if HR, FFHHEUE N Ke MEMOIRES LACADÉÈMIE RO Ac E DES:SCLEIN CES: Depuis 1666. jufqu'à 1699. BHO MIE" TL TE SREASOENUDE : PART IE. PAR LA COMPAGNIE DES LIBRAIRES. MD'ECLXX XI II. “APE C PRIFILEGE DU ROT NTIES TS CEE FH ECS LES &DLALATL HR RES MEMOIRES POUR SERVIR M LHISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX, Dreflés par M. PERRAULT, de l’Académie Royale des Sciences, Medecin de la Faculté de Paris. 18. 19. 20. 21. 23. 24. 26. 27: SECONDE PARTIE La Demoifelle de Numidie. Le Coati-Mondi. La Vache de Barbarie. & 22. Le Porc-Epic, &le Heriflon. Les Singes. & 25. Le Cerf de Canada, & la Biche de Sar- daigne, La Peintade, L'Aigle. Contenant, es eme . L'Otarde. . L’Autruche, . Le Cafoar. . La Tortuë des Indes. . La Vipere. . Le Crocodile. . Le Tockaïe. Eclairciffemens de quelques doutes fur les Chameaux. Defcription d'unTigre de la grande efpece. as Lun k A ne 4 al os * Sat 2 CR DATE op _: . : + 2 re ere en mr dre %e "er . ee É ;* À [4 2 (é ‘ => É ; lo S1 & 7 è » . =. 17 ; 4 e k Ne = | 5 : x È es à f PRE \ 7 : + , : t 3 P> NS: En i ’ % | : Pis x à , . MEN ETS AIRE j d (OT SCA PET REIN PAR E Ee SORS EE ANET ES SKIN (II ui I _ Te partie PI: o.pag VAN À NN = A N N a { \ IK NN à di RR 2$ CD UD LCA PDP PDC CD CD CD * CSC * CPS UD CDD OO PDO CS CFO UD CNS DESCRIPTION ANATOMIQUE , DUNE VACHE DEBARBARTE. ’AN1IMAL que nous décrivons étoit à peu près de la grandeur d’une Vache. Son poilétoit roux, plus pale vers la poitrine que vers la racine, au contraire de ce que le poileft ordinairement. Il étoit un peu plus court qu'il n’eéft aux Vaches, & prefque de même groffeur vers la pointe que vers la racine: ce qui eft encore con- tre l'ordinaire du poil des animaux, qui Le plus fouvent eft plus gros vers la racine que vers l’autre extrémité. Nous avons néanmoins ci-devant remarqué uneirrégu- larité oppofée à celle-ci dans le poil d’un Elant, qui étoic beaucoup plus menu vers la racine que vers fon milieu. L’habitude du corps, les jambes, & l’encolure le fai- foient mieux reffembler à un Cerfqu'àune Vache, dont il n’avoit que les cornes, lefquelles étoient encore diffe. rentes de celles des Vaches en beaucoup de chofes. Elles prenoient leur naiffance fort proche lune delautre, parce que la tête étoirextraordinairement étroite en cet endroit- À , tout au contraire des Vaches, qui ont le front fort jarge, fuivant la remarque d’Homerc. Elles étoient lon- 1 gues d’un picd , fort groffes, recourbées en arriere, noi- res , torfes commeune vis, & ufées-en devant & en def- Rec, de lAc, Tome III, I, Partie, L.2. dela Chafle. L.3.c.$. de. Bi/nlers. L.1. c. $0. de [25 Obferv. 5.23. Polyhiff. L. 8. c. 15. Hift. natur. L. 2. dela Chañe, Ibid. 26 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE fus, en forte que les côtes élevées qui formoient la’ vis. étoient là entierement effacées. La queuë n’étoit lon- gue que de treize pouces , en comprenant un bouquet de crins longs de trois pouces qu’elleavoit à fon extrémité, Les oreilles étoient femblables à ceux de la Gazelle, étant garnies en dedans d’un poil blanc en quelques en- droits, lerefte étant pele, & découvrant un cuir parfai- tement noir & licé. Les yeux étoient fi hauts & fi pro- ches des cornes, que la tête paroïfloit n'avoir prefque point de front. Les mammelons du pis étoienttrès-menus, très courts , & feulement au nombre de deux:ce qui les rendoit fort dif- ferens de ceux de nos Vaches. Les épaules étoient fore éle- vées , faifant chtre l'extrémité du col & le commence ment.du dosune boffe, qu'Oppien a remarqué dans les TFaureaux de Phrigie. Il y avoit une callofité au bas du fternon , à peu près comme au Chameau. ous avons trouvé que toutes les particularités qui fe remarquent dans cet animal fe voyent dans le Bwbale qu'Aldrovande décrit, & dont la figureluiaétéenvoyée parHoraceFontana.Il n’y a que la callofité du fternon dont Aldrovande ni Fontana ne parlent point. Il y a apparence que cet animal doit être plürôt pris pour le Bubale des Anciens que le petit Bœuf d'Afrique que Belon décrit :. car Solin compare le Bubale au Cerf; Oppien lui attri- buë des cornes recourbées en arriere, & Pline dit qu'il tient du Veau & du Cerf. Or il ne fe trouve aucune de ces marques dans l'animal que Belon décric, & elles font toutes dans celui dons nous parlons, ainfi qu’on le peut aifément connoître, f l'on fait reflexion fur tou- ces les particularités qui viennent d’être remarquées. Mais il ne faut pas s'éronner que Belon ait attribué: au petit Bœuf d'Afrique le nom de Bubale, puifque Pline témoigne que même de fon tems ce nom étoit donné à des animaux qui ne reflembloient point au’ Bubale.. « POS US OS D'UNE VACHE DE BARBARIE. 27 Pour ce qui regarde les parties du dedans, l'épiploon enfermoit & couvroit les ventricules. IL étoit compofé d’une membrane fort mince, dont les vaifleaux étoienc enfermés dans une graifle épaiflé. Les ventricules étoient au nombre de quatre. La tuni- que interieure du premier , qui étoit le plus grand étoit inégale, ayant une infinité de petites éminences en for- me de mammelons, comme à la plüpart des autres ani- maux qui ruminent : mais cette membrane étoit aifément féparable de la tunique nerveufe, de même qu’à la Ga- zelle. Sur la membrane interne du fecond ventricule, étoient empreintes comme les mailles de refeau formées comme aux Moutons, par les éminénces reticulaires de la tunique nerveufe qui étoit au deflus. Ces mailles fort differentes de la mem- brane &, qui eff tranfparente. Les vaiffleaux fpermatiques préparans La langue du Porc-Epic. . DESCRIP TION # Q MDN) 77, OT 17) Tr 74 . MD / W W) y 7/1 0, y f, 0, 77 0, ] y, #4 W IT ‘parte. PA, 42. pag. 32, SO , 2 £ fqure. } w) r\0 AE vu h , 33 LADA DOS 5 D CS D CDN) CD ON Lo 0 CS Vo CD D ND CD AD CD CD CDD FT DESCRIPTION ANATOMIQUE DE HUIT PORC-EPICS, ET DE QUATRE HERISSONS À E Porc-Epic & le Herïffon, felon les Anciens, font des Animaux d’un même genre, à caufe des piquans ou éguillons dont l’un & l’autre font couverts. Le nom du.genre eft Echinos, Echinus. Le Porc-Epic eft appellé Hyffrix parles Grecs & par les Latins. Le Heriffon eft appellé en Grec fimplement Æchiros , *unom du genre, & Erinaceus en Latin. Quelques - uns croyent que le Bayos tyives 22H07 Echinus d'Oppien eft le Heriflon , comme fi toute la diftinétion de ces deux efpeces ne confiitoir qu'en la difference de la grandeur. Mais outre que les - Animaux de ces deux efpeces naïflent en differenspays, ils font encore differens par leurs éguillons, & par la #- gure du refte de leur corps : car le Porc - Epic naïft en Afrique, le Heriflon eft commun dans l’Europe ; les Éguillons de nos Heriffons étoient auffi beaucoup plus courts à proportion de ieur corps, que ceux des Porcs- Epics; la forme de ces éguillons étoit encore fort diffe. rente, ainfi que la figure de leurs pieds, de leur mu feau,8& de leurs oreilles.Si l’on en croit Albert,il y a encore cette difference, que le Hcriffonfe tient caché pendant Fhyver, & le Porc-Epic pendant l'été ; ce qui vient peut- être de la diverfité des climats. Rec. de l’Ac. Tom, III, II, Partie. E L: 22.117448, 2.0. 1. de Anmal, 34 DESCRIPTION ANATOMIQUE Le plus grand des Porc-Epics dont nous faifons la def cription, avoit deux pieds & demi delong depuis le mu- feau jufqu'au ceccyx : la plüpart des autres mavoient qu'un pied & demi. Ils avotent tous, les pieds forccourts, ceux de devant au plus grand n’ayant que quatre pouces depuis le ventre jufqu’à terre, & ceux de derriere que fix : le col avoit cinq pouces de longueur , & la tête autant, Il femble que les piquants ont donné le nom à cet animal. Les Italiens, les Efpagnols & les An- glois lui donnant un nom qui fignifis dans notre lan- gue Porte-Epines , & les François l’appellant Porc- Epic, peut-être à caufe de la reflemblance que les piquants de cet animal ont avec les barbes de l’épic de blé. Ces piquants couvroient le dos & les flancs. Le refte du corps étoit couvert d’autres piquants beaucoup plus déliés , plus courts , plus flexibles, & moins pointus, prefque femblables à ceux du Heriflon. Le tout étoit entre-mêlé de poils gris-brun , fins com» me des cheveux, & qui naïfloient à l’entrée des gaines, où ces piquans font enchaflés. Il y avoit fur le derriere de la têce & fur le col, comme un panache formé de quantité de piquans fort déliés, flexibles, affés fembla= bles aux foyes du Sanglier , & de longueur inégale, quelques-uns ayant jufqu’à un pied de longueur, dont la moitié vers la racine étoit blanche dans quelques uns, & le refte étoit gris; & dans d’autres tout au contraire. Les poils des mouftaches étoient fort gros vers leur ra- cine, & très-déliés par la pointe. Ils étoient noirs & lui- fans, & les plus longs avoient environ fix pouces de lon- gucur. Les picquans qui garnifloient le dos & les flancs étoient entre-méêlés de quelques brins d’un autre poil plus fin & plus long que celui du refte du corps. Ces: picquants étoient de deux efpeces; les uns étoient gros, dl , A * SRE ARRET en pue je ee pe HUIT Porc-Epres , ET DE QUATRE HERISSONS, 3$ courts, forts & pointus; les autres étoient plus menus, plus longs, & plus flexibles. Les gros éroient de lon- gueur diffcrente, depuis fix jufqu'à douze pouces, ayant par le milieu trois à quatre lignes de diamette : ils. devenoient- infenfiblement menus vers leur racine, qui n'avoit pas le quart de la grofleur que le picquant avoit par le milieu : la pointe de lautre. extrémité étoit fort aiguë par le bout, & tranchante par les deux côtés. Hs étoient blancs vers la racine, & de couleur châtain brun par la pointe, & le refte éroit varié de noir & de blanc Fun après l’autre par intervalles, cha: cun de la longueur d’un , & quelquefois de deux doigts: quelques-uns de ces picquans étoient tous blancs. Les - autres picquans qui font flexibles avoient jufqu'à quinze pouces de long, & une ligne & demie de diametre; 14 plûpart étoient aplatis vers la pointe, qui étroit pewai- guë : à quelques-uns elle étoit ronde &c très-pointué , mais foible & peu picquante, Ils étoient blancs vers la racine, & au refte variés de blanc & de:brun parinter- valles comme les autres.‘ Tous ces poils & tous ces pic- quans étoient durs & luifansien leur furface : le dedans étoit d’une fubftance fpongieufe:& blanche, pareille à celle qui eftau dedansde la tige des grandesplumes des Oifeaux.. - Il y avoit encore une autre efpece de picquans dont l'extrémité fembloit avoir été coupée, lerefte étant: creux comme un tuyau de plume ; mais ce qui compofoic : ce tuyau étoit beaucoupplusmince que n’eft le tuyau d'aucune plume. Ces tuyaux avoient deux-lignes & de- -mié de diametre , & trois pouces de long : 1ls étoient blancs & tranfparens comme des plumes à écrire, &" 5 Aug LE rètÉe rayés de petitescannelures felon leur longueur. Ilséroïeritr pofés fur l’extrémité du coccyx, un pew relevés en en- hart.'Leur racine étoit très-menué, n'ayant pas plus que Fe EIRE q la crofleur d'une épingle, elle étoit enfoncée dans la Sabr PER ed TE à d : peau de là longueur de trois lignes, '& ice 'qui fortoit | Ei) 36 DESCRIPTION ANATOMIQUE hors de la peau n’avoit que cette même groffeur, & s'é- largifloit tout à coup pour produire le tuyau: cette par tic qui vers la racine étoit ainfi menué avoit la longueur d’un pouce. Les pieds de devant avoient cinq doigts, dont il y en avoit un fort petit, qui ne paroifloit être qu'un ergot, quoiqu'il füc fur crois phalanges comme les autres, mais recouvertes de la peau, enforte qu'il ny avoit que Pongle qui parüct au dehors. Les piedsde derriere avoient aufli cinq doigts, mais ils étoient moins inégaux : le plus gros des cinq étoit en dehors, & néanmoins il y avoit en dedans un ortcil qui n’avoit que deux phalanges com- me à lordinaire. Toute la jambe & le pied, de même que le ventre, étoit garni entre les picquans de ce même poil, dont il a été parlé , & il n’y avoit que la plante du pied qui en füt dégarnie. Ces pieds n'étoient point four- chus, comme Scaliger contre Cardan a dit qu'ils fone, aufli s’en eft-il en quelque façon dedit dans fon Com- mentaire: fur Ariftote , où il dit que le Porc-Epic n’a: rien du Pourceau que le grognement. Nous avons auf trouvé que le mufcau de nos Porc-Epics n’étoit point: fair comme le-grouïin d’un pourceau, ainfi qu’il eftdécrie par Claudian. Ce mufeau reflembloit à celui d’un Liévre, fa lévre fu- perieure étant fendué : celle d’embas étoit percée & fai- foit comme un:étuy dans lequel étoient enfermées les deux dents incifives de laimachoire inferieure, Ces dents de même que celles de la machoire fuperieure:, refflem- bloient à celles du Caftor, étant fort longues, & ficuées de maniere que la partie tranchante de celles d’embas ne rencontre point la partie tranchante de celles d’en- haut, en maniere de tenaille; mais ces parties paflent Pune:fur Fautre en maniere de cifeaux : la racine deces: dents-en la machoire infericure étroit fix fois plus lon- gue que la dent ; elle alloit jufqu’à l'angle de la machoire. 4 DE HUIT Porc-Epics, BT DE QUATRE Herissons. 37 f Les dents molaires n’étoient qu’au nombre de fix à cha- que machoire en quatre de nos fujets ; les autres en avoient huit, peut-être parçe qu'ils étoient moins jeu- nes. Elles étoient courtes , & ne fortoient au plus que d’une ligne & demie hors de l'os de la machoire. Elles étoient comme coupées par deflus fort également. Il pa- roifloit par leur coupe qu’elles n’étoient pas entierement folides, mais que l’os étoit comme replié ou feuilleté, y ayant entre les replis de la fubftance offeufe une au- tre fubftance noirâtre & fpongieufe. Ces replis n’étoient | pas feulement en la furface où ils paroiffoient, maisils É étoient dans toute la dent , ainfique l’on a reconnu après: À Pavoir rompuë, La langue étoit garnie pardeflus en fon extrémité de plufieurs petits corps durs en forme de dents: Les plus grands étoient larges d’une ligne & demie : leur extré- l mité étoit tranchante & divifée par trois ou quatre rayes ou coupures, qui faifoient comme quatre petites dents incifives. Les oreilles étoient legerement couvertes d’un poil - fort délicat : elles étoienc femblables à celles de l'Hom=. me, En l’un de nos fujets elles s’en font trouvées differen- tes par la partie d’enhaut, qui étoit pointuë comme on la peint aux oreilles des Satyres. hi Ées yeux étoient petits. comme aw Pourceau, ils n’a- Ë _ voient que quatre lignes d’un coin à l’autre. La fituation- ï des coins de cet œil étoit fortextraordinaire en l’un de nos fujets , où le grand'coin étroit de beaucoup plus haut que le petit. | Au droit des os pubis proche de l’zsws , il y avoit une boffe de la groffeur d’un œuf fans poil & fans piquans.. Aumilieude cette boffe & proche de l'anus, il y avoit une petite ouverture moindre que celle de l'as. Albert 1. 48 dit que le Heriflon , qu'apparament il confond avec le 2.6. r. de Porc-Epic, a deux 4yws , peut-être à caufe de cette feconde 47: Eiij. 38 DESCRIPTION ANATOMIQUE ouverture, qui eftaffettée aux parties de la generation, lefquelles ne paroiflent pas beaucoup differentes en de- hors dans les differens fexes , à peu près comme à la Ci- vette & au Caftor , parce que la verge du mâle eft cachée dans la poche, dont an la fait forcir par l’euverture voi- fine de l'axss , lor{que l’on prefle fur la poche. Pour ce qui eft de l’orifice externe de la matrice ,on: pouvoit en dilatant cette petite ouverture en remarquer la ftructure; il étoic aflés femblableà celui de la Femme, ayant deux nymphes entre lefquelles l'ouverture de l’u- rethse éroit placée. La peau étant levée, on a trouvé qu’au droit du dos & des flancs, où fonc les grands piquans ,elle étoit fort inégale pardeffous , ayant quantité de petites éminen- ces comme des zetines rondes , larges de deux lignes, arrangées les unes auprès des autres, & formant des demi cercles compofés de huit ou dix tetines. Ces demi cercles étoient aufli rangés enfuite les uns des autres alternativement comme des écailles. Les tetines étoient attachées ge des fibres à un grand mufcle couche fous la peau, & par le moyen de ces fibres elles éroient tirées vers l'épine du dos , & vers la queuëé. Chacune de ces tetines répondoit à autant de trous qui paroifloient en la furface exterieure de la peau, & qui étoient l'entrée d'autant de conduits creux de cinq à fix lignes, danslef- quels, comme dans des étuis lés piquans étoientfichés; de manicre qu'étant enfoncés de cette profondeur de fix lignes , leur extrémité feule qui fait leur racine, étoit attachée de la valeur d’une ligne & demie au fond du conduit; le refte du conduit ayant plus de largeur quele piquanc n’avoic de groffeur. Cette ftruéture elt apparament pour faire lever & he- _riffer les piquans ; car le bout du piquant eft ainfi atta- ché feulement par fa derniere extrémité, afin que le refte ait la liberté de couler dans le conduit; parce que DE HUIT PORC-Epics, ÊT DE QUATRE HER15SONS. 39 lorfque le piquant eft couché, il ÿ a une plus grande portion du piquant dans le conduit, que quand il eft dreflé, & par cette raifon cette portion du piquant ne devoit pas être adherante à tout le conduit : car coim- me le piquant a dû être beaucoup enfoncé dans la peau 3 pour faire que long comme il eft il pût être aifement levé ; 1left certain que fi toute la partie qui eft dans la peau y avoit été adherante , il auroit falu qu'en s’éle- vant la peau eût été pouffée en enhaut par le haut de la partie adherante, & qu’en même-tems il füt enfoncé par le bas de la même partie adherante : car il eft aifé de concevoir que pour faire lever le piquant il faut qu'il foit tiré par l'extrémité quiet fa racine, & qui eft adhe- rante à la tetine, parce que cetce extrémité eft comme le petit bras du levier , qui a fon appui à l’entrée du con- duit; & cette entrée qui eft à la furface exterieure de la peau demeure immobile & arrête la partie du piquant qui eft au droit de cette furface exterieure de la peau, Jorfque fon extrémité eft tirée; & par cette ation tout le refte du piquant cft levé. ' Ces mouvemens font produits par un mufcle cutané étendu generalement fur tout le corps : ileft attaché par derriere à la tête, à l'épine de l'omoplate & au coc- €yx : iltient par devant à la ligne blanche : il produit des aponevrofes qui embraffent les pieds de devant de même que nous avons décrit. Ce mufcle cft beaucoup plus charnu fur le dos & vers los /acrum qu'aux autres endroits : il eft garni d’une grande quantité de vaifleaux fanguins , & de plufeurs filets de nerfs, defquels ilyen a qui viennent de ceux qui fe diftribuent au bas ventre, & 1l y en a auf qui viennent desnerfs qui fe diftribuenc aux mufcles des vertebres. Le cartilage xiphoïde étoit extraordinairement large. L'épiploon, qui defcendoiten la partie gauche jufques dans l’ainc,étoit fermement attaché en cet endroit au peri-. 40 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE toine, & ne flottoit pas librement fur les inteftins à l’oc- dinaire. En l’un des fujets il étoit encore adherant à la veflie. L'œfophage s’étendoit plus de cinq lignes au-delà du diaphragme, avant que d’entrer dans le ventricule. Le ventricule étoit prefque rond, quoiqu'il fütretreci en deux endroits differens, ce qui ‘faifoit comme trois poches.de differente grandeur. Celle du milieu, quiétoic la plus grande, defcendoit plus bas que les autres : en l’un des fujets cette poché du milieu éroit la plus perite. L'orifice fupericur du ventricule étoit fort étroit:en la plüpart des fujets il étoit au milieu & vis-à-vis la grande poche. Dans l’un des fujes cer orifice étoit à l’ ordinaire, plus vers le côté gauche + à tous la tunique charnuë éroit fort épaifle, & les glandes de la tunique interieure étoient fort groffes. Le duodenum étroit tellement dilaté , qu’il avoit au dehors la figure d’une caillette. Cet inteftin fe retrecifloir pour faire le Jejunum qui étoit fort étroit, & l’ileon l’étoit encore davantage. Ces trois inceftins avoient enfemble douze pieds de long, & les plus gros n'avoient pas plus d’une ligne & demie de diametre, On a remarqué dans leur tunique intericure douze amas de glandes : leurs circonvolutions étoient affés femblables à celles des inteftins de l'Homme. Le cecum étoit fort grand:il avoit fept pouces de long dans la plüpart des fujets : : dans quelques-uns il avoit jufqu'à un pied; fa largeur étoit d'environ deux pouces à fon commence- ment, & il fe terminoit en pointe, & avoit la figure d’ une fauciHe. Il avoittois ligamens felon fa longueur, qui l’accourcifloient, & formoient des cellules comme au colon de l'Homme. Le Colon avoit cinq pieds de long , & environ un pouce & demi delargeur à fa naif= fance dans la pläpart des fujets. Il formoit dès fon com- mencement un repli d'environ quinze pouces de long placé dans le côté droit du ventre ; les deux portions qui formoient DE HUIT Porc-Epics, ET DE QUATRE HERISSONS. 41 formoient ce repli étoient attachées l’une à l’autre dans toute leurlongueur par le mefentere, Cerinteftin à cet en- droit avoirdescellulesqui occupoient un pewplus d’un tiers de fa circonference.Mais après avoir formé ce repli il paf- foit fous le fond du ventricule, & defcendoit par le côte gauche du ventre jufqu’à l'os /acrum. Dans toute cette route il n’avoit point de cellules, & tout l'inteftin pa- roifloit fans ligamens. Ayant foufflé dans le colon, & Jayant dilaté, le vent n’a pû pañler dans l’ileon à caufe d’une valvale qui s’y rencontre, femblable à celle du co- lon de l'Homme. l'extrémité du reéfum étroit garnie de treize amas de petites glandes conglomerées , chacun def- quels s’ouvroit dans l'azws par un tuyau particulier, d’où fortoit une humeur épaifle & jaunâtre. Le foye avoit feptlobes, fçavoir deux grands de cha- que côté de la filure, & trois petits au deffous, dont Fun étoit au milieu de la fifure, attaché par une mem- brane à la veine-cave. Les deux grands lobes du: côté gauche étoient attachés enfemble en leur extrémité par une membrane affés forte. La vefcule du fiel étoic petite, applatie , & vuide en l'un de nos fujets ; aux autres elle étoit remplie d’une bile verte : fon col étoit fort court, n'ayant pas plus d'une ligne & demie ; il sunifloit d’abord aux canaux hepariques pour former le canal commun, qui étoitlong d'un pouce, & qui s’ouvroit dans le pylore, l'extré- mité de ce canal étant trouéc vers la cavité du ven- tricule. Le pancreas étoit partagé en deux ; la portion qui paffe fous le fond'duventricule avoit onze pouces; celle qui va fous le dyodenum en avoit cinq. Tous les conduits de ce vifcere éroient remplis d’une humeur épaifle & blanche : le canal pancrearique fortoir de la partie infe- rieure du pancreas, & avoit deux pouces de longueur depuis fa fortie du pancreas jufqu'à fon infertion , qui F Rec. de l'Ac, Tom. III. HI. Partie. 42 DESCRIPTION ÂNATOMIQUE vers le commencement du jejuz#m ,à dix-huit pouces de diftance du pylore. | La ratte étoit differente dans nos fujets. IL y en avoit un dans lequel elle étoit couchée fur la partie droite & anterieure du fond du ventricule, auquelelle étoit atta- chée par l’épiploon : les mêmes arteres qui donnoient des rameaux au ventricule & à l'épiploon en donnoient aufli à la ratte. Dans un autre fujet nous avons trouvé deux rattes. La plus grande, qui avoit cinq pouces de long fur dix lignes de large, avoit communication avec le côté gauche du ventricule, par fes rameaux à l’ordi- naire : elle étoit auffi fufpenduë à l'ordinaire par l’épi- ploon. L'autre ratte qui avoit trois pouces de long fur huit lignes de large , étoit collée au ventricule, fans ap- parence d’aucuns vaiffeaux de communication. Elle étoic * encore attachée à l’épiploon par le bout d’enhaut, & à Pinteftin ileon par le bout d’embas. Dans les autres fujers où la: ratte étroit unique à l'ordinaire, elle avoit fept pouces de long fur dix lignes de large. Elle évoit atta- chée immediatement par fa tête à la partie fupericure du ventricule, & par fa partie cave au côté gauche du ventricule parle moyen des rameaux fpleniques, qui jet- toient trois branches dans les tuniques du ventricule, & autant dans la ratte. Les rameaux qui alloient au ven- tricule avoient jufqu’à trois pouces de long : ceux de la ratte n’avoient qu’un pouce. Dans l’un des fujets laratte, outre les attaches des rameaux fpleniques, & des mem- branes par lefquelles elle tenoit au ventricule & à l'épi- ploon, avoit encore un ligament qui la tenoit fufpen- duë au diaphragme. Dans tous nos fujets la ratte étoit d’un rouge fort brun, principalement en fa partiecave qui regarde le ventricule, où elle étoit prefque noire. Les glandes renales qu'on appelle reins fuccenturiés étoient groffes comme le tiers desvrais reins. A l’un de nos fujets le rein droit étoit beaucoup plus haut que le | | DE HUIT Porc-Erics, ET DE QUATRE HeRISsoNs. 43 gauche : l'un & l’autreavoit deux pouces de long & un poucelaïge. Les urecheres étoient fort larges. Le pa- renchyme des reins fuccenturiés étoit fort different de celui des vrais reins , étant plus mollaffe; il écoit auffi compofé de deux differentes fubftances , fçavoir l’une rougeâtre , & l’autre blanchâtre : ces deux fubftances étoient mêlées enfemble, enforte que ce rein faifoit pa- roitre dans fa coupe comme des rayons qui alloient de la circonference au centre ,à peu près de la maniere que l'on voit dans le cervelet de l'Homme. A l’un de nos fu- jets il y avoit au centre de ce rein une cavité capable de contenir une moyenne féve. Les autres n’avoientaucune cavité. Les vaifleaux émulgens faifoient un angle aigu avec les troncs dela veine-cave & de l'aorte, ayant leur origine beaucoup plus haut que les reins, qui paroifloient tirés en embas. La veflie étoit fort grande & épaifle, étant compo- fée de deux tuniques qui enfermoient entre-elles une ‘ fubftance fponsieufe & charnué. Dans l'un des fujets, ainfi qu’il a été dit, elleétoitadherante par toute fa par- tie pofterieure à la partie inferieure de l’épiploon fur le- quel elle étoit couchée. La partie de devant, qui touche le peritoine , étoit moins charnué. En cet endroit elle étoit flottante, fans avoir d’attache avecle peritoine. Les refticules des mâles étoient placés dans l’aîne & en- fermés dans un fac formé par l’alongement du peritoine qui étoit en cet endroit plus épais qu'ailleurs. Ces tefti- cules étoient longs & étroits, ayant feulement quatre lignes de large fur un pouce & demi de long. Les vaif- faux préparans s’attachoient à la partie fupcrieure du tefticule, & fe diftribuoient à l’'épididyme, qui n’étoit at- taché au tefticule que par fes extrémités. Les veficules feminales étoient extraordinairement grandes : elles étoient longues de deux pouces & demi, - & feparéesen quatre branches de chaque côté : la premiere Fi 44 DESCRIPTION ANATOMIQUE & la troifiéme, qui étoient les plus grandes, étoientre= toupécs en forme de branches de corail; [a feconde & & la troifiéme étoient fimples & plus petites; les deux dernieres étoient compofées de petites veficules ramaflées les unes contre les autres, Chaque branche avoit fon in- fertion feparée dans l’urethre, dans laquelle lorfqu’elle étoit ouverte, on voyoit à chaque côté de la caruncule une grande ouvettute ou finuofité , au dedans de laquelle il yavoit cinq embouchures, une pour le vaifleau défé- rant, & quatre pour les veficules feminales. À chaque côté de la racine de la verge entre ies muf- cles, il y avoit une glande de la groffeur d’une noix par- femée de vaiffeaux , laquelle jettoit un tuyau long d’un pouce , gros comme une plume de Poule, qui fe gliffant fous le corps caverneux , s’ouvroit au dedans de l'u- rethre proche la racine de la verge. Ces glandes fourni£ foient une humeur huileufe; & quoiqu'elles ne foient revétués d’aucunes fibres charnuës , leur fituation eft telle, qu’elles peuvent être aifement comprimées par les muf- cles entre lefquels elles font placées. Dans les femelles le gland du clitoris étoit affermi par un petit cartilage , & tout le refte des parties qui le com- pofent étoient pareilles à celles du clitoris des Femmes. Les glandes du col de la matrice étoient fort grofles & avoient des tuyaux qui s’ouvroient aux côtés de l’orifice externe, au haut duquel il y avoit une ouverture re- marquable, qui étoit l'embouchure d’un canal divifé en plufieurs rameaux qui fediftribuoient dans le corps fpon- gieux de l’urethre. Le ligament qui attache les cornes de la matrice avec les aines paroifloit garni de fibres charnuës. Le centre nerveux du diaphragme étoit fi mince & fi tranfparent , que l’on voyoit les poumons au travers: ils avoient cinq lobes principaux , qui étoient chacun refen: dus en deux. Le tronc de l’artere vencufe & fes premiers RE Sd EE rire DRE D DE HUIT Porc-EpiCs, ET DE QUATRE HERISSONS. 45 rameaux étoient d'une longueur extraordinaire. Dans Fun des fujets ayant lié l'azygos , & introduit un chalu- meau au deflous de la figature, lorfque l’on a foufflé, a veine-cave s’eft enflée, commençant à s’enfler par li. liaque, àcaufe de la communication d’un rameau dela. Zygos , qui paflant au-delà du diaphragme, alloit faire anaftomofe avec un des rameaux de l’iliaque. Le cœur avoit deux pouces de long depuis la bafe jufqu’à la pointe , & quatorze lignes de large par fon mi- licu entre la pointe & la bafe, étant un peu plus large en cet endroit qu'àla bafe :il éroit mouffe par la pointe, & la chair du ventricule gauche étoit ferme & dure. Il avoit une éminence qui le faifoit paroître comme tourné en vis, ainfi qu'il a été remarqué dans l’Elanc, En l’un des fujets les deux oreilles du cœur étoient remplies de cette fubftance glaireufe, blanche, & fort folide, qu’on appelle polype. Chacune des deux foufclavieres s’ouvroit immediatement dans le ventricule droit. . Le cerveau n'avoir point de finuofités dans la furface externe. Il n’y avoit point d'os entre le grand & le perir cerveau. Les nerfs olfactifs étoient fort gros ; & les optiques très petits. | . À chaque côté de l’étuy, dans lequel, ainfi qu’il à étédit, les dents incifives dela machoire inferieure for: tent, 1ly avoit un.petit fac garni de petites glandes qui fournifloient une humeur blanche dont ce fac étoit remplr, Le globe de l’œil n’avoit que quatre lignes de diame: tre : il étoit prefquefpherique. La cornée s’élevoit comme un demi globe fur uñ autre globe formé par la fcleroti- que. Le cryftallin étoit aufi prefque fpherique en lun: des fujets, étant plus convexe par devant que par derriere. En ce même fujet le cryftallin avoit comme un noyau, fz partie interne étant dure à la maniere d’uncartilage, & Ron moins tranfparente que le refte, Cette pee ainfi F 11). ‘Matthiol. in cap.2. L.2. Diofcorid. Gefner.L.2. de quadrap. L. 2. de la ŒChañle, 46 DESCRIPTION ANATOMIQUE endurcie n’avoit pas la figure fpherique comme tout le cryftallin, mais elle étoit applatie & lenticulaire. Le nerf optique entroit par le milieu du globe de l'œil. Il étoit environné d’un mufcle qui tiroit fon origine dù fond de l'orbite, & alloit s’inferer à la partie pofterieure de la fclerotique, comme aux Veaux. L’uvée étoit d’un rouge-brun. La membrane qui lui eft appliquée au fond de l'œil, & que nous appellons le tapis, étoit blanchä- tre, & femée de plufieurs perits points rouges. Cette cou- leur blanchätre du tapis faifoit que le trou de l’uvée paroifloit moins brun que l'iris. La moële de l’épine du dos étoit fort groffe. Es Naturaliftes font les Heriffons de deux efpeces, dont la difference eft prife de la figure du mufeau, qui cftlong, pointu, & femblable au groüin d’un Pour- ceau dans les uns, & plus court, plus mouffe & fembla- ble au mufeau d’un Chien dans les autres, dont l’efpece eft appellée canine: l’autre efpece eft la plus commune ; c’eft la feule dont Gifus, Matchiole & Jonfton ont don- né la figure : Suidas appelle le Heriflon fimplemeut ckaySoxolesw , C'eft-à-dire , Pourceau épineux, ce que les Anglois expriment par le nom de + Hedge-hog en Anglois, c’eft-à-dire, Pourceau couvert d’épines, ou Pourceau de haye ; de même qu’en Hollandois il eft appellé y/ere Vercken, c'eft-à-dire, Pourceau ferré. Des quatre Heriffons que nous avons diffequés, il y en avoit deux de chacune de cesefpeces; mais nous les avons trouvés differenciés en autre chofe que dans la for. me du mufeau : car ils étoient encore differens par la cou- leur de tout leur corps, par la groffeur & par la figure de leur piquans, mais principalement par la grandeur de tout l'animal, qui eft la feule difference qu'Oppien met entre les deux efpeces de Heriflon dont il parle. La figure que nous avons donnnée eft celle du Herif- TR Rae —. =. DE HUIT Porc-Epics, ET DE QUATRE HERissoNs. 47 fon à mufeau de Chien, parce que c’eftle plusrare :nous en avons diffequé de cette efpece un mâle & une femelle. Ils n’avoient l’un & l'autre que fix pouces depuis le bout du mufeau jufqu’au commencement dela queué , qui n’a- voit pas un pouce: l'un & l’autre avoit la tête , I dos, & les flancs couverts de piquants. Le mufeau , la gorge, le ventre & les pieds étoient feulement parfemés d’un petit poil fort délié & fort clair femé. Hermolaus dit que le Heriffon a des aiguillons par tout Le corps, hormis au mufeau & aux pattes : mais nous avons trouvé que cela n'écoit vrai dans nos Sujets, que lors qu’étant ramañlés en rond, leur derriere & leur mufeau approches l’un con- tre l’autre couvrent entierement leur ventre. Tout l'Animal étoit d’une même couleur ; la peau, le poil & les piquants étant d’un gris-brun jaunâtre. Les! piquants écoient longs d’un pouce & demi, & fort dif- ferens de ceux du Porc-Epic : car ils étoient un peu ap- _ plats, & fort femblables aux piquants des coques des Chätaignes.… Les quatre pattes étoient compofées de cinq doigts, dont il y en avoir trois grands au milieu, & deux plus petits , un de chaque côté. Ils avoient des ongles longs, pointus, & creux par deflous. Il n’y avoit point de dents canines dans Ja machoire d'embas, mais feulement des molaires & des incifives. Ces dernieres n’étoient qu'a nombre de deux, qui étoienc un peu plus longues que les molaires. En haut il n’y avoit point d'incifives, mais feulement deux canines, qui laif- _foient un efpace vuide dans lequel les incifives d’embas fe logeoient : ces canines, qui étoient encore plus lon... gues que les incifives, avoient auffi chacune-une place pour fe loger dans la machoire d’embas ;entre les mo- laires & les incifives, qui laifloient un intervalle pour cela. | La femelle avoic huit mammelons > Quatre de chaque In cap.2.l.23 Diofcorid, 48 DESCRIPTION AÂANATOMIQUE côté, difpofés en deux rangs le long du ventre & dela poitrine , les deux plus hauts étant fitués fur le mufcle peétoral. La peau ayant été levée , l’on a trouvé un mufcle peaufher, qui de même qu'au Porc-Epic étoit étendu depuis les os innominés jufqu’au deffous de l'oreille & du mufcau » COTOyant l'épine du dos fans y être attaché. Ce qui fait connoirre. que ce mufcle ne fert pas au Heriflon pour,remuer {a peau comme au Porc-Epic, qui herifle fes piquans par certe action, mais pour faire approcher la tête du derriere, &. ramaffer tout Le corps comme cn une boule ; ce que le Heriflon a accoutumé de faire lorfqu'if ne fe peut fauver à la courfe : car étant en cet état, 1l eft environné de fes aiguillons de tous côtés, & Jes Chiens ne fçauroient le prendre fans fe picquer. Le foye avoit fept lobes, dont il y en avoit un fendu en deux. La vefcule étroit au milieu des deux lobes fu- perieurs, qui écoiencles plus grands. Sa forme.étoit ovale, Elle évoit longue de huit lignes, fort pleine, & de cou- leur bléué, Les veines latées étoient blanches & fort apparentes dans le mefentere; & le receptacle duchyleétoit grand, ample, & rempli. La racte étoit couchée fur le ventricule auquel elle étoir attachée par douze rameaux. Elle étoit longue & recoupée comme une crête de Coq. Le pancreas auquel elle étoit attachée , avoit la même forme: elle en étoit feulement differente en couleur, le pancreas étant blan- châtre, & la ratte étant d’un rouge noirâtre. Les inteftins éroient tous femblables en fubftance & en groffeur. Ils avoient tous enfemble quatre pieds de long. Il n’y avoit point de Ccur. Les reins avoient un pouce de long & huit lignes de large. Ils étoient de couleur d'olive, le droit étant fitué plus haut que le gauche. s La ” D PC rpm > ES >” DOS DE HUIT Porcs-EPiCs,ET DE QUATRE HERISSONS. 49 La veffie étoit longue d’un pouce & demi, & large d’un pouce. Au mâle les tefticules étoient renfermés dansle ventre; ce qu'Ariftore di être particulier au Heriflon, entre les animaux à quatre pieds qui engendrent un animal parfait & vivant. Ces telticules recevoient les vaiffeaux fpermatiques préparans divifés en plufeurs rameaux qui leur étoient inferés en trois endroits feparément depuis le bas jufqu'à plus de la moitié de leur longueur. L’épi- didyme étoit fort grand , il n’étoit pas feparé du cefti- cule comme au Porc-Epic ; mais il y étoit attaché par toute fa longueur. Les vaifleaux fpermatiques deferans fortoient par le haut de l’Epididyme comme à l’ordinaire. Le tefticule & fes vaifleaux étoienc liés & fufpendus par un ligament qui pouvoit paffer pour un mufcle crema- fer, parce que c’étoic une membrane qui paroifloit un peu charnuë proche le tefticule. Le refte de cette mem- branc s’étendoit & s’élargifloit en la maniere des liga. mens larges de la matrice. Elle avoit beaucoup de vaif- feaux, dont deux des principaux faifoient une anaftomofe fort confiderable, en fe croifant au milieu. Ces vaifleaux fortoient des fpermatiques préparans, comme de leur tronc, & fe diftribuoient par toute cette membrane éten- duë en maniere des aîles d’une Chauve - Souris, com- me à la matrice. - Aux deux côtés du col dela veffieéroient les veficules feminales de fubftance moitié glanduleufe | moitié mem- braneufe, & de couleur fort jaune ; elles étoient d’une grandeur extraordinaire, & ne paroifloient point fé- parées en plufeurs branches , comme elles l’étoient au Porc-Epic. Les proftates étoient un peu au deflous , & éroient aufli d'une grandeur extraordinaire, Dans la femelle les cornes de la matrice étoïent iné- gales , la gauche étant plus petite que la droite, dans la quelle il y avoit un Fœtus. Rec. delAc. Tom. IL. ZZ. Partie. G L.2. chap. 1. de l'hifls des Anim ès eo DESCRIPTION ÂNATOMIQUE, &c. Le poumon avoit cinq lobes, fçavoir trois de mediocre grandeur au côté droit, & deux au gauche, dont l’un étoit plus grand , & l’autre plus petit que tous les autres. Ce petit, que la cavité du mediaftin renfermoit, étoit fourchu par le bout, Le cœur étoit prefque rond. L'o- reille droite étoit d’un rouge prefque noir. La gauche étoitblanchätre. Le globe de l'œil n’avoit que deux lignes de diametre : il avoit une paupiere interne. Destrois “humeurs de l'œil il ne reftoit que le criftallin, l'humeur aqueufe & lhu- meur vitrée étant diffipées. RP TRE LOU DAT Rs 4 3 RAT TC loops ARE TS eg dei NAN AQU D o)7 FEES =] ET E — ED 0 DOUDOU UUUUID DO TUNNN 0 0 ŒUDD AA LUS ITE parlie.PL,4». pag 41 , F 4 = = = La nn y = —_— = 3 TT LE 1 F4 HHE ji = 1] K De me Ë | TETE | ah 5 y] I À | B TE él 1. si EXPLICATION DE LA FIGURE des Singes. PREMIERE FIGURE. les pieds du Singe font differents des pieds & des mains de l'Homme, le pouce de a main étant petit, & _ le gros orteil du pied fort grand, & les autres orteils ex- traordinairement longs. On n’a point fait la figure du quatriéme Singe , qui eft le fecond Sapajou, parce qu'il étoir entierement femblable à celui qui eft ici reprefenté, à la referve du mufeau , qu'il avoit plus long. " Fu | A premiere figure fait voir comment les mains & SECONDE FIGURE. BU A Eff la veine ombilicale. _ BB. Sont les deux lobes droits du foye. CC Les deux lobes ganches. D. Le cinquiéme refendu, G faifant comme deux feuillets. 15 La veficule du fel. F. Le canal cyffique. GGG. Les trois canaux hepatiques. 456. Lestrois rameaux qui fortent du premier. H. Le canal commun. I. Le ventricule. K La ratte. Le Le pancreas. M. Le cacum. N. L'extrémité de l'ileon. Gij Le commencement du colon. Use glande attachée au bas du tronc de la vei- ne-cave. Deux autres glandes attachées aux veines iliaques. Les tefficules. Les proffates glanduleufes. La veflie renverfce en forte qwelle cache La verge. Lapartie pofferieure du cerveau fans anfralfuofités. La veîlie en [a fituation naturelle , & ouverte pour faire voir la carunculeT, & l'épaiffeur des proffates 33. Les paraffates cyrfoides. La caruncule qui cf au commencement. de l'u- rethre. Les proffares glanduleufès, qui ne paroiffent que comme un épaifliffement du col de la vellie. NT 0 La S'inges,2 g # 2 Er £ rlie 2 ER L ” L.44. e Lu . 22 55 | | | | \ COOP OND OS OMS OD OS CSC ON) CNT CS Co * CPS CFD) C DC CFO CPS LP a 4 ( DESCRIPTION ANATOMIQUE DE PLUSIEURSSINGES DE DIFFERENTES ESPECES. ON reduit ordinairement les Singes fous deux genres, dont l’un eft des Singes qui ont des queués, & l'autre de ceux qui n’en ont point. Le Singe qui eft fans queué cft appellé fimplement Siwia par les Latins. | Les Singes qui ont une queuë font de deux efpeces. Les … Latins ont emprunté des Grecsles noms qu'ils leur don- nent : car les uns font appellés Cercopytheci, du nom du du genre, c’eft-à-dire, Singes qui ont une queuë ; les au- tres Cyrocephali, c’eft-à-dire , qui ont unetête de Chien, à caufe de la longueur de leur mufeau. Les quatre premiers Singes que nous avons diffequés avoient des queués. | * Is étoient à peu près d’un même grandeur, &avoient environ quatorze pouces depuis le fommetde la tête juf= “ qu'au commencement de la queuë, qui avoit vingtpou- £ pes ces. Il y avoit depuis l'épaule jufqu’au coude quatre pou- L4 … ces, & depuis le coude jufqu'à l'extrémité des doigts, … fix pouces. La cuiffe avoir quatre pouces & demi : la jam- … be cn'avoit cinq, & le pied quatre, à prendre depuis le talon jufqw’à l'extrémité du plus long doigt. Ils avoient … des cils à chaque paupiere, ce qu’Ariftote a remarqué ,£:2 «8.42 « étre’particulier au Singe, entre les animaux à quatre Pherés F _ pieds, & ces Cils étoienc aufi, fuivant la remarque | Gi] s4 DESCRIPTION ANATOMIQUE. d’Ariftote, tellement déliés, que Von avoit peine à les voir. Dans la machoire d’embas il y avoit une poche ou fac de chaque côté... où ces animaux ont accoûtumé de ferrer ce qu'ils veulent garder. Leurs dents étoient fort blanches, & femblables à celles de l'Homme , à la re- ferve des canines, qui étoient fort longues. Les quatre doigts du pied étoient plus longs que ceux de la main; ce qui n’cft pas en l'Homme, qui a les doigts des pieds les deux tiers plus courts-que ceux des mains. Le pouce étoit court, menu & peu écarté du premier doigt : au contraire l’orteil étoit long , gros & fort écarté du pre- mier doigt, ce qui rendoit le pied du Singe aflés fem- blable à la main de l'Homme. Les parties dela genera- tion dans la plüpart de nos fujets, qui étoient mâles, écoient differentes de celles de l'Homme,lestefticulesà deux deces fujets n’étancpoint dans un Scrotum & ne paroiffant point, à caufe qu’ils étoient cachés dans le ply de l’aine. Il eft vray que les tefticules du troifiéme,qui étoit un Sapajou,étoient dans un Scrotum, mais ce Scrotum étoit tellement racour- ci, qu'il ne paroifloit prefque point. Les tuberofités de l'ifchion fur lefqueiles cet animal s’aflied étoient applat- ties, & garnies d’un bourlet degraifle recouvert d’une peau calleufe fans poil, yoyés le paflage d’Ariftote, rapporté par M. Perraulc touchant les feffes du Singe. Des quatre premiers qui ontété diffequés , il yen avoit trois mâles qui ne paroifloient être differens entr’eux que par la couleur de leur poil. Le quatriéme fujet, qui étoit une femelle, étoit du genre des Cynocephales, n'ayant pas la face plate comme les autres, mais le mu- feau & le nez, à la maniere des petits Chiens de Boulo- gne. Néanmoins il avoit une longue queué comme les trois autres, qui étoient Cercopytheques, dont les dif- ferences parmi les Anciens évoient prifes de la couleur du poil ; les Cercopitheques fimplement dits , étant*ceux qui n'ont qu’une couleur, & ceux qui en ont plufieurs 4 Ë DE PLUSIEURS SINGES. 5 étancappellés Cepi, c'eft -à-dire, Jardins, à caufe de Ia diverfité des couleurs dont ils femblent étrefleuris, ainfi que difoit Pythagore au rapport d’Elien, qui donne une defcription du Cepus , qui a beaucoup de rapport avec celle du premier des Sapajous que nous décrivons. Le premier de nos Singes étoit de la premiere efpece des Cercopitheques , étant rout d’une couleur, fçavoir d’un roux tirant un peu fur le verdâtre. Cette même cou- leur qui regnoit par tout , étoit feulement quelque peu plus brune fur le dos, & plus déchargée à la poitrine & au ventre. Le fecond étoit de la feconde efpece , appellée Sa-- paiou, parce qu’outre la couleur rouffe-verdätre du poil qui lui couvroit le dos, le poil qui garnifloit le ventre. la poitrine , & le dedans des cuifles & des bras étoit gris. Le troifiéme & le quatriéme étoient encore plus diver- fifiés de couleur. Ces deux fujets étoient differens, non- feulement encouleur & par ladiverfe figure de leurs ta- ches, mais aufli par la forme de leur mufeau, qui étoic Jongàlun, & platà l’autre. Le premier de ces deux Sa- pajous, qui écoit un mâle, étoit blanc au ventre , à l’efto- mac, à lagorge au dedans des bras & des cuifles, & aux fefles. Tout le dos , depuis les omoplates jufqu’à la queuë étoit d’un rouge-brun. Les flancs , le dehors des bras &c- des cuiffes, les jambes & le deflus de la tête paroifloit noir, . “& chaque poil outre le noir, qui étoit fa principale cou- leur, avoitencore de petites taches de roux & deblanc, yÿ'ayant deux taches roufles vers l'extrémité, & prefque toute la moitié vers la racine étant blanche. Il y avoit au menton une barbe blanche pointuë, & longue d’un pouce, Le poil fur le des étoit long d’un pouce : au tour du colil avoitun pouce & demi; iléroit en cet endroit plus heriffé “qu'au réfte du corps, &il y formoit comme une fraife, Le frontavoit comme un bandeau blanc, fur lequel un DERGACAER de la nat. des Anim: 56 DESCRIPTION ANATOMIQUE rang de poil fort noir s’élevoit en maniere de fourcils. Les yeux avoient l'iris d’un jaune rougeâtre, La pupille étoic fort dilatée. La tête éroit ronde avec une efpece de vifage plat, reflemblant au vifage d’un Homme qui auroitle nez retrouflé & applati. L'autre Sapajou , qui étoit femelle ,avoit le mufeau long tirant fur le Cynocephale. Son poilétoit de trois couleurs, fçavoir , roux, gris, & chätain-brun. Le ventre & la poitrine étoient mêlés de roux & degris. Les bras & les jambes étoient de châtain-brun : le dos avoit lechârain & le roux mélés enfembe, de forte qu’en quelques en- droits il yavoit plus de roux, en d’autres plus de châtain; ce qui faifoit de grandes taches à peu près comme aux Chats. Il r’avoit ni le bandeau, ni la barbede l’autre Sa- pajou. Les oreilles du premier Sapajou étoient rondes & fi pe“ tites, qu’elles ne s’étendoient pas autour du trou deplus d’une ligne & demie, étant entierement cachées fous le oil. Les Auteurs ne font pas d'accord touchant les parties internes du Singe.Pline & Galien difent qu’elles font tout- à-fait femblables à celles de l'Homme. Albert au con- . traire affüre qu’autant que les Singes font femblables à l'Homme par le dehors, autanten font-ils differens par le dedans; en forte qu’il n’y a point d'animal, à cequ'ildit, qui ait les entrailles fi differentes de celles del’Homme que le Singe. Les obfervations que nous avons faites fur ces quatre premiers Singes font contraires en beaucoup de chofes à l’une & à l’autre de ces opinions, parla fi- gure exterieure, La partie du peritoine quirenferme les vaifleaux fper- matiques formoitun long conduit qui defcendoit dans le frotum , & enfermoit auffi le tefticule comme aux Chiens. L’épiploon étoit different de celui de l'Homme en plu- fieurs chofes. 1. Il n’étoit pas attache au colon en tant d’endroits, _ d’endroits, n'ayant point de connexion avec Ja partie _ gauche de cet inteftin. 2. Il avoit en l’un de nos Singes - une autre-attache qui ne fe trouve point en l'Homme, 1188 fçavoir, avecles mufcles du bas ventre par lemoyen du + pcritoine, quiformoitunligament; nous avons remar- qué la même chofe dans une Biche de Sardaigne, & dans plufeurs autres fujets , ce qui pourroit étreune con- , d'à plus grand fans comparaifon qu’il n’eft ordinairtèment _ dans! Homme, parce qu’ilne couvroit pas feulement tous les inteftins, ce qui fe voit rarement en l'Homme, quoi- qu'en dife Galien , mais même il les envelopoit pardeffous en quelques-uns de nos Singes, ainfi qu'il faic à plu- fieurs des autres Brutes, où il fe voit fouvent que l’épi- ploon eft plus grand qu’en l'Homme, principalement _ dans les animaux quicourent, & qui fautent avec beau- coup de legereté ; comme s’il étoit ainfi redoublé fous les inteftins, pour les garnir & les deffendre avec le refte des vifceres contre les rudes fecouffes que ces parties reçoi- _ vent dans la courfe. Il eftyrai que les membranes de l’é- piploon étoient épaifles &c égales commeær l'Homme , & . n'avoient pas cette intgalité qui les fait paroître percées … en maniercderezeau, ainf qu’elles font en la plüpart des _ Brutes. RES | … Lefoye, quicft un des principaux vifceres, étoit en- _ corefort dHdtont du foye de l'Homme, ayant cinq lo- bes comme au Chien, fçavoir, deux.au côté droit, deux au côté gauche, & un cinquiéme couché fur la partie … droite du corps des vertebres. Ce dernier étoit encore fen- _ du ; faifantcomme deux feuillets. En l’un des fujets la . fubftance du foye étoit marquetée de plufieurs petites ta- _ ches d'une couleur plus obfcure que le refte, & de figure hexagone; cequin’eft pas fi vifible dans les Hommes. La veficule étoit attachée au premier des deux lobes qui oc- cupoient le côtédroit. Elle éroit longue d’un pouce, & Rec, de lAc. Tome IIL AI. Partie, : DE PLUSIEURS SINGES, 57. FL formation contre nature. 3. Enfin tout l’épiploon étoit, L. 4.09. de l'ufage des part. 53 DESCRIPTION ANATOMIQUE & large d’un demi pouce. Le conduit fyftique étoic fore gros, & il s’inferoit immediatement au defflous du pylore. Il recevoit trois autres conduits qui tenoient lieu de celui que l’on apoelle hepatique , & qui eft unique dans l’'Hom- me. Ces trois conduits avoient leurs rameaux difperfés. comme des racines dans tous les lobes du foye, en forte que le premier avoit quatre racines, fçavoir, une dans chacun des trois lobes droits ,& une dans le premier des gauches : le fecond & le troifiéme conduit avoient tous deux leurs racines dans le fecond des lobes gauches. Plu- fieurs de ces rameaux fe gliffoient fous la tunique du foye, en forte qu'ilsétoient apparens, & non-pas cachés dans le parenchyme, ainfiqu’ils font EE, : un des Sa- pajous avoit cela de particulier en fon foye, qu’il étoit marqueté de quantité de petites taches d’un rouge plus brun que le refte, ce qui eft contre l'ordinaire des autres foyes que nous avons vüs aufh avec des taches; car elles font toûjours d’une couleur plusclaire que le refte de la fubftance du foye. Le ventriculcétoit encore different de celui de l'Hom- me, ence que fon orifice inferieur étoit fort large & plus bas qu’à l'Homme, où il eft prefque aufli haut que le fu- perieur. Les inteftins n’avoient dans les Sapajous que cinq pieds deux pouces de long en tout , & huit dans les deux autres Singes. Ils n’étoient pas fi differens en groffeur que dans l'Homme, & l'ileon étoit à proportion beaucoup plus court. Lecæcum n’avoit point d’appendice vermiforme. H étoit fort grand , ayant deux pouces & demi de long, & un pouce de diametre à fon commencement. Il alloit en pointe, &étoit fortifié par trois ligamens à la maniere que le colon l’eft en l'Homme, pour y former des cellules : mais fa figure exterieure étoic differente de celle du cæ- cum del Homme. Le colon avoit treize pouces de long fur un pouce de diametre; & fes cellules étoient à l'or- DE PLUSIEURS SINGES, 59 ‘dinaire, mais il n’étoit point repliésen S, dans le côté gauche de lhypogaftre, comme il left à l'Homme. Il n’avoit point le retreciflement qui le fepare du reétum dans l'Homme. Outre les cellules on y a remarqué des feuillets en dedans, pareils à ceux qui fe voyent dans le colon de l'Homme. Ces feuillets s’étendoient tranfverfa- _ Jement,aboutiffant aux ligamens qui fontétendus felon la _ longueurdecet Inteftin. Larateéroit fituéele long du ventricule commeà l'Hom- me, mais fa figure étoit differente en l’un de nos fujets, étant faite comme le cœur eft reprefenté dans le blafon. Sa bafe avoit un pouce de large. Le pancreas n’éroit fembla- ble à celui de l'Homme que par fa figure exterieure ; car au refte il en étoit differentié par faconnexion & par l’in- {ertion de fon canal; étant fortement attaché à lalratte, & l’infertion du canal pancreatique, qui dans l'Homme eft coûjours dans le mammelon qui lui eft commun avec le canal de labile , enétant éloignée de près de deux pouces, Les réins étoient ronds & applatis, & d’un rouge clair. Ils n’étoient pas fitués de même qu’à l'Homme, le droit étant de toute la moitié de fa largeur plus bas quele gau- che. La glande renale étoit fort vifible, parce qu'elle écoit blanche, & qu'ily avoit peu de graifle. Sa figure étoit triangulaire. HSE Ariftote dit que les parties de la generation du Singe reffemblent à celles du Chien. Et nous avons trouvé que 55 as # cela eft vrai en plufeurs chofes, & entr'autres, 1°, que Ari”. _ la produétion du peritoine qui renferme les vaiffeaux fpermatiques & les canaux déférens étoit ouverte du côté du ventre. 20, Qu'à tous les derniers fujers que nous avons diffequés, il s’eft trouvé dansle gland un petitos que lon n’avoit point remarqué dans les deux premiers; 3°. Qu'outre les mufcles éreéteurs & les accelerateurs ,il _ yafous la fymphyfe des os pubis deuxfautres petits muf clesfous lefquels pañlentles arceres, Iesiveines de lesnerfs. : Hi 60 DESCRIPTION ÂNATOMIÏIQUE Mais toutes ces chofes font communes au Singe, non- feulement avec le Chien, mais encore avec plufieurs au- tres Brutes. Nous avons aufli remarqué quelques differences entre les parties de la generation du Singe & celles du Chien, & principalement que dansles Singes il y a des veficules feminales qui ne fe trouvent point dansles Chiens; & qu'il n’y a point, comme dans les Chiens, de gland à la racine de la verge. Les Singes que nous avons diffequés avoient auffi dans les parties de la generation quelques refflemblances avec celles de l'Homme. Les principales font , 1°. Que les ve- ficules feminales avoient communication avec les vaif- feaux déférens. 2°. Que la verge étoit dégagée. Et ces deux reffemblances avec l'Homme n’appartiennent qu’au Singe feul entre tous les animaux que nous connoiflons. Les cefticules qui dans quelques-uns de nos fujets étoient cachés dans l’aîne, fans avoir de fcrotum , ainfi qu’il a été dit, étoient longs & étroitsen l’un de nesfujets, & n’a- voient qu'une ligne de large fur huitdelong.Dansunautre qui étroit l’un des Sapajous ils avoient une figure diffe- rente, &' prefque aufli éloignée de la figure de ceux de l'Homme, étant parfaitement ronds : ils étoient enfermés dans un fcrotum qui les ferroit étroitement contre la ra- cine de la verge. Les proftates éroient fort petites, & les : veficulés feminales fort grandes ; elles avoient un pouce delong : leur largeur écoit inégale, ayant quatre lignes vers le col de la veflie, & une ligne & demie par l’autre bout , étant différentes en cela de celles de l'Homme, qui les à plus étroites proche du col de la veffie. Elles étoient compofées comme de plufieurs petits facs, qui s’ouvroicnt les uns dans les autres. La caruncule de l’u- rethre étoit petite, mais fort femblable à celle de l'Homme. Les parties de la generation de la femelle que nous DE PLUSIEURS SINGES. 