I (&ùzr^J ?j?3S~ Hiïbrarg of tbc Hïuscum OF COMPARATIVE ZOOLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS. The gift of Ac^Àe^Ct. ffoy *-# No. tsy MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. MÉMOIRES Uli L'ACADÉMIE ROYALE des SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. TOME XL. BRUXELLES, F. HAYEZ, IMPRIMEl'R DE L'ACADEMIE ROYALE. 18?3 xYï> LISTE DES MEMBRES, DES CORRESPONDANTS ET DES ASSOCIES DE L'ACADEMIE. (15 août 1873.) LE ROI, Protecteur. M. J. J. Thomssen, président pour 1873. » Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. COMMISSION ADMINISTRATIVE. Le directeur de la classe des Sciences, M. Gluge. » » des Lettres, M. Thonissen. » » des Reaux-Arts, M. Alvin. Le Secrétaire perpétuel, M. Ad. Quetelet. Le délégué de la classe des Sciences, M. Stas, trésorier. » » des Lettres, M. Ch. Faider. » » des Reaux-Arts, M. De Russcher. Tome XL. CLASSE DES SCIENCES. M. Gluge, directeur pour 1873. » Ad. Quetelet. secrétaire perpétuel. 30 MEMBRES. Section des sciences mathématiques et phtisiques ( M. Quetelet. Adolphe J. L.: à Bruxelles . . . Elu 1 » Plateau, Joseph A. F.: à Gand — » Stas. Jean S.; à S'-Gilles-lez-Bruxelles. . . — » de Koninck , Laurent G. ; à Liège — » Melsens, F. H. Louis: à Bruxelles .... — » Liagre, J. B. Jules: à Bruxelles — » Duprez, François J.; à Gand » Houzeau , Jean C. ; à Kingston (Jamaïque) . . — » Quetelet, Ernest: à Bruxelles — » Maus, Henri. J.: à Ixelles — » Gloesener, Michel: à Liège — » Domnv, François M. L.:, à Gand — » Montigny, Charles: à Schaerbeek — » Steichen, Michel: à Ixelles — » Brialjio.nt, Alexis H. : à S'-Josse-ten-Noode . o membres). |er lévrier 1820. lo décemb. 1836 11 décemb. 1841 lo décemb. 1812 lo- décemb. 1850. lo décemb. 1853. 16 décemb. 1854. 15 décemb. 1856. lo décemb. 1863. lo décemb. 186i. lo- décemb. 1864. is décemb. 1866. 16 décemb. 1867. 15 décemb. 1868. lo décemb. 1869. M. Section des scie>ices naturelles (lo membres). d'Omalius d'Halloy. J. B. J.: à Halloy . . Nommé le Du Mortier, Barthélémy C: à Tournai . Elu le 2 Van Beneden , Pierre J. ; à Louvain .... — 15 Le baron de Selys Longchamps. Edm.; à Liège. — 16 Le vteDu Bus, Berd A. L. : à S'-Josse-ten-Noode. — 1 6 Nyst, Henri P.; à Molenbeek-Saint-Jean . . - 17 Gluge, Théophile- à Bruxelles — 15" Poelman, Charles; à Gand — 16 Dewalque, Gustave: à Liège — 16 Candèze, Ernest; à Liège — lo 3 juillet 1816 mai 1829 décemb. 1842 décemb. 1846 décemb. 1846. décemb. 1847. décemb. 1849. décemb. 1837. décemb. 1859. décemb. 1864. — 3 — M. Chapuis, Félicien; à Verviers Elu le 15 décemb. 1865. » Dupont, Edouard; à lxelles — la décemb. 1869. » Morren, Edouard; à Liège. ...... — 15 décemb. 1871. » Van Beneden, Edouard; à Liège — 16 décemb. 1872. » N . CORRESPONDANTS (10 au plus). Section des sciences mathématiques et physiques. M. Henry, Louis; à Louvain Élu le 15 décemb. 1865. » Maillt, Edouard; à Saint-Josse-ten-Noode . — 16 décemb. 1867. » Valerius, Henri; à Gand — 15 décemb. 1869. » Folie, François; à Liège — 15 décemb. 1869. » De Tillt, Joseph M. ; à Schaerbeek . ... — 15 décemb. 1870. Section des sciences naturelles. M. Malaise, Constantin; à Gembloux .... Élu le 15 décemb. 1865. .. Briart, Alphonse; à Morlanwelz — 16 décemb. 1867. » Plateau, Félix; à Gand — 15 décemb. 1871. » Crépin, François; à Bruxelles — 16 décemb. 1872. 50 ASSOCIÉS. Section des sciences mathématiques et physiques (25 associés). M. Vêne, A.; à Paris Élu le 2 février 1824. » Sabine, Edouard: à Londres — 2 février 1828. » Chasles, Michel; à Paris 4 février 1829. » Van Rees, Richard; à Utrecht — 6 mars 1850. » de la Rive, Auguste; à Genève — 9 mai 184-2. .. Dumas, Jean-Baptiste; à Paris — 17 décemb. 1843. » Lamarle, Ernest; à Gand — 17 décemb. 1847. » Wheatstoxe, Charles; à Londres — 15 décemb. 1849. » Airt, Georges Biddell; à Greenwich ... — 15 décemb. 1853. » Argelander, F. G. A.; à Bonn — 15 décemb. 1856. » Lamont, Jean: à Munich — 16 décemb. 1859. » Hansen, Pierre André; à Gotha — 15 décemb. 1864 » Kekulé, Auguste; à Bonn — 15 décemb. 1864. » Bunsen , Robert G. ; à Heidelberg .... — 15 décemb. 1865. » Catalan, Eugène C; à Liège 15 décemb. 1865. M. Gilbert. Philippe; à Louvain Elu le 16 décemb. 1807. » de Jacobi. M. H.; à Saint-Pétersbourg ... — 16 décemb. 1867. » Regnault, Henri-Victor; à Paris — 15 décemb. 1868. » von Baeyer, J. Josepli: à Berlin — la décemb. iSG8. » Kirchhoff. Gustave Robert: à Heidelberg. . — 15 décemb. 1868. » Dove. Henri-Guillaume; à Berlin .... — 16 décemb. 1872. » Hik\. G. A.: au Logelbach (Alsace). ... — 16 décemb. 1872. » N », N » 1\ Section des sciences naturelles (2a associés). M. de Macedo, J. J. da Costa: à Lisbonne . . . Elu le 15 décemb. 1836. » Décaisse, Joseph: à Paris — 15 décemb. 1836. » Schwann, Théodore; à Liège — 14 décemb. 1841. » Owen, Richard; à Londres — 17 décemb. 1847. » Eue de Beaumont, Jean-Baptiste; à Paris . . — 17 décemb. 1847. » Edwards, Henri Milne; à Paris — 15 décemb. 1850. » Sciilegel, Hermann; à Leyde — 16 décemb. 1857. » Agassiz, Louis; à Cambridge (Etats-Unis). . — 15 décemb. 1858. » von Baer, Ch. E. : à Dorpat — 16 décemb. 1859. » Sir Lyell, Charles; à Londres — 16 décemb. 1859. » Valentin, Gabriel-Gustave: à Berne ... — 15 décemb. 1861. » Gervais, Paul; à Paris — 15 décemb. 1862. » Dana, James D.: à Ncw-Haven (Etats-Unis) . — 15 décemb. 1864. » Brongniart, Adolphe T.: à Paris — 15 décemb. 1864 » Davidson, Thomas; à Brighton — 15 décemb. 1865. » de Candolle, Alphonse; à Genève .... — 15 décemb. 1869. » Heer, Oswald; à Zurich 15 décemb. 1869. » Donders, F.-C: à Utrccht — 15 décemb. 1869. » Darwin, Ch.; à Down. Beckenham (Kent) . — 15 décemb. 1870. » Beli.ynck, Auguste: à Namur — 15 décemb. 1870. » Fries, Elias; à Cpsal — 15 décemb. 1871. » Parlatore , Philippe ; à Florence — 15 décemb. 1871. » Hooker, Jos.-Dallon; à kevv (Angleterre) . . — 16 décemb. 1872. » Ramsay, André Crombie: à Londres. ... — 16 décemb. 1872. » Steenstrup, J.-Japetus-S.; à Copenhague . . — 16 décemb. 1872. s CLASSE DES LETTRES. M. J.-J. Thomssen, directeur pour 1873. » Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. 30 MEMBRES. Section des lettres et Section des sciences morales et politiques réunies. M. Steur, Charles: à Gand Graisdgagnage, F. C. J.; à Liège . . De Smet, J. J.; à Gand Roulez, J. E. G.; à Gand .... Le baron Nothomb, J. B.; à Berlin . Van de Weyer, Sylvain: à Londres . Gachard, Louis Prosper; à Bruxelles Quetelet, Adolphe J. L.; à Bruxelles Van Praet, Jules: à Bruxelles Borgnet, Adolphe C. J.; à Liège Devaux, Paul L. I.: à Bruxelles De Decker, Pierre J. F.:, à Bruxelles Haus, J. J.; à Gand .... Bormans. J. H.: à Liéere. . . Leclercq, M. N. J.: à S*-Josse-ten-Noode Le baron de Witte, Jean J. A. M F aider, Charles: à Bruxelles . . Le bon Kervyn de Lettenhove , J. M Saint-Michel (lez-Bruges) . . Chalon, Renier; à Ixelles . Mathieu, Adolphe C. G.:, à Ixelles Thonissen, J. J.; à Louvain Juste, Théodore: à Ixelles. Guillaume, H. L. Gustave; à Ixelles Nève. Félix; à Louvain à Anvers li Slu le 5 décemb. 1829. 7 mars 1835. — 6 juin 1835. 15 décemb. 1837. — 7 mai 1810. — 7 mai 1840. 9 mai 1842. Nommé le 1er déc. 1845. Élu le 10 janvier 1846. 10 janvier 1846. — 10 janvier 1846. — 10 janvier 1846. 11 janvier 1847. 1 1 janvier 1847. — 17 mai 1847. G mai 1851. — 7 mai 1855. 4 mai 1859. 4 mai 1859. 19 mai 1863 9 mai 1864 5 mai 1866 G mai 1867 11 mai 1868 M. Wauters, Alphonse: à Bruxelles » Conscience. Henri: à Bruxelles . » de Laveleve. Emile; à Liège . » Nvpels. J. S. Guillaume; à Liège. » Le Boy, Alphonse; à Liège. . . » de Borchgrave. Emile: à Bruxelles . . . . Elu le 1 1 mai 1868 . . . — 10 mai 1869 — 6 mai 1872 — 6 mai 1872 . . — 12 mai 1873 . . . . — 12 mai 1873 M. CORRESPONDANTS (10 au plus). Wagener, Auguste: à Gand Elu le Heremans. Jacques F. J.: à Gand .... — Willems, Pierre; à Louvain Poullet. Edmond; à Louvain — Loise. Ferdinand ; à Anvers — TiELEMA.NS, F.: à Bruxelles — 8 mai 1871 8 mai 1871 6 mai 1872 6 mai 1872 12 mai 1873 12 mai 1873 50 ASSOCIÉS. M. Cooper, Charles Purton: à Londres. . » Groen van Pkinsterer, G.; à La Haye . » von Banke, Léopold: à Berlin » Salva, Michel; à Palma (ile Majorque) . . » Mignet, F. A. A.; à Paris » Guizot, F. P. G.: à Paris » Leemans, Conrad; à Leyde » Pertz, Georges Henri; à Berlin » Nolet de Brauw ère van Steeland, J.; à Ixelles. » de BoNNECHosE, F. P. Emile; à Paris. » Le chevalier de Bossi, J. B.; à Borne . . » Paris, A. Paulin; à Paris » de Longpérier, Adrien ; à Paris » de Beumont, Alfred; à Bonn » Le baron de Czoernig, Ch. ; à Ischl (Autriche). » Minervini, Jules; à Naples » Lafuente, Modeste; à Madrid » Theiner, Augustin: à Borne » Le bon de Kôiine. Bernard; à Saint -Pétersb. » Cantù, César: à Milan Elu le 0 avril 1834 lo décemb. 1840 9 février 1846 9 février 1846 9 février 1846 9 février 1846 1 1 janvier 1847 11 janvier 1847 7 mai 1849 7 mai 1849 7 mai 1853 26 mai 1836 26 mai 1836 26 mai 1836 4 mai 1859 4 mai 1859 4 mai 1859 9 mai 1860 13 mai 1861 13 mai 1861 M. von Lôher, François: à Munich Élu le 15 mai De Vries, Mathieu; à Leyde Le chevalier d'Arneth, Alfred: à Vienne ... Disraeli, Benjamin: à Londres Wolowski, Louis; à Paris Renier, Léon; à Paris Tiiiers, Adolphe; à Paris Le comte Arrivabene, Jean; à Mantoue ... Mommsen, Théodore; à Berlin von Dôllinger, J. J. Ignace; à Munich. ... Farr, William; à Londres Stephani, Ludolphe. à Saint-Pétershourg. Laboulaye, Edouard René Lefebvre; à Paris . Sciieler, Auguste; à Ixelles Egger, Emile; à Paris Vreede , Guillaume G. ; à Utrecht . . . de Sybel, Henri Ch. L. ; à Bonn .... Carrara, François; à Pise Le baron de Holtzendorff, F.; à Berlin . Brunn, Henri; à Munich Lenormant, François; à Paris Eichhoff, F. G. ; à Paris Le chevalier d'Antas, M.; à Bruxelles . Alberdingiik Thym, Jos.-Alb.; à Amsterdam Curti'js, Ernest; à Berlin Rivier, Alphonse; à Bruxelles .... Franck, Adolphe; à Paris N N N 15 mai 1862. 19 mai 1865. 9 mai 1864. 9 mai 186L 10 mai i863. 10 mai 1863. 10 mai 1865. 5 mai 1866. 5 mai 1866. d mai 1866. 6 mai 1867. 6 mai 1867. 6 mai 1867. 1 1 mai 1868. 10 mai 1869. 10 mai 1869. 10 mai 1869. 9 mai 1870. 8 mai 1871. 8 mai 1871. 8 mai 1871. 8 mai 1871. 6 mai 1872. 6 mai 1872. 6 mai 1872. 12 mai 1875. 12 mai 1875. CLASSE DES BEAUX-ARTS. M. Alvin, directeur pour 1875. » Ail. Quetelet, secrétaire perpétuel 30 MEMBRES. Section de Peinture: M. De Keyser, Nicaise; à Anvers . . . . » Gallait. Louis; à Schaerheek . . . . » Madou, Jean: à S'-Josse-ten-Noode . » Verboeckhoven, Eugène: à Schaerheek » Le baron Wappers, Gustave: à Anvers . » De Braekeleer, Ferdinand: à Anvers . . » Portaels, Jean: à Bruxelles » Slingeneyer, Ernest; à S*-Josse-ten-Noode. » Robert. Alexandre; à S'-Josse-ten-Noode. Nommé le Ie' décemh. 1845. — 1er décemh. 1845 — 1er décemh. 1845 — 1er décemh. 1845. — 1er décemh. 184S. Élu le 8 janvier 1847, — 4 janvier 1855 — 7 avril 1870 7 avril 1870 Section de Sculpture M. Geefs, Guillaume: à Schaerheek . . . Nommé le lei décemh. 1845. » Simo.ms, Eugène: à Bruxelles — 1er décemh. 1845. » Geefs, Joseph: à Anvers Elu le 9 janvier 1846. » Fraiki*. Charles Auguste: à Schaerheek. 8 janvier 1847. Section de Gravure : M. Franck, Joseph: à S'-Josse-ten-Noode . Élu le 7 janvier 1864. » Leclercq, Julien: à Lokeren — 12 janvier 1866. Section d'Architecture: M. Partoes, H. L. F.; à Bruxelles . Élu le 9 janvier 1846. — y — M. Balat, Alphonse: à Ixelles Elu le 9 janvier 1862. » Payen, Auguste; à S'-Josse-ten-Noode. . 9 janvier 1862. » De Man, Gustave; à Ixelles — 2 janvier 1865. Section de Musique : M. Vieuxtemps, Henri; à Bruxelles .... Nommé le 1er décemb. ISio. » Le chevalier de Burbtjre, Léon; à Anvers. Elu le 9 janvier i862. » Gevaert. Auguste F. : à Bruxelles ... — 4 janvier 1872. » Le baron Limnainder, Armd: à Bruxelles . — 4 janvier 1872. » N Section des Sciences et dcH Lettres dnns leurs rapports avec les Beaux-Arts : M. Ai/vin, Louis J.; à Bruxelles Nommé le 1er décemb. 1845. » Quetelet, A. J. L.; à Bruxelles .... — 1er décemb. 1845. » Van Hasselt, A. H.; à S'-Josse-ten-Noode. Ie' décemb. 1845. » Fétis, Edouard; à Bruxelles Elu le 8 janvier 1847. » De Busscher, Edmond; à Gand . ... — 5 janvier 1854. » Siret, Adolphe; à S'-Nicolas — 12 janvier 1866. CORRESPONDANTS (10 au plus). Pour la Peinture : M. De Biefve, Edouard; à Bruxelles . . . Elu le 9 janvier 1846. » Dyckmans, Joseph L.; à Anvers .... — 8 janvier 1847. Pour la Sculpture : M. Jehotte, Louis; à Bruxelles Élu le 9 janvier 1846. Pour les Sciences et les Lettres dans leurs rapports avec les lleaux-%rts : M. Stappaerts, Félix; à Ixelles Élu le 9 janvier 1868. — 10 — 30 ASSOCIÉS. l'uni lu l'i liiluri- M. Landseer, Edwin; à Londres Élu le 6 février 1846. » von Kaulbach, Guillaume; à Munich ... — 6 février 1846. » Haghe, Louis; à Londres — 8 janvier 1847. » Robert Flelry. Joseph N.; à Paris .... — 7 janvier 1804. » Gérome. Jean Léon; à Paris — 12 janvier 1 86o. » Madrazo, Frédéric; à Madrid — 12 janvier 1865. » Cogniet, Léon: à Paris — 9 janvier 1868. > Bendemann, Edouard: à Dusseldorf. ... — 9 janvier 1868. » Meissonier, Jean L. E. ; à Paris . .... — 7 janvier 1869. Hébert. Aug. Ant. Ernest: à Paris .... — 12 janvier 1871. » N. .' Pour la Sculpture : M. Dumont, Alexandre Augustin; à Paris. . . Élu le 22 septemb. 1852. » Le comte de Nieuwerkerke. Alf. : à Paris . . — 22 septemb. 1852. » Folev, Jean Henri: a Londres — 8 janvier 1863. » Cavelier, Pierre Jules; à Paris — 7 janvier 1864. » Jouffrov, François; à Paris — 12 janvier 1866. » Drake, Frédéric; à Berlin — 12 janvier 1866. » Barve, Antoine Louis; à Paris — 7 janvier 1869. .. N Pour la Gravure : M. Henriquel Dipo.\t. Louis P.; à Paris . . . Élu le 8 janvier 1847. » Bovy, Antoine; à Paris — 8 janvier 1847. » Mercuri. Paul; à Borne — 8 janvier 1857. » Oudiné, Eugène Auguste; à Paris .... — 8 janvier 1857. » Martinet. Louis Achille; à Paris .... — 7 janvier 1858. » Mandel, Edouard: à Berlin — 12 janvier 1865. .. N .» N — 11 Pour l'Architecture M. Donaldson, Thomas L. ; à Londres . . . . Élu le G lévrier 1846. » Viollet-le-duc, E. E.; à Paris — 8 janvier 1865. .. Leins, C; à Stuttgart — 7 janvier 1864. » Daly, César; à Paris — 12 janvier 1865. .. Labrouste, Théodore F. M.: à Paris . . . 9 janvier 1868. » Le comte Vespignam, Virgïnio: à Rome . . — 12 janvier 1871. »> N I'iiui- lu Musique : M. Daussoigne-Méhul. Joseph; à Liège. . . . Élu le 6 lévrier 1846. ». Lachner, François; à Munich 8 janvier I8i7. » Thomas, Ch. L.Ambroise; à Paris . ... — 8 janvier 1863. .. David, Félicien; à Paris — 8 janvier 1863. » Verdi, Joseph; à Busetto, près de Naples. . — 12 janvier 186a. » Ricci, Frédéric; à Paris 6 janvier 1870. .» Gounod, Félix Charles; à Londres . . . . 4 janvier 1872. ». Basevi, Abraham: à Florence 4 janvier 1872. Pour le» Scleuces et les lettres dans leurs rapports avec les Beaux-Arts: M. de Coussemaker, Edmond; à Lille . . . . Elu le 8 janvier 1847. » Ravaisson, Félix J. G.; à Paris 10 janvier 1836. ». Schnaase, Charles; à Wiesbade — 12 janvier 1866. » Gailiiabaud, Jules; à Paris 9 janvier 1868. » Mariette, Auguste Edouard; au Caire. . . — 6 janvier 1870. ». Lubke, Guillaume; à Stuttgart — 9 janvier 1875. »» Vosmaer; à La Haye — 9 janvier 1875. » JN 12 NÉCROLOGIE. CLASSE DES SCIENCES. Wesmael, C; membre, décédé le 25 octobre 1872. Barrât, J.; associé, décédé en 1865. Matjry, M. F.; associé, décédé le 1 lévrier 1875. Hansteen, Ch.; associé, décédé le 15 avril 1875. von Liebig, le baron J.; associé, décédé le 18 avril 1875. CLASSE DES LETTRES. Snellaert, F. A.; membre, décédé le 5 juillet 1872. Phillips, G.; associé, décédé le 6 septembre 1872. Dupiiv, le baron F. P. C; associé, décédé le 19 janvier 1875. Thierry, A.; associé, décédé le 27 mars 1875. Mill, J. Stuart; associé, décédé le 8 mai 1875. Manzoni, le comte A.; associé, décédé le 25 mai 1875. CLASSE DES BEAUX-ARTS. Bosselet, Cli. F.; membre, décédé le 2 avril 1875. Forster, L.; associé, décédé le Forster, F.; associé, décédé le 24 juin 1872. Becker, J.; associé, décédé le 22 décembre 1872. Benzoni, J. M.; associé, décédé en 1875. de Cacmojît, le comte A.; associé, décédé le 16 avril 1875. von Keller, J.; associé, décédé le 50 mai 1875. o TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LE TOME XL. CLASSE DES SCIENCES. 1. Les parasites des chauves-souris de Belgique; par P.-J. Van Beneden. 2. Recherches sur quelques produits indéfinis; par Eugène Catalan. 3. Observations des phénomènes périodiques pendant l'année 1871. CLASSE DES LETTRES. 4. Mémoire sur Jean de Hainaut, sire de Beaumont; par J.-J. De Smet. 5. Histoire des bandes d'ordonnance des Pays-Bas; par le baron Guillaume. 6. La légende de Sémiramis. — Premier mémoire de mythologie comparative; par F. Lenormant. LES PAKASITES DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE; P.-J. VAN BENEDEN, MEMBRE DE [.'ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE. (Présenté a la classe dos sciences de l'Académie le "2 mars 187*2.) Tome XL. 1 LES PARASITES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. Dans toute la classe des mammifères il n'y a pas un ordre qui ait autant attiré l'attention du vulgaire comme du naturaliste que celui des Chéiroptères, et cependant il y a peu d'animaux aussi imparfaitement connus qu'eux. Nous ne parlons toutefois ni de leur structure ni de leur développement, mais de la faune que chaque Chauve-Souris loge et nourrit dans l'intérieur de ses viscères. Tout le monde sait que ces mammifères ailés hébergent une nombreuse vermine qui les rend particulièrement désagréables à la vue. Indépendamment des curieuses et innombrables Acarides, qui vivent entre les poils, et souvent de préférence autour du pavillon de l'oreille, plusieurs Diptères envahissent toutes les régions du corps et nous trouvons, comme dans les autres ordres de mammifères, des Vers de différents genres qui habitent particulièrement l'estomac et les intestins. C'est surtout de ces derniers que nous nous occupons dans ce travail. Et tous ces Vers de l'intérieur sont-ils condamnés à vivre pendant toute la durée de leur évolution aux dépens du même hôte; n'v en a-t-il pas qui passent une première partie de la vie dans une Chauve-Souris, une seconde partie dans un carnassier? En d'autres termes, y a-t-il des Chauves- 4 LES PARASITES Souris qui servent de pilules pour introduire leurs hôtes dans un autre ani- mal ? Ces Insectivores sont-ils mangés par d'autres mammifères carnassiers ou par des oiseaux? Gomment se comportent les parasites pendant les six mois de sommeil hibernal de leur hôle? Quittent-ils leur hôte et émigrent-ils pério- diquement ou s'endorment-ils avec lui ? Par quelle voie les parasites eux- mêmes qui hantent les Chauves-Souris s'introduisent-ils ? Chaque Chauve- Souris nourrit-elle les mêmes espèces dans toute l'étendue de l'aire qu'elle habite? Et si ce sont les mêmes animaux, est-ce aussi la même pâture qui la leur fournit? Cela revient à dire : si les Chauves-Souris ont leurs espèces propres, elles doivent se répartir d'après les insectes qui servent à leur entretien, et les insectes d'après les plantes qui les nourrissent. Nos Chauves-Souris, qui sont toutes insectivores ', hébergent-elles toutes les mêmes parasites, ou y a-t-il des espèces propres à certaines d'entre elles, et quels sont les insectes qui les introduisent? A côté de la pâture en gros, qui est la même pour le grand nombre, y a-t-il des insectes qui sont des friandises pour quelques-unes d'entre elles, et par lesquelles des Néma- todes ou Trématodes s'introduisent. Les Helminthes des Chauves-Souris sont-ils sexués pendant toute l'année? Ce sont autant de questions auxquelles il serait impossible de répondre dans l'état actuel de la science et nous avons pour but d'en élucider quel- ques-unes dans ce travail. Une question qui n'est pas sans importance non plus est celle de sa\oir si les Chauves-Souris ont toutes la vie également dure, c'est-à-dire si la ténacité de la vie est la même pour toutes les espèces. D'après les observa- tions que nous avons eu l'occasion de faire et de répéter à diverses reprises, nous pouvons dire qu'il y a, sous ce rapport, une très-grande différence entre elles; le Murin, par exemple, périt vile, tandis que le Dasycnème comme le Mystacin résistent bien pendant le transport et vivent le mieux en capti- vité; mais de (ouïes les espèces, ce sont les Pipistrelles que nous avons pu tenir le plus longtemps en vie. 1 E»t-il vrai, comme le prétend M. Resser, que In Vespevuyo noclula se nourrit également île substances végétales? Sitzungsb. (1er gcs. Isis in Dresden. 1869. DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. S C'est la plus petite espèce qui a la vie la plus tenace et la plus grande qui périt le plus vite. A quoi faut-il attribuer la mort de ces animaux pendant leur sommeil hibernal? Placées dans leur attitude ordinaire, accrochées par leurs pattes de derrière, elles vivent dans cette position en captivité pendant un ou quelques jours, puis, sans changer de position, elles meurent et dessèchent, pour ainsi dire, sur place, sans changer d'attitude. Les parasites semblent généralement endormis comme leur hôte pendant toute la durée du sommeil léthargique, mais si l'hôte meurt, les Vers des divers ordres, Trématodes, Nématodes ou Cestodes, meurent également peu de temps après. Les parasites extérieurs vivent plus longtemps après la mort de leur hôte. Nous avons vu des femelles, dont la matrice était remplie de Spermatozoïdes très-vivaces quinze jours après la mort de leur hôte, tandis que les Helminthes étaient tous morts depuis longtemps dans l'intestin. La ténacité de la vie est ainsi plus grande chez les Spermatozoïdes que chez les Vers parasites. On a également remarqué, et nous pouvons confirmer le fait, que les sexes ne se mêlent guère pendant le repos; dans tel endroit, ce sont tous des mâles que l'on prend, dans tel autre endroit, ce sont toutes des femelles; cette même observation a pu être faite sur les espèces étrangères. Nous avons régulièrement examiné les femelles pour étudier les phéno- mènes de la gestation : nous en avons trouvé dont la matrice était pleine de Spermatozoïdes après le mois de février jusqu'au commencement du mois d'avril, mais jusqu'à cette époque aucun œuf n'était détaché de l'ovaire et l'oviducle était complètement vide. Est-il vrai que les Chauves-Souris, habitant les cavernes, passent leur quartier d'hiver dans les souterrains et qu'elles les quittent pendant l'été ? Nous n'avons pu trouver, durant les dix-huit mois que nous avons consa- crés à l'étude des Chauves-Souris de la Montagne-Saint-Pierre, une seule Chauve-Souris pleine. Pour mettre ce travail à exécution , nous avons dû d'abord étudier les espèces de Chauves-Souris qui fréquentent le pays, et dans ces recherches nous avons eu pour guide l'excellent travail de notre savant confrère M. de 6 LES PARASITES Selys Longchamps. Nous avons la satisfaction de pouvoir dire que nous n'avons rien trouvé à changer dans rémunération des espèces, et nous ne surprendrons personne, en ajoutant que cette faune est faite avec le même soin que l'auteur met dans tous ses travaux. Nous nous sommes adressé à tous ceux qui ont pu nous aider dans ces recherches et nous avons trouvé un concours empressé dans diverses parties du pays. Les Chauves-Souris de la Montagne-Saint-Pierre de Maestricht nous ont été communiquées par M. Bosquet de Maestricht et M. Miedel ; celles de Folx-Iez-Caves par M. .Malaise et M. l'ingénieur Moreau; M. Poelman m'en a envoyé des environs de Gand ainsi que M. Scribe, et monseigneur le duc d'Arenberg a bien voulu s'intéresser à ces recherches en me faisant envoyer des Chauves-Souris de son château d'Heverlé et de ses magnifiques bois. Dans les immenses galeries de la Montagne-Saint-Pierre à Maestricht vivent les espèces suivantes que nous rangeons dans Tordre de leur abondance: Vespertilio murinus, L. dasycnemus, Boié. — mystacinus, Leisler. Daubentoni , Leisler. nattereri, Kuhl. Vespertilio auritus, Linn. — emarginatus, Geoffroy. Rhinolophus ferrum equinum. — hippocrepis. Vespertilio Bechsteinii , Leisler. Sur deux mille Chauves-Souris, M. Miedel n'a trouvé que deux individus de la dernière espèce. Nous ne l'avons pas observée. Les Chauves-Souris que l'on rencontre le plus communément en \ille sont: Vespertilio serotinus, Schreb. '. — auritus, Linn. — pipistrellus , Screb. L'espèce qui habite le plus ordinairement les arbres creusés est la Ves- pertilio noctulu, Schreb. 1 Dans les combles d'un collège de Louvain, les V. serotinus étaient si nombreuses, que les nrdoisiers m'en apportèrent au mois de juillet plus de cinquante à la fois ; à côté des adultes, pour la plupart femelles, se trouvaient plusieurs jeunes probablement de l'année et qui ne différaient guère des autres, pas même par la taille. Une femelle adulte avait les mamelles encore très-dévcloppées. DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 7 Nous n'avons observé que deux fois le Vespertilio barbastellus, la pre- mière fois dans une cave du Musée même de Louvain, une seconde fois dans une maison de la ville. Chaque espèce a non-seulement son séjour propre, ses lieux de prédilec- tion pour la chasse, son maintien, son régime particulier, son genre de vol, mais aussi, comme nous l'avons dit plus haut, une manière spéciale de se tenir pendant le repos. Il parait même que les divers individus de chaque espèce se groupent d'une façon particulière et qu'on peut les reconnaître à la manière dont ils s'assemblent entre eux. Il existe un mémoire sur les parasites des Chauves-Souris, mais il n'a pas été écrit au point de vue des localités et de la comparaison que l'on pourra établir entre les parasites el leurs hôtes dans divers pays. M. Kolenali a fait une notice plutôt au point de vue des parasites externes que des Vers internes; aussi signale-t-il parmi les animaux articulés huit genres d'Acarides : Caris, Olonissus, Dermanissus, Sarcon issus, Hœmalas- lor, lxodes, Ancystropus, Pteroptus et quarante et une espèces; et parmi les insectes les genres Acanthia, Ceratopsyllus, Pu/ex, Nycteribia, Strebla, Lipoptena, comprenant vingt-cinq espèces; nous avons retrouvé la plupart des espèces signalées sur les Chauves-Souris d'Europe ; une seule forme nou- velle nous est tombée sous les yeux; il n'en est pas de même des Vers : parmi ces derniers, il y en a plusieurs qui sont nouveaux pour la science et que nous faisons connaître avec quelques détails. Nous nous bornerons à faire simplement rémunération des espèces d'arti- culés que nous avons observées. Les Vers que nous avons trouvés se rapportent aux Némalodes, aux Tré- matodes et aux Cestodes; chacun de ces ordres compte plusieurs espèces dans les Chauves-Souris du pays. A CAK IDES. On a comparé les Arachnides et les Diptères, qui vivent sur le corps des Chauves-Souris, aux Cirripèdes, qui sont blottis à la surface ou dans l'épais- seur de la peau des Baleines; on a eu tort : les Cirripèdes vivent sur la peau 8 LES PARASITES des Cétacés comme sur un morceau de bois flottant sans rien lui demander que le gite, tandis que les articulés des Chauves-Souris sont de vrais para- sites, qui, indépendamment du logement, réclament encore le bénéfice de la table; ils sont logés et nourris, les autres simplement hébergés, Les Cirii- pèdes des Baleines ne sont pas des parasites, mais des commensaux. INYCTERIBIA LATREILIJI. Leach. Linné. . . . A car as vespcrtilionis. I.i i i.i m i i . . Nnuv. dielionn. d'hist. nat., art. Nycleribic. Difoir (Léon). Atm. des se. mit., p. 572 ; 1851. Leach . . . Zool. mis ell. Hermann . . Ma», «pi., 1801. Westwood . . 'l'en usuel. zoal.Soc, vol. I, p. 27a; 1853. Montagle . . l.iim. Transaet., vol. XI, p. 11, et vol. IX, p. I (i(> Kolenati . . Verhund. d. roof. but. Ver. Wii-n, 1850. Die Parasiten der Chiropteren. Dresden, IS57. Ce genre est exclusivement propre aux Cbeiroplères. On en connaît plusieurs espèces. Nous avons observé ce parasite plusieurs fois sur le Vespertilio dasyc- nemus, et sur le Vespertilio seroliuus ; nous n'avons pas trouvé plus de deux individus sur une Chauve-Souris. Ces Nycléribies acquièrent une grande taille relativement aux autres genres, et toutes les espèces courent avec une grande rapidité au milieu des poils. 1XODES LIVIDUS, n sp Nous avons trouvé cetlxode nouveau sur la Vespertilio pipistrelle, implante au milieu de la peau du dos. Nous ne l'avons observé encore qu'une seule fois '. l'ÏICROPTliS ARC l'A TUS, Kocli. Nous avons vu une demi-douzaine d'individus sous l'aile d'un Vespertilio mystacinus. Ils échappent facilement à la vue par leur petitesse. Ce sont surtout leurs mouvements qui les trahissent. Nous avons trouvé un individu encore entier dans l'intestin d'un Ves- 1 Nous nous proposons de luire connaître bientôt la description détaillée de celte espèce. DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 9 pertilio dasycnème, à côté d'un Distoma ascidia dont le corps avait le même volume à peu près. Ce Ptéropte avait passé avec le poil dans l'estomac '. OTONISSUS AURAINTEVCUS, Kolenali. Nous avons observé cette espèce sur le pavillon de l'oreille d'un Oreillard de Maestricht et d'une femelle de Barbastelle. Nous en avons trouvé une douzaine à la fois. La plupart, si pas tous les Oreillards, en portent; on les voit communé- ment réunis au nombre de plusieurs sur un môme point. C'est un des Acarides les plus communs. CARIS ELLIPTICA. Nous avons découvert un individu mutilé dans l'estomac d'un Vespertilio mystaciniis. PTEROPTUS VESPERTILIONIS. Nous avons trouvé ce Ptéropte sur tous les individus à peu près des diverses espèces de Chauves-Souris; il est vrai, leurs hôtes étaient envoyés ordinairement ensemble dans un sac ou un panier de manière qu'ils ont bien pu passer d'un individu à un autre. Cet animal a été parfaitement figuré par M. Paul Gervais. C'est l'Epizoaire le plus commun des Chauves-Souris. CKRATIIOPIIYLLTJS OOTACTENUS. Kolenali. Nous en avons reconnu deux ou trois sur les ailes d'un Vespertilio mys- lacinus et d'un Oreillard; nous en avons vu également en abondance sui- des Vespertilio serotinus. VERS PARASITES. Les articulés dont nous venons de parler se voient généralement à l'œil nu ou on les découvre facilement entre les poils, la loupe à la main; les Hel- minthes exigent en général un peu plus de soin. Pour ceux du tube digestif, 1 .Nous avons toujours et dans toutes les espèces trouvé des poils au fond de l'estomac. Tome XL. 2 10 LES PARASITES et ils logent presque tous dans l'estomac ou l'intestin, on ouvre celte ca- vité par un coup de ciseau et l'on vide le contenu sur une lame de verre qu'on examine au microscope simple; pour ceux de l'intestin, on comprime celui-ci simplement en le poussant avec le dos du scalpel dans l'un ou l'autre sens et on remet le contenu sur une lame de verre pour l'étudier par trans- parence. Fiien ne peut échapper par ce moyen et il est beaucoup plus facile de découvrir les Helminthes des voies digestives dans les petites espèces que dans les grands animaux. Nous examinerons les vers par groupes en commençant par les Nématodes. On verra que les Chauves-Souris s'éloignent par leurs parasites de tous les ordres de mammifères. NÉMATODES Les Ascarides constituent la forme prédominante dans les mammifères. La plupart des ordres ont leurs espèces d'Ascaris propres. Il n'en est pas de même des Chéiroptères; jusqu'à présent il n'y a pas une seule espèce signalée et il est probable que l'on n'en signalera point par la suite. Nous avons tout lieu de croire que les Ascaris sont introduits par la boisson et si les Chéirop- tères se désaltèrent, ce n'est pas en buvant de l'eau. Nous trouvons par contre des Strongles qui sont assez répandus parmi cer- tains mammifères, certains oiseaux et quelques reptiles. Jusqu'à présent on n'a toutefois signalé aucune espèce qui leur soit propre. Les autres Nématodes sont des Ophiostomes et des Trichosomes. STRONGYLIDES. Les Slrongylides sont plus particulièrement des parasites de mammifères , quoiqu'on en trouve dans les oiseaux et les reptiles; on a signalé leur pré- sence dans les divers ordres, sauf dans celui des Chéiroptères, des Cétacés et des Didelphes. Nous faisons donc connaître deux Strongylides entièrement nouveaux pour la science. La seule mention qui soit faite dans les auteurs de la présence d'un Strongle DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 11 dans les Chauves-Souris, est celle de Rudolphi : le célèbre helmintolo- giste parle, dans son Synopsis l, d'un Nématode de Vespertilio àuritus. Il n'y joint aucune description ni dessin. À en juger par l'hôte dans lequel il l'a trouvé, nous avons tout lieu de croire que le prétendu Slrongle de Rudolphi n'est que l'Ophiostome que l'on voit communément dans cette espèce de Chéiroptères. Le premier Strongylide que nous ayons à faire connaître provient des Vespertilio murinus, Daubentonii et noctula et peut fort bien rester dans le genre principal de cette famille, tandis que le second ne rentre, par ses solides crochets, dans aucune des coupes génériques. STRONGYLUS TIPULA, s. n. PI. II. Nous avons donné le nom spécifique de Tipula à ce Ver à cause de la ressemblance de son faciès avec une larve de Tipule. • Cette espèce vit dans le Vespertilio murinus, V. noctula et le F. Dauben- tonii. Nous en avons vu jusqu'à une dizaine réunis, des deux sexes, dans plusieurs individus. Les mâles sont beaucoup plus petits que les femelles et sont moins nombreux. Nous n'en avons vu d'abord que dans un petit nombre d'individus et la plupart dans le Murin. Depuis, nous en avons trouvé aussi dans le V. Daubentonii. Nous avons trouvé ce même Ver en abondance dans les V. noctula que nous avons visités dans les premiers jours du mois de mai. Au commence- ment des intestins se trouvaient des mâles et des femelles plus ou moins sexués; vers la fin de l'intestin ne se trouvaient que des jeunes à peine visibles au microscope simple. Le troisième jour après la mort de la Chauve-Souris, ces Nématodes étaient encore en vie. Le mâle ne mesure guère plus de 1 millimètre et la femelle 1 Va à 2 milli- mètres. Il y a de grandes différences entre les sexes surtout par la partie posté- rieure du corps. ' Pages 185etS53. t2 LES PARASITES Ces Vers tranchent, par leur couleur foncée, au milieu du contenu plus clair de l'intestin. Le corps est fort long relativement à sa grosseur et se distingue des autres Nématodes, en général, par sa raideur. On dirait une aiguille vivante dont la partie antérieure et postérieure se courbe par moments, mais qui reste habi- tuellement dans une position étendue. Description. — La peau est résistante et assez épaisse, finement striée sur toute sa largeur. L'extrémité céphalique dans les deux sexes est terminée par un renflement régulier. L'extrémité caudale du mâle présente un éventail soutenu par des côtes, dont deux latérales assez fortes et quatre au milieu assez faibles. La femelle est terminée en arrière par une pointe non recourbée et por- tant trois émiuences coniques. La bouche se trouve au milieu sans lèvres et sans papilles. Un bulbe œsophagien sépare nettement la partie antérieure du tube digestif. Ce bulbe a les parois épaisses et bien distinctes. Il ne présente qu'un faible gonflement en dessous. Le tube digestif a les parois fort minces et montre peu distinctement son contour, si ce n'est quelquefois par son contenu opaque. Il se termine en arrière en se modifiant d'une manière insensible et pré- sente à peine une différence dans sa partie terminale. L'anus s'ouvre non loin de la pointe libre. L'appareil mâle est fort simple. On voit distinctement deux longs pénis légèrement courbés et une autre pièce vers leur extrémité qui a la même épaisseur qu'eux. Ces pénis ont une teinte un peu plus foncée que les autres organes. L'appareil femelle est plusieurs fois replié sur lui-même et s'ouvre, si nous ne nous trompons, non loin de l'extrémité postérieure du corps. L'ovaire est double : une branche se rend en avant, une autre en arrière et quand les œufs approchent du moment de leur maturité, il occupe presque toute la largeur du Ver. On voit souvent un œuf mûr isolé près d'être pondu, tantôt au-dessus de la vulve, tantôt au-dessous. Mais il n'y en a DES CHAUVES-SOIRIS DE BELGIQUE 13 qu'un seul à la fois. Les œufs en voie de développement sont serrés comme des dominos dans leur boîte. Les œufs sont simples, ne montrent qu'une seule enveloppe et occupent vers l'extrémité de la matrice toute la largeur de la cavité. Avant de prendre leur forme arrondie, ils sont quadrangulaires et empilés dans le tube. Nous avons vu la vésicule germinative dans la plupart d'entre eux. La matrice est recourbée non loin de l'anus. Nous avons vu. des œufs dans lesquels l'embryon était en voie de déve- loppement avant la ponte. Ces Vers ne sont cependant pas, croyons-nous, vivipares. STROINGYLACAÏNTUA GLYCIURUIZA, g. et s. n. PI. I. Ce second Strongle doit évidemment former un genre nouveau et une divi- sion distincte, avec le curieux Nématode que Bilharz a découvert en Egypte dans l'intestin grêle de l'homme. La bouche de cet Helminthe est armée de deux forts crochets symétriques et d'un troisième médian inséré dans la paroi dorsale. 11 habite l'intestin du Rhinolophus ferrum equinumi Nous ne l'avons observé jusqu'à présent dans aucun autre Cbeiroptère, pas même dans le Petit-Fer-à-Cbeval. On le trouve ordinairement par couple. Nous en avons vu jusqu'à trois et quatre couples dans la même Chauve- Souris. II est toujours logé au commencement de l'intestin. Les mâles ont de 2 à 3 millimètres de longueur, les femelles sont un peu plus grandes. Us sont assez foncés en couleur; le tube digestif est d'abord d'un brun foncé, le corps tire vers le jaune et le liquide périgastrique a une teinte rou- geâtre. On trouve aussi des stries de sang dans la cavité digestive. La peau est régulièrement ridée dans toute la longueur du Ver et ces rides ne sont pas très-rapprochées. il LES PARASITES (Test avec leStrongylus duodenalis, c'est-à-dire VAncylostomum duodenale de Dubini et de Bilharz, que ce Ver a le plus d'affinité. Ce curieux Nématode, observé d'abord en Lombardie par Dubini, puis par Bilbarz et Griesinger en Egypte, est si abondant au Caire chez l'homme, que presque chaque cadavre en renferme et l'on en trouve souvent par cen- taines dans le duodénum et surtout dans le jéjunum. M. Griesinger attribue la maladie qu'il a désignée sous le nom de chlorose d'Egypte à la présence de ces parasites qui produisent, d'après lui, l'anémie par petites saignées 1. La présence d'un Ver semblable dans les Chauves- Souris, en parfaite santé, nous fait supposer que la cause de cette maladie est ailleurs que dans la présence de ces Vers. La bouche consiste dans un orifice plutôt de forme allongée que circulaire el s'ouvre latéralement. Elle est la même dans les deux sexes. A l'entrée en dessous existent deux forts crochets recourbés comme on les trouve sur la trompe des Échinorhynques ou le Rostellum de certains Cestodes. Ces cro- chets, surtout les deux inférieurs, sont très-forts; leur base est solidement implantée dans l'épaisseur de la peau et leur pointe recourbée assez brusque- ment; tout indique clairement qu'ils servent avant tout à amarrer l'animal. Indépendamment de ces deux crochets inférieurs, il en existe un troi- sième, inséré dans la voûte de la cavité de la bouche et dont la pointe est à peine visible à l'extérieur. Il est moins grand que les autres et la pointe est fort peu courbée. C'est mon fils qui a reconnu le premier cette dent qu'on pourrait presque désigner sous le nom de palatine. Cette dernière peut servir à forer, mais les deux précédentes ne peuvent avoir d'autre usage que d'attacher d'après un mécanisme semblable à celui des Cestodes. J'engage ceux qui étudieront ces Vers après nous à ne pas croire à une erreur d'observation, s'ils ne trouvent pas de suite cette troisième pièce 1 Dubini, Omodei annal, univers, demedic. di Milano, 1843. Yierordt's Archiv. fur Phy- stolog. Neilk. an., XIII, livr. IV (Gazette hebdomadaire), 13 avril 1855. Zeits. fur Wiss. Zoo- logie, 1853. DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. lo solide. Nous concevons parfaitement qu'elle échappe à un premier examen, comme cela nous est arrivé. L'existence de crochets à la bouche des Nématodes est une disposition tout exceptionnelle; ces crochets rappellent évidemment ceux de la trompe des Échinorhynques. C'est par erreur que des helminthoiogïstes ont prétendu que ces dents sont toujours dirigées en avant et servent à couper ou à perforer. Celles dont nous venons de parler sont évidemment des crochets d'amarres pour attacher le Ver. Les dents de l'animal qui nous occupe présentent donc une disposition exceptionnelle, puisque leur direction est positivement en arrière, comme dans les Échinorhynques. La bouche, assez largement ouverte, conduit directement dans une cavité en entonnoir dont les parois sont fort épaisses et qui s'élargit en bas en bulbe œsophagien; vient ensuite le tube digestif qui se distingue par sa couleur brune et qui conserve à travers tout le corps le même aspect et la même cou- leur de jus de réglisse. Nous a\ons vu chez quelques individus du sang rouge dans l'intérieur de la cavité digestive. Ce tube s'arrondit assez brusquement en arrière comme en avant et se termine par un intestin rectum qui aboutit à l'anus. Il s'ouvre assez loin en arrière. A sa base il y a des glandes comme dans la plupart des Nématodes. On aperçoit aussi deux bandes musculaires qui font fonctions de dilata- teurs de l'anus. Le mâle a le corps terminé par une membrane sous-tendue par des prolon- gements digitiformes dont quelques-uns sont encore divisés au bout. C'est cet appareil surtout qui trahit la nature du Strongylide. Il a deux forts pénis, assez larges à la base et bifurques vers le milieu de leur longueur, ce qui fait qu'au bout on croirait en voir quatre. Ces pénis sont très-visibles à travers l'épaisseur de la peau par leur couleur bistre. La femelle a le corps terminé comme les Nématodes en général, par une pointe légèrement effilée, mais en l'examinant au microscope, celte pointe se bifurque, comme on peut le voir par le dessin. 16 LES PARASITES La vulve est située vers le tiers postérieur du corps; dans une femelle nous avons vu l'utérus contenant, de chaque côté, deux ou trois oeufs com- plètement formés et qui sont, sans doute, évacués simultanément. Dans d'autres individus du même sexe, nous avons vu des œufs avec le vitellus en plein fractionnement et remplissant une grande partie de l'appa- reil, de manière que les œufs occupaient presque toute la longueur du corps. Les œufs sont proportionnellement grands. L'oviduCte et l'ovaire sont repliés plusieurs fois sur eux-mêmes. On voit des œufs avec le vitellus en plein fractionnement dans les replis de la matrice. Sous la cavité de la bouche on aperçoit un orifice auquel aboutit un tube à parois assez solides et qui communique avec une glande à parois fort déli- cates qui longe l'œsophage. C'est un appareil excréteur que nous n'avons trouvé nulle part aussi développé et aussi visiblement terminé par un orifice sur la ligne médiane. Voilà donc un appareil excréteur comme dans les Cestodes et les Tréma- todes. On a , du reste, signalé dans ces derniers temps la présence de cet appareil dans la plupart de Nématodes. Ou trouve des œufs libres en quantité dans l'intestin de la Chauve-Souris. Ces œufs sont à une seule enveloppe et un peu allongés sans aucun prolon- gement. OPIHOSTO.IIIDI ML'CROXATUIH. PI. III. Le nom d'Ophiostome, introduit par Rudolphi, a été imposé à divers Néma- todes très-divers, et des cinq espèces placées dans ce genre, il n'y en a que deux qui aient été vues et très-incomplétement étudiées par Rudolphi : YOphiostoma mucrotiatum des Chauves-Souris, qui a besoin d'être soumis à de nouvelles recherches, restera peut-être seul dans ce genre; VOphiostoma sphaerocephalum de l'Esturgeon, qui se trouve très-communément dans ce poisson, appartient à un autre genre. Ce dernier n'a rien de commun avec l'Ophiostome des Chauves-Souris et DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 17 appartient, d'après nos propres observations, au genre Dacnitis, comme l'a supposé Dujardin. L'Ophiostome des phoques, placé par le savant helminthologiste à côté de l'espèce précédente, n'a également rien de commun avec lui. Nous avons trouvé une cinquantaine de ces Nématodes dans l'estomac d'un Phoca vitulina. Il a la tète trilobée comme les Ascarides et les mâles ont la queue entourée d'une membrane étroite soutenue par de nombreuses côtes. Kolenati cite I'Ophiostome parmi les parasites qui hantent les Chauves- Souris, mais il ne fait rien connaître de nouveau. Il donne la synonymie. Nous croyons peu important de la reproduire. Il existe un mauvais dessin de la tète de ce Nématode (Rudolphi, Enloz., pi. III, fig. 13-14-) qui a été reproduit dans le Dictionnaire des sciences naturelles, pi. XXX, fig. 8 et 8a, sous ce même nom de Ophiostome mucroné. C'est le même animal que celui qui a été décrit sous Je nom deFissula mucro- nata par Lamarck, dans son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres. . Zeder et Dujardin ont eu tous les deux ce Ver sous les yeux, mais ils l'ont perdu l'un et l'autre avant d'avoir eu le temps de l'observer. De ma- nière que ce Nématode, quoique signalé par les principaux helminthologistes, n'est connu, jusqu'à présent, dans aucun de ses appareils. II n'est donc pas étonnant que ses affinités soient mal appréciées et nous ne devons pas être surpris de voir Dujardin placer le genre Ophiostome à côté des Dacnitis et des Dochmius. D'après Rudolphi, un Ver nématode à bouche large munie de deux lèvres habite le tube digestif de plusieurs Chauves-Souris d'Europe : Plecotus auri- tus, Vespertilio noctula et Murinus. Goeze, Zeder et Dujardin ont également trouvé des Helminthes nématodes dans les Chéiroptères, mais aucun d'eux n'a eu le loisir de les étudier convenablement, et il nous serait impossible d'affirmer positivement que l'un ou l'autre de ces auteurs ait vu réellement l'aniinal que nous décrivons ici. Nous trouvons communément ce Nématode dans l'intestin du Vespertilio nattereri. Nous en avons trouvé trois du sexe femelle dans une seule Chauve- Souris et trois fois nous avons vu un mâle isolé. Dans une autre nous avons constaté la présence de cinq femelles à la fois. Tome XL. 3 18 LES PARASITES .Nous l'avons observé également dans le Vespertilio Daubentonii. La Chauve-Souris qui le nourrit le plus régulièrement, est toutefois l'Oreillard; on pourrait presque dire que c'est le parasite constant de ce Cheiroptère. Description. - La peau présente une consistance assez grande et se déforme très-rapidemenl pendant la macération. Elle est finement striée dans toute sa longueur, ce que nous avons cherché ;'i reproduire surtout dans la figure 4, pi. III. La longueur du corps est à peu près de 4o millimètres el sa plus grande épaisseur de 1 millimètre. Le corps estrigidule, peu aminci aux extrémités. La bouche s'ouvre au milieu; il n'y a ni lèvres ni papilles. L'œsophage est assez long, élargi en avant et en arrière et ne montre que peu de différence dans son diamètre. Vers le tiers antérieur on voit à l'intérieur une peau autour de l'œsophage ayant l'air de constituer une cloison diaphragmatique. C'est sans doute. le système nerveux. A un fort grossissement, nous avons vu sur le bulbe œsophagien en avant une apparence de ganglions avec des filets nerveux qui en partent. Le tube digestif est droit et chez plusieurs foncé en couleur. On dirait qu'il renferme une bande noire au centre. Le corps se termine en avant et en arrière de la même manière dans les deux sexes; le corps est mucroné el terminé par un onglet, qui s'envagine quelquefois chez le mâle. L'orifice sexuel femelle s'ouvre vers le tiers antérieur. Le mâle a deux pénis semblables, légèrement courbés, terminés en pointe et ne dépassant pas en longueur le diamètre du corps. A la base du rectum, on voit des vésicules glandulaires el dans une de ces vésicules on aperçoit une cellule complète fort distincte, que l'on pren- drait pour un organe des sens, si on la voyait pendre à un collier nerveux. Nous avons figuré cette disposition pi. III. Ses muscles se présentent sous la forme de bandes isolées sous-cutanées, mais fort distinctes. DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 19 Nous avons vu des œufs et des embryons à tous les degrés de dé\ eioppe- ment. L'œuf a une enveloppe simple et mesure dans son grand axe 0min,24. Le développement n'offre rien de particulier. TIUCHOSOMIM SPECIOSCM, n. sp. PI, IV. Le catalogue du Musée de Vienne indique un Trichosome d'espèce indé- terminée , dit Du jardin '. Kolenati fait mention de ce Trichosome, cite le catalogue du Musée de Vienne, Diesing, Rudolphi et Dujardin, et quoiqu'il reconnaisse lui-même (pie ce Ver a besoin d'être étudié, puisque Diesing ne donne même pas de diagnose, il établit cependant une espèce nouvelle sous le nom de Tri- chosome de Diesing, observé dans le Myottts murinus. Aux caractères qu'il lui accorde : la tète gonflée en forme de bouton avec une papille terminale, la partie postérieure des mâles pourvue de trois cro- chets courbés contre le pénis, nous ne reconnaissons aucunement le Tricho- some (pie nous décrivons. Ne voulant pas révoquer en doute l'exactitude des observations de Kolenati, nous nous voyons obligé de donner à noire Trichosome un nom nouveau et nous le désignons sous le nom de Tricho- somit m specioswn . D'après le catalogue du Musée de Vienne, un Trichosome a été trouvé quatre fois dans le Vespertilio lasiopterus, sur cent quarante-quatre indi- vidus. Nous avons trouvé ce Ver abondamment dans le Vespertilio Daubentonii, dans le Vespertilio dasycnemus et dans le Vespertilio serotinus. 11 habite l'estomac seulement; nous ne l'avons jamais trouvé dans les intestins. Il ne s'observe (pie dans un petit nombre d'individus; il est a remarquer toutefois que ces Nématodes doivent facilement échapper à l'at- tention du naturaliste. 1 Page 9. 20 LES PARASITES Nous avons trouvé ordinairement dos mâles et des femelles réunis dans le même estomac. Les femelles déroulées atteignent 20 millimètres. Les mâles sont plus petits et plus minces. Description. — Le corps se termine en avant en une pointe d'une ténuité extrême au milieu de laquelle on distingue à peine le court bulbe œso- phagien et la bouche. La bouche ne semble entourée d'aucune espèce de papilles et nous ne sommes pas certain qu'elle s'ouvre dans Taxe du corps. Les parois du bulbe sont fort minces et délicates. Le corps s'épaissit lentement presque à la hauteur de l'orifice vaginal, puis il se rétrécit de nouveau fort lentement jusqu'à l'extrémité caudale. Le corps dans les deux sexes se termine de la même manière aux deux extrémités. Le tube digestif, à quelque distance du bulbe œsophagien, se festonne comme s'il était formé d'œufs empilés, et ce tube s'élargit avec le corps jus- qu'à l'orifice sexuel femelle. Ce tube ensuite se rend en ligne droite à l'anus et reste visible dans toute sa longueur par son contenu foncé. En arrière l'estomac se termine assez brusquement et est suivi ensuite d'un rectum fort distinct. Les anses de l'appareil femelle s'étendent jusqu'à l'anus. L'orifice sexuel femelle est situé vers le milieu de la longueur du Ver. Une partie du vagin se déroule comme un pénis. Nous n'avons vu qu'une matrice simple qui renferme vers son orifice des œufs complètement développés. Ces œufs occupent à peu près toute la lar- geur de la cavité. La matrice ne montre aucun renflement. Les œufs ont 0""",2o dans leur plus grande longueur. Ils sont enveloppés d'une coque résistante qui forme aux deux pôles une espèce de goulot et donne à ces œufs un faciès à part. Le mâle a un énorme pénis, comme on peut le voir dans les figures. En examinant la partie caudale des mâles à un fort grossissement, on découvre de deux côtés une aile membraneuse et des côtes peu nombreuses, faiblement accusées. DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 21 LITOSOMA ' FIL VRIA, g. n. PI. V, fig. 1-5. Nous avons trouvé ce Ver dans l'estomac du Vespertilio auritus. Il était seul et nous ne l'avons pas retrouvé dans d'autres. Il se distingue des Ophiostomes par divers caractères et au premier coup d'œil par sa grande ténuité. Le corps est, en effet, proportionnellement fort long et la peau n'est poinl ridée comme dans l'Ophiostome. Il a la même épaisseur à peu près dans toute la longueur. La tête n'est cependant pas effilée comme l'extrémité caudale. Il présente le même aspect cpie les Mermis ou les Gordius et s'entortille comme ces Vers libres de manière à ressembler à une corde de violon. La boucbe s'ouvre au milieu en avant et ne présente aucune apparence de lèvres ou de papilles ; derrière l'orifice on voit une espèce d'entonnoir ou de vestibule qui précède le bulbe œsophagien. Ce bulbe est fort long, étroit et sans renflement inférieur. L'estomac parcourt régulièrement toute la longueur du corps sans pré- senter aucune particularité sur son trajet. Sur le trajet de cette cavité gastrique on distingue facilement le testicule qui forme des anses nombreuses et se détache facilement. Nous n'avons vu qu'un seul conduit. Le pénis est double : un des spicules est fort long et sans renflement sen- sible sur son trajet , l'autre est fort court. Leur terminaison ne présente rien de particulier. Ce Ver se distingue par sa grande ténuité, sa surface cutanée unie, la bouche sans lèvres, un vestibule qui précède le bulbe œsophagien, et un double pénis avec un des spicules fort grand. Il serait difficile de dire , ne connaissant que le mâle, avec quel genre ce Ver offre le plus d'affinité. ' De Airs;, tennis. 22 LES PARASITES ASCIISOPS ' MINUTA, g. n PI. V,fig. 6-11. Ce Nématode se distingue par la présence de deux papilles, un œsophage très-long et membraneux et un appendice caudal arrondi. Nous avons trouvé deux individus, tous les deux agames, enkystés dans les parois de l'estomac d'un Vespertiliô dasycneme. La tête est elïilée en avant et présente, comme nous venons de le dire, deux papilles. L'œsophage est Tort long; on voit en avant les renflements ganglionnaires et son diamètre augmente brusquement. La division de l'intestin est peu visible. Le bout de la queue est terminée par un bouton. Le mâle a des membranes au bout de la queue et celle-ci se rétrécit brus- quement. La peau est finement striée dans toute son étendue. Dans la matrice d'un Petit-Fer-à-Cbeval nous avons trouvé un kyste sous forme de lentille, attaché à l'aide d'un long pédicule et dans lequel se trou- vait un Ver enroulé. Il n'était pas difficile de le reconnaître comme Néina- tode agame. En ouvrant le kyste, nous avons trouvé un Ver assez gros, dont la surface était finement striée, la tête tronquée, un très-long bulbe œsopha- gien précédé d'un entonnoir, sans papilles ou aucune espèce d'appendice, et dont l'extrémité postérieure du corps est terminée par un bouton. Nous nous demandons, en coordonnant le résultat de nos observations, si les deux papilles que nous avons remarquées dans les premiers individus ne sont pas le produit de quelque repli de l'entonnoir, puisque, sous les autres rapports, ces Vers correspondent très-bien. Nous espérons que ces recherches seront bientôt reprises par quelque natu- raliste favorablement placé, qui pourra faire connaître plus complètement l'organisation et l'origine de ces Helminthes. 1 De Ascaris et «ira-, vultus. DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 23 TRËMATODES. Genre DISTOMA Les Distomes sont excessivement communs dans le tube digestif ou, pour mieux dire, dans les intestins des Chauves-Souris, contrairement à ce que l'on voit dans tous les autres mammifères. Nous avons rarement ouvert une Chauve-Souris de Maastricht, le Mvstacin, leDasicnème, le Murin, le Dauben- tonii ou le Mattereri, ou le Grand et le Petit-Fer-à-Cheval, sans en trouver un bon nombre. Et ce qui n'est pas moins important à faire remarquer, c'est qu'à côté des deux grandes espèces, Di&toma lima et Distoma chilostomum, il \ a toujours un grand nombre, un très-grand nombre de Distomes également sexués, qui appartiennent à une espèce parfaitement distincte et à laquelle nous avons donné le nom de Distoma aseidia, à cause de sa ressemblance avec une outre. Les deux grandes espèces sont les plus aisées à confondre , mais avec un peu d'attention on peut les distinguer aisément dans le jeune âge comme à l'âge adulte. Le Distoma lima a le corps hérissé de pointes, surtout en avant, et ses œufs sont assez larges au milieu; le Distoma chilostomum n'a pas d'aspé- rités ni des œufs elliptiques; mais le caractère le plus saillant par lequel ces deux espèces se distinguent à tout âge, c'est que le Distoma lima a toujours une poche du pénis fort distincte, tandis qu'elle est vaguement indiquée dans le Distoma chilostomum. Ces trois espèces de Distomes se trouvent généralement à tous les degrés de développement dans le même hôte; ceux à sexe complet à côté des agames, de manière que pendant toute la durée de leur engourdissement, les Chauve- Souris logent des Vers qui ont à peine quitté la vie de«Cercaires. Ces parasites partagent avec leurs hôtes l'engourdissement hibernal. Il faut que ces jeunes Disfomes aient été introduits en automne au moment où leur hôte allait commencer son sommeil hibernal. 24 LES PAR/VSITES (les Distomes sont introduits par les insectes qui font leur pâture habituelle; mais quels sont ces insectes , et par quelle voie les œufs de ces Distomes parviennent-ils dans cette pâture vivante? L'abondance de ces Distomes nous montre qu'ils doivent être excessivement communs dans ces insectes, et le mélange des divers Distomes indique en même temps que nos différentes Chauves -Souris chassent les mêmes espèces. Cependant il y a quelques Chéiroptères qui ont leurs parasites propres et qui, par conséquent, doivent se repaître exclusivement de certaines espèces. A côté des plats qui sont communs à toutes, il y a des friandises pour quelques-unes d'entre elles, que les moyens ordinaires ne permettent pas de reconnaître ou de pour- suivre avec succès. Ainsi le Grand-Fer-à-Cheval nourrit seul le Strongy- lacantha; le Plecotus auritus loge principalement l'Ophiostome, le Murin, surtout le Scolex de Cestode auquel nous avons donné le nom de Milina grisea. Ce qui facilitera beaucoup la connaissance des Distomes en voie de déve- loppement, c'est que chaque espèce présente déjà dans le jeune âge, à son entrée chez la Chauve-Souris, des dispositions propres dans l'appareil excré- teur, indépendamment des caractères tirés de la taille et des ventouses. Ces caractères distinclifs, surtout de l'appareil excréteur, doivent se trouver déjà clans la Cercaire. Quant à leur abondance dans les voies digestives, il y a moins d'analogie avec les autres mammifères qu'avec les poissons ; en général les mammifères n'ont des Distomes que dans le foie ou la vésicule biliaire, et ce n'est que tout récemment que l'on a signalé deux espèces chez l'homme en Egypte, l'un le Distoma hœmatobium dans la veine-porte, l'autre le Distoma hete- rophyes dans l'intestin grêle. Tous les deux sont considérés comme nuisibles à la santé , tandis que les Distomes des Chauves-Souris ne changent aucunement l'état parfaitement physiologique de leur hôte. On peut même dire que l'animal qui n'en héberge pas ne se trouve guère dans son état normal. Dujardin a donné le nom de Distoma heteroporum à un Distome de la Pipistrelle qui se distingue surtout, dit-il, par la cavité respiratoire (appa- reil sécréteur) postérieure qui est divisée en deux branches courtes. Puis il DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 25 ajoute qu'il l'a trouvé abondamment à Rennes, qu'il diffère de tous les autres Distomes par Féchancrure de la ventouse ventrale, résultant de la position du réceptacle globuleux du pénis, et par la forme plus allongée de ses œufs. Il ajoute ensuite : j'ai trouvé en même temps des exemplaires beaucoup plus petits en forme d'urne et n'ayant pas encore la ventouse ventrale déve- loppée , mais ayant déjà des œufs mûrs de même grandeur. Il résulte clairement pour nous de ces passages : 1° QueDujardin a donné le nom de Distoma heteroporum au Distome à œufs allongés qui porte le nom spécifique de D. Chilostomum qu'il doit con- server; 2° Qu'il a confondu les trois espèces qui vivent communément ensemble; 3° Que la ventouse ventrale de la petite espèce lui a échappé, puisque cet organe existe déjà à l'âge de Cercaire; 4° Qu'il a bien vu la Distoma à laquelle nous avons donné le nom de Distoma ascidia , mais en la prenant pour un jeune animal. Dujardin cite la Distoma lima, fait connaître sa synonymie et parle de sa grande abondance dans les Chauves-Souris, mais il n'a pas fait d'obser- vations propres. D'après des dessins que nous avons pris, nous sommes persuadé qu'il y a encore d'autres espèces de ce genre qui habitent nos Chauves-Souris. Nous avons dessiné, entre autres, un Distome de la Pipistrelle qui diffère notablement des autres par le grand développement de sa ventouse ventrale et qui était confondu avec les Distoma ascidia. DISTOMA LIMA, liud. PI. VI, 6g. 1-6, et lig. 18. Fasciou vespertilionis. Mull., Zoot.dmi., pi. LXXII , lïg. 12-16. Distoma lima. Goeze, Vers. ein. Naturg., pi. XIV, fig. 1-2. Ce Distome habite les intestins des diverses espèces de Chauves-Souris et se trouve assez abondamment dans toutes. On en découvre jusqu'à plusieurs douzaines dans le même animal et à tous les degrés de développement. En Tome XL. 4 26 LES PARASITES effet il n'est pas rare de voir à côté d'individus sexués et complètement rem- plis d'œufs, déjeunes Distomes n'ayant pas le sixième de leur dimension. On en voit depuis ce premier âge qui montrent fort distinctement le canal excré- teur médian sous la forme d'un y. Plus tard on voit encore ce canal médian très-contractile depuis l'extrémité postérieure jusqu'à la ventouse. Il atteint en longueur 2 millimètres et en largeur un quart de millimètre quand il est étendu. Le tube digestif est toujours distinct; le corps en avant est toujours cou- vert d'aspérités; la ventouse antérieure est un peu plus grande que la pos- térieure ; le pénis est très-développé et toujours très-distinct, ainsi que le vagin; le canal excréteur est étendu depuis la ventouse ventrale jusqu'à l'extrémité postérieure et bifurqué en avant. Ses parois sont contractiles; les œufs sont de couleur jaune dorée et de forme ovale. Il n'est pas rare de trouver des individus jeunes et sexués dont les deux tubes digestifs sont gorgés de sang qui a conservé sa couleur rouge. On voit alors distinctement ce liquide rouge se mouvoir d'après les contractions du corps et quelquefois, par des contractions désordonnées, se répandre par la cavité de la bouche. La ventouse antérieure est un peu plus grande que la postérieure. On voit souvent, même dans des individus sexués, tout le vitellogène en place et le Distome présente alors l'aspect d'un corps régulièrement tigré. On dirait un tout autre animal. La peau est régulièrement couverte d'aspérités, ce qui lui a valu son nom spécifique, et sur le bord des aspérités se présentent même à la tête comme des dentelures. Vers le milieu du corps la peau devient plus lisse et en arrière les rugosités disparaissent. Nous avons vu distinctement la fin de la matrice s'aboucher dans un vagin fort distinct, placé à coté de la ventouse ventrale. Son orifice est situé à côté de l'orifice du pénis. La poche du pénis est toujours fort distincte et il n'est pas rare de voir cet organe se dérouler. Le pénis est situé du côté opposé du vagin à côté de la ventouse ventrale. Déjà dans le très-jeune âge, avant l'apparition des œufs, cette espèce DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 27 diffère surtout de la Distoma ascidia par les deux tubes digestifs qui sont toujours distincts, puis par l'appareil excréteur qui est toujours très-extra- ordinairement développé. Les œufs mûrs sont d'un jaune doré, un peu plus longs que larges et n'ont qu'une seule enveloppe sans appendices. Ils diffèrent peu de ceux de l'espèce suivante. DISTOMA CHILOSTOMUM. PI. VI, fig. 7-8, et fig. 19. Parmi les espèces douteuses, Rudolphi ! cite dans son Synopsis sous le nom de Distoma noctulae, une espèce distincte de la Distoma lima, et, en 1831, Mehlis lui donne le nom de Chilostomum -. Diesing pense que cette espèce pourrait bien être une Distoma lima avant la formation des tubercules. C'est évidemment une. erreur. Ces deux Vers diffèrent complètement l'un de l'autre. Une partie des Distoma heteroporum de Dujardin doit se l'apporter à cette espèce. Dujardin a négligé d'étudier ces Vers comparativement 5. Le Distome chilostomum habite également dans les diverses espèces de Chauves-Souris ordinairement mêlé avec d'autres. Il atteint une longueur de 2 millimètres et en largeur ne dépasse pas un '/;> millimètre. Le corps n'est pas couvert d'aspérités en avant, mais finement strié, sur- tout dans le sens de la longueur; le pénis est moins distinct; les œufs sont plus allongés; le tube digestif est toujours fort distinct ainsi que l'appareil excréteur en arrière. Nous avons reproduit le contour des œufs des trois espèces pour mieux juger de leur forme et de leur grandeur : planche VI, fig. 18, 19 et 20. Le vitellogène n'est pas répandu sur la longueur du corps comme dans la Distoma lima; les grappes qui le constituent sont réunies, comme dans la petite espèce, sur le côté au-devant de la ventouse ventrale. 1 Synopsis, p. 1 1 1). 2 Isis, 18ôt, p. 187. 5 Dujardin, Hist.nat. Helminthes, p. 402. 28 LES PARASITES DISTOMA ASC1DIA, sp. n. PI. VI, fig. 9-17, cl fig. 20. Nous avons vu plus haut qu'à côté des Disloma lima, Dujardin a trouvé en même temps des exemplaires beaucoup plus petits, longs de 0mm,49 en l'orme d'urne, n'ayant pas encore la ventouse ventrale développée, mais ayant déjà des œufs mûrs de même grandeur. Il résulte clairement de ce passage que Dujardin a vu la Distoma ascidia, mais nous ne comprenons pas comment cet helmiiithologiste a pu dire que la ventouse ventrale avait encore à se développer; les œufs existaient déjà, et la présence des œufs ne lui a pas l'ait voir qu'il avait affaire à un Ver adulte. D'un autre côté, il aurait dû s'apercevoir que les Distoma lima dépas- sent déjà en taille la Distoma ascidia, avant l'apparition des œufs ou même des organes sexuels. Ceci montre de nouveau que ce n'est jamais au vol, mais après une étude suivie et des observations souvent répétées, que Ton découvre la vérité. Dujardin a étudié les Chauves-Souris que le hasard lui faisait tomber entre les mains, mais souvent dans ce cas ni l'heure ni le temps ne conviennent et l'on doit observer trop rapidement. Son Distoma heteroporum est évidemment le Distoma chilostomum à œufs étroits. Est-ce le Monostomum vespertilionis de Kolenati? Cela n'est pas impos- sible et nous dirons même que cela est fort probable, puisque nous n'avons jamais vu de Monostome véritable dans les Chauves-Souris, et que la ven- touse ventrale peut facilement échapper à celui qui n'a pas l'habitude de l'étude des Vers. Nous dirons plus : en voyant la première fois ce Distome, la ventouse ventrale nous avait également échappé. Dans les Pipistrelles on trouve communément cette espèce seule el en grande abondance. Ce Ver habite surtout le milieu de l'intestin de la plupart de nos espèces de Chauves-Souris, el de préférence la moitié postérieure. On ne le trouve plus toutefois entre les fèces. Nous disons de la plupart, parce que nous en DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 29 avons trouvé dans le Murin, le Dasycnème, le Nfattereri, le Daubentoni, le Mystacin, l'Oreillard et la Pipistrelle. Dans celte dernière surtout on compte- rait facilement cinquante et jusqu'à cent individus. Quand la Chauve-Souris, que Ton (ouille, est morte depuis quelque temps, les Distomes qui nous occupent sont tous contractés et ressemblent à une urne ou à un sac. Quand on en examine de vivants, on voit, au contraire, les formes les plus variées. Les individus s'allongent et se raccourcissent, se recourbent et s'ondulent comme des Sangsues ou des Cercaires. On ne dirait pas le môme animal. Parfois ils s'allongent en avant et s'arrondissent en arrière de manière à prendre la forme de vases d'ornement. Ces jeunes Distomes, dont nous avons reproduit un croquis, s'allongent et s'effilent ou se contractent et s'envaginent, laissant à peine apercevoir un organe dans la moitié antérieure du corps. Cette partie est particulièrement occupée par le vitellogène. La peau est régulièrement ridée et en arrière surtout, dans certains indi- vidus, on la dirait réticulée. En avant ces replis sont moins prononcés. La ventouse buccale est parfaitement circulaire comme la ventouse ven- trale et diffère fort peu de cette dernière sous le rapport du volume comme sous le rapport de l'aspect. L'orifice de toutes les deux se présente exac- tement sous le même aspect. Le bulbe œsophagien est fort peu apparent. Les deux tubes digestifs sont rarement bien distincts, et contrairement à ce que nous montre la Distoma lima, nous ne le voyons jamais plein de liquide, encore moins de sang rouge. L'appareil excréteur est excessivement développé et se montre déjà par- faitement dans les fort jeunes individus. 11 reste très-distinct jusqu'à l'appa- rition des œufs. Ce qui sépare surtout les jeunes de cette espèce des autres , c'est l'appa- reil excréteur et le tube digestif. L'appareil excréteur remplit toute la moitié postérieure du corps et con- siste en deux gros tubes creux remplis de globules opaques; les parois sont fort contractiles et sont plus transparentes en arrière qu'en avant où, en appa- rence, ils se terminent en cul-de-sac, mais en réalité se divisent en canaux 50 LES PARASITES à ramifications sur leur trajet. Ces tubes se réunissent, mais seulement en arrière. Dans l'autre Distome, ils sont réunis sur presque toute leur étendue. On distingue fort bien les deux testicules qui occupent la même hauteur à peu près et, pendant le repos, quand le Ver est contraclé, ils sont situés à droite et à gauche de la ventouse ventrale. Ils sont symétriques. Au-devant de cette ventouse ventrale on aperçoit la poche du pénis, mais elle est beaucoup moins nettement dessinée que dans la Distoma lima. Nous avons vu parfaitement, dans des individus très-vivaces, l'orifice sexuel s'ou- vrir et se fermer. Le germigène consiste, comme le testicule, en une petite sphère transpa- rente, pleine de globules, et qui est située à la hauteur à peu près de la ven- touse abdominable. Il faut quelque attention pour le découvrir. Le vitellogène est très-développé, et contrairement à ce qui existe dans les deux autres espèces, il n'occupe que la partie antérieure du corps , à droite et à gauche de la ventouse antérieure. Le vitellogène se comporte comme un manteau qui recouvre les épaules. Le vitelloducte s'aperçoit parfois et nous l'avons vu en situation à la hauteur de la ventouse ventrale. La matrice remplit toute la partie supérieure du corps et les œufs don- nent une teinte dorée à tout ce qui est situé derrière la ventouse ventrale. On voit les circonvolutions de la matrice tout autour des larges canaux excréteurs. Les œufs sont plus petits que dans les deux autres espèces. DISTOMA ASCIDI01DES, s. nov. Ce Ver est ordinairement confondu avec la Distoma ascidia quand on commence des observations sur les parasites des Chauves-Souris; il faut en avoir observé beaucoup et avoir également dessiné plusieurs individus pour ne plus s'y tromper. Il se distingue particulièrement par le grand dévelop- pement de la ventouse buccale. Nous l'avons trouvé surtout dans le Petit- Fer-à-Cbeval. Nous avons dessiné cette espèce avec tous ses détails analomiques, mais le nombre de planches qui accompagnent ce mémoire est déjà trop considé- rable pour que nous en donnions encore une sur ce Distome. DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE 31 CESTODES. On connaît de cet ordre un Cysticerque trouvé par Bloch dans le foie du Vesp. auritus. En parlant du Cysticercus fasciolaris trouvé dans le foie de diverses espèces du genre Rat, Dujardin, après Bloch ', émet l'avis que c'est le même animal et il le figure sous ce même nom un Strobile de Ténia. Il est fait mention ensuite de trois espèces de Ténia dont un du Brésil, d'une Ligula, également de l'Amérique du Sud, et d'une Lingnatule observée également au Brésil sur un Phyllostoma. Nous n'avons trouvé jusqu'à présent que deux Cestodes, un Agame, fort peu avancé , avec un rostellum sans crochets et un vrai Ténia avec crochets et développé sans œufs toutefois. MILINA GUISEA, g. et sp. u. PI. VII, fig. i-10. Nous en avons trouvé par centaines dans l'intestin grêle du Vespert. mari- nus et du V. serotinus; à côté de ces Cestodes se trouvaient, dans le dernier, plusieurs Trichosomum speciosum. A peu de chose près ils ont tous le même degré de développement. On voit les quatre ventouses, le rostellum au milieu d'elles, non armé, le prolongement en arrière, des granulations calcaires difficilement visibles. Les Scolex sont grands comme la ventouse buccale des Disto)na lima. Jusqu'au bout de l'intestin nous n'en avons pas vu de plus avancés. Deux ou trois Distoma adultes se trouvaient dans le même animal, à côté des Milina. Nous avons donné un nom au Scolex, persuadé (pie le Ver sexué n'est pas connu encore des naturalistes. Où ce Milina complète-t-il son évolution? Est-ce clans la même Chauve- 1 On la trouve dans une vessie blanche au foie des Chauves-Souris (Huus-Feld und Fleder- maus), dit Bloeh, Abhandl., p. 23. 32 LES PARASITES Souris? Mais pourquoi n'y en a-t-il pas alors de complets? Ou bien est-ce dans un autre animal. Mais nous ne connaissons pas d'animaux qui man- gent les Chauves-Souris et dans lesquels il faudrait chercher leur forme sexuée. Ou est-ce un parasite égaré? Il y a donc là plusieurs points intéressants à éclaircir. Dans des V. serotinus, nous en avons trouvé de strohilés, mais pas jus- qu'à la forme sexuelle. Ils avaient cependant une largeur suffisante et Ton pouvait suivre les canaux excréteurs de l'un bout du corps à l'autre. Ces canaux aboutissent distinctement tous les quatre à une vésicule pui- sa tile. Les parasites des Chéiroptères doivent être divisés aussi en parasites pro- pres, c'est-à-dire ceux qui sont chez eux et se développent sexuellement, et en parasites qui ne se trouvent qu'à l'état agame et sont simplement de passage. Nous n'avons vu que les curieux Scolex des intestins de plusieurs espèces, entre autres du Murin, qui pourraient appartenir à cette catégorie et doivent probablement passer leur période sexuelle dans un animal qui fait sa proie des Chauves-Souris. Nous avons tout lieu de croire que le Scolex île Cestode n'est pas le jeune âge du Ténia que nous connaissons puisque son rostellum du Scolex est tout autrement conformé et qu'il n'existe pas de cou- ronne de crochets. Les Cysticerques signalés dans le foie des Plecolus appartiennent évidem- ment à la catégorie des parasites de passage. Nous ne connaissons que les oiseaux Rapaces nocturnes qui pourraient faire la chasse aux Chéiroptères. TENIA O HT CS AT A, Rud. PI. VII, lig. 11-12. Brenner a envoyé à Rudolphi des Ténias, recueillis dans l'intestin du Murin, de 4 à 8 lignes de long, dont la partie antérieure du strobile est capillaire, mais qui va en s'élargissant en arrière. Quoique Rudolphi n'ait pas vu de crochets au rostellum, nous sommes persuadé que c'est bien la même espèce que nous décrivons ici. Nous pou- DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 35 vous heureusement compléter la description du célèbre helminthologiste et représenter la curieuse couronne de crochets. Nous avons tout lieu de croire que la seconde espèce de Ténia observée dans la Noctula ne diffère pas de la précédente. On ne doit pas perdre de vue que si les crochets sont les organes les plus importants pour la dis- tinction des espèces, ce sont aussi les organes qui font le plus ordinairement défaut. On sait que dans la plupart des Ténias ces organes tombent avec une facilité extrême après la mort, et que les animaux, que Ton ne peut étudier vivants ou très-frais, ne montrent souvent que des Gymnotenia; Ils ne sont Gymnotenia que parce que les crochets sont tombés. Dans beaucoup de ces vers il existe des différences énormes entre l'état vivant et la forme cadavérique. Nous avons trouvé une demi-douzaine de Ténias dans une seule Chauve- Souris sérotine. Nous avons vu des Strobila complets ayant encore les crochets de leur rostellum en place, mais dans lesquels nous n'avons pu voir des proglottis parvenus à leur état sexuel. Aussi ne connaissons-nous pas leurs œufs. La tète du Scolex est fort élargie à la hauteur des ventouses, puis elle se rétrécit en avant pour se terminer par un rostellum fort obtus. Cet organe est armé, comme d'ordinaire, de deux rangs de crochets qui alternent entre eux ; chaque rangée compte vingt de ces organes dans la circonférence. Ceux du rang inférieur sont les plus développés. Dans chaque crochet on voit un talon fort long, terminé en massue pres- que aussi long que la poignée. La poignée est fort longue et étroite; elle est recourbée en dedans de manière à suivre la forme du rostellum. La lame ou la griffe, qui est assez large à sa base, se recourbe lentement et se termine en pointe fort aiguë. Les quatre ventouses sont placées à la même hauteur et occupent la partie la plus large du Scolex; chaque ventouse est de forme sphérique et agit de concert avec la couronne de crochets pour amarrer la colonie. Nous avons trouvé dans la longueur des Strobiles des canaux excréteurs et dans toute l'épaisseur des granulations calcaires relativement fort petites. Les canaux sont surtout distincts par leur peu de transparence. Tome XL. ° LES PARASITES CHÉIROPTÈRES VIVANTS AVEC LEURS PARASITES, DANS L'ORDRE DE LEUR ABONDANCE. Nous mentionnons ici les espèces de Chéiroptères que nous avons obser- vées avec l'indication des parasites qui les hantent. Nous avons tenu note des sexes des Chéiroptères que nous avons visités, mais nous n'avons pas trouvé de différence entre eux pour les parasites qui les fréquentent. Nous avons tenu note aussi de la saison, mais les mêmes parasites se trouvent chez ces animaux en hiver comme en été pendant leur sommeil hibernal comme pendant leur éveil d'été. RHIINOLOPHUS FERRUM-EQIIAUM (Orand-Fer-à-Chevat). Intestins: Distomum lima, Ruil., plusieurs dans un seul animal. Strongylacantha glycirrhizœ, Van Ben., trois ou quatre dans le même. De Maeslricht, j'en ai reçu jusqu'à vingt à la fois. C'est la seule Chauve-Souris dans laquelle nous ayons trouvé le Srongy- lacantha; il sera donc important, comme nous l'avons dit plus haut, de con- stater la nature de sa pâture et de chercher les espèces d'insectes dont elle seule se nourrit. Si l'on parvient à connaître ces espèces, on découvrira facilement le Strongylacanthe à l'état agame. Dans l'estomac de cette espèce nous avons trouvé une patte qui semble appartenir au Carabe doré. RUINOLOPUUS HIPPOCREPIS (Pelit-Fcr-à-Cheval). Vers le milieu du mois d'octobre j'ai reçu un panier de sept individus de cette espèce, prises à Geulheim dans une carrière abandonnée, où il y en a DES CHAUVES-SOURIS DE BELGIQUE. 35 toujours beaucoup, mais qui était complètement abandonnée au mois de juillet et d'août. Il n'y avait qu'une seule femelle dans cet envoi. Intestins : Distoma ascidia, par centaines. — lima, pas abondant. — chilostoma, quelques individus dans la plupart. Vagin : Agamonema. Nous avons souvent visité des individus de cette espèce sans rien trouver. VESPEKTILIO MURINUS. C'est l'espèce la plus commune dans les carrières de la montagne S'-Pierre, à Maestricht. Intestins : Distoma ascidia. — chilostoma. — lima. Cestoscolex strobilé agame. Strongylus tipula. VE8PERTILIO DASYCNEMUS. Tous les individus renferment les deux espèces de Distomes. Nycleribia Latreillii , une seule fois deux individus. Estomac : Trichosomum speciosum. Tricocephalus vespertilionis. Ascarops minuta, sp. n., enkystés dans les parois de l'esto- mac. Intestins : Distoma lima. — chilostoma. — ascidia. Strongylus stipula, adulte et jeune. 56 .. LES PARASITES On trouve régulièrement des œufs des trois Distomes dans les fèces. Les Vers sont les mêmes quant au nombre et à la variété, chez les mâles comme chez les femelles.. VESPERTILIO NATTERERI. Cette espèce n'est pas très-commune dans les carrières de Maestricht. Estomac : Ophiostomum mucronatum , Rud., sur vingl individus il) en a dix qui en recèlent. Trichosom um speciosum Intestins : Disloma lima. VESPERTILIO DALBENTOMI. Cette espèce n'est pas très-commune. Estomac : Trichosomum speciosum. Ophiostomum mucronatum. Strongylus tipula. Intestins : Disloma ascidia. — lima. — chilostoma. VESPERTILIO EMARGINATUS. Intestins : Distoma lima. — chilostomum. ascidia. Cesioscolex , une demi-douzaine. VESPERTILIO SEROTINUS. Peau : Pteroptus vespertilionis. Nycterilia de grande taille, (rois sur cinquante individus. Estomac : Trichosomum speciosum, commun. Intestins: Disloma ascidia, lima. Ténia obtusala , Itud. Milina grisea, en abondance. DES CHAUVES-SOL RIS DE BELGIQUE. 37 Nous avons reçu un envoi de douze Sérotins de Màestricht, pris le 6 août dans les combles d'une église. C'étaient presque toutes femelles et sont mortes successivement. Le 22 du même mois le dernier a expiré. C'était un mâle. Des individus reçus des combles d'un collège en ville étaient tellement couverts de parasites (pie l'on ne pouvait les toucher même à la pince, sans éprouver la crainte d'être envahi par eux. VESPERTILIO -HYSTACINUS. Cette espèce se trouve abondamment dans les carrières de Màestricht. Peau : Pteroptus arcuatus, Koch., sur les ailes. Estomac. Intestins : Distoma ascidia. — lima. — chilostoma. Ténia strobile. VESPEIITILIO PIPISTRELLUS. Nous en avons reçu de l'hôtel de ville de Louvain, de l'intérieur de la ville et des cryptes de Folx-les-Caves. Peau : Pteroptus vespertilionis. Ixodes lividus, sp. n. Caris elliptica. Intestins : Distoma ascidia. — chilostoma. — lima. L'intestin est toujours littéralement rempli de Distoma ascidia. Le con- tenu de la cavité intestinale, étendu sur une plaque, est tellement chargé de ces parasites, que l'on dirait des grains de millet tombés d'un épi. A côté des Distoma ascidia on voit quelques jeunes Distoma encore agames et qui ne dépassent pas en taille l'autre espèce. Nous ne trouvons aucun individu adulte de la grande espèce. 38 LES PARASITES, etc. VESPERTILIO NOCTULA. Estomac : Distoma lima. Intestins : Distoma lima, plusieurs. — ascidoïdes , en abondance. Slrongylus typula, o* et Ç> en quantité. Ces trois Vers se trouvent en abondance dans l'intestin, depuis le jeune âge jusqu'à l'âge adulte. Nous n'avons pu nous procurer beaucoup d'individus et dans des mo- ments propices. Nous avons tâcbé en vain d'en obtenir des grands arbres du parc de Bruxelles. VESPERTILIO AURITUS. On n'en trouve pas abondamment à Maeslricbt, bien que l'espèce n'en soit pas rare. On le rencontre souvent dans les maisons en ville. Peau : Ceratopsyllus octactenus, Kol. Otonissus aurantiacus, Kol., sur le pavillon de l'oreille; commun. Estomac : Litosoma filaria. Ophiostomum mucronatum , très-communément. Cet Opbiostome est le parasite interne le plus commun de l'Oreillard. On le trouve dans la plupart des individus et ordinairement au nombre de deux ou trois. Intestins : Distoma ascidia. VESPERTILIO BARBASTELLCS. Nous avons trouvé cette espèce à Louvain dans les caves du cabinet d'his- toire naturelle et dans une maison particulière. Peau : Otonissus aurantiacus, kol., une demi-douzaine d'individus groupés comme des œufs au pavillon de l'oreille. La cavité digestive comme les autres viscères ne contenaient aucun para- site, pas même de Distomes. M. de Selys-Longcbamps, ainsi que M. Tbielens, en possèdent des exem- plaires des cryptes de Maestricht. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. STBONGYLACANTBA Gr.ïCÏRRHIZA , Sp. nOV. Fie. i. Un mâle complet tel qu'on le trouve au milieu de l'intestin. — 2. La partie postérieure du corps de la femelle. On voit une partie de la matrice autour de l'intestin et quelques œufs en place. — 3. L'extrémité céphalique fortement grossie. La bouche est à peu près circulaire; en haut à l'intérieur on voit une dent isolée, en bas à l'extérieur sur le bord de la lèvre on voit deux forts crochets et en dessous d'eux l'orifice de l'appareil excré- teur. On voit en même temps tout le bulbe pharyngien et le commencement de l'intestin. — 4. L'extrémité postérieure du corps d'une femelle montrant l'anus, les fibres muscu- laires rétracteurs de l'anus, le rectum et ses glandes, la fin de l'estomac et une partie de la matrice sous la forme de deux anses. — S. La partie postérieure du corps qui correspond au vagin avec quelques œufs qui sont sur le point d'être évacués. — 6. L'extrémité caudale d'un mâle avec son appareil ailé en place; a une grande partie de l'estomac, 6 une partie du testicule, c le spermiducte et d les pénis. On voit l'appareil ailé placé de face à côté. — 7. Les pénis isolés. PLANCHE 11. STROSGYI.l'S TIPIXA . Sp. nOV. Fig. 1. La partie antérieure du corps d'une femelle, avec le bulbe œsophagien , l'estomac et une partie de l'appareil sexuel qui fait hernie. — 2. La tête de la femelle vue à un plus fort grossissement. — 5. Extrémité caudale femelle au même grossissement. — 4. La même plus fortement grossie. — a. L'extrémité céphalique d'un mâle vue à un grossissement un peu plus fort. On voit à côté la peau avec ses stries régulières. iO EXPLICATION DES PLANCHES. Fig. 6. L'extrémité caudale du même, montrant l'appareil ailé de lace, les deux pénis en place avec la pièce supplémentaire et la fin du tube digestif. — 7. La même Mie de profil montrant les pénis en place. — 8. La lin de l'appareil sexuel femelle montrant des œufs en place dans la matrice. — 9. Un œuf en place à côté d'une anse de l'ovaire et un reuf libre. PLANCHE III. OPIIIOSTOMIM MICROS ATI M, Iiltd. Fig. I. Trois individus en place dans l'intestin d'un Oreillard surpris pendant son sommeil léthargique. — 2. Une femelle isolée de grandeur naturelle. — 3. Une femelle vue à la loupe. 4. Une femelle vue au microscope afin de montrer les deux extrémités du corps, l'orifice sexuel et le bulbe œsophagien. — a. L'extrémité céphalique, isolée. — 6. Une autre pour montrer la bouche. — 6'. La même. — 7. Une autre vue obliquement. — 8. Extrémité caudale vue de face. !). La même vue obliquement, montrant une anse de la matrice en dessous de l'anus. — 10. La même extrémité caudale vue à un plus fort grossissement, mais contracté par la glycérine, de Vespertilio Daubenlonii. — 11. L'extrémité caudale d'une autre femelle, montrant une capsule régulière qui rap- pelle les Otolithes. — 12. L'extrémité caudale d'un mâle, montrant l'anus, le rectum, l'estomac, les fibres musculaires droites, les pénis et la pointe caudale, de la Vespertilio nattereri. — 12'. Pénis isolé. — 15. La même extrémité caudale de màlc avec pénis en place, le testicule , l'estomac et la pointe recourbée naturellement. — 14. La même extrémité étendue naturellement. 15. Extrémité céphalique de femelle, à un fort grossissement, montrant des ganglions et des filets nerveux? On voit aussi que la peau est régulièrement striée, de Vespertilio Daubentonii. — 16. L'extrémité caudale d'une femelle. — 17. L'extrémité caudale d'un mâle. 18. La même extrémité d'un autre màlc et des pénis. — 19. Les pénis isolés. 20. Le milieu du corps d'une femelle montrant des œufs autour de l'estomac. — 21. Les œufs renfermés dans un tube de la matrice. — 22, Le même tube avec des œufs. — 25. Des œufs avec des embryons à divers degrés de développement. EXPLICATION DES PLANCHES. M PLANCHE IV. TR1CHOSOHOH SPEC10SUM, 11. Sp. Fie. !. Une femelle montrant en avant l'extrémité céphaliqnc, avec le bulbe, la bouche et le tube digestif annelé, vers le ni i lieu le vagin en prolapsus, une partie de la mal rire avec des œufs en place et l'extrémité caudale montrant l'anus, le rectum, la fin de l'estomac et les dernières anses de l'ovaire. Dans la cavité périgaslriquc on voit des corpuscules flottante qui indiquent le mouvement irrégnlier du liquide. — 2. Un niàlc montrant le pénis en place, une, partie du testicule, le tube digestif el la tète au même grossissement. 5. La portion caudale d'un autre mâle montrant également le pénis en place, les ailes membraneuses qui terminent la queue, le testicule et le tube digestif. — 4. La portion du corps renfermant la gaine et une portion du pénis. — 5. La gaine elle-même isolée montrant la même portion isolée. -*■ (!. Trois œufs. planche v. 1-5, I.ITOSOMA FII.ARIA; 6-11, ASCAROPS MINUTA; 12-14, AGAMONEMA. Fie 1. Le Ver complet. — 2. Extrémité céphalique. — 5 Portion moyenne du corps pour montrer la manière dont le testicule s'étale sur le tube digestif. 4. Extrémité caudale, montrant les pénis, le testicule et le tube digestif. — 5. Extrémité céphalique, vue à un plus fort grossissement. — C. Extrémité céphalique A'Ascarops minuta mâle. — 7. La même. — 8. Extrémité caudale avec le bout de l'intestin. — 9. Terminaison du corps. — 10. Extrémité antérieure femelle. — II. Extrémité postérieure. — 12. Kyste pédicule avec Agamonema, du vagin de Petit-Fer-à-Cheval. — 15. Le milieu 'du corps de Y Agamonema. 14. L'extrémité postérieure. PLANCHE VI. 1-6, msio.UA lima; 7-8, msio.ti* chilostomlm; 0-17, disto.ua ascidia, sp nov. Fie. I. Un jeune Distonic montrant, indépendamment des deux ventouses, l'appareil excréteur sous forme d'y contracté, le tube digestif rempli de sang, les deux testicules et le gcrinigènc. — 2. Le même montrant les mêmes organes cl l'appareil excréteur dilaté. Tome XL. 6 42 EXPLICATION DES PLANCHES Fie 5. Un Distome adulte avec tout son appareil sexuel développé, montrant surtout l'appa- reil vitellogène éparpillé le long du corps sous forme de grappes cl les vitello- ducles au milieu. — 4. Le Ver complet en repos, au moment où les œufs commencent à remplir les replis de la matrice. Le tube digestif est plein de sang, les replis de la matrice occupent le milieu ; on voit les deux testicules et le germigène, et, ce qui caractérise cette espèce, la gaine du pénis qui est toujours fort distincte. Fie. .'i. La gaine du pénis isolée en place, à côté de la ventouse et au-devant de l'entrée vaginale. (!. La portion d'un Dis tome placé de manière à faire voir le pénis déroulé, la gaîne qui précède les deux testicules et la terminaison delà matrice dans la gaine vaginale. 7. Distoma ehilostomum, jeune au moment de l'apparition de l'appareil sexuel. L'appa- reil excréteur est en place. La surface du corps est ridée. — 8. Le même Distome sexué et complet vu du côté du dos. La matrice, pleine d'œufs, occupe la moitié postérieure du corps. — 0. Un très-jeune Distoma ascidiawec la ventouse buccale envaginée ne montrant que l'appareil excréteur en forme de V et la première apparition des testicules. Ces der- niers organes occupent toujours la même place à côté île la ventouse abdominale. — 10. Un autre individu à peu près dans la même position, mais un peu plus âgé. — 11. Un autre un peu plus avancé. — 12. Le même vu encore du même côté, mais avec la partie postérieure du corps étendue. — 13. Le même Distome étendu légèrement en avant et en arrière dont la tèlecsl vue de profil. — 1 i. Le même complètement étendu. C'est à ce degré de développement que l'on voit apparaître les premiers œufs. — I :i. Un individu à l'état de maturité tel qu'il se présente généralement dans l'intestin; c'est sous cette forme surtout qu'il ressemble à une petite Ascidie. La matrice, pleine d'œufs, occupe toute la partie postérieure du corps depuis la ventouse abdominale. — IC. Vn individu très-vivant le cou étendu avec son appareil sécréteur, la matrice au début de son développement, le germigène avec les deux testicules, la poche du pénis au-devant de la ventouse abdominale et l'appareil vitellogène le long du cou. 17. Le même dans la situation du n" 15, vu à un grossissement un peu plus fort — 18. Olùifs de Distoma lima vus au même grossis ement que les deux figures suivantes. — 19. — — ehilostomum. — 20. — — ascidia. PLANCHE Vil. > ■"• 1-10. Scolex de Milina grisea, de Murin,vus sous divers aspects, montrant les quatre ventouses en avant, le roslcllum incline au milieu, les canaux excréteurs elles corpuscules calcaires qui sont proportionnellement petits. — 1 1. Ténia oblusala, tète du Scolex avec les quatre ventouses, la couronne de crochets en place au nombre d'une quarantaine. — 12. Crochets dans leur situation respective. I, ,,,/ Tome XL . l'I.I. i ■ . Mem ,/■■ l'A,;,,/. Tome XL PI.2 "'m±-'- ; 1 là ■ - Il, in de. t'Aeact. '/',.■• rtcut ïel RECHERCHES SUR QUELQUES PUODUITS INDÉFINIS; l'Ait ElGÈNE CATALAN, ASSOCIÉ DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. (Mémoire présenté à la Classe des sciences le li octobre 187 1 | Tome XL. AVANT-PROPOS. Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie a pour objet l'étude de certains produits indéfinis, déjà considérés par Enter, Jacobi et Legendre*. Parmi ces quantités, appelées quelquefois produites cont inues, les plus simples et les plus importantes sont celles que l'illustre inventeur de la Théorie des Fonctions elliptiques a désignées par «, «', /5, /3'. En combinant de diverses manières, soit ces produits, soit leurs développements en séries, on trouve, sans les chercher, une multitude de théorèmes relatifs à la Par- tition des nombres ou à la Théorie des nombres proprement dite. J'en citerai quelques-uns : Quand un nombre n'est pas pentagonal, il admet autant de décompositions en un nombre pair de parties inégales, que de décompositions en un nombre impair de parties inégales; Soit N un multiple de 4, donné. Soit n un nombre pair, inférieur à N. On décompose n en une somme de puissances de 2, et l'on fait An=±4, selon que le nombre des parties est pair ou impair. Enfin, supposant N — n = 2,3"i , on a n=N-2 ' M le signe -f répondant au cas où N est ta somme d'un nombre impair de puissances de 2 ; RECHERCHES affi = 1 , (7) 0(a;)=a'ir(l-2?!"-tcos^ + g*»-!), (8)(*) T.X , 2ttx 3tt\I' 0 (.,-) =1 — tq cos h 2r/ cos ■ 2f/ cos >-•••, « co w 1 >~ r i iB / t~ r \ 1 1 (..•) = 2aV sin— 11, 1—2?" cos — -h r/"' (10)(*) 2« \ a / -F ""X . à** « ■ Sua; . 7wx ~| H(ï) = 2?*[sm--g!si(i — + ?'sm — -fsm— +-J, . . . . (H) 0(0)= 1 — 2r/-i- 2fyl — 2 (18) I+ g»+ ^+ g«t+ g»+...=g-î\/j*, (19) 1 + q -+- 7'+ 7e + 710 -+- ... = 9~»"\/-l/fr = -, (20) I _ 7 - 7= + 9« + 7'° = 7-"8 \/-l/fcF= 1, " . . . . (21) I -t- 27* -1- 278 -»- 27,s -+- -2c/'2 -h • •• = \/-(l + h') * 7T r-Mi I _ 27--H 27s — 27,8-t-273- = y/— l/F, (23) I— 3^-j-Sg4 — 77'--+- 97J" = «'3 = 7"*(-l 1/21F, .... (24) (') Ces définitions, adoptées par M. Bertrand (Calcul intégral, pp. 640 et 042), diffèrent de celles qu'emploie Legendre, d'après Jacobi. L'illustre auteur du Traité des Fonctions ellip- tiques suppose (t. III, p. 104) : Q{x) — a'[ 1 1 ( I — 2g2"-1 cos 2 a; -t- g1"-') , A.(x) = H(a;) = 2œ'g* sin x { 1 , (I — 2g*" cos ix -t- g4"). SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 5 vV- [1 -+- 2r/ -+- 2f/4 + 2c/9 + 2(/'° + ■ • •] = \/-, [1 -+- 2?'+ 29"+ 2ç"+ 2f/"c+ • • •] , (25) (") ;i + ^,'+," + ,-+... = -1 —2y-H2g«— 2^-4-27" "* 1-,-2W?" (35) 4. Développement de fi. Soit y, [n) le nombre des décompositions de n e« parties impaires, inégales; alors (3 = (l + 7)(l + 7'-)(l + ,/).•• = T ?.», ou a, d'après la formule (32), 9 (») = % (») + 9. ('') % (« — *) + 9, (6) 9, (m — (!) + • • • + ■• (»)«*• • • • (''(,> H. Relations entre les nombres p.. Reprenons les formules fs=l +9j(1) r + % (4) g4 + •••]*—[?,■ (l)ç + ?, (3) 73 + ■••]*; (44) puis, suivant que /* est pair ou impair : ± l'excès du premier nombre de décompositions sur le se- cond , est ( — 1 )' ; 3° Le nombre total des décompositions de n, en parties inégales, c'est- à-dire y (n), est impair ou pair, selon que n est ou n'est pas pentagonal ; 4° Si le nombre n est pentagonal, «, = \ [?(») + (-*)']; "i = \ [?(»)-(-!)']; (*») 5° Dans le cas contraire, i n„ = n,= -

—q{ï— q's + g" -+- 926-_ g»— ry40 -t- ry51 -+- f/"_ ... , (SI) « = 1 -?<(<)? + ?< (2) ?'-?, (3) ç5 -♦- (pf (4) 9« (39) a'=l — r/2— <7»-wy"»-+- ç14— q" — q*> + g"-t- 7B2_ ry'° — r/8l,-+---- (82) Dans le produit des deux dernières séries, le coefficient de qn est (— 1 )" [cp,. (n) — ^ (m — 2) — 9,. [n — 4) -+- ç, [n — 10) + 9 (m — 1 4) — 9, (n — 24) ] . 8 RECHERCHES Comparant avec le développement (si), on a cette proposition , analogue à un célèbre théorème d'Euler (*) : La fonction tp, (n) — ç, (n — 2) — cp, (n — 4) -+- 9j (n — 1 0) -*- cp, (» — i 4) — • • ■ e^afe ( — l)"_l ou zéro, selon que le nombre n est ou n'est pas pentagonal. 1 7. Développements de a' fi'. 1° Par les formules (ôo), (52) : *'p = (l-q*-q*+q"+qu )2"W9" (S») (*) Parmi toutes les démonstrations de ce théorème, la plus simple est peut-être celle qu'a donnée Labev, dans ses Xotes sur l Introduction à l'Analyse. Voici comment on la peut pré- senter : De (1— X) (I —a;2) (1 — a;3) • .. = 1 — x — «'-+- a-;-+-a-7 , on déduit, en prenant les logarithmes et les dérivées, 1 1x 3a;2 1 -4-2*— SX* — 7a ''H 1 — x 1 — x- 1 — x* 1 — x — x- ■+■ x -4- X :' — -•■ puis, en multipliant par x et développant le premier membre : .c -+- ix- — .">,r' — la? ■+■ ■ ■ x -+- ôx- -4- ix' -+- Ta-1 -+- . -t- x" f n -4- = 1 — a; — .r'2 -+- a ;' -4- a" Enfin, chassant le dénominateur, et identifiant, on a : J n — 1 1 [n — ] ) — / (» — 2) -hj (n - o) -+- f(n — 7) — = zéro ou ± ». SLR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 9 5° Si Ton change q en — q, on trouve a>' = (1 + q H-Vï+76+V,°+---)2*(-' )>(")<•/" (37) 18. Relations entre les nombres 9. 1° D'après les valeurs (»s), (:jî) : //« fonction 9 (w) — 9 (m - 1) — 9 (m — 2) + tp (w — 5) -+- cp (w — 7) — 9 (n — 12) , raw/fe sî n n'est pas le double d'un nombre pentagonal, se réduit à ( — 1)' dans le cas contraire, c'est-à-dire quand n = 3f =p/. 2° La comparaison des valeurs (s*), (se) donne cet autre théorème : La fonction = | _ q* _ ?< + ?«»+ ç«_ ,/' - f> + g« + ■ (52) aï = I — q*- (f + ,, /:,, #J les valeurs correspondantes de w, A-, A', on doit trouver < 1 1 1 1 1 i 1 1 11 1 111 26«ïfclïfc'15=«î(JtJf)«, 2Vf {ktk\f=^k'k"1: ou, plus simplement : 111 11 2ï «. = — — «, «; = (! + *>'. .(59)0 1 -4- A 1+t 2 II. Soit m' — 9(»)î (co) alors «' = ?(), qui caractérise la fonction /', devient en vertu de la valeur de a, [

a. **a 27. Autre expression de-,~ Elle résulte, immédiatement, des formules (es), (ee), (07) : _ _ ^ (6!)) (*) On suppose <|i (0) = 1. (**) Euleh, Introduction à l'Analyse, p. 252. 12 RECHERCHES 28. Relations entre les nombres ?, ^ 1" D'après les égalités (32), (09) : tp (n) = 9 (n) - 9 (» — 2) — i{/ (« — 4) + 9 (n - 1 0) -4- 9 (n — 1 4) . . (70) 2° Si Ton identifie les deux valeurs de4> on trouve a 9 (n) = 9 (n) -t- tp (« - 2) 9 ( I ) +

(l)-91(13) = 101 —1.77+0.56— 1 .42+ 1 .30 — 1 .22+ 1. la— 1.11 +2.7 — 2.5 + 2.3 — 2.2 + 3.1—3 = 0, 9 (14) - 9,(1)9(13) + 9,(2) -|(12) -9,(3) 9(11)+ 9,(4) 9(10) — 9,- (5) 9 (9) + 9,(6)9(8) — ?.(') * (7) + 9,(8) 9(0)- 9,(9) 9 (5) + 9,(10) 9(4)- 9,(1 1)9(5) + 9,(12) 9 (2) — 9.(13)9(1) + 9,(14) = 135 — 1.101 h- 0.77— 1 .56 + 1.42— 1.30+ 1.22—1.15+2.11 — 2.7 + 2.5 — 2.3+5.2 — 3.1+3 = 15 = ^(7). . SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 13 32. Développement de^- Les fonctions «, /3 ne diffèrent que parle chan- gement de q en — q. Donc (eo), (07) : i = «p'=2"(-iy" <7"> 34. Remarques. I. La comparaison avec le premier développement (39) donne cette relation *„ = (-!)"?,(«) (75) II. Si nP, n-, sont les nombres dont il s'agit, l'on a MP-H tls =^ (m); et, par conséquent, Hp : I[+(h) + (_i )"?..(»)], ». = ^ [ — r/'2 -+- g" + q11 -4- g26 + r/5i — g'0 —9" . . (79) Les termes de cette nouvelle série semblent donc, à partir du troisième, se succéder par groupes de quatre termes, alternativement négatifs et positifs. C'est ce qu'il est facile de vérifier. 37. Développement de «a! (3. On tire, des formules (12), (n), (17), (is) : » , « / "2ak' . . /2» «V=Y/-_, «'f3»=Y/— ; (80) puis, de celles-ci, aa'jî = y— l/F ; (81) ou, en vertu de la formule (20), «a'p = -, = \ — 2g* -+- 2g8— 2gls -+- 2g3S (82) 46 38. Remarque. La fonction «'P = «p x «' = (i - g2) (i - g6) (t - g10) • ■• x (i - g2) (i - '/) (i - q') •••; donc, dans le développement de ce produit, les coefficients sont ± 2 ou zéro. Cette propriété a de l'analogie avec celle dont jouit le produit ««'. 39. Relation entre les nombres 9.. Les développements de a/3 et de «' étant (10), (15) 2"(- 1 )- ?, (n) g2» , 1 - g2 - g* + f + g" , le coefficient de ,(»-y)+(-i)^>.("-7)--, SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 15 ou (— 1 )" [ et que Ton ait égard aux formules [3 = 1 -+-9i(i)(/-t-(?,(2)72 + cpl(3)f/-+--.-, (34) «a' = 1 - g - r/2 -h r/ -w/7 - o, surôajif gue n est ou n'est pas le double d'un carré. (*) Le terme général est ( — ] )"~' ,(ll)+(p,(9)— (p,(4)-?,(l)=S-i-3 + 2+2— 1—1 = 0. 42. Corollaire. Si Ton combine les deux derniers théorèmes, on en con- clut un autre, assez simple, que l'on peut énoncer ainsi : La fonction fi («) — (3)ç6 + ••■ (68) ^=l+Al92+A294+.-. + A„92"+--., (86) SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 17 A,, A2, ... AB, ... étant des nombres entiers, définis par la formule A„ =

j') = y (n1), ?,X^n' — 2) = a'PP' = ' + 1 + 93 + 9e + (28) -+- 9 (25) + ^ (15) + 9 (8) ; OU (*) 3G 352 = 17 977 + 10 145 -t- G 842 -t- 1 002 -t- 585 +■ 5, 52 994= 14 885 -t- 12 510 ■+- 3 748 + 1 958 + 101 +- 22; ce qui est exact. 2° Si l'on fait usage de la formule 2" 'M») 9" (69) a' 2V")9" on trouve, avec la même facilité, [1 + 9(1)9 + 9(2)9*-+ ••.]'= [l+|(l)9 + i|/(2)92+ •■•](l + 9 + 95 + 9c+ ••■); (95) puis y (,i) + 9 (h- 1 ) + |(«— 5) + 4/ (h— G) h — = ç («) -1-

