encore étre pourvus , elle rend du moins extrémement douteux , sinon tout à fait improbable, le róle d'organes fécondateurs qu'on lait naguère disposé à attribuer aux paraphyses. (Voy. Léveillé, Ann. des sc. nat., 9* sér. , t. XV, p. 120.) ess EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE I. Fig. 4-7. ParmeLrA PAnrETINA Ách.; Fries, Lich. europ. ref., p. 72; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. I, n° 66; Physcia parielina DNrs. in Giorn. bot. italo, t. II, p. 197. 4. Fragment grandi du thalle du Lichen, sur lequel on voit à la fois de j jeunes scutelles et plusieurs tubercules très petits s, s, qui sont autant de spermo- . gonies.. | : 2. Coupe yerticale trés grossie d'une de ces spermogonies et du thalle qui la porte. Le diamètre de ces spermogonies varie de 45 à 25 centièmes de milli- mètre. 3. Petit fragment emprunté à cette coupe et vu au microscope composé ; les fila- ments articulés, desquels naissent les spermaties, sont implantés sur un tissu cellulaire très fin disposé autour de la spermogonie comme une sorte de cortex. A4. Spores traitées par la teinture d'iode qui a coloré le protoplasma qu'elles contiennent; la partie de ces corps restée incolore appartient à l'épispore extró- mement épaissi. | | 8. Spore germée, également colorée par l'iode. 6-7. Autres spores germées qui n'ont pas été traitées par la teinture d'iode. « x Fig. 8-16. PAnwELIA AlPoLIA Àch.; Imbricaria aipolia DC.; Parmelia stella- ris a (partim) Fr., Lich. europ. EM p.. 82. | [D'après des échantillons recueillis dans le bois de Boulogne prés Paris.] 8. Portion de thalle chargée de spermogonies noires et saillantes s, s. 9. Coupe verticale (trés grandie) de ce thalle, au travers de trois spermogonies. 10. Parcelle du tissu intérieur de ces organes et spermaties qui y prennent naissance ; beaucoup de ces corpuscules sont encore attachés aux cellules des- quelles ils procèdent. . 41. Apothécie müre, coupée verticalement et Tam il y a une couche de go- nidies ou cellules vertes sous l'hypothecium. 200—9292^A - L.-R. TULASNE. 12. Mince fragment retranché de la coupe précédente obliquement et vers ses bords. — t, couche hyméniale ou fertile (thalamium), formée de théques et de paraphyses ; h, hypothecium et quelques gonidies au-dessous ; m, région mé- dullaire ou fibreuse; c, zone corticale ou excipulum de la scutelle, lequel est continu au cortex supérieur du Lichen ; le stratum gonimon est représenté par les utricules sphériques et colorés g qui sont disposés entre la médulle et la couche corticale. 43. Très mince lame de la substance de l'hymenium, obtenue par une coupé paralléle à sa surface;les plus grandes lacunes correspondent à la cavité des théques, les plus petites au canal étroit des paraphyses; une abondante matière intercellulaire est épanchée entre ces organes et les soude les uns aux autres. T | A4, Spores mûres dont deux sont germées ; elles sont d'un vert noir foncé et mesurent 4 6 à 19 millièmes de millimètre en un sens et 8 à 40 dans l'autre, 45. Spores germées et non germées qui ont été traitées par l'acide sulfurique et brisées ; leurs cellules intérieures (endospores, epinuclei) en sont sorties entiéres. | : : " 46. Epinuclei (mis à nu) des spores qui avaient germé ; le filament-germe est évidemment un produit de ces cellules intérieures des corps reproducteurs. aX Fig. 17-21. SricrA PuLMONACEA Ach.; Schær., Enwm. crit. Lich., p. 30, tab. IL, fig. 4'; Lichen pulmonarius Linn.; Moug. et Nestl., Stirp. Vog. - Rhen., I, 62. Tet [D'après des échantillons recueillis dans les bois de la Chartreuse de la Verne près Collobriéres, en Provence]. j | A7. Extrémité d'un lobe de la fronde du Lichen, portant plusieurs scutelles a, dont l'une c est habitée par le Celidium Stictarum Tul.; des glomérules irréguliers, ou sorédies o, ainsi que des ponctuations noires déterminées par la présence des spermogonies, sont éparses à la surface ou sur les bords de ce thalle. | 48. Coupe verticale traversant une scutelle a encore imparfaitement développée, et deux spermogonies, dont l'une i est remplie de spermaties et blanchàátre, tandis que l'autre s a cessé de produire de ces corpuscules et est devenue brunátre. 19. Spores mûres dessinées isolément, 20. Portion de la coupe verticale d'une spermogonie. 21. Un des filaments articulés spermatophores qui tapissént la cavité des sper- thogonies. PLANCHE Il. Fig. 4-5. Sricia HERBACEA Ách.; Fries, Lich. ref., p. 55 ; Lichen hérbaceus Huds. [D'après dés échantillons recueillis dans la forét de Briquebec (Manche), par MM. de Brébisson et Godey]. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 995—904 4. Trés petite portion du thalle d'un Lichen fructifié; plusieurs jeunes apothécies y sont éparses ainsi qu'un plus grand nombre de spermogonies (s, s) pulvinées, saillantes et tachées au centre d'un point noir qui est leur ostiole. À . Coupe verticale grossie, traversant une apothécie naissante a, encore voilée par le cortex du Lichen, et une spermogonie s parvenue à son entier dévelop- pement. La couche médullaire renferme dans son sein un noyau de gonidies g, analogue à ceux qui se voient si abondamment dans le Solorina saccala, Ach. 3. Autre coupe, verticale comme la précédente, et qui divise par le milieu deux scutelles a, a, jeunes encore, et une spermogonie s qui a déjà produit uneabon- dante quantité de spermaties. 4. Fragment (vu au. microscope composé) du tissu d'une spermogonie, lequel présente à la fois les filaments articulés générateurs des spermaties, le tissu qui les porte et forme les parois de la spermogonie, puis le stratum gonimon et le cortex du Lichen. Ce fragment est emprunté à la partie supérieure d'une spermogonie. 9. Spore máüre, grandie. 19 x. Fig. 6-8. PyrenuLa nitina Ach.; Verrucaria nitida Fr., Lich. europ. ref., p. #43 ; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. IV, n° 365. [D'après des échantillons recueillis par M. Adolphe Brongniart sur un tronc de hétre, dans la forét de Compiègne (Herb. du Mus. de Paris). | 6. Fragment grandi sur lequel on voit plusieurs périthèces mûrs, noirs, et une foule de spermogonies disposées le long des lignes obscures qui sillonnent la croûte du Lichen et paraissent dues à la confluence de thalles appartenant à des individus différents. 7. Spore müre grandie. 8. Spermaties isolées, très grossiés. x" x Fig. 9-12. OPEGrAPHA caLcaRIA Ách.; O. saxalilis DC.; Fries , Lich. eur. ref., p. 366; Moug. et Nestl., op. cit., t. IX, n° 856. [D'aprés des échantillons recueillis en Normandie et obligeamment communiqués par M. Le Bailly de Falaise.] 9, Petite portion du Lichen trés grossie; quelques points noirs semés cà et là entre les lirelles figurent les spermogonies. 10. Coupe verticale traversant une lirelle a suivant son moindre diamètre, et une spermogonie s qui est entiérement plongée dans le thalle. 11. Fragment trés grossi de l'Aymenium qui tapisse les parois internes du sillon moyen des lirelles. 12. Coupe verticale (mince fragment très grossi) d'une spermogonie de laquelle sortent de fines spermaties. 1^ 202—926 -p.-R. TULASNE. *, Fig. 13-15. RiwALINA FRAXINEA. Ach.; R. calicaris a frazinea Fries, op. cit., pa 30 ; Moug. et Nestl., op. cit., t. IT, n° 458. mm [D'aprés des échantillons révuctiéé à Saint-Romain-sur-Vienne (Poitou), par M. l'abbé S. de Lacroix.]| 13. Coupe longitudinale (grossie) d'un rameau qui porte d'un cóté une grande scutelle a, et de l'autre, deux de ces organes beaucoup moins développés ; dans &on tissu sont en outre plongées plusieurs spermogonies B, Ss 44. Portion de lacoupe verticale(trés grossi 0 ssie) d'une spermogonie ;'la couche corti- cale du Lichen est en c, et autour de l’enveloppe celluleuse de la spermogonie se voient quelques gonidies et des fibres appartenant à la zone médullaire du thalle. | NU 15. Parcelle empruntée à la coupe précédente et trés grossie ; à sa base Sont les filaments courts et déliés qui engendrent les spermaties, et entre ceux- ci il en naît d'autres beaucoup plus grands et plus gros, anastomosés entre eux et qui pape la cavité de la spermogonie d'un lacis du serré. 4^, Fig. 16-17. Bonnzna ciLianis ACh.; Parmelia ciliaris Fr., op. cit., p. 77 ; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t: I, n° 64 ; Physcia ciliaris DC.; Schar, , Enum. crit. Lich., p. 40, tab. II, fig. 4. | [D'après des échantillons recueillis dans le bois de Boulogne prés Paris, ] 46. Coupe verticale du thalle, au travers de trois spermogonies. 47. Fragment emprunté à l'une de ces spermogonies ;.c, couche corticale du - Lichen ; s, Spermaties et filaments articulés desquels elles naissent, ru Fig. 18-23. PanwELIA Puysones Ach. ; Fr., Lich. eur.lref. , p. 64; Imbricaria physodes DC.; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.- Rhen.,t. II, n°459. [D'aprés des exemplaires recueillis à Falaise (Normandie). ] 18. Coupe verticale de la fronde, passant par le centre de deux spermogonies d'àges différents. ; 19. Mince fragment (trés grossi), obtenu de la coupe orale d'une autre sper- mogonie déjà âgée et vide en très grande partie; s, spermaties sortant par l'ostiole du conceptacle ; ny. fibres médullaires du Lichen. 