6x : décrivons étoient aufñl très-differentes de celles des Chien- nes, étant femblables en beaucoup de chofes à celles des Femmes: nous avons néanmoins remarqué en d’autres fujets qu'elles font quelquefois comme aux Chiennes, Forifice exterieur étant rond & étroitcomme à la plüpart des autres Brutes, n'ayant ni nymphes, ni caruncules ; … Purechre ayant fon ouverture fort avant dans le col de la matrice, fçavoir environ vers fon milieu, à l'endroitoù commencent fes rugofités , quine fe voyent que vers l’ex- trémité du conduit proche de l’orifice interne. Les cornes de la matrice étant longues, & les trompes fort repliées paf des contours differens, & le clitoris étant comme dans les autres Brutes qui en ont , beaucoup plus grand à proportion, & plus vifible qu’il n’eften la Femme. Dans le fujet que nous décrivons, les petits mufcles qui font attachés au clitoris étoient aflés femblables à ceux | des Femmes : maislelacis caché fousles mufcles duclitoris éroit compofé de vaifleaux beaucoup plus vifibles: Le refte des parties de la generation étoic affés femblable à celles des Femmes. Car le col de la matrice avoit fes mufcles _ compofés d'un grand nombre de fibres charnuës, qui for- . tant du fphinéter de l'anus, s’attachoient aux côtés du -col de la matrice & d’autres fibres pareilles qui venoient du fphinéer de la veflie pour s’inferer au même endroit. Le corps de la matrice , fes membranes, fon orifice inter- ne, fes ligamens tant les ronds queleslarges, & trous fes vaiffeaux avoient une conformation entierement pareille _àcelle que ces mêmes parties ont dans les Femmes. Les … cefticules, qui avoient trois lignes de long fur deux de . large, étant compofés d'un grand nombre de petites ve- “ ficules, & attachés proche les membranes qui font àl’ex- _ trémité des trompes, & que l’on appelle leur frange. Les mammelles étoient femblables à celles de la Fem- me, tant en ce qui regarde leur fituation qui évoit fur les mufcles pe&oraux , qu’en ce qui appartient à leur com- . Hi L. 11. c. 36. bift. nat, 62 DESCRIPTION ANATOMIQUE pofition, qui étoit d’un corps glanduleux, & d’un mami melon. A l'ouverture de la poitrine l’on a trouvé à la plüparct une grande quantité d’eau répanduë dans toute fa capa- cité. Le chymus étoit fort grand. Le poumon avoit fept lobes , trois au côté droit, & autant au gauche : le feptié- me étoit dans la cavité du mediaftin comme à la plüpart des Brutes, Cela fait encore une notable difference entre les parties internes du Singe, & celles de l'Homme, dont le poumon n’a ordinairement tout au plus que cinq lobes, & affés fouvent que quatre, Le cœur étoit beaucoup plus pointu qu'il n’eft ordinai- sement àl'Homme, Il avoit néamoins dans la furface inte- rieure de fes ventricules , ce grand nombre de fibres & de colomnes charnuës qui fe voyent dans l'Homme. La Luëtte que Pline aflüre ne fe trouver que dans l'Homme étoit dans nos Singes toute femblable à celle de l Homme. Le crane avoitune figure fort conforme à celle ducrane de l'Homme, étant rond, & un peu applati par les côtés, & n'ayant point cet ostriangulaire qui fepare le cerveau & le cervelet dans la plüpart des Brutes. Le cerveau étoit grand à proportion du corps. La dure- mere entroit bien avant pour former la faux. Les anfrac- tuofités de la partie externe du cerveau étoient affés fem- blables à celles de l'Homme en la partie anterieure; mais en la pofterieure vers le cervelet, il n’y en avoit prefque point: elles étoient enrecompenfe beaucoup plus enfon-. cées à proportion. Les apophyfes, que l’on appelle mam- millaires , fouslefquelles fontles grands nerfs qui fervent à l’odorat, étoient plus fermes que le refte du cerveau, ainfi qu'aux autres Brutes. Les nerfs optiques étoientauffi d’une fubftance ferme & dure. La pointe de la glande pi- néale étoit tournée vers le derriere de la tête. Il n’yavoit point de rets-admirable : car les carotides ie DE PLUSIEURS SINGES. 6; F4 entroient dans le crane & fe diftribuoient danse cerveau, _ de même qu'à l'Homme. Pour achever la defcription des parties tant externes “ O qu'internes de ces quatre Singes, en les comparantavec _ celles de l'Homme, nous avons fait une recherche exacte | deronsles mufcles de ces animaux, que nousavonstrou- _ vés la plüpart conformes à ceux de l'Homme, Mais nous refervons à en donner le détail dans la defcription du der- | nier Singe que nous avons diffequé, & nous rapporterons . fculement ici que nous avons remarqué dans nos quatre _ premiers Singes, que les mufcles de la langue & dula- PA rynx , qui fervent à articuler la parole, paroiffoient fem- blables à ceux de l'Homme, bien que le Singe ’ait point _ lufage dela parole. Comme on n’a point trouvé cette Def- Ë } + cription promife par les Auteurs de La Lremiere édition on n'x * pas cru devoir priver lePublic decelles qu'ils avoient donnés. Dans les mufcles de la rêre & du col, il n'y avoit encore rien de particulier que les flechifleurs de la tête, qui dans l'Homme s’inferent aux apophyfes maftoïdes : car ils _ étoienc attachés à la partie laterale & pofterieure de l'os occipital , parce que la tête du Singe n’a point d’apophy- fes maftoïdes. Entre les mufcles des bras 1ln’y avoit quele palmaire qui eût quelque chofe de remarquable, 11 étoic extraordinairement gros, Le grand dentelé, qui dans FHomme ne prend fon origine que de l’omoplate, naif. … foitencore dans nos füujets de la quatriéme, cinquiéme, & _… fixième vertebre du col. . Lemufcledroit, qui dans l'Homme ne va que jufques . aubasdufternon, montoit jufqu’au haut, paffant fous le qu'àla moitié du fternon, le refte n’étanc qu'un pur tendon. Dans la cuiffe celui des quadrigemeaux qui fervent à écarter la cuiffe appellée pyriforme , éroit beaucoup plus petit qu'en l'Homme; & au lieu de prendre fon origine … dela particinfericure & externcde l'os facrum , il fortoic 64 DESCRIPTION ANATOMIQUE, &c. de lifchion proche fa cavité cotyloïde. Les mufcles fef fiers avoientune figure differente de ceux de l'Homme, étant plus courts, à caufe que les os des Iles au Singe font beaucoup plus étroits qu’en l'Homme. Il yavoitfur les mufcles pfoas deux autres petits mufcles, qui ne fe trou- : vent point en l'Homme. Chacun de ces mufcles ayant mé- : me origine quele pfoas, venoit par un long tendon s’in- ferer à la partie fuperieure & interne de l’ospubis, Parmi les mufcles de la jambe, celui de fes flechiffeurs ; qui s'appelle biceps, n’avoit point une double origine com- me en l'Homme. Il fortoit cout entier de la tuberofité de ! lifchion , & s’'inferoit à la partie fuperieure du peroné, Cette tunique étoit en recompenfe fort groffe & fort ro- bufte. Le gros orteil avoit des mufcles femblables à ceux du pouce dela main, de même qu’il en a lation: ce qui n’eft point au pied de l'Homme, où le gros orteil a des mufcles fort differents de ceux du pouce de fa main , parce que l’ac- . tion de ces deux parties eft fort differente dans l'Homme. On peut ajoûter à l’hiftoire des mufcles du Singe, la def- . cription dela poche qu’ils ont dans la bouche. Elleétoit compofée de membranes & de glandes, & de beaucoup de fibres mufculeufes & charnuës. Sa fituation étroit fur le dchors de chaque machoire inferieure , allant oblique- ment depuis le milieu dela machoire jufqu'au deffous de fon angle, paffant fous une portion du mufcle appellé trefla’ge. Elleétoit longue d’un pouce & demi, & prefque auffi large vers fon fond. Elle s’ouvroit dans la bouche en- tre le bas dela joué & le bas de la gencive. C’eft dans cette poche que les Singes ont accoûtumé de ferrer ce qu'ils veu- lent garder ; & l’on peut croire que les fibres mufculeufes qu’elle a , fervent à la refferrer , & à la relâcher , pour rece- voir , & pour faire fortir ce que ces animaux y mettent en referve. EXPLICATION PE Mrreigs 7 n7 IT* parte. Pl. 45. pag .68 . > EXPLICATION DELA FIGURE du Cerf de Canada € de la Biche de Sardaigne. FR PREMIERE FIGURE, T A premiere figure fait voir la difproportion qui eft en. b L le Cerf & la Biche, le Cerférant prefque une fois aufh grand que la Biche. Elle faitaufli voir de quelle ma- niere le bois du Cerfeftcouvert de peau, & comment la Biche a le dos & les flancs marqués de plufieurs caches de . differentes figures. SEcONDE FIGURE. | AA. Efllefoye. RASE NB. _Le grand ventricule du Cerf. À Le petit ventricule. L'extrémité des Vaifeaux Jpermatiques ,prépa- rans. ; CE. Lecorps du fefficule. 1e, AL E.e Le vaiffeau fpermatique déférant. _ GHH. L'épididyme. La La matrice. _ KK. Lescornes de la matrice. PEL. Les ligamens ronds de la matrice* _X La veflie. | ; Une des cornes de la matrice ouverte pour faire I CR voir les deux feuillets TT, gwelle a en dedans. _ OO. za carotide owverte pour faire voir Les lignes { tranfverfales qu'elle aen dedans. PP. Lajugulaire ouverte pour faire voir les fix rangs à de valvules gwelle à, Jjavoir quatre marqués Rec. del’Ac. Tom. III. ZJ, Parrie, J °. kr 66 , où elles font trois a trois; @ deux mar- qués R, ow elles font deux à deux. ss, Ur morceau de lajugulaire en grand , pour faire voir plus diflintfement un rang des trois valvu- les marquées V. & de quelle maniere ellesfont ! placées étant éloignées les unes des autres , de forte que quoi gwelles foient enflées autant gwil eff pofible par le retour du [ang , elles ne Jrauroient fermer exaifement Le conduit. XYZa. Le bout d'un des cors du Cerf. X: L'endroit qui eff découvert , une portion de la peas étant levée , pour faire voir les Sillons dont le Bois du Cerf eff ordinairement creufé, pour donner place aux vaiffeaux de la peau quile couvre. À Y. Un morceau de bi peau levée ,aw dedans de laquelle on voit les vaiffeaux dont elle eff pleine. Za. Le reffe du cor convert de la peau peluë. C'SMECIN TE ER Cerf de Canada e3 Bichédelan LL 7 CH à | 1 | l IL ‘partie. PL. 46. pag. 66. == == Lim Les = * : F , e ” { 74 6? MO DID DIE NO 5) 9 SI9 LT 9 DIS I TT TT TT] DESCRIPTION ANATOMIQUE D'UN CERF DE CANADA, ET DE DEUX BICHES « DE SARDAIGNE. _— : Las E Cerf que nous décrivons étoit trés-grand , ayant quatre pieds depuis le haut du dos jufqu’à terre. Son bois avoittrois pieds de long, les premieres branches, _ que l’on appelle andouillers , avoient un pied , les fecon- _ des branches dix pouces, & les autres à proportion. Il y . enavoit fix à chaque bois, qui eft le plus grand nombre que les Cerfs portent, felon Pline : en quoi il femble con- rs “e de venir avec Âriftote, qui dit que le nombre des andouil- aim. lers du Cerf n’augmente que pendant fix années confecu- ,.3, tives. Néanmoins il n’eft pas generalement vrai que les Hift. natur. Cerfs ne portent pas plus de fix andouillers : car ontrouve €;.de1a _aci des Cerfs qui en ont jufqu’à huit à chaquebois. Venerie de Tout le bois étoit couvert d’une peau fort dure, & gar- Fonilqus * nie d’un poil épais & court, de même couleur que celui _ du corps, qui étoit d’un fauve un peu obfcur, Ce poil, qui couvroit le bois , que nous appellerons dorefnavant cornes avec les Naturaliftes ,étoit détourné en forme d’é- py en pluñeurs endroits. T oute cette peau avoit une grande Ii) L 1. de Qua- drup. Er. 047 hift. nate Lx. c18. de la nat. des An 68 DESCRIPTION AÂANATOMIQUE quantité de veines & d’arteres remplies de beaucoup de fang, dont ces vaifleaux paroifloient enflés, principale- ment en dedans du côté de la corne, quiétoit creufée en. fillons pour recevoir ces vaifleaux, de la même manicre que le crane ef fillonné en dedans felon la diftribution des vaiffeaux de la dure-mere.Gefner, fur le rapport d’un de fes amis , dit que les fillons qui paroiffent à la bafe des cornes du Cerf lorfqu’elles font tombées, font faits par des vers qui les rongent ; ce qui n’a aucune vrai-femblance. Pline qui a pris d’Ariftote tout ce qu'il a ditdescornesdu Cerf, s’efttrompé dans ce qu’il y a adjouté du fien , quand 1l dit que les cornes de tous les animaux font immediate- ment attachées à l'os, à la referve de celles du Cerf, qu'il fait tenir à la peau; car tout au contraire ce font celles du Cerf qui tiennent immediatement à la couronne , qui eft un prolongement de l'os du front, & les autres y fonc attachées par le moyen de la peau qui entre dans leur ca- vité, & les attacheàlapophyfe de los du front qui en- tre aufli dans cette cavité ; car cet os du front ne fçauroit être appellé la corne, mais ce qui foutient la corne. Démocrite dans Elien, parlant de la generation de ces cornes, dit que le Cerf a des veines fort groffes vers le fommet de la tête, dans lefquelles la partie du fang la plus épaiffe eft pouffée en abondance. En effet lorfque nous détachafmes cette peau, les vaiffleaux qui étoient très-déliés étant venu à ferompre, le fang eft forti en très- grande abondance. Cette obfervation nous à fait faire reflexion fur la dif ferente génération des cornes des Animaux que nous connoiflons , lefquelles étant de deux natures, fçavoir les unescaves , & les autres folides, ont aufli deux manieres de naître & de croître : car celles qui font folides, & fans cavité , comme celles du Cerf, font immediatement jointes à de longues apophyfes de l'os frontal, defquelles elles femblent naître, les os qui font ces apophyfes, que L D'un CERF DE CANADA, ET D'UNE BICHE DE SARD. 69 Pon appelle courones, étant fpongieux, ainfi que Dé- mocrite aremarqué. Mais fi la premiere origine ou vegé. tation du bois du Cerf vient de quelque fubftance qui fort del’os, fon accroïffement dépend principalement de la peau qui le couvre, & qui lui fournit une grande quan- tité de nourriture par le grand nombre de vaiffeaux qu’elle | contient; cela fe faifant à peu près de la même maniere … quédanslesos, qui tirent la plus grande partie de leur nourriture des vaiffeaux qui font dans le periofte dontils font revêrus. Les cornes qui font caves comme celles des Bœufs, s’engendrent & croiffent d’une maniere toute oppofée : car elles ne font point jointes immediatement au crâne; mais elles ont chacune leur cavité remplie d’un os qui cf _ auf une apophyfe de l'os frontal , laquelle eft en pointe … & non-pas groffe par l’extrémité,comme l'apophyfe qui ef au Cerf. Cette apophyfe des cornes creufes eft de même que le refte ducrane, couverte de la peau, par le moyen de laquelle ces cornes tiennent au crane, & s’engen- _ drent & croiflentde ce qu’ellesrecoivent des vaiffeaux de cette peau, fur laquelle il fe fait une croûte engendrée d’une matiere qui pañfe au travers, & fort de fes vaifleaux, lefquels font fans comparaifon plus gros, plus remplis de fang, & en plus grand nombre qu'ils ne font dans la peau qui couvre le refte dela tête. De forte qu’il faut entendre que de même que les cornes folides prennent leur nourri- ture & leur accroiflement principalement par leur fuper. ficie externe, celles qui font creufes la prennent feule- ment par la fuperficie interne : car lorfque la premiere croûte commence à s’endurcir fur la peau qui couvre les . apophyfes pointuës de l’os frontal, en s’endurciffant à peu près de la maniere que les ongles s’endurciffenc, il s’engendre entre cette premiere croûte & la peau une au- tre croûte qui fe colle à la premiere, & qui la poufle; & ainfi fucceflivement il s’engendre plufeurs croûresles unes I ii L.3.c.2. des part. des An. L. de Plinii errorit. L.3. c. 9. de l'hift. des Anim. L,11,c.37. Elien I. 12. c. 20. de la nat. des Anim. 79 DESCRIPTION ANATOMIQUE fur lesautres, à peu près de la même forte que certaines Coquilles, & les écailles des Huiftres s’engendrent & fe compofent de plufieurs lames ou feuillets collés lesuns aux autres. C’eft ce qui fait que les cornes creufes font or- dinairementridées & goderonnées comme les Coquilles, & qu’elles fe féparent aifément en plufeurs feuillets ; ce qui n'arrive Jamais aux cornes du Cerf. Ariftoce veut que l'os qui entre dans les cornes caves ne ferve qu’à les affermir, & il ne croit point qu'elles y foient attachées , fuppofant qu'elles ne tiennent à la tête que par le moyen de la peau qui entoure le bord de leur racine : & il fonde cette croyance, ainfi que Leonicene l’aremarque , fur ce qu’on dit qu’il y a des Bœufs en Phry- gie qui ont les cornes aufli mobiles que les oreilles. Pline aflure au contraire, qu’il n'y a que les cornes des Cerfs qui foient ainfi fimplement attachées à la tête par la peau, avouant que les autres font encore outre cela adherantes à l'os. Mais la verité eft, que ce font les cornes folides com- me celles du Cerf qui font immediatement adherantes à l'os, & que les cornes caves y font attachées par le moyen d’une peau qui n’eft point celle qui entoure Îa racine de la corne & qui couvre la tête, mais une autre peau qui cft une produétion du pericrane : & cette peau non-feulement attache la corne à l'os, mais elle fournit la matiere deleur nourriture & de leur accroiflement. Elien, qui /#ivant Democrite, ne parle point de la peau qui reveft le dedans des cornes des Bœufs, dit feulement que la nourriture, leur vient des vaiffleaux du dedans de la rête , qui pañlent autravers du crane; & il fe fonde fur ce que dans uneef- pece de Bœufs, qu’il dit être naturellement fans cornes , il fe trouve que l’os auquel la corne a de coutume d’être at- tachée , eft cout-à-fait folide , & n’a point les pores qui fe voyent aux cranes de ceux qui ont des cornes, Nousavons obfervé que les deffenfes de l’Elephant , qui femblenttenir dela nature dela corne, font creufes comme D'un CERF DE CANADA, ET D’UNE BICHE DE SARD. 71 les cornes des Bœufs : mais leur cavité n’eft remplie que d’une efpece de chair que nous avons trouvé n'être point adhcrante à la deffenfe, mais recouverte d’une petite | croûte qui pouvoit être prife pour le commencement d’u- ne nouvelle deffenfe, & faire croire que les deffenfes tombent à l’Elephant,comme les cornes tombent au Cerf, . fuivant l'opinion de plufieurs Naturaliftes. j $ … La génération des cornes creufes eft encoredifferente de celle des cornes folides, par la differente qualité de la matiere, qui eft plus aqueufe dans les cornes caves, &c plus cerreftre dans les folides. Les cornes creufes s’amolif- fent aifément étant approchées du feu , comme n’ayant … point leur concretion par l’exficcation & la confomption . des parties aqueufes, mais par le figement d’une matiere qui n’auroit pointune confiftance fi ferme fans le froid qui laendurcie ; &les cornes folides font dela nature de l'os . duquel elles naiffent, étant d’une matiere terreftre, qui, An. 9-6: … felon Ariftote & Pline, s’endurcit fur la tête des Cerfs par de AL la chaleur du Soleil. ne 8. c. 32 _ Touslesinteftins enfemble, avoientquatre-vingt-feize ‘"" pieds de long. Les grefles étoient de foixante & fix pieds, _&cles gros fans le cxcum avoient vingt pieds. Le cæcum avoit un picd dix pouces de long, & fix pouces de large vers fon entrée. Ilalloic en diminuant vers fa pointe à l’or- dinaire du cæcum des Animaux qui ruminent, Cette lon- _ Sueur extraordinaire des inteftins, qui eft proportionnée . à la grandeur des ventricules, aux Animaux qui vivent d’herbages , nefetrouve point dans ceux qui fe nourriflent de chair ; parce que les herbages n'étant pas G faciles à être changés en fang, & lui fourniffant bien moins de ma- _ ticreque la chair, il étoit neceffaire que les ventricules fuffent amples , peur contenir une grande quantité d’her- bes : il falloit auffi que les inceftins fuffent longs à propor- . tion, pour donner lieu à la chaleur naturelle d’agir long- .… tems fur la nourriture reteuuëé & conduite par de longs dé- . Yours. y 72 DESCRIPTION ÂNATOMIQUE L'épiploon qui crouvroit & enfermoit les ventricules avec les inteftins, étoit une membrane adherante par derriere au ventricule ; & qui pardevant ne lui étoit atta- chée que par le haut, étant du refte tout-à-fait féparée, & fort tenduë, à caufe de quantité de vents qu’elle enfer moit avec le ventricule & les inteftins. La partie fupe- rieure de cetépiploon qui couvroit les ventricules étoit mince, dure, tranfparente, fans graifle, fans glandes, & fans vaiffeaux apparens : on voyoit quelques vaifleaux dans la partie qui defcendoit pour enfermer les Inteftins, quiavoitaufli quelque graifle,maïis en très-petite quantité. La ratte étoitronde, mince, & tout-à-fait adherante au grand ventricule. Elle avoit fix pouces de diametre. Les vaiffeaux fpleniques qui attachent la ratte au ventricule étoienttout-à-fait imperceptibles. La partie gibbe & fu- perieure étoit attachée au diaphragme par trois fortsli- gamens. Le foye n’étoit point divifé en lobes, & il avoit feule- mentune fente à l'endroit où il recevoit la veine umbili- cale, Le côté droit s’allongeoit un peu plus que le gauche, & faifoit une pointe vers le rein. Il n’y avoit point de ye« ficule du fiel. Les reins étoient fort grands, étant longs chacun de cinq pouces, & larges de trois. On ne trouva point de glan- de renale, quoi qu’on les ait trouvées dans tous les autres Cerfs qui ontété depuis diflequés, La membrane albugi- neufe du tefticule étoit plus étroitement attachée à la fub- ftance dutefticule qu’elle ne l’eft ordinairement aux au- tres animaux. Elle étoit parfemée d’une infinité de vaif- feaux remplis de fang, dont les uns, qui font les veines, étoient droits & gros comme un fer d'aiguillette ; les au- tres, qui font les arteres, étoient ondoyés , & comme fri-. {és fort menu , de la groffeur d’une chanterelle de Luth. La fubftance du corps du tefticuleétoit jaune ; celle de l’é. pididyme étoit d’un rouge päle livide, ÿ : LE 6 + D’unCErr DECANADA,ET DE DEUX BiCHES DE SAR. 73 D'US Le poumon avoit fept lobes , quatre au côté droit , & - troisau gauche. Lecœur étroit fort grand, prefque rond & mollaffe, parce que les ventricules écoient fort amples. Il y avoitunos à labafe ducœur , comme il fe trouve or- dinairement dans les Cerfs. Il faut remarquer que dans ce Cerf de Canada , l’on n’a rien obfervé de different de nos Cerfs ordinaires. Là # Ovs joignons la defcription de deux Biches de pr Sardaigne à celle du Cerf de Canada, pour faire voir en quoi ces Animaux convenoient, & en quoi iks _‘étoient diffemblables, outreladifference du fexe. La hauteur de chacune de ces Biches étoit de deux pieds huit pouces , à prendre depuis le haut du dos jufqu’à terre. Le col étoit long d’un pied. La jambe dederriere, … a prendre depuis le genouil jufqu’à l'extrémité du pied, … étoit de deux pieds, & jufqu’au talon d’un pied. = Leur poilétoit de quatre couleurs, fçavoir,fauve,blanc, noir, & gris. [l y en avoit de blanc fous le ventre & au dedans des cuifles & des jambes : fur le dos, il étoit d’un fauve brun : fur Les flancs , d’un fauve ifabelle : l’un & l’au- _ £re fauve au tronc du corps étoit marqué de taches blan- - ches de differentes figures : il y avoit le long du dos deux rangs de ces taches en ligne droite ; le refte étoit femé fans ordre. Le long des Flancs il y avoit de chaque côté _ uneligne blanche. Le col & la tête étoient gris. La queuë “ étroit touteblanche pardeffous, & noire pardeflus, le poil _ étant long de fix pouces. L'épiploonétoit attaché au peritoine audroit du nom- bril, il enveloppoit les inteftins jufques pardeflous, & dif- es pofé comme dans les Ruminans, Dans la premiere de ces 4 deux Biches , lépiploon étoit double à ordinaire, 8c …. compofé de membranes fort déliées , & de vaifleaux me- _ ausfans graiffe. . à Lefoyeétoit petit, &aurefte femblable à celui du Cerf, 4 Rec. de Ac, Tom. III, I. Partie. " K "tr 74 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE en ce qu’il n’étoit point féparé en plufeurs lobes. Mais ou- tre la fente qui reftoit en la veine ombilicale, il en avoit encore une autre en deflous, tirant au côté droit. Il n’y avoit point aufli de veficule du fiel. Le canal hepatique étoient fort gros. à Les quatre ventricules étoient mieux diftingués exte-. rieurement, & féparés les uns des autres, qu’ils n’étoient - au Cerf. Le premier & plus grand ventricule avoit en dedansune membrane aifément féparable de la tunique herveufe, Cette membrane interne étoit âpre par une ini finité de mammellons qu’elle recevoit ; ainfi qu’elle fe voit ordinairement aux Animaux qui ruminent, Tout ce grand ventricule étoit refferré en plufeurs endroits, & féparé en differentes poches comme au Cerf : il étroit rempli d'herbes, parmi lefquelles on a trouvé plufeurs pieces de cuir, de femelles de fouliers de la grandeur d’un écu blanc, quelques morceaux de plomb de la grandeur de longle, qui paroifloient ufés , & rongés, & quelques frag- mens d’ardoife, Cela peut faire croite que ces fortes de d'Animaux paiffent l'herbe à la hâte, & qu'ils peuvent rejetter lesordures en ruminant. Le fecond, croifiéme & quatriéme ventricule n'étoient point differents de ceux du Mouton. É Les inteftins étoient très-longs comme au Cerf,mais ils létoient moins à propottion de la grandeur de ces Ani- maux. La ratteétoit couverte d’une membrane dute, épaiffe, & blanchitre: fa figureétoit ronde; elle étoit comme celle du Cerf fortement attachée au ventricule , & au dia- phtagme. 11 Les cornes de la matrice étoient longues & recour- bées en plufieurs anfraétuofités. Le pavillon de la tro étoit appliqué au tefticule qui étoir petit. Au dedans de cha: cune de ces cornesil yavoit deux replis dé la merbrane interne , qui formoient des feuillets difpofés felôn la D'un Cerr DE CANADA, ETDE DEUX BICHÉSDE SAR. 75 longueur de lacorne, les premiers avoient des replis longs | de fix pouces, les autres avoient des replis plus menus. Le cœur étoit extraordinairement grand & mollafle: fes ventricules étoient tendus par beaucoup de fang caillé qui les remplifloit. Le poumon avoit fept lobes. 1 Les croncs des deux jugulaires, tant de l’interne que del’externe, avoient chacun feize valvules difpofées en fix étages , éloignés environ de deux pouces l’un de l’au- tre. Il y avoit trois valvules à quatre de ces érages, & _ deux valvules à chacun des deux autres. * Les carotides ayant été ouvertes en long , on aremar- _ qué qu’elles avoient plufeurs rayes comme des coupüres _ tranfverfales, qui interrompoient la continuité des fibres , qui font felon la longueur de la membrane interne de cette artere. On a cherché fi la même chofe fe trouveroit dans l’artére crurale , mais elle étoit lice & égale, & n’a- voit point ces coupüres. Le globe de l'œil avoit un pouce & demi de diametre. Le cryftallin étoit plus convexe en derriere qu’en devant. La feconde Biche , ainfiqu'il a été dit, éroit femblable à la premiere par l'extérieur ; elle en étoit differente par les parties du dedans en beaucoup de chofes. L’épiploon n’a- voit rien quinefoit dans celui des autres Animaux qui ruminent;car il n’étoit point replié pardeffous les inteftins comme dans l’autre Biche. Le foye étoit grand & femblable à celui d’un Veau, étant couppé pardeflous en plufeurs petits lobes , 8 non- pas continu. Le duodenum: defcendoit au côté droit du ventre, & enfuite le jejunum & l’ileon faifoient des replis fort menus &c difpofés en rond autour des circonvolutions du colon, lefquelles étoient rangées de maniere que le colon formoit trois replis circulaires fitués dans un même plan, &en- fuite fe repliant dans un fens oppofé, il en formoit trois autres rangés aufi dans le même plan : de-là ce même Ki] 76 DESCRIPTION ANATOMIQUE D'UN CERF, &c. inteftinfe couloit le long des circonvolutions des replis des inteftins grefles ,& defceñdoit par le milieu du bas ventre pour former lereétum. Ces replis du colon font reprefentés dans la planche du Chameau. Le canal pancreatique s’ouvroit dans l’hepatique, qui s’inferoit à la partiefuperieure du duodenum. Les petites glandes qui compofent la partie externe du rein étoient fort vifbles: les glandes renales étoient ron- des & fort groffes. Le col de la matrice avoit en dedans quatre rangs de rugofitésarrangées comme des écailles : mais il n’y avoit point de replis en forme de feuillets dans la tunique inte- rieure des cornes dela matrice. I n’y avoit point de rides tranfverfales dansla tunique. interne des earotides. Cru "Me Eh 1 0 ne Mert. TT À & ! Fe l £ É dote TU I ° parte. Pl.47. pag. 77. EXPLICATION DÉ LEA FIGURE de la Peintade. PREMIERE FIGURE. À Peintade qui eft reprefentée dans la premiere f- gure, n’a point de bouquet à la racine du bec ,com- . me celle dont la tête eft reprefentée en grand dans la fe- __ conde figure. A l'égard des autres particularités , les dix - dontona fait la defcription, avoient toutes ce que celle- cia de remarquable , fçavoir , le dosrond , la queuë tour- née en embas comme elleeft aux Perdrix; le col & les …_ jambes plus longues à proportion que les Perdrix ne les | ont; les pieds garnis de membranes à la maniere des Oi- | _ feaux Aquatiques; la tête couverte d’une efpece de caf- _ que; le deffus du bec garni de deux appendices ; & toutle plumage noir, ou gris-brun, parfemé de marques blanches SECONDE Ficures. Eff une des plumes de Païle. A, la partie décou- verte. B , celle qui eff recouverte par une autre plume. Uze des plumes du ventre. C, eff la plume qui cou- vre le duvet marqué D. La têteen grand. E , eff le bouquet qui s’éleve à la racine du bec. F , le cafque ou bonnet. G , les bar- bes charnuës. Le trou de l’Oreille. Les petits muftles de l'afpre artere. L'artere du poumon feparée en deux branches. Ki Les carotides , dont la gauche femble fortir imme- diatement du cœur. La croffe de l'aorte détonrnée au côté droit. : Le cœur. L'oreille droite. Le foye. La veficule du fiel. Leconduit quiporte la bile dans linteflin. L'inteffin. Le ventricule ou gefier. Les veines iliaques. Un refficule unique attaché à la bifurcation des veines iliaques. Les veines émulgentes. La continuation du tronc de l'aorte par-dela les veines iliaques. Les arteres iliaques qui fervent d'émulgentes. Les reins. Les ureteres. Æ: HE Fat 4 D re ho M EE AE ARE Nu RME drame tous Par toit 5) qe TR EY a{ ? MATE | ( ‘ RNA fre SENTIN ! RER TA ET IE ee É LATE N (1 F IL° parte. Pl. 48. pag 17% 79 CPIOPD DOS DD OS CPS) UPS US PO) CD CIF) CD CPS CS OS OMS CPS CFD CES CPS CDS DESCRIPTION ANATOMIQUE . DEPLUSIEURS PEINTADES Es Oifeaux que nous décrivons font appellés Peinta- Hydes, à caufe que leur plumage eft marqueté de telle maniere , qu'il femble avoir été peint : ce qui les a fair ap- peller Varie par Varron & par Pline. Martiallesappelle L.3.der8 Guttate, à caufe que leurs plumes font tachetées de mar- Ruftica ques blanches en forme de gouttes. Ces taches leur font rs * fi naturelles, que leurs œufs mêmes font marquetés,com- L-3. Epi- me Ariftote l’a obfervé. Cette particularité les diftingue Se 55 2 des Poulles communes, qui dans le genre des Oifeaux l'hif.des font prefque les feuls qui n’ont point le plumage toujours 47” . avec les mêmes couleurs dans leur efpece, les Poulles étant indifferemment blanches,noires,grifes;ou fauves mé- ées de toutes ces couleurs. Les autres Auteurs ont donné aux Peintadés des noms pris du païs où elles naiffent ordi- nairement, qui eft l’Afrique, en les appellant Poulles d'A- frique , de Barbarie, déNumidie, de Guinée , de Mau- _ ritanie, de Tunis, de Pharaon, c’eftà-dire d'Egypte. - Margravius dit qu'elle eft appellée :Qwesele auRoyaume Lscz de Congo. Pline 8 Varron les appellènt Meleagrides: Il TR El = yen à qui croyent que -Meléagris eftke Coc:d'Inde:ce Ibid. quiferd examiné dans Ja fuite, allo Lo ,: : Nous avons difféqué phifieurs Péintades. Elles écoient toutes de la grandeur, & à peu près dé la forme d’une Poulle ordinaire, Quelques-uns trouvent qu’elles reffem: blenc mieux à ke Perdrix > maisla longueur de teur col, à 80 DESCRIPTION ÂNATOMIQUE. &c de leurs jambes , qui furpafloit même celle du col & des jambes des Poulles., repugne à cette refflemblance : nous avons feulement trouvé qu’elles avoient la queué baiflée comme la Perdrix, & non-pas retrouflée en enhautcom- me la Poulle. Mais ce qu’elles ont de plus femblable à la Poulle, ce font les appendices membraneufes de couleur de chair qui leur pendent aux deux côtés des jouës, que nous n'avons point vuës en aucun autre Oifeau, que dans l'Oifeau Royal; & ileft vrai que dans la Peintade, de mé- me que dans l'Oifeau Royal , ces appendices ont quelque chofe de different de celles qui font aux Poules, ainfi qu’il fera expliqué ci-après. Tout leur plumage n’étoit que de deux couleurs, fçavoir , deblanc & de noir. Leblanc éroie parfaitement blanc par tout : le noir étoit auf en quelques endroits parfaitement noir, mais prefque par tout il étoit affoibli , & tirant fur le gris-brun. Les taches du plumage étoient prefque par tout de forme ronde & reguliere: mais aux ailes elles étoient longues & comme par ban- des. S Le haut du col au lieu de plumes , étoit feulement garni d’un duvet noir , qui refflembloit mieux à du poil qu'à des plumes. Ces poils aux derriere du col étoient de deux & de troislignés, & tournés vers la tête contre la direction ordinaire du poil & des plumes. Le poil du devant du col depuis le bec en defcendant vers l’eftomach, étoit tour- né dans le fens ordinaire. En l’un de nos fujets, vers le der- ricre de la tête , ces poils étoient longs de près d’un pouce, & faifoient comme une houppe. Le bas du col avoit de pe- tites plumes de gris-brun marqué de blanc. Ces plumes alloient infenfiblement croiffant en grandeur jufqu’à la poitrine , où elles avoient près de trois pouces de long fur un pouce de large. Chacune de ces plumes versla racine &c des deux côtés du tuyau jufqu’à près de la moitié n’é- toit garnie que d’un duvet gris-blanc, qui étoit fn comme dela foye vers fon extrémité, & ce duvet près dutuyau avoit à - tn DE PLUSIEURS PEINTADES. 8r avoit des barbes accrochées les unes aux autres, comme celles des grandes plumes , le refte de ces barbes étant éfilé. Cetce premiere partie de chaque plume étoit couchée fous Pextrémité d’une autre plume , de même que dans les cou- vertures des maifons, où il y'a toujours la moitié d’une tuile qui eft couverte par la moitié d’une autre. Pour ce qui eft de cette extrémité elle étoircompofée de ces mé- mes fortes de barbes, qui font plus dures & plus fermes, & qui font acrochées les unes aux autres. Elles écoient d’un gris-brun parfemé de marques blanches rondes, de deux lignes de diamerre pour Le plus. Ces marques étoient aran- gées dans un ordre égal, & compañlé de maniere qu'il y En avoitunrang qui tournoit autour de la plume, un au- tre qui étoit en dedans, & un troifiéme au milieu fur le tuyau, qui étant noir , de même que le refte du fond , de- venoit blanc à l'endroit de la marque , comme fi l’on avoit jetté {ur un cuir noir des gouttes d’eau fortéfiqui l’euffent déteint. Les plumes des aïîles étoient marquetées d’une autre fa- çon , ayant de deux fortes de marques , dont les unes éroient rondes, & les autres longues. Ces marquesétoient blanches, fur un fond brun detrois differentes manieres : car à endroit où la plume eft couverte d’uneautre plume, ce fond étoit fimplement gris-brun , au refte de la plume ce fond étoit abfolument noir autour de la marque blan- che; le refte étoit mêlé de pointsblancs & de points noirs. . Clytus Milefien difciple d’Ariftote , qui décrit la Pein- tade dans Athenéeavec une grande exactitude, s’eft prin- cipalement étendu fur les particularités de la figure & de la couleur des marques de ces plumes, jufqu’à avoir ob- fervé que le noir qui borde les marques fe mêle reci- Proquement avec le blanc en forme defcie, ce qu'il ef affés difficile de comprendre, fi l’on ne voit ces plumes, ou leur figure : c’eft pourquoi on les a reprefentées fort exaétement dans la figure. Roc. de PAc, Tom, III, II. Partie, LE ?. L. 14. des Dipnof. Aldrovand. 1.14. c. 13. Ornirhol. Gefner.l.3. de Avib. Ibid. Ibid. 82 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE La queué, ainf qu'il a été dit, étoit un peu recourbée en-deflous comme aux Perdrix. Les jambes étoient cou- vertes de petites plumes couchées, & comme collées fur la peau : ces plumes étoient de gris-brun , & marquetées de blanc comme toutes les autres. La tétcétoit fans plumes. La paupiere fuperieure avoit feulement de longs poils noirs, qui fe relevoient en en- haut. Au deffus de la cête il y avoit une crête , ou maniere decafque, Margravius dit que cette crête tient de la na- ture de la peau. Nous avons trouvé qu’elle étoit feulement revétuë pardeffus d’une peau féche & ridée de couleur de fauve-brun , qui s'étendoit depuis le bec jufqu’au der- rierc de la tête qu’elle couvroit, étantéchancrée au droit des yeux : mais le dedans éroit d’une fubftance fpongieufe , moins dure que l'os , & reffemblant, comme dit Clytus, à une chair defféchée & endurcie comme du bois. Dale- camp dit quékcetce crête eft particuliere aux mâles; mais nous l’avons trouvée en tous nos fujets tant mâles que femelles. Le bec étoit femblable à celui d’une poulle. Nous avons trouvé en deux fujets fur le milieu de la racine du bec. un bouquet compofé de douze ou quinze filets de la lon- gueur de quatre lignes, & de la groffeur d'une petite épingle, de fubftance pareille à de la foye de Pourceau. De chaque côté du bec une peau bleuâtre s’étendoit vers: l'œil, qu’elle entouroit, & devenoit noire en cetendroit. Belon dit abfolument qu’elle eft blanche autour de l'œil. Cette peau formoit les paupieres, & en s’alongeant & fe redoublant faifoit les deux appendices des jouës. Nous les avons trouvées de differentes figures en differens fu- jets :car en quelques-uns elles étoienc ovales, en d’autres quarrées, en d’autres triangulaires. Elles étoient auflide couleur differente. Margravius dit fimplement qu’elles font rouges. Nous avonsremarqué qu’elles étoient rouges aux femelles, & bleuës aux mâles; quoique les Auteurs DE PLUSIEURS PEINTADES. 83 difent que cet Oifeau n’a aucune marque exterieure qui fafle la diftinétion du fexe. Columelle fonde fur cette difference de couleurs une diftinétion entre la Poulle Afriquaine ou Numidique, & le Meleagris, difant que la Poulle Afriquaine a fes appendices rouges, & que le Meleagris les a bleuës : mais il n’y a point d'apparence qu'une telle difference puiffe conftituer des efpeces di verfes, puifque ces couleurs peuvent changer aifément en un même individu par de legeres occafons , ainf qu’il fe voir au Cocq-d’Inde, à qui la crête devient rouge, quand il eft en colere, & qui l’a ordinairement bleué. A côté des appendices en arriere, on voyoit à décou- vert l’ouverture de l'oreille qui eft cachée à la plüpart des Oifeaux par les plumes qui garniflent la tête : cette ouverture étoit extraordinairement petite , peut-être parce qu’elle eft découverte. 1" Les pieds, qui, ainfi qu’il aété dit ,étoient fort hauts, étoient de gris-brun. De grandes écailles les couvroient en devant ; & ils n’avoient par derriere qu’une peau rabo- teufe par une infinité de petites éminences pareilles à cel- les du chagrin. Les trois doigts de devant avoient jufqu’au tiers de leur longueur, des peaux qui les joignoient en- femble comme à l’Oye. Le doigt de derriere étoit court, & les mâles n’avoient point d’ergot au derriere du pied, qui dans les Oifeaux, de même que dans la plüpart des Brutes, comprend non - feulement les doigts qui pofent arerre, mais encore toute la partie qui va jufqu’à la pre- miere jointure, quieft le veritable talon. Après avoir fait ces remarques fur la Peintade, & après avoir lü ce que les Anciens ont écrit de l’Oifeau appellé Meleasris, nous eftimons qu'il eft bien difficile d’être de opinion de Turnerus, de Belon, de Gefner, d’Aldro- vande, & des autres Auteurs qui ontécritdeces Oifeaux, & qui veulent que le Meleagris des Anciens foit le Cocq- d'Inde, & non-pas la Poulle Afriquaine, ou Peintade: Li LAS UC. 2 de reRuftica, Hift.Aviurs. L. $.c. 10. de La nat.des Oifeaux. L.3.de Avib. L. 13. c. 4. Ornithol. L. 10.c,26. L.37. «2, hifi. nat. L. 3. de re Ruflica, 84 DESCRIPTION ANATOMIQUE car ileft aifé de verifier que tout ce que les Anciens ont dit de l'Oifeau Meleagris fe trouve dans la Peintade, & que rien de tout cela ne fe voit dans le Cocq-d’Inde, qui au contraire a des chofes particulieres qui ne font point dans le Meleagris des Anciens. Car les particula- rités que Clytus dans Athenée attribuë à l'Oifeau Melea- gris, {çavoir, le bonnet de couleur & de fubftanceligneu- fe, les barbes ou appendices des jouës, les marques blan- ches en grand nombre femées près à près regulierement & avec fymmetrie fur les plumes, de la figure & de la grandeur d’une Lentille, les jambes fans ergots au mâle, & la reffemblance parfaite du mâle & de la femelle font des caraéteres très-particuliers qui fe voyent dans la Pein- tade, & ne fe trouvent point dans le Cocq-d’Inde. Ce que Pline & M. Varro difent de l'Oifeau Meleagris, convient encore fort bien à la Peintade, & nullement au Cocq- d'Inde : car il dit que Méleagris eft un Oifeau qui vit dans les Lacs & dans les Rivicres : or les peaux que la Peintade a entre les doigts des pieds ne fe trouvent qu'aux Ani- maux qui aiment les lieux aquatiques , où l’on fçait que le Cocq-d’Inde ne fe plaît point. Enfin , dans l'exafle defcription queles Anciens ont faite de Meleagris , il eft impoffhble, s’il étoit le Cocq-d’Inde, qu'ils euffent obmis les chofes remarquables & particulieres qui fe voyent dans le Cocq-d’Inde, & qui ne fe trouvent point dans la Peintade, telles que font la maniere d’étaller fa queuë, de traîner fes aîles contre terre, d’allonger & de laiffer pendre la crête qu'il a à la racine du bec, d’avoir le col raboteux & tout-à-fait dénué de plumes, & d’avoir un bouquet de crin noir à l’eftomac. Pour ce quiregarde les parties du dedans, nous avons trouvé l’œfophage ainf qu'aux autres Oifeaux, que nous avons diffequés , au côté droit de l’âpre-artere : &1l ya apparence que cela eft ainfi, parce que les anneaux de lâpre-arterc étant offeux , l'œfophoge n'auroit pû s'élargix” re durs te en + thai pe dé DE PEUSIEURS PEINTADES. 8; s'ilavoit été ferré ainfi qu'aux autres Animaux, entre le corps des vertebres & l’âpre-artere, Il y à encore une au- tre raifon de certe fituation : c’eft que leur col étant long & fe pliant bien plus fouvent en devant que des deux cô- tés, ily auroit eu une compreflion prefque continuelle de l'œfophage s’il n’avoit été rangé à côté de l’âpre-artere. IL paroït qu’'Ariftote n’a pas remarqué cette ftruture, car il dit que tous les Animaux qui refpirent ont l’âpre-arterc & l'œfophage fitués d’une même maniere, quoique ces par- ties ne foient pas femblables ; c’eft-à-dire , quoique l’âpre artére ait fes anneaux entiers dans les uns, & que cela foit autrement dans les autres, & que l’œfophage foit aufli beaucoup different dans des Animaux differens : car nous avons remarqué que l’œfophage des Oifeaux fe di- latoit ordinairement avant que d'entrer dans le ventricule; &z s’élargiffoit avant que d’entrer dans la poitrine, & for- -moitle jabot qui étoit de la groffeur d’une balle à jouer à la . L D . . . = paume lorfqu’il étoitenflé, & enfuite fe retrecifloit pour paffer dans la capacité de la poitrine. Cette partie retre- cie avoit deux pouces & demi de long. Toute la membrane de l’œfophage étoit femée de quantité de vaiffleaux qui étoient prefque imperceptibles dans le conduit, qui va dépuis la dilatation qui forme le jabot jufqu’au géfier ; ce conduit étant d’une fubftance plus dure & plus blan- che que le refte. Le géfier éroirt comme à la Poulle. On ne Ja trouvé rempli que de gravier en la plüpart des fujets. Sa membrane interne étoit fort pliflée, 8 aifément fépa- rable de la tunique nerveufe, & la fubffance de cette mémbrane interne étoit femblable à de la colle-forte. ? Lesinteftins avoient crois pieds de long fans compter les deux Cru , qui avoient chacun fix pouces. Le Ds- denvm étoir fans comparaifon plus large que les autres , ayant plus de huit lignes. Les cæcum n’étoient pas d’une largeur uniforme comme à la plüpart des Oifeaux , mais alloient en s’élargiffant. Ils étoient attachés par les mem ARE Lii) L. 2. cha) 15. de l'hifls des Anitss 86 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE branes du mefentere, & en recevoient des vaifleaux com me les autres inteftins, Le foye étoit partagé en deux lobes , qui avoient par le haut chacunune cavité pour recevoir la pointe du cœur, La cavité du lobe droicétoit plus grande, & plus enfoncée que celle du gauche, parce que la pointe du cœur étoit un peutournée vers le côté droit. l'extrémité inferieure des lobes éroit attachée au diaphragme qui defcend du haut enbas, & aux veflies que le poumon formeaux Oifeaux dans le bas ventre. Dans la plüpart des fujets le foye étoit fcirrheux , & rempli d’une grande quantité de grains durs de couleur jaune , & gros les uns comme des pois , les au- tres moindres. Nous n’avons point remarqué de veficule du fiel dans quelques fujets, mais le rameau hepatique paroifloit très-gros. Dans tous les autres fujets la vefcule du fiel etoit fort apparente; Dans quelques fujets où le foye s’eft trouvé fcirrheux, la tarte l’étoit auffi. Dans un des füujetsiln’y avoit qu'un: cefticule. L’âpre-artere, dans la cavité duthorax, recevoit deux petits mufcles qui lui étoient attachés à fa partie laterale, Ces mufcles étoient longs chacun de près d'un pouce, ronds comme une corde, & de la groffeur de deux tiers de ligne. Les poumons étoient compofés de membranes en for- me de vefcule, qui laifloient entrelles plufieurs parties vuides de grandeur & de figure inégale ,recouverts d’une tunique fort déliée. Ces poumons étoient d’un rouge- pâle tirant furle cendré : & ilsavoient deux pouces & de- mi de long fur neuf lignes en leur plus grande largeur , & cinq lignes en leur plus grande épaiffeur. Cette ftruéture des poumons, qui eft commune aux Oifeaux, eft décrite plus particulierement dans lAutruche, Le cœur avoit un pouce & derni de long fur un pouce de large; & il étoit plus pointu qu’il ne left ordinaire CE PERLE I DE PLUSIEURS PEINTADES. 87 ment dans les Oifeaux. L’aorte à la fortie du ventricule gauche fe dérournoit à droit, & fa courbure éroit cou- verce de l'oreille droite. La carotide gauche fembloitauffi fortir du cœur , quoiqu’elle fortît du tronc de l'aorte. La _ divifion des arteres iiaques étoit un pouce & demi plus bas que celle des veines iliaques. Ces arteres 8 ces veines produifoient les rameaux émulgens. L’œil étoit grand & couvert. Le cryftalin étoit plus convexe en dedans qu’en dehors. - $8 _ POS CRT PRE ET ET EXPLICATION DE LA FIGURE DE L'AIGLE. PREMIERE FIGURE. A premiere figure ne reprefente que l’une des Aigles ui fonc ici décrites, parce qu’elles étoient prefque. toutes femblables. La principale difference étoit aux pilu- mes du col, qui n’étoient compofées que d’un duvet fort long & fort délie dansle mâle ; au-lieu que dans celle qui étoit femelle, ellesétoient en maniere d’écailles. I] faut en- core remarquer que la grandeur de l'ongle du doigt de der- ricre n’a pü être reprefentéetelle qu’elle paroîtroit, fi ces ongles n’étoient pas cachés comme ils font neceffaire- ment par letronc fur lequel l’Aigle eft perchée. SECONDE FIGURE. A. Eff le tronc de la veine-porte. B. Le col de la veficule du fiel. C. Le canal cyffique. D. Le canal hepatique. E. La ratte. F. Le pancreas. GGG. Les rameaux de la veine-porte @ de l'artere cœliaque, qui vont à la ratte aux inteflins. 123. Les trois canaux pan- creatiques. MH. L'äpre-artere. I. L'æfophage enflé. K. Ur corps glanduleux attaché au haut de læfophage. L. Le ventricule. M. La ratte. N, Les rameaux qui fe diffribuent à La ratte, € aux inteffins. ©. Le pau- creas, P. La langue. Q. L'œil. K. Une des plumes de La gorge qui n'eff composée que de filets en forme de duvet, @ qui a deux tuyaux comme deux branches qui fortent d'un autre tuyau qui eneffcomme le tronc. S. La moëlle de l’épine fenduë € féparée comme en deux branches qui [è rejoignent enfuite. TTVX. La même moëlle coupée en travers, pour faire voir comme les deux parties TT, qui feparent en deux le tronc dela moëlle en devant , font jointes par la partie poflerieure X ,pour former la cavité V. YY. Deux petites appen- dices qui tiennent lieu de cacum , ayant en dedans une cavité fort petite. DESCRIPTION =. . 4: ATP arke .PL,49 . pa g . 88 il D “ pus ai AOL AS EE CENT PPT Va: , = HR TR : - 1 En RS : rs 11 * partie, PL, £0.pag.88, + 89 LAS OS CAD OS CAD CAS CID CES QD AMD CPS CP E* CAD US CID OMS CD CS OS ONDES CD CPI CDS DESCRIPTION ANATOMIQUE DE TROIS AIGLES. Es trois Aigles que nous décrivons écoient prefque femblables en grandeur , en figure, & en plumage. Les parties du dedans n’étoient aufli guere differentes que par ce qui diftingue le fexe. La plus grande des trois, qui étoit une femelle, ayoit depuis l'extrémité du bec, jufqu’à celle de la queuë, deux pieds néüf pouces; du bout d’une aîle jufqu’au boutde l’autre, quand elles étoienc étendués, fept pieds & demi. Depuis le derriere de la tête jufqu’à la naiffance du bec il y avoit deux pouces. La partie fuperieure du bec, depuis fa naiffance jufqu’à fa pointe, compris la courbure, avoit trois pouces & trois lignes. Le col cinq pouces & demi. Depuis lehaut de la cuifle , jufqu’à l'extrémité des ongles, il y avoit quinze pouces. L’oifeau entier pefoicdix livres. Tout fon plamage étoit d’un châtain prefque noir, à la referve du bas du col en devant, & du ventre, qui étoit d’un blanc fale ou gris rouflâtre. Les pieds étoient petits à proportion du corps, & d’un gris bleuâtre, Le bec étoic tout noir. Les deux autres, dont l’une étoit mâle, & l’autge fe- melle, & qui étoient un peu plus petites, avoient le bec noir par le bout, jaune vers fanaifance, & bleuâtre par le milieu. Les doigts des pieds étoient jaunes, cou- verts d’écailles de differentes grandeurs ; celles de deflus Rec, de l'Ac. Tom. III. XI. Partie. M L.2.c.3. de la nat. des Oifeaux. Belon L. 1. c. 4. de la nat. des Oifeaux. 90 DESCRIPTION ANATOMIQUE étant grandes & en table, principalement vers l’extré- mité;les autres étant fort petites, Les ongles étoient noirs, crochus, & fort grands, fur tout celui du doigt de der- riere, qui écoit prefque unc fois aufli grand que les au- tres. Le plumage de ces deux dernieres étroit de trois cou. leurs, fçavoir , de chatain-brun, roux, & blanc. Le def fus dela cête éroit mêlé dechâtain & de roux. La gorge & le ventre étoient mêlés de blanc, deroux , & dechatain: les aîles avoient beaucoup de châtain, peu deroux ,&en- core moins de blanc. Les tuyaux des grandes plumes des ailesavoient neuf lignes de tour. Les plumes de la queuë étoient fort brunes vers l’extremité, ayant quelque peu de blanc vers leur origine. Les euifles , les Jambes, & le haut des pieds, jufqu'au commencement des doigts, étoient couvertes de plumes moitié blanches, & moitie roufles, chaque plume étant roufle par lebout, &blan- che vers fon origine.Les Naturaliftes difent que les Aigles ont ainf les jambes garnies de plumes , tant pour les mu- nir contre les coups du bec & des ongles des Oifeaux, quand elles les prennent dans leurs ferres, que pour les défendre du froid des neiges , auquel elles font expofces fur le haut des montagnes où elles fe tiennent ordinaire- ment. Belon qui a décrit plufieurs efpeces d’Aigles , les a toutes dépeintes avec les jambes dégarnies de plumes. Outre les grandes plumes qui couvroient le corps, ily avoità leur racine un duvet fort blanc & fort fin, de la longueut d’un pouce. Ce duvet eft encore auffi pour munir les Aigles contre le froid , auquel elles font fort fenfibles : ce qui fait que les Fauconniers, lorfqu'ils fe fervent des Aigles pour le haut vol, leur ôtent une partie de ce du- vet & des autres plumes qui leur garniffent le ventre , afin que quand elles veulent s'élever trop haut, elles en foient empéchées par le froid de la moyenne region de l'air. Les autres plumes qui couvroient le dos &cle ventre ,avoient DE TROIS AIGLES, 91 quatre & cinq pouces de long. Celles qui couvroient les jambes en dehors, avoient jufqu'à fix pouces , & elles defcendoient de trois pouces au-deffous de la partie qui tient lieu de tarfe & de metatarfe, & qui dans les Oi- feaux , de même que dans la plüpart des autres Brutes, n'eftpasunce partie du pied qui pofe àterre, mais qui eft beaucoup au-deflus , & qui reprefente un genou qui eft plié en arriere, & dont lejarret eft en-devant. Les plu- mes qui garnifloienr la gorge & le ventre avoient fept pou- ces de long & trois delarge à la femelle, & elles étoient rangées les unes fur les autres comme des écailles : au mâle, elles étoient molles, n'ayant des deux côtés du tuyau qu'un long duvet, dont les fibres n’étoient point acrochées enfemble, comme elles font ordinairement aux plumes fermes qui font arrangées enécaille. Ces plumes étoient doubles : car chaque tuyau, après être forti de la peau environ deux lignes & demie , jettoit deux tiges inégales, l’yne étant une fois plus grande que l’autre. Nous avons remarqué la même chofe aux plumes du col & du ventre d’un Perroquet, & dans toutes les plumes d’un Ca- zuël. Belon ditque l'Oifeau qu'il appelle Cocq de bois, &qu'il croit étre leTerrix d’Ariftote,a de ces fortes de plu- mes, & qu'iln’a point vü qu'aucun autre Oifeau en air. L’œil étoit enfoncé dans l'orbite, & couvert par une faillie de l'os du front qui faifoit comme un fourcil avan- cé, il étoit de couleur ifabelle fort vive, & ayant l'éclat d'une Topafe. La cornée s’'élevoir avec une grande con- vexité fur la fclerotique, qui faifoit un rebord relevé autour de la cornée, Ce rebord étoit dur & offeux, & com- pofé de plufeurs pierres jointes & pofées les unes fur les autres comme des écailles. La conjonétiveétoit d’un rou- ge fort vif. Les paupieres étoient grandes, chacune étant capable de couvrir tour l'œil. Outre les paupicres fupe- ricures & inferieures , il ÿ En avoituneinterne, qui étoit retirée dans le grand coin de l'œil, & qui étant étendué Mi) L.$.e. 11. de la nat, des Oifeaux. L.9.0.32. de l'hift. des Anim. L. 2.0. 