" ? m 9" ; donc |=1 -C,9 + Cî92 ±Crf*=F — , (103) pourvu que C„ = 9i(»)-f-9,.(n — 1)9(1) +9, (n — 2) 9(2) -t- • v + ç(»). . . . (104) SUR QUELQUES PRODUITS INDEFINIS. 21 58. Calcul des coefficients Cn. Au lieu d'employer la dernière formule, on peut faire attention que, d'après les relations (si), (79), on a et, en conséquence : Am fond ion C„ — C„_, — C„_2 ■+- C„_s -+- C„„7 — c„ l2 — nulle si le nombre n n'est pus pentagonal, se réduit à ( — 1)""' dans le cas contraire , c'est-à-dire quand n =- ^ (*). On trouve, en appliquant ce théorème : C,= 2, Cs=2, Cs=4, C(=G, C5=8, C6=12, C,= iu\ C8=22, C9=30, CJ0=40,... 59. Relation entre les nombres ?, j>,. La série (103) est le quotient de a = i_(pJ(1)? + (p4.(2)qil — (p((3)g3 + , (39) par (3 = 1 +-(/"-*- y*1 <■ ••• (|()S) « _ 1 — 7 — - '/7 — 7" — l" ' 7** ' " " ' fi I -t- Q> + j-^_ ,«Q5 _ . ; relation d'où l'on tire, successivement : C, = ^C,, C4=^C5--CÎ, C. = iC,--C1C,+-CÎ,elc [Ad.] SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 25 II. Si, pour abréger, on écrit ainsi les équations (ioh), (109), (110) : p B_B'_B" « = A = A7 _ A7' ' nu a AB' = A'B, AB' =A"B. Or, A = a*.', B' = fi ; donc AB' = aa'|3 = I — 2r/a -*- 2 RECHERCHES i\ii. Remarques. I. La valeur commune des deux membres, dans la première Identité, est a* x — = «?. II. D'après les formules (:;i), (52), la valeur commune des deux pro- duits suivants est au1'2. III. Enfin, dans la dernière identité, la valeur commune des deux mem- bres est (20), (21), (7) :g = «'-1s'. (17. Relations cuire les coefficients D„. Elles résultent de la comparaison des formules (us), (117), (us) : I " La fonction l>„ - D„_, - D„_8 + D„_,„ + D„_28 mille si 11 w'e*/ pas pentagonal, se réduit, dans le cas contraire, à (- l)"-'; "2" La fonction D„ - D„_, — D„_3 + D„_6 + Dn_10 — nulle si n n'est pas le double d'un carré, égale 2 ( — \ )J dans le cas contraire On trouve, en appliquant l'un ou l'autre théorème : l), = l, D2=-l, h- = 0, D,=l, D,= 0, D„= — 1, D,= -l, D8=2, D„ = l, D,„ = — 2,... (IN. Développement dej,- Si l'on fait Ll-Elî + E!9!--±E„f^-, (125) es formules (30), (73J p' = i + tp(l)f/*+ 9(2)7*+ .... i = l-cp(l)9 + (p(2)î'-9(3)î3 + ■ P donnenl li„==9(«) + 9(1)9(» — 2) + 9(2)9(« — 4) + 9(3)9(n — 6)+ ■•■ . . (120) (i!). Relations entre les nombres E„. H suffit de les énoncer : I " La fonction E„ — E„_, — E„_,+ E„ 5+ E„ ^ — E„ ,.2 — ••■ égale ( — lj on zéro, selon que n est ou n'est pas quadruple d'un nombre pentagonal ; SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 2° La fonction Tt 2E„ „+2E„_8— 2E„ » + égale I ou zéro, suivant que n es/ ou n'est pas triangulaire (*). Les premières valeurs sont : E,= l, E2=2, E3=3, E,= 4, E5=0, E0=9, E7=I2, E8= 16, E9=22, E10=29,... 70. râleurs de {/h1, Vk, [/T+ k', elc. 1° D'après les formules (-,) et (s), la fraction - est égale à \ k'. Conséquemment (55), (27) : \/k' = - = 1 '{' ■+" '/7 — ?" — 7' ; ■+" 6 1 ■+■ 7 — q- — 7 ' — ry7 — (/'- -t- q" -+- 1 — Cft (1)7 + y, (2) ry2 - ^=2Y- = 2Y 8 ^ 1 = 2Y = 2Y = 2y -«"+••• \ I -t- q -+-' g3 -+- qe ■+■ ■ ■ ■ 6° Enfin, celles-ci équivalent à (3 1 ■+- 7 -t f/' -*- ç6 -t- • • • F^-rTT^TTT7^-: M(/.J(,5r,) 1 ■+- 2g-t- 2ç'-»- 2g9-v- ■•■ t 1 + g + g3 -1- (f ■+- ■ • ■ ] 71. Autre expression de \/j-^r^' Des formules connues ,-r. H . / k' » . /if - •s «m — = \/ - — - , co$ ani - = \ / 2 V 1 + A" 2 V %i- on conclut, à cause des valeurs de H (|)> 0 [|] (I) : \/ =2V ' ' • ■ • • iA(l-] ,54 V | + k' ' I - 2g* -h 2g'° — 2g50 72. Identités remarquables. 1" Rappelons d'abord celles que nous avons citées ou démontrées précédemment : • ' 4 /»' * / k W - [1 + 2g h- 2g* -+- 2g9 + 2g'6 h ] = % / — [I -+- 2g' -t- 2e" h- 2g'9 -t- 2g"6 -f- •■ •], (2, ( I -+- L2q + 2g' + 2g9 + •••)' — ( I — 2g ■+- 2g4 — 2g9 -f- ■ ■•)' = 1 6g ( I -t- g4 ■+- q' + »" -+- •••)', (29) (I -f 2g -+- 2g* -t-2g° -+-•••)* ■+■ (I — 2g + 2g*— 2g9-+- ■••)"= 2 (I +2g!-H2g8-t-2g"-+- ■••)-, (30) (l-i-2g-+-2g*-4 2g9 -t- ■■■)" — (I - 2g -h 2g'— 2g9-+- -)s= 8g (I -t- g* -h g"-t- gs< -i •••)*, (51) SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 29 (1 —q — q*+ q* + g*_ •••) (! + 7 — '/— 75~ '/ - -)). . . . (89) = {\-q*-q> + q»-*-q"- •••)(! — 2^+29"— 29"+ 2ç5S— ■•■).! (1 — 7 — 7--)- q* + 77 — = (1 — 27*+ 27"— V-+- ■ • •) (1 -f- 7 H- 7" -t- 7" -+- 71" -1- • • •) (1 — 7'— 78+720+728— . • • (122) (I — q — gr'-t- 75-+- 77- = (1 — 2js h- 27" — 2718 + ••)(l — 7 — 71 + 7'" -t- 714- • •■) (1 — 7 — 73 -4- 7e -+- 7"— • .:!,!■ . . (ISS) (1 +r/ + 73 -. 7e -+- 710 -4- = (1 — 7'2— 7'' -4- r/"'-f- 7" -4- ■•) (i —q—q*+ 7« -♦- 71»— . ••) (1 — 71— 78 + 75"-+- 758— . ■■■) J. . . (124) (1 _? -72+ 75-4- 7' — = (1 + q — q*—q>—q'— . ■ ■) (1 + 27 -+-27'+ 2) 2° Le changement de q en — - q donne (1 +. y — ç'—çS _ f/'_ = (1 — 27- + 27* — 2718 + -•)<>— 7 -- 7"'-+- 7° + 7'"-- :U . , (135) = (1 — 27' h- 27' — 27'8 + • ,.)(| _ ?*_g*+?«0+ ?H_ . ••) (1 -4- 7 -+- 73 -4- 7e -t- 7"' -t- ■ :?,.}■ . . (136) ■ ■) (1 — 27 -+- 27*— 27° -4- 27"- ■ ■) (t — 2?'2 ■+- 2?8 — 27l8-t-273C- :!,!• . [Ad.] (137) (1 _ g_9' + 96+9.o_ = (1 h- 7 -t- 7' -1- 7" -t- 7"' -4- • ■■) (1 — 2çs+ 29s — a^^-t-aç^— •■) (I — 27 -4- 27'- 27,-+-271"— :!! . [Ad.] (138) 3° Ces relations, combinées d< hix à deux, conduisent à celles- -ci : (1— q — 72-t- g»-*- 77 )2= (I — r/2 — r/'-t-f/'-i- 7" ) ( I — 27-1-27'— 27'+ 27" ),(! 39) (I-4- q—q*—q*—q>- •)2 = (l-72— 7»-+-7'"-f-71 ■)8 = (1 -t- 7+ 73-i- 70 -4- 7" (1-4- 27 4-27*+ 27,J-4-27l6-t- •••), (140) (l-g-ç'-t-ç'+ç'-î18-...) = (1- ï-î'+ 7+7'"+ -)('! + 7-7 -7S- 7-7' - -) M' i") = (I— 272-t- 2g8— 27l8-4 •••) (I — 74— 7"+ ^-hj88 ) , (1 — 272-4-278— 27,8-4-2732 )' = (!— 27-4-27*— 27"-+- ■•■) (I -4-27+ "Iq* + îq* -s- ••■). (142) (*) (1 — 7- '/+ 75-1- 1' )(' -+-7-Ç2 — 75 — 77 = (' -92— ç' + î"1-*-?1" (I — 272-h278 — 2718 In" — [Ad.] (143 (') Legendre, t. III, p. 112. Tome XL. 30 RECHERCHES 4° On sait que (I -h 7 -+- f/3 -t if' +■••)* = (! + 7- + q* + q" + ...) (1 + 2g -4- 2g4 + ! +■■■), (144) (*) (i — 7 — 73 -i- 76 -+- ■••y2 = (i +'/ + '/+'/'+ •■•)(' —2'/ + V-*- -Y+ ■••); (U:>) 0 donc, à cause de la relation précédente, [\+%+q*+q°+...)(i-q-qi+q°+...)=(i+q*+q°+qa+--)(i-W+2q*-ty*+---)-, (146) puis, en vertu de l'égalité (m) : (I + ,f + g« + ?« -+- 7-" +...)(!_ »if -f- 2ç8 — ii(/ls -i ) = (i - f - '/' + r -+- dki;, t. III, p. 111. La formule (144) donne les valeurs de Vie rapportées ci-des- sus (152). (**) La relation (148) équivaut à ou à et celle-ci est une conséquence des formules (ô), (4). SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS^ 31 7° L'identité (144) peut èlre écrite ainsi : ou , par le changement de q en r/8 : (g + f/<> + g» + (f + ■ ■ ■)' = (gs +' 7" + r/° + r,98 +•••)(!+ 27s -t- 2r/3i + 2772 -+-■••). (1 52) 8° Faisant la multiplication par 1, réduisant, puis supprimant le facteur 2, on trouve (f + qK+ qm+ q**+ ■ ■ ■) (r/8 -4- qra + f> + f2S +...)= J ç'* + i" . • • (153) Dans cette nouvelle relation (*), i, i' sont des nombres impairs, inégaux. 9° Si l'on ajoute membre à membre les égalités (lu), (i*s), après avoir élevé au carré, on trouve, eu égard à la relation (r>o) : (| + f, + ff + (]« + (,«>+ ...)4-t-(l -7 _ r/ + r/ + 7"1 + ..-)' | _ (ig4) = 2 ( I +()!+(/ + r/'- + 7'2U -t- • • -)2 ( I + 2g2 -t- 278 + 2g'8 + ■ • ■)'. * 10° Les mêmes relations (ru), (us), combinées avec (29), donnent (1 -+- g + ff h- 76 + ■ • -)8 - (1 - 7 - 73 + 76 + • • )8= 1 67 (I + r + q> + 7" + • • -)8; (153) ou, ce qui est équivalent, (g -Hg»+ g* + g»-t- .. -)8- (7 - 7' — 723 + 7<9 -+- • • •)" = Ifi [77, — 771'' + 1)7" - ... ; (172) } __-,,* ,.57* — 77".. (1?5) donc 1 ' ' I — 07 + 07' - 77° -+- (') Conséquemment, G„ est impair «huis le premier cas, pair Huns le second. SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 55 (SO. Nouvelle identité. La comparaison des formules (no), (173) prouve que (1 + tJ + cf + y* + ql" + •■■) (1 — ôq -f-Sf ^' + 9* • _ 1 -1" 9 — 92 — 95 — 97 = 1 — G,'/ -+- G072 — ■ ■ ■ ± G,//" q= , a,« ' ' — 9 — 9* "*- 96 "+- 9 1 — 072 -+- 57e — 79' I + Si/ -+- 2?' -t- ty h 1 + ôq — 5 + 72) ( ' + ?*) ( ' + 78) • • ■ i ou plutôt Mais 1=1 — 2 + y" _ q» _ q«> +. g« + ç«_ f/™ _ ^ + . . . , . . . (52) on trouve, comme seuls produits partiels contenant (n — 1) h- Sqj (« — 5) — 7+.q«>— qa )(1— 2ç*-H2a8— 2«,8-t----]- . (205) (*) 93. A u 1res théorèmes sur les coefficients Ln. 1° Dans le second membre de l'égalité (202), un produit partiel quelconque a la forme 3/.2 + ). /'{/'+!) (-i);7 ' ? * ; donc 4/) = (5).' --Ç- i) -t- à' (/' -+- I), OU 48n + 4 = (6) zp ')* + 3(2/'-+- I) (204) Par suite : Le coefficient Ln égale l'excès du nombre des râleurs paires sur le nombre des valeurs impaires de À, satisfaisant à l'équation (204). 2° La formule (203) donne, avec la même facilité, le théorème suivant : Le coefficient Ln égale deux fois l'excès e' du nombre des solutions de l'équation l2«-»-i=(6x=F4),+ 3-(2y)*, (205) dans lesquelles x et y sont de même parité , sur le nombre des solutions dans lesquelles ces inconnues sont de parités contraires (**). 94. Remarques. L Ainsi qu'on a déjà pu l'observer ci-dessus (91), les valeurs de L„ croissent très-lentement. Cette conclusion résulte surtout du développement de «'% prolongé, par exemple, jusqu'au terme r/'2u0. On trouve : a'2=l — 2c/2 — q* + 27"+ c/8 + -2qw — 27'*— 2c/16— 2c/ls-+- f> + 2c/26-+- 5c/28— 2c/30-+- 2c/32 — 2c/38 — 2 <{'■> 7S> (f20> (r% • • • A cause de ce résultat était nécessaire. 9o. Expressions de «'2/5'. Nous avons trouvé (65), (66), (84) : a'*(3'=(l -w/ -t-fl2+11 + -'(>'o+0 > que l'on peut écrire ainsi : 24/n- 3 = (6f=Fl)s -+■ 2 (6f q= 1)*, (211) 8» -1- t =(> -+- /'-4- t)s-4- (i — ij, (212) on a les deux propositions suivantes : 1 ° Le coefficient P„ égale l'excès du nombre des solutions de l'équation (211), dans lesquelles 1 et V sont de même parité , sur le nombre des solutions dans lesquelles ces inconnues sont de parités contraires ; SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 43 2° Le coefficient Pn égale l'excès du nombre des valeurs de V, satisfaisant à l'équation (212), et ayant les formes 4,«, 4^ — l, sur te nombre des autres valeurs de celte inconnue. 97. Application. Soit 2» = 130. Les dernières équations deviennent I 563= (6/ =p 1/ + 2 (6/' ^ 1)% 521 = (> + >' + 1)' + (> _ >')». 521 est un nombre premier, de la forme 4/*+l, Conséquemment ce nombre est décomposable, d'une seule manière, en une somme de deux carrés. On trouve i + x' -+- 1 =.20, A — A' = ±11;. puis ces deux systèmes de valeurs : > = 1 5 , i ' = 4 ; i = 4, >'= 15. D'après le second théorème, on a P68= 2. En effet, dans le produit des séries l -t- q + g-8 -+- 7e -w/10 H h ?,l° + ?«» _,. . . . , \—q — ql + (f -t- q" + q*» + ?«« ; le terme P6bq,s0 = qi0 x q™ + q"20 X + qu _ q« _ q«> + qu + qn _ q*> _ q«> + qm + qlu > 1 — v4 — ry8 + 7"u -+- f/8 - + q'-'—q1' -4- 73; — q" — q™ -.- ç" -t- q>* -+- g" + ' = 1 S ; 1 = 17, >' = 6; X = 6, i' = 1 7. Aucune des valeurs de ?.' n'a la forme ky. ou la forme 4,« — 1 ; donc (96) P87 = -4 = — 2QS7. 3° L'équation (211) est, pour >* = 87 : 2 O'Jl = (6/ qz I)2 -4- 2 (G/' :p l)2. Le premier membre admet quatre diviseurs de la forme 8p -f- 1 et quatre diviseurs de la forme 8^ + 3. Conséquemment, le nombre des solutions est | + | = 4 (***). En effet : 2 091 = 45*-+- 2 . 1 1" = 572 -+- 2 . 1 92 = 29* -1- 2 . 2S = 13*-+- 2.51 '; puis / = 7, T = 2; / = G, l'=ô; / = 5,/' = 4; f = 2,/' = o. Dans chacun de ces systèmes, / et /' sont de parités contraires; donc (96) P87= — 4. (*) Le nombre 097= 17.41 : il a donc quatre diviseurs, tous de la forme 8^-+- 1 . D'après un théorème démontre par M. Genocchi [Nouvelles Annales, t. XIII, p. 167), le nombre des solu- tions de l'équation considérée doit être | ; ce qui est exact. (**) Voir la Note de M. Genocciii. (***) Nouvelles Annales, t. XIII, p. 168. Ce nombre de solutions serait réduit, si les valeurs de I, V n'étaient pas entières; circonstance qui ne se présente pas dans l'exemple considéré. Tome XL. 7 46 RECHERCHES 1 01 . Autre expression de (a',5'2— «'2/3'). Des formules (ôo), (so), on con- clut, à cause de ? (») = np + n, (13., 2°) : ?'-«'= 2 2"w- De plus, a'p'=l — g* — g8 -.-g20 -Kg28— g*8 (S4) Donc a'{5'f- «'*p'=2(l — g' — g8-+- g*° + n, les fonctions numériques /', F ne diffèrent pas de <», (i; c'est-à-dire que r f(»,n) = ) = F (h— I, i)+. F(h — 2,2) -*- F(«. -3,3) h ;. . . . (227) puis ces théorèmes : 1 ° Le nombre des décompositions de n , en parties inégales, se compose du (*) Mélanges mathématiques, p. ô\2. (**) Introduction à l'Analyse, p. 244. (*•*) Id., pp. 239 et 243. SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 49 nombre des décompositions de n — 1 en parties qui ne surpassent pas 1 , augmenté du nombre des décompositions de n — 3 en parties qui ne sur- passent pas 2, augmenté du nombre des décompositions de n — 6 en parties qui ne surpassent pas 3 , etc. ; 2° Le nombre des décompositions de n, en parties égales ou inégales, se compose du nombre des décompositions de n — 1 en parties (jui ne surpassent pas 1, augmenté du nombre des décompositions de n — 2 en parties qui ne surpassent pas 2, augmenté du nombre des décompositions de n — 3 en parties qui ne surpassent pas S; etc. ION. Remarque. Le second membre de l'égalité (22s) peut être écrit sous ces diverses formes, différentes de la première : 1 x- x* x" \—x (1 — a-)(l-x2) (i — x){\~ x'2)(l — 3? 1 X3 (l-,)(l-x5) (<—*)(! — a») (I — **) I (1 — *r)(l — scs) (1 — a3) (4 — 35*) xl (1 -x){l-xi)(i-x*)(l-x<) X* [i — x)li — x8) (1 - x3) (I -x) (1 - x5) (1 - x3) (4 -x1 Conséquemment , (p(n) = F(»,4)+ F(n —2,2)+ F (« — 3,3) + F (« — 4,4) h- ■•• t = F (n , 2) -+- F (n — 5, 5) -+- F (n — 4, 4) h J — -h F(«;3). + F(n — 4, 4) h î = !■>, 4) -*-••■ . (228) 109. Relation entre les nombres F. On conclut, des dernières égalités, F («./,) = F (n- 4, I) -+- F(«— 2,2) + ■•■ -+- F(« - y), p). . . (229) f) Par exemple, le nombre des décompositions de 7, en parties qui ne sur- passent pas 3 , égale le nombre des décompositions de 6 en unités, augmenté du nombre des décompositions de 5 en parties qui ne surpassent pas 2, aug- menté du nombre des décompositions de 4 en parties qui ne surpassent pus 3. (*) Cette propriété résulte aussi de la relation (223). m RECHERCHES Ces décompositions sont : 7 = l+l+t + l+t+t+l=t + t+t+J+t+î=t+t+l+l+3 =1+1+1+2+2=1+1+2+3=1+2+2+2 = 1 +3 + ô = '2+2 + â; 6 = 1 + 1 + 1+1 + 1+); 5 = 1 + 1+1+1+1=1 + 1+1+2 = 1+2 + 2; i=l + l4 1+1=1+1+2 = 1 + 5 = 2 + 2. Ainsi, F(7,3) = 8, F((i,!) = l, F(b,2) = 3, F(4,3) = 4; et l'on a, en effet, 8 = i -+. 3 + 4. 110. Remarque. La dernière relation est une conséquence de l'identité I X X2 X* *+-. *t. rr. «+••■ + » r^ ^rr" -=■ («30) (I — x)(l— x2)...(l — a") 1— x (I— x)(l— x2) (l-.r)îl— x!)...(l — x)" 1 i I . Relation entre les nombres F, f. Si Ton divise membre à membre les égalités (219), (220), on trouve, en observant que f(n,p) = 0 si n sur- p (p + n «««se ^—4 — - : 2 f(*.p)«" - -^1 ("231) 2 /("'P)J Il est visible que le développement du premier membre est 2 F (/*, />) -r" ; donc 2"F(»Ij,)^xf"/,(ii,p)«"=2 *F(«,p)x", .... (232) »=" „=<) ii=« puis V(n,p) = f{n,p) + ?[l,p)f(n-%,p) + F{*,p)f{n-*,p)+- . . (253) 112. Relation entre les nombres f. D'après la remarque précédente, l'égalité (219) peut être remplacée par (l+x)(l+x2)...(l +x") = 2 /'{»,]>) ■<" (234) SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 51 Le premier membre égale (1 +») ... (1 + a?-1) X (1 + %v) ; donc ,,=o n=» et y par suite, /■(h, p) = /'(«, p-l) •+/•(«-/», p - I), (2oï>) théorème qu'il est facile de démontrer directement. On peut l'énoncer ainsi : Le nombre des décompositions de n , en parties inégales qui ne surpassent pas p, est éfjal à la somme des nombres de décompositions de n et de n — p en parties inégales, inférieures à p. H 3. Autres relations. 1° On tire, de la dernière égalité, /(n,p) = /(w-2,l) + /> — 3, 2)-t- •■--+-/"(« — p,p-l); (236) /(»,p)=/(w,p-i)-H/-(n-pîp-2)-*-/r(«— 2p + t,p — 3)+/"(w-3p + 3,p-4)+-, c'est-à-dire fl.,,)-rv[.-''-'''»-"--'-']- ■ • • ,237) a=l L. - J Prir oxcniolc ' /-(Ô6,l I) = f (36,10) + f (25,9) + f (18,8) + /"(«J); ou, d'après la Table IV : 68 = 29 -+- 22 -+- 1 3 -+- 4. 2° Dans le développement du produit (1 + x) (1 -fa?9) ... (1 + ^)5 les termes également éloignés des extrêmes ont même coefficient ; donc nn,p) = f[^^-n,P] (238) I 1 4. Remarque générale. Il est évident que les séries d'EuIer (224), (225) peuvent servir à développer les fonctions elliptiques «, «', /3, /3'.' Par exemple, le changement de a? en r/ donne d'abord ,10 aft' — l ? (l ? ï h--, (239) ?? ~ 1 — g"*"( 1 —g) (4 — ç«ï (i — ç) (i — g^) (ï"— 4") (i-?)(i-9')(W)(*-?4) J , , 9 ... '/' , <î ■ ?! +...;(240) 1-? (l-?)(l-?s) (l-?)(l-?s)(l-9!) (1 --'/4)~ p=4- '/' 1=1-, 9 1-7'2 (l-'f)(l-74) ('-'/*)( '-'/')(! -7e) H -'/')(■ -'/*)(> -7°) (l-V 7' f/0 7" 1-9* (1-7') (■-'/') (l-7'2i("-7i)(l-76) (l-75)('-74)('-7")('-78) -,(243) ■.(244) Parmi les identités déduites de ces formules (*), nous citerons seulement celles-ci : x x 1 + 1 — 1 -t I — i + 1-7 7 1 -t- 7 7 I 7 7 7' I-7* 7' 1-7= (" -7)(i - ?*) 7" (1 + 7)0- - r) r 0-7)0 - r) (f (1+7)0 - T) 7'; (1-7J)C -74) 7' - 0*1 ( I 0-7)0 -7'J)(l-73) 73 (l-7)C -7s)('l+73) 73 (I - 7) (1 - 7*) (i - g5) 7° (1 + 7)0 - ?') (1 + f) 7'2 (l-72)0 -74)('-7') 7''' 0~7S)0 -7')(1 -7-) (245) (*) Elles ne diffèrent pas, au fond, de celles que nous avons démontrées dans le Paragraphe M On peut d'ailleurs en trouver beaucoup d'autres en combinant les premières avec des formul données par Jacobi, Legendke, Dihichlbt,... Si, par exemple, on suppose z = 1 dans une n lion des Fundamenta (p. 180), on obtient ce développement : es ela- (3=1+- 9* ,., l-f- ll-9s)(l-9') (1 — «*)(»— ï*) U-9*) (l-9*)(l— 94)C— 9BHl-9") puis, à cause des égalités (238), (243): T 9 '/' 99 1 X l l-çs (1— gs)(1-g») (l-9î)(l— 94J(1 — 9") 1-9J+ (I-9-W-7') (I - ?!) (1-9*) (1-9°) _ 9 9ri _^ 9^ ~*~1 — 9 + C -9);l-7' + (l -f/)(l-92)(l-'/:'» identité assez remarquable. SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFLNIS. 53 ■1+7 (l + f)(l-fl 1-+- l-g* (l-7')(l-78 7 7* 1 + 1+7 (1 + 7)C — 7 ?' 76 l_72 (1— gs)(l— g*) '/* 7' W li+«/'KW) 7) (I - 7'2) (' + 7') ( ' + 7) ( » - 7'2) ( 1 + f) ( » - 7J) -q?) (1 -74) (1 -7») (1 -72) (» -fi ( ' ~76) ( ' ~î t ■7)(«-72)(«+73) (l+?)(i-îs)(^9')(^-74) 7'2 7" Y) (1 -7*) (< -fi ( ' -fi ( » -74) ( 1 -76) f « -78 ?" 9™ yMWMW) (^^('-^(i+^t1-?8; (246) 1 I o. ^?(») ?'" ; S 2"(W)7S"X2V<)>(»)7'2" (^8> Ces nouvelles identités ont d'assez nombreuses conséquences ; mais nous croyons ne pas devoir les énoncer (*). (•) Observons , seulement, que la relation (71) pourrait être déduite des deux dernières. [Ad.] Tome XL. U RECHERCHES IV. TABLES DES NOMBRES 1p (****). Il est visible cpie

') 3 4 S e t n 10 n 12 13 1-1 15 16 17 18 19 30 31 213 23 24 25 2G 27 28 29 30 31 33 33 31 35 3G 8 8 9 9 10 10 11 11 1"2 12 13 13 14 14 13 15 16 16 17 n s 10 12 U 16 19 21 48 52 56 61 65 71) 7S 80 85 91 6 9 11 15 18 23 27 34 39 . 04 72 81 94 108 120 136 150 169 183 206 1 1 3 5 7 10 13 18 23 30 37 47 57 70 84 101 119 m 161 192 221 7 11 11 20 26 35 44 58 71 90 110 II 13 21 1 1 1 1 0 II 1 1 1 i 1 2 3 •y 2 4 2 3 5 6 4 4 8 li 6 10 12 8 9 7 g 15 18 II il 22 14 13 27 16 16 32 19 19 38 23 23 46 27 27 51 32 32 64 38 38 76 11 i'i S9 52 52 104 61 61 122 71 71 142 82 83 163 96 96 192 III III 222 128 128 256 148 148 296 17(1 170 310 195 193 390 224 221 148 256 286 . 512 293 292 58S 334 334 668 SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. TABLE 1. (Suite.) 57 37 1 q 3 4 5 6 7 8 9 ÎO 11 "i ";■ f(") 18 96 225 235 136 28 1 380 380 760 38 18 102 249 291 163 38 2 432 432 864 39 19 108 270 333 199 49 3 491 491 982 40 19 114 297 377 235 65 5 bbi 556 1 113 41 20 120 321 427 282 82 7 630 630 1 260 43 20 127 331 480 331 105 11 713 713 1 126 45 21 133 378 540 391 131 15 805 803 1610 44 21 1 40 411 603 454 164 22 908 908 1816 45 22 147 441 67 4 532 201 29 1 1 024 1 024 2 048 46 22 154 478 748 612 248 40 1 1 152 1 132 2 304 4Ï 23 161 311 831 709 300 52 2 1295 1295 2 390 48 23 169 551 918 811 364 70 3 1 455 1 455 2 910 49 24 176 588 1014 931 436 89 5 1 632 1 632 3 264 50 24 184 632 1 115 1 057 522 116 7 1 829 1829 3658 51 25 192 672 1 226 1206 618 146 11 2 048 2 049 4 097 53 23 200 720 1342 1 3611 733 186 15 2 291 2 291 i 582 53 26 208 764 1 469 1 540 860 230 22 2 560 2 560 5120 54 26 217 816 1602 1 729 1009 288 30 2 859 2859 5718 55 27 225 864 17 47 1 945 1 175 352 41 1 3 189 3189 6 378 se 27 234 920 1898 2 172 1367 434 54 1 3 554 3 55 4 7 108 5» 28 243 972 2(162 2 432 1579 525 73 2 3 958 3 959 7 917 58 28 232 1033 2233 2 71)2 1824 638 94 3 4 404 4 404 8 808 59 29 261 1089 2 418 3 009 2 093 764 123 ■ 5 4 896 4 896 9 792 60 29 271 1 134 2 611 3 331 2 400 919 157 7 5 440 5440 10880 61 30 280 1 215 2 818 3 692 2 738 1090 201 11 6038 6 038 12 076 63 30 290 1285 3 034 4 070- 3120 1 297 252 15 6 697 6 697 13394 63 31 300 1350 3 266 4 494 3539 1527 318 22 7 424 7 424 14 848 64 31 310 1425 3 507 4 935 4011 1801 393 30 8 222 s 222 16 444 65 32 320 4 495 3 765 5 427 4526 2 104 488 42 9 100 9 100 18200 66 32 331 1575 4 033 5 912 5102 2 462 598 55 1 10066 10 006 20 132 67 33 341 1650 4 319 6510 5731 2857 732 75 1 11 125 11 125 22 250 6S 33 352 4735 4 616 7 104 6 430 3319 8S7 97 2 •12 288 12 288 24576 69 34 363 1815 4 932 7 760 7 190 3 828 1 076 128 3 13565 13 565 27 130 70 34 374 1906 5 260 s 143 8 033 4 417 1291 164 S 14961 1 i 963 20 027 71 35 385 1 991 5608 9 192 8 946 5 066 1 549 212 7 II. YM, 16 496 32 002 73 3S 397 2C87 5 969 9975 9953 5812 1845 267 11 18 176 18176 36 352 La Table d'Euler donne, au lieu de ce nombre, 4 007. o8 RECHERCHES TABLE II. 1 1 Q 3 4 5 6 1 s J> ÎO 11 13 13 "i ",, •i \n) 1 1 2 l 1 1 o 3 l 1 2 1 3 4 0 1 1 2 O 5 5 0 2 1 i 4 3 7 G 3 o 2 i 1 5 6 11 ■7 3 4 3 2 1 1 8 7 15 S 1 5 5 3 2 1 1 II) 12 22 9 i 7 6 5 3 2 1 1 10 14 30 ÎO S 8 9 7 5 3 2 1 1 2(1 22 42 11 5 10 11 10 7 S 3 2 1 1 29 27 50 13 (j 13 15 13 11 7 o 3 2 1 1 37 40 77 13 6 14 18 18 14 11 7 5 3 2 1 1 52 49 101 14 7 16 23 23 30 15 11 7 5 3 2 1 66 69- 135 15 7 19 27 30 26 21 15 11 7 5 3 2 90 86 176 1G 8 31 34 37 35 28 22 15 11 7 5 3 113 118 231 ir 8 34 39 47 44 38 29 22 15 11 7 5 151 110 297 18 9 27 47 57 58 49 40 30 22 13 II 7 190 195 385 19 9 30 5'* 70 71 65 52 41 30 22 15 11 248 242 490 30 10 Où 61 84 90 82 70 54 42 30 22 13 310 317 627 31 1 1U 37 72 loi 110 105 89 73 55 42 30 22 400 393 792 33 11 40 Si 119 136 131 116 91 75 50 42 30 497 505 1002 33 11 44 91 141 163 161 116 123 97 70 56 42 632 623 1253 34 1-2 48 108 164 199 201 186 157 128 99 77 50 782 793 ■1 575 35 13 52 130 193 235 218 230 201 164 131 100 77 985 973 1958 3G 13 56 136 221 282 300 288 252 212 109 133 loi 1212 1224 3 436 37 13 61 150 255 331 301 352 318 267 219 172 131 1512 1498 3 010 38 11 65 169 291 391 436 434 393 340 278 224 174 1S51 1867 3718 39 14 70 185 333 454 522 523 488 423 335 283 227 2 291 2 274 4565 30 15 75 306 377 532 618 638 598 530 415 366 290 2 793 2811 5604 31 18 80 22:. 427 612 7::;: 761 732 653 560 460 373 3 431 3 111 6 842 33 1 16 85 349 480 709 860 919 887 807 693 582 471 4 163 1 180 8 349 33 16 91 270 540 811 1009 1090 1076 984 863 723 597 51181 5 059 10 143 31 1 17 % 297 603 931 1 175 1297 1 291 1 204 1000 905 717 6142 6 168 12 310 35 17 102 331 674 1057 1 367 1527 1 549 1 455 1 303 1 116 933 7 450 - m 14 883 3G 18 108 331 718 1 306 1 579 1801 1 815 1761 1586 1380 1 158 8972 9 005 17 977 SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 59 TABLE III. n ?(") ?P (») ?.-(«) ■M») % (») ft (») u P(") ?P (") ?.(») + («) +P(«) W<) l 1 0 1 1 0 1 19 54 0 6 490 0 54 3 1 1 0 2 1 1 30 61 10 7 627 42 6i 3 2 0 > 3 0 2 31 76 0 8 792 Û 76 4 2 1 1 5 2 2 33 89 12 S 1 002 56 89 5 3 o 1 7 0 3 33 loi- 0 9 1255 0 101 6 4 2 1 II 3 4 31 122 15 11 1 575 77 122 t o 0 1 13 0 0 35 li2 0 12 1 958 0 142 8 6 2 2 22 5 6 3e 165 18 12 2i36 101 165 9 8 0 2 30 0 8 37 192 0 li 3 010 0 192 ÎO 10 3 2 42 7 10 38 222 22 16 3718 135 222 11 12 0 2 56 0 12 39 256 0 n 4 565 0 256 13 18 4 3 77 II 13 30 296 27 18 5 60i- 176 296 13 18 0 3 101 0 18 31 340 0 20 6 8i2 0 340 14 22 5 3 135 15 22 33 390 32 23 8 349 231 390 15 27 0 4 176 0 27 33 448 0 25 10 143 0 448 16 32 6 *> 231 22 32 3-1 512 38 26 12 310 297 512 17 38 0 S 297 0 38 35 585 0 29 14 883 0 585 18 46 8 0 385 30 46 36 668 46 33 17 977 385 668 60 RECHERCHES TABLE IV. — Valeurs de /"(«,// 1 3 3 4 5 6 7 8 9 ÎO 11 13 13 11 15 1G 17 18 19 ao 31 33 33 1 3 1 1 i 1 1 1 0 1 1 2 1 1 2 1 1 2 1 1 2 1 1 2 1 1 2 i 1 2 1 1 0 1 1 2 1 1 2 1 1 2 1 1 2 1 1 2 1 1 2 1 1 2 1 1 2 1 i 2 1 1 2 1 1 2 -1 1 2 2 o 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 5 1 i 3 o 3 3 3 3 3 o 3 3 3 3 3 o 3 3 3 3 3 G 1 2 3 4 4 4 * i 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 i *s 2 3 4 5 5 5 5 5 5 0 5 5 5 5 5 5 o 0 0 S 8 3 4 0 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 9 3 5 6 7 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 ÎO s 5 7 8 9 10 10 10 10 10 10 10 10 lu 10 10 10 10 10 11 2 S 7 9 10 11 12 12 12 12 12 12 12 12 12 12 12 12 12 13 2 O 8 10 12 13 14 13 15 15 15 15 13 13 15 15 15 15 15 13 1 i 8 11 13 15 16 17 18 18 18 18 18 18 18 18 .8 18 18 1-1 1 i S 12 15 17 19 20 21 22 22 22 22 22 22 22 22 22 22 15 I i S 13 17 20 22 24 25 26 .27 27 27 27 27 27 27 27 27 1G 3 8 13 18 22 23 27 29 30 31 32 32 32 32 32 32 32 32 lï 2 7 13 19 24 28 31 33 33 36 37 38 38 38 38 38 • 38 38 18 2 7 14 21 27 32 36 39 41 43 44 45 46 46 46 46 46 16 19 I (i 13 21 29 33 40 44 47 10 SI 52 53 54 84 54 Si 51 ao ! S 13 22 31 39 45 50 54 57 59 61 62 63 61 64 64 61 31 1 5 13 23 33 43 SI 57 62 66 69 71 73 71 75 76 76 76 33 1 12 23 35 46 56 61 70 75 ::< 82 84 86 87 88 89 89 33 •:» 11 23 36 49 61 71 79 85 90 94 97 99 101 102 103 104 31 2 10 23 38 53 67 79 89 97 103 108 112 115 117 119 120 121 35 2 9 22 39 50 72 87 99 109 117 123 128 132 133 137 139 110 3G 1 8 21 39 59 78 93 110 122 132 140 146 151 155 158 160 162 37 1 7 21 40 62 84 104 122 137 149 139 167 173 178 182 185 187 38 1 6 19 40 64 89 113 134 152 167 179 189 197 203 208 212 215 39 5 18 39 66 94 121 146 168 186 2lll 213 223 231 237 242 246 30 4 17 39 68 mu 131 160 186 208 226 241 253 263 271 277 282 31 3 15 38 69 lot 140 173 203 230 232 270 285 297 3i i7 315 321 33 2 13 36 69 108 148 187 222 253 280 302 320 335 347 337 363 33 2 12 35 70 113 158 202 243 279 311 338 360 378 393 405 415 31 1 10 33 69 115 166 216 263 306 343 375 402 121 442 457 469 35 1 9 31 69 118 174 231 285 334 378 416 448 475 197 515 530 36 1 8 29 68 121 182 246 308 365 416 461 499 531 538 580 SON SUR QUELQUES PRODUIS INDEFINIS. til TABLE V. — Valeurs de F (», /)). 1 3 3 4 5 « T 8 9 ÎO il 13 13 1 1 15 16 lï 1 3 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 0 1 2 1 3 2 3 3 3 3 5 3 3 3 3 3 3 3 3 3 4 3 4 5 5 5 3 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 S 3 5 6 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 G 4 7 y 10 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 î" 4 8 II 13 11 15 15 15 15 15 15 15 13 15 15 15 8 5 1U 15 18 20 21 22 22 22 22 22 22 22 22 22 22 9 5 12 18 23 26 28 29 30 3u 30 30 30 30 30 30 30 io 6 14 23 30 33 38 40 41 42 42 42 12 42 42 42 42 11 6 16 27 37 44 49 32 . 51 55 56 56 56 56 . 56 56 :,ii 13 7 19 34 47 S8 65 70 73 75 70 77 77 77 77 77 77 13 7 21 39 57 71 82 89 91 97 99 100 loi 101 101 10! 101 11 8 24 47 70 90 105 110 125 128 131 133 131 135 135 135 135 15 8 27 51 84 110 131 116 157 161 109 172 171 175 176 170 176 16 il 30 61 101 136 164 186 201 212 210 221 227 229 230 231 231 lï S) ... i 72 119 163 2iil 230 232 207 278 283 290 293 295 296 297 18 10 37 84 111 199 248 288 318 310 .».).» 300 373 378 381 383 384 19 10 10 91 161 235 300 352 393 123 1 15 46a 471 478 483 486 488 30 ii 41 108 192 282 301 431 48S 530 360 382 397 608 615 620 623 31 ii 48 120 221 331 131, 525 598 053 693 723 747 762 773 7S0 785 33 12 52 136 255 391 522 638 732 807 803 905 933 957 972 983 990 33 12 56 150 291 151 618 701 887 984 1 000 1 116 1 158 1 188 1 210 1225 1 236 34 13 61 169 333 532 733 910 1076 liil 1 303 1380 1436 1 478 130S 1530 1545 35 13 63 185 377 612 860 1090 1291 1 435 1 5SO 1 080 1763 1819 1801 1891 1913 36 14 70 206 427 709 1009 1 297 1349 1761 1 930 2063 2 164 2241 2297 2 339 2 369 37 11 75 225 180 811 1 175 1527 1845 2 112 ■J55I 2 303 2 637 2 738 2 815 2 871 2 913 38 15 80 219 510 931 1367 1801 2 194 2534 2 812 3 036 3 210 3 315 3 446 3 523 3 578 39 15 83 270 603 1057 1 570 2 101 2592 3 015 3 370 3 655 3 882 4 037 4 192 4293 4 370 30 16 01 297 674 1 206 1821 2 162 3 060 3 590 1 035 Uni 4 091 4 920 S 096 5 231 5332 31 16 96 321 748 1 36 i 2 093 2 857 3589 4 242 4 802 5 262 5 635 5928 6158 6334 6 469 33 17 102 351 831 1510 2 100 3 319 4 206 5013 5 708 6 290 6 761 7 139 7 434 7 605 7 841 33 n 108 378 918 1 720 2 738 3 828 4 904 5 888 0 731 7 476 8 073 8 551 8932 9 228 9 459 34 18 m 111 1014 1 915 5 121 1417 5 708 6912 7 972 8 877 9624 11232 Il 715 12 098 12 395 35 18 120 441 I 113 2 172 3 539 S 066 6613 8 070 9 373 I0 4S9 11424 12 ISO 12 801 13 287 13 671 36 19 127 478 1 226 2 132 1011 5 812 7 657 9 418 11004 12 381 13 512 Il 100 15 272 15 832 16 380 OMK XL 62 KECHEKCHES APPLICATIONS. 122. De combien de manières 23 est-il décomposabk en cinq parties inégales ? On cherche, dans la Table I, le nombre situé dans la ligne 23 et dans la colonne o : 18 est le résultat demandé. En effet, 23 = I + 2 + 3 -+- i + 13= 1-4-2-4-3 + 5 + 12= I i -2 + 3 -4- (i -4- I I = I + 2 -4- 3 + 7 -+- 10 = I + 2 -+- 5 -+- 8 -+- 9 = 1 + 2 + 4 -t- S -t- 1 1 = ! -+- 2 -t- 4 + 6 -+- 10= 1 + 2 -4- 4 + 7 -h 9 —1+2+5+6+ 9 = 1-4-2-4-5-4-7-4- 8 = 1 + 5 -4- 4 -4- 3 -4- 10= 1 -4- 3 -4- 4 + 6 -t- 9 = 1 + 5 + 4-4-7+ 8 = 1-4-3+3 + 0+ 8 = 1 + 4 + 3 + 6+ 7 = 2 + 3 + i + 3 + !) = 2+3 + 4 + 6+ 8 = 2+3+3 + 6+7. 123. De combien de manières peut-on décomposer 11 en sept parties, égales ou inégales ? D'après la Table II, ce nombre est 5. Effectivement : H = l + l + l+t+ 1 + 1 + 3 =1+1 + 1 + 1+1+2 + 4= 1+1+1 + 1+1+3 + 3 = 1 + 1 + 1 + 1+2 + 2 + 3=1 + 1+1 + 2 + 2+2 + 2. 124. De combien de manières le nombre 9 est-il décomposable en parties inégales ? La Table 1 donne 7 (9) = 8. On a, en effet, 9 = 9 = 1 + 8 = 2 + 7 = 3 + 6 = 4 + 5 = 1 + 2 + 6=1 + 3 + 5 = 2+5+ 4. 12.1 De combien de manières peut-on décomposer 7 en parties, égales ou inégales ? On trouve, Table II, (7) = 15. D'ailleurs, 7=7= 1+6 =2 + 3 = 3 + 4=1 + 1 +3 = 1+2+4=1+3+3 = 2+2+5 = 1 +1 + 1+4 = 1 + 1 +2 + 5 (*) = 1 +2+2+2 = 1 +1 +1 + 1 +3=1+1 +1 +2 + 2 = 1+1+1 + 1+1 + 2 = 1-4-1 + 1 + 1+1+1+1. (*) Duns l'Introduction d l'Analyse (p. 251), cette décomposition manque. SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS «3 12(1. Quel est le nombre des décompositions de 36 en parties impaires, inégales ? D'après la Table III, ?,(36) = 33. En effet, 36= h 35=3 + 53 = 0 + 51=7 + 29 = 9 + 27= M -+-25=13 + 25=15 + 21 =17-4-1'.» ==1+5+ 8-4-27 = 1 + 5+ 7 +25=1+3+9 +23 = 1+5 + 11+21=1+5 + 13+19 = |+5 + |g+ 17=1+ 5+ 7 +25= 1+5+ 9 +2! = 1+5+11 + 19= 1 + 5 + 13+17 = 1 + 7 + 9+19=1+7 + 11+17=1 +7 + 13+15 = 1 + 9 + 11+15=3+5+ 7+21 = 3 + 5+9+19=5 + 5 + 11+17 = 5 + 5 + 15+15=5 + 7+9 +17=5 + 7+11 + 15 = 5 + 9-i 11 + 15 = 5 + 7+9 + 15=5 + 7 + 11 + 15= 1+5 + 5 + 7+9+11. 127. De combien de manières peut-on décomposer 11 en un nombre pair de parties, égales oa inégales? La Table II donne 11, = [.11,2] + [11,4] + [11,6]+ [11,8] +[11,10] = 5 + 11 + 7+5+ 1 = 27. Tel est le nombre demandé. Les décompositions dont il s'agit sont : 1 + 10, 2 + 9, 5 + 8, 4 + 7, 5+0; 1 + |+-l+8, 1 + 1+2 + 7, 1+1+3 + 0, 1 +1+4 + 5, 1+2 + 2 + 0, 1+2+5 + 5, 1+2 + 4 + 4; I ., 5 + 3 + 4, 2 + 2+2 + 5, 2 + 2 + 5+4, 2 + 5+5 + 5; [+1+^+1+1+6, 1 + 1 +-I + 1+2+5, 1 -i 1 + 1 + 1+5 + 4, 1 + 1 + 1+2 + 2+4, 1+1+1+2+5+3, 1 + 1+2+2+2 + 5, 1+2+2 + 2 + 2 + 2; 1 + 1+1 + 1+1+1 + 1+4, 1+1+1+1+1+1+2 + 3, 1 + 1 + 1 + 1+1 + 2+2 + 2; 1 + | + 1 + | + 1 + 1 + 1 + 1 + I + 2 . I 28. De combien de manières le nombre 1 1 est-il décomposable en parties inégales, non supérieures « 8? D'après la Table IV, /(l 1,8) = 9. En effet, 11 =,3 + 8 = 4 + 7 = 5 + 6=1+2 + 8 = 1+5 + 7 = 1+*+ fi = 2 + 5 + 0 = 2+ V + 5 = I + 2 + 5 + 5 . (') (*) Une nuire application a été donnée ci-dessus (119). M RECHERCHES I 29. De combien de manières peut-on décompose}' 7 en parties non supé- rieures à 3 ? On trouve (Table V) F (7,3) = 8. Les décompositions du nombre 7 sonl l-Hl-f-l-t-l-f-t-M-t-d, 1 + 1+ I 4- I + 1 + 2, I-+- I i I + l + ~>, 1+ 1-t-l +2 + 2, I i I + 2 -+- "> , I -f- 2 -4- 2 +- 2 , 1 h- ô -4- 3 , 2-4-2+3. 130. L'équation DE LA FONCTION (!-- ?(v2) donne, par le changement de q en 7", en y\ en r/s, . . . en effet, /imite rfe ?(?")= 1 (*)• D'ailleurs, y (7) = «»' ; donc (65 aa = aa.a.'/s-/ c'est-à-dire l"-S''-3< i ■ • ■ ! (252) 2"(-l (kk'fq l'==WltV'X^^VXW,''WX:"^ • • (255) et (i-«?)(i-ïl)0-r)(«-?4)(i-95)- = (i- '/) (i- '/')('- 7') - X (1 -7«)(t -71'') (i -O- x (i-g*) (i-9u) (»-?'*) ... (254) 131. De ces deux égalités, la première ne parait guère pouvoir conduire à des résultats intéressants. Quant à la seconde, on peut d'abord observer (*) Pour démontrer rigoureusement cette proposition presque évidente, il suffit de se repor- ter aux définitions (I), (2). SLR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 63 qu'elle esi identique, en ce sens que tout facteur du premier membre appar- tient au second, cl réciproquement, En effet, les progressions 1, 3, 5, 7, «.),... 2, 6, 10, 14, 18,... 4, 12, 20, -28, 30,... 8, 24, 40, 50, 7-2,... renferment tous les nombres entiers (zéro excepté); et un nombre entier quelconque ne saurait appartenir à deux de ces progressions. 132. Cela posé, si l'on intervertit Tordre des facteurs, et que l'on fasse *('/)=(■!- <î) (l-f/'Ml-v'MI-ï8)..., (255) on aura, au lieu de l'identité (-2-m), (îM'/'M'/X'/7) (230) O.O. = CT \'All. Relation cuire les nombres y, i//. Avant de discuter la fonction sr, nous indiquerons encore une conséquence assez simple de l'égalité (252). Si on l'écrit ainsi 1 1111 a.a. a. a., «.. «. et que l'on ait égard aux formules (eu), (32), on trouve r '-M")'/" =5'? (")v" x Vrf(")'/""x y?(")'/'"x s"?(n)'/,nx-. (257) Par conséquent, si l'on suppose ll=(I + 2lj+'lf-l-«1/ + ... (258) on a le théorème exprimé par l'égalité ^(W)=2, 4. fi, 8, 10. ... 4, 8, 12, . . 8, 16,... Il en résulte les décompositions suivantes : 1 I ; 9+2; 7+4, 5+6, 3+8, 1+10, 7+4, 5+8, Ô+8; 3+2+4,5+1+4, 1+2+8, 1+0+4, 1+2+8. L'équation (239) devient donc 4/(11) = 9 (11)-+ 9(9)9(1)-. 9(7)9(2) + 9(5)9(3) + 9(3)9(4) + 9(1)9(5; -4 ?(7)+4 + 5 + 5 + 2 + 2 + 3 + 2 + 1 + 2 + 1 ; ce qui est exact. \'M\. Développement de la fonction w (q). On sait (**) que tout nombre enfin- est décomposable, d'une seule manière . en une somme de puissances de 2. D'après cela, u [q) = I— ?_g*+?-»-y-»Y-f-9«_ q<-q*+q>+q">-q"+q«-q"— q"+q,s— ■àzq"±-, (260) le signe -f- répondant au cas où l'exposant n égale la somme d'un nombre pair de puissances de 2, l'unité comprise. (*) On peut remarquer l'analogie qui exis.te entre cette relation (259) et lune de celles qui ont été démontrées précédemment (82). ('*) Introduction ô l'Analyse, p. 254. SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 67 136. Remarques. I. La fonction zsfa), qui est peut-être une transcen- dante fort compliquée, est définie par l'équation «(?) = (■• -?M?!) '20 1) II. D'après cette équation, si l'on désigne par A,„, A,,, t , les coefficients de 70 RECHERCHES Les plus hautes puissances de 2 qui divisent ces nombres, sont respec- tivement : 4, 2, IC, 2, 4, 2, 8, 2, 4, 2. De plus, 20 = 16 + 4. Ainsi, Ton doit trouver 4 — 2 — 16 -h 2 — i- h- 2 -»- 8 — 2 — 4 -t- 2 = — 10; ce qui est exact. 1 13. Remarques. I. Le symbole ln représente le coefficient de q" dans le développement de v> («/), ou A„. La formule (200) peut donc être écrite ainsi : "(7) = 2" M"- 1) IL Par suite, l'égalité (2S6) devient «*• = 2" Kq° x 2" 1»73J x Y' '■')" x — > ■ OU (i(ï) 2" (- 1 / 7^ = 2" M" X 2' MM X J" M* X • (271) III. Dans le second membre, le coefficient de qn est 2 \A\ ••• > pourvu que u -+- ôb -+- oc +■••• = « (272) On a donc ce théorème, analogue à plusieurs de ceux que nous avons démontrés dans le Paragraphe II : La somme 2 WK ••■ , étendue à toutes les solutions entières et positives de l'équation (272) (*), égale (• — ■ 1)' ou zéro, selon que le nombre n est ou n'est pas pentagonal (**). 144. Développement de Iw(q). La relation (20s) étant écrite ainsi : -I-h(4— t)9-+y-t-(8-i)., représente 1: I . suivant (/ne a w>f décoiii potsubU m un nombre pair ou en un nombre impair de puissances de 2. SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 71 on en conclut 4_1 1 8 — 1 , I . 4 — i , 1 . Ki — I 1 „ -fa(?) = 7 + — ?*+ g95+ -p- 9'+ g'/" ^— ? + 77'+ -g-9 + 7/1- OU / 1 I I \ /4 8 4 16 - fa (7) = (? - g ^ 1 '/'- 4 ql + ■ • V + Il ^ 4 ? + 6 ''" "* T ''' -4- La première série est le développement de /(l + .»■ 3.9° 7.9' J 146. Développement de I '^- Dans la relation (275), changeons q en q7", en {7B)*(7') •■•] = '[(• +7)0 + 7°) (' + 7") ■••] + 22t(7s"+- 7'"'+ 7""+ -)î c'est-à-dire (25e), (s) (*) On arrive directement à celle formule, si l'on fait attention que - te (q) = - IQ —g) — l{i - fy*) - / (1 - g») - . 72 RECHERCHES ou bien, & . ; i =o i 1 — (f 147. Remarque. Si l'on substitue, au premier membre, ^^.L-L'^W 1—7" I — on rem- place ) (I +f/) (I +qa) ... X (l+ '-*- 75-+- ?,0+ 7ls-<- ••>■■■ (') si l'on remplace ensuite /3/S' par son premier développement (52), on a cette relation X?M?"=2Vx2V4x2Vx-- (277) 150. Théorème d'arithmétique. Il suffit de l'énoncer : £e nombre des décompositions de n e« parties inégales (ou y (m)), cV/afe (*) Cette décomposition résulte aussi de l'identité (7). SUR QUELQUES PRODUIS INDÉFINIS. 73 le nombre des décompositions de n en parties appartenant aux progressions 1, 2, 5, 4, 5, 6, 7, 8, 9,... 5, G, 9, 12, 15, 18, 21, 24, 27,... 5, 10, 15, 20, 25, 50, 55, 40, 45,... 7, 14, 21, 28, 55, 42, 49, 56, 65,... O Par exemple : iS = 8 = 1-H7=2-t-6 = 5-+-5=lH-2-+-5=l-+-5-t-4; de sorte que ?(8) = 6. D'un autre côté, le nombre 8 admet les 6 décom- positions suivantes : 8, 5 -t- 5, 5-t- 5, 1 -t- 7, 2-+- 6, 5-t- 5. loi. Remarque. Ainsi que nous l'avons annoncé (143, III), le nombre des solutions entières de l'équation (272) est y (n). 132. Soient VI. REMARQUES DIVERSES. fta)—2. £-+-*■ £- + ■.':,. ■ • • (278) ,, „ 9' 9° 910 9" i_^ i_9« 1 — r/"' 1 — çr" 9 93 9" 9' •-4- d'où résulte /(9)-/'(92)- ,_ , ou n f(g)_W) = (i^*> (279) (*) Ce théorème a de l'analogie avec celui que nous avons démontré dans le numéro 106. Il est bien entendu que, pour toute décomposition de n, chaque progression ne renferme pas plus d'une partie. (**) Legendre, t. III, p. 152. 74 RECHERCHES Dans cette équation, changeons q en q'1, en q*, en — n. Chacun de ces termes peut, de deux manières différentes, être développé en série ordonnée suivant les puissances de q ; et il en est de même pour la somme. 153. En premier lieu, la combinaison des formules (17), (is), (51) donne ( I — k) a = inq (i-t-q' -+- qr" + 751 n- •• • -f (282) (*') On a aussi (is) 2k — 77 = 4r (f/ + 7'-+ 7*+ 7'°-+- ■• -)(1 ■+■ q -+- r/'-t- ç9+ qr,6-4- ■■■): donc l'équation (28i) devient .h-.L'(7""+')- • • ' (290) ! oî>. Il est évident que F (7)- F (?') = 9; (291) donc /"( u=- 1 m-4S')(* . l//c=2f/* . // = ■ • • (298) 2 v ' I -t- 4S' 1 -+- 4S' Ces valeurs de yk et de /:', comparées à celles que Ton connaît (20), donnent les identités I -w/-t- f/" + + F (,f)J~7 ordonnées suivant les puissances de q, deviennent ,-. (*) On verra, plus loin , que cette limite commune est 1 I /i3iv3 1 /W i 1 [Ad.) 24 5 v* fi ts J 80 RECHERCHES I" Si Ton paît de la formule (l + ?)(l + îs)(l-w/)...= 2" [306) (39) conduit à celle-ci : 2; f enf Ynfi(n)(-qr Y «p. (") (- '/)- 168. Relation entre les nombres î). Relation entre les nombres f;. De même, — no/, (n) = — -f 1 (155) : • [X/^^"+^={X {'f{- ()V{fl']-X '''/''■ ■ ■ ■ (3l0) 171. Soit 1 un nombre impair, donné. Dans le second membre, le coef- licient de q{ est \ {fi — «,). Dans le premier membre, ce coefficient est une somme de produits, laquelle peut être mise sous deux formes différentes. 1° Si d'abord, pour plus de simplicité dans la notation, on remplace la quantité entre parenthèses par /'(?) = h'i + nq* + h sous la condition ■ „„,, ,<.*' ,-,_, î— 2a(4n + !)>- (.)!.,) On peut donc écrire, au lieu de l'équation (312) : y t — *i + *2 '*** 2 *•-*(*+„• • • (-"H 'OC") En particulier, / 45 = f„ -4- 4 [r , (f „ 4 ea+ etl -+- fs, -4- f„) -n es (f„, -+- fr„, -t- em) h- f9 (f-6 -+- f„) + f15f3, -+- f„Fœ] = f 4S -+- 4 [f 1 (f4, + Fj, + f s9) -1- Es (f 5 -4- Fj„) -4- C3 . f9-4- F|3] , on 78 = 2 -+- 4 [2 -+-2-4-2 + 2 (2 -*- 5) -4- \ + 2] : ce qui est exact. 172. L'équation (310) peut donner d'autres théorèmes. Par exemple, en égalant les coefficients de (f , dans les deux membres, on trouve 5y\=f, + 4 2fi,,+ l2W(n,+ij-4-2f=. (515) (*) Lorsque i est premier, cette somme de produits se réduit i\'-^±- Par exemple : 17 — 1 '',f ,„ + F-F,5 + £3f „ "4- V,5 •+" V,2 + f,f„ + f,f ,„ -4- F,f , = 011 (155) f,(t,B-4-f,.,-4-tl3+fn)-hf5f,! = 4, ou enfin l _|_ o + | _ j (") Foiyer la note précédente. ("*) On arrive plus rapidement à ce résultat, mais d'une manière moins simple, en conser- vant, dans le premier membre de l'égalité (319), la seconde forme de f(q). SUR QUELQUES PRODUITS INDEFINIS. 83 relation dans laquelle le second indice satisfait à la condition ii — 2a' ('m' -+- 1 ) > » (316) Si maintenant on élimine^'/, on obtient la nouvelle égalité 1 Par conséquent, e'fcm* donne wn nombre 2i — 1, orc peut exprimer s^^ en fonction (tes indices relatifs aux nombres inférieurs à 2i — 1. Soit, comme ci-dessus, i = 45, d'où 2i — 1 = 89 : la dernière équation devient £89 + £«8 + f86 + ^82 + £74 + f58 + £5 (*8S + f80 + £"0 + £»«) + f9 (E8I "+" £72 + £54) + 'l3 (E77 + ^6») -+" £17 (f73 ■+■ f5c) ■+■ fil (f 69 ■+" £48) + E25 • £65 + f29 • Ui + f 33 • E57 "+- *« • f53 + £41 ■ ft9 5 [eu + E<5 -+- £j, -4- £37 -+- £29 -+" £3 (f4(l + £35 + %) + f9 (f36 + E27) ■+■ £13 • ''32 +S„. £a8] -*- -f45(f48— 1) = °; ou, après quelques réductions : 2-4-2-4-2-4-2-4-2(4-4-2-4-3) -4-t-4- 1-4- 2-4- 2. 2-4-5. 4-4-2. 2 + 2. 2-*-2 — 3. 19 -4-1=0; ce qui est identique. 173. Au moyen d'un calcul très-simple, que nous omettons, on trans- forme l'équation de Jacobi (502), soit en celle-ci : (1 + 2(? -4-2/+ 2d— l)= !-H27-t-Ô72-H673-t- 5g*-+-6g5 + I 074 -h 67= -t- IO76 -t- 87' -t- 1278 -t- U79 -4- 117'" h [Ad.] 182. Identité remarquable. Une simple transformation de l'identité connue _î (^ + -Jt îL_ + ...=_î_v_?L+-X-+...(559)n ! _ ç» 1 _ f/« 1 _ f/«> i _ ?«* 1 -+- q* I -t- 7" t + 7"' conduit à un résultat curieux. Si Ton écrit, au lieu de cette égalité, ? 9_) + (_£ £J + (_* -£- ! _ç« l -»- g*/ \1 — 710 1 + 7"7 \1 - 7'8 1 + ? ^ _ q« 1 + qV 11 — 714 1 -+- 7"/ \ I — f 1 + 7 que l'on réduise, et que l'on remplace q4 par q, on trouve i — ç"^i — fl" * — 9" 1—9" *-9! '-77 *— ?" '-'/" (') On suppose A0 = 1. (**) Legendre, t. III, p. 132. 88 RECHERCHES ou 73a— 2 flb \'—l = Y 1 [Ad.] (340) A i _g*-3 A i — 7«-< 183. Remarques. I. Si Ton met cette identité sous la forme chacun des coefficients An, Rn es/ ?#«/ à la moitié du nombre des diviseurs de 4n — -1. Soit en effet n = Za — 2 -+- (4« — ô) x = 6 -+- (4-6 — 1)?/, (341) OU 4« — 1 = (4a — 3) (4x + 3) = (46 — I ) (4?/ + 1). Soit ensuite 4n — \ = H', i étant le diviseur qui a la forme i/x — 1 : il est clair que i'-t-5 i-t-1 i — 3 i'—l 4 4 4 * 4 Conséquemment, le nombre des fractions qui concourent à former knqn est égal à celui des valeurs de i; etc. II. Les équations (ui) admettent le même nombre de solutions entières : ce nombre est la moitié de celui des diviseurs de 4n — I . Prenons, par exemple, n= 19; d'où i = 5 , 15,75; i' = 25 , 5 , 1 . Les valeurs des inconnues sont « = 7,2, 1; 6 = 1,4,19; x = 0,5,18; y = 6,l,0. Le terme A,,//1" provient du développement des fractions q I — f/15 I — q™ Par suite, B19 == 3 = A19. III. Si 4n — 1 est un nombre premier, An = B„= 1. [Ad.] 184. Le beau théorème de Jacobi, sur le nombre des décompositions de 8w -f- 4 en quatre carrés impairs, résulte de l'identité On en conclut, très-facilement : (1h- q -t- 73-t- o»-ho«h-...)'= + 5 — ?- ,-t- 5— — -t- 7 — 1 , (345) 1 l ' ' \—q \—rf I — q* l — q1 1 q q* q7' (1 — «— f/3H- n6 -+- ou (j = e~r. 11 vient, à cause de h- 2 1- Û : -+- 4 l-t- 7 1 — ff \ -h (f 1 — '/' 1 1 8 ~ i •i - OU I 2 3 4 II 1 +- h- !-•••= ;. . . . (368) ou enfin, d'après la remarque précédente, e-T+e^2T-t- 4e-:,:r+ 5(^4T-f-(ie-ST-4-4e-6'r-(- ••• = ■ ■ (369) (*) 8 ilt VII. QUELQUES THÉORÈMES D'ARITHMÉTIQUE. 194. Les problèmes relatifs à la Partition des nombres, à l'Analyse indé- terminée, etc., auxquels donne lieu la considération des produits indéfinis ou des séries, sont fort nombreux, comme le prouvent les travaux d'Euler, Legendre, Jacobi, Diricblet, etc. Dans plusieurs paragraphes de ce Mémoire, nous avons rencontré quelques-unes de ces questions ; dans celui-ci , nous en traiterons d'autres, aussi simples que les premières. 195. L'identité (1 + 2g+ 2?*-*- 2ç'+ 27""'-+- -)s - (I — 2g -1- 2g'— 2ç9+ -)ï = 8g(l-t- g'-+- g"-+- gM-+- •■•)*, (31) donne, immédiatement, ce théorème connu et presque évident : Si un nombre impair, N, est la somme de deux carrés, -—est la somme de deux nombres triangulaires; et réciproquement (**). (*) Cette équation entre les incommensurables k, e a-t-elle été remarquée? [Ad.] (") Les équations N — 1 x (x -+- 1 ) 11 (y h- 1 ) — — = H- : : . .N = ij- -+- y -+- 1 r -+- ix — yr. ■i 1 -2. rentrent l'une dans l'autre. SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS 95 196. L'identité (1 + 2g -+- 2g*-t- 2g9-+- •••)' ■+- (1 - 2g -4- 2g4- 2g9-t- • ••)2 = 2 (1 -t- 2gs+ 2g8 + 2g18 +- •••)% (50) si on la simplifie autant que possible, prend la forme On conclut, de cette nouvelle égalité, la proposition suivante : Si un nombre N est ta somme de deux carrés, 2N est aussi la somme de deux carrés; et réciproquement (**). 197. Dans la relation (I -+- 2g -h 2g1 -+- 2g" + •• •)' — (1 — 2g -t- 2g4— 2g'-t- -•■)' = l6f/ (■ + 72"1- '/6+ ?'*+ • ■ )S (29) conséquence des identités (30) et (31), posons x = g -4- g' -t- g9 -4- g16 h- • • • ; y = — g -+- r/4 — g9 -+- g16 — Le premier membre devient 8 (x — i/) + 24 (x2 — _y2) + 52 (x3— .g3) + 1 6 (x4 — 1/). Représentons par 2 une somme de termes dans lesquels les exposants de q soient /MZirs , et par 2 une somme dans laquelle les exposants soient impairs. Nous aurons x = s g-s + s f/"s' ^ = 2 '/"î+"'2 + 2 '/"2+"'2. etc- y = 2 '/" - 2 >f = 2 7"2+n,i - 2 ?-*■, etc. -, pipi puis, au lieu de l'égalité (20) : 2 (l"' + 3 2 f/"J+"" + 4 2 g"*"1""'*4"'"4 ■+• 2 2 g»*+»"+»"H*'"« = g (1 + g2-f- r/6-H gl2-i- •••)4 ; (*) Nous n'avons peut-être pas besoin de rappeler que p , p' désignent des nombres pairs; i, ï, des nombres impairs; etc. ('*) Genocchi, Nouvelles Annales, t. XIII, p. 138. 96 RECHERCHES ou encore, par le changement de q en q' : 2 f"+ 3 2 'y'1""1"""' + 4 2 f/4""4"""^" "*'+ 2^ ,J'C*-+'!«"!+"",îi=(,+?'+f+(/!+...)'. (370) 0 Cette identité démontre le théorème suivant : Soit N un nombre donné, impair. Soient les équations isolées w2 = N, w2+x2=N, io*-4-a;s-t-«/2=N, ?r-+- .t'2-t- ?/2-t- z2 = N, m;2-+- x2-+- y--v- z2 = 4N, (571) tfaws lesquelles les mêmes lettres désignent des inconnues différentes. Si a, h, c, d, l sont, respectivement : le nombre des solutions entières positives de la première équation (**), de la deuxième, etc.; on a, entre ces cinq nombres, la relation X = a + 56 -t- 4c + 2d (572) Soit, par exemple, N = 19. Les équations (371) sont w* = 1 9, le'2 + x2 = 1 9, w1 -+- xf + j/2=l 9, tv* +f+/+;!=l 9, m?s ■+ x2 + j/2 -1- ;2 = 76. Les deux premières n'admettent aucune solution. D'ailleurs •19 = 9 + 9+ I=l 6 + 1+1 + 1, 76 = 25+25 + 23 + 1 =49+9 + 9+9 =49 + 2j+ 1+1; donc ( = 5, '+a;1=25, mj4+ x2+i/2 = 25, i«2+a:!+ya+z2=2D, w2+ x2+ //+ z2= 100. La troisième est impossible. Les solutions des quatre autres, essentiellement différentes, sont I" w = 5; 2°w = 3, x = 4; 4° te = 4, x = 2, y =2, z = l; 3" u> = 9, x = 3, y = 5, ; = 1 ; w = 7, x = 7, »/ = l, z = 1 ; w = 5, x=5, i/ = 5, z = l ; w = 7, x = 5, ?/ = 5, z = l. (*) Dans ces nouvelles sommes, chacun des exposants a la forme 4*. (**) a est nécessairement 0 ou I . En outre, dans la dernière équation, les inconnues ne doivent recevoir que des valeurs impaires. ("*) Les nombres 9,9,1 donnent lieu à trois permutations ; les nombres 16, 1, I , I , à quutre permutations; etc. ■ ■■•)•= XqiJ *' SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 97 Donc 12 5-4 1.2.5.4 1.2.5.4 a = ï, .6 = 2, c=0, rf= '" ^ =12, > = ,--+--T^— +•+— T^-=5,; et l'on a bien 51 = I -+- 2.5 -+- 2. 12. 198. Remarques. I. Si, dans l'équation (502), on change r/ en — q, on trouve ( 1 + 29 + 294 + 2?» +■••)'- (1 — 2? ■+- 2r/' - 2?9 +- -)'= t6 J" g*/f. Donc, à cause de l'identité (20) : q (I -t- (/'! -+- tf-¥- q1' ou par le changement de q en q' : (? + ç» h. 9» .+- 7» +...)*= 2" v1' /* (575) Ainsi, 1, nombre des solutions, en nombres impairs, de l'équation M)2 -I- X2 h- y* -+- z2 = 4N , est égal à la somme des diviseurs de N : c'est le beau théorème de Jacobi. II. D'après un théorème de Gauss (*), si l'on appelle N' le nombre des diviseurs de N, formés seulement des facteurs premiers ayant la forme V -r- 4, on a : b = N' ou b = N' — 4, suivant que N' est pair ou impair. Si donc d était connu, l'équation (372) donnerait c, ou le nombre des solu- tions de l'équation w* -1- xi -+- yi = N. J'ignore si M. Liouville, qui s'est beaucoup occupé de la décomposition en trois carrés , a résolu cette question particulière (**). (*) Voir la démonstration donnée par M. Genocciii (Nouvelles annales, t. XIII). (**) Dans le Journal de Mathématiques (t. XXVII, p. 43), M. Liouville donne cet énoncé : Soit N un ?iomhre de la forme 8/j. ■+■ 3. Le nombre des solutions de x2 -t- >f2 -+- c"2 = N , 98 RECHERCHES 199. L'équation (502) peut encore être transformée ainsi : ((/1+(/,t+f/3i+...) +Z{ql+qi'+q"+-y+Hqi+qK+qi° +...)s+2(?'+?"+çS6 + ■■■)' J :(ÇH.g»+?»+...)^3(9î+î,8+?M+-»)'+5(^+?36+g100+--)<+5(98+7"+ïa"+"-)i+-".r Celle-ci, qui ne diffère pas des relations (31s), (3111) donne le théorème sui- vant : Soit N un nombre donné, pair ou impair. Soient les équations isolées 10*= N, mt-.-xj=N\ wi-t-xî.-hyi = $, w*-HX*-i-y*-t-z* = N; N wt+xî-t-yi+zl=W, w,-hx2+if-hzî=-2îi, iv2+x- + y--hza-=N, wt+-xi+yi+z'= -, etc. dans lesquelles les mêmes lettres désignent des inconnues différentes. Soient a„ b„ c„ d, les nombres de solutions des quatre premières; et p., pl} p.2, ... tes nombres de solutions des dernières, dans lesquelles les inconnues ne doivent recevoir que des valeurs impaires. On a, entre ces nombres, la relation 200. Application. Soit N = 24. Les équations à résoudre sont : w2 = 24, w2-i-x- = 24, iv--hxi-+-y° = "2i, w2-+-x'2+)/2-t.^ = c2i; M,.5_HX2_1_!/'2+.2 = 1JC; w*_t_,rv!/2-+-;:s = 48, wî+a.«+2/»+z>=24, wt+xi-hyi-+-z°=\2, w2+x2+»/2 + :-=6, îcî!-t-.rH-)/2+z2=D. On trouve «, = 0, /;, = 0, f,= 3, d, = 0, f* = 0, f*, = 0, k> = 0, p3 = 4, fx4 = 0, n5 = 0; après quoi, l'équation de condition devient 4.5 = 5.4. 201 . Remarque. La somme de quatre carrés impairs a la forme 4 (2v+ 1 )• x, y, z étant impairs et positifs, est £ désigne l'excès du nombre des diviseurs ayant la forme An -i- 1 , sur le nombre de ceux qui ont la forme 4j* — 1 . SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 99 Si donc N = Ti, i étant impair, les équations formant le second groupe sont impossibles, excepté celle-ci : w»_h a;* -h ^ -+-«* = 2*. ï. De là résulte que la relation (37s) peut être réduite à a, -+- 36, -+- 4c4 -+- 2tii = 3j*a (376) 202. La relation (373) peut, on l'a vu, être écrite sous cette forme : r,ÎO dr^3ïé^3ï^- =(7-w/"-w/^ ••)<• (342)0 Une identité analogue à celle-ci va nous donner d'autres théorèmes. On a, simultanément : i— (f ' 1— f/s \ — (f \ — 1— qu J l-ql i—q" 1— r/<2 203. Les identités (579) et (ssi) démontrent les théorèmes suivants : 1° Tout multiple de 8 est la somme de huit carrés impairs (*). 2° Si l'on fait n = di, le nombre des solutions de l'équation ï\ H- Ct -+- ■ • -h il = 8« (58-2) es/ fV/ff/ à fo somme des cubes des diviseurs d. 3° Si, de plus , in = i'-j-i", «/o>"s 2 ( fi x /*/") = s 2 ,p [*«*■] (3S3) 204. Application, m = 6 = 1. 6 = 3. 2: l'équation î'| -<- /; -t- ■ - • -1- /g = 48 doit admettre (63+23) solutions. En effet, 48 = 2;>+9-i-9-+-l-*-l-i-1-t-I-t-l = 9-i-9-H9-+-9-4-9-t-l-i-l-+-l; donc, a? étant le nombre de ces solutions, i. 2. 5. 4. 5. 6. 7. 8 1.2.3.4.3.6.7.8 X = h- = 224 = G3 -4- 2\ 1.1.2.1.2.3.4.5 1 . 2 . 3 . i . S . I . 2 . 3 En outre, %'= I, 3, 0, 7, 9, II, 13, 15, 17, 19, 21, 25; «"=25, 21, 19, 17, 15, 13, II, 9, 7, 5, 3, 1; /"»' = 1, 4, G, 8, 13, 12, 14, 24, 18, 20, 52, 24; /i"=24, 52, 20, 18, 24, 14, 12, 15, 8, 6, 4, 1; (*) Celle proposition ne diffère pas de celle que nous avons rappelée tout à l'heure : tout nombre 8n -h b est la somme de quatre carrés impairs; mais cet énoncé, même rectifié, ne l'ait pas connaître le nombre des décompositions en huit carrés. SUR QUELQUES PRODUITS INDEFINIS. 101 donc \ [ f % x fi") = 2 (I . 24 +■ 4 . 52 -t- C . "20 ■+- 8 . 18 -+- 1 3 . 24 ■+- \ 2 . 1 4) = 16(0 -i- lG-t-lS + 18 4- 3!) -t- 21) = 16. 1 12 = 8 (G3 -i- 23). [Ad.] 205. Remarque. Si n est premier, le nombre des solutions de l'équa- tion (38^) est n5 (*). En même temps, l'équation (ôsô) se réduit à 2(/<"xyV)=S(/,3+ I). [.4rf.] 20(j. Sommation d'une série. Dans la relation (37s), changeons 7 en — 7 : elle devient ' _2*-JL_-h5S -?- 8-'<-3-^,., 1 ■ =(1-7 -,/■+,/« + //'»-...)', 1 — (/- 1 — f/1 1 — 7 1 — 7 ou 1 — f/ln I — (f I — 7l 1 — 7"' Pour évaluer le second membre, on peut partir de la formule (73-74-7T+74 + -)==t(;)('-/'-T /■•'•("> Si l'on \ remplace 7 par 7, = 7-, puis 7, par 7, = 7', elle devient 1 KV Or, -2 i + « donc (•) « ... l'on peut dire de combien de manières un nombre donné N sera la somme de huit » nombres triangulaires. Si le nombre N + 1 est premier, le nombre des combinaisons dont il » s'agit sera (N -+- l)3-+- I. » (Legendbe, t. III, p. 133.) (**) Fonctions elliptiques, t. III, p. 1 10. Tome XL. i4 102 RECHERCHES et, après quelques réductions, Par suite, (q_q'-q»+q«<+q» )»= %/i J-l] (l 4- l/F)4 l/ÏTÂ7^*' (V I + // - 1/^Ï7Â]'.(3S.-,) Cette formule est bien plus compliquée que celle qui se rapporte à la hui- tième puissance de q-\-q9-\-q*s-\-qi9-\ — : Legendre donne, d'après Jacobi, (, + (f + q* + 9« + ?« h- • • -)8 = (|)' (~J^ )'■ [iiA] 207. Identité remarquable. Soient '"' ayant 'a forme 4-//. — 1. Enfin, le développement du second membre serait 4 £", l'on a, entre les solutions des équations (199), (sss), la relation j+^''1+l' 2(-l) ! = 2 ^ (-!)*+» (589) 2 ! 0. Remarque. Si l'équation (ôss) est impossible, R = 0; et. alors c'est-dire que le nombre 1 -f- 1' -f '^~- a autant de valeurs paires que de valeurs impaires. De même, si l'équation (109) est impossible, A = 0, et 2(— i)'+» = 0. Dans ce cas, ou l'équation (388) n'admet aucune solution, ou la somme x -\- y a un même nombre de valeurs paires et de valeurs impaires. 211. Applications. 1° Soit, comme au n° 89, n = 40. Les solutions de l'équation (199) sont : i = S, l'=0; 1=0, f=S; / = 5, t' = ->; / = 2, /'=;i. En même temps : ôr=F/' 0, 40, o, (*) Il ne faut pas oublier que n n'est pas double d'un nombre pe itagonal. SLR QUELQUES PRODUIS INDÉFINIS. 105 Donc A = (— 1)5+ (— i)"+ (— i)l5+ (- i)"=o. Ce résultat est exact; car l'équation 481 =24x2-t-(6)/=F I)2, n'admet aucune solution. 2° Soit a = 80. Les équations à résoudre sont : I 9-2-2 = (6f q= i f + {61' =£ I )'\ ".Mil = 24x* + (6y =f I f. La première est vérifiée seulement par l=o, /' = 5; d'où ° ^ =40. On trouve ensuite a? = 0, y = 5; a? = 5, y = 3; puis, 80 étant le double d'un nombre pentagonal : A= j( — 1)'+''+_t!_=1, -B = (— l)5+2(— l)8= l=A. 212. Par un calcul semblable au précédent, on conclut, de l'identité (I — q— 7- + q* -+- q1 )2= ( I — q*—, q1 + qa t- qli ) (I - 1q -h 2r/ - 2g9-i- •••), (159) la proposition suivante : Les solutions des équations 24m + 2 = (6/ =p 1 f -*- {61' Tlf, 1 2ra -+- I = I 2x' + ((i/y =p I )», vérifient l'égalité lorsque n ei/rtte 3Xâq:A(*); eJ, rfans /e cas contraire, ces valeurs satisfont à la condition 2(-ir'=22(-ir*. Par exemple, « = 80 == 3 . 52+ 5 donne, comme ci-dessus : / = 5, /'=5; puis x = 0 , .»y = 5; j = 6 , ,(/ = 4. (*) Dans la féconde somme, on ne compte pas la valeur de x + y qui répond à x = 0, y=>. HHi RECHERCHES On doit trouver (_ 1)'" = (— 1)5-4-2(- 1)'"; ce qui a lieu. 213. Les diverses identités que nous avons démontrées dans les nu- méros 72 et suivants, donneraient des théorèmes analogues aux précédents; mais il n'y a pas un grand intérêt à les chercher. Nous rapporterons cepen- dant celui-ci, qui résulte de l'identité (ne) : Soient les équations (-2x-\- I)2 +(■>!/ -4- l)2=S/<-4- -2. 2 (~2x' -4- if -+-(4y')*= 8m -t- 2 . . . (590) Soit e l'excès du nombre des valeurs paires sur le nombre n'es valeurs impaires de y. Soit, semblablement, e' l'excès du nombre des valeurs paires sur le nombre des valeurs impaires dey'. Onae==%' — 1 ou t = %', sui- vant que N est ou n'est pas le double d'un nombre triangulaire. Si, par exemple, n = 21, les équations à résoudre sont : (2.r -f- 1 Y -4- (2y -+- 1 Y = 1 70 , 2 (2x' -4- 1 )2 -+- (%'f = I 70. La première est vérifiée par y = 0, y = 3, y = 8, y = 6; donc £ = 0. La seconde équation est impossible : e' = 0. Soit encore N = 20 : N est le double du nombre triangulaire 40. Les équations (590) deviennent (2x + 1)'+ {iy -+- I )'- = 1 62 , 2 (2x' -4- I)- -t- (%')' = I (12. Elles ne sont vérifiées que par y= A, y'= 0; donc e = 1, =-' = \ ; et ces nombres satisfont à la relation énoncée 21 \ Les diverses décompositions de la série 3 I _-,/-'-+- ■Mf—-,,f-+. \)(f-"- ... = (] ■' 1-1 l/2fcF = S, .... (24) obtenues ci-dessus (84, 161), conduisent à dos résultats intéressants. Rappe- lons d'abord les identités dont il s'agit : S = «'» = (1 -7f-7l + 7"'+r/u- ••)% (8*) SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 107 S={1— 2^+29"— 2g'»-4--) (1 + 7 -+- 73 -<- 7'' ■+- • •)('- 9- 93 + q* *-■••). ('83) S =(1 — 2g*-H 2ç8— 2qa+ ■••)"(' -t- 7" + 7° ■+- ç'a + • ••). (18^) S = (l-274+2r/8-iîf/"-f- •■•) (1 _9«_9*+9'»-Hgi«—. -)(l -74-78+72'+72»--), (183) S = (l-t-2<7-+-2g«-f-2ç9-t--) (1 — 2y ■+- 27*— 2ç9 H- ■ ••)('+ r + ?"-*- '/" + •■■)» (|8fi) S = (l -t- 7 -t- 73 -h 76 +•••)*(! — 27-1- 27' — 2ç' -+- • ••), • ■ • • (187) S = (l_g_ ?* + ç«+...)«(l -t- 27 -t- 27'-+- 27" -+- • ■•). (I88) S = (l— 274+2+ ■ ..) (| — 7 - 73-+- 76-i- •••), • • (192) S = (1 — 7 — 7'2-t- 75+ 7' — . De la première, on conclut les théorèmes suivants : I. Soit l'équation (6a:qzl)s-t-(6(/=F !)'-*- (6z=f1)* = 3(2» -f- 1)', (591) r/rt»« + If. . . . (595) ("*) L'excès du nombre des valeurs paires sur I" nombre des valeurs impaires de x 4- y + z + 5-'^p , égale (2n + l')(— l)n. V. So// l'équation [6x=pif '-+- (6y=Fl)"-4- 4(6zq=l)! = 24N -«- 6 (594) Sa' Aj second membre n'est pas le sextuple d'un carré, la quantité •V ^ y .i i v ■+ admet autant de valeurs paires que de valeurs impaires. VI. Le sextuplé d'un carré impair est toujours décomposable en trois carrés. Les deux premiers ont la forme ((5,a q= I )2, et le troisième, h (G/* =f 1 )"2. (*) C'est le théorème de Jacobi , cité tout \\ l'heure. ("*; Celte proposition est un corollaire du Théorème II. (***) Les conditions relatives aux valeurs que peuvent recevoir les inconnues sont les mêmes que précédemment. SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 109 216. Dans la formule (iss), le produit des deux derniers facteurs peut être représenté par Conséquemment, Sl-ip"? ■ s +a5(-<) ' ""'/ J 2 " =2 (*» + i)(-D"7"'— '. Posons l'équation a: (x -+■ 4 ) >/(?/-*- I) , — ; -i 1- 2z = u [h -+- I ), 2 2 ou bien (2z +■ If -+-(2 //+ 1+ I6z* = 2(2n -<- If; (39S) nous aurons le théorème suivant : VII. Soit, pour z = 0, s l'excès du nombre des valeurs paires sur le nombre des valeurs impaires dey{y~^i] • Soit, semblable ment , e' l'excès du nombre des valeurs paires sur le nombre des valeurs impaires de y-^ — -}- z, z étant positif. On a E-t-2e' = (2n -+- 1)(— 1)". 217. Les formules (i8i),(i8c) conduisent, on le comprend bien, à des théorèmes identiques au fond (*). Pour avoir un énoncé simple, prenons la seconde. Le produit des deux premiers facteurs égale (I + 27' + 27,r' + 2g56 + •■■)-- i {q + « -4- l)% (596) sur le nombre des râleurs impaires, est (a* -*-<)(-<)"-< (597) (•) 4 218. Exemples. I. »=7. Faisant z = 0, 1,2,3, 4, o, 6, on trouve a-- -, i/2 = 56, xs-t-J/'=54, x2-*-t/s=50, x2-+-i/i = 44, x3 * ?/8=ô6, xî-i-ï/î=26, xi-t-y*= 14. Aucun des nombres 56, 54, 4-4, 14, n'est décomposable en deux carrés; 50 = I -t- 4!) = 25 -+- 25 = 49 -4- 1 , 56 = 6J -+- O2, 2G = 1 -t- 2b = 25 -4- I . Ainsi, les valeurs de x sont 1, 5, 7, 6, 1,5. Donc e = l — 5 = — 4; con- formément à ce que donne la foi-mule. II. n = 13. On a, successivement : x2-4-j,2=182, x2-f-?/2 = 180, x3-+-y- = I7(i, x2-4-?/2 = 170, xs-t-«/s = 162, x!-+- y* = 1 52 , x2-4-ï/2 = 140, x2+?/2=126, x2+»/2=110, xV»/2 = 72, xs-+-t/J = 50, x'+«/s = 2G; 180 = 56-4-144=144-4-56, 170=1-4-109 = 49-4-121 = 121 -4-49 = 169 -+- I, 102 = 81-4-81, 72 = 50-4-56, 50=1-4-49 = 25-4-25 = 49-4-1, 26= 1 -4- 25 = 25 -4- ! : — 27—1 t =1 -4- 1 - I — I — I — 1 — I -4- 1 — I — t — 1 — I - 1 = - 7 = ; 4 219. Le Théorème VIII parait avoir des conséquences assez importantes, sur lesquelles je reviendrai peut-être plus tard. Dès à présent, je crois pou- voir signaler celles-ci : C) 11 ne faut pus oublier, dans l'application de ce théorème, que l'on peut l'aire y =0, mais non x=0. Ajouions que, si un carré impair est égal à la somme île trois carrés, ceux-ci. ont les formes ix"2, 4^/2 et (2: -4- I )*. En effet , l'équation {ix -4- 1 y1 -4- (2j/ -4- I y -4- (2s + 1 )» = (2n + 1,< donne <^R, . i -4- -2 = JT'sf décomposable en trois carrés. X. Si un nombre premier, p, est égal à la somme de trois carrés, \f est généralement égal aussi à la somme de trois carrés : il ne pourrait y avoir exception que si p était décomposable en deux carrés (*). Pour démontrer le premier théorème, il suffit d'observer que si l'équa- tion (590) était vérifiée par y = 0, les valeurs de x, z, n seraient données par les formules connues : 2a; = ah , 2z -h 1 = «" — b\ 2m -+- 1 = o2 -+- If; et celle-ci est contraire à l'hypothèse (**). 220. Si, dans le développement considéré ci-dessus (217), on suppose ■jc'! + y' + z(zJr 1) = 2N, N n'étant pas triangulaire, le coefficient de ç2N est nul ; donc XI. L'équation 4o;s-+-4yî-+-(2z-<- I)* = 8N-*-i, (398) dans laquelle le second membre n'est pas carré, est vérifiée par un même nombre de valeurs paires et de valeurs impaires de x (***). Soit, par exemple, l'équation ia --+- %''-+- (-2; -4- If = 17. Elle admet, comme solutions : x = 1 , y = \ , z = 1 ; x = 2, y = 0, : = 0. Donc £=0, conformément au théorème. 221. Les égalités (m), (iss), qui n'en font réellement qu'une, donnent lieu à ce nouveau théorème, moins simple que les précédents : (') Encore n'est-il pas sur que ce cas d'exception puisse se présenter : le nombre premier 29 = 16 + 9 + 4 = 25 -+- 4; néanmoins, 29 = 24%- 16'-+- 3". ('*) Le Théorème X, compris dans celui-ci, semblera peut-être digne d'attention, si l'on se rappelle que le produit de deux facteurs, égaux chacun à la somme de trois carrés , n'est jhis toujours égal à la somme de trois carrés (Legendre, Théorie des Nombres, t. I, p. 213). ('**) On fait toujours abstraction de x = 0. 112 RECHERCHES XII. ;t étant le nombre des solutions de l'équation (2a: -t- 1 f -¥■ {-hj + I )' = 2 (2n -t- 1 )!; l'excès du nombre des valeurs paires de z qui vérifient (2s -+- 1 Y + (->'/''+ ï'-t- '/" -i-29",-h2913-i- 7" +i/"+ 7" -+ --2(i'M + 'uiiH-*-ir/i6+8 = = fIIO = •"•=-! ''37 = f74 =EH8 = ■ • = 2 , f 40 = f 98 = £ 190 = ■ * = - ) f 6S === CJ50 == f 2tiO = • • = 1 i Ht == f 170 *= E34u = 0 — î £g fJS l';l(i f25== f50 == f iOO === A3 '" 41 = f82 == '' 104 == 1, ' 53 = f 1 Oli == ES 1 2 == 4, '"73==EU6=='"l(B:= 4, f 89 == f 178 ~'= E386 === = ! = -} = 2 — 2 225. Théorème d'arithmétique. L'équation 4 . „12 . «2* . (1 -t- r/'-t- gr'* + 7 '=JW, peut être mise sous la forme w + f/. + r/« + ,,» + . . .)* = 2/w.7s" ('/ + '/'J + '/'" + ?" + -)' = X q"J ' D'ailleurs donc Par conséquent, si 2/ = /' + *'", i' et i ' ayant la forme 4m + 1 : y,--2Mr;. • • • (293) (575) (599) '100) résultat (juc l'on peut énoncer ainsi : La somme des diviseurs d'un nombre impair, i , est égale à la som me des produits deux à deux des excès relatifs aux nombres impairs dout la somme est 2i. 226. Remarques. I. Ce théorème est plus simple que celui qui a été démontré dans le numéro 171. Ili RECHERCHES II. Suivant que i a la forme 4/^ — 1 ou la forme 4^-M, l'équation (*<><>) est réductible à /^ = 2 2 ïr»«-i., (401) OU à /i-W + aj" V%-, (402) C) III. Admettons que i ait la première forme; alors, la comparaison des équations (012), (ioi) donne celle-ci : i'=i — 2 S ^H--. = 2 2 «A. 1405) 227. I rêrifications. 1 ° Soit, comme au numéro 171,/= 45 : l'égalité (402 devient / 43 = (fi5)!-t- 2 [f,!F89 + E6f83 -H t'.jf8, -+- E13f„ -1- E„Fra -+- f,.,fl,;)+ f.2=f(;;, ■+■ f.9Cc, + t-3ti7-t- fS7fK-4- f„f j9] ; ou, d'après le tableau ci-dessus (224), 7 8 = 4 -+- 2 [ 1 . 2 -+- 2 . 4 -+- 1 . 1 -+- 0 -+- 2 . 2 -+- 0 -t- 5 . 4 -+- 2 . 2 -+- 0 -+- 2 . 2 -+- 2 . 1 1 . 2" Prenons «"=.27 = 4.7 — 1 . D'après l'égalité (ioô), f, . % -4- C5 . C,9 -+- C9E45 -t- £13€4, H- fi7E3, -1- £,,f37l H- f25t,9 = 2 [f , . E26 -H f2 . ea -+- f9f ,8 -1- f ,„£ 17] (**) ; ou 2 -t- 2 +■ 2 -t- 2 . 2 -+- 2 . 2 -t- 0 -f- 5 . 2 = 2 [2 -i- ô -+- 1 -t- 2 . 2] . 228. Développements de %Vk. D'après les formules (27s), (279) et (21)2), on a /('/) - m = ^-^= ^--*- + -£--...-J W*1 ; (404) 477 1 — ij 1 — q I — (/ **o (*) Encore, dans l'application de rcs formules, doit-on rejeter les valeurs de /' qui ont la forme 4u — I : les excès correspondants sont nids (155). (*') Celte seconde somme ne contient pas les excès unis. SLR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. Ho et, par le changement de q en r/;(lGO) : la _ a" ' il' il CI ir vi» »+; ,._„, ,„> 9*_l/|fe = _7« = _-!_ -±—z + — L_ L_+...= 2 f.,+,7 '. (40o)(*> '-7 >-9 •-'/' >-'/" 229. Nouvelle expression de |/k. On sait que — = > ft„+,7 (40b) ( ) Donc, par la formule précédente, */fc = 27T-^- -; (407) on Il est aisé de reconnaître que cette forme de ]/k est identique, au fond, avec la valeur connue (20). 230. Transformation d'une série. Reprenons l'égalité 1 3 I — r/2 1 — q- 1 — gr* 1 — q* Le développement du premier membre ne doit renfermer aucune puissance entière de q. Par conséquent, nous pouvons remplacer les fractions __ï!_, q Y 7* respectivement par I 5 3 II I—7' I— (f 1 — r/5' I— r/7' (*) Je n'ai trouvé nulle part ce-; développements de~l/&. Il n'est cependant pas probable V1. Développement de^— Le changement de q en q-, dans la formule précédente, donne ."*£- ? (ît£--ï^s)- SI 'W («<• attendu que m, | /.', = y(59). 233. Décompositions de a1'2 et de a'3. D'après la formule (39), la décom- position de a'", non effectuée dans le numéro 161, est (1_g*_g*+?«»+9"_...)*=r2"(pj(»)(-?rTx2%te+I9n . . («sj Si l'on se rappelle (pie -la'— 2r/9-+-2r/'c 1— 2f/-t-2f/'— 279-*-2r/ I — Ç1 — f/4 H- f/10 -t- Çf" — ■ ■ • on peut remplacer la relation précédente par (1 - q1- ?4 + 1 + 29« - 2?» + ■ ■ ■) X 2" «W- OU 1 — S*/- 4- 5ç6 — 7q" -f- 9g* - 1 1 f/3" -+- 1 5r/'2 — I Jf/C -+-••■ = (I — 2qr -1- 2r/' — 2)]= — ^ — ( ) 23(J. Applications. 1" ,t = G9 = 4.5 + 75 = 4.H -t-D!=4.15-+-5! = 4.l7 + i3; A = 6, 12, 24, 18. (*) s; n = / (> + 1), l'indice 4n ■+- 1 es* i*« forre, eJ chacun îles autres indices est la dif/ë- retice de deux carrés. (") Noms supprimons les démonstrations, d'ailleurs trè -simples, parce que ees théorèmes sont probablement connus. Tome XL. «<"» H8 RECHERCHES Donc C,9(6 -+-12 -+-24 h- 18) = S(5.6+ 1 1 . 12 -t- 15.24-+- 17.18) = 4 140. 2" /(==i5 = 2-+-lù = /t-»-H=e-+-9 = .S-+-7 = 10-+-u=l-2-H3= 14-+-I; i = I, 1,5,1,5,3,7; ç,(i)=- 1, I, 4,1,6,4,8; Donc t'=13, 11, 9, 7, S, 5, I; £,(15) = I -+- 3 -+- 5 -+- 15 = 24; I (-1.I2-+-4.1Ô-+-I.8-+-G.C-+-4.4-+-8.I 237. Décompositions de séries. Soient ?,(/') =14, 12, 13, 8, G, 4, 1; Ï,(I5) = 1 -t- 27-+- 125 -+-3 575 = 3 528. 5 528 — 24 = 1 46. 3 '' 1 -+- q I -+- ou pair, (192, 175). Par conséquent (- \f-> &-$,)= fn-îj |+4 /|; (416) relation presque évidente. (*) Cette quantité se réduit ày"/* — 2 / §• si » est simplement impair ; etc. 120 RECHERCHES VIII. SOMMATIONS PAR INTÉGRALES DÉFINIES. 239. Los séries à tenues fractionnaires, qui ont pour type la série de Lambert (185), se rencontrent fréquemment dans la théorie des fonctions elliptiques; et Jacobi en a conclu un grand nombre de beaux théorèmes. Si l'on transformait ces suites en intégrales définies, on trouverait des relations simples entre des transcendantes d'espèces fort différentes. Nous allons effec- tuer quelques-unes de ces transformations, en commençant par la série de Lambert, la plus simple de toutes celles dont il s'agit, et qui, cependant, n'a pas encore été sommée (*). 240. On a (**), pour toute valeur positive de/; : 2 = 4 /'-sintH'/' (417) p J *"*- I Si Ton faite p=qn, cette formule, due à Poisson, devient ! + q" ~i f~*" sin (nulq) à% I — q" nlq J eir* - I (Ml q" q" P* da -o"-h2 — '- h2-V= — 4/ o" sin n(dq). . . . (418) I — (/" nlq ! i?~x — I Conséquemment, 1 — 7 I — 72 I—7" 2 I — 7 Iq ("} Celte question a été traitée dans les Annali di Matemalica ; mais l'auteur est arrivé à des résultats inexacts, parce qu'il a fait usage d'intégrales indéterminées. II y a environ trois ans, j'ai adressé, au savant rédacteur des Annuli, une Note dans laquelle je signalais les erreurs dont il s'agit : ma lettre n'a pas été mentionnée. (**) Mélanges mathématiques, p. 188. SUR QUELQUES PRODUITS INDEFINIS. 121 Mais par une formule connue, dont la vérification est facile : ^ 9-sin »(«/?)=- -* Yf- ;; (419)0 -A\ 1 — 27 cos (a/7) ■+- 7 donc enfin, y _3"__ ==L_H_^ l[i~'ri Sf/ /*" sin ^ ^L_. . (420) A 1—7" 21—7 ''/ / I — 2g cos (a/7) -+- g* »" sin» (a/7). . (422) A 1 — 7" 2(1-7)- (i-7>/7 ,y i*»-lA ' ' Soient, pour un instant : V=5 7" sin «(a/7), ; = N^ 7" cos «(a/7); (*) Euler , Introduction à l'Analyse, p. 174. 122 RECHERCHES d'où résulte 2 g Ithj dz\ nci" sin n (a/r/) = ; ■ a — ■ , ' v " 1 + a2 \dq dql On sait que g sin (a/g) g cns (%lq) — g* y 1 — 2g eus (a/g) -+■ '/" 1 — 2g COS (a/f/) -+- g* Conséquemment dt/ (h _ (I — g*) (1 -v- a*) sin (a/g) dq dq [l — 2g cos (a/g) -+- g4]' nuis v» „ • / / n 7" -g') sin (a/g) (4251 ru,s > "g" sin h (a/g) = - — — fj; ^"^ **i 11 — 2g cos (a/g) -+- g-J La formule (422) devient donc 9 . jjL+5jL+t_îL+sj!: 1 - g 1 — g' I - g3 1 - g1 I - gs 1 g g , - f" sin (a/g) da. . / ' sin (a/g) 2 (1 — g)2 (1 — g) lq J [I - 2g cos (a/g) -»- g'] 243. Si l'on égale les seconds membres des formules (ses), (m), on trouve Tune des relations annoncées : 1 2 />V 5 /l'V E,« \ 24 + 5 7TS *" G ** JT* I ^5^ 1 g g /sin (a/g) i/a » [1_2gcos(a/g) + gsjV--l ' ) 2 (l-g)* (l-q)lq 244. On parvient à un résultat assez simple en partant de la formule dans laquelle fw-ïfë-1 /7g)=-? ?_---? (278) f[l} l-g l-g3 1-g5 ^ ' En effet, la relation (ils) donne d'abord, si Ton pose xlq = a 1 Tq 1 1 / qz q'' '/ f/a . . _ « . ». 2 / — (g sin a — g3 sin ou -+- g5 sin ao SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 123 La première série égale j^; la deuxième représente arc tg q. Quant à la troisième, on trouve aisément qu'elle a pour somme (7 — (q M ' ^/ I - 2y/ cos (2«ty) -+- 7* e*™- 1 ' l ; ou encore sin (alq) 2&; (1 arc te r/ / -= I + 2—4-4—-^- 87 (1 - '» désignant le nombre des dix i— seurs impairs de /;, et P„ le nombre des diviseurs pairs. Par conséquent /sin (a/a) lier. „* 7—^ TT~ — - — =2 H+2P„-2I„ «-' . . (43) ) 247. Quand w est premier impair, et dans ce cas seulement, I„ — P„=2 ; de sorte que le coefficient de 7" ' est — 3. Si donc Ton pouvait développer, suivant les puissances de q, la fonction contenue sous le signe y, on aurait la loi des nombres premiers (*). 248. La combinaison des formules (iao), (iôo) donne ces deux autres égalités '/ \—(j \ - r 1 - q" \ ■ ■ (io2) 1 g 1 <(! — ") P" sin (a/y) r/« 1 2t-'/ + 2 /q cos (a/7) -h q- e™+ 1 U Le premier membre de celle-ci est la série de Lambert, dans laquelle q serait remplacé par q"2. Conséquemment, (') Celle idée appartient au Géomètre à qui j'ai fait allusion précédemment. Elle mérite d'être approfondie. SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 123 1 /(! — ?) /** sin (a/7) rfa /'/ ,J i — "2q cos (*lq)-i- q* e~<*-i-i II _ I ?' ( 7) I — q"" 2 ' %q n * I e™—\ 0 puis, par un calcul déjà effectué (244) : 251. De cette relation, combinée avec la formule (V27), on conclut ce résultat assez simple : 2A-'s {i—qf S*" sin (a/7) du (459) 8(7 -'/ 1 + q*~ "*" ° l » ''y 1 h- 2r/2 cos 2 (a/7) -+- V4 e™ - «r« 2o2. Comme dernière application, cherchons, sous forme d'intégrale définie, la somme de la série s r =^ (44o)(") I _ q l — ry3 1 — r/5 2tt A cet effet, remplaçons q par q*, dans la formule (437) : elle devient sin n \—alq du = 9*- 77 T- 9 1—7" 2 ' /7 « ^y eTX -\ On conclut, de celle-ci i fca 1 7' 2îr _ 2 i + 7 -arctg(l/7)-y __T^8,n--9*nnT+^8inT- -j (*) J'ai signalé, autrefois, un exemple analogue à celui-ci (Mélanges mathématiques, p. 127). (*") Fundamenta nova, p. 103. SUR QUELQUES PRODUITS INDÉFINIS. 127 La série entre parenthèses a pour somme (244) / ! f\ a - I {f — q ') sin - ( I — q) 1/ q sin - («/(/ ) l-t-2r/ cosa-w/2 I h- 2r/ cos («/ CD O gj V V 0> B B = \ * * 3 .. - r- t- as 10 - r. 15 O CO ■" s lo ■* <* is KS ■* -* 15 3 15 X — « q 51 i- as «* 51 15 X o O "", ■*, ^1 O X o CS CO .a = C3 co ir- o :0 CO * r- o t~ CO g - v. — M — es rt *-. CO «* r- g £"» « 'S 2 " s - Cî «51 is SI O '-O 5* X o I- 15 15 r^ 15 c as KS to as SA as as r- _- O -* „ m* r- 15 X 51 o — O h ■ _: co 15 i-M -w as CO i~~ r- "■ — < 2 - 1 CO OS EO es X 51 X «a « as as as as as as = r- en 51 ÎO « w « 51 "S" r- CS /- es J SI t~- X es Ci X —„ r- ""„ o £ 3 ■- S io" SI 15 -» 1^ tû CO -= a <0 3Q W 30 as ..•s as ^ ™ „.* _ 51 *i i~ — X 51 .- ' O* O X X 15 X X CS 15 r- CO as CS CO 2 M a 10 » as as KS as as I- 51 as as es X X es aa 1- r- as OS a c as r- as as 30 as as as as iO r- 10 o 51 51 as as SI as l'- 51 O X os = as \ S! as as as as 15 as 30 as I- Gl o m .- o SI as o t- — 51 X X t- X a» - ( = ■* 15 co JO c as w » as as as as as as as m SB t- «f CO r- » 51 51 co a co Gl «* v- X as as as as as as ^ r- i- _ .0 KS _ ;-_ X X as o o r- r- O X t~ 5) X as X w es H = 15 = as r- tn ■* r- w CO as w KS as » as as as as KS as t- X «*. X 15 _ as t- 15 15 r- 51 X es as O Ëas w •* 1^ 15 -o as ï0 as as as as os < i- *" co o o co as es X 15 51 o -* r- a a 1» „." ..-•r X -#" CO ■3 CO aa KS as as as as as as o r- *" _ es as co r- l'- — X es « o as O si -* X <« a o S Sa r- » i.0 as as as as as as as CO l- «s- 15 o o ■* X «* i— CO SM as as as as r- « » es 15 n •* as KS w l a r^""* i^ 51 co 5» o as — 51 es H - as 51 •* -4# X «- CD as —, O e « a as as as as as as as as X S r- \ — CS X t-s — i X ï- X r- fë X Mj" Cl X rt es o as CO as 15 <■ i- 4h co as CS CO te - 3Q as » as as as as as as as as as r- o s* 15 — 51 es 51 — IO o — 30 = !« 00 51 as CS o '2 as as KS as as as 30 as as as as as ■* 10 O CS 51 o KS 51 to as ■* CO wl 1* r- Ci ce co OS 51 SC 10 r- ~V 51 15 ■* co as es O 1 " t- 30 30 30 a as as 10 as as KS £ I É X w X s* — X Si as «f as es o 1 s» -# CO CO KS as as KS ™. r- *" , V « u ja O .3 .2 -Q 5 5 E 1 1 fa S <î S ~ "* < t/î O Z Q DES PHENOMENES PÉRIODIQUES. 13 b] 1 3 2 9 ! o - ■= «n — îi h oo * E; x — r~ — X — — J SI S) S» S) i -_ ■- - ". ■- "l - - - - -■ 00 "j M Û ea E -W M M - s 5 o u V "œ ej *0) o — *rt C 3 g g OOX»*©©Ox-*IOOOO© -9i/îliîl(î<-*- SI _ IO t z j3 t/1 5 « E ©loi-osicieor- — — n » iO - - - fi% - O 1' *■ O î - 1 0 te ■A < a -* eo eo os r- os O W ■• »_ 1^ © » « oT aô* eô" o* oà* os x- x o « - - - G1 G< 51 51 ît - - SI o S. Wl siiosieox — xioioiosi© — <* x" os — -qT x © eo es si © i 1 -* z >3 3 O a. 2 1 — O » O 1- 31 51 ■* — X — ®» Ci©c;©-*©*0'**~-oiecr-^ ïo" — ** eo i- — ** n « » o — 10 •s. < a O B. 1 CO •& O 10 O 10 "" IO 3) 31 ■* i0 o a o io © es ■* ■•• °* ^. ™i. "3. o h n n w ^ 'î' ,,: ci a» w si _ — — — Gl SI — — &r o 3 30iP3»I^Or-t-0ÇMjQ a ^J •<*" i— " © — «.■* i— 31 w eft ©i O .... — cT O g < td E- •a S S 3 a — CO X O 71 X -t tC O 31 X ** x © x — ^ '.o_ ''"3, as^ i.^ ift t-^ o_ — ^ ^-" 10 ".o" x © tt ïï x «t ("MO 1 3 K Ci ,4. .* <- — _ o es X 01 ift 31 3". ce d si o^ ©*_ o, rt — ©„ ~_ ~V ""- î-i -# r-~ x' — " ■*" t- es" »" oo" «M o X X x> .* — io ** — « « — -o to g» K3 ifl X O K h - *f «S, -^ "* «_ :_; ^jT r-" ai" -*"•*" x oT W x si © 1 cT 5 "; i0 eo eo r- os sn x M •* — -^ £ « w"oi o to" ec? ©" si i- . os OT o - ^ - 51 îl - 1 cT - cor-i0©eoeoosei©©t-5l x si r- ci r- *0 os_ •*_ to^ -^ "^ os ô" » o' "" •*" s o" s" * - io © — — — — 51-31 — — 1 OS 10 U "M u D H K S M O a A f ■< (S ta S m © - os < a. V 5 09 00 -o ai C a V ?-> o E "F â. - e V a H a O a 3 o g H (Q X ao" s n 9 •a eu 9 © a. -O c 9 O 51 x" m 03 o u o "S H 3 -o 0) c c 41 >-> a B V 3 •0) a. E O) s o «* w i- •* i.o — x ;o © 5» eo » O Cl ©^ X^ W OT » » 1^ o •*_ © r œ* ©" «r •* o" — ■ si x — 10 *« °w — i,^ — ei 81 81 - " Cl^ © S « O O -0 eo eo ff> ■* 'X Ci ci ■** tO X » (- 51 iO Cl X_ 31_ i.\ -^ 15^ O^ *' ■*" r-" o" cT -* qo 3". 'X 01 SI o CO^ X sT n to" o" - ■*" oo" es » oo — o , i 00 r- x" » S1510C10S110 — X^-*31 C0 Cl •* •*• * °„ ■*„ " "„ ^ " ^ S»" w » «" o" ■* i- x — r* — © l 1 o o X ■■o ci-*eoxox— ijftx-*or« ;.o x ■* r- w o n œ cb ■* "t. **i. ©T «r ■*" rS " t«" -"■"*"»« eu — o [ l S" \ '■ O-îl^Sl^ïfflXÎI'»- — — i.o ai eo x ïO^ «* O — io o to ift •* ci^ io_ — ^ -^ ao^ -^ 5i i io" eo i"- ci si io f- ■* r* — o CD MOIS. e > >• 'u ■-' ,S ™ '3 0-— > « O H OBSERVATIONS Psychromètre d'August à Bruxelles, en 181 1. MOIS. 9 0. DU .UATIS. Thermomètre Theriuomètr humide. Thermomètre I li. i i 'i i < humide. II. DU SOIR. Thermomètre Thermomètre humide 9 II. DU SOIR. Thermomètre Thermomètre humide. Janvier .... Février . . . . Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre . Octobre . . . . Novembre . . . Décembre Moyenne. - oi; 4,93 6,42 10,02 11,82 14,X6 18,30 19,49 15,41 8,33 1 ,95 - 0,37 - 1.56 4,20 1,88 8,27 8,70 12,4S I5,X7 16,82 13,71 7,44 1,49 0,61 - 0.2s 7,05 9,66 H, 93 13,85 16,25 20,20 21,98 18,09 10,99 4,03 1,38 7,64 - 0:32 5,67 6,83 9,08 9,58 13,08 16,82 17,07 14,89 9,22 2,94 0,90 o;oô 7,39 10,90 12,57 14,83 16,82 21,38 23,19 18,84 11,75 4,10 1,76 12,01 0:08 5,92 7,36 9,34 10,12 13,62 17,12 18,05 15,16 9,67 2,89 1,20 9,21 - 0:42 4,69 7,14 9,07 11,32 14,25 17,59 19,17 15,17 8,20 2,64 0,71 - 0'.'82 3,95 5,56 7,54 8,89 12,52 15,50 16,92 13,57 7,55 1,87 0,37 8,77 État hygrométrique de l'air à Bruxelles, en 181 1. TENSION Dt LA contenue VAPEUR D'EAU dons l'air. HUMIDITÉ RELATIVE DE L*AIR. MOIS. 9 heures du Midi. "™ 3 beures du 9 beures du 9 beures du Midi. 5 beures du 9 heures du matin. soir. soir. matin. soir. soir. Janvier mm. 4,50 mm. 4,74 mm. 4,87 mm. 4,09 95,0 90, X 90,9 93,2 i Février 6,52 6,50 6,54 6,07 90,2 81,6 80,5 89,4 Mars . . 6,10 6,24 6,18 6,38 79,0 67,1 62,0 79,0 Avril . . 7,70 7 42 7,53 7,45 78,2 68,6 64,9 80,5 Mai. . . 7,02 6,80 6,92 7,53 66,5 57,4 53,7 75,7 I Juin . . 9,8 1 9,83 10,18 10,25 75,4 70,5 70,5 82,3 Juillet. . 12,18 12,40 12 22 12,33 76,2 70,2 64,2 80,0 Août . 12,88 12,75 12,47 13,09 70,4 64,7 60,5 79,3 Septembre 11,14 11,19 11,10 11,15 82,9 70,9 68,1 85,8 Octobre . 7,73 8,15 8,24 7,85 88,8 79,7 76,7 90,5 1 Novembre. 5,47 5,56 5,44 5,38 93,0 84,4 82,6 88,0 Décembre. 1,94 5,25 5,30 5,18 90,1 92,5 90,7 95,3 7,98 8,07 8,07 8,11 84,0 74,8 72,1 84,6 DES PHENOMENES PERIODIQUES. État du ciel à Bruxelles, en 1811. 15 SÉRÉNITÉ Dl CIEL. 9 heures du soir. Moyenne t INDICATIONS DE l'ÉTAT 'après les observations faites à 9 h. DES NUAGES ET DU CIEL , du matin, midi, 3 b. et 9 b. du so r. Ciel couvert MOIS. 9heurcs du mutin. Midi. Shcures du soir. Ciel serein. Cirrbus. Cirrbo- cuniul. Cu- mulus. Cirrho- slralus. Cumula. Stratus stratus. Nimbus. Éclair- cies. Janvier 1,58 1,54 1,50 2,33 1,74 13 4 4 21 5 Il 59 0 27 00 Février . 1,88 2,33 2,46 5,00 2,42 9 X 5 27 6 17 41 0 26 45 Mars. 4,18 4,X9 5,00 6,07 5,20 27 15 12 45 2 15 IX 2 20 20 Avril. . 1,46 1,50 1,90 4,29 2,30 9 5 9 25 2 39 35 3 37 35 Mai . . 2,68 2,50 2,04 3,84 2,93 12 7 4 40 3 57 22 0 38 25 Juin . . 1,52 1,52 1,24 2,21 1,58 0 10 l't 42 2 38 41 6 48 38 Juillet . 2,28 2,0* 2,12 4,52 2,70 1 10 19 07 2 51 19 7 45 16 Août . . 5,04 4,69 4,69 5,54 4,99 20 7 7 52 4 18 20 4 29 19 Septembre 4,50 4,62 3,73 5,42 4,57 23 8 12 57 3 16 19 7 21 30 Octobre. 3,15 3,19 3,12 5,54 3,75 22 8 II 29 11 7 15 7 29 27 Novembre 2,16 2,24 2,20 2,60 2,50 X 6 0 57 0 G 10 7 28 40 Décembre 2,25 2,04 1,58 1,17 1,70 5 2 i 21 5 5 20 6 21 58 L'année. 2,73 2,77 2,69 5,91 3,02 149 88 107 445 45 240 303 49 569 419 Quantité de pluie et de neige; nombre de jours de pluie, de grêle, de à Bruxelles, en 4811 . neige, etc., QUANTITÉ D'EAU RECUEILLIE Nombre de jours où l'on a recueilli de l'eau. NOMBRE DE JOURS DE MOIS. Pluie. Grêle. Neige. Gelée. Tonnerre. Brouil- lard. Ciel entiercm1 couvert. Ciel serein. SUR Pluie. LA TER M A Neige, SSB. TOTAL. sur la tourelle. mm. mm. mm. mm. Janvier 10,83 8,52 25,35 16,95 17 7 0 13 24 0 10 6 1 Février 41,63 4,90 46,55 34,50 14 16 0 1 4 0 7 4 1 Mars . 16,55 3,20 19,75 8,50 14 13 0 5 6 0 9 o 2 Avril . 95,80 » 93,80 73,50 21 21 2 1 3 1 0 0 1 Mai . 21,60 •• SI ,60 16,10 12 13 1 0 0 0 1 0 0 Juin . 85,25 '■ 83,25 61,55 20 21 1 0 0 4 2 3 0 Juillet. 141,95 1> 141,95 121,00 19 25 ] 0 0 4 1 0 0 Août . 60,00 » 60,00 60,00 12 10 1 0 0 5 2 0 1 Septenili e 00,20 » 00,20 55,15 11 17 0 0 0 2 4 2 0 Octobre 35,95 » 35,95 33,20 12 10 0 0 1 1 16 1 0 Novembre 9,55 4,50 13,85 7,25 12 11 1 7 9 1 13 4 1 Décembre 25,75 7,95 33,70 14,55 15 9 0 3 18 0 19 6 0 L'année. . 607,48 29,07 656,55 502,05 182 173 7 32 65 18 84 2X 7 l(i OBSERVATIONS Nombre d'indications de chaque vent à Bruxelles, en 181 1 . (D'après la direction des nuage , , observée 4 fois p ar jour : à 9 heure i du matin , nidi , 3 heures et 9 heures du soir.) NOMBRE MOIS. S. MSE. NE. ESE. t. ESE. SE. SSE. S. sso. so. oso. 0. oso. NO. RHO. de jours. a 0 5 a 5 2 1 3 2 8 to a. 9 4 5 5 31 1 1 0 1 I 1 1 1 a 6 13 16 22 7 3 5 28 g 5 4 2 3 a 2 0 3 7 18 13 1 4 a 5 4 31 0 1 4 4 a 0 0 0 2 5 13 18 20 14 17 3 30 2U 3 8 8 i a 0 1 1 0 1 3 15 8 11 ll> 31 1 1 7 lll 1 3 a 3 10 s 5 12 11 16 H 13 8 30 0 0 0 0 I 1 a_ 3 4 G 39 58 21 9 10 1 31 5 ï 5 5 4 6 1 1 4 G II 18 12 1 4 4 51 4 I a K g 1 3 3 3 10 23 10 4 0 a 3 30 0 1 4 s l 0 3 0 8 111 11 11 6 3 5 a 31 G 6 4 8 G 1 0 0 .'i I 8 3 a 3 6 3 30 Total. . . 8 5 3 a 0 0 0 0 1 5 18 1 6 2 i 4 31 64 32 49 44 33 18 11, 22 43 G7 177 147 137 62 85 48 365 Nombre d'indications de chaque vent à Bruxelles, en 1871. ( D'après les résulta s fournis, de 2 en 2 heures, par l'app ireil d'Osier ) NOMBRE MOIS. N. NNE. ME. F.N'E. E. ESE. SE. SSE. S. SSO. su. OSO. 0. ONO. NO. 1CNO. de jours. 0 0 15 14 45 5 21 51 54 69 45 16 4 7 0 0 51 0 4 3 7 7 5 5 51 51 45 90 59 7 16 5 7 28 7 11 17 49 5 19 55 12 16 55 78 29 7 6 » 18 51 0 16 17 21 21 18 a 9 17 30 XI 50 35 15 aa 3 30 Mai 59 26 58 16 56 20 13 1 10 8 8 18 26 20 34 19 51 Juin 33 22 33 28 4 0 20 a 11 29 25 29 26 55 31 31 50 Juillet 10 :, 4 7 3 0 a 8 7 10 73 88 102 21 22 7 51 1 13 30 26 54 27 IG 14 IG 18 41 47 40 II 8 10 51 1 15 20 G8 28 27 9 7 2G 41 46 36 I" 7 4 10 50 1 10 1 il) 79 5 0 9 17 50 87 55 9 8 7 16 51 0 0 9 4 68 21 24 52 51 27 39 18 20 54 32 t 50 Total. 3 6 4 11 - II 0 22 20 67 170 19 15 18 14 0 51 115 129 259 297 352 145 145 198 276 127 781 4G2 504 201 187 124 365 1 DES PHENOMENES PERIODIQUES. 17 Intensité totale du vent à Bruxelles, en 1871. (D'après l'appareil d'Osier.) jn«TiN. SOIR. MOIS. MINUIT. MIDI. INTENSITE 2 H. 4 B. (l a. S B. 10 H. '2 H. 4 u. (i H. 8 B. 10 B. totale. '■ Janvier . . k. 5,5 k. 0,3 k 6,8 k. 7,3 k. 8,0 k. 9,1 k. 8,5 k. 7,9 k. 5,6 k. 0,0 k. 5,5 k. k. 81,0 Février . 10,0 11,2 9,3 11,5 10,9 13,5 16,7 17,7 14,9 11,1 11,4 11,9 150,7 Mars. . 8,4 6,3 7,0 7,8 10,2 15,1 18,4 24,2 16,3 12,0 16,0 11,7 153,4 Avril . 7,1 7,6 7,6 8,7 14,4 21,5 28,9 29,1 21,5 19,1 11,0 9,3 185,6 Mai . . 1,5 5,1 5,5 5,5 7,0 9,8 10,7 11,9 9,8 7,0 2,9 1,4 71,7 Juin. 5,4 3,1 4,3 5,5 9,0 11,9 13,5 14,1 11,6 8,9 2,6 2 2 89,7 Juillet . 3,5 4,1 4,1 5,7 10,1 15,0 19,0 20,6 19,4 15,4 4,7 5,6 125,8 Août. . ■ 5,0 3,0 2,6 2,4 5,0 8,3 10,3 9,0 10,2 4,2 5,9 5,1 65,0 Septembre. 4,3 5,8 6,9 10,0 14,0 20,0 23,0 19,4 18,5 9,5 7,7 5,0 145,7 Octobre. 2 5 3,4 2,2 2,5 4,4 5,6 7,9 9,0 5,0 5,2 4,0 4,2 53,7 Novembre 1,9 2,3 2,8 '',••* 4,5 5,4 6,1 6,8 4,1 5,5 2,5 2 2 46,1 Décembre 13,0 9,a 7,1 6,0 7,7 6,9 9,1 9,7 9,7 12,3 11,5 14,8 116,8 L'année. 1 64,5 65,4 64,0 74,7 105,2 141,9 174,5 179,4 146,4 109,8 85,5 74,1 1285,2 Intensité moyenne du vent par heure à Bruxelles, en 4811. (D'après l'appareil d'Osier.) MATM. soin. MOIS. MINUIT. MIDI. INTENSITÉ S u. 4 B. 6 B. S B. 10 B. 2 B. t B. 6 B. S B. 10 H. moyenne. Janvier. k. 0,18 k. 0,20 k. 0,22 k. 0,24 k. 0,26 k. 0,29 k. 0,27 k. 0,25 k. 0,18 k. 0,19 k. 0,18 k. 0,15 k. 0,22 Février 0,58 0,40 0,55 0,41 0,39 0,48 0,60 0,65 0,53 0,40 0,41 0,42 0,45 Mars. 0,27 0,20 0,25 0,25 0,37 0,49 0,59 0,78 0,53 0,39 0,52 0,38 0,42 1 Avril. 0,24 0,25 0,25 0,29 0,48 0,71 0,96 0,97 0,72 0,64 0,37 0,31 0,52 Mai . 0,04 0,10 0,11 0,11 0,23 0,32 0,34 0,38 0,32 0,23 0,09 0,04 0,19 Juin . 0,11 0,10 0,14 0,18 0,30 0,40 0,44 0,47 0,39 0,30 0,09 0,07 0,24 Juillet 0,12 0,14 0,14 0,19 0,34 0,50 0,65 0,69 0,65 0,45 0,16 0,12 0,35 Août. 0,10 0,10 0,09 0,08 0,17 0,28 0,34 0,30 0,34 0,14 0,13 0,10 0,t8 Septembre 0, 1 4 0,19 0,25 0,33 0,47 0,07 0,83 0,63 0,61 0,31 0,26 0,17 0,40 Octobre. 0,08 o,n 0,07 0,07 0,14 0,18 0,25 0,29 0,16 0,10 0,13 0,14 0,14 Novembre 0,06 0,08 0,09 0,14 0,15 0,18 0,20 0,23 0,14 0,11 0,08 0,07 0,13 Décembre 0,42 0,30 0,25 0,19 0,25 0,22 0,29 0,31 0,31 0,40 0,36 0,48 0,31 Moyenne. . 0,18 0,18 0,18 0,20 0,50 0,39 0,48 0,50 0,41 0,30 0,23 0,20 0,30 Tome XL. 18 0BSKKVAT10>S Déclinaison magnétique a Bruxelles, en 1871. ÉCHELLE ARBITRAIRE. VALEUR ANGULAIRE. MOIS. 9 heures 3 heures 9 heures MOYENNE 9 heures 3 heures 9 heures MOYENNE ■ II! Midi. du Ju Ju Ju Midi. Ju Ju Ju matin. soir. soir. mois. matin. soir. soir. mois. Janvier . 40','70 45','24 45',' -20 46'[99 46*03 I7°5t' 8" 17" 5 4' 52" 17°54'37" 17"50'29" 17°52'41" Février . 47,21 V ."»." i 44,85 47,-28 46,17 49 57 54 IX 53 26 49 48 5-2 2-2 Mars . . 47,79 14,61 44,511 17,0.'. 45,96 48 37 55 59 56 34 50 19 52 52 Avril. . 18,37 11. su 4 4.X7 47,41 46,41 411 48 55 32 55 -2-2 49 29 51 48 Mai . . ♦8,09 41,91 4.',,IIH 46,99 46,25 47 55 55 17 55 5 50 28 52 12 Juin . . 48,53 4.1,1-2 45,11 47,1 S 46,56 46 5 4 5 4 6 54 49 50 2 51 2X Juillet . 48,01 45,6 i 45,69 47,76 46,91 46 39 55 35 55 39 48 40 50 59 Août . . 48,X7 45,88 46,16 48,57 47,37 16 8 55 3 52 24 46 l'i 49 56 Septembre ix,:,2 43,78 46,58 48,32 47,-25 46 36 55 16 51 53 47 25 49 5-2 Octubre . 4M, In 16,5t. 46,92 49,10 47,9 4 15 -2.'. 51 28 50 59 45 36 48 16 Novembre 49,01 47,5-2 47,77 49,60 48,45 45 47 49 15 48 59 44 -26 47 2 Décembre 4s,!i.-; 47,(19 47,90 49,59 4s, 53 43 56 48 51 48 22 44 27 46 5 4 Moyenne. 48,53 15,78 45, 84 47,99 46,99 I7°47'2I" 17»55'16" 17»55' 7" I7»48'10" 17° 50' 28" Électricité de l'air à Bruxelles, de 1862 à 1871. MOYENNE MOYENNE MOIS. — d es degrés observés à l'electromètre. Jes nombres proporlion îels. a S* S - : 1811-2. 1863. 1861. I86S. 1866. 1867. 1808. 1869. 1870. 1871. MOY. 11-62. 1805. 1864 186S. 1860. 1867. 1808. 1869. 1870. 1871. MOY. Janv. . 58 49 56 4 1 45 48 47 50 45 57 50 470 449 677 261 •>-8 2 Février ■ 76,7 " 1 Mai. . . il..., 7 10 « » 5 i 1 2 Juin . . 1-20,3 17 10 » » » 3 S - Juillet 100,6 13 20 V h » i 1 » Août . S*,3 0 1 1 a >■ » •2 1 i Septembre 123,3 12 ti 1 » •■ 5 4 i Octobre . 80, i 9 1 1 » » o 1 U » Novembre 25,7 10 1 1 5 3 13 1 9 0 i Décembre 58,3 13 9 » 5 17 » 9 51 7 " Total. 8(12,0 143 IS2 7 22 8 4 17 53 12 Etat du ciel à Gand, en IS1 1 . SÉRÉMTÉ DO CIEL. d' INDICATIONS DE près les observations faites l'état à 9 h. d DES NUAGES ET u matin, i midi. DC CIEL, a 3 et à 9 h. du se ir. MOIS. a heures du malin. Midi. â heure, du soir. 9 heures du soir. Moyenne Ciel serein. cirrhus Cirrho- cumul. Cu- mulus. cirrho- stratus. Cumulo- slralus. Stratus. Nimbus. Éclair- ci es. Ciel couvert Janvier. . . 2,0 2,5 1,8 1,9 2,0 18 I » 1 10 1 5 28 15 74 Février . M i,5 1,7 2,1 1," 6 o 5 18 1 10 21 » 23 59 Mars. . 4,7 i,8 5,4 4,9 4,9 26 6 4 30 5 13 12 2 22 27 Avril. . 1,7 1,6 i,1 4,2 2,3 12 10 1 20 •2 22 17 S 34 41 Mai . . 2,8 3,2 2,9 4,0 3,4 16 5 1 23 8 19 17 1 51 56 .loin. 1,5 1,2 1,1 2,5 1,0 3 5 5 24 4 23 31 5 38 42 Juillet . 2,4 1,6 1,9 4,5 2,6 o 6 4 42 o 5 28 5 52 2 4 Août. 5,5 5,2 5,4 6,5 5,6 21 9 4 54 i 0 14 I 12 21 Septembre 4,5 i,o i,0 4,9 4,3 20 6 7 18 1 14 24 2 21 52 Oetobre 2,8 5,4 3,5 5,8 3,8 18 I 1 8 9 7 4 22 I 32 28 Novembre 2,0 2,6 2 2 2,0 2,2 8 2 i 8 1 5 55 ■2 29 52 Décembre 1,5 2 2 1,5 2,8 2,0 7 5 5 5 4 5 42 21 62 L'innée. V 2,8 2,7 3,9 3,0 157 64 46 259 40 129 291 20 310 498 24 OBSERVATIONS Nombre d'indications de chaque veut à Garni , en 1871. (D'après les observations faites trois fois par jour, à 9 h. du matin, à midi cl à 3 !i. du soir.) MOIS. K. KSL. NE. ENE. E. ESE. SE. SSE. S. SSO. so. OSO. 0. 0\0. NO. NNO. 4 „ 4 1 9 3 17 1 29 2 9 „ 2 a G 1 1 1 » 1 „ 7 „ 31 1 9 7 16 1 7 » 13 2 G » 13 » 7 1 12 1 19 2 13 » o 2 Avril. . . 6 16 11 4 » 7 0 2 a a 4 11 3 2 1 5 1 U 1 3 U 1 12 4 14 33 3 3 11 5 5 IX 4 2 2 5 19 12 9 1 5 4 2 4 15 14 10 10 7 Mai Juillet . . 1 4 1 2 9 2 20 12 3 10 13 1 2 11 15 2 4 12 9 4 3 S S 3 3 4 u 1 Septembre . V » G 2 9 4 20 2 15 4 14 » s -1 3 » Novembre . 3 » 14 » 15 o 6 4 10 1 7 » 7 il 9 » Décembre . " » 11 " " " 5 i 30 6 17 1 6 2 G >> L'année. fit; 5 73 13 99 22 102 t3 216 29 135 30 118 34 80 21 DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 25 RÉSUMÉ Des observations météorologiques fuites à Liège, en 1 87 1 , Par M. D. LECLERCQ, Agrégé à l'Université, directeur honoraire de l'Ecole industrielle. Pression atmosphérique. — Le baromètre, construit d'après le système Fortin et modifié par Delcros, porte le n° 245 d'Ernst. Le lieu d'observation est situé dans l'intérieur de la ville. Des comparaisons, faites à l'Observatoire royal de Bruxelles, ont montré que les indica- tions barométriques exigent une correction additive de 0mm,45 , pour exprimer des bail- leurs absolues. Les nombres obtenus par l'observation ont été ramenés à zéro degré de température centigrade et ont subi ensuite la correction totale qui renferme la dépression due à la capillarité ainsi que l'erreur du zéro du thermomètre et celles qui pourraienl provenir d'autres imperfections de l'instrument. La cuvette du baromètre se trouve à six mètres au-dessus du zéro de l'échelle du pont des Arches. D'après les ingénieurs des ponts et chaussées, l'altitude de ce repère, par rap- port au niveau moyen de la mer du Nord, est de 54m,71, ce qui élève à 60m,71 la hauteur de la cuvette. Température. — Le thermométrographe de Six, perfectionné par Bellani, a continué d'indiquer les différentes températures du jour et les extrêmes; sa marche a été constam- Tome XL. * 26 OBSERVATIONS ment comparée avec celle d'autres thermomètres dont les zéros sont déterminés au com- mencement de chaque année: les nombres inscrits dans les tableaux ont subi les correc- tions qui les concernent. Pluie et vents. — L'udomètre, pareil à celui de l'Observatoire royal de Bruxelles, est place au milieu d'un vaste jardin: il se trouve éloigné des bâtiments et des arbres. La direction des vents supérieurs est prise d'après le mouvement des nuages; celle des vents inférieurs est donnée d'après une girouette parfaitement mobile et d'après la direction de la fumée des plus hautes cheminées de machines à vapeur. Tableaux. — Un changement a été apporté au tableau concernant la pression atmo- sphérique; au lieu de présenter seulement les maxima et minima absolus de chaque mois, il en rapporte les principaux, trois pour les maxima, et autant pour les minima. avec leur date respective. Entre deux de ces maxima consécutifs et les minima qui les alter- nent, il y en a d'autres de chaque sorte qui sont inférieurs aux premiers et supérieurs aux seconds, en ne considérant toutefois qu'un maximum principal et un de ses minima prin- cipaux qui l'alternent; il semblerait donc, d'après ce qui est transcrit, que l'atmosphère éprouve chaque mois trois oscillations principales, dont les intermédiaires ne sciaient que les ondulations. Quoi qu'il en soit, la modification faite à ce tableau n'a eu pour objet que de mieux faire connaître le mouvement de l'atmosphère à la station de Liège. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 27 W H - 1 o ** ta » o a o «^ r^ (D o ■3" sf ef (O ■* ■* -* -* i^ JÎ a P S5 w — s * ■£ a — ~- g» o g s — s >• <- g 00 . 10 !«" E an 28 OBSERVATIONS <*5 .Ci -s 5 .4. 1 - J 5i ■ - > si = X ^: SI X 51 51 l:> ^ s g 1 co" > -~. ; S « s _" — " O 51 _" X 51 51 - r « JT^ ef = z sî + 11 » ■*" -- s 51 S, H 1 S È O o I O " - ~- o z V V O - - — JV - C. X 51 K x' tl ^ — i- IO c; 51 _ -t 1 ^ H iÔ G» ©1 51 5Î -ï 51 51 51 _' % - i «1 1 j 5 i t~ E; 51 £ 0> "sS x" « CD %- g 5 c c = T' ! | 1 i^ jcT «* » «S aï rt "** zi ±'~ ^M o CD O - ^^ 01 — -i " M O o q o o q ■« x Ci rt w Ci X E X Ci l- « o 51 -* < w — "-J z. H ^ a a z ô o o o o O o o 1- 2 5 ;d X S^ X. ..- w eu ) *' X cT ■*" o *-* X 51 51 « o -" y: cd" E • '- 2 ~ ! l 1 1 H . CJ z r O o o o o o O ^ O e o CJ 51 5 X X SI CD X X ES 1 - 7 r- SI O -if = - - t" IO te PS H £ »2 3 o o o — — O 3 o CJ o o f_ d _i •tj >-: X 1- i."ï r- 15 -.■3 fî X i-0 sa = o o (S CS ■- X i~ 51 M O ■< m — 51 — 51 51 51 51 — — — j — 1 H 1 IO SE .« 1 ,• - r c o C 3 = C; o o 0 CJ ..0 — X r: 1 i J z >~ r- ■* ~"_ S), 1C -^ 51 tD^ Cî 1- V -ï > 1 CI te »" Ci CD eo I- X r- l~" » O < 4 ~" ~" ~ "•" 51 ';l 51 ~ "• "" ~ 5 ~z £ s 2 ~ ' X f o O 3 o O O O o 3 o d o .~ .S OJ ■* CD {» » 51 51 ®V H e h' ai" r* --D 1" X r- tÔ 51 CD " ~" c» 91 51 51 " ~" *"" ■5 ai 3 1 è 1 0 o _ o 0 _ O O O 0 0 O O •M o Si SI t- z X '..0 Ci O IO t^ H û " oi SI " 51 51 51 - 51 51 -/. o O O o O ^ J s. 1 05^ ^îv °t. «^ Ci M e*! ev JO IO r- cT SI* o" 10 ■* f Cî » rt" « X - IT o X) o — 10 t~~ C- — M i i 1 1 ■ 1 i * QC te x" »" 1* w 3 o o O o O o O d o o o o X «* r- Ci o 51 X 10 *e te O C5 •* r- X X i- IO te Cl O « *" CI ■" 51 51 51 51 51 " — ~" u o « 1 - 5J _ 3Q o X Ci O to _ CD 10 X oo " ^ «M o o 1— X Ci o b « 2 te 00 <3G OO t~ X X 3C te r- H S * ■ c - c ^ 51 io jo 3 'J i» ^ Ci 51 _ to X «j, ■CJ c 5 — x "* te X I- «5 O 51 i" E -= n u i- •* X Ci X 51 o" Ci H 1 1 ~" _ "" — c es •0ï C D- = S? M 2 « « w X CD 1t _ Ci X 1- _ X O * 1 1 S "3 to ©i X -* o r- » CM r- iO M >-. "3 C =1 1 ~" w "'" r- o w - - «* O 51 J.O O o c 0 ^ - "° 2 "°. M 1 S m a «* to ED o o Ci _ X ^ te _ * H es H a -S ffl 01 1.» 21 H 1 1 1 1 OB o 91 X X^ ■S S i te oo i- r~ c^ t- O CD_ W„ 3 ' 1 o »"" cT s" to ©1 oô w w -^, -■*■ »- 1 1 t S 01 w «3 Cï - -* O X aa r- — - X W) O- B s a ^ ^ V O Û M -y. u „ CJ -1 _^ £ 41 OJ "3 V ja s g c 01 S c ■S CE r '* •- -"i *g 7- a - ."- C 5 Ce. S < S — -B ■< -x O z 2 S DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 29 Quantité d'eau recueillie; nombre de jours de pluie, de grêle, etc., à Liège, en IS1 i . Nombre Qu.an.lile Ilauleur NOUBRE Dt JOURS Dt MOIS. Je joursde pluie, de neige ci de grêle. d'eau recneilliepar mois, en millimè- tres. moy. de l'eau loin bée par chaque jourdepluie, de neige et de grêle. Ciel sans nuages. Pluie. Grêle. Neige. Brouillard. Gelée. Tonnerre. Ciel ciUièreoi1 couvert. m ni . mm Janvier .... 15 21,32 1,62 5 4 •-> li 27 27 (1 18 Février . 15 55,75 4,13 3 12 2 1 21 0 0 II, Mars . . 15 26,61 1,77 9 14 ç> 3 21 7 1 10 Avril. . 24 115,60 4,82 3 24 4 1 24 1 3 21 Mai . . 15 38,83 2,05 S 15 0 0 13 II 1 1 1 Juin . 25 154,59 6,17 1 25 5 0 14 0 0 19 Juillet . 22 106,82 4,85 1 22 4 0 14 0 15 15 Août . . II 30,79 5,34 X 1 1 0 0 22 0 i M Septembre 15 64,55 4,30 5 15 0 0 2t 0 5 12 Octobre . 12 51,16 2,59 6 12 0 0 29 5 0 15 Novembre . 18 18,65 1,04 5 16 II 6 30 15 II 17 Décembre . 17 46,75 2,75 2 10 1 7 29 20 II 17 L'anhéb . 200 717,96 5,59 55 178 21 24 268 77 31 180 État du ciel à Liège, en 4874. MOIS. SÉRÉNITÉ DO CIEL. d'apré INDICATIONS les observations faites c de l'état baque jour, DES NUAGES, a 9 heures du matin et a midi. 9 heures du malin. Midi. Moyenne. Cirrbus. Cirrho- eumulus. Cumulus. Cirrho- slratus. Cumulo- stratus. Stratus. Nimbus. 3,00 2,83 2,91 7 1 23 0 17 25 1'» 1,64 2,07 1,85 10 0 24 3 19 23 20 4,71 4,77 4,74 t5 0 25 0 20 12 17 1,70 1,86 1,78 10 2 27 2 31 20 37 3,16 3,61 5,38 11 5 55 4 30 '1 20 1,70 1,37 1,53 18 o 29 2 3t 21 40 2,03 3,35 2,06 4,0i 25 16 5 4 59 35 6 59 53 15 10 51 20 4,74 4,03 5,65 3,83 24 6 25 8 25 12 14 3,25 3,74 3,48 23 4 26 12 21 15 II 2,50 2,53 7 2 29 5 28 22 12 3,16 2,42 2,79 11 1 20 5 16 51 9 L'année. . . . 2,98 2,85 2,91 175 28 359 52 510 211 251 OU OBSERVATIONS Nombre d'indications de chaque vent supérieur à Liège, en IS7I. (D'après les observalions faites chaque jour, à 9 h. du matin et à midi.) Mills ir. NHE. nt. ESE. E. ESE. SE. SSE. s. Ssu. su. oso. 0. oso. su. > Ml 0 0 2 1 0 0 1 2 0 1 14 0 0 2 4 i 0 0 II 0 0 1 0 0 0 5 8 4 5 13 5 2 a - II 0 -ï o 7 19 „ Ami! . . . 0 - o 0 0 0 3 2 Cl 5 1 12 1 Mai 10 1 0 0 0 3 6 î 2 0 II 0 5 5 t 4 10 5 o 0 0 0 0 II 0 1) 2 11 28 6 il 0 o 7 0 0 0 0 5 7 0 1 8 7 0 2 •2 0 0 0 0 16 6 J 0 0 0 1 1 0 1 4 u 0 2 11 1 9 7 8 I 0 1 3 9 2 5 5 0 0 2 2 0 3 8 7 3 L'année. 1 4 0 0 0 0 0 0 0 o 13 0 2 7 5 2 '■• 26 23 12 2 12 17 8 1 38 139 18 60 83 57 -Jii Nombre d'indications de chaque vent inférieur à Liège, en IS7 1. (D'après les observalions faites chaque jour, à 9 h. du malin et à midi.) MOIS. .\. M SE. SE. ESE. E. ESE. SE. SSE. S. sso. so. oso. 0. OSO. KO. sso. 2 S 2 8 4 II 1 0 0 4 12 1 8 10 15 5 12 10 13 12 5 12 1 4 8 12 2 12 14 8 11 1 (Ml 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1 0 Il 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 2 1 5 3 3 1 0 2 1 4 2 0 t 1 0 2 0 0 4 2 t 1 1 1 2 6 4 4 0 6 6 1 5 1 5 19 l!l il 2 II 24 9 17 !5 8 33 2 10 5 16 3 6 6 6 8 6 7 7 0 0 II 0 II 0 II II II 0 0 1 0 0 1 2 1 1 1 0 0 0 2 1 1 4 12 9 11 1 i 11 5 9 4 2 5 2 2 i o 0 3 0 3 4 1 1 2 3 1 4 1 2 0 0 0 0 0 Mai 1 Novembre Décembre 30 108 5 0 8 15 43 187 82 1 9 87 29 14 DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 51 Nombre d'indications de chaque vent par lequel il y a eu éclairs ou tonnerre à Liège, en 1871. MOIS. N. NNE. NE. EUE. E. ESE. SE. SSE. S. sso. SO. oso. 0. UNO. KO. \ Ml { Mars 0 0 0 0 0 0 0 Il 0 Il 0 u 0 1 le 27 0 0 Avril .... 0 0 0 0 1) II 0 0 0 I le 19 u II 1 le 111 1 le 23 0 0 Mai 0 0 0 0 » 0 0 0 II 1 le 26 0 0 0 II 0 0 Juin 0 a 0 0 0 0 0 1 le 17 0 1 le 211 Q les 11 et 23 0 II 2 Ies20et21 0 0 Juillet .... 0 u 0 0 0 0 0 1 le 2 0 5 S, 19, tt, 29,33 1,8, 111, II, U 1 le 2b 0 0 1 le 18 0 Août 0 0 0 0 0 II 0 2 le li II 1 le 18 1 le 83 II 0 0 0 0 Septembre. . L'annbe. . 1) 0 (1 0 0 0 1 0 0 2 0 II (1 0 0 0 le 8 les 3 et 4 0 0 0 0 0 0 1 4 0 11 M 1 1 4 1 0 Nombre d'indications de chaque vent par lequel il tombait de la pluie, de la neige ou de la grêle à Liège, en 481 1 . { D'après les observations relevées chaque jour à 9 h. du matin et à midi.) MOIS. N. «NE. NE. ENE. E. ese. SE. SSE. S. sso. SO. OSO. 0. ONO. NO. NNO. Janvier i 3 2 0 0 0 2 0 0 0 7 0 0 0 0 0 Février 0 1 U 0 0 n 0 0 0 3 4 0 3 2 0 0 Mars. 1 2 0 0 0 0 0 0 0 3 3 0 0 4 1 1 Avril. 0 1 0 0 0 0 0 0 0 3 3 1 5 9 1 1 Mai . 0 1 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 2 4 3 1 Juin . 2 3 3 0 0 0 I 1 0 4 4 u 2 3 2 0 Juillet 0 0 0 0 0 0 0 0 0 5 11 2 1 5 0 0 Août. 0 0 0 0 0 0 0 2 0 1 3 II 3 0 2 0 Septembre 0 1 0 0 0 0 1 0 0 5 6 0 2 0 0 0 Octobre. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 o 2 3 3 2 0 0 Novembre 1 2 0 2 0 1 0 U 0 3 1 0 1 4 r, 0 Décembre 0 2 0 0 0 0 0 0 0 6 3 0 2 2 2 II L AN 1KE 5 II) 5 2 0 1 4 3 0 37 47 « 24 33 14 3 32 OBSERVATIONS Nombre d'indications de tempêtes et de très-forts vents supérieurs et inférieurs et Liège, en 1811. MOIS K. NNE. NE. ENE. E. ESE. SE. SSE. s. SSO. so. INI 0. ONO. NO. NNO. 1 0 0 5 1 3 0 1 3 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 (1 0 0 1 0 0 1 S 7 \ 4 1 0 0 0 0 II 0 il 3 0 0 0 1 0 0 1 II 3 0 0 0 II II 0 6 7 0 0 3 1 0 Mai 1 5 - 0 II -> 0 II 0 1 0 1 2 0 1 4 0 0 0 0 0 II 0 II 0 II 1 1 t II 2 2 12 1 a 0 0 0 0 1 3 2 0 0 0 II II II S 6 2 0 II 0 0 0 0 II II 0 1) 1 0 2 3 3 i 0 0 1 0 II 1 2 0 0 0 Octobre . 0 o II 0 0 0 II 0 0 4 S 0 â 2 0 0 o 3 3 1 0 0 0 0 0 1 4 0 i ! 0 0 h 2 0 0 0 0 0 0 2 S 5 0 1 0 0 0 s 37 19 1 II 3 T, 6 S3 38 0 6 22 6 2 DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 55 RÉSUME Des observations météorologiques faites à Ostende , en i 87 i , Par 11. .1. CAVALIER, PROFESSEUR A L'ÉCOLE DE NAVIGATION. Pression atmosphérique. — Le baromètre employé pour déterminer la pression atmo- sphérique est construit selon le système Fortin-Delcros: il est placé dans une chambre qui fait face au NO. et dont la température varie peu; sa cuvette est élevée de 6m,65 au-dessus du sol, ou de 9m,55 au-dessus du niveati moyen de la mer. Des comparaisons faites en 1865 ont constaté que ses indications exigent la correction de +0mm,05 aux hauteurs données ('). Les corrections pour la réduction à la température de zéro degré centigrade ont été faites aux observations à l'aide des tables de Delcros. Température de l'air. — Les températures extrêmes ont été déterminées par des ther- momètres à maxima et minima, divisés sur tige. Celles des différentes époques du jour ont été relevées d'après le thermomètre à boule sèche du psychromètre, lequel, divisé sur tige en cinquièmes de degré, donne par estimation le vingtième de degré. Ces instruments se trouvent à 6m,65 au-dessus du sol. État hygrométrique de l'air. — Les tables deRiot, suivant les expériences de Dalton, ont donné la tension de la vapeur d'eau ; l'humidité relative de l'air en a été déduite d'après la formule employée à l'Observatoire royal de Rruxellcs. Radiation solaire. — Les observations de la radiation solaire ont été faites au moyen de l'hélio thermomètre. Cet instrument se compose d'un thermomètre à maxima à bulle d'air, gradué sur tige, introduit dans un tube de verre hermétiquement fermé et vide d'air, (') Voir le résumé des observations faites en 4865. Tome XL. 5 M OBSERVATIONS qui se termine en sphère creuse et mince, de 66 millimètres de diamètre, dont la boule noire du thermomètre oecupe le centre. Les observations sonl faites à midi, par un eiel clair. Tons les thermomètres employés aux observations sont construits à l'échelle centigrade par Casella; les zéros en ont été soigneusement vérifiés au commencement de l'année. Jours de pluie, de grêle, de neige, etc. — L'udomètre se trouve à 10m, 42 au-dessus du sol. La quantité d'eau recueillie a été mesurée à midi ; lorsqu'il était tombé à la fois de la pluie et de la neige, l'eau a élé attribuée par moitié à l'une et à l'autre. Le nombre de jours de pluie, de grêle et de neige est donné sans avoir égard à la quantité d'eau tombée; les jours où la pluie a été accompagnée de grêle ou de neige sont comptés parmi les jours de pluie, de grêle et de neige respectivement. Les brouillards de terre assez prononcés ont été les seuls annotés. Vents. — La direction du venta élé déterminée d'après la girouette établie sur le sommet du clocher de l'église Saint-Pierre. Pression atmosphérique à Ostende, en '181 1 . MOIS. HAUTEUR UOYEHNE 1U BAROMETRE PAR .MOIS. (i heures .lu soir. Vujii, nui! absolu par ,u,,i* Minimum absolu par mois. lit M I S OU . viations men- suelles. DATE du Janvier . . . . Février . . . . Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre . Octobre. . . Novembre. . Décembre. . L ANNÉE. mm. 758,21 757,93 mm. 757,53 mm. 757,71 mm. 757,95 63,18 63, 19 62,69 63,01 63,52 65, KO 63,72 63,13 63,00 63,25 57,53 57,45 57,37 57, il 57,82 63,49 63,44 63,14 62,95 63,18 59,20 S9.ll 59,05 59,05 59,34 58,75 58,71 58,65 :;s,7l 59,04 62,80 62,57 62,15 61,88 02.29 58,80 58,64 58,52 58,31 58,58 61,49 61,34 01,01 61,21 1,1,1 1 ci, on 60,82 60,44 60,78 1,1.01 64,80 64,77 64,11 64,13 64,36 1 761,08 760,97 760,65 760,68 700,96 757,S1 1,5.46 65.22 .',7.1.1 63,08 59,15 58,73 62,28 58,85 61,34 00,78 64,69 769,91 72,43 75,38 67,47 71,03 66,48 68,70 73,69 68,05 7 4,65 73,51 74,30 mm. 737,88 4 4,42 47,74 42,65 56,55 50,32 45,30 46,99 41,54 H. si, 47,59 46,27 mm. 32,03 28,01 27,1,1 24,89 14,48 16,16 23,10 26,70 26,69 52.70 25,92 28,03 le 31 le 22 le 1 le 6 le 7 le 20 le 6 le 27 le 14 le 12 le 19 le 12 le 1" mars le 16 le 10 le 16 le 19 le 14 le 17 le 25 le 18 le 28 le 1 le 8 le 20 Extrêmes de l'année. 760,92 771,50 745,74 I Maximum , le 1er mars 775,38 i Minimum (le 16 janvier) 757,88 Intervalle de l'échelle parcouru 37,50 DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 5S ' ' - « S * IO r- ■* X lu a 3 61 5^11 a; « o 03 Sï u ei u ^y u T3 X 3 ffl Ld 3 3 sft 10 «* o Gl Ci ce GI Gl ©i Gl "~ — O C3 ° S -2 G" W = u o O o o o to o o Gl O O o co o Ci O 10 o o o O L9 -9 ï- OC co ci o Gl aj O Gl oc 1^ o 00 C — — a =" S 2 3 '3 •2 S a -— o o o o O O o o o ce o" o X^ * î r- o 10*" Gl" o o o o o o o o o O o Ci" — ce CO Gl ce ■* 3 CD Ci Ci o 1- u — ci Cl Cl Gl — - T. ^ X co ■* ■X CJ "j t- sS 3 S ? *, o -- * 01 0) o « 0) ^ -a S * a "° g-l QJ o o a) o 1) o CU 9 0) a> (O X fe ?i * Gl Cu C « des oyenne i urnes 99 o O o o 3rt — t a> Op sa* so" o 1- cT -*" 3 sa" cT Gl cT Gl ^ o « i « § g o m o o 19 OS «* w o co "C "5 £. 3 ci o 01 _ Gl ■* J9 X iC 1 a. H « « O ( « — .j, sn «- o Gl -T co W 1 v -a © K 5 — O o o 0) CD 19 Gt J9 ~ K 'h » s S '' C- ° CD o i9 Ci 00 - O o e Efl PÉRAÎ Midi. ■* IO o o o 10 ■* O X o o ffl? cT X o 19 19** *w Gr Gl oô" gT •*" Gr f es ta ! « r_ X Ci 19 Gl IO a •& H "à w ■* w o -■*■ co Ci — — a — E T -* t- ci (71 •* i- Ci 'J Ci 19 " CS V cO h u _a V -a -5 ts O o tJ 5 J S u 0 C S ^ S 3 < t/3 O K O »s 56 OBSERVATIONS Psychromètre d'August à Ostende, en 181 1 . 9 II. DO MATIN. MIDI, 3 H DU SOIR. 6 H. DU SOIR. 9 H. BU SOIR. IIJUIT. MOIS. Ther- Ther- Ther- Ther- Ther- .Ther- Ther- Ther- Ther- Ther- Ther- Ther- momètre momètre momètre momètre momètre momètre momètre momètre momètre momètre momètre momètre sec. 1 ni'- SCC. humide. see. humide. see. humide. sec. humide. see. humide. Janvier. . . - I°19 - 1°71 - 0^03 - o;79 0.19 - 0>t - 0^36 - 0^97 - 0:42 - r:u5 - 074 - 1°,32 Février. . . 4,33 3,55 5,68 4,56 6,05 4,83 5,20 4,27 4,65 3,74 4,16 5,32 Mars .... 7,43 5,53 9,45 6,82 10,04 7,15 x,6i 6,49 7,51 5,71 6,18 4,86 Avril. . . . 9,32 7,70 10,88 8,68 1 1 ,05 8,76 9,92 8,05 8,89 7,39 7,78 6,64 Mai 12,01 9,26 13,64 10,25 13,95 10,30 13,17 10,04 11,34 9,01 9,60 7,87 Juin .... 14,47 12,37 15,53 13,10 15,64 IT,.ls 15,22 12,96 13,66 12,10 12,76 11,44 Juillet . . . 17, Gl 51 ■* 15 1" 51 — ts 15' ** 15 eT 15" ■ Q ia H I* X ,_ _ X 1" ,_ 1— r- Gl t- 15 51 •* It 1-5 -0 i" 15 -y *^ 3 3 .ï CD M M _ ^ 15 « 51 _ r~ 51 .. C- gÎ lt •* tt 01 Gl H 1- 1". ^- — ca vr -* 15 1- 15 u 3 | «f ._ I- 51 15 w ,_ 1^ ., 1- S3 1* ° ( 1- 51 15 1-: X. sa r 1- O 15 15 — 51 -" I" t" 51 ** 30 15 ■* 15 Gl 15~ E- VZ "H S X a 3 1- 0 i~. 0 .- — 51 1" 1— sa 15 01 1" X 15 tfl « ' s CM 15 51 «* '" "" 51 15 o C5 .. I- X C a Ci O ;. r- O -5 «1 15 O -= sa — ™ X w £ ■r ._; .£ =: ■3 C_ O ;." O E S -tu ■< -S -t O C O J DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 39 Nombre d'indications de chaque vent à Ostende, en 481 1 . (D'après les observations faites trois fois par jour à 0 h. du matin, à midi et à 5 h. du soir.) nombre MOIS. d'ob servalions N. NNE. NE. ENE. B. BSB. SE. SSE. s. sso. so. oso. o. ONO. NO. NM>. 93 0 0 5 16 8 S 5 8 13 19 6 1 3 2 0 0 84 0 0 0 3 0 I 5 7 14 12 12 22 6 1 1 0 93 10 7 7 4 2 0 6 6 9 10 12 15 5 1 2 i 90 3 8 4 2 5 5 2 2 2 9 16 19 7 4 5 3 Mai 93 18 18 g 1 5 o 6 1 5 1 4 S 6 4 7 o 90 •23 9 7 1 0 0 5 1 3 4 4 1 i 4 4 7 6 93 5 3 1 0 0 5 2 1 4 16 19 .".il 4 3 2 II 95 1 12 14 5 2 6 5 5 5 6 0 20 :; 5 s 1 90 3 2 15 6 II 10 6 1 1 4 6 10 6 o 5 1 Octobre 95 0 0 3 2 6 8 9 7 19 6 6 9 8 7 1 2 90 6 0 4 17 10 4 5 4 9 4 2 6 5 5 S 3 9 heures du matin . . 93 1 1 4 6 5 0 2 o 24 25 11 6 4 3 5 0 363 13 12 21 28 16 19 20 18 43 44 41 42 15 9 li 10 Midi 303 22 25 21 13 18 15 21 13 32 37 53 57 21 17 13 5 3 heures du soir . . . L'année. 365 35 25 31 IX 14 S 13 12 34 55 30 59 25 15 15 4 1093 68 62 75 61 48 42 50 43 109 in 104 158 59 59 40 19 Vents remarquables et leurs directions à Ostende, en 1871. a ta M MOIS. a K ■* es o < « PS H a o es H X N. NNE. NE. E. s. sso. so. oso. 0. ONO. NO. NNO. t 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 5 I i 6 4 t 1 1 o 0 0 0 0 0 0 (1 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4 1 2 0 0 4 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 II 2 0 Mai S 1 0 1 II 1 (l 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 1 0 0 0 0 0 1 0 0 1 1 0 0 1 0 0 1 0 II 1 0 o 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 II 1 0 0 0 0 6 o 5 1 1 2 1 1 12 5 5 1 3 * 40 OBSERVATIONS RESUME Des observations météorologiques faites à Ostende, en 1 87 1 , Pau M. I>. MICHEL, chef an nouveau Fhui'o. Température et humidité de l'air. — Les thermomètres à boule sèehe et à boule humide du psychromètre , placés dans l'embrasure d'une fenêtre exposée au NO., sont abrités de la pluie et du rayonnement solaire par un toit en verre, et élevés de 5m,50 au-dessus du sol, ou de 15m88 au-dessus du niveau de la mer, à marée basse. La correction — 0,50 pour le thermomètre à boule sèche a été appliquée à chaque observation, ainsi que celle de — 0°.10 pour celui à boule humide. Pluie, neige. — L'udomètre est placé à environ 3™,10 au-dessus du sol: la quantité d'eau recueillie a été observée chaque jour à midi. L'indication de l'instrument qui don- nait le chiffre le moins élevé a été écartée. L'eau de neige a été distinguée, et lorsqu'il était tombé à la fois de la pluie et de la neige, l'eau a été attribuée par moitié à l'une et à l'autre. Le nombre de jours où l'on a recueilli de l'eau a été distingué du nombre de jours de pluie ou de neige. Forme des nuages, état du ciel. — Outre la forme des nuages, pour obtenir les nom- bres rapportés dans le tableau relatif à la sérénité du ciel, j'ai représenté par 0 un ciel entiè- rement couvert, par 10 un ciel entièrement serein, et par les nombres compris entre 0 et 10 les états intermédiaires. Vents. — La direction des vents est donnée d'après une girouette parfaitement mobile, fixée au sommet de la tour du phare, et d'après une boussole indiquant le nord vrai. La force du vent est indiquée par les nombres allant de 0 à 10 : 0 signifie calme plat; 1, sillage de un à deux nœuds: 2, sillage de trois à quatre nœuds; 5, sillage de cinq à six nœuds; 4, brise de perroquets; S, un ris aux huniers; 6, deux ris aux huniers; 7. trois ris aux huniers; 8, les huniers au bas-ris; 9, au bas-ris des voiles basses; 10, ou- ragan. Remarque. — L'udomètre n'a pu être observé pendant les cinq derniers mois de l'année 1871, à cause de sa détérioration. DES PHÉNOMÈNES PERIODIQUES. M Psyehrométre à Ostende, en 181 1. MOIS. Janvier. Février . Mars. . Avril. . Mai . . Juin. Juillet . Août. Septembre Octobre. Novembre Décembre Moyenne. 9 H. DU MATIN. Ther- momètre Ther- momètre liumiilc. Thcr- momètre Ther- muméln humide 5 11. DU sont. -1.05 5,04 6,58 8,74 10,87 tri,79 10,05 18,07 15,56 8,47 2,90 1,51 5,03 7,5| 8,59 11,53 1 1,57 10,44 15,84 7,24 1 ,9 1 0,90 7,29 17 56 57 90 21 30 50 ,16 ,87 ,53 ,59 !,41 IU,3'i t;07 1,39 Ther- momètre 1 0,9 I Ther- momètre humide. UAXIUUM par mois. Boule 0 8 9. 12,4 in,: 18,: I 1,: 9,' 5"80 10,80 18,50 14,90 20,70 27,30 24,70 24,90 24,20 18,50 9,30 7,40 niNiaoa par mois. Boule sèche. DATE du maitmum absolu. Boule sèche. DATE du minimum absolu. Boulesèche. -Il'.'70 -0,70 0,10 5,20 7,50 8,40 15,10 15,(10 8,70 1,20 -2,80 -12,70 le 7 le 27 le 23 le 26 le 24 le 15 le 14 le 17 le 0 le lil le 8 le 16 le lii juin. le :, le II le I le 9 le 17 le 7 le II le 5 le 2(i le 27 le 21 le 8 le 8 dcc. Étal du ciel à Ostende, en 1871. SÉRÉNITÉ DU CIEL. d'à INDICATIONS DE LÉTAT DES NUAGES ET DU CIEL, près les observations faites à 9 h. du malin, a midi et à 3 h. du soir. MOIS. 9 heures du ! Midi, mutin, j 3 heures du Moyenne. Ciel serein. Cirrbus. Cirrtio- cumul. Cumu- lus. Cirrho- slratus. jurnulo stratus Stratus. Nimbus. Eclair- eies. Ciel couvert. Jan\ ier "2,48 2,19 2,19 2 20 5 3 o 3 9 14 1 1 19 2 51 Février 2,78 3,00 2,00 2,59 2 2 5 4 19 17 1 1 9 5 21 Mars . . 4,25 4,20 4,29 4,26 8 11 2 X 22 26 11 0 1 10 Avril . . 2,43 3,03 2,47 2,0 4 " 8 6 8 15 55 20 5 8 Mai. . . 5,55 5,84 4,06 3,75 8 5 1 7 10 51 4 2 1 15 Juin . . 2,77 3,00 2,57 2,78 . » 2 1 5 10 60 1 10 I s Juillet. - 5,23 4,23 4,00 5,82 1 3 5 1 4 25 56 1 9 1 2 Août . 5,03 5,71 5,1 s 5,11 4 II 2 42 2 4 40 1 5 » 1 Septembre 5, «7 4,17 5,83 5,96 o 0 4 1 1 54 55 1 1 4 " 3 Octobre . 3,87 4,08 4,01 4,59 5 1 5 t 4 51 20 19 9 1 12 Novembre. 5,20 5,25 2,95 3,12 5 15 1 1 57 II) 9 1 21 Décembre. 1,01 1,45 2,05 1,70 1 5 r> 15 24 II 9 0 35 L7 année. 5,24 5,57 3,57 5,39 51 55 54 152 229 421 84 127 24 104 Tome XL. 42 OBSERVATIONS Quantité d'eau recueillie; nombre de jours de pluie, de grêle, de neige, de gelée, de tonnerre, de brouillard, etc., à Oslende, en 187 1. MOIS. Quantité d'eau recueillie par mois t- il milli- mètres. Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juill. t Août Septembre . . . . Octobre Novembre Décembre Totil. . . ,834 320 809 ,372 ,601 ,202 ,712 Quantité de neige re- cueillie par mois en millimè- tres. Nombre de jours ou l'on a recueilli de l'eau. 782 052 U.'jl, NOMBRE DE JOllltS DE 12 14 15 20 12 21 17 16 14 IX 14 17 22 10 14 12 11 11 20 4 4 Ciel couvert. Ciel suis nuages. 10 ir. 10 7 ti 6 5 3 ■- 2 9 4 4 » » 2 10 3 c 5 II 8 Nombre d'indications de chaque vent à Ostende, eu 187 1. ( D'après les observations faites trois fois par jour, à 9 heures du matin , à midi et à 3 heures du soir.) MOIS. Janvier .... Février .... Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre . . . Octobre .... Novembre . ■ . Décembre . . ■ L'année. 8G .s s 42 6 t 13 16 23 13 12 4 6 5 5 108 NOMBRE de jours. 31 28 31 30 31 30 31 51 50 51 50 5! DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 43 Intensité du vent à Ostende, en 4874. (D'après les observations faites trois fois par jour, à 9 h. du malin, à midi et à 3 h. du soir.) 0 1 i 5 4 , 6 7 S 9 10 Sillage sillage Sillage Brise L'a ris Deux ris Trois ris Les huniers Au bas-ris MOIS. Calme plat. de de de de aux aux aux au des voiles Ouragan. 1 a 2 nœuds 5ài nœuds Sa 6 nœuds. perroquet*. huniers. huniers- huniers bas-ris. basses. Janvier 4 30 46 4 6 1 o ,. s a » » 52 13 8 4 5 i » » » 8 16 26 12 15 9 5 1 1 » » 1 0 22 23 21 il 3 » » » » Mai » 11 56 10 12 3 1 >' » " ■ S 9 30 18 19 5 4 1 1 >. » Juillet » It 36 13 23 7 3 » » " Août 2 19 43 16 II i 1 » » » » Septembre .... 2 29 28 tli 8 5 1 V I » 2 Octobre 3 32 27 13 8 8 2 B » » » 1 27 28 16 n 3 » 2 » " V G 26 34 21 2 9 1 1 " " " Total. . 5l) 216 42H 165 149 57 24 11 3 •' 2 u OBSERVATIONS Pression atmosphérique à Anvers, en 181 1, par M. Ad. De Boe. (Baromètre Fortin , à 10 mètres au-dessus du sol.l MOIS. HAUTEUR moyenne par mois. MAXIMUM absolu par mois. M1XIMI M absolu par mois. DIFFERENCE. DATE du maximum absolu. BATE du minimum absolu. 757,53 62, 1 1 G3,18 57,53 (il, 83 57, Sa 58, IG 02, -28 58, 15 G0,:>1 00,37 «3,87 mm. 709,84 71,70 73,72 67,24 09,33 «3,28 ««,93 72,13 69,90 74,22 72,89 73,84 739,50 51,43 50,91 45,19 55,03 50,82 44,74 51,75 59,64 41,07 47,70 55,34 mm. 30,5 i 20,27 22, Kl 24,05 14,50 12,46 22,21 20,38 30,26 35,15 23,19 20,50 le 31 le 2 4 le 2 le 2 le 7 le 26 le 5 le 28 le 15 le 13 le 20 le 8 mm. . 774,22 le 17 le 10 le 16 le 17 le 19 le 20 le 25 le 18 le 28 le 2 le 8 le 29 Avril Mai Intervalle de l'échelle parcouru . . 34,92 Température centigrade de l'air et eau tombée à Anvers , en 187 1. TEMPÉRATURE. MOIS. QUANTITÉ d'eau recueillie .MAXIMUM MINIMUM MOYENNE MAXIMUM MINIMUM DATE du DATE du moyeu par mois. moyeu par mois. par mois. absolu. absolu. maximum absolu. minimum absolu. millimètres. mu). Janvier .... 1:04 - 4^28 - i:62 5:0 -12,5 le 17 le 4 18,9 Février. . 7,40 1,39 4,39 12,9 -12,5 les 27 et 28 le 12 46,3 Mars . 13,18 3,32 8,25 21,9 - 2,7 le 24 le 2 22,0 Avril . 14,00 5,55 9,77 19,6 - 1,3 le 20 le 7 74,9 Mai. . . 16,18 6,64 11.41 25,3 1,8 le 26 le 18 18,1 Juin 18,17 10,05 14.11 27,0 4.5 le 17 le 3 55,8 Juillet . . 22,0 1 14,09 18,05 20,0 9.4 le 15 le 7 1 14,7 Août 25.28 14,04 18,06 29.4 9,3 le 14 le 23 44,0 Septembre 19,91 11,49 15,70 28,7 0.2 le 5 le 25 95,0 Octobre 13,07 4,79 8,93 18,8 - 1,7 le 20 le 27 55,7 Novembre. 5,00 0,51 2,65 11.4 - 5,5 le 6 le 21 24,1 Décembre. 2,73 - 1,62 0,55 6.9 -19.4 le 21 L'anî le 8 ÉB. . . 82,0 1 9,23 681,5 DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 4S Observations météorologiques faites à Chimay, eu 187 1, par M. Christ, pharmacien. JANVIER. 1 1 Util l> M A II S. Dates. Baromètre. Tempérât, cenlii;- Vent. Étal du ciel Dales Baromètre. Tempérât. ceiitie. Vent. Étalduciel. Dates. Daromélre. Tempérât Vent. État do ciel. mm mm. mm. 1 755,50 -12.00 E. Serein. 1 757,00 2.'50 S. Pluvieux. 1 765,00 4" 00 E. Serein. 2 52,50 -7,00 S Neigeux. 2 55,50 4,00 s. Couvert. 2 64,00 5,00 SE. » 5 55,00 -7, OU S. Couvert . 5 50,50 5,00 s. Pluvieux. 3 05,00 10,50 S. » 4 54,50 -10,00 SE. Serein. 4 52,00 7,50 s. Couvert. 4 58,00 10,50 S. » 5 54,50 -9,00 S. ld. 5 52,00 6,75 s. Id. 3 58,00 10,75 S. » C 57,00 1,75 N. Neigeux. 6 60,00 6,00 0. » 6 52,00 11,00 S. » 7 51,00 2,00 S. Pluvieux. 7 54,00 4,00 NE. Bruineux. 7 53,00 10,75 SO. Pluvieux. 8 45,50 1,25 so. Neigeux. 8 51,00 5,75 0. Pluvieux. 8 53,00 7,50 s. » 9 41,00 0,50 s. Couvert. 9 40,00 4,50 N. » 9 63,50 7,50 O. Serein. 10 48,00 0,00 0. Serein. 10 53,00 3,00 S. lu 57,00 7,75 0. » 11 45,00 -4,00 E. ld. 11 54,00 -3,00 E. Serein. 1 1 59,00 8,00 so. Pluvieux. 12 55,00 -4,00 N. Id. 12 52,50 -4,00 S. » 12 59,00 11,00 s. Serein. 13 59,00 2,25 N. Neigeux. 13 60,00 1,25 S. Pluvieux. 13 55,00 8,75 0. Pluvieux. 14 56,50 -3,00 SO. Serein. li 55,00 4,50 S. Couvert. 14 53,00 7,00 s. » 15 48,50 -8,00 S. Neigeux. 15 60,00 5,50 S. Serein. 15 50,00 4,50 N. » 1G 37,50 2,50 S. Pluvieux. 16 60,00 5,00 S. » 16 40,00 -1,00 S. Neigeux. 17 33,50 3,00 SO. Id. 17 60,50 4,50 s. » 17 58,00 5,75 E. Serein. 18 34,50 2,25 s. ld IK 62,50 6,75 SE. Pluvieux. 18 60,00 2,25 S. Neigeux. 19 40,00 2,50 s. Couvert. 19 60,50 8,00 0. Serein. 19 58,00 4,00 SE. Serein. ■20 45,00 2,50 s. ld. 20 52,00 7,50 0. Pluvieux. 20 54,00 6,00 E. » 21 47,00 5,50 s. Pluvieux. 21 55,00 5,75 NO. Serein. 21 55,00 7,25 E. » 22 46,00 2,00 s. Neigeux. 22 64,00 6,75 N. ». 22 55,00 10,00 E. » 25 48,00 1,50 s. ld. 25 64,00 5,50 0. Couvert. 23 54,00 15,00 S. » 24 53,00 2,75 s. Couvert. 24 65,00 5,75 0. » 24 52,50 14,00 S. 25 51,50 -2,00 E. ld. 25 64,00 5,75 0. »• 25 52,50 14,50 0. » 2G 51,00 -1,50 E. Neigeux. 20 58,00 7,00 S. Serein. 26 55,50 14,00 S. » 07 54,50 -5,00 N. ld. 27 54,50 8,50 s. Pluvieux. 27 55,50 14,50 S. » 28 54,50 -3,00 N. Couvert. 28 55,00 9,00 0. » 28 59,50 4 00 E. » 29 55,00 -0,50 N. Neigeux. 29 60,00 4,00 N. Pluvieux. 30 50,00 0,50 E. Id. 50 58,00 3,50 E. Serein. 31 59,50 -1,50 SE. Couvert 31 55,50 6,00 0. Pluvieux. 46 OBSERVATIONS Observations [ailes à Chimay, en 181 1. 1TRIL, MAI. ju \. Dates. Baromètre Tempérât, ccntig. Vent Êtotduciel. Dates. Baromètre. Tempérât, cenlig- Vent. Liai du ciel. Dates. ïaromclre. r lierai cenlig. Veut Élaldnciet. 