gear A Sr PER ARR TS AE MN Ù LS A ne PP ne D 74 P "FOR THE ADVANCEMENT OF SCIENCE. _ MÉMOIRES _ PE . F ° DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON — D — CEASSE DES;:SCTENCES VOLUME VINGT-NEUVIÈME / | PARIS J..B. BAILLIÈRE, libraire, rue Hautefeuille 4 LYON CH. PALUD), libraire, rue de ia Bourse 1338 DCS + a4 + j 2. Leg * Pa ENT 22 SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON #5 STE NEA E ES | | , MÉMOIRES DE LA CLASSE DES SCIENCES MÉMOIRES DE L’'ACADEMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ‘ET "ARTS DE LYON —— 22 — DRASS DES SCIENCES VOLUME VINGT-NEUVIÈME PARIS J.-B. BAILLIÈRE, libraire, rue Hautefeuille EYON CH. PALUD), libraire, rue de ja Bourse 1898 cor "4 Mie TN LE EVA PR PENSER RON HS TR F— 0 : tt "4 L 31 o Fr cafe Es ve. k + à, PLa à : + " \ à ù # ACADÉMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON État de l'Académie au 1° janvier 1888 MEMBRES ASSOCIÉS. MM. Jayr, ancien préfet du Rhône, à Ceyzériat (Ain) (1842). Caevreuz, de l’Institut, à Paris (1852). Bonnassieux, de l’Institut, à Paris (1869). Meissonier, de l’Institut, à Paris (1873). Le Commandeur DE Rossr, à Rome (1876). PasTEuUr, de l’Institut, à Paris (1877). BERTRAND (Joseph), de l’Institut, à Paris (1883). CopPéE (François), de l’Institut, à Paris (1885). Perraup (Ad.), de l’Académie française, à Autun (1885). BUREAU POUR LES ANNÉES 1888 ET 1880. Classe des Sciences. Belles-Lettres et Arts, ROMEO RES NS te Le ee Le ne MM. Teissier, Léon Roux. DÉCECTAITES DÉNÉTAUX. + 2: | BonNxEL, VACHEZ. Décrétaires\adjoints 4. 16°", ALLÉGRET, E. GUIMET. CSD RS RO EN LC Se H. Morn-Poxs. PCTV ISLE ENS MERS 7 à SAINT-LAGER. À > , . Li ; AJ . À , RE Pa 26 gr FR | : | ee: | 1° MEMBRES TITULAIRES ÉMÉRITES * Le # ? — 3 D T4 > ë 2 | | M, MM. Tisserann, à Mâcon (1876). HEOREM A CRE Micuer (Jules), à Paris (1878). Re FR ÈR RE j FaLsan, à Collonges-sur-Saône 1884). » AXES nee _ DELocrE, à Paris (1886). +31 : Bo NE Lo, à Paris (1886). et AE a te BoucHAcourT, à Lyon (1886). ; Fr AYNARD, à Lyon (1887). ne CHAuUvEAU, à Paris (1887). . A À à 2 MEMBRES TITULAIRES. ë CAS | ea | SECTION 1'*. à * ; Mathématiques, Mécanique et Astronomie, AT Physique et Chimie. ra (Neuf Membres.) ‘4 MM. GLÉNaRD (1857). | ER LaAFon (1873). he BonxEL (1874). | | ANDRÉ (1878). | ALLÉGRET (1870). VALsoN (1882). GaLLoN (1886). LEGER (1886). Gogin (1887). SECTION II‘. Sciences naturelles, Zoologie, Botanique, Minéralogie et Géologie, Économie rurale. (Neuf Membres.) MM. Jorpa (Al.) (1850). BERTHAUD (1873). LoRTET (18706). CHANTRE (1879). Locarp (1879). SAINT-LAGER (1881). DELORE (1884). ARLOING (18806). H. Sicarp (1887). SECTION III‘. Sciences médicales. (Six Membres.) MM. Teissier (1863). DESGRANGES (1864). BERNE (1869). OLLtER (1876). RozLer (1876). Humbert MoLLiëre (1887). 3° MEMBRES CORRESPONDANTS. MM. DE MoxTMEYAN, à Aix (1840). Cara, directeur du Musée d'histoire naturelle, à Ca- gliari (1843). BRESSoN, à Paris (1844). MM. Payan, médecin, à Aix (Bouches-du-Rhône) (1847). ScxioepTe, conservateur du Musée d'histoire natures à Copenhague (1849). RicHarp Owen, à Londres (1852). Larrey, membre del Académie de médecine, à Paris(1852). | Donrv, président de la Société entomologique, à Stet- | tin (1852). | DE Beusr, directeur général des mines de Saxe (1855). ! LeconTE (John), de l’Académie de Philadelphie (1855) A. DE CANDOLLE, à Genève (1856). Jorpan (Alexandre), ingénieur en chef en retraite, à Paris | (1856). | Ronpor (Natalis), à Paris (1859). DARESTE (Camille), à Paris (1859). Damour, membre de la Société géologique, à Paris (1860) NoGuës, à Paris (1862). | PERIER, ancien médecin en chef des Invalides (1864). SERPIERI, à Urbino (1866). | Quesnoy, médecin-principal en chef, à Versailles (18671. FRENET, à Périgueux (1867). | ARCELIN, à Saint-Sorlin (1871). Macario, médecin, à Nice (1872). | Perey, médecin à Nantes (1874). | Coprp:, géologue, à Modène (1878). CoLLer, professeur à la Faculté des sciences de Gre- noble (r878). CHAMBRUN DE RosEMoNT, géologue, à Nice (1879). Max Simon, médecin en chef de l’hospice de Bron (1880). Ducrosr (l'abbé), curé à Solutré (1881). Ducraux, professeur à la Sorbonne, à Paris (1882). DE Triozcer, à Neuchâtel (Suisse) (1882). GuBrAN, inspecteur des Eaux thermales à Lamotte-les- Bains (1883). | | CLASSE DES BELLES-LETTRES ET ARTS. 19 MEMBRES TITULAIRES ÉMÉRITES. MM. VArENTIN-SmiTH, à Trévoux (1864). BouiLuier, de l’Institut, à Paris (1864). Oxorrio, à Paris (1875). GarzLArD (Léopold de), à Paris (1876). SOULTRAIT (le vicomte de), à Besançon (1876). DE LAGrEvoz, à Paris (1878). H1icarD, à Cannes (1885). 20 MEMBRES TITULAIRES. SECTION TS Littérature, Éloquence, Poésie, Philologie (Sept Membres.) MM. FErRAz (1871). L. Roux (1875). SOULARY (1879). R. DE CAZENOVE (1883). H. BEAUNE (1884). Clair Tisseur (1886). SECTION II‘. Histoire et antiquités. (Six Membres.) MM. H. Mori-Pons (1861). PARISET (1873). GuIGUE (1877). PERRET DE LA MENUE (1878). VACHEZ (1883). DE CHARPIN-FEUGEROLLES (1887). SECTION Ill°, Philosophie, Morale, Jurisprudence, Economie politique. (Neuf Membres.) MM. A. MorièrE (1862). GuiNaND (1870). P. RouGier (1872). A. Dumonr (1875). CaILLEMER (1876). VALANTIN (1878). E. CHARVÉRIAT (1870). BerLioux (1881). PERRIN (1883). SECTION IV‘. Peinture, Sculpture, Architecture, Gravure, Musique. (Six Membres.) MM. DanGuix (1865). E. GuimET (1867). BRESSoN (1871). NEYRAT (1874). N. SicarD (1886). ARMAND-CALLIAT (1887). 3° MEMBRES CORRESPONDANTS. MM. KNEmLIN, à Fribourg (1839). RossiGNoL, archiviste (1841). LevoL (Florimond), à Paris (1842). DE PuymaicrE, à Thionville (1846). Baux, archiviste, à Bourg (1840). Du Boys (Albert), à Grenoble (1850). BERTINARIA, à Turin (1851). Micnarp, à Dijon (1852). MM. GrANDPERRET (Th.), à Paris (1856). Baccr DE LA MirANDoLE, à Modène (1857). Recnaurr (A.), ancien archiviste au Conseil d’État (1858). Le Duc (Philibert), inspecteur des forêts, à Belley (1862). DE Meaux (le vicomte) (1863). CanNaT DE Cizy (Marcel) (1864). DE Fraux (1865). Le Prince VLANGALI (1865). NEecri (le commandeur Christophe), à Turin (1865). CarrA DE Vaux (1866). Revorz, architecte, à Nîmes (1866). DE GErANDo (le baron) (1869). BAGUENAULT DE PUCHESSE (18706). FLouEsT, à Paris (1877). José pa Cunxa, homme de lettres, à Bombay (1877). Rorerr, professeur à la Faculté des lettres de Rennes(1877). Lucas (Charles), architecte, à Paris (1881). LaABATIE (Gabriel), à Talissieu (Ain) (1881). Maro (Léon), à Pyrimont (Ain) (1882). RosrTaiG (Léon), à Vidalon-les-Annonay (1883). Wipor (Charles-Marie), organiste à Saint-Sulpice, à Paris (1885). Costa DE BEAUREGARD (Marquis de), à Chambéry (1885). ÉTAT AU 1“ JANVIER 1888 DES PRIX DÉCERNES PAR L'ACADEMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON Prix Christin et de Ruolz. — Cette fondation date de 1750. Elle est due à Christin, secrétaire perpétuel del’ Académie, et à ses héritiers De Ruolz. Le prix Christin consiste en une ou plusieurs médailles de la valeur de 300 fr. chacune, que l’Aca- démie décerne, à des époques indéterminées, au meilleur tra- vail qui lui est offert sur une question choisie par elle dans les mathématiques, la physique ou les arts. Le jugement sur le concours est rendu par une Commission composée de cinq membres, nommée tous les quatre ans par l'Académie. L'Académie a prorogé jusqu’au 31 mars 1888 le concours ouvert, en 1884, sur cette question : Étude historique des sculpteurs lyonnais et de leurs œuvres, depuis l’année 1500 jusqu'à nos jours. Prix Lebrun. — Ce prix, fondé en 1804 par le prince Lebrun, associé honoraire de l’Académie, consiste en une médaille valant 3500 fr. — Il est distribué annuellement aux inventeurs de procédés utiles au perfectionnement des manu- factures lyonnaises. Une Commission de cinq membres, dési= gnée tous les quatre ans par l’Académie, est spécialement chargée de recueillir et de vérifier les découvertes qui intéres- sent l’industrie en général, et celle de la soie en particulier. Les concurrents ne sont assujettis à aucune condition d’âge, ni d’origine. Les inventions qui sont présentées après le 31 mars de chaque année sont mises au concours de l’année suivante. L'Académie a décidé que ce prix ne serait pas distribué en 1988. Prix Ampère. — Le prix Ampère a été fondé, en 1866, par M. et M"° Cheuvreux, légataires universels de J.-J. Ampère. Ce prix est d’une somme annuelle de 1,800 fr. Il est décerné, tous les trois ans et pour trois années consécutives, à un jeune homme sans fortune, né à Lyon ou dans le département du Rhône, ayant donné des preuves d'aptitude pour les lettres, les sciences ou les beaux-arts, et il doit lui servir à perfectionner ses études ou à poursuivre le cours de ses travaux. Les candi- dats doivent avoir 17 ans au moins et 23 ans au plus. Le concours pour le prix Ampère est jugé par une Com- mission spéciale de six membres, dont le tiers est renouvelé chaque année. En aucun cas le prix ne peut être divisé. Le dernier titulaire du prix Ampère l’ayant obtenu en juillet 1886, le concours est ouvert dès à présent pour l’an- née 1889. Prix Dupasquier. — Ce prix a été fondé, en 1873, par feu Louis Dupasquier, membre titulaire de l Académie. Il consiste dorénavant, impôts et frais déduits, en une somme de 400 fr. accordée annuellement et à tour de rôle à un architecte, un peintre, un sculpteur, un graveur lyonnais. La Commission chargée de juger le concours est composée de sept membres nommés tous les quatre ans par l’Académie. Les œuvres doivent être soumises à l’examen de la Commis- sion avant le 30 juin de chaque année. Les candidats doivent ne pas avoir dépassé 28 ans, sauf les architectes, pour lesquels la limite d’âge est reculée à 35 ans. En 1888, ce sera le tour de la sculpture. Prix Herpin. — La fondation de ce prix est due à la libé- ralité de feu le docteur Herpin, membre correspondant de l’Académie. Ce prix, qui est entré dans les attributions de l'Académie en 1878, consiste en une somme de 1,200 fr. qui sera donnée, tous les quatre ans, aux auteurs de recherches ou de travaux scientifiques, particulièrement physico-chimiques, propres à développer ou à perfectionner l’une des branches de l'industrie lyonnaise. La Commission d'examen est composée de cinq membres, désignés pour quatre ans par l’Académie. Les candidats doivent être Français. L'Académie a décidé que le prochain concours pour ce prix n'aurait lieu qu’en 1892. Fondation baron Lombard de Buffières.— Cette fon- dation, qui date de l’année 1882, a été créée par M. Lombard de Buffières, ancien Conseiller de Préfecture, avocat à la Cour d’appel de Lyon, en vue d’honorer et perpétuer la mémoire de son père, M. le baron Jean-Jacques-Louis Lombard de Buffières, ancien député de l'Isère. Le revenu annuel de 6,000 fr. environ doit être employé « de facon à développer dans l'enfance le respect et l'observation de ses devoirs envers Dieu, envers soi-même et envers le prochain, et à encourager tout ce qui pourrait tendre à faciliter et accroître ce développement ». L'Académie a décidé que ce revenu serait encore exclusivement affecté, en 1888, à des récom- penses et médailles décernées AUX PATRONS ET CHEFS D'ATELIER DES DEUX SEXES. Les titres et indications à l'appui de toute candidature devront. être*adressés à M. le Président de l'Académie, avant le 1° août prochain, terme de rigueur. Fondation Livet. — (Cette fondation, instituée par M. Clément Livet, négociant à Lyon, en 1887, consiste en une somme annuelle de 5,000 fr., moins l'impôt et les frais, destinée à récompenser, sous le nom de prix de vertu, un acte de dévoûment soutenu ou spontané, un grand service rendu à l'humanité, et cela sans préférence de sexe. Les renseignements et indications, pour le concours de 1888, doivent être adressées à M. le Président de l'Académie, avant le 1°" août prochain, terme de rigueur. Prix divers. — Indépendamment des fondations qui précèdent, l’Académie reçoit, à toute époque, communication des découvertes scientifiques, des travaux d’érudition et des ou- vrages de l'esprit. S'il y a lieu, elle accorde volontiers, à titre d'encouragement, aux auteurs ou inventeurs, une somme pro- portionnée à l'importance de leur communication. L'Académie choisit aussi, chaque année, un ou plusieurs sujets se rapportant aux sciences, belles-lettres ou arts, qu’elle met au concours et qu’elle annonce dans l’une de ses séances publiques de juillet ou décembre, en même temps que les règles et conditions de ce concours. La somme affectée au concours est variable. L'Académie en détermine le chiffre elle-même, d’après l'intérêt qu’elle attache à la question et suivant les ressources dont elle dispose. Le jugement est prononcé sur le rapport d’une Commission spéciale de cinq membres, renou- velée tous les ans. L'Académie n’a pas ouvert ce concours en 1888. N. B. — Pour tout ce qui concerne les prix de l’Académie des scien- ces, belles-lettres et arts, s'adresser au Secrétariat général, Lyon, place des Terreaux, Palais Saint-Pierre (Bibliothèque). INFLUENCE L'ALTITUDE SUR LA TEMPÉRATURE PAR M. Cu. CANDRÉ Directeur de l'Observatoire de Lyon. PREMIÈRE PARTIE RÈGLES ET RÉSULTATS L'un des éléments les plus importants, pour la connaissance complète du climat d’un pays, est incontestablement la valeur, à chaque instant, de la température de l'air, en une station de ce pays tellement située que les données qui en résultent s’appliquent à une étendue considérable de la con- trée. Le choix de cette station est un problème de solution difficile; 1l repose sur un ensemble de données pour la plupart inconnues jusqu'ici, et l'étude qui va suivre a pour but de fournir quelques documents authentiques applicables à un certain nombre de cas particuliers. Il INFLUENCE DE L'ALTITUDE Depuis un certain nombre d'années l'Observatoire de Lyon utilise trois stations voisines l’une de l’autre et situées à des altitudes assez différentes; Gesont: Le Parc de la Téted'On (Pie. rer A ltUItuder7re L'Observatoire de Saint-Genis-Laval (G). — 300" Le Fort du Mont-Verdun (V) (1)... .. — 625" Ces trois stations sont à très peu près sur le méridien de Saint-Genis-Laval, le Verdun étant au nord, Saint-Genis au sud, et le Parc entre les deux, et leurs distances sont sensible- ment du Parc au Mont-Verdun. . . . . . 12 kilom. du Pare Sant GENS. PTE. EDR En ce qui concerne la température, on détermine chaque jour en ces trois stations : 1° Au moyen d'instruments à lecture directe, les tempéra- tures extrêmes de chaque jour ; 2° À l’aide d'instruments enregistreurs, la température de l'air à chacun des instants du jour: on en déduit aisément pour chacune de ces stations, les températures moyennes diurnes de chaque jour. Dans l’étude actuelle, on a comparé les résultats obtenus pendant les quatre années 1881, 1882, 1883 et 1854. Les observations ont été faites par MM. Luizet, au Mont-Verdun, Marchand, à Saint-Genis-Laval, Morel, au Parc de la Tête-d’Or, et, en outre, M. Marchand m'a assisté pour leur calcul. (1) Le rapport des différences d’altitude V— P G— P est égal à 3.6. SUR LA TEMPÉRATURE. III I. — RÈGLES POUR L'OBSERVATION ET LE CHOIX DES TEMPÉRATURES EXTRÈMES. Avant toute discussion, il convient d’ailleurs de donner les règles d’après lesquelles on a fait les observations et utilisé leurs résultats. A. — Le thermomètre à maxima est observé à 9 h. du soir et à 7 h. du matin; il est mis en état à 7 h. du matin. Le thermomètre à minima est observé à 7 h. du matin et à 1 h. du soir ; il est mis en état à 1 h. du soir. Dans chaque cas, l'observateur note sur son carnet la posi- tion de l'index après le réglage. Lors de la première observation du maxima (9 h. du soir) ou du minima (7 h. du matin), l'observateur compare la lec- ture qu’il fait à la mise en état précédente : si les deux nom- bres sont identiques, il ramène l'index et met sur le registre, au-dessus de l'observation, le symbole À. Lorsque l'index du minima touche la colonne d’alcool, ou que la bulle du maxima est réduite à la longueur de la bulle, l'inscription de l'observation est accompagnée du symbole 7. Dans ces deux cas (A) et (T°), c’est la deuxième lecture qui donne le nombre définitif. Dans les autres cas, et avant de remettre l’instrument en état lors de la seconde observation du maxima (7 h. du matin) ou du minima (1 h. du soir), on compare la lecture nouvelle l’ obtenue à celle / de la première observation; en cas de divergence, on fait une seconde lecture de contrôle. Si les deux lectures / et /’ donnent des nombres différents, les cas suivants peuvent se présenter : IV INFLUENCE DE L'ALTITUDE I. — Pour le Maxima: 1° La lecture de 7 h. du matin est inférieure à celle de 9 h. du soir: s’il y a eu vent fort, le deuxième nombre (7 h. du matin) est inscrit avec le sym- bole V; s’il n’y a pas eu de vent, l’observation de 9 h. du soir a été mal faite, on la marque F. 2° La lecture à 7 h. du matin est la plus forte : si l’enre- gistreur accuse depuis 9 h. du soir un second maxima plus élevé que le premier, les deux lectures sont respectivement accompagnées sur le registre des signes z° et 2°; sinon, la première observation est inexacte (F). II. — Pour le Minima: 7° La lecture à r h. du soir est la plus forte : la première (7 h. du matin) est alors erronée (F). 2° La lecture à 1 h. du soir est inférieure à celle de 7 h. du matin : Si l’enregistreur indique depuis 7 h. du matin un second minima plus bas que le premier, les deux nombres sont marqués J° et 2°; dans le cas contraire, on ajoute W à la deuxième observation s’il y a eu vent fort, et F à la première s’il n’y a pas eu vent. B. — L'examen des nombres observés fait connaître le maxima et le minima qu’il faut considérer comme exacts. Mais on n’a inscrit sur les registres, et par conséquent pris en considération, que les maximas produits entre o h. du ma- tin et 9 h. du soir, non plus que les minimas produits entre minuit et midi de chaque jour. Il peut donc arriver que cer- tains jours soient considérés comme n'ayant pas présenté de maxima ou de minima. D'autre part; pour chaque station, on n’a utilisé que les jours où il y avait à la fois un maxima et un minima définis comme nous venons de le dire, et pour la comparaison des trois stations, seulement les journées complètes dans les trois postes d'observations. SUR LA TEMPÉRATURE. V Occupons nous d’abord des faits qui résultent de la combi- naison des jours complets et simultanés des trois stations, telle que la donne l’ensemble des observations des quatre années ci-dessus indiquées. II. — MaxiMAS MoYENs. Les valeurs moyennes des maximas pour chacun des mois des quatre années dont nous venons de parler sont réunies dans le tableau suivant : Janvier ss. HEVRIEr 3e. Septembre.... OCrODrE: 2... Novembre .... Décembre. PARC 11.08 6.45 SAINT-GENIS Différence moyenne. DIFF F8) ONOTONMCMCRCOMIROTONERE © 61 La première remarque que comporte l'examen de ce tableau est que toujours le maximum moyen du Parc est plus élevé que le maximum moyen correspondant du Mont-Verdun, tandis qu’il n’en est pas absolument de même entre Saint- Genis et le Parc. D'autre part, si les nombres moyens correspondants à cha- VI INFLUENCE DE L'ALTITUDE que mois ne paraissent suivre aucune loi, il en est autre- ment pour les moyennes annuelles. En admettant, ce qui est la convention habituelle, un dé- croissement de 1° par élévation de 140" dans l'atmosphère, on trouve que le maximum moyen de Saint-Genis devrait théoriquement être supérieur de 0°86 à celui du Parc, et celui du Mont-Verdun surpasser de 3°21 celui du Parc de la Tête- d'Or : or, les moyennes totales de ces 4 années donnent, Pour Saimti-GEnisS,. (00m DO Pour le Mont- Verdun: 032009" 30208 ce second nombre est absolument concordant avec le nom- bre théorique. D'un autre côté, entre Saint-Genis et le Mont-Verdun, la différence théorique est de 2°35, tandis que la différence observée est égale à 2°50. IT. — Minimas MoYEns. nn PR LEA MS ee AS P.-G. P.-V. G.-Y Janvier.....| —0°98 — 0298 0°00 | — 1943 |+o45 |+o.45 REVFIET eue + 1.40 2.11 |—0O.71 | +1.06 |+o.34 |[+:1.05 Mars ter es 1,33 2.81 |—0.03 1.72 |+o.16 |[+1.09 Vs 54 APR EME 5.12 5.63 |—o.51 4.14 |+0.08 |+1.49 LUE PANNE 8.65 9.42 |—0.77 8.14 [40.51 |+1.28 DES ee TA10 11.60 |—0o.50 10.19 |+-0.91 |[H1.41 (1:10 12 SRRATAESS 19-02 14.74 |—1.12 13.70 |—0o.08 |+1.04 AOL ue 1275 14.20 |—1.44 13.33 |+o.57 |+o.87 Septembre... VOTE 11.14 |—0.03 10.21 |+40.30 |+o.93 Octobre ..…, 5.96 6.23 |—o.2 5.09 |+0.87 |+1.24 Novembre. 2.91 3.46 |—o.95 3.06 |—0o.55 |+o.40 Décembre .…. 1.06 1.36 |—0o.30 0.34 |+o0.72 [41.02 AE SUR LA TEMRÉRATURE. VII Les nombres inscrits dans ce tableau montrent que, en aucun cas, le minimum moyen du Parc n’est aussi‘élevé que celui qui lui correspond à Saint-Genis-Laval ; et que,'si en général le minimum moyen du Parc est plus élevé que celui qui lui correspond au Mont Verdun, la différence est toujours faible et dans certains cas en sens inverse. Au contraire, le minimum moyen de Saint-Genis est tou- jours plus élevé que celui qui lui correspond au Mont- Verdun; mais la différence est toujours plus faible, çque la différence théorique (2°35), en moyenne elle en est É: moitié . *. environ. * Ces observations de maximum et de minimum nous mon- trent donc que, si la loi de décroissance théorique entre le Parc et le sommet du Mont-Verdun n’est point généralement altérée à l’heure du maximum de température, c’est-à-dire entre 2 heures et 4 heures de l’après-midi, il n’en est pas de même pour l’époque du minimum, c’est-à dire vers le lever du soleil. A cette époque, le Parc fonctionne par rapport aux deux autres stations comme un centre de froid. IV. — TEMPÉRATURES MOYENNES. Cette perturbation se borne-t-elle à l’époque des minimas? ou au contraire s’étend-elle à un certain intervalle de la journée ? C’est ce que va nous montrer l'ekamen des tempé- ratures moyennes diurnes. Les valeurs de la température moyenne sont comprises dans le tableau suivant : VIII INFLUENCE DE L'ALTITUDE DIFF. DIFF. | DIFF PARC ST-GENIS |, [M-VERDUN| y né Janvier ..... 1930 1938 |—0o°08 0055 |o75 |+o°83 Février..... 500 5.21 |+o.o8 3.42 |L1.07 |+-1-79 MATS eue : 7.22 6.95 |+0.27 4.87 |+2.35 |+2.08 Anral, air eux 10.73 10 00 |+o.73 7.41 |+3.32 |+2.59 Mai :,-.. 1): 15:00 14.57 |+o.46 12.06 |+2.97 |+2.51 Mis AN AE 16.81 16.40 |+o.41 13.66 |+3.15 |+42.74 Patlleti st 20.18 20.07 |+0.09 17.66 |L2.52 [42.41 Août... 19.56 19.60 |—0.04 17.32 |+2.24 + 2.28 Septembre. 19:19 15.17 |—0.02 a DER) 2.09 |+2.07 Octobre 9.61 9.49 |+o.12 7.51 |+2.10 [41.98 Novembre.. 6.20 6.50 |—0o.30 5,18 |+1.0o2 |[+1.32 Décembre .. 350 3.36 . 14 2.20 |+1.30 |+1.16 Différence moyenne.... |Ho.15 + 2.11 141.88 D'après cela, la température moyenne de chacun des mois est sensiblement la même à Saint-Genis qu’au Parc; au lieu d’être plus basse de près de 1°, elle n’en diffère que de o°2 environ. Au sommet du Mont-Verdun, la température moyenne est toujours plus basse qu'au Parc, mais la différence moyenne est 2,11, moindre de 1,10, c’est-à-dire du tiers de sa valeur, que la valeur théorique 3°21. Enfin, la loi théorique paraît mieux conservée entre le Mont-Verdun et Saint-Genis, la différence est 1°88 au lieu de 2°35, c’est-à-dire qu'entre Saint-Genis et le Mont-Verdun le décroissement de la température est en moyenne de 1°88 pour 325 mètres, soit en chiffres ronds de 1° pour 170 mètres: le décroissement est donc un peu plus lent que le décrois- sement théorique. Examinés de cette manière, les résultats ci-dessus parais- sent attribuer à la station du Parc un rôle contraire à celui que nous lui avons trouvé dans le paragraphe précédent. C'est qu'en effet la question doit se poser autrement, SUR LA TEMPÉRATURE. IX Dans nos trois stations les instruments ont été installés dans les mêmes conditions locales et avec les mêmes précautions; mais il paraît probable que celles de Saint-Genis et du Mont- Verdun, de par leur situation au sommet d’un pic isolé, sont en de meilleures conditions d'ensemble que la station du Parc. C’est donc les températures moyennes observées en ces deux points que nous devons considérer comme étant les moins perturbées. Adoptons-les comme bonnes. Pour avoir la tem- pérature correspondante au Parc de la Tête-d’Or, il faudra théoriquement, c’est-à-dire en supposant nulles toutes pertur- bations, ajouter à chacune d'elles soit 3°21, soit 0°86. En le faisant et en appelant les températures ainsi obtenues fempé- ratures théoriques, on aura le tableau suivant : M°-YERDUN PARC piFr. [ST-GENIS| PARC | prrr. | TT a _— l Temp. observ.| Temp. théor. | Temp. observ. Th.-(bs. Temp. observ.| Temp. théor. | Th.-0bs. Janvier:.....) o055 3076 1030 |[2046! 1938 2024 0204 Fevrier. :.: 3.42 6.63 5.39 [1.2 Fra 6.07 |+o.68 MARS RE 4.87 8.08 7.22 |—o.8f 6.05 7.81 |+0.59 Jah 10] DCRERRES 7.8 11.02 | 10.73 |Ho.29| 10.00 | 10.86 0.15 Mers ue" Nr2206 1522 15.03 |+0.24| 14.57 | 15.43 |+0.40 DAME «4 1H 6016 6716 emo. 06! 16-400 17.26020749 Julet."...1 17:66 120.87 | 20.18 |-o.69 |, 20.07.| 20-031 /-F0.75 AO Trees .| 17.32 | 20.53 | 19.56 |Ho.97| 19.60 | 20.46 |-0.90 Septembre...| 13.10 | 16.31 | 15.19 [1.12 | 15.17 | 16.03 |+-0.84 Omiobres Al :6r | 10172 9.61 |H1.11| 9.49 | 10.35 |H-0.74 Novembre...| 5.18 | 8.31: 6.20 |+2.10| 6.50 | 7.35 [41.16 Décembre:..| :2.20 | :5.41 3.50 |+1.91| 3.36 | !4.22 |+0.72 Différence moyenne.........|Lr.09 0.68 La température moyenne déduite des observations est donc toujours moindre au Parc que celle qui résulte de la loi théorique de décroissement ; et les différences, dont les mar- ches pendant le cours de l’année sont sensiblement analogues pour les deux stations, atteignent parfois 2° au sommet du Verdun et 1° à Saint-Genis-Laval. x INFLUENCE DE L'ALTITUDE La station du Parc est donc bien un centre de froid par rapport aux deux autres. Ce fait est d’ailleurs d'autant plus à remarquer que, par sa situation topographique, cette station paraît devoir être en grande partie soustraite à l'influence des vents du nord. Le calme relatif dont l'air y jouit dans bien des cas semble être ici la cause prédominante de la production de ce froid relatif. Remarquons d’autre part, la marche annuelle de ces diffé- rences entre les températures théoriques et les températures observées. Elles sont relatées par saisons dans le tableau suivant : DIFFÉRENCE PROVENANT SAISONS DU MONT-VERDUN DE SAINT-GENIS HAVE SR sn rue +1°87 +00 78 PEiemps eue. sn, +0.46 0.34 (3 LAT LASER sions +0.57 0.70 Automne...... Ste ne ae 1.44 —+o.g1 Minimums au printemps dans les deux stations, elles attei- gnent dans chacune d’elles leur maximum en automne ou en hiver ; et, la valeur moyenne maximum est, dans chacune de ces stations, sensiblement triple de la valeur minimum. V. — AMPLITUDES DIURNES. L'écart des températures extrêmes de chaque jour, ou l’am- plitude diurne de la température, caractérise d’une facon spé- ciale le climat d’un lieu, le climat étant d’autant plus tempéré SUR LA TEMPÉRATURE. XI qu'à température moyenne égale cette amplitude est moins considérable; il convient donc de comparer les valeurs de ces écarts en nos trois stations, assez voisines l’une de l’autre pour qu’on puisse admettre que la durée du jour y est la même et que les différences trouvées dans les amplitudes proviennent seulement des différences propres à chaque station. Le tableau suivant en donne le résumé: PARC SAINT-GENIS |MONT-VERDUN| G.— v. Maire. : 5051 493 4°55 038 RenMer ns. DSi7e 6.96 517 1.49 MES S. 2. AL RE 1,29 0,27 7 Be 2.14 Denis, eee guet 10 07 9.64 7.69 1.95 NE ane ete à 19-01 TRES e RTS 2.40 PE. « St 12.44 10.80 8.83 07 Juillet. s:38 1309 Pr 20 0.14 2.62 RO Lie cotes 13:07 11235 9.19 2.16 SÉPIEMDEE: be 10.84 9.34 6.81 293 Metobre sd. 1.2 à: 8.66 749 2599 1.02 Novembre........ 8.57 6.85 A2 77 1.88 Décembre... 5.39 4.38 4.10 0.28 Ce tableau montre que, sans aucune exception.l’amplitude moyenne diurne va en décroissant depuis le Parc jusqu'au sommet du Mont-Verdun. D'ailleurs, si nous laissons de côté les mois de novembre, décembre et janvier, dans lesquels les jours à observations complètes sont parfois peu nombreux, nous verrons que la moyenne des différences entre les amplitudes diurnes à Saint- Genis et au sommet du Verdun est de DORD La différence de température moyenne entre les deux sta- tions est voisine de celle-là ; nous l’avons trouvée égale à 1°88. XII INFLUENCE DE L'ALTITUDE D'autre part, le tableau précédent montre que la différence des amplitudes diurnes entre Saint-Genis et le Mont-Verdun va en croissant pendant le cours de l’année en même temps que la température elle-même ; minimum en hiver, cette diffé- rence atteint sa valeur maximum en juillet, mois le plus chaud de l’année. Quoi qu’il en soit, on doit conclure de ce qui précède que, non seulement la station du Parc est un centre de froid par rapport aux deux autres stations, mais aussi que les variations de température y sont beaucoup plus sensibles; et, à ce point de vue, le climat y est beaucoup plus rude. VI. — CoEFFICIENT D'AMPLITUDE DIURNE. - D'un autre côté, d’après Lamont, le quotient de l'amplitude diurne par la durée du jour, que nous appelons Coefficient d'amplitude diurne, serait constant. Les nombres qui précè- dent montrent bien que cette constance ne saurait s'étendre à deux stations voisines comme celles que nous rencontrons ici. Mais il est bon de chercher comment varie ce coefficient dans l'intervalle d’une année pour chacune de nos stations. Les valeurs en sont indiquées dans le tableau suivant : PARC SAINT-GENIS | MONT-VERDUN Janvier. Mit, 0.605 0.542 0.500 DNA ONE TE ER ARR RE ste 0.841 0.069 0.526 MESURE sue 0 de sénat 0.936 772 0.578 VER EE er aie ee DU de Mn 0.851 0.709 0.565 Li TR RNA ERRA RS Nes Fabre ARE 0.867 0.743 0.583 Af Ep SR EEE A NRA 0.797 0.692 0.566 TEL ae D En us Eur . 0 930 0.768 0.597 PENDU 1 ARS PR ANA RARE PE mas 0.991 0.805 0.652 PÉPIÉDADTEN Re de eee er 0.867 0.747 0.545 Dis t5) à) MESA vs... LEARN 0.749 0.683 0.501 Novémhre 0.4... 2,00. 0.893 Dés 0.518 DÉCEMDRE R ST N EUR dites 0.619 0.503 0.472 SUR LA TEMPÉRATURE. XII Les nombres qui précèdent montrent que la constance admise par Lamont est loin d’être vraie pour une même sta- tion; les quotients mensuels obtenus pour chaque station diffèrent en effet beaucoup les uns des autres. Cependant, cette différence est moindre pour les stations élevées que pour les stations basses, et son minimum a lieu pour le Mont-Ver- dun. Cette dernière station paraît donc se rapprocher davan- tage des conditions théoriques adoptées par Lamont. Ajoutons d’ailleurs que, dans chacune de nos trois stations, la valeur maximum de ce coefficient d'amplitude diurne au lieu de se rencontrer dans le mois de juillet se trouve dans le mois d'août. MIT = NCOEFFICIENTS) DE KAEMTZ. Nous nous occuperons encore d’un fait intéressant. Kaëmtz, on le sait, a proposé de déterminer la température moyenne y. en un lieu, au moyen des observations de températures ex- trèmes M (maximum) et #2 (minimum), à l’aide de la formule u — aM + (1—a) m, où a est un nombre, dit Coefficient de Kaemtz, dont la valeur doit être déduite de l’observation. S1 l’on connaît la température moyenne et les températures extrêmes, on aura, en effet, a par la formule V0 772 RS M—"M XIV INFLUENCE DE L'ALTITUDE Le tableau suivant donne les valeurs moyennes de a, pour les différents mois dans nos trois stations : PARC SAINT-GENIS [MONT-VERDUN PARIS JANYIET. dede 0414 09479 0°435 00453 HÉNPIBRE aan en 0.454 0.445 0.431 0.432 NES» RER 0.476 0.447 0.442 0.436 IAE PT EE AA 0.484 0.453 0.425 0.439 MR eee vins e Le 0.491 0.462 0.448 0.461 M. 128100 ASE 0.459 0.444 0.393 0.457 Tudleti. 43204 Lee 0.479 0.454 0.433 0 457 PACS TARA TEE 0.487 0.456 0.434 0.447 Septembre........ 0.432 0.432 0.424 0.432 Dalobreneeeniee 0.421 0.438 0.438 0.432 Novembre....... 0.431 0.444 90-427 0.444 Décembre ........ 0.453 0.450 0.454 o.461 valeurs auxquelles on a ajouté comme comparaison, les nom- bres correspondants calculés pour Paris par M. Angot, à l’aide des observations du parc Saint-Maur. De l’examen des nombres ci-dessus résultent plusieurs conséquences : 1° Les coefficients dits de Kaëmfz diffèrent en général beau- coup avec la situation topographique de la station, quoique la distance qui sépare les points d'observation soit-elle même peu considérable. Les valeurs de ces coefficients sont donc purement locales et ne peuvent s'appliquer qu’à la station pour laquelle ils ont été déterminés. 2° Pendant les mois de printemps et d’été les valeurs de ces coefficients décroissent avec l'altitude de la station. En automne et en hiver, elles semblent, au contraire, dé- pendre peu de cette altitude. 3° Les coefficients déterminés à Paris, paraissent se rappro- 21quR99 + di ê | c | | il | TT | | ET EG CT ni—— | | | | | | | | | | " +. | $ | à | | A Pa 6 2AQUIAON——— | as | | Lu | | | | | | | | o RE NICE | np RS es à | | | | | | | | | | 2440}20 -— Een de en 2 AAA (LUE [OU | | fl, pi | | SANT Al "| | ul x: | 1 | | | | | aiqua]des Le en L | 12) Lt | | | | l | | | | ete) 1 TOY | + | | | | RE es Ve] ei dE net ++ —f 2T | 260] loi | | | | | | A Er ce | Sal | | | | | | | | . / RECU + Le | | | | | | ! HA LE TRE | | ; | | | | | 1e1nf LEE L | | | N | AS (Een Dal | | | | | T | “) FE à T + RE al. IL | Ine | | | | | | | | à 1 a A L RE | | | | | . Î .… | T —+————— = | | | | N \: | 7 [l | 2 = | H | [l + LT: . | | a er | | N RE lo) | | Î | Î (F fe > —————— | | | esse | | | | | | | le | T Et al me | | | PT A Re ee le 18IN Le! | | Î | | 1 L JERrE Se ba-cte-7 4 = | DRE + ——-- +— 2 di: #4 | { | 2 | | | | | | ER HE ra no nee TA | | | sd | | : | | | fr .h | | | Il er | ects + + | | IE > nt 1e N | | | | | ER | | = = —- 1 | % te) | | | | a eee 0 le leo (el | | | N | | | | | | | | | | | | | | | AS | | | | | Sa EE [4 | | À HA mon) ES | er en Le le Es ie —l =} L \ a | | | | | | | | À n — J RS | | Eee A de | | MENT ER De te — a | eue) Ci \ REA [ro0r] | | | | | | | | RSS | | PSE | F Se ru 1h li. * | TON DS D ia) | | | RE en | | En #4) 3e MT | | 3 a # | | | | aoauBp — ÉENIe | dE RE | ie" | © L 1E7n M | | | © .2 © 74 Æ NE el s L | | Ds) mm c © = e IE ] Ca © Es S Fi es, 5 È =, en Z SK es) ES L =] © © © Qt © w ES ee Qt OÙ & & U = 9 S OO OO = 9 = ww D Or cr QT +2 [ea t2 +2 [#5 © l+++++++ 9 © © ES [ee] Qt =, © 2 00" 07 et Pn /X9 . . . . . 29 19 © 22 2 Æ (ep) > . OT 0 À © Qt RS ER TE Er = © OO C0 29 = + O0 RO > + SPRET SE AR RCE RS He «I OO 1 © © 9 3 I ON ON FT COM CO € er cr co HHHH+HEHEH+HT) HEHH+H+H+H++LHE +2 Re] ++! QT 29 19 © SUR LA TEMPÉRATURE. XXI MARS 1881 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GEnis | VERDUN Parc |ST-GENIS | VERDUN Li Edos | +204 | — 0°6 A + 05 | — 002 | — 38 2| LA4.5 | 2.7 | —0.2 2| — 2.7 | —3.6 | — 6.3 3 | 11.7 | HAL. | + 6.8 3 | — 4.9 | — 4.0 | — 6.0 & | 10.3 {| + 9.6 | + 6.8 4 +56 | +47 | +18 HUlmE42-9 | 11.1 | +,9.2 5 | +TA | +61 | +36 6 | Hi6.s | 15.0 | +140 6 | + 7.4 | + 8.3 » 7 | +19.9 | 417.4 | +16.5 7 | 0.5 | + 8.3 | + 8.8 8 | 18.5 | +17.3 | +15.0 8 | +37 | +63 | + 7.5 9 | 414.6 | 17.7 | + 9.2 91H53 | + 6.5 | + 4.0 10 | 13.0 | +4143.1 | + 89 | 10 | + 0.8 | +28 | + 3.3 | At | iso | ass | is at | + 5.6 » + 4.1 | 12 | 41.8 | 412.0 | +11.8 || 49 | + 3.0 | + 6.0 | + 5.6 | 13 | +16.7 | 415.3 | 411.6 | 13 | +61 | +45 | + 6.2 UN 14 | +15.4 | 444.8 | 41.7 || 14 | + 3.0 | + 3.9 | + 4.4 15 | +17.5 | 46.1 | 412.3 | 45 | Æ 72 | +75 | + 5.7 16 | 14.6 | 13.3 | 40.7 | 46 | + 1.3 | + 2.7 | HIT fl 14,5 |, -218.6 | 40.8 147 |, 01 | +24 | Æ 02 18 | 17.5 | 416.4 | 42.4 | 18 | — 1.0 | + 2.7 | + 4.8 19 | 19.4 | 49.1 | 45.0 || 49 | + 1.3 | + 6.0 | + 7.0 2 120.1 | +419.2 | +416.0 || 90 | + 1.2 | + 4.8 | + 7.0 241 17.0 |. 145.0 | 12.5 | A | + 3.6 | + 5.2 | + 6.0 22 9.3 | + 8.4 | H 4.6 | 2) +38 | H?2.2 | — 0.2 23 | +13.8 | 13.4 | +10.0 | 23 | — 4.6 | — 1.7 | — 0.6 24 | 12.0 | 10.8 | + 7.7 |A | +75 | L7.2 | +48 25 | +13.0 | +A1.7 | +10.8 | 25 | + 7.8 | + 6.8 | + 3.9 26 | 414.7 | 14.1 | +10.2 | 26 | + 8.0 | + 3.5 2.0 27 | 17.4 | +17.0 | 412.7 || 927 | — 0.4 | + 1.8 | + 0.7 28 | +-20.1 | 19.5 | 445.3 | 98 | + 0.1 | + 3.6 | + 5.0 29 | 19.8 | 18.7 | +15.0 | 29 | + 7.0 | + 8.0 | + 7.5 30 | —Hi3.4 | + 0.1 » | 30 | + 8.0 | + 8.4 » 31 | 11.8 | 10.1 | + 9.8 | 31 | DE AMIE MEANS XXII INFLUENCE DE L'ALTITUDE MAXIMA MINIMA Parc |ST-GENIS | VERDUN Parc ST-GENIS | VERDUN — ee — — — — Æ 4 | +176 | +601 | 41303 | 4 | + 56 | + 66 | + 50 9 | 90.9 | +149.5 | 445.7 | 2] +68 | 47.6 | +465 3 | 18.6 | 16.2 | 12.6 | 3 | + 8.3 | + 9.9 | +.8.3 4 | 90.2 | A47:7 | 444.8 PAL Æ T0 ENT. 604 5 | +43 3 | 412.4 | +440.2 | 5 | + 8.2 | + 8.0 | + 5.4 6 | +20.0 | +18.5 | +4415.8 | 6 | + 5.1 | + 6.6 | + 7.0 7 | +4414.9 | 444.2 | 442.1 || 7 | 440.8 | 410.4 | + 9.0 8 | +18.7 | 47.8 | +413.4 | 8 | 41.0 | 10.4 | + 9.6 9 | 418.2 | +16.4 | +414.6 | 9 | + 9.4 | +97 | + 8.0 10 | +18.6 | +17.3 | +12.6 | 10 | + 8.7 | +94 | +71 11 | 4416.33 | 16.1 | 43.4 | 11 | + 4.9 | + 6.6 | + 8.0 12 | 448.7 | +446.9 | +43.5 | 42 | 440.7 | + 9.3 | + 7.2 13 | 21.4 | 449.1 | 416.1 | 13 | + 5.7 | + 6.4 | + 8.4 14 | 417.6 | +414.0 | +12.6 || 44 | 440.2 | + 9.2 | + 6.5 45 | +20.4 | +17.5 | 444.6 | 15 | + 6.4 | +72 | +6.1 16 | 419.9 | 449.1 | +44.6 || 416 | +10.3 | + 9.7 | + 7.7 17 | +-22.1 | 420.8 | 47.2 | 17 | + 5.3 | +84 | +77 18 | +-23.0 | +22.1 | +418.0 | 18 | +86 | + 9.8 | + 9.4 19 | +19.4 | 448.1 | +4412.8 | 19 | 411.3 | 410.2 | + 8.0 20 | + 9.9 | + 8.6 | + 6.3.1 20 | + 5.2 | + 4.2 | + 0.5 21 | +12.7 | -H0.8 | + 6.8 | 21 | + 3.0 OMS AE 29 | +10.9 | + 7.8 | + 6.3 | 22 | + 3.6 | + 2.5 | — 0.3 23 | 412.2 | +10 4 | + 6.6 | 23 | + 1.0 | — 0.8 | — 0.8 24 | HA1.4 | 40.1 | + 5.5 | 24 | + 1.3 | + 2.8 2.0 25 | +15.3 | +13.8 | 10.6 | 25 | + 29 | +26 | + 1.0 26 | +17.2 | +45.3 | +412.8 | 26 | + 7.4 | + 7.1 | + 4.7 DTA A. 6. A LL :8.2 "lo ES a CE SEE 28 | +13.8 | +411.9 | + 9.0 || 98 | + 5.2 | Æ 44 [Lo 29 | +15.3 | +4414.0 | +10.0 || 29 | + 4.4 | + 2.2 | + 0.7 30 | +21.8 | +20.1 | +16.6 || 30 | — 0.2 | + 1.9 | + 4.9 SUR LA TEMPÉRATURE. XXIII MAI :881 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GENIS| VERDUN ST-GENIS | VERDUN 4 | 41705 | ÆHATol | +141 4 | +104 | + 98 |. + 70 2 | 447.6 | +16.7 | +414.5 2 | 11.7 | HA1.5 | + 8.8 3 | 417.9 | +16.7 | +12.7 344% 7.6: |"Æ6.7 | Æ 5-0 k | + 9.4 | +81 | + 5.4 4. 1+ 6.8 | + 5.3 | + 2-2 DAT GIE IG 6 PE 12.8 V5 EN. TA ESS IE M5 6 | <+-20.3 | +19.4 | +15.6 61 +77 | +77 | +5.8 7 | +-23.0 | +22.1 | +18.4 11+6.6 | + 8.7 | + 6.8 8 | +-23.0 | +22 4 | +16.8 8 | +-10.5 | 11.4 | + 9.0 91 +147.5 | +17.1 | +12.7 QUAI EE 9201007 10232 QU PA2.2 1H 9:20) AGREE 3:41. + 00,2 Me oo 7 gel ut | 2 33 4 1.9 = 022 42 | +15.2 | 443.8 | 10.4 | 12 | + 4.0 | + 2.8 | + 0.0 13 | 417.6 | +416.9 | 13.0 | 43 | + 4.1 | + 3.1 | + 0.6 14 | +20.9 22.4 | 46.2 | 14 | + 5.0 | + 5.6 | + 5.0 15 94,3 | 94.1 | +920.8 || 15 | + 3.7 | + 8.5 | + 9.8 16 | +23.4 22,4 18201671 8.32 | 2 970) ER. 9:5 17 | 418.4 | 17.2 | 43.5 | 17 +42 | +5.7 | +4.4 18 22.8 22.0 | 18.8 | 18 | + 3.0 | + 5.8 | + 7.4 19 | 27.2 | +26.5 22.5 || 191 + 8.0 | + 9.4 | + 8.7 20 | <+-20.9 | 419.1 | +145.2 || 20 | + 9.6 | 11.2 | 10.6 21 | 414.2 | 413.4 | + 9.0 | A | + 9.5 | + 8.0 | + 5.5 22 22.9 | 20.7 | +147.9 | 22 | + 9.9 | + 9.5 | + 7.2 23 25.4 | 424.5 | +20.7 || 93 | + 9.0 | +10.9 | +11.9 PAR 26:9 25.7 | <+-20.8 || 24 | + 9.8 | +10.4 | + 9.0 LE OT ON TEE 0 ARE NRC RTE RE DA ME LE 26 | +23.8 | 21.7 | 18.8 | 26 | +12.8 | +12.6 | + 9.7 TC apr ue or 0-40. 0110-00 "98 28 | +20.6 | 149.5 | +15.8 | 28 | +12.6 | +11.5 | + 9.0 29 | Hio.6 | 18.4 | +15.6 || 29 | Hi2.s | Hi. » 30 | 423.6 | +-21.8 | 18.3 || 30 | +A11.0 | +12.6 | +-10.9 31 24.7 22.7 | +19.0 || 31 | +13.5 | +13.4 | +10.4 XXIV INFLUENCE DE L'ALTITUDE JUIN 15881 | MAXIMA MINIMA ST-GENIS | VERDUN Parc ST-GENIS | VERDUN _—— — — — 7 — 4 | +206 | +92309 | +41906 | 4 | +4005 | +108 | + 96 2 | +25.6 | +24.8 | 21.2 | 2 | 440.2 | 41.7 | +41.0 3 25.8 | +25.4 | +ou,.7 || 3 | +10.0 | 41.1 | +114 K "| Mo 06 6 92.1 | 4 | + 9.4 | 441.8 | 10.3 5 | +28.1 | +26.8 | +91.3 | 5 | 10.1 | 412.5 | 443.0 6 | +21.3 | +18.7 | 45.7 || 6 | 12.8 | 442.1 | 410.2 T1] +4418.8 | 19.1 | +456 | 7 | + 7.0 | + 6.8 | +4.7 8 | 14.2 | 442.5 | + 9,5 | 8 | + 6.7 | + 5.4 | + 3.0 9 | +15.6 | 44.4 | 40.2 | 9 | + 7.7 | + 6.5 | + 4.0 10 | 415.4 | 44.4 | 440.2 | 40 | + 7.7 | + 6.0 | + 3.2 11 | +49.2 | 449.0 | 445.0 || 11 2 SAR ISIN NS 12 | +23.0 | +20.1 | 446.8 | 42 | 444.5 | 410.7 | + 8.7 13 22.6 | +19.6 | +47.4 || 13 | 140.4 | +12.0 | + 9.5 14 | 24.7 | +3.3 | 449.6 || 14 | 440.0 | +12.7 | +11.0 15 | +26.8 | 26.8 22.3 || 15 | +41.4 | +12.5 | 411.4 16 | <+27.6 | 26.3 | 193.3 || 46 | 442.1 | +12.0 | +12.0 AT | 27.9 | 28.1 | +923.9 || 47 | 442.2 | 412.8 | +13.0 18 | 425.8 | +25.2 | +o1.6 | 18 | 13.4 | 414.8 | +15.2 19 | 25.8 | 424.9 | 91.6 | 49 | 12.9 | +413.6 | +13.5 20 | +27.6 | +95.7 | +99,8 || 20 | +15.0 | +414.7 | 413.4 21 | +29.0 | +28.5 | +05.2 | 24 | 46.1 | 417.9 | +14.6 22 | +32.4 | 31.4 | +98.5 || 99 | 446.9 | +21.6 | +17.3 23 | 24.8 | +93.1 | +419.8 || 93 | 147.0 | 446.8 | +14.3 24 | 29.1 | +927.7 | +93.0 || 24 | +45.0 | +15.4 | +13.4 25 | +-31.5 | 31.4 | +27.3 || 95 | 16.1 | 416.6 | +16.8 26 | 23.3 | +211 | 17.6 | 96 | 45.9 | +44.2 | +A11.8 27 | +-25.6 | +924.1 | 90.7 | 97 442.7 | 1124 | + 9.6 28 | +-26.3 | +925.5 | +21.4 | 98 | 41.3 | 443.7 | 44.7 29 | 24.1 | +23.5 | +18.8 || 29 | +136 | 44.5 | 12.8 30 | +25.0 | +24.1 | +20.3 || 30 | 443.5 | 442.0 | 10.2 sad C2 = t9 QU (D | 9 9 19 19 22 2 29 DJ CD CS 2 29 SUR LA TEMPÉRATURE. JUILLET r188r MAXIMA Parc |ST-GENIS | VERDUN 2904 2907 | +2408 432.3 | 432.5 | +27.6 34.1 +34 0 | —+29.9 33.6 | +31.9 | +293 +-36.8 | +37.1 31.6 +31. 433.8 | +30.2 +-25.7 DD OMR ENT 30.0 | 30.4 | 26.0 25.9 | +926.7 22.0 +-26.1 25.7 | 421.8 428.3 | +28.1 +-23.8 +-33.9 | 131.4 +-30.9 +-33.8 +33.8 | —+30.2 33.4 31.1 +-29.8 35.9 | 236.7 | +31.7 +-35.3 | +35.9 | 230.8 35.2 | 35.7 | +3L.8 36.1 +36.5 | +31.8 +36.7 | 437.5 | 32.8 +35.5 | +436.3 | 430.1 +34 6 | +35.1 27.0 +-26.2 | 924.9 | +21.0 +26 8 +-26.4 | 422.1 29.5 430.5 | 426.0 431.4 32.2 | 426.0 31.7 | 432.4 | +26.0 22:23 22.4 17.7 +-23.6 +423.6 | +419.3 30.0 | 32.0 | +26.2 31,5 +32.2 | +273 +-33.2 | 31.8 | +28.3 Parc 900 +12. 413. DETTE 415. +20. 46. 19. 16. +13. A4. St 416. +20. +6. 416. +17. 18 419. HIS. +19. 416. HA. LE, A4. A9. HA. +10. SX 7 446. 6. 1 6 0 3 9 7 6 7 7 6 9 OO «I © & © OO © © DD MONCOME 1 © MINIMA ST-GENIS +1 10 44. D OO À À OO oO co & à I I DB © © © © M ee) © D œæ © = EX 0) . . . . | . 2 © À SDS = CO OT + O GO C2 O1 © À HA © OT 00 =I1 © +9 © . © or & JH+HI+++++HE I LHH+++++H++HEH + | ++ : COR CS 3 # . OO D = © = © . . . ° , . 5 ot SUR LA TEMRÉRATURE. XXIX NOVEMBRE 1881 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GEnis | VERDUN Parc |ST-GENIS | VERDUN 1 | H 5o | + 53 | + 008 4 | + 0°: » — 2 | + e.s | + 5.2 ” 2 | — 3.2 | — 1.9 | — 2 13.7 | Hise | +12.6 3 | + 1.8 | + 2.6 » 4 | 447.5 | +16.4 | +14.6 4 +H0.9 | + 4.3 | + 8.4 9 | 20.0 | +18.9 | +15.8 5 | +34 | +69 | +85 6 | 18.5 | +17.5 | +15.0 61 +5.4 | 410.0 | + 9.0 7 | +45.0 | +4416.4 | +17.3 T|+HA4.7 | +55 | + 9.6 8 | +15 7 | +415.9 | 415.0 8 | H5.6 | + 3.0 | <+11.0 9 | +16.3 | +15.4 | +12.6 91 +6.7 | +45 | + 5.0 10 | +15.4 | 44.4 | 42.6 | 10 | + 1.9 | + 4.0 | + 5.5 A1 | 45.7 | 414.2 | 410.6 [A | + 3.6 | + 8.3 | + 6.5 12 | +412.7 | 442.4 | 40.3 | 12 | + 6.4 | + 7.0 | + 5.4 43 | +4412.2 | 41.6 | + 8.4 || 13 | + 3.0 2.5 | + 4.5 14 | 10.7 | 440.2 | + 6.8 | 14! + 5.0 | +45 | +38 15 | 412.9 | +443.6 | +141.0 || 15 | + 2.0 | — 0.7 | + 2.8 16 | Hiies | —Hi2.a | +11.6 || 16 | — 0.2 | + 2.8 Ù 47 | 412.6 | 12.6 | 11.4 || 17 | — 02 | + 2.0 | + 4.8 LORIE ELA SNA LA GS MST ETS A GLEN LOMNEETS ANIME O9 NI, ER MONTE 1,70 dont 002 20 | —Hias | Hiau | +118 |? — 05 | —+ 2.9 ” Ù 24 | 45.4 | +414.4 | HA.6 | A | LA1.7 | H63 | +5.5 PAUL. 70 | 44 1 443.6.1022 | E 6.8 |. + 6.8: |, 4 6:38 23 | 15.6 | 14.4 | +12.0 || 23 | + 2.3 | + 5.8 5.2 24 | 43.6 | 444.2 | 40.0 | 24 | LH 4.5 | + 5.0 | + 6.4 25 | Hi6.2 | 14.2 | +11.6 | 25 | + 2.0 | + 5.8 » 26 | +13.7 | 413.8 | +410.0 | 26 | + 7.0 | + 7.3 | + 4.6 27 | +148 | 14.1 | 10.0 | 27 | + 6.0 » » 28 + 9.6 » » 28 - 8.8 » » 29 | +410.6 | + 9.4 | + 7.8 || 29 3.7 | +41 | +3? 30 | + 9.2 | + 8.3 | + 6.6 || 30 | + 6.8 | + 5.8 | + 3.5 XXX INFLUENCE DE L'ALTITUDE DÉCEMBRE :881 MAXIMA MINIMA | Parc |ST-GENIS | VERDUN Parc |ST-GENIS | VERDUN 11 +76 | + 71 | + 68 LI + 000 | + 008 21 +9.6 | + 8.3 | + 4.6 2 0.0 | +30 | +22 31 +6.4 | +4.9 | + 2.0 3 RG AE LIEN O8 4 | LH 3.4 | + 2.0 | + 3.8 4 | — 0.4 | — 0.3 | — 1.8 5 | +2.6 | + 2.0 | + 4.7 5 | + 0.3 | — 1.7 | — 1.5 6 L'465 ME T0 6.3 re US MER A EE 400 714103 | +93 | + 5.3 11[+0.9 | L 1.8 | — 0.4 81 +7.4 | + 6.5 | + 3.8 8| + 0.8 | + 2.3 0.0 948 Aa SES. NÉE EM RE SOA 101 + 3.9 | + 3.2 | +3.6 |410 | — 2.9 | — 1.3 | — 2.0 11 +492.6 | +2.0 | — 0.4 [A1] + 0.4 | — 0.14 | — 1.8 491 L ss | + 2.2 Lo 1.021 149 |: — 1.0 » — 3.0 1431 +2.5,| + 1.6 | — 0.7 | 13 | + 0.9 | — 0.5 k—"3.0 44 | + 2.6 | + 1.8 | — 0.8 || 14 » 0:38 |: —12:5 45 | + 0.9 | + 0.4 | — 1.2 || 15 0.0: |+—"0:9"1v=1202 161 +25 | +2.4 | +18 | 16 | + 0.2 | — 1.2 | — 3.8 fl » + 5.9 | + 4.8 || 47 | — 4.0 | — 3.5 | — 3.0 18 | 10.3 | HL 9.4 | + 7.8 || 18 » + 4.8 | + 3.3 19 | L 7.7 | +H8.8 | + 7.6 | 19 | + 2.0 | + 3.5 | + 3.0 20 | 14.4 | 44.6 | + 7.4 | 20 | — 0.8 | + 1.7 | + 1.8 [2 | +93 | +95 | + 6.6 | A1 | + 2.9 | + 3.6 | + 1.8 29 » » » 2 — 1.6 06 » 3 » + 3.4 » 93 » + 1.3 — 0.7 24 | +29 | + 2.6 | — 0.8 |F24 0.0 | — 1.0 | — 3.5 25 | + 0.6.| + 0.3 | — 3.2 [125.1 — 3 3 | — 3.8 | —6.2 126 [+ 0.2 | —v0:4 | — 1.2 | 6 — 6.6 L — 6.010076 27 | + 1.8 | + 2.1 » 21. — 6.8 | — 5.2 | — 5.4 28 | + 0.7 | + 4.1 10 8.1 98,| — 7.8 |:— #48 » 29 | + 0.2 | + 1.9 | 41.8 || 29 | — 6.8 | — 4.2 | + 6.1 30 | + 1.7 | + 7.9 | +7.8 | 30 | — 7.0 | — 5.4 | — 1.8 31 | +18 | +7.2 | + 6.6 || 31 | — 4.0 | + 0.5 | + 2.2 SUR LA TEMPÉRATURE. XSXI JANVIER :882 MAXIMA MINIMA Parc {|ST-GENIS | VErpun Parc |ST-GEnis | VERDUN 01 Verne OP D mL 602 ER Ab og te A1 als 198 R-5:0 0] 626 EE 80 21 — 2.0 | +11 | +22 SRE 11-80) 11.30 8.0 81 — 3.0: +15 | + 222 LA 6.8 | 6:20, 4.3 41 E 8.7 | + 4.0 | +26 5,124 5.8 | + 5.3.1 1 2.6 EU ST M ENTER AE 1 6 DES TUE 7510-2100 6 | — 1.3 | 0.2 | — 12 T0410.8 | 442.0. + 7.8 | 7 | +08 | 3.9 | + 5.2 841 + 8.4 | + 6.5 | + 3.6 AT A0 0 91+4.4 | + 5.2 | + 9.8 DA 0 12:66 1076 10 | + 7.9 + 6.5 » 10 | + 0.8 + 2.2 » 11 | +42 | + 3.4 + 1.8 | 11 | + 3.0 + 2.3 | — 0.3 12 | + 4.2 + 1.3 » 12 | His + 0.4 | — 2.8 143 | + 56 | + 3.8 » 134 0:38 AL —t0.2 22.2 | 4.7 | 5.5 | + 6.8 | 44 | — 2.4 | — 3.4 | — 0.5 15 | — 0.4 | — 0.2 | + 3.0 | 45 | — 2.8 | — 3:1 | — 0.8 16 | — 0.2 | — 0.4 + 5.0 | 16 | — 1.9 — 2.0 — 3.0 AD. | — 2.5 | +49 47 | — 2.8 | — 3.4 | — 6.2 SU = PANN = 8 SPAS e=73.0 146 ere l 2 2 2 94 0 (103.4 | 4:70) —2:6.6 Os 8 9013.09. 5.2/1.508-04) 2547330 = m9 op) 441) 15.607,60 MD 06.1 — 4,6 o—:8:9 Pool 355 li — 4.6 its DE UD Al — 0.70 2.6.3 1993/0224 — 24.004 45 2h — 4.9 | — 2.0 | + 4.8 24 — 3.4) = 8.8 1 0.5 25 | — 1.6 | — 2.5 » 95 | — 3.6.| — 4.7, |: — 7.6 06 A — 07533 hope 30e 5.3 An 0c4 MR 3.0 494126387107 3.5 06.8 10.2 20 0.3.2 — 0.324667 198% 2.5 — 44 di 2.1 290! 2.6. 4.1.) 46.8 199 |: —.83,5 À — 46 EL +15 30 | + 9.6 | + 9.1 | + 8.6 || 30 | — 4.0 | — 0.4 | + 1.4 31 | +45 | +39 | + 1.6 || 31 | — 2.2 | — 0.1 | — 0.2 XXXII I D OU À © D © CO 29 29 19 29 1 CN 7 PARC — +3 Ha — 1.2 D œ ot @ © © © R © 6 8 9 + arts D AK 1 INFLUENCE DE L'ALTITUDE MAXIMA ST-GENIS RE TT OR EC LT D do OO OO © = © © = -J C2 29 À FÉVRIER 1882 VERDUN [+++ D = © © © cr -1 © CO CO Go H YO 1 =3 = © © @ @ ww ww ww @ © OS D I D OO © © (25) Qt MINIMA Parc |ST-GENIs — 202 | — 609 — 2.5 | — 2.4 — 3.8 | — 3.4 — 3.8 | — 4.6 — 4,0 | — 5.3 — 4.801 1622 — 4,6 | — 6.8 — 3.8 | — 4.4 — 2,043 — 8.2 — 4.1 — 2.5 | +09 — 0.2 | + 3.2 — 3.0 — 0.6 — 3.1 + 0.3 — 2.2 FA: +27 | +13 — 2.7 — 1.1 + 0.8 PARLE + 3.8 2e + 0.2 | — 0.5 +10 | HO! + 4.4 + 3.5 — 3.2 | — 0.2 — 2.8 — (0.8 + 2.5 | +45 410.3 | +10.1 + 7.5 + 6.9 + 6.0 | — 5.7 VERDUN a SUR LA TEMPÉRATURE. XXXIII MARS 1882 MAXIMA MINIMA PARC ST-GENIS | VERDUN Parc |Sr-GENIS | VERDUN 1 | +49 | 44408 | Huoea | 4 | + 90 | + %3 | + 61 2 bp +412.5 | -HU4.8 | + 9.3 | 2! +40 | +39 | +20 F4) PSS RON ASE ee Re D Ur Un RU 0.0 nn 0e 0 TA LEE GA LE 5-04 Les 0 00 5 | 41.4 | 410.3 | + 6.3 | 5 | + 5.2 | +43 | + 141.0 PSS an onleé le 2 lo rue 5 PER DA REA RE CN EE A RE a ee ne), SAME DDR ONE TRE PTE CCI Nr SRE D ue 4 PAC EN RE TPE RE DS PR D I PP RAT AANÉEININOSECN A METRE RON NET PR IEEE 0 NRA ENONCE LE PE PT OS A are AN 2 PSS AO Lo Te | re. a as 4-0 De 3,6 ste LEA EN AN NEC NE A EE PNR ES AA Ce RP Men eo) | 0e user EU: 0 trs 0 15 | +19.0 | 18.3 | -A4.6 | 15 | + 1.8 | + 3.4 | + 7.5 AU ES Eee fs 00-60, N'aë | 40 l'E 6:40 le 7.0 ar eat ns 80 Dos L'L/S 0058 18 22.0 22.8 A9. 00NAS ME A8 (NE 428) I 809 Me D er: ag tés ge | A5 6iat Les 20 | 20.0 | 18.9 | 16.3 || 20 | + 4.0 | + 6.4 | + 6.3 24 | 149.7 | 449.4 | 446.0 | 24 | + 2.8. | 5.5 | + 6.0 22 | + 8.4 | 47.2 | +4.3 | 92 | +20 | +20 | — 1.1 DE 0 SEE PRO RAR ON NS RP AA EN AT NS RE 24 | + 9.6 | + 8.0 | + 3.7 | 2 | + A.2 | — 0.2 | — 3.0 25 | -H2.6 1 413.5 | #410.0 | 25 | — 10.6 | +04 |,+0:7 26 | +13.8 | 413.1 | + 9.8 | 26 | + 4.5 | +60 | +40 250 ARE SR AN 0 PE RAA EE A AA A PRE PASS OR 28 | 12.6 | 11.2 | + 7.8 || 98 | + 3.0 | + 1.8 | — 0.5 29 | +13.5 | +12.5 | + 8.4 | 29 | + 3.5 | + 3.6 2.8 NÉS | noel eo sg te nl ES nes" 31 | Huis.s | L1s.9 | Hii.o | ST | + 41 » + 3.6 XXXIV INFLUENCE DE L'ALTITUDE AVRIL 1882 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GENIS| VERDUN Parc ST-GENIS | VERDUN — — — — — = » 4 | 44505 | 4603 | L4to8 | 1 | + 006 | + 20 | + 30 2 | 17.9 | 17.4 | 438.8 | 2 | + 1.8 | L 4.3 | +45 3 | +149.9 | +19.3 | 415.8 | 3 | + 2.0 | + 4.2 | + 5.2 & | 419.7 | +20.0 | +16.8 | 4 | + 5.3 | + 5.6 | + 6.0 5 | 20.4 | 19.8 | +45.3 | 5 | + 4.8 | + 6.4 | + 6.5 6 | +19.7 | 419.0 | 445.8 | 6 | + 4.2 | +5.0 | + 5.9 7 | +20.7 | +19.7 | 416.3 | 7 | + 3.8 | + 6.6 | + 6.4 8 | +19.3 | +19.0 | 44.8 | 8 | + 2.5 | +48 | + 5.4 9 | 446.5 | 445.2 | 411.8 | 9 | +45 | +43 | L2.7 10 | +11.1 | 40.1 | + 6.8 || 10 | + 3.5 | + 2.1 | — 0.6 411 | 412.7 | 42.8 | H 8.4 | 11 | — 4.4 | + 0.1 | — 1.2 | 12 | 445.8 | +45.3 | 412.0 | 12 | + 3.7 | + 3.8 | + 1.8 | 43 | -114.9 | 43.9 | 440.8 | 43 | .+ 0.2 | + 5.0 | + 4.9 14 | 449.7 | 41.4 | + 9.3 | 14 | + 9.4 | + 8.8 | L 7.1 45 | +410.3 | + 9.9 | + 8.0 | 15 | + 2.4 | L43 | + 3.0 16 | 415.8 | +44.3 | + 7.8 | 16 | L 2.6 | + 4.1 | + 83:5 17 | 418.7 | 415.7 | 441.9 | 17 | + 3.8 | + 3.3 | +30 18 | 415.4 | +13.9 | 40.8 | 18 | +74 | + 7.0 | + 5.2 19 | 416.4 | 15.1 | 41.8 | 19 | + 6.2 | + 6.4 | + 4.0 1 20 | 20.7 | 18.5 | 17.6 | 20 | + 2.2 | + 5.6 | + 6.5 91 | 91.8 | 421,0 | 417.0 | 21 | + 8.2 | + 8.0 | + 5.8 99 | 422.6 | +21.9 | 448.5 | 29 | + 3.8 | + 9.8 | HM.0 23 | +20.2 | 16.9 | 43.8 | 23 | 442.6 | HAL.4 | + 7.1 24 | +16.8 | +415.2 | 411.6 || 24 | + 6.0 | + 5.5 | + 3.5 95 | 416.4 | 415.6 | 416.6 || 95 | + 50 | + 6.8 | + 5.2 96 | +19.7 | +17.3 | 413.2 | 26 | + 8.0 | + 7.6 | + 5.6 27 | 413.1 | +A1.3 | HE 8.0 || 27 | + 6.0 | +49 | + 2.8 98 | 11.8 | 142.0 | + 9.2 || 98 | + 2.8 | + 4.7 | + 3.3 29 | 19.0 | <+17.8 | <+13.8 | 29 | + 3.7 | + 5.8 | + 3.8 80 | +17.6 | 15.7 » 30 | + 8.2 | + 7.6 | + 4.7 SUR LA TEMPÉRATURE. XXXV MAI 1082 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GENIS| VERDUN Parc |ST-GENIS | VERDUN Lise | —Hi2s » L | +Hii2 | Los | + 76 +-20.8 +-19.9 +-16.3 2 | + 8.8 | L 8.0 | + 6.0 25.4 215 20.5 3 | —+-10.0 | 10.8 + 9.3 18.6 | +17.0 » 4 | +128 | His » +-20.7 | HI8.4 15.6 5 | + 9.6 | + 9.0 + 6.9 +23.1 21.9 | +18.0 61 +6.4 | + 8.3 | —+ 8.0 +219 | —+20.9 17.5 7 | +10.0 | +10.5 + 9.5 +72.0 | +920 9 17.3 8 | 12.0 | 411.2 | + 9.2 HA4,2 | 442.2 | + 9.0 91 + 6.6 | + 7.0 | + 5.0 +19.1 417.9 | 444.3 | 10 | + 6.2 | + 5.2 | + 2.2 +-23.7 D7 | 18.4 |'A1| + 8.8 | + 8.8 | + 8.0 26.7 A EN +23.0 || 12 | + 7.4 10.0 | +12.0 +29.9 | +26.0 421.8 | 43 | + 7.0 | + 9.5 | +10.7 +19.6 | 49.0 215.3 | 14 | + 9.8 | HE 8.4 | + 6.0 15.1 15.2 HA11.5 [15 + 5.0 | + 4.4 | + 1.8 + 13.1 +13,3 +10.1 | 161 + 5.0 | L 4,1 + 1.0 416.5 | +HA4.9 | HIt.4 | 17 | +40 | HE 3.0 — 0.2 18.2 | +16.6 | 413.5 | 18 | + 2.5 | + 3.2 | + 0.2 +21 7 +20 .1 15.8 || 19 | + 2.0 + 3.2 | + 1.6 16.7 | 44.8 | 411.4 || 20 | + 9.8 | + 9.5 | + 7.0 +23. 22.0 | 418.0 || 21 | H10.8 10.2 | + 8.5 —+25.9 24.7 419.5 | 22 | + 8.6 + 9.2 | + 9.9 +22.5 22.2 | 48.2 || 23 | + 8.2 | 11.0 | + 9.8 +-20.6 | +19.4 16.0 || 24 | LH 9.8 + 9.5 | + 7.7 +23.4 | H+921,1 18.1 | 25 | Æ 7.8 10.0 | + 9.1 21.6 | 49.8 | 417.6 || 26 | 411.5 +-10.4 + 7.7 +-26.9 | 25.0 | 22.2 || 27 | H 9.8 +10.8 | +-11.2 +-27.1 427.9 | +923.4 || 28 | 12.0 13.5 | +414.5 +27.3 24-21 .2 +24 2 | 29 | 443.5 +16 0 | +413.7 D CAMERA ER NE NARE EUR EAN ee 24.5 | 23.6 | 418.9 || 31 | 415.3 15.2? +-11.9 XXXVI INFLUENCE DE L'ALTITUDE JUIN 1882 MAXIMA MINIMA Parc ST-GENIS | VERDUN Parc ST-GENIS | VERDUN — — — — —— 1 | +959 | +9500 | +2108 À 41 | 4105 | 1203 | +1009 2 | +31.0 | +30.7 | +26.2 | 2 | 446.0 | 445.8 | 44.9 3 | +28.0 27.7 | 494.8 || 3 | 417.4 | 449.4 | +46.5 4 | +95.7 | +927.2 | +94.4 | 4 | 447.7 | 449.0 | +16.7 5 | +21.0 | +19.4 | 446.5 || 5 | 412.0 | 441.3 | + 8.7 6 | +25.9 | +96.3 | +91.8 | 6 | + 8.4 | + 9.3 | 10.1 ÿ/ » » » 7 » » » 8 | 419.5 | +18.0 | +414.5 | 8 | + 9.0 | + 8.8 | + 7.4 9 | +19.3 | +17.7 | +44.0 | 9 | + 9.0 | 40.5 | + 8.0 10 | <+21.8 | +149.7 | +46.8 || 10 | +10.0 | 410.3 | + 8.2 11 | +17.0 | +15.2 | 442.8 || 41 | +410 8 | + 9.2 | + 7.5 12 | 20.8 | +19.5 | +4147.6 | 12 | + 5.8 | + 6.8 | + 6.4 13 | +15.8 | +15.2 | 441.6 | 43 | + 7.6 | + 5.8 | + 3.3 44 | 446.5 | 416.0 | +143.6 | 14 | + 8.8 | + 8.2 | + 6.0 15 | +20.8 | +20.5 | +17.0 || 45 | + 5.7 | + 7.5 | + 8.8 16 | 419.7 | 18.4 | 44.8 || 16 | + 7.5 | + 8.8 | + 7.3 17 | +217 | +20.6 | 417.0 | 47 | + 8.9 | + 7.8 | + 6.5 18 | +26.0 24.3 | +92.0 | 18 | + 6.2 | + 8.6 | + 8.9 | 19 22.2 | 420.0 | +16.9 | 49 | 11.0 | + 9.8 | + 7.5 20 | +20.8 | +20.0 | +17.9 | 20 | + 9.0 | + 9.9 | + 9.4 21 | 424.9 | +93.3 | 419.9 | 24 | 414.8 | +413.2 | +A1.5 | 29 | +27.8 | 427.3 | +23.6 || 22 | 410.8 | 12.5 | +13.3 j 23 | +27.8 | +27.4 | 423.5 | 23 | 415.2 | 415.6 | 13.5 24 | +30.0 | +30.1 | +26.1 || 24 | 441.6 | 415.0 | 413.8 25 | +30.2 | +31.7 | +27.0 || 25 | 412.0 | +15.3 | 445.2 (é 26 | 421.8 | 420.6 | +17.1 || 26 | +147.0 | +16.4 | 413.0 || 97 +-21.8 | +921.2 | 417.6 || 27 | H10.8 | + 9.8 | + 9.6 28 | +23.9 | +23.0 | 19.5 | 28 | + 9.9 | +10.8 | +10.5 29 | +26.7 | +26.0 22.7 || 29 | 141.6 | 444.3 LM9.6 30 | <4-22.8 22.0 | +19.6 || 30 | 14.8 | 415.0 | 411.7 { SUR LA TEMPÉRATURE. XXXVII © OO 1 Où O1 fe 0 19 2 O9Ih On =, © OT D 29 D 19 19 29 #9 19 ?9 SO © D 1 [ee] im PARC 23° +24. 24. 28. +20. 25. +21 +21 +18. 24 24. +20. +24. +29. +29. +23 +24. +26. +30. +29. +28 +26 +28 +23. 22 +22 +21. 22 +23 +23. 25. CR D SUR TT Or 1) CO. =, © I Où © D © I © © 9 0 — © © 1 So © JUILLET 1882 MAXIMA ST-GENIS | VERDUN 2109 | +480? 93.2 | +19.3 +23 6 | 19.5 427,5 | +23.6 +19.3 | +17.0 +219 | 18.8 + 22.4 | +173 26.7 + 19.0 +16.5 | +14.6 21.3 | +419.6 +-23.1 18.1 18.0 | +14.4 22.8 | —+19.0 28.8 | —+24.6 27.8 | —+24.8 +22.0 | +149.6 21.1 18.0 24.9 | +21.6 +30.3 | +26.7 28.4 | +24.8 25.2 22.8 24.9 | +21.3 +-27.6 24.6 22.8 | +17.8 +-23.0 | +18.9 418.8 | —+16.3 419.5 | +15.9 21.7 | +17.1 21.6 | <+18.8 +21.7 | +17.6 24.3 | +20.3 PARC +138 13. 4143. +10. +16. +11. +15. +12. +10. +10. 413. HA. JA. Hi. 9 6) 0 0 5 8 2 7 D 8 8 5 8 0 .3 À 9 2 3 2 5) 8 0 3 9 pa 8 8 3 0 MINIMA ST-GENIS | VERDUN +1404 +12.9 HA1.4 12.6 15.2 11.3 16.3 + 9. +10. +13. ee +10. +11 5. +14. +12. +10. +14. +16 +17. 45. 43. 45. set +13 Hi +10. +11. +13. +125 MI MR UT O MOOD OO OT EE Ce Cr œ© œ@œ un © à œ © à — +118 11.9 410.5 112.8 41.2 410.8 » % CA de) SO © #& © OO CO & 19 ++ = © 1 © js Ë Co F & J © “I 10 © Go 1 & À XXXVII INFLUENCE DE L'ALTITUDE MAXIMA MINIMA Parc |ST-GeEnis | VERDUN Parc |ST-GEnis | VERDUN 1 | +270 | +501 | +220 L | +41100. | +Aäoi | —+-13°0 2 | +26.0 | +95.3 | +91.8 | ? | +442.4 | 45.0 | —+13.9 3 | +-25.8 | +93.4 | +19.0 3 | +412.0 | H15.1 | +13.7 ï 24.9 | +23.6 | +20.4 4 | HA1.8 | 443.4 | +10 8 o | 421.9 | +20.1 | +16.8 5 | 442.9 | 411.8 | +°6.7 6| 23.0 | 491.6 | 18.1 | 6 | 444.0 | 443.0 [498 1 | +26.1 24.5 | 21.2 T | +A1.8 | +443.0 | +12.1 8 | +24.7 | +22,9 | 419 7 8 | 13.6 | +12.4 | +10.2 9 | —+24.9 24.0 | +419.7 9 | 12.7 | +U.2 | + 9.5 10 | 27.0 | +95.2 | 21.7 || 10 | 11.8 | +12.8 | ÆI1.2 11 | +29 5 | <+99.3 | 95.4 | 11 | H42 0 | +13.5 | + 13.5 12/0010) 63028 | 22608 A A2 FI" MAS EIRE 13 | +31.1 | +30.7 | 426.7 | 43 | 42.0 | 17.4 | 417.5 14 | 22.9 | Hor.2 | 19.7 | 14 | His | 13.5 ” 15 20.9 24.3 | 20.2: 15 | 412.8 | +13.8 | 413:2 16 29.7 | +21. | 18.3 | 16 | 413.8 | +13.4 | +A10.4 17 | +25.6 | 22.0 | 418.7 117 | 42.2 |: +12.0 | Æ9.8 18 29.6 20,40 A 2 AS EE OT ILL'OUN ETES 19 28.0 | 26.4 | 21.0 | 19 | 416.0 | 17.0 | +44.9 20 | 26.8 25.1 | +224 || 20 | 43.7 | 15.9 [+150 21 259} 24.1 | 221.2 || 21 | 1.9 [13.01 PIE.8 22 | 423,8 Le F2LL |, 218,601 99 PATES 2113 BUTNEELZ"S 23 | “29.5 | +28.6 | 25.9 || 23 | + 8.0 | +10.1 | H+1L.2 2h | 23.7 À Æ9L1.9 À 18.5 | 24 | ÆAE.9 PAL 5 0 68 25 | —+23.9 22.7 | 418.9 | 25 | + 8.6 | + 9.5 | +10.3 26 23.7 | 422.4 | 447.71 26 | 443.2 | 413.7 | FILE 217 | +22.4 | 49.4 | 443.5 || 27 | +12.0 | HAL. | + 8.7 28 | 28.7 | 21 2 | 416.9 | 28: Æ11.0 | 14.5 | 8.1 29 | +22.4 | 21.2 | 418.0 || 29 | +12.2 | 444.5 | 43.7 30 | +22.6 | +19.2 | 14 8 || 30 | + 9.8 | +10.9 | + 8.9 81 | 22.7 | AAA | HAT 534 [UE 90: 10.3 + 914 | | SUR LA TEMPÉRATURE. XXXIX SEPTEMBRE 1982 MAXIMA MINIMA Parc |ST-Genis | VERDUN Parc |ST-GeEnis | VERDUN || 1 | —+-26°5 | +246 | +20°7 1 | 1300 | +127 | —+1203 2 | 98.6 | 27.4 | +23.5 2 | 410.5 | 13.4 | +13.9 SARPEd0 0 | 0850) 95.00) PS eo DES Nate à +937 | Lu.8 | 18.9 | 4 | 6.9: | 465 À 4e 5 | 24.4 | +92.4 | 18.1 5 | 14.6 | +A14.8 | +12.4 RERO ET Er INR EM PEL Io ONIRERINES | 454.4 | os 3 | 148.6 | 7 | 43.4 | 43.4 | 4U.0 8 | +23.7 | +-21.9 | +17.5 8 | 11.2 | 410.4 | + 8.7 9 | 426.0 | +24.7 | 420.4 | 9 | +A4.7 | HA4A | 42.5 10 | 28.4 | +926.5 | 922.1 || 10 | +14.7 | +HA4.8 | 14.3 11 | +249 | 21.9 | +418.9 | 41 | +15.0 | +45.0 | +413.5 12 | 20.2 | 448.1 | +44.5 || 12 | +13.7 | 442.8 | +10.8 3 | +416.6 | +414.6 | 41.9 | 13 | + 88 | + 7.8 | + 5.5 14 | 15.8 | 15.8 | +414.4 || 44 | + 5.0 | + 5.6 | + 5.1 15 » 12.1 L 8.3 || 45 | + 8.0 | L 7.3 ae 16 » +13.6 | LH 9.1 | 16 | + 78 | + 7.0 | H 4.9 17 | 14.0 | 3.1 | LH 98 117] +55 | L6.5 | + 5.9 18 | 16.6 | +15.0 | 11.4 || 18 | 10.4 » » 19 | +-20.1 | 4AS8.4 | 44.9 | 19 | +A0.1 | 410.5 | + 8.4 20 | +-17.9 | 18.1 | +43.8 | 20 | +10.4 | L 9.4 | + 7.2 21 | +413.0 | HAi.s | + 8.6 | 21 | + 8.3 | + 8.4 | + 6.5 2200 17.8 | 18.5 | 414.2 | 22 | 9.4 | 8.4 | F:6.4 IN P1S 00 0015 :7, RL 901023 EM. 6) || 10-80 ILEI8"7 2 | 447.9 | 446.7 | 43.0 | 2 | 49.7 | + 9.4 | + 7.0 29,1 +19.8 | 149.2 ! 45.5 | 25. + 4.5 | 6.1 | 46.9 26 | 14.2 | +A14.4 | 11.2 | 26 | + 9.0 | + 9.9 | + 8.6 27 | +414.5 | HA4.4 | A1 | 27 | +95 | + 9.0 | + 7.2 28 | <+14.7 | 14.7 | 40.5 || 28 | + 6.0 | + 7.8 | + 6.6 29 | Hi6.s | 15.5 | 14.4 | 29 | Hi2.: » » 30 | +20.3 22.6 | 18.3 || 30 | 12.6 | +13.0 | +11.8 XL INFLUENCE DE L'ALTITUDE MAXIMA PARC +210! +15.0 +17.2 +13. +13 +11 +19. +21 +20. +23. +20. +16 18 +17. 14. +12. 15. +13. +14. it. +15 +14. +15 17. +12. 14.6 +14. D © HIFI I DIU S rie TS rh 0 on Co ee ST-GENIS +200 7 +-23.8 +-16.4 +-12.6 +-10.8 11.6 —+18.9 +20. +20. +-23. +19. +16. +17. +14. +15. +11. +15. +13. Hs. +10. +14. +13 +16 A7 HA. 4 ] 4 +13 13 +1? +10. +10.5 + 14.5 D 0 3 o, 0 7 5 4 8 6 8 9 6 0 8 1 0 6 5 OCTOBRE 1882 VERDUN +1608 +-21.6 +13.1 + 8.8 + 8.0 + 8.0 +14.4 +17.3 +17.7 +-20.3 16.2 +-14.1 +14.3 +12.1 + 9.5 + 9.4 +124 +10.7 +11.8 + 9.0 11.8 11,1 11.8 14.4 + 8.6 +10.1 10.0 110.1 + 6.9 + 6.8 + 11.9 [= Co TOMTOMTOMOOMTI D D C2 3 I 9 © © [er] e +) +2 © 30 31 Parc 41505 412.9 43.3 + 9.6 So LE + 5.5 0: rs 9 O © © © © = © TO OT gp 9 © — = a ü | Sn ne ee M M o MINIMA ST-GENIS +504 Q0 XL FO © © + + — © 2 © + (op) a © VERDUN 1305 +145 +10.0 + 7.3 + 4.1 + 6.3 + 5.5 + 9.4 12.1 +-13.4 +12.3 — 12.4 + 5.7 + 5.5 + 6.3 + 4.1 + 6.7 + 6.3 + 4.6 —+ 7.0 + 6.6 + 7.9 + 6.5 + 7.8 + 6.1 + 4.0 » + 6.0 + 5.7 + 3.5 re nt ua et à tatin PARC +177 14.6 15.4 + 15.5 17.2 16.3 +-14,5 13.0 + 15.8 12.9 +11.0 +-11.7 +15.0 15.8 4 9 MAXIMA ST-GENI +170 0 +13.7 +15.2 14.7 + 16.0 +{5.8 +14. +12. SUR LA TEMPÉRATURE. NOVEMBRE 1882 S | VERDUN UC +10. +12. +12. +14. +12. 12. «2 = 9 de) D 29 À © © 2 % ee ol pe © Le Psp OS ++++++ + SD Oo 14 29 à OT R OO do 1 %w © » t2 OI RO RO RO RO 2O RO RO 29 29 SNCONOOMETNICN MOTTE ICO TROIE PARC MINIMA JET US +.8.2 Co JE es ete de LEE, HE OT C1 MONET It [++++ OP 9_— ST-GENIS XLI VERDUN + 508 + 62 ESS D NTEr “1679 OT TI LUE HIS + 3.0 + 4.9 XLII INFLUENCE DE L'ALTITUDE DÉCEMBRE 1882 MAXIMA MINIMA ST-GENIS | VERDUN PARC ST-GENIS | VERDUN © 29 SO EE D I © CO 2 . . à l++++++ +9 œo COM OMS NTS Le) [SL ? = . Tu + 1 2e + 4 Que de 9 © © +++ +++ +++ en A 9 19 2) 2 22 29 2 a ot de 5 Z SUR LA TEMPÉRATURE. JANVIER 1883 MAXIMA MINIMA Parc ST-GENIS | VERDUN Parc ST-GENIS | VERDUN 4 | Hiæo | +168 | +147 1 | + 74 » » 21 + 9.6 | 12.8 | +11.2 21 + 8.5 À: + 5.9 0| Æ10.0 3| + 8s | + 76 | + 5.4 3 » — 5.5 | + 2.5 | +70 | +6.2 | + 3.7 | 4 | — 0.7 | +0.9 | + 0.4 d) » » + 3.5 5 | — 0.5 | — 0.8 | + 0.5 6 | + 7.8 | EL 6.2 | + 3.5 6 | + 1.0 » + 02 T|+3T | +26 | +03 1142.17 | +14 | —07 S | + 0.2 — (0.9 — 4.1 || 8 | — 1.2 92 22 9 | + 5.7 + 6.7 » Q | — 2.7 — 2.9 » 10 | + 6.4 + 6.8 + 5.2 | 10 | + 2.41 + 2.7 » I | 6.7 | L 6.8 | + 5.0 at | + 3.5 | + 3.7 | + 23 12 | 5.4 | 5.5 | + 6.8 | 49 | +14 | + 0.7 | + 0.6 131 H5.8 | L 4.8 | + 8.7 | 43 | +0.3 | + 0.3 | + 1.5 14 | + 8.8 + 8.8 + 99 | 44 | — 0.3 + 0.5 ) A6 PE 5,7 01 22 728 [eh 8.6 45 /1— 1.4 1.3 | + 1.9 16 | + 7.4 | + 6.1 | + 3.2 | 46 | + 1.6 | + 3.0 | + 1.9 MN 6.6 | 25.2 | L28 |a7| HAS | +08 | —12 18/95 VE 24 1— 1410 as | 21.2 | +06 h— 1:49 19 0.0 | — 0.6 | — 2.7 | 49 | — 0.6 | — 1.5 | — 4.0 20 | EE 2:27 | L 2.7 | + 6.6 || 90 | — 0.7 | — 2.1 » DEN 06 0 EE 40 ot 4.9 4 — 2.0 | 106 292 | + oz — 0.5 — 2.7 || 29 » » » AND 56 Le 0.6 = SOS RAS le AT RE SES 24 | + 0.6 | — 0.9 | — 4.7 | 24 | — 4.4 | — 5.1 | — 8.9 25 | — 1.4 | — 1.3 | — 0.6 | 95 | — 6.4 | — 6.3 | — 8,4 26 - G5 + 6.2 +- 5.6 96 » » » 211 2-76 EE 6.82 + 3.9 | 27 | — 0.4 | — 0.2 | — 2.1 28 | H 9.8 | + 8.5 | L 5.7 || 98 | + 2.2 » 0.0 RO ART EM Gt ee 8601290 = 2 AU 09 NE 4".2 30 » » + 6.6 30 » » + 5.4 al 1925 NE Oh EE 43003 — 92.4 | — 3.7 | — 1.0 XLIV INFLUENCE DE L'ALTITUDE FÉVRIER 1883 MAXIMA MINIMA Parc |ST-Genis | VERDUN Parc |ST-GEnis | VERDUN 1| +607 | +53 | + 22 4 | + 201 | + 109 | + 004 2 | 443.2 | 12.6 | + 9.8 2 —24 | —05| —05 3 | 411.0 | 410.8 | + 7.7 3 | +5.4 | + 6.0 | + 5.5 4 27.5 | + 5.0 | + 2.8 4 | +0.9 | — 0.2 | — 2.0 5 | + 3.9 | + 3.9 | + 2.9 5 | — 2.4 | — 2.1 | — 2.6 6| +4.6 | + 2.0 | + 3.6 6 | — 1.5 | — 3.2 | — 0.6 T| + 7o | +5.s » 7|— 12 | — 82 | — 1.5 8 | +13 0 | +10.8 | + 7.6 8| +2.9 | +3.8 | + 3.0 9 | Hias | 12.9 | Hir.o 9 | + 9.5 » + 6.6 10 | +13.5 | 42.7 | + 9.5 | 410 | + 2.1 | + 2.9 | + 1.6 HU +os | + 7.s | + 5.3 | 411 | + 74 | + 5.4 | + 3.6 12 | 44.0 | 11.8 | + 9.2 | 19 | — 2.3 | — 3.0 0.0 13 » » » 13 » » » 14 49.6 | +85 | + 5.6 | 414 | + 4.1 | + 3.3 | + 0.4 15 | 443.1 | +41.9 | + 8.9 | 45 | + 1.0 | + 0.9 | + 0.7 16 | + 7.9 | + 5.9 | + 3.8 | 16 | + 3.4 | + 3.6 | + 0.6 17| 49.0 | +7.3 | + 3.4 | 17 | + 2.4 | +14 | —09 18 | + 8.9 | + 8.7 | + 5.4 | 18 | + 0.7 | + 0.5 | + 1.1 19 +7.5 | +6.6 | + 3.6 | 19 | +314 | +35 | +1. 20 | + 8.5 | + 6.6 | + 3.5 || 20 | — 0.4 | + 1.1 | — 1.1 21 +9.0 | + 7.9 | + 4.7 | A | + 0.3 | — 0.4 | — 2.6 | 22 | +75 | + 6.0 | + 3.3 | 22 | + 2.5 | + 3.7 | + 2.2 | 23 | 13.5 | 11.8 | + 8.6 || 93 » » » | 24 | 412.8 | 412.0 | + 8.0 | 24 | + 3.9 | + 3.7 | + 1.2 | 25 | 443.5 | 441.9 | + 7,5 [95 | + 2.8 | +44 | + 2.4 | 26 | +-11.8 | +11.0 | + 7.7 || 26 | + 2.9 | + 2.3 | — 0.1 27 | +143.1 | +11.9 | + 8.5 | 27 | + 0.4 | + 2.0 | + 0.1 28 | + 9.0 | + 7.4 | + 4.9 | 28 | — 0.9 | + 1.3 | — 0.4 dd + SUR LA TEMPÉRATURE. XLV MARS :883 MAXIMA MINIMA Parc {|ST-GENIS | VERDUN Parc |ST-GENis | VERDUN A | Hits | +106 | + 73 1 » » » 2 | 40.0 | + 9.1 | + 5.4 21 +3.8 | + 3.0 | — 0.1 3 | +74 | +66 | + 3.4 3 | — 1.4 — 2,5 | — 5.5 4 | HS8.A1 | +6.8 | + 3.2 4 | — 2.6 — 3.4 | — 6.0 5 | + 8.0 | + 7.1 | + 4.0 D | — 3.1 — 2.1 — 4,5 6[ +71 | +6.3 | + 3.0 6 | — 4.1 — 0.8 | — 2.0 T| + 4.4 2.9 | — 0.4 T| — 1.3 | — 2.4 — 5.0 8 | +2.7 | +0.8 | + 2.4 SD | — 3.4 | — 5.6 9 LH 0.2 | — 1.1 — 1.4 9| — 5.7 | — 4.8 — 7.0 AO AT 1 929! D = GA AO = 43 D. "9 1 11 0.0 | — 2.3 | — 5.4 || 11 | — 5.6 — 6.2 | — 9.0 121 + 4s | Li — 02 NADINE #4 — 5.5 » 18 | 42.9 | L 4.2 | — 2.5 | 43 4.0 — 5.5 | — 8.5 14 | H6.6 | LH 6.0 | + 2.7 || 14 | — 38 — 4.1 JC 15 | AA | 8.5 | + 4.7 | 15 | — 2.1 — 2.1 — 4.6 16 | + 9.4 | LH 8.1 AE IN og ME En LE CA IS AU DORE AI PRE Do Ar | 072 — 0.9 — 35 REA NE 000 LE 727 MS 4 = DE G = 2 19 | 443.6 | +412.4 | + 9.6 | 49 | + 3.4 | + 4.6 | + 3.2 20 | 410.6 | + 9.2 | + 5.1 | 20 | + 4.8 5.5 | + 3.3 21 | 40.4 | + 9.5 | +5.3 | 24 | + 3.4 | + 3.0 | + 0.2 EP TRE CG Do 80e CES SAN RENE "046 23 | L1.4 | T18 DID EME OR EE RE T — 4.2 24 | Loaz + 8.9 + 9.3 || 24 | — 0.1 — 2.1 » 25 | 413.4 | +412.6 | +10.0 || 25 | + 1.3 + 2.3 | +28 26 | + 85 | +78 >. 25 ste, D 57 » 27.| 41420 | 8.9 | + 5.4 |97| E 22 | F2 + 0.1 28 | + 7.6 | + 6.0 | + 3.1 || 28 | + 0.9 0.1 — 3.1 29 | 441.4 | +10.3 | + 6.9 | 29 | — 3.3 | — 4.2 | — 1.1 30 | 44.4 | 443.1 | + 9.6 | 30 | — 0.6 | + 2.0 | + 1.2 31 | +14.5 | +12. +983 | +8.3 | +7.4 | + 4.8 XLVI Parc +-1804 +18.8 +20. +20. +20. +20 +12. +13. +13. +15. +IL. +12. +14 +16 +17. +20. +21. +18. +16. +11 +10 +13. +12. +12. + 14. +16 +20. +13. +18.: Le en 100 ©. 29) 29. O7 (027) 09) Or [er] TT À 10 ONE RON ee œ (ep +47. INFLUENCE DE L'ALTITUDE AVRIL 1883 MAXIMA ST-GENIS | VERDUN +1605 +1395 +16. +13.7 +18. +15. +19. +15. +19. +16. +18. +15. +11.: 4 +12.6 +12. +13. +10. +12. +14. +13. +15. +18. +20. +17. +15. de 19° + 8 +12. +10. + 9. +10. 215. +19 .: +12. +16. +15, O9" #9 ET RO O0 E0: co i + © ON OO = [er] 1 DU OL T0 29 +9 = © +2 +++ +++ ++ SSr 0 0 O9 CÉTLMESS 19/69 19 TO TO D) O2 © D + Oo or 2 co [= + ee Parc Cr SCD LES, CT SE —1 oc # . er 1 ON 29 © à © + Oo ©] © © MINIMA ST-GENIS | VERDUN + T6 de 6.6 4-58 2.80 +: 80 sr #0 a . © D OO + =] 19 . ras L+++++++ O9) À 1] + 1 On JO œ œ © LH+H+++++++ I rie tO 1001 O0: fs OS Qt CT CA SO I I © © ©) © © Cal +++ + SUR LA TEMPÉRATURE. XLVII MAI 1883 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GENIS| VERDUN Parc |Sr-Gexis | Verpux || Dh A8 T7 | HART 4 96 | 4 LE 5eb | 504 | à 306 2 | 445 | 18.3 | 41.4 | 2 | + 7.6 | L 6.7 | +48 DST 0 CG. 19.8 | 3 L'É5.648 4 6.51 ua 4 | 49.4 | 418.9 | 44.9 | 4 | + 2.9 | + 3.4 | + 42.0 D | 490.6 | 419.5 | +415.8 | 5 | + 9.0 | + 8.2 | & 6.9 601 48.8 | 46.2 | 443.5 | 6 | 410.0 | + 9.4 FE TT Depot A0. 6.9, HU 0-00 90 2066 8 | +94,6 | +20.8 | +417.0 | 8 | 10.0 | +11.7 | + 9.4 9, | 148.9 | 46.0 | 443.4 | 9 | 8.9 | + 7.2 | + 64 10 | 143.9 | 440.2 | + 6.9 | 10 | + 5.3 | L 4.0 | + 2.4 14.9 442.6 1 40.2 At À 6.2 | 45.8 | + 9.9 124 149.3 | 218.9 | 15.0 || 12 | H 41.3 | + 9.7 NH 4.8 13 +94.1 +23.3 +-20.1 3|+42 | 47.7 | 40.8 14 | 95.8 | 24.9 | 94.9 || 14 | + 8.9 | 40.1 | 440.5 19 | 407.0 | +26.8 | +99.8 || 45 | 7.7 | 440.0 | 42.4 16 | 07.8 | +27.9 | 93.1 || 16 | +10.2 | 412.0 | +441 MONET 269 | or |A MA 0.4 1 4494 413.0 18 | +954 | +94.8 | -Loy.9 || 48 | 42.6 | 443 7 | +14.7 19 | +93.4 2290 EPA S CAO RUES 0 ASH A RES AO ES | PAG. 5 1 441 || 20 | 4.8 | 42.0 | #87 1 22 | 49.4 | +48.0.| 444.5 | 21 | + 7.5 | + 7.9 | + 4.9 22 | 493.0 | +-22.9 | 48.4 | 22 | EL 3.6 | + 7.2 | + 7.7 23 25.7 | +25.0 | +241.1 || 93 | 45.1 | L 9.6 | +41.0 24 | 98.0 AT NES 6 POLE NEENE on) OO EL 25 | +27.0 | +26.3 | +22.2 | 95 | + 9.8 | +412.7 | 411.6 26 | 20.9 | <+-21.3 | 18.1 || 26 » » » 27 | 18.0 | 446.6 | 45.2 || 97 | 442.9 | 442.2 | + 9.5 20 5000 8 0 020.0 2800242 0" 0 0 A0 4 29 94.6 | 424.6 | +20: || 29 | 444.2 | 44.2 | 442.6 30 | 923.4 | 493.7 | 449.4 | 30 | 13.7 | 44.1 | +12.4 31 | 16.2 | 45.3 | 449.7 || 31 | +143.8 | 442.2 | +10.0 INFLUENCE DE L'ALTITUDE XLVIII JUIN 1583 MAXIMA MINIMA PARC ST-GENIS | VERDUN Parc |ST-GEnIs | VERDUN 246 | +236 | —+orag 4 | +129 | +180 » +25 +24. +21. +14. +14. +13. +28. +27. +24. +10. +11. +13. +28. +28. +21. +12. +13. +13. +21. +23. +20. +16. +16.5 | +13. +25 +23. +20. +12 +13. +11 +21. +19. +16. +15 +14. +11 +27. +26. de +10 +11 +11 +23 91.9 | +90. 410.5 | 440. +21.8 | 421.4 | 49.4 || 10 | 410.0 | +10: HAS | +00.9 | 417.4 [at | 442,5 | En +19. 18. +14. +11 11. +10. +12. +14. +13. +10. + 8. — 8. + 9. + 9. + 9 + 8. OO) =1. Cr NOT He CU RO + Cor Fe OU = NO S AOTEST C0 ED CO Co ES HA.A1 | 449.7 | 47. +12 22.9 | +020.8 | +47.8 || 44 | +12. +94 422,5 | 449.7 |l45 | 445. +93. 29.0 | .Æ+48: +43. RD RUN Sen de A ET POLAR +10. SE +10. + 6. Et sas + 9. HA! +42. 418.6 | 46.4 | +419 EDS Pop AN Are DA ER ME, PSE RUE 0 +241.5 | 419.6 | +47 148.6 | 47.4 | Ju 9326 lus ÉEe +27.0 | +26.3 | +92. 425.0 | +94.6 | +91. 295} 22.5 | +49 424.6 | +23.3 | +920. +42. 428.7 | +27.9 | 24.3 || 98 | +. +31.2 | +30.2 | +26 4 || 29 | +4. +29.6 | +29.1 | +26.1 || 30 | +12.3 +2 [==] = == +9 [a] A1 D OO O À J CO © O0 O0 I Cr D © 0 49 19 QD D 2 © D 1 29 J C9 > OT +2 CS ET re SD SDL Se Co 0 (ep) 2 D, OT OT ES at ie le Ps So e de eue de ci en 1 G à © w © UE = [e +) [er] SUR LA TEMPÉRATURE. XLIX JUILLET 1883 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GExis | VERDUN Parc |ST-Genis | VERDUN L | 272 | ose | +ezs LI +iso | +iss » 2 | 29.2 | <+98.9 | <+27.0 2 | +13.6 | <+14.6 | 44.2 3 | 30.0 | 29.2 | 425.6 EN a LS +16.8 | +15.3 4 | 29.6 | +27.8 | +25.3 4 | +13.6 | 46.6 | +16.0 5 | 98.8 | 26.7 | +21.9 5 | +15.4 | +46.7 | <+15.4 6 | +29.8 | +29.4 95.9 6 | +13.9 | 414.7 | 445.3 7 | +29.0 | +28.1 24.0 1 | 412.4 | -H3.2 | 414.0 8 | H31:6 | 30.4 | +26.6 8 | 14.3 | +15.9 | +416.7 9 | 33.4 | +32.0 | +28.1 9 | +15.4 | 47.0 | 447.7 10 | +-30.4 | +28.8 | +25.9 || 10 | +16.6 | 18.3 | 47.2 AL | +32.1 +30.5 | +26.9 || 11 | +15.6 | +16.0 | +46.8 12 | +s1.8 30.6 27.4 | 49 | +i6.1 + 16.7 » 13 | 27.0 | +926.0 | 20.4 || 13 | +20.6 22.1 | 416.6 14 | 24.1 | +4922.4 | 448.8 | 14 | 413.8 | +12.9 | 40.9 15 | +-23.0 | 90.8 | +418.8 || 15 | + 9.7 | 410.6 | + 8.6 1 16 | 20.8 | 17.4 | +446.4 || 16 | 410.3 | + 7.9 | + 6.7 | 17 22.2 | +20.8 | 18.1 | 17 | + 6.8 | + 8.9 | + 9.7 il 18 22.2 | <+20.2 | 17.2 || 18 | +102 | <+42.4 | 440.0 19 22.8 22.4 | 49.2 || 49 | +413.3 | 143.1 | 441.0 on E05 4 005.6 | pie.42 0 | ais | 180,149 21 | 24.7 | 494.1 | 490.4 || 21 | HA2.2 | 13.8 | +41.7 22 | +19.8 | 19.3 | +416.4 || 22 | +11.3 | 12.2 | 440.6 24) ESS NET BE EAN) ENNRE 0) ARR ER Sn Ter 77 24 | 18.6 | 18.0 | 414.1 || 24 | +A2.2 | +4142.0 | +10.1 25 22.7 | +90.1 | 18.0 || 25 | + 9.6 | 10.7 | + 9.4 26 | +22.4 | 420.3 | 17.3 || 26 | +-10.3 | 11.7 | + 9.8 27 | 21.4 | +48.9 | +415.3 || 27 | + 9.0 | +40.8 | <+10.3 D NÉE ONE ARRETE POP CCR ES RE RES CA ESA 29 22.0 | +20.8 | +17.6 || 29 | —+-10.7 | 10.4 | + 9.0 1 30 | +25.8 | <+924.2 | +90.3 || 30 | 412.4 | +43.3 | +12.7 31 | 24.0 | +23.3 | 20.0 || 31 | +411.5 | +13.0 | +10.9 1Y MAXIMA Parc |ST-GENIs +236 | +226 +23.5 | +21.9 +-23.6 22.4 +23.0 | —+21.9 +25.0 | +93.7 +-28.4 | —+28.0 +25.0 | +24.6 +-26.6 25e 24.2 | +24.9 +-23.0 2256 24.4 | +93.1 25.6 | —+24.5 31.6 | +31.6 433.6 | +33.5 +20.2 | +19.5 +19.4 | +17.1 +20 .1 18.1 22.7 | —+21.8 25.8 | +23.7 24.4 | +248 +-27.1 +25.9 +28.7 | —+27.8 +29.0 | +28.1 +-29.1 +27.9 +29.9 | +30.5 +30.3 | 430.0 429.6 | 499.5 30.1 +30 3 +-30.1 30.3 28.1 27.9 +-29.7 | 29.9 INFLUENCE DE L'ALTITUDE AOÛT :883 MINIMA VERDUN Parc |ST-GENIs +186 4 | 4201 +130 18.2 2 | +S.8 10.1 +18.7 3 | +10.3 +12.9 18.4 4 | 414.4 +13.2 20.2 b | +411.2 +-11.8 +23.4 6 | + 9.5 12.1 —+20.4 7 | +12.5 +15.1 LoND 8 | + 8.3 11.5 —+20.3 9 | +13.9 +14.5 17.8 || 10 | +14.4 14.0 419.4 [11 +95 +-11.0 +-20.6 || 42 | +A1.0 | +12.5 +27.2 [143 | + 9.7 12.8 +-29.5 || 144 | +13.2 | 417.2 16.0 | 15 | +414.2 | 43.7 14.1 |16 | 410.0 | +411.1 +148 || 17 | + 9.4 + 9.7 +18 2 || 18 | + 6.6 + 9.5 21.0 | 19 +87 411.7 +21.3 || 20 | + 8.8 11.5 22.3 || 21 | 410.2 | +12.8 23.7 || 22 | 11.2 +-14.5 24.5 | 93 | 11.0 | 44.0 24.3 | 24 | +13.8 15.9 26.7 || 25 | 414.0 | +16.0 +26.2 || 26 | 15.2 | +17.2 25.9 || 27 | +414.6 | 45.1 +27.3 || 28 | +13.2 | 416.1 +26.9 || 29 | 413.5 | 16.3 +25 6 || 30:| <+14.4 15.3 +26.2 || 31 | +11.1 +13.1 VERDUN 441103 10.3 411.0 +40 6 + 9.4 14.0 6.1 +411.3 413.3 411.7 410.8 +411.6 +414.0 447.5 41.3 9 + 8.0 + 9.0 410.4 414.0 444.9 HA4.4 446.7 444.5 415.3 417.9 16.1 SUR LA TEMPÉRATURE. LI SEPTEMBRE 1883 MAXIMA MINIMA PARC ST-GENIS | VERDUN Parc ST-GENIS | VERDUN 4 | +2300 | 2109 | +4802 || 4 | 1500 | +41408 | +123 2 22.4 | +91.8 | 447.9 || 2 | 413.7 | 416.9 | +40.5 3 | 423.4 22.1 | -H18.8 | 3 | + 9.9 | 11.8 | + 9.6 & | 492.4 | 490.1 | 417.8 | 4 | 43.2 | 412.7 | H04 5 | 46.7 | 445.1 | 412.0 || 5 | 10.0 | +410.8 | + 8.1 6 | 47.7 | 445.5 | 412.3 | 6 | L 9.4 | LH 8.1 | + 6.1 7 | +215 | +20 8 | 47.3 | 7 | 45.3 | + 7.9 | + 7.6 8 | 21.4 | 90.2 | +147.1 || 8 | 140.9 | +41.2 | 410.2 9 | 21.4 | +419.9 | 46.6 || 9 | 10.4 | 442.5 | 40.7 10 | <+21.7 | +91.7 | 48.0 | 40 | + 7.0 | + 8.4 | + 8.0 AL | +218 | Hor.2 | His.s || 11 » 12.8 | 12.1 12 | 49.4 | 447.2 | 444.0 || 42 | 41.0 | 442.0 | +10.0 13 22.9 | 21.0 | +417.4 | 43 | 414.2 | 43.1 | +410.5 14 22.8 22.1 | +18.6 || 44 | +A1.7 | 12.4 | +10.9 15 | 21.6 | 21.1 | 48.2 || 15 | 12.5 | 443.0 | +12.1 16 | +23.5 | +238 | 449.6 | 16 | 11.2 | HAS | +11.6 17 | +924.7 22.3 | +920.0 || 47 | 10 5 | 41.9 | +12.0 18 | +22.9 | +21.9 | 48.0 | 18 | 11.0 | 44.9 | +415 A9 91.9 E H24.1 | 48.1 || 49 | 11.0 | 41.8 | 10.4 20 | +24.6 | +93.8 | 91.0 || 20 | + 9.5 | 441.3 | +412.6 21 | 21.4 | +20.9 | +18.2 | 21 | +44.7 | 443.0 | +11.8 22 | 93.4 | +939 | +49.8 | 22 | 413.0 | +43.3 | 41.2 23 | +20.1 | 449.0 | 15.4 | 23 | +411.0 | +10.9 | + 9.0 24 | 20.1 | +1418.8 | 145.8 | 24 | + 6.9 | + 8.2 | + 9.9 25 | 23.3 | +911 | +419 4 | 95 | 441.7 | +142.5 | 412.5 26 | +24.5 | <+93.8 | +21 2 || 96 | 441.7 | 43.4 | 443.5 97 22.4 22.0 | 18.3 || 27 | +411.8 | +14.6 | +414.0 28 | 18.7 | +17.9 | 445.2 || 928 | + 8.3 | LE 8.9 | + 7.9 29 | 16.1 | +15.9 | 43.1 || 29 | +140.0 | 440.8 | + 7.1 30 | +15 7 | +43.9 | +10.6 || 30 | + 7.8 | + 8.0 | + 6.0 LII INFLUENCE DE L'ALTITUDE OCTOBRE 1883 MAXIMA - MINIMA PARC ST-GEn1s | VERDUN Parc |ST-GEnis | VERDUN 1 | +507 | 44501 | 4420 | 4 | + 608 | + 78 | + 6°8 2 | 444.5 | 442.4 | + 8.8 | 2 | + 5.9 | + 7.0 | +525 3 | 444.6 | 443.4 | 40.5 | 3 | + 6.1 | + 6.7 | + 3.5 4 | 445.6 | 443.8 | + 9.9 | 4 | + 7.9 | + 6.7 | +50 BL TU Qt D 509 SOS RAE EMIEAG e 6 Mate die 1 T0 | 6 ÉTÉ RNERONMERER PA Aa at o D'LTA NE PRENONS 8 | +414.4 | 443.5 | + 9.7 | 8 0.0 | + 1.2 | + 0.9 9 | 446.4 | +45.7 | 412.6 | 9 | +1.7 | + 3.3 | + 5.4 10 | +20.1 | +49.7 | +16.1 | 10 | + 3.0 | + 4.8 | + 7.4 11 | +49.8 | +4418.4 | +416.5 || 11 | + 3.9 | + 6.8 | + 9.0 12 | +419.8 | 48.4 | +15.0 || 42 | + 8.8 | +10.1 | + 8.9 13 | 447.7 | 47.3 | 443.6 | 43 | + 5.8 | + 8.0 | + 7.0 14 | 446.1 | 445.4 | 441.9 | 14 | 5.6 | + 8-0 | + 7.4 15 | 449.3 | 447.7 | 443.9 | 45 | + 6.7 | + 9.6 | + 8:7 16 | Hio.s | 18.0 | Lis s || 16 | + 6.3 » + 8.8 17 | 447.6 | 446.6 | +43.8 | a7 | 444.7 | 143 | ALT 18 » » » 18 » » » 19 | +14.6 | +4a.t | 42.8 | 19 | + 1.5 | + 3.7 | + 4.6 | 20 | Hio.4 | 18.9 | 17.0 || 20 | + 4.6 » » 21 » » » 21 » » » 29 | +11.4 | + 9.9 | + 6.7 | 22 | + 6.6 5. DS AE 23 | 442.6 | +44.3 | + 7.5 | 93 | + 3.5 | + 3.9 | +13 | 94 | 40.5 | +40.6 | +11.3 || 24 | + 6.4 | + 6.5 | + 4.0 + 25 | Hie.7 | Hire | 18.3 || 95 | + 9.8 +- 9.1 » 26 | +16.8 | 17.0 | +12.8 || 26 | + 6.7 | + 6.8 | + 8.3 } 97 | 418.7 | 48.2 | 444.6 || 97 | +5.0 | + 2 PER Ÿ 08 | 18.1 | 147.2 | +13.6 || 28 | + 4.2 | + 6.8 | + 7.8 L og | 447.6 | 446.8 | 413.7 | 29 | + 3.1 | + 6.3 | + 6.9 ; 30 | + 9.9 | + 9.2 | + 9.4 | 80 | + 5.4 | + 5.9 | 5.6 { 81 | + 9.7 | 9.5 | + 7.6 | 31 | + 6.0 | + 5.2 | + 15 4] Hs ag SUR LA TEMPÉRATURE. LTII NOVEMBRE 1883 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GENIS | VERDUN Parc |SrT-Genis | VERDUN || LI + 904 | H 9o5 | +118 L | + 66 | Æ 604 | + 405 2 | 410.6 | 411.7 | +11.2 2| +6.4 | +6.2 | +48 3 | 17.2 | 16.3 | Lis. 3 » » + 7.0 4 | 412.8 | +11.9 | 10.2 4 | +79 | + 8.7 | + 8.4 5 | 413.1 | +412.9 | +410.5 5 | +5.3 | 7.4 | + 5.1 6 » » + 9.6 6 | + 4.6 | + 6.3 | + 4.0 7 | +17.1 15.7 +-13.3 5 » » » 8 | 11.2 | 41.4 | + 9.8 8| +6.4 | L 8.9 | + 6.8 9 | +411.6 | +11.7 | + 8.6 9 +2.1 | 3.8 | + 3.5 10 | +14.6 | 13.8 | +10.3 || 10 | + 4.8 | + 6.9 | + 5.4 PNPEE 0 HP DE 820 ST = 0.36 LE 1.301240 12 | 444.8. | 442.5 | + 9.5 | 19 | + 4.6 | + 4.3 | + 1.6 13 Æ 8.9. | + TA | + 3.4 | 13 | H 4.0 | 4 3.3 0.0 DAS 827 IE GA USE 226, gel CP 105 | 2 0.8 dx 151 + 7.6 | + 5.1 | + 2.6 | 45 | — 0.2 | EL 0.9 | — 0:6 16 + 5.6 | + 4.7 | + 3.4 | 46 | — 4.2 | — 3.0 | — 2.1 17 | +81 | +7.2 | + 6.4 | 47 | — 1.2 | + 0.4 | + 0.6 48 | + 7.0 | + 6.3 | + 5.6 || 18 | — 2.1 + 0.7 » 19 | + 8.9 | + 8.6 | + 9.6 | 19 | + 0.3 0.0 | + 2.5 20 | 411.1 | + 9.6 | + 5.3 || 20 | + 2.4 + 5.0 | + 3.5 21 | Hits | +ios | + 79 || 91 | + 0.6 | + 2.2 » 22 | + 9.8 | + 8.9 | + 8.5 || 22 | + 1.1 + 2.1 | + 3.5 28 | + 8.6 | + 8.2 | + 5.6 | 23] L1.3 | +1.9 | + 2.6 2& | + 7.0 | 7.3 | + 5.1 | 24 | — 2.0 | — 0.6 | HO 2 25 » » » DENIS *0 "0.6 + 0.2 26 | +14.7 +- 14.4 +192 || 96 » » » 27 | +#10.9 | + 9.5 | LH 5.7 | 27 D + 5.9 | + 3.5 28 | + 5.0 | + 5.3 | + 2.5 | 28 + 2.5 | — 0.3 29 | + 3.7 | + 3.3 | + 3.0 | 29 è + 1.0 | — 2.3 30 | + 5.2 | + 3.3 | + 8.0 || 30 | + + 0.6 | — 1.3 LIV INFLUENCE DE L'ALTITUDE DÉCEMBRE 1883 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GENIS | VERDUN Parc |ST-GENIS| VERDUN 1 » » » il 0.0 — 1.3 » | 2 | Hess | +52 + 10) 2 » »y | — 0.8 | 3 | 6.8 | + 5.6 | + 3.4 3 [| + 0.8 | + 2.2 | — 0.4 | 4 | +10.6 + 10.2 » 4 + 4 » » 5 | + 5.0 | + 3.2 | + 0.5 o | + 4,5 0.0 | — 1.6 6| +3.9 | 42.7 | — 1.0 6 | — 0.6 | — 0.6 | — 2.6 7 —1.6 | — 2.4 | — 5.5 T1 —5.83 | — 6.3 | — 9.2 8 | — 4.8 | — 5.1 | — 8.9 8 | — 7.2 | — 8.1 | —11.2 9 | — 4.4 » » 9 | —11.6 | —11.1 —11.9 10 » » » 10 | — 7.2 » » at | + 1.6 » + 3.8 | 11 » » — 5.4 12 | + 8.6 | + 9.0 | + 6.4 || 12 | — 0.8 » + 1.0 13 | + 3.8 + 4.4 » 13 | + 2-2 » » 14 | + 9.4 | 10.0 | + 8.1 | 44 | + 1.6 » » 45 | H 8.9 | 41.1 | + 6.7 | 45 | + 0.7 | +23 | + 16 | H 6.0 | + 8.2 | + 5.9 | 16 | + 2.8 | + 1.9 | + 3.2 171 +39 | 1.8 | — 1.0 | 47 | + 0.6 | — 0.1 18 | +21 | +H0.5 | — 3.2 | 18 | — 1.0 | — 1.8 | — 19 | HA1.4 | H AA | — 0.8 | 19 | — 4.0 | — 3.6 | —5 20 | + 5.8 | + 3.7 | + 0.9 || 90 » » » 21 | + 3.6 2.2 | + 1.0 | 1 | — 2.2 | — 0.8 | — 2.0 DR Se 60) SLT DE 21008 0.0 | — 0.7 | — 1.2 23 | + 2.0 0.0 | <+ 7.0 || 93 | — 0.8 | — 3.2 » 24 | + 6.6 | EL 5.9 | + 3.2 | 24 | — 1.3 | — 2.6 | + 0.3 25 | + 3.4. | +23 | +13 | 95 | 41.6 | + 0.4 | — 22 26 | + 46 | + 45 | + 3.2 || 96 | — 2.2 | — 2.8 » 21 | +49 | + 3.9 | + 2.1 | 27 | +3.0 | + 2.3 | + 0.4 28 » » » 28 | + 2.8 + 1.3 — 0.5 29 | +35 | + 2.6 | — 0.5 | 29 | + 1.7 | + 0.6 | — 2.0 30 | + 4.0 | + 2.8 | — 0.4 | 80 | + 1.6 | + 0.7 | — 1.9 31 | + 3.2 + 2.2 — 0.1 31 0.0 — 0.4 — 2.2 SUR LA TEMPÉRATURE. LV JANVIER :1884 MAXIMA MINIMA Parc |SrT-GENIS | VERDUN Parc ST-GENIS 1 ++e6 » + 18 NN —=Ptos Pre 2 | + 8.4 | + 84 | + 5.1 D 0 » 3 | 41.6 | 410.1 | + 7.4 3 | +3.8 | + 5.0 & | L 9.1 | + 8.1 | + 8.8 4 +31 | +47 5 | + 9.6 | + 8.4 | + 5.6 5 | + 5.5 | + 6.2 6 | Hi0o.0o | + 9.2 | + 2.5 6 | + 4.1 » 7 | +10.9 | 40.5 | + 7.0 17|[+48 | + 5.9 8 | +S.A1 | +6.5 | + 3.5 8 | + 3.1 | + 3.1 9 | + 8.2 | +71 | + 3.7 9! LH 0.5 | + 1.6 10 | + 6.1 + 6.0 + 45 || 10 » + 4.0 11 | 10.6 | 14.0 | <+HA1.4 | 11 | — 1.3 | — 0.8 19 | 7.0 | 5.5 | + 2.4 || 49 | + 2.7 | + 4.0 13 | + 6.0 | +H 4.0 | + 0.9 | 43 | + 1.0 | — 0.2 ag | + 70 | + se | + 22e | 14 | His | + 1.6 15 | 7.8 | L 6.6 | + 3.8 || 45 | + 4.0 | + 3.3 16 | + 8.8 | + 7.9 | + 4.0 || 16 | + 4.8 | + 3.5 RIRE 5E ON LP 04 RE 310147" LE 3.80 22.9 18 | + 4.6 | + 2.5 | — o.1 || 18 » + 10 | — 1.7 19 » + 2.0 » 19 » +- 0.9 » 20 | + 2.9 | +2.9 | — 0.4 || 20 0.0 | — 0.8 | — 3.3 A | + 1.4 | + 0.6 » DE EU 240 5 LE AE AC + 0.7 » 29 | — 0.4 — 1.1 » 2 | — (8 — 0.8 | + 5.2 || 93 | — 2.0 | — 3.2 » 94 + TE: - 6.0 -- 2,5 94 » » » 95 | 6.5 | + 4.8 | + 92.9 | 25 | — 3.2 | — 1.0 | — 2.0 26 » + 6.6 | + 3.8 || 26 | — 5.1 | — 3.1 — 2.5 27 | 10.6 + 8.8 | + 5.5 || 27 » » » 28 | +10.3 + 9.1 + 5.1 || 28 » » — 0.5 29 | + 8.9 | + 8.2 » 29 | + 3.5 | + 3.6 | + 1.1 30 | 13.4 | Hia.2 11.5 || 30 | + 3.0 + 3.0 » 34 | 15.9 | 44.1 | 440.9 | 31 | — 0.3 | — 0.1 | + 3.9 LVI il 29 INFLUENCE DE L'ALTITUDE MAXIMA Parc |ST-GENIS 1207 | +121 +410.3 | + 9.9 + 9.4 | + 7.1 + 4,8 | + 3.5 + 7.0 | + 6.5 +13.1 | +412.5 HA4.1 | 44.1 +#12.9 | +12.4 15.6 | +14.1 14.2 | +14.2 HA1.1 | +10.4 12.1 | +11.7 +15.7 | +142 +#16.0 | <+14.0 + 7.6 | + 6.1 » + 3.7 13.4 | +113 HULL | +93 +11.7 | + 9.5 +410.6 | +10.4 14.0 | +412.0 14.1 | +412 0 +14.0 | +13.0 +13.4 | +413.0 +#11.2 | + 9.1 + 7.4 | + 6.7 + 94 | + 7.3 + 8.9 | + 7.8 +13.2 | +12.5 FÉVRIER 1884 VERDUN OS © 2 2 CHASSE > & «2 2 . © . - DO TIO TO TOMRO FO 770 89 OT & © © = © +9 +9 TON e IS Tr) MINIMA Parc + ge2 + 1.6 ST-GENIS | VERDUN + 85 +36 + 3.3 + 2.2 + 0.5 — 1.0 +. 