39. de la nat.des Anim. Z, 3. Metas 0rphn 92 DESCRIPTION ANATOMIQUÉ vers le petit , couvroit entierement la cornée. Ariftote & Pline font fix efpeces d’Aigle, qui font Py- &argus , Morphnos, Percropteros, Melanaëtos, Haliaëtos, & Chryfaëtos ; mais ces Auteurs ne conviennent pas tout- à-fait de la grandeur de ces differentes efpeces : ils con- viennent aflés dans tout le refte, à caufe des noms Grecs par lefquels ces efpeces font défignées, en leur attribuant des marques qui les diftinguent. Ces marques nous ont auffi fait Juger que nos deux dernicres Aigles, qui étoient les moins grandes, pouvoient être rangées fous la der- nicre efpece, qui eft la veritable Aigle, appellée com- munément Royale en François, & Chryfaëros & Afferias par Elien, à caufe que la couleur rouffe & comme dorée de leurs plumes , eft exprimée par lenom Grec Chryfaëtos, & que les taches qu’elles ont fur le ventre & fur les cuif- fes, reprefentent les étoiles fignifiées par le nom 4ferias, que tous les Interpretes difent n'avoir été donné à cette efpece d’Aigle, qu’à caufe de ces taches rouffes. D’ail- leurs ces Aigles ne peuventétre nile Pygargus , c'eft-à-dire Aigle à la queuë blanche; ni le Morphnos , c’eft-à-dire Aigle dont tout le plumage eft de couleur obfcure; ni le Melanaëtos , c'eft-à-dire Aigle toute noire; ni le Perc- . zopteros, c'eft-à dire Aigle dont les aîles font tachées de noir ; nile Aaliaëtos, c'eft à-dire Aigle qui demeure proche de la mer, que l’on ditavoir les pieds bleuatres: parce que ces deux Aigles, ainft qu'il paroît par la def- cription , n’avoient point la queué blanche, n’avoient point tout le plumage de couleur obfcure , n’étoient point toutes noires, n’avoient point les aîles tachées de noir, & n’avoient point les pieds bleuâtres; mais notre troifiéme Aigle, qui étoit la plus grande, & qui avoitles pieds bleuâtres, pourroit être l'Aigle appellée Ha/iaëtos qui vit proche de la Mer; outre qu'elle avoit les aîles fort brunes, ainf qu'Ovide la décrit dans la Metamorphofe du Roi Nifus , qui fut changé en cette efpece d’Aigle ; qu'elle DE TROIS AIGLES. _ 93 âvoit la gorge & le ventre blanc, fuivant la defcription de l'Haliaëros faite par un anonyme qu’Aldrovande cite; que fes doigts écoient prefque tous couverts d'écailles quarrées, y en ayant beaucoup moins en table qu'aux au- tres Aigles : ce que Belon dit être particulier à cette ef- pece d’Aigle, à laquelle Ariftote attribuë ce que l’on dit de toutes les Aigles, fçavoir qu’elles rejettent ceux de leurs petits qui ne peuvent regarder fixement le Soleil. Aldrovande dit que l'Aigle Chryfaëros qu'il décrit, pefoic douzelivres : & cependant chacun des deux nôtres pefoit prefque un tiers moins. Mais il faut confiderer que nos Aigles étoient jeunes, ainfi qu'il paroifloit aux plu- mes blanches qu’elles avoient au col, aux ailes, & à la queuë , qui changent de couleur aux Aigles quandelles vicilliffent, & deviennent de couleur dorée ou de chä- tain-brun, ainfi que Gefner a remarqué; joint qu'ainf qu'il a été dit, Ariftote & Pline ne font pas d’acord fur la grandeur des Aigles de differente efpece; Ariftote faifant celle qu’il appelle la vraye Aigle, quieft appellée Chryfaëtos par Elien, & Subrutila par Pline, la plus gran- de de toutes, & Pline difant qu’elle n’eft que d’une gran- deur moyenne, & que celle qui eft appellée Percropteros eft la plus grande. PTE L'œfophage étoit à l'ordinaire au côté droit del'äpre- artere. Îl avoit fix pouces de longueur, & il s’élargifloit jufqu’a avoir deux pouces & demi de diametre, lorfque lon fouffloit dedans. Vers le hautil y avoit un corps glan- . duleux dur & fermement attaché à la membrane :ilétoit de la groffeur d’un pois ; on ne Pa trouvé que dans l’un des Sujets. Au-deflous de l’endroit où l’âpre-artere fe fépare en deux lœfophage s’étrecifloit, & pañloit deffous, puis s’élargifloit pour former le ventricule, à peu près de la -même maniere qu'il a été décrit dans le Cormoran : ce qui eft contre l’ordinaire des Oifeaux , où l’œfophage defcend plus bas, le géfier étant au-deflous du foye, Dans ce Sujet M ii] L.2.c 3 Ornithol. L. 9. c. 344 de l'hift. des Anim. F210 02 Ornithol, L. 3. de avib* L. 9. c. 32. de l'hiff. des Anim: L.10. c.z biff. nat. L. 9.c. 32. de l'hifls des Anim. L. 2. c. 39. de la nat.des Anim. 94 DESCRIPTION ANATOMIQUE le ventricule écoir femblable à l'œfophage en grandeur, en figure, & même en fubftance : car l’un & l’autre étoit compofé de membranes dures, folides, blanches, & par- femées de plufieurs vaifleaux par le dehors. Le dedans étoit different; l’œfophage fe dilatant par le bas formoit une efpece de jabot. Il écoit compofé de petites glarides, qui vers le bas avoient la groffeur d’un grain de navette, & alloient toüjours en diminuant vers le haut. Le ven- tricule avoit quelques rides, qui fe multipliant vers le fond, le rendoient plus épais que versle haur. Ces deux cavités, tantcelle du bas de l’œfophage que celle du ven- tnicule, étoient forcamples, & proportionées à la vora- cité de cet Oifcau , que les Naruraliftes difent étre fiex- craordinaire, qu'il ravage tous les lieux voifins, qui fuf- fifent à peine à lui fournir la proye qui eft neceflaire pour fa nourriture. Aufli remarque-t-on qu'ils neferen- contre point deux Aigles en un même quartier. Et Ari- ftote dit que les Aigles chaffent leurs petits , non-feule- ment hors de leufs aires, mais encore du pays qu’ils ha- bitent, quand ils commencent à pouvoir voler. Elien rap- porte que les Aigles n'étant pas contentes-des grands Oifeaux ‘qu'elles prennent, comme des Gruës & des Oyes, elles chaflent les Lapins ,les Liévres, & les Che- vreaux, qu’elles enlevent, & qu’elles emportent ; & que même elles ont l’adreffe de tuer des Taureaux, en les fai- fant tomber dans des précipices, pour les manger , après qu'ils s’y font brifés par leur chüte, Les inteftins étoient petits, à la maniere des Animaux voraces, & qui fe nourriffent de chair , au contraire de ceux qui nc vivent que d’herbages , & principalement de ceux qui ruminent, où ils font ordinairement quatre &c cinq fois pluslongs & plus amples qu'aux autres Ani- maux. Dans nos deux Aigles Royales ils étoient menus & courts. Il n’y avoit pointde cæcum dans le mâle: mais la femelle en avoit deux longs chacun de deux pouces: DE TROIS ÂIGLES. 9$ Notre troifiéme Aigle que nous avons crû être l’44- liaëtos ,au-lieu de cxcum , avoit deux petites boffes fort peu apparentes en dehors, mais qui ne laifloient pas d’a- voir en dedans deux poches formées par des tuniques en manicre de valvules. Le re£tum fe retrecifloit cout à-cou p proche de lanus, & faifoit enfuite une pochede la grof- feur & de la figure d’un œuf, à l'extrémité de laquelle les ureteres s’inferoient : on voyoit au-deflous de cette poche la petite poche appellée bourfe de Fabrice, dont la figure cftdans la Planche de l'Otarde. La ratte aux deuxAiglesRoyales éroit ronde en-dechors, plate en dedans & ducôtédu ventricule auquel elleétoitim- meédiatementadherente : elleétoir attachée au côté droit, & avoit huit lignes de diametre. Sa couleur étoit un rou. ge beaucoup plus brun que celui du foye , qui étoit d’un rouge fort vif. Ses vaifleaux qu’elle recevoirde la veine- porte & de l'artere cæœliaque étoient gros & variqueux. À l’Aigle Haliaëtos elle éoit fituée fous le lobe droit du foye , & attachée au troifiéme repli de l’inteftin par des rameaux de la veine-porte & de l’arterc cœliaque, com- me aux deux autres, À cette même Aigle le pancreas étoit fitué comme à la pläpart des Oifeaux dans le premier repli de l’inteftin. Il étoit rond par le bout d’embas, faifant comme une tête; le refte éroit plus plat & plus menu. I] y avoit cela de parti- culier, que cette tête étoir percée pour donner paflage au canal hepatique , qui fans avoir aucune communication avec les canaux pancreatiques, s’alloit inferer dans l'in- teftin. Les canaux pancreatiques étoient au nombre de trois : 1l y en avoic deux qui s’inferoient dans l'inteftin en- tre le canalcyftique & l’hepatique ; le troifiéme s’inferoit au defflus de lhepatique. L'infertion de ces canaux avoit deux chofes particulieres; la premiere étoit que leur in- fertion fe faifoit dans le Duodenum ,au-lieu qu’elle fe fait ordinairement aux Oifeaux dans l'extrémité du premier 96 DESCRIPTION ANATOMIQUE repli desinteftins , qui appartient au jejunum. La feconde particularité eft que l'embouchüre de tous ces canaux étoit recouverte chacune de fon mammelon, au lieu que fou- vent il n’y a qu'un mammelon pour tous les canaux, tant pancreatiques que cyftiques & qu’hepatiques. Le pancreas aux deux Aigles Royales, étoit aufñli fitué fort proche du pylore ; mais il étoit attaché à l'inteftin par un canal fi dé- licat & fi court, qu’il étoit difficile à voir : par l’autre bout il tenoit à la rate qui étoit attachée à la partie fu- perieure, & au côté droit du ventricule, ainfi quil a été dit. | Le foye étoit beaucoup plus grand à ces deux Aigles qu’à la troifieme : aux unes & aux autres le lobe gauche étoit le plus grand. La veficule étoit aufli très-grande à tous les trois, ayant la groffeur & la figure d’une grofle Châtaigne. Le fond de la veficule communiquoit au lobe droit du foye par un conduit qui eft un rameau du canal hepatique. Le canal cyftique fortoir à l’oppofite de ce con- duit, qui étoit joint au foye en deux differentes manieres: car dans l’Aigle Haliaëros le fond de la vefcule étoit atta- ché au milieu de la partie cave du lobe droit à l’ordinaire : mais aux deux Aigles Royales il pendoit au bout dulobe droit qui étoit le plus court, ainfi qu’il a été dit: ce qui faifoit que la veficule étoit toute hors du foye. Cortefieus dit l'avoir trouvée au-deffous du ventricule enveloppée de beaucoup de graiffe, fans qu’elle eüt aucune commu- nication avec le foye; peut-être parce qu'il ne s'eft pas apperçü de ce conduit qui l'y attache. Aux deux Aigles Royales, les reins étoient petits , ayant feulement huit lignes de diametre dans leur plus grande largeur : ils étoient un peu applatis , & de couleur tannée unpeurougeâtre. L’Aigle Auliaëtos les avoit à peu près comme les autres Oifeaux , quiles ont ordinairement fort grands à proportion des autres Animaux. Les refticules à l’Aigle Royale mâle, étoient deux petits corps SE nt ST DE TROIS AIGLES. 97 corps, enfermés dans des membranes. Ils étoient chacun de la groffeur d’un pois, un peu applatis, de couleur de chair, tirant fur le jaune. : Les femelles avoient l'ovaire & le conduit de l'ovaire à l'ordinaire des Oifeaux, & vel à peu près qu’il eft dépeint dans la figure de la Demoifelle de Numidie. La langue étoit cartilagineufe par le bout,& charnuë par le milieu , ayant à faracine deux pointes dures, femblables à celles qui font au bas du fer d’une fleche. Elle étoit large de cinq lignes , longue d’un pouce huit lignes, à prendre depuis l'ouverture du larynx jufqu’au bout , qui n'étoit pointen pointe comme à la plüpart des Oifeaux qui ontle bec droit, mais qui étoitquarré. Les petits mufcles , qui attachent l’äpre-artere, te- noient à la partie interne du haut du fternon. Le globe de l'œil dans la femelle avoit dans la plus grande largeur un pouce & demi de diametre. Celui du mâle avoit trois lignes moins. La cornée avoit une con- vexité qui la faifoit élever fur le refte du globe de l'œil qui étoit applati en devant, ainfi qu'il eft ordinairement aux Oifeaux & aux Poiflons , qui n’ont pas le globe de l'œil fi fphérique que les AnimauxTerreftres. La cornée dans l’un des yeux du mâle n’étoit point tranfparente , mais elle s'eft trouvée avoir une blancheur opaque. Entre la cornée & le cryftalin, on a trouvé dans cefujettoute l'humeur aqueu- fe endurcie & comme petrifiée , de l’épaifleur de deux li- gnes, & pofée fur l'iris, qui étoit de couleur minime, & qui fembloit en avoir été alterée. Le cryftalin étoic large de quatrelignes & demie , & épais de trois & demie, étant plusconvexe en dedans qu’en dehors. Dans la femelleily avoitauffi un des yeux gâté, toutes les humeurs & les mem- branes du dedans étant corrompus , enforte que tout étoit #onduen une eau roufle fans même qu'il y eût apparen- ce de cryftalin. + Lctroudeluvéeétoit fermé par une membrane mince, Rec. de l'Ac. Tom. III. A, Partie. N Ibid. L. 9. c. 34. de l'hiff. des Anim. DAS ES de Ll'hiff. dis Anim. 33 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE, &c. dure , & tranfparente. Cortefius qui a obfervé certe mem- brane dans les yeux d’une Aigle, dit qu'elle nefe trouve que dans l'efpece appellée vfifrage, qu'Ariftote appelle, à caufe de cela, Epargemos, c'eft-à-dire, qui a comme un nuage fur les yeux. Notre Aigle éroit néanmoins fort dif- ferente de l’oflifrage , qui n’eft pas une veritable Aigle, & dont le plumageelt, felon Ariftote, d’un grisblanchätre: ce qui n’a aucun rapportavec notre Aigle. Le nerf optique étoit extraordinairement mollaffe en cet œil. La membrane qui eft particuliere aux Oifeaux, & qui forcdu nerfoptique , faifant comme une bourfe qui va s'attacher par l’autre bout au derriere de l'humeur vitrée , étoit fort noire, & même plus que la choroïde, Quoique nous l’appellions membrane, parce qu’elle pa- roifloitune membrane pliflée , ce n’étoit pourtant qu’un amas de grofles fibres noires, qui en avoient quelqu’unes derougcâtres enfermées au milieu , & quiétoient appa- remment des vaiffeaux. Le nerf optique d’où cette mem. brane fortoit ,étoitapplati, faifant comme une fente de la longueur detrois lignes. On a remarqué dans la moëlle de l’épine, que vers le milieu du dos la partie qui regarde les apophyfes épi. neufes fe dilate & fait une cavité femblable à celle du pa- nier d’une fronde, laquelle racine étoit de la longueur d’un pouce & demi, & dela largeur dehuitlignes. Cette même ftrufure fe voit ordinairement dans les Oifeaux ; & ona toujours trouvé la cavité que les deux parties écartées laif- fent au milieu , remplie d'une efpece de limphe. Si le principalufage des ventricules du cerveau eft de re- cevoir les excremens du cerveau , on peut direavec quel- que probabilité, que cette cavité qui eft particuliere aux Oifeaux, eft comme un ventricule dela moëllede l'épine, qui étant enfermé dans des os qui n’ont pas un mouvement libre,tel qu’eft celui de l’épine flexible des autres Animaux, n’a pas les moyens que cette agitation lui pourroitdonner , de fe dégager de ces excremens , & de les difliper. nn g ; parte PL, #1 .Pag-99" a 1 99 oo FXPELLCALION DE LA FIGURE de l'Otarde. PREMIERE FIGURE. Es fix Otardes n’étoient pas tout-à-fait femblables. Il y en avoit dont le col étoit plus long à proportion des jambes; d’autres l’avoient plus court. Quelques-unes _ avoient le bec plus pointu qu’il n’eft ici dépeint; la plû- part néanmoins l’avoient ainfi. Il y en avoit une où les plumes qui couvrent l'oreille étoient un peu plus lon- gues qu’elles ne font ici. SECONDE FIGURE. AA. Sont les deux lobes du foye. B. La veficule du fel. C. Le canal cyffique. DD. Le canal hepatique. EF. Les canaux pancreatiques. G. Uz repli de la tunique interne de l'inteflin for- mant ur mammelon qui couvre les quatre em- bouchäres des rameaux cyfliques, hepatiques , G pancreatiques. . HH. Le pancreas. I. L'extrémité de l'efophage qui commence à s'é-- largir. KKK. Lamembrane externe de l'æfophage ; qui eff com- mune à l’'æfophage & au ventricule ou géfier gw'elle couvre. LL. La membrane interne qui couvre les glandes du Ni 100 MM. bas de l'æfophage. Cette membrane eff encore recouverte d'une autre qui fait le velonté, & qui s'étend auf} fur la membrane MM. Elle n'eff point ici reprefentée, pour éviter La confufion, G* auf]i parce qu'il eff facile de la [uppléer par l'imagination. ù La membrane interne dugefier , qui eff pliée, & goderonnée. Les glandes qui font au bas de l'œfophage fim= blables à des bouts de tuyaux ,G arrangées les unes [ur les autres. La partie charnuë G mufiuleufe du gélier , enfer- mée entre la membrane KKK,G la mem- brane MM. Ur des pieds reprefenté en grand , quoiqu'il n'ait que la moitié de [a grandeur naturelle. Un des ongles coupé, pour faire voir qu'il n’eff pas creux en-deffous | mais rond comme en- deffus. L'extrémité de l'ileon. Le commencement des deux cecum. La grande poche , qui eff proche de l'extrémité du rettum. Elle eff ouverte, pour faire voir les em- bouchüres des Ureteres , @ du troifiéme cacum. Les Ureteres. Le troifiéme cecum appellé vulgairement la bourfë de Fabrice. L'embouchüre du troifiéme cacum. Ua repli de la membrane interne de la grande poche du reëtum , faifant un petit [ac au-deffus de l'embouchire de La bourfe. Les embouchüres des ureteres. nn PA Si ï y FO ‘le : f tm . LEON 7 ñ à » 1 v:01 Ven 3 L: À t 17 À Ÿ 1 : \ . ea 11 parte PL, 52 -P4g:100 : ET » FOI LESC RE PT; ON ANATOMIQUE DE SIX OTARDES. tarde plus grande que celle que nous décrivons. Ariflote 1. P q q 7 Cocq. Erileft étrange que Belon & Turnerus, quiappa- Z-10.6.22 remment avoient vü des Otardes, en ayent ainfi parlé , ”J9 7 pour fuivre Pline , qu’ils femblent même n'avoir pasbien entendu : car l’Oifeau, qui, felon Pline, eft le plus grand après l’Autruche, eft la feconde efpece de Tesr40 , qui n’eft point l’Otarde ; & Pline dit feulement que la grandeur de l’oris, qui apparemment eft notre Otarde, approche de celle du Terra : mais on ne fçait point certainement ce que c’eft que le Tesrao , & ce qu’on en dit n’a aucun rap- port avec l'Otarde; cet Oifeau, fuivant la defcriprion de Pline, étant noir par tout le corps, à la referve des plumes.qu'il a au-deflus des yeux, qui font rouges : ce qui ne fe trouve point dans l’'Otarde, qui a bien quelque rouge & quelque noir, ou quelque brun Qu plu- iij L. 3. de Avi- bus. Er: c.12. Oraithol. L. 5. ce 24. de La nat. des Anim L. 15. 102 DESCRIPTION ANATOMIQUE mage, mais ces couleurs s’y trouvent placées tout d'une autre façon. Le col & les pieds éroient bien plus longs dans nos Otar- des, que dans celles que Gefner & Aldrovande ont dé- crites : du refte elles fe rapportent affés à la defcription que ces Auteurs en font. Elles avoient le col long d’un pied , & les jambes d’un pied & demi. Les aîles n’éroient gueres plus longues que les jambes; enforte qu’étantéten- duës, elles ne faifoient pas plus de quatre pieds; ce qui n’a pas de proportion avec la maffe du refte deleur corps. C'eft pourquoi cet Oifeau vole avec tant de difficulté, qu’on le peut atteindre à la courfe, Elien dit que de tous les Oifeaux il n’y a que l’Otarde qui craigne les Chiens, parce qu’elle s’éleve fi peu de terre, & va fi lentement, qu’ils la peuvent prendre aifément. C’eft par cette raifon qu’elle a été appellée Avis rarda par les Latins, d’où eft venu le nom d’Otardeen François, fi ce n’eft qu'il aitété pris de fon nom Grec , qui eft Cris; quoique les Anciens ayent parlé aflés diverfement de l'Otis, pour faire douter fi c’eft notre Otarde. Le plumage étoit de differentes couleurs. Le ventre, les cuiffes, le deflous de la queué , & le deffous des aîles étoit blanc. Belon faitle deflus des aïîles blanc à l'Otar- de ; cependant toutes nos Otardes ne les avoient point ainfi, & les Oifeaux qui ont quelque couleur brune dans leur plamage , l'ont ordinairement fur les aîles & fur le dos : ce qui fe remarque aux autres Animaux, qui ont auffi le dos plus brun que le ventre. Le devant du col, la rêre, & le milieu du deflus des aîles éroient d’un gris- cendré. Le derriere du col, le dos, le deffus des aîles par le haut, & le deflus de la queuë étoicnt de roux traver- fé de taches noires, longues, inégales, & comme rom- puës: ainfi qu'aux Perdrix. Peut-être que Strabon a enten- du parler de quelque Oifeau femblable à l'Otarde , quand il a dir qu'il y a aux Indes des Perdrix aufi grandes DE SiX OTARDES. 103 que des Oyes. Les extrémités des aîles étoient de gris- brun. Toutes les plumes généralement, à la referve des grandes qui font au bout des aîles, avoient proche dela peau un duvet d’un rouge fortvif, &tirant fur la cou- leur de rofe. Le bout du tuyau étoit aufli de cette même couleur. Il y avoit quelques-unes des plumes qui outre ce duvet attaché au bas du tuyau, en avoient un autre, qui fortoit de leur extrémité , le milieu de la plume étant compofé de barbes fermes & acrochées les unes aux autres, ainfi qu’elles font aux plumes qui fervent à voler, & le refte érant comme éfilé & divifé en unein- finité de fibres fort déliées. On a déja remarqué de cette efpece de plume dans la Peintade, & on en a donné la figure. Le bec étoit d’un gris un peu plus brun que le pluma- ge de la tête. Il étoir long de trois pouces , à prendre depuis l'œil jufqu’à fon extrémité. Il avoit à peu près la forme du bec d’un Poulet-d’Inde, & ne reflembloit point, ainfi qu’Albert dit, au bec de l’Aigle, qui eft fort cro- chu. uelques-uns prétendent que la grandeur du trou de l'oreille de cet Oifeau lui a fait donner par les Grecs le nom d’Oris. Cependant la grandeur de ce trou n’étoit point extraordinaire. En quelques-unes des Otardes que nous avons diffequées il étoit couvert de plumesun peu plus longues que le refte de celles de la tête : mais elles ne formoient point de longues oreilles comme enla Demoifelle de Numidie, qui femble être le véritable Otus des Anciens, & que l’on confond avec lois, ainfi que Cafaubon l’a remarqué fur Athenée , & qu’onle faic voir dans la defcription de la Demoifelle de Nu- midie. i Lapartie qui tient lieu de tarfe & de metatarfe, & la moitié de la jambe, étoient revétuës de petites écailles de figure hexagone , dont les plus grandes n’avoient L.23.tra@ de Animal. L.s. c. 1e; Animady. Z. 2,0. 7. de la nat. des Oifeaux. +104 DESCRIPTION ANATOMIQUE qu’une ligne en tout fens. Les doigts des pieds étoiént couverts pardeflus d’écailles en table ,longes & étroites. Toutes les écailles étoient de couleur grife, & recou- vertes d’une petite peau qui s’enlevoit comme la de- poüille d’un Serpent.Le deflous du pied étoit revêtu d’une peau grenée comme du chagrin. Il n’y avoit que trois doigts : ce qui a été remarqué par Ariftote au rapport d’Athenée. A la place du doigt de derriere il y avoitune callofité de la groffeur d’une petite noix. Le plus grand des doigts avoit deux pouces neuf lignes de long. Les ongles étoientlarges, courts, peucrochus, peu pointus, & de figurc'ovale : mais ce qu’ils avoient de plus remar- quable , eft qu’ils étoient convexes en-deflous de même qu’en deflus. Belon dit que lefpece d’Aigle nommé Æ4a- liaëtos, a ainf les ongles ronds en-deflous, de même qu'en deflus , contre l'ordinaire des ongles des autres Animaux, qui font creux, ou du moins plats en-def- fous. L'Otarde ne fait point fon nid fur lesarbres , felon AI- bert , parce qu’elle n’y peut voler : mais il y a encore ap- parence que c’eft parce qu’elle ne s’y peut tenir , à caufe de la conformation extraordinaire de fes pieds, qui n’eft pas commode pour cela, n’ayant point de doigt derrie- re, & le deffous du pied étant arrondi & rempli d’une groffe callofité qui l'empêche de fe pouvoir percher. Ariftote dit que l'osis en Scythie ne couve point fes œufs comme les autres Oifeaux , mais qu’elle les enve- loppe dans une peau de Liévre, ou de Renard, & les cache au pied d’un arbre, au haut duquel ellefe perche, pour être en garde contre les Chafleurs, qu’elle empé- che d'approcher, en les frappant de fes aîles commeles Aigles font : ce qui fait voir que le nom d’oris eft bien ambigu parmi les Anciens, & qu'il fignifie quelquefois notre Otarde, & quelquefois un autre Oifeau qui en eft bien different : car l'Otarde n’eft point capable, n1 de { DE SIX OTARDES. 10$ £e percher fur le haut d'un arbre, ni de fe battre contre Îes Chaffeurs. Le foye étoit fort grand, le lobe droit ayant en quel- ques-uns denos fujets jufqu'à cinq pouces; enforte qu'il defcendoit jufqu’au bas du ventre. Il étoit d’une fubftance ferme, & d’un fortbeau rouge. La veficule du fiel étoit cachée fous le lobe droit, & n'y étoit attachée que par fa partie fuperieure , qui étanc setrecie faifoit comme un col: le refte pendoit, étant dé- gagé du foye, & adherant dans l’un des fujets par le bas au fecond repli desinteftins. Dans la plüpart des au- tres fujets elle avoit deux pouces & demi de long, &un pouce de large, étant de figure ovale. Le canal cyftique en quelques-uns étoit court, parce qu’il fortoic du bas de la veficule, & s’alloit inferer au fecond repli des inte- ftins. En d’autres ce canal étoit plus long, parce qu'il #ortoit de la partie fuperieure de la veficule proche de ce col, qui l’attache au foye, & s’inferoit au même endroic que les autres qui étoient plus courts. Le canal hepatique fortoit proche du col de la veficule , & s’inferoit au mé- me endroit de l’inteftin, deux pouces plus bas que le cy- ftique , feulement aux fujets où le cyftique fortoit du col fuperieur de la veficule; aux autres il étoit inferé imme- diatement au-deflous du cyftique , ainfi qu’il eft ordi- nairement à la plüpart des Oifeaux. La fubftance de la ratte étoit mollafle , & de rouge- brun. Elle étoit faire comme le rein des Animaux terref- £res:elle avoit feulementdixl ignesdelong fur fix delarge. Le pancreas écoit placé à l'ordinaire dans la premiere circonvolution des inteftins. Sa fubftance étoit dure, & de rouge pâle : il éroit mince parlebas, & plus épais par le haut, d’où fon canal fortoit , qui avoit feulement cinq lignes de long. En l'un de nos fujets il y avoit deux ca- naux pancreatiques , qui fortoient d’un même pancreas ; £nun autre ilyavoit deux pancreas , qui avoient chacun Rec, de l'Ac, Tome III, II, Partie, 9 ON GE de l'hiff. des Anim. 106 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE leur canal. Ces canaux s’inferoient tous au voifinage des canaux de labile , ayant chacun une entrée féparée ; mais elles étoient toutes couvertes par un même appendice en forme de mammelon, qui paroifloit être un repli de la membrane interne de l’inteftin. Ariftote dit que l'œfophage de l’Otarde eft fort large dans toute fa longueur ; ; il dit auffi, au rapport d’Athé- née, que l'Otarde n'a point de jabor, dans nos Sujets Pœfophage étoit étroit par tout : il s’élargifloit feu- lement, & s'épaiffifloit un peu avant que de fe joindre au geficr, & encetendroit, quiavoit environ deux pou- ces , il étoit garni d’une grande quantité de glandes re- gulicrement arrangées ; chacune étroit percée felon fa longueur , formant un petit canal ou tuyau. Chaque glande étroit de figure conique , longue de deux lignes, & groffe de plus “d'une ligne par fa bale. Ces glandes étoient couchées l’une fur l’autre, enforte qu’on n'en voyoit paroître que le gros bout, où étoit l'ouverture du petit canal. La membrane interne de l'æfophage qui couvroit ces petites glandes , étoit fi mince , qu’on les voyoit paroïtre au travers, & elleétoit percée d' un petit trou à la bafe de chaque glande, par où il fortoit de la liqueur quand on la prefloit. Cette membrane étoit en- core recouverte d’une autre, qui tenoit lieu du velouté, dont le dedans du ventricule des Animaux eft ordinai- rement revêtu. Arantius qui a fait la diffeétion d’une Otarde!,, appelle ces glandes des caruncules, & dir qu'elles font rondes; mais il ya apparence qu'il n’a vü ces glandes qu’au tra- vers de la membrane interne, qui ne laiffe voir que le gros bout de chaque glande, qui eft arondi; &lerefte, qui s’allonge, & fait une pointe , étant caché fous les autres glandes. Le gefier é étoit long de quatre pouces, & large de trois. Il paroiffoit avant que d’être ouvert affés femblable au DE Si1X OTARDES. 107 gefier des Poulles, à caufe de fa dureté, qui dans les Poulles vient de l'épaiffeur de la partie charnuë: mais dans toutes nos Otardes cette partie charnuë étoit fort mince, n'ayant pas plus d'une ligne d épaiffeur ; la mem- brane interne étoit non-feulement épaifle & dure, mais avoit des plis & des godrons de differentes manieres, cha- que godron étant frifé & repliflé, ce qui occupoit beau- coup de place. Cetre membrane étoit d’un jaune doré, & elle paroifloit n’avoir point de continuité avec la tunique interieure de lPœfophage , qui étoitblanche ; maiselles fembloient join- ces l’une à l’autre bout à bout. Ce gefier étoit rempli de doubles & de pierres, dont quelques - unes éroient de la groffeur d’une noix. Dans l’un des fujets on a trouvé jufqu’à quatre-vingr-dix dou- bles, ufés & polis par leur frotement mutuel, & par celui des pierres qui y étoient mêlées, fans apparence d’éro- fion ; ce qu’il étoit aifé de juger, de ce que quelques-uns de ces doubles qui étoient boflus n’étoient ufés qu’en leurs parties gibbes & éminentes, les parties caves étant de- meurées entieres, parce qu’elles n’avoient pü être frotécs comme les autres. On ne voyoit aufli aucune marque d’é- rofion dans ces parties caves. On 2 trouvé dans l’un des fujets le ventricule rempli d’une grande quantité de foin. Athenée dit que les Otardes ruminent. Mais nous n’a- vons rien trouvé dans la ftruéture de leur ventricule qui favorife la rumination. - Les inteftins avoient quatre pieds de longueur, fans compter les deux cecum, dont le droit étoit long d’un picd, & le gauche d’onze pouces. Ces deux cecum for- toient à l'ordinaire de l'endroit où le colon fe joint à Fileon, à la diftance de fept pouces de l'anus. Ils ne tendoient point de haut en bas, ainfi qu'Arantius dit lavoir obfervé; mais de basen haut, ainfi qu’on le crou- ve aux autres Oifeaux. La tunique interne de l'ileon Oi 108 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE étoit pliffé felon fa longueur , & clle avoit vers l’extré- mité de cet inteftin quelques rides en travers. A la diftance d’un pouce de l'anus, l'inteftin fe retref- fifloit, & enfuite fe dilatoit, faifant une poche capable de contenir un œuf, dans laquelle les ureteres s’infe- roient. Vers le milieu de cette poche on découvroit un petit trou, qui conduifoit dans un fac, que l’on appelle vulgairement la Bourfe de Fabricius, du nom de Fabri- cius Aquapendente, qui a premierement décrite. Ce fac avoit deux pouces de long , fur trois lignes de large à fon commencement, où il étoit un peu plus étroit que vers fon extrémité. Au-deflus dutrou, qui du milieu dela po- che penetroit dans un fac, il y avoitun repli dela mem- brane interne de la poche,lequel pouvoit fervir de valvule: _ Lesreins avoient trois pouces de long : ils étoient re coupés fort profondément en trois lobes, à l’ordinaire des Oifeaux. Leurs vaiffeaux étoientaufi difpofés comme dans les autres Oïifeaux, à la referve des deux arteres crurales, qui font doubles ordinairement , & qui ontcoû- tume de paffer toutes deux par-deffous le rein : car dans nos Otardes il y en avoit une qui pañloit pardeflus , & & une autre qui pafloit pardeflous, pour aller dans la cuiffe. Chaque tefticule avoit fix lignes de long fur deux de large, ayant la figure d’une petite amande , d’une fub- ftance aflés ferme, & fort blanche. Le canal déférant, qui fortoit de l'extrémité de l’épididyme, fe glifloit fur la veineémulgente, à laquelle il étoit attaché, & defcen- dant fur le rein le long de l’uretere , venoit s’inferer à la partie inferieure de la poche du reétum. Aubord fuperieur de l'anus , il y avoit un petit appen- dice, qui tenoit lieu de la verge. Entre tant de fujets de cette efpece que nous avons diffequés , il ne s’en eft point rencontré de femelle. La langue n’étoit point offeufe , ainfi qu'Ariftote la DE SIX ÔTARDES. 109 décrit dans Athenée : elle étoit charnuë en dehors ,ayant en dedans un cartilage attaché à la bafe de l’oshyoïde, comme à la plüpart des Oifeaux. Ses côtés étoient.herif- fes de quelques pointes d’une fubftance moyenne entrela membrane & le cartilage. Il y avoit de chaque côté de l’âpre-artere une caruncule ou glande rouge, immediatement attachée à lâpre-ar- tere, & aux carotides. Le cœur avoit deux pouces & demi delarge. Le fac qui forme la valvule charnuë , qui fe tencontre:ordinaire- ment dans le ventricule droit du cœur des Oifeaux à l’en- tréc dela veine-cave, avoit quatre lignes de profondeur. La chair du ventricule gauche étoit épaifle de cinq lignes: vers fabafe ; & d’une vers fa pointe. Dans l'œil la membrane fclerotique avoitun rebord of feux en devant, larged'unéligne, qui faifoit comme un cercle autour de la cornée. L'uvée étroit rougeâtre & par- femée d’un grand nombre d’arteres, de veines, & de nerfs. L’iris étoit de couleur ifabelle: Le cryftalin avoit trois lignes de diametre; tout le globe de l’œil en avoit neuf, Aoë 1À « … Le nerfoptique ayant penetré au-dedans de l'œil, s'ap- platifloit , & formoit un rebord blanc de figure ovale, long & étroit , d’où fortoit la membrane noire en forme de bourfe, quis’attache à l'humeur vitrée. Cette mem- brane eft plus particulierement décrite & figurée dans la Defcriprion de l’Autruche. 4 Dans le palais , 8 dans la partie inferieure du béc, ily avoit fous la membrane qui revêt ces parties, plufeurs corps glanduleux, qui s’ouvroient dans la cavité du bec par plufieurs tuyaux fort vifbles. O iij 16 EXPLICATION DES PLANCHES Jar L'Autruche. DANS LA PREMIERE FIGURE. N voit la figure exterieure de l'Animal; on peut O; voir que les plumes, des ailes & de la queuë ne fçauroient être propres à voler, les parties qui compo- fent ces plumes n'étant point liées enfemble comme el- les le font aux autres Oifeaux, que l'œil qui n’eft pas fitué obliquement, a de grandes paupieres , dont l’ou- verture eft en long comme dans l'Homme, que le col, la cête, & les cuifles fonc dégarnies de plumes, & que chaque pied n’a. que deux doigts. DANS LA SECONDE FIGURE. AA. Eff la cavité du miliew de la poitrine. BBDD. La cavité du ventre isfkrieur. Ces deux cavités font formées par les deux grands diaphra- gmes ; @ féparées l'une de l'autre par le dia- phragme tranfverfal qui éffentre AG B, & qui eff garni de graif[e en-deffous. EEEE. Les quatre veflies du coté droit de la poitrine. CGCC. Les quatre Vejjies du côté gauche. Ces quatre vef- 0! fes font enfermées de chaque côté entre le grand ; diaphragme © le muftle du poumon. GG. Les poumons, dont chacun eff enfermé entre le muftle du poumon c les côtes. HH. Le larinx. h. Une portion du cartilage cricoïde. IT. Le cartilage tyroide. À Qi UT I “partie, Pl . 3.pag HO, : LEÈKKE 115. K. La langue. LLL. La parie pofferienre de l4 membrane Jilerotique:, qui fait la moiriédu globe de l'œil, La par- tie de devant ayant été ôtée. M. La membrane plifée en maniere. decbourfè, quifort de l'entonnoir Ni formé par l'extrémité dunerfoptique, &'s'artachant proche du li- Gament ciliaire. O: Le nerf optique. P. Le. cryffalin aves Le. ligament, ciliaire. QQ: Le. grand: cervezn décou- - vert. KR. La dure-mere levée, c rerver[ée emarriere Jür lecerveler, S. La glande pineale. en faplace, TT. La Partie. fuperieure du-cerveler. NN, Le Jénns lonçiru -dinal: XX. Deux tuberofités failant les parties latera- les @ inferieures du cerveler, YY. Deux CaVitÉS ou-vVen= tricules qui font dans les tuberofités du cerveles. æ La cavité qui ef à l'origine de là moelle de l'épine , | faite comme une plume taillée. @. L'apophy[e vermifor #6. duscervelet. 9: Le cerveles: leve, & renverfé cn arriere. JS, Le grand cervean que l'on a [eparé en deux \ après avoir coupé les petites fibres qüi joignent les deux Parties. 8 Ë, Les ventricules J'perieurs dans lefquels fe Voir le lacis choroïde marqué G.. À. La glande pineale tirée un-penes.arriere bors de Ja place. AR, Deux tube- roftés fituées fous légrand cerveau. Ce Jont les mêmes qui Jon marquées XX. ju. Le cerveler. y Le quatrième finus. abcd. Uz morceau de plume des Oyféaux , dont La Sfruéture ef différente de celles des plumes. de l'A. truche: ab. La tige de La plume, le tuyau, b. L'ex- trémité, cd: Les barbes compolées chacune d'un rang de filets, par lefquels une barbe cf attachée à wne autre. Cfgh. Uz morceau d'une des Larbes vh avec Le Microftope. eï. Les flets du ang fuperieur. kk Les lets du rang inferieur recourbés en enbaut. 2. Les crochets du filet J'perieur tournés en - deffous. 3. Les mêmes fflets accrochés avec Les Zaferieurs. 2i, La quenë du filet fuperieur. Rec. de l'Ac. Tom. III. Ze, Partie. O ii {12 - DANS LA TROISIEME FIGURE. À, L'Ocfophage. B. Le bas du jabot qui defend au-deffous du gefier. C. Le gefier. D. Le canal hépatique. EË. Le Pancréas. F. Le canal pancréaique, dont l'ouverture dans l'inteflin cf marquée e. G.Ure portion du colon , qui eff garnie en dedans par des feuillets mar- qués ii. HE. La grande poche qui eff au bas de l'in- teflin rectum. À. L'inteflin rectum. K. L'extrémité du reium, qui forme une tuberofité dans la grande po- che. xL. La verge, [on origine eff marquée x. elle [e re- plie vers 2 en-deffous, & laiffe /ortir la partie L. par d'ouverture de la petite poche marquée MM. NN.£Les uretéres. OO. Les ouvertures des uretéres dans la grande poche. PP. Les deux premiers muftles de l'anus G de la verge. 44. Les deux feconds mufiles de l'anus G de la verge. 3.2.3. Le rebord du trou de la grande poche. QQ,. Le foye. R. La grande veine-porte. S. L'9: rigine du canal hépatique. T. La veine-cave fwpe- rieure. NV. La petite veine-porte. X. L'aorte deftendan- te. Y. Laveine-cave inferieure. ZVZX. Les reins. VX. L'u- retére. ae. Les tefficules. BR. Les artéres crurales. gg. Les veines crurales. yy. Une portion du colon en petit, jointe au cœcum double formé en vis marqué NS. te. La portiére ou matrice appellée oviduëtus aux Oyfeaux. €. L'o- rifice interne de lamatrice. À.L'extrémité de l'ovi- duëtus, qui fait l'entonnoir. SY. Le ligament large de La matrice. à.Le tefficule du male. qu. Les vaiffeaux fhcrmatiques préparans. 1. L'Epidyme. E. Le déferent. DESCRIPTION Î . NX | À N NAN IN \ ï !] IT partie PI # rl * #ÿ. pag, 12. \ N 3 À Autruc ) 2 13 LMD) 2 C5 CS 240 24) CD CAD CMS CS CD * CO CPS CFD CD CONS CD CPS CMD CPS CFD CDR DESCRIPTION ANATOMIQUE DE HUIT AUTRUCHES. Es huit Autruches dont nous faifons la defcription étoient à peu près d’une même grandeur. Il y en avoit cinq mâles & trois femelles. Elles avoient fept pieds de haut depuis le deffus de la têce jufqu’à terre; fçavoir, depuis le deflus du dos jufqu’à terre, c’eft-à-dire, jufqu’à la plante des pieds environ quatre pieds; & depuis la naif- fance du col jufqu’au deffus de la cête , trois pieds; depuis le deffus de la tête jufqu’au croupion , le col étant étendu en ligne droite avec le dos , elles avoient fix pieds de lon- gueur : la queue étoit longue d’un pied. L’aîle, fans les plumes, avoitun pied & demi; étant étenduë, & avec les plumes, trois pieds. Le plumage étroit aufli en quelque façon pareil; car la plüpart avoient des plumes noires & des blanches, & quelques-unes de grifes. Scaliger fe moque avec raifon de Cardan, qui a cru queles Autruches avoient des plumes rouges , bleués , & vertes, n'ayant pas fçû que celles qui ont ces couleurs, font teintes. Les plus grandes plumes fortoient des extrémités des aîles & de la queuë, Lesgran- des étoient le plus fouvent blanches; & le rang d’après n'étoit compofé que de noires. 11 y en avoit de plus peti- tes, les unes blanches, les autresnoires, qui garnifloient le dos & lewentre: Les flancs n’avoient point de plume ; son-plus que les cuiffes & le deffous des aîles. Le bas du Rec, de P Ac, Tom. III. II. Partie. Exercit. 130. €. 39. V. 13. 114 DESCRIPTION ANATOMIQUE col jufqu’à la moitié étoit garni de plumes encore plus petites que celles du ventre & du dos, dont les unes étoient noires, & les autres blanches. Elles étoient grifes en l'un des mâles, & enl’une des femelles. Toutes ces plumés étoient d’une même efpece. Cela eft particulier à l’Autruche; car elle n’a pas des plumes de plufieurs fortes comme les autres Oifeaux , qui en ontles unes molles & lanugineufes , pour leur fervir comme de fourrure ; les autres dures & fermes , pour voler ; les autres lanugineufes feulement à leur commencement, & plus fermes vers leur extrémité, qui eft faite en forme d’e- caille , afin qu’étant toutes arrangées les unes fur les au- tres , enforte que les unes couvrent par leur extrémité qui eft plus ferme, le duvet qui garnit la racine des au- tres, elles puiflent compofer comme un vêtement four- té, qui garantifle les Oifeaux des incommodités du vent & de l’eau. Or cela n’eft point aux plumes des Autruches, qui font toutes prefque aufli molles & éflées que le du- vet, enforte qu’elles ne leur fervent ni à voler, ni à les couvrir affés commodément pour les défendre des inju- res du dehors. On remarque encore une autre égalité dans les plumes des aîles de l’Autruche , qui leur eft particu- liere : car les grandes plumes des aîles des autres Oifeaux ont toujours un côté plus large que l’autre ; mais celles de lAutruche ont le tuyau juftement au milieu de la plume. H y a fujet de croire que cette égalité eftle fondement du hieroglyphe des Egyptiens, qui reprefentent la Juftice par une plume d’Autruche. Au Livre de Job dans le dénombrement des merveilles de la Nature, cellede la ftruéture des aîles des Oifeaux cft une des plus confidérables. Cette merveille eft expri- mée par la refléxion qui y eft faite fur la difference qu'il ya entre les plumes de l’Autruche & celles des Herons & des Faucons; c’eft-à-dire des Oifeaux qui ontdes plu- mes pour voler, & de ceux qui ne les ont pas pour cet } DE HUIT AUTRUCHES. 10 np ufage : car il n’y a rien en effec de plus admirable que cette ftructure des plumes deftinées au vol, qui confifte principalement dans trois chofes, fçavoir dans la tiflure des fibres, dont-les barbes des plumes font compofées, dans la figure de toute la plume, & dans le mouvement partieulier de chaque plume. Pour connoître & pour examiner ces particularités , il faut remarquer que prefque toutes fortes de plumes font compofées de deux parties, fçavoir de la tige dont la queué va toûjours en s’amenuifant jufqu’à l'extrémité de la plume; & des barbes , qui font attachées. de côté & d'autre à la queué dutuyau, & qui étant jointes enfem- bles comme de petites branches font la largeur de la plu- me; que le plus fouvent ces petites branchesdont cesbar: bes font compofées, font plates & tranchantes d’un côté &c plus épaïfles de l’autre, qui fait comme le dos d’un coùteau, qu’elles font fituées l’une contre l’autre par le plat, étant pofées de chan , afin qu’elle ‘puiffent aifé- ment fe plier, pour s’approcher l’une de l’autre,& qu'aïanc moins de facilité à fe plier de l’autre fens, elles .donnent plus de fermeté à toute la plume; que cette fermeté eft encore fortifiée par la manicre avec laquelle les branches font accrochées ; cet accrochementou tiflure étant faire par une infinité de fibres, que chaque branche porte pour s’accrocher à fa voifine. Qu'il y a deux rangs delces fibres à chaque branche, un fuperieur qui regarde le bout de toute Ja plume, & un inferieur tourné vers fon commen: cement ; que les fibres fuperieures qui font longues & flexibles ont vers leur milieu de petits crochets recour- bés'en-deflous, le refte paffant au-delà à-là maniere du croc d’un batelier, ou d’une hallebarde où 11 y à une pointe qui pafle au-delà du crochet;-quesles fibres de l’au- tre rang font plus couvertes, plus fermes:& recourbées en-deflus pour pouvoir s'accrocher aux fibres durang{u- perieur, dontles crochets font recourbés en-deflous, Er Pi] 116 DESCRIPTION ANATOMIQUE. il faut remarquer que les bouts des fibres du rang fupe- rieur dont les crochets font recourbés en-deflous, ont ainfi une queué alongée au-delà des crochets, afin que lorfque les branches qui ont été défunies viennent à fe rapprocher, elles puiffent fe réünir 8: comme fe recou- dre par la rencontre des crochets de leurs fibres : car ces queués rencontrant les fibres du rang inferieur recour- bées en-deflus font pouflées en en-haut, & leur crochets par confequent, qui retombant par la force de leur ref. fort, s’accrochent de même qu’au loquet qui tombe & s'accroche au mentonnet qui lalevé, lorfque la porte où eft le loquet a été pouflée contre le poteau auquel le mentonnet eft attaché : car autrement fi les fibres fupe- rieures n’avoient point ces longues queuës en-devant; elles pourroient paffer par-deflous les fibres fuperieures, au licu de paffer par-deflus , ainfi qu’il leur eft neceflaire pour s’accrocher. 1 Cette admirable ftruéture des plumes qui fe voit avec le Microfcope, reüflit fi bien pour les ufages aufquels la nature l’a deftinée, que lorfque ces autres branches ont été féparées par quelque violence, elles font coüjourserm état d'être rejointesavec une facilité incroyable. On peut dire qu'il femble que c’eft pour cet effet que les Oi- feaux s'occupent fouvent à remettre en ordre avec leur bec les fibres de ces barbes , lorfqu’elles font déran- géés; car cela fuffit, pour faire qu’elles foienten un in: ftant réünies 8 remifes en leur premier état. Mais on peutencore dire que cette ftruéture n’a pas étéconnué de ceux qui ont crû que les Oifeaux portent une efpece de colle à leur bec ; par le moyen de laquelle ils rejoignent ces parties de leurs plumes qui font divifées : car la colle ni la glu n’accommodent point les ailes des Oifeaux3 ou du moins elles fcroient gâtées autrement qu'elles ne font'par la pluye & par les eaux, où fouvent elles font plongées, files branches des barbes qui compofent leurs DE HUIT AUTRUCHES, 117 plumes étoient jointes autrement que par cette admira- ble tiflure ; donton peut aifément faire experience, en féparant ces branches, que l’on voit fe racrocher d’elles- mêmes, & fans colle, en les rapprochant feulement. Il faut remarquer en fecond lieu que ces branches ne font pas parfaitement droites , mais legerement courbées , pour rendre toute la plume cave en-deflous ; ce qui fert à plufieurs chofes, fçavoir à rendre les barbes plus for- tes , & moins capables d’être pliées en en-haut, lorfque la-plume frape foudainement l’air; & à faire que l'air enfermé dans cette cavité refifte d'avantage à l'aîle qui le bat en s’abbaiffant, & pour faire aufli qu'ilréfifte moins à la même aile lorfqu’elle eft relevée, à caufe de la convexité de la plume fur laquelle Pair glifle plus aifément qu'il ne feroic fi elle étoit plate: car 1l faut confiderer que pour le vol deux chofes font néceffaires ; la premiere eft que l'air réfifte beaucoup au batement de l'aile, afin que l'Oifeau s'y appuye davantage ; la feconde, que le même air ré- fifte le moins qu’il eft poffible au rehaufflement de l'aile, tant afin que l'Oifeau ne défaffe pas, en relevant laîle, ce qu'il a fait en l’abbaiffant ; que pour rendre moindre Peffort qu'il fait en relevant l’aîle, & faire qu'ilne tra- vaille pas inutilement. En troifiéme lieu il faut remarquer que pour ces mé- mes raifons, fçavoirde faire que l’airréfifte à l’aîle quile frape, 8 qu’il obéïffe lorfquelle fe releve , la Nature employe deux moyens : le premier eft de faire que lors que l’aîle fe leve elle devienne plus étroite que lors qu’elle fe rabat; ce qui fe fait rantôt en ferrant les plu- mes, & les faifant couler l’une fous l’autre, enforte que la moitié de l’une couvrant la moitié de l’autre , chaque plu- me ne puifle fraper l'air que par fa moitié; tantôten les faifantfortir les unes de deflous les autres, enforte que chacune frape l'air de toute fa largeur. Les Oifeaux qui ont les ailes longues & pointuës, fe fervent de ce moyen. P ii © 118 DESCRIPTION ANATOMIQUE L'autre moyen eft pour les Oifeaux qui oncles aîles moins longues: car ils ufent d’unartifice que les Rameurs imi- tent dans le maniement de leurs avirons, qui eftde faire que l’eau foit frapée du plat de l’aviron lorfqu'ils le font aller en embas, & qu’elle foit coupée par le trenchant du même avironlorfqu'ils leramenent en enhaut : car la mé: même chofe arrive aux plumes de l'extrémité de l'aile, qui frapent l’air de leur plat, lorfque l’aîle s’abbaiffe, & le coupent lorfqu’elle fe haufle ; ce qui fe fait parun mouvement pareil à celui des avirons que les Rameurs font un peu tourner lorfqu’ils les ramenent en enhaut: & chacune des grandes plumes a ce mouvement à part, par lequel elles font un peu tournées obliquement lorfque l'aile eftlevée, & elles font remifes en leur premiere fi- tuation lorfque l'aile eft abbaiffée. En effet lorfque les Oifeaux levent leurs aîles, on voit que les grandes plu- mes, qui font les principaux organes du vol, font toutes féparées les unes des autres, fans que l’aîle foit plus large que quand elle eft abbaiffée, cela arrivant à caufe de leur obliquité, qui femble ouvrir, pour le paflage de l'air, autant de portes qu’il y a de plumes, qui fe referment lors que l’aîle venant à fe baiffer , toutes ces plumes reprennent leur premiere fituation, & s’abbatent lesunes fur les au- tres, pour faire de toute l’aîle une furface continué, qui foit capable d’enfermer une grande quantité d'air. Mais ce mouvement oblique qui fe remarque dans cha- que plume des aîles n’eft point aux plumes de la queuë, laquelle a un ufage different de celui des aîles ; cette par- tic n'étant faite que pour fervir de gouvernail , & pour entretenir dans tout l’Oifeau un mouvement droit , lors qu’elle eft tenué droite , & pour faire rourner Île corpsen embas, lors qu’elle eft tenuë baiffce, ou en enhaut lors qu’elle eft hauffée ; ou enfin pour le faire pencher de côté & d’autre lors qu’elle efttournée. Car il faut fuppofer que bien que le corps de l'Oifeau qui eft porté fur fes ailes DE HUIT AUTRUCHES. 119 comme fur uneffieu , ne foit pas en un équilibre tout-à fait égal, les parties d’au-deffous des aîles étant plus pefantes que celles qui font au-deflus, il ne laifle pas d’avoir une facilité prefqueégale à fe courner en enhaur & en embas, parce que fon mouvement , quieft toüjours en avant, fait que la partie d’au-deffous des aîles, quoique plus pefante, tft foutenué par la réfiftance de l'air fur lequel elle paffe avec vitefle : & cette réfiftance eft tellement capable de produire l'équilibre, qu’on voit que les Oifeaux quiont le col fort long, comme les Cicognes, les Gruës & les Hibous, ont béfoin d'étendre en arriere leurs pieds qui font aufñfi fort longs ,au-lieu que ceux qui comme l’Aigle ont le col plus court, tiennent leurs pieds pliés fous leur ventre. Mais la vérité eft que ce que la differente fitua- tion de la queué, du col & des pieds peut faire*pour gouverner le vol, n’a d’effet principalement que lorfque FOifeau vole fans remuer lesaîles , & les tenant feulement érendués : & que de même que les détours foudains d’une galere, ne dépendent pas tant du gouvernail que des ta- meurs, il eft certain aufi que le different maniement des aîles eft ce qui détermine puiffamment le vol : de maniere que lorfque le plan des aîles eft tenu parallele à lhorifon, l'Oifeau s’éleve droit en enhaut, que lorfque ce plan eft beaucoupincliné , l’Oifeau va droit en avant, & que lorfqu’il left moins il s’avance en montant; & qu'enfin lorfqu'une aîle bat avec plus de force que l'autre, le corps penche ou fe trouve du côté où l’autre aîle bac plus foiblement. : Quelques Auteurs modernes, pour expliquer le vol des Oifcaux , au-lieu d’avoir recours à [a mechanique qui con- fifte dans la ftruêture de leurs aîles, & dans la maniere dontils employent ces organes , ont cherché des raifons Phyfiques, fuppofant que ce qui les foutient en l’aireft en partie la legereté de leur corps, laquelle s’'augmen- te beaucoup quand ils volent, à caufe que les cavités Gaffend. in vita Peirefq, L. 4.6. 14. de l'hiff. des Anim. Tob. c. 39. v. 18. Elien l. 2. 6.27: Claudian. 1. 2. in Eutro- pium. 120 DESCRIPTION ANATOMIQUE des tuyaux de leurs plumes font pleines d’air, qui de- vient alors fpiritueux ; & prétendent que par la mêmerai- {on les Cerfs font legers à la courfe , parce que leur poil eft creux & rempli d’air, Mais on fçait que la legereté ne fçauroit faire cet effet fur la terre & dans l'air, comme elle le fait dans l’eau pour y foutenir les Poiffons : parce que la pefanteur de l'air n’a point de proportion à l'égard des autres corps pour les faire élever , de même que l’eau cnaunc;n'yayant point de corps qui fe foutiennent d’eux- mêmes dans l'air, ainfi qu’ils font dans l’eau; leur lege- reté ne pouvant fervir tout au plus qu’à diminuer cequi les fait refifter aux caufes mechaniques qui les élevent. Or toute la mechanique dont il eft ici fait mention manque aux plumes & aux aîles de l’Autruche : car lesfi- bres des barbes qui font aux deux côtés de la queuë du tuyau des grandes plumes ne font jamais collées les unes contre les autres, mais flotantes & flexibles , n'étant point crochuës , mais droites & égales, fans avoir aucune des difpofitions néceflaires à faciliter l’entrelacement qu’elles ont les unes avec les autres dans les plumes des autres Oi- feaux. C’eft pourquoi Ariftote dit que les plumes des Au- truches font femblables aux poils des Animaux terreftres, c’eft-à-dire qu’eiles font plus propres à couvrir leurs corps qu’à voler. Ces plumes n’ont point aufli ce mouvement particulier qui les rend tantôt droites, tantôt obliques, parce que cela leur feroit. inutile, les branches qui compofent les barbes n'étant point jointesenfemble pour faire la tiflure & la continuité que les autres plumes ont pour fraper tout l'air qui fe rencontre fous l'aile ; enforte que l’on peut dire que les plumes des aîles del Autruche ont plus de rapport aux banderolles des Navires qu'à leurs voiles; quoique quelques-uns difent que ces Animaux s’en fervent comme de voiles, lorfque pour rendre leur courfe plus vite & plus legere , ils étendent ces plumes au vent, afin qu’il les pouffe ; DE HUIT AUTRUCHES. 