1 mm. 751,00 4.75 NO. Neigeux. , nuit 751,00 io:so 0. Serein. 1 mm 753,00 15:50 N. Serein. •y 52,50 0,25 0. Coui '*i 1 2 58,0" 11,75 E » •2 55,50 10,25 N. Couvert. 3 ■19,00 8,50 0 Pluvieux. 5 55,00 15,50 S. » S 53,00 11,50 N. ■ 4 51,00 6,75 E. Couvert. 4 52,50 9,50 0. Couvert. 4 31,50 9,50 N. " :, 51.50 6,50 0. Pluvieux. 5 57,00 1 1 ,25 NO Serein. 5 52,52 0,00 NE. Pluvieux. G 50,00 6,75 0 » 6 .',9,00 11,25 NE. Couvert. 6 52,00 11,50 N. » 7 57,00 6,75 E. Serein. 7 00,50 10,25 E Serein. 7 49,50 9,00 0. » S 51,00 10,75 E. - 8 59,00 13,50 N » 8 48,50 9,00 N. •> 9 52,011 1 1 ,50 NE » 9 54,00 9,25 N. Pluvieux. 9 50,00 1 1 .25 0. 10 52,00 8,00 E. Couvert. 10 56,00 11.50 NE. Serein. 10 S 1 ,50 1 1,00 0. » 11 50,50 9,00 E Serein. 11 50,00 11,00 N. » 11 52,00 15,50 S. 8 12 54,00 15,00 S. Pluvieux. 12 :,3,oo 8,00 NE. Couvert. 12 53,00 18,50 N. Serein. 13 50,00 11,00 0. » 13 52,00 9,75 NE » 13 54,00 19,50 N. ■ II 53,00 14,00 0. Serein. 14 48,50 10,00 NE. Serein. 14 54,00 22,00 S. » 15 44,00 8,75 0. Pluvieux. 15 48,50 10,50 NE » 15 52,00 22,00 S. » 16 45,00 10,00 0. 16 50,00 1 1,00 N. 16 51,50 18,00 so. Pluvieux. 17 40,00 8,75 0 » 17 51,00 8,00 E. Pluvixeu. 17 46,00 22,00 s. Couvert 18 il. ,iiii 15,00 s. Couvert. IX 51,50 10,75 O » 18 49,00 17,50 0. » 19 39,00 14,50 so. Pluvieux. 19 58,00 11,25 N. Serein. 19 47,00 15,50 0. Pluvieux. 20 43,00 7,00 0. » 20 59,50 15,50 NO. » 20 46,00 12,00 0. » 21 41,50 10,50 0 " 21 60,00 1 4,00 N. '< 21 48,50 12,00 NO. • 22 50,50 11,50 0. » 22 59,50 13,75 E 22 52,50 14,50 0. ' 27, 47,50 12,00 0. » 23 54,00 17,25 E. » 25 51,00 16,00 0 ' 24 51,50 9,75 NO Couvert. 2i 53.00 20,50 S. '• 24 52,50 1 2,75 E » 25 55,50 11,25 N. ■ 25 52,00 19,50 S. 25 52,00 12,00 N. » 20 55,50 1 4,00 0. » 26 53,50 20,00 0. Pluvieux, 26 56,00 1 2,00 N. » 27 50,00 9,75 0. Pluvieux. 27 55,50 14,50 N. Serein. 27 54,50 12,50 N. Serein. 28 52,50 9,00 0. » 28 53.5V 18,00 E. ■• 28 50,50 12,50 S0. Pluvieux. 29 46,00 11,75 s. » 29 58,50 2 1 ,75 N. » 29 52,00 17,00 0. Serein. 50 48,50 10,00 NO. 30 31 56,00 55,00 15,50 15,00 N. N. •■ 50 51,00 19,75 s. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 47 Observations faites à Chirnay, en 187 1. JUILLET. AOUT. SEPTEMBRE. Dates. Baromètre. Tempérât, cenlig. Vent. Ëutdu ciel. Dates. Baromètre. Tempérât, eenlig. Vent. Eiatdu ctel. Dates Baromètre. Tempérât, eenlig. Vent. Liât du ciel. , mm. 752,50 21:50 S. Couvert. 1 mm 757,00 16:75 0. Serein. 1 mm. 757,00 2 1 ;50 S. Serein. 2 49,00 23,50 S. Pluvieux. 2 5 '.,00 18,50 0. » g 57,00 23,00 S. » 5 49,00 16,75 0. Serein. 3 50,00 10,50 s. » 5 54,00 19,50 so. Pluvieux. 4 52,00 17,50 so. Pluvieux. 4 50,00 10,50 0 Pluvieux. 4 53,00 19,50 s. Serein. 5 54,50 17,00 0. ■• 5 56,00 15,75 NO. Couvert. 5 55,50 19,25 0. » 6 61,00 18,75 0. Serein. 6 60,00 19,00 O. Serein. 6 55,00 22,00 s. » 7 59,00 19,25 s. » 7 59,00 19,50 E. » 7 55,00 20,00 0. ■ 8 54,00 18,50 0. » S 50,00 21,00 E. » 8 51,50 21,00 s. » 9 55,00 20,50 so. » 9 56,00 21,75 SE. » 9 50,50 17,00 0. Pluvieux. 10 54,00 20,00 E. Pluvieux. 10 57,00 21,00 E. 10 52,50 18,50 E. Serein. H 44,00 15.25 S. » 1 ! 57,00 22,50 E. » 11 52,00 20,75 SE. " 12 52,50 10,75 0 Serein. 12 56,00 24,00 E. » 12 53,50 19,00 SE. » 15 54,50 17,00 so. Couvert. 13 55,00 24,00 SE. » 13 50,00 16,00 E. » 14 56,00 21,50 so. Serein. 14 51,50 25,00 SE. » 14 57,50 15,25 E. » 1S 56,00 22,25 s. Pluvieux. 15 51,50 24,50 SE. » 15 57,50 16,50 E. » 16 58,50 22,75 0. Serein. 16 52,00 23,50 SE. Pluvieux. 10 57,50 17,75 E. >• 17 56,50 25,00 so. » 17 51,50 20,25 0. Serein. 17 56,00 15,25 NE. » 18 54,50 27,00 0. - 18 46,50 16,00 S. Pluvieux. 18 54,50 11,50 E. » 19 50,00 25,00 E. » 19 51,00 16,75 0. » 19 54,50 13,73 NE. Couvert. 20 50,00 16,75 0. Pluvieux. 20 59,00 18,00 s. Serein. 20 53,00 12,50 E. Serein. 21 54,00 18,00 s. Serein. 21 57,00 21,50 0. Couvert. 21 41,50 13,00 S. Pluvieux. 22 48,00 22,75 s. » 22 50,50 23,00 N. Serein. 22 50,00 11,50 0. Couvert. 23 50,00 17,00 0. » 25 54,00 18,00 NO. • 23 51,00 14,00 s. •> 24 49,00 16,00 0. Pluvieux. 24 53,50 18,50 0. Couvert. 24 40,50 13,50 0. Pluvieux. 25 41,00 14,75 0. » 25 55,50 18,00 N. Pluvieux. 25 47,50 12,00 0. » 20 44,00 12,50 0. » 20 58,00 17,50 0. Serein. 26 40,00 11,50 0. » 27 48,00 15,00 0. Serein. 27 65,50 13,50 N. » 27 42,50 11,00 s. » 28 50,50 18,00 so. Pluvieux. 28 6i,00 15,00 E. - 28 40,50 12,50 0 Orageux, pluvieux. 29 53,50 19,50 s. » 29 00,00 18,00 E. » 29 48,50 13,50 s. Couvert. 50 51,00 16,75 so. » 50 57,00 19,50 S. » 30 46,00 13,25 0. Pluvieux. 31 54,00 16,00 0. Serein. 31 57,00 20,75 0. » 48 OBSERVATIONS Observations [ailes à Uiimay, en 1874. (M ioihii: »ov km i5ii r. ! DÉ CE 91 ii It 1 DMra. lia lètrc Temncna. Venu ÊtatduciL'l. Dates 1;. rotnclrc. Tempëi'SI . Vent. | Lial.iui.icl. Dates. Dai -ire. remuerai, ccotie S'cnl. Éliildu ciel. I mm. 739,00 :>;oo 0. Pluvieux. , min. 751 ,' 0 1 50 E. Serein. 1 747,00 0100 N. Neigeux. Q 57,50 7,25 0. » 2 53,00 3,75 E. » 2 59,50 -6,00 E. Serein. 5 57,50 8,00 0. » 3 53,50 5,75 E. Couvert. r, 62,50 -2,00 O. Couverl. 4 47,00 10,25 so. Couvert. 4 53,50 3,50 E. » 4 53,00 0,50 N. » s 50,00 12,00 so. Pluvieux. 5 54,00 4,00 E. Serein. -'• 58,00 -5,00 N » 6 54,00 12,50 0. Serein. 6 51,110 4,50 SE. Couvert. 6 53,0(1 -3,00 0. Neigeux. 7 50,00 13,50 s. Pluvieux. 7 15,00 9,50 S. » 7 54,00 -5,00 S. Serein. S 51,00 13,00 NO. » 8 42,00 9,50 0. » N 1.5,50 -14,00 SE. » 9 57,00 10,25 N. Serein. !l 46,00 6,00 0. Serein. 9 65,50 -9,00 S. Couverl. 10 03,50 9,00 E. » 10 47,00 3,00 0. Neigeux. 10 60,00 -3,00 0. Neigeux. 11 59,50 8,75 E. " 1 ! 46,00 4,50 0. Serein. 1 1 64,00 0,00 s. Couvert. 13 03,00 8,00 E. » 12 51,00 4,50 N. » 12 66,00 0,00 s. » 15 65,50 9,00 E. » 13 58,00 5,00 N. >• 13 66,00 0,00 s. Pluvieux. 14 62,00 6,75 E. » 14 61,50 0,50 N. » 14 64,00 1,00 s. Brumeux. ::, 57,00 9,50 E. » 15 50,00 1,25 s Pluvieux, 15 62,00 2,50 s. » 16 55,00 10,00 S. » 16 51,00 5,00 N. i) 16 02.50 3,00 0. » . 17 50,00 1 2,50 S. Couvert. 17 46,00 1,00 0. Neigeux. 17 64,00 2,50 s. Neigeux. 18 54,50 13,0 0 S. Serein. 18 57,00 2,00 NO. Pluvieux. 18 6 1 ,50 -1,00 so. Couverl. 19 51,00 15,00 s. » 19 63,00 i,00 N. Serein. 19 » » » Pluvieux. 211 51,00 13,00 s. » 20 64,00 -4,00 E. » 20 53,00 4,00 0. Couvert. 21 55,00 12,00 s. Pluvieux. 21 58,00 -3,00 E. » 21 54,00 2,75 0. Serein. 22 61,00 10,75 NO. Couvert. 22 56,00 -2,00 S. Couvert. 22 50,50 2,50 SE. Couvert. 27, 62,50 6,50 E. 23 57,50 -1,00 SE. - 25 55,00 0,50 E. » ■21 59,00 8,50 E. Serein. 24 55,00 0,75 S. Neigeux. 24 59,50 -3,00 S. Serein. 25 59,00 7,00 E. n 25 51,00 1,25 SE. Couvert. 25 57.00 -2,00 s. » 26 61,50 2,25 E. Couvert. 26 50,50 1,00 E. » 26 55,00 2,50 s. Pluvieux. 21 56,00 5,50 N. Serein. 27 52,00 0,75 E. Neigeux. 27 50,00 2,50 s. » 28 53,00 5,00 S. - 28 50,00 1,00 E. Couvert. 28 48,50 3,25 s. » 29 49,50 8,00 S. .» 29 46,00 0 00 N. » 29 48,50 3,00 s. Serein. r,n 47,50 9,00 S. » 30 46,00 1,75 NO. Neigeux. 30 55,00 3,00 s. » 5 i 49,00 9,50 E Couvert. 51 55,00 4,50 0. Pluvieux. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 49 PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES NATURELS. Règne végétal. — 1871 NOMS DES PLANTES. {Feuillaison , 1871. ) BRUXELLES. (M. Ad.Quetelet. ) (M. LanszwecH.} (M. Belljriu-k.) Acacia caragana. L Acer campestre. L » pseudo-Plalanus. L. . . /Esculus Hippocastanum. L. » lutca. Pers » Paria. L Amygdalus persica. L. (j3 mad.) Aristolochia Sîpho. L Berberis vulgaris. L Betula alba. L » Alnus. L Bignonia Catalpa. L . Carpinus Betulus. L. . . . . Cercis Siiiquastrum. L. . . . Colutea arborescens. L, , . Corchorus japonicus. L. . . . Cornus ruas. L » sanguinea. L. . . . Corylus Avellana. L Crala?gus coccinea. L. . . ■ j> oxyacantha. L. Cytîsus Laburhum. L. . . . Dapbne Mezereum L. . Evonymus europaeus. L. . . . » lalifolius. Mill. . . Fagus Castanea. L >- sylvatica. L Fraxinus excelsior. L. . . Gingko biloba. L Glycine sinensis. L. ... Gyninocladus canadensis. Lam. Hippophaë rbamnoïdes. L. . Hydrangea arborescens. L. . Juglans regia. L Ligustrum vulgare. L. Lirïodendron tnlîpifera, L. . Tome XL. 4 mai. 38 avril. 20 » 22 mars 10 avril. 2 mai. 20 avril. 15 mars. 10 » 10 avril. 3 mai. 1G mars. 20 avril. 24 avril. 25 avril. 29 mars. 30 avril. 29 avril. 27 » 19 avril. 20 avril. 2 mai. 29 mars. 10 avril. 50 avril. 8 avril- 25 mars. 20 » 10 avril. 25 mars. 24 » 20 avril 25 mars. 18 avril. 18 •- 25 » 28 mars. 20 avril. 10 » 1 mars, i avril. 2 avril. 1 mars. 2 avril. 28 » 14 » 10 » 25 •• 25 mars 10 avril 25 » 4 mars 10 avril 50 OBSERVATIONS NOMS DES PLANTES. {Feuillaison, 187 t.) Lonicera Penelymenum. L » symphoricarpos. L. d tatarica. L Xylosleiwïi, L Magnolia tripetala. L " Yulan. Desf. Mespilus germaniea. L Morus allia. L » nigra. L Phîladelphus coronarius. L. ... Pinus Larix, L Plalanus occidentalis. L Populus atba. L » fastigîata. Poir » nigra. L Prunus armeniaca. L. ( (3 abric. ) . » Cerasus. L. (big. noir.). . . m (iomesttca. L. (,3 gr. dam. v.) . » Padus. L Pyrus commun is. L. (3 bergam.) . . » japonica. L Malus. L. [3 calville d'été) . Quercuspedunculata. Willd. . . . » sessiiiflora. Smith. . • Rhamnus catharlicus. L » Frangula. L Hhus GotÎDUS, L » typbina. L Ribcs alpinum. L •> Grossularia. L u nigrum. L » rubrwm. L Robinia pseudo-Acacia. L Rosa centifolia. L u gallica. L Rubus idaeus. L Sambucus Ebulus. L » nigra. L » racemosa. L Sorbus aucuparia. L Spirsea hypericifolia. L Staphyleea pïnnata. L. 10 mars. 20 d 20 avril. 17 mars. 23 avril. 23 mars. 10 avril. 1 mai. 24 avril. 15 avril. 17 mars. I mai. 20 mars. 15 » 16 » 19 mars. 50 mai. 30 avril. 18 mai. 2 mars. 22 mars. 24 mars. 22 mars. 10 mars m févr. X mars 18 avril. 18 » 2 * 1 mai. i mars. 20 » H avril. 2 avril. 23 mars. 30 » 30 U 10 avril. 2 9 2 mars. 10 avril. lo » 15 » 20 » 1 mars. 4 .. 24 avril. 20 mars. 20 » 4 févr. 1 mars. 1 avril. 2 1 mars DES PHENOMENES PERIODIQUES. SI NOMS DES PLANTES. (Feuillaison, 1871.} Syringa persica. L w rolhoniagensis. Hort. . v vulgaris. L Tilia europa?a. L. . . : - - » parvifolia. Hoffm. . . • » platyphylla. Vent. . . Ulmus campestris. L. . . . Vaccinium Myrtillus. L. . . . Viburnum Lantana. L. . » Opulus. L. [fl. simpl. » » L. (fl. pleno). Vitex incisus. L Vitis vinifera. L 18 mars, i avril. 20 » 25 avril. 24 mars 28 avril. 19 avril. 25 mars. 2 avril. 2 » 1 mars. 15 » 15 y 6 mai. 25 avril. 52 OBSERVATIONS NOMS DES PLANTES. [Floraison, 1871.) BBtXELLES lM. Ad. Que- Ulet.) (M. I .H .■'.'.'< r ' (M, Bellynck.) (H. Fritsch ) Acacia Caragana. L Acer campes tre. L » pseudo-Platanus. L. . . Acbillca Millefolium. L. . Aconilum Napellus. L. . ^Esculus Hîppocastanum. L. . macrostachya. Mi. h. Pavia. L. . Ajuga replans. L Alisma Planlago. L. . Allium ursinum. L. AInus "lulinosa. L Althaea officinalis. L Amygdalus communis, L. . persica. L. (Q mad.) Anchusa sempervirens. L. Anémone Hepatica. L. . » nemorosa. L. Antinliirnim majus. L. . . . Aquilegia vulgaris. L Arabis raucasîca. Willd. . Àristolochia Clematitis. L. . " Sipho. L. . . . Arum maculatum. L. Asarum europseum. L. . . . Àsclepias Vinceloxicum. L. Asperula udorata. L. ... Aslrantia major. L Atropa Belladona. L. . . . , Aubrielia deltoïde a Azalea pontica. L Bellis perennis. \, Berberis vulgaris. L Belula alba. L Bignonia radicans. L. . . . , Bryonia dioïca. Jacq Buxus sempervirens. L Campanula persicifolia. L. . Cardamine pralensïs, L. . . . Cassia marylandica. L Cercis SÏHquastrum. L. . . . Gheiranthus Cheiri. L 22 juin. ■ in mai. 1 » 23 mars. 7 juin. 28 mai. 29 avril. 12 mai. 3 » 12 mai. 19 juin. 6 avril. 28 mars- 29 mai. 28 mars. 20 mai. 18 juin. 20 juin. 2;> avril 13 juin. 15 mai. 4 " u mai. o« avril. 20 juin. 1 mai. 18 mars. •2'i juillet 21 mars. I mars. 12 D C juin. 19 mars. 0 mai. 10 avril. 1 » (i juin. 22 avril. G juin. 15 ». 2C mars. 8 mars. t mai. 30 mars. 28 juillet. ï mai. 1 avril. 2 juin. 21 mars. 2u août. 2 mai. i, avril. 28 avril. 28 mars. 8 avril. ]i mars. 7 mai. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 53 NOMS DES PLANTES. ( Floraison, 1871.) BRUXELLES. Chclidoniuni majus. L Chrysanlliemum Leucanlhemum. L. Chrysocoma Linosyris. L Clematîs viticella. L Culchicum autumnale. L Colutea arborescens. L Convallaria bifolia.L » majalis. L Convolvulus arvensis. L » sepium. L Corchorus japonicus. L Cornus nias. L » sanguinea. L Corydalis solida. L Corylus Avellana. L Cratfpgus coccinea. L » oxyacantha. L Crocus mœsîacus. Sims » sativus. L » vernus. S\v Cynoglossum officinale. L Cylisus Laburnum. L Daphne Laureola. L o Mezereum. L Delphinîum Ajacis. L Dîanlhus barbatus » europœus Diclamnus albus. L. Digitalis purpurea. L. . . . Epilobium spîcatum. Lam. . Equisetum arvense. L. . . . Erica vulgaris. L Evonymus europa?us. L. Fagus Castanea. L Forsythia viridissinia . Fragaria vesca. L. {/3 Horlens.] Fraxinus exceisior. L. . . . Galanlhus nivalis. L. . . . Genliana acaulis. L Géranium prafense. L. . . . » sanguineum.L. . . Glechoma hederacea. L. . 20 juin. 15 avril. !0 avril. 7 mars. 1 mars. 8 mai. 4 mars. 28 juin. 18 » 16 •» 18 juin. 1 juin. 20 avril. 28 juin. 18 février. 15 février. 22 février. 16 mai. 20 février. 20 juin. 10 juin. 22 avril. 20 mai. 20 août. 25 août. 15 mai. 6 » 1 » 4 juin. 34 » 10 avril. 10 mars. 8 juin. 2 mars. 26 février. 28 avril. 1 mars 24 janvier. 24 mai. 30 juin. 15 avril. 27 juillet. 26 mai. 50 juin. 20 mars. 12 avril. 20 février. 15 avril. 24 mai. 8 o 10 avril. 12 mai. 8 juin. 12 mars. 25 avril. 12 mai. 16 avril. 2i février. S avril. 54 OBSERVATIONS NOMS DES PLANTES. ( Floraison, 1871.) 22 février. 17 juin. Il juillet. 17 mars. tG « Glycine sinensis. L Heilysarum Onobrychis. L Helleborus fœtidus. L » biemalis. L » niger. L viridis L -, Ilemerocailià cœrulea. Andr » flava. L » fui va. L Hibiscus syriacus. L. Hieracium aurantiacum. L Hippophaë rhamnoïdes. L Hortensia virginiea Hyacîntlius bolryoïdes. L » orienlalis. L Hydrangea arborescens. L Hypericuoi perforatum, L lbeiis sempervirens. L Ilex aquifolium. L Iris germanîca. L i> pumila. L o Xipbium. L Jasniinum officinale. L Juglans regia. L Lamium album. L Leonlodon Taraxaeum. L Leucoîum album. L Liguslrum vulgare. L Liliiitn candidum, L w flavum. L Lonicera Periclyinenum. L » symphorîcarpos. L » tatarica. L »> Xylosleum. L Lyclmis cbalccdonica. L Lythrum Salicaria, L Magnolia Yulan. Desf. Mai va sylvestris. L Melissa officinalis. L Mespilus germanica. L Morus nigra. L Myosotis palustris. L . . 23 avril 2< niai. 2G mars. 2i mai. 26 juin. 7 juillet. 25 juin. 15 mai. 13 «■ 13 » i juin. 28 avril. G avril. 20 avril. 20 mai. juin. 22 février. 8 juin. 12 avril. G j u i n . 12 mai. 15 » mars. 21 janv ier i mars. 12 juillet. 17 juin. 25 » 22 juillet S juin. 1 juillet 20 juin. 26 mars. 2 mai. 22 » 23 avril. 25 avril. 23 mars. 25 juin. 5 juillet. 12 juin. 4 " 15 avril. 1 mai. 15 juin. 1 avril. 18 juin. 16 juillet. 22 mai. 28 mai. 16 mars. 15 avril DES PHENOMENES PÉRIODIQUES. m NOMS DES PLANTES. ( Floraison, 1871.) Narcissus poelicus. L i> pseudo-narcissui. L. Nympha?a alba. L » lutea. L Ornithogalum umbellatum. L. Orobus vernus. L Oxalis aeetosella. L » stn'cta. L Pœonia fœlida » officinalis. L » simplex Papayer bracleatum. L. . . . . » orientale. L » Khœas. L Paris quadrifolia. L Philadelphus coronarius. L. . . » latïfolius .... Polemonium cœruleum. L. . . . » anthères dorées . . Populus alba. L » fastigiata. Poir. . . . Prinuila elatior. L » officinalis. L » veris. L Prunus arnienîaca. L. (/3 abric.) . » Cerasus. L. (|3 bigarr. n.) » doraeslica. L. [/3 g. dam. v.) » Padus. L » spïnosa. L Pulmonaria officinalis. L. . . . Pyrus comniunis. L. (/3 bêrg.) , >. Cydonia L » japonica. L v Malus. L. (fl ealv. d'été.) Ranunculus acrïs. L. (/ï. plen.) . .» Ficaria. L Rhamnus Frangula. L Rhododendron ponticum. L. . Hhus Cotinus. L Ribes alpinum. L » Grossularia. L. {Fr.vir.) . » nigrum. L r> rubrum. L 27 avril. 15 mars. M} mai. 15 mai. 15 » 5 •• ! juillet. ta mai. 25 mars. 25 mars. 25 » 16 mars. 18 avril. 20 mars. 20 avril. 2 avril. 12 » 50 mai. 4 juin. 18 » 10 » G avril. 15 » 10 avril. 13 avril. 10 avril. 28 mars. •25 mars. i-i mais. 25 juin. 21 mai. 5 mai. 12 juin. 2 avril. 4 mai. 26 février. 28 mars. 10 juin. 28 avril. 20 mai. 18 mars. 1 avril. 21 mars. 25 mars. 2 avril. 10 mars. 2 avril. 1 avril. 10 i- 14 mai. 21 mars. 20 mai. 16 .» 2 avril. 2 avril. 12 juin. 8 mai. > juin. IG avril. 7 » I!> avril. I!) avril. I juin. avril. ;jg OBSERVATIONS NOMS DES PLANTES. (Florai$07i, 1871) BRUXELLES Robinia pseudo -Acacia. L. . . Rosa centifolia. L »• g:illica. L Rula graveolens. L Salîx caprœa, L Salvia offioinalis. L Sambucus nigra. L Sanguinaria canadensis. L. Saxifraga crassifolia. L. . . . Scabiosa arvensis. L Scrophularia nodosa. L. . . . Seduni acre. L » album. L » Tclephium. L Solarium Dulcamara. L. . . . Sorbus aucuparia. L Spartium scoparium. L Spiraea filipendula. L Staphylsa pînnata. L. . . . . Slatice Armeria. L Symphytum officinale. L. . . Syrïnga persica. L » vulgaris. L Thymus Serpillum. L Tilia platyphylla. Vent Tradescantîa vîrginîca. L. Trifolium pratense. L Tulipa Gesneriana. L Ulmus campestns. L Vaccinium MvrlMIus. L. Valerîana ruhra. L Veratrum nigrum. L Verbena officinal is. L Veronica genlianuïdes. L. . . , )> longifolîa. L, . . . , .. spicata. L VLburnum Lantana, L » Opulus. L. (p. simpl.) » i> [fl. pleno) . Vinca minor. L Viola odorata. L Vit îs vinifera. L Waldsteinia geoïdes. Kit.. . 11 mai. I juin. 28 mai. 25 juin. 10 mai. 23 avril. 1 juin. 16 avril. 26 mars. 19 juillet. 15 mars. 6 » juin. i juin. 12 avril. 28 avril. 6 juin. 25 juin. 10 » 6 avril. 30 avril. — 2s juin. - 12 mai. 2i juin. - 20 avril. - 23 mai. — 20 » - 12 mars. 12 mars. 20 février 14 juin. 20 juin. — 21 mars. 31» mai. 1 2 j u i n . 12 » 25 » 2(1 mars 12 juin. 10 » 28 mars-. 10 juin. 12 n 10 D 28 » 8 août. 20 juin. 2 mai. 4 D 2 juillet. 22 avril. 5 mai. 24 » 22 avril. 20 ■> 25 juin. 24 » 20 mars. 6 mai. I juin. 1 1 juin. 16 juin. 1 mai. 1 4 » DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 57 NOMS DES PLAINTES. (Fructification, 1871.) BRUXELLES. (M. Ad. Que- lelei.) (M. Lanszwecrt.) SALZ80URG. (H. Frilscli.) ^Eàculus hippoeaslanum. L. . . Betula alba. L Corylus Avellana. L , Cratœgus oxyacantha. L. . . Daphne Mezereum. L. . . . Fragaria vesca. L. (j3 hortens.) . Hippophaë rhamnoïdes. L. . . Lonîcera Periclymenuro. L. . Morus Digra. L Prunus cerasus. L. (3 biqarr. n.) Pyrus communis. L. ( ô berg) . Ribes Grossularia. L. . . . . . » rubrum. L Sauibucus nigra. L Secale céréale. L Vilis vinifera. L 16 juin. 20 juin. 20 juin. 20 » 12 octobre. S juin. 2 sept. 28 juin. 1 sept. 10 juillet. 30 juin. 10 août. 13 sept. 13 juillet. 2 » 22 août. 10 juillet. NOMS DES PLANTES. [Chute des feuilles, 1871.) Acer campestre. L » pseudo-Platanus. L. . ,/EscuIus Hippocastanum. L. . » lutea. Pers. . . . » Pavia. L Amygdalus communis. L. . » persica. L. (,3 mad.) Aristolochia Sipho. L. . . . Berberis vulgaris. L Betula alba. L » Alnus. L Bignonia Catalpa. L. .... » radicans. L. . . Carpinus Betulus. L. Cercis Siliquastrum. L. . . . Colutea arborescens. L. . . . Cotchorus japonicus. L. . Tosie XL. BRUXELLES. (M. Ad- Que- lelel.) (M. Lanszwccrt.) 13 novemb, S novemb 8 » i novemb 5 novemb. 5 novemb 10 novemb (M.Bellynck.) 1 novemb. 27 octobre. 24 » 30 sept. 24 octobre. 1 novemb. 6 octobre. 10 novemb. 1 1 » 28 octobre. 15 » 1 novemb. 8 » 28 octobre. 25 novemb. 58 OBSERVATIONS \ OMS DES PLANTES. (Chute des feuilles, 1871.) BRIXBLL1 Cornus mas. L » sanguinea. L Corylus Avellana. L Crataegus oxyacanlba. L GytiSUS Laburnum. L Daphne Hezereum. L Deulzia scabra, Thunb Evonymus europseus. L Fagus Castanea. L. * » sylvatica. L Fraxinus excelsior. L Gingko biloba. L Glycine sinensis. L. Gymnocladus canadensis. Lam. . Hippophaê rbamnoïdes, L Hyd rangea arborescens. L. Juglans regia. L Lîgustrum vulgare. L Liriodendron lulipïfera. L . . . Loniccra Periclvmenum. L. » sympboricarjios. L. . . . & tatarica. L » Xylosteum. L. .... Magnolia tripelala. L d Yulan. Desf Mespilus gernianica. L Morus alba. L » nigra. L Philadelphus coronarius. L. . . . Platanus occidentalis. L Populus alba. L » fasligiata. Poîr Prunus armeniaca. L. (,3 abfic). » Cerasus. L. (bitj. noir.). ■ . » domestica. L. (;3 gr. dam. ».)■ » Padus. L Ptelea trîfoliata. L Pyrus commuais. L. {'r3 bergatn.), . » japonica. L >. Malus. L. (i calville d'été). . Quercus pedunculata. Willd. . . . v sessiliflora. Siu 20 novemb. novenib. novenib. octobre. 25 novemb. 18 novemb. 10 .. 5 novemb. 6 » ■ novemb. 2S G novemb. 1 novemb. 8 » > novemb. 8 novemb. 10 » 10 u 15 novenib. 8 novemb, 21 •• 18 novemb. tri novenib. 18 novemb. 6 novenib. 20 novemb. ">!) octobre. novemb, octobre. 12 novenib. 12 a 1 » 1 ;» 22 » 4 8 12 » 10 » 6 » 8 » '* << 27 octobre. 20 novemb. 7 octobre. 25 novemb, 2 « t » ÔO » 28 octobre. i novemb, 10 .. 20 octobre. 50 d 10 novemb 5 octobre. 2 novemb. 2t> octobre. 26 » 8 novenib. t » 3 novemb. 2 16 28 50 DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. NOMS DES PLANTES. {Chute des feuilles , 1871.) BRUXELLES. Rbamnus catharticus. L. . . » Frangula. L. . . . Ribes alpinum. L )• Grossularia. L ii nigrum. L b rubrum. L Robinia pseudo-Acacia. L. . Rosa cenlifolîa. L » gallica. L Rubus idîeus. L Salix alba. L Sambucus nigra. L i> racemosa, L. . Sorbus aucuparia. L Staphylœa pînnata. L. . . . Syringa persica . L » rothomagensis. Hort. . d vulgaris. L Tilia platvphylla. Venl.. . . Ulmus campestris. L. . . . Vaccinium Myrlillus. L. . . Viburnum Lantana. L. . . . » Opulus. L. (//. simpl.) » » (fl. pletw) Vïlex incisus. L , Vilis vinifera. L. ((3 chass. doré.) 24 octobre. 28 » 25 », 5 novenib. 12 H 12 ». 3 » 5 » 8 B 5 novenib 3 novemb 3 » 10 novenib, 10 novenib. 28 novenib. 27 octobre. 29 novenib. 20 novemb. (2 no\emb. 12 » 25 »> 20 » 20 h 20 >• 1 » 28 » 28 » 28 octobre. 27 »» 1 novemb. 28 octobre. 28 ». 28 » 28 >• 5 o 2 novemb. 2 „ 30 » 5 » 3 » 28 octobre. 1 novemb. 60 OBSERVATIONS PHENOMENES PÉRIODIQUES NATURELS. REGNE ANIMAL. Observations faites dans les environs de Bruxelles, en 181 ' I, par MM. J.-B. Vincent et (ils. OISEAUX. PÉRIODE DE PRINTEMPS. Février Mars Ami 9. Molacilla alba. Arrivé. 10. Fringilla cœlebs. Chaîne. 8. Cycnus olor. Une vingtaine d'individus pendant plusieurs jours sur nos étangs. 11. Rutuilla tithys. Arrivé. 17. Saxicola rubicola. Arrivé. 18. Otis larda. Passe. 19. Vanellus crislalus. Repasse. f Fuligula cristata. Repasse. ■' Alauda arvensis. Chante. 27. Phyllopneuste rufa. Arrivé. :>. Hirundo ruslica. Arrivé. 6. Saxicola œnanthe. Repasse. 7. Motacilla flava. Arrive. 9. Bulicilla phwnicurus. Arrivé. » Anlhus arboreus. Arrivé. 1(1. Sylvia atricapilla. Arrivé. Avril Mai 10. II. 14. 17. 2-i. 25. 28. 30. ltuticilla luscinia. Arrivé. Saxicola rubelra. Arrive. Hirundo urbica. Arrive. Cypselus apus. Arrive. Sylvia currura. Arrive. Ciuulus canorus. Arrive. Emberiza miliaria. Arrive. Phyllopneuste sibilatri.v. Arrive. Perdix coturnix. Arrive. Sylvia liortensis. Arrive. Lanius excubilor. Arrive. Calamoherpe turdoïdes. Arrive. Muscicapa ftcedula. Arrive. Oriolus galbula. Arrive. Muscicapa grisula. Arrivé. HypolaU iclerina. Arrive. Calamoherpe palustris Arrive. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 61 PERIODE D'AUTOMNE. Août 27. Saxicula œnanthe. Émigré. Septembre 17. Buleo commuais. Passage. Octobre 5. Alauda arcensis. Émigré. « Anthus pratensis. Émigré. Octobre 5. Fringilla cœlebs. Émigré. » — cannabina. Émigré. 6. Corvus cornix. Arrive. 8. Fringilla montifringilla. Arrive. Mars 26. Colias rhamni. Voie. » Pieris napi. Vole. » Geotrupes stercorarius. Vole. MAMMIFERES. Mars 18. Vespertilio pipistrellus. Apparaît. .Voie swr quelques changements observés dans la faune ornithologique des environs de Bruxelles, par M. G. Vincent. En faisant nos observations sur les phénomènes périodiques, observations dont les premières remontent à vingt ans environ, nous avons été frappés plus d'une l'ois des changements survenus dans la faune ornithologique des environs de Bruxelles, et principalement de la vallée de la VVoluwe et des vastes coteaux qui bordent ce cours d'eau. D'année en année le nombre des oiseaux y diminue d'une manière sensible; quelques espèces, communes autrefois, deviennent de plus en plus rares; d'autres tendent à disparaître; d'autres enfin ont cessé d'appartenir en réalité à la faune de Bruxelles. Nous citerons d'abord la Culamoherpe palustris , la Sijlviacurruca , Y Emberiza hortulana , la Perdix coturnix , qui ont considérablement diminué. La dernière mérite une mention spé- ciale. Elle était auparavant très-abondante, malgré la chasse active qu'on lui faisait au filet dès son arrivée, chasse qui était autorisée par la loi. Quoique cette chasse soit maintenant prohibée, la Perdix coturnix n'en va pas moins diminuant toujours. Nous mentionnerons encore la disparition presque complète du Turdus piloris, qui se mon- trait en troupes nombreuses en automne. Enfin, une variété de Y Alauda arvensis plus noire que celle qui habite ici et dont les bandes nous arrivaient régulièrement, n'apparaît plus que rarement; elle semble prendre, en émigrant, une route différente de celle qu'elle a suivie jusqu'aujourd'hui. Deux espèces ont cessé de séjourner dans la contrée; ce sont le Rullus crex et la Linola can- nabina. La première arrivait tous les ans au mois de mai et nichait ici; la Linola cannabina venait nicher aussi, quoique plus rarement que le Iiallus; tous deux ne font plus que passer en octobre, époque de leur migration. 62 OBSERVATIONS Observations faites à Melle , pris de Gand, en IS7 1, par M. le professeur Bernardin. PERIODE DE PRINTEMPS. Janviei 7 au lîi. Passage de Grives. 13 et 21. djinns [crus. Passe. 23. Anus boschas. Passe. Février 7 a» 11, 16 et 20. Anas Pénélope. Séjourne. 14. Anas boschas. Séjourne. 16, 17, 20 et 23. Vanellus cristallin, Clia- radrius pluvialis et Slurnus vulgaris. Très-grandes troupes séjournent. 19. Fringilla domeslica. Apparie. 21. Fringilla cœlebs. Chante. » Mergus merganser. Séjourne. Mars a. Corvus cornix et corone. Départ. 11. Alo.uda arvensis. Chante. 12. Emberisa citrinella. Chante. » Slurnus vulgaris. Nidifie. Avril 10. Hiriinilo ruslica. Arrive. Avril 10. Sylvia Insinua. Arrive à Louvain. 12. atricapilla. Chante. 14. — luscinia. Arrive à Melle. 16. Colurnix daclylisonans. Cbanle. 18. Sylvia luscinia. Arrive dans noire jar- din. 19. Cuculus canorus. Chaule. 24. Sylvia curruca. Chante. 26. Cypselus apus. Arrive. Mai 1. Sylvia hippolaïs. Arrive. 2. Oriolus galbula. Chaule. 12. ltatlus crex. Chante. 13. Fringilla ilomeslica. Petits volent. 16. Sylvia luscinia. Dans noire jard.: 5 œufs. 51 Petits PERIODE D'AUTOMNE. Juillet 14. Ardea cinerea. Passe. Août 8. Cypselus apus. Partis. 18. — — Vu un individu. Septembre 4. — — Vu encore un individu. 21. 2i' el iK. Bergeronnettes en masse. Septembre 23 et 28. Hirundo urbiea. S'assemble. Octobre 1 et 2. Hirundo ruslica. Départ. 7. — Vu encore. 1 1. Corvus cornir el corone. Arrivent. MAMMIFERES. Février 10. Talpa europœa. Travaille. Mars 3. Vespcrtilio pipistrellus. Réveil. Il I l'ï I I. I..S Mars 11. ftana lemporaria. Réveil. 21. — Coasse. POISSONS. Février 26. Cyprinus auralus. A la surface. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. H5 Février Mari Avril Mai 4. Vanessa urticœ. Vole. ô. Colias rhamni. Vole. » Hydrometra stagnorum. Parait. « Gyrinus natator. Paraît. 9. Apis mellijica. Vole. 21. Bombus muscorum. Vole. 13. Pieris cardaminrs. Vole. » Criocera merdigera. Paraît. 23. Meloê proscarabœus. Vole. 21. Agrion minium. Vole. INSECTES. Mai Juillet Août 21. Agrion puelta Vole. 3. Zygœna quercus. Vole. 1 i, 13 et 16. Slapbylins. 13. — 14. Agrion minium. Vole. ■ — puella. Vole. Septembre 6. Macroglossus stellatarum. Vole. 7. Pieris brassicœ. Vole en quantité. 1 1 . Noctua sponm. Vole. Observations fuites à Ostende, en 1871, par M. Edouard Laxszweert, pharmacien. Janvier Février MAMMIFERES. fi. Talpa europœa. Apparaît. 26. fesperlilio pipistrellus. Réveil. OISEAUX. PÉRIODE DE PRINTEMPS. Passent en masse. Janvier 1,4,6. Cycnu/t musicus. Passe par bandes. 8. Emberiza nivalis. Arrive par troupes nombreuses. 10. Ahser segetum. ) » Anas boschas. ) 2b. — mollissima.. Pris un individu viv'. 26 et 27. Mergus mcrganser. Passe. Février 2 Cycnus musicus. Passe. » Ardea cinerea. Plusieurs indiv. passent. 4. Anas ladorna. Tiré un individu. 10. Numenius arquula. Grand passage au soir et la nuit. 10 el II. Anas ladorna. Vu plusieurs. 12. Anas boschas. ) „ _ ,. . ; Grand passage. » l'uhga nigra. ) » Anser segetum. Plusieurs bandes vont vers le NE. ■ Cycnus musicus. Passage de plusieurs bandes; cinq individus onl été tirés. Février 14. Anser segetum. Passage énorme vers le N. n Anser leucopsis. Trois individus onl été tirés. 21. Anser segetum. Passe au soir. Mars 2. Totanus incanus. Grand passage. fi. Cycnus musicus. Un individu se pré- sente devant le port. 7. Anser segetum. Se dirigent vers l'E. 23. Numenius arquata. Vont versl'O. 27. Totanus calidris. Passe. Avril 2. Hirundourbica. Vu deux individus. 10. — Arrivent en masse. Mai 16 et 17 '. Numenius arquata. I « » Totanus calidris. 27. Anas boschas. 1 » — marila. Juillet 2S. Numenius arquata. Passe. Passent au soir. Passage énorme. u OBSERVATIONS PERIODE D'AUTOMNE. Août U-7. Tolauus incanus. Passe par grandes bandes. Octobre 1-2. Hirundo urbica. Vu encore beaucoup d'individus. s Scolopax rusticola. Vu la première. 10-11. Corvus cornix. Arrive. 11-12. Turdus musicus. Passage. 23. Recwvirostra avocetla. Vu cinq indiv. Octobre 31. Hydrocorax carbo. Tire un individu. Novembre 3 Anser seyetum. (Grand passf au malin » Anas boschas. jdans la direct, du SO. 6 Numenius arquata. Grand passage au soir. 7. Scolopax rusticola. Vu encore un indi\ . 8. Numenius arquata. Passage énorme au soir. reptii.es. Mars 25. Bufo calamita. Accouplement ■> Bana temporaria. Réveil. POISSONS. /■'écrier 14. Clupea spratlus. Arrive sur les cùles anglaises en masse; mais rien sur nos côtes. 23. Scomber scombrus. Apparaît. Octobre H. Clupea harengus. Apparition. Décembre 21. ■ — sprattus. Apparaît sur nos cotes en masse. INSECTES. Mars 23. De petites fourmis ailées et de petits coléoptères volent en masses compactes. 2b. Gjrins nagent. Mai 29. Melolontlia vulgaris. Apparaît. Août 20-22. Libellules. Passage énorme et continuel du NNE. au SSO. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES 65 Observations faites à Visé et dans quelques autres localités, en 1871, par M. L. Quaedvlieg (' Février Avril OISEAUX. Cygnes. Observés l'hiver dernier sur la Meuse en divers endroits 2-5. Pies. Accouplement et nidification. 7. Hirondelles. Apparition. 12 Rossignol. Premier chant. COLÉOPTÈRES. Mars Avril Dates des premières observations en 1871. 12. Aphodius fimetarius. » Coccinella 7-punctata. 26. Cicindela campestris. (Chaudfontaine.) » Gyrinus sp. (nalalor? 12. Carabun auratus. 14. Meloe proscarabœus 26. Melo/ontlia vulyaris. 29. Yalgus hemipterus Ibid. Mai 3. Atlelabus curculionoides. 14. Teleplioru.s fuscus. Juin 12. Trichius gallicus. Très-commun sur les rosiers 18. Cetonia aurata. ■■ Oxylhyrea sliclica. Juillet 2. Lampyris nocliluca. (') Ces observations nous ont été transmises obligeamment par M. Alfred Preudhomme de Borre, conservateur au Musée royal d'histoire naturelle de Belgique. La lettre suivante, qui sera lue avec intérêt, les accompagnait (Ad. Q.) « Monsieur le Secrétaire perpétuel, ■ H y a une douzaine d'années environ, j'avais l'honneur de collaborer à la constatation des phénomènes pério- diques des plantes et des animaux, établie sous votre savante direction; mais, vers celte époque, ayant cessé d'habiter la campagne et n'étant plus à même de faire des observations suffisamment suivies, je renonçai, à mon grand regret, à continuer à vous en envoyer. » Cependant, à mesure que j'ai approfondi davantage l'étude de l'entomologie, j'ai acquis l'intime conviction que les observations de ce genre, quand elles sont faites avec conscience et avec une saine critique, sont appelées à fournir l'histoire naturelle de matériaux d'une importance capitale, en même temps qu'elles enrichissent le domaine de l'étude statistique de la physique du globe. » J'ai depuis longtemps pris l'habitude de ne jamais recueillir un insecte sans mentionner sur son étiquette les indications du lieu et de la date précise de sa capture. A mesure que les matériaux ainsi amassés par moi se sont augmentés, j'y ai pu faire des découvertes très-curieuses. Je n'en citerai qu'une. Dans les genres, dont notre pays possède plusieurs espèces, l'époque d'apparition de ces espèces n'étant pas les mêmes, on observe que les intervalles qui les séparent, restent sensiblement constants, alors que les époques varient suivant les années. » Je crois donc que les entomologistes, et généralement tous les naturalistes, devraient se préoccuper, beau- coup plus qu'ils ne le font , de la question des dates et de toutes les autres questions statistiques qui se rattachent à la vie annuelle des êtres. Ainsi, toute espèce annuelle a une période; cette période devrait être étudiée de manière à en déduire le point maximum quant au nombre d'individus , point à trouver dans l'intervalle qui sépare la première observation de la dernière que l'on a faite de l'espèce pendant l'année. Parmi les insectes, il est beau- coup d'espèces qui vivent plusieurs années à l'état de larves, et qui, alors , ne se montrent pas tous les ans à l'état parfait avec la même abondance, comme les hannetons; l'étude statistique de ce phénomène périodique est encore Tome XL. 9 6H OBSERVATIONS I.EI'IDOPTLItES. Dates des premières o Lll LUNES. Février 16. Vu une Pieris (Rapœ ou Napi). » Vu une Vanessa {Urlicœ ou Polychlo- ros). Mars 1. Gonopteryx Bhamni. 3. Vanessa Vriicœ, i. — polychloros. .i Pararga Megœra. 12. Vanessa lo ii. Papilio Machaon. Avril 1 1. Pieris rapœ. « Anthocharis cardamines. Mai 3 Pararga JEgeria. 7. Thanaos Tages. » Spilolhyrus malvœ. •• Polyommalus rubi. » Pieris brassicœ. 14 Cœnonympha Pamphilus. 21. Argynnis Euphrosyne. 28. Lycœna Alsus. bservations < Mai Juin Juillet 28. Lycœna Alexis » Polyommatus Xanthe. » Lycœna Acis. 29. Melitœa Athalia. » Lycœna Agestis. t. — Adonis. (Comblain-au-Pont.) » Syrichtes alveolus. Ibid. » Pararga Mœra. 1 1 >i• Epinephele Janira. Ibid. 9. Besperia lineola. (lîarvaux.) importante. D'autres espèces, au contraire, se montrent deux fois par an; il y auraità étudier, dans ce cas, quels rapports on peut établir entre les deux générations vernale ou estivale, et automnale, tant pour les dates que pour l'abondance des individus. » Les espèces erratiques, qui se montrent accidentellement dans notre pays, les variétés plus ou moins acci- dentelles, les hybrides, qu'on remarque quelquefois en plus grand nombre certaines années, sont aussi des phéno- mènes dont il faudrait taire la statistique, c'est-à-dire l'élude par les chiffres et les dates. » Dans toutes ces questions, il faut aussi faire la part des causes extérieures, ou des relations que les faits observés peuvent avoir avec les lieux où on les observe, avec les phénomènes périodiques d'autres espèces animales ou végétales, eniiii avec les phénomènes météorologiques. » Il y a donc la toute nue science, la statistique entomologique, qui d'abord doit jouer un rôle incontestable dans cette statistique cosmique, dont on vous cite à bon droit, Monsieur le Secrétaire perpétuel, comme le plus ardent et le plus digne promoteur, mais qui, je pense, sera appelée un jour, par le dépouillement des matériaux qu'elle aura accumules, à jeter des lumières dans les plus hautes questions des causes naturelles, ou de la philo- sophie de l'histoire naturelle. » C'est pourquoi étant maintenant, par les fonctions qui m'attachent au milieu de la capitale, moins en état que jamais de recueillir patiemment et minutieusement les observations quotidiennes indispensables pour cette étude, je me suis décidé à l'encourager autant que je puis chez les autres. Un jeune homme de la province de Liège, M. Louis Quaedvlieg, de Visé, qui s'occupe spécialement de l'étude des Lépidoptères, a bien voulu prendre mes conseils pour le diriger dans cette étude. Lui reconnaissant les qualités d'observation consciencieuse et d'ardeur scientifique nécessaires, je l'ai engagé à recueillir des observations sur les phénomènes périodiques, et naturellement il les a portées de préférence sur les Lépidoptères , qu'il connaît le mieux. Je compte l'aider à les étendre davantage dans la suite. n J'ai l'honneur de vous adresser ces observations, dont j'ai éliminé celles qui me paraissaient douteuses. » Agréez, Monsieur le Secrétaire perpétuel, l'assurance de ma considération la plus distinguée. » A. DE UORUE. » DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. (57 Juillet Août 16. 23. 26. 11. 15. 20 27. Lycœna Arion. (Banaux.) Ccenonympha Arcanius. ( Barvaux , Comblain-la-Tour.) Lycœna Aegon. (Comblain-la-Tour.) Epinephele ffyperanthus. Ibid. Hesperia Sao. (Barvaux.) Lyca na Dorylas. (Comblain-la-Tour.) Salyrus Semele. (Val-Dieu.) Epinephele Tithonus, ( LanaeUen ) Argc Galathea. (Val-Dieu ) Tliecla Lynceus. Ibid. Argynnis Lathonia. Ibid Hesperia nomma. (Montagne-S'-Pierre.) Papilip Machaon. Eclosion de l'année. (Val-Dieu.) Colias Edusa. (Montagne-S'-Pierre.) Pieris Daplidwe. Ibid. Tliecla betulœ Ibid. B. Crépusculaires. Juin Août \. Procris statices (Val-Dieu.) 1 1 . Macroijlossa fuciformis. Ibid. " Zggwna tri fol ii. Ibid. » — filipendulœ. Ibid. 22. Sphinx ligustri. 5. Macroglossa stellatarum. C. — Nocturnes et Microlépidoptères. Mars 10. Euclidia glyphica. A vril 16. Salurnia carpini. 2b. Selenia illunaria. Mai 3. Adela lieaumurella. 5. Grapholitha Bliediana. 7. Venilia macularia. S Me la nippe marginaria. 19. Lita rhombella. 22. Abroslola urticœ. 23. Hudena lhalassina. VI Arctia mendica. )> Cilix spinula. Juin 10 Caradrina trilineu. Eujiitheria subnotaria. subuinbraria. Abroslola Iriplasia. 11 Bypena rostralis. 12. Euprepia menthastn. U. Eupitheria rectanguluriu Asupia farinalis. » Eubolia ferrugaria. 15. Melanthia aduslaria. 16. Agrolis exclama tionis. Juin Juillet 16. 18. 2-1. 3(1. 10. 11. 12. 13. U. 15 16. 17. 18. Plusia chrysitis. Hypena probost idalis. Iloarmia rhcmboiilaria. Sciaphila nubilosa. Caradrina alsines. lu péri ua pini. Zerene grossulariata. Ttirlrix laviceana. Asopia glaucinalis. Ephyra omicronaria. Ceometra vernaria. Caradrina cubicularis. Hypena crassalis el sa variété nigralis (Lauaeken.) Herminia tarsiplumalis. Acidalia var. lalifasciaria. Cul u ri n fui varia. Spu lotis augur. Caradrina Morplieus. Apnmea furuncula. Cidaria pyraliaria. Acronycta slrigosa. Hadeua oleracea. Agrolia segetum. Po/ia dysodea. Sciaphila 1 1 'ah Ibaumiana . Penthina lusiana. Crambus fulse.lius. Tortrix holmiana. Cubera exanlhemaria. Acidalia aversaria. Caradrina respersa. Noctua festiva. I.eucania pollens. Larentia bitinearia. Elachista emyella. Toririx ribeana. Schoenobius for/icellus. Acidalia ossearia. Eurymene dolabraria. Scopula prunalis. Cidaria rubidaria Orthosia ypsilon. Uraplerijx sambucaria. Crambus hortue/lu.s. — perlellus. Bolys silacealis. Scopula pulicalis. Comptera libalrix /.eucania albipuncla. Crambus aquilellus. Luperina polyodon. 68 Juillet Aoiit OBSERVATIONS 19. Croealis elinguaria. " Nudaria mundana. 21. Hadena pisi. 6. Botys fulvalis. Août 7. Plastenis subtusa. « Chersotis plecla. 8. Hadena brassicœ. 9. — chenopodii. Observations faites à Vienne, en 187 1 , par M. Chaules Fritscii. PERIODE DE PRINTEMPS. Février Mars Avril 26. Pollenia rudis. Apparaît. 27. Aphodius fimetarius. Vole. 5. Opatrum sabulosum. Apparaît. 13. Vanessa polychloros. Vole » Turdus merula. Chante. 1b. Coccinella 7-punctata. Apparaît. » Notonecta Fabricii Apparaît. » Dermestes lardarius. Apparaît. 23. Clerus formicarius. Apparaît. » Haltica oleracea. Apparaît. 24. Schirus bicolor. Apparaît. 26. Lacerta agilis. Réveil. » Bombas terrestris. Vole. • Gaslrophysa polygoni. Apparaît. » Podarcis muralis. Réveil » Geotrupes slercorarius. Apparaît. » Eurygasler naurus. Apparaît. > Erislalis œneus. Vole » Syrphus Pyrastri. Vole. 6. Chelidon urbiea. Arrivée. 8. Lygœus saxatilis. Apparaît. » Po/listes gallica. Vole. 9. Epicomelis liirlella. Apparaît. » Stracliia oleracea. Apparaît. » Hydrometra lacustris. Apparaît. 10. Pieris napi. Vole. 16. Gonopleryx Rhamni. Vole. » Cicindela campestris. Apparaît. » Dorcadion fulvum. Apparaît. 17. Rhizolrogus œquinoctialis. Vole. 19. Dorcadion rufipes. Apparaît. » Haly:ia ocellala. Apparaît. » Bombas lapidarius. Vole. 21. Scatophttga stercoraria. Apparaît. Avril 23. Vanessa C. album. Vole. » Erislalis tenax. Vole. — arbuslorum. Vole 25. Monophadnus nigernmus. Apparaît. 26. Bibio Marci. Apparaît. Mai 1. Melolonlha vulgaris. Apparaît. 8. Rhizolrogus œquinoctialis. Disparaît. » Dorcadion morio. Apparaît. 10. Monophadnus nigerrimus. Disparaît. 13. Lema 12-punclata. Apparaît. » Celonia aurala. Apparaît. » Valgus hemipterus. Apparaît. » Erislalis œneus. Disparait. » Platystoma seminalionis. Apparaît. » Bibio horlulanus a". Apparaît. 14. Epicomelis hirlella. Disparaît. » Bibio marci Ç. Apparaît. 15. Dermestes lardarius. Disparait. 19. Cypselus apus. Arrive. 20. Lygœus equeslris. Apparaît. » Helophilus floreus. Voie. 24. Halyzia ocellala. Disparait. » Strachia oleracea. Disparait. ■> Schirus discolor. Disparaît. >■ Dorcadion ruppes. Disparaît. 25. Omophlus lepturoides. Apparaît. » Brachinus explodens. Apparaît. » Cœnonympha Pamphilus. Vole. » Lycœna Adonis. Apparaît. » Agrophila sulphurea. Apparaît. 26. Agelaslica Abu. Apparaît. » Crioceris 12-punctata. Disparaît. Rynchites Populi. Apparaît. Déjà fré- quent. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 69 Juin 28 Clerus formicarius. Disparaît. » Lggœus saxalilis. Disparait. •> Pyrrhocoris aplerus. Disparait. 29. Gaslrophysa polyrjoiti. Disparait. » Lina Populi. Apparaît. « Collas Hgale. Vole. 31. Syromastes marginatus. Apparaît. i. Haltica oleracea. Disparait. » Platystoma Seminationis. Disparait. Juin 8. Cantharis rustica. Apparaît. » Syrphus pyrastri. Disparait. 9. Clythra 4-punctata. Apparaît. » Bibio hortulanus. Disparait. 13. Lycœna Adonis. Disparait. 1G. Scatophaga stercoraria. Disparaît 17. Sargus cuprarius. Apparaît. 21. Cantharis fusca. Disparait. 2-i. Omophlus lepturoides. Disparait. Observations [ailes à Salzbourg, en 1874, par M. Charles Fritsch. PÉRIODE D'AUTOMNE. Juillet 10. » 11. IS Cantharis obscura. Disparait. Epmepiielc Uyperanthus. Yole. Corgmbit.es tessellalus. Disparaît. Calidium violaeeum. Disparaît. Carabus cancellatus. Apparaît. (2e pér.) Ragonycha melanura. Apparaît. Tricliius fascialus. Apparaît. Trichodius apiarius. Apparaît. Graphosoma lineata. Apparaît. Mormidea baccarum. Apparaît. Centrolus comutus. Disparaît. Antocharis car domines. Disparait Arge galatea. Vole. Epinephele janira. Vole. Laphria flara. Vole. Agelaslica Alni. Disparait. Chrgsomela Gollingensis. App. (2' pér ) Hoplia philanthus. Apparaît. Strangalia armata. Apparaît. Tropieoris ruftpes. Apparaît. Dorgtis M nemosyne. Disparait. Polyommalus Chrgseis. Disparait. Cteniopus sulphureus. Apparaît. Epilachna globosa. Apparaît. (2« pér.) Fidonia Clathraria. Vole. (2e période.) Plusia gamma. Vole. (2' période.) Torula chacropkyllaria. Disparaît. Chrgsomela fastuosa. Appar. (2e pér.) Doritis Apollo. Vole. Sicus ferrugineus. Apparaît. Cantharis dispar. Disparaît. Cryptocephalus bipustulalus. Dispar. Juillet 13. Leptura rubrotestacea. Apparaît. » Phyllopertlia horticola. Disparaît. » Saperda populea. Disparaît. » Cœnonympha pamphilus. Vole. (2' pér.) •> Euclydia glgphica. Vole. ("2' période.) » Leucophasia Sinapis. Vole. (2e période.) » Lycœna Corgdon. Vole. 17. Lampyris splendidula. Disparaît. » Cercopis sanguinolenta. Disparait. » Acidalia decoloraria. Vole. » Botys urticalis. Vole. * Nemalois scabiosellus. Apparaît. « Tipula gigantea. Disparait. 19. Uarpalus rujicornis. App. (2e période.) » Apatura Iris. Vole. 20. — llia. Vole. » Gastropacha Neustria. Apparaît. 21. Gonopleryx Rhamni.Xole. (2= période.) » Graphomyia maculata. Apparaît 22. Anthaxia 4-punctata. Disparait. » Hoplia philanthus. Disparaît. « Toxotus 4-maculatus. Apparaît. » .Eschna grandis. Vole. ■• Aporia Cratœgi. Disparait. » Argijnnis Paphia. Vole. ■> Fidonia atomaria. Vole. (2e période.) » Abia sericea. Apparaît. 23. Papilio Machaon. Vole. (2e période.) 23. Hirundo rustica. Les petits volent. « Erislalis sepu/chralis. Apparaît. 28. Botys verticalis. Vole. 27. Geotrupes stercorarius. Vole. (2e pér.) 70 OBSERVATIONS Juillet 27. Vanessa polychloros. Vole. (2e période.) « Volarella pellucens. Vole. 28. Chrysomyia formosa. Disparaît. 29. Mordella aculeala. Disparaît. » .Eschna cyanea. Vole. Août 1. Alucilina hexadactyla. Disparaît. » Polyommatus Circe. Disparait. » Syrphus pyrastri. Vole. (2« période.) 2. Cicindella campeslris. Disparaît. » Pachyta collaris. Disparaît. » Apalura llia. Disparaît. » Botys sambitcalis. Disparaît. « Callimorpha Hera. Vole. ■■ Calpe Libalrix. Vole. » Fidonia alomaria. Disparaît. » Gnophria quadra. Apparaît. » Salyrus Phœdra. Vole. 5. Cassida equestris. Appar. (2e période.) » Chelonia Caja. Disparait. » Sphinx Convolvuli. Vole. (2« période.) 7. Carabus granulàlus. App. (2e période.) » Hoplia squammosa. Disparaît. » Toxotus 4-maculatus. Disparaît. » Pararga maera. Disparaît. » Abia sericea. Disparait. H. Apoderus Coryli. Disparaît. » Cteniopus sulphureus. Disparait. » Plusia chrysilis. Vole. (2e période.) » Vanessa Jo. Vole. (2e période.) » Sicus ferrugineux. Disparait. 9. Pieris Brassicœ. Vole. (2e période.) 10. Melolontha vulgaris. Disparaît. (Celte année, très-fréquent;) " Gryllus campeslris. Cesse de pépier. » Dorilis Apollo. Disparait. " Vanessa antiopa. Vole. (2e période.) " — Prorsa. Vole. 11. Byrrhus pilula. Apparaît. (2" période.) » Chrysops cœculiens. Disparaît. 12. Vanessa cardui. Vole. (2e période.) 15. Papilio Machaon. Disparait. » Sphinx convolvuli. Vole. (2e période.) 11. Apalura Iris. Disparaît. 15. Psi/a fimetaria. Disparaît. » Tipula nigra. Disparait. 18. Cidaria Mœniaria. Apparaît. » Collas hyale. Vole. (2e période.) » Fidonia clalhraria. Disparaît. ■ Macrophya rustica. Disparaît. 19. Osmylus chrysops. Disparaît. i Calocala electa. Vole. 20. Arge Galatca. Disparaît. Août 20. Nematois scabiosellus. Disparaît. » Tipula oleracea. Vole. (2e période.) 21. Tarpa cephaloles. Disparait. 22. Epinephele hyperanthus. Disparaît. ■■ Tabanus bromius. Disparaît. 2.j. Lacon murinus. Disparait. 25. Polyommatus phlœas. Disparaît. 28. Chrysomela fastuosa. Disparaît. » Molytes germanus. Disparaît. >< Cheilosia œslracea. Disparait. 29. Slraliomys chamœleon Disparait. Septembre I. Celonia aurata. Disparait. » Leptura rubroleslacea. Disparaît. « Stanga.Ua armata. Disparaît. » Lygœus equestris. Disparait. » Leucophasia sinapis. Disparait. • Vanessa polychloros. Disparaît. — prorsa. Disparaît. » Volucel/u pellucens. Disparait. 2. Carabus cancellalus. Disparaît. » — granulàlus. Disparaît. » Ragonycha melanura. Disparait. - Amphipgra pyramidea. Disparaît. » Calocala nupta. Vole. » Chelonia Caja. Disparait. " Cidaria Mœniaria. Disparait, •t. Calopterijx virgo. Disparaît. » Libeliula ilepressa. Disparaît. « Euclydia glyphica. Disparaît. 5. Nymphula litteralis. Disparait. 7. Si/romasles marginalus. App. (2' pér. » Cordulegasler annulatus. Disparaît. » Thecla belulœ. Disparait. » Zyga-na /ilipendulœ. Disparaît. » Laphria flara. Disparaît. 8. Gnophria quadra. Disparaît. 9. .Eschna grandis. Disparaît » Polyommatus Circe Disparaît. 10. Vanessa Antiopa. Disparait. » Olivieria laleralis. Disparait. 11. Cœnonympha Pamphilus. Disparaît. » Hesperia comina. Disparait. 12. Callimorpha liera. Disparaît. » Lycœna Corydon. Disparaît. » Gymnosoma rotundala. Disparaît 15. Lygœus saxatilis. Disparaît. » Acidulia decoloraria. Disparaît. » Lycœna Alexis. Disparaît. 14. Syrphus balleatus. Disparaît 15. Calocala nupta. Disparait. » Mormidea nii/ricornis Disparaît. 10. Cryptocephalus sericeus. Disparaît, DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 71 Septembre 16. Cœnonympha arcania. Disparaît » Larentia bilinearia. Disparaît. » Chrysotoxum bicinctum. Disparait. 17. Plusia chrysitis. Disparaît. 19. Culpe Libalrix. Disparait. 21. Botijs verlicalis. Disparait. » Vanessa cardui. Disparait. 23. Argynnis Paphia. Disparait » Catocala elècta. Disparaît. 26. Eristalis sépulchralis. Disparait. 27. Decticus verrucirorrus. Disparait. » Vanessa urticœ. Disparait. » Hœmalopota pluvialis Disparaît. 28. Cassida equestris. Disparait. » Sarcophaga carnaria. Disparaît. 29. Trichius fasciatus. Disparait. » Tricliodes apiarius. Disparait. « Graphosoma lineata. Disparaît. •• Syromasles marginatus. Disparait. » Lestes fusca. Vole. 30. Mormydea baccarum. Disparaît. » QEdipoda stridula. Disparait. » Colias Ilyale. Disparait. » Epinephele Janira. Disparait. » Athalia roses'. Disparait. » Bombus sylvarum. Disparait, n Ophion luteus. Disparait. Octobre 6. Thecla betulœ. Disparaît. » Ammophila sabulosa. Disparait. » Bombus lerreslris. Disparait. » Vespa crabro. Disparaît. 7. Byla riridis. Disparait. » Libellula pedemonlana. Disparait. » Argynnis Làtonia. Disparait. » Pieris brassicie. Disparaît. ■> — rapœ. Disparait. » Vanessa C. album. Disparait. » — lo. Disparaît. « Apis mellifica. Disparait. » Bombus lapidarius. Disparait. 8, Macroglossa Stellatarum. Disparait. » Bombus agrorum. Disparaît. 10. — horlorum. Disparait. 13. Vespa vulgaris. Disparait. » Echiriomyià fera. Disparait. Octobre 13. Pieris napi. Disparaît. •i Graphomyia maculata. Disparaît. » Tipula oleracea. Disparait 16. Cimex pralensis. Disparait. ■> Locusta cantans. Cesse de pépier. » Sargus cuprarius. Disparait. 10. Artcia erratica. Disparait. 20. Locusta viridissima. Cesse de pépier. 21. Cocciiiellal-punctata. Disparaît. » -Eschna cyanea. Disparait. » Formica rufa. Disparaît. « Pollistes yal/ica. Disparaît. » Rhyngia roslrata. Disparait. « Slomoxijs calcitrans. Disparait. » Syritla pipiens. Disparaît. 23. Coccinella dispar. Disparait. » Colias Edusa. Disparaît. » Plusia gamma. Disparait. 24. Epilachna globosa. Disparaît. » Staphylinus cœsareus. Disparaît. » Vanessa Alalanla. Disparait. » Heloplutus floreus. Disparaît. 28. Chrysomela gottingensis. Disparait. " Syrphus pyrastri. Disparait. 29. Carabus Ullrichii. Disparaît. » Silplia littoral is. Disparait. » llarbitistes aulumnalis. Disparait. « Cynomyia mortuorum. Disparait. » Mesembrina myslacea. Disparaît. 31. Chœlopteryx fusca. Disparaît. Novembre o. Procrustes coriaceus. Disparaît. » Gonopteryx Bhamni. Disparait. 6. Calliphora vomitoria. Disparait. » Eristalis tenax. Disparait. 7. Cheimatobia Brumaria. Vole. 8. Adimonia tanaceti. Disparaît. » Chrysomela staphylea. Disparait. » Dijliscus marginalis. Disparait. » Geotrupes slercorarius. Disparaît. » Acridium lineatum. Disparaît. » Forpcula bigullata. Disparait. » Camponotus ligniperdus. Disparaît. 13. Calliphora erythrocephala. Disparait. » Scalophaya stercoraria. Disparaît. 50. Cheimatobia Brumaria. Disparaît. -■-".- «— — — 72 OBSERVATIONS OBSEKVATJONS FAITES A DES ÉPOQUES l)ÉTEIUll\ÉES. Etat de la végétation le 21 mars 1S7 1. (Pour In Feuillaison, on représente par 1, feuillage complet; !/*, feuilles aux trois quarts de leur grandeur; V-.', moitié grandeur; iià , quart de grandeur; */s, bourgeons ouverts ou très-petites feuilles initiales; par bourgeons, on entend seulement ceux qui sont à moitié ouverts, et par o, on entend absence de feuillaison.) NOMS DES PLANTES. (M. Bernardin.) GBMBLOCX. ( M. Malaise-) (M. Bellynck.) ( H. de Selys Longchamps.) (M- Défalque.) Feuillaison. (31 mars 1871.) ASsculus Hippocastanum » lutea » Pavia AInus glutinosa Amygdalus persiea. * Aristoloehia Sipbo Arum ïtalicuin » maculât um Berberis vulgarïs Betula alba Bignonia Catalpa » radicans Carpinus Belulus Cercis Siliquastrum Colchicum autumnale C.olutea arborescens Corchorus japonicus [f. simpl.). . . Cornus mas » sanguinea Corylus Avellana Crataegus oxyacantba Cytîsus Laburnum Daphne Mezereuni E von y m us europeeus Ficus çarica Gingkn biloba Gleditscliia horrida Glycine sinensis Hippophaë rliamnoïdes Hydrangea hortensia Juglans r'egia Larix europa?a Ligustrum vulgare Liriodendron lulipifera , Lonicera biflora u 0 O Bourgeons Petits bourg U 0 0 0 0 i/s Bourgeons. 0 Vi Bourgeons. 0 0 0 0 0 «/s Bourgeons. Bourgeons. 0 1/8 0 0 Bourgeons. Id. 0 >/8 0 0 '/S 0 Bourgeons. 0 1 v,.. Bourgeons. 0 0 0 Bourgeons. 0 0 Bourgeons. i .> 0 0 Bourgeons. Id. 0 U Bourgeons. u 0 Bourgeons. 0 O Bourgeons. v 0 Bourgeons. Bourgeons. Bourgeons Bourgeons. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. NOMS DES PLANTES. WARTMME. Feuillaison (suite). (21 mars 1871.) Lonicera Perielymenum » Symphoricarpos » tatarica i» Xylosleum Magnolia Yulan Mespilus germanica Pliiladelplius coronarius Populus alba » fasligiala Prunus armeniaca » Cerasus » domesiica » Padus Pyrus communis » japunica Rhus corîarîa » Colinus Ribes alpinum » Grossularia » malvaceum b nigrum »» rubrum » sanguineum »i Uva-crispa Robinia pseudo-Acacia Rosa cenlifolîa » gallica » rubiginosa Salix babylonîca Sambucus nigra » racemosa Sorbus aucuparia Spirœa sorbil'olïa Staphylea pinnata Syrïnga persica » vulgarïs Tilia europsea l'imus campe^lrU Viburnum Lantana a Opulus Vilis vinifera Tome XL. Bourgeons. Bourgeons. >/4 Bourgeons. Bourgeons q o Bourgeons l/â /4 1/4 0 Bourgeons. Id. Id. «/S '/3 0 Bourgeons. '/s Vs 0 0 Bourgeons. i ., 1 1 ■ 1 1 1» . GEMBLOL'X. (M. Malaise.) (M. Bcllynck.) (M. de Selys Longchamps. ) (M. Dewalnue.) Nulle. Générale. Boutons. Commence. Partielle. Nulle. Boutons. Commencée. Nulle. Générale. Nulle. Terminée. Générale. Presq. terni. Générale. Gros bouton; Terminée. Nulle. Générale, Boutons. Nulle. Id. Kl. Id. Id. Id. Boutons. Boutons. Générale. Commence. Avancée. Commence. Nulle. Générale. Terminée. Avancée. Générale. Terminée. Terminée. Commence. Boutons. Commence. Terminée. Commence. Générale. Coin menée. Id ld. Nulle. 1.1 1.1. Id. Boutons. 1.1. Générale. Nulle. Finie. Générale. Id. Id. Finie. Commence. Finie. Générale. Finie. Id. Boutons. Commence. Nulle. Commence. Id. Nulle. Id. Boutons. Nulle. Générale. Générale. Id. Id. Nulle. Terminée. Commencée. Générale. Commencée. Commencée. Tend a linir. Terminée. Générale. Presq. finie. Presq. finie. Presq. finie. Commence. Id. Boutons. Générale. Chmedes cha- tons. Chatons lombes. Générale. Commence. Avancée. Générale. Générale. Boulons. Nulle. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 75 NOMS DES PLANTES. i loi -ni mo ■■ (suite). (21 mari 1871.) Primula elalior ' » grandiflora •i officinalis » veris Prunus armeniaca s Cerasus »> domestiea Pulmonaria olhVinalis Pyrus communis » cydonia japonica ' Ranunculus Ficaria Ribes ntgrum v rubrura u sanguineum « Uva-crispa Salix caprœa Saxïfraga crassifolia Scilla bifolia Senecio vulgaris Sorbus aucuparia Staplivlea pînnala Syringa vulgaris Taxus baccala Tussilago farfara » pelasîles Ulmus campestris Viburnum Opulus (fl. pi.) Vinca niinor Viola odorala . . . ^ « tricolor Vitis vinifera Nulle. Commence. Boulons. Nulle. Id. Commence. Nulle. Id. Id. Nulle. Id. Id. Id. Générale. Nulle. Id. Commencée. Nulle. Boulons. Commence. Commence. Id. Boutons. Chatons. Commence. Générale. OISEAUX ARRIVES. Nulle. Générale. Commence. Boutons. Id. Nulle. Générale. Nulle. Boutons. Commence. Boutons. Nulle. Générale. Boutons. Commence Nulle. Id. Commence. Générale. Nulle. Générale. Nulle. Commence. Générale. Commence. Commencée. Générale. Id. Commencée. Boutons. Boutons. Presq. finie. Commencée, Id Commence. Avancée. Commence. Générale. Id. Observations faites à Waremme, par M. de Selys Longchamps. Mars 9. Motacilla alha. Arrivée. Phyllopneuste rufa. Arrivée. Turdus iliacus. Passage. Mars. 9. Turdus musicus. Passage. — 12. Grus cinerea. Passage. 76 OBSERVATIONS Etat de ta végétation le 21 avril 187 1 . NOMS DES PLANTES. M. Bernardin.) {M. Malaise.) (M. de Selys LorigchaiJi[isi. ) (M. Itellynck.) (M. Dewalque ) l 'ciilllatsoii (il avril 1*71.) vUsculus Hippucaslanum » lutea » Pavia Alnus glutînusa Amygdalu* communis » persiea Arislolochia Sipho Arum maculatum "... Berberis vulgaris Betula alba Bignonïa Catalpa » radieans Garpinus Belulus Cercis Siliquastrum Colutea arborescens Corchorus japonicus Cornus mas » sanguinea Corylus Avellana Cratœgus oxyacantha Cytisus Laburnum Daphne Mezereuni Evonymus europœus Fagus sylvatica Ficus carica Fraxinus ornus Gingko bîloba Gledttscbia horrida » triaeanthos Glycine sinensis Hippophaë rhamnoïdes Hydrangea hortensis Juglaos régi a Larîx europsea Ligustruni vulgare LiriodendroD lulipifera Lonicera biflora » Periciymenum Va Va s/4 5/4 »/4 0 I 1/2 I) 0 V4 3/4 l/2 3/4 v& 1 3/4 1 3/4 Bourgeons. Bourgeons. Id. 3/4 Va Vs Va Bourgeons. V4 1/2 V4 Bourg, ouv. 1/4 1/4 Va 1/2 Va Bourg, ouv. Bourgeons. i/s Va Vs i/8 Bourgeons. '/s Bourgeons. 3/4 '/4 '/4 i/a ! 1/8 i l* Vs 1/2 1 Bourgeons. DES PHÉNOMÈNES PERIODIQUES. 77 NOMS DES PLANTES. BRUXELLES. GBMBLOl X. VASBHHB. Feuillaison (suite). (21 nt'i-i! 1871 ) Loniccra symphoriearpos » tatarica »> Xylosleum Magnolia Yulan Mespilus germanica Phitadelphus coronarius Populus alba >< l'astigiata Prunus anneniaca « Cerasus » doincslica » Padus Pyrus communis » Cydonia » japonica » Malus Rhus corîarîa » Golinus Ribes alpinuin » Grossularia » nialvaccuni » nigrutn » i m I ii < 1 1 1 1 » sanguineum » Uva-erispa Robinia pseudo-Acacia Rosa cenlifolia » i-ubiginosa Salix babylonica Sambucus nigra Sorbus aucuparia Spira?a sorbifolia Staphylsea pinuata Syringa persica » vulgaris Tiiia europaea Ulmus campestris \ iliin iiiiin Lanlana » Opulus Vitis vinifera 3/4 I 1/4 5/4 I 3/4 3/4 1 Bourgeons, ld. '/s '/a Bourgeons. 3/4 S/4 Va '/•2 3/4 3/4 Va 1/4 3/4 3/4 Gros bourg. '/s Va •/s i/s 1/4 i/s Va '/s 3/4 3/4 Bourgeons. Va Va rubruiii Terminée. Id. ld. Générale. Boulons. Générale. Presq. lerm. Avancée. Partielle. Nulle. Terminée. Boutons. Terminée. Terminée. Terminée. ld. Générale. Commence. Terminée. Presq. term. Commence, ld. Terminée. ld. Générale. Générale. Nulle. Générale, ld. Partielle. Commence. Terminée. Terminée. Terminée. I m. de sri) s i ongcbamps. ) ■ ( M. llclljink.) Générale. Terminée. Commence. Terminée. Générale. Commence, ld. Terminée. ld. Id. Id. Générale. Générale. Boulons. Terminée. Générale, ld. ld. Générale. Terminée. Id. ld. Terminée. Presq. finie, Terminée. Générale. Nulle. Commence. Id. Terminée. Id. Générale. Générale. Terminée. Générale. Boutons. Terminée. Générale. Id. Id. Générale. Id. Terminée. Boutons. Terminée. Terminée. Id. Id. ld. Générale. Terminée. Id. Générale. Nulle. Terminée. Id ld. Générale. Générale. ld. Commence, Générale. Id. [H, Dewalque.) Générale. Générale. Petits bout. Générale. Générale. Générale, Id. Générale. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 79 NOMS DES PLANTES. M ELLE. GEKBLOUX. WAREMME. NAMUR. LIEGE. a loraison (suite). pi avril 1871.) Partielle. Nulle. Id. Commence. Presq. terni. Générale. Presq. terni. Générale. Générale. Terminée. Générale. Générale. Boulons. Générale. Presq. terni. Générale. Générale. Id. Générale. Terminée. Commence. Générale. Générale. Id. Terminée. Générale. Générale. Boutons. Nulle. Avancée. Générale. Nulle. Commence. Générale. Commence. Générale. Avancée. Générale. Boutons. Générale. Générale. Générale. Générale. Id. Générale. Terminée. Générale. Id. Commence. Générale. Générale. Commencée. Générale. Commencée. Générale. Générale. Id. Terminée. Commence. Générale. Nulle. Id. Générale. Id. Terminée. Générale. Terminée. Id. Générale. Id. Id. Id. Terminée. Générale. Id. Id. Id. Terminée. Générale. Générale. Id. Id. Id. Id. Générale. Id. Id. Id. Terminée. Nulle. Générale. Nulle. Générale. Générale. Commence. Générale. Générale. Générale. Générale. Avancée. Commence. Générale. Id. Commence. Générale. Générale. » Malus 80 OBSERVATIONS NOMS DES PLANTES. GEHBLOL'X. Floralaon {suite). (■il avril (871.) Sorbus aucuparta Staphylsea pinnata Syringa persica » vulgaris Taxus baccata Tussilago farfara » Petasites I Itnu campestris Uvularia perfoliala Viburnum lantana Opulus [fi. pi.) Vinca minor Viola odorata » tricolor Vilis vînifera Waldsteinia geoïdes Boulons. Commence. Commence. Terminée. Générale. Gros bout. Buulons. Générale. Terminée. Nulle. Générale. Avancée. Presq. finie. Terminée. M. Boulons. Commencée. Buulons. Terminée. Id. Générale. Finie. Boutons. Générale. Finie. Nulle. Générale. BOOlOU! ruéd'O- I II s Id. M. Presq. terni. Générale. Petits bout. ÎIEGNE AMMAL. Observations [ailes à Waremme, par M. Edji. de Selys Lokgchamps. Avril 3. Hirundo rustica. Arrive. , ( Ruticilla luscinia, ) 9-12. c , - , . ... Arrivent. ( Sylvia atricapilla. ) 21. Muscicapa ficedula. Passage. 22. Cuculus canorus. Arrive. Observations faites à Liège, par le même. Vers le 1" avril. Ruticilla tilhys. DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 81 Etat de la végétation le 21 octobre 1871. (Les chiffres 0, V4, V2, 3/l, I, indiquent la quantité de feuilles restant sur les arbres.) NOMS DES PLANTES. BBtKELI.ES. (M. Ad. Qtie- lelcl.) (M. IlernardÎD.) (U.C. Malaise.) (M. de Selys Longcliamps. ; (M. Ilellynek.) RITeuillaiNon. (21 nclulire 1871.) Acer campestre » Negundo » pseudo-Platanus /Esculus Hippocastanum » lutea v Pavia Alnus glutinosa Atnygdalus persica Aristolochia Sipho Berberis vulgaris Betula alba u Alnus Bignonia Catalpa >' radicans Carpinus Betulus Castanea vesca Cercis Siliquastruni Colutea arborescens Corchorus japonicus Cornus mas » sanguinea Corylus Avellana Cralaegus oxyacantha Cytisus Laburnum Daphne Mezereuni Evonymus europaeus Fagus Castanea » sylvalica Ficus Carica Forsythia viridissima Fraxinus excelsior Gingku biloba Gleditschia triacanthos Glycine sinensis Hydrangea bortensis Juglans regia Larix europîca Liguslrunt vulgare Liriodendron lulipifera Lonîcera Periclymenum » Symphoricarpos Tome XL. 1/4 5/4 3/4 1 0 3/4 3/4 0 0 1 1 1 3/4 3/4 Vi I 1 1/2 0 1 0 vulgan'5 Tilia europ.Ta Ubnus campestris CEMBLOCX. 1 3/4 3/4 5/4 1/2 1/2 1/4 1/4 0 1/4 1/2 3/4 1 1 1/i 3/4 1/4 1/2 0 1/2 1/2 5/4 1 1/2 0 3/4 '/l 3'4 1 1/4 3/4 3/4 3,4 I I 1/2 •>. 4 1 I 1 I S/« 1,2 I 1 I 1 1 I DES PHÉNOMÈNES PÉRIODIQUES. 83 NOMS DES PLANTES. BRU\ELLES. EffeuillaiMon (suite), (21 octobre iMi.) Viburnum Lantana a Opulus (fl. simp.) >, » tfl.pkn.) i> Oycoccos Vitis vinifcra Weigelia rosea NOMS DES PLANTES. LIU \l.l l.E~. GBS1HLOIX. Floraison. (21 octobre 1871.) Aster Dahlia communis Hedera Helii Générale. Passée. Générale. M. Avancée. Générale. Commence. REMARQUES. — L'elïeuillaison est plus avancée que d'ordinaire; c'est la contre-partie de l'année 1869. On remarque notamment cette avance pour le Populux alba. Par exception, la Gleditschia conserve la moitié de son feuillage, tandis que, les autres années, elle l'avait perdu entièrement ou presque entièrement. Les plantes tendres ont été Détries par une petite gelée vers le 16 octobre. La cbaleur ayant manqué pendant l'été, le raisin n'a pu mûrir qu'imparfaitement, de même que les châtaignes. Les pommes et les poires ont presque entièrement manqué. Les pommes de terre donnent une récolte médiocre, mais la maladie n'a détruit qu'une partie des précoces. A Waremme le seigle et le froment ont été absolument détruits par les fortes gelées de l'hiver dernier, qui, trois fois de suite, ont succédé à une pluie abondante, à quelques heures de distance. On a remplacé ces céréales princi- palement par de l'avoine qui a été magnifique , ainsi que par de l'orge d'été, des betteraves, des fourrages et des pommes de terre. On n'a essayé qu'exceptionnellement le seigle et le froment de mars. Waremme, le 21 octobre 1871. (Edmond de Selys Longchamps.) MÉMOIRE SUR JEAN DE HAINAUT SIRE DE BEAUMONT; J.-J. DE SMET, MEMBRE DE L'ACADÉMIE ROYALE. a Che Jclian de Bcaumont, un prince conquérant, .1 Oncles au gentil conic de Henau le puissant. » Voeu nn Hébos (Présenté à la classe des lettres de l'Académie le 8 janvier 1872.) Tome XL. MÉMOIRE SUR JEAN DE HAINAUT SIRE DE BEAUMONT. Il y a près d'un demi-siècle que M. le Mayeur, ami de notre histoire et toujours prêt à en chanter les événements modernes , sur une lyre qui n'était pas la lyre d'or de Pindare, publia une seconde édition de sa Gloire belglque, poëme en dix chants de grands alexandrins. L'époque n'était pas mal choisie : le gouvernement du roi Guillaume se montrait disposé à favoriser les études historiques, et le patriotisme commençait à renaître; cependant la publication de l'écrivain montois demeura sans succès. Qui s'en souvient de nos jours, et à quoi faut-il attribuer l'oubli profond où elle est ensevelie? Le petit poëme des Belges, que feu notre confrère M. Lesbroussart fils com- posa pour un concours d'Àlost trouve encore des lecteurs, et le travail plus complet de Helmers, de Hollandsche Natte, jouit toujours de la même estime dans son pays. Quelle peut être la cause de cette différence ? Aucune autre sans doute (pie la triste médiocrité des vers ; car // n'est pas de degré du médiocre au pire. 4 JEAN DE HAINAUT, On peut le comparer quelquefois cependant aux écrits du vieux Ennius, qu'on méprisait au point de les appeler Stercus et auxquels on se trouvait parfois forcé de faire quelques emprunts : Et erat quod tollere uelles '. Avant de terminer sa longue carrière, M. le Mayeur caractérise ainsi les habitants de nos différentes provinces : Flamand, ami des arts, Batave, amant de l'onde 2; Luxembourgeois, Sylvain de nos vastes forêts; Artésien ~° , disciple et rival de Cérès; Brabançon glorieux de posséder nos princes 4 ; Zélandais , alcyon des mers de nos provinces; Jlennuger, /ils de Mars, Namurois de Vulcain; Limburgeois, né pasteur, Gueldrois républicain; Frison, conservateur des mœurs de tes ancêtres; Ânversois, argonaute, appui de tes vieux maîtres; Liégeois industrieux , doué du double don D'inventer et d'atteindre à la perfection, etc. En général, ces épithètes semblent bien choisies et conviennent assez aux pays qu'elles désignent, mais comme le poète est né dans le Hainaut, son Hcnnuycr, fils de Mars, n'est-il pas intéressé et dicté par un amour du clocher, toujours plus ou moins partial? Nous ne le pensons pas. A toutes les époques de notre histoire, la chevalerie du Hainaut surtout, s'est constamment distinguée par son esprit militaire et sa brillante valeur : les croisades, les guerres de religion et même les temps plus rapprochés de nous , nous eu offrent les preuves les plus abondantes. Mais de tous ces héros il n'en est qu'un seul, Baudouin de Constantinople , auquel on ait érigé un monument digne de lui, el encore s'en est-on avisé un 1 La Gloire bel gi que, t. II , p. 588. 2 La Belgique faisait encore partie des Pays-Bas. 3 Ce nom a dû gêner notre poète. Il eût mieux fait de l'omettre, car il y a près de sept siècles que l'Artois a été démembré île la Flandre. 4 II en donna une preuve singulière, en forçant deux fois l'archiduchesse Marie-Christine et son époux, Albert de Saxe-Tasschen, d'abandonner Bruxelles. M. le Mayeur oublie qu'il a chanté cet événement. SIRE DE BEAUMONT. 5 peu lard. Et si les Gillon de Trasignies et les Gilles de Chin ont conservé une réputation, c'est aux jeux populaires et aux romans qu'ils en sont redevables. La plupart de nos élucubrations académiques ont été consacrées à cette Flandre, où se balança notre berceau ; et la préférence nous paraissait justifiée par l'étude plus approfondie que nous avions faite de tout ce qui se rapporte à cette province ; mais famour-propre est si subtil, si insinuant, que l'amour du clocher a bien pu s'y glisser avec lui et à notre insu. Eh bien! nous voulons expier notre faute aujourd'hui, en nous occupant d'un héros du Hainaut, dont la valeur militaire et la courtoisie peu commune nous sont devenues chères, par le récit si plein de vie et de charmes, que nous en a laissé le chroniqueur, chanoine de Chimav, que M. Kervyn de Lettenhove nous en donne enfin une édition si complète. Nous voulons parler de Jean de Hainaut, sire de Beaumont, Jean d'Avesnes, troisième fils de Jean II, comte de Hainaut et arrière-petit- fils de l'empereur Baudouin, qui ceignit la couronne impériale, après avoir puissamment contribué à la prise de Conslaulinople. Issu d'une famille dis- tinguée depuis des siècles par ses vertus guerrières, Jean n'j dérogea point, et rendit célèbre au quatorzième siècle le nom de Jean de Beaumont, que lui donna la petite ville qui faisait partie de son apanage. Peut-être nous objectera-t-on que dans son roman, si connu sous le litre : « De Roos van Dekama, » M. le professeur Van Lennep a peint le sire de Beaumont comme un chevalier accompli, aussi aimable que brave; mais dans l'histoire, nous cherchons avant tout la vérité, et pourrions-nous la découvrir dans le roman hybride et bâtard, où le mensonge coudoie constam- ment la vérité, sans que rien nous vienne en aide pour distinguer l'une de l'autre? Dans l'œuvre même que nous venons de citer, Jean d'Arckel, d'abord évoque dTlrecht et plus tard évêque de Liège, paraît tantôt comme un franc libertin et tantôt comme un modèle d'avarice et d'égoïsme, tandis que l'his- toire n'a trouvé que des éloges pour la conduite de ce prélat '. C'est bien là, nous scmble-t-il, pousser au delà de toute convenance 1 Blka, in G nid, j>. 207. 6 JEAN DE HAINAUT, la liberté du genre, et jamais l'écrivain, qu'on regarde comme en étant le modèle, sirWalter Scott, ne s"est-il jamais permis de violer ainsi la vérité; les portraits des hommes qui ont réellement vécu, sont peints chez lui avec toute la sévérité de l'histoire, comme Louis XI, Charles le Téméraire, etc. Mais revenons à notre monographie , où nous pouvons heureusement remonter à des sources excellentes. A l'époque où Jean de Beaumont vint au monde, la chevalerie brillait encore de tout son éclat, et point de jeune gentilhomme dont le cœur ne battit vivement, à la pensée de se distinguer un jour parmi les fds des Preux. Tout dans l'éducation de notre héros tendit à imprimer dans son âme les sentiments du devoir et de l'honneur, et à donner à ses membres la souplesse et la force nécessaires pour porter avec aisance l'armure de fer des chevaliers et se servir avec adresse de la pesante épée, comme de la masse d'armes. Heureusement, la nature l'avait doué de toute l'énergie de caractère et de toute la vigueur de corps qu'on pouvait désirer. Comme nous l'avons dit plus haut, il trouvait d'excellents modèles dans sa propre famille, et quand lui et ses frères marchaient au combat, on pouvait bien leur crier : Ituri in aciem et avos et postei-os cogitate. Cependant il ne s'était encore illustré que dans ces joutes et ces tournois à armes courtoises que son frère Guillaume 1er J aimait passionnément et qu'il célébrait d'ordinaire à Harlem -, quand les troubles d'Angleterre vinrent lui offrir l'occasion de faire briller sa bravoure et ses talents de capitaine. Le roi d'Angleterre, Edouard H, dit de Caernarvonz s'était aliéné le cœur du peuple, et surtout des hauts barons du pays, par son fol attachement pour Pierre Gaveslon d'abord, et ensuite pour les deux Hugh Dispenser ou Spencer, qui furent successivement ses mignons, et à qui il prodigua les richesses et les titres. La reine Isabelle de France , qui , à ce qu'elle préten- dait, avait souffert des mépris et des brutalités du roi, entra elle-même dans l'opposition et écrivit à son frère, Charles le Bel, qu'elle n'était considérée 1 Guillaume III en Hollande. 2 Wim. Procuralor, ad ann. MDXXIII cl sa/. 3 On avait pris alors l'habitude de distinguer les rois par l'endroit de leur naissance. SIRE DE BEAUMONT. 7 dans la maison de son mari que comme une servante à gages. Elle eut cepen- dant l'adresse de se faire nommer pour négocier un accord avec le cabinet du Louvre, ce que les Spencers approuvèrent, ainsi que la proposition faite peu après d'envoyer le prince de Galles près. d'elle à Paris. Dès lors Isabelle dévoila son plan et en pressa l'exécution avec les Anglais réfugiés en France et particulièrement avec Roger Mortimer de Wighmore, baron puissant du pays de Galles, qui lui avait inspiré la passion la plus vive. L'évêque d'Exeter que le roi avait envoyé en France se hâta de revenir * et fit au monarque la triste confidence de son déshonneur et de ses dangers. Edouard somma aussitôt Isabelle 2 de revenir et écrivit dans le môme sens à son jeune fils, mais ses ordres furent méconnus. Le pape Jean XXII, qui avait travaillé en vain à la réconciliation des deux époux , finit par écrire à Charles le Bel que son devoir l'obligeait à renvoyer sa coupable sœur, et le monarque, qui avait feint d'ignorer les désordres d'Isabelle, n'osa pas désobéir aux conseils du pontife. Il conseilla à la reine de se retirer avec sa suite à la cour du comte de Hainaut, son parent; et Isabelle suivit volontiers ce conseil; et Jean de Beau- mont apprit bientôt au comte et à la comtesse de Hainaut la prochaine arrivée de la reine : lui-même, accompagné des seigneurs de Ligne, d'Havre, de Barbançoo et de plusieurs autres, pour l'amener à Valenciennes. Il s'arrêta à Denain et envoya le sire d'Esne 3 à Bugnicourt 4 pour annoncer leur arrivée à la princesse, et, après avoir soupe à l'abbaye de Denain, il se remit en route pour lui porter lui-même son courtois message. Accompagnée de son beau-frère, le comte de Kent, et de Roger de Mortimer , son favori , Isabelle entra dans un appartement particulier et s'y tint debout pour entendre les envoyés. Jean de Beaumont s'inclina profon- dément et la dame le releva en lui prenant la main , mais le chevalier ' On avait attenté à sa vie. 2 Le Dr Lhv'gard nous a conservé cette lettre (Hisl. of Ângl., édit. 5, t. III, p. 150, note). Il croit que le mot Dame qui la commence prouve le mécontentement ilu roi. Il a tort, pensons- nous, car Jean de Beaumont, modèle de courtoisie, n'emploie lui-même que ce titre, quand il parle à la reine. 3 A onze kilomètres de Cambrai. 4 Village à \ingt kilomètres d'Orléans. S JEAN DE II VENAIT, s'inclina de nouveau, et embrassa la reine : « car des honneurs de ce » monde, » dit Eroissart, «messire Jehan de Hainaut était tons fais et nourris.» L'entretien fut doux et consolant. La reine fit un récit touchant de ses mal- heurs et ajouta que les citoyens de Londres l'appelaient et lui promettaient leur appui, si elle pouvait amener trois ou quatre cents armures de fer l, mais qu'elle avait à peine assez d'argent pour ses dépenses et celles de sa suite. Mais Jean reprit promptement que « si elle le permettait, il serait lui- » même son chevalier, qu'il n'avait d'ailleurs rien à faire; quant aux » finances, dit-il, Mous, mon frère et moi, ainsi qu'un grand nombre de » chevaliers à qui pèse toute oisiveté, nous en sommes fort bien pourvus. » Il fut résolu qu'on se rendrait à la résidence de Guillaume III , en Hollande , mais comme l'entreprise qu'on avait en vue exigeait d'assez grands pré- paratifs, on conduisit d'abord la reine à la salle des comtes à Valenciennes , qui fut mise à sa disposition et abondamment pourvue de tout ce qu'on pouvait désirer dans une résidence royale. Le comte et la comtesse, accom- pagnés de leurs enfants, vinrent y rendre visite à la reine, leur parente, et après avoir ratifié tout ce qu'avait promis Jean de Beaumont, ils firent célébrer tous les jours des fêtes brillantes en son honneur. Expédition en Angleterre. Aussitôt qu'on fut assuré que tout était prêt pour exécuter le passage en Angleterre, la reine prit congé de ses généreux parents, comme de la ville de Mons, et se dirigea par Binch et Vilvorde, pour éviter Bruxelles, sur la ville hollandaise de Geertruydenherg et de là sur Dordrecht, port désigné pour son embarquement -. La flottille était composée d'un grand nombre de bâtiments de transport pour amener les soldats et les munitions de guerre et de bouche; mais des navires de haut bord, armés en guerre, portaient, avec la reine et sa suite, une multitude de chevaliers et de gens d'armes qui avaient demandé à Jean de Beaumont l'honneur de combattre sous ses ordres et 1 Autant de chevaliers. 2 Selon YVagenaah, on s'embarqua à la Briele. SIRE DE BEAUMOM. 9 à leurs dépens pour la cause de la reine. Le roi de Bohème , Jean l'Aveugle, avait même porté quelques chevaliers de l'ordre teutoniquc à prendre le même parti '. Le corps d'armée expéditionnaire comptait près de trois mille combattants. Le roi Edouard II et ses favoris n'ignoraient rien de ce qu'on préparait contre eux en Hollande, et crurent avoir pris les plus sages mesures pour repousser l'invasion. L'armée expéditionnaire porta le cap sur Orwell , lieu ordinaire de débar- quement, au nord du comté d'Essex, mais les vents contraires en éloignèrent la flottille, et fort heureusement pour elle, car l'endroit en vue était défendu par une armée de plus de vingt mille hommes , archers et yeomen anglais réunis par Edouard II 2, mais après deux jours que l'escadrille erra au gré des vents, le temps changea, et permit d'aborder dans un endroit inhabité, plus au nord d'Harwich au comté de Suffolck, qui ne produisait rien que des broussailles et de stériles genêts. On était au 21 septembre, mais la température était encore aussi chaude qu'au mois d'août, et quoiqu'il n'y eût ni havre ni port, le sable était assez ferme pour permettre le débarquement. On retira sans peine des bâtiments qui les portaient, les munitions , les armes, les hommes et les chevaux; et l'on tira à force de bras, au milieu des buissons, les vaisseaux légers, pour les soustraire à l'action de la mer; mais quant aux navires de guerre , on les laissa occupés par les marins hol- landais. La beauté sauvage du site et la bonté du temps retenaient les soldats de l'armée d'invasion à terre et, en particulier, un ruisseau qui descendit des montagnes comme un ruban argenté procurait à l'armée et aux équipages un rafraîchissement aussi pur que limpide. Mais ils se trouvèrent bientôt dans une perplexité singulière , quand le comte de Kent, Mortimer, les sol- dats anglais et les marins hollandais, qui fréquentaient ces parages, décla- rèrent tous d'une voix que la plage où ils avaient abordé, quoique terre anglaise, leur était entièrement inconnue. On tint conseil sur conseil. Quel- 1 Wilh. Procuralor ad. ann. 1Ô25. * Robert d'Avesbary fait aborder la flottille à Harwicli, tandis que Lingard et d'autres fixent le lieu de débarquement à Orwell même; mais le récit détaillé de Froissart doit inspirer plus de confiance; aussi est-il conforme à celui de Vinchant. Tome XL. 2 10 JEAN DE HAINAUT, ques-uns proposaient de remettre tous les vaisseaux en mer et de longer quelque temps encore les côtes, mais la majorité préféra de pénétrer davan- tage dans les terres et de laisser les Hollandais retourner, après quelques jours, dans leur pays avec les gros bâtiments, pour donner des nouvelles de l'armée d'invasion au Vogelenzang '. Jean de Beaumont ignorait que le roi Edouard II, mieux instruit cette fois que les partisans de sa femme, avait publié dès le 27 septembre à la cour de Londres, une proclamation qui mettait hors la loi « les traîtres et » ennemis bannis et fugitifs entrés en parties de Suffolck -. » Ceux-ci, qui ne s'en doutaient pas, partirent de leur campement, trois jours plus tard, et, après avoir passé un hameau de quelques maisons, ils se trou- vèrent devant un monastère considérable qui leur était inconnu , mais qu'on leur désigna bientôt comme étant la célèbre abbaye de S'-Edmonds- Itury, où le tombeau de S'-Edmond attirait tous les ans une foule de pèle- rins. Les moines, croyant avoir affaire à des pillards écossais ou danois, n'eurent rien de plus pressé que de se cacher. Mais l'abbé ayant été découvert, on s'aperçut aisément de la méprise, et le dignitaire ecclésias- tique , partisan lui-même de la reine, lui conseilla de laisser la troupe se reposer, pendant quelques jours, dans les dépendances de l'abbaye, sur qu'il était que beaucoup de puissants seigneurs viendraient rejoindre l'armée d'Isabelle. En effet on vit arriver en peu de jours le comte de Lancastre au col tors, le comte Percy de Northumberland et le sire de Samford ; tous avec une suite nombreuse de leurs tenanciers, archers et gens d'armes. Après eux se présentèrent une multitude de bourgeois de Londres, conduits par le lord-maire, et plus dévoués encore que le baronnage et la gentry 3 à la cause de la reine. Le premier soin des grands seigneurs de cette réunion fut de rendre hommage, avec de cbaleureux remerciinenls, à Jean de Hainaut, chef de l'armée, et à ses chevaliers qui leur prêtaient un puissant secours avec un si noble désintéressement 4. 1 Maison de chasse , près de Harlem, chère au comte de Hainaut. 2 Froissant, Chroniques, liv. I, chap. X. 3 Gentry .- la haute bourgeoisie. 4 Fp.oissaht, liv. I, chap. MI. \ SIRE DE BEAUMONT. li La reine venait de publier à Wellingfort un nouveau manifeste (27 oc- tobre), où elle annonçait que son arrivée n'avait d'autre but que de délivrer la sainte Église et le peuple d'Angleterre de l'oppression des Spencer; elle se plaignait d'avoir été si longtemps éloignée de la bienveillance du roi. Cette proclamation ne resta pas sans effet. Les Gallois, qu'on avait appelés au secours du roi, feignirent d'y aller, mais ne se bâtèrent point, tandis que de nouveaux barons, tels que le comte de Norfolck, second frère du roi, Henri de Beaumont, un des plus puissants seigneurs du pays, et trois évêques enaient encore se ranger sous la bannière d'Isabelle. Elle eut ainsi bientôt une armée qui était bien à elle , et dont elle nomma maréchal Thomas Wake, oncle de lord Beaumont. Rien ne se passait cependant sans le conseil et l'agrément de Jean de Beaumont, toujours chef réel de toute l'entre- prise *. Ainsi, après la prise d'Oxford, quand on eut contraint Bristol à se rendre, le prince belge y entra te premier avec Thomas Wake comme son inférieur. On trouva dans la ville prise le père Hugues Spencer, vieillard octogénaire, à qui l'on ne pouvait reprocher d'autres torts, disait-on, que d'avoir un fils tel que le favori du roi -. Le comte d'Arundell, son beau-fils et trois enfants du roi et de la reine, qu'Elisabeth, pleine de joie, réunit au jeune prince Edouard. Les deux seigneurs, confiés d'abord à la garde de sir Thomas Wake, furent bientôt condamnés à mort et décapités : on plaignit le vieillard. Edouard II et son indigne favori, se voyant trahis ou abandonnés par tout le monde, se hâtèrent d'éviter le même sort par la fuite; ils se confiè- rent avec le trésor du monarque à une barque de pêcheur qu'ils avaient trouvée dans le canal de Bristol et se mirent en mer, au nombre de sept, dans l'espoir de se sauver au pays de Galles ou en Irlande; mais un fort vent d'ouest s'éleva, contre lequel ils luttèrent pendant onze jours, sans pouvoir atteindre leur but. La frêle embarcation était vue de l'armée et du château, où l'on conclut, des efforts continuels qu'on y faisait pour éviter la ville , qu'elle devait appartenir à des ennemis, et Henri de Lancastre arma une 1 Une chronique nomme l'an 1327 Annus Jucundus Ifunnoniae. 2 N'avait- il pas été son complice? 12 JEAN DE HAINAUT. barque de trente soldats pour s'en emparer. D'après le récit de Thomas de la Moor, le roi voulait se sauver dans l'île de Condray, à l'embouchure de la Saverne l, mais après la tempête sur les côtes du Glamorgan, où il tomba entre les mains de ses ennemis, le roi fut conduit de sa personne au châ- teau de Renilworth 2. On ne tarda pas à condamner le jeune Spencer au sup- plice qu'avait subi son père, et le chancelier Baldcck, qui s'était trouvé avec eux, fut, en qualité d'ecclésiastique, enfermé dans une prison pour le reste de ses jours 3. Le roi fut peu après déclaré déchu du trône et de la souve- raineté, donnée à son fds, Edouard III ou de Windsor '. Dans un grand conseil qui s'assembla peu après pour aviser au traitement qui serait réservé au roi détrôné, on appela en premier lieu le chef de l'armée unie. « Puisqu'on veut bien, répondit Jean de Hainaut, me faire l'honneur » de demander mon opinion dans une question aussi grave, je répondrai » avec toute franchise. Le roi est roi d'Angleterre, et quoi qu'il ait méfait, » comme il appert par ses œuvres, il n'a rien fait que par avis et conseil. » Il n'appartient ni à moi, ni à personne de le condamner. Ne se trouve- » t-il pas parmi vous un chevalier loyal, possesseur d'une place forte, qui » veuille se charger de lui, lui faire une existence convenable et digne d'un » monarque anglais, pendant le reste de sa vie? Il pourra s'amender, ce qui » sera infiniment plus agréable à Dieu. Tel est le jugement que j'émels. » Entrée a Londres. Les barons s'écrièrent tous : « Vous avez bien et lo\ alement parlé ; » el le sire de Berkeley, qui avait un chàteau-fort sur la Saverne, fut chargé par Edouard III et sa mère d'amener avec lui le malheureux roi et de veiller à sa sûreté 3. 1 Selon Lingahd, il prit terre à Sevana dans l'île de Lundy à l'embouchure du Tanet. Lingàrd, t. III, p. 45. 5 Ibid., t. III, p. ili. 5 Ibid. 4 Le trésor du roi fut trouvé, dix ans plus tard, caché entre les rochers du Glamorgan. ■'' On sait que le roi déchu fut confié aux soins de Thomas Derkeley. SIRE DE BEAI MONT. 13 Toutes choses ayant été ainsi réglées, la reine mère, le jeune roi et ses frères firent leur entrée dans Londres, escortés par Jean de Hainaut, à la tète de ses chevaliers hainuyers. Tous les ordres de la Cité richement vêtus et à cheval vinrent au-devant d'eux, en traversant des rues ornées avec une magnificence peu commune. Tous acclamaient avec un enthousiasme qui n'était pas de commande la famille royale et plus encore Jean de Beau- mont, son libérateur et ses compagnons d'armes. L'aisance avec laquelle le noble belge conduisait son destrier, haut palefroi noir qu'il devait à la reconnaissance du lord-maire et de la cité de Londres, caparaçonné riche- ment, attirait tous les regards. La foule criait que c'était bien là un guerrier vaillant et méritant le chapelet de pierres précieuses qui couronnait ses cheveux. Les fêtes ne cessaient pas dans la résidence royale d'Elsham, mais les che- valiers du Hainaut auxquels on y réservait une large part de divertissements commencèrent à souffrir de l'ennui et de la nostalgie. Ils s'en vinrent tous ensemble trouver Jean de Hainaut, leur chef, et lui exposèrent qu'il ne leur restait rien à faire en Angleterre, et qu'ils étaient, au contraire, à charge à la reine et au pays, et que par ces motifs, ainsi que par le désir de revoir leurs familles, ils demandaient la liberté de reprendre la route de la patrie. Le noble chevalier trouva leur requête fort juste et l'appuya franchement, en la présentant à la reine; mais Isabelle fut vivement contrariée, fit appeler les guerriers et leur dit : que le peuple anglais les aimait et qu'on avait encore compté sur leur présence pendant la saison d'hiver. Cette flatterie ne put triompher de leur résistance et leur interprète s'en expliqua avec plus de force , mais il ajouta que si la reine avait encore besoin de leurs secours, ils ne manqueraient pas de revenir aussitôt '. Cette promesse satisfit Isabelle. Elle invita ces fidèles alliés à un grand festin royal dans la salle d'Elsham, avant de leur dire adieu. Au jour fixé tous les chevaliers et écuyers du Hainaut, dont le départ était proche, vinrent s'asseoir à une table chargée des viandes les plus recherchées et des autres mets les plus savoureux, tandis que les ménestrels charmaient leurs oreilles par des chants et des airs de trompes. 1 Froissant, liv. I , chap. XVIII. 14 JEAN DE HAINAUT, Douze chevaliers en grande livrée vinrent ensuite avec une vaste corbeille, pleine de vaisselle d'argent : pots, plats, drageoirs, hanaps, écuelles, tem- proirs ', et aiguières. Les chevaliers offrirent ensuite, comme un souvenir de la reine, aux seigneurs du Hainaut des joyaux de vaisselle plate, et chacun d'eux y puisa selon son état. Vinrent après eux leurs pages et leurs varlels auxquels le maître d'hôtel remit un énorme sac de cuir tanné en disant : « Entre vous, varlets des Hainuyers qui devez partir, Mme la reine vous envoie cent livres d'estrelins -. Priez pour elle. » El ils partagèrent cette somme entre eux avec beaucoup de joie. Les chevaux qu'on laissait lurent estimés à leur plus haut prix. Jean de Beaumont n'eut aucune part à ces largesses, mais la reine lui assura une pension de mille marcs d'argent à prendre sur les produits d'issue des laines, des cuirs et des peaux de mouton 3. Son écuyer et son meilleur conseiller, Philippe de Chasteler, reçut à son tour cent marcs d'esteriins fins. Les chevaliers et les écuyers prirent alors congé de la reine et de Jean de Beaumont, et, après avoir fait un pèlerinage au tombeau de saint Thomas de Cantorbéry, ils s'acheminèrent sur Douvres, toujours escortés par Thomas Wake et une troupe d'archers. Ils débarquèrent heureusement à Wissant l et revinrent sans peine dans leurs foyers. Le couronnement d'Edouard eut lieu dans l'église de Westminster, le dimanche après la conversion de saint Paul, en présence de Jean de Hainaut. Il créa un grand nombre de nouveaux chevaliers qui le précédaient quand il revint de l'église au palais, porté sur un coursier blanc, vêtu de sambou s de la tète aux pieds et couvert, d'une part, des armes d'Angleterre et, de l'autre, de celles de saint Edouard (!. A table, Jean de Beaumont lut placé après la reine et avant les comtes de Kent et de Lancastre. Les barons, qui ne l'avaient pas vu jusqu'alors, lui rendirent de grands honneurs, et au dessert on lui donna, ainsi qu'aux che- 1 Espèce de taises. 2 On sait que cette somme aurait une valeur infiniment plus grande aujourd'hui. 5 Rymer, Âcta pitblica Aug., t. Il, part. Il, pp. 173, 189. 4 L'ancien Porlus /lins. 5 Sambou, brocard. 6 Ces armes étaient-elles différentes? SIRE DE BEAUMONT. 15 valiers qui étaient demeurés avec lui, des joyaux du plus haut prix, et les fêtes et passes d'armes qui eurent lieu au palais semblaient n'avoir d'autre but que d'honorer leur vaillance; mais un tournoi indiqué par son cousin, le roi Jean de Bohême, à Condé-sur-l'Escaut, fît demander son congé au comte et il finit par l'obtenir. Guerre malheureuse d'Ecosse. Jean de Beaumont s'était trouvé heureux de revoir une famille qui lui portait autant d'amour qu'il en avait pour elle; il espérait pouvoir se reposer sur ses lauriers, puisque les tournois n'étaient que des jeux militaires, quand un événement imprévu vint le rappeler aux combats d'outre-mer. Une trêve existait entre les rois d'Angleterre et d'Ecosse; son terme n'était pas venu, mais l'état où se trouvaient les choses en Angleterre avaient causé au mo- narque écossais 1 une tentation à laquelle il ne put résister. Il se décida à rompre ses engagements dans la pensée que la jeunesse d'Edouard et la désunion qu'il pensait régner encore chez ses voisins du Sud lui rendraient la victoire facile. La suprématie que les rois Edouard I et Edouard II avaient prétendu exercer sur son royaume lui pesait au cœur. Il lit donc dénon- cer le traité et refusa la proposition de négocier pour le renouveler. Les lords Bandolphe de Murray et Douglas passèrent les frontières et y mirent tout à feu et à sang 2. D'après le conseil du comte de Kent et de Morlimer, le jeune roi résolut de rappeler Jean de Hainaut et ses compagnons d'armes. Ses messagers trou- vèrent le noble chevalier dans la ville dont il portait le nom et lui remirent les lettres du roi et de la reine. Jean n'hésita point et fit aussitôt un appel aux chevaliers du Hainaut, du Brabant, de la Flandre 3 et de la Hesbaye et n'eut pas de peine à en assembler un grand nombre auquel se joignirent quelques hommes du Cambrésis. Tous se réunirent à la prière de Jean, les uns à 1 Robert Bruce II. s Lingard, t. XVIII, p. 2. 3 FnoissAitT compte à tort parmi ceux de Brabant les trois frères de Ilarlcbeke, qui étaient flamands comme Hector Villain , Jean de Rodes, Wauflard de Gistele et son frère. 1(3 JEAN DE HAINAUT, Witsant, les autres à Calais, où des vaisseaux de transport, réunis par ordre du jeune roi Edouard, les attendaient pour hâter leur passage en Angleterre. Tous se réunirent à Cantorbéry, niais avant d'entrer en campagne, il leur fallut prendre quelques jours de repos pour s'assurer qu'eux et leurs troupes étaient pourvus des chevaux, des armures et des munitions de guerre dont ils allaient avoir besoin dans leur entreprise. Pour séjour à l'armée royale ils avaient une étendue assez considérable de pays, les villes de Donfront et de Doncastre d'un côté, et de l'autre côté de PHumber jusqu'à la ville d'York, où résidaient, pour le moment, la famille royale et le gouvernement. Partout sur son passage, le corps d'armée auxiliaire avait été très-bien accueilli et festoyé par la population, mais ces dispositions n'eurent pas une longue durée. Un couvent très-étendu de moines blancs et ses larges dépendances, où les plus beaux quartiers étaient réservés pour les chefs et les officiers des troupes étrangères, avait été mis à leur disposition. Rixe sanglante a York. Malheureusement la reine et son gentil Mortimer, qui, même au début d'une guerre d'indépendance, ne rêvaient que jeux et plaisirs, s'étaient mis en devoir de célébrer l'arrivée de ces guerriers d'outre-mer, par de somp- tueux repas et des réjouissances publiques; mais tandis que les chefs assis- taient joyeux et désarmés au banquet, une querelle violente surgit entre les archers anglais et leurs alliés étrangers. Des flots de sang fuient répandus de part et d'autre, et ce ne fut qu'à grand'peine qu'on parvint à rétablir l'ordre. Comme d'ordinaire, chaque parti attribuait à l'autre la cause du mal. ' Si l'on en croit Eroissart, contemporain et presque témoin du fait, les archers des comtés de Lincoln et d'York n'avaient pu voir sans une vive jalousie la préférence manifeste qu'on montrait à des soldats étrangers, qui ne se fai- saient pas scrupule de les rudoyer comme des vilains. Ils se promirent d'en 1 Fboissart, liv. I, cli. XXIII. — Vinchant, t. III, p. 138. SIRE DE BEAUMONT. il prendre vengeance. Au moment où le banquet royal se terminait et qu'on se préparait aux danses et ébattements ordinaires, eut lieu un coup de dés que l'on contesta et dont les archers anglais se servirent comme d'un prétexte pour commencer la lutte projetée. Des injures on en vint aux menaces et des menaces aux coups ; et quand on vit que les Hainuyers s'étaient retirés dans la rue, où étaient leurs logements, le cri de «Lincoln » donna le signal du combat et les archers se rangèrent en ordre, leurs arcs si redoutables à la main, et tombèrent sur leurs ennemis, presque tous désarmés et ne cherchant qu'à se sauver, dans les hôtels qu'on leur avait assignés. D'autres en grand nombre encore préférèrent de se défendre, et la collision devint aussi effrayante que la victoire était incertaine. Mais la nouvelle de ce tumulte parvint bientôt à la cour, où l'on crut, non sans motifs , que les partisans des Spencer, qui avaient de bonnes raisons pour haïr les soldats du llainaut, n'étaient pas étrangers à l'échauffourée. Les chevaliers étant à la cour et sans armes, leurs ennemis pensaient bien à en avoir bon marché et peu s'en fallut. Cependant on avait cessé les jeux et les danses auxquels on se livrait, et l'on se promit de triompher du mal. Les sires d'Enghieu, de Bousoit des Rues et de Semeries accoururent les pre- miers au secours de leurs gens, et comme il leur était impossible de rentrer dans les hôtels où ils avaient déposé leurs armes, ils s'emparèrent de gros leviers de bois de chêne qu'ils avaient découverts, et firent pleuvoir des horions si violents et si drus sur leurs adversaires que personne n'osa plus s'approcher d'eux : ils abattaient d'un seul coup le petit nombre de ceux qui étaient assez téméraires pour le tenter. D'autres seigneurs étant accourus à leur aide* ce ne fut bientôt plus qu'un carnage et trois cents archers du Lincoln et du Yorkshire payèrent de leur vie cette levée insensée de boucliers. Dans l'intervalle, la reine-mère avait conseillé au jeune Edouard d'inter- venir dans la querelle et d'y mettre un terme par son autorité avant qu'on en vint à des extrémités plus cruelles encore '. 11 arriva en effet bientôt sur les lieux de la lutte environné déplus de. soixante barons et chevaliers qui l'engageaient tous à s'entendre avec Jean de Beaumont et à apaiser son juste ressentiment. 1 Les vaincus s'étaient proposé de mettre le feu aux faubourgs. Tome XL. 3 18 JEAN DE HAINAUT, Le chef belge accourait eu effet; il (Mail en proie à une colère légitime, à cause du guet-apens qu'on venait de tendre à lui-même et aux siens, el saluant le roi : « Sire, s'écria-t-il , nous sommes venus dans ce pays à votre » prière, pour vous servir, vous et votre royaume, contre vos ennemis, el » vous voyez comment, taudis que nous tenons à vos côtés de joyeux débats, » vos serviteurs se font un jeu de nous assassiner, nous et nos gens ! Nous ne » sommes pas hommes à souffrir de pareilles insultes, et nous ne pardonne- » rons pas aussi longtemps que les auteurs du désordre resteront impunis. » — « Messire, repartit Edouard, prenez un peu patience et arrêtez la fougue » de vos combattants. Je saurai bien maintenir seul en pai\ ceux de mes » sujets qui se sont portés à ces troubles : et s'ils recommençaient la querelle, » je me rangerais de votre côté avec mes chevaliers, car je reconnais que » c'est à vous et à vos compagnons que je dois ma couronne. Mais rentrez » dans vos cantonnements et laissez-moi terminer celle besogné. » Ces bonnes paroles apaisèrent entièrement le noble d'Avesnes, mais il ne voulut pas consentir à laisser le jeune roi seul avec ces émeutiers. Toutefois ceux-ci s'abstinrent de toute nouvelle hostilité, et, sur l'ordre d'Edouard, se mirent à ensevelir leurs morts. Une enquête fut ordonnée pour découvrir les auteurs de ces troubles et les mesures prises par les conseillers du roi, de con- cert avec Jean de Hainaut, firent tout rentrer dans l'ordre et rétablirent la confiance. Le docteur Lingard, naturellement mieux disposé pour ses compatriotes et n'écrivant que cinq siècles après l'événement, attribue tout le mal à l'in- solence des chevaliers belges. The insolence of the foringers, dit-il, had irrî- tated the Lincolnshire archiers '. S'il n'y avait pas eu prémédilatian de leur part et un guet-apens inexcusable, pourquoi avaient-ils pris un prétexte aussi futile, et saisi le moment où ils savaient que les chevaliers étaient absents et désarmés? Comment avaient-ils eu soin d'avance de rendre leurs armes diffi- ciles à atteindre? Des commissaires furent nommés pour ouvrir une enquête, mais le résultat n'en fut jamais publié. Mais à quelque chose malheur est bon. Cette funeste rencontre lit sentir à la reine et à Mortimer qu'il élail plus que temps de ménager les ressources 1 Histor. o/ i'EikjI., i. IX, p. G. SIRE DE BEAUMONT 19 de l'Étal cl d'arrêter les déprédations de l'ennemi. Une année de quarante mille hommes se dirigea sur les frontières de l'Ecosse, et dans la marche, comme dans les cautionnements, on eut soin de tenir le corps auxiliaire de Jean de Hainaut bien éloigné des archers anglais, tant on craignait une nou- velle collision, qui eût été plus funeste que la première. On était parvenu sans rencontrer d'obstacles dans la ville de Durham, mais sans y obtenir le moindre renseignement sur la position de l'ennemi. Une armée écossaise de cette époque, exclusivement composée de cavalerie, était merveilleusement propre à une guerre de pillage et de dévastation. Cette fois aussi le chevalier Randolphe de Murray et l'impitoyable Douglas avaient obtenu dans leur invasion un entier succès. On les voyait subitement paraître dans un village des frontières ou des borders, comme on parle dans le pays, et après avoir dépouillé de tout ce qu'ils possédaient les pauvres habitants, ils gagnaient de toute la vitesse de leurs légers chevaux quelque montagne élevée, plus voisine de leur pays et dont on ne pouvait les déloger sans un siège régulier qu'ils avaient soin d'éluder, en décampant pendant la nuit. Le lendemain ils recommençaient ailleurs le même manège. La belle armée d'Edouard III, qui s'était flattée de soumettre Robert Bruce aux mêmes con- ditions que son grand-père avait imposées à l'Ecosse, ne parvint pas à attein- dre ces maraudeurs et ne put obtenir la paix qu'à des conditions dictées par l'ennemi. Il fallut directement renoncer à la suprématie qu'Edouard I avait prétendu exercer sur l'Ecosse. Le jeune roi ne signa le traité qu'en frémis- sant et en se promettant une revanche éclatante. Mariage d'Edouard III. Les services du corps auxiliaire de Jean de Beaumont devenaient dès lors inutiles et le monarque anglais le congédia en exécutant loyalement les pro- messes qu'il lui avait faites '. Les harnais et bagages des chevaliers furent dirigés par PHumber sur le port de l'Écluse, et eux-mêmes, divisés en plu- 1 Edouard ordonna de remettre à Jean de Hainaut quatre mille livres, et si la somme ne se trouvait pas au trésor, de la prendre sur les joyaux qu'on gardait à la tour de Londres. 20 JEAN DE HAINAUT, sieurs détachements, regagnèrent sans danger la rade de Witsant. Le comte et la comtesse de Hainaut vinrent à leur rencontre. Six mois ne s'étaient pas écoulés quand la reine mère et ses conseils son- gèrent qu'il était temps de marier le jeune Edouard, déjà fiancé à la prin- cesse Philippa de Hainaut, depuis le mois d'août 1320. On en parla au jeune prince qui se mit à rire et dit qu'il ne voulait pas d'autre femme : « nous » étions bien d'accord, dit-il, et je sais qu'elle pleura quand je pris congé » d'elle à Mous. » Il fut donc résolu de prier encore Jean de Hainaut de se charger de cette affaire et on lui envoya à cet effet l'évèque de Durham avec les seigneurs de Beaucamp et de Cobham. Ayant appris que le comte et la comtesse de Hainaut se trouvaient au Quesnoi, ces messagers partirent pour Beaumont, dont Jean prenait son titre, et ils l'y trouvèrent avec sa femme, née comtesse de Soissons et de Dargées, au milieu d'une cour peu nombreuse mais bien choisie. Les envoyés lui remirent les lettres de la reine douairière d'Angleterre, dont le contenu le remplit de joie. Il répondit qu'il ferait très- volontiers ce qu'on lui demandait, d'autant plus qu'il devait foi et hommage au jeune roi '. Après avoir noblement traité les messagers pendant deux jours, il se rendit au Quesnoi, où le comte de Hainaut et de Hollande se tenait au milieu d'une cour brillante, formée de la meilleure noblesse du pays. Jean de Beaumont était ravi du message anglais. II avait une tendre affec- tion pour sa nièce qui joignait à tous les attraits de son sexe toutes les vertus d'une reine accomplie - et il n'avait pas moins de dévouement pour le roi Edouard, qui faisait preuve, à peine adolescent, d'une prudence et d'une fer- meté peu communes. Un aussi grand mariage ne surpassait pas les espérances du comte Guil- laume, car sa fille aînée, .Marguerite, avait épousé l'empereur Louis de Ba- vière; mais cette union avec l'empire toujours agité et inconstant, à cette époque, offrait bien moins d'avantages à un comte de Hollande qu'une alliance avec l'Angleterre. Les deux fiancés d'ailleurs se connaissaient déjà et annonçaient l'un et l'autre les qualités les plus précieuses. Leur âge était 1 En ;tv;iil-il peut-être obtenu quelque fief? 2 Longe et droite était, sage, lie, humble, dévote, large, courtoise, et, fut en son temps, ornée de toutes nobles vertus et aimée de Dieu et du monde. — Froissaut, I. 1, eh. XXV. SIKE DE BEAI MONT. 21 bien proportionné, Philippa comptant plus de treize ans cl son futur dix- sept. Un seul obstacle s'opposait à un mariage immédiat; la mère d'Edouard et celle de Philippa étaient cousines germaines : il fallait donc une dispense du S'-Siége. Mais les députés anglais s'étant chargés de ce soin, la dispense arriva en peu de jours et le mariage eut lieu par procureur à Valenciennes, où s'étaient rendus d'outre-mer une foule de grands seigneurs et de clames nobles pour saluer leur jeune souveraine. Jean de Hainaut avec quelques grands seigneurs, tels que les sires de Ligne, Villers et ce Gautier de Mauni, si renommé depuis, comme homme de guerre, suivit la nouvelle reine outre-mer, «mais il m'est avis, dit FrOis- » sart, qu'ils n'accompagnèrent la jeune Philippa que jusqu'au palais d'Els- » ham. » Le chanoine de Chimai. mérite assurément beaucoup de confiance, mais peut-on penser que l'oncle et l'ami de la reine, qui avait été chargé particulièrement de négocier le mariage, n'aurait pu même y assister? 11 est permis de croire que le sire de Beaumont et ses compagnons d'armes sont allés jusqu'à York, où le mariage fut célébré, mais dans l'incognito le plus strict, afin de ne pas réveiller la haine des archers de la contrée, depuis le sanglant conflit de 1327. Ils songeaient au proverbe latin : « Ne moreas camarinam '. » Au temps de Pâques, les royaux époux revinrent à Windsor et de grandes fêtes eurent encore lieu à l'occasion de l'entrée solennelle de la jeune reine à Londres, et comme on le pense bien, les hommes n'y firent pas défaut, et Jean de Hainaut, comme les sires d'Enghien et de Villers y ajou- tèrent encore à leur haute réputation de valeureux chevaliers. Le peuple ne pouvait se lasser de voir chevaucher la jeune reine à côté de son époux. Depuis la reine Genièvre, femme du roi Arthur, jamais si bonne reine, criait-on partout, n'avait paru dans la cité. Edouard assura à sa jeune épouse un revenu annuel de quinze mille livres tournois -. Après ces fêtes, Jean ne se montra plus dans la Grande-Bretagne, mais il y vécut longtemps dans la mémoire des peuples : c'est lui, dit-on, qui fil 1 Camarina était un lac inoffensif, quand on le laissait paisible, mais contagieux quand ou troublait ses eaux. 2 Rvmer, Arlu publiât Antjliuv, t. II, part. III, p. 12. 22 JEAN DE HAINAUT, fondre l'énorme bombarde, que l'on montre à la citadelle d'Edimbourg, sous le nom de Mon's Meg et dont nous avons ailleurs donné quelques détails '. Cependant l'air était gros d'orages politiques. En Italie, Louis de Bavière taisait me guerre acharnée au pape Jean XXII; en Flandre une partie du comté s'était soulevée contre le comte Louis de Nevers, et en France la pré- tention des deux rois Philippe de Valois et Edouard d'Angleterre promettait de longues discussions. Heureusement le comte de Hainaut avait su éluder la proposition (pie lui avait faite l'Empereur de joindre ses forces aux siennes pour les mener contre le pontife, et le roi d'Angleterre, paraissant hésiter encore, était disposé à rendre hommage à son rival, tout en signant une protestation pour les liefs qu'il possédait en France : mais notre pays eut le triste honneur de retentir le premier du bruit des armes. Bataille de Cassée. Le quartier et le Franc de Bruges s'étaient insurgés, conduits par Zanne- kin, habitué à la révolte, avaient forcé quelques villes et bourgades voisines à prendre leur parti contre le comte et s'étaient emparés de la montagne de Cassel. Philippe de Valois y arriva bientôt, accompagné du roi de Navarre, du dauphin du Viennois, des ducs de Lorraine, de Bcabant et de Bretagne, des comtes de Bar, de Flandre et de Hainaut : comment une poignée de bourgeois pouvait-elle espérer de vaincre des troupes si nombreuses et si aguerries ? Ils crurent qu'un moyen de vaincre leur restait, celui de la surprise. Le jour de Saint-Barthélémy (1328), quand les alliés se reposaient désarmés et sans aucune inquiétude, ils descendirent en trois corps d'ar- mée et se jetèrent, en bondissant comme des loups affamés, sur le camp français; au premier choc, une multitude de soldats et de bidauds - s'en- fuirent, croyant tout perdu; Zannekin allait atteindre la tente du roi, quand 1 Mémoires, t. II, p. 575. 2 Soldais peu estimés. SIRE DE BEAUMONT. 23 celui-ci, à peine armé, se mit en défense et fut bientôt entouré de ses nobles. Il trouva le comte de Hainaut et son frère soutenus par les Fla- mands, fidèles au comte Louis, qui avaient fait éprouver de grandes pertes aux révoltés. Bientôt toute farinée alliée fut sur pied et fit un grand carnage des troupes de Zannekin. On regarde cette journée comme une défaite des Flamands, mais cela est-il juste? Les Brugeois, ceux du Franchies Yprois et les Courtraisiens n'assistaient pas au combat, dit de Meyere, et les métiers de la Flandre impériale étaient retenus par ceux de Gand et d'Oudenarde. Les Français, avec leurs alliés, avaient donc vaincu les insurgés de Cassel, de Fumes, de Bergues et de Bourbourg. Ils avaient d'ailleurs payé cher celte victoire et un écrivain comme Froissait n'aurait pas dû parler de leurs adversaires avec tant de mépris '. Mais la rivalité de la France et de l'Angleterre avait une tout autre impor- tance. Charles le Bel était descendu dans la tombe, sans laisser un héritier direct de la couronne de saint Louis. Il se présentait deux compétiteurs, le roi Edouard d'Angleterre, comme (ils d'Isabelle, sœur du dernier roi, et Philippe de Valois, petit-fils de Philippe le Bel. Le premier était incontestablement l'héritier le plus proche, mais il existait, disait-on, quelque part une loi sa- lique qui excluait les femmes de la succession au trône de France. Ce royaume, à ce qu'on ajoutait, était le royaume des lis, et l'Evangile déclarait - que les lis ne filent pas; d'où l'on devait conclure que le royaume ne tombait pas en quenouille. C'était la première fois que le cas se présentait et le raisonne- ment ne paraissait pas péremptoire à bien des personnes. Quel code portait cette loi salique, se disait-on, et comment une simple comparaison de l'Ecri- ture pouvait-elle trancher une question de cette importance? Le roi d'Angle- terre convenait cependant que les femmes étaient exclues du trône et que sa mère n'aurait pu s'y asseoir, mais elle n'atteignait pas, selon lui, le fils de la princesse. « Je saurai bien prouver au besoin, disait-il, que je suis homme » et que mon épée n'est pas une quenouille. » La cour des pairs de France 1 Dieu ne volt pas consentir que li seigneur, fuissent la ilesconfit de tel merdaille. — Fhoissaiit, li v. I, cb.XLII. 2 Luc, t. XII, p. 27. 