20 et 21. Quelques unes des cellules génératrices des spermaties ; elles tapis- sent la paroi interne des spermogonies. : | 22 et 23. Filaments articulés et colorés qui, des parois de la spermogonie, s’avancent dans sa cavité ; ces filaments abondent surtout vers son orifice, et ne produisent point de spermaties. PLANCHE III. UncEoLARIA GrxEREA Ácli.; Parmelia cinerea Fries., Lich. eur. ref., p. 442. [D'aprés des échantillons silicicoles rapportés par nous des environs de Vouillé (Poitou). ] MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 23997.—303 4. Jeune Lichen fort grossi; sur les filaments hypothalliens qui rayonnent au- tour du thalle disciforme principal, on en voit de plus petits qui commencent àse développer. 2. Autre Lichen un peu moins grandi et dont le thalle plus accru présente des tessellations qui témoignent de son mode de végétation. Dans le bas de la figure sont représentés trois petits thalles naissants , qui sont isolés et indé- pendants. | 3, Trés jeunes Lichens observés sous le microscope composé ; on voit en b et c naître des filaments hypothalliens les premières cellules qui appar tiennent au thalle proprement dit, ou les rudiments de ce corps. A. Portion grossie du thalle d'un Lichen fructifié. 5. Coupe verticale grandie du méme lichen; en a Ls sont les apothécies con- caves; en s, une spermogonie. 6. Fragment de la coupe verticale d'une apothécie, vu sous le microscope com- posé; t, hymenium; h, hypothecium ; m, couche médullaire; g, gonidies ; e, couche cellulaire épidermique. 7. Coupe verticale du thalle traversant deux spermogonies dont l'une n'est des- sinée qu'en partie ; s, spermaties sorties de celte dernière. 8 et 9. Parcelles (zrossies 450 fois en diamètre) du tissu qui revêt les parois des spermogonies et engendre les spermaties ; quelques unes de celles-ci sont dessinées à part. 40. Spores isolées vues sous le même grossissement que la figure précédente. PLANCHE IV. Fig. 4-4. ÜnCEOLARIA ACTINOSTOMA (1) Pers. in Ach., Lich, univ., p. 288 ; U. striata Dub., Bot. Gall., t. HI, p. 671 ; Verrucaria actinostoma Ach., loc. cit.; Mntgn., in Guillem., Arch. de bot., t. IT, p. 308, pl. XV, fig. 5; Desmaz., Pl.crypt. de Fr., 2* éd., t. XXXII, n° 1583. {D'après des échantillons recueillis à Poitiers (Vienne).— J'ai trouvé également l'Urceolaria actinostoma Pers.,à Meudon prés Paris, sur les pierres meulières qui sont employées à la construction des murs. Je regrette de ne pouvoir par- tager l'opinion de M. Montagne sur le genre auquel ce Lichen appartient; je le trouve tout à fait congénére des Urceolaria calcaria Ach., et U. opegra - phoides DC. Quand on a écarté le voile brun et pubescent qui nait des bords de l'ezipulum, on trouve, comme dans les Urcéolaires les plus légitimes, une surface hyméniale plane, lisse, continue et colorée, un tissu proligére dense, solide et composé d'éléments verticaux, enfin des spores müriformes et (1) La légende de la planche IV qui attribue les fig. 1-4 à l'Urceolaria calca- ria Ach. doit étre corrigée. Les spores de l'U. calcaria Ach. sont , si je ne me trompe, toujours uniloculaires ; son hymenium se colore en bleu dans la teinture d'iode. 204—228 L.-R. TULASNE. obscures. Les échantillons recueillis autour de Paris ne diffèrent point spéci- fiquement de ceux décrits par M. Montagne (loc. sup. cit.), auxquels je les ai pu comparer. | A. Fragment grandi d'un Lichen qui porte à la fois des ibothelit et des : sper- mogonies ; celles-ci sont indiquées par des points noirâtres. 2. Coupe verticale trés grossie, qui traverse une spermogonie à cavité simple dont on voit sortir les spermaties s, et une apothécie dont une partie seu- lement est dessinée; x, excipulum noir, et t, lame proligère où Ayme- nium de cette apothécie; g indique les gonidies, et c les fragments calcaires mélés aux filaments dela médulle. Des théques figurées dans l'hymenium t, les unes renferment des spores normalement développées, les autres des spores folles ou avortées, telles que celles reproduites par la figure 9 ci-après. Cet hymenium à environ 45 centièmes de millimètre d'épaisseur et ne se teint qu'en jaune brun dans l'eau iodée , tandis que les parties du thalle qui en- tourent l'apothécie se colorent en bleu. 3. Trés petit fragment emprunté aux parois internes d'une spermogonie ; les spermaties s sont libres ou fixées encore aux cellules linéaires qui les en- gendrent. 4, Spores à peine müres dessinées isolément sous une amplification d'environ 370 diamètres, qui est aussi le grossissement employé pour la figure précé- dente. Ces spores sont généralement partagées en cinq ou six étages de lo- gettes et mesurent 23 à 26 millièmes de millimètre en longueur sur 13 à 16 en largeur ; elles deviennent très brunes en mürissant. ky Fig. 5-14. UncEoLARn scmuPOsA Âch.; Schær., Enum. crit, Lich., p. 89; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., n° 169. [ D'après des échantillons recueillis à Meudon près Paris.] 5, Coupe verticale grossie d'une portion du thalle, laquelle présente deux apo- thécies, inégalement développées, et une spermogonie s; la zone obscure placée sous la ligne du contour supérieur de la figure indique la région gonimique. 6. Jeune spore encore incolore et transparente, au sein de laquelle se voient autant de nuclei distincts qu'elle aura de logettes intérieures ; elle a été trai- tée par l'acide sulfurique faible. 7-8. Spores mûres observées dans l'eau; ces corps ont 40 à 13 millièmes de millimètre en largeur et 0"",025 à 0,035 de longueur. 9. Spores imparfaites traitées par l'acide sulfurique affaibli qui a légérement distendu leur épispore coloré et permis de voir qu'il ne s'était développé inté- rieurement ni cloisons régulières ni nuclei. 10. Jeune théque remplie de matière plastique et traitée comme les 3e d par l'acide sulfurique faible, MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 396 —205 11 et 12. Autres thèques renfermant des spores à divers états de développement ; celle qui est brisée au sommet ne retient plus qu'une spore müre. 13. Coupe verticale trés grandie d'une spermogonie de laquelle s'échappent d'in- nombrables spermaties. 1 4. Fragment encore plus grossi de la paroi interne de cette spermogonie, lequel : montre la genése des spermaties dont plusieurs s sont dessinées libres. Cette figure et les figures 6 à 12 sont vues sous le méme grossissement de 450 dia- mètres environ. ,', Fig. 15-22. LecanorA onosrHEA Ach.; Parmelia orosthea Fries, Lich. europ. ref., p. 180; Lecidea orosthea Schaer., Enum. crit. Lich., p. 149. [D'après des échantillons recueillis à Saumur (Maine-et-Loire).] 15. Lichen grossi couvert d'apothécies pulviniformes a, a, et portant aussi quel- ques points noirs (en regard des lettres s, s) qui sont autant de spermo- gonies. ! | 16. Coupe verticale d'une portion dece Lichen ; a, «, apothécies dont le disque s'étend sur le thalle ; s, spermogonies. 17. Autre coupe montrant une apothécie dont la face inférieure est entierement soudée au thalle. 18. Fragment de l'hymenium, obtenu par une section verticale. 19. Coupe verticale du thalle, traversant trois spermogonies dont deux laissent échapper leur contenu. | 20. Fragment du tissu qui revêt les parois intérieures de ces spermogonies. Cette figure ne donne pas une idée pleinement satisfaisante de la forme des styles ou supports des spermaties, lesquels sont ici trop continus à ces derniers corpuscules. 21. Spermaties telles qu'elles sortent naturellement des spermogonies ; elles sont extrêmement grossies. .. 92. Spores müres dessinées sous la même amplification que les figures 20 et 21 qui précèdent ; leur longueur égale environ 1/100 de millimètre, et leur lar- geur, la moitié de la même dimension. PLANCHE V. Fig. 1-4. Lecanora VitLAnsu Ach.; Urceolaria oceilata DC.; Parmeliu ocellata Fr., Lich. eur. ref., p. 190; Lichen ocellatus Vill. [D'aprés des échantillons recueillis à Saint- Benoit prés Poitiers.] 4. Coupe verticale du thalle (grandie) traversant une apothécie a dont la couche hyméniale a environ 35 centiémes de millimétre d'épaisseur, et deux spermogonies s, s, placées sur des tubérosités différentes. 2. Coupe beaucoup plus grossie d'une spermogonie, dont on a dessiné les nom- breuses logettes ; s, spermaties qui en sortent: c, couche corticale du 206—230 o E.=R, TWULASNE, Lichen; g, gonidies; m, tissu fibreux ou médullaire dans lequel plonge l'appareil spermatophore, Le diamètre de celui-ci est d'environ 4/2 milli- mètre. | 3. Spermaties isolées, extrêmement grandies. Ces corpuseules et la structure de l'organe où ils naissent sont décrits supra, p. 180. 