121 pouffe : car les voiles ne fervent pas aux Navires feule- ment comme un obftacle , qui réfiftant au vent par fon feul volume, en foit fimplement pouffé ainfi que l'eft le corps du Vaifleau ; mais il les faut confiderer comme um obfta- cle pourvû d’une figure commode, qui étant régie & gouvérnée d’une certaine maniere , peut tirer un plus grand avantage de l'agitation & de l'impulfion de l'air pour le mouvément du Vaifleau, qu’il ne feroit fans cette figure & fans ce gouvernement. Ainfi les plumes de l’Au- truche ne lui fçauroient fervir par leur figure ni par leur mouvement; car fi elles leur aidoient à avancer en pouf- fant leurs aîles en arriere, elles leur nuiroient dautant en les retirant en avant; & il leur arriveroit un incon- venient auquel les aîles des Chauvefouris feroient fujetges, fi la Nature n’y avoit pourvûü, en donnant aux aîles de de ces Animaux le moyen de fe reflerrer de telle forte lorfqu’elles fe hauflent , qu’elles frapent une moindre quantité d'air, que lorfqu’elles fe rebaiffent. Car ce re- trecifflement fe fait aux Chauvefouris par le moyen d’une fuite d'os qu’elles ont dans leurs aîles, & qui font com- me les doigts de leurs mains, dont les entredeux font garnis de peaux qu’elles refferrent & étendent alternati- vement fuivant le befoin. Le même effet fe produit par d’autres moyens dans les Infeétes qui volent: car dans les Hannetons & dans tous les genres des Scarabées dont les aîles font renfermées dans des étuis où elles font pliées & bouchonnées quandils ne volent pas, & dont on voit qu’elles font tirées & déployées quand ils veulent voler; il y a grande apparence que chaque aïle eft ainfi déployée quand elle bat, & que quand elle fe releve elle eftretre- cie, afin de rencontrer moins d'air. D’autres Infeétes ont pour cela leurs aîles doubles, afin que lorfqu'ils leslevent, les deux d’un même côté foient mife l’une fur l’autre pour occuper moins deplace. Pour ce qui eft des ailes qui font fimples & qui demeurent toujours tenduës en un même Rec. de l'Ac, Tom. III, 1. Partie, Q 122 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE état de même qu’elles font aux Mouches, aux Demoi- felles, & à pluñeurs autres Infeétes, elles doivent avoir un mouvement en quelque façon femblable à celui de l'aîle des Oifeaux , & il faut fuppofer qu’elles fe tour- nent quand elles fe levent, afin qu’elles puiffent couper l'air ,de même que les avirons des Vaifleaux coupent l'eau lorfqu’on les releve. Mais c’eft une chofe étonnante que la vitefle & la force avec laquelle les aîles des Infec- tes feremuent, & comment elles font capables de faire un aufli grand bruit qu’eft celui , non-feulement du bour- donnement des Frêlons, mais même des petirs Moufche- rons, tels que font les Coufins, qui fe fait entendre de loin, imitant le fon d’une trompette. Le mouvement des aïîles des Autruches ne pouvoit tout au plus fervir que de la même maniere que celui de queuë des Poiflons , qui eftun mouvement à la verité pro- pre à faireavancer ; maïs il eft conftant que les plumes de l’Autruche ne peuvent faire cet effet, étant bouchon- nées, éfilées, & florantes comme elles font; parce que: pour faire qu'un tel mouvement ait quelque effer, il faut que l'organe ait un plan droit, égal, & ferme, tel qu'il eft dans un gouvernail, dans un aviron, dans l'aile d’un moulin à vent, &c. Il y a apparence que l’Auteur du Livre de Jobavoit fait reflexion fur toutes ces chofes ,lorfqu'il décrit l’Au- truche , comme un animal à qui Dieu a denié l’adrefle qu'ila donnée aux autres Oifeaux , & qu’il n’apoint auffi pourvû d'organes commodes pour exercer l’admirable aétion du vol ; ne faifant gueres d’autre ufage de fes aîles , que de les élever pourrecevoir l'impulfion du vent lorfqu’il eft favorable à fa courfe. Encore a-t-onremar- qué depuis peu, dans la chaffe que l’on fait de l’Autru- che, que fouvent elles ont fi peu d’adreffe pour mena ger le vent qui donnent dans leurs aîles, que les Chaf- feurs en tirent avantage en les pourfuivant du côté d’où et ag de = punis DE HUIT AUTRUCHES. ‘133 vient le vent, qui alorshe manque gucres, quand il eft violent, de les faire trébucher : tant ces Animaux ont peu d'habitude à fe fervir de leurs aîles. C’eft pourquoi Cardan compare, ou plütôt oppofe forcbien l’Autruche à l’Oifeau de Paradis , que l’on a crû autrefois n'avoir point de pieds ; parce que l'Oifeau de Paradis cft un Oifcau, qui, fuivant l'opinion de Cardan ; ne marche & ne defcend jamais fur terre, au-lieu que l’Autruche en €ft un qui ne vole & nes’éleve jamais dans l'air. Outre les plumes que nous avons décrites , nous avons obfervé quele haut du col & la têre étoient garnis en partie de petits poils blancs, clair-femés , & luifants comme dela foye de Pourceau; en partie aufi de petits bouquets compofes d'environ douze poils, blancs & fort menus, longs de quatre ou cinq lignes, & n'ayant tous enfemble qu’une racine, qui étoit un petit tuyau de Ia groffeur de la plus petite épingle. Tous ces poils étoient clair-femés fur le col, & encore davantage à la tête, qui étoit abfolument chauve par-deflus : ce que Pline dit n’é- tre naturel qu’à deux Oifeaux » fçavoir à l’Autruche & au Corbeau aquatique, appellé pour cela Phalocrocorax. On remarque néanmoins cette particularité en d’autres Oifeaux, tels que font le Cocq-d’Inde, la Peintade, & le Cafuel. Au bout de chaque aile il y avoit des efpeces d’ergots, faits à peu près comme les aiguillons d’un Porc-Epic : ils étoient longs d’un pouce, gros d’une ligne & demie par la bafe ; leur fubftance refflembloït à de la corne! ils étoient creux, & dans la cavité ;] y avoit un cartilage revêtu de membranes & de ligamens, avec une grande quantité de vaiffeaux qui fournifloient beaucoup de fang. Aldrovande confeffe n'avoir Pû rencontrer ces aiguillons dans les Autruches : Alberc dit qu'ils leùr fervent d’ar- mes offenfives : Jonfton veut qu'elles en ufent comme d’un éperon avec lequel elles s'excitent à la courfe. Il y Qi L. 10, de fubrilic. L. IL. c. 73. hill. nat. L. 0. c. 2. Ornithol. L.13. de Ani. Titul. 8. c.2, de Anib. Exercit, 14. 124 DESCRIPTION ÂNATOMIQUE en avoit deux à chaque aîle: le plus grand étoit à l’extré- mité du dernier os de l’aîle, l’autre étoit un demi pied plus bas. Le col paroifloit plus menuà proportion qu'il ne pa- roît aux autres Oifeaux, parce qu'il n’étoit pas garni de plumes, ainfi qu’il a été dit. La peau de cecol , qu’Aldro- vande fait rouge, étoit de couleur de chair livide dans nos fujets. La tête paroifloit aufli affés petite, par la mé- me raifon du manque de plume : Albert lui fait feulement le bec fort petit. Scaliger a raifon de reprendre Car- dan, d’avoir dit que les Oifeaux ont ordinairement la tête petite , afin que fa pefanteur neles empêche pas de voler; parce qu’il y en a beaucoup qui volent peu comme les Poulles, qui ontlatête plus petite à proportion que les autres Oifeaux qui volent aifement. Le bec étoit court , & fa pointe étoit émouflée & aron- die par le bout, qui étoit fortifié par une éminenceun peu crochuë : ilavoitdeux pouces & demi de large en fon commencement; fa figure, de même que celle du refte de latête , n’approchoit en aucune façon de la figure que la tête & le bec d’une Oye ont ordinairement, ainfi que l'ont mal jugé la plûüpart des Auteurs, qui pour cela ont appellé l’Autruche Chærocamelus , c’eft-à-dire, Oye- Chameau, La forme exterieure de l’œil approchoit affés de celle de l'œil de l'Homme, & étroit fort differente de la forme ordinaire de l'œil des Oifeaux, qui ont l’ouverture de l'œilronde , la paupiere d’enhautimmobile & fans cils, & la ligne qui va d’un des coins de l’œilà l’autre, toûjours oblique : car nos Autruches avoient l’ouverture de l'œil ovale, une grande paupicre en haut, qui s’abbaiffoit de même que celle d’embas fe haufloit, ayant de grands cils, qui, de même qu’à l'Homme, étoient beaucoup plus longs que ceux de la paupiere inferieure; & enfin la ligne qui alloit de l’un des angles à l’autre étoit droite, felon la DE HUIT AUTRUCHES.. 125 ‘direfion du bec: Ariftote cherchant la raifon de la con- formation particuliere de l'œil de PAutruche, qu'il re- duit , à ce que contre l'ordinaire des Oifeaux , fes pau- pieres ont du poil, attribuent cette particularité à ce que VAuctruche tient autant de l’Animal à quatre piedsque de l'Oifeau : il auroit pü dire par la même raifon, qu'il tient auffi de l'Homme, puifque fans parler des autres -reffemblances qui viennent d’être remarquées , la lon- -gueur des poils de la paupiere fuperieure eft, felon lui, une chofe qui ne fe trouve que dans l'Homme; quoi- -que nous layons aufli rémarqué dans l'Elephant. Il y ‘avoit une troifiéme paupiere en dedans , de même qu’à la plüpart des Brutes : c'étoitune membrane fort mince, qui fe cachoit dans le grand angle verslebec. Aldrovande croit que les Oifeaux ont cette croifiéme paupiere, pour fuppléer au défaut de leur paupiere fuperieure, qui eft di courte, qu'elle ne peut s’abbaiffer pour couvrir l'œil, ainfi qu'elle fait à l'Homme. Mais ily a apparence que cette paupiere interne a un autreufage dans les Oifeaux, puifqu’elle fe trouve dans l’Autruche, dont la paupiere fuperieure eft affés grande pour fe pouvoir abbaifler fa- cilement; joint que la paupiere infericure fe ferre aux Oi- feaux contre la fuperieure , aufli exaétement que la fupe- rieure fe joint en l'Homme avec l’inferieure. L’ufage de cette paupiere eft expliqué dans la defcription du Ca- fuel. La langue étoit petite, fort courte , & compofée de car. tilages, de Higamens, & de membranes entremélées defi- bres charnués. Elle étoit differente dans nos fujets : aux uns elle étoit longue d’un pouce, fort épaiffe proche de ouverture du larynx; aux autres elle n’avoit pas demi- pouce:de long; mais elle avoit plus d’un pouce vers fa bafe, érantun peu fourchué par le bout: Au-delà de la fen- te du palais ; vers le pharynx, ily avoir deux groffes glan- des, qui fourniffoient la falive, Qi Albert ; Aldrovande. Ibid. L. 10. c. I, hifi. nat. Exercit. 230. 126 DESCRIPTION ANATOMIQUE Les cuiffes éroient, fort charnuës, & forc groffes, & fans plumes, couvertes d’une peau blanche un peu rou- geârre, rayée à la plûüpart par des rides élevées, delafi- gure d’un réfeau , dont les mailles pourroient laiffer en- ter le bout du doigt. A l'un dés mâles, il y avoit de pe- tices plumes çà & là fur les cuiffes, à peu près de même que Gefner l’a dépeint dans fa figure. Quelques-uns n’a- voient n1 les petites plumes, ni les rides. Ce que l'on ap- pelle jambes aux Oifeaux , & quieft proprement le com- mencement du pied, avoitpar-devant de grandes écailles en table. Le bout du pied étoit fendu, & compolé feule- ment de deux doigts fort grands , qui comme la jambe étoient couverts d’écailles en table , lefquelles alloienten élargiffant vers l'extrémité du doigt. Ces doigts étoient inégaux:le plus grand, qui étoit en dedans, avoit fept pouces, comprisl’ongle, qui avoit neuf lignes de long, & un peu moins de large. L'autre doigt n’avoit quequa- tre pouces, & étoit fans ongle. Ce petit doigt nepofoità rerre qu'a demi. Le grand étant vü de profil avoit à peu près la figure du pied d’un Homme, quand il eft chauffé, & quand ileft vü en-dedans: il étoit feulement un peu plus menu & plus long. Plinedit que les pieds de l'Au- truche font femblables à ceux du Cerf, Diodore Sicilien, qui appelle les Autruches des Cerfs-Oifeaux, fe fonde fur certe faufle reflemblance. Suidas s’eft encore trompé davantage, quand il a dit que les pieds del’Autruche ref- femblent à ceux d’un Afne. Ceux qui ont nommé l’Au- truche Srwthocamelus , c'eft-a-dire Cocq-Chameau, fui- vant Scaliger,& felon l’interpretation Chaldaïque de len- droit de Job allegué ci-devant, n’ontpas fi mal rencon- tré : car les jambes de l’Autruche ont quelque rapport avec celle du Cocq & du Chameau. De plus la maniere dont le pied du Chameau eft fendu, qui cft differente de celle de tous les autres pieds fourchés, & fon ongle, qui cit auffi tout d’une autre nature que celui du pied des DE-HUIT ÂAUTRUCHES. 127 Cerfs & des Chévres, font des particularités qui lui font communes avec l’Autruche, Nos Autruches avoient en- core , comme le Chameau, une callofité au bas du fter- non, fur laquelle elles s’appuyent comme le Chameau, quand elles fe couchent : elles en Avoient encoreune au- tre à la jointure des os pubis. Auprès de l'anus, à l’un des cinq mâles, il y avoirdes petits facs à peu près pareils à ceux qui font en cet endroit aux Lions & aux Tigres. Dans les femelles ce font des trous aveugles d'environ deux lignes de profondeur. : Au haut de la poitrine, fous la peau, il y avoit de 12 graiffe de l’épaifleur de deux doigts. I1 y en avoit encore fur tout le devant du ventre, qui étoit dure comme du fuif : elle éroir épaiffe de deux pouces & demi en quelques endroits, Cette graifle étoirenfermée entre deux membra- nes aufli forces que le peritoine. Ces membranes , qui en- fermoient ainf cesgraifles, étoient les aponeurofes des mufeles du bas ventre, lefquels ne commençoient à être charnus que vers les flancs, tout le devant du ventre de la largeur d’un pied étant fans chair. Le fternon ne defcen- doit point jufqu'au bas du ventre, parce que les mufcles quiremuent les aîles , & qui font attachés au fternon, n'ont pas befoin d’être fi grands qu'aux autres Oifeaux qui volent. : L'œfophage qui dans la plüpart des Oifeaux eft le long du col, étoit fitué fur le corps des vertebres , étant atta- ché aux aponeurofes des mufcles du poumon, dont il fera parlé dans la fuite. Ses tuniques étoient fort épaifles , particulierement celle qui eft charnuë. {1 s’élargifoit in- fenfiblement, jufqwà avoir fix pouces de large en appro- chant du ventricule ou gefier ; enforte qu'ilétoir difficile de: marquer l'endroit de lorifice fuperieur du ventrieule : il femblait que l'extrémité de lœfophage formoit un ja- bot qui fe confondoic avec un gefer | & que ces deux parties enfemble compofoient un feul ventricule. Cette 128 DESCRIPTYON! ÂNATOMIQUE conformation, qui, en general, eft fort differente de celle qui eft ordinaire aux Oifeaux , où le jabot a accoû- tumé d’avoir un étreciffement qui le fepare du gefier, étoit encore plus étrange , à caufe de la fituation qu’il avoit: car il étoit non-feulement dans la poitrine, mais mêmeil étoic plus bas que le gefier, au-deflous duquel il defcen- doit, & vers lequel enfuite il remontoit, enforte que l’en- trée du gefier éroit par fon fond ; &ainfi l’orifice , que l’on appelle ordinairement fuperieur , étoit efe&tivement l’in- ferieur par fa fituation. Legefier , en quelques-uns de nos fujets , étoic féparé en-dedans en deux cavités par une éminence formée par fa chair mufculeufe, qui vers le milieu, étoit plus épaiffe qu'ailleurs de plus de deux pouces. Cette éminenceétre- cifloit la capacité interne au droitdu milieu , & la feparoit en partie gauche , dont la capacité écoit la moindre , &en partie droite, où étoit l’orifice inferieur , appellé pylore. La figure de ces deux cavités ne paroifloit point en-dehors, la chair du gefier y érantégale ; & le tout enfemble avoit la figure du ventricule de l'Homme, faifant une ovale, qui avoit quinze pouces de long fur huit de large. Elien femble donner plufeurs ventricules à l’Autruche, ainfi qu'aux Animaux qui ruminent , quand il dit que cet Oifeau digere les pierres dans le ventricule appellé Echz- #os , qui eftle fecond ventricule des Animauxruminans, que l’on nommeainfi, à caufe que fa membrane interieure eft remplie de rides heriflées de pointes commele Herif- fon , queles Grecs appellent Echinos : mais cette forte de ventricule n’a pointété trouvée dans nos fujets. L’on peut feulement dire que le ventricule de quelques-unes des Au- truches que nous avons diffequées , étoit double , & non- pas qu’elles euffent deux ventricules ; puifque l’une & l'autre des parties de ce double ventricule étoit revêtués d’une même membrane, & que cette membrane eft dif- fcrente dans les differens ventricules des Animaux qui ruminent, DE HUIT AUTRUCHES. 129 ruminent. Car les membranes du jabotétoient garnies de glandes arrangées regulierement , & formées comme des bouts de petits tuyaux , étant rondes, & percées par le milieu à la partie qui regarde le dedans du jabot, & inégales de l’autre côté | étant compofées de plufeurs grains, à la maniere des glandes qu'on appelle conglome- rées. Ecelles éroient differentes en cela des glandes qui fe trouvent aux jabots des Otardes & des Demoifelles de Numidie, des Oyes, des Canars, & de plufieurs autres Oifeaux, où ces glandes fe voyent feulement percées com- me à l’Autruche, mais elles font fimples, & du genre de celles qu’on appelle conglobées. a membrane qui revétoit le dedans du gefier, & qui en étoit afément féparable, avoit une ligne & demie d’é- paifleur en quelques-uns de nos fujets. Elle étoit compo- fée de deux parties , fçavoir d’une tunique qui étoit im- mediatement fur la chair du geler, & d'un amas de pe- tits corps glanduleux , qui faifoient une efpece de velouté. Ces petits corps , en la plüpart des fujets, étoient fi pe- tits, qu'ils paroifloient être plütôt des fibres que desglan- des : en quelques-uns ilsétoient de la groffeur d’une groffe épingle, & dela longueur de plus d’une ligne. Isétoient joints & collés les uns aux autres, comme les fibres le font dans le bois. Il y avoit beaucoup d’endroits où ces petits corps étoient féparés, & faifoient plufieurs fentes comme des gerfures. Le ventricule du Cormoran étoità peu près de cetteftruéture. Ces ventricules ont été trouvés toujours remplis de foin, d'herbes, d'orge, de feves, d’os, & de cailloux, dont il yen avoit de la groffeur d’un œuf de Poulle. Il y avoit auffi des Doubles : onen a compté dans un jufqu’à foixante & dix. Ilsétoient la plûpart ufés , & confumés prefque de trois quarts , étant rayés apparemment par leur frotement mutuel, & par celui des cailloux, & non par érolion caufée par quelque humeur ou éfprit acide, Rec. de lAc,. Tom.Ill. I, Partie, L.re. de {ubt, 130 DESCRIPTION. ÂANATOMIQUE ainfi que l’on a reconnu ; parce que quelques-uns de ces Doubles, qui étoient creux d'un eôté, & boflus de l’au- tre, étoienttellement ufés & luifans du côté de la boffe, qu’il n’y étoit rien refté de la figure de la monnoye:au-lieu quele côté quiétoic cave, n’étoit point du tout endom- mage, fa cavité l’ayant garanti du frotement des autres Doubles, Tour le refte qui étoit contenu dans le ventri- cule avecces Doubles, tantles pierres, les os , que les lé- gumes, & le foin, étoitverdi. Nous avons trouvé la mé: me chofe dans le ventricule d’une Orarde, oùil y avoit jufqu'àquarre-vingt-dix Doubles ufés par le frotement: ils avoientaufli donné une couleur verte à quantité de foin qui yéroic. Cela fait juger qu'aux Oifcaux, & generalement dans tous les Animaux , la diffolution des alimens nefe fair pas feulement par les efprits{ubrils & penctrans,mais auffi par Paétion organique & mechanique du ventricule, qui com- prime & barinceffamment les chofes qu’il contient, en- forte qu’en la plüpart des Animaux qui avalentune nour- ricure dure fans la mâcher , comme les Oifeaux qui vivent de grains, la Nature leur a fait le ventricule mufculeux, & leura donné l'inftinc d’avaler des cailloux, par le moyen defquels ils puiffent broyer dans leur ventricule ce que les autres brifent avec les dents, Enfin cette affeétation quela plüpart des Oifeaux ont d’avaler des pierres, a un ufage plus manifefte que n’en a celle que les Aigles & les Gruës ont de mettre des pierres dans leurs nids. Cardan, & la plüpart des autres Naruraliftes, croyentque le ventricule des Oifeaux , & principalement de l’Autruche , eft char- nu, pour lui fournir davantage de chaleur : mais l’on fçait que la chair mufculeufe & fibreufe agit plus par fon mou- vemént que pat fa chaleur ; & qu’une des principales & plus importantes aétions du cœur eft celle de la con- traction & de la dilatation, qui ne fert guere moins à la coétion & à l'alteration du fang , qu’à fa diftriburion. nt SE he den à ne : “> ut DE HUIT. AUTRUCHES. 131 + Il y apparence que ceux qui ont cru que les pierres & le fer dont les Autruches fe rempliffent , font diflouces dansleur ventricule par uné vertu patciculiere que la na- ture a donnée aux ventricules des differens Animaux ,par laquelle les uns digerent les poifons, les autres les os & les chairs cruës, & que l’Autruche a été pourvüé de celle de digerer les metaux & les piérres , n’avoient pas faitre- “Alexions fur cette attrition des pieces de cuivre que nous avons obfervée, & encore moins fur la verdeur, dont tout ce qui étoit contenu dans le ventricule étoit teint. Car file ventricule de l’Autruche avoit une faculté parti- culiere pour digerer les metaux , il les digereroit de la ma- nicre que les autres chofes font digerées , qui eft d’être fonduës & liqueñées, fans fouffrir d’autre changement en leur couleur , que de devenir blanches ; ce qui provient des peritesbulles prefque infinies que le bouillonnement de la férmentation ÿ produit : car ce bouillonnement don- ne une couleur blanche à tout ce qu'il agite, ainfi qu’il fe voit dans l’écume de l'encre, qui eft blanche. L’on fçait auffi par experience que les chofes qui fe diffolvent dans le ventricule , reçoivent une alteration en leur fubftance, fans en fouffrir en leur coûleur, ainfi.qu’il fe remarque dans les Ecrevifles, quel’on trouveà demi digerées dans le ventricule des Poiflons , avec leur noirceur naturelle, & n'ayant point cette rougeur qu’elles acquierent lorfque Ja chaleur du feu les cuit &les altere, à fa maniere, qui éft differente de la chaleur ou de quoi que ce foit, qui eft caufe de la coétion dans le ventricule des Animaux. De- Loïte que la verdeur qui arrive au cuivre dans le ventri- cule de l Autruche nefemble point pouvoir provenir d’un diffolvant particulier qu’il ait pour diîgerer les metaux ; mais il y à apparence que certe diffélution s’y fait de la même maniere qu’elle auroit été faite hors de ce ventri- cule, fi lecuivreavoitété broyéavec des herbes , ou quel- que liqueur acide ou falée, de quelque nature sh puiffe 1) 132 DESCRIPTION ANATOMIQUE être , & qui feroit bien differente de cet acide, decefef,. de cet efprit, enfin de ce diffolvant general , quel qu'il foit , de tout ce qui eft capable de donner de la nourritu- re: de-forte qu’il eftcroyable que l'Autruche étantun Ani- mal vorace, qui a befoin d’avaler quelque chofe de dur, qui lui fervent , ainfi qu’il a été dit, à broyer fa nourri- ture, elle ufe mal de l'inftinét que la Nature lui a donné pour cela , lorfqu’elle avale du fer , & principalement du cuivre, qui fe change en poifon dans fon eftomac , au lieu de fe tourner en nourriture. En effet, nous avons apris de ceux qui gouvernent ces Animaux dans la Menagerie de Verfailles, que les Autruches qui avalent beaucoup de fer, ou de cuivre, meurent toutes bientôt après : c’eft pour- quoi ils ontordre d'empêcher qu'on ne leur jette ni fer ni cuivre. Les inteftins ont été trouvés differens en longueur daris nos fujets, quoiqueles Animaux fuffent à peu près d’une même grandeur. En l’un ils avoient cinquante pieds , en lautre quarante-deux, en l’autre trente-trois, en l’autre vingt-neuf. Les trois inteftins grefles n’avoient gueres plus de longueur que le colon & le reétum enfemble. Le cæcum étoit double, comme à la plûüpart des autres Oi- feaux : chacun avoit deux pieds de long , plus oumoins , à proportion de la longueur des autres inteftins. La furface externe du colon & du cæcumétoit inégale par des boffes fort regulieres, maïs differentes dans cha- cun de ces inteftins. Cesboffes éroient formées par des li- gamens en maniere de feuillets , qui étoient endedans, à peu près de même qu’ils fe voyent au troifiéme & au qua- triéme ventricule des Animaux qui ruminent. Dans leco- lon ces feuillets étoient fitués tranfverfalement, faifant chacun plus que le demi-cercle, & étant pofés alternati- vement, de maniere que les bouts de deux demi. cercles recevoient & enfermoient l'extrémité d’un autre demi- cercle, comme qui mettroit les bouts des dents de deux DE HUIT AUTRUCHES. 133 peignées les unesentre les autres. Ces demi-cercles étoient diftans les uns des autres de demi-pouce, & n’avoient que trois lignes de large dans leur milieu ; &alloientfiniflant en pointe, Toutlelong de cetinteitin, dans la partie po- ftcrieure, il y avoit un ligament de deux lignes de large, qui étant du tiers moins long que l’inteftin, le racourcif: foit, 8 faifoit que les ligamens interieurs & demi-circu- Jaires formoient les replis & les boffes qui paroiffoient encore plus marquées, lorfque l’inteftin étant enflé , toute la membrane, qui n’étoit point retenuë & affermie par les ligamens, étoit étenduë par Pimpulfon du vent. Tous les vaiffeaux entroient à côté de ce ligament pour fe diftri- buer dansFinteftin, mais particulierement dans les feuil.. lets. Certe ftructure de feuillets fitués tranfverfalement danslecolon, 2 déja été décrite dans le Singe, & nous l'avons comparés à celle qui fe voit dans le jejunum de l'Homme, mais nous avions refervé à en donner la figure dans l’Autruche. Le cecum étoirauffi garni de feuillets par-dedans , ou plûtôc d’un feul feuiller, qui tournoit en vis depuis un bout jufqu'à l’autre, à peu près de la maniere qui a été dé. crite dans le Renard Marin » & comme il eft aux Liévres & aux Lapins. Cerinteftin étoit large d’un pouce vers fon commencement, & s’étrecifloit vers l'extrémité en poin- 1€, comme à la plüpart des Animaux à quatre pieds, & contre l'ordinaire des Oifeaux, où cet inteftin conferve une même largeur dans toute fa longueur , & qui même va quelquefois en s’élargiflant, ainf que nous l'avons ob- fervé dans la Peintade, où cet élargiffement eft plus con- fidérable qu’en ancun autre Oifeau que nous ayons vü. A l'extrémité du Reéfum il y avoit un grande vefie rem- plie d’urine jufqu'à la quantité de huit onces : elle pouvoie contenir les deux poings: Les membranes qui la compo- foient, étoient pareilles à celles des inteftins, maiselles étoient un peu plus épaifles, Dans une femelle , cette Riij 134 DESCRIPTION ANATOMIQUE veffie étoit parfemée en dedans d'un grand nombre de vaiffeaux , qui partoient comme d’un centre pour s’épan- dre dans toute fa capacité : ces vaifleaux n’étoient pas vifibles dans les autres fujets. Au droit de ce centre étoit l'ouverture par laquelle le Retfum fe vuidoit dans la veflie. c'étoit un trou forcétroit, au milieu d’une tumeur, qui faifoit comme un cul de Poulle. Au bas de cette grande vefie ,il y avoitencore deux trous , qui étoient lesembou. chures des ureteres, qui fe glifloient entre les deux tuni- ques de la veflie comme à celle des Animauxterreftres. Au-deffous de ces deux trous étoit une ouvertureen ovale de dix lignes de longueur , qui avoit un rebord membra- neux, par le moyen duquel elle pouvoit être fermée, lors qu’elle venoir à être comprimée par la pefanteur de l’urine: car alors ce rebord membraneux fe colloit fur unetubero- fité ou corps rond, & de la groffeur prefque du poing, d’une fubftance moyenne entre le cartilage & le liga- ment. Cette tuberofité étoit fenduëé par le milieu à la maniere d’un Abricot, étant attachéesen dedans aux os pubis. Cette ouverture ovalaire donnoit entrée dans une fe. conde veflie ou poche plus petite que la premiere, & qui n’étoit point faite pour contenir les excrémens , mais feu- lement pour leur donner paflage , felon que fa tunique comprimoit & ferroit plus ou moins la tuberofité qui la remplifloit, en faifant une aétion pareille à celle dure- bord membraneux de l'ouverture ovalaire. La verge dans la plüpart de nos fujets étoit compofée de deux fubftances, fçavoir, de membranes blanches , épaif- fes, nerveufes, folides, & deligamens blancs , de même fubftance que les membranes, mais beaucoup plus durs & plus folides, n’y ayant dans les membranes ni dans les ligas mens aucuns vaifleaux, ni aucune cavité :ils paroifloient feulement compofés de fibres tranfverfales fort ferrées, La membrane externe qui couvroit toute la verge éroit la DE HUIT AUTRUCHES. 135 plus épaiffe : l’interne envelopoit immediatement chacun des deux ligamens, qui étoient féparés l’un de l'autre, & qui ne s’umifloient qu'à deux doigts près de l’extrémité. II y en avoit un plus long que l’autre : le plus long avoit deux pouces. Ils avoient chacun quatre lignes de diametre vers leur bafe ,alanc en pointe vers l’extrémité. L'origine de cette verge étoit à la tuberofité cartilagineufe qui étoit attachée à la partie interne de la jonétion des os pubis, dontil vient d'être parlé : de-là elle fe refléchifloit tout court en-deffous , entroit dans la petite poche, & fortoit par l'ouverture externe de cette petite poche, qui eft l’7« aus. Cette ouverture étoit bordée d’un repli en demi-cer: cle, qui embrafloitla Verge à l’endroit où elle fortoit de- hors. Au refte certe verge n’avoit ni gland , ni prépuce, ni conduit , ni cavité qui pût donner iffuë à aucune matiere feminale. Dans l’un des fujets, outre les membranes & les ligamens qui compofoient la verge des autres, il y avoit éncore une troifiéme fubftance rouge, fpongieufe, & affés approchante de celle des ligamens caverneux qui font aux Animaux terreftres. Elle étoit garnie d’une gran- de quantité de vaiffeaux. A la femelle ,au-lieu de la verge, iln’y avoit que la tu- berofité cartilagineufe qui emplifloit la feconde poche comme au mâle; & certe tuberofité fortoit hors l’4#»s de la groffeur d’une petite noix : elle avoit une petite appen- dice de la longueur de trois lignes , mince & recourbée, qui paroifloit être une efpece de clitoris. Dans cetre petite & feconde poche, ilyavoità gauche une ouverture qui penetroit dans une autre cavité, en maniere de conduit, qui étoit l’Oviduëus. Cette ouver- ture n’avoit pas plus de quatre lignes de diametre : elle étoit pliffée tout autour. Les tuniques de ce conduit croient fortépaifles, & fa cavité fort large près del’en- trée à l’un de nos fujets; à un autreelle l’étoit moins ; & à cinq pouces pardelà l'entrée , elle s’étreciffoit pour former 136 DESCRIPTION ÂNATOMIQUE un autre petit conduit de la longueur de cing lignes, dur &c nerveux , qui pouvoit paffer pour l’orifice interne de la matrice. Au-deffous de ce conduit étroit, il y avoit un petit fac ou fofle, fans ifluë, dont la profondeur étoit égale à la longueur du conduit. Dans les fujets où ce con- duit étroit ne s’eft point trouvé, l'Oviduéfus alloit toû- Jours s’étreciflant depuis la premiere entrée, à mefure qu'il approchoit de l’ovaire, enforte qu'à fon extrémité il n’avoit que quatrelignes de large , au-lieu de trois pou- ces & demiqu’ilavoiten fon milieu. En cette extrémité il formoit un trou de figureovale, que l’on appelle l’enton= noir de l'Oviduétus , & jettoit à droite & à gauche deux appendices membraneufes en forme d’ailerons , qui avoient quelque rapport à celles qui font à l'extrémité du Tuba des Animaux terreftres, & qui éroient foutenus par une continuation de la membrane qui tient lieu de mefentere, Tout ce conduit, qui eft proprement la matrice ou [a portiere des Oifeaux , étoit long de deux pieds & demi, & capable de recevoir le poing en fa partie la plus large. Ilétoit charnu au commencement, & devenoit infenfi- blement membraneux vers {a fin. Aprèsavoir monté , en fe détournant à gauche vers le ventricule, il fe recourboit vers l’épine du dos ,en defcendant. Une double membra- ne, en forme de ligament large, l’enfermoit : elle de- bordoit de la largeur de deux pouces de chaque côté. La partie poftericure de ce ligament étoit attachée le long de l'épine, comme un mefentere : l’anterieure étoit flotante. L'une & l’autre étoit parfemée d’un grand nombre de vaiffeaux. qui étoient en plus grande quantité fur le con- duit de l’Oviduëfus que dansie ligament. Ces vaifleaux venoient de deux grands rameaux qui entroient par l’ex- trémité de l'Oviduéfus , vers l'ovaire , l’un fe traînoit au- defflus, l’autre au-deflous; & leurs branches avoient des anaftomifes les unes avec les autres, fçavoir celles de la partie DE HUIT AUTRUCHES, 137 partie inferieure du ligament avec celles de la partie fu- perieure. Tour le conduit de l'Oviduéfus étoit compofé de trois membranes, à la referve de l'extrémité , qui fait l’enton- noir , qui paroifloit être d’une membrane fimple. L'inte- rieure de ces membranes étoit fort ridée, ou plütôt com- me feuilletée , à la maniere du troifiéme & du quatriémé ventricule des Animaux qui ruminent. Ces feuillets, qui emplifloient toute la cavité, éroient felon fa longueur, & une tunique fort déliée les attachoit enfemble. La fe- conde membrane, qui étoic celle du milieu, étoitchar- nuë. La troifiéme, qui étoit mince & polie, n’étoitrien autre chofe que la double membrane, dont le ligament large étoit compofé, qui fe féparoit en deux, pour em- braffer le conduit de l’'Oviduifus. On 2 remarqué quatre mufcles, qui appartiennent à PAnus & à la verge : il y en avoit deux de chaque côté. Les deux premiers prenoient leur origine de la partie in- terne de l'os facrum, & defcendant le long de la poche du reétum par l’efpace de deux pouces, ils la perçoient près de fon extrémité ; & paffant fous le fphinéter de l’a- aus , venoient s’inferer à la bafe de la verge au mâles, & à celle du clitoris aux femelles. Les deux autres fortoient vers le bas des reins de la partie interne de l'os desiles, & defcendant à côté des ureteres, & perçant aufli le rec- tum , s’attachoient aux côtés de la verge & du clitoris. L’ovaire étoit placé à la partie fuperieure des reins contrela veine-cave , & contre l’aorte, étant fortement attaché aux troncs de ces vaifleaux. Sa fubftance étoic membraneufe, parfemée de toute forte de vaifleaux, & garnie de plufieurs œufs, revêtus de leur calice comme aux Poulles. Ces œufs étoient de differente groffeur , fçavoir , depuis la groffeur d’un pois jufqu’à la groffeur d’une noix, La membrane, qui enferme chaque œuf, & que l’onappelle le calice, avoit comme une queué, par Rec, de l'Ac, Tom. III. I. Partie. 138 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE laquelle tous ces œufs font ordinairement tous attachés enfemble, & compofent ce que l’on appelle l'ovaire. Cette membrane étoit plus épaiffe, plus les œufs étoient petits : clle avoit une grande quantité de vaifleaux , & étoit atta- chée à l’œuf qu’elle enfermoit , par une infinité de fibres, étant ouverte vers l’endroitoppofé à la queuë , comine eft le calice d’un gland , lorfque que le gland cft rond & petit, & qu'il eft prefque tout couvert de fon calice. L’œufayant été feparé du calice, n’étoit qu’une tunique fort délicate, qui contenoit feulement le jaune de l'œuf en ceux qui n’é- toient pas plus gros qu’une noix; mais dans l’un de nos füjets où il s’en eft trouvé de la groffeur des deux poings, cette tunique étoit remplie d’une humeur femblable à de l’eau trouble , fans qu’il y eùt de jaune. Il y a lieu de croire que la chaleur naturelle affoiblie dans cet animal, par la contrarieté de l’air de notre climat, avoit laiffé corrom- pre ces œufs. Une des Autruches qui font dans le Parc de Verfail- les ayant fait plufieurs œufs, on nous en a apporté quel- ques-uns , fur lefquels on a fair des obfervations & desex- periences. Car comme ces Oifeaux ne couvent point leurs œufs, mais qu'ils les expofent feulement aux rayons du Soleil , & à la chaleur du fable gfe contentant de les ga- rantir de l’eau dela pluye, en les pofant fur de petits mon- ceaux de fable; nous avons voulu effayer fi par la chaleur, tant du Soleil, que du feu, & du fumier, nous pourrions du moins leur procurer quelque alteration , qui parüt être une difpofition àla generation. Pour cela on enatenuun pendant cinq femaines au Soleil , à demi enfeveli dans du fable, fur une couche de fumier élevée à trois pieds de terre, lecouvrant d’une cloche de verre pendant le mau- vais tems. On en a mis un autre dans un Athanorà feu lent, le tenant auffi, par un pareil efpace de tems, dans du fable, & bien couvert. On a obfervé plufieurs chofes ; fçavoir ; Que les œufs font diminués de leur poids jufqu’à Sa CRE re 3 DE HUIT AUTRUCHES, 139 la neuviéme partie ; Que le jaune & leblanc de celui qui avoit été échauffé au feu, fe font quelque peu épaiflis, fans avoir aucune mauvaife odeut ; Que celui qui avoit été mis au Soleil ne s'eft point épaiflt, mais a contracté une fort mauvaife odeur ; 8 que dans l’un ni dans l’autre de ces œufs il nes’eft trouvé aucune apparence de difpofi- tion à la generation. Au-deflus de l'ovaire on découvroit deux corps glan- duleux attachés à l'aorte , & àla veine-cave, dont la fub- ftance étoit femblable à celle des cefticules des mâles, ayant en leur fuperficieun grand nombre de vaiffeaux. Leur cou- leur d’ailleurs étoit d’un rouge vif. Chacun de ces corps avoit un pouce & demi de long fur quatre lignes de dia- metre. Ces corps glanduleux ont été pris pour les glandes rénales ou reins fuccenturiés. Aux mâles les tefticules ont été trouvés de grandeur & de figure. differente dans les differens fujets. A lun ils étoient petits , ayant feulement quinze lignes de long fur cinq de diametre. A un autre ils étoient longs & étroits, ayant un pouce & demi de long fur quatre lignes feule- ment de diametre. A un autre ils avoient jufqu’à quatre pouces delong furun pouce & demi de diametre par le milieu. Ces derniers avoient la figure d’un œuf de Poulle un peu allongé, écant plus gros par un bout que pat l’autre. En tous les fujets ils étoient couverts d’une membrane nerveufe, parfemée d’une fi grande quantité de vaiffeaux, qu'elle paroifloit rouge. 11 fe trouva en l’un des fujets que le tefticule en avoit commeun autre petit, qui lui étoit attaché au côté. Ce petiravoit environ le quart dugrand, & n’étoit rien autre chofe que l’épididyme feparé du refti- cule , qui lui étoit attaché en deux endroits : fçavoir, par une branche du vaiffeau fpermatique préparant, qui {or- tant dumilieu du tefticule, entroit dans le milieu delé- pididyme ; & par le défcranc, qui fortant par le bas de lé: pididyme, ferejoignoit au bas du tefticule, RUE Si] 140 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE Les vaiffeaux préparans fortoient proche desémulgens, & fe joignoientun peu plus bas aux tefticules qui étoient pofés fur les reins , un peu plus à gauche qu’à droit. Avant que de s'attacher au tefticule, ils fe divifoient chacun en trois raineaux , qui fe joignant les uns aux autres, &en- fuite fe feparant, continuoient ainfi à fe communiquer le long dutefticule, auquel ils inferoient des rameaux d’ef- pace en efpace. En cet endroit ils étoient fort envelopés de membranes & de graiffes : mais nonobftant ces empé- chemens, on ne laiffa pas d’en voiraflés diftinétement la ftruéture & les communications; parce qu'ayant fait bouil- lir un tefticule, & toute la graifle étant fondué , les vaif- feaux parurent à découvert, & firent connoître qu'après s'être affemblés , ils fe feparoient, pour fe rejoindre en- core. Le déferant defcendant le long de l’épine jufqu’à la feconde veflie, s’y attachoit, après s'être dilaté , & chan- gé en une membrane. Ce conduit, felon l'ordinaire, étoic folide , & fanscavité à fon commencement, & fur la fin. il s’élargifloit, & devenoit membraneux. Le foye étoit rouge , de fubftance dure & ferme. Par {à figure il reffembloit à celui de l'Homme , étant partagé en deux grands lobes. Le gauche étoit fendu en deux autres petits. Il yenavoit encore unautre petit au milieu, & au bas des deux grands, qui ne s’eft trouvé qu’en l’un des fu- jets. Il n’y avoit point de veficule du fiel, mais feulemenc un canal hepatique, qui naïffoit du milieu dela partie cave du foye, & s’alloit inferer aupylore. Ce canal étoit formé par l’affemblage de trois gros rameaux, qui fe di- ftribuoientdans toute la fubftance du foye. A l'extrémité de l’unde ces rameaux , tout proche fon infertion au ca- nal, ily avoitune dilatation de la groffeur d’une grofle aveline, enfermée dans le parenchyme du foye. La veine-porteétoit double, ayant deux troncs fepa- rés, & chacun leurs racines particulieres. Le premier, qui étoit le plus gros, étoit attaché au lobe droit, à la DE HUIT AUTRUEHES. 245 place où la vefcule eft ordinairement aux Oïfeaux. Le fecond, plus petir, fortoit du bas du lobe gauche, La veine cave étroit attachée à côté de l'aorte, le long du dia- phragme droit ; car on peut dire que les Oifeaux ont plu- fieurs diaphragmes. + Le pancreas avoit dix pouces de long, & un pouce de large : il étoit placé entre le premier repli que les inte- fins fonc en forme d’une longue finuofité, ainfi qu’à la plûpart dés autres Oiïfeaux. Il étoit d’une veritable cou- leur de chair. Les glandes dont il étoit compofé, étoient feparées tout-à-fait les unes des autres , & jointes feule- ment par des membranes. Le canal pancréatique s’inferoit à la partie fuperieure du jejunum. Ikfortoit du milieu dw pancréas , où aboutiflotent les deux branches qu’il jettoit dans chaque moitié du pancréas, l’une vers le haut, & l’autre vers le bas. IH eftà remarquer que dans la plüparc des Oifeaux , les canaux pancréariques s’inférent proche les cholidoques; mais dans nos Autruches l’infertion du pancréarique étoit éloignée de celle de l’hepatique de plus de trois pieds. La ratte éroit attachée au ventricule par une forte membrane , qui conduifoit & enfermoit les vaifleaux fpleniques. Sa forme étoit cylindrique , ayant deux pou- ces & demi de long , & huit lignes de diametre; étant néanmoins un peu plus menuë par le bas que par le haut, Son parenchyme étroit folide, & femblable à celui des reins des Quadrupedes. Les reins avoient huit pouces de long, & deux dé large. Hs éroient dans la plüpart de nos fujets differens des reins des autres Oifeaux , n'étant pas recoupés en plufieurs lo- bes, maïs ayant une continuité aflés égale. Toute leur fubftance , qui étroit mollaffe , paroifloit d’ailleurs très- inégale, comme étant compofée d'une grande quantité de glandes. Ilsavoientune membrane fort déliée, qui les couvroitimmediatement , laquelle étoit recouverte d’une Si 142 DESCRIPTION ANATOMIQUE autre plus force & plusépaiffe , qui tenoitlieu de La mem brane adipeule. La couleur deces glandes étoit d’un rouge brun fort vif. On a trouvé dans quelques-uns des fujets: que les reins étoient recoupés en trois à l'ordinaire, la: partie fuperieure & l’inferieure étant plus larges que celle: du milieu. L’urétere n’éroit pas comme aux autres Oifeaux couché fur les reins de hauc en bas , mais il étoiténfermé’ däns leur fubftance , où il étoit un peu plus large que de- hors, comme pour former un baflinet, qui étoit de la lon- geur du rein. On voyoit dans ce baffinet plufieurs trous, qui éroient les embouchüres des branches ou canaux que le baflinet envoye dans toute la fubftance du rein. Il n’y avoit aucune apparence de mammelons. Les anneaux qui compofoient l’âpre-artere, étoient en« tiers, mais un peu comprimés , Ce qui leur donnoit une fi- gure ovale. Le larynx étoit compofé d’un cricoïde & d’un arytenoïde. Le cricoideéroit femblable à celui de l'Hom- me, & l’arytenoïde étoit fait de deux cartilages plats & larges, articulés avec le cricoïde par le moyen de leurs mufcles. Ils laioient entre eux une ouverture de fix li- gnes de large, qui faifoit la glotte. Ces deux cartilages étoientrecouverts d'un mufcle, qui fert apparemment à fermer l’ouverture de la glotte, en les approchant l’un de l'autre. Le poumon, de même qu'aux autres Oifeaux, & à la plûpart des Amphibies , étoit compofé de deux fubftances, dont il y en avoit une qui paroifloit charnuë 8& commeun parenchyme, & une autre qui étoit membraneufe, for mant cinq grandes veflies de chaque côté, dont les quatré fuperieures étoient dans la poitrine, la cinquiéme étoit dans le bas ventre. I n’y avoit point un diaphragme unique, comme aux Animaux terreftres, où cette partie ne faitqu’une cloifon, qui fepare les parties contenuës dans la poitrine-d'avec celle du bas ventre; maisily avoit plufeurs de cescloifons DE HUIT AUTRUCHES. 143 qui divifoient la cavité de toute cette partie du corps, que lon appelle le tronc » A quatre autres cavités, par le moyen de crois cloifons, que l'on peut prendre pour au- tant de diaphragmes. Deux de ces diaphragmes ou cloifons alloient de haut en bas, le troifiéme étoir fitué en travers. Outre ces trois diaphragmes , ily avoit deux autres mufcles , paralleles aux diaphragmes, que nous appellons mufcles des pou- Mons, parce qu'ils fontimmediatement couchés & com- me colés fur cette parue, & la feparant. Le troifiéme dia- Phragme, qui éroit fitué en travers > allant du milieu d'um des grands diaphragmes au milieu de l’autre, feparoit le cœur & le foye d’avec le géfier, lesinteftins, & les autres parties du bas ventre, dans lequel les deux vefics infe- Licures du poumon éroient auff cnfermées. De forte que les quatre cavités étoient difpofées de maniere qu'il yen avoit une au bas du ventre; une autre grande au milieu de la poitrine fituée au-deflus de la Premiere ; deux moyen- nes à côté des deux Premieres ; qui contenoient les huir veflies fuperieures, quatre danschacune. Chaque mufcle du poumon avoit fon origine fort char- nué, divifée en fix têtes attachées vers l'extrémité des grandes côtes, proche de l'angle qu’elles font avec d’au- tres petites côtes qui les attachentau fernon, au-lieu des cartilages qui les y attachent dans les Animaux terreftres. s fix téces produifoient roures enfemble un large ten- don ou aponeurofe > Qui étanrcouché fur le poumon ; sal. loit joindre par fa partie fupérieure avec l’aponeurofe de l’autre mufcle oppofé , & quittoit en cet endroitles ver tebres aufquelles le refte du mufcle étoit fortement atta- ché, La direétion des fibres de ce mufcle étoit oblique , ti- TaBE Un peu:vers le bas, :enforte que fon action eft d’é6- Mu peitrine, en ferrant les côtes ; & les tiranten embas. Chaque diaphragme étoir attaché par enhaut & en 144 DESCRIPTION AN ATOMIQUE devant le long de chaque côté du fternon, qui étoit fort large à nos Autruches, ainfi qu’il l’eft ordinairement aux Oifeaux. Par derriere & vers le haut il tenoit à l'aponeu- rofe du mufcle du poumon , ainfiqu'ila été dit, & defcen- doit attaché aux vertebres du dos : par embas il s’attachoit au mufcle tranfverfe du bas ventre. Ces diaphragmes & les mufcles du poumon font plus particulierement décrits dans leCafour , qui eft le plus grand Oifeau après Au- ruche, de tous ceux que nous avons vüs. Le diaphragme tranfverfal étoit fitué un peu plus bas que le bas du fternon, I] partoit du milieu d’un des grands diaphragmes , & s’attachanten-devantaux mufcles tranf- verfes du bas ventre, & par derriere aux aponeurofes des mufcles du poumon , il s’alloit attacher à l’autre grand diaphragme. Il étoir en-deffous garni de graiffe de l’épaif£. feur d’un doigt. Le poumon, qui étoit attaché aux côtés & enfermé entre les côtes & les mufcles du poumon , étoit compofé de deux chairs rouges & fpongieufes, ainfi qu'il a été dir. Elles avoient chacune dix pouces de long fur trois & demi de large, étant épaiffes d’un pouce & demi. Chacune des deux branches de l’âpre-artere, en entrant dans le pou- mon , fe divifoit en plufieurs rameaux , qui fe diftribuoient dans tout fon parenchyme, comme aux Animaux terref. tres, à la referve que tous ces rameaux éroient membra- neux fimplement, fans avoir de cartilages , ainfique nous les avons trouvés dans l'Elephant. L’air paflant dans ces rameaux, fe couloit jufqu’à la furface externe du paren- chyme percé d’une infinité de petits trous, qui fe voyoient au travers d’une tunique fort mince, dont tout le poumon étoit revêtu, pour enfermer l'air, & l’obliger à pañler du parenchyme dans les veflies par des trous dont quelques- uns perçoient l’aponcurofe , les autres pafloient oblique- ment au travers de la partie charnuë du mufcle du pou- mon, peut-être pour faire que l'air puifle être retenu volontairement Dati DE HUIT AUTRUCHES. 145 volontairement dans quelques-unes des veflies par lac. tion du mufcle, qui en fe reflerant , étreflit le trou, pour des ufages que l’on peut conjeéturer , ainfi qu’il fera expli- qué ailleurs. Les quatre veflies qui étoient de chaque côté au haut de la poitrine , étoient enfermées , ainf qu'ik a été dit, entre le diaphragme & le mufcle des poumons dont ils étoienc recouverts. La tunique de chaque veflie étoit collée par les côtés au diaphragme & au mufcle du poumon. Par- deflus & par-deffous elle étoit jointe aux tuniques des vef- fies voifines entre lefquellesellcéroir. La cinquiéme vef- fie, qui étoit beaucoup plus grande quelesautres, n’é- toit point enfermée entre le diaphragme & le mufcle du poumon, mais entre les deux diaphragmes avec les in- teftins & les autres parties du bas ventre ; & elles ne tou- choient au mufcle du poumon que par l’endroit où il étoit percé, pour donner paffage à l'air qu’elle reçoit du pou- mon. Nousavonstrouvé dans des Aigles, & dans quel- ques-autres Oifeaux, ces veflies attachées par le bas à une membrane chargée de beaucoup de graïffe, qui en- fermoit comme dans un fac le ventricule & les inteftins, & que nous avons prife pour un épiploon. La connoiflance du détail de certe ftruture, qui eft particuliere aux Oifeaux, a donné fujet à la Compagnie de faire plufeurs reflexions fur la maniere de la refpira- tion en general, & fur celle qui eft particuliere aux Oi- feaux,pour râcher de parvenir à la connoiffance des ufages que doivent avoir ces organes fi differens danslesuns 8 dans lesautres de ces Animaux. _ Ona confideré que ces ufages dela refpiration ne con- fiftent pas feulement dans lesutilités que l’Animal reçoit delintrodu&ion de l'air, qui par fes qualités contribuë beaucoup à la generation du fang, & par fa fubftance fournitla matiere de la voix, mais qu’elle eft même utile à la coétion & àla diftribution de la nourriture, par l’agt- Rec, de lAc, Tom, III. I. Partie, L.2. du mou- vement des mufcles. 146 DESCRIPTION ÂNATOMIQUE tation continuelle, & par la conftriétion du thorax, qui preffant les poumons remplis d'air, & rendus par fon moyen femblables à des orcillers mollets, fait qu'ils ex- priment doucement, non-feulement le fang contenu dans leurs vaifleaux, & le pouffent dans le cœur ; mais com- priment auf les autres vaiffeaux enfermés dans la poi- trine, pour favorifer la diftribution du fang, ainfi qu'il paroit dans les aétions violentes, où la rerention de la refpiration eft neceflaire , car on voit qu’elle fait mon- ter le fang au vifage. Mais la maniere dont la refpiration s’accomplit par l’infpiration & par l'expiration, démon- trent clairement la verité decetufage dans les Animaux terreftres : car l'infpiration fe faic lorfque la poitrine eft élargie par le changement de la fituation des côtes & du fternon, qui rend fa capacité plus ample, & par l'exten- fion du diaphragme, qui devient plat : & l'expiration fe faic par une fituation contraire des os de la poitrine, qui rend fa capacité plus étroite , & par la relaxation du dia- phragme, qui diminué aufli cette capacité, parce qu’elle le fait remonter en enhaut, & occuper une partie de la poitrine. Or cetterelaxation, qui eft une chofe pañlive, n'eft pas fuffifante pour le puiffant effort que l'expiration demande, parce que l'air enfermé & comprimé par laétion que les mufcles de la poitrine fonten l'expiration, feroit capable de repouffer le diaphragme en embas , s’il n’étoit pouflé en enhaut par quelque puiffance qui agit fortement dans l'expiration. Cette puiffance eft double; l'une eft celle du mediaftin, qui après avoir été tiré & étendu dans l'infpiration , lorfque le centre du dia- phragme defcend embas, retire enfuite en enhaut le mê- me centre, comme fait un reflort, qui après avoir été contraint, retourne à fon premier état, par une action que Galien dit être naturelle aux mufcles, & differente de celle par laquelle ils agiffent volontairement; cette action étant celle qui produit la retraétion involontaire DE HUIT AUTRUCHES. 147 qui arrive aux parties par les mufcles dont Îes antago- niftes ont été coupés. L'autre puiffance qui fait monter le diaphragme, eftcelle des mufcles du bas-ventre , qui peu- vent pafler pour les antagoniftes du diaphragme, lorfqu'’ils compriment tout ce qui eft contenu fous le diaphragme : car par cette action, faifant remonter le foye, le ventri- cule,.& les autres parties du bas ventre , ils poufflent le milieu du diaphragme en enhaut, qui enfuite defcend:, lorfque par fon aétion propre , qui eft l’extenfon,, ilre- prend la figure droite & plate que la contraétion de fes fibres lui donne. Cetre comprceflion des mufcles du bas: ventre fur les vifceres eft fi puiffante, que l’on a quelque- fois vü le ventricule avoir été pouflé dans la capacité du: thorax, lorfque le Diaphragme avoit reçû une grande bleffure, ainfi que les obfervations de plufeurs Auteurs le témoignent. Il faut cependant remarquer, que le mouvement du. diaphragme eft en queique façon indépendant, tant de VPaétion du mediaftin, qui reçoit fon centre en enhaut, que de ccle des mufcles du ventre qui le repouffent aufli en ehhaut, à caufe des expériences que l’on a faites dans la diffetion des Animaux vivants, dans lefquels on a ob: fervé que le mediaftin & les mufcles du ventre étant cou: pés, le diaphragme ne laiffe pas de fe retirer en enhaut, ainf qu'il fait dans l'expiration :de maniere que l’aétion du mediaftin & des mufcles du ventre ne doit être confi: derée que comme fervant à fortifier l’a&ion par laquellele centre du diaphragme eft relevé, & laquelle eft fort dé- bile, ne pouvant être faite par des fibres qui tirent , mais feulement par des fibres qui fe reftituent en leur premier état après avoir été forcées, & lefquelles agiffent de mé- me que celles des plumes & ducrin, qui font enfler un ereiller après qu’il a été comprimé, mais qui ne le font que: foiblement. Or par ces aétions de la. compreffion des mufcles fur les. Rec.de l'Acad, Tome III. 1e. Partie. Tij,* 148 DEscRIPTION ANATOMIQUE. vifceres , qui les fait monter, & de celle du diaphragme qui les fait enfuite defcendre, & parla continuité de ces mouvemens alcernatifs, on peut dire que la refpiration eft, à l'égard des humeurs contenuës dansle bas ventre, ce que la pulfarion du cœur eft à l'égard du fang contenu dans fesventricules ; c’eft-à-dire que cette compreflion & cette agitation fert non-feulement à la diftribution du chyle, de même que celle du cœur fert à poufler le fang dans les arteres , maïs qu’elle eftune des principales caufes de la génération dumême chyle, par la divifion, l’atte- nuation & le mélange des parties de la nourriture que cette agitation conuinuelle eft capable de produire. Ces aétions, qui font effentiellement néceflaires pour la vie, & fe doivent accomplir dans les Oyfeaux comme dans les Animaux terreftres, y font aufli faites par la ref. piration, quoi qu'avec des organes différens : car quoique dans les Oyfeaux les mufcles du poumon ayent quelque tenfion & quelque relaxation , par le moyen de laquelle le poumon & fes vellies font comprimées , ils ne produifent point ce mouvement, parce que dans les Animaux ter- reftres les vifceres font pouflés tantôt en haut, tantôt enbas; & les mufcles du bas ventre, à caufe de Jeur peti- teffe, ne peuventauffi les comprimer que foiblement, parce que prefque tout le bas ventre eft couvert par le fternon, dont la grandeur a dû étre extraordinaire , comme cllceft, pour donner origine aux grands mufcles qui tirent l’aîle en enbas ; la force de ces mufcles n'étant pas capable de fufñre à la puiffante ation du vol , s'ils étoient moindres, De forte que cette foibleffe que les mufcles du bas ventre ont à pouffer les vifceres , & le manque d’un diaphragme quiles tire en enhaut, a dû être fuppléé dans les Oyfcaux par les vefics du Poumon, qui s’empliffent , & fe vuident alternativement dans leur refpiration ; car la maniere dont elles agiffent eft telle. Lorfque jechoraz eft dilaté par l’aétion des mufcles de la DE HUIT AUT RUCHES. 