24 JEAN DE HA1NAUT, prit cependant une décision en faveur de Philippe de Valois, mais les chro- niques de l'époque prouvent que l'opinion publique ne fut pas unanime à l'approuver. On comprit cependant qu'il en sérail appelé aux armes, Vultima ratio regum. Edouard toutefois ne se hâta pas d'y recourir, et ce ne fut qu'après avoir châtié les Écossais qu'il prêta l'oreille aux conseils de Robert d'Artois, ennemi personnel de Philippe de Valois, et songea à faire valoir ses droits à la couronne de France. Il porta même la question devant le parlement pour associer la nation à ses projets, mais l'assemblée, tenue à Westminster et assez tumultueuse d'ailleurs, paraissait mal disposée, quand le comte deLan- castre, oncle du roi, proposa de consulter le comte de Hainaut et son frère, le sire de Beaumont « qui estoient, disait-il, deux princes sages, vaillants et de bon conseil. » On se rallia à cette opinion et, pour calmer le roi mécon- tent, on lui vota un don de vingt mille sacs de laine que les Flamands désiraient acheter, et dont le prix pouvait servir à la solde de ses hommes d'armes et aux subsides qu'il avait promis à ses alliés. Quatre députés par- tirent ensuite pour le continent. Arrivés sans danger à Valenciennes, ils trouvèrent le comte Guillaume malade d'une attaque de goutte, et avec lui la comtesse, sa femme, et Jean de Beaumont, son frère. L'évèque de Lincoln, chef de l'ambassade, exposa avec précision la requête de l'assemblée de Westminster, et le comte lui répondit que ce n'était pas une chose légère de défier le royaume de France, mais (pie son gendre en étant le plus pioche héritier, il devait poursuivre son bon droit et récla- mer la couronne de France comme son légitime héritage; qu'il l'aiderait en toutes choses comme il y était tenu et qu'il devait soutenir le bon droit. Dans une assemblée tenue à Halle, à laquelle assista Jean de Beaumont, on résolut de ne pas commencer les hostilités contre la France aussi long- temps qu'on ne serait pas assuré des bonnes dispositions de tous les princes du pays. Ceux-ci se déclarèrent presque aussitôt, exception faite du comte de Flandre, dont l'autorité était purement nominale, et de l'évèque d'Utrecht. En revanche, les ducs de Brabant, de Gueldre et de Juliers, l'archevêque de Cologne et le comte de Namur promettaient leur secours à la ligue. L'Empe- SIRE DE BEAUMONT. 2a reur fit plus : il nomma Edouard vicaire do l'Empire et le comte de Hainaut gardien de ses frontières ou marches. D'une autre part, Philippe de Valois complaît parmi ses alliés les rois d'Ecosse et de Navarre. On devait craindre ainsi de voir toute l'Europe centrale en feu, surtout quand on apprit que le roi d'Angleterre, accompagné de la reine Philippa et suivi d'un grand nombre de seigneurs anglais, venait d'atterrir à l'Ecluse. Il aurait bien voulu y descendre, mais Jacques d'Artevelde, qui voulait garder encore quelque temps une stricte neutralité, lui conseilla de s'arrêter à Anvers. Edouard fut charmé d'y rencontrer Jean de Beaumont, son oncle, dont il connaissait les hautes qualités et l'attachement à sa personne, et qui dans ce moment lui était doublement utile comme prince belge et très-aimé dans son pays. C'était d'ailleurs un excellent conseiller pour la reine dans les absences du roi qui devaient être fréquentes. Les hostilités n'eurent pas d'abord le caractère violent qu'on leur avait supposé. Le duc de Normandie prenait ou pillait quelques places peu impor- tantes du Hainaut, et le comte de Blois *, gendre de Jean de Beaumont -, et Gautier de Manni s'emparaient à leur tour de quelques forts et manoirs du Tournaisis. Jean de Beaumont et Henri de Flandre, comte de Lodi, échouèrent dans une tentative sur Hennecourt devant la bravoure de l'abbé du lieu. Les armées principales, qui avaient pour chefs les deux rois en personne, étaient campées près de S'-Quentin et deBuronville; elles s'observaient sans oser en venir à une attaque. Froissart5 avance que le comle de Hainaut parais- sait tour à tour dans les deux camps pour remplir ses devoirs de feudataire de la France et de l'Empire. Pour prouver l'invraisemblance d'un pareil manège, nous avons remarqué déjà que jamais le Hainaut ne releva de la France. Ce qui est vrai, c'est que les comles de Hainaut et de Namur se retirèrent avec leurs troupes, sous prétexte qu'on avait passé les fronlières de l'Empire et qu'on ne devait pas suivre au delà les bannières d'Edouard. 1 De cette famille descendait le pieux Louis de Blois, plus connu sous le nom de Blosius, auteur de plusieurs traités ascétiques du premier mérite. 2 Jean de Beaumont n'eut qu'une fille unique. '' Le comte protesta hautement que son comté ne relevait que de Dieu et du soleil. Tome XL. 4 96 JEAN DE HAINAUT, Ce monarque se trouvait dans une -position précaire et difficile. Les grands trésors qu'il avait apportés d'outre-mer s'étaient fondus en subsides à des alliés indolents ou douteux; les escarmouches qui avaient eu lieu en plu- sieurs endroits ne pouvaient avoir de résultat, et quand on avait présenté la bataille à l'ennemi, il s'était retiré dans l'intérieur de la France. Edouard laissa la reine à Gand, où sa présence pouvait être singulièrement utile pour gagner les Flamands, déjà favorablement disposés à se déclarer ouvertement pour l'Angleterre, et où elle était comme une garantie pour les dettes de son époux. Jacques d'Artevelde venait d'écraser un fort parti de chevaliers leliaerts dans les murs de Biervliet. Bataille navale de l'Écluse. Edouard avait obtenu du parlement un subside extraordinaire et se trou- vait en mesure de remplir tous ses engagements; il se disposait à repartir pour le continent, quand il reçut l'avis que Philippe de Valois avait préparé une flotte de vaisseaux génois et français pour le surprendre au passage '. Elle portait trente-cinq mille hommes, commandés par Hugues Quicret, che- valier artésien, mais son chef supérieur était Nicolas Behuchet. Trente ga- lères génoises obéissaient à un capitaine de corsaires nommé Barbavara. Behuchet débarqua un grand nombre de ses gens d'armes dans l'île de Cad- sant, où il fit brûler les maisons et égorger les habitants désarmés. Mais des bourgeois de Bruges accoururent assez tôt pour sauver la \ille de l'Ecluse et virent la Hotte française réunie près des ruines mal éteintes de Cadzand. Ces nouvelles parvinrent bientôt à Orwell, où Edouard préparait tout pour son retour en Belgique, mais il ne voulut y croire que lorsqu'il reçut le même avis du duc de Gueldre. Il fit réunir immédiatement tous les vaisseaux qui se trouvaient dans les ports du sud, et dit aux conseillers qui voulaient le retenir : «Vous conspirez tous contre moi. J'irai : que ceux qui ont peur 1 On the ofSiuys, dit Lingaro, mais par erreur. La flotte ). Cependant Edouard savait parfaitement, puisqu'il avait voulu les rejoindre, qu'ils ravageaient l'Artois. 30 JEAN DE HAINAUT, envoyés pour reconnaître les Anglais, conseillèrent de différer la bataille et d'employer la matinée à organiser Tannée. Des ordres lurent donnés en conséquence. Quelques troupes y obéirent, d'autres les comprirent mal et la plupart les méprisèrent. Philippe lui-même se laissa entraîner par le torrent. A la vue des Anglais, le sang lui monta à la tête, et, ne se possédant plus, il ordonna aux Génois auxiliaires qui combattaient avec l'arbalète, sous les ordres de Charles Grimaldi et d'Antoine Doria, de commencer le combat. Ces mercenaires venaient de faire cinq lieues par la pluie et la chaleur, en proie à la soif et à la faim; ils étaient mécontents contre leurs chefs fran- çais: ils demandèrent un instant de repos, et, ne pouvant l'obtenir, déchar- gent avec peine leurs armes mouillées. Les archers anglais y répondent si vigoureusement (pie ces étrangers commencent à s'ébranler et à reculer. A celte vue, le comte d'Alençon indigné s'écrie, en se tournant vers ses gens d'armes : « Or sus! tuez-moi tous ces ribauds qui ne font que nous obstruer la route! » Trop fidèle à cet ordre, la cavalerie se rue sur les Génois, en désordre, les foule aux pieds et les écrase sans pitié. Un grand nombre de chevaliers sont démontés par les archers anglais et mis à mort par les dagues des Gallois. Bientôt une scène lamentable se déploie, comme aux champs de Courlrai; presque toute la cavalerie française, lancée avec cette impétuosité qu'on appelle la Furia francese, mais avec une confusion honteuse, au milieu des trois corps de bataille ennemis, est enveloppée, assaillie et massacrée de sang-froid. Le comte de Flandre se battait avec un courage de lion contre la division que commandait le prince de Galles, mais il expira percé de coups dans le fond d'un ravin. D'autres princes prennent leur nom du lieu de leur naissance et Louis le dut à celui de sa mort. A l'aspect de ce désastre, Philippe demanda conseil à Jean de Beaumonl qui combattait à ses côtés, mais quel pourrait être l'avis d'un général qui ne s'était jamais imaginé une pareille déroute? Aussi le roi n'attendit pas une réponse et se précipita contre les Anglais en criant Montjoie S' -Denis; deux chevaux sont tués sous lui, lui-même, blessé à la gorge, va succomber comme ses compagnons d'armes, quand Jean de Beaumont saisit vivement la bride de son cheval et l'entraîne malgré lui. SIRE DE BEAUMONT. 31 Mené par Jean de Hainaut et suivi de cinq ou six barons et de quelques chevaliers, Philippe profita d'une nuit sombre et orageuse pour se rendre au château de laBraie, et, après une heure de repos, à la ville d'Amiens. Son armée, forte de cent vingt mille hommes, pleine de bravoure, mais sans ordre et sans discipline, fut dispersée et détruite par la tactique habile et le courageux sang-froid du roi d'Angleterre. Les ducs de Bourbon et de Lor- raine, les comtes d'ÀIençon, de Flandre et de Nevers, six autres princes, deux archevêques, quatre-vingts barons à bannière, douze cents chevaliers et trente mille fantassins restèrent sur le champ de bataille (25 août 1346). Si Ton en croit l'historien florentin Villain ', Edouard fit le premier usage d'artillerie à cette journée. Quatre bombardes du genre de celles qu'on appela plus tard fauconneaux, chargées de mitraille et habilement dirigées, firent un grand carnage au milieu des débris de la chevalerie française. Mais Jean Lobet et Gilles Ly Muisis, auteurs contemporains, ne font aucune men- tion du fait. Après avoir sauvé la vie au roi de France, Jean de lîeaumont crut qu'il pouvait quitter une armée entièrement dispersée et retourner en Hollande, où l'attendait d'ailleurs le comte Guillaume IV, son seigneur et son neveu. Le diocèse d'Utrecht -, dont la souveraineté appartenait à l'évêque, était depuis longtemps convoité par les princes hollandais. Guillaume avait cru qu'il allait atteindre ce but, en se faisant nommer par le clergé régent ou mambour 3, pour douze ans, et en gardant plusieurs forts qu'on lui avait donnés en garantie pour les sommes qu'il avait avancées afin d'aider leurs finances ohérées. Mais le nouvel évèque, Jean d'Arckel, avait pressenti les desseins de Guillaume, et, pour y échapper, il parvint par une sévère écono- mie à se libérer des dettes les plus importantes et vivait à Grenoble en simple particulier; afin d'y parvenir entièrement, son frère Rohert gouvernait le pays avec les pouvoirs du prélat. La découverte de son plan irrita vivement le comte et le poussa à recourir 1 Rcrueil de mémoires , t. II, p. 359 et suivantes. - Que les Hollandais appelaient, par antonomase, le diocèse, het Sticlit. :' Matth., Ânalecla, t. V, p. 5ÏJ3. 02 JEAN DE HAINAUT, à la force. En 1345, il vint au milieu de Pété assiéger Utrecht et en fit battre les murailles par treize de ces engins dont on se servait alors dans le siège des villes. S'étant avancé lui-même pendant une nuit obscure jusqu'aux fossés de la place pour en sonder la profondeur, il fut Messe au tendon d'Achille ' et laissa à son oncle le soin de continuer le siège. Robert d'Arckel se défendait vaillamment, mais la famine s'étant déclarée par suite du siège, il rappela son frère; celui-ci, accouru de France, ouvrit une négociation avec Jean de llainaut, qui n'aboutit qu'à une trêve qui devait cesser à la S'-Marlin, 1 1 no- vembre 1345. Elle permit à Jean de Beaumont de commettre de nouveaux exploits et de rendre à Philippe de Valois le service que nous avons rapporté. A peine en était-il revenu qu'il fut appelé à seconder son neveu qui vou- lait se servir de l'armée qu'il avait ramenée de devant Utrecht pour châtier les Frisons qui avaient maltraité ses employés. Des troupes nombreuses s'embarquèrent à Dordrecht pour attaquer la Frise, mais plusieurs causes et surtout les vents orageux d'automne dispersèrent les vaisseaux et ne leur permirent pas d'arriver à la côte en même temps. Jean de •Beaumont fut un des premiers capitaines qui l'atteignit et il prit terre dans une plaine assez belle appelée de Zuidvenne, près du monastère de S'-Odulpbe et non loin de Sla- veren; à peine se vit-il entouré d'un petit nombre de soldats, qu'il se jeta sur un détachement de Frisons qui étaient sur leur garde et se défendirent avec tant de vigueur qu'une partie des assaillants fut tuée et l'autre mise en fuite. Le comte qui avait pris terre en même temps, mais sur un autre point, ne se donna pas la peine de ranger son armée, il brûla un village qu'il ren- contra, et, sans attendre d'autres troupes qui le suivaient, il attaqua un corps de Frisons et, dès la première charge, tua un de leurs cbefs qui se défendait vaillamment. A celte vue, les autres bandes frisonnes se ruèrent comme des forcenés sur la petite troupe qu'ils -défirent et brisèrent d'un coup de hache le crâne du comte sans le connaître. Cette malheureuse rencontre eut lieu sur le même tertre où les comtes de Hollande tenaient leurs lits de justice dans la Frise orientale -. Au muscle du pouce , dit Vinchant , Annules , t. III, p. 225. ViNCHANT, Ibill., [I. 220. SIRE DE BEAUMONT. 55 Le vieux comte de Gueldre, Renaud le Noir, avait dit en tenant Guil- laume sur les fonts du baptême : Un jour cet enfant sera tué par les Frisons. Son oncle fut plus heureux. II était sur le point de succomber sous la masse des ennemis, tout en leur vendant chèrement la vie, quand la marée montante amena quelques bâtiments près de la rive, et son écuycr, Robert de Gluves, le prit malgré lui, et le porta à bras le corps dans le bâtiment. Chose remarquable ! Il avait sauvé de la même manière Philippe de Valois ! Le vaisseau vira de bord aussitôt et déposa le noble chevalier sur la terre hollandaise. La plupart des grandes familles y perdirent un chef ou un descendant; vingt-cinq chevaliers à peine en revinrent. D'après le calcul le plus modéré, les Hollandais y perdirent 3,700 hommes '. Ce désastre eut lieu le 26 ou le 27 septembre 1345 2, et, dix jours après, le commandeur des chevaliers de Saint-Jean à Harlem vint en Frise pour chercher le corps du comte, que les ennemis avaient tué sans le connaître et qu'il fit ensevelir avec huit grands seigneurs qui entouraient leur chef, dans l'abbaye de Champfleuri ou Bloem- kamp, qu'on nommait aussi Oldenklooster, mais ses restes furent transférés plus tard à la Haye et enterrés dans la chapelle de la cour. Guillaume était mort sans laisser d'enfants de Jeanne de Brabant, sa femme. Il n'avait pas de frère, mais deux sœurs, Marguerite, mariée à l'em- pereur Louis de Bavière et Philippa, reine d'Angleterre, dont nous avons dû souvent entretenir nos lecteurs. Après elle, son parent le plus proche était Jean de Beaumont, qui, à ses fiefs, situés en Hainaut, ajoutait les seigneuries de Schoonhoven 3, Ter Goes et Ter Tholen en Zélande; mais comme oncle de Guillaume IV, il n'avait aucun droit a son héritage. Quand il se vit sauvé de la main des Frisons, il crut devoir se hâter de s'informer du sort de son neveu; mais à peine eut-il appris son décès d'une manière certaine, qu'il courut à Geertruidenberg, où se désolait la comtesse douairière, et, comme le noble, le plus illustre proche parent du 1 Bildebdvk, Geschiedenis des Vaderlands, t. III, p. 119. 2 Le 26, selon Vinchant. 3 II y avait fondé un couvent de douze franciscains <[iii fut détruit par la prétendue réforme. Tome XL. 5 54 JEAN DE HAINAUT, comte et le plus qualifié par ses litres et ses emplois, avait provisoirement le pouvoir en mains, et il nous reste quelques actes émanés de lui l ; mais quand il s'aperçut combien son autorité était précaire dans un pays mécon- tent et désuni, il s'empressa de l'abandonner à lui-même -. Il avait quelques droits, ce semble, sur la partie féodale du comté, le domaine d'Ostrevant; mais on jugea que tout l'héritage était dévolu à l'Em- pire, et l'Empereur en investit sa femme, fille aînée de Guillaume III d'Avesnes, et son décret fut reçu sans aucune opposition. Bataille de Nevil'cross. Prise de Calais. Le sire de Beaumont ne fit entendre aucune réclamation : il venait d'ail- leurs d'être appelé sur un plus grand théâtre. Après sa victoire, Edouard continuait à ravager les provinces méridio- nales de la France et avait mis le siège devant Calais, qui se défendait à outrance. Philippe V en profita pour engager son allié, le roi David II d'Ecosse, à faire une invasion en Angleterre, rendue facile par l'absence d'Edouard et de ses forces principales. L'Écossais ne se le laissa pas dire deux fois et entra en Angleterre avec une puissante armée. Les Anglais, pris au dépourvu, prescpie sans cavalerie et sans généraux, semblaient condamnés d'avance à une défaite sanglante, quand la reine Philippa de Hainaut, revenue de Flandre depuis peu, se montra la digne émule de Jeanne de Flandre, comtesse de Montfort en Bretagne. Elle leva l'étendard d'Angleterre et, après avoir chargé les lords Henri Percy, Raphaël Nevil et l'archevêque dTork de l'ordonnance de l'armée, elle parcourut tous les rangs sur un palefroi, exhorta les soldats à faire leur devoir et à combattre avec courage les ennemis du roi et du pays. Ensuite elle entra dans un oratoire pour obtenir les béné- dictions du Dieu des armées. Ces vœux furent exaucés et sa victoire com- plète. Les Écossais comptèrent quinze mille morts et un grand nombre de prisonniers, dont plusieurs seigneurs de la plus liante noblesse et le roi David 1 Hands. van Kennemerland , p. 9, et Grootplakaatboek , p. 713. - Il passa alors au scn icc de Philippe de Valois, dit Wagenaar : qui doue suivit-il à Crée) ! SIRE DE BEAUMONT. 5§ lui-même '. La reine pouvait porter haut la belle devise « Dieu et mon droit» . Après quelques jours, elle partit pour la France, où l'attendait une victoire plus belle encore. Son royal époux, qui avait bloqué Calais par terre et par mer, déjouant tous les moyens employés pour la délivrer, s'en rendit maître par la famine. Irrité par la longue résistance de la place, il avait résolu de la traiter comme un repaire de pirates. Lui, qui d'ordinaire avait le cœur si haut placé, se laissa cette fois emporter par la colère. Six bourgeois qui s'étaient dévoués pour leurs concitoyens furent conduits, tète et pieds nus, ayant la hart à la main, devant lui, et au lieu de leur dire, comme l'Auguste de Corneille plus tard : Soyons amis, seigneurs, c'est moi qui vous en prie, il les apostropha durement et donna ordre d'introduire le bourreau. En vain ses courtisans les plus chers imploraient-ils sa clémence, quand la reine se jeta à ses genoux, implorant avec larmes leur pardon. Vaincu enfin, Edouard lui répondit : « Je ne puis rien vous refuser; allez et délivrez ces bour- geois et traitez-les selon votre bon plaisir. » La reine alors les emmena, leur fit ôter la corde qu'ils avaient au col , leur fil donner des vêtements honorables et un repas substantiel. Ils furent ensuite conduits en sécurité hors du camp. Vivement ému d'une guerre si longue et si meurtrière, le pape Benoit XII avait envoyé en France deux cardinaux pour négocier une trêve, mais sans succès. Après la prise de Calais, Clément VI renouvela les instances et se fit écouler des deux partis. De la part de la France furent députés au congrès les ducs de Bourgogne et de Bretagne, Louis de Savoie et Jean de Hainaut; de la part de l'Angleterre les comtes de Derby et de Northamton, Renaud de Cobham et Gautier iManny. Les cardinaux de Naples et de Clermont obtinrent un armistice qui fut graduellement prolongé pour six ans -. Nous aurions tort envers Jean de Beaumont, si nous gardions le silence 1 Llngard, t. IV, p. 72 et suiv. - Ryher, Actapublica Angliae, t. V, pp. 5-8. 36 JEAN DE HAINAUT. sur ses exploits en Espagne, sous Alphonse IX, roi de Castille, et beaucoup plus tard avec les chevaliers de l'ordre teutonique contre les Lithuaniens encore idolâtres. Il lit encore éclater sa valeur; niais depuis la fameuse vic- toire des Las Navas de Toledo, l'islamisme était trop affaibli en Espagne pour donner lieu à de grandes actions, et les annalistes ont confondu trop souvent ses exploits avec ceux du comte, son oncle. Jean joignait à des vertus chrétiennes élevées, un esprit propre à toutes les connaissances nécessaires pour réussir partout, et Ton admirait ses talents. Une chose peut lui être reprochée : l'aisance avec laquelle il passa d'un drapeau à l'autre; mais on a vu aussi qu'il y a de quoi l'expli- quer en bien, et aucun de ses contemporains ne lui en a fait un crime, tout en faisant l'éloge de ses exploits dans l'un ou l'autre camp. En les voyant, on est tenté de lui accorder les épithètes un peu emphatiques que Lambert d'Ardre a données au comte de Guines, Baudouin II : qu'il brillai! comme une perle précieuse dans la couronne de France et comme une escar- boucle clans le diadème d'Angleterre. Jean de Beaumont, déplorant les maux que les Hocks et les Cabeljauws répandaient sur sa patrie, se tint éloigné de toute politique et mourut pieusement le 2 mars 135". Il fut enseveli dans une simple tombe, placée dans une arcade du chœur de l'église des Frères Mineurs à Valenciennes. FIN. HISTOIRE DES BANDES D'ORDOIN N ANCE DES PAYS-BAS: le baron GUILLAUME, LIEUTENANT GÉNÉRAL, MEMBRE DE L'ACADÉSIIE ROYALE. Omare palrium el amplificai e yuudeuti ( Pline le je ■. . ( Mémoire présenté à la classe des lettres de l'Académie le 3 février I.S7M. Tome XL. PKEFACE, La gendarmerie flamande, connue dans l'histoire sous le nom de Bandes d'ordonnance, est le premier corps de troupes nationales permanentes qui ait existé dans notre pays. Ses annales sont longues et glorieuses! Elles commencent au moment où le dernier prince de l'illustre maison de Bourgogne, l'audacieux duc Charles, cédant à l'ambition qui le dévore d'échanger sa splendide couronne ducale contre le manteau des rois, se laisse entraîner dans une suite de guerres fatales à lui-même et à ses peuples. Elles finissent à l'époque où la maison d'Espagne, après avoir vu l'antique gloire de ses armées s'éclipser pour jamais dans les champs de Bocroy et de Lens, s'éteint elle-même par la mort du dernier descendant de la race de Charles-Quint. L'histoire complète de cette vaillante milice embrasse donc plus de deux siècles de guerre presque continue. Pendant deux cents ans, la redoutable cavalerie flamande a figuré avec honneur dans les guerres civiles, dans les guerres de religion, dans les guerres de conquête; elle s'est illustrée tour à tour sur le sol de la patrie et sur la terre étrangère ; elle a eu ses jouis de gloire et ses jours d'adversité C'est l'histoire des phases diverses de l'existence des bandes d'ordonnance que je vais essayer de retracer. Cette histoire se divise naturellement en trois périodes : la première est celle qui correspond aux événements du règne de Charles le Téméraire; la deuxième s'étend depuis la mort de ce prince jusqu'à l'époque où l'empereur Charles-Quint donne à l'institution des bandes h PREFACE. d'ordonnance une organisation définitive; la troisième, enfin, embrasse les événements qui ont suivi cette organisation, elle finit obscurément à la fin du dix-septième siècle. « Une véritable histoire des compagnies d'ordonnance des Pays-Bas, » disait naguère M. Gachard, « serait à la fois un livre plein d'intérêt et un » monument élevé à la gloire de nos ancêtres. Elle montrerait cette milice » si brillante et si redoutée, prenant part à tons les événements militaires » qui signalèrent les règnes de Charles le Hardi , de Maximilien, de Charles- » Quint, de Philippe II On trouverait en outre dans cette histoire un » tableau détaillé du nombre et de la composition des bandes d'ordonnance » aux différentes époques; on y verrait les variations auxquelles leur solde, » leur armement, leur équipement furent soumis; on > lirait enfin les noms » de ceux qui les commandèrent successivement et qui toujours furent choisis » parmi les membres les plus illustres de la noblesse des Pays-Bas. » Tel est le programme d'une histoire des bandes d'ordonnance des Pays- Bas tracé par le savant arcbiviste du royaume l ; tel est le programme du livre que je soumets au public. Je l'ai suivi attentivement; j'espère l'avoir rempli aussi complètement qu'il est possible de le faire avec les matériaux , malheureusement bien rares, qui ont échappé à la destruction du temps et sont parvenus jusqu'à nous. J'ai ajouté à mon travail une série de notes biographiques sur les officiers qui servirent dans les bandes d'ordonnance. Les plus illustres familles du pays y retrouveront leurs noms et constateront par là que leurs ancêtres, loin de dédaigner la carrière des armes et de se faire représenter à l'armée par des remplaçants, tenaient à honneur de remplir personnellement leurs devoirs envers la patrie. 1 Bulletins du l'Académie royale de Belgique, I. XVII. HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE. PREMIÈRE PÉRIODE. HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE DEPUIS LEUR CRÉATION PAR CHARLES DUC DE BOURGOGNE JUSQU'A LA MORT DE CE PRINCE (1471-1477). CHAPITRE Ier HISTOIRE DE L'ORGANISATION DES BANDES D'ORDONNANCE SOUS CHARLES DE BOURGOGNE '. g 1er — Création des bandes d'ordonnance. C'est en I 474 que commence l'histoire du corps célèbre qui, pendant plus de deux cents ans, porta le nom de Compagnies ou Bandes d'ordonnance. Voici les circonstances qui amenèrent l'institution de cette milice : Le roi de France, Louis XI, qui, peu de temps auparavant, avait conclu avec le duc Charles de Bourgogne le traité de Péronne et s'était lié par un serment prononcé sur un morceau du bois de la vraie croix, précieuse relique dont il ne se séparait jamais, le roi Louis XI, dis-je, venait de se faire 1 Ce chapitre est extrait en partie de mon mémoire sur l'Organisation militaire sous les ducs de Bourgogne. (Mémoires couronnés de l'Académie, t. XXII.) J'ai pensé qu'il devait nécessaire- ment prendre place dans une histoire complète des handes d'ordonnance. 2 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE dégager de toutes ses promesses par rassemblée de Tours ' ; déjà même et sans déclaration de guerre préalable, chose tout à l'ait inusitée à cette époque, il avait ouvert les hostilités contre son beau-cousin de Bourgogne. Ce fut dans ces circonstances que le duc Charles résolut définitivement d'organiser un corps de troupes permanentes qui mit désormais ses Etats à l'abri des entreprises inopinées de son astucieux voisin. Avant cette époque, les princes de la maison de Bourgogne n'avaient point eu de troupes nationales permanentes. Us s'étaient toujours contentés du service militaire (pie leur devaient les vassaux possesseurs de fiefs et leurs bonnes gens des communes. Le seul changement un peu considérable qui eût élé apporté à l'ancienne constitution de l'état militaire avait été rétablis- sement, par Philippe le Bon, après le traité de Conflans (1465), de quel- ques troupes entretenues dans leurs foyers par gages messagers aux frais du prince, sous l'obligation de se tenir prêtes à prendre les armes au premier appel 2. En France, au contraire, il existait des troupes permanentes depuis plus d'un siècle 5; Louis XI avait à sa disposition des compagnies d'ordonnance toujours prêtes à entrer en campagne, et Charles appréciait trop bien l'im- portance d'une semblable institution pour ne pas l'introduire dans ses Etats. Ce projet, il le méditait depuis assez longtemps déjà * : Dans l'assemblée générale des États, du mois de mai 1470, il avait exposé les dangers que le pays avait courus en l'absence de troupes organisées de manière à pou- voir entrer immédiatement en campagne, ainsi que cela existait en France. Il assurait alors, faisant allusion aux dernières entreprises de son redoutable 1 Ce fut le succès que Warwick avait obtenu en Angleterre qui détermina Louis XI à reprendre ses projets contre le duc de Bourgogne et à se faire délier par l'assemblée de Tours du serment qu'il avait fait à Péronne. (Voir la correspondance du 28 octobre 1 470 avec le grand maître, comte Dammartin.) '-' Mémoire concernant les Etats généraux et particuliers des Pays- lias. (Bulletins de la Commission royale d'histoire, 2e sér., t. Il, p. 54.) " Les compagnies d'ordonnance avaient été' créées en France, en 1445, par Charles VII. On ne trouve, ni dans Rebuffe, ni dans Fontanon, l'acte par lequel les quinze premières compa- gnies lurent créées. '• Dès la rupture du traité de Conflans le duc de Bourgogne avait demandé aux États une aide de 20,000 écus pour payer huit cents lances. DES PAYS-BAS. 3 voisin, que cinq cents hommes d'armes eussent suffi pour garder les fron- tières, empêcher Louis XI de rompre la paix et de troubler le repos du pa\s. Faisant ensuite entrevoir aux membres de Passembl'ée les périls et les mal- heurs qu'une semblable situation pouvait, dans l'avenir, attirer sur eux, il les avait engagés instamment à seconder ses vues en accordant les aides nécessaires pour l'entretien de huit cents lances. Les États avaient fini par se rendre aux instances du duc en lui accor- dant une aide annuelle de 120,000 écus pendant trois ans « mais, » dil Commines, « grand doute faisaient ses sujets, et pour plusieurs raisons, de » se mettre en cette suhjection où ils voyaient le royaume de France, à » cause de ses gens d'armes. Et, à la vérité, leur grand doute n'estoit pas » sans cause; car, quand il se trouva cinq ou six cents hommes d'armes, » la volonté lui vint d'en avoir plus et de plus hardiment entreprendre contre » tous ses voisins, et de six vingt mille écus les fit monter jusques à cinq » cents mille et crut de gens d'armes, en très-grande quantité '. » Pour arriver à la réalisation de ses dessins, Charles avait dû vaincre de grandes répugnances de la part des Etats ; la Flandre surtout avait opposé une vive résistance à ses désirs; elle voulait tout au moins que l'aide fût répartie sur toutes les provinces de la domination du duc en y comprenant la Bourgogne, mais Charles repoussa cette demande en alléguant les sacrifices que s'était imposés cette partie de ses États; il dit, à cette occasion, de bien dures paroles aux députés qui vinrent lui faire des ohservations à Middel- hourg, le 25 mai 1470; il leur reprocha, en termes sévères et blessants, la parcimonie et la mauvaise grâce avec laquelle ils avaient, de tous temps , accordé à leurs princes les aides nécessaires à la défense du pays ; enfin il les menaça, s'ils ne cédaient pas à ses volontés, de briser leurs testes fla- mengues si grosses et si dures -. Charles fit observer, du reste , que la somme demandée aux États ne per- mettrait de faire face qu'au tiers de la dépense qu'occasionneraient les mille lances, c'est-à-dire les cinq mille combattants qu'il voulait lever; que, par 1 Commines. Éd. Buclion, p. CG. i Documents inédits concernant l'histoire de la Belgique, publiés par M. Gâchant, I. 1, pp. 21 (i cl suivantes. i HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE suite, il so trouverait obligé de payer le surplus de la dépense sur les revenus de son propre domaine. Nonobstant la résistance des Flamands, le due s'occupa sans plus tarder de l'organisation des compagnies d'ordonnance. Dès le 23 octobre 1470, il donna un mandement où il annonçait à ses officiers dans les provinces sa résolution de lever mille hommes d'armes pour la défense de ses pays, tant de Bourgogne que de par deçà. Il ordonna que tous ceux de ses sujets qui voudraient le servir, en qualité d'homme d'armes ou d'archer, se fissent inscrire chez les grands baillis ou autres officiers qu'il chargea spécialement de faire un choix parmi les postulants et de lui en soumettre les listes '. Ce n'était là que le premier projet d'organisation d'un corps spécial de cavalerie; il n'était pas encore question d'y adjoindre des gens de pied, comme on disait alors pour désigner les fantassins. Les hommes d'armes et les archers furent donc choisis conformément aux dispositions précédentes; le duc approuva les listes soumises à sa sanction par ses hauts officiers dans les provinces, puis, un nouveau mandement du 12 janvier 1471 (n. s.) ordonna la réunion des élus, à Dourlens, pour le 1er février suivant. Charles voulut bientôt augmenter cette première ordonnance, ainsi nomma- l-on dès l'origine la nouvelle milice : dès le 20 avril de la même année il prescrivit à ses officiers dans les provinces de faire de nouveaux appels à tous les gens d'armes, archers et autres combattants qui voudraient le servir dans ses ordonnances. Ces nouveaux élus devaient, à cet effet, se réunir autour d'Arras, munis de leurs armes et équipements. Enfin, quatre jours après, le duc annonça positivement son intention de porter son ordonnance à mille deux cent cinquante lances, avec des yens de Irait, c'est-à-dire des combattants à pied. Le 20 mai 1471 le duc exprima d'une manière encore plus catégorique sa 1 Documents inédits concernant l'histoire de la Belgique, publics par M. Gâchant, I. I. pp. 216 e( suivantes. — Documents inédits aux Archives du royaume. Le plus ancien compte dans lequel figurent les bandes d'ordonnance est celui de Christophe Buridan, delà trésorerie de guerre, pour payements faits pendant les mois de novembre, décembre et janvier 1471 (n. s.). Papiers de l'Audience aux Archives du royaume. DES PAYS-BAS. 5 volonté de lever des gens de trait pour compléter ses compagnies d'ordon- nance, savoir : douze cent cinquante arbalétriers, douze cent cinquante couleuvriniers et douze cent cinquante picquenaires. Il ordonna en consé- quence que les arbalétriers, les couleuvriniers et les picquenaires qui vou- draient en faire partie fussent babilles et équipés selon ses instructions, avant le 15 juin; cette dernière date fut également assignée pour la réunion des troupes qui avaient été convoquées primitivement pour le 15 mai par les ordonnances des 20 et 24 avril. Ce fut alors seulement que Charles donna les premiers règlements sur l'organisation et la discipline des compagnies d'ordonnance; ces règlements portent les dates des 29 juin et 31 juillet 1471. La première création des compagnies d'ordonnance date donc bien évidem- ment de l'année 1471 et non de 1470, ainsi que le mandement du 23 octobre de cette dernière année semble permettre de le supposer; du reste, toute espèce de doute, à cet égard, doit se dissiper en présence d'une disposition du règlement du 31 juillet 1471, qui dit positivement que les hommes d'armes, archers, arbalétriers, etc., seront reçus en solde à partir du 2 août 1471, s'ils sont équipés conformément aux ordonnances. Les divers documents auxquels il a été fait allusion dans l'examen qui précède font mention de -mille deux cent cinquante lances, bien que le duc de Bourgogne n'ait organisé en réalité que douze compagnies de cent lances. En effet, Olivier de la Marche, qui dut être d'autant mieux renseigné qu'il commanda dès l'origine une de ces bandes, assure que la première organi- sation ne comprit que mille deux cents lances, chacune étant fournie de liait combattants à cheval et à pie ' ; on lit en outre dans les mémoires du sire Jean de Haynin qu'au siège de Neuss, en 1474, là où le duc Charles avait, 1 49, dit : « Chacune lance de nosdites ordonnances sera fournie de huit chevaux, d'un homme d'armes » cl de deux archers suivant les anciennes ordonnances. » s De Rodt. — Dépêches des ambassadeurs milanais, publiées par M. de Gingins la Sarra. 8 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE première chambre de sa dizaine; cette chambre se composait de six lances; les quatre autres lances de la dizaine formaient la seconde chambre dont le chef était en outre lieutenant du dizenier. Le chef de toute la compagnie porta d'abord le titre de conductier on conducteur; il comptait au nombre des dix hommes d'armes de la première dizaine dont il était également le chef direct ou dizenier; enfin il était de pins chef de la première chambre de sa dizaine. Cette dernière formation fut provisoire; l'ordonnance de 1473 fixa défini- tivement de la manière suivante l'organisation des compagnies d'ordonnance sons Charles le Téméraire. La composition de la lance resta la même : un homme d'armes, chef de lance, trois archers et trois hommes à pied, non compris le coutiller, le page et les volontaires qui servaient uniquement pour s'instruire au métier des armes. Ces derniers étaient parfois tellement nombreux que l'effectif d'une compagnie s'élevait jusqu'à mille deux cents et même jusqu'à mille cinq cents hommes. De là résulte une certaine confusion dans les récits des événements militaires; lorsque les chroniqueurs de cette époque parlent de deux à trois cents lances, il faut entendre trois à quatre mille combattants. Les hommes à pied n'étaient réunis aux hommes d'armes que pour la discipline, la police et l'administration ; mais en marche et dans les combats, les fantassins étaient naturellement formés en compagnies séparées et ils avaient leurs chefs particuliers, comme on le verra plus loin. L'ordonnance de 14-73 modifia le mode de fractionnement qu'avait établi celle de 1471; la compagnie dut se diviser en quatre escadres et chaque escadre en quatre chambres. Ainsi, une chambre était composée de cinq hommes d'armes ou six avec son chef; l'escadre comptait vingt-cinq hommes d'armes, y compris son commandant. En marche les trois cents archers d'une compagnie se répartissaienl éga- lement en quatre escadres de soixante-quinze hommes commandées chacune par un homme d'armes. Les hommes à pied formaient une seule compagnie sous le commandement d'un homme d'armes à cheval qui portait le titre de capitaine; celte compagnie se fractionnait en trois parties commandées par des cenleniers qui étaient des hommes d'armes à cheval; enfin, charnue de DES PAYS-BAS. 9 ces fractions se subdivisait en trois parties sous les ordres de trois trenteniers choisis parmi les hommes d'armes de la compagnie. Ainsi une compagnie d'hommes à pied marchait sous la conduite d'un capitaine, de trois centeniers et de neuf trenteniers, et tous ces chefs étaienl des hommes d'armes. A chaque compagnie d'ordonnance étaient attachés : un lieutenant, un chirurgien 1, un fourrier chargé du logement, deux trompettes - et un com- missaire du trésorier des guerres pour l'administration 3. Chaque compagnie ou bande d'ordonnance avait une enseigne particulière brodée aux armes et aux couleurs du conducteur; elle était portée devant le front de la première escadre des hommes d'armes. Chaque escadre avait une cornette de la même couleur que l'enseigne de la compagnie et marquée en or, au chiffre de l'escadre; enfin chaque chef de chambre portait sur la salade dont il était coiffé une bannerole également marquée en or au chiffre de sa subdivision. Les archers avaient un pennon qui était porté devant la première escadre; chaque subdivision avait également un signe de ralliement. Le capitaine des hommes à pied portait l'enseigne de sa compagnie. Les étendards des compagnies d'ordonnance portaient tous, indépendam- ment de la devise du duc, l'effigie d'un saint ou d'une sainte 4. ' Olivier de la Marche, Étui de lu maison du duc Charles. - Ordonnances de 147I et de 1473. :> Ordonnance de 1473. 4 Le grand étendard de Bourgogne était sous l'invocation de saint Georges. Sur les étendard: dis compagnies d'ordonnance il y avait : Saint Sébastien. — Adrien. — Christophe. — Antoine. — Nicolas. — Jean. — Martin. — Hubert. Sainte Catherine. Saint Julien. Sainte Marguerite. Saint Avare. — André. — Etienne. — Pierre. — Jacques. Sainte Anne. Madeleine. Saint Jérôme. — Laurent , etc., etc. 10 HISTOIRE DES BANDES DORDONNANCE § III. — Constitution des cadres des bandes d'ordonnance. Le duc Charles le Téméraire et les souverains, ses successeurs, se sont toujours réservé le droit exclusif de nommer les chefs des bandes d'ordon- nance; on verra plus tard que les gouverneurs généraux pouvaient, dans certains cas, donner des commissions provisoires (par provision), mais jamais des patentes définitives '. D'après les règlements de Charles le Téméraire, le conducteur, c'est-à-dire le chef d'une bandé ou compagnie d'ordonnance, n'était nommé que pour une année. Il devait être sage, prudent, instruit, habile dans les armes, et reconnu capable d'exercer les importantes fonctions du commandement; aussi le duc ne s'en rapportait-il qu'à lui seul pour l'examen des titres et du mérite des gentilshommes qui sollicitaient l'honneur de commander une compagnie d'ordonnance -. Du 1er janvier de chaque année jusqu'au G, jour des Rois, les officiers qui avaient été conducteurs l'année précédente et ceux qui désiraient obtenir cet emploi, pour la première fois, adressaient leur demande aux secrétaires du duc 5. Le 8 janvier, le duc faisait connaître sa décision; il maintenait dans leur commandement ceux qui avaient rempli leurs fonctions à sa satisfaction et il leur désignait le numéro de la compagnie dont il leur confiait de nouveau la conduite i. Quelques jours après, tous les conducteurs de l'année précédente el ceux qui étaient nouvellement nommés, se réunissaient dans une des salles du palais où le duc siégeait solennellement environné de toute sa cour. Là, le 1 Dans les instructions qui furent données à l'électeur de Bavière, en 1691, pour le gouver- nement des Pays-Bas, on lit que le roi d'Espagne se réserve encore la nomination des capitaines des hommes d'armes. On voit par là qu'à la fin du dix-septième siècle il n'était pas question de la suppression des bandes d'ordonnance. C'est un point important à constater. 2 Ordonnance de 1473. — Olivier de la Marche, État de la maison du duc Charles. ' Olivier de la Marche, État de la maison du duc Charles. '• Olivier de la Marche constate que jamais le duc de Bourgogne ne se trouva dans l'obliga- tion de retirer à ses conducteurs le commandement qu'il leur avait confié. DES PAYS-BAS. H prince indiquait les motifs qui avaient guidé ses choix; il louait ou blâmait chacun de sa conduite passée et du mérite dont il avait fait preuve; puis il faisait donner lecture des ordonnances relatives aux gens de guerre. Il rece- vait ensuite le serment de ses nouveaux officiers et remettait à chacun d'eux les insignes du commandement, consistant en un bâton recouvert de velours hleu entortillé de soie blanche; il y joignait une copie de ses ordonnances; ces objets devaient être rendus au duc par les conducteurs lorsqu'ils étaient dépouillés de leur commandement. En cas de décès d'un conducteur, le duc désignait immédiatement son successeur; cette nouvelle nomination, si elle avait lieu dans les premiers six mois de l'année, n'avait force, comme les autres, que jusqu'à la fin de la même année. Dans le cas, au contraire, où la nomination avait été faite dans les six derniers mois, elle valait encore pour toute l'année suivante. Immédiatement après leur nomination, les conducteurs se rendaient à leurs compagnies et en constataient l'état, d'après les contrôles de l'année précé- dente remis au duc par les anciens conducteurs. Les contrôles, qui devaient toujours être tenus au courant et contenir les noms et prénoms de tous les hommes d'armes, archers et autres gens de guerre attachés à la compagnie, indiquaient en outre le lieu de naissance et la demeure de chacun d'eux. J'ai dit, en parlant de la composition des compagnies d'ordonnance, que dans chacune d'elles se trouvaient quatre chefs d'escadre. Deux d'entre eux étaient choisis dans la compagnie même, un troisième était pris en dehors, au choix du conducteur, pourvu que ce fût un sujet du duc; le quatrième était désigné par le duc qui disposait de cet emploi en faveur de quelque jeune écuyer de sa maison. C'était ordinairement ce dernier que le conducteur choisissait pour lieutenant, quoiqu'il fût libre cependant de pren- dre indifféremment l'un ou l'autre des quatre chefs d'escadre de sa com- pagnie. Toutes ces nominations, après avoir été sanctionnées par le duc, valaient jusqu'au 31 décembre de l'année; le conducteur nommé dans le courant de l'année en remplacement d'un autre ne pouvait pas modifier la constitution de la compagnie avant la fin de l'année. Les commandants d'escadre nommaient , dans les quatre jours qui sui- 12 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE \ aient leur désignation, leurs chefs de chambre; ils devaient les prendre parmi les hommes d'armes placés sous leur commandement immédiat. Les chefs d'escadre et de chambre devaient tenir, chacun pour sa subdi- vision, un contrôle semblable à celui que le conducteur tenait pour toute la compagnie '. Les possesseurs de fiefs ou d'arrière-fiefs qui servaient dans les com- pagnies d'ordonnance, soit en qualité d'officier, soit de toute autre manière, n'étaient pas dispensés du service féodal qu'ils devaient pour la tenure de leurs fiefs -. Dès que Charles le Téméraire eut organisé ses compagnies d'ordonnance , il reconnut la nécessité de les placer sous l'autorité d'un chef unique; une ordonnance du 15 septembre 1473 confia à Guy de Brimcu, seigneur d'Humbercourl, chevalier, conseiller, chambellan, gouverneur de Namur,etc, la charge de lieutenant général des ordonnances , avec mission « d'entretenir » les règlements du duc sur le fait et conduite des conductiers, dizainiers » et autres gens de guerre de son ordonnance. » Aucun document ne nous a transmis les noms des chefs des compagnies d'ordonnance de Charles le Téméraire, mais en dépouillant les comptes de payement conservés aux archives, ainsi que les mémoires d'Olivier de la Marche, de Jean de Haynin et de quelques autres historiens, on peut former, sinon la série complète de ces officiers, du moins une liste intéressante à consulter. Le trésorier de guerre Christophe Buridan, dans un compte qui se rap- porte aux mois de novembre, de décembre et de janvier 1471, les premiers qui suivirent la création des bandes d'ordonnance, cite les huit noms sui- vants comme étant ceux des seigneurs qui avaient la charge de conducteur de cent lances de l'ordonnance : Mcssire Olivier de la Marche. — Jacques île Harchies. — Jean de la Viesville. 1 Voiries ordonnances de 1470 et de 1473, et Olivier de la Marche. ^ Ordonnance du 29 juin 1471 insérée dans les Mémoires pour servir à l'histoire de France ri de Bourgogne. DES PAYS-BAS. 13 Mcssire Philippe Dubois. — Jacques de Rebrenes. — Jacques de Visque, comte de S'-Martin. — Jacques de Montmartin. — Gilles de Harchies. Guilbert de Ruple, également trésorier des guerres, dans son compte du 28 mars 14-71 au 31 août 1472, cite les treize chefs de bandes sui- vants : Messirc Olivier de la Marche. — Jacques de Harchies. — Jean de Viesville. — Jacques de Montmartin. — Jacques de Wisque, comte de S'-Martin. — Philippe Dubois , seigneur de Boyeffles. — Gilles de Harchies, seigneur de Beilegnies. — Claude de Dampmartin, seigneur de Bcllefons '. — Pierre de Hacquembach. — Jacques de Rebrenes, seigneur de Monsorel. — Bauduin de Lannoy, seigneur de Solre. — Amé de Rabutin, seigneur d'Iispery. — Philippe de Poitiers. Dans le second et dernier compte du même de Ruple, trésorier des guerres, compte qui embrasse une période de dix-huit mois, et finit en février 1473, on trouve cités comme conducteurs de cent lances de l'ordonnance : Messire Bernard deRavestein qui avait remplacé feu messire Dubois.'seigneur de Boycftles. — Ferry de Cuisance, seigneur de Beauvoir, qui remplaça feu messire d'Espiry2. — Jossc de Lalaing. — Wallerand de Soissons, seigneur de Moreuil. Jacques de Rebrenes 3. — Jean de Viesville 4. 1 La bande était alors commandée par Philippe de Saint-Léger, seigneur de Mascrottes, lieutenant de Claude de Dampmartin. 2 La bande du seigneur d'Espery avait été commandée momentanément par Philippe de Chammargis. s La bande de Jacques de Rebrenes était commandée temporairement par Allart de Lornes. 4 La bande de Viesville était commandée alors par Jean de Dampmartin. Tome XL. 3 14 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Le compte premier de Hue de Dompierre, commençant le 1er janvier I 473 et finissant en décembre 1474, mentionne les noms de : Louis de Soissons, qui avait succédé à Wallerand de Soissons. Messire Régnier de Brouchuuse, qui avait succédé à Bernard de Ravesteih. — Jacques Caillot, commandeur de Chan traîne, qui avait remplacé Bauduin de Lan- noy, seigneur de Solre. — Jean de Midelton (commandant cent lances anglaises). Un deuxième compte de Hue de Dompierre, allant du Ier janvier 1474 au 31 décembre 1475, mentionne les noms suivants : Messire Jean de Longueval, seigneur de Vaulx, en place de Philippe de Poitiers, seigneur de la Frette. Aîné de Valperghe en place de Josse de Lalaing. Messire Georges de Menthon en place de Ferry de Cuisance, seigneur de Beauvoir. — Philippe de Berghes en place du seigneur de Montsorel. Philippe Loytte en place de Louis de Soissons. Gaspard de Dortan en place de Lancclot de Berlaimoni. Don Denis de Portugal. Messire Jean de Midelton (commandant cent lances anglaises). Un troisième compte de Hue de Dompierre pour vingt mois, finissant au mois d'août 1477, mentionne comme conducteurs de l'ordonnance : Messire Bollant de Hallewin. — Louis de Bray (conducteur d'archers seulement). Le comte de Celanne. Hardewin de Valperghe en place de Amé de Valperghe, son frère. Jean de Montfort (c'était la bande de Campobasse). Jean de Rubempré, seigneur de Bièvres (c'était la bande du seigneur de Chanlraine). Thanaser de Capua (c'était la bande de Jean de Longueval). Olivier de Somme. Alexandre de Rosano. Guillaume de Vergy. Jean de Dampmartin. Antoine de Sallenone. Louis Taillant. Guillaume de Lignana. DES PAYS-BAS. 15 Antoine de Lignana. Angelo de Montfort. Francisque de Rosano. Jean d'Igny. Hubert Lavreu, seigneur de la Ceulle '. A ces noms que mentionnent les comptes des trésoriers de guerre, il y a lieu d'ajouter peut-être : Claude de Neufchàtel, seigneur du Fay '2. Jean de Jaulcourt, seigneur de Villerval 3. Pierre de Hennin Lielard, seigneur de Boussu *2. Emile de Mailly 4. Louis de Montmarlin 3. Philippe de Crevecœur, seigneur d'Esquerdes *. Jacques, seigneur d'Aymeries 5. Le sire de Bournonville 2. Le Veau de Bousanton s. Hugues de Clialon, sire de Chàteau-Guyon 2. Quentin de la Baume, seigneur de S'-Sorlin -. § IV. — Du choix des hommes d'armes, archers, etc. D'après les ordonnances de Charles le Téméraire, lorsque des places d'hommes d'armes, d'archers, etc., devenaient vacantes, soit par congé, décès ou expulsion, le chef de la compagnie pourvoyait au remplacement en choisissant des hommes instruits dans les armes, de bonne conduite, ayant l'âge et la force physique nécessaires pour supporter les fatigues et les pri- vations de la vie militaire 6. Toutefois l'admission n'était définitive qu'après 1 Dans le même compte figure Simon de Landas, lieutenant du comte de Chimay, qui semble donc avoir été conducteur d'une bande. - Cité dans les Dépèches des ambassadeurs milanais. 3 Cité dans les Mémoires povr servir à l'histoire de France et de Bourgogne. 4 Cité dans l'ouvrage de M. de Gingins la Sarra. 8 Cité dans les Mémoires d'Olivier de la Marcbe. « Lettre du duc au grand badli du Hainaut, du 25 octobre 1470 (Archives du royaume). 16 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE la montre passée par les ordres du duc ' et après le serment prêté entre les mains des commissaires chargés de la revue 2. Les gentilshommes du pays étaient seuls admissibles dans les compagnies d'ordonnance 5. Les jeunes nobles ne dédaignaient pas une place d'homme d'armes et même une place d'archer. Il était expressément défendu de recevoir dans une compagnie un homme appartenant déjà à une autre compagnie ou qui en avait été expulsé. Quand des gens de guerre se présentaient pour contracter un engagement, le con- ducteur devait les interroger sur leurs antécédents; tâcher de découvrir s'ils n'étaient pas dans un des cas qui rendaient leur admission illicite; dans l'affirmative, il devait les renvoyer immédiatement à leur ancienne com- pagnie. Du reste, un chef de compagnie ne pouvait, dans aucun cas, sans en avoir référé préalablement au duc, admettre un homme qui eût déjà servi dans les bandes d'ordonnance J. Les ordonnances de Charles le Téméraire ne disent pas si les enrôlements dans les ordonnances se faisaient pour un lemps déterminé, mais elles attri- buent au conducteur le droit de congédier définitivement les hommes de guerre de leur compagnie. Les hommes d'armes, les archers et les piétons des compagnies d'ordon- nance devaient s'habiller, s'équiper et s'armer à leurs frais. L'homme d'armes portait la cuirasse complète 5 avec tassettes 6, genouillères, hausse-col, bras- sards, cuissards, grèves 7 et faldes 8; la salade à gorgerin 9 surmontée de plumets blancs et bleus; un long estoc 10 roide et léger; un couteau taillant 1 Ordonnance de 1475. 2 Idem. 3 Lettre XXXIV de la correspondance de Guillaume le Taciturne. 4 Ordonnance de 1475. s C'était la principale arme défensive; elle était de fer battu, couvrait le corps depuis le cou jusqu'à la ceinture, et d'une épaule à l'autre devant et derrière. 6 Partie inférieure de la cuirasse qui couvrait le ventre. 7 Les cuissards et les grèves protégeaient les jambes. 8 Lames croissantes au bas de la cuirasse depuis la ceinture jusqu'aux cuissards. 9 Heaume sans crête ou couvert d'un simple cordon. Le gorgerin était la partie de l'armure tenant au bas du licaume pour garantir le cou , formé d'une seule pièce fixe et de plusieurs pièces mouvantes. 10 Epée. DES PAYS-BAS. 17 pendant au côté gauche de la selle, et au côté droit, une masse d'armes à une main l. L'homme d'armes devait avoir trois chevaux de selle, savoir : un cheval de bataille couvert d'une selle de guerre, d'un chanfrein ? orné de plumes, et, autant que possible, de baldes 5; et deux autres chevaux de moindre valeur pour son coutiller et son page i. L'archer n'avait qu'un cheval. Il portait la salade à gorgerin sans visière, une chemise de mailles ou hrigandine 3 sans manches. Il avait pour armes : l'arbalète ou l'arc avec une trousse contenant trente flèches; une épée à deux mains, longue et tranchante; une dague d'un pied et demi de longueur. Les coutillers avaient une demi-lance et étaient armés comme les archers; ils étaient vêtus de brigandines ou de corselets fendus sur le côté, de salades à gorgerin, de laides ou braies d'archer 6, de garde-bras et de gantelets 7. Les piétons, arbalétriers, piquiers et couleuvriniers étaient également vêtus de brigandines ou de corselets; de salades à gorgerin, de braies; outre l'arme principale qui les distinguait, pique, arbalète ou arme à feu, ils avaient une épée à deux mains semblable à celle des archers 8. Une monstre ou revue, faite au nom du prince par des commissaires spé- ciaux, constatait si tous les hommes des compagnies d'ordonnance étaient habillés, armés et montés conformément aux prescriptions des ordonnances. La solde n'était même accordée qu'après cette vérification. 1 Ordonnance du 31 juillet 1471. 2 Le chanfrein défendait la tète du cheval par devant : il était en acier, en cuivre doré ou en cuir houilli. Quelques seigneurs y mettaient un grand luxe. 3 Lames en fer ou en cuir bouilli destinées à protéger le poitrail et les flancs du cheval. 4 Le cheval du coutiller devait valoir au moins trente écus d'or et celui du page vingt. 5 Corselet de petites lames, posées en recouvrement comme les écailles de poisson et réunies sur une étoffe solide ou sur du cuir au moyen de petits clous rivés. 6 Partie éminente des armures au bas de la cuirasse pour couvrir les génitoires. 7 Gros gants de fer dont les doigts sont mouvants et à écailles ou lames assemblées sur de la toile ou du cuir. 8 Ordonnance de 1475. 18 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE 8 V. — De la solde des compagnies d'ordonnance. Les hommes d'armes, les archers, les piétons étaient à la solde du sou- verain; les coutillers étaient payés par les hommes d'armes; les pages n'avaient droit à aucune solde. La solde devait être payée par anticipation, tous les trois mois en temps de paix, tous les mois en temps de guerre. Sous Charles le Téméraire l'unité à laquelle on rapportait la solde de tous les gens de guerre était la paye pour un mois d'un homme d'armes à Irois chevaux. Les soldes plus élevées et celles qui l'étaient moins s'exprimaient ordinairement en multiples et sous-multiples de cette paye prise pour unité; ainsi l'homme d'armes avait une paye, le chevalier banneret en avait trois, l'archer des ordonnances n'en avait que le tiers, d'autres gens de guerre n'en avaient que le quart ou le cinquième. Sur les feuilles de montre ou de revue, destinées à établir la justification des payements, on groupait les soldes de manière à les ramener toujours à la même unité. Le mandement du 23 octobre 1470 avait fixé à quinze francs le montant de la paye mensuelle d'un homme d'armes à trois chevaux; les trois archers dépendant d'un homme d'armes avaient également une paye pour eux trois, ce qui faisait pour chacun d'eux cinq francs par mois. L'ordonnance du 3 1 juillet 1 47 1 maintint ces soldes pour l'homme d'armes et l'archer; elle accorda aux couleuvriniers et aux arbalétriers quatre francs par mois et aux piquenaires deux patards par jour, soit trois francs par mois. En 1473, la paye de l'archer et de l'arbalétrier à cheval descendit à trois sols par jour, soit quatre francs et demi par mois, tandis que celle de l'homme d'armes fut portée de quinze à dix-huit francs, indépendamment d'une indemnité de quatre francs par mois pour un quatrième cheval destiné au transport des bagages. C'était une règle générale que les officiers des compagnies d'ordonnance eussent une paye d'homme d'armes, indépendamment de leur état, c'est-à- dire indépendamment de l'indemnité affectée au grade spécial qu'ils occu- paient. DES PAYS-BAS. 1!> D'après l'ordonnance du 31 juillet 1471, le conducteur avait, pour son état, cent francs par mois, le dizainier en avait neuf, le chef d'escadre trois. La répartition du butin fait à la guerre était à celte époque pour les gens de suerre une source de revenu considérable et un droit reconnu ; elle était réglée par l'ordonnance de 1473. Le conducteur avait droit à un vingtième du butin fait par les hommes de sa bande ; le chef d'escadre avait un qua- rantième du butin fait par son escadre; le chef de chambre avait également un quarantième des prises faites par les hommes de sa chambre, mais pour cela il fallait qu'il eût été présent à la prise. Charles le Téméraire n'attribua à ses bandes d'ordonnance aucun privilège en matière d'impôts, tailles ou maltôtes. On verra plus tard que ce fut Charles- Quint qui leur accorda des exemptions qui devinrent un droit auquel aucun de ses successeurs ne crut pouvoir porter atteinte. § VI. — De l'administration. L'administration militaire n'avait pas à s'occuper, comme dans les armées modernes, de l'habillement, de l'armement, du logement et de la subsistance des troupes. L'homme, en s'enrùlant, qu'il fût cavalier ou fantassin, devait se présenter armé, monté et équipé conformément aux ordonnances qui déterminaient minutieusement tous les objets dont les gens de guerre devaient être pourvus. Les logements étaient également aux frais des hommes d'armes, soit qu'ils fussent dans les garnisons, soit qu'on les eût envoyés au mesnaige; dans cette dernière position ils ne faisaient plus de service ; c'était de fait une espèce de non-activité, en attendant que les besoins de la guerre fissent réclamer leur mise sur pied, mais ils devaient rester munis de tout l'attirail de guerre, se tenir, en un mot, constamment prêts à reprendre le service actif '. 1 Les règlements de Charles le Téméraire ne font pas mention de la solde attribuée aux hommes d'armes et aux archers renvoyés au mesnaige, et je n'ai trouvé dans aucun compte qu'il leur eut jamais été rien payé de ce chef. Il est vrai que, sous le gouvernement du dernier duc de Bourgogne, ses troupes furent presque toujours en campagne. 20 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Quant aux subsistances, l'administration devait veiller à ce que les lieux d'étape des gens de guerre fussent pourvus des vivres nécessaires. Le prix de la viande et de l'avoine était fixé par les règlements du prince ; celui du pain et de la cervoise (bière) était réglé par les gouverneurs de province et par les magistrats municipaux '. Le payement de la solde formait donc à peu près le seul objet dont l'admi- nistration eût à s'occuper directement; les agents qu'elle employait à cet effet étaient les commissaires des monstres, le trésorier des guerres et ses commis. Lorsque les bandes d'ordonnance étaient réunies, un quartier-maître général faisait partie de l'état-major du commandant général. Les commissaires des monstres, dont l'institution doit être attribuée à Charles le Téméraire, étaient des officiers ou des fonctionnaires chargés, à titre permanent ou temporaire, de se rendre auprès des troupes pour en faire le dénombrement. En temps ordinaire la monstresvait lieu tous les trois mois, mais pour déjouer autant que possible les fraudes qui se commettaient lorsque la revue était à époque fixe, on ordonnait des monstres extraordinaires -. En temps de paix la monstre se faisait dans la localité même où les gens d'armes résidaient, ou tout au moins de manière à ce que, après la revue, chacun pût retourner chez soi le même jour 5. § Vil. — De la justice. Par son ordonnance de 1473, Charles le Téméraire détermina la juridic- tion à laquelle devait être déférée la connaissance des délits et des crimes commis par les militaires faisant partie des compagnies d'ordonnance. « Les conductiers, y est-il dit, quand ils seront absents et arrière de » mondit seigneur ou du capitaine, lieutenant ou autres cbefs de guerre » par luy sur eux ordonné, auront aussi la prinse connaissance, punition cl 1 A In fin du quinzième siècle, la livre de viande de bœuf coûtait \ '/s gros; un mouton coûtait 23 sols ; la livre de viande de porc I sol; l'avoine était taxée à un demi-sol le picotin. - Lettre du duc Charles en date du lit octobre 1470 adressée au grand bailli du Hainaul (Archives du royaume). 5 Ordonnance de Ii7ô. DES PAYS-BAS. 21 » correction sur tous les gens de guerre de leur charge, tant en cas de » crime comme autrement; et pareillement auront lesdits chefs d'escadre » sur ceux de leur escadre, quand par ordonnance ils seront en arrière de » leurs conductiers, et lesdits chefs de chambre sur leur chambre, quand » ils seront aussi, par ordonnance, absents de leur chef d'escadre, sauf que » es bonnes villes fermées seulement , lesdits conductiers, chefs d'escadre et » de chambre, seront tenus de livrer les criminels es prisons de mondit sei- » gneur, pour, par ses officiers esdites villes, être fait punition et correction » desdits criminels, eux appelés se estre y veullent, et néanmoins pourront » aussi, les officiers de -mondit seigneur, avoir la connaissance et punition , » par provision, de tous délits et cas de crimes qui auront été et seront » commis par lesdits gens de guerre, tant en chevauchant ou séjournant, » comme autrement. » Et quand lesdits conductiers seront en la compagnie de mondit seigneur » ou du capitaine, lieutenant ou autres chefs de guerre par lui sur eux com- » mandés, ils n'auront aucune connaissance de cas de crime, mais auront » seulement la prinse des délinquants pour les livrer au prevot des maré- » chaux de mondit seigneur, ou du capitaine, lieutenant ou autre chef de » guerre sous qui ils seront, sauf que pour désobéissance , faute à la per- » sonne dudit conductier par les gens de guerre de sa compagnie de laquelle » escadre ou chambre que ce soit, icelluy conductier pourra prendre, punir » et corriger ceux qui auront ainsi désobéi, sans attendre la justice du » prince ou dudit capitaine, criminellement ou autrement, selon l'exigence » du cas, et semblablement lesdits chefs d'escadre, en cas de crime, eux » étant en la compagnie de leursdits chefs d'escadre, n'auront seulement » que la prinse des délinquants pour les livrer à lesdits conductiers, excepté » aussi que de toute désobéissance faite à leurs personnes, ils pourront faire » pertinente punition; mais si la désobéissance n'avait pas été faite au cou- rt ductier, en ce cas, n'auraient lesdits chefs d'escadre et de chambre que la » prinse des désobéissants pour les délivrer audit conductier, lequel les » pourra punir à son plaisir, comme dit est; et ledit conductier pourra, par » prévention, corriger toute désobéissance faite tant à sa personne comme » es-personnes des susdits chefs d'escadre et de chambre. » Tome XL. 4 22 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Ces dispositions et celle qui plaçait les bandes d'ordonnance , lorsqu'elles étaient en marche, sous la surveillance du prévôt des maréchaux qui avait mission de faire respecter les personnes et les propriétés des habitants par le châtiment exemplaire des coupables, formèrent les seules règles pour la répression des délits jusqu'à l'époque où Charles-Quint, par une décision du 42 octobre 154.7, dont il sera question plus tard, posa quelques principes importants qui introduisirent enfin une forme plus régulière pour l'adminis- tration de la justice. g VIII. — Ordre dans les marches et au combat. Dans les marches, chacun était tenu de suivre le signe de ralliement de son chef immédiat; ces signes étaient : 1° L'enseigne du conducteur; 2° Les cornettes des chefs d'escadre de la même couleur que l'enseigne du conducteur et distinguées par un C brodé d'or pour le chef de la première escadre; par deux C (CC) pour celui de la deuxième, etc.; 3° Les banderoles des chefs de chambre, aussi de la même couleur que l'enseigne et distinguées par un chiffre brodé sous le C. Ainsi , par exemple, la banderole de la première chambre était marquée 5 ; la banderole de la deuxième chambre était marquée §...; la banderole de la quatrième escadre était marquée '—'; ces banderoles étaient portées sur les salades. Il n'existe pas d'indication précise sur l'ordre dans lequel les hommes d'armes combattaient: les archers mettaient souvent pied à terre; alors leurs chevaux s'abridaient trois à trois, c'est-à-dire qu'on en joignait trois avec leurs brides les uns aux autres. Les chevaux des archers les suivaient dans le combat lorsqu'ils se mettaient à pied. L'office des pages des gens d'armes était de conduire les chevaux ainsi abridés. Les pages et les chevaux des archers, les archers même étaient derrière les piquiers, ou enfermés dans la bataille carrée ou ronde des piquiers. DES PAYS-BAS. 25 CHAPITRE II. HISTOIRE MILITAIRE DES BANDES D'ORDONNANCE DEPUIS LEUR CRÉATION PAR CHARLES LE TÉMÉRAIRE, JUSQU'A LA MORT DE CE PRINCE (1472-1477). § Ier. — Guerre contre la France. La première campagne à laquelle les compagnies d'ordonnance prirent part fut celle de 1472. Charles le Téméraire ne pouvait plus douter de la duplicité de Louis XI, qui, après avoir sollicité un traité de paix pendant plus d'une année, venait de rompre brusquement toute négociation avec le duc de Bourgogne aussitôt qu'il avait appris que la mort venait de le déli- vrir d'un de ses ennemis qu'il redoutait le plus, c'est-à-dire du duc de Guyenne, son propre frère. Cette fois, Charles le Téméraire qui, l'année précédente, avait été pris à l'improviste, se trouvait parfaitement préparé à la guerre. II avait une armée magnifique et par le nombre et par la qualité des troupes ; le duc de Calabre lui avait encore amené un bon renfort 1. Aussi franchit-il la Somme dès les premiers jours du mois de juin, bien que les trêves n'expirassent que vers le milieu du mois 2. A ce moment, toutes ses compagnies d'ordonnance n'étaient cependant pas réunies 5 : trois formaient la garnison d'Ahheville; c'étaient celles d'Oli- vier de la Marche, de Jacques de Harchies et du bailli de Saint-Quentin; elles ne rejoignirent l'armée que sous les murs de Beauvais et furent rempla- 1 Mémoires du sire de Haynin, [>. 197. - La trêve qui avait été signée le 4 avril 1471 et avait été successivement prolongée ne devait expirer que le 1b juin 1472. 5 Elles n'étaient pas non plus très-complètes si l'on en juge par le compte de payement du trésorier de guerre Guilbert de Ruple qui indique de la manière suivante l'effectif des compa- 24 HISTOIRE DES BANDES DORDONNANCE cées dans leur garnison par la compagnie de Bauduin de Lannoy, seigneur de Solre-Ie-Château '. Le duc de Bourgogne mit d'abord le siège devant la ville de Nesle qui tomba facilement en son pouvoir le M juin 1472; il en fut de même de Roye, dont la garnison, renforcée de celle de Montdidier, se rendit au bout de trois jours -. L'armée continua sa marche en avant après ces premiers succès; bientôt elle se trouva devant la ville de Beauvais (27 juin) (pie Charles aurait voulu éviter d'attaquer pour ne point retarder son arrivée en Normandie, but de son expédition. Mais Pavant-garde que commandait Philippe de Crèvecœur, seigneur d'Esquerdes, espéra s'emparer de Beauvais par un coup de main audacieux qui échoua; le duc de Bourgogne se trouva ainsi entraîné, con- trairement à ses projets, à un siège où il épuisa vainement ses troupes dans une suite d'attaques et d'assauts meurtriers. Le capitaine d'Espery, chef d'une des bandes d'ordonnance, trouva la mort dans un de ces combats. La com- gnies pour la période du 24 mars au 51 août 1472 (Compte de la trésorerie de guerre, registre 25,342, aux Archives du royaume). NOMS DES CONDUCTEURS. m Dizenirrs. M.Mr s D'ARM Lieulenanls ou chefs de chambre- ES. 11 mes d'armes Archers cheval. Piijue- naircs i oulcu- vriniers. Arha- lélriers. Archers a pldl. Olivier de la Marche 9 9 10 10 79 77 293 285 98 95 34 '17 10 12 22 3 Jacques de Harchies Jean de la Vicsville .... 9 9 9 10 10 10 70 77 70 280 28G 284 89 32 31 » 68 102 256 Jacques de Visque, comte de S'-Martin . . . Philippe Dubois, seigneur de Boyeffles . . . 9 9 76 292 92 » » Gilles de Harchies, seigneur de liellignies . . 9 10 52 284 95 29 1> 43 Claude de Dampmartin, seigneur de Bcllefons. 4 7 So 7 .1 .7 60 » » Pierre de Hacquembacq 8 8 56 63 39 » » Jacques de Rebresnes, seigneur de Monsorel . 9 8 52 283 127 „ 53 Baudouin de Lannoy, seigneur de Solre . . . 8 10 80 297 88 » 153 Amé de Rabutin, seigneur d'Espery .... 8 10 74 91 77 118 ., » Philippe de Poitiers . . 7 10 77 113 72 II i » 1 1 Olivier de la Marche, pp. 530 et 53t. Ed. Bu -hon. 2 Mémoires du sire de Haynin, p. |<.)8. DES PAYS-BAS. 25 pagnie d'ordonnance de Jacques de Montmartin se fit remarquer tout parti- culièrement par la bravoure qu'elle montra dans plusieurs attaques; ce fut elle qui assaillit le faubourg de l'abbaye de Saint-Quentin devant la porte du Limaçon; ee succès fut malbeureusement le seul qu'obtinrent les armes de Bourgogne. Après vingt-quatre jours d'efforts infructueux, Cbarles eut la mortification de devoir renoncer à s'emparer d'une ville si bien défendue non-seulement par les troupes de Louis XI, mais encore par ses habitants, et il continua sa marche vers la Normandie (22 juillet) à la poursuite de l'armée française qu'il désirait vivement attirer à un combat en rase campagne, espérant que la supériorité de ses troupes rendrait la victoire facile. La garnison de Béarnais poursuivit quelque temps les troupes du duc de Bourgogne qui mit à son arrière-garde trois bandes d'ordonnance. Lors- qu'elles se trouvaient trop vivement pressées, deux des trois compagnies s'arrêtaient, faisaient face à l'ennemi et le chargeaient pendant que la troi- sième bande se retirait. Louis XI avait deviné le plan de son beau-cousin de Bourgogne, mais il était trop prudent pour s'exposer aux chances d'une bataille; il se contentait de harceler son ennemi, de le fatiguer par une suite de petites escarmouches et de s'emparer de quelques bonnes villes, ce qui, du reste, ne lui réussit pas toujours. C'est ainsi que ses troupes échouèrent, malgré leur supériorité numérique, devant la ville d'Avesnes défendue seulement par une partie de la bande d'ordonnance de Pierre de Hennin, seigneur de Boussu; elles ne parvinrent pas davantage à conserver la ville de Gamaches qui succomba sous les efforts des compagnies de Bauduin de Lannoy, seigneur de Solre- le-Chàteau et de messire Gilles de Harchies, seigneur de Bellignies '. Il est regrettable de devoir constater que la marche de l'armée bourgui- gnonne fut marquée par d'affreux excès; tout le pays de Caux fut réduit en cendres 2. Charles, arrivé devant Bouen z, n'y trouv a pas l'armée de Bretagne 1 Mémoires de Jean de Haynin. — Commines. - On brûla, disent les chroniqueurs, deux mille soixante-douze villes et villages! c'est certai- nement de l'exagération, car tout le pays de Caux n'en renfermait pas autant. 5 Le duc Charles resta devant Rouen depuis le 50 août jusqu'au 5 septembre. 26 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE à laquelle il avail assigné ce rendez-vous, et comme (railleurs ses troupes soulïraieut de la disette et de toutes sortes de maladies, conséquences inévi- tables de leurs excès, il se décida à revenir en Picardie et en Artois où le connétable de France traitait ses États aussi cruellement qu'il traitait lui-, même la Normandie. L'armée repassa la Somme à Amiens et à Picquigny; un combat assez vil' \ fut livré; Philippe Dubois, seigneur de Boyelïles, capitaine d'une des bandes d'ordonnance de cent lances, périt en combattant '. Arrivé à Péronne, le duc Charles répartit d'abord ses douze cents lances d'ordonnance sur les frontières et Olivier de la Marche nous apprend que sa compagnie fut partagée par moitié dans les deux villes de Roye et de Mont- didier. Mais bientôt après, le duc rassembla de nouveau toutes ses troupes et, par représailles, dévasta les domaines du connétable. Enfin une trêve de cinq mois fut signée le 3 novembre; elle fut prolongée pendant toute l'année 1473. Ainsi finit cette désastreuse campagne qui n'avait eu d'autre motif que la haine et l'ambition de deux souverains rivaux et qui n'eut d'autre résultat ipie la ruine des deux pays et la désolation des populations. § II. — Guerre contre la Gueldre. La seconde expédition à laquelle prirent part les compagnies d'ordonnance fut celle que le duc Charles entreprit en 1473 pour entrer en possession du duché de Gueldre et du comté de Zutphen, qu'il avait acquis par le traité du 7 décembre 1472. Api'ès avoir rassemblé une armée qui n'était ni moins belle , ni moins nombreuse (pie celle qu'il avait réunie l'année précédente, le duc entra, au commencement ûu mois de juin, dans son duché de Gueldre. Venloo résista cinq jours. On mit le siège devant NimègHc; il dura trois semaines. La redoutable artillerie de Charles avait déjà renversé les portes, 1 Mémoires du sire de Haynin , p. 209. DES PAYS-BAS. Tt les murailles, les tours, que les défenseurs de la place combattaient encore. Six cents archers anglais, à la solde du duc, montèrent à l'assaut, ils périrent presque tous. Enfin, le 19 juillet, la ville se rendit et bientôt après tout le pays se soumit à l'autorité de son nouveau souverain, le duc de Bourgogne. La ville de Zutphen reçut pour garnison provisoire les bandes d'ordon- nance de Bauduin de Lannoy et du seigneur Le Veau de Bouzanton '. Peu de temps après, le duc de Bourgogne voulut s'emparer du château de Monlbel- liard et il chargea de cette expédition, qui n'aboutit à aucun résultat, les bandes d'hommes d'armes d'Olivier de la .Marche et de Claude de Neuf- châtel, seigneur de Fay -. La prise de possession de la Gueldre n'était que le prélude de plus vastes entreprises que Charles méditait. Il voulait s'agrandir du côté de l'Allemagne, de manière que le Rhin, dans tout son immense parcours, ne cessât point de couler sous' sa domination. § III. — Guerre contre l'évêque de Cologne. Charles résolut d'abord d'intervenir dans les différends de l'évêché de Cologne et de rétablir sur son siège archiépiscopal son parent 3 Robert de Bavière, frère du palatin de Bavière. Dans ce but il alla mettre le siège devant Neuss, vers le milieu de l'année 1474 K Neuss estime petite ville située sur l'Erft, à une demi-lieue du confluent de cette rivière et du Rhin. Elle était très-forte par sa position et par les moyens de défense que toute l'Allemagne y avait accumulés; de son sorl dépendait d'ailleurs le salut de Cologne. Charles, qui avait prolongé jusqu'au 1er mars 1473 les trêves précédem- ment conclues avec le roi de France et qui venait de contracter une alliance 1 Olivier de la Marche, p. 570. - Idem. r> Charles était petit-fils d'une princesse de Bavière. 4 Le baron de Bussières, dans son Histoire de lu ligue formée contre Charles le Téméraire, fixe au mois de juillet les commencements du siège de Neuss. Selon Jean de Haynin, les pre- mières opérations de ce siège eurent lieu dès le mois de juin. 28 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE avec PAngleterre, se trouvait en mesure d'entreprendre la réduction de Neuss avec des forces imposantes. Depuis trois ans, son armée avait toujours été eu augmentant; elle était magnifique; il Pavait renforcée de trois mille Anglais parfaitement équipés et montés et qu'une longue pratique de la guerre avait rendus d'une habileté remarquable '. Il avait aussi tiré de nombreux renforts de l'Italie et de la Lombardie en traitant avec les plus célèbres condottieri de l'époque. Le comte de Campobasse et Jacques Galliot lui avaient amené, du premier de ces pays, plusieurs milliers de gens d'armes; les frères de Lignana et Trolus conduisaient de nombreux corps d'infanterie milanaise, la plus renommée de l'Europe, à cette époque, et qui vendait ses services à qui la payait le mieux. L'artillerie était également fort nombreuse; le nombre des pièces, dit le baron de Bussières, s'élevait à trois cent cinquante, parmi lesquelles il y avait cent quinze serpentines -. Quant à la cavalerie nationale, elle était au grand complet; non-seule- ment les douze bandes d'ordonnance présentaient leurs douze cents lances par- faitement fournies, mais, s'il faut en croire Olivier de la Marche, dix nouvelles bandes portaient à vingt-deux le nombre de celles dont Charles disposait alors 3. Les forces que Charles réunit dans son camp retranché sous les murs de Neuss (août 4474 — juin 14-75) ne se composaient pas uniquement des troupes qui viennent d'être indiquées, car un appel aux armes avait été fait à tous les pays de la domination du duc. Comme les années précédentes, les villes de la Flandre firent une vive opposition aux demandes de troupes; cependant elles finirent par fournir un grand nombre de piquiers, d'archers et de pionniers; mais ces renforts ne suffisaient pas au duc et il fit assembler 1 Parmi les chefs anglais on remarquait Jean de Midelton qui commandait une bande d'or- donnance composée de lances anglaises. (Compte de H. de Dompierre.) - Histoire de la ligue formée contre Charles le Téméraire. ■' J'ai fait remarquer déjà que Jean de Haynin, qui n'a pas cessé un instant d'assister au siège de Neuss, ne parle que des douze bandes ordinaires du duc de Bourgogne, et que très-proba- blement l'accroissement dont parle Olivier de la Marche résultait de l'arrivée des hommes d'armes italiens et anglais auxquels on donna l'organisation adoptée pour la cavalerie dans l'armée de Charles de Bourgogne. (Compte de H. de Dompierre aux Archives du royaume.) DES PAYS-BAS. 29 les trois états de Flandre à Gand (28 octobre 1474J pour obtenir leur consentement à une levée générale. Connue on le pense bien, celle demande fut accueillie avec peu de faveur et la résistance à ses volontés fut cause de la terrible remontrance que Charles adressa , le 12 juillet 1475, aux trois états de Flandre qu'il avait fait assembler de nouveau à Bruges '. Le siège de Neuss est un des épisodes les plus curieux de l'histoire des armées du duc de Bourgogne. Celte ville était défendue par Hèrman de liesse, le nouvel évêque contre qui le duc s'était déclaré; Herman s'y était enfermé avec mille huit cents hommes d'armes; sou frère, Henri de Hesse-Cassel , beaucoup de seigneurs et de gentilshommes des pays allemands du voi- sinage vêtaient venus avec leurs vassaux; l'évêque île Munster, celui de Mayence avaient envoyé des secours d'hommes et d'argent. La ville de Cologne n'avait rien épargné pour aider à la défense de Neuss. Enfin toute l'Allemagne semblait mettre une ardeur extrême à sauver celte petite place. Ce fut à la fin du mois de juin 147 4 que commencèrent le blocus et le siège de Neuss. Charles espéra d'abord qu'i) réussirait à enlever la ville de vive force; avant de l'avoir complètement enveloppée, il tenta l'assaut; mais cette attaque, mal combinée, échoua devant l'énergie des défenseurs et l'on reconnut alors la nécessité de bloquer la place de tous les côtés. Bernard de Bavestein, un des douze capitaines des ordonnances, se trou- vant aux avant-postes, fut atteint à la tète d'un coup d'arquebuse dont il mourut -. Les assiégés étaient maîtres d'une île qui protégeait l'arrivée des bateaux venant de Cologne avec des vivres. Sur la rive droite du Rhin , en face, se trouvait une armée de quinze mille hommes dont cette ile pouvait également favoriser le passage. Il importait au duc d'intercepter les communications de ce côté et de s'emparer de l'île. Il fallut jeter une digue, pour y arriver, puis élever force travaux pour s'\ maintenir. Cela ne sullit pas encore pour empêcher les ennemis de recevoir des secours et des vivres; le duc ordonna 1 Voir cette remontrance dans la Collection des documents inédits publiée par M. Gachard, t. I , |>. -2W. ■ Jean de Haynin, p. 2S0. Tome XL. S 50 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE alors de détourner le cours do l'Erft. On comprend combien ces travaux exigèrent de temps, aussi le duc lit-il venir une partie de son gouvernement dans son camp, qui se transforma en une espèce de ville, avec des boutiques, des tavernes, des jeux, des spectacles, elc, etc. Jean de Haj nin nous a conservé une lettre écrite par le comte de Chhnav ' à Georges Chastelain, où Ton trouve un tableau fort pittoresque de l'état de l'armée bourguignonne sous les murs de Neuss : « Les œuvres que nous » menons sont plus semblables, dit-il, aux travaux qu'Annibal endura au » passage des Alpes, qu'à ceux qu'il lit à Capoue. La détonation des bom- » bardes, leur fumée en quoi nous sommes coulis, ne sont pas instruments » de musique ni confitures aux fruits... Plus dru nous volent plomes d'arque- » buses et de couleuvrines (pie ne font flèches en bataille anglaise; pensez » si nos pavillons glacés et tranchées de neige sont des étuves d'Allemagne, » si les plumes de nos lits sont duvets de Hollande, si le pavé de nos rues » où nous sommes embourbés jusqu'aux genoux est le marché de Valen- » ciennes. Où est le diner annoncé au son de la cloche? Hélas! où sont les » daines pour nous entretenir, pour nous encourager à bien faire, nous » charger d'entreprises, devises, dentelles, etc.? Les drogueries, bague- » ries et Italiques de Bruges nous sont escarsiment partis. Nous avons un » duc volant et plus mouvant qu'une aronde; tantôt il est au quartier des » Italiens et un moment après à celui des Anglais. Il va aux Hollandais, » aux Hennuyers et Picards. Il commande à ceux des ordonnances et ordonne » aux fieffés et je vous assure qu'il ne tient pas oisifs ceux de son hôtel et » de sa garde. Il est toujours sus debout et jamais ne se repose et se trouve » en tous lieux. Un jour il perce la terre par mines et tranchées; un autre » jour il la charge de pilotis et de grues; il change le cours des eaux et a » desséché et mis à sec une rivière de plus de (SOU pieds de large et d'un » cours si impétueux qu'un bateau ne l'eût pu surmonter, et plus profonde » que pique ou lance ne peut la mesurer. Il détourne la rivière et où jamais, » auparavant, ne fut l'apparence du plus petit ruisseau, elle est maintenant » si profonde et large qu'elle n'a ni rive ni gué et semble aux hommes 1 Philippe de Croy . baron de Quiévrain, grand bailli du Hainaut et gouverneur de Hollande, lil> de Jean, comte de Chimay et de .Marie de Lalaina. DES PAYS-BAS 31 » avoir été navigable de tout temps. Certes, je confesse que plus vivent les » hommes et plus ils doivent être on vénération et honneur, car la connoissance » des choses vient par longue expérience et par avoir vu et voulu. J'ai lojiis » en une abaie et au dortoir d'icelle où sont petites chambres et logis pour » religieux d'autre profession (pie ceux qui ont coutume d'y converser, et » en ce lieu je puis journellement connaître grande partie des abus de ce » monde, car les uns par excès d'argent ne quittent pas le jeu et le brelan »> et d'autres n'ont pas de quoi diner... Les uns chantent et jouent de la flûte » et d'autres instruments, les autres pleurent et regrettent leurs parents morts » et leur propre infirmité. J'entends crier joieusement d'un côté, le Ho/ boit, » et de l'autre, Jésus! pour consoler ceux qui sont au dernier supplice de » la mort, etc., etc. '. Un autre document du temps 2 donne la description suivante du camp du duc de Bourgogne au siège de Neuss; on y voit notamment les positions qu'occupaient les bandes d'ordonnance : « Premièrement cominenchirons à la rivière du Ryn où il a porte tirant » au long de la rivière en allant à Clèves et Gheldre, et devant ladicle porte » a ung bolewcre et là est logié le conte de Camp-Basse, chevalier napoli- » tain et II 11' lances ytaliens et leurs piétons avec ij bombardes et plusieurs » engins de Suftte. » Plus avant a une porte allant à Nostre Dame d'Ays et devant icelle a » ung bolewercq et se loge Jaques Galiot napolitain et II' lances ytaliens et » leurs piétons, et a ung capitaine de II' archiers d'Engleterre , et y a tren- » (pus par devant la muraille tellement pour aller de l'un à l'autre, et devant » ladicte porte a bombarde et aultres engins , et a logis Jacques de Bau- » perghes, escuyer piémontois avec L hommes d'armes piémontois et tout » du Camp-Basse. » Plus avant, continuant la closture fu logié Bernard de Baveslain condui- ' Mémoires de Jean de Haynin , p. 2*j7. — Chasletain, édition publiée pnrJM. le baron Kervyn de Lettenhove, t. VIII, p. 266. 2 Ce document est intitulé, La manière du siège de la ville de Neuss, comment elle est advi- ronnéeel close pur le duc de Bourgogne. MS. 1278 de In bibliothèque impériale de Paris, reproduit dans le t. VIII des œuvres de Cliastelain , publiées par M. le baron Kervyn de Let- tenhove. 32 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE » seur de cent lances et III' hommes de pîet et ung chevalier nommé » Broucqhuise qui avait IIe cullevriniere du pays de Gheldres. » Plus avant a encore une porte pour aller en le duchié de Jullers à » laquelle est logié monseigneur Bauduin de Lannoy, conduiseur île III' » lances et IIe archiërs et III- hommes de piet et teuoit icelluy logis jusques » audict messire Bernart de Ravestain dessusdict. » De l'autre part fut logié Lancelot de Bellemont lequel a L lances et II' » ai-cliiers et pour renfort le bailli du roumant pays de Brabant et un » escuyer nommé Marvais, et avoit 1 1 1 1 * hommes de piet picquars, culle- » vriniers, arbalestriers du pays de Brabant, de Namur et Liège, cl tenoit » icellui logis jusques devant le logis de monseigneur le duc de Bourgogne. » Là endroit a une grosse porte en manière de castiau et vers le chemin » de Coulongne, et là lurent Iogiés deux conducteurs chascun de C lances et » III' archiërs, et fut monseigneur Philippe de Portes, seigneur de la Ferté » et monseigneur Ferry de Cusance, seigneur de Beauvoir, qui avoient leurs » gens d'armes de Bourgogne et les archiërs de Picardie et Haynau; et » tenoient le loi^is jusques Lancelot de Bellemont dessusdict et jusques à une » rivière venant du pays de Jullers qui passe devant la muraille de la ville » de Nuys et entre en la rivière du Ryn , et là furent assises plusieurs bom- » bardes, courtaulx et serpenlaux, etc. » Et ne parleray du logis de monseigneur de Bourgogne, mais continueray » la closture du siège. Oultre la rivière venant de Jullers a eu manière » d'un grand pacquis en pasture bestial : là furent Iogiés les C lances et » XVI' archiërs d'Engleterre el par ung trenequis se continua la closture » jusques à ung bras, qui vient du Ryn et court devant la muraille dudict » Neuss et rentre au Ryn par icellui bort ou est logié le conte de Camp- » Basse et les Ytalicques. » Et clol icellui bras une grande isle toute close du Ryn, laquelle illec fut » close en deçà par les Allemands, mais le duc de Bourgogne la gagna par » ses gens et là furent Iogiés III capitaines chacun de C lances et de III » archiërs. Là fut monseigneur Josse de Lalaing, souverain de Flandre, le » second, Loys, vicomte de Soissons et le tiers monseigneur Jacques de » Repreuves, seigneur de Montsorel et avec eulx furent mis bien Ve hommes DES PAYS-BAS. 35 » de piet et furent fait logis et trencquis par en icelle isle, moult bien divi- »> ses et est partie en deux et y a une autre petite isle tirant au trencquis » des Anglois, mais l'iaue n'est pas profonde, synon en creues des rivières. » Et pour ce fut fait ung pont et trencquis thaudisié en icelle isle et mis » de grosse artillerie et en la grand isle une grosse bombarde et plusieurs » courtaulx : et incontinent le duc de Bourgogne fist faire deux pons sur » tonneaux pour passer à carios, à cheval et à piet et traversait ledit le bras » du Bvn vers les pastures en l'isle, et sur le bort de costé desdites pastures » avoit IIIe hommes de piet logiés pour garder ledit pont, et l'autre traver- » soit le bras du Bvn depuis Pisle jusques au quartier des Lombars. » Ainsi fut ladite ville de Neuss toute clause et fermée par eaue et par » terre; et pour mieulx estre maistre de la rivière du Byn qui est moult » belle et grosse à icelluy endroit, de par la duchée de Jullers et la duchée » de Mons, le duc de Bourgogne fist venir de ses pays de Hollandes et de » Gheldres bien L navires, barques, barges et beurghandins et les conduisoit » Martin Fouse, capitaine de ces navires. » Cy avons parlé de la closture de Nuys; cy fault parler du duc de » Bourgogne et de ceulx qui raccompagnèrent. Devant sa porte qui tire à » Coulongne et près comme du trait d'un archier a une grosse abbie de » chanoines riengles de Tordre S'-Augustin et reformés, moult dévotes per- » sonnes. Là se logea le duc de Bourgogne, et fist lever sa maison de bois » et tendre ses pavillons en un gardiri; car en la guerre se loge aux champs » et non en ville et logea sa maison entre le grand chemin et la rivière. Et » d'autre part fut logiée sa garde, son artillerie et aultres gens d'armes qui » tenoient si grand nombre de tentes et pavillons que c'estoit bel à veoir. » Plus avant tirant à la closture du camp du costé de Coulongne, fut le » marchié, et en icelluy estoient les draperies, mereberies, les ouvriers » mécaniques, bouchers, laverniers, cabarets, ordonnés par rues et ordres » comme si ce fust une bonne ville, a si grant larguesse de tous biens que ne » falloit aller aultre part pour avoir choses qui fust nécessaires. Et entre » aultres choses singulière ung seul apoticaire amena six chariots chargiés de » vins, et avoit son apoticairie en tentes et pavillons drechiées et ataichiées » comme si eust coté à Bruges ou à Venise et là pooit-on recouvrer toutes 54 HISTOIRE DES BANDES I) ORDONNANCE » choses qui sont nécessaires à l'œuvre que apoticaire doit avoir pour l'aire » médechine. » Le prevost des marechaulx estoit logié au mardi ié pour tenir l'ordre et » la police et aussi les niareschaulx de l'ost et du logis pour secourir aux » choses nécessaires. » El pour revenir comment estoit accompaignié le duc de Bourgogne, il » a en sa maison couslumierement toujours apprestés L archers pour son » corps et deux chevaliers qui les conduisent, deux cents eseuyers hommes » d'armes et leurs coustilliers , c'est assavoir L panetiers, L essanssons , » L eseuyers tranchants et L eseuyers d'èseuerie ; ceulx sont conduits par » quatre chiefs d'escadre. » Il y a XL chevaliers toujours apprestés en tel estât que chacun doit » tenir ung homme d'armes avec lui. Aussi sont 1111" hommes d'armes qui » sont conduis par 1 1 1 1 chevaliers, sans aullres chevaliers qui sont apprestés » pour tenir selon l'anchienne coustume de la maison de Bourgogne en granl » nombre, et aussi les XX eseuyers de la chambre où il a gens de granl » marque et tous nobles hommes. » Item a le duc de Bourgogne VI" el X hommes d'armes et VI" et X » archiers en sa garde toujours apprestés en tel estât que chascun homme » d'armes a coustillier armé; el sont conduits par ung chevalier qui est leur » capitaine et X eseuyers, chefs d'escadres, qui conduisent en quatre esca- » dres iceulx hommes d'armes et archiers. » Oultre et par dessus sont les pensionnaires, princes et seigneurs en grant » nombre et dont chascun a grand nombre de gens de soy meismes. » Le nombre des pavillons délivrés et menés aux despens du prince sont » IX' ou environ, sans les princes et seigneurs et aultres gens particuliers qui » les menoient à leurs despens. Ainsi p'uet avoir en l'armée deux mille lentes, » pavillons et cabannes '. » Cependant toute l'Allemagne s'étjiil émue de l'entreprise de Charles de Bourgogne el les secours qu'elle envoyait à Neuss, à la sollicitation de l'Em- pereur, faisaient que le siège n'avançait guère; déjà cinquante-six assauts ' Ce document fui rédige le 10 décembre 1474 par un témoin oculaire. DES PAYS-BAS. 55 avaient été repoussés vaillamment; quinze mille hommes avaient péri ' el le temps s'écoulait sans amener de résultat décisif. On atteignit ainsi le mois de janvier 1475. D'après les règlements pour les bandes d'ordonnance, cette époque était celle marquée pour le renouvellement des chefs de com- pagnie. Le 8 janvier le duc devait faire connaître ses décisions. Bien que l'on fût en campagne, Charles ne négligea point d'observer cette disposition réglementaire. Jean de Haynin nous apprend, en effet, (pie « pour l'aproche- » ment de l'Empereur et des siens pour atendre la bataille, W n'a point » délaissié, en ensieuvant ses ordonances, de renouveler les conducteurs, » et, ajoute-t-il, que toutes les compagnies iraient esté sans conducteurs » l'espace de huit jours, qui m'a semblé cosse à extimer2. » Sur ces entrefaites, les contingents allemands requis par l'Empereur se réunirent et présentèrent bientôt une masse de combattants telle, (pie le duc pût craindre de se trouver lui-même assiégé dans son camp retranché. Toutes les villes avaient d'ailleurs embrassé le parti opposé à celui auquel le duc s'était dévoué; une seule, la ville de Lintz, faisait exception; mais elle était tellement pressée par les Allemands, que l'on dut envoyer à son secours un corps de troupes, parmi lesquelles se trouvaient les bandes d'ordonnance d'Olivier de la Marche el de Philippe de Glymes, seigneur de Berghes. Mais ces secours ne purent prévenir la chute de Lintz, qui ouvrit ses portes aux soldats de l'Empereur r>. Les difficultés que rencontrait le duc, loin d'ébranler sa résolution, ne faisaient que l'irriter et augmenter son obstination; il ne cessait de solliciter de nouveaux secours de ses sujets. Toutes ses provinces lui avaient déjà fourni un grand nombre de piquiers, d'archers el de pionniers; néanmoins il fil assembler les Etats et demanda de nouvelles levées. Ces exigences furent fort mal accueillies. Le duc en conçut un vif mécontentement; il donna des ordres très-sévères pour pres- 1 Kohlrausch , Histoire d'Allemagne. 2 Mémoires du sire île Haynin , p. 258. — Il est regrettable que le sire de Haynin n'ait pas consigné dans ses mémoires les noms des conducteurs qui remplacèrent ceux qui avaient été tués pendant la dernière campagne. 3 Olivier de la Marche, p. 554. 56 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE crire aux possesseurs de flefs et d'arrière-fiefs d'aller rejoindre l'armée ' ; il imposa de lourdes contributions aux prélats et aux nobles qui ne l'avaient point .servi ou fait servir; enfin il se montra d'une sévérité injustifiable envers ceux de ses officiers municipaux coupables seulement de n'avoir pus mis suffisamment de diligence à lui fournir des chariots, etc. Le moment arriva où les forces de l'Empereur s'élevèrent à plus de cent mille hommes et où il fallut en venir à une action décisive. Elle eut lieu le 24 mai 1475. L'Empereur lit un mouvement pour se rap- procher de la place assiégée; il franchit un petit bois et vint établir son camp sur la rive gauche du Rhin et parallèlement à ce fleuve, sa droite vers le confluent de l'Erft el sa gauche s'étendant sur une colline. Averti de ce mouvement, et dès (pie la nouvelle position de l'ennemi eut été reconnue, le duc de Bourgogne lit sortir de son camp retranché les gens de son hôtel ainsi que les bandes d'ordonnance et ne laissa devant Neuss que les forces nécessaires pour résister aux sorties de la garnison, et pour empê- cher les Allemands, qui étaient en position sur la rive droite du Rhin, de tenter le ravitaillement de la ville assiégée. Il était dix heures du matin lorsque ces premières dispositions lurent prises; l'armée bourguignonne se forma alors en bataille sur deux lignes avant de franchir l'Erft, qui la séparait de l'armée impériale. La première ligne, c'est-à-dire l'avant-garde, fut composée de tous les piquenaires des bandes d'ordonnance, des archers anglais de la compagnie de Midelton, de ceux de l'hôtel et de la garde, enfin des archers amenés par quelques seigneurs possesseurs de fiefs. Cette infanterie était formée sur deux rangs et de manière (pie chaque piquenaire fut encadré entre deux archers -. L'aile droite de cette première ligue était soutenue par les hommes d'armes des compagnies de Midelton et de Galliot, formés en un seul escadron et 1 Par un mandement de la fin de juillet, le duc avait ordonné à tous ses vassaux , nobles, fief? et arrière-fiels du Hainaut de se rendre le 13 août au plus tard à Tlmin, pour de là gagner la Lorraine sous la conduite du comte de Cluniav. Les nobles se montrèrent peu empressés de satisfaire à cette réquisition; aussi le bailli fut-il obligé, le 21 août, de les menacer delà saisie de leurs terres et seigneuries. (Compte d'Ant. Rolin. — Archives de Lille.) 2 C'est-à-dire que les piquiers étaient entremêlés quatre par quatre avec les archers anglais. DES PAYS-BAS. 57 renforcés par les hommes d'armes de Campobasse qui commandait toute l'aile droite. L'aile gauche, formée des hommes d'armes des fiefs et de ceux de la com- pagnie du comte de Célave, le tout en un seul escadron, avait pour réserve les hommes d'armes des compagnies lombardes des deux frères Antoine et Pierre de Lignana. Philippe de Croy, comte de Chimay, reçut le comman- dement de toute la première ligne. Au centre de la seconde ligne furent placés l'escadron des gentilshommes de la chambre, les gentilshommes de la garde, sous les ordres d'Olivier de la Marche et enfin l'escadron des chambellans l. Sur la droite de ces der- niers se trouvaient les archers ordinaires de là garde et les archers de cinq compagnies d'ordonnance, ayant à leur droite les hommes d'armes de deux de ces compagnies et pour réserve les hommes d'armes des trois autres. L'aile gauche , formée des archers du corps réunis aux archers de deux compagnies d'ordonnance, avait pour réserve les gentilshommes des quatre états de l'hôtel du duc conduits par leurs chefs respectifs et placés sous les ordres de Guillaume de Saint-Seigne, maître d'hôtel du duc. Toute la seconde ligne devait être commandée par le sire d'Humbercourt. Dès que les différentes lignes eurent été disposées conformément aux « Charles le Téméraire avait organisé tout à fait militairement les officiers attachés à sa cour, et il en avait formé une garde, qui se composait, d'après Olivier de la Marche, des chambellans, des quatre états de la maison, des chevaliers, des gardes du corps, des écuyers et des archers anglais. L'escadron des chambellans se composait de quarante seigneurs ayant pour escorte le même nombre d'archers anglais. Les états de la maison étaient les panetiers,les échansons, les écuyers tranchants et les écuyers d'écurie. Chaque état formait un escadron de cinquante écuyers, commandé par un chef d'es- cadre. L'escadre se divisait en cinq chambres de dix écuyers, dont un était chef des neuf autres. Chaque état avait de plus une escorte de cent archers anglais. Ainsi les états de la maison pré- sentaient à eux seuls un effectif de six cents combattants. Les chevaliers formaient deux compagnies, la première de quarante chevaliers, ayant chacun un homme d'armes à sa suite; elle se divisait en quatre chambres égales ayant chacune un chef. La seconde compagnie comptait quatre-vingt-dix chevaliers. Les gardes du corps, au nombre de soixante-douze, étaient des archers; ils formaient aussi deux compagnies commandées par des capitaines. Les écuyers de la garde , au nombre de cent vingt, avaient chacun un homme d'armes et un archer à cheval à sa suite. (Olivier de la Marche. — Étal de la maison.) Tome XL. 6 38 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE instructions du duc, disposition qui avait exigé beaucoup de temps, on fran- chit l'Erft par un gué dont le rétrécissement obligea l'armée à marcher par le liane. La réserve de l'aile droite de la première ligne ouvrait la marche; les hommes d'armes marchaient sur une file, ayant à leur droite une seconde file formée par les coutillers et les pages; puis venaient les archers et les piquenaires et enfin la réserve de l'aile gauche. La seconde ligne opéra son mouvement de la même manière : d'abord la réserve de l'aile droite, puis l'aile droite, les archers et enfin toute la ligne jusqu'à la gauche composée des gentilshommes des quatre états. La marche était fermée par l'escadron des gentilshommes de la garde commandé par Olivier de la Marche et qui formait, comme on l'a vu, la réserve du centre de la seconde ligne. L'Empereur avait pensé que sa droite étant plus rapprochée de l'ennemi, l'attaque des Bourguignons se dirigerait sur ce point, et il y avait rassemblé, en conséquence, la plus grande partie de son artillerie, renforcée d'ailleurs par l'action combinée de l'artillerie postée sur l'autre rive du Rhin ; mais le duc de Bourgogne, dès que sa colonne déboucha par le gué, la fit appuyer sur la droite en se rabattant sur le bois que les Allemands avaient dépassé le malin même et qui couvrait le chemin vers leur camp. C'était là, on doit le reconnaître, une habile manœuvre qui compromettait la ligne de retraite des Impériaux. Les troupes de Bourgogne se déployèrent ensuite et se formèrent dans le même ordre qu'elles occupaient avant de traverser la rivière. L'artillerie, de son côté, avait franchi l'Erft sur un pont construit non loin du gué; Charles ne l'avait pas quittée, de sorte qu'en arrivant avec elle sur le champ de bataille, il trouva toutes ses troupes déjà rangées en ordre de combat; cependant il rectifia quelques positions; il fit surtout rapprocher son armée du petit bois, afin d'éviter autant que possible les feux qui par- taient de la rive droite du Rhin et ceux que les Allemands avaient concen- trés à la droite de leur camp. En outre, il voulait placer ses troupes de manière qu'elles ne fussent pas incommodées par le soleil et par la pous- sière; enfin cette disposition était celle qui se prêtait le mieux à l'attaque qu'il méditait contre la gauche des Allemands. DES PAYS-BAS. 39 Avant d'engager ses lignes, le duc de Bourgogne fit avancer, à la distance de trois ou quatre traits de flèche, son artillerie soutenue par l'excellente infanterie italienne, conservée jusqu'alors en réserve; ses coups portèrent alors directement dans le camp ennemi. Bientôt le signal de l'attaque estdonné parles crisde Vive Notre-Dame! Vive saint Georges! les trompettes sonnent et les lignes vont s'ébranler en répé- tant le cri de guerre; les archers anglais, selon leur coutume, baisent la terre. Les Allemands occupaient en force une colline que Galliot, à la tète de l'avant-garde, reçoit mission d'enlever; soutenu par la réserve de Campo- basse il parvient à repousser les Allemands, dont la retraite se change bientôt en déroute à travers la plaine qui s'étend entre la colline et leur camp. Ce premier échec fait sentir aux Allemands le nécessité de défendre cette plaine qui protège leur camp; ils font une sortie vigoureuse avec infanterie et cavalerie et chargent les hommes d'armes de Galliot, qui est forcé de se replier sur sa réserve, dont il s'était écarté un peu trop dans l'ardeur de la première charge. Campobasse s'avance alors et Galliot, ainsi soutenu, recom- mence la charge et rompt les rangs des ennemis qui fuient de nouveau vers leur camp, non sans éprouver de grandes pertes. Malheureusement Galliot et Campobasse se trouvaient dépourvus d'ar- chers, parce que le comte de Chimay avait trop étendu son mouvement à gauche, et ils ne purent, pour le moment, rien tenter de plus contre les Alle- mands. En attendant, Galliot, pour soustraire sa troupe aux feux de l'ennemi, la masqua dans un ravin. L'Empereur ordonna d'exécuter une nouvelle sortie , plus nombreuse que la première en infanterie et en cavalerie et menaça l'avant-garde bourgui- gnonne qui allait courir le plus grand- danger. Le duc Charles en est averti; il ordonne aussitôt de la secourir avec les troupes de l'aile droite de la seconde ligne, qui sont des hommes d'armes de trois compagnies d'ordon- nance, puis, bientôt après, il y joint un nouveau renfort composé de l'esca- dron des chambellans d'Olivier de la Marche, et comme il était nécessaire qu'ils eussent avec eux des archers, il envoie en avant toute l'aile droite des archers de la seconde ligne. Malheureusement les hommes d'armes, qui auraient dû les soutenir, les devancent, se joignent à la garde et aux troupes 40 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE de Galliot et de Campobasse, et sans attendre l'arrivée des archers, ils char- gent sur les troupes impériales conduites par le prince de Saxe, les rompent et les refoulent une troisième fois dans leur camp. Mais les archers qui étaient à pied n'avaient pas eu le temps d'arriver, de sorte que les hommes d'armes furent de nouveau forcés de se réfugier dans le ravin; bientôt tous les princes allemands marchant sous la bannière impériale font une sortie générale , attaquent l'aile droite de la première ligne et la repoussent, ainsi que sa réserve jusqu'à hauteur de la seconde ligne où ces troupes viennent se rallier sous la protection de la garde qui fait une vigoureuse résistance. Le duc, alors, à la tête d'un escadron de réserve, se dirige à droite et après qu'une heureuse diversion a permis aux troupes de rentrer en action, Charles ordonne une nouvelle charge sur l'armée des princes et, reprenant l'avantage, met l'ennemi complètement en déroute. Six à huit cents cavaliers allemands parvinrent à gagner Cologne, tandis que le reste de l'armée impériale rentra au camp dans le plus grand désordre. L'artillerie bourguignonne continua ses feux avec tant de bonheur que tout le camp impérial fut bientôt dans une grande confusion, et deux à trois mille gens de pied, espérant traverser le Rhin, y trouvèrent la mort. Le duc apprit alors que l'aile gauche de la première ligne, conduite par le comte de Chimay, avait facilement repoussé dans leur camp les ennemis battus aussi de ce côté , et Charles eut un instant le projet de s'avancer avec toute sa troupe pour achever la destruction des Impériaux par la prise de leur camp; déjà même il avait fait placer son artillerie de manière à protéger son dessein, mais la nuit qui survint arrêta sa marche et contraria ses projets. La manoeuvre du duc de Rourgogne consistant à s'établir perpendiculaire- ment au flanc gauche des Allemands et à la route qui était leur seule retraite, puis à refouler l'ennemi dans le terrain rétréci que laissent entre eux le Rhin et l'Erft à leur confluent, lui fait le plus grand honneur, et si les résultats ne furent pas plus décisifs, c'est parce que le peu de mobilité qu'avaient les troupes à cette époque, prolongea le combat jusqu'à la nuit et ne permit pas à Charles de poursuivre ses succès pendant l'obscurité, sans s'exposer à un revois d'autant plus à craindre qu'une armée considérable, qui n'avait pas pris part à l'action de la journée, observait, de la rive droite du Rhin, tous les DES PAYS-BAS. U mouvements des Bourguignons et n'attendait qu'une occasion favorable pour tomber sur les troupes qui étaient restées campées sous les murs de Neuss. Le duc avait reçu, pendant qu'il assiégeait Neuss, la déclaration de guenc des Suisses; il savait que dès la fin d'octobre 14-74- trois mille hommes fournis par les cantons étaient entrés dans la Bourgogne; qu'ils avaient été suivis par d'autres contingents qui élevèrent à dix-huit mille environ le chiffre de l'effectif de cette année. Bientôt après, le duc de Lorraine avait accédé à la ligue des Suisses '. Ces événements engagèrent le duc de Bourgogne à renoncer à un siège qui durait depuis onze mois; il consentit donc à entrer en négociations avec l'Empereur. Pendant que les princes négociaient pour arriver à un arrangement, les hostilités n'étaient pas suspendues et chaque jour éclairait de nouveaux com- bats. Un des plus sanglants fut celui du 16 juin, provoqué par les troupes de l'Empereur qui s'étaient emparées des bateaux chargés de l'artillerie et des bagages du duc. Le duc Charles résolut de les châtier; il passa la rivière avec sa garde et les bandes d'ordonnance, et ayant acculé les agresseurs sous les remparts du camp impérial, il les massacra presque tous; ceux qui essayèrent de se sauver se noyèrent dans le Rhin -. Enfin une trêve de neuf mois ayant été conclue, Charles partit de Neuss le 27 juin 1475, pour aller défendre son duché de Luxembourg. § IV. — Guerre contre les Suisses. Pendant que le duc Charles de Bourgogne s'obstinait devant Neuss, où il avait rassemblé la presque totalité de ses forces militaires, ses ennemis (et ils n'étaient que trop nombreux) s'étaient organisés, les uns pour s'affranchir du joug de son autorité despotique, les autres pour affaiblir et ruiner sa puissance. D'une part, l'odieuse conduite du sire de Hacquemback, à qui le duc 1 De Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, t. VIII , p. 21-2, Ed. Wauters. 