4. Spores müres et colorées; leur longueur atteint environ 22 millièmes de mil- limétre , leur largeur 6 ou 7. Ces spores, qui sont au nombre de 6 à 8 dans chaque théque, deviennent aussi obscures que le disque des scutelles et res- semblent Me qe à celles de l'Urceolaria scruposa Ach. "t UG 5-12, ÜwBILICARIA PUSTÜLATA Hoffm.; F Friés:, Lich. ref., p. 350 ; ;Bjr- phora pustulata Ach. | [D'après des échantillons recueillis à Ligugé près Poitiers, et d'autres reçus de M. Duboc du Havre.] | | | 5. Fragment grandi qui porte trois apothécies a, &, et plusieurs F^ mil: - tés t, t, t, qui ont valu sans doute au Lichen le nom qu'il a reçu ; l'une de ces tubérosités est coupée verticalement au bas de la figure. | 6. Coupe verticale trés grossie d'une scutelle et du thalle auquel e est atta- chée. 7. Autre coupe semblable, mais beaucoup moins grossie ; elle passe en outre au travers d'une spermogonie s. 8. Très 'mince fragment (observé au microscope composé), obtenu par une coupe verticale du Lichen , faite sur une apothécie; h, hymenium composé de pa- raphyses et de théques soudées entre elles ; celles-ci ne contiennent, en géné- ral, qu'une seule spore; e, excipulum ou paroi de la scutelle continue à la €ouche corticale du Lichen ; m,m, tissu médullaire du'thalle ; c,c, couche obs- curé cornée et papilleuse qui en revét la face inférieure. 9. Théques et paraphyses dissociées au moyen d'un agent chimique ; la plus grande des théques a projeté au dehors les spores qu'elle contenait, et s'est entièrement vidée de tout contenu solide ; dans celle qui est à sa gauche, on ne voit encore qu'un protoplasma muqueux- gtanuleux, 40. Spores (très grossies) parvenues à leur entier développement; l'une d'elles, cependant, est beaucoup plus obscure. J'ai mesuré plusieurs de ces spores multiloculaires qui n'avaient pas moins de 75 millièmes de millimètre de longueur et 32 de largeur; d'autres également müres ne dépassaient pas 6 centiémes de millimétre en longueur. Beaucoup de spores avortées et trés obscures se reconnaissent à l'absence de réseau celluleux à leur surface, ce qui prouve que leur organisation intérieure est restée incomplète, on du moins que leur cavité ne s'est point partagée en logettes. Les spores parfaites représentent comme celles des Lecanactis et de beaucoup de Graphidées, une petite masse cellulaire trés composée, 11. Coupe verticale d'une spermogonie, engagée dans le tissu du thalle. d MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 931—907 42, Fragments (vus au microscope composé) du tissu intérieur de cette spermo- gonie, et spermaties qui y naissent (voy. supra, p. 207). 4". Fig. 13-20, Gynopnona PROBOSGIDEA Ach.; Umbilicaria proboscidea à Fries, op. cit, , p. 354; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. III, n 249. [D'aprés des échantillons recueillis dans les Alpes du Dauphiné par M. Alph. de .Brébisson.] —. - dH à 13. Portion de thalle grossie et qui porte à la fois des apothécies a à divers états de développement, et plusieurs spermogonies ponctiformes s, s. 14. Coupe verticale grandie d'une apothécie, dont la région fertile se voit par- tagée, comme elle l'est en effet, en plusieurs réceptacles distincts, correspon- dants aux gyri de sa surface. 15. Fragment mince emprunté à une coupe semblable à la précédente ; il est vu au microscope composé. | 16. Spores müres dessinées isolées : leur cavité est simple et leurs dimensions sont. habituellement de 16 à 20 millièmes de millimètre en un sens, et de 43 dans l'autre. 17. Coupe verticale du thalle au travers de plusieurs spermogonies. 18. Coupe verticale, plus grossie, d'une autre spermogonie. 19. Filaments articulés spermatophores qui tapissent la cavité de ces organes. . 20. Spermaties isolées ; beaucoup de ces corpuscules n'ont pas plus de 2 mil- liemes de millimétre de longueur (Voy. ci-dessus, p. 206). PLANCHE VI. Fig. 1-9. CotLExA Jacoseærouum DC., Fl. fr., t. IL (3° éd., 1815), p. 384; Collema melænum Ach.; Moug. et Nestl, Stirp. Vog.-Rhen,, t. V, n? 455 ; Parmelia melena Wallr., Fl. crypt. Germ., I, 548. [D'aprés des échantillons recueillis au bois de Boulogne prés Paris.] 1. Fragment grossi d'un Lichen adulte; il est représenté attaché au sol et dressé ; les points noirs que portent les lobes dans leur partie supérieure indi- quent la présence des spermogonies. 2. Trés petit fragment du tissu hyménial observé au microscope; il a été traité par l'acide sulfurique qui a désuni les paraphyses et isolé les théques en dis- solvant la matière muqueuse interposée entre ces organes ; on voit à la gauche de la figure une théque vide. 3. Spores müres disposées dans l'ordre qu'elles prennent sur la lame de verre qui sert d'écran pour les recevoir, quand elles sont projetées hors des con- ceptacles. 4 et 5. Autres spores obtenues de la méme manière que les précédentes. 6. Spores qui ont germé dans une atmosphère humide; les filaments qu'elles émettent ont environ 2 millièmes de millimètre de diametre. 208-252 E.-R. TULASNE, 7. Coupe verticale (trés grossie) d'une spermogonie (observée au commencement du mois de mai) de laquelle s'échappent des flots de spermaties. 8 Quelques uns des filaments articulés qui tapissent la cavité de cette spermo- gonie etengendrent les spermaties vers le niveau de leurs cloisons. 9. Spermaties isolées ; la longueur de ces corpuscules ne dépasse guère 5 mil lièmes de millimètre. (Les figures 2 à 6, 8 et 9 sont vues sous une amplification d'environ 380 dia- métres.) , Fig. 10-12. fLerrocrum LAcERUM Fr.; Collema lacerum Ach., Lich. .miv., p. 657; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.- Rhen. , n° 1061; creas: tremelloides 6 lacera Wallr., Fl. crypt. Germ., I, 434. [D'aprés des échantillons recueillies à Poitiers au mois de septembre 1850.] 10. Fragment grossi offrant une scutelle entière et une autre coupée te ment comme le thalle sur lequel elles reposent. N 11. Coupe, vue au microscope composé, tant de l'apothécie que du ies qui l'a produite, 42. Deux spores à peine müres dessinées à part; leur diamétre est d'environ | centième de millimètre, et leur longueur trois fois plus grande. , Fig. 13-14. Spores germées et non germées du CorrzwA nierum Ach., Lich. univ., p. 628 (Patellaria nigra Wallr., Fl. crypt. Germ., Y, 430 ; Lecidea trip- tophylla e Schær., Enum. crit. Lich., p. 99), vues sous un grossissement trés considérable. Ces spores varient beaucoup dans la méme scutelle ; elles sont en effet bi- tri- ou quadriloculaires et présentent autant de nucleus homogénes ou gouttelettes oléagineuses que de loges ; plusieurs sont simples ou sans cloisons. Quant à leur longueur, elles ne varient guère qu'entre Omm,013 et 0",019 ; leur largeur est ordinairement d'environ 0*»",0065., [D'après des échantillons recueillis à Bellevue, près Paris.] , Fig. 18-20. ConrEwa conxicuLATUM Hoffm.; C. palmatum B corniculatumA ch. Lich. univ., p. 643 ; Moug. et Nestl., op. cit., ne 1058 ; Thrombium cornicu - latum Wallr., Fl. crypt. Germ., 1, 296 ; Obryzum corniculatum Ejusd., Na- turg. der ond I, 251 ; Nostoc bien adi Fr., S. Veg. Scand., p. 122. [ D'aprés des dchaniillons Dk aun communiqués par M. Le Bailly, de Falaise.] 15. Fragment grossi d'une frondefertile ; on voit à la partie inférieure un groupe de tubercules qui sont autant de conceptacles ascophores plongés dans la substance du Lichen; les points qui sont placés vers les bords supérieurs de ce fragment y indiquent la présence des spermogonies. 16. Coupe verticale de l'un des tubercules ascophores, laquelle passe par son ostiole; l'épaisseur du thalle est d'environ 8/100 de millimétre, et celle de ses cellules épidermiques, d'à peu près 0"",006. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 233—909 17; Théques et paraphyses dessinées à part sous un grossissement de 380 dia- mètres; les théques ont 5 à 6 centiémes de millimètre de hauteur et 1 cen- tième de millimètre de largeur environ. 18. Spores mûres, vues sous la même amplification ; leur longueur égale environ 0"». 019, et leur largeur est à peu prés trois fois moindre. 19. Spermogonie entière, vue d'en haut, sous la couche épidermique étendue à la face supérieure du Lichen. Cet épiderme celluleux est le méme ici que dans le Leptogium lacerum Fr. et son congénère le Collema azureum Ach. M. Fée dit de ce dernier que son thalle «est formé de tissu cellulaire hexagonal entre- mêlé de globuline enchainée, » d'où l'on pourrait induire qu'il attribuait à tort, à toute l'épaisseur de la fronde, une structure qui appartient seulement à son épiderme (voy. Fée, Suppl. à I Ess. sur les Crypt. desécorc. exotiq. off., p. 128, pl. XLIII; dans les Mém. de la Soc. du Mus. d' hist. nat. de Strasbourg, t. IE [1835]). 20. Spermaties isolées ; leur longueur égale environ 07,0035. «^, Fig. 21-22. Spores müres du CorrEwA wicnEscENs Ach., Lich. univ., p. 646 ' (Moug. et Nestl., op. cit., t. IT, n° 164; Lichen microcarpus Schleich.), gros- sies environ 380 fois en diamètre ; elles ont été obtenues de Lichens re- cueillis à Saint-Romain-sur-Vienne par M. l'abbé S. de Lacroix. PLANCHE VII. X 1-5. CorremA PoLPOsuw Ach., Lich. univ., p. 632; Moug. et Nestl, op. , t. XI, n° 1057; Parmelia crispa Wallr., Fl. crypt. Germ., I, 545. de aprés des échantillons recueillis dans la pulióe de la Boivre, prés Poitiers, en septembre 1850.] - 1. Fragment grossi présentant à la fois des scutelles et des spermogonies ; celles-ci se montrent sous la forme de petits tubercules obtus, faiblement sail- lants, et placés vers l'extrémité des lobes de la fronde. . Coupe verticale d'un autre fragment , laquelle traverse deux scutelles a,a et deux spermogonies s, s. 3. Parcelle trés grossie du tissu hyménial et du parenchyme qui le porte. 