149 poitrine, l'air entre dans le poumon, & pale en même- tems du poumon dans les veflies ; mais il faut entendre qu’il n'entre que dans celles qui font enfermées dans la poi- trine, parce qu'il n’y a rien qui puifle , endilatant les vef fies contenuës dans le bas ventre, donner occafion à l'air d’y entrer : car au contraire , c’eft alors qu’elles s’affaiflene, & que l'air qu’elles contiennent rentre dans le poumon. Mais lors qu’enfuite le thorax eft comprimé & retreffi, Pair enfermé dans les vefies dela poitrine en étancexpri- mé , une partie fort par le larynx ; l’autre entre dans les veflies du bas ventre, &les enfle au même-tems que celles d’enhaut fe defempliffent ; & enfuite lorfque les veflies d’enhaut font remplies par la dilatation du thorax, elles reçoivent non-feulement l'air du dehors par le larynx, mais aufli celuides veflies du bas ventre, lorfqu’elles fonc comprimées au même-tems que celles d’enhaut font dila- tées ; & cela leur arrive, parce que les vifceres qui ont été forcés & comprimés par la dilatation des veflies, les pouffent à leur tour , aidés par les mufcles du bas ventre quoique petits ; ce qui fait une réciprocation & une vicif- fitude d’impulfons qui fupplée à l’aétion puiffante quele diaphragme & les grands mufcles du bas ventre produifent dans les Animaux terreftres. Cette aétion des veflies qui fervent à la refpiration des Oifeaux , fe voit manifefte- ment lorfqu’on les difleque vivans. Nous en avons fait l'experience dans de grands Oifeaux , comme des Oyes & des Cocqs-d’Inde , à qui ayant ouvert le bas ventre, fans avoir bleffé les veflies qui y font , on a remarqué que lors que le thorax étoit déprimé dans l’expiration, Les vefies d'embas s’enfloient, & que lorfqu’il fe dilatoit pour l’inf- piration , elles s’affaifloient. Ileft vrai qu’au méme-tems que les veffies du bas ventre s’enfloient, les diaphragmes étoient pouffés : maiscela nepouvoit pas étre un effer de l'enflure des veffies fuperieures, parce qu’alors la poitri- ne évoit refferrée ; mais cela arrivoic par l'effort que l'air Ti L. de la ref biration c. 2, 159 DESCRIPTION ANATOMIQUE contenu dansles veffies faifoitcontreles diaphragmes dans lemoment qu’elles fe vuidoient, Cette maniere particuliere que les Oifeaux ont en leur refpiration , peur étre expliquée par les foufflets des for- ges, qui femblent avoir été faits à limitation des organes de la refpiration des Oifeaux : car ces foufflets ont une double capacité pour recevoir l'air. La premiere eft celle de deffous , qui reçoit l'air lorfque le fouffleteft ouvert , & cette capacité reprefente les veflies d’enhaut enfermées dans la poitrine. La feconde capacité eft celle de deflus, qui reprefente les veflies du bas ventre : car lorfque la ca- pacité inferieure eft retreflie par la compreflion du fouf- flec, l’air qu’elle a reçü entre par un trou dont elle eft per- cée, & pafle dans la capacité fuperieure, enforte que l’air pouffé avec force élargit cette capacité, en faifant fou- lever le volet de deflus. Ariftote qui compare les poumons aux foufflets des for- ges , n'en applique la comparaifon qu'aux poumons des Animaux terreftres, parlefquels fimplement l'air eft reçû & enfuite repouflé , ainfi qu'il l’eft par la dilatation & le retreciflement d’un foufflet fimple; & il ne dis point à quelle efpece de poumon reffemblent les foufflets des for- ges qui font doubles, ni comment dans le poumon des Oifeaux il y a des veflies qui reçoivent l'air au méme-tems que lesautreslerejettent,de même quedans les fouffletsdes forges il ya une cavité qui reçoitl'air,pendant que l’autre la pouffe dehors. La Compagnie a fait encore fur d’autres Oifeaux&d’autresAnimaux des remarques qui concernent la refpiration que l’on trouvera dans leurs defcriptions, mais principalement dans celle duCafour & de la Tortuë, Le cœur étoit prefquerond, ayant fix pouces de la bafe à la pointe fur cinq de large. Les Oifeaux l'ont ordinais rement plus long à proportion. Les orcilles en étoient petites, & les ventricules grands. L'ouverture de la veine- cave étoit fort large, fans aucunes valvules : 1ly avoit DE HUIT AUTRUCHES. 151 feulement comme un fac , dont le côté, qui étoit mitoyen entre fa cavité & l'embouchure de la veine-cave, fervoit de valvule, qui pouvoit être appellé figmoïde charnuë, Cette ftruéture eft ordinaire au cœur des Oifeaux. Les au- tres valvules étoient aux autres vaifleaux du cœur à l’or- dinaire. L’Aorte defcendoit le long du côté droit comme aux autres Oifeaux, étant enfermée dans une capfule formée par l’'aponevrofe du mufcle du poumon. ; Le crâne étoit fort cendre : on yatrouvé une fradure à Fun des fujets. Les Naturaliftes ont remarqué que quand lAutruche craint quelque danger, elle croit être en feu- reté , quandelle amisfatéteàcouvert, , Le cerveau n’étoit point fi petit qu’Aldrovande le fait, en difant que l'Autruche n’en a prefque point, car avec le cervelet il avoir deux pouces & demi de long fur vingt lignes de large. La dure-mere ne feparoit pointle grand cerveau en deux par cette large produétion que l’on appel- le la faux ; mais on voyoit feulement dans la fubftance du cerveau une petite raye peu enfoncée, fur laquelle la dure- mere un peu épaiflie, & faifant comme une coûture étoic appliquée. Le finus longitudinal alloit à l'ordinaire du devant de Ja tête au derriere, pour fe terminer à la rencontre des fi- nus lateraux, qui étoient placés à l'endroit où la dure- mere fepare le cerveau du cerveler, Ces deux finus for- toient du crâne par des trous particuliers de l’occiput,pour fe décharger dans les jugulaires internes. Le quatriéme fi- nus, quiétoit fitué beaucoup plus en arriere que dansles Animaux terreftres, defcendoit obliquement en bas, & fe partageant en deux branches , entroit dans les ventri- cules du cerveau, . La dure-mere étant levée, on voyoitla glande pinéale pofée fur l'endroit où le cervelet fe joint au cerveau: elle étoit de la groffeur d’un petit pois, Plufieurs rameaux du MIS Orni CATA thol 1 <<» 152 DESCRIPTION ÂNATOMIQUE lacis choroïde l’envelopoient. La pie-mere étoit parfemée d’un grand nombre de vaifleaux. La furface du cerveau qu’elle couvroit, n’étoit point divifée en plufieurs finuo- fités & circonvolutions , mais unie & égale, ainfi qu’elle eftordinairement aux Oifeaux. Toute la partie anterieure du grand cerveau étoit divifée en deux autres parties; qui n’étoient jointes enfemble que par des petites fibres trés-déliées. La feparation de ces deux parties , qui dans les Animaux terreftres ne va que jufqu’au corps calleux, étoit abfolument de tout le Cerveau, qui s’unifloit feu- lement par la partie pofterieure, proche du cervelet.Cette feparation du cerveauen deux parties fe trouve à la plü- part des Oifeaux ; & elle n’eft pas ignorée par les Charla- tans, qui font valoir leur Baume , en gueriffant des Pou- lets, après leur avoir traverfé la tête avec un coûteau qu'ils paffent aifemententre ces deux parties du cerveau, fans les bleffer. Dans chacune de ces deux parties il y avoit une cavité ou ventricule , qui étoit recouvert par une fub- ftance blanche, moëlleufe, & d’une demie-ligne d’épaif- feur , qui s’étendoit aufli fur l'endroit par lequel ces deux parties font jointes enfemble, & où les deux ventricules anterieurs s’aflembloient en untroifiéme. Dans cetroifié- me il y avoit une fente qui aboutifloit à l’entonnoir & àla glande pituitaire, qui bouchoit exaétement le bout de l’entonnoir, étant fituée à l'ordinaire fur la felle de los fphenoïde. A la partie pofterieure des deux ventricules anterieurs on voyoit le lacis choroïde formé par une branche dela carotide, & une branche du quatriéme fi- nus. Prefque toute la fubftance du cerveau étoit d’une cou- leur cendrée, & femblable à la partie corticale du cerveau de l'Homme, enforte qu’à proportion de celle qui eft moël- leufe , elle étoit dix fois plus groffe & plus épaiffe. Les dix paires de nerfs prenoient leur origine, & for- toient hors du Crâne de la même maniere que dans les Animaux terreftres. La D DE HUIT ÂAUTRUCHES. 153 La moëlle del’épine , qui prenoit fon origine del’en- droit où les deux parties du cerveau anterieur fe joignent enfemble & avec lecervelet, avoit à fes côtés deux émi- nences rondes, de la groffeur d’une petite noix. Elles avoient chacune une cavité confidérable, & formoient comme deux ventricules , qui s’ouvroient dans le conduit inferieur, qui paffe fous ce qu’on appellele pont de Silvius, & par où les ferofités du cervelet fe déchargent dans l'en- tonnoir. Dans le cervelet la partie corticale & la moëlleufe étoient difpofées de la même maniere qu'elle fe voyent dans les Animaux terreftres ; ces differentes parties pa- toiflant par le dehors être arrangées par lames jointes les unes aux autres , & diftinguées par des lignes paralleles. Il y avoit deux apophyfes vermiformes comme dans l'Homme. Il y avoit aufli un ventricule de la figure d’une plume à écrire, comme dans la plüpart des Animaux terreftres. Le cervelet par le dedans étoit compofé à l'or- dinaire d’une fubftance blanche, en forme de branches d'arbre , & d’une autre fubftance rougeâtre & livide. La figure de l'œil, de même qu'aux autres Oifeaux & aux Poiflons, étoitcompofce de deux demi-globes, dont le plus grand formé par la fclerotique avoit fa partie plate en-devant; l’autre beaucoup plus petit étoit pofé fur le plat de la fclerotique. Ce petit demi-globe étoit de la cor- née ,quiavoit tout alentour un cerclerelevé, faifant com- me une bordure. Le nerf-optique n’entroit pas par le mi- lieu, mais un peu à côté vers l'angle , que la convexité de la fclerocique fait avec la partie plate. , Le cryflallin n’avoit point de noyau, mais fa fubftance toit uniforme : il étoit plus convexe en dedans qu’en de- hors. La choroïde étoit entierement noire, fans avoir dans le fond cette membrane diverfement colorée, & comme dorée, que nous appellons le tapis. Le nerf-optique ayant percé la fclerotique & la cho- Rec, de V Ac, Tome III, AI. Partie. 154 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE, &c. roïide , fe dilatoit, & formoit commeun entonnoir d’une fübftance femblable à la fienne. Cet entonnoir n’eft pas or- dinairement rond aux Oifeaux, où nous avons prefque toûjours trouvé l'extrémité du nerf-optique applatie &c comprimée au dedans de l’œil. De cet entonnoir fortoit une membrane pliflée , faifant comme une bourfe qui aboutifloit en pointe. Cetre bourfe, qui étoit large de fix lignes par lebas, à la fortic du nerf-optique , & qui al- loit en pointe vers le haut, étoit noire, mais d'un autre noir que n’eft celui de la choroïde , qui paroit comme en- duite d’une couleur détrempée, qui s'attache aux doigts: car c’étoit une membrane ;penétrée de fa couleur , & dont la furface étoit folide. A l'endroit où le nerf optique en- troit dans l'œil, la retine paroifloit pliflée & faifant com- me des rayons qui partoient du nerfoptique, ainfi qu'il paroît dans la figure. La glande lachrymale fuperieure, qui eft ordinaire- ment cachée au-dedans de l'angle exterieur de l'orbite, étoit placée dans une cavité enfoncée dans la portion du coronal qui va faire la partie fupérieure de l'orbite: elle avoit huit lignes de long fur quatre de large; fes tuyaux éroient difpofés à l'ordinaire, 255 =: EXPLICATION DE LA FIGVRE du Cafoar. PREMIERE FIGURE. A premiere Figure fait voir que la tête, le col, & la Lx de l’eftomac font fans plumes ; que le refte du corps paroît plütôt garni de poil que de plumes ;que les appendices charnuës, dont le bas du bec des Poules eft or- dinairement garni, font au bas du col en cet Oifeau : que Ja cête eft couverte d’une crête femblable à celle d’un caf que ; que le bec eft fendu parle bout; qu’au lieu de plumes, les aîles n’ont que cinq tuyaux fans barbes ; & que le crou- pion & les pieds font extraordinairement gros. SECONDE FIGURE. AA. Effune des plumes qui font ainfi la pläpart doubles. B. La langue avec le nœud du larynx. C. Laratte. D. L'artere fplenique. E. La veine fhlenique. F. Le jabot. G. Le premier ventricule. F1. Le fecondventricule. | I. Ure appendice du fecond ventricule. T. La tête de l'appendice qui bouchoit Le pylore. K. La veficule du fiel. LL. Le canal cyffique. MM. Lecanal hepatique. N. Le pancreas. OQ. La paupiere interne étenduë fur la cornée. Cette Vi) 156 . panpicre, de même que les autres figures des pay- ties de l'œil, font à peu près de la grandeur na- turelle. PQP. Lapaupicreinterne tirée de deffus la cornée, & rangée dans Le grand coin de l'œil. PSrQ. Legrand mufile de la paupiere interne ; Q, effon origine; P, fon infertion ; S , le nerf-optique, Sur lequel le tendon du mufile effplié ; x, l’apo- nevrofe du petit mufile qui [ert de poulie an tendon du grand. Rr. Le petit mufile. TT: La glande lachrymale. VV. Les vaiffeaux de la glande lachrymale. Xa. Le canal lachrymal; X, eff fon ouverture vers le bord de la paupiere interne, par où l'humeur eff verfée [ur La cornée. YZ. Legrand mufile étendu; Z, efffon origine; Y, [08 infertion. 2 Le tronc de laveine-cave inferieure, 2,2. Lesémulgentes. 3, 3. Les reins. 4, 4. Les tefficules. 5, 6. L'épididyme. .6#8. Le déferenr. 7,8 L'uretére. IT * partie. PLFS7 pag 156. j ; bo. 157 SPACE CD A DOS CMS CID CD UPS UPS CPS CDD DESCRIPTION ANATOMIQUE DE QUATRE CASOARS* © A VANT l’année mil cinq cens quatre-vingt-dix-fept "on n’avoit point vü de Cafoars en Europe; & nul - Auteur des Anciens, ni des Modernes, n’en avoit parlé. Les Hollandois en apporterent un au retour de leur pre- mier voyage des Indes Orientales. Il leur avoit été donné comme une chofe rare par un Prince de l’Ifle de Java. Six ans après ils en apporterent deux autres, mais ils mouru- renten chemin. Celui que nous avons diffequé le premier a été envoyé au Roi en 1671. par le Gouverneur de Ma- dagafcar , qui l’avoit acheté des Marchands qui retour- noient des Indes. Ila vefcu quatre ans à Verfailles. Clufius dit qu’il eft appellé Emeu 8 Emé dans les Indes, L.3.c.# Bontius ajoute qu'il eft auffi appellé Cafoar , qui eft le Exoric. cap. nom que lui ont donné ceux qui l'ont apporté. Cet Oi- feau eft, après l’Autruche, le plus grand & le plus gros de tous ceux que nous connoiffons. Celui que Clufius dé- crit, qui eft le premier que les Hollandoïis ont apporté des Indes, étoit d'un quart plus petit que celui dont nous par- lons, qui avoit cinq pieds & demi de long depuisle bout du bec jufqu’à l'extrémité des ongles, Les jambes avoient deux pieds & demi depuis le ventre jufqu’au bout des on. gles. La tête & le col avoient enfemble un pied & demi, Le plus grand des doigts, compris l’ongle, avoit cinq * Cet Oifcau eft nommé Cafuel dans la premiere Edition de ces Memoires, V ii In append. ad |. 2.Otr- nithol. 158 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE pouces de long. L’ongle feul du petit doigt avoit trois pouces & demi. L’aîle éroir fi petite, qu’elle ne paroifloie point, étant cachée fousles plumes du dos. Aldrovande, qui n’a vü que la defcription qui en eft dans la Relation du premier voyage des Hollandois, dit que cet Oiïfeau cft principalement admirable en ce qu'il naniaîles, ni langue. Nous avons trouvé que cela n’eft pas vrai. Les nôtres avoient des aîles & une langue, comme nous di- rons ci-après. Cet Auteur pouvoit aufli ajoûter, qu’iln’a point de plumes, parce qu’en effet, celles qui le couvrent, : reffemblent mieux à du poil qu’à des plumes, niqu’à du duver, tant les barbes de ces plumes font dures, pointuës, & clair-femées. Toutes ces plumes étoient d’une même efpece, contre l'ordinaire des Oifeaux qui volent, où il y a des plumes qui fervent au vol, & d’autres qui ne font que pour cou- vrir la peau. Notre Cafoar n’en avoit que dela derniere efpece. Elles étoient la plüpart doubles, ayant deux lon- gues tiges qui fortoient d’un même tuyau fort court, qui écoit attaché à la peau. Clufus & Bontius, difent que les plumes de cet Oifeau font toujours doubles. Dans notre {ujetil y enavoit de fimples. Celles qui étoient doubles, étoient fouvent de longueur inégale : quelques-unes qui étoient fur lecroupion avoient de longueur jufqu’à qua- torze pouces. Nous avons déja remarqué de certe forte de plumes dans une Aigle, & dans un Perroquet: mais celles du Cafoar avoient trois chofes particulieres. La premiere eftque les barbes , qui garnifloient latige , étoient depuis environ la moitié jufqu’à l'extrémité , fort longues, & groffes comme du crin de Cheval, fans jetter aucunes fi- bres; & celles font en cela differentes des plumes des Ai- gréces, dont les barbes longues & déliées ne font pas de fimples fibres comme elles le paroiffent; car elles font garnies de chaque côté d’une infnité d’autres petites fibres fi courtes,qu'’elles font prefque imperceptibles, La feconde DE QUATRE CASOARS. 159 particularités eft, que la tige eft platte, noire, luifante, & par nœuds en-deflous , & que de chaque nœud il fortune barbe. La troifiéme particularité eft, que lesbarbes du bout des grandes plumes éroient parfaitement noires , & que vers la racine elles étoient de couleur de gris-tanné, plus cour- tes, plus molles, & jettant de petites fibres déliées com- me du duver, Or il n'y avoit que cette partie compofée de barbes dures & noires qui parût, l’autre partie compofée du duvet en étant recouverte. Les differens poils dont eft revérué la peau des Caftors, des Sangliers, & des autres Animaux qui font fujets à fe traîner dans la fange, font: difpofés de cette maniere pour des ufages qui fonc expli- qués dans la Defcription du Caftor. Bontius dans la figure qu’il donne d’un Cafoar, lui fair le col garni de plumes : les nôtres avoient des plumes au col &aàlatète, mais elles étoient fi courtes & ficlair-fe- mées, que la peau paroifloit à découvert, fi ce n’eft vers lc derriere de la cêre, où elles éroient plus longues. Le col étoit fans plumes comme au Coc-d’Inde. Les plumes qui garnifloient le croupion, qui étoit extraordinaire- ment gros , n’étoient differentes des autres, qu’ence qu’el- lesétoient plus longues. Les aîles dépouillées de leurs plumes, n’avoient pas trois pouces de long; les plumes qui les garnifloient étoient femblables à celles du refte du corps : le bout des aîles éroir armé de cinq picquans de differente longueur & grofleur, courbés en arc, fuivant la figure du corps. Ces picquans étoient creux depuis leur racine jufqu'’à la pointe, & ils écoient remplis d’une moëlle à peu près femblableà celle qui fe trouve dans les plumes naiffantes des autres Oi- feaux. Clufius ne parle que de quatre, qui ne fe voyent point dansfà figure , non-plus que dans celles de Bontius & d'Aldrovande. Ces tuyaux étoient de longueur diffe- rente, felon la difpofition & la proportion que les doigts 1690 DESCRIPTION ANATOMIQUE ont en la main. Le plus long avoit onze pouces, ayant crois lignes de diametre vers la racine , qui étoit feule- ment un peu plus groffe que l'extrémité, laquelle n’alloit pas jufqu’à être pointué , mais paroifloit rompué ou ron- gée. Leur couleur étoit d’un noir fort luifant. Nousn’a- vons point jugé que ces aîles puflent fervir à lui aiderà marcher, ainfi que Clufius penfe, y ayant plus d’appa- rence qu'il s’en peut aider pour fraper comme avec des houflines. La tête paroifloit petite comme à l’Autruche, parce qu’elle n’étoit pas enflée de plumes, ainfi qu'aux autres Oifeaux. Elle étoit couverte d’une crête haute de trois pouces, femblable à celle d’un cafque : Clufus l'appelle affés improprement un diadème. L’Auteur du Journaldu premier Voyage des Hollandois au Levant l’a fait fem- blable à cette efpece de bouclier qui étoit en forme de croiffant,& que les Anciens appelloient pirta, felon la tra- duétion d’Aldrovande, qui lui donne la forme d’un bou- clier rond dans la figure qu’il a fait faire de cet Oifeau; peut-être pour n'avoir pas pris garde que pérra ne fignifie pas fimplement un bouclier , mais une certaine efpece de bouclier. Cette crête ainfi élevée comme elle eft fur un cafque ne couvroit pas tout le deflus de la tête : car elle ne commençoit qu’un peu au-delà du milieu du fommec, & venoit finir au commencement du bec. Elle étoit de differentes couleurs, le devant étant noirâtre, & le der- riereæ& les côtés de couleur de cire. Par tout elle étoit po- lie &luifante. Le haut étoit mince, n'ayant pas plus de crois lignes en cet endroit; de-là elle defcendoit , en s’élar- giffanc, vers fa bafc jufqu'à un pouce. Sa fubftancectoic fort dure, & dela nature de la corne, étant compoféede plufieurs lames , commeles cornes des Bœufs. Clufius & Bontius difent que cet Oifeau muë , la crête lui tombe avec les plumes : ce qui ne nous a point femblé croyable, parce que nous avons trouvé dans le fquelece quecette crête DE QUATRE CASOARS. 161 crête eftune partie ducrâne, & que ce qui poutroit tom- ber ne feroit que cette fubftance femblable à de la corne, dont la crête offeufe étoit recouverte. Mais nous avons fçû de ceux qui gouvernent les Animaux de Verfailles, qu'on n’a point vü , pendant quatre ans, que cette crête {oft tombée. La partie du bec qui répond à la machoire fuperieure des autres Animaux, étoit fort dure par fes deux bords & par le deflus. Les entre-deux de chaque côté n'étant gar- nis que d'une membrane, dans laquelle étoient les trous des narines , tout auprés de l'extrémité du bec. Cetteex- trémité du bec étoit refenduë en trois , à peu près comme au Cocq-Indien. Le bout de la partie du bec, qui eft la machoirc inferieure des Oifeaux, étoit legerement den- celé, étant aufli partagé en trois. Tout le bec étoit d’un gris-brun , à la referve d’une marque verte que la partie inferieure dubec avoit à chaque côté , environ versle mi- lieu de l'œil. Il y avoit une paupiere interne, qui fe cachoit vers le grand angle. La paupiere inferieure, qui étoit la plus grande, étoit garnie de quantité de poils noirs. Au bas de la paupiere fuperieure il yavoicunrang de petits poils , & au-deflus il y avoit un autre rang de poils noirs qui s’éle- voient en maniere de fourcil. Le trou de loreille étoit fort grand , & découvert, étant feulement environné de petires plumes noires. Les deux côtés de la tête, autour de l'œil & de l’oreille, étoient de couleur bleuë , excepté le milieu de la paupiere inferieure qui étoicblanc. Le col étoit violet , tirant fur la couleur d’ardoife, Il y avoit auffi du rouge par derriereen plufeurs endroits , mais principalement versle milieu; & ces endroits rouges étoient un peu plusrelevés que ierefte, par desrides, dont le col étroit entrecoupé obliquement. Clufius dit qu’il y a de petites plumes rouges vers le bas du col. Bontius fait aufli mention de plumes rouges, mais Rec. de l'Ac, Tom. III. A. Partie, 162 DESCRIPTION ANATOMIQUE nous ne lesavons point trouvées dans les fujers que nous avons diffequés. Vers le milieu du col pardevant, il y avoit à la naiffan- ce des grandes plumes deux appendices formées de la peau, rouges & femblables à celles qui pendent à la partieinfe- rieure de bec des Poules. Elles étoient longues d’un pouce & demi, & larges de neuf lignes, étant arrondies par le bout. Leur couleur étoit comme celle du refte du col, en partie derouge, & en partie de bleu. Bontius les met dans fa figure au-deflous du bec, ainfi qu’elles font aux Poules. La peau qui couvre le devant du fternon, fur qui cet Oifeau s’appuye & fe repofe, étoit dure, calleufe, & fans plumes. Bontius, Clufius & Aldrovande n’en par- lent point, & cela n’eit point auf reprefenté dans leurs Figures. çà Les cuifles & les jambes éroient couvertes de plumes. La partie qui tient lieu de rarfe 8 metatarfe éroit extraor- dinairementgroffe, forte, droite , & couverte d’écailles de diverfes figures ; les unes étant hexagones; les autres pentagones , & les autres quarrées. Vers le haut & au der- riere de cette partie, les écailles etoient petites: vers le bas & en-devant elles étoient plus longues : fur le coudu pied elles étoient en lame & encore plus longues. Les doigts étoient aufli couverts d'écailles. Ils n’étoient qu’au nombre de trois, celui de derriere manquoit ; ce que Clufus a bien remarqué , comparant le pied de cet Oifeaw À celui del'Otarde. Bontius néanmoins lui donne quatre doigts dans fa Figure. Les ongles étoient d’une fubftance dure & folide, noireen-dehors, & blanches en-dedans. Clufius dit que cet Oifeau a une force prodigieufe à fes pieds, dont 1l frappe en ruant. Ceux qui ont gouverné le nôtre n’ont point vü qu'il fut fi fort. Du milieu du duodenum il fortoiten dedans une appen- dice de trois pouces de long, & de huit lignes de large : c’étoit un allongement de la membrane interne de cer LA DE QUATRE CASOARS, 16; inteltin. Au bout de cet appendice il y avoit comme une têce, de la groffeur d’un œuf de Poule , qui tirant l’appen- dice en embas, defcendoit dans cet inteftin,& le bouchoit. Il y a apparence que par quelque maladie ii s’'étoit formé dans la membrane interne de l’inteftin un fcirrhe, qui par fa pefanteur l'ayant infenfiblement allongée, avoit formé cet appendice , dont l’extrémité groffe & dure com- me elleétoit, pouvoit avoir été caufe de la mort de cet Animal, qui, quinze jours durant avant que de mourir, avoit fouffert une efpece de vomifflement d'eaux blanchä- tres, jufqu’aune chopine par jour ; ce qui étoit apparem- ment fa nourriture , qui n’avoit pü pafler. Les inteftins avoient en tout quatre pieds huit pouces de long , & deux pouces de diametre. Ils écoient tous de même largeur. 1l y avoit deux cæcums longs d'environ trois pouces. Le foye étroit mediocrement grand, le lobe droit ayant feulement huit pouces, & le gauche quatre. Il étoit par cout fcirrheux. La veficule, quiétoit attachée le long du lobe droit, & enfermée dans une membrane en forme de capfule, avoit fept pouces de long , & un pouce tout au plus de diametre. Le canal cyftique , qui fortoit du haut de la veficule, étoit long de huit pouces, & s’élargifloit “vers fon infertion, qui étoit vers le commencement du fecond reply de l'initeftin. L’hepatique avoit huit pouces & demi, & defcendoit de gauche à droit, & le cyftique de droità gauche : ce qui faifoit qué ces deux canaux fe croifoient vers leur partie inferieure. L’hepatique s’in- feroit au-deflous du cyftique. La ratte étoit longue de trois pouces , & large d’un pouce & demi par fa plus grande largeur : elle étoit plate de figure ovalle. Ses vaifleaux fe diftribuoient à l’ordi- naire. . Le pancréas étoit petit à proportion des autres par- ties. Il n’avoit que deux pouces de long fur deux lignes Xi) 164 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE de large. Son canal , qui étoit ttès-délicat , n’avoit qu’une ligne & demie de long, & s’inferoit au - deflus du cyf- tique. Les reins étoient, comme aux autres Oifeaux, parta- gés comme en pluficurs lobes. Ils avoient huit pouces de long. Les ureteres étoient de la groffeur d’une plume à écrire, & longs de fept pouces. | La verge étroit attachée par fa bafe à la partie fupe- rieure du reétum. Elle avoit deux pouces de long, un pouce de large vers fa bafe, & deuxlignes vers fa pointe. Le corps de la verge étoit compofé de deux ligamens cartilagineux, qui lui faifoient avoir la figure d’une py: ramide triangulaire. Ils étoient fort durs, & fort folides, & fortement atrachés l’un à l’autre en-deflus. Ils fe fepa- roient en-deflous, pour former un demi canal, quiétoit revêtu de la peau, & avec lequel on ne voyoit point que les déférens, ni les ureteres cuflent aucune communic2- tion , & ces vaiffcaux s’inferoient à l’extrémité de la po- che dureétum. Les poumons avoient huit pouces de long fur quatre de large dans leur milieu. Nous avons examiné les parties , que nous avons ap- pelléesles diaphragmes & les mufcles du poumon dans la Defcription de l’Autruche. Les diaphragmes font des cloifons qui enferment les veflies fuperieures de chaque côté en les feparant d'un vuide qu’elles laiffent dans la poitrine, dans lequel une partie des vifceres font conte- nus. Nous avons confideré qu’il faut fuppofer que chaque diaphragme demeure toujours droit , foit que la poitrine s'élargifle , foir qu’elle fe referre, afin qu’elle tiennelieu d’un des volets du fouflet, qui eft une machine à laquelle Ariftote compare l'organe de la refpiration avec beau- coup de-raifon : car ce mufcle demeurant droit , il arrive que lorfque la poitrine s’élargit, & qu’enfuite elle fe re- trecit, les côtés s'éloignent, & puis fe raprochent du ee DE QUATRE CASOARS. : 265 diaphragme, & qu'ainfi elles dilatent , & enfuite re- ferrenc les veflies. Pour ce qui eft des mufeles du poumon , ils avoient leur origine fort charnuë, & divifée en fix portions at- tachées chacune à une côte, à l'endroit où la côte, qui par un bout eft articulée avec les vertebres , s'articule par l’autre avec le bout d’une autre côte, qui par fon autre bout s'articule au fternon. Car il faut remarquer que les côtes des Oifeaux font ordinairement doubles , & qu’au lieu qu'aux Animaux terreftres 1l y a des appendices car- tilagineufes qui les attachent au fternon; cesappendices aux Oifeaux font de veritables os articulés avec les côtes: & avec le fternon. Or ces fix origines de mufcle du pou- mon produifoient toutes enfemble un large tendon ou apponeurofe, qui couvroit le poumon, & qui le feparoit des veflies, dans lefquelles l'air, après avoir penetré le poumon, entre par les trous donc cette aponeurofe ef percée ; & ces vellies étoient recouvertes par le dia- phragme, de même que le poumon létoit par le mufcle du poumon ; enforte que les veflies écoient enfermées en- tre ce mufcle & le diaphragme , de même que le poumon létoit entre le mufcle du poumon & les côtes. Cetteapo- neurofe ainfi couchée fur le poumon, s’alloit attacher au côté du corps des vertebres fuperieutes du thorax, de maniere néanmoins que vers le haut, au-Hieu de s’atra- cher aux vertebres, une portion d’un des mufcles s’unif- foit avec une portion du mufcle appofé, & laifloit un efpace vuide entre le corps dela vertebre, & cette jonc- tion , qui faifoit comme un pont fous lequel Paorte defcendante , & l'œfophage pañloient. Au même en- droit où les mufcles du poumon s'attachoient aux cô- tes du corps des vertebres , les diaphragmes s’y atta- choient aufli, & de - là s’alloient attacher au fternon , ë&z fur le milieu du corps des vertebres, entre les ori- gines des mufcles du poumon & des diaphrames : X ii 166 DESCRIPTION ANATOMIQUE l'aorte, qui avoit paffé fous les mufcles joints en maniere de pont, étoit couchée & produifoit deux rameaux qui fe diftribuent au géfer , à la ratte, & aux inteftins. L’ufage de ces mufcles, felon ces conjeétures , que nous croyons que leur ftruéture peut fournir, eft de dilater le poumon dans l'infpiration; & il paroît qu’il eft capable de produire cette aétion, en ce que le poumon des Oi- feaux étant collé aux côtes par une de fes furfaces & par l'autre à ce mufcle, celle-ci eft coulant dans l’infpiration, ainfi qu’on l’a trouvé toujours aprèsla mort : car cela faic juget que la fubftance fpongieufe du poumon a un reflort qui la fait retrecir d’elle-même; caril s'enfuit de-là ques lorfque le mufcle qui lui eft collé, & quieft aufñli courbé, vient à agir, il fe redrefle, & par confequent dilate le poumon auquel ileft collé. Au milieu des deux grands diaphragmes, il y avoitune membrane qui defcendoit de haut en bas, & qui fervoit de ligament , pour fufpendre le foye & le ventricule, Cette fufpenfion des vifceres, qui eft differente de celle qui fe voit dans les autres Animaux, où les vifceres fonc attachés au diaphragme , eft encore uneraifon de la ne- ceflité que nous fuppofons de l’impulfion que caufent les veflies du bas ventre, lefquelles fuppléent au mouvement que le hauffement & l'abaiflement continuel du dia- phragme donne aux vifceres, qui eft d’une grande uti- lité pour la coétion & pour la diftribution dela nourriture ; & que cette membrane qui fufpend les vifceres aux Oi- feaux ne leur peut donner, n’étant point un mufcle. Les veflies du poumon étoient féparables, non-feule- ment les unes des autres, mais aufli des diaphragmes & des mufcles du poumon, ayant chacune leur tunique par- ticulicre. Ces tuniques étoient collées enfemble, faifant des parois doubles, & qui n’étoient pas mitoyens. La quatriéme veflie ne defcendoit pas fi bas qu'aux autres Oifeaux , par la raifon que le fternon étant très-petit, & DE QUATRE CASOARS. 167 par confequent les mufcles du bas ventre plus grands qu’à l'ordinaire , cette quatriéme veflie n’étoic pas fi neceffaire qu'aux Oifeaux qui ont le fternon plus grand , & les muf- cles du ventre plus petits ; & nous avons toujours remar- qué que les Oifeaux , qui , comme les Poules , ne volent pas beaucoup, & ont les mufcles du ventre plus grands, ont ces veflies plus petites. Or le fternon étoit à propor- tion plus petit qu’en l’Autruche, parce que les Mufcles deftinés aumouvement des aïles, aufquels il donne ori- gine, étoient plus petits qu'à l Autruche ; & proportion: nés aux aîles, Le cœur étoit long d’un pouce & demi, & large d’un pouce vers fa bafe. Sa valvule charnué faifoit un fac, qui n’avoit qu'une ligne de profondeur. La langueavoicun pouce de long fur huit lignes de lar- ge. Elle étoit dentelée tour alentour comme une crête de Cocq. Aldrovande à dit que le Cafüuel n’a point d’aîles, au-lieu de dire que les aîles font très-petites , & n’ont point de plumes propres pour voler. Il dit que cet Oifeau n’a point de langue, quoiqu’ilen aituneeneffet. Le globe de l'œil étoic fort gros, à proportion de la cornée , ayant un pouce & demi de diametre, & la cor- née n’ayant que trois lignes. L’iris éroit de couleur de Topafe, à peu près commeau Lion. Le cryftallin en avoit quatre. La bourfe noire qui fort du‘nerf-optique, étoic à lordinaire des autres Oifeaux. Nous nous fommes appliqués plus particulicrement dans ce fujet, à remarquer exaétement ce qui appartient à la paupicre interne, que nous avons trouvée aux yeux detous-les Oifeaux , & à ceux de la plûpare des Animaux terreftres. Les particularités de la ftruéture admirable de cette paupiere , font de ces chofes qui fonc voir diftinéte- ment Ja fageffe dela natureentre mille autres dont nous né voyons point l’artifice , parce que nous ne les connoif- fons que par des effets dont nous ignoronsles caufes : mais L.10. c. 3; Ornithol. 168 DESCRIPTION ANATOMIQUE il s’agit ici d'une machine, dont toutes les pieces font vi- fibles , & qu’il ne fautqueregarder, pour découvrir les raifons de fon mouvement & de fon aéion. Certe paupiere interne aux Oifeaux eft une partie mem- braneufe qui eft ordinairement pliflé & cachée dans le grand coin de l'œil, qui de-là s'étend fur la cornée, au- devant de laquelle elle eft tirée comme un rideau, par une petite corde ou tendon , pour la découvrir & la reti- rer dans le grand coin de l'œil, par le moyen des fibres très-fortes qu’elle a, & qui en fe retirant vers leur prin- cipe, la fonc pliffer, & alors elle a la figure d’un croif- fant; mais lorfqu’elle eft étenduë, le bord interieur du croiflant qui eft courbé devient droit : fon bord exterieur vers le grand coin de l’œil eft attaché au bord du grand cercle, que la fclerotique forme lorfqu’elle s’applatit en- devant pour former un angle avec fa partie anterieure, qui cft plate, & fur laquelle la cornée s’éleve, & faitune convexité, Le bord interieur étoit renforci en maniere du tarfe qui borde les paupieres interieures, & qui eft noirâtre à la plûpart des Animaux à quatre pieds. Pour étendre cette paupiere fur la cornée, il y avoit deux mufcles qui fe voyoient lorfque l’on avoit levéles fix qui fervent au mouvement de tout l’œil. Nous avons trouvé que le plus grand de ces deux mufcles a fon ori- gine au bord du grand cercle de la fclerotique, versle grand coin d’où la paupiere prend fon origine. Il eft fort charnu dans fon commencement, qui eft une bafe large, d'où venant infenfiblement à s’ctreflir , en paffant fousle globe de l'œil, de même que la paupicre paffe deflus, il s'approche dunerfoptique , où il produit un tendon rond & délié, qu’il paffe au travers du bout du tendon de l’au- tre mufcle, qui fait comme un canal, & fert de poulie, qui l'empêche de preffer le nerf-optique fur lequel il fe courbe, & fait un angle, pour s’en aller pañler par la partie fuperieure de l'œil, & fortant de derriere l'œil 1 s’infere Qu ns D CONS LA DE QUATRE CASOARS. 169 s’infere au coin de la membrane qui fait la paupiere inter- ne. L’extrémité de ce tendon, avant que de s’inferer au coin de la paupiere, coule dans un demi canal ou petite goutiere creufée fur la furface de la fclerotique. Cefecond mufcle a fon origine au même cercle de la fclcrotique, mais à l’oppofite du premier, vers le petit coin de l'œil; & paflant derriere l'œil comme l’autre, va le rencontrer, &c donne paffage à fon tendon, ainfi qu'il a été dit. L'action de ces deux mufcleseft, à l'égard du premier, de tirer, par le moyen de fa corde ou tendon, le coin dela paupiere interne, & l’étendre furla cornée. A l'égard du fecond mufcle, fon action eft, en faifant approcher fon tendon vers fon principe, d'empêcher que la corde du premiertmufcle qu'il retient, ne bleffe le nerf-oprique; mais fon principal ufage eft d'aider l’aétion du premier mufcle. Et c’eft en cela que la Méchanique eft merveil- leufe dans cette ftruéture, qui fait que ces deux mufcles Jointsenfemble , tirent bien plus loin que s’il n’y en avoit eu qu’un: car l’inflexion de la corde du premier mufcle, qui lui fait faire un angle fur le nerf-optique, n’eft faite que pour cela; & un mufelc feul avec un tendon droic, auroit été fuffifant, s’il avoit pû tirer aflés loin. Mai la traction qui devoit faire étendre cette paupiere fur toute la cornée devant être grande, elle ne fe pouvoit faire que par un mufcle fort long; & un tel mufcle ne pouvant être logé dans l’œiltout de fon long, il n’y avoit pas de meil- leur moyen que de fuppléer l’aétion d'un long mufcle par _celle de deux médiocres, & que d’en courber un, afin qu’il eût plus de longueur & fit une plus grande traction dansun petit efpace : mais le grand effet que produit la courbure du'tendon du mufcle dépend principalement de ce que la poulie fur laquelle il ferencontre n’eft pas immobile comme celle qui foutient le tendon du grand oblique, laquelle étant attachée à l'orbite ne fert qu'à changer la dire&tion de fon mufcle, & n’en augmente Rec. de l'Ac. Tom. III. II. Partie, % 170 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE point la traétion : car lorfque ces deux mufcles dela pau- piere interne agiflent, celui au bout duquel la poulie eft attachée, la retire au même-tems.que l’autre mufcletire le tendon qui paffe fur la poulie , & y produit unracour- ciflement qui eft double du fien. L’infpeétion dela figure fervira beaucoup à l'intelligence de cette Defcription, uc la nouveauté de la chofe rend obfcure de foi. L’ufage de cette paupiercinterne, qui n’a point encore été affés expliqué, eft, fuivant nos conjeétures, de net- toyer la cornée, & d'empêcher qu'en fe fechant, ellene devienne moins tranfparente. Elle produit cet effet par le moyen de l'humeur que fournit une glande, laquelle x un conduit particulier aux Oifeaux , qui fortent de la glan- de va jufqu’à plus de la moitié de la paupiere interne, & s'ouvre en-deflous fur l'œil : ce qui apparemment eft fait pour répandre une liqueur fur toute la cornée, lorfque cette paupiere y pafle & repafle, comme on voit qu'elle fait à tous momens. Il eft vrai que cette paupiere interne n’eft pas mobile dans tous les Animaux, ainfi qu’elle left aux Oifeaux:mais ilyalieudecroire que ceux où elle n’eft pas mobile ont quelqu’autre moyen pour fe nettoyer les yeux,tel qu’eft ce- lui de la grandeur de leurs paupieres , qui font courtes aux Oifeaux , à la plupart defquels iln’y a que linferieure qui foit mobile. Et pour ce qui eft des Animaux quiontune paupiere interne qui ne paffe jamais fur leur prunelle, elle n’empéche pas que fon ufage dans les Oifeaux ne foit de nettoyer & d’humeéter le deffus de l’œil , de même que bien que les bouts que les mâles ont à leur mammelles ne fervent pas à alaiter leurs petits, cela n'empêche pas qu'ils ne fervent à cet ufage dans les femelles. Les deux autresCafoars que nous avons diffequés étoient femblables au premier , quant à la figure exterieure; mais à l'égard des parties du dedans, ils avoient quelque chofe de particulier; car au-lieu du ventricule qui s’eft trouvé OT DE QUATRE CASOARS. a7i membraneux dans le premier, avec une appendice dans fi cavité , ils avoient aufli chacun deux cæcums : mais il ÿ a lieu decroire que ces cæcums n’avoient pas été vus dans le premier pour étre trop petits & enfermés dans la graiffe, ainfi qu’on les a trouvé dansles deux derniers, où ils n’a- voicntla groffeur que d’une ligne, & la longueur de cinq pouces, ét ir AV e 17 # 172 EXPLICATION DE LA FIGVRE de la grande Tortuë. PREMIERE FIGURE. ETTE Tortué a pluñeurs particularités , qui fa rendent differente de celles que nous avons en France. Son écaille n’eft pas plate, mais fort convexe. Elle eft unique, une même écaille lui couvrant le dos & le ventre. Sa queué eft garnie d’une corne par lebout. Ses pates ne font point couvertes d’écailles, mais d’une peau ridée comme du Maroquin. Ses ongles ne font point aigus, mais moufles & ufés jufqu’à près de la moi- tié, & fes machoires font dentelées en forme de fcie. SECONDE FIGURE. ABCD. Ef la partie droite du foye. A. Le petit lobe qui couvre la veficule. B. La veficule. | Œ Le tronc de la veine-porte. D. Le ramean hépatique droit. EFG. La partie gauche du foye. E. Le Rameau hepatique gauche. 5 L'iffhme par lequel La partie gauche du foye Gr l'a droite font jointes enfemble. G. Le grand lobe de la partie gauche du foye. g) SAM ; QU TIERR DEN à Dee 4 EUR dé SANS EEE | MAR VAS A1 0 AMC A PFAUTEES | è * er L r * AR ir Né re HO TE PES pr l) 1 - La veine-cave droite. hi 148€ à La veine-cave gauche. Le canal cyffique. Le troc des rameaux hepatiques. Les reins. Les veines émulgentes, aufquelles deux glandes + font attachées. vs LES PATES NISSAN LA y Les épididymes avec de petits canaux Jortans des reflicules. k = Les vreferes. La veflie ouverte felon [à largeur , Pour montrer les fibres de [a tunique charnuë. Le col de [4 veîlie ouvert ; laiflant. voir deux mammelons , qui font les extrémités des ure- ferés, © deux autres ‘qui font les extrémités des déferens. te Deux trous qui font à l'origine des ligamens JPorgienx qui compofent le Corps de la verge. Ur mufile large , qui enferme. le rectum € la verge. Deux autres muftles de la verge, qui s'entrels- CN avec deux autres marqués Y y; ces deux derniers appartiennent à la queuë. L'extrémité du gland. de £rande appendice circulaire. Yiÿ La petite appendice avèc fes deux boutons. L'extrémité du reéfum conpée felon [a longueur, pour laiffer voir le ere, de. La verge en-def Sous. Une ouverèure entre Les deux na. 4 | GA aboutit le col de la véie. é La Vérge coupée en travers , pour faire voir les cavités des deux. ligamèns marquées v d la cavité qui tient liew d'urerhre mare quée m. Les grandes vellies du poumon. Les petites vellies qui aboutiffent dans les gran» des. Les oreilles du cœur vh du coté qui regarde l'é= pine du dos. Le tronc de la veine-cave gauche, Le troncs dela eine-caue droite. Le tronc de l'aorte à la fortie du cœur, formant deux croffes. * L'aorte gauche. L’aorte droite. La jonétion des deux aortes. Les carotides. L'artere du poumon. * Les veines du poumon qui fe décharçgent dans les axillaires. 17$ NHAo. L'artere qui va à l'éffamars 1 x j II. L'artere qui va an foye ; dm pantreas, à là rate ;, &C. ë | 2, L'artere qui va aux Inteflins. ; se 13. Le cœur cn [a fituation vaturelle. À 14. Uze Usté dags la partie anterieure du cœur. i 15. L’artere du poumon ouverte, pour faire voir fes trois valvules figmoïdes. 16, 16. Le cœur hors fu Jituation naturelle, étant relevé en cnhaut, & fe Je paré de [es oreilles AA, qui Sont demeurées à leur place. 17.18. Les deux ventricules pofferieurs du cœur. 19. L'aorte fortant du ventricule droit. Elle eff ouverte ; pour laiffer voir [es trois valvules Jigmoïdes. 20,20,20.Les trois valvules figmoïdes , qui font à a l'entrée des oreilles du cœur. - ab. Deux trous qui font lesextremités du canal par lequel les deux ventricules pofferieures [e com- muniquent. cd. Dewx autres trous qui font la communication du ventricule gauche poflerieur avec le ventri- cale anterieur. Es Le grand cerveau. PA * Le cervelet. 7. Les nerfs olfaifoires. d La moële, de l'épine. Les mufiles crotaphites coupés, L'os occipital. | La platine cartilagineufe qui bonche le tron de | l'oreille. Le + Ur conduit qui deféend dans le palais. La platine fontennë par le flyle ofeux marqué ». DESCRIPTION. 4, TR sh » “ hr LAS 61: LUN RC + et RENE: DRE 1 or op ke a 4. ; ) ha - IT parté.Pl.59, pag 176: des, 2È fqure " nié LED SOS SCT OMS OS CD CD Co CD 0/0 OS * CS CAD AD END LPC FD CD CS DCI E DESCRIPTION ANATOMIQUE D'UNE GRANDE TORTUË D'EÉSANDES. Etre Tottué a été apportée des Indes, Elle fut prife aux Côtes de Coromandel, Elle avoit qua- tre pieds & demi de long, depuis l'extrémité du mu- feau jufqu’à l'extrémité de la queuë, & quatorze pouces d’épaifleur. L’écaille avoit trois pieds de long fur deux de large. Quelque grande que foit cette Tortué, elle n’approchoit point de la grandeur de celles dont Pline & Elian parlent, qui avoient quinze coudées, & dont chacune fuffifoit à couvrir une cabane capable de loger plufieurs perfonnes. Mais notre Tortué étroit une Tor- tué de terre ; & celles de Pline & d’Elian font des Tor- tués de mer, où les animaux deviennent ordinairement plus grands que ceux de la même efpece qui vivent fur la terre. Elian dit que les Tortués terreftres ne font pas ordinairement plus groffes que les groffes mottes que la charuëé enleve quand la terre eft aifée à couper. Les plus grandes cortuës de mer qui fe pêchent proche des Antilles, fuivant les Relations que nous en avons, ne font point une fois plus grandes que la nôtre. L’écaille & tout le refte de l’ Animal étoit d’une même couleur , fçavoir d’un gris fort brun. Elle étoit par- deflus compofée de plufeurs pieces de figure differente, Rec. de PAc, Tom.Ill. 1]. Partie. Z 178 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE dont néanmoins la plüpart étoient pentagones. Toutes ces pieces étoient pofées & collées fur un os, qui, en maniere d’un crâne, enfermoit les entrailles de l’Ani- mal, ayant une ouverture en-devant, qui laiffoit fortir la cête, les épaules & les bras; & une autre ouverture oppofée, par où les jambes & la queuë forroient. Cet os fur lequel les écailles étoient appliquées, avoitune ligne & demieà l'endroit le plus mince, & jufqu’à un pouce &z demie en quelques endroits. Il eft ordinairement dou. ble, yenayancun fur le dos, & un autrefousle ventre, qui, comme deux plaftrons , ou deux boucliers , font Joints par les côtés, & attachés enfemble par des” liga- mens forts & durs ; mais qui laiflent néanmoins laliberté à quelque mouvement. Élien dit que les Tortuës ter- reftres fe dépouillent de leur écaille ,au-lieu de dire leurs écailles, c’eftà-dire, de ces pieces qui font appliquées fur los fait en maniere de crâne: cariln'y a point d’ap- parence qu'une Tortuë fe fepare de cet os, auquel tou- tes fes parties principales font attachées; & il eft vray que ces pieces fe dérachent d’elles-mêmes de deffus l'os, lorfque l’écaille a été long-tems gardée, & que l'os com- mence à fe pourrir ; autrement, pour les détacher, on met l'os fur le feu, dont la chaleur faitque ces parties fe feparent aifement l'une de l'autre. A la grande ouverture de devant il y avoit en-deflusun rebord relevé, pour laiffer plus de liberté au col & à la tête de s'élever en enhaut; & cette inflexion du col eft d’un grand ufage aux Tortués : car elle leur fert à fe re- tourner lorfqu’elles font fur le dos; & leur induftrie eft admirable pour cela. Nous avons remarqué dans une Tortuë vivante , qu'étant renverfée fur le dos, & ne pouvant fe fervir de fes pattes pour fe rerourner, parce qu’elles ne fe peuvent plier que vers le ventre, elle ne fe fervoit que de fon col & de fatète, qu'elle tournoit tantôt d’un côté, tantôt d’un autre , en pouffant contre D'UNE GRANDE TORTUE DES INDES. 179 terre, pour fe faire balancer comme un berceau , afin de chercher le côte vers lequel l'inégalité de la terre pou- voit laifler plus aifement rouler fon écaille : car quand elle l’eut trouvé, elle ne faifoit plus d’effort que vers ce côcé-là. Les trois plus grandes pieces d’écailles étoient en-de- van fur le dos. Elle avoient chacune enleur milieu une boffe ronde élevée de trois ou quatre lignes, & large d’un pouce & demi. Le deffous du ventre étoit un peu creux. Les Auteurs ont remarqué que cette cavité eft par- ticuliere aux mâles. Sur le dos il y avoicune playe faite par quelque coup qu’elle avoit reçü lorfqu’elle avoitété prife. Certe playe, qui ne perçoit que l’écaille, & une partie de l'os qui la foûtient, fans penetrer au dedans, n’avoit pû être confolidée, pendant plus d’un an qu’ellea vécu , depuis qu’elle a été prife. Tout ce qui fortoit hors de l’écaille, fçavoir , latête, les épaules , les bras, la queuë, les fefles & les jambes, étoit couvert d’une peau lâche, & pliflée par de grandes rides, & outre cela grenée comme du maroquin. Cette peau n’entroit point fous l’écaille , pour couvrir les par- ties qui y étoient enfermées , mais elle étoit attachéeau tour du bord de chacune des deux ouverture. La peau des jambes aux Tortués d’eau eft couverte de petites écailles comme celles des Poiflons. Albert dit que les grandes Tortuës ont une écaille fur la têce en maniere de bouclier. La tête de notre Tortuë étoit feulement couverte d’une peau, qui étoit même plus mince que celle des autres parties. Elle avoit fept pouces de long fur cinq de large, & reffembloit en quel- que façon à la cête d’un Serpent. La machoire inferieure étoit prefque auff épaiffe que la fuperieure. Il n’y avoit point d’ouvertute pour les oreilles. Les narines éroient ouvertes au boutdu mufeau par deux petits trous ronds. Les yeux étoient petits & hideux. Mais nous n’avonsrien Zi 180 . DESCRIPTION ANATOMIQUE remarqué dans le regard de la Tortuë, qui puñle faire comprendre pourquoi Gillius & Gefner, en traduifant les mots oèaordrn id , dont Elien s’eft fervi pour exprimer la laideur de la Tortuë, ont mis éri/piffima afpeëfu , au- lieu de 4 Decfu admodum torvo ; car le Grec fignifie l'un & l’autre, & l’interpretation des Traduéteurs d’Elien n’a pas de fens comme l'autre, qui eft conforme à la def- cription de Pacuvius , qui dit que la Tortuë eft srwci afpeéfu. L'œil n’avoit point de paupiere fupericure, n'étant fermé que par le moyen de l’inferieure, qui fe levoir jufques contre le fourcil. Pline dit que cela eft commun à tous les Animaux à quatre pieds qui font des œufs. Versles extrémités des machoires , à l'endroit des lé- vres , la peau étoit dure comme de la corne, & tranchante commeauxautres Tortuës; mais ces lévres étoient cou- pées en maniere de fcie, & ilne laifloit pas d'y avoir en- core en dedans deux rangs de veritables dents , quoique Pline affüre que les Tortuës n’ont point de dents non-plus que de langue, Il yavoit à chacune des pattes de devant cinq doigts, ou plürôt cingongles, car les doigts n’étoient point di- ftingués autrement que par les ongles, ces pattes n'ayant par le bout qu’une maffe ronde , d’où il fortoit des ongles. Les patesde derriere n’en avoient que quatre. Les unes & les autres de ces pattes étoient fort courtes. Celles de de- vant n’avoient que neuf pouces depuis le haut de l'épaule jufqu’au bout des ongles, & celles de derriere onze, de- : puis le genou jufqw'au bout des ongles. Les ongles étoient longs, ayantun pouce & demi. Ils étoient arondis en- deffus comme en deffous, leur coupe faifant une ovale : ils étoient émouflés & ufés. Leur couleur étoit mêlée de blanc & de noir en differens endroits, & fans ordre. Nous avons remarqué que les Tortuës d’eau ont les ongles beaucoup plus pointus , parce qu’elles ne les ufent pas à D'UNEIGRANDE TORTUE DES INDES. 187 pager , comme les Tortuës de terre font à marcher. Nous enavons trouvé quelques-unes qui n’avoient que quatre ongles aux pieds de devant, de même qu'à ceux de der- ricre. Albert dit qu’il y en a toujous cinqàchaque pied. Nous avonsremarque que quoique la Tortué marche len- tement, la maniere de marcher qui lui eft particuliere, doit ufer fes origles autant qu'aux Animaux qui courent: car elle les frorre tous contre terre feparément, & l’un après l'autre; enforte que lorfqu’elle pofe une patte,elle n'appuye d’abord que fur l’ongle qui eft le plusenarriere, enfuite elle appuye fur celui qui le fuit, & pañle ainfi far les autres jufqu’à l'ongle de devant, en | faifant tourner fa patte, qui eft ronde & bordée d’ ongles, comme un chariot qui fait tourner fes rouëés, & imprime la têce des clous dontleucircohference cfbordée , & les fait entrer dans la cerre lun après l’autre. Ea queué étoirgrofle, ayant à fon commencement fix pouces de diamictre, Elle avoit quatorze pouces de long, & finiffoit en une pointe garnie d’un bout femblable à une corne de Bœuf. Cardan l'appelle un ongle, qu’il dir être femblable à l'ergot qui eft au derriere dés pieds des Cocqs, & croit que c'eft un cal engendré au bout des queuës des Tortuës qui ont autrefois été coupées : ce qui n’a point de vrai -femblance; un cal ne pouvant avoir une figure auffi regulicre , & aufli-bien arondie qu'elle étoic dans la queuë de notre Tortuë. Cette queuëé, après la morc de la Tortuë, éroit recourbée à côté ; 82 telle. ment infléxible, que jamais on ne l'a pû redreffer , quelque force qu'on y ait ‘employé. La même inflexibi= lité s'eft trouvée aux mufcles des machoires, lefquelles n'ont pü être ouvertes qu'en coupant les mufcles. Ariftote a remarqué que de tousles Animaux, la Fortuë ef celui qui a plus de force aux machoires:car certe force eft celle, qu’elle coupe tout ce qu’elle prend, jufqu’aux cailloux les plus durs, Nous avons remarqué en une petite Tortuë , Zi) 182 : DESCRIPTION ANATOMIQUE que fa tête, une demie-heure après avoir été coupée, fai foi claquer fes machoires avec un bruit pareil à celui des Caftagnerce. L’infléxibilité de la queuë, pareille à celle. des machoires, doit faire croire que la T'ortué a beaucoup de force à cette partie pour en fraper ,& que cette corne qu'elle a au bout peut lui tenir lieu d’arme offenfive Après avoir fcié par les deux flancs l'os qui, en maniere d’un crâne, fait la cavité dans laquelle les entrailles font, enfermées , ainfi qu’il a été dit; & après avoir aufli coupé tout autour une membrane adherante à la partie de cet os, qui eft en-deflous, & qui fait le ventre , cette membra- ne tenant lieu de peritoine vers lebas, & deplevre vers le haut ; les parties internes qui fe prefenterent à la vüé, furenc le ventricule, le foye & la veflie, dont la gran- deur étoit telle, qu’elle couvroit les inteftins, & toutes les autres parties du bas ventre. Le ventricule étoit fitué fous le foye, auquel il étoit attaché par le moyen de plufieurs vaiffeaux. Il avoit neuf pouces de long fur trois de diametre. Ses cuniques étoient fort épaifles, fes orifices étroits , & la membrane qui fair le velouté , pliflée, 8 formant comme des feuillers étendus felon fa longueur. Il avoit la figure du ventri- cule des Chiens. Severinus lui donne celle du ventricule de l'Homme: À la fortie du ventricule, l’Inteftin, que l’on peutap- peller le duodenum, avoit en fa furface interieure des replis comme le ventricule, Leur figure étoit reticulaire; ce qui pouvoit faire croire que c’étoit un fecond ven- tricule. Le refte des inteftins étoit compofé de membra- nes fort épaifes. Les grêles avoient un pouce de diame- tre, & neuf pieds de long. Lecolon avoit deux pouces de diametre, & quatre pieds de long. La valvule du colon étoit formée par un: rebord circulaire de la membrane interne de lileon. Os n’a point trouvé dans l’ileon, ni dans le colon, les feuillets que nous avons remarqués D'UNEGRANDE TORTUE DES INDES. 