2 Lettre du duc au seigneur d'Aymerics, capitaine général du Ilainaut, dans les Mémoires de Jean de Haynin , p. 201 . 42 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE avait confié le commandement du comté de Ferrette et qui ne cessait d'in- fliger les plus affreux traitements, non-seulement aux habitants de ce pays, mais aussi à ceux de l'Alsace et des villes libres et même aux populations d*^ ligues suisses, avait amoncelé toutes les haines contre la domination du duc de Bourgogne; d'autre part, l'astucieux Louis XI avait exploité avec adresse tous les sujets de mécontentement qui se produisaient contre son beau-cousin; puissamment aidé par Nicolas de Diesback, son agent à Berne, il avait attisé la haine des Suisses en attribuant à Charles des projets ambi- tieux et le dessein de détruire leur liberté. Ce lurent ses émissaires qui exci- tèrent parmi les peuples confédérés, d'abord une agitation factice, puis une ardeur belliqueuse qu'il eut soin d'entretenir par la promesse de son con- cours éventuel pour les délivrer d'un joug délesté. Bientôt intervint un traité par lequel les Suisses s'engagèrent à mettre trente mille hommes en cam- pagne contre le duc de Bourgogne, à condition que le roi de France paye- rait ces troupes. Les Suisses avaient enfin déclaré la guerre au duc de Bourgogne dès le 25 octobre 1474, alors que ce prince se trouvait sous les murs de Neuss, et , avant que le héraut qui portait cette déclaration fût arrivé auprès de Charles, ils étaient entrés dans la Franche-Comté avec les troupes de Sigis- mond et avaient mis le siège devant Héricourt (8 novembre 1474). Henri de Ncuchàtel, lieutenant général du duc de Bourgogne, ayant voulu délivrer la place, vit ses troupes mises en déroute, et le pays de Ferrette se trouva envahi. En même temps, les Bernois surprirent Erlach. Le but de cette levée de boucliers de la part des Suisses était de forcer la duchesse de Savoie à se prononcer contre Charles. Dès le mois d'avril 1475, les Suisses se trouvè- rent ainsi maitres de Granson et de toutes les communications entre le pays de Vaud et la Savoie. En même temps Louis XI envahit la Picardie ainsi que la Bourgogne, et le duc de Lorraine entra dans le Luxembourg. Il n'était resté dans la Bour- gogne que huit cents lances ' qui ne purent résister à l'attaque des Français; quant au Luxembourg, il se trouvait à peu près complètement dégarni. 1 Dépêches des ambassadeurs milanais, t. I, p. 143. DES PAYS-BAS. 43 Charles fit d'abord dos efforts infructueux pour réconcilier les Suisses avec la Savoie, puis il envoya en Lorraine le comte de Campobasse avec treize à quatorze mille hommes, parmi lesquels se trouvait une partie des bandes d'ordonnance l; enfin, ayant levé le siège de Neuss, il résolut de marcher lui-même contre ses ennemis. Il recouvra assez facilement le Luxem- bourg, puis se rendit en Lorraine où il rallia les lances de la Bourgogne. Toute la Lorraine, à l'exception de Nancy et d'Épinal, tomba facilement en son pouvoir. Il mit le siège devant Nancy le 24 octobre 1475 et s'en empara le 30 novembre; il resta dans cette ville jusqu'au 11 janvier 1476 pour donner quelque repos à ses troupes et réorganiser son armée. Charles avait alors deux mille trois cents lances et dix mille archers d'ordon- nance qui, réunis aux milices féodales de la Bourgogne et du pays de Savoie, portaient son armée à environ vingt-cinq mille combattants -. Ce fut avec ces troupes qu'il se dirigea, au mois de janvier, vers le Jura, dans l'intention de rétablir dans leurs possessions le duc de Savoie et le comte de Bomont; il avait envoyé en avant plusieurs compagnies d'hommes d'armes pour occuper les passages du Jura dont les Suisses s'étaient emparés. Les chefs de ces compagnies étaient Pierre et Antoine de Lignana, les frères Angel et Jean de Campobasse qui commandaient la compagnie en l'absence du comte Cola de Campobasse, leur père. Ces compagnies se dirigèrent à marches forcées vers le Jura, pénétrèrent dans le pays de Vaud, et se réu- nirent, près de Genève, aux troupes de la régente de Savoie 3. Le duc Charles, de son côté, arriva sur les frontières de la Bourgogne le 8 février; après avoir rallié son armée, il força les Suisses à évacuer Granson (21 février) et campa non loin de cette ville. Quelques jours après (le 2 mars), eut lieu la déroute de Granson, affaire à laquelle ne prirent part ni la gen- darmerie ni les compagnies d'ordonnance 4. 1 Dépêches des ambassadeurs milanais, t. I. p. 217. * /6m/., p. 201. 3 Gingins la Sarra, Episodes des guerres de Bourgogne. 4 Dépêches des ambassadeurs milanais, p. 514. — II n'y eut guère que l'escouade des cham- bellans de l'hôtel qui donnèrent. Voici ce que dit Molinet, p. 195 : « Le duc étant au pied de i la montagne choisit pour donner dedans l'ennemi l'escouade des chambellans de l'hôtel, les- » quels firent bon devoir de charger sur les Suisses, tellement que trois ou quatre cents des U HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Le duc était sorti de son camp avec l'armée pour aller occuper, à deux lieues plus loin, un monticule qui commandait un passage qu'il fallait tra- verser pour arriver à l'endroit où les Suisses étaient campés. Bientôt l'ennemi se montra à l'opposite du monticule sur les hauteurs qui dominent le passage eu question et ouvrit le feu. Le duc fit avancer quelques escadres de gens de trait qui, en escarmouchant, attirèrent peu à peu les Suisses dans la plaine, à portée du feu de l'artillerie. Charles était ainsi parvenu à faire descendre les Suisses des hauteurs boisées où ils se tenaient et à les envelopper, lorsque quelques escadrons qui masquaient l'artillerie bourguignonne firent un mou- vement de conversion pour gagner du champ. Les gens de guerre et les charrois qui se trouvaient en arrière prirent cette manœuvre pour une retraite motivée par une défaite et se mirent à fuir pêle-mêle. La vérité est qu'à l'exception de quelques valets de pied, il n'y eut guère de perte ni dans l'infanterie, ni dans la gendarmerie, ni dans les compagnies d'ordonnance, qui, comme on l'a dit déjà, ne donnèrent pas 1. Le duc fit l'impossible pour rallier ses troupes et les ramener au combat; il n'y parvint pas, heureusement pour les Suisses qui étaient harassés et eussent été facilement défaits. La déroute de Granson fut attribuée à deux causes : d'abord à l'impru- dence et à l'obstination du duc qui, contre l'avis de tous ses officiers, s'était aventuré sans les précautions d'usage à la recherche de l'ennemi, dans un pays montueux où sa gendarmerie, la fleur de son armée, ne pouvait conve- nablement manœuvrer; ensuite au mécontentement des troupes, qui se plai- gnaient amèrement que la paye fût arriérée île plusieurs mois et qu'on les retînt sous la tente malgré l'âpreté de la saison et par les plus mauvais temps 2. Après cette déroute clans laquelle le duc de Bourgogne avait perdu presque » plus avancés furent rués jus par terre, etc.; mais faute de secours, les Bourguignons furent à » leur tour rués jus, navrés et blessés. » 1 La gendarmerie perdit son chef, Louis de Chàlon, sire de Château-Guyon , et le capitaine Pierre de Lignana qui commandait une compagnie de cent lances lombardes. La compagnie des chambellans de l'hôtel qui l'ut seule engagée, perdit Jacques de Harchies, sire de Beilegnies; Jacques Rolin, sire d'A\ incries; Jean de Lalaihg, seigneur de Bugnicourt; Quentin de la Baume, sire de S'-Sorlin et Jean de Poitiers. (Dépêches des ambassadeurs milanais. — Molinet, p. 193.) 2 Dépêches des ambassadeurs milanais, t. I, pp. 310, 311, 313, 301. DES PAYS-BAS. 4o toute son artillerie , Charles se retira à Nozeroy d'où il donna des ordres pour le ralliement de l'armée. Les compagnies d'ordonnance furent distri- buées dans les quartiers voisins; elles se mirent bientôt en marche, pas- sèrent le Jura et se rapprochèrent de Lauzanne où elles arrivèrent le 1 4 mars et campèrent aux environs de cette ville, sur un plateau appelé Plan du loup. Afin de tenir les communications libres, une compagnie de cent lances garnies fut établie à Romont; deux autres compagnies, des Lombards sans doute, devaient occuper 3Ioudon, à cinq lieues de Lauzanne. Mais les habi- tants de cette dernière ville refusèrent de recevoir ces bandes composées de mercenaires étrangers. Charles avait ordonné que tous les hommes d'armes et les troupes d'ordon- nance des garnisons et du pays le rejoignissent sans retard. A la fin de mars, son armée, réunie au camp de Lauzanne, se composait de deux mille lances et de neuf mille hommes de pied ou piquenaires, formant ensemble vingt- cinq mille hommes et huit mille chevaux 1. La nature montagneuse du pays où la campagne allait s'ouvrir obligea Charles à modifier l'organisation de son armée; il formula, dans Yordonnance militaire du 18 mai 1476, les réformes qu'il entendait introduire et dont voici les principales : Dans les campements en rase campagne, l'armée devait désormais être partagée en quatre divisions ou quartiers comprenant chacun deux subdi- visions placées sous la surveillance et le commandement général d'un chef de quartier; mais pour les manœuvres de guerre et pour la marche, l'armée devait être divisée en huit corps appelés batailles, présentant un effectif de deux mille à deux mille cinq cents hommes tant à pied qu'à cheval. Le motif de cette modification, c'est qu'elle permettait aux corps d'armée de se mou- voir avec facilité en colonnes serrées et de se déployer rapidement pour le combat, dès qu'ils arrivaient en présence de l'ennemi. La gendarmerie devait occuper la tète de ces colonnes, puis se placer sur les ailes, lorsque la ligne de bataille était formée. Les sept premiers corps étaient composés de la garde noble du duc, de la 1 De Rodt. — Gingins la Sarra, ouvrage cité. Tome XL ' 46 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE gendarmerie de sa maison, des gentilshommes de la chambre, des quatre états, des compagnies d'ordonnance ' et des bandes capitulées recrutées prin- cipalement en Ralie. Le huitième corps enfin comprenait la noblesse et les troupes féodales des états du duc. Ces corps, composés de troupes à pied et de troupes à cheval, étaient com- mandés par des capitaines expérimentés, choisis, pour la plupart, parmi les chevaliers de la Toison d'or : le premier corps avait pour chef Guillaume de la Baume, sire d'Illens; le deuxième, Jean de Damas, sire de Clessy; le troisième, Fr. Troylus; le quatrième, Antoine de Lignana; le cinquième, Jacques Galeolto; le sixième, Jean de S'-Loup, seigneur de Rondchamp et le septième, le sire de Villeneuve 2. Chaque division ou quartier était commandée par un lieutenant général 3. La première division, ou avant-garde, avait pour chef Julio, duc d'Alri; la deuxième, le prince de Tarente, don Frédéric d'Aragon; la troisième, Jean de Luxembourg, comte de Marie"; la quatrième, Jacques de Savoie, comte de Romont. L'ordonnance militaire du 18 mai 1476 instituait aussi un maréchal de l'ost, ou chef d'état-major général i. Parmi les chefs des bandes d'ordonnance on distinguait à cette époque : Hugues de Chalon, seigneur d'Orbe, qui avait pris le nom de Château -Guyon depuis qu'il avait succédé à son frère Louis, tué à Granson. Olivier de la Marche. Antoine Rolin, seigneur d'Aymeries. Georges Rolin, seigneur de Beauehamps. Philippe de Berghes, seigneur de Grimberghe. Le sire de Hauteville. Le sire de Villeneuve. Guillaume de Vergy, sire d'Autray. Raoul de Bournonville. 1 On se souvient que chacune de ces compagnies, composée de cent lames fournies, prcsenlail uncffectifdeseptà huit cents hommes, dont la moitié à peu près se composait de combattants à pied - Gingins la Serra, ouvrage cité, p. 139. 5 Gingins la Sacra, ouvrage cité, p. 140. 4 C'était le grand bâtard, Antoine de Bourgogne, qui remplissait ces fonctions. DES PAYS-BAS. 47 Le 9 mai, le duc de Bourgogne passa la revue de son armée. Voici la description du défdé qui eut lieu en cette circonstance : « Le défilé des colonnes dura plus de quatre heures. L'armée marchait » par compagnies de cent lances ou bataillon de 7 à 800 hommes tant à » cheval qu'à pied; la gendarmerie, divisée en escadrons de vingt-cinq che- » vaux, était suivie des archers montés formant huit escadrons de 25 cava- » liers. Ceux-ci, en débouchant dans la plaine, quittèrent leurs chevaux » pour se réunir aux gens de pied qui venaient après eux et se former en » haie sur trois rangs derrière la gendarmerie. Ces masses, en se déployant, » occupèrent les trois côtés d'un vaste carré; à droite du pavillon d'honneur » où se trouvaient la régente de Savoie et les ambassadeurs, brillait la » gendarmerie de la maison du duc, composée de la garde de son hôtel, » des gentilshommes dits des quatre états et des quarante chambellans; à » gauche se tenaient les compagnies d'ordonnance, et dans le fond, les bandes » italiennes i. » Le nombre total des troupes passées en revue fut évalué à vingt-huit mille hommes environ, dont onze mille fantassins, mille six cents lances ou hommes d'armes à cheval , y compris la gendarmerie de la maison du duc, et les gens de trait à cheval, à raison de deux cents archers par compagnie de cent lances 2. Comme cette nombreuse cavalerie gênait tous les mouvements de l'armée, dans un pays entrecoupé de montagnes et de bois, et que son entretien était fort difficile à cause du manque de fourrages, le duc Charles prit une mesure fort importante : il ordonna que les archers des bandes d'ordonnance fissent la campagne à pied, et que leurs chevaux fussent vendus ou ren- voyés en Bourgogne; cette mesure, qui réduisit la cavalerie à six mille che- vaux, était d'ailleurs motivée par la conviction qu'avait acquise le duc, que les archers tiraient mieux et plus vite à pied qu'à cheval 3. Le duc de Bourgogne était impatient de venger l'affront que ses armes avaient éprouvé, à la journée de Granson; le 27 mai, ses troupes du camp 1 Gingins la Sarra, ouvrage cité. - Correspondance des ambassadeurs milanais, t. II, p. 137. 3 Ibid., et De Roilt. 48 HISTOIRE DES BANDES DORDONNANCE de Lauzanne se mirent en marche, disposées d'après la nouvelle ordonnance, c'est-à-dire en huit colonnes, et s'avancèrent lentement contre Fribourg et Morat. L'armée était vraiment belle et abondamment pourvue de matériel; les hommes d'armes des bandes d'ordonnance portaient sur leurs cuirasses des paletots de soie, mi-partie de bleu et de blanc, avec la croix de S'-André peinte en rouge sur le plastron. Après avoir rallié toutes les troupes détachées et notamment trois cents lances qui tenaient garnison dans les lieux environnants, l'armée de Bour- gogne arriva le S juin au camp de 3Iontet; le lendemain elle mit le siège devant Morat. Après de vains eflbrts pour s'emparer de celte ville que les Suisses défendirent vaillamment, le duc fut attaqué ou plutôt surpris dans son camp le 22. Cette journée fut un désastre. L'armée bourguignonne était divisée, comme on l'a vu, en plusieurs corps distincts qui se trouvaient répartis sur des points différents. Une partie des troupes était employée à bloquer la ville de Morat de trois côtés; une autre partie avait été détachée du camp pour garder les hauteurs dont l'ennemi aurait pu se rendre maître. Les troupes restées dans le camp étaient, pour la plupart, désarmées ou occupées à s'armer au moment de l'attaque des Suisses; elles coururent au combat à la suite les unes des autres. On ne pensait pas d'ailleurs que l'ennemi fût disposé à livrer bataille, parce que la gendarmerie bourguignonne, qui était à cheval et prête au combat depuis plusieurs heures, n'avait pas été attaquée. Les Suisses se portèrent avec toutes leurs forces du côté de la place (pie le duc avait laissé à peu près dégarni; ils furent facilement vainqueurs des troupes qui se présentèrent successivement pour s'opposer à leur marche, mais ils auraient été battus infailliblement si la gendarmerie et l'infanterie du duc s'étaient trouvées sur le champ de bataille, dès le début de l'attaque. Les compagnies d'ordonnance des sires de Bournonville, de Ronchamps el de Grimberghe faisaient partie de la division du grand bâtard, Antoine de Bourne. Les compagnies des sires de Vergy, de Troylus et de Jacques Caleotto étaient sous les ordres de ce dernier seigneur et attachées à la division que commandait directement le duc. Dans celte division se trouvaient également DES PAYS-BAS. 49 toute la gendarmerie de la maison du duc, les gentilshommes, les quatre états et la garde. Ce fut cette division qui eut à soutenir, à elle seule, l'attaque impétueuse des colonnes suisses et allemandes, c'est-à-dire le choc de plus de vingt-quatre mille combattants et mille huit cents chevaux l. Les archers et les arquebusiers des compagnies d'ordonnance soutinrent bravement le feu des Suisses, mais ils furent tournés par toute la cavalerie allemande. Ils essayèrent vainement d'exécuter un changement de front; ils furent culbutés. Deux valeureux capitaines tombèrent mortellement frappés : Emile de Mailly et Georges de Rosimbos. Charles chercha vainement à dégager sa cavalerie. L'ennemi se précipita des hauteurs qui dominaient la position avec une impétuosité et une supério- rité numérique tellement irrésistible « que les hommes d'armes cheurent en » desaroy, si ne demeura en son entier que les gendarmes de l'hôtel et du » capitaine Galeotti qui s'efforcèrent vainement, en chargeant l'ennemi, de » l'arrêter dans sa course victorieuse 2. » Quant au duc de Bourgogne, enveloppé dans cette fatale déroute, il se fit jour à travers l'avant-garde suisse avec quelques centaines de chevaux et ce n'est qu'au péril de sa vie qu'il parvint à échapper aux attaques de plus de mille cavaliers allemands qui s'étaient élancés à sa poursuite. Dans cet immense désastre, les troupes des Pays-Bas ne démentirent point leur ancienne réputation de bravoure. Philippe de Berghes, seigneur de Grimberghe, Antoine Rolin, seigneur d'Aymeries, et Raoul deBounion- ville succombèrent en défendant l'étendard ducal. Les pertes de l'armée bourguignonne à Morat s'élevèrent à huit ou dix mille hommes. Immédiatement après le combat, le duc s'était rendu à Gex; il s'y occupa activement de réorganiser ses troupes. 11 ordonna à celles de ses compagnies d'ordonnance qu'il avait laissées dans les Pays-Bas de se rendre sans retard dans la Lorraine; c'étaient huit cents lances qui n'avaient éprouvé aucune défaite; sur mille six cents lances qui se trouvaient à Morat, il s'en était sauvé mille environ; Charles en avait donc encore mille et même deux mille avec les gentilshommes de sa maison. ' De Rodt. 2 Molinel. m HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Les archers avaient beaucoup souffert; le duc de Bourgogne en demanda à la Picardie et réclama dix mille hommes de pied aux Pays-Bas *. Il fit de nouvelles instructions pour l'organisation et l'emploi de ses bandes d'ordon- nance; il projetait d'en mettre à pied la moitié quand il rencontrerait les Suisses; il décida (pie chaque lance comprendrait, outre l'homme d'armes, neuf combattants : trois archers, trois piquenaires armés de longues piques et trois fusiliers ou arbalétriers. Cela devait faire dix mille combattants à pied à opposer aux phalanges de l'infanterie suisse. Les mille lances conservées avec leurs cinq mille archers donnaient six mille combattants à cheval. Ces troupes, réunies aux autres contingents, devaient lui procurer encore une armée de trente mille hommes -. Le duc s'était établi au camp de la Rivière où il passa en revue les com- pagnies d'ordonnance le 27 juillet 1476. Il y en avait onze, mais leur effectif était réduit de moitié 3, car beaucoup d'hommes d'armes, ayant perdu leurs chevaux et leurs armes pendant la dernière campagne, étaient retournés chez eux. Se croyant en mesure de reprendre la campagne, le duc se rendit à Toul dans les premiers jours d'octobre et commença le siège de Nancy le 22 du même mois; mais il apprit bientôt que le duc de Milan l'avait abandonné et que le duc de Lorraine, battu par les confédérés à Pont-à-Mousson, avait fait une retraite précipitée et s'était déclaré contre lui, par les conseils de LouisXI. Enfin il se vit réduit à tenter la fortune avec une armée qui ne comptait plus guère que six mille combattants auxquels vinrent se joindre quelques troupes tirées du duché de Luxembourg, ainsi que le comte de Chimay (Philippe de Croy) et le comte Englebert de Nassau avec de faibles contingents qu'ils étaient parvenus à rassembler. Toutes ces troupes étaient dans un affreux dénùment; la saison était rigoureuse; le duc manquait d'argent et ne pouvait payer les soldes arrié- 1 Par un mandement des premiers jours du mois d'août adressé au grand bailli du Hainaui, le duc déclara que, pour compléter son ordonnance, il avait besoin de six mille archers et de quatre mille piquenaires; il taxa le Hainaut à mille six cents archers. (Compte d'Antoine Rolin, grand bailli du Hainaut, du l"r octobre 1475 au 50 septembre 1476 . Archives de Lille.) '- Dépêches des ambassadeurs milanais, t. II, p. 55ii. 3 Ibid , p. 508. DES PAYS-BAS. oi rées; le pays était ruiné et n'offrait aucune ressource; enfin les convois étaient arrêtés et pillés par les habitants. L'armée périssait ainsi de froid, de maladies et les mercenaires étrangers se retiraient insensiblement. Telle était la situation du duc de Bourgogne lorsque le 5 janvier 14-77 il se vit en face de toute l'armée de Lorraine et des contingents suisses, c'est- à-dire une masse quatre fois plus considérable que les débris qu'il comman- dait. L'issue de cette rencontre ne pouvait être douteuse. Les troupes de Charles luttèrent quelque temps avec le courage que donne le désespoir; mais elles furent dispersées, poursuivies et massacrées. Le cadavre du duc lui-même fut retrouvé au milieu des morts Parmi les chefs des bandes d'ordonnance qui périrent à la bataille de Nancy, il faut citer Jean de Bubempré, seigneur de Bièvres, qui avait été investi par le duc de Bourgogne du gouvernement de la Lorraine 1 et Jacques Galliot. 1 Dépêches îles ambassadeurs milanais, t. II, p. 74. DEUXIÈME PÉRIODE. HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE DEPUIS LA MORT DE CHARLES LE TÉMÉRAIRE JUSQU'A L'ORGANISATION DE CES BANDES PAR CHARLES-QUINT (1477-1543). CHAPITRE I«. HISTOIRE DE L'ORGANISATION DES BANDES D'ORDONNANCE DEPUIS LA MORT DE CHARLES LE TÉMÉRAIRE JUSQU'A LA NOUVELLE ORGANISATION PAR CHARLES-QUINT. § Ier. — Nouvelle création de bandes d'ordonnance. Les bandes d'ordonnance avaient été presque entièrement détruites pen- dant les guerres malheureuses que Charles le Téméraire avait entreprises à la fin de sa vie. Le président de Neny pense même que cette belle milice fut complètement licenciée pendant les troubles qui suivirent la mort du dernier duc de Bourgogne et qu'on cessa d'entretenir des troupes sous le drapeau en temps de paix '. Il n'existe toutefois aucun acte du souverain ou des états du pays qui ait prononcé ce licenciement dont parle le comte de Neny; on trouve même la preuve que, dès les premières années du gouvernement de Maximilien, les bandes d'ordonnance, si elles ne furent plus réunies et employées à la guerre, conservèrent une existence légale; mais elles reçurent une autre organisation. 1 De Neny, Mémoires historiques et politiques sur les Pays-Bas autrichiens, chap. XVIII. Tome XL. 8 M HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Elles furent presque toutes réduites à cinquante lames avec cinquante archers à cheval et cinquante archers à pied. D'après le compte de Louis Quarré, trésorier des guerres, il existait, en 1478, c'est-à-dire pendant l'année qui suivit la mort du duc Charles, deux bandes de cent lances, commandées par Philippe de Bourgogne, seigneur de Beveren ', Philippe de Clèves. Quinze bandes de cinquante lances dont les chefs étaient : Messire de Croy, comle de Porcian. Daniel de Moerkerke de Merweddo. Jean de Luxembourg, seigneur nesse. 96 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Dans le second corps il y avait cinq bandes d'ordonnance présentant raille chevaux, savoir : Vieille bande d'Orange 250 chevaux. Nouvelle bande d'Orange 150 — Vieille bande d'Arschot 250 — Bande de Licques 150 — — d'Yves 200 — 100D chevaux. En outre, le seigneur de Boussu était chef et général de cin<| bandes d'or- donnance d'un effectif de neuf cent quatre-vingt-quatre chevaux, savoir : Vieille bande du Rœulx 250 chevaux. Nouvelle bande de Bugnicourt .... 200 — d'Egmont 150 — — de Fauquemberghe . . 200 — — de Frentz 184 — 984 chevaux. Cela faisait en tout vingt-trois bandes vieilles et nouvelles, présentant un effectif de quatre mille quatre-vingt-quatre chevaux. Dans les derniers jours du mois d'avril , on reprit le siège de Luxem- bourg. Fernand de Gonzague amena les gendarmes des ordonnances pour renforcer le corps du comte de Furstenberg qui était chargé de cette opéra- tion. Malheureusement la disette se fit bientôt sentir; elle produisit l'indisci- pline des troupes, même chez les bandes d'ordonnance, mais comme les assiégés éprouvaient les mêmes misères, ils capitulèrent le jour de l'Ascension. Ce fut le premier succès de la campagne. Sur les autres frontières il y eut quelques faits d'armes : dans les premiers jours de juin la bande d'ordon- nance du seigneur de Bermeraing , cousin du duc d'Arschot, en garnison au Quesnoy, prit d'assaut le fort de Monbrehaint, et le bailli d'Avesnes, avec sa bande et quelques autres troupes, se jeta sur un autre point de la Picardie et en rapporta un riche butin. Charles-Quint commença la campagne vers le milieu du mois de juin; DES PAYS-BAS. 97 d'après le plan concerté avec son allié, le roi d'Angleterre, il devait envahir la Champagne, tandis que le monarque anglais entrerait en Picardie; les deux armées réunies devaient ensuite marcher sur Paris. Charles-Quint arriva à Metz le 16 juin; il avait environ trente mille hommes et une artillerie considérable. Afin de se ménager un passage sur la Meuse, on débuta par le siège de Commercy qui se rendit après quatre jours seulement de résistance. On prit ensuite Ligny (2 juillet) et quelques autres places, puis on alla cerner S'-Dizier. Ce lut pendant les opérations du siège de cette ville que mou- rut le prince d'Orange. Une couleuvrine lui fracassa l'épaule et enleva ainsi aux bandes d'ordonnance un de ses chefs les plus brillants '. Vitry tomha également aux mains des Impériaux qui , poursuivant leurs succès, s'empa- rèrent d'Aï, d'Épernay, de Château-Thierry et de Soissons. Mais là se borna cette campagne pour laquelle on avait fait, de part et d'autre, de si grands préparatifs; les armées ne se rencontrèrent jamais et les deux monarques signèrent la paix de Crèpy le 18 septembre 1544. L'armée rentra dans les Pays-Bas par la Lorraine et le Luxemhourg, puis on la licencia, ainsi que toutes les bandes d'ordonnance qui avaient été levées en 1543 et en 4 344. A en juger par les récompenses que l'Empereur accorda après la campagne, il semhle que ce fût la bande d'ordonnance du comte de Lalaing qui s'était le plus distinguée pendant la dernière guerre, car le seigneur de Jamars (Jacques de Lieven) fut chargé de distrihuer des gratifications à la plupart des hommes d'armes de cette bande. 1 II n'avait que trente-deux ans et mourut le 21 juillet 1 544. TROISIÈME PÉRIODE. HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE DEPUIS LFUR ORGANISATION PAR CHARLES-QUINT JUSQU'A LA DISPARITION DE "RTTE MILICE (VS45-1700). CHAPITRE K histoire de l'organisation des bandes d'ordonnance depuis la réorganisation de cette milice par charles-quint jusqu'a la fin du dix-septième siècle. § 1er. — Création de nouvelles bandes d'ordonnance. L'empereur Charles-Quint, pendant ses longues guerres avec la France, l'Italie et l'Allemagne, avait eu souvent l'occasion d'apprécier le prix de la cavalerie flamande. Déjà en 1522, il avait doublé le nombre des compagnies d'ordonnance, mais les dernières campagnes lui prouvèrent que ce corps n'a\ait pas reçu un développement suflisant. Il le renforça, à la vérité, par de nouvelles compagnies, par des bandes de crue, comme on disait alors, dont il obtint d'excellents services; toutefois ces compagnies levées précipi- tamment, au moment de la guerre, et qui savaient qu'à la paix on les licen- cierait, ne pouvaient avoir la consistance et la valeur des vieilles bandes entretenues d'une manière permanente. Pour remédier efficacement à cet inconvénient, Charles-Quint résolut, en lo4o, de donner à sa cavalerie d'ordonnance un développement mieux en rapport avec la mission qu'il lui destinait. Déjà à cette époque la Belgique devait toujours se tenir en garde contre 100 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE les convoitises de la France; aussi depuis plusieurs années l'Empereur s'occu- pait-il très-activement des mesures propres à mettre ses pays de par deçà à l'abri des entreprises sans cesse renaissantes des Français : en 1 542, il avait l'ait construire la forteresse de Marienbourg pour défendre le passage d'Entre- Sambre- et -Meuse; en 1543, François Ie' s'étant emparé de Landrecy, eu passant par Cambrai, Charles-Quint s'empressa d'élever un obstacle au renouvellement d'entreprises de cette espèce et lit bâtir la citadelle de Cambrai. Après le traité de Crêpy, deux nouvelles forteresses, Philippeville et Charlemont, s'élevèrent sur les frontières du pays. H restait à s'occuper de la gendarmerie destinée, elle aussi, à protéger les frontières. Ce fut l'objet de Tédit du 2<> novembre I 545. « Comme en besognant sur le fait de la gendarmerie de noz pays de par » deçà, dit l'Empereur dans le préambule des commissions (pie reçurent les » capitaines dvs compagnies nouvellement créées, nous ayons, à grande et » meure délibération du conseil, conclud et ordonné de mettre sus et retenir » nouvelles bendes aux gaiges, traittements et souldées des vieilles bendes » de noz ordonnances. » L'édit du 20 novembre 1545 est donc bien réellement l'acte par lequel Charles-Quint décréta la réorganisation de sa cavalerie d'ordonnance. Cet édit, qui fut plus tard complété par celui du 12 octobre 1547, créa onze nouvelles compagnies dont les chefs et capitaines furent : Le comte de Mansfelt (Pierre-Ernest). Le seigneur de Pract (Louis île Flandre) '. Le comte Charles de Lalaing. Le seigneur Philippe de Brederode -. de lîi >i i >sn (Jean de Hennin Lietard). de Hoogstraeten (Philippe île Lalaing). Le prince d'Épinoy (Hugues de Melun) 3. 1 Le seigneur tic Praet renonça à cette bande en faveur île Maximilien île Bourgogne, sei- neur île Beveren et marquis de la Vere. Par patente du _>l mai 1548 j il obtint la bande que lai>.sa vacante la mort de Louis d'Yves, seigneur de Reversrhure (Archives de l'audience). 2 Cette bande fut donnée en 1570 à Maximilien de Melun, vicomte de Gand. 3 Celte bande fut donnée en 1554 à Guillaume de Nassau qui la porta à l'effectif de cinquante hommes d'armes. o DES PAYS-BAS. 101 Martin van Rossem, seigneur de Ponderoy. Le seigneur de Bcverschurc (Louis d'Yves) '. de Bugnicourl (Ponce de Lalaing). de Bcrchem (Jean van Liere). De ces onze bandes, celle tle Mansfelt était de cinquante hommes d'armes et de cent archers; les cinq suivantes étaient de quarante hommes d'armes et de qqatre-vingts archers; les cinq dernières n'avaient que trente hommes d'armes et soixante archers 2. Ces onze bandes, réunies aux vieilles bandes qui existaient déjà précédem- ment, c'est-à-dire celles de Philippe de Croy, duc d'Arschot, de Maximilien d'Egmont, comte de Buren, d'Adrien de Croy, comte du Rœulx, d'Adolphe de Bourgogne, seigneur de Beveren 3, lesquelles étaient de cinquante hommes d'armes et de cent archers, formèrent les quinze bandes qui entrèrent dans la nouvelle organisation de la cavalerie d'ordonnance, organisation qui fut définitivement sanctionnée par l'édit de Charles-Quint daté du 12 octobre 1547 et fixa à trois mille chevaux « les bandes et ordonnances de gens de » cheval instituez à se tenir tout pretz sur la frontière pour la défense du » pays quand besoing sera 4. » L'ordonnance de 1547, confirmée par celle du 21 février 15o2, ne déter- mine pas le nombre des bandes dans lesquelles seront répartis ces trois mille 1 11 faut lire probablement le seigneur de Runeschure, c'est-à-dire Louis d'Ives, fils cadet d'un autre Louis d'Ives, qui depuis longtemps servait dans la cavalerie des Pays-Bas, avait commandé une bande de crue et mourut au moment où il allait recevoir une des nouvelles bandes créées par Charles-Quint, bande qui fut donnée à son fils. â Comme les avantages attachés à la position de chef et capitaine de bande étaient, sous cer- tains rapports, proportionnels à l'effectif des compagnies, la combinaison adoptée par Charles-Quint établit en réalité une certaine hiérarchie entre les trois catégories de bandes. Aussi vit-on sou- vent les chefs des bandes de trente hommes d'armes solliciter le commandement d'une bande de quarante ou de cinquante hommes. Toutefois cela ne constitua pas une supériorité de rang pour les officiers : le lieutenant d'une bande de trente lances, lorsqu'il était plus ancien que le lieutenant d'une bande de cinquante lances, conservait son droit au commandement et son titre à l'avancement. 3 Le seigneur de Hoogstraeten (Philippe de Lalaing) , qui avait également une des vieilles bandes de cinquante hommes d'armes, en eut une de quarante hommes d'armes dans la nou- velle organisation. '• Voir aux annexes n° VIII. Tome XL. ** 102 HISTOIRE DES BANDES DORDONNANCE chevaux, mais celle du 26 novembre lo4o avait déjà décrété qu'il y aurait trois classes de compagnies : des compagnies de cinquante, de quarante et de trente hommes d'armes; de nombreux documents postérieurs prouvent, du reste, que ces trois mille chevaux formèrent quinze bandes, savoir : Cinq bandes de 50 hommes d'armes cl de 100 archers. de 40 et de 80 — de 30 — el de 60 — Comme l'homme d'armes était à trois chevaux, c'est-à-dire qu'il avait un coulillier et un page, on voit que Cinq compagnies de 50 hommes d'armes et de 100 archers donnent 1,250 chevaux, de 40 — et de 80 1,000 — de 30 — et de GO — 750 — Total 3,000 chevaux '. On remarquera que ces trois mille chevaux correspondaient en définitive à six cents hommes d'armes seulement -. 11 n'existe aucune disposition des successeurs de Charles-Quint qui ait jamais modifié ces bases de l'organisation des bandes d'ordonnance. Il arriva 1 Strada, Van Mêlerai et d'autres historiens qui sont venus après eux et sans doute les ont copiés, disent que du temps de Charles-Quint il n'y eut que quatorze bandes. Strada donne même les noms des quatorze chefs de ces compagnies; il y a, du reste, une ordonnance de Philippe II du mois d'avril 15(31 (.MSS n° 12895 de la Bibliothèque royale) qui porte textuellement que les trois mille chevaux des ordonnances étaient, à cette époque, ordonnés et rangés en quatorze cor- nettes. C'est là une contradiction qu'il est difficile d'expliquer. Quoi qu'il en soit, bien qu'à diverses époques, ainsi que le prouvent les documents conservés dans les archives, il n'ait existé que quatorze bandes, il est incontestable que, en principe, la cavalerie d'ordonnance devait com- prendre quinze compagnies. 2 Cette observation est essentielle pour prévenir toute erreur, car une relation officielle que M. Gachard dit avoir lue à la Bibliothèque nationale de .Madrid (MS. marqué //. 8o) porte que, à l'arrivée de don Juan d'Autriche à Bruxelles, en IC56, et dans un grand conseil de guerre où l'on prit connaissance de l'état des forces militaires du pays, on évalua à six cents le nombre des hommes d'armes. Or, comme ce chiffre représente précisément l'effectif complet des hommes d'armes des quinze bandes d'ordonnance, on doit admettre qu'en 1056 il n'y avait pas encore décadence dans l'institution et qu'elle s'était, au contraire, maintenue jusqu'alors sur les mêmes bases (pie du temps de l'empereur Charles-Quint. DES PAYS-BAS. 103 sans doute parfois que des bandes restèrent sans chef plus ou moins long- temps; que quelques-unes cessèrent même d'exister accidentellement, mais les dispositions organiques des ordonnances du 26 novembre 1545 et du 12 octobre 1547, renouvelées par Charles-Quint en 1552 et par Philippe II, son fils, en 1561, ne reçurent, à aucune époque, un changement quelconque; elles furent, au contraire, constamment rappelées pendant plus d'un siècle dans les actes des souverains relatifs à celte milice. L'extension qu'il avait donnée à sa cavalerie d'ordonnance n'empêcha pas Charles-Quint de recourir encore, au moment de la guerre, à la création de bandes de crue qui vinrent renforcer les vieilles bandes en s'amalgamant avec elles. On eut encore recours à ces créations temporaires en 1552 et en 1553. 11 en sera parlé plus en détail en rendant compte des campagnes auxquelles ces bandes furent appelées à prendre pari. Lorsque Charles-Quint eut abdiqué la souveraine puissance, son fils Philippe 11 se garda bien de négliger la cavalerie d'élite que son illustre père avait créée '. Strada et, d'après Strada, le président comte de Neny nous disent « qu'il éprouva qu'il n'avait point de forces ni meilleures ni plus » présentes que ces troupes et qu'il avait en elles une véritable légion de » Mars contre les armes des Français 2. » Tous les souverains de la descendance de Charles-Quint, Philippe III, Philippe IV et Charles II, qui régnèrent successivement après Philippe II, apprécièrent de la même manière l'institution des bandes d'ordonnance et s'attachèrent à les maintenir dans les meilleures conditions possibles, eu égard aux ressources de leur gouvernement. Avant de partir pour l'Espagne, en 1559, Philippe II fit une nouvelle répartition des bandes d'ordonnance. Trois d'entre elles étaient devenues vacantes, l'une par le départ du duc Emmanuel-Philibert de Savoie qui avait cessé d'être gouverneur général des Pays-Bas et était retourné dans ses Étals patrimoniaux, les deux autres par la mort récente du marquis de la Vère et du comte Charles de Lalaing. 1 11 confirma les ordonnances de Charles-Quint pur celle du 21 avril 1 564 . MS. n" 1281':) de In Bibliothèque de Bourgogne. 2 Mémoires historiques et politiques sur les Pays-Bus autrichiens, ehap. XXVIII. 101 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Ces trois bandes furent données à Jean de Chines, marquis de Berghes ', à Antoine de Lalaing, comte de Hoogstraeten et au baron de Montigny. Ainsi, à la date de 1559, les chefs des quinze bandes d'ordonnance étaient : Le duc d'Arsehoi (Philippe de Croj ). Le prince d'Orange (Guillaume de Nassau). Le comte Lamoral d'Egmont. Le marquis de Berghes (Jean de Glymes). Le comte de Homes (Philippe de Montmorency). — de Boussu (Jean de Hennin) -. Le baron Charles de Berlaimont. Le comte de Hoogstraeten (Antoine de Lalaing). du Rœulx (Jean de Croy). — d'Arenberg (Jean de Ligne). Pierre-Ernest de Mansfelt. — de Meghen (Charles de Brimeu). Le baron de Montigny (Florent de Montmorency). Le comte Henri de Brederode. Le seigneur île Bugnicourt (Ponce de Lalaing) 5. Les événements qui préludèrent à la longue guerre des Flandres ame- nèrent plusieurs changements dans le personnel des chefs des bandes d'or- donnance : le prince d'Orange, le comte de Hoogstraeten, le comte de Brederode, en se séparant du gouvernement de Philippe II, renoncèrent à leurs bandes 4; les comtes d'Egmont et de Hornes , le seigneur de Montigny 1 La bande qui fut donnée au marquis de Berghes avait d'abord appartenu à son oncle Jean de Lannoy, baron de Molembaix. D'après Strada, qui, du reste, n'a donné les noms des chefs de l'ordonnance que pour quatorze bandes, l'une d'elles était eommandée par Claude de Vergy, baron on frère Eustache de Croy, comte du Rœulx, qui mourut en 1009. Après lui, la bande fut donnée à Florent de Berlaimonl, puis à Eustache de Croy, seigneur de Crecque et comte de Meghcn cl du Rœulx. Ce personnage, étant mort en 1053, fut remplacé par son lils Ferdinand Lamoral qui mourut en 1700 et l'ut probablement le dernier chef de la bande. DES PAYS-BAS. 107 Mais si aucun changement ne fui introduit dans l'organisation intérieure de la bande d'ordonnance, il n'en fut pas de même de la constitution de la lance : le coutillier fut armé de toutes pièces comme le chef de lance et devint en réalité un homme d'armes, bien qu'on le désignât encore pendant longtemps par son ancienne appellation '. Tous les officiers d'une bande d'ordonnance, chef et capitaine, capitaine des archers, lieutenants, enseignes et guidon, avaient une garde personnelle composée d'archers. Il y avait en outre dans chaque compagnie un fourrier, deux trompettes -, un chapelain 5 et un chirurgien. § III. — Des hommes d'armes. Pour être admissible dans les bandes d'ordonnance, il fallait être de bonne conduite, instruit au métier de la guerre, avoir l'âge et la force néces- saires pour supporter les fatigues du service militaire. Les ordonnances et règlements recommandaient expressément aux capitaines d'être observateurs sévères de ces conditions essentielles. L'admission des hommes d'armes recrutés par les capitaines n'était définitive que lorsque les commissaires des monstres ou revues avaient légalement constaté que l'on ne s'était pas écarté des conditions réglementaires. Ces commissaires, agents spéciaux du prince, faisaient même subir aux hommes nouvellement admis dans les compagnies d'ordonnance une espèce d'examen pratique; leurs instructions leur enjoi- 1 Lorsque les états généraux de 1600 délibérèrent sur la constitution de l'état militaire, les états de Brabant demandèrent que désormais une compagnie de cinquante hommes d'armes eut. cent lances combattantes, cent cuirassiers et cinquante arquebusiers à cheval; une compagnie de quarante hommes d'armes, soixante lances, soixante cuirassiers et soixante arquebusiers; enfin une compagnie de trente hommes, quarante lances, quarante cuirassiers et quarante arquebu- siers. Cette proposition ne semble pas avoir été appuyée par les états généraux; le tanleo qui fut adopté n'est du reste pas d'accord avec cette combinaison qui n'exigeait que deux mille sept cent cinquante chevaux, tandis que le tanleo en accorda trois mille (Actes des états généraux, de 1600 , pp. 500 et 553, publiées par M. Gâchant). 5 II n'y en eut qu'un jusqu'en 1344. 3 Ordonnance de 1552. 408 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE gnaient de « faire courir lances et demi-lances ' » et de s'enquérir si l'on n'avait pas admis « des gens mal conditionnés, notés ou suspects d'hérésie, » mutinerie ou autres délits. » Les étrangers étaient absolument exclus des bandes d'ordonnance, le gouvernement, disent les règlements « voulant entretenir et nourrir en icelles les gentilshommes et autres gens de service de la subjection de Sa Majesté et natifs des Pays-Bas. » L'homme d'armes, au moment où il était admis dans l'ordonnance , prêtait serment entre les mains du commissaire du prince; il jurait de servir lidè- lement et loyalement envers et contre tous; d'obéir au commandement de son capitaine; de suivre son enseigne et de ne jamais quitter sa bande ou le lieu de sa garnison, sans l'autorisation et le passe-port de son capitaine, de son lieutenant ou de celui qui, en leur absence, avait le commandement de la compagnie, sous peine, en cas d'infraction, d'être puni comme cou- pable de parjure et de désobéissance. Il faisait serment, en outre, que ses chevaux et ses harnais étaient à lui; qu'il ne les avait empruntés ni directe- ment ni indirectement. Bien qu'il ne fût pas indispensable d'être gentilhomme pour entrer dans l'ordonnance, en général les hommes d'armes appartenaient à la noblesse; beaucoup d'archers même étaient nobles. Aussi voit-on souvent de simples hommes d'armes appelés à des charges importantes. Les hommes d'armes pouvaient fournir eux-mêmes leurs archers : ainsi les gentilshommes qui avaient quatre, cinq ou six chevaux pouvaient passer pour hommes d'armes à trois chevaux et faire admettre pour archers le sur- plus de leurs suivants, pourvu, bien entendu, que leurs cavaliers fussent montés et armés conformément aux règlements. Mais dès ce moment l'homme d'armes ne pouvait plus disposer, que pour le service du prince, de ces archers subjets et, lorsqu'il allait en congé temporaire, il ne pouvait les emmener 2. Quelques historiens ont pensé, à tort selon moi, que cette qualification d'archers sujets s'appliquait à des archers employés au service personnel 1 C'étaient les archers que l'on désignait ainsi. 2 Ordonnance do Charles-Quint du 12 octobre 1 5 i- 7 . — Ordonnance de Philippe II du 28 février 1 SG I . DES PAYS-BAS. 109 des hommes d'armes ou des officiers des bandes. Ils ont perdu de vue que dans aucun cas les officiers et les hommes d'armes des ordonnances ne pou- vaient admettre dans l'effectif de leur compagnie, des serviteurs, secrétaires, clercs, cuisiniers, valets de chambre, etc. Les règlements le défendaient de la manière la plus absolue et l'on comprend, d'ailleurs, que l'introduction de valets dans une compagnie dont presque tous les membres appartenaient à la noblesse eût été impossible. Il me parait que la qualification de sujet doit être interprétée dans le sens féodal : les archers, dans ce cas, étaient sujets de l'homme d'armes, absolument comme les possesseurs des fiefs étaient sujets de leur seigneur, comme les seigneurs eux-mêmes étaient sujets du souverain. A partir de la réorganisation de la cavalerie flamande par l'empereur Charles-Quint, l'admission dans les bandes d'ordonnance ne fut plus un enrôlement ordinaire. Dès qu'il avait prêté le serment entre les mains du commissaire du prince, l'homme d'armes ne pouvait plus être privé de sa position , de son état, que pour des fautes graves et déterminées par les ordonnances. Quand il désirait quitter sa bande, il offrait sa démission et devait attendre qu'elle fût acceptée; mais ni l'âge, ni les infirmités ne pou- vaient être les motifs de son renvoi. On conçoit que ce système présentait des inconvénients graves pour le service; aussi les successeurs de Charles-Quint durent-ils prendre des me- sures pour corriger ce que cette disposition présentait de fâcheux au point de vue de la bonne composition de corps militaires qui devaient toujours être en mesure de faire la guerre. Un décret de don Juan d'Autriche du 27 mai I606 ' décida que l'homme d'armes, dès qu'il aurait atteint l'âge de 60 ans, ou bien lorsque des infir- mités ne lui permettraient plus de servir en personne, serait admis, sur l'autorisation du général, chef des bandes d'ordonnance, à se faire substi- tuer2, tout en conservant, à titre de récompense pour ses anciens services, la jouissance de tous les privilèges et de toutes les exemptions dé charges publiques accordés aux hommes d'armes 5. 1 Placards de Flandre, t. III, f° 1099. ^ Décret du roi du 8 août 1645. {Placards de Flandre , t. III , f° 1094.) 3 Décret du 27 mai 1656. (Placards de Flandre, t. III, f° 1099.) Tome XL M 110 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE Les hommes d'armes formaient une milice permanente; toutefois il ne faut pas donner à cette permanence le caractère qu'elle a revêtu dans les armées modernes. Les bandes d'ordonnance étaient à la disposition du prince d'une manière permanente, mais lorsque les besoins de la défense ne l'exigeaient pas, elles n'étaient point rassemblées, on les licenciait, c'est-à-dire, on les renvoyait temporairement dans leurs foyers, dans leurs mesnages, pour être rappelées sous leurs enseignes, soit en entier, soit partiellement à tour de rôle. L'équipement et l'armement des hommes d'armes et des archers des ordon- nances étaient à leur charge; dans les marches chacun devait être armé de toute pièce, excepté la coiffure. Pour porter cette coiffure et les bagages, il était accordé des chevaux de corvée, un par homme d'armes et un pour trois archers. L'équipement et l'armement dans l'ordonnance de Charles-Quint était à peu de chose près semblables à ce qu'avait prescrit Charles le Téméraire. Le seul changement un peu important qui eût été introduit, c'était de couvrir les chevaux d'une armure défensive nommée bardes qui garantissait les flancs, la croupe et le poitrail de l'animal. C'était pour l'homme d'armes une grande dépense et pour le cheval un poids énorme à porter; aussi l'en débarrassait- on dans les marches loin de l'ennemi. Ce fut l'adoption de cette armure qui fit allouer à chaque compagnie d'ordonnance un certain nombre de chariots pour transporter, en temps ordinaire, ces engins incommodes. § IV. — Des privilèges accordés aux bandes d'ordonnance. Les règlements de Charles le Téméraire n'avaient accordé aucun privilège particulier aux hommes d'armes de l'ordonnance; les possesseurs de fiefs ou d'arrière-fiefs qui servaient dans ces compagnies, soit en qualité d'officiers, soit de toute autre manière, n'étaient même pas dispensés du service qu'ils devaient au souverain pour la tenure de leurs fiefs '. 1 Ordonnance du 29 juin 1471. (Mémoires pour servir donnent une juste défiance pour l'avenir et une arrière-pensée de servir » maintenant à leurs frais, ne soit qu'il y soit pourvu et précautionné une » fois pour toutes, en retranchant, par la racine, les causes des désordres 1 Remontrance des magistrats d'Ypres du 3 avril Ki07. {Placards de Flandre, t. II, f°70l.) Le 23 novembre 1615, les magistrats d'autres localités présentèrent une remontrance dans le même sens. Ils se plaignaient qu'un homme de soixante et un ans eût été admis dans la bande d'ordonnance du prince de Barbaneon. s Bulletin de l'Académie royale, t. XVIII. DES PAYS-BAS U 3 » passés, qui sont provenus de ce que les personnes et les biens des remon- » trants se trouvaient compris dans les dénombrements et transports de leur » districts et que le conseil des finances n'en alloue pas la déduction dans la » recette des tailles, impôts et subsides et autres charges tant personnelles » que réelles ordinaires et extraordinaires du pays. Ils ont été molestés et » exécutés pour le payement de leurs quotes parts malgré lesdits placcards, » privilèges et exemptions. Or comme les remontrants sont très-assurés que » l'intention de Sa Majesté et de Votre Excellence ne peut être que, pro- » diguant à leurs frais leurs vies et leurs biens pour leur service, ils soient » plus longtemps frustrés des assurances de leurs privilèges et exemptions » qui leur servent de prix, ils prennent nouveau recours à Votre Excel- » lence, etc. '. » On a vu déjà précédemment que lorsque l'âge et les infirmités mettaient un homme d'armes hors d'état de servir en personne; lorsqu'il était d'ailleurs auto- risé par le général des bandes à se faire substituer, il pouvait néanmoins obte- nir, à titre de récompense pour ses anciens services, la continuation du béné- fice des privilèges et exemptions dont il avait joui en qualité d'homme d'armes. § V. — Du chef et général des bandes d'ordonnance. Sous l'empereur Charles-Quint la cavalerie de l'ordonnance ne semble pas avoir eu dégénérai en titre et permanent. Des commissions temporaires confé- raient le commandement supérieur de cette milice à des officiers généraux, au moment d'entrer en campagne. C'est ainsi que Maximilicn d'Egmont, comte de Buren, fut placé à la tête des bandes d'ordonnance qui prirent part à la guerre d'Allemagne en 1546 et rendirent un service signalé à l'Empe- reur assez compromis après la glorieuse journée de Mulhberg. C'est ainsi encore que Jean de Hennin, comte de Boussu, grand et premier écuyer de l'Empereur, reçut, le 13 avril 1553, la commission de chef de cinq bandes destinées à couvrir l'Artois et que l'année suivante Charles-Quint, générali- sant cette mesure, répartit toutes les bandes vieilles et nouvelles en six divi- 1 Placards de Flandre, l. III , f° 1092. (Papiers de l'audience aux Archives du royaume.) H4 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE sions ou régiments dont il donna le commandement à ses généraux les plus distingués, c'est-à-dire au prince d'Orange, aux comtes de Hoogstraeten, de Boussu, de Lannoy, de Lalaing et de Bugnicourt J. Ce fut Philippe II qui, en 1558, institua en faveur du prince d'Orange la charge de chef et général des vieilles bandes d'ordonnance. La patente qui lui fut délivrée à cette occasion détermine, en ces termes, les attributions de cet emploi : « Plain povoir, auctorité et mandement spécial pour d'ores » en avant avoir la charge principale desdiles hendes, les tenir et faire tenir » en bon ordre et justice, avoir et prendre soigneulx regard sur leur con- » duicte, deffendre et interdire aux capitaines et leurs lieutenants de non » donner congié à aucuns sans son sceu, aussi de non licencier aucuns pri- » sonniers sans son congié, et au'surplus avoir commandement sur eux et » leurs gens et les mener, conduire et employer en nostredict service, selon » et en suyvant la charge qu'en aura de par nous. » Le traitement spécial affecté à cet emploi important s'élevait, indépendam- ment de la solde de capitaine d'une compagnie et de celle d'homme d'armes dont jouissait tout officier des bandes d'ordonnance à six cents, à huit cents et même à mille livres par an. Le chef et général des vieilles bandes d'ordonnance avait une garde per- sonnelle composée de quinze hallebardiers, de quinze gentilshommes et de quatre trompettes. En outre il avait un état-major dans lequel se trouvaient : un lieutenant, qui avait également une garde personnelle de quatre hallebardiers, un prévôt et ses quatre aides (stocknechi) , un clerc, un gardien des prisonniers, un quar- I Le traitement de ces chefs de corps était de trois cents philippus de vingt-cinq patars, par mois. Les six régiments étaient composés, savoir : 1". Des compagnies d'Orange, de Brederode, de Scbwartzembourg , de Rosenberge et de Jean de Buren. 2me. Des compagnies de Hoogstraeten, d'Egmont, d'Arenberg et d'une autre compagnie de Seliwartzenbourg. 3me. Des compagnies de Boussu, de Beveren, de Praet, de Jean de Weertzeleben et de Jean Berni. 4me. Des compagnies de Berlaimonl, de Carloo, de Carondelet, d'Aix, de Tbomas Slucke Locquer et des arque- busiers de Mansfell et de Berlaimont. 5™'. Des compagnies de Lalaing, d'Arscbot, de Renty, de Beveren et de Famars. 6>"e. Des bandes de Bugnicourt, de Rœulx, de Berghes, de Noyelles, de Melun et de Moorbeke. II y avait donc alors trente bandes d'ordonnance, tant vieilles que nouvelles, et deux compa- gnies d'arquebusiers à cheval. DES PAYS-BAS. lia tier-maitre ou maréchal des logis, un waecktmaester ou chef du guet; unp-o- vantmaesterou pourvoyeur de vivres et un waegemaestefoxiehefdes équipages. L'emploi de chef et général des bandes continua de subsister, au moins comme fonction temporaire; c'est d'ailleurs ce qui semble résulter de plu- sieurs documents authentiques parmi lesquels on remarque le décret de do n Juan d'Autriche du 27 mai 1656. Voici, aussi complète que possible, la liste des successeurs du prince d'Orange dans cette charge : En 1567 le comte d'Arenberg (Jean de Ligne) commanda les mille à douze cents hommes d'armes qui furent envoyés en France au secours de la Ligue. L'année suivante, le même seigneur commanda les quinze cents hommes d'armes qui allèrent, de nouveau, en France secourir les catholiques. En 1 5 7 6 le marquis d'Havre fut chef et capitaine général des hommes d'armes. En 1587 le duc d'Arschot (Charles de Croy) avait les bandes d'ordon- nance sous ses ordres au siège de l'Écluse; la même année, le marquis d'Havre, Charles Philippe de Croy, fut commandant général des bandes d'ordonnance qui furent réunies lorsque le duc de Parme alla porter secours au duc de Lorraine; cinq cents lanciers, aux ordres de Montigny, assistèrent à la bataille de Coutras, le 20 octobre de la môme année. A la bataille d'Arquis, livrée le 21 septembre 1589, douze cents lances se firent remarquer par leur brillante valeur; elles étaient commandées par le comte Philippe d'Egmont, qui, plus heureux que son illustre père, trouva une mort glorieuse sur le champ de bataille. En 1590, Charles de Croy fut, de nouveau, chef et général des bandes d'ordonnance, dans l'armée du duc de Parme ' ; il se fit remarquer aux com- bats de Lagny et de Corbeil. 1 La patente qui fut donnée au prince de Chimay, en cette circonstance, mentionne qu'il était attaché au chef et général des bandes d'ordonnance : Un prévôt, au traitement mensuel de cinquante livres de quarante gros, plus soixante livres pour six chevaux, savoir : Deux pour le chariot destiné aux malades et les autres pour les prisonniers et les fers; Quatre hallebardiers pour le prévôt, à raison de sept florins et demi chacun par mois; Quatre slockenknechls, également à raison de sept florins et demi chacun; Un clerc à raison de dix livres; Un homme pour garder les prisonniers à raison de dix livres. 116 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE En 1591, le même seigneur reçut de nouveau la patente de chef et général des hommes d'armes. En 1596, celte charge fut confiée au comte de Boussu. En 1600, les bandes furent commandées par Philippe de Croy, comte de Solre. En 1 602 , le comte de Fontenay fut choisi par l'archiduc Albert pour l'em- ploi de chef et général des bandes; il exerça ces fonctions sans indemnité; il les remplit de nouveau en 1606. Le prince de Barbançon fut également chef et général des bandes en 1 628 et assista avec elles au siège de Bréda; le comte de Frezin le fut en 1635, le comte de Buquoy en 1640 et en 1642, et le prince de Ligne en 1643, en 1644 et en 1648. A la bataille de Lens, livrée dans le courant de celte der- nière année, on sait que le prince de Ligne, à la tête de la cavalerie fla- mande, faillit arracher au prince de Condé une de ses plus éclatantes victoires. Le marquis de Treslon en 1655 et le comte d'Egmont en 1667 et en 1 668 furent également revêtus du titre de chef et général des bandes d'or- donnance. Le chef et général des bandes avait sous lui un lieutenant général; le seigneur de Boileux, de la maison de Beaufort, fut lieutenant général du comte de Solre en 1600; Jean de Havreck, seigneur de Preslée, fut lieute- nant général du prince de Chimay en 1590 et en 1591 et du prince de Bar- bançon en 1624; le seigneur de Blyer fut en 1602 le lieutenant général d'Alexandre de Croy, comte de Fontenay. g VI — Des soldes. Au commencement du seizième siècle, l'homme d'armes avait, pour sa solde journalière, de quatorze à seize sols et l'archer six sols (de deux gros, 1 Le document d'où sont tirés ces renseignements (Papiers de l'audience aux Archives du royaume) mentionne que, depuis 160G jusqu'à 1625 et depuis 1G2ii jusqu'à 163j,il n'y eut point de chef général des bandes d'ordonnance parée que toutes les compagnies ne lurent pa? mises sur pied. Il en est de même pour les années 1G50, 1G57, 1038, 1651) et 1641. DES PAYS-BAS. H 7 pièce), ce qui faisait, par mois de vingt-huit jours (c'est ainsi (pie l'on comp- tait à cette époque), dix-neuf livres douze sols à vingt-deux li\rcs huit sols pour l'homme d'armes et huit livres huit sols pour l'archer 1. Cinquante ans plus tard, la solde n'avait guère varié, ce que l'on constate par la patente de. capitaine d'une compagnie d'ordonnance, que reçut, eu 1553, le prince d'Orange -, et par une décision de la régente en date de février 1553 ■". Tous les officiers, chef et capitaine, capitaine des archers, lieutenant, enseigne et guidon avaient une paye d'homme d'armes; de plus, chacun d'eux jouissait d'un traitement pour son état ou grade personnel. Au commence- ment du seizième seicle, le capitaine, chef de bande, avait, pour son élut 4, mille livres par an et le lieutenant deux cents. Mais vers le milieu du siècle, Vétat du capitaine fut porté à douze cents livres ou carolus et celui du lieu- tenant à deux cent cinquante livres; on ne trouve nulle part d'indication relativement à Yétat du capitaine des archers; l'enseigne et le guidon avaient pour leur état chacun cent vingt-cinq livres 5. Le fourrier avait cent quatre- vingts livres parce qu'il ne jouissait pas, comme les ofliciers, d'une paye d'homme d'armes; le chapelain recevait, comme le trompette, une paye et demie d'archer 6. 1 Compte de Charles Leclcrcq, dans le Rapport de M. Gachard sur tes archives de Lille. '2 Registre aux patentes de guerre de 1551 à 1558 (aux Archives du royaume). 5 La régente fixa la paye à dix livres de quarante gros par cheval et par mois de trente jours (Papiers de l'audience aux Archives du royaume). Ce taux ne parait pas avoir varié jusqu'à la liii du dix-septième siècle. 4 Compte de Charles Leclcrcq, dans le Rapport sur les archives de Lille. s Registre aux patentes de guerre de 1551 à 1558 (aux Archives du royaume). u En 1570 les ofiieiers d'une bande de cinquante hommes d'armes avaient : Le capitaine, mille deux cenls florins carolus. Le lieutenant, deux cent cinquante florins. L'enseigne et le guidon, cent cinquante florins. Ceux d'une bande de quarante hommes : Le capitaine, neuf cent soixante florins. Le lieutenant, deux cents florins. L'enseigne et le guidon, cent florins. Ceux d'une bande de trente hommes : Le capitaine, sept cent vingt florins. Le lieutenant, cent cinquante florins. L'enseigne et le guidon, quatre-vingts florins. Le montant de ces allocations ne varia pas jusqu'à la fin du dix-septième siècle. Tome XL. •<> H8 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE D'après le lanleo, espèce de budget de la guerre, qui fut arrêté au com- mencement du dix-septième siècle ', les capitaines et les lieutenants avaient chacun cent livres par mois, renseigne en recevait soixante et le guidon quarante, indépendamment de leur paye d'homme d'armes. Dans les Mémoires guerriers qu'il a publiés, Charles-Alexandre de Croy fait connaître que l'indemnité pour étal dont jouissaient les capitaines était proportionnelle au nombre d'hommes d'armes dont la compagnie se compo- sait et se calculait à raison de deux florins par homme d'armes et par mois : ainsi le capitaine d'une compagnie de cinquante hommes d'armes avait cent florins, celui d'une compagnie de quarante hommes d'armes en avait quatre- vingts; enfin celui d'une compagnie de trente hommes n'en avait que soixante. Toutes les soldes mentionnées ci-dessus s'appliquaient à l'état d'activité des bandes d'ordonnance; lorsque ces compagnies n'étaient pas réunies sous leurs enseignes pour un service de guerre, elles vivaient dans leurs foyers, mais ne jouissaient plus que d'une partie de leur paye 2. On ne trouve cependant, pour l'époque antérieure au dix-septième siècle, aucune ordonnance relative aux bandes d'ordonnance qui ail alloué une frac- tion de la paye pour le temps passé en non-activité. On ne voit pas non plus la mention de payements de celte espèce, dans les comptes des trésoriers des «lierres. Mais une lettre du conseil d'État, en date du 2 juillet 1602, adressée à l'archiduc Albert, prouve qu'on fut obligé, sur les représenta- tions des hommes d'armes qui venaient d'être rappelés sous leurs enseignes, de décider que, lors de leur retour dans leurs foyers, ils jouiraient comme autrefois de la moitié de leur solde 3. D'après le lanteo qui fut établi au commencement du dix-septième siècle, de commun accord entre les archiducs et les états généraux, pour l'entretien 1 Gachard, Actes des étuis généraux de 1600. 2 Bulletins de l' 'Académie royale , t. XVIII, p. 72. 3 Ibid. L'importance de ces documents nous a engagé à les reproduire aux annexes. Malgré la promesse qui en avait été laite, cette demi-solde ne fut pas payée, lorsque, en 1(504, on renvoya les bandes dans leurs loyers. Lettre du conseil d'État du 29 septembre 1620 (Archives du royaume). DES PAYS-BAS. II!» de l'armée, les bandes d'ordonnance sont comptées sur le pied de Irois mille chevaux à raison de vingt-cinq florins par cheval pendant six mois de Tannée et de douze florins et demi pour les autres six mois, pendant lesquels les com- pagnies ne sont pas réunies. Ce tanleo, comme on le voit, accordait la même solde pour tous les che- vaux et n'établissait pas de différence entre les hommes d'armes, les archers, les pages, etc. En réalité, l'homme d'armes qui devait être propriétaire de trois chevaux, un pour lui-même, un autre pour son archer armé de toutes pièces comme le chef de lance et qui avait remplacé l'ancien coutillier, le dernier conduit par le page et servant à porter l'attirail de guerre de l'homme d'armes, recevait, à celte époque, trois payes, ce qui constituait une augmentation considérable des anciennes allocations. La pénurie des finances fit prendre la résolution. de ne plus donner aux hommes d'armes, lorsqu'ils étaient dans leurs foyers, que le quart de la paye ordinaire; mais lors de la réunion des bandes en 1602, on fut obligé, avons- nous vu, de revenir sur cette décision. Il est à observer que l'entretien des hommes d'armes de l'ordonnance était infiniment moins coûteux que l'entretien de toute autre cavalerie 1. L'empe- reur Charles-Quint avait déjà reconnu (pie cette gendarmerie valait mieux et coûtait moins que la cavalerie allemande "2. § VII. — De la justice. Le décret du 12 oclohre 1547 investit les capitaines des compagnies d'or- donnance d'une espèce de magistrature à l'égard de leurs subordonnés : à 1 Bulletins de l'Académie royale, t. XVIII, p. 72. 2 Lettre du comte du Rœulx à Mûrie de Hongrie du 14 septembre 155-2. La solde n'était malheureusement pas payée avec beaucoup de régularité et lorsque les arriérés étaient un peu considérables, on cherchait à obtenir des hommes d'armes qu'ils consentissent à renoncer à une partie de ce qui leur était dû. On trouve, aux Archives du royaume, une curieuse correspondance à ce sujet entre l'empereur Charles-Quint et les capitaines de ses bandes. C'était en 1531; Charles-Quint était à la veille de partir pour l'Allemagne où l'appelaient les intérêts les plus graves; mais ne pouvant payer ses compagnies d'ordonnance, il voulait diminuer leurs créances d'un tiers. Les hommes d'armes n'y voulurent point consentir et menacèrent de ne pas accompagner l'Empereur en Allemagne, s'i's n'étaient payés. 120 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE eux seuls échut le droit de juger des actions personnelles dirigées contre les hommes d'armes dans les lieux mêmes de leur garnison, ainsi que des accu- sations qui n'entraînaient par la peine capitale. Ils basaient leurs jugements, non sur des lois existantes, mais uniquement sur leur conviction et leur raison éclairée, au besoin, de l'avis des personnes dont ils réclamaient l'assis- tance ou du conseil provincial du pays où ils séjournaient. Les juges civils ordinaires eurent le droit de connaître de tous les crimes et délits non réservés spécialement aux capitaines; ils eurent, en outre, le droit de faire appréhender les gens de guerre dans les cas de flagrant délit et d'excès graves contre les habitants; ils devaient ensuite livrer les délin- quants aux capitaines, pour que justice fût faite. Quant aux crimes et délits antérieurs à l'enrôlement, les juges civils avaient seuls le droit d'en connaître; toutefois, l'homme d'armes dans sa garnison ou en service était toujours à l'abri des poursuites civiles pour simple délit. En ce qui concerne les hypothèques, les actions réelles ou de succession, quelle que fût d'ailleurs l'époque de leur création, la loi commune liait les gens de guerre comme les autres habitants, à moins que le prince n'eût accordé des lettres de surséance. Les délits purement militaires, c'est-à-dire ceux qui blessaient les règles du service ou de la discipline, furent réservés exclusivement à l'action des chefs militaires ou du prévôt des maréchaux. Les délits communs capitaux, c'est-à-dire ceux qui n'étaient pas caractérisés par la qualité de soldat chez le coupable, furent déférés à l'appréciation des tribunaux ordinaires. Plus tard, en 1587, le prince de Parme, en proclamant l'auditeur général premier ofïicier de justice avec juridiction sur toute l'armée et en augmen- tant l'influence des auditeurs particuliers, annula en quelque sorte le carac- tère de juge que l'ordonnance de Charles-Quint avait donné aux chefs des bandes de l'ordonnance. Les peines disciplinaires applicables aux hommes d'armes consistaient en amendes et en retenues de solde : l'homme d'armes qui, en route, n'avait pas toutes les pièces de son équipement, était puni d'une retenue de quinze jours de paye; s'il chargeait son cheval de bardes ou de bagages, il encou- rait huit jours de retenue de solde. DES PAYS-BAS 121 Un mandement du 14 mars loo2 commina, outre l'amende, la fustiga- tion contre les gens de guerre des ordonnances qui vendaient leurs chevaux à des étrangers; en cas de récidive, les délinquants encouraient la confisca- tion et la peine de mort 1. g VIII. — Formation des troupes pour le combat. Charles le Téméraire avait introduit une espèce de révolution dans la formation tactique de la gendarmerie; il composait ses escadrons exclusive- ment d'hommes d'armes. Cette formation s'appelait, dans le langage du temps, l'ordonnance de bataille en ost. Les archers furent alors employés séparé- ment et formèrent des corps de cavalerie légère. Après la mort de Charles le Téméraire, pendant les luttes que Maximilien soutint contre les communes flamandes et contre ses voisins, on ne vit plus guère sur les champs de bataille de cavalerie organisée et exercée aux formations d'ensemble. Les hommes d'armes fournis par les possesseurs de fiefs ramenèrent naturelle- ment les pratiques de guerre , la manière de combattre , qui étaient en hon- neur avant les réformes introduites par le dernier duc de Bourgogne. Mais l'empereur Charles-Quint ressuscita la tactique de son illustre aïeul, tactique qui ne s'introduisit que plus tard dans les autres armées. Une autre innovation importante appartient entièrement à l'initiative des généraux de Charles-Quint: ils modifièrent la forme des escadrons, les por- tèrent à dix-sept chevaux de front et à quatre de profondeur. Par là , ils rendirent le choc de la cavalerie plus rapide et plus énergique. C'est à cette innovation, que ni les Allemands ni les Français n'avaient songé à imiter -, que Loysd'Avila, dans ses curieux mémoires sur les campagnes de Charles- Quint en Allemagne, attribue la victoire que les gendarmes flamands rem- portèrent en 1545 près de Sittard 3. 1 De Robaùlx de Soumoy, Notice sur les tribunaux militaires, passini. * Les Allemands suivaient l'ordre profond, c'est-à-dire qu ils ne présentaient qu'un front très-étroit et multipliaient les rangs; chez les Français, au contraire, les hommes d'armes se plaçaient tous sur un même rang et n'avaient pour second rang que les écuyors. 3 Commentaires de Lovs d'Avila, liv. II, p. M8. 122 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE CHAPITRE II. IIISTOIUE MILITAIRE DES BANDES D'ORDONNANCE DEPIIS LEUR RÉORGANISATION PAR CHARI.ES-QflNT JUSQU'A LA FIN Dl DIX-SEPTIÈME SIÈCLE. § K — Guerre d'Allemagne (l546-ioi7). On a vu, dans le chapitre précédent, que par un décret du 26 novem- bre 1545, Charles-Quint créa onze nouvelles bandes d'ordonnance « aux gages, traitements et souldées des vieilles bandes, » et qu'ainsi il porta à trois mille chevaux la cavalerie régulière destinée à défendre les frontières du pays. On verra bientôt que ce rôle, purement défensif, ne fut pas le seul qu'eût à remplir la cavalerie des ordonnances. Pendant la même année 1545, l'Empereur avait préparé la campagne qu'il avait résolu de faire contre les princes protestants d'Allemagne. Rassuré du côté de la France et de la Turquie , il pouvait désormais disposer de toutes ses ressources pour atteindre le but que, depuis longtemps, il avait en vue. Cette guerre imposa de lourds sacrifices aux Pays-Ras; on amena, non sans peine, les provinces à voter des subsides considérables en leur promet- tant que l'on ne réclamerait plus de nouvelles aides pendant trois années. Après avoir tout réglé pour la grande entreprise qu'il méditait, Cbarles- Quint partit de Maestricht pour Ratisbonne emmenant avec lui les bandes d'ordonnance des comtes de Ruren et d'Egmont qui présentaient chacune un effectif de deux cent cinquante chevaux. Il avait prescrit au comte de Buren de venir le rejoindre avec dix mille fantassins et trois nulle chevaux '. Dès qu'il eut rallié les contingents fournis par l'Espagne , par l'Italie et par quelques princes allemands, l'Empereur se rendit à Ingolstadt. L'armée arriva 1 Quelques auteurs dUeut que l'armée du comte de Buren ne comptait pas moins de douze mille fantassins et cinq mille chevaux. Ces chiffres paraissent exagérés. DES PAYS-BAS 125 devant cette ville le 25 août 1546 et fut établie dans un camp où elle put attendre sans danger le moment d'engager sérieusement la lutte. L'armée des princes protestants qu'allait combattre Charles-Quint présen- tait une masse de quarante mille à cinquante mille hommes d'infanterie , de huit mille chevaux et de cent pièces de canon. Elle s'avança, le 31 du mois d'août, pour reconnaître la position de l'Empereur dont les forces étaient de beaucoup inférieures , mais parfaitement retranchées. Cette reconnaissance donna lieu à un combat insignifiant, mais où un archer de la bande d'ordon- nance du comte d'Egmont fut tué et deux autres furent blessés. Un nouveau combat fut livré le lendemain sans plus de résultat. La journée du 3 sep- tembre se passa en escarmouches entre les postes avancés, de même que celle du 4. Charles-Quint ne voulait pas s'engager dans une action géné- rale sans le concours du comte de Buren dont l'arrivée prochaine était signa- lée et qui, comme on l'a vu, amenait des Pays-Bas, entre autres troupes, plus de trois mille gendarmes et chevau-légers; on remarquait notamment parmi la gendarmerie les bandes d'ordonnance de Philippe de Brederode ' , de Jean de Lyere, seigneur de Berchem 2, et de Martin Van Bossem , et cinq cents chevau-légers commandés par Philippe de Montmorency, comte de Hornes. Le comte de Buren et son lieutenant, Jean de Ligne, comte d'Arenberg, étaient partis du Luxembourg dans les premiers jours du mois d'août; ils avaient traversé le Rhin près de Neubourg, entre Brisach et Baie ; le 15 sep- tembre, ils arrivèrent à Ingolstadt par Nuremberg et Ratisbonne, après avoir eu à surmonter bien des obstacles et à triompher de grands périls 5. Aidé de ce puissant secours, environné de ses Flamands en qui il mettait la plus grande confiance i, Charles-Quint, qui s'était trouvé un instant fort compromis au milieu des armées ennemies, prit à son tour l'offensive et, dès 1 La bande de Brederode était de deux cents chevaux; les deux autres de cent cinquante chevaux seulement. 2 Jean de Lyere avait eu une des bandes de crue levées en 1543, mais cette bande avait été licenciée après la paix de Crèpy. La bande qu'il commanda en Allemagne était celle qui lui avait clé donnée en 1545. 5 M. Gachard, Biographie nationale, au nom de Jean de Ligne (Arenberg). 4 Robcrtson , Histoire de Charles-Quint. m HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE le 17, sortit de son camp. Il évita toutefois, avec le plus grand soin, de s'ex- poser aux chances des batailles et se borna à manœuvrer et à harceler l'en- nemi, ce qui donna lieu à quelques combats de cavalerie où les hommes d'armes des Pays-Ras déployèrent leur valeur accoutumée. Les confédérés protestants, après une série d'échecs, se retirèrent à Nordlingen et laissèrent les Impériaux maîtres de tout le cours du Danube. dette première campagne terminée heureusement, l'Empereur eut bientôt la satisfaction de voir s'accomplir la division entre les confédérés, résultat qu'il n'avait pas cessé de prévoir et d'espérer. Dès que la confédération eut séparé ses forces, elle n'était plus guère à redouter; aussi Charles-Quint renvoya-t-il le comte de Buren aux Pays-Bas avec son année, ne gardant près de sa per- sonne que les bandes d'ordonnance de Buren , d'Egmont, de Brederode, de Jean de Lyere et de Martin Van Rossein. Le 15 avril 1547, Charles-Quint opéra sa jonction avec son frère Ferdi- nand et Maurice de Saxe; le 22, il campa sur l'Elbe aux environs de Meissen. Après un brillant combat de cavalerie où se distinguèrent les bandes d'ordonnance, Charles-Quint s'avança sur la rive gauche de l'Elbe et arriva près de la petite ville de Muhlberg dont sa victoire allait immortaliser le nom. Le 24, son armée traversa le fleuve chaque cavalier portant un fantassin en croupe; la cavalerie légère marchait en tète; elle était suivie par les gen- darmes que l'Empereur conduisait en personne. Dès qu'on eut atteint la rive opposée, on marcha droit aux Saxons. La cavalerie légère de Charles-Quint fut d'abord repoussée, mais les gens d'armes, qui étaient « la fleur de l'ar- mée impériale, » dit lioberston ', s'étant avancés, l'ennemi fut obligé de plier et bientôt sa retraite se changea en déroute. L'électeur de Saxe fut pris et douze cents Saxons perdirent la vie. Les princes protestants étaient désormais vaincus. Charles-Quint se rendit alors à Augsbourg avec ses valeureuses bandes d'ordonnance; il y fut rejoint par le comte de Buren conduisant un corps de mille chevaux des Pays-Bas et il obtint sans difficulté de la diète la sanction de tous ses projets. ' Histoire de Charles-Quinl. DES PAYS-BAS. 125 § II. — Guerre contre la France el contre le Nord. Le temps de repos qui suivit les victoires remportées en Allemagne par Charles-Quinl fut employé à rétablissement de mesures destinées à fortifier la constitution militaire des Pays-Bas. La reine de Hongrie renouvela l'édit de 1542 qui avait créé un corps de quatre mille chevaux ménagers et sti- pula que leurs officiers prêteraient serment à l'Empereur. Charles-Quint, de son côté, mit la dernière main à l'organisation des bandes d'ordonnance et les constitua définitivement en un corps de trois mille chevaux '. Quelque temps après, en 154-9, le prince Philippe, qui devait être plus tard le roi Philippe II, vint aux Pays-Bas. Le duc d'Arschot (Philippe de Croy) se rendit à sa rencontre jusqu'à Bruchsal, à quatre lieues au delà de Spire, avec une escorte d'hommes d'armes des ordonnances -. Parmi les bandes qui eurent à remplir ce service d'honneur auprès de l'héritier de la couronne, se trouvait la bande de Ponce de Lalaing, seigneur de Bugnicourt 3. Cette même année, Charles-Quint quitta les Pays-Bas pour se rendre de nouveau en Allemagne. Il fut escorté par les bandes d'ordonnance du comte d'Egmont et du comte d'Arenberg (Jean de Ligne) qui l'accompagnèrent jusqu'à Augsbourg, en passant par Louvain, Tirlemont, S'-Trond, Maes- tricht, Aix-la-Chapelle, Juliers, Berg, Cologne et Mayence. Le traité de Crêpy avait été impuissant à maintenir la paix entre le roi de France et l'Empereur; il fut rompu vers la fin de l'année 1551. Marie de Hongrie, qui depuis assez longtemps déjà avait prévu le renou- vellement des hostilités, avait pris des précautions infinies pour que les Pays-Bas, comme cela était déjà arrivé trop souvent, ne se trouvassent pas sans moyens de défense suffisants contre les agressions du puissant voisin qui dévastait périodiquement ses frontières. Elle avait renforcé les garnisons des places-frontières, créé de nouvelles bandes de cavalerie et, par une circulaire du 27 janvier 1552, rappelé tous les hommes d'armes 1 Voir page I0Ô. 2 Gollut. 5 Mémoires de Ferry de Guyon. Parmi les réjouissances qui curent lieu à l'occasion du voyage du prince Philippe, .su trouve une fêle militaire donnée au château de Mariinont dans laquelle figurait un escadron des bandes d'ordonnance. Tomr XL. 17 126 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE sous leurs enseignes. La reine espérait avoir, avant la fin du mois de février, sept mille cavaliers armés et équipés, tous sujets des Pays-Bas. Presque toute cette cavalerie fut distribuée sur les frontières méridionales du pays et du Luxembourg, après avoir été organisée par corps ou régiments de cinq ou six bandes chacun , conformément au tableau suivant : l'ouï- couvrir la Floinlre et l'Artois. Sous le commandement général du comte du Rœulx : Sa vieille bande de 200 lances ) c n i i i ann *u0 lances. Sa nouvelle bande de .... Ï200 — ) Sous le seigneur de Bugnicourt : Sa bande de 100 lances \ La bande de Wysme de . . . 200 — 1 de Reniy de. ... 200 900 lances, de Moerbekc de . . 200 — t — du vicomte de Gand de 200 — J Sous le seigneur d'Épinoy : Sa vieille bande de 150 lances' Sa nouvelle bande de . . . 200 — La bande de Baillent de . . — de Praet de . . 1 50 150 — , 800 lances. 1 — de N. de .... 100 — — de Flameng de . . 50 — ! Sous le comte de Hoogstraelen : Sa vieille bande de. . . . 200 1 ances i Sa nouvelle bande de . 150 — J La bande d'Arschot de . 250 — [ — de Lalaing de . . 200 — ; 1 250 lances — de Beveren de . 150 — [ — de Mastaing de. . 150 — j — de Famars de . . 150 — ! Sous le comte d'Egmont : 250 1 mees l La bande de Breileiode de . . 200 ■ — d'Orange de. . . . 200 — ; 1050 lances — de iNoyelles de . . . 200 — — d'Over-Linbden de. . 200 — DES PAYS-BAS. 127 Sous le comte de Boussu Sa vieille bande de. . . 200 lances 1 La bande d'Arenberg de . 250 — — de Beveren de . 200 — ' 1000 lances de Berghes de . 200 — — de Molembaix de 150 — 1 gneur de Rye : Sa vieille bande de. . . 200 lances 1 La bande de Corbaron de 200 — de Longastré de . 150 — 900 lances. 150 de Gaesbeek de 200 — ! Pour In gnrdc tles frontl ères eu, Antoine de Lalaine, , comte de Hoogslraelen. " La bande de Bugnicourt fut donnée, en 1561, à Florent de Montmorency, seigneur de Monligny. 138 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE Bande du comle de Berlaymont, à Namur. — du baron H. de Brederode, à Thionville. — du comte d'Arenberg, à Maestrichl. Vers la fin du mois de novembre la pénurie des finances obligea de les renvoyer «h mesnaîge, c'est-à-dire dans leurs foyers *. §111. — Nouvelle guerre avec la France en 1 557 ■ Bien que la trêve de Vaucelle eût été signée pour cinq ans, le 5 février 1556, une année à peine s'était écoulée que les Pays-Bas se trouvèrent de nouveau menacés par la France. Philippe II, qui récemment avait succédé à son père, Charles-Quint, réunit des troupes sans perdre de temps; les préparatifs qu'il fit le mirent en état non-seulement de défendre l'entrée du pays, mais aussi de porter la guerre sur le territoire ennemi 2. Les bandes d'ordonnance furent rappelées sous leurs enseignes 3. Elles avaient eu à peine le temps de réparer leurs pertes des campagnes précédentes et de se remonter "*. Elles formèrent néanmoins la partie la plus forte de la cavalerie \ 1 Pendant la trêve de \ 55(5 , l'entretien des bandes d'ordonnance avait coûté trois cent trente mille florins (Th. Juste, Les Pays-Bas sous Philippe II , t. 1", p. 39). - Prescott, Histoire du règne de Philippe II. 3 Neuf bandes seulement furent rappelées pour le 20 octobre 1557; c'étaient celles : Du comle de Mansfelt. — — de Meghen. — — de Boussu. — baron de Berlaymont. (Papiers de l'audience, aux Archives du royaume. 4 C'est à cet état d'épuisement où les avaient réduits les fatigues et les misères des campagnes précédentes que le duc de Savoie faisait allusion lorsqu'il écrivait à Philippe II en juillet lïiïiG : « Ne fault faire son compte des 111'" chevaulx qui s'entretiennent par déchà, car, oultre le mau- < vais payement, ilz sont esté tant traveillez par les camps passés, que la plupart est demouré ; et d euvres que l'on leur baillase quelque paiement, si ne sera ce que pour se remectre en ordre » et non pour en tenir garnison et par ainsi, au lieu de faire le service qu'ils doibvent ils s'esga- n reront incontinent sur le plat pays et feront mil desordres. » {Monuments de la diplomatie vénitienne, pp. 312-315.) 5 Prescott. Du duc de Savoie. — duc d'Arschol. — comle de Lalaing. — — du Rœulx. — seigneur de Bugnicourl. DES PAYS-BAS. 139 L'effectif général de l'armée, non compris un contingent anglais qui arriva trop tard, s'élevait à trente-cinq mille fantassins et douze mille chevaux. Le commandement de cette armée fut donné à Emmanuel Philibert, prince de Piémont, ou duc de Savoie; la cavalerie reçut pour chef le comte Lamoral d'Egmont qui avait pour lieutenants, dans le commandement des bandes d'ordonnance, le comte de Homes et le comte d'Arenberg. Le duc de Savoie, se conformant au plan général qui avait été adopté pour la campagne, investit S'-Quentin avec toutes ses troupes, dans les premiers jours du mois d'août 1557. Le 10, l'armée de France et celle de Philippe II se trouvèrent en face l'une de l'autre sur les deux rives de la Somme. Le combat qui s'engagea fut d'abord défavorable aux troupes du duc de Savoie qui, du reste, s'étaient laissé surprendre. Mais heureusement l'intervention énergique du comte d'Egmont fit bientôt changer la tournure des affaires. D'Egmont, avait réparti toute sa cavalerie en plusieurs divisions. Le comte de Hornes et le comte d'Arenberg commandaient chacun mille hommes d'armes; d'Egmont qui s'était réservé le commandement direct de toute la cavalerie légère, chargea les Français avec un élan irrésistible et les ayant mis en déroute, il les poursuivit dans leur retraite désordonnée et en fit un grand carnage '. Les bandes d'ordonnance qui assistèrent à cette glorieuse journée étaient celles du prince d'Orange, du duc d'Arschot, des comtes d'Egmont, d'Arenberg, du Rœulx et de Mansfelt, de cinquante hommes d'armes; les bandes de quarante hommes d'armes des comtes de Boussu, de Hoogstrae- ten, de Meghen, de Hornes et du baron de Berlaymont; enfin les bandes de trente hommes d'armes des seigneurs de Montigny et de Brederode "2. Les Français, humiliés de cet échec, firent de grands préparatifs pour la campagne de 1558. Ils se jetèrent sur le Luxembourg où ils eurent quel- ques succès et où ils commirent d'irréparables dévastations. Les comtes de Mansfelt et de Hornes qui, avec leurs bandes d'ordonnance, défendaient les ' Van Mctcren-Prescott. 2 Documents historiques, I. IX, aux Archives du royaume. Il est à remarquer que l'on s'était écarté de la règle qui fixait à cinq le nombre des bandes de cinquante hommes d'armes. Il y en avait six à la bataille de S'-Quentin sans compter la bande du duo de Savoie qui était égale ment de cinquante hommes d'armes. 140 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE frontières de cette province, n'étaient pas en mesure d'arrêter la marche d'en- nemis aussi nombreux. Ceux-ci prirent Thionville et Arlon (juillet). En même temps, un autre corps d'armée français sorti de Calais avait envahi la Flandre et y commettait les mêmes dégâts. Mais dans cette province com- mandait le comte d'Egmont qui résolut de chasser ces bandes dévastatrices. Il rassembla toutes les troupes des garnisons, une partie des bandes d'ordon- nance et se trouva en face des Français vers le milieu du mois de juillet, dans les environs de la petite ville de Gravelines. Le 13 juillet, le chef des troupes françaises, le maréchal de Thermes, rangea ses forces en bataille dans une plaine étroite, ce qui forçait les Relges à attaquer de front et leur enlevait les avantages de leur supériorité numérique. Le comte d'Egmont partagea sa cavalerie en plusieurs divisions, comme il l'avait fait si heureusement à la bataille de Saint-Quentin; trois de ces divi- sions composées de cavalerie légère devaient faire la première attaque. Les bandes d'ordonnance et la cavalerie allemande formaient deux divisions de réserve. Le comte d'Egmont, dit Van Meteren « ne se montra pas seule- » ment sage et prudent, mais aussi hardi et vaillant comme firent pareille- » ment tous les autres chefs, comme le seigneur de Bugnicourt, le marquis » de Renly et le comte du Rœulx '. » De part et d'autre on combattit avec ardeur, avec furie, disent les historiens : « homme contre homme, cheval » contre cheval. » La cavalerie des Pays-Bas finit enfin par rompre les rangs des Français qui, dans leur retraite, eurent à subir des pertes considé- rables. Ce fut sous l'impression produite par ces deux victoires que l'ambassadeur vénitien Suriano, qui avait vu les bandes d'ordonnance à l'œuvre dans les campagnes de 1557 et de 1558, écrivait à son gouvernement : « Quant à la cavalerie, les gens d'armes de Flandres sont les meilleurs » qui soient au monde. Non-seulement ils ont pu résister à la cavalerie fran- » çaise qui a une si grande réputation, mais encore ils l'ont dissipée et » rompue deux fois en peu de temps. L'ordre dans lequel ils combattent, la » manière dont ils sont armés et la force de leurs chevaux leur ont valu ces 1 Van Meteren, f° 1'.' veiso. DES PAYS-BAS. 141 » victoires. Les Français étendent leur front et affaiblissent leurs ailes parce » que chacun veut occuper le premier rang; les Flamands, multipliant leurs » fdes et grossissant leurs corps, assurent par là la force de celui-ci. Dans » leur armement est cette différence que les Flamands sont armés de pied » en cap et que les Français, par bravoure, ne s'arment ni les jambes, ni les » bras, dans lesquels consiste la force nécessaire pour donner et soutenir le » choc. Quant aux chevaux, les Flamands ont un grand avantage parce que, » en possédant la race chez eux, ils peuvent les choisir à leur gré, tandis » que les Français qui n'en ont pas se servent de ceux qu'ils trouvent '. » Le traité de Câteau-Cambrésis, qui fut signé le 3 avril 1559, mit fin à la guerre entre la France et l'Espagne; l'armée fut licenciée et les bandes d'or- donnance rentrèrent dans leurs foyers. Jusqu'à l'époque des guerres de religion, les handes d'ordonnance ne furent plus guère réunies que pour les revues destinées à constater l'état dans lequel elles se trouvaient. Voici, d'après les montres de 1561 et de 1565, quels étaient, à ces deux époques, les noms des capitaines et les provinces où sta- tionnaient les différentes compagnies : 15G2. ■ — D'après un compte n° 25544 des Archives du royaume. Duc de Savoie 50 lances *. Seigneur de Drederode 50 lances 3. Prince d'Orange 50 lances 4. Coinle d'Arenberg (Jean de Ligne). . . 50 lances s. — de Mansfelt 50 — — du Rœulx 50 lances 6. — de Meghen 40 — Baron de Berlaymout 40 lances 7. 1 Gachard, Monuments de la diplomatie vénitienne, p. 115, dans les Mémoires de l'Académie royale, t. XXVII, in-4°. 2 Le seigneur de Warfuzée était son porte-enseigne. 3 Charles de Wittentrorst, seigneur de Seyem, était son lieutenant. 4 Le seigneur de Grenenbruk et de Wactendonr était son lieutenant. s Zcgher de Groosbeck était son lieutenant. 6 Gilles du Bois était son lieutenant. 7 D'Allamont était son lieutenant. Tome LX. 19 W2 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE Baron de Berlaymont 50 lances '. — de Montigny 30 lances *. Marquis de Berghes 40 — Comte de Hoogstraeten (Antoine de Lalaing) 40 — Due d'Arschot 50 lances 3. Comte de Boussu 40 — — d'Egmont 40 — — de Homes 40 lof>5. — Monstre du 24 juillet 1565. Artois et Flandre. La bande du prince d'Orange (Guillaume de Nassau). — du comte d'Egmont. — — de Homes. — de Montigny. — du comte du Rœulx. H al liant. La bande du duc d'Arschot. — de Berghes. — du comte de Hoogstraeten (Antoine de Lalaing). — de Boussu. Luxembourg La bande du comte de Mansfelt. — de Meghen. — de Berlaymont. — de Brederode. Haestrlcht. La bande d'Arenbcrg (Jean de Ligne). 1 DAllaroont était son lieutenant. 1 Adrien de Baille ul était son lieutenant. •" Oudard de Ponly était son lieutenant. DES PAYS-BAS. 143 § IV. — Guerres de religion en 1568. Les bandes d'ordonnance s'étaient couvertes de gloire aux batailles de Saint-Quentin et de Gravelines; leur valeur, qui avait grandement contribué à décider la victoire dans ces deux journées mémorables, avait fondé l'illus- tration de leur chef le comte d'Egmont qui était loin de prévoir alors, au mi- lieu de l'enivrement des succès qu'il venait de remporter, la triste destinée qui, dix ans plus tard, devait le conduire à l'échafaud. Les troubles religieux qui commencèrent à éclater dans les Pays-Bas, im- médiatement après le départ de Philippe II pour l'Espagne, forment une pé- riode importante de l'histoire des bandes d'ordonnance. Cette cavalerie d'élite se trouvait, à la fin de la guerre avec la France, un peu réduite. Philippe II l'avait réorganisée sans toutefois y introduire de changements. Comme son père Charles-Quint, il la divisa en quinze (d'autres disent quatorze) bandes qui eurent pour chefs et capitaines les gouverneurs des provinces et quelques-uns des principaux seigneurs du pays !. Les quinze bandes d'ordonnance, deux régiments espagnols commandés par Julian Romero et Jean de Mendoça présentant un effectif de quatre mille hommes qui étaient cantonnés sur la frontière méridionale, enfin quelques enseignes de mercenaires allemands composaient, à l'époque où commen- cèrent les troubles, toute la force militaire aux Pays-Bas. Ce fut en 1560 et en 1561 que commencèrent les premières résistances conlre l'établissement des nouveaux évèchés et contre les ordonnances qui punissaient l'hérésie. Les bandes d'ordonnance furent employées à Valenciennes et à Tournai pour réprimer les manifestations des religionnaires; le baron de Montigny, 1 Répartition des bandes faite par Philippe II avant son départ des Pays-Bas : Duc d'Arschol (Philippe de Crov). Prince d'Orange (Guillaume de Nassau). Comte d'Egmont (Lamoral). Marquis de Berghes). Conue de Homes (Philippe de Montmorency. — de Botissu (Jean de Hennin-Lielard). Baron de Berlaymont (Charles). Comle de Hoogstraeten (Antoine de Lalaing). — du Kœulx (Jean de Croy). — d'Arenberg (Jean de Ligne). — de Mansfelt (Pierre-Ernest). — de Meghen. Baron de Montigny (Florent de Montmorency). Seigneur de Brederode (Henri). 144 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE gouverneur de Tournai, et le marquis de Berghes, gouverneur de la Flandre wallone, durent prendre des mesures énergiques; leurs bandes d'ordonnance, réunies à celles du comte de Boussu et du duc d'Arschot, rétablirent Tordre à Valenciennes. A Tournai, en 1563, la garnison étant insuffisante pour contenir la mul- titude, le baron de Montigny demanda des renforts à la gouvernante. Le marquis de Berghes se rendit alors à Tournai avec deux cents hommes qui furent suivis des bandes d'ordonnance de Montigny et du comte de Hornes. Quatre bandes restèrent cantonnées dans le Hainaut pendant toute la période de 1563 à 1566: c'était la compagnie du duc d'Arschot, cantonnée à Avesnes; celle du marquis de Berghes * établie à Maubeuge; celle du comte de Hoog- straeten établie à Landrecy; celle du comte de Boussu au Quesnoy. En 1566, la bande du duc d'Arschot fut envoyée à Maestricht pour mettre cette ville à l'abri d'un coup de main 2. La bande de Montigny tint garnison à Bapaume pendant l'hiver de 1565 à 1566 5. A la même époque, le roi de France recourut à la force pour combattre les huguenots et demanda le secours de Philippe II pour écraser ses adver- saires. La gouvernante des Pays-Bas, d'après les ordres du roi son frère, voulut envoyer les bandes d'ordonnance au roi de France, mais elle rencon- tra dans le conseil d'Élat et dans les assemblées des états des provinces une résistance invincible à ses projets. Le prince d'Orange et le comte d'Egmont objectèrent que les bandes d'ordonnance ne pouvaient sortir du pays sans le consentement formel des états; ceux-ci firent valoir à leur tour que cette cavalerie était entretenue par les provinces dans l'intérêt du pays, partant qu'il fallait attendre le consenlement des provinces pour la faire sortir des Pays-Bas. Granvelle rendit compte à Philippe II de cet obstacle à ses des- seins et déclara formellement que les états ne payeraient pas un mara- védis aux bandes d'ordonnance si on les envoyait en France 4. Il ne parait pas que l'on ait cru pouvoir se passer de ce consentement que 1 Maximilien de Hennin qui venait de remplacer son père. - Lettre de la duchesse de Parme du 7 juillet. 5 Archives de l'audience, n° 1112, aux Archives du royaume. 4 Lettre du C juillet ISG2 dans la correspondance de Philippe II, publiée par M. Ga- DES PAYS-BAS. 145 Ton craignait de ne pas obtenir; aussi Philippe II dut-il se résigner à renon- cer, pour cette fois, à son projet en ce qui concerne les bandes d'ordon- nance : il envoya de la cavalerie espagnole au secours de la Ligue. Pendant les années qui suivirent, l'opposition au gouvernement de Phi- lippe II ne cessa de grandir; en 1567, des troubles sérieux ayant éclaté à Valenciennes, le siège de cette ville fut le premier acte de cette guerre longue et cruelle qui couvrit la Belgique de ruines. Les événements des dernières années avaient nécessairement porté atteinte à la force militaire des bandes d'ordonnance. Le prince d'Orange et Henri de Brederode se démirent de leur commandement; le marquis de Berghes et le baron de Montigny moururent et leurs compagnies restèrent plusieurs années sans chefs. D'un autre côté, la pénurie des finances ne permettait plus guère de réunir les bandes que partiellement '. En 1566, la gouvernante ayant voulu en rassembler quelques-unes ne put y parvenir faute d'argent pour les payer -. Au mois d'août de la même année, Maximilien de Basseghien , chard. — Voici les noms des capitaines des bandes et les provinces qu'elles occupaient , d'après un ordre pour la montre du 15 mars 1561 : Prince d'Orange j Comte de Homes [ Artois et Flandre. — du Rœulx ) Comte d'Arschot j Hajnaul — de Boussu ) Mansfelt ) . _. _„ Luxembourg. Brederode ) Comte d'Egmont / Artois et Flandre. Montigny (Florent de Montmorency) Ber«hes Hoogstraeten (Antoine île Lalaing) Meghen ] Berlaymmit [ Luxembourg. Arenberg (Jean de Ligue) •....) « D'après les comptes du trésorier des guerres, on constate que pendant les années 15G2 à 1566, il n'v avait que dix ou douze bandes qui touchassent leur pave. 2 On lit dans une lettre de la gouvernante à Philippe II, du 5 avril I5(ili.... « l'on a mandé » aux bandes d'ordonnance pour, « l'accoustumé, se trouver aux lieux de leur uionxlre pour le j 25 que l'on leur fera payement de six mois. » 146 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE gouverneur de la Flandre wallone reçut Tordre de se rendre à Lille avec la bande de Montigny pour agir contre la populace et les iconoclastes; il ne parvint qu'à grand'peine à rassembler une fraction de cette compa- gnie. Au mois de décembre, le baron de Noircarmes, averti qu'un grand nombre de confédérés s'étaient réunis à Tournai et à Lille, près de la petite ville de Lannoy, sous la conduite de Jean Sorriau, partit nuitamment de Condé avec huit compagnies de Wallons, deux cents arquebusiers à ehe- val et trois cents bommes d'armes des ordonnances. Le seigneur de Ras- seghien, gouverneur de Lille, se joignit à lui et ils mirent les insurgés en déroute. La gouvernante chercba cependant, en 1567, à s'assurer le concours de la cavalerie des ordonnances; elle demanda à leurs cbefs un serment solennel d'obéir désormais aux ordres du roi envers et contre tous; la plupart firent ce serment que beaucoup oublièrent peu de temps après l. Cependant comme il devenait urgent de prendre des mesures militaires contre les armements que faisaient de leur côté les adversaires du gouverne- ment, Marguerite ordonna des levées de troupes. Deux régiments de hauts Allemands sous les colonels Otto, comte d'Oberstein, et Bernard de Schau- wenburg, deux régiments de bas Allemands sous Jean de Ligne, comte d'Arenberg, et Charles de Brimeu comte de Megben -, furent bientôt sous les armes ; en outre trois régiments wallons s'organisèrent. Ces derniers régi- ments, composés chacun de six compagnies de deux cents hommes, eurent pour colonels Gilles de Berlaymont, baron de Hierges, Jean de Croy, comte du Rœulx et Charles, comte de Mansfelt. Valenciennes avait été déclarée ville rebelle au roi. En attendant qu'on eût réuni des forces suffisantes pour réduire cette place importante, le sei- gneur de Noircarmes, après la victoire qu'il avait remportée près de Lannoj 1 II résulte des Notules du conseil d'État que le ôl janvier 1567, le duc d'Arschot, le comte de Mansfelt et le seigneur de Berlaymont comme capitaine d'hommes d'armes firent, entre les mains de la gouvernante, le nouveau serment. Le même serment fut fait par le seigneur d'Evre comme lieutenant de la bande de Montigny. Les autres chefs de bandes, de Homes, lloog- straeten et Brederodc ne consentirent pas à le prêter, non plus que le commandant intérimaire de la bande du prince d'Orange. 2 Jean de Ligne ne leva que cinq compagnies; Charles de Brimeu en leva dix. DES PAYS-BAS. 147 sur les confédérés, s'était introduit dans Tournai (le 2 janvier 1567) qui n'avait pu opposer de résistance. Maximilien de Basseghien , gouverneur de Lille, avait, à la même époque, surpris à Waterloo un corps de cinq à six mille rebelles et les avait taillés en pièces. D'un autre côté, Jean de Marnix, seigneur de Sle-Aldegonde, ayant formé le projet de s'emparer d'Anvers à l'aide de nombreuses bandes de sectaires qu'il avait rassemblées, la gouvernante, sur le conseil du comte d'Egmont, ordonna à Philippe de Lannoy, seigneur de Beauvoir, d'aller disperser ce rassemblement. Philippe de Lannoy, prenant avec lui les bandes d'ordon- nance du comte d'Arenberg et du baron de Berlavmont, quatre cents arque- busiers de la garde de la gouvernante et cinq cents chevau-légers, fut ren- forcé en route de quelques troupes tirées de Lierre et du Sas de Gaud , puis de la bande du comte de Hoogstraeten '. Il rencontra Jean de Marnix le 13 mars, à Austruweel, l'attaqua et dispersa ses troupes. Après ce succès, la gouvernante résolut enfin d'agir énergiquement contre Valenciennes. Ce fut encore le seigneur de Noircarmes qui fut chargé de cette expédition. Il avait vingt-huit enseignes d'infanterie wallone (huit de son régiment recrutées dans le Hainaut et dix de chacun des régiments de Hierges et de Charles de Mansfelt); quinze cents chevaux des handes d'ordonnance et vingt et une pièces d'artillerie sous Jacques de la Cresson- nières. Le 22 mars, toute cette artillerie bombarda Valenciennes qui se rendit après trente-six heures de résistance. Maestricht , Bois-le-Duc et Anvers furent réduites à l'obéissance dans le courant du mois d'avril; il en fut de même de Harderwyck, d'Utrecht, de Vianen, de Arnemuiden et de Groningue. A la suite de ces succès remportés par les troupes de la gouvernante, le prince d'Orange, le seigneur de Brederode et une foule de gentilshommes qui avaient embrassé la réforme , émigrèrent. L'ordre se trouvait rétabli presque partout dans les Pays-Bas; Philippe II crut néanmoins devoir y envoyer un chef militaire et il choisit le duc d'Albe 1 Lu bande d'ordonnance du comte de Hoogstraeten s'était portée de Turnhout à Santhoven et rejoignit de Lannoy à Mcrxem. 148 HISTOIRE DES BANDES DORDONNANCE qui arriva dans le pays au mois d'août 1567 avec une armée espagnole dont le chiffre est évalué à onze ou douze mille hommes 1. Les forces du duc d'Alhe s'accrurent bientôt des régiments hauts et bas Allemands qui étaient aux Pays-Bas ; quant aux trois régiments wallons qui avaient été créés parla gouvernante, ils furent licenciés, car ils n'inspiraient aucune confiance à l'envoyé de Philippe II. Dès que le duc d'Albe se trouva gouverneur général des Pays-Bas, il mit à exécution le projet que son souverain nourrissait depuis quelque temps d'envoyer en France, au secours de la ligue catholique, une partie de la cava- lerie nationale. Il chargea en conséquence, au mois d'octobre, le comte d'Arenberg de se rendre en France avec quatorze cents chevaux dont mille étaient tirés des bandes d'ordonnance et représentés par les bandes du duc d'Arschot, du comte du Rœulx, du comte de Boussu et du baron de Montigny 2. Cette cava- lerie partit de Cambrai le 11 novembre; passa à Péronne, à Bray, à Mon- treuil, à Villeneuve, à Pontoise, à Poissy, à Châteaufort, à Lonjumeau, à la Ferlé. Le 3 décembre, elle arriva à la Chapelle-Ia-Reyne près de Nemours 3. Mais dans l'intervalle les huguenots ayant été battus près de Sf-Denis, 1 Celte armée se composait de quarante-neuf compagnies espagnoles et de dix-sept cents chevaux de Naples. C'étaient, pour l'infanterie : Le lercio de Naples , d'Alonzo dp Uloa, composé de . . . 19 enseignes ou de 3,230 hommes. — de Lombardie, de S. Londono, composé de . . 10 — — 2,200 — — de Sicile, de Julian Romero, composé de ... 10 — — 1,620 — — de Sardaigne, de G. Rracamonte, composé de. . 10 — — 1,728 La cavalerie était composée des corps suivants : Trois compagnies de chevau- légers italiens d'environ . 100 chevaux, ensemble 300 chevaux. Cinq — — espagnols d'environ .100 — — 500 — Deux — albanais d'environ .100 — — 200 — Deux — d'arquebusiers à cheval de 100 chevaux. 100 — — 200 — D'après B. de Mendoça, l'armée du duc d'Albe se composait »'!8° t un I De quarante-neuf compagnies d'infanterie, soit 8,780 \ , De quinze mousquetaires par compagnie, soit 735) ' Cavalerie 1,200 i B. de Mendoça. 3 Mémoires de Ferrv de Guvon. DES PAYS-BAS. 149 la cour de France n'avait plus besoin des auxiliaires venus des Pays-Bas. Charles IX remercia donc le comte d'Arenberg et sa troupe qui rentrèrent dans les Pays-Bas. En 1568, le prince d'Orange résolut de faire une tentative armée pour délivrer, disait-il, les Pays-Bas de la tyrannie qui pesait sur eux. Il leva des troupes à l'étranger et forma le plan de pénétrer dans le pays avec trois corps d'armée. Le premier de ces corps, d'un effectif de deux mille cinq cents hommes, sous le comte de Hoogstraeten qui avait abandonné le service du roi, ou plutôt sous Jean de Montigny, seigneur de Villers, qui le remplaça, partait du pays de Juliers et devait opérer entre le Bbin et la Meuse. Le deuxième corps, composé de six mille fantassins et de quelques cava- liers, était commandé par le comte Louis de Nassau et avait pour mission de pénétrer dans la Frise. Enfin le troisième corps, composé de Français et de Belges réfugiés en Angleterre, en tout deux mille cinq cents hommes, était commandé par le sieur de Cocqueville. II devait entrer par l'Artois et soulever la Flandre. Ces projets furent déjoués par le comte du Banilx et n'aboutirent qu'à une défaite que subirent les rebelles à Saint- Valéry le 18 juillet. Le prince d'Orange, qui s'était réservé de diriger de loin ses lieutenants, ne quitta pas le pays de Clèves. Au premier corps, le duc d'Albe opposa don Sanche de Londono avec cinq compagnies d'infanterie espagnole, la compagnie de lances de Sancho d'Avila, celle de chevau-légers de Nicolas Basta et deux enseignes de piétons allemands du régiment d'Eberstein. Le corps de Montigny franchit la frontière des Pays-Bas du côté de Maestricht, le 20 avril, tenta inutilement de s'emparer de Ruremonde et chercha à pénétrer dans le pays de Juliers. Londono l'atteignit le 25 avril entre Erkelens et Dablen et le défit complètement. Le corps de Louis de Nassau pénétra dans la Frise le 24 avril et s'empara du château de Wedde. Le comte d'Arenberg, qui était gouverneur de cette province, n'avait à sa disposition que cinq enseignes de son régiment et six pièces de canon, mais il devait être renforcé de dix enseignes du tercio de Tome XL. 20 ioO HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Sardaigne de Bracamonte et, d'après les ordres du duc d'Albe, il devait encore recevoir le secours de quatre enseignes du régiment du comte de Meghen et de trois compagnies de chevau-légers qui occupaient Bois-le-Duc. Les deux petites armées se rencontrèrent le 23 mai à Heyligerlée. Bien qu'il n'eût pas encore été rejoint par les renforts que devait lui amener le comte de Meghen, d'Arenberg attaqua l'ennemi, mais il fut vaincu et tué '. A la nouvelle de ce désastre, le duc d'Albe prit immédiatement des mesures pour en arrêter les conséquences. Le comte de Meghen s'était retiré avec les quatre enseignes de son régi- ment à Groningue que menaçaient les vainqueurs de Heyligerlée; ordre fut donné de l'y renforcer des six autres compagnies du même corps, de quatre enseignes d'Allemands du régiment de Schauwenburg, de mille cinq cents chevaux du duc Éric de Brunswick; de plus, on fit marcher les régi- ments d'infanterie wallone de Hierges et de Robles, soit encore quinze enseignes. Ciappin Vitelli devait commander ces troupes sous l'autorité du comte de Meghen. Il arriva à Groningue le 19 juin. Le duc d'Albe ne se contenta pas de ces mesures; il comprit que le moment était venu de frapper un coup décisif; il résolut donc d'aller en per- sonne rejoindre l'armée et d'y conduire un corps considérable. Il rassembla dans ce but, à Bois-le-Duc, dix-sept enseignes du tercio de Naples, dix enseignes du tercio de Lombardie, dix du tercio de Sicile, seize pièces d'ar- tillerie, huit de siège et huit de campagne; en outre, il ordonna à Noir- carmes de lever immédiatement mille chevau-légers et au comte du Bœulx ainsi qu'au seigneur de Beauregard de lever chacun un régiment de dix enseignes d'infanterie wallone. Le duc, parti de Bruxelles le 25 juin, arriva à Groningue le 15 juillet. Presque toutes les troupes qu'il avait ordonné de réunir s'y trouvaient ras- semblées. Il marcha immédiatement à l'ennemi, le mit en déroute, le pour- suivit et l'ayant atteint de nouveau, le 22 juillet, à Gemmingen, il le tailla en pièces. L'insuccès de cette première campagne des réformés ne découragea pas le 1 Commentaires île B. de Mendoçn. — Strada. — Van Me 1er en. — Iîor. DES PAYS-BAS. 151 prince d'Orange. Comptant sur le concours des huguenots de France, sur la connivence de la reine d'Angleterre Elisabeth et sur les promesses de quel- ques princes allemands, il résolut de former une nouvelle armée dont le point de rassemblement serait dans le pays de Trêves, près de l'abbaye de Romersdorlï. Il rassembla en effet vingt mille piétons, neuf mille chevaux et vingt-six pièces d'artillerie et occupa le camp de Saint-With. Le duc d'Albe, de son côté, se mit en mesure de faire face à son ennemi et de rendre sa nouvelle tentative aussi vaine que la précédente : il rassem- bla dans les environs de Maestricht toute son infanterie allemande, espagnole et wallone, sa cavalerie légère et les bandes d'ordonnance. Il prescrivit à Mondragon de lever un nouveau régiment wallon de six enseignes et reçut d'Espagne un corps de deux mille hommes qu'il y avait fait lever par ses officiers et qui prit le nom de tercio de Flandre. En outre il mit des garni- sons respectables à Ruremonde, à Limbourg et à Anvers '. L'armée quitta Maestricht le 12 septembre; elle se composait de vingt- deux compagnies de cavalerie légère espagnole, italienne et haute bour- guignonne, ce qui faisait deux mille chevaux ou mille six cents combattants ; de dix compagnies du seigneur de Noircarmes et de la cavalerie des états représentée par huit cents chevaux ; de six cornettes de reitres ou deux mille chevaux; des bandes d'ordonnance qui étaient fort affaiblies et pré- sentaient à peine deux mille combattants 2. 