4. Coupe du thalle passant au travers d'une spermogonie qui projette une infi- nité de spermaties ; le diamètre de cet organe est d'environ 0"",22, . Petit fragment trés grossi du lissu générateur, qui revét les parois de cette spermogonie, et spermaties s isolées; la longueur de celles-ci ne dépasse pas Omm,0035. Lo ot x^. Fig. 6. Spores müres du Coccewa sarunxixUw. Ach., Lichen. univ., p. 644 ; Moug. et Nestl., op. cit., n° 454; Parmelia saturnina Wallr., Fl. crypt. Germ., 1, 509. [D'après des échantillons conservés dans l'herbier de feu M. le D' Mérat.] Lp L.-R. TULASNE, . Fig. 7-20. Coccema cuenseuw Ach., Lich. univ., p. 630 ; Moug. et Nestl., "583. cit., n° 1056; Parmelia cheilea Wallr., FI. crypt. ie I, 546. [ D'après des échantillons recueillis à Passy et à Auteuil, prés Paris, ] 1. Fragment grossi portant une scutelle naissante a, aux bords irrégulièrement . mamelonnés, et un tubercule s (pourvu d'un ostiole) qui n'est. autre choso qu'une spermogonie. 8. Autre fragment (emprunté, comme le précédent, à un | Lichen do. au mois d'avril) sur lequel on voit trois de ces spermogonies. 9. Coupe verticale grossie , qui intéresse à la fois une jeune apothécie a et une spermogonie S. 10 et 11. Spores müres normales, 12à 16. Autres spores projetées en méme temps que les précédentes ( vers la fin du mois de février 1850); la plupart sont fort irrégulières et inégales, ren- ferment peu de matiéres plastiques granuleuses, et semblent trés imparfaites ; la figure 44 en montre plusieurs soudées en partie entre elles. On n'a repro- duit ici qu'un trés petit nombre des formes singuliéres que ces spores nous ont offertes. 17-18. Spores qui ont germé et émis de trés longs filaments, dans lesquels on n aperçoit encore aucune cloison ; cette végétation a eu lieu sur le verre, dans ; une atmosphére humide. 19. Filaments articulés qui tapissent l'intérieur des spermogonies. 20. Spermaties isolées. | (Les figures 40 à 20 sont vues sous le même grossissement d'environ 380 dia- métres. ) . | PLANCHE VIII. Fig. 1-3. Pecricera PoLvpACTYLA Hoffm.; Wallr., Fl. crypt. !Germ., 1, 557 ; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rh., n° 633 (sub Peltidea). [ D'après des échantillons recueillis à Bellevue près Paris, au mois de mars. ] 4. Filaments du prothallus donnant naissance aux premiers rudiments cellu- laires des thalles; ces objets sont vus au microscope composé, sous une am- plification de 380 diamètres environ. " 2 et 3. Spores germées et non germées, observées sous le méme grossissement de 380 diamétres; la germination de ces corps consiste d'abord, comme on le voit, dans l'allongement de leurs extrémités, et l'augmentation plus ou moins grande de leur volume. Fig. 4-14. PrLTIGERA HonizowrALIs Hoffm., Germ., 107; Wallr., op. cil. , t. I, p. 559 ; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., n° 345 (sub Peltideæ nomine). | D’après des échantillons recueillis dans les bois de Meudon près Paris.] &, Fragment emprunté à l'Aymenium d'une apothécie complétement développee, MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 285—211 dans lequel on distingue, outre les paraphyses et la thèque fertile placée au milieu d'elles, le tissu de l'Aypothecium qui porte ces organes et les filaments de la couche médullaire placée au-dessous de lui. 5. Paraphyses qui ont été désunies à l'aide de l'acide sulfurique, et débarrassées ‘en méme temps de la matière agglutinante interposée entre elles; leur cavité est divisée par des cloisons transversales et remplie de matiéres plastiques. On voit qu'elles naissent directement, comme les théques, des cellules globu- leuses de l'hypothéce. | | 6. Théque qui a également été traitée par l'acide sulfurique, puis par la tein- Lure d'iode; la coloration bleue qu'elle a reçue de ce dernier agent est surtout très foncée dans un point voisin de son sommet, et qui paraît être le centre de sa déhiscence future, 7. Théque vidée et portant à son sommet un fragment de la matière intercellu- laire qui entre dans la composition de l'Aymenium ; cette théque et la para- physe brisée qui l'accompagne sont vues implantées sur des cellules del'hypo- thecium et ont été traitées par l'acide sulfurique affaibli. | 8. Coupe verticale grandie d'une trés jeune apothécie marginale, encore voilée par la couche épidermique (e, e) du thalle ; l'Aypothecium, d'une structure con- fuse et peu définie, repose directement sur les filaments médullaires (m, m) , et porte les premiers rudiments de l'hymenium, qui ne consiste encore que dans de trés courts filaments dressés, obtus et cloisonnés, semblables à des para- physes imparfaites, Au-dessus de cette ébauche du tissu fertile s'étend une épaisse couche de matière mucilagineuse sans texture appréciable (1), et sur laquelle le voile était appliqué avant qu'il füt aussi convexe qu'on le voit. En g sont les gonidies les plus voisines des bords du thalle et de l'apothécie naissante. ! 9. Spores parvenues à leur maturité. 10. Autres qui opt commencé à germer, * 11, 12 et 13. Autres spores dont les filaments-germes ont, en s'allongeant, épuisé tont le contenu plastique; le diamètre de ces filaments dépassait à peine 0?»,002. 44. Spores qui, avant de germer, ont laissé échapper une sorte de matière faiblement colorée, qui forme une gouttelette à chacune de leurs extrémités. (Les figures 4 à 7 et 9 à 14 sont vues sous le méme grossissement d'environ 380 diamétres.) Q', Fig. 15. Spores du Pecriçera caxixA Hoffm.; quatre d'entre elles, qui ont commencé à végéter, sont extrémement dilatées à l'une de leurs extré- mités; toutes sont grandies environ 380 fois en diamétre. (1) Une semblable couche muqueuse s'observe dans les jeunes apothécies des Sticta scrobiculata et S. pulmonacea, ainsi qu'en celles d'une foule d'autres Lichens. | 2] 9—9936 | LR. TULASNE. PLANCHE IX. NAE eon Fig. 1-6. LicurA pyemxa Ag.; Thrombium glaciale (partim) Wallr.; Fl. crypt. Germ., Y, 297. d [D'après les échantillons recueillis en 4835 à Gijon et Castro ( Espagne). par M. Durieu, et qui ont été publiés par lui sous le n° 25 dans ses Plante selectae - Hisp.-Lusit. ( Herb. du Mus. de Paris ).] | 1. Fragment grandi d'une plante fertile; au-dessous des conceptacles sporophores sphériques (a,a) , qui, pour la plupart, terminent les branches du thalle, on voit de petites protubérances s,s pourvues d'un ostiole, et qui sont autant d spermogonies. | : 2. Coupe verticale passant au travers d'uneapothécie et de la spermogonie placée au-dessous d'elle; en s est l'orifice de cette derniére. : 3. Fragment vu au microscope composé, et qui a été emprunté à la coupe pré- cédente ; t, portion de l'Aymenium, où, dans un mucilage transparent, se voient des paraphyses linéaires et de nombreuses théques diversement développées; h, tissu de l'Aypothecium qui ne différe que par le volume de ses cellules consti- tutives, du parenchyme plus solide qui s'étend jusqu'à la surface(f) de l'apo- thécie. Vers le bas de la figure est une part de la spermogonie, au sein de laquelle se dessinent de nombreuses logettes (1, !) tapissées par les basides ou filaments dressés qui produisent les spermaties; une grande quantité de ces corpuscules (s) s'échappe par le pore de la spermogonie. Les lettres g,g indiquent les gonidies ou cellules vertes disposées par petits groupes au-des- sous de la surface de toutes les parties du Lichen. k. Chapelet de spores à peu prés müres, restant encore unies les unes aux au- tres aprés la destruction ou résorption presque compléte de la théque qui les a primitivement enveloppées. 5. Spores isolées, parvenues à leur entière maturité; leur grand diamètre égale environ 07,0225, et le moindre 0®",0128. « 6. Fragment trés grossi du tissu générateur des spermaties; quelques uns de - ces corpuscules sont figurés détachés; leur forme est ovoide, et leur plus grand diamètre ne dépasse pas 0",0035. x x Fig. 7-15. Perricera caniNA Hoffm.; Fries, Lich. europ. reform., p. 45; Moug. et Nestl., Stirp. V.-Rh., n° 154 (sub Peltidea). [ D'après des échantillons recueillis à Meudon et à Chaville près Paris, au mois d'aoüt.] 7. Bord grossi de la fronde d'une plante adulte; a,a,« sont des scutelles nais- santes, voilées; s,s,s des spermogonies parvenues à leur entier développe- ment. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 297 —213 8. L'une de ces spermogonies détachée du thalle et plus grandie. 9. Sa coupe verticale. 