183 dans la plûpart des Animaux. Nous n'avons point hon- plus trouvé de cæcum, Severinus attribué deux cæcum à la Tortuë , pareils à ceux qui fe voÿent dans les Oifeaux. Le rectum , à la diftance de neuf pouces de l'anus, avoitun retreciflement, qui faifoit comme un cul de Poule É autour duquel il y avoit trois appendices rondes de dif. férente grandeur, qui paroifloient formées par la mem- brane interne dureétum, & qui étoient recouvertes par des fibres charnuës , & étenduës felon la longueur des ap: pendices. Le refte du reétum , qui s’étendoit depuis lere- treciffement jufqu’à l'anus, fervoit comme d’étuy à la ver- ge, ainfi qu'ilfe voitau Caftor & à plufieurs autres Ani- maux, Dans les petites Tortuës d’eau que nous avons diffe- quécs ,ona trouvé , vers l'extrémité du re&um , deux vef- fies, qui avoient communication avec l’inceflin ; 8 qui s’enfloient lorfqu’il étoic enflé. Ces vefies n’ont pointété trouvées dans la grande Tortuë. Le foye étoit d’une fubftance ferme, mais de couleur fort pâle. 11 avoir une grandeur confiderable, & il fem- bloit même qu’il für double, étant feparé en partie droite & en partie gauche, qui n'étoient jointes énfemble que par un ifthme d’un pouce de large, & par des membranes qui conduifoient des vaiffeaux de la partie gauche à la droite, Chacunede ces parties avoit une veine-cave for- tant de la convexité qui regarde le diaphragme, & cha- cune un rameau hepatique fortant de le région cave, La partie gauche du foye étoit la plus grande , divifée en qua- tre lobes. Le premier & le plus grand étoit au côté gau- che. Le fecond, dont la grandeur étoit moyenne, étoie au-deflus du premier. Letroifiéme qui étoit un peu plus petit , S’allongeoïit vers la partie droite, & produifoic lifthme par lequel les deux parties étoient jointes en- femble. Le quatriéme s’alongeoit de même que le troi- fiéme au-deflus duquel il étoit fitué, pour s’aller joindre auf à la partie droite, à laquelle il n’étoit attaché que 184 DESCRIPTION ANATOMIQUE par une membrane & des vaifleaux que cette membrane conduifoit d’une partie à l’autre, Une pareille membrane joignoit ces deux derniers lobe. La partie droite du foye n'avoit que trois lobes. Le premier & plus grand étoit le plus haut. Le fecond étoit au-deflous : c’étoit par celo- be que la partie gauche du foye étoit attachée à la droite par le moyen de l'ifthme. Le troifiéme lobe , qui étoir le plus petit , fortoit du milieu de la cavité du grand lobe, & recouvroicla veficule qui étoit attachée en cet endroit, étant enfoncée dans un finusoucavité, qui faifoic qu’elle n'étoit point éminente hors le foye, comme elle eft ordi- pairement. Elle avoit un pouce & demi de long fur un demi pouce de large, & fa figure approchoit de celle de la vefñcule de l'Homme, Le canal cyftique, qui, comme en l'Homme, étoit la continuation du col de la veficule, étroit long defept pouces, & de la groffeur d'une petite plume à écrire. Il defcendoit fans avoir aucune commu- nication avec l’hepatique, & s’inferoit au duodenum par une embouchure particuliere. L’hepatique étoit double, ainfi qu'ilaérédit, Le droit avoit plufieurs rameaux appa- rens , qui, comme des racines, s’étendoientdansles lobes de la partie droite du foye. Le gauche n’avoit point de ces racines apparentes, mais il formoit un tronc, qui, fortant immediatement du foye, venoit fe joindre au tronc de l’hepatique droit,pour n’en faire enfemble qu’un, qui s’alloir inferer au duodenum proche du cyftique. ” La veine-porte avoit fon tronc dans la partie droite du foye, entre le premier & le fecond lobe. Elle jettoit un gros rameau le long de 'ifthme,produifant plufieurs bran- ches qui fe diftribuoient dans la partie gauche du foye. La veine-cave, ainf qu’ila été dit, avoit deux troncs; un droit & un gauche, qui penetroient le parenchyme du foye, dontils éroient recouverts de la longueur de près de trois pouces, La ratte étoit entre le duodenum & le colon. Elle dx a 1 D'UNE GRANDE TORTUEDESINDES 185 la figure d'unrein, & recevoit fes vaifleaux par une en- fonçüre pareille à celle que le rein a pour recevoir les fiens. Les artercs venoient du rameau qui fe diftribué au foye & au duodenum. Les veines étoient des branches de Ia me- fenterique. Le pancreas embrafloit étroitement le duodenum. 11 étoit encore attaché à la ratte, qu'il couvroit en partie. Il avoit la figure d’un prifme triangulaire. Son canal s’ou- vroit dans le duodenum. Les reins avoient quatre pouces de longueur, trois de largeur, en forme de prifme triangulaire , d’un rouge vif ,recoupés en trois ou quatre morceaux joints enfem- ble par leurs vaiffeaux, &: enfermés par la membrane ex- tericure, Les veines émulgentes ne fortoient que de la veine-cave droite, qui formoit en tout deux gros ra- meaux , dont le plus court, quin’avoitpasun pouce, en- troit dans Îe rein droit; le plus long , qui avoit trois pou- ces , alloit au gauche. Leur entrée étoit vers le bas du rein. Leurs ureteres fortoient de la partie fuperieure, & fe gliffoient le long de toute la furface à laquelle ils étoient attachés comme aux Oifeaux. Il y avoit un corps glanduleux long d’un pouce , large de fix lignes, & fort mince, qui étoit fortement attaché à chacune des vei- nes émulgentes. C’étoit apparemment une glande re- pale. Les tefticules étoient couchés fur les reins. Ils avoient deux pouces & derñi de long , & dix lignes de large. L'é- pididyme étoit d’une ftruéture fort particuliere. C’étoit un canal replié en tant de circonvolutions, qu'étant dé- plié, il avoit quatorze pouces, au-lieu. qu'auparavant il n'en avoit que quatre, Ce canal ne paroifloit point fortir. du tefticule, mais feulement du rein auquel il étoit atta- ché, Ayant fait injection d’une liqueur colorée dans ce canal, on à fait enfler une quantité d’autres petits con- duits quine paroifloient point auparavant, & qui alloient Rec, de l'Ac, Tom. III. 1. Partie. Aa 186 DESCRIPTION ANATOMIQUE du tefticule à cetépididyme; ces conduits étant enfermés dans la membrane, qui retenoit les circonvolutions de l'épididyme , & qui l’attachoit au tefticule. La veflic étoit d’une grandeur «extraordinaire. On y a trouvé plus de douze livres d’urine claire & limpide, Ariftote dit que la Tortuë marinea la veflie très-grande, & la terreftre très-petite. La nôtre néanmoins étoit une Tortué terreftre ; & dans la diffeétion que nous avons faite de plufieurs Tortuës d’eau, nous leur avons toujours trouvé la veñlie beaucoup plus petite à proportion qu’à celle dont nous parlons. Cela nous fait croire qu'il y a faute au texte d’Ariftote par la tranfpofition de mots zer- reffre & marine; vù même que la raifon qu’'Ariftoce ap- porte de la grandeur de la veflie des Tortuëés , ne conclut pas bien pour faire entendre que les terreftres la doivent avoir plus petite que les autres. Car il dit que les Tortués n'étant pas couvertes d’une peau dont les pores puif- fent aider à cettetranfpiration, qui dansles autres Ani- maux confume une partie des humidités du corps, & diminué beaucoup la matiere de l'urine, il a fallu à cet Animal un grand receptacle pour ces humidités, que l'épaiffeur & la dureté de fon écaille retient & enferme: maisilne dit point ni que l’écaille des Tortuës marines foit plus épaifle que celle des cerreftres, ni qu’elles boi- vent davantage; & fuivant le raifonnement d’Ariftote, les Poiflons que l’on fçait n’avoir point de veflie, de- vroient en avoir une très-grande. ° La figure de la veflie de notre Tortué n’étoit pas moins extraordinaire que fa grandeur. Elle ‘étoit faite en forme d'un boyau, & fon col n’étoit point à l’un des bouts, mais au milieu; ce qui reprefentoit affés bien la membra- ne allantoïde du fœtus de la plüpart des Brutes. Cette f- gureeft bien differente de la figure d’une Châtaigne que Severinus lui donne. Elle avoit deux pieds de long. Saf- tuation étoit en travers , allant d’un des flancs à l’autre, D'UNE GRANDE TORTUE DES INDES. 187 Sa tunique exterieure étoit membraneufe. L’interieure étoit renforcie paruneinfinité de fibres charnuës & rele- vées en boffe, qui fe croifoient, & s’entrelaçoient les unes dansles autres ; imitant celles qui fe voyent au-dedans des oreilles du cœur. Ces fibres avoient leur origine vers le col, & alloient fe difperfer dans toute l’étenduë de la vefic. L’ufage de ces fibres eft apparemment pareil à celui des oreilles du cœur , où elles fervent à reflerrer & retre- cir leur cavité, pour exprimer ce qu’elles contiennent: car la Tortuë n'ayant point, comme les autres Animaux, un ventre flexible, & garni de mufcles qui puiflentcom- primer la veflie, cette partie a dû avoir en elle-mêémeun principe particulier de compreflion , par le moyen duquel elle pütfe décharger de ce qu’ellecontient. Le col de la veflie avoit un pouce de long & autant de large. Il étoit attaché vers le milieu du reétum, dans le- quel l'urine fe déchargeoit par une petite ouverture ou ca« nal oblique à feptou huit pouces près de l'anus. Au dedans de ce col il y avoit quatre mammelons, dont les deux plus grands étoient les extrémités des vaifleaux fpermatiques: défcrans ; ils avoient environ unclignede long : les deux autres plus petits étoient les extrémités des ureteres. La verge, qui étoit enfermée.dans le retum comme dans un étuy, ainfi qu'il a été dit, avoit neuf pouces de long fur un pouce & demi de large. Elle étoit compofée de deux ligamens ronds, d’une fubftance fpongicufe, & revé- tus d’une membranedéliée.Ils étoient pofés l’un contrel’au- tre, & liés enfemble, non-feulement parleurs extrémités, fçavoir , proche du gland & vers leur racine qui étoit àla partie interne & inferieure des ‘os pubis; mais encore par leur partie fuperieure tout de leur long, par lemoyen de la membrane du reêtum, qui leur étoit fermement at- caché en cet endroit, fans leur être adherente par les autres endroits, fçavoir , par les côtés & par le deffous. Cette membrane étoit extraordinairement forte à l’en- Aai) 1388 DESCRIPTION ÂNATOMIQUE droit où clle étoit adherente, ayant près de deux lignes d’épaiffeur : le refte étoit plus mince , & d’une couleur noirâtre. Ces ligamens ainfi affemblés, laifloienten-def- fous une cavité en forme de gouticre, pareille à celle où l'urechre eft logée ordinairement aux autres Animaux. Mais en celui-ci qui n’avoit point d’urethre, cette partie étoit fuppléée par une cavité , que lesligamens mêmes for- moient avec la tunique du reétum feulement, dans le tems des évacuations qui fe doivent faire par ce conduit. Cela arrivoit apparemment par le gonflement des ligamens,qui étant reflerrés par la tunique du reétum qui les embrafloit , laiffoient un vuide en forme de canal entre la tunique de l'inceftin & les ligamens : car ces ligamens, quoique fer- rés, ne laifloient pas de conferver quelque chofe de leur rondeur , à caufe de leur gonflement; & cela faifoit une cavité triangulaire , dont les deux côtés formés par les cô- tés desligamens, étoient convexes, & le troifiéme for- mé par la tunique de l’inteftin , étoit droit. Chacun des deux ligamens n’étoit pas feulement fpongieux, comme 1] left ordinairement aux autres Animaux, mais ils étoient creux par une longue cavité en forme de conduit , qui al- loit depuis les os pubis, où étoit l’origine des ligamens , jufqu'augland. Les vaiffeaux qui font envoyés dans les corps de la verge, avoient une diftribution particuliere : car au-lieu que l’artere, la veine, & le nerf parcourent ordinairement tous trois le deffus de la verge, il n’y en avoit que deux en notre fujet; & la veine, après avoir formé un lacis, & plufeurscirconvolutions vers la racine de la verge, penctroit au-dedans du ligament, & produi- fant un tronc qui fe couloit le long de la partie interne & fupericure de la cavité, envoyoit plufieurs branches dans tout lé refte dé la furface interne de cette cavité. La ftruc- ture du gland étoitencore plus'extraordinaire que tourle rcfte. Par-deflus il finifloiten pointe, & paroifloit être la continuation des ligamens , n’en étant point different ni D'UNEGRANDE TORTUEDESINDES. 189 par fa fubftance, ni par fa tunique. Par-deffous il avoit deux appendices plates & prefque circulaires, pofées l’une fur l’autre. La plus grande, quiétoit attaché au gland par- deffous , avoit un pouce & demi de diametre : la plus pe- tite, qui étoit attachée au milieu de la grande , n’avoit que demi-pouce. Elle avoit encore deux petites appendi- ces, comme deux boutons de la groffeur d’une ligne. Tout le gland étoit de couleur pareille à celle de la partie infe- rieure de la tunique du rectum , qui fervoit d’étuy à la ver, ge : c’étoit une couleur d’ardoife fort brune. 11 y avoit deux mufcles fervans à retirer le gland en-dedans. Ils pre- noient leur origine des vertebres des lombes , & côtoyant le re&um, venoient s’inferer à la partie fuperieure de la verge, proche du gland.Versle milieu ils s'enlaçoient avec deux autres mufcles deftinés au mouvement de la queuë, & qui leur fervoient commede poulie. Le cœur étoit fitué tout au haut de la poitrine, enfer- mé dans un pericarde fort épais, & attaché par embas à la membrane qui couvroit le foye. Sa figure étoit fort dif- ferente de celle que le cœur a ordinairement; car au-lieu d’étrealongé de fa bafe à fa pointe, fa plus grande dimen. fion étoit d’un côté à l’autre , ayant trois pouces de ce fens ; & un pouce & demi feulement de la bafe à la pointe, Les deux oreilles qui fortoient de la bafe en étoient fort détachées , & comme pendantes: la droite avoit deux pou- ces & demi de long fur un pouce & demi de large ; la gau- che étoit plus pecite. La veine-cave, qui, ainfi qu'ilaété dit, avoit deux troncs fortans, l’un de la partie droire du foye, & l’autre de la partie gauche, portoit le fang par chacun de ces troncs dans chacune des oreilles. Ces oreil- les s’'ouvroient à l'ordinaire chacune dans un ventricule ; & à chacune des ouvertures qui donnoit paflage au fang de l’orcille dans le ventricule, il y avoictrois valvules fig- moïdes , qui, contre l'ordinaire de cette efpece de val- vule, empéchoient que le fang ne püt fortir du cœur pour Aaiij 190 DESCRIPTION ANATOMIQUE retourner dans les oreilles, faifant l'office des valvules triglochines. Outre ces deux ventricules qui étoient en la partie po- ftericure du cœur qui regarde l’épine, il y en avoit un troifiéme en la partie anterieure, tirant un peu versle côté droit. Ces trois ventricules fe communiquoient par plufieurs ouvertures, leur fubftance n’étant pas folide & continuë comme aux cœurs des autres Animaux, mais fpongieufe & compofée de fibres & de colomnes charnuës, feulement contiguës les unes aux autres, & entrelacées enfemble. Outre les ouvertures étroites qui étoient entre ces colomnes, il y en avoit d’autres plus larges, par lef- quelles les deux ventricules pofterieurs avoient communi- cation enfemble & avec le ventricule anterieur. Les deux ventricules pofterieurs, ainfi qu’il a été di, recevoient le fang des deux troncs de la veine cave avec le fang de la veine du poumon, laquelle étoit double, y en ayant une de chaque côté:car ces veines fe déchargeant dans chaque axillaire, méloient le fang qu’elles avoient reçü du poumon avec celui de la veine-cave pour le porter dansle ventricule droic duquel l'aorte fortoir. Le ventri- cule anterieur n’avoit point d’autre vaifleau que l’artere du poumon. Cette artere, de même que l'aorte, avoit trois valvules figmoïdes, dont l’aétion étoir d'empêcher que le fang qui eft forti du cœur n y rentre, lorfque les ventricules viennent à fe dilater pour recevoir le fang de la veine-cave & de celle du poumon. Cetteftruéture fi peu commune des ventricules & des vaiffeaux du cœur doit avoir des ufages particuliers fur lefquels nous ne dirons point nos conjeëtures appuyées fur differentes experiences , qu'après avoir fait voir que la ftruéture des poumons n’eft pas moins extraordinaire, car l'une & lautre ftruéture eft ainfi extraordinaire dans ces parties, àcaufe des aétions particulieres qu'ellesont dans les Amphibies, du genredefquels eftla Tortué. . | ‘ D'UNE GRANDE TORTUE DES INDES. 19r L’aorte au fortir du ventricule droit fe partageoïit en deux branches, qui formoient deux croffes. Ces crofles, avant que d’être tour-à-faic tournées en embas, produi- foient les axillaires & les carotides. Enfuite la crofle gau- che defcendant le long des vertebres jettoir trois bran- ches. La premiere fe diftribuoit à toutes les parties du ven- tricule. La feconde alloit au foye , au pancreas , au duode- num, & à laratte. La troifiéme fournifloit des rameaux à tous Les inteftins, Enfuite elle s’unnifloit avec la branche dela croffs droite, qui defcendoit jufques-là fans jetter aucuns rameaux, & toutes deux ne formoient qu’un tronc , qui defcendant le long du corps des vertebres, donnoit des rameaux à toutes les parties du bas ventre, Le larynx étoitiompofé comme aux Oifeaux , d'un arytenoïde & d’un cricoïde , articulésenfemble. Les deux os, qui font chacun une des cornes del’hyoïde, n’éroient pointarticulés l’un à l'autre, mais chacun feparémenten differens endroits de la bafe de l'hyoïde. La fente dela glotte éroirétroite & ferrée, aparemment pour tenir l'air enfermé long-tems dans le poumon, pour des ufages qui ferontexpliqué dans la fuite. On peut croire aufli que cette clôture fiexaéte eft pour faire que l’eau n’entre pas dans Vâpre-artere , quand les Tortués font fous l’eau: & cette conformation particuliere de la glotte pourroit être la caufe du ronflement des Tortuës de mer, qui, au rapport de Pline, s'entend de fort loin lorfqu’elles lotent en- dormies fur la furface de l'eau. Les Veaux marins, qui font remarquables aufli par leur ronflement, ont ainf leur glotte & leurépiglotte extraordinairement ferrées, ainfi qu'ila été remarqué dans la defcription de cet Amphibie. L’âpre-artere, qui avoit fes anneaux entiers , fe fepa- roit à l'entrée de la poitrine en deux longues branhes de fix pouces chacune. Dès l'entrée du poumon ces branches perdoient leurs cartilages, & ne produifoient que des ca- naux membraneux fort larges & inégaux, ayant jufqu’à 192 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE un pouce & demi en quelques endroits, & demi pouce feulement en d’autres. La membrane qui formoit ces ca- naux étoit tranfparente & mince, mais folide & fortifiée par desligamens attachés enfemble en maniere de réfeau, compofe de plufieurs mailles , pareilles à celles qui fe voyent dans le fecond ventricule des Animaux qui rumi- nent. Chacune de ces mailles étoic le bord & l'entrée d’une petite poche qui s’ouvroit dans une feconde, & quelque- fois dans une troifiéme. Les rameaux dela veine & de l’ar- cerc du poumon fe couloientle long des ligamens ,dontils accompagnoient toutes les divifons, Dan le fang également dans toute l’étenduë du poumon. Les Auteurs qui ont cru que la Tortue n’a point de fang dans le pou- mon, ont fondé cette opinion fur laëblancheur & fur la tranfparence des membranes dont il eft compofé, qui le font paroître tout-à-fait membraneux lorfqu’il eft enflé, au-licu que celui des autres Animaux paroît charnu : mais la verité eft qu’il n’y a de la difference que du plus & du moins ; le poumon de l'Homme , de même que celui des autres Animaux , n'étant point compofé d'autre chofe que de petites veficules amaflées lesunes contre les autres , En- tre lefquelles les vaiffeaux fanguins font entrelacés en fi grand nombre, qu’ils femblent former une efpece de chair en maniere de petits lobes attachés aux canaux des bron- ches; & c’eft de ces petits lobes que les grands lobes du poumon font compofés. Certe difference ncanmoins nous a femblé pouvoir paf- fer pour effentielle & fuffifante pour établir une efpece de poumon , qui eftl’une des trois aufquelles nous réduifons les poumons des Animaux que nous avons diffequés : car nous avons trouvé des poumons qui paroifloient abfolu- ment charnus, d’autres abfolument membraneux , & d’autres en partiecharnus & en partie membraneux. Les poumons de tous les Animaux terreftres à quatre pieds, qui ne font point des œufs,& quelques-uns des Amphibies, comme D'UNE GRANDE TORTUE DES INDES. 193 tomme le Veaumarin, font dela premiere efpece , & ces poumons -patoiflent abfolument charnus, parce que le fang eft également répandu par toute leur fubftance, dans laquelle il circuleentierement, tout le fang paffant au tra- . vers du poumon par fes vaifleaux d’un ventricule du tœur à l’autre. Les poumons des Tortuës, des Serpens, des Gre- nouilles, des Salamandres, des Caméleons , &c. font de la féconde efpece ; & ils paroiffent abfolument membra- neux , n’y ayant que très-peu de fang épandu dans leur fubftance , fçavoir , feulement celui qui eft neceflaire pour leur nourriture particuliere, enforte qu’il me fe fait point d'autre circulation par leurs vaiffeaux que de cette nour- riture, Les poumons des Oifeaux font de la troifiéme ef- pece, & ils paroiffenten partie charnus,& en partie mem- braneux , parce quela partie quieft attachée aux côtes eft remplie d'une grande quantité de vaifleaux, par lefquels la circulation fe fait entiérement comme aux Animaux terreftres ; & l’autre partie, qui eft divifée en huit, & quelquefois en dix grandes veflies , n’a des vaifleaux, & ne fait la circulation que pour fa propre nourriture, … Ces trois efpeces de poumon peuvent être réduites à deux , fi leurs differences font prifes de l’ufage que le pou- mon a par rapport à la circulation entiere du fang; & ence cas le poumon des Tortuës, & des autres Amphibies de fa forte feront une efpece particuliere, leur poumon n’étanc d'aucun ufage pour la circulation entiere; & le poumon des Oifeaux , & celui des Animaux terreftres feront une autreefpece, qui fera commune à ceux dont le poumon paroïît abfolument charnu, & à ceux qui ne le paroiffenc qu'en une partie, Pour établir ces deux efpeces, on peut encore ajoûter une autre difference prife du mouvement des poumons, qui dans les Animaux terreftres, de même que dans les Oifeaux, eft continuel , régulier & periodi- que; & dans les autres, comme dans la Tortuëé, le Ca- méleon, &c.eft intertompu, & rellement inégal, que le Rec. de F'Ac. Tome IIL, XI, Partie. 194 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE Caméleon eft quelquefois un demi jour fans qu'on apper- çoive en lui aucun mouvement pour la refpiration, & quelquefois on le voit enfler tout-à-coup, & demeuret un quart d'heure en cet état. La Tortuë en ufe apparemment de la même façon. Nous en avons long-tems obfervé plus - ficurs vivantes & entieres , & nous avons remarqué qu’el- les jettent bien quelquefois un vent froid par les narines,, mais c’eft à reprifes & fans ordre. Dans celles qui étoient ouvertes vivantes, nous avons vü que le poumon demeu- roitcontinuellément enflé par lexaëte comprefñion de la glotte , & qu'il fe defenfloit entierement & tout-à-coup, lorfqu’on avoit donné 1fluë à l'air en coupant l’âpre-ar- tere. Quand on ouvre la poitrine à un Chien vivant , en lü£ enlevant le ftérnon avec les appéndices cartilagineufes dés côtes , on voit tout-à-coup le poumon s’affaifler, & enfuite la circulation du fang & le mouvement du cœur ceffer eñ peu de tems , après que le ventricule droit du cœur, & fon orcille aveé la véine-cave fe font enflés, comme étant prêts à crever : enforte que pour empêcher que l’Animal ne meure, on lui introduit le bout d’un foufllet dans l’âpte- artere, & poufflant l'air pour faire enfler le poumon, & le retirant enfuite pour le faire affaiffer , on lui fait avoir par artificé le mouvement qu’il a accoütumé d’avoit na- turellement, & l’on voit que le ventricule & l'oreille droite du cœur avec la veine-cave fe defenflent, & le cœur reprend fon mouvement ordinaire. Cela n’arrive point à la Tortué à qui l’on a découvert le poumon : car foit qu’il demeure enflé, foit qu’il s’affaifle, la circulation & le mouvement du cœur continuent fi bien dans leur maniere naturelle, que l’on a expérimenté qu'une Tortuë a vefcu plus de quatre jours en cet étar, Nous avons encore fait une autre experience pour con- noître plus diftinétement la neceflité du mouvement du poumon , pour la circulation entiere du fang dans les D'UNE GRANDE TORTUEDESINDES. %95 Animaux dont le poumoneft abfolument charnu , & qui ne font point Amphibies. On fait injection par le vencri- cule droit du cœur dans l’artere du poumon du Chien mort; &ilarrive que fi lon continué, à-faire enfler & defenfler le poumon par le moyen du foufet introduit dans l'âpre-artere, la liqueur que l’on pouffe dans le pou- mon pafle aifémenc, & fort par la veine dans le ventricule gauche; & que lorfqu’on cefle de fouffler, elle n’y pafle qu’à grande peine. Après avoir vû la ftruéture differente des ventricules & des vaiffeaux du cœur du Chien & dela Tortuë, il n’eft pasdifficile de donner des raifons probables des Pheno- menes de ces experiences. Car on peut dire que le pou mon du Chien étant affaiflé après l'expiration, les vaif- feaux font comprimés enforceque le fang n’y peut pafer, & qu'il eft neceflaire que ces vaiffeaux foient dilatés par Vinfpiration , pour recevoir le fang du ventricule droit du cœur, & qu'ils foient enfuite comprimés dans l’expira- tion pour l’exprimer , & le faire paffer dans le ventricule gauche. On peut encore concevoir que les ventricules du cœur de la Torruë, 8 des autres Animaux dont le pou- mon eft abfolument membraneux , n'ayant pas leurs pa- rois folides comme ceux du cœur du Chien, oùle fang n’a point de paffage libre d’un ventriculeà l’autre qu’au tra- vers du poumon ; mais étant poreux dans toute leur fub- flance, & même ouverts les! uns dans les autres par des trous aflés larges, il ne faut point trouver étrange que quoique le poumon demeure immobile , foit qu’il foit en- #6, foit qu'il foit affaiffé, la circulation ne foit point em- pêchée, & qu'elle fe faffe coûjours dans ces Animaux de la même manicre qu'elle fe fait dans les Fœtus:parce que tant dans le Fœtus que dans ces-Animaüx le poumon ne reçoit du fang que pour fa nourriture, & non-point pour la circulation entiere, enforte qu’il ne renvoye au cœur que les reftes de ce qu’il n’a pas confumé; & qu'enfin de Bbij 196 DESCRIPTION ANATOMIQUE même que la circulation entiere ne fe fait que par les anaf- tomofes du cœur dans le Fœtus , elle ne fe fait auffi dans les autres Animaux dont ils s’agit, que par les ouvertures par- ticulieres que les ventricules de leur cœur ontles uns dans les autres. Mais pour être plus affüré que le fang ne circule point entierement par le poumon dans la Tortuëé, on lui a héle tronc de l’artere du poumon , & l’on a obfervé que le mou- vement du cœur n’en a été en aucune façon alteré, & que la circulation a continué toûjours de la même maniere, Or cela eft plus aife à voir en cet Animal que dans les autres, à caufe que fon cœur étant blanchâtre, & les parois des ventricules mincesen-devant , on voyoiten quelque façon entrer &. fortir le fang dans le ventricule droit duquel l'aorte fortoit, ainfi qu’il a été dit; & cela fe connoifloit par une rougeur qui furvenoit lorfque la pointe du cœur s’approchoit dela bafe, & qui difparoifloit lorfqu’elle s’en éloignoit. Carileft aifé de juger que lorfque la pointe s’a- prochoit de la bafe, c'éoic alors que le cœur exprimoit le fang defes ventricules; parce qu’en ce même-tems leurs parois rentrans en dedans, & comprimans le fang, fai foient paroîtreune rougeur en cet endroit; la compref. fion étant capable de faire que les corps, que leur confif- tance fpongieufe a rendus opaques , deviennent tranfpa- rens par la diminution des intervalles qui les rendoient fpongieux. Enfin cette circulation ainfi apparente, qui a continué pendant quatre jours, le poumon étant ouvert & coupé en plufieurs endroits, nous a femblé faire connoî- tre aflés clairement qu’en la Tortuëé le poumon ne fert point à la circulation du fang comme aux Animaux qui ontun poumon charnu. Le veritable ufage du poumon dans la Tortuë & dans les autres Animaux de fon gente, eft une chofe qui nous a fembléaffés obfcure pour nous la faire examiner avec foin, & nous donner même la hardiefle d'avancer des RE EN M, Ed. D'UNE GRANDE TORTUE DES INDES. 197 penfées un peu extraordinaires, fuivant la liberté que nous avons crû nous pouvoir donner dans ces Memoires , où nous ne mettons point les chofes comme étant achevées ; mais feulement comme des materiaux qui pourront être employés ou rebutés, felon qu'ils feront trouvés propres, ou inutiles , où défectueux, lorfque le tems aura fourni denouvellesexpériences, ou de meilleurs raifonnemens, &c aura fuffifamment fait connoître leur valeur. Nous croyons donc qu’il n’y a point d'apparence que le poumon de la Tortuë ferve à la circulation entiere du fang, par les raifons qui ont été dites. Il n’eft point fait aufli pour lavoix , la Tortué étant abfolument mucte; & 1l n'eft point utile au rafraiohiffement des parties internes , ni à l’éva- cuation de leurs vapeurs, puis qu'il n’a point le mouve- ment continuel & reglé qui fe voit dans les autres Ani- maux , & qui eft neceflaire à ces ufages. De forte qu’il ne refte que la compreflion des partiesinternes , dont les ufa- ges ont été expliqués dans les Defcriprions quenousavons faites des Oifcaux;& qui fe réduifent àla confeétion & à la diftribution de la nourriture, Mais nous cherchonsun au- treufage plus important, & qui étant plus particulier à la Tortuë & aux autres Animaux de fon efpece , réponde mieux à la conformation particuliere de leur poumon; &c nous avons trouvé qu'on peutattribuer à cette partie la faculté que la Tortué a de s'élever, & de fetenir furl’eau, &c de defcendre au fond quand elle veut, enforte qu'il lui tient lieu de la veflie pleine d’air, qui fe trouve dans la plüpart des Poiffons. Il ya plufieurs conjetures fur lefquelles nous Fondos la probabilité de cette opinion, & quinous font croire que cette veflie des Poiflons , & le Poumon de la Tortuë étant élargis, rendentle corps s de ces Animaux affés leger pour nager far l eau; & que lorfque ces parties fe refferrent, Fair qui eft capable de compreflion occupant moins de place à caufe qu'il eftrefferré; & ainfi tout le corpsayant Bb ii] 198 DESCRIPTION ANATOMIQUE moins de volume, il defcend au fond, de la même ma- niere que les petites figures d’émail crenfes 8: enfermées dans un tuyau de verre , tombent au fond lorfqu’en pref- fanc fur la fur face de l’eau, on comprime l’air qu’elles en- ferment dans la cavité qui les fait nager. - Nous avons fouvent remarqué qu’aufli-tôt qu’une Tor. tué ft mife dans l’eau, elle jette par la gueule, ou par les narines, plufieurs bouteilles, qui font apparemment for- mées par l'air qu’elle a de trop dans fon poumon pour s’en- tretenir dans un jufte équilibre, qui la mette en état d’être aflés pefante pour aller à fond à la moindre compreflion que fes mufcles font fur fon poumon, de même que la pe- tite figure d'émail defcend dans l'eau au moindre effort qu’on fait pour comprimer l'air qu’elle enferme. Et il eft aifé de comprendre que fi la T'ortué étant au fond de l’eau, vient à relâcher les mufcles qui comprimoient fon pou- mon, l'air parla vertu de fon reffort retournant en fon premier état, peut redonner à tout fon corpsle volume qu’il avoit quand elle nageoit fur l'eau. La probabilité de ce raifonnement a été confirmée par l'experience. Onaenfermé une Tortué vivante dans un vaifleau plein d’eau , fur lequel on à attaché exaétement avec dela cire gluante un couvercle , du haut duquel il fortoit un tuyau de verre. Le vaiffeau étant plein jufqu’à faire paroïtre l’eau au bas du tuyau de verre, nousavons remarqué que l’eau montoit quelquefois dans le tuyau, & que quelquefois elle y defcendoit. Or cela ne fepeut faire que par l'augmentation & par la diminution du vo- lume dela Tortuë. Et 1l ya apparence que lorfque la Tor- tué tâchoit d’aller à fond, l’eau baiffoit dans le tuyau, parce que l'Animal diminuoit fon volume par la compreflion de fon poumon ; & qu’au contraire lorfqu’elle s’efforçoit de venir fur l’eau, l’eau s’élevoit dans le tuyau , parce que la Tortuëé augmentoit fon volume par le relâchement des mufcles,qui ceffant de comprimer le poumon, le laiffoient D'UNE GRANDE TORTUE DES INDES. 199 revenir à fon premier volume, & rendoient tout le corps de la Tortué plus leger. L’exaitude avec laquelle la glotte eft fermée dans cet Animal, femble aider beaucoup à l’effet de cette com preflion; de même qu'il eft croyable que c’eft pour un pa- reil ufage que les veffies des Poiflons font tellement fer- méces , que quelque force qu’on employe pour les compri- mer , on n'en peut faire fortir l’air qu’en les crevant: car il n’y a point d'apparence que ces veflies foient dans les Poiffons pour demeurer toûjours en un même état; elles leur nuiroient autant en les empêchant de défcendre dans Peau , qu’elles leur aideroïient en les faifant monter vers fa furface; & pour celail auroit fuffi que leur corps fût d’une fubftancé aflés rare pour rendre leur volume proportion- né à leur pefanteur, telle qu’eft la fubftance du bois & des autres corps fpongieux qui nagent fur l’eau. Nous avons obfervé pendant un long-tems des Tortuës flotantes fur Feau fans fe remuer. Les Poiffons fe tiennent de même long-rems en un même endroit entre deux eaux, tantôt près du fond de l’eau , tantôt près de fa furface, Les petites figures d’émail s'arrêtent ainf en differens endroits, fui- vant les differentes compreffions qui font faites à l’air qu'elles contiennent. | Atiftote & Pline ont remarqué que lorfque les Tortuës ont été long-cemsgur l’eau pendant la bonace, il arrive que leur écaille étant deffechée au Soleil, elles font aifément prifes par les Pefcheurs ; à caufe qu’elles ne peuvent fe plonger dans la mer affés promptement , étant devenués trop legeres. Cela fait voir quelle jufteffe il doit yavoir dans leur équilibre, puifqu'un aufli petit changement qu’eft celui qui peut arriver par le feul deffechement de l'E. caille,eftcapable de le rendre inutile. Car il y a apparence que la T'ortué,qui efttoujours attentive à s’entretenir dans cet équilibre , de même que les autres Animaux le font pour fe tenir fur leurs jambes , dans cette rencontre parun 200 DESCRIPTION ANATOMIQUE mêmeinftinét , n’ofe pas faire fortir de l’air de fon poumon pour acquerir une pefanteur qui la fafle plonger prompte- ment; parce qu’elle craint que fa coquille étant abbreu- vée, elle devienne fi pefante, qu'étant defcendué au fond de l’eau, elle n’ait plus enfuite de moyen pour remonter deflus. Or laremarque de l’immobilité du poumon s'accorde affés bien avec le défaut des organes qui peuvent fervir à fon mouvement: car la Tortuë a non-feulement fon écail- le, qui luitient lieu de thorax, abfolument immobile, mais nous ne lui avons trouvé ni de diaphragme, ni d’au- tres parties qui puiffent fuppléer à ce mouvement, L’os du bras appellé humerus , qu’elle a enfermé dans la poitrine, a bien une longue apophyfe à l'endroit de l'articulation du coude , qui eft jointe avec un autre os articulé au coude; enforte que ces os forment enfemble deux produétions de chaque côté, qui s’approchant en devant, font comme des clavicules : mais ces parties font immobiles, & ne fervent apparemment que de bafe & d'origine aux mufcles qui tiennent lieu de peétoraux , & qui tirent en devant la portion dubras qui eft mobile, fçavoir le cubitus, le ra- dius, & la main. On trouve affés de mufcles qui peuvent fervir à la compreflion du poumon ; mais des mufcles feuls ne font pas propres à fa dilatation : il faut des côtes & un fternon, ou quelque chofe d’analogueæqui foit mobile. Enforte qu’apparemment il eft néceflaire de fuppofer que l'infpiration fe fait par le reflort des ligamens durs & fer- mes qui compofent les mailles qui ont été décrites : en- forte que lorfque les mufcles qui peuvent comprimer le poumon viennent à fe relâcher, ces ligamens s'étendent, & élargiffant les ouvertures de toutes les veflies, augmen- cent la capacité de tout le poumon. Quoique notre Tortuë ne fût pas de celles qui vivent dans l’eau, elle ne laifloit pas, à l'égard de cette conformation particuliere du cœur &c du poumon, de lavoir pareille à celle des due on D’UNE GRANDE TORTUE DESINDES. 2or fon efpece, ainfi qu’on voit plufieurs Oifeaux avoir des aîles quoi qu’ils ne volent point. Le cerveau étoit très-petit : car la grandeur de la tête, qui, à proportion du refte du corps, eft déja fort me- diocre, confiftoit principalement aux os du crâne, & à la chair des mufcles crotaphites qui le couvroient, & qui étoient épais comme au Lion ; l'os du fommet de la tête ayant une crête à la maniere de tous les Ani- maux qui ont une force extraordinaire aux machoi- res. Le cerveau avec le cervelet avoit en tout feize lignes de long fur neuf de large. Les Tortuës marines qui fe pefchent aux Antilles l'ont trois fois plus petit à proportion : car, fuivant les Relations que nous avons de ces païs, les Tortués qui y ont la tête groffe comme celle d’un Veau, n’ont pas le cerveau plus gros qu'une féve. Les membranes de ces deux parties, leur fubftance, le Jacis choroïde, la glande pineale, la pituitaire , l’enton- noir, & la plüpart des nerfs étoient de la même maniere qu’ils fe voyent dans les Oifeaux. Les autres parties avoient quelque chofe de particulier. Les nerfs olfaétoires étoient d’une grandeur extraordinaire , faifant prefque le quart de tout le cerveau. Les nerfs optiques prenotent leur ori- gine des nerfs olfaétoires. Les deux tuberofités quele cer- velet a dans les Oifeaux , au-lieu d'être attachées aux par- ties laterales de la moëlle de l’épine, étoient en fa partie fuperieure. Le cervelet n’étoit ni fillonné par des lignes paralleles en-dehors , ni diverfifié en-dedans par les diffe- xentes couleurs de fa fubftance , qui reprefentent des branches d'arbre, & fa cavité s’avançoit fort loin dans la moëlle de l’épine, allant jufqu’à la premiere vertebre du col. La moëlle de l’épine étoit couverte de fes membranes ordinaires , & arrouféc de plufeurs vaiffeaux qui l’'accom- pagnoientjufqu’à fa fin. Elle emplifloittoute la cavité des | Rec. de d'Ac, Tom. III. I. Partie, Cc 202 . DESCRIPTION ÂANATOMIQUE vertebres, & envoyoit de part & d'autre plufeurs paires denerfs. Ceux qui fe diftribuoient aux bras, aux jambes, au col, & à la queué, étoient fort gros & en très-grand nombre. Le globe de l'œil avoit un pouce de diametre. La pau- piere interne que nous avons vü remuer dans les Tortuës vivantes , avoit les mêmes mufcles que nous avons obfervé dansles Oifeaux. La cornée étoit fort mince. L’humeur aqueufe avoit une confiftance tellement épaiffle , qu’elle ne couloit qu’à peine. L’iris étoit de couleur minime : on y voyoit plufeurs vaiffeaux entrelacés. Dans les petites T'ortuës que nous avons ici, qui font toutes des Tortuës d’eau , l'iris avoit quatre points jaunes fur un fond de cou- leur minime. Ces pointsétoient difpofés en croix autour du trou de l’uvée. Le cryftalin n’avoit qu'une ligne de diametre: il étoit plat & lenticulaire. La membrane faite en bourfe noire, qui fe trouve dans les yeux des Oifeaux, ne s’eft point trouvée dans notre fujet. La langue, dont la figure étoit pyramidale, avoit un pouce de long fur quatre lignes de large. Elle étoit mince, n'ayant pas plus d’une ligne, dont la fubftance charnuë ne faifoit que la moitié.Er la tunique avoit en-deffus un grand nombre demmammelons. Lalangue avoit avec l'os hyoide dix mufcles, cinq de chaquecôté. Le premier, qui tiroit los hyoïde en-devant , alloit de la fymphyfe de la machoi- re inferieure à la bafe de l’os hyoïde. Le fecond , qui le ti- roita côté, alloit de la partie interne de l’omoplate à la bafe de l’hyoïde. Le troifiéme, qui le tiroit en enhaut, alloit d’une de fes cornes à fa bafe. Le quatriéme, qui ti- roit la langue en-devant, alloit de la fymphyfe du men- ton au côté de la langue. Le cinquiéme, qui tiroicla lan- gue àcôté, & vers le bas, alloit d’une des cornes de l'os hyoïde à la bafe de la langue. La néceflité qu’il y avoit de conferver la dépouille de ce Sujet rare & extraordinaire, pour l’ornement de la Mé- TT) AS A PTS PTS NII D'UNE GRANDE TORTUEDES INDES. 203 nagerie de Verfailles , nous ayantempêéché de pourfuivre plus avant la recherche des organes des fens dans la tête de notre Tortuëé, nous avons fuppléé à ce défaut par la diffeétion de plufeurs autres Tortuës, où nous avons ob- fervé que les nerfs olfaétoires feterminent à une membra- ne délicate de couleur noire , qui tapifle le dedans des na- rines. Cette membrane n’avoit ni replis ni avances quien- traffent dans les trous de l’oséthmoïde. Dans la partie an- terieure du palais il y avoit deux trous à l'ordinaire qui ré- pondoient aux narines. A l'égard des offilles , à nos petites Tortuës , de même qu’à la grande, il n’y avoit aucune ouvertureen-dehors : l'os paroifloit feulement enfoncé au droit des temples ; & la peau qui couvroit cette enfonçüre étoit plus mince & plus délicate qu'ailleurs, & paroifloit auffi quelque peu cnfoncée en cetendroit. Après avoir levé cette peau, l’on découvroit un trou rond dela grandeur & de la forme de celui de l'orbite de l'œil. Il étoit fermé par une efpece de platinecartilagineufe fort mobile, étant attachée tout à lentour au bord dutrou rond par une membrane fort dé- liée. Au côté du trou vers le derriere de latéte, lyavoit un conduit cartilagineux, qui defcendoit dans le palais, où il avoit une ouverture longue, faifantune petite fente. Au-deffous de la platine cartilagineufe l’on a trouvé une grande cavité de figure ovale , fortlongue ,ayant de long deux fois fa largeur. Cette cavité étoit percée àcôté, pour donner paffage à un petit ftylecoffeux fort menu, quive- noit obliquement foütenir la platine par un bout, & par Fautre, après avoir paflé au travers d’une feconde cavité, quiétoit un peu en-deflous & à côté de la grande, il bou- choitun trou, par lequel la feconde cavité s’ouvroit dans unetroifiéme , qui étoit anfraétueufe , & qui recevoit le nerf de l’ouïe. Lebout du ftylet qui bouchoit l'ouverture de cette troifiémecavité , alloit en s’élargiflant comme le bout d'une trompette, &'avoit une membrane déiicate Cci 204 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE qui l’atrachoit à la circonference du trou. Ceux qui ont fait la Defcription des Antilles , qui eftle lieu du monde où il y a une plus grande quantité de Tor- tués, difent qu’elles font fourdes. Nous avonslieu de dou- ter , vü lesorganes que nous venons de décrire, que ces Hiftoriens ayent apporté tout le foin néceffaire pour être bien inftruits de cette particularité, y ayant apparence qu’ils fe font contentés de la conjeéture que l’on peut tirer pour cela du défaut d'ouverture que ces Animaux onten leurs oreilles : finon il faudroit que les oreilles fuffent aux Tortuës ce que les yeux font aux Taupes; c’eftàdire, qu’elles euffent des oreilles fans entendre, de même que les Taupes ont des yeux avec lefquels elles ne voyent point. La remarque que nous avons faite fur la maniere dontla Tortuë remué fon col pour fe retourner quand elle eft fur le dos , nous a donné occafon de chercher les mufcles qui fléchiflent & qui érendent cette partie. Nous avons pre- mierement trouvé que ce col a deux efpeces de mouve- mens, qui font chacun compofés de fléxion & d’exten- fion. Le premier mouvement eft celui par lequel la Tortuë retire fon col &z fa têre en-dedans, ou l’allonge & la fait fortir en-dehors. Le fecond eft celui par lequel le col étant forti & écendu, fe fléchit detousles côtés. Dansla premiere efpecc de mouvement le col s’allonge lorfque les mufcles qui fervent aux differentes flexions du col misen- dehors , agiffentenfemble , & d’une égale force; & il fe retire en-dedans avec la tête par deux differentes fléxions & extenfions des vertebres, dont l’une eft en-deflus, & l'autre en-deffous : ce qui donne aucol une figure pareille à celle que ie col du Cigne prend quand cet Oifeau retire fa tête vers fon dos. Pour cela outre les mufcles qui fle- chiffent de tous côtés le col mis en-dehors, & qui font communs à tous les mouvemens du col, il y en a cinq particuliers de chaque côté, qui naiffant des apophyfes L # # Ÿ D'UNEGRANDE TORTUEDESINDES. of des lombes, & des dernieres côtes, montent le long des vertebres du dos, &s’inferent en cinqdifferens endroits des apophyfes obliques des vertebres du col , le plus long étantattaché proche de la tête au corps de la premiere ver- cebre. Les mufcles qui, lorfqu'ils agiffent feparement, fervent aux fléxions du col mis en dehors, naiflent des vertcbres du col, & s'inferent aufi à fes vertebres. Quel- ques-uns prenant leur origine au corps d’une vertcbre, s’inferent aux apophyfes des autres : d’autres naiffant des apophyfes , s’inferent à d’autres apophyfes ; enforte que lorfque les mufcies d’un côté agiffent feparément , la fléxion fe fait de ce côté-là; & quand ils agiflent enfemble avec une force égale, l’extenfon de toutle col s’en enfuit, ainfi qu'ilaété dit. Lorfque la tête fe retire en-dedans, elle s'enfonce dans ua repli de la peau qui eft fur les épaules, qui forme com- me un froc. Cela fe fait par le moyen d’un mufcle fort large & fort épais adherant à la peau, & qui étant attaché aux apophyfes épineufes des vertebres, d’où il femble naître, fe replie en-deflous , couvrant & enveloppant l’âpre-arcere & l’œfophage. Les differentes fituations des fibres de ce mufcle, qui le peuvent faire pafler pour un affemblage de plufieurs mufcles, produifent les diversre- plis decerte peau faite en forme de froe, lorfqu’elles agif- fent differemmentr. - Ccii pos eu 25040 r 8 0 do w As o eue ah noel! “Hcorat 4. 20102 doroitssh 21h58 .23tiehtb bnp ao pate ne sromple als Stobt ub; 253088 guvleuls lon ub apidotn 253-205 pilde FT 1799 1 cts EE atoéaensads al ob mn DAIIE LA EIÈ « anteiegel, ani nee nphr + np +7 dut, 20,1 .5ad02 ro endliare. Lac rn.497 bb: iroixah LOHEREL SC): LauCL ni An lu : NE il ae. los. kh ARRNREE Ludo née, Ph Qn un in am des QU 2 20 1 MSG ro fe avr, co ed qe qurfafrso se Sp PO Te 2yeqégs ahatbs bof né à MER NS le im ol saligs hs api alien ani ouirol uen géelihnang Ah 3 = #sph Laiohisios it Auger ba oran fsb ELU} LYS annee mibaiès li ‘up Dis anéh napolonalle, cgrhst CET UR EEE s.&k auplroie cnotat : lues ei OTE ie" arodi it Hi 0 te. Art AMEN LS RAA itÀ nE RPC YO ETE ten na tite: todel: a: tuitaté Etre ès aiatos: de, ait hi 20 yes > 1 Hydqags #6 sig one rie du pote ot Mt les RATE ant a user CAEN D EAN T IR ETS AA *3s de 10} Hi D aus agde dei een À ap pere alive MAS Mrninie no) ele RATE Het uig 2 ns ré deg si KA Ex fl À Bet ee FM 15h ait4 k ne (di Fan ds S aa NI ALOE à 8 TENTE ANATOMIE : LA VIPERE PAR M CHARAS. DE L'ACADEMIE ROTALE DES SCIENCES. EXPLICATION 20g EX PLICATYONPDP ES. FIGURES. AAA. BBBB. CCcCc. DD. Bxow I. Rec. de La Vipere, PREMIERE FIGURE. Vipere femelle mettant au jour [es Vipereaux, prefentant le deffous de fon corps , où l'on verra les grandes écailles avec lefquelles elle rampe. Quatre Vipereaux , chacun en un des coins de La Figure , reprefentés entortillés, @ en la même poflure @ même fituation, que nous les avons vis, vivans, @* prêts à maître, dont deux paroiffent (ans enveloppe, un couvert de a tunique, € l'autre ayant une piece de [on arriere-faix dépendant de [on nombril. ŒQuatre autres Vipereaux, au- dedans du rond que la Vipere forme, l'un de[quels paroït ram- pant @ nettoyé de [on arriere faix, le fecond ayant encore fon arricere-faix dépendant de [on nombril, le troifiéme naif[ant € traënant avec Joy fon enveloppe, & le dernier enveloppé de Jon arriere-faix, G* en l'état qu'il étoit lorfqu'il étoit prèt à naître. Une partie du corps d'une Vipere femelle, repre- Jèntée ouverte fous le ventre de long en long, renverfée, depuis l'endroit du fel, Jufqu'à lorifice de la matrice, @ placée dans le rond que la Vipere forme. Le fiel. Le pancreas, que plufieurs ont appelé ratte. Le fond de l'Eflomach. Le commencement des inteflins. Les œufs contenus dans les deux corps de la mu- del’Ac, Tom, III. ZI, Partie, 10 HUE QT a ZE Vence - trice, mais qui font en beaucoup plus grand nombre dans le droit que dans le gauche. Uze partie du dernier inteflin. L'orifice de la matrice , @ de l'inteflin. Les deux petites poches ,qui [ont joignant le com- mencement des deux corps de la matrice. Une partie de chacun des reins. SECONDE FIGURE. Premiere moitié du corps de la Vipere male, écor- chée, renverfée, @ ouverte [ous le ventre d'un bout à l'autre , contenant , La trachee artere. Le poumon. La façouë, on le Thymus. Le cœur. Le foye. La veine-cave. L'æfophage. Le ramean de l’artere-aorte qui monte. Le rameau de l'artere-aorte qui defiend. L’effomach. Seconde moitié du corps , an même état que la pre- miere , contenant , Le fond de l'effomach. La veflie du fiel. Le Pancreas, ou fi on veut, laraite. Les inteflins. Les tefficules, avec leur épididyme. Les vaiffeaux fpermatiques. Les reins. La queuë d'un mâle, a laquelle font annexées les parties qui fuivent, Les deux membres, en la maniere qwils fortent , lors du coit. arté Pl. Go: pag. 210. Ty cé. dd. ce. ff 388° hh. ii IL. mm. nnnn, 00. PP: gq- tr. fc tt, uu. ZIT Les deux proffates , on refervoirs de fèmence. Les deux vaiffeaux fhermatiques. Les deux teflicules. Les\deux épididymes. Les inteffins. Les deux Reins. La queuë d'une femelle, à laquelle font jointes les parties qui fuivent. L'orifice de la matrice. Les deux petites poches. Les deux corps de la matrice. Les deux tefficules avec leurs épididymes , © leurs vaiffleaux fpermatiques. Les inteffins. e Les deux reins. Une grande partie du corps d'une Lezarde de 14 même longueur € de la même groffeur qw'elle a étévomie par une Vipere, plufieurs jours après avoir été prie. Reffe delatète, & refle des jambes de devant de - lamême Lezarde , vomis en même-tems. L'œfophage qui avoit contenu la grande partie du corps de la Lezarde. L’eflomach, qui avoit contenu @ tiré pen à peu la Jubffance dureffe du corps de cet animal. TROISIE ME Ficure. Squelet entier de la Vipere. Tétenyarnt la gueule fermée , reprefentée avec une partie de Jon col. Téte ayant la gueule en partie ouverte, écorchée en Japartie laterale, @ ÿ prefenrant les glandes Salivaires, avec leurs vaif[eaux limphatiques, as-deffus des groffes dents. Did ij Tête fans vol, reprefentée ayant la gueule ouverte. Autre tête [ans col, plus ouverte, @ prefentant dillintfement toutes fès parties internes qui s’y peuvent reprefenter , & qui fe pourront ai[é- ment comprendre , en lifant les endroits où j'en ai parlé, Le crâne entier d'une Vipere. La partie inferieure de ce cräne féparée. Les glandes falivaires conglomerées, reprefentées avec leurs vaiffeaux limphatiques, un peu plus groffès que les naturelles, pour Les faire mieux comprendre, @ autant bien que leur petite[fe le permet. Les mêmes glandes fulivaires , les deux yeux, avec leurs nerfs-optiques , les cinq corps du cerveau, € celui de la moëlle fpinale, adherans enfem- ble, fèparés ducräne, @ reprefentés par la face de deffus. L, Les mêmes corps joints enfèm- ble, reprefèntés par la face du deffous. Diverfès groffes dents, les unes [èules, les autres dans leur vellie, les autres accompagnées de dents d'attente, qui leur font plantées au-def- ons dans la même vefie. N. Machoire fupe- rieure articulée à un petit 05, qui de fon autre bout eff articulé à la racine de la groffe dent. Machoire inferieure , compofée de deux os, & ar- ticulée à l'os inferieur de la clavicule ployée er coude, qui dépend de la partie laterale poffe- rieure du crâne. V. Le poumon avec fa tra- chée artere hors du corps, Q. Lecæur dans Jon pericarde. KR. Le foye feparé en deux lobes par laveine-cave. S. La veficule du fel, avec le vaiffeau qui porte fon [uc dans l'inteffin. Le pancreas, que quelques-uns prennent pour ratte, V, Les inteflins. VIS are PL. 61. pag. 212. l'pere 24 four H£parne PL 6: pag. 212 ; ILE parte Planche 62,pag.212 . Le Ph Pit. 213 LE ._ es (D 19 ol) oh OM OS CAS CVS SOUS OS MS CPS OS CIE) CES CMS PSE AD CAD ER CH CRS CHA CSC CHA TCH ASC UISCER DESCRIPTION | ANATOMIQUE DEPL A VIP E RE. REMARQUES GENERALES SUR CET ANIMAL. CHAPITRE PREMIER. Vipere, fe font fondés, quand ils ont dit, que dans le coït le mâle introduifoit fa cête dans la geule de la femelle, & qu'il y verfoit fa femence ,qui tomboit de- là dans fa matrice, où elle formoit premicrement des œufs, & enfuite des Vipereaux; que la femelle fe fen- tant chatouillée par cette émiflion de femence, coupoir avec les dents la tête de fon mâle & le faifoit mourir; & que les Vipereaux étans prêts à naître, petçoient la matrice & les Aancs de leur mere, pour fe faire paflage; de forte qu’en fui donnant la mort ils vengeoient en quelque forte celle de leur pere. J'avouë que cette Hiftoire, ou pour mieux dire cette Fable, n'étant appuyée, ni fur la raifon, ni fur l'expe- rience, je ne puis être de leur fentiment : car je foûtiens que la Vipere, qui eft une efpece de Serpent qui rampe, _eft bien engendrée par la copulation du mâle avec la fe- melle, mais que cela fe fait par le moyen des parties naturelles , deftinées à la generation , dont nous ferons la defcription en leur lieu, & que cet animal a communes Ddii} J° ne fçai fur quoi les Anciens, qui ont écrit de la 214 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE avec tous les autres, & en plus grand nombre même que la plüpart. La Vipere eft differente des autres Serpens, non-feu- lement en ce qu’elle rampe plus lentement, & qu’elle ne bondit & ne faute jamais ; mais principalement en ce que fes petits reçoivent leur entiere perfection dans fa ma- trice, & qu'ils en fortent vivansen la maniere ordinaire; au-lieu que les femelles des autres Serpens font des œufs, qu’elles couvent & font éclorre, ou au Soleil, ou dans leur retraite. La Vipere paffe dans l’efprit de plufeurs perfonnes pour une image de malice & de cruauté ; mais en effet elle n’eft rien inmoins que cela, fi on ne lui fait du mal, & fionnel'irrite; car en ce cas-là, elle devient furieu- fe, & fait des morfures fort perçantes, mais elle n’atta- que jamais, niles hommes, n1 les bêtes, fi on ne lui en donne fujet : & s’ilarrive par fois qu’elle morde quelque perfonne endormie à la campagne , il faut neceflaire- ment que cette perfonne l'ait foulée & preflée fans y pen- fer, car fans cela elle ne l’auroit jamais morduë. On peut dire que ce fut par-là que réüflit le ftratagème d'Annibal, lorfqu'il fit jetter une quantité de pots de terre remplis de Viperes dans les Navires du Roi de Per- game fon ennemi; parce que d’un côté les pots en fe caffant, blefferent & irriterent les Viperes, & les exci- terent à mordre ce qui étoit à la portée de leurs dents ; & de l’autre, la vûë de ces Animaux épars & rampans çà & là dans les vaiffeaux, effraya les Soldats , & les mit en defordre & hors d'état decombattre. La Viperenéanmoins attaque & tuë les animaux qu’elle veut dévorer pour fa nourriture, comme les Canthari- des, les Scorpions , les Grenoüilles, les Souris , les Tau- pes, les Lezards, & d’autres femblables, qu’elle avalle tous entiers , après les avoir tués avec fes groffes dents: o elle met les plus petits dans fon eftomach, & fourre les DE LA VIPERE. 