1 La garnison do Ruremonde était composée du régiment de Robles ; celle de Limbourg d'Espagnols, et celle d'Anvers du régiment du comte du Rœulx et des deux mille hommes venus récemment d'Espagne. 2 Voici les bandes qui furent convoquées et réunies à Maestricht le 28 août 1 aC8 : Celle du duc d'Arschot. — du comte de lioussu. — du marquis de Berghes, dont la bande était sous le seigneui' d'Oignies. — du comte du Rœulx. — du seigneur de Brederode. — de Monligny, dont la bande était sous le seigueur d'Evre. — du comte d'Arenberg, récemment mort. _ — de Meghen, dont la bande était sous le lieutenant seigneur Josse Pyeck. — — de Berlavmont. — — d'Egmont, dont la bande était sous le seigueur de Frentz.. — du seigneur de Moerbeke, Jean de Sl-Omer. 152 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Toute cette cavalerie donnait un total de cinq mille cinq cents chevaux. L'infanterie, dont une grande partie gardait les forteresses, présentait encore : Quarante enseignes d'Espagnols. Seize compagnies de Wallons (vieux) tirées des garnisons et réparties en trois régiments dont les chefs étaient Philippe de Lannoy, seigneur de Beauvoir, Charles de Lorgilla et Jacques de Bryas. Dix enseignes du régiment de Hierges. Six — — de Montdragon. Cinq — — de Bobles. Vingt — d'Allemands, sous les comtes Albéric de Lodron et d'Eberstein. Le tout formait quinze à seize mille combattants '. Dès qu'il fut averti des mouvements de l'ennemi, le duc d'AIbe se mit en marche (29 septembre) dans Tordre suivant : La cavalerie légère à l'avant-garde; les reîtres; les bandes d'ordonnance partagées en trois escadrons sous le commandement des comtes de Berlay- mont et de Meghen et du duc lui-même qui, plus tard, se fit remplacer par le comte Philippe de Lalaing : Les Espagnols; les Wallons; les Allemands et l'artillerie. Toute celte colonne remonta la Meuse jusqu'à Lichtenberch, à une demi- lieue en amont de Maestricht. Le prince d'Orange leva son camp de Saint-With le o octobre; traversa la Meuse au gué de Stockeim dans la nuit du 5 au 6, et se dirigea vers Tongres en appuyant un peu à l'ouest. Le 9, il campa à Vryheeren, entre Heeren, Elderen et Heeren-Saint-Hubert. Prévenu à Tongres par l'avant- garde de l'armée espagnole, il se rejeta dans la direction de Saint-Trond. Le duc d'AIbe manœuvra de manière à se jeter sur les derrières de l'en- nemi pour lui intercepter la voie de l'Allemagne et pour menacer ses com- munications avec Liège. Il avait encore en vue d'empêcher le passage des secours que les huguenots de France envoyaient au prince d'Orange et qui déjà avaient traversé la .Meuse, sous Charlemonl. * Commentaires de 15. de Mcndoça. DES PAYS-BAS. 155 Le prince d'Orange continua sa marche pénible à travers le pays dont aucune ville ne se déclara pour lui; harcelé, affamé par son adversaire qui évita avec soin une action générale, il réussit à atteindre la frontière fran- çaise où il se réfugia après avoir perdu tout son matériel et le cpiart de ses soldats l. Telle fut l'issue de la campagne de 1568. Pendant les premières années qui suivirent, les bandes d'ordonnance ne furent plus réunies. Un grand nombre de compagnies avaient perdu leurs anciens cbefs. Il fut pourvu à ces remplacements - , mais l'effectif en che- vaux ne put être complété, et lorsque le duc d'Albe, en 1572, rassembla une armée pour réprimer la révolte qu'avait provoquée l'établissement de nou- veaux impôts connus sous les noms de dixième et vingtième deniers, la cava- lerie flamande, naguère encore si brillante, ne présenta plus que mille cinq cents chevaux 5. Au printemps de l'année 1572, le comte Louis de Nassau s'empara de Mons par surprise. Le duc d'Albe résolut de reprendre cette forteresse à tout prix. Il chargea de cette opération son fils Frédéric de Tolède, qui arriva sous les murs de Mons dans les premiers jours du mois de juin avec une armée de vingt-cinq à vingt-huit mille hommes. Les bandes d'ordonnance du duc d'Arschot, du comte de Mansfelt, du 1 Commentaires de B. de Mendoça. Dans un des combats de cette expédition, le comte de lloogslraelen, un des anciens capi- taines des bandes d'ordonnance et qui avait quitté le service du roi d'Espagne pour suivre le parti du prince d'Orange, fut tué. 2 Voir page 105. 3 Commentaires de B. de Mendoça. Voici les noms des capitaines, d'après un ordre du mois de juin I 572, qui enjoignait aux chefs des bandes de se tenir prêts : Le duc d'Arschot. Le comte de Mansfelt. — du Iîœulx i,Jeaii de Ci-oy). — d'Arenberg (Charles de Ligne). Le baron de Berlaymont. Le seigneur de Noircarmes. Le comte de Boussu. — de Lalaing (Philippe, baron d'Escornaux). Le comle de la Roche. Le vicomte de Garni. Le seigneur de Moerbeke (Jean de S'-Omer). — de Bailleul — d'Oignies. — de la Cressonnières. Le seigneur de Ruysbroeck, en place de feu le comte de Meghen. m HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE comte de Boussu, du comte de Berlaymont et du seigneur de Noircarmes en faisaient partie. Les dix autres bandes allèrent également rejoindre l'armée de siège lorsque le duc d'Albe s'y rendit lui-même au mois d'août '. Elles furent placées dans le village de Hyon et essuyèrent des pertes con- sidérables par le feu de l'artillerie, lors de l'arrivée du prince d'Orange avec une armée de secours (le 8 septembre). La bande du comte du Rœulx se distingua particulièrement. Elle perdit néanmoins son étendard, l'alfier à qui il était confié ayant été renversé par trois coups de feu. L'historien Mendoça, qui assista au siège de Mons, dit que cet événement doit être attribué « à ce (pie les hommes d'armes n'avaient pas été assez prestes à la volte que les chevaux légers exécutèrent. » Quant aux autres bandes, il parait qu'on les avait placées maladroitement dans un fort, ce qui les empêcha d'agir -. La forteresse de Mons fut néanmoins obligée de se rendre. Après la capi- tulation qui fut signée le 19 septembre 1572, les huguenots furent conduits hors des Pays-Bas; quatre bandes d'ordonnance commandées par Jean de Saint-Omer, seigneur de Moerbeke, leur servirent d'escorte jusqu'à Rupel- monde. Après la chute de Mons, les troupes royales reprirent successivement Audenarde, Termonde, Tirlemont, Louvain, Malines, Arschot et Diest qu'évacuèrent les garnisons que le prince d'Orange y avait mises. Celui-ci se jeta sur la rive droite du Rhin et licencia ses troupes qu'il était hors d'état de payer. Quant au duc d'Albe, il se dirigea avec son armée vers Maestricht et soumit assez facilement les différentes villes de la Hollande. Il ne parait pas que les bandes d'ordonnance aient pris part à cette expédition; on ne les trouve mentionnées ni dans le dénombrement de l'armée de Frédéric de Tolède qui fit le célèbre siège de Harlem 5, ni parmi les troupes des autres chefs de l'armée espagnole, sauf la compagnie du vicomte de Gand (Maximi- 1 Commentaires de B. de Mendoça. s Ibid. 3 Jacques de h Cressonnières, qui était lout à la fois chef et capitaine d'une bande d'ordon- nance cl grand maître de l'artillerie, fut lue au siège de Harlem. Sa bande fut donnée à Georges de Lalaing, baron de Ville. DES PAYS-BAS. 155 lien de Melon) dont une fraction, placée sous le commandement de Jean-Bap- tiste de Taxis, prit part à l'attaque du village de Breukels, à deux lieues d'Utrccht ». Après la campagne de 1573, les bandes d'ordonnance avaient été ren- voyées dans leurs foyers. Dès son arrivée aux Pays-Bas, le grand comman- deur de Castille, cpii avait succédé au duc d'Albe, résolut de les appeler sous les armes et de leur payer six mois de solde sur ce qui leur était dû -, afin de leur procurer les moyens de s'équiper et de se remonter. Une circulaire du 30 décembre 1573 adressée aux capitaines des quinze compagnies leur prescrivit donc de mettre leurs bandes en ordre 3 mais la pénurie des finances empêcha probablement la réalisation de ce projet, car on ne vit figurer cette milice dans aucune des actions de guerre qui eurent lieu pendant toute la durée du gouvernement de Bequesens. Elle ne fut même plus tenue au complet puisque dans une note que l'on trouve dans la correspondance de Philippe II, il est constaté qu'en 1575 il n'y avait plus que treize com- pagnies *. 1 Commentaires de B. de Mcndoça. 2 Lettre de Philippe 11, écrite d'Anvers le 50 septembre 1573. Par une autre lettre du 12 mai 4574, Philippe II pourvut à trois places vacantes : la bande de Noircarmcs fut donnée au mar- quis d'Havre; celle du vicomte de Gand à M. de Richebourg; celle de la Cressonnières à M. de Ville, frère du comte de Hoogstraeten. 3 D'après cette circulaire, les chefs des bandes étaient à cette époque : Le duc d'Arschot. Le comte de Mansfell. — du Rœulx (Jean deCroy). — de Boussu. — de la Roche (Fernand de Lannoy). — de Lalaing (Philippe, baron d'Escornaux). Le seigneur de Berlaymont. — de Noircarmes. — de Bailleul. — de Moerbeke (Jean de S'-Omer). — d'Oignies. de Richebourg, lieutenant de la bande du vicomte de Gand. de Ruysbrouck, lieutenant de la bande du comle de Meghen. — de la Cressonnières. Le prince d'Arenberg (Charles de Ligne). * Correspondance de Philippe II, t. III, p. 245. *56 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Après la mort inopinée du commandeur Requesens (o mars 157o), le conseil d'Etat prit en main le pouvoir, mais le pays se trouvait dans la situation la plus déplorable. Comme on n'avait pu payer les troupes qui avaient fait les dernières campagnes, elles se croyaient autorisées à commettre les excès les plus graves; toutes les parties du pays étaient désolées par les pillages et par les meurtres que commettaient des bandes de soldats qui n'obéissaient plus à aucun chef 1. Les bandes d'ordonnance seules auraient pu, peut-être, mettre un terme à ces désordres, mais elles avaient été négligées depuis longtemps, se trouvaient complètement désorganisées et n'auraient pu être réunies. Le conseil d'État, en implorant le secours du roi pour tâcher de ramener la paix et la sécurité dans le pays, indiqua le rappel des bandes d'ordonnance comme le moyen le plus efficace pour arriver à ce résultat si désiré -. On trouve dans la requête qu'il adressa à Philippe II, sous la date du 31 mars 1576, la preuve de l'oubli dans lequel on avait laissé tomber la milice qui depuis plus d'un siècle faisait la gloire du pays et en même temps un témoignage spontané de la grande estime que ses anciens services lui avaient con- ciliée. Voici le passage de cette requête relatif aux bandes d'ordonnance; il est trop flatteur et trop honorable pour ne pas être conservé dans les archives de la vieille cavalerie flamande : « En oultrc, sire, lesdicts estatz de Rrabant nous ont présenté aultre » requeste, remonstrans par icelle les foulles et travaulx que font tous les » chevaulx-Iégiers répartiz par le pays, tant pour la licence dont ilz usent, » la souldée trop grande qu'ilz ont, que pour les advantaiges de services qu'ilz » prègnent à la charge de Vostre Majesté et du poeuple, chose impossible plus » longuement povoir soustenir; au contraire, que les bandes d'ordonnance » de par deçà (dont Vostre Majesté a accoustumé estre si bien servie) sont » négligées et deleissées derrière, combien que le service qu'ilz faisoient » estoit de toute autre affection et vouloir, avec moindre interest et despense 1 11 y avait plus de soixante mille soldats débandés (Correspondance de Philippe II , t. IV, p. 79), 2 Des circulaires du III juillet et du 30 août 1575 prescrivirent aux quinze capitaines de mettre leurs Landes en ordre. DES PAYS-BAS. 157 » d'icelle et de ses subjetz, et, pour diverses aultres raisons contenues en » leurdicle requeste, supplians portant que lesdicts chevaulx-légiers fussent » cassés ou renvoyez et que les hommes d'armes fussent mis sus pour la » continuelle et ordinaire deffense du pais. Et comme entendons aussy telle » estre la pétition et vouloir de tous les aultres estatz (à quoy pareillement » entendons s'inclinoit du tout sur la fin ledict grand commandeur) de » remettre en ordre lesdictes bandes d'ordonnance et s'en servir, comme il » nous avait proposé suppliant Vostre Majesté très-humblement là-dessus » nous faire entendre au plus tosl son bon vouloir, comme aussy à la vérité » tenons estre grandement son service et la seurelé du pays que lesdictes » ordonnances soient restablies, montées et mises en ordre inconte- » nent * » 11 ne parait pas que le roi ait donné suite à cette demande, car le 25 sep- tembre les états généraux, qui, à leur tour, s'étaient emparés de l'autorité, demandèrent de nouveau que les bandes d'ordonnance fussent mises sus - et ils consentirent à payer trois mois de leurs gages, par forme d'avance, aux cinq bandes des comtes de la Roche 3, d'Arenberg, de Mansfelt, de Berlay- mont et de Hierges 4. Il est donc positif que quelques bandes au moins furent mises sur pied 3 au commencement de l'année 1577 ; plus tard cette mesure se généralisa, car les chefs de l'armée des états campée à Gembloux demandèrent, le 30 dé- cembre, l'envoi au camp des bandes d'ordonnance 6, et il résulte d'une cir- 1 Correspondance de Philippe II, t. IV, p. 11. 2 Gachurd , Actes des états généraux, t. I, pp. 5 et 12. 3 Fernande de Lannoy, gouverneur de l'Artois. 4 Ibid., p. 55. 11 résulte du reste de l'instruction générale donnée par le roi à don Juan d'Autriche et qui porte la date du 30 octobre 1576 que les bandes d'ordonnance n'avaient pas été rétablies, mais que le roi prévoyait leur rétablissement. {Correspondance de Philippe II, t. IV, p. 453.) » Il y a une résolution des états généraux du 1er avril 1577 de licencier les bandes d'ordon- nance. — Gachard, Actes des états généraux, t. 1, p. 160. 11 ne paraît pas qu'on ait donné suite à cette résolution, car le 28 octobre suivant, le marquis d'Havre adressa aux états généraux la prière de faire payer à sa compagnie d'ordonnance les six mois de solde qui ont été payées aux autres compagnies. (Ibid., p. 277.) 6 Ibid., p. 508. Tome XL. 21 158 HISTOIRE DES BANDES DORDONNANCE culaire des états adressée aux gouverneurs des provinces, que l'ordre avait été donné de faire monter et marcher toutes les compagnies '. Aucune des relations de la bataille de Gembloux, qui fut livrée le 31 jan- vier 1578, ne mentionne la présence des bandes d'ordonnance à ce combat si funeste à l'armée des états. Il est probable qu'il y en avait des deux côtés, car si parmi les chefs de cette milice plusieurs avaient embrassé la cause'de don Juan, par exemple Mansfelt, et les Berlaymont, le plus grand nombre était resté attaché au parti des états. La cavalerie des ordonnances n'avait du reste plus à cette époque la valeur qu'elle avait eu précédemment : on conçoit qu'elle ne pouvait avoir ni l'ha- bitude de manœuvrer, ni celle de marcher en campagne -, car, sauf quelques bandes, cette milice n'avait plus été réunie depuis un assez grand nombre d'années. La victoire de Gembloux fut le signal de la guerre civile. Les Pays-Bas entiers se trouvèrent livrés à la discorde et ce fut au milieu du trouble général que don Juan d'Autriche mourut le 1er octobre 1578 et que le gouvernement et le commandement de l'armée royale échut à Alexandre Farnèze, duc de Parme. Les provinces des Pays-Bas furent alors le théâtre des luttes d'une foule de partis différents : le roi d'Espagne, le prince d'Orange, les États, le duc d'Alençon, l'archiduc iMathias, le palatin Jean Casimir représentaient autant d'ambitions rivales. Sous prétexte d'indépen- dance religieuse, s'agitaient des convoitises personnelles qui entretenaient dans le pays un état permanent d'agitation , de guerre et de misère. Cette situation misérable se prolongea jusqu'à ce qu'enfin le duc de Parme fût parvenu à amener une réconciliation entre les provinces wallones et le roi et à détruire à Anvers le dernier foyer de résistance, c'est-à-dire jus- qu'au milieu de l'année 1585. Alors l'autorité de Philippe II se trouva réta- blie et peu à peu une armée nationale et régulière se reconstitua. Les bandes d'ordonnance, dont il serait difficile de retracer toutes les actions de guerre pendant les dix années qui venaient de s'écouler, furent 1 Actes des états généraux , t. I, p. 525. 3 Bentivoglio, t. II. DES PAYS-BAS. 159 réorganisées vers cette époque : une circulaire du 18 avril 1587 prescrivit aux capitaines des quinze bandes de les mettre en ordre ' ; il est présumable que les lettres patentes données par Philippe II le 3 décembre 4 587 se rap- portent à cette réorganisation. Ces lettres confirmaient et ratifiaient tous les anciens droits, privilèges, exemptions et franchises dont les bandes d'ordon- nance avaient joui ci-devant. La même année, on voit les bandes d'ordonnance assister au siège de l'Es- cluse sous le commandement du prince de Chimay, Charles de Croy 2. L'année suivante, sept compagnies, dont les chefs étaient : Le duc d'Arsehol (Philippe de Croy). Le marquis d'Havre. Le comte du Rœulx. — de Boussu. — de Hennin. Le marquis de Renty (Emmanuel de Lalaing). Le comte d'Arenberg (Charles de Ligue). se rendirent en Allemagne au secours du prince Ernest de Bavière, électeur et archevêque de Cologne, et prirent part à une suite d'opérations qui ame- nèrent la prise de la ville de Bonn sur le Rhin 3. 1 Voici les noms des capitaines à qui fut adressé cette circulaire : Le comte de Mansfelt 50 hommes. Le duc d'Arscbot 50 — Le comte du Rœulx (Eustache de Croy, comte de Meghen, qui succéda à Jeau de Croy, sou père, comte du Rœulx) 50 — Le comte d'Arenberg (Charles de Ligne) • 50 — — de Megben Le marquis de Renty (Philippe de Croy). La bande passa à son fds Jean, comte de Solre. Le prince de Chimay (Charles de Croy, fils du duc, qui avait remplacé le marquis de Roubaix en 1585. 30 — Le comte de Berlaymonl (Florent) 40 — — de Boussu (Pierre de Hennin 40 — Le marquis d'Havre 40 — Le seigneur de Bailleul 30 — Le comte d'Egmont. (En 1594 cette bande fut donnée au prince d'Orange, Ph -Guillaume de Nassau.) 50 — — de Hennin. — de Rennehourg 50 — Le seigneur de la Cressonnières. 5 Mémoires du duc Charles de Croy , publiés par M. le baron de Reiffenberg , p. 59. 3 Mémoires du duc Charles de Croy, p. 00. 160 HISTOIRE DES BANDES DORDONNANCE § V. — Expéditions en France 1 ë90-i 592. En 1590, Philippe II voulut que le prince de Parme envoyât des troupes au secours de la ligue catholique dont l'armée luttait avec celle du Béarnais. Le comte Philippe d'Egmont conduisit à Mayenne douze cents lances ' des Pays-Bas qui combattirent vaillamment à la bataille dlvry (le 14 mars). Cette cavalerie soutint presque seule le choc de l'armée de Henri IV. Les bandes flamandes enfoncèrent la cavalerie des comtes d'Auvergne et de Givry, mais abandonnées par la fuite honteuse des reitres allemands, trahies par les Suisses qui refusèrent de les secourir et passèrent dans le camp ennemi, elles durent plier et une partie ne parvint à s'échapper qu'en se frayant un passage à travers la cavalerie ennemie. Une mêlée terrible s'en- suivit: le comte d'Egmont, après avoir montré la plus brillante valeur, fut tué d'un coup de pistolet 2. La Providence abandonna ce fils de l'illustre victime de Philippe II qui s'était mis au service du bourreau de son père. Après la défaite d'Ivry, Alexandre Farnèze promit à Mayenne de mar- cher lui-même au secours de Paris menacé par le Béarnais. Il vint en effet rejoindre le chef de l'armée de la Ligue à Vervins avec quinze cents piétons et quatre mille chevaux. Le duc Charles de Croy , alors prince de Chimay , fut chargé du commandement général des bandes d'ordonnance qui assistè- rent à cette expédition 3. Ce fut la sage stratégie d'Alexandre Farnèze qui • Van Meteren dit quinze cents lances , f° 327. Voici les noms des capitaines des bandes d'ordonnance qui se trouvaient dans cette armée : Le prince île Chimay (Charles de Croy). Le coinle île Berlaymont. — de lioussu. Le comte d'Arenberg (Charles de Ligne). Le marquis de Renty (Philippe de Croy). Le duc de Barbançon. 2 Lettre d'Alexandre Farnèze du 24 mars 1 590. 3 Mémoires du prince Charles de Croy, p. (il. On ne trouve pas dans les relations de ces événements les noms des bandes qui accompa- gnèrent le duc de Parme en 1S90, mais sur une ancienne gravure représentant l'armée de la Ligue sous les murs de Paris , on lit : Bande du comte d'Arenberg, — du marquis de Renty, — du prince de Chimay, — du comte de Berlaymont, — du comte de Boussu, — du duc de Barbançon. Van Meteren dit qu'une partie seulement des bandes d'ordonnance fit cette campagne et que le reste demeura aux Pays-Bas, f° 328. DES PAYS-BAS. 161 amena la levée du siège de Paris par Henri IV. Sauf la prise de Lagny et de Corbeil et une échauffourée près de Guise, la cavalerie flamande n'eut guère l'occasion de combattre pendant cette campagne et rentra aux Pays-Bas. Un placard du 24 avril 4591 , publié peu de temps après leur retour dans leurs foyers et qui a pour objet le renouvellement et la reconnaissance de leurs privilèges, constate d'une manière authentique la satisfaction que le gouvernement avait éprouvée des deux expéditions récemment faites en France par les bandes d'ordonnance '. Eu 4 592, ce fut la ville de Rouen qu'Alexandre Farnèze voulut secourir. Il y envoya encore une partie des bandes d'ordonnance sous le commande- ment de Charles de Croy, prince de Chimay "-. Mais cette campagne se borna à la prise de quelques bicoques; les armées évitèrent d'en venir aux mains et la cavalerie eut peu ou point d'occasions de se signaler. Bien que quelques bandes d'ordonnance eussent pris une part honorable à la campagne de 4587 sur le Rhin et aux expéditions de 4 590 et 4 592 en France, il est positif que la décadence, qui déjà a été constatée précédemment, avait continué d'atteindre l'institution. Ce qui prouve que vers l'époque où nous sommes arrivé dans notre récit la cavalerie flamande était fort négli- gée, c'est une lettre écrite le 25 mars 4 593 par Philippe II, pour demander au comte de Mansfelt, qui était alors gouverneur par intérim des Pays-Bas, quel était le nombre de ces compagnies, leur effectif, qui en étaient les chefs ! Le comte de Mansfelt répondit qu'il y avait alors sept compagnies va- cantes ! On s'explique difficilement comment le gouvernement de Philippe II se trouvait dans une telle ignorance de la situation d'un corps de troupes dont les officiers ne pouvaient être nommés que par le souverain. Quoi qu'il en soit, le roi , dès qu'il eut reçu les informations qu'il avait demandées, déclara dans une lettre adressée à l'archiduc Ernest « qu'il a pris sa resolution en- » droict l'entretennement de toutes lesdites quinze bendes, pour en estre » usé comme du passé 3. » 1 Placards de Flandre. 2 Mémoires du prince Charles de Croy. 3 Bien que les lettres de Philippe II dont il est ici question aient été publiées par M. Gachard 162 HISTOIRE DES BANDES DORDONNANCE Du reste, dans l'avis donné à l'archiduc Ernest les 18 et 19 du mois de janvier 1595 par les archevêques, évoques, chevaliers de Tordre, gouver- neurs des provinces et par le conseil d'État, sur les mesures à prendre pour le rétablissement des affaires du pays, on lit cette déclaration dont l'exacti- tude ne saurait être suspectée et qui indique tout à la fois la situation des compagnies d'ordonnance et les vices de l'administration de l'époque. « Les quinze bandes d'ordonnance de pardeça qui vont de cinquante, » quarante et trente hommes d'armes devraient porter à trois mille che- » vaux où toutefois elles ne sauraient atteindre à la moitié pour en tirer » service. Néanmoins lesdites compagnies de chevaux pour la plupart pren- » nent rations et service comme si elles fussent pleines et paye Sa Majesté » les capitaines et officiers de leur traitement entier et beaucoup plus grand » nombre de testes qu'ils ne sont effectivement : qui monte à somme d'ar- » gent indiscible, bastans pour épuiser tous les trésors d'une grande » monarchie '. » dans les Bulletins de l'Académie royale, elles intéressent trop l'histoire des bandes d'ordon- nance pour ne pas trouver place ici. Voici les lettres du Roi : o Mon cousin, j'ay entendu ce que m'avez représenté par une lettre vostre du 27e de janvier louchant les » quinze compaignies d'hommes d'armes de mes ordonnances, avecque la déclaration que m'avez envoyé de » Testât auquel elles se treuvent présentement. La présente sera pour vous dire que j'auray pour agréable que •■ m'en envoyez information plus ample et particulière, spécifiant non-seulement le nombre desdiles compaignies o d'hommes d'armes, mais aussi de combien de lances est chascune et qui sont ceulx qui en sont pourveuz, et « si feu mon nepveu le ducq de Parme, en avoil retenu aulcunes à soy, et combien en y a présentement » vacantes et par mort de qui, me faisant aussi entendre à qui je pourroy pourveoir chascune desdites vacantes » pour, sur ce , entendu vostre advis,avecq les circonstances que trouverez considérables, y estre par moy n ordonne, selon que trouveray plus convenable pour mondit service. - A tant, etc. Del Pardo le 25e de mars 1595. « Mon bon frère, nepveu et cousin, comme mon cousin le comte de Mansfelt m'ait, durant sa régence, .> représente, par lettre du 27e de janvier de l'an passé , combien il convient à mon service et au bien et soulage- » ment de mes pays de par deçà, que les quinze compaignies d'hommes d'armes de mes bendes d'ordonnance » y soient entretenues à l'accoustumée, et que, suyvaut ce , il m'ait depuis envoyé , par aullre lettre du 17e de n may audit au , la liste des sept compaignies a présent vacantes, avecq recommandation d'aulcuns seigneurs » pour icelles, j'ay prins ma résolution endroict l'entretènement de toutes lesdites quinze bendes, pour en estre • usé comme du passé; et , pour les sept vacantes , dont l'une est de cinquante, aultre de quarante et chacune » des aultres cinq de trente hommes d'armes, je vous envoyé les patentes; mais les noms sont en blancq, • pour estre rempliz comme, par aultre lettre mienne , vous sera ordonné, et me donnez après advertence de » ce qu'en aurez faict. A tant, etc. » S'-Laurenl le xje de juillet 1594. 1 Gachard, Actes des états généraux de 1600, pièce cxm, p. 415. DES PAYS-BAS. 163 Malgré cette situation déplorable où se trouvaient alors les bandes d'or- donnance, elles prirent part à plusieurs des opérations militaires qu'entre- prit le comte de Fuentes qui succéda à l'archiduc Ernest vers la fin du mois de février 1595. Le nouveau gouverneur général pénétra en Picardie et assiégea Dourlens et Cambrai. Pendant que son armée menaçait Dourlens, un secours consi- dérable, sorti d'Amiens, vint pour délivrer les assiégés et livra bataille à l'armée de Fuentes (31 juillet 1595). Quelques bandes d'ordonnance, présen- tant un effectif de six cents chevaux i, formaient la droite de la ligne de bataille de Fuentes. Ces bandes étaient probablement celles du comte de Boussu, du prince de Cbimay et du marquis de Varanbon; Boussu les commandait. Dès le début de l'action la cavalerie espagnole fut battue et repoussée : « ce fut » alors, dit Bentevoglio, que Fuentes fit avancer les gendarmes qui beur- » tèrent si fortement les ennemis, qu'ils les repoussèrent; » on remporta enfin une victoire complète, grâce à la valeur de la gendarmerie flamande; quelques jours après ce combat, Fuentes se rendit maître de Dourlens après un des assauts les plus sanglants dont on ait gardé le souvenir. Ce succès prépara la chute de Cambrai ; l'armée de Fuentes avait reçu des renforts et, enlre autres, les bandes d'ordonnance de Cbarles d'Egmont , du prince d'Arenberg et du prince de Ligne; elles étaient venues rejoindre les compagnies qui s'étaient couvertes de gloire au combat de Dourlens. Tout se réduisit, du reste, devant Cambrai à des travaux de siège et, sauf quelques petits combats amenés par les sorties des assiégés , la cavalerie n'eut guère l'occasion d'agir. On conçoit que le roi de France fût impatient de venger ses armes de l'affront qu'elles venaient de subir à Dourlens et à Cambrai. Et en effet il résolut de s'emparer de la Fère qui, dans le temps, avait été livrée par la Ligue au prince de Parme comme place de sûreté. L'archiduc Albert (le cardinal infant), qui venait de prendre le gouverne- ment général des Pays-Bas que le comte de Fuentes n'avait occupés qu'à titre provisoire, ne crut pas pouvoir s'opposer directement à celte entreprise 1 Benlivoglio, t. III. 164 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE contre la Fère, niais il se décida à faire une diversion en attaquant Calais. Il avait une assez belle armée. Les bandes d'ordonnance, quoique bien réduites, en faisaient partie i ; elles n'eurent guère à combattre, car la' place assiégée fit peu de résistance et tomba au pouvoir des Espagnols , qui ensuite prirent Ardres; mais ces conquêtes, contrairement à l'espoir de l'archiduc Albert, n'empêchèrent pas la prise de la Fère par le roi de France qui, satisfait de cette compensation aux pertes qu'il avait éprouvées, licencia ses troupes. L'archiduc Albert, au contraire, voulut profiter de l'heureuse chance qu'il avait de posséder une belle armée, et n'ayant plus rien à faire en France, il dirigea ses forces au Nord et mit le siège devant la petite forteresse de Hulst. La cavalerie ne pouvait rendre aucun service dans ce genre de guerre; aussi ne l'employa-t-on pas -, et les bandes d'ordonnance furent renvoyées les unes dans leurs foyers, les autres sur les frontières de France. Ouelques-unes assistèrent cependant, en janvier lo97, à l'affaire de Turnhout, où Maurice de Nassau battit les Espagnols qui se trouvaient d'ail- leurs en nombre trop inférieur pour lutter avec avantage 3. Peu de temps après ces événements, le 5 avril 1597, Philippe II confirma de nouveau les anciens privilèges des bandes d'ordonnance i. C'est ce que le gouvernement espagnol ne négligeait jamais de faire lorsqu'il projetait de demander à cette milice de nouveaux services qui, pour elle, étaient devenus de lourds sacrifices. Par un heureux coup de main le commandant de la place de Dourlens s'était emparé d'Amiens, la principale ville de la Picardie. Aussitôt Henri II réunit une armée pour reprendre cette ville, et l'archiduc Albert, de son côté, rassembla toutes ses troupes disponibles pour aller secourir Amiens. Les bandes d'ordonnance qui, d'après l'évaluation de Bentivoglio, présentaient un effectif de quinze cents chevaux, furent appelées à prendre part à cette opération. On leur donna pour chef le comte de Solre (Charles de Croy, ' lîcntivoglio, t. IV, ]). 13. * Ibid., p. 45. 3 La présence de bandes d'ordonnance au combat de Turnhout n'est pas mentionnée par les historiens, mais si l'on consulte les gravures du temps, on verra qu'elles assistèrent à cette affaire. ' Placards de Flandre , 5' vol., fol. G98. DES PAYS-BAS. t6S quatrième duc d'Arschot). Mais l'archiduc avait eu la malencontreuse idée de charger des fonctions de mestre de camp général le comte de Mansfelt, respectable vieillard de quatre-vingts ans, qui ne voulut jamais consentir à ce qu'on attaquât l'armée française, bien que l'on eût été informé par le comte de Solre, qui formait Pavant-garde avec les bandes d'ordonnance, que l'en- nemi était loin d'être dans de bonnes conditions pour accepter la bataille. Par déférence pour le vieux guerrier, l'archiduc resta immobile en face de l'armée française, donna à la garnison qui défendait Amiens l'ordre de capi- tuler, puis il fit une superbe retraite qui, dit-on, le couvrit de gloire. Le fait est qu'il fit là une expédition qui eut dû le couvrir de ridicule. La paix fut signée à Vervins quelques mois après. Le 20 août 1599, le comte de Mansfelt se rendit à Thionville avec sa bande d'ordonnance et celle du comte de Berlaymont pour recevoir les archi- ducs Albert et Isabelle , nouvellement unis et pour les escorter lors de leur entrée dans le pays. § VI. — Expédition contre les confédérés en j 602. Le traité de Vervins, conclu le 2 mai 1598, avait mis fin à la longue guerre entre l'Espagne et la France, mais les Provinces-Unies, quoiqu'elles se vissent privées de l'appui de la France, et à la veille d'être abandonnées par l'Angleterre, ne perdaient pas courage et persistaient à refuser toute espèce d'accommodement avec les Pays-Bas, aussi longtemps que l'Espagne conser- verait quelque influence dans ces provinces. Elles étaient toujours disposées à recommencer les hostilités. Maurice de Nassau avait même profité du moment où les archiducs Albert et Isabelle étaient occupés aux cérémonies de leur mariage pour surprendre la ville de Wachtendonck en Gueldre (23 janvier 1600) et pour s'emparer, quelque temps après, des forts de Crèvecœur (24 mars) et de S'-André (8 mai). Mais c'était au cœur même de la Flandre que les états de Hollande vou- lait porter un grand coup. Ils ordonnèrent donc à Maurice de Nassau d'envahir immédiatement cette province. Ce prince, parti de la Haye le 17 juin, marcha Tome XL. 22 166 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE sur Bruges et Nieuport, et le 2 juillet, il défit Tannée espagnole près du village de Westende. Aucune relation de ce combat, qui prit le nom de bataille de Nieuport, ne mentionne la participation des bandes d'ordonnance à cette affaire. L'ir- ruption de Maurice de Nassau avait été si soudaine et si peu prévue que, sans doute, on n'avait pas eu le temps de les mettre sur un pied convenable pour les faire entrer en campagne. Ce fut seulement après l'écbec que l'armée espa- gnole y avait subi que l'archiduc Albert crut prudent d'appeler cette cavalerie sous ses enseignes.il invita donc les quinze capitaines ' « à s'efforcer de mettre » leurs compagnies en pied, au plustot qu'il leur serait possible, » et il char- gea Philippe de Croy, comte de Solre, de les commander 2; mais rien n'indique que les bandes aient été en effet rassemblées. Maurice de Nassau, après la victoire de Nieuport, s'était jeté dans la place d'Ostende et les états de Flan- dre avaient demandé avec instance qu'on fit le siège de cette ville dont la garnison était pour le pays une cause permanente d'inquiétude. L'archiduc Albert se rendit à ce désir et dès lors le concours des bandes d'ordonnance n'offrait plus aucune utilité. Mais au printemps de 1602, on fut informé que le prince Maurice de Nassau avait rassemblé à Nimègue une armée de plus de trente mille hommes et qu'il avait le dessein d'envahir le Brabant et de faire lever le siège d'Ostende. L'archiduc Albert jugea utile alors de réunir les bandes d'ordonnance. A cet effet, il adressa à tous les capitaines, sous la date du 16 mai 4 602, des lettres les chargeant « de tenir leurs compagnies aperçues et en ordre » pour, au premier mandement que leur sera envoyé, marcher. » 1 Voici, d'après les Mémoires guerriers de Charles-Alexandre de Croy, et d'après les papiers de l'audience (Archives du royaume), les noms des chefs des Landes en 1602 : Le duc d'Arschol (Charles de Croy). Le comle de Mansfell. Le prince d'Orange (Philippe -Guillaume de Nassau). Le comle d'Arenberg (Charles de Ligne). — du Rœulx (Eustache de Croy). Le marquis d'Havre (Philippe-Charles de Croy) Le comte de Ligne. — de Solre (Philippe de Croy). . Le comle Florent de Berlaymonl. — Jacques-Philippe d'Isenghien, baron de Ros- seghem. Frédéric de Berg. Le baron de Barbançon (Robert de Ligne). Le comte Charles de Bucquoy. — de Beaurieu, Adrien de Gavre de Liedekerke. Charles-Alexandre de Croy. - Charles-Alexandre de Croy, Mémoires guerriers, p. 16. DES PAYS-BAS. 167 Pour faciliter cette mesure, il fut avancé, en attendant la montre , mille philippus aux compagnies de cinquante hommes d'armes ; huit cents aux compagnies de quarante hommes d'armes et six cents aux compagnies de trente hommes '. On a vu dans le chapitre 4el par qui les bandes d'ordonnance étaient commandées à cette époque. En vue de la campagne qui allait s'ouvrir, elles furent placées sous le commandement général de Charles-Alexandre de Croy, comte de Fontenoy, qui reçut en conséquence une commission temporaire de commandant général des bandes; on lui donna pour lieutenant général Jean de Havrech, seigneur de Presles 2. C'était la première fois, dit ce seigneur dans les mémoires qu'il nous a laissés, c'était la première fois, depuis le gouvernement du duc d'Albe, que les quinze compagnies se trouvaient toutes réunies; dans plusieurs circon- stances, un certain nombre de compagnies avaient été rassemblées, mais toutes ne l'avaient pas été en même temps. La montre eut lieu à Gemhloux et à Namur, les 1er et 2 juillet, en pré- sence de commissaires royaux. On constata un effectif de deux mille cinq cents chevaux de combat, sans compter les pages des hommes d'armes ; la bande d'Orange avait plus que son effectif organique ne l'exigeait. C'était une grande amélioration de la situation qui existait peu d'années aupara- vent, alors que toutes les bandes réunies ne possédaient pas quinze cents chevaux 5. On a vu que ce rassemblement des bandes d'ordonnance était motivé par la crainte que l'on avait de voir arriver Maurice de Nassau avec une armée pour faire lever le siège d'Ostende. Sans abandonner ce siège, l'archiduc Albert réunit donc un corps de quinze mille hommes d'infanterie et de quatre mille chevaux parmi lesquels dix bandes d'ordonnance représentaient un effectif de dix-huit cent quarante-sept chevaux *; l'amiral d'Aragon, François 1 Lettre du conseil d'État aux capitaines des bandes d'ordonnance du 24 mai 1G02. [Bul- letin de l'Académie royale, t. XVIII.) 2 La commission est du 10 juin 1G02. Le seigneur de Presles avait déjà rempli les mêmes fonctions près des bandes envoyées en France quelques années auparavant. 3 Lettre du conseil d'Étal du 2 juillet I 002. (Archives de l'audience.) * Le prince de Croy n'eut réellement que dix bandes sous son commandement; les autres ne 168 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE de Mendoea, fut chargé du commandement de cette armée. Il alla s'établir dans une plaine à une demi-lieue de Tirlemont, sur la route de S'-Trond et y forma un camp retranché. Maurice de Nassau vint reconnaître la position de l'amiral, le 8 juillet; il y eut une escarmouche, puis, le 14, Maurice de Nassau reprit la route de Hasselt. L'armée de Mendoça se mit à sa poursuite en suivant la rive gauche de la grande Ghète et s'arrêta à Diest jusqu'au 20. Pendant ce temps le prince de Nassau investissait la ville de Grave. L'armée espagnole s'avança encore jusqu'à Ruremonde et y resta jusqu'à la fin du mois. Elle longea ensuite la rive gauche de la Meuse et se présenta enfin devant la ligne de Maurice de Nassau. Après quelques démonstrations insignifiantes et de petits combats sans portée, le corps espagnol battit en retraite (23 août). Les sol- dats, mal ou pas payés, commencèrent à se plaindre, à se débander; la cava- lerie légère, composée en grande partie d'étrangers, se jeta sur le pays, puis s'empara de Hoogstraete. Entretemps, la ville de Grave avait capitulé. L'archiduc Albert, mécontent , à juste litre, du général espagnol qu'il avait chargé du commandement des troupes pendant cette triste expédition , le destitua et le renvoya en Espagne. Quant aux bandes d'ordonnance, elles furent remerciées et renvoyées dans leurs foyers (11 octobre). L'année suivante, on rassembla encore neuf compagnies *, mais on ne nomma pas de commandant général ; ce fut le seigneur de Noyelles qui en eut la charge. La campagne ne fut pas plus avantageuse que celle de l'année précédente ; elle se borna à empêcher les confédérés de s'emparer de Bois- le-Duc. Les bandes d'ordonnance ne furent plus réunies jusqu'à l'expiration de la prirent point part à l'expédition contre Maurice de Nassau. Elles restèrent pour protéger les frontières des Pays-Bas. Ce sont probablement quatre de ces bandes dont il est question dans un compte du trésorier des guerres Van der Goes; on voit dans ce compte qu'il fut fait des payements, pour services rendus en i602 et 1604, aux bandes du comte de Ligne, du comte de Bucquoy, du prince de Barbaneon et du comte d'Isenghien. (Bulletin de l'Académie royale, t. XVII.) 1 Un ordre du 4 janvier 1603 prescrit de payer un mois de paye à ces neuf compagnies et un mois de petits gages aux cinq compagnies restante?. 11 n'y avait donc alors que quatorze com- pagnies. DES PAYS-BAS. 169 trêve de douze ans qui avait été conclue en 1609 1. Elles ne prirent aucune part aux opérations militaires de Spinola dans le pays de Juliers et de Clèves, en 4613 et 4614. On lit en effet dans une réponse des archiducs, datée du 3 avril 4607, à une remontrance des bailli, échevins, etc., d'Ypres : « Et comme passées quelques années lesdites Altesses ne se sont servies desdites compagnies d'ordonnance » 2, on peut inférer de là que depuis la réunion de 4602, il n'y en avait plus eu jusqu'en 4607. Dans une autre remontrance du 23 novembre 4 64 S, de la commune de Steene Voorde, il est dit également.... « quoique Vosdites Altesses depuis » quelques années ne s'en sont servies. 3 » La pénurie des finances ne permettait plus alors d'entretenir un état mili- taire; aussi vit-on un grand nombre des anciens officiers et soldats des vieilles bandes partir pour le Piémont d'abord, et ensuite pour l'Allemagne où ils prirent une part glorieuse à la guerre de Trente Ans sous les ordres du comte de Bucquoy. § VII. — Reprise des hostilités avec les Provinces- Unies en 4625. s A l'expiration de la trêve de douze ans, la guerre entre les Bataves et le Espagnols recommença avec une nouvelle fureur. On procéda alors à une réorganisation des bandes d'ordonnance 4. Un placard du 40 décembre 4624 renouvela leurs anciens privilèges s. Dix des bandes d'ordonnance prirent part, en 4625, au siège de Bréda par l'armée de Spinola. Ces bandes furent mises sur pied au mois de janvier de cette année; elles se réunirent à Namur, 1 Cela résulte d'une lettre du conseil d'État en date du 29 septembre 1 020. Il y est dit que sauf un avis donné en 1605 de se tenir prêtes à marcher, avis qui ne fut pas suivi d'exécution, les bandes n'avaient plus été réunies depuis 1602. Cependant, dans un compte du trésorier des guerres Van der Goes du 15 juillet 1614 au 51 décembre 1617,il estquestion de quatre compagnies comman- dées par le comte de Ligne, le comte de Bucquoy, le prince de Barbançon et le comte d'Isengbicn. 2 Placards de Flandre, t. III, p. 701. 5 Placards de Flandre, t. III, f" 705. * Chronicon Bruxellensis ah anno 1556 ad annum 1615, f° 92 (par le père de Wal), MS. de la bibliothèque de Bourgogne , n° 1 5846. 5 Placards de Flandre, t. III, p. 721. S 170 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE avec les nouvelles levées qu'on avait faites depuis qu'on prévoyait la reprise des hostilités. L'infante passa en revue, au commencement de février, près de Bruxelles, huit de ces bandes dont chacune comptait cent vingt hommes. Les dix bandes qui furent destinées à assister au siège de Bréda avaient pour chefs et capitaines : Albert de Ligne, prince île Barbançon. Le duc d'Arschot. Charles-Emmanuel de Gorrevod, marquis de Marnay. Louis, comle d'Egmont. Jean de Crc-y, comte de Solre. Le comte Wratislas de Eurstenberg. — Florent île Berlaymont. — d'Isenghien. Le baron de Noircarmes. Le comte Maximilien de Boussu. Ces bandes étaient en réalité commandées par leurs lieutenants, qui étaient : Guillaume de Lannoy, seigneur de Wasmes. François de Custine, seigneur d'Aufllance. Le seigneur d'Oisy. François de Hennin , seigneur de Wamberchies. Nicolas de Blyer, seigneur de Wallay. Guillaume Sclieiffaert de Mérode, seigneur de.Clermont. Louis d'Alamont. Jean-Pbilippe de Waba , seigneur de Grandchamps. Le seigneur de Rouveroy. — de Terbcuf. Le prince de Barbançon était chef et général de ces dix bandes. Nicolas de Blyer était lieutenant général; Alphonse de Lannoy, dit Marc, capitaine d'infanterie wallone, remplit la charge de quartier-maître général; enfin, l'office d'auditeur fut confié à Jean Van Hauwaert '. 1 Mémoires du seigneur du Cornet, publiés par M. de Robaulx de Soumoy. DES PAYS-BAS. 171 Les autres bandes restèrent dans la Flandre pour en protéger les fron- tières; elles avaient pour capitaines : Le prince Lamoral de Ligne. Le marquis de Warenbon (Christophe de Ryc la Pain). Le comte Charles-Albert de Bucquoy. — Charles de Hoogstraeten. Le prince de Robecque (Jean de Montmorency, comte d'Estaires). Ces cinq bandes étaient, comme les dix autres, commandées par leurs lieutenants, savoir : Monseigneur de Bettencourt. — de Sericourt. — de Baingucm. — de Steebreugen. — Philippe Des Pretz, seigneur de Ciply. On sait que la garnison de Bréda, après un siège de dix mois, capitula le 5 juin 1625, faute de vivres. Pendant ce siège, la cavalerie eut naturel- lement peu d'occasions d'agir; aussi un seul officier des bandes fut blessé et fait prisonnier : Nicolas de Blyer, qui remplissait l'emploi de lieutenant général des compagnies d'ordonnance pour M. de Barbançon. Après celte expédition, les bandes d'ordonnance restèrent de nouveau dans l'oubli. Ce qui le constate, c'est la réclamation des députés de Valenciennes aux états généraux de 1632; ils demandaient, dans cette requête, qu'on examinât s'il ne conviendrait pas de remettre et de rétablir les bandes d'ordonnance 1. Les états généraux, dans l'avis qu'ils donnèrent le 23 août 1633, à l'in- fante Isabelle, insistaient également pour qu'on fil « monter et joindre » incontinent (ous les liommes d'armes qui pourront être prêts et ne sont en » actuel service de Sa Majesté en autres troupes, et de défendre bien expres- » sèment à tous bommes d'armes et arebers qui y sont, sur grandes peines, » de les quitter et aux officiers de les recevoir 2. » 1 Procès-verbaux des états généraux de Ki32, t. Il, p. 15. 2 Ibid., p. 702. 172 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Il ne paraît pas que ces demandes aient été prises en considération, car on ne voit pas figurer les bandes d'ordonnance dans la guerre que la France, unie à la Hollande, porta dans nos provinces, en haine de la maison d'Au- triche. L'archiduc Ferdinand, en venant prendre le gouvernement général des Pays-Bas, était accompagné de vingt mille Espagnols. Ce fut avec ces troupes principalement (pie pendant six ans il soutint, souvent avec succès, une lutte dont les chances furent très-variables, car un moment vint où l'Espagnol fut maître de presque tout le nord de la France et menaça même Paris 1. Quant à nos provinces, elles furent plus ou moins bien défendues par l'armement général de la noblesse et de tous les citoyens, auquel on eut recours dans les circonstances les plus critiques, notamment en 1635 et en 1639. Mais aucun indice ne permet de supposer que l'on ait eu recours aux bandes d'ordonnance; le gouvernement n'aurait d'ailleurs pas su les entretenir. Il fut cependant très-sérieusement question de les réunir en 1635. Le conseil d'État, consulté à ce sujet, émit un avis qu'il est intéressant de con- signer ici, parce qu'il indique de nouveau la décadence qui avait déjà atteint l'institution des bandes d'ordonnance : « Ayant ouï, dit le conseil d'État, la proposition qui nous a été faite de » la part de V. A. S. touchant la levée des hommes d'armes, nous avons, » l'affaire délibérée, trouvé que l'on la devrait excuser autant que humai- » nement faire se pourra , parce que, outre qu'elle sera tardive et d'un mois » de temps pour le moins, de grands frais et surcharges au pays, l'on n'en » doit, à notre avis, attendre des effets considérables, à cause que la plu- » part desdits hommes d'armes et les mieux équipés et aguerris, servent » présentement dans la cavalerie légère , qui en viendra à pâtir une notable » diminution et que ce qui en restera ne sera composé que de paysans et » gens de peu de valeur et expérience, ou incommodés d'âge ou pauvreté » qui ne se pourront monter ni armer sans une bonne somme d'argent qu'en » la présente courtesse des finances, l'on aura peine à trouver. 1 II est ii remarquer toutefois que le comte de Mérodc d'Ongnies dit dans ses mémoires (p. 40) qu'au siège d'Arras en lGiO, le cardinal infant lui donna une compagnie de quarante hommes d'armes, avec laquelle il se trouva au combat de Bapaume où les Espagnols furent battus et où Boussu, leur lieutenant général, fut tué. DES PAYS-BAS. 173 » Nous ayant pourtant semblé que V. A. S. pourra être conseillée de se » servir des deux meilleures compagnies de dix qui servent d'ordinaire en » campagne et sont celles du duc d'Arschot et du comte du Rœulx, et la » nécessité requérant de trois ou quatre autres (pie par information on trou- » vera les mieux fournies et complètes comme l'on dit, entre autres, celle » du comte de Boussu. Remettant au jugement de V. A. S. si, pour faire » bruit de cette levée , il ne sera pas à propos d'en faire publier quelque » placcard ou déclaration de les tenir aperçus '. » Ainsi donc, à cette époque, il n'y avait plus guère que dix compagnies, et encore étaient-elles dans un tel état que, sauf deux, il paraissait impossible de les utiliser! En 1640, la situation sembla exiger que Ton assemblât les bandes; un ordre du 28 janvier, adressé à tous les capitaines, prescrivit une revue géné- rale pour le mois d'avril; elles firent partie de l'armée avec laquelle le car- dinal infant chercha vainement à empêcher les Français de prendre la ville d'Arras. Elles furent remerciées par un ordre du 24 octobre et rentrèrent dans leurs foyers. § VIII. — Campagnes de 1642 et 1 644 contre la France. Le comte d'Assumar (François de Mello) qui succéda en 1041 à l'archiduc Ferdinand dans le gouvernement général des Pays-Bas, crut devoir utiliser contre l'ennemi une milice qui jadis avait rendu de si glorieux services. Il proposa donc à Philippe IV de renouveler les anciens placards relatifs aux privilèges des bandes d'ordonnance. Ensuite de cette proposition , le placard du 3 mars 1642 fut publié. Son préambule porte : « Nous avons trouvé » convenir au bien et plus grande assurance de l'état de nos pays de par » deçà de faire renouveler et remettre en service actuel nos bandes et coni- » pagnies d'ordonnance et de faire garder le pied ci-devant établi et même » les anciens droits et privilèges 2. » 1 Papiers de l'audience. Archives du royaume. 2 Placards de Flandre, t. III, f° 1090. — Voici les noms des chefs des bandes en IC42, Tome XL. *3 174 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Il paraît que l'effectif clos bandes était alors fort peu élevé, car on lit dans l'ordonnance du 3 juin 1643 que les officiers des bandes ont assuré que si l'on observait les privilèges, le nombre des hommes d'armes augmenterait jusqu'à deux mille '. Malgré la faiblesse de leur effectif, quelques bandes furent réunies - ; elles firent avec honneur la campagne de 1612 et concoururent à la victoire que François de Mello remporta sur les Français à Honnecourt. L'année suivante, elles assistèrent à la bataille de Rocroy, où le prince de Coudé porta un si terrible coup à la puissance militaire de l'Espagne, et s'il est vrai, comme on l'en a accusée, que la cavalerie, dans cette bataille, refusa de venir au secours de l'infanterie, parce qu'on lui avait donné pour chef un général étranger, le duc d'Albuqucrque, les bandes d'ordonnance auraient à se reprocher d'avoir contribué à l'anéantissement de la vieille infanterie wal- lone qui périt glorieusement à la bataille de Rocroy. Après la désastreuse campagne de 1613, Philippe IV avait cherché à négocier la paix avec le prince d'Orange. Mais le cardinal Mazarin qui, à cette époque, était tout-puissant à la cour de France, avait, au contraire, conclu une nouvelle alliance avec les Provinces-Unies pour attaquer l'Es- pagne. Le comte d'Assumar, tombé en disgrâce après la fatale journée de Rocroy, devait être remplacé par le marquis de Castel Rodrigo et par Piccolomini d'après l'ordre do convocation du G mars IGi2 (Archives de l'audience aux Archives du royaume) : Le duc d'Arschot ( Pbilippe-François- Alheri ù" Arenberg ). Le comle du Kœulx. Le comle de Buci|UOy. Le comte de Solre. — de la Mol 1er ie. Le prince de Ligne. Le baron de Frenlz. Le comle Albert de Bergb. de Frezin de Boussu. Le prince de Robecque. Le comte de Hoogstraelen. — de Grimberghe. Marquis de Varanbon. Le prince Barhançon. i Placards de Flandre, t. III, fu 109:?. * Dans un compte d'Ambroise Van Oncle se rapportant à celte époque, il esl queslionde rations pour les compagnies d hommes d'armes du duc d'Arschol (Philippc-François-Albert d'Arenberget du comte de Rœulx, n° 15912, aux Archives du royaume). DES PAYS-BAS 175 dans le commandement de l'armée. En attendant ses successeurs, il fit de louables efforts pour que l'armée fût prête à faire avec honneur la cam- pagne de 1644. Douze bandes d'ordonnance dont le prince Claude Lamoral de Ligne fut nommé général, prirent part à cette campagne; elles passèrent la montre le 20 mai , entre Mous et Ath. Ces bandes avaient pour chefs : . Le comte Albert de Bucquoy. Le baron de Frentz (Balthasar Vilain de Gand). Le comte de Hoogstraeten (Albert-François de Lalaing). Le marquis Henri de Berghes. Le comte de Mérodc d'Ongnies. — de Pair. — de Bonssu (Eugène de Hennin) '. — d'Isenghien. Le marquis de Varanbon. Le prince de Robecque (Jean de Montmorency, marquis de Moerbeke). — Claude Lamoral de Ligne. Le duc d'Arschot (Philippe-François d'Arenberg). Une armée de vingt mille hommes devait être rassemblée le 19 mai entre Abbeville et Amiens, et menacer la Flandre qui, pour se proléger, leva qua- torze compagnies de milice. D'un autre côté, le prince d'Orange, établi près de Grave, des ail envahir les Pays-Bas par le nord. Piccolomini, investi du commandement en chef des armées espagnoles, rassembla ses troupes aux environs de Condé, la cavalerie à Quiévrain. Le comte d'isembourg commandait le corps destiné à agir contre l'armée des Provinces-Unies. Les bandes d'ordonnance, formant la réserve, se rassem- blèrent à Chièvres. Les Français débutèrent par le siège de Gravelines. Une de leurs colon- nes essaya vainement d'entrer dans le Luxembourg; le baron de Beck sut contenir l'ennemi de toutes parts. 1 Le lo décembre 1637, Philippe-Louis, comte de Bdiissu, reçut la patente de capitaine d'une compagnie de quarante hommes d'armes, en remplacement de son père Eugène. 176 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE Le prince de Ligne, avec les bandes d'ordonnance, soutenu par deux régi- ments allemands et un régiment de Croates, s'avança vers l'Artois et s'éta- blit à Saint-Preil en face de la cavalerie du duc d'EIbreuf qui ne bougea pas (30 avril). Il reçut l'ordre alors de seconder les efforts du comte d'Isem- bourg, pour contenir les Hollandais. Il passa la Lys à Menin et se dirigea vers Bruges pour empêcher l'ennemi de débarquer à Blankenberghe. Après un siège de deux mois, Gravelines se rendit. Sa garnison s'était con- duite valeureusement (20 juillet). Le prince d'Orange, arrêté dans l'exécution de ses projets par la présence des bandes d'ordonnance, changea de plan et résolut d'assiéger le Sas. Le prince de Ligne et la cavalerie flamande reçurent l'ordre de se rendre à Gand et d'y rejoindre les troupes qui devaient s'opposer au projet des Hol- landais. Parmi ces troupes se trouvait le petit corps d'armée du duc de Lorraine dont les Espagnols avaient sollicité le secours. De Gand, on se mit en marche à la recherche de l'ennemi. Le baron de Licques, qui était lieutenant général du prince de Ligne, se mit à l'avant- garde avec ses hommes d'armes; il avait sollicité cet honneur. Toute la cavalerie s'arrêta dans une vaste bruyère située à une portée de canon du Sas de Gand. Il y eut quelques escarmouches entre les coureurs. Le baron Coucelles, lieutenant de la compagnie d'hommes d'armes du prince de Ligne, attaqua un escadron de cuirassiers hollandais et le repoussa jusque derrière ses lignes. Mais on crut devoir renoncer au projet que l'on avait eu d'abord d'attaquer sérieusement le prince d'Orange dans ses posi- tions, et l'on se borna à enlever plusieurs forts, Sandfort, Saint-Ange, Royen- huysen, qui empêchaient le ravitaillement de l'année. Le prince de Ligne, avec trois compagnies d'ordonnance, contribua beaucoup à la prise de Royenhuysen. Toutefois, malgré les manœuvres des Espagnols, le Sas se rendit à l'ennemi le 27 août, et peu de temps après, la cavalerie rentra dans ses garnisons. Les bandes d'ordonnance ne paraissent pas avoir été réunies pour les campagnes de 1645 et de 1646, sauf peut-être quelques compagnies '. ' Ce qui fait présumer que quelques compagnies furent réunies à cette époque, c'est qu'un décret du roi, du 8 août I (3 4 5 , porte que les hommes d'armes doivent servir en personne à moins d'en être empêchés par des infirmités (Placarda de Flandre, ô' vol., f" 1094). DES PAYS-BAS. 177 § IX. — Campagne de 1648 contre la France. Une partie des bandes d'ordonnance fut réunie pour la campagne de 1648 contre la France. A la bataille de Lens, ces bandes étaient commandées par le prince Claude Lamoral de Ligne; elles se distinguèrent encore par leur valeur, mais cette cavalerie, déjà affaiblie par la défaite de Rocroy, ne put lutter avec succès contre la cavalerie française et elle dut battre en retraite, après avoir vu ses rangs rompus par le choc irrésistible des masses qui lui étaient oppo- sées. Son digne chef, le prince de Ligne, après avoir fait de vains efforts pour rallier ses escadrons, vint combattre à pied dans les rangs de l'infan- terie, parmi les restes des vieilles bandes wallones. Après la bataille de Lens, les bandes d'ordonnance ne furent plus réunies pendant quelque temps, car on lit dans une lettre du roi en date du 17 octobre 1650, que les magistrats de certaines localités se plaignirent de ce que les hommes d'armes fussent dispensés de payer les contributions, « bien qu'ils n'eussent été employés, depuis plusieurs années, à aucun ser- » vice actif '. » La guerre qui continua avec la France après le traité de Munster qui avait éloigné la Hollande de la lutte fut faite exclusivement avec des soldats étrangers; outre une armée levée en Allemagne, l'archiduc Léopold avait d'ailleurs à sa disposition un corps nombreux de Croates; d'un autre côté, le duc de Lorraine, dépouillé de ses États par la France, avait conduit dans les Pays-Bas et vendu au roi d'Espagne de vieilles troupes jadis à son service. Enfin le Brandebourg avait fourni des cavaliers et beaucoup de combat- tants espagnols venaient d'arriver par mer. C'était donc une guerre qui se faisait sur notre territoire, mais à laquelle les troupes nationales ne prirent aucune part. 1 Placards de Flandre, t. III, f° 1094. 178 HISTOIRE DES BANDES D ORDONNANCE § X. — Dernières années de l'existence des bandes d'ordonnance. Toutefois lorsque don Juan d'Autriche vint aux Pays-Bas, en 1650, en qualité de gouverneur général, il semble avoir voulu remettre sur pied les bandes d'ordonnance; mais dans un conseil de guerre où l'on prit connais- sance de l'état des forces militaires du pays, on constata (pie l'ancienne gen- darmerie flamande n'avait plus qu'un effectif extrêmement réduit '. On résolut de remédier à cette fâcheuse situation; un placard du 8 avril - parle en effet de « rétablir et remettre en service actuel les bandes d'ordon- » nance; y faire observer le pied ci-devant établi et même leurs droits, » privilèges et franchises.» Ce placard rappelle cpie les capitaines, les lieute- nants, les guidons, les enseignes, les bommes d'armes et les archers jouissent des privilèges précédemment accordés lorsqu'ils tiennent dans leurs ménages les chevaux et les armes nécessaires en cas de guerre; qu'en vertu de ces privilèges ils sont exempts des tailles, maltôtes et charges levées dans les villes et dans les villages où ils résident, mais non des impôts, subsides, aides et autres charges ordinaires et extraordinaires. C'était là une allération des privilèges qui avaient été accordés par les ordonnances du 1er avril 1610 et confirmés par des dispositions ultérieures, du moins on le crut, et la conséquence en fut (pie le recrutement des bandes d'ordonnance s'en trouva très-compromis. Pour remédier aux inconvénients qui naissaient de cette interprétation, le gouvernement se hâta de publier, en date du 19 mai 3, un nouveau placard qui assura aux bandes d'ordonnance la jouissance de tous les privilèges précédemment accordés. Ce nouveau placard fut bientôt suivi d'un troi- sième portant la date du 27 mai, qui permit aux hommes d'armes et aux archers, âgés de 60 ans ou infirmes, de se faire remplacer i. Soit que ces tentatives de don Juan d'Autriche n'aient pas eu de succès 1 Bulletins de l'Académie royale, t. XVII. 2 Placards de Flandre, t. 111 , f- 1095. 3 lbid.J' 1097. '' !(>> <>7 : Le duc U'Arschol. Le prince de Barbançon (la bande était commandée alors par le capitaine- lieutenant Philippe de Manonj). Le comte de Bruay (l'ancienne bande du marquis de Berghes?). Le lieutenant du marquis de Berghes élait François d'Assegnies, seigneur de Hagidorne. Le comte de Grimbc-ghe ; 180 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE hommes d'armes et les archers qui ont fait un service permanent pendant cette campagne et ont assisté à la montre seront maintenus dans la jouis- sance de tous leurs privilèges. La campagne de 1667 parait être le dernier acte de l'histoire militaire de la cavalerie des Pays-Bas. Après cette date, les bandes d'ordonnance commuèrent néanmoins de subsister légalement. Plusieurs documents le constatent d'une manière incontestable : d'abord un décret du comte de Mon- terey, en date du 4 avril 1671 ', régla de nouveau leurs privilèges; il y est même question de les rétablir dans leur lustre, autant que les circonstances le permettent. D'autres documents très -importants prouvent que vingt ans plus tard, c'est-à-dire en 1691, les bandes d'ordonnance faisaient encore partie des institutions militaires des Pays-Bas. Ce sont les instructions qui furent don- nées par le roi d'Espagne à l'électeur de Bavière nommé au gouvernement général de nos provinces. Le souverain s'y réserve encore expressément la nomination des capitaines d'hommes d'armes 2. Enfin, dans les comptes de payements, ces témoins irrécusables des faits accomplis, on trouve encore des indications qui viennent confirmer l'opinion que les bandes d'ordonnance n'ont définitivement disparu que lors de l'avè- nement du duc d'Anjou au trône d'Espagne. Un compte du lu octobre 1690 au 31 décembre 1703, concernant les officiers de justice du comté de Flandre, fait mention du marquis François Le prince de Bournonville. Le comte de Mérode. Le baron de Silly (la bande elail commandée alors par le capitaine-lieutenant)- Le comle d'Isenghien. Le marquis de Trelon (décédé récemment; son lieutenant, Charles-Philippe de Cotlereau, sei- gnear de Glabeek , le remplaçait . Le prince de Ligne (la bande elail commandée alors par le capitaine-lieutenant). Le marquis de Wesyny (la bande était commandée par le capitaine-lieutenant). Le comte de Bucquoy. — de Boussu. — de Solre. Le marquis de Conflans. Le prince de Robecque (la bande était commandée par Maximilien d'Embize, seigneur de Jaurc). 1 Placards de Flandre, t. III. - Gachard, Notice sur les Art litres de Munich dans les Bulletins de l'Académie royale. DES PAYS-BAS 181 de Bournonville en le qualifiant de chef et capitaine d'une compagnie d'or- donnance '. Dans un autre compte comprenant la période de temps entre le 31 mars 1698 et le 20 octobre 1709, on voit figurer Ferdinand-Gaston Lamoral de Croy, comte du Rœulx, prince du saint-empire, avec la qualifi- cation de chef et capitaine d'une compagnie d'hommes d'armes -. Sans doute ces qualifications ont pu être conservées comme titres honori- fiques parles personnages qui, autrefois, avaient exercé un commandement dans les bandes d'ordonnance; la mention de ces titres dans les comptes peut donc ne pas être une preuve décisive, mais on ne saurait faire la même objection à l'égard des instructions que Charles II donna en 1691 au nou- veau gouverneur général des Pays-Bas. Il résulte incontestablement de ce document qu'à l'époque où l'électeur de Bavière vint occuper le poste de gouverneur général, non-seulement les bandes d'ordonnance existaient encore, mais qu'il n'était nullement question d'abolir l'institution. 1 Voir le n° I3IHU (les Inventaires des Archives du royaume. 2 Voir les n"' 14(i80 et 14690 des Inventaires des Archives du royaume. Tome XL. 24 182 HISTOIRE DES BAIVDES D'ORDONNANCE CONCLUSION. Comme conclusion, on peut dire que la lin de l'existence réelle des bandes d'ordonnance coïncide avec la paix des Pyrénées, sans qu'aucun acte de l'autorité souveraine ait prononcé leur licenciement définitif, et qu'elles con- tinuèrent de subsister légalement jusqu'à l'avènement du duc d'Anjou au trône d'Espagne, époque où les anciennes institutions nationales furent remplacées par des institutions plus ou moins calquées sur les institutions françaises. J'ai parcouru toutes les phases de l'existence des bandes d'ordonnance dont la brillante renommée a traversé plusieurs siècles; je suis enfin arrivé au moment où ce corps célèbre s'éteignit obscurément. La décadence et la fin de cette milice doivent-elles être attribuées unique- ment à la négligence, à la faiblesse, aux vices du gouvernement espagnol et à des causes spéciales se rattachant à la situation faite aux Pays-Bas par les événements politiques, ou bien, existe-t-il des motifs impérieux dérivant de la marche de la civilisation qui amenèrent fatalement l'anéantissement d'une institution surannée? Telle est la question qui se présente tout naturellement à l'esprit avant de fermer le livre des annales de l'ancienne cavalerie fla- mande. Il est certain que les vices de l'administration espagnole, l'état quasi per- manent de détresse des finances gouvernementales dans nos provinces, ont dû exercer une fâcheuse influence sur la constitution des bandes d'ordon- nance et ont mis obstacle, dans plus d'une circonstance, à ce que ce corps rendit tous les services qu'il aurait pu rendre. Mais on doit reconnaître que la cavalerie des ordonnances était, avant tout, l'illustre héréditaire de la che- valerie du moyen âge et que les principes sur lesquels était fondée sa consti- tution en faisaient une institution essentiellement féodale. Elle avait naturel- DES PAYS-BAS. 183 lement pris naissance au moment où le pouvoir souverain, voulant ressaisir la direction et la disposition exclusive de la force publique abandonnée pendant la féodalité aux grands vassaux, imagina de soumettre à des règles uni- formes, à une espèce de discipline, l'exercice des devoirs que les possesseurs de fiefs avaient contractés envers le prince. En enrôlant sous des enseignes et surtout en assurant une paye régulière à la petite noblesse qui s'était ruinée dans les guerres particulières du moyen âge et se trouvait dans l'im- possibilité de fournir désormais un service forcé, le souverain changea bien un peu le caractère du service militaire féodal qui ne comportait guère de rémunération, puisque c'était une redevance imposée aux vassaux comme compensation des avantages qu'ils retiraient de la possession de leurs fiefs ', mais en retour il s'assura le concours dévoué d'une classe importante de la société et il habitua insensiblement tous les vassaux, jusqu'aux seigneurs les plus puissants, à considérer le prince comme l'unique dispensateur de la for- tune et des honneurs. La milice des ordonnances est donc le chaînon qui rattache l'ancienne chevalerie aux troupes permanentes des temps modernes; elle a contribué puissamment à affermir le pouvoir monarchique. Mais un corps qui ne vivait que de privilèges aristocratiques -, qui, par la 1 11 s'est fait, il y a peu d'années en Belgique, sans qu'on s'en soit beaucoup préoccupé, une transformation dans le caractère du service militaire obligatoire, qui rappelle à beaucoup d'égards la transformation que l'établissement des bandes d'ordonnance avait apportée au carac- tère du service féodal. Une loi , encore récente, a consacré le principe de la rémunération, par le trésor public, du service militaire obligatoire, c'est-à-dire du service dans la milice qui est, par excellence, le service obligatoire. Or, à ne considérer que les principes, on doit reconnaître que le service militaire obligatoire étant un devoir, une charge imposée à tous les membres de la société, se trouve dénué de tout droit à une rémunération publique. Quoi qu'il en soit, une pensée politique dont on ne peut méconnaître la haute portée a présidé à cette transformation, de même qu'une pensée politique avait, au quinzième siècle, changé le caractère du service militaire féodal. - Il s'était introduit dans la cavalerie d'ordonnance des abus semblables à ceux que l'on remar- quait dans l'armée française sous l'ancienne monarchie : les commandements des bandes étaient devenus une dignité héréditaire dans les familles ; des enfants de moins de sept ans succédaienl à leur père et étaient les chefs nominaux des compagnies. On peut voir aux Archives du royaume, dans les Papiers de l'audience, de curieuses révélations à ce sujet concernant le prince d'Isen- ehien. 184 HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE, etc. nature même de sa constitution, conservait une certaine indépendance peu compatible avec une discipline hiérarchique; qui prisait la prouesse des tournois bien plus (pie les exercices de la guerre; qui aurait cru déroger s'il avait combattu à pied et qui, en définitive, ne recevait plus que par rare exception la paye pour laquelle il avait aliéné sa liberté et sans laquelle il ne pouvait plus vivre honorablement, un corps, placé dans de pareilles conditions, devait arriver d'autant plus sûrement à la décadence et à l'oubli que le but politique qu'avait eu en vue le souverain en asservissanl la noblesse se trouvant désormais atteint, l'institution n'avait plus de raison d'être et devait faire place au système des armées modernes qui, recrutées dans la masse de la population, représentent la force publique plus légitime- ment que ne le faisaient les armées du moyen âge. La cavalerie des ordonnances, dont l'institution avait eu pour conséquence presque immédiate d'annihiler le service féodal de la noblesse, devait donc fatalement disparaître à son tour le jour où les armées permanentes natio- nales, composées principalement d'infanterie, devinrent une nécessité imposée et par les progrès de l'art de la guerre et par les besoins nouveaux des Etats modernes. NOTICES BIOGRAPHIQUES LES OFFICIERS DES BANDES D'ORDONNANCE. tigrcinone (le comte d). Voir Bnrbunçoii. Aidegoude (les seigneurs de Sainte-). Voir rcoircarmcs. Aidenbourhez était, en 1522, porte-enseigne de la bande d'ordonnance du comte de Buren. (Cité dans l'édit de Charles-Quint de 1522.) Aie était, en 1522, capitaine des archers de la bande d'ordonnance du seigneur du Rœulx. (Cité dans l'édit de Charles-Quint de 1522.) Aiiamont (Louis d'), fils de Jean d'Allamont, seigneur de Malandry, gouverneur de Montmédy, était lieutenant de la bande d'ordonnance de Florent de Bcrlaymont en 1624, et il la conduisit au siège de Bréda. — Deux autres ofliciers du même nom étaient, en 1563 , lieutenants dans les bandes des seigneurs de Berlaymont. (Compte de Gérard de Gramayc, trésorier des guerres. Archives du royaume.) Aiucy (le seigneur d), gentilhomme du pays de Cambrai. Au commencement du dix-septième siècle il était enseigne dans la bande d'ordonnance d'Adrien de Gavre de Liedekerke, comte de Beaurieu. Arcnberg (Éverard de la Marck), chevalier, gouverneur du Luxembourg, était, en 1479, capi- taine d'une bande d'ordonnance de cinquante lances. (Deuxième compte de Louis Quarré.) Arenberg ( le comte d'), Jean de Ligne, baron de Barbançon, pair du Hainaut, gouverneur général des provinces de Frise, de Groningue, de Drenthe, d'Over-Yssel, en remplacement de Maximillien d'Egmont (1548); chevalier de la Toison d'or ( 1546), chef et capitaine delà bande d'ordonnance de cinquante hommes d'armes et de cent archers qu'avait commandée le comte de Burcn. — Né en 1525, il était fils de Louis de Ligne, baron de Barbançon, et prit le nom d'Arenberg en épousant Marguerite de la Marck d'Arcnberg, qui, après la mort de son mari, obtint de l'empereur Maximilien l'érection du comté d'Arenberg en principauté. 186 NOTICES BIOGRAPHIQUES Jean tic Ligne débuta dans la carrière des armes en 1543, par le commandement d'une com- pagnie de cavalerie. Lorsque Maximilien d'Egmont, comte de Buren, conduisit un corps d'armée en Allemagne, pour aider Charles-Quint dans sa guerre contre les princes protes- tants, Jean de Ligne fut l'un des lieutenants du comte de Buren et contribua aux succès de l'armée impériale. A l'époque où les Pays-Bas furent assaillis par Henri II, la reine de Hongrie envoya le comte d'Arenberg dans le Luxembourg, pour en défendre le quartier allemand ; peu après il fut nommé maréchal de lost, du corps d'armée destiné à renforcer l'Empereur (1552). Il prit part au siège de Metz et fit les campagnes de 1553, 1554 et 1555, 1557 et 1558. Il assista à la bataille de S'-Quentin, où il se fit remarquer autant par ses talents mili- taires que par sa bravoure. En 1559, il reçut la charge de maréchal de lost, devenue vacante par la mort d'Adrien de Croy. Jean de Ligne ne voulut pas entrer dans la ligue contre le car- dinal Granvclle, que formèrent Guillaume d'Orange, les comtes d'Egmont et de Homes; il se brouilla par conséquent avec ces seigneurs. Il se prononça néanmoins pour l'abolition de l'in- quisition et pour la modération des Placards. Jean de Ligne blâmait la faiblesse de l'adminis- tration et conseillait des levées de troupes. Marguerite l'autorisa, en 15C6, à lever cinq ensei- gnes ou mille cinq cents hommes de troupes à pied. Il parvint, par sa modération et sa justice, à rétablir et à maintenir l'ordre dans les provinces de son gouvernement. Lorsque le duc d'Albevint aux Pays-Bas, le comte d'Arenberg fut chargé des fonctions de maréchal de lost, dans l'armée du nouveau gouverneur général. Peu de temps après, il fut envoyé en France .-ivcc mille cinq cents chevaux au secours de Charles IX que Coudé avait failli de surprendre à Meaux. Il arriva à Paris vers la fin de novembre, mais le succès remporté à S'-Denis sur les huguenots avait rendu inutile le concours du corps de d'Arenberg qui rentra aux Pays- Bas. Louis de Nassau venait d'envahir le pays de Groningue avec des forces considérables. D'Arenberg marcha à sa rencontre, et les troupes se trouvèrent en présence à Hcyligerlée. le 23 mai 1567. Le comte de Meghen devait seconder les efforts du comte d'Arenberg, mais par des motifs qui ne sont pas bien connus, celui-ci n'attendit pas l'arrivée de son collègue, attaqua Louis de Nassau, fit des prodiges de valeur et trouva là une mort glorieuse. La bande d'ordonnance du comte d'Arenberg fut donnée, après sa mort, à son fils Charles. %renbrrg (Charles, comte et prince d'), fils aîné de Jean de Ligne , qui précède, né le 22 février 1550, amiral et lieutenant général de la mer, chef des finances, conseiller d'État, maréchal héréditaire de Hollande, chevalier de la Toison d'or (1584). 11 reçut, le 4 juillet 1570, la bande d'ordonnance de cinquante hommes d'armes et de cent archers que son père avait commandée. Après avoir rempli deux ambassades de cour auprès de Charles IX, et accompli d'autres missions près de l'Empereur et près d'autres princes souverains, il revint aux Pays- Bas et lâcha d'abord de se tenir à l'écart, mais il ne put refuser à don Juan d'Autriche de se charger d'une mission près de l'Empereur et des princes de l'Empire. Il accompagnait don Juan, lorsque ce prince se retira dans le château de Namur, ce qui le rendit suspect aux états généraux. Alexandre Farnèse lui confia un commandement de mille reîtres avec les- quels il assista au siège d'Audenardc; après la réduction de cette place, il fut envoyé à la diète d'Augsbourg pour y représenter le cercle de Bourgogne. Il fut aussi chargé de se rendre à Cologne pour offrir au magistrat le concours du roi d'Espagne contre l'archevêque Gebhard Truchses; un corps de troupes vint l'y rejoindre; il en prit le commandement et força l'archevêque à se réfugier en Hollande Le prime d'Arenberg se porta ensuite au secours de Zutpbcn et délivra cette place des attaques du comte de Hohenlohe. Il assista avec le SUR LES OFFICIERS DES BANDES D'ORDONNANCE. 187 prince de Parme au siège d'Anvers; il y commandait un régiment allemand qu'il avait récem- ment levé. Il prit part également au siège de l'Écluse et fut investi du commandement de cette place lorsqu'elle eut capitulé. En 1588, Farnèse le nomma un des commissaires pour traiter de la paix avec l'Angleterre. Deux ans plus tard, il accompagna Farnèse, lorsqu'il se rendit en France pour délivrer Paris qu'assiégeait Henri IV. En 1508, il alla à Paris avec le duc d'Arschot pour recevoir le serment que devait prêter le roi de France d'exécuter le traité de Vervins. Charles d'Arenberg prit part aux opérations du siège d'Ostende, puis fut envoyé à Londres pour y négocier la paix; il réussit à la faire signer en 1604. Après avoir rempli encore plusieurs ambassades, il mourut le 18 janvier I6IC. Après sa mort, sa bande d'or- donnance fut donnée à son fils aîné Philippe-Charles. Arenberg (Philippe-Charles, comte et prince d'), fils aine de Charles d'Arenberg; duc d'Arschot, du chef de sa mère; né le 18 octobre 1587 ; gouverneur et capitaine général du pays et comté de Namur, conseiller d'Etat, grand veneur, etc., etc., chevalier de la Toison d'or ( I (j 1 8) , chef et capitaine de la bande d'ordonnance de cinquante hommes d'armes et de cent archers que son père avait commandée. Philippe d'Arenberg alla servir dans les troupes que les archiducs envoyèrent au duc de Neubourg pour la succession de Clèves et de Juliers. En I tilt», il fut nommé rneslre de camp d'un régiment d'infanterie wallone, et, en 1020, chef d'un régiment d'infanterie haute allemande. Après la désastreuse campagne de 1620, due à Pimpé- ritiedes généraux espagnols, une partie de la noblesse s'unit pour obtenir que désormais les Belges pussent se défendre et s'administrer eux-mêmes; ils voulurent directement traiter de la paix avec les Provinces-Unies; le duc d'Arschot fut lame et l'agent le plus actif de cette conspiration contre l'autorité du souverain. Ayant été envoyé en Espagne par la régente pour obtenir du roi son assentiment aux négociations entamées avec la Hollande, il fut d'abord entouré d'égards, mais après quelques jours, le roi le fit arrêter. Il chercha à se disculper d'être intervenu dans les menées de quelques membres de la noblesse; il montra peu de caractère et finit par compromettre tous ses amis par sa légèreté; on lui fit son procès en règle. Cependant on ne parvint pas à recueillir des preuves suffisantes pour le condamner; on adoucit un peu sa captivité, mais il ne lui fut pas permis de retourner aux Pays-Bas, cl après cinq ans et demi de séjour en Espagne, il mourut le 24 septembre 1040. Sa bande d'ordonnance fut donnée à son fils Philippe-François. Arenberg (Philippe-François, comte et duc d'), duc d'Arschot et de Croy, fils de Philippe- Charles, né le 30 juillet 1625, grand bailli et capitaine général du Hainaut, capitaine des archers de la garde , grand d'Espagne , chevalier de la Toison d'or (1 040) et chef et capitaine de la bande d'ordonnance de cinquante hommes d'armes et de cent archers que son père avait commandée. Ce fut en sa faveur que la principauté d'Arenberg fut érigée en duché en 1644. Il accompagna Philippe IV dans la campagne de Catalogne de 1042; vint aux Pays-Bas quelques années après et reçut de l'archiduc Léopold le commandement d'un régiment de cuirassiers allemands (1651). En 1050, il fut nommé chef et général de toutes les bandes d'ordonnance; fit avec distinction les campagnes de 1651 à 1058; ses services furent récom- pensés par le grade de capitaine général de l'armée navale de Flandre. Le duc d'Arenberg mourut le 17 septembre 1074 sans laisser de postérité. Ses titres ainsi que sa bande d'ordon- nance passèrent à son frère Charles-Eugène. «rentiers (Charles-Eugène , due d'), due d'Arschot et de Croy par la mort de son frère Phi- lippe-François, né le 8 mai 1635. Grand bailli et capitaine général du Hainaut, chevalier de ISS NOTICES BIOGRAPHIQUES lit Toison d'or (1678), chef et capitaine de la bande d'ordonnance de cinquante hommes d'armes et de cent archers qu'avait commandée son frère. Il se destinait d'abord à l'étal ecclé- siastique; son frère lui céda le régiment de cuirassiers hauts allemands qu'il commandait. Il se distingua au siège d'Arras et mourut le 25 juin 1681. «rscliot (les ducs d"). Voir Arenberg et Croy 4 r ville (Philippe de Maillen, seigneur d'), était, en 1502, guidon de la bande d'ordonnance du comte de Mansfelt. (Charles-Alexandre de Croy, Mémoires guerriers.) Arviiic (le seigneur d'), gentilhomme namurois, était, en 1602, guidon de la bande d'ordon- nance de Charles-Alexandre de Croy, comte de Fontena y. (Charles-Alexandre de Croy, Mémoires guerriers.) Assignles (François d'), seigneur de Magedornc, était, en 1667, capitaine-lieutenant de la bande d'ordonnance du marquis de Berghes. Audreguies (le seigneur d') , Charles de Revcl, était, en 1 56.6 , lieutenant de la bande d'ordon- nance du comte d'Egmont. Auflliiiice (le seigneur d). Voir Custlnc Aymerles (le seigneur d). Voir nollln. «ysenu (le marquis d'), Rasse de Gavre. dit de Liedekerke, comte de Beaurieu, membre du conseil de guerre, chambellan, chef du conseil des finances, gouverneur de Binche et de Charlemont. fils d'Adrien, comte de Beaurieu, était lieutenant de la bande d'ordonnance du comte de Beaurieu, son père, en 1602. (Charles-Alexandre de Croy, Mémoires guerriers.) ij.caii (le seigneur d') , Adrien de Gavre de Liedekerke, comte de Beaurieu, gouverneur de la ville d'Ath, (ils de Charles, premier comte de Beaurieu. 11 était capitaine d'une bande de trente hommes d'armes et de soixante archers des ordonnances. Il mourut le 27 juin 1614. (Charles-Alexandre de Croy, Mémoires guerriers.) B. Bacquehem (Olivier de), seigneur dÉtrival, fut nommé guidon de la bande d'ordonnance du comte du Rœulx par commission du 6 mai 1587. iiaiiicui (Pierre de), seigneur d'Evre et de Sl-Martin, chevalier. Il fut lieutenant de la bande du seigneur de Montigny et reçut, en 1570, le commandement d'une bande d'ordonnance de trente hommes d'armes et de soixante archers. (Cette bande avait été formée d'hommes d'armes tirés de la bande du prince d'Orange.) Baiiicui (Adrien de), seigneur d'Evre. En 1562, il était lieutenant de la bande d'ordonnance de Montigny, et vers 1577, il commandait une bande de trente hommes d'armes et de soixante archers. Ilarbanron (baron de). Voir Arenberg. Dariiançon (Bauduin de) était, en 1545, capitaine de cent chevaux à gages mesnagiers. narbanron (baron et prince de), Robert de Ligne, comte d'Aigremont, pair du comté de Hai- naut, seigneur de la Russières et de Merbes, né en 1564; second fils de Jean de Ligne, comte d'Arenbcrg, capitaine des archers de la garde des archiducs Albert et Isabelle, chef et capitaine d'une bande d'ordonnance de trente hommes et de soixante archers. L'archiduc SLR LES OFFICIERS DES RANDES D'ORDONNANCE. 489 Alberl le erra prince de Barbançon par diplôme du 8 février 1614. Il ne jouit que peu de jours de cette faveur, car il mourut le 2 mars suivant. Robert de Ligne quitta sa bande de trente hommes d'armes pour prendre celle du due d'Arschot. Son ancienne bande d'ordon- nance fut donnée à son fils Albert. liai i. »»<.-<>■■ (le prince de), Albert de Ligne, fils de Robert, qui précède, né en 1000; chevalier de la Toison d'or (1(127), fut nommé, le 10 mars 1614, chef et capitaine de la bande de trente hommes d'armes et de soixante archers des ordonnances que son père avait commandée. Il alla, dès l'âge de dix-huit ans, servir en Bohème sous Bucquoy et se montra plein de bra- voure dans plusieurs combats. Il fut nommé chef d'une compagnie de deux cents cuirassiers pour la guerre du Palalinat; plus tard Spinola lui lit donner cinq cents chevaux à la tète desquels il prit part à la conquête de Julicrs. En 1622, l'infante lui donna un régiment de quinze compagnies liégeoises et l'année suivante il reçut le commandement d'un corps d'armée en Westphalie; il assista au siège de Bréda et pendant la campagne de 1625 il eut le commandement général des bandes d'ordonnance. Le prince de Barbançon consentit à lever à ses frais, en Allemagne, un régiment d'infanterie destiné à secourir le duc de Savoie dont les états étaient menacés par Louis XIV. Cette querelle s'étant apaisée, le régiment du prince de Barbançon fut dirigé sur Bois-le-Duc dont les Hollandais projetaient de se rendre maîtres. Albert de Ligne reçut à cette occasion le commandement d un corps d'observation qui fut placé à Genappe. Mais il se trouva compromis dans la conspiration que la noblesse des Pays- Bas ourdit dans le dessein d'affranchir le pays de la domination de l'Espagne, il tomba en disgrâce et l'ordre de l'arrêter fut donné par Philippe IV (18 mars 1634). Le prince de Barbançon fut enfermé dans la citadelle d'Anvers et son procès commença. Après huit années de captivité, il recouvra quelque liberté; il reçut la ville de Namur pour prison, mais peu à peu on se relâcha dans la surveillance à laquelle on l'avait soumis, et il put aller librement dans tout le pays. On n'avait pas trouvé de griefs suffisants pour le condamner; toutefois on ne voulut pas l'acquitter; le gouvernement lui confia même plusieurs missions, mais on ne le rétablit pas dans ses charges militaires. II fit en volontaire la campagne de I (i'ifi et rien ne put vaincre la résistance qu'il rencontra et chez le roi et chez les gouverneurs généraux pour être réintégré dans son ancienne position. Ce ne fut qu'en 1658 que don Juan d'Autriche consentit à lui donner le commandement de la garnison d'Ypres et le titre de capitaine général de l'artillerie. Quelques années après, il fut nommé conseiller au conseil suprême de guerre. Il mourut au mois d'avril 1674. Barbniiron (le prince Octave-Ignace de), fils du prince Albert, qui précède, né en 1640; gou- verneur et souverain bailli de Namur, mestre de camp général des armées, chevalier de la Toison d'or (1682) , chef et capitaine d'une bande d'ordonnance de trente hommes d'armes et de soixante archers. Le prince de Barbançon défendit vaillamment Namur contre Louis XIV en 1692. Lorsque toute résistance fut devenue impossible, il sortit de la place par la brèche, à la tête de sa faible garnison qui défila , tambour battant et mèche allumée, devant le prince de Coudé. Il déploya une grande valeur, le 29 juillet I6!)ô, à la bataille, de Neerwinden, où il trouva la mort. "»•""■'■ ■' (le seigneur de), d'une famille originaire de la Picardie, était, en 1602, enseigne dans la bande d'ordonnance du duc d'Arschot. natenhourg (Tbicry, seigneur de), seigneur de Balenhourg et d'Anbolt, était vers 1522 lieu- tenant de la bande d'ordonnance de Floris d'Egmont, comte de Buren. Deux autres officiers Tome XL. 25 Uo» lira 190 NOTICES BIOGRAPHIQUES du même nom étaient, l'un, lieutenant de la bande d'ordonnance du comte de Mansfelt, en l'iCÔ; l'autre, lieutenant de la bande de Lamoral, prince de Ligne, en 1(5:24. iiaiime (Quentin et Claude de la). Vtir Naioi-Noriih. Beaurori (le chevalier Louis de), seigneur de Boisleux, Warlincourt et de Mercatel, gouver- neur de la ville du Quesnoy, fils d'Hector de Beaufort, seigneur de Warlincourt. Il avail servi comme volontaire dans les compagnies de Roubaix el cl Havre, et avail l'ait la campagne de France dans l'année envoyée par l'Espagne au secours de la Ligue. En KiOi, il était lieute- nant de la bande d'ordonnance du comte de Solrc. Il mourut en IC08. •uufon (René de Chalon, seigneur de), fils de Palamèdc de Chalon. Il était lieutenant de la bande d'ordonnance de son grand-père maternel, le comte de Mansfelt. iiraln (les seigneurs de). Voir Croy. Beuurlen (les comtes de). Voir Ayaeau. Beauvoir (le seigneur de). Voir Lannoy. Bellaln (le seigneur de). Jacques de Succre. était, en 15'J.j, lieutenant de la bande d ordonnance du comte du Rœulx. Beiieruniaine Claude de Bellefontaine, écuver, était lieutenant de la bande d'ordonnance du comte de Mansfelt, en 1 359. Bcllemoni (Lancelot de) était officier dans une des bandes d'ordonnance de Charles le Témé- raire. Briiin (le seigneur de), gentilhomme du Hainaut, était en IG02, enseigne de la bande d'ordon- nance du marquis d'Havre. Berchem (Jean Van Lyere, seigneur de). Il fut nommé capitaine d'une des bandes d or- donnance de trente hommes d'armes et de soixante archers créées par Charles -Quint en 1545. Hors (Frédéric, comte et prince de), baron de Boxmecr et de Bylant, lieutenant gouverneur et capitaine général de l'Artois, puis du duché de Gueldre, chevalier de la Toison d'or, fils puîné de Guillaume comte de Berg, qui se rendit célèbre dans les guerres des Pays-Bas; il était en 1602, capitaine d'une bande d'ordonnance de trente hommes d'armes cl de soixante archers. Il prit une part active au siège d'Oslende et aux campagnes des premières années du dix-seplième siècle. Il mourut en 1(118. Berghe» (Corneille de), chevalier, fils naturel d'Antoine de Glynies, marquis de Berghes, était , en 1 4-78, capitaine d'une bande de cinquante hommes d'armes des ordonnances de Maximilien. Berghe* (Philippe de), Philippe de Glymes, baron de Grimberghe, fils de Jean de Glymes, seigneur de Berg-op-Zoom; fut conducteur d'une bande de cent lances et de trois cents archers des ordonnances du duc Charles le Téméraire, en remplacement de Jacques de Re- brenucs, seigneur de Montsorel. Il fui tué à la bataille de Moral en I i-76. Bci-Bi»'» (Philippe de), Philippe de Glymes, seigneur de Rode, neveu du précédent, comman- dait une compagnie de cent lances et de trois cents archers des ordonnances du due Charles le Téméraire 11 fut tué à la bataille de Nancy en 1477. Berghes (le marquis de), Jean de Glynies , comte de Walhain, fils d'Antoine de Glymes, seigneur de Berg-op-Zoom, créé marquis par Charles-Quint, en 1355. Gouverneur et grand bailli du Hainaut, gouverneur de Valenciennes et de Cambrai, chambellan , chevalier de la Toison d'or (ISbii), recul le commandement de la bande d'ordonnance que son beau-père, Jean dcLan- jiov, baron de Molembaix avail eue. Jean de Glymes jouit d'une grande faveur auprès de SUR LES OFFICIERS DES BANDES D'ORDONNANCE. 191 l'empereur Gharics-Quint; il combattit vaillamment à la bataille de S'-Quentin et accompagna Philippe II en Angleterre, lors du mariage de ce prince avec la reine Marie; à son retour, il reçut, la charge de grand veneur. Dès l'origine des troubles, le marquis de Berghes manifesta hautement sa désapprobation des mesures prises par le gouvernement contre l'hérésie, et il s'associa au prince d'Orange et au comte d'Egmont dans leur opposition à l'administration de Granvclle. Il fut envoyé en Espagne avec Florent de Montmorency, baron de Monligny, pour exposer à Philippe II les doléances de la noblesse belge, mais il échoua dans sa mission et mourut à Madrid, le 21 mai i 507. Il n'est pas prouvé que Philippe 11, qui fit étrangler dans sa prison le baron de Montigny , collègue d'ambassade du marquis de Berghes , ait été étranger à la mort de ce dernier. La bande d'ordonnance du marquis de Berghes fut donnée , après sa mort, à Philippe de Noircarmes, seigneur de Sle-Aldegonde (1570). Berghes (le comte Albert de), de la famille de Glymes, commandait, en 1632, la bande d'or- donnance, qui, précédemment, avait été celle du marquis de Marnay , Charles-Emmanuel de Gorrevod. Bei-giicN (Philippe-François, prince de), Philippe-François de Glymes, créé prince par Char- les Il ; lils d'Eugène comte de Grimberghe; conseiller de guerre, chevalier de la Toison d'or (1694); gouverneur et capitaine général du Hainaut ; gouverneur de Bruxelles en 1695, était capitaine d'une bande d'ordonnance en 1676. Il s'illustra par la défense héroïque de Mous assiégée, en 1691 , par Louis XIV. Le prince de Berghes mourut en 1704. Beriajmont (Lancelol de) fut conducteur d'une bande de cent lances de l'ordonnance de Charles le Téméraire. Après lui, sa bande fut donnée à Gaspar Dortan. Berlaymont (Charles, comte de), baron de Hicrges, de Perwez, etc.; né en 1510, fils de Michel, seigneur de Floyon. Il fut gouverneur et souverain bailli du comté de Namur, chef des finances, chevalier de la Toison d'or (1556), chef et capitaine d'une bande d'ordonnance de quarante hommes d'armes et de quatre-vingts archers, par patente du 29 avril 1561. Il servit avec distinction dans les armées de l'empereur Charles Quint. Après le départ de la reine Marie de Hongrie, le comte de Berlaymont fut désigné conjointement avec le comte du Bœulx, pour exercer provisoirement le gouvernement des Pays-Bas. Dans le conseil d'Etat où il sié- geait, il ne voulut prendre parti ni pour ni contre le cardinal Granvclle, et refusa d'entrer dans la confédération des nobles. On attribue généralement à une saillie du comte de Berlay- mont l'origine du nom île Gueux, devenu fameux dans les dissensions politiques de cette époque. Mais il y a beaucoup de motifs de croire que ce fut là un mot inventé après coup. Lors de l'institution du conseil des troubles, Charles de Berlaymont fut désigné comme sup- pléant du duc. d'Albe pour la présidence du tribunal; mais il ne siégea que le jour de l'instal- lation et ne voulut pas prendre part au jugement prononcé contre les comtes d'Egmont et de Homes. Lorsque, après la mort du gouverneur général Requesens, le conseil d'Etat s'attribua le gouvernement du pays, le comte de Berlaymont exerça une grande autorité. Arrêté par les patriotes, il resta plusieurs mois eu prison; rendu à la liberté, grâce à l'intervention du baron de Hicrges. son fils, qui avait fait valoir ses services personnels pour obtenir l'élargis- sement de son père, le comte de Berlaymont entra dans les conseils de don Juan d'Autriche, et facilita sa retraite dans le château de Namur, dont il était gouverneur. Peu de temps après, il mourut (4 juin 1578). Berlaymont (Gilles de), baron de Hier^es, lils aîné île Charles qui précède; gouverneur ou stadhouderde la Hollande, de la Zélande, d'Utrecht,dc la Frise et de la Gueldrc. Chevalier 192 NOTICES BIOGRAPHIQUES de ];> Toison d'or en 1572. Il reçut, en 1574, la bande d'ordonnance qui avait été com- mandée par Charles de Brimeu, comte de Meghen. Il exerça une grande influence sur les événements militaires de l'époque des troubles. La gouvernante ries Pays-lias le chargea, en 1560, de lever un régiment d'infanterie wallone de six compagnies. Après avoir assiste au siège de Valencicnnes, il se couvrit de gloire à la bataille de Gcmingen (Jcmmingcn), au siège de Harlem et à la bataille de Mook. Investi des fonctions de mestre de camp de l'année espagnole, il commanda une armée qui s'empara des points principaux de la Hollande. En voyant les ravages que la conduite des Espagnols occasionnait au pays, il se rallia au parti des états généraux qui , à l'arrivée de don Juan , le nommèrent commandant de la garde per- sonnelle de ce prince. Lorsque plus tard les intrigues du prince d'Orange réussirent à rendre le nouveau gouverneur général suspect aux patriotes, l'esprit de parti fit un grief au baron de Hiergés de s'être mis à la disposition de don Juan, qui le nomma maître général de l'ar- tillerie, mestre de camp des troupes vvallones et gouverneur de Namur et de l'Artois. Le baron de Hierges conserva tous ses emplois sous le prince de Parme qui succéda à don Juan. En 157!>, il dirigeait l'artillerie au siège de Maeslricht lorsqu il fut frappé mortellement d'un coup d'arquebuse. Beriayniom (Florent, comte de), seigneur de Floyon , fils dé Charles de Berlavmont, créé comte en I57-4-, gouverneur des provinces de Namur et d'Artois, puis de celle du Luxem- bourg; chevalier de l'ordre de la Toison d'or, chef et capitaine de la bande d'ordonnance qu'avait commandée son frère Lancelot, par patente du 20 juin 1579. En 1600, il quitta celte bande pour prendre celle du comte de lîoussu. Florent de Berlaymont fut d'abord chanoine trésorier de la cathédrale de Liège, puis embrassa la carrière des armes où il n'obtint guère de succès. Rallié d'abord au parti des états, il suivit, comme ses frères, la fortune de don Juan. Après avoir servi en qualité de lieutenant-colonel dans le régiment de son frère Gilles, il lui succéda dans ses emplois et litres et finit par réunir tous les honneurs dont ses frères avaient été comblés et qui tous moururent sans postérité. Ce fut lui qui, avec sa femme, fonda à Bruxelles une congrégation de chanoinesses ayant pour but l'éducation des jeunes filles, qui s'est perpétuée jusqu'à ce jour. Le comte Florent de Berlaymont mourut à Namur le 8 avril 1626. Berlaymont (Lancelot de), comte de Meghen du chef de son mariage avec Marie de Brimeu; fils puîné de Charles et frère de Gilles et de Florent. Il fut commandant d'un régiment allemand à la tête duquel il se distingua au siège de Sichem , et capitaine d'une bande d'ordonnance qui, après sa mort arrivée en 1571), fut donnée à son frère Florent. Bcriièrc» (le seigneur de), Antoine de S'-Genois, gentilhomme du Hainaut, était enseigne dans la bande d'ordonnance du comte de Solre, en 1602. ucroe (le seigneur de), fils du seigneur de Mocrbeke, était, eu 1522, porte-enseigne de la bande d'ordonnance de Philippe de Clèves, seigneur de Ravenstein. itertheau (Antoine de), seigneur de Perroy, était, au commencement du dix-septième siècle, guidon de la bande d'ordonnance du comte de Buequoy. Dethune (le chevalier de), Jean de Plancques dit Bethune, chevalier, seigneur d'HesdigneuI, né en 1602, était guidon de la bande d'ordonnance du comte de Iloogstraeten. Beticmbourg (YVolff de), était, en 1555, guidon de la bande d'ordonnance du comte de Mansfelt. lieveren (le seigneur de). Voir Adolphe de Bourgogne. SUR LES OFFICIERS DES R ANDES D ORDONNANCE. 195 itivn (le seigneur de). Voir Maximilien de Hennin ■ .letard Biiunt élait, en 1522, capitaine des areliers de la bande d'ordonnance du comte de Burcn. iiiiari (le seigneur de), gentilhomme limbourgeois, était, en 1602, guidon de la bande d'ordon- nance du comte prince d'Arcnbcrg. Diiiaiu (le seigneur de) était lieutenant de la bande d'ordonnance de Ferry de Croy, comleilu Rceulx. uni) (le seigneur de). Voir i«oi>ir«. Biuion (le seigneur de). Voir Philippe, bâtard de Bourgogne. aller (Nicolas de), seigneur de Wallay, capitaine du château de Durbuy, était, en 1624, lieute- nant de la bande d'ordonnance du comte de Solre; il alla au siège de Bréda en qualité de lieutenant général des bandes d'ordonnance sous le prince de Barbançon. Biondei (Jean), seigneur de Beaurcgard, était guidon d'une bande d'ordonnance. Boiieni (le seigneur de). Voir Beaufort. nouhaix (Philippe de), bailli de Lessines, était, en 1522, capitaine des archers de la bande d'ordonnance du comte de Hoogstraeten. Bouchnuit (Oudard van) était, en 1532, lieutenant de la bande d'ordonnance du prince d'Orange. Bourgogne (Philippe, bâtard de), seigneur de Blaton, gouverneur et lieutenant général du duché de Gueldre et du comté de Zutphen, conseiller et chambellan du roi et de l'archiduc, amiral de la mer, chevalier de la Toison d'or; fils d'Antoine, bâtard de Bourgogne, était capitaine d'une bande de cinquante lances d'ordonnance de Maximilien. Plus lard il en eut une autre de vingt-cinq hommes d'armes et de cinquante archers (au commencement du seizième siècle). C'était la moitié de la bande qu'avait eue le comte de Nassau. L'autre moitié avait été donnée à Floris ou Florent d'Egmont, seigneur d'Ysselstein , qui, ayant succédé au seigneur de Blaton en 1507, reporta la bande à cinquante lances en réunissant les deux frac- tions de l'ancienne bande d'ordonnance du comte de Nassau. Bourgogne (Philippe de), évoque d'L'trccht, était, en 1324, capitaine d'une bande de cinquante hommes d'armes des ordonnances de l'empereur Charles-Quint. Bourgogne (Adolphe de), seigneur de Beveren, de la Vèrc, chevalier de la Toison d'or, fds de Philippe de Bourgogne, était capitaine d'une des bandes d'ordonnance qui accompagnaient Charles-Quint à son entrée à Gand en 1540. Il mourut le 7 décembre 1540. Bourgogne (Maximilien de), fils du précédent, premier marquis de la Vère, remplaça le sei- gneur de Praet dans le commandement d'une bande d'ordonnance qui, après lui, passa à Antoine de Lalaing, comte de Hoogstraeten. (3' Compte de Carpentier, p. 1545.) Beurnonviiie (Haoul de) fut conducteur d'une des compagnies d'ordonnance de cent lances et de trois cents archers du duc Charles le Téméraire. Il périt à Morat en 1476. (Cité par les ambassadeurs milanais.) Bournouviiie (Alexandre, duc de), comte de Hennin- Lietard, vicomte de Barlin, seigneur de Câpres, né le 4 novembre 1585; duc et pair de France, gouverneur de la Flandre wallone, chevalier de la Toison d'or (1622) ; lit les premières campagnes de la guerre de Trente Ans et assista à la prise de Piska où il eut un œil crevé en montant à l'assaut ; il fut nommé capitaine d'une bande d'ordonnance dont il se démit en 1634, lorsqu'il se réfugia en France après avoir été compromis dans la conspiration des nobles. 11 élait fils de Oudard de Bournonville, baron de Câpres, comte de Hennin-Lietard, et il mourut en 1656. Bournonville ( Alexandre-Hippolyte-Ballhasar de) , comte de Hennin-Lietard, né le 5 janvier 19i NOTICES BIOGRAPHIQUES !(>IG, lils ilu précédent, gouverneur de Valenciennes, capitaine d'une bande d'ordonnance; mort en 1690, étant viee-roi de la Catalogne. itu h «an: on (Leveau de) commandait une des compagnies d'ordonnance de cent lances et de trois cents archers du duc Charles le Téméraire. Bougies (Claude de), seigneur d'Odierbois, chevalier, était lieutenant de la bande d'ordonnance du comte de Boussu. Bougies (Witasse de), Eustacbc de Bousies, seigneur de Ycrtaiug, lieutenant de la bande d'or- donnance de Guillaume de Croy, seigneur de Chièvres. En 1507 il eut la conduite de celte compagnie au siège de Wageningen et devint général d'armée sous Charles-Quint. Il mourut en 1548. Bousies (Jean de) , seigneur de Rouveroy, fils d'isambert de Bousies, seigneur dEscarmaing, était lieutenant de la bande d'ordonnance du comte de Berlavmont. H eut plus tard le com- mandement d'une compagnie d'ordonnance et mourut en 1 (i 'j l . Boussu (les comtes de). Voir Heunln-Uetard. Boyefflea (le seigneur de). Voir nu iiois, Philippe. Bray (Louis de), chevalier, était capitaine de cent archers de l'ordonnance de Charles le Témé- raire. Brederode (Renaud de), seigneur et comte de Brederode et de Vianen, était, en I530, chef et capitaine d'une bande de cinquante lances des ordonnances de l'empereur Charles-Quint. Brederode (Philippe, comte de), fils de Benaud de Brederode qui précède, reçut une compa- gnie d'ordonnance de quarante hommes d'armes et de quatre-vingts archers, en loi.'), lors de la réorganisation des bandes d'ordonnance. Il suivit l'Empereur dans ses guerres et mourut à .Milan en 1554. Sa bande fut donnée, en 1559, à son frère Henri. Brederode (Henri, comte de), comte de Vianen, vicomte dTtrecht, né eu 1531, fils de Renaud II, seigneur de Brederode, frère de Philippe qui précède. Philippe II lui donna, en 1559, la bande d'ordonnance que son frère Philippe avait commandée, mais il ne lui accorda point, comme à tous les autres chefs des bandes, le collier de la Toison d'or, et cette exception, en humiliant profondément Henri de Brederode dont la famille s'enorgueillissait de descendre des comtes de Hollande, fil naître, parait-il, dans le cœur du jeune capitaine une haine violente contre son souverain et un désir de vengeance qui resta comprimé pen- dant quelques années, pour éclater dès que se manifestèrent les premiers symptômes de la lutte que la noblesse des Pays-Bas engagea contre le gouvernement de Philippe II. — aussitôt que le compromis eut été rendu public, Brederode fut un des premiers à s'associer aux principes qui y étaient proclamés. La noblesse de sa race, la fougue de son âge, la popula- rité de son nom qui, depuis plus d'un siècle, était synonyme de révolte, le désignaient tout naturellement pour devenir un de, chefs le- plus ardents des confédérés. Ce fut Rredcrode qui, le 5 avril I 566 , remit à la gouvernante des Pays-Bas la requête des nobles conjurés. Ce fut lui aussi qui, dans un banquet où il avait réuni plus de trois cents gentilhommes, proposa aux confédérés d'adopter le nom de Gueux , épithète qui, d'après quelques historiens, leur avait été donnée injurieusement par le comte de Berlaymont à l'audience de la gouvernante. Deux jours après (8 avril), Brederode quitta Bruxelles et se rendit à Anvers où il provoqua des démonstrations analogues à celles qui avaient eu lieu dans la capitale. L'année suivante la gouvernante ayant exigé le serment de fidélité des chefs des bandes d'ordonnance, Brede- rode ?c démit de son commandement et, conjointement avec le comte de Nassau, il avoua SUR LES OFFICIERS DES BANDES D'ORDONNANCE. 195 hautement la résolution de prendre les armes. —Son château de Vianen devient, alors une officine de pamphlets incendiaires qui appellent les peuples à la révolte; bientôt il tente de s'emparer d'Utrecht; il échoue dans son entreprise et livre la Gtieldre aux brutalités des soldats qui n'y laissent que des ruines. — Brederodc, enivré un instant par la popularité que lui avait value son opposition aux volontés du souverain, dut bientôt reconnaître ce qu'il y a d'éphémère dans la faveur de la multitude. Abandonné de tous, il s'embarqua sur un vais- seau qui le conduisit avec sa famille à Embden, chez le comte de Schaucnhourg, son beau- père. Là, miné par le chagrin et, parait-il, par les excès, il mourut le 15 février 1558, à l'âge de 35 ans, ne laissant qu'un fils naturel qui fut tué au siège de Harlem en 1572. I.a compa- gnie d'hommes d'armes de Brederodc resta sans capitaine jusqu'en 1570; clic lui donnée, à cette époque, à Maximilien de Melun, vicomte de Gand. Brlmeu (Guy de), seigneur d'Umbercourt, chevalier, conseiller, chambellan du due de Bour- gogne, gouverneur de Namur,etc, etc., reçut de Charles le Téméraire, la charge de lieute- nant général des ordonnances (1473). nrimeu (Charles de), comte de Meghen, seigneur d'Cmbercourt, gouverneur et capitaine gé- néral de la Gueldrc, du comté de Zutphcn et de la Frise, après avoir été lieutenant gouver- neur et capitaine général du Hainaut, chevalier de la Toison d'or, fut nommé, vers 1555, capitaine de la bande d'ordonnance de trente hommes d'armes et de soixante archers qu'avait commandée Martin Van Rosseru. Cette bande, qui avait d'abord été portée à quarante hommes d'armes, fut augmentée, en 1570, de dix hommes d'armes tirés de la compagnie du prince d'Orange. La bande de trente lances qu'il quitta en 1570 fut donnée à Jean de S'-Omcr. sei- gneur de Moerbekc. Charles de Brimeu servit dans les armées de Charles-Quint et figurait, en 1553, parmi ses meilleurs généraux. Il rendit de grands services pendant la campagne de 1554, puis joua un rôle important dans les premiers événements de l'époque des troubles. 