0.7 + 2.3 + 6.4 + 5.8 + 8.3 + 3.5 + 6.1 + 5.4 + 4.6 + 0.6 [+++ OO À À à 2 © 29 à 2 29 © +++++ ++++ — 3.0 SUR LA TEMPÉRATURE. LVII MARS 1884 MAXIMA MINIMA PARC ST-GENIS | VERDUN Parc ST-GENIS — = _—— 1 | + 603 | + 409 | HE 009 AI +405 | + 107 | — 109 2 PARU À PSE ARS D A 0 RP 2 AT A A 3 | —+12.8 +-11.7 +10.0 JUN 2259 — 0.2 | + 0.2 A RENE CEE EEE ET AN DE LE PSS A re 2 a NE OBS REG NI EE 5 RTE AS 6 | +10.6 | + 8.8 | + 9.6 6| +5.0 | + 4.2 | H 0.4 5 ON AC RECU ER OS AT ER Sen EP qe 0 EST APT AA ARR O2 D A DA LACET 0 PARA Ro VS 0 EME CAN MS 2 REC ET A TRS 2 eee 10! AE 10H28 | + 9.6 | 40 | — 1.2 | + 2.3 | HAS A1 | +Hi8.o | His.s | <11.38 | 11 | + 7.9 | 10.8 » NE 6002442. un ao pan 6) LE | -L'e,6 ARE EN ET TA SEE CA) FEAR ES Une 10 RENOM RS AS NE ETES VA 79e DR 2 PPS ER Se EPA 0 Al SES 00 l'E NAS 0.6 l'E 64e 16 | 21.2 | +20.3 | +16.8 | 46 | + 2.8 | + 5.5 | + 5.0 17 | 21.2 | 419.7 | #16.4 | 417 | +26 | + 6.0 | + 6.6 18 | -20.6 | +-19.4 | +45.9 || 48 | + 2.8 | + 4.8 | + 4.8 M0 Pons Po eo go dt Luis | PRE 20 | +20.6 | +20.4 | +16.0 | 20 | + 1.4 | + 5.0 | + 6.1 A | 11.6 | + 9.8 | + 6.9 | 21 | + 3.7 | + 3.1 0.0 22 | +9.8 | + 8.5 | +4.7 | 99 | + 2.5 | L1.6 | — 41.6 23 | 11.4 | + 9.8 | + 6.3 | 23 | + 2.3 | + 1.0 | — 1.9 220 DRE COPA RE A PS D PE CT RES RO SL PA 260 MATE AN SC PC MIT RS CE NEA 2 PI ME PS er 192 OT 78 GENE pie ne pre et px 2 A RTE PSE ETES ET EEE RCE MES ON EE Ce ET PAG N'i9 2 los ES pot) bis MR Re 29 | +19.8 | 18.2 | +414.4 | 29 | + 2.8 | + 4.7 | + 3.9 30 | +-19.1 | +17.0 | +14.4 || 30 | + 1.8 | + 4.7 | + 3.1 31 | +21.2 | +#20.2 | 416.2 | 31 | + 5.6 | + 7.8 | + 7.7 LVIII INFLUENCE DE L'ALTITUDE AVRIL 1884 MAXIMA MINIMA PARC ST-GENIS | VERDUN PARC ST-GENIs | VERDUN +94ot | 49001 | 44506 | 4 | + 50 | + 509 | + 608 +920.0 | +49.4 | 445.0 | 2 | + 5.3 | + 7.7 | + 6.4 +920.0 | +17.7 | +14.2 | 3 | + 8.9 | +10.4 | + 8.1 448.7. | 447.3 | +143.6 | 41 12.8 | + 3.5, | + 3,5 490.1 | +18.0 | +15.0 | 5 | 410.2 | 410.8 | + 7.9 419.6 | +19.7 | +16.3 | 6 | + 9.3 | +10.0 | + 8.5 416.5 | +13.9 | 410.7 | 7 | + 8.7 | + 7.0 | + 4.5 416.6 | +45.0 | ÆA1.3 | 8 | + 7.4 | + 7.2 | + 5.0 447.7 | 445.4 | A.8 | 9 | + 7.7 | + 6.5 | + 4.9 +47.8 | +416.0 | +12.2 | 10 | + 3.0 | + 5.2 | + 48 HA T0 EE 70 AL ET 008 2.6 | + 0.4 446.5 | 446.2 | 441.2 | 42 | — 1.2 | + 0.4 | — 2.0 +20.9 | +49.0 | 16.2 || 13 | + 0.8 | + 5.3 | + 5.6 ALLO ELA 0 9 ET 6.8 MATE SAONE ENS ERET 0390 ee, 929% LE 5: 6 A5 Ne EN AT ASANNMEESS +13.4 | 12.4 | + 9.0 | 46 | + 6.7 | + 5.8 | + 2.4 A7, TAGS LL HAQ DOM T METEO CATAS OUSES HER 444,3 | 449,8 | + 9.5 [148 [+ 44 | 4,8 1 3.6 441309 À 240.81 14 7.0 A9 TES 53H AS TN NE EURE 14418 A9 A en 769 700 EF 50 EN EME +142.8 | +10.0 | + 7.5 | | + 1.3 | + 41.7 | — 0.3 +14,9 | 12.4 | + 8.3 | 99 | — 1.8 | — 0.9 | — 1.0 443.9 | +HA4.8 | + 8.8 193 | + 425 [0 E 4:50 44 444.3 | 442.3 | + 9.0 || 94 OS ON OT ES MNIMETARS +145.6 | +43.8 | +10.4 | 95 | + 0.3 | + 1.3 | — 0.6 14.9 | 443.6 | + 9.7 | 26 | + 2.6 | + 2.4 | — 0.3 +15.9 | 444.5 | 440.5 | 97 | + 0.9 | + 2.5 | + 4.0 +18.6 | +147.5 | +44.2 | 98 | + 2.9 | + 4.3 | LH 4.7 +91.5 | +20.0 | +16.0 || 29 QT: ARR ANT EEE +21.6 | +20.1 | 446 3 | 30 | + 4.7 | + 7.2 | + 6.0 SUR LA TEMPÉRATURE. LIX MAI 1884 MAXIMA MINIMA PARC ST-GENIs | VERDUN PARC ST-GENIS | VERDUN — — — — — — 1 | +183 | +162 | +13°2 A Sc 9o7 P + 9o80 1606 2 | +490 | 417.9 | +-15.5 21 +33 | +5.4 | + 5.3 3 | +21.6 | +20.3 | +16.7 3 | + 8.6 | + 9.4 | + 7.4 k | 19.9 | His.s | +15.2 4 ) + 12.4 » 5 | 449.1 | 16.5 | 443.2 | 5 | + 8.8 | + 8.9 | + 4.6 6 | +414.8 | 42.5 | + 9.9 | 61 +40 | +45 | + 5.1 T7 | +17.8 | +416.0 | +12.9 71457 | +5.9 | +5.6 8 | 20.1 | 419.3 | +15.2 81 +44 | HTA | +55 9 | +24.8 | 23.0 | +19.1 91 +65 | +94 | +7.7 10 | 97.2 | 496.3 | +24.8 | 10 | + 8.5 | 12.0 | +A0:1 11 | 430.2 | 929.3 | +95.2 || 41 | + 8.0 | 11.3 | 443.4 12 | 99.0 | +27.8 | +23.8 || 19 | + 9.3 | 442.7 | +13.1 13 | +99.8 | +98.7 | 94.5 | 13 | + 7.7 | +10.5 | +11.0 14 | 491.6 | +49.8 | 16.9 || 44 | + 9.2 | 443.0 | +12.3 15 | +418.9 | +416.9 | 443.3 | 145 | + 8.4 | +92 | + 6.9 16 | +23.8 92.4 | 449.0 | 46 | + 7.0 | + 9.0 | + 7.5 17 | + 28.4 | +27.4 | +23.8 714 8.0. |. -H410:2 | 12.3 18 | +26.8 | +25.7 22.4 ||18 | 11.3 | 4143 2 | +11.4 19 | 424.8 | +94.4 | +920.4 || 19 | 411.3 | 412.5 | + 8.3 20 | 15.8 | 414.2 | 441.8 || 90 | 13.6 | +13.0 | +10.6 21 | 18.4 | +17.2 | 43.5 | 21 | 441.6 | +410.7 | + 8.4 22 | +235 22.0 | 418.5 || 92 | 12.6 | +12.0 | + 8.9 23 | 428.8 | +27.1 | 93.9 || 93 | 444.5 | 44.0 | +15.7 24 | 27.2 | +27.4 22.9 || 94 | +13.0 | 413.9 | +14.0 25 | 27.2 | 427.4 | +22.7 | 95 | 444.6 | 14.3 | +12.8 26 | +25.6 | +23.8 | +19.5 | 26 | +12.6 | +13.3 | +11.6 21 | +23.4 22.3 | +18.6 | 27 | 412.4 | 12.3 | + 9.4 28 | —+-23.9 22.8 | 49.2 || 28 | + 8.6 | +10.0 | + 9.4 29 | +24.1 22.8 | +48.9 || 29 | 410.3 | +10.0 | + 7.4 30 | 416.7 | +15.3 | 443.6 | 30 | +10.6 | +11.9 | +10.0 31 22.2 | +20.3 | 417.4 | 31 | + 9.2 | + 9.8 | + 8.0 LX +9 9 9 29 (JT) CT HS C +2 +2 = [a] Parc +220! Het. +19. 6. +19. AAT. 44. 19. H18: 417 +20 +20 +4. +96. +18 HIS. 448. +19. +20 +93. 99 L2,7 99 LA 99 À +92. +6. 28. +99. +130. +99. 4%. I NN © OO DO OO = À 19 DO 29 À AJ © oo À INFLUENCE DE L'ALTITUDE MAXIMA JUIN 1884 ST-GENIS | VERDUN 42109 421.9 416.9 415.4 148.4 41708 +16 +14. +10 +16 +44. HA. 444. 13. HA A5 445 +91. +20. JA 413. +14. 16. +9 OO © D = À 4 1 6 . .4 OT 9 D © 29 = © = Cr PARC S SOINS oÉe er D MINIMA ST-GENIS 44107 + 9.5 + 8.0 40.0 er + 9.4 410.0 + 6.3 TT PATES A TAO 410.1 JAI 411.6 VERDUN + 994 +414.0 TRE + 7.7 + 5.9 + 5.4 LÉ 139 + 5.3 ES + 5.5 Oo © . . H++++++ nent er CRE ne ne ts nt SUR LA TEMPÉRATURE. EX JUILLET 1884 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GEnis | VERDUN Parc |ST-GEnis | VERDUN 1 | +29.6 | +28 6 | —+24.8 1 | +41409 | 45.7 | 443.6 2 | 31.2 | +30.4 | +26.8 2 | 14.2 | HAT | +15.7 3 | 433.1 | +327 | +29.5 3 | +12.3 | <+16.9 | <+18.6 4 | 433.8 | 433.2 | +30.0 4 | 444.9 | 18.5 | +18.2 5 | +31.6 | +31.6 | —+28.1 5 | 446.7 | + 17.6 | +16.6 6 | 923.6 | 23.0 | 20.1 6 | +16.3 » + 13.0 7 | +28.5 | +27.9 | +243 7 | +13.4 | +14.4 | 14.4 8 | 29.7 | <+28.4 | +25.4 8 | 14.0 | <+15.9 | +17.4 9 | 30.9 | 30.4 | +27.6 9 | +414.9 | 16.0 | +15.0 10 | +24. 29.4 » 10 | +16.3 » + 12.8 A1 | 927.1 | 27.2 | 495.0 || 14 | +13.8 | <+14.3 | +143.8 42 | +31.7 30.9 | 27.5 || 19 | +15.4 | 417.3 | +417.7 13 | +32.8 | 31.7 | 428.8 || 13 | +15.3 | +19.5 | +18.9 14 | 34.0 | 434.6 | 431.6 || 14 | +15.6 | +48.0 | +19.4 15 | +34 2 | 234.4 | 30.5 | 15 | +18.7 | <+-20.1 | 417.9 16 | 30.4 | +31.0 27.9 || 16 | +16.5 | <+20.7 | +19.8 17 | 33.8 | 33.9 | +30.2 || 17 | 16.0 | +17.0 » 18 | +26.0 25.3 | +21.6 || 18 | 416.7 | +16.7 | +14.0 19 22.4 | 20.3 | 47.8 | 19 | +16.4 | <+A14.4 | +143.5 20 22.0 | +20.5 | +46.9 | 20 | 142.7 | +12.3 | + 9.5 21 | 26.1 | +26.3 21.6 || 21 | 142.2 | 143.4 | 12.3 22 | 924.8 | +93 2 | +20.1 | 22 | 416.2 | 15.6 | +14.0 23 | 31.0 | +30.3 | +26.9 | 23 | 11.6 | +A13.4 | +145 24 | H20.9 21.1 » 24 | 17.0 » » 25 | 493.0 | +20.3 | 47.6 || 25 | 13.4 | 412.7 | + 9.9 26 | +21.3 | 19.6 | <+17.2 || 26 | + 9.3 | 10.4 | + 8.6 27 | 20.0 | 418.4 | +15.8 || 27 | + 8.8 | 10.5 | +10.6 28 | 21.0 | 418.8 | 15.8 || 28 | +10.4 | 11.4 | + 8.4 29 | 23.8 | <+21.3 | +18.5 || 29 | 141.7 | +12.1 | +#10.6 30 25.9 | +23.8 | +20.8 || 30 | +12.7 | +13.3 | +11.6 31 | 28.1 | +-26.4 | +237 || 31 | +A3.1 | +15.0 | +13.1 LXII INFLUENCE DE L'ALTITUDE AOÛT 1884 MAXIMA MINIMA Parc |ST-GENIS | VERDUN PARC ST-GENIS | VERDUN — —— — — — — 4 | 43100 | 3004 | 9607 | 4 | 441200 | +148 | +171 2 | +32.0 | +32.4 | +og.a || 9 | 44.7 | 416.6 | +494 3 | +32.0 | +32.1 | +97.5 | 3 | 445.4 | 48.7 | +20.6 & | +31.2 | 430.7 | +97.7 | 4 | 446.3 | +47.4 | 416.0 5 | 29.7 | +98.7 | +95.6 || 5 | 418.8 | +18.5 | 415.0 6 | +30.8 | +30.4 | +97.6 | 6 | +17.8 | 48.8 | +17.0 7 | +29.7 | +29.3 | 406.7 | 7 | +47.3 | 416.9 | +15.3 8 | +30.4 | +929.7 | +96.7 | 8 | 415.2 | +16.4 | +17.2 9 | +30.8 | +30.5 | +927.6 | 9 | +14.0 | +147.3 | +17.3 10 | +-30.9 | +30.8 | +927.3 || 10 | +14.3 | +17.3 | 447.2 11 | 432.0 | +32.1 | 08.7 || 44 | 445.9 | 18.0 | +18.5 12 | +33.0 | +33.0 | +99.2 || 42 | +15.3 | 47.1 | 447.9 13 | 29.1 | +98.1 | +95.1 | 13 | +448.6 | 419.0 | 46.5 14 | 430.1 | 429.9 | +96.9 | 44 | 444.9 | 16.2 | +18.4 45 | 425.1 | +24.4 | +90.6 [145 | 15.4 | +16 2 | 413.8 | 16 | 27.1 | +26.2 22.6 || 16 | +42.3 | 413.5 | 44.6 ) A7 | 429.1 | +29.0 | +26.2 || 47 | +41.8 | -H4.2 | 445.6 À 18 | 427.1 | +97.2 | +94.9 || 18 | +143 6 | +4415.4 | +143 19 | +28.5 | 97.4 | +os.s | 19 | 44.0 | 46.2 | 15.7 20 | +26.6 | +25.4 | Lo1.6 || 20 | 412.3 | +13.8 | +13.9 21 | +23.8 | +23.2 | +49.4 | 21 | +411.1 | HA1.8 | +10.0 1 29 | +25.9 | +96.8 20. | 22416310.2 NAT 6 NET | 23 | 29.0 | +30.1 25.1 | 23. | 443.4 | 444.8 | +413.5 24 | +30.8 | +30.7 | +08.6 | 94 | +ar.s | +14.8 | +15.7 25 | 431.0 | 31.4 | +97.2 | 95 | 442.8 | 417.4 | 445.9 Ë 26 | +21.2 | 22.9 | 4417.38 | 96 | 47.8 |*447.2 | HA4S F 21 | 18.0 | 45.2 | 442.1 | 27 | 441.9 | 41.0 | + 8.2 Ë 28 | +21.6 | +21.0 | 447.0 | 28 | 64 | + 74/40 29 | +19.0 | +18.8 | 45.6 || 29 | + 9.2 | +414 | +40.7 \ 30 424.8 | +210 | 47.6 | 50 | + 9.0 | 441 | 90 à 31 | +240 | +23.7 | +49.9 | 31 | 441.0 | +19 4 | 44.5 } SUR LA TEMPÉRATURE. LXIII SEPTEMBRE 1884 MAXIMA MINIMA Parc ST-GENIS | VERDUN Parc ST-GENIS | VERDUN A | +2600 | +25°9 | +225 A | + 91 | H4104 | +128 2 | 426.5 | +26.0 29.5 || 2 | 445.2 | 44.6 | 13.8 3 | 23.2 | +23 4 | +22.9 3 | 14.6 | +43.2 | 443.0 4 | +149.9 | +49.0 | 45.2 || 4 | +10.6 | +10.3 | + 8.0 5 | 13.4 | Hi3.2 » 5 | + 8.3 | + 7.9 | + 6.9 6 | 21.3 | +20.9 | Hise 6 | 10.8 ” + 9.2 1 494.0 |t490.5 | +49:7 | 7 | 4 9.4 | 44.9 | 441.6 8 | 20.1 | +19 0 | +45.5 | 8 | +410.4 | +412.3 | +40.0 9 | 49.9 | -pa8.1 | +414.8 | 9 | + 9.0 | +10.9 | + 9.6 10 | <+20.2 | +418.9 | +45.2 | 10 | 14.3 | +13.7 | +11.8 11 22.0 | +920.4 | 447.3 | 41 | + 8.1 | + 8.4 | + 8.9 19 |-+20.8 | 90.1 | 47.8 | 12 | + 8.6 | 410.0 | + 9.8 13 | 21.9 | <+22.0 | 49.9 || 13 | +10.6 | +10.8 | +12.4 14 | +93.8 22.8 | 49.5 || 14 | 41.3 | +12.5 | 10.2 45 | 94.7 | 93.9 | +00.3 | 45 | 415.4 | 445.3 | 48.3 46 | 27.7 | +27.0 | 21.8 || 16 | 12.1 | +44.3 | +13.8 17 | +27.2 | 26.8 22.8 || 17 | 42 8 | +15.0 | +14.4 18 |127.0 | 496.1 20.4 || 18 | +41.8 | +414.3 | 416.6 19 | +96 8 | +96.3 | 90.5 || 49 | +12.8 | 44.4 | 16.3 20 | 425.8 | 97.4 22.9 || 20 | +13.2 | 14.1 | 414.6 91 | 93.7 | +954 22.8 || 91 | 411.8 | 14.0 | +13.1 22 | 24.9 | 94.5 | +91.9 || 22 | 142.3 | 42.9 | +12.1 23 | 149.9 | +418.2 | 15.0 || 23 | 412.8 | +11.9 | + 8.9 PEN DAS (CRETE CSN EC IR ETES RTE, EDS A ARS ET ANATOMIE POUR MSA OST LT GIE EL TS 26 | +21.0 | 20.0 | 47.1 | 96 | + 6.8 | + 8.5 | + 910 21 | +20.9 | 420.7 | +416.6 || 27 | 410.6 | 12.0 | + 9.6 2Stbe On lan 5e len1628 lost cr 5 ei e LL 9ù6 COMME Pau clear | 2e L008s ag Se EEtg "6 NL au #4 80 | 24.4 | 24.1 | +4920.4 || 30 | + 8.2 | 10.1 | 43.3 LXIV INFLUENCE DE L'ALTITUDE OCTOBRE 1884 MAXIMA MINIMA PARC ST-GENIS | VERDUN Parc |ST-GENIS | VERDUN 1 | +94106 | +22.6 | +18.0 || 4 | +13.4 | 413.6 | +12.7 2 | 90.8 | +20.3 | 446.5 || 2 | 10.4 | +11.9 | 10.8 3 | +21.0 | +19.8 | 16.9 | 3 | + 9.9 | H+10.7 | +10.1 & | 445.9 | 444.2 | 440.6 | 4 | 440.6 |: + 9.9 | + 6.5 5 | 14.6 | 413.6 | +410.6 | 5 | + 8.4 | + 7.2 | + 4.6 6 | +16.5 | +13.9 | +41.4 | 6 | + 9.6 | + 8.0 | + 5.7 7 | 444.3 | 443.3 | 40.84 | 71 4 T6 NE T8 63 8 | L14,7 43 ot 9.801) 8 EPS DONNEES TAN HE 9246.61 446.2 | 442,7 19) 9.8 ME TMC EE 10 | 447.2 | 46.3 | 42.6 | 10 | 9.5 | + 8.3 D +518 44 | 44.8 | 41.0 | + 6.6 | M | + 41.6 | L27 | +08 19 4.2 An 9.9 725 MAD OBAMA AMIENS 1301 443.2, 410.0 À 4 8.7 180 (0-2 MEN 14 AAA:7 | AAA À 47.4 M'A AS EE LINE A 45 445:9 |, AR ch 94 45 2.0 VHS EE 16 | 46.9 | 14.8 | 41.6 || 16 | + 4.3 | EL 6.3 | L6.2 A7 | Hi8.s | <+-16.0 | —L1e.7 || 17 | H 0.0 » > 48 | +14.9 +413.0 +10.3 || 18 | + 9.6 + 9.6 + 6.7 19 | +145.8 | +14.2 | +41.8 || 19 | 40.3 | + 9.8 | + 7.5 20 | +16.6 | 15.5 | 441.7 || 20 | + 9.7 | + 9.9 | + 7.0 A |, 443:9 | 448.0 | 9.4 LA! L84 devra 22 | 414.4 | 448.6 | +410.7 | 22 | + 2.4 | + 0.4 | + 5.2 23 | +14.7 | +44.3 | 9.8 | 23 | + 4.3 | + 1.9 | +44 | 24 | +117 | 410.4 | + 8.5 | 24 | + 6.0 | + 6.4 | + 4.4 4 25 | +14.0 + 13.1 11.4 || 25 + 4.7 + 6.1 » 26 | 17.2 | 446.9 | +43,7 | 96 | 0.8 | = 0.7 Lors à 27 | 413.1 11.0 + 8.5 || 27 | + 8.3 + 6.6 | + 4.7 k 28 | +13.8 | 143.5 | +10.7 | 28 | — 0.8 | + 2.9 | 41865 ] 29 | +16.4 | —Hic.2 +13.9 || 29 | + 1 CNED k | 30 | +17.7 | +146.9 | -H43.4 | 30 | + 5.7 | + 7.5 We A | HU | HT | 18.2 ST PRE 9 ME SNA | SUR LA TEMPÉRATURE. LXV NOVEMBRE 1884 MAXIMA MINIMA ST-GENIS | VERDUN PARC ST-GENIS | VERDUN +119 + 80 +13. — 0.5 11.8 0.0 ST EU rate À Ir = © © 00 LA 1 c = 1 1 © Æ CU 1 © FS © © T Æ el . . © HOT LOL OT Co TS LS COMROMERTO . L2 La œ = OR 0 C9 = ?9 O0 She op = © C9 01 D HN I LOL OL ONU IN CO 29: N° C0, 0 > - . L . . . . OMC ON MOROCCO = © O1 CORRE (=) ROOMS MOMErR ON ETC CE ROSE Sue +2 Ÿ GC MSA TES © — . . > O1 +2 (® #] D — OT Oo SACS D 1 c'e) EE ee me ee se SE D + —+- + + + —+- + - + + _ + + —- +- + + + CO DO 9 9 29 RO 29 29 29 ee SE de œo — _— [= +9 © ge C2 © D à > 41 … TROISIÈME PARTIE CALCULS Conventions générales. Les sommes marquées S sont celles de ous les nombres inscrits dans les tableaux. — Les s’ sont les sommes des nombres en caractères 1{aliques ; les s” sont les sommes des nombres en caractères antiques. S'— S —5s, S"—S'—s" sont respectivement les sommes des nombres correspondant aux journées complètes pour une station, et complètes simul- tanées ; N', N” sont les nombres de jours correspondants aux sommes S’,S"; M',M”,77, 1m" les maxima et minima moyens pour les deux catégories de journées. Les Y, sont les sommes de toutes les températures moyen- nes de tous les jours du mois (sans aucune lacune); les s, sont les sommes des températures moyennes des jours manquant complètement dans les tableaux de maxima et minima et des jours en caractères i{aliques. (Ces deux sommes 2, et «, ne correspondent pas aux S ets.) Les © (— X, — 6j) sont les sommes des températures el! moyennes correspondantes aux jours complels, celles corres- pondant aux Se LXVII INFLUENCE DE L'ALTITUDE Les 5” sont les sommes des températures moyennes corres- pondantes aux jours en caractères antiques. Les 2” (— 2 — 5”) sont les sommes des températures moyennes correspondantes aux jours complets simultanés. s” et ©” correspondent aux s” et S”; y’ et w” sont les tempé- ratures moyennes mensuelles correspondant respectivement aux M’, m', M”, "". Les coefficients calculés avec les M’, #7’, y’ sont marqués a’, ceux calculés sans M”, #1”, x”, et comparables dans les sta- tions, sont marqués a”. I. — RÉSULTATS DÉDUITS DES ANNÉES ISOLÉES. Les tableaux qui suivent renferment les résultats des années prises isolément. On y trouvera calculées à part les sommes et les moyennes dont il est question dans la règle qui vient d’être indiquée, ainsi que les amplitudes moyennes diurnes et les valeurs isolées des coefficients dits de Koëmtz destinés à déduire la valeur de la température moyenne diurne des températures extrêmes observées pour chaque jour de l’année. tn er mn M” sy Z MAXIMA Parc 310.0 | 274.0 21.8 11.9 288.2 | 262.1 28 28 10.29 9.36 71.3 65.2 216.9 | 196.9 21 21 10.33 9.38 TEMPÉRATURES MOYENNES 216.1 | 206.8 16.6 14.6 199.5 | 192.2 98 28 7.13 6.87 53.0 50.0 145.5 | 142.2 21 21 6.98 6.77 SUR LA TEMPÉRATURE. oo DÉCEMBRE 1880 S'-GENIS| VERDUN 0.0 147.2 21 701 m MINIMA PARC 123.4 |131.1 1.9 0.4 121.5 | 130.7 28 28 4.34 4.67 31.8 2 TRE 89.7 93.4 21 21 4,97 4.45 COEFFICIENTS : a LXIX St-GENIS|VERDUN AMPLITUDES : M-m mm 2.19 2220 M—m | 5.95 4.69 a’ 0.469 | 0.469 pm" | 2.71 DR M'—m"” | 6.06 4.93 a” 0.447 | 0.471 1.68 3.6 0.460 1.68 3.09 0.460 LXX INFLUENCE DE L'ALTITUDE JANVIER 1881 MAXIMA MINIMA Parc (St-GENIS|VERDUN Parc |St-GENIS|VERDUN S 82.8 | 55.8 | 18.7 —96.5 | —95.4 | —_82.3 s’ 15.7 9 8 12.4 =) —13.3 —16.8 S’ 67.1 46.0 6.3 —84.4 | —82.1 | —65.5 N' 25 25 19 25 25 19 M 2.68 1.84 | 0.33 m' =8U38 | 22198 = SRE 5” 2.5 ON ACS RS @i —49.4 | —43.3 | — 4.9 S” 64.6 46.9 9 3 —35.0 | —38:8 | —61.3 N” 18 18 18 18 18 18 M” 3.59 9.57 0.52 mm” —1.94 | —2.16 | —3.41 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 3, 17199197 | CA 0.2 1,4 |—44,9 || mm 2.67 2 1.58 £’ 7.9 | ar. ls ti Mn" 6.061 5.12 | 3.78 N’ 95 95 19 a 0.441 | 0.501 | 0.418 me —0.74 | —0.74 | —1.87 Ci 9.1 | —24.3 | — 3.8 || »”—m” 2.12| 2.52] 1.75 Z” + 3.211 6.5/—31.7|M'=m"’| 5.53 4:13 |: 08298 N’ 18 18 18 a” 0.383 | 0.533 | 0.448 SUR LA TEMPÉRATURE. FÉVRIER 1881 LXXI MAXIMA Parc MINIMA St-GENIS| VERDUN Parc |St-GEnis| VERDUN 00.9 82.8 41.4 0.0 | — 4.8 26: 00.5 87.6 40.1 28 27 24 1.80 3.24 1.67 | 920 15.9 | — 6.2 41.5 del 46.3 23 23 23 1.81 3.1? 2.01 COEFFICIENTS;,::4 AMPLITUDES : M—m De U0MI20222 203.5 0.0 0 0 24.9 321-080 1128929 178.6 28 27 24 11.68 10.45 7.44 m' 50.2 39.0 123 276.8 243.9 17166) 93 93 23 12:03 1040:57 Ta Thl nm” TEMPÉRATURES MOYENNES 179.8 |] 179.4 124.6 0.0 0.1 20.9 M 179.8 179.3 103.7 M—m 98 ou 24 a 6.42 6.64 4299 TO, 27.9 | — 2,3|| x'—m’ 152.8 1514 106.0 [I M'—m" 23 25 23 cu 6.05 6.5S 4,61 4.6? 3.40 2.65 9.88 T2 5.77 0.467 | 0.472 | 0.459 4,84 3.46 PE 10:22 7.45 2.70 0.471 | 0.464 | 0.456 LXXII INFLUENCE DE L'ALTITUDE MARS 1881 MAXIMA MINIMA Parc [St-GENIS|VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN 5 451.0 |413.8 315.6 102.4 124.8 90.5 Gi 0.0 14.1 14.0 0.0 0.0 0.0 5’ 451.0 399.7 301.6 102.4 124.8 90.5 N° 31 30 29 31 30 29 M' 14.55 13.32 10.40 m' 3.30 4.16 9.49 Ne 45.2 94.1 11.1 2 411.7 401 S” 405.8 ab 02005 $1.2 1494 86.4 IN 98 28 28 28 98 28 M” 14.49 13.49 10.43 mm” 2.90 4.04 3.08 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AM PLITUDES : M—m Z, |273.4 | 260.4 | 200.6 a 0.0 | 9.6 | 47.0 [am | 5.51| 4.20| 3.4 > dot A 250.8 183.6 | M'—m 4195 9.6 7.98 N’ 31 30 29 a 0.494 | 0.459 | O.411 " BST DÉC ABNO EA c 31.4 202 7.2 (er SA 4.20 3-22 >:'4 249.0 230.6 176.4 IM'’—m”"| 11.59 9.38 189 N’” 28 28 28 Th 0.496 | 0.448 0.438 8.64 8.24 6.30 SUR LA TEMPÉRATURE. LXXIII AVRIL 1881 MAXIMA MINIMA Parc [St-GENIS|VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN 5 HOT OMUPAES 20 3607 191060140959 014558 s’ 0.0 0 0 0.0 0.0 0.0 0.0 S’ 5070016320 30607 191.6 |195.3 | 155.8 N’ 30 30 30 30 30 30 M 416.93 | 15.44 | 12.92 m° 6.39 6.51 5.19 Se 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S’ 507.9" | 463.2" 1366.7 191.6 1"1953 11558 N’” 30 30 30 30 30 30 M” 16.93 15.44 | 19.922 m” 6.39 6.51 5.19 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 3, 342.9 | 316.5 | 240.6 54 0.0 0.0 0.0 mn 5.42 4,04 2.83 E 304.3 | 316.5 |240.6 || M—m | 10.54 8.93 7.03 N’ 30 30 30 a 0.514 | 0.452 | 0.403 a 41-8411 40:58 8.0? 9? 0.0 0.0 0.0 | u'—m" 5.42 4.04 2.83 E” 354.3 | 316.5 |240.6 [| M'—m"”| 10.54 8.93 7.03 Ne 30 30 30 a” 0.514 | 0.452 | 0.403 um” 11.81 | 10.55 8.0? LXXIV INFLUENCE DE L'ALTITUDE MAI 1881 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN 595.5 | 480.1 2.2 203.6 0.0 15.6 : : 0.0 0.0 s 464.5 N° 30 M” PDv2ritMd 9224) : 15.48 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 450.7 | 417.9 1] 333.9 0.0 0.0 12.0 250: 7 41041729 1121.09 31 31 30 14.54 13.48 | 10.73 16.7 SE 0.0 || »''—m” 435.0 | 402. 321.9 [M'—m" 30 30 a” 14.50 | 13.43 10.73 SUR LA TEMPÉRATURE. LXXV MAXIMA 139.2 | 704.8 0.0 0.0 739.2 | 704.8 30 30 94.64 | 923.49 0.0 0.0 739.2 | 704.8 30 30 94,64 | 23.49 TEMPÉRATURES MOYENNES 534.9 | 513.0 0.0 0.0 534.9 | 513.0 30 30 17.83 | 17.10 0.0 0.0 534.9 | 513.0 30 30 17.83 | 17.10 St-GENIS| VERDUN 1881 JUIN MINIMA St-GENIS| VERDUN 594.0 349.4 | 369.1 DDR D 0.0 0.0 0.0 0.0 594.0 54940 1369113205 30 30 30 30 19.80 m' AGE MMA2530410 010788 0.0 0.0 0.0 0.0 594.0 349Æ 01 3694 61326: 30 30 30 30 19.80 me A6 M2 SON AIDES COEFFICIENTS : a AMPLITUDES : M—m 493.3 0.0 pm 6.18 4.80 3-29 Rio) M'—m 12.99 | 1411.19 8.92 30 A 0.476 | 0.429 | 0.362 1410 0.0 pm 6.18 4 80 3: 23 493.3 [M'—-m 12.99 | 141.19 8.92 30 a? 0.476 | 0.429 | 0.362 14.11 LXXVI INFLUENCE DE L'ALTITUDE JUILLET 1881 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |ISt-GENIS|VERDUN S 973.2 | 980.2 | 835.5 474.9 09.6 |! 50528 sl 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S 97322: 1-080:2 1835.95 474:2 0 529.6 1 505.3 N’ 31 31 al 31 1 31 M’ 31:39 | 31.62 | 26.99 m' 15.30 | 17.08 | 16.30 s? 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S"” 973.2 "1 980.2: 183545 474.9 | 529.6 | 505.3 N” 31 31 31 31 31 31 M” 31.39 | 31.621 26.95 m°” 45.30 | 417.08 | 16.30 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 2, 121:9 1:193.8 W-660:9 9, 0 0.0 0.0 mm 8.16 6.99 0.00 >, 727.9. 1419328 1 1160De8 M—m 16.09 | 413.54 | 10.65 N' 31 31 31 a 0.507 | 0.486 | 0.47 p 23.46 23.67 | 21.30 c” 0.0 0.0 0.0 || #°—m” 8.16 6.59 o.00 > 12153 133.8 660.3 || M'’—m'’| 16.09 13.54 10.65 N' 31 31 31 ar 0.507 | 0.486 | 0.470 a” 23:46 | 23.611 21:90 SUR LA TEMPÉRATURE. LXXVIL AOÛT 1881 MAXIMA MINIMA Parc [St-GENIS|VERDUN Parc [St-GEnISs| VERDUN S 840.1 |828.3 |799.9 417.6 |454.2 | 409.2 s 0.0 D0N 2076 0.0 0.0 0.0 S’ 840.1 |828.3 | 689.6 417.6 |454.2 | 409.2 N° 31 31 30 31 31 30 MON 02.10 27260 23-0500 7m 43.47) 15 14 | 18064 Ci 1907 36.0 | 13.0 Ta 16 1 11.8 Sy 791.4 792.3 678.6 390.0 |43S.1 397.4 N” 29 29 29 29 29 29 M” 27.99 | 27.33 | 93.401 M” 43.45 | 15.11 | 13.70 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 3, 640.5 | 637.5 | 556.5 CA 0.0 LA 0 M 21. LR ze M 7149! 5.6:| 4.921 A 640.5 |623.5 |535.4 | M'—m’ | 13.63 | 42.47 | 9.41 N’ 31 30 30 a 0.526 | 0.452 | 0.147 Pa 20.66 | 20.78 | 17.85 a” 38.2 23.17 11.4 || um” 7.32 9.07 4.37 E” 602.3 | 599.8 |524.0 M'—m'”| 13.84 | 19.22 9.70 N” 29 20 29 a” 0.529 | 0.456 | 0.450 a° 20:7440%.20:6847 18:07 INFLUENCE DE L'ALTITUDE LXXVIII SEPTEMBRE 1881 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENis| VERDUN Parc [St-GExnIs| VERDUN ) 610.4 1592.8 | 465.4 985.1 | 301.5 | 258.2 s’ 19.4 17.8 94.5 0.0 0.0 0.0 S’ 591.0 1575.0 | 443.9 PAS ES RO) GIE EE DU N’ 29 29 28 29 29 28 M’ 20.38 | 19.83 | 15.85 m' 9.83 | 10.40 | 9.22 s” 49.7 48.0 14.5 26% 30.4 6.3 S’’ 59592740 "142002 258.81 | 271142 | 95409 N’ 21 27 27 0 27 97 M” 20.05 | 19.52 | 15.90 m'° 9.59 | 10.04 9:33 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 2, 199-094 1439.90 27127 CA 13.4 12.3 32.8 || m—m 5.03 4.08 | 2.88 % 430.8 |420.0 | 338.9 | M'—m 10.55 9.43 6.63 | N’ 29 29 28 a 0.477 | 0.433 | 0.434 p' 14.86 | 14.48 12.10 a” 35.8 37.8 9.6 || a'—m" 5.04 4.12 2.87 >: 395.01 /1382220/09993 M m0 04046 9.48 6.57 N'’ 07 27 21 a” 0.482 1: 0:435 07437 pe” 14.681" 1416 1" 19;90 MAXIMA Parc [St-Genis| VERDUN 377.5 |352.3 | 260.2 13.7 12.4 56.5 363.8 |339.9 | 203.7 30 30 26 12.13 | 11.33 7.84 59.1 58.6 0.0 304.7 |281.3 | 203.7 26 26 26 11.72 | 10.82 7.84 TEMPÉRATURES MOYENNES 238.4 1298.8 1 160.3 9.2 9.3 41.2 299.9 | 219.5 | 119.1 30 3 26 7.64 7.32| 4.58 39.3 39.9 0.0 189.9 |4179.6 | 119.1 96 26 96 7.30 6.91 4.58 SUR LA TEMPÉRATURE. ÉXXIX OCTOBRE 1881 MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN 125-100 19174 01.8 7.6 (Et 5.7 11811-19979 46.1 30 30 26 m’ 3.94 443 1207 2479 26.3 0.0 96.9 97.6 46.1 26 26 26 m'” 3719 Bin 7) At COEFFICIENTS : a AMPLITUDES : M—m pm 3.10 3.19 2281 M'—m 8.19 7.20 6.07 a 0.452 | 0.444 | 0.463 p'—m" 7 3.16 2.81 M'—m" 7.99 7.07 6.07 a” 0.447 | 0.447 | 0.463 LXXX INFLUENCE DE L'ALTITUDE NOVEMBRE 1881: MAXIMA MINIMA Parc |St-GEnis| VERDUN Parc [St-GENIS| VERDUN S 401.0 | 386.9 | 301.6 Sel 1218 1 ASS s/ 0.0 19.4 Soil 0.0 070 122 S’ A0 OI NS6 75 AINOATSS 97.8 |121.8 | 120.6 N’ 30 27 95 30 27 93 M’ 43.37 1:143:61 1 10:76 m' 3.26 4.51 5.24 SA 93.1 59.5 0.8 14.8 11.7 | — 3.8 S" 307.9 | 308.0 | 246.7 83.0 |110.1 124.4 IN 22 22 0? 2472 29 29 M” 14.00 | 14.00 | 41.21 m” Deutil 5.01 5.65 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 3, |937.6 19243.9 | 229.2 CA 0.0 20.0 00.7 mm 4.06 3.178 2.52 2’ 237.6 | 223.9 |1478:5 | M'—=m | AO! 9.10 5.5? N’ 30 21 23 a 0.461 | 0.416 | 0.456 0 7.92 8.29 7.76 9” 53 36.0 | — 1.6] u'—m" 4.59 3.03 .54 9 à 0.1 [M'’—m"'| 10.93 8.99 5.56 N°? 22 22 22 a” 0.449 | 0.393 | 0.45 8. 8 2e hu : ht SUR LA TEMPÉRATURE. LXXXI DÉCEMBRE 188: MAXIMA Parc |St-GEnISs| VERDUN 116270 PAIE 6 41 107.9 12.9 0.6 10.8 105-8 !| 136.0 Sen 26 28 21 4.07 4.86 3.60 TEMPÉRATURES MOYENNES 17.2 6.0 [ES 36.7 51.7 2929 26 2 PA — 5.3 8.0 218 42.0 ASE 271] 93 25 293 1.83 1.90 1946 MINIMA Parc |St-GEenis| VERDUN —37.8 | —19.5 | —43.1 | LOU ET À A | 2,9 | 16.2 | —37.1 | 96 98 97 mt ete 0:58 2497 | 5:51 230 0tl 4,21) OA eve). 900 93 93 29 m’ | —0.73 | —0.32 | —41.39 | COEFFICIENTS : a AMPLITUDES : M=m pm’ 20 PTE 2.48 M'—m DD 0.44 4.97 TA 0.500 | 0.447 | 0.499 | TA x 2.16 9222 2401 M''—m 5.07 5? 5.13 a” 0.505 | 0.425 | 0.501 LA INFLUENCE DE L'ALTITUDE LAxTII JANVIER 1882 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |St-GEenis| VERDUN S 100.3 077 NAT —55.0 | —58.4 | —51 7 14 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 | —12 6 S’ 100.3 Ste 7 NET —55.0 | —58.4 | —39 1 N’ al 31 27 31 31 27 M’ De 24 11908 4.13 m’ —1.77 | —1.88 | —1.45 s”? 416.1 9.1 0.0 40079 0 0 S” 84.2 78 6 | 111.4 —54.0 | —55.9 | —39.1 N” 24 27 27 27 27 27 M” 3.12 2.91 4,13 m” —?.00 | —2.07 | —1.45 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m Z, ft 9.6 31.6 c 0.0 0.0 0.3 mm 2.02 2.19 2.01 > 7h 9.6 31.3 | M—m 5.01 4.74 b.58 N’ 31 ol 27 a’ 0.403 | 0.465 | 0.468 p 0.95 0.31 1.16 co” 5.8 3e 0.0 | mm” 2.07 2631 2.61 ne 1.9 6.4 3130 IM nr: 5.12 4.98 5.58 N’” 27 27 27 a” 0.404 | 0.464 | 0.468 pm” 0.07 0.24 1.16 SUR LA TEMPÉRATURE LXXXIIT FÉVRIER 1882 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |StGENIS| VERDUN S 241276 193.9 150.2 —15.6 | — 1.2 | —19.4 s’ 0.0 0.0 16.7 0.0 0 0 — 6.2 S’ 212.06 193.9 133.5 19.001012 N° 28 28 26 28 28 26 M 7.59 6.92 544 m’ —0.56 | —0.04 | —0.43 G2 2522 93.4 0.0 2 1.6 0.0 SE 187.4 170.59 1335 —18.4| — 9,8 —14:2 N’” 26 26 26 96 26 26 M’ Te2A 6.56 5.14 m' —0.71 | —0.11 | —0.43 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m z, 84.6 86.0 56.0 ‘, EU NN ER AU 2 ess Sur 09226 > 84.6 86.0 47.7 M'—m’ 8.15 6.96 551 N’ 28 28 26 A 0.439 0.447 0.406 ra 3-02 3.07 1.83 5” 11.3 11.9 0.0 || m—m Se 2.96 2.26 > Te 74 AT NE TE 1292 6.67 or N’ 26 26 26 Cr 0.446 0.444 0.406 à 282 2,85 1,83 LXXXIV SUR LA TEMPÉRATURE. MARS 1882 MAXIMA MINIMA Parc |StGenis| VERDUN Parc |St-GENIs| VERDUN S AUOT EAST 2878 90.9 |1119.3 | 111.8 s? 0.0 15.9 0.0 0.0 0.0 0.0 Sh 449.7 |418.8 | 328.8 90. 9 | 119.3 | 111.8 N’ 31 30 31 31 30 31 M 14.51 13.96 | 10.61 m 2.93 3.98 3.61 st 15.3 0.0 11.9 4.0 0.0 3.6 S?? 434.4 |418.8 | 316.9 86.9 | 119.3 | 108.2 N” 30 30 30 30 30 30 M” 14.48 | 13.96 | 10.56 m'° 2,90 3.98 3.61 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 3, |263.8 |9261.0 } 205.5 CA 0.0 9.5 0.0 B'—m b.58 4.40 3.01 E 263.811 951.5 41 2055 | M=1m d'elle 9.98 7.00 N” 31 30 31 A 0.481 | 0.441 | 0.430 a 8.51 8.38 6.63 5e 10.1 0.0 6.9 || u’—m” D.56 4.40 3.01 z” 253.7 |251.5 | 198.6 [| M'’—m”|} 11.58 9.98 6.95 N” 30 30 30 a” 0.481 | 0.441 | 0.433 SUR LA TEMPÉRATURE. LXXXV AVRIL 1882 MAXIMA MINIMA Parc |[St-GENIS|VERDUN Parc |St-GEexis| VERDUN S 516.1 |480.8 | 361.6 135 8 |165.8 | 135.1 s’ 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 4.7 S’ 510-111 480.80 11361.6 135.8 M65 8 MO E4 N’ 30 30 29 30 30 29 J 4.53 5.93 4.50 = = e M M0 ON 12747 SE 17.6 1554 0.0 Se 7.6 0.0 St 498.5 | 465.1 | 361.6 127.61 498.2 VA3074 NN? Ps) 2) 29 29 29 29 M” 1721411604 |17.47 m” 4.40 9.46 4.50 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 2, 327.3 |313.5 | 243.3 CA 0.0 0.0 9.2 || a'—m 6.38 4,92 3.07 Z 327.3 | 313.5 | 234.1 M—m | 12.67 | 10.50 Toi N’ 30 30 29 a 0.504 | 0.469 | 0.448 me 10.91 | 10.45 8.07 s” 42,0 12.1 0.0 || p'—m" 6.44 4.93 301 > à 314.4 | 301.4 | 234.4 || M’—m’"| 12.81 | 10.58 4200 N” 29 99 29 a” 0.503 | 0.466 | 0.448 we” 10.84 | 10.39 8.07 INFLUENCE DE L'ALTITUDE LXRANI MAI 1882 MAXIMA MINIMA Parc |[St-GEnIS| VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN S 668.8 | 635.6 | 500.3 216.7 | 200.4 23542 y 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 7.6 S’ 6088035 000 br tI2I0 "AmMI20786 N’ 31 31 29 31 31 29 M’ 2tso01) 20:50) 47:25 m' 8.93 9.37 7.85 st 34.9 29.3 0.0 23.5 23.6 0.0 Si 634.6 | 606.3 | 500.3 28.120000 227%0 N’” 29 29 2) 29 29 29 M” 21.88 "2091 17325 me 8.173 9.20 7.85 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m z, ADS 20043 OMG 9) a, 0.0 0.0 19.5 pm 5.85 4.95 4.04 Z’ L5S QUIL AN ONSINS EAN M'—m 12.64 11.13 9.40 N’ sl 31 ay A 0.463 | 0.445 | 0.430 pe 14.78 14.39 | 11.89 a 26.7 DAT 0.0 || m'’—m” 6.15 5220 4.04 z” 431.5 419.2 | 344.7 (M'—m"| 13.45 te 9.40 N°” 29 29 29 a” 0.468 | 0.449 | 0.430 pe” 14.88 | 14.46 11.89 4 noce, SUR LA TEMPÉRATURE. LXXXVII JUIN 1882 MAXIMA MINIMA Parc [St-GENIS| VERDUN Parc |[St-Genis| VERDUX S Cire GS A OMR55 85 391.41 336.7: 11287.4 s’ 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S' Ge DE. ON 5585 201-4836. S Ten N' 2 29 29 29 29 29 M’ 0935 10 9292:5511 + 19.26 m’ 11.08 | 11.61 9.92 s’ 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S’ 614.4 410654:071%558.5 À ps VOL CO ES En M N’” 29 29 29 29 29 29 M” 93.35 1829255 104996 m'”’ 41.081742. 61 9.92 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 2, 509.7 | 497.1 | 409.8 c} 14.7 13.6 11.7 pm 5.64 5.06 3.84 Z 495.0 |483.5 | 398.1 M—m’ 19.97 | 10.94 9.34 N’ 29 29 29 a 0.475 | 0.463 | 0.408 pe 16:121046.67 1143.79 CR 0.0 0.0 0.0 || m'’—m'” 5.64 5.06 3.81 si} 485.0 483.5 398.1 M'—m" 12297 10.94 9.34 NE 29 29 29 a 0.475 | 0.463 | 0.408 a” 16:72 1"46:6701. 43.78 LXXXVIIT INFLUENCE DE L'ALTITUDE JUILLET 1882 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |St-GENIS|VERDUN 609.9 395.8 | 391.4 40.3 30.3 0.0 16.3 0.0 073.6 395.8 |37:.1 | 340.3 29 31 29 29 19:19 À 12:07 5 19:00 MAL 0.0 28.3 0.0 073.6 367.5 | 377.1 20 29 29 19519 m” 22-6101 00 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 563.9 1 549.9 | 470.6 0.0 : 20% pm 563.9 ; 444.4 | M—m 31 18.19 0.0 018.2 |444.4 29 29 29 18.33 | 17.87 | 15.32 a bé Fe, SUR LA TEMPÉRATURE. LXXXIX AOÛT 1882 MAXIMA Parc |[St-GEnIS| VERDUN 788.5 |735.2 | 621.9 0.0 0.0 | 19.7 188.5 |735.2 | 602.2 31 31 30 95.44 | 93.72 | 20.07 29.9 | 91.2 0.0 765.6 |714.0 | 602.2 30 30 30 25.52 | 23.80 | 20.07 TEMPÉRATURES MOYENNES 557.4 1550.6 | 475.2 0.0 0.0 | 16.0 557.4 |550.6 | 459.2 31 31 30 17.98 | 17.76 | 15.31 17.2 17.9 0.0 540.2 |533.4 | 459.2 30 30 30 18.01 | 17.78 | 15.31 MINIMA Parc [St-GENIS| VERDUN 372.8 1405.5 | 349.8 0.0 0.0 0.0 972 8 12405:57194928 31 3l 30 mm’ 12.03 | 13.08 | 11.66 12.8 13.5 0.0 360.0 | 392.0 | 349.8 30 30 30 m” 19:0071° 13.07 |. 11.66 COEFFICIENTS : a AMPLITUDES : M—m pm —m 5 95 4,608 3.05 M'—m 13.41 | 10.64 8.41 a 0.444 | 0.449 | 0.434 M —m" 6.01 4,71 3.69 ME mn Ne 13 52001079 8.41 ai 0.445: 0:439 IN 0.434 INFLUENCE DE L'ALTITUDE xC SEPTEMBRE 1882 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |St-GEenis| VERDUN! S 574.1 |564.4 | 454.3 322.0 | 298.0 | 260.4 5° 0.0 30.5 95.5 15.8 0.0 0.0 S’ 574.41 12533.91#1498°8 306.2 | 298.0 | 260.4 N’ 28 28 28 28 28 28 M’ 20.40 |? 49.07 1145532 m' 10.94 | 10.64 | 9.30 Ga 394 25.7 17.4 22.5 14.3 9.3 SE 5938-0211 508.20 A4 L 84 PASB EN MO] ROAS RE RP EL | N’” 26 26 26 26 26 26 M” 20.69 | 19.55 | 15.82 m'”’ 10.91 | 40.91 9,66 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 2, 432.9 1|4292.4 | 352.92 CA 20.5 18.4 22.0 pm 3.79 3.79 22514 Si 412.4 | 404.0 | 330.2 | M—m 9.46 8.43 6.02 N’ 28 28 28 a 0.401 | 0.449 | 0.417 a 14.73 \14,43 11.81 a” 272 26.5 12.5 [mm 3.91 3.61 2.56 2 385.2 | 371.5 1 317.7 M'—m 9.78 8.64 6.16 N'’ 26 96 26 a” 0.400 | 0.418 | 0.416 ° 14.82 | 14.521 12.29 SUR LA TEMPÉRATURE. XCL OCTOBRE 1882 MAXIMA Parc |St-GEenis| VERDUN 500.0 |474.1 | 379.0 0.0 39.1 45.0 500.0 |435.0 | 334.0 31 28 27 16.43 | 15.53 | 12.37 71.8 30.5 12.4 428.2 |404.5 | 321.6 26 26 96 16.47 | 15 56 | 12.37 TEMPÉRATURES MOYENNES 359.6 1 352.8 1 296.7 0.0 31.9 36.6 859.6 | 320.9 | 260.1 31 28 27 11.60 | 11.46 9.63 52.9 20.7 8.8 307.4 | 300.2 | 251.3 26 26 26 11.82 | 11.55 9.67 MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN 261.0 0.0 °261.0 31 m' 8.42 m° 8.59 92 19.4 232.7: | 201.7 28 27 8.31 7.47 12.5 (F7 220.2 | 195.0 26 26 8.47 7.50 COEFFICIENTS : a AMPLITUDES : M—m"m m'—Mm 3.18 SH Le 2.10 M'—m nel TD 4.90 a DARNMOPES NOT m'—m" 5:93 3.08 247 Mine 7.83 7.09 4.87 a” 0.410 | 0.435 | 0.446 INFLUENCE DE L'ALTITUDE NOVEMBRE 1882 xGII MAXIMA Parc |St-GENIS| VERDUN S 322:0 120657 1249.0 s’ 73.3 64.1 48.1 5’ 249.6 |231.6 | 164.9 N’ 21 21 20 M’ 11.89 | 11.03 8.24 52 58.5 5:2 29.7 S” AO A" 1 ASO At 1 435:2 N” 16 16 16 M” 41:94 | 41.27 8.45 TEMPÉRATURES MOYENNES 2, 212-7418 0617 CA 62.8 60.7 54.9 = 149.9 152.9 106.8 N’ 21 21 20 p 7.14 7.28 5.34 c” 39.0 30.3 18 6 #1] 110.9 122.6 88.2 N’” 16 16 16 n” 6.93 7.67 551 m' mm” MINIMA St-GENIS| VERDUN 88.3 69.9 11.4 3.0 76.9 66.9 21 20 3.06 3.34 19 8.6 59.0 08.3 16 16 3.69 3.04 COEFFICIENTS : a AMPLITUDES : M—m um" M'—m'" LE] 9.0? 2.00 1.31 4.90 0.491 | 0.408 3.98 1 87 7.58 4.81 0.525 | 0.389 dt SUR LA TEMPÉRATURE. XCIII DÉCEMBRE 1882 MAXIMA MINIMA Parc |St-GEnIs! VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN 204.4 |191.0 | 161.9 252 29.1 18.4 44.8 46.7 43.9 —7.4 |[—7,9 | —12,5 159.6 144.3 118.0 3240 37.0 30.9 21 20 19 21 20 19 7.60 121 6:21 m 1555 1.85 1.63 46.8 42.6 1257 14.8 19:97 MAL SC MAO 7€e1) 105.3 17.8 291 3427 15 15 15 15 15 15 1:95? 6.78 AU M” 1.19 1.54 2.41 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : «a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 20.4 31.4 31.7 m—m | 2.84 2.67 1.99 92:41 90.4 68.7 | M—m’ | 6.05 9.90 4.58 ol 20 19 a 0.470 | 0.498 | 0.434 4.39 k.52 3.0? MiTo TE has ll eenrel Lors t COS A 44008 60.4 | 60.7 | 60:6 ÎM’-m"’| 6.33 | 5.24 | 4.91 15 15 15 a” 0.449 | 0.479 | 0.394 XCIV INFLUENCE DE L'ALTITUDE JANVIER 1883 MAXIMA MINIMA Parc |[St-GENIS|VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN S 459.5 |151.7 | 118.3 O4 | — 547 | RE Li 14.6 44.8 39.3 — 0.5 + 4.7 0 S’ 144.9 | 106.9 79.0 0,9 | —10.4 | 18,4 N’ 26 o8 24 26 23 24 M 5,57 4.65 3.29 mn 0209 1=0:45 020885 s” 55.6 25.0 24 7 9.0 | — 1.8 8.6 S” 89.3 81.9 54.3 — 81 | — 86 | —417.0 N’” 19 19 19 19 19 19 M” 4.70 4.31 2.86 nm’ —0.43 | —0.45 | —0.90 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m Z, 80.9 81.2 44.6 | c, 15.3 34.5 19.1 pm 2.49 2.48 1.41 > 65.6 46.7 95.5 M'—m" 5.54 5.10 3.64 N’ 26 93 24 a 0.449 | 0.486 | 0.387 a 2152 2.03 1.06 sc”? 97.1 11.9 15.2 pm" 9,43 2292 1.44 2” 37.9 35.5 10.3 IM'’—m"” 5 IN? 19 19 19 a” 0.474 | 0.187 | 0.383 m° 2.00 1.87 0.51 SUR LA TEMPÉRATURE. XCV FÉVRIER 1883 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |St-GENIS|VERDUN S 272.8 1 236.8 | 158.5 47.3 3971 18.2 s’ 2927 32.5 13.9 pie | 5.4 2 S’ 9901 1 204:3 144.6 40.2 DO 1671 N’ 25 24 24 25 24 24 M’ 10.00 8.51 6.03 m’ 1.61 1.40 0.67 CU 2155 5.8 11.0 8921 —"3:2 6.6 S? 228-0498 :514 133.6 31.9 36.9 9.5 N” 23 93 95 23 23 23 M’ 9,94 8.63 5.81 m'”’ 1.39 1.60 0.41 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m >, 160.7 |143.1 | 85.4 CA 929,8 29.0 14.8 || mm’ 3.91 3 «36 2.27 || E 19729: MA 70.6 || M'—m 8.39 Lee 5.36 N’ D 24 24 a’ 0.466 | 0.473 | 0.424 m 9 02] 4.76 2.94 s” 1258 2.3 6.5 | m°—m” 4.05 3.26 2.38 3"? IEEE 1 6 64.1 [M'—m"'| 8.55 7.03 5.40 N° 23 23 23 a” 0.486 | 0.464 | 0.441 XCVI INFLUENCE DE L'ALTITUDE MARS 1883 MAXIMA Parc |St-GEniIs| VERDUN 203.7 | 109.0 175.2 if 6.49 3.44 TEMPÉRATURES MOYENNES 101.4 7.9 93.5 0.0 2.6 MINIMA Parc |St-GEenis| VERDUN —14.9 —13.8 70, 0.0 0.0 0.0 — 14.2 | —13.8 | —72.3 30 30 27 —0.47 | —0.16 | —2.68 — 0.9 —135.3 27 —0.49 COEFFICIENTS : a AMPLITUDES : M—m 3.09 B'—m M—m L a mm" M''—-m" SUR LA TEMPÉRATURE. XCVII MAXIMA Parc |[St-GENIS|VERDUN 481.5 | 438.8 12.7 426.1 0.0 426.1 29 14.69 TEMPÉRATURES MOYENNES 306.8 | 287.4 0.0 6.8 306.8 | 250.6 30 29 10.23 9.68 1.1 0.0 299.7 | 280.6 29 29 10.33 | 9.68 AVRIL 18583 339.2 9.6 329.6 0.0 329.6 29 11.37 0.0 202.4 29 6.98 MINIMA Parc |St-GENIS|VERDUN 160.9 | 164.4 | 104.5 0.0 0.0 0.0 160.9 | 164.4 | 104.5 COEFFICIENTS : «a AMPLITUDES : M—m 4.01 9.02 0.444 vil XCVIII MAI 1883 MAXIMA MINIMA Parc |[St-GENIS| VERDUN Parc |[St-GEnIs| VERDUN S 662.8 |631.9 |! 527.0 253.4 | 281.4 | 260.7 G 20.9 21.3 18.1 0.0 0.0 0.0 S’? 641.9 | 610.6 | 508.9 953,4 ‘| 981.4 !| 260.7 N’ 30 30 30 30 30 30 M 21.40 | 20.35 | 16.96 m' 8.45 9.38 8.69 sa 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S”? 641.9 | 610.6 | 508.9 953.4 01 281.4 1112607 N” 30 30 30 30 30 30 M” 21.40 | 20.35 | 16.96 DS 8.45 9.358 8.69 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m Sc 00457.5 4452.99 1385.24 CA 16.0 15.9 13.3 mn 6.97 5.19 3.71 £ LAS SAAB TA O0 AIS 251 M'—m" 12.95 | 10.97 8.27 N’ 30 30 30 a 0.485 | 0.473 | 0.449 pe 14.79 14.57| 12.40 0” 0.0 0.0 0.0 || uw’—m" 6.27 5.19 9.11 > 441.5 |437.0 | 372.1 [M’—m’| 12.95 | 10.97 ga N’” a” 0.485 | 0.473 | 0.449 INFLUENCE DE L'ALTITUDE SUR LA TEMPÉRATURE. MAXIMA 722.5 | 684.2 0.0 0.0 722.5 | 684.2 30 30 94.08 | 22.81 94.6 | 23.6 7.9 | 660.6 29 29 24.07 | 22.78 TEMPÉRATURES MOYENNES 507.6 | 499.8 0.0 0.0 507.6 | 499.8 30 30 16.92 | 16.66 17.6 | 47.3 490.0 | 482.5 29 29 16.90 | 16.63 St-GENIS| VERDUN JUIN 1585 19.65 m' 19.65 m”° MINIMA 360.0 0.0 360.0 30 30 12.00 13.0 347.0 29 29 11591 XCIX St-GENIS| VERDUN 327.6 0.0 321.6 29 11.30 0.0 327.6 29 11,30 COEFFICIENTS : a AMPLITUDES : M—#"# 434.4 15,2 pm 419.2 M'—m" 29 mA 14.46 0.0 || m’—m” 419.2 IM'—m” 29 a” 14.46 29 4.66 1110 ;81 37 | 0.431 4.66 o | 10.81 0.431 3.16 8.39 0.379 3.16 8.35 0.37) INFLUENCE DE L'ALTITUDE JUILLET 1883 MAXIMA MINIMA Parc |St-GEnIs| VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN 792.6 49. : 393.7 |420.7 | 356.0 0.0 0.0 Q:: ; 0.0 0.0 749.2 : de 420.7 | 356.0 31 31 29 24.17 | 20.62 | 12-10, 49/574) APP 06.4 : 31.1 31.5 0.0 692.8 | 598.0 362.6 |389.2 | 356.0 29 29 29 29 29 23.89 | 20.62 12.50: 1743-4204 42227 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 561.0 | 489.8 0.0 39.9 mm 5.62 4.53 561.0 | 449.9 | M'—m’ | 12.87 | 10.60 31 29 a 0.437 | 0.498 18.10 | 15.51 0.0 nm" 517.2 | 449.9 [| M'’—m” 99 a” 17.83 | 15.51 SUR LA TEMPÉRATURE. CI AOÛT 1883 MAXIMA MINIMA Parc |St-GEnis| VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN S 815.40 N71093-6 17002 368.6 | 415.2 | 409.9 si 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S’ 615 407896001700 :2 368.6 |415.2 | 409.9 N’ 31 ol 31 jt oi 31 M’ 262301125:60 102259 m’ AFS E5 01104702 sa 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 SE 845-4193 0 110002 368.6 |415.2 | 409.9 N” 31 31 31 31 31 31 M’ 26.30 | 25.60 | 22.59 m” 118911413380110419522 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m Z, 518.1 1 596:8. | 534.1 ol 0.0 0.0 0.0 pm 6.76 5.86 4.01 s 578.1 | 596.8 | 534.1 M'—m AAA 91 9.37 N’ 31 31 31 a 0.469 | 0.480 | 0.428 PA 18.65 | 19.25 1122 5° 0.0 0.0 0.0 || m°’—m” 6.76 5.86 4.01 2 578.1 OS RDS ME US NI 10 21 9.37 N” 31 31 31 a” 0.469 | 0.480 | 0.428 n° 18:65 149225004708 CII INFLUENCE DE L'ALTITUDE oo SEPTEMBRE 1883 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |S'-GENIS| VERDUN S 643:4:41612.5 20515.7 à 314.3 | 350.4 | 310:1 s’ 21.8 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S’ C6 IN012-5 mil 1507 314.3 |350.4 | 310.1 N 29 30 30 29 30 30 M 91.43 90.49 17.19 m 10.83 11.68 | 10.34 se 0.0 219 18.1 0.0 12.8 12.1 S’ 6214615913 1/497.6 314-3009397.0 4129870 N’ 29 29 2 29 29 29 M” 91.43 | 20.39 | 17.16 mm” 10.83 | 11.64 | 10.28 TEMPÉRATURES COPERICIENTSENZ MOYENNES AMPLITUDES : M—m 3, 451.8 |459.9 | 397.5 c, 15.2 0.0 0.0 mm 4.22 3.0 2:91 Z 436.6 |459.9 | 397.5 | M=m’ | 10.60 8.74 6.85 NY 29 30 30 a 0.398 | 0.418 | 0.425 Pa 15.05 | 15.33 13.25 5” 0.0 15.5 13.9 || m'—m" 4.22 3.68 2.95 ZE’ 436.6 |444.4 | 383.6 [M'—m'"| 10.60 8.79 6.88 N” 29 + 29 a” 0.398 | 0.421 | 0.429 pk” 15.05 | 15.32 | 13.23 Lu un M’ MAXIMA Parc |[St-GEenis| VERDUN SUR LA TEMPÉRATURE. OCTOBRE 1883 MINIMA Parc 448.6 |424.4 | 339.6 159.1 0.0 36.9 30.3 0.0 448.6 |387.5 | 309.3 159.1 29 21 21 24 15,401 14.951 11,46 mn 5.49 Er 17.8 15.5 20.4 A0 60878 20518217 138.7 26 À 26 26 45.05: MOT4. 22110 11.30 m” 0,33 0.0 173.0 27 6.41 GE 163.9 26 6.30 CIII St-GENIS| VERDUN — 152.0 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : MOYENNES AMPLITUDES : M—m 302.6 1 314.7 ‘1 262.0 20.0 47.6 39.2 pm 4.95 3.48 2.62 28260 11907.141029278 ME 9.98 7.94 5.83 29 21 21 A 0.426 | 0.438 | 0.449 9.74 9.89 8.95 3827 12.4 11.7 pm" 4.05 3.90 9.61 DEEE) ROLE A OIE De M'’—m” qu7e 7.92 5.79 26 26 26 fi 0.417 | 0.442 | 0.451 9.38 9.80 8.12 CIV INFLUENCE DE L'ALTITUDE NOVEMBRE 1883 MAXIMA MINIMA ! É Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN 5 283.7 261.1 220.4 59.4 83.3 59.6 Se 49.0 46.4 39.0 1.6 ET 0.2 S’ JRYA NI 2147 181.4 57.8 77.6 59.4 N’ 95 29 D} 25 25 D M’ 9.39 8.59 7.26 mn 2:31 340) 2.38 se 18.6 16.6 DT | —1.5 2,9 11.9 S” 216.4 | 498.1 | 158.7 59.3 Sa J TI AS N’ 93 23 93 DS 93 93 M” 9.40 8.61 6.90 m°”° 2,58 D 2) 2.07 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m Z, 183.3 | 185.7 143.4 5, 50.7 50.8 32.6 Em 2.99 220 92.05 >H 132.6 “1 134.9 110.8 M—m 7.08 5.49 4.88 N’ 25 25 25 A 0.429 | 0.419 | 0.420 p 5.30 | 5.40 | 4.43 c 8.0 (CP 17e7 B'—Mm 92,84 QUAD 2 02 ZE”? 124.6 195:7 93.1 M'—m 6.82 5.36 4.53 N’” 23 93 93 a” 0.417 0.414 0.418 x” 5.49 b'47 4.05 SUR LA TEMPÉRATURE. CV DÉCEMBRE 1883 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |[St-GENIS|VERDUN S 114.7 98.2 36.1 19 2200058 si 13.5 492 .4 95.1 LOMME S’ 101.2 55.8 11.0 —14.8 | —9.8 | —49.2 N’ 95 20 20 25 20 20 M’ 4,02 2,79 0255 m' —0.59 | —0.49 | —2.46 s? 40.6 127 42.1 4 1 |A —4.8 S 60.6 SAR | IA ON ES MIE N’” 17 17 17 i1ÿ] 17 17 M” 3.56 2,54 | —0.06 mm” —0.60 | —0.34 | —2.61 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m Z, 37.8 28.2 | —20.2 c 6.8 14.0 350 mn 1.83 120 1.26 > 4 31.0 14.2 | —94.1 | Mn 4.61 3.28 3.01 N’ 95 20 20 A 0.397 | 0.366 | 0.419 PA 4.24 0.71 | —1.20 13.6 59 2,5 | nm 1462 0.85 1.04 > 17.4 8.7 | —26.6 ||M'—m"| 4.16 2.88 2295 N”? 17 17 17 a” 0.390 | 0.296 | 0.408 m” 1.02 0.51 | —1.57 CVI INFLUENCE DE L'ALTITUDE JANVIER 1884 MAXIMA MINIMA Parc [St-GENIS|VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN 5 292,8 |199.6 | 131.6 32.7 40.4 | 9,5 s' 33.9 41.5 51.4 AU 2 1372 S’ 18340 115824 80.5 37.8 41.6 | +0.9 N' 24 25 18 24 95 18 M 7.66 6.32 4,58 m' 11514 4.66 0.05 si 73.4 60.9 15.1 16.3 14.0 !. —6,5 S? 110.5 9722 65.4 01.5 27.6 7.4 N’” 13 13 13 13 13 13 M” 8.50 1.48 D.03 m°° 1.65 2.42 0.57 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m Z, 125.2 m'1212 70.1 6, 95.3 28.6 A VS pm 2.59 2.04 2,05 È 99.9 92.6 37.8 | M—m" 6.09 4.66 4.53 24 25 18 A 0.495 | 0.438 | 0.459 be 4.16 s RriU 2,10 G 12.8 34.4 5.2 [[uw'—m" 2.74 2.936 1.94 2” 57.1 58.2 32.6 [M'’—m" 6.85 5.36 4.46 N’” 13 13 13 a” 0.400 | 0.441 | 0.435 ” 4,39 4.48 2.91 SUR LA TEMPÉRATURE. CVIL FÉVRIER 1884 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENIS|VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN S 871000911074 85-241 10324 57.1 s’ 13.4 11.3 8.5 1.6 0.0 | —3.0 S! 910 9101, 209101 201.9 83.6 | 103.4 60.1 N’ 91 28 27 27 28 on M’ 11.68 | 10.32 7.48 m’ 3.10 3.69 2523 SE 0.0 SE 0.0 0.0 0.6 0.0 S” 919-301 28544- 1) 901:9 83.6 | 102.8 60.1 N” 2 EN 97 27 97 97 M” 11.68 | 10.57 7.48 m'” 3.10 3.81 9292 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 3, 194:6 1 188.2} 126.1 CA 12.6 7.5 5.0 || u—m 3.64 2.16 2.24 > 182.0 180.7 | 120.6 || M—m 8.58 6.63 5425 N’ 27 28 Pa TA 0.424 | 0.416 | 0.427 PA 6.74 6.45 4.47 c 0.0 PA: 0.0 || m”—m" 3.64 2479 9591 2? 182 0. 14789 120.6 [| M'—m' 8.58 6.78 5225 N’” 27 27 27 a” 0.424 | 0.412 | 0.427 B° 6.74 6.60 4,47 CVIII 2 INFLUENCE DE L'ALTITUDE MAXIMA Parc 475.8 | 435.5 0.0 0.0 475.8 |435.5 31 31 15.35 | 14.05 18.0 15.8 457.8 | 419.7 30 30 15.26 | 13.99 TEMPÉRATURES MOYENNES 262.9 1 259.9 0.0 0.0 262.9 | 259.9 31 31 8.418111 8.38 414.1 12.8 248.8 | 947.1 30 30 8.29 | 8.24 St-GENIS| VERDUN 328.7 11.3 317.4 30 10.58 0.0 317.4 30 10.58 191.9 3:6 182.3 30 6.08 0.0 182.3 30 6.08 MARS 1884 MINIMA Parc |St-GENIS| VERDUN 68.9 |113.4 0.0 0.0 68.9 |113.4 ail 31 m DA 3.66 7.9 10.3 61.0 | 103.1 30 30 mm’ 2,03 3.44 COEFFICIENTS : a 75.6 2.52 AMPLITUDES : M—m pm 6.26 4,72 3.06 M'—m 43.13 | 10.39 8.06 WA 0.477 | 0.454 | 0.449 pm" 6.26 4.80 3.56 M'--m'| 43:23 | 40:55 8.06 a 0.473 | 0.457 | 0.442 SUR LA TEMPÉRATURE. CIX AVRIL 1884 MAXIMA MINIMA Parc |ISt-GENIS| VERDUN Parc |StGENIS| VERDUN S 496.0 | 447.1 SONO 195.0“ 11406.7 97.6 s’ 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S? 496.0 | 447.1 331.8 125.0 | 146.7 97.6 N’ 30 30 30 30 30 30 M’ 46.53 | 14.90 | 11.26 m' 4.17 4.89 320 s”’ 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S?? 496.0 | 447.1 3910 19520" M26:7 97.6 N’” 30 30 30 30 30 30 M" 46.53 |: 14.90 | 411.26 m”’ APT 4.89 D02D TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M=m 3, 297.6 1 280.8 y 197.7 CA 0.0 0.0 0.0 B—m 5.175 4.47 de z 297.6 | 280.8 197.7 M'—m’ 122564140701 8.01 N’ 30 30 30 A 0.465 | 0.447 | 0.417 PA 9,92 9.36 6.59 sc” 0.0 0.0 0.0 || m’—m’ 5:19 4.47 S94 z” 297.6 | 280.8 |14197.7 | M’—m 42.36 | 10.01 8.01 N’” 30 30 30 a” 0.465 | 0.447 | 0.417 a” 9.92 | 9.36| 6.59 INFLUENCE DE L'ALTITUDE. MAI 1884 MAXIMA MINIMA Parc |StGEenis| VERDUN Parc |St-GEenis| VERDUN 74227 01 67128 0l'561.9 280:3 1l 33126 4127028 19.9 0.0 15.9 0.0 0.0 0.0 692.8 1671.3 | 546.7 290:9 113910212703 30 31 30 30 31 30 25 0921050822 m 9.34 | 10.70 9.21 0.0 18.6 0.0 0.0 12.4 0.0 692.8 1652.7 | 546.7 2903 | 319724000768 30 30 30 30 30 30 23:09 1"927.76t4/ 48792 mm’ 9.34 | 10.64 9.21 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 496.6 | 490.1 | 408.3 70 5.11 4,00 191} 40:95 9.01 30 31 30 a 0.487 | 0.468 | 0.444 0.0 15.4 0.0 | m'—m” 6.70 0.18 4.00 481.1 | 474 7 | 396.2 || M’—m 19% 108 MESA 9.01 30 30 30 a” 0.487 | 0.466 | 0.444 16.04 | 15.82 | 13.21 SUR MAXIMA PARC 618.1 16.0 602.1 29 20.76 0.0 602.1 29 20.76 : TEMPÉRATURES MOYENNES 0.0 458.2 | 440.0 29 29 15:80]: 15-47 St-GENIS| VERDUN LA TEMPÉRATURE JUIN 1884 CXI MINIMA PARC 40940 003. 0.0 299.6 29 10.533 0.0 299.6 29 0.0 503.2 29 17.35 m°” 10.33 St-GENIS 303.6 0.0 303.6 29 10.47 0.0 303.6 29 10.47 COEFFICIENTS : a AMPLITUDES : 369.6 11.8 307.8 B—m M —m : 5.47 397.8 | M'—m 11.74 29 a” 0.466 12.34 M—m CXII INFLUENCE DE L'ALTITUDE JUILLET 1884 MAXIMA Parc |St-GENIS| VERDUN 806.4 | 827.9 0.0 66.5 30. 856.4 |761.4 | 662. 31 28 28 21.63 |! 27.49 20.1 727.5 | 642.1 21 PA TEMPÉRATURES MOYENNES 641.1 | 640.5 | 564.5 0.0 56.2 641.1 | 584.3 05.0 009.5 28 18.20 692.4 23.65 MINIMA Parc [|St-GEnIs| VERDUN 430.2 | 413.4 441.4 0.0 0.0 430.2 12:8 400 6 28 14.31 17.0 13.0 413.2 | 387.6 27 27 m = 15.30 | 14.36 COEFFICIENTS : a AMPLITUDES : M—m 5.51 11.83 0.466 3.89 9.34 0.416 pm 6.44 M'—m" 13.39 a 0.481 6.83 14.01 0.487 5.42 11.64 0.466 3.91 9.4? 0.415 SUR LA TEMPÉRATURE. CxIII AOÛT :884 MAXIMA MINIMA Parc |[St-GEnis| VERDUN Parc |[StGENISs! VERDUN SOI ANS 220 010748 29 LOS RAA 156.3 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 oies | AE, 495.4 PEL 456.3 31 al 31 31 31 31 DES DNS 02399 M 13-7245 20 IUT 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 S61:8185250187439 ADS 4ONINETS 21 456.3 31 31 31 31 31 31 OS 0121200 23.99 m 13.72 15-96 101472 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 646.0 | 641.1 | 578. ot 0.0 0.0 0.0 —m" 1:12 5.49 3.94 646.0 | 641.1 |578.5 || M—m 14.08 | 12.24 9:21 al 31 31 WA 0.506 | 0.443 | 0.425 20.84 | 20.68 | 18.66 0.0 0.0 0.0 | u'—m" AA IE 5142 3.94 6460 11641:4° 1578.5 M2 m" |014-08.1112.24 9.27 31 31 31 a” 0.506 | 0.443 | 0.425 20.84 | 20.68 | 18.66 vaull CXIV INFLUENCE DE L'ALTITUDE SEL | SEPTEMBRE 1884 MAXIMA MINIMA Parc [St-GENIS| VERDUN Parc |S:-GENIS| VERDUN S 682.1 |664.0 | 552.6 318.3 | 340.7 | 338.5 LÉ 0.0 20.9 0.0 0.0 0.0 6.9 S’ 682.1 | 643.1 552.6 318-911 340:70411332%6 N’ 30 29 29 30 29 29 M TAN MASNIT0 706 mm’ 10.61 |" 14.75 | 141.43 si DAT 13.2 18.6 18.6 7.9 9.2 SE 647.4 | 629.9 | 534.0 200975200722 NE 28 28 28 28 28 28 M’ 293.421022.50 4 49:07 mm” 10,70 | "1189 114051 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—m 3, |480.6 |490.8 | 431.7 c 0.0 45-21 8.8 pm 5.41 4.65 3.15 2’ 480.6 |1475.7 | 422.9 | M—m | 12.13 | 10.43 7.63 N’ 30 29 29 a 0.446 | 0.446 | 0.413 p 16.02 | 16.40 | 14.58 c” 26.5 EX 13.1 | u'—m" 5:52 4.69 SEL PA 2” 454.1 |464.3 | 409.8 I[M'’—m'’| 12.42 | 10.61 7.56 N” 28 28 28 a” 0.445 | 0.443] 0.415 ka” 16:22:71 16.58 1114403 SUR LA TEMPÉRATURE. CXV OCTOBRE 1884 MAXIMA MINIMA Parc |St-GEenis| VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN 5 414.5 | 439.7 344.8 190.6 190.1 154.8 54 0.0 16.0 38.0 0.0 0.9 0.0 S 474.5 493.7 306.8 190.6 190.1 154.8 N 3 30 28 3 3 28 M 15791 14.12 10.96 M 6.15 6.34 5259 S 48.7 29.3 0.0 Toul 140.1 0.0 S’? 495.8 394.4 206.8 172.9 | 179.0 154,8 N” 28 28 28 28 28 28 M” 15921 14.09 10.96 m”° oal 6.39 5609 TEMPÉRATURES COPRMAICIENISE NY MOYENNES AMPLITUDES : M—m 2, |307.2 | 301.9 | 241.2 S 0.0 12.9 26.5 pm 3.76 3.91 2.14 >} 307.2 | 289.6 | 214.7 M—m 9.16 1518 5.45 N° 31 30 28 (A 0.411 | 0.425 | 0.394 pe 9:94 9.65 TC ct 29.6 15759 0.0 LT 3.14 3.32 244 3e OUT ANONOTA TO RAA TN ME 9.04 Jrad 5.43 N” 28 28 28 a? 0.414 | 0.426 | 0.394 m° Mec Je 7.07 CXVI INFLUENCE DE L'ALTITUDE S”? N’” M’ NOVEMBRE 1884 MAXIMA MINIMA Parc |St-GENISs| VERDUN Parc |St-GENIS|VERDUN 256 4 41002 00456 15 9 41.0 17.3 of 9.8 Fate) —9.0 0.0 | —5.5 20240078 A 137.8 17.9 41.0 DOS) 25 98 25 25 28 25 8.90 7.61 5.51 mn 0.72 1.46 0.91 622 ANT 4.3 —4,5 | —6.4 | —4.1 216 241195 401M3325 29.4 47.4 26.9 93 93 23 23 23 93 9.40 8.49 5.80 m'” 0.97 2,06 117 TEMPÉRATURES COEFFICIENTS : a MOYENNES AMPLITUDES : M—1m 1982011987 81.3 99,4 14.9 6.6 pm SUD DA 2.08 TOI SIMS TN M'—m 8.18 6.15 .60 95 28 25 A 0.410 | 0.498 | 0.452 4.07 4.09 2.99 0.5 4.5 0 { um 3.43 Ji 2 04 101.3 | 110.0 73 M'’—m' 8.43 6.43 4.63 93 23 93 ie 0.407 | 0.493 | 0.441 4.10 4,78 3,21 Ke se QUATRIÈME PARTIE RÉSUMÉ GÉNÉRAL A l’aide des valeurs qui précèdent on a formé le résumé général des résultats des quatre années d’observations .et déterminé les valeurs moyennes, soit des maximas et mini- mas, soit de l’amplitude diurne, soit enfin des coefficients dits de Koemtz, relatifs à chacun des mois. C’est sur le résumé qu'ont été basés la plupart des conclusions citées dans notre étude préliminaire. CXVIIT INFLUENCE DE L'ALTITUDE DÉCEMBRE Parc |St-Genis| VERDUN Parc |St-GENIS|VERDUN M [/4 N 1/4 "1 [/4 1880 216.9 196.9 | 147.2 PA 89.7 93.4 70.5 1881 99.8 M2 86.0 23 —16.7 |— 7.3 | —=31.9 1882 112.8 101741040578 15 17.8 93.1 on 7 1883 60.6 43.1 | — 1.1 17 —10.1 | — 5.7 | —A4.4 S” 490.1 454.4 337.4 TC 80-714 14109:5 9549 M’”,m’” 6.45 5.98 4.44 1.06 1.36 0.34 L u” « 2 | 105.8 3.1 27.14 | a°—m" 2.44 2.00 1.86 60,7 60.6 7 1882 60.4 1883 17.4 8.7 | —26.6 | M'—m" 0.39 4.38 4.10 27 20049 N0295:0 11 1009 a” 0.453 | 0.456 | 0.454 me” 3.00 3.30 2.20 | JANVIER 1881 64.61 46.2 9,3 18 350 SSI ECS 1882 84.2 | 78.6| 111.4 97 —54.0 | —55.9 | —39.1 1883 80:31 061,01 54.3 19 Ta LE RreAltE 4e 1884 | 110.51 97.2 | 65.4 13 A5 419526 7.4 s” | 348.6 | 303.9 | 240.4 oi —75.6 | —75.7 |—110.0 M',m” | 4.53| 3.95| 3.12 —0.98 | —0.98 | —1.43 u” 1881 3.2 65217 1882 1.9 Ga 8148 Fan 09/0840 a SENTE 1883 37.9| 35.5 | 40.3 1884 57.41 58.2| 32.6 | M’—m"”| 5.51| 4.93| 4.55 3” 100.1 | 406.6| 42.5 a” 0.414 | 0.479 | 0.435 a” 1.30| 1.38| 0.55 SUR LA TEMPÉRATURE. CXIX FÉVRIER Parc |[St-GENIS| VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN M [/4 N 1/4 1 " 1881 276-8 19r322 177439 93 41.5 He 46.3 1882? 187.4 170511014335 26 18 4 2 SN EME? 1883 228.6 198.5 133.6 93 31.9 36.9 9.5 1884 315-911. 985.4 201.9 07 83.6 | 102.8 60.1 S” 1008.1 897.6 | 646.3 99 138.6 | 208.6 | 104.7 M',m" 10.18 9.07 6.53 1.40 Dali 1.06 u” 1881 ERA TEE 106.0 1882 1329 14.1 47,7 | pm" 3.99 3.10 2.36 1883 1251 111.8 64.1 1884 182.0 | 178.3 IRON 772 8.78 6.96 5e 2” 533-2,/1N515:6 338.4 a” 0.494 0.445 | 0.431 VE 5.39 il a 4 MARS M L/4 N 1/4 "1 1/4 1881 405.8 700 ROAD 28 SH HE 86.4 1882 534.4 418.8 | 316.9 30 86.9 | 419.3 | 108.2 1883 209.2 175 =2 92.8 97 —13.3 | —11.9 | —72.3 1884 LS AO TI S TT L 30 61.0 103.1 1520 SA 1507.2 | 1389.3 | 1017.6 115 215.8 323.6 | 197.9 M”,m 13.11 12.08 8.85 1.88 2.81 A1 1881 249 02306 176.4 1882 259341 254179 198.6 | «'—m” 5,34 4.14 9.19 1883 86.0 69.6 2.6 1881 248.8 | 247.1 | 182.3 | M’—m" | 11.23 927 7.13 108.8 | 559.9 a” 0.476 | 0.447 | 0.442 CXX 1881 188? 1883 1881 sg” M',m” 1881 188? 1883 1884 5” 1? L PARC 507.9 498.5 467.1 496.0 1969.5 16.69 304.3 914.4 299.7 297.6 1266.0 10.73 INFLUENCE DE L'ALTITUDE AVRIL SL-GENIS| VERDUN PArc |St-GENIS| VERDUN M” N’ m” LG 2N SD OEM 30 1914 61 195.3 | 155.8 465.1 | 361.6 29 127.6 | 158.2 | 130.4 426.1 329.6 29 160.3 | 164.4 | 404.5 447,1 331.8 30 195.0 | 146.7 97.6 1801.5 | 1395.7 118 604.5 | 664.6 | 488.3 15.97 "11°83 5.42 5.63 4.14 Lu” 316.5 | 240.6 301.4 | 994.1 | mm” 5.61 4.31 Sn 280.6 | 202.4 280.8 | 197.7 | M'’—m"" 1457 9.64 1.69 1179.3 | 874.8 GA 0.484 | 0.453 | 0.425 10 00 7.4 MAI M” N’” m DTA 464.5 30 049 1701.2053:0 1090376 606.3 | 500.3 29 2534011 006 810227%0 610.6 | 508.9 30 9253 40102814 AED AT 652474546007 30 280:314116819 220765 2446.7 | 2000.4 119 1029.6 | 1120.4 | 968.2 20.57 | 16.89 8.69 9.42 8.14 u” u” 402.9 321.9 419.9:|. 344.7 hi pm 6.38 Dei 3.92 43170 |" 3724 474.7 396.2 | M’'—m” | 13.01 1115 8.75 1733.8 | 1434.9 (he 0.491 | 0.462 | 0.448 14557 2.06 SUR LA TEMPÉRATURE. CXXI JUIN Parc |ISt-GENIS| VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN M” N” m' 1881 739.2 | 704.8 | 594.0 30 349.4 | 369.1 326.5 1882? 677.1 65420 558.9 29 DA 33011 20111 1883 697.9 | 660.6 | 569.8 2q 228. 400347, 0 LUS 100 1881 640.0 | 602.1 50322 29 209/61303:6 1 25007 S” 9754%9%109694%51109995 05 117 1998.7 | 1356.4 | 1192.5 MT 92304 29,10 | 19.02 11.10 | 11.60 | 10.19 u” 1881 DA OS AE AU LAS 1882 485.0 | 483.5 | 398.1 | mm D 11 4.80 3.47 1883 490.0 | 482.5 | 419.2 1SS4 LES LA D ON MS 5 TS ME 77 12.44 | 10.80 8.83 2? 1968.1 | 1919.0 | 1598.4 fe 0.459 | 0.444 | 0.393 ue” 16.81 16.40 | 13.66 TÜRETCET M’ N /4 In! ISSI 973-2110980124101835.5 31 ALP 20 GS 05ES 1882 121708107925 51870 29 Sion TT 1l 340.3 1883 133.0 009228418598 10 29 362.6 | 389 2 | 356.0 1854 DA OT SIN? pl JMD SNL 211 STE 0 S” 3182.4 | 3074.0 | 2648.2 116 1580.1 | 1709.1 | 1589.2 Mere l?7045MOG 50 22.81 13.62 14.74 13.70 u” 1881 121.3 | 133.8 |: 660 3 71 518.2} 444.4 | w'—m” 6.56 D 33 3.96 pi) 2 | 449.9 1884 559.6 |" 559,41 4935 lM"—=m" | 13.83 1e 11.76 9.14 1 | 2328.6 | 2048.1 a” 0.475 | 0.454 | 0.433 PA 20.18 | 20.07 | 17.66 CXXII INFLUENCE DE L'ALTITUDE AOÛT Parc |St-GENIS| VERDUN Parc |St-GENIS| VERDUN M Le N’ m” 1881 TO AMI TOP NS NE TS 29 390.0 | 438 1 397.4 1882? 165.6 | 714.0 | 602.2 30 360.0 | 392.0 | 349.8 1883 815.4 193.6 |’ 700.2 31 368.6 | 415.2 | 409.9 1884 SOURIS 743.9 31 495 4ANIN47S ANIMÉS ar 3234.2 | 3152.4 | 2724.9 121 1544.0 | 1718.4 | 1613.4 M',m 20.19:1/126.05/1# 99259 19.76 | 14.20 | 13.33 u” 1881 602.3 1 599.8 | 524.0 1882 DAUC2 538.4 M 460 0e 7 6.80 5.40 3.99 1883 578.1 596.8 | 534.1 1881 646.0 | 641.1 10e 0NME= mal 4108070) USE 9.19 5? 2366.6 | 2371.1 | 2095.8 a” 0.487 | 0.456 | 0.434 pu” 19.56 19.60 1722 SEPTEMBRE M” N” m” 1881 5413 527.0 | 429.4 27 258-627 251.9 1882 538.0 | 508.2 411.4 26 283.11 1102891 95124 1883 62126 5915 1m40T7EG 29 3142301099312:0. 102080 1884 GATA NN G 20 ON 347210 28 200 7033258 322.4 S”? 2348.3 | 2256.4 | 1872.4 110 1156.5 | 1225.2 | 4193.24 Men 21SS 200 02 10.51 11.14 10.21 u” 1881 001002211920: 1882 2892 2 MST NS ITA Emi 4.68 4.03 2.89 1883 436.6 | 444.4 | 383.6 1884 454.1 464.3 | 409.8 | M’—Mm" 10.84 9.34 6.81 He 1670.9 | 1668.4 | 1440.4 a” 0.432 | 0.432 | 0.424 a” 15.19 | 15.17 | 13.10 SUR LA TEMPÉRATURE. CXXIII OCTOBRE Parc |St-GENIS| VERDUN Parc Î[St-GENIS| VERDUN M” N’ 1110 1881 304.7 281.3 203.7 26 96.9 97.6 46.1 1882 LOS RME 0Z 52182106 26 DREOTMINEGOYT)ES 195.0 1883 391 .1 369.7 | 293.8 26 138.7 163,91 11432 1881 495.8 | 394. 306.8 28 172.9 | 179.0 | 154.8 9. il 1881 307.9 | 308.0 | 246.7 22 83.0 | 11021 | 124.4 188? LOIS O 41085? 16 15.8 94.0 08.3 1883 216-1108 4100158714 23 RÉ E: 74.7 47.5 1881 2162218 195%410483-5 23 29.4 47.4 269 D 931.3 | 865 9 | 674.1 84 20-5099) 09574 M”,m 11-0811 10551 8.03 2.51 3.40 3.06 mm’ 3.69 3.04 21e l 2 l 1884 104-312110; 0 73.9 | M’—m” 8.97 6.85 4.97 2 3 a” 0.431 | 0.444 | 0.427 8 ERRATA P. v, $ II. — MAXIMAS MOYENS. Différ. moy. P.-G. 0,68 au lieu de o.61 P. vi, $ III. — MiINIMAS MOYENS. Août Parc 12.70" .au lieu de Wr2.55 Août P.-V. —o.57 — 0.57 Différ. moy. P.-V. +o.34 — +0.43 Octobre G.-V. +1.14 — + 1.24 P. vu, $ IV. — TEMPÉRATURES MOYENNES. Février P.-G. “<+o.i8 au lieu de <+o.o8 Juillet P.-G. <+o.it — +-0.09 Septembre. P.-G: —“o.o2 —— —0.02 Diférmoy P:G 0 Fo.r7 — +o.15 Difér moy. PV 2.15 — +-2.11 Différ. moy. G.-V. “+1.98 — + 1.88 P. 1x. — (DIFF. THÉOR.-OBSERV.) Novembre Parc “+1.15 au lieu de +1.16 Différ. moy. 40.69 — +0.68 Pr Novembre G.-V. 2.08 au lieu de 1.88 Première ligne en partant d'en bas : 1°08 au lieu de 1°88. TABLE DES MATIÈRES PREMIÈRE PARTIE. MRÉPISS A RTESUIMNS M0 ee sieleieee sis etage à mmietie s qe sos ossi eee 2e l I. — Règle pour l'observation et le choix des températures EN GTE NÉS ANTON APE RO EC On TO PE D Il DRM MAS MOYENS. eee os sece spot RO ne ne SO \ IT. — Minimas moyens ..... Reed Pac coeur VI IV =NTEMPÉTAIUTES IMOVENTES. .. 1062 eme ete de ofeine o elsie joe VII D PA mnlitudes diurnes.,t.. a e-eccecescneco-escuesese x VI. — Coefficients d'amplitude diurne .......................e. XII VIT — Coefficients de Kaemtz...........sensoveosocessees ee XIII VIII. — Remarques sur les années isolées....,................. XV I RCONCIUSIONS AE mme ice eimressreneecccere XVI DEUXIÈME PARTIE. DSCRVATIONS EEE EE ee en ere clercs XVII TROISIÈME PARTIE. Blémentsducalcule sr ee RD es mens -eeseenereise cells oc LVII QUATRIÈME PARTIE. Résumé général.........s...sesosssossssescotecoseooseoscesee CXVIN PR men sb desc emessreseraceee.ese- ee) QC MADIE He MATIÈTES. 222 eus eee seniele elec sectes ss ss eUCAXVIT COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON PENDANT L'ANNÉE 1886 Lu dans la séance publique du 21 décembre 1886 ARNOUE D FLOCARD Président de la classe des Sciences. MESSIEURS, Lorsqu'il arrive à la fin de sa carrière, le sage, a dit un philosophe de lantiquité, doit jeter un dernier regard sur ce passé qu’il vient de parcourir. Dans une rapide analyse, il résume la somme du bien et du mal qu’il a pu faire, et peut ainsi prévoir quel sort lui sera réservé dans une vie future. Vous conformant à ce précepte du sage, vous invitez cha- que année votre président, lorsque son rôle s’achève, à venir tracer sous vos yeux un résumé sommaire des principaux faits qui se sont accomplis dans votre compagnie. Tâche par- fois sans doute bien laborieuse, mais certes jamais ingrate; Sciences. 1 2 COMPTE RENDU. car, grâce au précieux et utile concours que chacun de vous veut bien apporter, le programme de vos séances hebdoma- daires est toujours aussi rempli que varié. Quelle heureuse satisfaction, lorsque, comme aujourd’hui, en présence du nombre et de la valeur de vos travaux, on peut encore affirmer sans crainte que vous êtes toujours restés à la hauteur de la mission si bien tracée par vos illustres devanciers! Et pourtant chaque année les charges qui s'imposent dans vos nombreuses commissions vont sans cesse en augmentant, vous laissant à peine le temps de vous consacrer utilement au culte des sciences, des belles-lettres et des arts. Je viens donc essayer de vous exposer dans un court résumé la physionomie aussi exacte que possible de vos séances ordi- naires. Mais pour peindre avec tout l’art qu’il comporte un pareil tableau, orné d’une telle multiplicité de sujets si variés, il faudrait une plume plus autorisée que la mienne. Avant de commencer, Je me vois condamné d'avance à réclamer toute votre bienveillante indulgence, car j'aurai à traiter devant vous bien des questions qui sont loin de la compétence d’un simple naturaliste. J’entre de suite en matière. Mais, dès le premier pas, mon embarras est extrême ; j'ai peur de m'égarer dans un si vaste programme ; aussi, Messieurs, pour ne rien oublier, vous pro- poserai-je de laisser de côté toute question d’ordre chronolo- gique ou de préséance, et aborderai-je, si vous le voulez bien, mon sujet, par le chapitre relatif à notre histoire locale. N’est-il pas du devoir de toute académie de se consacrer plus particulièrement à l’histoire et à la connaissance des choses de son pays ? C’est le principe du yvà0t seauréy, connais- toi toi-même, si sagement prescrit par ceux-là même que nous invoquions en commençant, et l'Académie de Lyon, depuis sa première heure, en a toujours revendiqué le monopole. Mais il faut bien l’avouer, quel inépuisable sujet que celui de COMPTE RENDU. 3 nos fastes Lyonnais! C’est un passé toujours curieux à fouiller, plein d'enseignements précieux, et qui, longtemps encore, viendra alimenter les discussions des savants et des historiographes. Avec quel empressement devons-nous saisir une occasion aussi rare, mais aussi précieuse, que celle qui s’est présentée il y a quelques mois à peine, lors de la construction de la ligne nouvelle du chemin de fer de Lyon à Vaugneray! Là, aux portes même de la ville, sous la pioche du manœuvre, tout un monde passé s’est dévoilé à nos yeux. Déjà l’an dernier, par les soins de MM. Allmer et Caillemer vous avez pusuivre, pour ainsi dire pas à pas, ces admirables découvertes de Trion. Cette année une mine nouvelle a mis au jour un nombre considérable de cippes funéraires, revêtus de leurs curieuses inscriptions. Dans un puits de vingt-et-un mètres de profondeur, sur deux mètres de largeur moyenne, se trouvaient régulièrement empilés, en couches successives, soixante-dix cippes, la plupart entiers et bien conservés. Sans doute, des mains pieuses, ne voulant pas laisser profaner ce dernier souvenir de l'asile des morts, avaient enlevé ces monuments qui bordaient les routes voisines, pour les ensevelir à leur tour. Peut-être cette fosse commune ainsi improvisée contenait-elle en même temps les cendres recueillies dans les tombeaux. Suivant M. Allmer, ces inscriptions paraissent appartenir au [1° siècle ou au commen- cement du II[°, c’est-à-dire à une période s'étendant au moins depuis Trajan jusqu’à Septime-Sévère. Grâce à la présence de quelques symboles, dans lesquels on peut jusqu’à un certain point soupconner des indices dissi- mulés du christianisme, notre savant épigraphiste serait porté à croire qu'il s’agit ici de tombes chrétiennes. Déjà nom- breux au I[° siècle, les chrétiens auraient eu à Trion un cime- tière particulier; peut-être auraient-ils voulu, à la suite de 4 COMPTE RENDU. la grande persécution de Marc-Aurèle en l’an 177, soustraire à l’animosité des païens, en les enfouissant profondément, les restes sacrés de leurs frères en religion. La partie de la nécropole occupée par les tombeaux du puits de Trion n’appartenait pas à un cimetière bien aristo- cratique. Les personnages les plus relevés que mentionnent les épitaphes extraites sont des esclaves ou des affranchis de l’empereur, employés aux divers services des administrations publiques qui avaient leur siège à Lyon. Puis, viennent les gens de métiers, les soldats libérés des légions du Rhin, dont les plus hauts gradés n’ont été que centurions; enfin, quantité de gens de condition libre, désignés uniquement par leurs noms, et qui devaient appartenir à la classe des simples prolétaires. Si le sceau démocratique marque toutes ces tombes, en revanche les particularités les plus intéressantes y abondent, et vous avez pu en juger par les nombreux exemples qui vous ont été signalés par M. Caillemer. Dans une autre séance, M. Dissard, conservateur des Musées de la ville, après avoir fait une lecture sur l’histoire numismatique de Lyon, depuis l’origine jusqu’à la mort de Néron, a fait passer sous les yeux de l’Académie une partie des poteries recueillies par ses soins dans ces mêmes fouilles de Trion. Ce sont d’abord des médaillons provenant de vases en terre, et représentant tantôt des combats de cirques, tantôt des scènes historiques, tantôt enfin des sujets mythologiques. Quelques-uns de ces médaillons sont exécutés avec un soin et un art remarquables : tel est par exemple ce ravissant sujet de l’Incendiarius, où le dieu Amour, dans une scène des plus gracieuses, n’est pas escorté de moins de vingt personnages diversement groupés. Après les médaillons, viennent les lampes funéraires; plus de trois cents lampes aux formes élégantes portent sur leur face les sujets les plus variés et sou- vent d’une admirable conservation. Enfin, ce sont encore les » COMPTE RENDU. 5 marques de fabrique de ces diverses sortes de poteries, re- trouvées en tel nombre, que l’on compte aujourd’hui plus de 1.500 estampilles de fabricants différents. Il importait de réunir en un seul corps les éléments épars de toutes ces découvertes et de les mettre à la portée de ceux qui s'intéressent à l’histoire et à l’archéologie; aussi, Messieurs, avez-vous décidé de consacrer un volume spécial de vos mé- moires à l'historique des fouilles de la nécropole de Trion et de ses environs. Dans cet ouvrage qu’achèvent en ce moment MM. Allmer et Dissard, on retrouvera à la suite d’une his- toire des premiers âges de notre ville, une description fidèle et une exacte figuration de tous les sujets intéressants de cette station, depuis le gigantesque monument élevé à la mémoire de Satrius, de Salonius et de Calvius Turpio, jusqu'aux plus humbles vestiges de la vie intime de nos premiers "DÈLES. Pareil sujet devait nécessairement remettre sur le tapis bien des questions litigieuses, relatives à nos origines. M. Allmer, à cette occasion, a retracé un magistral tableau de cette première page de nos annales et discuté les étymologies de Trion et de Lugdunum : En 44 avant J.-C., des familles romaines, chassées de Vienne, établissent un campement pro- visoire au milieu des forêts qui enveloppent le confluent des deux fleuves. Plancus est chargé de leur bâtir une ville à laquelle les Viennois payeront une indemnité annuelle. Par sa position et son développement rapide, la cité nouvelle devient le véritable arsenal de la puissance romaine en Gaule. De là, son nom latin de Copia. Quelques années plus tard, Lyon passe au rang de capitale officielle, et les soixante cités de la Gaule y viennent sacrifier au génie d'Auguste. Lyon comme Carthage possède une garnison permanente; la forêt se défriche et fait place à des champs cultivés et à d’élégantes villas ; des routes sont tracées, et sur leurs abords, G COMPTE RENDU. à l'approche de la ville, on élève des tombeaux. Trois routes, celle d'Aquitaine, celle d'Arles, et celle de Bretagne et de Germanie, viennent se réunir au sommet de la colline, de là le nom de Trivium, dont on a fait Trion. M. Guigue, sans contester absolument l’étymologie de Trivium pour le nom de Trion, a rappelé à cette occasion que l’on trouve dès 932, dans les archives de la ville, lex- pression de Triguntius : nec non de loco qui vocatur trigun- tius; et plus tard les noms de Triongy, Trionys, Trium et Jrion. Quant au nom de Lugdunum, il a donné lieu à d’intéres- santes discussions. M. le D" Saint-Lager a rappelé l'opinion suivant laquelle le mot celtique Lug signifierait marais, d’où notre nom local de Losne, encore aujourd’hui fréquem- ment employé. M. Allmer combat cette interprétation et démontre que quelques monuments attestent la présence irréfutable du corbeau parmi les emblèmes du génie de la ville, et viennent ainsi confirmer cette tradition de Lyon, jadis colline des corbeaux, Lugu dunum. Cette même question des étymologies locales a motivé de la part de M. Vachez quelques remarques relatives au sujet du nom de Pont-d’Alaï. Là, également, des vestiges de la voie d'Aquitaine viennent d’être relevés, au point même où s'élevait le pont franchissant le ruisseau de Charbonnière. Suivant M. Vachez, il faudrait voir dans ce nom assez parti- culier de Pont d’Alaï la corruption des trois mots Pont de dame Alix ou Adélaïde, nom de la femme d’un ancien comte du Lyonnais. Tout en restant dans le même ordre d’idées, nousassisterons avec M. Caillemer à de nouvelles trouvailles archéologiques faites cet été dans les environs immédiats de l’église Saint- Nizier. Il s’agit, entre autres, de la découverte de deux sarco- phages, dont l’un aurait été taillé au moyen-âge dans un | | COMPTE RENDU. 3 monument romain portant encore sur l’une de ses faces l'inscription du nom de Pompée. Franchissons quelques siècles de notre histoire locale, et nous entendrons M. Guigue nous initier à cette fête des mer- veilles, si célèbre en nos pays au moyen-âge, et probablement aussi dans l'antiquité. A la fois religieuse et profane, tour à tour appelée fête des merveilles ou des miracles, c’est à la fin du mois de juin que l’on célébrait cette solennité sur la Saône. Annoncée à son de trompe dans la ville et ses environs, la fête des merveilles attirait dans notre cité un grand concours d'étrangers, avides de plaisirs mondains, de cérémonies reli- gieuses, ou simplement de spéculations commerciales. Elle paraîtrait avoir eu pour origine la consécration du martyre de saint Pothin, évêque de Lyon, et de ses compagnons, mis à mort en l’an 177 sous le règne de Marc-Aurèle. Jusqu’au XIII° siècle, la fête eut toujours lieu sous le patronage des archevêques, avec le concours du clergé et des corporations établies. Elle devait son nom aux prodiges qui suivirent la mort des vénérés martyrs. M. Guigue vous a décrit les curieux détails de la fête : le clergé, après s'être réuni à Saint-Pierre-de-Vaise, descendait la Saône sur cinq bateaux richement pavoisés en chantant des hymnes religieuses, escorté d’autres barques portant les re- présentants des arts et métiers; passant sous l'arche, dite des merveilles, du pont de Pierre, le cortège descendait ainsi jus- qu’à l’abbaye d’Aïnay, pour remonter à pied, processionnel- lement, à la basilique de Saint-Nizier où étaient déposées les cendres des martyrs. C’est pendant ce pélerinage que l’on chantait les litanies de Saint-Pothin, litanies dont M. Guigue a pu reconstituer les versets. Mais à partir du XIV° siècle, le clergé d’abord, l'autorité civile ensuite, ne sont plus d’accord pour prêter leur mutuel concours à la célébration de la fête, et au XV" siècle elle s'éteint 8 COMPTE RENDU. définitivement, sans laisser d’autres traces que la petite foire de la Saint-Jean qui se tient encore aujourd’hui sur l’avenue de l'Archevêché, c’est-à-dire dans les propres limites de l’an- cien cloître. Par un curieux rapprochement chronologique, M. Guigue croitreconnaître que cette même fête des merveilles ou des miracles fut primitivement, dans les Gaules, une fête essentiellement païenne, célébrée comme à Rome en lhonneur de la déesse Fortune, et dont Ovide nous a laissé une si poé- tique description. Cette même fête, comme nous venoñs de le voir, avait donné son nom à une partie du pont aujourd’hui disparu, ou du moins remplacé et connu successivement sous le nom de pont de Saône, pont du Change, pont de Pierre, pont Nemours, etc. Avec sa parfaite compétence d'ingénieur et d’archéologue, M. Alfred Leger, aujourd’hui membre de votre compagnie, est venu entretenir l’Académie de la singu- lière histoire de ce vieux pont, l’un des plus anciens qui ait été construit en France : dans le principe, c’est une succession de ponts en bois que les crues de la rivière emportent tour à tour et dont l’histoire n’a laissé aucune trace. En 1076, on substitue la pierre au bois; mais il faut tout un siècle pour que la construction s'achève. Avec ses arches inégales, subor- données au profil rocheux des rives de la Saône, avec sa chapelle centrale, avec les pittoresques constructions qui s'élèvent sur ses bords, enfin, avec le voisinage du gouffre comblé, il y a quelques années à peine, et connu sous le nom fameux de Mort-qui-trompe, cette singulière construction était vraiment bien digne d’occuper une large place dans vos annales. Il est un autre pont de notre ville, moins ancien sans doute, dont l’histoire est tout aussi curieuse et qui vient à peine de disparaître sous l’impitoyable outil des démolisseurs ; je veux parler du vieux pont Morand. M. Théodore Aynard, avec sa COMPTE RENDU. MT LO) verve inépuisable, en vous faisant l'historique de celui qu'il appelle si bien l’aîné de vingt-trois ponts bâtis sur nos fleuves, vous a peint toute une page de notre propre histoire au XVIII° siècle, personnifiée par les deux grands bienfaiteurs de notre cité, Antoine Morand et son digne émule Antoine Perrache. Tous deux rêvaient l’agrandissement de la ville, mais chacun à sa manière. Perrache voulait la prolonger dans le sens de sa longueur, à travers la presqu’ile qui porte aujour- d’hui son nom. Morand, reliant par un pont le cœur de la ville à la rive dauphinoise, créait, pour ainsi dire, une ville nouvelle à côté de l’ancienne cité. Terminéen 1774, ce pont de bois, qui vécut plus d’un siècle, ne paraissait devoir servir dans le principe que de simple débouché pour la promenade dans les campagnes voisines. Ce n’est qu’à partir de 1826, lors du relèvement du cours qui conserve le nom de Morand, que le quartier nouveau prit bientôt un réel et rapide développe- ment. Un jour, le pont à peine construit, les orages de la Révolu- tion menacent son existence. Dubois-Crancé tente de l’incen- dier pendant le siège. Mais Morand, défendant lui-même son œuvre, parvient à la sauver. Plus tard, injustement con- damné par ses concitoyens à périr avec tant d’autres victimes au milieu des fusillades des Brotteaux, c’est sur ce même pont, créé par lui, que Morand franchira le Rhône pour la dernière fois ! Il est un autre chapitre de notre histoire lyonnaise qui a été exposé avec un plein succès devant vous. Je veux parler de la fondation et de l’histoire de notre Chambre de commerce au XVII° siècle. Personne ne pouvait traiter pareil sujet avec plus d’autorité que notre collècue M. Pariset. La première création d’une Chambre, succédant aux essais d’une organi- sation en quelque sorte rudimentaire, remonte à Henri IV en 1604. Elle était exclusivement constituée par les membres I1O COMPTE RENDU. du Parlement et siégeait à Paris. Colbert, le premier, y fit admettre des négociants, et institua, pour correspondre avec elle, trois conseils provinciaux dont l’un deux comprenant le Lyonnais, le Languedoc et la Provence, avait pour centre notre ville. A la fin du XVII" siècle, de nouveaux édits modifièrent ce régime : la Chambre de Paris devint Conseil central, admettant dans son sein des représentants de la province qualifiés de députés du commerce. En même temps des chambres locales furent créées pour servir d’intermédiaires entre le pouvoir central et les négociants des provinces. La Chambre de Lyon fut ainsi constituée par un arrêt du Conseil d’État en date du 20 juillet 1702; mais c’est seulement le 31 août de la même année qu’elle tint sa première séance. Déjà à cette époque la question du libre-échange passionnait les esprits; de longues luttes s’élevaient entre Paris et la province : les députés du commerce étaient, en principe, hos- tiles aux entraves qui gênent de toute part la liberté des tran- sactions commerciales, tant à l’intérieur qu’à l'extérieur. Mais Lyon fit exception, et durant tout le XVIII® siècle, sa Cham- bre de commerce fut essentiellement protectionniste. À notre grand regret nous ne pouvons suivre ici, avec tout le déve- loppement que comporte pareil sujet, les phases successives de l’histoire de la Chambre de notre ville. Mais nous sommes certain d'avance que cette première partie du grand travail que prépare M. Pariset sera vivement goûtée des historio- graphes et des économistes. Enfin, pour en finir avec notre histoire locale, il me reste à vous rappeler, Messieurs, l’œuvre si éminemment charitable, si généreusement philanthropique qui préside aux bons soins journellement accordés aux pauvres malades dans nos hôpi- taux. A l’occasion d’un travail de M. Ravarin, sur l'assistance COMPTE RENDU. QE publique, M. Caillemer a étudié devant vous, successivement l’action de la charité individuelle, celle des sociétés libres, et enfin la charité officielle à laquelle on a reproché de multiplier les pauvres. Et pourtant cette charité est bien réellement indispensable! Comment, par exemple, assister sans elle les enfants trouvés ? Comment secourir les malheureux aliénés ? Après avoir constaté la nécessité des hôpitaux, M. Caillemer aborde successivement les questions relatives à l’assistance hospitalière, la laïcisation contre laquelle il se prononce, les bureaux de bienfaisance et leurs conditions d'autorisation. Il examine enfin, en terminant, les opinions qui inclinent vers la décentralisation absolue de la charité, et celles des socia- listes d’État qui ne songent qu’à la charité officielle. M. le D' Bouchacourt qui, durant les longues années d’une carrière si honorablement remplie, a pu, mieux que personne, apprécier à sa juste valeur cette organisation toute particu- lière de nos services hospitaliers, est venu dans deux séances vous en exposer les détails si peu connus et si mal appréciés du public. Dans le principe, l’organisation de notre grand Hôtel-Dieu fut d’abord exclusivement laïque. Plus tard, le soin des malades fut confié à des filles repenties. C’est par une assez longue transition que se sont formées ces quasi-reli- gieuses, vivant sous la direction de ladministration laïque des recteurs des hôpitaux. Ce ne sont pas des religieuses, en ce sens qu’elles ne font partie d'aucun ordre, et pourtant une ardente foi chrétienne les inspire et les soutient dans leur pénible mission. Elles ne font aucun vœu et sont libres de se retirer quand bon leur semble. Mais, hâtons-nous de le dire, il en est bien peu qui usent d’un tel droit. Toutes, au contraire, briguent avec ardeur cette modeste croix d’argent qui brille sur leur poitrine, seule et unique récompense qu'elles atten- dent en ce monde, après un long et pénible noviciat. Vous le voyez, Messieurs, l’Académie a consacré cette 12 COMPTE RENDU. … année une bien large part de son temps à l'étude de nos ins- titutions locales. Et encore, je n’ai fait qu’effleurer bien des sujets, laissant de côté, à mon grand regret, crainte d’être en- traîné trop loin, les intéressantes discussions soulevées dans vos séances à l’occasion de ces communications. Ce sujet épuisé et tout en restant dans le même ordre d’idées, passons en revue ce qui a été dit relativement à l’histoire et à l'archéologie dans d’autres pays. Vous parler du grand Rhamsès IT ou Sésostris, c’est pres- que vouloir remonter au déluge! Et pourtant, grâce à notre collègue M. Emile Guimetremplacécejour-là par M. de Millouë, directeur de ce riche musée que nous voyons partir avec tant de regrets, vous avez pu voir sous plusieurs faces la vivante image du grand roi. Exhumé il y a quelques mois à peine du trésor de Deir-el-Bahri, où il était enfoui, le sarcophage du conquérant égyptien fut ouvert le 1° juin de cette année, en présence du khédive et d’une foule de savants accourus pour assister à une pareille découverte. Dépouillée des nombreuses bandelettes qui protégeaient son corps tout entier, vous avez vu apparaître la belle figure de Sésostris après trente siècles de repos, respirant peut-être plus de force que de finesse, mais encore empreinte d’un air de majesté et d'autorité tel qu’on était en droit de l’attendre chez un pareil monarque. Avec M. Vachez, vous avez suivi M. le D' Schliemann dans les fouilles de la colline d'Hissarlie, fouilles qui ont amené la découverte des ruines superposées de sept villes, toutes de date sans doute bien incertaine, mais dont l’avant-dernière, encore ensevelie sous une épaisse couche de cendres, paraît être la grande cité de Priam, incendiée par les Grecs, et qui s'élevait déjà sur les ruines d’une première ville encore plus ancienne. Dans une autre séance, M. Vachez vous a également rendu Où COMPTE RENDU. I compte d’un travail de M. Charles Legoux, intitulé Histoire de la Chapelle-sous-Bourbon, et a conclu, avec l’auteur, en montrant tout l'intérêt que l’on pouvait rencontrer dans l'étude des annales d’un pays, souvent de peu d'importance, en vue d’une histoire plus générale et plus étendue. À propos d’un ouvrage dont M. Bazin, Directeur du Lycée de Saint-Rambert, a fait hommage à l’Académie, notre regretté collègue, M. Emile Belot, vous a fait une lecture sur la République des Lacédémoniens de Xénophon. Plusieurs auteurs ont cru devoir contester à Xénophon la paternité de cet important ouvrage. M. Bazin, après en avoir fait un examen des plus approfondis au point de vue de la linguis- tique, n'hésite pas à reconnaitre dans sa facture la plume de l’auteur de la Cyropédie et de l’Anabase. I] arrive ainsi à fixer la date de sa composition et détermine dans quelles conditions il a pris naissance. C’est un écrit de circonstance, une sorte de programme du parti conservateur de Sparte, en réponse au manifeste des novateurs dont parle Plutarque. M. Belot explique de quelle manière M. Bazin est parvenu à de telles conclusions. C’est en suivant une méthode subjective, qui tient compte, non seulement des opinions personnelles de l’auteur, mais encore de toutes les circonstances morales et politiques au milieu desquelles 1l s’est trouvé. Il y a, en effet, à considérer dans l’histoire une sorte de réfringence morale et intellectuelle ; il faut aller jusque dans l'âme des auteurs, si l’on veut faire œuvre vraie. Certes, il ne s’agit nullement de mépriser les recherches de pure érudition qui sont comme la base fondamentale de l’œuvre elle-même, mais il convient de leur assigner leur rang véritable. Ainsi, la critique objective n’est nullement négligée dans le livre de M. Bazin, mais c’est grâce à l’application de cette méthode subjective elle-même, qu'il a pu atteindre si heureusement sa conclusion. 