215 _ plus gros, en partie dans fon eftomach, & en partie dans {on œfophage. A peine fe peut-il faire aucune digeftion parfaite dans leftomach des Viperes, tant parce que la chaleur n’yeft pas bienunic, à caufe de la grande ouverture qu'il y a à l'embouchure où aboutit l’œfophage, que parce qu’el- les n'ont pas affés d’humidité pour ayder à la fermen- tation & à la cuiflon des alimens. Cela n'empêche pour- tant pas, que le fuc & la plus fubrile partie des animaux qu'elle à avalés, ne foient portés à toutes les parties de fon corps pour les nourrir : ce qui ne fe fait que dans l’ef. pace de plufieurs jours , pendant lefquels les excremens & les fuperfluités de la nourriture font envoyez aux in- ceftins, dont les parties les plus groffes font rejettés par la gueule. Nous avons remarqué cela depuis peu en une grande … partie du corps d’un Lezard, qu'une Vipere a vomi douze jours après avoir été prife ; où nous avons vü, qu’à la tête & aux jambes de devant, & à la partie du corps qui les touchoit, & qui avoit pû être placée commodement dans l'eftomach de la Vipere, il ne reftoit guere que les os; mais qu’une bonne partie du tronc, avec les jambes de derriere, & toute la queuë, étoient prefque en même état, que fila Vipereles eut avalées ce jour-là, comme .onle verra dans la figure que j'en ai fait graver : mais on fur furpris, entre autres chofes , de voir que les parties qui n’avoient pü entrer dans l'eftomach, & qui avoient refté dans l’œfophage, fe fuffent confervées fi long-rems fans fouffrir aucune alteration en la peau ; bien que cel- les du deffous euffent de la lividité, qui éroiten apparence un effet du venin de la morfure. Les Viperes peuvent vivre plufeurs mois fans aucune nourriture, 8 ne mangent plus dès qu’on les a prifes, ne fe nourriffans que de l'air qu'eHes refpirent. Er quoi qu’el- fes foienc aflés avides de Lezards, lorfqw’elles font en 216 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE ; liberté, j'ay éprouvé néanmoins que jettant des Lezards vivans, dans le baril où je tenois un bon nombre de Vi- _peresenvie, & les y laiffant des jours & des nuits, les Viperes ne faifoient aucun mal aux Lezards. La fubftance de la Vipere eft vifqueufe & compaéte, & ne fe diflipe que fort tard & avec peine : leur peauécail- leufe, qui les défend des injures de l'air, fait que lesef- prits s’uniffent fi fortement avec le corps, qu'il eft très- difficile qu'ils abandonnent; & l’on voit qu’ils demeu- rent encore plufieurs heures dans la tête & dans toutes les parties du tronc, après qu'il a été écorché, vuidé de tou- tes fes entrailles, & coupé en plufieurs morceaux :ce qui fait que le mouvement & le fléchiflement y continuent fort long-tems ; que la tête eft en état de mordre, & que fa morfure eft aufli dangereufe , que lorfque la Vipere étoit tout entiere; & que le cœur même, quand il eft ar- rache du corps, & feparé des autres entrailles, conferve fon battement pendant quelques heures : d’où l’on peut conclure, que la Vipere qui eft compofce de parties fi fortement unies enfemble, & en qui fe rencontrent des efprits fi parfaits, peut bien faire part aux hommes de ce qu’elle a de plusachevé, & en une fi grande abondance: c’eft pourquoi il ne faut pas s'étonner fi les remedes que nous tirons de fon corps font d’une vertu tont-à-fait ex- traordinaire. La Vipere ne rend pas beaucoup d’excremens, & mé- meils ne font pas puans, au-lieu que ceux des Couleuvres le font beaucoup & ont une puanteur d'urine gardée & corrompué ; nous n'avons aufli jamais remarqué aucune mauvaife odeur en ouvrant les vaiffeaux, dans lefquels nous avons accoûtumé de tenir les Viperes en vie, à moins qu'il y eut quelque Vipere morte & corrompuë. En mon particulier je n’ai jamais reçû d’incommodité du mauvais air que l’on pretend fortir quand on ouvre ces vaiffeaux-là. Les Viperes ne font point de trou dans la terre pour s’y cacher, DELA VIPERE. 217 cacher, comme font des autres Serpens, mais elles fe ca- chent d'ordinaire fous des pierres ou fous de vieilles ma- fures , où l’on les trouve affés fouvententaflées & entortil- Kes en grand nombre : quand il fait beau, elles fe cachent auffi fous des buiflons & fous des herbes touffués. Elles s’accouplent d'ordinaire deux fois l'année : elles commencent au mois de Mars , & portent quatre ou cinq mois leurs Vipereaux , lefquels étans parvenus à leur per- fection , fortentles uns après les autres par l’ouverture of- dinaire de la matrice, & en aflés grand nombre, c'eft-à- dire jufqu'à vingt & vingt-cinq: ils entraînent avec eux, en fortant , une petite envelope, qui dépend de leur nom- bril, & qui eftcomme leur arriere faix , que la mere fe- pare peu-à-peu avec fa langue, à mefure qu’ils fonc nés. Les Viperes quittent une peau tous les Printemps, & même par fois en Automne; ce qui fait que l’ona crû avec raifon, qu’elles poffedent une vertu qui eft propre à renouveller, & à conferver les forces de ceux qui s’en fervent pour prefervatif ou pour remede, | CFDCAO CAD AD CAO AO CAD A BCAD CAD: CAD CAD. CAD CAD CAD TAD AD CAD AO AD A DAT AD CAD AD DESCRIPTION DE LA VIPERE. Des Parties qui fe prefentent les premieres. CHAPITRE IL De fa forme on de Ja figure exterieure. SECTION PREMIERE, f ES Viperes mâles & femelles que nous avons en France, ayant pris leur croiffance, font par le mi- lieu du corps de la groffeur d’un bon pouce; mais celui des femelles eft. plus gros, lorfque leurs Vipercaux {ont Rec. de l’Ac, Tom.Ill. 11. Partie, ÊSs 218 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE prêts à voir le jour. Elles ont d'ordinaire deux bons pieds de long :il s’en trouve même qui ont quelque chofe de plus. Leurtête, qui eft platte, a comme un rebord à l’en- tour des extrémités de fa partie fuperieure , &elle differe en cela des Couleuvres, qui ont tout ce tour emouflé & rabattu , & la tête plus pointuë & plus étroite, à pro- portion deleur corps. La tête de la Vipere a en tout un pouce de long, & vers fon fommet elle eft de fept à huic lignes de large, puis diminuant peu à peu , fa largeur n’eft plus que de quatre ou cinq lignes à l'endroit des yeux,& de deux lignes feulemenc vers le bout du mufeau. Elle a deux lignes & demie de hauteur ou d’épaiffeur. Son col confi- deré dans fon commencement , eft environ dela grofleur du petit doigt : celui des mâles eft d'ordinaire tant foit peu plus gros que n'eft celui des femelles : il s’en trouve néan- moins quelques-unes, qui étans pleines paroiffent avoir le col plus gros même quen'eft celui des mâles : la queuë de ceux-ci eft coujours plus longue & plus groffe que celle des femelles, à caufe qu'elle contient les deux membres qui fervent à la génération: & que dans leur entre-deux il y a auffi deux petites veflie longuettes,qui leur fervent de refervoir de femence & qui augmentent la groffeur de leur queuë. Elle a environ quatretravers dedoigtde long, mais celle des femelles n’en a guere quetrois.Le haut de la queuë des mâles eft dans fon commencement affés conforme en groffeur à leur col , & finiten pointe de même que la queuë des femelles. Ni l'une ni l’autre ne piquent, & elles n’ont auffi aucun venin. De la Peau de la Vipere. SEcTIiON II. N ne voit point de Vipere qui n’ait la peau marque- tées. Mais le fond de la couleur y eft affés different; - DE LA VIPERE. 219 * car ileft tantôtblanchätre, tantôt rougeâtre, tantôt gris, tantôt jaune , & tantôc tanné. Ce fond eft toujours femé de taches noires, ou du moins beaucoup plus obfcures que le refte; elles paroiflent comme des chiffres ou des carac- teres differens., arrangés par des efpaces aflés égaux & re- latifs les uns aux autres, furtout deflus &: aux côtés du corps : ily en a aufñl fur la tête, & entre les autres , deux en forme de cornes , qui prennent leur naïflance entre les deux yeux, & qui s'ouvrent & s'étendent vers les deux côtés du fommet de la tête, & qui parfois ont chacune quatre ou cinq lignes delong & une demi-ligne de large. A loppolite du milieu de ces deux cornes, fe prefenteune tache de la grandeur d’une petite lentille , ayant la figure d’un fer de pique ; c’eft celle-là qui eft comme la premiere & la principale de toutes ces taches, & qui femble les guider tout du long delépine du dos. La peau eft entierement couverte d’écaille, dont les plus grandes, les plus fortes, & les plus confiderables, font celles du deffous de tout le corps, &: quelques-unes fous une partie de la tête : leur grandeur & leur force leur cft neceflaire , parce qu’elles fortifient la Vipere dans l’en- droit le plus foible, & le moins capable de deffenfes; & d’ailleurs elles la foutiennent & lui fervent comme de pieds pour rampet & pour porter fon corps deçà & del. * Ces grandes écailles font toujours de couleur d’acier d’un bout à l’autre , & different de celles des Couleuvres, qui font d'ordinaire marquetées de couleur jaune :elles s’ou- vrent & s’accrochent lorfqu’elle veut reculer ou s’arréter, L’extrémité de ces grandes écailles eft comme coufué au bas d’autres petites écailles qui couvrent cout le corps. Celles du deffous de la tête s'écendent.en largeur vers les deux machoïires ; elles font plus petites. plus étroites & plus molles, que celles du deffous du ventre , & aboutif- fent à d’autres petites écailles qui: achevent de couvrir tout le deffous de la tête, & qui commençant leursrangs Ecij ‘ 220 DESCRIPTION ANATOMIQUE vers les bouts du devant, les continuent aux côtés de cel- les-là jufques vers le fond des machoires. Depuis le commencement du col jufqu’au commen cement de la queué , il y a autant de grandes écailles qu’il y 2 de vertebres ; & comme chaque vertebre à de chaque côté une côte, chaqueccaille rencontre par fes deux bouts la pointe de toutes les deux, & leur fer comme de dé= fenfc & de foûtien :elle aboutit aufli dé chaque côté à la fin d’un rang des petites écailles , dont tout le refte du corps eft couvert, & il femble qu’elle y foit placée pour les recevoir. Ces petites écailles fonc merveilleufement bien arrangées ; on les voir couchées les unes fur les autres, & elles reprefentent chacune comme un demi- rond vers leur extrémité ; leurs rangs paroiffent tou- jours en biais, tant en les regardant du côté droit au côté gauche, que du côté gauche au côté droit, à peu près comme les rangs des petites ardoifes, qui font tail- lées en demi-rond , & qu’on voit fur les toits en quelques endroits. Ces écailles font plus ou moins grandes felon que la partie du corps qu’elles couvrent , fe trouve plus ou moins grande ; la fymmetrie y eft toujours fort jufte & fortégale, & fe rapporte aux grandes écailles , qui su: niffent à leurs rangs par le bas. On remarque aufli au- deffus de ces écailles, & tout le long du dos, plufieurs lignes déliées & diftinétes, qui vont de droit fil depuis le derriere de la tête jufqu’au bout de la queué. Les écailles qui fonc au-deffous de la queuë depuis fon commencement jufqu’à fa fin font divifées, & néanmoins elles paroiffent unies & arrangées dans le milieu parun compartiment fort regulier & fort agréable ; & leur gran- deur va en diminuant de même que la queuë. | La peau de la rêce'eft aufli couverte de petites écailles & eft retrouflée fur le bout du mufeau , & même enfuite tout autour jufques vers les yeux , en forme de groüin de Cochon. | DEAAIV PMERAIMN RU 33 On ne remarque que fix ouvertures dans la peau delaVi- pere : la plus grande eft celle de la gueule; les autres font celles des deux narines, & celles-des deux yeux ; la der- niere éft celle qui eft au i bas du ventre , joignant le com mencement de la queué, qui enclôt non-feulement le trou de l'inteftin deftiné pour vuider les excrémens , mais auffi ceux des parties de la génération tant des mâles que des femelles. Cetreouverture eft bouchée par la dernie- re des grandes écailles, qui eft avancéeen fofme de demi- rond, & qui s'ouvre en s’abaiffant au tems du coït, de même que lorfqué les Vipereaux naiffent, comme aufli lorfque les Viperes vuident leurs excrémens. La gueule s'ouvre & fe ferme au gré de l’animal, les narines de: meurent toujours ouvertes, & les yeux ont des paupieres. pour les couvrir au befoin. In ÿ a point d’ ouverture dans la peau pour donner le paflage à loüye; la nacure ern- ploye à cela les ouvertures des narines. Les Viperes quittent d'ordinaire deux fois l’année certe peau écailleufe , fous laquelle elles fe trouvent revéruëés d’une autre, qui eft coute formée, & qui paroît d’abord bien plus belle &c d’une couleur beaucoup plus éclatante: que celle qu'ils ont quittée. 11 sen forme encore infen- fiblement une nouvelle, qui fe prepare auffi pour fervie à fon tour lorfque celle qui la couvre fe feparera: enforte que la Vipére à en tout tems une double peaus & tou- tes ces peaux, quôique garnies d’écailles , font néänmoins: tranfparentes quand'on les regarde à travers le jour. Cette defcription exterieure pourroit bien fuffire à ceux qui ne défiréront que de fçavoir difcerner les Vi- peres d'avec les autres Sérpens; mais la Defcription Ana- tomiqué de toutes les parties qui fonc fous la peau feræ beaucoup plus fatisfaifante & plus neceffaire pour les per- fonnes qui voudront fçavoir au vrai tout le bien &ctout le mal que la Vipere contient: Ec ii 322 DESCRIPTION ANATOMIQUE ES EEE CAES CDEIENS EMI AH EE EEE CEE D'ESSPARETULE SD) EE À ES LR de la Vipere. GHAPETR E ‘HI I, Du Mufèan @g) des Narines. SECTION PREMIERE, FE commençant par le bout de la tête , on remarque le mufeau & les narines: le premier eft compofé d’un os en partie cartilagineux , garni aux environs de quel- ques bouts de mufcles qui viennent de plus loin , qui font auffi accompagnés de quelques petites veines & de quel- ques petites arteres. Cet os eftencore couvert dela peau écailleufe, retrouflée, comme nous avons dit, dans fes extrémités. Il ya deux conduits dans fes deux côtés qui forment les narines, lefquelles ont chacune une ouver- cure petite & ronde à droit & à gauche fur le devant, & leur nerf propre, qui vient depuis la parcieanterieure du cerveau jufqu’à leur orifice, & qui leur communique l'o- dorat. Les mêmes conduits fervent aufli à recevoir deux petits nerfs, qui fortent chacun de la partie laterale du crâne , pour porter aux narines la faculté de l'oüye. Cet o$ cartilagineux à tout autour divers angles, & eft arti, culé par de forts ligamens au-dedans & autour de la par- tie creufe & anterieure du crâne, ce qui n'empêche pas; qu'il ne foit un peu flexible dans cette articulation, DE LA ViPERE. 223 Du Crâne. SEctrron Il. - 2 & reprefente une forme de cœur lorfqu'on en fe- parc l’os du mufeau. Ila deux pointes avancées qui em- braffent en partie cet os-là. Il cft entouré en fa partie fuperieure , d’un petit bord avancé en forme de cornis che ; il eft échancré aux deux côtés où font fitués les yeux, & y forme leurs orbites, dont la partie pofte- rieure cft étenduë en pointe, qui répond à celle de de- vant : cout le Crâne en tontes fes parties eft d’une fub- ftance fort compaéte & fort dure. Il y trois futures prin- cipales dans fa partie fuperieure, l'une qu’on peut nom- mer fagictale, qui divife de long en long la partie du deffus des deux yeux; l’autre, qui fe peut nommer co- ronale, qui divife le Crâne en travers derriere lés deux ofbires , & la troifiéme qui le fépare encore en travers près du commencement de l’épine. Dans la fuperficie de la partie fuperieure du Crâne on remarque la forme dan cœur bien reprefenté, fitué dans fon milieu, qui a fa bafe près de la future que j'ai nommé coronale, & qui porte fa pointe vers la partie polterieure du Crâne, qui cft féparé par la troifiéme future. Il y a aufli uneau- tre grande future tout autour des parties laterales infe- rieures du Crâne, par laquelle il fe peut divifer en deux corps, l’un fuperieur 82 l’autre inferieur : ce dernier eft fair en forme de dos renverfé , allant de long en long, ereufé audedans , & reprefentant la forme d'un foc, qui a comme desaîlerons à fes côtés , & dont la pointe avance au-deffous de l’entre-deux des yeux. Sa partie pofterieure defcend jufqu’au fond du palais, où elle à dans fon déffous I E Crâne fe trouve creufé dans fa partie anterieure ; 324 DESCRIPTION ANATOMIQUE une pointe defcendant en forme de monticule renverfé, Toutes les futures du Crâne fonc fi bien unies dans leur jonétion & fi fortement annexées, qu'il eft fort difficile deles diftinguer, & encore plus d’en fépares les parties fans les cafler, à moins que de faire bouillir le Crâne dans quelque liqueur. Du Cerveau. SEcTionN Ill. A fubftance du Cerveau de la Vipere eft divifée en cinq corps principaux ; dont les deux premiers font ronds & longuets, chacunde la grandeur & de la forme d'un grain de femence de Cichorée. Ils font fitués de long en long entre les deux yeux; & c’eft de ces corps que partent les nerfs de l’odorar. Les trois autres font dans la partie moyenne du Crâne, &c au-deffous de cette forme de cœur dont nous avons parlé : chacun de ces corps appro- che la groffeur d’un grain de femence deilium folis, & reprefente à peu près la forme d’une poire, dontla pointe eft tournée vers la partie anterieure de la tête: deux de ces corps font fitués en la partie fuperieure de long en long, & à côté l’un de l’autre, le troifiéme qui eft tant foit peu plus petit, eft fitué fous le milieu des deux, & peut être nommé le cervelet ou le petit cerveau. La moëlle fpinale femble être un même corps avec ce dernier, quoiqu’elle ait fa place féparée dans la partie pofterieure du Crâne: elle eft d'une fubftance un peu plus blanche & un peu plus molle que les corps dont nous ve- nons de parler, & de la groffeur d’un petit grain de fro- ment : elle produit un corps de la même fubftance qui s’é- tend en long, & paflant en droite ligne au travers de tou- tes les vertebres de l'épine du dos, vient aboutir à l'extrémité DE LA VIPERE, 225 l'extrémité de la queuë. Les corps du cerveaude la Vipere fontcouverts d’une tunique affés épaifle , & qui leur eft affés adherante, qu’on peut nommer dure-mere : elle eff . de couleur noire , d’où eft arrivé que quelques Autheurs qui n’avoient pas pris la peine de regarder fous la tuni- que, ont dit que le cerveau de la Vipere étoit de couleur noire. Deflous cette dure-mere , chaque corps du cerveau, feparément, a encore une petite membrane qui l’enve- loppe, qu'on peut nommer pic-mere, On remarque de pe- its interftices entre cescorps, & même dans le corps de la moëlle fpinale , qui pourroient paffer pour des ventri- cules : &je ne doute pas que fi le fujec étoit un peu plus gros, on n y peut remarquer la plüpart des parties confi- derables qui fe voyent dans les Animaux plus grands. Des Teux, g) de leurs parties principales , æ) de celles qui fervent à l'oùye. SEcTionN IV. ES Yeux de la Vipere font fort vifs, & leur regard Li fort fixe 8& fort hardi: ils ont leurs nerfs, leurs mufcles, leurs veines, leurs arteres, leur prunelle, leur cryftallin, leur vuée, "leur cornée, leurs paupieres, & leurs autres parties affés conformes à celles des yeux “des autres Animaux. Les nerfs les plus confiderables font les optiques, qui partant du derriere des deux yeux, fe vien- nent rencontrer , & fe joignent lateralement au commen- cement du cervelet, & y forment comme un X. &s’en- trouvant après cette jontion,, ils entourent ce petit corps par fes côtés, & fe rendent au commencement de la moëlle fpinale qui les reçoit : la petitefle de toutes les au- tres parties rendant leur examen difficile; & d’ailleurs ne s’y pouvant trouver riende bien particulier, je penfe que Rec. de l'Ac. Tom. III. II. Partie. 226 DESCRIPTION ANATOMIQUE comme il feroit fort mal-aife d’en faire la recherche, il feroit auffi fort inutile d’en faire une defcription plus ample. Les deux corps fuperieurs du cerveau envoyent chacun de leur partie laterale anterieure un petit nerf, qui per- çant le crâne, coule le long de fa partie temporale, oùil fe joint aux glandes falivaires, dont nous parlerons, & les fuivant , il paffe au-deffous de l’œil , où 1l fe divife en deux branches, dont la principale s’infere dans l'os & dans le conduit des narines pour y porter la faculté de l’oüye , & la moindre defcendant vers les dents canines, elle y finit après s'être divifée en plufieurs rameaux. Des Os de la Tête, qui font articulés au Crâne. SECTION V. Chaque côté fuperieur du milieu de ce cœur, que l’on voit au-deflus du crâne, il y a un petit os plat qui a environ une ligne & demie de long , qui lui eft forte- ment articulé , lequel fuivant & adherant au même côté du crâne jufqu’à fa partie pofterieure ,vient s’articuler de nouveau à un autre os plat plus long & plus fort, & y forme comme un coude: ce dernier os defcend en bas, & vient s’articuler fortement au boutinterne de la machoire inferieure ; au milieu de laquelle articulation la machoire fuperieure vient aboutir & s’y articule, mais non pasfi fortement , parce qu’elle a d’autres articulations dont l’in- ferieureeft dépourvûë. Ces os, qui font comme des clavi- cules, fervent, & de foûtien aux machoires , & a les ou- vrir & reflerrer, & ils y font aidés par les nerfs & par les mufcles dont la nature les a pourvüs. Il y a auffi à chaque bout avancé de l'orbite un petit os plat, ayantenviron deux lignes & demie delong, qui eft DE LA VIiPERE, 227 forteméntarticulé, & conjointement avec Ja racine dela dent canine , lequel par fon autre bout eft auñli fortement articulé au milieu de la machoire fuperieure, tanr pour la foutenir que pour la faire avancer enfemble avec la groffe dent lorfqu'’elle fe releve pour mordre. La machoire fupe- rieure eft divifée en deux fur le devant, & eft féparée par l'os cartilagineux du mufeau, où fes deux bouts fontarti- culés de chaque côté. Ces deux machoires font beaucoup plus internes que celles de deflous; & les groffes dents font fituées hors deleur rang, & à leur côté, en tendant en dehors, & leur fervent comme de deffenfe:elles fonc compofées chacune d’un feul os, qui a environ dix lignes de long. La machoire de deffous eft auf divifée en deux :ces machoires font annexées pardevant l’une à l’autre, par un mufcle qui les ouvre ou les refferre au gréde l'animal, & n’oncautre articulation que celle que nous avons dit de leur bout interne avec la clavicule qui defcend du crä- ne , & avec le bout interne des machoires fuperieures. Chacune de ces machoires eft compofée de deux os, ar- ciculés enfemble vers le milieu de la machoire; celui du de- vantembraffe deffus & deflous celui du derriere, & fe peut ployer en dehors en cet endroit lorfque la Vipere veut mordre, &ilefttant foit peurecourbéen dedans vers fon extremité; c'eft fur cet os feul que les dents de deflous {ont fichées. Des Dents. SEcTiIioN VI. ES opinions des Anciens ont été fort differentes touchant le nombre des groffes dents des Viperes, &c la plüpart onrwoulu-que la femelle fu, 1ffàt SE cela le Ffij 228 DESCRIPTION ANATOMIQUE mâle , & que la pluralité des groffes dents fût une des mar ques principales par où on la devoitdiftinguer d’avec lui. J'ai été foigneux de m'éclaircir là-deflus, & me fuis atta- ché à fouiller avec beaucoup de patience les gencives d’une infinité de Viperes ; mais tout bien examiné, je n’ai trouvé aucune veritable difference d’un fexe à l’autre, & tantôt plus, tantôt moins de dents à lun & àl’autre; j'ai bien rencontré par hazard en chaque côté deux groffes dents fixes fituées près à près & à côté lune de l'autre, auffi bien aux mâles qu'aux femelles, mais en la plüpart de l’un & de l'autre fexe, je n’en ai trouvé qu’une fixe de chaque côté, environnée jufques vers les deux tiers de fa hauteur d’une tunique ou veficule affés épaifle , remplie d’un fuc jaunâtre tranfparent, & mediocrement liquide, & dans cette veficule, au milieu de ce fuc, & fous la groffe & principale dent, un nombre different de dents mal plan tées, les unes plus longues que les autres, & toutes cro- chuës, dont j'ai cowptédifferemment depuis deux, jufqu’à cinq, fix & fept, d’un même côté fous une même dent, & dans une même veficule. Ces groffes dents font feulement enla partie fuperieure, & fituces à côté &hors des machoires de l'animal , où elles font comme des boulevards, elles ont environ deux li- gnes delong, & fontcrochuës, blanches ,creufes, & dia. phanes par tout , jufques près de leur pointe, qui eft très- fubtile & très-perçante. Elles ont plufeurs petits creux vers leur racine, dans lefquels les autres dents font plan- tées. Ces dents demeurent d’ordinaire couchées le long de la machoire, & leur pointe ne paroït qu’au moment que la Vipere veut mordre; car alors elle les redreffe & les avance conjointemént avec la machoire fupcrieure tirée par l'os, qui d’un bout eft articulé dans fon milieu, & de l’autre à la racine de la groffe dent. Le fuc jaune contenu dans la veficule fert non-feulement à humeéter les liga- mens , & à les rendre propres aufléchiffement des dents, DELA VAE Ra 0 2 4 229 ‘mais à les nourrir , & à faire croître celles qui y fontcom- me dans une pepiniere, & s’il fautainfidire ,comme dents d'attente, pour fervir en la place des principales , foit qu’elles manquent par effort, foit qu’elles tombent d’elies- mêmes. Toutes les machoiresde deffus & de deffous font munies de dents crochuës, creufes, diaphanes & fubtiles, de mé- me que les groffes dents canines , mais elles font beaucoup plus petites. Leur nombre eft affes incertain, foit que la nature en forme tantôt plus, tantôt moins, foit que leur fubrilité les rende caffantes. Il n’y a gucre de difference pour le nombre de celles de deflus à celles de deffous; iËy a d'ordinaire huit dents à chaque machoire, maisj'enai trouvé par fois neuf, dix, & même onze à chacune. Les plus avancées fonttant foit peu plus grandes que les plus profondes ; & même comme celles de deffous répondent en fituation aux dents canines qui font au-deflus d'elles, elles ont fur le bout de chaque côté une dent un peu plus groffe que toutes celles des autres machoires, & une au- tre plus petite à côté au bout de la partie recourbé en dedans. H y à une grande difference des dents & des machoi- res des Viperes, d'avec celles des Couleuvres; car celles- ei n’ont point de dents canines ; & quoi que leurs machoi- res foient toutes divifées en leur partie anterieure de mé- me qu'aux Viperes, elles les furpaffent néanmoins en nombre de machoires, & en nombre de dents: carelles ont quatre machoires fuperieures, & deux inferieures: deux des fuperieures font fituées tout le long & près du bord de 12 lévre, & fervent comme de deffenfes aux deux autres machoires, qui font fituées au mêémeendroit que celles des Viperes : jai outre cela compté treize dents à chaque machoire extérieure du deflus, & autant àcha- cune des inférieures , & vingt à chaque machoire fuperieure interne ; enforte que j'en ai compté jufqu’à - Ffi 239 DESCRIPTION ANATOMIQUE quatre-vingts & douze en une feule Couleuvre, & toutes ces dents font crochuës, fubriles, creufes, blanches, & diaphanes, de même que celles des Viperes. Des Nerfs ,des Veines , des Arteres , g) des Muftles de la Tére en général. SIE CTI ON UV IT: ES nerfs principaux de la tête de la Vipere, font, en premierlieu, ceux dont nous avons parlé, fça- voir ceux de l’odorat, ceux des yeux , & ceux del'oüye, il y aoutre cela ceux du goût , celui qu’on peut appeller la fixiéme paire errante, qui fe diftribuë après dans toutes les parties vitales & naturelles, & ceux qui fortans dela moëlle fpinale font portés par toute l'habitude du corps. 11 y aaufñfi plufieuts nerfs qui partent de la partie infe- ricure du cerveau, & qui paflent au travers du crâne, mais à caufe de leur délicateffe, il eft très-difficile de les fuivre jufqu’à leur infertion. Il y a encore un nerf confiderable qui fort du crâne derriere celui de l’oüye, qui laiffe dans l’entre-deux une petite apophyfe au crâne, & qui defcendant le long dela clavicule, fait fon cours fur la machoire inferieure, & s’infere dans fon milieu, puis il pourfuit au dedans jufqu’à fon extrémité, & fe diftribuë dans toutes les dents qui y font fichées. La cête a aufhi fes veines & fes arteres, qui venantdu foye & du cœur s’y diftribuent enune infinité de rameaux, dont toutes fes parties font arrofces. Elle eft aufli garnie de plufieurs mufcles aux côtés & au-deflous du crâne, & aux environs des clavicules & des machoires fupe- rieures & inferieures, qui fervent non-feulement àrem- plir les creux du crâne, & à couvrir les os qui y font sa dat . DE LA VIPERE, 231 articulés , mais à donner le mouvement à toutes les par- ties qui en ont befoin : à quoi aufli les nerfs contribuent de leur part. «Des Glandes Salivaires de la Vipere. SEcTIoN VIII. Orrniondes Anciens, que le fiege du venin de la Vipere étoit au fiel, & que de-là il montoit aux gencives par des vaiffeaux aflés mal imaginés, me fem- bloit tropéloignée de toute apparence pour la fuivre: j'ai donc crû que cela mericoit bien une recherche toute par- ticuliere , & qu’il étoir important d’en découvrir la verité. … D'ailleurs les obfervations curieufes faites fur ce fujet par Monfieur Redi Gentilhomme Florentin, dont le merite eft connu & eftimé de tous les Sçavants, me fembloient, comme ätous ceux quiles ont vüës &examinées, non- feulement raifonnables & poflibles, mais j'étois tout-à- fait perfuadé de la candeur & de la fufifance de cet hom- me illuftre, Sur fon rapport, je n’ai point du tout ap- prehendé de goûter plufeurs fois du fel de la Vipere, de même que du fuc jaune contenu dans les veficules des gen- cives ; & J'aitrouvé en l’un & en l’autre la verité de tout ce qu'ily a remarqué, fçavoir une grande amertume , & une grande acrimonie au fiel; & un goût de falive affés fade & affés approchant du goût de l'huile d'amandes dou- ces au fuc jaune des gencives. Ces grandes differences de qualités en l’un & en l’autre m'ont fait croire qu'il yavoit une grande diverfité en leur matiere, de même qu’en leur origine ; & j'aicrü d’abord, à limitation de Monfieur Redi, qu’il y pouvoit avoir en la Vipere des vaiffeaux falivaires, comme on en a trouvé depuis quelque cems en l’homme, & en plufeurs animaux: 232 DESCRIPTION ANATOMIQUE de forte qu'après plufieurs recherches faires avec affés d'at- tachement & de patience dans plufieurs têtes de Viperes J'ai enfin découvert des glandes propres à former & àen- voyer ce fuc aux gencives : & après en être bien perfuadé, je lesai montrées à quelques-uns de ces fçavans Medecins; qui s’étoient affemblés chés - moi l’année derniere. Ces Mefieurs ont voulu s’en éclaircir eux-mêmes; & après avoir bien examiné les parties que je leur montrois, ils les ont non-feulement trouvées véritables , mais ils y ont encore vü de petits vaifleaux en plus grand’ nombre qu’ils ne m'avoient paru, dont les uns, qui fontdes arteres & des veines, paflent au-deffus des glandes, & lesautres, qui font des vaiffeaux limphatiques , coulent au-deflous. De forte qu’ils ont jugé que je pouvois hardiment pofer pour certaines, & décrire ces glandes, que je nomme Salivaires , & qu ‘ils ont reconnuës avec moi ; ; bien que Monfieur Redi n'eût ofé en parler affirmativement, parce qu'il ne les avoit pas découvertes, & qu’elles n’ayent été décrites par aucun Autheur de leur connoiffance , ni de la mienne. Ces glandes fe trouvent dans toutes les têtes de Vipere, tant des mâles que des femelles ; elles font fituées aux deux côtés, & joignant le crâneen la partie pofterieure de chaque orbite, & en la même hauteur que l'œil. Il y en a plufieurs petites jointes enfemble, qu'on peut appeller des glandes conglomerées, qui font fort aifées à diftin- guer par leur forme & par leur couleur , laquelle eft dif. ferente des mufcles qui leur font voifins, & dont mêmeil y en a un qu’on peut nommer temporal, qui les couvreen partie de fon bout. Ce tas de glandes paroît là de la grof- feur de l'œil qui lui eft voifin , & s'étendant en longueur il continuë fon progrés dans l'orbite ,au-deffous & en par- tie, derriere l'œil. Chaque glande a fon petit vaifleau limphatique , qui en part comme d’un petit mammelon, & qui fe vient débprgek dans un vaiffeau plus grand, qu coule CS DE LA VIPERE. 233 coule tout le long & au-deffous de ces glandes, & qui vient ferendre dans la veficule de la gencive, & aboutir au milieu de articulation, qu’à la racine de la grofle dent, avec le coin avancé de l'orbite & avec le petit ©s, qui de fon autre bout eft articulé au milieu de la machoire fupericure. Ce vaifleau principal, qui, confideré feul , eff fort petit en apparence, mais qui en effec n’eft pas ñ pe- cit, puifqu'il reçoicla décharge de tous les petits vaifleaux qui viennent dechaque glande, fe vuide dans la veficule des gencives , & y porte ce fuc faliveux, qui peut avoir des qualités approchantes de celles de la falive des hom- mes, ou dela bave de plufieurs animaux. Le nerf qui porte aux narines la faculté de l’oüye, coule pendane quelque efpace le long de cesglandes, qui font aufli accompagnées, comme J'ai déja dit, de petites vei- nes & de petites arteres. Or ayantbien confideré la fubftance , la qualise, & la fituation de ces glandes, nous avons jugé que ce n'étoit pas en vain qu’elles étoient formées ; mais que leur ufage, en apparence, étoit de recevoir les humiditez, tant du cerveau que des yeux, & des parties voifines, & que leur décharge évoit fort commode, & de plus , très-neceffaire aux parties qui reçoivent cette liqueur , tant pour humec- cer les ligamens des groffes dents, & pour les tenir en état defléchir lorfque la Vipere veut mordre , que pour arrofer & pour donner accroiflement aux dents que la nature a formées & _plantées au milieu de ce fuc. D'ailleurs en examinant & goûtant également les glan- des & le fuc, nous avonstrouvé un goût tout femblable à celui des gencives que Monfieur Redi a décrit; fçavoir, fort approchant du goût de l’huile d'amandes douces, fans aucune amertume » quoiqu 1l laiffe quelque tems après une petite acrimonic à la bouche, celle qu’on la ire difcerner en toute forte de falive. Quantaux petites glandes que Monfieur Redi a remar- Rec, de l'Ac, Tome III, 1, Partie. Gg 234 DESCRIPTION/ANATOMIQUE quées au fond des veficules quicontiennent ce fuc , je puis dire que je les ai cherchées avec une grande exaétitude, & que j'y aibien trouvé des apparences de glandes, mais que les ayant ouvertes, je n'y ai vü que de petites dents,qui y éroient enfermées, & qui font du nombre de celles que J'ainommées dents d’ attente , fans y avoir rien remarqué de glanduleux, ni qui approchär de la forme, de la fubftan- ce, ni des qualités des glandes que je viens ‘de décrire. La Vipere n’eft pas la feule entre les Serpens qui aitdes glandes falivaires ; car j'en ai aufli trouvé dans la tête des Couleuvres, lefquelles étoient entaffces en long, & fituées au-deffus & fort près de chaque machoire fupe- rieure externe , leur fervant de deffenfe, à peu près com- me lesdents canines à la Vipere. Ces confiderations > 2P- puyées d’ailleurs fur plufieursexperiences que nous avons faites , & que je rapporteray dans la fuite, m'ont porté à donner à ces glandes lenom de Salivaires, & à leur avtri- buer la veritable fourcede ce fuc jaune, contre lequelona rantdéclamé , qui aété fi mal connu, ,& qui n’eft qu'une pure & fort innocente falive. J'efpere que ceux quipren- dront la peine d'examiner foigneufement après moi ces glandes & ce fuc des gencives , ne me refuféront pasleurs fuffrages. - DES AUTRES OS DE LA VIPERE, €ÿ des Parties principales qui en dépendent. CHAPITRE IV. Ée grand nombre des os qui reftent au corps de la Vipere après ceux de la tête , ne confifte qu'en VEL tebres & en côtes. Les vertebres commencent à la partie pofterieure du crâne, à Jaquelle la premiere eft articulée; les autres font arrangées de fuite, fortement articulées F DELA VIPERE 235 l'une à l’autre , & continuent jufqu'à l'extrémité de la queuë. Chaque Vipere, tant mâle que femelle, a cent quarante-cinq Vertebres depuis la fin dela rêce jufqu’au commencement de la queué, & deux cens quatre-vingts dix côtes, qui eftle nombre double des vertebres , à cha- cune defquelles il y a deux côtes articulées, une de cha- que côté, qui font ployées & qui embraffent les parties vitales & les naturelles de la Vipere , & dont chaque pointe vient fe rendre à un des bouts de la grande écaille de deffous le ventre, qui eft propre à toutes les deux, en- force qu’il y a autant de grandes écailles fous le ventre, depuis la fin de la tête jufqu'au commencement de la queuë , qu’il y a de vertebres afforties de leurs deux côtes ; outre cela ilya vingt-cinq vertebres depuis le hauc de la queué jufqu’à fon extrémité; & ces vertebres n’ont plus de côtes, mais elles ont en leur place de petites apophy- fes, qui diminuent en grandeur , de même que les verte- bres , en tendant versle bout de la queué. Les vertebres ontune apophyfe épineufe en leur partie fuperieure qui va delong en long, & qui a près d’une ligne de haut; elles en ont au-deflous une autre pointué, qui eft courbée vers le côté de la queuë , & quieft de mé- me hauteur que la fuperieure : elles ont aufh des apophyfes tranfverfes aux deux côtés , aufquelles les côtes font arti- culées ; elles font creufes dans leur milieu, & reçoiventle corps de la moëlle qui part du derriere de la crête, qui fournit autant de paires de nerfs qu’il ya de vertebres, & qui continué jufqu’à l'extrémité de la queué. Il y a quatre grands mufcles bien forts & bien longs, qui prennent leur origine du derriere de la tête, & qui dé- cendent deux de chaque côté des apophyfes épineufes, lun joignant l’épine , & l’autre au côté & un peu au - deffous du premier , qu'il accompagne de long en long jufqu’au bout de la queuë. Il y a aufli deux grands mufcles de pareille longueur , qui font attachés à la partie Ggi] 236 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE interieure des vertebres & qui les accompagnent d'u bout à l’autre , de même que les fuperieurs. Nous remar-: quons aufli de chaque côté autant de mufcles intercoftaux. qu'il y a de vertebres , fervant au mêmeufage que ceux des autres Animaux , qui feparent les côtes depuis leur racine jufqu’à leur pointe; tous ces mufcles font aufli accompa- gnés de veines & d’arteres , de même que les plus grands. CAD CAD CAD CAD CAD CAD CAD CAD CIO CAO CAD CAD à CAD CAD CAD à CAD CAD CADCAO CAD CAD CAD CAD CAO CAE: DES PARTIES INTERNES DE LA VIPERE. CHAPITRE V. De la Langue. SECTION PREMIERE. A Langue , que la Vipere lance en dehors & qu'elle retire fouvent & fort vite, fe prefente la premiere. Elle ef ficuée entre les deux machoires de deflous, & eft compoféc de deux corps charnus longs & ronds , & finif- fans en pointes fort fubriles & fort ployables : ces deux corps font contigus & adherent l’un à l’autre de long en long , depuis leur racine jufqu’environ les deux tiers de leur longueur. La moitié interne de ces corps eft de cou- leur de chair, mais l’autre moitié, je veux dire celle qui eft fouvent pouflée hors de la gucule , eft de couleur noi- râtre, La Langue peut avoir en tout un pouce & demi de long : fa racine commence environ demi-pouce plus bas que le fond de la gueule : & eft annexée fortement au- deffous du col à deux corps tendineux, qui ont deux à trois lignes de long. 11 y a aufi des Viperes dont la Lan- gue a tantôttrois & tantôt quatre pointes. Ces pointes, quoique fouvent dardées, ne piquent point, & ne fonr + DELA VrPERE. 237. “mal à perfonne, elles pourroient néanmoins donner de la terreur à ceux qui ne le fçauroient pas. Elles fervent principalementaux Viperes, pour attraper de petits ani- . maux qu’elles veulent devorer. La Langue cft enveloppée d’une efpece de gaine d’un bout à l'autre. De la Trachée Artere, & du Poumon. SECTION II. A Trachée Artere eft fituée au-deflus & tout le long de la Langue, & lui fer comme de couverture par fa partie antericure : elle a fon commencement à l'entrée de la gucule, où elle prefente un trou en ovale, relevé en. haut, & ayant comme un perit bec en fa partic inferieure : elleeft compofée, à l'entrée, de plufeurs anneaux carti- lagineux joints les uns aux autres : qui continuent environ la longueur d’un bon pouce, & qui fe jercent dans le côté droit de la Vipere, où ils rencontrent le Poumon; & de- puis cet endroit-là on ne voit plus que les demi anneaux renver{és , lefquels étant joints des deux côtés à desmem- branes qui dépendent du Poumon & qui lui fontannexées pardeffous d’un boutà l’autre , étant aidés du même Pou- mon, fervent à la refpiration, & continuent leur rang & leur connexion , jufques vers la quatriéme partie du foye, qui luieft foumis aufli-bien que le cœur. La Trachée Ar- tere an tout huit ou neuf pouces de long ; & à l’endroir où fes demi anneaux finiffent, elle s'unir avec unemem- brane qui attire & reçoit l'air, jufqu’au commencement des inteftins, où elle forme commeun cul de fac en rond. Le Poumon étant joint à la Trachée artere, & faifanc avec elle un même corps, eft par confequent fitué comme ce au côté droit ; il commencelà où finiflent les anneaux entiers dela Trachéeartere, Le Poumon eft faiten forme Gg ii 238 DESCRIPTION ANATOMIQUE derets, il n’a aucuns lobes, il eft d'une couleur rouge ,” fort claire & fort vive, d'une fubftance affés mince, allés tranfparente, & un peu rugueufe ; il eft attaché par des membranes à la partie fuperteure des anneaux imparfaits ; il a fept ou huit pouces de long, & un petit travers de doige delarge. Il eft cout femé de veines & d’arteres. Du Cœur, du Foye. SECTION III. E Cœur & le Foye fontauf fitués au côte droit de la | ipere; & au-devant du cœuril y a environ le tiers d'un travers du doigt un petit corps charnu & un peu plat, de la groffeur d’un petit pois , qui eft rempli d’eau ; ce petit corps eft fitué au-deflous du poumon, de même que le cœur & le foye, & eft fufpendu par les mêmes membranes qui les foutiennent. On le peut prendre pour une efpece de fagoué ou de Thymus, & il peut avoir les mêmes ufages. Le cœur eft fitué environ quatre ou cinq pouces au-def- fous du commencement du poumon, il eft de la groffeur d’une feverole ou d’une petite feve, ileft longuet, charnu, & environné de fon pericarde, qui eft compofe d’une tuni- que aflés épaiffe ; il a deux ventricules , l’un du côté droit & l’autre du côté gauche,il a aufli deux ouvertures.Le fang qui vient dela veine-cave entre dans le ventricule droit, & fe jettant dans le gauche, en fort par l’artere aorte, qui fe divife d’abord en deux gros rameaux , dont l’un monte vers les parties fuperieures, & l’autre paffant au-deffous de lœfophage, & prenant fon chemin en biais, fe divife dans la fuite en pluficurs rameaux, quis *épandent & font por- tés à toutes les parties jufqu’ au bout de la queuë. Le foye eft un corps charnu , de couleur de rouge-brun, fitué demi pouce au-deffous du cœur,& foutenu des mêmes " DE LA VIiPERE, 239 membranes, {a longueur & fa groffeur font aflés inégales, mais les plusgrands foyes onr jufqu’à cinq & fx pouces de long , &un demi pouce de large : le foye eft compofé de,deux grands lobes , dont ledroit defcend un bon pouce plus bas que le gauche : ces deux lobes font arrofés de la veine-cave quifemble les feparer de long en long en deux corps, & mêmeclle le fair dans leur moitié inferieure, coulant dans leur entre-deux, & leur fervant pour les joindre en un même corps ; la moitié fuperieure du foye L _ = à Rd ë € AR È \| N NR | SN PSS ARS SNA | 3 I partie PL. 66. pag 264 , ’ N \ / CE \| (| D — bisigs LA — c V4 y —_—_ f 1) VE y “2 Pace du Toc-Kat vué par-dessous : D un ner et à Ent né #59 DR RS A AS a CPR STARS DESCRIPTION ANATOMIQUE DE TROIS CROCODILES, AVEC LES REFLEXIONS DE M. DU VERNAT, de l'Académie Royale des Sciences. E Roi de Siam ayant été informé par fon Premier Miniftre le Seigneur Conftantin Falcon, du dérail du deffein pour lequel le Roinotre Maître nous envoyoit aux Indes & à la Chine, dont l Anatomie faifoit une partie confiderable, donna ordre fur le champ au Bar- calon, de nous faire chercher inceffamment tous les Animaux inconnus à l'Europe qui fe trouvent en fon Royaume. On commença par les Crocodiles , commeles plus faciles à trouver à caufe du voifinage du Ménam qui baigne le pied des remparts de Louvo, (les Siamois donnent le nom de Méram à toutes leurs rivieres) & comme ceux pour qui nous témoignions plus d'emprefle- ment, On fit une fi grande diligence, que peu de jours après on nousen apporta deux vivans malgré la grande fecherefle qui les rendoit extrémement rares ; letroifié- me nous fut donné mort long-tems après. - La maniere de prendre les Crocodiles eft ici affés par- ticuliere. Voici comme un des Mandarins , qui eurent le foin de la pêche, nous raconta qu’on s’y prenoit pour les arrêter en vie. On tend au travers de la rivicretrois . ou quatre rangs de gros filets deftinés à cet ufage ; onles 256 DESCRIPTION ANATOMIQUE. place à certaine diftance les uns des autres , afin qu'en cas que le Crocodile enfonce les premiers, il foic arrété par . les fuivans. Quandil eft pris, onlelaifle débattre, & on lui laifle épuifer fes forces en de vains efforts, jufqu’à ce que le voyant hors d'état de fe débarraffer, ils accourent dans leurs balons, & le percent de plufieurs coups dansles endroits les moins dangereux , pour achever de l’affoiblir par la perte de fon fang. Après l'avoir reduit par ce moyen à ne fe pouvoir remuer , ils s’en rendent maîtres à l’aife, & commencent par lui ferrer fortement la gueule, & avec la même cordeils attachent la cêre à la queuëé, laquelle ils percent & recourbent en arc à ce deflein. Ils ne fe con- tentent pasdecela; pour plus grande füretéils lui percent les deux pieds de devant, & les lient enfemble fur le dos, ils en font autant à ceux de derriere. Toutes ces précau- tions ne font pas inutiles ; s’ils manquoient d’en ufer de la forte, cet Animal reprendroit bientôt fes forces : & feroit d’étranges ravages. Il nous fut aifé d’en juger par les ef- forts qu'un de nos Sujets faifoit encore plus de trois jours après qu’il fuc pris, tout épuifé qu’il étoit de forces & de fang , n'ayant rien mangé pendant tout ce tems-là. Les Siamois nomment le Crocodile Takaie, & les Por- tugais Lagarto , ceux-ci ayant eu égard, comme il eft pro- bable, à la reflemblance entre le Crocodile & le Lagar- tica ou Lezard; & ceux-là à celle qui fe trouve entre le Takaie ou Crocodile & le Toc-kaie, qui eft une efpece de gros Lezard fort commun dans ce Royaume. En quoi certes & lesuns & les autres ont eu grande raifon , le Cro- codile n'étant, à le bien définir, qu’une efpece de gros Lezard monftrueux & amphibie. Venons maintenancà la defcription. Le premier que nousdiffequâmes , avoit en ligne droite mefurée {ur le terrain, dix pieds huit pouces & demi de long. Cette même longueur prife fuivant la courbure de {fon dos augmentoit de fept pouces. Dans cet efpace la queuëé RS :- DE TROIS CROCODILES. 257 queué occupoit cinq pieds & demi, la tête & fe couun peu plus de deux & demi, & le tronc faifoit le refte. Il avoit quatre pieds neuf pouces de tour dans fa plus grande épaifleur. I1 s'en faloit feize pouces & demi fur la lon- gueur, & huit pouces neuf lignes fur la groffeur, quele fecond ne fût aufli grand que le premier. Le troifiéme étoit extrémement jeune, & avoit à peine un pied quatre pouces & demi de long, fur quatre pouces & uneligne de circonference. Revenons au premier , auquel nous nous attacherons principalement, nous contentant dere- marquer en paffant ce qu’il y aura de particulier dansles autres. Les jambes de derriere, y compris la cuiffe &r la patte, avoient deux pieds deux pouces de long, les pattes depuis leur articulation, jufqu’à l'extrémité du plus long des on- gles, plus de neuf pouces : elles étoient terminées par qua- tre doigts, dont trois éroient armés de gros ongles. Le plus grand de ces ongles mefuré fuivant fa courbure avoit en-dehorsun pouce & demi de long, & fept lignes & de- mie de large par fa bafe. Le quatriéme doigt étoic fans ongles, & de figure parfaitement conique, mais en re- compenfe il éroit couvert d’une peau plus épaifle & cha- grinée. Ils étoient unis par des membranes à peu près fem- blables à celles qu’on voit aux Canards , mais beaucoup plus épaifles : il y avoit quelque difference dans cette union, les deux premiers doigts commençant à s'unir au premier article, & les autres au fecond. Les jambes de devant qui avoient & les mêmes parties & la même con- formation que les bras humains tant en dehors qu’en de- dans, étoiencun peu plus courtes que celles de derriere. Les mains dont la paume étoit beaucoup plus courte & plus enflée que les pieds, avoient cinq doigts, dont les deux derniers étoient deftitués d'ongles, & de figure co- nique comme le quatriéme doigt des pieds de derriere. La tête étoit longue, un peu relevée vers le fommer, & Rec. de l’Ac. Tom. III, II. Partic. Kk 258 DESCRIPTION ANATOMIQUE plate danse refte, furtout vers l'extrémité des mafchoï. res : elle étoit partoutrecouverte d’une peau infeparables mentunie au crâne & aux mafchoires. Le crâne étoit ra boteux & inégal en divers endroits. Sur le milieu du front s’élevoient deux crêtes offèufes qui le furpafloient d’envi- ron deux pouces : elles n’en avoient pas tout-à-fait un d’é- paifleur. Elles n'étoient pas entierement paralleles, s’é- loignant peu à peu l’une de l’autre en montant. A la verité ces crêtes n'éroient pasencore formées dans le petit Cro- codile, mais en échange fon front avoit la forme d’un écuflon , dont la pointe étoit à l’entre-deux des orbites des yeux, qui n'éroient diftantes que d’une ligne & demie l'unede l’autre. Dans le centre de l’écuffon paroifloitune tache ronde & blanchâtre qui poufloit detous côtés des rayons de même couleur, comme un petit foleil. L'œil qui étoit fort petit à proportion du refte du corps, dans les grands Crocodiles , & fort gros dans le petit , éroit tel+ lement placé dans fon orbite, que la fente des paupieres fermées, longues feulement de quatorze lignes , s’éten- doit parallelement à l'ouverture des mâchoires.Certe fente avoit plus de fept lignes dans le petit; ainfi il s’en faut bien que cette partie croifle à proportion des autres. Et fice que dit Albert, quele Crocodile croît jufqu’à la mort, eft véritable ,commeil y a bien de l’apparence, étant dif ficile fans cela de concevoir comment un Animal d’un aufli petit principe qu’eft un œuf, peut parvenir quelque fois à la grandeur de 20. & de 25.pieds ; furtout quand if croît aufli lentement que nous l’avons remarqué dans ce petit dont nous parlons, dans lequel nous n’avons obfer- vé aucun changement pendant deux mois: fi, dis-je , il eft veritable que le Crocodile croît jufqu’à la mort, cela ne doit pas s'entendre des yeux ; & il faut dire que cette partie ne croît plus paflë un certain tems, ou du moins qu’elle croît fipeu , que cela n’eft pas fenfible. L’œil étoic muni d’une double paupiere : l'interne étoit Son Re APE pd — DE TROIS CROCODILES 259 sepliée dans le grand angle, & fe mouvant horizontale- ment de cetangle vers la queuëé , couvroit l'œil, fans lui fermer la vüëé:car cette membrane étoit tranfparente, & le laifloit découvert en fe mouvant d'un mouvement oppofé. L’iris qui écoit fort grand à proportion du globe de l'œil, étoit d’un gris jaunâtre quis’effaca bien-côt par la mort du Sujet. La conjonétive étoit terminée par un petit anneau de couleur noire, qui regnoit tout autour de l'iris. La prunelle étoit comprife fous deux portions de cercles iné- gaux qui s’entrecoupoient , dont celui du côte du nez écoic plus petit que l’autre; & la ligne conduite parles interfeétions étoit perpendiculaire à celle qu’on imagi- noit paffer par les deux angles de l’œil. Ces deux por- tions de cercles fe courbant peu à peu, tantôt plus, tan- tôt moins, faifoient paroître la prunelle plus ou moins ronde. Le petit angle de l'œil s’étendoit bien au-delà du point de l'orbite où les paupieres venoient fe réünir, & formoient une efpece de finus fort avancé fous l'oreille, qu’elle rafoit d’une extrémité à l’autre: de forte que l’ou. verture totale de l’orbire,y compris ce finus,fçavoir depuis l'extrémité du petitangle jufqu’à l'extrémité du grand an- gle, écoit de trois pouces onze lignes. Au-deflus du petit angle paroifloit l'oreille qui s’ouvroit de bas en haut, non fans peine , & fe refermoit elle-mé- me, comme par une vertu de reflort, par le moyen d’une fabftance cartilagineufe épaifle & folide, qui faifoitune petite courbure , femblable en cela auxouïes des poiflons, quoi qu’entierement differente dans tout le refte. Cette membrane avoit aufi quelque rapport quant à la figure À une paupiere fermée, ce qui faifôit dire à quelques Siamois ignorans, que cet animal avoit quatre yeux. Elle avoit en ligne droite, fans avoir égard à fon infle xion, trois pouces neuflignes de long. » Le nez qui éroitd'unefigurefinguliere , étroit placéau milieu de la mafchoire fuperieure ; à un doigt de fon Kkij 260 DESCRIPTION ANATOMIQUEÉ extrémité : c’étoit une legere protuberance parfaitement ronde & applatie, de deux pouces de diametre, dont la fubftance étoit noirâtre , molle & fpongieufe, à peu près comme dansles Chiens & divers autres Animaux. Elle étroit percée en-deflus de deux ouvertures figmoïdes, qui formoient les narines, avec un tel artifice, que deux ca- runcules qui les rempliffoient & les fermoient exaétement en s’enflant pendant la fyftole de la refpiration, venantà fe retirer en dedans pour ouvrir un paffage à l’air pendant la diaftole, faifoient paroître au milieu du nez deux trous, ou pour mieux dire deux canaux cylindriques de huic li- gnes & demie de diametre, qui defcendoient plus d’un pouce & demi avant dans ce qui tient lieu de los fpon- gieux , jufqu’à ce qu’ils allaffenccommuniquer à deux au- tres conduits , qui fereflechifloient & montoient direfe- ment vers le cerveau. Les mafchoires paroifloient s’emboîter l’une dans l’au« tre par le moyen de plufieurs apophifes qu’elles poufloient de haut eu bas, 8: debas en haut , & qui trouvoient dans la mafchoire oppofce des cavités proportionnées pour les recevoir. Encore que les Siamois euffent rompu les dents avec les bambus qu’ils avoient paflés dans la gueule de nos Crocodiles ; cela n’empêcha pas qu’on n’en! comptât encore vingt-fept dans la mafchoire fuperieure du plus grand , outre fept ou huit loges vuides. Au côté droit de la mafchoire inferieure il y en avoit quinze & une loge vuide : celles du côté gauche, à fix près, avoientété tou- tes rompuës. Toutes ces dents étoient canines, épaifles par la bafe, aiguës & perçantes par la pointe ; toutes de grandeurs inégales & aflés petites , excepté dix grands crocs, dont fix étoient difpofés de cette forte dans la maf- choireinferieure : deux au-devant, qui perçant de part en part l’exgrémité de la mafchoire fuperieure, mon- troientleur pointe pardeflus ; auffi fortoient-ils trois li- gnes & demie. hors dela gencive , qui étoit fi extraordi= riz eme ét. \. Ci DE TROIS CROCODILES. 