10. Portion de cette coupe vue au microscope composé ; le parenchyme qui forme l'épaisseur des parois de l'organe porte en dehors quelques poils, et est con- tinu à la couche épidermique du Lichen. La face interne de la spermogonie est revétue de cellules baculiformes desquelles naissent les spermaties, à la ma- nière des spores acrogènes ou stylospores des Pyrénomycètes. 41, 12, 13 et 14. Groupes divers de ces cellules génératrices des spermaties, observées sous une amplification de 380 diamétres. 15. Spermaties isolées; leur plus grand diamètre atteint jusqu'à 0",046, «^4, Fig. 16. Petit fragment enlevé à la paroi interne d'une spermogonie du PrLrIGERA POLYDACTYLA Hoffm.; les cellules cylindriques spermatophores ont environ 0?»,0195 de hauteur. 47. Spermaties isolées du méme Lichen ; leur grand diamètre atteint presque un centième de millimètre. [Ces deux figures ont été faites d’après des échantillons recueillis à Trappes ( Seine-et-Oise) vers le milieu du mois d'août, et sont vues sous un grossis- sement de 380 diamètres. | xx Fig. 18-23. NgPHaowA ResüPiNaTuM ACh.; Schær., Enum. crit. Lich., p, 48, tab. II, fig. 3; Moug. et Nestl., Stirp. V.-Rh., n° 252; Pelligera resupinata Fries, Lich. europ. reform., p. 42. — | D'après des spécimens communiqués par M. Le Bailly, et recueillis par lui autour de Falaise ( Calvados ).] 18. Fragment grossi et vu par-dessus, qui porte sur ses bords deux scutelles a,a et plusieurs spermogonies s,s. 19. Spermogonie isolée et plus grandie. 20. Sa coupe verticale. 21. Filaments articulés (extrêmement grossis) qui revétent les parois internes des spermogonies, et engendrent les spermaties s,s; celles-ci n'ont guére que id 0°%,6035 ou 0®",004 de longueur, et sont le plas souvent un peu courbes. 22. Théque parvenue à sa maturité. 23. Spores isolées, vues comme la précédente figure sous une amplification de 380 diamètres environ; leur longueur n'excède guère 0"*,016, et l'on y voit distinctement trois ou quatre nucleus qui correspondent à autant de loges. PLANCHE X. Fig. 1-5. CerrariA 1SLANDICA ACh., Lich. univ. , p. 912; Fries, Lich, europ. ref., p. 36; Schær., Emum. crit. Lich., p. 45, tab, I, fig. 2; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., t. II, n° 157, - EC —998 LR. TULASNE, . Sommet grandi d'un des lobes de la fronde : il est privé de scilelles, mais “re sur ses bords les cils roides qui soutiennent les spermogonies. —— . Trois de ces cils beaucoup plus grossis; l'un d'eux est surmonté d'ün groupe -fida spermogonies, les autres n'en ont produit chacun qu' une seule. 3. L'une de ces spermogonies solitaires extrémement grossie, et représentée dans l'acte de la dissémination des spermaties. 4. Petit rameau articulé spermatophore, emprunté au tissu qui tapisse les parois intérieures des spermogonies. 5. Spermaties dessinées à part. Ces corpuscules n'ont pas plus de 0"",0065 de longueur. | *, Fig. 6-7. CrapoNiA RANGIFERINA Hoffm.; Fries, Lich. europ. ref. p. 243; Cenomyce rangiferina Ach. ; Moug. et Nestl., op. cit., t. T, n° 72. [ D'aprés des échantillons recueillis dons la forét de Fontainebleau. ] a ^ 6. Sommet rameux et fructifié dts branche du Lichen diee eg en a sontd es apothécies pulviniformes; les pelits rameaux s,s sont au contraire terminés par des spermogonies. - | 7. Coupe verticale trés grossie d'une spermogonie, et spermaties qui sortent de sa cavité, , Fig. 8-11. Cranonia Novæ-Aneur Delise, msc. in Herb. Mus, par. (n** 229 234 de l'herbier normal des Cenomyce donné par M. Delise au Muséum de Paris). [ D'aprés des échantillons rapportés par M. Despréaux, et qui nous ont éié donnés par M. Maire, | 8. Soómmité (grandie) d'un rameau chargé de spermogonies 5,5. 9. L'une de ces spermogonies plus grossie, et de laquelle s'échappe une grande quantité de spermaties. (On ignore si la dissémination de ces corpuscules a réellement lieu ainsi dans la nature; mais il suffit, pour la produire artificiel- lement, de presser légèrement la spermogonie dans l'eau; toutes les figures analogues à celles-ci, dans cette planche et dans les autres, supposent qu'ona agi de la sorte.) 10. Fragments très grandis du tissu spermatophore. 4. Spermaties isolées. *, Fig. 12-18. Licuina conriniS Agardh ; Thrombium glaciale (partim) Wallr. ; Fl. crypt. Germ., Y, 297. [ D'aprés des échantillons recueillis par nous à Granville, au mois de septembre 4851.] 42. Fragment grossi; les petites branches du Lichen portent les unes des sper- mogonies s,s, les autres de grosses apothécies globuleuses a, chargées Era mémes de spermogonies MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 289—915 43. Autre fragment plus grandi; les mêmes lettres désignent les mêmes objets. On a représenté les spermogonies projetant les corpuscules qu'elles con- tiennent. 14. Coupe verticale d'une apothécie et de deux des spermogonies qui sont im- plantées à sa surface. 15. Portion extrêmement grossie du tissu intérieur des spermogonies ; s, sper- maties. 16. Sporange isolé, très grossi, dans lequel on voit les spores soudées entre elles. Les sporanges ou thèques du Lichina confinis Ag., sont généralement octospores ; quand ils ont atteint tout leur développement, ils égalent environ 45 centièmés de millimètre en longueur; souvent leur membrane ne se dis- tingue pas des spores qu'ils contiennent. 47. Deux spores soudées, retirées de la théque oü elles sont nées. 48. Spores libres; ces spores sont le plus souvent ellipsoides, et mesurent 20 à 22 milliémes de millimétre en un sens, et 43 à 16 dans l'autre; quel- quefois elles sont presque sphériques, avec un diamètre de 16 millièmes de millimétre. | ,*, Fig. 19-93. Enpocarron smorrcuw Wahlenb.; Ach., Lich, univ., p. 297 ; Parmeliæ badiæ status peculiaris Fries, Lich. europ. ref., p. 448; Desmaz., PL. crypt. de Fr., 2* éd., t. XXIV, n? 1484. [D'après des échantillons recueillis dans les Pyrénées par M. Montagne ( Herb, du Mus.)] 49. Plusieurs petites frondes (grandies) reposent sur une méme pierre et pro- viennent évidemment d'un seul jet même protothallus; des ponctuations de diverses dimensions indiquent à leur surface les plus grandes des apothécies, et celles de moindre volume des spermogonies. 20. Coupe verticale de l'une de ces frondes disciformes ; elle traverse à la E: une apothécie a et une spermogonie s. 21. Trés petite portion excessivement grossie du tissu interne des spermogonies ; . Jes spermaties linéaires qui sont ici représentées, fixées à leurs supports, n'ont pas plus de 0?»,0065 de longueur. ‘22. Fragment emprunté à l'hymenium des apothécies; on y voit trois thèques remplies de spores, et dont l'une est brisée; une quatriéme théque est restée stérile ou ne contient encore qu'un protoplasma aggloméré. 23. Quelques unes des innombrables spores qui s'engendrent dans les chèques; _ Ces corps n' ja guère plus de 0"",0035 de longueur. de, PIS: 21-27, CnuropEcTON MynrICOLA Fée, Æss. sur les Crypt. des écorc. o[f., p. 63, pl. XVIII, fig. 4 ; Schær., Enum. crit. Lich., p. 226, tab. VIII, fig. 6; Fries, Lich. ref., p. 418. [ D'après des échantillons recueillis à Porquerolles (iles d'Hyères), par M. Léveillé (Herb. du Mus.).] 216—910 L.-R. TULASNE. 24. Portion du Lichen grossi, offrant à la fois plusieurs pulvinules-apothécies et un grand nombre de spermogonies qui ont la forme de Verrucaires; l'os- tole de ces dernières est figuré trop apparent. 25. Coupe verticale traversant une apothécie a et une spermogonie s. 26. Fragment trés grandi de l'Aymenium , et deux spores isolées ; le tissu noir de l'Aypothecium est le méme qui est trés coloré dans la figure précédente. La longueur des spores varie entre 0,035 et 9mm ,043; les eques ne dépassent guère 8/100 de millimètre en hauteur. 47. Spermaties dessinées à part. x X Fig. 28-31. Bratora necipiens Fries, Lich. eur, ref., p. 252; Lecidea deci- piens Ach.; Moug. et Nestl., Stirp. V.-Rh., tom. I, n° 58. | D'après des échantillons recueillis à Saint-Benoist prés Poitiers, en septembre 1850.] 28. Lichen fructifié très grandi : la méme fronde qui porte les apothécies pulvi- niformes noires a, présente aussi deux ponctuations étoilées , 7 sont des spermogonies. 29. Coupe d'une fronde semblable, pourvue d'une spermogonie centrale s et d'une apothécie marginale a. 30. Spermaties extrémement grossies, les unes libres, les autres encore atta- So à leurs supports ; ces corpuscules linéaires mesurent environ 0», 0065. . Spores isolées. " PLANCHE XI. Fig. 1-10. PenrUsaniA cowwuxis DC.; Fries, Lich. eur. ref., p. 420; Lichen pertusus L.; Schær., Lich. Helv. exs., n° 149; Moug. et Nestl., Stirp. V.-Rh., n? 471. | [ D'après des échantillons recueillis à Rambouillet, | 4. Fragment grossi d'un Lichen fructifié. 2. Coupe verticale plus grandie, passant au travers de plusieurs apothécies ou périthèces p,p., et de deux spermogonies s,s. 3. Portion très grandie du tissu hyménial, composé de paraphyses linéaires, rameuses et divariquées, et de trés grandes théques; tous ces organes sont plongés dans une sorte de mucilage incolore dont on n'a pas figuré les con- tours. à. L'une de ces théques dessinée à part; elle renferme deux spores qui diffé- rent entre elles par l'état de la matiére qui les remplit; dans l'une on voit une substance oléagineuse demi-fluide et presque homogéne; dans l'autre, des gouttes huileuses jointes à un protoplasma muco-granuleux. 