14 COMPTE RENDU. Vous avez encore entendu M. Caillemer vous donner lecture de l'introduction d’une étude qu’il prépare sur les officialités. On qualifiait jadis d’official un clerc qui exerçait la juridiction réservée à l’évêque. A partir du XII° siècle, on rencontre presque partout des officiaux, par cette raison que l'intro- duction, dans la procédure ecclésiastique, des formes juri- diques du code Justinien nécessite la présence de jurisconsultes ayant des connaissances spéciales. Avant cette période, ces sortes de tribunaux étaient ordinairement présidés par des archidiacres qui, parfois, voulaient opposer leurs droits à ceux de l’évêque. L’official, au contraire, n'avait qu’un man- dat purement personnel, toujours révocable; c'était en réalité un véritable prêtre jurisconsulte; un concile de Tours exige qu'il ait fait cinq années d’études de droit. A Lyon, on trouve le nom d’un official dans une charte de 1204. Mais la magistrature de l'officialité ne parait bien définie que dans une autre charte de 1227, où il est question de l’offictalis Lugdunensis. Un de nos membres correspondants les plus assidus, M. Albert du Boys, est venu cet été vous entretenir des suites de la mort de Thomas Becquet, sous le règne d'Henri II. Le roi d'Angleterre, quoique attéré par la mort de l’arche- vêque de Cantorbéry, n’osa pourtant point faire poursuivre ses meurtriers, sous prétexte que ces poursuites dépendaient de l'autorité ecclésiastique. Ce ne fut qu’un an après la perpé- tration du crime, et sous la pression de l'autorité publique, que les coupables, soumis à la justice du Pape, furent con- damnés à passer quatorze années en Terre-Sainte. Mais l'arrêt fut mal exécuté, et M. Albert du Boys nous montre les coupables regagnant successivement la Normandie et l’Angle- terre, après un court séjour en Orient, alors que la légende populaire les fait tous périr en exil de mort violente. Quant au roi Henri IT, il dut faire amende honorable en recevant la Ce . “ COMPTE RENDU. ira flagellation sur la tombe du saint martyr. Ce meurtre eut pour conséquence, non seulement la canonisation de sa malheureuse victime, et la restitution des biens spoliés, mais encore des concessions considérables en matière de juridiction ecclésiastique que le roi dut faire au clergé, concessions con- sacrées en 1175 par le concile de Westminster. Des faits historiques à l’étude de la chronologie, la tran- sition est toute naturelle, et dans plusieurs de ses séances l’Académie s’est entretenue de cette importante question. A l’occasion du Jubilé lyonnais, dû, cette année, à la coin- cidence de lanriversaire de la Nativité de Saint-Jean-Baptiste avec la Fête-Dieu, le 24 juin, on a agité le problème de la détermination des dates de toutes les années où le même fait devait se reproduire. A la suite d’une intéressante discus- sion à laquelle ont pris part MM. Allésret et Lafon, nos savants mathématiciens arrivent à conclure que c’est seule- ment dans cinquante-sept ans, en 1943, qu’un pareil concours de circonstances pourra se représenter. A ce propos, M. Allégret a mis sous les yeux de l’Académie une table à double entrée qu’il a construite depuis longtemps, et qui permet d’obtenir, à la simple inspection, la date de la fête de Pâques, jusqu’au cinquantième siècle de notre ère. Cette table, plus utile encore peut-être pour le passé que pour l'avenir, permet de contrôler un grand nombre de dates anciennes, lorsque l’on connaît la date d’une fête mobile chré- tienne. C’est ainsi que la mort de Constantin-le-Grand, le 22nai Jourde la Pentecote. ixertl'année dencette mors HO 0 7e Dans une autre séance, M. Allégret a développé devant vous diverses considérations nouvelles sur l’époque des ères anciennes les plus célèbres, telles que la prise de Troie, la fondation de Rome, l’origine des Olympiades, etc. Au lieu de supposer, ainsi qu'on le fait ordinairement, que les anciens 10 COMPTE RENDU. avaient pour la même ère une incertitude de plusieurs années, M. Allégret croit pouvoir démontrer que les divergences des auteurs s'expliquent par une manière différente de commencer l’année civile, par exemple soit au printemps, soit à l’au- tomne. M. Allégret, dans cette première partie de son étude chronologique, s’est particulièrement attaché à l’ère orientale, dite ère césaréenne d’Antioche, dont le point de départ précis est un décret de Jules-César daté d’'Antioche, au printemps de l’année qui a suivi la dictature de César à Pharsale. Dans le même ordre d'idées, vous avez entendu la lecture de notre confrère M. Charvériat, sur les difficultés que ren- contra dans l'empire allemand, l'adoption du calendrier Grégorien. C’est à la suite des erreurs qui résultaient de l'emploi du calendrier Julien, que le pape Grégoire XIII sou- mit la question à une commission en 1578, et prescrivit l'adoption du calendrier qui porte son nom, par une bulle du 24 février 1582. Il s’agissait pour rétablir à la chronologie sa véritable valeur, de supprimer dans la même année, et une fois pour toutes, dix jours consécutifs, du 4 au 15 octobre. Cette mesure, pourtant bien nécessaire, souleva, notamment en Allemagne, de graves difficultés. Ce ne fut qu’à la suite d’une nouvelle bulle pontificale que Rodolphe II se décida à fixer dans ses États la suppression des jours compris entre le 6 et le 17 janvier 1584, pour accomplir la réforme grégo- rienne. Mais, en réalité, ce n’est qu’en 1775 que ce calen- drier fut adopté d’une manière définitive dans les États de l'empire. A ce même genre d’études chronologiques basées sur des données essentiellement astronomiques, il convient de rattacher la vie d’un grand savant qui a joué un rôle prépondérant dans toutes ces questions scientifiques. Votre secrétaire de la classe des sciences, M. J. Bonnel, vous a donné lecture d’une étude des plus intéressantes sur la vie et les travaux de nn € à SE COMPTE RENDU. 17 Copernic. Recu docteur à Cracovie à l’âge de vingt-trois ans, le célèbre astronome occupa à Rome une chaire de mathéma- tiques, de 1499 à 1504. C’est lui qui le premier démontra la rotation diurne de la terre sur son axe et sa translation annuelle autour du soleil. Mais ce n’est qu'après trente-six années d’études et de recherches qu’il parvint à établir d’une manière complète sa grande et belle théorie. Pourtant, l’idée de faire du soleil le centre du monde avait été déjà soutenue au moyen-âge par le cardinal de Cusa. Aussi l’Église, quoi qu'on en ait dit, eut dans toute cette question si fortement controversée à l’époque, une attitude pleine de réserve; eten plein XVI° siècle, le pape Paul IT se déclara favorable aux idées de Copernic, combattues au contraire par son digne émule Tycho-Brahé. De Copernic à Ampère, il n’y a qu’un pas à franchir, et nous le franchirons avec M. Valson, l’auteur du beau livre sur notre illustre compatriote et collègue d’autrefois. La vérité existe-t-elle, et est-il possible d’y parvenir avec certitude ? Tel est le problème philosophique qu’Ampère a essayé de résoudre dans la savante et ingénieuse théorie des rapports qui existent entre les phénomènes et les nomènes, c’est-à-dire entre les choses perçues et les choses pensées. Si Descartes le premier eut l’idée d'appliquer l'algèbre à la géo- métrie, M. Valson estime qu'Ampère le premier l’a appliquée à la métaphysique. Ce simple rapprochement fait prévoir d'avance les qualités et les inconvénients d’un pareil système. « Si ce système, dit M. Valson, n’a pas obtenu auprès des penseurs le succès dont il serait digne, on doit, en effet, l’attri- buer surtout à l'appareil technique dont l’auteur l’a environné ainsi qu’à la multiplicité des dénominations et des locutions nouvelles qui lui donnent parfois un air insolite et sont de nature à rebuter le lecteur. Il est vrai que si celui-ci consent à surmonter ses répugnances et se décide à suivre résolüment Sciences, 2 LS COMPTE RENDU le philosophe dans ses déductions, 1l en sera complètement dédommagé par l'importance des résultats. » Tout commela philosophie, les Muses ont eu leur part dans nos fêtes littéraires. M. Hignard, malheureusement retenu depuis quelques années trop loin de nous, ne nous a point oubliés et vous a adressé deux petits poèmes religieux. M. Clair Tisseur, notre nouveau collègue, vous a donné lecture de plusieurs pièces de vers, pleines de grâce et de charmes, et dont quelques-unes reproduisent certains rythmes particuliers aux poètes du XV° siècle. Après une aussi large part faite à l'étude des belles-lettres, arrivons maintenant au domaine des sciences. Ici, il faut bien l'avouer, notre tâche sera malheureusement un peu trop simplifiée. Certes, les successeurs des Fournet, des Jourdan, des Mulsant et tant d’autres, n’ont pas démérité ; et s’ils ont gardé, cette année, un silence relatif, c’est sans doute pour mieux se recueillir et préparer quelque grande œuvre nou- velle. i Déjà, avec les recherches chronologiques, nous avons fait intervenir les sciences mathématiques. M. André a entretenu l'Académie des perturbations magnétiques qui ont été cons- tatées dans son observatoire de Saint-Genis-Laval, cette année, depuis le 8 mars jusqu’au 3 avril, et dont le maximum d’inten- sité s’est produit le 31 mars. Grâce à d’ingénieux appareils enregistreurs, organisés par les soins de M. André et de ses collaborateurs, l'Académie a pu suivre ces singulières pertur- bations dans leurs moindres détails. Quant à la cause de tels phénomènes, elle est encore mal définie; peut-être faudrait-il l’attribuer, avec M. Rudolf Wals, à un déplacement des taches du soleil. Mais nos vigilants astronomes poursuivent sans relâche leurs observations incessantes ; un jour sans doute, armés de données plus complètes, ils arriveront à déterminer Ja cause première de ces étranges phénomènes. RD M me : COMPTE RENDU. [9 Notre nouveau confrère M. Gallon vous a décrit les diffé- rentes sortes de torpilles et de torpilleurs mis en œuvre aujourd’hui dans chaque pays. Question toute pleine d’actua- lité et du plus hautintérêt, mais qui implique, on le compren- dra sans peine, une sage et prudente réserve. Vous avez pu voir les différents engins servant à l'attaque ou à la défense; c'est une révolution complète dans l’ancienne tactique de l’art naval. Chaque jour voit éclore un nouveau système plus terrible et plus formidable que celui de la veille; il semble qu’il n’y ait plus de limites dans l’art de la destruction. Et si tant de génie est dépensé par les inventeurs, espérons que c’est dans le but unique d’appliquer le proverbe : Si vis pacem para bellum ! L'étude des sciences naturelles vous a valu une communi- cation à la fois scientifique et philosophique de M. le D' Saint- Lager. Notre archiviste vous a soumis une étude compa- rative de la géographie botanique et de la géographie zoolo- gique en vue de déterminer le degré de tolérance des espèces végétales et animales à l’égard des changements apportés à leurs conditions habituelles d'existence, soit par des causes naturelles, soit par l'intervention de l’homme. A laide d'exemples choisis à dessein parmi les plantes les plus connues, M. Saint-Lager montre que, depuis les temps historiques les plus reculés jusqu’à nos jours, la zone occupée par chaque espèce végétale ne s’est pas dilatée dans le sens longitudinal des méridiens, mais seulement dans la direction des lignes isothermes sensiblement parallèles à l'équateur. Outre leur importance pratique, les remarques de l’auteur méritent bien d'appeler lattention des naturalistes qui essaient d’échafau- der des théories souvent hasardées sur les variations des espèces végétales et animales survenues à travers les âges, sous l'influence des modifications subies par les milieux ambiants. 20 COMPTE RENDU. Les écrits chez les aliénés, tel est le sujet, dans un autre ordre d’idées que M. le D'Max-Simon a traité devant vous. Ces écrits peuvent être envisagés, soit au point de vue des idées qu’ils contiennent, soit au point de vue des caractères pure- ment graphiques servant à les composer. Si quelques malades ne décèlent pas toujours dans leurs discours les idées déli- rantes dont ils sont affligés, ils les laissent découvrir souvent dans leurs écrits. Extrêmement incohérents dans la manie, reflétant dans la lypémanie l’état de dépression du sujet, les écrits des aliénés dans le délire de la persécution et la mégalo- manie sont logiquement enchaînés, mais ont trait à des sujets dont la singularité n’a d’égale que lintempérance des expressions. Pour ce qui est des caractères purement gra- phiques, une étude attentive montre le type de l'écriture variant suivant chaque forme de folie et représentant, en quelque sorte mratériellement, le trouble intellectuel du malade. Dans ce même domaine des sciences naturelles, vous avez également entendu une communication de votre Président relative aux phénomènes de ségrégations. Dans les environs de Feurs, à Salvizinet, on trouve une roche granitique dont les éléments en se refroidissant se sont groupés d’une facon toute spéciale. Lorsque la roche, soumise aux influences atmosphériques, vient à se désagréger, il subsiste des noyaux solides de forme sphéroïdale analogues à de véritables petits boulets. La présence de ces prétendus boulets de pierre a donné lieu à des interprétations historiques erronées, en laissant croire qu’ils avaient pu servir dans quelques combats anciens. Il nous reste, pour terminer notre tâche, à vous entretenir des questions relatives aux beaux-arts. M. l'abbé Neyrat vous aprésenté une œuvre manuscrite, entièrement inédite, de la main même de son auteur, le grand Méhul. C’est un chant COMPTE RENDU. 21 funèbre sur la mort d’un héros, composé vers l’an 1806, comme paraît le faire supposer l'absence des violons dans l’orchestration, circonstance assez singulière, observée égale- ment dans une autre œuvre de la même époque. Dans cette partition nouvelle, on retrouve toutes les qualités de l’auteur de Joseph et de l’Zrato. Malheureusement, on n’a pas pu découvrir le nom de l’auteur du poème, ni celui du héros en l'honneur duquel ces pages magistrales ont été écrites. Plus récemment encore, à propos d’une partition manuscrite du Phaëlon de Laulli, M. Pabbé Neyrat a rappelé combien l'attention se reportait aujourd’hui sur ces vieux maîtres trop longtemps restés dans l'oubli. Lulli notamment a beaucoup gagné à cette sorte d’exhumation. Son Phaëton paraît être le premier opéra représenté dans notre ville en 1688, où il obtint un grand succès. Par la grandeur du spectacle, Phaëton fut proclamé l’opéra du peuple, alors qu’'Afys était celui du roi ct Armide celui des dames. Vous avez été conviés à une audition particulière des nou- velles orgues de Saint-Nizier. M. l'abbé Neyrat vous a rendu compte de cette solennité musicale, et vous a expliqué l’in- génieux mécanisme qui préside à l'installation de ces orgues. Des difficultés toutes spéciales se présentaient, mais grâce à une intelligente application de l'électricité, non seulement tout obstacle a été vaincu, mais encore on a pu obtenir aux trois points de vue artistique, liturgique et économique les résultats les plus satisfaisants. Deux de nos collègues, M. François Coppée, membre associé, et M. Charles Widor, membre correspondant, ont fait exécuter à Paris, au théâtre de l’Opéra-Comique, l'opéra de Maître Ambros, qui a été l’objet d’un réel et bien légitime succès. M. Emile Guimet, dont l’oratorio, Feu du Ciel, a été repris également à Paris d’une manière si brillante, vous a rendu compte de cette partition et de son libretto. 22 COMPTE RENDU. Vous devez également à M. Emile Guimet la lecture d’un travail fait en collaboration avec M. Félix Régamey, sur le théâtre au Japon. Les pièces japonaises, ainsi que les pièces chinoises peuvent se classer entrois genres : le genrehéroïque, le genre fantastique et la comédie de mœurs. En général, le fond de la pièce est à peu près le même que chezles Européens: c'est la lutte des grands pour s’emparer du pouvoir ; ce sont les péripéties de la guerre civile ; c’est le dévouement jusqu’à la mort, du serviteur à l'égard de son maître ; enfin c’est la passion de l'amour sous toutes ses formes, avec ses dénoue. ments les plus divers. Dans les pièces comiques, le sujet est presque toujours emprunté à l’une des découvertes modernes de la civilisation européenne, et les farces y ressemblent assez, pour le vif et le piquant, à celles du grand Molière. Les danseuses ne sont pas admises au théâtre. Mais que dire de la musique japonaise, sinon qu’elle blesse singulièrement les oreilles des Européens? Et pourtant il existe à Kioto un conservatoire de musique et de déclamation, où les élèves qui y sont admis apprennent, au bout de deux années d'étude, à chanter faux avec une justesse parfaite. Au milieu de ses nombreux travaux, l’Académie, cette année a été cruellement frappée par la perte de plusieurs de ses membres. Au commencement de l’année, c'était d’abord M. Reveil, membre associé de notre Compagnie, ancien maire de Lyon, et qui, durant une longue carrière d’une vie bien remplie, a joué un rôle politique des plus importants dans notre cité. Quelques jours après, c'était M. Jean Reïgnier, le peintre de fleurs, dont nous avons si souvent admiré le charme et la grâce de la palette dans nos expositions de tableaux. Pendant les vacances, un nouveau vide se faisait encore dans la section des beaux-arts : M. Joseph-Hugues Fabisch, le créateur des vierges de Fourvières et de Lourdes, rendait à Dieu sa belle âme. Enfin, il y a quelques semaines à RP ET PE ENRE COMPTE RENDU. 2 3 peine, l'Académie conduisait à sa dernière demeure l’auteur de l'Histoire des Chevaliers romains, M. Emile-Joseph Belot, enlevé à l'estime et à l'affection de tous, après une longue et bien cruelle maladie. Trois de nos collègues de la classe des sciences ont quitté notre ville: M. Chauveau, nommé, à la presque unanimité des suffrages, membre de l'Institut; M. Delocre, appelé à Paris par un brillant avancement dans sa carrière; et enfin M. Loir, ancien doyen de notre Faculté des sciences. Vous nommerai-je encore M. le D' Bouchacourt? Après vingt-trois années de présence au milieu de nous, dont une année con- sacrée à la présidence, il a tenu à céder sa place à un plus jeune collègue. Vous l’avez nommé membre émérite. Nous aimons à espérer qu'avec ce nouveau titre il restera encore auprès de nous au moins aussi longtemps que par le passé. Il importait de combler de tels vides, et vous avez appelé cette année MM. Arloing, Gallon, Clair Tisseur, Leger et Sicard à prendre place au milieu de vous. Est-il besoin, Messieurs, de vous rappeler ici les nombreux titres qui mili- taient en leur faveur? Chacun de ces nouveaux collègues re- présente dans sa spécialité une des plus hautes expressions du monde des sciences, des lettres et des arts; et s’ils ne font point oublier le souvenir vénéré de ceux qui les ont devancés, du moins nous sommes certain d'avance qu’ils en occuperont dignement la place. J'ai terminé, Messieurs, l'exposé sommaire des principaux faits qui se sont accomplis durant cette année au sein de votre Compagnie. Sije me suis attardé sur ma route, si je me suis laissé entrainer plus loin peut-être que je ne l’aurais dû, la faute, pardonnez-moi de vous le dire, en est un peu à vous. Elle vous démontre, par la multiplicité des sujets que j'ai dû traiter, combien l’Académie travaille et quelle incessante acti- vité elle déploie. Elle vous prouve encore la part constante 24 COMPTE RENDU. qu’elle prend chaque jour au mouvement scientifique, litté- raire et artistique de notre époque et des temps passés. Placée, il y aura bientôt deux siècles, à la tête d’une cité éminemment intelligente et laborieuse, l’Académie des sciences belles-lettres et arts de Lyon, forte de son brillant passé, et justement fière desillustres exemples laissés par ses devanciers, tient à marcher dignement sur leurs traces. Comme eux, elle portera toujours haut et droit le drapeau de l'honneur, du devoir et du travail. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE MR, FPE ER PIN LU A L'ACADÉMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON Dans la séance publique du 27 juin 1887 PAR M. DTALSON Doyen de la Faculté libre des Sciences. La Commission était composée de MM. PARISET, GUIMET, SAINT-LAGER, ALLÉGRET, BONNEL, CAILLEMER, président, et VALSON, rapporteur. MESSIEURS, Parmi les prix dont l’Académie peut disposer, 1l en est plu- sieurs qui ont pour objet spécial de récompenser des travaux de science appliquée ; la fondation du prix Herpin, sans né- gliger les applications pratiques, fait appel cependant à des recherches d’un ordre plus élevé dans le domaine de la physi- que et de la chimie. C’est là sans doute ce qui explique pour- quoi les candidats sont assez rares. Le concours, ouvert en 1870, pour l'année 1883, a dû, faute de concurrents, être pro- rogé jusqu’à l’année 1887 ; aujourd’hui même, la Commission se trouve en présence de deux candidats seulement. Il est vrai qu’il s’agit de deux savants d’un grand mérite, de sorte que la Commission aurait éprouvé un véritable embarras si elle s’é- Sciences, 3 26 PRIX HERPIN. tait vue dans la nécessité de faire un choix et d'adopter l’un en excluant l’autre, ou simplement en l’ajournant:; heureusement les revenus de la fondation Herpin, accumulés pendant plu- sieurs années, ont permis à l’Académie de faire une exception à ses habitudes, et de récompenser également, dans la per- sonne des deux candidats, des travaux d’une valeur considé- rable. Par leur fait, la fondation Herpin va probablement prendre une importance nouvelle; le niveau des recherches qu’elle provoque sera relevé, et l’on saura qu’il se rapproche davan- tage des régions de la science pure. L’Académie constate avec satisfaction ce progrès, et elle en profite pour attirer plus par- ticulièrement dans cette direction l’attention des chercheurs, et je dois ajouter aussi l’attention des donateurs, auxquels je signalerai une lacune regrettable dans la destination des prix que nous devons à leurs généreuses libéralités. Grâce aux fondations qu’elle possède déjà, l'Académie est en mesure de récompenser le mérite sous des formes très di- versées; ainsi, par exemple, elle peut récompenser les artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, qui ont produit des œuvres remarquables ; les ingénieurs qui, par leurs travaux, ont per- fectionné, en quelque point, les industries régionales; elle peut venir en aide à des jeunes gens studieux, d’un talent déjà éprouvé, en leur donnant le moyen de continuer et d’a- chever leurs études, à l’abri des préoccupations de la vie ma- térielle ; enfin les mérites de l’ordre moral rentrent aussi dans les attributions de plusieurs de ses prix; non pas que lAca- démie ait la prétention de récompenser ce qui est au-dessus de toute récompense humaine, la vertu, mais elle peut du moins l’honorer et lui venir en aide, notamment dans la per- sonne des maîtres qui se dévouent à l’enseignement de la jeu- neste. Toutefois, dans cet ensemble, les régions supérieures de l'intelligence ont été un peu délaissées, et c’est là une la- cune qui ne saurait trouver une Académie indifférente. PRIX HERPIN. 27 Le moment ne semble-t-il même pas venu de réaliser un progrès dans ce sens? Depuis plusieurs années, en effet, un mouvement important s’est produit dans notre grande cité, au point de vue de l’enseignement supérieur ; les anciens établissements ont recu des développements multiples ; de nouveaux établissements ont été fondés ; l’initiative privée est elle-même entrée en campagne; chacun a rivalisé de zèle et d'efforts, et aujourd’hui, nous pouvons le constater comme un fait, il n’existe pas en France, après Paris, de ville qui soit organisée aussi complètement que la nôtre au point de vue des hautes études. En présence d’une telle situation, il semble que nous som- mes autorisés à faire appel à nos donateurs. Dans ces derniers temps, des fondations nouvelles et impor- tantes ont été instituées; serait-il absolument téméraire d’ad- mettre que la veine de ces intelligentes libéralités n’est pas épuisée ? Et s’il en est ainsi, je m’adresserai à ces bienfaiteurs de l'avenir (je souhaite qu’il y en ait dans cette assemblée d’é- lite, et que ma parole trouve un écho auprès d’eux), et je leur signalerai volontiers l'utilité et l'opportunité defondations ayant pour objet de provoquer et de récompenser les recherches et les travaux théoriques dans les divers ordres des connaissan- ces humaines : dans les sciences, les lettres et les arts; car, il ne faut pas l’oublier, si les applications pratiques donnent surtout satisfaction aux intérêts, très respectables d’ailleurs, de l’industrie et du commerce, c’est en définitive dans les régions supérieures de la science que setrouve lasource féconde de tous les progrès. Après avoir été amené à formuler ce vœu, à l’occasion du présent concours, qu’il me soit permis d'ajouter que nous avons encore un autre motif de nous féliciter, en considérant la valeur personnelle des savants qui nous ont apporté leurs travaux. Une Académie est toujours heureuse quand ses 28 PRIX HERPIN. appels sont entendus, quand elle voit venir à elle des hommes qui ont vraiment travaillé; des savants jeunes et vaillants qui, dès le début de leur carrière, se signalent par des œuvres sérieuses. C’est précisément ce qui arrive aujourd’hui, comme vous allez en juger. Je parlerai d’abord des travaux du premier candidat inscrit, M. Émile Marchand, ayant pour objet les perturbations du magnétisme terrestre. Par sa famille, M. Marchand appartient à la région lyon- naise. Après avoir commencé ses études à Bourg, sa ville na- tale, il est venu les terminer au Lycée de Lyon, où il a fait son cours de mathématiques spéciales. Attaché à l'Observa- toire astronomique et météorologique de Lyon depuis sa fon- dation, il a contribué efficacement à l’organisation de la sta- tion du Parc et du Mont-Verdun; depuis trois ans, il est mé- téorologiste adjoint à l'Observatoire et est, de plus, chargé du service magnétique de l’établissement. C’est dans ces conditions que M. Marchand a entrepris et poursuivi avec persévérance, depuis deux ans, une série de recherches sur les relations du magnétisme terrestre avec les phénomènes mécaniques et chimiques dont le soleilestle siège. La question avait été déjà abordée antérieurement par di- vers astronomes et physiciens d’un grand mérite, qui avaient cru reconnaître certaines relations entre les recrudescences des actions magnétiques et la présence de taches plus fréquen- tes à la surface du soleil ; mais il s’agissait, jusqu’à présent, de rapprochements un peu vagues et d’idées théoriques qui avaient besoin d’être contrôlées plus rigoureusement par l'expérience. Il semble que, par ses savantes recherches, M. Marchand a fait faire à la question un pas décisif, et, s’il n'a pas résolu complètement le problème, il a du moins réalisé un véritable et très sérieux progrès ; d’après l'avis des savants les plus compétents, les relations remarquables auxquelles il PRIX HERPIN. 29 est parvenu sont ce qu’il y a de plus net et de plus certain sur cette question depuis longtemps controversée. Ce n’est pas ici le lieu d'exposer en détail les éléments d’une question scientifique qui, par elle-même, est des plus ardues et des plus délicates. Je voudrais du moins essayer de donner, en quelques mots, une idée générale du problème et d’en esquisser la solution. A cet effet, je rappellerai d’abord quel- ques souvenirs dignes de toute votre attention. Au commencement de ce siècle, notre Académie de Lyon comptait parmi ses membres un jeune savant de vingt-huit ans, qui s'était déjà fait connaître par de beaux travaux d’analyse mathématique, et qui devait bientôt devenir célèbre ; vingt ans plus tard, 1l enrichissait la physique par ses magnifiques dé- couvertes et prenait rang parmi les maîtres les plus illustres de la science; aujourd’hui, sa ville natale se prépare à lui élever une statue sur l’une de ses places publiques; déjà le piédestal est debout, et, dans peu de mois, la ville de Lyon verra accourir de toute part les représentants les plus auto- risés de la science, en France et à l'étranger, pour célébrer avec elle la fête du cinquantième anniversaire d'Ampère. Or, la gloire d'Ampère consiste surtout à avoir été un lé- gislateur scientifique. C’est lui qui a découvert et démontré les lois fondamentales des actions électriques et magnétiques ; en même temps, il en a déduit l'explication de plusieurs des grands phénomènes de la nature. Dans sa théorie, la terre est un immense aimant, du genre des solénoïdes (on appelle ainsi des assemblages de courants électriques circulaires et parallèles qui se comportent comme les aimants naturels). Le soleil, de son côté, est un autre gi- gantesque aimant. Il existe cependant entre les deux une énorme différence au double point de vue des dimensions et surtout de l’activité. Depuis bien des siècles, la terre a ter- miné sa phase d’astre incandescent pour entrer dans la lon- 30 PRIX HERPIN. gue et paisible période des astres éteints ou planètes. Toute- fois, à l'exemple de ces vieux généraux qui, au sein d’une retraite bien méritée, s'émeuvent encore au récit des grands faits d'armes et des batailles lointaines, de même la terre s’émeut à sa manière et tressaille sous l'influence des grandes batailles de la matière qui se livrent dans le soleil. En d’autres termes, et pour parler sans figure, les phéno- mènes magnétiques, dont s’est occupé M. Marchand, se rat- tachent directement, comme nous le verrons bientôt, aux théories d'Ampère, et son travail peut être considéré comme un nouveau chapitre ajouté au livre, toujours ouvert depuis plus d’un demi-siècle, où se trouvent inscrites les conséquences des découvertes de notre illustre concitoyen. Essayons maintenant de donner une idée du phénomène lui-même, ainsi que des résultats obtenus par M. Marchand. Dans les idées habituellement admises, le soleil doit être considéré comme constitué par l’accumulation d’une immense quantité de matière, incandescente et douée d’une activité mécanique prodigieuse. À la surface, sous l'influence du froid des espaces célestes, et en raison de la déperdition causée par le rayonnement de l’astre, il se produit une condensation sous la forme de pluie lumineuse; de là la photosphère qui nous envoie sa lumière et sa chaleur. Si celle-ci n’était pas fréquemment renouvelée, elle s’éteindrait rapidement, le soleil passerait lui-même à l’état de planète obscure, et ce serait fatalement pour nous la fin du monde. Mais, par suite de l'effervescence intérieure, il surgit, du sein de la masse, de puissantes poussées de matière embrasée et gazeuse qui tra- versent certaines régions de la photosphère, à la manière des éruptions volcaniques, et lui restituent incessamment l’éner- gie perdue. Les parties du disque solaire où ces phénomènes ont lieu sont appelées régions d'activité; elles sont caractérisées par PBIX HERPIN. 3r la présence de points ou de bandes plus brillantes appelés facules ; au milieu des facules, on voit apparaître assez fré- quemment des points noirs appelés faches, ou simplement pores lorsqu'ils sont de moindre dimension; enfin les érup- tions de la matière intérieure donnent lieu au phénomène des protubérances, qui se produisent surtout au-dessus des fa- cules. Les régions d’activité du soleil sont le siège de bouleverse- ments prodigieux dont rien, sur notre terre, ne saurait donner une idée. On pourra en juger par les nombres suivants qui mesurent les dimensions réelles des phénomènes, en prenant pour unité le diamètre de la terre. Le diamètre des taches est souvent supérieur à trois diamè- tres terrestres, et atteint quelquefois neuf ou dix diamètres. L'espace occupé par une région d’activité à la surface du soleil, et comprenant un ensemble de facules, équivaut sou- vent à vingt ou trente diamètres, ce qui représente 400 ou 900 fois la surface de la terre. Les protubérances forment des jets qui s’élèvent habituel- lement à une hauteur de cinq à dix diamètres terrestres, et quelquefois de 20 à 25 diamètres, c’est-à-dire environ un quart du diamètre solaire. Dans ces protubérances, la matière est projetée avec une vitesse de 150, 200, 300 et même 550 kilomètres par seconde; ce dernier chiffre représente une vitesse équivalente à 700 fois celle d’un boulet au sortir de la bouche du canon. Ajoutons enfin que tous ces phénomènes, facules, taches, protubérances, changent d’aspect et se transforment avec une rapidité extrême, dans l’espace de quelques jours, souvent même de quelques heures. L'objet essentiel du travail de M. Marchand est d’étudier l'influence des régions d’activité du soleil sur les perturba- tions du magnétisme terrestre. Voici d’abord les faits. 32 PRIX HERPIN. Le soleil ayant un mouvement de rotation sur lui-même, dont la durée est de 27 jours à peu près, les régions d’acti- vité, qui participent à ce mouvement, se présentent à la terre sous des aspects variables et périodiques; nous appellerons époque de passage le moment où la région d’activité se trouve le plus rapprochée possible du centre du disque solaire par rapport à l'observateur terrestre. Cela posé, si l’on suit l'effet du phénomène solaire sur les barreaux aimañtés, on recon- naît que l’action commence quelque temps avant l’époque du passage ; elle arrive à son maximum à l’époque même du pas- sage ; puis elle va en diminuant. En d’autres termes, « cha- que passage d’une région d’activité du soleil correspond au maximum d’une perturbation magnétique, et réciproque- ment ». Cette loi a été vérifiée par une série de deux années d'observations, à de très rares exceptions près. Mais il y a plus ; lorsque, par suite de la rotation mensuelle du soleil, une région d’activité passe plusieurs fois près du centre du disque, chacun de ces passages, séparés par 27 Jours, correspond à un nouveau maximum de perturbation. Citons, comme exemple de ce fait, une région d’activité qui est reve- nue six fois de suite au passage, et qui a donné les deux gran- des perturbations du 9 janvier et du 30 mars 1886, et une autre qui est revenue onze fois et qui a donné, en particulier, les deux fortes perturbations du 23 juin et du 13 septembre 1880. Après les faits, voici l'explication théorique proposée par M. Marchand. Elle repose sur deux emprunts faits, l’un à Ampère, l’autre à Descartes. Et d’abord, l’étude des phénomènes conduit à admettre que, dansles grands bouleversements solaires, il se produit des courants électriques puissants qui fonctionnent à la manière des solénoïdes d'Ampère. Mais cette hypothèse en entraîne immédiatement une autre, à savoir que la matière du soleil PRIX HERPIN. 33 est animée de mouvements tourbillonnaires ; on a déjà cons- taté l’existence de mouvements de ce genre dans l’intérieur des taches et des protubérances, et il est naturel de supposer qu’il en est de même dans toute l'étendue de la région active recouverte par l’ensemble des facules. C’est ainsi que les astronomes, à la suite des physiciens, sont ramenés peu à peu à cette théorie des tourbillons de Des- cartes, jadis si décriée par les savants de l’école Newtonienne. Peut-être en sera-t-il bientôt de cette théorie comme de celle des ondulations en optique qui, après avoir été contredite systématiquement pendant deux siècles, a fini par obtenir un triomphe éclatant avec les découvertes et les beaux travaux des Yung, des Fresnel et des Cauchy. L'occasion n'est-elle pas favorable pour constater, une fois de plus, combien le vérita- ble esprit philosophique est nécessaire dans la science ? Ce serait en effet la seconde fois que notre grand philosophe français aurait eu raison sur les savants purs, et que son coup d'œil aurait porté plus loin et pénétré plus avant dans la di- vination des secrets de la nature. Je vous ai présenté, Messieurs, une esquisse sommaire des belles recherches de M. Marchand; j’ajouterai qu’elles ont été faites à l'Observatoire; c’est là seulement qu'elles étaient possibles; et je ne terminerai pas cette partie de mon rapport sans rendre un légitime et nécessaire hommage à l’éminent Directeur de cet établissement, qui est en même temps notre confrère à l’Académie; c’est en effet sous sa direction et avec ses conseils que ces travaux ont pu être entrepris et conduits à bonne fin : mais puisque, par un sentiment de discrétion et de délicatesse que nous devons respecter, il a voulu s’effacer et laisser tout l’honneur à son habile collaborateur, nous n’insis- terons pas nous-même, et nous nous bornerons à féliciter M. Marchand de travailler dans un établissement scientifique où l’on met loyalement en pratique cette sage maxime : « Celui PORC qui a été à la peine doit être à l’honneur. » 34 PRIX HERPIN. Maintenant, si vous le voulez bien, Messieurs, nous redes- cendrons du soleil sur la terre, et ce sera pour assister encore, sous la conduite de M. Vautier, à une nouvelle bataille de la matière ; le champ, pour être infiniment plus circonscrit, n’en sera pas moins fécond en résultats du plus haut intérêt. M. Théodore Vautier remplit les fonctions de maître de conférences de physique à la Faculté des sciences; il appartient à une famille qui occupe une situation considérable dans notre ville, et rien ne lui aurait été plus facile que de se créer une position honorable et avantageuse sans s’assujettir aux rudes labeurs que la science exige de ses adeptes. Il a préféré ac- cepter cette austère discipline, et consacrer aux travaux de science pure ses talents, son temps et sa peine; que M. Vautier nous permette de le féliciter de son choix intelligent et désin- téressé, et de le proposer comme un noble et salutaire exemple à ceux de nos jeunes compatriotes qui sont en mesure de faire un choix analogue. Quel profit ce serait pour la science! Entrons avec lui dans champ de bataille qu’il s’est réservé ; nous allons y rencontrer tout d’abord de singulières sur- prises. On chauffe de l’eau dans une chaudière à vapeur dont la soupape de sûreté est fortement chargée ; l’eau passe à l’état de vapeur ; à mesure que la chaleur augmente, la tension croît rapidement ; la matière entre en insurrection et, si la chau- dière était hermétiquement fermée, la lutte se terminerait par une formidable explosion. Heureusement la soupape est là; mais comment va-t-elle fonctionner? — C'est bien simple, me répondrez-vous ; la soupape s'ouvre et laisse échapper l'excès de vapeur jusqu’à ce que la pression soit revenue à l’état normal. — Eh bien! les choses se passent tout autrement, au moins à l’origine du phénomène, et c’est le cas de répéter avec le poète : Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. PRIX HERPIN. 30) En réalité, la soupape ne s'ouvre pas, comme on pouvait s’y attendre ; elle s’entr'ouvre à peine, laisse passer un très mince jet de vapeur, et s'arrête brusquement à une très faible distance de l’orifice; il y a plus, pour achever d'ouvrir la sou- pape, il faut exercer sur elle une traction. Enfin, circonstance encore plus étrange, cette traction est d’autant plus grande que la tension de la vapeur est plus élevée; de sorte que, arrivé à un certain point, il faut effectuer sur la soupape un véritable arrachement. Pour expliquer ce singulier phénomène, M. Vautier admet l'existence d’un vide partiel produit, au-dessous de la sou- pape, par le jet de vapeur, qui agirait par un mécanisme ana- logue à celui que l’on remarque dans le fonctionnement des trompes des laboratoires. Dans ces appareils, un courant d’eau entraîne par aspiration l’air contenu dans un espace donné, qui s'écoule à travers un orifice. On peut d’ailleurs constater que, dans les deux cas, les circonstances qui peuvent influer sur la marche du phénomène sont les mêmes et agissent de la même manière; citons, par exemple, la variation de la pres- sion, et la distance plus ou moins grande de l’orifice ou de l'obstacle. Ajoutons encore que les constructeurs de chaudières à va- peur ont remarqué, depuis longtemps, que les soupapes de sûreté ne se soulèvent pas de manière à débiter une quantité de vapeur suffisante pour éviter tout danger d’explosion. On a cherché à empêcher l'attraction de la soupape à demi soulevée par le jet, en donnant des formes diverses aux sièges des soupapes; et enfin, depuis quelques années, ona construit des mécanismes destinés à soulever les soupapes au moyen d'une force extérieure qui agit lorsque la pression dépasse une certaine limite. Nous connaissons maintenant la nature des faits que M. Vautier a entrepris d’étudier à l’aide d'appareils extrême- 36 PRIX HERPIN. ment ingénieux. Les résultats de ses recherches sont consi- gnés dans des mémoires manuscrits, et résumés dans une communication insérée aux Comptes-Rendus de l’Académie des sciences, à la date du 6 mars 1882. Indiquons seulement les points principaux. Lorsqu'un jet de gaz ou de vapeur s'écoule sous pression par un orifice, si l’on dispose une plaque normalement à l’axe du jet, à une certaine hauteur, elle est repoussée ; mais si l’on abaisse suffisamment la plaque, parallèlement à elle-même, elle est au contraire attirée, et se maintient d'elle-même à environ o"",2 de l'orifice, en oscillant rapidement autour d'une position d'équilibre et en émettant un son. Voici quelques chiffres qui donnent une idée de la marche du phénomène. Supposons que le diamètre de l'orifice d'échappement de la vapeur soit de 1 millimètre seulement, la force nécessaire pour opérer la séparation de la plaque sera sensiblement indé- pendante de l'étendue de cette plaque, au moins entre des limites assez grandes, mais elle variera rapidement avec la tension de la vapeur ; pour des nombres d’atmosphères repré- sentés par 2 — 3 — 35,75 — 4,25 — 4,75 — 5,25, les forces, évaluées en poids, seront respectivement de 190 gr. — 300 gr. — 450 gr. — 550 gr. — 700 gr. — 800 gr. La force croît également avec le diamètre de l’orifice ; ainsi, tandis qu’elle est de 150 gr. pour une tension de 2 atmosphè- res et un orifice de 2"" de diamètre, elle s'élève à 1,270 gr. pour un diamètre de 4", la tension restant la même. En opérant avec de la vapeur d’éther, au lieu de vapeur d’eau, on obtient des résultats de même ordre, de sorte que la PRIX HERPIN. 7 force est indépendante de la nature du fluide qui forme le jet. Nous avons dit que la plaque vibre autour d’une position moyenne d'équilibre, de manière à produire un son; M. Vau- tier a entrepris d’enregistrer ces vibrations, au moyen d’un appareil inscrivant, sur des feuilles de mica enfumées. Tandis que, jusqu’à présent, on ne pouvait pas, en opérant directement et d’une manière continue, dépasser le millième de seconde, son appareil atteint le sept-millième de seconde. Il en résulte par conséquent un chronographe qui peut être ap- pliqué utilement à la mesure de quelques phénomènes rapides. M. Vautier s’est aussi occupé d’une autre question très dé- licate qui a pour objet de déterminer les lois expérimentales de la vitesse d'écoulement d’un liquide. Antérieurement, cette détermination se faisait d’une manière indirecte, par exemple, en appliquant la loi de Torricelli, et en mesurant la portée d’un jet d’eau lancé horizontalement. Dans le cours de ses recherches, M. Vautier a été conduit à une méthode graphique qui permet de mesurer directement la vitesse d'écoulement du liquide. Indiquons en quelques mots le principe du pro- cédé. Dans le fond plat et horizontal d’un vase cylindrique plein d’eau, est percé un orifice en mince paroi, auquel on peut du reste substituer un ajutage. Un jet s’écoule donc verticalement de haut en bas. À l’intérieur du vase, et suivant son axe, on place un tube contenant une émulsion d’un liquide insoluble de même densité que l’eau; ce liquide est un mélange, en proportions convenables, de nitrobenzine et d'essence de téré- benthine. Les bulles très fines de l’émulsion passent dans l’axe du jet dont elles prennent exactement la vitesse, comme on peut le vérifier en modifiant la densité du liquide témoin. La mesure de la vitesse se fait par des procédés graphiques. On projette l’image du jet et, par suite, celle des bulles sur 38 PRIX HERPIN. une plaque photographique qu’un mécanisme convenable force à se déplacer perpendiculairement à la trajectoire des bulles. L'écoulement ayant lieu, on découvre, au moyen d’un obturateur, la plaque sensible qui reçoit ainsi, pendant son passage, l’image du jet. Sur le cliché apparaissent alors une ou plusieurs lignes, suivant qu’il a passé dans le jet une ou plusieurs bulles pen- dant la course de la plaque. Ces lignes sont inclinées, la direc- tion de chacune d’elles résultant de deux mouvements rectan- gulaires, celui de la plaque et celui de la bulle. Or, le premier de ces mouvements pouvant être produit et déterminé à vo- lonté, on en déduira le second, d’après le principe de la com- position des mouvements élémentaires. Il resterait encore à faire connaître les procécés extrême- ment variés dont M. Vautier a fait usage pour résoudre les difficultés qui surgissent à chaque instant dans les expériences de ce genre. M. Vautier les a surmontées avec cette sagacité et cette sûreté d'exécution qui caractérisent le vrai physicien, et lui font trouver, au moment voulu, des ressources im- prévues pour parer à tous les incidents. Mais c’est là un aspect de la question qui ne saurait être élucidé dans un simple rapport; il faut avoit vu les appareils eux-mêmes, avec leurs ingénieuses combinaisons, pour apprécier, comme il convient, le mérite du savant à ce point de vue. Les travaux de M. Vautier orît été faits au laboratoire de physique de la Faculté des sciences; ils durent déjà depuis plus de six années, et sont encore loin d’être achevés; mais l'importance des résultats actuellement obtenus est un sûr garant de ceux qui les suivront dans l'avenir et pour lesquels nous adressons à l'honorable savant tous nos vœux de succès. Le moment est venu de terminer ce trop long rapport; vous me pardonnerez sans doute d’avoir occupé si longtemps votre attention, en considérant que, dans la circonstance présente, PRIX HERPIN. 39 il s'agissait de deux prix à décerner, et que, par suite, j'avais à faire, en réalité, un double rapport. En conséquence, j'ai l'honneur de vous proposer les conclusions suivantes : Vu l’importance des travaux qui ont été soumis à son exa- men, et qui lui ont paru également recommandables, à des titres divers, la Commission propose d'accorder les deux prix de la fondation Herpin, dont elle peut disposer, savoir: Un prix de 1,200 fr. à M. Émile Marchand, pour ses recherches « sur les Relations des phénomènes solaires et des phénomènes magnétiques du globe terrestre »; Un prix de 1,200 fr. à M. Théodore Vautier, pour l’en- semble de ses travaux ayant pour objet: « 1° l’étude des phé- nomènes d'attraction que l’on peut faire naître à la base des jets de vapeur ou de gaz; 2° la mesure de la vitesse d’écou- lement des liquides. » Lyon, le 14 juin 1887. Les conclusions de ce rapport ayant été adoptées par l’Académie dans la séance du 14 juin 1887, le prix Herpin, consistant en une médaille et la somme de 1,200 fr., a été décerné, 1° à M. Marchand, 2° à M. Vautier, dans la séance publique du 21 juin suivant. nu DUR | Ê tu 5 Ain où a AM he de NA sh} wW din tu nat Le rt an ane | U DEL rl * \ 4 ti 1h M Wal qi Mi d dust he 4e Un NA DL) Fe a ' af RENTE L to Ai it 14 LUN DL : | Er TUR #91 ANT Pr ‘02 } | | U 1h x 11 Vi Ÿ AN A LA à 0 \ de AA en Kit "Ti 4 TNT se fa DT E. NOTE SUR LA DÉFINITION DES PARALLÈLES LUE A L'ACADÉMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON Dans la séance du 22 mars 1887 PAR M. F. BONNEL Professeur de Mathématiques au Lycée. On peut dire qu’il y a seulement trois définitions classiques des droites parallèles. DÉriniTioN D'Euczine. — La définition donnée par Euclide est la plus ancienne qu’on connaisse; elle peut se formuler ainsi : les parallèles sont des droites qui, dans un plan, étant prolongées à l'infini de part et d'autre, ne se rencontrent ni d'un côté ni de l’autre (1). DÉFINITION DE Porr-Royaz. — Les auteurs du traité de géométrie de Port-Royal définissent les parallèles par la pro- priété « de ne se rencontrer jamais et d’être toujours à égale distance l’une de l’autre » ; ils font, en outre, observer que cette définition comprend deux notions, dont l’une est posi- tive et l’autre négative, et que la négative est une suite néces- saire de la positive, puisqu'il ne peut pas se faire que deux lignes se rencontrent jamais, si elles demeurent toujours à égale distance l’une de l’autre. La définition de Port-Royal (1) Œuvres d'Euclide, trad. par Peyrard, volume 1er, 1814. Sciences, 4 42 NOTE revient donc à celle-ci : deux droites sont parallèles, si elles restent toujours à égale distance l’une de l'autre, ce qui con- siste en ce que les perpendiculaires menées de chacun des points d’une ligne sur l’autre sont égales entre elles (1). DÉFINITION DES JAPONAIS. — Les géomètres japonais ont adopté la définition suivante : deux droites d'un plan sont appelées parallèles, st elles sont perpendiculaires à une troi- sième, en des points différents; d’où il résulte que ces lignes ne se rencontrent pas dans leur prolongement indéfini (2). Nous estimons que ces trois définitions peuvent être jus- tifiées, d’une manière élémentaire, à l’aide de quatre théo- rèmes dont la démonstration ne renferme rien d’absolument nouveau, ni rien dont la rigueur ne soit pourtant satisfaisante pour tout esprit libre et dépourvu de préjugés. Notons d’ail- leurs que la justification d’une définition consiste essentiel- lement à faire voir que cette définition remplit deux condi- tions particulières, savoir : 1° La figure qu'on définit est possible, c’est-à-dire qu’en appliquant telle ou telle proposition, antérieurement démon- trée ou évidente par elle-même, on doit pouvoir réaliser la figure qu’il s’agit de définir. 2° La figure qu'on définit est unique, c’est-à-dire que la dé- finition donnée ne doit pas convenir à deux figures diffé- rentes. Ces deux conditions sont nécessaires et suffisantes pour qu'une définition soit géométriquement rigoureuse, en ce sens que toute définition qui les remplit peut être acceptée et que toute définition qui ne les remplit pas doit être rejetée. Il existe encore d’autres conditions générales auxquelles doit (1) Nouveaux Éléments de géométrie, livre VIII. (2) Théorie des Parallèles selon les géomètres Japonais, par Claudel, Bruxelles, 1875. L db SUR LA DÉFINITION DES PARALLÈLES. 43 satisfaire une définition, pour être bonne et acceptable, et qui sont propres à déterminer la préférence des géomètres pour l’une ou pour l’autre de celles qui sont rigoureuses ; mais, pour la rigueur même, les deux conditions particulières que je viens de rappeler sont seules indispensables. Tous les au- teurs qui ont traité des définitions géométriques sont d'accord sur ce point. Cela posé, nous proposons purement et simplement d’ajou- ter la page suivante à la théorie de la perpendiculaire et des obliques, pour servir de base à celle des parallèles, cette addition ne changeant rien d’ailleurs à l’économie des pro- grammes adoptés pour l’enseignement de la géométrie élé- mentaire dans les lycées de France (1). Proposition 1. THÉORÈME. — Si deux droites sont l'une perpendiculaire et l'autre oblique à une troisième, la distance de l’une à l’autre va en diminuant continuellement dans un sens et en augmentant dans le sens contraire. Soit AM et BN deux droites dont l’une est perpendiculaire et l’autre oblique sur AB, l'angle BAM étant aigu. Abaissons du point B la perpendiculaire BC sur AM; cette perpendiculaire BC, étant plus courte que l’oblique BA, doit tom- ber dans l’angle aigu BAM, autrement, elle serait dans le triangle ABC opposée à un angle plus grand que l’angle opposé au côté AB, ce qui est impossible ; abaissons de même du point C la perpendiculaire CD sur BN, puis DE sur AM, EF sur BN, et ainsi de suite. Toutes les perpendiculaires ainsi menées vont en diminuant dans un sens et en augmentant (1) Voir Plan d'études des lycées, programme n° 2, cl. de mathémati- ques spéciales, 1885. 44 NOTE dans le sens contraire, car on a évidemment : AB > BC > CHE DE > EF, etc: Considérons maintenant deux points quelconques situés sur l’une des droites, entre deux perpendiculaires consécuti- ves, O et O’ par exemple, et soit OI, O'T’, leur distance à l'au- tre droite BN ; les points I et l’ doivent tomber chacun entre B et D, car, s’ils n'y tombaient pas, il faudrait qu’on pût abaisser d’un même point deux perpendiculaires à la même droite. Or, on a d’une part OT << O'T, puisque OT est per- pendiculaire sur BN et que OT ne l’est pas; d'autre part, on a également OI < OI, attendu que OT et OT sont deux obliques s’écartant inégalement de la perpendiculaire qui se- rait abaissée du point I sur AM. Donc, à plus forte raison, O'T' est plus petit que OI. On en conclut que, si deux droites sont l’une perpendi- culaire et l’autre oblique à une troisième, la distance d’un point de l’une à l’autre va en diminuant continuellement dans un sens et en augmentant dans le sens contraire. Proposition 2. Tuéorème. — Si deux droites sont l’une et l’autre perpendi- culaires à une troisième, la distance d'un point de l’une à l'au- tre est partout égale à la perpendiculaire commune, comprise entre les deux droites. Soit AM et BN deux droites perpendiculaires à AB, C un point quelconque de AM et CD la perpendiculaire abaissée __ de ce point sur BN; je dis que la dis- A Re, nm. tance CD doitégaler AB. En effet, si l’on pe diminue ou si l’on augmente CD d’une longueur CI, quelque petite qu’elle soit, la distance ID est plus petite ou plus Bi4 120,5 0 10 ,-gfande;. que AB4ycar\l'ansle TAByest aigu ou obtus, puisque l’angle MAB est droit, d’après l’hypo- SUR LA DÉFINITION DES PARALLÈLES. 45 thèse, et la Proposition 1 est applicable; donc la distance CD doit égaler AB. En d’autres termes, si deux droites sont l’une et l’autre perpendiculaires à une troisième, la distance d’un point de l’une à l’autre est partout égale à la perpendiculaire commune, comprise entre les deux droites. Proposition 3. THÉORÈME. — Si deux droîles ont une perpendiculaire com- mune, toute droite qui est perpendiculaire à l'une est aussi per- pendiculaire à l'autre. Supposons que la droite AB soit une perpendiculaire com: mune aux deux droites AM et BN, et que du point C on ait abaissé sur BN la perpendiculaire i | à CD. D’après l'hypothèse et la cons- truction, les deux droites AB et CD sont l’une et l’autre perpendiculaires a BN:' et CA nest autre chose que B D à la distance du point C à la droite AB ; donc CA doit égaler BD (Proposition 2). Semblable- ment, si l’on abaïissait du point D une perpendiculaire sur AM, elle devrait tomber au point C, et, par suite se confon- dre avec celle qu’on a déjà abaissée de ce point sur BN. Donc, si deux droites ont une perpendiculaire commune, toute droite qui est perpendiculaire à l’une est aussi perpendicu- laire à l’autre. Proposition 4. THÉORÈME. — Si deux droites sont l’une perpendiculaire et l’autre oblique à une troisième, la distance d'un point de l’une à l’autre devient nulle, quand on les prolonge suffisamment dans un sens ou dans le sens contraire. Soit AM et BN deux droites dont l’une est perpendiculaire et l’autre oblique sur AB. Premièrement, la distance d’un 46 NOTE point de l’une à l’autre va en diminuant dans un sens (Pro- position 1); secondement, pour des prolongements égaux de l’une des droites, sa distance à l’autre diminue de longueurs égales. En effet, soit pris sur l’oblique AM deux prolongements égaux, CD et DE, l’un à :larisuite ‘de l’autre, .et soit. CF, DG, EH, les distances des points C, D, E, à la droite BN ; si l’on mène par le point D la droite 10 perpendiculaire à DG, cette droite est aussi perpendicu- laire à CF et EH (Proposition 3), et, de plus, IF = DG= OH (Proposition 2). Les deux triangles ICD et OED ainsi formés sont donc rectangles, ils ont l’hypoténuse égale, par construc- tion, et leurs angles en D sont égaux comme opposés par le sommet ; ces deux triangles sont donc égaux, et IC est égal àOE. On en conclut que la différence CF — IF ou CF — DG est égale à la différence OH — EH ou DG— EH ; en d’autres termes, pour des prolongements égaux de l’une des droites, sa distance à l’autre diminue de longueurs égales. Il en résulte que cette distance devient nulle, quand on prolonge les deux droites suffisamment dans le sens où leur distance va en di- minuant. Remarque. À partir d’un point quelconque A, la longueur totale de l’oblique, comprise entre ce point et le point de rencontre des deux droites, contiendra la longueur arbitraire CD autant de fois, au plus, qu’il y a d'unités dans le quotient AB, CI Conséquence. Pour justifier la définition des parallèles donnée par Euclide, par Port-Royal ou par les Japonais, on observera d’abord qu’il y a des droites satisfaisant à la condition expri- mée dans chacune de ces définitions (Voir plus haut) : cela SUR LA DÉFINITION DES PARALLÈLES. 47 résulte, pour celle d'Euclide et de Port-Royal, de la Propo- sition 2, et, pour celle des Japonais, d’une proposition anté- rieurement démontrée. On en conclut premièrement que /a figure définie est possible. Secondement, on démontrera que la figure définie est uni- que en faisant voir, comme il suit, qu'on ne peut mener par un point donné qu’une seule droite qui soit parallèle à une droite donnée, selon la définition adoptée. 1° Si l’on adopte la définition d'Euclide, 11 n’y a qu’une seule droite qui passe par un point donné et qui ne rencontre pas la droite donnée, savoir celle qu’on obtient en abaissant du point une première perpendiculaire sur la droite et en éle- vant du même point une seconde perpendiculaire à la pre- mière. En effet, toute droite passant par ce point, autre que la seconde perpendiculaire, est oblique à la première, et, par suite, doit rencontrer la droite donnée, si on la prolonge suf- fisamment dans un sens ou dans l’autre (Proposition 4). Donc, on ne peut mener par un point donné qu’une seule droite qui ne rencontre pas la droite donnée, selon la définition d'Euclide. 2 Si l’on choisit la définition de Port-Royal, le raisonne- ment est le même; pourvu qu’on l’appuie sur la Proposition 1, au lieu de la Proposition 4. 3° Si l’on préfère la définition des Japonais, on remarquera que, si une droite est parallèle à la droite donnée, d’après cette définition, la parallèle et la droite donnée ont une per- pendiculaire commune, et que, par suite, toute perpendicu- laire à l’une est aussi perpendiculaire à l’autre (Proposition 3), Il en résulte que, si l’on abaisse du point donné une perpen- diculaire sur la droite donnée, toute droite qui, passant par ce point, est parallèle à la droite, doit être en ce même point perpendiculaire à celle qui a été abaissée sur la droite donnée. Or, on ne peut mener par un point d’une ‘droite qu’une seule 48 NOTE SUK LA DÉFINITION DES PARALLËLES. perpendiculaire à cette droite; donc, on ne peut mener par le point donné qu’une seule droite qui soit parallèle à la droite donnée, selon la définition japonaise. Remarque. Ce qui caractérise deux droites parallèles, c’est l’existence d’une droite qui est perpendiculaire à la fois sur les deux parallèles, et qui entraîne celle d’une infinité d’au- tres perpendiculaires analogues : tel est le véritable principe de la géométrie Euclidienne. Toute définition conforme à ce principe est susceptible d’être justifiée à l’aide des théorèmes précédents ; au contraire, toute définition renfermant la moindre contradiction avec le principe Euclidien est impos- sible à justifier, et ne peut donner lieu qu’à des déductions logiquement déraisonnables. REÉLATIONS DES PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET DES' PERTURBATIONS DU MAGNÉTISME TERRESTRE PAR M. E. MARCHAND Météorologiste-adjoint à l'Observatoire de Lyon. INTRODUCTION Le magnétisme terrestre est défini, en un lieu déterminé du globe, par trois éléments donnant la direction et l'intensité de la force magnétique en ce lieu. On choisit le plus souvent comme éléments : l’angle D, du plan vertical qui contient la force avec le méridien géographique (déclinaison), l’angle I de la force avec la trace de ce plan sur l'horizon (inclinaison), et la composante horizontale H de la force. Mais on peut prendre tout aussi bien la déclinaison et les deux composantes horizontale H et verticale Z de la force R; ces dernières Sciences. 5 50 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. quantités étant liées entre elles, à linclinaison et à la force totale, par les deux équations connues : R= 2? +1 == HipT Ces divers éléments du magnétisme terrestre subissent des variations de deux espèces : 1° Variations régulières, périodiques (diurnes, annuelles, etc.) ne se produisant pas simultanément en tous les points du globe; 2° Variations 1rrégulières, brusques, rapides, constituant les perturbations où orages magnétiques. Les variations diurnes des éléments magnétiques ne sont pas constantes; en ce qui concerne la déclinaison, par exemple, leur amplitude varie lentement et présente des maxima et des minima. Les maxima se reproduisent à peu près tous les onze ans, et il paraît bien établi aujourd’hui, par les travaux de R. Wolf, Broun, Gautier de Genève, du général Sabine, que cette période undécennale se rattache à celle des taches du soleil. La même relation a été constatée pour les varia- tions diurnes des deux composantes de l'intensité, par le général Sabine. M. Broun a montré également que la composante hori- zontale présente d’autres oscillations régulières ayant une période de 26 jours, qu’il a essayé de rattacher à la rotation apparente du soleil. Toutefois cette dernière étant d’environ 27 jours 1/3, il faudrait alors admettre que les pôles magné- tiques du soleil se déplacent sur cet astre. Quant aux perturbations magnétiques, elles ont pour caractère principal de se produire au même instant sur des espaces immenses. Ce fait a été vérifié bien souvent, et récemment par M. Mascart, au moyen des observations de la mission française du Cap Horn. Sur une moins grande étendue, entre Paris, Lyon et Perpignan, les courbes données PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. ot par des enregistreurs magnétiques du système Mascart, sont presque rigoureusement superposables. Ce fait caractéristique conduit à penser que la cause des perturbations est d’ordre cosmique. Aussi a-t-on remarqué, depuis longtemps, que ces perturbations se produisent souvent aux époques où le soleil est couvert de taches nombreuses. Le P. Secchi, le P. Ferrari, M. Tacchini, et d’autres observateurs ont signalé de ces coincidences; cependant il ne semble pas qu'il y ait là une loi générale, car il y a souvent de fortes perturbations alors que le soleil ne montre aucune tache. A Stonyhurst, au nord de l'Écosse, où on observe souvent des aurores boréales, le P. Perry a cherché également à rattacher ces phénomènes aux taches solaires ; il a conclu de ses obser- vations que les aurores se rapportent plus tôt à certaines classes particulières de taches qu’à l’ensemble des phéno- mènes solaires. On sait qu'il existe des relations entre les aurores et les perturbations magnétiques; la conclusion ci- dessus pourrait donc s'appliquer, dans une certaine mesure, aux perturbations. En résumé, s’il y a une relation entre les phénomènes solaires et les perturbations, elle est beaucoup moins certaine que celle qui paraît exister entre les périodes des variations diurnes et les périodes des taches.'C’est pour cette raison que, sous l'inspiration de M. le Directeur de l'Observatoire de Lyon et avec ses conseils, dont il nous permettra de le remercier ici, nous avons entrepris, au commencement d'avril 1885, de comparer soigneusement les perturbations magnétiques et les phénomènes solaires. Ce sont les résultats de cette comparaison qui font l’objet de ce travail. Nous exposerons successivement les méthodes d'observation des perturbations magnétiques et du soleil, et dans une troisième partie nous ferons la comparaison des deux ordres de phénomènes. 52 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. Observations du magnétisme terrestre. Enregistreur magnétique. — A l'Observatoire de Lyon, les éléments du magnétisme terrestre, déclinaison, compo- santes horizontale et verticale de l'intensité, sont enregistrés d’une manière continue au moyen de l'appareil photographique de M. Mascart. Pour obtenir, au moyen des courbes données par l’enregis- treur, les variations des trois éléments, on mesure d’abord ces variations en prenant une unité arbitraire, par exemple le millimètre. On détermine ensuite ce que vaut un millimètre, pris sur l'épreuve photographique : 1° en degrés ou minutes pour la déclinaison, ce qui permet d'obtenir, en degrés ou minutes, la variation de déclinaison, que nous représenterons par dD ; 2°{en fractions de la composante horizontale ou de la composante verticale pour les courbes correspondant res- pectivement à chacune de ces forces, ce qui revient à dire que l'on prend la valeur initiale de la composante considérée pour unité de force. Si donc, on représente par dH et dZ les variations exprimées en unités arbitraires de force, par H et Z les valeurs initiales des composantes exprimées au moyen des mêmes unités, cette détermination de la valeur du az EURE rat EE millimètre donnera les quantités . GARE PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 53 SE MZ ! Ces variations — , VA devraient toutefois subir une cor- H rection, dans le cas où la température de l’enceinte renfermant les barreaux aimantés ne serait pas constante. Le moment magnétique des barreaux variant avec la température, eten sens inverse de celle-ci, il en résulte, pour le bifilaire (composante horizontale) et la balance magnétique (composante verticale), de petits déplacements angulaires des barreaux, ne correspon- dant pas à une variation d'intensité du magnélisme terrestre; pour tenir compte de ces effets, 1l sufhit d'ajouter à la variation apparente, mesurée sur la courbe, un terme de la forme a(T — T,), T étant la température de l'enceinte au moment de l’observation, T, la température à laquelle on veut rame- ner les observations, à un coefficient déterminé par l’expé- rience. Variations diurnes et perturbations. — Lorsque les courbes de l’enregistreur magnétique sont régulières, c’est-à-dire lors- qu'il n’y a pas de perturbations, elles mettent seulement en évidence les variations diurnes de la déclinaison D et des deux composantes Z et H. Si l’on veut avoir la valeur de ces variations, il suffira de prendre sur les courbes la différence entre les ordonnées minima et maxima, et d'exprimer cette différence en minutes pour la déclinaison, en fraction de H ou de Z pour les composantes H ou Z. On aura ainsi les GEL “az 1 REA pourra déduire les variations de R etde I. S'il y a perturbation, les courbes deviennent irrégulières, variations diurnes sous la forme dD , . étonen sinueuses, tourmentées; mais les variations diurnes ne se produisent pas moins. Par conséquent, si l’on veut apprécier l'écart (entre les valeurs extrêmes de l'élément considéré) dû à la perturbation, 1 faudra, de l'écart mesuré sur l’épreuve 54 PHÈNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. photographique, retrancher la variation diurne qui se serait produite entre les mêmes heures, s’il n’y avait pas eu pertur- bation. Telle a été, en effet, la marche du travail que nous avons fait sur les perturbations : pour chacune d'elles, nous avons mesuré l'écart entre les valeurs extrêmes des éléments enre- gistrés : déclinaison, composantes horizontale et verticale. Ces écarts ont été exprimés en minutes pour la déclinaison, en millièmes pour les deux composantes, et corrigés des variations diurnes régulières, lesquelles avaient été préalable- ment déterminées. Nous n’avons pas tenu compte, dans ces mesures, de la correction de température indiquée précé- demment, mais il n’en résulte aucune erreur sensible, parce que les appareils enregistreurs, installés dans une cave, n'étaient soumis qu’à des variations de température très lentes et très faibles. Définition et calcul de l'intensité d'une perturbation.— Nous avons ainsi obtenu, pour chaque perturbation, trois quanti- ; dE az ; PR NO dt tes aD; EMA rapportées aux unités ci-dessus indi- quées ; par exemple, pour la très forte perturbation du 9 jan- vier 1886, on avait dans ce système d'unités : les deux dernières égalités signifiant conventionnellement que dE=\o,0115 H'etd/t=10,0020 2" Ces trois écarts nous ont permis d'obtenir ensuite une évaluation de l'intensité des perturbations. Imaginons, en effet, trois axes de coordonnées, l’origine étant au lieu d'observation, l’axe OY dirigé suivant le méridien | | PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 55 géographique, l’axe OX suivant la ligne Est-Ouest, l'axe OZ suivant la verticale. Si, à un moment donné, nous avons, comme éléments du magnétisme terrestre , les trois quantités D (déclinai- son), I (inclinaison), R (inten- sité totale), nous pourrons représenter le champ magné- tique au point O par la droite OM, telle que sa longueur étant proportionnelle à R, son angle avec le plan XOY soit égal à I, et l’angle de sa projection sur XOY avec OY soit égal à D . Si les trois quantités D , I , R , varient simultanément de dD , di, dR , on passera de la droite OM à une autre droite très voisine OM ; la ligne MM représentera la variation du champ, ou la force perturbatrice ayant déterminé les varia- tions dD , dl, dR , car la nouvelle force OM sera la résul- tante de OM et MM’ . Or, on exprimera facilement MM’ en fonction de dD , = et . ; en menant les perpendicu- laires MP , M'P’ à XOY , puis en décrivant l’arc PR du point O comme centre, avec OP pour rayon, et enfin en me- nant par le point P’ la parallèle PQ à MM’; MM sera égale à P'Q , diagonale du parallélipipède construit sur QE A7 PR=-HIGDO RPM UE"; on aura doncen représentant MM par dM : aM? — H'dD* + dH°? + d2? expression qui permettra de calculer dM , en exprimant 56 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. dD en parties du rayon, = À de en fractions décimales, H en unités de force, et donnera, en unités de force, l'inten- sité de la force perturbatrice MM’ ayant déterminé les trois az FA , dD. aH dZ Lorsqu'on exprimera dD , TI * Z * Cn prenant pour né LITE variations simultanées TT unités la minute, le millième de H et le millième de Z , on aura : et PLU 2 dH\, dZ\? or |. am (ee) (0.291. dD) +(5) +(Ÿ) 11}; équation que nous écrirons, pour abréger, sous la forme sui- vante : A‘dM? = H° | édD? + (F) + (T7) 1 | Si nous appliquons cette formule aux trois écarts que nous avons précédemment mesurés pour chaque per- turbation, bien qu’ils ne soient pas toujours simultanés, nous obtiendrons : l'intensité de la force qui ferait passer simultanément les trois éléments magnétiques de la première de leurs valeurs extrêmes à la deuxième; en d’autres termes : l'intensité de la force qui produirait une perturbation fictive, dans laquelle les écarts entre les valeurs extrêmes des trois éléments seraient les mêmes que dans la perturbation réelle (mais non une perturbation identique à la perturbation réelle). C’est l'intensité de cette force que nous prenons comme intensité de la perturbation, sans nous préoccuper d’ailleurs (pour le moment du moins) de sa direction. Mais au lieu d'appliquer la formule précédente dont le calcul est un peu long, nous l'avons remplacée par une for- PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 57 mule approchée et très expéditive, en nous basant sur la remarque suivante : dans les perturbations un peu fortes, les écarts mesurés sur les courbes sont entre eux dans des rapports qui ne varient pas beaucoup, lorsqu'on passe d'une perturba- lion à une autre. En prenant, par exemple, les perturbations pour lesquelles dD est supérieur à 14’, et calculant pour chacune d’elles les aH az 0 ADN: F7 nombres différents d’une perturbation à une autre; mais dans valeurs des rapports dD : , on obtient des la plupart d’entre elles, la valeur de dD : _ est comprise entreuénet 9. netrcelletde., D: = entre 14 et 25 (en dZ 1e ARR AT supposant toujours que dD, On SCENE LEXPTINS au moyen des unités adoptées). S'il en est ainsi, on doit dH dZ obtenir des valeurs moyennes de dD : TC (4 0) 7 très peu différentes les unes des autres, en calculant ces moyennes sur des groupes quelconques de perturbations , prises parmi celles dont nous venons de parler. C’est en effet ce qui a lieu; en formant par exemple des groupes de dix per- dH H comprises entre 3.5 et 4.3, et des valeurs moyennes de turbations, on trouve des valeurs moyennes de dD aD: : 7 comprises entre 16 et 21. D'après cela, nous avons pu admettre qu’on a, ex moyenne, dans une perturbation : dH az en dD AND À dD : et a et b ayant sensiblement pour valeurs respectives ; CEA 58 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. si ces quantités a et b étaient rigoureusement constantes, les trois équations LRU AD. Eat 2; ARS 24M? = H2! ©dD? dH\° dZŸ, AM? = H | “dD +(F) +(S) conduiraient aux trois suivantes : aM 0] D] 9 9 AT = D Ve + a° + bg adML. dti A AN ae AM Na AT —= VA TR c? —+- a° + b'tg°1 , et l’une quelconque de ces trois équations donnerait la force dM , laquelle serait d’ailleurs proportionnelle à l’un quel- conque des trois écarts mesurés. En réalité, a et b varient d’une perturbation à une autre, mais assez peu pour qu’en prenant leurs valeurs moyennes, les trois formules ci-dessus, appliquées à une perturbation aM VE quelconque, donnent trois valeurs de Le peu différentes les unes des autres. En prenant la moyenne de ces trois va- leurs, nous aurons : 1 RE LE NE AD ete + Brel DRE ME s d’où : 3aA. dM HVc? + a? + bal ar DST — 4. dD ee + Si a ct b étaient des constantes, le second membre repré- senterait une quantité proportionnelle à dM ; puisque les variations de H et I n’introduisent dans le premier membre PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 59 que des variations du second ordre au moins. En donnant à a et b leurs valeurs moyennes, ce second membre sera sensible- I ; AI I ment proportionnel à dM ; ainsi en faisant a — 7 b= ni? ce qui conduit à l'expression simple I dH dZ -dD+—+s nous obtiendrons une première approximation de l’intensité de la perturbation, telle que nous l’avons définie. Par exem- ple, pour la perturbation du 9 janvier 1886, nous aurons : 11.5 m5 13.0 936,0; et l'intensité ainsi calculée se rapportera à une unité arbi- traire dont la valeur est 0,00053. H. Relevé des perturbations. — Nous avons relevé, et calculé au moyen de cette formule, toutes les perturbations enregis- trées depuis la fin d'avril 1885. De plus, lorsqu'une perturbation s’est prolongée pendant plusieurs jours (ce qui a été assez fréquent), nous l'avons presque toujours décomposée en plusieurs autres en nous basant sur une remarque qu’il est bon de signaler. Dans une perturbation un peu prolongée, l’agitation des barreaux n’est pas en général un phénomène continu; on trouve par intervalles de petits repos, de courtes périodes pendant lesquelles les barreaux reviennent au calme ou du moins à un calme relatif. La perturbation se décompose donc, assez naturellement, en plusieurs autres dont les intensités sont d’abord croissantes, puis décroissantes. Dans ce cas, nous avons relevé et calculé séparément chacune des pertur- bations composantes. Les dates des pertubations nous étaient d’ailleurs néces- saires pour la comparaison avec les phénomènes solaires. 60 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. Nous les avons obtenues en prenant simplement, pour chaque pertubation, l'époque qui marque le milieu de sa durée ; cette époque a été calculée seulement à un dixième près du jour moyen; la faible incertitude qu'il y a toujours sur le début, la fin, et par suite le milieu d’une perturbation, rendant inutile un calcul plus approché. Les résultats de nos calculs sont reproduits dans les tableaux qui terminent ce travail : la première colonne donne les dates des perturbations, et la deuxième, leurs intensités. On voit, dans ces tableaux, que les intensités présentent une série de maxima séparés par des périodes de calme magné- tique ou par des pertubations de faible intensité; pour plus de clarté les maxima sont distingués par des chiffres pleins. Nous avons d’ailleurs représenté graphiquement les mêmes résultats, en construisant une courbe dont les ordonnées, porportionnelles aux intensités des pertubations , ont été élevées, sur l’axe des temps, en des points correspondant aux époques des perturbations. En joignant les sommets de toutes ces ordonnées, nous avons obtenu une ligne brisée représentant les variations de l'intensité d’une force qui produirait des perturbations, non pas identiques à celles réellement observées, mais ayant les mêmes écarts des valeurs extrêmes que celles-ci, pour les divers éléments magnétiques. Des portions de cette courbe sont reproduites dans les diagrammes de la planche ci-jointe, à l'échelle de 1" pour un jour, et 1" pour une unité d'intensité. PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. Gr IT Observations du Soleil. Méthode d'observation. — Les observations du soleil ont été faites, chaque jour, lorsque le temps l’a permis, à l’aide de l’équatorial de 16 centimètres d'ouverture de l'Observatoire (Equatorial Brünner). L'image du soleil a été projetée sur un écran blanc, au moyen d’un oculaire de champ assez étendu pour donner l’image tout entière; en général, on a placé l'écran à une distance telle que le disque projeté ait un diamètre de 20 centimètres. Cette dimension permet de voir assez bien les détails principaux de la surface solaire, taches, facules et granulations, surtout si l’on imprime à l’écran un mouvement d'oscillation dans le plan de l’image, c’est-à-dire dans son propre plan, de manière à faire disparaître, en quelque sorte, les inégalités de sa surface. Si d’un autre côté on diminue autant que possible la lumière diffuse recue par l'écran en dehors de l’image, par l'emploi d’un voile noir fixé à la lunette, par exemple, on arrive à voir distinctement les facules jusqu’au centre même du disque. Des dessins, aussi exacts que possible, de toute la surface solaire d’abord, puis des groupes de taches et facules remar- quables, ont été faits chaque jour d’après l’image projetée. Les positions des taches et des facules à la surface du disque ont été déterminées pour chaque observation : comme pre- mière approximation, et en vue de construire le dessin d'ensemble de la surface de l’astre, on relevait d’abord ces G2 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. positions au moyen d'nn rapporteur spécial repéré sur l’image du micromètre de la lunette (c’est-à-dire sur la direc- tion du mouvement diurne) et donnant à vue l'angle de posi- tion de l’objet observé à 1° près, et sa distance au centre du disque à 1 centième près du rayon. On déterminait ensuite des positions plus exactes des taches, et même des facules lorsque cela se pouvait, par la méthode de Carrington. Enfin l'observation a presque toujours été complétée par la mesure des surfaces apparentes des taches et des facules; pour effectuer cette mesure on projetait l’image sur un écran divisé en millimètres carrés et placé à une distance telle que le disque du soleil eût exactement 20 centimètres de diamètre. Les positions des taches et facules à la surface du disque étant connues, on calculait ensuite leurs coordonnées hélio- centriques, longitudes et latitudes, rapportées à l'équateur du soleil. Ces déterminations ont été faites suivant la méthode et au moyen des tables de Spôürer, et par conséquent au moyen des éléments suivants, déterminés par cet astronome (et ramenés au 1° janvier 1885) : Lonsitude du nœud'ascendant, : 2-2. CAS Inclinaison de l’équateursolaire sur lécliptique 6°.58’ Durée de la rotation en jours moyens . . . . . 