261 hairement dure , que quand on voulut en déchauffer une dent, frappant avec force, on en faifoit fortir le feuavec Vinftrument dont on fe fervoit. Ces crocs avoientàleur bafe fix lignes & demie de diametre. Les deux fuivans étoient ficués affés près des deux de devant : ils avoient - forcé la mafchoire fuperieure de fe retirer , & former par même moyen deux cavités pour les recevoir fans être per- cée. Les deux derniers étotent placés au milieu, & fe glifloient fimplement en dehors le long dela mafchoire oppofée, aufli-bien que ceux de la fuperieure, Les crocs de celle-ci étoient au nombre de quatre dans la partie an- terieure, à peu près dans la même fituation que les quatre preiniers de la mafchoire inferieure. Les autres dents avoient chacune une cavité qui leur répondoit dans la mafchoire oppofee, dans laquelle elles entroient, & tou- tes éroient recourbées en dedans plus ou moins, à pro- portion de leur grandeur. On peut aifément juger par la configuration & la difpo- fition de ces parties, fi cet animal lâche facilement prife, ‘quandil a faifi fa proye; & c’eft apparemment fur ce fon- dement qu’eft établie cette erreur quia cours ici parmile peuple, que le Crocodile ne peut plus defferrer les dents, quand il les a fortement appliquées fur quelque fujet; comme fi la Nature ne lui avoit donné ce qui fait vivre les autres Animaux , je veux dire, Ja faculté de mordre, que pour le faire mourir de faim. On a obfèrvé dans le Crocodile qui a été diffeque à l'A4ca- démie qu'après avoir arraché quelques-unes des dents , il s'eff trouvé au fond de chaque alveole une petite dent qui avec fa racine avoit une ligne @ demie de long. Ces petites dents étoient apparemment celles qui devaient renaître après (La perte des grandes , qui n'étoient pas encore tombées à cer animal, parce qu'il étoit fort jeune. Car ces petites dents doi- vent faire fuppofer que les dents tombent & cifrr au ii] 262 DESCRIPTION ANATOMIQUE Crocodile, commea l'homme , Gr a plufieurs autres animaux, dans lefquels ily a dans chaque alveole un germe avec [a forme & [à figures déterminée, non-[eulement pour Les pre- micres dents, mais encore pour celles qui doivent renaître. La gueule avoir quinze pouces de long fur huit & demi detravers dans fa plus grande largeur. La diftance des deux mafchoires dans leur plus grande ouverture étoitde quinze pouces & demi. Le crâne entre les deux crêcesétoit à l'épreuve du moufquet, le coup qui y fuc tiré de quinze pas communs, n’ayant fait que blanchir fur cecendroic: de forte que la balle gliffant feulemenc vers l'œil gauche, tompit à peine Ja partie fuperieure de l'orbite qui étoitun eu relevée, Au refte le mouvement des mafchoires dont ona parlé f diverfement, nous a paru fenfible & reciproque dans les mafchoires des trois Sujets que nous avons diffequés, tantavant qu'après la diffeétion. Le mouvement de la maf. choire fuperieure étoit confiderable & facile à obferver, & celui de linferieure, quoique plus obfcur, ne laifloit pas d’être aifé à démêler du mouvement de la fuperieure. Le mouvement de la mafthoire du Crocodile n'effpas dif- ferent de celui qw’elle a dans les autres animaux , la Jfrufu- re ducräne de cet animal étant telle, que bien loin que la mafchoire [uperieure en [oit [eparée pour pouvoir être hauf= [ées oubailée, le refle du crâne demeurant immobile comme au Perroquet , la verité eff que toutes les pieces qui lacom- pofènt, font fermement attachées à celle du crâne, Toutes les particularités qui concernent ce mouvement de la maf° choire du Crocodile, feront expliquées fort au long dans le defiription que l'Académie en donnera. V. la pag. L | Tout le corps éroit d’un brun obfcur par-deflus, & d’un blanc citronné par-deffous , avec de grandes taches deces 2: DE TROIS CROCODILES. | 263 deux couleurs pofées comme en échiquier aux deux cô- tés. Ces couleurs étoient les mêmes, & avoientlamême difpoftion dans nos trois Sujets; mais elles étoient moins obfcures dans les deux plus jeunes, ce qui les rendoit beaucoup plus beaux à la vüé que le vieux : car leur peau paroiffoit d’un gris citronné fur le dos , & d’une couleur plus gaye. | Depuis les épaules jufqu’à l'extrémité de la queuë (il faut toujours fe fouvenir que nous faifons ici principale- mént la defcription du plus vieux que nousdifflequâmesle premier } il étoit couvert de grandes écailles quarrées , difpofées comme par ceintures paralleles au nombre de cinquante-deux, (on en compta jufqu'à cinquante- fix dans le petit) celles de la quené éroient moins épaifles que lesautres. Chacune de:ces ceintures du côté de la queué étoitun peu inferienre à celle.qui la precedoir ; fans que pour cela elles empiéraflent les unes fur les autres. Il eft bien vrai qu'étant jointes par une membrane affés fouple, pour peu qu’on les preffär de bas en haut, elles fe ferroienc fortement les unescontré les autres ; de forte que les infe- rieures rentroient un peu fous les fuperieures ; mais ce mouvement n’toit pas naturel. Au milieu de chaque ceinture il y avoit quatre protuberances qui devenoient plus élevées à mefure que les ceintures approchoient du bout dela queuë, & qui compofant quatre files, dont les deux du milieu étoient plusbaffes que les deux autres, for: moienttrois canelures, lefquelles devenoientipar confe- quent plus profondes vers la queué, & fe confondoient en une environ deux pieds au-decà de fon extrémité; & de R ces protuberances étant continuées jufqu’au bout, reffembloient à une fuite preffésde ces crêtes qui fe voyent fur le dos decertains poiffons. Encore que la peau füt mur nie d’une cuiraffe auffi forte quecelle-là, cela ne laren- doit pas néanmoins à l'épreuve du moufquer , comme il parut par l'experience qui en fut faite : car ayant faittirer 264 DESCRIPTION ANATOMIQUE deflus de quelques quinze pas, cet animal fut percé de part en part. _Ileft vrai que l'ayant fufpendu ie long d’un troncd’ar: bre, de force que le coup portoit à angles droits, cettedif- pofition n’y contribua pas peu, aufli-bien que l’endroitoù 1l fut frappé , car la balle avoit pris le défaut des écailles; ce qui nous fit conjeéturer que le même coup tiré oblique ment, quand certe bête eft à rerre ou dans l’eau, dans fa ficuation naturelle, n’auroit fairque glifler fur lesécailles de la tête vers la queuë à caufe dela difpofition des écailles. Car dans le fens contraire la balle trouvantde la refiftan- ce dans les écailles qui font plus hautes vers la tête, pour- roits’ouvrir un paffage au travers de la peau. La partie de ces bandes qui étoit fous le ventre ,étoit blanchâtre, & les écailles de diverfes figures, les unes quarrées, les autres hexagones, les autres ovales, & devenoient plus irregu- lieres vers les clavicules, & autour des épaules. Elles avoient plus de deux lignes d’épaiffeur fousle ventre , auffi étoient-celles bien moins dures que fur le dos. Sous la mafchoire inferieure elles étoiént de figure ovale, affés petites , peu folides , peu preflées & rangées en ligne droite, décroiffant toüjours à mefure qu’elles appro- choient de l'extrémité de la mafchoire. Elles étoient à peu près de la même forme fous la gorge. Celles de deflus les jambesétoient petites, rangées obliquement les unes fur les autres en forme d’écaiiles de poiflon, aufquelles elles ne reflembloient pas mal; & celles de deffousencore plus petites que celles-ci, dégeneroient fous les pattes dans unc efpece de chagrin à gros grain. Aux côtés du tronc on voyoit encore deux bandes compofées d'écailles routes ovales, lefquelles au lieu de ces protuberances qu’on voyoit fur celles du dos, avoient une bofle au centre, laquelle fuivant le grand diametre de lovale poufloie deux lignes aflés relevées en forme de crête fur l’écaille. La queuë étoit reflerrée äfon origine, elle faifoit enfuite pn DE TROIS CROCODILES. 265 un large ventre en s'étendant, puis venant peu à peu à ferecreflir, elle s’applatifloit jufqu’à fe terminer en une lame très-mince & perpendiculaire au fol. Tource que nous avons ditjufqu’ici, ne regarde que l'exterieur du Crocodile; venons maintenant à la defcri- prtion des parties internes. L’œfophage étoit proportion né à la grandeur de la gueule, & rendoit vraifemblable tout ce qu'on dit de l’avidité incroyable de cette bête fu- rieufe qui devore hommes , poiflons , animaux, & ge- neralement tout ce qui tombe fous fa patte. Nous trou- yâmes, en lui donnant toute fon étenduë, fans le trop forcer , qu’un cylindre de fept pouces quatre lignes de diametre y pouvoitentrer. Le ventricule n’avoit rien que d'ordinaire dans fa figure: il avoit feulement cela de par- ticulier , que fon orifice étoit à peine éloigné d’un pouce & demi du pylore, à l'entrée duquel étoit une grofle po- che ou bourfe parfaitement ronde, dont la membrane propre étoit cartilagineufe auffi-bien que celle du refte du ventricule. Cet appendice pourroit bien tenir lieu d’un double ventricule pour perfeétionner par une feconde coétion, & mieux difpofer à la chilification les alimens que cet animal vorace engloutit, & que le puiffant men- ftrué qui doit être dans cette partie, diflout en un mo- ment; de forte qu’ils s'écouleroient par le pylore avant que d’être fuffifamment preparés, fi la Nature n’avoit obvié à cet inconvenient , en formant un receptacle où - ils fuffent contraints de fejourner quelque tems avant que defortir. Dans les inteftins qui avoient dix-fept pieds dix pouces de long , on ne diftinguoit proprement quelereéfum par fon épaiffeur. Il avoit quinze pouces de long; lerefte qui faifoit plufieurs contours, & qui étoit fortement attaché eux lombes parle moyen du mefentere, étoit par tout le même à quelque diminution près, qui fe remarquoit vers lereé/um, fans aucune apparence de cecum, ni du Rec. de l'Ac. Tom, III. A. Partie, Li 266 DESCRIPTION AÂANATOMIQUE refte des divifions. Dans le petit, le duodenum un peu au deflous du pylore faifoitun doublecontour de bas en haut, dont les replis qui fe touchoient, étoient unis par une panne de graifle refenduë en trois divers endroits. Il fai- foit enfuite un renflement confiderable, & on pouvoitau cecum près diftinguerles autres boyaux. Le foye étoit compofé de deux lobes de figure triançgu- laire, dont le gauche plus petit que le droit, étoictermis né par une pointe très-fine : la couleur de fa membrane étoit d’un verdâtre obfcur ; fon parenchyme € étoitferme, épais & rougeâtre. La velcule du fiel étroit fort grande, & remplie d'une humeur jaune, & adherante au Jobe droit du foye. La ratte qui croit de figure ovale un peu oblongue, & égale par fes deux extrémités, avoit quatre pouces & de- mi de long fur deux pouces dix lignes de largeur. L’ayant fenduë par le milieu, on la trouva parfemée d’une infinité de gros points blanchâtres fur un fond ronge obfcur. Le pancreas avoit une confiftence de graifle ferme & figée, avec une couleur blanche mêlée d’une legere teinte d’un rouge fortclair. Ilétoit fortépais vers le milieu defa bafe, êc fort mince aux extrémités. Outre une longue crête qui regnoit le long de la partie gibbeufe, il étoit refendu, quoique peuavant, en quatreendroits, ce qui le faifoit paroître partagé en quatre feuilles, dontune notablement plus longue & plus étroite que les autres, étoit attachée fuivant fa longueur au refte du parenchyme parune mem- branetrès-déliée. Chaque petite feuille étoit relevée par le milieu ,ou, pour mieux dire, chacune avoit fa petite erête particuliere. L’âpre-artere étoit un conduit confiderable de quatre pouces & deux lignes de circonference,qui fe partageoient en deux canaux vers les poumons. Un peu avant le point de partage elle fe reflechifloit en haut du côté gauche en- viron cinq pouces : de là continuant à monter après la DE TROIS CROCODILES. 267 bifurcation cinq autres pouces, les deux rameaux qui fe recourboient tout à coup, & qui faifoient un nouveau repli contigu au premier, defcendoient à plomb, & de- meurant unis quelque tems , puis venant à fe feparer , ils $ ‘alloient plonger dans les deux lobes du poumon. Du la- rinx à la bifurcation on compta quinze pouces , du point de la bifurcation au poumon fept pouces, & prefque au. tant dans la partie qui entroit dans le poumon. Les an- ncaux du premier demi-pied étoient membraneux par- deffous dans latroifiéme partie de leur tour ou environ; & ce défaut de cartilage diminuant dans chaque anneau à proportion de fon éloignement du larinx, formoit un triangle ifofcele , dont la pointe extrémement aiguë fe trouvoit dans le premier anneau entierement cartilagi- neux. Au-deflous de ce premier demi-pied durant l’efpace de dix pouces huit lignes , les cartilages des anneaux étoient parfaitement arrondis & exaétement fermés ; en- fuite dans une étenduëé affés grande, un peu plus dela fixiéme partie de ces anneaux redevenoit membraneufe, le refte étoit tout cartilagineux jufqu’à deux pouces quatre lignes avant dans chaque lobe du poumon, où les anneaux finifloient : ce qui reftoit n'étant qu’un fimple cartilage creuféen canal. De ce canal naifloient dix appendices, en formede tuyaux forts courts, & gros à pafler le petit doigt, ayant chacun, outre l ouverture directe, plufieurs trous lateraux. Ces tuyaux éroient attachés à angles droits au corps du canal, excepté le premier qui faifoit un angle aigu vers le haut, L’ufage de cestuyaux étoit de diftribuer l'air avec égalité dans toute la fubftance du poumon par des conduits admirablement bien pratiqués, qui le por- toientdans de grands finus de figure conique , dont les ba- {es communiquoient avec les bouches des tuyaux. Ces fi- nus étoient d’une contexture admirable, ayant aflés de rapport à ces naffes de pefcheur qui vont s’étreciflant en -pointe : car ils étoient compofés de deux (ARS A fibres, 1) 268 DESCRIPTION ANATOMIQUE les unes circulaires & paralleles entre-elles , qui deve= noient plus petites vers la pointe, & les autres perpendi- culaires , qui coupoient les premieres tranfverfalement à angles droits. Les fibres dont le dedans de ces finus étoit revêtu, étoient fort groffes, & tout-à-fait femblables à celles dont les ventricules d’un cœur font recouverts en dedans. L'ouverture du larinx qui étoit placée dans la par: tic cave du cartilage tyroïde, étoit prefque parallele aux vertebres du cou; ilne formoit aucun renflement, & pa- roifloit un canal uni avec le refte de l’âpre-artere. Dans le Crocodile diffequé à l'Académie, l’äpre-artere formoit un repli au côté droit avant que de fe divifer en deux branches. On voit un femblable repli dans läpre- artere de l’Oifeau appellé Cocq-Indien. On a obfervé à l’Académie que les feixe premiers anneaux étoient membraneux par-deffous dans la troifiéme partie de leur tour, @ que ce défaut de cartilage diminuoit dans chaque anneau à proportion de [on éloignement, ainfi qw'il eff remarqué dans cette defiription. Les anneaux [uivans étoient entiers jufqu'am poumen. Dans le poumon ces anneaux étoient interrompus en plufieurs & differens endroits , de même qu'à l’homme, @: les bron- ches dans leurs dernicres ramifications devenoient prefque membraneu(es. Ces canaux des bronches étoient percés de tous cotés par Plujieurs trous qui conduifoient chacun à une poche ou finus remplie de plufieurs petites feuilles membraneufes qui for- moient comme plufieurs petits murs, laif[ant entre-cux des intervalles parcils à ceux qui fe voyenr dans le [econd ven- tricule des animaux qui ruminent. Ces petits murs étoient Parfèmés de petits varffeaux fanguins, € de plufieurs fibres charnuës reticulaires. Le larynx étroit compofé d'un tyroïde fort large & cri- coïde, qui par enhaut formoit deux petites avances , quite- noient lien des cartilages nommés arythenoïdes. p£E TROIS CROCODILES. 269 … Lalangue étoit une chair fpongieufe, épaiffe & mol- faffe, attachée infeparablement dans toute fon étenduë à la mafchoire inferieure, donc elle rempliffoit tout le vuide : ce qui a peut-être donné occafon à M.Thevenot de dire dans fes Voyages de Levant, que le Crocodile n’a point de langue. Elle éroit recouverte aufh-bien quele palais, d’une peau jaunâtre & raboteufe , avec cette diffe- rence que cette peau écoit tenduë fur le palais, lâche & ridée fur la langue. Elle avoit affés loin de fa racine deux glandules, l’une d’un côté, l'autre de l’autre, remplies d’unc'humeur onétueufe & épaiffe , lefquelles avoient cha- cune fon iffuë en dehors par un trou anfraétueux à pafler le petit doigt, pratiqué dans la membrane de la mafchoire inferieure, par où elles fe déchargeoient apparemment des humeurs fuperflués , ainfi que nous le reconnümes à une couleur noirâtre dont ce trou étoit teint en dedans On 4 obfervé dans le Crocodile diffequé à l'Académie, que l'humeur qui fortoit de ces glandes, étoit d'un odeur très-agréable. Le cœur étoit de la grandeur de celui d’un veau, de cou- leur vermeille , & de figure pyramidale: fes orcillettes étoient auffi à peu près de même grandeur. La veine-cave avoit trois valvules figmoïdes : l’artere veineufe ,la veine arcerieufe,& l’aorte n'avoient chacune que deux valvules, mais qui recompenfoient par leur grandeur ce qui leur manquoit en nombre. Nous nous contentämes de faire ces remarques fur le premier Sujet, la chaleur extraordi maire duclimat, où tout fe corrompt aifément, ne nous permettant pas de pouvoir examiner fur un. feul animal chaque partie dans le dernier détail; 8 nous remîmes à chercher dans le fecond le trou ovale, & tout ce qui re- garde le paffage du fang d’un ventriculedans l'autre. Nous trouvâmes donc dans le fecond , que la veine-cave qui Eli) î 270 DESCRIPTION ANATOMIQUE étoit fort large à la fortie du foye, recevoit deux rameaux avant fon entrée dans le cœur, & que chaque rameau avoit fes trois valvules figmoïdes ; que ce double vaifleau éroit le feul qui aboutit au ventricule droit. Le /éprum ou: vertenarc à la bafe du cœur, donnoit un ample paflage au fans du ventricule droit au gauche, où il étoit retenu par une grande & forte valvule, dont la pointe battoit fur un trou anfraëtueux à paffer le petit doigt, ouvert dansle milieu du /éprum. Pour bien comprendre l’ufage de ce trou , il faut fçavoir que le ventricule droit formoit vers la pointe du cœur un fac de la groffeur & prefque de la lon- gueur du doigt ; que le fang qu’il contenoit, & qui s’af- faifloit au mouvementde diaftole, étoit bien éloigné de pouvoir remonter, comme il eüt été neceflaire pour fe jecter par la grande ouverture dans le ventricule gauche. Ainfi pour lui faciliter le paflage, ou plütôt pour le lui sendre poffible , ila fallu pratiquer un trou qui donnâc dans ce fac. En un mot, comme iltenoit lieu d’un double ventricule , il falloit une double communication avec le ventricule gauche. Au refte, nous ne prétendons donner ceci quecomme une fimpleconjeéture, non-plus que les autres reflexions que nous faifons en differentes rencontres : & comme nous laiffons la liberté à chacun de les contredire en y oppofant les fiennnes qui pourroient être plus juftes. Le fang avoit deux ifluës pour fortir du ventricule gau- che par autant de vaifleaux, Le premier étoit l’aorte,dont on diftinguoit toutes les divifions. Elle avoit fes deux val- vules pour empêcher le fang de retomber dans le cœur, Le fecond vaiffeau qui avoit pareil nombre de valvules, & la même confiftence que l'aorte, étoit fort ouvert à fon origine, & formoit à la fortie du cœur un grand finusou refervoir , lequel venant à fe retrecir tout à coup, fe chan- geoit dans un canal fort étroit qui portoit le fang necef- faire aux poumons pour les nourrir ; de forte que la grande DE TROIS CROCODILES. 271 quantité de fang qui fortoit avec impetuofité par le large orifice de cette artere, & qui remplifloit ce refervoir ,ne pouvant pas être contenué tout à la fois dans un fi petit conduit, éroit contrainte de fe décharger dans l'aorte, un peu au-deffus de la bafe du cœur, par une ouverture aflés confiderable , quiavoit fa valvule particulicre. Onaremarqué dans le Crocodile diffequé à l Académie , que le cœur. avoit deux oreilles fort amples , dont La droite étoit la plus grande; que le tronc de laveine-cave inferieure awfortir du foye, s'ouvroit dans l'oreillette droite après avoir rec le fang des axillaires, dans lefquelles [e déchar- &ent les jugulaires ; ainff il n'y avoit point de veine-cave fu- Perteure: pour les veines du poumon , elles s'ouvroient dans l'oreillette gauche. . Ces oreillettes Souvroient chacune dans un ventricule, dont celui qui répond a l'oreillette droite, étoit le plus lar- ge: car iloccupoit prefque toute la [ubffance du cœur. Outre ces deux cavités ou ventricules qui occupoient principale ment La partie pofferienre du cœur, il y en avoit un troi- Jième dans la partie anterieure : mais ces trois cavités ne compooient ex effet qu'un ventricule , parce qu’elles fe com- muniquoient par des ouvertures comfiderables , la cloifon qui les fépare n'étant pas folide @ continué comme aux autres animaux , ainfi n'ayant pas le principal ufage des ventri- cules du cœur , qui eff de forcer tout Le [ang , qui du ventri- cule droit coule dans l’artere du poumon , à palfer antravers de la fubffance du poumon , pour aller dans le ventricule gauche. Les ouvertures qui font la communication de ces cavités étoient placées vers la bafè du cœur. La cavité qui répondoit à l'oreilletteganche, communiquoit avec celle qui répondoit a Poreillette droite par une ouverture ovalaire très-ample , garnie d'une efpece de valuule , ou plütôt d'une cloifon qui étoit par tout attachée, excepté dans [a partie inferieure, 272 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE laiffant wne petite ouverture qui faifoit la communication des ventricules. Il y avoit à côté ane autre ouverture fort ample [ans aucune valvule , par laquelle la cavité qui ré- ponda l'oreillette droite communiquoit avec celle qui eff dans la partie anterieure ducævr. Il fortoit de La baje du cœur trois troncs d'artere, dont Les deux premiers qui compofoient l'aorte, formoient com- me deux croffes, lefquelles avant que d’être tout -à- fait tournées enbas, produifoient les axillaires, d’où naiffoient les carotides. Enfüite lacroffe droite & la gauche deftendoient pour fe diffribuer à toutes les parties du bas ventre: ce qui fera ex- pliqué plus en détail dans la defiription de l Académie. Chacun de ces troncs de l'aorte étoit garni à fa fortie du cœur des deux valvules figmoïdes. Le troifiéme tronc qui aiffoit de la bafe du cœur, étoit celui de l'artere du pou- mon. Il avoit auf} deux valvules Jigmoïdes, & fe parra- geoit er deux branches, dont l'une alloit au lobe droit du pou- mon, @ l'autre au gauche. Une diffribution des vaiffeaux du cœur affés femblable à celle-ci, fe trouve dans les Tortuës. On peut obfèrver par cette flrufure du cœur & des pou- mons, que le mouvement de la refpiration de ces animaux nef pas continuel, regiier G* periodique, comme dans l'Homme , G généralement dans tous les Animaux qui ont deux ventricules feparés par une cloi{on folide € continué, mais qu'il effort inégal, pouvant être interrompu de telle maniere,que les poumons des Grenouilles, des Tortuës & des Salamandres s'enflent quelquefois tout à coup, © demeu- rent en cet état par une eXacfe compreffion de la glotte près d'ungros quart-d'heure, @ qu'il Jè defenflent quelquefois entierement © tout à coup, © demeurent très-long-tems en cet état. Cette ffruéture du cœur © des poumons fait voir aul]i que La circulation du [ang qui fe fait dans le poumon de ces animaux , eff differente de celle qui [e fait dans le poumon £ DE TROIS CROCODILES. 273 de ceux quiont deux ventricules, où paffe le [ang de tout le corps, ©'y eff circulé, au-lieuqu'il ne pale dans le poumon de ces animaux qu'environ le tiers de tout le fang. Et c’efl par-la qw'on peut expliquer, pourquoi, quand on à ouveré da poitrine à un Chien vivant, on voit tout à couple pou- mon s'affaiffer , @ enfuite lemouvement du cœur , @ la cir- culation ceffer en peu de tems; ce qui n'arrive point à ces animaux. Car foit que le poumon demeure enflé , ou qu'il s'affaiffe, la circulation @ le mouvement du cœur conti- amenr Gs'entretiennent fi bien, qu'on a vbfervé gwune Tortuë à qui on a découvert le Poumon, peut vivre encore deux ou trois jours encet état. c Ces obférvations fembleroient affoiblir l'opinion de ceux qui veulent que La caufe principale de la vie des animaux dépend de lattion & du mélange de l'air avec le [ang qui circule dans le poumon. Cependant fi l'on fait reflexion que da fubflance du poumon du Crocodile efftout-2-fait [embla- ble a celle du poumon de l'Homme , n'étant qu'un affemblage de membranes fines, fpongieufès @ veficulaires , qui font arrofées de mille petits vaiffeaux [anguins ; om aura lieu de croireque la portion la plus délicate de l'air contenuë dans le poumon du Crocodile ou de la Tortuë , fe mêle avec Le Sang dont le poumon étoit arrofé, ©: que cemélange eflune des principales caufes de la liquidité de la chaleur @ de la couleur du fang. Car comme ce [ang chargé des parties fub- tiles Gr penetrantes de l'air, revient par la veine du pou- #07 ; fe mêle dans le cœur avec celui qui revient par La veine-cave, il y a grande apparence ,que du mélange deces deux fangs il enrefulte quelque qualité nouvelle, à laquelle on doit attribuer prefque toutes les alterations dont le fang a befoin pour entretenir la vie des animaux. el UE y'a auf lieu de croire que le Crocodile fe fert de fon Poumon pour fe foñtenir dans: l'eau , comme la Tortuë & la Grenouille, & qwil luitient lieu de La vellie pleined'air qui fbtronve dans lapläpart des poiffons. 2 Rec. del’Ac. Tom. III. 11. Partie. Mm 274 DESCRIPTION ANATOMIQUE Les reins avoient fept pouces & demi de longueur {ur trois & demi de largeur, & un & demi d’épaiffeur. Ils étoient placés aux côtés des lombes fur des panes de graifle qui leur fervoient d'une couche fort molle. Cette fitua- tion avoit obligé la bafe defe faire gibe, pour s’accommo+ der à la courbure des vertebres en cet endroit. Le refte écoit entierement plat, la fubftance en étoit rougeitre , ferme, & pleine de finuofités telles qu’on en voit dans le cerveau. La partie fuperieure étoitcompofce de plufeurs feuillages, qui avoient beaucoup de rapport pour [a fi- gure aux reins humains applatis. L’émulgente un peu avant fon entrée dans le rein, fe partageoiten deuxra- meaux , dont l’un montoit à la partie fuperieure du même rein ; l'autre qui fe divifoit encore en deux, tendoit en bas , & poufloit des ramifications fenfbles dans toutes les parties infericures. Chacune de ces parties avoit un fort petit baffinet, qui communiquoit avec l'uretere par une ouverture qui paroifloit à l’œil comme un point, Nous fuivimes l'uretere jufqu'où 1l pouvoit aller, & nous trouvâmes qu'il aboutifloit au reéfum , où il fe déchar- geoic de fes ferofités par une ifluë fort large ; aufli ne trouva-t-on point de vefie pour les recevoir. Au refte, les excrémens de cet animal étoient d’une odeur infuppor- table : & cela confirme ce que quelques Voyageurs aflu- rent, que cette odeur qui fe répand fort loin, fait con- noitre à ceux qui paffent les rivieres où il ya de ces ani maux, qu'il y en a quelqu'un qui a paflé depuis peu par= là où ils font , ou qu’il n’en eft pas loin. Vers la region des reins nous trouvâmes deux corps glanduleux prefque auffi grands que les reins mêmes, maisde figure ovale ; d'une fubftance molle & blanchitre: On jugea qu'ils devoient être de quelque ufage pour la generation. La verge étoit d'un feul cartilage offeux recourbée enen-haur, & fendué par-deffous jufqu’à la moitié de fon épaifleur, de.forte que cette fente formoit une efpece d’uretre: Elle étoit DE TROIS CROCOPILES. 275 terminée par un autre petit cartilage fort fouple en forme de balanus pointu & recourbé par en bas, fous lequel on trouvoit vers l’extrémité une large ouverture de Ja pro- fondeur de fix lignes , quifaifant un cul de fac ne donnoit aucune entrée en dedans. Aux deux côtés de laws qui évoit l’uniqueifluë, nous trouvâmesen-dedans deux glan- dules toutes femblables à celles qui étoient fous la machoi- reinferieure:elles avoient leur 1ffuë dans l'ame ; elles con- tenoient un fuctout femblable, & ne differoient des pre- mieres que pat leur groffeur , qui étoit au-moins double de celles-là ; ce qui nous empêcha de les prendre pour les sêtes. Le fecond Crocodile fe trouva tout femblable au premier en ce point; mais nous ne trouvâmes aucune marque de fexe dans le petit. Nous comptämes cout le long de l’épine foixante-deux vertebres, dont elle étoit compofée, lefquelles, quoi- qu’unies très-étroitement, ne laifloient pas d’avoir un jeu fuffifant pour donner le moyen à cet animal de fe courber en arc àdroit & à gauche. Celles du cou étoient foûtenuës par une double fourchette de la figure de celle des Cha- pons : elle éroit fimple dans le petit, dont le cou étoic compofé de fix vertebres, le dos d’onze, les lombes de huit. La premiere vertebre s’articuloit par énarthrofe avec le crâne, car elle avoit une cavité creufée profon- dément dans fon corps , qui recevoir une apophife del’os occipital. Cette articulation étoit fortifiée de plufieurs ligamens. De-là on peut conclure, que la tête pouvoit avoir fon mouvement propre, indépendant de celui du cou. On compta les côtes fur le petit, on en trouva onze vrayes , dontles deux premieres & la derniere devoient pañler pour des demi-côtes, ne tenant point aux verte- bres, & fept faufles de chaque côté. Lesvrayes étoient compofées de deux parties unies par fynchondrofe , dont celle qui étoir attachée au fternon, s’allongeoit à pro- Mmij 276 DESCRIPTION ANATOMIQUE portion que les côtes étoient plus baffes ; elle étoit auf bien moins offeufe que l’autre. Le fternon paroifloit être fitué à rebours, ayant à fa partie fuperieure une maniere de cartilage xiphoïde, qui s’avançoit en une pointe plate vers la gorge, & s’élargiffant par les côtés couvroit les clavicules à l'endroit où elles étoient attachées au fternon par fyndefme. Les clavicules étoient fort larges à leurs ex. trémités : elles étoient articulées avec les omoplates de telle forte , qu’elles laifloient un grand jeu pour faciliter le mouvement à cet animal, qui lorfqu’il marche àterre, balance tout fon corps alternativement fur les épaules, comme fur deux centres. Les faufles côtes étoienc d’un cartilage fort mou , exceptéla derniere qui étroit trois fois plus large, & d'une confiftence dure & offeufe. Deux os plats & larges par leurs extrémités , articulés à la partie fuperieure de l'ilium, à l’endroit où 1l reçoit la tête du femur , venoient s'unir par fynchondrofe au milieu dela plus baffe region du ventre. Ils étoient neceflaires pour mettre à couvert par leur dureté les parties molles & de- licates qui fe trouvoient deffous , & qui fans cela auroienc couru rifque d’être offenfées à tout moment. Le fquellete du Crocodile de l’Académie eff fort different de celui-ci, on fe contentera de rapporter les principales differences. ILy avoit , par exemple, fept vertebres au cow, douze au dos , cinq aux lombes , deux à Pos facrum: 5/ y avoit douze côtes , en comprenant tant les vrayes que les faufes. La pläpart de ces côtes étoient compo[ées de trois parties, dont il y en avoit une offeufe articulée avec l'é- pine ; les deux autres étoient encore cartilagineufès dans motre Sujet, quiétoit fort jeune. La machoire fuperieureétoit articulée avec l'inferieure par quatre apophifes, dont les deux plus petites éroient jointes par desligamens , & s’appliquoient le long l'une DE TROIS CROCODILES. 277 de Pautre, quand la gucule étoit fermée , les deux autres par ginglyme, dont la poulie étoit dans la machoire fu- perieure. On #'a point trouvé dans le Crocodile de l’Académie ces deux apophifes qu'on dit être jointes par le moyen des li: gamens. Nous voulämes encore nous aflürer par [a voye des muf: cles, du jeu des deux machoires, dont nos yeux nous avoient déja peinement convaincus. Comme ce point nous étoit furtout recommandé , nous crûmes ne pouvoir le verifier avec trop de foin. Pour y réüflir ,on commença par féparer Les mufcles fans y rien rompre, On endiftingua fix fur le cou, dont les deux plus grands prenoient leur origine àla neuviéme vertebre du dos. La fonétion de ces fix mufcles écoitdelever la machoire fuperieure , qui étant fort pefante avoic befoin d’une aufli grande force que celle-là. On en trouva deux autrescouchés le long de l'é- pine dans la capacité du #horax, lefquels étoient deftinés à rabattrela machoire fuperieure , & la fermer : ils naif- foient de la cinquiéme vertebre du dos; ils étoient confi- _derables pour leur grandeur, ayant un pied & demi de long, &trois pouces & demi de diametre dans leur plus grande épaiffeur. De forte qu’il ne faut pas s’étonner que cetanimal , lorfqu’il a la gueule ouverte, rabatte avec tant de force & de viteffe lamachoire fuperieure déja affés difpofée à retomber d’elle-même par fon propre poids. Deux autres mufcles attachés aux côtés vers les clavicules fervoient à ouvrir la machoire inferieure : ceux-ci étoient fort petits en comparaifon de ceux de la fuperieure; aufli avoient-ils un poids bien plus leger à mouvoir, que les autres, outre que leurs mouvemens étoient bien moins fenfibles. Nous fimes jouer tous ces mufcles en les tirant les uns après les autres , & nous vimes chaque machoire Ma ii] 278 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE s'ouvrir & fe fermer dans l’ordre que nous avons décrit, tandis que nous tenions l’autre immobile pour ne pas confondre leurs mouvemens. Aurefte il n’y avoit pas fu- jet d’apprehender aucune illufion. La chofe fut crop fen- fible dans chacun de nos crois Sujecs, fur tout dans le petit, où la tendrefle des chairs, & la délicateffe des mufcles facilitoit leur aétion , empêchant les tendons & les fibres de fe roidir aufli-côt qu’ils le font dans lesgrands, dans lefquels au bout de deux jours pouvions-nous à peine dref fer à force de bras les machoires que nous ouvrions au commencement avec autant de facilité quenous voulions, Nous ne parlons point ici de deux doubles mufcles qui for- moient deux gros renflemens , & qui couvroient à droit & à gauche le ginglyme des deux machoires. Et parce que ces mufcles étoient inferés à l'une & à l’autre autour de leur jointure, cela nous fit juger qu'ils pouvoient bien être deftinés à produire les mouvemens lateraux dela tête : faculté dont leur groffeur qui étoit extraordinaire , les rendoitaflürement capables. Tous les muftles dons on parle ici font uniquement deflinés a lever ou baiffer la tête : ainff, quand on dit que ceux qui étoient couchés fur Le derriere des vertebres du dos & du cou , [ervoient à lever la machoire , ce n’effpoint la machoire qui fe leve , mais toute la partie [uperieure de la tète , c’eff a-dire, la machoire fuperieure Le crâne : car Les os qui come pofènt ces deux parties , font fermement attachés les uns AUX 4yires, Les dents étoient creufées en cone par la racine, & leur cavité étoit remplie d’une moële peu molle. Le crâne ne faifoit qu’un feul os continué avec la machoire fuperieure, : fans aucune apparence de future. Cette remarque confirme que la machoire fupericare du DE TROISCROCODILES. . 279 Crocodile ne peut être mobile. Toutes les pieces qui compo= Jent lecräné & la machoire fuperieure du Crocodile, font fortement engagées les unes dans les autres par des futures très-profondes. . La region fuperieure étoit diviféeen- dedans par un Jéptum fort épais, & extrémement dur, fous lequel on trouva le cerveau à trois pouces de profondeur. Il étoir extraordinairement petit pour un figrand animal, ayant à peine deux pouces de longueur, & feptà huit lignes de largeur. Un petit retrecifflement fuivi d’un renflement affés confiderable , qui diminuoit enfuite en s’allongeant pour former la moëlle de l'épine , & qui pouvoir être pris pour le cerveler , lui donnoit la figure d’une petite gourde allongée. | Ona obfervé dans le Crocodile de l'Académie >que fon cerveau eff tout fëmblable à celui des poiffons. Le peu de confiftence qu’il avoit ne nous perinie pas de le diflequer , & d'y obferver antre chofe que la fituation , la figure & la couleur, qui éroir grifâtre par-deflus, & blanchâtre en-dedans. £ Les nerfs optiques fortoient des deux côtés de la partie antericure du cerveau fans s’unir , comme on l'obferve dans les poiflons. La petiteffe de cette partie dans un animal dont on à toûjours vanté Ja rufe, confirme ce qu'on a déja remarqué , que le défaut de cervelle ef moins une marque de peu d’efprit , que de beaucoup de ferocité. Letrou de l'oreil étoit grand à fourrer le petit doigt.Ou- tre cette membrane épaifle & cartilagineufe en forme d’ouyc de poiffon, de laquelle nous avons déja parlé, il étoit fermé parune membrane féche & délicate, comme un fin parchemin , laquelle étant tenduë fur cet orifice lui fervoit de tympan, Nous ne pümes trouver dans la cavité 80 DESCRIPTION ÂANATOMIQUE, &c. de ce trou que deux offelets, qui ont quelque rapport avec ceux qu'on appelle marteau & enclume dans les au- tres animaux ; encore ne peut-on bien remarquer leur fi- tuation dans les deux grands , comme on fit dans le petit, la violence des coups qu’il falut donner à diverfes reprifes pour ouvrir lecräne, ayant rompu quelque chofe dans la ftruéture de cet organe. Le marteau & l’enclume étoient d'un ouvrage très-fin. Le premier étoit fort délié, & d’un cartilage offeux : fon manche qui reffembloit pour fa f- gure à un pedicule de feuille d'arbre, long & étroit, avoit un pouce quatre lignes & demie de long. La tête qui étoit toute plate deflus & deflous , avoit & la figure & la gran- deur d’unetranche de pepin de poire fendu par le milieu, I! portoic à angles droits fur la partie du manche la plus étroite. L’enclume qui n’étoit autre chofe qu’une pyra- mide courte & creufe d’un cartilage fin & tranfparent, comme une lame de corne fort mince, étoit compofée de trois furfaces prefque égales , & d’une bafe vuide qui étoit pofée en-dedans fur letympan, la pointe tournée en bas; & l'extrémité du manche du marteau étoit appuyée obli- quement fur cette pointe. Ces organes éroient trop déliés pour pouffer plus avant nosrecherches. Au refte l'enclume du plus grand étoit fi legere, que l'ayant placée pour la deffiner, une mouche s’en fait, l’enleva , & faillit à nous l'emporter. DESCRIPTION SSSR GS... ——= PR ER PR cr _\È parte PL 67.pag.28z, SES (l nn al UE (it DUR TL QUENTN Perd 71772 AE. Pyer 72 figure de Lz Pare du Toc-kate cdessur dans la figure 8 “du Crododle nomre 12 281 DESCRIPTION ANATOMIQUE D'UN TOC-KARhE.- E Toc-Kare eft une efpece de Lezard fortcom- mun dans le Royaume de Siam , deux fois plus gros que les Lezards verts qu’on voit en France. On l'appelle de cenomà caufe de fon cri :car cetanimal en criant arti- cule très -diftinétement ces deux fyllabes Toc-kie , dela même maniere que nous appellons Cow-Cow cet Oifeau qui ne fçait chanter que fon nom. Encore quele Toc-kaie aitleton de la voix bas & grave, il crie néanmoins avec tant de force, qu’il fe fait quelquefois entendre de plusde centpas, ce qu'il fait ordinairement cinq & fix fois, & même jufqu’à dix & douze fois tout de fuite ; & quelques Siamois prennent cela pour une marque du.nombre des années qu'ont cesanimaux , en quoi fans doute ils n’ont pas raifon : car nous avons fouvent ouy les mêmes crier tantôt un plus petit, tantôt un plus grand nombre de fois dans un même jour. Cet animal fe retire ordinairement {ur les arbres & dans les maifons, ayant une difpofition merveilleufe pour courir fur les branches & fur les mu. railles les plus unies. Il eft veneneux, à ce que l’on prétend, & on l’a reconnu par diverfes experiences, celle qu’a été _celle dont aété témoin un de nos Peres, qui nous a dit avoir vû un Chat mordu À la têtepar un Toc-kaie,auqucl cette partieavoit tellement enflé, que fans qu’on le fecou-. rut promptement, il en feroit mortinfailliblement. Néan- moins le Toc-kaie n’eft pas dangereux, & nous fommes Rec. de l'Ac, Tom, III. IL. Partie, Nn 232 DESCRIPTION ANATOMIQUE encore à voir quelqu'un qui aïe oui-dire que perfonne ei ait jamaiséré mordu. Celui que nous diffequâmes , étoit ; comme tous les autres , de diverfes couleurs par-deffus & & par-deflous. Le deffus étoit couvert d’une peau chagri- néc & bigarrée de rouge & de bleu mêlés par ondes, avec pluficurs rangs de pointes coniques d’un bleu déchargé, & élevées le long du dos. Le deffous étroit artiftemenc écaillé d’unecouleur gris-perle, avec plufieurs mouchetu- res rouflâtres. Il avoit un pied fix lignes de longueur, dont la queuë en comprenoit près de la moitié, avec un peu plus de deux pouces & demi de tour dans fa plus grande épaifleur, c’eft-à-dire, vers le bas ventre. La tête qui étoit de figuretriangulaire, avoit àfa bafe, fçavoir ;à l'endroit où elle s’unit au cou , environ dix-huit lignes de largeur , & environ treize d'épaifleur par tout, excepté le milieu où la machoire fe recourbant un peu, alloit fe terminer en une pointemouffe. Lerefte du corps gardoit dans toutes fes parties prefque les mêmes propor- tions qu'ont nos Lezards verts dans tous leurs membres, à la referve des pieds, lefquels étant faits pour grimper & courir fur des corps lices , devoient avoir une figure fin- guliere & propre pour cela : aufli la Nature a-r-elle ew foin non-feulernent d’armer les doigts d’ongles très-aigus & recourbés; mais encore de munir chaque doigt d’une membrane large &de figure ovale , & d’y former par-def- fous avec unedélicateffe incroyable , un certain nombre de petits feuillages ou de pellicules paralleles entre-elles ; & perpendiculaires à la membrane du pied , par le moyen defquelles ils ont unefacilité merveilleufe de s’attacheraux corps les plus polis. L’œil de cet animaleft fort grand à pro- portion des autres parties. La prunelle dont la figurcétoit la même quedans leCrocodile,paroiffoit paruneouverture de quatre lignes & demie fort avancée horsde fon orbite, de telle forte que les yeux lui fortoientà moitié hors de D'un Toc-Kare. 283 la tête, ce qui eft ordinaire à ces animaux. Aunbon doigt des yeux en tirant vers la queuë, une cavité ovale & af- és profonde formoit l'oreille, dont le diametre n’étoit gueres que la moitié de celui de l'œil. Quand nous l’eûmes ouvert nous découvrimes d’abord le cœur au milieu du #horax entre les jambes de devant. Ilétoit enveloppé d’une membrane ou pericarde vuide & fans eau , lequel étoit attaché aux deux côtés en montant obliquement, & formoit un canal pour donner paflage à la trachéc-artere fous le cœur. Au-deflous immediatement étoit placé le poumon partagé en deux lobes vers le milieu du corps; & de la bafe du cœur partoit le foye, qui paf: fant entre les poumons s’alloit attacher-bien plus bas pat fon lobe gauche au côté gauche, & couvroit toute la partie fuperieure de l’eftomach, par la bafe de l’un & de l'autre lobe qui lui formoient une cavité proportionnée en cet endroit. Le #horax étoit feparé du bas-ventre par un diaphragme membraneux, qui apparemment ne con- tribuoit pas peu par fon mouvement à la dilatation du pou- mon, & à former par confequent la voix extraordinaire avec laquelle cet animal fe fait entendre de fi loin. Son eftomach étoit fort long , il avoit bien deux pouces & dix lignes en cette dimenfion: il devenoit cartilagineux en- viron fix lignes au-deffus du pylore : la fubftance en étroit fort blanche; celle du dsodenum paroïifloit rougeâtre: du pylore au cecum les inteftins avoient fept pouces dix lignes de long, & faifoient plufeurs contours en dimi- nuant ; ils étoient de même confiftance par tout. Ilavoit environ deux pouces & trois lignes de long. A fon origi- ñe on trouva un cecwm plein de petits vers blanchâtres & tranfparens qui avoient trois lignes de long, &étoient de la groffeur d’un crin deCheval. + Le foye étoit de figure pyramidale , & partagé en deux lobes affés longs, & refendus en deux autres petits lobes chacun. La veficule du fiel paroiffoit à découvert dans la Nnij 284 DESCRIPTION ANATOMIQUE, &C. partie gibbe vers le milieu des deux grands lobes, aufquels elle étoit adherante & preflée par les deux petits. Elle éroit de couleur bleuâtre & de figure ovale. Le poumon n'étoit rien autre chofe qu’une membrane fort fine & tranfparente , qui formoit une infinité de pe- cites bourfes ou fachets remplis d'air, qu’il étoit aifé de remarquer dans toute l’étendué des deux lobes, qui étoient de deux pouces neuf lignes de long. La trachée-artere, qui étoit courte, large, droite, & tout-à fait propre à produire un fon grave, qui eftleron fur lequelle Toc-kaie crieordinairement , avoit deux li- gnes de diametre. Elle étoit compofée d’anneaux cartila« gineux tous fermés & fort preflés. La fente du larinx étoit fort longue & perpendiculaire. Le haut de la tra- chée, aufi-bien que le larinx, étoit revêtu d’une meme brane très-fine & noire comme l’uvée. Certe membrane écoituneappendicede celle qui couvroit le palais de cet animal, & qui lui faifoit paroître le dedans de la gueule noir comme de/l'ancre. — L'os de la machoire fuperieure que nous jugeâmes d’a- bord être tout d’une piece , comme dans le Crocodile ,en léxaminant de plus près, nous parut être compofé de deux , unies par fynchondrofe, de celle forte que la par- tie anterieure, par le moyen de cette articulation fembloic avoir un mouvement de reffort de haut en bas. Cela nous fit conjeéturer que ce mouvement de reffort faifant baifler la partie anterieure de la machoire fuperieure vers l’'infe. rieure, ou plûütôt vers la langue, ne lui aidoït pas peu à bien articuler fon Toc-kaie , qui ne fe peut prononcer à moins que la langue ne frappe affés rudement le palais; ce quele Toc-kaie, qui a la langue épaifle, à peu près comme le Perroquet, auroit eu peine à faire, fila Nature ne lui avoit donné , comme elle a fair à cet oifeau , la fa- culté de mouvoir la machoire fuperieure. . re he ct 285$ . EÉCLAIRCISSEMENS DE QUELQUES doutes [ur les Chameaux ; Eÿc. ‘ACADEMIÉ ROYALE nous ayant Chargé dans fes Inftruétions de nous informer de quelques par- ricularités qui regardent les Chameaux , & dontelle étoit en peine , nous avons fait nos diligences pour lui don- ner facisfaétion fur ce point, comme nous avons fait fut les autres, quand l’occafion s’en eft prefentée. L’Ambaf- fade de Perfe nous en a fourni une belle pour cet effer, Voici lesréponfes précifes que l’Ambaffadeur a faites aux queftions que M. Conftance lui fit faire de notre part par le Chef des Mores qui font ici. | 1. Qu'on voyoit à prefenc en Perfe des Chameaux qui avoient deux boffes fur le dos , mais qu’ils étoient ori- ginaires du Turkeftan, & dela race de ceux que le Roi leur Maître avoit fait venir il n’y a pas long-tems de ce pays, qui eft le feul endroit que l’on fçache de route l’A- fie où il y'en ait de cette efpece; & que ces Chameaux étoient fort eftimés en Perfe, parce que leur double boffe les rendoit plus propres pour les voitures. _2. Queces boffes n’éroient point formées par la cour- bure de l’épine du dos qui n’étoit pas pius élevée dans ces endroits qu’en d’autres, mais que c’étoit feulement des excrefcences de chair ( d’une fubftance glanduleufe, &: femblable à celle de ces parties où fe forme & fe conferve le lait dans les animaux ) femblable à celle de 1a queuëé de ces moutons de Barbarie, qui pefent jufqu’a 20. & 25. livres : qu’au refte la boffe de devant peut avoirenvironun demi pied de haut, & l’autre un doigt moins. 3. Qu'on ne trouve point d’eau dans l’eftomach des Chameaux, & qu'ils n’ont jamais oüi-dire que ce füc le Nni] 286 ECLAIRCISSEMENS SUR LES CHAMEAUX, &c, dernier recours dans les Caravanes, que de leur ouvrirle ventre pour éteindre fa foifde cette eau pretenduë, lorf- u’on n’entrouvoit point d’autre, 4. Qu'ils n’avoient jamais vü l’Oifeau que nous appel- lons Gallus Perficus , & Gallus Iadicus ; dont on leur avoit envoyé la figure. Cet Oifeau n’eft pas plus connu dans ce Royaume. Les poches qui fe voyent au-dedans du premier & du fè- cond vertricule des Chameaux , que l'on dit être les refèr- veirs où ces animaux gardent fort long-tems l'eau qu'ils boivent, pour fubvenir aux befoins qu'ils en peuvent avoir dans les defèrts où l'on à accoñtumé de les faire paffer , ont ététrouvés pleines de nourriture dans les deux derniers Cha- meaux que l'on a diffequés à l'Académie. Ainfi ily a lieu de croire que cene font point les reférvoirs de l'eau qw'ils boi- vent, mais que ce font comme autant de petits ventricules, oh une partie de La nourriture eff diffribuée & retenué quel- que tems , pour y recevoir les efprits dont elle a befoin pour être fermentee, @ dont elle fermente enfuite le reffe de la pourriture avec laquelle elle fè mêle; de même que pour faire ermenter une grande maffe de pâte, on en prendune partie, dans laquelle on mêle le levain, pour méler enfuite cette partie fermentée avec le reffe de la maffe. D'ailleurs la nour- riture étant ainfi partagée en plufieurs petites portions enfer= mées dans ces petits ventricules, eff broyée avec beaucoup plus de facilité. On a obfèrvé dans les Chameaux diffequés à l'Académie que leur boffe eff formée par un amas de graiffe blanche & dure comme du [uif. D HS Lg En ne ne US D | | | 187 CFD CFD UD LS UPS CO CFD 24 AD CFD C0 C9 * Co Lo * CD CFD CFO CD Ca CID CFD CD CFO CD CFD DESCRIPTION D'UN TIGRE de la grande efpece , que les Portugais appellent Tigre Royal. E Tiére avoit été tué par les Elephans dans ün NN _gcombat, dont le Roi donna un jour le divertifle- ment à l’Ambafladeur de Perfe, Ayant fçû qu’on avoit jetté cer animal mort dans la campagne , quelques-uns de nous l’allerent voir ; mais comme il commençoit déja à fe corrompre, on. n'y pucobferver que les chofes fuivantes. … Il étoir de couleur fauve fur le dos , lepoil des côtés ti- roit fur le gris, 8 le deffous du ventre étoit blanc. Il étoit couvert de bandes noires, dont les plus grandes avoient plus d'un pouce de large. Quelques-unes étoient difpo- fées en forme de ceinture, & embrafloient prefque tout le corps. La plüpart éroient plus courtes, & tirées obliques ment : elles étoient fort irregulieres : les principales en poufloient de plus petites, quileur tenoient lieu d'appen- dices. Voiciles mefures qu'on prenoit fur l'animal mort. La têtcavoit quatorze pouces de longueur , & neuf d’é- paifleur ; la queuë qui étoit longue de deux pieds & demi ; ecoit d’une groffeur mediocre , & alloit en diminuant vers Pextrémité, où elle éroit fort menué : elle écoitauff diftin- guée par anneaux des mêmes couleurs que le refte du corps , mais moins vives. Le corps mefuré depuis l’origine de la queuë jufqu’au bout du mufleavoit quatre pieds neuf pouces de long; & fa hauteur prife depuis l'extrémité d’une des pattes de devant jufqu’au deffus du dos fut trouvée de trois pieds; & la jambe de devant mefurée immediate- ment au-deflous du jeu de l’épaule, avoit plus d’un pied &c demi de tour; le refte étoit gros à proportion. Les deux 283 DESCRIPTION D'UN T1IGRE, &c, b] côtés du front formoient au milieu une cavité confide- rable tirée de haut en basen forme de canal: le fond étoit couvert d’une bande longue & étroite , d’où partoient comme d’un tronc plufieurs autres bandes de mêmes cou- leurs, lefquelles montant obliquement vers le front, fe re- fléchifloient en helice vers le bas. Elles étoient au nom- bre de trois dechaque côté, croiffant à mefure qu’elles s’a- vançotent vers le fommetde la cête. Du haut de ce tronc fortoient à droit & à gauche plufeurs autres petites ban- des noires , & qui après s'être partagées & écartées les unes des autres, venoient à fe réünir en une feule pointe au milicu du front : de forte qu'avec le peu de fecours que l'imagination ne manque guere de prêter en ces rencon- tres, on y pouvoir trouver une refflemblance affés appro- chante de nos fleurs-de-lys, fuppofé qu’on leur donnetrois rangs de feuilles. Les quatre crocs de la gueule étoientex- trémement gros & longs, & les griffes à proportion. La gueule étoit fort grande, & le cou extrémement court, On lui avoit arriéhé les longs poils qui lui fervent de bar be. On prétend qu’elle renferme un poifon très-prefent. On n’a pas trouvé occafion de faire autre chofe ici pour la connoiffance des animaux. Les Peres qu’on y attend, pourront continuer ce qu’on n’a fait que commencer, & donnerontinfailliblement à l'Académie Royale des con- noiffances de tous ces pays, qui ne lui déplairont pas, tandis que de notre côté nous emploirons à la Chine tout le cems que nos premieres fonétions nous laifferont de refte à executer tout ce que nous pourrons des chofes qu’elle nous a recommandées, & dont elle voudra nous charger dans la fuite, TABLE 289 Ge ee aan es, RSS. Res eus mule AR Ma ss DR PR ARR D ER ES TABLE DES ANIMAUX DÉCRITS DANSCE VOLUME. Les Noms les plus communs & qui ifontautitre ‘des Delcriptions font en LettreRomaine: les autres font en Lettre Iralique. P. 1. ou 2. ffgnifie, Partie premiere ou féconde. A Aube Part. 1.pag. 117. Aegagros P. I. p. 204. Alcé P. I. P. 179. Aigle p. 2. p. 88. . Algazel DT fe 97 Alopecias D: 1 P'I1TZ Animal mag P-. 1. p. 180. #0 P: I. P. 223. Afi9 P- 2. P. 4 Avis tarda P. 2. P. 102. Autruche, P. 2 P. 110. B Biche de Sardaigne D 2 P- 65. + Biffarda P. 2. PA 102 Bœuf Marin P. I. P. 190. Bubale - P. 2. p. 26 Rec. del Ac. Tom. III. ZZ. Partie. Oo. 290 TABLE. C Caméléon D''E Puore Caprea P. I. P. 204. Carbo Aquaticus P: I: p: 21% Caftor P- I. P. 136. Cafoar P. 2 p. 55 Cepus B- 2: P+, 55. Cercopythecus P: 2 pa Cerf de Canada Pr 2. P.. ‘65% Chameau Pe I..p 69 Chamois P- I. P. 2or. Chat-Pard P. I. p. 108. Chevre d'Afrique p-:2//p. 192 Chevreuil d'Egypte P. I. p. 93 Chryfaëtos D: 2:priie -Civerte Dr pure 7 Coati P-2 pie Cocq Indien p-#1. péage: Corax P: 1. P. 211. Cormoran P: Tapas Crocodile pe & pass Cynocephale Ps 2 pt 3 D Demoifelle de Numidie pe 2 prie Dorcas P- I. p. 95. Dromadaire P: RUPANTE E ÆEchinus P- 2 pe 34% Elant P. «154 ‘278 Emé Pe 2 PI ét. cé. midé dinnes — * TABLE. G Gallus Perficus , Gallus Indicus Gazelle Gazuel Guenon Haliaëtos Heggehog Heriflon Æyere Ayffrix Kemas Lagarto Lamantin Lezard Lion Lionne Loup-Cervier Lowp-Marir Loutre Lynx. Mavati Meleagris M ituporanga Mondi D +0 0 D 9 9 0 D 9 cac her oc 09/9 0 TT "PT pb p = ùN pb P P'oPTTR Bd Di D Pi PU 4 D 2 D EL EE eu à SSL RUE LS GIF -n Den bebe: #4 DE 9 PU D'OR LD PPT 292 T'ALBIDYE. V Vache de Barbarie Veau Marin Vipere 24e 187. 209, 4 O Otarde p. 2. p. 99: Ofis P. 2. p. 10L. Ofus P: 2. P. 4e Ours Pe le pe 87. P Peintade De ie UD APE Phoca P. I. P: 190. Porc-Epic Pi.:2 40 Poule d'Afrique, de Barbarie ,de Numidie, de Guinée, de Mauritanie, de Tunis C de Pharaon P: 2. P. 79 © ainfi dans les autres endroits où l’on trouvera le même mor. 119 20 quenout, /. qu'entout. 119 21 droit, L. droite, 120 17 geule, /. gueule, 127 21 coutt, /. court. 138 23 d'unfcie, /. d’une fcie, 140 23 emprinte, /. empreinte. 140 26 trouvâme. /. trouvâmes. Rec. de l'Ac, Tom. II, 1e Partic, | Ooiij lig. T6 35 8 20 16 urtéres, /, uréteres, cnotiennent , L. contienñent. Pacreas , /, Pançcréas. femble être à ces , /. femble être incommode à ces, femblable , /. femblables, 16 & 17 aderanis, /. adhérans. 35 $ 32 pour une mème , L. pour un même. il certain , L. il eft certain, D'ÉUECIE MEME USER. ierres , L. piéces. P 10 les ciriq d’enhaut , sjouteX étoient. 17 1-7 I $ 35 30 24 9 4 6 3E 35 22 10 XX es deux cornes , [. XX les deux cornes. retoupées , . recoupées. fyftique, /. cyftique. étoient , L. étoit, l'œfophoge , L. l'œfophage. pierres ; L. pièces. Corteleus . /, Cortefius. rerombant, /. retombent, attribuent, /. attribué. fervent , /. ferve. un grande , l. une grande. anaîtomifes , L. anaftomofes. au mâles, /. aux mâles, feparant , /. feparent. 8 & 150 L. 30 Cafour, /.Cafoar. 11-12 demontrent, /. demontfée. 7 23 20 32 Le] as 30 II 31 23 2 le tronc , 1 Le tronc. fortent , /. fortant. l'uppelle Le l'appelle. btranhes , L. branches. geule AE gueule. on n’y peut, /.on ny pût 4 Elle eft compofée, L. Il eft compof£. tranparens ; pe cranfparens, fuite preffés , /. fuite prelfée, effacex, comme, A PARLES, (GABRIEL MARTIN » T'uË Saint Jacques, | à l'Etoile. Rene MONTALANT, Quay des : Auoguftins. ITEAN-BAPTISTE CorcNARD Fils, . Chezs Imprimeur du Roy & de l’Académie | Françoife , ruë Saint Jacques , au Livre d'Or. Re S GUERIN, ruë Ÿ SaintJacques, à Saint Thomas d'Aquin, EEE De l’Imprimerie de Jraw-B artiste Cotcnarp Fils, Imprimeur du Roy & de l'Académie Françoile. -