9. Autre théque plus grande, brisée au sommet, et vide. 6. Coupe transversale d'une théque et de l'une des spores qu'elle renfermait. 7. Coupes de thèques vides, dont les parois étaient affaissées sur elles-mêmes. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 944—917 8. Portion d'une spore très grossie; vers son extrémité entière, on voit les cou- ches extérieures de son épais tégument qui ont subi un commencement de dissolution, aprés un séjour de quelques instants dans l'eau. 9. Coupe verticale d'une spermogonie, dont le pertuis terminal est en o. Ces organes ont fréquemment plus d'un demi-millimétre de profondeur. 40. Portion ( beaucoup plus grossie) de la coupe.d'une autre spermogonie, dont le centre est rempli de spermaties s; celles-ci ont à peine 0"",04 de lon- gueur, et leurs supports linéaires et très fins sont longs de 15 à 25 millièmes de millimétre. ; «', Fig. 141-17. Cenouyce coccirera Ách.; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rh., n? 752; Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 2° éd., n° 1137; Cladonia cornuco- pioides Fr., Lich. eur. ref., p. 236. [ Echantill. des environs de Paris.] 11. Fragment grossi portant une apothécie capitée-pulviniforme a et des sper- mogonies s,s, disposées au bord dela petite coupe que porte le podetium. 12. Fragment trés grandi de l'Aymenium ascophore. 43. Spores dessinées à part; leur longueur atteint à peine un centième de milli- mètre. 44. Deux spermogonies trés grossies ; l'une d'elles est coupée verticalement par le milieu. 18. Trés petits fragments du tissu intérieur de ces spermogonies. | 46. Spermaties isolées ; elles sont cylindriques, courbes, et mesurent environ un centiéme de millimétre en longueur. ! 17. Thalles naissants qui tirent leur origine d'un prothallus commun, c'est-à- dire d'un lacis de filaments qui, dans son développement, imite le mycelium des Champignons. Cette figure est trés grossie. | PLANCHE XII. Fig. 4-5. Expocarron miniarum Ach.; Schær., Enum. crit. Lich., p. 231, tab. IX, fig. 2; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rh., n° 57. [ D'après des échantillons que nous avons rapportés de Royat prés Clermont- Ferrand. ] 4 et 2. Coupes verticales grandies d'apothécies fertiles. 3. Coupe semblable et pareillement grossie d'une spermogonie; ces organes occupent surtout la région marginale du thalle. &. Fragment trés grandi emprunté à la figure! ; il comprend une part de l'hyme- nium t, et tous les tissus placés au-dessous jusqu'à la face inférieure fi de la fronde du Lichen. 5. Portion trés grossie du tissu interne d'une spermogonie, et spermaties fixées ou libres. sia ; 15 918—949 L.-R. TULASNE. ,*, Fig. 6-15. Enpocarpon nePATICUM Àch. ; Moug. et Nesil., Stirp. Vog.- fihen. , n? 441 ; Desmaz., Pl. crypt. de Fr., 2° ád.. tom. XXIV, n? 1185; dcc pusillum Hedw. ; Schar., Enum. "T Lich., p. 233. [ D'aprés des échantillons recueillis à la Cassette, près Poitiers, en sh bre 1850. ] L | 6. Coupe verticale grossie d'une apothécie qui laisse échapper ses p celles- ci forment une sorte de gelée ou pulpe faiblement rosée 7. Coupe transversale d'un Lichen qui ne portait que des spermogonies ; la coupe passe par deux de ces organes. 8. Autre coupe verticale d'une spermogonie dont le contenu s'épanche au dehors. et se répand sur le thalle. 9. Coupe trés grossie pratiquée dans l'axe d'une apothécie : m, E qui exsude de l'Aymenium t, et dans le sein duquel on voit fréquemment germer quelques spores ; v, villocités qui fixent le Lichen au sol. 40. Fragment trés grossi emprunté à une spermogonie; au-dessous du tissu générateur des spermaties, on voit le parenchyme du thalle et ses appen- dus villiformes, comme dans la figure précédente. — . Quelques unes des cellules génératrices des spermaties, dessinées sous une ecc plus considérable. | 12. Groupe de spores mûres, ou petite portion, vue aü microscope composé, de la pulpe rosée représentée fig. 6, comme sortant du sein de l'apothécie. 43. Autres spores n,n et spermaties $,$ vues ensemble sous le méme grossisse- " meht que la figure précédente. 44 et 15. Spores germées et plus ou moins avaricées dans léür végétation ; elles orit été prises sür lé tballe méme du Lichen (tenu. hiutiride), autour em ostioles des apothécies. PLANCHE XIII. Fig. 1-13. Vrnnucania muraus Ach.; Fries, Lich. eur. ref., p. 436. s des échantillons recueillis à Meudon prés Paris.] . Coupe verticale (grandie) d'un fragment du Lichen, laquelle traverse deux "atomi: ou périthèces (Ihalamia Ach. J a,a et une spermogonie s. 2. Fragment trés grossi de l'Aymenium qui tapisse les parois internes des péri- thèces. 3. Petite portion du tissu intérieur des spermogühies ; et spermalies libres ou fixées à leurs basides. &. Spores (trés grossies) telles qu'elles sont projetées hors des théques. 5. Autres qui commencent à germer. 6, 7, 8 et 9. Spores germées, plus ou moins avancées dans leur végétation. 40 et 41. Spores végétant depuis plus longtemps; elles ont conservé leur . forme et leur volume (environ 26 millièmes de millimétre en longueur et | | 40 — 249 +12 BAHIA NS LARGES LAURE «! mins) RaÁ XARA ss. Vue — ? F1 * 13 en largeur) primitifs, mais elles se sont entiérement vidées de tout ce qu'elles renfermaient de matières plastiques; le filament-germe qui en est sorti est trés ramifié, mais ne présente encore de cloison que prés de son origine. 42. Spores observées deux mois environ aprés avoir été semées sur une pierre calcaire polie; les filaments qu'elles ont produits se sont transformés en chape- lets de cellules globuleuses. On remarquera qu'ils sont presque tous bifurqués trés prés de leur base. La membrane des spores est devenue excessivement mince et diaphane ; mais elle n'est pas eucore détruite. Les petites molécules qui sont figurées éparses autour des spores ou sur les filaments leur sont étran- gères et leur sont demeurées attachées. lorsqu'on a enlevé ces jeunes plantes. de dessus la pierre où elles s'étaient accrues. 13. Portion grandie du thalle discontinu qui plus tard s'est développé sur les filaments représentés parla figure précédente, aprés qu'ils eurent acquis de plus grandes dimensions, et que leurs rameaux se furent multipliés. Ce thalle est composé, comme celui des Lichens adultes et fructifiés, de groupes de cellules dont quelques unes seulement, plus grosses que les autres, contiennent de la chlorophylle, et des filaments hypothalliens en question, sur lesquels ces cel- lules ont pris naissance. «^, Fig. 44-17. Lecinea armenrAcA Duf. ; Fries, Lich. europ. ref., p. 320. | D'après des échantillons recueillis dans les Pyrénées par M. Philippe (Herb. du Mus.).] 4. Petite portion du Lichen grossie; on v distingue une apothécie orbiculaire et faiblement saillante, ainsi que plusieurs spermogonies indiquées par des points noirs sur les parties teintées de la figure, lesquelles sont effectivement de couleur noire, tandis que les espaces réservés en blanc sont lavés de jaune. 15. Coupe verticale d'un autre fragment ; a, apothécie convexe; s,s, spermogo- nies étroites plongées dans l'épaisseur du thalle. 16. Spores isolées ; leur longueur égale environ un centième de millimètre. 17. Spermaties isolées ou fixées à leurs supports, et vues sous un très fort gros- sissement. *, Vig. 18-20. Lecanora susruscA Ach.; Parmelia subfusca Fries, Lich. europ. ref., p. 136; Desmaz., PI. crypt. de Fr., 2° éd., tom. XXIII, n° 4130. 18. Spores müres. 19. Autres germées et non germées. | 20. Spermaties, les unes libres, les autres adhérentes au tissu générateur qui tapisse les spermogonies. + Fig. 21-23. Lecanora ATRA Ach.; Patellaria tephromelas DC.; Parmelia atra Fr., Lich. ref., p. 441 ; Moug. et Nestl., Stirp. V.-Rh., t. V, n° 458. | D'après des échantillons recueillis sur des silex tant à Chiré près Poitiers qu 'à Saumur, en seplembre 4850.] 990—911 ! L.-R. TULASNE. 21. Coupe verticale passant au travers de deux pne: a,a et de trois spermo- gonies 5,5: 22. Spores, les unes remplies entièrement d une matiére oléagineuse homogéne, les autres présentant cette matiére partagée en deux goutteleltes. La longueur de ces spores est d'environ 0"^,0413. | 23. Spermaties libres ou fixées sur des fragments du tissu qui forme la paroi interne des spermogonies; ces corpuscules linéaires ont de 16 à 22 milliémes de millimètre de longueur. . PLANCHE XIV. Fig. 1-3. Pnacopsis vanta Tul., supra descripta, p. 195. A. Petit fragment de l'hymenium vu au microscope composé. 2. Spores isolées. 3. Spermaties et fragment du tissu des éléments duquel elles naïssent. V 4, Fig. 4. Spores de l'AsnormarLus INQuINANS Tul. (vid. supra, p. 117). x x Fig. 9-8. CELIDIUM Sricrarux Tul. (vid. supra, p. 121). 