25,234 Lorsque l'observation n’avait pu être faite par la méthode de Carrington, ou lorsqu'il s'agissait de groupes de facules un peu étendus, difficilement observables par cette méthode, on a substitué au calcul une méthode graphique plus rapide. Cette méthode consiste à rapporter les points observés sur des cartes où l’on a figuré, dans un cercle de r0 centimètres de diamètre, l'équateur du soleil, ses parallèles et ses méri- diens, tels qu’ils sont vus de la terre (c’est-à-dire en projection orthographique) à une époque déterminée de l’année. On a donc construit une série de cartes correspondant à une série PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 63 d'époques équidistantes, ou plutôt à une série de valeurs équidistantes de la longitude du soleil; et comme chaque carte peut servir pour quatre longitudes différentes (deux fois avec ses parallèles tournant leur convexité vers le haut, et deux fois avec cette convexité tournée vers le bas, ainsi qu’on le verra facilement), le nombre des cartes à construire était en réalité très limité (dix, en prenant des valeurs de la lon- gitude du soleil espacées de 10°, ce qui est très suffisant). Sur chaque carte les parallèles et les méridiens ont été tracés de 5° et 5°; ces derniers, en prenant pour origine, dans chacune, le méridien passant par le centre du disque. On a calculé d’autre part une table donnant, en fonction de la longitude du soleil, angle du grand axe de l’ellipse équa- toriale des cartes, avec la direction du mouvement diurne. Rien n’était plus facile dès lors que de rapporter, sur la carte convenable, un point dont l'angle de position et la distance au centre du disque étaient connus. On obtenait ainsi immé- diatement, à un demi-degré près, ses coordonnées héliocen- triques : latitude, et longitude comptée à partir du méridien passant par le centre du disque; de cette dernière on passait facilement à la longitude comptée à partir d’un méridien quelconque du soleil, pris arbitrairement pour origine, au moyen de la valeur connue de la rotation moyenne. Résultats des observations. — Parmi les résultats de ces observations, il en est quelques-uns qui, sans présenter rien de nouveau, sont importants au point de vue de notre étude, et sur lesquels nous devons insister. | Les taches sont toujours entourées de facules, qui d’ailleurs tendent plutôt à les suivre qu’à les précéder ; les facules, au contraire, surtout dans les époques de minima de taches, se votent souvent seules. Dans certains groupes de facules, dont 64 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. la durée est un peu prolongée, on voit par intervalles se for- mer des taches ; ces taches durent plus ou moins longtemps, et parfois disparaissent pour reparaître ensuite dans une posi- tion voisine ; les facules elles-mêmes changent d'aspect, mais persistent pendant les disparitions des taches : cette persis- tance de certains groupes de facules est un premier fait à remarquer. Les groupes de facules renferment souvent des pores, c’est- à-dire des taches très petites, sans pénombre ; parfois l’appa- rition de ces pores précède la formation d’une tache ; d’autres fois, ils coexistent avec des taches, surtout dans les premiers jours qui suivent la formation de celles-ci; parfois encore ils persistent avec les facules sans qu’il se produise de tache pro- prement dite. Enfin, on constate qu’il y a, dans les groupes de facules, des lignes ou des points érès brillants, et d'autres un peu plus clairs seulement que la partie voisine de la surface solaire, ce que le P. Secchi a signalé depuis longtemps. Le plus souvent, les groupes dépourvus de taches sont constitués par quelques lignes ou points très brillants, entourés, jusqu’à une distance considérable, d’un réseau de ces lignes moins lumineuses. En résumé, les facules paraissent être le phénomène en quelque sorte fondamental, puisque c’est celui qui existe tou- jours, tandis que les taches peuvent apparaître, disparaître, se reformer au milieu des facules. Les taches et les pores ne diffèrent d’ailleurs que par leurs dimensions ; les taches sem- blent n’être qu’une exagération accidentelle des pores. Or, si l’on suit attentivement ces groupes de facules (ren- fermant ou non des taches), on trouve que quelques-uns ont une durée très prolongée, pouvant atteindre plusieurs mois; on peut alors observer plusieurs fois leurs refours sur le disque du soleil. C’est ainsi que quelques-uns de ces groupes ont été revus cinq,-six, sept, huit fois et même onze fois. PC PR sont tie dé 0 So. - ET PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 65 On ne trouve pas des durées aussi prolongées, ni des re- tours aussi nombreux, lorsqu'on s’attache à suivre, non plus un groupe de facules, avec ou sans taches, mais une tache déterminée. Régions d'activité du soleil. — Aussi, nous appellerons régions d'activité du soleil les parties de la surface de l’astre où existent, à un moment donné, soit des facules seules, soit des facules avec pores ou taches, et nous résumerons comme il suit ce que nous venons d'exposer : Il se produit à la surface du soleil des régions d’activité plus ou moins étendues, occupées par des facules, des pores, des taches qui s’y forment, changent d’aspect et d’étendue, ou même disparaissent pour se reformer parfois dans une posi- tion voisine, tandis que les facules subsistent sans interrup- tion, mais non sans changements de forme et d’étendue. Ces régions d'activité ont une durée très variable, pouvant aller de quelques jours à plusieurs mois ; leur superficie peut varier aussi dans des limites très écartées, car on en observe qui I n'occupent pas plus de ee de la surface totale de l’astre, ’ 1 I tandis que d’autres atteignent nat et plus rarement, ce de cette même surface. Il doit être bien compris toutefois que la surface dont nous parlons est celle occupée par l’ensemble des facules, taches, pores, et non celle des lignes brillantes, des taches, des pores. Ajoutons que ces régions d'activité se montrent à peu près dans toutes les parties du globe solaire, même près des pôles, mais qu’elles sont bien plus fréquentes dans les zônes où les taches s’observent elles-mêmes le plus souvent, c’est-à-dire, comme on le sait, entre les cercles de latitude de 5° et 30° (boréale ou australe). Sciences, 5 66 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. Elles ont une tendance marquée à se produire en des points du soleil à peu près diamétralement opposés ; les exemples de ce fait sont nombreux, et plus nombreux encore les cas où deux régions, sans être aux extrémités d’un diamètre du so- leil, se trouvent à des longitudes à peu près différentes de 180°. Il semble impossible que ces coïncidences fréquentes soient purement fortuites. Définition et calcul du passage d'une région d'activité. — La rotation du soleil en 25 jours et 1/4, autour d’un axe très peu incliné sur l’écliptique, combinée avec la translation de la terre, a pour effet de déplacer ces régions à la surface du dis- que apparent vu de la terre suivant des ellipses très aplaties, ou du moins suivant des courbes différant peu d'une ellipse. Dans ce mouvement apparent, elles effectuent une révolution en 27 jours et 1/3 environ; on les voit apparaître sur le bord du disque solaire, s'approcher pendant environ 7 jours du centre de ce disque, passer dans une position où elles sont à la plus petite distance possible du centre, puis s’en éloigner pendant 7 jours pour disparaître ensuite au deuxième bord du disque. Il est important, comme on le verra dans la suite de cette étude, de déterminer la position dont nous venons de parler, dans laquelle le centre de la région d'activité qu’on observe est à la distance minima du centre du disque. Nous appelons simplement passage de la région considérée, l'époque à laquelle la rotation apparente du soleil amène son point central dans cette position, et, pour déterminer cette époque de passage, nous avons calculé le moment où la longi- tude héliocentrique de ce point, rapportée à l'équateur solaire et comptée à partir du nœud ascendant, est égale à la longi- tude de la terre par rapport aux mêmes plans de coor- données, PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 67 A ce moment, en effet, le plan contenant l’axe de rotation et le point observé, contient aussi le centre de la terre; ce plan coupe le soleil suivant le méridien du point observé, et ce méridien se projette, sur le disque apparent, suivant une ligne droite, par rapport à laquelle la trajectoire est sensible. ment symétrique (surtout dans les parties voisines de cette droite). La position de la tache est donc très sensiblement celle où sa distance au centre du disque est minima. Pour faciliter le calcul, on a construit des tables donnant, en fonction de la longitude géocentrique du soleil (rapportée à l’écliptique), la longitude héliocentrique de la terre rapportée à l'équateur du soleil, et sa variation en un jour moyen. Ad- mettant alors que le mouvement de la terre en longitude est sensiblement uniforme pendant une durée de quelques jours, connaissant, d'autre part, la vitesse angulaire de la région observée, et sa longitude héliocentrique au moment d’une observation peu éloignée du passage, on a tous les éléments nécessaires au calcul indiqué. Quant à la vitesse angulaire d’un point du soleil, elle dé- pend, comme on sait, de sa latitude héliocentrique. Les nom- bres donnés précédemment pour la durée de rotation, ou la vitesse angulaire en un jour moyen, sont des valeurs moyen-. nes. Mais dans le calcul des passages des points observés, nous avons attribué à chacun la vitesse angulaire qui lui convient d’après sa latitude. Nous nous sommes servi pour cela d’une table construite d’après les observations de Car- rington et Spürer. Cette inégale vitesse angulaire sur les divers parallèles con- tribue probablement aux changements rapides qui se produi- sent soit dans les facules, soit dans les taches. Les facules doivent être plus ou moins entraînées en avant ou retenues en arrière de leur partie centrale; cependant, l'ensemble d'une région d’activité paraît se déplacer avec la même vitesse angu- 68 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. laire que son centre. Peut-être faut-il en conclure que les facules entraînées en avant ou en arrière s’évanouissent, et qu'il s’en reforme d’autres autour de la partie centrale; quoi- qu’il en soit, nous avons calculé les passages des régions d’après la vitesse angulaire s'appliquant au point, plus ou moins central, que nous avons choisi, dans chaque cas, d’après son éclat ou son aspect, comme le plus important. Dans les cas où il y avait des taches ou des pores, c’est natu- rellement sur ces taches ou pores que nous avons fait le calcul. Il était du reste suflisant, pour nos recherches, d'obtenir les époques cherchées à un dixième de jour près, comme celles des perturbations maxima. Ce sont, en effet, ces deux séries d’époques que nous allons comparer; pour faciliter cette comparaison , nous avons inscrit les dates des passages des régions d’activité dans la troisième colonne des tableaux donnés à la fin de notre travail, et nous avons indiqué, dans la quatrième colonne, l'aspect général de ces régions (au moment du passage) par une des lettres {, p, f, selon que la région correspondante renferme des taches (#), ou des pores (») ou seulement des facules (f). Une cinquième colonne donne la surface appa- rente Zotale des noyaux des taches existant sur le disque entier du soleil, aux dates indiquées dans la première colonne; ces surfaces sont exprimées en millionièmes de l'aire apparente du disque. PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 69 II Comparaison des observations magnétiques et solaires. Concordance des perturbations maxima et des passages des régions d'activité du soleil. — En mettant en regard, comme nous l’avons fait dans nos tableaux, les époques des maxima d'intensité des perturbations et celles des passages des régions d'activité du soleil à la distance minima au centre du disque, on reconnait qu’il y a entre ces dates une concordance remarquable. Pour rendre la comparaison aussi frappante que possible, il faut figurer les passages au-dessus de la courbe magnétique dont nous avons précédemment indiqué la construction. C’est ce que nous avons fait dans les deux diagrammes de la planche ci-jointe, qui donnent des parties assez étendues de cette courbe et permettent de vérifier d’un coup d'œil, sur une durée de plusieurs mois, la relation que nous indi- quons. Dans ces diagrammes, nous avons représenté par des cer- cles ombrés les passages des groupes de taches, par des cercles avec un point au centre, les passages des groupes de pores, et enfin par des cercles blancs les passages des facules sans taches ni pores; l’ordonnée passant par le centre d’un de ces cercles, coupe l’axe des temps au point correspondant à l’épo- que du passage. 70 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. Le diagramme supérieur se rapporte à une époque où les taches étaient assez nombreuses ; le deuxième à une période pendant laquelle le disque solaire a été observé plusieurs fois sans taches ni pores, et où un assez grand nombre de pertur- bations maxima se rattachent à des passages de facules. C’est surtout à ces diagrammes que nous nous reporterons dans ce qui suit; mais les faits que nous énoncerons pourront être vérifiés tout aussi bien dans toute l’étendue des tableaux donnés plus loin et dont nos figures ne représentent qu’une partie. On voit d’abord que, d'une manière générale, chacun des signes figurant les passages surmonte un des sommets de la courbe ; il y a parfois un faible écart entre les deux époques et, dans ce cas, c’est le plus souvent la perturbation maxima qui paraît être un peu en retard sur le passage. Toutefois, on ne doit attacher qu’une faible importance à ces écarts et au sens dans lequel ils se produisent le plus souvent, parce qu’il y a un peu d'incertitude sur le point d’une région d'activité qu'on doit choisir pour le calcul du passage, ainsi que sur le début, la fin, et, par suite, le milieu d’une perturbation. Il faut remarquer surtout le fait général d'une concordance très ap- prochée, lequel est d’ailleurs plus ou moins net, suivant les circonstances dans lesquelles il se produit, c’est-à-dire suivant qu’on a des régions d’activité bien séparées les unes des autres, ou au contraire très rapprochées , ou bien encore très étendues. Du 25 décembre 1885 au 13 février 1886, par exemple (pre- mier diagramme), on se trouve dans le premier cas : les pas- sages sont espacés d'au moins trois jours, et la coïncidence est parfaitement nette; il en est encore ainsi du 28 février au 9 avril (même diagramme), tandis que du 16 au 25 février, on voit une série de passages très rapprochés et une perturbation ontinue, avec quelques maxima peu saillants. nn UE à PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. FI Le deuxième diagramme renferme plusieurs exemples de ces perturbations prolongées, coïncidant avec des séries de passages (7 au 18 septembre 1886, 7 au 14 octobre 1886), ou bien avec des passages de facules étendues (10 juillet, 1o au 16 août 1886). On peut d’ailleurs remarquer, aussi bien dans le premier diagramme que dans le deuxième, que les pertur- bations correspondantes aux passages de facules sont plus prolongées, en général, que les autres. On conçoit aisément que lorsque les passages sont très rap- prochés, leurs effets ne peuvent pas se séparer nettement les uns des autres; on doit donc avoir une perturbation prolongée. De même, si l’on a une région d'activité très étendue, dont les diverses parties arrivent à la distance minima du centre du disque pendant une durée d’une journée ou plus, il est naturel que l'effet soit prolongé comme dans le cas précédent. Cela se produira surtout avec les groupes de facules très vastes qu'on observe parfois. Si donc on admet que chaque passage tend à produire une perturbation maxima, il est clair que la coïncidence ne sera tout à fait nette que lorsque les passages seront suffisamment distants les uns des autres; dans les autres cas, qui se présen- teront fréquemment, elle n'apparaîtra pas aussi bien, et le fait caractéristique sera l’absence de passage pendant les périodes de calme magnétique un peu prolongé. Or, ce dernier caractère est très visible, soit dans nos tableaux, soit dans nos diagrammes. (Voir 14 et 27 février, 6 et 25 juillet, 22 août, 6 et 28 septembre, etc.) Il est extrêmement rare qu’un passage ait lieu à une époque de calme, ou qu’une perturbation se produise sans qu’il y ait en même temps un passage; ces cas exceptionnels ne sont rencontrés que trois ou quatre fois, pendant les deux années que nous avons étudiées. . Mais bien souvent au contraire, depuis que nous avons 72 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. reconnu ces coïncidences, il nous a été possible de prédire les perturbations d’après les observations faites sur le soleil; d’autre fois, la constatation d’une perturbation nous a fait prévoir la formation d’une région d'activité sur le globe so- laire, région que les observations antérieures n’avaient pas montrée et que l’on a pu observer les jours suivants. Loi générale. — Nous pouvons donc énoncer la loi géné- rale suivante, qui se confirmera d’ailleurs de plus en plus dans la suite de cette étude : Chague passage d’une région d'activité du soleil à sa plus courte distance au centre du disque apparent, correspond au maximum d'intensité d'une perturbation magnétique, et réci- proguement. Il importe de remarquer une dernière fois que nous parlons des régions d'activité du soleil, telles que nous les avons défi- nies, ef non pas seulement des taches. Lorsque les perturba- tions sont dues à des taches, il ne paraît y avoir aucune relation entre la grandeur de celles-ci et l’intensité des pertur- bations ; bien plus, on constate souvent des perturbations très intenses, sans qu’il y ait aucune tache dans les régions solai- res effectuant à ce moment leur passage. Cas des régions d'activité très persistantes. — Examinons maintenant le cas intéressant où une région d’activité du soleil persiste plusieurs mois et effectue une série de rotations. Elle passe alors plusieurs fois au voisinage du centre du disque, ef chacun de ces passages, séparés par 27 jours envi- ron, correspond à une perturbation maxima. De nombreux exemples de ce phénomène se sont présentés dans nos observations; nous en étudierons ici quelques-uns. PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 75 Nous prendrons d'abord une région d'activité qui a persisté de décembre 1885 à la fin de mai 1886, et a effectué sept pas- sages consécutifs, dont voici le tableau, avec les intensités des perturbations correspondantes : 12.7 Décembre 1895..,...... ? (Interruption de l’enregist.). D201 JANVICT 1000 ac 2 Ne 36.0 le 9.6 Janvier 1880. ST FÉVEIGL (= ss 8.5 5.8 Février — I 3.0 Mars ae n 730 3.4 Mars — 29.6 — Ur 41.0 30.4 — — 25.4 Avril ET MUC LT 6.0 25.5. Avril — 22.1 Mai Me PE 6.0 21.6 Mai _ Ainsi cette région a donné six perturbations, et probable- ment sept, dont deux #rès fortes (voir sur notre premier diagramme les schémas de ces deux perturbations) ; à toutes ses apparitions, sauf la première et la dernière, elle renfermait des taches; mais au 9 janvier, un groupe de taches assez étendues venait de s’y former; et de même, au 30 mars, un second groupe de taches venait d’y apparaître, un peu en arrière du premier. Ces circonstances, en dénotant une activité particulière dans cette région, aux deux époques citées, permettent peut-être d’expliquer l’action exceptionnelle qu'elle a eu alors sur le magnétisme terrestre. Une autre région d’activité est plus remarquable encore, non pas par l'intensité des perturbations qui lui correspon- dent, mais par le grand nombre des rotations qu’elle a effectuées. Les époques de ses passages et|les intensités des pertubations correspondantes sontles suivantes : 18.5 Décembre 1885 ........ 2.0 le 18.1 Décembre 1885. 14, JANMIEr ISSN à berse cou 35 15.8 Janvier 1886. 1053 HE VTICT Re NE ntsie capot 10.0 11.1 Février — 9.6 Mars TE EN LUS 52/10 :2 Mars — 4.3 Avril ms LM US re dite ous 5.5 :Avril _ IH ( 30.9 — EE 7.0 1.3 Mai _ 27,5. Mai DRE CPR EE Se d1.27:70— — 23.7 Juin TER 529 aSLOt 2217 Juin — 20.7 Tullet 1. JS. Le fie UrocS JuiEt 4 «= 16.8 Août NE PC 8.5 17.0 Août — V3 4NSEPIOM DS, 046 00 oc 10,0 13.8 Sept. — 74 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. A part les perturbations du 22.7 juin et du 13.8 septembre, cette région ne produit que des effets de peu d'intensité; en voici une troisième dont trois passages sur six ont une action énergique, et dont un passage seulement correspond à une perturbation très faible : 11.4 AVFIL 1880.04 ans 8.3 le 12.0 Avril 1886. CS) ML 4 NN One ES ES ES 18.0 9.0 Mai — AT AN ES SANT are Nas 4.1 Juin — LE 3016: JUL D USERS, 23.0 30.1 Juin — 20 : 2 JUNIOR = este ele ONCE 21.8 28.2 Juillet — 2 AOUE MER RER LERE 9.2 24.1 Août — Enfin, nous signalerons encore une quatrième région d’acti- vité remarquable par les changements d'aspect qu’elle a pré- sentés; les pores ou les taches qui s’y sont formés à plusieurs reprises n’ayant eu qu'une courte durée : 17 JANVIER 080 ess de 6.5 le 2.0 Janvier 1886. 29.0 Janvier —............ 8.0 29.4 Janvier — 25.2 Février — ss... 1,81 25.0NFÉVrIer, 23.3 Mars is Dane 9.5 23.4 Mars — 20.6 Avril CE EMEA EE UE 6.54. 230:9tAvril — 17.8 Mai ut dites SU Te GMA — 12.9 Juin — ANA 10-01 719-0 Juin — 10.4 Juillet — ...... rar 3.7 10.9 Juillet — Périodicité de certaines perturbations. — Sans pousser plus loin ces exemples, nous remarquerons maintenant que, de décembre 1885 à septembre 1886 seulement, c’est-à-dire en neuf mois, nous avons rencontré 32 perturbations dans les- quelles il y a une sorte de périodicité évidente, puisque, dans chacun des quatre groupes qu’elles forment, elles sont sépa- rées les unes des autres par un intervalle d'environ 27 jours. Cette périodicité pourrait se reconnaître à priori, indépen- damment des considérations qui nous ont amené à la remar- quer; en prenant d’abord les perturbations qui apparaissent Ë $ 4 Û E PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 75 comme fortes ou très fortes à la simple inspection des courbes de l'enregistreur, et sans faire aucun calcul d'intensité, on aurait celles des : 9 6 Janvier et 30.4 Mars 1886 séparées par 79.8 jours. 22.7 Juin et 13.8 Septembre 1886 séparées par 83.1 Jours. 30.1 Juin et 28.2 Juillet 1886 séparées par 28.1 Jours. 30.6 Janvier et 23.4 Mars 1886 séparées par 54.0 Jours. On reconnaîtrait que ces nombres de jours sont sensiblement des multiples de 27.3, et cette remarque conduirait ensuite à retrouver toutes les autres pertubations, moins fortes, sépa- rées les unes des autres par 27 jours et groupées en séries comme dans les tableaux précédents. En examinant d’ailleurs, avec attention, les tableaux donnés plus loin, ou les diagrammes de la planche, on pourra recon- naître quelques couples de perturbations fortes (séparées par 27 jours ou par un multiple de 27 jours), autres que ceux que nous venons d'indiquer; par exemple, dans le deuxième diagramme, celui des 11 septembre et 8 octobre. Ces deux perturbations se rattachent en effet à une même région d’activité, très voisine de la région IT citée plus haut. Celle-ci a disparu en septembre; mais, un peu avant sa disparition, elle s’est étendue dans sa partie antérieure où un second centre d'action, une seconde région d'activité, s’est formée; cette nouvelle région a persisté elle-même plusieurs mois (elle existait encore en janvier 1887) et a donné une série de perturbations périodiques commençant au 11 septembre, c'est-à-dire continuant à peu de chose près la série II. Nous avons observé plusieurs cas analogues. Ainsi, en admettant un écart de 2 ou 3 jours sur la durée de la période, on pourrai t trouver de très longues séries de perturbations périodiques; toutefois ce mode de groupement à priori des perturbations serait nécessairement soumis à 76 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. d’assez grandes incertitudes et ne permettrait pas, à lui seul, de rattacher ces phénomènes à la rotation du soleil. Mais, dans la marche que nous avons suivie, les perturba- tions étant d’abord reliées aux passages des régions d’activité du soleil, c’est-à-dire à des phénomènes observables, il n’y a plus de groupement arbitraire, et la périodicité des pertur- bations devient un corollaire nécessaire de la loi que nous avons énoncée, dont elle donne une intéressante vérification. Valeur de la rotation apparente du soleil déduite des pertur- bations magnétiques. — Après avoir reconnu qu'il y a une périodicité dans le retour de certaines perturbations, et indiqué la cause de cette périodicité, on pourrait aller plus loin et essayer de déduire de ces retours périodiques la valeur moyenne de la rotation apparente du soleil. Le résultat serait d'autant plus exact que l’on emploierait des perturbations plus éloignées l’une de l’autre, et il faudrait d’ailleurs prendre la moyenne d’un grand nombre ide résultats pour obtenir la rota- tion apparente moyenne,puisque les perturbations se rattachent à des régions du soleil de latitudes variables. Nous nous contenterons d’effectuer le calcul au moyen des perturbations extrêmes des quatre séries citées plus haut. Nous aurons : FE" 9.6 Janvier" Vet,21 67 Mat 1886 5 Rotations = 132j0 II. 18.1 Déc. 1885 et 13.8 Septembre — 10 — — 2607 IT. 12.0 Avril et 24.1 Août —— 5 — TANT IV. 2.0 Janvier et 10.9 Juillet — 7 — — 10029 TOTAL see ce dessireeeseanies een — — 72509 Ce qui donne, pour la durée cherchée, 26/,9, résultat un peu faible, mais qui paraîtra satisfaisant, si l’on considère qu’il résulte seulement de quatre séries de perturbations. 1 l MENT De PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 77 Cas particulier où deux régions d'activité ont des longitudes différentes de 180°. — En étudiant les régions d’activité du soleil, nous avons fait remarquer que souvent on les trouve par couples, de longitudes distantes à peu près de 180°. Comme deux régions ainsi placées déterminent chacune une série de perturbations, on voit immédiatement que les deux séries, rapprochées l’une de l’autre, en formeront une autre où les perturbations consécutives seront séparées par un intervalle de 13 à 14 jours. Voici par exemple une série formée par le rapprochement d’une partie des séries IT et IV données précédemment, et qui rentre dans le cas particulier que nous étudions : 18.1 Décembre 1883. 11.1 Février 1886. 5 5 Avril 1886. 2.0 Janvier 1886. 25.0 Février — 20.9 Avril — 15.8 Janvier — 10,2 Mars — 1,3 Mai — 29.4 Janvier — 23.4 Mars — 17.6 Mai — Au-delà du 17 mai, les intervalles entre les dates consécu- tives de la série I, et entre celles de la série IT, varient de un jour ou deux, en sens opposés dans les deux séries, et cela suffit pour détruire la régularité de l’alternance entre les deux séries. En rapprochant de même la fin du tableau I et le commen- cement du tableau III, on aura la série suivante : 30.4 Mars. 9.0 Mai. 12.0 Avril. 21.6 Mai. 25.5 Avril. 4.1 Juin. Ces séries de perturbations séparées par un intervalle de 13 à 14 jours, ne sont donc qu’un cas particulier de la loi que nous avons énoncée, combinée avec une position spéciale de deux régions d’activité du soleil; nous les signalons surtout parce qu’elles pourraient donner lieu à une interprétation inexacte, faire croire qu’il y a une action des régions d'activité 78 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. du soleil au moment où elles passent à la position apparente opposée à celle que nous avons considérée jusqu'ici, c’est-à- dire au voisinage du centre de l’hémisphère invisible. Cette action n'existe pas; car : 1° il n’y a pas foujours, mais seule- ment quelquefois, une perturbation intermédiaire, au milieu de l'intervalle séparant deux perturbations rattachées à une même région d’activité; 2°il n’y a pas, dans toute notre série d’obser- vations, d'exemple où une perturbation intermédiaire coïnci- derait avec un passage au centre de l’hémisphère invisible, sans qu'il y ait en même temps un passage dans l'hémisphère visible. Explication de quelques coïncidences relatives aux taches.— Il ne sera pas inutile d'appliquer la relation que nous venons de mettre en évidence à l’explication de quelques-unes des coïncidences, signalées depuis longtemps, entre des époques de grande agitation magnétique et des maxima du nombre ou de la grandeur des taches. .1° Lorsqu'il y a un grand nombre de taches à la surface du soleil, c'est que les régions d’activité sont nombreuses et éten- dues, et les passages très rapprochés; dans ces conditions, les perturbations magnétiques doivent être très prolongées. On rencontre plusieurs de ces cas, au commencement de nos tableaux, de mai à septembre 1885; on en trouve d'ail- leurs quelques-uns, comme nous l’avons déjà dit, sur nos diagrammes; nous avons même fait remarquer que la coïinci- dence des perturbations avec les passages est alors moins visible que lorsque ceux-ci sont bien séparés, et nous pouvons prévoir que cette coincidence serait difhicile à mettre en évi- dence à une époque de maximum de taches, tandis qu’au contraire, la concordance des maxima du nombre des taches avec des perturbations prolongées apparaîtrait facilement. PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 79 2° Quant aux coincidences des perturbations avec les maxima de la surface apparente totale des taches, ‘on peut vérifier, au moyen des surfaces indiquées dans nos tableaux (et dont les maxima sont en caractères spéciaux), qu’elles sont en effet assez fréquentes. Le plus souvent elles tiennent à ce qu'une ou plusieurs taches importantes, prépondérantes, passent alors près du centre du disque et acquièrent leur surface apparente maxima. Quelquefois aussi, le maximum de surface totale a lieu entre les passages très rapprochés de deux grandes taches et concorde ainsi, à peu près, avec deux perturbations. Effets des changements intérieurs des régions d'activité. — Une perturbation magnétique se composant ordinairement d’une série d’oscillations plus ou moins rapides, on peut se demander comment un phénomène continu, tel que le dépla- cement d’une région du soleil sur le disque, peut se rattacher à ce phénomène oscillatoire. La réponse nous paraît être dans les changements incessants qui se produisent au sein des régions d’activité, changements que l'observation dénote, et qui modifient à chaque instant l’action qu'elles peuvent avoir sur le magnétisme terrestre. Lorsque la région considérée arrive au voisinage du point de passage, son action, qui donnerait une perturbation progressive et continue si son état intérieur était constant, donnera une perturbation progres- sive, mais oscillatoire, si cet état change. En d’autres termes, il y a ici deux effets : celui du déplacement de la région d’acti- vité et celui des changements intérieurs de cette région; ces effets se superposent, pour donner la perturbation telle qu’on l'observe à l’époque du passage de la région. Les considérations précédentes tendent à faire voir aussi que ce qu’il y a d’essentiel dans une perturbation, au point de vue de l'effet produit par la rotation des régions d’activité, 80 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. c'est la partie en quelque sorte continue qu’il est difficile d’ailleurs de dégager des oscillations; et il semble que les écarts des valeurs extrêmes des éléments magnétiques se rattachent mieux que toute autre grandeur, à cette partie continue. Mais, d'autre part, nous avons pris, pour intensité d’une perturbation, l'intensité de la force qui produirait une pertur- bation présentant les mêmes écarts que celle observée, en négligeant les oscillations. Les valeurs de l'intensité des per- turbations, telles que nous les avons calculées, représentent, d’après cela, au moins approximativement, l'intensité de la force résultant de la rotation des régions d’activité du soleil. Celle-ci, en négligeant les oscillations, est donc maxima au moment du passage d’une région d'activité. Conclusions. — Les conclusions de cette étude peuvent se résumer ainsi : Les régions d'activité du soleil déterminent les pertubations du magnétisme terrestre au moment de leur passage à la plus courte distance du centre du disque apparent ; et, quelle que soit la cause physique qui produit l’activité magnétique de ces régions, les variations de leur action sur nos barreaux aimantés paraissent être dues à un changement dans leur orientation par rapport à nous. RCI NN ENENNENT LS ES LED POV SEL LUAS LAIT ALERT TARA Go EG O® 0 ® 200 < À SEEN 19 24 14 Avril 18 23 98 S 10 15 20 95 30 æ 9 Mars 13 evrier 19 24 29 3 8 Janvier 14 25 30 4 9 F 2 » (O] 0 @ COQ nn (e) O GTS ANR NAN O @- — = 2 = BALL) 15 mit 2 Septembre 19 24029 3700 Août Le 9 DEMO A Ge 4f0) 515) F4) Juillet 30 2b 25 Octobre PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME [lERRESTRE. SI PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES || PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES |} | Roca (PRE Lan and Mae ul AVRIL 1885 MAI 1885 24.2 | 14.5 5.4 de 00 t [sis | 24.9 | 2.519255 | + | 26. t | 25.9 | 1.5 26.6 | 4.5 21.1 | 55l 927.2! + 21.1 144.6! 27.0 | £ 219 | 28.4 | 5.5] 27.8 t MONDE NS 29.91 |" 4.5 28.0 | 44.3! 28.0 | £f | 168 30 29.1 200 | 105 30.0 | 7.5] 29.4 | + MAI 1885 30.9 | 3.5 | 30.0 | £ | 9 1 292 2.6| 40! 3.4! + | 9267 PERS SE M0 MAI f [197 | 201220 INR | ER PE À 6.4 | 3.8! 6.14! + | 292 258 Gers TL LE 13040 | 5 | 970 | TC E got se M ee DE AN S 6 NUS | &.0 |" it | 9.3! 40! 92% € | 365 RSR ET | 10.4 | 44.0| 10.5 | € RES 10.9 | 14.0 5.4 4014 | 350 1.8 | 6.6)41.9| + À465 | 7.2] 4.0 337 | | 13.0 | 3.8 101 | 8.4] 4.5! 8.0| + |452 13.8 | 49.0! 13.7 | f QE le ASE 0 TRI 14.3 | 4.0 10.3 | 4.0 10.2 | p 15.9 | 2.5 38 || 41.0 | 4.5 0 ma al 07 08 8e |A19)n ON ue less 1 18.0 | 2.8 [452 | 43 295 | AO 2200 MOSS EN GENE 206 DE AS RAS St TS 20.7! Æ:8)20.80| + 9248 | 45.2}! 4.2 232 21 16.1 | 8.0145.8 | p | 293 22 RS a OMS le e20 23 33418, 0010 22801 48.000 + 24 PER IET 1e NS AMONT, col 1489 25 DOS 0re0E3780 20323 012020 [00 Sciences, 7 82 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. EE PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES | PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES JUIN 1885 JUILLET 1885 MT LOU 2 O0 LE 18.5 0 0 Qu AS AM 210 DIT SRE 19 23-01 15:0 385 20:21 POS DA NIEE TN 21 385 21:39 1.0 302 25 41 20:01:24:6 tant 11220110 se 299 JR 2 00 227 MS 0) 26.0 | 9.0! %.6]| t 23.21 9:01 23.01 TAN 27 216 || 24 273 ATP 25.5 | 48.0! 25.5 | p 24e AE PAT | sn re 26 29 QT MIN 20 BOL 0 0 202 tr QI Se 97. ro a or 800 28 184 JUILLET 1885 29 197 1.6 141.5] 2.1 f 324 | 30.1 | 6.0] 29.5 | p 2 305441 31 127 3 279 1.4 | 7.2| 4. t AOÛT 1885 EAN ASS 1.9 ou t [121 622 3 O0! 5.9 ‘à BJ 2 t AMC :S je - 875 4.8 8.4 | 4.5\ 973 4.6 5.041 Et 9 219 5.2 130 10.3 | 4.0 À 10.1 t | 207 6 124 11.6 | 3.2 7.6 1:00) ROUTES | up f FA 8.9 162 AT OR ES 83 || 10.2 [40.4 | © 14.0 | 4.0 10.5 235 jé 14.8 t pe ds , Mes p |181 || 43.1 16 13.6 At 30) A 0e Sa z Il MAN ARR 159 PERTURBATIONS © mn . . . à © © > 19 —— D 29 I TO 19 +9 + Co t2 (ep) . [SA . (en) ot FF & © ?2 = . . . ù . . D = D À © 19 © ot eO" Co OT = © | PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. AOÛT 1885 1.0 1.0 Ÿ 16.0 2.0} 16.1 5.7 À 20.1 9.0! 20.5 . ORTDA Lori 20, 22.0 122h22.6 8.5 1.9 1:55 1°28:7 14.0} 29.1 ali) e.2/ 91.2 0.7 SEPTEMBRE 1885 LE M OH 19 19 29 à Un 1 © © © © € © = © — ww = ot — Fe CA BE) PASSAGES en à œ ù . . 9 © 1 OT [= [e 2] | t — - oo SN on VS 5, nl PERTURBATIONS (2e) OURS PASSAGES SEPTEMBRE 18385 2.5 | 14.0 t DR 2076 P 170 40:0:1723:0: 1 fp 15 7.0 PRE A 95) f 3.5 Sc Dire t 921221 t de 0 5:01129:0 P 4.0 1 30.5 t OCTOBRE 1885 SP DÉDMA TES f DA PEN) 83 SURFACES 172 137 84 PHÉNOMÉNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. | PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES || PEETURPATIONS PASSAGES SURFACES |} | | OCTOBRE 1885 NOVEMBRE 1885 2.5 2.0 | 1.9 | 4.5 | 2 15 | Det 7.7| 12. ; 1.5 140 : 1.0 3.0 | Je Interruption des observations du 3 29.5 soleil du 9 octobre au 16 novembre. PA) 31] 8.0|° 7 . . . . . . à È . CONSO NOR COR COR ©2 NOVEMBRE 1885 DÉCEMBRE 1885 2.9 D) Er EC du és Ciotat ntibte-S te- ed ar ddr À St OS 2 e 9 .6 4 1 xl sil héute SR RSS ee PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE, PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES || PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES |4 | | | | | DÉCEMBRE 1885 JANVIER 1886 18.1 | 2.0 | ae À EE 18.9 | 2.0 0 8-5 AAA 216 19.6 | 14.7 | 19.1 ECRIRE 20: 4 | 3.0 A ER 2e 2300 PAT Ci RES t 181 o.9 2.9 114 15.8 | 3.5 22.0 | 4.0 95 16.6 | 1.0 29.74 1.0 105 47 162 24 172 18 25 AGDE OAINAS Sul € PC RE 19.7 | 6.2 An vis 26.0 À Fe 2082/0050 95 970 1.0 | MAD INRASS . s.s| 28.7 t ee 2.4 | 4.5 45 PONT ART LT AS EGP) p 9 30.0 | 1.0 | 127 | 93 9 30:8412 1.5 24 A TO | 25208 95 JANVIER 1886 96 141): 3.2 73 TE 1 AT 2016: DiI0 1.7 IP C0 URS. CPR OC MONT 6 MST 30.6 | 46.0 25 = 0) A IAE EN TUE FÉVRIER 1886 FAN IE PE 153 RARES AS 50] #30 20R IN 4:48 79 SEA PUNE 0 eur IN ED GEL IMRE RE 2 PRET t 228 9:70) 6:40 400 204 2 à RE 121 7 HAN 0% 5 N'ALCNANEE 8 5.8 | 85! 5.1 t 124 hi | 19:81 88 t 6.9 | 1.5 184 9.6 | 36.0] 9.6 | f£f 1264 F. 86 PERTURBATIONS —— (ee) © © © CC © n> OT à CO Fr © PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. PASSAGES FÉVRIER 1886 2.5 10.0 MARS 1886 155 1,1 7.0 1.5 8.0 10.3 11.4 t9 Le] de) . ° . OT © t Lour) TT rh Lois S) Land + + PM SURFACES PERTURBATIONS COMMOMOMETMRONT 1 ® OO À © . . . . . & Vo PASSAGES | MARS 1886 117 0.5 A U426 t 2.5 7.51 16.5 P ? 3.0 8.5 3.0 146.5] 20.5 f 10 1720.7 L Fe 9.51] 23.3 P 3.211 2454 t 8:5 1.0 6.0 Fu 29.1 t 41. 01%: t 30.6 2525 2.001841. t 28.0 AVRIL 1886 6.0 At P 165 2.0 DDASS t 230 6.4 t 1 1.0 9.5 f SURFACES |} 111 PPT ee 0 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 87 PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES || PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES |} mers ne ne nes | eme | | AVRIL 1886 MAI 1886 a 1 © (==) 12. wWw 1 Oo © à um © a = © a © +9 +2 . me OS Ga Sen Co EN En À 9. de 5 de 6 5. 4. & d. 8 re 1e 4 3 6 Le 2e 3 d.. 19 +9 RO +9 29 9 +2 (0) CO TOMTOMTOMTON TORONTO OT & Co c a +2 we] ©O> 2 +2 le) QD © Pau 88 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES || PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES ET | JUIN 1886 JUILLET 1886 5.2 2.5 | 4.91: f 142 4.9 0.7 | 7 LÉ EU MAD . COL BIO MB SSP 3.9 | t Bb: 825 041271 t W 2.5) 4.6 t TRAINS 134 SE RS 124 | 8.9 | 8.0? 111 6 472 | 10.8 | 2.2 105 7 86 + I ANA a AG e f 38 1 12.2 | 2.0 38 9.7 | 6. 9 13.0 | 40.0! 12.9 | f 0 VMAOTOBITES. f 0 14 ? 14.8: | #9 14.7 545 | f 12 6004 f 0 15.7 à 0 || 43 6 | 16.7 0 RTS. f 7.4 lazal £ | 19 | 45.9 | 40. ag PURE | 18.7 ÉTATRIRE"S 51 || 16.4 | 3. ï 38 19.6 | 2.0 149.6 £ RC MER RE 20 LRO ET 83 || 22.0 721.9! t€t 19.8 | 44. 2.1 444 || 20.4 | 3. t |121 ra FAN 16 6 1)/Rn EE 2 t |4137 57 109 5e: 137 25.1 48: || 98290100 134 26.1 26.01 1 £ 21.0 M2: 99 27.2 | ge AE IVe || 28.0 | TAUaeS | || 29 | 105 || 26 143 30.1 [29.9 |2# Uao |'o7.r | 4. t | 140 | 98.2 | 24 t 1475 | JUILLET 1886 de 30.6 p 29.1 | 14. 130 Fe 14.5) 1.2 f 178 204 1102: 194 24 FDA ; t su 0516 ié DH SES t PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 89 PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES || PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES AOÛT 1886 AOÛT 1886 1.01 2.5 30.7 | 1.5 28 1610321420 07 31.7 | a) | | 54 5 102 NE SEPTEMBRE 1886 3.1| 2.0 À 1 al D Ne IR po las 5 2811301 2710) 6 61e loc lér [+ us olMenler.: Me as Si So 70 8.9 | 92.5 284000 8| +: | 73 i 38 | 5 CURE 10 2 | 6 54 1 | 2.0 | 10.4 1.1| 5.51 8.0| + |7o 12.4 | 42.5] 11.8 A ON MEN NEC UIRS 14.2 | 8.0 | 44.2 19 | 9.9 | 42.0 38 TC REA: 40 205.8 MARNE 16.3 | 8.0 28 | 10.9 | 44.7 1.0| 8.5116.8| + FAURE 76 17.6 | 2.7 12.0 [41.5 11.9| f 18.0 | 8.5 1 ao! 75 las | © 1C 90 18.5 | 2.0 13.8 [40.01136| f 19.4 | 5.2lus | f 14.8 | 5.0 145.5 | + Î444 TEA td NE es ae le die DRE 0 73 22.9 | 1.0 17.5 | 2.7 67 23.4 | 0.7 s te Las 4.1 | 9.2193.9| p 3 | 49.2 | 2.0 lag # > ASS 20 25.9 | 2.7 o |A1.2| 7.7 19 26.8 | 2.5 ae |ai.o| o7la9 | 9 9x 9 - 28.1 | 1.019280! : ne ie #0 AD Er 99.0 | 4.512%86| + | | 24.7] 1.0 Sciences, 8 OO PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES || PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES | | | | SEPTEMBRE 1886 OCTOBRE 1886 1 26.0 | 4.71 2%6.2| f 6 93.5 03.5 JE ? 26.9 | 1.0 0 24.6 92,9 | p? 9 28 0 25 || 29 0 26.8 00429 9 30:8478:6) "1.510 45 | 28.0 598.5 | f 29-2415 71018 15 OCTOBRE 1886 31.0 | 2.2 | 34.1 26 NT ASTAE 12 21 | 3.0 92 NOVEMBRE 1886 SAC) 000) CCE ET 1 DR 5 5 AU 98 DS AO ASE QUE 4 3.0?| 44.2 0 5 28 4.4?| 14.02 4.8 | f Hot o EE: SAN ve 1185 6.1?| 44.0 0 6 9 | 20.7 785 AUTO 74 A0 BUGS UTILE 26 ANOTE 71.9 | 48.2 RO AE 0 8.4 | 6.5 32 || 40:7| 2.2 Ron 7 ns LE 72 6 ALAN 9.9 | 5.5 12 || 12.3 | 41.5 9 où Ve 5974) ip 13.3 | 3.7] 13.2 12 10.3 | 3.0 PCRRCARR ETC 10.9 | 42.5 15.8 | 3.8 6 RTRSR CAE TON 12 || 16 12.0 | 3.0 DATA DEN E 6 12.8 | 4.5 DAS 191005 0 14.01 8.7113.5| f 0141928414 0 15/74] VAS 35 || 20.6 | 8.0119.9| f 0 16.4 | 2.0 44 || 21 FAT PROS IN NEA DRE ? 99,91" 19.81h09 070€ 19.2 [46.211778 | t£t ? 24.1 | 44.0 | 24 0 20.7 | 1.0 ? 95.9 | 4.5 0 192.0 | 37 ? 26 PHÉNOMÈNES SOLAIRES ET MAGNÉTISME TERRESTRE. 91 PERTURBATIONS PASSAGES SURPACBS || PERTURBATIONS PASSAGES SURFACES | NOVEMBRE 1886 DÉCEMBRE 1886 27.9 | 2.5 sHPA0 are RUE 98 9.8 | 1.2 29,9 18.5 1190.42 | f 0 | 40 30.7 | 46.5] 30.8 | f 11.2 | 1.5 140.5 | f LR DÉCEMBRE 1886 Hoi 2.2 142.5] 1.9/1 f ON 444 06 STE 6. it 3.9 | 6.5 15.4 | 6.811454] € 14#8.01:43 D 9 || 46.4 | 0.7 DER DE ST 16.9 0 lan : 6.0 | 9.5] 6.1| f er Logis 6.91 2.5! 6 0 || 18.4 | 4.0 | 4 1 C} A, ; le + Bree 0 ri 4 à: are Te ere à déni 1 & : eu FAQ RURS «el ty Li fr EN “ta à 5:10 ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES DU VELAY ET DU VIVARAIS AUUVOISTECLE DE! L'ÈRE .CCHRÉTFIENNE LUE A L'ACADÉMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON Dans la séance du 12 juillet 1887 PAR M. l'Abbé FACQUART Professeur d'Histoire naturelle, Lauréat de l'Académie de Reims, Membre de plusieurs Sociétés savantes. MESSIEURS, Le but que je me propose dans cette étude est de rappeler tout d’abord en peu de mots ce que sont les anciens volcans dont certaines de nos provinces montrent les cônes et les sommets brûlés ainsi que les laves épandues, et de démon- trer par des témoignages empruntés à l’histoire et à la géologie que quelques-uns de ces volcans, éteints depuis bien des siècles, ont eu de nouvelles éruptions à une époque relativement rap- prochée de nous; phénomènes qui ont terrifié nos ancêtres et ont provoqué des manifestations religieuses pour conjurer la colère de Dieu et lui demander la cessation de ces fléaux. Ma thèse n’est pas nouvelle, je le sais: et les éruptions ré- 94 ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES centes de quelques-uns de nos volcans n’ont point complète- ment échappé à l’attention des savants. James Southal en fait mention (1) et deux revues anglaises en avaient parlé avant lui (2). Un naturaliste du XVIII siècle, l'abbé Giraud Sou- lavie, dans son Histoire naturelle de la France (3), a consacré un chapitre à soutenir cette opinion. Mais malgré cela il m’a paru intéressant de coordonner certains faits épars dans diffé- rents mémoires difficiles à se procurer, faits qui viennnent jeter un peu de lumière sur ces questions à peine connues. Quelques mots d'abord, pour rappeler les théories admises par les géologues au sujet des volcans. On entend par volcans des appareils naturels qui doi- vent être considérés comme mettant en communication, d’une facon temporaire ou permanente, les profondeurs du sol avec la surface. Or, ces appareils, placés sur les lignes de fractures qui traversent, en divers sens, l'écorce terrestre, se présentent généralement sous la forme d’une montagne régu- lièrement conique, plus ou moins élevée, tronquée à son ex- trémité supérieure par un orifice, en forme de coupe, désigné pour ce fait sous le nom de cratère, au centre duquel vient déboucher un canal, portant le nom de cheminée, qui établit la communication en question; mais la condition essentielle du volcan, c’est le canal par lequel se fait l'ascension des matières contenues dans les profondeurs. Car ce cône, cette montagne régulièrement conique, si souvent décrite, qu’ont édifiée les produits rejetés par la cheminée au dessus de l’ori- fice de sortie, manque parfois. Il est des volcans qui n’en possèdent pas, et qui se présentent à ras du sol sans qu’aucune dénivellation les fasse pressentir. J'ai dit d'une facon temporaire ou permanente. Les volcans, (1) Recent origin of man, p. 80 (2) Le Quaterly Review et le journal Nature. (3) Tome III. À 1 4 . | DU VELAY ET DU VIVARAIS. 95 en effet, ne sont pas toujours en éruption, et leur activité n’est pas illimitée, bien que dans certains cas elle puisse durer des milliers d'années, mais, généralement, il n’en est pas ainsi; et d’une éruption à l’autre, il peut s’écouler non pas seulement des années, mais des siècles entiers. Avant l'an 79 de J. C., époque où eut lieu la fameuse éruption du Vésuve qui causa la mort de Pline l’ancien, et ensevelit les villes d’Æerculanum, de Pompér et de Sfabies, les habitants n'avaient dans leurs traditions anciennes aucun souvenir de l’activité de ce volcan. Ses flancs étaient cultivés et couverts de forêts. Et cependant, c'en était un, et on ne saurait le contester, d’après des témoi- moignages historiques assez positifs, et surtout d’après les matériaux de la plupart des édifices de ces villes qu’on recon- naît pour être d'anciennes laves. Il s'était éteint, et trois siècles s’écoulèrent ensuite, sans qu’on entendît parler de lui. Ilen fut de même quand se produisit l’éruption de 1631; peut-être près de cinq siècles avaient passé, et de nouveau, on consi- dérait le Vésuve comme à jamais éteint. Dans le cratère même croissaient de grands chênes et des tilleuls, et les troupeaux allaient y pâturer. Des volcans paraissent même pouvoir s’éteindre entière- ment et pour toujours. Il en existe, en effet, qui présentent encore leur cratère, leurs dépôts de tufs ou de cendres, leurs coulées de laves, tantôt formés d’un seul cône de soulèvement, tantôt portant un ou plusieurs cônes d’éruption à leur centre; mais depuis des milliers et des milliers d'années, ils ne don- nent plus aucun signe d'activité : à peine des émanations ga- zeuses, des mofettes, s’'échappant des fissures du sol, tapis- sant les grottes et remplissant les dépressions de leurs odeurs fétides. Tels sont, en Allemagne, les anciens volcans de l’Eïfel et de l’étang de Laach — mais l’histoire ne dit rien de l’épo- que à laquelle ils lançaient leurs laves: tels sont surtout les anciens volcans qui hérissent certaines provinces du centre 96 ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES de la France, et dont je désire parler d’une manière plus spéciale. On distingue donc deux sortes de volcans: les volcans en activité et les volcans éfeints. À vrai dire, un volcan a cessé d'exister au moment où son activité n’est plus, mais comme il a laissé des traces ineffacables, on a pris l’habitude de dési- gner encore sous ce nom toute montagne volcanique, alors même qu’elle est éteinte. Par sa forme caractéristique, elle nous rappelle toujours les phénomènes mêmes du passé; et l'ouverture béante du cratère semble à chaque instant prête à livrer passage aux puissances destructives de l’abîme. Un fait à remarquer, c’est que les éruptions sont d’ordinaire d'autant plus violentes que le temps de repos a été plus long; et les éruptions les plus dévastatrices dont l’histoire fasse mention se sont précisément produites par des volcans qui possédaient tous les caractères d’une complète extinction. J’ai parlé de l’éruption du Vésuve en l’an 79; d’autres exemples, et ceux-là sont de notre siècle, confirment cette remarque. Dans un archipel situé à la pointe S. E. de l'Asie, s’élève le Tomboro. Depuis bien longtemps, il n'avait donné aucun signe de vie, et les insulaires en étaient arrivés à ne le plus compter, mais voilà qu’en 1815, il se réveilla soudain; et l’éruption qui en résulta, et qui dura quatre ans, dépassa les plus violentes que l’on eût vues en Europe, puisque sur toutes les îles Moluques, à Java, à Sumatra, à Bornéo, jusqu’à une distance de plus de 2,000 k., on ressentit les explosions, l’ébranlement causés par la bouche ignivome en fureur, pendant qu’une pluie de cendres recouvrait les îles d’une couche de cendres noires. Un des phénomènes qui, d'ordinaire, accompagnent les éruptions volcaniques, ce sont les tremblements de terre. Certaines régions de la France savent maintenant ce que c'est : des secousses subites plus ou moins violentes, des mou- ” Alcimus Avitus (saint Avit), neveu de l’empereur romain Avitus, et successeur de saint Mamert, confirme ce témoi- gnage. Promu au siège de Vienne trente ans environ après les éruptions (490), saint Avit composa une série d’homélies pour les Rogations. S’adressant aux fidèles, il leur rappelle les évènements dont une grande partie d’entre eux avaient été (1) Sidoine Apollinaire. — Lettres. — Liv. VII. — V. le texte latin, à la fin de cette étude. 108 ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES témoins, et il les exhorte à remercier Dieu de les avoir sauvés d’un si grand danger. De ces homélies, assez nombreuses, deux seulement sont venues jusqu’à nous. Or, voici ce qu’on lit dans l’une d’elles : « Beaucoup d’entre nous se rappellent, je le sais, les causes des terreurs de cette époque. C’étaient en effet de fréquents incendies, de continuels tremblements de terre, des bruits nocturnes qui, pour célébrer les funérailles de l’univers ‘entier, faisaient craindre un embrasement affreux. Devant de nombreuses troupes d'hommes se présentaient tout à coup des bêtes sauvages... Quel est en effet celui qui n’avait à re- douter dans ces fréquents incendies les pluies de feu de So- dome? Qui, dans ce choc des éléments, pouvait ne pas croire que les montagnes allaient s’écrouler, et la terre se déchirer ? Quel est celui qui en voyant les cerfs, naturellement craintifs, pénétrer par les portes étroites de la cité jusqu’au forum, n'aurait pas redouté qu’une solitude entière le menaçait? (1) » Aïnsi donc, si l’évêque de Clermont et celui de Vienne parlent des fléaux qui, à cette époque, s'étaient abattus sur cette partie de la Gaule, ce n’est point pour en faire connaître les dé- tails à des étrangers, ni pour en transmettre les souvenirs à la postérité : ils n’y voient que des motifs de reconnaissance et de repentir ; ils cherchent évidemment à rassurer ou à édifier les amis ou les contemporains auxquels ils s’adressent; ils écrivent pour des hommes qui ont vu comme eux courir les torrents de laves et tomber des pluies de cendres, ont entendu comme eux les grondements souterrains, ont senti comme eux la terre trembler sous leurs pieds, se sont agenouillés devant les mêmes autels et ont dit les mêmes prières. Chaque mot, chaque expression devait rappeler à la mémoire des fidèles tous les bouleversements de la nature, auxquels la bonté de Dieu avait enfin mis un terme. (1) Saint Avit. — Homélies. — Patrologie latine de Migne. DU VELAY ET DU VIVARAIS. 109 Ces mentions, à vrai dire, sont purement incidentes et nullement descriptives; on n’y trouve pas le soin d’un chro- niqueur ni la précision technique d’un naturaliste; et cepen- dant, elles sont beaucoup plus amples, plus intelligibles, plus précises, plus correctes que le passage où Tacite raconte la destruction des villes de Campanie, par suite des tremble- ments de terre de l’an 62, et celui où il se contente de faire une allusion à l’éruption du Vésuve, en l’an 70. Mais, dira-t-on, il ne s’agit ici que de la ville de Vienne, et l’on ne cite pas d’autres localités. Tout d’abord, des trem- blements de terre aussi fréquents et assez violents pour renverser des édifices, ont dû nécessairement se faire sentir ailleurs qu’à Vienne. On sait quelle zone immense un pareil phénomène peut embrasser. Nous venons d’en avoir lex- périence. D’autres villes, surtout celles situées dans les ter- rains volcaniques du Vivarais et du Velay, ont dû en éprouver aussi les effets désastreux. Ensuite, comme d’un côté, il s’agit de montagnes vomissant des flammes, et ensevelissant sous des masses de cendres les crêtes croulantes; comme, d’un autre côté, il n’y a pas que nous sachions, dans les environs immédiats de Vienne, de terrains ni de cônes volcaniques, il ne peut donc être ici question que des anciens cratères du Vivarais et du Velay, peut-être même de l’Auvergne qui, en définitive, ne sont pas, à vol d’oiseau, à une bien grande dis- tance de Vienne (1). On sait du reste qu’entre le massif vol- canique de Clermont et Vienne, il y a des terrains de cette formation aux environs de Montbrison. De plus, il y a ceux du Velay et de l'Ardèche plus près encore de la cité vien- noise. « Si maintenant, dit un écrivain, pour préciser davantage, nous considérons que la montagne de Denise se trouve dans (1) Du Puy à Vienne, en droite ligne, 100 k.; de Clermont à Vienne, en droite ligne, 140 k. FATON ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES la contrée indiquée par Sidoine Apollinaire, presque à égale distance de Clermont et de Vienne; si, d'autre part, nous savons que ce volcan a été en éruption à une époque relati- vement récente, alors que ceux des environs étaient en majorité peut-être éteints, n'est-il pas naturel et parfaitement légitime de conclure de ce rapprochement que les éruptions auxquelles l'évêque fait allusion doivent être attribuées à ce volcan, et que ce sont elles qui ont enseveli les ossements humains dont la découverte a si fort intrigué les savants ? (1)» L'auteur peut avoir raison en ce qui concerne Denise; mais je ne puis croire que ce cratère soit la seule cause de tous les désastres d'alors ; il serait étonnant, en effet, qu’au milieu d’un si grand nombre de cratères, seul celui de ce volcan eût repris toute son activité ; car bien d’autres ont les mêmes caractères que lui. Et d’ailleurs, si des désastres et des fléaux semblables n'avaient pas existé dans le rayon de l'Auvergne, du Velay et du Vivarais, pourquoi les évêques de ces pays auraient-ils adopté l'institution des Rogations établies par l’évêque de Vienne? Ils avaient donc aussi à con- jurer la colère de Dieu, et à rassurer leurs peuples effrayés. Mais aux témoignages de Sidoine Apollinaire et de saint Avit, on peut aussi joindre celui de Grégoire de Tours. Voici ce qu’il écrit: « Saint Avit rapporte dans une homélie qu’il a composée sur les Rogations que ces prières que nous célébrons avant la fête de l’Ascension du Seigneur ont été instituées par Saint Mamert, évêque de Vienne, à l’époque même où cette ville était sous la terreur d’une foule de pro- diges. En effet, de fréquents tremblements de terre l’ébran- laient alors, et des bandes de cerfs et de loups, franchissant les portes, erraient sans rien craindre à travers toute la ville. Et comme ces prodiges duraient depuis près d’un an, aux (1) L'abbé ÆHamard : L'homme tertiaire. DU. VELAY ET DU. VIVARAIS. III proches de la solennité de Pâques, le peuple tout entier attendait pieusement la miséricorde de Dieu, comme si ce jour de la grande fête devait mettre un terme à ces terreurs. Mais pendant la veille de cette nuit glorieuse, alors qu’on célébrait les messes, soudain le palais royal s’embrase par le feu du ciel. Tous alors, saisis d’épouvante, sortent de l’église croyant ou bien que la ville entière allait être consumée par cet incendie, ou que certainement elle s’éeroulerait dans les crevasses de laterre; seul, le saint évêque, prosterné devant l'autel, implore avec larmes et gémissements la miséricorde de Dieu. Bref, la prière du vénérable pontife pénétra dans les cieux, et le fleuve de ses larmes éteignit l'incendie du palais. Sur ces entrefaites, à l'approche de l’Ascension, comme nous l'avons déjà dit, l’évêque prescrivit un jeûne, indiqua la ma- nière de prier, détermina le nombre de repas que l’on pouvait prendre, et ordonna l’aumône faite de bon cœur. Les causes de la terreur ayant cessé, la renommée de ce fait se répandit dans toutes les provinces et engagea tous les évêques à faire ce que celui de Vienne, poussé par sa foi, avait fait lui- même. Jusqu'à maintenant, ces prières ont eu lieu, au nom de J.-C., dans toutes les églises, avec la componction du cœur et la contrition de l’esprit (1). » Du reste, ce n’est pas là le seul témoignage que l’on trouve dans Grégoire de Tours, au sujet des feux et des tremble- ments de terre du Vivarais et de l'Auvergne, pendant la période de ce V® siècle, et aussi pendant le VI°.Il en existe bien d’autres qu’il serait trop long de citer et même d’énu- mérer ici. Mais une remarque à faire, c’est que l'historien, en faisant mention des tremblements de terre, signale presque toujours l'apparition de feux qui, la nuit, parcourent le ciel, et d'immenses incendies qui s’allument et dévorent les cités; (1) Histoire des Francs. Liv. II. ch. 34. Voir le texte latin, à la fin de cette étude: fn? ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES des bruits souterrains, des tonnerres qu’on entend soudaine- ment. Et, chose curieuse, c’est souvent le matin, alors que le jour commence à luire, que se produisent ces phénomènes. Il y a là une remarque à laquelle les savants feraient peut-être bien de prêter quelque attention (1). Aimoin, bénédiction du monastère de Fleury sur Loire, mort en 1008, n’a pas manqué dans ses Gestes des Francs, de parler de tous les fléaux qui, à cette époque, ont assailli cer- taines de nos provinces. Voici ce qu’il dit au ch. XXIV du premier livre : « En ce temps-là, à Vienne, ville de la Gaule, un grand nombre de maisons et d’églises, ébranlées par un tremble- ment de terre, s’écroulèrent. Le jour de Pâques, pendant que le bienheureux Mamert célébrait solennellement la messe, le palais royal qui était dans la même ville fut brülé par le feu du ciel. Des loups et des ours, fuyant leurs forêts, envahirent la ville, et se jetant sur un grand nombre d'habitants qu’ils mordaient, les forcèrent à abandonner leurs habitations. Aussi, à l’approche de la fête de l’Ascension, l’évêque ayant convoqué le peuple, l’avertit de faire un jeûne de trois jours et d’implorer le secours du Tout-Puissant. Le jour marqué approchant, le peuple tout entier courut aux églises, en chantant avec joie des litanies, et en jeünant trois jours. Cette coutume s’étendit ensuite si bien dans l'Eglise universelle, que partout où se répandit la foi du Christ, ces litanies ou prières ont été célébrées avec joie par tous les fidèles (2). » Dans son Histoire générale de France, Scipion Dupleix (ivre Vaches livre IL Ch° T9: Livre V, ch. 18, 34. Livre VI CH Sr Livre VII ch 11: Livre XX Chi1281 (2) Aimoin, — De Gestis Francorum. Liv. I, ch. 24 (Edit. 1567). DU VELAY ET DU VIVARAIS. Le raconte aussi les faits dont je viens de parler ; puis, quand il arrive au règne de Chilpéric et de Frédégonde, il nous montre Dieu se servant successivement et ensuite à la fois des trois éléments « pour ramollir les cœurs diamantins des majestés terrestres » : inondations, horribles tremblements de terre en divers endroits de la France, « avec clochements épouvanta- bles, feux et incendies qui embrasent les édifices (1). » L’historien de l'Eglise de Vienne, M. Charvet. qui a écrit son ouvrage avant même qu’on soupconnât l'existence des volcans éteints du Vivarais, frappé des témoignages qui l'ont convaincu de ces éruptions, les cite tout au long, et je remar- que dans son texte cette phrase qui ne laisse aucun doute : « Des volcans s’ouvrirent de tous côtés ; les sommets des montagnes emportés par la violence des matières enflam- mées, tombèrent les uns sur les autres, et changèrent la face de la nature (2). » DA Je laisse de côté d’autres auteurs modernes, qui tous, né- cessairement, ont dû puiser aux mêmes sources. Mais ces témoignages me semblent suffisants pour démontrer qu’en l'année 468 et les suivantes, des volcans de l'Auvergne, du Velay et du Vivarais donnèrent encore quelques signes d’ac- tivité. Car cela seul peut expliquer l’ensemble des faits rap- portés dans ces extraits. Au reste, ces témoignages pourraient peut-être trouver leur confirmation dans les noms mêmes que portent nos anciens volcans. En effet, si l’on en croit Giraud-Soulavie (3), il fau- drait admettre que « plus les volcans de la France méridio- naie paraissent anciens, plus leurs noms s’éloignent de l’idée d'incendie, et que plus ils paraissent récents dans l’histoire chronologique de la terre, plus leurs noms ont d’analogie avec 1) Scipion Dupleix, — pages 52 et 138, éd. in-folio de 1639. 2) CHARVET : Hist. de Vienne. — 1 v.in 4,an de J.-C. 460. 3) ist. de la France méridionale. T. HI. Hist. du Viennois, ch. 2 ( ( \ 114 ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES les opérations de cet élément. » Aïnsi les plus anciennes mon- tagnes volcaniques de l’Auvergne et du Vivarais ont des noms différents ou corrompus qui ne rappellent en rien l’ac- tion du feu, comme Rochemaure, Rochemaillas, Roche-Fas- trié, Rochenoire, Gourdon, Mezilhac, La Champ Raphaël, et généralement tous les dikes pyroxéniques du Coiron. Au con- traire, les volcans les plus récemment éteints ou les quartiers qui les avoisinent portent ordinairement des noms où l’on retrouve l’empreinte de l’effroi traditionnel qu'ils ont inspiré: de là les noms de Chaux-Coulant, de Montchaud, Montbrül Chaudeyrolles, Gueule d'Enfer, Tartar, Fourmagne, les Infernets, Mont-Usclat, Combechaude, Costechaude, Pas d'Enfer, Mont du Diable, etc. Dans l'Hérault, le cratère d'Agde est environné d’une grande et petite Crémade. Les volcans de Provence sont appelés Caudière, Pierrefeu, etc. Or, ces noms comme aussi les témoignages historiques et l'aspect de ces volcans, tous bien conservés, ne seraient-ils pas des preuves que l’homme, et cela dans des temps tout à fait historiques, a assisté aux dernières manifestations volca- niques de nos contrées ? Une question se présente ici : puisque certains de nos vol- cans se sont réveillés au V® siècle de notre ère, est-il à crain- dre que de semblables phénomènes se reproduisent de nouveau ? En thèse générale, tant qu’un pays est sujet aux tremblements de terre, il peut aussi s’y produire des phéno- mènes volcaniques ; car les tremblements de terre sont souvent les premiers symptômes des feux souterrains dont les volcans sont la manifestation palpable. Or, nous avons quelquefois des tremblements de terre assez violents ; celui der873 et celui du mois de février 1887 ont laissé dans plu- sieurs localités du Midi des souvenirs qui ne sont pas encore effacés. On fait observer, il est vrai, que, fort heureusement pour nous, la mer ne baigne plus le pied de nos montagnes PE CS A DU VELAY ET DU VIVARAIS. LS centrales, et que si depuis 125 ans on a noté 139 grandes éruptions, 99 provenaient de volcans situées dans des îles marines, et seulement 41 de volcans situés dans des conti- nents, mais toujours assez rapprochés de la mer. Il est cer- tain qu’il faudrait de bien terribles dislocations pour pro- voquer de nouvelles conflagrations souterraines, dans un sol aussi profondément oxydé que celui d'où émergent nos volcans : cependant, cela n’est pas impossible, et la science, loin de rassurer les sceptiques contre la fin du monde, est obligée d’avouer que rien ne prouve une diminution d’inten- sité des actions souterraines qui ont produit les cataclysmes géologiques. D'où il suit que « l’idée d’une fin du monde ou d’un renouvellement des choses d’ici-bas, idée religieuse et tout aussi répandue que celle d’une grande inondation passée, pourrait également trouver un appui dans les lois mêmes qui semblent régir le monde (1). » Si, maintenant, nous consultions, nous fouillions plus avant l’histoire de cette époque, nous verrions que de semblables phénomènes se sont manifestés, et avec une grande intensité, ailleurs que dans les Gaules; mais les raconter serait sortir du cadre que je me suis proposé dans ce simple mé- moire (2). » CONCLUSIONS De ces quelques pages, nous tirerons une série de propo- sitions qui en seront le résumé. 1° — On ne sait pas à quelle époque les volcans du Velay, du Vivarais et de l'Auvergne se sont éteints ou ont cessé leurs éruptions. Gi) Docteur Francus. — Voyage aux pays volcaniques du Vivarais: page 118. — Beudant ; manuel de Géologie. (2) Consulter Tillemont, art. 32. 116 ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES 2° — Certains d’entr'eux, cependant, ayant présenté des restes humains authentiques, il faut admettre que tous n’étaient pas encore éteints lors de l'apparition de l’homme dans cette partie de l’Europe; ou que, après bien des siècles de repos, ils se sont de nouveau rallumés. 3° — Le Vésuve, éteint depuis tant de siècles qu'aucun auteur ni latin, ni grec n’en avait parlé jusqu’à l’an 70, s’est tout à coup allumé de nouveau, et depuis lors, à des inter- valles très variés, a continué ses éruptions. On peut donc inférer de là que d’anciens volcans de la Gaule ont pu, à une certaine époque plus rapprochée de nous, et pourraient même encore avoir des éruptions. 4 — Ila dû y avoir de ces éruptions au V° siècle; car, il existe dans les écrits de trois hommes célèbres du temps des témoignages certains et authentiques de manifestations volcaniques. 5° — Ce sont même ces manifestations volcaniques qui ont dû amener les désastres dont parlent les auteurs, et qui ont donné lieu à l'institution de jeûnes, de prières et de pro- cessions pour conjurer la colère de Dieu. 6° — Ces témoignages sont trop précis et trop nets pour qu'il y ait lieu de douter ou de se tromper sur leur valeur et leur sens. 7° — Je crois donc positivement à l’apparition ou à la réapparition de certaines bouches volcaniques pendant la période du V° siècle de l’ère chrétienne; et j'ajoute de plus qu’on ne pourrait guère sans cela expliquer certains des faits rapportés par les auteurs que j'ai cités. DU VELAY ET DU VIVARAIS. 117 TEXTE DE SIDOINE APOLLINAIRE Rumor est Gothos in Romanum solum castra movisse. Huic semper irruptioni nos miseri Arverni janua sumus. Namque odiis inimicorum hinc peculiaria fomenta subminis- tramus, quia quod necdum terminos suos ab Oceano in Rhodanum Ligeris alveo limitaverunt, solam sub ope Christi moram de nostra tantum obice patiuntur. Circumjactarum vero spatia, tractumque regionum jam pridem regni minacis importuna devoravit impressio. Sed animosi fati nostræ tam temerariæ, tamque periculosæ non nos aut ambustam murorum faciem, aut putrem sudium cratem, aut propu- gnacula vigilum trita pectoribus confidimus opitulatura : solo tamen invectarum te auctore rogationum palpamur auxilio: quibus inchoandis instituendisque populus Arvernus, et si non effectu pari, affectu certe non impari cœpit initiari, et ob hoc circumfusis necdum dat terga terroribus. Non enim latet nostram sciscitationem, primis temporibus ha- rumce supplicationum institutarum, civitas cœltus tibi credita per cujusmodi prodigiorum terriculamenta vacuaba- tur. Nam modo scenæ mænium publicorum crebris terræ motibus concutiebantur; nunc ignes sæpe flammati caducas culminum cristas superjecto favillarum monte tumubalant ; nunc stupenda foro cubilia collocabant audacium pavenda mansuetudo cervorum: cum tu inter ista discessu primorum populariumque statu urbis exinanito, ad nova celer veterum Ninivitarum exempla decurristi, ne divinæ admonitioni tua quoque desperatio conviciaretur. Mones minacem rerræ motuum conflictationem fidei sta- bilitate firmandam. Lettres. — Liv. VII — L. 1. 118 ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES TEXTE DE GRÉGOIRE DE TOURS Refert enim in quadam homilia, quam de Rogationibus scripsit, has ipsas Rogationes, quas ante Ascensionis domi- nicæ triumphum celebramus, a Mamerto ipsius Viennensis urbis episcopo, cui et hic eo tempore pracerat, institutas fuisse dum urbs illa multis terreretur prodigiis. Nam terrae motu frequenter quatiebatur ; sed et cervorum atque luporum feri- tas portas ingressa, per totam, utscripsit, urbem nihil metu- ens oberrabat. Cumque hæc per anni circulum gererentur, advenienientibus Paschalis solemnitatis diebus, exspectabat misericordiam Dei plebs tota devote, ut vel hic magnæ so- lemnitatis dies huic terrori terminum daret. Sed ir ipsa gloriosæ noctis vigilia, dum Missarum celebrarentur solemnia, subito palatium regale intramuraneum divino igne succendi- tur, pavore omnibus perterritis, et ecclesiam egressis, creden- tibus ne aut hoc incendio urbs tota consumeretur, aut certe disrupta tellure dehisceret, sanctus sacerdos prostratus ante altare, cum gemitu et lacrymis Domini misericordiam impre- catur. Quid plura ? penetravit excelsa soli oratio pontificis inclyti, restinxitque domus incendium flumen profluentium lacrymarum. Cumque hæc agerentur, appropinquante As- censione, ut jam diximus, majestatis dominicæ, indixit popu- lis jejunium, instituit orandi modum, edendi seriem erogandi hilarem dispensationem. Cessantibus quoque exinde terro- ribus, per cunctas provincias dispersa facti fama, cunctos sacerdotes imitari commonuit, quod sacerdos fecit ex fide : quae usque nunc in Christi nomine per omnes Ecclesias in compunctione cordis et contritione spiritus celebratur. Hist. des Francs. — Liv. II, ch. 34. COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE L’'ACADÉMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON PENDANT L'ANNÉE 1887 Lu dans la séance publique du 20 décembre 1887 PAR ME GCATLLLEMER Président de la Classe des Lettres. MESSIEURS, Les rédacteurs de nos statuts, en obligeant le Président de l’Académie à rendre compte, dans la dernière séance publique de chaque année, de tous les travaux de ses confrères, lui ont imposé une bien lourde tâche. Elle est d'autant plus lourde que l’usage s’est établi de donner à ce compte rendu, qui devrait être sommaire, de telles dimen- sions qu’il équivaut à un procès-verbal de nos trente-cinq ou trente-six séances annuelles. Si les communications ont été nombreuses et variées, si beaucoup de sujets traités ont offert un intérêt général, le Président, qui ne doit oublier aucun de 120 COMPTE RENDU. ses confrères, se demande, sans trouver la solution, comment il conciliera les devoirs illimités de sa charge avec le temps restreint dont il dispose. Je n'ai pas, Messieurs, l'autorité nécessaire pour rompre avec une tradition constante. Il faut, au risque d’abuser de votre patience, que je me conforme à l’exemple de mes devanciers. Je ne vous promets pas, cependant, d'exposer nos travaux dans l’ordre chronologique. Un résumé de nos séances, fait jour par jour, laisserait peut-être quelque trouble dans vos esprits. Les Académies, telles que la nôtre, sont marquées d’un caractère encyclopédique; il suffit de jeter les yeux sur les titres donnés aux sections entre lesquelles nous sommes répartis, pour reconnaître que nous n’excluons aucun genre d’études scientifiques ou littéraires. Les sujets les plus diffé- rents peuvent être successivement traités. Je n’essaierai pas non plus de disposer dans un ordre rigoureusement scientifique les mémoires dont vous avez entendu la lecture et les communications qui vous ont été faites verbalement. La liberté dont nous jouissons tous dans le choix de l’objet de nos études est souvent exclusive d’une méthode absolue. Le parti le plus simple m’a paru être de diviser vos travaux en deux groupes, correspondant, l’un à notre Classe des sciences, l’autre à notre Classe des lettres. Au premier se rattacheront les mémoires intéressant les mathématiques, l'astronomie, la physiologie, la chimie, l'hygiène, suivant l’ordre de nos sections; au second, les mémoires concernant la philologie, l’histoire, les antiquités et la philosophie. Il ne me serait pas aisé, Messieurs, de vous parler longue- ment des nombreuses communications dont nous sommes redevables à nos confrères de la section de mathématiques. COMPTE RENDU. 121 Mais je pourrais être justement accusé de partialité si je les passais complètement sous silence. J’en dirai donc quelques mots, avec une discrétion qu’une trop réelle incompétence suffit à expliquer. Les plus graves problèmes semblent avoir pour notre Secrétaire général de la Classe des sciences un attrait tout particulier. Il nous a exposé d’abord une théorie des parallèles plus complète que celles qui ont cours aujourd’hui. Chacune de ces dernières, la théorie d’Euclide, celle de Port-Royal ou des Japonais, celle enfin des programmes officiels français, contient un postulatum, c’est-à-dire une proposition qu'on est convenu d'admettre comme vraie, sans la démontrer. M. BonxeL comble cette lacune en proposant une démons- tration du postulatum français. — Si claire qu’elle ait paru aux profanes, la démonstration de M. BonNEL n’a pas été admise sans quelques réserves par ses confrères mathéma- ticiens. Mais ils ont tous été d’avis qu’elle méritait d’être attentivement examinée et ont demandé qu’elle fût imprimée dans nos mémoires scientifiques. Plus récemment, M. BonNNeL nous a lu un mémoire sur l'infini rationnel en géométrie. Le savant professeur estime que le syllogisme et la méthode ordinaire des limites suffisent pour résoudre les questions relatives au fini et à Pindéfini; i admet également que la méthode infinitésimale convient au calcul des infiniment petits. Mais les règles à suivre dans le calcul des infiniment grands sont encore inconnues ou mal formulées, et c’est à ce défaut de méthode que M. Bone attribue tout ce qu’on rencontre d’hypothétique, d’indécis et d’étrange dans les conclusions des géomètres relativement à l'infini. LE DCIences. 122 COMPTE RENDU. M. ANDRÉ, après avoir décrit les procédés employés à l'Observatoire de Lyon pour la transmission à distance des températures, nous a présenté un résumé des observations qu’il a faites, pendant plusieurs années, sur les températures com- parées des trois stations météorologiques du Parc, du Mont- Verdun et de Saint-Genis-Laval. Il en résulte que le Parc est un centre de froid; son minimum moyen est toujours au- dessous de celui de Saint-Genis et ne diffère pas beaucoup de celui du Verdun. Il n’est pas mieux partagé au point de vue de la température moyenne, puisque l'amplitude diurne, c’est-à-dire la différence entre le maximum et le minimum de chaque jour, est plus grande au Parc qu’au Mont-Verdun. — La conclusion logique est que nous avons ici un climat très rude et que Lyon eût été beaucoup mieux placé sur les gra- dins du Verdun que sur les bords du Rhône. Faisons cette concession à notre savant confrère, en lui demandant toute- fois si une ville bâtie sur les sommets du Mont-d'Or serait jamais devenue la seconde ville de France. M. ANDRE nous a également entretenus des observations qu'il a faites sur l'électricité atmosphérique, étudiée par un temps serein et non par un temps d'orage. A l'Observatoire de Lyon, comme à l'Observatoire de Perpignan, on constate deux maxima et deux minima par jour. À Paris, il y a trois maxima et trois minima. Cette différence est actuellement inexplicable ; elle l’est d'autant plus que la marche diurne du baromètre est identique dans les trois établissements. Un des jeunes auxiliaires de M. Anpré, M. Émile Marchand, météorologiste à l'Observatoire de Saint-Genis-Laval, a constaté que les phénomènes observés sur la surface du soleil, et connus sous le nom de taches ou de facules, corres- pondent aux perturbations magnétiques observées à la sur- face de notre globe. Il en conclut qu’il faut chercher dans le COMPTE RENDU. 123 soleil la cause principale des états orageux de notre atmos- phère. A un cyclone terrestre doit correspondre un cyclone solaire d’une bien plus grande puissance. — De l’aveu des meilleurs juges, M. Marchand a ouvert à la science un champ nouveau, non moins fécond pour l’étude de la météorologie que pour celle de l'électricité proprement dite et du magné- tisme. L'Académie a ratifié le jugement de M. Anpré et de M. Varsow, en décernant à M. Marchand le prix de douze cents francs fondé par le D' Herpin. Les questions qui touchent à l’hygiène publique ont le pri- vilège de fixer immédiatement l'attention générale. Ne som- mes-nous pas, en effet, tous, sans exception, intéressés à con- naître les solutions qu’elles doivent recevoir ? Plusieurs de ces questions, ayant le grand mérite de l’actualité, ont donné lieu à de savantes communications et à de vives discus- sions. A l’occasion d’un projet soumis au Conseil municipal de Lyon par un confrère, qui siège trop rarement au milieu de nous, M. Aristide Dumont, M. le D' ArLonG nous a fait connaître les résultats des analyses à l’aide desquelles il a dé- terminé la richesse en microbes des eaux du Rhône. Je ne vous dirai qu’un seul des nombreux chiffres qu’il nous a cités. Un litre d’eau du fleuve, filtrée par les bancs de gravier qu’elle a traversés pour arriver dans les réservoirs de Saint- Clair, contient, au moment où elle sort des robinets installés dans nos maisons, sept mille quatre cents microbes! Le chif- fre est considérable en lui-même; mais il doit nous inspirer une satisfaction relative, lorsque nous le comparons au chiffre que les Parisiens ont trouvé pour l’eau de la Vanne. Cette eau, amenée à grands frais des coteaux champenois à Paris, tandis que l’eau du Rhône s'offre spontanément à nous, con- tient, à la sortie des réservoirs de Montrouge, vingt quatre 124 COMPTE RENDU. mille huit cents germes ! Il y a lieu de croire que ces infini- ment petits sont, en grande majorité, très inoffensifs ; car, s’ils étaient nuisibles, la mortalité devrait être à Paris trois fois plus forte qu’elle ne l’est à Lyon. Elle atteindrait des pro- portions effrayantes dans certaines villes de l’Europe, qui sont encore moins favorisées que Paris. | Sept mille quatre cents microbes ! C’est bien peu, paraît-il, pour un hydrologue. C’est beaucoup trop encore pour un hygiéniste. L'idéal pour M. le D' DELORE serait de prendre l’eau à la source même. Se plaçant à ce point de vue, notre confrère regrette la suppression dans l’enceinte lyonnaise d’un grand nombre de puits. Évidemment, parmi ceux qui ont été sup- primés, quelques-uns offraient un danger réel, contaminés qu’ils pouvaient être par des infiltrations venues d’établisse- ments suspects. Mais d’autres donnaient une eau parfaite- ment filtrée par les couches de gravier qui les entourent. Une discussion très intéressante s’est alors engagée entre nos ingénieurs, nos hygiénistes et nos géologues, sur le rôle qui appartient aux infiltrations fluviales dans la composition . de l’eau des puits voisins des fleuves. Les uns affirment, en thèse générale, que l’eau des puits creusés dans le voisinage d’un cours d’eau ne subit en rien l'influence de ces préten- dues infiltrations. Les autres essaient de démontrer, par de nombreux exemples, pris à Lyon même, que ces infiltrations existent. [ls ajoutent toutefois que les eaux tirent toutes leurs qualités des terrains qu’elles traversent, et ils expliquent ainsi, abstraction faite de contaminations assez rares, les grandes différences qu’on remarque à Lyon entre des puits très rapprochés les uns des autres. Plusieurs d’entre vous se demanderont peut-être par quels procédés on peut arriver à reconnaître qu’un litre d’eau COMPTE RENDU. 125 contient tant de milliers et quelquefois même tant de millions de microbes. Quels sont les instruments à l’aide desquels, par exemple, on a pu dire que l’eau des égouts de Paris, prise à Clichy, contient, par litre, quatre-vingts millions de germes? Cette curiosité, nous l’avons eue avant vous, Messieurs, et notre savant confrère, M. ARLOING, l’a pleinement satisfaite. Il nous a montré et a fait fonctionner sous nos yeux un très élégant appareil, dont il est l’inventeur, l’analyseur bactério- logique, qui lui permet, non seulement de compter les micro- bes avec plus d’exactitude que ses devanciers, mais encore de discerner facilement dans la masse, d’une part les microbes appartenant à l'humeur qu’il analyse, d'autre part ceux qui, malgré toutes les précautions prises par un observateur scru- puleux, ont pu se joindre accidentellement aux premiers. Les explications orales données par notre confrère sont, vous le savez tous, Messieurs, d’une clarté merveilleuse et les plus ignorants les comprennent aisément. Quelques auditeurs seraient, Jen fais personnellement l’aveu, très embarrassés, s'ils devaient les reproduire. Mais ils ne les ont pas oubliées, au moins dans leurs traits essentiels, et c’est déjà pour l'habile expérimentateur un succès dont il peut légitimement s'enorgueillir. L'eau que nous buvons est saturée de germes, dont beau- coup peuvent être mortels. S’il faut en croire les essayeurs de notre laboratoire municipal de chimie, le vin auquel nous mêlons cette eau est, trop souvent, hélas! plus dangereux encore pour la santé publique. Vous avez tous présents à la mémoire les innombrables jugements et arrêts rendus, à Lyon, cette année même, contre des négociants coupables d’avoir introduit dans les vins par eux vendus des substances vénéneuses. 120 COMPTE RENDU. A la suite de nombreuses expériences, faites en collabora- tion avec M. le D' Cazeneuve, sur divers animaux, des chiens, des porcs, des ânes, M. ArLoING est arrivé à cette con- clusion inattendue, que l’un des plus mal notés parmi les colorants dérivés de la houille, la rocceline, vulgairement appelée rouge de Bordeaux, est, même à d’assez fortes doses, d’une innocuité à peu près absolue. Assurément, lorsqu'on l'introduit en très grande quantité dans le corps humain, elle ne doit pas être sans influence sur les principaux organes; les battements du cœur deviennent plus longs et moins forts, la respiration diminue d’ampleur, les sécrétions augmentent jusqu’à l’exagération. Mais, pour produire de tels résultats, il faut, non pas seulement introduire la rocceline dans les voies digestives, elle y serait inoffensive; il faut injecter successi- vement dans le système circulatoire des doses de rocceline plus que suffisantes pour teindre une quantité d’eau, devant laquelle le buveur le plus intrépide reculerait épouvanté! Dirigées avec une précision et une rigueur que les meil- leurs juges ont toujours admirées, les expériences réitérées de M. ARLoING l'ont convaincu que le rouge de Bordeaux, dans les conditions où les marchands de vin l’emploient, peut être introduit dans les voies digestives, sans y produire des désor- dres comparables à ceux qui résultent de l’usage d’un vin plâtré à la dose habituellement tolérée. [1 est beaucoup moins redoutable que les substances dont les confiseurs se servent impunément tous les jours pour donner à leurs produits les nuances qu'affectionnent les acheteurs. Les conclusions de M. ARLOING n’ont pas été accueillies sans protestations. Nos éminents confrères, MM. TEIssiEr et DELORE, estiment qu’il y a de sérieux inconvénients à procla- mer que la rocceline est inoffensive ; lors même que, comme M. ArLoING l’affirme, elle ne serait pas toxique, ne peut-elle pas, à la longue, causer des accidents gastriques ? Une COMPTE RENDU. 127 boisson artificielle n’aura jamais les propriétés nutritives, toniques et réconfortantes d’un vin naturel; souvent elle sera nuisible à la santé. M. ArLoING, l’Académie le savait d'avance, n’a pas voulu se faire le défenseur de la coloration artificielle des vins. Il a voulu seulement rechercher, au point de vue scientifique, si la rocceline devait être classée parmi les substances franche- ment redoutables, dont l'emploi expose les falsificateurs à l’aggravation de peine édictée par l’article 2 de la loi du 27 mars 1851. Il ne faut pas oublier, en effet, et les juristes qui siègent dans l’Académie se sont empressés de le rappe- ler, qu’il y a délit de falsification, sévèrement puni, encore bien que la boisson falsifiée ne contienne aucune substance nuisible. Le droit du consommateur est toujours d’exiger un vin de qualité loyale, exempt de mélange ou de coupage, et, s’il est trompé, il peut demander la résolution de la vente, sans préjudice des poursuites correctionnelles auxquelles le falsifi- cateur restera exposé. Le plâtrage lui-même, malgré la tolé- rance dont il bénéficie, a souvent été traité comme falsification de boissons, lorsqu'il a eu pour but de donner à un vin une apparence mensongère et de tromper la bonne foi de l’ache- teur (1). Non moins intéressantes que les questions d'hygiène sont es questions de sécurité publique. Au lendemain du doulou- reux sinistre, dans lequel un si grand nombre d'acteurs et de spectateurs de l’Opéra-Comique ont perdu la vie, notre con- frère, M. Émile Guimer, mettant à contribution les expertises faites lors des incendies de l’ancien Théâtre-Bellecour et du théâtre des Célestins à Lyon, du Ring-Theater à Vienne, et (1) Voir, pour le cas de mélange de l'acide salicylique au vin, un arrêt de la Cour de Toulouse du 5 juillet 1886 (Journal du Palais, 1887, 1, P. 993). 128 COMPTE RENDU. dd LD de beaucoup d’autres théâtres, nous a indiqué les mesures qui lui semblent garantir la sécurité complète des artistes et du public. Les victimes ne sont, en général, ni écrasées, ni brülées ; elles sont, en grande majorité, asphyxiées par l’oxyde de carbone. Il faut donc, sans rien négliger des précautions habituellement requises par les autorités administratives, réservoirs d’eau, portes de dégagement, rideaux de fer plein, décors incombustibles, etc., se préoccuper avant tout de ce gaz redoutable, qui tue, en quelques minutes, les spectateurs des galeries les plus élevées et les met ainsi dans l’impossi- bilité absolue d’utiliser les issues qu’on leur aura préparées. L'un des moyens les plus efficaces pour conjurer l’empoi- sonnement par l’oxyde de carbone serait d'établir un fort courant d'air, allant de la salle vers la scène, contrairement à ce qui a lieu presque toujours, puis de la scène au sommet de l'édifice garni d’un châssis que le premier coup de feu détruirait ; l'air vicié s’échappant par cette ouverture comme par une gaîne de cheminée, le public aurait tout le temps nécessaire pour se disperser, même en faisant une large part à la confusion qui suit une panique générale. La question de savoir quels sont les avantages et les incon- vénients respectifs des hôpitaux et des secours distribués à domicile aux indigents malades n’est pas une question nouvelle pour l’Académie, puisque nos prédécesseurs l’ont choisie, dès 1820, comme sujet de concours annuel. Trois concurrents, dont un, M. le D' PoriÈrE, entra plus tard dans notre Compagnie, furent même récompensés. Les lauréats déterminaient-ils d’une manière précise de quel côté doivent aller les préférences ? Il est permis d’en douter, puisque cette détermination est encore et peut-être doit rester toujours ne suspens. COMPTE RENDU. 