11 s'était d'abord prononcé pour les réformes demandées par le prince d'Orange, les comtes d'Egmont et de Homes, mais bientôt il comprit que ces seigneurs avaient d'autres visées, et que, sous prétexte de liberté de conscience, c'était en réalité le renversement du trône de Philippe 11 qu'ils poursuivaient. Il se sépara d'eux et fut alors en butte à toutes les calomnies que l'esprit de parti peut inventer; aussi, avant été chargé par la gouvernante d'aller à Anvers pour v arrêter le développement de la réforme, il fui très-mal accueilli et dut fuir pour échapper au mauvais parti qui le menaçait. Il leva un régiment d'infanterie de bas Allemands, se mit à la poursuite de Brederodc et le contraignit, à abandonner Vianen; par ses soins, Groningue et toutes les villes de la Hollande et de la Zélande rentrèrent sous l'autorité de la gouvernante; il soumit également la Gueldre. Philippe II, pour le récompenser de ses ser- vices, le nomma maître et capitaine général de l'artillerie (1560). Le due d'Albc lui donna un commandement important dans son armée pour la campagne de 1508. Il ne put arriver assez à temps pour empêcher la défaite de son collègue d'Arenbcrg à Heyligcrlée, mais il assista à la défaite de Louis de Nassau à Jemmingen. Le comte de Meghen mourut à Zwolle, le 8 jan- vier 1572. Sa bande d'ordonnance fut donnée, en 1574, à Gilles de Berlaymont, baron de llierges, et seigneur de Ruysbroeck. urociMisc (Régnier de), chevalier, conseiller et chambellan du duc de Bourgogne Charles; commandant de la Gueldre pour ce prince , reçut le commandement de la bande de cent lances de l'ordonnance délaissée par Bernard de Ravenstein. Régnier de Brochuse rendit de grands services à la bataille qui fut, livrée sous les remparts de Ncuss. {Mémoires pour servir ù l'histoire de France el de Bourgogne.) i% NOTICES BIOGRAPHIQUES Burquoy (les comtes (Je). Voir Longuoal. ■lusnit-nuri (le seigneur de). Voir Ponce de i.aiaing. Hun ii (le conite de). Voir Maximilien il • ;mum. G. «ampobussr (le coriite Cola de) commandait une des bandes d'ordonnance de Charles le Témé- raire. Il fut chef des troupes de Bourgogne, qui firent la conquête de la Lorraine en 1475; l'année suivante, il fut chef de l'armée en Suisse. II trahit et abandonna le duc de Bourgogne, la veille de la bataille de Nancy. Il fut remplace dans le commandement de sa bande d'ordon- nance par Jean de Montfort. Carnin (Claude de), seigneur de Villers, Gommecourt, etc., etc.; auteur de la branche des mar- quis de Ncdonchel; fils de Robert, seigneur de la Motte, était guidon d'une bande d'ordon- nance. Il mourut le ô octobre 1600. Carnin (Jean de), fils de Claude qui précède, était enseigne dans la bande d'ordonnance du comte Charles de Bucquoy. Il mourut le 24 février 1621. Carnin (Adrien de), seigneur de Gommecourt, fils de Claude, qui précède, était lieutenant de la bande d'ordonnance du prince de Ligne. Il mourut en 1640. «eiane ou Ceiave (le comte de) était, en 1476, conducteur d'une des bandes de cent lances île l'ordonnance de Charles le Téméraire. Chable (Pierre de), seigneur de Ra-incourt, était enseigne de la bande d'ordonnance du sei- gneur de Ravenstein. i haion (Hugues de), sir de Chàteau-Guyon, commandait les bandes d'ordonnance à la bataille de Granson , où il fut tué (1476). Chalun (Henri de). Voir Beaufort. « haï.. h (René de), ld. t'haion (Philibert). Voir orange. < iianipiiic (le baron de). Voir \ergy Chièvrea (le seigneur de). Voir Guillaume de «roy Chlmay (le prince de). Voir Charles de Croy. Clèremont (le seigneur de). Voir Mérode. Clèves (Philippe de), Philippe de Clèves et de Lamarck, seigneur de Wynendale et d'Enghien, duc de Coïmbre, et, après son père, seigneur de Ravenstein; fils d'Adolphe de Ravenstein et neveu du duc de Bourgogne Philippe le Bon; était en I 478 capitaine d'une bande de cent lances de l'ordonnance de Maximilien. Plus lard, au commencement du seizième siècle, il eut la bande d'ordonnance de cinquante hommes et de cent archers qu'avait commandée le seigneur d'Aymeries. Il servil d'abord dans l'armée de l'archiduc Maximilien qui avait épousé Marie de Bourgogne; la perfidie de ce prince l'amena à embrasser la cause du peuple et à diriger les efforts que firent les Flamands pour se soustraire au joug de l'étranger. Après avoir héroïquement lutté dans ce but pendant plusieurs années, Philippe de Clèves fut con- traint à renoncer à l'espoir de rendre à ses compatriotes l'indépendance et la liberté et réduit à reconnaître l'autorité du roi des Romains. Il s'éloigna alors des Pays-Bas et alla se mettre à la disposition de son parent , le roi de France, Louis XII, qui préparait une croisade contre SUR LES OFFICIERS DES BANDES D'ORDONNANCE. 197 les mahométans. Philippe de Clèves fut investi de la vice-royauté de Gènes, puis élevé à la dignité d'amiral; il s'empara de Naples et commanda une expédition contre Bajazet. Ce fut à son retour aux Pays-Bas que la régente lui donna une bande d'ordonnance; Charles-Quint, lors de son émancipation, l'appela dans son conseil. Toutefois, le seigneur de Ravenstein s'abstint d'intervenir dans les affaires du temps et consacra ses dernières années à rédiger des commentaires militaires qui offrent, un haut intérêt. Après sa mort, arrivée en 1527, sa bande d'ordonnance fut partagée par moitié entre son ancien lieutenant, le seigneur de Vian- den, et le seigneur de Beveren. coiian (le seigneur de), gentilhomme de l'Artois, était, en 1602, enseigne de la bande d'or- donnance du comte de Bucquoy. Conflans (le marquis de) était chef d'une compagnie d'ordonnance; il succéda, vers 1667, au marquis François de Rye de Varanhon. Cordes (le seigneur des). Voir Crèvecœur. couereau (Charles-Philippe de), seigneur de Glabbeek, était, en 1667, capitaine-lieutenant de la bande d'ordonnance du marquis de Trelon. «ouc.li.-s (le baron de) était , en 1644, lieutenant de la bande d'ordonnance du prince de Ligne. Crecque (le seigneur de). Voir Eustache de croy. Creu.ii> (Louis de). Voir crin. cressonnières (Jacques de la), gouverneur de Gravelines, maître de l'artillerie aux Pays- Bas, fut nommé, en 1570, capitaine d'une bande d'ordonnance de trente hommes d'armes et de soixante archers tirés de la bande du prince d'Orange. Après sa mort, arrivée en 1575, au siège de Harlem, sa bande fut donnée à Georges de Lalaing, marquis de Ville, ou peut-être à son fils, car un de la Cressonnières commandait une bande d'ordonnance en 1587. Crèvecœur (Philippe de), seigneur des Cordes ou des Querdes, ou d'Esquerdes et de Lannoy, fils de Jacques, seigneur de Crèvecœur, conseiller et chambellan du duc de Bourgogne et de Marguerite de la Trémouille, dame des Cordes; né à l'Arbresle, petite ville près de Lyon. Il fit ses premières armes sous le comte d'Étampes, qui lui conféra la chevalerie la veille de la prise d'Audenarde.en 1452; il accompagna le comte de Charolais lors de son premier voyage à Paris et à Tours, en 1461. Philippe de Crèvecœur occupait déjà un rang élevé dans l'ar- mée de Bourgogne lors de la guerre dite du Bien public, en 1465, et il se distingua au com- bat de Monthélery.Ses services pendant la campagne contre les Liégeois lui valurent le collier de la Toison d'or (1468). Le duc Charles lui confia le commandement de l'Artois qu'il défendit avec succès contre les entreprises des Français, et le nomma conducteur d'une de ses compa- gnies de cent lances d'ordonnance. (01. de la Marche.) — Philippe de Crèvecœur accompagna Charles le Téméraire dans toutes les guerres que ce prince entreprit pendant les dernières années de son règne; mais cédant aux conseils de Commines,il se rendit coupable d'ingra- titude et de félonie envers son souverain : en 1477, pendant qu'il était gouverneur de l'Ar- tois, il abandonna Marie de Bourgogne et passa au service de Louis XL II commandait la cavalerie française à la bataille de Guinegate et fut vaincu par l'infanterie flamande. Louis I)X_ le chargea alors d'organiser une infanterie permanente et de prendre pour modèle l'infanterie suisse. Philippe de Crèvecœur procéda à cette organisation au camp de l'Arche et dota la France des célèbres bandes de Picardie qui devinrent la souche de l'infanterie française. Tome XL. 26 I (Charles de), quatrième duc d'Arschot, fils de Philippe qui précède , né le 1er juillet 1560; créé due de Croy par Henri IV, grand bailli du llainaut, chevalier de la Toison d'or, grand d'Espagne, membre du conseil privé, etc. A l'âge de dix-sept ans il fut nommé par don Juan lieutenant de la bande d'ordonnance de son père; en 1585, il reçut le commandement de la bande qui avait appartenu au marquis de Roubaix, commandement dont il se démit pour prendre , en 1 590 , celui de la bande de son père. Il avait été nommé lieutenant de son père au commandement de la ville d'Anvers, et lorsque les Espagnols sortirent du château de cette ville, le 20 mars 1577, ce fut lui qui y entra à la tête de dix enseignes d'infanterie wallone. Suivant la même ligne de conduite que son père, il quitta le parti de don Juan le jour où ce prince s'empara du château de Namur. Il s'était retiré à Cologne, puis à Aix-la-Chapelle. L'influence qu'exerça sur son esprit sa femme, qui était calviniste (Marie de Brimeu, veuve de Lancclot de Berlaymont), le porta à renoncer à la foi catholique et à abandonner la cau^c du roi d'Espagne (I 582). Il avait pris le titre de prince de Chimay. Il se rendit à Anvers où il fut très-chaudement accueilli par les états généraux, par le prince d'Orange et par le duc d'Anjou qui aspirait à la souveraineté des Pays-Bas. Mais bientôt Charles de Croy reconnut que les projets des hommes qui dirigeaient le mouvement contre le roi d Espagne avaient pour mobile des ambitions personnelles bien plutôt (pie le bien du pays et de la religion; il se sépara alors des réformés et se retira dans son château de Bevcren où bientôt il devint le centre de la résistance que les Flamands voulurent opposer au joug étranger dont ils se voyaient menacés. N'onimé gouverneur absolu et capitaine général du quartier de Bruges, son pouvoir ne tarda pas à être reconnu par les deux autres membres de la Flandre. Tous les efforts du prince de Chimay tendirent alors à amener la réconciliation des Flamands avec le roi d'Espagne. Il y réussit après avoir surmonté de grands obstacles; son énergie ne se démentit pas un instant. Arrivé au but de ses efforts, il se démit de tous les honneurs que les Flamands lui avaient accordés et rentra dans le giron de l'Église catholique. Plus tard, il accompagna le prince de Parme dans toutes ses expéditions et assista au siège de l'Ecluse en qualité de commandant général des bandes d'ordonnance (1 587). L'année suivante, il fut envoyé au secours de l'électeur de Cologne et s'empara de Bonn. En 1 590 et en 1 59 1 , il exerça 200 NOTICES BIOGRAPHIQUES de nouveau le commandement général des bandes d'ordonnance qui accompagnèrent le prince de Parme en France. En Ia9b, il assista au combat de Dourleris , à la prise de Cambrai et aux autres campagnes qui précédèrent la paix de Vervins dont il fut un des négociateurs. Le prince de Chimay prit aussi une part considérable aux travaux des états généraux réunis en 1600 et aida de ses conseils et de son épée l'archiduc Albert pendant les campagnes de 1602 et de 1605. 11 se retira alors des affaires publiques et mourut en 1012. Il a laissé des mémoires pleins d'intérêt. Croy (Ferry de), comte du Rœulx, gouverneur de l'Artois, maréchal de l'ost, chevalier de la Toison d'or, fils de Jean de Croy, seigneur du Rœulx. 11 fut d'abord lieutenant de la bande d'ordonnance du seigneur de Chièvres et commanda cette bande de 1507 à 1309 sur les frontières du Brabant; il fut ensuite nommé capitaine d'une nouvelle bande formée de la moitié de la bande qui avait été celle de Jacques de Luxembourg, seigneur de Fiennes. Le fils du seigneur de Fiennes eut l'autre moitié. Ferry de Croy reporta sa bande à cinquante hommes d'armes; il commanda le corps de cavalerie des Pays-Bas qui prit part à la ligue de Cambrai. Après sa mort, arrivée en 1524, sa bande d'ordonnance fui donnée à son fils Adrien. croy (Adrien de), comte du Rœulx, seigneur de Beaurain, fils de Ferry qui précède, gouver- neur général de l'Artois, maréchal de l'ost, chevalier de la Toison d'or, chambellan de l'em- pereur Charles-Quint. Il succéda à son père dans le commandement d'une bande d'ordon- nance de cinquante hommes d'armes et de cinq cents archers. Adrien de Croy fit brillamment ses premières armes en 1521 pendant la campagne contre la France. 11 fut chargé de plusieurs missions diplomatiques et prépara le traité de Madrid si déloyalemcnt violé plus tard par François 1". 11 accompagna Charles-Quint dans toutes ses expéditions. Dans la campagne contre Soliman, en l.'i52, il se couvrit de gloire. Eu 1556, il était lieutenant de Henri de Nassau, et rendit des services signalés sur les frontières de France. Après la répression sévère que Charles-Quint exerça contre les Gantois, en 1540, le comte du Rœulx fut investi du commandement de la Flandre; ce fut lui qui fit élever la citadelle de Gand. La campagne de 1542 contre la France lui fournit de nouvelles occasions de déployer ses talents militaires et sa vaillance personnelle. Il défendit l'Artois avec énergie, infligea à l'ennemi plusieurs défaites et s'empara des meilleures positions. La guerre de 1552 contre la France fut la der- nière à laquelle il put prendre part; il allait terminer brillamment cette campagne par la prise de Ilesdin lorsqu'il succomba aux blessures et aux maladies qu'il devait à plus de trente années de guerres presque continuelles. Le comte du Rœulx mourut en 1555. Sa bande d'or- donnance fut donnée à son fils Jean. Croy (Jean de), seigneur de Beaurain, puis comte du Rœulx, fils du précédent, gouverneur et capitaine général de la Flandre, chevalier de la Toison d'or; il fut capitaine de la bande d'or- donnance que son père avait commandée. Après sa mort, arrivée en 1581 , cette bande fut donnée à son frère Eustache de Croy, comte de Meghen, qui était lieutenant de la bande et portait alors le nom de seigneur de Grecque. croy (Eustache de), seigneur de Creequc, puis comte du Rœulx en 1581 après la mort de son frère Jean de Croy qui précède, et comte de Meghen, etc., pair et panetier héréditaire du comté de Hainaut, gouverneur de S'-Omcr. Il était lieutenant de la bande d'ordon- nance de son frère et en devint ensuite le capitaine. Il mourut en 1609, sans laisser de pos- térité. Croy (Eustache de), comte du Rœulx, gouverneur de Lille, fils de Claude de Croy, seigneur de SUR LES OFFICIERS DES BANDES D'ORDONNANCE. 201 Grecque, commandait une bande d'ordonnance. A sa mort, arrivée en 1653, sa bande passa au comte de Mérode d'Ongnies, ou plutôt à son fils Ferdinand Lamoral, comte du Rœulx, qui mourut en 1700. de l'Over-Yssel, chevalier de la Toison d'or. II reçut le commandement de la bande d'ordonnance devenu vacant par la mort de Jacques de la Cressonnières. Georges de Lalaing se distingua dans les guerres des Pays-Bas. 11 embrassa d'abord le parti des confédérés, mais, séduit par Philippe II, il abandonna les rangs où il avait servi avec distinction et devint même l'un des ennemis les plus acharnés des confé- dérés, sur lesquels il remporta quelques avantages. Il mourut en 1581. Lalaing ( Charles de), comte de Hoogstraeten après son neveu, baron de Hachicourt et de Montigny, grand bailli et capitaine général du Tournaisis et de l'Artois, chevalier de l'ordre de la Toison d'or, fils puîné d'Antoine qui précède. H commandait une bande d'ordonnance en 1GV24. Il mourut en 1626. Lalaing ( Albert-François ) , comte de Hoogstraeten, fils de Charles qui précède; gouverneur et capitaine général de l'Artois, colonel d'un régiment d'infanterie de hauts Allemands, il commandait une bande d'ordonnance en 1044. SUR LES OFFICIERS DES RANDES D'ORDONNANCE 2(3 i.aiaing ( François-Paul ? ) , comte de Hoogstraeten, commandait une bande d'ordonnance qui passa en 1604 au baron de Silly (c'était peut-être le fils du précédent). La :Marck (Éverard de ). Voir trmbcrs. i.ancet (le seigneur de), gentilhomme luxembourgeois, enseigne de la bande d'ordonnance du comte de Mansfelt. i.anno) (Charles, comte de) , prince de Sulmonc, vice-roi de Naples, chevalier de la Toison d'or; il eut, en partage avec le comte de Hoogstraeten, une des huit bandes d'ordonnance qui existaient en 1522. Charles de Lannoy mourut en 1527. Lannoy ( Baudoin de), seigneur de Molembaix et de Solre-le-Chàteau, fils de Gilbert de Lannoy ■> seigneur de Saintes et Beaumont, gouverneur de Lille, chevalier de la Toison d'or. Il fut chevalier, conseiller, chambellan et conducteur d'une des douze bandes d'ordonnance de cent lances et de trois cents archers du duc Charles le Téméraire; le seigneur de Molembaix s'empara de la ville de Gamaches en Picardie et fut tué en 1474. Sa bande passa sous le commandement de Jacques Galliot. lannoy (Jean de), seigneur de Molembaix , de Solre, etc. , fils de Philippe et arrière-petit-fils de Bauduin qui précède; grand bailli et capitaine général du comté du Hainaut, chevalier de la Toison d'or, chef et capitaine d'une bande d'ordonnance qui, après sa mort, arrivée en 15G0, fut donnée à son gendre , Jean de Glymes , marquis de Berghes. Lannoy (Fernand de) , seigneur de la Roche, était en I 572, capitaine d'une bande d'ordonnance. Lannoy (Philippe de), seigneur de Beauvoir, frère puîné du précédent, fut capitaine d'une bande d'ordonnance de trente hommes d'armes et de soixante archers. Il mourut en 1580. unnn; (Guillaume de), seigneur de Wasmes, fils de Jacques de Lannoy de la Motterie, était, en 1024, lieutenant de la bande d'ordonnance du comte de Barbançon et il la conduisit au siège de Bréda. Lannoy (Adrien de), seigneur de Wasmes après son frère qui précède. Etait, en 1602, lieute- nant de la bande d'ordonnance du comte de Barbançon. i.ohto (Hubert), seigneur de la Ceulle, était, en 1476, conducteur d'une bande décent lances de l'ordonnance de Charles le Téméraire. Leveon (de Bousanton). Voir Bousanton. Licques était en 1537 lieutenant de la bande d'ordonnance du duc d'Arschot. i.iecieucrke (Antoine de Gavre de ). Voir de neuie. Mcdekerkc (Adrien de). Voir Keaurleu. i.ie■<)■■■ (Quentin de La Baume, seigneur du mont de) , était conducteur d'une compagnie de cent lances de Charles le Téméraire et fut tué à Granson en 1476. Salnt-soriin (Claude de la Baulme, seigneur du mont), bailli d'Aumont, était, en 1550, capi- taine de cinquante lances de l'ordonnance de Charles-Quint. galazar (Jean de), seigneur de S'-Martin, chevalier, conseiller d'État, chambellan, était capi- taine d'une des douze compagnies de cent lances des ordonnances des archiducs d'Autriche en 1483. (Voirn" 9116 des inventaires des Archives du royaume.) saiienone (Antoine de) était en 1 470, conducteur d'une des bandes de cent lances d'ordon- nance de Charles le Téméraire. saveusex (Charles de), seigneur de Samerain Molin , chevalier, était, en 1478, capitaine de vingt-cinq lances de l'ordonnance de Maximilien. Mavoie (Emmanuel Philibert, duc de), fils de Charles III, duc de Savoie, chevalier de la Toison d'or, succéda à la reine de Hongrie dans le gouvernement général des Pays-Bas; il figure comme capitaine d'une bande d'ordonnance de cinquante lances. Pour recouvrer ses états envahis et occupés par les Français, il s'était mis au service de l'Empereur, son oncle, et avait, avec une bravoure éclatante, fait les campagnes d'Allemagne et de Flandre. Il était général des troupes impériales au siège de Metz. Philippe II le désigna, en 1555, pour succéder à la reine Marie de Hongrie dans le gouvernement général des Pays-Bas. Il commandait l'armée hispano-belge à la bataille de S'-Quentin. Étant rentré en possession de ses États patrimoniaux par le traité de Câteau-Cambrésis, il quitta les Pays-Bas en 1559. Serleourt était lieutenant de la bande d'ordonnance du marquis de Varenbon en 1G24. sevcnbergiicn (le baron de), voir Charles de i.igne-Arenberg, était, en 10 12, capitaine d'une bande d'ordonnance des archiducs Albert et Isabelle. silly (le baron de) reçut, en 1664, la bande délaissée par le comte de Hoogstraeten. «oignons (Louis , vicomte de), était conducteur d'une des douze bandes d'ordonnance de Charles le Téméraire. Boissons (Wallerand de), seigneur de Moreul, chevalier, conseiller, chambellan du duc de Bour- gogne. Il fut conducteur d'une compagnie de cent lances et de trois cents archers de Charles le Téméraire (c'est peut-être le même que Louis qui précède). soissons (Louis de) reçut le commandement de la bande de cent lances que son frère Wallerand avait commandée précédemment. Il eut pour successeur Philippe de Loyettc. soire (le comte de). Voir Philippe de Croy. Somme (Olivier de) était conducteur de cent lances des ordonnances de Charles le Téméraire en 1476. Htael (Henri de) Holstcin était, en 1557, guidon de la bande du comte de Meghen. ftitienbreuguc était lieutenant de la bande d'ordonnance du comte de Hoogstraeten en 1624. SIR LES OFFICIERS DES BANDES D'ORDONNANCE. 225 ralliant (Louis) était, en 1470, conducteur d'une bande de cent lances des ordonnances de Charles le Téméraire. Terbeur (de) était lieutenant de la bande d'ordonnance du comte de Boussu et la conduisit, en 1624, au siège de Bréda. Teuriay (le seigneur de), gentilhomme brabançon , guidon de la bande d'ordonnance du prince d'Orange. ■ imuazar de Capoue commanda la bande de cent lances des ordonnances qu'avait commandée Jean de Longueval. m n (Antoine, seigneur de), était, en 1602, guidon de la bande d'ordonnance du comte de Solre. Truzegnics (Gillon Othon, marquis de), seigneur de Selly, etc., gouverneur général de l'Artois el du Tournaisis, fils de Charles, premier marquis de Trazegnies, sénéchal héréditaire de Liège. 11 fut capitaine d'une bande d'hommes d'armes. Trazegnies (Eugène-Francois-Charles), fils aîné du précédent, seigneur de Selly, etc., pair de Hainaut, sénéchal héréditaire de Liège, fut capitaine d'une bande des ordonnances et mourut en 1688. Trelon. Voir I! I uni de mois. T'Serrate (le seigneur de), gentilhomme namurois, guidon de la bande d'ordonnance du mar- quis d'Havre. Tureh (Hubert.) était lieutenant de la bande d'ordonnance du comte Henri de Nassau. U. unie (le seigneur d'), gentilhomme d'Artois , enseigne dans la bande d'ordonnance du comte du Rœulx. »al (le baron du). Voir Jacques d'ostrel. vaipcrgue (Aimé de), écuyer, reçut le commandement de la bande de cent lances des ordon- nances de Charles le Téméraire, qu'avait eu précédemment Jean de Lalaing. Il fut remplacé plus tard par son frère Hardevin qui suit. vaipergnc (Hardevin de) remplaça son frère Aimé dans le commandement d'une bande de cent lances des ordonnances de Charles le Téméraire. l'on l.jere (Jean). Voir I-yere. van Kossem (Martin), seigneur de Pondroy, bâtard de la maison de Clèves, fut d'abord maré- chal du duché de Gueldre, et se distingua tellement par sa valeur dans plusieurs rencontres avec les troupes impériales que, après la réduction de la Gueldre, Charles-Quint lui donna, en 1545, une bande d'ordonnance de trente hommes d'armes. En 1551, il fut chargé par le gou- 226 iNOTICES BIOGRAPHIQUES vernement des Pays-Bas de commander un corps de troupes destiné à couvrir les frontières du Luxembourg contre les entreprises des Français. Il mourut de la peste à Anvers en 1355. Après sa mort, sa bande lut donnée à Charles de Brimeu, comte de Meghcn, qui la quitta en 1568; elle passa alors à Jean de S'-Omer. raranbon (le marquis de), Christophe de Rye la Palu était, en 1624, capitaine d'une bande d'ordonnance. vère (le seigneur de la). Voir Adolphe de Bourgogne. »ore (le marquis de la). Voir Maximilien de iiourgogne. tergy (Claude de), baron de Champlilc, gouverneur de la Bourgogne, chevalier de la Toison d'or, fut, d'après Strada, capitaine d'une des bandes d'ordonnance à l'époque de l'abdication de Charles-Quint. Il mourut en 1560. »ergy (Guillaume de) était conducteur d'une bande de cent lances des ordonnances de Charles le Téméraire en 1 476. Tergy (Guillaume de) était, en 1505, capitaine d'une bande de trente lances et de soixante archers des ordonnances de Charles-Quint. Teriaing (les seigneurs de). Voir iiousie». Tlaene (le seigneur de). Voir Brederode. vianen (le seigneur de) était lieutenant de la bande d'ordonnance de Philippe de Clèves. A la mort de ee dernier, le seigneur de Vianen eut le commandement de la moitié de la bande. viesvlile (Jean de la), chevalier, conseiller, chambellan du duc de Bourgogne. Il fut un des pre- miers conducteurs des bandes d'ordonnance de Charles le Téméraire. — C'est lui qui est désigné dans les mémoires d'Olivier de la Marche par le litre de bailli de S'-Quentin. » Main (Maximilien). Voir de bami. * niai noui Voir jiuiicoui i Tille (le baron de) était, en 1575, capitaine d'une bande d'ordonnance. »nn<-.« île seigneur de). Voir Jean de Carnin. TiHqae (Jacques de), comte de S1- Martin, chevalier, conseiller et chambellan, était conducteur d'une des douze compagnies de cent lances de Charles le Téméraire et fut tué à Granson. Troiant (Jacques, seigneur de), chevalier. 11 était, en 1478, capitaine de vingt-cinq lances de la bande du seigneur de Bcveren (Luxembourg). Troyiani (le comte de). Voir le seigneur d'Erin. W. waha (Henri de), seigneur de Grainchamp, fils de Claude, seigneur de Baillonville , porte- enseigne de la bande d'ordonnance du duc d'Arschot en 1522. Waha (Jean-Philippe) était lieutenant de la bande d'ordonnance du comte d'Isenghien , en 1624, et la conduisit au siège de Bréda. TTaihain (le comte de). Voir Jean de Bergbes. Wambercbles (le seigneur de). Voir Hennin. wariuzei (Adrien, seigneur de), chevalier, était enseigne de la bande d'ordonnance du prince de Ligne et de celle du duc de Savoie en 1562. SUR LES OFFICIERS DES BANDES DORDONNANCE. 227 warom (le seigneur de). Voir Mérode. wasmes (le seigneur de). Voir Adrien de lannoy. ivecmon (le seigneur de), gentilhomme namurois, était enseigne • » 4 9 20 .. » » 7 8 19 » » » 1 4 5 2 1) » Charles de Hallewin, seigneurd'Unlkerke 2 4 4 6 » » Y ranke, seigneur de Moerkerke . . . 2 1 4 1 B » Guy de Ghistelles, seigneur d'Axelles . 2 3 » 1 » » Louis de Flandres, seigneur de Praet . 2 4 11 » » » Guillaume, seigneur de Heulc .... 1 4 7 2 » » Thiry de Hallewin » » »' • 1) S 92 111 216 54 1 ANNEXES. 251 ) | n NOMS DES FIEFFÉS. S -a 1 B ï 1 a 5 a c Observations. 92 141 246 54 i >. Philippe, seigneur de Maldeghem. . . i 2 1 31 » " Jacques de Ghislelles, seig.de Dudzellcs 1 16 15 » » » Simon de Rochefay, bailli de Berghes- S'-W 9 39 37 » „ » 12 8 21 30 37 58 20 • 8 1 11 10 » » » Marc de Montmorency, seigneur de Mo- 7 6 32 19 23 35 1 6 ■ Philippe de Lannoy, seigneur de Fantes. 12 26 39 5 3 " Antoine, seigneur de Rosembois . . . 3 20 9 » » •• S6 9 239 33 217 32 37 4 ,, " Deut coutilliers à cheval. Jean, seigneur de Licques Jennet de Saveuses, seigneur de Sanye. 9 42 45 10 » ' Ua trompette, un couleuvrinier. Jean de Neufville, seigneur de Boulers . 24 111 120 45 » " l'n trompette, un poursuivant. Philippe, seigneur de Humierez . . . 2 22 17 » » 0 Allard, seigneur de Rabodenghes. . . 11 38 31 27 » » Un trompette, neuf coutil 1. à cheval. Nicolas de S,e-Aldegonde 11 35 37 » » » Un trompe lie, deux coulill.a cheval. Jean de Longueval, seigneur de Vaulx . 16 114 38 3 » •• Quatre coutilliers à cheval. 10 47 45 9 » i Un trompette. 51 187 203 13 » » Trois coutilliers. Philippe de Bourbon, seig. de Duisans. 14 48 55 7 » » Antoine Doingnies, seigneur de Bruay . 1 5 9 » » • Lyonnel Doingnies, bailli de Hesdin . . 3 9 15 4 » " Un coutillier. N. de Chastillon, seig. de Dompierre. . 2 14 » » » » i Jean de Croy, seigneur de Roulx . . . 17 108 42 » » » 10 42 71 8 1) » 23 98 208 D » » i i Ph. de Noyelles, châtelain de Longhe . 10 34 72 4 » » 1 Jean de Bournonville, seig. de Hourice . 13 53 53 » » » 1 Martin, dit le Bon, de Rely 3 16 » » » » 3 20 18 » » » Percheval, seigneur de Bellefourière. . 3 19 31 » » » , Pierre de Money, seigneur de Montcaurd. 10 43 5'» • » » j 4 37 29 » » » Pierre de Reisse, seig. de le Hargine . 4 24 33 » » » 11 89 13 » • » Baudrain Desne 4 20 20 5 0 » Guy de Brimeu, seig. de Humbercourt . 85 20 96 36 127 87 11 29 0 Il y a»att île* creaer[uioiL'rs et des demi lances. 22 77 132 14 " " 556 2214 2396 311 10 8 232 • AiNN'EXES. NOMS DES FIEFFES. Report Jacques, seigneur de le Hameide. . . Jean de Trazegnies Jean de Lannoy, seigneur de Maingo. . Guillaume de Failly, seig. de Bruissart . Antoine de Croy, seigneur de Sempy. . Comle de Roussy Comte de Veande Philippe Bâtard de Brabant, seigneur de Ciubecque Philippe île Berghes Comte de Saulme Simon de Boichefay Jean de Rabodenghes, seig. de Boucourt. Philippe de Wavrin, seig. de S'-Vinant . Jean Colpin Guillaume de la Marche Marquis de Rothelin Richard de Mérode, seig. de Houfalise . Louis-Ëverard de la Marche Philippe de Croy, seigneur de Quiévrain. Louis l'iunoc Adrien de Mailly, seigneur de Conty . . De Gastbecque De Ravestain Jean de Wisse de Grevillez Didier de Heyst , m1 de Gueldre . . . Total Seigneurs Total général . . . 556 7 6 5 1 22 21 52 5 16 32 9 1 18 1 20 29 28 2214 28 45 6 a 189 ■29 39 20 s 41 9 74 98 17 03 50 95 ) 305 40 14 1081 88 1169 3716 2396 28 20 NS 12 10 40 8 67 9 21 192 116 59 22 192 331 12 311 11 31 13 2 Observations. 10 526 I 3716 | 3302 526 Deux cuutilliers. 10 10 ANNEXES. 255 V. (Cette ordonnance confirme celle de Charles-Quint du '21 février 1552, déjà publiée le 12 octobre 11317.) (21 avril 1561 (21 février 1552, n. s.), MS. de la Bibliothèque de Bourgogne, n° 12895.) Philippe, par la grâce de Dieu, etc. Comme feu de très-haute mémoire l'Empereur Charles-Quint, monseigneur et père (que Dieu absolve), désirant mettre ordre à la lionne style, conduite et discipline militaire de ses bandes d'ordonnance s'élevant au nombre de trois mille chevaux. Ci-devant au mois de février 1500 cinquante un fait dépêcher et publier certaine ordonnance selon lesquelles les gens d'armes d icelles bandes se devront dès lors en avant styler et con- duire durant leur service et retenue comme appert par les patentes sur ce dépêchées dont la teneur s'ensuit de mot à autre, Charles, etc. Comme pour pourvoir à la seurté et défense de nos pays et frontières de par deçà nous avons ordonné et décrété lever et mettre sus et entretenir certaines bandes et ordonnances de gens de guerre à cheval s'élevant au nombre de trois mille chevaux avec chefs et capitaines ayant charge de les mener, conduire et toujours tenir prêts bien montés, armés et en point pour en cas de besoin le requerra, et désirant que durant leur service et retenue ils puissent vivre et être traités gracieusement sans composition ou exaction, aussi que de leur côté ils se gardent de fouller, manger et travailler nos sujets de ville et plat pays, avons par bons et mûrs avis et délibé- ration de notre très-chère et très-aimée sœur la reine douairière de Hongrie de pour nous régente et gouvernante en nos pays de pardeça et des états des trois ordres et d'autres bons personnages eux connaissant au fait de guerre, ordonne et statue, ordonnons et statuons les points et articles qui s'ensuivent : premier que lesdits chefs et capitaines de nosdites ordonnances seront tenus servir, montés et armés comme il appartient continuellement là et aussi que par nous ou notre dite sœur la reine leur sera ordonné et à cet effet auront à assembler leurs bandes en dedans les tems convenables selon que leur sera ordonné et toujours les avoir et tenir prêts pour les faire tirer celle part que leur sera commandé, et de ce feront se bon devoir que nosdits pays par leur faute et négligence ne tombent en inconvénient que lesdits gens de guerre en passant monstre seront tenus de jurer ce que s'ensuit: Vous jurerez Dieu notre Créateur et sur la dam- nation de votre âme que premièrement fidellement et loyalement envers et contre tous et obeyirez au commandement de vos capitaines et suiverez l'enseigne et que ne partirez de vos bandes ou de votre garnison sans le sçu, gré et passeport de vos capitaines ou de son lieu- tenant ou de celui qui en son absence aura la charge de la bande à peineque si étiez partis sans avoir eu votre passeport, seriez punis comme parjures et desobéissants. Et si jurez aussi que chevaux et harnais sont à vous et que n'avez rien d'emprunté par voie directe ni indirecte suivant lequel serment voulons et ordonnons que lesdits gens de guerre seront tenus d'obéir à leurs chefs et capitaines et, en leur absence, à leur lieutenant porteur d'enseigne et guidon, tant pour tenir guet et gardes qu'autrement en tout ce que leur commanderons et. qui touche leur charge. Que quand on fera marcher lesdits gens de guerre assemblés d'un pays en l'autre 234 ANNEXES. pour noire service, ils seront lous tenus aller ensemble sous leurs enseignes et par le grand et commun chemin sans eux écarter, mais loger selon que leur sera ordonné sur peine de la vie. Aussi seront tenus de eux loger es lieux et places selon leurs gîtes se donneront, ayant regard au chemin que raisonnablement se devront faire, selon la saison de l'année, sans faire petites ou grandes journées pour supporter l'un lieu plus que l'autre du logement desdits gens de guerre, et sans en ce avoir respect à personne qui soit à peine que si en ce faute soit trouvée se prendra aux capitaines, et ceux qui conduiront lesdits gens de guerre. Défendons aussi à tous fourriers et autres sur la peine de la harlde point prendre argent ni autres bienfaits pour supporter un lieu, maison ou personnage et faire loger les gens de guerre des autres lieux : Que lesdits gens de guerre allant par les champs ou étant.... (Le reste comme l'ordonnance du 12 octobre 1547.) ... Et ce soit que naguères les états généraux de nos pays de par deçà aient acecordé de four- nir au payement et traitement ordinaire de semblables trois mille chevaux ordonnés et rangés en quatorze bandes pour être employés à la garde, préservation et défense d'iceux pays pour le tems et terme de huit ans, lesquels doivent prochainement passer à monstres, savoir faisons que ce considérant et voulant aussi de notre part donner tout bon ordre que durant le service et retenue desdits gens de cheval, iceux puissent vivre et être traités gratieusement sans de leur côté fouller, manger et travailler nos bons et loyaux sujets tant es villes que au plat pays, avons par la délibération de notre très-ehère et très-aimée sœur la duchesse de Parme et Plai- sance, pour nous, régente et gouvernante de nos pays de par deçà, ordonné et statué, ordon- nons et statuons par ces présentes que l'ordonnance de feu monsg. et père ci-dessus insérée sera entretenue, observée et ensuivie en tous et quelconques de points et articles selon la forme et teneur, et ce par manière de provision et jusqu'à ce que ayant avec meilleure opportunité fait . . . icclle de par nous autrement en sera ordonné, ordonnant et commandant par ces présentes bien expressément aux capitaines , hommes d'armes et archers desdites bandes et tous autres que pourra toucher de se régler et conduire selon et ensuivant le coutume de l'ordonnance susdite sans aucune faute, contredit ou difficulté, ce donnons en mandement à nos amis et féaux les chefs présidents et gens de nos privé et grand consaulx, etc., etc. Donné à Bruxelles, le 21 avril 1561. VI. Commission de chef et capitaine d'une compagnie de cinquante hommes d'armes et de cent archers à cheval, donnée au prince d'Orange par l'Empereur. (■12 avril 135i) Charles, etc., etc. A tous ceux qui ces présentes verront, salut. Comme tôt après le trépas de feu notre cousin le prince d'Espinoy, nous avons accordé la bande d'ordonnance de trente hommes d'armes et soixante archers qu'il voulait avoir sous sa charge et conduile à notre très-cher et féal cousin, conseiller et chambellan, messire Guillaume de Nassau, prince d'Orange, etc., à charge d'ac- ANNEXES. 23a croître ladite bende de vingt hommes d'armes pour icelle bende augmenter jnsques au nombre de cinquante hommes d'armes et cent archers; et il soit que depuis nostre dit cousin le prince d'Orange ait accepté ladite bende et icelle accrue et augmenté desdits vingt hommes d'armes, par quoi soit besoin lui en faire dépêcher lettres, patentes de retenue en tel cas pertinentes; savoir faisons que ce considéré et pour la bonne connaissance qu'avons des vertus, prudence, dextérité, vaillance et expérience en fait de guerre de nolredit cousin le prince dOrange, nous, icellui, confiant à plein de ses loyauté cl bonne diligence, avons retenu, commis, ordonné et établi, retenons, commettons, ordonnons et établissons par ces présentes, chef et capitaine de cinquante hommes d'armes et cent archers à cheval de nos ordon- nances, avec deux trompettes et un messager au lieu de l'une d'icelles assavoir : lesdits trente hommes d'armes et soixante archers de la charge dudit feu prince dEspinoy, et lesdits vingt hommes et cinquante archers que par notre dite ordonnance il v a ajouté de crue, en donnant audit prince d'Orange plein pouvoir, autorité et commandement spécial de continuer en notre service, sous sa charge et conduite de trente hommes d'armes et soixante archers de la charge dudit feu prince d'Espinoy, ensemble lesdits vingt hommes et quarante archers de crue, montant audit nombre de cinquante hommes d'armes et cent archers ou retenir autres étant sujets et résidans en nos pays de par deçà; prenant les plus gens de bien, aguerris et qualifiés qu'il pourra recouvrer et continuant ou choisissant un lieu- tenant, un porteur d'enseigne et un porteur de guidon, lequel son lieutenant aura passés quatre archers sujets; et auxdits porteurs d'enseigne et guidon à chacun d'eux seront aussi passés deux archers sujets; si avant toutefois que lesdits lieutenants porteurs d'enseigne et guidon et chacun d'eux outre les trois chevaux que comme homme d'armes ils sont tenus d'avoir, ayent lesdits archers sujets montés, armés et duement en point. En outre donnons pouvoir à notredit cousin le prince d'Orange et à sondit lieutenant en son absence de, avis lesdits hommes d'armes et archers, nous servir et entendre à la conservation de notre hauteur et autres nos droits et à la défense de nosdits pays et sujets de par deçà et au reboutement de nos ennemis, et de pour ce mener et conduire nosdits gens de guerre et aussi les tenir en gar- nison et autres lieux que par nous et de notre part, lui sera ordonné, de avoir commandement sur lesdits gens de guerre de sa charge; punir ceux d'entre eux qui lui seront désobéissants et défaillants, ou faisant aucunes foulles, excès ou mangerics, selon l'exigence de leurs mésus, et, s'ils le méritent les casser et rayer de nosdites ordonnances et en leurs lieux pourvoir et com- mettre d'autres, toutes et quantes fois que besoin sera et le cas le requerra si avant toutefois que ce soit gens doctes et expérimentées au fait de la guerre et sans qu'il pourra mettre aucuns de ses gens et serviteurs, s'ils ne se trouvent actuellement avec la compagnie es lieux de leur garnison et service; et faire au surplus tous ce entièrement que bon et leal chef et capitaine susdit peut et doit faire et que audit état compète et appartient, et ce aux gages et pension de douze cents florins Carolus par an, outre et pardessus tous autres traitements et bienfaits qu'il peut avoir de nous; sondit lieutenant à la pension de deux cent cinquante carolus par an cl lesdils porteurs d'enseigne et de guidon à la pension de cent vingt-cinq carolus à chacun d'eux, aussi par an outre et par dessus leurs lances d'hommes d'armes de nosdites ordonnances duement montés et armés de trois bons chevaux, leurs archers sujets et autres au nombre que dit est; lesquels hommes d'armes auront chacun quatorze patars de gages par jour et les archers montés chacun d'un bon cheval et duement armés et les trompettes auront de gages chacun six patars par jour, bien entendu que lesdites trompettes et chacun d'eux auront paye 236 ANNEXES cl demi d'archer : à commencer lesdits traitements, giiges et pension avoir cours, assavoir : pour ledit chef et capitaine, dès le jour qu'il aura accepté ladite charge et les traitements, pension et gages desdits lieutenants, porteurs d'enseigne et de guidon, dès que ledit prince d'Orange les aura retenus sous sa charge. Et quant auxdits trente hommes d'armes, soixante archers et trompettes, ayant regard que la bende dudit feu prince d'Espinoy n'a été cassée, seront conti- nués et pavés de trois mois en trois mois, comme autres gens d'armes de nos ordonnances. Et les "a<*es et traitements desdils vingt hommes d'armes et quarante archers de crue, commenceront avoir cours dès le jour de leur première monstre et dès là en avant tant et si longuement qu'il nous plaira; desquels gages, traitements et pension ils seront payés et contentés parles mains de l'un de nos trésoriers des guerres qu'il appartiendra et des deniers que pour ce lui seronl ordonnés en déduisant sont droit du centième et au surplus aux honneurs, droits, libertés, fran- chises, profits et émoluments accoutumés et y appartenant :sur quoi il sera tenu faire le serment pertinent es mains de noire très-chère et très-aimée sœur la reine de Hongrie, pour nous récente, etc., etc., que commettons à ce. Si donnons en mandement auxdits porteurs d'enseigne et guidon, hommes d'armes et archers que icellui prince d'Orange, en son absence sondit lieu- tenant ils connaissent dorénavant pour leur capitaine et à lui et à ses commandements, es choses concernant et dépendant dudit état obéissent comme à nous. Mandons en outre à notre lieutenant ou capitaine général et à tous autres capitaines et gens de guerre de cheval et de pied et à tous autres nos justiciers et sujets eui ce regardera et à chacun deux endroit soi et si comme à lui appartiendra, que dudit état de capitaine et des honneurs, libertés, franchises, profits et émoluments susdits ils fassent, souffrent et laissent notredit cousin le prince d'Orange et en son absence, sondit lieutenant plainement et paisiblement juoir et user et à nos amés el feaulx les chefs, et commis de nos domaines et finances que par l'un de nosdits trésoriers des "uerre qu'il appartiendra, ils fassent payer, bailler et délivrer à notredit cousin le prince d'Orange, sondit lieutenant, porteurs d'enseigne et de guidon, aux hommes d'armes, archers et trompettes et à chacun d'eux leurs gages et pensions dessus déclarées à commencer avoir cours et tant qu'il nous plaira comme dit est : auquel notre trésorier des guerres qu'il appar- tiendra, mandons, par cesdites présentes, ainsi le faire et par rapportant cesdites présentes, vidimus ou copies autentiques d'icelles pour une et la première fois et pour tant de fois que mesliersera, quittance suffisante des payements desdits gages, pensions et traitements, selon et en la manière dite, ensemble les rôles des monstres, et revues desdits gens de guerre vérifiées et signées comme il appartiendra, nous voulons tout ce que payé aura été à ladite cause être passé et alloué es comptes et rabattu de la recette de celui de nos trésoriers des guerres qu'il appartiendra et payé l'aura, par nos amés et féaux les présidens et gens de nos comptes à Lille, auxquels mandons semblablement aussi le faire sans difficulté, car ainsi nous plaît-il. Donné à Bruxelles, le 12 avril 1554. (Minute aux Archives du royaume. — Lettres de el à Guillaume de Nassau, t. Ht. — Registre aux patentes de guerre de 1551 à 1558, f° 342 V.) ANNEXES. 257 VII. Commission de chef de cinq compagnies de yens de cheval donnée par l'Empereur au prince d'Orange. {•2-2 juin 1554.) De par I'Empereir, A nostre très-cher et féal cousin, conseiller et chambellan, messire Guillaume de Nassouw, prince d'Orange, conte de Nassouw, de Bueren, etc. salut. Savoir vous faisons, que, pour la meilleure conduicte et ordre d'aucunes bandes de gens de cheval que faisons présentement marcher vers nostre armée, pour les employer où il conviendra pour nostre service, vous avons retenu et commis, retenons et commectons par ces présentes, pour avoir icelle conduicte et charge, comme chief des bendes qui s'ensuyvent assavoir : de celle de nostre cousin le seigneur de Brederode, la vostre, de celle du baron de Zwartscmburg, Rosemberghen et de Hans Van Bueren, en vous donnant plain povoir et mandement espécial d'avoir soigneulx regard sur la conduicte d'icelles bendes , deffendre et interdire aux capitaines et leurs lieutenans de ne donner congié à aucuns sans vostre sceu et au surplus de mener et employer en vostre service soubz l'ordonnance et superintendance du chief et capitaine général de nostredicte armée au traitte- ment de vostre personne, de la somme de trois cens pbilippus de vingl-cincq pattars pièce par chaseun mois, à commencer avoir cours aujourd'huy, date de ceste, et durant tant etjusques à ce que de par nous autrement en soit ordonné; et à ceste lin, avons mandé aux chiefs desdictes bendes de vous obeyr et recognoistre leur chief, sur peine que ceulx qui feront le contraire seront par vous chastiez exemplairement : car ainsi nous plaist-il. Donné à Bruxelles le 22 juin 15ii4. (Minute aux Archives du royaume. — Lettres de el a Guillaume de Nassau, t. III. - Registre aux patentes de 1551 à 1558, f° 353 v°.) VIII. Commission de chef et général des vieilles bandes d'ordonnance et des six cent cinquante chevaux du comte du Rœulx donnée au prince d'Orange. (16 juin 1558.) Par le Roy, A nostre très-cher et féal cousin, chevalier de nostre ordre, conseiller et chambellan mes- sire Guillaume de Nassau, prince d'Orange, etc., salut. Comme pour tenir d'ores en avant en meilleur ordre, règle, gouvernement et discipline militaire noz gens de guerre, tant de cheval que de piet, nous ayons advisé et conclud de la Tome XL. 31 258 ANNEXES. faire ranger en divers regimens, et en donner la charge à aucuns personnaiges principaulx dé par deçà, pour les mener, conduire et employer en nostre service, là et ainsi que, de nostre part, leur seroit ordonné, scavoir vous faisons que ce considéré et nous confians entièrement et à plain de voz prudence, leaulté, dextérité, vaillance, expérience et bonne diligence, nous avons retenu, ordonné et commis, retenons, ordonnons et commettons par ces présentes chiefs et gênerai de nos vieilles bendes d'ordonnance de par deçà, ensemble de six cents cinquante chevaux estans soubz la charge de nostre cousin le comte du Rœulx en vous donnant plain povoir, auetorité et mandement spécial pour d'ores en avant avoir la charge principale des- dictes bendes, les tenir et faire tenir en bon ordre et justice, avoir et prendre soigneulx regard sur leur eonduicte; deffendre et interdire aux capitaines et leurs lieutenans de non donner congié à aucuns sans voslrc seeu , aussi de non licencieraucuns prisonniers, sans voslrc congié et au surplus avoir commandement sur eulx et leurs gens, et les mener, conduire et employer en nostredit service, selon et ensuyvant la charge qu'en aurez de par nous, comme dict est, au traictement, pour vostre personne de la somme de six cens livres, du pris de quarante groz de notre monnoye de Flandre, la livre; à quinze hallebardiers pour la garde de vostredicte personne, chascun paye et demye; à quinze gentilzbomraes , quinze livres, dudietpris chacun: à quatre trompettes, aussi quinze livres ehascun; à voire lieutenant cent semblables livres; au prevost, dix payes pour six chevaulx , assavoir : deux pour le chariot à mener malades et les autres quatre, les prisonniers et les fers, chascun cheval , à dix semblables livres : font soixante livres; à quatre sa hallebardière paye et demye chascun; à quatre ses stocknechls à chascun paye et demye; au clercq deux payes; à ung homme pour garder lesdicts prisonniers deux payes; au quartier maître ou marischal des logis dix payes; au chef du guet ou wachtmaistre ; dix payes; au pourvoyeur des vivres ou provantmaiestre, dix payes, et au wagemaieslrc aussi dix payes , le tout par mois , le mois compté à trente jours; à commencer tous les gaiges, traite- niens et souldes susdictes avoir cours danz le xxjnu' jour de ce présent mois de juing, et dès là en avant, tant que serez en campaigne avec lesdicles bendes, gentilzhommes, haulx officiers et autres ou jusques à ce que de par nous autrement en soit ordonné; a en estre payé par les mains de celuy des trésoriers cuice regardera et des deniers que pour ce luy seront ordonnez, auquel mandons par cesdites présentes ainsi le faire. Et en rapportant avec cesles, vidimus ou copie autentique d'icelles, votre quittance sur ce servant, ensemble le rolle des monstres signé et vériffié par nostre commissaire et de l'adjoin et des états généraux de noz pays de par deçà qu'il appartiendra, tout ce que par ledict trésorier aura esté payé à la cause dicte, sera passé cl alloué en la despance de ses comptes et rabattu des deniers de sa recepte là et ainsi qu'il appartiendra sans aucune difficulté, mandons en oultre aux capitaines, lieutenants por- teurs d'enseignes et aultres officiers des bandes susdictes qu'ils ayent à vous reeognoistre pour leur chief et gênerai et vous ohcyssenl en tout ce que leur commanderez pour nostre service, à paine que eeulx qui feront le contraire seront par vous châtiez exemplairement. Car ainsi nous plaist-il. Donné à Bruxelles le 16 juin 1558. Par le Roij : D'OvERLOEPE. 'Minutes el copies du temps aux Archhesdu royaume. — Lettres de et à Guillaume de Nassau, t. III I ANNEXES. 259 IX. Ordonnance touchant la règle , ordre cl conduite des bandes et ordonnances. (28 février 4561.) Philippe, par la grâce de Dieu, Roi de Castille, etc. , etc. Comme feu de très-haute mémoire l'empereur Charles-Quint, monseigneur et père (que Dieu absolve), désirant mettre ordre à la bonne si\ le, conduite et discipline militaire de ses bandes d'ordonnance s'élevantau nombre de trois mille chevaux ci-devant au mois de février 1551 fait dépêcher et publier certaines ordonnances selon lesquelles les gens d'armes d'icelles bandes se devront dès lors ici avant styler et conduire durant leur service et retenue comme appert par les patentes sur ce dépêchées dont la teneur s'en suit de mot à autres, Charles, etc. (suit l'ordonnance du 12 octobre 1547). Et ce soit que naguères les états généraux de nos pays de par deçà aient accordé de fournir au pavement et traitement ordinaire de semblables trois mille chevaux ordonnés et rangés en quatorze bandes pour être employés à la garde, préservation et défense d'iceux pays pour le tems et terme de huit ans, lesquels doivent prochainement passer à monstres, savoir faisons que ce considérant et voulant aussi de notre part donner tout bon ordre que durant le service et retenue desdits gens de cheval iceux puissent vivre et être traités gracieusement sans de leur côté, fouller, manger et travailler nos bons et loyaux sujets tant es villes que au plat pays, avons par la délibération de notre très-chère et très-aimée sœur la duchesse de Parme et Plai- sance, pour nous, régente et gouvernante de nos pays de par deçà, ordonné et statué, ordonnons et statuons par ces présentes que l'ordonnance de feu monseigneur et père ci-dessus insérée sera entretenue, observée et ensuivie es tous et quelconques ses points et articles selon la forme et teneur et ce par manière de provision et jusque à ce que ayant avec meilleure oppor- tunité fait icelle de par nous autrement en sera ordonné, ordonnant et commandant par ces présentes bien expressément aux capitaines, hommes d'armes et archers desdites bandes et tous autres que pourra toucher de se régler et conduire selon et en suivant le contenu de l'ordonnance susdite sans aucune. faute, contredit sa difficulté, ce donnons en mandement à nos amés et féaux les chefs, présidents et gens de nos privé et grand consaulx, etc., etc. Donné à Bruxelles, le 21 avril 15GI. (MS. de la Bibliothèque de Bourgogne, n° 12895.) X. Instruction et mémoire pour tous tes commissaires ordonnés à la prochaine monstre des compagnies , tant, d'hommes d'armes que chevaux légers étant au sermee du Rai, Monseigneur, auquel effet prendrez du contador Pedro de Coloma les rôles et listes de la dernière monstre des susdites compagnies. (Pour fan 1581.) Premièrement (') que procéder à ladite monstre, choisirez place de monstre la plus commode et sûre que pourrez aviser, prenant regard que le lieu soit enclos et serré tellement que les gens qui devront passer ne puissent entrer pour passer deux fois. 1 Avant. 240 ANNEXES. Ce qu'étant fait, ferez faire un cri et publication que s'il y a aucuns d'entre eux qui ne soient soldats sous la compagnie ou compagnies que devront donner monstre, qu'ils aient à se décla- rer et sortir promptcmcnt dudit lieu sans passer monstre à peine de la hart. En après, regardez bien et diligemment si lesdites gens de cbeval sont bien montés, armés et équipés, comme à l'état de la guerre appartient et selon leurs lettres de retenue. Et conséquemment prendrez leur serment que les chevaux et armes sont à eux et non empruntés directement ou indirectement. Vous ne passerez en nulle bande plus grand nombre de soldats que ne contient ladite retenue. Et ne passerez aussi nuls absents, soient hommes d'armes ou chevaux légers, encores que le capitaine ou officiers allégassent qu'ils fussent absents avec leur congé, vu que l'intention de Sa Majesté est de payer seulement les soldats qui seront actuellement et nuls autres. Comme aussi ne ferez bons nuls malades qui seront arrière de leur compagnies, soit aux villes ou ailleurs. Trop bien si par après nous appare de leur dite maladie et qu'ils aient servi après cette dite monstre, nous donnerons ordre que leurs payes leur soient faites bonnes comme de raison. Et pour autant que, nonobstant toutes les diligences jusques oires faites, nous entendons que ce sont commises et commettent plusieurs fraudes, signamment entre les naturels du pays, chose bien facile à faire vu le grand nombre d'iceux qui sont à la guerre, entre lesquels plu- sieurs du même pays se fourrent plus que jamais, au préjudice et desservice de Sa Majesté, faisant mettre sur les rôles personnes qui ne servent, par où est plus requis que jamais d'y pourvoir. A cette cause nous ordonnons bien expressément que vous mettez et couchez au rôle, non-seulement les noms, surnoms, lieu de naissance ou demeure des soldats, mais aussi toutes les notes et marques des personnes pour par après les reconnaître à l'œil, afin que personne ne puisse passer pour un autre, y ajoutant aussi les marques et poils de chevaux. L homme d'armes en ces ordonnances ne pourra avoir passé que trois chevaux, assavoir l'un pour lui, le second pour son page et l'autre troisième pour l'archer sujet. Le coustillier de l'homme d'armes à trois chevaux devra avoir une lance et être armé comme les archers de bande. Bien entendu toutefois que ne se passeront ou seront faits bons nuls che- vaux sinon ceux qui seront présents à la dite monstre et qui sont de service, encores que les hommes d'armes voulussent alléguer les avoir au logis ou que autrement ils fussent malades- Et en cette conformité si aucuns des susdits trois chevaux manquassent au dit homme d'armes, vous ne le repasserez. Et pour éviter les fraudes qui se font souvent au paiement, même à bailler les deniers à plus haut prix aux soldats que ne se baillent par Sa Majesté. Le vouloir et intention d'icelle est que le paiement se fasse manuellement parles trésoriers à chacun soldat sur table, tête à tête, leur déclarant à quel prix l'or et argent leur est baillé. Vous vous informerez bien diligemment si entre lesdites gens d'armes n'y a nuls mal con- ditionnés, homicides, banqueroutes ou autres étant en chasse de justice ou aucuns notés ou suspectés de hérésie, mutinerie, ou d'autres délits dont avertirez le capitaine pour y pourvoir selon qu'il trouvera convenir vous défendant de passer semblables personnes à monstre. Vous prendrez soigneux regard de voir l'adresse des hommes d'armes, archers, varlets ot coustilliers et à cette fin leur ferez courre leurs lances. Et si trouvez qu'il y eut aucuns qui ne fussent tant adroits aux armes, ni si bien adressés ANNEXES 241 comme il convient, vous leur direz qu'ils regardent d'apprendre pour à la première monstre ensuivante faire meilleur devoir,à peine, s'il y eut faute, d'être rayés ou cassés selon qu'il appar- tiendra. Le même ferez des chevaux légers retranchant partout les bagages superflus et les mettant en discipline militaire la meilleure qui sera possible. Laquelle monstre étant ainsi par vous prise, et avant que vous bouger de la table, vous prendrez par compte le nombre de soldats qu'aurez passés, et en donnerez déclaration au dit contador Coloma, afin que si par après l'on doive faire bons aucuns qui n'auraient passé soit pour avoir été absents ou malades, l'on y puisse avoir le regard qui sera trouvé juste et raison- nable. Et pour cette cause vous défendons de après la dite monstre prise ne faire bonne aucune place sans nôtre exprès commandement et congé. Finalement en ce que dit est et en dépend ferez tous les meilleurs devoirs et offices que faire pourrez, pour conserver le droit et faire le profit de Sa Majesté selon la confidence (confiance) que icellc et nous en avons en vous. Et au regard des gens de pied, on procédera à l'égard d'iceux par marque et enseigne en la forme et manière qui est dit ci-dessus. Vous regarderez que chacune enseigne soit fournie de son entier nombre, conforme à la retenue, et si ledit nombre ne fût complet, vous rabattrez le paiement à l'avenant, passant au capitaine, porteur d'enseigne et autres officiers de chacune enseigne les payes à eux ordonnées selon le pied et liste sur ce dressée, dont vous sera baillé un double. Et s'il n'y a clerc de bande passé en ladite liste, vous en choisirez un entre ceux de ladite enseigne le plus qualifié que y trouverez faisant le semblable si vous y trouvez faute, d'aucuns autres officiers comme fourrier de bande ou autre ou en laisserez convenir aux capitaines. Tenant la main que les gouverneurs et capitaines des villes et forts ayant traitement ne prennent aucunes payes sous les enseignes et piétons tenant garnison esdits lieux, sauf les payes à eux ordonnées selon ladite liste et lesquelles payes se déduiront sur le traitement ordinaire à eux ordonné. Prenant bien étroitement regard que les gentilshommes et autres soldats auxquels on aura accordé certaines surpayes jouissent d'icelles selon ledit pied, sans que les capitaines les puis- sent aucunement distraire de l'un et donner à l'autre, et si besoin est, les prendrez à serment pour savoir s'ils jouissent des dites surpayes ou non. Et le même ferez aux hommes d'armes et chevaux légers. Aussi ordonnerez de par Sa Majesté auxdits capitaines de ne enrôler aucuns soldats entre deux monstres sans le su du gouverneur de la province ou du commissaire et les rayerez à la monstrer, sinon pour l'avenir. Plus le gouverneur de la place où se tiendra garnison pourra demander pour lui et le mar- graviat du lieu, copie du rôle de la monstre, afin que selon ce accommoder les logis, services, et que ne s'en demande pas davantage qu'il y a de personnes. Et au regard des morts, iceux seront payés jusques au jour de leur décès, en rapportant due certification des curé et autres officiers où ils seront décédés. Et en passant les dites monstres vous vous aiderez des rôles des dernières monstres, sans prendre nouveaux rôles que par les capitaines vous pourraient être exhibés. Et en faisant icellcs monstres admonesterez tant les capitaines, lieutenants et porteurs d'enseigne que les soldats sur le serment qu'ils ont fait à Sa Majesté de vous déclarer par ledit serment s'ils et 242 ANNEXES. chacun doux ont continuellement servi, si le nombre d'iceux a toujours été plein et quand aucuns sont morts ou cassés, combien de temps est depuis encouru avant que leurs places soient été remplies pour selon ce les faire payer et y garder le droit de Sa Majesté. Et qu'avant toute œuvre les hôtes ou hôtesses qui les auront acercu et fourni vivres soient des premiers deniers payés et contentés à l'avenant du payement et temps qu'ils recevront. Vous prendrez aussi le serment desdits piétons d'être bons et leaulx à Sadite Majesté, d'obéir à leur capitaine, qu'ils n'abandonneront leur enseigne ou le lieu de leur garnison sans congé et passeport de leur capitaine ou celui qui en aura la charge sur peine de la vie, confor- mément au serment qui vous sera délivré. Vous déclarerez aux piétons ayant double paye, en présence de leur capitaine, le traitement qu'ils ont et si ferez entendre aux simples payes, aussi présent leur capitaine, leur traitement et saurez d'eux s'ils le reçoivent, afin que l'on entende s ils servent pour moins. Et lequel traitement noterez sur votre rôle. Si ne passerez nuls qu'ils ne soient gens de défense embastonnés comme appartient, et dispos à servir sans passer aucuns inutiles et n'étant de service. Et du tout ferez dresser les rôles contenant au premier feuillet les noms et surnoms des capitaines, porteurs d'enseigne et autres officiers. En après les noms des gentilshommes et des doubles payes et armés, puis les noms des harquebousiers et eonséquemment les noms et surnoms de tous avec toutes les circon- stances susdites, notant en marge, sur chacun d'eux ce dont ils s'aideront, soit de piques, hallebardes, mousquets, arquebuses et autrement, avec lesdits traitements, lesquels rôles signerez à l'acquit du trésorier des guerres, pour selon ce faire le payement comme dit est. Vous enquerrez seinblablement bien et diligemment si entre lesdits piétons, n'y a nuls mal conditionnés ou autres étant enchâssés de justice, ou aucuns notés ou suspectés d'hérésies, mutineries ou d'autres délits extraordinaires comme dit est ci-dessus, au chapitre de la cava- lerie, dont avertirez les capitaines pour y pourvoir ainsi qu'il appartiendra. Pareillement défendrez auxdites gens de guerre, tant de cheval que de pied, bien expressé- ment et acertes de la part de Sa Majesté de faire aucunes foules, dommages ou mangeries aux sujets, ains que chacun ait à payer son hôte et hôtesse conformément à l'ordonnance sur ce faite, vivant et se conduisant de sorte que plainte raisonnable ne s'en fasse, et enchargerez les capitaines d'y tenir bon soin et regard, à peine de s'en prendre à eux. Et si l'on vous fit apparoir que aucuns eussent fait quelque foule, mangerie ou dommage à quelques sujets de Sa Majesté, nons voulons que la perte, dommage ou intérêt commis par iceux soit payé et réparé , et ladite perte et dommage défalqué sur le payement qui leur sera fait. Et comme les états ayent requis à Sadite Majesté de se servir des sujets d'icellc, lesquels ils consent entretenir au lieu des étrangers , vous aurez le regard et soin requis à ce qu'il soit à ce satisfait. Et pour ce que nous avons avisé et conclu de continuer et retenir es garnisons de par deçà quelques gentilshommes d'artillerie chacun à trois payes ayant enchargé à iceux de se tran- sporter et prendre résidence es villes frontières, vous regarderez de les faire recevoir es places à eux désignées, les faisant traiter et entretenir sous les enseignes et coucher au rôle au traitement desdiles trois payes à chacun d'eux. Et ce dois ' le jour contenu en l'ordonnance qu'ils en apporteront de nous. 1 Dès ANNEXES 245 Et advenant que vous trouvissiez les places toutes fermées, vous casserez les plus inhabiles à pouvoir faire service pour faire avoir place auxdits gentilshommes d'artillerie, à commencer du jour de la monstre, lesquels gentilshommes seront exempts de faire guet et jouiront des libertés, exemptions, franchises comme autres gens de guerre, à charge toutefois de tenir résidence ordinaire es dites villes, et prendre regard sur les artilleries et munitions y étant^ afin que le tout soit toujours en bon ordre et équipage pour s'en pouvoir servir au besoin ; mais devront obéir aux gouverneurs et capitaines pendant qu'ils y seront. Et néanmoins quand de notre part leur sera mandé ou enchargé aucune chose pour le fait de la dite artillerie, les- dits gouverneurs et capitaines ne leur pourront empêcher en obéir. Et davantage comme l'on ait trouvé convenable et bien nécessaire de entretenir en chacune desdites villes et places frontières un armoyeur et aussi une garde de munitions, vous regar- derez de à ce commettre tels que trouverez à ce les plus expérimentés et suffisants pour y rendre le devoir requis , lesquels auront chacun place de soldat avec une demi-surpaye et seront aussi affranchis de faire guet. A charge toutefois qu'ils seront tenus d'entretenir et garder respectivement les corselets , instruments de pionniers et toutes autres munitions de guerre en bon ordre et équipage pour s'en servir au besoin. Déclarant auxdits gardes des munitions qu'ils se devront dorénavant contenter de paye et demie et eux déporter de tout traitement qu'ils en ont eu auparavant et si avant que n'y trouvissiez aucuns idoines ' pour avoir la dite charge, vous tiendrez les places ouvertes, pour, de la part de Sa Majesté , y être pourvu tels que l'on trouvera convenir. Au surplus vous ferez en ce que dit est et que en dépend tout bon droit et diligence, selon que Sa dite Majesté se. confie en vous et que verrez convenir pour son royal service, sans excéder votre charge. XI. Lettres de lieutenant général des bandes d'hommes d'armes pour te capitaine Nicolas de Blyer, du 28 janvier iG'2\i. Isabelle Clara Eugenia, par la grâce de Dieu infante d'Espagne, Comme pour la défense des pays de par deçà en cas d'invasion d'ennemis, nous avons, au nom du Roy monseigneur et neveu, trouvé convenir de faire entre autres gens de guerre monter les bandes d'ordonnance d'hommes d'armes sous le commandement de notre cousin le prince de Barbançon et conséquenimcnt trouvé convenir d'ordonner et commettre quelques person- nages, idoine est qualifié pour sous ledit prince de Barbançon, notre lieutenant général des- dites compagnies d'hommes durant la présente occasion et expédition de guerre pour cette- cause nous confiant des cens, valeurs, expériences de Nicolas de Blyer , capitaine des chevaux cuirassiers entretenus en cette armée de S. M. aussi capitaine prevot, gruyer et receveur du château, terre cl seigneurie de Durbuj , même en considération des bons services et preuves ' Capables. n i ANNEXES de sa personne qui l'a ci-devanl rendue en diverses oecasions et exploits de guerre tant en qualité de capitaine d'arquebusiers à cheval que de chevaux cuirassiers, l'avons pour cette fois choisi et dénommé lieutenant général desdits hommes d'armes pour, en la dite qualité, faire sous ledit prince de Barbançon tout ce qu'un bon et léal lieutenant général peut et doit faire et que ladite charge compète et appartient aux gages de cinq cens livres du prix de 40 gros , monnaie de Flandre la livre par mois dont il sera payé et contenté par les mains des trésoriers à qui il appartiendra et des deniers qui pour ce lieu seront ordonnés à commencer aujourd'hui date de eestes et pour le temps que la présente occasion durera seulement, ordonnait et com- mandait auxdites bandes et compagnies d'hommes d'armes de le tenir et reconnaître pour lieutenant général de lui obéir en tout ce qu'en la dite qualité et sous ledit prince de Bar- bançon, il leur commandera pour le service de Sa Majesté. Fait à Bruxelles le 28™' jour de janvier 16-25. Signé : Ift. ISABELLE. Par ordonnance de Son Altesse : Verreyken. Les chefs, trésoriers général et commis des domaines et finances du Boi consentent et accor- dent autant qu'en eux le contenu accompli tout ainsi en la même forme et manière que Sa Majesté le veut Fait à Bruxelles au bureau des Finances, le dernier lévrier 1625. Signé : Comte de B. Warfusée. TABLE DES MATIERES. Préface • ' PREMIÈRE PÉRIODE. HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE DEPUIS LEUR CRÉATION PAR CHARLES DUC DE BOURGOGNE JUSQU'A LA MORT DE CE PRINCE. (1471 .1477.) CHAPITRE I". Histoire de l'organisation des bandes d'ordonnance sous Charles de Bourgogne. Création des bandes d'ordonnance 1 Organisation des bandes d'ordonnance 7 Constitution des cadres des bandes d'ordonnance 10 Du choix des hommes d'armes, archers, etc 15 De la solde des compagnies d'ordonnance 18 De l'administration 1*9 De la justice 20 Ordre dans les marches et au combat 22 CHAPITRE II. Histoire militaire des bandes d'ordonnance depuis leur création par Charles le Téméraire jusqu'à la mort de ce prince. (1472-1477.) § Ier. — Guerre contre la Fiance 23 § II. — Guerre contre la Gueldre 2(i § III. — Guerre contre l'évêque de Cologne 27 ij IV. — Guerre contre les Suisses 41 § II. s III. s IV. s V. § VI. § VII. § VIII Tome XL. 52 246 TABLE DES MATIÈRES. DEUXIEME PERIODE. HISTOIHE DES BANDES D'ORDONNANCE DEPUIS LA MORT DE CHARLES LE TÉMÉRAIRE IUSQU X L'ORGANISATION DE CES BANDES PAR CHARLES-UI1NT. ( 1 1- t. i.;s.; i CHAPITRE l«. Histoire de l'organisation des bandes d'ordonnance depuis la mort de Charles le Téméraire jusqu'à la nouvelle organisation par Charles- (Juin!. Pages. § I". — Nouvelle création de bandes d'ordonnance 55 5 M. — Détails sur l'organisation des bandes d'ordonnance 05 CHAPITRE II. Histoire militaire des bandes d'ordonnance depuis la mort de Charles le Téméraire jusqu'à la réorganisation par Charles-Quint. (1477-1345. > § Ier. — Guerre contre le duc de Gueldre (1 506-1 508) 05 § II. ■ — Campagne en Italie (1509) 08 § III. — Nouvelle guerre contre la Gueldre (1510- 1518) 69 § IV. — Couronnement de Charles-Quint à Aix-la-Chapelle (1520) 71 § V. — Guerre contre la France (1521 - 1 522 ) 7-2 § VI. — Guerre de Frise (1524) 7U § VII. — Nouvelle guerre contre la France ( 1525) jV,. § VIII. — Continuation de la guerre contre la France, l'Angleterre et la Gueldre (1528). 78 § IX. — Couronnement de Charles-Quint à Bologne en 1550 80 § X. — Guerre contre Soliman (1552) 82 § XI. — Différend avec le duc de Holstein en 1555 85 § XII. — Hostilités sur les frontières de France en 1556 84 § XIII. — Punition des Gantois en 1540 86 § XIV. — Hostilités avec la France et la Gueldre 87 § XV. — Guerre de Juliers en 1542-1543 90 § XVI. — Campagne de 1545 et 1544 contre la France 94 TABLE DES MATIERES. "Ml TROISIEME PERIODE. HISTOIRE DES BANDES D'ORDONNANCE DEPUIS LEUR ORGANISATION PAR CHARLES-QUINT JUSQU'A LA DISPARITION DE CETTE MILICE. (IS4S-170O.) CHAPITRE I". Histoire de l'organisation des bandes d'ordonnance depuis la réorganisalion de cette milice par Charles - Quinl jusqu'à la fin du dix-septième siècle. Pages. «5 Ier. — Création de nouvelles bandes d'ordonnance 99 § II. — Organisation des nouvelles bandes d'ordonnance 106 § III. — Des borames d'armes 107 § IV. — Des privilèges accordés aux bandes d'ordonnance 110 § V. — Du ebef et général des bandes d'ordonnance 113 § VI. — Des soldes 116 § VII. — De la justice 119 § VIII. — Formation des troupes pour le combat 121 CHAPITRE II. Histoire militaire des bandes d'ordonnance depuis leur réorganisation par Charles- Quint jusqu'à la fin du dix -septième siècle. § Irr. — Guerre d'Allemagne (1 546-1 547) 122 § II. — Guerre contre la France et contre le Nord 125 § III. — Nouvelle guerre avec la France en 1557 138 3 IV. — Guerres de religion en 1568 143 § V. — Expéditions en France (1590- 1592) 160 § VI. — Expédition contre les confédérés en 1602 165 § VII. — Reprise des hostilités avec les Provinces -Unies en 1625 169 § VIII. — Campagne de 1642 à 1644 contre la France 173 § IX. — Campagne de 1648 contre la France 177 § X. — Dernières années de l'existence des bandes d'ordonnance 178 Conclusion 182 248 TABLE DES MATIERES. NOTICES BIOGRAPHIQUES SUR LES OFFICIERS DES BANDES D'ORDONNANCE, p. 185. ANNEXES. ORDONNANCES, ÉD1TS ET PLACARDS RELATIFS AUX BANDES D'ORDONNANCE. l'âge! I. — Mandement du duc Charles de Bourgogne au capitaine général et grand bailli du Hainaut, du 23 octobre 1470 229 II. — Mandement du même au même, du 24 avril 1471, fixant ses ordonnances à mille deux cent cinquante lances '"• III. — Mandement du même au même, du 20 mai 1471 , prescrivant de lever mille deux cent cinquante arbalétriers, mille deux cent cinquante couleuvreniers et mille deux cent cinquante piquenaires 230 IV. — Tableau des combattants fournis par les possesseurs de fiefs pour la guerre de l'année 1471 '. . ,t». V. _ Ordonnance sur la conduite des bandes d'ordonnance renouvelée par Phi- lippe II 255 VI. — Commission de chef et capitaine d'une compagnie de cinquante hommes d'armes et de cent archers à cheval, donnée au prince d'Orange par l'Empereur, du 12 avril 1554 254 Vil. — Commission de chef de cinq compagnies de gens de cheval, donnée par l'Empe- reur nu prince d'Orange le 22 juin 1554 237 VIII. — Commission de chef et général des vieilles bandes d'ordonnance et des six cenl cinquante chevaux du comte du Rœulx, donnée au prince d'Orange le 16 juin 1558 ib- IX. — Ordonnance touchant la règle, ordre et conduite des bandes d'ordonnance, du 28 février 1501 23y X. — Instruction pour la montre des bandes d'ordonnance en 1581 »&• XI. — Lettres de lieutenant général des bandes d'hommes d'armes pour le capitaine Nicolas de Blver, du 28 janvier 1025 243 LA LÉGENDE DE SÉMIRAMIS. PREMIER MEMOIRE MYTHOLOGIE COMPARATIVE; François LENORMANT, ASSOCIÉ DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. (Mémoire présenté à la classe des lettres de l'Académie le 8 janvier 1872.) Tome XL. LA LÉGENDE DE SÉMIRAMIS. PREMIER MÉMOIRE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. Parmi les légendes relatives à l'ancienne histoire de l'Asie , il n'en est pas qui ait eu une fortune plus brillante (pie celle de Ninus et de Sémiramis. Elle fut popularisée par Ctésias chez les Grecs , dont le goût pour le mer- veilleux s'en empara avidement, la trouvant bien plus agréable que les récils vrais d'Hérodote. Toute l'antiquité classique y ajouta foi, et depuis la renaissance des lettres les érudits , acceptant implicitement l'idée que cette légende reposait sur un fondement historique véritable , n'ont point songé à en révoquer en doute les faits essentiels , jusqu'au jour où le déchiffrement des textes cunéiformes a révélé d'une manière positive et inattendue que l'histoire de Ninus et de Sémiramis, leurs exploits, leurs immenses con- quêtes, n'étaient qu'un tissu de fables puériles, démenti sur tous les points par les faits réels des origines de la monarchie assyrienne. C'est là un des résultats les plus considérables et les plus positifs qui soienl ressortis pour la science historique de l'admirable découverte due au génie pénétrant de Hincks, de sir Henry Rawlinson et de M. J. Oppert, un des faits 4 PREMIER MÉMOIRE les mieux établis par les travaux de ces trois fondateurs des études assyrio- logiques et de ceux qui ont essayé depuis de marcher sur leurs traces. Nous pouvons suivre maintenant la royauté assyrienne dans ses modestes débuts et dans son développement progressif, déterminer l'époque de ses premières conquêtes et celle où elle atteignit l'apogée de sa puissance, et nous n'y voyons rien qui ressemble, même de loin, à cet empire immense, étendu sur toute l'Asie antérieure par le premier de ses rois et se conservant intact pendant une longue suite de siècles, tel qu'il se présentait dans les récits de Ctésias. Mais en même" temps l'étude des documents originaux de l'Assyrie, qui n'ont commencé à sortir de terre que dans le dernier demi-siècle et dont on n'est parvenu que depuis bien peu d'années à pénétrer le sens, en nous fournissant des renseignements certains sur la religion commune aux Assy- riens et aux Babyloniens, permet de discerner clairement un mythe religieux sous cette légende longtemps considérée comme historique. Dégager ce mythe des additions et des ornements dont il a été revêtu en pénétrant dans l'histoire, essayer de l'expliquer à la fois par les renseigne- ments que l'on peut dès à présent tirer des textes cunéiformes et par la comparaison des autres religions antiques, tel est l'objet que nous nous sommes proposé dans le présent mémoire. Il sera le premier d'une série de dissertations de mythologie comparative dans lesquelles nous étudierons successivement tous les récils assyriens de Ctésias, c'est-à-dire le mythe de Sardanapale et celui de Nannarus et de Parsondas après le "mythe de Ninus et de Sémiramis. Nous croyons qu'il nous sera possible de montrer dans ces récits une légende épique d'une nature tout à fait analogue à ce qu'est pour la Perse la légende épique mise en vers et acceptée comme de l'histoire par le poète Firdoûsi. C'est un enchaînement de récits, à l'origine distincts et purement mythologiques, qui, sous cette forme première, avaient du prendre naissance en Assyrie même, que la tradition orale du peuple, après la des- truction de la monarchie assyrienne et l'oubli des monuments écrits destinés à perpétuer le souvenir de ses annales, avait rassemblés en un seul récit en les transformant en souvenirs nationaux, qu'on regardait comme historiques à la cour de Perse, et cela d'autant plus volontiers que la politique des Achéménides y puisait des arguments en faveur de ses prétentions et de son DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE a système. Aussi cette légende épique était-elle devenue pour la chancellerie de Suse l'histoire officielle 'de la première époque du grand empire asiatique. C'est là que le médecin d'Artaxerxe Mnémon l'avait entendu raconter, et quand même il eût été parfaitement de bonne loi , ce dont il est permis de douter un peu, il était tout naturel qu'il rapportât ces récits à ses compa- triotes en croyant leur révéler la vérité sur cette puissante monarchie assy- rienne dont le renom était si grand dans tout l'Orient , mais dont les Grecs n'avaient jamais entendu parler que d'une manière très-vague. I. Nous devons avant tout exposer la légende de Ninus et de Sémiramis afin d'en remettre tous les détails et toutes les circonstances sous les yeux du lecteur. Le récit du mythe, tel qu'il est parvenu jusqu'à nous, doit nécessai- rement précéder toute tentative d'interprétation. Nous prendrons ici pour guide principal la narration que Diodore de Sicile a extraite de Ctésias, car c'est la plus complète, et d'ailleurs le livre du médecin d'Artaxerxe a été le point de départ de tous les récits analogues qui ont circulé chez les Grecs. Mais nous y ajouterons les circonstances nouvelles qu'y joignent d'autres écri- vains, en ayant soin d'en indiquer les sources. Ninus, fils de Bélus, est donné par la légende comme le premier roi des Assyriens. Amoureux de la guerre et désireux d'acquérir la gloire de fonda- teur d'un immense empire, il organise une armée composée déjeunes gens d'élite et les prépare par des exercices multipliés à toutes les fatigues et à tous les dangers des comhals. Il s'assure l'alliance du roi des Arahes, Ariteus, et renforçant ses troupes par les recrues qu'il tire d'Arahie, il commence ses guerres en assaillant les Bahyloniens. « Leur pays, dit Diodore % avait heaucoup de villes bien peuplées; mais « n, 1. 6 PREMIER MEMOIRE les habitants, inexpérimentés dans l'art de la guerre, lurent bientôt vaincus et soumis au tribut. Ninus emmena prisonniers le roi et ses enfants, et les mit à mort. De là il marcha , suivi d'une multitude de soldats, sur l'Arménie, et épouvanta les habitants par le sac de quelques villes. Barzanès, le roi de cette contrée , se voyant hors d'état de résister, alla au-devant de l'ennemi avec des présents, et lui offrit sa soumission. Ninus le traita généreusement, lui laissa son royaume et n'exigea de lui qu'un contingent de troupes auxi- liaires. Le roi de Médie, Pharnus, attaqué ensuite, voulut résister; mais, abandonné des siens, il fut fait prisonnier avec ses sept fds et sa femme, et mis en croix. » Poursuivant de la même manière le cours de- ses succès et n'éprouvant jamais aucun écbec, Ninus, en dix-sept ans, subjugua toute l'Asie, à l'excep- tion de la Bactriane et de l'Inde, et joignit aussi à ses États les provinces arrosées par le Nil. Diodore ' énumère ainsi d'après Ctésias les pays et les peuples qui lui obéissaient : l'Egypte, la Pbénicie, la Syrie, la Cilicic, la Pampbylie, la Lycie, la Carie, la Phrygie, la Mysie, la Lydie, la Troade, les bords de l'ilellespont, la Propontide, la Bithynie, la Cappadoce, les nations barbares des rivages du Pont-Euxin jusqu'au Tanaïs, les Cadusiens, les ïapyres, l'Hyrcanie, la Drangiane, les Derbices, la Carmanie, les Cho- romnéens, les Borcaniens, la Parthvène, la Perse, la Susiane et le pays des Caspiens, outre la Babylonie , l'Arménie et la Médie. Au retour de ces expéditions, et pour donner à ses Etats une capitale digne de lui, qui surpassât toutes les villes existantes et que la postérité ne pût pas égaler, il construisit sur les bords de FEuphrate (!!) Ninive, qu'il appela de son nom. « Cette ville eut la forme d'un quadrilatère oblong. Ses côtés les plus longs avaient 150 stades et les plus courts 90; de telle sorte que la totalité de l'enceinte était de 480 stades 2. Les murs avaient 100 pieds de haut et étaient assez larges pour donner passage à trois chars de front. Les tours, au nombre de 1,500, s'élevaient à 200 pieds. Outre les Assyriens, ' il, 2. i C'est le chiffre qu'Hérodote (I, 178) assigne à la grande enceinte extérieure de Babylonc, et qui, pour cette dernière ville, est exact. Voy. Oppert, Expédition en Mésopotumie, l. I, pp. 220-234. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE 7 qui formaient la partie la plus nombreuse et la plus puissante de la popula- tion, Ninus admit dans sa capitale beaucoup d'étrangers, » et bientôt Ninive devint la plus grande et la plus florissante cité du monde !. Ces travaux ne Cirent pas perdre à Ninus ses goûts guerriers; sa nouvelle ville achevée, il entreprit la conquête de la Bactriane, qu'il avait déjà vaine- ment tentée. C'est dans le cours de cette guerre que se montra pour la pre- mière fois Sémiramis, qui allait bientôt attacher à son nom une si grande célébrité. « Il y a en Syrie, dit Diodore, empruntant les propres paroles de Ctésias, une ville nommée Ascalon, près de laquelle est un étang grand et profond, rempli de poissons. A côté de cet étang s'élève le temple d'une déesse fameuse, que les Syriens appellent Dercéto et représentent avec un buste de femme sur un corps de poisson. Les plus instruits des indigènes racontent qu'Aphrodite, irritée contre cette déesse, lui inspira un violent amour pour un beau et jeune ministre de son temple. Dans les embrassements de ce jeune Syrien, Dercéto devint mère d'une fille, mais bientôt, rougissant de sa faute, elle fit périr son amant et exposa sa fille dans un lieu désert au milieu de rochers. Elle-même, poussée par la honte et par la douleur, se jeta dans l'étang, où elle se transforma en poisson; aussi, depuis lors, les Syriens s'abstiennent-ils de manger du poisson et rendent-ils à ces animaux des hon- neurs divins. Cependant de nombreuses colombes nichaient autour du lieu où l'enfant avait été exposé; elles le nourrirent et lui sauvèrent la vie d'une manière miraculeuse et divine, les unes le réchauffant en l'enveloppant de leurs ailes, les autres apportant dans leur bec et faisant dégoutter sur ses lèvres du lait enlevé aux bergeries voisines. Puis, quand l'enfant eut atteint l'âge d'un an et commença à avoir besoin d'une nourriture plus solide, ce furent des fromages que les colombes dérobèrent pour les lui apporter. Les bergers finirent par s'en apercevoir, et ayant fait le guet, suivirent les colombes jusqu'au lieu où ils trouvèrent la petite fille, admirable de beauté. L'ayant apportée dans leurs cabanes, ils la présentèrent à l'intendant des propriétés royales, nommé Simmas. Celui-ci, n'ayant pas d'enfants, l'élcva comme sa fille et la nomma Sémiramis, du mot qui, dans la langue syrienne, 1 Diod. Sic, II, 5. 8 PREMIER MEMOIRE signifie colombe; et depuis ce temps, les Syriens honorèrent les colombes comme des divinités '. » Après avoir grandi dans la maison de Sinunas, Sémiramis fut épousée pour sa beauté par le gouverneur de Syrie, nommé Ménonès. — Les autres auteurs qui ont également emprunté leurs données à Ctésias, écrivent Onnès ou Oannès, et cette leçon parait plus exacte -. — Elle ne tarda pas à prendre un empire absolu sur l'esprit de son mari, et elle le suivit à l'armée royale dans la guerre de Bactriane. Ninus avait emmené dans cette expédition 1,700,000 fantassins, 210,000 cavaliers et 10,600 chars armés de faux 3. Un acte de bravoure, exceptionnel pour son sexe, valut à Sémiramis d'être distinguée par Ninus et de devenir reine. Vaincu d'abord par les Bactriens dans une bataille où ils perdirent 100,000 hommes, les Assyriens avaient repris l'avantage; devenus maîtres des principales villes du pays, ils assiégeaient la capitale, où s'était retiré le roi Oxyartès. — D'autres auteurs font de Zoroastre le roi enfermé dans Bactres l. — ■ Mais le siège traînait en longueur, lorsque Sémiramis, travestie en guerrier, trouva moyen d'escalader la forteresse, et, par un signal élevé sur le mur, avertit de son succès les troupes de Ninus, qui emportèrent la place. Ninus, émerveillé de tant de bravoure et de la beauté de Sémiramis, l'enleva à Ménonès et en fit son épouse. Ménonès se pendit de désespoir 5. Peu de temps après, Ninus, ayant eu de Sémiramis un fils nommé Ninyas, mourut, et la laissa souveraine de l'empire 6. Suivant d'autres écrivains, il se retira en Crète, lui laissant le champ libre en Assyrie 7. Une troisième version de la légende raconte encore différemment l'élévation de Sémiramis. Elle en fait une courtisane introduite à cause de sa rare beauté comme con- 1 Diod. Sic, II, 4; cf. Lucian., De dea Syr., 14; Eratosthen. , Cataslerism., 38; Athenagor., Légat, pro Christian., 26; Anonym., De millier., dans Heeren, Dibliolhek der ait. Liter. u. Kunst., part. VI, p. 9. "2 Nicol. Damasc, ap. C. Miïller, Fragment, historié, grœc, t. III, p. 356; et l'Anonyme auteur du traité De mulieribus. 3 Diod. Sic, II, 5. * Cephalion, ap. Euseb., Arm. Chron., p. 41, éd. Mai, et ap. Mos. Choren., I, 17; Jtist., I, I. » Diod. Sic, II, 6. « Ibid., 7. 7 Mos. Choren., I, IG. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 9 cubine dans le harem de Ninus. Lors de la célébration des Sacées ', Sénii- ramis obtient de s'asseoir sur le trône comme reine de la fête; alors elle donne l'ordre de jeter le monarque en prison et de le mettre à mort; et c'est ainsi qu'elle s'empare du pouvoir -. Ninus fui enterré sons une pyramide haute de 9 stades et large de 10 à la base, dans le palais de Ninive. Quant à Sémiramis, une fois en possession de la puissance suprême, elle donna l'essor à son génie naturellement entre- prenant. Jalouse de surpasser la gloire de son époux, elle conçut le dessein de bâtir sur le bas Euphrate une ville immense; ce fut Babylone, qui n'existait pas jusqu'alors 5. Ctésias rapportait à Sémiramis, conformément à la légende, toutes les grandes constructions de Babylone, les murs, auxquels il donnait la hauteur fabuleuse de oO orgyies et une largeur suffisante pour faire passer six chars de front \ les quais et Je pont de l'Euphrate, les deux palais, dont il donnait une description très-exacte5, le grand lac artificiel situé en amont de la ville et dans lequel on avait détourné l'Euphrate pendant la construction du tunnel qui reliait les deux palais par-dessous le fleuve, enfin la pyramide regardée comme le tombeau de Bélus 6. Cependant il reconnaissait que les fameux jardins suspendus « n'étaient pas l'œuvre de Sémiramis, mais d'un roi syrien postérieur, qui les avait élevés pour une de ses femmes "'. » Mais il racontait que Sémiramis avait encore construit de nombreuses villes destinées à servir de marchés le long de l'Euphrate et du Tigre, et qu'elle avait fait apporter par eau, des montagnes de l'Arménie, un obélisque prodigieux, haut de 130 pieds et large de 25 , qu'elle avait dressé à la porte de Babylone 8. Justin parle aussi de la construction de Babylone par cette reine fameuse 9. ' Sur cette fête célèbre, voy. notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniqties de Bérose, pp. 167-174. 2 Diod. Sic., II, 20; vEIian., Vin: hist., VII, 1. 3 Diod. Sic., II, 7. 4 lbid. s lbid., S. 6 lbid., 9. i lbid., 10. s lbid., 11. '■> Justin., 1, 2. Tome XL. 10 PREMIER MEMOIRE Sémiramis, après avoir achevé ces ouvrages dans la Babylonie, entreprit une expédition contre les Mèdes, qui s'étaient révoltés. Elle soumit de nou- veau leur pays et y laissa des monuments immortels de son passage. Arrivée au pied du mont Bagistan, elle y créa un paradis merveilleux, et sur une des parois de la montagne, formée de rochers taillés à pic d'une hauteur enrayante, elle fit sculpter son image entourée de celle de cent de ses gardes, avec une inscription racontant ses exploits. Auprès de Chavon, elle (it établir un autre paradis entourant un rocher de dimensions extraordinaires, et elle s'y arrêta longtemps, se livrant à tous les plaisirs, tandis que son armée campait aux environs. Elle ouvrit une route taillée dans le roc au travers du mont Zarcseus. Diodorc lui attribue aussi la fondation d'Ecbatane et de son palais. Comme la ville manquait d'eau et qu'il n'y avait aucune source dans le voisinage, elle amena à grands frais et à l'aide de travaux prodigieux une eau pure et abondante dans tous les quartiers. Pour cela elle perça le mont Oronte et y creusa un tunnel de 15 pieds de largeur sur 40 de hauteur, qui communiquait avec un lac situé de l'autre côté de la montagne '. De la Médie, Sémiramis se dirigea vers la Perse et parcourut toutes les autres contrées qu'elle possédait dans l'Asie. En Arménie elle éleva , près du lac de Van, une ville qui fut appelée Sémiramocerte, avec un palais im- mense 2. Partout où elle allait, elle perçait les montagnes, brisait les rochers, pratiquait de grandes et belles routes. Dans les plaines, elle érigeait des ter- tres qui servaient de tombeaux à ses généraux morts pendant l'expédition 5. D'autres disaient qu'elle les avait élevés en prévision d'un déluge futur4. Mais une version beaucoup plus répandue en faisait les tomheaux de ses amants mis à mort3. La légende, dans toutes ses formes, était en effet una- nime pour attribuer à Sémiramis de nombreuses débauches. Ayant toujours refusé, disait-on, de contracter un nouveau mariage légitime, elle prenait pour ses amants les plus beaux hommes de son armée, et quand son caprice « Diod. Sic, II, 15. 2 Mos. Choren., I, 16. ' Diod. Sic, II, 14. 1 Syncell., p. Ci, C. 5 Ctes. ap. Johan. An'tioeh., Cramer, Anecd. Paris, t. Il, p. 380; Syncell., p, 64, C DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE H était une fois satisfait, elle les faisait tuer '. On allait plus loin, et on lui attri- buait d'étranges amours avec un cheval , pour lequel elle s'était enflammée d'une passion violente 2. L'Asie parcourue, Sémiramis se rendit en Egypte, car ce pays faisait aussi partie de son empire. De là elle alla visiter l'oracle d'Ammon, qui lui prédit qu'elle disparaîtrait miraculeusement du milieu des hommes et serait honorée comme une divinité, après que son fils Ninyas aurait conspiré contre sa vie. Elle lit ensuite la conquête de l'Ethiopie , dont elle admira les fabuleu- ses merveilles 3. Mais la soumission de l'Ethiopie n'avait pas demandé de combats, et Sémiramis bridait de l'ambition d'ajouter la gloire militaire à toute sa renom- mée. Elle résolut donc d'entreprendre la conquête de l'Inde, dont les immenses richesses excitaient d'ailleurs sa convoitise. Stabrobatis, roi des Indiens, averti des préparatifs inouïs de la reine d'Assyrie, mit sur pied des forces considérables, puis défia Sémiramis elle-même, dans une lettre où il lui reprochait ses débauches, et la menaçait de la mettre en croix s'il était vainqueur. Sémiramis n'en attaqua pas moins le monarque indien, et par- vint d'abord à forcer le passage de l'Indus. Mais dans la grande bataille qui s'ensuivit, les éléphants de Stabrobatis lui assurèrent la victoire. La reine elle-même fut blessée, son armée mise en fuite et détruite aux deux tiers; mais les Indiens, par l'ordre des dieux, ne la poursuivirent pas au delà du fleuve 4. Quand Mégasthène, ambassadeur de Séleucus à la cour de Pàtalipoutra (la Palibolhra des Grecs), consulta les chroniques et les tradi- tions nationales des Indiens , il n'y trouva aucune trace de l'expédition de Sémiramis. Mais n'osant pas révoquer en doute l'existence de cette reine, à laquelle tous les Grecs croyaient fermement de son temps, il supposa qu'elle avait dû mourir avant de pouvoir réaliser son projet d'attaque contre cette partie lointaine de l'Asie s. ' Diod. Sic, II, 13. s Jub. . Plin., Hisl. nul., VIII, 42, 64. 3 Diod. Sic, II, 14. 4 Ibid., 16-20. s Slrab., XV, p. 687; Aman., liidic, li, 4. 12 PREMIER MEMOIRE C'est au retour de la campagne si tristement terminée dans l'Inde, qu'on racontait que Sémiramis avait été en butte à une conspiration des deux fils issus de son mariage avec Oannès, lesquels sont nommés Hyapatès et Hvdas- pès '. Révoltés des désordres de leur mère et excités par l'eunuque Satibaras, les deux jeunes gens avaient résolu de l'assassiner; prévenue, Sémiramis les lit mettre à mort -. Au reste, à la suite île cet écbec, elle rentra dans ses États, d'où elle ne sortit plus. Elle poursuivit l'exécution de ses vastes travaux; et telles lurent l'activité et la renommée de celte reine qu'après elle, suivant Strabon, tout grand ouvrage en Asie lui fut attribué par la voix populaire 5. Alexandre trouva, raconte-t-on, son nom inscrit sur les frontières de la Scythie, alors considérée comme la borne du monde habité. C'est cette inscription dont le texte prétendu nous a été conservé par Polyen4 et dans laquelle Sémiramis, parlant d'elle-même, se serait exprimée ainsi : « La nature m'a donné le corps d'une femme, mais mes actions m'ont égalée au plus vaillant des hom- mes. J'ai régi l'empire de Ninus qui vers l'Orient touche au fleuve Hinamanès (évidemment celui que la plupart des géographes anciens nomment Etyman- der), vers le sud au pays de l'encens et de la myrrhe, vers le nord aux Saces et aux Sogdiens. Avant moi, aucun Assyrien n'avait vu de mers; j'en ai vu quatre, que personne n'abordait, tant elles étaient éloignées. J'ai contraint les fleuves de couler où je voulais, et je ne l'ai voulu qu'aux lieux où ils étaient utiles : j'ai rendu féconde la terre stérile en l'arrosant de mes fleuves. J'ai élevé des forteresses inexpugnables , j'ai percé avec le fer des routes à travers les rochers impraticables. J'ai frayé à mes chariots des chemins (pie les bêtes féroces elles-mêmes n'avaient pas parcourus. Et au milieu de ces occupations, j'ai trouvé du temps pour mes plaisirs et pour mes amours. » Cependant, ayant appris que son fils Ninyas lui tendait des embûches, Sémiramis se souvint des prédictions de l'oracle d'Ammon et prit le parti ' Diod. Sir., II, 5. - Nicol. Damasc. up. C. Mûller, Fragm. historié, grœc, I. III, p. ôaG ; Ccphalion up. Euscb., Aniii-ii. chron., p. 41 , éd. Mai , c! ap. Mos. Choren., I, 17. ^ Slrab., XVI, p. 737. 4 Stratagem., VIII, 26. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 15 d'abdiquer. Loin de punir le conspirateur, elle lui remit l'empire, ordonna à tous les gouverneurs d'obéir au nouveau souverain, puis elle disparut, changée en colombe, au milieu d'un vol de ces oiseaux. Les Assyriens en firent une déesse et rendirent, à cause d'elle, des honneurs divins à la colombe *. D'autres récits la font tuer par son fils Ninyas 2. On disait même (pie celui-ci l'avait frappée dans son horreur pour la passion incestueuse dont elle le poursuivait 5. Quant à la tradition arménienne, elle avait pris un carac- tère tout local. Elle prétendait que Sémiramis résidait à Sémiramocerte, sur le lac de Van, quand Zoroastre, qu'elle avait institué satrape d'Assyrie, se révolta et marcha contre elle. Elle s'enfuit alors presque seule dans les mon- tagnes de l'Arménie, où elle fut tuée par son fils Ninyas 4. La chronologie rattachée à ces récits n'est pas moins fabuleuse que la légende elle-même. Elle place Ninus et Sémiramis, avec leurs immenses conquêtes et leur empire qui embrasse toute l'Asie, dans un temps où il n'était pas encore même question d'une monarchie assyrienne 5. Ctésias comptait ' Diod. Sic, II, 20. 2 Cephalion ap. Euseb., Armen. chron., p. 41 , éd. Mai, et ap. Mos. Chorcn., 1,17. 3 Justin., I, 2. * Mos. Cliorcn., I , IG. 5 Nous ne pouvons pas ici donner incidemment un récit des premiers temps de la royauté assyrienne, tels que les documents indigènes nous mettent à même de les reconstituer aujour- d'hui, en nous faisant connaître les traits principaux de celte antique histoire. Nous non- bor- nerons donc à renvoyer le lecteur aux deux résumés les plus récents qui aient été donnés de l'état actuel de la science sur ce point : celui de M. Smith dans les derniers numéros de l'année 18G8 de la Zeilschrift fur Mgyptische Sprache und Alterthumskunde de M. Lepsius; et celui de notre Recueil de l'histoire ancienne de l'Orient, 3' édition (ÎSG'J), t. II, pp. o5 et suiv. Rappelons seulement qu'un peu avant l'année 1800 av. J.-C. — 701 ans avant Tuklati-pal- as'ur 1", d'après le témoignage formel du prisme de ce dernier prince (col. 7, 1. GO-75 : Cuneiform inscriptions of Western Asia, t. I, pi. 15) — il n'y avait pas encore de rois d'Assyrie, mais des pontifes {patesi) du dieu As's'ur régnant sur la ville A'A l-A s's'ur, la "iD^S de la Bible, aujour- d'hui Kalah-Scherghât. Le plus ancien roi d'Assyrie proprement dit, s'ar As's'ur, que nous connaissions vivait envi- ron 1400 ans avant l'ère chrétienne. Bahylone fut soumise à la suzerainelé ninivite, tout en gardant ses rois propres, par Tuklati-Samdan Ier, vers 1270 seulement. Et ceci coïncide fort exactement avec ce que dit Hérodote (I, 9b) que la puissance des Assyriens en Asie commença 320 ans avant l'époque où les Mèdes se rendirent indépendants. Nous nous sommes, en effet, efforcé de prouver ailleurs (dans la première de nos Lettres assyriologiques) que ce dernier évé- nement devait être placé entre 750 et 745 av. J.-C. Adar-pal-as'ar , dont il est dit [Cuneif. inscr. of West. As., t. I, pi. 15, col. 7, 1. 56-59) que 14 PREMIER MEMOIRE 33 règues et 1306 ans de durée entre Ninus et Sardanapale ', et plaçait le détrônement de ce dernier roi par Arbace en 870 avant notre ère 2; cela reporte Ninus en 2182 et concorde exactement avec l'autre affirmation du même écrivain qu'il était de mille ans antérieur à la prise de Troie 3. Velleius Paterculus 4 et Justin 5 donnent le même calcul emprunté à la même source. Pour Castor de Rhodes, la chute de Ninive est de 843 avant noire ère et l'avènement de Ninus se place 4 280 ans plus tôt °, c'est-à-dire en 2123. Quant à Céphalion, Sardanapale est, dans son système, inscrit en 1150 et la durée de l'empire depuis Ninus de 1013 ans "', ce qui reporte le fondateur en 2163. On voit que tous ces calculs reviennent, à bien peu de chose près, à la même date, qui était évidemment donnée par la légende et qui en avait le caractère fantastique. II. Il est facile de discerner deux éléments, l'un épique et l'autre religieux, dans la formation de cette célèbre légende, qui, nous l'avons déjà dit tout à l'heure, avait surtout pris un grand développement sous les Perses et que leur politique exploitait à leur profit, mais qui avait également cours chez les peuples sémitiques, et dont le fond premier, nous l'avons dit aussi et nous allons essayer de le démontrer dans un instant, devait ne pas être « il organisa le pays d'Assyrie et institua le premier les armées d'Assyrie, » est voisin de 1210, et les grandes conquêtes débutent seulement au douzième siècle, encore avec un dévelop- pement bien loin d'approcher de celui qu'elles reçurent de la fin du dixième siècle au commen- cement du septième. 1 Diod. Sic., II, 21 cl 28; Syncell., p. 359, C; Agatbias, II, 25; Augustin, De civil. Dei, XVIII, 21. - Diod. Sic, II, 32-54; Agatbias, II, 25. 3 Diod. Sic, 11,28. * 1,0,6. s 1,3. 6 Ap. Euscb., Arme», chron., p. 36, éd. Mai. 7 Euscb., Armen. chron., p. 41-44-, cd. Mai; Syncell., pp. 167 et 168. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 15 étranger aux Assyriens eux-mêmes, car il se rattachait à des mythes de leur religion. Au point de vue des souvenirs historiques confondus el groupés dans un seul ensemble par l'imagination populaire, et transformés en épopée, Ninus, son nom même l'indique suffisamment, est le héros éponyme de la ville de Ninive, la personnification de cette ville et de sa puissance; sous son nom les récits de la tradition orale ont groupé tous les exploits, toutes les con- quêtes des rois des différentes dynasties assyriennes, et même, car ces récits amplifient toujours, des conquêtes que n'a jamais faites aucun monarque de Ninive, comme celle de la Bactriane, et dans une autre direction celle des provinces occidentales de l'Asie Mineure. De même que les expéditions mili- taires ont été réunies autour du nom de Ninus, bien qu'on en ait aussi attribué à Sémiramis, la légende a surtout gratifié celte reine fabuleuse de la gloire de tous les travaux utiles ou gigantesques exécutés aux époques les plus diverses par des souverains asiatiques, quelle qu'en fût l'origine '. Elle lui a attribué toutes les constructions de Babylone 2, depuis celle de la pyra- mide de Bel, que les Babyloniens eux-mêmes rapportaient « au plus ancien roi, » jusqu'à celles du temps de Nabu-kudurri-usur et de ses successeurs; elle a placé de même sous son nom les travaux du roi Déjocès à Ecbatane 5, 1 Voy. notre Manuel d'histoire ancienne de l'Orient, 5e édit., t. II, p. 50 et suiv. 2 Ce qui put y contribuer pour une certaine part, c'est que des travaux considérables et d'une grande utilité avaient été réellement exécutés à Babylone, vers la fin du neuvième siècle avant notre ère, par une reine qu'Hérodote (I, 184) appelle Sémiramis et qu'il place fort exacte- ment un siècle et demi avant JNitocris, la femme de son Labynète I", c'est-à-dire de Nabu-bal- nsur (Nabopolassar), roi de Bab\lone. « Sémiramis, dit le père de l'histoire, fit faire ces digues magnifiques qui retiennent l'liu| h rate dans son lit et l'empêchent d'inonder la campagne autour de Babylone. » C'est la seule Sémiramis historique, et on l'a reconnue avec certitude dans la reine Sammu-ramat, femme du roi d'Assyrie Bin-nirari III, que mentionne l'inscription de la statue du dieu Nabu découverte par M. Loftus à Nimroud et actuellement conservée au Musée Britan- nique (Cuneif. inscr. of West. As., t I, pi. 55, n° 2; voy. la représentation de la statue elle-même dans George Rawlinson, The five çjreut monarchies o/ the ancient eastem world, lre édit., t. I, p. 17!)). Cette reine parait avoir été une princesse babylonienne de naissance, épousée par le monarque assyrien, qui aura régné de nom à Babylone en même temps que son mari à Ninive et que les Babyloniens auront plus tard enregistrée seule dans leurs annales nationales. Voy. notre Manuel d'histoire ancienne de l'Orient, 3e édit., t. II, p. 7G. 3 Hérodote, I, 98. 16 PREMIER MEMOIRE et l'exécution des grandioses sculptures du mont Bagistan dans la Médie (aujourd'hui Behistoun), qui datent du règne de Darius filsd'Hystaspe1. C'est là le côté non assyrien de la légende sous la forine où Ctésias l'a recueillie. Ce sont les broderies poétiques que l'imagination des peuples voi- sins a superposées au vieux mythe religieux venu de l'Assyrie, eu y greffanl les souvenirs gigantesques, mais confus et sans chronologie, (pie leur avait laissés la puissance du grand empire qui les avait si longtemps tenus sous le joug. En effet, si les Assyriens avaient des héros éponymes à l'origine de leurs cités et des légendes épiques sur les premiers temps de leur nation -, ils 1 11 faut cependant remarquer que Ker-Portcr ( Travtls, t. II, p. 151 et suiv.) signale sur le rocher de Behistoun, et dans une position plus basse, un second bas-relief, dont il trouvait le style analogue à celui du grand bas-relief de Darius, mais presque effacé et diflicile à dis- tinguer. On serait tenté de croire que c'est à cette sculpture que faisait allusion la légende recueillie par Ctésias, car on a quelque peine à admettre que l'origine d'un monument de Darius fils d'Hystaspe fût déjà complètement oubliée du temps d'Artaxerxe Mnémon. Mais aucun autre voyageur ne parle de ce second bas-relief et l'on n'en voit pas de trace dans la grande vue du rocher de Behistoun que MM. Coste et Flandin ont donnée dans leur ouvrage sur la Perse ancienne. - Nous trouvons un précieux débris de ces légendes assyriennes de héros éponymes dans un passage d'Abydène qui nous a été conservé par Eusèbe (Armen. chron., p. 56, éd. Mai) : Fuit Sinus Arbeli, Chaali, Arbeli, Anebi, Dabii, lieli régis Assyriorum. Le même passage est reproduit par Moïse de Khorène (1,4): Ninus ortus Arbelo, Chaealus Arbelo ; is Anebi, is liubio , is tielo. Quelques remarques sur l'origine première de ces données sont ici nécessaires. Abydène parait avoir suivi dans son livre la marche suivante. Après avoir exposé l'histoire de laBabylonie en résumant Bérosc jusqu'au règne d'Alexandre le Grand, il racontait l'histoire des Assyriens conformément au système de Ctésias, sur lequel les Grecs n'élevaient aucun do.ute, en la com- mençant à iNinus et en la finissant à Sardanapale. C'est ce qui ressort «lu témoignage formel d'Eusèbe (Armen. chron., p. 3(i, éd. Mai) : Abydeni de regno Assyriorum. Ckaldaei regionis suae reges ab Aloro usque ad Alexandrum hoc pacto enumerant.Nini quidem et Samiramidis nullam rationem habent. Mis autem dictis ita suam historiam exorditur. Suit la phrase que nous venons de citer sur la généalogie de Ninus, puis le texte reprend. Deinde adeurate reges enumerat a Nino et a Samiramide ad Sardanapallum , qui omnium extremus fuit : a quo ad primum Olympiadem sexaginta et septem anni putantur. De Assyriorum regno liac diligentia scripsit Abydenus. Xihilominus et Castor primo libro summarii chronieorum eadem plane ad literam narrât de regno Assyriorum. Il semblerait, du reste, d'après la phrase (C.haldaei) Nini et Samiramidis nullam rationem habent, qu'Abydène faisait ressortir la contradiction des deux récits de Bérose et de Ctésias, trop frappante pour ne pas être remarquée de qui- conque essayait de les mettre en parallèle. Pour la date de Sardanapale il suivait le même système que Castor de Rhodes, soit qu'il la lui eût empruntée, soit que Castor l'ait, au contraire, DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 17 connaissaient parfaitement leur histoire à partir du moment où elle prenait un caractère positif , tous les textes en font foi , et ils possédaient une chro- nologie parfaitement régulière. Ce ne sont donc pas eux qui ont fait les copiée dans Abydène. Mais il s'en écartait considérablement pour le reste de l'histoire, ainsi qu'on peut s'en convaincre en étudiant l'extrait de Castor donné par Eusèbe (Armen. chron., p. 56, éd. Mai) immédiatement après celui d'Abydène et la liste des rois d'Assyrie dans les Excerpta barbara publiés par Scaliger [De emend. tempor., p. 74), liste qui procède certaine- ment de Castor par l'intermédiaire de Jules l'Africain. Castor faisait suivre immédiatement Bélus par Ninus, tandis qu'Abydènc plaçait, comme on vient de le voir, plusieurs noms dans l'intervalle. Castor ne finissait pas la liste royale avec Sardanapale , mais lui donnait un succes- seur, Ninus II ; Abydène, conformément à Ctésias, présentait Sardanapale comme le dernier de tous , omnium extremus, et faisait coïncider la destruction de l'empire avec sa mort. Mais d'où pouvait provenir la série de rois qui nous a conduit à nous occuper ici du livre d'Abydène et que cet auteur insérait entre Bélus et Ninus? Ce n'est certainement pas de Ctésias, puisque aucun autre des auteurs qui ont parlé de l'histoire d'Assyrie d'après le médecin d'Artaxerxe ne connaît ces rois. D'ailleurs cette courte liste offre un tout autre caractère que la longue liste de Ctésias, au commencement de laquelle Abydène l'avait artificiellement greffée. Le canon des rois assyriens de Ctésias , que nous ne connaissons , du reste, qu'un peu altéré, puisque les deux versions d'Eusèbe et du Syncclle ne s'accordent pas de tous points et con- tiennent trois princes de plus que le nombre indiqué par Diodore , le canon de Ctésias se compose de noms purement de fantaisie. Les uns sont iraniens et ont certainement été copiés par Ctésias dans les chroniques perses qu'il consultait, comme Aritis (4e), Aralius (S°),Xerxes (6e), Armamithres (7), Mithrœus (25e); d'autres, en bien petit nombre, qui ont dû être em- pruntés aux mêmes chroniques, ont une certaine physionomie assyrienne et proviennent pro- bablement de traditions populaires, comme Sardanapallus (30e), qui rappelle As's'ur-bani-pal. Nous avons été longtemps porté à rattacher à celte catégorie Beloclnis (18), à qui nous trou- vions beaucoup d'analogie avec un nom que nous lisions alors Bin-lixxus' ; mais le rapproche- ment n'est plus possible aujourd'hui que des exemples positifs établissent pour ce nom royal la lecture Din-nirari. Il est à remarquer qne les rares noms auxquels nous venons de faire allusion ont précisément une analogie frappante avec ceux de conquérants assyriens qui eurent affaire aux peuples aryens et durent par conséquent laisser chez eux un souvenir; seulement ils sont mis tout à fait en dehors de leur vraie place historique. Mais à côté nous voyons des noms purement grecs qu'il est bien difficile de ne pas croire inventés par Ctésias lui-même pour remplir les lacunes des chroniques perses; tels sont ceux A'Amyntas (17e), Lamprides (20e), Pumjas (25e), Laosthenes (31"), Peritiades (52e). Une dernière catégorie, surtout dans la der- nière partie de la liste, est formée de noms géographiques , tous empruntés à des fleuves ou à des canaux de la Babylonic , Dercijlus (29e), Ophratœus (55e), Ophralanes (54e), Acraguiies (53e), sans compter les noms pris à l'histoire d'Egypte, on ne sait pourquoi, comme Sctltos ( 10e suivant le Syncelle) et Lumpares (22e). Ce que cette liste offre de plus frappant, c'est qu'elle ne renferme pas un seul élément historique réel , confirmé par les monuments. Dans le fragment que nous avons cité, au contraire, nous trouvons une série d'éponymes de cités véritablement assyriennes, caractère que ne présente aucun des noms de Ctésias; ces Tome XL. * 18 PREMIER MEMOIRE incroyables confusions d'époques dont est formé le tissu de cette narration, ou du moins cette partie épique de la légende n'aurait pu naître chez eux et s'ajouter au fond mythologique que très-tard , après la chute de leur nation noms sont rangés dans un ordre géographiqne régulier, et par leur ordre même ils expriment un fait historique véritable, qu'atteste en termes formels le chapitre X de la Genèse, d'accord avec tous les monuments, la marche de la civilisation remontant le cours du Tigre depuis Baby- lonc jusqu'à Ninive. Une donnée historique aussi exacte et aussi précise, et qui contraste si nettement avec les fables perses recueillies par Ctésias, ne peut manquer d'avoir eu une source réellement assyrienne; elle a été puisée dans les documents indigènes , et en dehors de Bérose, aucun écrivain de la littérature grecque n'a été aussi bien informé. Or, Abydène travaillait d'après deux auteurs. Bérose et Ctésias. Quand nous rencontrons chez lui un renseignement sur les origines de l'Assyrie qui n'appartient certainement pas à Ctésias et qui se distingue de ses fables par un caractère de tradition réellement indigène, nous sommes en droit d'en attri- buer l'origine à Bérose, d'autant plus que l'historien de la Chaldée semble avoir mentionné à son point de vue Ninus et Sémiramis (Euseb. Armen chron., p. 18, éd. Mai) et par conséquent avoir fait, au moment où les Assyriens apparaissaient dans les annales de Oabvlone, un retour en arrière sur leurs traditions légendaires et les débuts de leurs annales. C'est à M. Oppert qu'appartient le mérite d'avoir reconnu, dès le Rapport au ministre de l'instruction publique où il * exposé (en 1856) les premiers résultats de ses travaux, le véri- table caractère de la petite liste que nous avons sous les yeux et d'y avoir montré d'une manière certaine des noms de villes disposés dans un ordre géographique régulier correspondant à une réalité historique. Mais avant lui, Otlfried Mùller l'avait déjà soupçonné, dans sa dissertation intitulée : Sandon und Sardanapal, qui a paru au tome III de la première série du Rheinisches Muséum fur Philologie. Au reste, il suflït de jeter les yeux sur celte liste, avec les connais- sances que nous commençons à avoir sur la géographie antique de la Babylonie et de l'Assyrie, pour y reconnaître des noms de villes à peine altérés par leur hcllénisation et par les copies successives; quant à la régularité de l'ordonnance géographique remontant du sud au nord, elle est aussi saisissante dès que l'on corrige l'erreur manifeste de la répétition du nom d'Ar- belus dans Eusèbe et dans Moïse de Khorène, d'après le Syncelle (pp. 151, 154 et 155) qui a inséré de la façon la plus bizarre cette liste de rois, très-exactement reproduite, mais retournée dans l'ordre inverse, entre le vingt-septième et le vingt-huitième nom du canon de Ctésias. Voici en effet de quelle façon le document que nous considérons comme emprunté à Bérose par Abydène marque, au moyen des éponymes des principales villes, les étapes de la civilisation remontant, avec la domination du peuple des Nemrodites ou Kouschitcs (voy. notre Essai de commentaire des fragments cos m oej uniques de Bérose, p. 45), de la Babylonie dans l'Assyrie. M.MS DES ROIS ÉPONYMES: NOMS ASSYRIENS DES VILLES: Babius. Babdit. Anebus. Nipur. Chaalus ou Chalaiis. Kala%. Arbelus. Arbail. Xiuus. Ninua. Le parallélisme des deux ordres de noms est assez frappant pour n'avoir pas besoin d'autre DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 19 et la ruine des grands collèges sacerdotaux où se conservaient les annales historiques. Remarquons de plus que si retendue des conquêtes attribuées à Ninus et commentaire. Quant à Bélus, c'est le dieu Bel, qui figure à bon droit en tête, avant le héros éponvme de Babylone, car la tradition nationale, attestée par les monuments et enregistrée par Bérose (Euseb., Armen. chron., p. 27, éd. Mai; Praepar. Evan., IX, 41 ) lui attribuait la fon- dation de cette ville. Que les Assyriens, dont l'histoire positive commençait fort tard en comparaison de celle des Babyloniens, aient eu sur les premiers temps de leur existence nationale et sur leurs origines des traditions épiques, des légendes héroïques où les mythes religieux se mêlaient à des sou- venirs assez fidèlement conservés, c'est ce dont il n'est pas possible de douter, et la tradition de Ninus et de Sémiramis, que nous étudions dans ce mémoire, suffirait à le prouver. Mais un passage extrêmement curieux qui se répèle dans plusieurs inscriptions de S' 'ar-yukin montre de plus que, à l'époque culminante de leur puissance, l'orgueil des Assyriens était parti de ces tradi- tions légendaires pour se targuer d'une antiquité rivale de celle de Babylone, et pour placer en tète de 1 histoire d'Assyrie, avant les princes d'un caractère véritablement authentique comme les pontifes-souverains (patesi) de la ville d'Al-As's'ur et les rois leurs successeurs, d'intermi- nables dynasties mythiques. Le vainqueur de Samarie, dit en effet, dans l'inscription des Taureaux de Khorsabad (Oppert, Inscriptions de Dour-Sarkayan , p. G : 1. 