5.. Coupe verticale du thalle du Sticta pulmonucea Ach., faite au-dessus de deux scutelles habitées par le Celidium; l'une de ces apothécies est encore trés peu développée. | 6. Deux sporanges trés grandis; la membrane externe de l'un d'eux est brisée à sa base, ce qui paraît avoir mis à nu un processus continu à l'epinucicus. 7. Spore müre isolée. 8. Spermaties et filaments dressés qui les produisent. «^4, Fig. 9-13. Cerinium FUsCO-PURPUREUM Tul. (voy. ci-dessus p. 121). 9. Portion non grandie du thalle du Peltigera canina Hoffm., sur laquelle on apercoit plusieurs taches dues à la présence du Celidium. 10. L'une de ces taches vue grossie. 1. Coupe verticale dela fronde au travers du Celidium , dont le centre s est . eccupé par des spermogonies; ses petites apothécies pulvinées a,a décroisserit à parlir du méme point jusqu'aux limites du sore. On trouve aussi ps spermo - gonies jusque vers les bords de celui-ci. 42. Coupe verticale, vue sous le microscope composé, de la partie centrale du Celidium ; a,a, apothécies reposant sur la couche corticale c du Peltigera ; s, spermaties qui sortent des spermogonies engagées dans le parenchyme cor- tical déprimé; m, quelques filaments appartenant à la médulle du Peltigera. Les spermaties ont une très faible courbure et 3 à 4 millièmes de millimètre de longueur. 13. Spores mûres dessinées à part : l'une d'elles, qui est biloculaire, a germé: la plupart ont environ 13 millièmes de millimètre de longueur, MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 255—221 x x Fig. 14-24, Scuruca Warrnornit (voy. ci-dessus, p. 119). 14. Fragment du thalle d'un Peltidea canina. Ach., sur lequel on voit une multi- tude de petits points obscurs qui ne sont autres que le Scutula Wallrothii Tul. 15. Portion grandie du méme fragment ; elle porte à la fois des scutelles, des pycnides et des spermogonies du Scutula. TER 16. Coupe verticale d'une scutelle; c, couche corticale du Peltigera; g, ses go- nidies. 17. Spores dessinées à part; l'une d'elles a commencé à germer. Ces corps ont environ 13 milliémes de millimétre de longueur. 18. Coupe verticale d'une spermogonie reposant, comme les scutelles, à la sur- face du Peltigera. On a figuré les spermaties sortant du conceptacle. 19 et 20. Fragments trés grandis du tissu qui tapisse l'intérieur de ces spermo- gonies; ce sont des cellules étroitement cylindriques, dressées et terminées . chacune par un appendice linéaire et courbe qui doit s'en détacher bientót, et devra recevoir le nom de spermatie. 21. Quelques unes de ces spermaties devenues libres; leur longueur est d'environ un centième de millimètre. | 22. Coupe verticale d'une pycnide, de laquelle sort une multitude de stylo- spores. 23. Fragment plus grandi d'une autre: pycnide; €, couche corticale du Pelti- gera, couverte de longs poils; g, quelques unes de ses gonidies. 24. Stylospores isolées; quelques unes, encore trés jeunes, sont attachées à leurs styles ou stérigmates; parmi celles qui sont libres, il en est une de bilo- culaire; mais elles sont rarement teiles. PLANCHE XV. Fig. 1-4. SPHÆROPHORON CORALLOIDES Pers. ; Fries, Lichen. europ. ref., p. 405; Schær., Enum. crit. Lich., p. A77, tab. VI, fig. 4; Moug. et Nestl. Stirp. Vog.-Rh., tom. III, n° 262. . Apothécie commençant à s'ouvrir. Autre coupée verticalement. . Coupe verticale d'une apothécie beaucoup plus âgée, et dont la couche hy- méniale est en partie détruite. . Fragment trés grandi de l'Aymenium, offrant des thèques à divers états de _ développement; au-dessus de ces organes sont dessinées des spores mûres et libres. So 29 m x x "x Fig. 5-9. SPHÆROPHORON cowPnEssuw Ách.; Mnign.. Voyage au-póle sud et dans l'Océanie, etc., Bot., I, 474 (voy. ci-dessus, p. 211). [D'après des échantillons rapportés des iles Auckland par M. Hombron.] 5. Sommité très grossie d'un rameau, vu par la face inférieure, et portant un zrand nombre de spermogonies s,s. 929— 916 L.-R. TULASNE. . Spermogonie plus grandie, figurée dans l'acte de l'émission. des spermaties. . Spermaties isolées, trés. grossies. . Spores. : Autre germée et dépouillée en » partie d son épispore. Eo «4 Fig. 10-12. Acroscypaus SPH.EROPHOROIDES Lév. in Ann. des sc. nut., ge sér.. tom. V, p. 262. E [ D'après les échantillons recueillis à Perote (Mexique) par M. Bonpland. ] 40. Spores à divers états de développement. Ces spores didymes ou biloculaires deviennent trés noires et atteignent environ 35 millièmes de IE en bes et 16 en largeur. . Fragment du tissu intérieur d' une spermogonie. ai Spermaties isolées. x , Fig. 13-17. Cavicrum vunBINATUM Pers. ; Fr., Lichenogr. eur. ref., s 402 Sphinctrina, turbinata ejusd. , Summ. veg. Scand., p. 366. [D'après des échantillons que nous avons recueillis à Vire ( Calvados)]. 13. Plusieurs apothécies grossies , figurées sur le thalle du Pertusaria commu- nis DC. qu'elles habitent. | 14. Coupe verticale (lame mince) trés grandie d'une apothécie mûre et d'une portion du thalle étranger qui la porte. | 45. Fragment beaucoup plus grossi de la méme apothécie; h, hymenium formé de longues paraphyses linéaires et de théques à divers états de développement (ces théques ont 5 à 6 centiémes demillimétre de longueur); e, excipulum ou tissu corné et noir que revêt intérieurement l'Aymenium. Tous les éléments de cet hymenium , y comprisla matière intercellulaire qui s'y trouve, se colorent en bleu dans l'eau iodée. 16. Coupe verticale trés grossie d'une spermogonie et du thalle sur lequel elle repose; s, spermaties courbes qui en sortent (ces corpuscules linéaires ont 25 à 30 milliémes de millimetre de longueur ). 17. Petit fragment (trés grossi ) emprunté à la coupe précédente, et qui montre les spermaties fixées sur leurs styles. «x Fig. 18-19. Cariciuu rvuPAxELLUM Ách.; Fries, Lich. ref. , p. 401. [ D'après des échantillons communiqués jadis par M. Wahlenberg à M. Adolphe Brongniart ( Herb. du Mus.).] 18. Trés jeune thèque remplie de protoplasma, et chapelet de jeunes spores sou- dées entre elles et déjà colorées ; ces ue qui semblent nus, ne renier - ment jamais plus de six à huit spores. 49. Deux spores isolées; l'une d'elles est parvenue à sa maturité, et mesure environ 46 millièmes de millimètre de longueur, sur 8 de largeur. (Ces deux figures 18 et 19 sont vues sous le même grossissement, et leur esquisse a été obtenue à l'aide de la camera lucida.) n MÉMOIRE SÛR LES LICHENS. 9g 995 ,', Fig. 20. Spores müres du Caticrum wicRocEPHALUM Ach. (Fries, op. cit., . p. 399; Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., tom. IV, n° 366, sub nomine C. turbinati Pers.) dessinées d’après des échantillons communiqués par M. Mou- geot au docteur Mérat ( Herb. du Mus.). Ces spores ont environ 13 millièmes de millimétre de longueur. PLANCHE XVI. Fig. 1-5. RoccELLA riNCTORIA Ach. ; Fr., Lich. ref., p. 33. [ D'après des échantillons de l'herbier de Vaillant (Herb. du Mus.), qui ont ét rapportés de l'ile d'Amorgos (Cyclades ).] | A. Portion trés grossie d'un rameau fructifié; a,a, petites apothécies patelli- formes ou lécidines qui me paraissent les fructifications normales du Lichen ; m,m , autres fructifications pulvinées de forme et de volume trés divers; 0, 0, sorédies disciformes. . Coupe longitudinale (un peu plus grandie) d'une portion du rameau précé- dent; a, apothécie patelliforme avec excipulum propre; m, apothécie pulvinée sans excipulum propre, et sortant de dessous le cortex du Lichen. 3. Coupe verticale trés grossie d'une petite apothécie; 4. Fragment de l'hymenium vu sous le microscope composé. 5. Spores isolées. t9 *', Fig. 6. Spores du RoccELLA TINCTORIA Var. PORTENTOSA Mnign. in Herb. Mus. par. - [ D'après des échantillons recueillis à Coquimbo (Chili) par M. Gaudichaud).] 7. Spermaties du méme Lichen. x 4 Fig. 8. Spores du RoccecLA PHycopsis Ach. [D'aprés des échantillonsrecueillis à Porquerolles (iles d' Hyéres) par M. Bourgeau.] Q,', Fig. 9-10. PecricerA PoLypacrYrA Hoffm.; Fries, op. cit., p. 46. 9. Groupe de trés jeunes frondes naissant du réseau filamenteux formé par le protolhallus du Lichen. 10. Portion de ce lacis ou feutre prothallien, vue au microscope composé ; f.f , frondes naissantes, qui ne sont d'abord que de petites masses de tissü cellu- laire. x", Fig. 11. Spore de Perrusaria WurrreExu DC., dont le tégument présente des rugosités et protubérances vraisemblablement caractéristiques d'un com- mencement de germination. À leur sortie des théques, ces spores sont blanches et lisses ; elles mesurent de 7 à 8 centièmes demillimétre en longueur et 3 à 4 en largeur; elles ne renferment en quelque sorte que de la matière huileuse divisée en trés petites gouttelettes agglomérées, et qui imitent un protoplasma solide. i L.-R. TULASNE. , Fig. 12-19. Lecanora PARELLA NE ; Parmelia Parella Wallr., Fl. erypt. pm I, 465 ; Lichen parellus L: ". | [ D'aprés des mem que mon frère et moi nous avons recueillis à Granville ( Manche ), en septembre 1851. ] 12. Spores projetées par les scutelles du Lichen, et qui ont été reçues sur une pierre polie; deux d'entre elles sont encore lisses et transparentes ; les trois autres ont germé et végètent. | 13 et 14. Spores mûres plus grandies. 