129 M. RouGrer, qui consacre une large part de sa vie aux ins- titutions lyonnaises de bienfaisance, vient de faire pour le Dispensaire général de Lyon ce qu’il a fait naguère pour les Sociétés de secours mutuels. Prenant le Dispensaire à ses débuts, en 1818, 1l nous le montre créé de toutes pièces par l'initiative de quelques personnes charitables ; il le suit dans ses développements jusqu’à nos jours, et met en relief, pour chacune des périodes de son existence, les services qu’il a rendus aux familles et à la société. Il le compare aux établis- sements similaires qui ont été créés à Paris, au Havre, à Rouen, à Clermont-Ferrand, et prouve que, malgré l’exiguité des ressources du Dispensaire lyonnais, les résultats sont au moins égaux à ceux qui ont été obtenus par des dispensaires mieux dotés. Il recherche enfin les améliorations qui pour- raient être introduites dans le régime actuel, et propose pour certaines maladies assez fréquentes l’organisation de visites confiées à des médecins spécialistes. Les observations de M. Router étaient limitées aux établissements français; MM. Boucxacourtr et Humbert Mozrière les ont complétées en nous disant ce qu’ils ont observé dans les grandes polycliniques de quelques villes d'Allemagne et d'Autriche. M. BoucxacourT reconnaît que les efforts faits par la muni- cipalité parisienne, pour l’organisation d’un bon service obstétrical à domicile, ont été couronnés de succès. Mais, à beaucoup d’autres points de vue, les polycliniques étrangères sont en progrès sur les institutions correspondantes de notre pays. M. Humbert MoLriÈèrE, qui a étudié avec soin l’organisation des polycliniques de Vienne, s'associe aux conclusions de M. Boucaacourt. Les dispensaires, dont l'utilité est incon- testable pour les maladies chroniques et pour les maladies * aiguës qui peuvent être traitées à domicile, ont d’ailleurs 130 COMPTE RENDU. perdu un de leurs principaux avantages, un de ceux qui frap- paient le plus vivement les statisticiens. L'emploi dans les services hospitaliers des méthodes antiseptiques a fait dispa- raître, en effet, la plus grave des objections dirigées contre les hôpitaux. Les terribles épidémies dues à l’agglomération des malades ont disparu. Dans l’hospice de la Charité, à Lyon, il n’y a plus de mortalité par la fièvre puerpérale. M. Mozrière serait aussi enclin à faire quelques réserves à propos des médecins spécialistes dont M. Roucrer désire l'extension. L'organisation d’un tel service doit être dirigée avec la plus grande prudence. Les bibliophiles citent, parmi les manuscrits les plus curieux de la bibliothèque du Palais-des-Arts, un volume, du commencement du XIII° siècle, renfermant une traduction du Nouveau Testament en langue provençale, et un rituel, attribué par quelques savants aux Albigeois, tandis que d’autres y reconnaissent une œuvre vaudoise. Ce précieux volume n’appartient pas, comme on l’a dit trop souvent, malgré des réclamations légitimes, comme on le dit encore, à en juger par le procès-verbal de la séance tenue par le Conseil municipal le o novembre dernier, à la bibliothèque du Palais- des-Arts et à la ville de Lyon. Il appartient à l’Académie, qui la recu, avec d’autres livres rares et précieux, d’un litté- rateur distingué, Jean-Julien Tréris, né à Alais le 23 octo- bre 1757, mort à Lyon le 24 juin 1831. Nous devons à la mémoire de M. TréLis, qui fit partie de notre Compagnie de 1822 à 1831, et à qui nous sommes également redevables du grand tableau représentant la reine des Massagètes, Tomyris, au moment où elle recoit la tête de Cyrus, de rappeler notre droit de propriété sur ce manuscrit. Mais l’Académie ne cache pas ses richesses ; elle les met à la disposition des lecteurs qui fréquentent la bibliothèque du COMPTE RENDU. 131 Palais-des-Arts. Elle ne refuse pas non plus de les vulgariser, et, par délibération du 8 mars dernier, elle a autorisé la reproduction intégrale, en photogravure, de la Bible vau- doise, dans la Bibliothèque publiée par la Faculté des lettres de Lyon. L'éditeur, M. le professeur Clédat, nous a récem- ment communiqué l'introduction, dans laquelle il étudie, en paléographe et en philologue, ce document si important pour l'histoire des hérésies au Moyen-Age. Vers le mois de février dernier, notre confrère M. Laron, informé, depuis quelque temps déjà, de l’existence d'an- ciennes substructions dans la propriété qu'il a récemment acquise à l'angle de la rue du Juge-de-Paix et de la rue Cléberg, résolut d'ouvrir quelques tranchées au milieu de ses vignes. Il rencontra bientôt des murs fort épais, construits parallèlement l’un à l’autre dans une direction curviligne et reliés entre eux par d’autres murs moins épais. Des débris de mosaïque, des fragments de marbre ou de verre étaient d’ail- leurs mêlés aux terres accumulées dans l’intervalle de ces murs. Guidé par un pressentiment dont la sagacité n’est plus aujourd’hui contestable, M. Laron fit alors exécuter plusieurs sondages, ouvrit de nouvelles tranchées, et, sans sortir de son domaine, il reconnut, dès le mois d'avril, l’existence d’un qua- drant elliptique, de soixante-douze mètres de longueur, dont le sommet est dans son jardin. Notre confrère aurait bien voulu continuer les fouilles dans la propriété voisine; mais il n’est pas loisible à tout le monde de pénétrer dans le clos des Dames de la Compassion. M. Laron fut réduit à obser- ver, de la terrasse de sa maison, le plan incliné, couvert de plantations, qui fait suite à sa propriété, et sous lequel sont probablement cachés des murs analogues à ceux qu'il a retrouvés. 132 COMPTE RENDU. Notre confrère s’est révélé archéologue consommé; mais il est surtout mathématicien, et son premier soin fut de déter- miner le grand axe de l’ellipse dont il avait un fragment sous les yeux. La formule qu’il adopta lui donna environ cent vingt-huit mètres! Un édifice elliptique, de si grandes dimen- sions, ne peut être qu'un amphithéâtre, et un amphithéâtre d’un diamètre comparable à celui des grands amphithéâtres de Nîmes et d'Arles. Antiquaires, ingénieurs, architectes, tous furent d'accord pour dire que M. LaroN venait de retrouver l’amphithéâtre de la colonie romaine de Lugdunum. Un de nos confrères ingénieurs, M. LÉGER, qui, pour l’éla- boration de son bel ouvrage sur les travaux publics à Rome, a dû étudier presque tous les monuments antiques et réunir une masse de précieux renseignements, examina très attenti- vement les ruines découvertes par M. Laron; il dressa un plan du nouvel amphithéâtre, en le comparant aux édifices analogues, et lui attribua les dimensions suivantes, qui se rapprochent de celles indiquées par l'inventeur : cent trente- six mètres pour le grand axe ; cent huit mètres pour le petit; l'arène, dans son plus grand diamètre, avait soixante-dix-sept mètres cinquante centimètres; l’angle des gradins était de vingt-sept degrés. La configuration du terrain a-t-elle permis de construire un amphithéâtre fermé de tous les côtés ? Le monument était-il ouvert à l’orient, de telle facon que les spectateurs, massés sur les gradins du couchant, avaient sous les yeux le magnifique horizon des collines et des montagnes du Dauphiné? M. Lécer, en l’état actuel des fouilles, n’ose rien affirmer; mais plusieurs indices lui semblent favorables à la supposition d’un amphithéâtre ouvert. L'opinion qu’il a discrètement émise sur ce point a été corroborée par les observations de deux ingénieurs éminents, nos confrères, MM. GaLLon et GoBix. COMPTE RENDU. 133 “ Quoi qu’il en soit, la ville de Lyon doit un témoignage de reconnaissance à M. LaAroN, qui, de ses propres deniers, sans solliciter de subsides d'aucun genre, vient d'enrichir la topo- graphie historique de Lyon d’un renseignement vraiment inappréciable. Je suis assuré, Messieurs, d’être votre inter- prète fidèle en adressant à notre cher confrère un chaleureux remerciement. La rencontre de l’amphithéâtre sur le coteau de Fourvière, à peu de distance du théâtre, dont on voit encore les débris dans le clos presque inaccessible des Dames de la Compas- sion, n’a pas surpris tous les archéologues. Les vieux histo- riens de Lyon, dont M. VAcxez vous a exposé toutes les opi- nions avec son exactitude habituelle, étaient unanimes pour placer l’amphithéâtre, dans lequel moururent plusieurs des victimes de la persécution de l’an 177, sur la montagne occu- pée par la colonie romaine, à proximité du palais d'Auguste et du forum de Trajan. C’est au XIX° siècle seulement que plusieurs érudits, pour échapper à des objections qui ne sont pas irréfutables, ont eu l’idée de chercher l’amphithéâtre de la colonie, les uns à Aiïnay, d’autres à proximité de la place Saint-Jean, quelques-uns au Jardin-des-Plantes, où l’on a, en effet, retrouvé les ruines d’un amphithéâtre, mais de l’amphi- théâtre des trois Gaules, n'ayant rien de commun avec celui de Lugdunum, dont les administrateurs ont dirigé la procédure contre les chrétiens. Notre illustre épigraphiste, M. ALLMER, avait depuis longtemps mis en relief les invrai- semblances, les impossibilités de toutes ces attributions, et les découvertes de M. LaroN donnent à sa démonstration une consécration éclatante. Mais, s’il est maintenant établi que les jeux publics, pen- dant lesquels périrent sainte Blandine et quelques-uns de ses 134 COMPTE RENDU. compagnons de souffrance, furent donnés dans l’amphithéâtre de Fourvière, que devient la tradition conservée par Grégoire de Tours, d’après laquelle les victimes de la persécution de l’an 177 moururent à Ainay? Au VI" siècle, nous dit le vieil historien, plusieurs personnes donnaient aux martyrs de Lyon le nom d’Afhanacenses, parce que le lieu dans lequel ils ont été martyrisés s'appelait Athanaco. — Notre confrère, M. VAcHEz, s'appuyant sur des textes du Corpus juris civilis, a proposé une distinction, qui concilie la légende avec les faits bien établis. Il y eut, parmi les chrétiens, deux groupes de condamnés: les uns furent livrés aux bêtes, les autres eurent la tête tranchée. Les premiers sont morts dans l’amphithéâtre de Fourvière. La loi qui prohibait les exécutions capitales dans l’intérieur de la ville ne leur était pas applicable, parce que l'exposition aux bêtes était moins un genre de supplice qu’un spectacle pour la foule. Pour les autres, qui devaient périr de la main du bourreau, et dont le supplice infamant ne devait pas déshonorer le sol de la cité, on les conduisit à quelque distance de l'enceinte, dans un lieu inhabité. C’est sur la rive gauche de la Saône, à peu de distance des eaux du Rhône, qu'ils furent décapités; c’est là, et non pas dans Lugdunum, ou dans quelque autre lieu habité, qu’ils purent, en pleine canicule, rester exposés, pendant six jours, aux regards de la foule; c’est là qu’on se décida à les brüler. Ainsi tout s’ex- plique et les contradictions disparaissent : d’une part, des gens de basse condition, ce sont les martyrs de lamphi- théâtre de Fourvière; d’autre part, des citoyens romains, ce sont les martyrs d’Ainay. Aucun des monuments que les archéologues ont retrouvés cette année ne pourrait évidemment soutenir une compa- raison avec l’amphithéâtre de Lugdunum. Quelques-uns ont cependant assez d'importance. | | | | | COMPTE RENDU. 135 Je citerai, entre autres, l'inscription de Chagnon (Loÿe), qui nous a valu une communication de notre confrère M. Vacxez. Cette inscription nous a appris que les propriétés riveraines du grand aqueduc, qui amenait à Lyon les eaux du Gier, étaient grevées de servitudes analogues à celles que nous connaïissions déjà pour d’autres aqueducs, notamment pour l’aqueduc de Vénafre chez les Samnites. Le droit de libre culture, appartenant aux propriétaires, avait été restreint pour assurer la conservation du grand travail public, dont les ruines, à Soucieu, à Chaponost, à Baunant, à Saint-Irénée, excitent encore l'admiration des promeneurs. Une courte mention est due également aux fouilles exécu- tées récemment dans la poype de Montanay, près de Neuville- sur-Saône. Notre confrère, M. Émile GuImET, a constaté dans ce tumulus, qui n'avait jamais été exploré, la présence de corps qui ont été simplement inhumés, à côté d’autres corps quitont été incinérés avant d'être:confiés à la terre Ce mélange de sépultures différentes peut être rattaché à une époque où vivaient juxtaposées, dans le Lyonnais, deux populations d'origines diverses, entre lesquelles la fusion commençait à s’opérer. M. GuIMET serait enclin à trouver dans ce mélange une preuve nouvelle à l’appui de la thèse que j'ai développée ici même, il y a dix ans, en vous parlant de l’oc- cupation du Lyonnais par les Burgondes au V* siècle de notre ère Si les conjectures de M. Guimer sont bien fondées, le tumu- lus de Montanay serait précisément contemporain des érup- tions dont M. l’abbé Jacquart vous a parlé, le jour où vous l'avez autorisé à lire devant vous son mémoire sur les volcans de la France au V* siècle de l’ère chrétienne. — On dit géné- ralement que nos voicans français sont éteints depuis long- temps. Tel n’est pas l'avis de M. Jacquart. En se fondant sur 136 COMPTE RENDU. plusieurs trouvailles faites dans les laves, M. Jacquart ensei- gne que les volcans étaient en pleine activité lorsque l’homme s’est établi dans notre région. Il croit même qu’il y a eu des éruptions pendant les premiers siècles de notre ère. Lorsque Sidoine Apollinaire, saint Avit, Grégoire de Tours décrivent les fléaux qui sévissaient dans la région baignée par le Rhône, lorsqu'ils parlent de flammes et de roches croulantes sous des monceaux de cendres, ne font-ils pas des allusions transparentes à des éruptions volcaniques accompagnées de tremblements de terre? Puisque le Vésuve et d’autres vol- cans se sont réveillés après de longues périodes de sommeil, pourquoi n’en aurait-il pas été de même pour les volcans de l’Arvernie ? Les phénomènes exceptionnels, qui décidèrent, au V° siècle, saint Mamert, évêque de Vienne, à instituer les Rogations, seraient donc ceux que décrit M. Jacquart ! A l'opinion du savant professeur, de graves objections ont été faites. Les textes qu'il invoque sont trop vagues pour qu’on puisse s’en faire un argument. Nos géologues, M. le D' SainT-LAGEr entre autres, sont convaincus qu’un volcan ne peut vomir de flammes que lorsqu'il est à proximité de la mer. Les montagnes de l'Auvergne ont pu être redoutables lorsque la mer baignait leurs flancs; elles sont devenues inof- fensives lors du retrait des eaux. A ce propos, notre confrère M. Berrioux nous a fait remar- quer qu’il ya, en Europe, beaucoup de lignes volcaniques, que l’on n’a pas suffisamment étudiées et qu’il serait cepen- dant aisé de déterminer théoriquement. Guidé par de simples déductions scientifiques, M. BErLioux a retrouvé, en Suisse, aux environs de Lucerne, des cônes volcaniques, auxquels les géologues n'avaient encore donné aucune attention. Il y a là pour les savants un objet d’intéressantes investiga- tions. poumons. À. “> COMPTE RENDU. 137 L'histoire proprement dite a, comme toujours, tenu une grande place dans nos séances. Notre éminent confrère M. HeINRricx nous a exposé les ori- gines de la Marche de Brandebourg, qui a été le berceau de la monarchie prussienne. Après avoir retracé les diverses pha- ses de la conquête et de la germanisation de ce pays, occupé d’abord par des races slaves, il nous a décrit, avec cette clarté que vous avez eu bien souvent l’occasion d’apprécier, les ins- titutions qui furent données au pays conquis par la dynastie ascanienne... C'était le premier chapitre d’un mémoire, en- core incomplet, dont les diverses parties devaient nous être successivement communiquées. Notre cher confrère et collè- gue n’a pas eu le temps de l’achever. Fidèle aux études sur le XVII* siècle, qui l'ont classé, soit en France, soit en Allemagne, parmi les historiens les plus estimés, M. CHARVÉRIAT vous a montré les origines de l’édit impérial de 1629, qui ordonna la restitution de tous les biens sécularisés par les protestants ; douloureux épisode des luttes religieuses, qui désolaient alors l’Europe tout entière! Les mesures odieuses, adoptées par Wallenstein, qui fut chargé d'exécuter l’édit, causèrent en Allemagne une indignation générale. M. DE CHARPIN-FEUGEROLLES nous a présenté plusieurs docu- ments, inédits ou très peu connus, relatifs à une guerre que les Provençaux, défenseurs des intérêts de leur comtesse, Jeanne, reine de Naples, eurent à soutenir, en 1368, contre les Dauphinois, qu’inspirait l’un des fils de Jean Le Bon, Louis I‘, duc d'Anjou. L'obligation d'offrir, chaque année, à l'Académie un tribut de ses travaux, existe-t-elle pour le Président ? Il est permis d’en douter. Mais elle est remplacée par une autre obligation plus impérieuse encore, bien que le règlement n’en ait jamais parlé, celle de combler les vides de l’ordre du jour des séances, Sciences, II 138 COMPTE RENDU. lorsque les lecteurs sur lesquels on comptait ne répondent pas à l'appel de leurs noms. C’est dans des jours de pénurie que le Président de la Classe des lettres pour 1887 a commenté, par de nombreux exemples que lui a fournis l’antiquité grec- que, le vieil adage romain: Jn sacris simulata pro veris haberi ; — qu'il a entretenu l’Académie des œuvres pédagogi- ques du XVI siècle, en montrant la part considérable que les imprimeurs lyonnais ont prise à la vulgarisation de ces œuvres ; — qu'il a donné des détails sur les bibliothèques juridiques du XITT° siècle et notamment sur la bibliothèque que possédait à Lyon Henri de Sartines, qui, à dater de l’an- née 1282, fut plusieurs fois official de la cour archiépiscopale. Avec notre éminent géographe, M. BErcioux, nous ne nous écartons guère du domaine des sciences historiques. En dressant une carte de la Tunisie d’après les travaux les plus récents de l’état-major français, notre savant collègue a ren- contré plusieurs problèmes ethnographiques ou géologiques qu’il a bien voulu soumettre à vos méditations. Quelle est l’ancienne population.antérieure non seulement aux Arabes, mais encore aux Romains et aux Carthaginois, qui a usé en Tunisie d’un mode de sépulture analogue à celui que l’on a observé dans certaines régions de l’Amérique, déposant ses morts accroupis dans de grandes urnes funéraires? Quel est le peuple qui a couvert de monuments mégalithiques la plaine de la Medjerda? Le seuil de Gabès, qui sépare les Chotts de la Méditerranée, est-il dû à quelque soulèvement, ou bien faut-il rattacher les dépôts salins du nord de l'Afrique à la grande révolution hydrographique, qui dut se produirelorsque la rupture du Bosphore mit le Pont-Euxin en communication avec la mer Égée, et, par contre-coup, grâce à la rupture du détroit de Gibraltar, la Méditerranée et l'Océan? Graves problèmes pour la solution desquels M. Berrioux a déjà COMPTE RENDU. 139 réuni bien des matériaux ! Mais il en use avec prudence, parce qu’il ne veut pas faire une trop large part à de simples con- jectures. Dans deux de nos dernières séances, notre confrère nous a d’abord rappelé les récentes découvertes de M. Conder et de plusieurs autres membres de la Société d'archéologie biblique, qui ont retrouvé presque partout, dans l’Asie-Mineure, des preuves de l'influence des Khetas ou Hittites, de ce peuple encore peu connu, bien qu’il fût arrivé à un état de civilisa- tion assez avancée, et que son territoire ait été le siège de l’un des marchés les plus riches de l'Orient. Puis M. Berrroux nous a montré les expansions de ce peuple, à l'Orient, jusque dans la Mongolie et dans la Chine. Il nous a fait assister à ses luttes, au sud, avec les Égyptiens, que des victoires réitérées ne mettaient pas à l’abri de nouvelles attaques, tant était grande la ténacité des Khetas. Nous les voyons à l'occident se diriger vers la mer Égée et la Troade, passer en Italie, en Gaule, pousser même jusqu’en Amérique. M. Berrioux les suit éga- lement lorsqu'ils se dirigent vers le nord et il les reconnaît, sous le nom de Khiti, qui leur a été maintes fois donné, dans les Scythes établis sur les bords de l’Euxin. M. Varson ne se lasse pas d'étudier la vie et les œuvres de l’illustre savant qu’il semble avoir pris pour modèle. Un habile statuaire, M. Textor, devançant pour nous l'heure de la publicité, nous avait engagés à visiter dans son atelier la statue qui doit prochainement être érigée sur la place Ampère. Notre confrère en a profité pour nous dire quelle était la vie philosophique du grand mathématicien. AMPÈRE, qui s’était fait un idéal très élevé du rôle de la philosophie, y cherchait une discipline pour la conduite de sa vie quoti- dienne et des règles sévères auxquelles il soumettait son esprit et son cœur. Aussi était-il parfois révolté contre les systèmes 140 COMPTE RENDU. philosophiques du XVIII° siècle, qui lui paraissaient conduire directement à une morale basée sur l'intérêt ou sur le plaisir. Une esquisse rapide des relations d’AmrÈèRE et de Maine de Biran a complété cette intéressante communication. Si longue que cette revue ait dû vous paraître, elle ne vous donne qu’une idée très imparfaite de l’activité qui anime nos séances. Vous remarquerez, Messieurs,que je n’ai parlé que des travaux originaux (r).J’ai volontairement laissé de côtétous les rapports verbaux ou écrits, qui nous ont été présentés, soit sur des ouvrages offerts à l'Académie par leurs auteurs (2), soit sur les titres des candidats aux places vacantes (3), soit sur les mérites des concurrents qui se disputent nos prix (4). (1) Je n'ai même pas fait allusion aux discours prononcés dans les trois séances solennelles : 25 janvier, Notice biographique sur M. Émile Belot, par M. Heinrich; — 21 juin, Antoine Chenavard, discours de réception, par M. Clair Tisseur; — 20 décembre, Le peintre Van der Kabel et ses contemporains, discours de réception, par M. Raoul ne CAZENOVE. (2) M. Lacs Étude critique sur les Tares de France; — M. Émile GUIMET, near du Musée Guimet, Revue de l'Histoire des religions ; — M. Humbert MoLLIÈRE, Étude sur le Purpura, etc., etc. (3) Rapports de MM. AyNarD, ARLOING, TEISSIER, VACHEZ et NEYRAT, sur les candidatures aux places précédemment occupées par MM. Aynarp, CHauveau, BoucHAcOuRT, BELOT et FABIscH. (4) TABLEAU DES PRIX DÉCERNÉS EN 1887. Prix Lombard de Bufières. Exercice 1886 (Rapporteur : M. CHARVÉRIAT). Médaille de 1,500 fr. Mie Gagny, directrice d’une providence pour les jeunes filles d’Alsace- Lorraine ; Médailles de 1,000 fr. : 10 Mie Marie Ligarde, religieuse de Saint-Vincent-de- Paul, directrice de l’Asile Saint-Alban, à Monplaisir (Lyon); 20 Mie Sarrut, institutrice; 30 Miie Reignier, institutrice; Médailles de 500 fr. : 19 Mie Poulet, institutrice ; 20 Mie Feriaud, institutrice ; 30 Mie Masson, institutrice. COMPTE RENDU. 14.1 Je n'ai rien dit des communications fréquentes, motivées par les distinctions, honorifiques ou autres, qui sont accordées, soit à nos confrères, soit à nos anciens lauréats, que nous aimons à suivre dans les diverses carrières où ils sont entrés. Et cependant vous savez quel vif intérêt nous attachons tous à ces communications et à ces rapports, auxquels la priorité appartient, quel que soit notre ordre du jour. L'Académie avait été cruellement éprouvée en 1886. Quatre fois notre Président avait eu le douloureux devoir d’accompa- gner un de nos confrères au lieu de l'éternel repos et de lui adresser en notre nom l’adieu suprême. Pendant l’année qui Exercice 1887 (Rapporteur : M. PARISET). Médailles de 1,000 fr. : 10 Mie Cottin, institutrice à Saint-Genis-Laval ; 20 Mme Vettard, directrice de l’Asile Guimet, à Neuville-sur-Saône; 30 Miie Rubsamen, institutrice à Lyon ; 4° Mie Arnaud-Tizon, institutrice à Lyon; Médailles de 500 fr. : 19 Mme Heïlmann, directrice de l’École protestante des jeunes garçons, a Lyon; 2° Miie Montméat, en religion sœur Philomène, institutrice à Sérézin (Isère). Prix Herpin (Rapporteur : M. Varson). 1,200 fr. à M. Marchand, météorologiste adjoint à l'Observatoire de Saint-Genis-Laval. 1,200 fr. à M. Vautier, maître de conférences de physique à la Faculté des sciences. M. le Doyen de la Faculté des sciences vient d'annoncer au Conseil académique que M. Vautier a généreusement mis son prix à la disposition du professeur de physique, pour introduire diverses améliora- tions dans le laboratoire où il a exécuté les travaux couronnés. Prix Christin et de Ruolz (Rapporteur : M. BRESsoN). Non décerné. La clôture du concours a été prorogée jusqu’au 31 mars 1888. Prix Dupasquier (Rapporteur : M. Daxcuin). 500 fr. à M. Charles Repelin, artiste peintre, ancien élève de l’École des beaux-arts de Lyon, 142 COMPTE RENDU. finit, la mort a été plus clémente; elle n’a frappé qu’un seul membre titulaire. Mais son choix s’est malheureusement porté sur un de ceux que nous espérions garder longtemps encore au milieu de nous. Rappelez-vous, Messieurs, la douloureuse émotion qui s’est manifestée dans la ville tout entière, le 19 mai dernier, lorsque M. HeiricH nous fut enlevé, après une maladie de quelques jours, et vous comprendrez aisément quel a été notre deuil, à nous, qui vivions avec lui dans une affectueuse intimité, à nous surtout qui n'étions pas seulement ses confrères à l'Académie, qui étions aussi ses collègues dans le haut enseignement et qui avions pendant si longtemps siégé à côté de lui dans les conseils de l’Université. Un pieux hom- mage va bientôt être rendu à sa mémoire, et je m'associe de tout cœur aux éloges que M. pe CAZENOVE va lui adresser. Le vœu que j'ai exprimé sur sa tombe est déjà réalisé. Un de nos plus honorés confrères, M. Hicxarp, qui fut au Lycée de Lyon le maître de M. Henricx et plus tard son collègue à la Faculté des lettres, vient de consacrer à la vie et aux œuvres de notre Secrétaire général une étude magistrale, analogue à celle que M. HicNarD aurait certainement inspirée à son ancien élève, si, comme l’ordre naturel des dates le faisait supposer, M. Heinricx lui eût survécu pendant plusieurs années. Par délibération spéciale du 29 novembre dernier, l’Aca- démie a décidé que la place occupée par M. HEINRICH dans la section de littérature resterait, en signe de deuil, vacante pendant une année tout entière. Un pieux souvenir est dû à deux de nos membres corres- pondants, dont la mort nous a été notifiée cette année : à M. Camparpon, docteur en médecine à Paris, et à M. Mrr- LIÈRE, géologue à Cannes. COMPTE RENDU. 143 L'Académie a, conformément à ses statuts, pourvu, dans sa première séance de juin, au remplacement de deux membres titulaires, MM. Famisca et BELOT, morts en 1886, et de trois membres titulaires, MM. BoucHacourT, CHAUuvEAU et Théo- dore Aynarp, devenus émérites. A M. Famiscx, le fécond sculpteur, qui a taillé dans le marbre et la pierre tant d'images religieuses, a succédé M. Armanp-CaLLiaT, dont l’imagination artistique se déploie en ciselant l’or, l'argent ou le bronze, et dont les œuvres, tout à la fois élégantes et riches, inspirées par un pieux sym- bolisme, font l’ornement des plus grandes cathédrales. M. Émile Brcor, dont M. HeiricH a prononcé, en séance publique, le 25 janvier dernier, un éloge auquel je ne dois rien ajouter, a été remplacé par M. le comte DE CHaRPiN- FEUGEROLLES, auteur de monographies historiques fort esti- mées, et surtout éditeur désintéressé d'innombrables docu- ments, qui, sans lui, seraient encore inaccessibles à la majorité des travailleurs. L'Institut, qui a récompensé naguère de magnifiques publications entreprises et achevées à ses frais, l'a comparé à l’illustre duc de Luynes. Nous sommes bien placés à Lyon pour déclarer que cette comparaison est légitime. Le successeur de M. le D' BoucHacourr est M. le D' Hum- bert Morrikre, dont les mérites professionnels sont attestés par son double titre de médecin des hôpitaux et de président de la Société des sciences médicales de Lyon. Notre nouveau confrère Joint l’érudition à la pratique de la médecine. Vous avez tous présente à l'esprit l'étude qu’il a rédigée pour nous sur J.-B. Goiffon, médecin à Lyon au XVIIT° siècle, l’un des précurseurs des théories microbiennes. M. CHauveau, devenu, après la mort de M. Bouley, le plus éminent représentant de la médecine vétérinaire en France, a été obligé, par ses nouveaux devoirs, de rompre les liens 144 COMPTE RENDU. qui l’unissaient à Lyon. Sa place est maintenant occupée par M. Henri Sicarp, doyen de la Faculté des sciences, auteur de nombreux mémoires, dont chacun apporte une contribution notable à la physiologie des animaux et des plantes. Enfin, M. Goin, ingénieur en chef des ponts et chaussées, succède à M. Théodore Aynarp. Les grands travaux publics que M. Goi a exécutés à Lyon suffiraient pour justifier sa présence au milieu de nous; mais il a, en outre, attaché son nom à de savantes publications, auxquelles le corps des ponts et chaussées a attribué les plus hautes distinctions dont il dis- pose. En se l’adjoignant, l’Académie renoue d’ailleurs la vieille tradition d’après laquelle elle devait être représentée dans le conseil d'administration de l’École fondée par le major- général Martin. Avec de tels collaborateurs, l'Académie est assurée de res- ter digne de la bonne réputation dont elle jouit dans le monde des sciences et des lettres, digne aussi des sympathies publi- ques, dont elle vient de recevoir, cette année encore, un écla- tant témoignage. Au mois d'août dernier, l’Académie fut officiellement infor- mée qu'un de nos concitoyens, « obéissant aux sentiments de respectueuse admiration que lui ont toujours inspirés les actes de dévouement à l'humanité », avait résolu « de consa- crer une partie deses économies à faire rechercher les auteurs de ces actes et à les récompenser publiquement ». Ce Lyon- nais généreux ajoutait que, « voulant confier la réalisation de son dessein à un établissement ayant une existence légale, d'une durée perpétuelle, et apte, par sa composition et la nature étendue et variée de ses recherches et de ses travaux, à suivre régulièrement ses intentions, il n’hésitait pas à choi- \ sir, pour donner ses soins à cette fondation, l’Académie des COMPTE RENDU. 145 sciences, belles-lettres et arts de Lyon, qui réunit, à ses yeux, toutes les conditions qu’il désire ». En conséquence, il offrait à l’Académie deux cents obliga- tions, cinq pour cent, libérées, émission 1867, de la Compa- gnie universelle du Canal maritime de Suez; obligations représentant, au cours actuel, une somme d'environ cent vingt mille francs, susceptible d’accroissements par l’effet de divers tirages au sort de lots ou de primes, auxquels ces obligations participeront jusqu’à leur complet remboursement, en 1918. Les revenus nets du capital, évalués provisoirement à cinq mille francs, devront, chaque année, à perpétuité, être em- ployés, sous le nom de Prix DE VERTU, à récompenser, sans préférence de sexe, un acte de dévouement soutenu ou spon- tané, ou bien un grand service rendu à l'humanité(r). L'auteur de cette proposition était M. Clément Livet, digne continuateur des généreuses pensées auxquelles l'Académie est redevable des fondations Lombard de Buffières et Jean Chazière. Vivement touchée par le témoignage de confiance et d'estime, que lui donnait M. Livet, en lui confiant l’exécu- tion de ses volontés bienfaisantes, l’Académie agréa immé- diatement l'offre qui lui était faite, et décida que la Fonda- tion serait appelée FonparTioN CLÉMENT Liver. (1) Le donateur prévoit le cas où l’Académie ne rencontrerait pas, pour une année, un acte, un service, ou un mérite justifiant l'attribution de la récompense tout entière, et il autorise l’Académie à diviser alors, exceptionnellement, le prix de cinq mille francs en deux récompenses, l’une detrois mille francs, l’autre de deux mille. Puis il ajoute: « Si, par l’effet des tirages annuels, des primes ou lots étaient échus aux obligations données, les intérêts de ces primes ou lots devraient être cumulés. Lorsqu'ils arriveraient à doubler le montant actuel du revenu des- dites obligations, l’Académie décernerait deux ou trois prix, mais jamais plus. Ces prix pourraient être d’inégale valeur; toutefois le plus considé- rable devrait toujours être de cinq mille francs. » 146 COMPTE RENDU . Par décret du 14 novembre 1887, l’Académie a été autori- sée à accepter la donation, et l'acceptation authentique a eu lieu le 23 du même mois. Le prix Clément Livet pourra donc être décerné dès l’année prochaine. Le Président de l’Académie devait être auprès du dona- teur l'interprète de la gratitude de ses confrères; mais il lui a été impossible d'accomplir ce devoir. M. Livet a toujours prétendu que, dans les circonstances où la donation est faite, lui seul peut être tenu d’une dette de reconnaissance, puisque notre Compagnie ne recoit rien pour elle-même et qu'elle aggrave les obligations de ses membres, présents et à venir, en se chargeant d'exécuter les intentions d’une personne qui lui est étrangère. Nous nous sommes inclinés devant cette appréciation, mais avec l’arrière-pensée de profiter de la pre- mière de nos séances solennelles pour adresser publiquement à M. Livet les remerciements de l’Académie. Dans notre paisible république, la transmission des pou- voirs se fait si régulièrement qu’elle ne peut donner lieu à un incident notable. Le Président, dont le mandat finit, se borne à dire quel souvenir reconnaissant il gardera de l’hon- neur que l’Académie lui a fait en le mettant pour quelques mois à sa tête. Ce sentiment de vive gratitude, je l’éprouve en ce moment, et je prie mes confrères d’en agréer la sincère expression. Permettez-moi, Messieurs, d'y ajouter un mot tout à fait personnel. Je vous remercie d’avoir, par un vote très excep- tionnel, désigné pour mon successeur l’homme éminent qui dirigeait vos travaux, lorsque vous m'avez ouvert les portes de l'Académie. Je n’oublierai jamais l’affectueuse et cordiale bienveillance avec laquelle M. le D' Trissier m’accueillit alors, heureux, disait-il, de penser qu’un tel accueil pouvait COMPTE RENDU 147 contribuer à adoucir une profonde douleur. A onze ans d’in- tervalle, les rôles sont intervertis ; c’est le récipiendaire de 1876, qui, grâce à vos suffrages, va installer son ancien Pré- sident, en lui exprimant respectueusement le vœu que l’univer- selle sympathie, à laquelle l’Académie a tenu à s'associer publiquement, soit un allégement à sa peine. RECHERCHES HISTORIQUES SUR LA COQUILLE DES PÉLERINS AN OL EDREOC'AR D Qu'est-ce que la coquille des Pèlerins ? Il est d'usage, lorsqu'il s’agit de représenter un de ces pieux pèlerins du moyen-âge au retour de quelque lointaine mis- sion, de le revêtir d’une longue robe de bure, serrée à la taille par une épaisse cordelette. Sur les épaules il porte une sorte de camail ou pèlerine de même nuance et de même étoffe que la robe; sa tête est surmontée d’un feutre aux larges bords; à la main il tient en guise de bâton de voyage le classique bourdon ; à ses côtés pendent la gourde et l’escarcelle. Enfin, pour compléter sa sévère toilette, on voit suspendues à quel- ques parties de ses vêtements et d’une façon bien apparente, 150 COQUILLE DES PÉLERINS. les larges valves d’un coquillage au test couvert de côtes saillantes et rugueuses, appartenant au genre Pecten. Sans qu’il existe aucune règle prescrivant un semblable cos- tume, il semble pourtant que l'usage, durant plusieurs siècles, en a consacré l’ensemble et les détails. C’est une sorte d’uni- forme quasi-religieux (1), propre à tous les pèlerins sans dis- tinction de sexe, et quel que soit le but de leur voyage. Ce nest pourtant point là un accoutrement ni bien pratique, ni bien commode, surtout lorsqu'il s’agit, pour des Européens, de faire de longues pérégrinations à travers les pays chauds ; mais il paraît néanmoins adopté par tous les pèlerins, soit qu’ils traversent les continents pour aller visiter quelques- unes de ces grandes basiliques de France, d'Espagne ou d'Italie, soit qu'ils franchissent les mers pour se prosterner au pied des saintes reliques du temple de Jérusalem. À la rigueur, chacune des parties de ce singulier costume peut avoir sa raison d’être jusque dans ses moindres détails. Nous laisserons de côté, sans insister davantage, la robe et son camail, la gourde et le bourdon, pour retenir uniquement le modeste coquillage, le Peigne du pèlerin. C’est au retour de son voyage que le pèlerin arbore cet in- signe. Tantôt les valves de la coquille sont symétriquement fixées par paires sur la poitrine ou sur le dos; tantôt une valve isolée est artistement logée sur le devant ou sur le rev £s retroussé du chapeau dont elle constitue l'unique orne- ment. Parfois elle est portée sur le côté, suspendue en sau- toir (2), ou simplement attachée à la gourde ou à la besace ; (1) Album ou collection complète et historique des costumes de la cour de Rome, des ordres monastiques, religieux et militaires, etc., 2e édit. Paris, 1802, plitxre (2) On en voit un exemple sur l’un des pèlerins d’'Emmaüs dans le réta- ble de l’église de Mareuil-en-Brie, dans l'arrondissement d'Épernay (Marne), remontant à la seconde moitié du XIIIe siècle. — Vide : Paul COQUILLE DES PÉLERINS. 151 plus rarement elle est retenue par un lien à l'extrémité du bourdon. Enfin, si sa taille est petite et son poids plus léger, on la verra pendre au cou comme après un collier (r). Cette coquille appartient au genre Pecten (2). Le plus ordi- nairement elle est de grande taille (3), et de forme presque circulaire; ses deux valves sont inégales, l’une très plate, l’autre au contraire très bombée ; dans le haut elle porte des oreilles latérales bien égales; sa surface est découpée par une quinzaine de grosses côtes rayonnantes au profil arrondi ou anguleux, composées elles-mêmes de côtes beaucoup plus petites, tantôt confuses, tantôt distinctes ; de là, les deux espèces désignées par les naturalistes, sous les noms de Pecten maximus (4) et Pecten Jacobœus (5). Mais si sa taille est beau- coup plus petite, quoiqu’elle ait atteint le maximum de son développement, si son galbe est elliptique avec des oreilles très Lacroix, Vie militaire et religieuse au moyen-âge et à l’époque de la renaissance, Paris, 1873, fig. 183 et 280. (1) « Plusieurs (pèlerins), disent les manuscrits, fixaient à leur gourde, attachaient sur leur vêtement et suspendaient à leur cou des « conques marines », ou d'autres objets qu’ils avaient fait bénir par les prêtres pré- posés à la garde de l’église. » — Saint Michel et le Mont Saint-Michel, par Mgr Germain, évêque de Coutances et Avranches, l’abbé Brice, prêtre de Saint-Sulpice, et Ed. Corroyer, architecte, Paris, 1880, p. 125. (2) Pecten (Pline) Müller, 1776. Zoologiæ Daniæ Prodromus, p. xxx.— A. Locard, 1888. Monographie des espèces appartenant au genre Pecten, in Contributions à la faune malacologique française, fascic. x1. (3) Le Pecten maximus mesure de 105 à 130 millimètres de hauteur, pour 120 à 150 de largeur, lorsqu'il est bien adulte; quelques rares indi- vidus dépassent même cette dernière dimension. Le Pecten Jacobœus mesure ordinairement de 00 à 120 de hauteur, pour 98 à 130 de largeur; il existe également pour cette espèce une var. major dépassant 140 milli- mètres de largeur. (4) Ostrea maxima, Linné, 1758. Syst. nat., édit. x, p.696. — A. Locard, 1888. Loc. cit., p. 15. — ©. testa inæquivalyi radiis rotundatis longitudi- naliter striatis (Lin.). (5) Ostrea Jacobæa, Linné, 1758. Syst. nat., édit. x, p. 696. — A. Lo- card, 1888. Loc. cit., p. 20. — O. testa inæquivalvi radiis 14 angulatis longitudinaliter striatis (Lin.). 152 COQUILLE DES PÉLERINS. inégales, ses valves identiques et ornées d’une trentaine de petites côtes régulières, épineuses et à profil arrondi, c’est alors le Pecten varius (1). Telles sont les trois formes bien différentes et bien distinc- tes que nous avons pu reconnaître parmi les coquilles portées par les pèlerins. Il existe pourtant sur les côtes des mers d’'Eu- rope une autre espèce de Pecfen, tout aussi commune et tout aussi répandue, le Pecten opercularis (2). Très vraisembla- blement les pèlerins ont dü la prendre également comme attribut; pourtant nous n’en avons pas encore de preuves aussi certaines que pour les trois autres espèces que nous venons de signaler. Nous ne prétendons pas, toutefois, affirmer qu'aucun coquillage autre que ceux appartenant au genre Pecten, nait été porté, à titre d’insigne, par des pèlerins; ce serait trop dire. Il est fort probable, en effet, que dans maintes circons- tances ces pieux voyageurs ont pu arborer quelqu’autre coquille bivalve, voire même quelque grand Gastéropode, quoi- que nous n'en ayons pas constaté d'exemple bien concluant. Mais ce qui est absolument certain, c’est que le Pecten seul est considéré comme lattribut normal, régulier, officiel, des an- ciens pèlerinages. Pour les archéologues comme pour les artistes, le genre Pecten, ainsi restreint, représente la coquille de Saint-Jacques ou coquille des pèlerins. Les Pecten maximus et P. Jacobœus ont entre eux une grande analogie ; aussi ont-ils dû, très souvent, être confon- dus l’un avec l’autre. Tous deux appartiennent au même (1) Ostrea varia, Linné, 1758. Syst. nat., édit. x, p. 698. — A. Locard, 1888. Loc. cit., p. 30. — O. testa radiis 30 scabris compressis uniaurita (Lin.). (2) Ostrea opercularis, Linné, 1758. Syst. nat., édit. x, p. 698. — A. Locard, 1888. Loc. cit., p. 49. — O. testa radiis 20 subrotundis, decussata striato-scabra, operculo convexiore (Lin.). COQUILLE DES PÉLERINS. 153 groupe de la famille des Pectinidæ ; tous deux vivent en plus ou moins grande abondance dans les mers d'Europe; tous deux sont également comestibles et répandus sur tous les marchés. Mais chacun a son aréa géographique parfaitement limité et différent. Les Grecs et les Latins connaissaient bien cette grande et belle coquille, la plus grande de nos pélécy- podes après le gigantesque Prinna de la Méditerranée. Kzeis (1) ou Pecten (2) vivaient en effet sur toutes les côtes de la grande mer ou 2aternum mare. Mais ni Aristote (3), ni Pline (4), n’ont cherché à distinguer ces deux formes. Il faut remonter jus- qu’à Lister (5) en 1685 pour en voir des figurations caracté- (1) Archestrate de Gela, poète grec du IVe siècle avant J.-C., cité par Athénée dans ses Deipnosophistes (livre III, chap. x), fait déjà mention des peignes (zrets) de Mitylène dans l'Asie mineure, et d’Ambracie dans l'Épire, « qui en fournit aussi beaucoup ». — A. Locard, 1884. Histoire des mollusques dans l'antiquité, p. 103. (2) Le nom de Pecten paraît avoir été employé pour la première fois chez les Latins, par Horace. Satyres, livre II, sat. 1v, vers 31. (3) Les Kr:s sont, d’après Aristote, des coquilles à surface cannelée (Hist. anim., livre IV, chap. iv); leurs valves s’ouvrent et se ferment à l'aide d’une charnière (Loc. cit., chap. v et vi), lorsqu'on les approche (Loc. cit., chap. vin).— Vide: A. Locard, 1884. Hist. moll. antig., pp. 120 CLRI290 (4) Pline, Histoire naturelle, avec la traduction de E. Littré, édit. Fir- min-Didot. — Livre IX, chap. Lr, 6; chap. Lu, 1 et 23 chap. Lxxiv, 5. — ivre XI Chap Ein 1; Chap. :exn 24 Livre XXXIT, Chap, 2; chap. Lux, 6. — Vide : À. Locard, 1884. Hist. moll. antig., p. 150 et seq. (5) Lister, 1685. Historiæ seu synopsis methodicæ conchyliorum, tab. cLxu, fig. 1 : Pecten magnus, albidus, ex utraque parte æqualiter auritus, circiter duodecim striis et multis minutisque incisurus exasperatis donatus. Anglic. — Pecten maximus, Auct. Tab. czxv, fig. 2: Pecten magnus, subrufus, variegatus, sexdecem strits, ipsisque striatis distinctus, canaliculi læviores sunt. E Mari Mediterra- neo. — Pecten Jacobœus, Auct. Parmi les principales iconographies malacologiques qui représentent exactement ces deux espèces, nous citerons : Pecten maximus : — Donovan, 1800. Brit. Shells, IT, pl. xzix. — Brown, 1844. II. conch., pl. xxv, fig. 1. — Sowerby, 1847. Thes. conch., Pecten, pl'xv, fig. 98. — Reeve, 1852. con. conch., Pecten, pl. 1x, fig. 32. — Sciences. 12 154 COQUILLE DES PÉLERINS. ristiques et comparatives, définitivement consacrées par la méthode binominale de Linné en 1758. dans son Systema naturæ. Nous ne savons au juste quel pouvait être le degré de fré- quence ou d’abondance de nos différentes coquilles de pèle- rins au moyen-âge. [l est probable cependant que leurs colo- nies ont dû bien peu se modifier depuis cette époque. Actuellement le Pecten maximus est répandu sur toutes nos côtes, mais il est notablement plus abondant dans la Manche et dans l’Océan que dans la Méditerranée. Le Pecten Jaco- bœus ne vit au contraire que dans la Méditerranée et ne sem- ble pas dépasser, dans l'Océan, les limites méridionales de la péninsule Ibérique. Quant au Pecten varius (x), il est commun partout, au Nord comme au Midi. En adoptant définitivement le nom de Pecten Jacobœus Brit. moll., pl. xzix. — Jeffreys, 1869. Brit. conch., pl. xxiv.— Hidalgo, 1870. Moll. marin., pl. xxxin, fig. 1; pl. xxxiv, fig. 1. Pecten Jacobœus : — Poli, 1795. Test. utr. Sicil., II, pl. xxvun, fig. 1, 2.— Pennant, 1767. Brit. 7ool., IV, pl. xL, fig. 1. — Sowerby, 1847. Thes. conch., Pecten, pl. xv, fig. 107 et 108; pl. xvur, fig. 153. — Reeve, 1852. Icon. conch., Pecten, pl. x, fig. 29, a, b. — Hidalgo, 1870. Moll. marin, plcxr files à plu, ie. pl con A ie: (1) Cette espèce, de taille beaucoup plus petite que les espèces précé- dentes, puisqu'elle ne mesure que 40 à 55 millimètres de hauteur pour 35 à 45 de largeur, ne paraît pas avoir été particulièrement distinguée par les anciens auteurs. Lister, le premier parmi les naturalistes, en fait men- tion en 1685 : Pecten albus, striatus et muricatus (Hist. seu syn. meth. conch., tab. cLxxvin, fig. 15). En raison de sa grande variété de forme et surtout de coloration, Linné le premier, en 1758, l’a définitivement dési- gnée sous le nom spécifique de varius. Les principales iconographies malacologiques où cette espèce est bien représentée sont les suivantes : Da Costa, 1778. Brit. conch., pl. x, fig. 1, 2,:4, 5, 7 et 9. — Sowerby, 1847. Thes. conch., Pecten, pl. xrx, fig. 214 à 215. — Forbes et Hanley, 1853. Brit. moll., II, pl. 1, fig. 1. — Reeve, 1853. Zcon. conch., Pecten, pl. xxv, fig. 102, a et b. — Sowerby, 1860. ZIL. ind., pl. 1x, fig. 2 et 3. — Jeffreys, 1860. Brit. conch., pl. xxu, fig. 2. — Hidalgo, 1870. Moll. marin., pliizxxy, Aie. et 4: plat Me tree COQUILLE DES PÉLERINS. 155 pour l’une des coquilles des pèlerins, Linné ne fit en somme que conserver une dénomination déjà consacrée par l'usage. En effet, dans une rarissime petite plaquette imprimée par Robert Étienne, et dont la troisième édition porte la date de 1547, nous voyons déjà figurer, pour la première fois peut- être, le nom de Coguille de Saint-Jacques suivi d’une des- cription scientifique (1). À peu près à la même époque, Cal- ceolari, en Italie, reconnaissait que cette coquille devait son nom au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle en Espa- gne (2). D'autre part, Klein (3), et Bonanni (4) nous apprennent qu’en Italie on la nommait Cappa sancta, sive di S. Giaccomo (5). (1) De latinis et græcis nominibus arborum, fruticum, herbarum, pis- cium, et avium liber : ex Aristotele, Theophrasto, etc... ; cum Gallica eorum nominum appellatione, 1 vol. in-12. Lutetiæ ex officina Rob. Ste- phani tyÿpographi Regii, 1547. — Pectines, où xriss, coquilles de Sainct lacques, binis auribus sunt ex genere testacæorum, quæ sanguine carent, nomenque ex e0 habent, quod striati, pectinatimque, et rugis quibusdä divisi sint. Quod autem ab Aristotele pises hi volare dicuntur, id ita accipiendü scribit Massarius, ut intelligas eos velociter se movere, et veluti se eiacu- lari. Eorüius, ut omniù ferè concharü, ad movendum alvum côfert. Tu plura de hac re apud Athenœum bib. 3. Dipnosophist. lege. (2) Museum Calceolarii pag. m. 36. Heremitæ e Compostella Hispa- niæ regiones redeuntes, quo voti et venerationis gralia corpus sanctissi- mum divi Tacobi visitant et adorant hosce pectines pileis affixos gestant, qua ratione conchylium divi lacobi de Compostella a nonnullis dicitur. (3) Klein, 1753. Tentamen methodi ostracologicæ, p. 130 : Cappa sancta, sive S. Giacomo. (4) Bonanni, 1782. Rerum naturalium historia existentium in museo Kircheriano, II, p. 35 : Ztalice dicitur Cappa santa, sive di S. Giacomo. (5) Le Pecten maximus est encore connu sous les noms suivants : Palourde (Bouchard-Chantereaux, Moll. Pas-de-Calais). — Grande vanne, dans la Manche (et non pas Gofiche, comme le prétend Macé dans son Catalogue, ce nom étant réservé à l’'Haliotis tuberculata Lin.).— Grande pèlerine, Pèlerine commune, sur les côtes de la Manche (De Gerville, Catalogue) et de l'Océan. — Scallop, en Angleterre (Forbes et Hanley). On désigne également le Pecten Jacobœus sous les noms suivants : Grande pèlerine, Coquille de Saint-Jacques, en Provence. — The Medi- terranean scallop, en Angleterre. — Saint-Jacobs mantel, en Belgique (Chemnitz, Conch. cab.). — Die Jacobsmuschel, en Allemagne (id). — Peregrina (Ramis y Ramis), en Espagne, 156 COQUILLE DES PÉLERINS. Le Pecten Jacobœus de Linné serait donc la véritable co- quille des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais par suite de leur grande ressemblance, ces deux espèces ont dû bien souvent être confondues entre elles et remplir le même office. Les pèlerins d'alors, moins subtils en matière malaco- logique que les naturalistes d'aujourd'hui, ne devaient bien certainement pas y regarder de si près! Ajoutons que M. le chanoine Neyrat, notre collègue de l’Académie de Lyon, a bien voulu nous communiquer deux beaux Pecten rapportés par lui de Padron, c’est-à-dire de la marine la plus voisine de la basilique de Saint-Jacques-de-Compostelle, et que ces deux échantillons sont des Pecten maximus des mieux caracté- risés (1). Ainsi donc, comme première conclusion à tirer de cette étude, nous retiendrons ce fait qui n’avait pas encore été constaté scientifiquement, c’est que la coquille que l’on rap- portait du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle était bien le Pecten maximus et non pas le Pecten Jacobœus, comme son nom pouvait le faire supposer. Une simple analogie de forme a fait jadis confondre par le commun des mortels ces deux espèces, d'habitat si différent, et la science, par une sin- gulière méprise, se trouve avoir confirmé cette étrange confu- sion (2). Le Pecten varius parait être la coquille préférée des pèle- (1) Aujourd’hui encore on vend en Espagne et même en France des Pecten maximus sous le nom de coquilles de pèlerins ou coquilles de Saint- Jacques, quoique Santiago ou Saint-Jacques-de-Compostelle soit à près de quarante kilomètres de la mer. (2) M. J.-G. Hidalgo (Molluscos marinos de España, Portugal y las Baleares, p. 120 et 121), après avoir signalé le Pecten maximus sur les côtes de l’Océan et de la Méditerranée, indique avec un point de doute le Pecten Jacobœus en Galice. M. le professeur Paulino d’Olivera nous écrit qu'il n’a jamais rencontré sur les côtes du Portugal cette dernière espèce, tandis que la première y est au contraire commune. COQUILLE DES PÈLERINS. [7 rins qui se rendaient au Mont Saint-Michel, dans a Manche. C’est en effet cette élégante petite coquille, si parfaitement distincte des deux précédentes, dont les auteurs de la belle monographie de Saint-Michel et du Mont Saint-Michel ont donné deux très exactes figurations des plus caractéristi- ques (1). Pourquoi, au Mont Saint-Michel, donnait-on la préférence au Pecten varius, ou coquille noire (2), alors qu’on y trouvait également le Pecten maximus (3). Nous ne saurions le dire. Sans doute cette dernière espèce y était-elle moins abondante, et le nombre des échantillons rapportés par les pêcheurs nétait-il pas en proportion avec le nombre des pèlerins. Quoiqu'il en soit, nous nous bornerons à retenir ce simple fait, c’est qu'au Mont Saint-Michel les pèlerins portaient comme attribut une coquille différente de celle de Saint-Jac- ques-de-Compostelle, et que ces deux coquilles appartenaient également au genre Pecten. Enfin, c’est encore ce même coquillage que nous allons retrouver dans les armoiries, sur les écussons des preux che- valiers et des nobles seigneurs du moyen-âge. Sous le nom de vannet (4) ou plus simplement de coquille, nous voyons, en ) Saint Michel et le Mont Saint-Michel, fig. 21, A et B. ) Saint Michel et le Mont Saint-Michel, p. 12 Plusieurs auteurs ont signalé la présence du Pecten maximus sur 1, de I 2 Lo] ») chel; nous citerons : De Gerville, 1825. Catal. coq. côtes de la Manche, p. 28. — Petit de la Saussaye, 1851. Zn Journ. conch., II, p. 387. — Ser- vain, 1870. In Ann. malac., 1, p. 91. — A. Locard, 1886. Prodr. malac. franc., p. 506. (4) Le Père C.-F. Menestrier, 1696. La nouvelle méthode raisonnée du blason, p. 34. D’après la figure donnée par l’auteur le vannet serait bien le Pecten Jacobœus, à en juger par son galbe, et surtout par la forme carrée de ses côtes, découpant le bord basal de la coquille sous forme de crènelures ; d’après la position du dessin, il s’agirait de la valve inférieure ou valve creuse vue par dedans; mais bien souvent, surtout en sculpture, le vannet est représenté en sens inverse, c’est-à-dire vu en dessous, de telle façon que la périphérie de la coquille touche le fond du champs. 158 COQUILLE DES PÉLERINS. effet, nos grands Pecten figurer en nombre, et avec une colo- ration variable, dans les armoiries de l’abbaye du Mont Saint- Michel (1), comme dans celles d’une foule de gentilshommes armés pour la défendre ou pour aller combattre jusqu’en Terre-Sainte. Mais ici c’est toujours une forme large, arron- die, avec des costulations peu nombreuses, d’allure un peu fantaisiste ou tout au moins conventionnelle, mais bien cer- tainement dérivée des Pecten maximus et P. Jacobœus. IT Pourquoi les pèlerins portaient-ils des coquilles ? Bien des explications ont été proposées pour motiver une . aussi singulière coutume; mais aucune, à notre avis, ne donne satisfaction complète et définitive. La plupart sont basées sur des suppositions souvent fort ingénieuses, parfois même très plausibles; mais aucune ne nous paraît étayée sur des preuves concluantes. Nous allons passer en revue les principales de ces interprétations. (1) L’écusson du monastère portait : d'argent chargé de coquilles Saint- Michel de sable sans nombre, au chef d’azur à trois fleurs de lys d’or. D’après un manuscrit sur les Monuments des abbayes de Bayeux et d’A- vranches, les armoiries définitivement arrêtées se lisaient ainsi: de sable à dix coquilles, ou navets (probablement vannet) d'argent posés 4, 3, 2, 1, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d’or, surmonté d’une mitre et d’une crosse d’or. — Saint Michel et le Mont Saint-Michel, p. 335. COQUILLE DES PÈLERINS. 159 1° L’un des plus célèbres et des plus fréquentés parmi les nombreux pêlerinages en faveur au moyen-âge, était celui de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne (1). Or, saint Jac- ques le Majeur ou l’Ancien, l’un des douze apôtres, était pêcheur de profession. Il était fils de Zébédée, pêcheur comme lui, et de Marie Salomé. Quittant sa barque et ses filets, Jac- ques suivit Jésus, et parcourut à ses côtés la Galilée, jusqu’au moment où, après avoir assisté à la transfiguration sur le mont Thabor, il laccompagna au jardin des Oliviers, et vint ensuite en Espagne. En souvenir de son ancienne profession, pour rappeler qu’autrefois il n’était qu’un simple et modeste pêcheur, on aurait donné la coquille comme attribut à saint Jacques d’abord, puis par extension aux pèlerins qui allaient vénérer ses reliques en Galice. Cette explication, assez séduisante au premier abord, man- que pourtant de logique, comme nous allons le voir. En outre, elle a le défaut de s'appliquer uniquement aux pèlerins qui se rendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle. En effet, lorsque saint Jacques était pêcheur, comme l’avait été son père, où Jjetait-il ses filets? Bethsaïde était sa patrie, comme celle des apôtres Pierre, André et Philippe. C'était une ville de la Palestine, de la tribu de Zabulon, située sur la rive occidentale du lac de Génésareth ou lac de Tibériade. Le nom même de cette ville indiquerait que le lieu était par- ticulièrement propice pour la pêche. Mais si la faune du lac de Tibériade est riche en mollusques, ces formes appartien- nent exclusivement au monde des eaux douces. Parmi les nombreuses coquilles draguées il y a quelques années par notre ami M. le docteur L. Lortet, nous n’avons observé, en fait de grandes coquilles bivalves, que des Unio, c’est-à-dire (1) On peut consulter sur Saint-Jacques-de-Compostelle un ouvrage écrit en Espagnol par le R. P, Fitta. 160 COQUILLE DES PÈLERINS. des coquillages au test absolument lisse et brillant, d’un galbe étroitement allongé, n'ayant par conséquent pas le moindre rapport avec la coquille marine si fortement costulée, avec un profil arrondi, que l’on nomme Pecten (1). Si donc on tenait à donner un coquillage comme attribut à saint Jacques et à ses collègues, pourquoi choisir une coquille marine de forme si différente? Pourquoi, puisqu'il pêchait en eau douce, ne pas adopter l’Unio, tout aussi connu, tout aussi abondant dans toutes nos rivières, nos lacs et nos étangs d'Europe que peut l’être le Pecten sur les bords de la mer? Pourquoi choisir, parmi les coquilles marines, uniquement le Pecten? Pourquoi encore, puisqu'il s’agit des attributs d’un pêcheur, donner la préférence à la coquille plutôt qu’au poisson (2)? Certes le pêcheur Jacques, en face de la faune ichthyologique si riche du lac de Génésareth, devait faire bien peu de cas d’un maigre et bien fade coquillage! Mais en admettant l’opportunité du choix d’une coquille quelconque comme attribut d’un saint pour rappeler qu’autre- fois 1l avait été pêcheur de poissons, nous ne voyons rien qui puisse justifier, dans cet ordre d'idée, la présence du coquil- lage chez les pèlerins du Mont Saint-Michel par exemple. Ni dans l’ancien nom du Mont Saint-Michel, Mons Tumba; ni dans l’histoire du terrible archange, chef de la milice céleste, triomphant du dragon monstrueux qui ravageait l’île; ni dans la vie du digne évêque d’Avranches, saint Aubert, fondateur du couvent de Saint-Michel, et dont on vénérait au moyen- (1) Les mollusques du lac de Tibériade se rapportent tous aux cinq genres suivants: UÜnio (18 espèces); Corbicula (3 espèces); Melania 2 espèces) ; Melanopsis (3 espèces) ; T'heodoxia (3 espèces). — A. Locard, 1883. Malacologie des lacs de Tibériade, d'Antioche et d'Homs, in Arch. museum de Lyon. (2) De tous les attributs symboliques de la primitive église, aucun ne fut plus universellement répandu que le poisson, IXOTE. — Vide : Mar- ügny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, au mot poisson. COQUILLE DES PÉLERINS. IGI âge les saintes reliques; rien ne nous paraît motiver la pré- sence d’un mollusque comme attribut. Et pourtant non seulement les pèlerins portaient la coquille, mais lorsque, le 1" août 1469, le roi Louis XI créa l’ordre de Saint-Michel, il fit figurer, dans la guirlande du grand collier de l’ordre, des coquilles d’argent entrelacées par des aïiguillettes d’or, au milieu duquel était suspendue une large médaille avec l'effigie du saint (1). 2° Lorsque saint Jean-Baptiste donna le baptême à Jésus- Christ, il puisa l’eau dans le creux d’une coquille et la répandit sur la tête du Sauveur des hommes. Le baptême est une purification des fautes originelles; le pèlerin qui s’est égale- ment purifié au pied des saints autels rapporte un coquillage comme preuve du nouveau baptême qu'il vient de recevoir. Il ne faut pas perdre de vue que c’est dans les eaux du Jourdain (2) et non pas au bord de la mer que saint Jean- Baptiste, et après lui Jésus-Christ (3), puisaient l’eau qu'ils (1) « Pour notifier à un chevalier son admission dans l’ordre de Saint- Michel, le Roi lui envoyait « un collier d’or, fait (de) coquilles lacées l’une avec l’autre, d’un double (lacs), assises sur (chaînettes), ou mailles d’or, au milieu duquel sur un roc (pendaïit) une imaige d’or de monsieur Sainct-Michel », avec la devise : « Immensi tremor Oceani », il est la ter- reur du vaste Océan. » — Saint Michel et le Mont Saint-Michel, p. 290. — Vide etiam Perrot, Collection historique des ordres de chevalerie, pl. 1. (2) Tunc venit Jesus a Galilæa in Jordanem ad Joannem, ut Baptiza- retur ab eo. — « Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain pour trouver Jean, pour être baptisé par lui. » — ÆEvangile selon Saint-Mathieu, Chap. LE, Vers. 13- Et factum est : in diebus illis venit Jesus a Nasareth Galilææ ; et bap- tizalus est a Joanne in Jordane. — « En ce même temps, Jésus vint de Nazareth, qui est en Galilée, et fut baptisé par Jean dans le Jourdain. » — Évangile selon Saint-Marc, chap. 1, vers. 9. (3) Post hæc venit Jesus, et discipuli ejus in terram Judæam ; et illic demorabatur cum eis, et baptizabat. — Erat autem et Joannes baptizans in Ænnon, juxta Salim: quia aquæ multæ errant illic, et veniebant et baptizabantur. — « Après cela Jésus étant venu en Judée, suivi de ses disciples, il y demeurait avec eux et y baptisait. — Jean baptisait aussi à 162 COQUILLE DES PÉLERINS. répandaient sur la tête des néophytes à l’aide d’une coquille. Or, le Jourdain, pas plus que le lac de Tibériade ou la mer Morte, ne renferment le moindre Pecten. Si donc on tenait à rappeler la primitive cérémonie du baptème par un coquil- lage, il était peu logique de le faire à l’aide d’une coquille marine complètement inconnue des personnes qui bapti- saient, alors que sous leurs pieds ils trouvaient des valves d'Unio ou d’Anodonta pouvant remplir tout aussi bien le même office. Pourtant jamais pareilles coquilles n’ont figuré dans les attributs du pèlerin, c’est toujours le Pecten et uni- quement le Pecten. Nous ne pouvons donc accorder plus de crédit à cette seconde version qu’à la première. 3° « À l’époque des pèlerinages, disent les auteurs de la monographie du Mont Saint-Michel, nous trouvons des traces d’une coutume qui s’est transmise jusqu’à nos jours. Ces nombreux pèlerins voulant emporter dans leur famille des souvenirs de leur voyage, détachaient des parcelles de la pierre qui couvrait le tombeau de saint Aubert, ou dégra- daient les murs de la basilique; la surveillance des chanoines ne suffit pas pour empêcher ces pieuses dépradations. Il fallut les défendre sous les peines les plus sévères. Alors les pèlerins recueillirent sur la plage des galets et des coquilles, qu'ils conservaient ensuite avec soin (1) » D’après cette nouvelle version, la coquille n’est plus ni un symbole, ni un attribut, c’est un simple souvenir, souvenir bien modeste rapporté du pèlerinage. Nous ne prétendons pas mettre en doute l’assertion des savants auteurs que nous Ennon (yallis vicina civitati Jerusalem, orientem versus, juxta Jordanem in dimidia tribus Manasse. — Biblia sacra, Vulg. édit., ind. geogr.) près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau ; et plusieurs y venaient, et y étaient baptisés. » — Évangile selon Sanraleans chap. ni, Vers. 22, 23. (1) Saint Michel et le Mont Saint-Michel, p. 125. COQUILLE DES PÈLERINS. 163 venons de citer, et nous croyons bien volontiers à l’idée qu'ils émettent d'envoyer les pèlerins ramasser leurs souvenirs sur la plage voisine, plutôt que de les laisser détériorer la tombe de saint Aubert ou les murs de l’église qui la renferme. Rien de plus juste aussi, puisqu'ils se trouvaient au bord de la mer, que de rapporter un de ces coquillages aux riches couleurs, aux formes sisingulières et si variées, objets de réelle curiosité pour les yeux qui les contemplent pour la première fois. Mais tout cela ne nous explique point pourquoi les pèlerins choi- sissaient presque exclusivement un Pecten. Ce n’est pourtant pas la forme unique, ni même la plus commune que l’on ren- contre aux alentours du Mont Saint-Michel (1); la faune locale est assez riche et assez variée pour que chacun puisse choisir à sa fantaisie le coquillage qui lui sied le plus. Pourquoi donc alors avait-on une prédilection si particulière pour le Pecten ? Cette coquille, parmi toutes les autres, avait donc des prérogatives toutes spéciales ? Si la basilique du Mont Saint-Michel avait été construite avec de la pierre calcaire, et que cette pierre eût renfermé quelque espèce fossile comme par exemple le Pecten Valo- niensis (2), espèce caractéristique des dépots liasiques des environs de Valogne, dans le même département, on eût pu comprendre la juste préférence accordée par les pèlerins au Pecten vivant, puisqu'il leur était interdit d'emporter des Pecten fossiles. Mais malheureusement nous sommes obligé (1) Il n’a pas été publié de monographie malacologique spéciale du Mont Saint-Michel. Mais dans son Catalogue des coquilles marines re- cueillies sur la côte de Granville, c’est-à-dire tout près du Mont Saint- Michel, M. le Dr G. Servain n’a pas signalé moins de quatre-vingt-cinq espèces. (2) Pecten Valoniensis, Defrance, 1825. In Mem. soc. linnéenne du Cal- vados, p. 505, pl. xxn, fig. 6. La taille, le galbe et le mode d’ornemen- tation de cette espèce de fossile présentent, à la rigueur, quelque analogie avec le Pecten varius. 101 COQUILLE DES PÉLERINS. de dire que le monument du Mont Saint-Michel comme Îa roche qui le porte, est du plus pur granit (1), et partant, sans le moindre fossile. Nous n'avons donc même pas la ressource d'invoquer cette simple concordance paléontologique. 4 Quelques-uns des plus célèbres pèlerinages, disent certains auteurs, étaient situés dans le voisinage de la mer. Souvent pour y accéder, il fallait franchir les océans. Quoi de plus juste alors que de rapporter en mémoire de la traversée des coquilles marines (2). En effet, bon nombre de ces anciens pélerinages étaient plus ou moins près de la mer; Jérusalem, Saint-Jacques-de- Compostelle, le Mont Saint-Michel, et bien d’autres monu- ments peuvent à la rigueur rentrer dans ce cas particulier. Or, les voyageurs onttoujours aimé à rapporter quelques souvenirs pieux ou profanes de leurs courses lointaines; il semble que sans cela on n’ajouterait point foi aux récits qu’ils font à leur retour. Qui de nous n’en a fait autant ? N’était-ce pas déjà en usage chez les anciens, témoin l’histoire des troubles surve- nus à Ephèse lors des prédications de saint Paul, à propos (1) « Ces superbes bâtiments construits entièrement en granit furent élevés d’un jet hardi. — Cette situation augmentait les difficultés du trans- port des matériaux qui provenaient des carrières de la côte d’où les reli- gieux tiraient le granit nécessaire à leurs travaux. Une partie de ces matériaux, fort peu importante du reste, étaitextraite de la base du rocher même. — Les rares colonnettes anciennes qui existaient encore de la Merveille étaient en granitelle tournée et polie. Les arcades extérieures, sur l’aire du cloître, sont en pierre de Caen; c’est le seul endroit de l'Abbaye ou la pierre calcaire ait été employée. » — Saint-Michel et le Mont Saint-Michel, p. 420 et seg. (2) À propos du pélerinage à Notre-Dame-de-Bayeux, MM. Louis de Sivry et Champagnac citent le passage suivant d’un vieux manuscrit: « Quelques-uns avaient encore le bourdon et la panetère, l’escarcelle de voyage et les coquilles, qui annonçaient à tous les chrétiens que les pau- vres pélerins avaient traversé les mers lointaines ; ils avaient vu le rivage de Syrie, le tombeau de Jésus-Christ. » — Dictionnaire des pèlerinages, introduct., t. 1; p.20. D COQUILLE DES PÉLERINS. 165 de petits temples de Diane, que Démétrius l’orfèvre ne pou- vait plus vendre (1). Aujourd’hui ne rapportons-nous pas de nos pèlerinages modernes quelques objets vénérés, produits plus ou moins exclusifs d’une industrie locale, images ou mé- dailles de Notre-Dame-de-Fourvière ou de Notre-Dame-de-la- Garde, chapelets de Notre-Dame-de-Lourdes, fleurs artificielles rouges et blanches de Notre-Dame-de-Lierre, dans l'Aisne, rameaux de buis de Notre-Dame-de-Montserat, en Espagne, palmes de dattier de Jérusalem et de la Terre-Sainte, etc. (2). Donc, rien de plus logique que la pensée de faire rapporter aux pèlerins du moyen-âge un souvenir de leurs lointains voyages ; rien de plus plausible que l’idée de leur faire ramas- ser sur la plage voisine une de ces élégantes coquilles pour montrer qu'eux aussi ils ont vu la mer. Mais alors pourquoi recueillir un Pecten et non pas aussi bien un Cardium, une Venus, un Tapes, un Murex ou un Cerithium? toutes ces formes sont aussi communes, aussi curieuses, aussi brillantes que le Pectez. Pourquoi ces antiques fabriques de coquilles artificielles en plomb ou en étain représentant uniquement des Pecten (3)? Pourquoi donc toujours ce Pecten et rien que ce (1) Demetrius enim quidam nomine, argentarius, fasciens œdes argen- teas Dianæ, prestabat artificibus non modicum quæstum : etc. — « Car un orfèvre nommé Démétrius, qui faisait de petits temples d’argent de la Diane d’'Ephèse, et qui donnait beaucoup à gagner à ceux de ce métier, etc. — Les Actes des Apôtres, chap. xix, vers. 24 à 40. (2) Vide: Louis de Sivry et Champagnac, 1850. Dictionnaire des pèle- rinages, collection de l'abbé Migne, Paris, 2 vol. gr. in-8e. (3) « Les boutiques et les marchands d’images ou de quincaillerie furent toujours très nombreux au Mont Saint-Michel, aussi bien dans l’ancienne ville avant le XVe siècle, que dans la nouvelle depuis cette époque. Les nombreux pèlerinages avaient fait naître une industrie d’art fort curieuse qui eut une importance considérable au Mont Saint-Michel et surtout à Paris. dès les premiers temps des pèlerinages au Mont Saint-Michel, les pélerins recueillirent dans la baie des coquilles qu'on nomme encore coquilles Saint-Michel, et qu’ils attachaient à leurs vêtements en souvenir de leurs voyages au Mont. Bientôt on remplaça les coquilles naturelles 106 COQUILLE DES PÉLERINS. Pecten? Il renferme donc en lui un symbolisme spécial, parti- culier, bien connu, pour qu’on lui accorde partout une pareille préférence ? Et puis, à vrai dire, quelques-uns de ces pèlerinages ne sont pas aussi voisins de la mer qu’on se plait à le croire. S’il fallait aux Européens traverser la mer pour se rendre à Jéru- salem, il n’était nullement nécessaire de s’embarquer pour aller à Saint-Jacques-de-Compostelle (1), qui pourtant aurait donné son nom à l’une de nos coquilles ! Santiago en Galice est à plus de quarante kilomètres de la mer, dans la monta- gne, et pour s’y rendre, il existe encore aujourd’hui certaine route connue sous le nom de Camino francès, par laquelle les pèlerins autrefois se rendaient à travers la montagne jusqu’à la basilique. En supposant que les pêcheurs de la marine de Padron vinssent jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle pour y vendre leurs coquillages, pour quelle raison n’y apportaient- ils que ces grands et lourds Pecten? 5° Dans le même ordre d'idée nous avons encore entendu soutenir la thèse suivante : Jadis ces lointains pèlerinages, peregrinationes majores (2) étaient parfois imposés comme pénitence aux fidèles qui avaient pu commettre une grande par des coquilles en plomb ou en étain fondu ; on orna ces coquilles d’une image de saint Michel, puis on fondit des médailles ou enseignes, et dès la première année du XIIIe siècle naquit une industrie d’art qui prit rapide- ment un développement considérable. Il y avait à Paris, et particulière- ment sur le pont au Change, un centre important de fabrication qui devait alimenter les pèlerinages. » — Saint Michel et le Mont Saint-Mi- chel, p. 470 et seqg. — Plusieurs de ces amulettes en plomb sont figurées dans l’ouvrage que nous venons de citer : fig. 21, 79 et 80. (1) Vide: l’histoire de Saint-Jacques-de-Compostelle, en espagnol, par le RP ErETA (2) Les peregrinationes majores comprenaient les pèlerinages à Saint- Jacques-de-Compostelle, à Rome et en Terre-Sainte. — Du Cange, Glos- sarium mediæ et infimæ latinitatis, édit. Firmin-Didot, Paris, 1845, t. V. COQUILLE DES PÉLERINS. 167 faute ou quelques noirs forfaits (1). Avant d'obtenir son par- don, le pénitent devait prouver au prêtre qu’il avait fidèle- ment subi la peine à laquelle il avait été condamné. Au retour de son voyage il rapportait un coquillage comme un festimo- nium sacré du devoir accompli. Parfois aussi, de pauvres ma- lades retenus dans leur demeure, ou quelque riche plus cré- dule que scrupuleux, chargeaient des gens de bonne volonté d’aller à leur place implorer la miséricorde divine (2). Là encore la coquille, soigneusement rapportée, était la preuve de la fidèle exécution de la mission qui leur avait été confiée. Pour adopter une semblable argumentation, il faut admet- tre ou bien que le Pecten était considéré jadis comme chose tellement sacrée qu’il pouvait devenir un témoin devant lequel tous les doutes devaient s’effacer, ou bien que la bonne foi et la confiance avaient alors des limites aujourd’hui inconnues (3). Quoiqu'il en soit, il n’en resterait pas moins démontré que parmi tous les Mollusques, le Pecten jouissait, à cette époque, de privilèges tout particuliers, dont la jus- tification ne nous est pas démontrée, et que lui seul était susceptible de jouer un pareil rôle. (1) « Dès le XIe siècle, l’église latine avait remplacé les pénitences cano- niques par les pèlerinages. Les pécheurs étaient condamnés à quitter pour un temps leur patrie et à mener une vie errante comme Caïn. » — Mi- chaud, Histoire des croisades, 4e édit., Paris, 1825, t. I, p. 48. (2) « Il faisoit huy ung pèlerinage, demain ung autre, et aussi le plus souvent par ses gens ses dévotions et offrandes faisait faire. » — Les cent nouvelles nouvelles, la XIe nouvelle par Monseigneur. (3) Au retour des missions, les coquilles des pélerins étaient parfois l’objet d’un singulier commerce, de là l’origine des expressions prover- biales employées en certains pays : portez vos coquilles à d’autres; c’est vendre des coquilles à ceux qui reviennent de Saint-Michel. « Ces expres- sions viennent de la friponnerie des pèlerins qui, à leur retour de Saint- Jacques, ou de Saint-Michel, vendaient leurs coquilles ou autres minuties aux esprits crédules qui avaient la faiblesse de les acheter fort cher, et toujours au-dessus de leur valeur. » — Fr. Noël, et L.-J. Carpentier, Dic- tionnaire étymologique, art. Peigne. 168 COQUILLE DES PÉLERINS. 6° Se plaçant à un point de vue purement pratique, quelques personnes ont pu supposer que le Pecten, grâce à la forme creuse de l’une de ses valves, pouvait remplir l'office d’écuelle servant à puiser l’eau destinée à étancher la soif du voyageur. Pour d’autres, elle aurait tenu lieu d’escarcelle, et tendue le long de la route par le pauvre pèler:n, elle aurait servi à recevoir les modiques offrandes qu’on voulait bien lui donner. Pour d’autres encore, ceserait la preuve de la vie de pénitence et de privation que le pèlerin se serait imposée le long de la route. S'il ne s'agissait que des Pecten maximus et P. Jacobœus dont la taille et la forme semblent en effet parfaitement appropriées pour remplir l'office d’une coupe, nous accepte- rions bien volontiers cette explication aussi simple que prati- que (1). Mais que dira-t-on en face d’une coquille aussi petite et aussi déprimée que celle du Pecten varius (2)? S'il rencontre une source, le malheureux voyageur aura bien plutôt fait, pour se désaltérer, de puiser l’eau dans le creux de sa main que de faire usage de la valve d’un Pecten varius. Quelle obole, aussi minime qu’elle soit, recueillera-t-il dans une pareille coquille que la moindre menue monnaie suffira pour couvrir? notons, d'autre part, que parmi son modeste bagage, le pèlerin n'oublie jamais la gourde (3); (1) Telle est la solution que nous avions précédemment admise, avant de connaître l'emploi du Pecten varius par les pèlerins. — Vide: A. Locard, 1885. Note sur une faunule malacologique gallo-romaine trouvée en 1885 dans la nécropole de Trion, p. 10. (2) Les dimensions du Pecten varius ne dépassent pas 50 à 53 milli- mètres de hauteur, pour 50 à 54 de largeur ; chaque valve n’a pas plus de 6 à 7 millim. de creux intérieur. (3) La gourde, contraction du vieux mot cougourde ou concourde est le fruit mur et desséché d’un Cucurbitacé. Parmi les nombreuses variétés que présente cette plante, il en est précisément une qui est désignée sous le nom de Gourde des pèlerins. Son fruit long de vingt à vingt-cinq centimètres est étranglé au-dessus du milieu, effilé près du pédoncule et élargi à l’autre extrémité. COQUILLE DES PÈLERINS. ‘169 à quoi bon, dans ce cas, se charger d’une lourde coquille ? Enfin, c’est au retour seulement qu’il arbore le Pecten; faut-il donc en conclure que jusque-là il s’est interdit de boire, et que c’est uniquement durant son séjour au bord de la mer qu’il a fait maigre chaire (1)? 7° Sans parler ici de létrange opinion, sans doute plus humouristique que scientifique, émise par Voltaire au sujet des coquilles des pèlerins (2), nous ne pouvons passer sous silence une bien curieuse interprétation proposée par Lamar- tine (3): « Le pèlerin, dit-il, franchit les Alpes ou les Pyré- nées, visite Notre-dame-de-Lorette ou Saint-Jacques, en Galice; il se prosterne, il prie le saint de lui rendre son fils, pauvre matelot, peut-être errant sur les mers, de sauver une épouse, de prolonger les jours d’un père; son cœur se trouve Dans le même ordre d’idée les botanistes ont donné le nom de Baton de Saint-Jacques ou Bourdon de Saint-Jacques à une plante, le Campa- nula rapunculus Linné, ou Campanule raiponse, quoique sa tige ne puisse servir de baton; la disposition de sa fleur rappelle un peu la forme de l'extrémité du bourdon du pèlerin. (1) Si les pèlerins considéraient les mollusques comme un aliment pro- pre à la pénitence, il n’en était pas de même des anciens. Le Pecten lui- même était fort recherché des Grecs et des Latins. Aujourd’hui on lui préfère dans le midi l'Huître, la Moule, les Praires et les Clovisses; pour- tant en Italie, en Espagne et en Portugal, on en fait une grande consom- mation. — Vide: À. Locard, 1884. Histoire des mollusques dans l’anti- quité, IV, Malacologie gastronomique, p. 199. — Ch. Ozenne, 1858. Essai sur les mollusques considérés comme aliments, médicaments et poisons, p. 49 et 66. (2) « On a vu aussi dans les provinces d'Italie, de France, etc., de petits coquillages qu’on assure être originaires de la mer de Syrie. Je ne veux pas contester leur origine; mais ne pourrait-on pas se souvenir que cette foule innombrable de pèlerins et de croisés, qui porta son argent en Terre- Sainte, en rapporta des coquilles. » — Voltaire, 1746. Dissertations sur les changements arrivés dans notre globe, et sur les pétrifications qu'on pré- tend en être les témoignages. (3) Lamartine, le Génie du Christianisme, chap. vi, Harmonies mora- les, dévotions populaires. Sciences. 13 170 COQUILLE DES PÉLERINS. allégé. Il part pour retourner à sa chaumière; chargé de coquillages, 1l fait retentir les hameaux du son de sa conque, et chante dans une complainte naïve la bonté de Marie mère de Dieu (1) ». Quelle singulière idée le chantre de Raphaël et de Graziella se faisait-il donc des pèlerins, pour les peindre ainsi jouant de la conque marine à la facon de quelque demi-dieu de l'Olympe? On doit beaucoup pardonner aux poètes, surtout lorsqu'ils veulent faire de la science; il ne faut donc pas en vouloir à Lamartine d’ignorer que la conque marine, le Tritonium nodiferum (2) est une coquille plus particulière- ment méditerranéenne, relativement peu commune, très grosse et très lourde à porter, et que par conséquent les pèlerins de la Manche et de l'Océan ne pouvaient en faire usage. Il existait pourtant, chez les Grecs de l’antiquité, une sorte d’instrument de musique fait avec les valves d’un coquillage. Athénée en fait mention dansses Deipnosophistes (3); c’est là (1) « On vit à Paris, en 1310, des pèlerins revenir de la Terre-Sainte et d’autres lieux, chanter dans les rues le récit de leurs voyages et des canti- ques spirituels, et plusieurs bourgeois de Paris s’associèrent à eux, en 1312, dans le dessin de donner une forme plus régulière à cette sorte de spectacle, pour lequel le public paraissait prendre beauconp de goût. » — Dictionnaire historique des mœurs, usages et coutumes des Français, Paris, 1767,t. III, art. pèlerinage. (2) Triton nodiferum, de Lamarck, 1822. Animaux sans vertèbres, VII, p.179. — Un Tritonium nodiferum de taille ordinaire ne mesure pas moins de 35 centimètres de hauteur et pèse environ un kilogramme. Les bergers de Corse, de Sardaigne et du sud de l'Italie s’en servent encore aujourd’hui pour rappeler leurs troupeaux. (3) « Les enfants portent des Tortues à la bouche et en jouent comme d'une flûte, et s’en amusent; ce que font aussi nos enfants volages avec ce que l’on appelle Telline. — C’est ce que dit également Sopatre, auteur de pièces bouffonnes, dans celle qu’il a intitulée Eubalothéombrote: mais arrête, car le son mélodieux d’une T'elline me frappe subitement les oreil- les. » — Athénée, Deipnosophistes, livre III, chap. 1x. On fabrique aujourd’hui sous le nom de cor, un petit instrument com- posé de deux valves de bois mince creusées à la façon d’une coquille; en COQUILLE DES PÈLERINS. 171 sans doute que notre auteur puisa son inspiration lorsqu'il écrivit les lignes que nous venons de relever. Mais il est à croire qu'un tel instrument, qui n’a du reste aucun rapport avec la conque proprement dite, n'était ni bien pratique ni bien harmonieux, puisque la mode en paraît aujourd’hui perdue chez les populations qui vivent au bord de la mer. Aiïnsi donc, comme nous venons de le voir, il n'existe, à notre connaissance, aucune explication suffisamment satis- faisante pour justifier le choix d’un coquillage comme attribut des pèlerins. Rien ne nous démontre, en outre, pour quels motifs ils donnaient ainsi la préférence aux espèces appartenant au genre Pecten, parmi tous les mollusques. Ce n’est pour- tant là ni le fait du hasard, ni une simple coïncidence, puis- que dans la Manche comme dans l'Océan ou la Méditerranée c’est toujours un Pecten qu’ils choisissent, quoique sous des formes spécifiques différentes. Une raison militante toute par- ticulière a donc nécessairement dû présider à un pareil choix. Il importe d'en découvrir l’origine. Mais auparavant, exami- nons ce qu'était le Pecten chez les anciens, puisqu'il est bien reconnu et démontré que la coquille des pèlerins était un Pecten. chantant dans cet instrument par une ouverture latérale, comme dans un mirliton, on peut obtenir des sons qui ressemblent de loin, et avec beau- coup de bonne volonté, à ceux du cor. Il est probable que l'instrument dont parle Athénée était basé sur le même principe. 