37-59) et dans celle des Barils ( Cuneiform inscriptions of Western Asia , t. I, pi. 56, 1. 5o; Oppert, Inscrip- tions de Dour-Sarkayan , p. 10) : CCCL tan malki labiruti s'a ellamua belut As's'ur ebus'u va iltanapparu ba'lat Bel, « il y a eu en tout 550 rois antérieurs, qui ont exercé la domination » sur l'Assyrie avant moi et ont illustré l'empire de Bel. » D'après ce qui résulte des fragments de Bérose et du témoignage des monuments indigènes (voy. le canon royal que nous en avons extrait dans la troisième de nos Lettres assyriologiques), il y avait eu seulement avant S'ar- yukin quarante-sept rois historiques en huit siècles; l'époque des pontifes d'A l-As's'ur avait duré environ six à sept siècles, et par suite on ne peut pas l'évaluer à plus de trente-cinq à quarante règnes. Restent au moins deux cent soixante rois mythiques sur les trois cents cin- quante dont parle le fondateur de Khorsabad. En supposant que l'on ait attribué une durée humaine à tous les règnes et qu'il n'y en ait pas eu qui aient correspondu à d'énormes périodes, comme les premiers rois chaldéens, c'est toujours environ sept mille ans d'antiquité que S'ar- yukin prétendait revendiquer pour sa couronne. On notera que le monarque assyrien fait aussi partir du dieu Bel la naissance de l'empire. C'est une preuve de plus de l'origine réellement assyrienne de la donnée qu'Abydène nous a conservée, et par suite de l'emprunt que cet auteur a dû en faire à Bérose. Mais si le témoignage des inscriptions de Khorsabad' contribue ainsi à démontrer la haute valeur du fragment de liste qui vient de nous occuper dans cette note, en tant que provenant bien d'une source assyrienne , le fragment conservé par Eusèbe et par Moïse de Khorène d'après Abydène éclaircit d'une manière fort précieuse le dire des inscriptions de Khorsabad. Il nous renseigne en effet sur le caractère des légendes nationales de l'Assyrie et sur la nature de ses rois mythiques, en montrant que les fables y étaient essentiellement épiques et que les rois comptés dans les âges antéhistoriques , au lieu d'être , comme à Babylone, des personnifications 20 PREMIER MEMOIRE à Sémiramis excède celle de l'empire assyrien à toutes les époques, la liste des provinces soumises à Ninus, telle (pie la donnait Ctésias est précisément celle des provinces composant l'empire des Achéménides à partir de Darius, fils d'Hystaspe, telle que nous la. lisons dans Hérodote ' et dans l'inscription du tombeau de Darius à Nakch-i-Roustam2, ainsi qu'au début du fameux texte de Behistoun (celte dernière liste est un peu moins étendue que celle de Nakch-i-Roustam, car elle ne comprend pas les provinces ajoutées à l'em- pire par Darius lui-même). Nous sommes avertis par là que ce côté de la légende a dû être systématiquement amplifié par la politique des Perses afin d'arriver à une aussi exacte coïncidence. En effet, il est facile de discerner à quel point de vue et dans quelle intention les monarques Acbéménides avaient donné un caractère officiel au travestissement de l'histoire assyrienne dont Ctésias s'est fait le complaisant écho. La politique de ces rois avait un intérêt capital à faire ainsi remonter jusqu'à la plus haute antiquité l'exemple d'un empire maintenu sur les nations de l'Asie par l'obéissance qu'inspirait le nom du souverain, fùt-il enseveli dans ses plaisirs et invisible au fond de son palais; maintenu aussi par une politique ombrageuse qui ne permettait pas à ses sujets de contrées diverses d'acquérir une expérience complète du métier des armes et de se connaître dans les camps, mais envoyait dans chaque province les agents de son pouvoir absolu. Comme ils se prétendaient substitués aux droits de l'empire assyrien, en prêtant à cet empire un sem- blable caractère et en le représentant comme ayant eu dès l'origine l'étendue de celui à la tête duquel ils étaient placés, ils donnaient à leur propre domi- nation, fondée sur la force des armes, l'autorité d'une tradition bien des fois séculaire et un caractère de véritable légitimité. De là ce que le même système d'hisloire légendaire ajoutait pour conti- astronomiques et zodiacales, étaient les héros éponymes des cités assyriennes, identifiés sans doute comme Ninus avec le grand dieu de chaque culte local. Et nous voyons en même temps que la part considérable que les mythes religieux devaient tenir dans la légende héroïque assy- rienne n'empêchait pas celte légende de contenir des souvenirs historiques très-réels, confirmés par d'autres sources. 1 III, 90-1(7. 2 Oppert, Les inscriptions des Achéménides, pp. 248 et suiv.; Expédition en Mésopotamie , t. II, pp. 167 et 174-170. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 21 niier les annales de l'empire assyrien. Ninyas, disait-on ', avait succédé à sa mère Sémiràmis. Ce prince n'avait pas eu les mœurs guerrières de ses prédé- cesseurs; uniquement occupé de ses plaisirs, il avait mené au fond de son harem une vie pacifique et obscure; il s'était borné à assurer la sécurité de son empire et à maintenir ses sujets dans l'obéissance , en tenant sur pied une armée nombreuse, levée annuellement dans toutes les provinces. Il ras- semblait ses troupes près de Ninive, donnait à chaque nation un gouverneur très-dévoué à sa personne, puis, à la fin de l'année, il congédiait ses soldais, que d'autres, en nombre égal, venaient remplacer. Ce renouvellement inces- sant de l'armée empêchait qu'il ne se formât des relations trop intimes entre les chefs et les soldats, et prévenait tout complot contre le souverain. D'un autre côté, en se rendant invisible , il voilait à tous les regards sa vie volup- tueuse; et, comme s'il eût été un dieu, personne n'osait en mal parler. Ses successeurs, continuait le récit admis à la cour de Perse, ses successeurs, jusqu'à Sardanapale, l'avaient imité; aussi ces rois étaient-ils restés ense- velis dans la plus complète obscurité. Mais pendant près de treize cents ans ils s'étaient succédé tranquillement , sans que leur pouvoir fût jamais con- testé ni que l'étendue de leurs domaines reçût aucune atteinte. Nous avons déjà remarqué tout à l'heure que cette durée de Ireize cenls ans est entièrement fabuleuse et nous fait remonter à plusieurs siècles avant qu'il fût question des rois d'Assyrie. Mais autant qu'on peut, dans l'étal actuel de la science, discerner les faits principaux au milieu du crépuscule historique qui enveloppe encore les premiers temps des annales de l'Assyrie, ce chiffre de treize siècles coïncide approximativement avec le résultat lotal de l'addition que l'on ferait en ajoutant à la durée des rois assyriens propre- ment dits l'étendue probable de la période antérieure, où les pontifes de la ville d'.4/-^ls's'wrconstituaient le seul lien national entre les cités assyriennes, régies par des chefs différents. Ainsi toute l'histoire de l'Assyrie semble avoir été présentée par les rois de Perse pour l'instruction de leurs sujets, comme celle d'un seul et même empire, gouverné pendant Ireize cents ans par une même dynastie, empire dont l'unité et l'autorité n'auraient jamais été con- 1 Diod. Sic, 11,21. 22 PREMIER .MÉMOIRE testées, et dont ils auraient eux-mêmes été les héritiers et les successeurs. C'est de cette manière que chez tous les peuples, cl particulièrement chez ceux qui ont le malheur d'être courbés sous le joug du pouvoir absolu, l'intérêt politique a bien souvent fait écrire l'histoire officielle. III. L'étude du côté religieux de cette tradition poétique, mieux conservée dans la figure de Sémiramis que dans celle de Ninus, offre plus d'intérêt, car c'est la part la plus antique et la plus incontestablement assyrienne du récit. Sémiramis n'est pas un personnage humain, c'est une divinité que la légende transporte, comme il arrive si souvent en pareil cas, dans le domaine des événements humains. Diodore dit formellement qu'elle était adorée comme déesse; Athénagorc ' et Lucien2 l'attestent également. Diodore ajoute que son culte avait deux sièges principaux, l'Assyrie et la ville d'Ascalon chez les Philistins. Aussi Eckhel 3 a-t-il reconnu son image avec certitude sur les monnaies frappées dans cette dernière ville du temps des empereurs romains, monnaies où l'on voit une déesse debout sur la proue d'un navire, la tète couronnée de tours, tenant une lance, et ayant à côté d'elle une colombe et un autel. Une autre monnaie du même temps et de la même cité la repré- sente armée de la lance et tenant la colombe sur sa main, debout sur sa mère Dereéto, figurée moitié femme et moitié poisson conformément à la description de Diodore4. Sémiramis est en effet encore bien nettement caractérisée comme déesse par sa qualité de fille de Dercélo, ainsi que par les traditions sur sa naissance 1 /.ci/. pro Christian., 26. - De dea Syr.,.14 et 33. 3 Dorir. num. vet., t. III, p. 445. '' Vaillant, Nvmism. grœc. imper, rom., pi. XIV, n" !). DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 23 et sa métamorphose finale, qui ont gardé toute leur couleur mythologique. Tel que nous l'avons lu, rapporté par Diodore d'après Clésias, le récit de l'origine et de la première éducation de Sémiramis, nourrie et couvée par les colombes, n'est que la version poétique d'un vieux mythe des religions de l'Asie, que d'autres écrivains nous ont conservé sous sa forme la plus simple. Un œuf, disait-on, tomba jadis du ciel dans le fleuve de l'Euphrate; des poissons l'apportèrent sur la rive, des colombes le couvèrent, et de sa coquille sortit Aphrodite '. Il faut rapprocher de ce mythe la tradition, fort peu orthodoxe au point de vue de la rigueur des principes mosaïques, mais admise pourtant par un grand nombre de rabbins, d'après laquelle la Sagesse créatrice (HODn) planait sous la forme d'une colombe au-dessus des eaux qui portaient la terre, au moment do sa création2. Là encore, la colombe présente le caractère de la force créatrice qui couve l'œuf du monde, à la façon d'un oiseau; c'est « l'esprit amoureux de ses propres principes, » ripôurBr} 7è meùfjta lw tôim Api&v, de la cosmogonie de Sanchoniathon -\ Et en vertu de ce mythe, emprunté aux religions voisines, les Samaritains, sur le mont Garizim, adoraient Jéhovah sous la forme d'une colombe, en tant qu'étant la sagesse qui a créé le monde i. Le poisson et la colombe, que nous trouvons ensemble dans le récit de la naissance de Sémiramis et dans le mythe rapporté par Hygin , sont deux symboles qui jouent le plus grand rôle dans les religions de l'Asie et s*> présentent en rapport avec les formes infiniment variées de la divinité fémi- nine. La déesse Syro-Philistine T\V^T\V ', que les Grecs ont appelée tantôt Dercéto et tantôt Atergatis, mais en appliquant plus spécialement le premier nom au culte d'Ascalon et le second au culte de l'Assyrie, ce qui semble révéler une différence dans les prononciations locales, celle déesse que la légende donnait pour la mère de Sémiramis, était adorée à Ascalon comme ' Hygin., Fab., 197. 2 F. Nork, Biblisehe Mythologie, t. II, p. 297; Renan, Mém. de l'Acad. des Inscr., nouv. sér., t. XXIII, 2e part., p. 251. s P. 8, éd. Orelli. 4 P. Béer, Geschichle, Lehren und Meinungen aller Sekten der Juden, t. I, p. 35. 24 PREMIER MÉMOIRE un être ichthyomorphe '. Et Diodore ajoute qu'on nourrissait dans l'étang de son temple des poissons sacrés. Tout un cycle de légendes se rattachait à cette forme donnée à la déesse. On a vu plus haut celle qui, dans Diodore, la montre se jetant dans le lac après avoir tué son amant. Les Lydiens racon- taient qu'un de leurs compatriotes, Mopsus, précipita un jour la cruelle reine Atergatis, avec Ichthys (le poisson), son fds, dans ce même étang voisin d'Ascalon, où ils devinrent la proie des poissons -. A Bambyce, suivant une autre forme de la tradition, un grand poisson sauva un jourDercéto, tombée dans le lac auprès du temple. De ce poisson naquirent deux autres poissons, comme lui révérés, et placés entre les astres, où le grand boit Peau qui s'épanche de l'urne du Verseau 3. La grande déesse d'Hiérapolis ou Bambyce était en effet rW^TM?; son nom est ainsi écrit en caractères araméens sur la monnaie d'un dynaste de cette ville, contemporain des Achéménides i, justifiant le rapport de Strabon s, qui dit qu'on l'appelait Atargalis ou Athara. Elle était adorée dans cette ville fameuse par son caractère de sainteté, sous une forme entièrement humaine c>. Mais dans l'étang qui avoisinait son sanc- tuaire, comme la plupart de ceux de la Syrie et de la Phénicie ', on élevait en son honneur des poissons sacrés 8. Aussi était-il interdit à ses prêtres de manger du poisson , et cette abstinence était commune à tous les sacerdoces de la Syrie 9. Une telle prescription est à comparer à celle qui interdisait le môme aliment aux prêtres égyptiens i0, à certains prêtres de Position en 1 Diod. Sic, 11, 4; Luciau., De dea Syr., 14. 2 Mnascas et Xanth. up. Atlicn., VIII, p. 346. 3 Eratosthen., Catasterism., 58; Hygin., Pvet. astroh., Il, 41. 4 Waddington, Mélanges de numismatique, t. I, p. 00; pi. VII, n° 1. :» XVI, pp. 7i8 et 785; cf. Xanth. ap. Hesych , V A77apyâty. c Lucian., De dea Syr., 14 et 32. 7 Voy. Movers ,Die Phœnizier , t. I, pp. 591 et suiv.; pp. (i6(i et suiv. * Lucian., DedeaSyr.,V,y,JEl\an.,Hisl.aitim., XII, 2;Cornut., Denal.deor.,6, p. 18, ed.Osann. 9 Artcmidor., Oneirocrit., I, 8;Xenopli. Aixibas.. 1, 4,!);Cic, De nat. deor., III, 15; Hygin., Poet. astron , II, 30 et 41; Hygin., Fab., 197; Ovid., ' Fast., II, v. 474, Porphyr., De abstin. carn., II. 01, et IV, 15; Diod. Sie., II, '< ; Plutarch. , De superstit., t. VI, p. G5G, cd. Reiske; Schol. ail Germanie., Arati phœnomen., v. 240; Clem. Alex., Prolrept., p. 54, éd. Potter; cf. Sclden, De diis Syris, Syntagm., II, 2; Crcuzcr, Symbolik, 5' édit., I. II, pp. 395 et 597; Movers, Die. Phœnizier, t. I, p. 591. f" Herodot., II, 37; Plutarch., De Is. et Osir., t. VII, p. 393, éd. Reiske. — Le témoignage de ces auteurs est confirmé par de nombreux passages des textes hiéroglyphiques. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 2o Grèce 1, aux initiés d'Eleusis, du moins à l'époque de la célébration des mystères -; d'après un passage de Julien 3, on serait porté à croire qu'il en était de même pour les Galles de la mère des dieux. L'interdiction de manger du poisson avait été adoptée par les Pythagoriciens 4. Mais à Ascalon les habitudes étaient toutes différentes. D'après le témoi- gnage de Mnaséas , cité par Athénée s, lès dévots offraient dans le temple de cette ville à la déesse Atergatis des poissons d'or et d'argent; puis le même auteur ajoute : « Les prêtres chaque jour présentent à la déesse sur la table sacrée de vrais poissons tout préparés, cuits et grillés, qu'ils mangent eux- mêmes. » Cette offrande du poisson sacrifié à une déesse icbthyomorphe n'a rien qui doive nous surprendre; dans l'esprit de toutes les religions antiques la victime est identifiée à la divinité à laquelle on l'immole °. L'animal choisi pour le sacrifice est l'animal sacré qui symbolise la divinité et lui sert d'attribut. Les rites du culte d'Atergatis ou Dercéto à Ascaloa sont le commentaire naturel des représentations de quelques cylindres babyloniens où l'on voit un poisson servi sur la table d'offrandes entre un dieu et une déesse coiffés de la tiare royale et assis sur des trônes 7; ailleurs le poisson est servi devant un dieu coiffé de la tiare et assis, derrière lequel Istar armée se tient de- bout 8. M. de Longpérier a publié 9 un très-curieux cylindre sur lequel est figuré un prêtre faisant l'offrande d'un poisson à une divinité représentée sous la forme d'une hache. La notion à laquelle se rapporte cette scène avait passé dans les religions de l'Asie Mineure, si fortement marquées de l'empreinte assyro-chaldéenne. Élien 10, en parlant du dieu adoré à Mylasa en Carie, dit qu'il existait dans l'enceinte sacrée de Labranda un bassin dans lequel 1 Plularch., Sympos., VIII, 8; De solert. anim., t. X, p. 92, éd. Reiske. 2 Porphyr., De abslin. carn., IV, 10; Plutarch., De solert. anim., t. X, p. 92, éd. Reiske; iElian., Hist. anim., IX, 31 ; voy. Sainte-Croix , Mystères du paganisme, 2' édit. , 1. I, p. 280. 3 Oral., V, p. 17U. 4 Plutarch., Sympos., VIII, S; Eustath. ad llomer., Odyss., M, p. 1720; cf. Lobcck, Aglao- pham., p. 249; Creuzer, Symbolik, 5e édit., t. II, p. 398. !1 VIII, |). 3'<0. 6 Voy. Cli. Lcnormant, Nouv. ann. de l'Inst. arcli., t. 1, p. 2C0. '' Lajard, Culte de Milhra, pi. XVII, n" 4. 8 Ibid., n° 10. 9 Bulletin archéologique de l'Athénœum français, 1853, p. 101. 10 Hist. anim., XII, 30; cf. Plin., Hist. nul., XXXII, 2, 7. Tome XL. * 26 PREMIER MEMOIRE. vivaient des poissons apprivoisés qui portaient aux ouïes des pendants d'oreille. On connaît la forme du Zeus Labrandeus par les médailles frap- pées à Mylasa : c'est une divinité barbue, terminée en gaine et armée d'une bipenne et d'une lance (. Plutarque 2 nous apprend que le mot teëpos signi- fiait, dans la langue des Carions, une hache (nitemç). Chez les Lydiens, cette arme était l'emblème du pouvoir suprême; c'est encore Plutarque qui indique cette particularité, quand il raconte l'origine du dieu de Labranda 3. Au reste, sur l'ensemble des rites du même genre et des idées auxquelles ils se rapportent, il faut consulter le remarquable mémoire consacré par M. le baron de Witte au Sacrifice dit poisson 4. On élevait encore des poissons sacrés en l'honneur de la Vénus phéni- cienne de Paph'os 5. Les médailles de Cypre à l'époque romaine montrent ces poissons dans un bassin circulaire en avant du temple de la déesse G. On en signale dans l'enceinte du temple de l'Astarté du Liban à Àphaca 7, et à Sardes en Lydie 8. 31. Emmanuel Rey a publié un cylindre recueilli par lui sur l'emplacement de l'antique Sidon et sur lequel est figurée une série de poissons 9. Ce symbolisme, et les idées sur lesquelles il se fondait, avait passé dans la religion des Grecs. M. le baron de Witte l'y a étudié spécialement dans sa dissertation sur Aphrodite Codas 10. Au moment des Gigantomacbies, quand les dieux prennent la fuite, Vénus se sauve sous la forme d'un poisson ". Plusieurs mythographes racontent que Vénus se trouvant avec son fils sur 1 Ch. Lenormant, Nouvelle galerie mythologique, p. 54. 2 Quœst. grau:, t. VU, p. 205, éd. Reiske. 3 Nous comptons étudier plus tard, dans un mémoire spécial, cette notion du dieu-hache et Jes mythes qui s'y rattachent chez les peuples nomhreux où elle s'était propagée. 4 Bidlet. archéol. de l'Alhén. franc., I8;jG, pp. 56 et suiv. 5 Plutarch., De superstit., t. VI, p. 674, cd. Reiske. c Mionnet, Description de médailles antiques, Supplément , t. VU, p. 305, u" 1 ; p. 506, n° 5; Monuments inédits publiés par la section française de l'Institut archéologique, pi. IV, nos 10, 1 1 et 12; voy. Lajard, Xouv. ann. de l'Inst. arcli., t. I, p. 207. 7 Zosim., Hist. eccles., I, 58. 8 Lucian., De deu Syr., 45; JElho., Hist. anim., XII, 2. 'J Étude géographique sur la tribu de Juila, p. 1 14. 10 Nouv. ann. de l'Inst. arch., t. I, pp. 75-101. 11 Ovid., Metam., V, v. 351 ; Mythogr. Vatic., 1,86. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 27 les bords de I'Euphrate, l'approche de Typhon effraya ces deux divinités qui se jetèrent dans le fleuve et prirent la forme de deux poissons '. Dans cer- tains mythes, au lieu de celte métamorphose, Vénus et l'Amour sont sauvés par deux poissons -. L'anchois («ywj), que les anciens considéraient comme formé de l'écume (%»s) de la mer, était consacré à Aphrodite 5. Les Grecs appelaient aussi ce poisson j3oui>v, nom qui rappelle l'Aphrodite Batâliç, adorée à Syracuse 4. Ailleurs on signale comme consacrés à la même déesse le poisson yilapiç s et le poisson vJ/iaç 6, qu'Aphrodite tient à la main quand elle est représentée sous la forme de Colias 7. Au lieu de naître de l'écume de la mer fécondée par les parties génitales d'Uranus ou de Cronos, comme dans les récits les plus connus, Aphrodite, d'après quelques autres mytho- graphes, sort de l'œuf d'un poisson 8, ce qui nous ramène au mythe asiatique de l'œuf tombé dans l'Euphrate et sorti de l'eau par des poissons. Dans d'au- tres récits, le poisson nommé r.o^Ckos, et considéré par les anciens comme aphrodisiaque, naît en même temps qu'Aphrodite 9. Aphros et Eurynome sont encore nommés comme parents d'Aphrodite 10. Eurynome était une Océa- nidc, et à Phigalie on voyait un xoanon qui la représentait moitié femme et moitié poisson, de la même manière que la Dercéto d'Ascalon ; des chaînes d'or la liaient, et il n'était permis qu'une fois l'an d'entrer dans son temple ". Le mulet, iptyh, était consacré à Artémis ou à Hécate 12. On regardait comme un sacrilège de pêcher les poissons qui se trouvaient dans les bassins de la source d'Aréthuse, en Sicile 13. Quant à la colombe, elle est bien connue comme l'animal sacré de l'As- 1 Hygin., Poel.astron., II, 30; Manil., Astron., II, v. 578 et 579. 2 Ovid., Fast., II, v. 461-474. 3 Athen., Vil, p. 526. 1 Hesycli., v° Ba<»7/«. 5 Athen., VU, p. 325; Euslath.ad Homer. Iliad., A, p. 87. o Athen., III, p. 120. 7 Nouv. ann. de l'Insl. arch., 1. 1 , pi. A, n° 2. 8 Ampcl., Lib. memor., 2. 9 Epimenid., ap. Athen., VII , p. 282. 10 Johan. Lyd., De métis., p. 89. «i Pausan., VIII, 41, 4. ,â Athen., VU , p. 325; Euslath. ad Homer., Iliad., A , p. 87. « Cic., In Verr., IV, 53; Diod. Sic., V, 3; Schol. ad Pindar., Nem. I, v. I ; Plutareh., De solert. anim., t. X, p. 63, éd. Reiske; vElian., Hist. anim., VIII, 4. 28 PREMIER MEMOIRE tarte de Paphos l. Les médailles de file de Cypre frappées sous les empereurs romains, en représentant le temple de la déesse, y montrent les colombes errant- dans les cours et se posant sur le toit -. D'autres monnaies de la même île, de date plus ancienne, car elles ont été frappées sous les Achéménides, font voirau droit le buste d'Aphrodite, le front ceint d'un diadème, le cou orné d'un collier et les oreilles de pendeloques, et au revers la colombe 5. D'autres encore, dont quelques-unes portent le nom de Paphos écrit en ca- ractères cypriens * et quelques-unes le nom de Salamis 5, présentent à la fois comme types la colombe et la vache ou le taureau , emblème également important et bien connu de la déesse. On trouve fréquemment en Chypre des statuettes en terre cuite, partie de l'époque phénicienne, partie de l'époque grecque, où l'Astarté ou Aphrodite de Paphos est figurée tenant à la main la colombe c>. La plupart des antiquaires français rattachent à la même origine que ces terres cuites et considèrent comme une œuvre cypriote "', d'après une opinion due au regrettable duc de Luynes, qui se proposait de la développer dans une étude particulière, une statue fragmentée de marbre, fort inexac- tement publiée par Montfaucon 8 et par Grosson 9, laquelle fait aujourd'hui partie du musée de Lyon. Mais nous ne saurions nous ranger à cette opinion. Après un examen très-attentif, et répété à plusieurs reprises, la statue du musée de Lyon, qui représente Vénus coiffée du polos et tenant sur sa main la colombe, statue qui ne provient ni de Chypre ni de l'Asie, mais a été décou- verte à .Marseille, est à nos yeux une œuvre grecque de l'époque archaïque, empreinte de tous les caractères du style des écoles ioniennes. Avec plus de perfection dans le travail et dans l'exécution, celte figure se rapproche beau- 1 Athen., XIV, p. 635; cf. Monter, D. Tempel d. Himml. Gœtlin zu Paphos, p. 20; Engel, Kjjpros, t. II, pp. 180 et suiv. 2 Miintcr, D. Tempel d. Himml. Gœtlin zu Paphos, pi. IV. 3 Duc de Luynes , Numismatique et inscriptions cypriotes, pi. V, n° S. 4 Ibid., pi. III, nos 1-6. — Ces deux lectures sont aujourd'hui très-douteuses et devront sans doute être modifiées. '■' Ibid., pi. III, n°s7-I2. 6 Voy. de Witte, Élite des monuments céramographiques , t. IV, p. 236, note I. 7 De Witte, au même endroit. 8 Antiquité expliquée, t. II, 2e part., pi. CXXXIX, n" 2. 9 Antiquités de Marseille, pi. XXV, n" 2. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 29 coup, comme style et comme école (Fart, des ex-voto archaïques trouvés à Marseille il y a quelques années et datant des débuts mémos de cette colonie grecque 1. (Test un morceau de la môme famille que les statues qui bordaient l'avenue du temple d'Apollon Branchidien près de Milet 2 et que les plus anciens fragments de sculptures atbéniennes parvenus jusqu'à nous 5, frag- ments dont les caractères d'art ont été analysés d'une manière particulière- ment remarquable par M. Beulé 4. En tant que spécimen des écoles ioniennes, cette figure est môme assez frappante pour que nous ayons quelque peine à croire qu'elle ait été sculptée à Marseille; nous serions plutôt tenté d'y voir un simulacre apporté d'Ionie môme par les compagnons d'Euxône et de Protis, comme la statue d'Artémis Épbésienne qui devint le palladium de la nouvelle cité 5. C'est aussi d'Ionie que doivent venir les monnaies d'argent apparte- nant à la môme école d'art, avec un carré creux au revers, dont on a trouvé quelques-unes à Saint-Remy (Glanum) et à Marseille môme (au port de la Jolielte)p, et dont un dépôt si important, qui n'a encore fait l'objet d'aucun travail approfondi 7, a été exbumé il y a quelques années à Auriol (Bou- clies-du-Rbône). Le type de l'Astarté pbénicienne tenant la colombe, admis, comme nous venons de le voir dans cet exemple, par les Grecs de l'Asie Mineure, a aussi été fréquemment reproduit par les Étrusques, dans des figures de bronze d'apparence tout asiatique 8. Et il faut noter ici, avec M. de Longpérier 9, le rapport que présente le nom donné par les Étrusques à Vénus, Tarait, avec un des mots qui dans les langues sémitiques désignent la colombe, ^TTV L'attribution de la colombe à la déesse de la nature génératrice avait en • Conze, A rcltœologische Zeitung , Archœoïogischer Anzeiger, 1SG6, p. ÔOÔ-ÔOG; pi. 15. 2 Newton, Discoveries at Halicarnassus , Cnidus and Branchidœ, pi. LXXIV et LXXV. 3 Le Bas, Voyage archéologique enGrèce eîere4sîeitfmewre,monumentsfigurés,pl.2,5,4ct5. * Gazelle des Beaux-Arts, t. XV, p. 489-515. s Justin., XL1II, 3 et 4; Strab. IV , p. -179. 6 La Saussaye, Numismatique de la Gaule Narbonnaise, pi. I, n"s l-'J. 7 11 n'a encore été parlé de la trouvaille d'Auriol et des pièces qui la composaient que dans un court article, publié par M. Cbabouillet dans la Revue des sociétés savantes en 1 8G9 , 4e série , t.X,p. 117-127. » Gerhard, Ueber Venusidole, pi. I, n°s 1 et 2. 9 Bulletin archéologique de l'Alhénœum français, 18o3, p. 24. 30 PREMIER MÉMOIRE effel passé do l'Asie dans les religions occidentales. Chacun sait que cet oiseau est l'emblème le plus constant d'Aphrodite. Des terres cuites grecques d'an- cien style représentent la déesse tenant la colombe ', d'une manière exacte- ment conforme au type que nous avons vu en Cypre et à celui de la statue du musée de Lyon. On éle\ait des colombes sacrées dans l'enceinte du temple de Vénus sur le mont Eryx en Sicile 2, dont le culte offrait tant d'ana- logie avec celui des sanctuaires de l'Astarté phénicienne 5. Les Syriens, à cause du caractère sacré de cet oiseau, ne l'offraient jamais comme victime 4. Mais dans l'île de Cypre, au contraire, on plaçait des colombes vivantes sur le bûcher où était brûlée l'image d'Adonis, dans la fête de deuil qui avait lieu tous les ans 5. De même, chez les Grecs et cliez les Romains, la colombe était considérée comme la victime la plus agréable à Vénus 6. Une figurine de bronze de la galerie de Florence représente une jeune fille tenant d'une main une patère et de l'autre une colombe, évidem- ment pour la sacrifier à Venus 7. Lu fragment de bas-relief grec votif, que j'ai découvert à Eleusis, offre aussi l'image du sacrifice de la colombe 8. Un lécylhus athénien , à figures peintes de diverses couleurs sur un fond blanc, montre un éphèbe debout auprès d'un tombeau et apportant, comme offrande funèbre, deux colombes 9. C'est le sacrifice à la Vénus infernale, à l'Aphrodite Persépboné, à laquelle la colombe était aussi bien consacrée qu'à la Vénus, céleste 10, et qu'on nommait Qsppiyilltx ou ^o^iaaa , « celle qui porte la colombe. » De là vient que dans les tombeaux grecs on trouve sou- vent des vases en forme de colombe ou de simples colombes en terre cuite **. 1 Gerhard, Ueber Venusidole, pi. III, n° 4. 2 Athen., IX, p. 594; /Elian., IJist. var., I, 15. 3 Voy. Maury, Histoire des religions de lu Grèce antique, t. III, p. 226. 4 Hygin., Fab., 197; Euscb., Prœpar. EvangeL, I, 6; Sext. Empiric, Hypotlc, III, 24; Lueian., Jupit. tragœd., 42; voy. Chwolsohn, Die Ssabier und der Ssabismus, t. Il, pp. 8, 10 et 107. r; Diogenian., Proverb., prajfat., p. v, éd. Gaisford; Creuzcr, Symbolik, 5P édit., t. II, p. 479; Guigniaut, Religions de l'antiquité , t. II, p. 956. ,! Propert., IV, 5, v. 65 et sui\.; Ovid., Fast., I, v. 452. 7 Gori, Mur. etrusc, pi. XCIII. 8 Voy. de Witte, Élite des monum. céramograph., t. IV, p. 256 ; et mon Catal. Raifé, n" 605. 9 Stackelberg, Grœbcr der Hellène», pi. XLVI, n" 2. 111 Porphyr., De abstin. cam., IV, 16. 11 De Witte, Catalogue Durand, n«" 1522-1525 et n° 1719. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 31 IV Dans la revue rapide que nous venons de faire à travers la symbolique des religions anciennes, nous avons constaté le rôle considérable que jouent les deux emblèmes du poisson et de la colombe ; mais presque toujours nous les avons trouvés séparés. Leur réunion et le concours de ces deux animaux symboliques dans une production commune est ce qui caractérise l'histoire de la naissance de Sémiramis et le mythe de l'œuf tombé dans I'Euphrate, auquel se rattache certainement la représentation d'un cylindre babylonien où l'on voit, au milieu d'autres symboles religieux, des colombes voltigeant au-dessus de flots *. Le poisson (nunuv) et l'oiseau (issurru) étaient égale- ment réunis parmi les figures (jpasilli) mystérieuses que l'inscription du Baril de Phillips désigne comme conservées à l'étage supérieur de la cité royale de Babylone 2 et de la fameuse Tour de Borsippa 3. 11 n'y a point à se méprendre sur le sens de ces mythes, surtout avec le commentaire qu'en donne la tradition rabbinique relevée plus haut. Ils sont l'expression sym- bolique de l'idée de la génération universelle par le concours et la réaction réciproque des deux éléments humide et igné, qui tient une si grande place dans la philosophie religieuse de tous les peuples antiques, et particulièrement dans celle de l'Asie 4. Aussi retrouvons-nous les deux mêmes symboles réunis encore dans un des plus antiques simulacres de la partie de la Grèce où la religion avait le mieux gardé sa physionomie primitive et l'empreinte de son origine orientale, dans la Déméter Melaena de Phigalie en Arcadie, qui était représentée avec une tête de cheval , portant un dauphin sur une main et une colombe sur l'autre 5. ' Lajard, Culte de Mithra, pi. LXII, n° 5. i Col. 1 , I. 18-22 : Cuneif. inscr. of West. As., t. I, pi. 65. 3 Col. 2,1. 26-35 : Ibitl. * Voy. notre Monographie de la Voie Sacrée Éleusinienne , t. I, pp. 264 et suiv.; Vogué, Mélanges d'archéologie orientale, pp. 57 et suiv. 3 Pausan.. VIII ,42, 3. 52 PREMIER MEMOIRE Le poisson esl un des symboles les plus clairs et les mieux appropriés du principe humide. La colombe, au contraire, appartient à l'élément igné. C'est, à cause de son tempérament amoureux et brûlant, nous dit-on, qu'elle fut de toute antiquité consacrée à Aphrodite '. Elle représente donc la géné- ration par la chaleur animale et l'élément du feu 2. Et c'est bien le rôle qu'elle remplit quand elle couve l'œuf que les poissons ont sorti des eaux. Mais dans ce concours de deux principes opposés, symbolisés par ces deux animaux, à l'œuvre de la génération universelle, il en est nécessaire- ment un qui est actif et l'autre passif, un qui tient le rôle de mâle et l'autre le rôle de femelle. Ici nous devons remarquer que la colombe est toujours exclusivement en rapport avec des divinités féminines, tandis que le symbole du poisson et la ligure ichthyomorphe appartiennent beaucoup plus souvent à des dieux mâles. Rappelons, dans la religion chaldéo-assyrienne, les deux personnages (VAini et de Bel-Dagan, dont nous avons eu déjà l'occasion de traiter ailleurs 3. An'it, l'un des plus grands dieux du panthéon des bords de l'Euphrate et du Tigre, est r'Qavwjs des fragments de Bérose *, VEuahanes d'Hygin s et P'Qfc d'Helladius °. Bérose décrit très-exactement le type de ses représentations : « Ce monstre avait tout le corps d'un poisson, mais au- » dessous de sa tête de poisson une seconde tête, qui était celle d'un homme, » des pieds d'homme sortant de sa queue et une parole humaine; son image » se conserve jusqu'à ce jour. » Nous la voyons en effet parfaitement con- forme aux dires de l'historien de la Chaldée, dans les sculptures des palais assyriens 7, sur les cylindres babyloniens 8 et dans certaines figurines de terre cuite qui proviennent de la même contrée 9. Quant à Bel-Dagan, dont le 1 Apollodor., ap. Schol. ad Apollon, Rliod., Argonaut., III, v. 393. "2 Voy. Creuzer, t. II, p. 57 de la traduction Guigniaut. 3 Essai le chef, le seigneur, le gouverneur de l'abîme. » Nous le reconnaissons sous une forme purement humaine dans le dieu que plusieurs cylindres nous montrent, avec l'attitude agenouillée, h yôvw qui a été transmise de l'Asie au langage symbolique de l'art grec comme Rappliquant toujours aux divi- nités de la génération 5, entouré des flots des eaux primordiales A. Il rappelle alors d'une manière frappante « l'esprit de Dieu porté à la surface des eaux » de la Genèse s et « le souffle de vent ténébreux, midh àipoç, Çoyatâouç, que la cosmogonie de Sanchoniathon G développe dans le chaos, à l'origine des choses; et c'est bien là en effet le rôle de ce dieu dans la plus haute triade de la Chaldée et de l'Assyrie. Dans les monuments de l'art, Nisruk, porté sur les eaux primordiales, est quelquefois ichthyomorphe, comme Dagan1. Et en effet, dans le long catalogue de ses titres que fournit une des tablettes mythologiques du Musée Britannique 8, nous lisons ceux de nun apsu (I. 26), « le poisson de l'abîme, » nun tab (I. 42), « le bon poisson;» dans le même document (1. 53) la déesse Davkina , sa compagne, est appelée as's'at rabit nunna, « la grande épouse du poisson. » Aussi dans les tablettes astro- logiques publiées par sir Henry Rawlinson et M. Smith au tome III des Caneiform inscriptions of Western Asia , est-il fait à plusieurs reprises men- tion d'un catastérisme appelé « le poisson de Nisruk. » Il n'y a pas à douter 1 Boita , Monument de Ninive, t. 1 , pi. 52 et 54. 2 Voy. notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérosc, pp. 08 et suiv. 3 Ch. Lenormant, Ann. de l'Jnst. arch., t. IV , pp. 04 et suiv. * Lajard , Culte de Mithra, pi. XXXI, n°* 4 et 7. s I, 2. « P. 8, éd. Orelli. i Lajard, Culte de Mithra, pi. XXXI, n° S. 8 Cuneif. inscr. of West. As., t. II , pi. 55 , eol. 2. Tome XL. 9 M PREMIER MEMOIRE que ce ne soit le signe entier des poissons ou du moins celui des deux pois- sons qui est situé le plus au sud, le plus exactement dans la bande zodiacale; car dans la curieuse tablette 1 qui enregistre les douze noms divers donnés à la planète Mercure pendant chacun des mois de Tannée 2, nous voyons cet astre prendre celui de « poisson de Nisruk » au mois de addaru, le dernier de Tannée, c'est-à-dire précisément à l'époque où Mercure, accompagnant toujours de très-près le Soleil, se trouve avec lui dans le signe des poissons, autrement dit, pour les astronomes babyloniens, dans le catastérisme du « poisson de Nisruk. » C'est pour cela que lorsque certains cylindres réu- nissent côté à cote deux dieux-poissons, exactement semblables 3, nous y reconnaissons Bel-Dagan et Nisruk. Quelquefois la représentation de la pre- mière triade divine est complétée parla figure û'Anu, dans ce cas complète- ment homme, entre les deux personnages ichthyomorph.es A. Si nous nous transportons maintenant dans d'autres contrées de l'Asie, où la religion était de la même famille que celle des bords de TEupbrate et du Tigre, nous rencontrons chez les Philistins Dagon, le dieu ichthyo- morphe par excellence5, identique au Bel-Dagan chaldéo-assyrien, dont le nom, pJI, dérive de J"l, « poisson, » et qui, sur certaines médailles du temps des Achéménides, est représenté avec une queue de poisson 6. La même figure est donnée au Bel-Itan phénicien , adoré comme un dieu-pois- son à Itanus de Crète et dont l'image sert de type aux monnaies de cette ville 7. La notion des dieux-poissons passa d'Asie en Grèce et constitue un des côtés de la religion hellénique où Ton peut le moins contester l'influence orientale8. Les vases peints grecs d'ancienne date, dits de style asiatique. 1 Cuneif. inscr. of West. As., t. III , pi. 53, n" 2 , reelo. 2 Voy. notre Essai île commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, p. 372. 3 Lajard, Culte de Mithra, pi. LXII, n" 1 et 2.  Lajard, Culte de Mithra, pi. LI, n° 4. 5 Voy. Selden, De diis Syris, Syntagm., II, p. 188. 6 Mionnet , Description de médailles antiques, Supplément, t. VIII , p. 428, n" 40. 7 Stepli. Byz., v° 'l7aso;; Eekhel , Doctr. nui», vel., t. I, p. 31V; Mionnet, Supplément, t. IV. p. 324, n" 188; Ch. Lenormant, Nouvelle galerie mythologique, pi. XVII, la, et pp. 63 et 100: Movcps, Die Phœnizier, t. I, pp. 278 et 525. 8 Lenormant et de Witte, Elite des monuments céramographiques, t- III, p 77. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 35 nous offrent souvent la représentation de personnages divins ichthyomorph.es, auxquels il est assez difficile de donner des noms précis 1. Ces figures sont certainement imitées de monuments des arts de l'Asie, et l'on en remarque même une qui reproduit trait pour trait le Dagon des médailles frappées sous les Achéménides que nous citions tout à l'heure -. On ne peut douter que, par un des côtés les plus importants de sa conception, première, Posidon ne lût originairement un dieu-poisson. Mais à la belle époque, chez les Grecs, la pureté du goût a porté les artistes à déguiser ce caractère monstrueux , pour ne pas nuire à la majesté dans la représentation de Neptune. Les divinités d'un ordre inférieur sont les seules dont le corps, sur les monuments purement helléniques, se termine en queue de poisson. Quant au roi des mers, les artistes ont imaginé un certain nombre de procédés pour exprimer sa nature ichlhyomorphe, sans y ajouter l'appendice caractéristique qui répugnait au sentiment du beau. C'est ainsi qu'ils le font monter sur un hippocampe ou sur quelque autre monstre marin , ou qu'ils lui mettent à la main un poisson dont il serre fortement la queue 3. Mais, en revanche, Nérée, qui n'est qu'une forme inférieure de Posidon 4, est figuré sur plusieurs vases peints avec la queue de poisson 5. Et il n'est pas sans intérêt d'observer en passant que Pindare 6 le montre donnant aux hommes des enseignements de morale, d'une manière qui rappelle tout à fait Y Ami législateur des mythes de Babylone. Le thon et le poisson pompile étaient spécialement consacrés à Posidon, et les pécheurs offraient à ce dieu le premier thon qu'ils prenaient dans leurs filets 7. Dans la ville d'/Egia?, en Laconie, se trouvait un étang nommé l'étang de Posidon, avec des poissons sacrés, et personne ne se serait avisé de 1 Ch. Lenormant et de Witte, Élite des monuments céramographiques , t. III, pi. XXXI, XXXII et XXXII A. 2 El. des mon. céramogr., t. III, pi. XXXV. 3 Voy. Ch. Lenormant et de Witte, El. des mon. céramogr., t. III, p. 7G. 4 Voy. Panofka, Musée Blacas, pp. 00 et suiv. 5 Panofka, Musée Blacas, pi. XX; Ch. Lenormant et de Witte, El. des mon. céramogr., t. III, pi. XXXIII et XXXIV. « Pyth., IX, v. 109 et suiv. » Athen., VII, p. 297. 36 PREMIER MEMOIRE prendre ces poissons : le coupable aurait à l'instant ressenti les effets de la colère du dieu '. Le poisson (3dr.xps était consacré à Dionysus -. Le pois- son mIToz appartenait au même dieu 5. A Pharœ, en Achaïe, il y avait une Fontaine qui avait nom Hama et dont les poissons étaient dédiés à Hermès 4. On signale, du reste, une espèce de poisson nommé (36a£ comme appartenant à ce dieu s. Quant au poisson vd$«poi} il était consacré à Apollon 6. Dans la Lycie, il y avait des poissons sacrés que l'on consultait pour connaître l'ave- nir et que Ton faisait venir à la surface de l'eau au son de la flûte 7. Varron raconte une anecdote à peu près semblable au sujet de certains poissons de la Lydie qui étaient sensibles aux accords de la musique; il ajoute que les Lydiens offraient des poissons en sacrifice aux dieux 8. Les Réoliens des bords du lac Copaïs faisaient de môme avec leurs anguilles 9. Ces rapprochements, que nous n'avons pu faire que très-sommairement, car il eût été bon d'y joindre les mythes des dieux ■péchés et des dieux pêcheurs 10, suffisent pour montrer que l'attribut du poisson et le caractère ichthyomorphe appartiennent plus souvent à des divinités masculines que féminines, et pour achever de prouver que dans le couple du poisson et de la colombe, concourant à la génération de l'univers, le rôle de mâle appar- tient au poisson et celui de femelle à la colombe. Ainsi dans le groupe de mythes auquel se rattache celui de la naissance de Sémiramis, le principe humide est le principe mâle et le principe igné le principe femelle. Cepen- dant c'est l'inverse qui se présente habituellement dans les conceptions reli- gieuses de l'antique Asie n, et nous-mêmes, nous avons eu l'occasion de faire voir ailleurs l- que dans la cosmogonie babylonienne , telle qu'elle était expo- 1 Pausan., III ,21,0. 2 Hesych., v° (îixvo,-. 3 Athen., VII, p. 525. 4 Pausan., VII, 22,2. 5 Aihcn., VII, p. 525; Eustatli. ad Homer., Mail., A, p. 87. « Ibid. 7 Plia., Hist. na(., XXXII, 2,8; Polycharm. op. Athen., VIII, p. 553. 8 Varr., De re rnistic, III, 17, 4. , » Athen., VII, p. 297. 10 Vov. Ch. Lénormant et de Witte , El. des mon. céramogr., t. III, pp. 44 rt suiv. 11 Vov. De Vogué, Mélanges d'archéologie asiatique, pp. 57 et suiv. 12 Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bcrose, pp. 09 cl suiv., 87 et suiv. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 57 sée par Bérose, c'était l'élément humide qui tenait la place du principe femelle ou de génération passive. Mais, ainsi que nous l'avons fait remarquer il y a un certain temps déjà *, « partout où Ton voit surgir un système religieux en apparence exclusif, qui attribue le caractère mâle au feu ou à l'eau, il n'est pas difficile de reconnaître la trace évidente du système opposé. » En effet, dans ces appli- cations religieuses des idées de la physique primitive, la constitution' de chaque contrée a dû déterminer la préférence pour faire attribuer le rôle actif ou passif, mâle ou femelle, à l'un ou à l'autre élément. En Chaldée comme en Egypte, où le rôle du feu intérieur est nul , l'expression naturelle du travail du principe actif sur la nature passive était le soleil dardant ses rayons sur le limon qu'abandonne le fleuve en se retirant après l'inondation; en Attique, où la terre aride et brûlée ne retrouve un peu de force végétative qu'à l'époque des grandes pluies, c'était le mythe de Gœa implorant la rosée de Zeus Ombrios 2. Mais changez la saison de l'année babylonienne, faites qu'au lieu du moment où l'inondation finit, l'observation se rapporte au mois où elle commence, et alors l'eau mâle qui abreuve la terre desséchée ne diffé- rera pas du Zeus Ombrios des Athéniens. C'est pour cela que si la divinité féminine, dans les religions de l'Asie, et avant tout d'une nature humide et lunaire, nous la voyons par contre y revêtir quelquefois un caractère igné. Elle est alors appelé OltP ou NDrflP, « la noire, la brûlante 3. » Vn tel nom rappelle aussitôt à l'esprit l'Aphrodite Mehenis de Corinthe , qui parait être d'origine orientale, comme presque toutes les divinités de cette ville 4. Mais où la divinité féminine se montre principalement comme ignée, c'est quand elle préside à l'une des plus brillantes planètes, à la planète Vénus, objet de l'adoration de presque toutes les populations sémitiques s. Chez les 1 Monographie de la Voie Sacrée Eleusinienne, t. I, p. 2G5. 2 Pausan., I, 24, 5; cf. Ch. Lenoroiant, Ann. de l'Inst. arch., t. IV, pp. 63 et suiv. 3 Chwolsohn , Die Ssabier und der Ssabismits , t. II , pp. 33 , 557 et 558. * Pausan., II, 2, 4; cf. Maury, Histoire des religions de la Grèce, t. III, p. 20!). • Evagr., flisl. eccles., VI, 22; Gedren., llist. comp., t. I, p. 744, éd. Bekkcr, Origen. Adv. Cels., V, 54; Procop., De bell. fers., Il, 28; Johan. Damascen., De kaeres., 101; Cotcler, Eccles. graec. monum., t. I, p. 520; Assemani , Dissert, de Syris Nestorianis, dans sa Bibloth. orient., t. III, 2e part. 58 PREMIER MÉMOIRE Babyloniens et les Assyriens , c'était Is'tar qui était la déesse de la planète Vénus *. Chez les Phéniciens, c'était Aslarté -. Aussi cette planète s'est-elle appelée jusque très-tard Hiri^-U ". Les Syriens la nommaient Tton *. Il faut aussi se souvenir ici des ingénieuses remarques de M. le comte de Vogué '° sur l'échange de symboles entre les deux personnages du couple divin, qui est caractéristique des religions de l'Asie, « échange de symboles, dit-il, qui indique leur association mystique et le lien qui les unit. » Les attributs, les animaux sacrés, l'être réel ou fantastique qui sert de monture, sont souvent ceux qui appartiennent au principe opposé à celui que person- nifie la divinité. Ainsi le dieu igné et solaire sera placé sur le taureau du principe humide et lunaire, tandis que la déesse de l'élément humide et de la lune se tient debout sur le lion, emblème du feu et du soleil. C'est une manière de rétablir l'unité panthéistique fondamentale, décomposée dans la dualité d'un dieu mâle et d'une déesse féminine. Le couple divin du poisson mâle et de la colombe ne se présente pas seu- lement à nous dans le récit de la naissance de Sémiramis; c'est la donnée fon- damentale de toute son histoire mythologique. La colombe est l'attribut essentiel de Sémiramis, elle est elle-même la déesse qui se manifeste sous la figure d'une colombe. Diodore le dit formellement, et sa métamorphose finale le prouve d'une façon assez claire. Lucien nous apprend d'ailleurs que la colombe placée sur la tête de la statue mystérieuse du temple de Bambyce suffisait beaucoup pour le faire nommer Sémiramis 6. Aussi, quand nous 1 Voy. notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, pp. 104 et 116-121. Une curieuse tablette astrologique du Musée Britannique (Cuneiform inscriptions of Western Asia, t. III, pi. 53, n" 2, verso) tlit que « la planète Vénus esta son lever la Dame d'Aganê » (Anunil); à son coucher la Dame iVUrnk (Belil Um-Uruk, l'Omoroca de lîérose); à son lever » Is'tar des étoiles; à son coucher Belit, dame des dieux. » 2 Plin., IJist. nat., II, 6, 8; voy. Movers, Die Phœnizier, t. I, p. 050. 3 Chwolsohn, Die Ssabier und der Ssabismus, t. II, pp. 50 et 220; cf. Reinaud, Description des monuments arabes du cabinet Blacas, t. II, p. 571. 4 Chwolsohn, Die Ssabier und der Ssabismus , t. Il , p. 23. 5 Mélanges d'archéologie orientale, pp. 64-68. G Lucian., De dea Syr., 35. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 39 voyons sur un cylindre provenant de l'Assyrie l une déesse nue, debout, représentée comme Test ordinairement Zir-banit ou Zarpanit -, mais avec un voile étendu derrière elle à la façon de celui de l'Astarté tauropolc des médailles grecques de la Phénicie, et environné de colombes, nous n'hésitons pas à la qualifier d'/s'tor-SémiramiSj association de noms qui sera justifiée tout à l'heure. Quant au symbole du poisson, il n'appartient à Sémiramis dans aucune des circonstances du mythe, mais il est facile de le retrouver dans la concep- tion du dieu son époux, dont les différents aspects ont été décomposés par la légende en plusieurs personnages successifs. On ne peut manquer, en effet, d'être tout d'abord frappé du nom donné par le récit légendaire au premier époux de Sémiramis, Onnès ou Oannès, car c'est précisément ■ — nous l'avons vu il n'y a que peu d'instants — la forme que les Grecs ont donnée au nom du dieu-poisson par excellence dans la religion babylonienne au nom A'Anu. Nous trouvons un second indice du caractère de personnification du prin- cipe humide, et par suite d'être ichthyomorphe, appartenant au dieu mâle associé à Sémiramis dans l'étrange histoire qui lui donne un cheval pour amant. En effet le cheval, dans la symbolique des anciens, est un attribut qui appartient essentiellement aux divinités de l'élément humide 3. Posidon était appelé "lr.mo; à Colone i, à Némée ;i, à Mantinée 6, et à Tilphusa en Àrcadie 7, et ce nom se rattachait à plusieurs récits mythologiques. Dans son sommeil, le dieu féconde un rocher duquel naît le cheval Scyphius 8. Selon d'autres récits, ce cheval est produit par Neptune quand Minerve fait naître l'olivier 9. C'est en se mêlant aux cavales oncéennes que Posidon rend 1 Lajard, Culte de Milhra, pi. XXXII, n° 9. 2 Voy. noire Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bèrose, p. II!). 3 Voy. sur ce sujet Ch. Lenormant et de Wille, Élite des monuments céramographiques , t. I, p. II, et !. III, p. a; et notre Monogr. de la Voie Sacrée Eleusinienne, I. I , pp. 2!)o et suiv. 4 Pausan., 1, 50, 4. » l&ti.,VI,20,8. 6 Ihid., VIII, 10,5. ? /6id.,2S, 7. » Schol. ad Pindar., Pylh., IV, v. 246. 9 Scrv. ad Virgil., Georg., I, v. 12. 40 PREMIER MEMOIRE Démêler mère du cheval Arion '. Le même dieu produit eu Tliessalie, d'après un autre mythe, deux chevaux, Arion et Scyphius -, qui rappellent les deux chevaux dont est accompagnée la figure du Zeus-Posidon de Gabala 5. Nous sommes autorisé à faire ces rapprochements, car des textes et des monuments positifs prouvent que la donnée génératrice des mythes que nous venons de citer, l'attribution du cheval au principe humide, ténébreux et infernal, appartenait à la religion chaldéo-assyrienne. C'est ainsi que le frag- ment 1 de Bérose, en décrivant les êtres monstrueux nés dans le chaos de la matière humide, d'après les peintures du temple de Bel à Bahylone, a rangé dans ce nombre les hippocentaures4. Le cheval est l'animal que com- bat le dieu lumineux et céleste sur deux monuments publiés par R. Rochette, un sceau babylonien 5 et une monnaie d'argent des rois Achéménides c. Sur la broderie du vêtement porté par un dieu dans un bas-relief assyrien 7, nous voyons un personnage divin muni de quatre ailes qui combat deux chevaux ailés, pareils au Pégase des Grecs, lequel appartient aussi dans son origine au principe humide, puisque son nom rappelle celui de la source, ■Krrfi, et que d'un coup de pied il fait jaillir la fontaine Hippocrène 8. Les deux chevaux ailés l'appellent d'ailleurs que sur le coffre de Cypsélus, où tous les types étaient encore marqués d'une si forte empreinte asiatique, on voyait les deux chevaux nés de Posidon, Arion et Scyphius, munis d'ailes9. Et nous les trouvons encore ainsi sur un vase peint de style ancien 10. Faut-il aussi ne pas tenir compte de la ressemblance si frappante, signalée pour la première fois par Dupuis H, niais admise depuis par Creuzer 1"2 et par 1 Pausan., VIII, 25, 5. 2 Schol. ml Stat., Thebaid., IV, 2, v. 43. 3 Voy. Ch. Lenormant , Nouvelle galerie mythologique , p. aG, note 9, et p. 90. 4 Voy. notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, pp. 78 et suiv. s Mém. de l'Acad. des Inscr., noitv. scr., t. XVII, 2e part., pi. VI, n° 15. c Ibid., pi. II, n° 15. 7 Layard, Monuments of Nincveh, pi. XL1V, n° 1. 8 Voy. Vcelcker, Mythologie des Japet. Geschlecht., p. 152. '■> Pausan., VI, 17,4. ,0 Ch. Lenormant et de Witte, El. des mon. céramogr., t. III. pi. XVI. 11 Origine des cultes, t. II, p. 210. 12 Symbolik, l. iv, ch. ni, § 1 ; t. II, p. 3'i, de la traduction Guigniaut. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 41 MM. Ch. Lenormant et de Witle *, que présente le nom de l'époux royal de Sémiramis, Ninus , reproduit dans son fds Ninyas , avec le mot qui, dans les langues sémitiques, désigne le poisson, Î1J, assyrien nunu? Nous nous arrêtons avec d'autant plus de confiance à ce rapprochement qu'il est aujour- d'hui certain que le dieu-poisson jouait un rôle important dans le culte spé- cial de Ninive, et que si le nom de cette ville, Ninua, paraît venir de la racine PT1J par une de ces formations au moyen d'un J préfixe si multipliées dans la langue assyrienne 2, s'il signifiait donc simplement «demeure» , l'allité- ration entre Nunua et nunu avait été faite de très-bonne heure par les Assy- riens eux-mêmes. Nous en avons la preuve par le nom idéographique de cette ville dans les textes cunéiformes, lype archaïque ^|^_j , type moderne ►— ^TP , qui dérive de l'image d'wi poisson enfermé dans l'enceinte du bassin sacré , ainsi qu'on le reconnaît encore parfaitement dans le tracé du caractère archaïque. V. Nous sommes ainsi ramenés au culte particulier de la cité de Nivive, dont Ninus était le héros éponyme, et dont il était aussi le grand dieu, puisque la pyramide sacrée ou ziggurrat attenant au palais royal était regardée comme son tombeau, de même que la pyramide de la cité royale de Babylone était le tombeau de Bel-Marduk 3. Il est question de cette pyramide dans l'inscription du cylindre de Bellino 4, et nous y apprenons que le temple àls'lar était situé tout à côté. Le couple divin se trouve ainsi réuni; Sémi- ramis est adorée à côté de son époux Ninus. Il nous semble en effet impossible de méconnaître dans la Sémiramis légen- 1 El. des mon. cêramogr., I. III, p. 77. â Voy. Oppert, Expédition en Mésopotamie, t. II , p. 155 ; Éléments de la grammaire assy- rienne, 2e édit., pp. 100 et suiv. 3 Voy. notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, pp. 5G4 et suiv. * L. 45 : Layard , Inscriptions in the cuneiform charucler, pi. 64. Tome XL. 6 42 PREMIER MEMOIRE daire une forme héroïque de Yls'tar de Nivive, déesse que nous avons étudiée dans un autre travail '. lslar, que Pausanias 2 indique avec tant d'exactitude comme le prototype et l'origine de l'Astarté (PTWWp) phénicienne, pas- sée ensuite en Grèce comme Aphrodite Uranie, était — nous l'avons dit alors — - une déesse à la fois guerrière et voluptueuse, qui présidait aux batailles et aux plaisirs des sens. Cette double physionomie, ce contraste d'attributions, nous le retrouvons également dans le personnage de Sémi- ramis, le reine conquérante et dissolue, qui partage sa vie entre les combats et l'amour. Chez les Philistins, où l'on place la naissance de Sémiramis et où Diodore atteste qu'elle était adorée, Astarté avait le même caractère. C'est dans le temple de cette déesse que les Philistins vainqueurs dédient les armes de Saùl 5. Chez les Phéniciens eux-mêmes, bien que le côté voluptueux prédominât dans son culte, le caractère guerrier lui appartenait aussi, et se manifestait quelquefois 4. A Cypre on la surnommait êyxet<* 6- Sur les mon- naies de Sidon 6, d'Anthèdon " et de Bosra 8, Astarté figure tenant la lance dans sa main droite. En Grèce, partout où le culte d'Aphrodite a été directe- ment apporté par les Phéniciens, à Cythère 9, à Sparte 10, à Corinthe u, nous trouvons une Vénus armée 12. Au reste, une telle réunion de deux rôles en apparence contraires, un tel 1 Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bèrose, pp. 146-121. 2 i, 14, e. s I Sam., XXXI , 10. 4 Voy. Movcrs, Die Phœnizier, t. I, pp. 635 et suiv. 3 Hesyeh., s. r. u Eckhel, Docir. num. vel., t. III, p. 371. 7 Eckhel, Doelr. num. cet., t. III, p. 443. 8 Ibid., p. 501. 9 Pausan., III, 23, I. m Pausan., III, 13,8; Plutarch., De fort. Roman., t. VII, p. 260, éd. Reiske. " Pausan., II, 4, 7. 12 C'est comme déesse guerrière qu'Astarté est figurée dans les bas-reliefs ptolémaïques du temple d'Edfou, parmi les auxiliaires divins d'Horus : Naville, Textes relatifs au mythe d'Horus, recueillis dans le temple d'Edfou, pi. XIII. Elle a une tète de lionne, surmontée du disque solaire, tient à la main un fouet et est debout sur un char que traînent quatre chevaux , foulant aux pieds un ennemi vaincu. Ses titres, inscrits à côté de sa figure, sont : « Astert, rectricc des y> chevaux et du char, résidant dans Utes-J/or. i> DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 45 « contraste de pureté et d'impureté, d'énergie belliqueuse et de volupté sans « frein, » pour nous servir des expressions de M. Guigniaut,se reproduit, mais d'une manière plus ou moins accentuée, dans toutes les innombrables formes de la divinité féminine des religions de l'Asie. Nous l'avons signalé dans le personnage d'Anaïtis, lorsque nous en avons fait l'objet de nos recbercbes *. La Tanith de Cartbage, appelée des Romains Dea Coelestis, apparaît sur une monnaie de Septime Sévère assise sur un lion et tenant la lance -, et ce type se montre aussi sur quelques pierres gravées 3. Par une analogie remar- quable avec Sémiramis et Astarté, sur une des plus anciennes monnaies de la colonie romaine de Cartbage on voit le temple de cette déesse, dont le fron- ton est occupé par une colombe volante 4. Il faut aussi se rappeler la ricbe série des mythes des Amazones 5, que l'illustre Gerhard a si savamment rattachée aux conceptions des religions de la race syro-phénicienne ou sémi- tique, en établissant qu'elle en tirait son origine 6. Or, une des versions de la légende de Sémiramis vient y mêler les Amazones. Suivant cette version, l'amant de Dercéto, le père de la future reine d'Assyrie, est Caystros, fils de la reine des Amazones Penthésilée, et Sémiramis appartient ainsi à leur race 7. Le caractère viril et guerrier attribué à la déesse féminine est une variété d'androgynisme; tous les mythologues sont d'accord sur ce point. C'est une manière de rappeler dans la personnification séparée du principe féminin l'unité panthéistique d'où elle sort, le caractère compréhensif de l'être divin primordial, qui réunit les deux puissances active et passive, les propriétés des deux sexes, et qui se décompose ensuite dans la dualité du dieu mâle et du dieu femelle. Comme l'a très-bien dit M. de Vogué 8, « l'indécision est 1 Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Dérose, pp. 148-165. - GeseniuS; Monumenta phœnicia, pi. XVI, a. '• Cicsenius, Mon. phœn., pi. XVI, b el d. 4 (iesenius, Mon. phœn., pi. XVI, c. 3 Voy. Guigniaut, Religions de l'antiquité, t. II, pp. 97S TyiTy&V pD?. La Vénus mâle est également signalée dans le culte du Yémen par Schahres- tâny 3, et les inscriptions himyaritiques la mentionnent fréquemment sous le nom de "iPir^ *, bien voisin de celui de Yls'tar chaldéo-assyrienne s. La célèbre Astarté de Papbos, nous le savons par les témoignages de Tacite 6, de Philostrate 7, de Maxime de Tyr 8 et de Servius 9, ainsi que par les types des médailles frappées à Cypre sous la domination romaine ,0, était adorée sous la forme d'une pierre conique ". Le même cône se voit placé entre deux cyprès, sous le portique du temple d' Astarté, au revers d'une curieuse monnaie d'/Elia Capitolina 12. D'autres monuments monétaires de l'Asie occidentale, et notamment une médaille coloniale d'Héliopolis, frappée en l'honneur de Philippe père I3, nous offrent l'image d' Astarté debout entre deux personnages supportés chacun par un cône, ou par un cippe de forme conique. Les ex-voto du temple de Tanith ou de la Dca coelestis à Carlhage 1 Études religieuses , historiques et littéraires par des Pères de la Compagnie de Jésus, 1864, pp. 1072 etsuiv. "2 Journal asiatique, 5e série, t. XX, pi. II. 3 Ap. Pocoek., Spec. hist. Arab., p. 120, éd. De White. 4 Journal asiatique, 4e série, t. VI, pp. 172 etsuiv., noi 9, oo et 56; Inscriptions in the Irimtjarilic charucler now in the British Muséum, nos 6, 29, 52 et 34. 5 Voy. ce que nous avons «lit de ce personnage dans les Comptes rendus de VAcadémie des inscriptions et belles-lettres, 1867, pp. 125 et suiv. e Histor., II, 5. 7 Vit. Apollon. Tyan., III, 58. 8 Dissert., VIII, 8. 9 Ad Virgil. JEneid., I, v. 720. 10 Mionnet, Descr. de mèd. ant., t. III, pp. 070 et suiv., n"s 1-3, 9-12, 16, 17, 23, 20, 30, 52-5G, 39-41; SappL, t. Vil, pp. 505 et suiv., n"s 1-3, 8-16; Millin, Galerie mythologique, pi. XL1II, n°s 171-175; Mon. inéd. de la sect. franc, de l'Lnst. arch., pi. IV, n"' 10-12; Lajard, Recherches sur le culte de Vénus , pi. I, nos 10-12; Gerhard, Ueber die Kitust der Phœnkier, pi. III, n° 17. 11 Voy. Monter, Der Tempel der Himmlischen Gœtlinzu Paphos, Copenhague, 1824, in-4°; Guigniaut, La Vénus de Paphos et son temple, à la fin du t. IV de la traduction de Tacite par Burnouf. 12 Lajard, Culte de Vénus, pi. XV, a" 9. « Ibid., n° 2. 46 PREMIER MEMOIRE présentent une figure semblable, munie d'une tête et de bras *. On a même découvert dans les ruines de cette dernière ville un cône de dimensions con- sidérables, qui avait évidemment servi d'idole 2, et un autre dans la Gigan- teja du Gozzo 3. Enfin diverses parties de la Grèce ont fourni des cônes de terre cuite, dont quelques-uns avec l'inscription A$POAElTH 4. Tout montre ainsi que le cône , une des trois formes divines par excellence (les deux autres sont la sphère et le cylindre), suivant une célèbre inscription découverte à Pergamc5, où le culte de la Vénus de Papbos était florissant, fut, sinon exclusivement, au moins principalement consacré à celte grande déesse. Mais le cône, comme le Lingam indien, n'est qu'une figure déguisée et épurée du phallus; les académiciens d'HercuIanum l'ont entrevu les pre- miers 6; après eux Creuzer 7 et M. Guigniaut 8 en ont complété la démonstra- tion de la manière la plus positive. Clément d'Alexandrie 9 et Arnobe 10 racontent que l'on distribuait des phallus aux initiés du temple de Papbos; mais Miinter a fort bien établi que ce devaient être seulement de petits cônes analogues à ceux, si multipliés dans les collections d'antiquités, qui portent gravé sous le plat un sujet de travail asiatique M. C'est ainsi qu'au commence- ment du seizième siècle avant notre ère , nous voyons un marchand grec de Naucratis, nommé Hérostrate, rapporter de Papbos dans sa patrie une petite image de la déesse, d'un palme de longueur, qui y devint l'objet d'un culte 1 Gesenius, Monumenta pkœnicia, pi. XXIII et XXIV. 2 Hamaker, Diatribe philologico-critico monumentorum aliquot punicorum nuper in A frira repertorum interpretationem exhibais , pi. I, nos 1-4; Miinter, D. Temp.d.Himml. Gœtt.,\). I !. 3 La Marraora, Nouv. ann. de l'Inst. arch-, 1. 1, pp. 10 et suiv.; Mon. inêd. de la soc. franc, de l'Inst. arch., pi. Il, o, o' et o". 4 Dodwell, Tour in Greece, t. I, p. 54. :' Choiseul-Gouffier, Voyage pittoresque de la Grèce, t. II, p. 171; Corp. inscr. grœr , n" 5546. ' Pitture d'Ercolano, t. III, p. 275. Symbolik, 1. iv, ch. vi, § 2 ; t. II, pp. 221 et suiv. de la traduction Guigniaut. s La Vénus de Paphos el son temple, p. 429. 11 Protrept., Il, p. 13 , éd. Potter. 10 Adv.gent.,\, 19. 11 Sur l'usage de porter ces cônes au col comme des amulettes et les monuments asiatiques qui rétablissent, voy. De Longpérier, .\o!i<:r des antiquités assyriennes du Musée du Louvre, 3' edit. , pp. 75 et 103. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. il important '. Tout ceci nous donne le droit de supposer que les deux grands phallus que Lucien 2 dit avoir vus en avant du temple d'Hiérapolis de Syrie ou Bambyce, devaient être des cônes analogues à celui de l'As- tarté Paphienne, et sans doute reproduire le même type que les moughazil qui se dressent encore aujourd'hui au milieu des ruines de l'antique Mara- thus 3. Voici donc l'organe de la virilité employé comme le symbole et la figure d'une divinité féminine, telle qu'Astarté ou Vénus. La même idée est impli- quée par le nom de Ken donné sur les stèles égyptiennes de la dix-huilième et de la dix-neuvième dynastie à la déesse asiatique représentée nue sur un lion, en pendant avec la déesse guerrière Anata4; en effet, si nous consul- tons le lexique copte, nous y voyons que le mot KOIN signifie pudendum virile 5. Chez les Grecs nous avons l'Aphrodite Colias, dont le nom n'est pas moins significatif : wA^To oùdoïo-j. C'est caractériser suffisamment la déesse comme androgyne dans son essence. L'expression plus formelle encore de cette idée va nous être fournie par les nombreuses images d'Astarté en pierre calcaire, de style asiatique, que les dernières explorations ont fait rapporter de l'île de Chypre. Plusieurs de ces statuettes représentent la déesse coiffée d'un bonnet de forme conique, reproduisant le galbe de la pierre adorée à 1 Athcn., XV, p. 676. Voy. sur les figurines primitives de Vénus en terre cuite, en forme de cône muni de bras et fréquemment d'une tète humaine, figurines encore tout à fait conformes au type phénicien, qui se rencontrent dans plusieurs parties de la Grèce, principalement à Mégare et à Thèbes, ce que nous avons dit dans notre dissertation sur Lu légende de Cadmus et les établissements phéniciens en Grèce, pp. 48-52. 2 DedeaSyr., 16. 5 Gerhard, Ueber die Kunst der Phçenicier, pi. I, u"5 7-9; Renan, Mission de Phénicie, pi, XI -XIII. 4 Prisse, Choix de monuments égyptiens, pi. XXXVII; voy. De Vogué , Mélanges d'archéo- logie orientale, pp. 43 et suiv. ; et notre Essai île commentaire des fragments cosmogouifjues de Bérose, p. 151. s Nous devons cependant reconnaître que cette lecture Ken est douteuse. Au lieu de fvww *is\, Ken, il faut peut-être lire r ^ _, d , « la Kouschite, l'Éthiopienne. » La forme donnée au second caractère prête en effet au doute. Sur le même monument nous la voyons donnée au s' dans le nom du dieu Rus pu (voy. De Vogué, Mélanges d'archéologie orientale, p. 78) et au n dans le mot sen-t, « sœur. » 48 PREMIER MEMOIRE Paphos; en même temps sur le devant du cône est figurée l'image obscène que les Indiens de Bénarès tracent sur leurs fronts en l'honneur de la déesse Bhavâni '. Nous avons ici l'analogue exacte du Yoni-Lingam de l'Inde, la réunion des organes des deux sexes, exprimant la nature et la puissance complète de l'être divin du panthéisme payen, le grand Tout, qui se féconde lui-môme et produit dans son propre sein la génération universelle. Le x7stç est également figuré de la manière la plus précise à la base de la pierre conique du dieu Elagabale sur un célèbre aureus de l'empereur Uranius Antoninus -, et ceci nous explique ce qu'a voulu dire Hérodien 3 lorsqu'il parle de certaines saillies ou empreintes qui existaient à la surface de la pierre adorée àEmèse, elbois 7e 7tv«ç ^pcv^.ac, ml lùr.ouç âemvùovmv 4. Ainsi se justi- fie l'opinion émise au siècle dernier par Falconnet 5 sur la signification du passage où Plutarque 6 parle de la pierre sacrée trouvée dans le fleuve Sagaris, pierre sur laquelle on voyait Yempreinte de la Mère des dieux, sùpiay.Elou yap l{lim'ji[Lé\/r,v e/on Dp Mrpipa 7wv 0£tôv. Souvenons-nous maintenant que, chez les Indiens, la figure du Lingam, même tracée seule, suppose toujours celle du Yoni et l'union des deux sexes. N'en est-il pas de même dans le culte de l'Astarté Paphienne? Et n'est-ce pas cette raison qui, au lieu du phallus pur et simple, y a fait adopter le symbole du cône, rappelant à la fois par sa projection la puissance mâle et par la section de sa base l'organe de la génération féminine? Comme nous, M. Guigniaut 7 et M. Lajard 8 ne sont pas éloignés de le croire. Tous ces faits appartiennent à la donnée de l'hermaphrodite complet. La donnée de l'hermaphrodite passif en est l'équivalent euphémique et adouci dans la forme extérieure , car elle déguise le personnage androgyne sous les traits d'une jeune femme guerrière et virile ou d'un jeune homme effé- 1 Voy. un bel exemple de ces figurines dans Lajard, Culte de Vénus, pi. XX, n° t. "-' Revue numismatique, 1843, pi. XI, n°l. 3 V, 3. '' Voy. Ch. Lenormant, Rev. numism., 18i3, pp. 273 et suiv. B Mèm. de l'Acad. des inscr., t. XXIII, pp. 213 et suiv. 6 De flumin., p. 756, éd. Reiske. 7 La Vénus de Paphos et son temple, pp. 429 et suiv. 8 Recherches sur le culte de Vénus, pp. 68 et suiv. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE 49 miné. Nous l'avons suivie tout à l'heure dans les religions de l'Asie, en y montrant le côté belliqueux et presque masculin qui, chez toutes les déesses féminines, s'y joint au côté voluptueux et lascif. Il nous serait facile de con- tinuer l'histoire de la propagation de cette donnée après son passage dans la Grèce, où le même caractère fondamental d'androgynisme appartient à toutes les déesses viriles et farouches, armées et guerrières, comme Athéné, que les hymnes orphiques qualifient positivement d'androgyne l, ou chasseresses, comme Artémis, adorée dans lé Pont sous le nom de n^ocnV/j - et représentée à ce titre sur un tétradrachme d'argent de Démétrius II, roi de Syrie, barbue et environnée de phallus 3. Les Lacédémoniens adoraient Artémis Orthia 4, et ce nom implique l'emploi du même symbole 5. Enfin en Lydie on ren- contre Artémis Koloiwi 6 et en Attique Artémis KeWtç 7, dont l'appellation doit se rattacher à la même origine et avoir la même signification que celle de l'Aphrodite Colias. Si des mythes purement divins nous descendions au cycle des légendes héroïques, nous y reconnaîtrions bien vite la même idée dans les histoires déjeunes filles qui prennent des vêtements d'éphèbes, Leucippé8, Procris la chasseresse, épouse de Céphale 9, la sœur de Narcisse, qui, sui- vant une tradition béotienne, s'habillait comme son frère et l'accompagnait à la chasse 10. Ce sont autant de traditions grecques, et par suite gracieuses et poétiques, de la divinité féminine des religions de l'Asie occidentale, avec son double aspect, qui décèle une confusion des deux sexes. Le caractère ambigu de cette divinité et ses deux faces contrastantes sont indubitablement en rapport avec sa nature lunaire, car la lune était considérée 1 Orph., //iy»»i«., XXXII, v.10; cf. Ch. Lenormant etdc Wittc, El. des mon.céramogr.,t. I,p.l80. 2 Plularch., Lundi., 13; cf. de Witte, Rev. numism., nouv. séi\, 1864, p. 30. 3 Frœlich, Afin. recj. Si/r., pi. X, n° 25; Duanc, Coins oftlie Seleucidœ, pi. XIV, n° 1; Mionnet, Descr. de méd. uni., t. V, p. 58, n° 500; SuppL, t. VIII, p. 44, n° 232; Riehter, Ueber die Altrit). des Venus, p. ta; Nouv. ann. de l'Inst. arclt., t. I, pi. D. 4 Pausan., III , 10, 5 et C ; Clem. Alex., Protrept., III, p. 35, éd. Potier. s II faut consulter sur le sens du mot cpSô; ce qu'a dit Bœckh, Expl. ad Pindar., p. 335. 6 Slral.., XIII, p. G26. 7 Pausan., I, 31 , 5. s H} gin., Fui., 190. » Hygin., Fui,., 189. »o Pausan., IX, 31, 5. Tome XL. 7 50 PREMIER MEMOIRE par les anciens comme essentiellement douée des attributs des deux sexes '. Dans la religion chaldéo-assyrienne cet astre, suivant le point de vue auquel on le considère, est en même temps un dieu mâle, S' in-, et une déesse féminine triforme, Gula 3. Et S'in, adoré encore par les habi- tants de l'Assyrie pendant toute la période romaine 4, était aux yeux des païens de Harràn, où son culte se maintint postérieurement à la naissance de l'islamisme, tenu pour un être hermaphrodite a. Dans le troisième mémoire de la série de recherches de mythologie comparative que nous inaugurons aujourd'hui, nous étudierons un curieux récit, provenant de Ctésias 6, mais que Nicolas de Damas nous a seul conservé dans son inté- grité 7; on y voit dépeindre comme tout à fait hermaphrodite un personnage héroïque qui fait sa résidence à Babylone et est appelé ~Nâwxf,oç. Or, comme nous avons eu déjà l'occasion de le dire ailleurs 8, il n'y a pas moyen d'y méconnaître le dieu S'in, sous le nom de Nannaru, « le lumineux » (de la racine ""IHJ), qui lui est donné par plusieurs monuments d'origine baby- lonienne 9. Dans les religions indigènes de l'Asie Mineure, le dieu-lune était un personnage masculin, mais d'un aspect efféminé et presque andro- gyne, Mèn 10. En Grèce, au contraire, le même astre était personnifié dans une divinité féminine, Séléné; seulement les œuvres de l'art donnaient pour monture à cette déesse le mulet H, animal essentiellement priapique '-, qui la caractérise comme une véritable Artémis Orthia 13. ' Plat., Conviv., p. 190; Orph., Hymn., IX, v. 4; cf. Macrob., Sutura., III, 8. 2 Voy. notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, pp. 95 et suiv'. 3 Même ouvrage, p. 103. '* Herodian., IV, 15; Spartian., Caracall., 6; Ammian. Marcell., XXIII, 3,1. s Chwolsohn, Die Ssubier und der Ssabismus, t. II, p. 183; Maury, Histoire des religions de la Grèce, t. III, p. 127. 6 Athen., XII, p. 530, B. 7 Nicol. Damasc., fragm. 10, éd. C. Miiller, Frag. historié, graec, t. III, pp. 359-563. 8 Essai de commentaire des fragments cosmogoniqv.es de Bérose, pp. 96 et suiv. 0 Cuneiform inscr. of West. As., t. I, pi. 70, col. 5, 1. 18; t. 111, pi. 41 , col. 2, 1. 16. 10 Guigniaut, Religions de l'antiquité , t. Il, pp. 962-978; Maury, Histoire des religions de la Grèce, t. III, pp. 123-130. 11 Pausan.,V, 1 1, 5; cf. Gerhard, Griech. Mythologie, § 340, 2; Panofka, Musée Blacas, p. 51. l- Creuzer, Symbolik, 1. vin, eh. u, § 6, t. III, p. 132 de la traduction Guigniaut. 13 Voy. de Witte, Tîer. numisin., nouv. sér., 1864, p. 31. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE SI VI. Les considérations qui précèdent feraient peut-être attendre dans l'époux de Sémiramis, la déesse virile et guerrière, un personnage ambigu dans l'autre sens, un dieu complètement androgyne, comme l'Àgdestis de Phrygie 1, ou bien un dieu mâle dont l'hermaphroditisme fondamental se révélerait par ses allures efféminées, comme cbez les Grecs Dionysus à l'aspect indécis, que M. Guigniaut 2 a si bien défini « la personnification mâle du principe féminin, » comme en Asie Mineure Atys Pémasculé 3, appelé ^V^s par Anacréon f, et Midas, dans la légende conservée par Athénée 5, où il a le costume et les occupations d'une femme, comme en Pbénicie Adonis, que Ptolémée Hépbestion 6 dit positivement hermaphrodite 7 et que les Orphiques appellent xoûpj ym wpoç, 8. Pourtant il en est autrement dans la légende; le principal époux qu'elle donne à Sémiramis, Ninus, n'a rien d'efféminé; il offre à nos regards l'énergie guerrière et la puissance virile dans toute sa force. Le couple de Ninus et de Sémiramis , tel que le peint la légende, est dans le cycle des personnifications héroïques la reproduction exacte du couple tfAdar-Samdan et Is'tar, tel que nous l'offrent de nombreux cylindres , où le dieu mâle et la divinité féminine sont également guerriers, armés de la même manière , vêtus également l'un et l'autre de la robe royale et coiffés de la tiare9. Et ce rapprochement ne nous parait pas fortuit; de même que ' Pausan., VII, 17, 5; Arnob., Adv. gent., V, S. 2 Religions de. l'antiquité, t. III, p. 935. 3 Ovid., Melam., X, v. 104 et suiv.; Fast., IV, v. 223 et suiv.; Serv. odVirgil., /Eneid., IX, v. 116; Arnol»., Adv. gent., V, 4. * O.I., XIII, v. 2. » XII, p. 316. 6 P. 55, cd. Roulez. 7 Voy. de Witte, Nouv. ann. de l'Inst. arch., 1. I, p. 528. » Orph., Hymn., LVI, v. 4. » Cullimore, Oriental cylinders, n° 28; Lajard , Culte de Mithra , pi. XXIX, n° G; XXX, n" 7; XXXV, n°9. 52 PREMIER MÉMOIRE Sémiramis est une forme dls'tar, Ninus, à nos yeux, n'est autre qu'une forme ffAdar-Samdan. C'est ce qu'avant nous a déjà reconnu sir Henry Rawlinson ' , avec qui nous sommes heureux de nous trouver d'accord , bien que tous ses arguments ne nous semblent pas acceptables. Ce dieu Adur- Smndan est en effet l'Hercule assyrien , et un héros guerrier et conquérant de ce pays doit nécessairement se confondre avec lui 2. D'ailleurs Tacite3 nous le montre comme le dieu spécial du canton de Ninive, et, par consé- quent, c'est lui qui doit avoir fourni dans le cycle des légendes les traits du héros éponyme de cette ville. Rappelons-nous d'ailleurs que la pyramide sacrée du palais de Ninive était désignée par la voix populaire comme le tombeau de Ninus, et que c'est au même endroit qu'une autre légende, qui sera étudiée dans le second de ces mémoires, plaçait le tombeau de Sardana- pale, lequel, comme nous le montrerons et comme Ottfried. Mûller l'a établi le premier 4, était une forme héroïque de Samdan. Le mythe du dieu brûlé sur un bûcher, et dont on conserve le tombeau, s'applique à tous les person- nages solaires des religions de l'Asie , puisque en Phénicie c'était Adonis qui était ce dieu et qu'à Babylone le tombeau caché dans la pyramide était celui de Bel-Marduk 5, mais nous ferons voir, en nous appuyant sur des preuves positives, qu'en Assyrie cette conception s'attachait tout spécialement à Adar- Samdan. Le nom idéographique i'Adar s'écrit, après le déterminatif aphone de l'idée de « dieu, » soit par un seul signe qui a, pris phonétiquement, la valeur nin, ►*— | V>-£^j, soit par ce signe, suivi de celui qui représente la syllabe dcir (et aussi ip, car il est polyphone), jouant ici le rôle de complé- ment phonétique, ►*-} T^*-£ÏE| \~\ I °- Or, nous avons constaté ailleurs ' 1 Dans une dissertation jointe au tome Ier de l'Hérodote anglais de son frère, M. George Raw- linson, p. G2'2. 2 Voy. sur le caractère de ce dieu notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, pp. 109-112. s Aimai., XII, 13. 4 Sandon und Sardanapal, dans le Rheinisch.es Muséum fur Philologie, lrc sér., t. III. ;; Voy. notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, p. 564. 6 Même ouvrage, p. 107. 7 Même ouvrage, p. 05. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 53 que Damascius ' appelait "Wmoz le dieu Bel, d'après la valeur phonétique ilu-en des signes composant son nom idéographique, **~| *~H , soit par suite d'une erreur de lecture, soit- que quelquefois on prononçât pour leur valeur phonétique ces combinaisons d'idéogrammes. Il est donc possible et même probable que les interprètes qui se mirent à une certaine époque au service des Perses, puis des Grecs, et peut-être les Assyriens eux-mêmes, lisaient quelquefois nîn ou nin-ip le nom du dieu Adar, comme le font encore actuellement la plupart des assyriologues (à tort suivant nous). On peut même avec quelque vraisemblance conjecturer que Nin-ip, ou plutôt Nin- dar, était la lecture accadienne correspondant au nom assyrien Adar, comme Nin-s'illu était celle qui correspondait à Nisruk et En-kit, celle qui répondait à Bel-Dagan 2. Cette lecture fournissait une allitération toute naturelle avec le nom de la ville de Ninive, et ne doit pas avoir été étrangère à la forma- tion du personnage héroïque de Ninus. L'identité fondamentale du héros Ninus et du dieu Adar-Samdan, est encore confirmée par la version postérieure de la légende qui appelle Qovppui le héros national, conquérant et guerrier, de l'Assyrie3. Il est impossible, en effet, de méconnaître dans ce nom le mot *ll£2, qui désigne le taureau dans l'idiome araméen, lequel, un peu avant l'ère chrétienne, supplanta l'assyrien sur toute l'étendue de son ancien domaine. Or, des textes positifs prouvent que pour les Assyriens Adar-Samdan était le dieu-taureau par excellence, qu'il présidait au signe zodiacal du taureau et à la constellation de ce nom *. Le taureau, dans la symbolique de l'Asie et en général de toute l'antiquité, est essentiellement l'animal du principe humide 5. Il est en rapport étroit avec les divinités ichthyomorphes 6. Aussi les deux formes du taureau et du poisson 1 De princip., 1 25. 5 Voy. notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, p. 98. r> Chronic. pasch., 1. 1 , p. 68 , éd. Dindorf. 4 H. Rawlinson , dissertation insérée à la suite du tome Ier de l'Hérodote anglais, p. 621; et notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, p. 2Ô2. 5 Voy. le mémoire de Lajard sur le taureau et le lion , inséré dans ses Recherches sur le culte de Vénus; De Vogué, Mélanges d'archéologie orientale, pp. 65 et suiv. 6 Voy. Ch. Lenormant, Nouvelle galerie mythologique, p. 63. S4 PREMIER MÉMOIRE se confondent-elles, sur quelques monuments représentant le mythe originai- rement phénicien de l'enlèvement d'Europe, dans la ligure d'un taureau à queue de poisson '. L'attribution du taureau au dieu Adar-Samdan prouve donc que, par suite de cette association des contraires dont nous rencontrons à chaque pas les exemples sous des formes indéfiniment variées, si ce dieu est essentiellement un de ceux du principe solaire et igné, il tient aussi par certains côtés au principe contraire, à l'élément humide. Il esl bon de se souvenir ici de ce que nous avons fait déjà remarquer ail- leurs 2 comme un des côtés les plus importants de la conception du person- nage divin qui nous occupe en ce moment. En général, dans la religion chaldéo-assyrienne, les dieux des planètes — à la classe desquels appartient Adar comme présidant à la planète Saturne — ne sont que des formes, des manifestations secondes des dieux de l'ordre supérieur. Tel est le rapport entre Adar-Samdan et A nu, dont sir Henry Rawlinson a fait remarquer la parenté 3, qui reçoivent beaucoup des mêmes titres et à qui est commune l'appellation accadienne de Uras\ dont le sens parait avoir été « le généra- teur *. » Une tablette 5 enregistre même Adar parmi les noms à'Anu. Dans la belle invocation à ce dieu qui ouvre l'inscription de S'ams'i-Bin III , il reçoit les qualifications de « premier-né du dieu des Anunnaki, » — ce dieu est Ami 6 — « l'ancien (allahi) des dieux, absorpteur (s'upi) invariable, indi- » cateur du soleil boréal, maître suprême qui chevauche sur l'éclair (abubt)"1. » De telles épithètes mollirent dans tout son jour le lien étroit qui rattache le dieu Adar-Samdan au grand dieu Anu, ou, pour parler le langage de la légende héroïque, le second époux de Sémiramis, Ninus, à son premier époux, Onnès ou Oannes. C'est envisagé sous ce point de vue qu'Adar- 1 Ch. Lenormant, Nouvelle galerie mythologique, pi. LI, n° T>; cf. le texte, p. f>4. 2 Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, p. 112. " Journal ofthe Royal Asiatic Society, new scr., t. I, pp. 202 rt 230. 4 Voy. II. Rawlinson , même mémoire, p. 230; et, notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, p. 109. :; Cuneif. iriser, of West. As., l. 111, pi. 69, n° 1 , 1. 5. 6 Sur les Anunnaki, voy. notre Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, pp. loi et suiv. • 7 Col. I , I. 7-10 : Cuneif. inscr. of West. As., t. 1, pi. 29. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 35 Samdan reçoit quelquefois dans les inscriptions cunéiformes des titres qui semblent en contradiction avec ceux qui lui appartiennent plus habituelle- ment, qu'il est appelé « celui qui ouvre les canaux, » le dieu de la mer et des fleuves,» «celui qui habite dans les profondeurs de l'abîme '. » L'em- blème du poisson ne lui est donc pas absolument étranger, et l'allitération de nunu avec Ninua (et peut-être avec Niiiip), dont nous avons vu tout à l'heure l'importance dans la légende de Sémiramis, a pu lui être appliquée. Aussi, dans la si curieuse série de titres et d'épithètes que lui donne l'invo- cation placée en tète du grand monolithe d'As's'ur-nasir-pal à Nimroud voyons-nous ce même dieu appelé « fils aine du poisson et de la femelle qui » s'élève dans le ciel (pal ris'tan nuni au naqbit qumate), premier-né du » dieu sans fin (nu khnmut), protecteur des cinq et des deux dieux sidé- » raux -. » Mais de même qu'en étant par essence un dieu igné et solaire, il participe pourtant, dans une certaine mesure, du principe humide; par une conséquence nécessaire de celte conception, Adar a beau se montrer ordinairement sous l'aspect de Samdan, « le puissant, » il a beau, dans la plupart de ses litres et de ses représentations figurées, offrir le caractère de la personnification de la force et de l'énergie virile à sa suprême puissance, c'est en même temps, de tous les dieux mâles du panthéon chaldéo-assyrien, celui dans lequel on retrouve le plus facilement des traits caractéristiques de l'androgynisme fon- damental. Toute une nombreuse classe de mythes, que nous étudierons en continuant cette série de mémoires, celui de Sardanapale et celui de Par- sondas, entre autres, représentent ce dieu terrible tombant dans un état d'effémination étrange , prenant les vêtements et les habitudes d'une femme, et devenant véritablement hermaphrodite. Il y semble atteint de cette Brikeïa voùvoç, qu'Hérodote 3 montre frappant comme châtiment ceux des Scythes qui avaient pillé le temple d'Ascalon, consacré à Sémiramis et à sa mère Dercéto. Dans la légende, le personnage de Ninus n'a rien de ce côté de la physio- nomie du dieu avec lequel il se confond; il en représente exclusivement la 1 Voy. H. Rawlinson, dissertation jointe au tome I" de l'Hérodote anglais, p. 619. 2 Cuneif. iriser, of West. As., t. 1 , pi. 17 , 1. 2. 5 i,toa. 56 PREMIER MEMOIRE face virile et guerrière. Mais les deux aspects opposés du dieu assyrien se sont dédoublés dans la légende héroïque en deux personnifications différentes, car, à côté du terrible Ninus, nous y trouvons son fils, l'efféminé Ninyas, dont le nom ne diffère pas essentiellement du sien, et qui, vivant au milieu des femmes de son harem, portant leur costume et partageant leurs occupa- tions, ne diffère en rien des autres héros qui représentent le côté androgyne , p. 1900; Eplior. ap. Sehol. ad Apollon. Rhod., Argonaut., I, v. 1929; Diod. Sic., IV, 51 ; Tzetz., Chiliad., II, v. 30. 9 Donat. in Terent., Eunuch., loe. laud. 111 Lyd., De magistrat., III , G4; cf. Plutarch., An sen. sit. ger. resp., t. IX, p. 140, éd. Reiske. II Voy. Otil'r. Miiller, Handbuch der Archœologie, § 410, 7. Tome XL. ° 58 PREMIER MÉMOIRE appartenaient en tant qu'attributs propres. C'est de cette manière, munie des mêmes armes qu'Hercule, armes qui appartiennent également à Yls'tar chaldéo-assyrienne sous sa forme guerrière, c'est ainsi que nous la voyons représentée sur les monnaies impériales de Sardes ' et sur celles de Méonie et de Tmolus de Lydie -. Une pièce d'Euménia de Phrygie la montre même , tenant d'une main la peau de lion d'Hercule et portant sur l'autre une colombe, comme Sémiramis 5. On célébrait dans la Lydie, en l'honneur d*Ompbale et d'Hercule, des fêtes où les sexes échangeaient leurs vêtements4, fêtes qui avaient leurs analogues en Grèce s. De cette union de l'Hercule Sandon efféminé et de la guerrière Ompbale prétendait descendre la dynastie, Irès-bisloriquement d'origine assyrienne °, des rois de Lydie qui se qualifiaient d'Héraclides 7, comme les rois de la pre- mière dynastie ninivite, avec lesquels ils étaient probablement apparentés, se disaient issus du couple de Ninus et de Sémiramis, c'est-à-dire A'Adar- Samdan et iïlsHar. L'insigne royal des Héraclides de Lydie était un bau- drier, originairement celui de la reine des Amazones, qu'Hercule lui avait enlevé pour Ompbale et qui était devenu celui de la reine lydienne, présentée ainsi elle-même comme une Amazone 8. Ce nouvel attribut d'Omphale nous suggère pour son nom une étymologie tirée de la langue assyrienne, qui aurait trait à son caractère guerrier et nous parait préférable à celles qu'ont proposées Movers (^E-HDS, ancilla cximia) et M. Maury "ll^S-OX, mater voluptatis); c'est um-pali, la mère du glaive » ( le mot assyrien ;w/» , « glaive, » est l'arabe £V^-9 ). Le nom de son époux liv&M étant purement 1 Ecklicl, Doctr. num. vet., t. III, p. 113. 2 Eckhel, Doctr. num. vet., t. III, p. 105. 3 Scslini, Descriptio nummorum velerum, p. 464, n"5; Mionnct, Descr. de méd. ont., t. IV, p. 294, n° «08. 4 Lyd., De mens., p. 220. 5 Polyœn., Stratagem., VIII, ~>ô; Plutarch., De virtut. millier., p. 245; Macrob., Saturn., III, 8. e Vov. Movers , Die Phœnizier, t. 1 , pp. 75 et sniv. ; Oppert, Annales de philosophie chré- tienne, février IS5G; noire Manuel d'histoire ancienne de l'Orient, 3e édit., I. II, pp. 58i et suiv.; et notre Essai de commentaire des fragments cosmogonigues de Dérose, pp. 140-148. 7 Herodot., I, 7. 8 Plutarch., Quaest. Grœc, 45. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 59 assyrien, il est conforme à toutes les vraisemblances de supposer que celui tf'OnfAlïi doit avoir la même origine. Cléarque ' donnait une tout autre version du mythe d'Omphale, mais où se reproduisent toujours les deux données fondamentales de la personnifica- tion féminine à la fois voluptueuse et guerrière et du personnage mâle telle- ment efféminé qu'il en est réellement hermaprodite. Dans ce récit Omphale est une esclave du roi Midas, soumise d'abord, comme toutes les femmes des Lydiens, à la prostitution sacrée, puis détrônant Midas, prince dégradé jusqu'à « vivre au milieu des femmes de son palais, assis sur la pourpre et » la quenouille à la main. » Devenue reine, elle oblige les Lydiens, réduits à la condition de femmes, à reconnaître la domination de leurs esclaves, et livre à ceux-ci les filles de leurs maîtres. Quant à elle, elle s'adonne à tous les excès de la débauche, et fait périr ses amants, comme Sémiramis. Héro- dote parait avoir connu cette version de la légende, puisque, en parlant de l'origine de la dynastie des Héraclides 2, il fait d'Omphale l'esclave et non plus la fille du roi de Lydie Iardanus. Le lecteur ne peut manquer d'être frappé de l'identité de ce récit avec celui où Sémiramis est donnée comme une esclave du harem de Ninus, qui détrône le roi en profitant de la fête des Sacées où les esclaves commandaient 5. Nous avons traité ailleurs 4 de cette fête des Sacées, et nous avons établi qu'elle était consacrée à VIs'tar-Ztrbanit, ou Zarpanil, la forme spécialement génératrice et lascive de la déesse. 1 Ap. Alhcn., XII, p. 515; cf. Eustath. ad Homer., Iliad., II, p. 1082. * Herodot., II, 7. 5 Diod. Sic, II, 20; .Elian., Var. Itist., VII, 1 ; cf. Plin., Hisl. nul., XXXV, 36, 9. 4 Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, pp. 107-174. 60 PREMIER MEMOIRE Revenons maintenant à la donnée du récit de Justin sur la passion inces- tueuse qui saisit Sémiramis pour son (ils Ninyas. Ce récit introduit dans la légende de Sémiramis un dernier élément, qui joue un rôle capital dans les conceptions essentielles de toutes les religions antiques et peut être considéré comme un de leurs dogmes fondamentaux, la notion de l'inceste divin '. Il nous faudrait de trop longs développements pour suivre cette idée, sous les formes infiniment variées qu'elle revêt, à travers tous les systèmes religieux du paganisme. Bornons-nous à rappeler que nous l'avons constatée - dans un des couples les plus élevés du panthéon babylonien, dans celui dont l'union produit l'univers visible, puisque Bel-Dagan, le démiurge iclithyomorphe, né de Belit-Tihavti et dUApsu 3, l'eau primordiale et l'abîme, devient à son tour l'époux de Belit-Tihavti. De même, dans le culte local de la ville de Nipur dont le sanctuaire était un des plus antiques de la Babylonie, Belit est à la fois mère et épouse du dieu Adar-Samdan *. Et sir Henry Rawlinson n'a pas manqué de faire ressortir la relation entre cette donnée fournie par les textes cunéiformes eux-mêmes et les rapports incestueux que l'on prête à Sémiramis avee son fils Ninyas. La conception de l'inceste divin est une monstrueuse aberration de l'esprit de symbolisme, enfantée par l'identification du dieu père et du dieu fils ou de la déesse mère et de la déesse fille, et résultant d'une tentative d'exprimer, sous une forme sensible, la notion du dieu qui s'engendre lui-même. La monade divine fondamentale, telle que la concevait le panthéisme des reli- gions antiques, né dans les sanctuaires savants de l'Asie, était à la fois active et passive, et réunissait dans son hermaphrodilisme fécond tous les attributs 1 Voy. Ch. Lenormant, Nouvelle galerie mythologique, p. ô(i; et notre Monographie de In Voie Sacrée Éleusinienne, t. I, pp. 490 et suiv. 2 Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, pp. 87 et suiv. 3 Damasc., De princip., p. 12a. 4 Voy. II. Rawlinson, dissertation jointe au tome Ier de l'Hérodote anglais de son frère, ]). 625. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 61 et toutes les forces de la nature. Par sa propre puissance, s' engendrant elle- même, elle produisait sj\ première manifestation, son logos i} identique à elle-même, et se divisait ainsi dans la dyade, que les Pythagoriciens, dans leurs spéculations empruntées à des doctrines plus anciennes -, appelaient en même temps Vunion et la diversité, I' harmonie et la discorde 3, la mort et la naissance, la mère, la nourrice, le mouvement 4, le passage de Yunité immobile et stérile au nombre actif et fécond 3. Ainsi se formait la dualité fondamentale du système de théologie naturaliste attribué par toute l'anti- quité aux Chaldéens, dualité composée du père qui est lumière et de la mère qui est ténèbres , et entre laquelle se partagent toutes les choses de l'univers, les éléments, les astres, le zodiaque, le monde supérieur et le monde infé- rieur 6. A peine séparés, les deux éléments de cette dualité réagissaient l'un sur l'autre dans une lutte à la fois amoureuse et hostile, représentée, soit par l'entreprise du père sur sa fille, comme en Grèce celle du Zeus mystique sur Coré, soit par celle du fils sur sa mère, comme en Egypte celle d\imon sur Maut dans la religion de Thèhes, suivant qu'on attribuait le rôle actif et le rôle passif, dans cette seconde réaction de l'être divin sur lui-même, à la monade fondamentale ou à son premier produit. En effet, l'échange des rôles que nous avons constaté plus haut entre le principe igné et le principe humide se reproduit sous tous les aspects divers que prend la dualité issue de l'unité et jusque sous la forme abstraite des spéculations arithmétiques. D'après l'auteur des Philosophumena et d'après l'anonyme cité par Meursius, la dyade aurait 1 Voy. notre Monographie île la Voie Sacrée Eleusinienne, t. I , p. 386. - Vo}\ Guigniaut, Religions de l'antiquité, t. III, pp. 1243 et suiv. On est en droit de faire remonter aux Chaldéens toutes ces spéculations sur la philosophie et la théologie des nombres, quand on voit, par une tablette cunéiforme du Musée Britannique, que chaque dieu était symbolisé par un nombre mystique : Hincks, Transactions ofthe Royal Irish Academy, t. XXIII, pp. 405 et suiv. Les nombres inscrits sur cette tablette s'expliquent par le système de numération sexagésimale propre à la Chaldée et se rapportent aux rangs de la hiérarchie divine : voy. notre Essai de commentaire des fragments cosmogonic/nes de Bérose, pp. 62, 65, 71 et 104. 3 Nicomach., Theologumen. arithmetic, pp. 8 et suiv. 4 Anonym. ap. Meurs., Denar. Pylhagor., dans le Thésaurus antiquitatum grœcarum à opetoç étiyjwfli. Ces deux passages ont fort embarrassé les interprètes. Bochart 4 a torturé le nom de Sémiramis pour y trouver le sens indiqué par Hésychius; il suppose que leiûpccfuç est pour Zappaps, qu'il tire des deux mots arabes «*tf , « mon- tagne, » et g^û Le^==» , « colombe; » mais cette étymologie forcée, comme ne le sont que trop souvent celles du même savant, a été depuis longtemps aban- donnée, et avec juste raison. Dalberg 5 s'est tenu dans des données beaucoup plus vraisemblables quand il a proposé de reconnaître comme élément essen- tiel du nom le mot syriaque f^xxaj» , «colombe.» Et il n'est guère douteux que ce ne soit à la ressemblance de ce mot avec le nom de Sémiramis que font allusion les explications de Diodore et d'Hésychius. Mais est-ce bien la véritable étymologie, et n'est-ce pas plutôt une allitération postérieure, par laquelle on aura cherché à trouver une parenté entre le nom de la déesse et le mot par lequel on désignait l'oiseau qui était son symbolePDeux choses me 1 Symbolik, 1. iv, ch. m, § I ; t. II, pp. 33 et suiv. de la traduction Guigni.iut. 2 Die Phœnizier, t. I, pp. 631 et suiv. 3 11,4. 4 Canaan., I. n, e. 12. 5 Fundgruben des Orients, t. I , p. 205. M PREMIER MÉMOIRE paraissent militer principalement en faveur de la dernière façon de voir : c'est d'abord que soutira, « colombe, » n'expliquerait l'origine que d'une partie du nom de Sémiramis, et semble bien réellement, au point de vue de la philologie, être avec ce nom dans un rapport d'allitération plutôt que d'étymologie; puis que le mot duquel il s'agirait de faire dériver le^poifui, n'a laissé aucune trace de son existence en hébreu, en phénicien ou en assyrien, et n'apparaît que dans un idiome de date comparativement très-récente. Il faut donc chercher une autre étymologie et une autre explication poul- ie nom de Sémiramis. Et pour notre part, nous croyons qu'il n'y a rien de mieux à faire que d'en revenir à celle que dès le seizième siècle avait proposé Jacques Capelle. Mais il est nécessaire, avant d'aller plus loin, de citer les remarques si judicieuses de M. le comte de Vogiié * sur les principales for- mules qui expriment le rapport du dieu femelle avec le dieu mâle dans la religion des Phéniciens et la manière dont le second élément de la dualité sort de l'unité primitive. « La première foi-mule que nous rencontrons esl celle qui est répétée si souvent dans les inscriptions carthaginoises, dans lesquelles Tanit est nommée ^J^-TS. Cette expression signifie proprement faciès], persona Baalis, et M. de Saulcy 2 l'a très-heureusement traduite, le premier, manifestation de Baal. M. Zotenberg a démontré qu'elle renfermait en outre une idée d'associa- tion conjugale. Tanit ne diffère donc pas essentiellement de Baal; c'est pour ainsi dire une forme subjective de la divinité primitive; une deuxième per- sonne divine, assez distincte de la première pour pouvoir lui être associée conjugalement, mais pourtant n'étant autre que la divinité elle-même dans sa manifestation extérieure. » La seconde formule est plus explicite encore: Astarté, la déesse de Sidon, associée dans l'inscription d'Eschmunazar au Baal de Sidon, est qualifiée de ^D-^*i^, nomen Baalis. L'abstraction est plus forte que dans l'exemple précédent : à Carthage, la déesse était une personne divine, ici elle n'est pour ainsi dire plus qu'une locution théologique; c'est Baal, moins sous un autre ' Mélanges d'archéologie orientale, pp. '■>'> et suiv. 2 Revue archéologique, t. III, p. (i33. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 6a aspect que sous uu autre nom, et pourtant la personnalité est devenue assez distincte pour qu'en désignant l'ensemble des deux divinités mâle et femelle, Fauteur de l'inscription ait employé le pluriel : il les appelle D^TC-CP^X, « les dieux des Sidomiens. » » Astarté est la personnification du nom divin, de ce nom auquel toutes les religions de l'antiquité ont attribué une puissance mystérieuse; c'est comme un mrf-nitt? ayant pris corps. Déjà dans la Bible cette expression se trouve employée dans une acception active qui la rapproche plus de numen que de rumen : elle s'applique aux manifestations extérieures de la puissance suprême; c'est par la vertu du OtP divin qu'agit l'ange chargé de commu- niquer avec les hommes; c'est IeOV qui réside dans le temple de Jéru- salem; mais tandis que les Juifs conservent à cette expression sa valeur abstraite, les Phéniciens lui donnent une existence distincte : ils en font une divinité spéciale par une opération semblable à celle qui leur a fait diviniser la face de leur dieu. On ne saurait nier, d'ailleurs, l'analogie qui existe entre ces deux termes bjD-OtP et b#3-J£. Déjà Gesenius ' avait rapproché l'une de l'autre les deux expressions PllîT-OP et miT-^S, à une époque où les inscriptions phéniciennes étaient ou inconnues, ou mal expliquées, et ne pouvaient avoir aucune influence sur son esprit : les textes épigraphiques donnent une grande valeur à ce rapprochement, qui à son tour jette une vive lumière sur l'origine des mythes phéniciens et la manière dont ils se sont développés. On saisit pour ainsi dire sur le fait la transformation d'idées qui a créé le panthéon : on voit comment les abstractions primitives ont donné naissance au polythéisme. Chez les Hébreux, les notions de nomen Domini, numen Domini, faciès Domini, ne détruisaient pas plus l'unité divine que les expressions encore plus figurées de vox Domini, manus Domini : chez les Phéniciens, il en était de même au début, mais les notions primi- tives se sont altérées tout en conservant les formules qui les exprimaient autrefois; l'idée de la déesse femelle a surgi, idée qui dédoublait pour ainsi dire la puissance créatrice sans détruire son unité essentielle, mais qui ouvrait la porte à toutes les erreurs et à tous les abus du polythéisme pratique. » 1 Lexic. hebraic, \" lDW. Tome XL. 9 66 PREMIER MÉMOIRE Ces remarques sont excellentes et révèlent le plus juste sentiment de l'es- prit religieux de l'antiquité. Mais il ne faut pas les borner aux Phéniciens; elles doivent être étendues à tout l'ensemble commun des religions de la Syrie et du bassin de FEuphrate et du Tigre. Nous avons nous-mème in- diqué ailleurs ' que dans la religion de Babylone et de l'Assyrie les divinités féminines étaient formées de la même manière et étaient également le *OS ou le uZ3t^ du dieu mâle correspondant. Dès lors comment ne pas comparer le nom de Sémiramis à celui de ^^3"^D*^ et ne pas y voir une expression de même nature, ^D"1"^D*£^, nomen excelsum, en assyrien s'umu-rim ou sammu-rim? Nous n'y sommes pas seulement autorisés, mais conduits forcément, quand nous trouvons dans la Bible 2 le nom propre d'homme, évidemment emprunté à une divinité comme tant d'autres chez les Sémites, r^lD^PD*^, nomen alliludinum , c'est-à-dire nomen altissimum, dont Gesenius 3 et Movers 4 ont déjà établi l'identité avec celui de la déesse Sémiramis. Et ce nom propre se retrouve identiquement dans celui de la reine Sammu-ramat 5, épouse de Bin- nirari 111, la Sémiramis d'Hérodote et la seule historique; car, de même qu'au CZDÎT hébraïque correspond l'arabe F^ , de même l'assyrien avait, pour exprimer l'idée de « nom, » les deux formes parallèles s'umu et somma, OŒ? et lDD. A côté des noms contenant une prière à tel ou tel dieu ou une indication d'appartenance et de subordination à la divinité, il y avait chez les Chaldéo-Assyriens une classe nombreuse de noms propres se com- posant d'un nom divin suivi d'une épithète, comme Samdan-malik, « Samdan roi,» As's'ur-edil-ilani, « Âs's'ur arbitre des dieux, » Nahu-naid, « Nabu majestueux. » C'est donc purement et simplement le nom de la déesse Sammu-ramat ou Sémiramis qu'a pris la reine Sammu-ramat, laquelle vivait dans les dernières années du neuvième siècle et les premières du huitième. 1 Essui de commentaire des fragments cosmoyoniques de Bvrose, pp. 64 et 69. - I Chron., XV, 18 et 20; XVI, 5 ; II Chron., XVII, 8. r> Lexic. hebraic, s. v. 4 Die Pliœnizier, t. I , p. 632. •; Voy. nos Lettres assyrioloç/iques, t. I, p. 201. DE MYTHOLOGIE COMPARATIVE. 67 La décomposition que nous adoptons pour le nom de Sémiramis, et que ces rapprochements nous paraissent rendre certaine, est encore confirmée dans la légende de Clésias par l'introduction du personnage de Simmas, CDtl^ qui élève l'enfant nourri d'abord par les colombes. Au reste, il est facile de trouver des traces nombreuses de l'adoration du ^D*& divin dans la religion des bords de l'Euphrate et du Tigre. Les inscriptions cunéiformes mentionnent souvent le s'um, le nom des grands dieux, comme une puis- sance active qui protège les rois et leur donne la victoire, de même que la tuklati de ces mêmes dieux, leur adoration, qui finit par devenir une entité subjective, une véritable puissance divine, comme le sacrifice, kratu, chez les Aryas védiques '. Quant à la conception de ce D*^ comme une personne divine distincte, nous croyons que Movers 2 a eu pleinement raison d'en voir une mention dans ce que dit Lucien 3 du simulacre mystérieux et à l'aspect ambigu qui, dans le temple d'Hiérapolis ou Rambyce, était placé entre les statues du dieu mâle et de la déesse féminine, et que quelques-uns regardaient comme Sémi- ramis, à cause de la colombe posée sur sa tète : lialéelou âk 2^'wv xod ù-n a.ùl&v 'Ao-ou/mùv. Ceci est confirmé par une phrase du si curieux passage de l'Apologie adressée à Marc-Aurèle par Saint-Méliton, dans lequel il passe en revue un grand nombre de cultes de l'Asie antérieure, en les présentant dans un esprit de complet evbémérisme et avec les transformations que leur avait fait subir un syncrétisme souvent bizarre, mais aussi avec des indications de haut prix que l'on chercherait vainement ailleurs : « Quant à Nébo, qui est à Mabug, » pourquoi vous en écrirais-je? Les prêtres de Mabug savent que c'est la » statue d'Orphée, mage de Thrace. Hadran est de même la statue de Zara- » duscht, mage persan. Ces deux mages pratiquèrent leurs enchantements sur » un puits situé dans la forêt de Mabug, dans lequel était un esprit impur, 1 C'est ce qu'établit d'une manière toute spéciale une importante tablette mythologique et théogonique (Cuneif. inscr. of West. As., t. III, pi. 69, n" 5), où , à la suite de divers groupes de divinités de second ordre, sont énumérées les tuklati des grands dieux comme des divinités ayant une existence personnelle. Dans l'état actuel de la tablette, qui est brisée, l'énumération comprend les tiikluti de Bel, de Marduk, de Bin, à'Adar, de Zagar et de Nirgal. "2 Die Phœnizier, 1. 1, p. 632. 5 De dea Syr., 53. 68 PREMIER MEMOIRE » qui molestait et attaquait tous ceux qui passaient par l'endroit où est assise » maintenant la citadelle de Mabug. Et ces mages chargèrent Simi , fdle de » Hadad, de puiser de l'eau de la mer et de la jeter dans le puits, afin que » l'esprit ne sortit plus pour infester le pays, conformément aux secrets de » leur magie '. » Le nom de Simi, osà^xxE*? , est incontestablement le même que le X^oir» de Lucien. Nous avons une autre trace de la conception du 0*kT comme une per- sonne distincte dans le Zapj? dont le héros guerrier et conquérant de l'Assyrie est dit fils dans la version du mythe où il est appelé lui-même ©<%;«? j « le taureau 2 » Ce Zapjs remplace d'ailleurs Ninyas comme fils de Sémiramis dans plusieurs versions de l'histoire légendaire d'Assyrie 5. Ceci nous amène à reconnaître un □^■'"O, ou fils du D*tT divin personnifié, dans le grand dieu de Hatra, ville de la Mésopotamie araméenne, Barsames A, d'après lequel les rois de cette ville, au temps des empereurs romains, s'intitulaient Bar- semii ■'. .Moïse de Khorène 6 a conservé une curieuse légende dans laquelle ce Barsames est présenté sous des traits exactement semblables à ceux ordi- nairement donnés à Ninus, où il est le héros belliqueux et conquérant qui fonde la puissance divine. C'est un des exemples les plus caractérisés où le rôle attribué habituellement à l'époux de Sémiramis ou du DIT divin per- sonnifié passe à son fils. Ces derniers rapprochements achèvent, croyons-nous, de justifier et d'éta- blir l'étymologie que nous admettons pour le nom de Sémiramis et complètent l'étude que nous avions entreprise de ce personnage divin, qui doit être défi- nitivement rayé de l'histoire. 1 Publié par M. Renan , Mèm. de l'Acad. des Inscr., nouv. sér., t. XXIII, 2e part., pp. 522-52."i. - Chronic. pasch., t. I , p. Herodian., III, I, M. M, 15. 0 \ 3 2044 093 293 322