15. Autre dont on a brisé le tégument et qui se vide de son contenu plastique. 16. Moitié d'une spore germée, c'est-à-dire dont l'épispore a émis une multitude - de processus filiformes. 17. Autre qui a été, par le frottement, dépouillée partiellement de son épispore. L'endospore contient une grosse goutte d'huile et une masse de protoplasma muqueux-granuleux; cette cellule interne ne prend point part à la formation - des filaments que porte l'épispore. 48. Portion trés grossie du tissu interne d'une spermogonie. 49. Spermaties isolées ; ces corpuscules linéaires n'ont guère plus de 3 millièmes | de millimètre de longueur. | , Fig. 20 et 21. Spores germées de Soronixa saccara Ach. {Schær., Enum. pts Lich., p. 22, tab. II, fig. 5; Moug.et Nestl., Stirp. Vog.-Rhen., tom. I, n° 61), d'après des individus de ce Lichen, recueillis par mon frére et par moi prés de Liancourt en Beauvoisis, au mois de septembre 1851. Ces spores ont végété en octobre et en novembre. | +", Fig. 22-26. AsnornHaLLus microsPeRMuS Tul. (voy. ci-dessus, p. 1157. [ D'après des échantillons recueillis à Rambouillet. ] 29. Fragment du thalle du Parmelia caperata Ach., lequel porte des apothécies et des pycnides de l'Abrothallus microspermus. 23. Coupe verticale du méme thalle, passant au travers de deux apothécies a,a et de deux pycnides p de l'Abrothallus; ces dernières sont inégalement plon- gées dans leur support. 24. Fragment (vu au microscope composé) de l'Aymenium des apothécies. 95. Spores isolées. | 26. Fragment emprunté à une pycnide, et montrant des stylospores libres, et d'autres encore fixées à leurs styles. ,'4 Fig. 27. Spores müres de l'AsnormarLus oxysponus Tul. (voy. ci-dessus, p.116); elles sont figurées sous le méme grossissement que celles de l’Abro- thallus microspermus (fig. 25), et l'esquisse des unes et des autres a été ob- tenue avec la camera lucida. MÉMOIRE SUR LES LICHENS. 280— 995 ADDITIONS ET CORRECTIONS. LA Page 33, note 1. On pourrait ajouter à cette note une remarque peu fa vorable au sentiment d'Acharius , et qui justifie l'analogie du thalle des Lichens avec la tige des végétaux supérieurs : c'est l'observation qui est faite plus loin, p. 35 infra, à propos de quelques espéces foliacées ou crustacées, et qui pour- rait également étre étendue aux Lichens fruticuleux. Leur mode d'accroisse- ment à tous imite celui qui est propre aux axes ou tiges des plantes cotylé- donées , en ce sens qu'il est constamment acrogène, et ne serait point exacte- ment comparé à celui des feuilles , dont le sommet, comme on sait, est la partie formée la premiére, tandis que leur base reste le siége principal des phénoménes de végétation et d'accroissement. Page 49, ligne 26; page 51, ligne 21; page 55, ligne 26; page 59, ligne 10; page 63, ligne 21 : et page 64, ligne 25, au lieude: 8 à 11/100, 6 à 8/100, 13 à 16/1000 et autres notations analogues, écrivez : 8 à 11 centiémes, 13 à 16 milliémes, etc., etc. Page 64, ligne 26, au lieu de : 35 10/1000, écrivez : 0"",0035. Page 66, ligne 6, au lieu de : müriformes, lisez : muriformes. Page 81, note 1, ligne 7, au lieu de: ... atro àmmarginalo , strato et fructi- fero..., lisez : ... atro et immarginato , strato fructifero.... Page 91, note 1, ligne 5, au lieu de : Inhaltzellen, lisez : Inhaltszellen. Page 92, ligne 3 de la note, au lieu de : première, lisez : seconde. | Page 113, ligne 26 , au lieu de : scilicet quo Abrothallos, lisez : scilicet. qua Abrothallos , etc. Page 117, ligne pénult., au lieu de: athallinis, lisez : athalliis. Planche IV, légende, au lieu de : Urceolaria calcaréa Ach., écrivez : Urceolaria actinostoma Pers. Planche XI, légende, au lieu de : Pertusaria communis Ach., lisez : Pertusaria communis DC. 16 "n vi qon ons Fi 0 igi À V S eem uà hits Z B ig j A bá 4 zi. yes DE | ST GC x . Ann. P» Jecenc.nat,, 3° orto. APA MC CAN d Uu i MR (n. CS RIETI AS ns AO D 23 ree À EE E rr j + P.Picart se. LA ” w " " 13. Parmelid parietinà 44: a5 Parmelia &polia 44. y. Sticta pulmonacea 4%. * » AV. emond. 17p!r. des Voyers. 65. Fares. Pot., Tom. LOTS 6 LE * 7 es Mi ie i nae ES RR E I. Lee émet. mes à be à à V1 2/4177] LAN, v Hn weit ^ [e 7, C.Tulasne del . ad P, Picart se. 1-5. Sticta herbacea #4. 5-8. Pyrenula nitida. 44. 9-2. Üpeerapha calcarea 44. c 13-15. Ramalina fraxinea 44. 47. Borrera ciliaris 44. 18-23, Parmelia physodes #4. I emond emp r.des Noyers. 65. Zaris 7 2 x à ES P Ann.des eene. nat. 3° Serte.. Ld gu DI | A ANT IAE E T C^ 1j. EA ….Visto se. à C une de. Ac. T ® .: Urceolaria cinerea TES D. 4 Noyers. 65 V. Aemond mp! r. des a Ath tt h * QUE RS TU EUN o | ( * Li . > j $ VEA TS RS. 1 x + E ^ E A " r3 " ^ Li js av " * p [ LE » : ^ à " > à z LAS * s i j ! E + : ^: d 4 F rj L à ^ S : S 1 & ww " x > "s N » nl je " à ‘ ; s x " bi . Ce i NAS : * ^ ! vai * * d 5 "E PE dic ^ " * nu - k E 3 4 s CHERE Pd à EOS / à : & i. * 8 ; gi : à ^ i 4 j A E e - LN É * * 23 . * " " : IP e i , À £ i i - E b , à T. WE GUI - JUS De CSS | - CTulasne del . À ; Thomas ec. 1-4 Urceolaria calcarea 44. 5-14 U. scruposa 24. — 5-2 Lecanora orosthea 44. AM Aenond énp°r. des Noyers. 65 Fara. Inn. des Jeunc. nat, 3° Serre. . Bot. Tom. 17, PL. 4, & A SAR M m o30 He A7) um ae [rs 23) NA S. £s Bes SH Oc s XS Ead e * Ey ^ v Ü D Ki AC E Die € Sv e + E 7 iw r EA C. M utasne det . , r CLegres se. * z-4. Lecanora Villarsii #4. — 524. Umbilicaria pustulata zs. ^ 23-2. Gyrophora proboscidea 44. PX N£Aemond imp! r: des Woyers. 65. Parte t. à pm 1 , 2 . 7" : ES - . ‘ " + : i " v : QU + | E , d . : " " : B A « * 7 t : { ; L Y : . j T * à | , j n E : D + $ * S D . t * ; 1 ^ - D à 3 MET D d > + d 225 n ^ ^ L 2 . : : : Re * b ” À 4 y * - Bot. Tom. 32. 75 ©. | 13.14 Collema nierum Ah. VE * -- N p ui : = 5 «y « 7 j T A 4. 2 xm m m M En Uo | bs y j 4 mn ». Ld " ! X 1 ^ À fe Ü * ; PA Le {At » E, A rec D = ES * d CEN + = : à a nr : E da - ÿ d R ^ Lam Ex EN NET. À y p — id E ue SEE "S 8 : : E zc = "eV, , S SY Yum Leptogium lacerum z. + A emerat (mp! r des culatum s. 78) d S puer LE v) C S 1um 7. x5 e, Obrvzu m corni 4 Collema Jacobeæfol L— * EVA ps o w : : : 7-2 C: cheileum 2. i 5 d [5 & 8 d v. e. u 3 H- Lo] va [2] ce =) ga œ E AXE | "e | Vs i indi i i | : a pL nat. JU. D. Anh. D Douliot Se. ». ^ | P. canina fn. 18 4-4 P. horizontalis zz. à $ E En CD E © EE © en d = c 60 "- iz e ji N ^ NHémond ung 7. des Moers, 65. Pares. AU EUR ve À o "e^ SA nl à à No Ww 2 |. D. Doudiot sc. 5 Lichina pyomaa 47 715 Peltigera canina Zgg. — :;; V. polydactyla fa. 18-23 Nephroma resupinatum zz. AH APdoen NRemond imp! r. des Myers. 65. Pars. . yw Bot. Tom. 17.. PL 20. — Ann.des Secenc.nat..3 Serte — wo. - a | | | J LA mm NCIS VAN C C. Zulasne del . _ 7-5 Cetraria islandica 44. 27 Cladonia rangiferina zo. — 4 C. Nove. Anglie 27. 7228 Lichina confinis Ag. 19-23 Endocarpon sinopicum Jr. 252 Chiodecton mvwrticola %. 2» Biatora decipiens 7. 4 I L 4-2; ! 4 ! . | 2 " M Aemond np! r des WNaowers. 05. Paris c Van. des detencinat, S Serre. an D C. Zutasne del. Fe ‘+ . Visto c. di "TEE. RE PT | 7-0 Pertusaria communis 44. > Cenomwce coccifera 4%. - v - 1 is " AV. Zemond inp! r. des Noyers. 65. Parts. ; « * 3 E = [5] ^ m DE à Ec E © [29 LÉ 1 S : "a e N ue 3 ca «y D e R ii 3 $ | S à S PN Endocarpon miniatum #4. D Lione. AT. .-* E 4 ( Y U | = | Bot. Pom. 47., PL. 13. EN 4 f am © li Ld * p rat. LS M CN ei Julasne del €. MUR tli Be derum oc en do Jebu- c. 24-24 Lecanora atra 4. 8-2 Lecanora subfusca #4. 74-7 kecidea armeniaca zz: 1-13 Verrucaria muralis #4. WAemond impr. des Nryers, 65. Fares. e ; ut has -- ; | | à à = || à c E Á im : , I i i tÀ ————— M | " | — — ^a LES V CARNET. a : 1 LR CR sd: Lot DE "PRU 7 V4 5x 1 sr CE - L CS * d. nh Per J x L3 T » v" : m maris C dh -— y ^ A * D NE "FL E oranes. do debis. | | ses "Bobo Dp sy, HAE EU " ; ; - 1 , t " 4 » 2.4 » WM. 341^ ee | NM S (A . Va ^ PA 2 / 6 egros de i ; el: e "e é 1-3. Phacopsis varia. zw. —— 4. Abrothallus inquinans zz. Cum Soon NO EI E ET = “a j 2-13. Celidium fusco- purpureum 72 4-24. Scutula Wallrothun zz. MN. Zémond tmp! r. des Noyers, 65, Para. DU NN THEN TNT ren T dj * -— n E ' vU LN * e A t ^ P : Bot., Tom. 17, FL ro. D 2 > z 12189 7SS- Mes d i7 ed s ifo | Riv dap T og Dot T x ve eX. zt AS : "ibl CA mu-- C! D | ( e 3 i (3. / E^ n { ) f 2 J 3/Q0*5"g' IN NP ES D ^ em] Qu | C tane: det. Zar se. * —— 2-4. Sphærophoron coralleides z^ — 5-9. S. compressum 44 — 52. Acroseyphus s phærophoroides Z4 6-7. Calicium turbinatum — zz. 2%. C. tympanellum zz. 2. C. microcephalum zz. NZemondinp" r des Noyers. 65. Fare « e. . * uj u EY) ^ ASA 4 E Ay ereeo., vue. nat, d ie Ann.des «d E r4 e MAR (el ) À j AY, LARGE P. Picart sc P2, Tulasne ^ (4 4. Roccella phycopsis 4 (gn. ro, 7. Roceella tinctoria v. portentosa CA a tinctoria #4. ell » Roe 4.40. leltigera polydactyla zz". 2. EE Ach.. poru S Zu. 7. Abrothallus oxvs 2 24.Lecanora Parella 3 S Ui N Sox SR EU N° On "s s s — à [47] x S LS by ? V Jlemond mp Pertusaria Wulffenii 2-26. Abrothallus micro Zt. 2 Solorina saccata 44. 21. 20. À yat Mo f 6 Œ I "a " n ET "m vu on VE. Y