172 COQUILLE DES PÉLERINS. III Du mot Pecten dans l'antiquité. Quelle est la signification exacte du mot pecten, et quelle est son origine? Telle est la question que nous allons essayer de résoudre dans ce chapitre. Le mot pecten chez les Latins, comme le mot xt chez les Grecs, parait être un radical dont on a déduit un certain nombre de formes grammaticales encore plus nombreuses, comme de juste, dans la langue grecque que dans la langue latine. La plupart de ces expressions ne peuvent se traduire en français qu’à l’aide d’une périphrase. En outre, aux deux substantifs pecten et xreis on a donné, dans ces deux langues anciennes, soit au propre, soit au figuré, un très grand nom- bre d’acceptions, souvent fort différentes au premier abord, mais se rattachant, comme on va le voir, à une même idée première, celle d’un sujet composé d'éléments étroits, allon- gés et plus ou moins parallèles dans leur direction, comme par exemple les dents d’un peigne ou les côtes d’un pecten (r). Pour fixer les idées, nous établirons, dans le tableau synop- tique suivant, les plus importantes parmi les formes dérivées (1) Pour éviter toute confusion et pour simplifier, nous désignerons toujours ici le coquillage sous le nom scientifique de pecten, réservant le mot peigne à l'instrument de toilette qui sert à démêler les cheveux. nn COQUILLE DES PÈLERINS. ; We des mots wzzis et pecten, avec leurs traductions comparati- ves (1). Krels, evès (6). Pecten, inis. Peigne. Kréva, ns (1). Peigne. Krevldtov (ro). Pectunculus, 1. Petit peigne. Kzsvo, tou. Pectino et pecto (2). Peigner. Krévrov (xd). Petit peigne. Krévioux (rè : : - : ) Pectio, onts. Peignage. Kreviouès (6). Krevorne (6). Pectinator, oris. Peigneur, cardeur. Krevordc, , dv. Pectinatus, a,um. Peigné. Krevoednc, 6, à. Pectinatim. Semblable au peigne. Krevomouèc (o). Pectfinarius, 11. Fabricant de peignes. Krevorwans (6). Marchand de peignes. Krevwns, 6, à. Semblable au peigne. Krevordc, h, dv. Pexus et pectitus, a, um (3). Peigné. Krmov, éves (+). En forme de peigne. Tous ces mots, comme on on le voit, ont pour origine com- mune les substantifs xrsts ou pecten, de telle sorte que chacune de ces expressions constitue un radical propre aux deux langues grecque et latine. Nous pouvons donc déjà conclure que si le mot français peigne, avec toutes ses acceptions et tous ses composés, dérive du mot latin pecten, le radical pecten est un mot original ne dérivant d'aucun autre mot, pas même (1) Nous n'avons pas fait intervenir dans ce tableau les mots empruntés à la basse latinité comme : pectere, pectinarium, pectenarium, pectinium, pectinatura, pectinerius, pectineum, etc. — Vide : Du Cange, Glossarium mediæ et infimæ latinitatis. (2) Et son dérivé depecto. (3) Et ses dérivés depexus, impexus, propexus. 174 COQUILLE DES PÈLERINS. du grec, comme cela arrive le plus souvent pour nombre de mots de la langue latine. Ce sont donc, très vraisemblablement, les Latins qui ont inventé et créé de toutes pièces le mot pecten, et qui l’ont appliqué sous des formes grammaticales différentes, mais au fond similaires. Nous distinguerons ainsi les acceptions pro- pres des acceptions figurées, et nous examinerons dans cha- cune de ces divisions les sens appliqués au mot pecten et à ses dérivés. A. — Dans le sens propre du mot. 1° Coquillage. — Horace, parmi les auteurs anciens dont les écrits ont été conservés, paraît être le premier qui ait parlé des pecten et les ait séparés d’une façon précise des autres mollusques. Sed non omne mare est generosæ fertile teste. Murice Bajano melior Lucrina peloris ; Ostrea Circeiis, Miseno oriuntur echini ; Pectinibus patulis jactat se molle Tarentum (1). Pline, après lui, donne des descriptions et des explications suffisantes pour que l’on puisse distinguer très nettement le genre de mollusques auquel il est fait allusion à propos du (1) « La Palourde du lac Lucrin surpasse le Murex de Baïes; ayez des Huîtres de Circeium, des Oursins du cap Misène; les larges Peignes font la gloire de la voluptueuse Tarente. » — Horace, Satyres, livre IT, sat. 1v, vers 31. Dans cette étude, à propos des auteurs latins, nous ferons exclusivement usage de la collection Firmin-Didot, laissant aux auteurs la responsabilité de leurs traductions. Toutefois, dans cette traduction d’Horace, l’auteur a traduit pectinibus par pétoncle, ce qui prête à la confusion, et echini par hérisson, ce qui est un contre-sens. Il est bien évident qu’il s’agit non pas des hérissons du cap Misène, mais bien des oursins comme le Strongylo- centrotus lividus, espèce comestible de la Méditerranée. COQUILLE DES PÈLERINS. 175 Pecten (1). Il cite, notamment, les pecten de Tyndaris, en Sicile; de Salone, en Dalmatie (2); d’Altium, en Vénétie, et de l’île de Pharos, près d'Alexandrie (3). On voit, d’après cette énumération, qu’il s’agit surtout ici du Pecten Jacobœus. C’est, du reste, une des espèces comestibles que les anciens paraissaient apprécier et dont ils savaient parfaitement distin- guer les propriétés gastronomiques(4). Comparés aux huitres, dit Athénée, « les pecten sont plus nourrissants, mais d’un plus mauvais suc, et passent avec peine; quant aux moules, celles d’Éphèse et celles qui leur sont analogues l’emportent sur les pecten par la bonté de leur suc ». Et plus loin : «les plus tendres des pecten sont les blancs (5); le suc en est bon, et ils n’ont pas d’odeur forte; quant aux noirs et aux roussâ- tres (6), les plus grands, surtout au printemps, flattent plus le palais. En général, les pecten vont bien à l'estomac, se digèrent facilement, et passent de même, si on les prend avec du cumin et du poivre (7) ». Il existe une particularité fort singulière chez certains pecten, particularité que les Grecs et les Romains ont parfai- (1) Pline, Histoire naturelle, livre IX, chap. Li, 6; chap. Lu, 1 et 2; chap. Lxxiv, 5. — Liv. XI, chap. Lu, 1, chap. cxu, 2. — Liv. XXXII, chap. xxxu1, 2; chap. Lui, 6. (2) M. Spiridion Brusina cite également le Pecten Jacobœus dans ses Contribuzione pella fauna dei Molluschi Dalmati, p. 104. (3) Pline, Loc. cit., livre XXXII, chap. Lui, 6. (4) A. Locard, 1884. Hist. moll. antiq., p. 199 et seq. (5) Par cette expression, il faut entendre le Pecten Jacobœus et les variétés les moins colorées du Pecten opercularis. Peut-être conviendrait- il également de réunir à ces deux espèces les différentes formes apparte- nant au genre Lima (L. squamosa Lamck., L. inflata Lamck., L. tenera Turt., etc.), souvent confondues avec les petits Pecten, et dont la colora- tion est encore plus blanche. (6) Par Pecten noirs ou roussâtres, nous croyons qu’il faut comprendre les Pecten glaber, P. sulcatus, P. griseus, P. distans, etc., espèces bien distinctes de Lamarck, que M. S. Brusina a confondues sous le nom de Pecten polymorphus Bronn. — Loc. cit., p. 44 et 103. (7) Athénée, Deipnosophistes, livre III, chap. x et chap. xu. 176 COQUILLE DES PÉLERINS. tement constatée; c’est la propriété dont jouissent les grandes espèces, telles que les Pecten maximus et P. Jacobœus, de pou- voir sauter à une certaine distance à l’aide d’un rapide batte- ment de la valve plate sur la valve creuse, tandis que leurs autres congénères restent fixés aux rochers au moyen d’un byssus latéral (1). Aristote (2) et Pline (3) avaient observé, ou du moins signalé, ce fait caractéristique, qui, suppléant à une diagnose scientifique, nous permet d’affirmer, de la manière la plus absolue, que le xxets ou pecten des anciens était bien notre grande coquille des pèlerins. Deux auteurs latins, à notre connaissance, ont fait usage du diminutif pectunculus pour désigner des mollusques. Il existe actuellement en malacologie un genre Pectunculus (4), qu’il ne faudrait pas confondre avec les Pectinidæ; aussi est-ce à tort que quelques personnes ont fait usage des expressions péton- cle ou péctoncle pour traduire les mots el ou pecten. Pline, à propos du saut que les pecten peuvent exécuter, emploie indifféremment les deux expressions pectines et pectunculi (5), (1) Vide : Crosse, 1868. Note pour servir à l'histoire naturelle de quel- ques mollusques, in Journ. conch., xvr, p. 6. — P. Fischer, 1869. Note sur la natation du Pecten maximus, in Journ. conch., xvi, p. 121. Quelques personnes connaissant cette particularité vont jusqu’à préten- dre que c’est par une assez singulière association d’idée que les pèlerins ont adopté comme emblème cette coquille qui, elle aussi, s’en va en pèle- rinage. Il nous paraît inutile d’insister sur cette interprétation malaco- logique. (2) « Les Peignes même sifflent lorsqu'ils s'élèvent en s’appuyant sur la surface de l’eau, c’est-à-dire, pour user de l'expression ordinaire, lors- qu’ils volent, » — Aristote, Histoire des animaux, livre IV, chap. 1x. (3) Saliunt pectines, et extra volitant, seque et ipsi carinant. — « Les peignes sautent, voltigent hors de l’eau; ils se servent aussi de leur coquille comme d’une barque. » — Pline, Histoire naturelle, livre IX, chap. Lu, 2. (4) Pectunculus, de Lamarck, 1709. Prodome. — 1801. Système des animaux sans vertèbres, p. 115. (5) Quod et pectunculi faciunt sagittæ modo. — « Les pétoncles se lan- cent aussi comme un trait. » — Pline, Histoire naturelle, livre IX, chap. xLv, 1. COQUILLE DES PÉLERINS. 177 qui, dans ce cas, nous paraissent à peu près synonymes, au point de vue générique. Columelle (1) parle également des pectunculi, sans que nous puissions y voir autre chose qu’un diminutif d’une forme plus générale (2). 2° Instrument de toilette. — Le peigne, instrument de toi- lette, était fort en usage chez les Grecs et les Romains. Anthony Rich, dans son dictionnaire (3), a figuré un peigne fin, denso dente (4), d'après un original de provenance antique, fait en buis, et ayant au dos une barre d'ivoire avec incrusta- tions d’or formant un dessin; les dents, séparées en deux rangées, superposées et opposées, avec une séparation formée par la barre d'ivoire, sont égales et très fines. C’est absolument l'instrument aujourd’hui désigné sous le nom de peigne fin. Le même auteur nous apprend que le démêloir, rarus pecten, était également en usage. (1) Eadem quoque maxime idonea est conchyliis, muricibus, et ostreis, purpurarum que, tum Concharum pectunculis, balanis, vel sphondylis. — « Il (les contrées limoneuses) est encore convenable pour les conchylia, les murex, les ostreæ et les purpuræ, ainsi que pour les coquilles des pectunculi, pour les balani et les sphondyli ». (On voit par cette citation que le traducteur a été quelque peu embarrassé).— Columelle, De l'Agri- culture, livre VIII, chap. xvr. (2) Le nom de Pecten a encore été employé en histoire naturelle par Pline, pour désigner une plante, le Scandix pecten de Linné ou Peigne de Vénus, dont le fruit est composé d’une dizaine de longs achènes juxta- posés comme les dents d’un peigne : Veneris pectinem appelant a simili- tudine pectinum, cujus radix cum malva tusa, omnia corpori infixa ex- trahit. — « On nomme Peigne de Vénus, à cause de quelque ressemblance avec un peigne, une herbe dont la racine broyée avec la mauve, fait sortir des chairs tous les corps étrangers. » — Pline, Histoire naturelle, livre XXIV, chap. cxiv, 1. (3) Anthony Rich, 1859. Dictionnaire des antiquités romaines et grec- ques, trad. par Cheruel, p. 464. (4) Tu ne putas illam pro te disponere crines ? Aut tenues denso pectere dente comas ? « Crois-tu que c’est pour toi qu’elle orne sa coiffure? qu’elle fait glisser dans ses longs cheveux l’ivoire aux dents serrées ? » — Tibulle, Élégies, livre I, élég. IX, vers 6o. Sciences. 14 178 COQUILLE DES PÉLERINS. Léonidas de Tarente (1), Philippe de Tessalonique (2) et Lucien (3) parlent déjà du peigne employé chez les Grecs deux ou trois cents ans avant Jésus-Christ. Chez les Latins, il servait non seulement à débrouiller et à démêler les che- veux (4), mais encore à les lisser (5). L'artiste capillaire l’em- ployait pour faire boucler la chevelure (6). On l’utilisait, en (1) Tpixor caynvevripa mÜïwoy xréva. — Le peigne de buis retenant les cheveux. — Léonidas de Tarente, Anthologie, 212. (2) Kai xrévx xosuoxéum. — Le peigne qui sert à orner la chevelure. Philippe de Tessalonique, Anthologie, VI, 247. (3) Mpesrod xrevos évrouas. — « Les esclaves tiennent entre les mains les instruments de sa vertu; ce ne sont point les dentelures découpées d’un peigne destiné à caresser ses cheveux. » — Lucien, Les Amours, chap. xLIv. (4) Sæpe Cytoriaco deducit pectine crines. En parlant d’une nymphe: « souvent elle démêle ses cheveux avec lé buis de Cytorius. » — Ovide, Les métamorphoses, chant IV, vers 311. Tpsa comas pectar, galea caput ille prematur. « Moi, que je peigne ma chevelure, tandis qu’un casque pèse sur sa tête ? » — Ovide, Les Héroides, épitre XIII, vers 39. Nec mihi pectendos cura est præbere capillos. « Je ne donne plus aucun soin aux apprêts de ma chevelure, » — Ovide, Les Héroides, épitre XIII, vers 31. (5) …….. Ut sit coma pectine lævis, Ut modo rore maris, modo se violave, rosave Implicet. « L’ivoire lisse leurs blonds cheveux (en parlant des centaures), qu’ils ont soin d’entremêler de roses, de violettes et de lys éclatants. » — Ovide, Les métamorphoses, chant XII, vers 409. Nequidquam, Veneris præsidio ferox, Pectes cæsariem, grataque feminis TImbelli cithara carmina divides. « En vain, fier de l’appui de Vénus, tu parfumeras ta chevelure, tu char- meras les femmes par tes chants voluptueux et les lâthes accords de ta lyre. » — Horace, Odes, Prédiction de Nérée, livre I, ode XV, vers 14. …. Nunc indue vestem Sepositam ; longas nunc bene pecte comas. « Revêts ta robe de fête; peigne avec soin ta longue chevelure. » — Tibulle, Élégies, livre II, élég. V, vers 8. (6) Quo enim spectant flexæ pectine comæ ? — « Car pourquoi cette chevelure que le peigne a si bien bouclée ? » — Pétrone, Le Satyrion, chap. LxxvI. COQUILLE DES PÉLERINS. 179 outre, pour peigner la barbe (1) ou pour la tailler (2); on pei- gnait aussi le crin des chevaux (3) ou le poil des animaux (4). Une chevelure ou une barbe mal peignée était qualifiée d’impexa (5), une barbe longue ou portée en avant, de pro- (1) Jam sex, aut septem nupsisti, Galla, sinædis ; Dum coma te nimium pexaque barba juvat. « Tu as déjà épousé, Galla, six ou sept Gitons, séduite par leurs cheve- lures et leurs barbes bien peignées. » — Martial, Epigrammes, livre VII, 58, À Galla. (2) Tyndarus : Nunc senex est in tonstrina ; nunc jam cultros adtinet. Ne id quidem involucre injicere voluit, vestem ut ne inquinet. Sed utrum, strictimne adtonsurum dicam esse, an per pectinem, Mescio. « Tyndare : Voilà le vieillard en bonne veine, mon maître va lui faire joliment la barbe; il tient déjà le rasoir, il ne se donne pas mème la peine de lui mettre la serviette, de peur de le salir, tant il est sûr de lui-même. A présent va-t-il le raser de près ou lui couper seulement le poil? Je n’en sais rien. » — Plaute, Les Captifs, acte 11, scène 11, v. 8. (3) Caudæque setas incuria lavacri congestas et horridas cumpta dili- gentia pectinabo. — « Je peignerai avec le plus grand soin les crins de la queue emmêlés et hérissés par suite de négligence. » — Apulée, La Métamorphose, vi, p. 338. Jam primum jubam istam tuam probe pectinatam meis virginalibus manibus adornabo. — « Cette crinière sera peignée, parée de mes mains. » — Apulée, La Métamorphose, VI, p. 338. (4) Adsuetum imperiis soror omni Silvia cura Mollibus texens ornabat cornua sertis, Pectebatque ferum, puroque in fonte lavabat. « Sylvie leur sœur, tout accoutumée à obéir à sa voix, en faisait ses délices, enlaçant à ses cornes de molles guirlandes, peignant de sa main son poil fauve, et le lavant dans le courant d’une onde pure. » — Virgile, Enéide, livre VII, v. 487. (5) Quantulum enim summæ curtabit quisque dierum, Ungere si caules oleo meliore, caputque Cœperis impexa fœdum porrigine ? « Hé! quel atome chaque jour enlèvera-t-il à ton trésor, si tu employais de l'huile un peu meilleure pour assaisonner tes choux et pour lustrer tes cheveux sales et mal peignés. » — Horace, Satyres, livre IT, sat. 11, Damasippe, vers 126. Tisiphoneque impexa feros pro crinibus angues Sævit; et huc illuc impia turba fugit. « Tisiphone, la tête hérissée des affreux serpents qui forment sa cheve- 180 COQUILLE DES PÉLERINS. pexa (1). Si une personne avait les cheveux très fins, les poètes disaient d’eux qu'ils étaient incapables de casser la dent du peigne ou l'aiguille qui les retenaient (2). Enfin, les cheveux en désordre étaient qualifiés d’intactum buxo (3). Les peignes à toilette étaient en ivoire (4) ou en buis. Ces derniers, les plus communs, étaient désignés sous le nom de pectines buxei. On les faisait surtout avec un buis tiré des forêts du mont Cytore (5); de là les expressions defonsos lure, poursuit incessamment la foule impie qui fuit de tous côtés. » — Tibule, Élégies, livre I, élég. 11, vers 69. ET En LE A Ipse æger, anhelans, Colla fovet, fusus propexam in pectore barbam. « Faible, haletant, il soutient sa tête languissante; sur sa poitrine se répandent les flots de sa barbe épaisse, » — Virgile, Enéide, livre X, vers 838. Ille manu mulcens propexam ad pectora barbam. « Le dieu caressant d’une main la barbe qui descend sur sa poitrine. » — Ovide, Les Fastes, livre I, vers 250. (2) Non acus abrupit, non vallus pectinis illos. « Jamais l'aiguille ne cassa, jamais non plus les dents du peigne. » — Ovide, Les Amours, livre I, élégie x1v, vers 15. (3) Sed caput intactum buxo, naresque pilosas Adnotet, et grandes miretur Lælius alas. « Mais fais que Lélius remarque tes cheveux en désordre, tes narines velues, qu'il admire tes larges épaules. » — Juvenal, sat. xiv, L'Exemple, Vers 194. (4) .… Hæc morsu numerosi dentis eburno Multifidum discrimen arat; sed tertia retro Dat varios nexus, et justo dividit orbes Ordine, neglectam partem studiosa relinquens. En parlant de Vénus : « L’une arrosait ses cheveux d’une pluie de par- fums; l’autre, avec les dents serrées de l’ivoire, les partageait en ondes; la troisième formait des tresses, séparant symétriquement les boucles, et en abandonnant une partie à un désordre étudié. » — Claudien, Epitha- lame d'Honorius et de Marie, vers 1o1. (5) Cytore buxifer.— « Cytore aux bosquets de buis. » — Catule, 1v, 13, Dédicace d’un navire. Buxus Pyrenæis, ac Cytoriis montibus plurima, et Berecyntio tractu. — «Le buis abonde dans les Pyrénées, les monts Cytoriens et la contrée de Bérécynte. » — Pline, Histoire naturelle, livre XVI, chap. xxvin, 2. COQUILLE DES PÈLERINS. ISI crines, depectere buxo(r)et de cytorus buxifer (2), employées par quelques auteurs. Par comparaison, Vitruve (3) a fait usage du mot pecten pour désigner une disposition architecturale dans laquelle les murs d’une construction étaient disposés parallèlement comme les dents d’une scie ou d’un peigne. Pline, également, emploie l’adverbe pectinatim, tantôt pour exprimer le mode d’enchevêtrement des dents de certains animaux (4), tantôt pour comparer les côtes des coquilla- (1) Quid faciet, nullos hic inventur capillos, Multifido buxus quæ tibi dente datur ? « Ce bois aux milles dents qu’on te donne, que fera-t-il sur ta tête où il ne trouvera pas un cheveu? » — Martial, Epigrammes, livre XIV, 25, le peigne à un chauve. Non mihi detonsos crines depectere buxo, Non ungues ferro subsecuisse licet. « Il ne m'est pas permis de passer le buis dans ma chevelure, dont les. boucles ont été retranchées, ni de tailler mes ongles avec le fer. » — Ovide, Les Fastes, livre VI, vers 220. Vide etiam ante : p. 180, note 3. (2) Utque Cytoriaco radium de monte tenebat, Ter, quater, Idmoniæ frontem percussit Arachnes. « Elle tient encore à la main la navette (?) de buis de Cytorus; trois et quatre fois elle en frappe la tète de la fille d’Idmond. » — Ovide, Les Métamorphoses, chant vi. vers 131. Vide etiam ante : p. 178, note 4. (3) Cum antem fundamenta ita distantia inter se fuerint constituta, tunc inter ea alia transversa, conjuncta exteriori et interiori fundamento, pec- tinatim disposita, quemadmodum serræ dentes solent esse, callocentur. — « De plus, entre ces deux murs, il est nécessaire d’en bâtir plusieurs autres qui aillent du mur extérieur au mur intérieur et qui soient disposés comme les dents d’une scie ou d’un peigne. » — Vitruve, Des fondations des murs et des tours, livre I, chap. v. (4) Unum superiore mobili maxilla imprimit morsum, alias terribilem, pectinatim stipante se dentium serie. — « Seul aussi (Le Crocodile) il a la mâchoire supérieure mobile, et sa morsure est terrible, attendu que les rangées de ses dents s’engrènent en forme de peigne. » — Pline, Histoire naturelle, livre VIII, chap. xxxvur, 1. Dentium tria genera.… Serrati pectinatim coeuntes, ne contrario occursu atterantur : ut Serpentibus, piscibus, canibus. — « Les dents sont disposées 182 COQUILLE DES PÉLERINS. ges (1), des pecten notamment, aux dents du peigne. Cette ex- pression est du reste peu usitée. 3° Peigne à carder. — Avant de tisser les étoffes de laine, de chanvre ou de lin, en un mot toute matière textile filamen- teuse, il convient de lui faire subir un peignage qui a pour but de trier et de dresser les fils, de les nettoyer et de les purger de toutes les impuretés qu’ils peuvent renfermer. Pen- dant bien longtemps ce peignage s’est fait à la main, à l’aide d’un peigne analogue à l’instrument servant à démêler les cheveux. C’est vers 1830 seulement, que l’on commença à substituer le peignage mécanique au peignage à la main, tel qu’il se pratiquait dans l’antiquité. Les Grecs et les Latins peignaient les matières textiles, et bien avant eux les Égyptiens et les Hébreux faisaient subir au lin la même préparation. Nous en avons la preuve dans le passage suivant du prophète Isaïe, c’est-à-dire environ 700 ans avant Jésus-Christ : « Confondentur qui operabuntur linum, pectentes et texentes subtilia (2) ». Dans le texte hébreu, le mot pectinare de la Vulgate est écrit sarag, employé dans Île sens de purgare linum pectine (3), c’est-à-dire dépouiller, purger le lin de ses souillures avec un peigne. On remarquera que le mot hébreu et chaldéen sarag est un radical exacte- ment comme les mots xreis ou pecten. de trois façons : … en scie, en s’engrenant dans le rapprochement pour ne pas s’user, chez les serpents, les poissons et les chiens. » — Pline, His- toire naturelle, livre XI, chap. Lxt, 1. (1) Jam distinctione, virgulata, crinita, crispa : caniculatim, pectinatim divisa. — « Voyez encore, ils (les coquillages) sont rayés, chevelus, crépés, cannelés, divisés en dents de peigne. » — Pline, Loc. cit., livre IX, chap. LI, 2. (2) « Ceux qui travaillaient le lin, qui le préparaient, et qui en faisaient des ouvrages fins et déliés, seront dans la confusion. » — Le Livre d’Isaïe, chap. xix, vers. 0. (3) Lexicon Hebraicum et Chaldaicum in veteris testamenti libros, Lipsiæ, 1847. COQUILLE DES PÉLERINS. 183 Chez les Grecs, le peigne à carder la laine avait nom ras we (1). Chez les Latins il se nommait simplement pecten, d’où le verbe pectinare et ses dérivés employés pour exprimer le peignage ou cardage des tissus (2). C’est ainsi que Claudien parle des gens « habiles à travailler la laine et à manier le peigne », guondam lanifice, moderator pectinis unct (3). Pline, à propos des bombyx de l’île de Cos dit qu’ils cardent leur cocon avec les ongles comme avec un peigne (4). Le séransage ou peignage du lin est expliqué dans un autre passage du même auteur: ET ipsa tamen pectitur ferrers hamis, donec omnis membrana decorticetur. « Toutefois, on sérance l’étoupe avec un séran de fer, jusqu’à ce que l’écorce soit tombée (5). » 4 Peigne du Tisserand. — Une fois la matière textile pré- parée, le tisserand chargé de la convertir en tissu faisait usage d’une autre sorte de peigne, de forme différente. Aujourd’hui encore, nos ouvriers tisseurs, soit qu'ils travaillent sur un métier à main, soit qu'ils se servent du métier mécanique, font également usage d’un instrument appelé peigne quoique de forme bien différente de l’ancien outil. Garni de dents fines et courtes, le peigne du tisserand ser (1) Timée, Lexique, p. 160. (2) Istriæ Liburnique pilo propior, quam lanæ, pexis aliena vestibus. — « Les laines d’Itrie et de la Liburnie ressemblent plus à du poil qu’à de la laine. » — Pline, Histoire naturelle, livre VIT, chap. Lxxin, 2. Preparatæ sint et pectitæ lanæ. — « Il faut aussi qu’elle ait de la laine toute prête et cardée. » — Columelle, De l'Agriculture, livre XIT, chap. 1, 6. (3) Claudien, Znvectives contre Eutrope, livre IT, vers 382. (4) Hanc (lanuginem) ab his (bombicibus) cogi unguium carminatione, mox trahi inter ramos, tenuari ceu pectine. — « Ils forment un tas de ce duvet, le cardent avec leurs ongles, le traînent entre les branches, le ren- dent fin comme avec un peigne. » — Pline, Histoire naturelle, livre XI, Chap. xxvIr, 1. (5) Pline, Histoire naturelle, livre XIX, chap. ur, 3. 184 COQUILLE DES PÉLERINS. vait à presser l’un contre l’autre les fils de la trame, en fai- sant pénétrer ses dents entre les fils et en appuyant fortement dans un sens ou dans l’autre, suivant la nature de la maille de l’étoffe. Anthony Rich a figuré dans son ouvrage (r) un outil égyp- tien de ce genre trouvé dans une tombe à Thèbes, et conservé actuellement au British museum. C’est probablement un ins- trument de même nature que nous voyons représenté par Boldetti, et qui suivant cet auteur aurait servi à lacérer les chairs des martyrs. Ce peigne, en fer, a été recueilli dans un tombeau chrétien du cimetière de Calepodio (2). Ovide, dans ses Métamorphoses, nous explique avec de très intéressants détails le mode du tissage avec l’emploi du peigne : Haud mora, consistunt diversis partibus ambæ, Et gracili geminas intendunt stamine telas. Tela jugo vincta est ; stamen secernit arundo ; Inseritur medium radiis subtemen acutis, Quod digiti expediunt, atque inter stamina ductum Percusso feriunt insecti pectine dentes. « Aussitôt, prenant place vis-à-vis l’une de l’autre, elles tendent les fils légers qui forment une double série, et les attachent au métier; un roseau sépare les fils. Au milieu d’eux glisse la trame qui, conduite par la navette effilée, se déroule sous leurs doigts, s’entrelace à la chaîne et s’unit avec elle sous les coups du peigne aux dents aiguës (3). » Si quelques-uns de cestissus provenaient de l'Orient, comme Pline nous l’apprend dans ses écrits, d'autres étaient fabri- (1) Anthony Rich, 1859. Dictionnaire des antiquités romaines et grec- ques, trad. de l’anglais par Cheruel, p. 464. (2) Boldetti, 1720. Osservazioni sopra i cimiteri de SS. Martiri e anti- chi cristiani da Roma, p. 318, tav. 1, fig. 1. (3) Ovide, Les Métamorphoses, chant vi, vers 58, COQUILLE DES PÉLERINS. 185 qués sur place. Il existait en Italie des cardeurs de profession, ou tout au moins des ouvriers travaillant la laine. D’autres étaient plus spécialement chargés de la confection ou du rac- commodage des peignes à tisser ou à carder. Plusieurs inscrip- tions relevées dans le Corpus inscriptionum latinarum, et que notre savant collègue, M. Allmer, a bien voulu nous traduire (1), nous rappellent ces différentes professions. (1) ACCEPTO CHIAE | SERVO | LANARI : PECTINAR | SODA- LES*POSVERE. — Accepto, Chiæ servo, lanarii pectinarii sodales posuere. — « À Acceptus, esclave de Chia, les lainiers peigneurs ses amis, ont élevé ce tombeau ».— voir Forcellini au mot pectinarius; il cite l'inscription d’après Fabretti (701,21) avec le mot PECTINARII avant LANARII, ce qui change le sens, et signifierait « les fabricants de peigne à peigner la laine ». Au mot carminator, qui lanam carminat, Forcellini cite la même inscription, mais on lit : LANARI PECTINARII, et il ajoute que ces Lanarii pectinarii faisaient la même chose que les Lanarii carminatores. — Corpus inscriptionum latinarum, v, n° 4501, musée de Brescia. L'ALLENIVS | L:F:ROM:VESPA |] PECTINAOR. — L. Allenius, Lucii filius, Romilia, vespa, pectinator.— « Lucius Allenius Vespa, fils de Lucius (Allenius), de la tribu Romilia, peigneur (de laine) ». — Corp. inscr. latin., v, n° 2538, musée d’Este. LS} L'OCTAVI | SERVANDI | PECTINARI | IN‘F:P°XXIL [ Re: P: | XXII. — ZLocus sepulturæ Lucii Octavii Servandi, pectinarit, in fronte pedes xxu, retro pedes xx. — « Emplacement de la sépulture de Lucius Octavius Servandus, fabricant de peignes; 22 pieds de front; 24 pieds en arrière ». — Corp. inscr. latin. v, n° 2543, musée d’Este. MITIATEV'IVGEIANNV Te SIBI ET LMAESIO:E: K-:MODESTO)! FILIO‘-ANN XVIII | VALERIAE///VERAE | FIL:ANN XVIII | L: MAESIO:TERENTINO | FABRO:PECTINAR | CONIVGI:DVLCIS- SIM.— (In lateribus pectines aliaque instrumenta.) — Titia Eutychia viva fecit sibi et L. Maesio Lucii filio, Modesto, filio annorum xvin ; Valeriæ… Vera, filiæ annorum xvin; L. Maesio Tarentino, fabro pectinario, conjugi dulcissimo.— Titia Eutychia, a de son vivant, élevé ce tombeau pour elle- mème et pour Lucius Maesius Modestus fils de Lucius (Maesius), son fils mort à 18 ans; et pour Valeria Vera (fille de...), sa fille morte à l’âge de 18 ans; et pour Lucius Maesius Tarentinus, fabricant de peignes, son mari tendrement aimé ». — Corp. inscr. lat., t. v, n° 98., musée Pola. T:VALERIVS:L‘F'| PLACIDVS: |. REFECTOR : PECTIAR;|:COR- NELIA:M | ...— T, Valerius, Lucii filius, Placidus, refector pectinarius;: Sciences. 15 180 COQUILLE DES PÉLERINS. Dans le même ordre d'idée, mais avec un sens figuré, le mot pecten a encore été employé par quelques auteurs (1). Il s'applique incontestablement au même mode de travail. 5° Instruments d'agriculture et de jardinage. — Sous le nom de Pecten, les Latins désignaient plusieurs sortes d’ou- Cornelia marito. — « Titus Valerius Placidus, fils de Lucius (Valerius) ; raccommodeur de peignes. — Corp. inscr. latin., t. v, part. 1, n° 7560, musée d’Asti. [HJIVS:AMARANTEHNVS | ///ST-REFECT:PECTEN:SIBI"ET|"//} LYSIMA (cho) PATRI:‘ET | ///Q°L‘'HEV///NI:'CONC [ ///10'M°E* AGILI | ///STO:CONSTANTI-SECVM. — Jul (plutôt que IVS) Ama- ranthus st(ellatina), refector pecten{arius) sibi et Lysimacho patri et... — « Julius Amaranthus, de la tribu Stellatina, raccommodeur de pei- gnes..…. » Corp. inscr. latin., 1x, n° 1711. Cathédrale de Bénévent. (1) Dives inaccessos ubi Solis filia lucos Adsiduo resonat cantu, tectisque superbis Urit adoratam nocturna in lumina cedrum, Arguto tenuis percurrens pectine telas. À propos du promontoire de Circé : « C’est là que la fille du soleil fait retentir de ses chants éternels des bois inaccessibles, et que dans son palais superbe, où le cèdre embrase la nuit de ses feux odorants, elle fait courir la subtile navette entre les fils d’un tissu délicat. » — Virgile, L’Enéide, chant vu, vers 14. Illa etiam stantes radio percurrere telas Erudii, et rarum pectine denset opus. « Pallas aussi enseigne à faire courir la navette au travers des fils ten- dus sur le métier, et à resserrer la trame lâche avec le peigne d'ivoire. » — Ovide, Les Fastes, livre IIT, vers 819. Interea, longum cantu solata laborem, Arguto conjux percurrit pectine telas. « Pendant ce temps-là, la mère de famille charme par ses chansons les heures trop lentes du travail, fait courir la navette légère entre les fils de la toile. » — Virgile, Les Géorgiques, livre I, vers 294. Non Libico molles plaudentur pectine telæ. Les toiles molles ne sont pas préparées au moyen du peigne libien. — Virgile, Ciris, vers 179. Heæc tibi Memphitis tellus dat munera : victa est Pectine Niliaco jam Babylonis acus. « Memphis vous fait ce présent : la navette du Nil a vaincu l'aiguille de Babylone. » — Martial, Epigrammes, livre XIV, 150, La Robe de chambre, COQUILLE DES PÉLERINS. 187 tils employés en agriculture ou dans le jardinage. Le premier était une sorte de râteau à dents espacées, raro pectine (1), servant à ramasser en gerbes les herbes fauchées ; c'était sans doute le ureoiv xnrouprucis, ou peigne des jardiniers, des auteurs grecs (2). Le second, employé en Italie et en Gaule, à la façon d’une faucille, servait à moissonner (3), en coupant la tige des plantes à une certaine hauteur, mode déjà signalé dans le livre de Job (4). Le troisième était une sorte de herse, cratis et hoc genus dentatæ stilis ferreis (5), que l’on devait, d’après Pline, passer dans certaines circonstances sur le sol. Enfin, Columelle parle d’un autre râteau à deux dents en fer, fer- (1) Temporibus certis desectas alligat herbas, Et tonsam raro pectine verrit humum. « Chaque année, à la même époque, l'herbe fauchée est rassemblée en gerbes par la main du faucheur; et sur la prairie nue se promènent les râteaux aux larges dents. » — Ovide, Le Remède d'amour, vers 191. (2) Philon de Byzance, Histoire des mathématiques, p. 100. (3) Sunt autem metendi genera complura : Multi falcibus culmum secant.. Multi mergis, alii pectinibus spicam ipsam, legunt, idque in rara segete facillimum, in densa difficillimum est. — « Or, il y a plusieurs façons de moissonner ; ou bien des personnes coupent la tige par le milieu avec des faux armées d’un très long manche... d’autres enlèvent l’épi lui- même, soit avec des fourches, soit avec des râteaux, ce qui est très aisé à pratiquer dans une moisson peu abondante, mais très difficile dans une moisson bien fournie. » — Columelle, De l'Agriculture, livre I, xx. Panicum et milium singulatim pectine manuali legunt Galliæ.— « Dans les Gaules, on cueille le panic et le mil épi à épi, avec un peigne à main. » — Pline, Histoire naturelle, livre XVII, chap. Lxxur, 1. Il est probable que cet instrument ne devait être autre chose que le falax denticulatus, äprn xapyxpôdous dont parlent également plusieurs auteurs. — Vide : Collumelle, II, 21, 3; Caton, R. R., 50. (4) Sicut summitates spicarum conterentur. — « Ils seront emportés et retranchés comme le haut des épis. » — Le Livre de Job, chap. xxiv, vers 24. (5) Sunt genera terræ, quarum ubertas pectinari segetem in herba cogat (cratis et hoc genus, dentatæ stilis ferreis). — « Il y a des espèces de terre dont la fécondité oblige de faire passer la moisson en herbe sous le pei- gne (c’est une espèce de claie armée de dents. » — Pline, Loc. cit., livre XVIII, chap. 1, 2. 188 COQUILLE DES PÉLERINS. roque bicorni (1), qui servait à nettoyer les jardins, à arracher les mauvaises herbes, ou à tracer des planches avant de les ensemencer (2) ; ce dernier outil était parfois désigné sous le nom de bidens (3). 6 Plectre de la lyre. — Pour jouer de la lyre, les anciens faisaient usage d’un instrument appelé rAñurocv chez les Grecs, et plectrum chez les Latins. D’après une peinture de Pompei, c'était une sorte de bâtonnet court et étroit avec lequel on frappait les cordes (4). Outre le plectre proprement dit, on se servait également d’un autre archet terminé par des dents et désigné sous le nom de pecten. Quoique plusieurs auteurs en (1) At cum fœta suos nexus adaperta resolvit, Florida cum soboles matermo pullulat arvo, Primitiis plantæ modicos tum præbeat imbres Sedulus irrorans olitor, ferroque bicorni Pectat, et angentem sulcis exterminet herbam. « Mais, lorsqu'elle approchera de ses couches et qu’elle se dilatera en relâchant les liens qui la resserrent, parce qu’une progéniture fleurie aura pullulé dans son ventre maternel, il faudra que le jardinier donne de l'eau avec modération aux premières plantes qu’elle portera dans son sein, qu'il les arrose assidûment, qu’il les peigne avec un instrument de fer à deux dents, et qu’il détruise les herbes qui suffoquent les sillons. » — Colu- melle, De l'Agriculture, livre X, vers 148. (2) Verum ubi jam puro discrimine pectita tellus. « Mais, dès que la terre ainsi embellie et distribuée en planches, etc. » — Columelle, De l'Agriculture, livre X, vers 94. (3) Le mot bidens était aussi employé pour désigner un instrument d'agriculture analogue à la houe, et probablement au bicorne dont nous venons de parler. Plusieurs auteurs en font mention dans leurs écrits : — Vide : Ovide, Les Fastes, chant 1v, vers 927. — Juvénal, Satyre im, Les Embarras de Rome, v. 128. — Virgile, Les Géorgiques, chant n, vers 355 et 400. — Tibule, Elégies, livre IT, élég. 1, vers 6. — Columelle, De l'Agriculture, livre IV, xvur. (4) Ztaque plectri similem linguam nostri solent dicere; chordarum dentes ; nares cornibus tis, qui ad nervos resonant in cantibus. — « Ce qui fait que les Stoïciens comparent la langue à l’archet, les dents aux cordes, et les narines au corps de l’instrument. » — Cicéron, De la nature des Dieux, livre II, chap. Lix. COQUILLE DES PÈLERINS. 189 fassent mention dans leurs écrits (1), on ne possède pas de données bien positives sur cet instrument. 7° L’étrille. — Chez les latins, l’étrille servant à nettoyer le poil des chevaux était ordinairement appelée strigillis, quoique sous ce même nom on ait désigné divers instruments employés, soit en médecine, pour introduire des lotions dans l’intérieur de l'oreille, soit dans les établissements balnéaires ou les amphithéâtres, pour enlever la sueur et la poussière attachées sur la peau. Virgile dans ses Catalectes, a désigné l’étrille sous le nom de pecten. Neque ulla vota semitalibus deis Sibi esse facta, propter hoc novissimum, Paterna lora, proximumaque pectinem. « Et jamais il ne s’avisa de faire des vœux aux dieux des grandes et des petites routes, hormis le jour où il leur dédia son fond de patrimoine, la bride et l’étrille (2). » Un tel ins- trument devait en effet, par sa forme et par l’office qu’il doit être appelé à remplir, se rapprocher beaucoup des autres instruments désignés également sous le nom de pecten. (1) Nec non Threïcius longa cum veste sacerdos Obloquitur numeris septem discrimina vocum ; Jamque eadem digitis, jam pectine pulsat eburno. « Le prêtre de Thrace, revêtu d’une longue robe, fait résonner sur des tons divers les sept cordes de sa lyre, y promenant tantôt ses doigts légers, tantôt un archet d'ivoire. » — Virgile, L’Enéide, chant vi, vers 647. Dre Densi radiant testudine tota Sardonyches ; crispo numerantur pectine chordæ, Quo tener Hedymeles operam dedit ; hunc tenet, hoc se Solatur, gratoque indulget basia plectro. En parlant de la musique : « C’est une lyre étincelante de pierreries, dont elle touche les cordes avec l’archet du jeune Hedymèle; cet archet elle le baise, elle l’aime, il charme son ennui. » — Juvénal, satyre vi, Les Femmes, vers 381. (2) Virgile, Les Catalectes, VIII, vers 22, 190 COQUILLE DES PÉLERINS. B. — Dans un sens figuré: 1° Les doigts de la main. — Pour exprimer la disposition des doigts de la main, les uns par rapport aux autres, les Grecs et les Romains ont fait usage des mots xreiç (1) ou pecten (2) employés dans un sens figuré. Une telle comparaison est absolument justifiée, surtout si l’on a en vue le mode d’agen- cement des côtes du pecten coquillage. Rien en effet ne res- semble plus aux côtes d’un Pecten maximus ou P. Jacobœus que les doigts d’une main partant d’une origine commune, le poignet, pour s’allonger ensuite subparallèlement. C’est pré- cisément cette similitude qui a fait dire à quelques conchylio- logues que l’on donnait à un groupe de coquillage le nom de Pecten: ob manum et pedum similitudinem (3). Les Latins ont encore accordé plus d’extension à la figure, en désignant par cette même expression l’entrelacement des doigts des deux mains, ressemblant ainsi à une sorte de peigne courbé, armé de dix dents parallèles. Dans un ordre d’idée similaire, le poète Lucain a comparé aux dents du peigne, l’entrecroisement des rames de deux (1) Ta péy rodnpn xai yepoy dxpous xrêvas. — Les peignes qui sont à l’extrémité des pieds et des mains. — Eschyle, Agamemnon, v. 1603. (2) Uique meos audit gemitus, subsedit in illa Ante fores ara, dextroque a poplite lævum Pressa genu, digitis inter se pectine junctis Sustinuit nixus. « Dès qu’elle entend mes gémissements, elle s’assied sur l’autel que tu vois aux portes du palais; croisant sa jambe droite sur son genou gauche, et les doigts entrelacés, elle prolonge mes maux, etc. » — Ovide, Les Métamorphoses, chant 1x, vers 290. Assidere gravidis, vel quum remedium alicui adhibeatur, digitis pecti- natim inter se implexis, veneficum est. — « Se tenir assis, les doigts entre- lacés les uns dans les autres en engrenure, auprès d’une femme grosse ou d'une personne à qui on administre un médicament est un maléfice, » — Pline, Histoire naturelle, livre XXVIII, chap. xvu, 1. (3) D’Argenville, 1757. La Conchyliologie, p. 302. COQUILLE DES PÈLERINS. IOI navires prêts à s’aborder; c’est évidemment la même fi- gure (1). 2° Les dents de la mâchoire, les côtes. — Nous avons déjà vu Pline assimiler aux dents du peigne la mâchoire du cro- codile et celle de quelques autres animaux. Certains auteurs grecs se sont servis du mot «rs pour désigner tantôt les dents incisives de la mâchoire (2), tantôt les côtes du thorax (3) dont la disposition parallèle présente en effet quelque analogie avec les dents d’un peigne, déméloir ou coquillage. 3° Les fibres du bois. — Pour peindre le parallélisme des fibres du bois, Pline a fait usage du mot pecten: fagis pec- tines transverst in palpa, « dans les hêtres, la disposition des fibres présente un peigne transversal (4). » 4° Le pubis et les poils du pubis. — La figure par laquelle les anciens comparaient le pubis et ses accessoires à un peigne est au moins singulière. Pourtant elle nous paraît assez répandue chez les auteurs grecs et latins, et ne peut laisser subsister le moindre doute. Tantôt, comme dans Rufus d'Ephèse (5), Clément d'Alexandrie (6), Pline (7) ou (1) Quorum alter, mixtis obliquo pectine remis. « L'un d’eux, voyant ses rames qui se mêlent et se croisent avec celles de l'ennemi. » — Lucain, La Pharsale, chant nr, vers 609. (2) Pollux, Onomasticon, II, 91. (3) Ievprot yip quois Eyovsr rüv Guy mcovx calin xréva, — L'ensemble des côtes forme comme une sorte de peigne. — Oppien, Cynégétique,livre I, vers 295. (4) Pline, Histoire naturelle, liv. XVI, chap. Lxxim, 2. (5) Kreës ro rpcyuvoy népas roû Ünoyarpiou. — Le peigne, extrémité triangulaire de l’épigastre. — Rufus, p. 32. (6) Krzis yuvauxetos, à éarey sdpnuws xal uvcrtxws elnets poproy yuwauretuy, — Le peigne des femmes, manière euphémique de désigner les parties génitales des femmes. — Clément d'Alexandrie, p. 36. (7) ltem que pectines in feminis quidem publicati. — « Et le pubis des 192 COQUILLE DES PÉLERINS. Celse (x), il s’agit du pubis lui-même; tantôt, comme chez le grammairien Pollux (2) ou chez Juvénal (3), ce sont sim- plement les poils qui sont désignés au figuré sous les noms de xreis ou de pecten. Cette expression, pourtant assez mal définie, s’est conservée dans le langage scientifique. Les anatomistes désignent, en effet, sous le nom de pectiné un muscle de la partie interne de la cuisse, fixé supérieurement à l’espace qui sépare l’éminence illo-pectinée de l’épine du pubis, et qui se termine inférieu- rement à la ligne oblique étendue entre le petit trochanter et la ligne âpre du fémur (4). Nous ne voyons rien, dans ce mus- cle, qui puisse justifier sa comparaison avec n'importe quelle espèce de peigne. femmes cessant même d’être partie secrète. » — Pline, Histoire naturelle, livre XXIX, chap. vin, 10. (1) À quibus (costis) oritur os quod pectinem vocant : rectius in viris, recuryatum magis in exteriora in fæminis, ne partum prohibeat. — « De cette double cavité part l’os appelé pubis;.. cet os, qui fournit des points d'appui aux parois du ventre, est plus droit chez l’homme et plus bombé chez la femme, pour ne pas gèner l’accouchement. » — Celse, Traité de la médecine, livre VIIT, 1. (2) Aïdoïæ xai To yuyacxcs do To jiy auuay xres, emtoeuoy. — Le pudendum des femmes ressemble à un peigne tout barbu. — Pollux, Onosmasticon, chap. II, 174. (3) Illa voluptas :* Summa tamen, quod jam calida matura juventa, Inguina traduntur medicis, jam pectine nigro. En parlant des plaisirs que les femmes peuvent éprouver avec les eunu- ques : « Ingénieuses pourtant à ne rien perdre de la volupté, elles ne le livrent au médecin que lorsque son membre bien développé s’est ombragé des signes de la puberté. » — Juvénal, satyre VI, Les Femmes, vers 369. (4) P.-H. Nysten, Dictionnaire de médecine, édit. revue et corrigée par E. Littré et Ch. Robin. — Il est assez surprenant de voir ces savants auteurs se borner à dire que le mot pectiné (en italien pectinate, en espa- gnol pectinado) vient du latin pectinatus, de pecten peigne, sans en donner l'explication. Il est probable, croyons-nous, que le nom de pecten a été donné à cette partie du corps humain simplement par ce qu’elle était sus- ceptible d’être peignée; nous ne voyons aucune raison anatomique plau- sible capable de motiver semblable appellation. COQUILLE DES PÉLERINS. 103 5° Sorte de danse. — À propos d’une sorte de danse exécutée par les filles de Sciros, et dans laquelle les danseuses s’entre- croisaient comme les dents d’un peigne ou mieux comme les doigts des deux mains lorsqu'elles sont croisées, le poëte Stace, dans son Achilleide, emploie le mot pecten de la manière suivante : Tunc thyrsos pariterque levant, pariterque reponunt, Multiplicantque gradum, modo quo Curetes in actu, Quoque pii Samothraces eunt ; nunc obyia versæ Pectine Amazÿonio, modoque citat orbe Lacænas Delia, plaudentesque suis intorquet Amyclis. « Tantôt toutes ensemble elles lèvent les thyrses et les abaissent ensemble, tantôt elles précipitent leurs pas, à la manière des Curètes et des Samothraces, si occupés des choses divines; ou bien rangées de front, elles figurent le peigne ama- - Zonien, ou tournant en un cercle rapide, semblables aux Lacé- démoniens, dont la déesse de Délos, dans la ville d'Amyclée, aime à conduire les danses et à croiser les pas (1) ». 6° Vers d'un poème, cordes de la lyre. — L’entrelacement des vers dans un poème, la disposition des cordes de la lyre ; P ont été également comparés, par les poètes latins, aux dents d’un peigne, et pris dans un sens métaphorique dans les écrits d'G ÿ) d’'Ovide (2) et de Valerius Flacus (3). (1) Stace, L’Achilleide, livre IT, vers 159. (2) Dum canimus sacras alterno pectine Nonas, Maximus hinc Fastis accumulatur honos. « Tandis que mes vers inégaux célèbrent les Nones sacrées, le jour est venu qui répand sur les Fastes la plus éclatante lumière. » — Ovide, Les Fastes, livre II, vers 121. — Dans certaines éditions au lieu de pectine on lit carmine. (3) Hinc Halyn, hinc rigido transcurrens demetit ense Prothin, et insignem cithara cantuque fluenti Dorcea, qui dulci festis assistere mensis Pectine Bistoniæ magnum post ausus alumnum. « Jason immole en courant Halyn, Prothis et Dorcée, dont la voix 194 COQUILLE DES PÉLERINS. 7° Donner ou recevoir des coups. — De nos jours, dans un langage plus populaire qu’académique, peu recommandé par les bons auteurs et pourtant admis par quelques grammai- riens, on dit communément donner ou recevoir une peignée, pour battre quelqu’un ou être battu. Plaute, chez les Latins, a fait plusieurs fois usage, dans ses comédies, du verbe pectere employé dans ce sens (1). 8 Nettoyé, propre, non usé. — Enfin, dans une acception presque complètement différente de la précédente, pour pein- dre quelqu’un ou quelque chose qui est bien nettoyé, propre, * non usé ou même arrangé avec un soin tout particulier, nous faisons aujourd’hui usage des expressions peigné, soigné, léché, lisse. C’est ainsi que Delille a dit : Loin donc ces froids jardins, colifichet champêtre, Insipide réduit dont l’insipide maître Vous vante en s’admirant ses arbres bien peignés. Par opposition, nous disons également mal peigné, pour exprimer qu’un objet ou une personne sont malpropres, mal facile et la lyre harmonieuse osèrent se faire entendre dans les festins, après le chantre mélodieux de la Thrace. » — Valerius Flacus, Les Argo- nautiques, livre III, vers 160. (1) Trakhalio : Audito tumultum : opinor leno pugnis pectitur. « Trakhalion : j'entends bien du tumulte; je me figure qu'ils peignent cet inférieur. » Plaute, Le Cable, acte m1, sc. 11, 47. Menechmus : Quid me vobis tactio’st ? Pecte pugnis. Ménechme : « De quel droit mettez-vous la main sur moi? Frottez-les à coups de poing. » — Plaute, Les Ménechmes, acte v, sc. vi, 28. Ergacile: Nam, Hercle, nisi mantiscinatus probe ero, fusti pectito. Ergasile : « Par Hercule, si je vous ai menti, je veux être roué de coups » Plaute, Les Captifs, acte 1v, sc. 11, 116. COQUILLE DES PÉLERINS. 195 vêtus. Les Latins se servaient des mots pexus et 1mpexus, dérivés de pecten, dans les divers sens que nous venons d’in- diquer (1). Enfin, Virgile et Pline font usage du verbe depec- tere dans le sens de détacher une chose d’une autre (2), comme (1) Zstriæ Liburniæque pilo proprior, quam lanæ, pexis aliena vestibus. — « La laine de l’Istrie et de la Liburnie ressemble plus à du poil qu’à de la laine ; elle ne peut servir à la fabrication des étoffes à longs poils. » — Pline, Histoire naturelle, livre VIIL, chap. Lxxm, 2. .. St forte subucula pexæ Trita subest tunicæ, vel si toga dissidet impar, Rides. « Si d'aventure ma tunique moëlleuse laisse voir un pardessus râpé, ou si ma toge pend d’un côté plus que d’un autre et grimace, tu ris encore. » — Horace, Epitres, livre I, ép. 1, à Mécène, vers 95. Stiriaque impexis induruit horrida barbis. « Et la barbe elle-même durcit, hérissée de glaçons. » — Virgile, Les Géorgiques, livre TIT, vers 366. Nec magis perfert in judiciis tristem et impexam antiquitatem.— « Et ils ne s’accommoderaient pas plus de cette antiquité triste et rechignée. » — Tacite, Dialogue sur les orateurs, xx. Divitibus poteris Musas, elegosque sonantes Mittere : pauperibus munera pexa dato. « Adresse aux riches des vers et des élégies bien ronflantes, maïs fais aux pauvres des cadeaux plus solides, » — Martial, Epigrammes, livre VII, 46, à Priscus. Illle pexus pinguisque doctor. — « Ce docteur gras et bien peigné. » — Quintilien. At Cappadocia (Lactuca), quæ pallido et pexo densoque folio viret, mense februario. — « Pour celle (la laitue) de Capadoce, dont les feuilles sont pâles, peignées et épaisses, on la sème aussi au mois de février. » — Columelle, De l'Agriculture, livre XI, 11. — Pexo est ici en opposition à crispi folit de la phrase précédente, il doit donc être pris dans le sens de bien peigné, lisse. (2) Velleraque ut foliis depectant tenuia Seres ? « Dirai-je comment les Sères détachent des feuilles de leurs arbres les plus fines toisons? » — Virgile, Les Géorgiques, livre II, vers 121. Quod in arbore hæsit, ferro depectitur. — « On fait tomber avec un ins- trument de fer ce qui reste attaché à l'arbre. » — Primi sunt hominum, qui noscantur, Seres, lanico silvarum nobiles, perfusam aqua depectentes frondium canitiem. — Les premiers hommes qu’on y connaisse sont les Sères, célèbres par la laine de leurs forêts; ils détachent le duvet blanc des 196 COQUILLE DES PÉLERINS. la récolte de l’encens sur les troncs d’arbres, la cueillette du coton pratiquée par les Sères indiens et les Arabes, ou le sérançage du lin, etc. (1). IV Origines du mot pecten. Après avoir ainsi passé en revue les différentes et très nom- breuses acceptions du radical pecten et de ses dérivés, cher- chons maintenant quelle a dû être la plus ancienne, celle qui a servi de point de départ à toutes les autres, et voyons quelle valeur on peut lui donner au point de vue de l'interprétation. L'homme primitif, dans l'extrême simplicité de ses besoins, avec sa vie errante, dénué pour ainsi dire de tout bien-être, n'a certainement pas connu toute cette quantité d'objets si variés auxquels les Latins du temps de Pline ou d’'Horace donnaient le nom de pecten. D’après ce que nous savons des origines primitives du langage, l’homme a dû d’abord donner des noms uniquement aux objets qui étaient pour lui de pre- mière nécessité, à seule fin de pouvoir les distinguer et les reconnaître lorsqu'il avait à s’en servir. feuilles, en l’arrosant d’eau. — Pline, Histoire naturelle, livre XII, chap. xxxu, 1; livre VI, chap. xx, 2. (1) Ars depectendi digerendique. — « C’est un art que de savoir sérancer le lin et lui donner la dernière préparation. » — Pline, Loc. cit., livre XIX, chap. ir, 3. COQUILLE DES PÉLERINS. 197 C’est par la tradition que ces mots sont parvenus jusqu’à nous, quoique souvent dénaturés et même parfois plus ou moins défigurés. Or, ni le râteau ou la herse, ni le peigne du tisserand ou le plectre de la lyre, n’ont fait partie du bien modeste dictionnaire des premiers peuples; à plus forte raison en est-il de même des nombreuses expressions métaphoriques que nous avons relevées chez les poètes et les prosateurs latins. Mais il n’en est certainement pas ainsi du peigne servant à débrouiller et à nettoyer la chevelure. C’est en effet, de toutes les différentes acceptions du mot pecten, celle qui a dû être employée la première, avant même qu’un pareil nom fût donné au coquillage. Les peuples primitifs, dira-t-on, à en juger par les traces qu’ils ont laissées dans les Kjoekkenmoedings (1), faisaient une consommation considérable de mollusques pour leur alimen- tation. Ils ont donc pu distinguer, et partant dénommer, ce grand coquillage, dont quelques individus pouvaient à la rigueur suffir pour rassasier les plus affamés. Dans quelques tombes déjà fort anciennes, on a rencontré des valves per- cées de cette belle coquille, elles servaient d’amulette et étaient portées suspendues à quelques colliers faits également de coquillages (2). A cela nous répondrons d’abord que ces grands pecten, au moins le Pecten maximus, vivent ordinairement à des pro- (1) Kjoekken, cuisine; moedding, amas de débris ou rebuts. (2) Les troglodytes des cavernes de Menton portaient parfois le Pecten Jacobœus en guise d’amulette. On peut en voir un beau spécimen au musée de Grenoble. — MM. l'abbé Ducrost et L. Lortet ont signalé l'existence de Pecten Jacobœus percés d’un trou de suspension, trouvés dans les foyers de la station préhistorique de Solutré (in Archives du Muséum de Lyon, t. I, p.24.— Dans les fouilles de la nécropole de Trion, à Lyon, on a également trouvé plusieurs valves de Pecten maximus por- tant dans le haut un trou de suspension exactement arrondi. 198 COQUILLE DES PÉLERINS. fondeurs (1) cù les filets des peuplades préhistoriques ne savaient encore les atteindre; qu’ensuite ces formes sont plus particulièrement méridionales (2), c’est-à-dire qu’elles vivent dans les régions où les Kjoekkenmoeddings, en tant qu’amas coquilliers, n’ont pas la même importance qu’en Danemark par exemple. Dans les chaudes contrées du Midi, il était sans doute beau- coup plus facile à l’homme de se procurer une nourriture plus abondante, plus saine, plus variée que dans ces froides et désertes régions du Nord; dans l’aréa de dispersion géogra- phique des mollusques qui nous occupent, les coquillages devaient donc être peu recherchés, et s’ils ont été consommés, c'est en quelque sorte d’une facon purement accidentelle. Quant à la présence des valves de pecten dans les colliers, c’est chose évidemment exceptionnelle (3), et rien ne peut faire supposer qu’ils aient recu un nom par la seule raison que quelques personnes en ont fait usage pour ornementer leurs costumes. Il est donc probable qu'il existait alors une expres- (1) Le Pecten maximus vit ordinairement à des profondeurs variant de 5 à 25 brasses. (2) Le Dr G.-O. Sars, dans son catalogue Mollusca regionis artice Nor- vegiæ, ne cite pas le Pecten maximus. Il en est cependant question dans l’Index Molluscorum litora Scandinaviæ occidentalia habitantium de Lovèn; cette espèce devient plus abondante sur les côtes océaniques d'Angleterre et de France. (3) D’après sir John Lubbock, on rencontre surtout dans les Kjoekken- moeddings les quatre espèces :suivantes : Ostrea edulis Lin.; Cardium edule Lin.; Mytilus edulis Lin.; Littorina littorea Lin. Accidentelle- ment on trouve également des mollusques appartenant aux genres Tapes, Trigonella, Nassa, Buccinun, Helix, etc. — Lubbock, 1867. L'Homme ayant l’histoire, p. 152. Dans la vallée du Tage, à Cabeco d’Arrundo, M. Ribeiro a reconnu des amas de cuisine composés surtout de valves de Lutraria compressa Lamck. — Association française pour l'avancement des sciences, session de Paris, p. 895. Dans les amas coquilliers de Saint-Georges-de-Didone, dans la Cha- rente-[nférieure, ce sont également{les Huîtres et les Moules qui domi- nent, — Compte rendu du congrès de Lille en 1874, p. 592. COQUILLE DES PÉLERINS. 109 sion générique inconnue aujourd’hui, par laquelle on dési- gnait l’ensemble des mollusques (1); il n’y avait donc aucun motif plausible pour spécifier particulièrement les formes que nous nommons aujourd’hui des pecten. Enfin, n’oublions pas que si quelques peuplades du Nord recherchaient les mollusques, les Égyptiens (2) et les Hébreux (3) les avaient en abomination et en exécration! La chevelure, au contraire, de tout temps et chez tous les peuples, a toujours été considérée comme le plus bel orne- ment naturel qui ait été donné à l’homme pour parer son visage. Un rapide coup d’œil, jeté sur un lointain passé, suf- fira pour s’en convaincre. L'Olympe est déjà peuplé de tout un monde de divinités que les poètes et les artistes se plaisent à nous montrer ornées des plus magnifiques cheveux. Jupiter, Apollon et bien d’au- tres dieux ou demi-dieux sont représentés avec ces longues boucles flottantes jetées plus bas que la nuque. Mais que dire de toutes ces déesses rivalisant par le charme et la grâce? La blonde Vénus s’occupait elle-même des soins à donner à sa luxuriante chevelure. Ariane, abandonnée sur les rives de Naxos, laissait flotter sur ses épaules son abondante toison, lorsque Bacchus la vit et en tomba amoureux. La fière Junon embaumait tout l’Olympe du parfum de ses cheveux. Diane poursuivant les fauves dans la forêt, les muses que le grec (1) Vide : — Adolphe Pictet, 1859. Les Origines indo-européennes ou les Aryas primitifs, essai de paléontologie linguistique, Paris, 3 vol. in-4. — À. Locard, 1884. Histoire des mollusques dans l'antiquité, p. 62 et seq. (2) Plutarque, dans son traité de Iside et Osiride, nous apprend que les prêtres égyptiens avaient en abomination le sel et tout ce qui touche à la mer. — Vide : A. Locard, Hist. moll. antiquité, p. 75 et seq. (3) Quidquid autem pinnulas et squamas non habet eorum quæ in aquis moventur et vivunt, abominabile vobis execrandumque erit.— « Mais tout ce qui remue et qui vit dans les eaux sans avoir des nageoires ni d’écailles, vous sera en abomination et en exécration. » — Le Lévitique, chap. x, Yers. 10. 200 COQUILLE DES PÈLERINS. Simonide appelle xxXMxouu, aux beaux cheveux, et tant d’au- tres beautés, n’ont-elles pas été tour à tour chantées par les poètes ? Si des hauteurs de l’'Olympe nous descendons sur la terre, nous voyons les populations préhistoriques du monde entier faire usage du peigne. Lehon nous donne la figuration (1) d’un peigne trouvé dans ces amas coquilliers dont nous par- lions tout-à-l’heure. M. de Mortillet représente (2) un véritable peigne en bois d’if recueilli dans les palafittes du canton de Berne, en Suisse; tous deux appartiennent à l’époque de Robenhausen. Pendant l’âge du bronze, la grande quantité d’épingles aux formes les plus élégantes et le plus variées, nous démontrent suffisamment quels soins ces peuplades pri- mitives apportaient déjà dans l’arrangement de leurs coif- fures (3). Chez les Grecs, hommes et femmes prenaient un soin tout particulier de leurs cheveux. Au temps d'Hérodote, les Spar- tiates ne manquaient jamais de se peigner avant de marcher au combat. On se souvient que c’est à un pareil soin que se livraient Léonidas et ses compagnons lorsqu'ils furent surpris par les espions de Xercès avant la défaite des Thermopyles. Lucien, dans ses écrits, nous parle du peigne servant à lisser la coiffure des jeunes gens. L'histoire nous apprend que l’on suspendait jadis sur les murs du temple d'Escu- lape de nombreuses chevelures pour implorer du dieu la guérison de ceux qui vous étaient bien chers. Tour à tour les anciens ont chanté la beauté des cheveux de Lays, de Phrynée et d’Aspasie; et la veuve éplorée allait, dans sa douleur, jus- (1) Lehon, L'Homme fossile, p. 130. (2) G. de Mortillet, Album préhistorique, pl. Lx et Lxtti. (3) Dans un très récent travail sur l’âge du bronze dans le sud-est de l'Espagne, MM. H. et L. Siret ont signalé l'existence de peignes en bois. — Revue des questions scientifiques, Bruxelles, 1888, t. XXIIT. COQUILLE DES PÉLERINS. 201 qu’à couper, en signe de deuil, sa longue chevelure, pour la jeter sur le bûcher des funérailles de son époux. C’est ainsi qu’Achille fit raser ses cheveux pour les donner aux flammes qui consumaient le cadavre de son ami Patrocle, et qu’à la mort d'Héphestion, Alexandre fit également raser sa cheve- lure et couper la crinière de ses coursiers. A mesure que la civilisation avance, les soins minutieux apportés à cette partie de la toilette deviennent de plus en plus exagérés. Pline nous apprend qu'avant l’an 400 de la fondation de Rome, les Romains étaient infonsti, c’est-à-dire non rasés (1). Chez les hommes, la chevelure était portée un peu de toutes les façons, tantôt courte et roide, tantôt longue et bouclée; mais la calvitie, au temps d’Auguste, était regar- dée comme un déshonneur : Turpe pecus mutilum, turpe est sine gramine campus, Et sine fronde frutex, et sine crine caput. « Honteux, dit Ovide (2), est le troupeau mutilé; honteux le champ sans verdure, la futaie sans feuillage, la tête sans cheveux. » C’est pourquoi César, lorsqu'il paraissait en public, cachait sa tête chauve sous une large couronne de feuillage, et que Domitien, Othon et Galba portaient perruque, devan- çcant ainsi les modes étranges du siècle du grand roi (3). (1) In Italiam ex Sicilia venere post Romam conditam anno quadrin- gentesimo qninquagesimo quarto, adducente P. Ticinio Mena, ut auctor est Varro; antea intonsi fuere. — « Les premiers barbiers vinrent de Sicile en Italie, l'an 454 de la fondation de Rome; ils furent amenés par P. Tici- nius Mena, au rapport de Varro {de Re rustica, n); jusque là les Romains avaient porté la barbe. » — Pline, Histoire naturelle, livre VII, chap ue} r. (2) Ovide, L’art d'aimer, chant ni, vers 240. (3) « L’antiquité! mais c’est elle qui a créé les perruques, qui les a per- fectionnées, qui a vu leur règne le plus brillant, et il a fallu que les ténè- bres du moyen-âge vinssent obscurcir passagèrement l’éclat de la civilisa- tion occidentale, pour que leur vogue fût oubliée et leur culte délaissé. » — Histoire de la coiffure, de la barbe et des cheveux postiches, Paris, librairie de Sere, rue Pont-de-Lodi, 3, DCIerces, 10 50%: COQUILLE DES PÉLERINS. Parlerons-nous de la coiffure des dames romaines ? Tibule, Martial, Pesse, Juvénal, et plus tard Tertullien,ne cessent, dans leurs discours, de tonner contre ces usages ridicules d’un luxe dépravé. Non seulement les femmes se teignaient les cheveux ou ajoutaient quelques mèches étrangères pour en grossir le nombre, mais quelques-unes encore, à l'exemple de l’impu- dique Messaline, s’affublaient de perruques de couleurs diffé- J rentes, et allaient même jusqu’à se faire raser la tête pour encadrer ensuite leur visage d’une lourde coiffure, accom- modée suivant les caprices du jour (1). Les Gaulois et les Francs faisaient, comme on le sait, grand cas de leur longue chevelure (2). C’était pour eux un signe de noblesse, de force et de puissance; c'était aussi la ligne de démarcation entre l’homme libre et l’esclave. Lorsque Jules César, vainqueur de la Gaule, voulut laisser un long souvenir de sa victoire et marquer d’un signe d’asservissement les malheureux vaincus, il fit couper les cheveux des peuplades soumises. Plus tard, sous la première race de nos rois, et sous une partie de la seconde, de grands cheveux étaient une marque distinctive de la royauté. Longtemps en France, on regarda comme peine infamante celle qui condamnait un cri- minel à avoir la tête rasée; telle était la peine infligée au serf qui avait manqué de respect à son suzerain. Un roi, en per- dant sa chevelure, perdait aussi sa couronne; et quand les maires du palais voulurent se débarrasser des rois fainéants, (1) À propos de Messaline, dans ses débordements les plus lascifs, le poète a dit : Et, nigrum flavo crinem abscondente galero. « Puis dérobant sous une perruque blonde sa noire chevelure. » — Juvénal, Les Femmes, satyre VI, vers 110. (2) Du temps de Pline, les habitants de la Gaule étaient désignés sous le nom de Chevelus : Atque etiam momina ex eo Capillatis Alpium incolis, Galliæ Comatæ. « De là le nom de Chevelus que portaient les habitants des Alpes et de la Gaule chevelue. » — Pline, Histoire naturelle, livre XI, CHADE REV UE COQUILLE DES PÉLERINS. 203 ils leur firent tondre les cheveux avant de les enfermer dans un cloître. On voit donc, par ce rapide tableau (r), toute l'importance que l’on accordait à la chevelure chez les peuples de l’anti- quité et des premiers siècles de l’ère chrétienne. On compren- dra sans peine.que pour lui donner tous les soins qu’elle comportait, pour bien faire ressortir sa beauté et son éclat, pour arriver à la disposer convenablement, de facon à bien s’harmoniser avec son personnage, tout un outillage spécial était devenu nécessaire, indispensable, la main la plus habile ne pouvant y suflire. Nos premiers pères, infiniment moins soignés dans leur toilette que nos raffinés d'aujourd'hui, éprouvaient au moins la nécessité de séparer ces longues mèches flottantes, avant de les tresser ou de les tordre sur leur tête. Mais hélas, il faut bien l'avouer, ils étaient loin d’avoir ces soins de propreté que l’on se plait à reconnaître de nos jours chez les gens du peuple des nations civilisées. Le cuir chevelu, abandonné à lui-même, presque inculte, devait être tourmenté par des myriades de petits parasites, pullulant avec d'autant plus de facilité qu’ils étaient moins inquiétés dans leur retraite. Aussi, devait-il nécessairement en résulter une singulière et bien désagréable iritation. L’ingénieuse tantoura (2), ce réceptacle à vermine de certaines peuplades de l'Orient, n’était pas connue de tout le monde. Il importait donc de trouver un instrument permet- tant à la fois de débrouiller les cheveux et de porter remède à ces incessantes démangeaisons. De là l’idée du peigne, avec ses dents pointues, fortes et longues, suffisamment écartées, répondant à la diversité des (1) Vide etiam : Dupinay de Vorepierre, Dictionnaire français illustré et encyclopédie universelle. — P. Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle. (2) L. Lortet, 1884. La Syrie d'aujourd'hui, p. 83, 204 COQUILLE DES PÉLERINS. besoins; puis, cette première opération consistant à démêler et à séparer les cheveux, une fois accomplie, pour les lisser, pour en enlever toutes ces incommodantes souillures, en un mot pour les purifier, on imagina un second peigne à dents beaucoup plus fines et beaucoup plus rapprochées. Les premiers peignes furent faits sans doute avec quelques arêtes de poisson encore adhérentes à la colonne vertébrale; peu à peu on en vint à imiter cet instrument primitif un peu trop cassant et à le perfectionner, en fabriquant des peignes à dents plus ou moins fines, plus ou moins rapprochées, en bois, en os ou en ivoire, en corne ou en écaille, et même en métal (1). Et, chose bien surprenante, la forme adoptée dès les premiers âges répondait tellement bien aux services qu’on en attendait, qu'aujourd'hui encore nos peignes les plus riches et les plus perfectionnés ont conservé la même forme, la même disposition. Étant donné le peigne à peigner les cheveux, le peigne à carder la laine, le chanvre ou le lin, devait s’en suivre tout naturellement. Le principe des deux opérations étant absolu- ment semblable, le même outil devait nécessairement servir au même usage. Aussi avons-nous vu qu'il était question d’un peigne pour préparer les fibres textiles déjà du temps du prophète Isaïe (2). Pourquoi a-t-on donné à ces objets les noms de sarag, xs où pecten? Nous ne saurions le dire, et malgré nos recherches, rien n’a pu nous mettre sur la voie de la racine primitive de ces différentes expressions. Combien de mots dans ces mêmes langues sont dans un cas pareil! Bornons- nous donc à les accepter tels qu’ils sont. (1) Un peigne en bronze avec le nom du propriétaire CABIR a été recueilli dans un tombeau d’Eboli en Italie, — Ann. dell'Instit. Archéeol.. IV, p.298. (2) Vice ante p. 182, note 2, COQUILLE DES PÉLERINS. 205 Quoi qu'il en soit, une fois le nom donné à un tel instru- ment, tout autre objet de forme analogue, c’est-à-dire armé de dents, disposé en forme de dents, avec des côtes espacées plus ou moins parallèles, affectant en un mot une disposition similaire ou rendant des services analogues au peigne à che- veux, fut nommé ref ou pecten. C’est ainsi que le coquillage dont les côtes saillantes étaient alignées et séparées comme Îles dents du peigne, fut à son tour nommé pecten. Un naturaliste français du XV°* siècle, Pierre Gille (1), a prétendu que l’on avait donné au coquillage le nom de Pecten parce qu’il pouvait servir à peigner les cheveux (2). Pareille assertion est absolument plausible, ainsi qu’il est facile de s’en assurer par l'expérience. Avec un peu d’adresse et de patience, on transforme, en effet, très aisément la valve supé- rieure d’un de nos grands pecten en un peigne même assez pratique. Il suffit pour cela de découper les côtes jusqu’à une certaine profondeur, soit en brisant l’espace intercostal de la coquille à l’aide d'une pince et par petits morceaux, soit en l’usant ou la cassant avec le tranchant d’un outil en pierre, comme devait le faire l'homme de la préhistoire. On obtient ainsi un peigne de forme arrondie, présentant quelque ana- logie avec certains peignes préhistoriques, et susceptible de rendre exactement les mêmes services. T'elle est en quelques mots l’histoire générale du peigne et de tous les pecten. Elle a pour point de départ un objet de première nécessité, indispensable à l’homme, en usage dans tous les temps et chez tous les peuples. À mesure que la civi- lisation fait des progrès, il se modifie et se transforme suivant les besoins nouveaux. Mais son nom reste le même, et par (1) Gilles (Pierre) ou Gyllius, né à Albi en 1490, mort en 1553. (2) Pectines a rugis, seu imbricis quibus signati sunt, ita a dicuntur : Pecten quo capilli pectuntur et extenduntur. — De Nominibus piscium. 205 COQUILLE DES PÉLERINS. extension s'applique à toutes choses impliquant en elles le même principe, c’est-à-dire une idée de nettoyage, d’arrange- ment et de purification. Symbolisme du peigne. Du peigne à la chevelure, le pas à franchir n’est pas bien grand, et l’on remarquera que déjà dans l’antiquité une idée spirituelle était attachée aux cheveux. Sans parler ici de . Samson, dont toute la force résidait dans la chevelure, nous voyons que chez les Romains c’est par les cheveux que l’âme était unie à la matière. Virgile, après avoir raconté la mort de Didon, ajoute que « Proserpine ne lui ayant pas encore enlevé le cheveu blond d’où dépendait sa vie, ne l’avait pas vouée aux dieux infernaux (1) ». Et plus loin le même poète nous montre encore [ris coupant le cheveu fatal, « afin d’aller porter à Pluton ce tribut sacré, et de la délivrer ainsi des liens du corps (2) ». (1) Nondum illi flavum Proserpina vertice crinem Abstulerat, Stygioque caput damnaverat Orco. Virgile. L'Enéide, chant IV, vers 698. (2) 2 VE RETENUS PERRET ERTS Hunc ego Diti Sacrum jussa fero, teque isto corpore solvo. Virgile. L'Enéide, chant IV, vers 702. “ COQUILLE DES PÉLERINS. 207 Le peigne a joué un rôle symbolique dans la religion paienne des Grecs et des Romains. Lucien, dans les Amours, avait déjà dit en parlant d’un jeune homme sage : « les escla- ves tiennent entre leurs mains les instruments de sa vertu; ce ne sont point les dentelures découpées d’un peigne destiné à caresser ses cheveux, ni des miroirs où son portrait se re- flête. » Vénus parfois était représentée tenant un peigne à la main (1). Apulée, dans ses Métamorphoses (2), décrit ainsi le cortège de cette déesse: « Partout des groupes de femmes vêtues de blanc, couronnées de guirlandes printanières, et por- tant gaiement divers attributs, jonchaient le sol de fleurs sur son passage ; d’autres avaient suspendus sur le dos des mi- roirs tournés vers la déesse, afin qu’elle püt avoir la perspec- tive du train dévot qui la suivait. Quelques-unes tenant en main des peignes d’ivoire, simulaient par les mouvements des bras et des doigts des soins donnés à la chevelure ». De nos jours, chez quelques peuplades sauvages, le peigne paraît également jouer un rôle symbolique assez étrange. Chez certaines peuplades de la Nouvelle-Calédonie, notamment aux îles Bélep ou dans la tribu des Ouagap, le peigne ordi- naire consiste en deux ou trois longues baguettes de bambou effilées à l’une de leurs extrémités, reliées à l’autre par un fil, et que les hommes et les femmes se passent sur la tête plus encore pour soulager leur démangeaison que pour démêler leurs cheveux crépus et serrés. Chez ces peuplades, on trouve également un autre peigne fait en bambou et taillé absolu- ment à la manière de ces grands peignes dont les femmes de nos pays font usage pour retenir leurs tresses sur le sommet (1) Bernard de Monfaucon, 1724. Supplément au Livre de l'antiquité expliquée, t. IT, p. 54. (2) Et quæ pectines eburneos ferentes, gestu brachiorum, flexuque digi- torum, ornatum atque oppexum crinium regalium fingerent. — Apulée, La Métamorphose, chant XI, p. 404. 208 COQUILLE DES PÉLERINS. de la tête. Ces derniers peignes servent surtout comme objets de parure, et sont parfois sculptés sur l’une des faces (1). Mais à côté de cela, il existe dans la tribu des Ouagap des cein- tures faites en siapo ou tape, sorte d’étoffe obtenue avec l’in- térieur de l’écorce du niaouli et sur lesquelles sont pendus de distance en distance de dix à quinze peignes. Ces peignes, très étroits et très longs, sont fabriqués avec des nervures de feuilles artistement rapprochées et liées les unes aux autres; ils ne peuvent être d'aucun usage. Seuls les marins de la tribu portent de telles ceintures, sans que nous ayons pu savoir quel symbolisme ïls attachaient à ces singuliers instru- ments (2). Avec de tels prémices, il n’y aura donc rien de bien sur- prenant lorsque revenant à l'Occident et franchissant quel- ques siècles, nous verrons les premiers chrétiens faire, à leur tour, jouer un rôle symbolique au peigne, jusque dans leurs cérémonies religieuses. « Tous les peuples de l'antiquité, dit l’abbé Martigny (3), aimaient à orner et à meubler pour ainsi dire la tombe par des objets qui servaient aux besoins comme aux plaisirs de la terre. C'était une espèce d’illusion au moyen de laquelle on semblait prolonger l’existence au-delà de ses limites. Les chrétiens adoptèrent cet usage, maïs ils le sanctifièrent par des intentions symboliques tirées du génie de la religion nou- velle qui est esprit et vie; et souvent même la nature des objets déposés dans les tombeaux ou murés à leur extérieur constituent un langage qui lui était exclusivement propre. » (1) Le père Lambert a figuré ces deux sortes de peignes dans le journal Les Missions catholiques, 12° année, n° 560, 27 février 1880. (2) Il existe un beau spécimen de cette ceinture, ainsi que plusieurs peignes détachés, dans la collection ethnographique des Petits frères de Marie, à Saint-Genis-Laval (Rhône). (3) L'abbé Martigny, 1865. Dictionnaire des antiquités chrétiennes, p. 466. COQUILLE DES PÉLERINS. 209 Parmi les objets ainsi déposés dans des tombes chrétiennes on a rencontré à diverses reprises des peignes d'ivoire ou de buis. Boldetti (1) a publié trois de ces peignes qu’il avait trouvés encore attachés aux sépultures ; l’un d’eux portait le nom de son propriétaire Annius Eusebius. M. le comman- deur de Rossi, dont la compétence en pareille matière est indiscutable, a confirmé ces faits en déclarant en outre que l’on voyait des peignes, non seulement gravés sur le marbre des anciens cimetières, mais que souvent on en rencontrait des empreintes sur la chaux ou le mortier qui avaient servi à clôturer les tombes dans les cimetières chrétiens (2). Boldetti prétendait que ces peignes étaient placés dans les tombeaux des martyrs, après avoir servi comme instruments de supplice. Il cite comme exemple ure sainte, vierge et martyre chrétienne, auprès de laquelle on aurait trouvé à Cologne un très beau peigne, inter ossa sacra pectinem pulcherrinum... Mais comme l’a fait observer M. Raoul Ro- chette (3), il est bien évident que le peigne peut être, encore moins dans ce cas que dans aucun autre, un instrument de martyre; car si l’on en a d'autre preuve que la présence de ce très beau peigne, instrument de toilette, c’est certainement là une étrange méprise. (1) Boldetti, 1720. Osservazioni sopra à cimiteri de Santi Martiri ed antichi Christiani di Roma, p. 503, pl. IN, fig. 22, in-24, Pettini d’Avorio. (2) « On les trouve gravés sur les marbres chrétiens de nos cimetières, avec le miroir, les ciseaux et tout l’attirail de la toilette des cheveux et du visage. Le P. Garrucci (Arte crist., VI, p. 153, 154), y voit les insignes de la profession de barbier.... On en trouve souvent des empreintes sur la chaux des Loculi, dans les cimetières; on les y attachait pour marquer les tombes ou les décorer. » — Le Com. Jean-Baptiste de Rossi, 1881, in Bulletin d'archéologie chrétienne, édit. française par M. l’abbé Duchesne, 3e série, VIe année, p. 84 et 85. — Vide etiam : De Rossi, Roma sottera- nea, t AIT, p.305, 3331346; (3) Raoul Rochette, 1837. ]n Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. XIII, p. 740. 210 COQUILLE DES PÉLERINS. Il suffit du reste d'examiner la plupart de ces peignes pour se convaincre qu'ils sont plus symboliques que réellement pratiques, et que si quelques-uns n’ont pas même pu servir comme instrument de toilette ils ont encore bien moins pu être employés pour martyriser les chrétiens. Un de ces pei- gnes figuré par Boldetti (1), est à double rangée de dents su- perposées et séparées dans le même plan, par un espace assez large; il mesure quatre-vingt millimètres de longueur et quarante-trois de hauteur ; d’un côté les dents sont fines et serrées comme celles d’un peigne fin; de l’autre, on compte seulement neuf grosses dents égales, très larges et peu hautes, laissant entre elles des vides égaux à leur largeur, et terminées carrément dans le bas. Un tel peigne ne pouvait servir évi- demment à aucun usage pour la toilette. Mais à quelles causes attribuer la présence d’un peigne, au moins analogue aux peignes à toilette, soit dans les tombeaux des premiers chrétiens, soit gravés sous forme d’empreinte sur la fermeture de ces tombeaux? Aucune explication satis- faisante, jusqu’à présent du moins, n’en a été donnée. La plu- part des auteurs se sont bornés à dire que ces empreintes servaient à marquer les tombes pour les reconnaître, ou à les décorer, d’autres y voient des attributs rappelant la profes- sion de la personne défunte, concinnator capillorum, orna- trix, pectinator, etc. Nous établirons tout-à-l’heure qu’une idée précise, essentiellement religieuse, absolument symbo- lique, vient justifier pleinement un pareil usage. En dehors des peignes attachés aux tombes chrétiennes, nous voyons encore ce même peigne jouer un rôle véritable- ment liturgique dans le rituel de la primitive église. Nous n'avons pas la prétention de traiter ici 17 extenso, la question pourtant si intéressante du peigne liturgique, nombre d’au- (1) Boldetti, Loco citato, pl. m1, fig. 22. COQUILLE DES PÉLERINS. 2TI teurs, plus compétents et plus autorisés que nous, ont déjà traité pareil sujet. Aussi nous bornerons-nous simplement à relever ce qui peut être relatif au principe qui nous occupe. Le peigne d'ivoire faisait partie du mobilier sacré de la pri- mitive église. Ainsi l’atteste du Cange: Pecten inter minis- Leria sacra recensetur, quod silicet sacerdotes ac clerici ante- gam in ecclesiam procederent crines pecterent (1). Dans l’expli- cation littérale et historique des cérémonies religieuses, Dom Claude de Vert, trésorier de l'Abbaye de Cluny, explique ainsi l'usage du peigne liturgique (2): « car, dit-il, quoique la ton- sure et la couronne des évêques ne fussent point autrefois différentes de celles que portent encore à présent les Corde- liers et les Capucins, comme nous dirons en son lieu; toute- fois, le cercle des cheveux qui régnait autour de leur tête était toujours assez épais pour qu'ils eussent besoin d’un peigne, dont la décence voulait qu'ils se servissent pour démêler leurs cheveux et les arranger proprement, surtout avant que d’en- trer à l’autel et commencer leur fonction. [l paraît même, par le pontifical romain, accomodé aux usages de l’église de Mende, que l’évêque avait exprès un peignotr, c’est-à-dire un linge fait en forme de petit manteau, qu’on mettaitsur ses épaules quand on le peignait : T'obellia (touaille, toile ou toilette), guando pecti- tur, collo circumponenda. C’est qu’on ne se peignait en effet qu'après être tout-à-fait revêtu des habits sacerdotaux ou pon- tificaux, et sur le point d'entrer en fonction ; de sorte qu’on était bien aise de conserver la chape ou la chasuble et d’empé- cher que la crasse ne tombât dessus. Les prêtres de second ordre n'étaient pas moins garnis de cheveux que les évêques, et portant une couronne et une tonsure toute semblable, pre- naient aussi la précaution de se peigner avant que d’aller à (1) Du Cange, Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, art. Pecten. (2) Dom Claude de Vert, Explication littérale et historique des cérémo- nies religieuses, t. Il, p. 338-340. 212 COQUILLE DES PÉLERINS. l'autel et accompagnaient cette action de la même prière que les évêques, savoir celle-ci, selon le missel de Lunden de 1514: « Corripe me, Domine, in misericordia tua ; oleum autem peccatoris non impinguet caput meum ; ou cette autre de l’ancien pontifical de Paris : ZJutus exteriusque caput nostrum, totumque corpus et mentem meam tuus, Domine, purget et mundet Spiritus almus (1); ce qui était commun à l’évêque et au simple prêtre, comme nous avons dit plus haut, suivant ces paroles du même pontifical : Episcopus vel sacerdos, missarum solemnia celebraturus..…, dum se pectinat, dicat : Intus, etc. » Ainsi donc, non seulement les prêtres ordinaires, mais les évêques eux-mêmes se servaient du peigne liturgique au commencement de l'office. Cet usage s’étendit plus loin encore, car le souverain pontife en personne se soumit à ce singulier rituel. Le chanoine Benedetto, dans un passage relevé par l'abbé Martigny (2), donne une curieuse description de la procession suivie à Rome parle Pape, de Saint-Jean de Latran à la basilique vaticane, à l’occasion des grandes lita- nies. Dans les sacristies des diverses églises visitées par le Saint-Père se trouvait un lit, ou il pût se reposer; dans la même enceinte, à son arrivée on lui lavait les pieds; enfin on étendait sur ses épaules une serviette, et le diacre et le sous- diacre lui présentaient le peigne d’ivoire destiné, dit l’auteur, à rétablir l’ordre dans sa chevelure et à la dégager des souil- lures de la poussière et de la sueur contractées dans ces pro- cessions qui étaient fort longues (3). (1) « On voit qu'on demande à Dieu, par cette prière, qu'en même temps que le peigne décrasse la tête et la nettoie de ce qu’il y a d’impur et de grossier, le Saint-Esprit, par sa grâce divine, daigne purifier notre cœur et en Ôter tout ce qu’il peut y avoir de contraire à la vertu, etc. » (Note de Dom de Vert.) (2) L'Abbé Martigny, 1865. Diction. antiqg. chrét., p. 520. (3) Vide : Cancellieri, 1786. De secretariis basilicæ Vaticanæ, 1, P. 254. — 1814. Descrizione de’ tre pontificiali che si celebrano per le feste di Natale, di Pasqua e di S. Pietro e della sacra suppelletile in essi ado- perata, p. 84. COQUILLE DES PÉLERINS. 213 Qu'étaient-ce donc que de pareils peignes? Plusieurs fort anciens ont été précieusement conservés dans les musées ou les reliquaires; quelques-uns ont été soigneusement décrits et figurés. Ils sont en os, en ivoire, en buis ou même en bois d’ébène. En général leur galbe est de forme rectangulaire, plus ou moins haute, allongée dans le sens de la hauteur. Ils portent une double rangée de dents superposées, très longues, et de deux grosseurs différentes. L'espace libre entre les deux rangées de dents est large et plus ou moins richement décoré. Quelques-uns sont sculptés avec un art merveilleux, d’autres portent des inscriptions ou sont ornés d’incrustations d’or, de nacre ou de pierres précieuses. Le peigne de saint Loup ou saint Leu (1), conservé dans le riche trésor de Saint-Étienne de Sens, a été figuré et décrit par M. Bretagne (2). C’est un des plus beaux que l’on con- naisse ; il est d’un seul morceau d'ivoire; le champ qui sépare les grosses dents des petites est orné d’une plate-bande sur laquelle, entre deux baguettes perlées en or, sont enchâssées sept pierres de couleur rouge, bleue ou verte, entourées d’or- nements également perlés; cette plate-bande supporte une arcade dans l’intérieur de laquelle, sous un talon orné de raies de cœur, se voient deux lions se dressant contre l’arbre de la science du bien et du mal, surmonté du démon tentateur. Sur les moulures de l’archivolte, on lit : PECTEN S LVEPI. Citons également, pour mémoire, le peigne de saint Gau- zelin (922-062), trente-deuxième évêque de Toul, déposé à Nancy, et enfermé dans la châsse de saint Sigisbert; le peigne (1) Bollandistes, t. I de septembre, p. 255 à 265. (2) Millin, 1807. Voyage dans le midi de la France, I, p. 97, pl. 1, fig. 3. — Bretagne, 1861. Recherches sur les peignes liturgiques, in Bulletin mo- numental, publié par M. de Caumont, 3e sér., t. VII, p. 279; reproduit, 4° sér.,t. VIII, p. 410. — Ernest Bosc, 1883, Dictionnaire de l’art, de la curiosité et du bibelot, p. 521, fig. 575. 314 COQUILLE DES PÉLERINS. de saint Aubert, évêque de Tongres et de Liège (708-727); le peigne de Guillaume, évêque de Saint-Brieuc (1219-1234); les deux peignes de l’ancienne église des capucins de Stavelot, aujourd’hui au musée d’armures et d’antiquités de Bruxelles; le peigne de Chiusi, signalé et décrit par M. le commandeur deRossirétc(n): D'après ce dernier auteur, on n’allègue aucune preuve écrite ou monumentale de ces peignes si richement décorés avant le VII° siècle environ. Un peigne attribué à un saint martyrisé en l’an 361, près de Toul, est dépourvu de sym- boles religieux et uniquement décoré de petites étoiles (2). M. de Rossi a donné la description et la reproduction d’un peigne qui lui paraît être du V° ou du VI" siècle, et qui est simplement orné d’une croix entre deux grappes de raisin; mais il ajoute : « la présence de symboles religieux sur un objet n’est pas une preuve suffisante de sa destination litur- gique (3) ». Quoi qu’il en soit, nous nous bornerons à retenir de ces nombreux exemples, que dans les premiers siècles, les chré- tiens attachaient une importance toute particulière au peigne, et que quelques-uns de ces peignes servant aux ministres de Dieu, étaient beaucoup plus richement décorés que ne le sont d'ordinaire de simples objets de toilette. On les couvrait d’in- (1) Vide : Raoul Rochette, 1838. Troisième mémoire sur les antiquités chrétiennes des Catacombes, in Mém. Institut, Acad. inscr. et belles-lettres, t. XIII, p. 741 et seq. — Bretagne, 1838. Recherches sur les peignes liturgiques, in Bull. monumental, 3e sér., t. VII, p. 272 à 284. — De Caumont, 1838. Note sur deux peignes anciens en os, in Bull. monumen- tal, loc. cit., p. 345 à 348. — Chalon, 1872. Note sur deux peignes litur- giques provenant de Stavelot, in Bull. monumental, 4° sér., t. VII, p. 402 à 412. — De Rossi, 1881. Peigne orné de symboles chrétiens décou- vert à Chiusi, in Bull. d’archéol. chrétienne, 3e sér., VI année, p. 81 à 93. — Etc. (2) De Rossi, Loc. cit., p. 83. (3) In Bulletin de la Société archéologique de Lorraine, 2° sér., 1, fig. 5. COQUILLE DES PÉLERINS. 215 crustations ou de sculptures, on les enrichissait de pierreries ou de métaux précieux, comme les vases sacrés, les ornements sacerdotaux, en un mot comme tous les objets servant au culte. Du Cange nous apprend que quelques-uns de ces pei- gnes liturgiques avaient une valeur telle qu’on se les trans- mettait par testament, et qu'ils figuraient dans la nomencla- ture des chartes ou des inventaires de reliques (1). De tels objets, soit à cause de leur forme, soit par suite de leur richesse et de leur prix, étaient donc bien certainement plus symboliques que pratiques. Certes, nous ne doutons pas un instant que l’usage du peigne liturgique n'ait été, tout-à- fait dans le principe, chose utile, voire même nécessaire, par suite du peu de propreté des gens d'alors. La religion chré- tienne, comme l’a très judicieusement fait observer M. Cha- lon (2), a toujours attaché une importance très grande à ce que ses ministres se montrassent aux fidèles sous un aspect convenable et digne. On comprend qu'il eût été peu décent de voir à l’autel une chevelure inculte, hérissée, malpropre, accompagnant de riches ornements sacerdotaux où resplen- dissaient l'or et la soie. L'emploi d’un peigne ordinaire, tel que l’Église le compre- nait dans le principe, est donc parfaitement motivé. Et comme elle a toujours cherché à décorer et à embellir tout ce qui servait au culte, elle a peu à peu orné et enrichi ces premiers peignes, sans doute fort simples à l’origine. Mais comment, (1) Test. Everardi comitis ann. 837; apud Miræum, I, p. 21. — De paramento vero capellæ nostræ ciboreum cum cruce aurea,… Pecten auro paratum unum concedimus. — Chron. Calmaliac., apud Stephanot., IIT, fragm. hist. mss.; tabulæ eburneæ ad ornamentum altaris, Pectines ebur- nei quatuor aut quinque, etc. — Testamentum Riculfi Episc. Helonensis ann. 915 : Pectenem eburneam unam, tabulas eburneas duas, etc. — Charta ann. 1231, apud Catallum in Hist. occitan., p. 901 : Sunt ibi octo cingula serica, et 6 pectines eburneï, etc. — Charta Joannis archiep. capuani ann. 1301 : item Pettenem unum de ebure, item calicem unum, etc, (2) Chalon, 1872. In Bulletin monumental, 4° sér., VIIT, p. 405, 210 COQUILLE DES PÉLERINS. dans la suite, justifier l’usage que vont en faire des person- nages religieux comme les évêques ou le Pape (1)? Comment motiver ces riches instruments aux dents longues et écartées, infiniment plus décoratifs que réellement utilisables, parés comme le ciboire ou le calice, si ce n’est par une idée essentiel- lement symbolique ? Notons qu'aujourd'hui encore l’Église a conservé la tradi- tion de l'emploi du peigne, puisque dans l’imposante céré- monie de la consécration des évêques, on se sert encore d’un peigne, tout comme au temps de la primitive Église (2). Enfin, s’il ne s'agissait réellement que d’une simple mesure de propreté à prendre, pourquoi les ministres du culte atten- daient-ils le moment où ils étaient déjà revêtus des ornements sacerdotaux pour se peigner (3)? Quelle serait donc encore la raison d’être de cette prière que dom de Vert nous rapporte, prière si nettement expressive, et que le prêtre doit prononcer en se servant du peigne : Jntus exteriusque caput nostrum, totumque caput et mentem meam tuus, Domine, purget et (1) Cette Liturgie, d’après M. Bretagne, parait être tombée en désué- tude vers le commencement du XVIe siècle, car le pontifical romain du pape Clément VIII (1592-1605), revu par l’ordre d'Urbain VIII, ne men- tionne plus le peigne que pour le sacre des évêques. — Bretagne, 1861. Loc cils. pN277: (2) Dans le rituel intitulé : Cérémonies et prières pour la consécration d’un évêque, à propos des préparatifs nécessaires à la consécration on lit : « Près de l'autel il y a aussi une crédence où sont disposés tous les objets qui doivent servir à la cérémonie, une aiguière et des linges, de la mie de pain, des bandes de toile, l'anneau épiscopal, un peigne d'ivoire, etc. » — Après la cérémonie de l’onction du Saint-Chrème sur la tête et sur les mains du nouvel évêque, la bénédiction de la crosse et de l'anneau, la perception de l’évangile, le consacré retourne à son autel. « Lorsqu'il y est arrivé et qu’il s’est assis, on lui essuie la tête avec de la mie de pain et du linge blanc; on lui peigne ses cheveux avec un peigne d'ivoire, et il lave ses mains, tandis que le consécrateur lave aussi les siennes. » (3) D’après M. Bretagne, Loc. cit., p. 278, l’église grecque a conservé l’ancienne coutume de se peigner avant la messe, et le peigne, après cette action, reste déposé sur l’autel, COQUILLE DES PÈLERINS. 217 mundet Spiritus almus. 11 demande à Dieu de nettoyer son âme et son corps, de les débarrasser de toutes leurs souillures, en un mot de les purifier. Le peigne dont il a fait usage est donc évidemment le symbole de cette purification. De même qu’on lavait le corps des premiers chrétiens avant de les ensevelir (1), de même aussi devait-on les peigner afin qu'ils pussent paraître devant Dieu, au jour du jugement dernier, dans tout leur état de pureté. Mais en plaçant un peigne à leur côté, en marquant leur tombe d’un sceau fait avec l'empreinte d’un peigne, n’était-ce pas pour attester de la facon la plus formelle, la plus irrécusable, que celui qui venait de mourir était mort en chrétien, et que son corps comme son âme avaient passé sous les dents du peigne, c’est- à-dire qu’il s'était purifié au moment de rendre son âme à Dieu. Le peigne ou son empreinte deviennent ainsi le témoi- gnage indiscutable de cette purification. Le peigne enfin, dans ses acceptions propres les plus con- nues et les plus ordinaires, ne représente-t-il pas toujours une idée générale de purification. Peigner les cheveux, carder la laine ou les fibres textiles, ratisser un jardin, arracher les mau- vaises herbes d’un champ, tout cela ne s’applique-t-il pas au même principe qui a pour objet de nettoyer, de purger, de purifier la tête, les matières à tisser, la terre elle-même, de toutes leurs impuretés, de toutes leurs souillures? Et c’est le peigne, toujours le peigne, qui va servir sous les noms de sarag, de xzeis ou de pecten, à ces différentes opérations. Quoi de plus logique alors que de symboliser un semblable instru- (1) « Tout corps doit être lavé, ce qui signifie que si l’âme s’est purgée par la confession du péché qui la souillait, elle obtiendra, au jour du jugement, conjointement avec le corps, une gloire éternelle (Beleth, De sépult.). — On se servait, pour le lavement du corps, d’eau pure, quelques fois, mais rarement, d'huile, et plus fréquemment d’eau aromatisée. » — Arthur Murcier, 1857. La Sépulture chrétienne en France, d'après les monuments, P. 159. Sciences. 17 218 COQUILLE DES PÉLERINS. ment lorsqu'il s'agira d’exprimer, par un objet matériel, la purification de l’âme en vue de l’obtention du pardon des fautes commises. On doit à Marangoni (r) la publication d’une inscription 4 bien curieuse, gravée à la pointe, sur la chaux d’un loculus, dans le cimetière chrétien dit de Thrason, en Italie. Cette ins- cription est ainsi conçue : RVFINALEISPIRIEVS HNVVSAN:BONOPECTINE: La formule spiritus tuus in bono, analogue, pour le sens, à spiritus luus in deo, est bien connue et s'explique aisément; mais 22 bono pectine est absolument sans exemple et reste incompréhensible aux yeux des archéologues (2). M. Armel- lini, qui a publié cette inscription (3), dit en outre : « le mot pectine, ajouté à la formule du salut, est pour moi inex- plicable, d'autant plus que près de ces paroles même fut encastré dans la chaux un petit peigne d’ivoire, dont il reste encore une partie notable ». (1) Marangoni, Cose gentilesche, p. 454. (2) « Danzetta (cod. Vat. 8324) cherche à expliquer l’étrange formule IN BONO PECTINE ; il propose, d’une façon dubitative, de penser au poisson pecten, comme si l'inscription disait : spiritus tuus in bono pisce, c'est-à-dire in Christo IXOTZ; ou encore au pecten de la lyre, le sens étant : in Cytharis bene sonantibus. Ces conjectures, peu vraisemblables, ne se recommandent d'aucun rapprochement. Il faut plutôt songer aux peignes qui servirent souvent à marquer les tombes chrétiennes et aux mots SIGNVM NABE qui figurent sur une épitaphe chrétienne à côté du des- sin d'un navire (Buonarroti, Vetri, p. x; cf. ma Roma sott., 11, p. 576). On comprend alors facilement que le mot PECTINE était écrit au dessus d'un peigne réel ou figuré (signum) qui servait de marque au loculus de Rufina. Aïnsi, l’inscription acclamatoire se terminait, selon l’usage, par les mots in bono, et les lettres qui suivent doivent être interprétées isolé- ment. Marangoni, observateur peu soigneux, néglizea de noter la présence du peigne au-dessus de ces lettres. » — De Rossi, 1881. Zn Bull. arch. chrét., 3° sér.. VIe année, p. 85, note (3) Armellini. Descrione populare degli antichi cimiteri Cristiani di Roma, p. 142. COQUILLE DES PÈLERINS. 219 C’est précisément la présence de ce petit peigne qui va nous permettre d’interprêter cet indéchiffrable #7 bono pectine. Le peigne, comme nous venons de le voir, étant une preuve, un symbole de purification spirituelle et corporelle, la présence du peigne ainsi encastré dans la tombe, sert à attester que cette tombe est celle d’un chrétien, et que ce chrétien, avant de mourir, s’est purifié l’âme et le corps de toutes leurs souil- lures. Nous traduirons donc in bono pectine par les mots: bien peigné, bien purifié, c’est-à-dire en état de grâce. VE Pourquoi les pèlerins portaient des coquilles. Étant admis que le pecten instrument de toilette et de pro- preté est devenu par cela même un symbole de purification dans la religion chrétienne, il nous semble facile d’en déduire que le pecten coquillage a dû être envisagé au moyen-âge comme jouissant des mêmes vertus symboliques. Le pèlerin chargé du poids de ses iniquités se rend auprès d’un saint en grande réputation pour obtenir le pardon de ses fautes, c’est-à-dire pour se purifier. Au retour de son voyage, soit qu’il ait fait la route pour son propre compte ou pour le compte d’autrui, il tient à prouver que sa mission est bien remplie. Quel témoignage plus certain peut-il donner que celui du pecten, pris à la fois comme coquille et comme 220 COQUILLE DES PÈLERINS. emblème de purification? Comme coquille, c’est l’attestation incontestable de son lointain voyage, la preuve palpable des océans franchis; comme emblème de purification, c’est la démonstration tangible du pardon de ses fautes, de la rémis- sion de ses péchés. Et c’est précisément à son retour, c’est-à- dire lorsque la pénitence est faite, qu’il revêt la coquille! Mais, dira-t-on, pourquoi le pèlerin ne porte-t-il pas comme attribut un véritable peigne, un vulgaire démêloir, plutôt qu’un coquillage ? Le peigne, il faut bien l'avouer, le peigne même le plus rudimentaire était à cette époque un objet d’une fabrication assez délicate. On ne possédait pas comme aujourd'hui ces procédés mécaniques qui permettent de travailler avec la plus grande facilité et une extrême écono- mie de temps, de main-d'œuvre et de matière première, l’os, la corne, le bois ou l’ivoire ; la celluloïde n’était pas encore inventée. Le peigne, taillé à la main, servait à toute la famille; et l'on comprendra dès lors qu’un tel objet n’était pas à la portée des escarcelles déjà bien allégées des pauvres pèlerins. Et puis, malgré tout son symbolisme, le peigne à cheveux, le peigne à bon marché, n’était pas, avouez-le, un objet ni bien élégant, ni bien décoratif. Nous nous imaginerons difficile- ment un ornement d'aussi triste figure pendu sur la poitrine d’un voyageur ou agrafé à son chapeau. Passe encore s’il se fut agi d'un de ces beaux peignes liturgiques si richement décorés ; mais ceux-là n'étaient pas évidemment accessibles à toutes les bourses. Il fallait donc se rabattre sur quelque chose de plus pratique et de plus économique. Quoi de mieux alors que le coquillage ? Déjà on en a fait de véritables peignes, pouvant servir à la toilette; en outre, avec ses formes élégantes et gracieuses il se prête admirable- ment à la décoration ; ses valves sont si bien disposées pour la symétrie ; elles sont grandes et légères et peuvent facile- COQUILLE DES PÉLERINS. 221 ment s’agrafer ; ouvertes dos à dos, ou mieux charnière contre charnière, elles figurent admirablement l’image du grand pei- gne liturgique avec ses deux rangées de dents étagées l’une au-dessus de l’autre. Il vient de loin, et de plus, lui aussi se nomme peigne ! Quoi de plus juste et de plus logique que de l’adopter pour {eslimonium et de l’ériger à son tour comme symbole de purification ! Ce n’est du reste pas le seul coquillage qui ait joui de pro- priété symbolique chez les populations chrétiennes. L’escar- got, le simple et bien modeste colimacon, n’était-il pas l’em- blème de la résurrection ? Enfermé l’hiver dans sa coquille qui lui sert de tombeau, ne sait:il pas, nouveau Lazare, bri- . ser sa porte, lorsque revient la tiède saison du printemps, pour renaître à nouveau plus fort et plus robuste qu’aupara- vant (1)? C’est bien intentionnellement que le pèlerin, au milieu d’une riche faune malacologique, a choisi uniquement le pec- ten comme attribut et non pas n'importe quel autre coquil- lage. Dans le Midi il recherche les Pecten maximus et P. Ja- cobœus, dans la Manche c’est le Pecten varius. Pourquoi n’a- t-il pas pris aussi bien les valves de quelque grand et beau Cardium ? (2) elles sont aussi belles, aussi décoratives que celles du Pecten. Mais c’est qu’autrefois cette coquille se nom- 1 mait pectoncle ou cœur (3), et c'est un peigne qu’il faut au (1) Vide : L'abbé Martigny, 1865. Dictionnaire des antiquités chré- tiennes, p. 178. — A. Locard, 1882. Histoire des mollusques dans l'anti- quité, p. 230. (2) Cardium (xxpèta, cor). Linné, 1758. Systema naturæ, édit. X, p. 121. (3) Lister et après lui plusieurs autres anciens auteurs ont figuré diffé- rents Cardium sous le nom de Pectunculus : quæ sine auribus sunt, et tamen striis, pectinum more, donantur, et quibus utraque testa æqualiter caya est, pectunculi dicuntur. Sous ce nom sont figurées nos formes médi- terranéennes et océaniques les plus grosses et les plus communes — Lister, 1678. Cochleis marinis Angliæ, p. 187. 222 COQUILLE DES PÈLERINS. pèlerin. C’est donc avec un parfait discernement qu’il choisit les valves du pecten pour symboliser aux yeux des hommes sa purification. Telle est l'explication qui nous a semblé la plus simple, la plus logique, la plus rationnelle, pour motiver la présence des valves d’un coquillage sur la poitrine de nos anciens pèle- rins. Ce n’est donc point le fait du pur hasard s’ils ont tou- jours donné la préférence à une même coquille, prise tantôt avec sa forme naturelle, tantôt sous celle d’une amulette en plomb ou en étain. C’est qu’au Pecten était attachée une idée symbolique, celle de la purification spirituelle, en parfaite concordance avec le principe même et le but du pèlerinage. Avec cette interprétation que nous croyons nou- velle, nous arrivons ainsi, non seulement à motiver un tel éclectisme malacologique, bien singulier au premier abord, mais encore à lire ces antiques inscriptions, à comprendre ces coutumes religieuses de la primitive Église, dont les souve- nirs déjà bien lointains tendent de jour en jour à s’effacer encore davantage. ANALYSEUR DÉTERMINATION DU NOMBRE DES MICROBES CONTENUS DANS L'EAU PAR M. CARLOING. On détermine le nombre des microbes par la culture à doses fractionnées d’une minime quantité d’eau dans des milieux nutritifs propres à l’évolution des microorganismes. Par exem- ple, si l’on répartit, à dose égale eten prenant toutes les précau- tions pour éviter l’abord des germes étrangers, 1 centimètre cube d’eau entre 100 ballons chargés de bouillon parfaitement stérilisé, si l’on porte ensuite ces ballons dans l’étuve et que, dans l’espace de 15 jours, 6o d’entre eux se troublent et se chargent de microorganismes, on en déduira que dans chaque ballon qui s’est troublé, on a déposé un germe et que l’eau soumise à l’étuve contenait au moins 60 germes par cen- timètre cube, soit 60,000 par litre. Revue critique. — Le procédé de la culture dans les milieux liquides oblige à admettre que chacun des ballons troublés n’a recu qu’un seul microbe, car, dans le trouble qui se pro- 224 ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. duit au sein du bouillon, il est impossible de saisir s'il y a un ou plusieurs centres de pullulations. On a tenté de remédier à cette défectuosité de la méthode en lui substituant la culture dans un milieu organique solide, la gélatine peptone, qui maintient, pendant un certain temps, tous les centres de pullulation écartés les uns des autres. Fol, Dunant et Guning ont nettement établi que la numé- ration des microbes de l’eau à l’aide de cultures faites dans les milieux nourriciers liquides est préférable à la numération par les cultures dans les milieux solides. Leur opinion est parta- gée aujourd’hui par le plus grand nombre des expérimenta- teurs qui se sont occupés de la question. En dépit de ce fait, à savoir qu’un certain nombre des ger- mes contenus dans l’eau ne se développent pas dans la géla- tine ou l’agar-agar peptonés, on constate que la méthode de Koch ou la culture en milieux solides jouit encore d’une grande faveur auprès de plusieurs expérimentateurs, et der- nièrement Meade Bolton a même tenté de la réhabiliter. Quant à nous, nous ne lui connaissons, dans le cas présent, qu'un seul avantage qui rachète partiellement son défaut capital : elle permet d’arriver plus aisément à la détermination de la nature des germes ou des bactéries contenus dans l’eau. En effet, l’aspect de la plupart des cultures en milieu liquide est fort semblable alors qu’elles procèdent de microbes diffé- rents, tandis qu’il peut être très varié, si les cultures sont faites sur la gélatine nourricière. Les colonies diffèrent soit par leur forme, soit par leur couleur ; elles s’étalent à la sur- face de la gélatine ou dissolvent leur aliment. Ces caractères font naître la notion de différences ou d’analogies que l’on vérifiera par l'examen microscopique ou l'inoculation. Pour ces motifs, la détermination du nombre des microbes par la culture sur la gélatine mérite de fixer l'attention des expérimentateurs. Il faut envisager les imperfections de cette ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. 225 méthode et chercher à les faire disparaître pour rapprocher le plus possible de la vérité les résultats qu'elle fournit. a) Koch a conseillé de verser dans un tube de gélatine liquéfiée un volume connu de l’eau dont on fait l’étude bactériologique, de mélanger aussi intimement que possible, par l’agitation, l’eau et la gélatine, de manière à écarter les germes, puis de répandre le mélange, en couche mince, sur la face lisse d’une plaque de verre quadrillée et stérilisée. La plaque de verre est portée ensuite dans un incubateur où les colonies prennent naissance. Lorsqu'on estime que la germi- nation des bactériens présents est complète, on superpose la plaque à une lame d’obsidienne et l’on compteles colonies qui se détachent nettement par leurteinte surle fond noir de la lame sous-jacente. Enfin, on détermine le nombre des bactériens contenus dans un litre d’eau en multipliant le chiffre des colonies par le rapport du litre au volume d’eau que l’on a mélangé à la gélatine. Ce rapport est toujours un facteur con- sidérable. Le procédé de Koch est passible de plusieurs reproches. D'abord, on n’est pas absolument sûr de disséminer conve- nablement les germes au sein de la gélatine, quelque soir que l’on prenne pour y arriver; de sorte que certaines colo- nies seront tellement rapprochées qu’elles se nuiront récipro- quement et qu’elles seront difficiles à compter et à isoler, si on voulait tenter leur isolement. Ensuite, une partie des opéra- tions s’accomplissant à l’air libre, des germes de l’atmosphère peuvent tomber sur la gélatine, évoluer parallèlement aux gérmes de l’eau et fausser considérablement les calculs. De plus, une certaine quantité de gélatine restant dans le tube, rien ne prouve qu'elle ne retienne quelques germes; sil en est ainsi, le nombre que l’on obtiendra sera inférieur à la réalité. On peut rémédier à l'inconvénient que nous avons 220 ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. cité en dernier lieu et qui résulte de la présence d’une certaine portion du mélange dans le tube où il a été effectué, en étalant ce reste à la face interne du tube où il se fige comme sur une plaque ordinaire. On comptera les colonies qui s’y dévelop- peront et on ajoutera le chiffre au nombre des colonies déve- loppées sur plaque. Mais on n'’évitera pas l'erreur possible résultant de la chute de quelques germes de latmosphère. Supposons qu’un seul germe provienne de l’air et que l’ont ait opéré avec un demi-centimètre cube d’eau. Pour rapporter le nombre de colonies au nombre de germes contenus dans un litre d’eau, il faudra le multiplier par 2,000. Ce sera donc 2,000 germes de trop que l’on attribuera faussement à l’eau soumise à l'examen bactérioscopique. b) Esmarck a proposé de rémédier à ce défaut, en mainte- nant constamment le mélange à l’abri de Pair. Pour cela, on opère avec une très petite quantité d’eau et une petite quantité de gélatine. Le mélange se fait au fond d’un tube à culture. Quand on le suppose très intime, on plonge le tube dans l’eau froide, en le tenant presque hori- zontalement pendant qu’on l’anime d’un mouvement de rota- tion assez rapide. La gélatine se répand sur toute la face interne du tube où elle se solidifie promptement sous la forme d’une plaque mince enroulée en cylindre. C’est à l’intérieur du tube que les colonies se développent. Pour les compter, on coupe le tube suivant deux généra- trices diamétralement opposées. Il se trouve partagé en deux moitiés égales que l’on observe par la face interne et sur les- quelles on fait le dénombrement des colonies. On rendra cette opération plus facile en projetant chaque moitié du tube sur un écran de papier quadrillé. S1 l’on applique le procédé d’Esmarck, on s'aperçoit que l'on rencontre quelque difficulté à étendre uniformément la ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. 227 gélatine à la face interne du tube. Certaine portion du mé- lange coule sur des parties déjà étalées et solidifiées; de sorte que les colonies se trouvent superposées. La division du cylindre de verre suivant deux génératrices se fait souvent irrégulièrement et des colonies situées sur les cassures sont détruites et ne peuvent plus être comptées exac- tement. Enfin, comme :il faut opérer avec de très petites quantités d’eau, le facteur par lequel on multipliera le nombre des colo- nies sera très considérable; de sorte que l'erreur la plus légère se traduira par un écart énorme dans le nombre qui représentera les microbes enfermés dans un litre d’eau. Admettant, pour un instant, que l’on veuille conserver le procédé d’Esmarck, on l’améliorerait en employant de longs tubes de verre plats au lieu de tubes cylindriques pour faire refroidir le mélange d’eau et de gélatine. Les colonies se dé- velopperaient sur une seule face et l’on n’aurait pas besoin de diviser le tube pour les compter. c) Dans un récent travail sur les eaux, M. Malapert-Neu- ville s’est préoccupé de l’imperfection du procédé de Koch que nous avons signalé en premier lieu. Il a pensé que l’on obtiendrait sur la plaque quadrillée toutes les colonies dont les germes sont présents dans l'échantillon d’eau en opérant de la manière suivante : verser la gélatine en promenant le tube circulairement au-dessus de la plaque; déposer un volume donné d’eau au centre de l’ilôt formé par la gélatine, enfin, effectuer le mélange de la gélatine et de l’eau en brassant le tout sur la plaque de verre avec un fil de platine stérilisé. La modification proposée par M. Malapert-Neuville répond au but qu'il poursuivait, mais on peut lui adresser deux repro- ches graves : le premier, c’est que le procédé adopté par l’au- teur pour opérer le mélange de l’eau et de la gélatine n’assure 228 ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. pas une dispersion suffisante des germes et des colonies; le second, c’est qu’il oblige à laisser la gélatine pendant un temps relativement très long en présence de l'air libre, et par conséquent exposée à recueillir quelques germes de Patmos- phère. A la fin de cette revue historique et critique, on doit s’aper- cevoir que certains desiderata subsistent, malgré les perfec- tionnements préconisés successivement par les expérimen- tateurs. Disperser régulièrement sur la gélatine fous les microbes enfermés dans un volume d’eau connu; éviter et au besoin reconnaître les germes qui peuvent venir de l’atmosphère; telles sont les indications qu’il faut remplir pour obtenir dans l'examen bactérioscopique de l’eau des résultats aussi exacts que possible. Nous nous sommes proposé de satisfaire à ces indications à l’aide d’un outillage et d’une technique que nous allons faire connaître. Analyseur bactériologique de M. Arloing. — Quand on se sert de notre analyseur, la récolte de l’eau et sa répartition se font avec une pipette que l’on peut construire dans tous les laboratoires, de la manière suivante : On prend un tube en verre, cylindrique, de 4 à 5 millim. de diamètre intérieur. Après l’avoir lavé et séché convena- blement, on le jauge en quarts de centimètre cube à l’aide du mercure. On gradue de la sorte une longueur répondant à un centimètre cube et demi à deux centimètres cubes. On étire ensuite le tube à la lampe d’émailleur, à partir d’un point voisin de la graduation, de façon à donner à l’une des extré- mités la forme d’un tube capillaire d’une très grande finesse. Cette opération se fait généralement en deux temps. Le tube ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. 229 est ensuite retréci près de l'extrémité opposée, tamponné avec du coton, et stérilisé par l'exposition à la température de 200° dans une étuve, durant deux heures. Lorsqu'on veut se servir de cette pipette, on flambe délica- tement sa surface, on coupe avec des ciseaux l’extrémité du tube capillaire qui la prolonge, on enfonce ce tube dans l’eau et on aspire à l'extrémité opposée. L’aspiration est facilitée par l’interposition d’un tube de caoutchouc entre la pipette et la bouche. L’usage du tube de caoutchouc a encore l’avantage de permettre à l’opérateur de se tenir à quelque distance de l’eau et de ne pas la contaminer par les germes qu’il porte sur ses vêtements,ou bien de confier à un aide le soin de faire monter l’eau pendant qu’il en immerge la pointe dans le liquide. On remplit la pipette jusqu’au-dessus de la partie graduée. La cueillette terminée, on fond la pointe du tube capillaire dans la flamme d’une lampe à alcool. On couche la pipette sur un support dans une position presque horizontale et on se hâte de la diriger sur le laboratoire où doit se faire l’essai bactériologique. La répartition de l’eau sur la gélatine nourricière se fait avec la même pipette, en suivant un manuel qui sera indiqué plus loin. Quant à la gélatine nourricière, elle est étalée sur une pla- que de verre de o",12 de longueur sur 0",05 de largeur, divisée par des traits au diamant en 60 carrés égaux de 1 centim. de côté (voy. fig. 1). La gélatine est répandue avec plus de facilité si l’on rehausse les bords de la plaque de verre d’un mince cordon en émail vitrifié. Lorsque la gélatine est bien solidifiée, on transporte rapidement la plaque quadrillée dans l'appareil que nous allons décrire. 230 ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. Analyseur. — Il consiste en une boîte rectangulaire en cuivre de 0",250 de longueur sur 0",085 de largeur et 0",036 de profondeur. Cette boîte est munie d’un couvercle formé de deux lames de verre (5 et 6 de la fig.) mobiles autour de char- nières placées sur les deux bords les plus étroits. Les pièces du couvercle, au lieu de se juxtaposer, laissent entre elles un intervalle de o m. 007 qui est occupé par un couvre-joints en cuivre d'une disposition spéciale. Effectivement, ce couvre-Joints achève de fermer la boîte en coulissant sur les ÈS F1c. 1.— Analyseur bactériologique ouvert. 1, pique porte gélatine; 2, 2, porte-pipette; 3, couvre-joints isolé; 4, pipette; 5, 6, couvercles en verre de l’analyseur ; 7, bouton moteur de la crémaillère qui déplace la plaqne de gélatine ; 8, repère; 9, bouton moteur de la crémaillère qui déplace le porte-pipette ; 10, repère. Le couvre-joints 3 est isolé; T, orifice dans lequel s'engage l’extrémité capillaire de la pipette ; a, a, languettes ressorts entre lesquelles passe la pipette ; b, b, équerres métalliques sur lesquelles glisse le couvre-joints. ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. 231 lames de verre, d'avant en arrière, sous l'influence de la moin- dre traction. Il est pourvu : 1° au milieu d’un orifice fort étroit T, où l’on engage le tube capillaire qui prolonge la pi- pette avec laquelle on a recueilli l’eau que l’on soumet à l’ana- lyse; 2° de deux languettes métalliques souples A, fixées à droite et à gauche du précédent orifice, entre lesquelles est recue la pipette, de sorte que le moindre mouvement de déplacement imprimé à cette dernière, dans un sens ou dans l’autre, entraîne immédiatement le couvre-joints de la même quantité. Une plaque de cuivre, d’une surface égale à celle de ia plaque de verre quadrillée, munie d’une crémaillère sur sa face inférieure, peut courir sur le fond de la boite, grâce à un pignon qui se meut à l’aide du bouton extérieur 7. Cette plaque est pourvue à ses angles de quatre montants . prismatiques c, c, garnis de ressorts entre lesquels est pincée horizontalement la plaque en verre quadrillée recouverte de gélatine nourricière. Le bouton extérieur 7 tourne en présence d’un index 8 fixé sur la paroi antérieure de la boîte. Il porte des crans dont l’écartement est calculé de telle sorte que le passage de deux d’entre eux au-devant de l’index fait avancer la crémaillère d'un centimètre. Conséquemment, si le milieu d’un carré se trouve juste au-dessous du trou percé dans le couvre-joints, le mouvement sus-indiqué amènera dans cette position le milieu du carré suivant. La crémaillère et la boîte sont assez longues pour que l’on puisse faire passer toute la plaque de gélatine nourricière au-dessous du milieu du couvre-joints. Au bord droit de la boîte est rattachée une forte plaque de cuivre munie d'une coulisse profonde, parallèle à ce bord. Elle est occupée par une masse métallique portant une tige verticale 2, sur sa face supérieure, et une crémaillère sur sa face inférieure. Celle-ci est engrenée avec un pignon dont l'axe se continue avec le bouton 9. 232 ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. Cette seconde crémaillère se meut perpendiculairement à la première. Elle a pour but de déplacer la pipette au-dessus de la plaque de gélatine nourricière. On comprend aisément ce mouvement en jetant un coup d’œil sur la figure ci-jointe. La circonférence du bouton est calculée de manière qu’un demi tour fasse progresser la pipette de 1 centimètre. Usage de l’analyseur.— Lorsqu'on veut se servir de l’ana- lyseur on peut le stériliser par le passage à l’étuve; mais il suffit d’humecter la face interne de la boîte avec de la glycé- rine au sublimé ou avec une simple solution de bichlorure de mercure et de la fermer un instant. Les poussières qui sont en suspension à son intérieur ne tardent pas à se fixer aux parois. On l’ouvre avec précaution. dans une atmosphère calme, pour y déposer la plaque de gélatine, après avoir pris toute- fois la précaution de porter toute la crémaillère à gauche. On abaisse ensuite les deux couvercles en verre, et on place entre eux le couvre-joints métallique. La gélatine est dès lors enfermée à l’abri de l'air; l’inté- rieur de la boîte ne communique plus avec l’extérieur que par le trou fort petit percé dans le couvre-joints. Depuis quelque temps, j'ai modifié l'appareil, afin d’éviter de l'ouvrir largement pour y déposer la plaque porte-gélatine. Dans ce but, j'ai fait pratiquer dans la paroi latérale gauche, au-dessous de la charnière du couvercle 5, une fente de la lar- geur de la plaque quadrillée, fente que l’on découvre en rele- vant un petit volet métallique, à l’aide d’un simple mouve- ment de bascule. L’analyseur, après avoir été stérilisé, reste donc fermé à sa partie supérieure, par l’abaissement des deux lames de verre 5 et 6 et l’insinuation entre ces lames du cou- vre-joints 3. Pour introduire la plaque de gélatine dans l’analyseur, on ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. 233 relève le volet sus-indiqué et on fait glisser dans la fente la plaque de gélatine que l’on tient horizontalement avec le pouce et l'index de chaque main. Elle vient prendre tout naturellement sa place sur les supports qui lui sont destinés. Voici maintenant, comment on opère pour répartir l’eau à sa surface : La pipette qui contient l’eau à analyser est agitée avec pré- caution afin de mettre uniformément en suspension les ger- mes qu'elle renferme. On la flambe avec soin. On la fixe ver- ticalement à l'extrémité du bras horizontal (2). On l’engage entre les deux ressorts du couvre-joints. L'extrémité du tube capillaire, préalablement coupée, est introduite à travers le pertuis du couvre-joints. Elle vient alors se placer au-dessus du milieu du premier carré de la plaque de verre quadrillée. Une goutte d’eau tombe au milieu de ce carré, et forme une saillie hémisphérique sur la gélatine. En attendant la chute de la goutte suivante, on a le temps de faire courir la plaque vers la droite, de manière à la recevoir sur le milieu du second carré. On procède ainsi jusqu’à ce que l’on ait déposé une goutte d’eau au milieu des douze carrés qui composent la pre- mière rangée. Pendant cette opération, la plaque de gélatine a été entiè- rement transportée à droite de l'extrémité de la pipette. Pour ensemencer les carrés de la deuxième rangée, on meut le pignon de la crémaillère porte-pipette de deux crans. Cette manœuvre a pour effet de transporter l'extrémité de la pipette au-dessus du milieu du dernier carré de la seconde rangée. Dès qu’une goutte d’eau est tombée sur ce carré, on déplace la plaque de gélatine en sens inverse, c’est-à-dire de droite à gauche, de carré en carré, jusqu’au premier. On fait tourner de nouveau le pignon de la crémaillère porte-pipette de deux crans, afin de se placer au-dessus du milieu du premier carré de la troisième rangée et ainsi de suite, jusqu’à ce que les soixante carrés de gélatine aient recu chacun une goutte d’eau. Sciences. 15 234 ANALYSEUR BACTÉRIOLOGIQUE. Lorsque la répartition de l’eau est achevée, on retire la plaque de gélatine et on la transporte dans un cristallisoir à incubation. Les gouttelettes d’eau ne tardent pas à se volatiliser dans l'atmosphère du cristallisoir ; les germes quelles contiennent s'appliquent sur la gélatine nourricière et forment, en évo- luant, des colonies qui occupent exactement le milieu des carrés. C’est précisément à ce caractère topographique que l’on distinguera les germes de l’eau de ceux qui seraient tombés accidentellement de l'atmosphère, car il y a de grandes chances pour que ces derniers ne se superposent pas à ceux de l’eau, au centre de figure des carrés tracés sous la plaque de gélatine. L'opération qui vient d’être décrite donne tous les avanta- ges que nous avons signalés à la condition que la gélatine soit bien solidifiée et que la goutte d’eau, en arrivant à son contact, n'ait aucune tendance à se diffuser dans son épaisseur. Pen- dant les fortes chaleurs, il conviendra donc d’associer une certaine quantité d’agar-agar à la gélatine, ou bien d'opérer dans un local où la température laisse à la gélatine une soli- dité suffisante. En résumé, les détails dans lesquels nous sommes entrés, sur la disposition et l’usage de notre analyseur bactériologi- que, démontrent que cette technique réalise une amélioration notable dans l’étude bactérioscopique des eaux. Elle diminue le nombre des intermédiaires au contact des. quels l’eau est exposée à gagner quelques germes ; elle permet de répartir uniformément l’eau, afin d'éviter la fusion des colonies, et fait reconnaître, par la position, les colonies dont les germes proviennent de l'air auquel la plaque de gélatine est toujours plus ou moins exposée. CHIRURGIENS D'ARMÉE AU XVI° SIÈCLE Gravure empruntée au Traité de chirurgie de Jean de la Croix, Venise, 1573. D'après une réduction photographique du D: 4. {xarel, médecin des hôpitaux de Lyon. A ÉTUDE D'HISTOIRE MÉDICALE DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS AVANT L'ORGANISATION DES ARMÉES PERMANENTES DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON Prononcé dans la séance publique du 1Q juin 1888 PAR LE DOCTEUR Huwserr MOLLIÉRE Médecin de l'Hôtel-Dieu. MESSIEURS, En prenant place au milieu de vous, ma première pensée doit être de vous exprimer toute ma gratitude pour l’honneur insigne que vous m'avez accordé. Cette distinction m'est d'autant plus précieuse que, parmi . mes nouveaux collègues, j'ai le bonheur de me trouver à côté de celui qui sut si bien diriger mon ambition vers le but qu’elle vient d’atteindre aujourd’hui, et que naguère encore, par un vote des plus flatteurs, vous appeliez à vous pré- sider (1). Un autre exemple de date bien plus ancienne m'était encore donné par les miens. En 18271, cette même Académie ouvrait (1) M. Antoine Mollière, mon père, 236 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS déjà ses rangs à mon aïeul maternel Humbert Monier, avocat général à la Cour de Lyon, qu'une mort prématurée devait bientôt ravir à l'affection des siens et à un brillant avenir. Il aimait passionnément les lettres et se plaisait à leur consacrer les loisirs que lui laissaient ses devoirs de père de famille et les fonctions publiques qu’il avait à remplir. La main d’un ami a recueilli les feuillets épars de son œuvre inachevée, comme pour transmettre à ses descendants le culte de sa mémoire (1). Plus heureux que ne l'ont été la plupart d’entre vous, je nai pas à faire ici l’éloge de mon prédécesseur. Classé parmi les membres émérites, il est toujours au milieu de nous plein de vie et d'activité Que M. Bouchacourt veuille bien recevoir les hommages respectueux de son nou- veau collègue. Je suis également flatté de rencontrer dans cette section des Sciences médicales des confrères éminents, dont plusieurs furent autrefois mes maîtres : notre aimable (1) Jean-Humbert Monier, magistrat et littérateur, né à Belley, le 9 mai 1786, mort à Lyon, le 11 avril 1826. Reçu avocat vers 1811, il exerçait à Lyon, où il devint juge suppléant en 1814. Il fut nommé plus tard avocat général à la Cour royale. Ses services dévoués dans la magistrature lui méritèrent la décoration de la Légion d’honneur. Dès l’âge de 21 ans, il fut reçu dans la Société littéraire de Lyon, où il se fit connaître comme écrivain distingué. On a de lui : Réflexions sur la mélancolie, Lyon, in-8e, 1808. Éloge de Pascal destiné à l'Académie des Jeux floraux, Lyon, in-8°, 1807. Nouvelle édition du même éloge, 1818. Essai sur Blaise Pascal, in-80, Paris, 1822. Cette œuvre le fit recevoir à l’Académie de Lyon.— Considérations sur les bases fondamentales du projet de constitu- tion, Lyon, in-80, 1814. Des poésies d’un goût exquis et d’une correction parfaite, des articles de polémique et quelques autres opuscules qu’un de ses amis, M. Dupré, ancien sous-préfet, a fait connaître sous le titre de : Mélanges politiques et littéraires de Monier, Paris, Sapia, in-8e, 1838. Cf. Dictionnaire biographique des personnages notables du département de l'Ain. Galerie civile, par C.-J. Dufay, Bourg-en-Bresse, 1883, p 399.— Depery. Biographie des hommes célèbres du département de l'Ain, t. I, 1535. H. Monier fut l’ami d'Ampère, de Ballanche, des docteurs Réca- rnier et Richerand, de Brillat-Savarin. . Il mourut subitement le jour même où était signée sa nomination comme procureur général à Limoges. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 237 et vénéré président, M. Teissier, qui pour la seconde fois dirige actuellement vos travaux, et le chirurgien généreux qui à l’époque de nos désastres consacra la meilleure partie de son temps à l’organisation de nos ambulances volontaires, M. Desgranges, ancien Major de l'Hôtel-Dieu de Lyon. Détourné par mes occupations professionnelles des études littéraires proprement dites que de telles traditions m’avaient appris à aimer, Je me suis efforcé autant que possible de ne pas les abandonner, du moins en ce qui concerne notre art. Dès le début de ma carrière, l’histoire de la médecine a par- ticulièrement charmé mes heures de loisir. Je me suis plu à suivre la marche et l’évolution de notre science à travers les siècles, à étudier le caractère de nos grands hommes et de leurs œuvres; autant de termes de comparaison des plus intéressants pour l’époque actuelle. Cela explique le choix du sujet que j'ai à traiter devant vous. Lors de la dernière guerre franco-allemande, des circons- tances fortuites m'ont permis de voir de très près toute l’orga- nisation médico-chirurgicale des deux armées, et ces souve- nirs pleins d’un douloureux intérêt, n’ont pu s’effacer de ma mémoire. Plus tard, l’idée m'est venue de rechercher dans la lecture des auteurs anciens quelle était l’origine de cette assistance dont le développement parait se faire en raison directe de nos moyens de destruction. L'étude du passé n’est-elle pas toujours remplie d'enseignements pour le présent ? Mieux que personne, le médecin qui suit les armées peut se faire une juste idée des maux innombrables qu’engendre la guerre. Il lui est réservé d'assister à ce lendemain de la bataille avec ses deuils et ses larmes. Demeuré sur le champ de l’action abandonné par les combattants, 1l rencontre à chaque pas les victimes de la lutte, secourt les nombreux blessés qui gisent derrière tous les abris, et peut apprécier 238 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS dans ses moindres détails cette immense œuvre de destruction aussi atrocement exécutée que froidement résolue. Lui seul peut se rendre compte de ce que coûte de sang et de vies un triomphe souvent éphémère et qui n’est même pas toujours ja récompense d’une cause juste. En 1813, Fichte prêchant aux Allemands la guerre sainte contre la France, s’efforçcait de leur démontrer, dans une harangue restée célèbre, ce qu’on devait entendre par une guerre légitime (1). Il ne s’aperçut pas que sous l’harmonieux artifice d'arguments empruntés à une philosophie très élevée, il n’en était pas moins, et en quelque sorte malgré lui, l'apologiste du patriotisme le plus exclusif. Pour nous chrétiens et philanthropes, il en est peu qui méritent véritablement ce nom, et le sophiste berlinoiïs serait bien étonné de voir aujourd’hui cette question de droit retournée contre les siens. | Un philosophe couronné qui haïssait la guerre, et dut pour- tant la faire par nécessité pendant tout son règne, trahissait ainsi mélancoliquement sa pensée, quand sous sa tente, au camp, devant les barbares, il écrivait ces lignes : « Une arai- gnée se glorifie d’avoir pris une mouche, tel autre un lièvre ou un sanglier, celui-là d’avoir enchaîné des Sarmates; au point de vue des principes, ne sont-ils pas tous des bri- gands (2)? » Pourtant il est dans la vie des nations, comme pour l’em- pereur Marc-Aurèle, tels problèmes qui ne sauraient être autrement résolus, par exemple lorsqu'il y a lieu de repousser une injuste agression ou de défendre les droits supérieurs de la civilisation et du progrès. Et au surplus, comme l’a si (1) De l’idée d'une guerre légitime. Trois leçons faites à Berlin en mai 1813, par J.-G. Fichte, traduites par M. Lortet, Lyon, 1831. (2) Pensées de l’empereur Marc-Aurèle, livre X, c. 10. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 239 bien dit Cicéron, il ne faut pas que la patrie soit seulement heureuse, mais suffisamment glorieuse. Par un contraste singulier, cette juste horreur du carnage et des trophées sanglants s’est rencontrée parfois chez les conquérants les plus avides. On rapporte que le grand roi, dans la période la plus agitée de son règne, ne pouvait en supporter la vue, et que des courtisans avisés s’empressaient de faire disparaître les cadavres des champs de bataille qu'il devait visiter. Les victoires sans mort d'homme lui étaient particulièrement agréables, ainsi qu’en font foi les éloges hyperboliques qui lui furent adressés par nos plus grands écrivains lors du passage du Rhin, qui, comme on le sait, ne coûta la vie à personne, et les belles toiles de Van der Meulen où l’on n’apercçoit jamais de tués ni de blessés. Au déclin des temps fabuleux, nous voyons les peuples se combattre et s’entre-déchirer comme jadis les héros de leurs mythologies primitives, et c’est par le récit de luttes formida- bles que l’histoire proprement dite va s'ouvrir même chez les plus civilisés d’entre eux. La guerre de Troie et l’expédition des Argonautes en Col- chide, chez les nations de souche Aryenne; la rencontre et le conflit des races sémitiques et chamitiques autour de l’antique Charchemis, dans la vallée de l'Oronte et sur les rives loin- taines du Nil et de l’Euphrate, telles sont les premières légendes guerrières dont le souvenir a été conservé par la 240 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS Bible, les inscriptions hiéroglyphiques et cunéiformes, et le chef-d'œuvre impérissable du plus ancien poète de la Grèce. Malgré tout l'éclat d’une civilisation en apparence déjà très avancée, le sort des vaincus n’en était pas moins atroce, et jusqu'à l'apparition du Christianisme, qui vint prècher le dogme tout nouveau du pardon des injures et de l’amour des hommes les uns pour les autres, la loi de fer prédomina exclusivement dans tous les codes militaires de l’antiquité. Pour l'ordinaire, les blessés étaient achevés sur place ou n'étaient épargnés que pour aller subir plus tard les épouvan- tables supplices dont les bas-reliefs de Nimroud et de Kor- shabad nous ont conservé l’effrayant tableau (1). Nous y voyons les chefs vaincus écorchés vifs, empalés ou cloués au gibet. Tel autre marbre nous représente une scène de massa- cre où de malheureux captifs, liés et garottés, sont immolés impitoyablement à coups de sabres et de piques. Des pyra- mides de têtes coupées, fréquemment reproduites par le ciseau du sculpteur, nous apprennent que dès la plus haute antiquité, les conquérants de l’Asie se plaisaient à élever de semblables trophées, et que Tamerlan ne devait être un jour que leur imitateur. Dans l'excès de son triomphe, le roi Assurbanipal s’écrie : « Sur les ruines, ma figure s’épanouit; dans l’assouvissement de mon courroux, je trouve ma satisfaction (2) ». Quant aux innombrables prisonniers de ces luttes formi- dables, s’ils n'étaient pas exterminés en masse, on savait les faire travailler à la construction de ces monuments gigantes- ques qui font encore aujourd’hui notre admiration, autant (1) Voir la reproduction de ces bas-reliefs dans Perrot et Chipiez. His- toire de l’art dans l'antiquité, t. IT, Assyrie. Je les ai moi-même examinés minutieusement au British Muséum. (2) Maspéro. Histoire ancienne des peuples de l'Orient, Paris, 1876, ch. 1x. — Le second empire assyrien, p. 345, 346 et seq. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 241 par leurs vastes proportions que par le caractère même de leur architecture. Les mêmes sculptures nous montrent de longues files d'esclaves attelés à des chars pesamment chargés d'énormes matériaux ou portant des pierres sur le dos. Aïnsi furent édifiés les vastes palais des Sargonides, les Pyramides d'Égypte, ces colosses voisins du désert, dont la masse impo- sante a défié l’effort de tant de siècles accumulés. En ce qui concerne les Assyriens, les travaux récents de François Lenor- mant (1) nous ont appris que chez eux toute la médecine con- sistait en incantations et formules magiques dont, à coup sûr, ils n'avaient garde de faire usage au profit de vaincus qu’ils traitaient de la sorte. Nous en dirons tout autant des anciens Égyptiens, du moins pour les temps qui précédèrent la con- quête persanne (2). Il n’en sera pas de même des nations primitives de la Grèce, de l’Asie-Mineure et de l’Archipel. Le sort des vaincus est peut-être aussi cruel; toutefois nous voyons ces guerriers à demi-barbares chercher pour eux-mêmes quelques tempéra- ments aux maux de la guerre. L'histoire du Centaure Chiron, inventeur de baumes infaillibles pour la guérison des plaies, nous prouve qu’on cherchait depuis longtemps dans les vertus et l’association des simples la panacée de toutes les blessures, et le souvenir de cette thérapeutique bienfaisante s’est perpétué par les Asclépiades jusqu'au temps d'Hippo- crate. Puisque je viens de prononcer le nom à demi-fabuleux de cet ancêtre de la médecine, je dois vous dire qu’il se rattache à une des plus anciennes traditions des races indo-euro- péennes, car nous trouvons dans les auteurs sanscrits de la (1) F. Lenormant. Les Sciences occultes en Asie. — La Magie chez les Chaldéens, Paris, 1874. (2) Aperçu historique de l’origine de la médecine, par le D Handvogel, Paris, 1877, p. 52 et suivantes. 242 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS première époque, la description de ces chevaux ailés armés d'arcs, gandharvas, génies bienfaisants et protecteurs de l'humanité, qui devaient être un jour les Centaures des tribus aryennes arrivées, après leurs migrations séculaires, sur les terres incultes de la Hellade et les bords de l’Hellespont (1). Les héros de l’Zliade et de l'Odyssée sont tout aussi impla- cables dans leurs vengeances que Sésostris ou Salmanazar: le sort de leurs captifs n’est pas moins lamentable, et la poé- sie antique s’est plu à immortaliser dans un langage admira- ble le récit de leurs douleurs : O felix una ante alias Priameia virgo Hostilem ad tumulum, Trojæ sub mœnibus altis, Jussa mori, quæ sortitus non pertulit ullos, Nec victoris heri tetigit captiva cubile! (Virgile, Æn. Liv. III, v. 325.) Si tel était le sort d’une vierge de sang royal, de Polyxène, fille du vieux Priam, quel devait être celui d’un simple soldat blessé ou pris les armes à la main. C’est donc un principe invariable de ne faire aucun quartier, et il sera conservé bien au-delà des temps héroïques. Bien plus, les prisonniers sont immolés aux mânes des chefs qui ont suc- combé dans la lutte. Parfois même, le vainqueur s’acharne sans dignité sur le cadavre de son adversaire vaincu. Le pillage, ou plutôt la conquête d’un riche butin, étant le but principal des combats homériques, la jalousie et la cupidité engendrent chez ces guerriers un amour passionné de l'existence et le désir de la conserver à tout prix. Aussi, dans le camp des Grecs, apporte-t-on un soin extrême au pansement des bles- sures. Homère nous fait l’éloge des deux médecins Podalyre et Machaon, tous deux fils d'Esculape, qui excellaient dans la (1) G. Liétard. Lettres historiques sur la médecine chez les Indous, Paris, 1863, pages 7, 8, 9. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 243 pratique de la chirurgie de guerre. Ils n'étaient pas les seuls, et le poète nous montre encore Sthénélus, fils de Capanée, arrachant de l'épaule de Diomède une flèche que lui avait décochée Pandarus. Les auxiliaires Crétois avaient aussi leurs chirurgiens, car nous voyons Idoménée leur confier son cama- rade blessé avant de retourner au combat (1). Les héros eux-mêmes ont des connaissances spéciales qui leur permettent de secourir au besoin leurs camarades blessés. Ainsi, Patrocle, armé d’un instrument de fer, extrait de la cuisse d’Euripyle le trait cruel que lui a lancé Pâris : il lave la plaie avec de l’eau tiède et arrête l'hémorrhagie en appliquant sur elle une racine amère qu’il a broyée dans ses mains. C’est d'Achille que Patrocle tenait son savoir, et le fils de Pélée avait eu pour maître le fameux Chiron qui eut encore pour élèves Médéus, Aristée et enfin Esculape dont l’apo- théose comme dieu de la médecine est de beaucoup posté- rieure à Homère (2). Machaon avait toujours avec lui ses instruments, et entre temps combattait comme les autres ; quand à son tour il fut blessé, le vieux Nestor l'emmena dans sa tente et lui fit prendre une potion vineuse comme nous la prescririons aujourd’hui. « L’Iliade ne renferme pas moins de cent quarante obser- vations de blessures de toutes sortes et dans toutes les régions (5) », presque toujours le traitement suivi a été indiqué avec précision: nous regrettons que les limites de ce travail ne nous permettent pas de faire une incursion dans ce qu’il (1) Malgaigne. Essar sur l'histoire et l'organisation de la chirurgie et de la médecine grecques avant Hippocrate. (Lu à l’Académie royale de méde- cine). Journal de chirurgie de Malgaigne, t. IV, 1846, p. 303 et 332. (2) Malgaigne, loc. cit., p. 306. — J.-E. Pétrequin. Du transport des blessés chez les anciens d’après les poètes Grecs et Latins. (Extrait des Annales de la Société de médecine d'Anvers.) Anvers, 1873, p. 91. (3) Malgaigne. L'Anatomie et la Physiologie dans Homère. Mémoires de l’Académie royale de médecine, 1842,t. VII, p. 985. 244 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS est permis d'appeler la chirurgie dans Homère. Il n’est pas surprenant que le divin vieillard ne nous ait pas renseigné sur ce que les Troyens faisaient de leur côté ; mais tout porte à croire que leurs blessés étaient aussi secourus (1). Nous voyons dans l’Jl1ade le Troyen Pélagon retirer de la cuisse de Sarpédon la longue javeline dont l'avait frappé Tlépolème, et Agénor débarasse la main d'Hélénus du trait que lui avait lancé Ménélas et y applique ensuite un bandage. Quintus de Smyrne et Virgile font également mention de médecins chez les Troyens. Mais les poètes ne se contentent pas de nous parler des pansements et des appareils : les grandes complications des plaies ne sauraient échapper à leurs descriptions, et Sophocle croit devoir nous dépeindre en termes lamentables les souf- frances de Philoctète frappé à la jambe par une flèche. Une horrible suppuration que rien ne peut tarir empoisonne l’exis- tence du héros abandonné sur une île déserte. Seule la colère des divinités outragées peut expliquer une telle anomalie, puisque tous les remèdes sont demeurés impuissants à le guérir (2). Aux époques postérieures, qui maintenant sont du domaine de l’histoire, il est très facile de se faire une idée de l’organi- sation médicale adoptée dans les armées des différents peuples de la Grèce ; et nous sommes surpris qu’un médecin militaire distingué (3) ait pu écrire qu’il n’y avait nul intérêt à suivre (1) Daremberg. La médecine dans Homère, ou études d'archéologie sur les médecins, l'anatomie, la physiologie et la médecine dans les poèmes homériques, Paris, 1865, et Pétrequin, loc. cit, p. 93. (2) Sophocle, dans sa tragédie, l’attribue à la morsure de serpents ven- geurs. M. Réné Ménard : La Mythologie dans lart ancien et moderne, Paris, 1880, in-4, p. 738, reproduit deux pierres gravées représentant Philoctète éventant sa blessure et marchant péniblement, la jambe entou- rée d’un bandage. (3) Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales de Dechambre. Article : Médecine militaire, t. VIII, 2e série, par Morache, p. 73. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 245 dans leurs hypothèses les rares auteurs qui se sont occupés de cette étude. Comme par le passé, les prisonniers et les blessés ennemis sont traités avec une extrême barbarie. Nous voyons, dans la guerre du Péloponèse, les Athéniens couper la main droite à tous leurs prisonniers et jeter à la mer l'équipage de deux galères captives. Comme représailles les Lacédé- moniens mettent à mort tous les Athéniens qui tombent entre leurs mains. Mais, si l’on se comportait vis-à-vis des ennemis avec cette cruauté, on avait cependant compris l’im- portance, pour des armées généralement très peu nombreuses, de soigner les malades et les blessés, et ce service avait fait de remarquables progrès. Après chaque bataille, les historiens Grecs, Thucydide et Xénophon en particulier, ne manquent jamais de nous infor- mer de ce qu'il advint aux blessés, avec un intérêt et une sollicitude toutes spéciales. Pendant la retraite des Dix mille, l’armée combat à chaque instant contre l’avant-garde ennemie pour sauver ses blessés et ses malades, tantôt se retranchant dans un village pour ne pas les laisser entre les mains de Tissapherne, tantôt rebroussant chemin afin d'aller à la re- cherche des traînards et des écloppés. Le général en chef dirige en personne toutes ces opérations (1). Quant au service médico-chirurgical lui-même, voici les détails que nous fournit l’auteur de l’Anabase sur son fonction- nement. Pour l'ordinaire, les grands personnages et les géné- raux emmènent avec eux le médecin de leur choix ou d’autres qu'ils ont engagés pour le service de leurs soldats. Au rebours de ce qui existe dans les armées modernes, ils ne dépendent que d’eux seuls et ne sont pas attachés aux différents corps de (1) Malgaigne. Essai sur l'histoire, etc., p. 337. Xénophon, Anabase. JsivreV,:c! 3'6t.5) 246 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS troupes. Au moment du combat ils ont leur place marquée en arrière de l’armée, formant en quelque sorte ce que Larrey appelait ambulance de bataille et nous la place de panse- ment. Les généraux, dit Xénophon, à l'exemple des villes qui ont des médecins pour les malades, en mènent quelques-uns à la suite de l’armée pour traiter les soldats, et le grand Cyrus, qu’il nous propose comme exemple, n’entendait jamais parler d'instruments, de remèdes, d’aliments ou de liqueurs salu- taires, qu’il ne voulut en avoir une provision. Agésilas et Jason de Thessalie menaient avec eux leurs médecins et Artaxercès avait à sa solde Ctésias de Cnide dont quelques écrits sont parvenus jusqu’à nous. Pendant la retraite des Dix mille, il est parlé de soins donnés par huit médecins qui, paraît-il, n'étaient pas les seuls que possédât l’armée. Il est donc à présumer qu'elle en avait au moins un pour mille hommes. Comme le plus grand malheur qui put arriver à un soldat était de tomber entre les mains de l’ennemi, il ne faut pas s'étonner que les poètes et les historiens nous aient ample- ment renseignés sur le mode de transport des blessés pendant la bataille ; depuis le bouclier traditionnel sur lequél on em- portait les héros, jusqu'aux chars de guerre et aux brancards dont l’étymologie même « brancha » nous apprend qu'ils étaient à l’origine simplement formés de quelques branches d'arbres entrelacées (1). À défaut de renseignements plus explicites ils nous parlent sans cesse de médecins qui, suivant le conseil d'Hippocrate, vont à l’armée pour s’instruire sur le traitement des plaies (2), (1) J.-E. Pétrequin. Du transport des blessés chez les anciens d'après les poètes Grecs et Latins. (Extrait des Annales de la Société de méde- cid'Anvers). Anvers, 1873, p. 39. — Percy. Dictionnaire des s:ienc es médicales, t. VIII, p. 573. (2) Hippocrate. Traité de l’ancienne médecine. AVAMT LES ARMÉES PERMANENTES. 247 relever les blessés et leur appliquer des bandages. On voit même qu’il existe déjà dans le vulgaire des opinions relatives à la gravité des diverses sortes de plaies et aux méthodes cura- tives qui leur conviennent. L’extraction des flèches et des jave- lots est jugée particulièrement dangereuse. A la bataille de Mantinée, Epaminondas, atteint par un javelot qui a pénétré dans la poitrine, attend que la victoire soit décidée avant d’en laisser pratiquer l'extraction, et succombe quelques instants après l'opération. Ainsi périrent le consul Herminius après la bataille du lac Régille et Agis, roi de Sparte, également frappé à la poitrine par un coup de lance (1). Un sort analo- gue était réservé à l’empereur Julien l’Apostat qui succomba très vraisemblablement à une hémorrhagie secondaire le len- demain du jour où l’on avait retiré le trait qu’il avait recu dans la région du foie (2), en dépit des soins assidus de son médecin, le célèbre Oribase de Sardes, dont les œuvres sont parvenues jusqu’à nous. Les anciens historiens d'Alexandre le Grand nous donnent les détails les plus circonstanciés sur la blessure que recut ce prince à l’assaut de la forteresse des Oxydraques Malliens. Notre savant collègue M. Rollet (3), qui a publié il y a quel- ques années, sur ce point d'histoire médicale, une dissertation des plus intéressantes, considère avec raison leur récit comme éminemment instructif sur la pratique chirurgicale qu’on sui- (1) Diodore de Sicile, livre XV, ch. 24. — Cornelius Nepos. De viris AUTO Re CHIX (2) Histoire de l'empereur Julien, par l'abbé de la Bletterie, nouvelle édition, Riom, 1809, p. 328 et suivantes. — E. Lamé. Julien l’Apostat, Paris, 1861, p. 189 et suivantes. Nous croyons cette dernière interpréta- tion d’autant plus légitime, que les historiens de l’époque (Socrate, Théodoret) nous disent qu’il perdit d’abord beaucoup de sang et mourut au moment où la plaie s'était rouverte. (3) J. Rollet. De la blessure que reçut Alexandre à l'attaque de la cita- delle des Oxydraques Mulliens, Lyon, 1878. 248 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS vait alors dans le camp macédonien. Alexandre, frappé en pleine poitrine par un javelot long de deux coudées, tombe baisné dans son sang. Il est transporté dans le camp, et Pto- lémée constate avec inquiétude que l'air sort par la plaie en bouillonnant. Après avoir scié le trait au-dessus de la cui- rasse de lin, qu’il fend ensuite de haut en bas, le chirurgien (probablement Critodème ou Philippe) fait un débridement entre les deux côtes où a pénétré le fer, puis le retire vraisem- blablement à l’aide de ces pinces spéciales que nous trouvons déjà décrites dans les auteurs. L’hémorrhagie très abondante qui se produisit aussitôt fut arrêtée à grand’peine par les pro- cédés ordinaires de compression. À dater de ce moment, tous les accidents disparurent, et au bout de deux septénaires Île héros était entièrement rétabli. Cet épisode, à lui seul, prouve que le service médical était bien l’objet de la sollicitude constante du souverain, dans cette admirable armée macédonienne qui venait de subjuguer en quelques mois plus de la moitié du monde connu. IT Il est surprenant que chez les Romains, peuple belliqueux par excellence, les institutions sanitaires aient été fort longues à s'établir. Mais elles acquirent par la suite, et en peu de temps, un tel degré de perfection, que, de nos jours, 1l n’a peut-être pas été dépassé. Durant toute la période républicaine, on ne trouve pas la moindre allusion à un service de ce genre, et c’est à peine s’il est fait mention de la médecine. Pline l’Ancien prétend AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 249 même que pendant six cents ans le peuple romain put s’en passer complètement (r). C’est là sans doute une exagération, car dès l’époque des Scipions, nous voyons des médecins grecs venir s'établir à Rome, et le vieux Caton, qui se méfiait d'eux, se faisait gloire d'exercer lui-même l’art de guérir (2). Au surplus, l’histoire nous les montre-t-elle comme étant de simples esclaves, ou tout au plus des affranchis, ce qui explique le mépris qu'avait le peuple romain pour notre pro- fession. Leur place n’est pas encore dans les armées, et Fla- vius Végèce, qui pourtant écrivait au [IV° siècle, semble être l'écho lointain du mépris des anciens, lorsqu'il dit que les exercices quotidiens sont plus utiles à la santé du soldat que les soins des médecins (3). Un autre auteur de la basse épo- que, Onésandre, renchérit encore sur cette opinion peu flat- teuse et déclare que la parole du général est plus efficace que l’art des chirurgiens qui sont à la suite des armées pour panser les blessés; car ceux-ci se bornent à traiter les plaies, au lieu que le général ranime les esprits abattus et encourage les braves (4). Ces deux textes, joints à une phrase de l'historien Vopis- cus (5), prouvent d’une manière incontestable qu’il existait des médecins dans les armées impériales; mais durant toute (1) Pline. Histoire naturelle, livre XXIX, c. v. — Cité par Réné Briau. Service de santé militaire chez les Romains, Paris, 1866, p. 13. (2) Réné Briau. L’Assistance médicale chez les Romains, Paris, 1869, page 0. (3) Lib. IT, c. nu. Quemadmodum sanitas gubernetur exercitüs. Flavii Renati Vegetii viri inclyti de Re militari Libri Quatuor, Lugduni Bata- vorum ex officinà Plantinianà, clc. lo xcur, p. 50. (4) Ovnsxvdpov orparnywros in-8, Paris, Didot 1822. (5) Flavii Vopisci Syracusii : Divus Aurelianus in Historiæ Augustæ Scriptores, Lugduni Batavorum ex officinà Francisci Hackii, Ao MDCEXI, p- 839 : il dit qu'Aurélien voulut que ses soldats fussent soignés gratis par leurs médecins « À medicis gratis curentur ». Ce texte, cité par G. Stewech, commentateur de Végèce, a échappé à M. Briau. Sciences. 19 250 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS la période antérieure, on ne trouve ni dans les philosophes, ni dans les historiens, la moindre allusion à des secours pro- digués aux vaincus. Les destructeurs de Carthage et de Corynthe, les farouches exterminateurs des Samnites et des Eburons, n’eurent jamais la pensée qu’on put aider un ennemi blessé à se relever (1). Ils ne paraissent pas beaucoup plus sensibles les uns pour les autres. Chez eux, les lois de la guerre sont impitoyables, et c’est un moraliste grec un peu suspect de fantaisie en histoire, qui nous montre Paul Émile s’attendrissant au récit des mal- heurs de Persée (2). Cependant nous lisons dans les Com- mentaires de César qu'après les grandes batailles on avait coutume de placer les blessés chez les particuliers, que les personnes qui leur avaient donné des soins étaient ensuite indemnisées par les généraux, et que cette dépense rentrait dans les frais de guerre ordinaires (3). Tout change avec l'établissement de l’empire et l’organisa- tion des armées permanentes. À des troupes qui ne sont plus licenciées après chaque campagne, il faut un service sanitaire fixe, des médecins et des hôpitaux. Nous savons déjà que César et Auguste avaient une prédilection particulière pour les mé- decins. Mais à défaut des historiens dont le témoignage se réduit à quelques lambeaux de phrases, l’épigraphie nous fournit les renseignements les plus explicites. Les grands recueils d'inscriptions de Gruter, d’Orelli, de Jacob Spon et de notre regretté collègue Alphonse de Boissieu, renferment un nombre considérable d’épitaphes de fonctionnaires romains (1) Fustel de Coulanges. La Cité antique, Paris, 1876, ch. xv, p. 244. (2) Plutarque. Vie de Paul Émile, c. 37. Comparez le récit de Tite- Live, livre XLV, chap. xxxiIx, dan lequel Paul Émile lui conseille d'échapper par une mort volontaire aux humiliations de son triomphe, et sur la cruauté de ce général, voir : Valère Maxime, IE, c. 7 et 14. (3) Cité par P.-A. Didiot. Code des officiers de santé de l'armée de terre, Paris, Rozier, 1863, page 3. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 251 de tous grades, et les médecins militaires sont assez nombreux pour qu'il soit facile de se faire une idée de leurs différentes attributions ; car il est certain qu'il n’a jamais existé chez eux, à proprement parler, de hiérarchie et qu’ils étaient rangés parmi les principales ou sous-ofliciers. Au docteur Réné Briau, dont la science archéologique déplore la perte récente, revient le mérite d’avoir imaginé et exécuté cette œuvre de restitution, et nous ne pouvons mieux faire ici que de nous reporter aux conclusions de son tra- vail (1). À une époque qu'il est très difficile de préciser, mais en tout cas sous les premiers empereurs, il existait, suivant Végèce et Hygin, un lieu spécial pour le traitement des malades et des blessés, qu’on désignait sous le nom de vale- tudinarium, véritable hôpital placé sous la direction du préfet du camp, qui avait ses médecins, ses officiers d’ad- ministration et ses infirmiers (2). Les corps de troupes ayant des attributions et une destination spéciales, comme les cohortes de vigiles, les prétoriens, la garde urbaine, possé- daient un service de santé confié à des médecins au nombre de quatre pour chaque cohorte. Les légions avaient aussi leur service de santé dirigé par des médecins assistés de leurs aides (deputati). Ils étaient probablement au nombre de vingt et un par légion, et comme cette dernière comptait environ 7,000 hommes, il y avait donc un médecin pour 333 soldats environ, chiffre assez rapproché de celui de nos armées modernes. (1) Réné Briau. Du service de santé militaire chez les Romains, Paris, V. Masson, 1866. (2) Vegetius. Loc. cit., lib. IT, caput x, p. 35. De officio præfecti cas- trorum. « Tabernacula vel casæ militum cum impedimentis omnibus, nutu ipsius curabantur. Præterea œgri, contubernales et medici, a quibus cura- bantur, expensæ etiam ad ejus industriam pertinebant ». 252 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS Les ailes de cavalerie et les cohortes auxiliaires avaient un service du même genre, ainsi que les équipages des flottes de Ravenne et de Misène. En temps de guerre, Tacite nous apprend qu’on emportait des médicaments pour les blessés et que dans la nuit où Cécina fut repoussé par Arminius dans la guerre de Germanie, les bagages, les tentes et les médica- ments furent perdus (1). Une inscription découverte à Lambæse par M. Léon Renier, nous révèle l’existence des officiers d'administration (optiones valetudinarii) chargés des fonctions de pourvoyeurs aux remèdes « curator operis armari », véritables pharma- ciens militaires, qui complétaient ainsi le service. Nous con- naissons donc maintenant toute son organisation; il est toutefois regrettable que les historiens n'aient pas daigné nous apprendre comment il fonctionnait sur les champs de bataille. Nous en avons donné plus haut la raison. III A la chute de l’empire romain d'Occident, toute cette belle organisation disparaît quand les légions sont définitivement licenciées par Odoacre. Toutefois, les institutions militaires de Rome se conservent encore en Orient, comme en témoi- gne un passage de l'ouvrage de l’empereur Léon V le Sage sur la tactique militaire (2). Il a trait à l'établissement dans la cavalerie des « despotat: », sortes d’infirmiers à cheval (1) Tacite. Annales, 1. I, c. 65. (2) Leonis Imperatoris. De bellico apparatu e græco in lat. versus, Basi- leæ,,1554, c. xu, $ 51 et 119. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 252 sans armes, au nombre de 8 à 10 par cohorte, et qui avaient pour mission de recueillir les soldats blessés et de relever les cavaliers seulement démontés. De petites échelles qu’ils por- talent avec eux devaient faciliter l'exécution de ce nouveau service. Avant d'aller plus loin, nous croyons indispensable de. donner une rapide exquisse de la science aussi bien que de la profession médicales pendant le moyen-âge, afin de montrer comment la séparation trop absolue de la médecine et de la chirurgie amena l’abaissement de cette dernière, qui devait se relever enfin par la pratique de la chirurgie de guerre pendant les premières années du XVI® siècle. Une fois établis dans les anciennes provinces de l'empire, les souverains barbares, convertis au christianisme, rempla- cent par des médecins romains les devins et les sorciers qu'ils avaient amenés des forêts de la Germanie, et leur accordent soit dans l’État, soit auprès de leurs personnes, une situation en rapport avec les services qu’ils en obtiennent. Les ancien- nes écoles impériales, modèles des écoles palatines de nos rois franks, subsistent jusqu’au milieu du VII* siècle, et à côté d’elles vont s’en élever plus tard d’autres exclusivement religieuses, ayant leur siège dans les cloîtres ou dans les églises (1). Les chefs Ostrogoths, Visigoths et Lombards se montrent parfois protecteurs éclairés de l’instruction publique, admi- rateurs passionnés des chefs-d'œuvres classiques, et la méde- cine ne fait pas exception. Le code lombard renferme des noms de médecins, et l’on y voit des traces d'intervention de la médecine dans la confection des lois. Comme les Augustes et les Césars, les rois mérovingiens et carlovingiens (1) Daremberg. Résumé de l'histoire de la médecine depuis le VITIe siècle après Jésus-Christ jusqu'au X Ve, etc. Extrait de l'Union médicale, 1866, pages 8 et 9. 254 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS ont leurs archiâtres. Les capitulaires de Charlemagne insis- tent sur l'importance de la médecine, qui figure dans le Qua- drivium comme l’une des sciences les plus utiles qui puisse être enseignée à un lettré. Ozanam, de Renzi et Daremberg ont relevé dans les chartes et les chroniques un grand nombre de noms de médecins du VIII au XI° siècle. Ce sont presque tous des laïques, ce qui prouve que notre art n’a pas été exclusivement entre les mains des clercs, ainsi qu'on l’a prétendu. Bien plus, le dernier de ces savants a montré d’une facon péremptoire qu’il a été au moins partagé entre eux, car les conciles ou synodes ont toujours mis une entrave à son exercice par les moines en dehors de leurs cloîtres et par les prêtres. Ainsi se conserva la tradition ancienne de la médecine gréco- romaine en Occident. Hippocrate traduit en latin, Celse, Cælius Aurelianus, Isidore de Séville, sont au premier rang parmi les auteurs qu’on lisait et qu’on commentait, car on avait aussi des traductions latines de la plupart des auteurs grecs, en mauvais style évidemment, mais encore compréhen- sibles. Alors florissaient les écoles de Salerne, de Bologne et de Montpellier. La première surtout, née dans un monastère, ayant non seulement des religieux pour professeurs, mais aussi des laïques et même des femmes, comme jadis à Alexandrie, brilla d’un éclat incomparable dans tout le Midi de l’Europe. Elle fournissait des chirurgiens civils et mili- taires aux diverses nations chrétiennes. Dépositaire officielle et incontestée de la tradition gréco-latine, elle semblait avoir devant elle la destinée de tracer la voie à l'avenir, quand un évènement historique de la plus grande importance vint en décider autrement (1). (1) L. Barbillon. Histoire de la médecine, Paris, 1887, 2° édit, p. 33. 5 JD1 AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 2 t Vainqueurs de l’empire d'Orient et de la plupart des états chrétiens, les Sarrazins étendaient leur puissance des rives du Gange aux Pyrénées, et le grand khalifat de Bagdad joi- gnait à la gloire militaire le prestige d’une civilisation, il est vrai plus brillante que solide, mais néanmoins fort avancée pour l’époque. De bonne heure, les musulmans victorieux cherchèrent à s’instruire. Comme jadis les Parthes Arsacides, ils se prirent d’admiration pour les chefs-d'œuvres de la Grèce, les traduisirent dans leur langue et s’efforcèrent de les imiter. Puis à leur tour ils se mettent à l’œuvre, et quelques- uns de leurs médecins, tant en Orient qu’en Espagne, Avi- cenne, Avenzoar, Averroës, Albucasis, pour ne citer que les plus connus, ont joué, comme nous allons le voir, un rôle prépondérant dans l’histoire de notre art pendant une période plusieurs fois séculaire. Vers le XIT° siècle, on vit tout à coup la science arabe faire irruption dans l’Europe chrétienne et y exercer une influence qui s’est fait ressentir jusqu’à la Renaissance. Raymond, arche- vêque de Tolède et grand chancelier de Castille, et l’empereur Frédéric II de Hohenstauffen, favorisèrent surtout ce mou- vement littéraire et scientifique, dont les résultats furent, il faut l’avouer, éminemment complexes (1). Nous n'avons pas à apprécier les conséquences du retour de la philosophie d’Aristote rapportée par les Arabes après six cents ans d’oubli. Des écrivains plus autorisés que nous ont tranché la question en divers sens, et ce serait une imprudence que de nous aventurer dans le débat. En ce qui concerne seulement la médecine, nous pensons, en dépit de l'opinion contraire formulée par un éminent cri- tique, M. E. Renan, que cette influence ne fut point favo- rable. Hippocrate et les auteurs Latins suflisaient largement (1) E. Renan. Ayverroës et l'Averroïsme, Paris, 1861, p. 201. 256 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSES alors à guider l’enseignement et la pratique, et l'introduction en Occident de quelques écrivains anciens de la décadence, mais surtout celle des représentants même les plus autorisés de la science arabe, n’a pas contribué à de véritables progrès. La médecine arabe, plus encore que la philosophie sco- lastique des écoles de France et de Germanie, est toute basée sur le dogme de l'autorité qui, comme l’a si bien dit Pascal, est absolument contraire au développement des sciences d'observation. De plus, les textes qu’elle nous appor- tait méritaient-ils bien confiance ? Il est aujourd’hui à peu près certain que presque toutes les traductions d'auteurs Grecs en arabe ont été faites par des Syriens et sur des ver- sions syriaques, datant pour la plupart des premiers siècles de notre ère (1). Les traductions arabes déjà fort mauvaises furent alors elles-mêmes translatées dans le latin barbare de l’époque par l'intermédiaire de Juifs arabisants, et ces traductions latines, également fautives, dénaturées et torturées durant tout le moyen-âge par les commentateurs et les copistes, devaient faire loi dans l’école, jusqu’au moment ou Lascaris et ses compagnons, fuyant devant une autre invasion musul- mane, vinrent rendre à l’Europe étonnée les trésors littéraires de la Grèce ancienne (2). Nous ne pouvons faire ici le tableau de la création des grandes universités au XIII° siècle, ni entrer dans l’histoire de leur organisation complexe. Nous dirons seulement qu’elles donnaient des diplômes à des médecins qui avaient le droit (1) E. Renan. De Philosophi& peripateticä apud Syros, Paris, 1852, et Histoire générale et système comparé des langues sémitiques, Paris, 1878, p. 265. Cette opinion est trop absolue. Suivant Daremberg, loc. cit., p. 13, les khalifes ont fait aussi rechercher les originaux grecs pour qu’ils fussent traduits directement en arabe. (2) Villemain. Études d'histoire moderne : Lascaris, etc.. Paris, 1863, P: 120. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 257 d’exercer la chirurgie proprement dite et à des chirurgiens. Il arriva qu’au bout d’un certain temps les premiers se réser- vèrent exclusivement la pratique des grandes opérations et qu'ils abandonnèrent aux barbiers la licence de saigner et de scarifier, de telle sorte que peu à peu toute la petite chirurgie passa entre leurs mains. Et cependant cette branche de l’art n’était certes pas en décadence. Chassé de sa patrie par la haine des Visconti, l'illustre élève de Guillaume de Salicet, Lanfranc, était venu s'établir à Paris : il y fit des cours de chirurgie très suivis et y fonda une brillante école dont Henri de Mondeville fut le représentant le plus autorisé (1). Période éminemment glo- rieuse pour l’Université de notre capitale qui fournissait des chirurgiens à toutes les armées de l’Europe, et lorsqu'ils se rencontraient plus tard sur les champs de bataille, ils se reconnaissaient à cette apostrophe : Nos fuimus simul in Gar- landiä ! La rue Galande était alors (2) le centre du quartier des Écoles. Vers le même temps la Faculté de Montpellier, qui jus- qu’alors s’était en quelque sorte spécialisée dans la médecine, va bientôt se tourner du côté de la chirurgie pour y briller d’un éclat incomparable. Parmi ses représentants les plus remarquables, nous cite- rons d’abord et par ordre de dates, Bernard de Gordon, qui pendant les dernières années du XIII° siècle et au commencement du XIV°® y professait la chirurgie quoiqu'il fût surtout médecin. Il fut surnommé Fleur de lys de la médecine, à cause du titre même de son ouvrage qui, sui- (1) Malgaigne. Histoire de la chirurgie en Occident depuis le VIe jus- qu'au X VIe siècle, et Histoire de la vie et des travaux d’Ambroise Paré, PATIS A SN NS IV AXLIIÉ (2) Follin. Guy de Chauliac dans : Conférences historiques faites à la Faculté de médecine, Paris, 1866, in-8°, p. 181. 258 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS vant l'opinion de Malgaigne, peut être considéré comme le « meilleur livre de médecine qui eût jusqu'alors été écrit en Occident ». Il fut pendant près de deux siècles le traité classique par excellence, et vers la fin du XV®° traduit en français et publié à Lyon en 1498, peu après Lanfranc et Guillaume de Salicet (r). Ces premières adaptations de notre langue aux choses de la médecine méritent d’attirer l’atten- tion des littérateurs et des linguistes. Comme il n'existait pas encore de termes scientifiques pour en désigner les objets, on est surpris de l'emploi que le traducteur est obligé de faire d'expressions, qui de nos jours révolteraient les oreilles des réalistes les plus endurcis. Gordon a été considéré à tort comme un arabiste pur : il a beaucoup observé par lui-même et la lecture de son ouvrage est encore instructive. Mais toute sa gloire n’est rien en comparaison de celle dont est entouré le nom de Guy de Chauliac qui, jusqu’à la fin du XVII: siècle, sera le maître en chirurgie au-dessus de tous et dont le livre admirable servira de guide (Guidon), à tant de générations médicales (2). Nous n'avons pas à apprécier ici son œuvre : elle est impérissable et même aujourd’hui les érudits ne sont pas les seuls à en proclamer la valeur. Disons seule- ment que Guy de Chauliac, né dans une petite ville du dio- (1) La practique de maistre Bernard de Gordon én francoys, imprimée à Lyon, l’an MCCCCXCV (1495), le dernier jour d’aoust. In 4° goth. bâtarde à deux colonnes. Il existe de nombreuses éditions latines de cet ouvrage, mais cette traduction française est fort rare. Nous en possédons un exemplaire provenant de la bibliothèque Renard, n° 253; nous en con- naissons un autre à la Faculté, autrefois donné à l’École de médecine par le baron de Polinière, ancien médecin de l’Hôtel-Dieu. (2) Le texte de Guy de Chauliac, traduit et commenté, copié et imprimé pendant trois siècles, était devenu presque illisible. Un médecin de Mont- pellier, Laurent Joubert, eut l’idée de recourir aux manuscrits originaux, Voici le titre de l’une de ses éditions, celle que nous avons consultée : La grande chirurgie de M. Guy de Chauliac, médecin très fameux, etc., composée l'an de grâce 16033 (sic), pour 1333, restituée, etc., Lyon, Simon Rigaud, MDCXLI, in-8o. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 259 cèse de Mende, fit ses études à Montpellier, qu’il voyagea beaucoup, et séjourna quelques années dans notre ville où il exerça son art, tout en faisant partie comme chanoine du vieux chapitre de Saint-Just, ainsi que l’a démontré notre compa- triote M. Allut d’après des titres absolument authentiques (1). Il est plus que probable que Guy de Chauliac n’accompagna pas les armées. J’ai compulsé attentivement tout son Traité des plaies sans trouver aucun passage où il soit fait allusion à rien de semblable. A l'article cause, il se contente de dire qu'elles « sont toutes choses qui peuvent percer et tailler comme flesche, trait et espée ». Après Guy de Chauliac, la chirurgie ne tarda pas à retomber dans une profonde décadence. Protégée par les papes établis à Avignon, son lustre s’éclipsa lors du retour des Souverains Pontifes à Rome. Depuis lors elle cessa de figurer dans l’en- seignement officiel des Facultés de médecine. Il convient de dire quelques mots d’un chirurgien Italien de la génération suivante qui paraît s’être spécialement occupé des blessures de guerre. Pierre de Largelata est un commentateur d’Avicenne, mais son œuvre est celle d’un homme qui a beaucoup vu par lui- même et dans sa très courte préface, consacrée à proclamer son insuffisance et à invoquer Dieu et la très sainte Vierge, il nous dit que plusieurs de ses chapitres ne sont pas d’Avi- cenne. Dans maintes circonstances il a eu à s’occuper de bles- sés. Il donne des indications fort sages sur la suture des plaies de la face et du crâne. Il la conseille dans les sections, la con- damne dans les contusions par traits, épée ou flèche (felo, punctä ensis, sagittä). C’est au point de vue de cette triple étiologie mécanique qu’il se place dans toutes ses descriptions. (1) P. Allut. Les Routiers au XIVe siècle. Les Tard-venus et la bataille de Brignais, Lyon, MDCCCLIX, p. 49 et suivantes. 260 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS Nous en trouvons une fort intéressante de la pénétration des flèches dans l’œil et de la manière de le conserver en enle- vant le trait avec précaution ; il parle aussi des complications cérébrales. | Au chapitre de l’extirpation des traits du nez et de sa frac- ture, il donne nettement l'indication du drainage qu’il pra- tiquait avec des canons de plumes d’oie. On peut conclure de la lecture de son livre que les flèches étaient alors très varia- bles de dimensions, puisque certaines, après leur pénétration, n'étaient pas visibles même dans la face ; à coup sûr ce n’est pas de balles dont il veut parler car le mot sagi/ta n’a jamais eu cette signification et d’ailleurs il parle des barbes de ces flèches. Le fait suivant qu’il rapporte en détails nous montre tout à la fois son audace et sa sagacité. Je fus appelé, dit-il, au mois d'octobre auprès d’un paysan « ad unum rusticum qui cum sagiltä unà ab inimicis suis fuit vulneratus prope sarculam gulae et tota sagitta fuit fracta; sic quod non poterat capi cum tenaculis ». Le rustique en question était en prison « quia exsulerat ». En le voyant, notre auteur se rendit compte du danger, le révéla au malade, le fit confesser, et se le fit livrer par la justice « licenciam volui habere a potestate : sic eam dedit mih1». Son patient confessé, tandis qu’il arrachait le trait, lui disait : « #7agister facias audacter, nec timeas ». Le trait enlevé, le vaisseau qu’il bouchait donna une telle hé- morrhagie, qu’il fut mort avant qu’on ait eu le temps de dire rapidement un pafer (1). (1) Ces citations ont été empruntées à la rarissime édition que possède mon frère, le Dr Daniel Mollière, chirurgien titulaire de l'Hôtel-Dieu. Cirurgia magistri Petri de Largelata, Venetiis, 1499, die 12 septembris. Petit in-f° gothique bâtarde, sur deux colonnes, 131 feuillets. Le chapitre qui a trait aux plaies de poitrine et à leur traitement est admirable, bien supérieur à celui de Dionis, qui écrivait près de trois cents ans plus tard. — Voyez Dionis : Cours d'opérations de chirurgie, 8 édition, revue par Georges de la Faye, Paris, MDCCLXXVII. Les opérations qui se pra- tiquent à la poitrine et au col, p. 330. ER VER DT CEE d'ON AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 261 Voyons maintenant comment pendant toute cette longue pé- riode du moyen-âge la médecine et la chirurgie furent prati- quées dans les armées. Ainsi que dans l’antiquité, les chefs conduisent à la guerre les médecins de leur choix et les payent de leurs deniers. A l’époque où les clercs exercaient en grand nombre, les frères mires ou maîtres suivaient les armées féodales et y exercaient leur ministère de dévouement et de charité. Ils les accompagnaient aux croisades où ils rivalisaient de zèle avec les ordres hospitaliers. De retour en Europe, les chevaliers Teutoniques, tout en guerroyant contre les Prus- siens idolâtres, conservent les traditions de leur Institut et possèdent certaines méthodes pour le pansement des plaies de guerre accompagnées de prières et d’incantations dignes du paganisme le plus grossier. A son départ pour la croisade, le roi saint Louis réunit un grand nombre de praticiens laïques et ecclésiastiques pour constituer le service médical de l'expédition. Il en confie la direction au célèbre Pitard son médecin, élève d'Henri de Mondeville, et qui fut longtemps considéré, mais sans preuves suffisantes, comme le fondateur du célèbre collège des chi- rurgiens de Saint-Côme. Les historiens nous ont appris quelle fut la charité, quels furent les soins prodigués aux blessés par le saint roi, qui savait aussi à l’occasion payer de sa personne et donner de vigoureux coups de lance aux Anglais et aux Sarrazins. Un ouvrage tout récent et des plus intéressants, composé sur des textes originaux, nous donne quelques détails curieux sur la manière dont les grands seigneurs de ce temps avisaient aux secours médicaux dans leurs équipées lointaines (1). A cette époque, dit l’auteur, « nous voyons un médecin du nom (1) Jules-Marie Richard, ancien archiviste du Pas-de-Calais. Une petite nièce de saint Louis, Mahaut, comtesse d'Artois et de Bourgogne, Paris, Champion, 1887, in-8e, 262 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS de maître Paumier de Ris (Palmerius de Riso physicus, domini comitis), attaché avec une pension annuelle à la personne du comte d'Artois qu’il accompagne en 1298 en Gascogne, où de nombreux malades sont l’objet de ses soins. Un chirurgien, maître Jean (Johannes chrurgicus), Jean le Mire, fait aussi partie du corps expéditionnaire : il a pour mission spéciale de soigner les blessés « pro curando lœsis secundum artem suam ». On le retrouve en 1302 à l’armée de Flandre et il a un cheval tué sous lui à la bataille de Courtray. Les milices communales du nord de la France ont aussi leurs médecins attitrés qui les accompagnent en temps de guerre. Les Républiques lombardes sont organisées sur le même pied. En 1214, Hugues de Lucques s'engage pour 6oo livres à servir la commune de Bologne comme chirurgien, et conformément à ce contrat, 1l est obligé de suivre le contin gent fourni par la ville à une expédition en Terre-Sainte dont il ne revint que trois ans plus tard. Mais la charité privée avait encore la plus large part dans l'assistance des blessés et les romans de chevalerie nous dé- peignent à l’envi les châtelaines et dames d’amour pansant les plaies des paladins avec de merveilleux onguents dont elles seules ont le secret. Pour rentrer dans la réalité, il convient d'ajouter que depuis la découverte de l’alcool (aqua vitæ, agua mortis) par Arnaud de Villeneuve, l'introduction de cette substance dans la composition des onguents et la confec- tion des teintures de plantes aromatiques, réalisait dans une certaine mesure ce que nous appelons aujourd’hui l’antisepsie et donne l’explication des succès qu’on obtenait alors. Pourtant les grandes chroniques du temps sont presque complètement muettes sur les questions de secours aux bles- sés. Il est à croire que médecins et chirurgiens mettaient peu d’empressement à suivre ces terribles capitaines du XIV® siè- cle dans leurs expéditions aventureuses. Le vieux roi Jean de AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 203 Bohême réputé le plus civilisé d’entre eux, n'hésite pas à faire coudre dans un sac et jeter dans l’Oder un médecin français qui n’a pu réussir à lui sauver un œil. Guy de Chau- liac, consulté à son tour, juge sans doute prudent de ne pas franchir la frontière et va rendre visite au royal aveugle alors qu'il se trouvait à Avignon en compagnie du roi de France. Il composa même, dit-on, pour lui à cette occasion, un traité de la cataracte qui n’est pas parvenu jusqu’à nous (1). Dans les premières années du XIV® siècle, certains corps spéciaux commencent à avoir des médecins attitrés et nous citerons comme ayant eu le leur à cette époque, ces malheu- (1) La chronique des rois de Bohème et l'historien Dubrawius {Historia Bohemica, Francofurti, 1087) nous apprennent qu’en 1337 le roi Jean, dans une campagne contre les Lithuaniens et les Polonais, perdit l’œil droit « par suite de l'humidité ». Un de ses ancêtres avait déjà été désigné par le surnom d’aveugle, et son père avait la vue fort mauvaise. Lui-même étant à Breslau, se fit soigner pour une ophthalmie par un - médecin français qui, ayant promis la guérison, et l’œil droit ayant été perdu, fut cousu dans un sac et jeté dans l’Oder. Un Arabe, appelé ensuite à Prague, ne fut pas plus heureux et aurait eu sans doute une triste fin si le roi ne lui eut promis préalablement la vie sauve. Ce fut en 1340, à Montpellier, où il était allé chercher les secours de la médecine, que le roi de Bohème devint tout à fait aveugle. Cette cécité fut regardée comme une punition de la Providence, parce qu’il avait pillé la synagogue de Prague et dépouillé plusieurs églises. Jean mettait une sorte de coquet- terie à cacher son infirmité; il feignait de voir, et beaucoup de ceux à qui il avait affaire ne se doutaient pas qu’il fut aveugle. C’est ce qui explique qu'un chroniqueur anglais ait dit seulement qu'il voyait mal « regem Bohemiæ cœcutientem fuisse ». On comprend qu’aveugle, Jean ait pu, à Crécy, faire lier son cheval aux montures de quelques-uns de ses compa- gnons d'armes, comme nous le raconte Froissard; mais ce récit ne se trouve dans aucun autre chroniqueur du temps. Cf. Une campagne de Jean de Luxembourg, roi de Bohême, par le comte de Puymaigre. — In Revue des questions historiques, 22° année, 1tr juillet 1887, et Schotter Johann graf von Luxemburg Kœnig von Boehmen. I résulte de tous ces détails que le roi Jean n’avait très probablement pas la cataracte. Son âge en 1337, la nature et la marche même de l'affection, nous en donnent la preuve. Il est donc fort probable que le livre sur la cataracte, qu'on pré- tend que Guy de Chauliac écrivit pour lui à cette occasion, n'a jamais existé. Cf., Malgaigne, I, c. . 204 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS reux archers génois que la chevalerie française devait si malheureusement sacrifier à Crécy. Chose singulière ! le premier corps constitué qui, en France, ait eu son chirurgien officiel, fut celui des sergents à verge du Châtelet, qui, eux, n'avaient à combattre que contre les mauvais payeurs! | Lorsqu’en 1415 le roi d'Angleterre, Henry V, envahit la France à la tête d’une armée formidable pour l’époque, il n’emmena avec lui qu’un seul chirurgien, Thomas Morstède, qui s’engagea à conduire avec lui douze hommes de sa pro- fession ; et lors de sa seconde expédition il eut de la peine à trouver un nombre suffisant de chirurgiens ; c’est pourquoi il autorisa par un mandat Morstède à faire embarquer de force tous les chirurgiens qu’il croirait nécessaires, et des artistes pour fabriquer leurs instruments (1). Un demi-siècle va s’écouler encore, avant que nous voyions Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, comprendre enfin que toute armée régulière a besoin de chirurgiens. Bien qu’il n’ait à sa disposition que de simples barbiers, il s’en sert pour lui-même et pour ses soldats. Un chirurgien est attaché à cha- que compagnie de 100 lances; chaque lance représentant 8 combattants, c'était un chirurgien pour 8oo hommes, et comme il y avait 2,200 hommes d'armes, la chirurgie mili- taire de Bourgogne se composait de 22 chirurgiens pour un total de 20,000 combattants, sans compter les chirurgiens attachés aux grands vassaux et ceux du duc lui-même. Ces derniers, dit Ollivier de la Marche, étaient au nombre de quatre pour lui tout seul, et « ils ne prennent rien des po- vres (soldats), n1 des compaignons étrangiers qui sont au service du prince, et s’attendent à luy de la satisfaction de leurs onguements et drogheries, et peuvent (venir) à la chambre à toute heure comme les médecins ». (1) Dezeimeris. Lettres sur l'histoire de la médecine, Paris, 1838, p. 153. kon AVANT LES ARMÉES PERMANENTES, 265 Ainsi qu'on le voit par ces quelques citations, réunies à grand’peine, il n’exista jamais à proprement parler de service sanitaire dans les armées du moyen-âge. Comme le dit fort bien un écrivain distingué que nous aurons l’occasion de citer encore, il y a bien des chirurgiens et médecins des soldats, mais pas encore de médecins ou chirurgiens militaires. IV Cependant, vers la fin du XV* siècle, de profonds change- ments se sont opérés dans l’art de la guerre. Les armées modernes commencent à se constituer infiniment plus nom- breuses et mieux disciplinées. De nouveaux engins se sont introduits dans leur armement, destinés à révolutionner peu à peu la stratégie et la tactique des temps anciens. De prime abord, il paraîtra singulier que pendant tout le siècle qui suivit immédiatement la découverte de la poudre à canon, les désordres causés par l'artillerie et la mousqueterie aient peu frappé l'attention des historiens, encore moins celle des médecins qui n’y font même pas allusion. C’est que la grossièreté des armes nouvelles, leur défaut de précision, leur prix considérable en rendent encore l’usage peu fréquent et toujours incertain. À Crécy, les pierriers anglais font plus de bruit que de mal: leur principal effet consiste à effrayer les chevaux de la gendarmerie française. Les gros canons, très dif- ficiles à remuer, servent surtout à démolir les murailles des forteresses et à y pratiquer des brèches pour les assaillants. En 1408, les chevaliers Teutoniques, en guerre avec la Pologne, firent fondre à Marienbourg une pièce qui pesait Sciences. 20 266 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS 200 quintaux et coûta 135,000 francs. Comme ils ne peuvent avoir de projectiles assez volumineux pour la charger, ils en sont réduits à lancer sur la ville ennemie des blocs erratiques à peine dégrossis, amenés à grand’peine jusqu’à la tranchée: en quatre jours les murailles de Bobrowniki, sur la Vistule, étaient renversées (1). Un demi-siècle plus tard, au siège de Constantinople, Mahomet IT en possède un tout semblable qui lance des bou- lets de Goo livres à plusieurs milles de distance ; 30 chariots réunis, traînés par 500 paires de bœufs, suffisent à peine à le remuer (2). Aussi bien, la manœuvre des grosses pièces d’artillerie mo- bile est-elle encore des plus pénibles dans les armées en campagne. [l faut de nombreux chevaux pour les traîner à distance si les routes sont tant soit peu mauvaises ou défon- cées par les pluies (3). Au moment du combat, lorsque les pièces sont en batterie, les servants en sont réduits à les charger lentement en pre- nant la poudre avec une pelle dans un tonneau : puis les difficultés redoublent au moment d'introduire les boulets toujours fort lourds ; et, quand il s’agit de pointer, un temps précieux a été perdu, laissant à la cavalerie ennemie le temps de tout interrompre, si les abords ne sont pas solidement défendus. La découverte des gargousses ne remonte pas au- delà des premières années du XVII° siècle, et c’est à leur emploi que sont dûs les premiers succès de l’armée bavaroise au début de la guerre de Trente ans. (1) Lavisse. Études sur l’histoire de Prusse, Paris, 1870, p. 133 et 134. (2) Camille Paganel. Histoire de Scanderberg ou Turcs et Chrétiens au XVe siècle, Paris, 1855, page 187. (3) Das Erste Buch von den Keyserlichen Krieghkrecten. etc., Frank- fürt a Mayn MDLXXI, et Xriegsbuch von Leonhardt Fronsperger, Frankfürt a Mayn 1573, in-fe. Les innombrables gravures de Jost Am- man, que contiennent ces deux recueils, donnent une idée très exacte de l’art de la guerre à cette époque. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 267 Des difficultés du même genre se rencontrent dans le ma- niement de l’arquebuse ou bâton à feu comme on disait alors. Le soldat qui avait à s’en servir était obligé tout d’abord de planter en terre la fourche destinée à soutenir son arme lourde et incommode; puis il avait à exécuter la charge en quatre-vingt-dix-neuf temps qui lui était prescrite avant d’ap- pliquer la mèche sur le bassinet. Très souvent, surtout lors- qu'il pleuvait, le coup ne partait pas; plus souvent encore l'ennemi avait toute facilité pour l’éviter. Ainsi vit-on en l’année 1549 une armée française, près de Boulogne, battre en retraite devant mille à douze cents archers anglais, parce que son arquebuserie ne pouvant plus tirer, elle se trouvait à la merci de leurs flèches et eût été infailliblement exter- minée (1). Avec le temps, ces difficultés devaient s’aplanir : les perfec- tionnements apportés dans la fabrication des pièces et surtout dans leurs attelages, permirent de transporter plus aisément des canons de moyen calibre sur les différents points du champ de bataille. Tel est le secret des victoires foudroyantes de Gustave-Adolphe en Pologne et en Allemagne (2). En outre, l'invention des armes à rouet (pistolets, carabines et mous- quets), en simplifiant considérablement les manœuves préli- minaires, facilita le tir en le rendant plus rapide et en multi- pliant ses effets. Comme ces armes étaient fort chères, les cavaliers seuls en étaient pourvus. Pour l'ordinaire, munis de ces longs pistolets dont les gravures de Tortorel et Pérrissin (3) nous ont conservé l’image, ils chargeaient par pelotons sur (1) Mémoires du maréchal de Vieilleville. (2) Voir le savant ouvrage de M. Charvériat : Histoire de la guerre de Trente ans, Paris, 1878, t. I, chap. vu, pages 203 à 216. (3) Tortorel et Perrissin. Consultez la nouvelle et fort belle édition, avec reproduction des planches en héliogravure, publiée sous la direction de M. Alfred Franklin, Paris, in-fv. 268 | DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS l'infanterie qui leur était opposée, tiraient aussitôt qu'ils l’atteignaient, puis faisant volte-face, allaient se reformer en arrière pour recommencer à nouveau. Cette manœuvre souvent irrésistible était fort dangereuse pour les fantassins placés en arrière, qui risquaient le plus souvent d’être foulés aux pieds des chevaux de leurs propres compagnons d'armes. C’est ce qui eut lieu précisément à la bataille de Lutzen dans l’armée impériale, commandée par Wallenstein, et fut cause en partie de sa défaite (1). Cette sin- gulière coutume devait se conserver chez les divers peuples sans grand changement jusqu’au milieu du siècle dernier, époque à laquelle le maréchal de Sedlitz vint préconiser dans la cavalerie prussienne les charges à fond de train le sabre à la main (2). Les armées, de leur côté, subissent de profondes modifica- tions dans leurs allures et leur manière de combattre. A l’or- dre en éventail des troupes féodales, à cette gendarmerie offrant à l'ennemi le front démesuré de ses grandes lignes de chevaliers bardés de fer, succéda la disposition en escadrons profonds empruntée aux reîtres allemands (3). A l’exemple des Suisses et des lansquenets, l’infanterie, toujours munie de longues piques, se rangea désormais sur sept à huit rangs de profondeur, légitimant ainsi le nom de hérissons qu’on don- nait alors à ces bataillons, et c’est tout au plus si les arquebu- siers formaient le sixième de leur effectif (4). (1) Charvériat. Histoire de la guerre de Trente ans. (Période suédoise). (2) Duc d’Aumale. Æistoire des princes de Condé, Paris, 1863, p. 197. (3) François de la Noue. Discours politiques et militaires, jouxte la forme et exemplaire, imprimée à Basle, 1588, p. 420. (4) Francisque Ferreti d'Ancone. Deux livres de l'Observation militaire et conduite de la guerre, Paris, 1587. A la page 69 se trouve une figure sur bois qui indique très nettement la proportion des deux armes à cette époque. Voir à ce sujet les écrivains militaires du temps : Commentaires de Blaise de Montluc, Bourdeaux fsic), 1570, in-80. — Gabriel Siméon et François de Saint-Thomas. Caesar Renouvellé, Lyon, 1570.— Charles de Neufchaises, Instruction et devis d'un vray chef de guerre, Paris, 1574, etc. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 269 Il résulte de tous ces progrès, et peut-on se servir d'une telle expression en ce qui concerne l’art de se détruire, que si les blessures par armes blanches sont encore les plus nom- breuses, proportionnellement au chiffre des combattants (1), celles par armes à feu deviennent de jour en jour plus fré- quentes et nécessitent une intervention différente. Le temps est donc venu où elles devaient nécessairement attirer l'attention, et c’est à deux chirurgiens alsaciens que revient l'honneur d’avoir écrit les premiers sur les blessures par armes à feu. Le plus ancien, Jérôme de Braunschweig, bourgeois de Strasbourg, apothicaire et médecin, ne paraît pas avoir quitté cette ville ni suivi les armées. Docteur en médecine et pro- fesseur, comme le font supposer les gravures qui se trouvent dans son livre, et nous le représentent avec la robe et le bonnet carré, il publia également à Strasbourg, en 1497, en allemand, son livre sur les plaies de guerre. C’était pour la première fois, en Allemagne, qu’on voyait un ouvrage de science pratique écrit en langue vulgaire, et cette particularité nous explique le grand succès qu’il obtint (2). En ce qui touche les plaies par armes à feu, Braunschweig nous fournit des détails intéressants. « [l possédait des instru- (1) Il en était encore ainsi à la fin du XVIe siècle. Voir à ce sujet : Chr- rurgiæ Joannis Andreæ à Cruce Veneti Medici Libri Septem. Venetiis apud Jordanum Zilettum, 1573. Liber Sextus c. I: de Sagittarum extrac- tione, f 126, et Liber septimus : De Sclopetorum Vulneribus, c. T, fe 131. Des figures sur bois représentent les divers tire-flèches encore usités, et deux belles planches, dont une est reproduite en tête de ce travail, nous montrent des chirurgiens turcs pansant leurs blessés sur Le champ de bataille. (2) Dr. L. Thomas, sous-bibliothécaire à la Faculté de médecine de Paris. Lectures sur l'histoire de la médecine. — Deuxième lecture : La Chirurgie militaire au XVe et au XVIe siècles (28 pages), travail excel- lent et du plus grand intérêt, qui nous a été fort utile pour toute cette période. 270 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS ments nombreux, propres à faire face à toutes les exigences d’une intervention active; il croyait à l’intoxication des pro-. jectiles et craignait surtout la poudre, dont il fallait débar-. rasser les orifices et les trajets des balles ». Avec les armes grossières dont on se servait alors, il devait y avoir souvent des accidents imputables à la déflagration, et nous sommes d'autant plus portés à admettre cette opinion, qu’en 1870,au. lendemain d’une bataille, nous avons rencontré le cadavre d'un soldat tué par un obus, qui, lui ayant éclaté dans le ventre, avait mis le feu à ses vêtements et produit d’abomina-. bles brûlures (1). Dans le but d’en retirer la poudre, Braunschweig faisait pé- nétrer dans la blessure un séton, auquel il imprimait des mou- vements de va et vient. Pour amener la suppuration, qu’il croyait nécessaire à l’expulsion des matières nocives, il intro- duisait une mèche enduite de graisse. De plus, il figure de nombreux instruments pour retirer les projectiles. Mais rien ne prouve qu'il ait mis en pratique tout ce dont il parle (2). . Tout autre est la personnalité de Meister Hans von Gersdorf. En lui nous trouvons enfin le type véritable du chirurgien d'armée. J'ai composé, dit-il, un manuel de chirurgie de guerre (3), et ce manuel résume tout ce qu’il a appris pen- dant quarante années passées dans les camps au milieu des aventuriers allemands, qui, à cette époque, allaient combattre (1) Cette théorie de la brûlure des tissus a été soutenue de nouveau par Socin et Hagenbach, d'après des expériences fort ingénieuses. Voir Delorme. Traité de chirurgie de guerre, 1888, t. I, p. 443. (2) Hieronymus Braunschweig. Buch d. Cirurgia, Strasbourg, P. et P. Day, 1497, in-f goth,, CXXVIIT, f. f. (d’après M. Thomas, loc. cit.). (3) Gersdorff, Hanns, genant Schylhans. Feldtbuch der Wunditartzney sampt des Menschen Cœrpers Anatomey u. chirurgischen Instrumenten warhaftig Abcontrafeyt u. beschrieben, Strassburg, Joh. Schott, 1517.- Les uns disent qu’il était né en Alsace, d’autres en Silésie. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 271 = à la solde de qui pouvait les payer. Contrairement à Braunschweig, il n’attache pas d'importance à la toxicité de la poudre. Il juge de la gravité d’une plaie d’après son siège et l'importance de l’organe qui a été atteint. Son arsenal est bien compris et renferme d’excellents instruments. On y trouve, dit Percy, bon juge en pareille matière, des tire- fonds très bien faits, un entre autres dontla canule se termine par des pointes propres à assujettir la balle pendant qu’on la perce avec une sorte de villebrequin, différents tire-balles ros- triformes, tels que becs de grue et de corbin, des dilatateurs doubles et à bascules. On rencontre également destire-flèches, car les blessures par armes blanches étaient encore les plus nombreuses (1). Aux deux chirurgiens alsaciens revient sans contestation l'honneur d’avoir imaginé ou publié, les premiers, des instru- ments destinés à extraire les balles et autres projectiles lancés par la poudre. Gersdorf fut aussi le premier à pratiquer l’am- putation des membres à lambeaux cutanés et sans application de sutures. Au reste, disent ses biographes, il ne manquait pas d'instruction. Il cite beaucoup les Arabes, surtout Albu- casis, et, en sa qualité d’allemand, copie presque en entier Guy de Chauliac. Son livre écrit en langue vulgaire eut jus- qu’à onze éditions, dont deux traductions en latin et deux en hollandais. Nous pensons qu’il fut le guide le plus ordinaire des baïgneurs et des barbiers d’outre-Rhin, et contribua au relèvement de ces deux professions regardées en Allemagne comme déshonorantes, même par les autres corps de métiers. Il n’en fut pas de même en France, où le nom de Gersdorf demeura complètement inconnu. Personne ne se fut avisé de lire un ouvrage de ce genre, composé dans un idiome barbare (1) Percy. Manuel du chirurgien d'armée ou instruction de chirurgie militaire, etc., Paris, Méquignon, 1702, in-12, p. 20 et suivantes. La des- cription de son fameux fribulcon se trouve à la page 57. 272 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS dont on ne se servait guère alors que pour parler aux pale- freniers et aux chevaux. er Telle fut l'École de Strasbourg, arabiste comme doctrine mais essentiellement pratique, comme nous venons de le voir. Suivant Malgaigne, elle fut pendant vingt ans (de 1497 à 1517) l’oracle de la chirurgie allemande. Mais là n'était pas la lumière, et c’est aux peuples néo- latins qu'était réservée la gloire de fonder la science nouvelle et d’en répandre les bienfaits. A la mort de Charles le Téméraire commence entre les deux maisons de France -et d'Autriche ce duel séculaire qui devait se terminer sans que nous ayons jamais pu reconquérir nos provinces françaises des Pays-Bas. Vers cette même époque, la revendication de droits plus ou moins légitimes sur le royaume de Naples et le duché de Milan, conduisait nos souverains et leurs armées dans des expéditions lointai- nes, toujours glorieuses, mais trop souvent funestes à nos véritables intérêts. Au contact de l’Italie de la Renaissance, nos ancêtres prirent le goût des arts et des sciences et le rapportèrent avec eux. Telle fut l’origine de ce mouvement artistique et littéraire incomparable qui a immortalisé le règne des princes de la maison de Valois. Pendant ces terribles expéditions, l’histoire qui nous a transmis le récit de batailles sanglantes où des milliers d'hommes furent tués ou blessés, ne nous apprend rien sur AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 279 le sort de ces derniers et sur ce qu’il convenait au vainqueur de statuer à leur endroit. Nous savons bien que Charles VIII avait avec lui son médecin Miron, qui se distingua à Fornoue, que Marcel de Cumes servait les ducs de Milan, et que plus tard le savant et vénérable Maggi prodiguait des soins dévoués aux blessés que nous laissions derrière nous. Nous savions aussi que Thierry de Héry accompagna François I° dans les Flandres, mais tout cela ne nous dit rien sur l’organisation des secours, et il n’est que trop bien établi qu’en dehors des initiatives privées, 1l n'existait rien qui put mériter le nom d'assistance aux blessés. Il en était d’ailleurs ainsi dans toutes les armées. Le service médical des lansquenets, créé par l’empereur Maximilien, ne paraît pas avoir donné de bien grands résultats. Les chirur- giens libres, barbiers, hongreurs et empiriques qui accom- pagnaient les troupes, et parfois les exploitaient indignement, étaient d’un bien mince secours devant des besoins toujours croissants. L’ignorance était à son comble. Un favori de don Juan d'Autriche est « blessé à l'épaule d’un coup d’arquebuse. Ses médecins, qui n'avaient jamais vu cas pareil, firent sept ouvertures pour extraire la balle et le malade succomba (x) ». Le sort de ceux qui tombaient entre des mains moins indi- gnes n'était guère plus enviable. Alors régnait sans conteste la doctrine de Jean de Vigo sur la toxicité des plaies d’armes à feu. Ce chirurgien, génois d’origine, après avoir gagné la faveur du cardinal de la Rovère, le futur pape Jules IT, suivit les expéditions guerrières de l’illustre pontife et publia à Rome un traité de chirurgie qui n’eut pas moins de 21 éditions, suc- cès certainement immérité et qui ne s’est pas rencontré une seconde fois dans l’histoire de la chirurgie (2). Dans un cha- (1) Dr L. Thomas. Loc. laud., p. 42. | (2) Malgaigne. Loc. cit. Par un singulier retour de fortune, les livres de Vigo sont introuvables aujourd’hui. Voici le titre de l’exemplaire latin que 274 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS pitre à jamais mémorable, le seul qui ait quelque originalité, il déclare que les plaies par armes à feu ont pour caractère distinctif d’être à la fois empoisonnées et compliquées de brûlures et de contusions : d’où cette conclusion fatale qu’il faut avant tout neutraliser le poison en les cautérisant avec le fer rouge et l’huile bouillante, pratique épouvantable qui fut généralement appliquée dans toutes les armées pendant une période de près de trente années de guerres incessantes (1514-1545)! Lors des expéditions d’Italie, les grands seigneurs qui suivaient le roi emmenaient leurs médecins et chirurgiens avec eux. C’est ainsi que le duc de Lorraine Antoine en- gagea notre compatriote, l’illustre Symphorien Champier, à venir avec lui guerroyer au-delà des monts. Le médecin lyonnais combattit vaillamment à la bataille d'Agnadel, montrant qu’il savait manier aussi bien l'épée que la plume et le bistouri. Plus tard, à Marignan, il se couvrit de gloire et fut armé chevalier sur le champ de bataille (1). L’au- teur de tant de livres estimés sur l’histoire et la médecine, le savant et le praticien indiscuté dans sa patrie, ne pouvait moins faire que de s'intéresser aux blessés. Il en soigna plu- sieurs et profita de la faveur dont il jouissait pour protéger les chirurgiens qui suivaient l’armée. En 1515, grâce à son crédit, il obtint que l’un d’eux, Hippolyte d’Autreppe, recut de l'Université de Pavie, en dépit de ses statuts et de toutes les traditions, le titre de docteur en médecine : fantaisie de vain- queur dirons-nous, car, que pouvait-elle refuser, cette pauvre je possède et qui provient de la bibliothèque de Rosenbaum : Opera do- mini Joannis de Vigo in Chyrurgiâ. Additur Chyrurgia Mariani Sancti Barolitanii Joan.de Vigo discipuli, Lugduni, MCCCCCXX V, imp. Anto- nius du Ry, impensis Jacob et François de Giunta {Les Juntes de Lyon), florentini. (1) P. Allut. Étude historique et bibliographique sur Symphorien Cham- pier, Lyon, 1859. Voir toute la partie qui a trait aux campagnes d'Italie. FPE AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 279 Université à laquelle le roi Louis XII avait enlevé quelques années auparavant sa riche bibliothèque pour la transporter à Paris! Telle était encore la pénurie de ressources dans nos armées qu’un capitaine de ce temps pouvait dire sans trop d’inhuma- nité que le véritable lit d'honneur pour un blessé est un bon fossé, où une arquebusade l’aura jeté. Un peu meilleure était la situation dans l’armée espagnole, beaucoup plus nombreuse et certainement mieux organisée que la nôtre à cette époque. M. le docteur Thomas nous apprend qu’elle avait déjà des hôpitaux de garnison et qu’en temps de guerre on créait des hôpitaux de campagne quand ceux du pays envahi n'étaient pas suffisants. La flotte avait également son service médical et l’invincible Armada était accompagnée d’un vaisseau destiné à recevoir les malades. Comme de nos jours en temps de guerre on réquisitionnait les célébrités médicales du moment et c’est dans ces condi- tions qu'André Vésale prit part à la campagne de Flandre (1). Parmi les chirurgiens des armées du grand empereur il en est un sur lequel il nous a été donné de faire quelques recher- ches personnelles que nous croyons devoir résumer ici. Nicolas Godin ou Goddin naquit à Arras en 1509 et fut médecin pensionnaire de cette ville. Il nous apprend lui-même qu'il assista aux sièges de Peronne et de Thérouanne. Habitant une province française échue par succession à la maison d'Autriche, il se déclare citoyen de la Gaule Bel- gique tout en témoignant à Charles-Quint, son souverain, une admiration et un dévouement sans bornes. Candide lector, dit-il à la fin de la seconde partie de son principal ouvrage, «quisquis ex hoc libello fructum perceperis, bene precare Impe- (1) Dry L.Thomas, Loc: cit, p.42. 270 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS ratori Carolo hujus nominis Quinto, in cujus ac Reipublicæ gratiam, hunc libellum primo conscripsimus. » Chrétien con- vaincu, il termine chaque chapitre par une prière à Dieu pour obtenir le succès des méthodes qu’il préconise. Nous avons de lui une traduction française de Jean de Vigo qu’il fit à la requête des estudians en cyrurgie de Paris, de Montpellier et de Lyon (1). Mais son autre ouvrage le plus intéressant pour nous, est un traité de chirurgie militaire écrit en latin et qui fut traduit en français par Jean Blondel, de Lille, en 1538 (1). Le choix de notre langue pour un livre destiné à être le guide des barbiers et des chirurgiens qui suivaient ses armées, nous montre quelle était l'importance de l’élément français dans l'empire de Charles-Quint et justifie ces expres- sions de Bourguignons et de Brabançons dont les historiens du temps se servent toujours pour désigner ses soldats. Ce manuel d’un nouveau genre, imprimé dans un très petit format, de manière à pouvoir être aisément placé au fond d'une trousse de campagne ou dans la poche du chirurgien, n’a pas plus de soixante-six feuillets, y compris la partie médicale, dont nous n'avons pas à parler ici (2). Exclusive- {1} Lyon, 1525; Paris, 1530 (Malgaigne) et 1531, et Lyon, 1537. Cette dernière, que nous possédons, est imprimée en lettres rondes; elle a pour titre: De Vigo en françoys. La practique et cirurgie de maistre Jehan de Vigo, trad. par Nicolas Godin, Lyon, 1537, in-8. (2) La chirurgie militaire très utile à tous chirurgiens, composée par Nicolas Godin, d'Arras, translatée en Françoys par maistre Jean Blondel, avec un recueil d'anciennes erreurs ajouté par ledit Godin, Gand, 1553, in-125 Anvers, 1558, très petit in-12. D’après Dechambre {Dict. encycl.), cette dernière, que nous possédons et qui a servi à nos recherches, porte à tort le nom de J. Blondel seul dans quelques bibliographies. Nous igno- rons également en quelle année parut l’édition originale en latin. Godin était médecin pensionnaire de la ville d'Arras. M. Favre, membre de l'Académie d'Arras, que nous avons consulté à ce sujet, n’a pu nous donner aucun autre renseignement sur la vieet les œuvres de ce médecin. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 2717 ment destiné aux praticiens, on n’y rencontre aucune discus- sion oiseuse ou théorique. Pour Goddin, la vraie méthode consiste à se fier entière- ment à l’expérience, laquelle est fondée sur la vraie raison naturelle. Abordant immédiatement la question des blessures par armes à feu, il est d’avis qu’il faut s'inquiéter d’abord du siège de la blessure, en second lieu du corps étranger, qui est le projectile, puis de la contusion et de la combus- tion légère produite par la poudre, enfin de la salignité indicible qui en provient. Les complications, telles qu’hémorrhagies, douleur, fièvre et spasmes, viennent en seconde ligne. De ces distinctions découlent une série de préceptes qui, malheureusement, n’ont pas tous la même valeur. Ainsi, celui qu’il nous donne de mundifier et séparer les parties atteintes par la poudre, nous fait frémir aujourd’hui. Les instruments proposés pour enlever les boulets et les balles sont assez originaux. Dans le premier cas, il en conseille un, soit armé de dents, soit à cavité ronde, pour enclore cestuy boulet et le retirer aisément. Pour les secondes, il préconise une sorte de Lerrelle pour percer le plomb du projectile et permettre ainsi de larracher sûrement. Il en propose ensuite d’autres analogues à ceux de Braun- schweig et de Gersdorf, pour lextraction des projectiles de diverses grosseurs, alors connus sous les noms de grains, semences el dragées; ces dernières, en acier, devaient être plus dangereuses encore que les balles. Devançant ainsi les chirurgiens modérnes les plus avisés, il est d’avis que dans les plaies du ventre et de la poitrine, il faut se garder de toute intervention et de toute violence. Si les boulets — sans doute ceux que lançaient alors les cou- levrines — sont trop profondément enfoncés dans les chairs et sices dernières sont meurtries et broyées tout autour, on 278 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS fera bien d'attendre quelque temps avant de chercher à les enlever. Quant aux os brisés, aux fragments et aux esquilles, il faut les retirer au plus vite, car ils peuvent donner naissance à la suppuration et aux spasmes. Si d'aventure, quelque partie du corps est enlevée par quelque gros boulet et que los fasse saillie, il faudra l’égaliser avec une serre ou scie, de facon à ce que les parties molles puissent le recouvrir et constituer une dure et solide cicatrice. Pour arrêter les grandes hémorrhagies, on doit faire la compression du membre et achever la section du vaisseau pour le laisser ainsi se rétracter. On fera bien d’achever aussi celle des nerfs blessés pour apaiser les douleurs. Enfin, pour combattre l’intempérie sèche et chaude de la poudre, le chirurgien devra s'adresser à l'élément contraire, mais avec une grande prudence dans l'application des moyens. Ainsi, au siège de Peronne, Goddin vit succomber un vieux capitaine qui contracta une gangrène de la jambe pour avoir été irrigué et refroidi trop longtemps par un empirique qu’il avait pour médecin. Ces conseils fort sages font honneur à leur auteur. Aussi sommes-nous étonné qu'il insiste tant sur la malignité de la poudre, que l’on doit combattre, dit-il, par l'introduction dans le trajet du projectile de plumasseaux trempés dans de l’huile « boulante », car de telles plaies, ajoute-t-il, se délectent et appetent médicaments qui sotent actuellement fort chauds ! » Cependant il connait la pratique des Allemands, qui pansent les plaies de ce genre avec du lard; mais il attribue leur succès à ce qu'ils ont le corps « dur et robuste », et cet argu- ment lui suffit. Très certainement le traducteur de Jean de Vigo ne pouvait se résoudre à abandonner la méthode de son maître. Mais alors pourquoi dans sa préface fait-il l'éloge du chirurgien AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 279 français qui venait précisément de la condamner pour tou- jours! Nous avons peu de choses à dire sur l’espagnol Daza Cha- con, de Valladolid, qui servit longtemps dans les armées espagnoles et composa pour ses compatriotes un grand ouvrage en latin sur les plaies de guerre. Nous n’en dirons pas davantage sur l'anglais Gale, qui, en 1544, fut chargé par le duc de Norfolk d'organiser un service de santé dans l’armée anglaise, qui allait soutenir l’empereur contre nous. « Par suite d’un singulier hasard, en cette même année, les plus habiles chirurgiens du temps, les créateurs de litté- ratures professionnelles en France, en Espagne et en Angle- terre », étaient au milieu des armées. « Daza Chacon et André Vésale soignaient les blessés espagnols de Landrecies et de Saint-Dizier; Gale ceux de l’armée anglaise qui assiégeait Boulogne (1) ». Parmi les défenseurs de cette ville se trouvait celui qui venait de révolutionner la pratique sur les champs de bataille et de créer la chirurgie moderne, notre immortel Ambroise Paré. S'il est également considéré comme le fondateur de la chi- rurgie d'armée, c’est parce qu'il fit à la guerre et dans les camps ses deux plus grandes découvertes. Mais, comme nous allons le voir, pas plus qu'aux époques précédentes, il n’exis- tait alors d'organisation véritable, et il n’y avait pas de chi- rurgiens attitrés auprès des soldats. (1) Thomas. Loc. cit., p. 44. 280 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS VI Nous n'avons pas à faire ici la biographie de cet homme illustre, et les détails de sa vie sont trop connus pour que nous ayons à rappeler ceux qui n’ont pas trait directement à notre sujet (1). Ses débuts furent très humbles. Né à Laval, en 1509, Ambroise Paré fut pendant un certain temps apprenti barbier, puis entra comme élève chirurgien à l'Hôtel-Dieu de Paris. Vers 1536, il se fit recevoir maître barbier-chirurgien; ce n’est que plus tard, et à l’apogée de sa gloire, qu'il reçut la maîtrise en chirurgie, qui lui fut conférée par le collège des chirurgiens de Paris, qui depuis peu avait secoué l’ancienne tutelle de la Faculté. | A l’âge de 19 ans, il part pour la guerre d’Italie en qualité de chirurgien du maréchal de Montéjean, colonel général de l'infanterie française. Au combat du Pas-de-Suze, il se trouve pour la première fois en présence des plaies d'armes à feu. Il nous raconte naïvement que n'ayant jamais eu l’occasion d’en traiter, il regardait faire ses compagnons et cherchait à les imiter. il nous dit aussi que l’huile bouillante venant à man- quer, un certain nombre de blessés ne purent être cautérisés, (1) Voir surtout la seconde partie de l’ouvrage déjà cité de Malgaigne, et en outre Dr Le Paulmier : Ambroise Paré, d’après de nouveaux docu- ments découverts aux Archives nationales et d’après des papiers de famille, Paris. 1884. Nous n’entrerons pas non plus dans le détail de ses polémiques avec les chirurgiens contemporains, relativement aux plaies d'armes à feu. On en trouvera le résumé complet dans l’ouvrage déjà cité de Delorme : Traité de chirurgie de guerre, t. 1, p. 1 à 52, et le travail du Dr Thomas. PRE à ” + n lié uen ‘à, AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 281 et que le lendemain ils se trouvaient beaucoup mieux que ceux qui avaient subi cette cruelle opération. Ce fut pour lui un trait de lumière. A dater de ce jour, la méthode barbare de Jean de Vigo était condamnée, et le pansement simple pour les arquebusades inauguré en chirurgie. En 1538, il a la hardiesse de pratiquer la désarticulation du coude. En 1543, nous le voyons sur la frontière d'Espagne à la suite du duc de Rohan. C’est dans cette campagne qu’il a l’ingénieuse idée de re- chercher les projectiles en faisant prendre au blessé l'attitude qu'il avait au moment où il avait recu le coup, et de la sorte, on put extraire au maréchal de Brissac une balle logée auprès de l’omoplate. Un pareil succès attira l'attention aussi bien des grands personnages que des savants de l’époque. Sylvius, qui tenait alors le sceptre de la médecine en France, l’invita à publier l'ouvrage qui, comme l’a fort bien dit Malgaigne, marquait d'une manière si glorieuse le réveil de la chirurgie fran- caise (1). Mais, il faut bien le dire, ses succès dans la pratique de la chirurgie de guerre valurent alors à Paré plus de répu- tation que son livre lui-même. Nous l'avons déjà trouvé, en 1545, au siège de Boulogne, parmi les défenseurs de la place. Le brave duc de Guize qui y commandait, recut à la tranchée un coup de lance dans la tête, si profondément que le tronçon sortait de l’autre côté. Les chirurgiens qui l’entouraient jugeaient le cas au-dessus des ressources de l’art et songeaient à abandonner le patient. Seul Paré osa intervenir, et plaçant son pied comme point d'appui sur le visage de l’illustre blessé, il fut assez heureux pour arracher le tronçon sans que l’œil fût endommagé. (1) A. Paré. La méthode de traicter les playes faictes par les hacquebutes et aultres bastons à feu : et de celles qui sont faictes par flèches, dard? et semblables, aussi de combustions spécialement faictes par la poudre à canon, Paris, Vivant Gaulterot, petit in-8°, 1545. Sciences. 282 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS Nous le voyons encore avec M. de Rohan dans cette cam- pagne de 1552, qui nous valut les Trois-Évêchés. Ici trouve sa place l’anecdote suivante, dont Paré lui-même nous donne le récit émouvant dans ce style pittoresque, incomparable de vigueur et d’énergie, qui lui est propre. « Un des serviteurs du capitaine-enseigne de M. de Rohan, « alla avec d’autres pour cuider entrer en une église ou les « paysans s’estaient retiréz, pensant trouver des vivres par « amour ou par force : mais entres les autres, cestuy là, fut « bien battu et s’en revint avec sept coups d’espée à la teste: « le moindre pénétroit la seconde table du crâne, et, en avoit « quatre autres sur le bras et un sur l’épaule droicte qui cou- « poit plus de la moitié de l’omoplate ou paleron. Il fut rap- « porté au logis de son maître, lequel le voyant ainsi navré « et qu'aussi devoit-on partir le lendemain dès la poincte du « jour, et n’estimant pas qu’il deut jamais guérir, fist caver une « fosse et le vouloit faire jeter dedans, disant qu’aussi bien « les paysans le massacreroient et tueroient. Meu de pitié, « je lui dis qu’il pourroit encore guérir s’il estoit bien pensé; « plusieurs gentils-hommes de la compagnie le prièrent de le « faire amener avec le bagage puisque j’avois cette volonté de « le penser : ce qu’il accorda, et aprez que je l’eu habillé, fut « mis en une charrette sur un lict bien couvert et bien acco- « modé qu’un cheval traisnoit. Je luy fis office de médecin, « d’apothicaire, de chirurgien et de cuisinier: je le pensay « jusques à la fin de la cure et Dieu le guerit, » belles paro- les qui ne sauraient nous étonner de la part d’un homme profondément religieux comme l’était Paré... « Si bien, con- « tinue-t-il, que tous ceux de ces trois compagnies admiroient « cette cure », et à la première montre qui se fit, « les hom- « mes d'armes me donnèrent chacun un escu et les archers « demi escu (1). » (1) Apologie et voyages, p. 785. — Voyage d'Allemagne, dans les ak AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 283 De ce jour, date sa réputation auprès des simples soldats. Son nom était devenu populaire parmi eux. Ce récit est fort beau et véritablement émouvant. Il nous montre la grandeur d'âme et la charité du grand chirurgien; mais vouloir, avec M. Cochin (1), y trouver le rudiment de la première ambulance volante, c’est à notre avis étrangement interprêter les faits : car tout dépend ici de son initiative privée et 1l n’est pas jusqu’à ces gratifications pécuniaires destinées à le défrayer qui ne soient la preuve que Paré n'avait pas de grade, de solde régulière, en somme qu’il n’appartenait pas à l’armée ; car toujours il donnait ses soins gratuitement, comme il nous le dit encore dans ce passage bien touchant que je veux vous citer aussi: « Je me suis trouvé, dit-il, en « campagne, assauts et sièges de villes et forteresses, ayant « charge de traiter les blessez. Et Dieu sçait, combien le juge- « ment d’un homme se parfait en cet exercice, ou le gain estant « esloigné, le seul honneur vous est proposé et l’amitié de « tant de braves soldats,ausquels on sauve la vie; ainsi qu’a- « près Dieu,je me veux vanter d’avoir fait à un nombre « infiny (2) ». Durant la même campagne, il fit sa seconde découverte, assurément l’une des plus importantes de l’époque: celle de la ligature des vaisseaux après l’amputation des membres, supprimant ainsi la cautérisation au fer rouge qu’on était obligé de faire pour arrêter l’hémorrhagie. Du coup, il met- tait le comble à sa réputation et le roi le fit appeler pour le faire inscrire sur la liste de ses chirurgiens ordinaires. | Œuvres d’'Ambroise Paré, conseiller et premier chirurgien du roy, dou- zième édition, Lyon, chez Jean Grégoire, à l’enseigne de la Renommée, MDCLXIV. (1) Augustin Cochin : Le service de santé des armées avant et pendant le siège de Paris, Revue des Deux-Mondes du 1° novembre 1870 (2) Avis au lecteur, en tête des Œuvres complètes. 204 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS Quelques mois plus tard, il l’envoyait à Metz, alors assiégée par Charles-Quint et le marquis de Brandebourg (1). Son arri- vée fut pour l’héroïque garnison un véritable bienfait. Dès le lendemain, le duc de Guise le présenta sur la brèche même à tous les princes, seigneurs et capitaines qui lembrassèrent et le recurent avec acclamations. Tel était le prestige de son génie, qu’on voyait ainsi tous ces grands de la terre s’incliner respectueusement devant un ancien barbier! On sait com- ment le duc défendit la place et forca l’ennemi à une re- traite désastreuse. Mais il faudrait entendre Paré lui-même nous faire le récit de ce qu’il a vu et de ce qu’il a fait. Devenu libre, il court se renfermer dans Hesdin, où ilest recu par les acclamations des soldats. Malheureusement la ville est obligée de se rendre,Paré est fait prisonnier par le duc de Savoie, et, après mille péripéties, il achète sa liberté par la guérison d’un général ennemi. A dater de ce moment, il n’est pas d’expédition importante où il ne soit envoyé. Le roi Henri IT, mortellement atteint dans un tournoi, recoit également ses soins. Après la bataille de Saint-Quentin, comme au siège de Rouen, il a l’occasion d’observer la pyohémie et la pourriture d'hôpital, ces deux grandes complications des blessures qui n’ont disparu que de nos jours. Il en attribuait avec raison la cause à l’altération de l’air et à la putréfaction des tissus et les combattait avec le vin, la térébenthine et l’alcool, condam- nant sans retour les baumes organiques préconisés par Béren- ger de Carpi et Paracelse, qui ne servaient qu’à infecter les plaies (2). (1) Voir sur la conduite de ce personnage : François de Rabutin. Com- mentaire des dernières guerres en la Gaule Belgique, entre Henri second du nom, et Charles cinquième empereur, etc, Paris, MDLXXII, livre IIII. (2) La grande chirurgie de Philippe-Auréole-Théophraste Paracelse, grand médecin et philosophe entre les Alemans, traduite en français par AT, TT LE and AVANT LES ARMÉES PERMANENTES, 285 Nous rencontrons à tout instant notre Paré pendant les guerres de religion auprès des blessés les plus illustres. De- puis longtemps premier chirurgien, il devint successivement valet de chambre, puis conseiller du roi Henri III. Dès lors, il consacra exclusivement sa belle vieillesse à ses malades, à ses élèves et à la publication de ses œuvres. A cette époque, vivait à Bâle un chirurgien qui ne suivit jamais les armées et n’en a pas moins laissé des écrits pleins d'intérêt pour le sujet qui nous occupe. Placé en quelque sorte au carrefour des grandes routes par où passaient et repassaient les aventuriers Suisses et Allemands, Guizards et Huguenots qui venaient prendre part à nos guerres civiles, Félix Wurtzius put beaucoup voir et beaucoup apprendre. Abandonnant les théories du grand novateur bâlois pour la simple observation des faits, 1l nous a laissé dans son traité de chirurgie la description vivante de toutes les complications qui peuvent survenir dans les plaies de guerre (1). Mais, mal- gré tous ses mérites, le nom de Wurtzius ne fut connu que plus tard. Ambroise Paré mourut le 20 décembre, en 1590. L'année suivante, presqu'à la même date, Maximilien de Béthune, duc de Sully, publiait un décret réglant un impôt à lever sur les vins et cidres des cabaretiers pour en appliquer les recettes au soulagement des soldats blessés (2). En 1597, les ambulances volantes, puis les hôpitaux mili- Claude Dariot, médecin à Beaune, Lyon, De Harsy, MDXCIIT, et Ambroise Paré : Discours sur la mumie, etc., dans ses Œuvres complètes, p+ 294. (1) U. Trélat. Conférences historiques de la Faculté de médecine, Paris, 1866, p. 237. L'ouvrage du médecin bâlois a pour titre : La Chirurgie de Félix Wurtzius, chirurgien très expert et très fameux à Bâle, traduit par Sauvin, docteur en médecine, Paris, 1672 (la première édition est de 1646). Il ne fut donc connu en France que plus d’un demi-siècle après sa mort. (2) Décret du 16 décembre 1591. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. VIII, p. 78, et Didiot, Loc. cit., p. 6. 286 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS taires sont définitivement établis et dans de si bonnes condi- tions, qu’en temps de guerre les officiers supérieurs veulent y être transportés. Au commencement de l’année 1630, pen-. dant la campagne d'Italie, le cardinal de Richelieu organisa définitivement le service de santé et honora les chefs de service du titre nouveau de « chirurgiens-majors des camps et armées du Roy ». | Nous voici maintenant en présence d’une institution nou- velle : elle aura ses grands hommes, et son histoire ne pourra désormais être séparée de celle de nos armées. Suivant un écrivain spécial et fort compétant, Xavier Audoin (1), peu de questions ont plus préoccupé nos rois, comme en fait foi le recueil de leurs ordonnances. Alors que la France a ses hôpitaux militaires et ses ambulances, les Autrichiens, les Prussiens, les Danois et les Suédois conti- nuent à traiter les blessés et les malades sous les tentes et dans les quartiers : ils n’imiteront les Français que vers le milieu du XVIII° siècle! VII Ces institutions avec leurs qualités et leurs défauts se sont conservées jusqu'à nous; mais les conditions nouvelles de l’art de la guerre en ont de bonne heure révélé l'insuffisance. Au plus fort des guerres de Louis XIV, alors que des armées de 100,000 hommes et plus décident du sort des nations, les (1) Xavier Audoin. Histoire de l'administration de la guerre, Paris, 1809, et Albert Duruy. L'armée royale en 1789, Paris, 1888, in-12, p. 198. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 287 malades et les blessés ne sont plus des quantités négligeables et les généraux en chef solliciteront pour eux et ceux qui les secourent une place à part dans les codes militaires en usage jusqu’à ce jour. L’Électeur de Brandebourg et le comte d’Asfeld en 1689, le maréchal de Noailles et le comte de Stair pendant la guerre de la succession d'Autriche en 1743, le marquis de Rougé et le comte de Buddenbrock en 1759, firent avant de se battre des traités spéciaux pour la protec- tion des blessés, des médecins et des aumôniers, promettant qu’ils ne seraient pas faits prisonniers de guerre (1). Dès l’année 1764, un ami de J.-J. Rousseau, l’intendant Chamousset, philantrope ingénieux et sincère comme on disait alors, avait proposé d'établir parmi les nations une conven- tion générale rédigée dans le même sens. Il trouvait odieux que les victimes de la guerre ainsi que ceux qui les assistent fussent traînés en captivité. Le premier texte libellé d’une entente de ce genre est dû à Percy, chirurgien en chef de l’armée du Rhin, commandée par le général Moreau (2). Notre adversaire, le baron de Kray, à qui elle fut soumise, ne comprit rien à cette lecon d'humanité, comme soixante-six ans plus tard, avant Sadowa, le maréchal Benedeck devait refuser les propositions analo- gues qui lui étaient adressées. Pendant la longue période des guerres de la République et du premier empire, il ne sera plus question de neutralisation ni d'aucune convention semblable, et les relations des chi- rurgiens militaires de ce temps nous représentent sous les couleurs les plus sombres le sort des malheureux blessés qu’ils étaient le plus souvent impuissants à secourir. (HN Me Gochin-Loc:,ciis.p: 73: (2) Éloge de Percy par Pariset, dans Histoire des membres de l’Aca- démie royale de médecine, 1850, t. I, p. 307, et Cochin. Zbid., p. 73. 288 DE L'ASSISTANCE AUX BLESSÉS Après Waterloo, les nations, surtout préoccupées de leur réorganisation politique et territoriale, ne songèrent pas aux éventualités de guerres, dont le principal instigateur avait disparu. Seuls quelques médecins et philantropes, notre illus- tre Larrey, le docteur Wasserfuhr, et, plus près de nous, MM. Henri Arrault et Palasciano, de Naples, conservèrent dans leurs écrits la tradition de cette idée généreuse en même temps que l'espérance de grands changements pour l'avenir. De nos jours, les tristes enseignements des campagnes de Crimée et d'Italie ont démontré aux plus optimistes qu’en fait d'assistance aux blessés, tout était à reprendre, et ce service à reconstituer de fond en comble dans la plupart des armées. Sans attendre celle des gouvernements, l'initiative privée s’est emparée de la question et elle est arrivée rapidement aux résultats les plus merveilleux. A. M. Henry Dunant, le généreux citoyen de Genève que vous connaissez tous, revient incontestablement le mérite d’avoir éveillé l’opinion et provoqué la réforme. Témoin ému des scènes navrantes qui, après Solférino, vinrent troubler pour nous les joies de la victoire, il fit à l'Europe et à l’huma- nité un éloquent appel qui cette fois fut entendu(r). Un magnifique mouvement de charité chrétienne et de patriotisme entraîna les esprits et donna naissance à la Société internationale de secours aux blessés de la Croix-Rouge. Elle a rendu d’incomparables services, travaillant toujours, même en temps de paix, à amasser des ressources de tous genres, à réformer son matériel, à donner à tous les gouvernements d'excellents conseils, dont chaque jour ils font leur profit (2). Parmi les ouvriers de la première heure, notre ville est (1) J.-Henri Dunant. Un souvenir de Solférino, 3e édit., Genève, 1863. (2) Voir dans la Semaine médicale de 1887, p. 383, le compte rendu du gne Congrès international des Sociétés de la Croix-Rouge, tenu à Carls- ruhe, du 22 au 28 septembre. AVANT LES ARMÉES PERMANENTES. 289 fière de compter un de nos concitoyens les plus distingués, M. Léonce de Cazenove, qui, par ses écrits et sa propagande, a contribué plus que tout autre au succès de l’œuvre nou- velle (1). Inspirée par les plus nobles sentiments, la Convention de Genève cherche à procurer au soldat blessé les secours de l’âme et du corps, et ceux que prodigue une science qui, dans ces derniers temps, a réalisé de si grands progrès. Ici se terminent nos recherches. En évoquant le triste sou- venir d’un passé déjà lointain, nous n’avons pas seulement cédé à un mouvement de simple curiosité, d’ailleurs fort légi- time. Les inquiétudes du présent n'étaient pas étrangères au choix d’un pareil sujet, et nous avons cru faire œuvre utile en attirant la bienveillante attention de notre auditoire sur les origines de cette assistance, qui préoccupe à bon droit les esprits, en ce moment où la solution de redoutables problè- mes contraint toutes les nations de l’Europe à rester perpé- tuellement sous les armes. (1) La guerre et l'humanité au XIXe siècle, par Léonce de Cazenove, Paris, 1869, in-8°. NOTE SUR LA GÉOMÉTRIE IMAGINAIRE LUE A L'ACADÉMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON Dans les séances du 20 mai et du 7 août 1888 M. F. BONNEL Professeur de Mathématiques au Lycée. Quelques géomètres se sont autorisés de ce que le postu- latum d’Euclide, dans la théorie des parallèles, n’a jamais été démontré, pour le regarder comme incertain et pour le rem- placer par un principe tout différent, auquel ils accordent les mêmes droits d'entrée au syllogisme et qui leur sert de point de départ pour développer une géométrie nouvelle soi-disant plus générale que celle d’Euclide : cette géométrie nouvelle et non euclidienne, est ce qu’on nomme la géométrie imagi- naire. Elle repose exclusivement sur une hypothèse relative à la somme des angles d’un triangle et sur une définition des parallèles, qui ne sont pas moins spécieuses l’une que l’autre. Examinons d’abord cette définition et cette hypothèse au point de vue du fini et de l’indéfini, 202 LA GÉOMÉTRIE IMAGINAIRE, DÉFINITION. — Si l’on mène par un point d’un plan une perpendiculaire à une droite donnée dans ce plan et diverses obliques qui coupent la droite donnée de plus en plus loin de la perpendiculaire, on finit par en trouver une qui ne coupe pas la droite donnée, et qui jouit de cette propriété que, si peu qu’on la ramène vers la perpendiculaire, elle devient sécante à la droite donnée, tandis que, si peu qu’on l’éloigne de la perpendiculaire, elle continue à rester non sécante à la droite donnée : cette oblique est dite parallèle à la droite donnée. D’après Euclide, cette parallèle fait avec la perpendiculaire abaissée du point sur la droite un angle droit, quelle que soit la distance du point à la droite, et elle est seule à jouir de cette propriété de ne pas rencontrer la droite donnée; de telle sorte que, si peu qu’on l’incline vers la perpendiculaire d’un côté ou de l’autre, elle devient sécante à la droite donnée par elle-même ou par son prolongement. D'après les géomètres non euclidiens, cette parallèle à la droite donnée fait avec la perpendiculaire abaïssée du point sur la droite un angle aigu, qu’ils nomment l'angle de paral- lélisme et dont la valeur dépend de la distance du point à la droite, et toutes les obliques qui font avec la perpendiculaire un angle un peu plus grand que l’angle de parallélisme, mais toujours moindre qu’un droit, jusque et y compris un droit, ne coupent pas davantage la droite donnée, n1 par elles-mêmes ni par leurs prolongements; de telle sorte que, étant donné un angle aigu quelconque «, il y a toujours sur l’un de ses côtés, à une distance p, un point tel que la perpendiculaire élevée en ce point sur ce côté rencontre l’autre côté de l’angle et tel que les perpendiculaires élevées sur le même côté en des points plus éloignés du sommet ne rencontrent pas l’autre côté de l’angle. Si « devient nul, p tend vers l'infini; si « devient droit, p tend vers zéro. LA GÉOMÉTRIE IMAGINAIRE. 203 C’est là la définition fondamentale qui sert de base à la géométrie imaginaire, telle à peu près qu’on la trouve formu- lée dans l'ouvrage publié, en 1829, sous ce titre « Études géométriques sur la théorie des parallèles » par Lobatschewsky, conseiller d'État et professeur à l'Université de Kasan, et aussi dans un autre, daté de 1832 et intitulé « La science absolue de l’espace » indépendante de la vérité ou de la fausseté du postulatum d’Euclide (qu’on ne pourra jamais établir à priori), par Jean Bolyai, capitaine au corps du génie de l’armée autrichienne. Ces deux ouvrages ont été traduits et publiés en français par J. Houël, professeur à la Faculté des sciences de Bordeaux, en 1866, et commentés depuis cette époque par plusieurs géomètres ou philosophes. Admettons, avec les géomètres non euclidiens, une quin- zaine de propositions qui précèdent la théorie des parallèles, et admettons aussi, avec eux et avec tous les auteurs de traités classiques, qu’un angle (qui n’est pas nul) est la figure que forment entre elles sur un plan deux droites qui se rencon- trent ou qui, prolongées suffisamment, peuvent se rencontrer; d’où il suit que deux droites d’un plan se rencontrent ou, prolongées suffisamment, peuvent se rencontrer, si elles for- ment entre elles un angle (qui n’est pas nul). La première qualité particulière et essentielle que doit posséder une définition géométrique, c’est que la figure défi- nie soit une figure possible. Or, est-il possible de trouver sur un côté d'un angle aigu quel qu’il soit, à une certaine distance du sommet, un point tel que la perpendiculaire élevée en ce point sur ce côté rencontre l’autre côté de l’angle, et tel que les perpendiculaires élevées sur le même côté en des points plus éloignés du sommet ne rencontrent pas l’autre côté de l'angle ? Soit À un angle quelconque, et K un point tel que la perpendiculaire élevée en K rencontre le second côté de l'angle en L, et tel que les perpendiculaires plus éloignées du som- 294 LA GÉOMÉTRIE IMAGINAIRE. met À ne rencontrent pas le second côté de cet angle. Quelle que soit la somme des trois angles du triangle AKL, si l’on ee imagine la droite AL prolongée au pT delà du point L d’une longueur | arbitraire LL’, ce qui est toujours possible, et si l’on abaisse du point L' sur AK la perpendiculaire L’K, cette perpendiculaire tombera sur A KKS AK en un point plus éloigné du sommet que le point K. En effet, elle ne peut pas tomber en K, sans quoi il y aurait deux perpendiculaires élevées par le même point K sur la même droite AK ; elle ne peut pas tomber non plus entre A et K, car, s’il en était ainsi, elle devrait rencontrer la droite KL en un point, et, du point de rencontre, il faudrait qu’on pût abaisser deux perpendiculaires sur la même droite AK ; donc elle tombera en un point K’ plus éloigné du sommet que le point K, et la perpendiculaire élevée au point K’ ren-- contrera AL. Donc, il est impossible de trouver sur un côté d’un angle aigu quel qu’il soit, à une certaine distance du sommet, un point tel que la perpendiculaire élevée en ce point sur un côté rencontre l’autre côté de l’angle, et tel que les perpendiculaires élevées sur le même côté en des points plus éloignés du sommet ne rencontrent pas l’autre côté de l'angle. On en déduit que la définition non euclidienne des paral- lèles est en défaut, puisqu'elle vise une figure qui n’existe pas dans le fini, ni dans l’indéfini. HYPOTHÈSE. — Il y a deux théorèmes qui sont admis comme incontestables par tous les géomètres, euclidiens ou non, sur la somme des angles d’un triangle; ce sont les suivants : 1° Dans aucnn triangle, la somme des trois angles ne peut surpasser deux droits. 2° S1 la somme des angles est égale à deux droits dans un seul triangle, elle l'est dans tous. PS LA F4 LA GÉOMÉTRIE IMAGINAIRE. 205 La seule hypothèse que les géomètres non euclidiens puis- sent associer à leur définition est donc que la somme des trois angles de tout triangle soit inférieure à deux droits. Mais, quelle que soit l'hypothèse choisie, il ressort de la démons- tration qui précède que toute perpendiculaire élevée sur un côté d'un angle aigu doit rencontrer l’autre côté de cet angle. Cette hypothèse est-elle plus acceptable que la définition ? Premièrement, il est aisé de s'assurer que, si la somme des trois angles est inférieure à deux droits dans tout trian- gle, elle doit diminuer à mesure que la surface du triangle augmente. Considérons en effet un triangle ACD, composé sn) de deux autres triangles, ABC et BCD, p et supposons que la somme des angles égale 24 — < dans le premier, et 24—2 dans le second; dans le triangle total A C ACD, la somme des angles est évidem- ment formée par celle des angles du triangle ABC, plus celle des angles du triangle BCD, moins les deux angles en B qui valent deux droits, ce qui donne pour cette somme : 2d—e + 2d— 5 — 24, ou, en réduisant : 24— (2 Le; donc, si la somme des angles est inférieure à deux droits dans tout triangle, elle doit diminuer à mesure que la surface du triangle augmente. Remarquons que si le triangle BCD est égal à ABC, on aura e — € ; par suite, la somme des angles est égale à 24—&, dans chaque triangle partiel, et à 24— 2:, dans le triangle total. Secondement, si dans un triangle la somme des angles est inférieure à deux droits d’une quantité finie, quelque petite qu'elle soit, cette somme doit diminuer indéfiniment, à mesure que la surface du triangle augmente indéfiniment. Considérons un triangle quelconque ABC, dans lequel 2096 LA GÉOMÉTRIE IMAGINAIRE. l’angle À est le plus petit angle aigu, et soit BH la hauteur correspondante au plus grand côté AC. Si la somme des an- gles est plus petite que deux droits dans tous les triangles, elle le sera dans le triangle ABH ; représentons cette somme par j 24—:, e étant une quantité positive, finie, aussi petite qu’on voudra. Prenons HD B240 égal à AH, et menons BD; DR in le triangle BHD ainsi cons- p truit est égal à ABH, et, par | suite, la somme de ses an- FRE à K gles est aussi égale à 24—&. Il en résulte que, dans le triangle total ABD, cette somme égalera 24—2 e. Élevons au point D la perpendiculaire DE, qui rencontre AB prolongé, puis prenons DF égal à AD, et menons EF; le triangle EDF ainsi construit est égal à AED), et, par suite, la somme de ses angles est la même que dans AED; mais, dans le triangle AED, cette somme est plus petite que dans ABD, d’après ce qui précède, c’est-à-dire plus petite que 24— 23; donc, dans le triangle EDF, elle est aussi plus petite que 24— 22. Il en résulte que, dans le triangle total AEF, cette somme sera moindre que 24— 42. En continuant de la sorte, on trouvera que, dans le triangle AGK, la somme des angles est moindre que 24 — 8e, et, en général, que, dans le #° triangle ainsi construit, elle est moin- dre que 24 — 2e. Or, si petit que soit s, on peut toujours pousser le nombre # des opérations assez loin pour que 24 — 2"< soit aussi petit qu'on le voudra. Donc, si dans un triangle la somme des angles est inférieure à deux droits d’une quantité finie, quelque petite qu'elle soit, cette somme doit diminuer indéfiniment à mesure que la surface du triangle augmente indéfiniment. LA GÉOMÉTRIE IMAGINAIRE. 297 x On conclut de là que, si l’on applique à un triangle quel: conque la construction et le raisonnement précédents, on devra obtenir, après un nombre limité d'opérations toutes possibles, un triangle isocèle dans lequel les deux angles à la base seront égaux l’un et l’autre à l'angle aigu du triangle considéré au départ, et dans lequel la somme des trois angles aura diminué indéfiniment, ce qui est absurde. Donc, dans aucun triangle, la somme des trois angles ne peut être infé- rieure à deux droits d'une quantité finie, quelque petite qu’elle soit. L'hypothèse de la géométrie imaginaire n’est pas plus acceptable que la définition; car, d’une part, la définition ne correspond à aucune figure possible, et, d’autre part, l’hypo- thèse qui lui est nécessaire nous conduit directement à une absurdité. Il semble qu’on n’ait pas étudié d’assez près la démonstra- tion donnée par Lobatschewsky de son théorème 23 dans ses Études géométriques. Cette démonstration, qui a pour but de justifier la définition qu’il vient de poser, renferme au fond une énorme faute de logique. L'auteur considère effective- ment, ainsi que nous l'avons fait, un angle aigu À et une série de triangles isocèles, analogues à ceux qui nous ont servi, dans lesquels la somme des angles va en diminuant autant qu’on le veut; mais, au lieu de s'arrêter comme nous à la première absurdité qu'il rencontre et d’en conclure que l'hypothèse qui en est la cause est elle-même absurde, il passe outre, et il va jusqu’au point où la somme des angles devien- drait négative, circonstance dans laquelle il est manifeste, dit-il, qu’on ne peut pas former de triangle. Même arrivé là, la seule conclusion qu’il soit permis de tirer est encore que l'hypothèse conduisant à une telle impossibilité est absurde. Cependant, il ne tire pas cette conclusion, qui supprimerait sa théorie, mais il conclut conformément à son désir qu’il y Sciences. 22 208 LA GÉOMÉTRIE IMAGINAIRE. a une perpendiculaire limite entre les perpendiculaires plus voisines du sommet À qui rencontrent AL et les perpendicu- laires plus éloignées qui ne rencontrent pas AL. Cette consé- quence inattendue n’a absolument aucun lien rationnel avec l'hypothèse qu'il a faite, elle ne résulte en aucune facon de la : démonstration qu’il a donnée ; elle constitue donc une énorme faute de logique, qui méritait d’être signalée. Les propositions que Lobatschewsky démontre en suite paraissent déduites rigoureusement de sa définition et de son hypothèse. Puisqu’elles ont intéressé, à ce titre, la curiosité des géomètres, 1l importe de savoir comment elles résultent de son faux principe, c’est-à-dire si elles en sont des consé- quences nécessaires ou si elles sont simplement possibles. Or, il ne paraît pas qu’on doive sans réserve les accepter comme nécessaires ; si l’on continue en effet à raisonner, dans le fini et dans l’indéfini, en se défendant de toute illusion, on trou- vera que la plupart de ces propositions conduisent à une con- clusion double, dont les deux termes sont contradictoires et pourtant inséparables au point de vue de la logique. Prenons comme exemple la proposition 32 des Études géométriques, qui est formulée ainsi : « Un cercle dont le rayon va en croissant se change en une courbe limite ». Cette proposition devra être remplacée, pour être rigoureusement vraie, par cette autre : « Dans l'hypothèse et la définition de la géométrie imagi- naire, un cercle tangent à une droite, et dont le rayon augmente indéfiniment, doit avoir pour limite la tangente au cercle et n'avoir pas pour limite la tangente au cercle. » Considérons un cercle quelconque de rayon OA et la tan- gente au point À; par un point B, pris sur la tangente, menons une droite BCC qui fasse avec AB un angle égal à l'angle de parrallélisme, correspondant à la distance AB, et qui rencontre le cercle considéré au point C, puis joignons LA GÉOMÉTRIE IMAGINAIRE. 299 le point € au point A et au centre O du cercle. Si l’on dési- gne, pour abréger, par a, 6, y, «, les angles de la figure, on trouve d’a- bord la relation : := 1 —$, puis- que le triangle OAC est isocèle et que, par suite, l’angle OAC est égal à OCA, c’est à dire à 6. Mais, & étant l’angle de parallélisme dans l'hypothèse non euclidienne, il faut qu'on ait «<< 14,et, par conséquent, € >> à — f. D'ailleurs, l'angle ACC qui est extérieur au triangle ABC est plus grand que la somme des deux angles intérieurs, A et B, du triangle; car, dans l'hypothèse non euclidienne, la somme des trois angles de ce triangle est plus petite que deux droits; on aura donc: By ae, d'où es